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CONTRÔLE PARENTAL.

Des parents d’élèves qui se faufilent (colarse) discrètement aux abords des cuisines centrales et
plongent la tête dans les poubelles à la recherche de preuves accablantes (abrumadoras), par
exemple, des emballages ne correspondant pas au menu du jour affiché (mostrar) sur le site de la
mairie… Une mauvaise histoire de pieds nickelés ? Plutôt l’ultime recours de citoyens désespérés
par ce qu’ingurgitent leurs enfants à l’école. « La dernière fois, je me suis fait engueuler (bronca)
par une employée parce que je fouillais dans les bennes (contenedores), nous raconte Tania
Pacheff, coprésidente du collectif Cantine sans plastique. Du coup, certaines cuisines font
directement rentrer les éboueurs dans l’enceinte. » Un jeu fétide du chat et de la souris qui pourrait
prêter à sourire s’il ne cachait un problème de société : l’alimentation et la santé de nos enfants.
Mais qui sont donc ces justiciers de la cantoche qui refusent que leur progéniture ressorte de l’école
« empoisonnée » par de la malbouffe ? Cantine nouvelle, Les enfants du 18 mangent ça ! et Sauve
ma cantine…Partout essaiment (abundan) des collectifs soucieux du bien-être alimentaire des
petits. Un mouvement qui prend de l’ampleur comme le confirme Julien Claudel, président de Un
plus bio, association qui fédère et soutient des centaines d’initiatives : « Avant on prêchait/predicar
dans le désert, mais on assiste à une prise de conscience et peu de programmes ont fait l’impasse
( omitir, hacer caso omiso) sur la question aux municipales ». Plus de produits bio ou locaux, moins
d’emballages plastiques, des légumes et fruits frais, de la viande made in France, plus de goût,
moins de gaspillage… Voilà pour leurs revendications. Ces exigences sont d’ailleurs inscrites dans la
loi Egalim de 2018 : les cantines doivent proposer un repas végétarien par semaine, au premier
janvier 2022, au moins 50 % de produits de qualité et durables, dont au moins 20 % de produits bio
(c’est 3 % en moyenne aujourd’hui). Et en 2025, les contenants de cuisson en plastique doivent être
bannis (prohibir). Une bonne nouvelle ? «Les échéances sont trop longues !”». Pour ces militants de
l’assiette, il y a urgence. La preuve en image : sur la page Facebook du collectif Les Enfants du 18
mangent ça !, des parents postent les photos des repas, et gare aux haut-le-cœur (llega al corazón):
plats en sauce non identifiables, nuggets rabougris, légumes asséchés. Mais deux plateaux ont fait
bondir : un sandwich triangle, de ceux que l’on vend sur les aires d’autoroutes, servi en plat
principal, ou encore d’indescriptibles allumettes végétales composées de sucres, de poudres
industrielles et de gras. En guise d’alternative végétarienne, voici donc les enfants face à un mets
aux airs de pâtée pour chat ! Pas étonnant qu’ils délaissent leur assiette : en moyenne, près de 44
kilos de nourriture sont jetés par service dans un établissement scolaire. Autre souci majeur : le
transport des repas entre la cuisine centrale et les écoles s’effectue dans le meilleur des cas en
liaison chaude (les denrées sont cuites le matin, maintenues à température et acheminées) ou, au
pire, en liaison froide (elles sont cuites puis conservées en chambre froide plusieurs jours et
réchauffées sur place). Une pratique qui incite à préférer les plats en sauce supportant mieux le
réchauffement et cachant la viande de mauvaise qualité. Pourtant, c’est connu, les enfants ne
raffolent pas vraiment de ces plats et les sauces contiennent colorants, conservateurs, sucre et
autres poisons. Mais alors que faire ? « Parvenir à une démocratie alimentaire où les citoyens ont
leur mot à dire, prêche Julien Claudel. Il faut aussi un vrai courage politique. » Beaucoup d’élus ont
en effet baissé les bras face à des normes sanitaires toujours plus strictes et aux problèmes
qu’implique l’embauche de personnel. « Mais même avec un fournisseur externe, on peut servir des
repas de qualité, encore faut-il s’y intéresser et mettre les moyens pour contrôler », poursuit-il.
Reste que la mobilisation des parents demeure un levier nécessaire. Pétitions, grève du paiement,
création de cantines alternatives jusqu’à l’action judiciaire, tous les moyens sont bons ; « La prise de
conscience est le nerf de la guerre, confirme Sandra Franrenet, auteure du “Livre noir des cantines”.
Il y a encore beaucoup de désinformation et de déni du côté des parents qui préfèrent ne pas savoir
ce qui se passe à la cantine tant ce sujet les angoisse, c’est une charge mentale de plus à gérer, alors
ils compensent aux repas du soir. » Alors, à quand la fin de ce cauchemar en cantine ?

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