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Cours- 04- La méthode de la syntaxe spatiale -2-

(Analyse de la carte axiale et la carte segmentaire).


I- La carte axiale :
Selon Hillier et Honson (1984), la ville se compose de quatre espaces principaux :

1- L’espace X en majuscule qui constitue l’espace intérieur fermé.


2- L’espace x en minuscule qui représente l’espace intérieur découvert (cours, jardin, etc.) et
fermé de l’extérieur.
3- L’espace y en minuscule qui constitue l’espace extérieur continue (rue, place, etc.)
4- L’espace Y en majuscule qui constitue l’espace extérieur de la ville.

Dans l’espace urbain, la représentation de la carte axiale concerne seulement l’espace y. elle
doit satisfaire les deux conditions suivantes :

1- La condition du « nontrivial circulation loops » :

Cette condition signifie que tous les polygones représentant les barrières spatiales et visuelles
(les bâtiments) doivent être complétement entouré par d’autres polygones dessinés par
l’intersection des axes (voir figure-2-)

2- La condition de la surveillance :

Cette condition signifie que tous les points qui se trouve dans l’espace y (en minuscule)
doivent être couverts visuellement par le nombre minimal des axes. (Pour plus de détail sur la
représentation de la carte axiale voir l’annexe).

Y Nontrivial
circulation
loops.

X x y Polygone ou
« hole » (Ilot,
bâtiments, etc.).

Fig. 1 : Les espace X, x, y et Y.


Source : Houamria, 2021.

Fig. 2 : « non-trivial circulation loops » et


« hole ». Source : Houamria, 2020.

3- Mesure des variables syntactiques :

Au niveau de la carte axiale, la mesurer des variables de connectivité, profondeur totale,


profondeur moyenne, asymétrie relative, asymétrie relative réelle, intégration globale et

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locale, choix, valeur de contrôle et contrôlabilité obéissent aux mêmes formules utilisées dans
l’analyse des graphes.

II- La carte segmentaire :


Dans la carte segmentaire, les concepts d’intégration et de choix n’utilisent par les mêmes
formules utilisées dans l’analyse du graphe, du graphe de visibilité, de la carte convexe et de
la carte axiale. Ils sont mesurés par d’autres formules.

1- Connectivité topologique, angulaire et métrique :

La connectivité est une mesure locale. Topologiquement parlant, elle est le synonyme du
nombre des espaces directement connectés à l’espace d’origine. L’espace signifie ici le
segment dans la carte segmentaire.

Pour la connectivité angulaire, elle est la somme des angles de changement de direction
entre un segment et tous ces segments voisins.

Quant à la connectivité métrique, elle est la somme des distances métriques entre le centre
d’un segment et tous les centres des segments voisins.

2- L’intégration :

L’intégration et le choix constituent les deux mesures clés de l’analyse de la carte


segmentaire. L’intégration ou “closeness” est le degré de fermeture (ou de profondeur en
utilisant la distance métrique, topologique ou angulaire) d’un segment par rapport à tous les
segments dans un rayon déterminé.

3-Le choix :

Le choix d’un segment est le nombre de fois que ce segment se trouve dans le chemin le plus
court (en utilisant la distance métrique, topologique ou angulaire) entre tous les segments
d’origine et ceux de destination dans un rayon déterminé.

- L’intégration et le choix pourraient être locaux ou globaux. L’intégration ou le choix locaux


sont calculés dans un rayon local. Tandis que l’intégration ou le choix globaux sont calculés
dans un rayon global (pour plus de détail sur le concept de rayon voir la section suivante).

4- Le rayon ou « Redius » (R) :

Le rayon est l’échelle dans laquelle se font les mesures des différentes variables syntactiques
(choix, intégration, etc.). Cette échelle pourrait être locale ou globale. Les distances
métriques, topologiques et angulaires sont utilisées pour le ( le rayon) déterminer. Dans la
carte segmentaire, la distance métrique est souvent utilisée pour déterminer le rayon.

Le rayon métrique local est compris généralement entre 400 mètres et 2000 mètres tandis
que le rayon métrique global est illimité et égale à n mètres.

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Variables syntactiques Distance Noms des variables syntactiques Abréviation
utilisée dans le logiciel Depthmap
Intégration métrique Segment Metric Mean Depth SMMD
Intégration topologique topologique Segment Topological Mean Depth STMD
Intégration angulaire angulaire Segment Anglar Integration SAIN
Choix métrique métrique Segment Metric Choice SMCH
Choix topologique topologique Segment Topological Choice STCH
Choix angulaire angulaire Segment Angular Choice SACH
Tableau-1- : les variables syntactiques de la carte segmentaire. Source : Houamria, 2021.

Exemple :
Une intégration angulaire globale mesurée dans un rayon de n mètres est écrite SAINR-nm ;
tandis qu’une intégration angulaire locale mesurée dans un rayon de 1000 mètres est écrite
SAINR-1000m.

5- «Foreground network», «background network» et « patchwork area»:


La forground network est la structure spatiale principale (structure de premier plan) de la
ville, elle se compose des segments longs tandis que la background network est la structure
de deuxième plan. Elle se compose des segments de longueurs faibles et leur nombre est plus
important que celui de la structure du premier plan.
Les patchwork area sont les zones urbaines ayant des valeurs d’intégration métrique (SMMD)
locale faibles (voir figure-3-)
Dans les études urbanistiques la centralité se concentre généralement sur les lignes de la
structure de premier plan qui a souvent des valeurs fortes de choix angulaire, métrique et
topologique globale. Cette centralité se concentre également sur les zones de patchwork area.
(voir figure-3-).

Patchwork
area

Foreground
network

1 2

Fig.3 : 1) valeurs de SAINR-nm fortes au niveau de foreground network. 2) valeurs de


SMMDR-1000m faibles au niveau des zones en couleur bleu ( « les patchwork area »).
Source : Houamria, 2021.

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III-mesure du mouvement :
Dans la méthode space syntax le mouvement est une notion cruciale. Selon Hillier, la densité
du mouvement des gens et des véhicules dans l’espace public est déterminée par la structure
spatiale. Ce mouvement de son côté attire des fonctions de commerce et de service ce qui
crée une densité et une diversité des fonctions indispensables à la génération de la centralité.

Pour vérifier l’impact de la structure spatiale sur le mouvement, la mesure de ces deux
variables est incontournable. Pour les variables syntactiques, il suffit d’utiliser le logiciel
Depthmap pour les calculer. En ce qui concerne le mouvement, les méthodes sont multiples.
La méthode la plus importante est celle de « Gate counts ».

La méthode « gate couts » se compose de deux instruments :

1- Une carte segmentaire contenant les points de comptage (les segments choisis pour faire
le compte).

2- Un tableau contenant des colonnes destinées à enregistrer le nombre des différentes


catégories sociales (enfant, homme, femme, etc.) et des véhicules qui traversent chaque
segment (point de compte) (voir figure-5-)

Fig. 5 : conception du tableau de comptage (« gate


Fig. 4: points de comptage ou
counts table »). Source : Al-Sayed et al., 2014.
« gate counts ». Source : Al-
Sayed et al., 2014.

Bibliographie :
1- Ouvrage :
- Al_Sayed K., Turner A., Hillier B., Iida S. et Penn A., Space syntax methodology, Bartlett
School of Architecture, UCL, London, 2014.
3- Articles:
- Charalambous N. et Mavridou M., Space Syntax: Spatial Integration Accessibility and
Angular Segment Analysis by Metric Distance (ASAMeD), 2012. site:
http://www.accessibilityplanning.eu/wp-content/uploads/2013/01/3-ASAMeD-R.pdf

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- Hillier B., Space Syntax as a Theory as well as a Method, London: University College,
1970.

Annexe :
- Représentation de la carte axiale -
Les méthodes de génération de la carte axiale sont multiples. Ces méthodes doivent respecter certaines
conditions. Premièrement, la carte axiale doit être constituée du nombre minimal des axes qui couvrent
spatialement et visuellement tout l’espace public (ici nous parlons de la carte axiale de l’espace public de la ville
ou espace y). Deuxièmement, chaque axe doit être connecté par deux autres axes non connectés 1. Cette
connexion permet de générer un polygone qui entoure la barrière au mouvement (bâtiment, clôture, etc.) ou
« hole » (Turner et al. : 428). Ce polygone s’appelle `nontrivial circulation loops'.

1- La méthode de Peponis et al. :


Pour satisfaire les deux conditions, Peponis et al. (1998) ont proposé une méthode qui consiste en plusieurs
étapes :
1- Générer « all-line axial map » ou toutes les lignes de la carte axiale. Ces lignes s’appellent aussi m-lines.
Pour les générer, il suffit de relier chaque deux sommets intervisibles des polygones ou « holes ». Les m-lines
consistent en trois types. Le premier est celui qui relie deux sommets convexes (a), le deuxième assure la
connexion de deux sommets concaves (c) et le troisième permet la liaison entre deux sommets l’une convexe et
l’autre concave (b). (voir figure.1)

Fig. 1 : les trois types du « m-lines ». Source : Turner et al., 2005.

2- Générer toutes les s-lines ou l’ensemble des lignes qui sont le produit de l’extension des côtés de chaque
polygone jusqu’à tomber sur la limite d’un autre polygone (voir fig. 8 (a) et (b)).
3- Pour réduire le nombre des m-lines, ils ont utilisé la méthode de « greedy algorithm » qui consiste à rechercher
le m-line qui traverse le nombre maximal des s-lines. Cette ligne sera sélectionnée pour être le premier axe de la
« fewest axial map » (version finale de la carte axiale). La deuxième étape consiste à choisir la m-line qui
traverse le nombre maximal des s-lines qui ne sont pas traversées par le premier m-line et ainsi de suite, jusqu’à
arriver à la m-line qui traverse le nombre le plus minimal des s-lines. Dans le cas ou deux m-lines traversent le
même nombre de s-lines on retient la m-line la plus longue.
Cette méthode permet de générer le nombre minimal des axes qui couvrent visuellement et spatialement tous
l’espace public et la première condition de génération de la carte axiale est remplie.
Pour la deuxième condition de `nontrivial circulation loops', cette méthode ne génère pas forcement toutes les
« nontrivial circulation loops » ; des lignes qui les composent sont parfois absentes. Pour résoudre ce problème
Peponis et al. ont proposé de le rajouter (c’est le cas de la ligne discontinue citée dans la (figure. 8 (c)).

1
-« An axial map is the minimal set of axial lines such that the set taken together fully surveils the system, and
that every axial line that may connect two otherwise-unconnected lines is included. » (Turner A., et al., 2004).

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Les s-lines Les m-lines Nontrivial circulation loop
ou topological ring.

Fig. 2 : s-line, m-lines et topological ring : (a) extension des côtés du polygone, (b) les m-lines, (c)
fewest axial map. Source : Turner et al., 2005.

2- La méthode de Turner et al. :


Contrairement à la méthode de Peponis et al. Citée dans la section précédente la méthode de Turner et al. prend
comme point de départ les m-lines en évitant l’utilisation de s-lines. Cette méthode consiste en plusieurs étapes :
1- Générer all-line axial map ou m-lines citées dans la section précédente.
2- Réduire le nombre des axes en commençant par la deuxième condition (« nontrivial circulation loops »).
Cette réduction repose sur la méthode dite « Subset elimination algorithm» qui consiste à éviter d’éliminer une
ligne ou axe si cette élimination conduit à déconnecter deux autres lignes, et dans le cas contraire cette ligne sera
éliminée. Si la connexion de ces deux lignes est assurée par deux autres lignes on choisit d’éliminer l’une de ces
deux dernières. La question qui se pose ici est : quels sont les critères de choix de la ligne à supprimer ?
La ligne à supprimer doit être un « subset line ». Dans la figure. 9 la ligne P ne doit pas être éliminée puisque son
élimination provoque la déconnexion des lignes R et S. À propos des lignes R et S, elles sont des « subsets line »
de la ligne P. Ici on choisit l’élimination de la ligne Q puisqu’elle est moins longue que R.
L’application de la méthode « subset elimination algorithm » ne conduit pas toujours à produire une carte axiale
qui satisfaire les deux conditions de surveillance et « non trivial loop » (ou « topological ring »).

Fig. 3 : méthode de « Subset elimination algorithm»: “ (a) Subset elimination preserves lines that
connect otherwise-unconnected lines, for example, in this example, P is retained rather than Q, as it
connects to S. (b) Rings of lines lock' as each line has a connection which its neighbours do not. (c)
Rings cannot be supported across open space, as the ring of lines is subsumed by a longer line that
crosses them all”. Source: Turner et al., 2005.

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Pour résoudre ce problème, il y a des conditions liées à la surveillance et au « topological ring ».
Commençant par la surveillance, pour assurer la surveillance de tout l’espace extérieur aux polygones, chaque
sommet de chaque polygone doit être visible au moins par une m-line. Pour ce faire, au moins une m-lines du
all-axial line map soit traversée par un m-lines de la « fewest line map » (la carte obtenue par la réduction de all-
axial line map).

Fig. 4 : résolution du problème de surveillance :(a) m-lines de fewest line map traverse trois m-lines
du all-axial line map générées à partir du sommet. (b) m-lines de la carte axiale réduite traverse un
seul m-lines du all-axial line map généré à partir du sommet. Source : Turner A. et al., 2005.

En ce qui concerne la condition de « topological ring », chaque point sur les côtés d’un polygone (barrière au
mouvement) doit être séparé des côtés des autres polygones visibles à partir de lui (le point). Pour ce faire, la
meilleure solution consiste à appliquer la technique de « triangular axial partitions » (Turner A., et al., 2005).
Cette technique consiste à créer premièrement des triangles qui relient chaque sommet (S) de chaque polygone et
les côtés des autres polygones visibles par S et assurer deuxièmement que chaque polygone (P) soit séparé des
polygones voisins par des m-lines formant un polygone fermé qui entoure P. Cette séparation s’exprime par trois
manières :
1- S’assurer que les deux lignes discontinues (dans la figure. 11) du triangle qui assurent la liaison de chaque S
aux faces des polygones visibles à partir de S soient traversées par au moins un m-lines (voir figure. 11 (a))
ou ;

Fig. 5 : les trois manières de séparation des polygones permettant la résolution du problème
de « topological ring ». Source : Turner et al., 2005.

2- S’assurer que les deux lignes discontinues du triangle, cité ci-dessus, soient traversées par deux m-line qui se
croisent à l’intérieur de ce triangle (voir figure. 11 (b)) où ;
3- S’assurer que S à partir duquel se développent les deux lignes discontinues soit traversées par un m-line qui le
sépare des faces couvertes par le triangle (voir figure. 11 (c)).

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