Vous êtes sur la page 1sur 6

LE MOBILIER URBAIN

I- DEFINITION

Le mobilier urbain peut ainsi être défini : « ensemble des objets ou dispositifs publics
ou privés installés dans l'espace public et liés à une fonction ou à un service offert
par la collectivité ». Autrement dit, le concept de mobilier urbain désigne l’ensemble
de tous les objets qui sont installés par les collectivités dans les espaces publics (lieux
de passage, de rassemblement, espaces communs) et mis à disposition des usagers.

Il peut donc aussi bien s’agir :


- de mobilier de repos (banc, banc public, banquette, siège, table),
- d’objets contribuant à la propreté de la ville (poubelles, corbeilles, sanitaires
publics),
- de boites aux lettres publiques,
- d'équipements d’éclairage public (réverbère, candélabres),
- de matériels d’information et de communication (kiosques à journaux, mâts
et colonnes porte-affiches, colonnes Morris, plaques de rues, affichage
d’informations municipales ou culturelles, tables d’orientation, cabines
téléphoniques),
- de jeux pour enfants,
- d'équipement pour les sports urbains (panneaux de basket, buts, Street
workout)
- d’objets utiles à la circulation des véhicules ou à la limitation de celle-ci
(potelets, barrières, bornes, horodateurs, range-vélos),
- de grilles, tuteurs et corsets d’arbres, de bacs à fleurs,
- de barrières de police (dites « barrières de foule ») notamment destinées à
soutenir la lutte contre le terrorisme,
- de points d'eau,
- d'édicules d'accès aux stations de métro,
- d'aubettes : des abris destinés aux usagers des transports en commun, etc.

Il faut noter que paradoxalement, on parle de mobilier alors que ces objets et
installations sont fixés au sol et non-déplaçables.

II- UNE BREVE HISTOIRE DU MOBILIER URBAIN

Depuis plus d’un siècle, le mobilier urbain participe activement à l’aménagement


des villes en les transformant et en les façonnant. L’histoire de ces meubles est celle
même de notre modernité et de l’émergence du design contemporain.
Un essor industriel qui entraîne l’expansion des villes

La révolution industrielle du XIXème siècle a un impact considérable sur le


développement du mobilier des villes. De nouveaux matériaux sont utilisés avec des
techniques inédites. Que l’on pense à l’acier, la fonte, le fer forgé ou le béton armé
qui bouleversera plus tard le secteur du bâtiment.

Parallèlement, la métallurgie et le chemin de fer transforment profondément les


sociétés européennes qui d’agraires deviennent industrielles.

L’augmentation de la population des villes fait naître de nouvelles préoccupations


pour les collectivités. Souci d’hygiène et de propreté avec l’apparition des égouts,
des poubelles publiques ; souci de sécurité avec les réverbères et l’éclairage public,
souci de salubrité de l’habitat.

La révolution haussmannienne et la naissance des grands boulevards

La politique de grands travaux mise en œuvre par le Baron Haussmann sous le


Second Empire est une étape décisive dans l’émergence de l’urbanisme moderne.
Les grands boulevards, les grandes places, les passages couverts et les jardins publics
et autres squares font leur apparition dans le territoire des villes.

L’espace public s’en trouve changé, nécessitant désormais un mobilier urbain


nouveau, tel les grilles d’arbres, bancs publics ou les plaques de rues. Les grands
immeubles se multiplient et nécessitent un équipement urbain important.

En même temps, le commerce connaît un dynamisme sans précédent : les galeries


marchandes et les grands magasins voient le jour, proposant des marchandises
encore inédites au grand public.

C’est également le début des prix affichés, sans oublier les fournisseurs spécialisés
qui voient leur nombre considérablement augmenter. Bref, la ville devient un lieu
de vie pratique mais aussi un espace de détente. De nouvelles lois apparaissent dans
les communes, avec le souci du respect des normes. Le mobilier urbain va voir son
offre se diversifier très rapidement.

Le développement des axes routiers exige un nouveau type d’équipements

Au milieu du XXème siècle, le développement fulgurant de l’industrie automobile


va venir renforcer l’utilité des équipements de ville.

Les axes routiers se multiplient et demandent un mobilier professionnel adapté.

2
Les barrières de villes, bornes de délimitation et autres panneaux de signalisation
font désormais partie de l’environnement urbain, pour la sécurité des citadins,
piétons ou automobilistes.

La notion de paysage des villes devient elle aussi un souci contemporain.

L’esthétique n’est plus un luxe mais devient une préoccupation essentielle des
communes.

Les meubles urbains destinés à embellir l’espace public se multiplient : fontaines


urbaines et bacs à fleurs répondent aux besoins d’une population urbaine qui
considère désormais la ville comme également un espace de loisirs et de détente.

Le design devient une discipline à part entière et participe désormais à la création


d’un mobilier urbain contemporain soucieux de raffinement. La ville a désormais
une image de marque à faire valoir.

III- TYPOLOGIE DU MOBILIER URBAIN

Le mobilier urbain est conçu pour répondre à plusieurs problématiques comme la


détente, l’éclairage public, la propreté, la protection des usagers, etc. D’où le fait
qu’on dénombre plusieurs types de mobiliers urbains.

Les mobiliers urbains qui facilitent l’accessibilité à la voirie

Cette catégorie regroupe l’ensemble


des mobiliers destinés à garantir en
toute sécurité l’accessibilité aux
usagers. Il est question de passerelles,

de chaussées, de séparateur de voies, de


clous podotactiles, etc. Cela implique
également les mobiliers pouvant faciliter
la circulation aux personnes à mobilité
réduite (PMR).

Les mobiliers de détente

Ces mobiliers ont pour rôle d’offrir aux usagers le


cadre idéal pour les rencontres ou la détente. Le

3
banc public, les chaises publiques ou les
tables de pique-nique permettent de se
détendre et d’évacuer le stress.

Il en va
de même
des sculptures, des fontaines d’eau, des
planchas et barbecues connectés. Ces
équipements donnent vie aux parcs et jardins
publics.

Les mobiliers urbains signalétiques

C’est l’ensemble des mobiliers de signalisation routière, thématique et


directionnelle. Ils permettent de mieux organiser la circulation dans les villes et
villages. Une catégorie composée des clous urbains pour marquer les zones et des
plaques et mobiliers pour mieux orienter.

On dénote aussi dans cette catégorie, les bornes urbaines, les supports à vélos et les
barrières de ville. Ces équipements sont utiles pour le partage urbain (pistes
cyclables, automobiles, piétons, skate, hoverboard, gyroroue, trottinette, etc..).

Les mobiliers d’éclairages et d’habillage urbain

Il s’agit des lampadaires publics, des


éléments de pavage et de dallage.
Des équipements qui garantissent une
sécurisation et une valorisation de
l’espace urbain.

Sur le plan écologique, les espaces


verts jouent un rôle prépondérant. À

4
cet effet, cette catégorie peut s’étendre aux
mobiliers destinés à les protéger de manière
efficace. Nous pensons notamment aux
entourages d’arbres, aux protecteurs
d’arbres et jardinières.

Les mobiliers pour la préservation de la propreté

Ces mobiliers visent à lutter contre l’incivilité. On peut


donc énumérer l’implantation de poubelle publique pour
amener les usagers à ne pas
jeter les détritus et déchets
au sol.

Aussi, on peut inclure les cendriers publics. Ceux-ci


visent à éviter les dépôts de mégots de cigarettes au
sol.

IV- CRITIQUE DU ROLE ET DE L’IMPORTANCE DU MOBILIER


URBAIN DANS L’ESPACE PUBLIC

Sur chaque projet d’aménagement des espaces publics, le rôle et l’importance du


mobilier urbain est toujours un sujet particulier. On peut d’ailleurs se poser la
question de savoir à quel moment ce sujet arrive-t-il dans le processus de conception
: est-ce quelque chose qui est intégré d’entrée dans le projet, ou cela apparaît-il plutôt
comme des rajouts au fur et à mesure d’un travail plus global sur l’espace ?

Ainsi, après avoir traité le partage des espaces publics entre piétons, automobilistes,
transports publics et vélos, réglé la gestion des flux et des fonctionnalités, adapté le
projet aux problématiques techniques de nivellement et d’assainissement, arrive le
moment du concept développant une typologie de revêtements, un traitement des
espaces verts et de la lumière, et bien entendu du choix du mobilier : potelets,
barrières, bancs, luminaires, poubelles, leurs couleurs, leurs designs, leurs
positions…

Et finalement la question du mobilier se pose très vite, car le mobilier doit dialoguer
avec le projet, le structurer, lui être complémentaire et non surajouté. Avec
5
également des projets où la frontière entre mobilier et architecture ou entre mobilier
et sol est moins nette, le mobilier n’est plus alors forcément un objet.

Vue du mobilier urbain à la station de tramway du Marché central de Casablanca

Le mobilier urbain est donc tout à la fois porteur d’une approche fonctionnaliste et
le vecteur d’une identité du projet. Le mobilier de l’espace public fait d’ailleurs
aujourd’hui l’objet d’attentes qualitatives fortes en tant que véritable outil
d’aménagement urbain. Il existe dans la définition même du terme « mobilier urbain
» la volonté d’harmonisation, d’homogénéisation et d’appartenance : des objets
rendant service, venant faciliter et embellir la vie des citoyens d’une ville.

Pourtant, le mobilier urbain disposé est trop souvent le produit d’usages spécifiques
très (trop) déterminés, qui ne laisse pas suffisamment place à des questions plus
larges sur la nature de ces usages mêmes. Le potelet par exemple sert à canaliser les
flux des automobilistes, à interdire leurs stationnements : il est porteur de
contraintes et d’interdiction fonctionnelles fortes. Ne devrions-nous pas plutôt nous
poser la question de comment le piéton traverse, marche, et comment la voiture se
déplace ? Egalement, comment se rencontrer ou échanger pour les bancs ?

Les designers de ces mobiliers urbains doivent être en mesure d’inventer,


d’expérimenter de nouvelles pratiques, de nouveaux concepts. Plus que l’artiste qui
nous amène à remettre en question notre compréhension de la réalité, le designer
de mobilier urbain doit proposer des solutions innovantes et inventer de nouvelles
possibilités dans le but d’améliorer la qualité de vie.

Vous aimerez peut-être aussi