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Conseiller régional,
Coprésident du Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
Frédéric LEFEBVRE
Député des Hauts-de-Seine,
Coprésident du Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
INVITEE:
CHRISTINE ALBANEL
MINISTRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION
Mes chers amis, merci une fois encore pour votre présence nombreuse à ce dîner-débat. Merci
bien sûr à Christine Albanel qui nous fait l’honneur et le plaisir de revenir pour la deuxième fois au
Club parlementaire, pour parler évidemment de l’actualité qui est le texte qui va passer à l’Assemblée
nationale sur l’audiovisuel. Merci également à Michel Boyon qui nous fait l’amitié d’être présent.
Nous avons ce soir un dîner-débat très dense, du fait d’un programme chargé avec ce projet de loi qui
sera présenté, vous le savez, la semaine prochaine à l’Assemblée nationale. Nous avons toujours le
même principe de fonctionnement. La discussion est ouverte ; les remarques, les questions, les
suggestions sont toujours les bienvenues. Christine est là pour apporter des éclairages sur les questions
que vous lui poserez sur ce texte. Il n’est pas inutile que ce texte soit débattu ici au sein du Club
parlementaire avec un certain nombre de parlementaires, justement, qui vont aussi s’éclairer de ce
débat. Je laisse tout de suite la parole à Frédéric qui va poursuivre mes propos puis on laissera la
parole à Christine Albanel.
Bien, on est très heureux de vous accueillir tous. D’abord je voudrais remercier
chaleureusement en notre nom à tous Christine Albanel d’avoir bien voulu nous réserver une partie de
cette soirée à un moment qui est très important puisqu’on est entrain d’entamer à l’Assemblée
nationale un vrai marathon sur un sujet qui globalement vous concerne tous quelles que soient vos
professions : internet, l’audiovisuel, la création sont en réalité impactés et impactés positivement me
semble-t-il. En tout cas, ce sera à nous d’y veiller au Parlement sur les sujets sur lesquels on considère
qu’on n’a pas été assez loin. Le texte a fait l’objet de beaucoup de discussions qui nous ont fait parfois
prendre un peu de retard mais je crois qu’il n’était pas si mal qu’on prenne ce retard. On aboutit
notamment à un résultat assez exceptionnel sur le cahier des charges.
Alors, on a quelques amis sénateurs qui sont présents qui ont eu le privilège d’examiner avant
nous le texte « Création et Internet » auquel nous sommes très attachés au Club. Ils nous ont bluffés ;
ils l’ont examiné assez rapidement et on n’attendait pas une telle unanimité sur ce texte. Cette grande
unanimité est un signal très important, d’autant plus que tous ces mondes concernés avaient déjà
décidé de signer les accords de l’Elysée et le rapport de Denis Olivennes. On nous promettait un débat
très difficile. Je crois que le Sénat nous a montré la voie. On va essayer d’être à la hauteur du Sénat
dans les semaines qui viennent.
Pour le moment, à l’ordre du jour, c’est le texte sur l’audiovisuel public. Il est actuellement
examiné en commission spéciale. J’essaye d’y être le plus souvent possible. Je n’y suis pas toujours
mais un certain nombre de mes collèges qui sont ici y sont. On a un rapporteur que vous connaissez
tous qui doit nous rejoindre, Christian Kert, qui fait un travail formidable, d’autant que ce n’est pas
facile. Ce texte impacte à peu près tous les sujets. J’ai déjà été trop long mais, vraiment, je veux dire à
quel point on est sensible au fait que Christine Albanel nous rejoigne à ce moment de la discussion.
Elle a choisi de faire un propos introductif très court et de se livrer à vos questions. On a l’habitude et
elle le sait, Christine, puisqu’elle est déjà venue plancher devant nous, de poser des questions très
directes. Allez-y, tous les sujets peuvent être abordés. Je te passe la parole tout de suite, Christine,
pour un petit propos d’introduction en te remerciant à nouveau.
Merci Frédéric, merci Emmanuel. Je me réjouis d’être là ce soir. C’est vrai que c’est un
moment important à quelques jours du début de l’examen de la loi sur l’audiovisuel, prévu le 25
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INVITEE : CHRISTINE ALBANEL
18 novembre 2008
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novembre. Je sors en effet, enfin il y a de cela une semaine, de « Création & Internet » qui a été
effectivement été présenté au Sénat. Tu as rappelé que cela s’est bien passé avec aucun vote négatif,
un vote quasiment unanime et un vote positif du groupe socialiste, ce qui est très important pour moi
et très encourageant. C’est vrai qu’en allant ici et là et notamment aux rencontres de Dijon, j’avais été
frappée par le changement d’atmosphère par rapport à l’an dernier où l’on sentait le milieu du cinéma
moins concerné. Le milieu de la musique l’était énormément. Cette année il y avait vraiment une
grande inquiétude. Ces questions de piratage et de téléchargement touchent fortement les milieux
culturels. On a eu l’occasion d’en reparler aussi au forum d’Avignon où j’étais hier et ce matin. J’ai eu
l’occasion de répondre à Jacques Attali qui a pris une position contraire pour de totales libertés sur
Internet. Mais c’était bien car cela venait nourrir le débat. Donc le projet de loi va venir devant
l’Assemblée en janvier. Les enjeux sont considérables. C’est une loi qui a fait l’objet de beaucoup de
travaux. Effectivement, la commission Olivennes, les accords de l’Elysée. C’est une démarche
interprofessionnelle que je crois vraiment la meilleure pour avancer sur beaucoup de sujets. C’est une
démarche que nous essayons de privilégier au maximum, notamment pour l’évolution des décrets
Tasca afin qu’ils donnent lieu à des accords interprofessionnels sous l’égide de David Kessler et
Dominique Richard. J’essaye de décliner le principe dans tous les domaines, y compris au sein des
entretiens de Valois. Donc nous avons ce grand projet pour la création.
Maintenant, nous avons l’actualité immédiate avec l’audiovisuel et cette grande réforme
voulue par le Président de la République, annoncée le 8 janvier dernier, qui ouvre vraiment sur des
changements majeurs, les plus importants sans doute depuis 1986. Tout le monde en connaît
l’économie. L’ambition en est très claire, très simple. C’est d’avoir un service public et des chaînes
privées qui soient encore plus différentes qu’elles ne le sont aujourd’hui, avec pour les premières des
missions de service public très fortes, une ambition très marquée qui figure dans le cahier des charges
que nous avons d’ailleurs élaboré avec les dirigeants de France Télévisions dans un dialogue
fructueux. Ce texte comporte plusieurs mesures importantes :
- Relâcher la contrainte publicitaire pour porter cette ambition collective. D’abord à partir de 20h, de
20h à 6h du matin, à partir du 5 janvier puis il est prévu qu’au moment du passage de l’analogique au
numérique, il y ait une suppression complète de la publicité.
- Prévoir des compensations pour suppléer au manque à gagner de la publicité. La commission Copé a
travaillé avec les professionnels. Leurs préconisations ont été suivies. Tout le monde sait qu’il y a
deux taxes prévues. Une de 3% sur la publicité de l’ensemble des chaînes. Une de 0,9% sur le chiffre
d’affaire des opérateurs de télécommunication. Pour aboutir aux 450 millions d’euros de manque à
gagner, l’idée étant de porter cette ambition et de n’appauvrir à aucun moment France Télévisions,
tout au contraire.
- L’audiovisuel public va être aussi engagé dans un mouvement de réforme de structure important avec
la création d’une société unique sur le modèle de Radio France et des antennes nettement identifiées.
- Cela s’accompagne aussi d’une réforme de la gouvernance puisque les dirigeants de France
Télévisions mais aussi de Radio France et de l’audiovisuel extérieur entreront dans la logique de la
réforme institutionnelle, seront nommés par décret, donc par l’Etat, mais après avis conforme du
conseil supérieur de l’audiovisuel dont je salue le président, Michel Boyon, et après passage devant les
commissions compétentes de l’Assemblée et du Sénat.
- Il y a également la transposition de la directive Services de Médias audiovisuels de façon à ce que ce
que l’on appelle les SMA entrent dans le jeu des obligations, obligations à la production et aux
investissements dans les œuvres européennes et leur mise en valeur. Diverses dispositions en faveur
par exemple des publics handicapés sont prévues. La deuxième coupure publicitaire est aussi un
élément de la directive SMA.
- Enfin, l’habilitation à agir par ordonnance pour réformer le CNC et toiletter le code du cinéma.
Voilà l’ensemble du projet de loi. Il suscite beaucoup d’intérêt, de passions, d’amendements,
dont beaucoup contribueront à faire évoluer ou enrichir le texte. En tout cas, nous sommes à la veille
Merci beaucoup Christine d’avoir rappelé avec autant de précisions le projet de loi et cette
ambition. Quelqu’un veut-il ouvrir le jeu des questions/réponses ? Les journalistes sont toujours les
premiers à se précipiter…
J’imagine que l’on va beaucoup, au cours de cette soirée, parler du montant de la taxe, des
compensations, etc. La question que j’aurais voulu poser pour ouvrir le débat est de savoir : la
commission Copé a chiffré à 450 millions d’euros le manque à gagner de France Télévisions.
Imaginons que les dispositifs mis en place ne permettent pas d’atteindre ces montants là, soit parce
que les lobbies des uns et des autres font que ces taxes sont un peu inférieures, soit parce que la
conjoncture l’année prochaine ne sera pas telle qu’on l’imagine au moment où on va voter l’ensemble
de ce texte. Est-ce que l’Etat pose le principe que France Télévisions, dans tous les cas, aura 450
millions, y compris en mettant un peu d’argent de sa poche si nécessaire ?
Je passe tout de suite la parole à Christine Albanel en disant que certains, comme moi et
d’autres, imaginent qu’au contraire ce sera peut être même plus et qu’il faudra donc réfléchir à la
manière de le répartir, notamment avec la création.
En effet, il y a temps de crise. Ce ne sera pas éternel. Il y a une garantie de l’Etat de 450
millions d’euros avec les taxes que je viens d’évoquer et s’il y avait des évolutions, la garantie joue.
Nous sommes toujours dans la logique de contrat d’objectifs et de moyens qui d’ailleurs a servi de
base de calcul à la commission pour l’audiovisuel public qui prévoyait une augmentation de 3% en
moyenne par an de dotation pour l’audiovisuel public. Nous sommes toujours dans cette logique de
dotation de moyens et les 450 millions d’euros sont garantis.
Voilà, c’est clair. Comme cela, il n’y a plus de doute. Est-ce qu’on peut servir le service
public ? (rires dans la salle) On peut applaudir Christian Kert qui vient de nous rejoindre.
Il y a plusieurs thématiques sur lesquelles vous pouvez intervenir. Cela peut être la
gouvernance, la publicité. Vous êtes beaucoup à être concernés directement par ces dispositions. Si
l’un d’entre vous souhaite s’exprimer sur ces sujets…
Je vais prendre la position inverse de la question posée tout à l’heure : si tout à coup les
différentes taxes rapportent plus d’argent que le service public n’en aurait besoin, qu’est-ce que vous
faites du reste ? Je sais que l’Etat a toujours plein d’idées. Est-ce qu’il serait possible d’investir, de
créer des fonds pour la création liée à l’audiovisuel, dans la musique, le cinéma ? Soyons optimiste.
J’ai le droit d’être optimiste. Quand on travaille dans la musique il vaut mieux être optimiste. Qu’est
ce qui se passe alors ?
C’est très agréable de se projeter dans un contexte optimiste, qui a du sens malgré la crise. Le
paysage bouge beaucoup mais les contributeurs aussi sont très nombreux. C’est une question qui me
paraît très pertinente. Je pense que la création d’un fonds serait certainement très intéressante pour
porter la création sous toutes ses formes. Je serais en effet favorable.
Merci Christine.
Question simple : les 3% sont-ils garantis ? Sur quoi le prélèvement portera-t-il ? Sur le chiffre
d’affaire publicitaire ? Sur le surplus de recettes publicitaires lié à la suppression de la publicité sur le
service public ? Est-ce qu’il concernera les chaînes de la TNT au même titre que les grandes chaînes
hertziennes, historiques ? Il y a eu visiblement une évolution sur ce point. Est-ce que vous pouvez
nous en dire plus ?
Les 3% sont en effet prévus pour porter sur le chiffre d’affaire publicitaire des chaînes. C’est
l’équilibre auquel est parvenue la commission pour l’audiovisuel public, qui paraît pertinent.
Maintenant, il y a le débat parlementaire qui commence. Beaucoup d’éléments vont être discutés. Ce
que je redis, c’est l’importance de garantir un financement suffisant et pérenne, qui a été chiffré. A
l’intérieur, il y aura certainement des discussions, également sur l’assiette qui est visée par ce chiffre.
Donc je ne peux pas en dire plus aujourd’hui. Nous avons aujourd’hui comme choses stabilisées les
conclusions de la commission et les décisions qui ont été actées au plus haut niveau. Le projet de loi
tel qu’il est et que nous portons, le débat va commencer. C’est un débat démocratique mais en tout cas
la garantie pour France Télévisions est le point essentiel.
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Frédéric LEFEBVRE, CPAA
Christian Kert, tu veux faire un point sur le sujet, nous dire un peu les propositions ?… à
moins que, comme je crois que c’est un sujet qui arrive demain en commission, tu ne veuilles pas
déflorer le débat…
Christian KERT, Député UMP des Bouches-du-Rhône, Rapporteur spécial sur le projet de
loi sur l’audiovisuel public à l’Assemblée nationale
Comme il est déjà pas mal défloré… (rires de la salle) je pense qu’on peut faire le point entre
nous. Madame la ministre, merci pour votre présence et pour votre soutien. Je crois que le débat
s’articule autour de quelques points forts. Bien entendu autour de deux taxes. L’une de 3% pour
laquelle on va peut-être proposer quelques aménagements de façon à ce qu’elle soit fidèle à son esprit,
c’est-à-dire taxer une aubaine publicitaire. Et s’il n’y a pas d’aubaine et s’il y a moins de publicité que
par le passé, qu’est ce qu’on fait ? Est-ce qu’on continue à dire c’est une taxe qui taxe l’aubaine… ?
Donc on est entrain de réfléchir à une solution qui permettrait de moduler un peu la taxe tout en
conservant son esprit et tout en essayant de faire en sorte que dans les années qui viennent la ressource
qu’on peut en attendre soit à peu près égale à nos espérances. Cela nécessite des petites harmonisations
particulières.
Deuxième type de réflexion, madame la Ministre, je crois qu’on le ressent bien, c’est une
adhésion assez totale à l’idée de France Télévisions comme entreprise unique mais avec une crainte
qui est que la disparition des unités de programmes nous amène vers un guichet unique sur lequel les
créateurs, les producteurs ne se reconnaîtraient pas. Je crois que le débat doit faire progresser – je sais
que Frédéric est également très attentif à cet aspect de la question – de permettre de bien préciser que
l’identité des chaînes demeurera, même s’il n’y a plus unité de programmes. Il s’agit de bien préciser
que lorsqu’on ira proposer une production, une réalisation, il y aura une écoute suffisante pour qu’on
sache à qui et pourquoi on propose telle ou telle production et avec la certitude d’être entendu et non
pas que le projet se fonde dans une entreprise unique qui ne respecterait pas l’identité non plus des
chaînes mais des services, puisque dans la loi, il s’agit de services et non plus de chaînes.
La troisième grande réflexion tient à la gouvernance avec un président désigné par
l’actionnaire principal qui est l’Etat. Alors, certains nous disent que c’est un retour à des pratiques
qu’on ne voudrait plus voir. Il est quand même évident que l’actionnaire principal peut avoir un droit
majeur, celui de désigner le patron de France Télévisions comme il désigne le patron de la SNCF et
d’EDF. Le droit de révocation appartient quand même à celui qui désigne, qui nomme. Donc il faut
mettre en cohérence tous ces textes et je crois que c’est ce que nous sommes entrain de défendre.
Il y a un sujet qui est entrain d’émerger, qui n’est peut être pas formellement dans la loi, c’est
le respect des grandes diversités de la société française. Il est entrain d’émerger car les parlementaires
de la majorité et de l’opposition se préoccupent de cette notion là. Je crois qu’il faut que nous
bousculions un peu les mentalités. Il faut que France Télévisions, comme nous les parlementaires,
comme vous les professionnels qui n’êtes pas tous de France Télévisions, nous comprenions tous qu’il
y a un respect nécessaire des diversités ; il faut que la télévision publique de demain ressemble à la
société française. On n’est plus seulement sur de la technique ; on est sur du fondamental. Rappelons
que la télévision n’est pas une industrie comme une autre. On est dans l’humain et donc cela doit se
respecter.
Sur la tonalité générale, je trouve que le débat ne s’amorce pas trop mal. Il est vif ; on sort de
trois heures et demies de réunion de commission. On a passé un certain nombre d’amendements. On
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en a refusé un certain nombre. C’est assez équilibré malgré tout. Je pense que ce débat est
extrêmement dense et riche. Même si on conteste ce projet de loi, on se rend bien compte que les
parlementaires qui appartiennent à la commission spéciale – et le seul fait qu’il y ait une commission
spéciale sur le sujet – témoignent de l’importance que le Parlement lui a apportée. Cette commission
spéciale est entrain de jeter les bases d’une nouvelle télévision et elle est entrain de mettre à jour un
certain nombre de nouvelles pratiques dans la façon de regarder un spectacle, de pratiquer la
télévision. Je crois que c’est une remise en cause qui atteint non seulement les parlementaires mais qui
est entrain d’atteindre le pays. Tous les parlementaires qui nous interpellent en ce moment nous disent
que ce débat sur l’audiovisuel est descendu au niveau de la ville, des quartiers, des clubs de réflexion
et qu’il est devenu un véritable sujet, chacun voulant s’approprier l’idée d’une nouvelle télévision sur
d’autres bases.
En dernier lieu, sur le fait qu’il n’y aura plus de publicité sur nos écrans, point qui est quand
même le fondement du 8 janvier, moi j’ai le sentiment que cela ne passe pas aussi mal dans les esprits
que ce qu’on aurait pu penser. Excepté bien entendu le fait que le marché publicitaire n’est plus celui
du 8 janvier. Il faut que, là aussi, nous nous adaptions. C’est le travail auquel on va s’atteler à 9h30
demain en commission. Puisque nous recommençons la commission par le financement. Ce n’est pas
le plus gai mais c’est le plus nécessaire.
Merci beaucoup Christian. J’ai écouté vos propos avec beaucoup d’intérêt. A propos du terme
« guichet », c’est vrai que c’est un terme très déplaisant. Je me souviens d’ailleurs qu’à Dijon il y avait
des hurlements pour dire que ce terme était absolument réducteur et horrible. On va parler
d’ « interlocuteur ». L’évolution vers la société unique, avec des grandes unités de programmes, c’est
un mouvement qui existe déjà largement. Il existe déjà pour les sports ; il y avait déjà une unité
programmes jeunesse. Il s’agit d’aller au bout de cette logique tout en gardant des interlocuteurs très
clairement identifiés puisque nous avons des antennes elles-mêmes très identifiées et qu’il ne s’agit
pas d’avoir tout à coup une espèce de réduction, de culture réduite, de production réduite. C’est encore
un sujet sur lequel le travail parlementaire peut apporter beaucoup pour préciser les choses, établir non
pas des garde-fous mais quand même poser des jalons importants. Il n’y a pas de doute en ce qui
concerne le cinéma. Il ne faut pas non plus qu’il y ait de doutes en ce qui concerne la production et la
création télévisuelles.
La diversité est un sujet très important. Il figure dans le cahier des charges. Quand on regarde
la situation, on s’aperçoit qu’au cours des dix dernières années, il n’y a pas eu tellement d’évolutions,
pas tellement marquantes même s’il y a des personnalités qui marquent beaucoup. Dans les chiffres et
les données le paysage de la télévision demeure assez éloigné de celui de la société française. Il n’y
aurait que des avantages à une résonnance du cahier des charges dans la loi sans aller quand même non
plus trop loin, par exemple vers des quotas ou des choses mathématiques et étrangères à l’esprit qui
doit présider la télévision publique.
Merci beaucoup Christine. Je crois qu’on peut rendre hommage à Michel Boyon avant qu’il
soit obligé nous quitter pour aller au dîner du club Averroès. Et le rapport qui a été fait par le CSA est
un rapport qui fera date. Je crois que c’est un rapport qui dit la vérité, qui montre aussi un chemin et
une volonté. On entend bien être en phase avec ce rapport. On te proposera d’ailleurs, Christine, des
amendements pour que le fait que la diversité à la fois ethnoculturelle et de la création soit dans la loi
parce qu’on pense que c’est beaucoup plus important que ce soit dans la loi. On est entrain de
travailler avec Christian Kert pour essayer d’aboutir – moi j’ai déposé un premier amendement, qui
peut poser un certain nombre de problèmes mais en tout cas qui est analysé par le rapporteur – nous
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sommes décidés à aller très loin sur cette question de la diversité parce que nous pensons que nous
devons profiter de ce texte qui, tu l’as rappelé tout à l’heure, évoque tellement de facettes de
l’audiovisuel pour que l’on pose des jalons d’une nouvelle télévision. Sur le guichet, je crois qu’on
peut dire qu’à l’UMP, au Nouveau Centre et au Parti Socialiste, nous nous sommes retrouvés sur
l’idée qu’il nous fallait rédiger un texte qui précise bien que l’entreprise unique devait permettre de
maintenir la diversité dans les programmes, devait permettre – on est entrain de travailler notamment
avec France Télévisions – de voir quels équilibres on peut trouver.
Je veux juste dire un mot, notamment à nos amis journalistes, et pour tous ceux qui sont ici.
Nous avons lancé les Assises de la création. Le comité de pilotage s’est réuni vendredi matin au
théâtre du rond point en présence de Jean-Michel Ribes, en présence de beaucoup de grands
professionnels, et du cinéma, et du monde de l’édition, et du monde de la musique. Et la volonté est,
qu’à un moment où tous les textes sont sur la table, que le monde de la création puisse peser sur les
discussions au Parlement. Ce comité de pilotage des assises sera diffusé – et nous t’enverrons d’abord
une petite vidéo – puisque c’est une réunion que nous avons filmée. Et elle sera mise sur Internet dès
demain matin avec l’objectif que tous les Français qui le souhaitent puissent se saisir en ligne de toutes
les questions que nous aurons abordées dans ces assises de la création. J’ai cité Jean-Michel Ribes
mais je pourrais citer Luc Besson, Dominique Farrugia, Enrico Macias, Daniel Prévost, beaucoup de
professionnels qui ont participé à cette première réunion du monde de la création. Est-ce qu’il y a une
autre question ?
Je voudrais rebondir sur les propos de Christian Kert. J’ai été très sensible au mot
« diversité ». Je voudrais par extension faire une analogie en précisant en préambule que les
distributeurs audiovisuels n’ont, pas plus que les autres, une grande prédilection et un amour
immodéré pour le guichet unique, et d’ailleurs pas plus l’ensemble des gens de télévision que ceux du
cinéma. Je voudrais en la matière préciser que la diversité est aussi dans la commande des programmes
en termes d’acquisition. Il est clair qu’on les aime tellement qu’on souhaiterait, qu’ils soient, à l’avenir
et de manière pérenne, divers. Au moment où les chaînes ont des problèmes budgétaires et les
producteurs des problèmes financiers, les acquisitions prennent une acuité toute particulière.
Le deuxième pendant de la diversité, c’est naturellement l’offre des programmes et on sait très
bien que la raréfaction de l’accès aux programmes condamne les nouvelles technologies. Car c’est sur
les contenus que les batailles se gagneront. Je voudrais à ce propos rendre hommage à France
Télévisions parce que c’est la seule chaîne qui, par rapport aux accords concernant la révision des
accords Tasca, ait accepté ce qu’elle avait promis de faire, c'est-à-dire la caducité quasi automatique
des droits un mois ou deux mois après la dernière diffusion contractuelle. C’est le seul moyen de faire
en sorte qu’on sorte définitivement d’une vision RTF de l’environnement audiovisuel ou d’une
perception rousseauiste ou bisounours d’un monde concurrentiel audiovisuel telle qu’on le rêverait. Ce
sont les seuls qui l’ont fait. Les gens de l’ACCeSS et je crois les gens d’Orange demain, voire de Free,
comme ceux de la TNT, sont prêts à se l’appliquer à eux-mêmes. Et je sais que Madame la Ministre et
votre cabinet avez été les chantres de la circulation des programmes. Il est clair qu’aujourd’hui, vues
les difficultés que nous connaissons, c’est un problème qui devient névralgique. Il était stratégique, il
l’est d’autant plus aujourd’hui. Et nous souhaitons, pour l’ensemble de la communauté audiovisuelle
que nous représentons, les auteurs, les producteurs et voire les labos, que nous puissions mettre les
programmes en offre, matchés, tel que le marché l’exige aujourd’hui. Je sais que les parlementaires
sont très soucieux de cette problématique là. Elle est vitale parce que la France est le seul pays – on est
le mauvais village gaulois par rapport aux autres – qui continue à pratiquer ces entraves et cet
ostracisme.
J’ai deux questions. Concernant l’amendement sur la diversité ethnoculturelle que vous
comptez proposer, est-ce qu’il s’applique uniquement à France Télévisions ou à l’ensemble des
chaînes de télévision et quels en sont les critères ou indicateurs de mesures, à partir du moment où on
n’a pas de statistiques d’origines ethniques ? Et une deuxième question plutôt à Christian Kert ou
Christine Albanel : est-ce que le seuil d’exonération de la taxe de 3% à 11 millions de chiffre d’affaire
pour les chaînes de la TNT est susceptible d’être remis en cause et quelle est la base de ce calcul des
11 millions ?
Alors, sur l’amendement, je vais répondre car j’ai compris que c’est moi que vous interrogiez.
D’abord cet amendement concerne le texte sur l’audiovisuel public, ce qui n’est pas absurde puisque
d’ores et déjà dans le cahier des charges de France Télévisions, cette question figure noir sur blanc. Je
veux dire que – y compris d’ailleurs avec Monsieur Pellet qui veille scrupuleusement – beaucoup de
progrès ont déjà été réalisés en la matière. L’objectif avec l’amendement que je vais défendre, c’est
d’aller plus loin. Il y a plusieurs questions. Est-ce qu’il faut aller jusqu’aux quotas ? Jusqu’à la
discrimination positive ? L’amendement que je défendrai, je le fonde sur la directive européenne parce
qu’on a trop l’habitude de nous expliquer que la discrimination positive est américaine et qu’on veut la
transposer dans notre pays alors qu’on a une directive européenne qui fonde parfaitement la possibilité
pour tous les Etats membres de définir des politiques qui permettent de faire respecter le principe
d’égalité et de lutter par tous les moyens contre les désavantages que peuvent subir un certain nombre
de citoyens, en l’occurrence, deux sujets – les effectifs et les programmes – du fait de leurs origines
« raciales ou ethniques » dit la directive. Alors, le terme « racial » peut poser un problème à un certain
nombre de mes collègues. Dans mon amendement initial, il y figurait ; on est entrain de travailler sur
l’idée du terme « ethnoculturel ». De la même façon, je parle d’ « action positive » ; certains de mes
collègues préfèrent « action ». Vous savez, je suis ouvert à la discussion sur tout cela. Ce qu’il faut,
c’est qu’on envoie un signal très fort et que l’on puisse aboutir à de vrais résultats. Ce qu’il faut, c’est
que France Télévisions soit proactive en la matière, fasse un rapport annuel pour expliquer les moyens
mis en œuvre pour aller dans ce sens. J’ai beaucoup d’autres idées puisque vous vouliez savoir si cela
dépasse France Télévisions – évidemment oui, de très loin dans mon esprit. Des autres idées que j’ai
en tête, je vais vous en donner une : l’exemple de Sciences Po qui a été tant critiqué, si peu défendu –
je connais quelqu’un qui l’a défendu dès le début qui s’appelle Nicolas Sarkozy, et à l’époque il était
très critiqué – et que chacun aujourd’hui présente comme un exemple à suivre. J’ai d’ailleurs vu
d’excellents reportages le montrant sur France Télévisions ou TF1 sur les 20h après l’élection de
Barack Obama.
De la salle : [Rappel des initiatives prises par France Télévisions en matière de diversité]
Je voudrais juste ajouter un mot. Je crois que ce que vient de dire Frédéric est très intéressant.
C’est une loi sur l’audiovisuel public mais il est clair qu’il y a toujours un élément d’exemplarité,
d’entraînement, et c’est vrai que nous avons cet espoir que France Télévisions soit le plus exemplaire
possible. Et que ce qui devient une réalité quelque part essaime et devienne une réalité partout. Je crois
que c’est vraiment la démarche et l’idée sur l’école de journalisme me paraît tout à fait à creuser. Sur
la question des 11 millions d’euros qui a été posée, en fait c’est le taux de participation au COSIP qui
me paraît tout à fait pertinent et équilibré qui, a priori, n’a pas vocation à être changé. Mais peut être
que Christian ou Michel veulent donner des précisions.
Sur la diversité, j’ai dit tout à l’heure publiquement que le débat était lancé, que nous allons le
suivre. Comme rapporteur, j’ai pour mission de suivre l’allant donné par le président du CSA mais
également de calmer les ardeurs d’un Frédéric Lefebvre qui aimerait aller loin sur le chemin. Donc je
vais essayer de trouver les formules d’équilibre qui me paraissent nécessaires pour que France
Télévisions puisse affronter le défi de la diversité mais dans le respect de certaines règles qui lui
paraissent acceptables. Sur les 11 millions, il y a bien un petit amendement que je qualifierais
amicalement de renégat qui voudrait passer de 11 millions à 5 millions. Nous sommes vraiment
persuadés dans ce débat qu’il faut aider ces chaînes qui démarrent et qui ont besoin d’un peu
d’oxygène, donc de quelques années pour trouver leur rythme de croisière. Ce seuil de 11 millions qui
vient de l’idée du COSIP me paraît plutôt une bonne échelle. Je crois qu’il faut que nous nous en
tenions là. Je crois que le parlementaire, dont je ne donnerai pas le nom, qui a proposé cet
amendement, se rangera assez aisément à notre raison. Et je vais y veiller pour tout dire.
Sur la diversité, nous avons pris acte des chiffres du conseil supérieur de l’audiovisuel. Ces
chiffres se voulaient un panorama global et aucune chaîne semble-t-il n’a été désignée à la vindicte. Il
semble que globalement le constat ne soit pas satisfaisant. Nous prenons acte de cet état de fait et
prenons notre part de responsabilité. D’ailleurs, le problème sera réglé quand il n’y aura plus débat.
Simplement, un petit mot puisqu’on a parlé tout à l’heure de Sciences Po et puisque tout cela est
quand même fait avec l’argent du contribuable. Depuis 2004 et la mise en place du Plan d’Action
d’Edouard Pelé (PAPI) – rendons lui hommage – près d’une centaine de contrats d’apprentissage ont
été délivrés par France Télévisions à des étudiants issus de la diversité. Depuis qu’elle fonctionne, la
fondation France Télévisions – puisque France Télévisions a aussi une fondation, elle s’est même
permise de la créer avant TF1… mais elle présente bien sûr toutes ses excuses à Mr Paoli… c’était
amical (réactions animées de la salle) – la fondation France Télévisions a pour objet de permettre un
accès à la culture, dans toutes ses dimensions, aux populations qui sont tenues le plus éloignées des
équipements et de l’information culturelle. Enfin, et c’est vrai que nous n’avons pas communiqué
autour de cette décision, mais il faut savoir que depuis un mois ou deux, une clause a été ajoutée dans
les contrats d’achat et de commande, notamment pour les fictions/docufictions, demandant aux
producteurs de tenir compte de la diversité de la population française dans leurs castings. Entendons
nous bien : cette clause n’est pas là pour désigner les producteurs comme responsables de la présence
ou non de la diversité dans les fictions. Simplement, c’est pour que les producteurs ne puissent plus
dire qu’il y a une sorte de mur de verre à France Télévisions. Voilà, je voulais insister sur ces quelques
points, même si beaucoup de chemin reste à faire. Enfin, sur le guichet unique, France Télévisions ne
s’est jamais vécue comme un guichet et encore moins comme un guichet unique. Un guichet voudrait
dire qu’il y aurait des ayants-droits, avec un ticket, qui viendraient retirer leur dû. Cela ne fonctionne
pas comme cela et, que je sache, France Télévisions n’a jamais donné l’image de l’uniformisation de
ses écrans.
Au contraire, je crois qu’on peut dire à quel point – et les producteurs le savent, c’est pour cela
qu’ils sont tellement présents au moment où se discute cette réforme – si on a une diversité de la
création et notamment de la fiction, c’est en grande partie grâce au service public et à France
Télévisions. Si France Télévisions n’était pas là, la diversité serait beaucoup moins présente dans notre
pays. De la même façon, sur la diversité ethnoculturelle, il y a un point qui me parait essentiel et qui
doit être dans le débat. J’ai bien entendu Christine Albanel et je pense qu’elle a raison sur les quotas au
sens « nombre d’acteurs qui seraient noirs ou d’origine maghrébine ». Mais je crois que le vrai sujet
est quelle image on donne de la diversité. Ce qui est très important, c’est que dans les fictions, les gens
d’origines diverses jouent des rôles qui ne soient pas toujours caricaturaux. Cela existe mais je crois
qu’il faut aller beaucoup plus loin si on veut progresser et si on veut, comme l’a dit Christine Albanel
tout à l’heure, que le service public soit exemplaire et, comme il l’a déjà fait pour la fondation, qu’il
soit suivi ensuite des autres acteurs du monde de l’audiovisuel. Il y a en effet là un enjeu majeur de
société qui se joue.
Intervenant de la salle
Dans la fiction notamment, je crois que France Télévisions et d’autres chaînes aussi mais
France Télévisions joue un rôle dans la construction d’une identité commune. Quand nous lançons une
fiction sur Les Mariées de l’isle Bourbon ou Tropiques amères, que nous abordons la douloureuse
question du passé colonial et de l’esclavage, nous participons me semble-t-il à la construction d’une
mémoire collective. C’est peut être un secret mais bon, tant pis. Nous avons en préparation un
Chevalier de Saint Georges. Il ne faut pas non plus imaginer que la fiction doit représenter la diversité
uniquement dans la fiction contemporaine. Si nous voulons vraiment être dans notre mission de
service public, il faut aussi que nous participions à la construction de l’identité nationale et à une
identité nationale qui soit conforme à sa diversité.
Merci. Je voudrais peut être intervenir en tant que délégué général de l’association qu’on a
créée avec les nouveaux entrants de la TNT parce que cette loi dont le titre est « le financement et
l’avenir du service public » est une loi audiovisuelle qui arrive après le grand chambardement récent
dans l’audiovisuel qui a été marqué par ce grand succès du lancement de la TNT. La TNT a quand
même séduit à peu près 20 millions de Français et a trouvé son rythme de croissance, probablement
l’un des plus rapides pour une nouvelle technologie en France. On a la faiblesse de penser que c’est en
grande partie parce que les Français ont trouvé de nouveaux programmes, de nouveaux groupes sur la
TNT, que probablement cela répondait à une attente. Il y a encore trois quatre ans la grande priorité
des responsables audiovisuels, toutes tendances confondues, gauche droite, quels qu’ils soient, c’était
la préservation du pluralisme, s’assurer que les nouveaux acteurs seraient capables de se muscler pour
être présents dans cette industrie, d’apporter leur contribution à la création et d’investir comme les
grands groupes que sont TF1, M6, Canal+ dans la production audiovisuelle. Je voudrais dire que,
certes il y a des tensions aujourd’hui entre les nouveaux entrants et les historiques mais c’est avec
beaucoup de respect que nous les considérons. D’ailleurs, ils sont dans la salle et je tiens à dire que
l’on s’aide beaucoup ; on a des relations très régulières. Et je pense que ce respect est réciproque.
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18 novembre 2008
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C’est vrai que ces nouveaux entrants ont l’ambition d’être assez rapidement des acteurs aussi
importants que les acteurs historiques. Or aujourd’hui, les quelques chaînes qui sont dans cette
dynamique de nouveaux entrants rassemblées dans l’association cumulent à elles toutes plus de 200
millions de perte. On a en face de nous des groupes dont on salue le succès. Ils cumulent à peu près
trois milliards de chiffre d’affaires. On a l’impression, en ce qui nous concerne, qu’on n’est
probablement pas encore totalement arrivé à la fin de notre phase de musculation pour jouer
totalement dans la même cour et être traités de la même façon. On a un certain nombre de
préoccupations : est-ce que la taxe qui doit s’appliquer, est-ce qu’un jour nous serons en mesure de
l’assumer comme tous les autres ou est-ce qu’il faut peut être la moduler en fonction de la situation de
ces nouveaux entrants ? Est-ce que nous sommes tout à fait à égalité de traitement, alors que notre
numérotation n’est pas celle de nos chaînes, qu’il faut parfois se retrouver dans les dix, quinze, trente,
cinquante numérotations dans les plans de service ? Est-ce que la circulation des œuvres est optimale ?
Tout élément qui nous permettrait d’arriver à un stade où nous jouerions à égalité avec nos amis
historiques est important. Est-ce que cela reste aujourd’hui une priorité dans ce projet de loi ? Est-ce
que cela reste aujourd’hui une priorité pour tous les parlementaires engagés sur ce texte de veiller à ce
que le pluralisme soit suffisamment musclé pour jouer pleinement son rôle dans le paysage
audiovisuel ? C’est véritablement une question à laquelle je crois qu’on est ici un certain nombre à
attendre une réponse.
Je précise juste l’une des questions posées par Leonidas Kalogeropoulos. Je crois que la
question de la numérotation a fait l’objet d’échanges approfondis entre vos collaborateurs et la
commission spéciale de l’Assemblée nationale et monsieur Kert en particulier. Donc ma question est
la suivante : est-ce qu’à l’instar des chaînes historiques, les nouvelles chaînes gratuites de la TNT
pourront retrouver, garder, conserver leurs numéros dans l’ensemble des plans de service des
bouquets ? J’ajoute que je crois qu’un amendement a été déposé qui vise à imposer aux distributeurs
de services un bloc dans lequel seraient reprises les chaînes de la TNT. Je ne crois pas que cela
changerait grand-chose à la situation existante parce que ces blocs existent souvent perdus à la fin des
plans de service, souvent après les chaînes de charme.
Alors je ne sais pas où sont les chaînes de charme mais en l’occurrence j’ai vu le bloc tout à
l’heure en partant de mon bureau parce que je voulais voir comment c’était installé. C’est très bien
installé. Vous savez sur Canalsat, par exemple, c’est très pratique : vous avez le bloc, là et après vous
avez tous les décrochages régionaux de France 3 à la suite. Juste une chose. Je voudrais répondre sur
ce point parce que c’est assez intéressant. Il se trouve que quand les Français/les foyers français
choisissent de s’abonner à une offre de 250 chaînes, c’est précisément parce qu’ils ne voulaient pas en
garder que 18. Donc si c’est pour leur proposer, dans l’offre, spécifiquement ces 18 en tête, ce n’est
pas absolument la solution qu’ils attendent. D’autant que parmi ces 18, comme vous le savez, il y a
des chaînes de toutes les thématiques. Or toutes les chaînes thématiques méritent le même traitement.
Voilà pourquoi certaines chaînes seraient favorisées par rapport à d’autres ou au contraire déclassées
par rapport à d’autre. Alors il y a un vrai problème de liberté. J’ajoute un dernier point. Quand un
Français/foyer français s’abonne à une offre multi-chaînes de plus de 250 chaînes, nous lui offrons la
possibilité de classer lui-même les chaînes dans l’ordre qu’il veut. Tous ceux qui utilisent ce type de
services savent qu’ils font eux-mêmes leur plan de service. Le plan de service de tous les Français,
allez voir comment ils le font ! Ils ne le font jamais en mettant les 18 chaînes de la TNT en tête. Alors
essayez de rejoindre votre propre expérience et ce que vous voudriez faire passer dans la loi. Est-ce
qu’il faut que, par un totalitarisme nouveau, on dicte aux gens leur choix ? Aujourd’hui ils ont la
possibilité d’avoir soit un classement thématique, soit un classement avec les chaînes de la TNT s’ils
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en ont par hasard envie, soit un classement avec les chaînes de charme en tête s’ils le préfèrent. Cela
s’appelle la liberté. Pourquoi l’Etat devrait-il légiférer pour dire aux gens « voilà ce que vous aurez
chez vous » ?!
On a un débat qui s’est installé dans la salle qui est très intéressant. Je suis sûr que Christine
veut nous dire un mot sur ce débat.
Juste un mot pour dire qu’en effet, on est très attentif au développement de ces chaînes de la
TNT qui, c’est vrai, ont eu un succès exponentiel, qui était d’ailleurs difficile à anticiper au départ.
Ceci montre bien qu’il y a une manière de regarder la télé qui s’est ancré. On ne reviendra jamais en
arrière. C’est évident et cela veut dire qu’il faut s’adapter à des réalités entièrement nouvelles. Je
signale que, très convaincue par le remarquable travail accompli sur l’évolution des décrets Tasca, j’ai
demandé à David Kessler et Dominique Richard qu’on ne lâche pas de travailler aussi sur les
contributions qui pourraient être demandées, dans quelles conditions et à quel moment, aux chaînes de
la TNT qui, quand même, font l’objet d’une différenciation dans l’évolution des décrets pub puisque
les fenêtres sont un peu plus ouvertes naturellement pour les chaînes de la TNT que pour les chaînes
historiques.
S’agissant de la numérotation en France, on veut que la loi traite tout parce qu’on a le
sentiment que les choses n’existent vraiment que quand elles sont dans la loi. On peut être Français et
en même temps être prudent. Je suis sûre qu’il va y avoir un débat sur ce sujet entre la nécessité
d’avoir une meilleure identification de certaines chaînes de la TNT – reste à savoir comment, peut être
pas en faisant les 18 premiers numéros – et d’autre part la liberté des opérateurs et la liberté du public
qui est également libre d’organiser comme il veut sa façon de regarder la télé. L’équilibre va être là.
Cela va être encore à mon avis un élément du débat parlementaire. Voilà ce que je peux dire.
Juste une petite parenthèse. Je fais un petit retour en arrière. Le Club parlementaire s’est créé
sur les fondements de la réflexion que nous avons lancée à l’Assemblée Nationale avec les débuts de
la TNT. C’est comme cela que le club a démarré et la question posée aujourd’hui était déjà posée à
cette époque. Donc c’est vraiment une question très récurrente et si les réponses étaient évidentes, on
les aurait déjà trouvées depuis longtemps. Ce débat n’a pas changé. A moment donné il faudra
envisager de trouver des solutions pour essayer d’avancer, des solutions qui arrivent à satisfaire tout le
monde, ce qui n’est pas forcément extrêmement simple.
Juste pour compléter ce qui vient d’être dit. Je pense que la numérotation est un débat
passionné mais que je qualifierais d’épiphénomène. Je pense que ce qui est important c’est de rappeler
que les chaînes de la TNT doivent trouver leurs conditions économiques pour continuer à exister sur
ce marché. Je pense que c’est cela aujourd’hui le vrai débat. Que les politiques n’oublient pas le travail
qui a été accompli. C’est effectivement un succès populaire. Aujourd’hui, nous devons le transformer
en modèle économique. Vous avez mentionné le seuil de 11% tout à l’heure, effectivement. Je me
permettrai d’ajouter que c’est un seuil de chiffre d’affaires que nous venons d’atteindre mais qui reste
dans un ratio de un à cent ou deux cent par rapport à nos concurrents et que c’est ce seuil qu’il est
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important de relever pour nous aider encore, dans les quelques années qu’on a devant nous, à trouver
notre équilibre économique et à enfin contribuer à armes égales avec nos concurrents, nos grands
concurrents.
C’est très vrai. On peut inquiéter les chaînes historiques sans être pour autant confortés.
Merci. Je crois qu’on a bien abordé ce débat chaînes de la TNT/chaînes historiques. Tout est
sur la table. Qu’est ce qui est très important ? Et je le dis devant Emmanuel Hamelin et qui a joué un
rôle moteur sur la question de la TNT notamment, vous le savez. Je pense qu’on est arrivé à un
moment où, enfin, on se pose un certain nombre de questions. On a décidé pendant de nombreuses
années d’aller très très vite sur la technique, d’aller très très vite sur les tuyaux. Aujourd’hui,
l’hommage que je veux rendre à ce gouvernement, c’est d’avoir posé la question des contenus, des
financements, du fait qu’on ne peut pas imaginer que tout le monde vive avec un modèle de gratuité et
donc sur la publicité et qu’il faut trouver des solutions pour que cela fonctionne. Il y a aussi un travail
considérable qui a été fait sur les décrets Tasca. Il y a des accords exceptionnels qui sont trouvés en ce
moment alors que tout le monde nous disait qu’on n’y arriverait pas. Je crois qu’il faut qu’on continue
de construire ce nouveau paysage de financement. On en a parlé des dizaines de fois dans le club avant
même que ce gouvernement n’entame ses discussions. Je crois qu’on est vraiment à un moment où il
faut que ces débats que nous avons au Parlement – et tu (Christine Albanel) as eu le courage de les
ouvrir en posant tout sur la table – je crois qu’aucun gouvernement ne l’avait fait jusque là.
Evidemment qu’il y a des choses qui vont s’écrire et qui ne sont pas toutes faites aujourd’hui.
Evidemment que les débats parlementaires vont vous permettre les uns et les autres d’exprimer un
certain nombre de choses. De la même façon que sur la télévision publique moi j’ai porté un certain
nombre d’idées fortes parce que je considère qu’il y a l’argent du contribuable qui est derrière.
Il est difficile de te demander ton avis à cause de la séparation des pouvoirs mais il y a une
question qui est essentielle et je le dis ici devant collègues parlementaires, c’est la question des chaînes
parlementaires. Je ne vois pas comment on peut continuer à ne pas défendre la fusion. C’est un sujet
qui me semble une évidence. Je l’ai déjà dit en montrant les incohérences sur le plan télévisuel mais je
le dis alors que certains se posent la question aujourd’hui de deux canaux. Deux canaux, cela voudrait
dire, avec l’extinction du numérique, un surcoût de plus de 40% pour chacune des chaînes
parlementaires. Je le dis, c’est absurde, au moment où on fait la RGPP, au moment où nos deux
présidents, des deux Assemblées, se sont engagés à faire des économies, c’est ce sujet là qu’il faut
qu’on pose et je le dis d’autant plus parce que cela va permettre à nos amis de France Télévisions de
comprendre que le sujet n’est pas uniquement France Télévisions. On ne prend pas France Télévisions
comme cible en se disant il faut absolument que France Télévisions change. On ne veut pas faire de
mal à France Télévisions. Notre objectif est au contraire de donner les moyens à France Télévisions de
vivre, de le faire en respectant l’argent des contribuables, en le faisant pour que la création notamment
trouve son équilibre. Et, de la même façon, sur les chaînes parlementaires, nous sommes bien décidés
à poser cette question. Vous savez qu’à l’Assemblée nationale, Catherine Vautrin a été chargée de
réfléchir à ces questions. Je lui ai dit très clairement ce que j’en pensais. Je le redirai dans le débat, je
pense que c’est un sujet majeur pour le Parlement et si on ne le dit pas dans ce club je ne sais pas où
on le dirait. Je le dit parce qu’on vient de parler de la TNT ; je trouvais normal qu’on parle dans cette
maison des chaînes parlementaires. Est-ce qu’il y a d’autres questions sur d’autres sujets ?
C’est ce que disait Christine dans mon oreille à plusieurs reprises quand on parlait de la
diversité.
Je ne vous ai pas entendu mais il y a eu télépathie. J’aimerais bien aussi savoir quel rôle nous
sera réservé à nous en tant que chefs d’entreprises. Dans ce projet de loi est-ce qu’il y aura un jour…
Je ne demande pas une parité hommes-femmes ; on voit d’ailleurs qu’on a quand même un
gouvernement avec une parité qui est représentée, même si les femmes n’ont pas le même niveau
d’attributions que les hommes. Je veux savoir pourquoi le président de RFO, par exemple, est encore
issu de la majorité blanche. Cela me semble une aberration. Et pourquoi il n’y a pas plus de femmes…
Est-ce qu’il y a un amendement qui pourra être déposé ou est-ce que vous y pensez.
Est-ce qu’il y a un amendement pour les femmes ? Est-ce que Christian Kert a pensé… ? Parce
que comme il veut calmer mes ardeurs, est-ce que lui a des ardeurs pour les femmes dans son projet ?
Je voudrais juste préciser un chiffre. Parmi les dirigeants de médias, il n’y a que 3% des
femmes qui ont des postes vraiment à responsabilité.
Posé comme cela, j’ai toujours beaucoup d’ardeur pour les femmes mais pas forcément sous
forme d’amendement. Mais que devrait dire cet amendement ? J’ai fait partie des parlementaires qui
ont voté la loi sur la parité qui n’était pas proposée par la majorité à laquelle j’appartenais. Les seules
personnes qui m’ont reproché d’avoir voté la loi pour la parité, ce sont des femmes en me disant
« vous nous prenez pour des quotas ». Donc que faudrait il faire pour que vous soyez mieux présentes,
pas plus, mais mieux présentes ?
Les femmes et les hommes c’est différent dans les médias, apparemment.
Je ne sais pas mais je suis prêt à observer des statistiques et à corriger le tir. Mais je veux le
faire avec délicatesse, la délicatesse que vous méritez.
Simplement une chose. Je ne vais pas citer les visages féminins de France Télévisions ; la
soirée n’y suffirait pas. Simplement rappeler une chose. C’est qu’à son arrivée, Patrick de Carolis a
signé un accord sur l’égalité salariale homme femmes à France Télévisions, ce qui n’était pas le cas
auparavant.
Juste un mot pour dire que, bon, évidemment on le souhaiterait – on a tout de suite le réflexe
nous les femmes - mais c’est difficile de le mettre dans la loi. C’est toujours pareil. Il y a les femmes
qu’on montre, qu’on voit, et les femmes qui dirigent. Ce sont des mouvements de société longs et ils
sont spécialement longs en France. Christian a raison de rappeler qu’il y avait eu un grand débat à
l’époque et je me souviens qu’Elisabeth Badinter et d’autres refusaient d’être distinguées pour ce
qu’elles étaient et non pas pour ce qu’elles faisaient. Ce qui est évidemment l’éternel débat.
Je pense qu’il ne serait pas inutile de préciser que certaines femmes présentes ici qui sont à des
postes à responsabilité dans le secteur de l’audiovisuel et des médias le sont plus pour leur compétence
que pour leur féminité.
Oui alors, je m’aperçois qu’on est passé très vite sur un sujet. Christian Kert tout à l’heure a
évoqué la question de la gouvernance. Je persiste à penser qu’il y a une logique de responsabilité dans
les nominations telles qu’elles sont envisagées pour l’avenir. L’idée que cela serait sur des critères
différents de la compétence n’est pas fondée. Cela fait partie de ces postes très en vue qui font l’objet
d’un débat public considérable et qui d’ailleurs est déjà terriblement discuté. Il y aura nécessairement
ce débat public très nourri. L’avis conforme du CSA est un point très important. Le vote à bulletin
secret est un point également très important. Le passage également en débat public devant les
commissions parlementaires, on peut être sûr du retentissement qu’il aura, des commentaires et de tout
ce qui sera forcément disséqué et discuté à cette occasion. Je pense à l’inverse que cela pourra être la
possibilité dans le principe de faire appel à des personnalités venues de tous horizons. On sait qu’il y a
de grands dirigeants qui ont des parcours beaucoup plus inattendus, qui viennent qui de la Lyonnaise,
qui de l’agrochimie, qui de je ne sais où. Et au fond, cela laisse une liberté ; c’est le principe de la
liberté et de la responsabilité. On sait que ce ne sera pas facile mais je crois que les garanties
démocratiques sont réunies et que certainement la liberté sera bien présente. Pour moi c’est un projet
assez intéressant et auquel il me semble qu’on peut adhérer.
Merci Christine. On ne le dit pas toujours mais, en dehors du fait qu’il y a une hypocrisie sur
la nomination dans le système actuel, il y a un point qui me semble-t-il est majeur – Christine tu
ajouteras un mot si tu veux pour corriger ce que j’ai dit mais – c’est que jusqu’à présent il y avait un
choix limité surtout parce que la procédure imposait en réalité d’être candidat. On se souvient d’un
certain nombre d’exemples avec un certain nombre de professionnels de la radio notamment qui se
sont porté candidats, qui n’ont pas été retenus et pour qui cela a été le début des difficultés dans leur
radio d’origine. Je crois qu’il faut avoir cela en tête car c’est un plus considérable en matière de choix
des professionnels qui est à côté de la partie purement politique de la décision mais qui me semble-t-il
est un vrai plus et permettra d’aller vers le choix d’un professionnel à la tête du service public. C’est
l’une des raisons pour lesquelles je me battrai pour ce mode de nomination que je considère comme
plus démocratique et en même temps comme permettant de choisir des professionnels et d’avoir plus
de choix.
D’abord je voudrais rassurer Camille Pascal sur le fait que les créateurs et les producteurs
aiment vraiment France Télévisions. Ils sont très attachés à France Télévisions, au point vraiment de
se battre bec et ongles pour France Télévisions. Et ils espèrent que France Télévisions leur rend. Et,
effectivement, jusqu’à présent, cela a été extrêmement fort. Moi qui représente les producteurs de
cinéma, en matière cinématographique, la politique de production a été très forte au point d’ailleurs
d’avoir cette année la palme d’or à Cannes avec Entre les Murs. Elle est le reflet même justement de la
diversité. Avec ce film, on est au carrefour de tout ce que l’on a dit. Donc c’est assez extraordinaire. Il
faut continuer cela. Cet amour doit se traduire en actes comme le disait Cocteau donc nous sommes
demandeurs de garanties en valeur absolue pour maintenir cet engagement financier en faveur du
cinéma. Pour que cette grande aventure continue, il faut développer la seconde partie de soirée où,
comme devrait l’indiquer le cahier des charges, le cinéma sera sans doute le bienvenu. Le samedi soir
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devrait aussi être un espace pour le cinéma, grâce au décret qui ne va pas manquer d’être publié. Nous
comptons donc sur les parlementaires, Monsieur Kert rapporteur, Frédéric Lefebvre, et le
gouvernement, pour traduire cette garantie en valeur absolue dans la loi pour que, de la même manière
qu’elle existe pour l’audiovisuel, cette garantie existe pour le cinéma… Il faut une garantie en valeur
absolue pour garantir cette pluriannualité, cette visibilité, cette pérennité dans la création.
Pour ce qui concerne la TNT, j’ai écouté les débats des chaînes de la TNT extrêmement
attentivement. Nous aimons beaucoup aussi les chaînes de la TNT. Elles aiment énormément le
cinéma. Il y a beaucoup de cinéma et je dirais même que c’est le programme phare des chaînes de la
TNT. Nous attendons avec beaucoup d’impatience le moment où elles vont commencer à contribuer à
la création de façon extrêmement forte avec un investissement, des garanties. Là aussi, nous serions
très heureux qu’enfin elles contribuent à la création cinématographique au-delà de la simple
programmation, pour faire en sorte que la TNT se développe. Enfin, en dernier lieu j’aurai une
question pour Madame la Ministre.
Christine REICHENBACH, Directrice des affaires publiques et juridiques de l’Union des
Annonceurs (UDA)
Je voudrais formuler des propos beaucoup plus terre à terre. On a beaucoup parlé de ce décret
et de ses fenêtres ; j’aurais aimé savoir quand il a allait être enfin publié et quand ces fenêtres allaient
enfin être ouvertes. Nous, les annonceurs, avons besoin de connaître suffisamment à l’avance les
règles du jeu pour pouvoir accompagner le mouvement.
Ecoutez, le décret a été signé en tout cas par moi et après on l’a suivi à la trace et actuellement
il est au ministère de l’Intérieur à cause de l’application dans les DOM TOM mais il doit ensuite aller
chez le premier ministre pour une entrée en vigueur le 1er janvier.
Frédéric Lefebvre, vous parliez tout à l’heure de respecter l’argent du contribuable. Une
question par rapport aux obligations du service public et en particulier sur le cahier des charges. Est-ce
qu’il ne serait pas important d’introduire une notion visant à respecter l’avis du téléspectateur, du
citoyen à l’heure où les magazines comme Le Médiateur sont relégués sur Internet ?
Je pense que vous posez une question qui est très importante, celle de l’interactivité avec les
téléspectateurs. Camille Pascal va répondre mais moi j’ai quelques souvenirs de télévision – vous allez
me dire que je me souviens des programmes de quand j’étais plus petit – mais quand on était enfant, il
y avait un certain nombre de programmes à la télévision où on avait l’impression d’avoir plus de choix
qu’aujourd’hui et plus d’interactivité. Parce que le SVP 11 11 est dans la tête de beaucoup de Français.
Paradoxalement dans ce Club il y a beaucoup de gens – et on en a rencontré – qui aujourd’hui ont les
moyens techniques d’offrir aux chaînes de télévision la capacité d’offrir une vraie interactivité. La
question part du principe que les télévisions abandonnent à Internet l’interactivité. Certes, les
télévisions reprochent souvent à Internet, et parfois à juste titre, de leur prendre des téléspectateurs ou
du contenu. Il faut aussi que la télévision sache faire le virage des nouvelles technologies et créer une
interactivité qui manque à la télévision. Cette question dépasse très largement le service public. J’ai vu
que Camille Pascal voulait réagir sur cette question. On sera heureux d’entendre sa position.
Depuis près de trois ans, France Télévisions ne cesse d’aller à la rencontre des téléspectateurs.
Alors cela a pris la forme des Forums Téléspectateurs en France avec la visite de France Télévisions
dans plus d’une quarantaine de villes et, par ailleurs, d’un instrument que nous avons créé, qui est sur
Internet. Mais France Télévisions a vocation à devenir un global média avec le Club France
Télévisions, club de téléspectateurs puisque nous frôlons les trois millions d’adhérents et qu’il y a un
contact permanent avec les téléspectateurs notamment sur les programmes avec leurs réactions. Ils ont
tous systématiquement des réponses. Je peux dire d’ailleurs que le standard récemment a sauté sur la
question de Plus belle la vie. Donc il y a ce lien. Par ailleurs vous le savez certainement, l’interactivité
est soumise à un certain nombre de règles notamment sur l’usage des SMS, qui sont aussi des
contraintes.
Merci Camille. Ce problème d’interactivité, c’est un sujet qu’on a aussi abordé au moment où
on a eu les premières discussions sur la TNT puisque certains de nos voisins européens on fait une
TNT interactive, ce qui n’a pas été le choix de la France. La question s’est posée de manière
extrêmement précise. Aujourd’hui, compte tenu de l’évolution des technologies, on est tous concernés
parce que le secteur audiovisuel est très dépendant entre guillemets de ces évolutions là et on essaye de
les accompagner au maximum avec les différentes lois qui se posent sur l’audiovisuel. Aujourd’hui,
quand on parle d’interactivité, je pense qu’il faut penser – et Jeanine Langlois-Glandier pourrait en
parler mieux que moi - à la TMP. On ne parle aujourd’hui de l’interactivité qu’avec Internet qui est
l’outil le plus interactif qu’on connaisse. Mais c’est vrai que la TMP peut apporter des réponses en
termes d’interactivité- si Jeanine veut dire deux mots sur le sujet...
Très honnêtement je préfèrerais qu’on fasse un autre club sur la question de la Télévision
Mobile Personnelle.
Peut être que j’ai mal formulé ma question mais je voulais savoir s’il y avait quelque chose de
prévu dans le cahier des charges à l’heure où je crois qu’un magazine – Le magazine du médiateur – a
été effacé des programmes il y a quelques mois. Un certain nombre de téléspectateurs s’en sont émus,
il y a eu pas mal de retours à ce niveau là. Je voulais savoir s’il y avait autre chose de prévu. Internet
fait partie de moyens parallèles mais, à l’écran, qu’est-ce qui se passe ?
Si, il est en effet spécifiquement prévu dans le cahier des charges un temps de dialogue entre
le médiateur et les téléspectateurs.
Je voulais vous informer d’une nouveauté dans le club puisque nous avons ici beaucoup
travaillé sur le travail jusqu’à l’extinction de l’analogique. A chaque réunion que nous organiserons –
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puisqu’on a beaucoup parlé d’évolution technologique et de nouveaux médias – nous allons essayer de
faire jusqu’à fin 2011 comme un feuilleton, un petit point sur l’état des lieux et l’avancée de la fin de
l’analogique. Je voudrais donc laisser la parole à Fayçal Daouadji pour qu’il intervienne en cette fin de
réunion, comme il le fera au prochain dîner-débat pour nous faire un point d’étape sur l’avancée
concernant l’extinction de l’analogique.
Merci, bonsoir à tous. On va essayer de garder la transition avec le sujet France Télévisions.
D’abord, on va rendre compte - pour une raison simple c’est que c’est vous qui avez votés cette loi
donc c’est un peu ton bébé Emmanuel - de la façon dont on donne corps à ce bébé au fur et à mesure,
région par région. On commence à rentrer dans le concret du sujet. Madame la Ministre vous étiez là
samedi à Coulommiers pour le compte à rebours. Vous l’avez officiellement lancé. Grâce aux équipes
de Laurence Franceschini, grâce au ministère de la Culture, clairement l’Etat a pris ses responsabilités,
autant sur le financement que sur l’accompagnement. Je ne doute pas que les chaînes nous rejoindront
un jour sur le sujet. On arrive maintenant à avoir la concrétisation du terrain. Je vous transmets les
excuses de Frank Riester qui malheureusement ne peut pas être là ce soir mais qui nous accompagne
par la pensée. En clair on a tenu une quinzaine de sessions de formations sur Coulommiers, une
dizaine de réunions publiques. Il commence à ressortir assez clairement que, premièrement, les élus
n’ont pas peur de la fin de l’analogique et que les téléspectateurs ne regretteront en rien la fin de
l’analogique, pour une raison simple, autant en termes de qualité que de quantité. Quand ils voient la
différence, ils sont contents d’être passés à autre chose. La deuxième chose s’agissant des élus, c’est
qu’ils sont plutôt proactifs et positifs dès lors qu’on travaille très en amont avec eux ; c’est ce qu’on
est entrain d’inventer concrètement à Coulommiers. La troisième chose, c’est que dans les réunions
publiques, les questions qui se posent commencent à dériver c'est-à-dire qu’au début les gens ne
comprenaient pas pourquoi on le faisait. Maintenant, c’est « comment on le fait » et « expliquez moi
ce que ça m’apporte, combien ça me coûte et comment concrètement je fais si j’ai une parabole », etc.
L’un des indices, c’est qu’il y a des gens qui commencent dès maintenant à penser à se désabonner, à
bazarder leur antenne parabole pour profiter de la qualité de l’antenne râteau. C’est un témoignage issu
de réunion publique.
Deuxième étape, Kaysersberg. On en y était hier. Les trois communes touchées par
Kaysersberg ont donné leur accord. On a l’aval du président Zeller. Donc l’Alsace, c’est lancé, ce sera
au printemps. Michel Boyon n’est plus là mais il aura les délibérations des trois communes à la mi-
décembre et on pourra commencer le travail de communication et d’information début janvier.
Enfin, Cherbourg : on a commencé à travailler avec les équipes du député-maire Bernard
Cazeneuve. On va leur présenter l’ensemble du projet à la fin de l’année civile. On sera opérationnel
au mois de mars. Et Cherbourg sera une première puisque c’est une zone à 150 000 habitants, ce qui
veut dire que l’on va entamer et expérimenter le travail avec un conseil général de zone rurale. C’est
important car les zones rurales étaient jusqu’à présent un peu les laissées pour compte.
Dernier point, Pierre Hérisson est-il encore là ? Simplement pour dire qu’on a commencé à
travailler très en amont avec l’Association nationale des élus de montagne et l’Association des maires
de France. On a une chance extraordinaire avec l’association nationale des élus de montagne puisqu’au
Congrès de Saint-Flour, on a entendu François Brottes féliciter le gouvernement et se féliciter. Donc
au niveau national, comme au niveau local, on a un véritable consensus. Vous pouvez dire bravo aux
élus de Coulommiers et des dix villes environnantes pour ce qu’ils sont entrain de faire et d’inventer
qui est assez extraordinaire.
Juste un tout petit mot pour dire que, dans une soirée comme celle-ci, qui était très intéressante
– j’étais ravie de venir bien sûr – finalement les chaînes privées s’expriment assez peu. C’est vrai qu’il
y a beaucoup de dialogue entre les pouvoirs publics et le service public. Je voulais dire qu’on aime
beaucoup le service public ; on a beaucoup d’ambition pour lui ; on est évidemment proche. Mais on
est aussi très content qu’il y ait ce paysage, si riche actuellement, des chaînes de la TNT qu’on a
entendu, des grandes chaînes historiques parce que c’est l’ensemble qui contribue puissamment au
cinéma, à la création. Je voulais quand même le dire parce que c’est très important que tout le monde
se porte bien.
Merci encore à Christine Albanel pour le temps qu’elle a passé avec nous et l’amitié qu’elle
nous a faite de sa visite, merci à vous tous pour votre présence, merci à Christian Kert d’avoir trouvé
le temps de nous rejoindre et à bientôt pour un prochain dîner débat.
LE CLUB
1er février 2005 : Débat du Club avec Michel BARNIER, ministre des Affaires étrangères,
Dominique BAUDIS, président du CSA, Patrick LE LAY, président de TFI, Marc TESSIER,
président de France Télévisions et Alain SEBAN, directeur des Médias, sur le thème
« L’évolution de notre audiovisuel extérieur : la chaîne d’information internationale et les
chaînes extracommunautaires ». (Actes de la réunion disponible sur demande).
20 juin 2006 : « Les attentes pour une chaîne française d’information internationale » en
présence d’Alain de POUZILHAC, président du directoire de la CFII et Ulysse GOSSET et
Jean-Yves BONSERGENT, directeurs généraux.
5 février 2008 : Dîner-débat du Club. Invités Mme. Catherine SMADJA, Head of Special
Projects, Strategy and Policy, BBC, et Jean REVEILLON, Directeur général de l’UER (Union
européenne de radio-télévision)
16 avril 2008 : Dîner-débat du Club. Invités M. Eric BESSON, Secrétaire d’Etat chargé de
la Prospective, de l’Evaluation des politiques publiques et du Développement de l’économie
numérique auprès du Premier ministre et M. Michel BOYON, président du CSA
2 juillet 2008 : Dîner-débat du Club. Invités M. Rachid ARHAB, conseiller du CSA sur la
radio numérique et M. Alain MEAR, conseiller du CSA sur la radio analogique et la TNT
André WOJCIECHOWSKI
Député de la Moselle
Sénateurs
Entreprises :
AB groupe Mediametrie
Alcatel-Lucent Radio France
APFP (producteurs de films publicitaires) SFR
APC SIMAVELEC
Astra SIRTI
Bouygues Telecom Skyrock
Canal+ TDF
Endemol TF1
Eutelsat Thomson
Forum TV Mobile Vivendi
France Telecom WarnerBros France
France Télévisions Yacast
LCP AN
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STAUT & ASSOCIES
33, rue de Tocqueville - 75017 Paris