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Olivia

Favre
Xavier Faye

30 contes d´auto-hypnose
Histoires d´êtres heureux
Sommaire
Titre

Remerciements

NOTICE EXPLICATIVE
Séances d’auto-hypnose
Oser être soi
Réapprendre à s’aimer

MISES EN TRANSE
Mise en transe 1
Mise en transe 2
Mise en transe 3

CONTES
La veilleuse de planètes
Attrape-rêves
À la découverte des Amériques
Une prison sans barreau
Le chamelier
Douce caresse
Vivre ou mourir
La course des globules rouges
L’arbre sans fruits
Short ou pantalon ?
Le Mary Celeste
Amour croisé
Lilly
Pardonner pour pouvoir aimer
La fille aux étoiles filantes
Pardonner l’impardonnable
Les robots
Graines semées
Le violon
Le pont magique
Le musicien de jazz
La fleur qui ne chantait plus
La semeuse de graines
Je ne veux pas de cadeau
La lynx
Un nouveau départ
Larmes d’injustice
Faut pas toucher
Le savant et sa machine à larmes
Violette, la petite fée

BIOGRAPHIES
Les auteurs
L’illustratrice
Le musicien
Pour aller plus loin

INDEX

Copyright
Remerciements

J e souhaiterais ici remercier mes enfants, Yann et Arthur, pour leur soutien constant, leur amour, leur indulgence et
leurs différences. Ils m’apprennent tous les jours à être une maman qui s’améliore, qui communique et qui surmonte ses
peurs. Je vous aime les garçons, et je crois en vous comme vous croyez en moi.
Je voudrais aussi remercier mon amour, Fred, qui m’accompagne dans tous mes projets, qui a confiance en mes choix, qui
me motive, m’écoute et m’apprend tous les jours à relativiser, à accepter mon impuissance, à m’adapter à chaque
nouveauté. Un homme merveilleux et heureux des cadeaux que la vie lui offre, un homme qui voit toujours le positif et qui
fait du mieux qu’il peut, avec beaucoup de cœur. Je t’aime mon amour. J’aimerais aussi remercier ses filles, Charline, Lou
Anne et Candice, de m’avoir acceptée dans leur vie. Merci les filles pour vos sourires, votre bonne humeur et votre joie de
vivre…
J’aimerais remercier ma famille : mes parents, Bernard et Catherine, ainsi que ma sœur, Amanda, et sa famille, Cédric, Jade
et Janice. Je vous remercie d’avoir toujours été là pour moi, à m’écouter et à m’accompagner dans mes projets les plus fous.
Sans oublier mes oncles, mes tantes et mes nombreux cousins et cousines qui aiment la vie et les gens… Je vous aime
profondément.
Olivia
N ous souhaitons bien sûr remercier Camille Griselin pour tout ce qu’elle nous a appris et tout ce qu’elle a guéri en
nous : une rencontre qui a changé notre vie et l’a rendue plus belle.
Merci à vous, nos amis, qui embellissez nos vies depuis de nombreuses années et qui nous suivez dans toutes nos
aventures.
Merci à Emma Guergouz pour ses magnifiques illustrations.

Merci aussi à Françoise, Naura et Lorrine pour leurs corrections, ainsi qu’à Mumu, Amaury et tous les participants de notre
cagnotte Ulule, sans qui ce livre n’aurait pas vu le jour.

Merci à Sylvain pour ses douces et belles musiques qui accompagnent nos voix.
Et merci à la vie, et à notre belle planète bleue, pour les leçons, les expériences et les cadeaux qu’elle nous offre…
Olivia et Xavier
Notice explicative

N ous sommes deux maîtres praticiens en hypnose Sajece. Cette hypnose a été créée par Camille Griselin en 2009.
Comme elle, nous avons d’abord été formés en hypnose ericksonienne. Nous avons découvert grâce à cette formation que
l’hypnose était un outil extraordinaire, mais quelque chose nous manquait : une douceur, une poésie. Nous avons donc
cherché comment allier l’hypnose aux personnes que nous étions… Et nous avons découvert Camille. Elle a fait, elle aussi,
évoluer sa pratique jusqu’à faire « naître » l’hypnose Sajece : une méthode remplie de douceur, de bienveillance et
d’émotions. La particularité de sa méthode est de travailler sur l’origine du problème et pas seulement sur le symptôme, et
ce de manière douce et humaine. L’émotionnel est au cœur du travail.
Les personnes que nous recevons nous appellent pour résoudre des problématiques très variées allant de l’arrêt du tabac à
des migraines ou des phobies, en passant par des troubles alimentaires et des problèmes de stress, d’angoisse ou de
sommeil. Nous pouvons également les accompagner pour faire le deuil d’un être cher ou pour accepter une séparation…
Nous écrivons, en fonction de la problématique exposée, des histoires, des contes qui vont permettre à l’inconscient de ces
personnes de trouver des réponses, de voir la situation sous un autre angle, de prendre du recul et, ainsi, de trouver des
solutions à leur problème.

Durant une séance individuelle, après avoir raconté les histoires que vous découvrirez dans ce livre, nous dialoguons avec
l’inconscient des personnes. Pour ce faire, nous proposons un code à leur inconscient : par exemple bouger un doigt,
cligner des yeux ou déglutir pour dire oui, et ne rien faire pour dire non. De cette façon, nous pouvons aller à la recherche
des émotions coincées, qui seraient restées là, enfermées depuis de nombreuses années. Nous permettons ainsi à
l’inconscient d’évacuer la colère, la tristesse et les peurs. Nous l’autorisons à être lui-même, à s’aimer sans se soucier du
regard des autres… Une fois ces émotions évacuées et l’inconscient rechargé en confiance, la séance se termine. Nous
donnons des clés à tous, mais c’est à chacun d’ouvrir sa porte et d’avancer. Dans les nuits et les semaines qui suivent,
l’inconscient fait les changements nécessaires pour une vie plus heureuse, au rythme de chacun…

Nous avons eu envie, en vous proposant ce recueil de contes métaphoriques, de vous faire découvrir les textes que nous
utilisons lors de nos séances. Utilisez-le comme vous en avez envie : vous pouvez lire une histoire tous les soirs ou plusieurs
à la suite, la choisir au hasard ou en fonction des thématiques ou du titre qui vous plaisent… C’est à vous de définir ce qui
vous convient le mieux.
Ce livre peut aussi être utilisé par des hypnothérapeutes pendant leurs séances d’hypnose.
Vous trouverez sur les premières pages trois des mises en transe que nous utilisons en début de séance afin de permettre
au conscient de lâcher prise. Puis vous découvrirez trente contes écrits à deux mains. Au début de chacun d’eux, vous
pourrez identifier les différentes thématiques traitées.

Prenons l’exemple d’une personne qui viendrait nous voir pour un problème de constipation. Le Grand dictionnaire des
malaises et des maladies de Jacques Martel nous dit :
« Mes intestins symbolisent le fait de laisser circuler les événements dans ma vie. Je peux avoir un besoin très fort de
retenir et de contrôler ce qu’il m’arrive. Je m’accroche à certaines choses, à des personnes ou des situations, souvent même
jusqu’à vivre de la jalousie et de la possessivité, et mes intestins sont congestionnés par tout ce que je retiens et qui n’est
plus utile, pouvant causer, entre autres, la constipation. »
Il finit ensuite par un conseil pour se débarrasser de la constipation :
« J’accepte d’être autonome et de me dire que j’ai toutes les ressources nécessaires à l’intérieur de moi pour créer ce que
je veux. La seule personne sur qui je peux avoir du contrôle, c’est moi. »
Une fois que l’on a cette information, on peut écrire une histoire dont le héros doit apprendre à lâcher prise (contes 7 et 9
par exemple). L’histoire va permettre à l’inconscient de prendre un peu de recul et de comprendre que le lâcher prise est la
solution à son problème. Afin de vous permettre d’accéder à votre inconscient, les phrases sont parfois volontairement
longues, complexes, étranges. Ce procédé facilite le lâcher prise du conscient, qui cesse de se raccrocher à la logique. La
forme n’est pas essentielle, c’est le fond, l’apport de l’histoire qui comptent, plus que la syntaxe.
Afin de découvrir des séances d’auto-hypnose complètes, vous trouverez après cette notice deux QR codes qui vous
donneront accès à deux séances : « Oser être soi » et « Réapprendre à s’aimer ». Si vous n’avez jamais pratiqué d’auto-
hypnose, nous vous conseillons d’écouter ces séances avant de lire le recueil. Pour cela, installez-vous confortablement,
dans un endroit calme, et laissez-vous aller. Pour une expérience optimale, il vaut mieux écouter les séances à l’aide
d’écouteurs ou d’enceintes.
Les musiques qui accompagnent ces séances sont composées et interprétées par Sylvain Michel. Les illustrations du livre
sont celles d’Emma Guergouz.
Si certaines histoires vous font pleurer, si elles vous mettent en colère, c’est peut-être qu’une blessure est en train de
cicatriser…
Nous vous souhaitons une merveilleuse lecture et de très bonnes écoutes…
Xavier et Olivia
SÉANCES
D´AUTO-HYPNOSE

Les QR Codes des deux pages suivantes vous donnent accès à deux séances
audios d’auto-hypnose. Vous pouvez les scanner à l’aide d’une application
dédiée sur tablette ou sur smartphone. Vous pouvez également accéder à leur
contenu grâce au lien qui accompagne chaque code.
Une fois vous aurez téléchargé ces séances, il vous suffira de vous installer
confortablement et de fermer les yeux pour écouter les histoires que nous allons
vous raconter. Bonne écoute à vous…
Oser être soi

C ette séance vous permettra d’accéder à la personne que vous êtes vraiment, de découvrir vos immenses qualités, vos
dons peut-être encore inexploités, vos envies et vos rêves cachés à l’intérieur de vous.
Vous pourrez ainsi prendre du recul, comprendre que vous êtes capable de tout si vous déposez vos peurs, vos doutes, vos
colères, vos tristesses et vos croyances limitantes. Vous pourrez aller à la rencontre de vous-même et de vos capacités,
prendre votre place sur cette terre, car vous avez un rôle à y jouer. Vous pourrez oser être vous en oubliant le regard des
autres, car tout ce que vous faites, vous le faites avec votre cœur, du mieux que vous pouvez. Vous pourrez ainsi rejeter la
culpabilité et accéder à votre vrai vous, celui qui est capable de tout.

https://lienmini.fr/29188-Hypnose-1

00’00-02’40 : Mise en transe.


2’40-6’35 : Attrape-rêves. Thématiques : Insomnie, cauchemar, stress, ruminer, respecter ses propres besoins.
6’36-12’37 : La lynx. Thématiques : Être soi-même, libérer ses émotions, colère, blessure d’injustice, confiance en soi,
problèmes de peau, timidité.
12’38-15’56 : L’arbre sans fruits. Thématiques : Confiance en soi, accepter ses capacités, développer ses dons, faire
confiance à la vie, relativiser, constipation, guérir l’enfant intérieur, blessure d’injustice.
15’57-19’10 : La course des globules rouges. Thématiques : Confiance en soi, dette karmique, fidélité inconsciente, peur, loi
de l’attraction, vaincre une phobie, autoguérison.
19’11-20’35 : Conclusion.
Réapprendre à s’aimer

C ette séance vous aidera à prendre confiance en vous, à donner plus de valeur à votre jugement et à être moins
dépendant de l’avis des autres.
Chaque être humain est unique dans sa façon de penser, de voir le monde et d’agir. Cette séance vous amènera à vous
accepter dans votre spécificité et à oser imposer votre point de vue, vos besoins et vos envies, à vous sentir plus légitime et
à exprimer pleinement votre potentiel aux yeux des autres.

https://lienmini.fr/29188-Hypnose-2

00’00-03’32 : Mise en transe.


3’33-8’29 : Le violon. Thématiques : Confiance en soi, blessure de rejet, blessure d’abandon, blessure d’injustice.
8’30-13’29 : Violette, la petite fée. Thématiques : Prendre du temps pour soi, syndrome du sauveur, mincir, solitude,
perfection.
13’30-17’57 : Lilly. Thématiques : Fidélité inconsciente, prendre sa place, créativité.
17’58-21’23 : La fleur qui ne chantait plus. Thématiques : Empathie, hypersensibilité, colère, impuissance, tristesse, être
différent.
21’24-23’48 : Conclusion.
MISES EN TRANSE
Mise en transe 1

J e vous propose de vous installer confortablement et de vous détendre, comme si vous pouviez appuyer sur un
interrupteur pour arrêter le rythme des heures, laisser les secondes s’étirer, comme des chats après avoir dormi. Permettre
enfin à votre esprit de se relaxer, comme si votre corps reposait sur le dos moelleux et confortable d’un cygne qui se
laisserait porter délicatement sur l’eau. Il suit le courant au fil de vos pensées, suivant mes mots comme autant de points
d’interrogation sans question, de phrases à double sens, sans perdre son sens de l’orientation. D’ailleurs, en parlant de
signes, je me demande quels sont les indices que votre inconscient a disséminés dans votre vie pour vous aider à revenir
vers le meilleur chemin pour vous. Combien de pierres de Petit Poucet a-t-il placées pour vous indiquer les blessures à
guérir pour vous libérer de votre passé ?

Comme si votre cerveau gauche parlait à votre cerveau droit, tandis que votre esprit est à deux endroits à la fois. Il peut
visiter tous les pays du monde tout en restant là, accompagner la Lune dans sa ronde allongé sur un sofa. Et il n’est pas
nécessaire de ne pas laisser son esprit vagabonder entre les hémisphères pour ne pas avoir un aperçu de la planète entière.
Il suffit simplement de lâcher prise sur la destination pour trouver celle qui pourra nous plaire. Car souvent notre intuition
sait mieux que notre raison quelle sera la meilleure direction. Et plus on lâche prise plus on se laisse guider, et plus on se
laisse guider plus les solutions nous apparaissent, car la vie est un parcours fléché rempli de sagesse, à condition de la
laisser nous enseigner.
Souvent, la partie qui hésite à lâcher prise est la même qui croit que tout va de travers quand on arrête de contrôler, alors
que c’est en traversant sa peur que les miracles peuvent arriver. Comme s’il fallait accepter de se perdre dans une forêt
enchantée pour pouvoir apercevoir des fées, plonger au fond de soi pour enlever les couches de colère qui masquaient
notre lumière, retirer la tristesse et la peur pour dévoiler enfin toutes nos couleurs, car le fond de notre être, lui, reste
inchangé. C’est une partie de nous qui reste inviolée quelles que soient les épreuves de la vie, une partie consciente de son
invulnérabilité qui attend patiemment le jour d’être libéré. Alors, je ne peux vous montrer le chemin à emprunter que si
vous souhaitez aller à la rencontre du vrai vous.
Xavier Faye
Mise en transe 2

J e vous invite maintenant à vous détendre, à respirer calmement et à vous laisser bercer par votre propre voix. Cette voix
qui pourrait aussi être la mienne ou celle de quelqu’un qui vous est cher. Une voix vous rappelant un souvenir lointain ou
proche d’hier. Une voix agréable, douce, chaude. Une voix dans votre tête, qui vous parlerait comme une horloge
intérieure, comme une respiration, comme un souffle d’air. Une voix sans artifice, mais avec un artificier qui est là pour
écouter, pour entendre ce qui ne se dit pas, mais en comprenant que tout ce qui n’est pas dit est insinué, pour que notre
souverain intérieur reprenne ses responsabilités, assume ce qu’il s’est passé.
Une voix parfois lente et parfois rapide, comme l’est le temps qui s’écoule. Lent comme lorsque le soleil se lève et que le
jour peine à apparaître, et rapide comme le torrent violent qui descend de la montagne. Lent comme le temps qu’on a
l’impression d’avoir passé sous hypnose, et rapide quand on a trouvé l’émotion coincée.
Une voix intérieure qui est l’horloge garante du temps et qui peut déposer ce qu’il faut pour pouvoir avancer. Déposer des
mots d’amour, des mots tendres, des mots entiers, des mots cachés… Et peut-être des mots fâchés.
Mais tous ces mots n’ont qu’un seul but : soulager, guérir, trouver des solutions et pardonner. Ainsi, les maux vont s’effacer
pour laisser place à la douceur de vivre. Comme un thé glacé qui réchaufferait le cœur, comme un soleil d’été qui
refroidirait l’intérieur. Et, tandis que tout s’emmêle entre les mots et les maux, la partie droite du cerveau pourrait
s’endormir, et la partie gauche, elle, pourrait se concentrer pour écouter la chouette qui ferme ses yeux pour raconter ses
histoires enchantées.
Olivia Favre
Mise en transe 3

J e vous propose de vous installer confortablement et de lâcher prise pour mieux choisir vous-même les meilleures
conditions pour votre relaxation. D’ajuster la température au jour qui vous convient le mieux, cela peut être un jour entre
juillet et aujourd’hui ou entre février, peu importe. L’important est que ce soit votre moment à vous, celui où vous vous
sentirez suffisamment détendu pour aller dans un endroit qui vous connait déjà, qui vous attend patiemment, un paysage
parfait pour accueillir votre changement. Car, souvent, il suffit de visualiser comment sera notre vie après ce changement
pour que celui arrive déjà. C’est un peu comme une lettre à l’Univers, comme un hameçon à guérison : plus le sentiment de
bien-être sera important, moins son arrivée sera éloignée.
Alors, en attendant, je me disais que vous pourriez simplement imaginer que vous êtes une feuille d’arbre qui flotte
paisiblement à la surface d’un lac, laissant le vent choisir la prochaine destination. Car vous savez que l’Univers est déjà en
train de répondre à votre imagination, ce n’est qu’une question d’heure de livraison. Il n’est pas essentiel de ne pas se
détendre ou de ne rien faire pour installer de nouveaux repères, simplement laisser les ronds de l’eau vous bercer.
Peut-être pourriez-vous autoriser vos membres à s’appesantir, comme s’ils pouvaient enfin dormir, rassurés par l’eau qui
les porte sans qu’ils aient à vous soutenir. Ainsi, totalement relâchés, ils peuvent aussi profiter du spectacle avec vous,
laisser leurs sens vagabonder, observer les nuages qui s’entrecroisent, sentir la douceur de leurs messages : certains sont
flous, d’autres plus imagés, toujours partagés. Comme une histoire qui finirait par un sauvetage au milieu d’une mer agitée
ou un nuage en forme de songe prêt à se réaliser. Car oui, les rêves ont une forme, mais celle-ci est illimitée, car ils sont en
création constante, en changement permanent pour mieux coller aux besoins du rêveur exigent. Tandis que votre conscient
continue agréablement de rêvasser, votre inconscient, lui, entend tous les messages cachés derrière les nuages, et pourra
ainsi décider de changer ce qu’il y a à changer pour votre bonheur.
Xavier Faye
CONTES
CONTE 1

La veilleuse de planètes
THÉMATIQUES :
• Guérir l’enfant intérieur • Colère • Se pardonner

P eut-être vous êtes-vous déjà demandé comment tout faisait pour tourner rond dans ce système solaire ? Comment se
fait-il que, malgré tous ces astéroïdes dans l’Univers, notre belle Planète bleue reste entière ? Eh bien, c’est grâce à la
Veilleuse de planètes, une jeune femme solitaire vivant dans les anneaux de Saturne. Son rôle est de surveiller chaque
planète gravitant autour du Soleil. Elle en est la gardienne, l’œil qui veille. Seulement, voilà qu’un jour, pendant sa ronde
quotidienne, elle aperçut dans ses jumelles que la Terre avait disparu. Prise de panique, elle prit son sac et partit à la
recherche de la planète perdue.
Elle passa tout d’abord devant Jupiter, cette énorme planète balayée par les vents, qui était appelée par les anciens la
« planète du changement permanent », car rien n’y était constant. Et ça, la Veilleuse ne le savait que trop bien. Comme le
jour où elle avait appris la mort de sa maman. Tout avait changé dans sa vie ce jour-là. Elle avait enterré son enfance pour
prendre le rôle de sa mère. C’était l’aînée, et il lui fallait rester forte pour son petit frère. Son père avait tellement de
chagrin qu’il était devenu muet alors, vous comprenez, elle n’avait pas voulu en rajouter. Elle détestait le changement, ce
jour où elle avait dû passer de force de l’état d’adolescente à l’état de grande. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle elle
était devenue Veilleuse de planètes : pour que tout reste en place comme avant. Le changement, ce n’était pas un jeu pour
les enfants. Alors, en surveillant les planètes, c’est comme si elle voulait empêcher que d’autres enfants subissent la même
blessure qu’elle, préserver l’enfance de la souffrance.
Elle traversa ensuite la grande ceinture d’astéroïdes, vestige d’une ancienne planète brisée, comme son cœur l’avait été
lorsque le garçon qu’elle aimait plus que tout l’avait quittée pour sa meilleure amie. Si vous saviez à quel point elle avait eu
mal ce jour-là, de se sentir humiliée et rejetée ainsi. Les deux personnes à qui elle aurait confié sa vie, comment avaient-
elles pu la trahir ? Une grande colère monta en elle ce jour-là, non seulement contre eux, mais surtout contre elle de
n’avoir rien vu venir, de s’être laissée trahir. Elle s’était alors jurée de ne plus jamais faire confiance à qui que ce soit à
l’avenir. C’est pour cela qu’elle avait choisi un travail solitaire. Si seulement elle avait réussi à apaiser sa colère et à se
pardonner, elle aurait probablement vu le nouveau garçon dans sa classe qui, en plus d’être mignon, avait également les
planètes comme passion et caressait le doux rêve de l’embrasser un jour sur Pluton.
La Veilleuse arriva ensuite à proximité de Mars. Elle avait de l’affection pour cette planète, dont la topologie traduisait une
gloire passée, où la vie avait été fertile et la végétation étoffée. À présent, le silence et la solitude régnaient dans ce
paysage désert, cette même solitude qu’elle avait ressentie devant son père. Le manque d’affection devant cet homme
sévère, ancien militaire, lui avait rapidement appris à cacher ses propres émotions. Personne ne voyait ses larmes
lorsqu’elle se couchait le soir, elle ne voulait pas déranger sa mère qui rentrait si tard. Alors son oreiller était devenu son
seul confident, le seul à sécher ses larmes d’enfant. Elle avait tellement peur que son père la rejette, qu’il la traite de lâche
ou de chochotte. Elle aurait voulu faire sortir toute sa rage, mais c’était comme s’il ne comprenait pas son langage. Si
seulement elle avait vu son papa petit qui, lorsque ses yeux se mettaient à pleurer, ne recevait que des coups de la part de
son propre père, dont la douceur ne faisait pas partie des qualités. Elle aurait sûrement pu comprendre qu’il n’était, lui
aussi, qu’un enfant blessé cherchant à cacher cette cicatrice du passé que seul l’amour aurait pu réparer.
Puis, elle arriva au niveau de la Lune, dans ce paysage désolé et froid, comme cette salle d’hôpital où elle était née ici-bas.
L’accouchement avait été tellement violent. Elle, qui était si bien, au chaud dans le ventre de sa maman, n’était pas du tout
prête à atterrir dans le monde des vivants. Mais on l’avait forcée à sortir. Elle avait senti toutes ces contractions, sans
compter sa tête qui s’était coincée dans le cordon. Heureusement, le médecin était arrivé à temps pour débloquer la
situation. Elle avait eu si peur, elle avait eu si froid. Je crois que si la femme qu’elle est devenue aujourd’hui avait pu lui
parler à travers le ventre de sa maman, elle lui aurait sûrement dit qu’elle était une petite fille très courageuse, que c’était
un moment un peu douloureux à traverser, mais qu’après tout se passerait bien. Elle aurait pu l’encourager, lui dire qu’elle
allait pouvoir recevoir des câlins de sa maman, rire avec son papa, découvrir toutes les planètes du système solaire, voir
toute la beauté de l’Univers. Peut-être qu’ainsi elle aurait réussi à rassurer le bébé à l’intérieur d’elle.

C’est alors qu’elle aperçut la Terre. Mais quelque chose d’étrange s’était produit. C’était comme si la planète avait perdu sa
lumière. En cherchant la cause, elle s’aperçut que c’était la colère des hommes qui avait noirci la Terre. Toute cette haine
et cette rancœur les uns envers les autres allaient avoir raison de cette belle Planète bleue. C’est alors qu’elle comprit
qu’elle aussi avait fini par perdre sa lumière, à force d’être aussi en colère. Elle comprit que la seule personne à qui la
colère faisait du mal, c’était celle qui la ressentait et non celle qui l’avait causée. Alors, bien sûr, elle avait totalement le
droit d’être en colère : on lui avait vraiment fait mal : tant de trahisons, tant d’injustices et de critiques acerbes. Mais elle
comprenait aussi que la colère était un terrain où ne poussait que de la mauvaise herbe.

Alors, elle décida qu’il était grand temps pour elle de récupérer sa lumière et sa joie de vivre. Il était temps de pardonner à
l’autre et à elle-même pour redevenir libre. « Mon bonheur a beaucoup plus d’importance que ma vengeance », se dit-elle.
Elle comprit qu’en pardonnant on cesse de donner à l’autre le pouvoir d’orienter notre vie vers la colère, la tristesse ou la
peur. On reprend le pouvoir de choisir nous-mêmes nos propres fleurs. Bien sûr, l’autre est responsable de nous avoir fait
du mal, mais nous sommes responsables de nous relever, de notre réaction. Elle a ainsi pu rendre à l’autre ses souffrances
et ses blessures. Les graines de colères appartiennent toujours au passé. Elle, elle a décidé de planter des graines de
bonheur désormais.
Et c’est ainsi qu’elle déposa dans le cœur des nouveau-nés de la Terre des graines de bienveillance, de bonheur et
d’indulgence. Ces enfants respiraient la joie et la tolérance. On les appela par la suite les « enfants arc-en-ciel », car c’est
grâce à eux que la Terre retrouva son étincelle. Je sais que la Veilleuse a réussi à guérir ses blessures et apaiser ses
colères, et qu’à présent elle a pu remplir son cœur d’amour et de lumière.
Xavier Faye
CONTE 2

Attrape-rêves
THÉMATIQUES :
• Insomnie • Cauchemar • Stress
• Ruminer • Respecter ses propres besoins

L a nuit venait de tomber et Lalie devait aller se coucher. Elle retardait toujours ce moment-là. Elle n’aimait pas la nuit
et la nuit ne l’aimait pas non plus. Elle passait son temps à tourner en rond dans son lit, et ce n’était pas une métaphore.
Son lit était bien rond, et elle tournait au fur et à mesure que les heures passaient. Elle reproduisait, inlassablement,
chaque nuit, le mouvement de l’aiguille. Lalie n’aimait pas la nuit et la nuit ne l’aimait pas non plus.

Pendant qu’elle tournait en rond dans son lit, les images du passé défilaient. Elle ressassait sans arrêt. Elle ressassait sa
journée de 22 heures à 23 heures. Elle ressassait sa relation avec son mari de 23 heures à minuit, la méchanceté de ses
enfants de minuit à 1 heure, l’égoïsme de ses parents de 1 heure à 2 heures. Lalie ressassait son triste sort pendant toute la
nuit et la nuit n’aimait pas ça.
La nuit, elle, voulait des rêves, des oiseaux qui volent, des arbres qui bruissent au vent, des espoirs qui tourbillonnent. Lalie
n’aimait pas la nuit et la nuit ne l’aimait pas non plus.

C’était comme si, dans sa tête, un petit animal, mi-oiseau mi-renard, attrapait ses pensées positives et ses rêves d’une vie
heureuse dans un filet à papillons. C’était comme s’il emprisonnait tous ses rêves de liberté et de bonheur dans une cage
au-dessus de son dos. Lalie ne pouvait plus rêver, car tous ses rêves lui avaient été volés.
Il est vrai que, petite, Lalie avait porté toutes les souffrances de sa famille. Elle les avait faites siennes, espérant ainsi
soulager celles de ses parents. Mais cela ne les avait pas aidés. Lalie n’aimait pas la nuit et la nuit ne l’aimait pas non plus.
Et puis une nuit, alors qu’elle s’était enfin endormie, une petite chouette apparut dans son rêve. Elle s’était posée à côté de
l’attrapeur de rêves et elle parla à l’enfant qu’elle avait été en lui disant :

« Et si tu te décidais à libérer tes envies et tes rêves qui sont dans la cage de l’attrapeur de rêves ? Si tu lui
supprimais son filet à papillons, si tu décidais qu’il n’avait plus sa place au-dessus de ta tête, peut-être pourrais-tu
ainsi retrouver ta liberté de rêver. »

Lalie ouvrit les yeux et demanda à la nuit :

« Est-ce parce que je n’ai plus de rêves, que je ressasse ainsi ? »

Alors, la nuit lui répondit :

« Bien sûr que oui, tu ne fais que broyer du noir, tu n’as plus d’espoir, tu n’as plus d’envies, tes désirs sont partis. Si
tu commençais par faire la liste de tes envies, celle de tes désirs, peut-être retrouverais-tu du plaisir à être dans la
vie, et tu recommencerais sûrement à espérer et à rêver. »

Rêver plutôt que ressasser, l’idée lui plaisait assez. Lalie commença donc par écrire ses rêves et ses envies la journée et, la
nuit, ils prenaient forme pour devenir ensuite une réalité. Lalie aimait bien la nuit et la nuit le lui rendait bien. Ses tristes
pensées d’avant devenaient des rêves sucrés de liberté retrouvée.

Alors, que diriez-vous, vous aussi, de libérer vos rêves et de retrouver votre liberté ?
Olivia Favre
CONTE 3

À la découverte des Amériques


THÉMATIQUES :
• Confiance en soi • Fidélité inconsciente • Blessure d’humiliation

J ’aimerais vous parler d’un jeune navigateur espagnol nommé Manuel, dans les années 1600, dont le rêve était d’explorer
le continent américain afin de commercer avec le nouveau monde, de rencontrer de nouvelles cultures et des paysages
exotiques. Son père, avant de mourir, lui avait transmis ses propres cartes de navigateur pour traverser les mers.
Seulement, tout ne se passa pas comme prévu. En effet l’enthousiasme des débuts fit rapidement place à la déception et au
découragement. Manuel avait beau étudier ses cartes en détail, jouer du sextant et du compas comme un champion
d’escrime, rien n’y faisait. Le bateau accostait toujours à plusieurs centaines de kilomètres de sa véritable destination, dans
des colonies hostiles appartenant déjà à d’autres nations.

Manuel ne comprenait pas, il faisait pourtant tout ce qu’il pouvait, mais le sort semblait s’acharner contre lui. Il avait choisi
la mer pour accomplir son destin, pour mieux contredire son père qui pensait de lui qu’il n’était qu’un bon à rien. Peut-être
son père avait-il raison, après tout, d’autant que l’équipage de Manuel commençait lui aussi à douter des capacités de ce
dernier. Et Manuel les comprenait. Après toutes ces déceptions, il serait le premier à s’attacher un boulet à la cheville pour
couler par le fond. Un bon à rien de plus à la mer, il ne manquerait à personne sur cette Terre.
Mais au cours de l’une de ses escales, encore éloignée de plusieurs kilomètres de sa vraie destination, il croisa un autre
capitaine à qui il put confier ses peines. L’homme, expérimenté, bien loin de se moquer de lui, chercha à comprendre ce
qu’il se passait. C’est alors qu’il examina les cartes du jeune homme.

« Hum ! Pas étonnant que tu te trompes aussi souvent. Ces cartes sont obsolètes depuis bien longtemps. Ces erreurs
de destination sont totalement indépendantes de tes compétences. On t’a trompé depuis le départ, mon garçon.
N’importe quel navigateur aurait perdu courage devant la même situation, mais toi, toi, tu as tenu bon. Tiens, prends
ces nouvelles cartes et atteins tes rêves, mon garçon. »

À partir de ce jour, Manuel trouva à chaque fois le chemin du succès et ouvrit plusieurs routes commerciales, qui portent
encore aujourd’hui son nom.
Alors peut-être, à vous aussi, vous a-t-on donné des cartes obsolètes, faites de reproches, de critiques blessantes et de
moqueries. Que diriez-vous de les rendre à leurs propriétaires ? En fait, toutes ces critiques en disent bien plus long sur
leurs colères. Croyez-vous que les personnes heureuses et épanouies se moquent de leurs congénères ? Moi, je pense que
la construction de leur bonheur occupe toutes leurs pensées et qu’elles ont mieux à faire. Alors je sais que votre inconscient
est déjà en train de guérir l’enfant blessé en vous, de lui appliquer une pommade faite d’amour et de tendresse, de réparer
les bouts de vous qui étaient blessés ou en détresse afin que, vous aussi, vous naviguiez sur un océan de joie et
d’abondance.
Xavier Faye
CONTE 4

Une prison sans barreau


THÉMATIQUES :
• Arrêter de se considérer comme une victime • Rendre leurs problèmes aux autres •
Reprendre le pouvoir sur sa vie • Blessure d’injustice

L ilian a toujours été un enfant merveilleux, un rayon de soleil pour ses parents. Il riait, jouait, allait vers les autres,
avait beaucoup d’amis et était très sportif. Il n’avait jamais besoin d’aide pour faire ses devoirs. Il les faisait gentiment en
rentrant de l’école, sans qu’on lui demande quoi que ce soit. À l’école, ses professeurs étaient ravis de lui. Et puis, un jour,
un grain de sable vint freiner l’engrenage. Il devint morose, en colère et triste.

Ses parents, séparés, ne trouvaient aucun remède à ses maux. C’est son corps qui, en premier, s’est rebellé. Ses genoux se
sont d’abord bloqués, son œsophage s’est ensuite refermé au passage de la nourriture, sa respiration s’est faite plus
difficile. Malgré des rendez-vous chez des thérapeutes, des spécialistes, des guérisseurs rien ne s’améliorait.
Petit, tout allait bien. Enfin c’est ce que ses parents croyaient. Mais en y regardant de plus près et avec le recul, ses
parents virent de la tristesse. Lilian pensait être mal-aimé, car on s’occupait peu de lui. Son frère demandait beaucoup
d’attention à cause de ses difficultés à l’école, et Lilian pensait qu’il ne méritait pas sa place, qu’il n’était pas assez
intelligent, pas assez fort, pas assez patient, pas assez travailleur, pas assez attentif. En fait, il pensait qu’il était monsieur
Pas-Assez. Il s’était construit une armure qui interdisait aux compliments d’entrer en lui. Ces derniers rebondissaient sur
son corps, et il les balayait d’un revers de la main. Il rejetait la maladie, se considérait comme une victime. Il pensait avoir
toutes les tares de la famille, les allergies de maman, les problèmes de genou de papa, alors que son frère, lui, n’avait pas
tout ça. Ce qu’il avait oublié, c’est que c’était lui qui s’était enfermé seul dans cette prison de victime. Il était victime de sa
propre exigence. Il était victime de sa propre maltraitance.
Et puis, un jour, au cours d’un voyage avec sa maman et le nouveau compagnon de celle-ci, Lilian, pour économiser les sous
de sa maman, qui ne gagnait pas beaucoup d’argent, refusa de manger, en disant qu’il pouvait très bien attendre le repas
du soir. Mais, le soir venu, le compagnon de sa mère lui dit : « Lilian, ta maman est assez grande pour se protéger. C’est
elle l’adulte. Elle a suffisamment de ressources en elle pour savoir quoi faire. Reste un enfant et vis pleinement le moment
présent. »
À partir de ce jour, Lilian changea sa manière de penser. Il arrêta de se considérer comme une victime qui n’avait jamais de
chance. Il arrêta de se sacrifier pour sa mère. Il décida de reprendre sa vie en main, car il avait compris que c’était lui qui
avait choisi ce rôle de victime, que c’était lui qui s’imposait cette maltraitance et ces sacrifices. Certaines fois, les mots
d’une personne peuvent changer le cours d’une vie.

Et si, vous aussi, vous arrêtiez de vous considérer comme une victime, si vous arrêtiez de vous maltraiter, de vous
sacrifier ? Que diriez-vous de vivre le moment présent et d’être pleinement heureux, d’être qui vous êtes vraiment afin de
vivre en harmonie avec vos désirs et vos envies ?
Olivia Favre
CONTE 5

Le chamelier
THÉMATIQUES :
• Confiance en soi • Dépendance affective • Blessure d’abandon • Faire confiance à son
intuition

J ’aimerais vous raconter l’histoire d’un jeune chamelier touareg de 11 ans nommé Abdel, qui traversait le désert avec sa
tribu depuis qu’il était tout bébé, arpentant les dunes dorées du grand désert de Ténéré. Son père l’avait chargé de veiller
sur la cargaison que supportait son propre chameau, qui se dandinait dans ce paysage propice à l’imagination. Tout se
déroulait normalement lors de cette traversée, jusqu’à ce que les chameaux se mettent à s’affoler. En effet, une
gigantesque tempête de sable s’abattit sur eux, surprenant tout le convoi. La tempête était tellement dense qu’Abdel voyait
seulement à deux mètres devant lui. De plus, les cris des autres membres de sa tribu semblaient s’éloigner de plus en plus
de lui. Abdel s’écartait indubitablement du reste du convoi, jusqu’à ce que seul le grondement du vent réponde à sa voix.

Il était seul désormais pour affronter ce géant de sable qui semblait vouloir l’engloutir. Il agenouilla son chameau et décida
de se protéger derrière ses flancs pour éviter d’être enseveli. Il n’avait pas d’autre choix que d’attendre que la colère du
désert s’apaise. Lorsque la tempête se dissipa, Abdel se releva sous une montagne de sable. Autour de lui, aucune trace du
reste de sa tribu. Il était perdu, seul, au milieu du désert, du sable à perte de vue, chaque dune ressemblant à sa voisine.
C’était la panique. Abdel avait toujours été lié à sa famille pour survivre dans ce paysage hostile. Il finirait sûrement comme
ces carcasses d’animaux qu’il croisait parfois sur le chemin, assoiffé, en proie aux charognards, un squelette d’enfant rongé
par les vents. Il se mit à pleurer, complètement désespéré. Les appels à l’aide qu’il lançait à son papa et à sa maman ne
rencontraient que l’écho du désert. Il resta un certain temps recroquevillé derrière son chameau, apeuré, désemparé. Puis
il se rappela les paroles de son père, qui lui avait toujours dit qu’il était quelqu’un de malin, d’intelligent, que l’instinct des
Touaregs coulait aussi dans ses veines. Il avait un choix à faire : rester là à attendre une aide qui ne viendrait jamais, ou
faire confiance à ses sens et tenter de survivre par lui-même.
Alors, il se rappela que, dans ce désert, le vent dominant venait invariablement de l’est et formait de petites vaguelettes sur
les dunes. Il lui suffisait de prendre la direction perpendiculaire à ces vagues pour aller vers le nord, où devait justement se
rendre le reste de sa tribu. Il décida alors de prendre son courage à deux mains et de tenter sa chance. La nuit tombée,
c’étaient la lune et les étoiles qui le guidaient. L’étoile polaire lui montrait son chemin, son père lui en avait parlé.
Puis, au bout de deux jours, le paysage commença à changer, le sable faisant place à une terre desséchée. Abdel reprenait
espoir à chaque pas. Il reconnaissait ce paysage-là. Il était sur la bonne voie. Abdel devenait un petit homme autonome au
fur et à mesure qu’il avançait.
Lors de la troisième nuit, le pauvre petit était épuisé. De plus, les nuages recouvraient totalement le ciel, le rendant
aveugle. Alors, il s’allongea contre son chameau pour faire une pause, et là se produisit quelque chose d’étrange. Les
chants de sa tribu lui parvenaient aux oreilles, sur sa gauche. Pourtant, aucune lueur à l’horizon, aucun feu, mais ce chant
se faisait de plus en plus insistant au fur et à mesure qu’Abdel lui portait attention. Il décida alors de suivre cette direction
et, au bout de plusieurs kilomètres, il finit par retrouver les bras de son père.

« Merci papa, c’est grâce à vos chants si je vous ai retrouvés.

– Mais voyons mon fils, à aucun moment nous n’avons chanté ce soir. Je crois plutôt que tu as entendu le chant de
l’espoir. C’est cela, l’instinct des Touaregs. Il coule dans tes veines depuis le début, et parce que tu lui as fait
confiance tu as survécu. Te voilà maintenant un homme, mon fils. Reprends ta place dans la tribu. »

Abdel comprit que les êtres humains avaient tous le même instinct. Notre esprit déploie des ressources inimaginables pour
nous permettre de survivre.

Peut-être que ces ressources étaient simplement endormies en vous, n’attendant qu’un jour comme aujourd’hui pour
s’épanouir, réveiller votre instinct.
Xavier Faye
CONTE 6

Douce caresse
THÉMATIQUES :
• Sexualité épanouie • Séparation
• Arrêter de saboter ses histoires d’amour

L ’eau s’étendait à perte de vue, plate, lisse, calme. Une mer d’huile. Une douceur qui contrastait avec le déchaînement
intérieur du cœur de Louis. Louis était un jeune homme beau, séduisant, au cœur tendre. Les femmes étaient toutes
charmées par Louis, mais aucune n’arrivait à rentrer dans son cœur. Louis était seul. Il voulait se connaître lui-même, mais
ne pouvait se voir. Il cherchait à l’extérieur de lui des réponses qui étaient à l’intérieur et qu’il ne trouvait pas. Peut-être
qu’il aurait juste fallu qu’il se laisse toucher, qu’il se laisse embrasser. Retrouver les sensations qu’offre un corps quand il
est relâché et qu’il s’abandonne à la volupté des caresses. Mais c’était trop demander à Louis, il trouvait trop risqué de se
laisser aller. Il cherchait des réponses et refusait les contacts. Il pensait être prêt à aimer, mais il préférait se donner du
temps pour se retrouver. Et plus il se donnait du temps, plus son corps bouillonnait et plus le pieu dans son cœur
s’enfonçait. La douleur le réveillait la nuit, ne pouvait pas être oubliée. Il rêvait qu’on la lui enlevait, mais chaque matin la
douleur était plus forte.

Il est vrai que, petit, personne n’avait été tendre avec lui. Son petit frère, malade, prenait toute l’attention de ses parents,
et lui n’osait pas demander de tendresse. Il avait grandi en silence, sans rien demander à personne, invisible aux yeux de
ses parents. Plus il grandissait, plus la colère entrait dans ses veines et, avec elle, la culpabilité d’être jaloux. La colère
pour mère et la culpabilité comme père, à moins que ce ne soit l’inverse. Quoi qu’il en soit, la joie était absente de ce jeune
garçon. Pourtant, il cachait bien son jeu. Avec les gens il était exemplaire, souriant et aimable. Il se croyait invisible, mais
ce qu’il ne savait pas, c’est qu’il ne l’était pas du tout. Toutes les filles avaient été amoureuses de lui. Toutes les filles
rêvaient du beau Louis. Elles l’auraient bien embrassé, enlacé. Toutes sans exception. Mais Louis ne les voyait pas, il ne
voyait pas leurs sourires. Il ne voyait pas leurs regards pleins d’envie. C’était comme s’il avait tout fermé, tout cadenassé,
tout verrouillé.
Et puis, un jour où la mer était calme, douce et tranquille, il rencontra Sarah, qu’il croisait très souvent. Sarah l’avait vu
depuis longtemps. Elle l’observait souvent. Elle aurait tellement voulu l’embrasser. Elle y rêvait souvent la nuit et rougissait
le jour, à chaque regard qu’il lui lançait. Mais Louis la regardait sans la voir. Il ne voyait aucun signe. Il ne voyait pas la
lueur dans ses yeux.
Ce jour-là, Sarah le vit arriver de loin. Son cœur battait tellement fort. Elle vit aussi les grandes planches posées à la
verticale, et elle sentit que quelque chose allait se passer. Elle vit les planches glisser et faucher les jambes de Louis. La
première tapa dans son mollet et cassa sa jambe sur le coup. Sarah couru vers lui. Elle dégagea la planche, appela les
secours, puis s’assit à côté de lui. Elle regarda Louis dans les yeux et posa sa main sur son cœur. Elle ne dit rien. Elle posa
juste sa main et caressa son cœur tendrement. Comme l’esprit de Louis était occupé par la douleur, elle put parler à
l’homme emprisonné en lui. Elle lui parla sans mot, juste avec la douceur d’une main qui parcourt le corps d’un homme
blessé. C’était comme si Louis ne pouvait plus verrouiller son corps à cause de la douleur. Toutes les sensations restaient
en lui. La douceur, la chaleur, le contact d’une peau sur l’autre. Tout s’ouvrait. Son corps lâchait enfin prise et des larmes
inondèrent ses joues. Sarah pensait que c’était à cause de la douleur, mais c’étaient des larmes de bonheur. Lui qui les
avait retenues si longtemps les laissait couler à présent.
Depuis ce jour, il commença à apprendre à lâcher prise, à ressentir, à se laisser faire, à se laisser aimer, sans réfléchir et
sans pression. Une rencontre d’un corps avec un autre avait permis de guérir les douleurs d’un corps et d’un cœur et
d’apaiser son âme en profondeur.

Vous aussi, vous pourriez lâcher prise, vous laisser aimer, laisser votre corps guérir de ses blessures du passé et oser
goûter à la volupté…
Olivia Favre
CONTE 7

Vivre ou mourir
THÉMATIQUES :
• Lâcher prise • Arrêter de vouloir tout contrôler
• Peur • Faire confiance à la vie
• Mincir • Constipation

I l y a plusieurs années de cela eut lieu une histoire assez étrange, dans un monde parallèle au nôtre, comme si les
dimensions avaient des ailes pour parler entre elles. L’histoire est celle d’un scientifique qui s’était barricadé dans son
laboratoire suite à l’annonce à la radio d’une invasion extraterrestre. Cet homme avait toujours été prévoyant et, alors que
le reste du monde paniquait totalement, lui avait méthodiquement stocké, depuis des années, suffisamment de nourriture et
d’eau pour tenir au moins six mois dans son laboratoire.

Dans cet endroit, les machines surveillaient la moindre de ses constantes vitales : la qualité de son sommeil, sa tension
artérielle, sa glycémie. Il se sentait en parfaite sécurité dans cet espace qui veillait à chaque aspect de sa santé et de sa vie,
tandis qu’à l’extérieur ses congénères se faisaient dévorer. Il y avait même un écran d’ordinateur qui affichait, en temps
réel, la quantité de nourriture restante. « Économisez trois mois de vivres pour ne pas risquer de mourir », indiquait-il le
jour où tout bascula. En effet, le scientifique s’était coupé du monde depuis déjà trois mois. Ce jour-là, Il lui restait encore
la moitié de son stock de nourriture pour survivre. Mais une coupure générale stoppa le doux ronronnement de toute ses
machines. Le scientifique se leva en sursaut, totalement paniqué : plus rien ne fonctionnait. Il trifouilla les fils pendant des
heures, s’ingénia à faire toutes sortes de raccordements, mais rien n’y faisait. Ces maudites machines s’obstinaient à rester
muettes. Finalement, à force de persévérance et d’ingéniosité, il finit par rétablir le courant dans son installation. Tout
semblait fonctionner, hormis un détail sur l’écran principal qui affichait le stock de nourriture : celui-ci avait inversé deux
mots. Il écrivait à présent : « Économisez trois mois de mourir pour ne pas risquer de vivre ». Cette phrase eut l’effet d’une
bombe dans l’esprit du scientifique. Il se rendit compte qu’il se laissait mourir à petit feu par peur de vivre. À quoi servait
une telle vie, loin de tout ? Ne vaut-il pas mieux mourir en ayant vécu intensément que vivre dans l’attente de sa mort ?
Le scientifique décida, ce jour-là, de stopper toutes ses machines et de sortir de son antre. Il s’aperçut que le monde était
toujours là et que cette annonce à la radio n’avait été qu’un gigantesque canular pour divertir la population. Je sais qu’il vit
sa vie bien plus intensément que son entourage désormais, car cette histoire lui a servi de leçon.
Et vous, que feriez-vous ? Préféreriez-vous mourir en ayant vécu intensément, ou avoir une vie terne, barricadée derrière
vos peurs. Je laisse à votre inconscient le soin de trouver la bonne solution.
Xavier Faye
CONTE 8

La course des globules rouges


THÉMATIQUES :
• Confiance en soi • Dette karmique
• Fidélité inconsciente • Peur
• Loi de l’attraction • Vaincre une phobie • Autoguérison

J ’aimerais vous raconter l’histoire d’Alexandre. Alexandre était un jeune homme très robuste et assez courageux. Et, lors
d’un don du sang qui était organisé à son travail, Alexandre décida de surmonter sa peur et d’aller donner son sang. Il se
sentait plutôt courageux et très fier de lui, car dans son équipe les trois quarts des salariés avaient peur de cette aiguille.

Alors, avec tout son courage et toute sa fierté, il alla donner son sang pour la première fois. Une fois allongé sur le lit, son
courage devenait moins courageux, sa peur devenait de plus en plus peureuse. Mais il tenait bon, il voulait vraiment donner
son sang. C’était pour lui impératif. C’était comme payer une dette qu’il ne pourrait jamais rembourser.
Ces poches de sang avaient jadis sauvé sa mère, lors d’un terrible accident. Maintenant qu’il avait 18 ans, il ne pouvait plus
reculer, il fallait qu’il rembourse une partie de cette dette. Et, même si son courage diminuait grandement, une force
encore plus grande le poussait à continuer.

Puis l’infirmière sortit l’aiguille. Une aiguille plutôt grosse, à faire pâlir le plus grand des courageux. L’infirmière réussit à
insérer l’aiguille et Alexandre, tétanisé par la peur, essayait tant bien que mal de surmonter l’épreuve. Mais le sang ne
voulait pas rentrer dans cette poche. C’était comme si toute sa crispation avait rétréci ses vaisseaux et empêchait les
globules rouges de quitter son corps.
La peur était la plus forte. Il ne pourrait pas rembourser sa dette. Et une larme se mit à couler sur sa joue. Ne pouvant pas
le laisser ainsi, l’infirmière lui raconta une histoire magique, de celles qu’on raconte aux enfants le soir. Et, encouragé par
ses mots, le sang se mit à couler dans cette poche qui symbolisait le passé. Des mots en réponse à des maux. La dette
pouvait être effacée et une nouvelle vie pouvait commencer.

Et c’est ainsi que son corps s’est calmé, apaisé. Et, pour fêter cette libération, Alexandre a décidé de faire une course de
globules rouges avec le patient d’à côté, afin de remplir cette poche de sang le plus vite possible. Ils ont visualisé chaque
globule rouge qui partait du cœur pour aller sauver des vies au plus vite. Ils ont réussi à remplir leurs poches plus vite que
ceux qui étaient arrivés avant eux, et ils ont compris tous les deux que leur inconscient était capable de tous les
changements, car, par la simple force de leur visualisation, ils ont pu remplir ces poches avec un débit de sang très élevé.
L’inconscient est vraiment un très grand magicien.

Alors que diriez-vous, vous aussi, de visualiser votre réussite, votre guérison, votre vie afin qu’elles soient enfin comme
vous les désirez, comme vous les attendez ? Et si vous deveniez acteur de votre vie ? Si vous compreniez que vous êtes
capables de tout accomplir, de tout réaliser, de tout obtenir ?
Olivia Favre
CONTE 9

L’arbre sans fruits


THÉMATIQUES :
• Confiance en soi • Accepter ses capacités
• Développer ses dons • Faire confiance à la vie
• Relativiser • Constipation • Guérir l’enfant intérieur • Blessure d’injustice

J ’aimerais vous parler de l’histoire d’un arbre qui ne donnait pas de fruits. Il était le seul à être ainsi dans cette grande
forêt d’Amazonie. Cet arbre était à la fois triste et jaloux des autres arbres, jaloux de voir tous les enfants du village se
gorger de leurs délices, lui qui n’avait que des fleurs à offrir. Quelle injustice ! Pourquoi la vie lui en voulait-elle autant ?
Qu’avait-il donc fait de mal pour mériter ce châtiment ? Serait-il éternellement condamné à être exclu de la joie de ces
enfants ? À être le simple spectateur immobile de ce bonheur auquel il n’avait pas le droit ?

Toute cette tristesse en lui avait fini par voûter son tronc et ses branches à la manière d’un saule pleureur, comme si,
derrière ses feuilles, il pouvait enfin se protéger de son chagrin et de la vue de tout ce bonheur. De cette façon, toutes ses
fleurs poussaient vers l’intérieur, cachées du monde. Jusqu’au jour où une jeune femme en pleurs pénétra dans la forêt
millénaire. Sa fille était atteinte d’un mal étrange et elle ne pouvait supporter de voir souffrir ainsi son petit ange. Elle fut
alors comme attirée par cet arbre vouté qui semblait en peine, comme si sa tristesse entrait en résonance avec la sienne.
Elle pénétra alors sous ses branches. Ici, au moins, elle pouvait confier son désespoir. Ici elle pouvait pleurer à l’abri des
regards.
Quel spectacle c’était à l’intérieur ! Elle se sentait comme une reine au milieu de toutes ces fleurs. L’arbre était tellement
ravi d’avoir enfin un visiteur qu’il profita d’une légère bourrasque de vent pour agiter ses branches et déverser sur
l’étrangère une pluie de fleurs blanches. « À défaut de la nourrir, peut-être pourrais-je au moins lui redonner le sourire »,
se disait l’arbre.

Figurez-vous qu’il fit bien plus que cela : lorsque la femme rentra au village avec toutes ces fleurs dans ses cheveux, elle ne
se doutait pas un instant qu’elle détenait là un remède miraculeux. En effet, le chaman du village connaissait par cœur les
messages de la forêt. Cette fleur était unique, cela faisait des années qu’il la cherchait. L’arbre, qui s’était cru inutile, avait
caché aux yeux des hommes la merveille qui sommeillait en lui. Parce qu’il s’était cru anormal, il avait cru qu’il n’avait pas
sa place dans le grand schéma de la vie, alors qu’en réalité ses fleurs avaient le pouvoir de guérir n’importe quelle maladie.
C’est ainsi que les villageois vinrent régulièrement demander à l’arbre l’une de ses précieuses fleurs. Il n’avait certes pas le
pouvoir de les nourrir, mais bien celui de leur rendre leur bonheur.

C’est incroyable, tout ce potentiel qui peut rester caché lorsque nos yeux nous jouent des tours alors que notre cœur, lui,
attend patiemment le grand jour, celui où il aura l’occasion de montrer ses plus beaux tours.
La vie est similaire à cette légère bourrasque de vent qui aide ceux qui le souhaitent vraiment à exprimer pleinement leur
talent.
Xavier Faye
CONTE 10

Short ou pantalon ?
THÉMATIQUES :
• Confiance en soi • Fidélité inconsciente
• Communication • Respecter ses propres besoins
• Lâcher prise • Être parent

I l était une fois, dans un pays merveilleux où le soleil poussait le matin et où la nuit s’évaporait le soir, une jeune maman
qui vivait en harmonie avec ses enfants. C’était un pays où le vent caressait les habitants et où la pluie ravivait les couleurs
endormies. Cette jeune femme croyait que ce qu’elle pensait était la vérité, que ce qu’elle vivait était vécu de la même
manière par tout le monde, et que ce qu’elle espérait était forcément espéré par tous.
Elle se levait le matin toujours de bonne humeur. Elle y mettait un point d’honneur. Elle ouvrait la porte fenêtre et respirait
l’air pur. Elle se faisait caresser par le vent et ramassait la rosée du matin pour la porter à ses lèvres. Elle aimait son rituel
du matin, elle aimait cette communion avec la nature. Puis elle rentrait chez elle et préparait les affaires de ses enfants : un
pull à col roulé s’il faisait froid, un pantalon si la température était inférieure à 10 °C, un blouson si le vent était fort, des
chaussettes montantes si la neige était là. Tout était prévu en fonction de ce qu’elle ressentait. Ses enfants, très gentils,
mettaient exactement ce que leur maman préparait. Ils n’osaient pas la contredire. Ils n’osaient pas lui dire qu’elle avait
tort, ils ne voulaient pas lui faire de mal…
Un jour, alors que cette maman, qui s’appelait Laura, mais aurait pu s’appeler Géraldine ou Valentine, se promenait en
ville, elle aperçut son fils dans la rue. Mais il n’était pas du tout habillé comme le matin. Son blouson avait disparu, son
écharpe n’était plus là, son pantalon s’était transformé en short… Mais pourtant, il faisait froid. Il allait être malade !
Comment pouvait-il prendre aussi peu soin de sa vie ? Elle voulut le rejoindre, mais il monta dans un bus sans la voir. Elle
se mit alors à bouillonner. Elle était en colère. Elle se sentait trahie, bafouée… Elle rentra chez elle, une larme au coin de
l’œil. Elle passa le reste de la journée à attendre son fils. Elle comptait bien comprendre le fin mot de l’histoire.

Elle, elle avait toujours respecté ce que lui disaient ses parents. Jamais elle ne les avait contredits, jamais elle n’avait osé
aller à l’encontre de ce qu’on lui demandait de faire. Elle était bien élevée… Elle avait donc raté l’éducation de son fils,
puisqu’il ne respectait pas ses consignes…
Quand il rentra, elle l’observa : il avait son blouson, son écharpe et son pantalon. Elle le regarda et sentit la colère monter.

« Comment peux-tu me faire ça ?

– Pardon ?
– Comment peux-tu me mentir éhontément ? Je t’ai croisé cette après-midi, et tu étais en short et sans blouson… »

Le jeune garçon, qui avait 17 ans, regarda sa mère dans les yeux et lui dit :

« Depuis que je suis petit, je te dis que je ne crains pas le froid, mais que je crains la chaleur. Mais comme, toi, tu ne
ressens pas la même chose que moi, tu ne m’entends pas. Tu as raison maman, j’aurais dû te le répéter jusqu’à ce
que tu m’entendes, j’aurais dû insister pour que tu arrêtes de te comporter avec moi comme avec un bébé. Je suis un
être à part entière. Je ressens les choses, comme tous les êtres humains. Mais je ne ressens pas les choses comme
toi. J’ai chaud quand tu as froid et je me sens mal quand il fait chaud. Mais même si je ne ressens pas la même chose
que toi, je reste ton fils et je t’aime. »

La colère de Laura redescendit. Elle comprit alors que tout le monde ressentait des choses différentes, que le chaud, le
froid, mais aussi la fatigue, la tristesse et la faim étaient des sensations propres à chacun, et que personne ne détenait la
vérité.
Et si communiquer permettait d’accepter les différences de chacun ? Et si chacun avait son propre modèle, son propre
chemin ?
Olivia Favre
CONTE 11

Le Mary Celeste
THÉMATIQUES :
• Dépendance affective • Blessure d’abandon
• Séparation • Être autonome
• Confiance en soi • Deuil

P eut-être connaissez-vous l’histoire du Mary Celeste. Il s’agit d’un vaisseau fantôme aperçu par quelques marins au fil
de leurs expéditions. L’histoire du Mary Celeste est assez peu commune. En effet, ce navire semble naviguer toutes voiles
dehors sans la moindre trace d’un équipage à bord, comme s’il était mû par une volonté propre. Son histoire peut sembler
tragique, pourtant, dans l’océan, tout est question de perspective : une grande vague à descendre pour un marin sera un
immense pic à gravir pour un poisson, quand l’un semble descendre vers le haut de sa montagne l’autre monte vers le bas
de sa falaise et inversement.

Toujours est-il que ce voilier servait à l’époque à transporter des tonneaux de rhum arrangé, des côtes américaines au
Vieux Monde britannique. Cela faisait onze ans que le Mary Celeste effectuait ce même trajet, avec un capitaine assisté de
douze matelots à son bord. Même si ces derniers malmenaient parfois ses trois grands mâts et écorchaient souvent son
bois, cela le rassurait de savoir qu’il y avait un homme à la barre qui le guidait, qui dirigeait son gouvernail à travers vents
et marées, qui lui indiquait où il devait aller. Alors, bien sûr, le Mary Celeste aurait aimé visiter d’autres contrées, d’autres
climats, d’autres paysages, mais cela faisait bien longtemps qu’il avait choisi sa sécurité au détriment de ses envies de
voyages. Cela datait de ses premiers jours, juste après sa conception. Le Mary Celeste reposait à quai, non loin de l’atelier
qui l’avait vu naître, lorsqu’une tempête éclata et décrocha son ancre du fond. Le navire se mit alors à dériver sur plusieurs
centaines de mètres et aurait heurté de plein fouet un énorme rocher si des marins chevronnés n’avaient pas réussi à
l’aborder pour le redresser. Il avait eu la peur de sa vie. Depuis ce jour, cela le réconfortait de savoir qu’il y avait toujours
un capitaine à la barre pour lui dire où aller.
Jusqu’au jour où, en pleine mer des Bermudes, un ouragan éclata. Le vent s’engouffrait dans les grandes voiles en hurlant
et les matelots tentaient comme ils pouvaient de s’accrocher au navire chancelant. C’est alors que le bateau se retourna, et
tout l’équipage fut jeté à la mer. Le mouvement des vagues fit en sorte que le Mary Celeste se remit à flot. Ce dernier était
paniqué, il n’y avait plus personne pour lui dire ce qu’il devait faire et dans quelle direction il devait aller, c’était l’inconnu.
Il ne reverrait plus jamais les hommes qui jadis arpentaient son pont, il était livré à lui-même au milieu de ces géants
d’eaux qui le malmenaient. Mais plus le temps passait, plus il s’apercevait qu’il savait comment prendre ces énormes
vagues pour ne pas être submergé, à quel moment il fallait dégonfler ses voiles pour ne pas être emporté. Ces onze années
passées avec cet équipage avaient fait de lui un navire beaucoup plus sage. Il connaissait les dangers de la mer, il avait
appris comment s’en extraire. Malgré les éclairs qui zébraient le ciel, il décida de ne pas se laisser faire. Il arriva, au bout
de plusieurs heures, à s’échapper de cette tempête, et comprit alors qu’il savait naviguer par lui-même. Il avait appris de
ses expériences passées et était devenu plus fort et plus libre qu’il ne l’avait jamais été.
Il décida alors de partir explorer les mers, de se fier à son cœur et à son flair. Je ne dis pas que tout ce qu’il vécut fut de
tout repos, mais il avait décidé de voir chaque échec comme une richesse, chaque erreur comme l’occasion d’apprendre.
Peu de navires ont osé suivre le même chemin que lui, ont osé être aussi libres qu’un colibri, car lui seul avait compris qu’il
ne dépendait de personne pour être en vie.
Je crois savoir que, depuis ce jour, il sillonne les mers afin d’aider les naufragés – encore faut-il oser le demander, car le
Mary Céleste n’apparait qu’à ceux qui pensent mériter d’être aimés. Bien sûr, nous le méritons tous, mais ce qui est
important n’est pas ce que je pense, mais ce que vous, vous croyez. Moi, tout ce que je peux dire, c’est qu’à la manière dont
il borde ses voiles j’ai bien l’impression que le Mary Celeste vous apprécie déjà…
Xavier Faye
CONTE 12

Amour croisé
THÉMATIQUES :
• Confiance en soi • S’autoriser à aimer • Séparation
• Blessure de rejet • Blessure d’humiliation
• Blessure d’abandon • Trahison • Deuil • Viol
• Syndrome du sauveur • Mériter le meilleur

E lle était belle, cachée sous son masque. Elle se sentait en sécurité, comme protégée. Elle regardait sans voir, elle
entendait sans entendre. Trop, c’en était trop pour elle.

Il était beau, caché sous son masque. Il se sentait en sécurité, comme protégé. Il entendait sans entendre, il regardait sans
voir. Trop, c’en était trop pour lui.
Elle en avait eu des hommes dans sa vie. Mais ils l’avaient tous maltraitée. Les mots « trompée », « humiliée », « mal
aimée » auraient pu résumer sa vie amoureuse. Trop, c’en était trop pour elle.

Il en avait eu des femmes dans sa vie. Mais aucune d’elle n’avait réussi à réchauffer son cœur. Les mots « jalousie »,
« ennui », « disputes » auraient pu résumer sa vie amoureuse. Trop, c’en était trop pour lui.
Il faut dire que, petite, sa vie n’avait pas été facile. Un père qui n’était plus là. Un beau-père qui était trop présent. Trop,
c’en était trop pour elle.

Il faut dire que sa vie n’avait pas été facile. Des parents qui ne s’occupaient pas de lui, qui ne lui avaient pas donné l’amour
qu’il aurait mérité. Trop, c’en était trop pour lui.

Tous les deux continuèrent à vivre, à poursuivre leur chemin et à se réparer par divers moyens.
Et puis un jour, au détour d’un chemin, elle vit au loin un homme qui promenait son chien. Il la croisa et lui fit un sourire à
en décrocher la lune. Cet homme respirait le bonheur. Il avait réussi, seulement avec un sourire, à lui permettre de se
sentir extraordinairement bien.
Et puis un jour, au détour d’une forêt, il vit au loin une femme qui enlaçait un arbre. En se rapprochant, il vit cette dernière
lui sourire en rougissant. Cette femme respirait le bonheur. Elle avait réussi, seulement avec un sourire, à lui permettre de
se sentir extraordinairement bien.

C’est comme si, en un instant, elle avait compris qu’elle avait le droit au bonheur, qu’elle avait le droit de tomber
amoureuse d’un homme ayant envie de vivre heureux. Qu’elle pouvait arrêter d’être une infirmière, une psychologue, et
qu’elle pouvait partager une vie de bonheur avec un homme serein, joyeux et heureux. C’est comme si les conseils qu’elle
avait souvent prodigués pouvaient enfin être interceptés par son oreille ouverte, comme si elle acceptait enfin de lâcher
prise, d’arrêter de se débattre, d’arrêter de chercher des réponses dans le passé, et de se laisser porter par le courant de la
vie.
C’est comme si, en un instant, il avait compris qu’il avait le droit au bonheur, qu’il avait le droit de tomber amoureux d’une
femme ayant envie de vivre heureuse. Qu’il pouvait arrêter d’être un infirmier, un psychologue, et qu’il pouvait partager
une vie de bonheur avec une femme sereine, joyeuse et heureuse. C’est comme si les conseils qu’il avait souvent prodigués
pouvaient enfin être interceptés par son oreille ouverte, comme s’il acceptait enfin de lâcher prise, d’arrêter de se débattre,
d’arrêter de chercher des réponses dans le passé, et de se laisser porter par le courant de la vie.

La morale de cette histoire est toute simple : et si, pour une fois, nous partagions un bout de route avec une personne qui
respire le bonheur au lieu de chercher chez l’autre une personne à sauver ?
Et si, un jour comme aujourd’hui, en écoutant une histoire comme celle-ci, vous vous imaginiez trouver l’amour ? Et si vous
vous prépariez enfin à l’accueillir, comme on accueille un ami : dans la joie ? Et si vous étiez prêts à vous abandonner dans
ses bras ? Et si vous étiez prêts à faire confiance à l’univers et à votre intuition, qui sauront vous guider vers une personne
qui vous fera du bien ? Et si vous ouvriez les yeux et votre cœur à la douceur de l’amour, à la magie des caresses et à
l’ivresse de la tendresse ?
Olivia Favre
CONTE 13

Lilly
THÉMATIQUES :
• Fidélité inconsciente • Prendre sa place • Créativité

N athalie était mère d’une jolie petite fille nommée Lilly. C’était une petite fille toujours dévouée à ses camarades,
toujours prête à leur rendre service, quelle que soit leur demande. Mais la principale personne que Lilly aurait voulu aider,
c’était sa mère : elle aurait voulu essuyer ses yeux tristes et son air de misère. Elle l’aidait à mettre la table, rangeait sa
chambre comme une militaire, essayait d’être une petite fille aimable, même si elle ne savait pas toujours comment faire.

Elle aurait bien aimé que sa maman arrête de courir partout et vienne jouer à la dinette avec elle, mais cette dernière lui
disait toujours qu’elle n’avait jamais le temps, que la maison n’allait pas se tenir toute seule. Elle entendait souvent sa
maman raconter qu’elle aurait voulu être chanteuse mais que, vous comprenez, avec une enfant à gérer, elle avait dû
mettre ses rêves en veilleuse. La petite fille se sentait responsable de l’échec de sa mère et essayait de tout faire pour
l’aider à accomplir son rêve du passé, mais Nathalie n’avait de cesse de lui dire que, depuis son accouchement, elle était
désormais limitée.
Lilly se réfugiait alors dans ses livres. Là, au moins, chaque rêve pouvait vivre. Son imagination s’amplifia de jour en jour, à
tel point qu’elle se mit à écrire ses propres histoires. Elle était douée, personne ne pouvait le nier : un jour, c’était sûr, elle
deviendrait romancière à succès.
Au fil des années, la petite fille grandit pour devenir mère à son tour ; il était bien loin le temps des beaux discours. Elle
avait rangé ses scripts au placard et troqué son beau sourire contre des idées noires. Elle jonglait entre deux emplois pour
assurer le confort de sa famille, mais s’éloignait chaque jour de plus en plus de sa propre fille. Un soir, celle-ci lui
demanda :
« Dis maman, est-ce que tu pourrais me raconter une de tes histoires ? Ce soir il y a de l’orage, et j’ai peur de faire
des cauchemars. »

Lilly sentit une colère monter en elle.


« Mais voyons, tu ne vois pas que je n’ai pas le temps, que j’ai plein de choses à faire ? J’aimerais bien pouvoir
souffler, moi aussi, l’espace d’un moment… Demande à ton père ! Si seulement j’avais le choix, je te les lirais
volontiers, mais aujourd’hui, comme tu peux le voir, je suis limitée. »

Et c’est en entendant ses propres mots que Lilly comprit une chose bien plus essentielle qu’il n’y parait : sa propre maman,
Nathalie, n’était pas limitée, en un seul mot, mais l’imitée. Lilly avait simplement imité sa maman, elle reproduisait
exactement le même comportement avec sa propre enfant. Elle avait cru que, si sa maman avait dû faire une croix sur sa
vie de chanteuse, elle devait en faire de même et enterrer son rêve d’être conteuse. Elle avait cru que, lorsque l’on devient
parent, on doit tous suivre le même modèle. Mais ce jour était un jour de grand changement, car il était grand temps de
changer de logiciel. Elle était différente de sa mère, elle avait le choix de faire les choses autrement.
« Il est hors de question que je sois la fossoyeuse des rêves de ma fille, je veux qu’elle les accomplisse, je veux que
ses yeux brillent. C’est à moi de lui montrer l’exemple, de lui montrer la voie. Il est temps de ressortir mes contes et
de penser à moi. Aujourd’hui, ma fille a besoin de moi et de mes histoires, je ne serai pas l’imitée de ma fille, je serai
son phare. Les mauvais rêves n’auront qu’à bien se tenir, car ce soir Lilly la limitée redevient (L)illimitée. »

Xavier Faye
CONTE 14

Pardonner pour pouvoir aimer


THÉMATIQUES :
• Pardonner • Violence • Colère • S’autoriser à aimer
• Couper les fidélités inconscientes

E n parlant d’histoires enchantées, je voudrais vous raconter celle de Théo. Théo était un adolescent terne et renfrogné.
D’année en année, Théo se battait, pour des billes ou des regards volés. Quoi qu’il se passe, tout était prétexte à la bagarre.
Quand il est rentré au lycée, tout le monde pensait qu’il allait s’assagir… Mais le feu de cette colère à l’intérieur de lui
n’était pas près de s’éteindre. Plus il s’embrasait et plus les coups partaient.

Il faut dire que Théo, les coups, il les connaissait. Il en avait tant reçu par son père : les petites tapes du matin, les mots
violents du midi et les coups de ceinture du soir. Chaque jour, il était nourri de coups.
Et puis un jour, dans la rue, il vit au loin une jeune fille resplendissante. Elle était si belle, si rayonnante, son sourire et sa
joie illuminaient la rue. Et plus il se rapprochait d’elle, plus il avait l’impression de connaître cette fille.

Mais ça ne pouvait être elle, ça ne pouvait être sa sœur ! Sa sœur était triste et terne comme lui ! Pourtant si, c’était bien
elle. Il ouvrit son regard et aperçut un jeune homme à ses côtés qui, à ce moment-là, lui caressait la joue. Et là, il comprit.
C’était donc ça l’amour ? Il avait, depuis tout petit, assimilé l’amour aux coups, mais, maintenant, il comprenait qu’il
pouvait associer l’amour à la tendresse. Il comprit que, si lui aussi voulait être heureux, il devait pardonner à son père
plutôt qu’être en colère. Lui pardonner n’était pas l’excuser. Lui pardonner était l’une des solutions pour éteindre
l’incendie qui ravageait son cœur. Il devait aussi lui pardonner pour pouvoir être différent de son père et se débarrasser de
sa colère, lui pardonner pour pouvoir aimer et reprendre le contrôle de vie.
Peut-être serait-il temps, pour vous aussi, de pardonner pour pouvoir à nouveau aimer.
Olivia Favre
CONTE 15

La fille aux étoiles filantes


THÉMATIQUES :
• Deuil • Tristesse • Lâcher prise
• Faire confiance à la vie • Découvrir l’inconnu

C ette histoire se déroule dans un village au bord de la plage. Chaque nuit, à la même heure, la petite Noémie échappait
à la vigilance de son père pour aller s’allonger au bord de la mer. Elle allait à chaque fois sur la même plage et à la même
heure. Elle s’y installait telle une cliente fidèle afin d’observer les étoiles. Au fil du temps, c’était devenu son petit rituel,
surtout depuis que son papa lui avait dit que sa maman était montée au ciel. Elle était trop petite pour s’en souvenir : elle
n’avait qu’un an quand sa maman avait dû partir.
Quand elle voyait ses copines, elle était un peu jalouse d’elles : « Moi aussi, je veux une maman qui m’aime. » Alors, chaque
soir, elle scrutait le ciel en récitant sa plus belle prière pour avoir une mère, mais le silence semblait être la seule réponse
de l’Univers. Elle repartait donc chaque soir avec un goût amer, mais elle ignorait encore que les étoiles étaient de grandes
messagères.
Un soir, alors que la petite Noémie était à son rendez-vous nocturne, sur la même plage et à la même heure que d’habitude,
elle récitait une nouvelle fois sa prière d’une voix chevrotante et, à sa grande surprise l’univers y répondit par une pluie
d’étoiles filantes. C’était un spectacle magnifique. Chaque étoile semblait finir sa course juste derrière une falaise qui
délimitait sa plage… Mais que voulaient dire toutes ces étoiles ? Quels étaient donc leurs messages ? Noémie réfléchit un
certain temps : elle avait tellement peur de quitter sa plage. Derrière la plage c’était l’inconnu, surtout pour une fille de son
âge. Mais la curiosité fut plus forte et Noémie contourna la falaise pour déboucher sur une autre plage.

Là, au beau milieu, se tenait une femme seule qui regardait le spectacle que lui offrait le ciel. Noémie s’approcha d’elle et
lui demanda :
« Que fais-tu ici toute seule ?

– Je prie pour ma petite fille qui est montée au ciel il y a moins d’un an. Je viens ici tous les soirs prier pour mon
enfant, dit la jeune femme en lui souriant.
– Moi aussi je prie tous les soirs, pour avoir un message de ma maman, répondit Noémie.
– Peut-être pourrions-nous prier ensemble, si tu es d’accord ? proposa la jeune femme. Je suis sûre qu’en priant à
deux le message sera encore plus fort. »

Noémie acquiesça.

Et c’est ainsi que, chaque soir, la jeune femme et la petite fille se mirent à prier ensemble. Un lien particulier commença à
se nouer entre elles. La jeune femme rencontra le père de Noémie quelques temps plus tard, et ce fut le coup de foudre dès
le premier regard. C’est ainsi que Noémie comprit que sa maman lui avait répondu depuis le fin fond du ciel, et qu’elle
l’aimait tellement que, même depuis là-bas, elle lui avait envoyé une nouvelle présence maternelle.
Cette femme l’attendait depuis le début sur la plage voisine, mais que se serait-il passé si Noémie n’avait pas changé de
routine ? Aurait-elle réussi à surmonter sa solitude, si elle n’avait pas changé d’habitude ? Je ne sais pas. Ce que je sais
c’est que vous aussi, vous pouvez décider de changer, de faire le premier pas vers la plage du changement.
Xavier Faye
CONTE 16

Pardonner l’impardonnable
THÉMATIQUES :
• Pardonner • Violence • Colère • Blessure d’injustice
• Tristesse • Trahison
• Blessure d’abandon • Vie antérieure

C omment oublier ce que l’on ne connaît pas, ce que l’on n’imagine même pas avoir vécu ?
Comment guérir d’une blessure inconnue, mais qui revient sans cesse vous hanter comme un boomerang ?
Comment accepter l’inacceptable, l’intolérable, qui a existé à une période lointaine ?

Comment pardonner à ceux qui ont franchi la barrière de l’impardonnable ?


Comment imaginer que l’on puisse cautionner de telles atrocités ?
Comment libérer les larmes retenues depuis si longtemps et les laisser disparaître dans le néant ?

Comment faire tout cela sans savoir…


Tout simplement en acceptant l’improbable, en comprenant que nous ne savons rien. Accepter cette tristesse qui n’a pas de
raison alors qu’elle en a une infinité.
Accepter qu’elle ne soit pas le fruit de notre imagination, mais qu’au contraire elle soit réelle tout en étant irréelle.

Comprendre que le mal que l’on nous a fait était pire que toutes les horreurs que l’on puisse imaginer.
Comprendre que la trahison laisse des traces indélébiles, même plusieurs années après.

Mais surtout, comprendre que l’on peut changer tout cela.


Comprendre que l’on peut à nouveau faire confiance à l’humanité.

Comprendre que l’on était innocent, que ce n’est pas ce que l’on a dit ou fait qui est à l’origine de cet enfer.

Comprendre que maintenant, grâce à cela, on est différent, que l’on est bien plus fort, bien plus courageux.
Comprendre que c’est notre humanité qui va nous sauver, sauver le monde.

Savoir que cette tristesse peut disparaître si l’on arrive à pardonner l’impardonnable. Savoir que la colère peut laisser
place à la joie si l’on accepte la paix.

Savoir que l’on peut cesser d’avoir peur d’être trahi ou abandonné si l’on comprend que l’on a toujours été innocent.
Olivia Favre
CONTE 17

Les robots
THÉMATIQUES :
• Confiance en soi • Estime de soi
• Être différent • Être tolérant

V oici une histoire qui se passe dans le futur, un futur pas si lointain que l’on ne le pense, mais plus proche de la vérité
qu’il n’y parait.
Dans ce futur, les hommes côtoyaient les robots : ils en fabriquaient à la chaîne, pour toutes sortes de tâches, aussi bien
pour soigner des gens que pour tailler des arbres à la hache. Chaque robot appartenait à une catégorie, chacune d’entre
elles étant différenciée par une couleur. Lorsqu’ils venaient d’être peints, tout leur corps était recouvert de cette couleur,
même leurs yeux. Ils étaient capables d’interagir entre eux comme des humains. Ensuite, chaque robot était stocké dans un
hangar avec les autres robots de sa couleur en attendant que l’on assemble toutes ses pièces.
Un jour, l’un des « concepteurs », comme les robots les appelaient, entreposa par accident un robot bleu avec des robots
appartenant à la catégorie jaune. Ceux-ci, d’ailleurs, étaient réputés pour être particulièrement hostiles aux robots de la
catégorie verte. Lorsque le robot bleu entra dans le hangar, tout le monde le dévisagea et commença à se moquer de lui en
disant :

« Bouh, regardez le sale robot vert ! Vert comme la morve des humains ! Sors d’ici, tu n’as rien à faire là !
– Mais pas du tout ! répondit le robot bleu, Je suis bleu voyons, qu’est-ce que vous racontez ? C’est vous qui êtes
tout vert !

– C’est toi qui mens, tu es vert ! Tout le monde dit que tu es vert ! Vous voyez, les verts sont tous pareils : ils ne
savent que mentir. »

Le pauvre petit robot ne comprenait plus rien : il lui semblait bien qu’il était bleu, mais si tout le monde disait le contraire,
ça devait être lui qui devait avoir un problème. Son concepteur l’avait forcément assemblé de travers. Chaque jour était
devenu un calvaire pour lui. On se moquait de son aspect, personne ne voulait jouer avec lui, à tel point qu’il en était même
venu à se détester.
Jusqu’au jour où un concepteur arriva dans le hangar.

« Bonjour mes enfants, aujourd’hui est un grand jour, car c’est aujourd’hui que vous allez recevoir vos nouveaux
yeux. »

C’est alors que, à sa grande surprise, le robot qui n’était pas jaune s’approcha de lui et lui demanda tout bas :

« Dis, concepteur, pourquoi m’as-tu fait tout vert alors que je vois tout en bleu ? Qu’est-ce qui cloche chez moi ?
Pourrais-tu, s’il te plait, réparer ce qui ne va pas ? »

Le concepteur s’agenouilla devant le petit robot bleu et lui dit :

« Je vais te montrer quelque chose, lève la tête vers moi. »

Il lui installa alors ses nouveaux yeux.


« Regarde à présent. Avant tu ne pouvais voir le monde qu’à travers tes yeux bleus et, lorsqu’on mélange du bleu et
du jaune, on obtient du vert, c’est pour cela que les autres te voyaient vert et que toi aussi tu les voyais verts. Tu es
tout à fait normal, tout dépend de ton regard. »

Ce jour-là, le robot comprit une grande leçon : il comprit que les gens ne nous voient pas toujours tel que nous sommes.
Certains nous regardent avec des yeux de colère, de peur, de tristesse ou à travers les croyances qu’on leur a inculquées.
D’autres nous regardent avec des yeux d’amour, de bienveillance et d’indulgence. Il comprit que, lorsque les autres se
moquaient de lui, ils ne se moquaient que de l’image qu’ils avaient de lui et non de qui il était vraiment : c’étaient leurs
yeux le problème et pas lui.
Xavier Faye
CONTE 18

Graines semées
THÉMATIQUES :
• Être parent • Être responsable de sa vie
• Regard des autres • Blessure d’injustice
• Culpabilité • Couple • Procrastination • S’affirmer
• Parents sévères • Éducation

D ans cette famille, il y avait le père, la mère, les deux fils et tous les grands-parents. Les parents étaient séparés, ainsi
que les grands-parents. Les enfants grandissaient dans cette famille décomposée et recomposée. Le fils aîné n’était pas très
travailleur, et il aimait faire seulement ce dont il avait envie. Il avait le mérite d’aller jusqu’au bout de ses choix, quitte à
subir les foudres de son père. Sa mère ayant bien compris que, pour déplacer un bloc de pierre, il ne servait à rien de
foncer dessus, restait calme. Elle plantait des graines tout autour et attendait qu’elles germent, qu’elles deviennent fortes
pour pouvoir faire bouger le rocher. Elle attendait patiemment les changements espérés.
Cet enfant, depuis qu’il était petit, avait décidé de travailler le moins possible et de faire seulement ce qui lui plaisait. Son
intelligence lui permit de fonctionner ainsi jusqu’à son bac, auquel il échoua faute de travail. Cette expérience fut difficile
pour lui, et il comprit enfin que le travail était nécessaire pour réussir et que l’intelligence seule ne suffisait pas.
Il accepta « sa pénitence », comme il l’appelait, et partit faire une nouvelle terminale à l’internat. Sa mère vit cela comme
une belle expérience, même si elle aurait préféré qu’il réussisse du premier coup. Mais elle savait qu’il avait bien plus
appris en échouant qu’en réussissant.

Son père et son grand-père virent cela comme un échec. Ils reprochèrent même à la mère de lui avoir laissé trop de liberté,
de ne pas l’avoir enfermé dans sa chambre en le privant de toutes les choses qu’il aimait pour le forcer à travailler. Mais
cette mère était bien plus forte que leurs remontrances. Elle savait qu’elle avait eu la bonne attitude. Elle savait que
chacun est responsable de ses choix et que la vie nous apprend à les assumer. Le père du jeune homme avait juste oublié
qu’il avait fait la même chose quand il avait lui-même passé son bac. Son grand-père était persuadé que, pour obtenir
quelque chose, le bâton était bien plus efficace que la carotte. Lui aussi avait oublié que son fils avait raté son bac. Alors
cette mère planta d’autres graines pour qu’ils comprennent que chacun est responsable des choix qu’il fait et que l’on ne
peut pas rejeter la responsabilité sur d’autres pour se sentir innocent. Elle leur dit tout simplement :
« Ce n’est pas moi qui ai échoué. Ce n’est pas moi qui ai passé le bac. Je suis innocente. Notre enfant a fait ses choix.
Il avait choisi de ne pas travailler. Il en assumera les conséquences. »

Le père et le grand-père n’étaient toujours pas d’accord avec sa vision des choses, mais, au moins, cette femme avait su
dire ce qu’elle pensait. Elle avait su rejeter la culpabilité et avait planté une nouvelle graine, qui peut-être un jour
germerait.
Olivia Favre
CONTE 19

Le violon
THÉMATIQUES :
• Confiance en soi • Blessure de rejet
• Blessure d’abandon • Blessure d’injustice

J ’aimerais à présent vous parler d’un violon, qui n’était pas un Stradivarius ni un premier prix, qui fut offert à un enfant
de famille aisée par la belle-sœur de l’oncle de sa mère, à moins que ça ne soit par la nièce du beau-père de son frère… Peu
importe. Cet enfant avait, suite à un concert de musique classique, voulu apprendre à jouer de cet instrument si magique.
Or, dès les premières notes, le son qui en sortit ne fut pas du tout agréable.

« Comment quatre petites cordes peuvent-elles faire un son si effroyable ? » disait-il tout haut.

Il commença néanmoins les cours, et revenait systématiquement en se plaignant auprès de ses parents que le violon avait
encore cassé une corde ou que son manche était très inconfortable, sans parler du son qui en sortait, qui était très
désagréable. Le violon avait fini par croire qu’il était nul, que son créateur avait dû faire une erreur en le construisant.
« Comment a-t-il pu laisser une telle monstruosité sortir de son magasin ? », se demandait-il.

Après chaque cours, le violon revenait plein d’éraflures ou de petites entailles sur son bois. L’enfant n’en revenait pas.
« Mais on dirait que tu fais exprès de te cogner partout ! », lui criait-il en le jetant négligemment sur son lit.

Un jour, le violon, qui était posé dans le couloir de l’entrée, entendit même l’enfant dire à ses parents :

« Ce violon est nul, il n’y a rien de bon à en tirer, autant m’en débarrasser. Il semble aussi peu fait pour la musique
classique qu’un cheval faisant du saut à l’élastique. J’en veux un autre. Celui-là, vous pouvez le revendre. »

Le pauvre violon était si dévasté, il s’en voulait tellement de ne pas savoir jouer. Et les parents de l’enfant firent
exactement ce que l’enfant avait décidé : malgré son état délabré, ils réussirent à le vendre sur EBay à un enfant du
Burkina Faso pour une poignée d’euros. Après un long voyage en avion, il arriva chez son nouveau propriétaire. Celui-ci
avait toujours rêvé d’avoir un violon. Quand il avait vu le prix de celui-ci, il avait donc sauté sur l’occasion. Il répara chaque
entaille avec amour, remit du vernis sur son bois, épousseta le manche avec tendresse. Il lui parlait comme à un ami, et
lorsqu’il se mit à jouer le violon lui-même n’en revint pas. Une musique d’une telle beauté ! Il faut dire que l’enfant avait eu
le temps de s’entraîner avec les instruments de son quartier. Il semblait effleurer le manche avec doigté comme une
caresse, bien loin de l’autre enfant qui y mettait tant de maladresse. Il dansait au rythme des notes, emmenant son nouveau
compagnon à cordes en extase, comme une partenaire de danse de jazz.
Chaque soir, il déposait un baiser sur son violon en le plaçant sur son trépied et, un soir, il lui dit même :

« Merci d’être entré dans ma vie, tu es une merveille ! Chaque note qui sort de toi est un régal pour mes oreilles, si
je le pouvais je t’emmènerai même dans mon sommeil. »

Ce jour-là, le violon put enfin faire la paix avec lui-même, comprendre qu’il n’avait jamais été le problème, que c’était
l’autre enfant qui ne savait pas jouer et qui, plutôt que de se l’avouer, avait accusé le pauvre violon.
Alors peut-être est-ce aussi votre cas : peut-être que certaines personnes n’ont pas su jouer de votre instrument, que
certaines même vous ont forcé à jouer une autre musique que la vôtre, vous ont malmené, ont écorché votre bois, cassé vos
cordes, vous ont fait croire que vous sonniez faux. Mais ils avaient tort. L’instrument est parfait dès sa naissance, il n’y a
que des gens qui ne savent pas en jouer.

J’ai cru entendre qu’un nouveau musicien était arrivé en ville, un virtuose parait-il : vous-même. Alors que diriez-vous de
jouer votre propre musique à présent ? Vous seul savez comment jouer de cet instrument, vous le connaissez mieux que
personne. Moi, en tout cas, j’ai déjà réservé ma place au premier rang pour vous écouter jouer.
Xavier Faye
CONTE 20

Le pont magique
THÉMATIQUES :
• Dévalorisation • Écouter son intuition
• Nos enfants sont nos professeurs • Être parent

I l existe une balade magique sur les bords de Loire, entre les ponts. On peut choisir de s’y promener une heure, pour
s’évader, et franchir un seul pont, ou deux heures, pour se soulager, et franchir deux ponts.
C’est d’une femme dont j’aimerais vous parler. Une femme qui avait parfois besoin de deux heures pour soulager ses peurs.
Alors elle commençait la balade avec son chien, et chaque minute passée près de l’eau lui permettait d’évacuer le trop plein
d’eau : d’eau de chagrin de ne pas se sentir suffisamment aimée, d’eau de colère d’avoir été mal considérée, et d’eau de
peur d’être quittée. En marchant, toutes ces craintes disparaissaient, laissant place à la sérénité. Et c’est ce qu’il se passait
à chacun de ses passages sur les ponts, comme si ces ponts nettoyaient les émotions. Et, une fois de l’autre côté du second
pont, elle avait accès à ses envies, ses désirs et ses rêves.
Mais, ce jour-là, de l’autre côté du pont, un événement arriva. Alors qu’elle était dans ses rêves de bonheur, son chien prit
un chemin pour rejoindre le bord de l’eau. Il faisait cela tout le temps, mais, cette fois-ci, elle sentit qu’il y avait un
problème, comme si un signal d’alerte avait retenti dans sa tête. Une intuition surgit, comme jamais elle n’en avait eu
auparavant. Elle fit marche arrière et descendit au bord de la rivière. Mais là, rien : pas de chien. Elle le chercha dans
l’eau, mais ne le vit pas. Elle faillit repartir, mais elle ne le put pas. Elle savait qu’il était là. Alors elle se pencha et le vit
accroché à un petit rocher, tout le corps dans l’eau. Seules ses pattes s’accrochaient désespérément à ce petit bout de
pierre. Le pauvre chien ne pouvait même pas aboyer, on voyait de la terreur dans ses yeux. Alors la femme s’allongea sur le
rocher et attrapa son chien. Il tremblait de peur et la jeune femme aussi. Ils rentrèrent tous les deux chez eux, encore tout
remués par cette aventure. Et, en arrivant, cette femme dit à son fils :

« J’ai eu si peur, j’ai failli noyer le chien. »

Et elle expliqua ce qu’il s’était passé. Son fils la regarda, étonné, et lui dit :
« Non maman, tu n’as pas failli noyer le chien, tu l’as sauvé. »

Cette mère, en entendant les paroles de son fils, comprit une chose essentielle : elle devait arrêter de se dévaloriser. Elle
comprenait enfin qu’elle faisait du mieux qu’elle pouvait, que, certes, elle ne pouvait pas enlever tous les grains de sable,
les cailloux, les blocs de pierre sur le chemin de ceux qu’elle aimait, mais qu’elle pouvait faire de son mieux pour les
protéger, pour écouter son intuition et son cœur.
Olivia Favre
CONTE 21

Le musicien de jazz
THÉMATIQUES :
• Confiance en soi • Prendre sa place • Blessure de rejet
• Être soi-même • Lâcher prise
• Regard des autres • Dépendance à l’alcool

J ’aimerais vous raconter une histoire qui s’est déroulée dans le vieux Chicago, juste après la Seconde Guerre mondiale,
dans cette période où la vie reprenait son cours et le jazz battait son plein. Henry était un jeune saxophoniste prometteur,
dont presque chacune des chansons passait dans les vieux postes radio de l’époque. Son tout premier vinyle s’arrachait, le
succès était au rendez-vous pour ce jeune prodige du jazz. Il était invité aux meilleures soirées. Lui qui venait d’un coin
perdu de l’Oregon était grisé par tant d’attention.

Puis les paillettes retombèrent, comme l’été vient avant l’hiver : il était temps pour lui de se remettre au boulot et de
composer de nouveaux morceaux. Il avait passé beaucoup de temps à écouter ce que voulaient ses fans et leur avait
concocté tout un programme. Seulement voilà, son deuxième vinyle n’eut pas le succès escompté. Il avait beau gesticuler
sur scène à la manière d’un Elvis Presley, teinter sa musique d’opéra à la manière d’un Sinatra, rien n’y faisait. Il finissait
hué, rejeté, démodé. Certains même disaient qu’il n’avait jamais su jouer, que c’était un homme du passé. Il se mit alors à
se détester d’être aussi nul, d’être un ringard que plus personne n’aimait, il ne supportait plus son image dans le miroir et
finit par noyer son chagrin au fond d’un bar.
Jusqu’au jour où un vieux trompettiste aux cheveux grisonnants donna un concert à cet endroit. Les oreilles du
saxophoniste se dressèrent, attirées par cette musique à la fois mélancolique et envoûtante. Le trompettiste semblait
fusionner avec son instrument. Il ne bougeait presque pas, pourtant tout autour de lui était en mouvement. Tout le monde
l’acclamait, Henry était comme hypnotisé, il aurait tellement voulu connaître son secret. C’est alors qu’à l’entracte, le vieux
jazzman aperçut Henry, le reconnut et s’approcha de lui. D’un seul regard, il avait tout compris. Il s’assit en face de lui et
retira son chapeau pour recouvrir son verre de whisky.

« Tu ne trouveras aucune réponse dans ce verre mon garçon, l’alcool est un très piètre conseiller et un plus mauvais
compagnon encore.
– Hum, facile à dire pour vous ! Avec une telle musique vous pourriez plaire à la terre entière, lui répondit Henry.

– Écoute-moi bien mon garçon, crois-tu vraiment que nous avons la capacité de plaire ou de déplaire à quelqu’un ?
Quel orgueil que cela ? Les gens aiment ce que tu leur inspires quand tu es toi-même, c’est très différent. Toi, tu es
parfait depuis ta naissance, tel que la Vie t’a fait. Une panthère peut inspirer de la peur pour certains et de
l’admiration pour d’autres, mais crois-tu vraiment que la panthère s’inquiète de ce que l’homme pense d’elle ? Non,
elle existe, elle vit, point. Ce qu’elle inspire chez l’autre dépend de lui et de lui seul, elle n’y est pour rien. Tout
comme tu n’étais pour rien dans ton succès, c’est la musique que tu dégageais en étant toi-même que les gens
aimaient. C’est cette énergie qui sortait de toi à ce moment-là. Il n’a jamais été question de toi, mais d’eux, car ils se
sont reconnus dans ta musique. Que se passerait-il si toutes les oreilles du monde se fermaient, là, maintenant, s’il
n’y avait plus personne pour t’entendre ? T’arrêterais-tu de jouer ? D’exister ? Alors redeviens cette panthère qui
joue du saxophone pour elle-même, pour le plaisir que cet instrument lui procure, parce que jouer du jazz est dans ta
nature. Redeviens ton premier fan, celui qui t’applaudit toujours, qui danse sur chacune de tes musiques. Il est grand
temps pour toi de jouer à nouveau ta mélodie à toi, peu importe qu’elle plaise ou pas, cela ne t’appartient pas, alors
lâche prise et joue ! »

Je crois savoir que, ce jour-là, les deux jazzmen s’associèrent et formèrent le duo de jazz le plus vertigineux de leur époque,
parce qu’ils jouaient pour eux avant tout.
Et vous, que diriez-vous de jouer votre mélodie à vous ? Croyez-vous être venu sur cette planète pour plaire, ou pour jouer
votre musique avec bonheur ?
Xavier Faye
CONTE 22

La fleur qui ne chantait plus


THÉMATIQUES
• Empathie • Hypersensibilité • Colère
• Impuissance • Tristesse • Être différent

I l était une fois, dans la prairie d’un pays lointain qui n’a peut-être jamais existé, une fleur qui ne chantait pas. Pourtant,
dans cette prairie de ce pays qui n’existe pas, toutes les fleurs chantaient. Elles chantaient du soir au matin, de l’aube
jusqu’au coucher du soleil. Elles chantaient si bien ! C’était majestueux, harmonieux. Et les habitants de ce pays étaient
heureux d’entendre ces fleurs chanter.

Un jour, un petit garçon différent des autres vint à passer par là. Et il aperçut tout de suite cette fleur qui ne chantait pas,
même si elle était entourée par toutes les autres. Il s’assit alors à côté d’elle et décida de lui enlever la tristesse qu’elle
portait sur ses pétales, et il installa toute cette tristesse à l’intérieur de lui. Il était content d’avoir fait cela. Il sentait qu’il
avait bien agi. Il était fier d’avoir enlevé sa tristesse à cette fleur qui ne chantait pas.
Mais au bout de quelques jours ses yeux devinrent étranges. Ils étaient remplis de larmes qui ne coulaient pas. Il avait un
regard vitreux et sa pétillance disparaissait petit à petit. Il ne comprenait pas pourquoi. Ses parents commençaient à
s’inquiéter, alors ils partirent avec lui se promener dans le champ de fleurs. Ils pensaient que la musique douce lui
redonnerait sa pétillance. Et, au milieu du champ, ils s’installèrent et se laissèrent bercer par le doux chant des fleurs. Mais
le petit garçon reconnut tout de suite la fleur qui ne chantait pas, et qui d’ailleurs ne chantait toujours pas. Cela le mit en
colère : il avait enlevé sa tristesse et cela n’avait pas suffi ! Elle ne voulait toujours pas chanter ! Sa colère monta, monta
et explosa comme un volcan. Alors sa maman le regarda et lui dit :

« Tu dois apprendre à ne pas porter le malheur des autres. Tu ne peux pas porter leur tristesse, leur colère ou leur
peur. Ce sont leurs histoires. C’est à eux de s’en décharger. Ce n’est pas parce que tu vas les porter à leur place
qu’ils iront mieux.
– Mais comment faire, maman, pour les aider ? À quoi me sert de ressentir leurs malheurs si ce n’est pas pour leur
venir en aide ?
– Mais tu les aides déjà en ressentant ce qu’ils ressentent ! Cela leur permet de se sentir écoutés et entendus. Cela
leur permet de savoir qu’ils sont entourés et protégés. Mais c’est à eux de se prendre en main et de guérir de leurs
blessures du passé. C’est à eux de faire un pas dans la liberté et dans le bonheur. Tu as un don. Sois-en fier et utilise-
le pour embellir le monde. »

Le petit garçon comprit alors l’essentiel : il était différent. Il était unique et, grâce à ce don, il pourrait aider le monde à
aller mieux. Il retourna donc voir la fleur qui ne chantait pas. Il lui rendit ses larmes et lui parla tout doucement à l’oreille.
Je ne sais pas ce qu’il lui a dit, mais je sais que, quelques temps après, cette fleur s’est remise à chanter. Le petit garçon
grandit avec son don, fier de pouvoir aider le monde à aller mieux, tout en se protégeant, en s’aimant et en acceptant
pleinement qui il était.
Olivia Favre
CONTE 23

La semeuse de graines
THÉMATIQUES :
• Blessure d’abandon • Blessure de rejet
• Confiance en soi • Dépendance affective

A mélia était une petite fille de 8 ans très enjouée, qui adorait rire et s’amuser avec ses copines. Un jour, leur
professeur emmena toute la classe à la rencontre d’un agriculteur qui leur proposait de découvrir les joies du jardinage. Il
leur dit qu’il mettait à leur entière disposition un terrain lui appartenant, et que celui qui planterait le plus de graines
aurait le droit à une récompense particulière gardée secrète.

Tous les enfants se mirent alors en action, se bousculant, prenant autant de graines qu’ils pouvaient pour aller les planter.
Seulement voilà, la petite Amélia, elle, voulait simplement continuer à s’amuser avec ses amies. Elle les aidait à porter les
graines et à les planter pour elles, mais aucune d’elles ne la remerciait ni ne semblait vouloir jouer. Elle alla ainsi voir
toutes ses amies les unes après les autres, mais elle sentait bien qu’elle dérangeait et que, peu importe les efforts qu’elle
faisait pour leur faire plaisir, elles ne semblaient guère lui porter la moindre attention. Certaines même la poussaient du
passage pour pouvoir aller plus vite.
Alors la petite Amélia commença, elle aussi, à prendre quelques graines qu’elle planta nonchalamment. Elle voyait bien
qu’elle avait planté bien moins de graines que ses amies et, d’ailleurs, toute la classe se moquait d’elle. Elle observait les
autres qui se battaient et se bousculaient entre eux pour gagner la récompense. Personne ne semblait lui porter attention,
sauf pour se moquer de son retard considérable sur eux.

C’est alors que l’agriculteur s’approcha de la petite fille et lui dit :


« Tu sais ce qu’est la récompense ? J’offre au gagnant la possibilité de venir autant de fois qu’il le souhaite dans ce
jardin pour récolter tous les fruits qu’il le désire pendant un an. Je sais que tu voulais jouer avec tes amies, que tu
pensais leur rendre service et que tu espérais qu’elles t’aiment en retour. Mais elles ne fonctionnent pas comme ça et
tu es déçue maintenant. Je sais que ton intention était bonne, mais la seule personne qui mérite cette attention, c’est
toi. Tu es celle qui mérite le plus d’être aidée par toi-même, car plus tu planteras de graines, plus tu pourras partager
les fruits avec les gens que tu aimes. Le bonheur et l’amour fonctionnent ainsi, c’est en cultivant son propre amour et
son propre bonheur qu’on peut en distribuer davantage à son entourage. »

Bien sûr Amélia ne remporta pas la récompense ce jour-là, mais elle gagna un présent bien plus précieux de la part du
jardinier, celui de comprendre qu’elle était capable de s’apporter tout l’amour qu’elle méritait à elle seule. Et si vous aussi
vous décidiez de commencer à ensemencer votre jardin intérieur de graines de bonheur, d’amour et de bienveillance pour
l’être magnifique que vous êtes ?
Xavier Faye
CONTE 24

Je ne veux pas de cadeau


THÉMATIQUES :
• Tabac • Prendre soin de sa vie
• Nos enfants sont nos professeurs

J ’aimerais vous raconter l’histoire d’une femme qui avait un enfant de six ans. Un enfant de six ans qui aimait rire jouer
et s’amuser. Et un jour un mois avant son anniversaire sa maman lui demanda :
« Que veux-tu, mon grand, pour ton anniversaire cette année ?
– Cette année, je ne veux rien, je ne veux pas de cadeau.

– Comment ça, tu ne veux pas de cadeau ?


– Non, je ne veux pas de cadeau. »

Et l’enfant retourna jouer. Une semaine plus tard sa maman lui redemanda :
« Que veux-tu mon grand pour ton anniversaire ?
– Je te l’ai dit : je ne veux rien cette année, je ne veux pas de cadeau.
– Je ne comprends pas, pourquoi ne veux-tu pas de cadeau ?
– Un jour tu comprendras, enfin je l’espère. Cette année je ne veux pas de cadeau. »

Et l’enfant retourna jouer. Deux semaines plus tard, sa mère lui redemanda :
« Bon, trêve de plaisanteries, que veux-tu cette année pour ton anniversaire ?

– Je te l’ai déjà dit, je ne veux pas de cadeau. Je ne veux pas de ballon, je ne veux pas de jeux vidéo, je ne veux pas de
toupie ou de cartes Pokémon.
– Je ne comprends pas pourquoi tu ne veux pas de cadeau. Allez, dis-moi ce que tu veux. Un enfant veut forcément un
cadeau.

– Tu as raison maman, il y a bien quelque chose qui me ferait plaisir. Mais je ne suis pas sûr que tu sois capable de
me l’offrir. »

Cette mère, qui élevait seule ses enfants, sentit une angoisse parcourir son corps. Son fils voulait la protéger, lui faire
dépenser moins d’argent. Une immense tristesse l’envahit quand elle sentit qu’elle ne pourrait sûrement pas offrir ce que
son enfant voulait tant. Mais elle prit son courage à deux mains et lui demanda enfin :
« Allez, dis-le-moi, et si je ne peux pas te l’offrir eh bien tant pis, on trouvera une autre idée. »

Alors l’enfant s’assit à côté d’elle, la regarda droit dans les yeux et lui dit avec le plus beau des sourires :

« Maman, je ne veux pas de cadeau. La seule chose qui me ferait plaisir ce serait que tu arrêtes de fumer. C’est le
plus beau cadeau que tu pourrais m’offrir.
– Tu ne veux pas plutôt une console de jeu ? Pourquoi veux-tu cela comme cadeau ?
– Car le plus beau cadeau dont je puisse rêver, c’est de t’avoir vivante à mes côtés. Je ne veux pas me retrouver seul
sans maman. Je t’aime tant. »

Cette maman était à la fois flattée et terrorisée. Serait-elle capable d’offrir à son fils ce qu’elle n’avait pas réussi à s’offrir à
elle-même ? Une vie en bonne santé…

Je ne sais pas comment elle a réussi à arrêter, mais je sais qu’elle a trouvé la force nécessaire pour y arriver. Les mots doux
de son fils et sa volonté de vivre près de lui de nombreuses années l’ont sûrement aidée.
Olivia Favre
CONTE 25

La lynx
THÉMATIQUES :
• Être soi-même • Libérer ses émotions • Colère
• Blessure d’injustice • Confiance en soi
• Problèmes de peau • Timidité

V oici l’histoire d’un bébé lynx dont les premiers jours de la vie ne commencèrent pas de la meilleure manière. En effet,
elle fut abandonnée par sa mère alors qu’elle venait à peine de naître. Heureusement, la vie avait mis sur son chemin une
jeune chatte qui avait accepté de recueillir ce petit être innocent aux oreilles pointues, ce qui était étrange pour un chat,
pensait-elle, mais après tout, peut-être s’agissait-il d’une difformité qu’elle ne connaissait pas.
Elle décida de l’appeler Aiguille, en référence à ses longues oreilles en pointe. Aiguille était une petite lynx très joyeuse et
pleine de vie, qui adorait jouer avec ses frères et sœurs. Leur mère ne faisait alors aucune différence entre Aiguille et ses
propres chatons. Mais un jour, alors que l’un de ses frères l’embêtait, Aiguille poussa un rugissement qui fit peur à toute la
famille.
« Comment un chat peut-il émettre un son si effrayant ? », se demanda la mère.

Elle s’interposa entre Aiguille et ses chatons, et disputa Aiguille très fort, en lui disant que plus jamais elle ne devait faire
cela, que ce n’était pas bien. Puis elle la mit dehors pendant toute une nuit pour qu’elle retienne la leçon.

La pauvre petite Aiguille réfléchit toute la nuit à ce qu’il s’était passé. Elle n’avait pas pu contrôler son rugissement.
Comment une telle chose pouvait-elle sortir de sa bouche ? Elle devait forcément avoir un problème ou être anormale.
Depuis ce jour, Aiguille était devenue beaucoup plus discrète et timide, malgré le fait qu’elle soit deux fois plus grande que
ses frères et sœurs. Lorsque l’un d’eux l’accusait à sa place d’avoir fait des bêtises, elle préférait faire le dos rond plutôt
que contester ou se défendre. Elle se disait que ce n’était pas grave, après tout. Plus les années passaient, plus sa famille
adoptive lui donnait toutes les tâches de la maison à faire, comme aller chasser la nourriture du midi et du soir ou faire la
toilette aux plus petits. La pauvre Aiguille était épuisée à la fin de sa journée, mais elle prenait sur elle, elle se disait qu’elle
le faisait pour leur faire plaisir. Elle avait bien trop peur de ne pas pouvoir contrôler ses rugissements si un jour toute sa
colère sortait d’elle.

Un soir où elle était sur les traces d’un souriceau pour le dîner, elle réussit à coincer sa proie contre le flanc d’un rocher et,
au moment où elle s’apprêtait à bondir, un gigantesque hibou aux ailes argentées subtilisa le souriceau avec ses serres
sous les yeux d’Aiguille. Elle voulut protester, mais un minuscule miaulement sortit de sa bouche. Le hibou, étonné par
cette réaction, se posa sur la branche d’un arbre et lui demanda :
« Est-ce tout ce dont un lynx est capable ?

– Un lynx ? demanda Aiguille.


– Eh bien oui ! Tu n’es pas un chat, que diable, pas avec des oreilles aussi pointues ! Les lynx sont d’énormes félins
sauvages au rugissement terrifiant, j’ai eu affaire à l’un d’entre eux une fois et j’ai failli y laisser mes plumes.
D’ailleurs, je te laisse, il y en a un autre qui approche. »

Et, tandis que le hibou s’envolait avec sa proie, Aiguille se cacha derrière un bosquet pour observer l’étrange félin. Quand il
apparut, elle eut l’impression de se voir dans un miroir : les mêmes oreilles pointues, la même fourrure épaisse, il était si
majestueux ! Son rugissement imposant résonnait dans toute la forêt !
Aiguille réfléchit pendant tout le trajet du retour et, en rentrant chez elle, l’un des chats chercha, comme à son habitude, à
la taquiner. Mais, cette fois-ci, elle émit un énorme rugissement qui résonna dans toute la maison. Sa mère s’approcha
d’elle pour la gronder, mais Aiguille émit un rugissement encore plus puissant qui scotcha sa mère.
« Je ne suis pas un chat, je suis un lynx ! Toute ma vie vous m’avez fait croire que j’étais anormale à rugir ainsi, alors que
je suis un lynx ! Je ne suis pas responsable de votre peur. Si mon rugissement vous effraie, c’est uniquement de votre
faute. Vous avez cherché à me contrôler parce que vous aviez peur, mais c’est votre peur pas la mienne. Pourquoi devrais-
je cacher ma nature profonde ? Pour que vous vous sentiez plus rassurés ? Pourquoi devrais-je vous laisser me marcher
sur les pieds sans rien dire ? Pour que vous alliez mieux ? Qui sont les véritables égoïstes ? À partir d’aujourd’hui, j’arrête
de me cacher : je serai moi-même et je rugirai autant que je le voudrai ! Ce n’est pas moi qui vous fais peur, c’est vous qui
avez peur de moi, c’est à vous de régler cette peur en vous et non de m’imposer de la régler pour vous. La nature m’a faite
ainsi et je compte bien lui rendre honneur en étant pleinement moi-même. »

Et vous, que diriez-vous de rugir à gorge déployée, de libérer cette partie de vous qui ne demande qu’à s’exprimer et à
s’épanouir, à sortir ? De prendre toute la place dont vous avez besoin pour vous exprimer pleinement dans cette vie ? Cela
dérangera peut-être d’autres personnes, mais vous n’en êtes pas responsable, vous ne faites que réveiller chez elles une
peur ou une colère qui étaient déjà présentes en elles auparavant. La cause est indépendante de vous. Déployez vos ailes,
exprimez pleinement qui vous êtes, laissez-leur leurs peurs et leurs colères.
Xavier Faye
CONTE 26

Un nouveau départ
THÉMATIQUES :
• Séparation • Déménagement • Solitude
• Maux de ventre • Tristesse

L éonie était une jeune femme pleine de vie. Elle aimait la nature, les bons repas avec les amis, les fous rires, les
sucreries et le cinéma. Mais, par-dessus tout, Léonie aimait les voyages. Elle passait une année à les préparer et quelques
semaines à les savourer. Pourtant, avant chaque départ, que ce soit dans un sens ou dans l’autre, Léonie se rendait malade.
Cela commençait par un nœud dans l’estomac, puis un mal de ventre et des nausées, et cela finissait toujours en diarrhée.
Léonie ne comprenait pas l’origine de tout cela. Pourquoi se rendait-elle malade systématiquement ? Certes, cela ne
l’empêchait pas de voyager, mais elle aurait bien aimé que cela s’arrête.

Son dernier voyage n’échappait pas à la règle. Léonie fut malade pendant une semaine avant le voyage. Elle partit quand
même, comme d’habitude, avec une trousse remplie de médicaments. Elle arriva en Thaïlande et eut la chance de découvrir
un pays merveilleux. Comme elle partait seule, les rencontres étaient faciles et elle sympathisa avec la réceptionniste de
l’hôtel. Tous les jours, les deux femmes se voyaient après le travail de la réceptionniste. Elle s’appelait Prienka. C’était une
belle Thaïlandaise, petite avec de grands cheveux noirs. Elles passaient leurs soirées à bavarder, à rire, à se promener, à
manger. Une vraie complicité était née. Mais plus le jour du départ approchait et plus Léonie sentait la boule dans son
ventre se nouer.
Pourtant, depuis qu’elle était enfant, elle en avait vécu des changements de maison, elle aurait dû y être habituée. En effet,
sa mère était diplomate et sa famille changeait souvent de pays. Et elle, Léonie, devait à chaque fois quitter ses amis et ses
amoureux. À chaque fois elle sentait son cœur se déchirer, se fendre. Elle avait l’impression d’être coupée en deux et de
laisser dans chaque pays une partie d’elle.

Et ce jour-là encore, c’était pareil. La veille de son départ, Léonie passa une dernière soirée avec Prienka et, au moment de
se quitter, Prienka était très heureuse et elle était très malheureuse. Léonie ne comprenait pas la joie de Prienka et Prienka
ne comprenait pas la tristesse de Léonie. En voyant les larmes de Léonie, Prienka lui dit :
« Je suis tellement heureuse que nos chemins se soient croisés. Cette rencontre a été pour moi d’une douceur
incroyable dans mon monde difficile. Grâce à toi, j’ai découvert une nouvelle culture. J’ai appris énormément, et pour
tout cela je te remercie vraiment. »

Puis elle rajouta devant le regard triste de Léonie :


« Sois gaie, notre rencontre fut merveilleuse ! Un autre chemin nous attend, avec d’autres rencontres, peut-être
encore plus belles que la nôtre. La vie est faite de départs et d’arrivées et, pour en profiter, il faut les accepter et être
heureux de se quitter, car cela nous permettra de faire de nouvelles rencontres et de faire entrer d’autres personnes
dans notre vie. »

Prienka avait raison. La solution était là depuis le début, devant les yeux de Léonie. Il fallait juste accepter, lâcher prise et
être heureuse. Depuis ce jour-là, elle a compris que partir, quitter signifiait s’autoriser d’autres rencontres, plus
merveilleuses les unes que les autres.
Depuis ce voyage en Thaïlande, comme par magie, Léonie n’a plus eu mal au ventre. Certaines fois, il suffit de prendre de
la hauteur et de regarder les événements sous un nouvel angle pour accepter les séparations…
Olivia Favre
CONTE 27

Larmes d’injustice
THÉMATIQUES :
• Colère • Blessure d’injustice
• Libérer ses émotions • Deuil

A urélien se retrouvait une nouvelle fois seul à la soirée qu’il avait organisée. Personne n’était venu, aucun de ses amis,
ou de ses collègues de travail. Après tout le mal qu’il s’était donné, après toutes ces heures passées à les aider, à les
réconforter quand ça n’allait pas, toutes ces personnes qu’il croyait connaître sur le bout des doigts.

Mais Aurélien connaissait bien cette chanson-là, elle l’accompagnait dans ses déceptions amoureuses, dans son manque de
chance au travail qui l’empêchait d’obtenir une promotion. Devant tant d’injustices, Aurélien se mit à pleurer de rage : il
avait le sentiment que l’Univers avait décidé de passer son chemin devant lui, de sauter sa case, que peu importe les efforts
qu’il faisait, la Vie le ramenait en arrière comme un boulet.
Aurélien, les yeux encore tout embués de larmes, s’affala alors sur son canapé. À l’extérieur il pleuvait, comme si le ciel
accompagnait ses pleurs. Puis il aperçut un petit enfant tout mouillé dehors, qui pleurait et qui tambourinait à sa fenêtre
pour pouvoir entrer. Cependant, Aurélien ne bougea pas d’un pouce. Il faut dire que cet enfant, il le connaissait : c’était lui
à l’âge de neuf ans, et il était hors de question qu’il laisse rentrer ce « pleurnichard », comme disait sa mère, cette
« chochotte », comme pensait son grand frère. Seul son père pensait différemment. Malheureusement, l’Univers l’avait
repris bien trop vite, quand Aurélien n’avait que huit ans.

La raison pour laquelle Aurélien préférait laisser cet enfant sous la pluie, plutôt que le faire entrer chez lui, était que ce
petit garçon était incapable de rester fort dans des moments tels que celui-ci. Sa maman et son frère ne supportaient plus
ses pleurs : il n’était pas le seul à avoir de la peine, seulement eux, au moins, savaient « rester dignes », comme ils le
disaient. Sa mère avait beau le sermonner, Aurélien ne pouvait réussir à empêcher ses yeux de pleurer. Il était faible et ne
pensait qu’à lui, comme lui disait son frère. Jusqu’à ce qu’un jour le robinet de larmes se coupe à tout jamais. Il s’en était
fait la promesse : plus jamais il ne pleurerait. Et pourtant, ce jour-là devant tant d’injustices, il n’avait pu s’en empêcher.
Toute cette colère contre lui-même remontait à la surface, mais c’était surtout la colère d’un enfant à qui on avait
injustement retiré la présence de l’un de ses parents.
Cet enfant qui pleurait sous la pluie implorait son pardon d’avoir été incapable de contrôler ses émotions. C’est alors que
plusieurs questions se précipitèrent dans l’esprit d’Aurélien : laisser cet enfant sous la pluie, était-ce vraiment la bonne
solution ? N’était-ce pas normal que l’on prenne en charge ses émotions, surtout pour un si jeune garçon ? Et si c’était sa
mère qui avait tort et lui qui avait raison ? C’est alors qu’une petite fille avec des couettes arriva à côté du petit garçon, en
pleurant comme lui sous la pluie. Au début, Aurélien eut du mal à la reconnaître, mais c’était pourtant bien elle : c’était sa
mère quand elle était petite. Elle aussi, on l’avait traitée de mauviette simplement parce qu’elle avait osé être honnête, elle
avait osé se montrer vulnérable, triste parfois, mais est-ce si anormal pour une fillette ?

Aurélien décida alors de se lever et d’aller ouvrir à ces deux enfants. Il était injuste qu’ils aient à payer la sévérité et les
blessures de leurs parents. La seule chose qu’auraient dû recevoir ces enfants, c’était de l’amour, de l’écoute et de la
bienveillance. Il décida de consoler l’enfant de neuf ans qu’il avait été, mais aussi sa maman. Ces deux enfants avaient au
contraire été bien plus courageux qu’ils ne le pensaient : courageux d’avoir réussi à traverser tous ces événements. Se
cacher de ses sentiments pour ne pas déplaire à ses parents, ce n’est pas un jeu d’enfant.

Depuis ce jour, la vie d’Aurélien a changé. L’amour, mais aussi la réussite, sont revenus dans sa vie. L’Univers attendait
simplement qu’Aurélien redevienne plus juste avec cette partie de lui, et je crois savoir que la vie de sa maman a changé
aussi.
Alors si nous allions consoler ces parties de vous qui vous appellent du plus profond ? J’ai entendu dire que les fruits sont
nombreux à tomber de l’arbre du pardon.
Xavier Faye
CONTE 28

Faut pas toucher


THÉMATIQUES :
• TOC • Libido • Blessure d’humiliation • Parents sévères

I l était une fois, ou peut-être deux, un petit garçon qui était très heureux dans sa famille. Son papa l’aimait, sa maman
l’aimait. Ses parents passaient beaucoup de temps à lui parler, à l’entourer, à le prendre dans leurs bras. Mais, un jour,
tout changea avec son papa sans qu’il ne comprenne pourquoi.
Quand Hugo (c’est comme ça que ce garçon s’appelait) venait vers son papa pour lui donner la main, ce merveilleux papa
préférait s’en aller. Il le traitait comme un pestiféré. Il trouvait toujours un subterfuge pour ne pas attraper cette main,
pour ne pas la serrer. Au début, Hugo n’y avait pas trop prêté attention, mais depuis quelques temps, son papa était
vraiment distant. Je dirais même qu’il était inexistant.
Hugo était de plus en plus triste. Il se demandait bien ce qu’il avait pu faire de mal. Et son papa, quant à lui, culpabilisait
de ne plus pouvoir prendre la main de son fils, mais c’était plus fort que lui. Alors, dans la famille, ça commençait à se
gâter. Mais personne n’osait en parler.
Et cela aurait pu durer des années si Pauline, la petite sœur d’Hugo, n’en avait pas eu assez. Elle voyait bien ce qu’il se
passait, et cela ne pouvait plus continuer ainsi. Alors, un jour qu’ils étaient au parc et qu’elle se trouvait entre son père et
son frère, elle leur proposa un jeu. Parce qu’en plus de ressentir les choses Pauline était maligne. Le jeu était simple : ils
posaient leur main l’une en face de l’autre pour savoir quelle était la plus grande, et celui qui avait la main la plus grande
gagnait. Pauline commença avec son papa. Bien évidemment la main de son papa était plus grande que la sienne, il devait
maintenant la comparer avec celle d’Hugo. Mais quand Hugo voulut mettre sa main dans celle de son papa, celui-ci la
retira violemment. Alors Hugo se mit à pleurer. Des larmes salées, de gros sanglots qui remontaient du fond de son ventre.
Le courage lui vint et il demanda à son papa :

« Mais qu’est-ce que j’ai fait de mal ? »

Le papa baissa les yeux et une larme, une toute petite larme se mit à couler. Cette question que son fils lui avait posée lui
rappela un souvenir lointain : il l’avait posée lui-même à sa mère.
C’était comme si cette question, perdue dans ses entrailles, remontait à la surface, prête cette fois à être digérée pour se
diriger vers le cimetière des phrases humiliantes, blessantes et dévalorisantes. Car, cette fois, il était temps…
Le souvenir revint en même temps que la phrase. Il était là, dans la cuisine, avec sa petite copine de l’époque. Il était
amoureux. Elle s’appelait Julie. Elle était merveilleuse Julie : belle, souriante, drôle… Elle le regardait toujours avec de
grands yeux verts. Lui était assis à table, tentant de paraître irréprochable aux yeux verts de Julie, quand sa mère lui dit :

« Mais qu’est-ce que tu fais avec tes mains sous la table ?! Tu vois Julie, c’est ça les garçons ! C’est sale. Va te laver
les mains, Hugo. Et frotte-les bien, pour faire partir toute cette crasse que tu as en toi. »

Il n’avait pas compris pourquoi elle avait dit ça… Mais, depuis, il faisait toujours attention à ne pas toucher des choses
sales. Tout s’éclaira. Voilà pourquoi il se lavait les mains aussi souvent, et pourquoi, aujourd’hui, il ne pouvait pas toucher
la main de son fils. C’était juste à cause de cette petite verrue sur son petit doigt innocent. Alors il sécha sa larme et
raconta cette histoire à ses enfants. Et, en la racontant, il réussit à prendre la main de son fils.
Il décida de redonner à sa mère ces croyances sur la « saleté ». Il comprit par la même occasion qu’elle aussi devait
sûrement avoir des choses à régler. Il se pardonna d’être un papa imparfait. Et, en faisant tout cela, il récupéra les bouts de
lui qu’il avait laissés à sa mère…
Olivia Favre
CONTE 29

Le savant et sa machine à larmes


THÉMATIQUES :
• Tristesse • Enurésie • Syndrome du sauveur

J ’ai lu dans un vieux journal qu’il existait, dans un pays reculé bien qu’il soit très avancé, un pays plus loin que proche
mais plus près qu’éloigné, un inventeur qui avait créé une machine très spéciale et unique. Certains même disaient qu’elle
était magique. En effet, cet homme adorait les gens et avait dédié sa vie à aider les plus malheureux, les malchanceux, les
tristounets. Il connaissait les mots qui guérissent, mais aussi ceux qui font rire. Il savait les gestes qui rassurent et ceux qui
font que le bonheur dure. Seulement voilà, cet inventeur, voyant son âge avancer, voulait aider toujours plus de gens. Et,
dans ce but, il avait créé une machine pour décrypter les larmes des gens pour mieux leur venir en aide.
Elle comportait deux petits réceptacles. Dans l’un d’eux, la personne déposait l’une de ses larmes, et dans l’autre l’un de
ses cheveux. La machine émettait un léger vrombissement, puis un petit son de cloche annonçant la sortie d’une petite
feuille de papier sur laquelle figuraient les mots magiques que le savant devait prononcer pour aider la personne à aller
mieux. Sa machine était extrêmement efficace, tout le monde se précipitait pour la découvrir et l’essayer.
Mais un jour, un petit garçon se présenta, car il voulait guérir la tristesse qu’il ressentait en lui. Il déposa sa larme et l’un
de ses cheveux. La machine se mit à vrombir, mais aucun son de cloche ni aucune feuille ne sortit. Rien. L’inventeur,
intrigué, vérifia tous les réglages de sa machine et demanda à l’enfant de réessayer à nouveau. Encore une fois, pas de son
de cloche, pas de papier. L’inventeur, qui voulait absolument aider ce petit garçon à retrouver le sourire, retourna le
problème dans sa tête encore et encore. Il semblait que la machine détectait bien la tristesse, mais c’était comme si le
cheveu n’était pas le bon. C’est alors qu’il remarqua sur le manteau du garçon un cheveu un peu plus long que ne l’étaient
les siens.
« Ce cheveu est-il à toi ? demanda le savant.
– Non, je pense que c’est un cheveu de ma maman. J’ai dû le ramener de chez moi. Elle voulait venir avec moi pour
essayer la machine, mais elle a dû rester à la maison pour s’occuper de mon petit frère, répondit l’enfant.

– Se pourrait-il que… ? Non, impossible… À moins que… », marmonnait le savant.

Il déposa alors ce cheveu plus long dans le deuxième réceptacle, avec la larme du garçon dans le premier. La machine
analysa les deux échantillons, et la cloche finit par sonner. Un bout de papier sortit, l’inventeur le déchiffra et écarquilla les
yeux. Il venait de faire une grande découverte : la tristesse de ce garçon était en fait celle de sa mère et non la sienne.
Les enfants se comportent parfois un peu comme des éponges, ils captent la tristesse ou la colère des gens autour d’eux et,
parfois, quand l’éponge est pleine, une larme s’échappe, mais cette tristesse n’est pas celle de l’enfant. Elle appartient
uniquement à l’autre personne.

Et, ici, c’était comme si cette tristesse était une étiquette qui s’était accrochée au manteau de ce garçon : il lui suffisait de
l’enlever. Elle ne lui appartenait pas, il pouvait la rendre.
Le savant, plein de bienveillance dans le regard, se pencha alors vers le garçon et lui murmura des mots magiques à
l’oreille. Je ne sais pas vraiment ce qu’il lui dit, mais à peine avait-il fini sa phrase que le petit garçon ressentit un grand
soulagement, comme s’il s’était débarrassé d’un énorme poids.
Il regarda le savant et lui dit :
« Quitte à pleurer, autant pleurer de rire. »

Il repartit de chez le savant tout joyeux, et peu à peu, son sourire revint et s’installa définitivement.
Je crois savoir qu’il a rendu à sa mère sa tristesse, parce qu’il a compris qu’elle était suffisamment forte pour la surmonter.
Et, pour l’aider, il a décidé de redevenir cet enfant joyeux qui serait toujours là pour la faire rire.
Xavier Faye
CONTE 30

Violette, la petite fée


THÉMATIQUES :
• Prendre du temps pour soi • Syndrome du sauveur
• Mincir • Solitude • Perfection

E t si je vous racontais l’histoire d’une fée ? Une fée qui s’appelait Violette. Elle était chouette, ni effraie ni hulotte. Elle
n’avait de cesse d’aider les gens à tout bout de champ. Elle passait son temps à virevolter de-ci de-là à la recherche de
personnes à aider : une vieille dame par-ci, un jeune homme par-là, une maman par ici, un bébé ou un couple quand elle
était décidée. Violette trouvait toujours le bon mot, la phrase qu’il fallait, le sourire qui les réconfortait. Violette passait de
tête en tête, d’oreille en oreille. Violette était très heureuse de vivre ainsi, mais elle ne construisait rien pour elle. Cela lui
était bien égal. Son bonheur, c’était d’aider les autres. Mais que faisait-elle pour elle ? Rien. Elle se disait qu’elle avait peu
de besoins, peu d’envies, et que sa vie lui convenait ainsi. Violette était très chouette, ni effraie ni hulotte.

Mais, un jour, Violette se brisa une aile et, par conséquent, elle ne pouvait plus voler de tête en tête. Elle se retrouva seule.
Seule avec elle-même, en tête-à-tête avec sa baguette. Aucune magie ne vint l’aider. Au départ, elle se sentit fort
désappointée. Elle ne comprenait pas pourquoi elle ressentait ce vide à l’intérieur de son cœur. Elle dut réapprendre à
vivre avec elle-même, à ne vivre que pour elle… Et c’était dur.
Il faut dire que, petite, jamais elle n’avait eu de temps pour elle. Elle s’acharnait à être la meilleure, la meilleure de l’école
des fées. Elle ne s’autorisait aucune erreur. Elle avait mis la barre tellement haute que rien ne comptait plus que sa
réussite. Elle espérait ainsi pouvoir voir dans les yeux de ses parents la fierté qu’elle ne voyait pas. Jamais elle n’avait pris
de temps pour elle, pour s’amuser, pour danser. Et c’était sûrement pour cette raison qu’elle n’arrivait pas, maintenant, à
apprécier ce temps en tête-à-tête avec elle-même. Rien n’arrivait à combler cette part d’inactivité.
Et puis, un jour, en espérant remplir son vide, elle se mit à ranger et elle tomba sur un livre. Un petit livre que sa mère lui
avait donné et qui s’appelait Au bonheur de ma petite fée. Sur la couverture, il y avait une petite fée dessinée. Elle était
toute violette et très chouette, ni effraie, ni hulotte. Au bas de la page, il y avait le nom de l’auteur. C’était signé
« Capucine ». Elle ne fit pas tout de suite le rapprochement, mais elle trouva ce livre magnifique. Il parlait d’une petite fée,
toute violette, qui faisait la fierté de ses parents. Des larmes coulèrent sur les joues de Violette au fur et à mesure qu’elle
tournait les pages. C’était tellement beau, l’amour de cette mère pour sa fille. Elle tourna la dernière page du livre avec
regret et, là, elle découvrit un petit mot écrit à l’encre de fée. Ce petit mot disait :
Ma petite Violette qui est si chouette, ni effraie ni hulotte,

J’ai écrit ce livre pour toi, pour que tu saches à quel point je suis fière de toi. Tu n’as rien à me prouver, je connais
déjà toute la vérité. Tu es une fée merveilleuse et je suis sûre que tu seras très heureuse. Tu es capable de tout, et tu
obtiendras tout ce que tu désires. Mais n’oublie pas, dans tes désirs, de t’aimer quoi qu’il arrive, de te respecter tout
le temps, de te faire plaisir le plus souvent possible, car tu es la personne la plus importante et nul ne pourra
répondre plus à tes besoins que toi-même.

En lisant ces quelques lignes, Violette comprit pourquoi elle ressentait ce vide. Elle avait toujours vécu pour les autres. Elle
s’était oubliée. Elle passa plusieurs semaines à rétablir ce déséquilibre et, pour cela, elle commença par se demander ce
qu’elle aimait, ce qu’elle voulait, quelles étaient ses couleurs préférées, si elle préférait commencer sa journée par du café
ou par du thé, qui était son chanteur adoré, quel livre l’avait fait vibrer, quelle musique réchauffait son cœur, quel plat lui
apportait du bonheur… Elle passa ces quelques semaines à réapprendre à se connaître, à raviver ses désirs les plus secrets.
Elle avait enfin compris qu’elle devait d’abord vivre pour elle et cela lui fit un bien fou.
Le jour où son aile fut guérie, elle fit la liste de ses rêves. Elle reprit son travail avec joie, en se faisant la promesse qu’elle
réaliserait son prochain rêve très bientôt…
Olivia Favre
BIOGRAPHIES
Les auteurs

Je suis Olivia Favre

Diplômée de l’enseignement supérieur avec un DEA en matériaux macromoléculaires et composites, j’ai enseigné les
mathématiques et la physique pendant 25 ans, à tous les niveaux (collège, lycée, faculté, CFA). J’ai ainsi commencé par
pratiquer l’hypnose conversationnelle durant ma vie d’enseignante, après quoi je me suis tout naturellement tournée vers
l’hypnose thérapeutique.
Pour cela, je me suis d’abord formée à l’IFTA, à Paris, où j’ai obtenu le niveau de praticienne en hypnose ericksonienne.
Mais ce type d’hypnose ne me correspondait pas. J’ai alors fait de multiples recherches, et j’ai découvert Camille Griselin et
son hypnose Sajece. Ce fut une révélation pour moi. Je me suis donc formée auprès d’elle, à Cholet, où j’ai obtenu le
diplôme de Maître praticienne en hypnose Sajece.
J’exerce maintenant mon activité d’hypnothérapeute à temps plein. Je propose aussi des stages, des week-ends et des
ateliers traitant de thèmes variés (apprendre à s’aimer, réveiller ses capacités d’autoguérison, etc.).
Je suis très heureuse de cette nouvelle vie. Mais une partie de moi restait en veille : le côté créatif. C’est pour cette raison
que l’idée d’écrire des livres s’est imposée à moi… Les hasards de la vie ont fait le reste, et j’ai rencontré Xavier, Emma et
Sylvain…
Mon site : hosehypnose.fr
Le site de Camille Griselin : groupe-sajece.fr

Je suis Xavier Faye


Intéressé depuis l’adolescence par le fonctionnement de l’être humain et des relations humaines en général, j’ai commencé
mon parcours professionnel par un doctorat en Pharmacie à l’Université de Poitiers. Néanmoins, je sentais qu’une
approche purement mécanique de l’être humain, en faisant fi de sa composante émotionnelle, ne correspondait pas à la
réalité des problématiques de santé que j’étais amené à côtoyer.
J’ai donc choisi de m’intéresser aux thérapies alternatives, notamment par le biais de la chaîne Youtube « Tistrya », dont je
suis cofondateur avec Anthony Chêne. Cela m’a permis de rencontrer de nombreux praticiens et intervenants en
développement personnel reconnus. J’ai alors pris conscience du potentiel colossal que recelait notre cerveau. Beaucoup de
troubles physiques et psychiques trouvent leur origine dans des blocages émotionnels non résolus, sans compter que notre
intention joue un rôle important dans le processus de guérison.
Ainsi, je me suis tout d’abord orienté vers la sophrologie, puis vers l’hypnose ericksonienne à l’IFTA pour devenir praticien.
Cette approche consistant à aller travailler directement avec l’inconscient offrait l’avantage de mettre temporairement le
mental de côté pour mieux résoudre les problèmes de la personne. Cependant, je la trouvais trop dirigiste et parfois trop
culpabilisante pour mes consultants. C’est donc soucieux de pouvoir leur apporter le meilleur soin possible que je suis
reparti à la recherche d’une thérapie plus douce et plus respectueuse de la personne. J’ai trouvé mon bonheur dans
l’hypnose Sajece que propose Camille Griselin, avec qui j’ai passé les diplômes de Praticien puis de Maître praticien.

Cette méthode va directement à la source du problème émotionnel avec bienveillance et douceur, quand l’hypnose
ericksonienne me donnait parfois le sentiment de ne s’arrêter qu’au symptôme. J’y ai découvert une méthode qui consiste à
prendre soin de notre enfant intérieur pour l’aider à comprendre puis à réparer nos blocages inconscients d’adulte, et ainsi
retrouver le chemin de la guérison et du bien-être auxquels chaque être humain aspire.
Je pratique depuis cette méthode avec bonheur, et surtout avec la satisfaction de pouvoir aider des êtres à retrouver la joie
de vivre et une meilleure santé chaque jour. Apporter une touche de douceur et de réconfort à mes consultants est, pour
moi, la plus belle des récompenses, car le bonheur a ceci de commun avec la connaissance qu’il est l’une des rares choses
en ce monde qui se transmet sans rien enlever à son propriétaire.
Mon site : grainehypnose.fr
La chaîne Youtube « Tistrya » : youtube.com/user/tistryaprod
L’illustratrice

Je suis Emma Guergouz

Enchantée, je suis une jeune designer créatrice stéphanoise, infographiste et responsable communication au sein d’une
agence d’architectes. Je vous remercie chaleureusement d’avoir acquis cet ouvrage.
Issue d’une formation d’arts appliqués, j’utilise différents médiums pour mes réalisations : le numérique (tablette
graphique, 3D) comme les arts traditionnels (aquarelle, crayon de couleur, gouache, pointe fine).
Après plusieurs années dans le design, je me lance en 2020 et je me décide à créer la Comète Arts graphiques. La comète,
c’est de la couleur, c’est une lueur dans le ciel qui nous fait briller les yeux, c’est un mélange de magie et de mystère.
Je mets beaucoup de moi-même et de passion quand je dessine en m’inspirant d’atmosphères fantastiques et irréelles.
J’éprouve du plaisir à réaliser mes dessins, et j’espère que vous aurez autant de plaisir à les regarder.
Mon compte Instagram : @lacometearts
Le musicien

Je suis Sylvain Michel

Pendant toute mon adolescence, je vis une histoire d’amour avec une guitare électrique. Une histoire assez rock’n’roll, qui
flirte souvent avec le hard rock. Ma guitare me reproche régulièrement quelques aventures avec une basse ou une batterie.
La rupture a lieu lorsque, à 20 ans, je tombe sous le charme d’un accordéon diatonique, et je consacre de nombreuses
années à l’étude de musiques bien plus acoustiques, voire traditionnelles (d’Europe de l’Est et d’Europe occidentale).
Encore quelques infidélités avec des flûtiaux ou des percussions de passage…
À 30 ans, je rencontre un hang et le coup de foudre est immédiat. Cette relation m’embarque vers des musiques plus
méditatives, voire des « transes ».
Au fil de mes créations, je réussis à réconcilier tous mes instruments et toutes leurs influences pour les faire cohabiter dans
mes compositions. Je joue principalement avec la compagnie La soupe aux étoiles, que j’ai fondée en 2007. Mais, quand
l’envie me prend, je m’autorise d’autres aventures : composer ou jouer pour d’autres compagnies de spectacle vivant
(théâtre, théâtre de rue, spectacles pour jeune public…), mais aussi enregistrer des musiques pour des séances
d’hypnose !
Mon site : lasoupeauxetoiles.fr
Pour aller plus loin

Nous vous proposons les lectures suivantes, pour aller plus loin dans la compréhension de nos blessures inconscientes :
• Jacques MARTEL, Le grand dictionnaire des malaises et des maladies, Escalquens : éditions Quintescence, 2018.
• Pierre-Jean THOMAS-LAMOTTE, Comment notre inconscient nous rend malade lorsque l’on se ment à soi-même, Paris :
Le jardin des livres, 2020.

• Lise BOURBEAU, Les 5 blessures de l’âme qui empêchent d’être soi-même, Paris : Pocket, 2013.
• Yves-Alexandre THALMANN, Au diable la culpabilité, Genève : Jouvence éditions, 2014.
Index
A
Accepter ses capacités 1
Arrêter de saboter ses histoires d’amour 1
Arrêter de se considérer comme une victime 1
Arrêter de vouloir tout contrôler 1
Autoguérison 1

B
Blessure de rejet 1, 2, 3, 4
Blessure d’abandon 1, 2, 3, 4, 5, 6
Blessure d’humiliation 1, 2, 3
Blessure d’injustice 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7

C
Cauchemar 1
Colère 1, 2, 3, 4, 5, 6
Communication 1
Confiance en soi 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12
Constipation 1, 2
Couper les fidélités inconscientes 1
Couple 1
Créativité 1
Culpabilité 1

D​
Dette karmique 1
Deuil 1, 2, 3, 4
Découvrir l’inconnu 1
Déménagement 1
Dépendance affective 1, 2, 3
Dépendance à l’alcool 1
Dévalorisation 1
Développer ses dons 1

E
Écouter son intuition 1
Éducation 1
Empathie 1
Enurésie 1
Estime de soi 1
Être autonome 1
Être différent 1, 2
Être parent 1, 2, 3
Être responsable de sa vie 1
Être soi-même 1, 2
Être tolérant 1

F
Faire confiance à la vie 1, 2, 3
Faire confiance à son intuition 1
Fidélité inconsciente 1, 2, 3, 4

G
Guérir l’enfant intérieur 1, 2

H
Hypersensibilité 1

I
Impuissance 1
Insomnie 1

L
Libérer ses émotions 1, 2
Loi de l’attraction 1
Lâcher prise 1, 2, 3, 4

M
Maux de ventre 1
Mincir 1, 2
Mériter le meilleur 1

N
Nos enfants sont nos professeurs 1, 2

P
Pardonner, se pardonner 1, 2, 3
Parents sévères 1, 2
Perfection 1
Peur 1, 2
Prendre du temps pour soi 1
Prendre sa place 1, 2
Prendre soin de sa vie 1
Problèmes de peau 1
Procrastination 1

R
Regard des autres 1, 2
Relativiser 1
Rendre leurs problèmes aux autres 1
Reprendre le pouvoir sur sa vie 1
Respecter ses propres besoins 1, 2
Ruminer 1

S
Sexualité épanouie, libido 1, 2
Solitude 1, 2
Stress 1
Syndrome du sauveur 1, 2, 3
Séparation 1, 2, 3, 4
S’affirmer 1
S’autoriser à aimer 1, 2

T
Tabac 1
Timidité 1
TOC 1
Trahison 1, 2
Tristesse 1, 2, 3, 4, 5

V
Vaincre une phobie 1
Vie antérieure 1
Viol 1
Violence 1, 2
De Boeck Supérieur
5, allée de la Deuxième Division blindée
75015 Paris

Pour toute information sur notre fonds et les nouveautés dans votre domaine, consultez notre site web :
www.deboecksuperieur.com

© De Boeck Supérieur SA, 2020


Rue du Bosquet, 7 – B1348 Louvain-la-Neuve

EAN : 9782807332171

Cette version numérique de l’ouvrage a été réalisée par Nord Compo pour De Boeck Supérieur. Nous vous remercions de
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