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Vérins hydrauliques

par Robert AFFOUARD


Ingénieur de l’École Nationale Supérieure des Arts et Métiers
Ingénieur-Conseil en installations hydrauliques et mécanique lubrifiée

1. Présentation .............................................................................................. B 6 040 - 2


1.1 Vérins classiques ......................................................................................... — 2
1.2 Caractéristiques ........................................................................................... — 2
2. Description des éléments des constructions courantes .............. — 7
2.1 Tubes ............................................................................................................ — 7
2.2 Tiges.............................................................................................................. — 10
2.3 Fonds ............................................................................................................ — 10
2.4 Orifices.......................................................................................................... — 10
2.5 Joints ............................................................................................................ — 12
2.6 Amortisseurs................................................................................................ — 17
2.7 Dispositifs de fin de course......................................................................... — 20
3. Vérifications du dimensionnement des vérins ................................ — 20
3.1 Rendement des vérins................................................................................. — 20
3.2 Vérifications ................................................................................................. — 22
3.3 Effet multiplicateur ...................................................................................... — 30
3.4 Décompression ............................................................................................ — 31
3.5 Place et choix des vérins............................................................................. — 31
3.6 Protections ................................................................................................... — 31
3.7 Exemple de dimensionnement avec vérifications .................................... — 32
4. Usage général ........................................................................................... — 33
5. Formes particulières ............................................................................... — 34
6. Utilisations particulières ....................................................................... — 42
6.1 Vérin en différentiel ..................................................................................... — 42
6.2 Vérin utilisé à basse vitesse........................................................................ — 42
6.3 Vérin utilisé à grande vitesse...................................................................... — 43
6.4 Vérin utilisé pour obtenir une rotation ...................................................... — 43
6.5 Synchronisation de deux ou plusieurs vérins........................................... — 44
6.6 Immobilisation en position ......................................................................... — 44
6.7 Vérin autonome ........................................................................................... — 46
6.8 Vérins multiples ........................................................................................... — 46
6.9 Vérins mouflés ............................................................................................. — 46
Références bibliographiques ......................................................................... — 48
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. B 6 090

Qu’est-ce qu’un vérin n vérin est un organe qui transforme l’énergie d’un fluide (géné-
U
11 - 1991

et que fait-il ? ralement de l’huile) sous pression en travail mécanique. Ce travail


peut être produit par un déplacement linéaire ou angulaire (cependant, on
convient d’appeler moteurs les organes qui fournissent une rotation de plusieurs
tours).
Les vérins sont le plus généralement constitués par des pièces, considérées
comme indéformables, qui se déplacent les unes par rapport aux autres.
B 6 040

Cependant, il existe des vérins constitués par des enveloppes déformables par
effet de pression. Le plus souvent, un vérin prend appui sur un bâti et déplace
un élément mobile (figure A).

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Figure A – Vérins actionnant des pelles (doc. Poclain)

Cette définition pourrait englober les cylindres de moteurs à vapeur, à combus-


tion et pneumatiques, mais la notion de vérin sous-entend généralement un
mouvement relativement lent.
De plus, on appelle plus facilement vérin un organe complet pouvant être placé
sur une machine (le vérin de flèche d’une grue, par exemple) plutôt qu’une partie
constitutive de celle-ci, qui prend alors le nom de cylindre (le cylindre d’avance
de la table d’une rectifieuse, par exemple).
Le présent article se donne pour but de décrire succinctement les principaux
paramètres qui gouvernent la construction et l’utilisation des divers types de
vérins. Le lecteur désirant examiner plus en détail telle ou telle caractéristique
pourra se reporter à des ouvrages spécialisés dans chaque discipline évoquée
et en particulier à l’ouvrage de l’auteur [1].

Le lecteur pourra se reporter utilement aux articles de la présente rubrique Hydrauliques, ainsi
qu’aux articles spécifiques consacrés à l’étanchéité [B 5 420] et aux lubrifiants [B 5 340] [B 5 341]
également de ce traité.

1. Présentation Des éléments déformables peuvent être employés, tels que


membranes ou enveloppes, dans la construction de vérins qui sont
souples ou gonflables (§ 5).
1.1 Vérins classiques On peut encore, si la course nécessaire est très faible, utiliser la
déformation d’une enceinte en acier constituée par deux plaques
Le vérin le plus simple est dénommé à simple effet (figure 1). Sa circulaires soudées à leur périphérie.
tige ou piston plongeur sort sous l’effet du fluide qui parvient dans
le corps et c’est la charge (poids) ou un dispositif de rappel extérieur
qui le fera retourner à sa position initiale « rentrée » lorsqu’on auto- 1.2 Caractéristiques
risera l’évacuation du fluide. Si le vérin possède deux ou plusieurs
tiges concentriques ajoutant leurs courses relatives, on dit qu’il est ■ L’une des principales caractéristiques d’un vérin est sa force
télescopique (§ 5). Le vérin simple effet constitue parfois un élément
complet de machine ; il peut aussi avoir des formes très variées La force théorique est définie par la relation :
(figure 2). F = pS
Le vérin le plus classique, composé d’un tube et d’un piston
attelé à une tige, est dénommé à double effet (figure 1) dans la avec F force (en N ou daN en unités courantes),
mesure où le fluide peut être injecté côté fond provoquant la sortie, p pression (en Pa ou bar en unités courantes),
ou côté tige provoquant la rentrée. Il existe des vérins possédant S section de la tige pour le vérin simple effet ou du piston
deux tiges, égales ou non, dits à double tige (figure 3). pour le vérin double effet (en m 2 ou cm 2 en unités
L’organe selon la figure 4, qui est composé d’une palette tournant courantes).
à l’intérieur d’un tube, est dénommé vérin rotatif (qu’il ne faut pas Il va de soi que la force réelle utile est inférieure à cette valeur,
confondre avec un vérin double effet ordinaire dont la tige et le piston les principaux paramètres qui interviennent pour la diminuer étant
peuvent éventuellement tourner par rapport au tube qui les contient). le frottement des joints et des guidages, ainsi que la pression rési-
Il existe d’autres moyens tels que les filetages ou les dentures pour duelle dans le compartiment en refoulement.
transformer le mouvement linéaire d’un piston en rotation d’un
arbre. Le terme vérin rotatif s’applique aussi pour définir ces organes.

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Figure 1 – Vérins classiques à simple effet


ou double effet

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Figure 2 – Élément complet de machine


ou vérin de forme très particulière
Figure 4 – Vérins rotatifs

(0)
Tableau 1 – Quelques valeurs de forces théoriques (en daN)
développées en poussant en fonction de l’alésage
et de la pression, données à titre d’exemple
Section Pression (en bar)
Alésage
alésage
(mm) (cm2) 30 90 140 250 350
32 8,04 241 723 1 120 2 010 2 814
Figure 3 – Vérin double tige
40 12,56 376 1 130 1 750 3 140 4 396
80 50,26 1 507 4 523 7 036 12 565 17 591
Il est important de noter que la valeur de la pression à l’intérieur 100 78,54 2 356 7 068 10 995 19 635 27 489
d’un vérin est liée à l’effort que celui-ci exerce et, en particulier,
qu’elle est faible lorsqu’il n’y a pas d’effort résistant. 140 153,94 4 615 13 850 21 550 38 485 53 879
La valeur de la force maximale est définie par la pression maximale 200 314,16 9 420 28 275 43 980 78 540 109 956
du circuit d’alimentation. Sa précision dépend donc entièrement de
celle du limiteur de pression. Il est important de noter que les 250 490,87 14 725 44 175 68 720 122 715 171 804
constructeurs indiquent généralement, sans le préciser, des forces 300 706,86 21 205 63 615 98 960 176 715 247 401
théoriques (tableau 1).
400 1 256,6 37 695 113 090 175 920 314 150 439 805
500 1 963,5 58 905 176 715 274 870 490 875 687 225

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Il arrive assez souvent que la force réelle soit très supérieure à


la valeur précédente lorsque le vérin vient en butée, tant par action Valeurs classiques des courses c :
mécanique (§ 3.2.6) que par montée rapide en pression, sous l’action de l’ordre du mm : applications type : freins, outillage ;
du débit de la pompe. Cette montée en pression peut être plus rapide c < 20 cm : crics de levage ;
que l’ouverture du limiteur, selon sa qualité et son emplacement et
c < 1 m : petite manutention ;
d’autant plus qu’on se trouve en liaison avec des inerties
importantes. de 2 à 3 m : majorité des applications de puissance ;
de 5 à 10 m : applications encore courantes en
manutention ;
Valeurs classiques des pressions p : de 10 à 40 m : grues télescopiques et ascenseurs.
jusqu’à 15 bar : vérins élévateurs autonomes ; Le record de la tour Eiffel avec un vérin d’ascenseur pour le
de 15 à 30 bar : applications type machine-outil ; 3e étage, ayant une course de 80 m, ne semble pas encore battu.
70 à 100 bar : petite manutention ;
140 à 210 bar : toutes applications courantes (solu- À partir de ces caractéristiques, on peut déterminer aisément les
tion généralement économique expressions du travail et de la puissance :
dans les petites dimensions) ;
W = Fc = Vp
280 à 420 bar : toutes applications où l’encombre-
ment et le poids ont de l’importance avec W travail ou énergie (en N · m ou J),
(solution économique pour les F force (en N),
moyennes et grandes dimensions) ;
c course (en m),
500 à 1 000 bar : outillage ;
V volume ou cylindrée (en m3),
1 000 à 2 000 bar : épreuves ;
2 000 à 5 000 bar : assez nombreux laboratoires ; p pression (en Pa ou bar, avec 1 bar = 105 Pa) ;
5 000 à 30 000 bar : expérimentations exceptionnelles. et P = Fv = Qp
Rappelons la correspondance d’unités : 1 000 psi (pound-force
per square inch) ≈ 70 bar. avec P puissance (en W),
v vitesse (en m/s),
■ La deuxième caractéristique importante est la vitesse Q débit (en m3/s).
Elle est donnée par le débit qui alimente le vérin : Il faut distinguer la puissance apparente qui correspond à la pres-
sion et à la vitesse indiquées comme admissibles par le constructeur
v = Q /S et la puissance utile que l’on pourra demander au vérin. La seconde
avec v vitesse (en m/s), est habituellement très inférieure à la première ; le rapport entre les
deux dépend de la conception du vérin mais surtout de l’application.
Q débit (en m3/s ou L/min, avec 1 L/min ≈ 1,67 × 10–5 m3/s), Généralement, c’est le frottement et l’élévation de température
S section de tige ou de piston (en m2). locale des joints qui limitent la puissance utile ; c’est habituellement
La vitesse réelle est généralement très voisine de la vitesse théo- une donnée d’expérience.
rique car les fuites ou autres changements de volume apparent sont ■ La quatrième caractéristique est la raideur
relativement faibles. Autrement dit, le rendement volumétrique à qui gouverne la tendance à l’oscillation des vérins
pression stabilisée est voisin de 1. Cependant, la vitesse n’est
● Application lente d’une charge ou d’une variation de charge : si
souvent atteinte qu’après une période d’accélération résultant de
l’application des règles élémentaires de la mécanique, mouvement l’on fait varier la charge sur un vérin vertical, il en résulte une varia-
des masses, frottement, inerties, etc. tion de pression et de volume d’huile et donc un déplacement du
piston. Si la variation est rapide, le déplacement est amplifié et un
Il arrive aussi que la vitesse tende à dépasser la vitesse théorique mouvement oscillant s’amorce, amorti rapidement s’il s’agit d’un
si la charge devient motrice. Dans ce cas, c’est le compartiment du vérin ordinaire.
vérin en vidange qui exerce ou non une retenue, et c’est de son rôle
que dépend alors la loi du mouvement. Des relations fondamentales :
F = ∆p S
fs = ∆V/S
Valeurs classiques des vitesses v :
∆p = B ∆V/V
de l’ordre du mm/min : applications type machine-outil F = Mg = Kfs
avec grandes précautions ;
v < 0,2 m/s : usage général ; avec B (Pa) module de compressibilité (108 à 15 × 108 ),
v<1 m/s : début des cas et usages F (N) effort supplémentaire sur le vérin (appliqué
particuliers ; lentement),
de 1 à 5 m/s : applications exceptionnelles. K (N/m) raideur,
M (kg) masse agissant sur le vérin,
■ La troisième caractéristique est la course S (m2) section de tige ou de piston,
C’est la distance parcourue par la tige (ou piston) entre les deux V (m3) volume, tuyauteries comprises,
positions extrêmes du vérin.
fs (m) déplacement du piston (flèche statique),
g (m/s2) accélération due à la pesanteur,
p (Pa) pression ;

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on tire : La précision est donc nettement plus grande en double effet :


Bf s S
∆p = B ∆V /V = --------------
- Bf s S
V ∆p = --------------
- = 0,64 × 10 7 Pa ( 64 bar )
V
Bf s S 2
F = ∆p S = ------------------
- soit p max = 128 + 64 = 192 bar.
V
Bien entendu, ∆ p aurait pu être calculé directement par :
BS 2
K = F/f s = --------------
V ∆ p = 5 × 10 4 /0,008 = 0,625 × 107 Pa (cela sert de vérification)

ou, dans le cas d’un vérin double effet : ● Application brutale d’une charge : par analogie avec les
ressorts, si la charge a été appliquée rapidement, l’ensemble
2 2 vérin-charge va osciller (avec un amortissement plus important).
BF SF BT ST
K = K F + K T = -----------------
- + ------------------- La pulsation est voisine de :
VF VT
2
B F et B T étant différents si les pressions côté F (fond) et côté T (tige) ω p = K/M
sont nettement différentes.
et l’accélération maximale de :
Exemples
2
■ Soit un vérin double effet vertical en pression des deux côtés de γ max = – a ω p
diamètres 150 mm (piston) et 100 mm (tige) supportant une masse
de 10 t, la pression côté fond est 100 bar (107 Pa) ; tuyauteries avec a demi-amplitude à l’origine.
comprises, le volume côté fond est de 6 × 10 –3 m3, côté tige
Exemple :
de 4 × 10 –3 m3. Le module de compressibilité est approximativement
de 8 × 10 8 Pa des deux côtés. — avec la charge de 10 t :
Quel est l’affaissement du vérin et quelles sont les pressions si la
masse est portée lentement à 15 t (calculs en valeurs absolues) ? : ωp = 6,14 × 10 7 /10 4 = 78 rad/s
S F = 0,15 × 0,15 × π/4 = 1,77 × 10 –2 m2 — avec la charge de 15 t :
S T = 1,77 × 10 –2 – 0,1 × 0,1 × π/4 = 0,99 × 10 –2 m2
10 7 × 1,77 × 10 –2 – 10 5 ωp = 6,14 × 10 7 /1,5 × 10 4 = 64 rad/s
p T = ------------------------------------------------------------- = 78 bar ( 78 × 10 5 Pa )
0,99 × 10 –2
La position finale du vérin sera bien entendu la même que si l’appli-
d’où en appliquant les relations ci-dessus : cation avait été lente. Par contre, la première course, c’est-à-dire la
course de la première oscillation, sera plus importante.
K = K F + K T = 6,14 × 107 N/m
— Application brutale sans vitesse initiale : on montre dans ce
et pour 5 t de plus : cas que l’affaissement originel du vérin est égal à 2 fs (2 fs repré-
sente dans ce cas l’amplitude de départ du mouvement oscillant).
Mg
f s = ---------- = 0,82 × 10 –3 m (0,82 mm) — Application avec vitesse initiale : on montre que la première
K course e se définit par :
Bf s S F
∆ p F = ----------------
- = 19,4 × 10 5 Pa ( 19,4 bar ) 1 1
----- Mv 2 + Mge = ----- Ke 2
VF 2 2
soit p F′ = 100 + 19,4 = 119,4 bar avec g (m/s2) accélération due à la pesanteur,
v (m/s) vitesse initiale.
Bf s S T
∆p T = ----------------
- = 16,2 × 10 5 Pa ( 16,2 bar ) Si le vérin est horizontal, le terme Mge ne doit pas être pris en
VT
considération.
soit p T′ = 78 – 16,2 = 61,8 bar f s étant calculé comme précédemment, la demi-amplitude de
départ du mouvement oscillant est donnée par : a = e – fs .
On peut vérifier que :
Exemple : au vérin précédent double effet non chargé, appliquons
p ′F S F – p T′ S T = 15 × 10 4 N ( g ≈ 10m/s 2 ) une charge de 10 t avec une vitesse initiale de 0,1 m/s.
L’égalité précédente donne :
■ L’exemple précédent ne correspond pas à une application courante, 0,5 × 10 4 × 0,1 × 0,1 + 10 4 × 10 e = 0,5 × 6,14 × 107 e 2
il a été choisi pour montrer la différence de comportement avec un vérin
d’encombrement sensiblement égal mais à simple effet (plongeur soit e = 3,7 × 10 –3 m (3,7 mm) course de la première oscillation :
∅ 100 mm). Dans ce cas, nous avons : fs = F /K = 1,6 × 10– 3 m (1,6 mm)

S = 0,1 × 0,1 × π /4 = 0,78 × 10 –2 m2 d’où a = 3,7 – 1,6 = 2,1 mm

Avec V = 8 × 10 –3 m3 (volume du vérin identique mais volume des et γ max = 0,13 m/s 2
tuyauteries inférieur) : Be S F
∆ p Fmax = ----------------
- = 87 bar
p = 105 /0,007 8 = 1,28 × 107 Pa (128 bar) VF

BS 2
K = ------------- = 0,61 × 10 7 N / m
V
Mg
f s = ---------- = 8,2  10 –3 m (8,2 mm), soit 10 fois plus que
K dans le cas précédent

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2. Description des éléments L’utilisation de l’acier 18M5 demande une attention particulière car
sa courbe de traction présente une courbure qui s’amorce pour des
des constructions courantes contraintes relativement basses, de sorte qu’une petite déformation
diamétrale permanente est à craindre. Avec certains types de joints
et de guidages, elle peut devenir gênante, voire dangereuse.
Les vérins courants comportent un tube et des fonds qui sont L’acier 18MV6 (dénommé TU 52 b lorsqu’il s’agit de tubes à
soudés, vissés ou retenus par des tirants. La soudure par friction usage mécanique) a des caractéristiques un peu plus élevées et
est utilisée pour les petites dimensions (tubes d’amortisseurs) ou permet de réaliser des économies de poids.
les fabrications de série. La soudure par bombardement d’électrons
est intéressante pour les fortes épaisseurs. Une limite élastique nettement plus élevée est intéressante et cela
implique pour les aciers faiblement alliés un taux d’écrouissage
assez important, constaté sur la plupart des tubes destinés à des
2.1 Tubes vérins. Les passes d’étirage séparées par des recuits affinent le grain
et permettent d’atteindre des limites élastiques à 0,2 % comprises
Certains constructeurs forent ou trépanent des barres pleines pour entre 50 et 80 daN / mm2. Cependant, on évitera les contraintes
obtenir des tubes de caractéristiques et de dimensions spécifiques. dépassant la moitié de la charge de rupture car on s’exposerait alors
Mais bien que des machines à trépaner de grande puissance aient à des ruptures par fatigue, et ce d’autant plus qu’un écrouissage
été développées ces dernières années, il semble que cette pratique excessif fait chuter la résilience, ce qui diminue la limite de fatigue.
tende à diminuer. Toutefois, comme le commerce des tubes offre La figure 6 représente la zone dans laquelle doit se trouver la
un choix très limité en qualité, surtout sur le marché français, ce pro- courbe de traction d’un acier pour fabriquer un vérin à hautes carac-
cédé reste utilisé par ceux qui font usage d’aciers spéciaux et de téristiques. La limite élastique est égale ou supérieure à 60 daN/mm2
traitements thermiques. et la résilience rejoint celle des aciers pour appareils à pression. On
On trouve couramment des tubes percés et forgés à chaud dits notera au passage que la courbe de traction établie avec grand soin
sans soudure. Autrefois, ce procédé était le seul considéré comme est la caractéristique la plus importante pour définir un acier.
capable de garantir un produit de qualité ; il est encore spécifié par Les tubes sont alésés et rodés par les constructeurs de vérins, ou
de nombreux cahiers des charges. À l’heure actuelle, étant donné achetés prêts à l’emploi. Le terme rodés paraît impropre à certains,
les grands progrès réalisés par les procédés de soudage en continu il serait plus juste de dire terminés à la pierre. Il faut bien noter que
à grande vitesse, les tubes soudés présentent une qualité généra- le rodage ne modifie pas la géométrie obtenue lors de l’alésage.
lement supérieure, ainsi que de grands avantages : épaisseur régu-
lière, absence de défauts systématiques en long, et tolérances Il existe aussi une méthode de calibrage rapide en 1 ou 2 passes,
moindres qui sont caractéristiques des plats laminés qui servent à qui donne simultanément un bon état de surface en forçant un
les fabriquer. mandrin bombé qui opère un gonflement de l’ordre de 0,1 à 0,2 mm.
Une normalisation des tubes de vérins a été adoptée en France, Certains constructeurs passent directement du tube brut au tube
par exemple la norme NF E 48-025. La normalisation s’étend de fini en quelques minutes grâce à un usinage puissant à l’aide de
l’alésage 50 à l’alésage 500 selon le tableau ci-dessous (valeurs en « pierres » (méthode développée en particulier par la firme Hunger).
millimètres) : (0)
2.1.2 États de surface
Diamètre 50 63 80 100 125 160
d’alésage Le galetage est également utilisé, mais on doit le pratiquer sur
une surface assez convenable, sinon il couche des aspérités qui se
Diamètre redressent au passage des joints. Bien conduit, il améliore les
de tige 32 36 40 45 50 56 63 70 80 90 100 110
caractéristiques mécaniques du métal.
La précision classique des alésages est H8.
(0) Il n’y a pas identité de vues en termes de rugosité et de qualité
Diamètre de surface. Il existe une normalisation française E 05-015 des états
200 250 320 400 500
d’alésage de surface. Ce sont les joints (or il n’en existe qu’une minorité
Diamètre fabriqués en France) qui influent le plus sur le choix de l’état de
de tige 125 140 160 180 200 220 250 280 320 360 surface et cela explique les nombreuses indications de rugosité,
non cohérentes entre elles, que l’on rencontre en pratique.
Le critère qui paraît le moins mal adapté est la rugosité moyenne R
Les constructeurs fournissent également dans leur catalogue un mesurée avec un palpeur à pointe très fine (  2 µ m ) dont le dépla-
croquis des principales dimensions des vérins (figure 5) à titre cement est à peu près parallèle à la surface réelle, par opposition
d’exemple). aux déplacements déformés obtenus par des pointes plus grosses
L’intérêt de cette norme est limité puisqu’elle ne concerne que les qui ne donnent qu’une image lointaine de ce qu’est la surface. (On
tubes sans soudure. Elle préconise une série d’alésages et de tiges. apprendra dans la norme citée précédemment que cette image est
Un des vérins les plus délicats dans sa conception, l’étançon de considérée comme une représentation filtrée ).
mine, échappe à cette normalisation : dimensions, matières, Les valeurs les plus classiques sont de l’ordre de R = 8 à 12 µ m
pressions, etc. lorsqu’on effectue un contrôle pratique.

2.1.1 Matière du tube 2.1.3 Comportement des joints


Les tubes les plus utilisés sont en acier au carbone de nuance Les fabricants de joints souhaitent une rugosité plus fine de l’ordre
mi-dure. Lorsque les fonds de vérins sont soudés, on a tendance à de R = 4 µ m. Il est important de noter que, dès 1956, les principaux
limiter le carbone à moins de 0,3 % (la limite de soudabilité aisée fabricants de joints américains, en particulier de joints toriques,
est passée de 0,2 à 0,3 en trente ans) bien qu’à l’heure actuelle, avec recommandaient 4 µ m pour un usage classique et 2 µ m en cas
des précautions de chauffage et de refroidissement, on réalise des d’exigence de longue durée. La principale raison qui tend à écarter
soudures avec 0,35 %. Pour faciliter la soudure, on choisit couram- les notions de rugosité statistique Ra est leur inaptitude à révéler
ment des nuances du type 18M5. un défaut localisé, tel qu’une rayure, dont la présence est dangereuse
pour les joints.

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Figure 5 – Normalisation des vérins (série standard) (doc. MAAC-Hydraulic)

L’expérience prouve, actuellement, que des joints durent jusqu’à Pour les surfaces fines, où l’on souhaite de bonnes qualités frot-
10 fois plus au contact d’une surface de rugosité inférieure tantes, il semble que l’un des moyens d’appréciation les plus sûrs
à R = 1 µ m. soit l’examen au microscope avec un grossissement de 100 à 1 000,
Le contrôle le plus simple utilise les plaquettes visotactiles dénom- ce qui ne coûte guère plus que les installations à palpeur. Cette
mées Rugotest. Elles sont critiquables pour les états de surface très méthode, bien que peu utilisée, permet de distinguer beaucoup plus
fins car elles ne sont pas obtenues par les mêmes voies que les sur- nettement la différence entre les quatre états de surface de la
faces à examiner. Il y a lieu de ne comparer que des surfaces de figure 7 : Ra et R ne donnent pas une bonne illustration de l’état de
même nature. Les instruments conventionnels se réfèrent à une surface, mauvais avant la mise en route (I) et bon après 15 000 cycles
rugosité statistique Ra, définie par une loi plus ou moins abstraite, (IV).
alors que le mécanicien qui recherche un moindre frottement et une Il y a lieu de remarquer que les tolérances et les états de surface
moindre usure tient davantage compte de la rugosité moyenne R. sont, à l’heure actuelle, généralement moins poussés dans les
Le rapport entre les deux valeurs varie de façon importante selon fabrications de vérins que dans les fabrications automobiles. Cela,
les modes d’usinage. allié aux précautions de filtration qui sont, elles aussi, différentes,
La mesure par rugosimètre pneumatique semble, bien que moins explique qu’il n’y a aucune commune mesure entre la durée de vie
précise, donner une indication assez intéressante pour le mécanicien d’un joint (100 à 1 000 km pour les applications courantes) et celle
pour les surfaces moyennes (article Interchangeabilité dimension- d’un segment de moteur thermique (30 000 à 300 000 km par-
nelle [R 1 210] dans le traité Mesures et Contrôle). courus dans la chemise), bien que le service de ce dernier paraisse
incomparablement plus dur.

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Figure 6 – Courbe de traction caractéristique


des aciers C et faiblement alliés

Cependant, les caractères propres du vérin hydraulique per- L’évolution de l’état de surface depuis l’origine jusqu’à
mettent, à ceux qui ont la possibilité d’amortir leur mise au point 15 000 cycles s’est opérée sans perte de poids appréciable. Cela
sur des séries importantes, d’obtenir un état de surface et une indique que les tables se sont formées principalement par défor-
longévité convenables en partant d’une fabrication relativement mation plastique (accomodation plastohydrodynamique).
grossière. De même qu’une chemise de moteur Diesel terminée Il est important que l’orientation générale des petits canaux
avec R = 1 à 2 µ m s’affine à l’instant du rodage pour réaliser R = 0,5 résultant de l’usinage final soit le plus possible perpendiculaire au
à 1 µ m, on peut placer des joints composites en Téflon chargé de sens de déplacement. On constate d’ailleurs expérimentalement
fibre de verre dans un tube R = 12 à 14 µ m et l’on constate que l’état que cette disposition procure un frottement minimal.
de surface s’améliore rapidement sans que l’usure du joint soit
notable. Dans de bonnes conditions on obtient R = 4 µ m et même Il est intéressant de noter que, dans les mêmes conditions, l’usi-
moins. nage d’un métal traité conduit à un état de surface plus fin.
On conçoit assez bien une surface idéale pour le comportement On peut aussi obtenir des tubes prêts à l’emploi par fluotournage
des pellicules de fluide selon la figure 8, avec de larges tables (déformation plastique sous pression sur un mandrin). On obtient
séparées par de petits canaux à pente adoucie favorisant la prise à la fois la précision, l’état de surface et une augmentation des carac-
en charge et la répartition par le fluide. On constate, d’après la téristiques du métal. C’est une technique séduisante mais d’un
figure 7, que le rodage naturel conduit, après un certain nombre de emploi assez délicat.
cycles, à une situation dans le même esprit.
Les quatre relevés de la figure 7, bien que ne faisant apparaître
2.1.4 Autres tubes
qu’une différence minime dans les valeurs lues de la rugosité,
révèlent un comportement complètement différent des surfaces du On utilise parfois les tubes en laiton, comme pour les vérins
point du vue du mécanicien. pneumatiques, mais uniquement pour des petites dimensions et
de faibles pressions : le prix plus élevé du matériau n’est plus
compensé par l’élimination du risque de corrosion.

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s’avère hésitant. L’argument favorable du faible poids sera-t-il assez


fort pour que le produit se développe et que ses inconvénients
actuels soient atténués ?
Les matières plastiques proposent aussi quelques possibilités
mais actuellement très limitées ; par contre, les fibres synthétiques,
se rapprochant de la famille des monocristaux, réparties dans un
liant à propriétés plastiques, peuvent apporter des solutions, en
commençant par des applications dans l’aviation, d’ici quelques
années.

2.2 Tiges
Les tiges sont souvent pleines. On les réalise parfois en tube
pour des cas particuliers (vérins télescopiques) ou pour des raisons
de poids (véhicules), ou encore pour diminuer l’effet du flambage.
Les tiges sont prises dans la barre pour les constructions
courantes.
La sélection du matériau est orientée par le mode de travail de
la section courante et des extrémités qui sont raccordées aux parties
actives (piston et organe commandés dans le cas du vérin double
effet).
On peut utiliser la fonte pour un pot de presse simple effet où
l’action de compression est prédominante (figure 2a) et des aciers
forgés et traités lorsque les articulations sont des organes de sécu-
rité. La matière la plus courante est l’acier mi-dur. Il ne sert à rien
d’utiliser un acier plus noble ou un traitement thermique à cœur si
la sollicitation principale est le flambage (§ 3.5).
Les revêtements protecteurs sont évoqués au paragraphe 3.6.

2.3 Fonds
Il est rare qu’on leur consacre beaucoup d’attention, ils jouent
cependant un rôle important dans les questions d’encombrement
et de poids.
À ces égards, le fond bombé soudé, analogue à celui des réservoirs
sous pression, serait le mieux placé mais il n’autorise pas le démon-
tage. Les fonds les plus utilisés sont des rondelles d’allure générale
plate dont l’épaisseur est la dimension critique. Elle est de l’ordre
de grandeur du cinquième de l’alésage pour une pression de 200
Figure 7 – Réalité et mesure conventionnelle de la rugosité à 400 bar. Elle peut diminuer si le support du vérin est disposé de
(figures 7 et 8) façon telle qu’il la renforce (§ 5).
Le métal des fonds peut atteindre le palier de plastification pendant
l’épreuve sans que le fonctionnement du vérin soit altéré et ce
raisonnement, bien conduit, permet des gains sensibles dans bien
des fabrications courantes.
Il va de soi que les vérins avec amortisseurs internes genre
CNOMO (§ 2.6.2) ignorent cette tendance.
La fixation des fonds sur les tubes peut prendre des formes très
variées (figure 9). Il est à noter qu’en général la même technique
est utilisée pour fixer le fond et la tête du vérin (segment carré,
segment rond, soudure, filetage, etc.).

Figure 8 – État de surface idéal


2.4 Orifices
Les fibres de verre tissées, enroulées sur un mandrin et garnies Il y a lieu de distinguer les orifices principaux et les orifices de
de résine, constituent des tubes qui sont proposés aux fabricants purge d’air. Ces derniers sont souvent utiles, quelquefois indis-
de vérins. La résistance à la pression est convenable (un tube de ∅ 40 pensables, en particulier lorsque les vérins sont verticaux ou que
à ∅ 44 mm éclate en pratique à 1 100 bar), l’état de surface est correct le volume d’huile contenu dans les canalisations est supérieur au
mais les déformations dues à un très bas module d’élasticité sont volume déplacé par le vérin. La figure 10 représente une purge
excessives et la régularité dimensionnelle n’est pas toujours convenable (avec une bille), la vis-pointeau est à proscrire. Il existe
suffisante sur la longueur. Ce produit nouveau apparaît avec un prix des purgeurs automatiques mais peu répandus.
voisin de celui de l’acier, et le développement de cette technique

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Figure 9 – Différents types de fixations des fonds sur les tubes

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Les orifices principaux doivent être suffisants pour autoriser le pas- La force tendant à déformer les deux joints est la même, elle
sage d’un débit correspondant à la vitesse de déplacement du vérin, correspond à l’action de la pression sur la surface annulaire du jeu.
ce qui n’est pas toujours le cas des dimensions commercialisées. La matière, de hauteur L, considérée comme une poutre fléchie,
Ils doivent être conçus pour permettre le raccordement étanche aux subit une contrainte moindre et se déforme moins que celle de
canalisations par face dressée avec trous taraudés ou faces d’appui hauteur  , donc a < b.
pour brides. Les brides SAE des séries 200 et 400 bar sont celles On conçoit bien que le joint viendra s’appliquer sur les deux faces
qui sont de plus en plus utilisées. Bien que légèrement plus oné- au voisinage de l’arête E, dans la mesure où le fluide venant de la
reuses, elles diminuent le temps de montage et, par là, abaissent droite, ne pouvant passer ni en m, ni en n, est dans l’obligation de
le prix d’ensemble de l’installation terminée. pousser le joint. L’action d’étanchéité du joint est automatique sous
La pose d’un bloc latéral au vérin avec 4 orifices opposés 2 à 2 évite l’effet de la pression. Le joint change de forme sous l’action de celle-ci
d’avoir à distinguer les vérins à droite et à gauche, ce qui est une et, si cette dernière disparaît, il cherche à reprendre sa position
gêne à de multiples points de vue dans de nombreuses applications, initiale. Si l’espace h est grand, et si la pression est alternative, il y
en particulier en manutention. a usure du joint sur les faces qui doivent être finement polies. L’intérêt
du module d’élasticité élevé en limitant la déformation est double ;
il diminue d’une part les déplacements, donc l’usure, et d’autre part
le travail de déformation absorbé par la matière, donc son échauf-
2.5 Joints fement. La tension du joint au montage provoque une réduction de
section qui ralentira l’effet de dilatation en cas d’échauffement
important. Un bas module oblige à la sélection de surfaces plus fines.
Nota : on se reportera utilement à l’article Étanchéité en mécanique [B 5 420] du présent
traité.
Le module d’élasticité des matières à joints varie beaucoup avec la
température.
Il y a lieu de distinguer les joints statiques (entre pièces fixes) et
les joints dynamiques assurant l’étanchéité entre pièces mobiles. Le principe de l’étanchéité par un joint apparaît sur la figure 12.
Si l’on suppose une fuite dans l’espace entre le joint et le tube, la
pression y sera décroissante. On constate alors que la pression p,
2.5.1 Joints statiques dans la mesure où elle est transmise dans la masse du joint, est
supérieure à p1 et que le joint s’écrase contre la paroi, supprimant
l’éventuel écoulement supposé plus haut.
Les joints statiques sont communs à tous les organes hydrau-
liques. Le joint à section ronde ou torique est le plus utilisé. La On conçoit dès lors la relation imposée entre l’ordre de grandeur
réserve d’adaptation et d’usure est la différence entre le diamètre de la pression et la faculté de déformation du joint sous pression,
de la section circulaire lorsque le joint est en place et la hauteur mn qui est liée à son module d’élasticité. On a souvent confondu
de la section écrasée (figure 11a). module d’élasticité et dureté car il se trouve que ces deux caracté-
ristiques sont quasiment proportionnelles dans une large plage
Elle est évidemment proportionnelle au diamètre de la corde du d’applications (figure 13).
joint sélectionné et l’on observera dès à présent que l’utilisation
d’une corde grosse, tout en n’exigeant que des tolérances d’exécu- Les duretés courantes vont de 60 à 90 Shore pour des pressions
tion plus grossières, apportera plus de rusticité. De plus, la sélec- de 15 à 200 bar. Au-delà, l’élasticité devient trop faible et le joint
tion plus importante place plus de matière pour résister à un exige un logement démontable. Les modules d’élasticité courants
même effort de flexion, provoqué par la hauteur h de l’espace vont de 50 à 300 bar, soit de l’ordre de 100 fois moins que le fluide.
annulaire. Cela limite le fluage de la matière dans cet espace qui Le grand développement du joint torique, dont il existe mainte-
peut exister au-dessus de l’arête E (jeu provenant à la fois des tolé- nant de très nombreuses dimensions issues de diverses normes
rances, des imperfections de géométrie et des déformations sous nationales, est principalement dû au fait qu’il ne nécessite pas de
pression, figure 11b). dimension nominale définie.
Le chanfrein de montage est absolument indispensable
(figure 11a) ; malgré l’expérience de 30 ans d’utilisation intensive
du joint torique, son oubli constitue encore la cause la plus fré-
quente de destruction des joints.

Figure 10 – Orifice de purge convenable

Figure 12 – Principe de l’étanchéité d’un joint statique

Figure 11 – Joint statique

Figure 13 – Module d’élasticité en fonction de la dureté

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Le montage selon la figure 14a, que l’on rencontre assez sou-


vent, est vicieux : même si la pression règne simultanément en A
et B, il est difficile de préjuger du mouvement du joint sous l’effet
de la pression : il est possible qu’il recule vers A laissant l’huile
provenant de B s’écouler vers l’extérieur. Pour que ce montage, qui
a l’avantage d’être peu encombrant, soit correct, il faut le transfor-
mer selon la figure 14b. Les canaux obliques assurent une action
simultanée de la pression sur le joint qui sera forcé dans l’angle.

2.5.2 Joints sur parties mobiles


2.5.2.1 Comportement de base

Les joints sur parties mobiles appelés très souvent joints mobiles
se comportent de la même façon que les joints statiques mais le jeu
au-delà de l’arête E est nécessairement plus grand pour tenir compte
des tolérances et des déformations des pièces mobiles, ce qui
conduit à rechercher des matières moins déformables.
Lorsque le mouvement du piston se produit sous l’action du
fluide, la force est transmise par deux modes d’action distincts
(figure 15a) : Figure 14 – Montage de joints statiques
— dans un premier temps, bien que la gorge du joint ne soit pas
encore en pression, le piston peut commencer son déplacement ;
dans ce cas, le joint a tendance à rouler sur lui-même, étant en
apparence collé en m et n ; c’est un mode classique de destruction
dont l’importance est accrue lorsque l’état de surface du tube est
moins fin que celui de la gorge ;
— dans un second temps, l’action de la pression dans la gorge
plaque le joint, comme expliqué précédemment ; il est maintenu
en place par la force qu’il transmet lui-même au piston et qui est
égale à l’action de la pression sur la surface annulaire du jeu h.
Pour éviter la phase de roulage, il convient de faire venir le fluide
jusqu’au joint sans aucune restriction par de larges canaux
(figure 15b). Lorsque l’arrivée franche et instantanée de l’huile
jusqu’au joint n’est pas réalisée, on s’expose de plus à ce que le
joint se déplace dans son logement par friction mécanique faisant
office de pompe, créant ainsi une fuite faible mais intervenant à
chaque course.
Il arrive aussi parfois, lorsqu’on néglige cette arrivée libre du fluide
Figure 15 – Joints sur parties mobiles
vers le joint, que celui-ci se tasse d’abord dans la gorge, quittant
le contact du tube et n’assurant plus l’étanchéité (phénomène de
blow-by analogue à ce qui se passe dans le cas de la figure 14).
Un autre caractère particulier de l’étanchéité dynamique est la
création, par le mouvement, de pressions indépendantes de la pres-
sion de fonctionnement.

2.5.2.2 Comportement en mouvement


Soit un piston poussé par un fluide qui se déplace à une vitesse v
(figure 16). On peut, pour simplifier le raisonnement, admettre que Figure 16 – Joint mobile : risque de pompage
le piston est immobile et que le tube du vérin se déplace à la
vitesse v ′ = – v.
La pellicule d’huile dans le jeu se déplace à v ′/2 en respectant la Pour faire glisse le piston dans l’alésage en présence d’huile, il
loi de Newton (dans la mesure où le jeu est supérieur de 5 à 10 fois faut exercer une force F proportionnelle à la vitesse. Cette force
la somme des rugosités, avec un minimum absolu de 2,5 µm, et où produit un travail sans expression mécanique, qui est entièrement
la filtration est suffisamment fine et efficace) : transformé au sein de la pellicule fluide, une petite partie en pres-
F v sion et la majorité en chaleur. Le fluide se dilate dans un espace
----- = µ ----- réduit et cela engendre des dilatations du piston et du tube et
S h
ajoute une certaine pression s’il n’y a pas de fuite.
avec F (N) force de déplacement, Comme l’expression de cette force F est inversement proportion-
S (m2) section de contact de la pellicule d’huile avec la sur- nelle au jeu h, on peut raisonnablement penser que le phénomène
face mobile, est plus important là ou l’espace est minimal entre le cylindre et le
piston et que, par conséquent, la pression engendrée semble avoir
µ (Pl) viscosité dynamique,
un rôle correcteur qui tend à centrer le piston dans l’alésage.
h (m) jeu annulaire (= j /2),
Cependant, lorsqu’un guidage de grande étendue précède un joint
v (m/s) vitesse de déplacement. dans le sens du déplacement, on conçoit que le fluide ne pouvant
s’échapper va tendre à se mettre en pression sous l’effet de la pompe

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dite à viscosité, qui tend à faire avancer la pellicule de fluide à v /2. L’existence de la pompe à viscosité peut provoquer une dépression
On peut estimer, si la course est suffisamment longue, que l’équilibre du côté opposé du joint (figure 18) qui peut conduire à la formation
est atteint lorsque la vitesse d’entrée v /2 est égale à la vitesse de de petites bulles. Le retour en pression, lors de l’inversion du mou-
sortie (relation donnant la fuite circulaire sous une pression ∆p) ; vement, peut provoquer des destructions qui sont dénommées de
L étant la longueur du guidage : cavitation et qui correspondent au comblement brutal des bulles.
L’effet microdiesel, caractérisé par l’inflammation spontanée des
v ∆ph 2
----- = ---------------- mélanges gazeux à l’intérieur des bulles, due à la compression très
2 12 µ L rapide de ces dernières, fait l’objet d’études assez récentes. Son
avec h = 25 × 10 – 6 m, valeur faible correspondant à une fabrica- action, à la fois physique et chimique, se superpose aux effets des
tion très ajustée, pressions évoqués ci-dessus.
v = 1 m/s, En réalité, ce serait la cause de nombreux talons de joints dété-
riorés. Bien que ce soit pour des raisons différentes, on améliore
µ = 0,03 Pl, généralement le comportement d’un joint en prévoyant un chan-
L = 0,02 m (valeur classique) ; frein au talon.
on obtient alors : Le joint torique a des possibilités limitées par nature, et l’on évite
de l’utiliser pour réaliser l’étanchéité en présence de pressions
6 µ vL
∆p = ---------------
- = 58 bar ( valeur théorique ) élevées à vitesse appréciable (habituellement moins de 100 bar et
h2 moins de 0,2 m/s).
Cette pression est uniquement due au mouvement relatif des
deux surfaces séparées par un jeu faible et s’ajoute aux pressions 2.5.2.3 Échauffement
de fonctionnement du système. L’usure est généralement liée à l’échauffement. On sait que la
On pourra objecter qu’un jeu plus faible, provoqué par un effort majorité des calories dégagées par le frottement dans la faible pel-
latéral, conduirait à une pression beaucoup plus élevée, mais c’est licule limite, qui sépare BC du tube (figure 19), s’en va dans le tube.
peu probable car la gorge du joint constitue un anneau liquide de Si la portée BC est courte et que le tube est baigné de part et d’autre,
répartition de la pression. l’échauffement est limité, ce qui n’est pas le cas du joint torique.
De plus, il ne faut pas perdre de vue que le phénomène ne Les rondelles anti-extrusion évitent le fluage et permettent
s’accroît plus lorsque le jeu descend vers 5 µm et moins. d’accepter des jeux ou des pressions plus importants (figure 19a).
Elles abaissent dans certains montages le frottement, en particulier
Cette pression supplémentaire qui peut être élevée explique, de
si la forme du joint est étudiée pour diminuer la surface de contact
l’avis de certains, des retournements ou des destructions de joints,
de celui-ci avec le tube (figure 19b).
et il conviendra d’éviter ce phénomène en diminuant le plus possible
la valeur L′ du guidage précédant immédiatement le joint. La surface Le joint torique est plus sensible à la pollution particulaire du
de guidage pourra être conservée mais elle sera délimitée par des fluide que les joints possédant des arêtes vives.
gorges largement reliées au fluide en amont du piston (figure 15b).
Il existe, de plus, un effet de pompage des joints qui provient de
la petite quantité d’huile pompée dans le petit espace qui sépare le
joint du tube. Cet espace varie un peu avec la pression (par exemple
de 4 à 2 µm pour 5 à 100 bar) et il se trouve que c’est le joint côté
refoulement qui admet le mieux, il y a donc tendance à un remplis-
sage de l’espace entre deux joints, extrêmement lent, mais
quasiment certain en plusieurs heures.
On conçoit bien que ces deux phénomènes (pression et pompage)
peuvent se combiner et provoquer des surprises lorsqu’il y a deux
joints sur le piston, séparés par un long guidage, montage qu’il
convient d’éviter (figure 16).
Figure 17 – Joint coincé
Il est rare que la pression engendrée par les guidages atteigne sa
valeur théorique parce que la mise en pression des gorges de joint,
dont les volumes sont grands par rapport aux débits des pompes
à viscosité, nécessite de longues courses et que le phénomène
tend à disparaître lorsque le jeu devient trop petit.
Sur la figure 17, on peut expliquer que c’est la pression due au
guidage qui a poussé le joint et déformé la rondelle, mais il y a lieu
de remarquer que, parfois, la destruction finale a une autre cause :
si l’espace restant e n’est pas très petit, la pression extrude le joint
et l’explication est alors différente : lorsque la languette extrudée
sous pression est assez grande pour que le frottement qu’elle
engendre le long des parois contienne la pression d’extrusion, le
phénomène ne dépend plus de la pression. La force d’appui sur le
tube, très élevée, engendre une importante pression mécanique
qui chasse l’huile pouvant subsister entre le joint et le tube. Le
coefficient de frottement augmente de façon considérable et, s’il y
a arrêt, le système ne repartira pas par action de la pression ; Figure 18 – Joint mobile : diagramme des pressions
l’ensemble est coincé et si des actions mécaniques extérieures
interviennent, elles peuvent alors déformer les rondelles et les
épaulements.

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2.5.3 Joints pour pressions élevées 2.5.4 Autres joints

Dans tous les cas où les pressions sont plus élevées que pré- Le joint torique avec rondelles anti-extrusion (figure 19a ) laisse
cédemment (à partir environ de 100 bar), les jeux et déformations progressivement la place au joint composite (figure 21a ). L’anneau
plus importants, on est tenu d’utiliser des matières moins souples plastique ou en Téflon doit posséder des découpes latérales pour
pour ne pas avoir d’extrusion : joints en U et tous leurs dérivés laisser l’huile arriver librement au joint (phénomène de blow-by
(figure 20a). On compense le manque de souplesse de la matière figure 14a ). Cependant, le joint (figure 19b ), dénommé aussi joint
par une forme facilement déformable sous l’action de la pression en T, est considéré comme l’un des meilleurs pour des applications
(il semble que tous les profils courants épousent totalement les ou l’étanchéité à basse pression est importante (accumulateurs). Les
formes de la gorge lorsque la pression atteint 10 bar). L’augmenta- rondelles anti-extrusion doivent être élastiques pour aider le joint
tion de diamètre du talon est déterminée par l’action de la pression à revenir au centre et laisser le flux d’huile le pousser librement.
qui le déforme élastiquement en fonction de la valeur de son module La largeur de contact décroît, ce qui diminue la force de frottement
d’élasticité. Un chanfrein sur le talon protège le joint du danger mais, pour être complet, il faudrait un joint dissymétrique dont la
d’extrusion, mais il augmente les fuites lorsque le joint est sur tige commercialisation présente des difficultés du fait du risque d’erreur
car il gêne la rentrée de l’huile pendant la course de retour. de sens au montage. En effet, dans le cadre de la figure 21a, toute
Lorsque l’on désire étancher des surfaces imparfaites (vérins de la largeur de l’anneau plastique appuie sur le tube avec une pression
travaux publics, grands cylindres de presses) ayant reçu des par- légèrement supérieure à la pression hydraulique. Dans le cas de la
ticules animées de grandes vitesses (des amorces d’arc ou de figure 21b, la partie saillante plus étroite applique la même pression
chocs), il est nécessaire de multiplier le nombre d’arêtes d’étan- mais avec des conditions de refroidissement meilleures, ce qui peut
chéité et l’on utilise des joints chevron. On gagne beaucoup en rus- expliquer que l’usure soit généralement moindre.
ticité mais l’on perd en rendement (figures 20b et c ). On peut Par ailleurs, ce joint a la réputation de ne pas être étanche à
prolonger la vie de ces joints en adoucissant à l’émeri fin ou de basse pression. C’est la raison de l’évolution vers de joints double
préférence à la pierre les bords des parties déformées de la tige. effet à action combinée basse et haute pressions (figure 21c ).
Lorsque les pressions sont très élevées (à partir de 400 bar), il
convient de renforcer l’arête d’étanchéité constituée par le talon dans
le cas d’un joint en U. On utilise même des segments rapportés
métalliques pour des pressions de 2 000 bar et plus. Pour les très
hautes pressions, les joints chevron peuvent être complétés par des
intercalaires en plomb d’épaisseur 1,6 mm.
Le joint pour usage général essaie de réaliser une synthèse des
différents phénomènes évoqués précédemment tout en offrant une
construction économique.

Figure 19 – Montage de joints mobiles

Figure 20 – Joints pour pressions élevées

Figure 21 – Autres joints combinés

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Les joints sont de plus en plus souvent combinés avec des 2.5.5 Compatibilité des joints et des fluides
rondelles de guidage en matière plastique ou en Téflon chargé
(figures 21d et e ). Les joints sont sensibles au contact du fluide qu’ils ont pour
La pose de deux joints côte à côte ou l’utilisation de joints chevron mission d’étancher. Les matières des joints sont devenues très
longs sur une surface très unie conduit à un frottement important complexes. Les compositions des fluides le sont aussi. De plus, des
car la première arête joue le rôle de racleur pour les suivantes, qui modifications peuvent apparaître pour un même produit, à la suite
peuvent aller jusqu’à se détruire par fonctionnement à sec. d’une modification d’approvisionnement, de stockage, d’usage, de
La force de frottement importante qui en résulte s’ajoute ou se température atteinte, d’interactions confuses des additifs entre eux
retranche selon le sens de déplacement de la pression de fonction- et envers les matières de l’installation.
nement, et l’on peut atteindre des valeurs de pression dans la zone Il existe des normes concernant la définition et la classification
du talon d’étanchéité qui sont 2 à 5 fois ou plus la pression des élastomères, leurs essais, leur marquage et leur stockage [5].
d’alimentation. Le graissage, dans ce cas, revêt une importance par- Les matières convenables dans bon nombre de cas difficiles, comme
ticulière, il peut être prévu par des rainures dans le joint mais aussi le Téflon ou le Viton, dont la souplesse est très différente de celle
par le choix de la matière ; les tissus imprégnés, les caoutchoucs, des élastomères, nécessitent souvent des auxiliaires pour les main-
qui sont ternes et mats, maintiennent mieux une pellicule d’huile tenir en place (figure 23).
que les matières lisses : nylons et fluoroéthanes. L’état de surface On diminue simultanément la force de friction et la fuite en
du tube ou de la tige doit être selon la figure 8 avec des traces per- adoptant des parties frottantes obtenues par la combinaison des
pendiculaires au sens du déplacement. Il y a lieu de ne pas perdre profils selon les figures 21a et b. Ce phénomène s’explique en partie
de vue dans l’examen de ce problème la règle des grande et petite par le fait que le joint en élastomère placé sous l’anneau transmet
surfaces (§ 2.5.6) [2]. une pression affaiblie dans la direction du jeu d’extrusion.
Le montage de la figure 9d , qui est particulièrement efficace et Le coefficient de dilatation des matières à joints courantes est de
économique, en alliant les techniques du joint composite, de l’ordre de 100 fois celui de l’acier et 0,125 fois celui des huiles.
l’anti-extrusion élastique et des bagues de guidage, nécessite des
précautions : il faut délimiter les zones d’action du fluide pour éviter Actuellement, les problèmes de compatibilité entre les joints et
le blow-by et la transformation des guides en pseudo-joint, ce qui les fluides sont rares. Autrefois, l’on pensait que le respect d’un
augmenterait le frottement. point d’aniline de l’ordre de 90 suffisait pour obtenir satisfaction.
En fait, pour tirer cette question au clair en cas de nécessité, il faut
Un des inconvénients, rarement mentionné, des joints par rapport faire un essai de gonflement du joint incriminé, dans le fluide réel
au segment métallique est sa position fixe en rotation, qui lui interdit de l’installation et, si possible, en se rapprochant des conditions
de tourner sur lui-même, et ainsi de favoriser le rodage et de répartir d’usage.
l’usure.
Compte tenu de ce qui est dit au paragraphe 2.1.3 concernant la
Le joint sur tige à qui l’on demande souvent de ne pas laisser durée de vie, on comprend assez bien que la plupart des fabricants
passer une goutte d’huile (industries alimentaires ou médicales) est de joints estiment que, si un accident ne survient pas pendant les
un problème ardu. Il n’est généralement résolu que lorsque l’on premières heures de fonctionnement, il ne se passe pratiquement
dispose le nombre d’organes nécessaires (figure 22a ). Lorsqu’on rien après. En effet, on n’atteint que rarement des parcours suffisants
monte, pour obtenir ce résultat que certains vérifient à l’aide d’une pour faire apparaître une usure purement mécanique.
feuille de papier à cigarette qui ne doit pas coller, des joints chevron
avec partie intercalaire assez molle, on provoque une usure assez Cette usure est d’autant plus faible que la matière peut être
rapide. assimilée à un milieu fibreux, ici constitué par un assemblage de
molécules filiformes. Les vulkolans ou polyuréthannes ont des résis-
La combinaison de deux joints successifs est parfois utilisée. La tances plus élevées et un prix inférieur, mais il y a lieu de les
pression réduite qui règne entre les joints est alors liée au volume conserver dans l’huile pour une longue durée de stockage.
de la gorge, à l’élasticité du 2 e joint et à la course (§ 2.5.2). Si cette
pression est très faible, le serrage initial du 2e joint devient pré-
pondérant et celui-ci travaille en racleur. 2.5.6 Guidages rapportés
Les joints à arête intérieure améliorent encore le processus en
favorisant le retour de l’huile sous le premier joint, pendant la Les guidages étaient autrefois le plus souvent en bronze et lar-
course de rentrée (figure 22b). gement dimensionnés. On dit souvent que la longueur d’un guidage
Le joint sur tige doit avoir un serrage convenable. Trop serré, il ne doit jamais être inférieure à 0,8 D (piston de moteur thermique).
sèche la tige et provoque une usure rapide ; pas assez, il laisse sub- Dans le cas d’un vérin et dans la mesure où la tige est bien solidaire
sister des canaux de fuite. du piston, c’est la longueur E qui doit être considérée, et la largeur
du guidage L peut être très petite s’il n’y a pas d’efforts latéraux
(figure 9c ).
À titre indicatif, un piston flottant tel que L / D = 0,25 peut coulisser
sans problème dans un tube garni d’huile.

Figure 22 – Joints sur tige


Figure 23 – Joint Téflon ou Viton

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Dans la plupart des cas, il n’y a pas de film d’huile entre le gui-
dage et le tube du côté chargé (§ 2.5.2) : le contact est en régime
onctueux avec une pellicule qui peut descendre à 1 µ m le long
d’une génératrice si l’alésage est géométriquement parfait et pré-
sente un état de surface très fin.
Les conditions de frottement et de durée de vie optimales sont Figure 24 – Guidages en anneaux plastiques
obtenues avec le respect de la règle de la grande et de la petite
surfaces :
— la grande surface (l’arbre du palier, le tube et la tige du vérin)
doit être la plus dure, la mieux polie, géométriquement correcte,
bien refroidie ;
— la petite surface (la bague du palier, le guidage du vérin) doit
être adaptable pour optimiser les phénomènes d’appui, mais non
déformable pour ne pas modifier les répartitions de charge [2].
Le tube en acier et le piston en bronze ou en fonte semblent
convenir. On peut cependant noter qu’un revêtement mince sur un
piston en acier est préférable car, s’il y a des efforts latéraux, il s’écra-
sera moins profondément et conservera une surface réelle de portée Figure 25 – Segment pour alésage de 50 à 140 mm
plus étendue.
Il faut éviter de faire coulisser une tige chromée dans une bague
en fonte à teneur sensible en phosphore.
Les guidages en anneaux plastiques conviennent également très
bien (figures 24 et 9d ).

2.5.7 Segments

Le montage de segments métalliques suppose quelques


précautions.
Le tube n’étant pas aussi géométriquement parfait qu’en auto-
mobile, le segment doit avoir une épaisseur radiale aussi faible que
possible (figure 25) ; l’étanchéité est réalisée automatiquement par Figure 26 – Segments conique et bombé
la pression comme pour le joint, le jeu à la coupe (si l’on n’utilise
pas une jonction baïonnette plus onéreuse) doit être de 0,03 mm
à 0,04 mm au maximum. — la fuite par une coupe droite, évaluée à 0,1 mm avec
Le segment peut être en bronze ou en fonte douce. Les seg- tolérances H7 et en tenant compte des déformations pour un dia-
ments en fonte dure exigent un tube en acier traité. Les segments mètre moyen et sur une hauteur de 0,08 mm représentant l’espace
chromés appellent au contraire un tube chemisé en fonte sulfinisé. annulaire entre l’alésage et l’arête de soutien du segment, peut être
Il est intéressant que le segment soit légèrement bombé, ou mieux, assimilée à la fuite par un trou de ∅ 0,1 mm. Si la pression est
si l’on accepte la dissymétrie, légèrement conique (figure 26). Ses de 250 bar, la fuite est de l’ordre de 1,3 cm3/s ou 100 cm3/min, ce
faces latérales ainsi que celles de la gorge doivent être réalisées avec qui peut être accepté par bon nombre d’installations ;
un très grand soin et offrir un jeu très réduit. — on peut la diminuer en plaçant deux segments dans la même
gorge ;
Si le fluide est finement filtré, en particulier lors des premiers — l’huile étant peu compressible, la fuite diminue peu lorsqu’on
instants du rodage, l’état de surface du tube ainsi que celui du seg- multiplie les segments, par contre le frottement augmente ;
ment s’amélioreront par écrasement plastohydrodynamique ; c’est — en pratique courante, les fuites d’un vérin à segments se
l’une des grandes raisons de la supériorité de ce montage qui traduisent par la descente d’une charge portée par un vérin en une
accepte des pressions très élevées, des vitesses importantes nuit.
(10 m/s et plus) et offre une longévité incomparable.
Il ne semble pas intéressant de multiplier le nombre des seg-
ments : un seul s’il est bombé, deux s’ils sont coniques fournissent
une étanchéité optimale. 2.6 Amortisseurs
Le segment conique (figure 26a ) porte sur une étroite bande b
réalisée au rodage (en automobile le segment neuf est garni d’un
produit qui agit pendant les premières minutes du rodage). Cette
2.6.1 Amortisseurs internes
bande b appuie sur le tube à la pression nominale tandis que le
segment bombé applique une pression supérieure (figure 26b ). Les amortisseurs utilisent de l’huile emprisonnée dans une cavité,
qui s’échappe par un orifice réduit, réglable ou non de l’extérieur,
La fuite par un segment donne lieu aux remarques suivantes : indépendant ou variable avec la course.
— la fuite autour du segment est pratiquement nulle si l’on
La cavité peut être au centre du vérin, elle peut alors supporter
respecte une technologie convenable. On pourra s’en convaincre en
des pressions très élevées mais sa section est faible (figure 27a).
calculant la fuite théorique par une fente circulaire d’épaisseur 1
ou 2 µm. De plus, par suite de la non-application des lois de Newton La cavité peut être annulaire , dans ce cas, la pression qui
lorsque la pellicule est inférieure à 2,5 µ m avec un usinage très fin, s’applique aux organes vitaux du vérin doit être inférieure à la
la fuite est pratiquement nulle ; pression nominale (figure 27b).

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Figure 27 – Amortisseurs internes

Lorsque la section de l’orifice réduit est variable avec la course,


on peut, avec une certaine approximation, admettre une décélération
à force constante, mais cette disposition, qui ne peut être mise au
point que pour des cas particuliers, n’équipe pas les vérins de série
qui présentent plutôt une décélération brutale (figures 28a et b).
L’amortisseur interne complique la construction du vérin, aug-
mente son encombrement et est, assez souvent, peu efficace. Si
l’amortisseur est réellement efficace et si l’énergie à absorber est
importante, la pression peut devenir très élevée et engendrer un
effort longitudinal supérieur à l’effort nominal du vérin. On risque
alors de rompre les fixations du vérin.
L’amortisseur interne paraît séduisant pour tous ceux qui
construisent unitairement avec peu ou pas d’études. On dépense à
son endroit l’argent qu’on a cru économiser par ailleurs. L’amortis-
seur interne, s’il est réglé pour une force importante, impose une Figure 28 – Évolution de la vitesse du piston et de la pression
décélération très lente si la force devient faible. Il n’est réglable ni en fonction de la course d’amortissement
en course ni en position, ce qui rend son rôle encore plus aléatoire.
Le système utilisant une chemise à trous progressifs aux deux
extrémités du vérin qui impose une loi d’accélération et de décélé-
ration est l’un de ceux qui s’adaptent le mieux aux problèmes de
l’industrie de la construction automobile (CNOMO, § 2.6.2).
La fonction d’amortissement est généralement mieux réalisée par
un organe spécialisé extérieur qui prend le nom de vérin amortisseur
(§ 5). Le schéma peut être conçu pour que le compartiment poussant
du vérin soit mis au retour tandis que le compartiment opposé est
raccordé à un limiteur de pression. Le freinage est alors énergique
et sans modification du vérin : courbe III sur la figure 28a et IV sur
la figure 28b.
La figure 29 montre une réalisation d’amortisseur interne assez
particulier qui met en relief la place perdue pour loger ce dispositif.
Certains constructeurs proposent des amortisseurs qui sont réputés
ne pas gêner le départ rapide en sens inverse. Dans ce cas, la fonction
principale est assurée par une bague formant clapet. Le système
n’est à retenir que si, comme dans le cas de la figure 29, l’amor-
tisseur ne comporte pas de petites pièces risquant de s’échapper.
Figure 29 – Amortisseur interne montrant l’encombrement important
de la bague formant clapet

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2.6.2 Amortisseur à trous Avec sv f = Sv :

L’amortisseur à trous est conçu pour engendrer un ralentissement Sv


s = --------- = K 7 v = K 5 – K 6 e , ce qui se traduit par une parabole
aussi régulier que possible de la masse, sans choc en fin de course vf
(figure 30). Il faut maintenir une pression constante côté fond pour
obtenir une force constante et donc une décélération uniforme. Cette ou encore :
pression que nous désignerons par ∆p peut raisonnablement être vo – γ t
s = S -------------------- = K 8 – K 9 t
choisie égale à la moitié de la pression maximale du vérin. Le calcul vf
qui suit suppose que la pression motrice qui anime la charge est
supprimée. Si elle ne l’est pas, il faut ajouter son effet à celui de la Après s’être fixé la course e, γ ou le temps total d’arrêt et avoir
décélération. vérifié que la pression est compatible avec le vérin, le mode de
Les relations qui régissent le mouvement sont classiques mais détermination du perçage est possible : il faut découper le par-
sont présentées de manière à faciliter le calcul définissant le per- cours total en plusieurs parcours élémentaires de même longueur
çage des trous. et considérer que pour chacun d’eux ∆p et v sont des constantes.
Pour obtenir la meilleure régularité, les trous d’une même zone, au
Posons S section du vérin ; lieu d’être percés sur un cercle, peuvent l’être sur une hélice de pas
e espace parcouru depuis l’entrée en fonction de correspondant au parcours élémentaire. Cette méthode conduit à
l’amortisseur ; des cercles équidistants d’autant plus percés qu’il seront obturés
s section de passage des trous restant ouverts au temps t ; plus tardivement.
vo vitesse à l’origine ; Bien entendu, les courbes réelles sont un peu différentes des
courbes théoriques, mais s’en écartent peu si le découpage en zones
v f vitesse de passage dans les trous ; est suffisamment serré. Elles coïncident une fois par zone.
ζ coefficient d’entrée d’orifice (de 1 à 3) ; Pour être certain qu’il n’y a pas de vitesse résiduelle en fin de
γ décélération constante ; course, il est souhaitable de prévoir une faible course supplémen-
ρ masse volumique ; taire sans perçage, le laminage de l’huile dans la fuite circulaire
assurant la vitesse d’accostage finale.
ainsi que divers coefficients K1 à K 9 qui permettront une plus
grande commodité des calculs ; comme on le verra dans l’exemple
ci-après, il n’est pas nécessaire en général de les calculer tous : Remarques : il est très important que le perçage des trous soit
fait soigneusement suivant le croquis qui assure un écoulement
γ
 =K
1 en mince paroi. Il faut éviter, si possible, de percer les trous sur
e = v o t – ----- γ t 2 = v o t 1 – ------------ t 1 ( 1 – K2 t )
2 2v o les mêmes génératrices du cylindre. Il peut également être inté-
ressant, au lieu d’annuler la pression motrice, de la ramener à une
vo – v faible valeur permettant de finir le mouvement même si les
Avec v = vo – γ t, soit t = ----------------
- , on obtient : conditions viennent à changer.
γ

vo – v 1 ( vo – v ) 2 1 2 Exemple d’amortisseur à trous : soit un vérin d’une section


e = v o ----------------- – ----- --------------------------- = -------- ( v o – v 2 ) de 143 cm 2 poussé par une masse de 40 t à la vitesse de 2 m/ s
γ 2 γ 2γ
(7,2 km/h) que l’on désire freiner sur 0,5 m.
v 2 = K3 – K4 e d′où v = K3 – K4 e Déterminons l’espacement des zones, donc le nombre de trous :
2
∆p = ( 1/2 ) ζρ v f , ∆p est constant donc v f l’est aussi. γ = v 2/2e = 4 m/s2
vo – v
t total = ---------------
- = 0,5 s
γ
F = M γ = 1,6 × 105 N
∆p = F /S = 1,12 × 107 Pa (112 bar)
Si l’on choisit ζ = 1,3, on a :
2 2∆p
v = ------------- = 1,914 × 10 4 donc v f = 138 m/s
f ζρ
avec ρ = 900 kg/m3.
Faisons un découpage en 25 zones d’égale longueur (figure 30) :
1
e = -------------- ( 2 2 – v 2 ) soit v = 4 – 8e ( en m/s )
2×4
143 × 10 – 4
s = ------------------------------ v = 1,04 × 10 – 4 v ( en m 2 )
138
s = 104 4 – 8 e = 43 264 – 86 528 e ( en mm 2 )

Figure 30 – Amortisseur à trous : exemple de calcul

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Section à percer Ce système est, de plus, intéressant pour purger les vérins.
e 4 – 8e s = 104 4 – 8e dans la zone Des systèmes plus complexes internes ou externes ont été ima-
(trous  1,8 mm) ginés pour les vérins télescopiques (§ 5).
(m) (m) (mm2) (mm2)
0,02 3,84 203,8
0,04 3,68 199,5 4,3 soit 1 ou 2 trous 3. Vérifications
0,06 3,52 195,1 4,4 soit 1 ou 2 trous
0,08 3,36 190,6 4,5 soit 2 trous
du dimensionnement
0,10 3,20 186 4,6 soit 2 trous des vérins
...

...

...

...

0,40 0,80 93 8,7 soit 4 trous


3.1 Rendement des vérins
0,42 0,64 83,2 9,8 soit 4 trous Comme tous les organes mécaniques, les vérins ont des pertes
0,44 0,48 72,1 11,1 soit 4 trous et leur rendement n’est pas unitaire. Cette notion, que l’on omet
0,46 0,32 58,8 13,3 soit 5 trous souvent devant l’apparente simplicité de l’organe, ne doit pas être
0,48 0,16 41,6 17,2 soit 8 trous ignorée.
0,5 0 0 41,6 soit 17 trous Même s’il ne subit aucune réaction latérale, le vérin doit vaincre
une force de frottement interne due principalement à l’action des
joints. Le raisonnement est le même quel que soit le type de joint.
2.7 Dispositifs de fin de course
Pour éviter la butée mécanique, les constructeurs ont imaginé
des systèmes de limitation automatique de la course, plus répan-
dus pour les vérins simple effet car la butée mécanique y pose des Le fluide qui agit en A presse le joint et, comme le pneu de la
problèmes ardus dont les solutions sont onéreuses. voiture qui exerce sur le sol une pression voisine de sa pression de
La figure 31a se rapporte à un système dit de mise au retour gonflage, le joint exerce sur les pièces qui l’entourent une pression
automatique : en tête du vérin une gorge est reliée au réservoir. Le voisine de la pression d’alimentation. En particulier, l’anneau de
joint d’étanchéité principal est dépassé par la tige qui peu après tube, de diamètre D et de génératrice BC, reçoit une poussée due
découvre la gorge, il y a laminage sur l’arête de telle sorte que, si au joint, de valeur :
le vérin avait tendance à sortir davantage, la pression chuterait. Le πD × BC × p
jeu faible entre la tige et la bague protège le joint en lui évitant
d’être le siège du laminage. Le système est courant sur les engins Le coefficient de frottement des joints sur les tubes de vérin étant
de levage. de l’ordre de 0,03 à 0,06 lorsque la vitesse est supérieure à 2 cm/s,
de l’ordre de 0,2 à l’arrêt lorsque la pression locale résiduelle est
La figure 31b concerne un vérin double effet. Lorsque la pression supérieure à 40 bar (pression initiale du joint + pression du système),
règne en B, le petit piston auxiliaire se déplace vers la gauche. En on peut calculer l’ordre de grandeur des forces passives.
fin de course, la queue du clapet rencontre en premier le fond du
vérin. L’huile sous pression en B se trouve alors en communication Les coefficients ci-dessus correspondent à un régime onctueux
avec le compartiment A qui est relié au réservoir. On conçoit qu’un imposé par manque de place pour la création naturelle d’un film
certain équilibre va s’établir entre la force extérieure exercée par le d’huile par effet de vitesse (§ 2.5.2).
vérin et la pression en B, grâce au laminage de tout ou partie du Par exemple, pour un alésage de 100 mm avec BC = 3 mm et une
débit par le siège du clapet. pression de 250 bar (en négligeant la force initiale du joint, ce qui ne
serait plus possible dans le cas d’une basse pression), on obtient une
force F 1 (avec f = 0,2) :
F 1 = π × 0,1 × 0,003 × 250 × 105 × 0,2 = 4 700 N (470 daN)

Si le vérin comporte plusieurs joints, l’effort sera plus élevé.


On peut comparer cet effort à celui de la poussée F du vérin avec
BC = 0,05 D ; on a :
F π × D 2 × 0,05 × 0,2 × p
-----1- = ------------------------------------------------------------
- = 0,04
F π × D 2 × 0,25 × p
On en déduit que la force passive est, au démarrage, de 4 % pour
un joint étroit. La figure 32 donne une idée de la force exercée par
un joint torique au montage, en fonction de son écrasement.
En réalité, certains joints (figure 21a par exemple) ont la pro-
priété d’augmenter la pression apparente de contact, ce qui accroît
encore le frottement.
En pratique, les rendements dynamiques classiques sont de 0,95
à 0,97 en poussant et de 0,90 à 0,94 en tirant. Les rendements
statiques, si les joints sont serrés à l’arrêt, peuvent être nettement
Figure 31 – Dispositifs de fin de course inférieurs ; le rendement peut devenir franchement mauvais avec un
presse-étoupe trop comprimé.

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Si l’on désire obtenir des rendements plus élevés, il faut : Le stick slip peut s’amorcer au moment du démarrage, particu-
— réduire la surface active de frottement des joints ; lièrement dans le cas de joints restant en charge à l’arrêt ; le risque
— ou réduire le coefficient de frottement des joints ; de le voir continuer ensuite est grand car son effet échauffe, ce qui
— ou réduire la déformation initiale des joints (ou serrage, augmente le frottement et abaisse le module d’élasticité des joints.
ci-avant) ; Le stick slip n’existe pas si le coefficient de frottement est invariable
— ou supprimer les joints. ou mieux s’abaisse quand la vitesse diminue. Cette propriété est
Ce sont effectivement ces moyens qui gouvernent l’évolution des caractéristique du Téflon et des fluides comportant un améliorant
joints en jouant sur les matières, les duretés, les formes, évolution de friction comme les Dexron.
qui se traduit par une tendance assez nette à abandonner les joints Lorsque le vérin est articulé horizontalement ou, plus générale-
larges au profit de segments étroits utilisant le Téflon pour obtenir ment, soumis à des efforts latéraux, ces efforts engendrent des réac-
des frottements faibles correspondant aux coefficients minimaux tions qui provoquent des résistances passives supplémentaires de
cités précédemment. frottement des guidages avec des coefficients de frottement du
On peut presque supprimer les joints en disposant une zone même ordre que ceux des joints (figure 35).
d’étanchéité constituée d’une gorge et d’un joint sans pression Le coefficient de frottement ne s’abaisserait au-dessous de 0,01
(figure 33). Ce système définit une fuite permanente entre le vérin que si toutes les conditions pour former un film d’huile hydro-
et la gorge mais ramène les frottements à une valeur minime (vérins dynamique étaient réunies, ce qui est rare. (Même lorsque la vitesse
de mesure, machines de traction, systèmes à tension permanente, et le jeu sont suffisants, les constructeurs omettent très souvent les
etc.). chanfreins adoucis et les bassins indispensables à l’établissement
La suppression des joints est aussi adoptée pour les pistons des d’un film.)
vérins double effet fonctionnant à 10 ou 15 bar (figure 34) ou Un vérin déplaçant une charge verticale démarrera plus aisément
encore dans des réalisations à chemise mouillée [5]. s’il ne supporte pas la charge à l’arrêt.
Le frottement à l’arrêt peut être diminué par utilisation de fluides
spécialement élaborés (analogie avec les fluides pour éviter le stick
slip des glissières) comme le Téflon, les Dexron ou encore le 96,
agent antifriction moléculaire de synthèse (société Dufour).
Le stick slip ou broutage est toujours consécutif à une mauvaise
lubrification de la zone d’étanchéité. Il se développe davantage
lorsque les vitesses sont très faibles, car l’augmentation relative du
coefficient de frottement y est plus nette. Il est favorisé par l’élasticité
d’ensemble du montage dont les composantes principales sont
l’élasticité du fluide, l’élasticité et la longueur d’étanchéité des joints.
Il semble peu sensible à une amélioration de la qualité de surface
pourvu qu’elle soit au moins convenable.

Figure 34 – Piston de vérin double effet, sans joint,


fonctionnant à 10 ou 15 bar (exemple)

Figure 32 – Effort d’écrasement d’un joint torique


en fonction de la déformation géométrique

Figure 35 – Vérin soumis à des efforts latéraux

Figure 33 – Zone d’étanchéité avec gorge et joint sans pression

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3.2 Vérifications
3.2.1 Vérification des tubes
Il y a peu d’intérêt à vérifier le risque de non-éclatement, même
en prenant un coefficient de sécurité élevé, notion qui reste très
aléatoire.
Il est important de s’assurer que les déformations sous pression
ne conduiront pas à la destruction des joints. Il ne peut être question,
comme en construction mécanique courante, d’admettre d’atteindre
la limite conventionnelle d’élasticité à 0,2 %. En effet, un tube
d’alésage de 200 mm en acier ordinaire qui travaillerait au maximum
à 23 daN/mm2, correspondant à la limite élastique n e = 0,2 % du
matériau, aurait une déformation élastique de l’ordre de 0,1 % et une
déformation totale de 0,3 %, soit 0,6 mm, qui interdit le bon fonc-
tionnement de joints classiques.
Il paraît convenable de calculer la contrainte équivalente n t
correspondant au critère de Tresca t :
n1 – n3
n t = 2t = ------------------
-
2
avec n1 contrainte d’éclatement (traction),
n 3 contrainte radiale (compression),
et d’écrire n t = 0,5 n e , ce qui conduit à la relation (en utilisant les
formules de Lamé) :

rayon extérieur 0,5 n e


--------------------------------------------  ---------------------------------
-
rayon intérieur 0,5 n e – 2 p n

avec p n pression nominale de service.


Ce choix se justifie en considérant qu’il est prudent d’opérer
systématiquement une épreuve à 1,5 pn pour se prémunir contre tout
Figure 36 – Coefficient prix/mètre d’un vérin
risque de début de déformation en présence de phénomènes
cycliques, et de ne pas dépasser la limite de proportionnalité pendant
cette épreuve. 3.2.2.2 Vérification au flambement
Par ailleurs, l’épreuve écrouit les zones surchargées telles que La vérification au flambement des vérins et surtout des tiges
régions des orifices, épaulements, etc. et évite qu’elles se déforment relève, si l’on désire une économie maximale de matière, de calculs
à nouveau en service. assez complexes qui ne se justifient que pour des séries très impor-
Les contraintes extérieures, provenant par exemple des fixations, tantes ou des applications spéciales. Nous allons indiquer une
sont à superposer aux contraintes précédentes qui ne tiennent méthode relativement simple permettant de résoudre les cas les plus
compte que de l’action de la pression. fréquents, basée sur les travaux de Monsieur Dutheil [4] et sur les
courbes européennes de flambement (ces dernières établies en
La vérification précédente garantit une durée de vie aux sollici-
particulier pour les poteaux de charpente supportant des flexions
tations dynamiques car la contrainte n t étant inférieure à la moitié
« parasites » en dehors des charges). Le lecteur pourra se reporter
de la contrainte de rupture R r , elle se trouve généralement infé-
utilement à la rubrique Résistance des matériaux dans le traité
rieure aussi à la limite de fatigue.
Construction.
L’utilisation d’une limite élastique assez élevée, obtenue par le
choix du métal, ou un écrouissage, ou un traitement thermique, ■ Rappel de notions théoriques : une pièce élancée, homogène,
conduit à une certaine économie de construction à condition que chargée suivant son axe par une charge F a tendance à se courber.
le système d’étanchéité accepte une assez grande déformation L’équation de la déformée est :
élastique (figure 36).
M t = |E I y ′′| = |Fy|
avec E module d’élasticité,
3.2.2 Vérification des tiges I inertie de la section considérée.
Elle admet comme solution :
3.2.2.1 Vérification à la traction
Il y a lieu de distinguer les fixations par œil et par filetage (§ 3.2.4) k 2 π2
F e = EI --------------
2
-
et de tenir compte des épaulements et autres gorges de joints qui f
constituent des points faibles, surtout en présence de sollicitations
dynamiques. Il convient d’éviter avec soin les épaulements à angle avec k entier quelconque positif,
vif. Dans le cas de charges importantes, les montages coniques sont f longueur de flambement.
intéressants.
Une flèche originelle, provenant du métal, des erreurs géo-
métriques, des jeux, etc., est toujours présente et initie la courbure.

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La déformée est une sinusoïde dont nous ne considérerons que ■ Application aux cas réels : si les conditions étaient idéales, il
la première demi-onde. On peut donc en déduire : suffirait que la contrainte de compression n L = F /S soit inférieure à
n ce ou à n e si ne < n ce . L’expérience montre qu’il n’en est rien : la
π 2 EI charge n’est jamais parfaitement centrée, la matière n’est pas
F e = -------------
2
-
f homogène d’une section à l’autre ni même à l’intérieur d’une même
section (d’où des variations de E ). De plus, des défauts géo-
On démontre mathématiquement qu’une augmentation de F métriques, des contraintes résiduelles inévitables et la flèche à vide
entraîne une augmentation de y sans équilibre possible. contribuent à accroître localement la sollicitation réelle.
Cette charge F e est appelée charge critique d’Euler . On peut montrer que la flèche sous charge d’une pièce comprimée
s’exprime par :
On utilise également la contrainte critique d’Euler définie par :
n ce
Fe f sous charge = f originelle ---------------------
π 2 Er 2 n ce – n L
n ce = ------
- = -----------------
2
-
S f
n ce
avec --------------------- coefficient d’amplification de flèche.
avec r rayon de giration = I /S . n ce – n L
Dans le cas d’un rond plein r = d /4
À la suite d’études théoriques complexes, il a été établi des rela-
d’un tube r= D 2 + d 2 /4 tions tenant compte de ces différents facteurs. Elles sont toujours
basées sur l’étude des déformations et des contraintes locales
d’un tube mince r = D moyen / 2,83 maximales qui ne doivent jamais atteindre la limite élastique.
avec D diamètre extérieur et d diamètre intérieur. Quatre modes de calcul sont possibles :
Longueur de flambement  f : c’est la longueur, ramenée à l’axe, — un calcul effectif ;
de la demi-onde. Elle varie en fonction du système d’attache du vérin. — l’utilisation des courbes européennes de flambement (en
Dans le cas d’un vérin articulé aux deux extrémités, la longueur de absence de flexion) ;
flambement est égale à la longueur géométrique soit environ 2 fois — l’utilisation de la figure 38 donnant n L en fonction de λ ;
la longueur sortie ; celle-ci vaut généralement la course plus 1,3 fois — l’utilisation des figures 39 et 40 permettant la vérification
le diamètre (dimension G sur la figure 37) : directe suivant le type de montage.
● 1er cas : tiges comprimées non fléchies
 f = 2  s = 2 ( c + 1,3 d )
Ce cas est assez exceptionnel, il correspond à un vérin vertical
En pratique, la longueur de flambement varie de 1/2 à 2 fois la avec articulations sans frottement aux deux extrémités.
longueur géométrique (figure 37). — On vérifie que n Lk 1 < R
Élancement  : c’est le rapport sans dimension λ =  f /r qui per- avec n L = F /S [F effort (daN) et S (mm2 )] ;
met d’écrire : R = ne /σ [ne limite élastique (daN/mm2 ) et σ coefficient
π2 E de sécurité = 3/2 (ou 4/3)] ;
n ce = ------------
λ2
µ–1 n ce
4 f k 1 = ------------------ et µ = -----------
-.
Pour un rond plein λ = --------- µ – 1,3 σ nL
d
4 f Par assimilation aux calculs des charpentes métalliques, R désigne
un tube λ = -------------------------- la contrainte admissible en fonction de la limite élastique et du mode
D2 + d 2 de sollicitation. En traction-compression, σ = 3/2 si les calculs sont
2,83  f faits sans tenir compte de l’action du vent ou ici de forces parasites
un tube mince λ = ------------------- propres au type de montage (cas général pour les vérins) et σ = 4/3
D moyen
si l’on en a tenu compte.
Pour µ < 1,5, on vérifiera, dans ce cas exceptionnel, que n L < n s
avec n s défini par :
2
n 4 – n 4 – n ce × n e
n s = ----------------------------------------------------
-
σ
avec n 4 = 0,5 (n ce + 1,3 n e ).
— Utilisation des courbes européennes de flambage (doc. CECM
et publications de la Chambre syndicale des fabricants de tubes en
acier).
Ces courbes comparent deux grandeurs sans dimension :
σk λ
N = ------- et λ = -----
σr λr

avec σk contrainte de ruine par flambement,


σr limite élastique (= ne ),
λ élancement de la pièce,
λr élancement eulérien défini par :
Figure 37 – Vérin avec articulations aux extrémités :
longueur de flambement  f , longueur de sortie  s λ r = π E/ σ r

λ r est l’élancement pour lequel n ce = n e = σ r .

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Figure 38 – Courbe caractéristique


contrainte n L /élancement 

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Figure 39 – Courbe caractéristique du vérin simple effet

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Figure 40 – Courbe caractéristique du vérin double effet

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Bien évidemment, ces diverses méthodes conduisent à des résul-


tats concordants avec en général une meilleure utilisation possible Remarque : le nombre 1,083 = 1 + 1/12 correspond à la disper-
de la matière si l’on se sert des courbes européennes. sion systématique des valeurs de E et le nombre 0,2 au rapport
contrainte résiduelle / n e , ces valeurs statistiques résultant
Exemples d’expériences multiples.
■ Soit une tige de vérin simple effet ∅ 100 mm en acier avec :
E = 21 000 daN/mm2 et ne = 30 daN/mm2 Exemples
■ Soit un vérin vertical simple effet ∅ piston 140 mm supportant
supportant 30 t. Le vérin articulé aux deux extrémités n’est soumis à une charge totale de 13 t déportée de 0,1 m, sa course est 2 m. Le
aucune flexion, sa course est 2 m : vérin est avec plaque d’appui en tête sans autre support ou guide.
S = 100 × 100 × π/4 = 7 850 daN/mm2 Nous admettrons également une force horizontale de 1 000 daN. Tige
en acier n e = 30 daN/mm2 :
n L = 30 000/7 850 = 3,82 daN/mm2
S = 140 × 140 × π/4 = 15 390 mm2
f = 2 ( 2 000 + 1,3 × 100 ) = 4 260 mm n L = 13 000/15 390 = 0,84 daN/mm2
λ = 4 × 4 260/100 = 170,4 f = 2 ( 2 000 + 1,3 × 140 ) = 4 360 mm
3,14 × 3,14 × 21 000
n ce = ------------------------------------------------------- = 7,13 daN/mm 2 λ = 4 × 4 360/140 = 124,6
170,4 × 170,4
3,14 × 3,14 × 21 000
7,13 n ce = ------------------------------------------------------- = 13,3 daN/mm 2
d’où µ = --------------------------- = 1,244 < 1,5 124,6 × 124,6
1,5 × 3,82
13,3
n 4 = 0,5 ( 7,13 + 1,3 × 30 ) = 23 daN/mm 2 µ = --------------------------- = 10,6
1,5 × 0,84
23 – 23 × 23 – 7,13 × 30 10,6 – 1
n s = -------------------------------------------------------------------- = 3,50 daN/mm 2 k = --------------------------------- = 1,01
1,5 10,6 – 1,083
On a n L > n s donc la tige ne convient pas.
M0 = (1,3 × 104 × 102) + (103 × 2 × 103) = 3,3 × 106 daN · mm
■ Soit un vérin double effet cette fois, dont la course est ramenée
à 1,5 m mais la charge portée à 40 t (effectuant donc le même travail I /v = 0,1 (140)3 = 2,74 × 105 mm3
si, par exemple, il se trouve sous une flèche de grue) :
nf = (3,3 × 106 )/(2,74 × 105 ) = 12 daN/mm2
n L = 40 000/7 850 = 5,1 daN/mm2
10,688 × 0,125
 f = 2 ( 1 500 + 1,3 × 100 ) = 3 260 mm k f = 1 + ---------------------------------------- = 1,14
10,6 – 1,083
1,083
λ = 4 × 3 260/100 = 130,4 k o = --------------------------------- = 0,11
10,6 – 1,083
3,14 × 3,14 × 21 000
n ce = ------------------------------------------------------- = 12,18 daN/mm 2 donc n L k + n f k f = 14,53 daN/mm2
130,4 × 130,4
12,18 R (1 – 0,2 k o ) = 19,56 daN/mm2
µ = ----------------------- = 1,59
1,5 × 5,1
La relation n LF < R (1 – 0,2 k o ) est vérifiée, donc la tige convient.
1,59 – 1
k 1 = --------------------------- = 2,03 Les abaques des figures 39 et 40 sont utilisables lorsqu’il n’y a pas
1,59 – 1,3
de déport de charge important et parce qu’ils sont établis pour les
n L k 1 = 5,1 × 2,03 = 10,35 daN/mm2 vérins ne subissant que des flexions dues au poids, aux articulations et
aux excentrations normales de la charge.
R = 30/1,5 = 20 daN/mm2 ■ Si l’on réduit le diamètre ∅ à 130 mm, on a :
On a n L k 1 < R donc la tige convient. S = 130 × 130 × π /4 = 13 266 mm2
● 2e cas : tiges comprimées et fléchies n L = 13 000/13 266 = 0,98 daN/mm2
En général, la tige du vérin subit une flexion par suite d’une
excentration de la charge (toujours un peu), des réactions et frot-  f = 2 ( 2 000 + 1,3 × 130 ) = 4 340 mm
tement aux appuis, du poids du vérin et de l’huile s’il n’est pas
vertical, etc. Cela se traduit par une contrainte n f . λ = 4 × 4 340/130 = 134
On vérifie que : 3,14 × 3,14 × 21 000
n ce = ------------------------------------------------------- = 11,5 daN/mm 2
n LF = n L k + n f k f < R (1 – 0,2 ko ) 134 × 134
11,5
µ = -------------------------- - = 7,8
avec n L et µ définis précédemment, 1,5 × 0,98
µ–1 7,8 – 1
k = ------------------------- , k = -----------------------------
µ – 1,083 7,8 – 1,083
- = 1,01
M0
nf = --------- [ M somme des moments parasites et
I /v I /v 0≈ 0,1 d 3 pour une tige pleine], I /v = 0,1 (130)3 = 2,2 × 105 mm3
10,688 × A n f = 3,3 × 106/2,2 × 105 = 15 daN/mm2
kf = 1 + ----------------------------- [A coefficient de flèche],
µ – 1,083
1,083
ko = -------------------------
µ – 1,083

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10,688 × 0,125 Le tube ne convient pas ; cela était d’ailleurs prévisible car la
k f = 1 + ---------------------------------------- = 1,20 contrainte de flexion seule était pratiquement égale à la contrainte
7,8 – 1,083
admissible. Il faut envisager l’utilisation d’un acier n e = 48 daN/mm2.
1,083 On a alors R (1 – 0,2 ko ) = 31,6 daN/mm2.
k o = ------------------------------ = 0,16
7,8 – 1,083
Cela ne préjuge pas de son comportement en fonctionnement normal
donc n L k + n f k f = 19 daN/mm2 sous pression maximale compte tenu d’éventuels efforts parasites. On
remarquera l’importante diminution de la contrainte de compression.
R (1 – 0,2 k o ) = 19,36 daN/mm2
La tige convient encore mais on est à la limite ; il serait prudent 3.2.3 Vérification des guidages
d’utiliser un acier un peu plus performant (en flambement pur, une telle
modification est inopérante). On s’assurera que la pression d’appui entre la tige et les bagues
— Réduction du flambement : on peut tenter d’utiliser une tige de guidage est admissible en tenant compte des matériaux en pré-
creuse pour que la charge axiale soit équilibrée, au moins partiel- sence, de la vitesse de déplacement, du mode de graissage, du degré
lement, par la pression d’huile. Il faut toutefois être absolument de filtration, de l’usure tolérée et du facteur de service.
certain que la charge ne peut en aucun cas reposer sur la tige (butée La pression d’appui ∆p est le quotient de la résultante R des
intérieure, perte ou baisse de pression de l’huile). C’est une solution efforts s’exerçant sur le guidage par la section projetée :
généralement coûteuse ; elle permet toutefois des guidages plus
confortables. Dans le cas des vérins télescopiques, des précautions R
∆p = -----------
sont indispensables pour éviter le support direct de la charge (ou Ld
faire le calcul des tiges en conséquence). La tige creuse permet de
concevoir des vérins de proportions exceptionnelles. avec L longueur utile de guidage,
— Remarque sur le coefficient de sécurité : la figure 38 indique d diamètre de la tige.
également le coefficient de sécurité auquel conduit l’utilisation du La résultante R s’obtient en réduisant les moments dus aux efforts
graphe. On remarque que celui-ci est plus faible lorsque le flambe- latéraux et aux déports éventuels de charge.
ment ou la flexion sont prépondérants et plus élevé dans le domaine Une pression d’appui ∆ p de 80 bar est généralement considérée
intermédiaire dont l’approche est plus délicate. comme un maximum admissible avec des bronzes, des fontes, des
— Flambement des tubes ou corps de vérin : en général, le flam- bandes plastiques. Le frottement est habituellement de caractère
bement n’est pas à craindre. Il peut se produire si le nez du vérin onctueux.
vient porter sur l’extrémité du tube. Même dans ce cas, il est peu Des guidages trop importants augmentent l’encombrement,
à redouter car la longueur de flambement correspond au vérin en abaissent le rendement et, en général, ne diminuent pas l’usure.
position rentrée. La vérification est à faire indépendamment de celle
du tube sous pression (si le vérin est en pression, il n’y a pas de Les entretoises améliorent bien souvent la durée de vie des
compression longitudinale du tube). guidages (figure 9a ).

Reprenons l’exemple précédent en admettant que le tube est un


tube mince de ∅ extérieur 165 mm et de ∅ intérieur 150 mm. Tube en 3.2.4 Vérification des attaches
acier n e = 36 daN/ mm2.
Le moment de flexion est le même que précédemment, soit La fixation du piston sur la tige doit être faite avec beaucoup de
3,3 × 106 daN · mm : soin et il faut proscrire les petites pièces (vis ou autres) qui peuvent
se démonter pendant le fonctionnement et qui sont une cause non
S ≈ (1652 – 1502) π/ 4 = 3 709 mm2 négligeable de destruction de vérins.
( 165 ) 4 – ( 150 ) 4 La fixation de la tige sur la pièce à mouvoir se fait soit directement,
I /v = 0,1 ------------------------------------------ = 0,14 × 10 6 mm 3 soit par l’intermédiaire d’une chape.
165
Les vérins de fabrication courante offrent généralement deux
n L = 13 000/ 3 709 = 3,5 daN/mm2 possibilités : un filetage ou un œil percé dans la tige. Cette dernière
solution ne permet pas d’exercer un effort important, surtout en
n f = (3,3 × 106 )/ (0,14 × 106 ) = 23,6 daN/mm2 tirant.
f = 4 360 – 2 000 = 2 360 mm Les chapes sont rapportées sur un filetage ou forgées dans la
masse. On a l’impression, dans ce cas, que la solidité est supérieure ;
2,83 × 2 360 il n’en est généralement rien car le montage du piston devient à ce
λ = --------------------------------- = 42,4
157,5 moment le point faible.
3,14 × 3,14 × 21 000 Il y a lieu de noter qu’un vérin présente une sécurité bien supé-
n ce = ------------------------------------------------------- = 115 daN/mm 2
42,4 × 42,4 rieure lorsqu’il est utilisé en compression car, dans ce cas, même
115 rompu ou déformé, il continue de résister à l’écrasement complet
µ = ----------------------- = 21,9 tandis qu’un vérin en traction se rompt comme toute autre pièce
1,5 × 3,5
de charpente. Cette remarque est à appliquer chaque fois que la
k 21,9 – 1 sécurité est un facteur important (engins de levage, plates-formes
= --------------------------------- = 1,004
21,9 – 1,083 de forage, etc.).

kf 10,688 × 0,125
= 1 + ----------------------------------------- = 1,064
21,9 – 1,083 3.2.5 Vérification des fixations
ko 1,083
= --------------------------------- = 0,052
21,9 – 1,083 En apparence, si l’on s’en tient aux cas types de flambage (extré-
mités libres, guidées, encastrées, etc.), ce sont les montages rigides
R = 36 × 2/ 3 = 24 daN/ mm2 qui devraient être les plus résistants puisque capables en théorie
d’absorber les plus fortes charges.
donc n L k + nf k f = 28,6 daN/mm2
En réalité, on constate expérimentalement que les montages
R (1 – 0,2 ko ) = 23,75 daN/mm2 articulés donnent plus souvent satisfaction. Cela s’explique par le
fait que les montages rigides seraient effectivement supérieurs si

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la précision des articulations et des trajectoires des pièces mobiles 3.2.6 Cas particulier de la butée mécanique
était supérieure à celle de la construction du vérin, ce qui n’est
pratiquement jamais le cas sauf en machine-outil. Il est important en service normal de ne jamais utiliser la butée
L’expérience a prouvé que ce sont presque toujours des défauts interne de fin de course d’un vérin car les pièces qui viennent au
de montage qui amènent une détérioration prématurée des vérins. contact sont soumises à des pressions d’appui importantes qui
La figure 41 illustre les difficultés qu’il y a à garantir la coaxialité provoquent des matages et des détériorations.
du vérin et de la trajectoire du mobile.
Il y a lieu de distinguer les cas où l’effort exercé est à peu près
le même dans les deux sens, ce qui oriente vers les filetages et les
articulations classiques, et les cas où l’effort de rappel est faible
comparativement à l’effort de poussée principal. Dans ce second
cas, il est généralement bénéfique d’utiliser des dispositions moins
répandues s’inspirant du principe des butées de crapaudines.
La pression limite entre deux corps dont la vitesse relative est
très faible est donnée par la relation :
p = 40 à 70 R r
avec p (bar) pression d’appui diamétrale,
R r (daN/mm2) contrainte de rupture du matériau le moins
dur.
Elle conduit à des valeurs 50 ou 100 fois plus élevées que les pres-
sions d’appui envisagées dans les constructions classiques (sauf
pour les roulements à billes dont la pression maximale est souvent
de 50 000 bar) où les déformations sous charge, les erreurs géo-
métriques interdisent en pratique de choisir des pressions élevées.
On conçoit, dès lors, le gros intérêt de choisir des articulations sans
flexion.
Une bille placée entre deux supports en acier traité à 60 HRC peut
supporter une pression de l’ordre de 10 000 bar et plus (figure 42a ).
La tige à extrémité bombée portant sur un grain sphérique
(figure 42 b ), rapporté ou non, et retenue par deux goupilles
tangentes peut supporter des pressions également élevées, il en est
de même pour le fond de vérin appuyant directement sur le support,
l’axe ne servant qu’à le retenir (figure 42c ).
Ces montages offrent un second avantage très important : la
réduction des surfaces d’appui coïncide habituellement avec une
réduction des rayons d’action et il s’ensuit une diminution impor-
tante des couples parasites de frottement transmis au vérin.
Lorsqu’on est tenu d’utiliser des articulations d’allure classique,
on a intérêt à se rapprocher des principes énoncés auparavant :
diminution des moments des forces et diminution des surfaces de
frottement par utilisation de métaux traités.
Le tourillon gros et court solidaire d’une couronne forgée est une
illustration de ce principe, indépendamment des autres avantages
de la disposition, en particulier de la liaison avec le tube (figure 43). Figure 42 – Vérification des articulations

Figure 41 – Vérification des fixations Figure 43 – Tourillon solidaire d’une couronne forgée

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De plus, si la butée a lieu accidentellement avec une masse ani- Exemple : soit un vérin simple effet ∅ 150 mm retenant une charge
mée d’une certaine vitesse, il est possible de casser la tige ou les de 35 t à la vitesse de 0,10 m/s. Le volume d’huile intéressé est, cana-
fixations. Dans ce cas, on peut écrire que le travail de déformation lisation comprise, de 20 L, l’huile a un module de compressibilité
par allongement de la tige correspond à l’énergie développée par de 8 × 108 Pa.
la masse dont la vitesse s’annule : Nous en déduisons :
1 1
----- mv 2 = ----- ∆ Fe S = 1,76 × 10 – 2 m2
2 2
8 × 10 8 × 1,76 × 1,76 × 10 – 4
avec ∆F accroissement de force dans la tige, - = 1,24 × 10 7 N/m
K = --------------------------------------------------------------------------
2 × 10 –2
e = Li distance d’arrêt,
K 1,24 × 10 7
L longueur de la tige, ωp = -------- = ---------------------------
- = 18,8 rad/s
M 35 × 10 3
i = ∆n /E
allongement élastique, avec ∆ n accroissement de
contrainte et E = 22 000 daN/mm2,
T 2π
= ----------- = 6,28/18,8 = 0,33 s
m masse. ωp
En admettant ∆ n = 0,5 n nominale , on obtient :
d’où 0,5 × 35 000 × 0,10 × 0,10 = 0,5 × 1,24 × 107 × e 2
∆Fe s∆neg ∆n 2 Lg g
v2 = ------------ = -------------------- = ------------------- ---------- nL soit e = 5,33 × 10 –3 m (5,33 mm)
m P nE 4E
et ∆V = 1,76 × 10 –2 × 5,33 × 10 –3 = 9,4 × 10 – 5 m3
avec s section du vérin et P poids pendu au vérin dans un système
d’unités cohérent, soit : 8 × 10 8 × 9,4 × 10 –5
∆p = --------------------------------------------------- = 38 × 10 5 Pa (38 bar)
v2 = 0,11 n L avec v en mm/s, n en daN/mm2 et L en mm 2 × 10 –2

expression qui démontre que le phénomène est d’autant moins Cet exemple montre la nécessité de prévoir un système d’amortis-
dangereux que la contrainte nominale est élevée et la tige longue. seur (§ 2.6). La vitesse 0,10 m/ s est très faible et le volume 20 L
Cette remarque milite aussi en faveur du choix de tiges non sur- anormalement élevé pour un tel vérin. Inversement, la fermeture des
abondantes et, éventuellement, de tiges creuses. vannes n’est jamais rigoureusement instantanée et la mécanique
proprement dite a une certaine élasticité.
Exemple : un vérin vertical chargé par une masse de 1 t dont la tige
a 1 m de longueur admettra une vitesse d’impact de : ■ Remarques : si l’arrêt a lieu par blocage de la charge alors que la
pression pousse la charge, la pression monte indéfiniment suivant
v 2 = 0,11 × n × 1 000 = 110 n la relation ∆ p = B ∆V /V (∆V débit de la pompe × temps) jusqu’au
fonctionnement de la soupape ou, à défaut, jusqu’au blocage de la
Si la tige a un diamètre de 12 mm, la contrainte est d’environ
pompe ou jusqu’à rupture mécanique. À noter qu’en cas de blocage
8,85 daN/mm2 et la vitesse d’impact peut atteindre 32 mm/s.
de la pompe son inertie cinétique (1/2) I ω 2 est également absorbée
Si la tige a un diamètre de 50 mm, la contrainte est d’environ par une augmentation de pression.
0,5 daN/mm2 et la vitesse d’impact admissible est réduite à 7,5 mm/s.
Si la vitesse n’est pas stabilisée, il faut calculer e de la même façon ;
En pratique, les vitesses pourraient être un peu plus grandes car puis le point moyen de l’oscillation (p = 0 si le vérin est horizontal,
le vérin et son support ont aussi une certaine élasticité. pS = Mg s’il est vertical) et en déduire la demi-amplitude du
Il est aisé d’objecter que, dans le second cas, on pourrait admettre mouvement sinusoïdal. Celle-ci n’est plus e mais e – d , d étant la
∆ n = 10 n nominale , ce qui conduirait à une vitesse théoriquement course nécessaire pour atteindre le point d’équilibre.
20 fois plus élevée, mais cela suppose que la force d’arrêt soit
de 104 daN, valeur probablement inadmissible pour les fixations
externes et internes d’un vérin de force nominale 103 daN. Il est clair 3.3 Effet multiplicateur
également que l’utilisation d’un vérin capable de 10 4 daN pour
retenir 103 daN limiterait la surcharge mais l’aspect économique de
ce choix n’échappera à personne. Ce phénomène résulte davantage de la conception du schéma
hydraulique que de la structure du vérin, mais il est important de
noter que des efforts et des pressions beaucoup plus élevés que
3.2.7 Arrêt brutal d’un vérin chargé nécessaire peuvent se développer dans certains systèmes
(figure 44).
L’arrêt brutal d’un vérin retenant une charge, par fermeture de La pression de tarage p t est fixée de telle sorte que p t = 1,1 p , p
l’échappement, crée une surpression qui absorbe l’énergie cinétique étant la pression qui permet de lever la charge W :
des parties en mouvement.
Par analogie avec la charge brutale d’un vérin (§ 1.2), nous avons ps = W
la relation : Avec S = 2s, lors de la descente, la vitesse est limitée par le freineur
1 1 réglé pour que, sous la pression p , le débit de descente soit de 0,25 Q .
----- Mv 2 = ----- Ke 2
2 2 L’arrivée du débit Q en S permet à la pression d’atteindre la
Un mouvement oscillant prend naissance, de pulsation appro- valeur p t . L’effort vers le bas exercé par l’huile en S est :
ximative ω p = K /M et de première demi-amplitude e . 1,1 pS = 2,2 ps
La surpression maximale est donnée par : L’effort total vers le bas est (au rendement près) :
∆V 2,2 ps + ps = 3,2 ps
∆p = B ---------
V
On constate ainsi que la pression vraie dans le compartiment s
avec ∆V = Se. pendant la descente est 3,2 p et non p.

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3.4 Décompression La solution consiste à utiliser un vérin simple effet (en poussant)
qui diminue la masse de la flèche et se contente d’un schéma
Normalement, le phénomène concerne le schéma hydraulique et simplifié. Le premier constructeur qui adopta cette disposition eût
non directement la conception du vérin mais il est intéressant de tellement de mal à vendre son produit qu’il l’abandonna (Demag
en 1955) alors que la disposition est universellement adoptée
noter qu’un vérin contenant 10 L de fluide ou plus, à 250 bar ou plus,
doit être muni d’un système de décompression progressive, sinon maintenant.
les détentes brutales et bruyantes du fluide, du fait d’une distribution Reste le schéma. Bon nombre de vérins, même en poussant,
classique, ont de fortes chances de l’endommager. restent double effet, ce qui est non seulement inutile mais nuisible
car l’huile du compartiment opposé à la charge a souvent un rôle
qui complique considérablement les commandes de descente
(retenue de charge).
3.5 Place et choix des vérins
Il faut encore une autre période d’évolution pour que le vérin
possède les proportions optimales : il est souhaitable que sa course
L’exemple donné par la figure 45 illustre l’un des cas les plus
fréquents de solution hydraulique mal choisie. soit la plus grande possible eu égard à une bonne tenue au
flambage ; de la sorte il est moins fort, plus économique, ses articu-
L’engin d’origine à câble a une silhouette qui s’est figée au cours lations sont plus modestes, le moment maximal dans la flèche
des ans. Lorsque le constructeur, poussé par l’environnement, diminue, entraînant un allégement de la machine, mais la tige plus
concède une solution hydraulique, il souhaite que le vérin rem- petite est réputée donner une mauvaise impression auprès de la
place le câble qui ne sait que tirer. Le vérin est inutilement gros, il clientèle.
est à double effet de par sa construction et le schéma devient vite
un problème. La solution hydraulique est alors réputée plus chère La pression, qui se déduit presque directement des conditions de
flambage et de la technologie applicable dans un domaine donné,
et plus complexe mais on la conserve par avantage d’entretien :
moins de graissage, pas de câble à manipuler, etc. est parfois choisie pour d’autres raisons. Par exemple, la nécessité
d’avoir une pression nettement plus basse conduit à utiliser une tige
creuse, plus volumineuse, dont la silhouette est réconfortante.

3.6 Protections
Selon les conditions de travail, on peut avoir recours à diverses
protections, la plus répandue est le chromage de la tige.
Le chromage peut être réalisé en couche mince et simplement
poli ; le facteur le plus important, dans ce cas, est de procéder au
chromage immédiatement après usinage. Il peut aussi être pratiqué
en couche épaisse avec ou sans sous-couche et dans ce cas une
rectification est indispensable. Le chromage donne de meilleurs
résultats sur les aciers au carbone. L’utilisation d’une tige en acier
traité avant chomage confère une meilleure tenue en cas de pro-
jections ou de chocs.
De nouvelles solutions se font jour et, parmi elles, le revêtement
céramique (développé par la société Rexroth).
Si l’on désire protéger le joint de nez de vérin, on prêtera un soin
particulier au racleur qui a un rôle souvent ingrat, surtout lorsqu’on
lui demande d’intervenir après un long temps d’arrêt. Les racleurs
sont des anneaux en une pièce ou fendus, quelquefois à lèvre métal-
lique. L’action du racleur n’étant pas provoquée par une quelconque
pression, son efficacité dépend entièrement de son élasticité propre
qui doit être suffisante et conservée tout au long de son usage.
Les racleurs métalliques, à lèvre fortement pressée élastiquement
Figure 44 – Effet multiplicateur
sur la tige et retenue par un montage en caoutchouc dur, sont
encombrants mais semblent les plus efficaces pour les applications
sérieuses.
La position du vérin constitue généralement la meilleure pro-
tection : un vérin qui sort tige en bas dans de nombreux cas fatigue
beaucoup moins son racleur qu’un vérin qui sort tige en haut.
Malgré une réticence généralisée des utilisateurs à placer un inter-
médiaire entre le vérin et l’objet commandé, il est évident qu’un vérin
qui ne pénètre pas dans un four aura moins de problèmes que celui
qui y entre (figure 46a ), de même pour toutes ambiances nocives
y compris la manœuvre d’une ventelle au fond d’une écluse ou d’un
godet de chargeuse.
On prendra également soin, dans toute la mesure du possible,
de disposer les vérins de façon que la tige soit rentrée au repos.
Figure 45 – Place et choix d’un vérin
La disposition d’un tube autour de la tige (figure 46b ), qui n’est
pas sans problème pour laisser passer la tuyauterie de retour, laisser
l’accès à la purge, etc., est la seule protection sérieuse pour des
atmosphères chargées en abrasif (calamine, silice, alumine,
minerais, etc.).

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En réalité, pour tenir compte du mauvais rendement à basse


pression :
p ≈ 13/0,85 ≈ 15,5 bar
En fait, l’huile comprimée à 120 bar pendant le démarrage se
détend. L’énergie qu’elle communique au wagon est susceptible
d’augmenter sa vitesse. Ensuite, la pression motrice baisse si le
débit n’augmente pas et le retour à la vitesse 2 m/s s’opère par le
freinage des forces passives avec tendance à des oscillations.
■ Arrêt du mouvement : si l’on prétend arrêter le mouvement
par action d’un amortisseur de fin de course, de longueur 50 mm, à
orifice réglable non variable avec la course, et que la pression soit
limitée à 125 bar, on doit respecter la relation approximative :

v ≈ 10 p d ′ où v ≈ 110 m/s
définissant la vitesse du fluide dans l’orifice de section s [provient
de la relation générale ∆p = (1/2) ρ v 2 ξ ] :
Figure 46 – Protections des vérins
s × 110 = 65 × 2
L’utilisation de soufflets est à proscrire ; comme les dispositifs de (65 cm2 étant la section côté tige supposée entièrement utilisée),
blocage, ils provoquent un allongement de la tige, ce qui joue à
l’inverse de la protection recherchée. Si le soufflet est étanche, il d’où s ≈ 1,2 cm2 soit un trou ∅ 12 mm ou équivalent
risque d’éclater ; s’il est aéré, il ne sert plus à grand-chose, il est sen- Le choix d’une pression de l’ordre de 125 bar implique que la
sible au dépôt de matière, ce qui lui enlève sa souplesse, et il peut pression motrice 120 bar soit éliminée dès le début de la phase de
même devenir indéformable (colles, ciment, etc.). Même s’il est freinage et cela sans interrompre le remplissage du côté fond.
convenable, il est peu probable qu’il ait une durée de vie suffisante.
Le matériau qui donne le moins d’ennuis est le cuir. Si l’on se réfère à un graphique comme celui de la figure 28b
(courbe I), on peut admettre que le travail de freinage sera approxi-
mativement représenté par un triangle de hauteur 16 000 daN et de
longueur 25 mm soit 400 daN · m ; or l’énergie cinétique du wagon
3.7 Exemple de dimensionnement est de 80 000 N · m.
avec vérifications L’amortisseur interne dont il a été question plus haut est tout juste
capable d’arrêter la tige du vérin et il y a lieu de placer un amortisseur
Le but de cet exemple est de rappeler les principaux éléments à extérieur à moins que l’on ne préfère un schéma permettant au vérin
vérifier avant d’adopter un projet. de freiner sur 0,5 m.
■ Données : un wagon de 40 t est mû par un vérin. La course est Inversement, la pression qui serait nécessaire, même dans le cas
de 3 m, la vitesse atteinte est de 2 m/s en poussant. de la courbe III de la figure 28b, est donnée par la relation :
Ce vérin (∅ piston 135 mm  ∅ tige 100 mm, soit une section 65 × 10 – 4 × p × 0,05 = 80 000 d’où p = 2,46 × 108 Pa (2 460 bar)
de 143 cm2 ) est alimenté par un circuit d’huile taré à 1,2  10 7 Pa
On constate que, même en limitant la pression à 1 000 bar dans
(120 bar). Si le rendement est de 0,95, la force réelle qu’il exerce
une cavité, la course nécessaire serait de :
en poussant (Sp ) est de 1,63  10 5 N .
Le mobile reçoit une force utile : 0,05 × 2 460
--------------------------------- = 0,12 m
1 000
163 000 – (400 000 × 1 %) = 159 000 N
la résistance au roulage étant égale au poids du wagon × 1 %. Il y a lieu de remarquer que le problème sera encore plus grave
en revenant si le même débit alimente le vérin.
Mouvement obtenu : son mouvement est uniformément accéléré :
■ Montage : le vérin défini précédemment peut-il être monté
159 000 = 40 000 × γ d’où γ = 4 m/s2 rigidement sur le sol, ce qui semble naturel à quiconque observe la
La vitesse est atteinte en vérifiant la relation : disposition théorique ?
On y gagnerait en simplicité apparente (vérin à pattes). La tige
v 2 = 2γ e d’où e = 0,5 m présenterait une longueur théorique de flambage plus favorable, le
Débit nécessaire : il est égal à Q = vS d’où Q = 2,86 × 10–2 m3/s poids propre n’interviendrait que très peu, etc.
ou 1 716 L/min. En pratique, il faut observer que le wagon subira probablement
des déformations entre les situations à vide et en charge, la voie
■ Quelle est la pression nécessaire pour entretenir le
ferrée aura un enfoncement et surtout, un jour ou l’autre, le wagon
mouvement ?
roulera sur une tôle ou un autre obstacle tombé sur le rail qui
Il faut vaincre les forces passives du vérin, du wagon et refouler soulèvera l’attache de la tige. Il est donc, dans ce cas comme dans
l’huile du compartiment opposé (pression 10 bar) : la majorité des montages, nécessaire d’utiliser un vérin articulé
aux deux extrémités.
ΣFp = 106 × 65 × 10– 4 + (400 000 × 0,01) + (163 000 × 0,05)
= 18 650 N Dans ces conditions, le poids propre du vérin porté à ses deux
extrémités provoque des réactions importantes sur les guidages
(65 cm2 étant la section côté tige) (§ 3.1). Il faut écarter le guidage sur le piston du guidage sur la tige
(cote b, figure 35) en utilisant une entretoise. Il faut vérifier que les
1,865 × 10 4
d’où p = ------------------------------- = 1,3 × 10 6 Pa (13 bar) réactions n’engendrent pas une pression d’appui supérieure à 80 bar.
1,43 × 10 –2

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On peut aussi placer sous la tête du vérin un support à ressort, ● Il existe une possibilité de freiner, avec précision et sans pression
calculé pour que la force moyenne exercée vers le haut supporte excessive en utilisant un amortisseur à trous (§ 2.6.2). L’exemple
une partie du poids du vérin. Dans ce cas, on minimise les frotte- reprend celui du wagon en lui imposant une loi de freinage compa-
ments et, partant, les usures. rable à celle de la mise en mouvement ci-dessus avec toutefois un
vérin plus gros.
■ Optimisation : on peut être tenté d’utiliser une tige creuse pour
diminuer le poids du vérin. Il convient alors de choisir un tube en rela-
tion avec la pression (comme s’il s’agissait d’un élément de vérin
télescopique, § 5) par exemple 85 mm × 100 mm. La force appliquée
par l’huile à 120 bar est de : 4. Usage général
57 × 120 = 6 840 daN
La force transmise longitudinalement par l’enveloppe (qui est à Il est évident qu’un vérin vertical sans charge latérale, sortant vers
prendre en considération pour le flambage) est : le haut à faible vitesse (le corps joue le rôle de bassin de décantation)
en atmosphère propre aura une usure inférieure à celle d’un vérin
16 300 – 6 840 = 9 460 daN placé dans des conditions de service sévères. On peut donc en
Cette force étant, tous calculs faits, inférieure à ce que peut trans- déduire que le meilleur usage d’un vérin sera obtenu pour une
mettre une tige pleine de ∅ 100 mm, le calcul de vérification peut disposition optimale, avec des efforts réduits sur les guidages,
être poursuivi. l’absence d’effort de bridage provenant d’articulations sans liberté
suffisante à vide et en charge, une filtration convenable et un entre-
L’élongation ε varie avec le rayon de giration r . tien suffisant au niveau du vérin lui-même et de ses articulations
Il passe de 25 mm pour la tige pleine à 32,7 mm pour le tube, la pour qu’elles pivotent sans nécessiter un couple anormal.
longueur de flambement  f permet de déterminer ε : La filtration des circuits hydrauliques de conception récente se
généralise vers 30 µm. C’est un progrès par rapport à un passé
 f = 2 ( 3 000 + 1,3 × 100 ) = 6 260 mm
encore récent mais c’est très insuffisant pour assurer un service
durable à des organes en mouvement. Si l’on considère que,
6 260 souvent, les vérins passent leur vie à l’arrêt, la filtration à 30 µm,
d’où ε = --------------- = 191 (au lieu de 250)
32,7 qui évite les ennuis spectaculaires, peut être considérée comme suf-
La contrainte critique d’Euler passe de 35 daN/mm2 à 61 daN/mm2. fisante. Dans tous les cas où le mouvement est quasi continu, il est
indispensable de diminuer l’usure. On a vu que les guidages et les
La contrainte de compression passe de 2,06 daN/mm 2
joints fonctionnaient généralement en régime onctueux avec un jeu
à 4,3 daN/mm2.
compris entre 1 et 10 µm, il est donc normal de tendre à éliminer
Le facteur µ passe de 11,4 à 9,45 et l’on peut observer que la au mieux les particules de cet ordre de grandeur.
relation concernant la stabilité de la tige reste vérifiée [1].
De même que notre organisme se comporte mieux lorsqu’il respire
Le déplacement étant linéaire, il n’y a pas trop à craindre l’appa- moins de poussières, il semble raisonnable de diminuer le nombre
rition de moments très importants dus à un éventuel grippage des de particules de 2 à 5 µm dans les circuits, sans pour cela exiger
articulations. et contrôler que ces particules soient absolument éliminées.
À l’issue de cet exemple, on peut juger de l’importance des divers On sait expérimentalement que le passage de la finesse de filtra-
facteurs concernant l’ensemble de la disposition : le choix du tion de 30 à 10 µm sur certaines machines a décuplé leur durée de
montage, le choix des supports, le choix du schéma qui, tous, condi- vie sans rechange. Il en est de même pour des circuits aéronautiques
tionnent le bon fonctionnement du vérin, en sus des paramètres en passant de 10 à 3 µm.
propres à ce dernier.
Lorsque les filtres sont de qualité convenable, bien disposés en
■ Remarques circuit calme, très largement dimensionnés, ils travaillent dans de
● La puissance à installer, si l’on néglige les rendements du groupe
bonnes conditions et augmentent petit à petit la finesse de filtration
et également l’effet du volant naturel que constitue le moteur est : par constitution d’une couche de particules déposées. Un filtre de
pouvoir de rétention nominal 5 µm, placé sur le dixième du débit,
P = Q p = 2,86 × 10 –2 × 1,2 × 107 = 3,5 × 105 W (350 kW) a des chances de diviser par 100 ou 1 000 le nombre de particules
de 2 à 3 µm contenues dans le système, et l’on conçoit aisément
L’effort du vérin ayant lieu pendant 1/2 s, l’énergie fournie pendant
que ce phénomène influe grandement sur la durée de vie des vérins.
ce temps est : 350 000 × 1/2 = 175 000 J. Or, l’énergie effectivement
nécessaire est l’énergie perdue dans le vérin pendant la poussée : Le frottement des joints et des guidages provoque un échauffe-
ment et il va de soi que l’usure devient très sensible si la température
400 000 × 3 × 0,05 = 24 450 J de surface atteint et dépasse 80 à 100 oC.
et l’énergie nécessaire au mouvement du wagon est : Il est donc très important que les joints et guidages travaillent
autant que faire se peut avec de l’huile rafraîchie à chaque mouve-
400 000 × 3 × 0,01 = 12 000 J
ment. Pour cela, il convient de vérifier que le volume déplacé par
Le rendement apparent pendant la poussée s’établit donc à : le vérin à chaque manœuvre est supérieur au volume de la conduite
qui le sépare de la pompe et de la bâche. Cette remarque très impor-
24 450 + 12 000 tante est souvent sous-estimée et se trouve à la source de bien des
-------------------------------------------- = 0,21
175 000 ennuis. Les dispositions à prendre, dans ce cas, dépendent des
installations et des schémas mais il y a toujours moyen d’éviter qu’un
Si l’on admet un fonctionnement toutes les 30 s et une puissance volume d’huile confiné ne finisse par atteindre une température
absorbée à vide de 20 %, le rendement global s’établit à : élevée, ce qui augmente d’autant la température de surface.
24 450 + 12 000
----------------------------------------------------------------------------------- = 1,6 %
175 000 + 175 000 × 0,2 × 29,5
C’est cette constatation qui a engendré beaucoup de recherches
récentes dans le domaine du stockage d’énergie par accumulateur
hydropneumatique utilisé pour l’accélération et regonflé pendant
le freinage.

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5. Formes particulières
■ Vérin simple effet en tirant
Cette disposition, encombrante en longueur (figure 47), a pour
avantage d’éviter l’alésage d’un tube. Elle est utilisée dans les bâtis
de presses où elle permet un entretien facile. Cette technologie
s’accommode bien des fluides à faibles qualités lubrifiantes.
■ Vérin à rappel par ressort Figure 47 – Vérin simple effet en tirant
Utilisé plus particulièrement en outillage, le vérin à rappel incor-
poré par ressort (figure 48a ) permet de conserver un principe de
commande simple effet qui évite la complication des installations.
Si l’on désire provoquer des efforts de faible intensité, il faut tenir
compte de l’effet du ressort. Ces vérins sont souvent conçus pour
des pressions élevées, de l’ordre de 500 à 1 000 bar.
Les vérins de frein à disque sont rappelés par la seule action
élastique du joint faisant office de ressort (figure 48b ).
■ Vérins dits économiques
Selon la figure 49, ces vérins, principalement développés par les
pays nordiques, sont le plus souvent destinés aux équipements sur
véhicules.
Ces vérins sont légers (par utilisation d’une tige creuse) et ont un
entraxe rentré faible pour une course donnée. La disposition des
attaches permet d’utiliser des fonds minces. Le tube intérieur n’est
chromé que si le vérin n’est pas systématiquement rentré après
chaque usage (grues). Le tube extérieur est souvent terminé par
galetage.
Souvent ces vérins sont conçus pour être remplacés et non
réparés.
■ Vérins amortisseurs
Ce sont des organes dont le développement est considérable
depuis quelques années. Certains sont d’une conception très
voisine du vérin classique, d’autres s’en éloignent davantage.
Les uns utilisent un fluide classique que l’on force à passer par
des orifices réduits, répartis ou non le long de la course, de section
décroissante ou non, réglables ou non (figure 50). Les énergies
d’impact et de freinage de la masse à ralentir sont transformées Figure 48 – Vérin à rappel par ressort
par le passage du fluide dans les orifices (laminage). La pression
correspondant à l’effort de décélération est transformée en vitesse
du fluide mais, la vitesse n’étant pas retransformée en pression,
toute l’énergie est finalement dégradée en chaleur. Cela conduit à
vérifier l’organe, non seulement aux conditions d’impact (pression
maximale, accélération à l’entrée en fonction, décélération
d’ensemble, butée, etc.), mais aussi au nombre d’impacts dans un
temps donné, de sorte que l’échauffement reste raisonnable eu
égard à la capacité de refroidissement naturelle. Le retour en posi-
tion de repos se fait par ressort, gaz comprimé, ou commande
extérieure.
L’huile refoulée est déplacée vers un réservoir interne ou externe,
sauf pour les modèles qui utilisent des mousses plastiques
Figure 49 – Vérin dit économique
compressibles.
La figure 51 montre des réalisations classiques.
Les amortisseurs de véhicules sont des vérins de conception très
Remarques : en règle générale, on observera que, pour une simplifiée avec le plus souvent un seul niveau d’orifices obturés
vitesse inférieure à 0,15 m/s, les mobiles peuvent être arrêtés sur partiellement par une pièce mobile dont le rôle s’apparente à celui
une butée franche sans dommage. Les vérins amortisseurs, qui d’un clapet. Le plus souvent, la compensation de volume est
apparaissent comme les plus rustiques, sont d’une conception réalisée par l’air qui se trouve à la partie supérieure.
constructive plus simple et utilisent un fluide compressible : une ■ Vérin moteur linéaire
sorte de mousse composée spécialement. Le ralentissement est
provoqué par la juxtaposition de deux phénomènes : la Cette expression, qui paraissait réservée aux organes électriques,
compression, puisque le volume offert au fluide diminue au fur est quelquefois utilisée pour désigner un vérin hydraulique équipé
et à mesure que la tige rentre, et le passage par un espace réduit d’un système de distribution qui fonctionne constamment en
au niveau du piston (figure 52). va-et-vient, par exemple certaines pompes à béton.

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Figure 50 – Vérins amortisseurs : principes

Figure 51 – Vérins amortisseurs : exemples

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Figure 52 – Vérin amortisseur


à mousse d’élastomère

■ Vérins transformateurs de pression


Selon la figure 53, il s’agit de vérins destinés à un éventuel fonc-
tionnement alternatif/ continu. Une pression relativement basse agit
sur les grandes faces du piston. Les tiges jouant le rôle de plongeur
agissent comme les pistons d’une pompe haute pression. La techno-
logie est orientée vers la fiabilité. La commande d’inversion est située
dans l’organe et constitue, avec l’étage basse pression, un moteur
linéaire.
● Transformateur hydropneumatique : il existe une version parti-
culière du principe précédent, qui transforme l’air comprimé dispo-
nible dans l’industrie en fluide sous haute pression.
Le bilan énergétique est mauvais puisque la production d’air
comprimé est caractérisée par un faible rendement mais, pour des
raisons de maintien facile en pression, de fonctionnement sans
électricité, etc., ce dispositif est utilisé dans de nombreuses
circonstances.
Figure 53 – Vérin transformateur de pression
■ Accumulateur à piston
C’est, en pratique, un vérin sans tige. La particularité la plus impor-
tante est le joint qui n’a aucune raison naturelle d’assurer l’étanchéité
dans la mesure où la pression est identique dans les deux compar-
timents, ce qui est presque une condition de bon fonctionnement
ici. De ce fait, le joint d’accumulateur est souvent assisté par un
système élastique à ressort. Un joint dynamique n’étant pas abso-
lument étanche, il est possible qu’une faible partie du fluide adhérant
à la paroi soit entraînée vers la réserve de gaz, ce qui risque à la
longue, en cas de fonctionnement suivi, d’augmenter légèrement la
pression du gaz (figure 54).
■ Vérin élévateur
Selon la figure 55a, l’élévateur est généralement implanté dans
le sol et il est caractérisé par des efforts latéraux importants dus au
déport éventuel de la charge et à son mouvement (cas des
véhicules). Sur la figure 55b sont schématisés ces efforts.
Parmi les nombreuses formes que peut prendre le vérin éléva-
teur, le vérin tripode constitue, qu’il soit simple ou télescopique,
une réalisation intéressante (figure 56).
■ Vérins équilibreurs ou ressorts à gaz
La fonction d’équilibrage d’une charge peut être obtenue par
n’importe quel vérin classique et un schéma approprié, mais il
s’est développé depuis quelques années des vérins spécifiques.
Ces vérins, généralement de petite dimension, superposent les
fonctions de vérin, d’amortisseur, et surtout d’accumulateur
(figure 57). Ils existent sous forme d’équilibreurs simples et sont
alors utilisés pour les capots d’automobiles, le mobilier, etc., ou sous
forme d’équilibreurs blocables en position pour sièges, capots de
ventilation, etc. Leur technologie ressemble passablement à celle des Figure 54 – Accumulateur à piston
amortisseurs d’automobile.
■ Vérins télescopiques Les guidages des vérins télescopiques sont, le plus souvent, très
étroits pour réduire l’encombrement. L’autre particularité importante
Ce sont des vérins comportant deux ou plusieurs tiges concen- est le faible écart entre les diamètres, qui conduit à utiliser des joints
triques, dont l’intérêt principal est d’offrir une longueur importante, de petite dimension dont on a vu par ailleurs qu’ils étaient moins
en position sortie, par rapport à l’encombrement en position rentrée rustiques que des joints de dimension supérieure. Cependant, dans
(figure 58). ce cas particulier, le phénomène est compensé par le fait que le tube
et la tige se déforment dans le même sens et de quantités qu’on
peut rendre voisines. On peut donc diminuer les jeux et surtout les
conserver, même en pression.

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Figure 57 – Vérin équilibreur ou ressort à gaz (doc. Stabilus)

Figure 55 – Vérin élévateur

Figure 58 – Vérin télescopique (doc. Protomhydro)

La rectitude d’un vérin télescopique dépend surtout de la per-


pendicularité des pièces d’extrémité de chaque tube.
● Vérins télescopiques simple effet : c’est la forme la plus
répandue des vérins télescopiques (figure 59).
Lorsque le fluide commence à exercer son action par suite du
débit de la pompe, la pression monte progressivement du fait de
la compressibilité de l’huile et de la déformation de l’enveloppe.
Lorsque la pression correspond à l’action de la résistance sur la
section du plus gros élément, celui-ci sort.
Il y a lieu de constater que la force diminue à pression égale lorsque
le gros élément a terminé sa course. De ce fait, généralement, la
course ne se poursuit qu’avec une élévation de pression à chaque
départ d’un nouvel élément. Cependant, le plus souvent, les vérins
télescopiques sont utilisés pour opérer des basculements de charge
(benne de camion), et la pression diminue au fur et à mesure de
l’élongation. Dans ces conditions, on obtient une évolution de la
pression comme celle de la figure 60.
Dans ce cas particulier, il y a lieu de s’assurer que l’effort résistant
sera encore suffisant pour assurer la rentrée. Cette remarque conduit
Figure 56 – Vérin tripode à éviter les positions proches de l’horizontale car le poids des
éléments sortis et de l’huile qu’ils contiennent provoque un moment
qui conduit à des réactions importantes sur les guidages, aug-
mentant ainsi le frottement et l’usure.

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De plus, il y a peu d’applications en dehors du bennage où l’on ■ Vérins rotatifs


recherche une force décroissante avec la course. L’inverse est au Ce sont des organes généralement onéreux et dont le dévelop-
contraire fréquent, mais on utilise un vérin ordinaire avec un système pement est plutôt récent.
dit à deux débits : approche rapide à basse pression avec un fort
● Vérins à palette : construits par un petit nombre de construc-
débit et effort plus lent à haute pression avec un débit réduit.
teurs, surtout américains, ces appareils comportent une palette
● Vérins télescopiques double effet : on conçoit qu’il s’agit d’un
solidaire de l’arbre.
système nécessairement complexe, surtout si l’on conserve deux
orifices sur le corps principal. Divers systèmes sont utilisés ; la Lorsque la palette n’existe que d’un côté, l’angle de rotation est
figure 61 en donne une idée. de l’ordre de 270o. Si elle est symétrique, le couple utile est large-
ment doublé (les frottements diminuent de par l’équilibrage), mais
Souvent, surtout si l’on se réfère à l’application du type bascule- l’angle de rotation n’est que de l’ordre de 120o.
ment de benne, il suffit que la dernière course soit double effet
pour amorcer le mouvement qui, par la suite, s’opère de lui-même L’étanchéité est assez difficile à obtenir et l’on voit sur la figure 62
dès que le poids mort redevient suffisamment moteur. Dans ce cas, la conception originale de la palette et de son joint.
on se contente de constituer le dernier élément en vérin double Ce vérin est encombrant, lourd et onéreux et l’on peut générale-
effet et l’on alimente le compartiment de rappel par un tuyau qui ment le remplacer avantageusement par un système de bielle
suit l’organe mobile. actionnée par un vérin classique. De plus, il ne confère une fiabilité
Par extension, on peut concevoir un vérin à plusieurs éléments acceptable que si le service est faible.
double effet, relativement simple si l’on admet de prévoir un orifice Cependant, le vérin à palette correspond à un marché non négli-
par compartiment de rappel. geable car il apporte une solution d’apparence saine et simple à
Les vérins télescopiques peuvent parfois être remplacés par des tous ceux qui redoutent une étude mécanique et l’entretien.
dispositions mécaniques qui procurent une grande course à effort
décroissant à partir d’un vérin classique (figure 78).

Figure 61 – Vérins télescopiques double effet


Figure 59 – Vérin télescopique simple effet

Figure 62 – Vérin rotatif à palette

Figure 60 – Épure de bennage

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● Vérins à pignon-crémaillère : le système d’un vérin à une L’efficacité des joints est souvent mise en défaut car, les pressions
crémaillère qui fait tourner un pignon paraît simple et il a tenté bon étant très voisines, l’action d’étanchéité automatique des joints est
nombre de constructeurs, par exemple la majorité des fabricants compromise.
d’auxiliaires sur camion. Il existe des pompes oléopneumatiques qui utilisent la pression
En réalité, ce mécanisme est difficile à bien réaliser : la réaction d’air souvent disponible dans les ateliers ou sur les chantiers et sont
de la denture engendre une composante radiale importante (surtout conçues pour alimenter un vérin hydraulique ordinaire à l’huile, soit
si l’on ne fait pas l’effort de choisir une denture à petit angle de directement (transformation air-huile en équipression pour mouve-
pression, par exemple 11 o comme dans les raboteuses). Cette ments d’approche), soit par l’intermédiaire d’une cellule de trans-
composante charge les paliers de l’arbre, mais surtout écarte la formation de pression pour obtenir un petit débit haute pression.
crémaillère qui doit être soutenue par l’arrière.
■ Servovérins et vérins à commande numérique
Ce support sera-t-il fixe ou réglable ? Cela dépend de la conception
du piston ou du vérin qu’on lui adjoint, mais il restera toujours dif- Les servovérins sont constitués par un vérin sur lequel est fixé
ficile d’aligner parfaitement le mécanisme et le vérin et de maintenir un distributeur à tiroir coulissant. L’ensemble se déplace, en prenant
cet alignement en charge. Le fait de concevoir un vérin symétrique appui sur l’extrémité de la tige, d’une course égale à celle que l’on
ou de monter 4 vérins ne change rien à ce problème. provoque sur l’extrémité du tiroir.
Certains constructeurs ont proposé des unités capables d’un En effet, dès que l’on pousse ce dernier vers la gauche, il oriente
couple allant jusqu’à 400 000 daN · m. le fluide entrant vers le fond du vérin. Inversement, il autorise la sortie
du fluide contenu côté tige. On observe dès lors que le corps se
Il est hasardeux d’utiliser ce genre d’organe autrement que dans déplace vers la gauche jusqu’à ce qu’il rattrape le tiroir (figure 67).
les conditions d’un service faible. La commande de vannes papillon
est un bon exemple d’utilisation de ce dispositif (figure 63). La force sur le tiroir est assez faible et ne correspond, outre les
frottements, qu’à la réaction du ressort de rappel. Par contre, la
La figure 64 concerne un organe équilibré par pression, de force du vérin ne dépend que de la section choisie et de la pres-
conception relativement lourde, pour usage industriel. sion.
● Vérins à vis réversible : le système est basé sur l’utilisation de
Ce système (figure 68) permet des amplifications d’effort de très
deux pas de vis réversibles opposés et cela semble plus compliqué grand rapport car la force sur la commande peut être de l’ordre
que les systèmes précédents. Cependant, la pratique démontre que de 1 daN et la force du vérin de 100 t. Cet organe, qui est à la base
le système est fiable, probablement grâce à la symétrie qui équilibre de nombreux servomécanismes et asservissements, connaît des
les principaux efforts (figure 65). fabrications de série dans les domaines servodirections de véhicules
L’inconvénient réside dans les frottements relativement et copieurs de machines-outils. Son étude en tant qu’organe complet
importants. ressort d’ouvrages spécialisés.
Cet organe est concurrencé par un ensemble réducteur épi- Le vérin à commande numérique (figures 69a et b ) est un vérin
cycloïdal et moteur hydraulique. comportant une seconde tige dans laquelle sont ménagées des
Ceux qui feuilletteront les publicités des fabricants s’étonneront gorges. Le montage est réalisé selon le schéma différentiel (§ 6.1).
de constater que, dans les exemples d’utilisation, le vérin rotatif est L’alimentation cyclique des 4 orifices permet de déplacer le vérin
souvent utilisé indirectement pour entraîner la charge à l’aide d’un en avant ou en arrière d’un certain nombre de pas et permet, avec
système de bielles qui accentue encore le handicap (figure 66). une technique directe et simple, d’obtenir un positionnement assez
précis.
■ Vérin oléopneumatique
Ce système vient à point après les systèmes à vérins, à cales, ou
Il paraît simple d’utiliser un vérin dans un sens, poussé par de boîtes de poids, utilisés pendant un certain temps dans les premières
l’huile pour obtenir une force importante et rappelé, dans le sens machines à commande numérique. Il peut atteindre des perfor-
inverse, par une pression d’air dans le compartiment opposé. Ce mances assez spectaculaires en utilisant, pour sa commande, des
système doit être proscrit, en particulier du fait du risque de astuces de nombres premiers et d’effet de vernier. Il présente un
condensation dans le compartiment à air. De plus, il y a diffusion avantage dans les applications avec environnement hostile, et sur-
du gaz dans l’huile et, éventuellement, passage de l’huile dans le tout là où la consommation d’énergie à l’arrêt doit être pratiquement
compartiment à air. supprimée.

Figure 63 – Commande de vannes papillon


par vérin à pignon-crémaillère

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■ Vérins mécaniques
Il existe des vérins mécaniques, tout au moins des mécanismes
qui leur ressemblent ; ils sont le plus souvent constitués par un
système vis-écrou. Ils ont un rendement inférieur, sont habituelle-
ment plus coûteux, nécessitent de l’entretien, mais leur utilisation
s’avère prudente dans les cas de synchronisation de sécurité ou de
nécessité de mouvement irréversible.
La force n’est pas limitée comme dans la voie hydraulique, et le
problème des fins de course devient de ce fait souvent délicat car
tout dépassement peut entraîner la destruction.
Figure 64 – Vérin rotatif à pignon-crémaillère On peut les utiliser pour piloter des servocommandes sur des
vérins de grosse capacité.
■ Vérins électriques
Ils sont constitués par un vérin mécanique entraîné par un
moteur électrique autonome et la remarque précédente concernant
les fins de course prend encore plus de valeur. C’est la principale
cause de pannes fréquentes de ces organes.
■ Vérin à fente
Actuellement, le vérin à fente n’est guère développé que sous
forme pneumatique mais, comme rien ne semble s’opposer à son
utilisation avec un liquide basse pression, il a semblé intéressant
de mentionner son existence. Un piston assez long comporte un
étrier qui passe par la fente pour atteindre la charge à manuten-
tionner. L’étanchéité à coulisse est réalisée par deux bandes d’acier
maintenues en place par des aimants permanents. Ce vérin est par-
ticulièrement adapté à la translation des chariots (figure 71) ou à
la manutention des décors de théâtre.
Figure 65 – Vérin à vis réversible
Il existe aussi des vérins où la liaison mécanique entre piston et
étui est remplacée par un entraînement magnétique.
■ Vérin gonflable
Selon la figure 72, ce type de vérin n’est pas sans présenter une
certaine analogie, au moins constructive, avec les pneumatiques
d’automobile. Il est souvent présenté comme vérin pneumatique
mais peut fort bien être utilisé avec un liquide ; il a surtout été
développé aux États-Unis.
Sa course est relativement faible (de l’ordre du quart du diamètre)
mais il accepte des déplacements sans précision.
C’est un produit nouveau qui demande l’oubli de bien des habi-
tudes pour être adopté, mais dont le développement semble assuré.
■ Vérin à membrane
Il s’agit d’un organe plat ou cellule, qui comporte une membrane
dessinée de telle sorte qu’il se produise un frottement minimal lors
du faible déplacement ou de l’inclinaison du couvercle (article
Étanchéité en mécanique [B 5 420] dans ce traité). Actuellement,
les pressions d’utilisation avec liquide vont de 10 à 25 bar.
La pression engendrée par la charge est transmise à un mano-
mètre de précision qui indique la valeur de la charge au 1/500 de
la capacité nominale. Cette technique directe est très pratique et
d’une très bonne fiabilité. Il est possible de raccorder 4 cellules de
mesure sur 4 tubes de Bourdon à sommation sur une seule aiguille.
Figure 66 – Vérin entraînant une charge à l’aide d’un système de bielle Le terme de vérin pour désigner ces cellules se conçoit bien
puisque, actuellement, on peut atteindre 250 t.
On peut aussi mesurer la force d’un vérin en lisant la pression
Le terme vérin à commande numérique est souvent appliqué à sur un manomètre précis, à condition que les frottements soient
un ensemble composé d’un vérin asservi en position par une vis faibles (§ 3.1).
entraînée par un moteur pas à pas (figure 69c).
Des équipements récents assurent de conserver la rusticité de ce
■ Vérins intégrés principe tout en permettant un affichage numérique et toutes les
combinaisons électroniques qui en découlent (pesage, calcul, etc.).
En présence de construction de grande série, le vérin peut être
intégré dans un mécanisme ; la figure 70 montre une commande ■ Vérins plats
de freins et d’embrayage, le tube du vérin étant une cloche emboutie.
Les vérins plats en acier (figure 73) peuvent fournir des efforts
très importants. Ils sont employés dans la construction. Ils peuvent
être amovibles ou laissés à demeure.

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Figure 67 – Servovérin

Figure 68 – Servomécanisme à affichage (relevage de charrue,


par exemple)

Figure 70 – Vérin intégré

Figure 69 – Vérins à commande numérique

Figure 71 – Vérin à fente (doc. Origa)

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Figure 72 – Vérin gonflable

Figure 74 – Vérins utilisés en différentiel

En réalité, les frottements inutiles du piston jouent un rôle impor-


tant et déterminent des conditions de fonctionnement qui sont assez
limitées.
La tige ne peut être inférieure à une certaine dimension critique
correspondant à un effort nul et à l’absence de mouvement. Cette
dimension critique en diamètre est un peu inférieure à la moitié de
l’alésage ; une tige de diamètre égal à la moitié de l’alésage est
proposée couramment par tous les constructeurs, elle conduit à un
rendement en sortie assez faible, pouvant être de l’ordre de 0,6.
Inversement, dans le but d’obtenir à peu près le même rendement
en tirant, la section annulaire située autour de la tige ne doit pas
être inférieure à 0,15 fois la section du fond.
Le rendement en sortant, même avec une tige assez grosse de
section 0,4 à 0,7 fois la section du fond, reste compris entre 0,75 et 0,9.
La figure 75 indique l’ordre de grandeur du rendement d’un vérin
Figure 73 – Vérins plats en acier au démarrage et en marche lorsqu’il est en poussant, en tirant et
en poussant en différentiel.
■ Vérin à trou central
Le vérin à trou central, utilisé en outillage et en échafaudage,
permet d’exercer une traction selon son axe. 6.2 Vérin utilisé à basse vitesse
Dans un certain nombre d’applications, on recherche des vitesses
très faibles (par exemple avance des machines-outils).
6. Utilisations particulières Trois phénomènes régissent ce problème : le débit minimal, les
frottements et la tendance aux oscillations. Il faut, de plus, tenir
compte dans de nombreux cas du mouvement des joints, des purges,
etc. Le débit est fourni par des régulateurs de débit ou des pompes
6.1 Vérin en différentiel doseuses. Le débit minimal de ces organes varie selon les conditions
d’utilisation.
— Pour des applications où l’on désire assurer surtout la rusticité,
Les schémas selon la figure 74 représentent des vérins utilisés on conviendra de ne pas descendre au-dessous de 0,5 à 1 L/min.
en différentiel. Ce montage consiste à alimenter simultanément les
compartiments fond et tige, par exemple pour obtenir une vitesse — Pour des applications classiques en machine-outil, on se
de sortie rapide. limitera à 50 ou 100 cm3/min.
Les trois schémas représentés, parmi d’autres, ont chacun leurs — Pour des applications très soignées, on pourra descendre
caractères propres mais ils assurent tous la propriété principale jusqu’à 20 cm3/min.
énoncée précédemment. Pour obtenir de basses vitesses régulières, on devra donc, en
La vitesse de sortie d’un tel vérin et son effort de poussée théo- premier lieu, choisir un vérin de section suffisante en accord avec
rique se calculent comme si le piston n’existait pas et comme s’il les données précédentes.
était un vérin simple effet dont le plongeur aurait le diamètre de la Pour éviter les saccades ou broutements, encore dénommés
tige. stick slip, on recherchera un coefficient de frottement aussi indé-
pendant que possible de la vitesse de déplacement et une élasticité
minimale du propulseur constitué par le vérin rempli de fluide.

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L’obtention d’un coefficient de frottement indépendant de la 6.3 Vérin utilisé à grande vitesse
vitesse, ou diminuant avec l’abaissement de la vitesse, est devenue
chose aisée avec la mise au point des fluides spéciaux pour glissières Les vérins conçus pour des vitesses importantes (par exemple,
et des fluides pour transmissions à disques, dont les plus connus 2 à 5 m/s ou plus) comportent des orifices relativement grands,
sont parfaitement utilisables dans les circuits hydrauliques à la conçus pour ne pas opposer une résistance trop élevée au débit. Ils
dépense près (§ 3.1). En effet, c’est l’augmentation de ce coefficient sont généralement équipés d’amortisseurs de fin de course internes
au voisinage de l’arrêt qui fait croître l’effort. L’arrivée de fluide fait peu efficaces, destinés à éviter la destruction du vérin en cas de
croître la pression jusqu’au moment où elle devient suffisante pour fausse manœuvre.
réamorcer le mouvement. L’existence du mouvement abaisse le frot-
tement donc la résistance, le fluide se décomprime, la force diminue, Ils sont généralement équipés de segments plastiques ou métal-
le mouvement cesse et ainsi de suite. liques ou fonctionnent sans joints.
L’élasticité minimale du propulseur est obtenue par un fluide
contenant le moins possible de gaz (purge, fluide bien dégazé, etc.),
au moyen de joints peu déformables et sans déplacement, ce qui 6.4 Vérin utilisé pour obtenir une rotation
conduit habituellement à utiliser des segments métalliques ; il faut,
toutefois, que la géométrie et les tolérances soient compatibles, par Il est évident que, selon la figure 76a, lorsque l’angle α est faible
le choix d’une pression plus élevée que nécessaire qui améliore le il n’y a aucun problème particulier. Cependant, on peut, en inclinant
module d’élasticité pratique du fluide, ce choix étant facilité par une plus ou moins le vérin, augmenter le couple disponible à une extré-
régulation en sortie qui freine le mouvement. mité de la course ou à l’autre. Il va de soi que la vitesse obtenue
varie à l’inverse du couple. Les limites d’utilisation du système sont
les angles β et θ qui ne doivent pas être trop petits, sinon les réac-
tions engendrées risquent d’être si grandes que les frottements et
les déformations conduiraient à un système irréversible (il suffit que
le rendement soit de 0,5). Habituellement, on évite de dépasser
β = θ = 30o, à la rigueur 25o.
La figure 76b montre un système qui permet d’obtenir
convenablement une rotation θ de 180o.
De nombreux systèmes permettent ainsi d’augmenter ou de dimi-
nuer la course des vérins, éventuellement d’obtenir des mouvements
variés avec fins de courses amorties à partir d’un vérin à vitesse
constante (figure 77).

Figure 75 – Rendement d’un vérin au démarrage et en marche

Figure 76 – Système permettant d’obtenir une rotation

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Dans ce problème, comme pour la position des vérins en général,


il y a toujours des solutions permettant d’obtenir une meilleure
précision mais avec des artifices de contrôle, des servocommandes,
des solutions particulières, en fonction des applications.
Les systèmes utilisant des limiteurs de débit, des équilibreurs,
des vérins de transfert, etc., sont plus économiques mais sont
généralement moins précis, et il y a bon nombre de précautions à
prendre pour ne pas connaître d’ennuis.
Les systèmes de synchronisation par voie hydraulique nécessitent
une attention toute particulière lorsqu’ils doivent opérer une retenue
de charge. Dans ce cas, et sans préjuger des cas forts différents qui
peuvent se présenter, il est souvent prudent de constituer l’équiva-
lent de freins permanents de sorte que le système agisse constam-
ment de façon positive dans le même sens. Cette disposition suppose
naturellement des efforts supérieurs au besoin, ainsi que les pres-
sions correspondantes dont il y a lieu d’ailleurs de tenir compte
lorsqu’on détermine les vérins.
Il existe un très grand nombre de solutions mécaniques simples
qui sont généralement peu onéreuses et qui garantissent la sécurité
en utilisant les vérins dans leur seule fonction de levage.
■ Remarques
● La différence de pression observée pour quatre vérins indépen-
dants placés aux quatre coins d’une charge C monobloc du genre
maison préfabriquée ou plate-forme de forage en mer est couram-
ment, pendant le levage :

Cela démontre que les vérins ne doivent pas être choisis en fonc-
Figure 77 – Rotation avec mouvement amorti, tion du quart de la charge comme on a trop tendance à le faire
grands moments ou petites masses mais au moins de la moitié, sauf si l’on réalise un système en trois
points en reliant deux vérins entre eux. On peut ainsi, outre les
commodités qu’apporte ce système, réaliser une économie subs-
La figure 78 illustre la possibilité d’obtenir un grand débattement
tantielle.
à partir d’un encombrement réduit.
● On a souvent recours à des systèmes de câbles, de chaînes ou
de vis pour garantir la synchronisation de plusieurs vérins. Ces ins-
tallations doivent avoir un rendement assez bon, que les vérins
6.5 Synchronisation de deux soient moteurs ou récepteurs pour être parfaitement réversibles ; la
ou plusieurs vérins présence de ces câbles s’ajoute à la charge du ou des vérins. Leur
force unitaire doit, comme dans la remarque précédente, être
Ce problème est extérieur au sujet, mais son importance est telle calculée en fonction de la charge réelle qu’ils peuvent être amenés
qu’il semble indispensable d’en situer les aspects fondamentaux. à supporter.
On peut souhaiter synchroniser deux ou plusieurs vérins par voie
hydraulique. C’est possible si l’on considère qu’un certain écart est
admissible. 6.6 Immobilisation en position
L’écart est dû principalement :
On souhaite souvent pouvoir quitter une installation en ayant la
— à une différence de volume des vérins (facteur important avec
certitude qu’elle ne bougera pas, même en cas de défaillance des
des vérins télescopiques) ;
organes normaux et surtout en cas de fausse manœuvre par un
— à une différence de pression qui joue sur le volume par
agent mal informé ou distrait.
compressibilité (remarques en fin de paragraphe) ;
— à une différence de température ; Le plus fréquemment, on se contente de bloquer le retour d’un
— à une différence de débit des sources, les plus précises étant vérin tant qu’on ne crée pas une pression dans le compartiment
des pompes à pistons égales calées sur le même arbre tournant assez opposé.
lentement dans la zone de pompabilité optimale (4 à 12 degrés Cette solution n’est sérieuse que si le clapet anti-retour piloté est
Engler). solidaire du vérin, de façon à limiter le risque de fuite entre les deux
Si le volume des tuyauteries est faible devant celui des vérins, organes (figure 79). Elle pose souvent beaucoup de problèmes
on peut admettre que les écarts de volume se traduiront par un annexes car elle se prête mal à des actions dynamiques. On est, en
écart comparable de course. pratique, conduit à placer un freinage et souvent un limiteur de pres-
sion entre vérin et clapet, et l’immobilisation devient précaire.
En pratique, il ne faut pas promettre une précision meilleure que
97 % avec une installation irréprochable. On réalise relativement
bien 95 %, il est assez facile de garantir 90 %.

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Figure 79 – Immobilisation en position

Figure 78 – Grand débattement à partir d’un encombrement réduit

De plus, bloquer l’écoulement du fluide ne conduit pas à une


immobilisation rigoureuse car, si les efforts varient, les pressions
aussi, et du fait de la compressibilité, il y a modification de volume,
donc de position. En pratique, il faut prévoir de l’ordre de 1 % de
changement de volume par 100 bar. Si le vérin est sollicité par des
forces changeant de sens, il peut se produire, par un décalage
infime des clapets et un certain dégazage du fluide en dépression,
une cavité apparente qui supprime presque complètement la Figure 80 – Cric hydraulique (doc. Rassant)
notion d’immobilisation. Ce phénomène apparaît souvent sur des
béquilles de pelles hydrauliques lorsqu’elles ne sont pas reliées à
un circuit de gavage (c’est-à-dire ayant toujours tendance au rem-
plissage). Cela supprime toute tendance au vide lorsque la
machine prend appui sur un vérin de béquille, puis le soulève à
chaque demi-tour.
Le système le plus simple pour les vérins simple effet consiste à
munir leur tige d’un filetage et d’un écrou, c’est le cric (figure 80).
L’écrou est manœuvré à la main sur les petites unités. Il peut être
mû par un moteur hydraulique monté en parallèle du vérin sur les
grosses unités. Figure 81 – Verrouillage à billes

■ Blocage interne : il existe des dispositifs internes qui ne


semblent avoir été développés qu’en aéronautique et qui utilisent Dans le premier cas, la pression peut être classique bien qu’on
des coincements (billes, bagues déformables, etc.), mais leur usage puisse obtenir une course de serrage assez importante.
est extrêmement limité car leur construction délicate conduit à des Dans le second cas, l’on est généralement conduit à des pressions
équipements très onéreux (figure 81). élevées nécessaires pour provoquer une déformation élastique
■ Serrage de la tige : quel que soit le système, on observera que sensible (figure 82).
le serrage utilise une partie de la longueur utile de la tige, donc il Généralement, c’est la seconde solution qui est adoptée pour les
augmente l’encombrement et diminue la rusticité du vérin. installations de sécurité car le serrage est assimilable à l’action
Le principe du serrage consiste à appliquer une force suffisante d’un ressort. Ce dispositif suppose des matériaux et des usinages
pour que la composante de frottement soit supérieure aux efforts soignés, il est onéreux en soi et nécessite, de plus, une installation
exercés sur le vérin. Le coefficient de frottement sera pris égal à d’alimentation en haute pression.
0,05 si le serrage est effectué en mouvement et à 0,15 s’il est réa- Il y a intérêt, dans le second cas, à limiter la surface de portée
lisé à l’arrêt. de sorte que la pression d’appui soit 2 ou 3 fois inférieure à la pres-
Le serrage est provoqué par action d’une pression sur une bague sion de poinçonnage mais que l’évacuation de l’huile, située sous
fendue (procédé Ménard) ou, inversement, par une bague élastique les patins pendant le mouvement, puisse se faire rapidement et
normalement serrée et écartée par action de pression ; ce dernier complètement (figure 82).
principe implique un effort de traînée qui ne sera jamais nul.

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Figure 82 – Serrage de la tige

■ Blocage externe : il est généralement plus efficace de réaliser le


blocage sur un organe spécialisé complètement indépendant du
vérin, où il sera aisé de multiplier les surfaces de frottement
(figure 83).

6.7 Vérin autonome


Dans de nombreuses applications de vérins isolés ou transpor-
tables (télescopage des grues à tour), on est tenté d’éviter la
centrale d’alimentation et ses problèmes de liaison en concevant
un ensemble monobloc bâti à partir du corps du vérin.
Théoriquement, les problèmes d’organes et de schéma d’utilisa-
tion ne sont pas modifiés mais, en fait, on essaie de pouvoir utiliser
ou au minimum transporter en toutes positions, ce qui conduit à
concevoir un ensemble étanche (figure 84), ou parfois avec pres-
surisation du réservoir par une vessie gonflée.
De plus, en particulier pour les applications sur chantier, il est
séduisant de supprimer la distribution et de réaliser une commande
à distance par simple inversion du sens de rotation du moteur, aisée
à obtenir en se raccordant provisoirement sur n’importe quel coffret
de manœuvre d’un moteur de grue.
Il existe aussi des vérins autonomes à pompe à main : les vérins Figure 83 – Blocage externe : dispositif bloqué par le vérin
d’immobilisation de tôles pour soudure, les cintreuses et de et desserré par un ressort
nombreux outillages, crics rouleurs pour voitures, transpalettes, etc.

6.8 Vérins multiples


Lorsque les courses sont relativement petites et que l’encombre-
ment est compté, il est possible de réaliser une force importante en
superposant plusieurs vérins (figure 85).
Les vérins amplificateurs (figure 86) sont constitués par deux
vérins concentriques dont l’étage basse pression, agissant comme
plongeur, provoque une haute pression actionnant le vérin princi-
pal. Dans la version haute pression, celle-ci peut atteindre 1 000
à 2 000 bar et permet d’obtenir de grandes forces avec un encom-
brement réduit. Le vérin basse pression n’intervient que lorsque le
vérin principal est au contact, ce qui permet d’obtenir un cycle avec
approche et retour rapides.

6.9 Vérins mouflés


Les vérins mouflés permettent de multiplier la course du vérin.
Sur la figure 87, un vérin de dimension courante permet d’actionner
un ascenseur pour cinq niveaux. Ce système est utilisé univer-
sellement pour actionner les fourches des chariots de manutention.
Les vérins du premier étage de la tour Eiffel sont mouflés à 8 brins
pour développer une course résultante de 126 m. Figure 84 – Vérin autonome (doc. Sarrazin)
Le vérin à câble (figure 88), généralement limité à de faibles puis-
sances, est le plus souvent utilisé pour de petites manutentions. Le duquel il est placé en guise de monte-charge. La tige est constituée
câble est recouvert d’un tube plastique pour faciliter l’étanchéité. par des galets de forme sphérique enfermés dans une enveloppe
Le vérin à tige courbe (figure 89), d’une exécution très particulière, tubulaire.
est assez facile à mettre en œuvre sur un chantier. On peut allonger
la course au fur et à mesure de la construction d’un bâtiment, le long

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________________________________________________________________________________________________________________ VÉRINS HYDRAULIQUES

Figure 85 – Vérins multiples

Figure 87 – Vérins mouflés

Figure 88 – Vérin à câble


Figure 86 – Vérin amplificateur basse pression

Figure 89 – Vérin à tige courbe

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VÉRINS HYDRAULIQUES _________________________________________________________________________________________________________________

Références bibliographiques

[1] AFFOUARD (R.). – Les installations [3] La commande hydraulique : applications [5] GUILLON (M.). – Commande et asservissement
hydrauliques : conception et réalisation pra- industrielles. La Technique Moderne Dunod à fluide sous pression. 4 tomes, École Nationale
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[2] CAUBET (J.J.). – Théorie et pratique indus- [4] Méthode Dutheil. Règles de constructions
trielle du frottement. 416 p., Dunod (1964). métalliques CM. Documentation Technique du
Bâtiment et des Travaux Publics, janv. 1966.

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