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2- La forme urbaine :
La forme urbaine est l’aspect physique de la ville ou l’ensemble des éléments construits qui
s’expriment par des éléments bâti (bâtiments) et non bâti (rue, place, cour, etc.). La forme
urbaine est, souvent, le produit de la superposition de trois systèmes différents tels le système
viaire, le système parcellaire et le système bâti. L’agrégation de ces trois éléments donne
naissance à des formes urbaines ayant des caractères différents (forme dense, continue,
discontinue, monumentale, à l’échelle humaine, etc.).
La forme urbaine a été étudiée sous multiples angles par des géographes, urbanistes,
architectes, etc. qui appartiennent à plusieurs écoles de pensée dont les plus importantes sont
l’école française, l’école italienne et l’école anglaise. Ici nous allons aborder la méthode de la
syntaxe spatiale ou « space syntax » qui fait partie de l’école anglaise.
Elle a comme objet d’étude l’analyse de l’espace architectural et urbain. Cette analyse
s’appelle « analyse configurationnelle » ou « analyse structurelle ».
Cette analyse considère les espaces architecturaux et urbains comme des configurations. La
configuration signifie que l’étude de la relation spatiale entre deux espaces architecturaux
(chambre, bureau, dépôt, etc.) ou urbains (rue, place, segment de rue, etc.) doit prendre en
considération toutes les relations entre tous les éléments composant de la structure spatiale à
1 2 3
Fig. 1 : l’ensemble 1 n’est pas une configuration tandis que les ensembles 2
et 3 sont considérés comme des configurations. Source : Houamria, 2021.
Cette configuration est invisible (ou non discursive), c’est-à-dire la structure spatiale des
ensembles architecturaux et urbains est invisible. Dès lors, l’objectif de l’analyse
configrationnelle est de rendre cette structure spatiale visible (ou discursive).
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Fig. 2 : structure visible et invisible d’un espace architectural et d’un espace urbain :
1) structure visible, 2) structure invisible, 3) structure visible, 4) structure invisible.
Source : Houamria, 2021.
Le concept de régularité se rapport au type de bâti ou du tissu urbain, etc. c’est-à-dire, chaque
type de bâtiments (maison, mosquée, etc.) ou tissus (tissu traditionnel, colonial, moderne, etc.)
a un type de structure invisible malgré l’hétérogénéité de leurs formes physiques. Cette
structure invisible reste stable (ou régulière) malgré le changement continu des conditions
socio-économiques.
L’analyse space syntaxe dispose généralement de cinq types d’analyse qui correspondent à
cinq outils.
Le graphe est un ensemble de nœuds et des liens. Le nœud (ou « node ») est un point (cercle,
carré, etc.) qui représente un espace architectural (chambre, bureau, etc.) ; tandis que le lien
(ou « link ») est une ligne qui représente une relation spatiale entre deux espaces voisins.
L’analyse des graphes a pour objectif d’identifier les rapports entre les nœuds en faisant appel
à des concepts divers (connectivité, profondeur, intégration, etc.).
Espaces
convexes
Lien
Carte convexe
Carte convexe (en rouge)
d’un espace
d’un espace urbain.
architectural
Fig. 5 : espace concave, espace convexe et carte convexe d’un espace architectural et d’un
espace urbain. Source : Houamria, 2021.
La carte convexe se compose des nœuds qui sont les espaces convexes et des liens qui sont les
lignes de séparation de deux espaces convexes mitoyens ayant une connexion spatiale directe.
L’analyse de la carte convexe a pour objectif d’identifier les rapports entre les nœuds en
utilisant des concepts divers (connectivité, profondeur, intégration, etc.). Elle obéit aux
mêmes principes de l’analyse des graphes (cité ci-dessus).
La carte axiale est le nombre minimal des axes qui couvrent spatialement et visuellement tous
les points d’un espace architectural ou urbain. Elle se compose des nœuds qui sont les axes et
des liens qui sont les points d’intersection de deux axes (voir fig.06). Dans l’espace urbain, la
carte axiale représente généralement les rues ou chaque rue est considérée comme un espace.
L’analyse de la carte axiale fait appel aux mêmes concepts de l’analyse des graphes (cité ci-
dessus) avec quelques différences ; à titre d’exemple, la longueur des axes n’existe pas dans
l’analyse des graphes tandis qu’elle est présente dans l’analyse de la carte axiale.
Nœud
(« node »)
Lien (« link »)
Fig.6
E)- : la cartede
L’analyse axiale d’un espace
la carte architectural
segmentaire : et d’un espace urbain. Ici le nœud est l’axe et le
lien et l’intersection de deux axes. Source : Houamria, 2021.
Nœud
(« node »)
Lien
(« link »)
Fig. 7 : la carte segmentaire d’un espace architectural et d’un espace urbain. Ici le nœud est le
segment et le lien est l’intersection de deux segments. Source : Houamria, 2021.
- La distance métrique est la distance en mètre entre deux espaces (entre deux nœuds).
- La distance topologique donne une valeur de 1 s’il y a une relation spatiale ou visuelle (cas
de VGA) entre deux espaces voisins et une valeur de 0 s’il n’y en a pas.
- La distance angulaire est mesurée par la valeur d’angle de changements de directions entre
deux espaces: si le changement de direction est de 90 degrés la distance est égale à 1, s’il est
de 180 degrés la distance est de 2 et si l’angle est égal à 45 degrés la distance est égale à 0.5,
etc. (Turner, 2004, p. 26).
Pour plus de détails, voir le tableau-1-.
3
1
2
1 1
1
2 2
3 2
3
3
B) - La connectivité ("Connectivity"):
La connectivité est le nombre des espaces connectés directement à un espace. Elle est
considérée comme une mesure locale ; c’est-à-dire elle concerne seulement le rapport entre un
espace et ses espaces immédiats.
Les concepts de perméabilité et de séquençages sont importants pour l'analyse des graphes
justifiés. Plus précisément, la perméabilité renvoie au degré de contrôle exercé sur la manière
dont il est possible d'évoluer d'une cellule à l'autre. Le séquençage réfère aux modes de
connexion des espaces sous forme d'anneaux, chaine, etc. (Letesson, 2009). Les types
typologiques constituent l'outil pertinent pour analyser la perméabilité et le séquençage. Il
s'agit de regrouper les cellules d'un bâtiment en quatre types: A, B, C, et D (Al‐Sayed et al.
2014) (voir figure 8). Le type A possède un seul lien avec le graphe. Le type B possède plus
d'un lien et appartient à un complexe, sous forme d'un arbre, de connexions dont le nombre de
liens est inférieur d'une unité au nombre des cellules qui le composent. Chacun de ces liens
est de type coupé du fait que son élimination entraîne la séparation d'une ou plusieurs cellules
du complexe. Le type C possède plus d'un lien et s'inscrit dans un complexe de connexions
qui ne contient pas des espaces de types A et B et dans lequel le nombre de liens est égal au
nombre de cellules. De plus, toutes les cellules de type C se trouvent toujours sur le même
anneau. Le type D possède plus de deux liens et fait partie d'un complexe de connexions qui
ne contient pas d'espaces de types A et B et qui se compose d'au moins deux anneaux ayant au
minimum un espace en commun.
En ce qui concerne les implications spatiales de ces types d'espace en matière de mouvement
et d'occupation, le type A est un espace d'occupation qui n'est jamais traversé par un
mouvement. Le type B est un espace qui permet un mouvement transitoire et dispose des
valeurs de contrôle fortes du fait que chaque chemin qui passe à travers cet espace est unique
car le mouvement de retour doit employer le même espace. Le type C permet également un
mouvement transitoire mais la route qui le traverse n'est pas unique. L'espace de type D offre
une grande possibilité de mouvement.
Bibliographie:
1-Ouvrages:
- Al_Sayed K., Turner A., Hillier B., Iida S. et Penn A., Space syntax methodology, Bartlett
School of Architecture, UCL, London, 2014.
- Hillier B., Space is the Machine: a Conigurational Theory of Architecture, Cambridge,
Cambridge University Press, 1996.
- Hillier B. et Hanson J.,The social logic of space, Cambridge university press, New York,
1984.
- Remy A., Morphologie urbaine, géographie aménagement et architecture de la ville,
édition Armand Colin, Paris, 2004.
- Turner A., Depthmap 4, A Researcher's Handbook, Bartlett School of Graduate
Studies,UCL, London, 2004.
2- Thèses:
3- Articles:
- Hillier B., Space Syntax as a Theory as well as a Method, London: University College,
1970.
- Hillier B., Spatial Sustainability in Cities, Organic Patterns and Sustainable Forms
Proceedings of the 7th International Space Syntax Symposium Edited by Daniel Koch,
Lars Marcus and Jesper Steen, Stockholm: KTH, 2009.
4- Site web: