Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Nous, citoyens de Paris sous votre administration, avons bien pris connaissance de votre décision de faire expulser
du gymnase situé 100, rue de la Fontaine au Roi, dans le 11e arrondissement, les réfugiés Tunisiens qui l'occupent.
Nous observons qu'à la suite des violentes opérations policières dont ils ont été victimes sur le territoire parisien
depuis 3 semaines, ils auront été maltraités aussi bien par vos services que par le gouvernement français. En
réitérant l'opération du 51 avenue Simon Bolivar dans le 19e, la préfecture de Police fera usage de sa force... une fois
encore sur votre ordre.
→ Compte tenu des circonstances exceptionnelles ayant entrainé ces jeunes gens à tenter l'aventure migratoire:
grave crise économique suite au renversement d'un régime dictatorial, entrée en guerre de la Libye voisine avec
fermeture de la frontière,
→ compte tenu de l'appel réitéré des décideurs économiques (y compris le Medef) à ne pas fermer la porte à une
nécessaire immigration économique,
→ compte tenu de l'appel de la ministre française de l'économie à une immigration légale "protégée et sécurisée",
→ compte tenu de l'absence d'application d'un accord entre la France et la Tunisie entré en vigeur en 2009 et qui
prévoyait l'allocation de 9000 titres de séjour aux Tunisiens par la France,
→ compte tenu de l'avancée des négociations bilatérales visant à une simplification des procédures permettant la
venue de travailleurs tunisiens,
et,
→ eu égard au rôle humanitaire de la Tunisie dans l'accueil de quelques 400 000 réfugiés provenant de Libye qui
fuient le conflit armé auquel notre pays participe,
→ eu égard au rôle du 4e régiment des tirailleurs tunisiens en 1944 dans la libération de notre pays,
→ eu égard au caractère illégal de la politique gouvernementale à l'égard des tunisiens de Lampedusa,
nous, citoyens de Paris, sommes en droit d'espérer un comportement exemplaire de nos élus dans le traitement des
réfugiés tunisiens arrivés à Paris.
Nous sommes en droit d'espérer que nos élus saisissent l'opportunité de revenir à la légalité et à la loyauté dans la
conduite de la politique migratoire française.
Nous sommes en droit d'espérer que nos élus profitent de l'occasion pour mettre en avant les valeurs républicaines
qui sont quotidiennement bafouées par les dérives xénophobes du gouvernement.
Nous souhaitons vivement que vous saurez vous montrer sensible à notre interpellation et que très vite notre ville
retrouvera cette image d'accueil et de solidarité à laquelle nous sommes très attachés.