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* Université Paris-Dauphine, PSL Research University, CNRS, UMR 7088, DRM Finance.
Correspondance : Place du Maréchal de Lattre de Tassigny, 75016 Paris. Courriel : herve.
alexandre@dauphine.fr
** CRESE EA3190, Université de Bourgogne Franche-Comté. Correspondance : 30 avenue
de l’Observatoire, BP 1559, 25009 Besançon. Courriels : francois.guillemin@univ-fcomte.fr,
catherine.refait-alexandre@univ-fcomte.fr
Les auteurs remercient pour leurs commentaires constructifs les participants aux 32es Journées de
microéconomie appliquée, les participants au 32e colloque international du groupement de recherche
européen « Monnaie, banque et finance », et les participants au séminaire du CRESE (Université
de Franche-Comté). Ils remercient également les rapporteurs anonymes. Ils ont tous aidé à l’amé-
lioration de ce travail.
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a negative impact: information thus reduces risk premiums. However, the global
disclosure increases the CASC, since investors may disapprove the disclosure of
too much abundant and broad information.
INTRODUCTION
1. Pour plus de détails, voir par exemple Hull, Predescu et White [2004].
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2. L’objectif des exercices de stress tests au sein du secteur bancaire européen est de vérifier si
le niveau de fonds propres des banques est suffisant pour faire face à des chocs exogènes.
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proposons ensuite une analyse descriptive de ces dernières. Enfin, nous présen-
tons les résultats du modèle principal, ainsi que des tests de robustesse effectués,
avant de conclure.
L’objectif de cette section est tout d’abord de présenter les deux champs de
littérature sur lesquels repose notre article : la littérature relative aux liens exis-
tants entre la transparence des banques et la stabilité financière d’une part et la
littérature consacrée à la résilience des banques durant la crise européenne des
souverains d’autre part. Nous explicitons ensuite les hypothèses testées dans cet
article.
3. Pour plus de détails sur l’impact de la transparence sur les marchés financiers, voir par exemple
Farvaque, Refait-Alexandre et Saïdane [2011].
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4. En effet, la littérature montre que les spreads de CDS s’accroissent lorsque le risque de défaut
augmente (voir par exemple Annaert et al. [2013]).
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Description de l’échantillon
Notre étude porte sur les banques européennes qui ont participé aux exer-
cices de recapitalisation organisés par l’EBA en 2011 et 2012, afin d’exploiter
les informations fournies par leurs rapports : l’exposition au risque souverain
et les actifs pondérés des risques (APR). Soixante-dix-neuf banques ont parti-
cipé à l’exercice en 2011 et 61 en 2012. Afin d’obtenir un échantillon unique
sur l’ensemble de la période, nous considérons uniquement les 59 banques qui
ont participé à l’exercice à la fois en 2011 et en 2012. De plus, nous restrei-
gnons l’échantillon aux banques pour lesquelles des CDS ont été émis. Notre
échantillon contient ainsi les 47 banques respectant ces trois conditions. Nous
utilisons également les bases de données Bloomberg et Bankscope (du Bureau
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van Dijk). La base de données Bloomberg fournit les spreads de CDS. La base
de données Bankscope fournit les données comptables et les informations
relatives au capital Tier 1 (les fonds propres de base). Nous construisons des
indices de transparence bancaire en nous fondant sur l’analyse de leurs rapports
d’activité. L’échantillon contient de larges banques internationales telles que
la Deutsche Bank, qui présente l’actif total le plus important de l’échantillon
(plus de 2 655 138 millions de USD). Notre échantillon inclut d’autres grandes
banques comme BNP Paribas, Crédit Agricole ou HSBC. La banque dont l’actif
total est le plus faible est Banco Pastor avec 39 301 millions de USD ; l’actif total
des banques de l’échantillon est en moyenne égal à 697 663 millions de USD.
La répartition géographique des banques au sein de l’Europe est assez uniforme,
mais laisse une plus grande place à l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. Les plus
grandes banques sont situées en France, au Royaume-Uni et en Allemagne. De
plus, 37 banques sur les 47 font partie de la zone euro, et 14 banques ont leur
siège au Portugal, en Irlande, en Grèce et en Espagne.
5. La dégradation de la note d’un pays peut être interprétée comme un ajustement lorsque le
pays est dans une situation telle qu’elle correspond aux prévisions économiques antérieures. Par
exemple, si les prévisions économiques pour l’Espagne sont négatives, et que six mois plus tard
l’agence de notation dégrade sa note, cette dégradation peut être considérée comme un ajustement
car elle était anticipée.
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Nous analysons l’évolution des spreads de CDS des banques sur la période
allant du 1er janvier 2011 au 30 juin 2013. Notre échantillon contient 742 obser-
vations : 47 banques sur 16 événements. La variable dépendante est la VACS
de CDS afin de mesurer la réaction du marché à la dégradation d’une note de
crédit souverain. Pour chaque événement et pour chaque banque, nous déter-
minons la VACS sur différentes fenêtres : de cinq jours avant l’événement à
cinq jours après l’événement ; de deux jours avant l’événement à deux jours
après l’événement. Nous envisageons également des fenêtres post-événement :
cinq jours après l’événement et deux jours après l’événement. Le choix de
plusieurs fenêtres nous permet d’analyser plus en détail la réaction des spreads
de CDS et de vérifier la robustesse de nos résultats (voir MacKinlay [1997] ou
De Bruyckere et al. [2013]). Le modèle empirique estime la relation entre les
VACS et quatre différents groupes de variables indépendantes (cf. infra). Ces
variables mesurent la transparence vis-à-vis du risque souverain, la transparence
globale, l’exposition au risque souverain et des variables de contrôle explicitées
infra. Le modèle que nous estimons peut être résumé par :
Variables dépendantes
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Variables de contrôle
Il est tout d’abord nécessaire d’intégrer à l’analyse le fait qu’une banque
soit localisée dans le pays dont la note est dégradée. La variable Domestique
est égale à 1 dans ce cas, 0 sinon. Cette variable est censée avoir un impact
positif sur la VACS, car un État fortement endetté peut difficilement fournir
un soutien financier efficace au système bancaire national. Afin de tenir
compte des difficultés économiques particulières de la zone euro sur la
période, nous considérons la variable Zone euro, égale à 1 si la banque est
localisée dans un État de la zone euro, 0 sinon. Notre échantillon est composé
de 37 banques qui sont situées dans un pays membre de la zone euro. Deux
anticipations sur le signe de cette variable sont envisageables. D’un côté, la
variable Zone euro peut avoir un impact négatif sur la VACS, si les partici-
pants du marché des CDS anticipent que la puissance des institutions de la
zone euro est apte à assurer la stabilité de toute la zone, même en période de
troubles économiques et monétaires. De l’autre côté, la variable Zone euro
peut avoir un impact positif sur la VACS, si les participants du marché des
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CDS anticipent que la situation dans cette zone est tellement fragilisée que
la stabilité ne peut être assurée. Nous portons ensuite une attention particu-
lière aux pays les plus touchés par la crise des souverains : Portugal, Irlande,
Grèce et Espagne. Ces quatre pays ont bénéficié d’un plan de sauvetage d’ur-
gence de la part de la BCE pendant notre période d’analyse. Ces pays sont
moins capables que les autres pays de l’échantillon d’assurer un processus
de bailout en cas de défaut des banques domestiques à cause de leur haut
niveau d’endettement. La variable PEC prend la valeur 1 si la banque est
localisée dans l’un de ces quatre pays. Cette variable est supposée avoir
un impact positif sur la VACS. Nous considérons également une variable
croisée mesurant l’exposition à la dette souveraine des PEC quand la banque
est localisée dans l’un de ces quatre pays : PECxExposition aux PEC. Nous
contrôlons aussi le risque de la banque avec trois variables. La variable Tier 1
est le ratio de fonds propres de base (actions ordinaires et titres subordonnés
sans maturité). Cette variable joue négativement sur le risque de défaut de
la banque, et elle est donc supposée influencer négativement la VACS. Les
actifs pondérés des risques (variable APR), qui servent au calcul du capital
réglementaire dans le cadre des accords de Bâle, constituent une mesure du
risque de la banque et sont donc supposés avoir une influence positive sur
la VACS. Enfin, nous considérons la variable Prêts non performants, égale
au pourcentage de prêts non performants dans le portefeuille de prêts de la
banque. Un prêt est considéré comme non performant si le débiteur n’a pas
respecté ses engagements financiers depuis au moins 90 jours. Cette variable
est supposée influencer positivement la VACS.
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L’objectif de cette section est de présenter une analyse statistique des diffé-
rentes variables utilisées, en commençant par les variables dépendantes, puis les
différentes variables indépendantes : les mesures de la transparence, les mesures
de l’exposition au risque souverain et enfin les variables de contrôle.
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Afin de montrer les effets avant et après la dégradation des notes souveraines,
les figures 1 et 2 présentent l’évolution de la VAS de cinq jours avant à cinq jours
après l’annonce. Nous sélectionnons deux dégradations de note. Le 2 avril 2011
(figure 1) correspond à la dégradation de la note du Portugal par Fitch, passant
de A– à BBB+. Le 19 novembre 2012 (figure 2) correspond à la perte de la note
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– 2,0000
– 4,0000
– 6,0000
– 8,0000
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la plus forte aux PEC est celle de BBVA (banque espagnole) pendant les deux
années. Concernant la dernière variable (l’exposition aux dégradations de note),
les commentaires sont similaires : l’exposition moyenne aux pays dont la note
a été dégradée décroît, ainsi que la dispersion de cette exposition. L’exposition
maximale est détenue par BNP Paribas en 2011 et en 2012. L’évolution négative
de ces trois variables indique que le plan de la BCE pour réduire l’exposition
au risque crédit des pays sous sa surveillance et sous la surveillance du Fonds
monétaire international (FMI) a été une réussite.
Cette section présente tout d’abord les résultats de nos modèles principaux.
Nous analysons l’impact de la transparence, de l’exposition au risque souverain
et des variables de contrôle. Puis différents tests de robustesse sont proposés afin
de conforter nos résultats.
Deux régressions sont estimées pour chacune des quatre fenêtres autour des
dégradations de notes (tableaux 5 et 6). Dans la première colonne, les exposi-
tions brutes vis-à-vis du risque souverain sont prises en compte alors que dans la
seconde colonne, ce sont les expositions nettes vis-à-vis du risque souverain qui
sont considérées. Quelle que soit la fenêtre, et que l’on envisage les expositions
en valeur nette ou en valeur brute, la transparence vis-à-vis du risque souve-
rain exerce une influence négative sur la VACS. Ces résultats sont cohérents
avec le cadre théorique et les hypothèses testées : la transparence vis-à-vis du
risque souverain participe à la réduction de la valeur des spreads de CDS. Cet
impact confirme les résultats de la littérature relative au rôle de la transparence
dans la réduction de la volatilité sur les marchés financiers (voir Baumann et
Nier [2004] ou Akhigbe et Martin [2008]). Par ailleurs, la transparence globale
accroît la VACS : une communication générale et abondante ne rassure par les
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R2
0,62 0,62 0,61 0,61
R2 ajusté 0,60 0,60 0,60 0,60
F(15, 477) 52,07 52,06 49,68 50,06
p-value 0,00 0,00 0,00 0,00
Note : L’échantillon complet contient 752 observations de 2011 à 2013. Les variables dépendantes sont les
variations anormales cumulées des spreads de CDS sur deux fenêtres différentes. Les variables ont été définies
précédemment. Elles sont toutes présentes dans les régressions. Les régressions par MCO sont corrigées de l’hété-
roscédasticité par la méthode de White. Les valeurs des tests t sont données entre parenthèses. ***, **,* indiquent
une significativité statistique respectivement à un seuil de 1 %, 5 % et 10 %.
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intervenants sur le marché des CDS. Ce résultat montre que les investisseurs
recherchent une information plus orientée, plus spécifique, pour fonder leurs
anticipations et calculer la prime de risque exigée. Au contraire, la communica-
tion d’éléments qui sont plus en lien avec la situation financière et économique
préoccupante de l’époque est plus à même de réduire les spreads de CDS. La
transparence spécifique est donc récompensée par les investisseurs via une valeur
amoindrie des spreads, alors que la transparence globale, potentiellement jugée
vague, augmente les spreads. Ce résultat est en lien avec celui d’Ellahie [2012]
et avec la littérature théorique en microstructure des marchés qui montre que la
transparence peut accroître l’asymétrie d’information sur les marchés financiers
et ainsi conduire à des primes de risque accrues. Nous estimons à nouveau nos
principaux modèles économétriques afin de vérifier si les investisseurs sont plus
sensibles à la dimension qualitative (par exemple la qualité des éléments relatifs
au risque souverain) ou, au contraire, la dimension quantitative (par exemple le
nombre de pages consacrées au risque souverain) de l’information communi-
quée. Nous décomposons les deux indices de transparence de manière à séparer,
au sein des éléments qui les constituent, ceux dont la nature est qualitative de
ceux dont la nature est quantitative. Nous considérons deux fenêtres et réalisons
les régressions pour VACS0,+5 et VACS−5,+5 . Les résultats sont présentés dans
le tableau 7. La stabilité des résultats montre que les investisseurs sont plus
attentifs au sujet de l’information communiquée qu’à la nature de cette commu-
nication. Ils semblent en effet souhaiter et valoriser à la fois une information
plus abondante et de meilleure qualité, dès lors que cette information porte sur
le risque souverain.
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L’analyse du rôle joué par l’exposition des banques au risque souverain fournit
plusieurs résultats. Le ratio de l’exposition totale sur l’actif total (Exposition rela-
tive) a une influence positive et significative sur la variation anormale cumulée
du spread de CDS. Ce résultat est cohérent avec les hypothèses testées : plus une
banque est impliquée dans le marché de la dette souveraine, plus l’accroissement
du spread de ses CDS est fort. Les investisseurs informés réagissent au montant
de l’exposition globale aux dettes souveraines, y compris celles qui ne sont pas
directement concernées par la dégradation. Ce résultat, robuste quelle que soit la
fenêtre considérée, confirme que les investisseurs prennent en compte la nature
systématique du risque souverain (Longstaff et al. [2007]).
Les investisseurs sont également attentifs à l’exposition de la banque à la
dette souveraine des pays en crise. En effet, Exposition aux PEC a un impact
significatif et négatif sur la variation anormale cumulée du spread de CDS. Ce
résultat est un peu surprenant, car on peut au contraire s’attendre à ce qu’une
banque voit le spread de ses CDS augmenter plus lorsqu’elle est plus fortement
exposée aux pays les plus fragiles. Le résultat obtenu peut être expliqué par la
nationalité des banques qui, tout en détenant de la dette des pays en crise, ne sont
pas localisées dans l’un de ces quatre pays. Si une banque allemande possède
un montant important de titres de dette de l’État italien, les investisseurs sont
peu inquiets de cette situation grâce à la solvabilité du gouvernement allemand.
Cette idée est confirmée par le rôle joué par la variable croisée PECxExposition
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aux PEC qui, en effet, a un impact positif et significatif sur la variation anormale
cumulée du spread de CDS. Ce résultat montre que les investisseurs sont plus
enclins à réviser à la hausse leur exigence de spread de CDS quand la banque
exposée au risque des PEC est elle-même localisée dans l’un de ces quatre pays :
le niveau d’endettement élevé des gouvernements grec, italien, portugais et irlan-
dais réduit leur capacité à assurer un soutien au système bancaire national et
donc à garantir la stabilité de ce système. Nos résultats sont cohérents avec ceux
d’Arnold [2012] qui montre que la réaction des CDS des banques aux variations
des spreads de CDS des risques souverains est plus importante lorsqu’elles sont
plus exposées au risque souverain, spécialement pour les banques situées dans
les PEC.
L’exposition totale aux pays dont la note a été dégradée pendant la période
(Exposition aux dégradations de note) influence positivement et significative-
ment la variation anormale cumulée du spread des CDS, ce qui est cohérent avec
nos hypothèses. Ce résultat est robuste quelle que soit la fenêtre considérée. Les
investisseurs réagissent donc aux annonces de dégradation lorsqu’une banque
détient de la dette souveraine qui a été, qui est ou qui sera dégradée. Les inves-
tisseurs sont ainsi fortement sensibles à l’ensemble des dégradations de note
pendant la période, quel que soit le pays affecté par l’événement considéré. Le
risque souverain est donc bien perçu comme global (en lien avec Longstaff et al.
[2007]). Ce résultat est cohérent avec le fait que l’exposition nette et l’exposition
brute n’ont pas toujours un impact significatif sur la VACS, et ce, aussi bien à
court terme qu’à moyen ou long terme. Cela pourrait être expliqué par le fait
que les banques ne sont pas spécifiquement affectées par un événement pour un
pays unique, mais de manière globale, en fonction de leur exposition totale au
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Les conclusions relatives à la relation entre les variables PEC et VACS vont
dans le même sens. En effet, la variable PEC a un impact significatif et positif sur
la variation anormale cumulée du spread de CDS. Ce résultat montre à nouveau
que les investisseurs tiennent compte de la nationalité de la banque dans leur
exigence de spread. Qu’une banque soit localisée dans l’un des quatre pays les
plus touchés par la crise des souverains conduit à une augmentation de son risque
de défaut perçu, car la capacité de ces États à assurer une procédure de bailout
aux banques en difficulté est jugée faible.
Le fait que les investisseurs soient sensibles à la nationalité de la banque est
également confirmé par l’impact positif de la variable Zone euro sur VACS :
ceteris paribus, une dégradation affecte plus le spread du CDS d’une banque si
celle-ci est localisée au sein de la zone euro que si elle n’en fait par partie. Ce
résultat est robuste quelle que soit la fenêtre considérée. Il tend à montrer que
les investisseurs sont inquiets vis-à-vis de la stabilité financière et monétaire au
sein de la zone euro et certainement vis-à-vis de la cohésion même du système
bancaire au sein de cette zone.
Enfin, concernant les variables qui appréhendent le risque de défaut de la
banque, la variable Tier 1 présente un coefficient globalement significatif et
négatif. Cela signifie qu’en moyenne, plus la banque présente un ratio de capital
Tier 1 élevé, plus la variation anormale cumulée du spread de CDS est faible à
l’annonce d’une dégradation, ceteris paribus. Ce résultat est cohérent avec les
objectifs des accords de Bâle III : un Tier 1 élevé renforce la stabilité financière
des banques, ce que les investisseurs reconnaissent en exigeant un accroissement
moindre de la prime de risque à l’annonce d’une dégradation. Par contre, la
variable APR n’est jamais significative. Ce résultat est intéressant dans le sens
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Tests de robustesse
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CONCLUSION
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que l’exposition de la banque au risque souverain est forte. Ce qui est frappant,
c’est que l’exposition globale à l’ensemble des pays touchés par la crise a un
rôle prépondérant, et influence plus la variation anormale cumulée des spreads
de CDS que l’exposition au pays dont la note vient d’être dégradée. Ce résultat
montre que les marchés financiers ont perçu le risque de crédit souverain en
Europe non pas comme un risque idiosyncratique, spécifique à chaque pays,
mais comme un risque systématique, dû à des causes communes à tous les pays
de l’Union européenne. Cela est sans doute le signe de la confiance que les
investisseurs portaient en la volonté des institutions européennes de trouver une
solution et une issue communes à la crise.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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