Vous êtes sur la page 1sur 9

Licence de Mécanique

Département de Mécanique
http://mecanique.univ-lille1.fr

Méthode et Projet Expérimental 2


Couche limite sur une plaque plane

Objet de la manipulation et rappels de cours


L’objet de la manipulation est d'étudier expérimentalement la couche limite formée le
long d’une plaque plane.

Considérons un solide placé dans un courant de vitesse au loin U. Désignons par 𝜈 la


viscosité cinématique du fluide , par L une dimension caractéristique du solide et par
ReL=UL/𝜈 le nombre de Reynolds formé avec U et l.
- Pour ReL >>1 l'étude des formes limites des équations indique qu'il est possible de
rencontrer dans le fluide deux domaines où les équations de première approximation
ont des formes différentes :

 Un domaine d’épaisseur mince entourant le solide et où les forces d'inertie, de


pression et de viscosité sont toutes du même ordre de grandeur en général : c'est
la couche limite.

 Un domaine extérieur à la couche limite où les forces de viscosité peuvent être


négligées : dans ce domaine le fluide se comporte comme un fluide non
visqueux.

Dans le cas de la plaque plane parallèle au vent au loin la pression est constante.
La répartition des vitesses dans la couche limite à une abscisse x dépend du nombre
de Reynolds Rex=Ux/𝜈. En dessous d'une certaine valeur de Rex, dite valeur critique
ou de transition, on a une couche limite laminaire; au-dessus de cette valeur la couche
limite est turbulente; au voisinage de cette valeur on a une couche limite en transition.
Pour U et 𝜈 donnés, la valeur critique de Rex définit un point dit point de transition.

La valeur du nombre de Reynold de transition peut être diminuée en créant


artificiellement de la turbulence : on dit que l'on déclenche la transition de la couche
limite.

Manipulation
Pour régler la soufflerie pousser le grand rhéostat au maximum et amener la manette
du petit rhéostat sur le 3e ou le 4e plot.
Licence de Mécanique
Département de Mécanique
http://mecanique.univ-lille1.fr

Cela étant, le nombre de Reynolds, Re=UL/𝜈, formé avec la 1ongueur L de la plaque


est inférieur au nombre de Reynolds critique. On est donc amené, pour étudier la
couche limite turbulente, à déclencher artificiellement la transition. Cela se fait ici sur
une moitié de la plaque en collant une mince bande de papier adhésif au bord d'attaque
de la plaque, perpendiculairement à la direction de l’écoulement.

La vitesse est déduite des mesures de pression statique PS et de pression d'arrêt PA


l'aide de la formule u = [2(PA-PS)/𝛒]0.5 où 𝛒 est la masse volumique de l’air. Cette
formule, établie en fluide isovolume non visqueux, reste valable en fluide visqueux si
le diamètre du pitot (qui est ici de 0,5 mm) est suffisamment petit à l'égard de
l'épaisseur de la couche limite, et si les mesures ne se font pas trop près de la paroi.

La mesure de PA-PS à l’extérieur de la couche limite permet de déterminer U.

Le pitot utilisé pour mesurer PA-PS est fixé à un montant pouvant se déplacer
verticalement : les déplacements sont mesurés au vernier (un tour de vernier
correspond à un déplacement de 1 mm).

A. ETUDE DE LA COUCHE LIMITE LAMINIINAIRE


a) Mesurer la pression statique le long de la paroi, x variant de 5 cm en 5 cm

b) Faire tangenter le pitot d'arrêt et mesurer PA-PS le long de la paroi, x variant


de 2 cm en 2 cm.

c) Faire une exploration verticale de PA-PS dans la couche limite aux abscisses
x = 200, 300 et 400 mm. Pour cela faire tangenter le pitot d'arrêt à la paroi et
le déplacer ensuite de 0,2 en 0,2 mm.
B. ETUDE DE LA COUCHE LIMITE AVEC DECLENCHEMENT DE LA
TRANSITION
a) Idem A.
b) Idem A , x variant maintenant de cm en cm. A partir de l'allure des variations
de PA-PS à la paroi, déterminer la zone de transition.·

c) Idem A pour 3 abscisses donnant une couche limite laminaire, une couche
limite au milieu de la zone de transition et une couche limite turbulente.

Compte rendu
Licence de Mécanique
Département de Mécanique
http://mecanique.univ-lille1.fr

Dans les cas A et B :

1. Vérifier que PS reste constante.

2. Représenter graphiquement PA-PS à la paroi en fonction de x

3. Représenter graphiquement, pour chaque valeur de x, u/U = f(y). En déduire


l'épaisseur de déplacement 𝛅* définie par

4. Représenter graphiquement u/U en fonction de y/𝛅*. Comparer les courbes obtenues


aux deux courbes théoriques tracées à l'aide des données suivantes :

Laminaire :
y/𝛅* 0.463 0.694 0.925 1.157 1.388 1.62 1.85 2.08 2.31 2.545 2.77 3.24

u/U 0.265 0.394 0.517 0.630 0.729 0.812 0.876 0.923 0.956 0.979 0.988 0.998

Turbulent:
y/𝛅* 0.088 0.26 0.5 1 2 3 4 5 6 7 8

u/U 0.5 0.6 0.652 0.722 0.8 0.86 0.91 0.95 0.975 0.994 1

Vérifier que dans le cas B toutes les courbes ont un point commun

5. Représenter graphiquement u/U(1-u/U) en fonction de y et en déduire l’épaisseur


de quantité de mouvement,

puis le paramètre de forme H=𝛅*/𝚹

6. Représenter graphiquement les variations de 𝛅* et de 𝚹 en fonction de x et


déterminer approximativement le bord d'attaque fictif de la plaque à l'aide des
formules suivantes, valables en laminaire
Licence de Mécanique
Département de Mécanique
http://mecanique.univ-lille1.fr

Coefficient de viscosité cinématique de l’air : 𝜈=15 mm2/s à 20°C

ANNEXE
Définition de la couche limite :
On considère une Couche Limite de l’épaisseur conventionnelle δ, une couche de transition entre la
vitesse nulle à laquelle les particules de fluide se trouvent au contact d’un corps et la vitesse qu’elle
adoptent suffisamment loin du corps (vitesse des particules libres de la friction suscitée par le corps,
nommée ue ci-dessous) :

La spécificité de la Couche Limite est que l’action des forces de friction y est sensible alors qu’en
dehors de la Couche Limite les forces de friction sont sans effet notable et que le fluide peut être
considéré comme un fluide Parfait (dénué de viscosité). On définit généralement l’épaisseur
conventionnelle δ de la Couche Limite comme la distance à la paroi où la vitesse des particules :
 atteint 99 % de la vitesse des particules hors Couche Limite,
 ou encore atteint 99 % de la vitesse qu’aurait à la même distance du corps les particules d’un
fluide parfait.
La plus grande vitesse dans cette couche possède donc le module 0,99 ue (cf. figure ci-dessous). Cette
épaisseur conventionnelle δ est parfois définie par le symbole δ99. Cependant, par raison de
simplification, c’est par la lettre δ que cette épaisseur conventionnelle est souvent symbolisée.
Licence de Mécanique
Département de Mécanique
http://mecanique.univ-lille1.fr

Que représente physiquement l’épaisseur de déplacement δ* ?


L’épaisseur de déplacement δ* représente le déficit en débit de fluide dû à la présence de la Couche
Limite autour du corps. Ce déficit est représenté ci-dessous par l’aire orange du schéma de gauche :
cette aire correspond au débit qui ne s’est pas opéré à cause du ralentissement des particules à
proximité du corps (une vitesse n’est pas un débit, mais le débit massique sur une hauteur élémentaire
dy est bien ρu(y)dy) 1 :

Le schéma de droite définit l’épaisseur δ* telle que l’aire orange qu’elle détermine avec la vitesse ue
est la même que l’aire orange du schéma de gauche.

Persuadons-nous d’ailleurs, par l’observation de ces schémas, que même si c’est une épaisseur
conventionnelle plus forte que δ99 qui est adoptée (δ999, par exemple), cette aire orange ne sera
modifiée que de façon négligeable du fait que, dans sa partie haute, la courbe de vitesse s’approche
asymptotiquement de la vitesse ue ; nous pouvons donc écrire : L’épaisseur de Déplacement δ* est
une caractéristique physique indépendante de l’épaisseur conventionnelle δ.

Que représente physiquement cette épaisseur de Quantité de Mouvement θ ?


L’épaisseur de Quantité de Mouvement θ représente le déficit en Quantité de Mouvement dans
la Couche Limite par rapport à ce qu’on aurait dans un écoulement de fluide parfait. Une autre

1
Pour une largeur unitaire d’écoulement dans la direction normale au plan de ce schéma.
Licence de Mécanique
Département de Mécanique
http://mecanique.univ-lille1.fr

définition est : l’épaisseur de Quantité de Mouvement mesure la perte de Quantité de


Mouvement due à la friction des particules de fluide à la surface du corps.

L’observation de la distribution des vitesses dans la Couche Limite :

Comme pour l’épaisseur de déplacement, même si c’était une épaisseur conventionnelle plus forte
que δ99 qui était adoptée (δ999, par exemple), l’intégrale donnant l’Épaisseur de Quantité de
Mouvement ne serait modifiée que de façon négligeable du fait que, dans sa partie haute, la courbe
de vitesse s’approche asymptotiquement de la vitesse ue. Nous pouvons donc écrire comme pour
l’épaisseur de déplacement : la quantité de mouvement θ est une caractéristique physique
indépendante de l’épaisseur conventionnelle δ.
Licence de Mécanique
Département de Mécanique
http://mecanique.univ-lille1.fr

ANNEXE
Détermination du vecteur vitesse par des mesures de pression grâce à des tubes de pitot

Un tube de pitot permet de déterminer la pression, le module et même la direction de la vitesse selon
le modèle utilisé. En effet, il existe plusieurs type de pitot que nous décrivons ci-dessous.

Pitot statique : un pitot statique est un tube fermé en bout, portant latéralement une couronne
d’orifice ; il donne une pression PB. Lorsque ce pitot placé parallèlement au vent, la pression qu’il
donne est égale à la pression PO1 dans le courant fluide.

V B
O1 Ligne de courant L1

Prise de D
pression Dh 
C liq

Pitot d’arrêt : est un tube ouvert à son extrémité ; il donne une pression PA. Lorsque ce pitot est placé
parrallèlement au vent, son extrémité vers l’amont, la pression qu’il donne est la pression d’arrêt P0.
En fluide isovolume

V étant la vitesse du vent au loin en amont et  la masse volumique du gaz

O2 Ligne de courant L2 A
Prise de
pression
D
Dh 
C liq

Pitot double : Le tube de Pitot doubl e est un appareil qui permet de mesurer la vitesse d'un
écoulement en un point grâce à la mesure d'une différence de pression. Il représente une application
directe de l'équation de Bernoulli. C'est un appareil simple et bon marché, fiable pour les fluides
Licence de Mécanique
Département de Mécanique
http://mecanique.univ-lille1.fr

parfaits. Son fonctionnement peut être schématisé de la manière suivante :

Le tube de pitot est positionné dans un écoulement stationnaire d'un fluide parfait incompressible de
masse volumique  (figure ci-dessous). Il est important de noter que le pitot est placé parallèlement
à la direction de l’écoulement. Certaines lignes de courant passent "d'un côté" du pitot, d'autres de
"l'autre côté" (cf. figure). La séparation se fait par une ligne frontière que rencontre l'obstacle en un
point A dit "point de stagnation" en lequel la vitesse du fluide est nulle. La pression pA en ce point
peut être mesurée en le reliant à un manomètre (cf. figure).
 B
O1 Ligne de courant L1 Tube de
O2 Ligne de courant L2 A Pitot
D
Dh 
C liq

Principe du tube de Pitot double

Soit O2 un point situé sur la ligne de courant L 2 rencontrant l'obstacle en A et O1 un point


juste au-dessus de O2 et situé sur la ligne de courant L1 passant par B. Si O 2 est situé suffisamment
loin en amont de l'obstacle et si l'écoulement est à vitesse uniforme avant de rencontrer
l'obstacle, représentera alors la vitesse de l'écoulement à l'infini amont (O1 et O2 étant
très proches et ayant la même vitesse et la même pression ).
Le tube de Pitot est relié à un manomètre différentiel rempli d'un liquide de masse volumique .
Montrons qu'alors la différence des niveaux du liquide dans le manomètre ( ), qui mesure en fait
la différence de pression entre les trous A et B , permet de calculer la vitesse de l’écoulement.
Sachant que et , en appliquant Bernouilli le long des deux lignes de courant
nous obtenons

(1)

(2)

Or nous avons la relation entre les points C et D : . En utilisant ce résultat et en


combinant les équation (1) et (2) on obtient alors
Licence de Mécanique
Département de Mécanique
http://mecanique.univ-lille1.fr

NB : il est à noter que le lorsque pitot double est placé parallèlement au vent, la différence de
pression qu’il donne est, en fluide incompressible, égale à la pression cinétique :
(équation (2)-(1)).

Clinomètre : il s’agit de tubes accolés, taillés en biseau à leurs extrémités. Quand la


différence de pression DP donnée par ces deux tubes est nulle, le clinomètre indique la
direction du vent.

Prises de
pression

Vous aimerez peut-être aussi