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L'Analyse Typo-morphologique (1)

Master 2, A.U.- A.Benammar

L'espace urbain peut se lire de deux manières principales


- par la médiation de représentations cartographiques
- directement par des cheminements urbains, mais même dans le second cas, des instruments
(techniques et intellectuels) de lecture sont nécessaires

- les lectures de l'espace urbain passent donc par:


- L’apprentissage de la lecture des cartes et des plans actuels ou anciens (lecture des formes qui
comptent ou qui sont utiles au projet; lecture des traces laissées dans les formes par l'histoire,
lecture des processus d'évolution).
- L’appréhension visuelle des espaces urbains et la compréhension des modes de perception de
ces espaces. La démarche du « townscape» ou la lecture pittoresque vise à mettre en
correspondance des formes caractéristiques (une rue qui tourne par exemple) et les modes
d'appréhension (la découverte progressive, pour l'exemple en question). Ainsi les qualités et
les faiblesses des espaces urbains sont ainsi particulièrement bien mises en évidence.

- L'analyse typo-morphologique est avant tout un exercice méthodologique visant à déterminer


la structure d'un tissu urbain. En fait ceci nous permet de mettre en évidence la logique
d'élaboration d'un tissu urbain, en partant du système constructif de l'unité du bâti jusqu'au
mode de structuration urbaine (îlots, maillage) et la délimitation globale de la ville.

Historique:
L'un des précurseurs reconnus de la typo-morphologie est bien S. Muratori, architecte de
formation et professeur de composition architecturale à l'école de Venise puis Rome. Lui et ses
étudiants ont mis en évidence l'importance des relations entre la forme de la ville et la typologie
(ensemble des types) des édifices construits. Ce n'est qu'a travers ses étudiants (Cannigia, Rossi,
Aymonino) que ses idées furent récupérées et développées. Ainsi, on identifia trois éléments de
base constituant le tissu urbain : la rue, la parcelle et le bâti. C'est ainsi qu'ils analysaient les tissus
anciens dans le but de reproduire leurs principes à la périphérie.
Ainsi était née la démarche typologie architecturale - morphologie urbaine (quelques fois
critiquée mais toujours utilisées, pour son efficacité). Elle consiste à penser en termes de rapports
la forme urbaine. (trames viaires et parcellaires, limites….) et la typologie, c.à.d les types de
constructions (position du bâti dans la parcelle, distribution interne,…).
Les chercheurs italiens et français, adeptes de la typo-morphologie, ont aussi montré que le
rapport traditionnel entre formes urbaines et types architecturaux s’est progressivement brisé à
partir de l'avènement du mouvement moderne. D'où confusion entre types architecturaux et formes
urbaines puis disparition de leur rapport (les premiers devenant autonomes et normalisés tandis
que les secondes disparaissent). Si de nouveaux types architecturaux étaient nés (barres, tours,…)
des formes urbaines nouvelles et satisfaisantes n'ont pas apparu.

PRINCIPES DE LECTURE
La forme de la ville qui apparaît comme un tout ou comme un paysage quand elle est regardée
par un observateur embrassant toute la ville, se compose en fait de deux éléments (que nous
appellerons structures) fondamentalement différents :
- le tracé au sol des occupations urbaines, c'est-à-dire les voies et les parcelles, qui sont comme
les infrastructures de la ville;

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- les éléments eux-mêmes d'occupation du sol, essentiellement les éléments bâtis et, en négatif,
les vides laissés entre les constructions, éventuellement les plantations ou autres, qui sont
comme les superstructures de la ville.

Ce qui autorise à effectuer cette distinction fondamentale, c'est que le tracé au sol des
occupations urbaines (la voirie et le parcellaire) n'est pas la projection passive des éléments
d'occupation de l'assiette de la ville (le bâti).

OUTILS DE LECTURE
Les composantes morphologiques peuvent être décrites, donc lues, selon trois critères: leur
topologie; leur géométrie; leur dimensionnement.
- La topologie décrit les caractéristiques ou dispositions internes des formes, ainsi que les
positions et les liaisons de ces espaces les uns par rapport aux autres.
- La géométrie décrit les figures géométriques que dessinent ses formes et leurs directions les
uns par rapport aux autres.
- Le dimensionnement, ou ensemble des dimensions, décrit les dimensions des espaces et
formes et leurs proportions les uns par rapport aux autres.
A titre d'exemple, on peut évoquer une place urbaine. Ainsi, la topologie d'une place décrit sa
fluidité ( si elle constitue un grand espace libre sans encombrement), son statisme (si elle est petite
et fermée) ou son dynamisme (si elle est "canalisée" et incite au déplacement).

Le Site Urbain:
L'importance du site urbain intervient au niveau du choix de l'implantation d'une ville, d'un
quartier ou d'un simple ensemble de bâtiments (contraintes ou potentialités qu'impose ou offre un
site: par exemple: accès facile) mais aussi les implications qu'il va avoir sur la forme urbaine.
- Le réseau des rues d'une ville d'origine médiévale par exemple, se modèle largement sur les
formes du relief.
- Le tracé d'une rue épouse la ligne d'une crête ou d'un thalweg, une autre l'ondulation d'une
courbe.

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La Voirie:
Parmi les systèmes artificiellement crées on a le système en boucle. Le plus souvent, il se
mélange avec le système arborescent, les embranchements venant compléter le circuit continu que
forme le système en boucle. On a usé fréquemment le système en boucle pour les voies des
nouveaux quartiers (exp ZHUN).
Le système réticulé (en filet à maille) est de ce fait le plus répandu (par la multiplicité des
embranchements), car il permet une plus grande perméabilité et donc une meilleure lisibilité de
l'espace urbain.

La Trame Parcellaire:
Il est important de comprendre que la trame parcellaire existe, qu'elle à une cohérence
propre et qu'elle joue un rôle structurant fondamental dans l'organisation de la forme urbaine.

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Il faut savoir que le parcellaire est une trame continue ("pavante") d'abord parce que toute portion
du sol urbain a un propriétaire (privé ou public).
Originellement, le mode de division est soit le résultat d'un lotissement, soit celui de la
subdivision progressive d'un parcellaire rural. Dans les deux cas, le parcellaire évolue (par
relotissements ou par remembrements), mais l'organisation originelle persiste dans les lignes
directrices (les "génératrices").
La masse des bâtiments dans les îlots, la succession des façades dans les rues sont comme une
projection dans la troisième dimension (verticale) de la trame dessinée par le parcellaire. Qu'un
parcellaire soit étroit ou large, qu'il soit obéissant ou non à la voirie, intervient sur la définition
volumétrique (espace de la rue) et architecturale (façades bordant la rue) de l'espace public.

Le Bâti:
Le bâti constitue aussi un ensemble cohérent comme le montre la vision particulière du
plan urbain. Le bâti se répartit dans les espaces entourés par la voirie et est partiellement divisé par
le parcellaire. Le bâti constitue le plein urbain.
Comme système, le bâti peut être classé selon trois types:
- le type ponctuel (bâtiment isolé), le type linéaire (continuité du bâti dans une seule direction:
bande de bâtiments mitoyens le long d'une rue par exemple), ou planaire ( vaste masse bâtie,
interrompue par des cours ou des jardins, par exemple).
S'il est dans un espace public, le bâti ponctuel écarte les circulations (édifice au milieu
d'une rue ou d'une place) ou les attire (ainsi que la vue). Un bâtiment ponctuel doit avoir une

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certaine qualité architecturale et être mis en valeur par son contexte. Le bâti linéaire sépare (la rue
du fond des parcellaires) et relie, ou plutôt accompagne l'espace public (le long d'une rue). Le bâti
planaire englobe (le dedans vide des îlots) ou rejette par son caractère massif et fermé (le dehors
des îlots).

Les Espaces Libres:


Les espaces libres sont constitués par le vide urbain public (rue, places, espaces
résiduels….) et privé (cours, jardins, …). Les places représentent les éléments les plus spécifiques
de l'espace public.
Une place se définit par son tracé et par les masses bâties qui la limitent et lui donnent
consistance. Eventuellement, la définition d'une place peut être renforcée par un élément marquant
sa centralité. Essentiellement, une place est le résultat d'une dialectique entre le vide et le plein.
On peut distinguer selon ce critère deux types de places:
- les places dans lesquelles le vide est actif et le plein passif, qui sont les places au tracé
géométrique.
- Les places dans lesquelles le plein est actif et le vide passif, qui sont celles produitent par un
tracé résiduel.

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