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REPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON

Paix - Travail – Patrie Peace - Work – Fatherland

MINISTERE DES TRAVAUX PUBLICS MINISTRY OF PUBLICS WORKS

ECOLE NATIONALE SUPERIEURE DES NATIONAL ADVANCED SCHOOL OF


TRAVAUX PUBLICS DE YAOUNDE PUBLIC WORKS YAOUNDE

B.P. : 510 Yaoundé P.O.Box : 510 Yaoudé

UE 4… : URBAIN : RELATION VILLE /


ARCHITECTURE

Enseigné par : Mme MIPO T. Edith Flaure

Objectifs du cours :
Former les étudiants à la compréhension des relations entre
architecture et formes urbaines, d’un point de vue historique (de
Le bâtiment est une sculpture
persistance et la transformation des agglomérations).
urbaine qui doit affirmer son
Cette approche vise à sensibiliser les étudiants sur l’importance
identité, évoquer son essence,
de la prise en compte du contexte et des processus de formations
exprimer son image spatiale
urbaines au niveau du projet architectural.
et refléter ses activités
intérieures.

2016 /2017
Objectifs du cours :

Former les étudiants à la compréhension des relations entre architecture et formes


urbaines, d’un point de vue historique (de persistance et la transformation des
agglomérations).

Cette approche vise à sensibiliser les étudiants sur l’importance de la prise en compte
du contexte et des processus de formations urbaines au niveau du projet architectural.

Contenu :

Introduction à la ville et à l’architecture dans la ville

I- Le plan en damier – De Milet à New-York (MVOGO)


II- La ville médiévale - Persistance des tracés (GUIMVOUN)
III- Les places royales (FOLEFACK)
IV- La ville néoclassique – les passages couverts (GONDI)
V- Le XIXème – Haussmann de Paris (EDJENG)
VI- Les Cités jardins – La ville comme paysage (MESSI)
VII- Le mouvement moderne – les CIAM et les Banlieues. (DISSAKE)
VIII- Les enjeux de la cop 22 pour les villes africaines en générales et camerounaises en
particulier

Travaux demandés :

- Examen écrit
- TD analyse d’une morphologie urbaine

1
Introduction

Parler de la relation ville/architecture revient à se poser la question de savoir quelles


sont les types de rapports qu’entretiennent ces deux entités interdépendantes. Entretiennent-
elles une relation conflictuelle ou une relation de symbiose? Parlant des rapports entre la ville
et l’architecture, Bernard HUET, écrit : « La ville est un fait collectif et pluriel, elle est
l’expression des valeurs publiques d’une collectivité; l’architecture est un fait individuel et
singulier fondé sur la vision particulière et privée d’un individu ou d’un groupe
d’individus.

(…) L’architecture est discontinue dans le temps et dans l’espace. Elle est liée aux
évènements, au mouvement des rapports de forces, au cycle rapide des transformations
institutionnelles, fonctionnelles et esthétiques. Elle est fragmentaire, limitée et toujours
inachevée car elle ne peut jamais prétendre à la permanence; elle est soumise au jeu
permanent des modifications et des substitutions. Le seul moment où la saisie et le
contrôle de l’unité de l’œuvre est possible est le temps limité du projet.

Enfin la ville est le lieu de la convention par excellence: c’est elle qui ordonne les
hiérarchies, organise les limites du public et du privé, fixe les règles du jeu des
significations sociales. C’est pourquoi la ville est par nature conservatrice. Elle résiste aux
transformations radicales qui mettraient en péril le système de conventions qui la fonde.
Au contraire, l’architecture comme œuvre d’art exalte l’invention et la révolution. Tout
son système de valeur se fonde sur l’expression de la différence par le jeu de la
transgression ou de l’exception aux règles.

Posée en ces termes, la question est de savoir comment l’architecture comme


œuvre d’art peut exister dans la ville qui n’est pas une œuvre d’art. »1

1
Bernard HUET, L’architecture contre la ville, AMC N° 14, décembre 1986
2
Chapitre I : Le plan en damier – De Milet à New-York

Introduction

L'urbanisme peut être défini comme l'action réfléchie visant à aménager physiquement
un espace afin de faciliter les fonctions d'habitations, de divertissements, de travail et de
circulation. La ville romaine est l'une des mieux organisée de son temps.

Inspirée des Grecs et des Etrusques, les Romains prirent et adaptèrent les
caractéristiques urbaines de ces deux civilisations. Une ville romaine basique possède un plan
en damier. Un plan hippodamien (hippodaméen, milésien, en damier, en échiquier, quadrillé,
orthogonal), est, en urbanisme, un type d'organisation de la ville dans lequel les rues sont
rectilignes et se croisent en angle droit, créant des îlots de forme carrée ou rectangulaire.

I-1. Origine du plan hyppodamien

L'adjectif hippodamien est issu du nom d'Hippodamos, architecte grec considéré


comme l'un des pères de l'urbanisme et dont les plans d'aménagement étaient caractérisés par
des rues rectilignes et larges qui se croisaient à angle droit. Cependant, il n'est pas l'inventeur
de ce plan, comme en témoigne la colonie sumérienne d'Habuba Kabira construite à la fin du
IVe millénaire av. J.-C., sur un plan préconçu en damier2.

- Le qualificatif milésien provient de la ville de naissance d'Hippodamos, Milet.


- L'appellation en damier ou en échiquier fait référence au plateau du jeu de dames ou
d'échecs, dont les cases forment un motif identique.

I-2. Présentation du plan Hyppodamien

Ce plan traduit la volonté des fondateurs de la ville d'organiser rationnellement en se


basant sur le cardo maximus et le decumanus à la manière de la centuriation romaine, elle-
même inspirée par le bornage étrusque. Avec un tel plan, il est en théorie possible de calculer
la distance entre deux blocs quel que soit le quartier où l'on se trouve, avec l'algorithme de la
« distance de Manhattan ». Cette organisation de l’aménagement urbain facilite l'évolution
d'une démographie parfois galopante. Les Romains adoptèrent des plans réguliers sectionnés

2
Corinne Castel, « La première ville n’existe pas. Les premières villes ne sont pas toutes sumériennes… (2ème
partie) », Blog ArchéOrient, 26 juin 2015.
3
par le "décumanus maximus" qui représente l'axe est/ouest et par le "cardo" qui, quant à lui,
représente l'axe nord/sud.

Sur ces deux avenues, se massent les commerces et les riches villas. A leurs
intersections, se trouvent le forum, lieu de commerce, d'administration et de vie religieuse.
Une organisation des quartiers se met souvent en place en fonction des métiers. Certaines
villes romaines sont ouvertes. Elles ne possèdent pas de fortifications. En effet, la "pax
romana" évite les invasions venues de l'extérieur des "limes" de l'Empire.

A cette époque, la philosophie de l'aristocratie et de la bourgeoisie est de vivre dans


l'oisiveté. La ville constitue le cadre pas excellence pour cette manière de penser. Des
théâtres, des amphithéâtres, des thermes, des gymnases, des bibliothèques sont édifiés par le
mécénat de riches citoyens afin de distraire la plèbe. Des arcs de triomphe, des fontaines
monumentales, des statues, des arcades sont installés afin de régaler le regard des voyageurs
et des habitants.

Cependant, malgré sa simplicité apparente, ce type de plan présente des


inconvénients : il rallonge les temps de trajet (sauf si on ouvre des « diagonales » pour
circuler comme à Barcelone, ou Broadway à Manhattan) et fait fi de la topographie. Mais
l'inconvénient de la forte pente des rues de San Francisco, qui en est l'exemple le plus célèbre,
constitue pourtant un des charmes de cette ville.

 Exemples de monuments de la Rome antique les plus représentatifs de son


temps :

 L'amphithéâtre: édifice à gradins


de plan circulaire ou ovale, destiné aux
combats navals, de gladiateurs,
d'animaux ou de chasses. Le plus célèbre
d'entre eux est le "Colisée" à Rome.

4
 L'aqueduc : ce canal d'adduction
d'eau aérien ou souterrain est parfois
spectaculaire comme le "Pont du Gard" qui
permettait d'alimenter en eau la ville de

Nîmes.

 Le forum : place centrale d'une ville romaine où se trouvait les principaux édifices publics : la "curie"
(édifice dans lequel délibéraient les magistrats), la "basilique" (édifice servant de tribunal, de bourse de commerce
et de lieu de réunion où se réglaient les affaires privées), le "temple" (lieu de culte d'une divinité romaine devant
lequel se trouve un autel permettant la réalisation de sacrifices).

I-3. Exemples des villes à forme quadrillée (hyppodamiennes)

- Les villes fondées par les Grecs à l'époque hellénistique et par les Romains, pendant
l'Antiquité ;
- Les villes chinoises, comme Pékin ;
- Certaines villes japonaises comme l'ancienne capitale, Heiankyo (Meaco puis Kyōto)
et la ville moderne de Sapporo ;
- Beaucoup de villes européennes médiévales (bastides) ou modernes (Richelieu et
Bussy-Saint-Georges en France, La Chaux-de-Fonds en Suisse, places fortes, villes
nouvelles) ou encore des quartiers tels que la ville-neuve de Nancy, le centre-ville de
Saint-Étienne (depuis la Révolution et les plans de l'architecte Pierre-Antoine
Dalgabio) ou la New Town d'Édimbourg ;

5
- De nombreuses villes au Canada comme Montréal (extrémités Ouest et Est d'une
même voie à travers la ville), aux États-Unis comme New York (où les axes de
circulation sont appelés rues ou avenues selon leur orientation) ;
- Des villes baroques, comme Turin ;
- Les centres-villes français bombardés et reconstruits après la Seconde Guerre
mondiale : Le Havre (voir l'article détaillé Centre-ville reconstruit du Havre), Brest,
les quartiers est de Nice, etc.
- Etc.
 Exemples de plans Hyppodamiens

Plan orthogonal du Havre, centre-ville Plan du centre de Chicago (1848).


reconstruit après la Seconde Guerre mondiale.
NB : rues rectilignes et larges qui se croisaient
à angle droit .

6
Chapitre II : La ville médiévale - Persistance des tracés

Au tournant des XIXe et XXe siècles, l'apparition de cartes suffisamment détaillées et


de photographies aériennes verticales a conduit certaines disciplines à faire le constat de la
permanence dans le parcellaire des formes anciennes du paysage. Les chercheurs qui ont tenté
de théoriser ce phénomène s'appuyaient essentiellement sur l'idée d'une transmission par la
mémoire ou par le maintien d'une trace matérielle. Étaient également évoqués le rôle du
juridique et du technique.

Aujourd'hui, les résultats des nombreuses fouilles menées en archéologie préventive et


les analyses développées en morphologie dynamique permettent d'introduire de nouveaux
éléments. Ainsi, la transmission des formes ne doit plus être appréhendée comme une
transmission linéaire dans le temps et dans l'espace mais comme le résultat de processus
mettant en œuvre différentes échelles et différents réseaux. La transmission des formes ne
s'explique plus par la fixation d'un élément matériel, une fois pour toute, mais par son
incessant renouvellement au sein d'un jeu complexe de réinterprétation.

7
Chapitre III : Les places royales

Les places royales sont une création française originale née d'une rencontre et d'un
programme : la rencontre d'une statue royale et d'une place enclose dans un ensemble de
maisons ou d'hôtels, tous identiques, dits à programme. L'Italie, certes, avait érigé depuis
longtemps des statues de bronze ou de marbre, équestres généralement, à la gloire des princes
locaux, des condottieres (le Colleone à Venise), voire des souverains antiques, au milieu ou
sur le côté d'une place. Mais cette statue, pensée et vue pour elle-même, n'avait pas de cadre
particulièrement adapté à sa mise en valeur. Seul Michel-Ange, en dessinant la place du
Capitole à Rome, avait pensé à flanquer celle-ci de deux palais à la façade identique, le
troisième angle étant constitué par le Capitole lui-même, tandis que le quatrième côté s'ouvrit
plus tard par un monumental escalier largement déployé sur les flancs de la colline. Mais cette

8
symétrie rigoureuse fut moins conçue en fonction de la statue antique de Marc Aurèle, érigée
sur un socle de Michel-Ange lui-même, que par souci d'ordonner la place dans le goût de la
Renaissance. Avec les places royales françaises, la démarche de l'architecte procède à partir
de la statue. Ces places étaient alors, à l'écart de toute circulation active, des lieux paisibles de
promenade, parfaitement conçues pour permettre d'admirer la statue du souverain placée dans
un contexte urbain rythmé de maisons toutes semblables. Cinq places parisiennes permettent
de mesurer les étapes de cette formule. La première sera la place Dauphine qui occupait, à la
pointe de l'île de la Cité, un triangle isocèle légèrement ouvert sur le Pont-Neuf entre deux
pavillons d'où l'on pouvait voir, par une échappée, la statue équestre de Henri IV (installée
dans ce seul cas à l'extérieur de la place et tournant le dos à la Seine).

De brique et de pierre, séparés par des chaînages d'angles, coiffés de hautes toitures
d'ardoises en bâtière, les hôtels élancés conservent ce même caractère tricolore dans la
deuxième place royale de Paris (la place Royale dite depuis 1800 place des Vosges), noyau
initial du [...]

Le nom de place Royale est porté par différentes places publiques de par le monde :

Allemagne

- Königsplatz de Munich
- Place royale de Berlin (Königsplatz), depuis 1926 Place de la République

Belgique

- Place Royale (Bruxelles) ancienne Place de Lorraine.

Canada

- Place Royale (Montréal), dans le Vieux-Montréal


- À Québec, la place Royale est située au centre du Vieux-Québec

Espagne

- Place Royale de Barcelone

9
France

La place Royale en France est destinée à servir de cadre à la statue d'un souverain
(statue le plus souvent équestre, tradition issue de l'Antiquité romaine ou statue pédestre à
partir du XVIIIe siècle). Alors que la place médiévale est une création spontanée généralement
sans tracé particulier et que la place de la Renaissance italienne est monumentale et fermée, la
place Royale de l'époque classique française, qui servira de modèles aux autres places
Royales européennes, résulte d'un programme architectural et sert de décor à cette statue1.

- Place Royale de Paris (1612), désormais appelée place des Vosges


- Place Dauphine de Paris (1614)
- Place Royale de Caen (1679), appelée place de la République depuis 1883
- Place des Victoires de Paris (1686)
- Place Royale de Dijon (1686), actuellement place de la Libération
- Place Louis le Grand de Paris (1699), désormais appelée place Vendôme
- Place Dauphine de Limoges (1712), désormais place Denis-Dussoubs
- Place Bellecour de Lyon (1715)
- Place du Peyrou de Montpellier (1718)
- Place Louis le Grand de Rennes (~1730), désormais place du Parlement-de-Bretagne
- Place Royale de Nancy (1755), désormais célèbre sous le nom de place Stanislas
- Place Royale de Reims (~1760), où se situe la sous-préfecture
- Place de la Concorde de Paris (1772)
- Place Royale de Nantes (1788)
- Place Royale de Metz (1802), désormais place de la République
- Place Royale de Pau, où se situe la mairie de Pau
- Place royale de Bordeaux, désormais place de la Bourse

Chapitre IV : La ville néoclassique – les passages couverts

10
Les passages couverts

A la fin du 18eme siècle Paris présente encore les caractéristiques du moyen-âge (rue
boueuse, pavé inégal sans trottoirs ni égouts, mal éclairée la nuit). Les rues sont très
encombrées.

Au lendemain de la révolution française, la confiscation des biens des émigrés et la


vente des biens nationaux entrainent une spéculation immobilière sue des grandes surfaces
appartenant souvent à des congrégations religieuses (ouverture du passage du Caire en 1799
sur le territoire des Filles-Dieu).

L’émergence de nouveaux riches et la paix retrouvée permettent le développement du


commerce ; sur la mode des souks arabes, l’apparition des passages couverts coïncide avec la
mode orientale après l’expédition d’Egypte. Progressivement les structures en bois sont
remplacées par des structures en fer ; certaines galeries proches d’un terminus de diligences
attirent la clientèle des voyageurs qui y font des emplettes en surveillant l’heure (présence
fréquente de grosse horloge) : nombreuses boutiques de nouveautés, café, salons de lecture,
salon littéraire. Progressivement cela devint le lieu de promenades et de mondanité, par
excellence. Leur apogée se situe vers 1850/1860 avec des galeries fastueuses chauffées et
éclairées au gaz.

Le développement du chemin de fer et la construction des grands magasins marquèrent


le déclin progressif des passages couverts (150 galeries en 1850, seulement 20 galeries
actuellement.

Exemples de passages en France

Le passage des panoramas

Le passage Verdeau

Le passage des princes

Voie privée Taille longueur 80 m – largeur 3 m Inscription ISMH 11 août 1975 Façades,
verrière et sol du passage

11
Le passage Choiseul

D’une longueur de 190 m et une largeur 3,9 m, c’est un passage couvert parisien situé
dans le IIe arrondissement, entre la rue des Petits-Champs au nord et la rue Saint-Augustin au
sud.

Le passage fut édifié en 1829 à proximité des Grands boulevards, alors très fréquentés,
par l’architecte Antoine Tavernier à l’emplacement de quatre hôtels contigus acquis par la
banque Mallet dans le but d'une opération spéculative. Les promoteurs firent démolir ces
hôtels, à l'exception de quelques éléments de l’hôtel de Gesvres qui furent conservés, dont le
porche qui constitue aujourd’hui l’entrée Nord du passage.

- Les passages Colbert et la galerie Vivienne

L’architecture de la galerie inspira de nombreux architectes de toute l’Europe : le


principe de la rotonde a été souvent retenu quand il s’agissait de croiser des allées dans une
galerie. Peu à peu, la désaffection gagne les lieux. Elle fut fermée en 1975.
La Bibliothèque Nationale racheta la galerie. En 1986, l’architecte Blanchet
la rénova dans un état proche de ce qu’elle était à l’origine.
Elle est en travaux pour l’aménagement du l’Institut national d’Histoire de l’Art.

Chapitre V : Le XIXème – Paris et l'architecture du baron Haussmann

Introduction

Paris est connue pour être la plus belle ville du monde. Elle tient cette réputation de
ces monuments, très nombreux, mais aussi de l'uniformité de son architecture que l'on doit au
baron Haussmann. Les immeubles sont alignés, pas très hauts finalement, et répondent à des
standards assez précis. Président élu de la 2eme République, Louis-Napoléon Bonaparte
(Empereur Napoléon III sous le IIe empire) envisage de transformer Paris. Sans avoir
l’ambition politique et/ou les moyens de son oncle, Napoléon I er, il suit son exemple pour
donner à la capitale une image à la hauteur de sa puissance, sous l’influence du modèle
anglais. Pour ce faire, il impose ses projets au baron Haussmann à qui il confie l’exécution.

Ledit projet ne va pas seulement consister en l’architecture, mais d’un plan


d’urbanisme ambitieux, qui intègre la percée d'avenues et de boulevards, la création

12
de places, de monuments, de jardins et la mise en place, par l'ingénieur
Belgrand, des réseaux d'alimentation en eau et du tout-à-l'égout. Dans le but étant de donner
de l’air, de
l'eau et de l'ombre aux parisiens, une dimension hygiéniste y est également intégrée. Quelles
transformations va connaître la capitale ?

V-1. Présentation de Paris avant l’intervention Haussmannienne

Avant le projet de transformations de la capitale française, Paris est une ville très
ancienne avec de nombreuses strates d'urbanisation. Au début du 19ème siècle, Paris se
présente encore en grande partie comme une ville médiévale, avec un centre congestionné,
pauvre et dangereux. Elle est alors qualifiée de « ville malade ». Le contraste entre les
bâtiments et la largeur des rues (les bâtiments sont trop hauts par rapport à la largeur des rues)
conduit à l’absence de soleil et de lumière, ce qui justifie l’humidité et l’insalubrité de
nombreux immeubles.
De nombreux "bidonvilles" parsèment Paris : Ménilmontant, la Petite Pologne (sud
de la Plaine Monceau) : des baraques et des masures, des ruelles recouvertes de boue et de
fumier. L'île de la Cité est particulièrement insalubre. Napoléon 1er voulait déjà sa destruction
: "ce n'est qu'une vaste ruine, tout au plus bonne à loger les rats de l'ancienne Lutèce" 
La ville est malsaine. En 1832, une épidémie de choléra sévit dans Paris: 25.000
parisiens en meurent, dont Casimir PERRIER, alors ministre de l'intérieur. En 1849, une autre
épidémie touche Paris faisant près de 20.000 morts.
Paris est une ville sans égouts, ni d'eau courante. Le manque d'eau est un problème
important de Paris. Décriant ce phénomène, Monsieur de RAMBUTEAU, prédécesseur
d'HAUSSMANN à la préfecture de PARIS (de 1833-1848) disait: "de l'air, de l'eau et de
l'ombre, c'est ce qu'il faut aux Parisiens". C’est ce qui va justifier son initiative de
multiplication des bornes-fontaines dans Paris. D'une centaine en 1830 on est à environ 2000
en 1848 et le volume d'eau disponible chaque jour par parisien va donc passer de 30 à 110
litres. 
Une ville sans arbres. Malgré les premiers efforts du préfet RAMBUTEAU, qui fit
planter 20.000 arbres, il n'y a pratiquement pas d'arbres le long des voies et de jardins ou
squares publics pour accueillir les parisiens.
La circulation est difficile. Le réseau de circulation est peu adapté à l'augmentation
de l'activité économique et pas du tout au trafic généré par les nouvelles gares. 

13
La population parisienne est en forte croissance. La révolution industrielle exige
une main d'œuvre puisée dans un exode rural massif. De 1845 à 1848, la population
parisienne passe de 600.000 à 950.000 habitants. 

Image illustratrice de
Paris avant Haussmann

III-2. Définition du standard "Haussmannien"

L’approche Haussmannienne met un accent particulier sur la hauteur de l’immeuble.


Celle-ci est réglementée, de 12 à 20 mètres,
en fonction de la largeur de la voie. On a donc 5 à 6 étages. Cela permet
d'avoir des immeubles parfaitement alignés, et d'avoir des lignes de balcon
exactement à la même hauteur. Typiquement, le rez-de-chaussée, et idéalement le
premier étage, est fait de murs à refends, c'est-à-dire avec des stries
profondes. Le porche laisse passer les voitures à cheval et parfois, dans
l'ogive, du porche, il y a la loge du concierge. On en voit encore
quelques-unes.

14
Les hauteurs sous plafond ne sont pas les mêmes à tous les étages. Au 1er
étage, que l'on appelait l'entresol, les appartements étaient réservés aux
marchands, propriétaires des magasins du rez-de-chaussée. Si vous regardez
bien, les fenêtres y sont moins hautes qu'aux autres étages. C'était pour des
raisons de symétrie, le porche étant plus haut, il fallait réduire le niveau
juste au-dessus. La hauteur sous plafond n'y dépassait pas 2,60 mètres, contre
3,20 mètres pour le deuxième étage, l'étage noble. Ensuite, la hauteur sous
plafond va en décroissant au fur et à mesure que l'on monte.

Il y a des balcons au deuxième et cinquième étage. Ils peuvent être filants,


c'est-à-dire s'étirer sur toute la longueur de la façade, au deuxième étage, ou
encore centrés. Si on a quatre fenêtres, le balcon du deuxième peut être centré
sur les deux fenêtres du milieu. Il y a aussi un balcon filant au cinquième
étage et si vous observez bien, vous verrez que les ferronneries du 5e étage
sont moins ouvragées que celles du deuxième.  

Pour la distribution intérieure, les appartements étaient reliés au tout-à-l'égout, équipés d'une
cuisine, qui donnait généralement sur la cour, avec les
garde-mangers "persiennés". La cuisine est généralement desservie par
un escalier de service. Les pièces principales sont situées sur la rue.

C'était une véritable rupture avec ce qui existait auparavant, c'est-à-dire


des maisons très étroites avec très peu d'ouvertures. Tout ceci a commencé en
1853, et la période s'est prolongée jusqu'à la première guerre, même si, petit
à petit, les règlements se sont assouplis et ont permis quelques fantaisies. Le
baron Haussmann avait quitté la préfecture, mais ceux qui ont construit après
son ère, ont été contraints de s'adapter.

On estime que 60% des immeubles parisiens ont été construits pendant cette
période. Le baron Haussmann a pourtant été critiqué Oui, pour plusieurs
raisons. La première, c'est que les expropriations, notamment au début, étaient
pour le moins autoritaires. On l'a surnommé "l'Attila des
expropriations " ! Ensuite, parce que le coût de ces travaux était
exorbitant et a conduit à un krach immobilier, déjà à l'époque. Et puis, il ne
cachait pas que les loyers allaient augmenter, mais que cela constituait "un

15
rempart utile contre l'invasion des ouvriers de province ". Enfin, il a
aussi été critiqué parce que ses plans répondaient aussi à des préoccupations
d'ordre. Les grandes avenues laissaient passer la cavalerie, et le tracé
rectiligne permettait de titrer au canon sur la foule. Il était plus facile de
contrôler les émeutes.

Façade Haussmannienne En
angle de rue

Façade de style
Haussmannien, sur la Place
de la Comédie.

Chapitre IV : Les Cités jardins – La ville comme paysage

16
Introduction

La cité-jardin est un concept théorisé par l'urbaniste britannique Ebenezer Howard en


1898, dans son livre To-morrow : A peaceful path to real reform. C'est une manière de penser
la ville qui s'oppose à la ville industrielle polluée et dont on ne contrôle plus le développement
pendant la révolution industrielle et qui s'oppose également à la campagne (considérée comme
trop loin des villes). Son concept est mis en application par Raymond Unwin dans la
réalisation des villes de Letchworth Garden City et de Welwyn Garden City, au nord de
Londres, ainsi que d'une « banlieue-jardin » immédiatement au nord du quartier londonien de
Hampstead, baptisée Hampstead Garden Suburb. Puis le modèle se répand un peu partout
dans le monde.

« Une cité-jardin est une ville conçue en vue d'assurer à la population de saines
conditions de vie et de travail ; les dimensions doivent être juste suffisantes pour permettre le
plein développement de la vie sociale ; entourée d’une ceinture rurale, le sol étant dans sa
totalité propriété publique ou administré par fidéicommis pour le compte de la communauté.
» Définition d’Ebenezer Howard, Town Planning Association
« Ville de dimension limitée, construite dans un cadre rural et qui vise à offrir une
alternative aux grandes villes et aux banlieues industrielles »

IV-1. Le concept initial de la cité-jardin


En 1898, Ebenezer Howard fait paraître son ouvrage To-morrow : A Peaceful Path to
Real Reform (Demain, une vraie réforme par une voie pacifique) dans lequel il y décrit son
concept de cité-jardin. Son projet est une critique directe de la concentration du système
capitaliste anglais. Il s'inspire pour cela d'expériences urbanistiques patronales anglaises
réalisées par des industriels novateurs, tels que William Lever, créateur de Port Sunlight
fondée en 1888 à proximité de Liverpool ou George Cadbury, créateur de Bournville, dans la
banlieue de Birmingham, dans les années 18903.

Caractéristiques de la cité-jardin de Howard :

- une maîtrise publique du foncier (ce dernier appartient à la municipalité afin d'éviter
la spéculation financière sur la terre) ;
- la présence d'une ceinture agricole autour de la ville (pour l'alimenter en denrées) ;
3
Ginette Baty-Tornikian, op. cit., 2001, p. 35-37
17
- une densité relativement faible du bâti (environ 30 logements à l'hectare, bien que ce
point ne soit jamais mentionné, mais seulement déduit) ;
- la présence d'équipements publics situés au centre de la ville (parcs, galeries de
commerces, lieux culturels) ;
- la maîtrise des actions des entrepreneurs économiques sur l'espace urbain :
Howard est un partisan de la liberté d'entreprendre tant que l'activité ne nuit pas à
l'intérêt collectif. La présence ou non d'une entreprise dans la ville est validée ou
refusée par les habitants via la municipalité.

À terme, la cité-jardin ne devait pas rester un élément solitaire, mais devait faire partie
d'un réseau plus large constitué de cités-jardins identiques de 30 000 habitants sur 2400
hectares, elles-mêmes situées autour d'une cité-jardin plus grande d'environ 58 000 habitants.
L'ensemble étant relié par un réseau ferré dense.

Dès 1903, Howard cherche à mettre en application ses principes urbanistiques, en


réalisant la cité-jardin de Letchworth, à 60 km au nord de Londres, ville dont les plans seront
réalisés par Barry Parker et Raymond Unwin. En 1919, il renouvelle l’expérience et crée
Welwyn, d’après les plans de Louis de Soissons.

L'idée de décentralisation sera reprise au cours des années d'après-guerre comme base
théorique du plan de développement du Grand Londres. De même, la réalisation des villes
nouvelles autour de Paris ou de Lille sera fondée sur ce principe.

En dehors des réalisations effectuées en Angleterre, aucune autre ne reprendra le


concept dans son intégralité. C'est ainsi que l'on qualifiera, par erreur, de cité-jardin, toutes les
réalisations urbaines mariant construction et nature.

18
I- Le mouvement moderne – les CIAM et les Banlieues.

19
Notes et références

Ebenezer Howard, To-Morrow, A peaceful Path to real Reform (Demain, une voie pacifique
vers la réforme sociale), Routeledge, Londres, New York, 2003, 220 p. (1re edition 1898)

Ebenezer Howard, Garden Cities of To-Morrow (Cités-jardins de demain), Book for business,
New York, 2001, 167 p. (1re edition 1902, édition française : éd. Sens & Tonka, 1998)

Georges Benoît-Lévy, La Cité-jardin, éd. H. Jouve, 1904, 287 p., rééd. et augmenté en 1910

« Urbaniste... Je suis urbaniste.  »

« Urbaquoi ? »

« Urbaniste. »

« Ah, comme architecte quoi. T'es architecte en fait ! »

« Non, non, urbaniste.. »

« Ah... Et...euh... t'es pas un peu architecte quand même ? »

A cette interrogation récurrente et insistante entendue par certains urbanistes de la bouche de


personnes de leur entourage, fait notamment écho la plus grande notoriété de l'architecte, face
à un urbaniste, à porter, incarner la conception de la ville. Aujourd'hui, les plus grands et
prestigieux projets d'urbanisme sont portés par des architectes visionnaires. Pourtant,
urbaniste et architecte sont complémentaires afin de concevoir la ville de manière équilibrée.
L'urbaniste se distingue – lui aussi – à travers certains fondamentaux. Petite plaidoirie en 7
actes - 7 différences essentielles - pour prendre la défense de l'urbaniste ! Sans pour autant
renier les indéniables et excellentes qualités de nos meilleurs amis/ennemis architectes.

7 différences architecte/ urbaniste

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1° L'urbaniste est censé avoir une vision large de la ville, ne pense que rarement à l'échelle du
bâtiment mais davantage à celle du quartier et de la ville, cette échelle de réflexion est son
essence même. Alors que l'architecte focalise avant tout son attention sur les échelles du
bâtiment et de son environnement proche, ce qui est naturel vu que l'architecte conçoit le
bâtiment en lui-même... et parfois ce qu'il y a autour.

2° L'urbaniste a une vision à long terme, du point de vue des usages, du fonctionnement de
la ville. Au cœur de la réflexion urbaine, il y a toujours cette question : ce projet est-il pérenne
? Les habitants parviendront-ils à se l'approprier ? Quel sera son devenir dans 20 ou 30 ans ?
L'architecte y pense également largement, mais c'est là encore l'essence même de l'urbaniste
d'y veiller.

3° L'urbaniste joue le rôle de coordonnateur du projet urbain, s'il ne dispose pas de toutes les
connaissances il coordonne les prestataires (architectes, ingénieurs, bureaux d'études,
entreprises de bâtiment) qui les exécutent. Ou plutôt il essaye de le faire !

4° Qu'il exerce ou non sa profession dans le secteur public, l'urbaniste est presque toujours lié
dans le cadre de ses missions, aux collectivités et aux décideurs publics... et donc politiques.
Là où l'architecte peut n'exercer que pour des particuliers ou des entreprises, par choix.

5° L'urbaniste est formé le plus souvent à l'université voire en école d'ingénieur. Une
formation plus généraliste qui lui permet d'ouvrir son champ de vision et sa curiosité à
de nombreux domaines connexes à l'urbanisme, sans pour autant être nécessairement
un expert de tel ou tel domaine. Pourtant, certains urbanistes se spécialisent !
Urbanisme opérationnel (lié aux projets urbains), conception d'études urbaines ou de
documents de planification, développement local ou économique, habitat, transports,
cartographie... Le spectre est large !

6° L'urbaniste ne maîtrise que très rarement le moindre logiciel d'architecture ou de


dessin assisté par ordinateur, mais sait – enfin, euh, souvent – réaliser des cartes.

7° L'urbaniste a néanmoins, le plus souvent, une vision moins technique et c'est la raison
pour laquelle il se place au cœur du projet urbain, à la croisée de tous les prestataires
qu'il coordonne. Dont... les architectes, dont il ne saurait se passer.

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Fin de la plaidoirie. A vous de juger ! Et pour prolonger par ailleurs de manière plus
soutenue la réflexion, on vous invite également à faire un tour du côté de cet article
d'Urbanews.fr : « La conception urbaine en France, une affaire d'architectes ? ». 

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