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Manuel de cycle

5e 4e 3e
Livre du professeur
SOUS LA DIRECTION DE

Éric Bacik
Agrégé de lettres modernes
Académie de Lille

Marie Musset
Agrégée de lettres modernes
Académie de Lyon

Fabrice Gros Édith Tritsch


Certifié en lettres modernes Agrégée de lettres classiques
Académie de Lyon Académie de Lille

Gwenn-Aëlle Geffroy Céline Walkowiak


Agrégée de lettres modernes Certifiée en lettres modernes
Académie de Lille Académie de Lille

Éric Millot
Certifié en lettres classiques
Académie de Lyon
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Couverture : Frédéric Jély


Maquette intérieure : IGS
Mise en page : IGS-CP et Sylvie Daudré

www.hachette-education.com
© Hachette-Livre 2016,
58 rue Jean-Bleuzen – CS 70007, 92178 Vanves Cedex 1,320 Kg éq. CO2
ISBN : 978-2-01-240684-1

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays.


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français de l’exploitation du droit de copie (20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris), constituerait donc une
contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal.
En cinquième…

 Regarder le monde, inventer des mondes – Imaginer des univers


thème 1
nouveaux
Séquence 1 – Le bestiaire imaginaire p. 6
Séquence 2 – Le conte merveilleux et l’enchantement de la réalité : Les Cygnes sauvages
de Hans Christian Andersen p. 19
 Vivre en société, participer à la société – Avec autrui, familles, amis,
thème 2
réseaux
Séquence 3 – La famille, les amis au cœur de l’écriture p. 32
Séquence 4 – La comédie des conflits familiaux : Les Fourberies de Scapin de Molière p. 47
 Se chercher, se construire – Le voyage et l’aventure :
thème 3
pourquoi aller vers l’inconnu
Séquence 5 – Découvrir de nouveaux mondes p. 59
Séquence 6 – Voyager en poésie p. 72
thème 4  Agir sur le monde – Héros/héroïnes et héroïsmes
Séquence 7 – Les rencontres du chevalier p. 87
Séquence 8 – Indispensables héros p. 98
 Questionnements complémentaires – L’être humain est-il maître
thème 5
de la nature ?
Séquence 9 – La planète, notre jardin p. 112

En quatrième…

 Regarder le monde, inventer des mondes – La fiction pour interroger


thème 1
le réel
Séquence 10 – La société dans l’œil du romancier du xixe siècle p. 125
Séquence 11 – Un cas de conscience : Le Veston ensorcelé de Dino Buzzati p. 138
 Vivre en société, participer à la société – Individu et société :
thème 2
confrontation de valeurs ?
Séquence 12 – L’inversion des valeurs : L’Île des esclaves de Marivaux p. 149
Séquence 13 – Femmes dans leur siècle p. 157

thème 3  Se chercher, se construire – Dire l’amour


Séquence 14 – Récits amoureux p. 173
Séquence 15 – L’amour en poésie p. 185

thème 4  Agir sur le monde – Informer, s’informer, déformer


Séquence 16 – Info ou intox ? p. 194
Séquence 17 – Une enquête au cœur du quotidien : Le Quai de Ouistreham
de Florence Aubenas p. 205

sommaire  3
thème 5   Questionnements complémentaires – La ville, lieu de tous les possibles ?
Séquence 18 – Fascinantes métropoles p. 217

En troisième

thème 1  Regarder le monde, inventer des mondes – Visions poétiques du monde


Séquence 19 – L’expérience poétique p. 230
Séquence 20 – Le poète, faiseur de mondes p. 243
 Vivre en société, participer à la société – Dénoncer les travers
thème 2 de la société
Séquence 21 – La satire, une mise en garde efficace ? p. 256
Séquence 22 – L’homme et la technologie #caricature p. 267
thème 3  Se chercher, se construire – Se raconter, se représenter
Séquence 23 – Écriture de soi et autoportraits p. 278
Séquence 24 – Un récit autobiographique : L’Analphabète d’Agota Kristof p. 292
thème 4  Agir sur le monde – Agir dans la cité : individu et pouvoir
Séquence 25 – L’artiste face à la guerre p. 302
Séquence 26 – Éveiller les consciences : Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor p. 311
thème 5   Questionnements complémentaires – Progrès et rêves scientifiques
Séquence 27 – Savants et rêveurs de science p. 325

MÉMO GRAMMAIRE

L’énonciation p. 337
1 L’énonciation et la situation de communication
2 La modalisation
3 Les discours rapportés
4 Du discours direct au discours indirect
5 Les différences entre l’écrit et l’oral

Le texte p. 341
6 La cohésion textuelle : la progression thématique et les connecteurs
7 La cohésion textuelle : la reprise et la substitution

La phrase p. 342
8 La phrase
9 Les types de phrases
10 Les formes de phrases
11 Le fonctionnement de la phrase complexe
12 Les propositions subordonnées circonstancielles de temps, de cause et de conséquence
13 Les propositions subordonnées circonstancielles de but, de concession et d’hypothèse

4   sommaire
Les groupes dans la phrase p. 347
14 Le groupe nominal
15 L’expansion du nom
16 Les caractéristiques du verbe
17 Les principaux modes et temps
18 Les valeurs et les aspects des temps
19 Les fonctions dans la phrase : le groupe sujet et l’attribut du sujet
20 Les fonctions dans la phrase : les compléments du verbe et les compléments de phrase

La formation des mots  p. 353


21 La formation et le sens des mots
22 Les réseaux de mots et les figures de style

Poésie p. 354
23 La prosodie et la versification

Conjugaison p. 355
24 Comment conjuguer le verbe ?
25 L’accord du participe passé

Stylistique p. 356
26 Les points de vue du narrateur

sommaire  5
thème 1 regarder le monde, inventer des mondes
5e – Imaginer des univers nouveaux

Séquence

1 Le bestiaire imaginaire

Fil directeur de la séquence


La séquence inaugurale de l’année de 5e prend pour thème les animaux et vise à décrypter la cohé-
rence de la constitution de ces bestiaires imaginaires qui montrent comment l’imagination se nourrit
de la réalité pour finalement en rendre compte.
Au fil des doubles pages de lecture s’établissent chronologiquement différentes significations de la
représentation des animaux imaginaires. L’antiquité grecque propose des créatures hybrides, hideuses
et dangereuses, dont la mise en scène met en exergue les qualités du héros qui les vaincra. Au Moyen
Âge, les bestiaires mêlent animaux exotiques et fantastiques et leur donnent une signification reli-
gieuse et morale. Au xxe siècle, les récits d’animaux fabuleux deviennent des thèmes littéraires et artis-
tiques. Les récits d’anticipation quant à eux, reprennent le motif des animaux pour faire la critique
cinglante des défauts de notre époque et pour parler, en fin de compte, des hommes.

Compétences travaillées dans la séquence


Langage oral Écriture

Dans les pages de lecture… Dans les pages de lecture…


■ Comprendre et interpréter des messages et des ■ Utiliser l’écrit pour penser, pour apprendre
discours oraux complexes X Carte mentale ou notes comme support d’un
X Écouter un texte pour le lire à voix haute, p. 21 exposé, p. 25
■ Formuler un avis personnel à propos d’une œuvre ■ Adopter des stratégies et des procédures d’écrit
X Présentation d’une enluminure, p. 23 efficaces
X Décrire la sculpture d’une chimère, p. 20
En atelier, p. 29
■ Participer de façon constructive à des échanges En atelier, p. 28
oraux ■ Pratiquer l’écriture d’invention
y Interagir avec autrui dans une situation de ■ Exploiter des lectures pour enrichir son écrit
recherche X Lire différents documents pour produire un récit :
■ S’exprimer de façon maîtrisée devant un auditoire insérer la description du monstre du Loch Ness
y Pratiquer le compte rendu dans un récit.
■ Exploiter les ressources expressives de la parole et
les techniques multimodales
X Enregistrer un commentaire pour un audioguide
de musée

Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue


■ Lire des textes variés avec des objectifs divers : Dans la double-page langue…, p. 30-31
y Recourir à des stratégies de lectures diverses ■ Construire les notions permettant l’analyse et
(adapter sa lecture à l’objectif poursuivi, adapter la production des textes et des discours
sa lecture aux supports, reformuler) y Identification et prise en compte des éléments
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’observe », linguistiques de cohésion textuelle
« Je comprends » X Indicateurs de temps et de lieu
y Formuler des impressions de lecture, percevoir un X Relations logiques : juxtaposition
effet esthétique et coordination

6 THème 1 5e • Imaginer des univers nouveaux


Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue

XXCarte mentale « Lire un texte »: « Je lis », ■■ Maîtriser la forme des mots en lien avec la syntaxe
« J’écoute », « Je réagis » yyConnaître le fonctionnement de la chaîne
yyReconnaître les implicites et faire les inférences et d’accord
hypothèses de lecture nécessaires XXL’accord du participe passé, de l’attribut du sujet
XXCarte mentale « Lire un texte » : « J’interprète » avec « être »
■■ Lire et comprendre des images fixes ou mobiles ■■ Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe des
XXCarte mentale « Lire une image » mots
XXMise en réseau des mots du bestiaire
Enjeux culturels
■■ Lire
des œuvres littéraires et fréquenter des œuvres Dans les coins des mots
d’art Création de néologismes (p. 20)
XXDévelopper des connaissances sur le bestiaire imaginaire Étymologie (p. 22)
Dérivation (p. 27)
Enjeux de formation personnelle
XXApprécier le pouvoir de reconfiguration
de l’imagination, et s’interroger sur ce que ces textes
apportent à notre perception de la réalité

Lecture  Que nous disent les monstres –  C’est une princesse charmante.
de la mythologie ? p. 20 – Son corps se termine par une queue de
La séquence prend pour support deux textes ­poisson.
de la mythologie gréco-­latine ; elle permet de On pourra donner aux élèves les textes en
réactualiser les connaissances des élèves sur les ­question.
monstres mythologiques. Elle insiste sur le côté 1.  On insistera sur la contextualisation histo-
monstrueux des animaux qui sont par définition rique et littéraire de ce texte de l’Antiquité
inhumains et dont la fonction est de pousser les grecque ainsi que sur son rôle fondateur dans la
hommes à se dépasser, à devenir des héros. mythologie.
Les noms propres grecs doivent être l’objet
1. La Théogonie d’Hésiode d’une attention particulière pour ne pas décou-
rager les élèves. On pourra les faire répéter pour
En piste !
les rendre plus banals.
Cette activité permet aux élèves de se rappe- On encouragera les élèves à imaginer les
ler leurs lectures de 6e et d’introduire le thème monstres et à réagir émotionnellement à leur
des animaux fabuleux ancré dans la mytho­ description.
logie grecque. On attend des élèves qu’ils lisent
2. L’objectif est de faire ressortir la nature duelle
le passage de l’Odyssée où Ulysse rencontre
du personnage sur lequel aucun jugement de
les sirènes (livre XII) et qu’ils distinguent la
valeur n’est porté.
femme poisson européenne des monstres ailés
grecs. –  Ses traits positifs : « invincible », « au cœur
Les sirènes chez Homère : intrépide », « moitié Nymphe aux yeux noirs
–  Ce sont des femmes. et aux belles joues », « affranchie de la vieil-
–  Elles habitent une île. lesse ».
–  Elles sont séductrices et menteuses. –  Ses traits négatifs : « monstrueux », « moi-
–  Elles donnent la mort : elles font périr leurs tié serpent énorme et terrible […] nourrie de
victimes qu’elles ont séduites par leur chant. chairs sanglantes », « fatale ».
–  On a peu d’indications sur leur physique. 3.  L’illustration n’est pas tout à fait fidèle au
La sirène chez Andersen : texte d’Hésiode et montre le pouvoir de modi-
–  C’est une jeune fille. fication et d’adaptation de tout mythe au cours
–  Elle appartient au peuple de la mer. du temps.

séquence 1  Le bestiaire imaginaire  7


Sur le vase, Cerbère  est représenté avec trois La description devra prendre en compte les
têtes, le pelage hérissé de serpents, alors que consignes détaillées dans l’exercice précédent
dans le texte, il est question de ses cinquante (question 4 : description de la chimère).
têtes.
On pourra faire remarquer aux élèves que si
Hésiode ne décrit pas les monstres c’est parce
2. Les Métamorphoses d’Ovide audio

qu’ils sont connus de son public : ils appar- En piste !


tiennent à l’imaginaire collectif grec. On teste la capacité à faire des recherches
4. Ces monstres inspirent la peur soulignée par en autonomie, à lire des documents variés et
les adjectifs « effroi », « terribles ». Ils sont por- à les synthétiser sous la forme d’une repro-
teurs de mort (« dévorant », « fatale »). Cepen- duction. Cet exercice difficile doit donc être
dant on note des qualités chez ces monstres : réalisé en groupes et accompagné en classe ou
les termes « indomptable » et « une race cou- au CDI.
rageuse » soulignent une fascination pour ces On attend des informations sur le physique du
créatures. dragon, différent selon les cultures mais sur-
tout sur sa signification symbolique opposée :
créative en Chine, il symbolise l’immortalité, la longé-
5. Il s’agit pour les élèves de produire un texte vité, la persévérance et la réussite alors qu’il
descriptif ; l’image doit les y aider. La chimère est associé aux forces sauvages de la nature et
est un animal hybride et c’est ce que vont voir à la destruction dans la culture européenne.
les élèves. Il s’agira de les aider à exprimer de La religion chrétienne en a fait le symbole des
manière variée cette idée. croyances païennes, l’incarnation de Satan :
Pour passer de  l’expression minimale atten- le combat contre le dragon reflète la lutte du
due : « Elle a un corps de lion, une autre tête bien contre le mal (cf. Saint Georges terrassant
de chèvre sur le dos de lion, et une queue de le dragon).
serpent » à une expression plus développée,
Travail oral à partir de l’enregistrement
on peut leur demander de construire plusieurs
ou de la lecture théâtralisée de l’extrait
phrases simples juxtaposées (cf. exercices de
La version enregistrée du texte (ou une lecture
double page de langue, pp.  30-31) en attirant théâtralisée du professeur) doit permettre de
l’attention des élèves sur la possibilité de faire mettre en évidence la dimension épique du
varier la progression thématique.  texte et la terreur que le dragon inspire.
On pourra envisager :
– soit un modèle avec une progression à thème 1.  La présentation d’Ovide, le texte traduit, la
constant : « La chimère…, elle…, elle… » ; forme versifiée du texte sont des éléments à
– soit un modèle avec une progression linéaire : prendre en compte.
« La chimère a un corps de lion. De ce corps 2.  Voici le relevé des éléments de description
émerge une tête de chèvre. Celle-ci regarde la physique :
queue de serpent… » – une crête (l. 2) ;
On pourra travailler sur les effets recherchés par – des yeux qui brillent et flamboient (l. 3) ;
la description : informer/susciter l’effroi/susciter – un corps gonflé (l. 3) ;
l’admiration. – trois langues qui vibrent (l. 4) ;
– une triple rangée de dents (l. 4) ;
Le coin des mots – des anneaux écailleux (l. 9) ;
Il s’agit de créer des mots hybrides par analogie – un corps aussi grand que le Serpentaire (l. 13).
avec les monstres hybrides vus dans les textes, ce 3.  Elle permet aux élèves de bien vérifier leur
qui constitue le fil rouge du chapitre. compréhension littérale des détails et du dérou-
Il est important que les élèves puissent faire un lement du récit et de remarquer que le texte ne
rapport entre les mots et ce qu’ils signifient et décrit pas tout et laisse donc ainsi une marge de
qu’ils éprouvent du plaisir à cette manipulation. liberté au lecteur.

8 THème 1 5e • Imaginer des univers nouveaux


Elle permet aux élèves qui dessinent mieux qu’ils effrayants et hostiles aux hommes qu’ils tuent
n’écrivent d’être valorisés. en les dévorant (Cerbère aux trois têtes) ou en
La succession de vignettes suppose un relevé les empoisonnant (le dragon). Ils représentent
attentif des actions du monstre et donc des les forces brutes et mortifères de la nature.
verbes qui les expriment : « se cachait » (l.  1), Seuls les héros peuvent les vaincre en mon-
« sortit la tête de l’antre profond et émit des trant des qualités exceptionnelles de force et
sifflements effrayants » (l. 7-8) ; « noue et tord de courage.
en les enroulant ses anneaux » (l.  9) ; « rampe
en bonds sinueux » (l. 10) ; « soulevant plus que
la moitié de son corps » l.  11) ; « il toise tout Lecture  Quel rôle le bestiaire joue-­
le bois » (l.  12) ; « le dragon attaque » (l.  16) ; t‑il au Moyen Âge ? p. 22
« tués, les uns à coups de dents ; d’autres broyés Les documents choisis dans cette double page
dans ses longs anneaux ; ou étouffés par le appartiennent à l’époque médiévale ; les élèves
souffle de son venin ». découvriront ce qu’est un bestiaire, récit hété-
Il sera intéressant de travailler également et éven- rogène de connaissances scientifiques et légen-
tuellement sur les bulles qui peuvent exprimer : daires. L’analyse du tableau de Jean Pichore
– des bruits (on introduira la notion d’onoma- met l’accent sur l’aspect symbolique et moral
topées) ; du bestiaire : le Moyen Âge voit en effet dans
– des réactions de peur ou de souffrance des les animaux des allégories religieuses, comme
victimes. la licorne associée à la figure du Christ.
4. On attend l’utilisation de connecteurs tempo-
rels : des adverbes indiquant le temps (d’abord,
en premier lieu, ensuite, puis, enfin…) 1. Le Livre du Trésor de Brunetto Latini
En piste !
Oral
On attend des élèves, à partir par exemple d’une
5.  Il s’agit de vérifier par cet exercice que les
définition du bestiaire :
élèves maîtrisent la lecture à voix haute d’un
– qu’ils soient sensibles  à l’aspect littéraire et
texte préparé.
moraliste du bestiaire ;
L’écoute de l’enregistrement doit les y aider
– qu’ils comprennent que les animaux concer-
ainsi que le travail préparatoire sur le rythme, les
nés peuvent être réels ou imaginaires.
sonorités, les répétitions, les parallélismes.
L’accent doit cependant être mis sur l’effet de 1. On attend des réactions sensibles de la part
terreur que doit ressentir l’auditeur en rela- des élèves : étonnement, rire, incrédulité et des
tion avec les effets de suspens (répétition de hypothèses pour expliquer leur surprise.
« lorsque… », l.  5 et 6, qui retarde l’arrivée du 2.  Les élèves doivent distinguer ce qui relève
monstre par exemple). de l’observation de type scientifique même
  Culture + ancienne et erronée de ce qui relève de la
Cadmos a donné la moitié des dents du dragon croyance (non observée). Ils en concluent le
à Athéna. Il a semé les autres d’où sont sortis des caractère hybride de ces textes pour nous et
géants. Cinq d’entre eux survécurent et aidèrent comprennent que le regard que portent les
Cadmos à fonder la ville de Thèbes dont il devint hommes du passé sur la nature n’est pas le
le souverain. même que le nôtre, la frontière entre réalité et
imagination est plus mince.
Je fais le point
Les monstres de la mythologie grecque sont Observation de type scientifique
(vrai ou vraisemblable)
toujours associés avec les dieux de l’Olympe
dont ils sont souvent les enfants ou les des- yyL’hippopotame
cendants. Ce sont des monstres, des créatures Description du biotope : « L’hippopotame est un
hybrides, composites (cf. la Chimère). Ils sont poisson » ; « il naît dans le fleuve Nil ».

séquence 1  Le bestiaire imaginaire  9


Description du physique : « Son dos, son pelage et – la capacité de faire une description puis une
sa voix sont semblables à ceux du cheval. » narration.
« Ses ongles sont fendus » ; « la queue est en tire-
bouchon » ; « les dents sont pareilles à celles du
Le coin des mots
sanglier. » – Hippo/campe : cheval/mer : cheval qui vit
Habitudes de vie : « Il mange du blé dans les champs. » dans la mer.
y L’aigle – Gastéro/pode : estomac/pied : qui marche sur
« L’aigle est l’oiseau qui a la meilleure vue au son estomac.
monde. » – Amphi/bien : deux éléments/qui vit : qui vit
« Il les attrape en piqué. »
« Sa vue est […] perçante. » des deux côtés (terre et eau).
– Copro/phage : excrément/qui mange : qui se
Légende non observable (faux) nourrit d’excréments.
y L’hippopotame
– Éphémère : qui dure un jour.
« Il marche à reculons, de crainte des pièges. » – Onguli/grade : ongles/qui marche : qui marche
« Il marche sur des cannes fraîchement coupées, sur des sabots.
jusqu’à ce que le sang jaillisse de ses pattes en abon- – Mammi/fère : mamelle/qui porte : pourvu de
dance. » mamelles (qui nourrit ses petits de lait).
y L’aigle – Carni/vore : viande/qui se nourrit : qui se
« Sa nature lui permet de regarder en face le soleil nourrit de viande.
sans cligner des yeux. » – Rhino/céros : nez/corne : qui a une corne sur
« Il les maintient dans ses serres face aux rayons du
soleil. » le nez.
– Sang/sue : sang/qui suce : qui suce le sang.
3.  Cette question doit amener les élèves à se
rendre compte que le savoir se construit pro- 2. La chasse à la licorne
gressivement ; à partir de l’observation que 3. Chants royaux du Puy Notre-Dame
l’hippopotame vit dans l’eau on en conclut que d’Amiens de Jean Pichore
c’est un poisson. Nous savons aujourd’hui que ce
En piste !
seul critère (vivre dans l’eau) ne suffit pas pour
en faire un poisson. On peut proposer aux élèves Cette question préparatoire est destinée à per-
des analogies actuelles : les champignons sont-ils mettre aux élèves de comprendre la miniature
des végétaux ? Les araignées des insectes ? de Jean Pichore. Elle s’inscrit dans le prolonge-
ment de l’étude des textes fondateurs vus en 6e.
4.  Les auteurs prêtent aux animaux des traits
Il s’agit donc de culture et non de religion.
de psychologie humaine ; on voit ici la portée
Il est important que les élèves connaissent cer-
morale des bestiaires :
tains éléments relatifs à Jésus, né d’une vierge,
– L’intelligence de l’hippopotame lui permet
et à la conception immaculée de Marie (dogme
de déjouer les pièges des hommes. Il a suffi- selon lequel Marie a été, elle aussi, conçue en
samment de connaissances pour se soigner ; dehors du péché originel). La mort de Jésus, tué
– L’aigle est soucieux des qualités de sa descen- par les hommes, est indispensable à connaître
dance ; il fait un test pour l’éprouver. pour comprendre le symbolisme de la licorne,
créative être pur mais tué lui aussi.
5. On attend des élèves : 1.  Il s’agit de toute évidence d’une légende et
– des recherches documentaires pour déter- il faut expliciter pourquoi : l’idée d’amener une
miner l’animal qu’ils vont choisir et quelques jeune fille dans la forêt est incongrue. L’idée que
détails physiques le concernant ; la licorne soit attirée par la jeune vierge relève du
– un travail de recherche d’idées pour inventer miracle ou du prodige.
des pouvoirs/capacités extraordinaires et l’at- 2. On insiste ici sur le côté fabuleux de la licorne
tribuer à l’animal ; et surtout on souligne un comportement

10 THème 1 5e • Imaginer des univers nouveaux


destiné à instruire le lecteur/auditeur dans la est donc consacrée toute la partie droite de
foi chrétienne. La licorne est symboliquement l’image. Cette composition renvoie une image
associée à la pureté de la jeune pucelle. Son symétrique de Jésus et de la Licorne de part et
sacrifice rappelle par ailleurs celui du Christ. d’autre de Marie ;
Ce texte illustre la portée moraliste, édificatrice – La signification symbolique : on est dans
des bestiaires médiévaux. une peinture allégorique dans laquelle la
3. Utiliser le guide de lecture « Lire une image » licorne tient une place essentielle. Sa couleur
avec les élèves. blanche synonyme de pureté l’associe à la
pureté de la Vierge immaculée. Le Christ et
4.  Il s’agit d’une représentation traditionnelle
la licorne sont ainsi associés ; elle devient son
des saints. Marie est évidemment un person-
symbole.
nage central de la religion chrétienne puisqu’elle
est la mère de Jésus. La dévotion à Marie est un y Étape 2 : travailler l’écrit préparatoire.
élément primordial de la religion médiévale. Pour éviter que les élèves ne lisent leur produc-
Presque toutes les cathédrales de cette époque tion, on conseillera de les faire travailler sur une
lui sont dédiées (« Notre-Dame »). carte mentale.
y Étape 3 : travailler l’expression orale en fonc-
Question croisée
tion de critères qui seront définis en commun :
5.  La licorne est un animal magique, associée – l’articulation ;
à la pureté des jeunes filles. C’est donc elle- – le débit ;
même une créature pure (blanche d’ailleurs) – la correction syntaxique ;
qui est innocente mais capturée et tuée par – la précision lexicale ;
les hommes. La licorne, par association d’idées, – le niveau de langue.
représente donc Jésus et se trouve logiquement
au centre du tableau, avec la Vierge et Jésus. Je fais le point

Oral   Le bestiaire médiéval est un genre codifié qui


6. Réponse libre des élèves. reprend les bestiaires de l’Antiquité. Il mêle des
remarques de type documentaire liées à l’ob-
La présentation orale de l’œuvre servation réelle des animaux à des éléments qui
y Étape 1 : s’assurer de la compréhension litté- relèvent de la fantaisie, de l’imagination et qui
rale et symbolique de l’œuvre. reprennent des légendes.
On listera les points essentiels à mentionner : Les bestiaires médiévaux ont une dimension
– L’artiste : c’est un peintre enlumineur (et on morale. La description des animaux sert de pré-
montrera d’autres enluminures médiévales texte à des leçons morales et religieuses. C’est un
aux élèves) ; moyen détourné de faire comprendre aux audi-
– La nature de l’illustration : c’est une grande teurs de ces récits des articles de foi. On pourrait
miniature qui illustre le manuscrit des tableaux dire qu’il s’agit d’une sorte de catéchisme.
et chants royaux de la confrérie du Puy Notre-
Dame d’Amiens offert à Louise de Savoie
(1517) : il s’agit donc d’un livre religieux ; Lecture Pourquoi écrit-on encore
– La compréhension littérale : on voit ici repré- des bestiaires ? p. 24
sentés en gloire Marie mère de Dieu et son fils Les textes mythologiques, comme les bestiaires
Jésus. L’auréole signale la sainteté de Marie qui médiévaux, utilisent les animaux pour délivrer
a accouché des œuvres de Dieu et est donc un message aux hommes. Au xxe siècle, les écri-
restée vierge. Une grande licorne blanche est vains mettent en scène des animaux et s’ins-
dans son giron : une oriflamme porte la men- crivent dans la tradition du bestiaire mais avec
tion : « UNICORNE AGRÉABLE PUCELLE » ; des intentions littéraires : le texte n’est plus pré-
– La composition : elle suit la diagonale consti- texte à une leçon morale mais devient occasion
tuée par le dos et la corne de la licorne à qui de poésie ou d’humour.

séQuence 1 Le bestiaire imaginaire 11


1. « Le Coq céleste » de Jorge Luis Borges 5. Tous les verbes sont conjugués au présent de
audio l’indicatif dont la valeur est celle de vérité géné-
rale. Le récit relève du conte, de la légende, voire
2. « Le Cerf céleste » de Jorge Luis Borges de la mythologie et prend donc une valeur géné-
En piste ! rale et toujours valable dans l’esprit du narrateur.
L’astrologie chinoise est basée sur le calendrier créative
chinois en particulier son cycle de douze années, 6. On peut proposer aux élèves de procéder par
représentées chacune par un animal. Ces douze étapes  en leur donnant accès à des ressources
animaux sont ce que l’on appelle les signes du (dans un dictionnaire des animaux, dans une
zodiaque chinois. revue comme La Hulotte…)
Les douze signes de l’astrologie chinoise sont : y Étape 1 : choisir un animal domestique et lister
Rat Dragon Singe ses caractéristiques physiques.
Bœuf Serpent Coq Par exemple pour le chat, on peut évoquer : la
Tigre Cheval Chien fourrure, les moustaches, la langue rose, le fait
Lapin Chèvre Cochon qu’il miaule et qu’il se lèche pour faire sa toilette.
On attend des élèves qu’ils argumentent sur leur y Étape 2 : imaginer quelques traits physiques ou
signe chinois ; cela se fera certainement en fonc- comportementaux relevant de l’imaginaire.
tion des caractéristiques réelles ou alléguées des Par exemple, le chat peut parler, il possède une
animaux. On pourra saisir l’occasion pour parler poche dans sa fourrure, il adore la pluie favorable
des connotations attachées aux animaux selon à la chasse aux grenouilles dont il se nourrit.
les pays et les cultures. y Étape 3 : imaginer le phénomène météorolo-
1. On utilise le guide de lecture « Lire le texte » gique que peut créer l’animal et la façon dont il
avec les élèves. peut le faire.
2. Entre le Coq céleste et le Cerf céleste, on peut Par exemple, le chat peut faire tomber la pluie
noter les points communs suivants : en glissant l’une de ses pattes derrière son oreille.
y Étape 4 : rédiger le texte en imitant les textes
– ce sont deux animaux a  priori familiers des
hommes ; de Jorge Luis Borges :
– ils sont qualifiés tous deux de céleste (origine – utilisation de phrases courtes et juxtaposées ;
divine) : – emploi exclusif du présent de l’indicatif ;
– ils sont à l’origine de mythes et donc objets de – texte limité à une dizaine de lignes.
récits.
3. Plusieurs éléments permettent d’en faire des 3. « Le Squonk » de William Thomas Cox
créatures imaginaires : En piste !
– ils ont des pouvoirs surnaturels : le coq pond La cryptozoologie désigne la recherche des ani-
des œufs, le cerf sait parler, peut se métamor- maux dont l’existence ne peut pas être prouvée
phoser ; de manière irréfutable.
– ils ont un physique  extraordinaire : le coq a Il s’agit d’abord de faire travailler les élèves sur le
trois pattes, le cerf est invisible aux hommes ; lexique à partir de deux racines grecques.
– ils ont une action sur l’humanité : le coq Le préfixe ou radical « crypt(o) » signifie
réveille le monde en créant l’aube ; le cerf pos- « caché ». On le retrouve dans les mots  sui-
sède les ressources souterraines. vants : « crypte » (partie souterraine d’un édi-
4. Les pouvoirs du coq et du cerf sont différents : fice, caché aux regards) ; « décrypter » (révéler
– le coq a une action bénéfique sur les hommes : ce qui est caché dans un message secret) ;
il réveille l’humanité ; « krypton » (gaz rare, caché à tous) ; « crypto-
– le cerf a une action maléfique sur les hommes : game » (végétal dont les organes reproducteurs
il torture l’humanité. sont cachés…).

12 THème 1 5e • Imaginer des univers nouveaux


Le préfixe grec « zoo » signifie « animal » ; on Il faudra veiller à travailler l’expression orale en
le trouve dans les mots  suivants : « zoologie » fonction de critères qui seront définis en com-
(science qui s’occupe des animaux) ; « zoo- mun :
morphe » (qui a ou prend l’apparence d’un –  l’articulation ;
animal) ; « zooplancton » (plancton animal) ; –  le débit ;
« zoothérapie » (art de soigner grâce à la pré- –  la correction syntaxique ;
sence d’un animal). –  la précision lexicale ;
Il s’agit, dans un second temps, de faire réfléchir –  le niveau de langue.
les élèves à la façon dont l’imagination peut per- Sur le fond du travail, seront évaluées :
mettre, à partir d’éléments réels, de créer des – l’inscription de l’animal décrit dans la réalité
animaux mystérieux, secrets, inventés, cachés. (noms propres, lieux existants) et l’effet de
(Ce sera l’objectif de l’EPI du chapitre.) vraisemblance qui s’ensuit ;
1. On attend des réactions sensibles de la part –  l’introduction d’un élément fantastique, voire
des élèves : étonnement, comique lié à l’absurde, merveilleux qui change la nature de l’exposé.
empathie avec la tristesse de l’animal. La création poétique peut être encouragée : les
élèves peuvent prendre modèle sur les créatures
2.  Les indications de lieu ou de noms propres que rencontre Alice dans le dessin animé de Dis-
apportent au texte un ancrage dans la réalité et ney (Alice au pays des Merveilles), par exemple
un effet de vraisemblance. Elles entrent en oppo- parmi les personnages de la forêt de Tulgey :
sition frontale avec l’aspect merveilleux du texte le hibou accordéon, le chien-­balai qui efface
et placent le lecteur dans une position incon- le sentier, le couple de grenouilles (grenouille-­
fortable car il ne peut pas caractériser avec pré- tambour et une grenouille-­cymbales), l’oiseau
cision le genre de texte qu’il lit. Documentaire, miroir qui permet de se voir.
conte, ou alors, et c’est une piste à encourager,
récit hybride dont il faut souligner la dimension Je fais le point
poétique. Les auteurs contemporains recourent encore
3.  La réponse mesure le degré d’empathie des souvent aux animaux imaginaires ; ils s’ins-
élèves qui auront ici l’occasion de se projeter. Les crivent donc dans la tradition du bestiaire
pistes évoquées par le texte sont : sa laideur, sa mais en la vidant de son contenu moral. Leurs
timidité ou sa peur. textes ont avant tout une vocation littéraire et
4. Cette question est en relation avec la double-­ provoquent chez le lecteur des émotions liées
page de grammaire consacrée à la cohérence à la  poésie (Jorge Luis Borges) ou à l’humour
textuelle. ­(William ­Thomas Cox).
La seconde phrase justifie la première : le fait que
le Squonk voyage au crépuscule est un signe, Lecture  Que disent les animaux
une preuve de sa sauvagerie. La juxtaposition des hommes ? p. 26
oblige le lecteur à expliciter ce lien logique sous-­
Les récits d’anticipation se sont eux aussi empa-
entendu. Le point-­virgule signale une relation rés du thème des animaux au xxe siècle, mais ces
forte entre les deux phrases. animaux ne sont que le prétexte pour parler des
On peut continuer à explorer le texte pour hommes dont ils représentent la part sombre.
mettre en relief le rapport entre la juxtaposition Les cochons de George Orwell et les singes de
et les effets de sens du texte. Pierre Boulle sont des masques transparents qui
Oral   parlent des hommes.
5.  On attend des élèves des compétences 1. La Ferme des animaux de George Orwell
orales, déjà travaillées dans la séance d’AP de
la  double-­page de lecture « Quel rôle le bes- En piste !
tiaire joue-­t‑il au Moyen Âge ? » et qui sont Les élèves puisent dans leurs connaissances
rappelées ici. cinématographiques ou font des recherches

séquence 1  Le bestiaire imaginaire  13


sur Internet. De nombreux animaux jouent des L’essentiel du travail repose sur l’orientation du
rôles essentiels dans les films. Par exemple : portrait qui doit laisser une impression.
– Babe, de Chris Noonan, 1995 ; – Si l’impression est positive, on montre un per-
– L’Ours, de Jean-Jacques Annaud, 1988 ; sonnage charismatique qui défend les oppri-
– L’Odyssée de Pi, d’Ang Lee, 2012 ; més (ses qualités sont le courage, la force, la
– Les Oiseaux, d’Alfred Hitchcock, 1963 ; réflexion, l’habileté).
– King Kong, de Merian Caldwell Cooper, 1933. – Si l’impression est négative, on montre un
Il sera nécessaire de problématiser les affiches : par personnage dangereux (ses défauts  sont la
exemple, autour du rôle joué par les animaux ou manipulation, la violence).
du genre de films (fable/science-fiction/thriller).
Accompagnement à l’écriture créative
1. On utilise le guide de lecture « Lire le texte » La classe est divisée en groupes, chaque groupe
avec les élèves. produisant un portrait. On veillera à ce que
2. Sage l’Ancien adopte un ton docte : il est vieux les  deux types de portraits demandés soient
(« longue existence », l.  1) et parle d’autorité représentés.
(« lumières », l. 3). y Étape 1 : lecture.
Son discours est très construit et argumentatif : En fonction de la réponse à la question 4, les élèves
il recourt aux questions rhétoriques (fausses se positionnent sur le sens qu’ils veulent donner à
questions) et aux liens logiques qui font pro- leur portrait : Sage est soit un personnage charis-
gresser sa pensée : « mais » (l. 21), « car » (l. 25), matique, soit un personnage dangereux.
« puisque » (l. 22), « pourquoi » (l. 22). Chaque groupe relit un extrait de texte :
Il introduit cependant de l’émotion pour toucher
– La lecture des lignes 5 à 13 suffit pour trouver
ses auditeurs : il emploie le pronom « nous » pour
deux qualités à Sage ;
marquer sa solidarité avec le sort des animaux. Les
– La lecture des lignes 14 à 27 suffit pour trou-
phrases nominales (« Plus à trimer sans relâche »,
ver deux défauts à Sage.
l.  26) et la ponctuation exclamative sont desti-
NB : les élèves bons lecteurs liront l’ensemble du
nées à emporter l’adhésion des auditeurs.
texte.
On pourra rendre sensibles les élèves à la vio-
Deux qualités ou deux défauts sont ainsi relevés
lence du vocabulaire utilisé : « ennemi » (l. 25),
dans chaque groupe :
« suppriment » et « extirpée » (l. 26).
– le courage, la force, la réflexion, l’habileté,
3. Pour Sage, les hommes : l’empathie ;
– exploitent les animaux : ils les font travailler – la manipulation, la violence, l’extrémisme.
sans les nourrir (l. 7-8) ;
y Étape 2 : écriture.
– sont cruels : ils égorgent les animaux (l. 9-10) ;
Chaque groupe entame la rédaction des portraits.
– sont cupides et égoïstes : ils refusent de parta-
On pourra donner à lire aux élèves des portraits
ger les ressources de la ferme (l. 18-19)
dans le manuel :
4. On attend une réponse argumentée des élèves – un portrait au présent, descriptif : texte p. 22
sur les thèmes de réflexion suivants : (De l’hippopotame), texte p.  24 (« Le Coq
– l’exploitation des ressources de la terre et celle Céleste ») ;
des animaux ; – un portrait au passé, en action : texte p.  38,
– l’empathie avec les animaux et la question de [l. 1 à 6] (« Au cimetière »).
la cruauté (autour, notamment de la question On pourra communiquer aux élèves des listes
des abattoirs) ; d’adjectifs susceptibles de s’appliquer à Sage :
– le droit des hommes/le droit des animaux.
Adjectifs indiquant des qualités de Sage
créative
5.  Vous mettrez en évidence deux qualités et Futé, malin, intelligent
deux défauts mais de manière à ce que le portrait Empathique
produise une impression positive ou négative de Lucide
Beau parleur, raisonneur, bon orateur
ce personnage.

14 THème 1 5e • Imaginer des univers nouveaux


Adjectifs indiquant des défauts de Sage des animaux. Il s’agit pour les élèves de donner
un sens à cette représentation humiliante très
Manipulateur forte.
Cruel, violent
Haineux 5. L’auteur cherche à faire réfléchir les hommes
sur leur propre comportement ; c’est le rôle des
On procède ensuite à l’échange des portraits et romans d’anticipation. Les hommes enferment
à la relecture critique par les pairs qui doivent des animaux au zoo. De quel droit ? Si on les fait
dire si le portrait atteint son objectif : un portrait vivre dans des conditions indignes (ici, en cage)
orienté. les hommes se comportent de façon désordon-
Le professeur corrige les portraits. née, égoïste et violente.
y Étape 3 : valorisation de l’écriture. Oral
Tous les portraits sont mis au propre, illustrés, 6.  Les élèves utilisent le guide de lecture de
reliés et distribués à la classe. l’image pour présenter l’affiche du film améri-
NB : On peut aller plus loin en proposant à cain La Planète de singes.
certains élèves de rédiger un seul portrait qui Il est nécessaire d’insister sur les effets produits
prenne en compte les deux aspects de la per- par l’affiche :
sonnalité de Sage. Il s’agira alors de construire le – la surprise (les singes sont habillés alors que
texte en évitant une opposition frontale entre l’homme est nu) ;
les deux. – la violence (l’homme a la corde au cou, ce qui
Le coin des mots donne l’impression de souffrir).
On peut ensuite attendre des hypothèses sur le
Voici les traits de caractère que l’on peut asso-
film en s’aidant notamment du texte (l’homme
cier à ces animaux :
traqué mis en cage par des singes civilisés). Qui
– le chien : fidèle ;
sont ces singes civilisés ? S’agit-il d’une muta-
– la fourmi : travailleuse ;
tion génétique consécutive à des expérimenta-
– l’oie : bête/cancanière ;
– le coq : fier ; tions ; d’un voyage dans l’espace… ? Pourquoi
– le lièvre : peureux. l’homme est-il traqué ? Quelle est la rébellion
face au pouvoir des singes ?
Je fais le point
2. La Planète des singes de Pierre Boulle
audio Les romans d’anticipation, comme la science-
1. On utilise le guide de lecture « Lire le texte » fiction, mettent en scène des animaux dotés
avec les élèves. de pouvoirs extraordinaires. Dans la tradition
2. La phrase (« Ils faisaient preuve d’une activité des fables de la Fontaine, il s’agit d’utiliser les
fébrile et désordonnée, gambadant, se bouscu- animaux pour parler des hommes. Les ani-
lant, se donnant en spectacle, se livrant à mille maux de la ferme de George Orwell, comme
facéties », l.  12-13) se compose de nombreux les singes de Pierre Boulle, sont des prétextes
groupes juxtaposés, séparés par des virgules pour donner des leçons aux hommes et les
avec notamment la succession des participes avertir des conséquences de leurs comporte-
présents ; elle cherche ainsi à reproduire l’acti- ments irréfléchis.
vité frénétique des hommes en cage. Le coin des mots
3. Les hommes se comportent de façon à attirer Voici les adjectifs dérivés des noms d’animaux
l’attention des visiteurs et à obtenir une frian- suivants :
dise. Ils réalisent des tours pour mériter une – aigle ➞ aquilin ;
récompense. – araignée ➞ arachnéen(ne) ;
4. Évidemment, le comportement des hommes – bœuf ➞ bovin(e) ;
pose problème puisqu’ils se comportent comme – cheval ➞ chevalin(e) ;

séQuence 1 Le bestiaire imaginaire 15


– chien ➞ canin(e) ; principalement méditerranéennes : le tourteau,
– lion ➞ léonin(e) ; la pieuvre, le phoque, le squale, la raie…
– porc ➞ porcin(e). 6.  Arcimboldo a développé d’autres portraits
composés avec des éléments naturels (végétaux
ou fruits).
J’ai rencontré le monstre Ici on a affaire à un personnage féminin qui
du loch Ness ! p. 28 pourrait bien être l’impératrice.
Atelier Lire différents documents 7.  Voici une suggestion de site relatif à L’Eau
pour produire un écrit d’Arcimboldo :
1. On attend des élèves un rapprochement avec ➨  h  ttp://www.dailymotion.com/video/x8prh7_
des dinosaures : on peut les renvoyer à diffé- arcimboldo-l-eau_creation : une présentation
rentes ressources sur Internet (www.grandega- du tableau par le musée du Luxembourg.
leriedelevolution.fr).
8. Réponse libre des élèves.
2. – Pour ce qui concerne les circonstances de
la rencontre avec « Nessie », on attend une y Étape 3 : pratique artistique.
courte mise en contexte : circonstances du 9. Productions d’élèves.
voyage, arrivée au Loch et installation de la y Étape 4 : préparation de l’audioguide.
tente, tombée de la nuit et orage éventuel, ou 10.  Sur le musée des Beaux-Arts de Lyon, on
brouillard ou toute autre condition suscep- pourra faire écouter aux élèves des audio guides
tible de créer une ambiance anxiogène. à destination des adultes puis des enfants pour
– Pour l’aspect physique de la créature et son souligner l’importance de l’adaptation du dis-
comportement, on peut imaginer que, quand cours au destinataire.
la créature se rapproche la description change, 11.  On devra s’aider du guide de lecture de
c’est un très gros silure qui apparaît. On peut l’image (sur les rabats) et on pourra organiser
renvoyer les élèves vers les nombreuses images son audio guide de la façon suivante :
Internet. – Observation : on s’intéresse à une rapide
– En conclusion, l’élève indique sa déception biographie d’Arcimboldo et à la légende du
ou son soulagement devant le monstre qui se tableau ;
révèle être un poisson. – Description du tableau et mise en évi-
dence du thème de l’eau et des créatures
marines qui composent le portrait : le visage
Oral Suivez le guide ! p. 29 est composé de poissons (raie), de crusta-
cés (crabe) qui pourraient être masculins
Atelier Enregistrer un commentaire comme féminins ;
pour un audioguide de musée – Réactions : étrange, fantastique, effrayant ;
y Étape 1 : à la rencontre de l’œuvre. – Formulations d’hypothèses sur le sens du
1. Réponse libre des élèves. tableau :
y Étape 2 : construction des connaissances. • Arcimboldo voulait représenter ici les mys-
2.  Utiliser le guide de lecture « Lire l’image » tères de l’eau en ne représentant que des
avec les élèves. animaux marins qui habitent les profon-
deurs de l’océan. La mer est aussi le sym-
3. On attend évidemment un rapport entre les
bole de ce que l’on ne connaît pas, de ce qui
créatures marines représentées et le titre, L’Eau.
n’a pas encore été exploré, un lieu inconnu,
4.  On a une symphonie de couleurs dominées mystérieux,
par les gris, relevées par des éclats de couleur • hommage rendu à la pêche, une activité
rouge (corail, langouste, crevette). économique importante,
5.  Arcimboldo reproduit avec une préci- • jeu esthétique baroque (cf. les autres por-
sion scientifique quantité d’espèces marines traits de l’artiste).

16 THème 1 5e • Imaginer des univers nouveaux


12. On soulignera la possibilité de faire varier les Ils auraient eu bientôt mangé tout le pauvre
formes de discours en scénarisant sous forme de patrimoine. L’aîné eut le moulin, le second eut
dialogue ou d’interview. l’âne et le plus jeune n’eut que le chat. Ce dernier
Enfin, on insistera sur la possibilité d’inclure de la ne pouvait se consoler d’avoir un si pauvre lot.
musique ou des bruitages. Charles Perrault, Le Chat botté, 1695.
La coordination
Langue  La grammaire pour lire, J’observe
5. Les conjonctions de coordination explicitent
écrire et parler p. 30
le lien logique qui régit les deux phrases jux-
Il s’agit de faire travailler les élèves sur l’enchaî- taposées. Elles réduisent l’implicite et rendent
nement logique entre les phrases d’un texte, de univoque la compréhension. Pour l’item b., on
souligner ce qui fait la cohérence des textes du pourrait imaginer d’autres liens logiques que
point de vue du sens (thème/propos) ou de la l’opposition dans un autre contexte : la consé-
forme (juxtaposition/coordination). quence par exemple dans un univers où être
On en profitera pour apporter aux élèves du pacifique serait un délit.
vocabulaire grammatical : juxtaposition, coordi- Pour l’item c., le lien logique de la conséquence
nation, conjonction de coordination, adverbe de (« donc ») serait tout à fait acceptable, mais
temps. « car » indique la cause pour laquelle l’hippopo-
La juxtaposition tame est un poisson.
J’observe 6.  Les phrases  pourraient être reliées ainsi :
1. a. Le texte est constitué de six phrases qui sont « Mais rien… », « Or ils étaient… », « Donc des
juxtaposées, séparées par des points (séparation épaisseurs… », « Donc, ce n’était plus… ».
forte, suivie d’une majuscule) ou des points vir- Je m’entraîne
gules (séparation moins forte, non suivie d’une 7. Production des élèves.
majuscule). 8. a. Il est grand donc il joue au basket.
b.  et c.  Seule la première phrase ne peut être b. Petite, elle a mangé beaucoup de soupe, donc
déplacée car elle contient le thème explicite (la elle mesure 1,90 m.
Velue). Dans les phrases suivantes, les substituts c. Il écrit sans faute donc il participe à tous les
lexicaux (cet animal, les pattes) ou pronominaux concours d’orthographe.
(elle) ne sont compréhensibles que s’ils viennent d.  Le chat de Delphine se gratte l’oreille car/
après cette première phrase. donc il pleut.
On fait ainsi comprendre aux élèves le rôle et la e. Le match s’est arrêté car la nuit est tombée.
place des substituts du nom. 9. a. Je ne sais pas si je vais prendre citron ou fraise.
2. a. et b. b.  Elle ne sait pas si elle doit retourner voir la
a. Je visite le zoo où sont les éléphants ➞ Je visite maison où elle est née.
le zoo. Où sont les éléphants ? c.  La Ferme des animaux, c’est un film ou un
b. Qui a appelé le gardien ? ➞ Qui a appelé ? Le livre ?
gardien ? d. Dans cet exercice, tu dois décider de complé-
c.  Le professeur dit : « L’élève est brillant. » ter ou de laisser tel quel.
➞ Le professeur, dit l’élève, est brillant. e. Je me demande où sont passées mes lunettes.
Je m’entraîne f. Préfères-­tu partir en vacances à la montagne
3.  On remet les phrases dans l’ordre suivant : ou à la mer ?
a. e. b. c. d. g. C’est l’heure où les animaux vont boire.
4.  Un meunier ne laissa pour tout bien à trois Les adverbes de temps et de lieux
enfants qu’il avait que son moulin, son âne et Les connecteurs temporels participent, avec les
son chat. Les partages furent bientôt faits ; ni le connecteurs logiques vus ci-­dessus, à l’organisa-
notaire ni le procureur n’y furent point appelés. tion cohérente du texte.

séquence 1  Le bestiaire imaginaire  17


J’observe b.  L’adjectif « drue » s’accorde en genre et en
10.  Phrase 2 : « Ils » est la reprise pronomi- nombre avec le sujet féminin singulier (« la
nale du thème et « d’abord » de la première pluie »).
action. c. L’adjectif « féroces » s’accorde en genre et en
–  Phrase 3 : « Ils » est la reprise pronominale nombre avec le sujet masculin, pluriel (« les ani-
du thème et « ensuite » de la deuxième maux »).
action. 14. il sera nous fûmes
–  Phrase 4 : « enfin, » est un adverbe qui elle a été tu es
indique la dernière action. que nous soyons j’étais allé
11.  Les compléments circonstanciels de lieu Je m’entraîne
organisent la description : « Depuis le sommet 15. a. Elle s’est levée de bonne humeur.
de cette colline » /  « à droite » /  « derrière b. Nous sommes fâché(e)s avec eux.
l’usine » / « d’un côté » / « de l’autre ». c. Nous avons lâché la balle.
Je m’entraîne d. La tortue a été vaincue à la course par le lièvre.
12. Production des élèves. e. Ils sont devenus blancs de peur.
L’accord du participe passé 16. Productions des élèves.
et de l’adjectif qualificatif Les mots du bestiaire
après le verbe « être » 17.
J’observe Femelle Mâle Petit Cri
13.  a. L’hippopotame est un poisson qui est
appelé « cheval de fleuve ». ➞ L’hippopo- brebis mouton agneau bêler
tame est une bête qui est appelée « cheval de biche cerf daim bramer
fleuve ». jument cheval poulain hennir
b. Le participe passé « appelée » s’accorde avec oie jars oison cancaner
son sujet après l’auxiliaire « être ». truie porc porcelet grogner
c. L’adjectif « fendus » s’accorde en genre et en sanglier laie marcassin grogner
nombre avec le sujet masculin, pluriel.
d.  Les adjectifs « colorées » et « semblables » 18. a. L’éléphant à la mémoire infaillible.
s’accordent en genre et en nombre avec le sujet b. La tortue à la volonté tenace.
féminin, pluriel. c. La vipère au venin redoutable.
e. a. L’adjectif « intéressés » s’accorde en genre d. La girafe au long col.
et en nombre avec le sujet masculin pluriel e. La chauve-­souris au sonar aiguisé.
(« mes fils »). 19. Production des élèves.

18   Thème 1  5e • Imaginer des univers nouveaux


thème 1 regarder le monde, inventer des mondes
5e – Imaginer des univers nouveaux

Séquence Le conte merveilleux et l’enchantement de la réalité


2 Les Cygnes sauvages de Hans Christian Andersen

Fil directeur de la séquence


L’étude de ce conte de Hans Christian Andersen permet d’approfondir la connaissance du conte mer-
veilleux, ses fonctions et ses enjeux. Les élèves grandissant, ils sont amenés à interroger le « pacte fée-
rique » (le lecteur accepte de croire à l’univers merveilleux) et à percevoir que le conte accompagne
la sortie de l’enfance. En outre, en travaillant sur les styles des frères Grimm et de Hans Christian
Andersen, les élèves de cinquième comprendront que le conteur imprime sa marque tant esthétique
que morale. La traduction d’Anne Renon (Livre de poche) est bien adaptée à ce travail mais on pourra
demander aux élèves s’ils disposent déjà de l’ouvrage, et comparer les versions.
Au cycle 4 et pour certains petits lecteurs ou lecteurs habitués à une forme scolaire de « parcours
de lecture », la lecture du conte in extenso est déjà une expérience de lecture longue. Elle permet
l’expérience de la lecture silencieuse et solitaire et constitue donc un vrai temps de rencontre avec
la littérature, qui ne se confond pas avec un « parcours de lecture » mais qui introduit à la lecture
cursive (voir à ce sujet Daniel Pennac, Comme un roman/Patrick Joole, Lire des récits longs).

Compétences travaillées dans la séquence


Langage oral Écriture
Dans les pages de lecture… En atelier, p. 40
■ Exploiter les ressources expressives de la parole ■ Pratiquer l’écriture d’invention et connaître
X Placer sa voix, respirer, articuler, regarder le public les caractéristiques des genres littéraires
pour lire à voix haute des dialogues écrits, p. 38 X Le conte merveilleux
■ S’exprimer de façon maîtrisée devant un auditoire ■ Adopter des stratégies et des procédures d’écrit
X Raconter une scène du conte, p. 39 efficaces (prise en compte des visées du texte et
En atelier, p. 41 des caractéristiques de son genre, vérification et
■ S’exprimer de façon maîtrisée devant un auditoire amélioration de la qualité du texte, valorisation
y Formuler un avis personnel/ y Participer de façon des écrits par publication)
X Écrire et publier un conte
constructive à des échanges oraux/ y Participer
à un débat, exprimer une opinion argumentée
X Débattre sur le thème du mariage dans les contes

Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue


■ Lire des textes variés avec des objectifs divers : Dans la double-page langue…, p. 42-43
y Recourir à des stratégies de lecture diverses ■ Connaître les aspects fondamentaux
(adapter sa lecture à l’objectif poursuivi, adapter du fonctionnement syntaxique
sa lecture aux supports, reformuler) y Fonctionnement de la phrase simple
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’observe », « Je X Analyse des constituants de la phrase simple en
comprends » constituants obligatoires et facultatifs
y Formuler des impressions de lecture, percevoir un ■ Maîtriser la forme des mots en lien avec la syntaxe
effet esthétique y Connaître le fonctionnement de la chaîne d’accord 
X Carte mentale « Lire un texte » : « Je lis », X Dans le GN
« J’écoute », « Je réagis » X L’accord du verbe
■ Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe des mots

séQuence 2 Le conte merveilleux et l’enchantement de la réalité


– Les Cygnes sauvages de H. C. Andersen 19
Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue
yyReconnaître les implicites et faire les inférences et Dans le coin des mots
hypothèses de lecture nécessaires Étymologie (p. 37)
XXCarte mentale « Lire un texte » : « J’interprète »
■■ Lire et comprendre des images fixes ou mobiles
XXCarte mentale « Lire une image »

Enjeux culturels
■■ Lire
des œuvres littéraires et fréquenter des œuvres
d’art
XXDévelopper des connaissances sur les genres
du merveilleux et du bestiaire imaginaire
Enjeux de formation personnelle
XXApprécier le pouvoir de reconfiguration de
l’imagination, et s’interroger sur ce que ces textes
apportent à notre perception de la réalité

Lecture  Le conte merveilleux Le professeur peut préparer un jeu de cartes ou


nous parle-t-il encore ? p. 34 un simple gabarit avec les fonctions, que chaque
La séance permet aux élèves d’approfondir leur élève peut illustrer à sa guise. Il peut s’inspirer des
connaissance de la forme du conte en entrant propositions trouvées sur des sites ou proposer
dans la lecture par l’atmosphère qui se dégage aux élèves de le faire.
du texte et non par le schéma narratif, qui sera En piste !
requis plus tard : en effet l’imaginaire d’An- Ces trois activités permettent aux élèves de
dersen est très vite poétique. s’approprier l’œuvre de manière sensible, et de
créer une forme d’attente narrative. Les choix
1. Les fonctions du conte des élèves sont forcément très personnels et ils
2. À l’école des princes peuvent être accueillis et commentés sans être
Au cycle 2 et 3, l’élève a rencontré les notions évalués. Ils peuvent donner des indications au
d’élément  initial, d’élément modificateur, de professeur pour conduire les échanges ultérieurs.
péripéties, d’élément réparateur ou de résolu- En ce qui concerne le dessin animé, ce classique
tion et de situation finale. Au cycle 4, il peut uti- du film d’animation permet une entrée dans le
liser le travail de Vladimir Propp (simplifié par récit sans formater l’imaginaire.
Gianni Rodari notamment avec le système du 1. Les élèves vont sans doute rapidement rele-
jeu de cartes) qui permet de multiplier les situa- ver le champ lexical de la richesse : « un tableau
tions d’écriture au-delà du seul schéma narra- doré », « une craie de diamants » (l.  4), « un
tif (cf. Vladimir Propp, Morphologie du conte ; tabouret recouvert de miroirs » (l. 6), « un livre
Gianni Rodari, Grammaire de l’imagination, d’images qui avait coûté la moitié des richesses
introduction à l’art d’inventer des histoires). du royaume » (l.  7), etc. Cela permet de faire
Il est souhaitable aussi que ces fonctions (et leurs remarquer l’originalité de ce début de conte :
éventuelles cartes) permettent de ne pas consi- Hans Christian Andersen montre ses person-
dérer le repérage du schéma narratif comme un nages à l’école, certes une école de princes dans
tout en soi. laquelle on se rend avec « une étoile sur la poi-
Pour cette séquence, on a choisi certaines des trine et un sabre accroché à la taille » (l.  3-4),
fonctions de Vladimir Propp et de Gianni Rodari, mais une école dans laquelle on écrit au tableau
en les simplifiant. et on apprend ses leçons, comme dans la vie
On peut proposer avec profit de faire confection- quotidienne des jeunes lecteurs. C’est pour-
ner un jeu de cartes pour illustrer ces fonctions. quoi la phrase « on remarquait immédiatement

20   Thème 1  5e • Imaginer des univers nouveaux


qu’ils  étaient princes » (l.  5-6) peut être com- autour de soi. Ce petit lexique élaboré et mutua-
prise de plusieurs façons : lisé, on travaille ensuite sur des expansions du
– Ils sont reconnaissables comme princes par nom qui soulignent la magnificence de la salle
leur aspect : on pourra rappeler que le port de de classe princière. Enfin, on rédige et on relit
l’épée est réservé à l’aristocratie ; en travaillant l’effet produit par le texte. Rend-il
– Ils sont reconnaissables comme princes parce bien compte de la magnificence de la salle de
que les valeurs aristocratiques s’expriment classe ? Cette dernière étape peut être faite ou
dans leur aisance comme élève : « [ils] lisaient poursuivie à la maison.
aussi bien qu’ils récitaient leurs leçons »
(l. 4-5). 
Les différentes iconographies que les élèves 3. Dans la forêt audio

peuvent trouver au cours d’une recherche sur Les élèves poursuivent leur lecture de l’œuvre
Internet soulignent qu’Élisa, qui sait déjà lire, complète. Élisa a déjà bien souffert, et elle décide
est tantôt vue comme une sœur aînée, tantôt de s’enfuir : cet extrait illustre le rôle de la nature
comme une petite sœur. comme personnage. Les élèves continuent ainsi
L’autre activité des enfants est le jeu d’imagina- à affiner leurs représentations des éléments du
tion, auquel on peut associer le « livre d’images » conte et leurs fonctions.
(l.  7). Enfin, leur vie fraternelle joue un rôle En piste !
important : ils sont à l’école ensemble, ils jouent
Cette écriture de « ressenti » permet aux élèves
ensemble, ils vivent ensemble. Andersen installe
de réagir librement en amont du texte. Elle peut
ici les grandes composantes de son récit : le rôle
exprimer la sérénité transmise par la nature
de l’éducation, de l’imagination, l’importance de
accueillante, mais aussi la peur née du sentiment
la fraternité.
de perte de ses repères (maison, famille) et de la
2. Les fonctions du conte reconnaissables dans solitude.
le texte d’Andersen sont : méfait ou manque
1.  La nature est accueillante, maternelle. Elle
– apparition de l’adversaire – pouvoir néfaste
protège Élisa. Elle remplit la fonction d’« objet
de l’adversaire – épreuves difficiles. La fonc-
magique donné ou acquis » : « la mousse bien
tion « méfait ou manque » vient perturber
moelleuse » (l.  2) sert de matelas, « une vieille
la situation initiale en trois étapes qui peuvent
souche d’arbre » (l. 3) sert d’oreiller, « une cen-
être représentées par trois cartes : remariage,
méchante reine, méchanceté (le thé au sable). taine de vers luisants » veillent sur elle, l’air est
Les « fonctions » et leurs cartes permettent de « doux » (l. 4), les arbres la protègent du soleil
lire plus précisément, mais aussi d’écrire, l’élève en étendant « leurs solides branches » (l.  16),
utilisant chaque carte pour réaliser une étape les cerfs creusent « une large ouverture » (l. 22)
(ce peut être une phrase) de son récit. pour qu’elle puisse boire, etc.
3. Le narrateur intervient ensuite dans le récit : 2.  Élisa a rêvé de ses frères, elle a revu son
« Ces enfants étaient très heureux, mais cela passé. Elle a aussi passé une bonne nuit, veillée
ne devait pas durer longtemps ! » (l.  8), mon- par une nature douce et bienveillante. Hans
trant avec cette sorte de prolepse (terme que Christian Andersen mêle ici des remarques
les élèves de 5e n’ont pas à connaître) qu’il est prosaïques (on peut remarquer qu’Élisa a sur-
maître de l’histoire. Il introduit une forme de tout bien dormi) et poétiques (le rêve d’Élisa
suspense. On comprend par anticipation que est merveilleux, elle contemple la nature avec
l’histoire va mal tourner. émerveillement, les oiseaux  semblent « vou-
loir se poser sur ses épaules », l. 19). Le courage
créative d’Élisa vient moins de la magie (dont il n’y a
4. Il s’agit de faire une description de la salle de pas trace) que de la façon dont elle accueille
classe d’Élisa et de ses frères. En classe, on peut ce qui lui arrive.
commencer, seul ou en équipe, par faire la liste Les élèves peuvent souligner la « prière du
des éléments qui la compose en regardant soir » (l.  3) d’Élisa : ce temps qui revient dans
séQuence 2 Le conte merveilleux et l’enchantement de la réalité
– Les Cygnes sauvages de H. C. Andersen 21
un grand nombre des contes des frères Grimm Nature paisible
et de  Hans  Christian Andersen, est usuel au y nuit délicieuse
xixe  siècle : il rapproche le personnage de ses y soirée charmante
lecteurs. Il peut aussi signaler une place pour le y la rosée humectait l’herbe flétrie
providentiel. y point de vent
y une nuit tranquille
3. Elle venait d’entrer dans la forêt lorsque la nuit
Rôle maternel de la nature
tomba ; elle s’était écartée du chemin et décida
alors de s’allonger sur la mousse bien moelleuse, y les arbres des terrasses étaient chargés de
puis elle récita sa prière du soir et posa la tête sur rossignols qui se répondaient de l’un à l’autre
y le ciel de mon lit était formé par les têtes
une vieille souche d’arbre . des arbres
Les compléments circonstanciels peuvent être  y un rossignol était précisément au-dessus de moi
supprimés ou déplacés ; ils expriment ici le lieu. y je m’endormis à son chant

créative On peut éventuellement montrer aux élèves que


4. Les élèves apprécieront de pouvoir se dépla- le conte de Hans Christian Andersen s’inscrit dans
cer au tableau pour écrire et mutualiser l’exploit une époque, celle du romantisme, annoncée par
choisi. Cette activité permet aussi de mieux Rousseau.
incarner son personnage, de même que toute y Étape 2 : écriture.
activité préparatoire pour élaborer son person- Réponse libre des élèves.
nage : Quel est le caractère du personnage ?
Quelle est la situation initiale ? Quel sera l’ex- Je fais le point
ploit ? Les étapes de réécriture peuvent porter Les épreuves que subissent les personnages des
sur les effets du texte, sur les expansions du contes ressemblent toujours un peu aux nôtres :
nom, sur les types de phrases, etc. Des lectures à se séparer, partir ou tout simplement grandir.
voix haute permettent de vérifier l’efficacité des Le pacte féérique de Hans Christian Andersen
choix d’écriture. est particulier : il encourage toujours le lecteur
Travail à partir du document 3. à mettre un peu de magie dans son quotidien.
Dans la forêt Se  souvenir du passé permet de comprendre
Les élèves vont rencontrer un texte plus difficile que l’on a grandi, et les bons souvenirs donnent
et pouvoir travailler non seulement sur l’univers la force de continuer.
de la nuit en forêt mais aussi sur la symbolique
de la nature et, pourquoi pas, sur les rythmes
particuliers que Hans Christian Andersen et Lecture Quelles clés nous donne
Jean-Jacques Rousseau donnent à leurs phrases le rêve ? p. 36
par l’emploi du point-virgule. Ils doivent réinves- Le voyage d’Élisa va déclencher son rêve : Hans
tir ces savoirs dans une courte activité d’écriture. Christian Andersen joue des ressources du
➨   En téléchargement sur le site www. monde onirique pour émerveiller le lecteur, mais
hachette-education.com, un extrait des aussi pour lui faire comprendre que le rêve peut
Confessions de Jean-Jacques Rousseau l’aider à vivre. Le merveilleux d’Andersen joue ce
(1782) et son exploitation. rôle pour le personnage et pour le lecteur.

y Étape 1 : lecture. 1. La rencontre avec la fée audio


On relève le rôle maternel et bienfaisant de la 2. Brume matinale dans les montagnes de
nature paisible qui offre un lit et une berceuse à Caspar David Friedrich
Rousseau. L’auteur est à ce moment-là un jeune
homme qui sillonne les routes, quand Mme En piste !
de Warens, la femme qu’il aime et qu’il appelle Il s’agit ici de la fée Morgane bénéfique, très
« maman » est elle-même en voyage. ancienne déesse – mère des cultures celtes,

22 THème 1 5e • Imaginer des univers nouveaux


qui soigne, guérit et assiste l’humanité (cf. James en comparant le texte et l’image : la nature sau-
Archer, La Mort du roi Arthur sur le site de la vage, grandiose, nordique, onirique, etc.
BNF http://expositions.bnf.fr/arthur/it/105/04.
créative
htm). Il faut la distinguer de son interprétation
plus tardive et liée à la matière de Bretagne, dans 6.  Les élèves devront passer par un relevé du
laquelle Morgane est une sorcière maléfique lexique à réemployer, ainsi que par des moda-
opposée à la fée Viviane. lisateurs : je trouve que, je pense que, etc. On
pourra valoriser les élèves qui montrent que la
1. Dans cet extrait, les fonctions du conte recon-
perception romantique permet de comprendre
naissables sont : mission – objet magique donné
que de ce « pays de montagne » (l. 4), de ce pays
ou acquis.
bien réel, puissent surgir des « mirages » (l. 18).
2. On peut classer les ordres que la fée donne à
Élisa de la manière suivante : Le coin des mots
– ordres à l’impératif : « écrase » (l. 43), « sou-
viens-toi » (l. 45-46), « Retiens » (l. 49) ; La langue anglaise construit les termes dési-
– ordres au futur de l’indicatif : « Tu devras » gnant tous ces fruits à partir du mot « berry »
(l. 41), « tu obtiendras » (l. 43), « tu les noue- qui signifie « baie », auquel elle ajoute un terme
ras » (l. 44), « tu les jetteras » (l. 45), « tu ne pour le caractériser (black : « noir », straw :
devras » (l. 47). « paille »). On peut demander aux élèves de
3. Les élèves sont invités à réagir de façon per- relever le nom de ces fruits dans les différentes
sonnelle en justifiant leur choix, et ils peuvent langues qu’ils peuvent trouver sur des embal-
éventuellement citer le texte si c’est pour expri- lages alimentaires.
mer un ressenti qui permet de percevoir une Je fais le point
expérience esthétique. En effet, s’assimiler à un
personnage fait partie des façons de s’approprier Élisa ne s’échappe pas dans le rêve, elle ne
un texte. « rêvasse » pas : c’est le rêve, le songe, qui vient
4. On utilisera le guide de lecture pour analy- à elle pour lui parler de ce qu’elle vit et lui don-
ser l’image. En ce qui concerne le contexte, la ner des pistes pour agir. Le calme et la sécurité
notion de romantisme peut être abordée avec que procure la forêt l’aide à rêver de ses frères, la
les élèves, très sommairement en 5e et avec le nuit dans la grotte la fait rêver et lui permet de
souci de ne pas faire du tableau une illustra- trouver un remède pour délivrer ses frères : « Si
tion du passage, mais de montrer un imagi- seulement mes rêves pouvaient m’apprendre
naire commun. Le romantisme pictural aime comment vous délivrer de ce sortilège » (l. 25-26),
les montagnes, les landes, les falaises, etc. Dans « elle continua sa prière en dormant » (l. 28).
Brume matinale, le panorama, spectaculaire, est Les élèves sont un peu jeunes pour connaître
brossé dans un large mouvement en diagonale. l’intérêt que la psychanalyse porte au rêve,
Caspar David Friedrich se situe face au sommet mais on peut tout à fait expliquer que pour les
lui-même, dans un gros plan qui supprime les romantiques, dont l’auteur fait partie, le rêve
alentours, tandis que la montagne apparaît et le monde peuvent se rencontrer (cf. Nova-
derrière les nuages et la neige. Contrairement lis, Henri d’Ofterdingen, Gallimard, 1975 : « Le
à d’autres tableaux du peintre, l’homme n’ap- monde devient rêve, le rêve devient monde »).
paraît pas, laissant toute la place à la puissante On accompagnera aussi avec soin les jeunes
nature. collégiens qui liraient La Petite Fille aux allu-
mettes, un autre conte de Hans Christian
Question croisée Andersen.
5.  Les réponses des élèves peuvent varier, le
tableau n’ayant pas de visée  illustrative. En Pour revenir sur la séance : écrire une
revanche le professeur peut faire des rapproche- description de paysage
ments entre la peinture romantique et le roman- y Étape 1 : retour sur l’appropriation du texte.
tisme des œuvres de Hans Christian Andersen, – Relire le texte page 36, lignes 1 à 22, en silence.
séQuence 2 Le conte merveilleux et l’enchantement de la réalité
– Les Cygnes sauvages de H. C. Andersen 23
– Choisir une phrase que l’on trouve belle. En vues » (l. 21-22). Il n’y a pas de communication
préparer la lecture à haute voix pour faire res- ni de parole entre les personnages, mis à part
sortir ce que l’on trouve beau. l’archevêque et le roi, et l’on est obligé de croire
– Tour à tour, lire sa phrase au groupe. ce que l’on voit.
yyÉtape 2 : préparer l’écriture. 3.  La description des sorcières est faite pour
– Écrire la liste des éléments du paysage lignes 1 faire peur : ce sont « d’affreuses sorcières »,
à 22. des « lamies » (l.  1) qui mangent la chair des
– Faire remarquer les comparaisons aux lignes 3 cadavres. Elles portent des « guenilles » (l. 2) et
et 22. elles ont de « longs doigts maigres » (l. 3).
– Choisir un effet (faire peur, faire rêver, faire 4.  Les sorcières font peur à Élisa, mais elles ne
rire, etc.) et se lancer (faire utiliser la progres- sont pas dangereuses pour elle. En revanche,
sion à  thème constant ou à thème linéaire, l’archevêque, qui représente le pouvoir et qui est
l’expansion du nom, la comparaison, etc.) tapi dans l’ombre, est la vraie menace.
yyÉtape 3 : révision. 5.  Les éléments merveilleux du texte sont : les
Seul ou en se faisant aider, corriger l’orthographe sorcières et les statues des saints qui secouent
lexicale et l’orthographe d’accord. la tête (l. 12). Dans la réalité, l’atmosphère noc-
turne d’un cimetière peut suffire à faire peur,
et l’expressivité habituelle des statues sculptées
Lecture  Quelle est la place dans les églises donnent l’impression qu’elles
du merveilleux peuvent prendre vie.
dans la réalité ? p. 38 Oral
La nuit dans un cimetière fait peur, mais le véri- 6.  Les élèves commencent par établir la fiche
table danger pour Élisa vient de son adversaire, de leur personnage : caractéristiques physiques
l’archevêque. Ce passage fait pour faire peur est et morales, caractères, motivations, etc. La pre-
aussi un tournant du conte. mière phase alors se faire à l’oral, sous forme
d’improvisation, puis être portée à l’écrit pour
1. Au cimetière être améliorée avant la mise en voix : ton, effets,
marques de l’oral : il s’agit de « faire scène »
En piste !
mentalement.
Ce travail très libre fait travailler les élèves sur
l’appropriation du texte à lire par la suite.
2. En prison
1.  Les fonctions du conte qui sont reconnais- On retrouve dans ce passage le rôle de la nature
sables dans cet extrait sont : objet magique comme personnage, tandis que le récit multiplie
donné ou acquis – apparition de l’adversaire – les péripéties. La volonté et l’amour permettent
pouvoir néfaste de l’adversaire – duel. à Élisa de triompher.
Le roi est pris en tenaille entre son amour pour
Élisa, son rôle dans la société et son devoir de En piste !
roi. Il ne juge pas sa femme mais il doit s'incliner Ce travail d’oral peut donner lieu à une mise
devant la raison d’État. Sa fonction est difficile à en commun en début de séance, sans com-
établir pour l’instant. mentaires, pour faire entendre le texte. Pour
2. Le dessin montrera que toute la scène passe en faire un exercice d’entraînement à l’oral, on
par la vue de différents personnages : « des sor- rappellera aux élèves qu’ils doivent penser aux
cières, qui fixèrent leur regard mauvais sur la effets produits par leur lecture ; ils peuvent être
pauvre enfant » (l.  4-5), « Une seule personne debout, en cercle ou tournés les uns vers les
l’avait vue, l’archevêque » (l.  7), « il révéla au autres, pour respirer correctement et pouvoir
roi ce qu’il avait vu » (l. 11), « ils la virent dispa- s’entendre.
raître » (l.  20-21), « ils virent les sorcières pen- 1.  Les fonctions du conte qui sont reconnais-
chées sur les tombes aussi bien qu’Élisa les avait sables dans cet extrait sont : épreuves difficiles

24   Thème 1  5e • Imaginer des univers nouveaux


– méfait ou manque réparé – reconnaissance du Oral
héros. 3.  La relecture du passage est nécessaire pour
On peut créer ici la carte/fonction de l’aide ou installer le dialogue dans le conte. Les animaux
adjuvant. apportent de l’aide matérielle et morale. On
2.  Les termes qui désignent les souffrances peut rappeler que la nature est très importante
d’Élisa sont : dans la littérature scandinave et donc dans
– pour les souffrances physiques  : elle est l’œuvre de Hans Christian Andersen. Végétaux
dépouillée de ses vêtements, « on lui retira et animaux sont des personnages à part entière.
le velours et la soie et on lui donna le paquet Par ailleurs, cette activité évoque la fanfiction,
d’orties qu’elle avait rassemblées en guise qui permet au lecteur de poursuivre par l’écri-
d’oreiller ; les chemises qu’elle avait tricotées et ture la relation établie avec le personnage. Ce
qui brûlaient la peau devaient lui servir d’édre- type d’écriture collaborative est une pratique
don » (l.  3-5) ; et sa prison est inconfortable, avérée chez un grand nombre d’adolescents,
« une cellule sombre et humide » (l. 1-2) ; souvent méconnue de l’enseignant. Elle peut
– pour les souffrances morales : elle comprend donc être signalée aux élèves, et ses principes
qu’elle va mourir, « bien qu’elle sût que cette étudiés pour favoriser l’interaction entre lecture
nuit était sans doute la dernière qu’il lui res- et écriture (Martin, M. (2007). Les « fanfictions »
tait à vivre » (l. 11), elle est humiliée en public sur Internet, Mediamorphoses, pp.  186-189 ;
(l. 23-28), elle est prise par le temps et redoute Maryline Tobal (2011) : Fanfics.fr, Poudlard.org :
de ne pouvoir finir le tricot qui sauvera ses se former à l’écriture par Internet).
frères, « Elle était sur le chemin de sa propre
mort et, pourtant, elle continuait son travail ; Je fais le point
les dix chemises reposaient à ses pieds et elle
tricotait la onzième » (l. 28-29). La description des tourments d’Élisa est réaliste,
On pourra souligner la violence de la popu- tandis que sa force morale et surtout l’affection
lation  qui s’avance vers elle pour « déchirer qu’elle porte à ses frères lui permettent de sup-
les chemises » (l.  30), et le voyeurisme dont le porter les épreuves. Les personnages aimants
peuple fait preuve : mise en scène de la charrette, (ses frères, les animaux et la nature) délivrent
souhait de « voir brûler la sorcière » (l. 23-24). le même message de solidarité et d’affection et
Ce champ lexical de la violence est contredit par l’aident tout au long de ses mésaventures. Le
des expressions fortes : « on n’aurait pas pu lui merveilleux d’Andersen n’est jamais très loin de
faire plus beau cadeau » (l. 5-6), « elle sanglota la réalité – le personnage peut avoir dormi ou
de joie » (l. 10). rêvé – et l’auteur engage son lecteur à enchanter
À partir de là, on peut remarquer que les souf- le réel pour mieux le supporter.
frances physiques ne sont plus mentionnées et L’œuvre en question
sa souffrance morale allégée par la présence de
ses frères (l. 12) et des animaux (l. 13-14 : « Les Les qualités et les défauts qui font réussir ou
petites souris couraient sur le sol en traînant échouer les personnages des Cygnes sauvages
les orties à ses pieds, afin de l’aider un peu ») et sont :
par la poursuite de sa tâche (l. 5-6 : « Elle reprit –  les qualités : la confiance, le courage, la capa-
son travail et pria Dieu », l. 12 : « sa tâche était cité à se souvenir du passé heureux, l’affection
presque accomplie », l.  28-29 : « Elle était sur réciproque entre Élisa et ses frères, la solida-
le chemin de sa propre mort et, pourtant, elle rité ;
continuait son travail »). –  les défauts : la méfiance, la méchanceté,
Enfin, le rythme des phrases de Hans Christian l’aveuglement, la jalousie.
Andersen, longues et ponctuées de virgules et En ce qui concerne les autres contes de Hans
de points-virgules, souligne les mouvements Christian Andersen, on pourra partir des
des  personnages et la tension dramatique du connaissances des élèves, souvent des versions
passage. adaptées par les studios Disney.
SéQUENCE 2  Le conte merveilleux et l’enchantement de la réalité
– Les Cygnes sauvages de H. C. Andersen  25
On peut aussi leur lire de longs passages de ces ont réalisées : ils les placent devant eux dans
contes en choisissant une traduction de qualité. l’ordre choisi. Cela la guide ensuite la rédaction).
On pourra notamment évoquer le traitement 4. Il s’agit ici de travailler sur les effets produits
du dénouement, et voir comment est traitée la par le texte. Le travail entre pairs est à favoriser
poésie propre à l’auteur. avant l’éventuelle intervention du professeur.
5. Les élèves peuvent prendre l’habitude de lire
leur texte à haute voix.
Racontez à la manière
de Grimm et d’Andersen ! p. 40 6. Le professeur veillera à ce que la production
finale soit parfaitement révisée (sans erreurs
Atelier Prendre en compte les caracté- d’orthographe ou de typographie). Les élèves
ristiques du conte pour produire peuvent fabriquer le conte sous forme de petits
un texte livres en s’inspirant du modèle proposé sur le
1.  Le premier élément à faire souligner est la site Internet suivant : http://petitslivres.free.fr/
variété de ces débuts de contes. Il faut souvent index_techniques.htm.
gentiment déconstruire l’idée que le conte Ces petits livres ne nécessitent aucune compé-
commence par « il était une fois ». La lecture tence numérique particulière et s’impriment
de plusieurs incipits dans des recueils de contes facilement en format A4.
des frères Grimm et de Hans Christian Andersen
Entrer dans l’imaginaire des frères Grimm
permet de confirmer cette remarque.
Les élèves peuvent aussi remarquer comment ➨   En téléchargement sur le site www.
les débuts de contes installent le récit : paysages, hachette-education.com : un extrait
personnages, début poétique (Blanche- Neige, des Trois petits hommes de la forêt
La Petite Sirène), intervention du narrateur des frères Grimm et son exploitation.
(Le  Rossignol et l’Empereur : « vous devez bien
le savoir », « hâtez-vous donc d’écouter cette Le but est d’aider les élèves à approfondir et
histoire qui sera bientôt oubliée »). nuancer leur connaissance de la structure et des
fonctions du conte merveilleux en les incitant à
2. Les phrasés des deux auteurs sont très diffé- écrire « à l’abri » des textes des frères Grimm.
rents :
– Hans Christian Andersen : les phrases sont
longues, rythmées, ponctuées par des points
Oral  Ils se marièrent et eurent
virgules et des tirets. Il écrit d’une façon ori-
beaucoup d’enfants… p. 41
ginale (on lui a même reproché de faire des
fautes de danois) qui se rapproche de la spon- Atelier Débattre sur le thème
tanéité de la langue orale. On reconnaît aussi du mariage dans les contes
son écriture à sa tonalité humoristique ainsi 1. • Dans le passage : Le roi apporte les affaires
qu’à sa poésie. d’Élisa et reconstitue sa chambre, ce qui la
– Les frères Grimm : ils écrivent d’une façon plus touche – elle embrasse le roi qui la serre
conventionnelle. [Au cours des recherches sur son cœur – le roi la fait reine du pays en
personnelles, on veillera donc à la qualité de l’épousant – le roi reste sourd aux remarques
la traduction.] de l’archevêque sur sa femme – Élisa aime le
3.  Avant de commencer, les élèves peuvent roi – elle prend soin de lui.
choisir une illustration d’oiseau. Ils peuvent • Dans le conte : le roi est frappé par la beauté
s’en servir pour produire un personnage (avec d’Élisa et par sa misère – il l’arrache à sa forêt
du dessin, du collage). Ils construisent aussi la mais fait ensuite tout ce qu’il peut pour lui
fiche descriptive des personnages principaux. donner le sourire – il pleure quand il voit
Ils peuvent utiliser les différentes fonctions du Élisa au cimetière – il la ramène triompha-
conte vues dans la séquence (ou les cartes qu’ils lement au château.

26 THème 1 5e • Imaginer des univers nouveaux


2. Au début du cycle 4, les élèves, passés maîtres Le mariage d’Élisa et du roi est en effet marqué
dans l’art du schéma narratif traditionnel, par les épreuves : le silence d’Élisa, la suspicion
pensent souvent que le mariage clôt le conte : du roi, l’infamie d’Élisa. Loin d’être magique,
mais il en va souvent autrement chez Hans leur relation se construit dans la durée et dans
Christian Andersen. Dans La Petite Sirène, le l’épreuve.
mariage n’est pas pour l’héroïne : le prince l’aime Pour aller plus loin dans la discussion sur les contes,
« mais ne songe pas à en faire sa reine » et le le professeur pourra lire avec profit Les Contes de
mariage est prévu avec une princesse voisine (il fées et l’art de la subversion de Jack Zipes ou Il était
est « temps que le prince se marie »). une fois et pour toujours d’Alison Lurie.
Dans La Princesse au petit pois, le projet de Pour pouvoir s’entraîner au débat, les élèves
mariage débute le conte (« Il était une fois un recopient un argument par fiche.
prince qui voulait épouser une princesse »).
Quant à Poucette, elle fait tout pour échapper
au mariage avec un crapaud, et elle accepte la Langue  La grammaire pour lire,
demande en mariage du roi des fleurs. écrire et parler p. 42
Les recherches des élèves vont les amener à
nuancer et approfondir leurs connaissances Au début du cycle 4, la notion de progressivité
de la forme du conte et à percevoir qu’il y a explique que cette séquence porte sur la phrase
un débat possible sur le thème du mariage (le simple, les types de phrases et les fonctions dans
mariage d’amour étant rare jusqu’au xixe  siècle, la phrase. Il s’agit de connaître les aspects fonda-
et les enfants, filles mais aussi garçons, devant mentaux du fonctionnement syntaxique et de
avant tout respecter le choix de leur père (cf. les les expérimenter dans des activités de lecture et
comédies de Molière pour le xviie siècle). d’écriture.
3. Le travail sur les fonctions du conte ou avec La phrase simple
les cartes associées (de Propp ou de Rodari) per- J’observe
mettent de souligner l’originalité du conte d’An- 1. b. d. et f.
dersen. En effet, si certains aspects de la relation Les phrases ont un sens, commencent par une
entre Élisa et son mari ne dérogent pas à une majuscule et se terminent par un signe de ponc-
vision traditionnelle des relations entre l’homme tuation.
et la femme (le roi est ébloui par la seule beauté
Je m’entraîne
d’Élisa, il l’emmène pour son bien mais contre
2. a. Les petits enfants doivent boire du lait.
son gré, etc.), il ne faudra pas manquer de faire
b. Attention, tu vas tomber !
identifier plusieurs points particuliers. En effet,
c. Que penses-tu de ce film ?
les relations entre le roi et Élisa sont empreintes
d. Mon anniversaire tombe en janvier.
de réciprocité :
– bonté naturelle : capacités à s’attendrir et à Les types de phrases
pleurer pour autrui, ils prennent soin l’un de J’observe
l’autre ; 3. a. et b.
–  lutte contre l’adversité : Élisa ne renonce pas à Type de phrase ➞ Ponctuation
retrouver et à sauver ses frères, le roi impose
la jeune fille contre l’avis de son archevêque a. Déclarative ➞ point
b. Exclamative ➞ point d’exclamation
(qui représente ici le pouvoir politique) et du c. Injonctive/déclarative ➞ point
peuple. d. Injonctive ➞ point d’exclamation (et impératif)
Le bonheur qui serait celui du mariage, illustré e. Interrogative ➞ point d’interrogation
par la formule « Ils vécurent heureux et eurent f. Déclarative ➞ point
beaucoup d’enfants » est questionné par Hans g. D
 éclarative puis injonctive ➞ deux-points,
Christian Andersen. En effet, le mariage ne vient guillemets, point (on peut mettre un point
pas clore le conte en le couronnant et en l’iden- d’exclamation pour le ton)
h. déclarative ➞ point
tifiant à la descendance qui pourrait en résulter.
SéQUENCE 2  Le conte merveilleux et l’enchantement de la réalité
– Les Cygnes sauvages de H. C. Andersen  27
Je m’entraîne c. Exemple : Plus tard dans la soirée, après le der-
4. a. a. La phrase se termine par un point car il nier client, Léo recommença à courir dans tous
s’agit d’une phrase déclarative. les sens pour finir à l’heure.
b. et c. Les phrases se terminent par des points Les compléments circonstanciels
d’exclamation car il s’agit de phrases exclama- (compléments de phrase)
tives.
d. et e. Les phrases se terminent par un point car
J’observe
7. La première phrase garde son sens si on enlève
il s’agit de phrases injonctives.
les compléments de phrase (ici CC).
f. La phrase se termine par un point car il s’agit
d’une phrase déclarative. Une femme désirait avoir un petit enfant. Elle
b. a. N’écoute pas ce que dit l’entraîneur ! alla trouver une vieille sorcière et lui dit : « je
b. Les lutins existent-ils ? voudrais avoir un petit enfant ; dis-moi ce qu’il
c. As-tu pensé à emporter ton goûter ? faut faire.
d. Marche sur la pelouse ! La deuxième phrase ne change pas. La troisième
e. As-tu pensé à prévenir ton ami si tu ne viens est une phrase complexe qui ne fait pas partie
pas ? de l’exercice. La quatrième phrase montre que
f. Nous avons oublié l’anniversaire de Léo ! le complément de phrase peut être déplacé (par
exemple « dans un pot de fleur, tu la mettras et
Les fonctions dans la phrase tu verras »). La cinquième phrase ne change pas.
J’observe La dernière phrase garde son sens si on enlève
5.  b. Pour cette question, le sujet (vert) est le complément de phrase : « puis elle rentra et
souligné avec deux traits, le verbe et ses com- planta le grain d’orge.
pléments (jaune) sont soulignés avec un trait Les compléments de phrase dans la phrase
et les compléments circonstanciels (bleu) sont simple peuvent être soit enlevés soit déplacés
encadrés. sans affecter le sens de la phrase.
a. Bien loin d’ici, là où s’envolent les hirondelles Je m’entraîne
quand nous sommes en hiver, habitait un roi. 8. Exemple : Une femme désirait un jour avoir
b. Toute la nuit, elle rêva de ses frères. un petit enfant, mais ne sachant comment y
c. Vers la fin du jour, Élisa vit onze cygnes sau- parvenir, elle alla trouver une vieille sorcière et
vages avec des couronnes d’or sur la tête. lui dit : je voudrais avoir un petit enfant ; dis-moi
d. Vite, la jeune fille remonta le talus et se cacha ce qu’il faut faire ». – Ce n’est pas difficile répon-
derrière un buisson. dit la sorcière ; voici un grain d’orge qui n’est pas
e. Demain, nous nous envolerons d’ici. de la nature de celle qui croît sur la montagne ou
c. Les compléments circonstanciels peuvent être que mangent les poules. Mets-le sous ton édre-
enlevés ou déplacés sans que cela empêche de don et tu verras. Merci, dit la femme en donnant
comprendre la phrase. douze sous à la sorcière. Puis elle rentra chez elle
Je m’entraîne en carrosse et planta le grain d’orge.
6. a. Pour cette question, le sujet (vert) est sou-
ligné avec deux traits, le verbe et ses complé-
Exprimer l’injonction
ments (jaune) sont soulignés avec un trait et
et l’interrogation
les compléments circonstanciels (bleu) sont J’observe
encadrés. 9.  L’injonction est la même, seule la forme
Soudain, malgré la fatigue et alors qu’il pensait change. Les deux modes verbaux utilisés sont
avoir terminé son travail, Léo recommença à l’impératif et le subjonctif.
courir dans la salle du restaurant à cause de deux 10.  L’injonction négative est la même, seule la
nouveaux clients. forme change. Les deux modes verbaux utilisés
b.  Les compléments circonstanciels peuvent sont l’impératif et l’infinitif. On peut aider les
être enlevés, ou déplacés, sans que cela empêche élèves en leur faisant relever des injonctions dans
de comprendre la phrase. les lieux publics, dans les transports. Ils peuvent

28   Thème 1  5e • Imaginer des univers nouveaux


à cette occasion relever comment des interdits c. Est-ce que la calligraphie est un art difficile ? La
sont exprimés dans d’autres langues. calligraphie est-elle un art difficile ?
11. b. Les élèves relèvent : d. Est-ce que les marins sillonnent la Méditerra-
–  inversion du sujet ; née ? Les marins sillonnent-ils la Méditerranée ?
–  « Est-ce que » ; e.  Est-ce que Christophe Colomb découvre les
– la seule intonation pour marquer l’interroga- Amériques ? Christophe Colomb découvre-t-il
tion. les Amériques ?
c.  La seule intonation est plus familière : elle f.  Est-ce que les Indiens méprisaient l’or ? Les
rend parfois difficile l’identification de la forme Indiens méprisaient-ils l’or ?
interrogative. Pour faire progresser les élèves, on g.  Est-ce que François Ier et Soliman le Magni-
peut les encourager à prendre la parole de façon fique se sont rencontrés ? François Ier et Soliman
ritualisée en utilisant la formule interrogative le Magnifique se sont-ils rencontrés ? [NB : Oui,
est-ce que (Qu’est-ce que… ? Qu’est-ce qui… ? le roi de France et le souverain turc de l’Empire
Où est-ce que… ? Quand est-ce que… ? etc.). ottoman se sont rencontrés en 1536 pour sceller
Il faudra donc faire identifier que la construc- une alliance qui durera jusqu’à Bonaparte.]
tion qui rejette le mot interrogatif à la fin de la Les chaînes d’accord
phrase et /ou qui utilise le présentatif « c’est »
14.  a. a. Les chaînes d’accord à l’intérieur des
(« Hugo c’est qui ? Le match est où ? », etc.), est
groupes nominaux sont soulignées. Ceux entre
une marque de l’oral familier. Même si elle est
les sujets et les verbes sont en gras.
de plus en plus utilisée, y compris dans la presse
Les quatre amis ne s’étaient pas vus depuis les
écrite, elle doit être corrigée.
vacances d’été. Ils furent très heureux de se
Je m’entraîne retrouver. Ils passèrent toute la journée à confec-
12. a. Le médecin lui a dit : « je vous conseille de tionner une cabane en coupant de longues
ne pas fumer. » branches. Une vieille couverture servit à faire le
b. Le professeur a dit : « Joseph, je vous demande toit. Le soir, la cabane était terminée : elle était
de sortir. » assez grande pour tous les quatre ; elle semblait
c. Le policier lui a dit : « j’exige que vous me pré- bien solide. Ils se dirent qu’ils pourraient y pas-
sentiez vos papiers. » ser la nuit. C’était possible, à condition de préve-
d. L’arbitre dit : « Ronaldo, quittez le terrain ! » nir les parents. Ceux-ci répondirent que c’était
e. Le maître a dit à son chien : « Donne la patte ! » une bonne idée : le temps était calme et clair,
13. Pour faire progresser les élèves, on peut les et si les enfants changeaient d’avis, après tout, il
encourager à prendre la parole de façon ritua- leur suffisait de traverser le jardin pour rentrer
lisée en utilisant la formule interrogative est-ce à la maison.
que (Qu’est-ce que… ? Qui est-ce qui… ? Où b. je suffis – tu suffis – il suffit – nous suffisons –
est-ce que… ? Quand est-ce que… ? etc.). vous suffisez – ils suffisent.
Il faudra donc faire identifier que la construc- j’ai suffi – tu as suffi – il a suffi – nous avons suffi
tion qui rejette le mot interrogatif à la fin de la – vous avez suffi – ils ont suffi.
phrase et/ou qui utilise le présentatif « c’est »
(« Hugo c’est qui ? Le match est où ? », etc.) est Les mots du conte merveilleux
une marque de l’oral familier. Même si elle est 15. a.
de plus en plus utilisée, y compris dans la presse Bonté
écrite, elle doit être corrigée.
a.  Est-ce que les foires attiraient du monde au Nom Adjectif
Moyen Âge ? Les foires attiraient-elles du monde yybienfait yyaimable
au Moyen Âge ? yyamabilité yyserviable
b.  Est-ce que les tailleurs de pierre échangent yygénérosité yybienfaisant
yybon
leurs savoirs ? Les tailleurs de pierre échangent-
yyattentionné
ils leurs savoirs ?
SéQUENCE 2  Le conte merveilleux et l’enchantement de la réalité
– Les Cygnes sauvages de H. C. Andersen  29
Méchanceté Pour approfondir la lecture  
Nom Adjectif Adverbe 5. Les points communs possibles concernent :
–  la présence d’animaux (sauf deux chapitres) ;
yycruauté yydiscourtois yycruellement
yyatrocité yycruel
–  la forme qui associe texte et dessins ;
yyhargne yyatroce –  les titres qui se ressemblent.
yyméchant 6. Certaines histoires sont merveilleuses et res-
yydésobligeant semblent à des contes : animaux qui parlent,
yymalveillant
magie. Mais d’autres sont plutôt de l’ordre de
yyblessant
yyimpoli
la légende et du rite religieux. La forme qui allie
yygrossier texte, dessin et chanson évoque les mystères de
la poésie.
b.  Exemples : Un lutin attentionné a préparé 7. Les histoires se déroulent à des époques loin-
le petit-déjeuner de maman qui se lève tôt./ taines non précisées, légendaires, dans des lieux
Un bienfait n’est jamais perdu. (dicton)/La indistincts.
hargne de mon adversaire n’a pas réussi à me 8.  Les élèves pourront trouver les explications
faire perdre courage./Bâiller sans mettre la main ingénieuses, ridicules ou poétiques.
devant la bouche est impoli. 9. Le narrateur est présent dans le texte par la
16. Un elfe : il est petit – il habite dans la forêt. première personne (je/mon). Il assume le rôle
Un gobelin : il est très petit – il est plutôt de conteur et interpelle celle à qui il raconte
méchant. (Mieux-Aimée).
Une ogresse : elle habite dans la forêt – elle 10. Il s’exprime de façon poétique et humoris-
mange les enfants. tique.
Un djinn : il est petit – il est invisible.
11. Cette histoire explique le phénomène de la
Une fée : elle a une baguette magique – elle aide
marée.
souvent le héros.
Un farfadet : il est petit – il est souvent espiègle. 12.  Les commentaires du conteur sur ses des-
Un enchanteur : il a un grimoire – il a une sins sont amusants ; il décrit ce qu’il a dessiné
baguette. et parfois le critique. Il dévalorise son travail
Un korrigan : c’est un lutin breton – il est gentil (petits machins). Il explique également parfois
ou méchant. ses intentions. Ces commentaires font partie
Un ogre : il a un grand couteau – il mange les intégrante de la fiction.
enfants. Après la lecture  
Un lutin : il porte un bonnet pointu – il est bien-
13. Les élèves remarqueront les jeux sur les sono-
faisant ou malfaisant.
rités et les néologismes.
Une licorne : elle a une grande corne sur la tête
– elle est blanche. 14.  Les élèves remarqueront qu’il ne s’agit pas
Une sorcière : elle voyage sur un balai – elle est d’une traduction littérale, mais d’une adapta-
maléfique. tion destinée à rendre compte des jeux sur les
sonorités.
15. Réponse libre des élèves.
Plaisir de lire  Rudyard Kipling,
Histoires comme ça  p. 45 Autoévaluation de lecture  
Pour entrer dans l’œuvre  
« Le Petit Poucet »
Réponse libre des élèves. de Charles Perrault p. 47
À vos carnets !   1.  Ce texte appartient au genre du conte. On
1. 2. 3. 4. Réponse libre des élèves. trouve :

30   Thème 1  5e • Imaginer des univers nouveaux


– la formule traditionnelle « Il était une fois » que parce qu’aucun ne peut aider à subvenir
(noter cependant qu’elle n’est pas du tout aux besoins de la famille (l. 5-6, l. 15-16). Ils ne
systématique dans la plupart des contes peuvent qu’aider à « fagoter » (l. 17). Les parents
de Charles Perrault et de Hans Christian ont de l’affection pour leurs enfants (« le cœur
Andersen) ; serré de douleur », l. 14) et la décision du père
– des personnages qui appartiennent à une est justifiée selon lui par le refus de les voir mou-
famille (selon Marthe Robert, le conte de fées rir de faim sous ses yeux. La décision du père est
est un « petit roman familial ») ; difficile à admettre ; il entreprend d’ailleurs de
–  le héros va traverser une épreuve : d’ailleurs le convaincre sa femme (« Tu vois bien que nous
Petit Poucet est déjà le « souffre-douleur de la ne pouvons plus nourrir nos enfants », l. 15) et
famille » ; ensuite arrive la décision de perdre impose sa décision (« je suis résolu de les mener
tous les enfants dans le bois ; perdre », l. 16) et son plan.
– les personnages assument des « fonctions » À noter que tout cela sera plus loin refusé par la
dans le conte : le père introduit le « méfait » mère, qui devra cependant capituler devant le
(perdre les enfants) ; chef de famille.
– le schéma narratif : situation initiale (une 4.  La misère du peuple, la famine, les familles
pauvre famille de bûcherons) et élément dans lesquels l’enfant est d’abord une bouche à
modificateur (la famine qui conduit à la déci- nourrir, puis une aide pour subvenir aux besoins
sion du père). de la famille, fait écho à des réalités sociales d’hier
2. Il faut reprendre les étapes du « portrait » du (cf. Philippe Ariès, L’Enfant et la vie familiale sous
Petit Poucet : l’Ancien Régime) ou d’aujourd’hui.
–  portrait physique : « fort délicat » (l.  6) et 5. Les réponses sont très ouvertes, et peuvent
parlant peu, tout petit (né « guère plus gros faire émerger différents aspects du conte et de
que le pouce », l. 8) ; ses fonctions : réflexion sur la peur de l’aban-
–  portrait moral : perçu par son entourage don, sur le handicap et sur le bonheur. Rap-
comme idiot, à cause de son silence [« pre- pelons la moralité du conte : « On ne s’afflige
nant pour bêtise ce qui était une marque point d’avoir beaucoup d’enfants/Quand ils
de bonté de son esprit » (l.  7), « souffre- sont tous beaux, bien faits et bien grands,/
douleur » (l.  9), « on lui donnait toujours Et d’un extérieur qui brille ;/Mais si l’un d’eux
le tort » (l.  10)] ; mais le narrateur donne est faible ou ne dit mot,/On le méprise, on le
d’autres informations au lecteur : son silence raille, on le pille ;/Quelquefois cependant c’est
est en fait « une marque de bonté de son ce petit marmot
esprit » (l. 7), « Cependant il était le plus fin, Qui fera le bonheur de toute la famille. »
et le plus avisé » (l.  10), « s’il parlait peu, il Abandonner les enfants dans la forêt peut diffi-
écoutait beaucoup » (l. 11). cilement être vu comme une « chance » de s’en
Les élèves peuvent être touchés par l’injustice sortir mieux qu’avec ses parents, si ce n’est que,
et la méchanceté qui frappent le Petit Poucet sans ses parents qui le prennent pour un idiot
avant même que le conte ne prenne son essor. et considèrent qu’il a toujours tort, le Petit Pou-
3. La décision du père est une injustice supplé- cet va pouvoir prendre la place qui lui revient :
mentaire car il est de sa responsabilité de parent « le plus avisé de tous ses frères » (l. 10-11). Cet
de tout faire pour nourrir ses enfants. abandon peut symboliser une séparation forcée,
Le nombre d’enfants (sept en trois ans, dont parfois momentanée, qui fait grandir mais qui est
trois paires de jumeaux dont la responsabi- vécue comme un abandon (cf. Bruno B ­ ettelheim,
lité incombe à la femme) n’est un problème Psychanalyse des contes de fées, 1976).

SéQUENCE 2  Le conte merveilleux et l’enchantement de la réalité


– Les Cygnes sauvages de H. C. Andersen  31
thème 2 Vivre en société, participer à la société
5e – Avec autrui : familles, amis, réseaux

Séquence

3 La famille, les amis au cœur de l’écriture

Fil directeur de la séquence


La troisième séquence de l’année prend pour thème la relation à autrui et vise à mettre en évidence
la complexité des rapports humains, que ce soit les liens affectifs au sein de la famille ou les relations
avec les amis. Au fil des double-pages, les séances explorent les différentes dimensions de ces rap-
ports. Tout d’abord source de tensions, les personnages sont confrontés à la séparation, manifestent
de l’incompréhension face à l’attitude de leurs parents ou sont confrontés à la difficile intégration
dans un groupe. Mais ils sont également source d’épanouissement, la présence d’un père protecteur
ou d’un frère fictif permet de surmonter les épreuves du quotidien.

Compétences travaillées dans la séquence


Langage oral Écriture

Dans les pages de lecture… En atelier, p. 58


■Participer de façon constructive à des échanges ■ Pratiquer l’écriture d’invention et connaître les
oraux : caractéristiques des genres littéraires :
y Participer à un débat, exprimer une opinion X Une correspondance dans le cadre des réseaux
argumentée sociaux
X Débattre sur la définition d’une bonne éducation, ■ Adopter des stratégies et des procédures
p. 50 d’écriture efficaces : prise en compte de l’émetteur
et du destinataire, de la visée du texte, des
En atelier, p. 59
caractéristiques de son genre ; amélioration de
■ Participer de façon constructive à des échanges
la qualité du texte en cours d’écriture et lors
oraux
de la relecture.
y Interagir avec autrui dans un échange ■ Exploiter les principales fonctions de l’écrit
■ S’exprimer de façon maîtrisée devant un auditoire
X Comprendre le rôle et l’usage des courriels
y Pratiquer le compte rendu
■ Exploiter les ressources expressives de la parole et
les techniques multimodales
X Décrire une production à l’oral

Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue


■ Lire des textes variés avec des objectifs divers : Dans la double-page langue…, p. 60-61
y Recourir à des stratégies de lectures diverses ■ Connaître les aspects fondamentaux du
(adapter sa lecture à l’objectif poursuivi, adapter fonctionnement syntaxique
sa lecture aux supports, reformuler) y Fonctionnement de la phrase simple
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’observe », X Identification de la classe du verbe/ses propriétés
« Je comprends » X Champ sémantique des verbes (dictionnaire)
y Formuler des impressions de lecture, percevoir ■ Maîtriser la forme des mots en lien avec la syntaxe
un effet esthétique y Connaître le fonctionnement de la chaîne
X Carte mentale « Lire un texte » : « Je lis », d’accord :
« J’écoute », « Je réagis » X L’accord du verbe avec son sujet dans les cas
simples

32 THème 2 5e • Avec autrui : familles, amis, réseaux


Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue

y Reconnaître les implicites et faire les inférences et ■ Maîtriser le fonctionnement du verbe et son
hypothèses de lecture nécessaires orthographe
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’interprète » y Maîtrise de la morphologie verbale écrite
■ Lire et comprendre des images fixes ou mobiles X Temps simples de l’indicatif
X Carte mentale « Lire une image » X Présent du subjonctif
■ Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe des
Enjeux culturels
mots
■ Lire des œuvres littéraires et fréquenter des œuvres
X Mise en réseau du mot « famille »
d’art
X Développer des connaissances sur le genre théâtral Dans les coins des mots
de la comédie au xviie siècle. Les mots issus du grec (p. 53)
X Élaborer une interprétation de textes littéraires. Les mots de la même famille (p. 55)
X Mise en voix et théâtralisation.

Enjeux de formation personnelle


X S’interroger sur la complexité des relations
familiales et voir l’utilité de leurs représentations
littéraires.

Lecture Comment surmonter puis à interpréter (que cherche à dire l’auteure ?


la séparation ? p. 50 comment ?).
Les textes de George Sand et d’Andrée Chedid, 2. Les deux frères s’en remettent au sort parce
récits fictionnels, permettent d’aborder une pre- qu’ils sont dans l’incapacité de faire un choix :
mière épreuve : la séparation d’avec la famille. Ils « ils tirèrent à la courte paille et le sort tomba sur
donnent des raisons sociales et historiques que Landry. Sylvinet ne fut pas content de l’épreuve
les élèves pourront retrouver, et ils racontent et voulut tenter à pile ou face » (l.  4-5). Leur
comment les personnages parviennent à sur- discussion n’aboutit pas parce que Sylvinet ne
monter cette épreuve. désire pas faire porter la responsabilité du choix
à son frère : « il s’effrayait de laisser l’endosse à
1. La Petite Fadette de George Sand son cher besson » (l. 2-3). Il refuse dans un pre-
audio
mier temps le choix fait mais chaque fois, le sort
désigne son frère.
En piste ! site
3. Le premier sentiment de Sylvinet est le refus
Cette activité permet aux élèves de comprendre du sort, d’où ses multiples tentatives d’inverser
la raison de la présence des personnages des la situation. Face à l’évidence, la tristesse l’em-
jumeaux dans la littérature et leur traitement. porte puisqu’il « pleura bien encore » (l. 9).
On attend d’eux qu’ils explicitent leur choix Landry éprouve d’abord de la peine puis il se
d’ouvrages puis qu’ils soient capables de refor- résout à la décision par conviction. Il voit tout
muler l’histoire, d’identifier les thèmes abordés, l’intérêt d’accepter cette situation : il deviendra
de préciser les relations entre les personnages, de un homme : il « commençait à sentir l’orgueil
dégager les points communs et les différences de ses quatorze ans, avait envie de montrer qu’il
d’un ouvrage à l’autre. n’était plus un enfant » (l. 18-19).
1. On utilisera le guide de lecture pour encoura- 4. Landry accepte ce choix parce qu’il fait preuve
ger les élèves à réagir au texte, à manifester leur de courage. Il sait également se raisonner et
compréhension de l’histoire (identifier les per- voit tous les avantages qu’il peut tirer de cette
sonnages principaux, reformuler le choix à faire situation : il deviendra un homme. Enfin, il sert
et la manière dont il est fait, percevoir les réac- d’exemple à son frère puisqu’il a toujours été
tions des deux frères et du père face à ce choix), le premier à accomplir une action : « Il avait

séQuence 3 La famille, les amis au cœur de l’écriture 33


toujours été le premier à persuader et à entraî- 1. On utilisera le guide lecture pour mettre en
ner son frère » (l. 19 à 21). évidence les relations qui unissent l’enfant à
5. Cette scène nous révèle que le caractère des son grand-père, le douloureux mais nécessaire
jumeaux s’oppose sur le plan des sentiments (Syl- déchirement de quitter son pays et ses racines,
vinet est inconsolable contrairement à Landry) ; les valeurs que transmet l’homme au travers de
le plan de la raison (Sylvinet ne parvient pas à ses dons.
se raisonner contrairement à Landry) ; le plan 2.  Omar-Jo refuse de partir dans un premier
de la personnalité (Sylvinet n’a pas l’orgueil ni la temps parce qu’il ne veut pas perdre le souve-
volonté de son frère). nir de ses parents (l. 4-5), se retrouver seul dans
un pays inconnu (l. 13), perdre la chaleur et la
Oral   sécurité de son village qui lui sert de refuge, par
6. Débat. Il s’agit pour les élèves de s’interroger opposition à la ville : « Qu’elle paraissait inno-
sur la manière de prendre des décisions et de cente et joyeuse, de si loin, de si haut ! Elle, la cité
leur permettre d’argumenter. La situation pro- meurtrière ! » (l. 24).
posée relève de la vie quotidienne et les incite
3.  Les raisons que donne le grand-père pour
à prendre un peu de recul sur leurs choix. Cette
convaincre Omar-Jo de quitter le pays sont les
activité vise deux objectifs : leur permettre
suivantes :
de différencier les arguments des faits et des
– la nécessité de découvrir de nouveaux pays à
exemples ; leur faire adopter un mode de rai-
son âge : « À ton âge, il faut visiter la terre »
sonnement inductif (partir de l’exemple et en
(l. 2) ;
déduire l’argument) ou déductif (partir de l’ar-
– le souvenir éternel de ses parents : « Omar et
gument et l’exemplifier).
Annette ne s’effaceront jamais ; ils t’habite-
ront toujours » (l. 6) ;
2. L’Enfant multiple d’Andrée Chedid – la nécessité de s’éloigner de la guerre : « Tu es
En piste ! né avec la guerre, tu ne dois pas vivre avec la
guerre » (l. 7) ;
Dans cette activité, on teste la capacité des
–  un goût pour la solitude qui compensera l’ab-
élèves à faire une recherche en autonomie, à
sence du grand-père : « Mais tu garderas tou-
vérifier leurs sources, à trouver des documents
jours au fond de toi un coin de solitude, parce
complets et à savoir les lire, à en retirer les idées
que tu aimes ça » (l. 15-16) ;
essentielles. Cette recherche doit leur permettre
–  le fait qu’il ne s’ennuiera pas en France : « Je te
de contextualiser l’extrait, de comprendre la rai-
fais confiance, Omar-Jo, tu trouveras » (l. 19).
son de l’attentat qui tue les parents d’Omar-Jo
et qui le blesse grièvement et celle de son départ 4. La dernière phrase du texte « Tu m’emportes,
pour la France. On attend qu’ils se renseignent dit le vieux. » signifie que l’enfant ne part pas seul
sur la guerre civile qui se déroula de 1975 à 1990, mais emporte le souvenir de son grand-père, de
sur les différents protagonistes, sur les raisons ses racines, de sa terre grâce aux dons symboliques
et les conséquences de cette guerre à partir des qui lui sont faits (une poignée de terre, la bague
sites suivants : d’Omar). Le grand-père lui inculque l’importance
– Les clés du Moyen-Orient  : http://www. de l’identité et des origines par la transmission de
lesclesdumoyenorient.com/-Syrie-Liban-. la bague en forme de scarabée de son père.
html ; 5.  Le titre L’Enfant multiple désigne le person-
–  L’Ina : www.ina.fr/contenus-editoriaux/articles- nage Omar-Jo, dont le brassage de différentes
editoriaux/guerre-du-liban-1975-1991 ; cultures est marqué par le prénom de l’enfant :
–  Francetv info : http://geopolis.francetvinfo. Omar est le prénom de son père musulman, et
fr/13-avril-1975-le-liban-bascule-dans-la- Jo est le diminutif du prénom de son grand-père
guerre-58383 ; chrétien, Joseph. Il est donc l’expression de la
–  Francetv éducation : http://education.francetv. diversité culturelle, diversité que porte d’ailleurs
fr/matiere/epoque-contemporaine/terminale  ; également en elle l’auteure Andrée Chedid.

34   Thème 2  5e • Avec autrui : familles, amis, réseaux


créative Je fais le point
6. Comment rédiger une lettre ? Les personnages des deux textes étudiés pen-
On veillera à rappeler aux élèves les critères de dant la séance sont confrontés à une séparation
fond et de forme qui permettront la rédaction familiale : les deux frères jumeaux sont séparés
de cette lettre. l’un de l’autre et de leurs parents dans La Petite
y Étape 1 : planifier le contenu de la lettre. Fadette ; Omar-Jo de son grand-père dans L’En-
La lettre doit comporter trois parties : fant multiple.
1. l’arrivée d’Omar-Jo à Paris et la découverte de Sylvinet ne parvient que difficilement à sur-
ses cousins, d’une nouvelle ville et d’une nou- monter cette épreuve puisqu’il est en pleurs
velle culture ; alors que son frère, Landry, fait preuve de cou-
2.  sa nouvelle vie en France : ses journées, ses rage et d’orgueil. Il se raisonne et perçoit tout
occupations après l’école, ses rencontres ; l’intérêt de la situation : grandir et devenir un
3. la nostalgie de son pays d’origine, en lien avec homme. Omar-Jo, lui, surmonte cette difficulté
la discussion qu’ont eue les personnages dans grâce aux valeurs transmises par son grand-
l’extrait (le manque de son grand-père, le souve- père : la croyance en l’identité et aux origines.
nir de ses parents et de son pays, l’impression de Il a emmené des objets qui lui rappellent son
solitude et d’éloignement), l’attachement aux pays d’origine (la terre et la bague). Enfin, il est
objets qui lui rappellent son pays et le soutien accueilli à Paris par des membres de sa famille.
de ses cousins. On s’attachera à faire émerger
les idées au tableau parmi lesquelles les élèves
devront choisir. Lecture Peut-on comprendre
ses parents ? p. 52
y Étape 2 : présenter la lettre.
La lettre doit répondre à des critères formels : Les textes d’Hervé Bazin et de Michel Quint
la mise en paragraphes, les formules d’adresse abordent un nouvel aspect des rapports fami-
et de politesse, les indications de temps et de liaux et une seconde épreuve : l’incompréhen-
lieu, le destinataire, la signature, le choix des sion des enfants face à l’attitude de leurs parents.
temps de l’énonciation (présent, passé com- Les deux extraits en donnent les raisons et leur
posé, futur), l’utilisation de la première et de inscription dans le genre autobiographique fait
la deuxième personne du singulier ou du plu- percevoir le regard que porte le narrateur adulte
riel, l’utilisation de déictiques (déterminants sur l’enfant qu’il était et sur sa relation à son
démonstratifs). père.
y Étape 3 : rédiger la lettre.
Chaque élève rédigera une lettre. On veillera 1. Vipère au poing d’Hervé Bazin audio

à accompagner les élèves au fur et à mesure En piste !


de cette écriture en classe, à donner des
On attend des élèves qu’ils identifient la vio-
conseils.
lence qui se dégage du titre, qu’ils soient sen-
y Étape 4 : relire et corriger la lettre. sibles à l’idée de menace que constitue la vipère
Les élèves pourront échanger leur lettre avec et à celle de combat illustrée par le poing. Le
leur voisin de classe afin de relever et de corriger professeur pourra initier une réflexion biblique
les incohérences, les erreurs grammaticales et et mythologique en faisant des liens avec la
orthographiques. Genèse ou le mythe d’Hercule étouffant les
Culture + site reptiles ; peut-être même exploiter une idée de
La recherche de ces deux photographies de vengeance et de victoire. Que va tuer symbo-
Cornell Capa permet d’aborder le thème de la liquement le narrateur dans le roman et pour
relation aux grands-parents et de déterminer quelle raison ?
comment le photographe s’empare de cette 1. On utilisera le guide de lecture pour faire recon-
thématique et la traite. naître aux élèves les caractéristiques d’un texte

séQuence 3 La famille, les amis au cœur de l’écriture 35


autobiographique et pour leur faire percevoir la lors du travail écrit (un dialogue argumentatif)
stratégie que le narrateur utilise afin que son père demandé à la suite de l’étude d’Effroyables jar-
accepte de parler de la situation et intervienne dins de Michel Quint.
pour lever la punition de Ferdinand, le frère aîné. y Étape 1 : préparer l’argumentation.
2. Le narrateur veut faire prendre conscience à Il faudra travailler sur une définition du terme
son père de l’injustice de la situation vécue par le « éducation » issu du latin ex-ducere (« conduire
frère aîné afin qu’il intervienne en levant la puni- hors de, élever ») : une éducation doit faire gran-
tion et qu’il déjoue le stratagème de madame dir, faire sortir l’enfant de son état premier puis
Rezeau. mener une réflexion sur ce qu’est une bonne
3. La stratégie utilisée est indirecte et subtile : le éducation afin de dépasser les préjugés ; trouver
narrateur se dénonce comme étant le cerveau des arguments qui s’appuient sur des exemples
de l’affaire du placard afin de mettre en évidence concrets issus des textes de la séquence et de la
la manipulation de madame Rezeau, puisqu’elle culture personnelle des élèves ; confronter les
a puni celui qui n’a été qu’un complice, et qu’elle arguments et les contre-arguments afin de faci-
crée sciemment une injustice pour provoquer liter la réfutation.
une discorde entre les enfants. Par ailleurs, il fait y Étape 2 : établir le fonctionnement d’un débat.
en sorte que son père analyse par lui-même la Il faudra caractériser ses règles à partir de l’écoute
situation afin qu’il se rende compte de la mons- de l’un d’eux (par exemple les débats proposés
truosité de sa femme : « Mais la vôtre n’est tout sur France Culture, www.franceculture.fr : annon-
de même pas un monstre ! » (l. 25 à 28). cer le thème, réguler les prises de paroles, enchaî-
4. La phrase « Mais la vôtre n’est tout de même ner les arguments, savoir réfuter) ; élaborer une
pas un monstre » comporte un pronom posses- grille de critères sur les attendus d’un débat (per-
sif sujet « la vôtre » et un attribut du sujet « un tinence de l’argument et de la réfutation, écoute
monstre » qualifiant madame Rezeau, renforcé de l’autre, aisance de l’expression orale, etc.).
par la locution adverbiale « tout de même ». y Étape 3 : mise en œuvre du débat.
L’ensemble de la phrase est de type exclamatif et Un élève est chargé de la présentation du thème
à la forme négative. et de la régulation de la parole ; une dizaine
La phrase montre que M. Rezeau comprend peu d’élèves pourront débattre à partir du moment
à peu la situation puisqu’il reconnaît implicite- où ils respectent le temps de parole de chacun ;
ment un calcul de son épouse et son côté mani- le reste de la classe sera auditeur et évaluera les
pulateur mais il refuse de l’envisager comme une élèves qui débattent, chaque auditeur observant
sorte de Médée, comme une figure monstrueuse. un critère parmi ceux qui ont été trouvés sur les
5. Le narrateur voit son père comme une personne attendus d’un débat. Il s'agira ensuite de faire un
agissant selon son statut social (en tant que bour- retour sur les points forts et les points faibles du
geois, il ne peut reconnaître une injustice passée débat ; enfin de mettre en œuvre un nouveau
sous silence) et de ce fait ne peut être remise en débat (les élèves auditeurs deviennent débat-
cause. Son père est un allié incontournable dans teurs et les débatteurs auditeurs).
le combat mené contre madame Rezeau parce Culture + vidéo

qu’il aime ses enfants, qu’il est capable de com- Le visionnage de la bande-annonce de l’adap-
prendre la situation et d’agir. tation cinématographique de Vipère au poing
Oral
par Philippe de Broca donnera l’occasion aux
élèves de découvrir les deux personnages prin-
6. Savoir débattre cipaux : Mme Rezeau incarnée par Catherine
L’activité consiste à apprendre aux élèves à parti- Frot et M. Rezeau incarné par Jacques Villeret.
ciper à un débat oral auquel ils sont peu familia- Dès l’arrivé à la gare, Catherine Frot incarne une
risés, ce qui constitue un véritable apprentissage. mère méprisante et froide, ignorant ses enfants
Le travail oral permettra d’installer des compé- alors que Jacques Villeret joue un père chaleu-
tences d’argumentation qui seront réinvesties reux et rond qui les embrasse avec effusion.

36 THème 2 5e • Avec autrui : familles, amis, réseaux


Le père, figure antithétique de la mère est, dès pitreries de son père. Les métaphores sont
le début du film, du côté des enfants. Mais Phi- péjoratives : « Une espèce de Matamore d’ar-
lippe de Broca a modifié certaines scènes du rière-cuisine, un Tintin des bas-fonds » (l. 11-12).
roman, ce qui est le propre d’une adaptation Pour le narrateur, son père n’est qu’un « auguste
cinématographique. Ainsi, l’arrivée des parents amateur » (l. 2).
Rezeau, à leur retour de Chine, n’est pas stric- 3.  Le verbe « traquer » signifie poursuivre sans
tement reproduite. En effet, madame Rezeau relâche quelqu’un qui est en fuite pour l’arrêter.
est d’abord un pied à la sortie du train puis un Dans le texte, le verbe signifie que le père cherche
chapeau qui cache son visage alors que dans sans relâche les occasions de se déguiser en clown.
le roman elle se distingue par les gifles qu’elle Le narrateur exprime son incompréhension face à
donne avec une force telle que les enfants se celui qui ne semble avoir comme projet de vie que
retrouvent par terre. Le cinéaste a pris ce parti son activité clownesque, plutôt que d’être avec sa
de conserver « la part de mystère » de Mme famille et de s’en occuper : « Jamais il n’a demandé
Rezeau. Ce visionnage permettra donc aux un sous pour s’être produit, nous avoir bousillé un
élèves d’identifier les personnages, la tonalité samedi en famille, un dimanche » (l. 28-29).
du film et de percevoir les ressemblances et les
4.  Le narrateur porte un regard méprisant sur
différences avec le roman.
son père puisque ce dernier lui inspire de la
« honte » (l.  24). L’énumération « je le reniais,
2. Effroyables jardins de Michel Quint je l’ignorais, je l’aurais donné au premier orphe-
En piste ! lin » (l.  25) constitue une sorte de crescendo
qui montre que le père est totalement rejeté
Personnage fortement typé, le clown est à l’ori-
par son fils. Il est un autre, un étranger que le
gine un personnage burlesque et comique de
narrateur observe comme un spectateur. Le
l’univers du cirque. Il a pourtant vu son image
narrateur inclut également sa mère dans ce
être détournée : tout d’abord est apparu le
portrait : « Je haïssais ma mère de le mettre au
clown triste (le clown blanc est par ailleurs
lit, de lui essuyer le front en lui murmurant des
proche du nostalgique Pierrot lunaire) ; puis des
tendresses » (l. 26-27). Le verbe « haïr » traduit
personnages de clowns maléfiques qui utilisent
la colère de voir sa mère éprouver de l’affection
l’attrait qu’ils exercent auprès des enfants ou
pour son père dont il a terriblement honte.
de la population pour commettre des méfaits
(pensons au clown maléfique présent dans Bat- 5.  Le narrateur exprime sa frustration vis-à-vis
man, dénommé « le Joker »). d’un père absent, qui ne s’occupe pas de sa famille
(évocation du samedi « bousillé » [l.  28] et du
1. On utilisera le guide de lecture pour montrer
« jeudi » [l. 29], jour sans école). Par ailleurs, il ne
que cet extrait déjoue les attentes du lecteur.
comprend pas la finalité du passe-temps de son
Alors que le narrateur précise que son père est
père, son intérêt de se déguiser en clown. Sans
instituteur, rôle social sérieux, il met en évi-
doute ne supporte-t-il pas non plus le décalage
dence son goût pour le déguisement en clown.
entre son métier d’instituteur « de son état »
Il exprime sa honte envers son père puisque le
(l. 1) et le respect qui lui est attaché et le côté pit-
clown est présenté négativement.
toresque de sa transformation en clown qui ins-
2.  Le narrateur fait un portrait négatif de son pire le rire et qui semble le dévaloriser (il rentre
père. Il emploie le verbe « s’exhiber » (l. 2) qui « ivre »). Enfin, peut-être manifeste-t-il un sen-
traduit la honte qu’il ressent, mais également timent de trahison par rapport aux relations
l’expression « une couleur trouble » (l.  5) qui entretenues avec les femmes de l’assistance :
montre son incompréhension. L’emploi d’un « il mourait surtout d’amour » (l. 16-17).
lexique familier (« larges tatanes » [l. 2-3], « pif
rouge » [l. 3], « tout un fourbi bricolé » [l. 3]) et   créative
de termes évaluatifs (« affublé » [l. 6], « numéro 6. Cette activité permet aux élèves de convoquer
pathétique », [l.  10], « niais solitaire », [l.  10]) les marques du discours direct en écrivant un
traduit le mépris que ressent l’enfant face aux dialogue, mais également d’apprendre à trouver

séquence 3  La famille, les amis au cœur de l’écriture  37


des arguments, à les développer et à les enchaî- Lecture Comment nos proches
ner afin d’éviter un dialogue de sourds. Elle per- peuvent-ils nous protéger ?
mettra également de s’assurer que les élèves ont p. 54
compris les différentes personnalités des per- Les textes de Michel Tremblay et de Philippe
sonnages. Enfin, elle les incitera à formuler des Grimbert abordent une dimension plus posi-
hypothèses explicatives sur les raisons de l’atti- tive des relations familiales – la famille comme
tude du père. source d’épanouissement – bien que l’extrait de
Culture + Philippe Grimbert dévoile une distance entre le
La lecture en intégralité d’Effroyables jardins père et son fils. Le père peut devenir, contraire-
permettra aux élèves d’apprendre la vérité sur ment à la double page précédente, protecteur
les raisons du déguisement du père en clown : pour le narrateur de « Sturm und Drang » ; un
la Résistance pendant la Seconde Guerre mon- frère peut devenir un modèle à suivre pour le nar-
diale, l’attentat du transformateur, la rencontre rateur d’Un secret. Ces deux extraits permettront
avec Bernd le soldat allemand qui les surveille au d’interroger le pacte autobiographique (la véra-
fond du trou et qui fait le clown pendant la garde cité du récit et la sincérité du scripteur) par leur
afin qu’ils oublient leur sort. Le père se déguise construction.
en clown en hommage à Bernhard Wicki et aux
horreurs de la guerre. 1. « Sturm und Drang » de Michel
Tremblay
Le coin des mots
En piste !
Deux autres mots formés sur le mot grec pathos :
« pathétiquement » (d’une manière pathé- On attend des élèves qu’ils énumèrent les peurs
tique) et « pathologie » (science qui étudie les qui peuvent alimenter l’enfance afin d’en établir
une typologie et d’en identifier les raisons, puis
maladies, les effets qu’elles provoquent). Les
qu’ils listent les réactions possibles pour s’inter-
deux phrases sont les suivantes : Je suis tombé
roger sur le rôle de la famille et des proches.
pathétiquement devant toute la cour. Ce patient
a une pathologie rare. 1. On utilisera le guide de lecture pour faire per-
cevoir aux élèves la figure du père protecteur.
Je fais le point 2. Le sentiment dominant de l’enfant au début
Le narrateur de Vipère au poing manifeste de l’in- du texte est la peur de l’orage. On trouve une
compréhension envers son père qu’il juge faible association des champs lexicaux de la peur :
« dangereux » (l. 2), « terroriser » (l. 3) ; et de
car incapable de s’opposer à sa femme alors qu’il
l’orage : « La pluie », « les éclairs éclataient »,
en perçoit les manœuvres, et de prendre le parti
« tonnerre » (l.  1). Le sentiment dominant
de ses enfants contre ce qu’ils nomment « l’in-
à la fin du texte est celui de la sécurité et de
justice ». Il procède par ruse en se dénonçant la confiance. Ce renversement apparaît dès la
afin que son père prenne la mesure de la puni- première phrase, articulée autour de l’oppo-
tion décidée par Mme Rezeau et décide d’agir en sition introduite par le mot « mais » : « mais
levant la punition. plus rien ne semblait dangereux » (l. 3-4). À la
Le narrateur d’Effroyables jardins éprouve de première partie de la phrase sur la menace de
l’incompréhension envers son père parce qu’il l’orage, s’oppose la seconde partie qui décrit
lui manque des éléments du passé, la vérité sur un sentiment de sécurité absolue : « plus rien
ce qui s’est déroulé pendant la Seconde Guerre ne semblait dangereux […] rien ne m’arrive
mondiale expliquant cette volonté d’être ! » (l.  3-5). La reprise d’insistance exclama-
déguisé en clown. Il évoluera au cours du récit tive (« Rien ne pouvait m’arriver ! », l.  6) et
apprenant à ne pas se fier aux apparences. Son le champ lexical de la sécurité (« Protégé »,
incompréhension se manifeste par de la honte « invincible », l. 7), renforcent ce sentiment de
et du mépris envers son père. confiance inspirée par le père.

38 THème 2 5e • Avec autrui : familles, amis, réseaux


3. La raison de ce changement est la présence du yyÉtape 1 : choisir un épisode important de
père médiateur qui provoque un retournement son enfance qui a permis d’apprendre quelque
complet : le sentiment de sécurité est d’autant chose. Par exemple, la première bêtise que l’on
plus grand que celui du danger était fort. a faite.
4. L’auteur est fortement impliqué dans ce qu’il yyÉtape 2 : se remémorer les sentiments qui ont
écrit. Le choix de raconter cet épisode révèle accompagné cet événement et leur évolution.
son importance : tout autant qu’un retour dans Par exemple, la joie que l’on a ressentie puis la
le passé, c’est aussi un travail sur le présent que crainte d’être puni.
l’auteur effectue. Il donne rétrospectivement un yyÉtape 3 : identifier un membre de la famille et
sens à cet événement qui aurait pu n’être qu’une le rôle qu’il a joué, ainsi que l’apprentissage qu’il
banale anecdote. Le texte manifeste une discrète a permis. Par exemple, le rôle du père, de la mère,
distanciation dans le regard que porte l’auteur sur d’un grand frère ou d’une grande sœur.
l’enfant qu’il a été : le recul de l’adulte est d’une
yyÉtape 4 : rédiger le texte en imitant le style
part nécessaire pour affirmer qu’il était « l’enfant
de Michel Tremblay : présence d'un narrateur
le plus heureux du monde » (l.  9). Par ailleurs,
interne à l'histoire, déroulement chronologique
l’emploi de la modalisation instaure une mise à
(exposition de la situation, exaltation de l’en-
distance par rapport à la scène vécue : « qu’on
fant, fin de l’action, morale de l’histoire, emploi
prétendait si dangereux » (l. 1-2), « qui aurait dû
du passé simple) ; présence d’un personnage fort
me terroriser » (l.  3). L’auteur porte un regard (le père, la mère ou le grand frère) ; fin abrupte, à
bienveillant sur le père, sorte de héros antique, la manière d’une chute, qui énonce brièvement
intermédiaire entre les hommes et les puissances la morale ; regard distancié du narrateur adulte
naturelles. Il représente la protection physique sur le narrateur enfant par l’emploi de la moda-
puisqu’il prend son fils dans ses bras (« j’étais […] lisation.
dans les bras de mon père », l.  4) ; la force psy-
chologique puisque la volonté du père rassure
l’enfant (« par la seule force de sa volonté, faisait 2. Un secret de Philippe Grimbert
en sorte que rien ne m’arrive », l. 4-5). Les verbes En piste !
associés au père sont quasiment tous des verbes
Cette question vise à faire émettre des hypo-
d’action : « faisait » (l.  5), « affrontait » (l.  8),
thèses de lecture aux élèves sur le contenu du
« entonna » (l.  11). Le bonheur est partagé par
roman favorisant l’entrée dans la lecture de l’ex-
le père et le fils. À l’amour du père répond celui
trait proposé.
de l’enfant : « C’était faux, pas très joli, mais c’était
aussi le plus beau concert de l’univers » (l. 13). 1.  On utilisera le guide de lecture pour faire
exprimer aux élèves le paradoxe du texte : alors
5. Le récit est mis en scène avec une fin abrupte,
qu’il se dit « fils unique » (l. 1), le narrateur pré-
à la manière d’une chute, qui énonce brièvement
cise qu’il a eu un frère. Cependant ce frère est
une leçon sans commentaires, et laisse le lecteur
invisible. L’adverbe « longtemps » (l. 1) et le mot
tirer sa propre conclusion : « Jure-moi que t’auras
« fable » (l. 2) suggèrent qu’il peut être le fruit
plus jamais peur d’un orage électrique » (l.  18).
de son imagination.
Cette scène prend une signification profonde : le
père révèle à son fils non seulement la beauté du 2. Le narrateur ressent un certain mal-être dans
monde, mais plus encore il lui fait éprouver la joie sa famille : il dort mal, il est agité par « de mauvais
fondamentale d’assister aux merveilles de la nature rêves » (l. 13). Il pleure dès qu’il se retrouve dans
incarnées par les éléments (pluie/eau, vent/air, l’obscurité comme si un secret pesait sur lui :
éclair/feu). Le père donne ici une véritable leçon « j’ignorais à qui s’adressaient ces larmes qui tra-
de vie : comment surmonter ses peurs ? versaient mon oreiller » (l. 13-14). La nuit consti-
tue ici la métaphore du secret, par opposition à
  créative la lumière et à la vérité. Il est également envieux
6. On peut proposer aux élèves de procéder par de ses camarades qui ont un frère : « J’étais
étapes : toujours envieux, en visite chez  un  camarade,

séquence 3  La famille, les amis au cœur de l’écriture  39


quand s’ouvrait la porte sur un autre qui lui res- accompagne ; arrêter une position commune
semblait quelque peu » (l. 4-5). Sa réaction tra- sur la compréhension ou non de ce besoin ;
duit son envie de partager son quotidien et ses identifier trois arguments qui expriment cette
sentiments, notamment son besoin d’amour. position commune, les expliciter, les exemplifier,
Il  témoigne enfin d’un manque de confiance puis les classer par ordre d’importance.
en lui, de fragilité et de peur, comme le montre y Étape 2 : travailler un écrit préparatoire.
son attitude dans la cour de récréation : « Long- Pour éviter que les élèves ne lisent leur produc-
temps mon frère m’a aidé à surmonter mes tion, on leur conseillera de réaliser une carte
peurs » (l. 19). mentale.
3.  Le narrateur désire un frère pour partager y Étape 3 : travailler l’expression orale.
une intimité, se rassurer, surmonter ses peurs et Le professeur devra au préalable préparer une
réussir (trouver les bonnes réponses à l’école). liste de critères qui seront définis en commun :
Ce frère constitue une sorte de modèle à suivre, l’articulation ; le débit ; la correction syntaxique ;
un guide pour le narrateur : il est semblable aux la précision lexicale ; le niveau de langue.
« rebelles » (l.  24), aux « héros » (l.  24), aux
« conquérants » (l. 25). Je fais le point
4. Les qualités du frère mises en avant dans l’ex- Le narrateur de « Sturm und Drang » sur-
trait sont la force (« franchir les obstacles », monte l’épreuve grâce à la volonté du père qui
l.  21) ; le savoir (l.  22-23) ; l’invincibilité qui en le rassure et lui redonne confiance. Le narrateur
fait presque un héros au sens mythologique du d’Un  secret s’invente un frère imaginaire pour
terme « Insurpassable » (l. 28). surmonter sa solitude.
5.  La dernière phrase du texte comporte trois Dans l’extrait de Michel Tremblay, la famille est
propositions : la première porte sur le frère ima- source d’épanouissement. Le père a un regard
ginaire avec l’emploi de l'apposition (« Insurpas- bienveillant et protège physiquement son fils
sable, il l’emportait dans toutes les disciplines », en le prenant dans les bras. Il lui donne une
l. 28) qui met en relief ses qualités, notamment véritable leçon de vie en lui révélant la beauté
par l’usage du déterminant indéfini « toutes ». La de la nature du monde et la joie qui en résulte.
seconde proposition porte sur le narrateur et met En revanche, dans l’extrait de Philippe Grimbert,
en évidence une opposition avec son frère par la famille est source de tension. Le narrateur se
l’emploi du terme « fragilité ». La dernière propo- retrouve dans une forme de solitude, sentant le
sition porte sur le regard du père et nous révèle sa poids du regard de son père. Ce dernier ne mani-
déception face à ce fils fragile. On comprend donc feste pas d’amour pour son fils.
un peu mieux la tristesse qui anime le narrateur,
son manque de confiance en lui provenant d’un
Le coin des mots
manque d’amour du père pour son fils. Les mots de la même famille que « fable » sont
un fabliau (un court récit en vers appartenant à la
Oral   littérature médiévale) ; un fabulateur (quelqu’un
6.  Comment construire et exposer une qui raconte des événements fictifs présentés
réponse face à un groupe ? comme réels) ; la fabulation (le récit imaginaire
Cette question doit amener les élèves à s’interro- présenté comme réel) ; fabuleux (qui appartient
ger sur les circonstances qui amènent à s’inven- à la fable, au merveilleux antique) ; fabuler/affa-
ter un être fictif : le fait d’être enfant unique, le buler (élaborer des récits imaginaires) ; l’affabilité
besoin de se confier, la nécessité d’être soutenu, (caractère accueillant, écoute des autres) ; affable
d’être aidé dans ses activités quotidiennes, etc. (qui accueille et écoute les autres) ; ineffable (qui
y Étape 1 : planifier la réponse. ne peut ou ne doit être exprimé par des paroles).
Réfléchir aux situations qui peuvent provoquer Culture +
ce besoin, aux conséquences positives et néga- La lecture intégrale du roman permettra aux
tives de l’invention d’un être fictif qui nous élèves de découvrir qu’il ne s’agit pas d’un secret

40 THème 2 5e • Avec autrui : familles, amis, réseaux


mais de secrets sur la judéité du narrateur : l’his- sa présence aux bateaux qui passent au large et
toire familiale est dévoilée (les couples Maxime/ donc d’entretenir l’espoir, de fédérer le groupe
Hannah, Tania/Robert, l’existence de Simon autour d’une cause commune. Il est réfléchi et
issu de l’union de Maxime et d’Hannah, la dis- fait preuve de bon sens.
parition d’Hannah, de Simon et de Robert), et Jack au contraire, ne pense qu’à la survie et à la
en particulier le geste suicidaire d’Hannah qui satisfaction des besoins physiques et immédiats :
provoque son arrestation et celle de son fils, le assouvir la faim par la chasse. Il est plus irréfléchi,
véritable frère du narrateur, ainsi que les circons- n’obéit pas aux ordres et est centré sur lui-même.
tances de leur mort le lendemain de leur arrivée 3. Dans le photogramme (document 2), l’affron-
à Auschwitz. tement entre les deux personnages est marqué
par leur attitude (ils sont face à face et la tête
haute) : leurs regards qui ne se quittent plus,
Lecture  Quelle place prendre au sein leur position de part et d’autre de la lance fonc-
du groupe ? p. 56 tionnant comme une séparation. Les visages
Les deux extraits et le document iconographique sont tendus, les corps redressés ; la tension est
de la séance abordent les relations complexes palpable. Le décor participe à l’ambiance avec la
qui s’opèrent au sein d’un groupe. Ils permettent présence de rochers, de matériaux durs. La scène
d’envisager une autre dimension de la relation évoque un duel, avec la présence de Porcinet
à autrui : celle de la difficile intégration dans un entre Ralph et Jack qui a le rôle d’arbitre.
groupe, du regard des autres, du combat néces- 4. Dans le texte de Fred Uhlman (document 3),
saire pour ses valeurs (Sa Majesté des Mouches) Hans est victime de la montée du nazisme et
ou pour ses origines (L’Ami retrouvé). des humiliations et vexations envers les Juifs
qui l’accompagnent. Il répond à un acte de pro-
1. Sa Majesté des Mouches de William vocation de la part de Bollacher par le combat
Golding et la résistance : « C’était vaincre ou mourir. »
2. L’Île oubliée de Harry Hook (l. 23-24). Conrad ne prend pas parti dans cette
scène. Son absence de réaction est synonyme
3. L’Ami retrouvé de Fred Uhlman de lâcheté puisqu’il ne prend pas la défense de
En piste ! son ami : « Conrad, qui se donnait un air trop
La question cherche à faire objectiver aux élèves occupé pour prêter attention à ce qui se pas-
les raisons pour lesquelles il peut être difficile sait » (l. 14-15). Son silence le range du côté des
de s’intégrer dans un groupe (la différence de nazis : « y compris Conrad » (l. 22).
milieu social, les origines, la personnalité – être Question croisée
timide ou extraverti –, l’opinion des parents sur 5. Au sein d’un groupe, les relations peuvent être
des membres du groupe, etc.) et d’en établir une conflictuelles : soit par négligence dans le cas de
typologie. Sa Majesté des Mouches, soit par adhésion à une
1.  On utilisera les guides de lecture du texte et idéologie totalitaire dans le cas de L’Ami retrouvé.
de l’image pour faire percevoir aux élèves que, Les individus qui défendent des causes justes se
dans ces différents documents, il y a confronta- retrouvent rapidement seuls, sans soutien véri-
tion entre un individu et un autre individu ou table de la part du groupe. Mais ils se défendent
un groupe d’individus. Les motifs peuvent être la et tâchent de défendre leurs causes. Les person-
désobéissance à un ordre pour satisfaire une envie nages à qui ils sont opposés sont le plus souvent
personnelle (Sa Majesté des mouches de William porteurs de valeurs négatives (l’exaltation, la
Golding) ou la haine raciale qui oppose des indivi- satisfaction personnelle, l’adhésion à une idéo-
dus à un autre (L’Ami retrouvé de Fred Uhlman). logie totalitaire). Ils utilisent la  violence et l’in-
2.  Dans le texte de William Golding (docu- timidation. D’autres personnages, Conrad par
ment  1), Ralph se veut responsable et pré- exemple, ne prennent pas position par lâcheté
voyant : l’entretien du feu permet de signaler et se rallient à la loi du plus fort.

séquence 3  La famille, les amis au cœur de l’écriture  41


Je fais le point
Macha est une adolescente comme l’indique
Les difficultés au sein d’un groupe sont dues à l’accord des adjectifs qualificatifs attributs du
l’attitude d’un membre qui ignore délibérément sujet « vive » et « rieuse » (paragraphe 3). Elle
les consignes de son chef (l’entretien du feu est à l’opposé de Sacha : elle aime s’ouvrir aux
dans Sa Majesté des Mouches) et qui s’oppose à autres mais également les analyser. Elle témoigne
celui qui incarne le pouvoir ou à une opposition d’une joie de vivre. Elle garde néanmoins une
idéologique (la montée du nazisme dans L’Ami part de secret.
retrouvé). Aucun membre du groupe n’inter- 2.  Les thèmes d’échange entre Macha et Sacha
vient pour faciliter le règlement du conflit. Les sont les suivants : dans le courriel qui précède,
auteurs en rendent compte dans la mise en Macha a donné des détails personnels sur elle-
scène du récit qui se caractérise par la présence même, puis elle a brossé le portrait de Sacha, elle
du dialogue qui donne au lecteur les pensées et termine par une question ouverte. Dans le courriel
croyances des personnages tout en illustrant qui suit, Macha répondra à la question de Sacha
cette idée d’opposition ; le choix d’actions signi- « Es-tu triste parfois, Macha ? » (paragraphe 3), et
ficatives comme la marque de sang que se fait elle réagira au portrait brossé par Sacha. Elle pourra
Jack ou le bout de papier imprimé par Bollacher ensuite aborder des thèmes plus personnels : les
qui révèlent l’attitude et la mentalité des per- relations amoureuses, ses goûts, ses valeurs, ce qui
sonnages. la révolte ou l’enthousiasme…
Culture + vidéo
3.  Les courriels doivent témoigner de l’envie
Le clip de Miossec permet de s’interroger sur partagée par les deux adolescents de mieux se
le thème de l’amitié : que deviennent les amis connaître, ce qui participe au jeu de mystère et
si leurs projets et leurs rêves se concrétisent ? de séduction entrepris.
L’amitié demeure-t-elle malgré le temps et
l’éloignement ? Les vrais amis, ce sont ceux que 4.  La forme du courriel devra être respectée
l’on n’a jamais quittés : « À la vie, à la mort », avec notamment des adresses mails et des dates
comme le dit la chanson. Miossec a voulu illus- d’envoi.
trer cette idée en inversant les rôles : les enfants y Étape 2 : rédiger intégralement le courriel.
prennent la place des adultes pendant que les 5.  Une fois les thèmes décidés au sein du
plus âgés retournent à l’école. binôme et la personnalité des personnages
définie, chaque membre du groupe prend en
charge la rédaction d’un courriel. L’intérêt du
Nouer des rel@tions sur travail par groupe de deux est le partage des
les réseaux sociaux tâches (chaque membre du binôme rédige un
Atelier Savoir correspondre dans courriel à partir d’une préparation commune)
le cadre des réseaux sociaux et la relecture conjointe qui sera plus efficace
Cette activité a pour objectif d’articuler lecture en termes de propositions d’amélioration.
et écriture, puisque la rédaction des deux cour- 6. 7.  Les courriels produits font l’objet d’un
riels ne peut se faire que si les élèves ont prélevé échange au sein du binôme afin que le nouveau
suffisamment d’indices sur les personnages, leurs lecteur puisse identifier des erreurs de com-
personnalités, leurs relations et sur les thèmes et préhension sur les thèmes ou le caractère des
les enjeux de leur correspondance. personnages, faire des propositions d’évolution
y Étape 1 : préparer le brouillon. des écrits en vue d’une réécriture et réviser les
1.  Sacha a le goût du secret, il est pudique. Il textes du point de vue de l’orthographe et de la
éprouve un certain malaise que Macha l’ait ana- syntaxe.
lysé. Il entre dans le jeu de Macha et se met à y Étape 3 : recopier la scène rédigée.
son tour à l’analyser à partir des détails qu’elle lui 8. 9. Une dernière révision portant sur la cohé-
donne. Il révèle une certaine tristesse. Il semble rence du texte et la partie linguistique sera
renfermé sur lui-même. menée par le binôme.

42 THème 2 5e • Avec autrui : familles, amis, réseaux


Oral Portrait de famille lumière douce et dorée que reflètent les riches
Atelier Créer et expliquer un choix dorures des boiseries.
artistique • Le tableau d’Edgar Degas représente sa tante
paternelle, Laure, son époux le baron Bellelli, un
y Étape 1 : à la rencontre des œuvres. patriote italien chassé de Naples et vivant en
1.  Les élèves prendront un temps individuel exil à Florence et leurs deux filles, Giula et Gio-
de découverte des tableaux et relèveront des vanna qui ont sept et dix ans en 1860. Ce tableau
éléments objectifs et concrets qui leur permet- évoque ceux des maîtres flamands, Antoine Van
tront de justifier leurs impressions et le choix du Dyck en particulier.
tableau qui les touche le plus. 3. • Le tableau Famille de paysans dans un inté-
• Le tableau Famille de paysans dans un inté- rieur représente différents personnages placés
rieur de Louis Le Nain représente trois généra-
autour d’une petite table : la mère, sans doute,
tions d’une famille de paysans réunies près d’une
assise devant l’âtre, tenant une cruche posée
cheminée. Le peintre semble donner une dignité
sur ses genoux et un verre de vin rempli aux
morale, voire religieuse au travers de la pose des
trois quarts ; le père, assis derrière la table ; une
personnages.
fillette à droite, debout et placée de profil ; un
• Le tableau Le Déjeuner de François Boucher petit garçon assis les jambes allongées près d’un
montre une famille bourgeoise qui pourrait être
celle de l’artiste. Il nous décrit une scène de vie petit chat à demi caché par une marmite posée
quotidienne, une scène de la vie privée. sur le sol ; un jeune garçon au centre, pieds nus,
• Le tableau La Famille Bellelli d’Edgar Degas jouant de la flûte. On peut apercevoir en arrière-
concourt à instaurer un climat de malaise par plan une cheminée devant laquelle trois autres
son format imposant, les couleurs sobres, les enfants font un peu bande à part puisqu’ils
jeux de perspective avec la présence de la porte observent l’âtre.
et du miroir et par le portrait des personnages • Le tableau Le Déjeuner représente madame
(des visages fermés, des habits de deuil). Boucher assise à droite, le peintre en arrière-plan
tenant une cafetière, leurs enfants et la sœur du
y Étape 2 : construction des connaissances.
peintre assise à gauche donnant à manger à la
2.  On utilisera le guide de lecture de l’image
fillette.
pour analyser les différents tableaux :
• Le tableau de Louis Le Nain ne représente pas • Le tableau La Famille Bellelli représente la
baronne portant le deuil de son père récem-
un véritable repas du fait que la table n’est pas
ment décédé, dont le portrait est représenté à
servie, mais constitue plutôt une évocation de
travers le petit croquis sur le mur, juste à côté du
la nourriture puisque sont seulement illustrés le
visage de sa fille. Elle semble digne et elle tranche
pain, le vin et le sel. Les couleurs assez uniformes
et sombres donnent l’occasion au peintre de avec l’effacement relatif du père. Seule la posi-
mettre en évidence la lumière qui vient aussi tion presque ludique de la fillette brune, croi-
bien de l’intérieur avec le feu de cheminée que sant une jambe sous ses jupes, contraste avec la
de l’extérieur. pesanteur de l’atmosphère ; tandis que sa sœur
• Le tableau de François Boucher présente semble déjà prisonnière des conventions des
une scène de petit déjeuner : dans un salon adultes.
élégant, la famille est occupée à prendre du 4. • Dans le tableau Famille de paysans dans un
café, produit de luxe récemment importé. On intérieur, les personnages dirigent leurs regards
y voit la place prise par cette nouvelle boisson vers le spectateur. Ces regards sont graves et
(la cafetière est mise en valeur au centre de nobles ce qui leur donne de l’ampleur et de la
l’image). Le tableau décrit en détail un inté- présence.
rieur bourgeois de style rococo : meubles, • Dans le tableau Le Déjeuner, les rapports entre
objets, soieries, dentelles. Cet intérieur aux les personnages, les échanges de regards, la fil-
couleurs harmonieuses et délicates de bleu, lette tournée vers le spectateur expriment cette
de vert, d’ocre et de rouge, est nimbé d’une recherche de simplicité, d’une intimité réelle.

séQuence 3 La famille, les amis au cœur de l’écriture 43


• Dans le tableau La Famille Bellelli, le visage de propriétés. Ce sera l’occasion d’introduire les
la mère affiche une autorité un peu sévère tout notions des verbes transitifs et intransitifs, tran-
comme celui de la fillette blonde d’une grande sitifs directs et indirects. En orthographe, l’ac-
blancheur. Ils expriment un climat de malaise. cord du verbe avec son sujet à un temps simple
sera abordé. Enfin, en vocabulaire, le champ
5.  • Dans le tableau Famille de paysans dans
sémantique du verbe et les mots de la famille
un intérieur se dégage l’image d’une famille
seront traités.
unie, digne, porteuse de valeurs et exemple de
vertu. L’identification de la classe du verbe
•  Le tableau de François Boucher donne l’image et de ses propriétés
d’un moment simple et heureux, celui que pro- J’observe
curent l’intimité familiale et la dégustation de 1. a. Les verbes sont les suivants :
boissons nouvelles telles que le café. a. « rit ». b. « guette ». c. « semble ». d. « a
•  Le tableau d’Edgar Degas évoque les tensions voulu ». e. « marchant » ; « est tombé ». f. « a
familiales qui murent chacun des personnages apporté ».
dans leur solitude. b. Les questions peuvent être : Quel mot apporte
yyÉtape 3 : pratique artistique. une information au sujet ? Quel mot de la phrase
6.  Les élèves doivent décider de leur propre varie quand on change de personne ? Quel mot
conception de la famille puis faire un choix de de la phrase varie quand on change de temps ?
support. Ils imagineront les différents éléments c. On constate que le verbe est variable : il change
de leur composition qui représenteront leur en fonction des personnes et des temps.
vision de la famille. a. Les garçons riaient. b. Les chats ont guetté la
yyÉtape 4 : présentation orale. souris. c. Nous semblâmes malades. d. Paul et
7.  Pour faciliter la présentation, le professeur Virginie voudront prendre leur cahier. e. En mar-
pourra conseiller aux élèves de préparer un chant, tu étais tombé. f. Vous nous apporterez
texte ou une carte mentale comme support notre déjeuner.
de leur exposé. La présentation orale veillera à 2.  a. Les compléments sont construits directe-
respecter les différentes étapes indiquées : l’ob- ment avec le verbe, ils sont compléments d’ob-
jectif poursuivi, l’explication du support et des jet. Les verbes sont donc transitifs directs.
éléments qui le composent. On fera attention à
b. Les verbes ne sont pas suivis d’un complément
la qualité de l’articulation, du débit et de la cor-
de verbe ou complément essentiel (la phrase e.
rection syntaxique, et à l’adaptation du niveau
comporte un complément de phrase). Ils sont
de langue au public visé. On soulignera la pos-
donc intransitifs.
sibilité de faire varier les discours en scénarisant
sous forme de dialogue ou d’interview. Enfin, c. Le verbe employé est un verbe d’état. Ils créent
on insistera sur la possibilité d’inclure, s’ils le une sorte d’identité entre le thème et le prédi-
veulent, de la musique ou des bruitages. Le pro- cat. On ne peut supprimer l’adjectif qualificatif
fesseur privilégiera les échanges entre le groupe « malade ». Il s’agit donc d’une construction
qui a conçu l’objet artistique et la classe, par attributive.
une écoute réciproque, une qualité de réponse 3. Les propriétés du verbe sont les suivantes :
aux questions posées et une explicitation des –  Il est le noyau de la phrase ;
choix faits et de la conception sous-jacente de –  Il fait le lien entre ses différents constituants ;
la famille. –  Il apporte au sujet (le thème) une information
nouvelle (le prédicat) ;
– Il a une construction transitive (transitive
Langue  La grammaire pour lire, écrire directe ou indirecte), intransitive ou attributive.
et parler Je m’entraîne
En grammaire, il s’agit de faire travailler les élèves 4.  Les verbes sont : « revenais », « traînant »,
sur l’identification de la classe du verbe et de ses « me servais », « m’arrêtai », « reprendre »,

44   Thème 2  5e • Avec autrui : familles, amis, réseaux


« faisait », « resplendissait », « brillait », •  « avaient » : le sujet est « les grands » rem-
« était » et « tenta ». On les a identifiés car le placé par le pronom « ils ». C’est la 3e personne
verbe varie en fonction du temps et de la per- du pluriel.
sonne employés. •  « est » : le sujet est « c’ ». C’est la 3e personne
5. a. Le chien aboya. b. Le père gronde son enfant. du singulier.
c. Toutes les heures, à l’aéroport d’Orly, un avion Je m’entraîne
décolle. d. Il distribue des bons points aux élèves. 9. Les sujets sont soulignés.
e. Il parle de sa vie aux auditeurs. f. Dès l’aube, il a. Je me demande où vivent ces animaux
part en campagne. g. La souris a été mangée par étranges. – b. Dans cette vallée, coulaient deux
le chat. ruisseaux aujourd’hui à sec. – c. Où ira Julie au
Le champ sémantique des verbes mois d’août ? – d. C’est ici que se rencontrèrent
J’observe mon père et ma mère pour la première fois. –
6. a. a. B. – b. F. – c. G. – d. I. – e. L. – f. I. – g. A. e.  Quand viendront le soleil et les premières
– h. E. – i. J. – j. K. – k. D. – i. C. – m. E. – n. H. chaleurs, j’irai à la piscine découverte. – f. Quand
finira ce bruit assourdissant et strident ? – g. Je
b. Le verbe « jouer » change de sens en fonction ne sais pas si nous serons présents à la récep-
de sa construction. tion. – h. Tu les voyais tous les jours mais ce ne
c. Le verbe « jouer » a une construction transi- sera plus le cas. – i. Sans doute pense-t-il être
tive indirecte. reçu par le maire ? – j. Ses parents ont téléphoné
d. Les trois expressions courantes comprenant le pour le prévenir.
verbe « jouer » sont : jouer le jeu (accepter les 10. a. Tu les leur distribueras demain. – b. Je
règles du jeu) ; jouer au plus fin (user de finesse, vous interdis de lui en parler. – c. Il faut que tu
d’adresse pour venir à bout de ses adversaires) ; nous expliques cette étrange aventure. – d. Elle
jouer le tout pour le tout (prendre un maximum les regarde de travers. – e. Elles lui accordent
de risques). sa permission. – f. Ils me parlent souvent de
Je m’entraîne leurs amis italiens. – h. Elle les lui donnera
7. a. Lier ses actes et ses principes – b. Accep- plus tard. – i. Il est nécessaire qu’elle le prenne
ter de rencontrer quelqu’un – c. Reconnaître le avec nous. – j. Nous le lui préciserons s’il nous
bien fondé, la vérité d’une parole – d. Octroyer rejoint. – k. Il a exigé qu’il les lui présente avant
sa confiance à quelqu’un – e. Concéder, recon- toutes choses.
naître – f. Faire l’accord du verbe selon les règles 11. a.  oublierai – rentrais – étaient – avaient
de la syntaxe – g. Harmoniser un instrument fait – était – aperçus – semblait – ralentis –
de musique, se mettre d’accord sur une version avais – fallait –eût été – eût pu – eus rattrapé –
des faits – h. Établir une entente entre des per- retourna – sourit – serra – est – dit – me rendis
sonnes d’avis divergent – i. Promettre sa fille en compte – était – avait.
mariage – j. S’offrir un peu de temps de détente. b.  Les verbes conjugués au passé simple sont :
L’accord du verbe avec son sujet à un « aperçus », « ralentis », « retourna », « sou-
temps simple rit », « serra », « dit », « me rendis compte ».
Les terminaisons possibles sont : –s (1re personne
J’observe
du singulier), –a et –t (3e personne du singulier).
8.  •  « cessait » : le sujet est « Ari ». C’est la
3e personne du singulier. c. L’auxiliaire « avoir » est conjugué au subjonc-
•  « rappelait » : le sujet est toujours « Ari » tif plus-que-parfait. Il prend donc un accent cir-
remplacé par le pronom « il ». C’est la 3e per- conflexe sur le u afin de le distinguer du passé
sonne du singulier. simple.
•  « ont l’air de » : le sujet est « les adultes ». Les mots de la famille
C’est la 3e personne du pluriel. 12.  a. Le mot « famille » est un mot d’origine
•  « éprouve » : le sujet est le pronom « on ». latine : familia. Chez les romains, ce terme
C’est la 3e personne du singulier. désignait une réunion de serviteurs, d’esclaves

séquence 3  La famille, les amis au cœur de l’écriture  45


appartenant à un seul individu ou attachés à un •  En sciences de la vie et de la terre, en bota-
service public. nique et en zoologie, le mot désigne des groupes
b.  Les autres sens du mot sont : toutes les per- liés par des caractères communs.
sonnes dont les serviteurs habitant dans un e. •  avoir un air de famille : ressembler à un autre
même lieu ; en Italie, l’ensemble des personnes membre de la famille •  un fils de bonne famille :
qui travaillent au service d’un homme influent et une famille occupant un rang important dans la
qui s’occupent de sa maison ; toutes les personnes société.
qui ont les mêmes liens du sang ; l’ensemble de
l’humanité ; la descendance ; les membres d’un f. Je l’ai reconnu à son air de famille : il ressemble
même ordre social (une famille noble, bour- comme deux gouttes d’eau à son père. C’est un
geoise) ; les religieux appartenant à une même fils de bonne famille : il a réussi à entrer au minis-
confrérie ; les philosophes appartenant à un tère des Affaires étrangères.
même courant de pensée ; dans le domaine lexi- 13. a. •  Familial ; familiariser ; familiarité ; fami-
cal, l’ensemble des mots ayant le même radical. lièrement.
c. Le sens a évolué des esclaves (ceux qui appar- b. •  un repas familial : qui réunit toute la famille
tiennent à, qui servent à) à ceux qui vivent sous • se familiariser avec un sport : s’habituer à ce
le même toit, pour ensuite définir ceux qui sont sport, le pratiquer et en apprendre les rudi-
attachés à une maison. Le terme a désigné plus ments • avoir de la familiarité avec quelqu’un :
tard des personnes d’un même sang, puis des être proche de la personne •  s’exprimer familiè-
personnes d’un même ordre ou d’une même rement : utiliser du langage familier.
classe avec une idée d’appartenance. 14.  a. une confiance fraternelle b. une mala-
d.  •  En mathématiques et plus précisément en die génétique c. une lutte fratricide d. un ami
géométrie, le mot désigne un ensemble de sur- familier e. une entreprise familiale f. un héritage
faces caractérisées par une propriété commune. ancestral.

46   Thème 2  5e • Avec autrui : familles, amis, réseaux


thème 2 Vivre en société, participer à la société
5e – Avec autrui : familles, amis, réseaux

Séquence La comédie des conflits familiaux


4 Les Fourberies de Scapin de Molière

Fil directeur de la séquence


Cette comédie de Molière est une œuvre classique de l’enseignement du collège : il arrive parfois
que nous l’abordions souvent en nous attachant principalement à la mise évidence de la structure
de la pièce, ce qui nous éloigne parfois du cœur même de l’œuvre, un conflit de génération et
une histoire d’amour. Notre proposition de séquence s’attache donc à répondre à la probléma-
tique suivante : comment la comédie s’empare-t-elle d’un conflit familial ? L’objectif n’est donc pas
d’analyser la structure mais de montrer aux élèves toutes les tensions qui sont mises en œuvre dans
la pièce de Molière et comment, à travers des scènes de comédie et de farce, la pièce, sans écarter
la gravité du sujet, lance une réflexion véritable sur la société et les relations entre les générations,
sujet encore très souvent d’actualité.

Compétences travaillées dans la séquence


Langage oral Écriture
Dans les pages de lecture… Dans les pages de lecture…
■Comprendre et interpréter des messages et ■ Exploiter les principales fonctions de l’écrit
des discours oraux complexes X Lister les personnages pour les classer, p. 64
X Visionnage d’extraits vidéo pour mémoriser
En atelier, p. 70
des éléments importants, distinguer l’implicite et ■ Pratiquer l’écriture d’invention et connaître
l’explicite, p. 64
les caractéristiques des genres littéraires :
En atelier, p. 71 X Le théâtre
■ Exploiter les ressources expressives de la parole ■ Adopter des stratégies et des procédures
(voix, respiration, regard, gestuelle et techniques d’écriture efficaces : prise en compte de l’émetteur
multimodales) et du destinataire, de la visée du texte, des
X Mettre en voix, théâtraliser les textes. caractéristiques de son genre ; amélioration de
X Restituer un texte mémorisé en proposant une la qualité du texte en cours d’écriture et lors
interprétation (mise en jeu d’un texte théâtral). de la relecture
X S’enregistrer, se filmer.

Lecture / Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue


■ Lire des textes variés avec des objectifs divers : Dans la rubrique « Le coin des mots »
y Recourir à des stratégies de lectures diverses ■ Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe des
(adapter sa lecture à l’objectif poursuivi, adapter mots
sa lecture aux supports, reformuler) y Analyse du sens des mots p. 65, p. 69
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’observe »,
Dans la double-page langue…, p. 72-73
« Je comprends » ■ Connaître les aspects fondamentaux du
y Formuler des impressions de lecture, percevoir un
fonctionnement syntaxique
effet esthétique
y Fonctionnement de la phrase simple
X Carte mentale « Lire un texte » : « Je lis »,
■ Les types de phrase
« J’écoute », « Je réagis »

séQuence 4 La comédie des conflits familiaux 47


Lecture / Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue

y Reconnaître les implicites et faire les inférences et ■ Maîtriser le fonctionnement du verbe et


hypothèses de lecture nécessaires son orthographe
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’interprète » y Maîtrise de la morphologie
■ Lire et comprendre des images fixes ou mobiles y Mémorisation de formes verbales
X Carte mentale « Lire une image » ■ Le mode impératif
■ Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe
Enjeux culturels
des mots
■ Lire des œuvres littéraires et fréquenter des œuvres
X Analyse du sens des mots p. 73
d’art
X Mise en réseau de mots p. 73
X Développer des connaissances sur le genre théâtral
X Utilisation de différents dictionnaires p. 73
de la comédie au xviie siècle.
X Élaborer une interprétation de textes littéraires.
X Mise en voix et théâtralisation.

Enjeux de formation personnelle


X S’interroger sur la complexité des relations
familiales et voir l’utilité de leurs représentations
littéraires.

Lecture Quelle peut être la source de ce lieu, de transition et donc de transforma-


d’un conflit familial ? p. 64 tion.
Le problème d’Octave est donc le mariage
L’objectif de cette double page est de recen-
annoncé alors qu’il aime une autre femme. Le rire
trer l’étude sur l’intrigue de la pièce, l’histoire
est suscité notamment par le jeu de reprises ver-
d’amour de jeunes gens de statuts sociaux dif-
bales de Sylvestre, porteur du rire ici. L’agacement
férents.
d’Octave montre par ailleurs son état d’anxiété.
En piste ! vidéo On pourra facilement faire apprendre les pre-
Les différents travaux proposés ici sont géné- mières répliques de la pièce aux élèves et ainsi
raux et invitent les élèves à réfléchir à ce qui lancer l’étude de l’œuvre intégrale.
construit une œuvre, et plus spécifiquement On pourrait poursuivre le travail en reprenant
une comédie. toutes les informations données et définir ainsi
• Fourberie est issue du verbe « fourbir » signi- la notion de scène d’exposition.
fiant « voler » ; une fourberie, nom féminin, • Les personnages de la pièce se divisent en deux
signifie « tromperie » (1640) et « disposition à catégories majeures :
tromper » (1655). Ce nom est à mettre en rela- – les vieillards (Argante et Géronte) qui sont de
tion avec l’adjectif actuel « fourbe », « trom- riches commerçants et leurs enfants (Octave,
peur, rusé, malhonnête ». Léandre) ;
Les élèves peuvent donc facilement proposer – les gens du peuple parmi lesquels on compte
des hypothèses de lecture mettant en scène les notamment Scapin et Sylvestre, mais aussi
« exploits » de Scapin confronté à d’autres per- Hyacinte, Zerbinette, Nérine, Carle : on
sonnages. retrouve la thématique maîtres et esclaves.
• Le début de la pièce présente, sous forme On peut également, à partir de cette liste,
de scène d’exposition le problème d’Octave : construire un schéma actanciel tout au long de
son père revient de voyage et souhaite le la pièce sous forme de carte mentale.
marier à la fille de Géronte, un de ses amis. Les On pourra attirer l’attention des élèves sur le
costumes de la mise en scène placent claire- statut particulier de Hyacinte et Zerbinette : où
ment la scène à une époque passée, dans un les placer ?
lieu de passage. Il serait ici intéressant d’accom- • Les influences de Molière sont diverses mais
pagner la réflexion des élèves sur la signification on peut mettre en évidence essentiellement

48 THème 2 5e • Avec autrui : familles, amis, réseaux


les influences de la commedia dell’arte et celles « aimer » qui se confrontent dans les répliques
de l’antiquité latine. du personnage.
Des recherches sur l’histoire de la comédie ou de 4. La réaction d’Octave face à Hyacinte est très
la commedia dell’arte peuvent être alors propo- nette : il tente par tous les moyens de la rassurer :
sées. Voici deux liens sur le site de l’encyclopédie – en s’apitoyant sur son état : « mais que
Larousse en ligne : vois-je ? vous pleurez ? » (l. 4). Il utilise beau-
➨  h  ttp://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/ coup de phrases interrogatives mais elles
la_comédie_en_littérature/35404 marquent davantage l’exclamation que l’in-
➨  h  ttp://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/ terrogation.
commedia_dellarte/35450 – en affirmant son amour catégoriquement :
l’emploi du futur de l’indicatif est une façon
1. « Je vous aimerai jusqu’au tombeau », pour lui d’exprimer son plus fort désir.
– en associant à chaque réplique, les adjectifs
Acte I, scène 3, extrait audio
(intensifs) « belle » (l. 3, 20), « chère » (l. 13)
2. Hyacinte et Octave dans la scène 3 de ou « aimable » au nom de sa bien-aimée, Hya-
l’acte I, mise en scène de Jacques Bachelier cinte dont l’objectif est à la fois de lui marquer
son amour mais également de la rassurer.
Questions croisées
5. Octave décide de braver son père ou plutôt
1.  Hyacinte et Octave sont présentés comme d’échapper à ce mariage forcé : « Il n’y a point
des amants sincères notamment à travers la de père qui puisse me contraindre » (l.  20),
répétition du verbe « aimer », mais ils sont « Je me résoudrai à quitter mon pays » (l. 21).
dans une situation fragile : l’arrivée du père On retrouve ici une forme d’héroïsme médié-
d’Octave, garant de la famille et de la tradi- val tourné en dérision tant les expressions
tion laisse planer une ombre sur leur souhait paraissent exagérées.
de mariage : la photographie rend pleinement
compte de cette situation notamment par la créative
présence en arrière-plan du personnage placé 6.  On peut attendre ici un travail reprenant et
dans l’obscurité. modifiant tous les éléments du domaine de
2.  On peut considérer qu’Octave et Hyacinte l’amour. Certaines expressions comme « atteinte
sont amoureux comme le laissent entendre cruelle » (l.  3) vont être transformées par les
les expressions : « belle Hyacinte » (l.  3), « me élèves. On attendra malgré tout une même
soupçonnez-vous […]  de quelque infidélité » intensité dans l’expression.
On peut également mettre ce texte en parallèle
(l.  4), « amour » (l.  5), « je suis sûre que vous
d’une scène de tragédie racinienne ou faire appel
m’aimez » (l.  7), « chère Hyacinte » (l.  13) et
au Cid de Corneille, afin de montrer l’aspect
d’autres.
comique de la scène et le jeu de l’intertextualité.
3.  Au début de la scène, Hyacinte exprime du
dépit dont témoignent les larmes et le doute Je fais le point
qui s’emparent d’elle. On peut faire relever aux Octave doit affronter son père mais au-delà de
élèves le balancement des termes du sentiment son père, il se heurte à la tradition et au statut
amoureux et ceux de la crainte ainsi que cer- des enfants dans la famille. En effet, le père a
taines structures syntaxiques qui soulignent ce tout pouvoir sur le devenir de son enfant qui
balancement « Je suis sûre que vous m’aimiez, est considéré comme l’hériter de la famille et
mais je ne le suis pas que vous m’aimiez tou- doit par conséquent se conformer à ce qui lui
jours » (l. 64). On peut remarquer également le est demandé par le chef de cette famille. La crise
jeu des conjonctions de coordination « mais » familiale prend la forme d’un conflit de généra-
et « et » ainsi que le champ lexical du désespoir. tions annoncé qui peut trouver écho auprès des
On remarquera également la présence des élèves qui sont au début de leur adolescence et
verbes « craindre », « vouloir », « douter » et parfois en opposition avec leurs parents.

séQuence 4 La comédie des conflits familiaux 49


Culture + à la famille et sur les statuts de chacun de ses
Après avoir observé le tableau de Francesco membres. Elle permet d’envisager les textes étu-
Hayez et attiré l’attention des élèves sur le per- diés dans une proximité bénéfique à la lecture et
sonnage placé dans l’obscurité, on amènera les la compréhension des enjeux.
élèves à regarder des représentations des célèbres 1.  La première phrase de Géronte signale clai-
amants de la littérature comme Tristan et Iseult rement qu’il est informé d’un problème avec
(Tristan et Yseult d’Edmund Blair Leighton), Léandre mais qu’il n’en connaît pas la teneur.
Héloïse et Abélard, Daphnis et Chloé. L’ensemble Il est à la fois inquiet des révélations à venir et
des représentations des amants de la littérature stupéfait par ce qu’il vient d’apprendre : Octave
propose un cadre pictural quasiment identique aime sans le consentement de son père. Cette
qu’il sera intéressant de faire découvrir aux élèves réplique met en avant le statut de la tradition
pour formuler des hypothèses de lecture. et pose ainsi le cadre de la crise à venir avec son
Comment peindre les sentiments ? propre fils.
Histoire des arts 2. L’arrivée de Léandre semble quelque peu exa-
Analysez les tableaux suivants présentant des gérée : « en courant à lui pour l’embrasser » dit la
scènes de baiser amoureux : quels sont les didascalie (l. 5). Il en fait trop. La réplique « Nous
éléments récurrents et comment les artistes avons quelque chose à démêler ensemble »
transmettent-ils les sentiments des person- (l. 12) coupe court aux effusions jouées.
nages ? 3. Léandre, alerté par la remarque de son père,
– Sir Frank Dicksee, Roméo et Juliette, 1884, City va tenter de faire diversion et de ne surtout pas
Art Gallery, Southampton. répondre aux questions que lui pose Géronte
– Gustav Klimt, Le Baiser, 1908, Österreichische en lui retournant lui-même des questions.
Galerie Belvedere, Vienne (Autriche). Le relevé des phrases interrogatives comme
– René Magritte, Les Amants, 1928, Museum of réponses à des questions permettra de le mettre
Modern Art, New York. en lumière.
1.  Établissez une grille d’analyse esthétique 4.  Cette scène met de nouveau en avant le
(lignes directrices, couleurs, composition conflit de générations avec des enfants qui
générale…) en suivant le guide de lecture tentent d’éviter la franchise et de détourner l’at-
de l’image. tention de leurs parents. Pour Géronte, la pire
2. Mettez en évidence les éléments récurrents. des choses qui pourrait lui arriver est en effet
3.  Choisissez l’un des tableaux et expliquez que son fils se comporte comme Octave : « je
pourquoi il vous interpelle plus que les trouve que se marier sans le consentement de
autres. son père est une action qui passe tout ce qu’on
peut s’imaginer » (l. 2-4, en référence aux scènes
précédentes) et donc ne lui marque pas suffi-
Lecture Comment traiter de samment de respect.
la complexité des relations 5.  Cette scène peut apparaître comique pour
familiales ? p. 66 les élèves, dans sa deuxième partie (à partir de
Les textes proposés mettent en évidence l’évo- « Tenez-vous, que je vous voie en face. », l. 14) en
lution de Léandre et Octave dans leur relation raison du jeu sur les questions. On peut attendre
avec leur père respectif : ils s’affirment. et entendre tous les arguments à condition qu’ils
soient clairs et pertinents. Parfois, confrontés à
1. « Qu’est-ce donc qu’il s’est passé ici ? » des élèves qui ne réagissent pas, nous sommes
Acte II, scène 2, extrait souvent pris de court : nous trouvons comique
ce qui, pour eux, ne l’est pas. Si on reprend alors
En piste ! la question de départ et que l’on replace la situa-
La question proposée a pour objectif d’impliquer tion dans un contexte plus proche du leur, on
les élèves dans une réflexion sur leurs rapports peut espérer un sursaut de leur part.

50 THème 2 5e • Avec autrui : familles, amis, réseaux


créative prononcé par Argante est repris par Octave
6.  On attendra ici que les élèves expriment mais avec une signification différente (la
l’amour en utilisant les éléments découverts fille du seigneur Géronte – c’est-à-dire Hay-
dans le texte précédent mais également qu’ils cinte pour Argante – devient cette jeune
annoncent la difficulté de la situation : com- fille qu’Octave ne souhaite pas épouser).  Le
comique naît du décalage des connaissances
ment annoncer un problème à l’être aimé sans
d’Octave et de celles des autres personnages
pour autant lui faire peur ? Laissons également
et du spectateur.
aux élèves la liberté d’émettre des hypothèses
de proposition sans pour autant qu’elles soient 3. Le comique naît de la chute dans la dernière
saugrenues… réplique  d’Argante : Hyacinte est la fille de
Géronte donc tout est bien qui finit bien. On
Oral  Lecture expressive peut remarquer ici que la tradition est respec-
Entraînez-vous à deux à lire cet extrait en ayant tée…
de soin de respecter l’état d’esprit des deux per- 4.  L’affirmation de Léandre face à son père se
sonnages. concrétise dans le texte par une réplique qui
1. Faites un résumé des situations pour pourrait s’apparenter à une tirade. Il dit tout ce
chaque personnage. qu’il a à dire d’un seul tenant ne souffrant aucun
2. Lisez la scène ensemble et, pour chaque arrêt. Cette réplique semble avoir été préparée
réplique, identifiez l’intention du person- par le personnage à l’avance. La résolution pour-
nage. Vous pouvez souligner les expres- rait être plus sensible car personne ne connaît
sions qui vous paraissent fondamentales au départ les origines de Zerbinette. Léandre ne
pour une bonne compréhension de la laisse donc pas son père parler et prend le dessus
situation. dès son arrivée.
3. Entraînez-vous à la lecture pour rendre 5. Octave et Léandre ont tous les deux des rela-
ce texte le plus expressif possible : par la tions différentes avec leur père : Octave s’af-
simple écoute l’auditeur doit être amené à firme clairement et fait ce qu’il avait annoncé
rire ! au début de la pièce « Il n’y a pas de père qui
puisse me contraindre… » (acte I, scène  3).
2. « Je dois lever le masque avec vous » Léandre, quant à lui, est prêt à argumenter, à
Acte III, scène 10, extrait débattre pour avoir ce qu’il veut : l’autorisation
1.  Dans le texte étudié précédemment (acte I, de se marier.
scène 3), Octave apparaissait comme un amou- Je fais le point
reux transi, prêt à accomplir des miracles face
Les pères sont les représentants de la tradition.
à son père. Toutes les scènes suivantes nous
Les enfants sont censés tout leur devoir : ils ont
montrent la difficile expression de la franchise et
été élevés dans cet état d’esprit. Il leur est donc
le poids de la tradition et du respect dû au père.
très difficile de s’affirmer et de remettre en
Ici, c’est un Octave volontaire, souhaitant s’affir- cause leur autorité. Malgré cela, ils ne sont pas
mer et ne laisser aucun répit à son père quitte des pantins : ils ont leurs propres sentiments,
à ne pas l’écouter. Il accomplit ainsi une sorte ce qui crée alors un conflit intérieur avant
d’exploit sur lui-même. Le jeu de la ponctuation d’être un conflit familial. La comédie comme
souligne son affirmation face à un père qui ne la tragédie s’engouffre dans ce paradoxe en
parvient pas à parler. On peut également remar- plaçant les personnages devant leurs propres
quer qu’il utilise essentiellement le présent et le contradictions.
futur de l’indicatif et donc qu’il ne modalise pas On pourrait alors, malgré tout, faire remarquer
son propos. que dans cette pièce l’honneur de tous est
2.  Le jeu de reprise et de quiproquo qui se sauf : la tradition même si elle a été ébranlée est
met en place participe de la construction conservée car les fils vont bien épouser les filles
du comique de la scène. Chaque élément des vieillards…

séQuence 4 La comédie des conflits familiaux 51


Lecture Une crise familiale ou costumiers contribuent à l’identification des
un instant de comédie ? p. 68 personnages :
– Argante : personnage sombre et vieux est
1. « Je me résous à donner habillé en velours bleu, richement brodé,
les deux cents pistoles », barbu, cheveux blanc. Son visage n’ex-
Acte II, scène 6 audio prime pas la peur mais le dépit, la résolution
2. Scène des Fourberies de Scapin d’Octave contrainte : « Je me résous à donner les deux
Penguilly L’Haridon cents pistoles. »
– Scapin dans un costume proche de ceux de
L’extrait présenté est une scène de comédie : elle la commedia dell’arte, vêtu de blanc, fait face
en a tous les ressorts (les jeux de mots, travestis- à Sylvestre. On peut déceler un vague sou-
sement d’un personnage, etc.). On pourra asso- rire de contentement : « Non, Monsieur, au
cier à cette étude les autres scènes de la pièce. contraire, c’est son ennemi capital. »
En piste ! – Sylvestre, quant à lui porte tous les attributs du
Cette question permet d’impliquer les élèves mercenaire, du chapeau aux bottes. Sa mise en
pour qu’ils comprennent les enjeux de l’œuvre. premier plan lui donne une importance parti-
Les différentes propositions seront autant d’élé- culière. La tête haute, il joue son personnage
ments leur permettant d’appréhender le texte à à merveille : « Par la mort ! par la tête ! par le
analyser. ventre ! si je le trouve, je le veux échiner. »
1. La scène repose sur un comique de situation : Oral
un personnage est déguisé pour duper un autre. 7. On pourra inviter les élèves à trouver des élé-
L’appel au travestissement est l’un des ressorts ments de mise en scène permettant des rup-
utilisés dans les comédies. On peut ajouter à cela tures au sein même de leur lecture. Ils pourront
le jeu dynamique et exagéré de Sylvestre. s’entraîner à jouer avec un accent, avec grandi-
2. Argante est désigné par des termes péjoratifs, loquence. Cet exercice de lecture doit être l’oc-
insultants : « faquin » et « maraud ». casion d’un vrai moment de plaisir et de jeu avec
3. Pour marquer le dynamisme de la scène et le les mots.
jeu de Sylvestre, l’auteur utilise essentiellement Je fais le point
des phrases interrogatives et exclamatives.
4.  L’instant où Sylvestre s’en prend à des êtres Scapin est à l’origine de toutes les ruses. La situa-
imaginaires est l’instant de théâtre dans le tion qui aurait pu être tragique est transformée
théâtre (à partir d’« Ah ! tête ! ah ! ventre ! », par le déguisement et la grandiloquence de la
l. 33). On pourra, si les élèves ne le percevaient scène. Argante ne reconnaît pas Sylvestre et en
pas, faire relever l’énonciation particulière. La a même peur. Le comique de situation conduit
lecture audio proposée permettra aux élèves de donc à la résolution d’une situation bloquée par
se centrer sur les mots. un personnage.
5. On pourra observer la composition globale de Cette fourberie reposant sur le travestissement
la scène, les personnages et leurs costumes. Un d’un personnage, créant un comique de situa-
travail sur le décor pourra également être effec- tion, conduit Argante à donner l’argent.
tué. Ce tableau présente une scène de théâtre : L’œuvre en question
nous pouvons y voir également l’expression du
théâtre dans le théâtre. Les comédies s’emparent des crises familiales car
elles reposent sur des quiproquos ou des incom-
Question croisée préhensions. Les Fourberies de Scapin peuvent
6.  Les trois personnages sont très facilement être analysées comme une critique acerbe des
identifiables : Argante est placé recourbé der- mariages arrangés mais également des vieillards
rière Scapin qui le protège tandis que Sylvestre, qui utilisent leurs enfants comme source de pro-
haut en couleurs leur fait face. Tous les éléments tection financière : les mariages ne sont au final

52 THème 2 5e • Avec autrui : familles, amis, réseaux


que des arrangements financiers. La famille n’est La production personnelle prend ici une autre
donc pas perçue ici comme un havre de senti- dimension : devenir metteur de scène d’un texte
ments mais bien comme un objet social avant impose une réflexion sur le jeu et donc sur les
tout. didascalies que les élèves pourront ajouter, sur
Les situations, exagérées pour la plupart, la voix et son intensité selon l’intention du per-
reposent sur des réalités que connaît le specta- sonnage qu’il faudra définir. Un travail sur la
teur : la double énonciation du théâtre permet ponctuation peut être fait à cette occasion car
donc à tous de comprendre les tenants et abou- l’exercice impose une vraie réflexion sur tous ces
tissants, de rire des erreurs des uns et de réfléchir éléments que les élèves ont tendance à négliger.
à sa propre façon de concevoir la famille. Même Le travail de mise en scène impose également un
si, à la fin de l’œuvre, le bouleversement des réel travail sur les mots : quels sont ceux que le
valeurs n’est pas réalisé (Hyacinte et Zerbinette spectateur doit absolument entendre et com-
ne sont pas des filles du peuple mais bien issues ment ? Quel rythme va-t-il falloir s’imposer sur
de famille bourgeoise), la pièce n’en demeure telle ou telle section du texte pour traduire le
pas moins une fenêtre sur la société. Il faudra dynamisme du texte écrit ?
attendre le xviiie  siècle pour voir une nouvelle On pourra aller jusqu’à écrire une note d’inten-
évolution qui ne se réalisera véritablement au tion, c’est-à-dire d’expliquer par écrit ses choix
théâtre qu’au xxe siècle. de mise en scène.

J’écris ma scène de farce p. 70 Oral À vous de jouer ! p. 71


Atelier Produire une suite de textes respec- Atelier Se préparer à jouer une scène
tant les codes du genre théâtral de théâtre
Voici les critères de réussite attendus pour cet Pourquoi ne pas avoir étudié cette scène aupa-
atelier. L’évaluation pourra porter sur les capaci- ravant ? Il nous a semblé que cette scène est
tés des élèves à : avant tout à découvrir par le jeu. En effet, ici
– rédiger un dialogue théâtral ; tous les comiques sont convoqués et c’est une
– proposer des didascalies porteuses de sens ; bonne occasion de travailler l’oral et l’expressi-
– conserver les caractères des personnages et vité même à travers une lecture.
leur statut ; Les élèves sont conduits à prendre plus de hau-
– utiliser le langage sans trop de ruptures ; teur par rapport au texte et à l’analyser dans une
– faire preuve d’imagination pour la construc- perspective de mise en voix et en gestes.
tion du piège ; Pour les accompagner dans leur analyse, on
– utiliser différents comiques étudiés en cours ; pourra leur demander :
– créer du rythme (en utilisant la ponctuation) ; – de réfléchir à la situation dans laquelle se
– organiser une scène de farce pertinente. trouvent les personnages afin de déterminer
les enjeux de la scène ;
Devenir metteur en scène – de définir clairement le schéma progressif
Ici, on propose de poursuivre l’atelier en met- de la scène : quels sont les différents mouve-
tant en scène l’extrait de farce rédigé. ments, par exemple ? ;
Le metteur en scène est celui qui va donner à – de relever les points de comique.
voir et à entendre un texte à travers les comé- Voici les critères de réussite attendus pour cet
diens : son rôle est donc fondamental car il atelier. L’évaluation pourra porter sur les capaci-
donne ainsi son interprétation, son analyse du tés des élèves à :
texte d’un auteur. Mettre les élèves en situation – avoir perçu correctement les enjeux de la
de mise en scène, c’est les amener à se pencher scène tant au niveau scénique que des per-
de manière concrète et approfondie sur le texte sonnages ;
pour transmettre le message juste. – s’investir pleinement dans l’action proposée ;

séQuence 4 La comédie des conflits familiaux 53


–  produire une scène efficace ; Je m’entraîne
–  argumenter les choix posés par le groupe. 3. a. N’ouvrez à personne.
b. Songes-­tu à te moquer de moi ?
c. Vous me regardez entre deux yeux.
Langue  La grammaire pour lire, d. Vous souffrez que je vous embrasse !
écrire et parler p. 72 e. Faites que ce qui vous plaît.
Les types de phrases f.  Nous allons promptement acheter celle que
j’adore.
J’observe
g. Sommes-­nous heureux ?
1. Le corrigé de l’exercice peut prendre la forme
h. Prends garde à toi !
d’un tableau.
i. Venez à mon appel.
Phrases interrogatives j. Tu renonces à beaucoup de choses !
–  N’est-­ce pas quatre cents écus que tu dis ? 4.
–  Cinq cents écus ? Phrases interrogatives totales
–  Que diable allait-­il faire à cette galère ?
–  N’y avait-­il point d’autre promenade ? – As-­tu déjà vu Les Fourberies de Scapin au théâtre ?
–  Est-­ce que tu as lu la pièce entièrement ?
Phrases injonctives
Phrases interrogatives partielles
– Dépêchez-­vous donc vite, Monsieur, je tremble
que l’heure ne sonne. – Quand Géronte a-­t‑il compris que Scapin se jouait
–  Mais hâtez-­vous. de lui ?
–  Comment Scapin réussit-­il à berner les vieillards ?
Phrases déclaratives –  Quel rôle aimerais-­tu interpréter ?
–  Attends, Scapin, je m’en vais quérir cette somme.
– Oui. 5. a. Quand l’as-­tu vu pour la dernière fois ?
–  Vous avez raison. b. Préfères-­tu cette place-­ci ou cette place-­là ?
–  Cela est vrai. c. As-­tu aimé la pièce ?
Mais faites promptement. d. N’est-­ce pas l’acteur que jouait Scapin ?
–  Cette galère lui tient au cœur. e. Sais-­tu quand la pièce sera jouée ?
–  Non, cinq cents écus.
6. Où est ma fille, et sa mère ? ➞ inquiétude
Phrases exclamatives
– Votre fille, Monsieur, n’est pas loin d’ici. Mais
–  Ah ! maudite galère ! avant de vous la faire voir, il faut que je vous
On pourra faire remarquer que certaines phrases demande pardon de l’avoir mariée, dans
que les élèves auraient proposées comme inter- l’abandonnement où, faute de vous rencon-
rogatives peuvent également être considérées trer, je me suis trouvée avec elle. ➞ gêne
comme exclamatives : en effet, la modalité –  Ma fille mariée ! ➞ colère/surprise
exclamative est essentiellement perçue à l’oral. –  Oui, Monsieur. ➞ crainte
Par ailleurs, les réponses de Scapin à certaines –  Avec qui ? ➞ colère
questions de Géronte laissent à penser que –  Avec un jeune homme nommé Octave, fils
Géronte se parle plus à lui-­même. d’un certain seigneur Argante. ➞ gêne
–  Ô ciel ! ➞ soulagement
2. Cet exercice permet la distinction entre l’in-
terrogative totale et l’interrogative partielle. Le mode impératif
Les interrogatives totales J’observe
7. a. b.
–  N’est-­ce pas quatre cents écus que tu dis ?
–  Cinq cents écus ? Verbes conjugués à l’impératif Intentions
–  N’y avait-­il point d’autre promenade ? Laisse-­moi Ordre
Les interrogatives partielles ne fais que Ordre
–  Que diable allait-­il faire à cette galère ? Écoutons-­le Ordre

54   Thème 2  5e • Avec autrui : familles, amis, réseaux


Ne vous mettez pas Défense Les mots du théâtre
Va-­t’en Ordre 12. Recherche de l’élève.
Cachez-­vous  ! Conseil 13. Recherche de l’élève.
Ne vous montrez pas ! Défense 14. a. Pour obtenir la couleur « vert » on utilisait
Parle Ordre parfois de l’oxyde de cuivre ou du cyanure répu-
Ne me retenez point Défense
tés pour leur toxicité. Le vert passait également
très mal avec l’éclairage à la bougie. La couleur
Regarde-­moi Ordre est aussi associée à une superstition : porter du
Souffrez Prière vert serait néfaste à un comédien.
c.  On fera remarquer aux élèves que, selon le b. L’expression « brûler les planches » est en lien
contexte, les verbes peuvent conjugués à l’im- avec les bougies qui servaient d’éclairage avant
pératif peuvent relever de différentes intentions. l’éclairage électrique – un comédien brûlait les
Remarques morphologiques : planches quand il se donnait tant qu’il en faisait
– trois personnes uniquement sont sous-­ tomber les bougies sur le plancher de la scène.
entendues à l’impératif : tu/nous/vous ; c. Le terme « corde » est associé à une supers-
– les pronoms personnels ne sont pas exprimés tition : de nombreux machinistes étaient d’an-
pour les verbes simples ; ciens marins et comme sur un bateau le mot
–  les verbes du premier groupe ne prennent pas «  corde  » porte malheur, la superstition s’est
de –s final lorsque la deuxième personne est diffusée dans le monde du théâtre.
sous-­entendue  ; Les mots de l’amour
– les verbes pronominaux conservent un pro- 15.  a.  cœur. b.  raffoler. c.  attirance. d. ardent.
nom mais il est postposé. e. amant. f. chérir. g. idolâtrer. h. épris. i. affec-
Je m’entraîne tion. j. pincer. k. béguin. l. brûler.
8. parle – attendons – prends – va – mettez – 16.  On attend un court texte dans lequel les
faisons – tenons – marche – écoutez – jette – élèves pourront exprimer une forme d’intensité
soyez – ayons. progressive de leur sentiment amoureux.
9. a. Montre-­le-­moi. ➞ ordre 17. Voici les synonymes du verbe « aimer » qui
b.  Laisse-­moi un peu quereller en repos ! ➞ peuvent être classés selon leur degré d’intensité :
ordre/prière préférer – affectionner – chérir – admirer – avoir
c.  Ne vous mettez pas en peine. ➞ défense/ le béguin pour – en pincer pour – être épris de –
conseil se passionner pour – avoir dans la peau – désirer
d. Parlons un peu d’affaire. ➞ ordre – brûler pour – adorer – idolâtrer.
e. Ne vous fiez pas à moi. ➞ défense/prière Le classement proposé peut être modifié même
f. Faites tout ce qui vous plaira ! ➞ prière s’il paraît qu’idolâtrer est peut-­être le verbe le
g. Courons toute la ville. ➞ ordre plus intense en termes de sentiment amoureux.
h. Tournons par là. ➞ ordre 18. On sera vigilant sur la pertinence des phrases
i. Passe devant. Suivez-­moi, suivez-­moi, seigneur proposées : elles devront, par leur contexte, véri-
Argante. ➞ ordre tablement mettre en avant la signification de
j. Ne parlons plus de rien. ➞ défense chacun des verbes.
10. a. Faites-­le entrer.
b. Parlez-­lui sans rien lui cacher.
c. Portez-­la lui.
d. Montrez-­les nous avant de passer à table.
Plaisir de lire  Pierre et Jean de Guy
de Maupassant p. 75
11. a.  On peut relever ces verbes à l’impéra-
tif : imaginez-­vous – répondez-­moi – allons – Pour entrer dans l’œuvre  
réponds-­moi – voyons. •  À la lecture du titre, les élèves peuvent évoquer
b. Recherche de l’élève. une séparation entre les deux frères (présence

séquence 4  La comédie des conflits familiaux  55


d’un bateau sur la première de couverture), ou –  Portrait de Jean : son cadet, blond, gras et pla-
un secret qui va mener à une forte opposition cide, visiblement pré­féré de sa mère, est licencié
entre les deux personnages dont le portrait phy- en droit. Il est présenté comme un modèle de
sique et l’attitude diffèrent. douceur, de bonté et de caractère égal et un bon
•  Production libre des élèves. vivant mais il n’aime pas lutter. Il a la préférence
de Mme Rosémilly. Il prend de l’aplomb après
À vos carnets !   l’héritage.
1. La famille Roland, modestes joailliers parisiens Pierre est un être nerveux, anxieux facilement
retirés au Havre, ont deux fils : l’aîné, Pierre, qui irritable ; il a un comportement agité qui s’op-
vient d’être reçu médecin et Jean, son cadet, pose au calme de Jean. L’un est rancunier, l’autre
licencié en droit. Leur rivalité secrète éclate fait preuve d’une douceur et d’une tolérance
lorsqu’ils découvrent qu’ils sont amoureux de appréciées de tous. Les deux frères s’épient
la même femme, une jeune veuve, Mme Rosé- en permanence. Dans le domaine sentimen-
milly. Mais le no­taire leur annonce qu’un ami tal, qu’il  s’agisse de la passion partagée pour
de la famille, Léon Maréchal, décédé, a institué Mme Rosémilly ou de l’affection pour leur mère,
Jean son légataire universel. Pierre éprouve alors Jean est à chaque fois le triomphateur et Pierre
pour son frère une jalousie obsessionnelle. Ima- la victime, l’exclu du trio. Aussi le personnage
ginant que Jean est le fils naturel de Léon Maré- apparaît-­il de plus en plus en marge dans la nar-
chal, il réclame à sa mère le portrait du défunt, ration des derniers chapitres alors qu’il en était
disparu. Le trouble de Mme  Roland confirme l’élément central jusqu’au chapitre VI.
ses soupçons. Pierre souffre de ne plus respec- 6. Suite à l’héritage, les rapports entre les deux
ter sa mère et se livre à une torture morale de frères évoluent de la manière suivante.
tous les instants. Alors que Jean s’apprête à – Pierre félicite hypocritement son frère de sa
s’établir et à épouser la jeune veuve, Pierre lui réussite lorsqu’ils se retrouvent au port.
révèle le secret qu’il a décou­vert. Après l’aveu de –  Il trouve son frère niais et pauvre d’esprit lors
madame Roland, Jean renonce à l’héritage fami- de la visite de son appartement. Il fait des
lial (mais il conserve celui de Léon Maréchal) réserves et est ironique sur la décoration de la
pour dédommager son frère et l’aide à trouver salle à manger.
une place de médecin à bord de La Lorraine, un – Il fait preuve de mépris puis de rage lors
grand paquebot transatlantique, afin de l’écar- de  la  dispute avec son frère à propos de
ter de la famille. Mme Rosémilly.
– Il lui annonce qu’il est le fils d’un autre,
2. et 3. Réponse libre des élèves.
confirmé par les aveux de sa mère.
Pour approfondir la lecture   –  Jean pense que la lutte entre sa mère et son
frère est le signe de la jalousie de Pierre.
4. L’action se déroule au Havre avec la présence – Jean se met en colère suite à l’ironie et au mépris
de la mer qui ouvre et ferme symboliquement le manifestés par Pierre envers Mme Rosémilly.
roman. La durée du roman est de deux mois et –  Il veut se faire respecter de son frère.
commence au début du mois d’août. – Il décide de garder la fortune de Léon Maré-
5.  – Portrait de Pierre : brun, maigre et ner- chal, faisant preuve d’une forme d’égoïsme
veux, il vient d’être reçu médecin. Il est présenté sous des allures d’honnêteté (il laisse la for-
comme indécis dans le choix d’une carrière. Il tune Roland à son frère).
éprouve de la jalousie pour son frère, dès sa nais- –  Il décide d’écarter son frère de la famille : il lui
sance puis à la suite de l’annonce de l’héritage suggère l’emploi de médecin à bord du trans­
pour lequel il se sent désavantagé. Il devient atlantique.
une figure ma­jeure de l’échec et de la culpabi- Suite à l’héritage, les rapports entre les parents
lité, il échoue sur tous les plans : professionnel et les enfants évoluent de la manière suivante :
(la moins belle carrière), financier (l’héri­tage) et –  Pierre devient susceptible quand ses parents
sentimental. ne l’attendent pas pour déjeuner et a

56   Thème 2  5e • Avec autrui : familles, amis, réseaux


l’impression d’être désavantagé (l’épisode –  Quant à la mère, elle contemple son fils, pleine
de la côtelette qui reste et qui est froide et de bonheur après la signature du testament
sèche). chez le notaire.
–  Il désapprouve son père qui dit profiter des –  Elle l’aide à trouver son appartement ainsi
rentes en mettant en avant le savoir, l’intelli- qu’à le décorer et à le meubler.
gence et le travail. 7. Pierre découvre que sa mère a eu une liaison
–  Il devient soupçonneux envers sa mère à avec Léon Maréchal, qui a donné lieu à la nais-
laquelle il demande de retrouver le portrait sance d’un fils : Jean.
de Léon Maréchal.
8. Le premier indice qui conduit Pierre à la vérité
– Il devient irritable dans ses réponses, par
est la phrase prononcée par la bonne de brasse-
exemple quand sa mère l’interroge sur la
rie : « Ça n’est pas étonnant qu’il te ressemble si
décoration de l’appartement de Jean.
peu ». Le soupçon s’insinue alors en lui :
– Il observe sa famille comme si elle lui était
– Il trouve étrange qu’un homme donne sa for-
inconnue.
tune toute entière à un seul enfant.
– Sur la question du portrait, Pierre pense que
sa mère lui ment quand elle dit ne pas savoir – Jean est blond alors que lui est brun. Ils ne se
ce qu’il est devenu, ce qui provoque sa colère ressemblent absolument pas.
et le rend jaloux parce qu’il a l’impression –  Léon Maréchal apportait des fleurs à sa mère
d’avoir été trompé. qui lui répond « Merci, mon ami » avec le
–  Il protège néanmoins sa mère contre l’indis- double sens du terme « ami ».
crétion de Mme Rosémilly en dissimulant le –  Léon Maréchal ne peut être l’ami de son père
portrait miniature. du fait de son instruction et de son esprit fin,
–  Il a le visage sombre et n’est plus présent qu’aux contrairement au père Roland qui a un esprit
repas. Il signifie à sa mère qu’il l’a ­perdue. grossier, rustre. En fait, il comprend que son
– Il a recours à la torture morale pour obtenir père a épousé sa mère pour la dot.
une confession explicite mais il souffre autant – Léon Maréchal est blond. Pierre se souvient
qu’elle. Ils ont peur mutuellement l’un de d’un portrait miniature qui trônait sur la che-
l’autre. Il évoque le cocuage en présence de sa minée de ses parents à Paris.
mère quand il voit Jean et Mme Rosémilly à –  Il se met à la recherche du portrait disparu de
la plage. Léon Maréchal.
– Lors de son départ, il refuse toute aide de sa –  Le père évoque la présence de ce portrait
mère dans l’installation de sa cabine. quelques jours avant l’héritage de Jean avec
–  Quant à sa mère, elle comprend que Pierre est des lettres que sa femme a brûlées.
au courant de son infidélité à la manière qu’il –  La découverte du portrait confirme les indices
a d’examiner le portrait. Commence alors une ainsi que l’attitude de sa mère qui devient
lutte entre eux. angoissée et malade.
–  Elle est de plus en plus pâle ; elle pleure ; elle 9. Jean fait comprendre à Pierre qu’il doit ­partir
s’enferme dans sa chambre ; elle évite la pré- et que la solution est de s’engager comme
sence de son fils. médecin à bord du transatlantique La Lorraine.
–  Elle ne l’embrasse plus, une fois l’aveu fait. Il La fin du roman matérialise donc une exclu­
n’existe plus d’affection entre eux : les yeux de sion forcée par la décision de partir, d’em-
sa mère et de son frère évitent Pierre. barquer, sur la suggestion de Jean, pour une
–  Jean est choyé par sa mère dont il semble être improbable carrière de médecin maritime.
le préféré : elle lui donne comme conseils de Maupassant, dans ses dernières lignes, a d’ail-
s’installer richement et de montrer sa richesse. leurs fait en sorte d’accumuler les motifs de
–  Après l’aveu, Jean prend soin de sa mère envers la disparition du frère qui, sous le regard lui-­
qui il manifeste une tendresse appuyée. même embué de sa mère, n’est plus visible
–  Il la protège contre Pierre en provoquant son dans la brume : « [elle] se retourna encore
départ. une fois pour jeter un regard sur la haute mer ;

séquence 4  La comédie des conflits familiaux  57


mais elle ne vit plus qu’une petite fumée grise, la présence d’un narrateur avec un point de
si lointaine, si légère qu’elle avait l’air d’un peu vue, des passages narratif et descriptif, un cadre
de brume ». spatio-­temporel, une rédaction en prose.
10.  Ce roman appartient au genre réaliste en 2.  Progressivement tout au long de l’extrait, le
décrivant les mœurs de la petite bourgeoisie père devient un véritable héros, guerrier qui a
de province. Mais il peut s’assimiler à un roman vécu d’extraordinaires aventures. Il prend dans
policier par la recherche d’indices qui prouvent les yeux de son enfant qui le regarde une dimen-
que Jean est le fils de Léon Maréchal. sion quasi surnaturelle.
11.  Maupassant procède à une étude psycho- 3. L’enfant est impressionné par son père qui a
logique du fait de la présence de la focalisation une autorité naturelle et du charisme. C’est une
interne (tous les événements sont passés au force de la nature tranquille : l’expression « le
philtre de la pensée de Pierre ; sa vie intérieure papa se redresse » (l. 8) lui donnent un aspect
nous est donnée). Plusieurs étapes figurent : l’an- de géant qui impose de suite une autorité phy-
nonce de l’héritage qui met en péril l’équilibre sique. L’expression « il m’a pris des yeux » (l. 13)
précaire de la famille, les soupçons, la recherche soulignent également ce pouvoir qu’il a dans son
des indices. regard : c’est un personnage qui impose par lui-­
Par ailleurs, l’écriture resserrée condense les élé- même le respect.
ments du récit à la manière d’une tragédie clas- 4. « Soudain, la m’man me voit regarder mon
sique dont elle respecte la règle des trois unités : père. Elle se fige sur le pas de la porte de la cui-
unité de temps (deux mois), de lieu (Le Havre), sine » (l. 7-8) : ces phrases présentent une femme
d’action (toute l’action est concentrée sur la protectrice et de ses enfants et des secrets de la
famille). On peut également parler de crise tra- famille et surtout du père. Son attitude peut sur-
gique : une exposition détaillée de la situation prendre : pourquoi est-­elle surprise ? Pourquoi
familiale, la montée de la crise avec le sentiment ne veut-­elle pas que l’enfant découvre son père
de jalousie de Pierre, le nœud de la crise avec la ainsi ?
révélation de Pierre à son frère, le dénouement
5. Le narrateur, adulte, pose un regard amusé et
avec le départ définitif de Pierre qui équivaut à
empli de sentiments sur ses parents : si son père
une disparition.
est cet être impressionnant que l’enfant qu’il
Enfin, on peut trouver le thème du double.
était regardait avec émotion, sa mère, quant
Pierre est progressivement dépossédé de la maî­
à elle, est présentée comme une sorte de gar-
trise de lui-­même par une étrange puissance qui
dienne du temple qu’est la famille. L’écriture
le conduit à commettre des actions ou à profé-
rétrospective porte ce regard amusé à travers la
rer des paroles qu’il ne désire pas : il fait souffrir
retranscription de l’émotion de l’enfant qui face
sa mère comme un tortionnaire ; il est décrit, au
à « la griffe de tigre » élabore tout un monde
paroxysme de la crise, comme un forcené « à
dont le père est le centre.
l’œil dilaté », en proie à « une de ces folies de
rage qui font commettre des crimes ». Il ne s’ap- 6. Comme le texte est centré sur le père et son
partient plus. caractère exceptionnel, on pourra accepter tous
les titres mettant en avant ce statut si particulier
Après la lecture   que donne l’enfant à son père.
12. Réponse libre des élèves.

Autoévaluation de lecture
Le Champ de personne,
de Daniel Picouly p. 77
1.  Ce texte appartient au genre littéraire du
roman car on y retrouve les éléments suivants :

58   Thème 2  5e • Avec autrui : familles, amis, réseaux


thème 3 se chercher, se construire
5e – Le voyage et l’aventure : pourquoi aller vers l’inconnu ?

Séquence

5 Découvrir de nouveaux mondes

Fil directeur de la séquence


Cette séquence permet de faire découvrir aux élèves différentes forme de récits d’aventure, fictifs ou
non, de leur faire comprendre les motifs de l’élan vers l’autre et vers l’inconnu, et de les faire s’inter-
roger sur les valeurs mises en jeu. Le choix des textes et des documents les amène à s’interroger sur le
sens des représentations qui sont données des voyages et sur ce qu’ils font découvrir.
La séquence propose une double progression :
– chronologique : en proposant un itinéraire qui va du xiiie siècle avec Marco Polo au xxe siècle avec
Henri Michaux ;
– thématique : différentes formes de voyages sont évoquées (exploration de mondes inconnus,
immigration moderne et voyages imaginaires et artistiques).

Compétences travaillées dans la séquence


Langage oral Écriture

Dans les pages de lecture… Dans les pages de lecture…


■Participer de façon constructive à des échanges ■Exploiter les principales fonctions de l’écrit
oraux : X Comprendre le rôle du dialogue, de la description,
y Exprimer une opinion argumentée p. 82, 83, 84
X Exposer à ses camarades une réflexion sur l’exil ou
En atelier, p. 88
le voyage dans le temps, p. 86 ■ Pratiquer l’écriture d’invention et connaître
En atelier, p. 89 les caractéristiques des genres littéraires
■ Comprendre et interpréter des messages et ■ Exploiter les principales fonctions de l’écrit :
des discours oraux complexes X Comprendre les potentialités et usages
(Acquisition de stratégies d’écoute, mémorisation des nouveaux supports
des éléments importants) X Prises de notes à partir de Globegenie.com
■ Exploiter les ressources expressives de la parole ■ Adopter des stratégies et des procédures d’écriture
X Chanter pour apprendre efficaces : prise en compte de l’émetteur et
du destinataire, de la visée du texte, du genre ;
amélioration de la qualité du texte en cours
d’écriture et lors de la relecture.

Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue


■ Lire des textes variés avec des objectifs divers : Dans la double page langue…, p. 90-91
y Recourir à des stratégies de lectures diverses ■ Connaître les aspects fondamentaux du
(adapter sa lecture à l’objectif poursuivi, adapter fonctionnement syntaxique
sa lecture aux supports, reformuler) y Fonctionnement de la phrase simple :
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’observe », X Le GN et ses expansions dont les propositions
« Je comprends » subordonnées relatives (première approche)
y Formuler des impressions de lecture, percevoir ■ Maîtriser la forme des mots en lien avec la syntaxe
un effet esthétique y Connaître le fonctionnement de la chaîne
X Carte mentale « Lire un texte » : « Je lis », d’accord :
« J’écoute », « Je réagis » X Accord de l’adjectif épithète

séQuence 5 Découvrir de nouveaux mondes 59


Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue
y Reconnaître les implicites et faire les inférences et ■ Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe
hypothèses de lecture nécessaires des mots
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’interprète » X Mise en réseau des mots du voyage et de l’aventure
■ Lire et comprendre des images fixes ou mobiles (voir aussi p. 83)
X Carte mentale « Lire une image »
Dans les coins des mots
Enjeux culturels Mise en réseau des mots du voyage (p. 82)
■ Lire des œuvres littéraires et fréquenter des œuvres
d’art
X Développer des connaissances sur le genre du récit
de voyage
X Développer des connaissances sur la poésie
■ Élaborer une interprétation de textes littéraires
X Mise en voix de poèmes
X Percevoir les effets esthétiques de la poésie

Enjeux de formation personnelle


X S’interroger sur le sens des représentations qui sont
données des voyages.

Lecture Comment raconter – des éléments biographiques du voyageur et


les merveilles découvertes en particulier sur les mystères de ses diffé-
au xiiie siècle ? p. 80 rentes fonctions supposées ;
– une caractérisation de son récit qui mélange
La double page a pour objectif de faire découvrir
réalité et fiction.
aux élèves les voyages de Marco Polo, fondateur
du genre du récit de voyage. Les extraits choisis 1. On utilisera le guide de lecture pour découvrir
soulignent l’enthousiasme et l’émerveillement le texte en accordant une attention toute parti-
de l’explorateur devant l’inconnu, et insistent culière aux informations explicites du paratexte :
sur le contexte de l’époque qui mélange sans les titre du récit, dates, traduction, organisation par
distinguer, observations objectives du monde et chapitres portant un intertitre.
légendes. 2. On attirera l’attention des élèves sur le carac-
tère encyclopédique des remarques de Marco
La Description du monde de Marco Polo Polo qui aborde des thèmes comme :
– la géographie : « la Grande Arménie » (inter-
audio
titre 1), « cité nommée Erzincan » (l.  1-2),
En piste ! site « bains d’eau de source » (l. 4), « Au midi et
Il s’agit de fournir aux élèves les connaissances à l’est, l’Arménie confine à un royaume appelé
nécessaires sur Marco Polo. Les élèves doivent Mossoul » (l. 6-7), « les habitants sont armé-
travailler par groupes de deux ou trois afin de niens » (l.  4-5), « Au nord, elle confine à la
réaliser les affiches qui pourront être exposées Géorgie » (l. 8) ;
dans la classe et présentées à l’oral. Ils doivent – l’économie : « meilleures cotonnades du
avoir la possibilité de regarder le site aussi monde » (l. 3) ;
longtemps qu’ils le souhaitent, en classe s’ils ont – la religion et ses rites : « Tarare » (l.  5), « Le
des tablettes, en salle pupitre, au CDI ou chez eux. dieu des Tartares » (intertitre 2), « chrétiens
Un questionnaire doit les guider pour aboutir à : jacobites et nestoriens » (l. 7-8) ;
– une carte retraçant les voyages de Marco – l’architecture : « Description du palais »
Polo ; (intertitre 3), « il est de plain-pied : le
– une contextualisation de la situation histo- pavement en est bien dix paumes plus haut
rique ; que le sol autour » (l. 23-24) ;

60 THème 3 5e • Le voyage et l'aventure : pourquoi aller vers l'inconnu ?


– les sciences naturelles : « grandes couleuvres », – des superlatifs : « les meilleures cotonnades du
« grands serpents » (l. 34). monde » (l. 2), « les plus beaux bains » (l. 4),
Les élèves qui liront les textes supplémentaires « le plus grand qu’on ait jamais vu » (l. 22).
pourront ajouter : l’ethnologie. 5.  Le texte « CLXVII. L’île appelée Adaman »
est différent des autres car il rapporte une
Textes supplémentaires à proposer aux légende fort ancienne : Marco Polo n’a pas vu
meilleurs lecteurs ces habitants mais les décrit cependant. Il s’agit
Pour les meilleurs lecteurs, lisez les textes bien entendu d’une légende que le jeune voya-
« LVI. Description de la cité de Lop », « CII.
geur reprend et raconte comme une vérité.
Les pierres qu’on brûle comme des bûches »,
Le  récit de voyage médiéval s’accommode de
« CXIX. Un noble pays nommé Zardandan »
ces ajouts.
et faites en un résumé pour vos camarades.
Vous répondrez ensuite aux questions 1 et 2 créative
précédentes. 6.  Les élèves cherchent dans le dictionnaire
3.  L’idée est de faire prendre conscience aux les définitions, voire des représentations des
élèves que Marco Polo agit en observateur scru- monstres. Ils élaborent en groupes des stratégies
puleux qui raconte de la façon la plus objec- pour avoir des idées et travaillent le brouillon.
tive possible : par exemple, il ne porte pas de L’exigence, en langue, doit porter sur les expan-
jugement de valeur sur la religion des Mongols sions du nom qui fait l’objet de la double page
(Le dieu des Tartares, l. 10). Cependant, on sent de grammaire.
percer son admiration et son émerveillement
Je fais le point
devant les prouesses architecturales comme
celles du palais du grand Khan (Description du Le bilan porte sur l’originalité du voyage de
palais du Grand Khan, l. 20), ou sa réprobation Marco polo qui est resté absent vingt-quatre
devant des actes comme ceux supposés d’an- ans et qui nous a laissé le récit de voyage le plus
thropophagie des habitants de l’île d’Adaman célèbre du monde ; récit qui inspirera notam-
(L’île appelée Adaman, l. 44). ment Christophe Colomb, désireux de rejoindre
4.  Marco Polo s’exprime de façon neutre le l’Extrême-Orient en passant par l’ouest. Ce
plus souvent (phrases courtes, répétitions voyage reste entouré de mystères sur les activi-
nombreuses). On remarque cependant des tés de Marco Polo : était-il un simple marchand
exagérations stylistiques qui marquent son voyageur ? un diplomate ? un courtisan ?
émerveillement et qui cherchent à convaincre le Le récit de Marco Polo est d’une précision
lecteur médiéval : documentaire encyclopédique et traite tous les
– des adverbes intensifs : « si grande et si large » sujets : géographie, politique, religion, sciences,
(l. 27), « tant de pièces » (l. 28), « si beau, si économie. Cependant il comporte une part
grand, si riche » (l. 29), « si bien et si délicate- d’enthousiasme naïf et d’imaginaire qui en font
ment » (l. 31) ; l’originalité et le situe dans son époque.

séQuence 5 5e • Découvrir de nouveaux mondes 61


Lecture  Quel regard les Espagnols dernier paragraphe de la lettre qui contient les
posent-ils sur les Indiens promesses de dons de Christophe Colomb :
d’Amérique ? p. 82 cette générosité apparente traduit l’impudence
La double page a pour objectif d’informer les des conquérants qui s’attribuent sans vergogne
élèves sur les conséquences économiques et ce qui ne leur appartient pas (les richesses du
humaines de la découverte du Nouveau Monde nouveau monde) et surtout, la promesse des
par Christophe Colomb : la mise en esclavage, esclaves traduit un manque d’humanité et une
puis l’éradication des populations indiennes cruauté qui se vérifiera par la suite.
américaines autochtones. Elle attire l’attention 2. Les mots du texte qui développent l’idée d’une
sur les dangers de considérer le voyage comme expédition guerrière sont : « la conquête »,
une conquête et la nécessité de se remettre en « nos exploits » (l.  2), « nos drapeaux » (l.  6),
question devant l’autre. « pris possession » (l. 7), « esclaves » (l. 15).
En piste ! 3.  L’attitude de conquérant de Christophe
Il s’agit de faire prendre conscience aux élèves Colomb se traduit par la prise de possession de
que l’Amérique était peuplée par de brillantes l’île qu’il découvre (drapeaux), la liberté qu’il
civilisations avant l’arrivée de Christophe prend de baptiser ce territoire et de le faire sien
Colomb (précolombien), et que ce sont les sans se préoccuper de savoir à qui il peut appar-
conquérants qui les ont totalement détruites. tenir, le fait qu’il s’accapare toutes les richesses
La classe est divisée en trois, chaque partie (or, aromates, coton, gomme, etc.) et surtout le
prenant en charge un thème qui fera l’objet fait qu’il soit prêt à recourir à la force pour cap-
d’une présentation orale sous la forme d’un turer et assujettir les autochtones pour en faire
court exposé. Le guidage devra amener les des esclaves.
élèves à : 4.  On peut attendre que les élèves s’étonnent,
–  situer géographiquement les Aztèques, les voire s’indignent devant cette injustice. On peut
Incas et les Mayas ; envisager un travail avec le professeur d’anglais
– nommer et montrer les sites archéologiques autour de la parodie suivante qui reproduit, en
les plus connus ; l’inversant, l’attitude des colons anglais arrivant
– évoquer des traits saillants des cultures : en Australie et s’accaparant le territoire des
culte du soleil, sacrifices humains, travail des Aborigènes.
métaux, etc. Voir le début (1,5 minute cette vidéo : http://
– s’intéresser à l’extermination des Indiens par www.creativespirits.info/resources/movies/
les conquérants espagnols. babakiueria-barbecue-area#axzz3vXHSVje4)
  créative
1. Lettre aux rois catholiques d’Espagne, 5. On attend que les élèves réinvestissent leurs
Ferdinand et Isabelle de Christophe connaissances à partir de la lettre de Christophe
Colomb Colomb dont les « arguments » sont :
1. On utilisera le guide de lecture pour étudier –  l’obéissance à son roi ;
cette lettre de Christophe Colomb. Une atten- –  l’absence de résistance des habitants ;
tion particulière est portée au prélèvement –  l’aide de Dieu.
des informations explicites présentes dans le Ils auront en revanche à inventer les arguments
paratexte (forme de la lettre, dates, destinataires du chef indien. La lecture du discours du Tahi-
royaux, etc.). tien dans le Supplément au voyage de Bougain-
On forme également les élèves à reconnaître ville (1772) de Denis Diderot donnera des pistes
les implicites d’un texte, notamment dans le intéressantes de réflexion (chapitre II).

62   Thème 3  5e • Le voyage et l'aventure : pourquoi aller vers l'inconnu ?


Oral prennent le pouvoir religieux. Ils débarquent
6. Il s’agit d’un travail sur l’oralité et sur la mise en nombre des navires : ils viennent envahir.
en voix. L’enregistrement vidéo est un outil effi- Ils reçoivent des cadeaux sans en donner eux-
cace de remédiation collective ou individuelle. mêmes (ils ne tendent pas la main) : ils vont
exploiter les Indiens.
Le coin des mots Les Indiens, quant à eux, donnent des cadeaux :
L’objectif de cette activité est double : ils sont généreux et hospitaliers. Ils sont pour-
– donner aux élèves des repères géogra- tant en sous nombre, ils sont effrayés par les
phiques ; nouveautés (bateaux, etc.), ils fuient, ce qui
– les faire utiliser un champ sémantique relatif signifie donc leur défaite à venir.
au voyage marin. 4.  Les arguments  de Juan Ginés de Sepulveda
On doit demander aux élèves d’enrichir les sont :
noms par des expansions du nom (cf. fiche 15, – l’absence de connaissances techniques et
« L’expansion du nom »). Ils doivent apprendre technologiques ;
les mots par cœur (sens et orthographe). – la mauvaise nourriture ;
– les sacrifices humains ;
– la polygamie ;
2. Christophe Colomb reçoit
– le peu d’importance accordée à l’argent.
des présents… de Théodore de Bry
Les « arguments » de Juan Ginés de Sepulveda
3. La Controverse de Valladolid sont en fait des opinions (question du goût de la
de Jean-Claude Carrière nourriture) ou des jugements de valeur (ils sont
1. On utilisera les guides de lecture du texte et polygames, supériorité de l’argent).
de l’image pour étudier ces documents. Ces arguments présupposent la supériorité
On insistera sur l’importance de prendre du mode de vie des Européens et soulignent
connaissance des indications fournies par le l’aveuglement du philosophe. On attend des
paratexte et par la biographie du graveur (nous élèves un jugement critique de cette vision
sommes un siècle après Christophe Colomb colonialiste.
et les  conquistadors ont soumis et décimé les
Indiens, causant une certaine réprobation en Question croisée
Europe, surtout chez les protestants qui s’op- 5.  Théodore de Bry dénonce l’entreprise de
posent aux catholiques ibériques). On mettra en colonisation des Espagnols : il dénonce l’impo-
évidence la composition (premier plan, second sition de la religion catholique, l’exploitation
plan). On vérifiera la compréhension littérale des richesses et le massacre à venir des Indiens.
de l’image en éclairant l’implicite par des expli- On ressent de la compassion pour les Indiens,
cations sur la signification de la croix, synonyme nus et généreux face aux conquérants armés et
de conversion forcée, l’armement en fer inconnu arrogants.
en Amérique. Jean-Claude Carrière dénonce lui aussi l’attitude
Pour le texte de Jean-Claude Carrière, on atti- des Espagnols qu’il montre obtus, aveugles et
rera l’attention des élèves sur la date d’écriture incapables d’empathie. C’est le colonialisme
(1992) à ne pas confondre avec la date où se européen, en général, qui est ici dénoncé.
situe l’action (1551). créative
2. Les élèves doivent souligner l’opposition forte 6. On sera particulièrement attentif à la prise en
qui se dégage entre les Indiens presque nus, compte de la situation d’énonciation : le récit du
donc inoffensifs, et les Espagnols en armure père doit inspirer la crainte à ses auditeurs qui
métallique et en armes, donc dangereux. sont des enfants.
3.  Les Espagnols plantent une grande croix : Les réponses aux questions 2, 3 et 4 nourrissent
ils  vont convertir à leur religion les Indiens ; ils le texte écrit par les élèves.

séQuence 5 5e • Découvrir de nouveaux mondes 63


Je fais le point – immigrer : c’est arriver dans un autre pays
Sa découverte de l’Amérique fait de Christophe (préfixe latin in- : « dans »).
Colomb le plus grand navigateur de tous les Il s’agit donc de la même action observée selon
temps. Sa ténacité lui permet de mettre sur un point de vue différent, celui du départ ou
pied son expédition : rejoindre par l’ouest le celui de l’arrivée.
Japon et la Chine. Il découvre ainsi les Bahamas, – exiler : c’est obliger quelqu’un à quitter son
Cuba et Haïti, qu’il prend pour l’Inde. Grâce à pays, souvent pour des raisons politiques (syno-
cette découverte, l’Europe découvre de nom- nymes : « chasser », « bannir », « proscrire ») ;
breux trésors : arbres, fruits, légumes, aromates – s’exiler : c’est faire ce choix soi-même. Le verbe
et épices. Cette découverte ouvre néanmoins la implique un choix douloureux mais volontaire.
porte à une conquête générale de l’Amérique 1.  On utilisera le guide de lecture pour attirer
du Sud et à l’extermination des civilisations qui y l’attention des élèves sur la nationalité de l’au-
habitaient, décimées et réduites en esclavage au teur et sur le genre du récit, le roman, différent
cours du xvie siècle. des récits de voyage lus précédemment.
Une part importante doit être laissée aux
impressions des élèves, qui peuvent ressentir de
Lecture  Pourquoi prendre le chemin l’empathie pour la jeune héroïne, enfant pauvre
de l’émigration ? p. 84 mais déterminée. L’aspect poétique du texte
La double page s’intéresse au phénomène de doit attirer l’attention des élèves.
l’immigration qui est, après tout, une forme 2.  Le relevé de notations concernant la flore
de voyage, mais très spécifique quant à ses moti- (« figuiers de Barbarie », l.  3-4), la géographie
vations et ses modalités. Le texte de Tahar Ben (« terre rouge » l. 3, « cailloux », « montagne »
Jelloun permet d’aborder la thématique de l’im- l.  5, « sable » l.  9 et 14) ou le mode de vie
migration économique et celui de John Maxwell « femmes sur les terrasses » l. 7-8, « pieds nus »
Coetzee le thème des réfugiés, très actuel. l.  10) indiquent qu’il s’agit probablement d’un
village d’Afrique du Nord, perdu, reculé, pauvre
et à la végétation stérile.
1. Les Yeux baissés de Tahar Ben Jelloun
3. Le vent est tout d’abord un jeu habituel des
En piste ! enfants (imparfait de répétition : « on mon-
Il s’agit de faire prendre conscience aux élèves tait » l.  6-7, « les enfants […] riaient » l.  14).
de la formation des verbes à partir du même Mais c’est bien plus, c’est un adjuvant (person-
­radical  : nification : « il était en colère », l. 8) qui pousse
● migrer : effectuer une migration (comme les la jeune fille à se dépasser et à résister aux
oiseaux migrateurs). C’est donc un terme conditions de vie difficiles (« ce vent violent et
neutre qui signifie effectuer un déplacement, furieux est capable de me donner des ailes »,
s’en aller : des cellules migrent dans le corps. l. 11).
L’ajout du préfixe – é ou – im modifie le sens 4. La narratrice a pu quitter son village à cause
du verbe et l’associe au déplacement d’indivi- de la pauvreté (cf. question 2), mais aussi à cause
dus qui quittent leur pays pour aller dans un de raisons personnelles : l’appel vers un ailleurs
autre : pour échapper à l’immobilisme qui distingue
– émigrer : c’est quitter son pays (préfixe latin l’héroïne de ses camarades (« riaient » l.  14/
ex- : « hors de ») ; « triste » l. 15).

64   Thème 3  5e • Le voyage et l'aventure : pourquoi aller vers l'inconnu ?


5. La narratrice est poussée par la curiosité : voir créative
ce qui a peut-être changé. Elle en doute cepen- 6. On attend que les élèves réinvestissent l’am-
dant. Elle est également nostalgique de son biance du texte de Tahar ben Jelloun : un décor
enfance perdue (souvenirs de jeux). Sa condi- minéral et sec, des habitations pauvres, etc.
tion d’exilée se traduit par le décompte des On attend qu’ils enrichissent les noms avec des
années. L’utilisation du verbe « obséder » (l. 2) expansions (cf. fiche 15, « L’expansion du nom »)
indique le degré de profondeur, l’attachement Travail pour accompagner l’activité
qu’elle éprouve pour le pays de sa naissance. Le d’écriture
spectacle de désolation qu’elle prête au paysage La fiche de vocabulaire qui sépare noms, adjectifs,
(pauvreté, aridité, stérilité, épines des figuiers, proposition relative et compléments du nom peut
etc.) pourrait refléter sa souffrance d’immigrée. aider des élèves qui ont moins de vocabulaire.

Groupe Nominal Adjectif Proposition subordonnée Complément


– sec – qui n’a plus de feuilles – sans feuille
y un baobab – desséché – où rien de vit – sans fruits
y un arbre – stérile – qui ne donne aucune – aux branches mortes
– ravagé par le soleil ombre
– abandonnées – que personne n’habite – en pierre
y des maisons – brunes – qui tombent en ruine – de terre
y des cases – désertes – dont les toits sont plats – sans fenêtre
– silencieuses
– bleu – qui écrase – de plomb
– impitoyable – qui ne donne aucune – sans nuage
y un ciel
– azur pluie – sans oiseau
– éblouissant – qui éblouit
– minéral – qui effraie – de désolation
– inhumain – qui repousse le visiteur – de pierre
y un paysage
– montagneux – qui éloigne toute vie – au sable jaune
– hostile

D’autres peuvent peut-être imaginer le retour puis au un repère « Émigrer ». On peut répartir
d’un immigré dans son village natal et associer à la le travail entre les élèves pour avoir une vision
description une narration, qui mettra en évidence historique des principaux courants migra-
les sentiments de tristesse et de nostalgie éprou- toires : du xixe siècle à 1914, de 1914 à 1944, de
vés. Deux catégories de sentiments l’assaillent : 1945 à 1975 et de 1975 à nos jours. On attend
– la joie nostalgique du retour et des souve- d’eux  une listes de raisons par époque et par
nirs ; nationalités.
– la tristesse liée à la permanence de la misère. 1.  On utilisera le guide de lecture pour obte-
nir des réactions émotionnelles, de sympa-
2. Une Enfance de Jésus de John Maxwell thie envers les personnages. Leur situation
Coetzee pourra peut-être rappeler aux élèves des situa-
tions actuelles qu’il faudra accueillir. En ce qui
En piste ! site
concerne la compréhension, l’implicite concer-
http://www.histoire-immigration.fr/musee nant le camp de transit de Belstar doit être
Il s’agit d’un travail individuel à faire en prépa- levé : connotation positive du nom « Belstar »
ration de la lecture. Pour préparer le question- (« belle étoile ») qui laisse présager une nouvelle
naire de guidage des élèves, on peut se limiter, vie, mais mauvaise alimentation et mention de
sur le site du musée de l’Histoire de l’immigra- « camp » (l.  15) : camp de réfugiés ? centre de
tion, à l’onglet « Histoire de l’immigration » rétention ?

séQuence 5 5e • Découvrir de nouveaux mondes 65


2. Il faut souligner l’accueil positif tant au niveau décrit de l’extérieur les sentiments de ses héros
des personnes (le garde, l’employée qui l’ac- laissant davantage de mystère, notamment sur
cueille avec « le sourire », l.  8) qui sont polies le petit garçon totalement fermé.
et bienveillantes. Cependant, l’aspect adminis-
Je fais le point
tratif laisse présager des difficultés à venir et
une rigueur peut-être inhumaine (ils doivent se Les élèves découvrent dans cette double page
dépêcher, le centre va fermer, il y a un guichet, une autre facette du voyage, celui de l’émigra-
une pancarte, le vieil homme doit soulever le tion qui est subie et associée à des sentiments
garçon à hauteur du guichet). très contradictoires : la satisfaction d’échapper
3.  Le terme « arrivant » (« LLEGADOS ») est à un destin qu’on ne souhaite pas, mais aussi
neutre ; on penserait plutôt à des termes comme la tristesse et la frustration d’arriver dans un
« réfugié », « exilé » ou « immigré ». Ce mot endroit inconnu. La nostalgie semble interdire à
souligne qu’il s’agit d’une installation qui a l’air tout jamais la joie pleine et entière. Elle laisse les
définitive, sans retour possible. L’adjectif « nou- immigrés incomplets.
veau » (« RECIÉN ») inscrit cette arrivée dans Ils découvrent également le pouvoir de la fic-
un processus continu. D’ailleurs, l’employée est tion pour mettre en scène de véritables drames
elle-même une ancienne « arrivante ». L’auteur humains, auxquels il est même plus facile de
veut-il nous faire comprendre que nous sommes s’identifier.
tous, à un moment ou à un autre, des arrivants ?
4. Le vieil homme et surtout l’enfant sont mal en
point. Le vieil homme a des difficultés d’expres- Lecture  Comment voyager sans
sion en espagnol (« Il articule lentement, dans se déplacer ?  p. 86
l’espagnol qu’il a eu si grand-peine à maîtriser », Cette dernière double page de lecture explore
l. 9-10) ; il est sans travail et sans logement, dans la  dimension imaginaire du voyage : voyage
des conditions précaires donc, d’autant plus intérieur, voyage imaginé, voyage poétique qui
qu’il a, à sa charge, un enfant (« J’ai un enfant ­renvoie moins à un ailleurs qu’à soi-même.
avec moi », l. 12). Le texte de Herbert George Wells permet de
L’enfant est physiquement choqué, il ne parle faire découvrir aux élèves la science-fiction à
pas, il ne répond pas, il est « désorienté » (l. 24) : travers l’un de ses fondateurs. Les textes d’Henri
cela sous-entend un traumatisme. Par ailleurs, il Michaux ouvrent à la fantaisie poétique, qui
est dénutri (« il n’a pas mangé comme il faut », tire cependant son inspiration de la tradition
l. 24-25). du récit de voyage initié par Marco Polo, ce qui
On peut supposer qu’ils ont traversé de nom- boucle le parcours.
breuses épreuves au cours de leur voyage. Ils ont
fait un séjour dans un camp de transit dont on 1. La Machine à explorer le temps
sait que la nourriture n’était pas bonne. Ils ont de ­Herbert George Wells
fait une semaine de transport dans des condi- En piste !
tions inconnues mais certainement fatigantes
pour arriver dans ce nouvel endroit. L’activité gagnera à être une production indivi-
duelle écrite. L’objectif est que les élèves com-
Questions croisées Oral prennent que le genre de la science-fiction
5.  Il s’agit de deux destins d’immigrés, qui ont s’appuie sur des découvertes scientifiques pos-
quitté leur patrie pour un autre pays où ils sibles (croisements génétiques, voyages dans
espèrent mieux vivre. Ils ont en commun des l’espace, etc.) ; d’où le mot « science » pour en
conditions de vie difficile qui les ont contraints pousser les conséquences de manière roma-
à l’émigration. nesque d’où le  mot « fiction ». Le professeur
6. Le texte de Tahar Ben Jelloun donne la parole pourra ajouter que l’exercice n’est pas gratuit car
à l’héroïne qui peut mieux exprimer les nuances ce genre de roman contient souvent une dimen-
de ses ressentis, quand John Maxwell Coetze sion critique d’alerte sur les dangers de la science.

66   Thème 3  5e • Le voyage et l'aventure : pourquoi aller vers l'inconnu ?


1. On utilisera le guide de lecture pour attirer les adaptés, niveau de langue adapté, correction
élèves sur les éléments du paratexte pour qu’ils syntaxique) ;
situent l’époque de rédaction : elle explique – rendre l’élève indépendant et capable d’utili-
le faible niveau de connaissance scientifique ser les TUIC en s’enregistrant et en rendant le
exposé par l’inventeur. fichier ;
La compréhension littérale ne doit donc pas – le faire réfléchir aux paradoxes du voyage
se fixer sur les détails techniques assez obscurs dans le temps : être à deux endroits en
et tout à fait inutiles de la machine mais sur même temps, tuer son grand-père, revenir
ses effets. quand tout le monde aura vieilli, voire sera
2. L’objectif est d’aider les élèves à se faire une mort, etc.
représentation de la machine, présentée ici
comme un vélo. Les élèves se rendront compte
qu’il n’y a aucune description précise de la
2. Voyage en Grande Garabagne
machine susceptible de s’en faire une idée. C’est d’Henri Michaux audio

donc à chacun de se « faire son film ». En piste !


3. Les qualités nécessaires à tout inventeur sont : On attend des élèves qu’ils fassent une relation
le flegme (son propos est très calme), l’habileté de sens entre le signifiant et le signifié. L’exer-
technique et manuelle (il répare la machine), cice les initie à l’onomastique, utile pour déco-
le courage (il travaille nuit et jour) et l’audace der les implicites de lecture et comprendre
(il teste lui-même sa machine). l’ironie.
4.  Les indications de temps sont : « jeudi der- Quelques propositions :
nier » (l. 1), « maintenant » (l. 3), « le vendredi » – les Omobuls : omo–, « pareils » (homo-
(l. 6), « ce matin », « aujourd’hui à dix heures » sexuels)/–buls, « bulle ». On attend des gens
(l.  9), « immédiatement » (l.  14 et 16), « une ronds, doux, pacifiques, qui se ressemblent.
minute ou deux après dix heures » (l.  19-20), – les Halalas : jeu sur l’homophonie (Oh là là ! :
« trois heures et demie » (l. 20). surprise, déception, admiration). On attend
Ces indications de temps ont une fonction des gens qui s’exclament, qui expriment leurs
d’organisation de la narration et d’ancrage du sentiments.
récit dans une durée. Elles servent également – les Nans : homophonie de la prononciation
de  preuve au déplacement dans le temps. enfantine de « non ». On imagine des gens
Mais  surtout elles soulignent la thématique et têtus, négatifs, puérils.
s’accordent avec le titre du roman. – les Bordètes : bord–, « à la limite »/–ètes, suf-
5. Les effets sont d’ordre physique : il perd l’équi- fixe qui désigne une population. On attend
libre (« chanceler », l. 16) et il a l’impression de un peuple qui vit à la frontière, ou des gens
tomber (« une sensation de chute », l. 17). Les qui se comportent aux marges de la légalité.
effets sont également psychologiques : il a peur 1. On utilisera le guide de lecture pour mettre
(« cauchemar », l.  17) et il perd conscience l’accent sur la réception sensible des élèves qui
(« je soupçonnai mon intellect de m’avoir joué vont percevoir l’aspect étrange, déroutant ou
quelque tour », l. 19). comique de ces textes. On espère également
Oral qu’ils seront sensibles à la poésie des textes : une
6. Les objectifs de l’exercice sont : bonne lecture magistrale soulignera le rythme,
– développer les capacités d’expression des les vers blancs, les assonances, les symétries de
élèves (sans le stress de la présence des construction.
camarades) : ces capacités doivent avoir fait 2. Cette question permet au professeur de tester
l’objet d’une discussion collective et/ou indi- la compréhension littérale de ces textes parfois
viduelle (À quelles conditions l’exercice sera- difficiles. Elle oblige l’élève à s’investir dans sa lec-
t-il réussi ? Articulation et débit de parole ture, à faire puis à justifier des choix.

séQuence 5 5e • Découvrir de nouveaux mondes 67


3. La comparaison avec les textes de Marco Polo E. Les élèves rédigent leur texte.
doit faire apparaître des constantes du genre du
récit de voyage : ➨   Les tableaux sont en téléchargement sur
le site www.hachette-education.fr.
– noms propres exotiques ;
– utilisation du présent de description ;
– généralisation et utilisation du pluriel ; Je fais le point
– recherche d’objectivité à travers la simplicité Les élèves ont découvert des récits de voyages
syntaxique des phrases simples ; réels à travers Marco Polo et Christophe
– rôle de la parataxe ; Colomb, ou des récits fictifs qui racontent
– goût du détail étonnant. l’immigration. On aborde ici un autre type de
4.  Les détails qui montrent que les peuples voyage, le voyage irréel, celui dans le temps ou
décrits sont imaginaires sont : dans l’imagination. Il ne s’agit plus d’informer
– « Leurs femmes accouchent dans une ou de dénoncer, mais de faire rêver en créant de
barque » (Les Vibres, l. 4) ; toutes pièces des univers exotiques auxquels le
– « Les Hivizinikis sont toujours dehors » (Les voyage se prête particulièrement bien puisqu’il
Hivinizikis, l. 12) ; permet de découvrir des univers inconnus et
– « Seule une mouche a pu causer ce désastre » pleins de mystères.
(Les Émanglons, l. 24-25).
Les détails sont incongrus ou absurdes. Ils
signalent un univers différent et étrange. La Voyagez en un clic ! p. 88
seule cohérence semble être d’ordre linguis- Atelier Rédiger le journal de bord
tique : c’est l’usage poétique des mots qui crée d’un voyage virtuel
ce monde déroutant mais beau.
1.  L’activité est individuelle ou on peut choisir
créative que plusieurs élèves explorent le même endroit,
5. Accompagner l’exercice d’écriture ce qui permettra des comparaisons intéres-
On attend des élèves qu’ils se situent dans la santes des productions finales. Elle travaille
veine poétique d’Henri Michaux ; afin de les d’abord la compétence des élèves à naviguer sur
aider, on peut proposer une activité en AP dont un site pour l’explorer. Elle travaille ensuite la
voici une méthodologie possible : compétence d’écriture sous sa forme descriptive
à l’intérieur d’une narration ; on abordera éga-
A. On répartit les quatre textes d’Henri Michaux
lement l’argumentation par la justification des
par groupes. choix (questions 2 et 3).
B.  Chaque groupe étudie le texte à l’aide d’un 2.  Le premier écrit intermédiaire est argumen-
dictionnaire et du tableau à remplir : le dernier tatif : les élèves expliquent le choix qu’ils ont fait
texte qui raconte une anecdote peut être traité d’un paysage.
séparément.
3. La seconde activité a besoin d’être encadrée :
C.  On revient ensuite à la forme attendue du la visite de l’endroit choisi doit en effet per-
journal de voyage (on pourra relire les textes de mettre de créer un itinéraire puis de décrire
Marco Polo). précisément ce qui est demandé.
D.  On revient enfin sur la forme poétique des L’écriture d’un journal de voyage peut se faire,
textes d’Henri Michaux dont on fait observer au choix, sur papier ou sur un blog.
certaines caractéristiques concernant le rythme On donnera aux élèves un exemple de carnet de
des phrases et les sonorités qui complètent la voyage virtuel : http://dreamlands-virtual-tour.
description. blogspot.fr/.

68 THème 3 5e • Le voyage et l'aventure : pourquoi aller vers l'inconnu ?


Oral Une chanson pour tout bagage L’adjectif s’accorde en genre et en nombre avec
p. 89 le nom auquel il se rapporte.
c. Contrairement à la phrase b, la phrase a
Atelier Apprendre par cœur un poème
contient un adjectif qui modifie le sens du nom
en s’aidant de la musique et
auquel il se rapporte.
du chant
Je m’entraîne
Il s’agit de faire réfléchir les élèves à la meilleure
façon d’apprendre un poème par cœur : 2. a. J’aime tous les films anciens américains.
– 1., 2. et 3. Cela passe par la compréhension b. J’ai visité un pays exotique et hospitalier.
littérale du texte et les exercices de manipula- c. Je suis d’accord avec les philosophes français
tion des mots pour revenir à une syntaxe plus optimistes.
compréhensible. d. J’ai vu dans la rue une fille blonde et mince.
« Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine » 3. – des chaussettes azur/rouges/bleu marine/
➞ « L’ardoise fine me plaît plus que le marbre orange/roses.
dur – des pantalons fauves/citron/rouge foncé/
Mon Loir gaulois plus que le Tibre latin roses/bleus.
Mon petit Liré plus que le mont Palatin – une casquette écarlate/châtain(e)/bleue/bleu
Et la douceur angevine plus que l’air marin. » clair/rouge.
On fait ainsi émerger les sentiments d’exilé du 4. Éloge de l’aéroport
poète, sa nostalgie de revoir sa maison natale. Les Le magnifique aéroport de Roissy est accessible
contraintes de versification (alexandrins) ne sont par la très pratique autoroute A1 ou la ligne B
pas obligatoirement évoquées pour l’instant. du RER. Des services y sont à votre disposition :
– 4. L’audition de la version chantée doit mettre bars accueillants, restaurants gastronomiques
en évidence l’aspect musical des vers et per- ou boutiques luxueuses. Des plans précis loca-
mettre un apprentissage plus facile. lisent les nombreux terminaux d’embarque-
– 5. Pour aller plus loin, on peut proposer aux ment. Le personnel au sol, agréable, répond aux
élèves de mettre en musique un autre poème de questions bienvenues et oriente les voyageurs
leur choix ou leur en faire écouter d’autres. satisfaits.
En raison des contrôles rassurants, de courts
délais sont à prévoir.
Langue La grammaire pour lire, écrire Critique de l’aéroport
et parler L’effroyable aéroport de Roissy est accessible par
Ces exercices sensibilisent les élèves par des l’autoroute A1, dangereuse et encombrée, ou la
exercices de manipulation à l’expansion du ligne B du RER. Des services y sont à votre dispo-
nom. Une leçon dans le mémo (p. 468) fixera la sition : bars bondés, restaurants trop chers ou
théorie. boutiques inabordables. Des plans confus loca-
lisent les terminaux d’embarquement labyrin-
Enrichir le nom avec un adjectif thiques. Le personnel au sol, toujours occupé,
J’observe répond aux questions malvenues et oriente les
1. a.  Les adjectifs « blanches » et « molles » voyageurs mécontents.
s’accordent en genre et en nombre avec le mot En raison des contrôles excessifs, de longs délais
« mûres ». sont à prévoir.
b. – cette mûre blanche et molle ; 5.  grandes – tectoniques – formidables – ter-
– ce fruit blanc et mou ; restre – dévastateurs – volcaniques – mémo-
– ces fruits blancs et mous. rables.

séQuence 5 5e • Découvrir de nouveaux mondes 69


Enrichir le nom avec un complément Enrichir le nom avec une proposition
du nom subordonnée relative
J’observe J’observe
6.  Le complément souligné apporte une infor- 11.  a.  Les propositions subordonnées rela-
mation de plus en plus précise au nom qu’il tives sont construites sur le modèle suivant :
détermine. mot introducteur (pronom relatif : que/où) +
7. a. Le chapeau de ma tante/de paille/d’osier quelqu’un (sujet) + verbe.
est sur la table de bois/du salon/de ma sœur. b. La porte que quelqu’un a refermée a claqué
b. Les animaux de la jungle/de la basse-cour/ avec force.
de l’autre côté viennent boire dans la mare du La chaise où quelqu’un s’est assis a plié sous le
village/de la savane/des fermiers. poids.
c. Les élèves de 5eC/des environs/de Madame Le chat que quelqu’un a caressé a miaulé de
Michu jouent dans la cour du presbytère/de satisfaction.
l’école/des grands. Le fruit que quelqu’un a mordu a été jeté à la
Je m’entraîne poubelle.
8. b. Il s’agit de l’arrière-grand-père. La lettre que quelqu’un a lue a été froissée.
c. La répétition produit un effet comique. La chaise que quelqu’un a renversée a fait un
d. – le cousin germain : le fils de ma tante (ou de grand bruit en tombant.
mon oncle)/le neveu de ma mère/le petit-fils La porte que quelqu’un a ouverte ne s’est pas
de ma grand-mère ; refermée.
– la cousine germaine : la fille de ma tante (ou La route où quelqu’un court encore est déserte.
de mon oncle)/la nièce de ma mère/la petite- Le bois que quelqu’un traverse est sombre et
fille de ma grand-mère. touffu.
– le petit cousin : le fils de mon cousin/le petit- La rivière où quelqu’un se jette charrie les neiges
fils de ma tante/l’arrière-petit-fils de ma de l’hiver.
grand-mère ; L’hôpital où quelqu’un est mort inspire l’effroi.
– la petite cousine : la fille de ma cousine/la Je m’entraîne
petite-fille de mon oncle/l’arrière-petite-fille 12. a. Le voyage dont nous rêvons est trop cher.
de mon grand-père ; b. L’éléphant qui fait tout le succès de ce zoo
–  le grand-oncle : l’oncle de ma mère/le frère de est malade.
ma grand-mère/le fils de mon arrière-grand- c. Je n’ai pas lu le guide que mon ami m’a prêté.
mère ; d. Connais-tu la rue où se trouve cette très
– la grand-tante : la tante de mon père/la sœur bonne boulangerie ?
de mon grand-père/la fille de mon arrière- e. Le village qui l’a vu naître a manqué à Joachim
grand-père. du Bellay.
9. a. La corbeille à/de pain  13. a. Le film dont tu parles ne passe plus en
b. La rue de/devant la poste ville.
c. La course à/contre la montre b. L’homme à qui appartient le parapluie est
d. Le raccourci par/de la forêt parti.
e. Le frère de ma mère c. Le banc où/sur lequel il s’assoit est cassé.
f. La maison aux volets bleus d. Le roman dont j’ai pourtant aimé le titre m’a
10. a. L’intérêt du maire de Londres pour les Jeux déçu.
olympiques. 14. Le guichet où papa a pris les billets
b. Le chant du rossignol dans la forêt. L’allée que nous avons suivie
c. La construction d’un nouveau pont sur le Bos- La volière qui s’agitait
phore par les Turcs. Les singes qui grimaçaient
d. Le consentement de la reine au mariage de Les ours que le public agaçait
son fils avec une roturière. Le banc où nous nous sommes arrêtés

70   Thème 3  5e • Le voyage et l'aventure : pourquoi aller vers l'inconnu ?


Le serpent qui a mordu pépé Les mots du voyage et de l'aventure
Les soigneurs qui se sont agités 17. a. Production libre des élèves.
Le SAMU que nous avons vu arriver
b. – Enthousiasmer/enchanter/captiver/exalter/
L’hôpital où pépé est alité.
passionner/ravir.
15. a. Je n’ai pas encore trouvé la maison qui me –  Enchanteur/paradisiaque/ravissant/édénique/
comblerait. merveilleux.
b. Les piétons qui ne font pas attention aux voi- –  L’abri/le havre/l’écrin/le port/la retraite.
tures sont imprudents. – Terrifier/receler des danger/effrayer/terrori-
c. J’ai lu un livre qui m’a passionné. ser/horrifier/épouvanter.
d. La foule que l’attentat a endeuillée s’est réu- – Inquiétant/redoutable/dangereux/effroy-
nie sur la place. able/terrifiant/monstrueux.
e. Je cherche un endroit qui puisse m’apporter –  L’obscurité/le danger/les ténèbres/la noir-
la paix. ceur/la confusion/l’opacité.

Séquence 5  5e • Découvrir de nouveaux mondes  71


thème 3 se chercher, se construire
5e – Le voyage et l’aventure : pourquoi aller vers l’inconnu ?

Séquence

6 Voyager en poésie

Fil directeur de la séquence


La sixième séquence de l’année a pour thème le voyage en poésie. Elle vise, en complément de la
séquence 5, à poursuivre la découverte de textes célébrant les voyages, à explorer les motifs et les
raisons de l’élan vers l’ailleurs, la séduction qu’il peut opérer et les représentations qui nous en sont
donnés. Il s’agira d’abord de s’interroger sur la définition d’un voyage poétique, entre rêve et réalité,
puis sur la manière dont la poésie transporte le lecteur vers un ailleurs, de comprendre les valeurs
transmises par les voyages et les sentiments éprouvés lors d’un départ ou d’un retour.
Compétences travaillées dans la séquence
Langage oral Écriture
Dans les pages de lecture… Dans les pages de lecture…
■Exprimer une opinion argumentée ■Passer du recours intuitif à l’argumentation à un
X Exposer les raisons d’un choix de noms propres, usage plus maîtrisé :
p. 94 y Connaissance des principales fonctions et
caractéristiques des discours argumentatifs :
En atelier, p. 102
X Pourquoi le poème s’intitule-t-il « Le Voyage ? »,
■ S’exprimer de façon maîtrisée devant un auditoire
■ Exprimer ses sensations, ses sentiments
p. 97
X Dire ses sensations devant un tableau En atelier, p. 102
■ Exploiter les ressources expressives de la parole ■ Pratiquer l’écriture d’invention et connaître les
y Ressources de la voix, de la respiration caractéristiques des genres littéraires :
X Mettre en voix son poème X Écrire un poème en prose présentant un lieu qui
X Recourir à des techniques multimodales : illustre la joie de vivre
s’enregistrer en insérant de la musique, des bruits X Écrire un poème qui mêle lieux rêvés et lieux réels
■ Exploiter des lectures pour enrichir son écrit :
X Écrire un poème à contraintes (Oulipo)

Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue


■ Lire des textes variés avec des objectifs divers : Dans la double-page langue…, p. 104-105
y Recourir à des stratégies de lectures diverses ■ Construire les notions permettant l’analyse et la
(adapter sa lecture à l’objectif poursuivi, adapter sa production des textes et des discours
lecture aux supports, reformuler) y Identification et prise en compte des éléments
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’observe », linguistiques de cohésion textuelle
« Je comprends » X Procédés de désignation et de caractérisation
y Formuler des impressions de lecture, percevoir un ■ Maîtriser la forme des mots en lien avec la syntaxe
effet esthétique y Connaître le fonctionnement de la chaîne
X Carte mentale « Lire un texte » : « Je lis », d’accord
« J’écoute », « Je réagis » X Accord de l’adjectif de couleur
y Reconnaître les implicites et faire les inférences et ■ Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe des
hypothèses de lecture nécessaires mots
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’interprète » X Mise en réseau des mots de la sensation
■ Lire et comprendre des images fixes
Dans les coins des mots
ou mobiles
La métaphore (p. 94)
X Carte mentale « Lire une image »
Synonymes du mot « voyage » (p. 101)

72 THème 3 5e • Le voyage et l’aventure …


Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image
Enjeux culturels
■■ Lire des œuvres littéraires et fréquenter des œuvres
d’art
XXDévelopper des connaissances sur le genre du récit
de voyage
XXDévelopper des connaissances sur la poésie
■■ Élaborer une interprétation de textes littéraires
XXMise en voix de poèmes
XXPercevoir les effets esthétiques de la poésie
■■ Enjeux de formation personnelle
XXS’interroger sur le sens des représentations qui sont
données des voyages.

Lecture  Entre rêve et réalité : qu’est- m’y scalper de mon cerveau d’Europe ! ». La
ce qu’un voyage poétique ? métaphore du scalp traduit sa volonté d’échap-
 p. 94 per à des pensées trop pesantes et celle de la
Les deux textes proposés permettent de s’inter- « vierge antilope » son rêve de retrouver une
roger sur le sens du terme « voyager ». En effet, vie libre. Enfin, les verbes, peu nombreux, sont
contrairement à celui de Jules Laforgue, qui se majoritairement employés à l’infinitif, à l’indicatif
situe exclusivement dans le rêve, le texte de Jean futur, au conditionnel ce qui correspond au rêve.
Cocteau entremêle deux voyages : l’un imagi- 3.  Le poème est construit sur une progression
naire, l’autre réel. de la rêverie qui fait l’inventaire désordonné de
thèmes : celui de la liberté et de la puissance, des
1. « Albums » de Jules Laforgue religions nouvelles. Chaque étape est introduite
En piste ! par une pause rapide : « Oh là-bas » (v. 5), « Et
• Le titre « Albums » fait penser à des cahiers puis quoi ? » (v.  15). Cette progression donne
cartonnés que les enfants remplissent de vers, l’impression d’une recherche hâtive d’issues envi-
de dessins, d’images trouvées ici et là. Il désigne sageables. Dans une forme libre, les alexandrins
donc le monde de l’enfance, de l’insouciance, du (hormis le vers 11) présentent un rythme préci-
rêve ainsi que le voyage puisqu’un album peut pité puisque la césure se trouve rarement à l’hé-
se constituer suite à la découverte de nouvelles mistiche. Des images stéréotypées s’enchaînent
contrées. dans une sorte d’élan et de frénésie. Le rythme
•  On peut s’attendre à un retour en enfance et à est irrégulier : alternance de groupes courts et de
une forme de naïveté, à un poème qui comporte groupes longs avec la présence ­d’enjambements
de nombreuses images poétiques, à une forme (v. 9-10), de rejets (v. 11 et 15). Le rêve semble
libre. nous happer d’un motif à l’autre comme un
1. On utilisera le guide de lecture pour encou- flux d’images incontrôlées. La répétition de la
rager les élèves à réagir au texte. Ils pourront conjonction de coordination « et » (v. 2, 12, 17
être sensibles à l’évocation du « Far West » et 20) traduit un enthousiasme quasi enfantin.
(v. 1) et à ses connotations : l’espace, la liberté, 4. Ce Far West représente la liberté avec l’aven-
la conquête, les cow-boys et les Indiens. Ils pour- ture « Et ce soir nuit de jeu, et demain la
ront également faire des remarques sur le ton du refuite » (v.  17) et l’évasion « et le gazon/Des
texte, à la fois gai et triste. Enfin, les rimes sont Prairies pour lit, et des ciels des premiers âges »
suivies donnant au poème un schéma très régu- (v.  12-13) ; le pouvoir « là-bas, là-bas, je serai
lier, presque litanique. roi !… » (v. 4) ; la sauvagerie « être sans foi ni loi,/
2. Le poète est dans le rêve la majeure partie du Desperado ! » (v. 3-4) ; le rêve des origines (toute
poème comme l’indique le vers 5 : « Oh là-bas, une mythologie est présente avec les cowboys et

séquence 6  Voyager en poésie  73


les Indiens : « scalper », v. 5) ; les religions nou- brosser un moment de vie saisi dans son mou-
velles « les États Mormons ! » (v. 11). vement et sa fugacité.
5. Les deux derniers vers du poème montrent un 2. Les lieux évoqués sont « Palma de Majorque »
rêve brisé. L’expression « feu de paille » (v. 24) (v.  1) et « Palma des Baléares » (v.  10) qui se
désigne l’espoir fugace qui a animé le poète. trouvent dans les Îles Baléares en mer Méditer-
Les rêves sont qualifiés de « beaux » mais éga- ranée ; les îles « Marquises » et « Carolines »
lement de « fous » (v. 24), c’est-à-dire d’impos- (v.  21) qui se trouvent dans l’océan Pacifique ;
sibles. L’expression « non incassables » (v.  25), une île de la Marne, près de Paris.
par la présence de la double négation et des 3.  Les Îles Baléares et l’archipel de l’Océanie
sonorités répétées [n] et [a], montre une tenta- sont des îles paradisiaques évoquant l’éloigne-
tive sans espoir de réussite. ment et l’évasion (« Votre nom sur la carte »,
Oral v. 22), la joie de vivre (« Des sorbets au citron »,
6. Il s’agit pour les élèves de s’interroger sur leur v.  4). L’île de la Marne incarne les moments
rêve d’ailleurs, leur choix de tel ou tel lieu. La festifs du quotidien et les joies simples (la fête
mise en commun des raisons permettra de déga- foraine : « Comme un tir de la foire » [v. 14], le
ger quelques constantes : le paysage, le climat, la mariage : « La noce qui embarque » [v. 19], les
joie de vivre, les relations simples et sincères, le promenades dominicales : « les trains de plai-
retour aux origines, le rêve qu’une contrée peut sir » [v. 29]). Mais le poète semble insatisfait et
représenter. il confie son envie de partir, d’échapper au quo-
tidien (la métaphore « Mon cœur est l’œuf qui
Le coin des mots danse » [v. 15] révèle une désillusion), ce qu’il ne
La métaphore consiste en la comparaison parvient à faire d’où une forme de solitude : « Je
des rêves aux « feux de paille » (v.  24), aux reste seul sauvage » (v. 20).
« albums », aux « joujoux » (v. 25). Elle évoque 4. Les pronoms utilisés sont : le pronom person-
un rêve fugace (« feux de paille »), le monde nel indéfini « on » (v. 3), le pronom personnel
de l’enfance et de l’insouciance (« albums », « vous » (v. 7 et 8). Le pronom personnel indé-
« joujoux ») qui ne peut durer et qui prend fini « on » associe les habitants des Îles Baléares,
fin (« non incassables, mes joujoux ! »). Elles le poète et le lecteur. Le pronom personnel
signifient le poids du spleen qui retient le poète « vous » désigne les voyageurs et les lecteurs qui
prisonnier. participent à l’évasion.
5.  Le poète entremêle les deux voyages dans
2. « Îles » de Jean Cocteau les mêmes strophes. Ainsi dans la sixième
strophe, il passe de l’inscription du nom des
En piste !
îles paradisiaques sur une carte (« Votre nom
Cette activité a pour but de provoquer l’imagi- sur la carte », v.  22) au sien sur un arbre de
nation des élèves. Le mot « île » connote l’éva- l’île de la Marne (« Près de la balançoire »,
sion, les destinations lointaines et ensoleillées, v.  24), à la manière des amoureux qui laissent
la mer turquoise, la nature sauvage, le silence, la leurs initiales, dans une structure en chiasme
tranquillité… (« Marquise, Carolines » renvoyant à « Près
1. On utilisera le guide de lecture pour mettre en de la balançoire », « Votre nom sur la carte »
évidence le voyage imaginaire avec l’évocation à « Grave le mien dans l’arbre »). Dans la der-
des Îles Baléares, le voyage réel avec l’île sur la nière strophe, Jean Cocteau établit une compa-
Marne puis le croisement des deux voyages aux raison entre deux moyens de transport : le train
vers 21 à 28. Les îles, sources d’évasion, peuvent (« Express », v.  25) et les bateaux de croisière
être celles de son quotidien. Le poème est sous (« paquebots », v. 25) pour des destinations de
la forme de quatrains constitués d’hexasyllabes luxe et d’évasion et « les bateaux-mouches »
qui correspondent, par leur rapidité et leur (v. 27) et « les trains de plaisir » (v. 28) pour les
légèreté, à l’imaginaire. Chaque strophe semble promenades du quotidien. Cette construction

74 THème 3 5e • Le voyage et l’aventure …


en chiasme révèle l’envie de partir, d’échapper du xixe siècle, des trains de luxe, aux noms évo-
au quotidien. Mais le passage de lieux paradi- cateurs, parcourent les continents, laissant dans
siaques à des lieux plus banals, le remplacement leur sillage un parfum de mystère et d’exotisme.
du rêve et de l’évasion par des plaisirs simples L’affiche évoque donc de longs voyages qui
montrent qu’il n’est pas nécessaire de partir très passent de capitales en capitales (par exemple :
loin pour s’évader. Une fête foraine, une prome- Paris, Munich, Vienne, Budapest, Belgrade,
nade en bateau-mouche ou en train peuvent Constantinople), qui traversent l’Europe pour
être synonymes de bonheur. aller vers l’Orient, source d’émerveillement des
Oral   poètes et des gens de lettres.
6. On veillera à travailler avec les élèves la manière 1.  On utilisera le guide de lecture pour per-
de mettre en voix un texte et de varier le ton : mettre aux élèves de se rendre compte que
employer une diction rythmée avec coupure Valéry Larbaud rend hommage à la beauté
à l’hémistiche pour marquer la joie ; employer magique du train. Une ode est un poème lyrique
une diction plus lente sans coupure à l’hémis- qui célèbre. Nous avons donc ici une sorte d’ode
tiche pour marquer le rêve. Par ailleurs, les élèves héroïque qui a pour héros le train lui-même.
apprendront à respecter le nombre de syllabes par L’aspect lyrique est marqué par l’implication du
le respect des diérèses signalées aux vers 6 et 12. poète (« J’ai senti pour la première fois toute
la douceur de vivre », v. 11) qui évoque la pri-
Je fais le point mauté de la sensation dans un moment unique.
Jules Laforgue et Jean Cocteau voyagent par le Il veut rendre familière la traversée des paysages
rêve, soit en imaginant leur existence entière en entamant un dialogue avec le train : l’em-
dans une nouvelle contrée (le Far West pour ploi répété des impératifs « Prête-moi » (v.  1)
Jules Laforgue) synonyme d’un âge d’or afin qui devient « Prêtez-moi » (v.  20). Ce passage
d’échapper au « vieux monde », soit en mêlant du tutoiement au vouvoiement renforce l’im-
rêve et réalité afin d’échapper au quotidien (Jean pression de solennité comme si les impressions
Cocteau). devenaient de plus en plus grandioses au fur et à
La poésie permet de voyager de chez soi, sans se mesure du voyage.
déplacer. Il s’agit d’un voyage imaginaire à partir 2. L’écriture en vers libres se caractérise par un
de l’évocation de contrées exotiques ou fami- retour à la ligne, qui crée des vers de longueur
lières. Les mots et les figures poétiques transfor- irrégulière et par l’abandon des rimes. Quand le
ment le quotidien et sont source d’évasion. train est à vitesse constante, les vers sont majo-
ritairement longs (v. 11-19). Dès que le train est
désigné comme rapide, les vers sont plus courts
Lecture Comment la poésie (v. 20-26) avec la présence de quelques vers qui
transporte-t-elle le lecteur marquent le changement de vitesse du train
vers un ailleurs ? p. 96
(v. 23 et 26). Le parcours du train fait naître une
Les poèmes de Valéry Larbaud et de Tomas certaine monotonie, un bercement homogène
Tranströmer évoquent les moyens de transport comme le montre l’adjectif « angoissante »
permettant aux poètes de voyager et de s’évader. (v. 3) associé à « la musique ». Pour intensifier
Dans ces deux textes, le choix de ces moyens de cette monotonie, l’auteur crée des alexandrins
transport sera à interroger afin de comprendre (v.  4 et 8), rendant hommage à la poésie clas-
le lien entre la musicalité et le mouvement. sique.
3. Les trains se caractérisent par le luxe : il s’agit
1. « Ode » de Valéry Larbaud audio
dans un premier temps de faire ressentir la
beauté des matières comme le « cuir doré »
En piste ! site (v. 4) ou le « cuivre lourd » (v. 5). La traversée
L’observation d’une affiche publicitaire pour des couloirs donne l’occasion au poète d’utili-
l’Orient-Express donne envie de voyager. À la fin ser une allitération en [ l ] aux vers 4, 5 et 6 qui

séQuence 6 Voyager en poésie 75


symbolise la richesse, le bien-être et le confort. • « vos vibrantes voix » ;
Ils se caractérisent également par la musique : • « ton glissement » ;
l’expression « Harmonika-Zug » (v. 10) est à la • « vos miraculeux bruits sourds » ;
fois auditive et visuelle. L’harmonica est un ins- • « ces bruits » ;
trument qui utilise les sifflements et il est visuel- • « ce mouvement ».
lement très proche d’un wagon de chemin de – « ta grande allure » : « ce mouvement » ;
fer. Ils se caractérisent enfin par la beauté avec – « vos vibrantes voix » : « ces bruits » ;
l’emploi de personnifications. Les locomotives – « ton glissement » : « ce mouvement » ;
« hautes et minces, aux mouvements/Si aisés » – « vos miraculeux bruits sourds » : « ces
(v.  24-25), la « grande allure si douce » (v.  1) bruits ».
renvoient à la femme du monde, gracieuse et 2.  « et disent/Pour moi ma vie indicible »
discrète. (v. 28-29)
4. Le verbe « On glissait » (v. 13) suggère l’idée Soulignez dans cette expression deux termes
du mouvement régulier et de la vitesse. qui s’opposent. Que traduit leur rapproche-
5. Dans les vers 23 à 27, cette idée de mouvement ment ?
doux et de vitesse est reprise par les termes : « la Les deux termes qui s’opposent sont « disent »
respiration légère et facile » (v. 23), « aux mou- et « indicible ». La volonté du poète est de dire
vements/Si aisés » (v.  24-25) qui est un rejet, ce qui ne peut l’être. Tout son art consistera à
« des rapides » (v. 25) et « sans effort » (v. 26). trouver une forme moderne d’écriture qui puisse
6.  Le train est le moyen magique de parcourir traduire ce bruit et ce mouvement, comme si
des pays réels. Les noms de lieux sont nombreux participer à l’aventure technique des voyages
dans le poème : Vienne, Budapesth, Wirballen, en chemin de fer lui proposait de nouveaux
Pskow, la Sibérie, la Castille. Le poète n’utilise pas enjeux.
l’ordre chronologique pour citer ces lieux : il ne 3.  a. « ton grand bruit […] l’angoissante
raconte pas un voyage mais évoque des images musique/Qui bruit » (v. 1 à 4)
de plusieurs voyages confondus. L’hommage aux Les mots en gras appartiennent-ils à la même
trains est traduit par l’emploi de points d’excla- classe grammaticale ? Justifiez votre réponse.
mation (v. 10 et 19) ce qui renforce la béatitude Quel est le sens de chacun d’eux ?
de celui qui regarde. Le premier mot est un nom alors que le second est
un verbe. Le premier signifie des sons provoqués
Oral   par le déplacement du train et les frottements
7.  Cet exposé cherche à faire comprendre aux sur les rails. Le second a le sens de produire des
élèves la fascination qu’ont exercée les trains sons confus, étouffés pour marquer une certaine
de luxe aux noms évocateurs. Ce sera l’occasion monotonie, un bercement homogène.
pour eux de découvrir les matériaux qui les com- b. « Tandis que derrière les portes laquées, aux
posaient, le type de voyageurs qui les emprun- loquets de cuivre lourd » (v. 5)
taient, les distances qu’ils parcouraient, les pays Soulignez dans ce vers deux paronymes (mots
qu’ils traversaient, les services offerts. Enfin, les dont la prononciation est très proche).
élèves sont initiés à la préparation et à la pré- Les deux paronymes sont « laquées » et
sentation de l’exposé qui utilisera les TICE par « loquets ».
l’élaboration et l’emploi d’un diaporama per- c. « Et je suis ta course » (v. 8)
mettant d’associer texte et image. Quelles sont les deux interprétations possibles
du verbe ?
Comprendre l’emploi du vers libre
Il peut être issu du verbe « suivre » et signifier
1. Associez les expressions suivantes pour com- que le poète porte son attention sur le dépla-
prendre ce que le poète cherche à traduire dans cement du train ou il peut être issu du verbe
son écriture : « être » et signifier que le poète incarne ce train,
• « ta grande allure » ; qu’il le symbolise par son évocation dans le texte.

76 THème 3 5e • Le voyage et l’aventure …


4. a. « Vos vibrantes voix de chanterelle » (v. 22) cavernes », v.  8), l’absence de vie (« lumière
Observez les éléments en gras. Quel son conso- morte au regard égaré », v. 3), une inexpressivité
nantique est répété ? Quel effet cette allitération (« visages », v.  5), une forme de déshumanisa-
peut-elle traduire ? tion (les personnes sont des « statues », v.  7).
Il s’agit d’une allitération en [v] qui traduit le bruit Les profondeurs du métro sont comparées à une
aigu du train, la chanterelle étant la corde la plus sorte d’enfer.
aiguë d’un instrument à cordes. 3.  Les voyageurs sont caractérisés par leur
b.  « Qui bruit le long de tes couloirs de cuir expression (« regard égaré », v.  3), leurs gestes
doré,/Tandis que derrière les portes laquées, aux (« coude à coude », v. 2), leurs effets personnels
loquets de cuivre lourd » (v. 4-5) (« les porte-documents », v.  5, « les pardes-
Surlignez dans ces deux vers les sons consonan- sus », v. 15). Ces termes traduisent la monoto-
tiques et vocaliques qui sont répétés. Quel effet nie du quotidien qui devient une contrainte :
produisent-ils ? « Contraintes, rêveries, servitudes » (v.  9). Le
Les allitérations répétées sont le [l], le [k] et le [d]. terme « gens » (v.  12) signifie leur anonymat.
Les assonances répétées sont le [i] le [o] et le [u]. Ces voyageurs sont las et renfermés : « cha-
Elles ont pour effet de marquer le crissement du grins » (v. 12), « taciturnes » (v. 13).
train sur les rails créant des variations sonores 4. La longueur des vers traduit le mouvement du
(les sons [k] et [i]), ainsi que le luxe de l’intérieur, métro avec ses ralentissements quand il arrive à la
la richesse, le bien-être, le confort, les bruits feutrés station de métro (v. 4) ou quand il débouche sur
(les sons [l] [d] et [o]). l’extérieur (v. 21), ses accélérations quand il repart
(v.  5) et le bercement identique et homogène
2. « Le voyage » de Tomas Tranströmer (v.  7 à 9). Elle traduit également les sentiments
des voyageurs (la monotonie, v. 12 et 13) et ceux
En piste ! du poète : l’enthousiasme de la découverte de la
La question vise à sensibiliser les élèves à l’atmos- nature (v. 31-33 plus courts, plus rythmés).
phère qui se dégage d’un moyen de transport 5.  Le poète cherche à faire ressentir deux sen-
qu’ils ont l’habitude de fréquenter afin d’identi- timents différents : la lassitude des galeries du
fier par la suite la tonalité du poème proposé. Ils métro parce que synonymes de la monotonie
peuvent également évoquer les sentiments qui du quotidien ; la joie de découvrir le paysage de
les animent quand ils l’empruntent (la joie ou la surface avec sa vie (« le pays battit/des ailes »
la monotonie les matins d’hiver tôt, la lassitude, aux vers  22-23), sa verdure (« verdoyant »,
etc.). v. 24), ses couleurs (« les criques bleues », v. 32),
1. On utilisera le guide de lecture pour sensibi- ses contrastes illustrés par l’énumération des
liser les élèves à la situation ordinaire proposée vers 31-32.
(prendre le métro pour se rendre ou revenir de
  argumentative
son travail). L’observation de l’environnement
devient la matière de la poésie, révélant les pro- 6. Le poète a intitulé son poème « Le voyage »
fondeurs d’une réalité qui échappe au lecteur (le parce qu’il montre le passage d’un monde à
métro comme symbole de la lassitude des voya- l’autre, de celui des tunnels du métro à celui de la
geurs) et la relation entre notre intimité et le nature et de la vie. La référence à « La fenêtre »
monde qui nous entoure. Le texte peut s’inscrire de Charles Baudelaire traduit l’ouverture au
dans la tradition du haïku consistant à peindre monde : passage du monde de l’ignorance (les
en peu de mots une réalité. Enfin, les élèves souterrains du métro) à celui de la connaissance,
pourront relever l’emploi de la métaphore qui de la révélation (les paysages en surface).
transmet une émotion aux vers 31 à 33.
Je fais le point
2.  L’atmosphère qui caractérise la station de
métro est l’obscurité (« l’obscurité » au v. 6, « la Le train et le métro se prêtent bien à la poésie
nuit » au v. 10), le retour à l’âge primitif (« les parce qu’ils permettent d’associer la musicalité

séquence 6  Voyager en poésie  77


et le mouvement. Le rythme du train et du 3. Les expansions du nom sont construites de la
métro et leur musique deviennent peu à peu même manière : elles sont constituées de la répé-
ceux du poème qui s’écrit sous nos yeux. On tition du même groupe nominal (« de jeunes
appelle cette forme moderne d’écriture le work klaxons », l. 10, 11 et 12) puis du même pronom
in progress (l’œuvre en train de se créer). Les relatif (« qui »), suivi d’un verbe de mouvement
poètes ont ainsi trouvé le moyen de traduire la et d’un COD ou d’un COI évoquant le poète et
modernité dans leurs poèmes. ses amis.
Elles mettent en évidence une ville agitée,
bruyante, jeune, pleine de vie puisque le terme
Lecture Voyager et se sentir « klaxons » est sujet des verbes de mouvement
vivant ? p. 98 dans les propositions subordonnées relatives.
Les textes de Blaise Cendrars et de Laure Morali 4. Les impressions qui ressortent de la ville sont :
nous invitent à découvrir ce qu’apportent les une chaleur climatique qui écrase la ville (« dans
voyages : l’atmosphère qui se dégage d’un lieu, de la chaleur molle épaisse rembourrée », l. 5-6),
les sensations et sentiments que ce lieu pro- une chaleur humaine (l’accueil des amis, leur
voque chez les poètes. Ils permettent également attente depuis « sept heures du matin », l.  7),
de réfléchir sur les caractéristiques du vers libre l’insouciance et la fête (« jeunes klaxons qui se
et son emploi. saluent », l. 9), la tradition (« bonne vieille cui-
sine brésilienne », l. 15-16), la modernité (« gra-
mophones », l. 14).
1. « La plage de Guarujà » de Blaise Cen- 5.  L’atmosphère du restaurant révèle une
drars audio joyeuse confusion aux lignes 13 à 16 avec une
En piste ! énumération sans ponctuation et un mélange
de tradition et de modernité ; une ambiance
• Guarujà est une île située sur la côte de São électrique suggérée par les allitérations en [p]
Paulo et reliée par des ponts à la ville côtière de et en [k] ; une grande activité (présence de pro-
Santos qui abrite le plus grand port du Brésil. La positions subordonnées relatives aux lignes 14
plage est baignée par l’océan Atlantique. à 16) ; un plaisir qui s’inscrit dans le temps par
• Cette question vise à interroger les élèves sur l’emploi de vers longs.
les éléments qui peuvent être mis en évidence
dans un poème ainsi que sur la forme la plus créative
appropriée pour les évoquer. Leurs propositions 6.  Cette écriture vise à réinvestir les différents
fonctionneront comme des hypothèses de lec- procédés poétiques identifiés lors de la lecture
ture qui seront confrontées au texte de Blaise du poème de Blaise Cendrars, à savoir l’emploi
Cendrars. de la première personne, le vers libre, l’absence
1. On utilisera le guide de lecture pour faire rele- de ponctuation, l’évocation d’une atmosphère
ver aux élèves les sensations qui se dégagent de de joie, la convocation des sens et la mise en
ce poème et notamment le rôle de l’ouïe avec évidence de l’un d’eux, l’utilisation de groupes
l’anaphore du terme « klaxons » (l. 9, 10, 11 et nominaux expansés, l’emploi d’allitérations
12) qui évoque la joie de vivre, le bonheur d’une et d’assonances, l’utilisation d’énumérations,
jeunesse insouciante. notamment lors de l’évocation du lieu précis.
2.  Les sens sollicités sont : la vue (« j’ai décou-
vert », l.  2), l’ouïe (« toute la ville retentit de 2. « Les voyageurs » de Laure Morali
jeunes klaxons », l. 7), le toucher (« dans de la
chaleur molle épaisse », l. 5), le goût (« la bonne En piste ! site

vieille cuisine brésilienne savoureuse épicée », • L’orange sanguine est originaire du monde
l. 15-16). Le poète traduit ainsi sa découverte du méditerranéen : la Sicile et l’Afrique du Nord.
lieu, de son climat et de ses traditions. Il exprime • Le titre du recueil fait référence au fruit que
son enthousiasme. son grand-père, Robert Morali, pressait en

78 THème 3 5e • Le voyage et l’aventure …


Alsace pour son fils (le père de la poète) en son- poème se veut donc un hommage à ce grand-
geant à Tébessa, en Algérie. père qui s’est battu en héros et qui a laissé der-
1. On utilisera le guide de lecture pour faire iden- rière lui son pays natal.
tifier aux élèves les voyages effectués aux quatre Je fais le point
coins du monde, la recherche de l’harmonie et
de la tranquillité (« l’ombre d’une île/découpée Le voyage apporte la vie aux deux poètes : la
sur l’eau calme, v. 41-43), la nostalgie que la poète découverte d’un pays (le Brésil), une insou-
ressent (« au goût de l’été qui déclinait », v. 36). ciance, un enthousiasme, une joie de vivre pour
2. Les vers 5 à 7 évoquent le voyage du grand- Blaise Cendrars ; le goût pour les voyages, la diffi-
père partant d’Algérie pour se rendre en France. culté de s’établir, le souvenir d’un grand-père, la
Le pays « à l’épaule » (l’Algérie) est celui des ori- nostalgie pour Laure Morali.
gines et des souvenirs quand on le quitte. Le pays Leur écriture poétique adopte le vers et la forme
« dans le ventre » (La France) est celui auquel on libre ce qui leur permet d’évoquer les sensations
est attaché mais également celui qu’on appré- et les sentiments provoqués par le voyage.
hende (cf. l’expression « ventre noué »). Ce sont
des métaphores qui sont construites en chiasme
pour mettre en évidence le passage d’un pays à Lecture  Qu’éprouve-t-on lors
l’autre et les sentiments qu’il suscite. d’un départ ou au retour
d’un voyage ? p. 100
3. Montréal est associé aux termes « été », « qui
déclinait » (v.  36), « des guirlandes de ballons 1. « Adieu à l’Estancia » de Jules Supervielle
roses » (v. 37). Le Québec est associé aux termes En piste !
« rousseur de l’été » (v.  24), « tombent les
feuilles » (v.  25), « vivent de vieux papillons » • L’Uruguay est un pays d’Amérique du Sud
(v. 26), « le désir » (v. 28). situé au sud du Brésil et à l’est de l’Argentine.
4.  Les sens sollicités sont la vue (« la rousseur
• Son climat est subtropical : des étés chauds
et des hivers doux. Le pays est principalement
de l’été », v.  24) ; le goût : (« j’ai bu/le jus de constitué de grandes plaines (les pampas) ainsi
l’orange sanguine », v.  16-17) ; l’odorat (« en que de montagnes de faible altitude mais très
fumée mauve », v. 31) ; le toucher (à l’épaule/un escarpées.
pays », v. 5-6).
Ils sont présents pour montrer que la poéte
s’inscrit dans la tradition familiale du voyage et 2. « Dissolution » de Paul Claudel
qu’elle ressent de la nostalgie au travers des sen- 3. Débarcadères de Jules Supervielle
sations évoquées et de la description des saisons
(« tombent les feuilles », v. 25) qui participent En piste !
de l’existence et qui lui donnent un sens. Entré dans la carrière diplomatique, Paul Claudel
5. On peut ressentir à la lecture de ce poème une est nommé consul à Shanghai en 1895. Il devient
forme de simplicité, une recherche du bonheur vice-consul à Fuzhou en 1900, puis consul à
dans une nature calme et belle ; mais également Tianjin de 1906 à 1909, à Prague en 1909, à
la difficulté de la poéte de se poser (« j’ai suivi le Francfort en 1911 et à Hambourg en 1913, avant
chemin vers », v. 23) et une forme de nostalgie. d’être nommé ministre plénipotentiaire à Rio de
Janeiro en 1916 et à Copenhague en 1920. Il est
Oral   ambassadeur à Tokyo en 1922, à Washington en
6. Le « jus de l’orange sanguine » (v. 17) évoque 1928 puis à Bruxelles en 1933 où se termine sa
le geste attentionné du grand-père pour son fils carrière diplomatique en 1936.
à qui il prépare cette boisson, la nostalgie des ori- 1. On utilisera le guide de lecture pour faire iden-
gines (Tébessa en Algérie) et un hommage à la tifier aux élèves le point commun entre ces trois
vie en tant que survivant de la Seconde Guerre textes : le départ du poète pour la France (Jules
mondiale (« une main/résistante », v. 18-19). Ce Supervielle), un déplacement sur le territoire

séquence 6  Voyager en poésie  79


chinois (Paul Claudel). Le troisième texte donne d’indiquer le type de vers employé après avoir
des conseils pour accepter ce retour. compté les rimes (alexandrin) ; d’identifier les
2.  Le poète pense à tous les éléments qu’il procédés qui mettent en valeur le mot « Rêve »
va laisser derrière lui : les paysages, la flore, la (l’emploi d’une majuscule ; la place du mot dans
chaumière et les amis, en sollicitant les sens (la le vers : à la césure et sépare le vers en deux
vue au vers 13, l’ouïe au vers 11, le toucher au hémistiches de six syllabes) ; de relire le texte et
vers 9, l’odorat au vers 17). Il évoque ainsi tout de trouver un autre vers dans lequel le lecteur
ce qui constituait son rêve (emploi du terme rencontre ce même mot (v.  1) ; de s’interroger
« rêveur », v.  14). Le poète ressent de l’incer- sur l’effet produit par la reprise de ce terme au
titude (« Qu’il neige au loin sur notre sort », dernier vers (il inscrit le poème dans une circu-
v. 4), de la nostalgie et vit ce départ comme une larité : le premier vers permet d’entrer dans le
rupture violente (« Déchirer quelque chose », rêve et le dernier vers en marque la fin, puisque le
v. 6). Il s’agit d’une scène d’adieu (anaphore du poète part et laisse derrière lui ce lieu tant aimé).
y Étape 5 : réécriture d’une strophe sous la
terme « adieu » aux vers  9 et 13) à laquelle il
donne une forme solennelle grâce à l’emploi de forme d’alexandrins avec les rimes ; création de
l’alexandrin. Le départ est vécu comme un rêve quelques enjambements ; choix d’un mot qui
qui se brise ainsi que le suggère la familiarité éta- sera repris au dernier vers ; emploi des procédés
blie avec les éléments constitutifs du paysage qui mettent en valeur ce mot dans l’alexandrin.
y Étape 6 : révision et correction : relecture du
(emploi du déterminant possessif « ma » au
vers 9, de la formule « Mes chers » au vers 17) texte pour apprécier sa cohérence ; correction
de l’orthographe et de la syntaxe.
qui rend plus lourd le départ.
3. Le voyage du retour est vécu comme une dis-
Écriture d’un poème sur le départ solution des éléments qui caractérisent la Chine,
Il peut être possible de demander aux élèves un qu’incarne l’univers marin (emploi des termes
texte poétique dont le sujet peut être le suivant : « dissoudra » [l. 4], « dissous » [l. 6 et 8]), comme
« Comme le poète, vous avez dû quitter un lieu si la mer reflétait l’âme du poète (la tristesse,
auquel vous étiez attaché. Vous évoquerez l’ex- l. 10-11), et effaçait tous les souvenirs. La dernière
périence d’un changement chargé d’émotion phrase du texte, à la forme négative, révèle ce
(fin des vacances, déménagement, etc.). » que le poète perd en partant : le souvenir de la
y Étape 1 : planification du texte avec le choix Chine et de ses habitants. L’univers devient ainsi
de l’expérience racontée ; les sensations et senti- mythique et rêvé, puisqu’insaisissable.
ments qui lui sont associés ; les réflexions qu’ins-
pire actuellement ce souvenir. Comment la prose peut-elle être poé-
y Étape 2 : rappel de la forme poétique avec la tique ?
présence de strophes sous forme de quatrains ; a. Comment le poème est-il rédigé ? Quelle est
de quelques alexandrins ; d’une anaphore sa longueur ?
(« adieu ») ; l’adresse au lieu et les formules qui Il est rédigé comme tout texte en prose : il occupe
marquent la familiarité ; la présence de quelques tout l’espace de la ligne contrairement au vers.
figures de style (métaphore, hypallage, enjambe- C’est une forme brève.
ment, etc.). b. Quel est le thème traité ? De quelle manière ?
y Étape 3 : rédaction du premier jet avec le récit Le thème traité est le départ avec une déforma-
de l’expérience sous la forme de strophes ; la tion du réel (la dissolution) : « Rien, pour l’hori-
présence d’une phrase en vers sans rimes ; l’inté- zon, que la cessation de la couleur la plus foncée »
gration des formules d’adresse, de familiarité ; la (l. 9-10).
présence des sensations et des sentiments et de c. Le poète raconte-t-il une histoire ? Comment
quelques figures de style. nous évoque-t-il ce départ ?
y Étape 4 : atelier poétique : examen du vers 20 Le poème en prose présente des associations
du texte 1 « Adieu à l’“Estancia” » de Jules Super- d’images suggestives et évocatrices. La méta-
vielle. Le professeur pourra demander aux élèves phore de la mer traduit la tristesse du poète :

80 THème 3 5e • Le voyage et l’aventure …


« La matière de tout est rassemblée en une seule souligner les intérêts d’un retour (document 3).
eau, pareille à celle de ces larmes que je sens qui La forme traditionnelle utilisée par Jules Super-
coulent sur ma joue » (l. 10-11). vielle dans « Adieu à l’“Estancia” » est classique
d. Que pouvez-vous dire de la construction des et participe de l’élégie. Le poème en prose de
phrases et du lexique utilisés ? Paul Claudel lui permet d’exprimer, par le choix
Le lexique et la syntaxe sont très recherchés ; le de phrases complexes, des registres différents : le
texte très construit. Le poète emploie les termes lyrisme et le solennel. Enfin, la brièveté du second
« dissolution » (titre) et « matière » (l.  10) qui texte de Jules Supervielle s’apparente à une forme
relèvent du domaine scientifique. La syntaxe va à de maxime, puisqu’elle donne le comportement
l’essentiel (absence de déterminants : « et je cher- à suivre et tire une leçon de ce que le voyageur
cherais en vain autour de moi trait ou forme », gagne lors de ses voyages et qu’il garde en lui.
l.  8-9), et se veut complexe (utilisation de nom- Oral  
breuses propositions subordonnées l. 11).
5. Cette activité a pour objectif la mise en voix
e.  Que pouvez-vous dire de la musicalité du du poème et sa récitation. Les élèves pourront
texte ? se préparer à la lecture en s’enregistrant sur leur
Le poème n’a pas de rimes mais des échos sonores téléphone portable ou des logiciels tels qu’Auda-
internes : city. La récitation pourra répondre aux critères
– des parallélismes de construction : « Quand je suivants élaborés avec la classe : l’articulation ; le
serai […], on ne me fera […]. On ne se rira » débit ; le ton ; le respect du texte ; l’écoute susci-
(l. 2-3) ; tée en classe.
– des anaphores qui fonctionnent en échos
sonores internes : « pays » (l.  6 et 13), Le coin des mots
« visage » (l. 7, 14) ; On peut regrouper les termes de la manière sui-
– des métaphores : « ce qu’il y a de plus sourd à vante :
l’espoir en nous » (l.  12) ; des comparaisons : – l’aspect divertissant, familial (« randonnée,
« sa voix, pareille à celle du sommeil » (l. 11-12). balade, promenade ») ;
f. Conclusion : Quelles sont les caractéristiques – l’aspect organisé (« excursion, tour, raid ») ;
d’un poème en prose ? – l’aspect quotidien (« trajet, déplacement ») ;
On reprendra avec la classe les éléments signifi- – l’aspect professionnel, l’idée de série et de lieu
catifs donnés lors des réponses. On insistera sur déterminé (« tournée ») ;
l’idée de modernité et de liberté, le fait de don- – le lieu du voyage (une traversée de la mer en
ner libre cours à la force de l’imagination et de bateau avec les termes « croisière, traversée ») ;
l’inconscient, le fait de sublimer le quotidien (un – la durée du voyage et la présence de nom-
départ). breuses étapes (« périple ») ;
4. Le poète donne comme conseil d’accepter le – le déplacement lié aux circonstances (guerre,
retour, de mettre au repos ses rêves et de jouir famine, dictature) ; le nombre de voyageurs
des bienfaits du voyage (« Le palmier qui s’in- (« exode ») ;
cline aux sources de ton âme », v. 8). En effet, le – l’aspect aventureux lié à la difficulté, à la dange-
voyageur ne peut plus s’ouvrir aux autres, enri- rosité (« odyssée, exploration, expédition ») ;
chir son expérience s’il ne fait pas une pause et – l’aspect militaire (« campagne »).
s’il ne profite pas de ce qu’il a vécu : « Il n’est plus
place en toi pour de nouveaux visages » (v. 2). Oral Balayer, fermer, partir !
Je fais le point Atelier Dire ses émotions et sensations
liées au voyage
Les poètes éprouvent des regrets, de la nostalgie
en énumérant ce qu’ils perdent en partant (docu- y Étape 1 : à la rencontre de l’œuvre.
ments 1 et 2), en insistant sur la dissolution de 1. « Les Îles d’or », nom donné sous la Renais-
la réalité (document 2). Mais le poète peut aussi sance, aussi appelées « les îles d’Hyères » (nom

séQuence 6 Voyager en poésie 81


de la ville à laquelle elles sont administrative- Atelier Écrire pour exprimer les émotions
ment rattachées) sont un archipel de trois îles et les sensations liées aux voyages
(Porquerolles, Port-Cros et les îles du Levant) et
1.  Cet atelier sera l’occasion de réinvestir le
de deux îlots situé en Méditerranée. Une partie
travail d’écriture mené en accompagnement
de l’île de Porquerolles et l’ensemble des îles de
personnalisé sur le texte de Jules Supervielle,
Port-Cros et de Bagaud, des îlots de Rascas et
« Adieu à l’“Estancia” ». Il pourra d’ailleurs
de la Gabinière constituent le parc national de
être conduit selon les mêmes modalités s’il n’a
Port-Cros. Elles ont été occupées dès la préhis-
pas fait l’objet d’un travail en AP. Il permet-
toire, puis par les Grecs et les Romains. Ces îles
tra également de réutiliser les caractéristiques
offraient aux navires un abri contre le mauvais
du poème en prose du texte de Paul Claudel,
temps. Le climat doux en hiver, sec et chaud en
« Dissolution ».
été favorise la présence d’une végétation médi-
terranéenne : figuiers, agrumes, arbousiers. 2. Dans le poème « Déménager », le poète uti-
2.  Les éléments du paysage sont trois larges lise des verbes à l’infinitif et des énumérations
bandes colorées (le sable, la mer et le ciel). Le qui révèlent les différentes étapes d’un démé-
véritable sujet de ce tableau semble être davan- nagement mais avec une tonalité burlesque.
tage les effets de lumière sur la couleur que le Le poème ne comporte pas de ponctuation.
paysage lui-même. Avec une palette de couleurs Les élèves réinvestiront ces contraintes à partir
restreintes (bleu, blanc, jaune et un peu de vert), d’un des titres proposés. Ils devront identifier
le peintre parvient à transcrire le jeu scintillant les étapes du départ ou du retour, puis choisir
du soleil se reflétant dans l’eau et l’horizon bru- des verbes qui correspondent à ces étapes, enfin
meux, d’où un aspect lointain et vaporeux. Il décider de leur assemblement afin de créer cette
donne par là-même cette impression de rêve tonalité burlesque.
attirant mais inaccessible. Fidèle à la technique
néo-impressionniste, il utilise des petites touches Langue La grammaire pour lire, écrire
rondes juxtaposées dont il module la taille (des et parler
grosses pastilles au premier plan au petit point
à l’horizon) et l’espacement (ils s’amincissent à En grammaire, il s’agit de faire travailler les élèves
l’horizon) afin de créer une perspective. En cela, sur les procédés de la désignation et de la carac-
il prend des libertés avec les principes établis térisation. Ce sera l’occasion d’introduire les
par Georges Seurat pour qui le point devait être notions de reprises nominales et pronominales,
invisible grâce à sa petitesse et surtout ne jamais et de s’interroger sur le rôle des déterminants.
varier de taille dans la composition. L’horizon En orthographe, l’accord des adjectifs de couleur
placé très haut et dont la ligne court d’un bout sera abordé. Enfin, en vocabulaire, les mots des
à l’autre de la composition est une référence sensations seront traités.
directe à l’art des estampes japonaises de l’ukiyo-e Les procédés de la désignation et de
(mouvement artistique japonais comprenant les la caractérisation
estampes japonaises gravées sur bois). J’observe
y Étape 2 : écriture du texte. 1. a. et b.
L’écriture du texte permettra d’interroger les a. un mauvais cheval : GN constitué d’un déter-
élèves sur la manière de transcrire, sous forme minant, d’un adjectif qualificatif péjoratif et d’un
d’images poétiques, la technique néo-impres- nom commun. Il exprime un jugement de valeur
sionniste et les sensations créées. Elle permettra péjoratif sur un animal particulier.
également de réinvestir les procédés littéraires b.  le cheval : GN constitué d’un déterminant
étudiés lors des lectures. défini et d’un nom commun. Il représente une
y Étape 3 : dire son texte. catégorie.
Cette activité permettra de réinvestir les critères c. Certains chevaux : GN constitué d’un détermi-
construits lors de la séquence sur la mise en voix nant indéfini et d’un nom commun. Il exprime
des textes. une distinction.

82 THème 3 5e • Le voyage et l’aventure …


d.  Un cheval : GN constitué d’un déterminant f. Très prolixe, Victor Hugo : nom propre précédé
indéfini et d’un nom commun. Le lecteur le d’un adjectif qualificatif au superlatif absolu mis
découvre pour la première fois. en apposition. Il caractérise le poète et son œuvre.
e.  son cheval : GN constitué d’un déterminant g.  célèbre : adjectif qualificatif. Il caractérise le
possessif et d’un nom commun. Il signifie l’ap- poète.
partenance. h.  auteur de drames romantiques : GN mis en
f. Les chevaux : GN constitué d’un déterminant apposition constitué d’un nom commun et d’un
défini et d’un nom commun. Il exprime une complément du nom. Il caractérise le genre des
catégorie. œuvres écrites.
g. ce puissant cheval : GN constitué d’un déter- Je m’entraîne
minant démonstratif, d’un adjectif qualificatif 3. Madame Roja, une touriste espagnole âgée de
mélioratif et d’un nom commun. Il exprime un cinquante ans, a été hospitalisée en raison d’une
jugement de valeur mélioratif qui porte sur un forte fièvre, vendredi 20 août, à Paris, où elle était
cheval en particulier. venue découvrir la capitale avec son mari et ses
h. Pégase, le cheval ailé divin : GN constitué d’un enfants. Cette femme d’âge mûr souffre égale-
nom propre puis d’un groupe de mots apposé ment d’une importante déshydratation. Samedi
lui-même constitué d’un déterminant défini, 21 août, des troubles respiratoires dus à une
de deux adjectifs qualificatifs. Ils caractérisent infection pulmonaire ont conduit les médecins
Pégase. à placer l’infortunée mère de famille dans une
i. tout cheval : GN constitué d’un déterminant unité de soins intensifs du département de car-
indéfini et d’un nom commun. Il exprime l’idée diologie. Le porte-parole de l’hôpital indiquait,
de totalité. dimanche 22 août, que l’état de la patiente était
encourageant.
2. a. b.
a. l’écrivain le plus connu : GN comprenant un 4. Léonard de Vinci fut un grand artiste, savant
déterminant défini, un nom commun, un adjec- et inventeur italien. Ce savant chercha à com-
tif qualificatif au superlatif absolu. Il exprime une prendre comment fonctionnait l’univers. Cet
qualité, une reconnaissance et distingue le poète illustre homme de sciences essaya aussi de
dans la catégorie des écrivains. comprendre l’organisation du corps humain.
b.  le poète : GN constitué d’un déterminant Ce précurseur conçut des engins de guerre, une
défini et d’un nom commun. Il donne une fonc- sorte d’hélicoptère, un parachute et un équipe-
tion. ment de plongée. La Joconde est le tableau le
plus célèbre de ce génial touche-à-tout.
c.  le centième anniversaire de sa mort : GN
constitué d’un déterminant défini, d’un adjec- 5.  Le bateau accosta non loin de l’île. L’en-
tif numéral ordinal, d’un nom commun et d’un semble des passagers montèrent sur le pont
complément du nom. Il exprime la reconnais- afin de découvrir le panorama qui s’offrait à
sance de l’homme de lettres. eux. « La plus grande ne serait-elle pas la mon-
d. Un immense bonhomme : GN constitué d’un tagne pelée ? » dit l’un d’eux. La remarque
déterminant indéfini, d’un adjectif qualificatif et laissa les autres passagers perplexes. Toutes ces
d’un nom commun. Il exprime un jugement de montagnes se ressemblaient. L’une d’elles pou-
valeur mélioratif. vait bien être la montagne pelée, son sommet
Quel poète : GN constitué d’un adjectif excla- dégarni de végétation faisant penser à un crâne
matif et d’un nom commun. chauve. Mais comment distinguer tous ces pics
dont pas un ne possédait véritablement de végé-
Il exprime un jugement de valeur mélioratif.
tation ?
e. Une vie sentimentale très agitée : GN consti-
tué d’un déterminant indéfini, d’un nom com- L’accord des adjectifs de couleur
mun, d’un adjectif qualificatif puis d’un second J’observe
au superlatif absolu. Il caractérise un aspect de 6.  a. et b. Les adjectifs de couleur sont :
la vie du poète. « jaunes et vertes » qui se rapportent au nom

séquence 6  Voyager en poésie  83


« plantations » ; « vert bouteille » qui se rap- Sensation auditive
porte au nom « jungle » ; « rouges » qui se • Verbe : « entendu ».
rapporte au nom « massifs d’arbousiers» ; • Ce qui est perçu : « le sifflement léger ».
« rouge » qui se rapporte au nom « terre » ; • Sensation : désagréable faible intensité.
« gris-noir » qui se rapporte au nom « roches » ; Sensation olfactive
« fauves et écarlates » qui se rapportent au • Verbe : « emplit mes narines ».
nom « fleurs » ; « vert foncé » qui se rapporte • Ce qui est perçu : « odeur de café ».
au nom « feuillages » ; « orange et bleu » qui se • Sensation  : Agréable « douce » (forte inten-
rapporte au nom « papillons ». sité « emplit »).
c. Les adjectifs qualificatifs de couleur s’ac- Sensation gustative
cordent avec leur nom sauf quand ils sont issus • Verbe : « laissa un goût ».
d’un nom (pas de cas ici). • Ce qui est perçu : « un délicieux cookie ».
Quand l’adjectif qualificatif est composé d’un • Sensation : agréable (faible intensité « délicat »).
adjectif qualificatif et d’un nom (« vert-bou- Sensation tactile
teille »), de deux adjectifs qualificatifs (« gris- • Verbe : « Appuyé » ; « senti » ; « pénétra ».
noir », « vert foncé »), il ne s’accorde pas avec • Ce qui est perçu : « garde-corps en fer », « les
son nom. secousses », « Son coude ».
Quand deux adjectifs qualificatifs se suivent, • Sensation : désagréable (faible intensité « fer »,
s’ils désignent deux couleurs différentes, ils forte intensité « secousses », forte intensité
s’accordent l’un et l’autre (« jaunes et vertes » « durement »).
parce que la plantation comprend des plantes c. Pour exprimer des sensations, on peut utiliser
jaunes et des plantes vertes). des verbes de perception et caractériser ce qui
En revanche, quand les deux adjectifs qualifi- est perçu. On peut jouer sur la qualification de la
catifs constituent une seule couleur qui se rap- sensation et sur le degré d’intensité.
porte à un seul animal, personne ou objet, ils ne d. Les deux termes qui dévoilent les sentiments
s’accordent pas (« orange et bleu » parce que le du passager sont : « charmante » qui révèle le
papillon a des bandes orange-bleu, donc adjectif plaisir, et « m’être excusé » qui révèle l’embar-
qualificatif composé). ras, le trouble, la gêne du passager.
Je m’entraîne e. Une sensation est le résultat de la perception
du monde par l’un des cinq sens. Elle est fugace.
7. a. verts/jaune citron – b. bleues – c. noire – d. Un sentiment est le résultat d’une émotion pro-
jaune – e. gris cendré – f. verdoyantes – g. ébène voquée par une sensation. Il est plus fort, plus
– h. bleu marine – i. roses/mauves – j. pourpres. intense et plus long.
8. Réponse libre des élèves. 10. a. Je fus immédiatement sensible au charme
Les mots des sensations de ce village.
9. a. Les cinq sens sollicités sont la vue (« contem- b. Un coucher de soleil s’apprécie différemment
pler le paysage ») ; l’ouïe (« j’ai entendu le selon la sensibilité de chacun.
sifflement léger  ») ; l’odorat («  emplit mes c. M’accuser de sensiblerie pour la raison que je
narines ») ; le goût (« un délicat goût sucré ») ; ne peux m’arrêter de pleurer, est injuste !
le toucher (« une secousse », « Son coude péné- d. On appelle organes sensoriels les organes des
tra durement dans mes côtes »). sens.
b. Sensation visuelle 11.  a. Des silhouettes sombres courent sur la
•  Verbe  : « contempler », « éblouissant », « se plage, se poursuivent, se bousculent, s’inter-
reflétaient ». pellent puis se jettent dans l’eau chaude. Ils ne
•  Ce qui est perçu  : « le paysage », « le soleil quitteront la plage qu’à la tombée de la nuit. Ce
darda ses rayons », « le ciel bleu […] pas un beau garçon est parmi eux. Je l’observe.
nuage » ; « Les poutrelles ». b. Assise à la fenêtre de ma chambre, je sens la
•  Sensation  : agréable (forte intensité), désa- légère brise. Dans la maison offerte à la fraîcheur
gréable (« les poutrelles ») faible intensité. du large, je respire les embruns marins.

84   Thème 3  5e • Le voyage et l’aventure …


c. Des bruits de casseroles, des odeurs de prépa- personnage : son attitude, ses valeurs, ses prin-
ration s’échappent de la cuisine. cipes, etc.
d.  Les mains de ma mère pétrissent la farine,
s’enfoncent dans la pâte, mélangent la farce.
À vos carnets !  
Odeur de condiments et de cuisson. 1. Le roman raconte l’histoire d’un orphelin de
treize ans, Arémis Slake, rêveur, taciturne, mal-
12. a. Après une journée de travail, écouter de la
traité par ses camarades, ses professeurs et sa
musique classique est relaxant.
tante, qui décide de vivre dans les couloirs du
b. J’ai entendu dire que l’exposition Van Gogh métro après s’être fait poursuivre par des élèves
n’aurait pas lieu cette année. de son école puis chassé par un jardinier de Park
c. Je viens de faire cuire de la soupe, viens la goû- Avenue. Il trouve une cachette dans le mur d’un
ter. tunnel, qui lui servira de chambre, puis il revend
d. Il déguste une glace, assis sur un banc au parc. des journaux abandonnés par les voyageurs
e. Au restaurant, on prend le temps de savourer et balaie un snack-bar en échange d’un bon
d’excellentes spécialités vietnamiennes. repas. Il fait alors la connaissance d’une dame au
f. Cette robe est en soie. Elle est douce à toucher. béret de laine et d’un homme au turban. Mais
g. J’ai beau fouiller le fond de mes poches, je ne un accident dans le tunnel (la chute d’un mur
retrouve pas mes clés. en béton) et l’annonce de travaux à venir per-
h. Le médecin doit parfois palper la zone enflam- turbent Arémis Slake, qui ne s’alimente plus et
mée pour établir son diagnostic. tombe malade. Il est sauvé par un conducteur
i. Promenez-vous dans les rues de New York, il y de métro, emmené à l’hôpital et soigné. Une fois
a tant de belles choses à voir. rétabli, il s’échappe de l’hôpital puis décide de
j.  L’enfant regarde le spectacle des trapézistes vivre à la surface.
avec des yeux écarquillés. 2. 3. Réponse libre des élèves.
k.  C’est un vrai plaisir que de sentir le parfum
des fleurs au jardin. Pour approfondir la lecture  
l.  Le chien vient renifler dans la cuisine, attiré 4. Le portrait d’Arémis Slake est le suivant :
par l’odeur de la viande. – il est orphelin et a treize ans, il est de petite
taille et myope ;
– il est rusé, méfiant, solitaire et il rêve d’être
« plus fort que », « plus grand que » ;
Plaisir de lire  Le Robinson du métro – il se fait battre par ses camarades et par sa
de Felice Holman p. 107 tante qui le considèrent comme un « bon à
Pour entrer dans l’œuvre   rien ».
• Un Robinson est une personne qui vit seule 5. L’oiseau de Slake est au départ un cauchemar.
dans la nature, à l’écart du monde. Il se manifeste quand Arémis Slake a peur ou
Le Robinson le plus connu est Robinson Cru- qu’il sent un danger (il entend l’équipe d’entre-
soé, personnage éponyme du roman de Daniel tien des rails, l’assistante sociale de l’hôpital lui
Defoe, publié en 1719 et qui s’inspire de la vie rend visite).
d’Alexandre Selkirk. Cet oiseau représente le manque de confiance de
Les élèves pourront évoquer soit des variations l’adolescent, sa peur continuelle qui lui tenaille
sur le même thème (L’Île mystérieuse de Jules les entrailles. Il disparaît le jour où l’enfant se sent
Verne, Sa Majesté des Mouches de William Gol- libéré et qu’il exprime son envie de vivre.
ding), soit des réécritures de l’œuvre de Daniel 6.  Les deux raisons qui poussent le héros à se
Defoe (Vendredi ou la Vie sauvage de Michel réfugier dans le métro sont :
Tournier, L’Empreinte à Crusoé de Patrick Cha- –  la poursuite des élèves de son école qui
moiseau). cherchent à lui donner des coups après lui
• La recherche sur un Robinson permettra aux avoir enlevé son chandail trouvé sur une ban-
élèves d’appréhender les caractéristiques de ce quette du métro ;

séquence 6  Voyager en poésie  85


–  l’intervention d’un jardinier à Park Avenue 11. Slake reprend goût à la vie. Il désire profiter
qui n’accepte pas la présence de Slake dans les de la lumière. Il a donc mûri : il est passé de l’en-
arbres et qui appelle la police. fant à l’adulte. Il retrouve l’estime de lui-même
7. Arémis Slake parvient à survivre en finissant puisqu’il marche « les yeux droit devant lui ».
la nourriture laissée par les consommateurs, en 12.  Son envie d’aller vers le haut signifie une
vendant des journaux abandonnés sur les ban- confiance en soi et une ambition retrouvées. Il
quettes afin de s’acheter un repas, en récupé- donne un sens à sa vie, d’où la clôture du roman
rant des boîtes pour recueillir de l’eau fraiche, sur la phrase : « mais la direction générale était
en ramassant divers objets qui lui servent dans vers le haut ».
sa « chambre » (des objets en verre, en papier,
en métal), en travaillant dans un snack-bar en
Après la lecture  
échange d’un repas, en profitant de dons (une 13. Réponse libre des élèves.
veste à fermeture éclair, des jeans), en achetant 14. Le terme « limbes » signifie un état incer-
des vêtements et une paire de baskets. tain, le lieu de séjour des enfants morts, l’at-
Il apparaît comme quelqu’un de débrouil- tente de la venue rédemptrice du Christ. Ce
lard, de courageux, de travailleur. Il restaure terme est adapté au roman du fait que Slake
l’image qu’il avait de lui (il n’est plus un « bon à survit dans le métro. Il ne manque à personne
rien »). puisqu’il se dit sans famille et sans domicile. Le
8.  Il rencontre la dame au béret de laine et conducteur du métro, Willis Joe Whinny a le
l’homme au turban qui lui achètent les jour- rôle du rédempteur parce qu’il le sauve d’une
naux, la serveuse du snack-bar qui lui dépose mort certaine.
davantage de nourriture que celle commandée, 15. Arémis Slake vivrait dans le métro ou dans
le patron du snack-bar qui lui propose un emploi les caves abandonnés, les parkings.
en échange d’un repas. Enfin, d’une manière
involontaire, il rencontre Willis Joe Whinny, le
conducteur du métro, qui lui sauve la vie. Autoévaluation de lecture  
9. Slake est surnommé le « Christophe Colomb
des profondeurs » parce qu’il explore chaque Au soleil de Guy de Maupassant p. 109
mètre du réseau souterrain du métro dont il 1.  Le narrateur cherche à voyager pour s’éva-
découvre les usages et coutumes (les feux verts, der (anaphore « Prison ! Prison ! » pour sa mai-
jaunes). son et sa vie), pour fuir la monotonie (« les
lieux connus », « les mouvements pareils aux
10. Willis Joe Whinny est conducteur de métro mêmes heures ») et la tristesse qui en découle
alors qu’il rêvait de devenir gardien de mouton (anaphore du terme « las ! »).
en Australie. Il est père de deux enfants. Son
rêve est si obsédant et la monotonie de son 2.  On attend des élèves qu’ils expriment leur
travail telle, qu’il imagine les passagers comme point de vue sur cette vision de l’existence en
un troupeau de moutons. Il se rend à son tra- apportant des arguments et des exemples.
vail à contrecœur puis rentre chez lui sans 3.  Cette expression est une métaphore. Elle
envie. Sa vie familiale se dégrade : les disputes signifie que « la porte » est un passage entre
avec sa femme et les réprimandes envers ses la réalité quotidienne et la découverte de l’in-
enfants sont fréquentes. Il perd de son huma- connu que procure le voyage.
nité, devient un mouton qui fait ce qu’on lui 4. Ce texte peut rappeler La Machine à explorer
demande. le temps et le voyage dans le temps (séquence
Sa vie change quand il croise le destin d’Arémis 5). Il peut également rappeler « Albums » de
Slake. Il redevient humain et considère les pas- Jules Laforgue et « Îles » de Jean Cocteau dans
sagers comme des êtres vivants et non comme lesquels l’imagination, l’écriture permettent au
des animaux. Il sauve l’enfant, ce qui redonne un poète de s’évader dans le Far West ou dans les
sens à sa vie et lui permet de renaître. îles Baléares et de l’océan Pacifique.

86   Thème 3  5e • Le voyage et l’aventure …


thème 4 agir sur le monde
5e – Héros/héroïnes et héroïsmes

Séquence

7 Les rencontres du chevalier

Fil directeur de la séquence


Pour l’étude du genre épique en 5e, nous avions jusqu’ici tendance à juxtaposer les différentes
entrées thématiques du monde chevaleresque : devenir chevalier, l’amour courtois et le mer-
veilleux. Cette séquence, tout en reprenant les mêmes thématiques, tend à les lier sous la pro-
blématique des rencontres : en quoi les rencontres que fait le chevalier le construisent-elles ?
Nous avons donc choisi de travailler des textes traditionnels en mettant en évidence, à travers
le questionnement, ce qui forme le jeune héros et lui fait découvrir ses qualités. Il ne s’agit pas
d’empiéter sur le programme d’histoire mais de proposer une vision littéraire et artistique du
chevalier.

Compétences travaillées dans la séquence


Langage oral Écriture
Dans les pages de lecture… Dans les pages de lecture…
■Exploiter les ressources expressives de la parole ■ Exploiter les principales fonctions de l’écrit
X Lecture théâtralisée de textes médiévaux, p. 113 X Réalisation d’écrits préparatoires pour un exposé
sur le chevalier, p. 112
En atelier, p. 121
X Comprendre le rôle de la description et du
■ Comprendre et interpréter des messages et des
dialogue, p. 115
discours oraux complexes
X Écoute attentive et active d’un documentaire pour En atelier, p. 120
mémoriser des éléments importants. ■ Pratiquer l’écriture d’invention et connaître les
■ S’exprimer de façon maîtrisée en s’adressant à un caractéristiques des genres littéraires
auditoire X Le roman de chevalerie
y Pratiquer le compte rendu ■ Exploiter des lectures pour enrichir son écrit
X Faire un exposé sur la vie des chevaliers errants. X Description d’enluminures
■ Adopter des stratégies et des procédures
d’écriture efficaces
X Construire au brouillon la suite d’un récit de
chevalerie avant de finaliser le texte et de le valoriser
par des illustrations.

Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue


■ Lire des textes variés avec des objectifs divers : Dans la double-page langue…, p. 122-123
y Recourir à des stratégies de lectures diverses ■ Maîtriser le fonctionnement du verbe et son
(adapter sa lecture à l’objectif poursuivi, adapter sa orthographe
lecture aux supports, reformuler) y Maîtrise de la morphologie des temps du récit
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’observe », « Je X Passé simple, imparfait, plus que parfait
comprends » y Mise en évidence du lien entre le temps employé
y Formuler des impressions de lecture, percevoir un et le sens
effet esthétique X Valeurs aspectuelles du présent, de l’imparfait et
X Carte mentale « Lire un texte » : « Je lis », du passé simple
« J’écoute », « Je réagis » ■ Construire les notions permettant l’analyse et la
production des textes et des discours

séQuence 7 Les rencontres du chevalier 87


Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue
y Reconnaître les implicites et faire les inférences et y Observation de la variété des possibilités offertes
hypothèses de lecture nécessaires par la langue
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’interprète » X Découvrir l’ancien français
■ Lire et comprendre des images fixes ou mobiles ■ Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe des
X Carte mentale « Lire une image » mots
Enjeux culturels X Mise en réseau des mots de la chevalerie
■ Lire des œuvres littéraires et fréquenter des œuvres Dans les coins des mots
d’art Les armes du chevalier (p. 113)
■ Développer des connaissances sur le genre du roman La richesse (p. 114)
de chevalerie Les qualités du chevalier (p. 117)
■ Élaborer une interprétation de textes littéraires :
y Établir des relations entre des œuvres littéraires et
artistiques
X Décalage et parodie du héros.
Enjeux de formation personnelle
X S’interroger sur la diversité des figures de héros et
sur le sens de l’intérêt qu’elles suscitent

Lecture Comment faire ses premiers « Résonnait » (l. 8) ; ces termes mettent en évi-
pas dans la chevalerie ? p. 112 dence l’aspect « terrible » voire « magique »
Les deux textes proposés pour cette double- de ce début de texte. L’appel à Dieu fait par le
page sont tirés de l’histoire de Perceval qui personnage est une façon d’amplifier encore le
représente certainement le jeune homme pro- bruit que font les chevaliers.
mis à un grand destin par excellence, mais qui Le deuxième sens est la vue : « il les vit » (l. 17),
doit tout apprendre de la chevalerie. verbe répété, « le spectacle » (l. 20), « à sa vue »
(l. 22).
1. Perceval ou le Conte du Graal de Chré- Ces deux sens font référence à la Bible et à la pré-
sence du divin qui se marque par le bruit et l’ap-
tien de Troyes, extrait 1 audio
parition : cela contribue à rendre divine l’arrivée
En piste ! des chevaliers.
Cette question permet de faire le point sur les 3.  Les premiers mots du texte présentent un
connaissances des élèves : les termes « héros », cadre serein, calme, propice au repos. Malgré
« combat », éventuellement « dragon » une arrivée qui tend à transformer l’atmosphère
peuvent apparaître ce qui permettra à l’ensei- en instant terrible, très rapidement, le texte crée
gnant d’aider ses élèves à définir, si besoin était, une atmosphère magique par la présence de la
le statut du chevalier : héros médiéval représen- lumière reflétée par les armes. L’appel au divin
tant des valeurs positives. Le programme d’his- accentue le caractère particulier de cette ren-
toire traite également de la féodalité, les élèves contre.
pourront ainsi remotiver leurs connaissances si 4. La fin du texte nous donne ici une justifica-
le chapitre a été traité. tion : Perceval souhaite devenir chevalier parce
1. On utilisera le guide de lecture pour contex- qu’il les trouve impressionnants physiquement,
tualiser le texte historiquement. On fera « vous êtes plus beau que Dieu » (l. 33), « si je
remarquer qu’il s’agit d’une traduction. On s’in- pouvais être comme vous, tout brillant et fait
téressera plus particulièrement aux personnages comme vous ! » (l.  33-34). On pourra amener
intervenant dans cet extrait en insistant sur le les élèves à réfléchir à cette raison qui n’est que
caractère spécifique de la rencontre. superficielle : Perceval est attiré par l’aspect du
2. Le premier sens évoqué est l’ouïe : « il enten- chevalier et ne connaît pas encore les valeurs du
dit » (l. 4), « vacarme » (l. 5), « bruissaient » et chevalier.

88 THème 4 5e • Héros/héroïnes et héroïsmes


créative – le « courage », sa vaillance (l. 18) ;
5. Ce travail a pour but de commencer à initier – l’« expérience », l’apprentissage permanent
les élèves au registre épique et de réutiliser le (l. 18).
lexique des armes de la chevalerie. On pourra Le bon chevalier est donc celui qui est persévé-
faire des recherches sur les armes comme l’y rant dans ses apprentissages, et qui écoute le
invite le coin des mots puis les lancer dans un monde qui l’entoure.
court travail d’écriture qui pourra être amélioré 4. Les expressions « vif plaisir » (l. 8), « grande
au fur et à mesure du chapitre. On abordera bien attention » (l. 10) et « pourvu qu’il sût en faire
entendu les règles d’une suite de texte favorisée autant » (l. 15) mettent en avant la fascination
ici par la présence d’un dialogue. qu’exerce le maître sur son disciple.
Questions croisées
Le coin des mots 5.  L’enluminure présente une scène d’adoube-
On travaillera à la fois avec les textes proposés ment : le jeune chevalier qui va être adoubé est
pour tenter dans un premier temps de définir le agenouillé devant son suzerain, debout, tirant
rôle de chaque arme du chevalier, pour ensuite l’épée de son fourreau comme l’exige la céré-
confirmer ou infirmer le rôle à l’aide d’un dic- monie, pendant que des valets positionnent les
tionnaire voire d’une représentation d’un che- éperons. Le caractère officiel de la cérémonie
valier armé. apparaît par la présence des personnages fémi-
nins dont la gestuelle est symbolique et en lien
2. Perceval ou le Conte du Graal de Chré- avec la religion. Une nouvelle valeur est ainsi
tien de Troyes, extrait 2 mise en avant : l’obéissance et le respect de sa
parole donnée.
3. L’adoubement de Lancelot du Lac
6. La scène, mise en parallèle avec le texte, pré-
En piste ! sente donc l’humilité dont doit faire preuve le
La question permettra de mettre en situation chevalier.
les élèves qui se satisferont du maniement des Oral  
armes. On insistera alors dans l’analyse du texte
sur les valeurs morales du chevalier. 7. On pourra faire écouter quelques extraits de
chants ou de textes de troubadours ou de trou-
1. On utilisera le guide de lecture pour désigner vères, en suivant les liens suivants pour amener
par leur attitude les personnages et ainsi défi- les élèves dans l’univers médiéval. 
nir leur rôle dans la scène. On fera notamment
remarquer la posture du jeune homme qui va
devenir chevalier, qui fait acte de soumission ➨ https://www.youtube.com/watch?v=vjQGpZDXQUc
envers son suzerain. ➨ https://www.youtube.com/watch?v=ijqNBpOU5Vs
2.  À première vue, l’enseignement que reçoit ➨ https://www.youtube.com/watch?v=xaRNvJLKP1E
Perceval est essentiellement un enseignement
des arts de la guerre : « Ami, dit-il, maintenant,
apprenez à vous servir des armes » (l.  1). Le Décrire un chevalier
maître montre les gestes à exécuter et invite Après la lecture de ces deux textes et en vous
ses élèves à les reproduire. Cependant, la fin servant de votre manuel d’histoire, décrivez
du texte insiste sur les valeurs chevaleresques : un jeune chevalier entrant dans le château du
« effort, courage et expérience » (l.  17-18). roi Arthur pour intégrer la communauté des
La connaissance naît donc du temps et de la Chevaliers de la Table Ronde :
rigueur du chevalier en herbe. é  Vous êtes à la cour du roi Arthur et voyez
3. Les trois valeurs mises en évidence par Gorne- arriver un jeune chevalier qui sera intégré à la
mant de Goort sont explicitement notées : communauté des Chevaliers de la Table Ronde.
– l’« effort » qui met en avant l’aspect tenace Soudain, vous vous apercevez qu’il s’agit d’une
du chevalier (l. 17) ; femme, décrivez-la, avançant vers le roi.

SÉQUENCE 7 LES RENCONTRES DU CHEVALIER 89


Le travail d’écriture proposé en AP est avant femme dans la société médiévale (https://www.
tout un travail de réinvestissement de l’ensemble youtube.com/watch?v=EF_pCSv4-20).
des documents présentés sur cette double-page. Les professeurs de Lettres classiques pourront
L’objectif est donc de décrire un chevalier. ainsi faire un lien avec les programmes de Lan-
Pour les élèves en difficulté, on travaillera essen- gues et cultures de l’antiquité.
tiellement sur le texte descriptif en mettant en évi- 1. On utilisera le guide de lecture pour s’intéres-
dence le lexique et les adjectifs servant à le décrire. ser aux personnages présentés dans cet extrait
Pour des élèves auxquels l’écrit ne pose pas de et sur la structure du texte qui présente dans un
problème, on gérera davantage la progression de premier temps un passage descriptif avant l’en-
la description voire l’insertion d’un passage des- trée dans le dialogue.
criptif dans un récit. 2. Le premier paragraphe de ce texte est un pas-
Je fais le point sage descriptif qui met en scène la sensualité de la
jeune fille. Tous les éléments qui la caractérisent
Devenir chevalier implique un véritable appren- mettent en lumière sa beauté (sa sensualité) et
tissage, pour peu que le jeune homme soit de sa richesse : « étendue sur un lit magnifique »,
bonne famille. L’enseignement qu’il reçoit est « les étoffes » (l. 1), « elle était vêtue seulement
à la fois physique et moral : ce sont les valeurs de sa tunique » (l. 2), « corps […] harmonieux
du chevalier qui sont avant tout mises en avant et plein de grâce » (l. 2-3), « riche manteau de
dans les textes. Un « bon » chevalier est donc pourpre » (l. 3), « le flanc découvert » (l. 4). On
celui qui sait utiliser ses capacités physiques avec attendra des élèves qu’ils puissent relever les
sa tête et ses valeurs morales. Il se doit avant tout différents éléments et les classer selon les deux
de respecter son dieu et son suzerain, auxquels il catégories proposées ci-dessus.
fait serment d’obéissance. 3. Le texte présente un coup de foudre : « l’amour
le pique de l’étincelle qui enflamme et embrase
son cœur » (l. 12-13). Cependant, le discours de
Lecture L’amour : une étape la dame semble évoquer qu’elle le connaît de
dans la construction réputation, c’est donc la gloire du chevalier qui
du chevalier ? p. 114 l’a amenée à l’aimer ; alors que Lanval, lui, semble
Avant d’étudier les combats épiques, il paraissait tomber amoureux dès qu’il voit sa beauté.
important de s’intéresser au sentiment amou- 4. La réplique de Lanval est très claire, il se met
reux, qui guide bien souvent les chevaliers dans au service complet de la dame par amour :
leur quête. Les textes de Marie de France et de « J’accomplirai tous vos ordres et pour vous
Chrétien de Troyes choisis pour cette séance, j’abandonnerai tout le monde. Plus jamais je ne
permettront d’aborder le sentiment amoureux veux me séparer de vous, c’est là ce que je désire
et la notion du fin’amor (« amour courtois »), le plus » (l. 16-18).
en amenant également une touche de sensua-
5.  On peut considérer que la dame est vue
lité peu étudiée dans les textes précédents.
comme un suzerain, auquel le chevalier fait allé-
geance : « J’accomplirai tous vos ordres et pour
1. « Lanval » de Marie de France audio vous j’abandonnerai tout le monde » (l. 16-17).
En piste ! site
On peut amener les élèves à convoquer la scène
d’adoubement de la double-page précédente
Les différentes interrogations visent à définir la (L’adoubement de Lancelot du Lac, p. 113), et
place particulière de la femme dans la société montrer que le chevalier pourrait tout aussi bien
médiévale qui, malgré une absence de statut tenir ces propos à un suzerain.
politique, est une figure fondamentale. On
pourra alors affiner les recherches en faisant Oral  
appel à l’interview de Sophie Cassagnes-Brou- 6. Le travail proposé a pour objectif de discuter
quet, professeure d’histoire médiévale à l’univer- de la rencontre amoureuse et de sa retranscrip-
sité qui porte ses recherches sur la place de la tion dans les arts tels que la littérature ou encore

90 THème 4 5e • Héros/héroïnes et héroïsmes


le cinéma. On pourra notamment s’intéresser à 4.  La rencontre entre Erec et Enide est finale-
la mise en scène cinématographique des coups ment très simple et dénuée, comme le texte
de foudre marqués par le jeu des regards et des précédent, d’objectif réfléchi de la part d’un
silences. En sollicitant d’autres extraits littéraires des deux personnages : ils tombent amoureux
d’époques et de mouvements différents on tout simplement. Leur naïveté, à tous deux, est
créera ainsi la notion de topos littéraire. remarquable.
Le coin des mots créative
5.  On attendra ici le réinvestissement des
Après avoir recherché sur le dictionnaire ce
éléments étudiés dans cette séance, pour la
qu’est l’hermine et le pourpre, les élèves pour-
construction d’un dialogue dans les formes. On
ront être amenés à réfléchir aux codes vesti-
attendra alors que les élèves utilisent un style
mentaires même actuels : porter des vêtements
plus en lien avec le monde médiéval en repre-
confectionnés avec des produits chers est un
nant des expressions comme « Belle douce
signe de richesse. On pourrait ajouter qu’au
fille ». Ils pourront également « s’amuser » à
Moyen Âge et plus tard également, les couleurs
trouver un style plus en lien avec l’époque.
qui nécessitent des procédés chimiques sont
également très recherchés par la haute société. Je fais le point
Enfin, on pourra guider les élèves vers un autre
La femme est ici présentée sous les traits de la
signe moins présent dans les textes proposés qui
beauté pour laquelle le chevalier va se battre,
est la gastronomie : proposer aux convives des
qu’elle soit grande dame ou humble femme.
mets délicats et surprenants est également sym-
L’amour est l’un des éléments qui constituent
bole de richesse.
le chevalier. La femme devient l’être aimé, pour
lequel le chevalier se surpasse : elle devient en
2. Erec et Enide de Chrétien de Troyes quelque sorte son suzerain. L’amour courtois est
1. On utilisera le guide de lecture pour définir la donc une relation vassalique entre homme et
situation de l’extrait et faire émerger des ressen- femme. Il répond à un code précis, et repose sur
tis à la lecture du texte. une relation sentimentale prude et chaste, sans
2.  Pour mettre en évidence la blancheur et la être platonique.
pureté de la jeune fille, ainsi que sa pauvreté,
on peut relever : « vêtue d’une fine chemise à
pans, blanche et plissée » (l. 5-6), « un chainse Lecture Quelles qualités faut-il
blanc », « Elle ne portait point d’autre robe » pour affronter
(l. 7), « le chainse était si usé qu’il était percé sur ses ennemis ? p. 116
les côtés » (l. 8), « Pauvre était la robe » (l. 8-9). Les textes proposés dans cette séance mettent
3.  La jeune fille est l’expression même de la en avant les valeurs que défendent les cheva-
pudeur et du respect dû au père à cette époque : liers : les combats face à un adversaire, présenté
« elle se tint un peu en arrière » (l. 11), signe de comme l’opposé du héros, sont le meilleur
retenue. Il est indiqué que la jeune fille « rou- moyen d’affirmer ce en quoi ils croient, et d’ap-
git » (l. 12), signe de son émotion particulière à pliquer ce qu’ils ont appris ou juré.
la vue du chevalier. L’avant-dernier paragraphe
présente toutes les actions que la jeune fille 1. Lancelot ou le Chevalier à la charrette
accomplit sur le cheval avec soin : « La fille prend de Chrétien de Troyes
le cheval, lui déplace le poitrail, ôte la selle, ôte
le frein, lui passe la chevêtre au cou. Elle l’étrille En piste !
[…] le lie à la mangeoire et le fournit de foin » L’accent est ici mis sur les éléments plus ou moins
(l. 19-21). Même s’il sera difficile de le faire dire explicites qui signalent l’arrivée du « méchant ».
aux élèves, on peut remarquer la technique litté- Les élèves pourront parler de la musique qui
raire qui met en parallèle le cheval et le chevalier. accompagne l’entrée de l’ennemi dans certains

séQuence 7 Les rencontres du chevalier 91


films, mais également de la couleur, très souvent (l.  30) : en effet, le chevalier se doit de braver
le noir, du regard ou de sa manière très souvent les obstacles pour véritablement en tirer de la
hautaine ou ironique de parler. L’objectif est gloire, il ne peut donc pas s’abaisser à trouver un
donc de faire comprendre aux élèves que les compromis avec son ennemi.
artistes dirigent notre perception des person-
créative
nages par des éléments qui peuvent paraître
anodins au premier abord. 7. Cet exercice d’écriture vise à travailler le dis-
cours descriptif et l’imaginaire des élèves, mais
1. On utilisera le guide de lecture pour confron-
également la narration de l’action et l’expression
ter les deux personnages principaux et établir
des sentiments, car ce pont est une épreuve qui
l’opposition des deux chevaliers.
permettra de laver l’infamie.
2. Le chevalier est dès le début de l’extrait pré- On pourra proposer le visionnage d’un extrait
senté négativement : « un chevalier plus orgueil- de la parodie Monty Python : Sacré Graal !, et
leux qu’un taureau » (l.  2), « il prenait appui travailler sur la figure de Lancelot, droit et direct,
d’une seule jambe […] et avait passé l’autre, pour comme dans le texte étudié. Galahad a moins de
faire l’élégant, sur le coup de son cheval » (l. 4-5). chance !
Le seul point qui explique son statut de cheva-
lier est son cheval. Il est donc l’anti-chevalier par ➨   http://www.dailymotion.com/video/x8d6b_
monty-python-le-pont-de-la-mort_news
excellence, illustré par les valeurs qu’il dégage : il
est orgueilleux plutôt qu’humble.
Histoire de l’art – Les chevaliers au
3. Les paroles du chevalier envers Lancelot sont cinéma
toutes offensantes. Dans un premier temps, le
Observez différentes affiches de cinéma mettant
propos est général : « Lequel d’entre vous […]
en scène des chevaliers : quels éléments chaque
est assez fou, assez orgueilleux et assez écervelé
affiche met-elle en avant ? À quoi peut-on s’at-
pour entrer dans ce pays » (l. 8-9) puis, après la
tendre en allant voir les films proposés ?
réponse de Lancelot, il rappelle l’infamie qui pèse
Les élèves qui auraient encore du mal à analy-
sur lui : « tu aurais dû te rappeler de la charrette
ser une image pourront être conduits à traiter
dans laquelle tu es monté » (l. 16-17). Il dénigre
ce type de lecture en utilisant le guide de lecture
son adversaire. On insistera avec les élèves sur la
tandis que les autres pourront soit émettre des
construction « assez […] assez […] assez » (l. 8-9),
hypothèses et rédiger une intrigue possible, soit
ainsi que sur la formule « Toi ? Toi ! » (l. 14) dont
rédiger une critique cinématographique.
la ponctuation est explicitement péjorative.
On pourra dans un travail individuel amener
4. Orgueilleux, le chevalier tente de provoquer les élèves à rédiger, après avoir vu les bandes
Lancelot : « gonflé d’orgueil » (l. 24). annonces des films, une critique cinématogra-
5. Face à ce chevalier, Lancelot se comporte de phique.
manière inattendue du point de vue des autres
convives : « le seigneur de la maison et toute
2. Tristan et Iseult de Béroul
sa famille s’en étonnèrent » (l. 22-23). À la pre-
mière provocation, il répond par une phrase 1. On utilisera le guide de lecture pour mettre
déclarative : « C’est moi qui veux passer le en lumière la situation du combat et remarquer
pont » (l.  13), sans signe d’agitation. La phrase l’opposition entre les deux personnages.
« Le chevalier de la charrette ne daigna même 2.  Tristan obtient une forme de respect de la
pas répondre un seul mot aux propos tenus par part de son adversaire par sa capacité à ne pas
l’arrivant » (l. 21-22) souligne la maîtrise de soi, s’effrayer face à la mort : « Le Morholt, admirant
la retenue dont fait preuve ici Lancelot. Un bon la prouesse et la vaillance de son adversaire »
chevalier ne provoque pas et sait juger de l’inté- (l. 14-15). En laissant partir sa barque il accepte
rêt de tel ou tel combat. le fait qu’il puisse mourir pour son roi.
6. La proposition du chevalier est qualifiée sous 3. Tristan, qui ne combat pas pour l’argent ou
forme de discours indirect de « malheur » pour la vie, mais pour l’honneur de son roi, ne

92 THème 4 5e • Héros/héroïnes et héroïsmes


peut accepter une compromission : « Tristan pitié (pitoyable en revenant au sens étymolo-
refuse avec dédain » (l. 18). gique).
4.  Le registre épique apparaît nettement dans On pourra faire un relevé des différentes qua-
cet extrait par les exagérations habituelles : lités du chevalier, et repérer dans les textes les
« farouchement dressés l’un contre l’autre » adjectifs correspondants ou les faire chercher
(l.  18-19), « brandissant leurs épieux » (l.  19), dans un dictionnaire.
« Tristan assène un rude coup » (l.  23), « Le Culture +
Morholt riposte par un terrible coup de son Il est intéressant de voir que la figure du chevalier
épieu » (l.  24-25), « se brise et vole en éclats est encore très souvent sollicitée pour ses valeurs
sous la force du choc » (l.  26-27), « l’épée de morales, afin de mettre en avant les qualités de
Tristan heurte avec une telle violence » (l. 29). tel ou tel produit. En fonction des chevaliers pro-
On pourra faire remarquer aux élèves les inten- posés par les élèves, on leur montrera pourquoi
sifs comme « telle », ou les constructions qui les publicitaires ont fait appel à ce héros.
amplifient la violence.
5. Les élèves relèveront facilement le présent de
l’indicatif qui actualise le récit : c’est un présent Lecture La rencontre avec le monde
de narration. merveilleux met-elle le
chevalier à l’épreuve ? p. 118
Oral  
6. Proche de l’exercice d’oral sur Perceval ou le 1. Yvain ou le Chevalier au lion de Chrétien
Conte du Graal (p. 113), il s’agit ici de travailler de Troyes
la lecture expressive, tant pour les dialogues En piste !
que pour la narration. Il pourra être possible Dans le monde féodal, le lion est synonyme de
également de demander des enregistrements, force, de courage et à de royauté ; tandis que le
qui pourront être comparés afin de déterminer dragon/serpent est d’office classé parmi les ani-
ce qui fait qu’une lecture devient expressive et maux à connotation péjorative : violence, four-
vivante. berie. Le reptile représente les forces du mal, et
Je fais le point est souvent associé aux chevaliers malfaisants
(Le Morholt dans Tristan et Iseult par exemple).
Les ennemis des chevaliers sont présentés de 1. On utilisera le guide de lecture pour situer l’ac-
manière symétriquement opposée à eux : lors- tion et résumer l’extrait. Il s’agira alors de définir
qu’un chevalier se doit d’être humble, l’ennemi que l’action se déroule dans un endroit éloigné
fourbe sera orgueilleux. C’est en fait la distinc- de toute civilisation « forêt profonde » (l. 1) et
tion entre le chevalier « blanc » et le chevalier donc propice au surgissement du merveilleux.
« noir », qui est ici présentée. Parce qu’il se
refuse à toute compromission avec son ennemi, 2. Yvain ne décide pas d’office de sauver le lion
le chevalier prend une réelle dimension morale : qui, malgré son côté positif, n’en demeure pas
ils sont en quelque sorte des faire-valoir des qua- moins un animal sauvage : il procède par élimi-
lités morales que les chevaliers doivent déve- nation, « Il se demanda auquel des deux il aide-
lopper. En s’opposant à leurs adversaires, les rait » (l.  5). Comme le dragon est plus terrible
chevaliers concrétisent les valeurs d’honneur, de que le lion, il sauvera ce dernier : « il se décida
vaillance et de respect. pour le lion, car on ne doit de faire du mal qu’aux
êtres venimeux et pleins de félonie » (l. 5-6).
Le coin des mots 3.  La première qualité dont Yvain fait preuve
On pourra ainsi aborder et mettre en avant : est l’aide apportée à celui qui en a besoin ; la
prouesse (preux), vaillance (vaillant), hardiesse seconde est le courage. Le chevalier aide celui
(hardi), loyauté (loyal), fidélité (fidèle), patience qui en a le plus besoin contre la fourberie.
(patient), respect (respectueux), obéissance 4. Cette rencontre est importante car elle per-
(obéissant), courage (courageux), piété (pieu), met au chevalier de n’être plus seul sur la route :

séQuence 7 Les rencontres du chevalier 93


il gagne ici un compagnon, un adjuvant dans sa leurs connaissances diverses, le rôle et l’impor-
quête, « le lion s’en fut à ses côtés, et le suivit tance des fées depuis l’antiquité jusqu’à nos jours.
car il ne veut plus se séparer de son sauveur : il 1.  On utilisera le guide de lecture pour dési-
le gardera et le servira fidèlement toute sa vie » gner le cadre dans lequel les personnages sont
(l. 20-22). Il est ainsi reconnu comme bienfaisant. conduits et mettre en avant le caractère mysté-
créative rieux du personnage Galadriel.
5. Le travail proposé souhaite mettre en œuvre 2.  L’atmosphère étrange qui se dégage de la
tous les éléments du roman de chevalerie étu- scène vient de différents éléments qu’on listera
diés jusque-là. Les élèves devront convoquer les avec les élèves :
qualités et les forces du chevalier, tout en inté- – l’apparition mystérieuse et silencieuse de
grant l’aide que pourra apporter le lion, animal Galadriel : « Grande, et belle, et blanche
merveilleux. qu’elle était, avançant sous les arbres. Elle ne
dit mot mais les appela à elle » (l. 3-4) ;
Lecture du merveilleux – le lieu particulier dans une forêt : une clairière
Cet AP permettra de reprendre certains élé- laissant porte ouverte vers le ciel, « un jardin
ments travaillés dans les textes précédents et fermé. Aucun arbre n’y poussait, et il s’éten-
d’approfondir la réflexion sur l’intrusion du mer- dait à ciel ouvert » (l. 7) ;
veilleux dans le réel. – les éléments de la nature à connotation
➨   En téléchargement sur le site www. magique : le ruisseau, la fontaine ;
hachette-education.com, un extrait – le souffle de Galadriel, qui souligne quelque
d’Yvain ou le Chevalier au lion de magie particulière : elle donne vie à l’eau ;
Chrétien de Troyes et son exploitation. – le miroir de Galadriel, qui est présenté comme
1. Les descriptions sont caractérisées par l’appel une porte ouverte sur le savoir : « Il est bien
aux superlatifs « le plus beau des pins », « d’or des choses que je puis commander au Miroir
le plus fin », aux adjectifs et aux structures mar- de révéler […]. Mais le Miroir montre aussi
quant leur caractère exceptionnel « plus ver- des choses de sa propre initiative » (l. 21-23).
meils que l’est le matin le soleil quand il apert 3. L’endroit est retiré, c’est un jardin fermé dans
à l’Orient », par exemple. Le texte est organisé la profondeur du vallon : c’est donc un lieu pro-
de telle sorte que ces deux éléments sortent du pice à des événements surnaturels. On peut sol-
cadre ordinaire de la réalité. liciter alors le texte précédent (Yvain le Chevalier
2.  La tempête est dès sa présentation excep- au lion, « la forêt profonde », l. 1). L’enseignant
tionnelle : « la merveille de la tempête et de pourra présenter d’autres extraits comme le
l’orage ». Dans son discours, Calogrenant tente texte de la fontaine proposé en AP ci-dessus.
de frapper les esprits par des expressions hyper- 4.  La dernière phrase de Galadriel est particu-
boliques : « le ciel si démonté », « les éclairs me lière : elle met clairement le personnage dans
frappaient les yeux », « les nues jetaient pêle- une situation de choix qui peut avoir des consé-
mêle, pluie, neige et grêle », « si affreux », « les quences. En cela, cette rencontre est une étape
arbres mis en pièces ». dans la construction du héros car faire un choix,
3. On laissera aux élèves leurs propres hypothèses, c’est se mettre à l’épreuve du doute.
avant de leur proposer la suite par exemple, pour 5.  Frodon est invité à regarder dans le Miroir :
la confronter aux idées de chacun. souhaite-t-il savoir à l’avance au risque d’être
ensuite déstabilisé, voire conduit sur une fausse
2. Le
Le Seigneur des anneaux de J. R. R. Tolkien route ? Galadriel met ici à l’épreuve le désir de
savoir toute chose, la résistance de Frodon.
En piste ! site

Le monde des fées proposé par la BNF, fera Oral  


découvrir aux élèves le monde de l’enchante- 6. Ce court travail d’oral permet d’amorcer une
ment et permettra de considérer, en lien avec pratique de l’argumentation. On n’attendra pas

94 THème 4 5e • Héros/héroïnes et héroïsmes


forcément des élèves une explication dévelop- y Étape 4 : au brouillon.
pée, mais ils pourront être amenés à justifier leur 4. Réponse libre des élèves.
point de vue respectif. y Étape 5 : finaliser son récit.

Je fais le point 5. Ajout libre des élèves.

Le terme « merveilleux » issu du latin mirabilis,


conserve au Moyen Âge cette définition d’éton- Oral « Montjoie ! » : les chevaliers
nant et d’admirable. Le merveilleux est donc au combat p. 121
l’apparition dans le réel d’événements, de per-
sonnages extraordinaires dans leurs comporte- Atelier Faire un exposé sur la vie
ments. C’est le surnaturel dans le réel. des chevaliers combattants
La confrontation au merveilleux permet au cheva- On peut ici décider de traiter l’un ou l’autre des
lier d’apprendre à garder la tête froide et de suivre sujets.
sa quête malgré tout. C’est en quelque sorte un • Pour le travail sur les femmes chevaliers, on
apprentissage de la raison et du raisonnable. Le pourra convoquer les travaux et les interviews
merveilleux est ambigu car de la rencontre peut de Sophie Cassagnes-Brouquet citée ci-dessus
apparaître une aide, tout comme un problème. Le (« Lanval », En piste !).
plus bel exemple de cette ambiguïté est Merlin, à • Pour les chevaliers et leurs missions, de nom-
la fois né d’un démon et d’une femme pieuse. breux documentaires ou quotidiens traitent
le sujet. On veillera que les élèves parviennent
à, notamment dans leur rendu, une organisa-
Un jeune chevalier dans tion claire et compréhensible.
une grande aventure p. 120 y Étape 1 : les femmes chevaliers.
1. – Attributs du chevalier : arc, flèches, cheval
Atelier Rédiger la suite d’un texte armé, armure.
Il s’agit ici d’une suite de texte de base. On fera – Attributs de la féminité : coiffe, robe, cheveux
en sorte que les élèves respectent le cadre défini détachés.
par le texte initial en matière de forme et de nar- 2.  On observera alors qu’elles peuvent être
ration, mais qu’ils créent également une cohé-
les représentations qu’ont les élèves d’une
rence entre le premier texte et celui produit
femme-soldat : est-elle considérée comme les
comme suite. Le questionnement proposé leur
autres chevaliers ? A-t-elle un statut particulier ?
indique des choix possibles et cadrants pour la
construction de la notion de « suite de texte ». 3.  Les élèves évoqueront peut-être qu’elles
étaient à la marge. On les conduira à réfléchir
y Étape 1 : observer le texte.
au fait que la force et la puissance étaient alors
1.  Relevez : le cadre spatio-temporel (période l’apanage des hommes et qu’une femme ne pou-
médiévale – château de Thibaud – une salle vait avoir un quelconque pouvoir. Par ailleurs, la
d’apparat), deux personnages (Thibaud et le place de la femme est très souvent celle de l’être
narrateur), aucune mention d’autres person- faible qui doit être protégé par un homme… On
nages présents. s’intéressera alors à la nécessité de repositionner
y Étape 2 : imaginer une suite possible. certaines idées reçues !
2. Les propositions faites ne sont que des pro- 4. On pourra solliciter les nouveaux films grand
positions destinées à aider certaines élèves en public tels que Hunger Games ou encore le per-
manque d’inspiration. sonnage d’Hermione dans Harry Potter. Dans ses
y Étape 3 : construire son récit. films, les jeunes femmes affirment leurs capa-
3. Relevez : le narrateur – personnage, le point cités et leur robustesse. Elles ne sont pas celles
de vue interne, l’expression des sentiments, les qu’il faut protéger mais celles qui représentent
temps du récit (imparfait et passé simple de l’in- la force de caractère et portent de vraies valeurs
dicatif). héroïques.

séQuence 7 Les rencontres du chevalier 95


yyÉtape 2 : qui étaient vraiment les chevaliers ? – aperçut/se réfugia : passé simple de l’indicatif
5. Le documentaire alimentera l’écrit des élèves – valeur de narration – globalité.
qui devra être construit selon une organisation 5. – était/tenait/était couvert : imparfait de l’in-
logique. dicatif – valeur de description.
– avait menés : plus que parfait de l’indicatif –
valeur d’antériorité.
Langue  La grammaire pour lire, – a dit : passé composé de l’indicatif – action
écrire et parler p. 122 vue comme achevée.
La première partie des activités proposées – survivrons : futur de l’indicatif placé dans un
­s’intéresse aux temps du récit afin de mettre énoncé ancré dans la situation d’énonciation
en avant les valeurs porteuses de sens de – valeur de certitude.
l’emploi de tel ou tel temps. On attirera l’at- –  entends : présent de l’indicatif – valeur de pré-
tention des élèves sur le présent de narration sent d’énonciation.
actualisant un récit au passé par exemple. Les
6. a. imparfait de description
autres exercices étudient l’évolution de notre
b. imparfait d’habitude
langue.
c. imparfait d’arrière-plan
Les temps du récit d. imparfait d’habitude
J’observe e. imparfait de description
1. f. imparfait d’arrière-plan
g. imparfait d’hypothèse
Passé simple h. imparfait d’arrière-plan/de description
– reconnut –  il voulut i.  imparfait de description (nous sommes ici
–  se mit –  s’en aperçut
– fut – tira
dans une forme de discours indirect libre)
–  elle fut 7. avait amenée – entendit – proférait – fut –
Plus que parfait supplia – répondit – pouvait – avait infligé –
–  était accoudé –  avait basculé s’approcha.
8.  asséna (passé simple de narration) – pou-
2.  Tous les passés simples («  se glissa 
»,
« courba », « s’évanouit », « furent », « sen- vait (imparfait de description) – riposta (passé
tit », « souvint », « voulut ») ont une valeur de simple de narration) – s’enfonça (passé simple
narration dans ce texte. de narration) – pénétra (passé simple de nar-
Les imparfaits sont, quant à eux, des imparfaits ration) – se brisa (passé simple de narration)
d’arrière-plan (« sentaient », « se cachaient », – dégaina (passé simple de narration) –s’entre-
« poussait », « tremblaient »), sauf le dernier croisèrent (passé simple de narration) – aperce-
(« ramenait ») que l’on pourrait interpréter vait (imparfait d’arrière-plan).
comme un imparfait de répétition en raison de Un peu d’ancien français
la présence du verbe « ramener ». 9. a. On acceptera tous les éléments transparents.
Je m’entraîne b. ce fu – arbre florissent – pré verdisent – cil
3. –  servent : présent de vérité générale. oiseil chantent – tote riens enflame – li filz se
–  empoigne : présent de narration. leva – il meïst/preïst – il pansa/iroit – sa mere
–  le fait : présent de narration. avoit – qui erchoient.
–  tourne : présent de narration. On pourra alors mettre l’accent sur les noms au
–  embrasse : présent de narration. pluriel qui n’en portent pas la marque actuelle,
–  paraît : présent de narration. contrairement aux verbes.
4. – trouve : présent de l’indicatif – valeur de c. li filz a la veve dame : le fils de la dame veuve
présent de narration – déroulement. – forest : forêt.
– défrichait : imparfait de l’indicatif – valeur L’exercice tend à montrer les vestiges de l’évo-
d’arrière-plan – non borné. lution de la langue : « filz » devient « fils » en

96   Thème 4  5e • Héros/héroïnes et héroïsmes


français moderne, et on a la trace du –s étymo- h. médian – moyen
logique avec l’accent circonflexe, comme avec le i. mastiquer – mâcher
nom « forest » qui devient « forêt » en français j. primaire – premier
moderne. k. article – orteil
10.  a. b. et c. On pourra montrer que l’ortho- Les mots de la chevalerie
graphe et la grammaire de l’ancien français est 12. On attendra un réinvestissement des valeurs
située entre le latin et le français moderne : cer- du chevalier, son rôle dans la société féodale et
tains pourront se réjouirent de l’absence de –s dans la littérature. Les textes des élèves mettront
pour les noms au pluriel ! L’intérêt est de mon- en avant la notion de héros historique et artis-
trer que notre langue évolue avant tout. On tique.
pourra mettre en avant le terme « riens » issu 13. a. • passé simple : « vinrent » (ils) – « aper-
du latin res qui a perdu sauf dans l’expression çurent » (le nain et la demoiselle) – « furent sai-
« un tout petit rien » sa connotation positive. sis » (ils) – « s’enfuirent » (ils).
11. a. potion – poison •  l’imparfait : « répandait » (qui) – « fuyaient »
b. ausculter – écouter (les gens) – « était » (ce) – « était » (cheval) –
c. naviguer – nager « vociférait » (il) – « faisaient » (ses cris).
d. intègre – entier b. Réponse libre des élèves.
e. mobilier – meuble c. « le plus hideux, le plus horrible chevalier » –
f. fastidieux – fâcheux « qui répandait le bruit d’une tempête » – « il
g. légal – loyal vociférait si fort que ».

séquence 7  Les rencontres du chevalier  97


thème 4 agir sur le monde
5e – Héros/héroïnes et héroïsmes

Séquence

8 Indispensables héros

Fil directeur de la séquence


La séquence s’intéresse aux héros de tout type et aux valeurs qui les incarnent, ainsi qu’à leur statut
et leur rôle dans la société. La question qui guide toute la séquence est, en quelque sorte : Pourquoi
avons-nous besoin de héros dans notre vie ?
Elle commence avec les héros de l’Antiquité, et s’attache à montrer que ceux-ci incarnent des valeurs
qui ne sont pas toujours celles que nous attribuons actuellement aux héros. Les textes de la seconde
séance permettent d’identifier ces nouvelles valeurs : mettre sa vie au service des autres, se sacrifier
pour des idées auxquelles on croit. Il s’agit ensuite de s’interroger sur la persistance du modèle médié-
val dans notre conception du héros, à travers des réécritures modernes de certains codes chevale-
resques. Pour finir, les élèves découvrent certaines parodies du modèle héroïque, et se questionnent
sur le besoin de se moquer parfois de ce que l’on idolâtre à d’autres moments.

Compétences travaillées dans la séquence


Langage oral Écriture
Dans les pages de lecture… Dans les pages de lecture…
■ S’exprimer de façon maîtrisée en s’adressant à un ■ Passer du recours intuitif à l’argumentation à un
auditoire (formuler un avis personnel) usage plus maîtrisé :
X Compte rendu argumentatif sur le renoncement y Connaissance des fonctions et caractéristiques des
d’Anakin, p. 131 discours argumentatifs :
■ Exploiter les ressources expressives de la parole X Herbert justifie sa volonté d’utiliser son épée, p. 133
X Lecture théâtralisée de deux textes de conflit, p. 127
En atelier, p. 135
et 129 ■ Pratiquer l’écriture d’invention et exploiter ses
En atelier, p. 135 lectures.
■ Participer à un débat, exprimer une opinion ■ Utiliser l’écrit pour penser
argumentée et prendre en compte son X Écrits préparatoires
interlocuteur (connaissances de techniques ■ Comprendre le rôle de l’écriture
argumentatives) X Formes des écrits : listes, cartes mentales
X Débattre et argumenter sur les valeurs des héros du ■ Adopter des stratégies d’écriture efficaces
quotidien. (recherche collective de formulations ; amélioration
de la qualité du texte)
X Création collective d’un super héros ou d’une super-
héroïne

Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue


■ Lire des textes variés avec des objectifs divers : Dans la double-page langue…, p. 136-137
y Recourir à des stratégies de lectures diverses ■Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe des
(adapter sa lecture à l’objectif poursuivi, adapter mots
sa lecture aux supports, reformuler y Observations morphologiques
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’observe », X Radicaux et familles de mots,
« Je comprends » X Préfixes et suffixes.
y Formuler des impressions de lecture, percevoir un
effet esthétique

98 THème 4 5e • Héros/héroïnes et héroïsmes


Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue
XXCarte mentale « Lire un texte » : « Je lis », yyAnalyse du sens des mots
« J’écoute », « Je réagis » XXSens propre, sens figuré
yyReconnaître les implicites et faire les inférences et XXLes comparaisons
hypothèses de lecture nécessaires yyUtilisation de différents types de dictionnaires.
XXCarte mentale « Lire un texte » : « J’interprète » ■■ Connaître les aspects fondamentaux du
■■ Lire et comprendre des images fixes ou mobiles fonctionnement syntaxique
XXCarte mentale « Lire une image » yyFonctionnement de la phrase simple
XXLes procédés de mise en valeur (présentatif, adjectif
Enjeux culturels
■■ Lire
apposé, présent de narration, accumulation)
des œuvres littéraires et fréquenter des œuvres
d’art Dans les coins des mots
XXDévelopper des connaissances sur le genre du Les épithètes homériques (p. 127)
roman de chevalerie Comprendre une expression (p. 132)
■■ Élaborer une interprétation de textes littéraires :
yyÉtablir des relations entre des œuvres littéraires et
artistiques
XXDécalage et parodie du héros.

Enjeux de formation personnelle


XXS’interroger sur la diversité des figures de héros et
sur le sens de l’intérêt qu’elles suscitent.

Lecture  Les héros de l’Antiquité sont : « furieux » (l. 6), « terribles » (l. 7), « Ses
sont-ils des hommes dents grinçaient » (l. 7-8), etc.
comme les autres ? p. 126 3. Cette réaction est compréhensible car Patro-
cle, son cousin et meilleur ami, vient d’être tué.
1. L’Iliade d’Homère, extrait 1 Elle est également terrible, car Achille est un
demi-dieu, ce qui rend sa colère d’autant plus
En piste ! impitoyable et difficile à apaiser, car les dieux
L’objectif des deux « En piste ! » de cette ont la réputation d’être susceptibles et de ne pas
double-page est de donner aux élèves quelques se laisser amadouer par les mortels.
éléments de compréhension de la situation dans 4. Erratum : Il s’agit ici de l’adjectif « furieux » de
laquelle se trouvent les personnages des deux la ligne 10, et non de la ligne 6 comme indiqué
extraits choisis. Le prince troyen Pâris enlève dans l’édition 01 du manuel.
Hélène, la reine de Sparte. Pour se venger, Méné- L’adjectif « furieux » est mis en apposition.
las, son mari, demande à son frère Agamemnon 5.  Il est important que les élèves prennent en
de rassembler la flotte grecque et d’aller atta- compte l’adjectif « furieux » et que l’illustration
quer Troie pour récupérer Hélène. choisie mette en valeur ses armes.
1.  On utilisera le guide de lecture pour attirer On peut orienter les élèves vers l’exposition vir-
l’attention des élèves sur l’auteur de ces récits, tuelle de la BNF sur Homère (http://expositions.
et sur leur date de création. On peut également bnf.fr/homere/v/61/index.htm), ou vers des
leur demander de décrire l’action principale du arrêts sur image du film Troie.
texte et de formuler les images de films ou autres   créative
qui leur viennent à l’esprit, afin de construire la 6. On attend des élèves qu’ils décrivent Achille
représentation du héros antique (par exemple, comme un héros, c’est-à-dire en employant des
le film Troie, dans lequel Achille est incarné par termes qui montrent l’admiration et la peur des
Brad Pitt). Troyens devant leur adversaire. Les armes du
2.  Achille éprouve de la colère, à cause de la héros devront être, elles aussi, magnifiées dans
mort de Patrocle. Les mots qui le montrent la description.

séquence 8  Indispensables héros  99


Lexique pouvant être utilisé dans cette produc- Il y a un contraste entre la dureté des armes, qui
tion d’écrit : sont aiguisées et meurtrières, et la délicatesse de
– pour décrire l’admiration des Troyens devant la chair qui ne peut y résister.
Achille : magnifique, étincelant, flamboyer, 4. – Achille : « le divin Achille » (l.  12-13),
grandeur, force, courage, détermination, « Achille aux pieds rapides » (l. 20) ;
invincible, astre ; – Hector : « divin Hector » (l.  8), « Hector au
– pour décrire la peur des Troyens : trembler, casque étincelant » (l. 15).
admirer, supplier, fuir, renoncer. Ces informations nous rappellent que les héros
grecs appartiennent à de grandes lignées, ou
2. L’Iliade d’Homère, extrait 2 sont d’origine divine. Ce sont leurs qualités
En piste ! de  combattant ou leurs armes qui sont mises
en valeur.
Hector est le prince de Troie. Il est le fils du roi
5.  Les impératifs qu’utilise Hector ont une
Priam et le frère de Pâris, qui enleva Hélène aux
valeur de supplication : « ne laisse pas » (l. 16),
Grecs et déclencha ainsi la guerre de Troie. Il tue
« accepte » (l. 17), « rends-leur » (l. 18).
Patrôcle, le cousin et meilleur ami d’Achille, en
L’impératif qu’utilise Achille a une valeur
le prenant pour ce dernier. C’est lui qui propose
d’ordre : « ne me supplie ni […] ni » (l. 21).
à Achille un duel, pour apaiser sa colère, plutôt
que de laisser les armées continuer à s’affronter. 6. Achille fait preuve d’une grande cruauté dans
Il est tué par Achille, qui refuse de rendre son cet extrait, non pas dans le combat qu’il mène
corps aux Troyens et le traîne autour des rem- contre Hector, mais dans le refus qu’il lui oppose,
parts de la ville les pieds attachés à son char. de permettre à la famille de ce dernier de rendre
les derniers hommages à son corps : « non, quoi
1. On utilisera le guide de lecture pour faire pré-
qu’on fasse, ta digne mère ne te placera pas sur
ciser aux élèves qui sont les personnages cités
un lit funèbre » (l.  21-22). Il ne fait pas preuve
dans cet extrait, l’action principale, et pour les
à cet instant de magnanimité, et ne sert que sa
faire s’interroger sur les attitudes des deux héros.
vengeance personnelle. C’est en cela que l’image
Il est notamment important de faire s’exprimer
que ce texte donne d’Achille s’oppose aux
le ressenti des élèves face à la décision d’Achille
valeurs que l’on prête habituellement aux héros.
de ne pas rendre la dépouille d’Hector aux
Troyens pour les rites funéraires, alors qu’il s’agit Oral
d’un combattant valeureux et d’un grand prince 7.  Il est important, pour réussir cette lecture
troyen. expressive, de bien respecter la ponctuation,
2. Hector est un grand héros car il est prince et de mettre en valeur les comparaisons, et de
propose un duel singulier contre Achille au lieu s’appuyer sur les adverbes de liaison comme
de faire s’affronter les armées. Il a donc le sens « ainsi ». Les répétitions « c’est là » aident éga-
des responsabilités et du sacrifice. Son courage lement à respecter la structure de ce récit. Les
est mis en valeur dans le texte. Il est comparé paroles d’Hector peuvent être dites sur un ton
à un aigle, animal noble et symbole de souve- suppliant, alors que la réponse d’Achille doit
raineté : « il prend son élan, tel l’aigle de haut être cinglante et vide de toute émotion.
vol, qui s’en va vers la plaine, à travers les nues
ténébreuses, pour ravir un tendre agneau ou un
Le coin des mots
lièvre qui se terre » (l. 2-4). Réponse libre des élèves.
3.  – les armes : « le glaive aigu […] grand et Je fais le point
fort » (l. 1), « la pique acérée » (l. 7), « ses armes
de bronze, les belles armes » (l.  10), « sa jave- Les héros de l’Antiquité sont généralement
line », « pointe » (l. 13) ; des princes ou des demi-dieux. Ils sont donc
– la chair : « sa belle chair » (l.  8-9), « le cou privilégiés par leur naissance, ce qui les éloigne
délicat » (l. 14), « là que la vie se laisse détruire des hommes ordinaires. Cependant, ils sont
au plus vite » (l. 12). traversés de sentiments partagés par tous les

100 THème 4 5e • Héros/héroïnes et héroïsmes


hommes, comme la tristesse et le désir de ven- donc pas mort, qu’on le vît se redresser tout à
geance pour Achille, ou comme la peur que son coup, comme un fantôme » (l. 10-11).
corps ne soit pas respecté après sa mort pour 6.  Jules Verne utilise l’anaphore, c’est-à-dire la
Hector. Grâce aux épithètes homériques et aux répétition de la même structure de phrase, pour
comparaisons, Homère en fait des êtres admi- mettre en valeur le fait que Passepartout est le
rables et magnifiques. héros. Les points d’exclamation montrent la sur-
prise devant cette découverte.
7. L’héroïsme du personnage est mis en valeur
Lecture Faut-il risquer sa vie par les anaphores et par l’utilisation du présen-
pour les autres ? p. 128 tatif « C’était » (l.  18, 19 et 20), ainsi que par
le vocabulaire utilisé pour relater son exploit :
1. Le Tour du monde en 80 jours « arraché la jeune femme à la mort » (l.  20),
de Jules Verne audio « audacieux » (l. 21).
En piste ! audio créative
Le chant des partisans de Camélia Jordana est 8.  L’intérêt de cette activité d’écriture est de
l’hymne des résistants contre les nazis pendant faire réécrire la scène selon un autre point de vue
la Seconde Guerre mondiale. Il dit aux hommes (cf. fiche 26, « Les points de vue du narrateur »,
et aux femmes de se mobiliser contre l’ennemi p. 494).
et de prendre les armes. Il est intéressant d’identifier avec les élèves les
1.  On utilisera le guide de lecture pour attirer critères de réussite de ce genre d’écrit. Dans
l’attention des élèves sur l’auteur de ce texte un journal, le récit est forcément à la première
et sur sa date de création. On peut demander personne, et il est décalé dans le temps par rap-
aux élèves à quels films ou bandes dessinées ce port à l’action racontée (on imagine que Pas-
texte leur fait penser, sachant que l’on attend separtout raconte cet événement après avoir
qu’ils reconnaissent le récit d’aventures, étudié échappé aux assaillants). L’utilisation des temps
en classe de 6e dans les nouveaux programmes verbaux peut aussi être un critère à retenir (le
(ils peuvent citer par exemple les films d’Indiana passé composé plutôt que le passé simple). On
Jones). peut demander aux élèves d’insister sur les sen-
2.  Passepartout est le héros de cette scène, timents du personnage qui met au point ce plan
puisque c’est lui qui accomplit l’exploit héroïque de sauvetage de la jeune fille, sur l’héroïsme qui
de sauver la jeune femme des flammes du le pousse à mettre sa vie en danger pour sauver
bûcher : « C’était Passepartout qui, profitant autrui, sur les sensations qu’il ressent une fois
de l’obscurité profonde, encore, avait arraché la installé sur le bûcher et sur sa joie de voir son
jeune femme à la mort ! » (l. 19-20). Les élèves ne plan réussir.
doivent donc pas tirer leur réponse du paratexte, Les sentiments éprouvés peuvent être : la révolte
mais bien de la lecture de l’extrait. et l’effroi face au crime qui va être commis, l’in-
compréhension devant ces coutumes barbares,
3. Passepartout a pris la place du rahaj mort sur la détermination de sauver la jeune fille, le cou-
le bûcher pendant la nuit. Il espère profiter de la rage de se glisser à la place du mort, le dégoût
stupeur et de la peur de l’assemblée pour sauver peut-être ou le malaise à devoir prendre sa
la jeune femme. place, la peur au moment de se lever, la joie et
4.  L’assemblée est terrifiée devant ce prodige, l’exaltation d’avoir réussi à sauver la jeune fille.
comme le montrent les mots « un cri de ter-
reur » (l.  8-9), « cette foule […] épouvantée »
(l. 9), « une terreur subite » (l. 13). 2. Antigone de Jean Anouilh
5.  L’assemblée ne comprend pas tout de suite En piste !
qu’il s’agit d’une ruse. Elle pense donc voir le Les élèves font quelques recherches pour repla-
cadavre du mort se lever : « Le vieux rajah n’était cer l’extrait dans son contexte.

séQuence 8 Indispensables héros 101


Antigone est la fille d’Œdipe, roi de Thèbes, et lui dit que le  corps de son frère sera déterré
de Jocaste. Elle va s’opposer avec courage et fer- tout de suite après et que son geste n’a
meté à son oncle Créon, qui refuse d’honorer la donc aucun sens : « Créon : Tu irais faire ce
dépouille de son frère Polynice, traître à la patrie. geste absurde ? […] même si tu parviens à le
Elle est condamnée à être emmurée vivante, recouvrir encore, on dégagera son cadavre »
mais elle se suicide avant. (l. 8-10).
4.  Antigone dit que c’est son rôle de sœur, ce
Entrer dans la lecture d’un texte par sa qu’elle a à faire pour pouvoir être en paix avec
représentation théâtrale elle-même et sa conscience : « Antigone : […]
Pour aider certains élèves à entrer dans la lecture cela, du moins, je le peux. Et il faut faire ce que
de ce texte, on peut leur proposer de visionner l’on peut. » (l. 12-13).
un extrait théâtral d’Antigone, mis en scène
par Nicolas Briançon au théâtre Marigny en 5. Créon compare Antigone à un petit gibier
2003 (https://www.youtube.com/watch?v=5_ capturé par des chasseurs, et qui n’aurait
sO75wwZ1g, à partir de 1’00’’19) aucune chance : « Créon : […] Tu as déjà l’air
d’un petit gibier pris » (l.  20). Cette compa-
1. Reformulez les propos de chaque personnage. raison peut sembler dans un premier temps
Quel est le sujet de leur discussion ? bien choisie, et en même temps, la ténacité et
2. En vous appuyant sur le choix des acteurs et la volonté d’Antigone font d’elle autre chose
de leur façon d’interpréter leur rôle, dites quel qu’un petit gibier sans défense : « Antigone :
caractère vous attribueriez à chaque person- Ne vous attendrissez pas sur moi. Faites
nage. comme moi. Faites ce que vous avez à faire »
3.  Lisez maintenant le texte. Quels mots de (l. 21-22).
vocabulaire vous semblent difficiles ? Oral
4.  Répondez maintenant aux questions posées 6.  Il s’agit dans cette activité de laisser un
dans le manuel sur le texte, puis présentez vos temps aux élèves (en classe ou à la maison)
réflexions sur la mise en scène à la classe. pour mémoriser les répliques de l’un ou
l’autre des personnages. On peut d’ailleurs
1. On utilisera le guide de lecture pour décou- les interroger sur les techniques de mémo-
vrir l’auteur de ce texte et sa date de création. risation. Il est important de leur faire prendre
Il faudra attirer l’attention des élèves sur le fait conscience de l’importance de connaître les
qu’il s’agit d’une réécriture d’un mythe antique. répliques de l’autre personnage pour pou-
Il est important également qu’ils identifient le voir dire les siennes à bon escient. On peut
genre théâtral, qu’ils identifient les person- demander à un troisième élève de tenir le rôle
nages et qu’ils puissent reformuler leur propos. du « souffleur ». On peut également travail-
On peut également les interroger sur ce qu’ils ler avec eux la posture et les déplacements
pensent du geste d’Antigone, pour insister sur des personnages, afin que ceux-ci servent le
le courage qu’elle a de s’opposer à son oncle texte.
Créon.
Je fais le point
2.  Antigone a désobéi aux ordres du roi et a
voulu enterrer son frère, traître à sa patrie : Les héros accomplissent des exploits pour sau-
« Antigone : Il faut que j’aille enterrer mon ver les autres. Il y a une valeur altruiste à leurs
frère que ces hommes ont découvert » (l. 7). Elle gestes. Ils le font car souvent, c’est impossible
défend les valeurs de la famille, et considère qu’il pour eux de faire autrement. Ils font ce qu’ils
est de son devoir d’enterrer son frère, même si pensent avoir à faire pour être en paix avec eux-
elle doit en mourir. mêmes et les autres.
3. Créon lui dit qu’il va être obligé de la faire
tuer si elle recommence : « Créon […] : Tu
as donc bien envie de mourir ? » (l.  19). Il

102 THème 4 5e • Héros/héroïnes et héroïsmes


Lecture  Comment sommes-nous (mais on peut ici demander aux élèves de l’écrire
encore influencés par les en prose) racontant les exploits guerriers de
héros du Moyen Âge ? p. 130 héros au Moyen Âge.

1. Le Seigneur des anneaux de J. R. R. Tolkien 2. Star Wars de George Lucas


En piste ! 3. Batman Begins de Christopher Nolan
1. On utilisera le guide de lecture de l’image pour
Il s’agit d’une activité d’émergence des repré- découvrir de quel type d’image il s’agit, à savoir
sentations des élèves. Il faut accueillir toutes les un extrait de film pour Star Wars et une affiche
propositions qui seront faites : Batman, Zelda, de film pour Batman. On interrogera les élèves
les Jedis, les chevaliers du Zodiac, etc. sur la représentation que ces images veulent
1. On utilisera le guide de lecture pour décou- donner du personnage, en insistant sur leur pos-
vrir qui a écrit ce texte et à quelle époque. Il sera ture proche de celle des chevaliers (en duel pour
intéressant de faire identifier aux élèves que ce Star Wars ; seul devant sa ville à défendre pour
récit ressemble au récit de chevalerie, alors qu’il Batman).
est écrit au xxe siècle. Star Wars
2. Éowyn défend son oncle, le roi Eomund : « Tu 2.  Anakin Skywalker renonce à ses valeurs de
te dresses entre moi et mon seigneur et parent » héros parce qu’il cherche la puissance la plus
(l. 5). Elle met sa vie en danger pour défendre son forte, pour sauver de la mort celle qu’il aime.
roi, qui est aussi un membre de sa famille, ce qui Il  perd ses valeurs de héros pour une noble
correspond bien aux valeurs des héros et à l’idéal cause. Il ne croit plus en la force des Jedis et
des chevaliers du Moyen Âge. ­préfère assouvir son désir de pouvoir.
3.  Le héros est ici une héroïne qui combat sur a. Il passe du côté obscur de la force pour sauver
le champ de bataille, comme un homme. C’est Padmé Amidala, et parce qu’il pense que la force
d’ailleurs justement parce que c’est une femme, y est plus grande.
qu’elle peut le vaincre, puisque celui-ci ne peut b. Il veut sauver Padmé Amidala de la mort
être tué par un homme : « M’entraver, moi ? grâce à ses nouveaux pouvoirs. Il ne veut pas la
Pauvre fou. Aucun homme ne le peut ! » (l. 3). perdre comme il a perdu sa mère et veut être le
4. – Éowyn : « sa claire chevelure » (l. 8), « un plus fort possible. Il pense avoir apporté la paix à
chatoiement d’or pâle » (l.  9), « ses yeux d’un la République, en détruisant les Jedis.
gris de mer » (l.  9-10), « fille des Rohirrim », c. Il mène son combat pour lui-même, pas pour
les autres. Il veut diriger l’Empire et construire
« enfant des rois » (l. 16), « mince comme un fil
un monde à son image, alors que les Jedis
d’épée », « belle mais terrible » (l. 17) ;
se  mettent au service de quelque chose qui
–  le Nazgûl : « le  Cavalier Noir », « haut et
les dépasse.
menaçant » (l. 22).
d. Padmé dit qu’elle ne peut le suivre sur cette
L’une est symbolisée par la lumière et la pureté,
voie parce qu’il a renoncé aux valeurs démocra-
l’autre par l’obscurité.
tiques des Jedis, et qu’il a tué pour asseoir son
  créative pouvoir.
5. Les élèves réutilisent, dans cette activité d’écri- 3. Le décor est volcanique, tout en rouge et noir.
ture, ce qui a été vu dans la séquence précé- Cela montre l’état d’esprit d’Anakin Skywalker,
dente (séquence 7, Les rencontres du chevalier) : qui est passé du côté obscur de la force, et du
on attend d’eux qu’ils reformulent l’histoire sang versé. Il est tourmenté et violent, en ébulli-
d’Éowyn et de son combat contre le Nazgûl, pas tion et dangereux comme un volcan.
forcément en vers, mais en utilisant des termes 4.  L’opposition entre les deux personnages est
qui mettent en valeur son courage et sa destinée symbolisée par les couleurs. Le noir intégral pour
de femme. Comme le dit le bilan de la séquence Anakin Skylwaker et le blanc pour Obi-Wan
(p. 140), la chanson de geste est un récit en vers Kenobi.

séquence 8  Indispensables héros  103


Batman Begins Lecture Comment rire de nos désirs
5.  Au centre de l’affiche, on peut voir Bat- d’exploits et de gloire ? p. 132
man, tout de noir vêtu, avec sa cape qui vole
au vent. Le personnage a la tête baissée. Il est 1. Don Quichotte de Miguel de Cervantes
mis en valeur par la lumière du soleil derrière
audio
lui. Tout autour, une nuée de chauve-souris
tourbillonne. On peut voir une ville moderne Guider les élèves dans la lecture par un
à l’arrière-plan. QCM
La lecture audio du texte constitue déjà une
6. Les points communs entre Batman et le che- activité d’AP, puisque le choix peut être fait de
valier du Moyen Âge sont : l’armure, la cape et la ne pas donner cette lecture audio à tous les
solitude du héros. élèves, mais seulement à ceux en difficulté de
7. Batman a l’air plus sombre, plus torturé que compréhension de lecture. On peut aussi pro-
les chevaliers traditionnels. La couleur noire poser ce QCM aux élèves les plus fragiles pour
et  la  posture tête baissée renforcent cette leur permettre d’entrer plus facilement dans la
impression. compréhension du texte
Question croisée 1. Choisissez la bonne réponse.
8. Les héros du xxe siècle sont des héros beau- Dans ce récit, il y a :
coup plus complexes et tourmentés. Les – un personnage : Don Quichotte ;
frontières entre le bien et le mal sont moins – deux personnages : Don Quichotte, Sancho
clairement définies. Chaque héros a en lui une Panza ;
faille qui peut le faire basculer à tout moment – trois personnages : Don Quichotte, Sancho
vers le mal. Panza, son écuyer ;
– plus de trois personnages : Don Quichotte,
Oral Sancho Panza, son écuyer, 30 géants qui les
attaquent.
9.  Il s’agit pour les élèves de réorganiser leurs
réponses aux questions précédentes afin de 2. Sancho Panza ne veut pas suivre son maître
répondre à la question initiale posée : en quoi dans cette attaque car :
Anakin Skywalker renonce-t-il à ses valeurs de – il a peur des géants ;
héros ? On attend d’eux qu’ils comprennent – il voit que ce sont des moulins à vent ;
qu’Anakin abandonne les valeurs qui sont celles – il n’est pas chevalier et ne sait pas se battre.
d’un héros, pour passer du côté obscur de la 3. Ce que Don Quichotte voit au loin, c’est :
force : protéger les plus faibles (et non les tuer), – une armée de chevaliers ennemis prêts à
mettre sa vie au service des autres ou d’une l’affronter ;
cause supérieure (et non pour la satisfaction de – des moulins à vent ;
ses propres désirs). – des géants effrayants ;
– des arbres avec des hautes branches.
Je fais le point 4.  Vrai ou Faux ? Don Quichotte croit que ce
Les héros modernes gardent certaines carac- sont des géants car :
téristiques physiques des chevaliers (armure, – il n’a pas confiance dans ce que lui dit son
cape, épée). Les valeurs qu’ils défendent, à écuyer ➞ Faux
savoir protéger leur ville ou leur république, – il est un peu fou et prend ses rêves pour des
sont les mêmes que celles des chevaliers du réalités ➞ Vrai
Moyen Âge. Cependant, les choix qu’ils font – il voit mal de loin ➞ Faux
sont moins clairs, les doutes qui les envahissent – il a très envie de combattre dans des aven-
plus nombreux, et la frontière est plus fragile tures héroïques ➞ Vrai
pour eux entre la défense du bien et le choix 5. « On voit bien que tu n’es pas expert en faits
du mal. d’aventures ». Don Quichotte veut dire :

104 THème 4 5e • Héros/héroïnes et héroïsmes


– que c’est lui le chevalier qui a l’habitude des par les élèves. On attend d’eux qu’ils racontent
aventures ; le combat de Don Quichotte contre des mou-
– que Sancho Panza a une mauvaise vue ; lins à vent, qu’ils décrivent le courage de Don
– que Sancho Panza a peur de combattre. Quichotte, qui continue à être aveuglé par son
désir d’aventure. Il est attendu que les élèves
En piste !
poursuivent ce récit dans l’esprit parodique du
Le choix est fait, avec cette question, de partir de début du texte.
la définition de la parodie pour comprendre son
fonctionnement dans les textes étudiés. La paro- Le coin des mots
die est une forme d’humour qui utilise le cadre, L’expression signifie « se battre pour des causes
les personnages, le style et le fonctionnement de perdues d’avance », « se battre contre rien »,
quelque chose pour s’en moquer. « lutter contre des ennemis imaginaires ».
1. On utilisera le guide de lecture pour décou-
vrir quand ce texte a été écrit, afin d’attirer l’at- 2. Donjon Zénith, Cœur de canard
tention des élèves sur le fait qu’il ne s’agit pas de Joann Sfar et Lewis Trondheim
d’un texte du Moyen Âge. On peut demander
aux élèves s’ils reconnaissent les caractéristiques En piste ! vidéo

d’un genre (celui des récits de chevalerie). On On attend des élèves qu’ils réagissent à l’absur-
peut également leur demander de reformuler dité de la scène du film Monty Python, sacré
l’action du texte. Graal, et qu’ils puissent commenter cette réac-
2. Les éléments que l’on pourrait trouver dans un tion en citant des éléments précis de la vidéo :
roman de chevalerie sont : « son écuyer » (l. 2), les bruits de métal creux des casques (comme
« il donnera de l’éperon à son cheval Rossinante » des casseroles), les chorégraphies exagérées des
(l. 18-19), « chevalier », « attaque » (l. 30). deux combattants au début de l’extrait, le sang
3.  Le dialogue a pour objectif de faire com- qui gicle en geyser des blessures, l’absence de che-
prendre au lecteur que Don Quichotte se vaux à l’arrivée du roi, le mutisme du chevalier
trompe et qu’il ne s’agit pas de géants mais de noir devant le roi, la musique qui accompagne le
moulins à vent. Le lecteur l’entend de vive voix combat, les cris exagérés des adversaires, la ges-
se tromper, ce qui est d’autant plus drôle. tuelle maladroite du roi, les blessures successives
du chevalier noir qui en nie la gravité, son atti-
4.  Quand Sancho Panza dit à Don Quichotte tude provocatrice, le dialogue absurde des deux
qu’il s’agit de moulins à vent, le lecteur com- protagonistes, avec des insultes dignes d’enfants.
prend que ce récit va être une parodie de roman
de chevalerie : « Prenez donc garde, répliqua 1. On utilisera le guide de lecture de l’image pour
Sancho, ce que nous voyons là-bas ne sont pas identifier avec les élèves le type de document
des géants, mais des moulins à vent » (l. 9-10). étudié, ainsi que son sujet. On pourra demander
aux élèves quelle émotion ils ressentent à la lec-
5. En faisant ainsi parler Don Quichotte, l’auteur ture de cet extrait, pour voir si cela les fait rire et
nous montre que son personnage est aveuglé s’ils en perçoivent le comique.
par les histoires de chevalerie qu’il connaît. Il ne
fait pas confiance à son écuyer et se pense expert 2. Herbert de Vaucanson, le canard, s’adresse au
dans les combats de chevalerie. fourreau de son épée.
6. Don Quichotte ne correspond pas vraiment 3.  La situation de communication est plutôt
à l’idée traditionnelle d’un héros : il est ridicule, inhabituelle et cocasse. Le registre est déjà, par
dans cet extrait, car il ne fait pas la différence cette situation de communication, parodique.
entre un géant et un moulin. 4.  ● Pour Herbert, un haut fait est une action
héroïque, morale, qui sauve la vie d’autres
créative personnes : « Aider à éteindre un incendie »,
7. Cette activité d’écriture permettra d’évaluer, « adopter un orphelin », « méritante, altruiste »
de façon formative, la compréhension du texte (seconde vignette).

séQuence 8 Indispensables héros 105


ó Pour son épée, un haut fait consiste à terrasser reconnaître les codes héroïques qu’il utilise. Cela
un adversaire au combat : « tuer un gros crée un décalage avec les autres (Don Quichotte).
monstre d’un seul coup de coude » (seconde Ces valeurs héroïques peuvent être poussées à
vignette). l’extrême et devenir risibles par leur invraisem-
ó Réponse libre des élèves. blance (Monty Python, sacré Graal avec la scène
du chevalier invincible). Il peut également y
Oral avoir un décalage entre les exploits accomplis
5. C’est une action extraordinaire, qui permet de et la grandeur recherchée par le héros (Cœur
mettre ses capacités au service des autres, pour de canard).
une belle cause. Le besoin de se moquer de ces héros est un
Les exemples cités par les élèves mettront en besoin de mise à distance d’exploits réservés à
lumière les représentations qu’ils se font d’une quelques-uns. Il s’agit de se rappeler parfois qu’il
action héroïque. Selon les réponses, cela pourra s’agit bien aussi d’êtres humains.
engager ou non un débat en classe sur ce qu’est
une action héroïque, si l’enseignant(e) estime
cela nécessaire. Oral Les héros de notre
quotidien p. 134
6.  – Plonger dans une rivière pour sauver
quelqu’un en train de se noyer : mise en danger Atelier Débattre et argumenter sur
de sa propre vie pour sauver celle d’autrui. les valeurs des héros de notre
– Faire de la résistance dans un pays en dicta- quotidien
ture : mettre sa propre vie en danger pour 1. ● Réponse libre des élèves.
défendre des idées. ó Les exploits sont des exploits sportifs, des sau-
– Être grand reporter dans un pays en guerre : vetages, des découvertes scientifiques majeures.
mettre sa vie en danger pour apporter l’infor- ó Les valeurs qu’ils défendent sont le dépasse-
mation aux autres. ment de soi, les performances extraordinaires,
argumentative la mise au service de soi aux autres, le courage,
le bien de l’humanité.
7. On peut travailler avec les élèves en amont la Les élèves peuvent débattre sur le statut de
trame de ce récit : héros des sportifs par exemple. En effet, ceux-ci
– Quel est le danger qu’Herbert va devoir réalisent bien des exploits physiques, avec des
affronter ? Si l’on veut garder le ton comique valeurs de dépassement de soi-même et des per-
de la bande dessinée, il faut que ce danger soit formances extraordinaires, mais ils ne le font pas
vraiment impressionnant. pour sauver la vie des autres, comme les pom-
– On peut faire rechercher les arguments piers, par exemple. Méritent-ils donc ce statut
qu’Herbert va présenter à son épée pour avoir de héros que les médias leur attribuent souvent,
le droit de la tirer de son fourreau. surtout lors d’exploits dans des compétitions
– On peut imaginer qu’Herbert doit échapper internationales où le sportif devient un peu le
au danger, tout en parlementant avec son porte-flambeau de la nation qu’il représente ?
épée. Les élèves peuvent également se poser la ques-
Il peut être intéressant de revoir à cette occa- tion pour les scientifiques, qui eux, cherchent
sion les techniques d’écriture du dialogue, avec des remèdes aux maux de l’humanité (dans
notamment un travail sur les verbes de parole le domaine de la santé ou de la protection de
et sur la désignation des différents personnages l’environnement, par exemple), mais qui ne se
du récit. mettent pas en danger directement pour les
Je fais le point autres, et qui ne réalisent pas d’exploits phy-
siques proprement dits.
La parodie détourne les codes de l’univers che- La notion de héros est donc de nouveau bous-
valeresque pour nous faire rire. Le comique culée, et dans cette activité, on ne demande pas
vient du fait que le héros est parfois le seul à aux élèves de parvenir à un consensus, mais bien

106 THÈME 4 5E • HÉROS/HÉROÏNES ET HÉROÏSMES


de rendre compte de la variété des points de vue élèves ont une culture des super-héros, qu’elle
défendus dans le groupe. soit cinématographique ou illustrée. Il faut leur
2.  On peut préciser en amont ces rôles aux rappeler de la mobiliser et de s’en inspirer.
élèves, en précisant que cela ne les empêche
Créer un super-héros ou une super-
pas du tout de prendre part au débat, bien au
héroïne
contraire :
Afin d’accompagner les élèves les plus fragiles
– le distributeur de la parole : pour s’assurer
dans la création de leur super-héros, on peut
que tout le monde prend la parole. Il ne doit
leur donner la fiche de caractéristiques suivante :
pas oublier de se l’attribuer également à lui-
– pour le nom du super-héros ou de la
même. Avoir un distributeur de la parole est
super-héroïne : combiner un animal (chat,
important pour comprendre les règles du
loup, chauve souris, renard, etc.) avec une
débat démocratique et pour permettre aux
couleur ou un titre (Mister, Miss, Docteur,
élèves les plus réservés de s’exprimer aussi. Professeur, etc.) Le super-héros peut aussi
– le modérateur : pour rappeler aux élèves porter dans son nom une de ses caractéris-
qu’on ne cherche pas le consensus, que tiques physiques (Cyclope, etc.).
chaque idée peut être notée si elle est argu- – pour les superpouvoirs : le héros peut être
mentée. doté d’une force ou d’un mental impression-
– le secrétaire de séance : qui note les diffé- nants, il peut voler, lire dans les pensées, faire
rentes idées évoquées dans le groupe. Il ne bouger les objets à distance, maîtriser l’un
doit pas oublier non plus de participer au des éléments (air, feu, terre, eau, glace), se
débat. C’est un rôle plus complexe, car il faut métamorphoser en animal, se téléporter ou
savoir prendre des notes tout en restant dans devenir invisible.
la discussion. – les origines de ces pouvoirs peuvent être
– le rapporteur : qui va devoir faire le compte- diverses : être liés à la radioactivité ou à une
rendu du débat devant la classe. Il travaille activité ou force cosmique, résulter d’une
donc étroitement avec le secrétaire de séance interaction avec un animal (morsure, griffes,
pour s’assurer qu’il pourra utiliser la prise etc.), être le fruit d’une mutation génétique
de notes. à cause des actes d’un ou plusieurs scienti-
3. C’est le rapporteur qui prend la parole, mais fiques, être d’origine extraterrestre, être le
tous les élèves du groupe peuvent l’accompa- cadeau d’un dieu.
gner au tableau. Cela responsabilise davantage – il peut être équipé d’objets technologiques
l’ensemble du groupe. innovants : voiture, arme, ceinture, montre,
4.  On peut distribuer aux élèves une grande etc.
affiche et des marqueurs. Cela permet, en cinq – ses valeurs : il peut combattre pour sauver
ou dix minutes, après le débat, que tous les le monde, protéger son quartier, réparer une
élèves contribuent à la restitution du débat, et injustice, défendre une cause, assouvir une
pas uniquement le rapporteur. vengeance, rester fidèle à une promesse faite.
2. Des exemples de cartes mentales sont propo-
sés dans le manuel.  Ce support est intéressant
Atelier Créer un super-héros ou une pour permettre aux élèves de synthétiser les
super-héroïne idées du groupe. On peut leur distribuer une
y Étape 1 : travail de groupe. grande affiche et des marqueurs afin que tous
1. On attend des élèves qu’ils se mettent d’ac- puissent participer à la construction de cette
cord sur les composantes du super-héros qu’ils carte mentale (cela laisse en effet plus de place
vont créer. Les questions posées servent d’appui que sur une feuille A4).
à cette réflexion, mais il est possible d’en ajouter. y Étape 2 : travail individuel
C’est à cette étape que l’on peut proposer l’AP 3. Il s’agit ici d’un travail individuel, qui s’appuie
aux groupes qui peinent à trouver des idées. Les sur le travail de réflexion du groupe, mais qui

séQuence 8 Indispensables héros 107


l’enrichit par un apport personnel, au brouillon. 5. C’est le participe présent « mourant », mis en
C’est le premier jet. On peut rappeler au tableau apposition, qui est ici mis en valeur.
les critères demandés dans la construction de ce 6. a. Le texte est écrit au passé simple, à l’impar-
personnage : homme ou femme, âge, nom, cos- fait et au présent.
tume, couleurs, supers pouvoirs, valeurs, points b. Il s’agit d’un présent de narration, qui est uti-
forts, points faibles, etc. lisé pour mettre en valeur les actions du héros.
yyÉtape 3 : dire son texte et le retravailler Le passé simple est utilisé pour des actions de
4. Il est important que les élèves du groupe aient premier plan et l’imparfait pour des actions de
très clairement en tête les critères qu’ils doivent second plan.
observer. On peut leur distribuer une grille avec c. À l’instant, Georges monta sur son cheval, et
ce qu’ils doivent observer : compréhension du se fortifiant du signe de la croix, il attaqua avec
texte lu, descriptions physique et morale du audace le dragon qui avançait sur lui : il brandit
super-héros, avec ses motivations et ses valeurs, sa lance avec vigueur, se recommanda à Dieu,
nouveauté par rapport au travail du groupe ? frappa le monstre avec force et l’abattit par
yyÉtape 4 : réécrire et finaliser son texte terre.
5.  C’est une écriture en plusieurs phrases, qui D’après Jacques de Voragine,
s’appuie sur une évaluation entre pairs. La Légende dorée, xiie siècle.
Les actions sont mises sur le même plan, sans
Langue  La grammaire pour lire, qu’aucune ne se distingue plus particulièrement
écrire et parler p. 136 des autres. On peut attirer l’attention des élèves
Les comparaisons sur le fait que « brandit » peut être à la fois un
présent ou un passé simple.
J’observe
1.  a. C’est l’aspect flamboyant du bouclier qui 7.  a. Il y a neuf verbes conjugués dans cette
fait penser à un incendie, ardent. Le soleil se phrase.
reflète certainement dans le bouclier. b.  Cette énumération donne du rythme au
b. On peut comparer le bouclier à la mer qui récit et accentue l’impression de bataille et de
reflète le ciel, par exemple. pagaille.
Je m’entraîne Je m’entraîne
2. – la cape : comparée à une voile de bateau qui 8. a. C’est moi qui suis arrivée la première.
claque au vent ; b.  C’est déjà le retour/de nouveau du/le prin-
– le casque : comparé à un fruit dur, une cale- temps.
basse par exemple ; c. C’est dans la nuit que le messager est arrivé.
– la cuirasse : comparée à une carapace de sca- d.  C’est le jour d’Halloween que vous vous
rabée doré ; déguiserez.
– la lance : comparée au dard d’une abeille, aux 9. On attend des élèves qu’ils utilisent les procé-
branches pointues et acérées d’un arbre. dés observés dans les exercices précédents : utili-
3. a. b. c. et d. On peut signaler aux élèves le vers sation du présentatif « C’est », accumulation de
de Paul Eluard, « La terre est bleue comme un verbes d’actions, utilisation du présent de nar-
orage », et réfléchir à cette comparaison surréa- ration pour mettre en valeur certaines actions
liste. Pour les autres comparaisons, on insistera plus particulièrement, mise en apposition de
sur les points de comparaison entre comparé et certains adjectifs.
comparant. 10. a. Timide, un petit garçon s’avança.
Les procédés de mise en relief b. Les voitures filaient, rapides, sur l’autoroute.
J’observe c.  L’homme, qui était vieux, se remit en route,
4. L’utilisation du présentatif « C’était » permet rassuré.
de mettre en valeur celui qui fait l’action du 11. Il se recommanda du profond de son cœur à
verbe, et donc, le héros. sa dame Dulcinée, la priant de le secourir en un tel

108   Thème 4  5e • Héros/héroïnes et héroïsmes


péril ; puis, bien couvert de son écu, et la lance en – invincible : « qui ne peut pas être vaincu »/
arrêt, il se précipita au plus grand galop de Rossi- in– : préfixe négatif/–ible : suffixe signifiant
nante, contre le premier moulin qui était devant « qui peut ».
lui ; mais au moment où il perce l’aile d’un grand – invisible : « qui ne peut pas être vu »/in– :
coup de lance, le vent la chasse avec une telle furie préfixe négatif/–ible : suffixe signifiant « qui
qu’elle met la lance en pièces et qu’elle emporte peut ».
après elle le cheval et le chevalier, qui s’en va rou- 18. a. Le suffixe –âtre est un suffixe péjoratif, qui
ler dans la poussière en fort mauvais état. donne une connotation négative au mot.
D’après le texte de Miguel de Cervantes, b. – radical nom : courage – hommage – langage.
Don Quichotte (1605), traduit de l’espagnol –  radical verbe : héritage – outrage – pliage.
par Louis Viardot, Flammarion, 2016.
Je m’entraîne
12. On attend des élèves qu’ils imitent le court 19. Illisible – impossible – asocial.
extrait de Rabelais. On peut leur suggérer de 20. a. Com/battre – bien/veillant – pré/venir.
décrire une action au football par exemple, ou le b. Bon/té – hardi/esse – habile/té.
déplacement d’une personne pressée. Les élèves c. Courtoisie – franchise – grandeur – hauteur.
doivent bien comprendre que cette accumula-
tion va produire un effet sur le lecteur. Cet effet Le sens propre et le sens figuré
doit donc être conscientisé. J’observe
13. a. C’est un très beau tapis de soie que mon 21. a. Il y a une cause à chaque action.
ami a acheté au souk. b. Je ferai n’importe quoi pour toi.
b. C’est la présidente en personne qui l’a distin- c. Il est arrivé au plus haut degré de réussite.
gué et récompensé d. Il chercha à connaître les positions de ­l’ennemi.
c. T’approcher des ânes est dangereux : on te l’a Je m’entraîne
dit pourtant plusieurs fois ! 22. – Je suis tombée dans la cour de récré. Vous
Les radicaux et les familles de mots tombez bien.
– Le cœur des sportifs bat plus lentement que
J’observe la moyenne. Cette histoire m’a brisé le cœur.
14. a. radical « goût ». – Mélange bien l’huile et le vinaigre. Tu auras
b. radical « cheval ». besoin d’huile de coude pour ce travail.
c. radical « héros ». – J’ai construit ma cabane avec des planches
Je m’entraîne de récupération. Elle adore faire la planche à
15.  – courage : cœur, courageux, courageuse- la piscine.
ment, encourager, encouragement.
23.  Agitée, enfiévrée, Isabelle ouvrit la fenêtre
–  gloire : glorieux, glorieusement.
pour éteindre, à la fraîcheur de la nuit, les feux
–  prouesse : preux.
de ses joues et de son front.
–  vaillance : vaillant, vaillamment.
24. a. L’objectif de cette question est que l’élève
16. – enlèvement : en/lève/ment.
s’approprie le texte de la dictée, et identifie ce
–  panification : pan/ification, panific/ation.
qui constituera une difficulté pour lui.
– encouragement : en/cour/agement, en/cou-
b. – « exceptionnelles » s’accorde avec « quali-
rage/ment.
tés » (féminin pluriel).
–  déforestation : dé/forest/ation.
–  « préféré » s’accorde avec « héros » (mascu-
–  exproprier : ex/propri/er.
lin singulier).
Les préfixes et les suffixes –  « dure » s’accorde avec « peau » (féminin
J’observe singulier).
17. a. b. – amoral : « qui n’a pas de moral »/ a– : –  « nues » s’accorde avec « mains » (féminin
­préfixe privatif. pluriel).
– illégitime : « qui n’est pas légitime »/il– : in– c. Le texte est écrit à l’imparfait et au passé
(le n se modifie devant le l), préfixe négatif. simple.

séquence 8  Indispensables héros  109


d. L’objectif de cette activité est de faire prendre – Quel est votre meilleur souvenir de lecture ?
conscience aux élèves, avant la dictée, des Quel est votre pire souvenir ?
accords sujet – verbe. On peut aussi compléter ce portrait écrit en
Les mots de l’héroïsme demandant aux élèves de se prendre en photo en
25. Cette activité peut être proposée en groupe train de lire, en précisant que la photo doit rendre
aux élèves. compte du rapport de chacun à la lecture.
À vos carnets !  
1. à 3.  Les questions proposées visent à accom-
Plaisir de lire  Lecture en réseau  p. 139 pagner l’élève au fil de sa lecture et à identifier
dans ces ouvrages les caractéristiques du récit
Il s’agit d’une lecture en réseau, qui propose trois héroïque vues dans les séquences associées.
niveaux de lecture, autour d’un même thème.
Les œuvres proposées s’adressent à des petits 4. et 5.  Faire choisir aux élèves un extrait, leur
lecteurs, à des lecteurs moyens ou à des grands demander de justifier ce choix ou leur faire écrire
lecteurs. un résumé de l’œuvre permet à l’enseignant de
– « Dofus, les vents d’émeraude », est un livre vérifier que le livre a été lu et compris dans son
dont vous êtes le héros. Le narrateur est le ensemble.
lecteur, on s’adresse à lui à la 2e personne du Pour approfondir la lecture  
pluriel. Le lecteur évolue de paragraphe en
Les questions 6, 7 et 8 permettent de dévelop-
paragraphe à l’intérieur du livre, selon les choix
per la posture de lecteur des élèves. Ont-ils aimé
qu’il opère dans la conduite de son aventure.
le livre qu’ils avaient choisi ? Regrettent-ils ce
Ce roman, atypique, est idéal pour les élèves en
choix ? Souhaitent-ils en faire un autre ? Pour-
rupture avec la lecture, ceux qui ont l’impres- quoi ? Toutes ces questions ont pour objectif
sion de la subir et qui peinent à s’engager dans d’aider à l’élève à prendre du recul sur l’activité
un roman plus long et traditionnel. proposée et de construire progressivement leur
– « Percy Jackson, le voleur de foudre » est un posture de lecteur et leur rapport au livre.
roman assez apprécié qui mêle mythologie
grecque et époque contemporaine. 9.  Pour guider les élèves dans cette activité de
– « Bilbo le Hobbit » est écrit dans une langue recherche, on peut leur demander de chercher
plus soutenue et plus complexe. On peut le les dates de naissance et de mort des auteurs,
conseiller aux bons lecteurs. leur pays d’origine, le nom de quelques autres
de leurs œuvres, ainsi que leur retentissement
Pour entrer dans l’œuvre   auprès des lecteurs et des critiques de l’époque
Il est indispensable de travailler la posture de lec- 10.  Cette production visuelle, très libre, est
teur chez les élèves et de les amener à se position- accessible à tous les élèves, même s’ils ne sont
ner sur leurs capacités de lecture en autonomie. pas parvenus au bout de la lecture.
Pour les guider dans l’écriture de leur auto-
portrait de lecteur, on peut leur demander de
répondre aux questions suivantes. Autoévaluation de lecture
–  À quelle fréquence lisez-vous ?
– Dans quels endroits aimez-vous lire ? À quels
Le Seigneur des anneaux
moments ?
de J. R. R. Tolkien p. 141
– Écoutez-vous de la musique en même temps 1.  On attend des élèves qu’ils identifient les
ou avez-vous besoin de silence ? ressemblances avec le récit chevaleresque du
– Où sont rangés vos livres chez vous ? Si vous Moyen Âge.
avez une bibliothèque, comment y dispo- 2.  « tel un feu nouveau dans ses veines »
sez-vous vos livres ? (l. 11-12). Cette comparaison insiste sur le cou-
– Aimiez-vous que l’on vous raconte des his- rage, la fougue et la grandeur du roi qui conduit
toires quand vous étiez enfant ? ses troupes au combat.

110   Thème 4  5e • Héros/héroïnes et héroïsmes


3. Snawmana est le cheval du roi. 6. Ces répétitions servent à maintenir le rythme
4. Il s’agit des forces du Mal qui reculent devant du récit.
le courage des chevaliers du Rohan. 7. L’attitude du roi est héroïque : il conduit ses
5. Les temps utilisés sont le passé simple et l’im- hommes au combat en se plaçant en tête de
parfait. Le passé simple est dominant car il est l’armée. Il se conduit comme un grand roi, qui
utilisé pour les actions de premier plan. Or, il exhorte ses troupes au courage et qui montre
s’agit d’une scène d’action. l’exemple.

séquence 8  Indispensables héros  111


thème 5 Questionnements complémentaires

Séquence

9 La planète, notre jardin

Fil directeur de la séquence


La séquence interroge le rapport entre l’homme et la nature en partant de l’attachement et de l’ad-
miration millénaire de l’homme pour la nature. À partir de ce constat peut se construire une réflexion
pertinente pour les élèves de cinquième sur la responsabilité de l’homme d’aujourd’hui. Les grands
enjeux contemporains (relation aux grands espaces, notion de paysage, place des espèces repous-
santes mais utiles, voire statut de l’animal) sont abordés par des textes classiques ou contemporains,
mais toujours très littéraires.

Compétences travaillées dans la séquence


Langage oral Écriture
Dans les pages de lecture… En atelier, p. 148
■Exploiter les ressources expressives de la parole ■ Pratiquer l’écriture d’invention et connaître
X Lire dans une tonalité donnée un poème, p. 147 les caractéristiques des genres littéraires
X La poésie texte et image
En atelier, p. 149 ■ Passer du recours intuitif à l’argumentation à
■ Participer à un débat, exprimer une opinion
un usage plus maîtrisé
argumentée et prendre en compte son
X Expliquer pour faire comprendre : Comment
interlocuteur (connaissances de techniques
comprenez-vous la mission de l’arbre sur terre ?
argumentatives)
X Justifier un choix : dans quel paysage préféreriez-
■ Interagir avec autrui dans un échange
vous vivre ?
X Débat sur la responsabilité de l’homme vis-à-vis de
la nature

Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue


■ Lire des textes variés avec des objectifs divers : Dans la double page langue…, p. 150-151
y Recourir à des stratégies de lectures diverses ■ Exercice de révision :
(adapter sa lecture à l’objectif poursuivi, adapter X Les compléments de phrase
sa lecture aux supports, reformuler X Les adverbes de temps
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’observe », X L’accord du participe passé avec « être »
«Je comprends » X L’expansion du nom
y Formuler des impressions de lecture, percevoir X Le temps du récit
un effet esthétique ■ Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe
X Carte mentale « Lire un texte » : « Je lis », des mots
«J’écoute », «Je réagis » y Analyse du sens des mots
y Reconnaître les implicites et faire les inférences et X Expressions avec des noms d’animaux
hypothèses de lecture nécessaires :
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’interprète »
■ Lire et comprendre des images fixes ou mobiles :
X Carte mentale « Lire une image »

Enjeux de formation personnelle


X Comprendre les responsabilités humaines envers
la nature aujourd’hui.

112 THème 5 5e • L’être humain est-il maître de la nature ?


Lecture Comment exprimer feuille/to/f04.htm ; http://iers.grial.eu/modules/
son admiration pour introduction/islamii/islam2index-8_fr.html.
la nature ? p. 144 1.  On utilisera le guide de lecture pour identi-
Cette séquence répond au premier question- fier, si l’on pense à d’autres textes (La Genèse), et
nement complémentaire du cycle : « L’être chercher quelle est l’intention de l’auteur : nous
humain est-il maître de la nature ? » Le fil montrer son savoir, nous émerveiller, etc. On
conducteur de cette double page travaille peut résumer le texte en quelques phrases, à la
à illustrer l’admiration de l’homme pour la manière d’une description de tableau.
nature et à faire percevoir les liens complexes
2. Ce texte se caractérise par la richesse de son
qui nous unissent à elle.
lexique. Il ne s’agit donc pas d’avoir tout com-
pris pour répondre à cette question. Après une
1. Atala de François-René lecture très investie par le professeur, les élèves
de Chateaubriand audio gardent un terme de « ressenti ». L’ensemble
En s’attachant à décrire les paysages améri- permet de faire ressortir les réactions com-
cains, François-René de Chateaubriand, dans munes : celles qui sont fondées sur une émotion
ce passage célèbre d’Atala, montre une nature ou une sensation feront entrer dans l’inter-
extrêmement sauvage, puissante et libre, que prétation. Celles qui soulignent la difficulté et
l’homme n’est pas encore venu perturber. la résistance du texte permettront d’envisa-
L’auteur a certes voyagé « aux Amériques », ger un temps de relecture par paragraphe, en
mais le texte est surtout une reconstruction demandant aux élèves de transformer ce qu’ils
de l’imaginaire (nourri de lectures notamment entendent en images.
documentaires, pour identifier et nommer tous 3. À partir de la ligne 10, les énumérations sont
les éléments) qui met l’accent sur la profusion, la nombreuses : « Les vignes sauvages, les bigno-
beauté et la liberté. nias, les coloquintes » (l.  15), « des ours […] ;
La première phrase donne les éléments clés : il des caribous […] ; des écureuils […] ; des oiseaux
s’agit d’un « tableau […] extraordinaire ». moqueurs, des colombes » (l. 24 à 27), « des per-
En piste ! roquets […], des piverts empourprés, cardinaux
Le texte est nourri de références au paradis, dif- […] ; des colibris […], des serpents-oiseleurs »
ficiles à identifier pour les élèves ; des informa- (l. 28 à 31). Elles sont associées à des structures
tions sur les quatre « fleuves du paradis » vont anaphoriques (répétitions, pour les élèves de
les aider à entrer dans l’imaginaire du narrateur, 5e), telles que « des arbres de toutes les formes,
qui nourrit le paysage des Amériques de culture de toutes les couleurs, de tous les parfums »
biblique pour cette description d’où l’homme (l. 12-13), qui illustrent la profusion du paysage
est absent (Genèse, Gn 2,11 et 12 : « Un fleuve et l’admiration du narrateur qui tourne la tête de
sortait d’Éden pour arroser le jardin, et de là il se tous côtés. On fera, en outre, remarquer la lon-
divisait en quatre bras. Le nom du premier est gueur des phrases, rythmées par des points-vir-
Pischon ; c’est celui qui entoure tout le pays de gules. On n’hésitera pas à relire certaines phrases
Havila, où se trouve l’or. L’or de ce pays est pur ; pour en faire sentir l’effet.
on y trouve aussi le bdellium et la pierre d’onyx. 4. Le lexique est rigoureux et très précis : beau-
Le nom du second fleuve est Guihon ; c’est celui coup de termes désignent des plantes et des
qui entoure tout le pays de Cusch. Le nom du animaux totalement inconnus en Europe.
troisième est Hiddékel ; c’est celui qui coule à Quelques termes permettent au lecteur d’avoir
l’orient de l’Assyrie. Le quatrième fleuve, c’est un repère [« ces prairies », « des troupeaux »
l’Euphrate ». Dans les jardins arabo-musulmans, (l. 4), « des arbres » (l. 13), « animaux » (l. 23),
quatre canaux symbolisent les fleuves du para- « passereau » (l.  27)], avant de découvrir des
dis et partagent les huit parties du Coran.). On espaces inconnus [par exemple : « des savanes »
peut montrer des œuvres tirées de l’art roman (l.  2), « des troupeaux de trois ou quatre mille
ou de l’art islamique : http://classes.bnf.fr/idrisi/ buffles sauvages » (l.  4), « Les vignes sauvages,

séQuence 9 La planète, notre jardin 113


les bignonias, les coloquintes, s’entrelacent au Pour aider les élèves, on peut leur proposer de
pied de ces arbres » (l.  15-16), « ces  lianes » se construire un personnage d’explorateur qui
(l. 18) qui « jettent des ponts de fleurs » (l. 19), prend la parole pour dire « je vois », « j’identi-
« des caribous » (l.  25), « des écureuils noirs », fie » : cette démarche scientifique de l’observa-
(écureuil d’Amérique différent de l’écureuil roux tion permet aussi de comprendre pourquoi le
européen et bien connu des élèves via les per- narrateur d’Atala ne se manifeste pas dans ce
sonnages de Tic et Tac des studios Disney). On « tableau […] extraordinaire » (l. 1).
n’hésitera pas à passer par l’image, pour que les
élèves se représentent aisément ces éléments, et Le coin des mots
qu’ils en perçoivent la profusion et l’exotisme, Les termes choisis sont plus proches de la réalité
par exemple en réalisant un diaporama. linguistique des élèves, mais toute proposition
5. Le lecteur quitte ici l’aspect documentaire du est bienvenue dans la mesure où elle illustre,
texte pour percevoir toute sa dimension litté- comme ici, une antonomase qui s’est lexicalisée
raire. En effet, un grand nombre d’éléments sont (ce qui explique la disparition de la majuscule).
personnifiés : – béchamel : Louis Béchamel, maître d’hôtel de
– les flots de verdure : s’éloignent, montent, Louis XIV ;
s’évanouissent (l. 3) ; – diesel : Rudolf Diesel, ingénieur allemand ;
– les vignes sauvages : s’entrelacent, escaladent, – pantalon : Pantaléon, personnage de la com-
grimpent, s’élancent (l. 15-16) ; media dell’arte ;
– les lianes : sont égarées, traversent, jettent des – poubelle : Eugène Poubelle, préfet de Paris
ponts de fleurs (l. 18-19) ; qui généralisa l’usage d’un contenant pour les
– le magnolia : domine la forêt, a un rival ordures ;
(l. 20-21) ; – watt : James Watt, ingénieur écossais.
– le palmier : balance auprès de lui son éventail
(l. 21-22) ; 2. Une enluminure, illustration
– le bison : est un dieu du fleuve (l. 5 à 9). d’un recueil de médecine
NB : Le bison, animal typique de la nature amé- Cette magnifique enluminure (du latin illu-
ricaine, vient d’être déclaré symbole officiel des minare, « éclairer ») provient du Tacuinum
États-Unis. sanitatis in medicina, célèbre manuel de santé
La référence au paradis (avec l’allusion biblique médiéval, rédigé au xie siècle par le médecin arabe
à « la main du Créateur ») montre un paysage Ibn Butlân, abondamment traduit pendant des
préservé (de façon sans doute idéalisée, et en siècles dans toute l’Europe et enluminé dans
tout cas plus pour longtemps), dans lequel les ateliers d’Italie du Nord entre 1370 et 1400.
l’homme n’existe pas : on évoque ici le troisième, Ce traité décrit entre autres les végétaux et ani-
quatrième, cinquième et le début du sixième. maux nécessaires à l’alimentation et à la santé
de travail de l’homme (http://expositions.bnf.fr/gastro/
index.htm), mettant l’accent sur l’interaction
6.  L’objectif est de faire réfléchir au statut du entre l’homme et la nature. L’artiste enlumineur
texte littéraire et scientifique. Le paragraphe est représente la scène dans un cadre rectangulaire,
ordonné comme un « tableau » (l.  1) : il faut à la manière d’un petit tableau et l’enluminure
y faire identifier une organisation  scientifique proposée ici joue sur les codes du jardin médié-
(mammifères, oiseaux, etc.) ; puis tout ce qui val pour montrer à la fois le travail de la récolte
relève du texte littéraire : la référence au Créateur, et le plaisir d’être dans une belle nature.
le terme d’« enchantement » (l.  24), ainsi que
tout ce qui désigne un narrateur qui observe le En piste !
tableau (les « ours enivrés » [l. 24-25], les « piverts Ce travail très libre de narrativisation de l’image
empourprés » et les « cardinaux de feu » [l. 29]). permet d’entrer dans la description de l’enlumi-
Puis il faudra trouver des termes plus scientifiques nure, et de s’approprier les thèmes qui seront
pour remplacer les expressions imagées. développés dans la lecture analytique.

114 THème 5 5e • L’être humain est-il maître de la nature ?


1. On utilisera le guide de lecture de l’image pour – unité des volumes : deux arbres, deux groupes
identifier le contexte de réalisation et de récep- de personnages, un oiseau entre les deux arbres,
tion (œuvre célèbre du médecin arabe Ibn But- une femme entre les groupes de personnages.
lân, noblesse italienne de la fin du Moyen Âge). Par ailleurs, l’enluminure est construite par
On s’appuie sur les propositions de la réponse bandes (en faisant glisser une règle horizontale-
à la question 4 : les relevés soulignent l’unité de ment de bas en haut de l’image, les élèves font
l’enluminure tant du point de vue chromatique ce relevé) : les êtres humains sont eux-mêmes
que narratif. La richesse de l’illustration et ses circonscrits au deuxième plan. Leurs pieds sont
couleurs chatoyantes sont typiques de l’enlumi- alignés, de même que les visages des femmes et
nure de cette époque. les mains des hommes à droites, puis les visages
2.  Contrairement à l’activité du « En piste ! », des hommes (en faisant glisser la règle vertica-
cette étape vise à faire percevoir la dimension lement de gauche à droite, on peut compléter
scientifique de l’enluminure tirée d’un recueil cette observation) ;
de médecine : la nature est admirable et admi- – unité narrative : tous les êtres vivants sont
rée pour sa beauté, mais aussi parce qu’elle est occupés à tirer parti de la nature (nourriture
capable de soigner les hommes. Si les élèves pour les oiseaux, récolte pour les humains) ;
ne peuvent pas tout nommer précisément, – unité chromatique : la couleur rouge est
ils peuvent classer les animaux (oiseaux), les commune aux fleurs, aux fruits et aux habits ; le
végétaux (roses, plantes), et remarquer que beige aux oiseaux et au teint des personnages ;
des espaces bien précis leurs sont réservés par On peut supposer une unité sonore en identi-
bandes dans le cadre de la gravure. fiant le ramage des oiseaux et les échanges entre
3.  Les personnages récoltent des roses dans un personnages.
but médicinal. En effet, en observant l’enlumi- L’artiste rend hommage à la beauté de la nature
nure, on distingue de gauche à droite, un homme et à ses bienfaits. L’homme y est à sa place. On
qui cueille les fleurs sans tiges et les donne à une peut souligner que le mot perse pairi-daeza
femme qui les récolte sur ses genoux ; ces fleurs (« espace clos »), qui désigne le jardin a donné
serviront à préparer des médicaments, potions celui de « paradis » en français.
et onguents (faire comparer avec les médica-
ments modernes : allopathie, homéopathie, phy- créative
tothérapie/faire apporter un emballage ou une 5. Ce temps d’écriture permet de reprendre les
publicité, etc.) Cependant, on remarque ensuite différentes étapes de la page : appropriation
une femme qui tresse une guirlande de fleurs et narrative, lexique, contexte, etc. ; tout en laissant
un homme qui tient un bouquet. La nature est une grande liberté. Il permet aussi de travailler le
donc ici représentée à la fois comme une res- dialogue et la description. Un temps dédié à la
source (nourriture pour les oiseaux, soins pour fabrication des personnages (Qui sont-ils ? Com-
les hommes), et comme un lieu, source de plaisir ment s’appellent-ils ? Quel est leur caractère ?
et de beauté. Le Tacuinum sanitatis in medicina Pourquoi sont-ils réunis ? etc.) permet d’entrer
est un célèbre manuel de santé médiéval, rédigé ensuite plus aisément dans l’écriture.
au xie siècle par le médecin arabe Ibn Butlân, et
abondamment traduit pendant des siècles dans À partir de la séance : conduire une étude
toute l’Europe. de l’image en autonomie
4.  La nature est ici domestiquée : il s’agit d’un Il s’agit d’un manuel scolaire rédigé au xive siècle
verger et d’un jardin de roses (jardin d’agrément par le père et le grand-père d’une riche famille
et jardin médicinal tout à la fois), tous deux de banquiers  italiens, les Cocharelli pour leurs
luxuriants et magnifiques. Nous sommes dans enfants et petits-enfants, illustré de magnifiques
le thème de l’hortus conclusus, le « jardin clos » enluminures.
médiéval (symbolisé par le cadre rouge), et non Pour cette activité, il faut s’appuyer sur l’en-
dans la forêt sauvage. L’enluminure se caracté- luminure : Chasse au faucon. Egerton 3127, f.
rise ainsi par une grande unité : 1v. (11cm × 17cm). British library de Londres

séQuence 9 La planète, notre jardin 115


disponible sur le site du Muséum de Toulouse par le lexique, par les couleurs. Ils montrent éga-
(www.museum.toulouse.fr, recherche «Cocha- lement le lien entre l’homme et la nature, en
relli » et consultation de la page « Des sciences le montrant en spectateur émerveillé (Atala, il
naturelles avant la lettre : le surprenant bestiaire n’y a pas d’homme pour déranger le paysage du
des Cocharelli ». Mississippi), ou en acteur en harmonie avec elle
1. Aidez-vous du guide de lecture pour décou- (dans l’enluminure).
vrir l’image.
On soulignera la mise en page : le cadre de l’en-
luminure est celui du texte et de l’illustration. Le Lecture  Quel est le pouvoir de
haut de la page fonctionne comme un « ban- l’homme sur la nature ? p. 146
deau » et l’enlumineur a travaillé le reste de l’il- La double page met l’accent sur le rôle de l’homme
lustration comme un tableau. dans la nature. Il ne s’agit plus d’y prendre une
Plusieurs grandes enluminures insérées dans le place naturelle et harmonieuse, mais de se rendre
traité présentent la famille Cocharelli. On identifie compte que l’on s’en est rendu maître, en exploi-
les auteurs du manuel (le père et le grand-père) tant intensément ses richesses (texte 1), ou en
et les destinataires (les deux enfants). L’ambiance reconnaissant, avec un certain humour, que l’on
est paisible et affectueuse. Outre l’activité (la a, malgré toutes les fables, oublié des animaux…
chasse au faucon), les habits tout comme le har-
nachement des chevaux signalent le haut rang
1. Amant et fils de D. H. Lawrence
de la famille. On remarquera la grande qualité
Le roman s’ouvre sur une vallée industrialisée par
pédagogique de l’ensemble, très motivant.
les exploitations minières. Les ressources de la
2.  Essayez de nommer les oiseaux représentés. nature, naguères utilisées avec parcimonie et sans
Quel effet produisent-ils sur celui qui regarde ? détruire le paysage, sont exploitées à outrance.
Canards, cigognes, perdrix, huppes, faisans, char- L’auteur s’interroge sur l’industrialisation.
donnerets, pies et autres oiseaux charognards
sont identifiables. On relève plus simplement la En piste !
profusion des animaux, la richesse de la nature, la Production libre des élèves.
nécessité d’une observation fine. 1. On utilisera le guide de lecture pour résumer
3.  Répondez à la question suivante : comment le texte en quelques phrases, puis pour articu-
l’enlumineur montre-t-il le bonheur des person- ler l’observation (le paysage est anglais, mais on
nages pendant cette promenade ? peut aider les élèves en comparant avec des pay-
Le grand-père, le père et les deux enfants che- sages qu’ils connaissent) et l’interprétation (en
vauchent ensemble, ils sont manifestement heu- notant que les habitants ont accueilli favorable-
reux (gestes, regards, attitudes) et ils prennent place ment la transformation brutale et radicale du
harmonieusement dans le cadre de l’enluminure : paysage naturel).
ils sont à leur place dans la nature qu’ils observent. 2.  Nous sommes en Angleterre. Les indices du
L’activité de la chasse est mise au second plan car texte sont tout d’abord les toponymes à conso-
il s’agit pour les enfants de reconnaître les oiseaux. nance anglaise : « Derbyshire » (l. 15), « Nottin-
  créative ghamshire » (l. 16), « Selby » (l. 20), « le puits de
Robin Hood » (l. 23), « Spinney Park et Minton »
4.  Faites dialoguer les personnages en une (l. 24) ; ensuite, les patronymes « Carston, Waite
dizaine de lignes. & Cie » (l.  16). Les élèves peuvent connaître
Productions d’élèves. les termes « Robin Hood » (Robin des bois, ici
Je fais le point toponyme), peut être « Nottingham » (dans le
même dessin animé des studios Disney), et les
Les deux auteurs nous montrent une nature associer à l’Angleterre.
spectaculaire, pleine d’animaux, de plantes et On peut ensuite aider les élèves à identifier
de couleurs. Ils expriment son leur admiration Charles ii : sans connaître l’histoire de l’Angleterre,

116   Thème 5  5e • L’être humain est-il maître de la nature ?


l’évocation du roi confirme que nous ne sommes nouveaux forages dans les petites vallées creu-
pas aux États-Unis ; de même, plus difficile, que sées par les ruisseaux » (l. 19-20), « il y eut bien-
les mines de charbons sont typiques de l’Angle- tôt six exploitations en activité » (l. 21).
terre car très près de la surface. 4. Le ruisseau et le chemin de fer traversent tous
En revanche, le paratexte « traduit de l’anglais », deux le paysage de ce début de roman. Dans
doit être utilisé avec prudence, car cela ne pré- le premier paragraphe, le ruisseau court sous
juge pas du lieu dans lequel se déroule l’action. La les arbres, il est pur : « à peine souillé par ces
même prudence est de mise pour l’illustration : modestes exploitations » (l.  1-2). Dans le der-
si elle représente bien un paysage anglais suscep- nier paragraphe, le ruisseau a été sacrifié, tous
tible d’illustrer le texte, la mention « Newcastle les ruisseaux des environs ont été sacrifiés : leurs
upon Tyne, Royaume Uni » n’indique que le lieu vallées sont devenues lieux de forages. Le chemin
dans lequel se trouve le tableau. de fer prend sa place, il est une image moderne
3.  Dans le premier paragraphe, les hommes et et industrielle du ruisseau qui courait dans le
le paysage sont en harmonie. De façon assez paysage ; il traverse les collines boisées et les
biblique, l’homme tire sa subsistance de la champs de blé, mais de façon violente et agres-
terre, mais ne l’asservit pas : le ruisseau n’est pas sive : « roulant sur les couches de grès des col-
« souillé » (l.  2) par les exploitations de char- lines boisées (l. 21-22)/« courait sous les aunes »
bon ; les hommes, qui sont comparés à des ani- (l. 1). Le « pays [qui] était parsemé de ces puits »
maux affairés, à « des fourmis » (l. 8), s’activent, (l.  6) est remplacé par un paysage immense
comme « leurs ânes » (l. 9-10), pour extraire le dont les points sont reliés par le train (l. 21 à 23 :
charbon qui leur sert à se chauffer et à fournir « Venant de Nuttal, […] après avoir dépassé la
du chauffage. Les mines sont décrites par une chartreuse […] le chemin de fer desservait suc-
métaphore animale, qui renforce le lien entre cessivement Spinney Park et Minton ») ; tandis
l’homme et la nature : « les petits groupes de que la « vaste exploitation au milieu des champs
mineurs accompagnés de leurs ânes creusaient de blé » (l.  24) remplace  les « petites plaques
leurs terriers » (l. 8 à 10). noires » (l.  12) qui surgissaient « au milieu des
Dans le deuxième paragraphe, il y a une cou- prés et des champs de blé » (l. 11). L’industriali-
pure nette : « Or, voici une soixantaine d’an- sation a bien pris possession de la nature.
nées, les choses avaient brusquement changé » argumentative
(l. 13) ; qui contraste avec « un pas monotone »
(l. 5), des puits « du temps de Charles II » (l. 7-8). 5.  Les élèves sont invités à se représenter ces
Le pronom indéfini « on » (l. 15, 16 et 19 : « On deux paysages (bruits, activité, pollution, etc.),
avait découvert », « On avait vu naître », « on mais aussi à s’interroger sur ce qui a motivé l’in-
effectua ») remplace « les  petits groupes de dustrialisation, accueillie « dans une ambiance
mineurs » (l. 8-9) ; il est anonyme [on soulignera d’excitation fantastique » (l.  18). Ils peuvent
les noms des compagnies minières : il y a un aussi s’aider de la page « Plaisir de lire » de la
patronyme (« Carston, Waite & Cie ») mais plus séquence consacrée à L’Appel de la forêt de Jack
London (thème de la ruée vers l’or et incidence
d’êtres humains].
sur la nature).
Les industries prennent le pas sur les hommes,
y compris sur les chefs d’entreprise : Carston et Le coin des mots
Waite sont désignés par le nom de leur entre-
prise « Carston, Waite & Cie  réalisèrent qu’ils Depuis l’Antiquité, toutes ces plantes servent
étaient bien tombés » (l. 19) ; la mine est inaugu- à se soigner et peuvent être consommées,
rée par « Lord Palmerston » (l. 17), notable local quoique cuite en ce qui concerne l’ortie.
qui remplace le peuple au travail, « Les grandes
houillères des capitalistes avaient relégué les 2. Les Animaux de personne de Jacques
petites exploitations à treuils » (l.  14-15). On Roubaud
note aussi le contraste entre l’échelle humaine Le recueil Les Animaux de personne dresse le
et la démesure industrielle : « on effectua de portait d’animaux rares et oubliés. Le poème

séQuence 9 La planète, notre jardin 117


liminaire « Pour commencer » indique les être très ouvertes : pour rire, par association
intentions du poète : les faire exister par la poé- sonore, pour critiquer la société du spectacle
sie. Que nous dit ce poème, qui donne la parole (strophe 3), etc. Quant aux animaux, ils sont
aux animaux « pour de vrai », des relations entre sauvages et ne peuvent dont pas se plier à de
l’homme et les animaux ? Et peut-on vraiment grandes exigences métriques.
comprendre les animaux ? 4. Il est peut-être possible de reconnaître des ani-
En piste ! maux, on peut en tout cas essayer. Mais ce n’est
Pour parler de l’Ouvroir de littérature potentielle, pas très important : mieux vaut chercher quel
le site des oulipiens est incontournable : http:// animal pourrait bien émettre ce son librement
oulipo.net/. On peut y naviguer avec les élèves. transposé et qui ne recule pas devant l’humour.
Tous les animaux du recueil existent. On pourra
1.  On utilisera le guide de lecture pour voir s’aider de la table des matières du recueil dont
dans quelle mesure le texte oulipien demande voici un extrait : « Le couscous tacheté », « Le
d’abord de « réagir », puis ensuite sans doute de potoroos », « Le kinkajou poto », « Le coati
s’appuyer sur les autres étapes. Les Fables (Ésope, sociable », « Le maki mococo », « Le glouton
La Fontaine) peuvent être évoquées dès lors que boréal », « le douroucouli », et faire chercher
l’on donne la parole à des animaux, de même aux élèves une illustration ou présenter un dia-
que divers contes. Mais ici, personne ne « tra- porama collectif.
duit » leurs propos, d’où une grande liberté d’in-
terprétation. L’initiative du poète est originale. 5.  Jacques Roubaud donne la parole aux ani-
On pourra lire en lecture offerte  quelques maux, sans traduire leur propos : ce choix ori-
poèmes consacrés à ces animaux « de per- ginal et souvent amusant montre une forme
sonne », ou choisir ceux du recueil Les animaux de solidarité entre les hommes et les animaux.
de tout le monde. Ces derniers ont droit à la parole, et ont même
des revendications (« Grâce à moi vous êtes
2. Le texte permet peut-être, mais peut-être pas, vengés » au v. 37 : de quoi ?) : la classe est invi-
d’identifier certains cris ou types de cris : rugisse- tée à réfléchir à la condition animale (droits
ments, feulements, etc. L’essentiel est de perce- des animaux, conditions de vie des animaux
voir que les animaux sont déjà « vengés » (v. 37) : d’élevage, des animaux de travail, des animaux
l’auteur va certes leur consacrer des poèmes (ce de compagnie, etc.). [voir l’ouvrage d’Éric
que le fabuliste fait depuis l’Antiquité), mais il a Baratay]
déjà fait beaucoup en leur donnant tout simple-
ment la parole. Le travail est ici très libre. 6. L’auteur et les animaux utilisent tous la forme
exclamative. Les animaux réagissent aux pro-
3. L’auteur s’adresse aux animaux par strophes pos du poète. L’interprétation reste très libre :
de quatre vers, des quatrains. Les mètres sont l’approuvent-ils ? manifestent-ils de la colère ?
variés : il y a quelques octosyllabes, mètre de La mise en voix devra trancher. De nombreuses
la chanson, mais aussi des vers de neuf ou dix relectures permettent d’affiner le choix des
syllabes. Le dernier vers de ces strophes peut élèves.
fonctionner comme un refrain, mais les repères
restent volontairement flous. Le poème, Oral
liminaire du recueil, peut aussi fonctionner 7. Production libre des élèves.
comme une sorte de prologue. Les rimes,
dans les strophes de l’auteur aux animaux, Pour revenir sur la séance : élaborer une
sont plates (AABB). Cela favorise l’associa- interprétation des textes littéraires
tion d’idées, y compris drôle ou absurde ; elles Cette activité a pour objectif d’articuler lecture
prêtent facilement à sourire  [« Carcassonne » et écriture.
(v. 3)/« Essonne » (v. 18)/ « Personne » (v. 5, 19, y Étape 1 : relire le texte de Roubaud à haute
29 et 39)/« qu’t’es laid » (v. 15)/« télé » (v. 16)], voix.
dans la veine des jeux de l’Oulipo. Les proposi- y Étape 2 : se documenter sur les conditions de
tions, quant aux choix du poète, peuvent donc vie des animaux, que ce soient les animaux de

118 THème 5 5e • L’être humain est-il maître de la nature ?


compagnie, domestiques (conditions d’élevage), entraînement méthodique, il laisse au poulain
sauvages (zoos, chasse, protection). son allure naturelle) et son respect du monde
y Étape 3 : répondre aux questions suivantes : animal. Le premier paragraphe fait état de la
De quoi pourraient-ils se plaindre ? Que pour- relation entre l’homme et l’animal : « Albert
raient-ils revendiquer ? et moi grandîmes ensemble », « davantage en
y Étape 4 : choisir un de ces animaux, identifier commun que leur gaucherie ».
son cri et le retranscrire à la manière de Jacques Ensuite, on remarque que Joey a des « senti-
Roubaud. ments », et il met sur le même plan Albert et
y Étape 5 : rédiger un court dialogue faisant alter- Zoey : « j’avais toujours envie d’être près de lui »,
ner les questions du narrateur et les réponses de « c’était supportable parce que je pouvais l’ap-
l’animal. peler », « sans voir ni entendre âme qui vive ».
2. Production libre des élèves.
À partir de la séance : passer du recours
intuitif à l’argumentation 3. Les sociétés humaines se sont construites avec
Cette activité nécessite la lecture en intégralité les animaux (animaux domestiqués, d’élevage,
de Cheval de guerre de Michael Morpurgo (Gal- de travail, de compagnie), et en grande partie
limard Jeunesse) a pour objectif de développer grâce à eux. L’activité concerne les animaux
un avis, de justifier en utilisant des arguments et de travail, mais on peut évoquer les animaux
d’argumenter en se référant à des exemples tirés d’élevage (avant l’élevage industriel, la relation
de lectures. sensible entre l’éleveur et l’animal est forte) ou
Cheval de guerre est un roman de Michael Mor- de compagnie. En 2015, le Code civil (nouvel
purgo, célèbre auteur britannique de littérature article 515-14) s’harmonise avec le Code rural et
d’enfance et de jeunesse. Joey, le narrateur, est le Code pénal (qui donnent une place au bien-
un cheval. Il est choyé par Albert, le fils d’un être animal) en reconnaissant l’animal comme
méchant fermier. Mais la guerre éclate et Joey un « être vivant doué de sensibilité ». Ce chan-
est vendu comme cheval de guerre. Joey raconte gement prend en compte l’état des connais-
la vie au combat des hommes et des chevaux, sances scientifiques et l’éthique de notre société.
sans renoncer à retrouver Albert. Les animaux ont été enrôlés en masse dans la
Grande Guerre, pour porter, tirer, guetter, secou-
1.  Le texte présente avec simplicité la relation
rir, informer : onze millions d’équidés, cent mille
millénaire entre l’homme et l’animal domesti-
chiens, deux cent mille pigeons, etc. Dans Bêtes
qué, et introduit à la réflexion sur le statut de
des tranchées, Des vécus oubliés Éric Baratay, his-
l’animal : « animal-machine » de Descartes, ou
torien et spécialiste des relations entre l’Homme
« être vivant doué de sensibilité » du Code civil
et l’animal, invite à « retrouver ces “soldats à
français.
quatre pattes” et tous les animaux ayant vécu
L’information est donnée dès le début (« Pou-
la guerre, en empruntant leur point de vue, de
lain ») mais le texte considère hommes et
manière à restituer leurs vécus, leurs actions,
animaux de la même façon : ainsi le « je » du
leurs émotions, leurs coopérations ou leurs
narrateur Joey (le cheval), les prénoms (Albert,
résistances, leurs souffrances et leurs destins,
Zoey), puis le « on ». Ensuite, on peut voir le
afin aussi de mieux comprendre les attitudes et
travail technique et autonome des animaux :
les sentiments des soldats » (4e de couverture).
labours de Zoey (« elle labourait », « elle her-
sait »), « entraînement » de Joey ; ce choix met 4. Production libre des élèves.
l’accent sur la relation entre le maître et l’ani-
mal de travail, ou animal domestique. Il existe
Le coin des mots
une relation authentique et un savoir-faire Les élèves peuvent aussi chercher sur Internet
commun, ce dernier étant établi dans le cas du (dans une banque sonore de cris d’animaux ou
travail de la vieille Zoey ou en cours en ce qui sur http://www.animaux-nature.com/liste-cri.
concerne le poulain. On peut souligner les com- php) à quel cri correspond ces termes et pro-
pétences d’Albert  comme dresseur (après un duire un document multimédia avec Audacity :

séQuence 9 La planète, notre jardin 119


y le loup hurle – le dindon glougloute – le etc. Le dessin d’imagination procède à partir
sanglier grommelle – l’âne brait – le zèbre d’ajouts, de collages, etc.
hennit ; y Étape 2 : écriture créative.
y l’éléphant barrit – le criquet stridule – la 3. Il faudra tout d’abord faire la liste des étapes
baleine chante. du voyage de l’arbre. Ensuite, à partir du dessin,
Je fais le point il faudra faire la fiche du personnage de l’arbre
(nom, caractère, motivation, etc.). La tonalité
Les auteurs montrent tous deux que l’homme a du poème est laissée à l’appréciation de l’élève ;
pris le pouvoir sur la nature : sur le paysage en l’ex- elle  doit être cohérente avec les autres choix
ploitant et en le transformant énormément, sur d’écriture.
les animaux en reconnaissant que la littérature,
qui parle souvent d’eux, ne les laisse pas parler.
L’homme est invité à réfléchir à la responsabilité Oral Quelle est la responsabilité
qui est la sienne pour organiser et protéger la de l’homme vis-à-vis de
nature. la nature ? p. 149
Atelier Organiser un débat en classe
L’arbre et l’homme p. 148 L’objectif est d’aider les élèves à produire un
Atelier Écrire un texte argumentatif message nuancé et argumenté : « Passer du
recours intuitif à l’argumentation à un usage
y Étape 1 : préparation.
plus maîtrisé ». Du point de vue méthodolo-
1.  Du latin missio, « action d’envoyer » : tâche
gique, le travail du débat avec un jeu de fiches
confiée à quelqu’un ».
peut être initié.
2.  Le poète évoque la croissance de l’arbre au
y Étape 1 : préparer le débat
sein du vivant (il pousse grâce à l’eau) et son rôle
1. Production libre des élèves.
dans le paysage, qu’il structure depuis des millé-
naires. Mais, il introduit aussi à la symbolique de 2. Recherche des élèves.
l’arbre dans différentes civilisations et religions : 3. Pour établir la liste, ces jeunes élèves peuvent
la métaphore de l’homme comme arbre, l’arbre partir de l’observation de leur vie quotidienne
de vie des religions monothéistes, le symbolisme en notant tous les équipements utilisés sur une
des arbres dans la culture antique et celtique, la journée (se lever : électricité, se laver : eau, venir
fête des arbres dans la religion juive, etc. On peut au collège : route, éclairage, etc.). La liste des
montrer des illustrations, par exemple l’Arbre de effets sur le paysage peut être faite à partir de
vie de Gustav Klimt (1909). l’observation, ou de requêtes sur Internet.
3. Production libre des élèves. 4. et 5. Production libre des élèves.
y Étape 2 : écriture argumentative y Étape 2 : mener le débat.
4. Production libre des élèves. 6. Un temps laissé à l’appréciation du professeur
est dédié à la mise en place de l’imaginaire  du
Atelier Écrire un texte créatif village et de ses habitants (nom du village, carac-
téristiques, rôles joués par les élèves, etc.).
y Étape 1 : préparation
1. et 2.  Cette activité, dite de « transcodage »
par le dessin, fait travailler sur le passage de Langue La grammaire pour lire, écrire
l’observation à l’interprétation. Les illustrations et parler p. 150
se trouvent dans un dictionnaire illustré ou sur Cette dernière séquence reprend des étapes
internet, notamment sur le site de l’ONF (Office des séquences de l’année visant à travailler
National des Forêts). d’une part sur les effets produits par les choix
Le dessin réaliste peut être fait par différents grammaticaux, d’autre part sur les chaînes
moyens : à main levée, en s’aidant d’un calque, d’accords.

120 THème 5 5e • L’être humain est-il maître de la nature ?


Produire des effets avec les Enrichir le nom avec un adjectif
compléments circonstanciels J’observe
J’observe 8. a. –  noirs : adjectif attribut, accord avec « les
1. La réponse porte sur les effets du texte. bois », masculin pluriel.
Je m’entraîne – humide : adjectif épithète antéposé, accord
2. a. Le garçon s’avança dans la forêt. Il marchait avec « gazon » masculin singulier.
très prudemment. Soudain, dans un palmier, un – épaisse : adjectif épithète, accord avec
bruit le surprit alors qu’il traversait, parmi les « bruyère » féminin singulier.
singes, un petit pont de lianes. – grands : adjectif épithète antéposé, accord
b. Le garçon s’avança dans la forêt. Il marchait avec « ongles », masculin pluriel.
en riant aux éclats à cause de son déguisement. b. La forêt était noire, accord avec « forêt » fémi-
Soudain, dans un bananier de plastique, un bruit nin singulier.
de pétard le surprit alors qu’il traversait un petit 9.  Le sens ne change pas, mais la première est
pont de lianes. plus précise et plus poétique (choix des adjectifs
Les adverbes de temps et antéposition).
J’observe Je m’entraîne
3. Sylvain est resté chez sa grand-mère et il sera 10. a. Je lis beaucoup de romans policiers.
en retard pour le dîner. Il presse le pas. Il y avait b. Je dois racheter une paire de baskets plus
un bois à cet endroit, et il passait par là. Il y a une grandes.
grande route. c. Il a décidé d’acheter des DVD d’occasion.
La phrase garde son sens. d. Medhi a un nouveau vélo.
Je m’entraîne 11. –  Beau : La jolie route qui va au petit village
4. Production libre des élèves. serpente dans la forêt ombragée. Notre vieille
L’accord du participe passé et de l’ad- voiture ne va pas vite et nous laissons passer des
jectif qualificatif poules multicolores, des canards étourdis, un
J’observe sympathique petit chien. Un homme souriant
5. Cette voiture est verte : elle est utilisée pour sort d’une coquette maison. Il porte un chapeau
aller de ville en ville. vert et pointu et un grand manteau marron.
L’adjectif qualificatif et le participe passé s’ac- Sa petite taille nous étonne. Quel voyage amu-
cordent tous deux avec le nom féminin. sant !
6. a.  Accord avec « fleurs » : féminin pluriel/ –  Laid : La route encaissée qui va au village
accord avec « bouquets » : masculin pluriel. abandonné serpente dans la sombre forêt.
b. Accord avec « filles » : féminin pluriel. Notre vieille voiture ne va pas vite et nous lais-
c. Accord avec « chaussures » : féminin pluriel. sons passer des poules déplumées, des canards
d. Accord avec « climat » : masculin singulier et criards, un chien tout pelé. Un homme
« hiver » : masculin pluriel. débraillé sort d’une maison délabrée. Il porte
On peut aider les élèves en matérialisant la chaîne un chapeau délavé et un manteau informe. Sa
d’accord par une flèche, un surlignage ritualisé. haute taille voûtée nous étonne. Quel désa-
Je m’entraîne gréable voyage !
7. a. Il est parti en retard. 12. [En Bretagne], il ne fait jamais très froid, ni
b. Ton frère et moi, nous sommes ravis de venir trop chaud. L’air du littoral est si riche en iode
à ton anniversaire. que le seul fait de le respirer est déjà une cure
c. C’est le printemps, les oiseaux sont revenus. de bien-être. Allez-y en arrière-saison, si vous le
d. Rémi est passionné d’architecture. pouvez. Vous aurez un temps souvent excep-
e. Claire sera contente que les élèves sachent tionnel. C’est en hiver que la Bretagne subit ses
leur leçon. plus fortes tempêtes.
f. Les basketteuses sont arrivées en finale. www.routard.com

séquence 9  La planète, notre jardin  121


Enrichir le nom avec un complément c. Tu écris trop petit, de vraies pattes de mouches.
du nom d. Il est très gentil et ne ferait pas de mal à une
J’observe mouche.
13. b. Chaque complément apporte une infor- e. Je suis resté sans bouger, j’ai des fourmis dans
mation supplémentaire. les jambes.
f. À la place d’une cravate, je mettrai un nœud
Je m’entraîne papillon.
14. a. Pour les vacances nous irons à la plage du
camping/du camping de Saint Julien. 18. a. La température est très basse.
b. Les oiseaux nichent dans les arbres du jardin/ b. Riant bêtement à tout propos, il avait l’air
du zoo de la ville. bête comme une oie.
c. Les enfants partent camper pendant la c. Mamie n’est jamais malade, elle est solide
semaine de congés/la première semaine des comme un chêne.
vacances de printemps. d. Depuis que Léo est guéri, il est à nouveau gai
comme un pinson.
15. a. Le passage du cap Gris-Nez. e. Je change de sujet et passe du coq à l’âne…
b. La fabrication d’une cabane. f. Deux heures de retard ! Deux heures que je fais
c. La préparation du gâteau. le pied de grue !
d. Le ronron du chat. g. Ils se sont mis d’accord pour me rouler, je suis
16. a.  Lune bleue, lune grise, lune blanche, lune le dindon de la farce.
noire h. J’ai eu très peur, je tremblais comme une
Il faut accorder les adjectifs avec « lune », nom feuille.
commun, féminin singulier. i. Elle n’arrête pas de répéter à tout bout de
Yeux bleus, yeux gris, yeux blancs, yeux noirs champ qu’elle s’est trompée.
Il faut accorder les adjectifs avec « yeux », nom j. Il a refait sa vie et jeté aux orties tout son passé.
commun masculin pluriel (singulier « un œil »).
b. Je n’ai pas vu la belette !
Elle est rentrée dans son manoir
Et puis avec son éteignoir Plaisir de lire  Jack London, L’Appel
Elle a coiffé tous les bougeoirs. de la forêt p. 153
Il fait tout noir. Pour entrer dans l’œuvre  
On doit accorder le participe passé (féminin Ce texte peut ne pas correspondre au récit, et ce
singulier) et changer les pronoms de reprise
d’autant moins que l’illustration oriente l’imagi-
(« elle »).
naire du lecteur. Elle est dans le cas de cette édi-
c. Je rentre – tu rentres – il rentre – nous ren-
tion particulièrement orientée (race du chien,
trons – vous rentrez – ils rentrent.
interaction entre l’homme et l’animal, etc.). On
d. Il fait beau – il fait froid – il se fait tard (verbe
peut s’appuyer sur des documents complémen-
dit « impersonnel » et adjectif).
taires. Il s’agit de créer une attente de lecteur, et
Il fait un temps splendide – il fait un froid de
d’y revenir en fin de lecture.
canard (avec un nom).
e.  Tamanoir : mammifère d’Amérique du sud À vos carnets !  
aussi appelé fourmilier géant, il se nourrit essen- 1. Cette étape vise à faire prendre conscience de
tiellement de fourmis et de termites, les déter- compétences de lecture.
rant avec ses griffes et les attrapant avec sa
2. et 3. Réponse libre des élèves.
langue collante.
Parler des hommes avec les mots des Pour approfondir la lecture  
animaux 4. Arraché à une vie paisible et urbaine par le
17. a. et b. a. Tôt ce matin, nous sommes allés au jardinier de ses maîtres, Buck est vendu à un
marché aux puces. marchand qui le maltraite pour lui apprendre
b. Elle est très mince et a une taille de guêpe. à obéir puis le revend à un aventurier du Grand

122   Thème 5  5e • L’être humain est-il maître de la nature ?


Nord (chapitre 1). Il fait son apprentissage de bon maître connaît les animaux, sait les encoura-
la vie de chien de traîneau. Il apprend à lut- ger, les nourrir, les soigner. Il partage en quelque
ter, à voler, à se battre (chapitre 2), à s’impo- sorte leur condition (John souffre aussi du froid
ser (chapitre 3 à 5). Il renoue peu à peu avec et du gel). Leur humanité se mesure à leur atti-
ses instincts et entend le mystérieux appel de tude envers les animaux.
la forêt (chapitre  5 : « des voix », « un appel 9.  Cette étape permet de s’approprier le récit.
mystérieux » qui sont les forces de la nature et Les réponses sont très libres. Elles permettent
non pas le hurlement des loups), qui le conduit de faire réfléchir à la construction du person-
à s’absenter de plus en plus souvent du cam- nage (Buck devient voleur, poursuit Spitz de sa
pement. Il rencontre un loup, combat avec « haine ») et au déroulement du récit.
un ours puis un élan. Découvrant son maître
10. Jack London montre que Buck (au contraire
tué par des Indiens, il le venge puis rejoint
d’un autre chien célèbre peint par le même
­définitivement la forêt et les loups (chapitre 5
auteur, Croc-Blanc) se met à nouveau à l’écoute
à 7).
de ses instincts et que ceux-ci reprennent le
5.  Le juge est un bon maître et Buck mène dessus. Il montre aussi que pour survivre, il
une vie paisible mais presque dénaturée (il est faut lutter et s’adapter. Dans le roman, les
un « chien de compagnie »). Ensuite, il y a les êtres humains obéissent en partie à cette loi
mauvais maîtres : violents (Manuel le jardinier, darwinienne : encombrés de robes et de vais-
l’homme au sweater rouge, l’Écossais) ou incom- selle, Mercedes et son équipe mourront de
pétents (Charles, Hal et Mercedes), ils sont inhu- ne pas avoir su s’adapter aux lois de la nature.
mains. Au contraire, John, Perrault, et François Les chercheurs d’or ne voient la nature que
connaissent le monde animal et prennent soin comme une source d’enrichissement. Ceux qui
de Buck. peuvent y survivre sont ceux qui connaissent
6. Les élèves peuvent avoir relevé la lutte pour et respectent la nature (John, les Indiens). Ils
la survie de Buck, non dénuée de violence, peuvent aussi en savourer la beauté. La nature
mais cohérente dans le monde animal. On est dure, mais la violence véritable vient des
commentera le vol. Ils peuvent être sensibles à hommes.
la « haine » de Buck pour Spitz (on discutera Sans aller très loin avec ces jeunes collégiens,
avec eux de ce sentiment que Jack London fait il faut cependant veiller à ne pas faire de Buck
éprouver à un animal) ou remarquer que l’ab- une allégorie de la condition humaine qui
sence de Buck auprès de son maître a couté la serait synonyme de lutte violente pour la sur-
vie à ce dernier. vie : en effet, dans La Descendance de l’homme
7. Le personnage de Buck et ses aventures ont et la sélection sexuelle, Charles Darwin analyse
tendance à faire oublier que toutes les saisons le rôle de l’adaptation et de la lutte, mais iden-
défilent dans le roman et sont l’occasion de tifie chez l’homme « l’instinct de sympathie »
magnifiques descriptions dans la tradition des et précise que les lois de la société humaine
romanciers de l’espace américain. Le Grand apportent les correctifs nécessaires aux fai-
Nord déroule un paysage immense et sauvage, blesses naturelles.
peu à peu colonisé. On peut proposer une Après la lecture  
recherche sur les paysages du Klondike.
11.  Réponse libre des élèves. Elle peut être par-
8.  Les animaux sont dressés à l’usage de
tagée notamment dans un temps de travail de
l’homme : au chapitre 2, Buck est « amolli » par
l’oral.
« des siècles de civilisation » ; il est ensuite dressé
à être un bon chien de traîneau (faire remarquer 12. Réponse libre des élèves. Elle peut donner lieu
aux élèves que la représentation habituelle du à un retour oral.
chien de traîneau en « husky » est largement 13. Réponse libre des élèves. Si l’on ne conseille
réductrice). Mais certains maîtres sont violents pas cette lecture, cela peut donner lieu à une
et maltraitants, d’autres justes et aimants. Le activité orale en binôme.

séquence 9  La planète, notre jardin  123


Autoévaluation de lecture   En outre les arbres sont comparés à des « adoles-
cents » (l. 15), les creux de plantations évoquent
L’homme qui plantait des arbres les tranchées.
de Jean Giono p. 155 4. La nature est souvent sujet de la phrase ; les
1.  Ce texte narratif appartient au genre du personnages sont silencieux et toute la place
roman. revient à la description des arbres, avec lesquels
2. Le narrateur est impressionné car les planta- le narrateur compare sa taille : « plus hauts que
tions du vieux berger, sans aucun moyen tech- moi » (l.  1), « m’arrivaient aux épaules » (l.  8).
nique, ont donné toute une forêt. Les arbres lui La comparaison avec les adolescents confirme
arrivent aux épaules ou le dépassent. le lien entre le destin de l’homme et celui des
3.  L’évocation de la destruction et de Verdun arbres.
produit un effet pathétique. L’énergie et l’intel- 5.  Exemples : L’obstination d’un vieux berger
ligence de l’homme peuvent en effet être mises pour la vie – Une forêt contre la guerre ?
au service de la guerre et de la mort, ou de la vie.

124   Thème 5  5e • L’être humain est-il maître de la nature ?


thème 1 regarder le monde, inventer des mondes
4e – La fiction pour interroger le réel

Séquence

10 La société dans l’œil du romancier du xixe siècle

Fil directeur de la séquence


L’intention de la séquence est d’amener les élèves à appréhender la notion de réalisme et de fiction,
en lien avec les concepts de création artistique et de personnages. Une œuvre réaliste n’est pas la
copie, la reproduction d’une réalité ; si elle en est le reflet, il s’agit d’une représentation façonnée par
la création esthétique (dimension poétique au sens étymologique du terme), dont il est intéressant
de rechercher les enjeux. Cette réflexion permet une appropriation de connaissances théoriques en
partant de l’étude des racines et du sens premier des mots, ainsi que la découverte d’œuvres litté-
raires et artistiques.
L’objectif est aussi de faire comprendre aux élèves qu’ils sont capables d’aborder les grands textes de
la littérature patrimoniaux : s’ils sont résistants, ils sont aussi accessibles, et il sera intéressant et enri-
chissant de les lire et de les relire, dans son parcours de lecteur, à plusieurs niveaux.

Compétences travaillées dans la séquence


Langage oral Écriture
Dans les pages de lecture… ■ Pratiquer l’écriture d’invention et connaître les
■ Comprendre et interpréter des messages et des caractéristiques des genres littéraires :
discours oraux complexes pour acquérir des X Le récit réaliste : Inventer le parcours d’une
stratégies d’écoute. personne croisée dans la rue
X Écoute attentive et active d’un extrait d’un texte ■ Exploiter des lectures pour enrichir son écrit
de Zola, p. 164 X Texte de Baudelaire et photo
■ Exprimer une opinion argumentée et prendre en ■ Adopter des stratégies d’écritures efficaces
compte son interlocuteur. ■ Exploiter les principales fonctions de l’écrit
X Présenter une comparaison entre un film et un X Écrits préparatoires (brouillon, réécritures) pour
roman, p. 160 penser et apprendre
X Tableau pour analyser Le Radeau de la Méduse
En atelier, p. 167
■ S’exprimer de façon maîtrisée en s’adressant à un
auditoire
y Pratiquer le compte rendu
y Utiliser efficacement les documents servant de
support à l’exposé
■ Exploiter les ressources expressives de la parole et
les techniques multimodales
X Présenter à l’oral un diaporama qui compare
deux tableaux.

Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue


■ Lire des textes variés avec des objectifs divers : Dans la double-page langue…, p. 168-169
y Recourir à des stratégies de lectures diverses ■Connaître les aspects fondamentaux du
(adapter sa lecture à l’objectif poursuivi, adapter fonctionnement syntaxique
sa lecture aux supports, reformuler) y Fonctionnement de la phrase complexe

séQuence 10 La société dans l’œil du romancier du xixe siècle 125


Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue
XXCarte mentale « Lire un texte » : « J’observe », XXLes propositions subordonnées circonstancielles
«  Je comprends » de temps
yyFormuler des impressions de lecture, percevoir un ■■ Maîtriser le fonctionnement du verbe et son
effet esthétique orthographe
XXCarte mentale « Lire un texte » : « Je lis », yyMise en évidence du lien entre le temps employé
«  J’écoute », « Je réagis » et le sens
yyReconnaître les implicites et faire les inférences et XXAntériorité/simultanéité/postériorité
hypothèses de lecture nécessaires yyMaîtrise de la morphologie verbale écrite :
XXCarte mentale « Lire un texte » : « J’interprète » XXLes temps composés
■■ Lire et comprendre des images fixes ou mobiles ■■ Maîtriser la forme des mots en lien avec la syntaxe
XXCarte mentale « Lire une image » yyConnaître le fonctionnement de la chaîne
d’accord
Enjeux culturels
XXAccord du participe passé employé comme
■■ Lire des œuvres littéraires et fréquenter des œuvres
adjectif
d’art ■■ Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe des
XXDévelopper des connaissances sur la nouvelle
mots
réaliste et la nouvelle fantastique
XXMise en réseau de mots pour créer des
■■ Situer les œuvres dans leur contexte historique et
atmosphères de lieux
culturel :
Dans les coins des mots
yyRelation textes littéraires, images illustratives et
Étymologie des mots « figure » et « caractère » (p. 158)
adaptations cinématographiques
Recherche autour du terme « mélancolie » (p. 160)
XXComparaison photogramme/texte

Enjeux de formation personnelle


XXComprendre comment le roman interroge le statut
et les limites du réel

Lecture  Le personnage réaliste a-t-il sonnage peut être dit « réaliste » parce qu’il est
une part de vérité ? p. 158 pragmatique, analyse les situations avec objecti-
vité, ou parce qu’il est vraisemblable, conforme à
La séance est consacrée à l’étude de personnages la réalité, non idéalisé et donc crédible.
célèbres de la littérature romanesque réaliste :
l’objectif est de rechercher ce que ces person- 1.  On utilisera le guide de lecture pour analy-
nages nous disent du monde dans lequel ils évo- ser le texte : Où se déroule la scène rapportée
luent, et peut-être de nous-mêmes. dans ce passage ? Qui est représenté ? Regar-
dons-nous un portrait figé de ce personnage ?
1. Le Père Goriot d’Honoré de Balzac, Quelles impressions produit ce portrait ?
extrait 1 2.  Le personnage de Mme Vauquer est repré-
2. Le Père Goriot d’Honoré de Balzac, senté dans une situation de sa vie quotidienne,
extrait 2 dans son apparence habituelle, sans arrange-
Ces extraits permettent de réfléchir au proces- ment particulier : « Bientôt la veuve se montre,
sus de création d’un récit réaliste. Le lecteur attifée de son bonnet de tulle » (l. 4). Les détails
découvre progressivement un quartier, une de cette description (coiffure, visage et nez,
pension, les personnages qui y logent, puis le mains, silhouette, corsage, yeux) marquent le
personnage principal, c’est-à-dire le moment où mouvement du regard du narrateur.
l’auteur pose le cadre de l’action à venir.
3. Les détails de la description sont mis en cohé-
En piste ! rence avec l’impression dégagée par le person-
Il sera possible, en fonction des idées des élèves, nage et avec l’atmosphère de la pièce : l’auteur
de les guider vers plusieurs directions qui per- parle d’harmonie. Une correspondance est éta-
mettront d’aborder les objets d’étude : un per- blie entre Mme Vauquer et sa pension, pour

126   Thème 1  4e • La fiction pour interroger le réel


créer un effet d’interaction entre le personnage
et son environnement. 1. Réaliser une carte de Paris
4.  La pension rassemble, au moins provisoire- Cette activité permet d’amener les élèves à
ment, des personnes d’origines, milieux, condi- construire des représentations mentales des
tions, situations familiales et âges différents ; en textes en établissant des inférences extratex-
cela elle constitue un microcosme relativement tuelles, concernant ici des notions géogra-
bien représentatif de la société d’une époque, phiques.
comme Balzac le constate : « Une réunion
➨ En téléchargement sur www.hachette-
semblable devait offrir et offrait en petit les élé-
education.com, un extrait du Père Goriot
ments d’une société complète » (l. 1-2). Repré-
d’Honoré de Balzac et son exploitation.
senter une pension est donc, pour un romancier,
l’occasion d’évoquer le parcours de personnages
divers, l’intérêt étant aussi de provoquer leur 2. Écrire un texte descriptif
rencontre. Représentez l’internat/la colocation idéale à vos
yeux, et représentez-y un personnage dont vous
Oral   réaliserez le portrait :
5. On peut attendre les termes suivants : terne – – situez cet endroit et décrivez ce lieu de façon
sinistre – sombre – monotone – rancie. à créer une ambiance, susciter d’emblée des
Cette activité permet aux élèves d’entrer dans la impressions ;
création réaliste par un travail sur les construc- – faites « tomber toute la lumière du tableau »
tions d’images à partir des textes. Les élèves (extrait 2, l. 8), comme l’écrit Balzac, sur le per-
pourront mutualiser leurs idées sur un tableau sonnage choisi : évoquez son aspect physique,
blanc collaboratif qu’ils enregistreront. son caractère, sa vie quotidienne ; créez des
Cette activité lexicale peut être présentée sous liens entre cette figure et son environnement.
la forme d’un nuage de mots : voir la banque de
ressources gratuites en ligne suivante : http:// 2. Le Rouge et le Noir de Stendhal audio
www.netpublic.fr/2013/12/22-outils-gratuits- Le passage choisi permet d’approfondir la
nuages-de-mots-cles/ réflexion sur la construction du personnage
réaliste, à partir des éléments explicites et impli-
Le coin des mots cites d’un texte (en lien avec l’analyse du titre de
l’œuvre).
– figure : du latin figura provenant du verbe
fingo, « façonner », « modeler », « imaginer », En piste !
« défigurer », « figuration », « transfigura- • La couleur rouge peut évoquer : l’armée, l’hé-
tion », « figurant », « configurer », « configu- roïsme, le sang, la violence, la passion, etc.
ration ». Le noir peut faire penser à la mort, et c’est
– caractère : du grec kharakter, « marque », la couleur représentative du clergé.
« signe », « empreinte ». • Les majuscules peuvent signifier l’idéalisa-
y acception 1 : signe distinctif, marque parti- tion, la généralisation à partir d’événements
culière, caractéristique, caractériser, caracté- particuliers, être une marque d’honneur, etc.
risation. Il conviendra de préciser aux élèves que l’em-
y acception 2 : ensemble des traits physiques ploi des majuscules correspond au respect
et moraux d’une personne caractériel, carac- d’une règle typographique de présentation
térologie, caractérologue. des œuvres littéraires, mais qu’il peut relever
Ces termes permettent d’appréhender la aussi d’un choix de l’auteur à visée symbo-
démarche visant à représenter un personnage lique.
réaliste : inspiré de la réalité, façonné par le tra- 1. L’écoute des textes permet de travailler sur
vail de l’artiste, détails physiques importants, l’émergence des impressions et la représenta-
personnalité marquée. tion mentale.

séQuence 10 La société dans l’œil du romancier du xixe siècle 127


2. On utilisera le guide de lecture pour faire progression du récit vers la confrontation
comprendre aux élèves qu’il s’agit d’une scène, entre le père et le fils, annoncée à la ligne 20 ;
entre un père et son fils, révélatrice de leurs – valeur aspectuelle : actions présentées
rapports, mais aussi augurale et déterminante comme bornées dans le temps et achevées.
pour la suite du récit ; ils pourront construire La succession de formes verbales au passé
des hypothèses sur le passé et l’avenir des per- simple donne un rythme rapide et saccadé
sonnages.
au récit : elle permet ainsi de percevoir la vio-
3. Ces relations sont tendues, conflictuelles lence de la scène et de créer une ambiance
puisque tout semble les opposer : très tendue.
– caractéristiques physiques : « sa taille mince
si différente de celle de ses aînés » (l. 3) ; créative
– caractères : la violence du père contre la
7. Il est important que les élèves distinguent clai-
sensibilité de Julien ;
– centres d’intérêt : « cette manie de lecture rement les caractéristiques des écrits narratifs de
lui était odieuse » (l. 4-5). celles de l’écriture théâtrale. La mise en voix et
en scène de leur texte les amènera à prendre
4. Il s’agit de saisir que le choix des lieux n’est
pas anodin ; ici des liens seront établis avec le conscience des révisions nécessaires pour que
contexte : Julien est chargé d’une tâche dans leur texte devienne propre au « jeu ».
la scierie de son père, qui compte sans doute Je fais le point
sur lui pour prendre la suite de la direction
de l’entreprise. L’étude du lieu permettra une Le terme « personnage » dérive du latin, per-
interprétation symbolique : sona qui signifie : « masque que les acteurs
– monde mécanique : ordre, organisation, portaient sur scène, rôle ». Êtres de papier,
activités concrètes ➞ orientation imposée les personnages de récits réalistes sont des
par le père, anticipation d’une machinerie figures, des créations. Inspirés ou non d’indi-
lancée vers une issue déterminée, force d’un vidus ayant réellement existé, plus ou moins
destin ; caricaturaux, ils gardent un rapport au réel qui
– monde de la lecture : évasion, liberté, rêves, les rend crédibles et vraisemblables.
activités artistiques ➞ anticipation d’une
fin tragique, d’un abandon (cf. le livre de Mettre en voix un texte
Julien Sorel). y Étape 1 : choisissez et lisez un passage du texte.
5. Stendhal donne de Julien l’image d’un per- y Étape 2 : enregistrez-vous et évaluez votre
sonnage frêle physiquement et fragile psy- lecture ; vous déterminerez vos critères de réus-
chologiquement, montrant sa faiblesse et la site.
crainte de son père, sans audace, qui se réfugie
dans le monde des livres pour fuir un monde ➨ En téléchargement sur www.hachette-
dans lequel il ne trouve aucun intérêt. Il rêve education.com, un tableau détaillant les
d’idéal, de grandeur, mais il vit des aventures, critères d'évaluation attendus.
des exploits par procuration.
Pour aider les élèves au cours des différentes
6. Il y a des formes verbales à l’imparfait (peu étapes, le professeur pourra leur fournir les res-
nombreuses) :
sources suivantes :
– valeur temporelle : actions et situations de
second plan. – mettre un texte en voix : écouter Fabrice
Il y a des formes verbales au passé simple Luchini lire Flaubert, Un cœur simple (https://
(nombreuses et rapprochées dans l’espace des www.youtube.com/watch?v=ax8r8HtcAQQ) ;
phrases) : – comparer la lecture : écouter René Dépasse lire
– valeur temporelle : actions de premier plan, Flaubert, Un cœur simple (https://www.you-
mise en relief de leur succession et de la tube.com/watch?v=KIGw7-AdiBY).

128 THème 1 4e • La fiction pour interroger le réel


Emma Bovary est un personnage roman-
Lecture Quelle est la vie des héroïnes tique, mélancolique et nostalgique, qui vit
du xixe siècle ? p. 160 dans le rêve et les regrets. Son imagination est
influencée par des récits lus ou entendus, plus
L’étude de personnages féminins a pour objec- ou moins vraisemblables et son évasion est
tif d’apporter un nouvel éclairage sur la vision virtuelle, trompeuse : elle vit enfermée dans
que les romanciers donnent de la société au des clichés.
xixe siècle : Ces héroïnes sont-elles actrices de 4. Emma Bovary ressent un « insaisissable
leur existence ? Ont-elles droit au bonheur ? malaise » (l. 16), comme si elle comprenait
que ses rêves ne sont que l’expression de ses
1. Madame Bovary de Gustave Flaubert regrets. Elle n’aura ni la force d’exprimer pré-
Ce texte évoque les pensées du personnage cisément ses envies, ni celle de forcer son des-
éponyme au début de son mariage : le lecteur tin en prenant des initiatives susceptibles de
entre dans l’intimité des rêveries romantiques véritablement changer sa vie : « Les mots lui
d’Emma Bovary, en faisant implicitement manquaient donc, l’occasion, la hardiesse »
comprendre le décalage entre la lune de miel (l. 17-18).
dont elle rêvait et sa vraie vie de jeune épouse. Oral  
Cette lecture pourra amener la formulation 5. Il sera important d’insister sur le jeu de
d’hypothèses sur son quotidien et son avenir. reflets et de regards : travail sur la réflexion, la
En piste ! mise en abyme (Emma – Emma, Emma – Flau-
bert, Emma – lecteur).
La « lune de miel » est la période de vingt-
Les mots-clés pourront être les suivants :
neuf jours (mois lunaire) qui suit le mariage
fenêtre, regard, miroir, reflet, double, intros-
et qui est souvent consacrée au voyage de
pection, rêves, etc.
noces ; la référence au miel provient de l’of-
frande de mets sucrés apportée aux jeunes Présenter un compte-rendu de lecture
époux lors de la cérémonie, pour annoncer un Lecture de la nouvelle Nantas de Guy Mau-
temps de découverte, de grande douceur et passant ou du roman Un cœur simple de Gus-
de bonheur. tave Flaubert.
1. On utilisera le guide de lecture pour analy- y Étape 1 : appropriation de l’œuvre.
ser le texte. 1. Renseignez-vous sur les thèmes respectifs
2. « Il eût fallu » signifie : « il aurait fallu », des deux œuvres.
« il était important », « elle aurait souhaité ». 2. Lisez l’œuvre choisie : consignez vos impres-
Ce mode exprime le regret (à mettre en lien sions, vos réactions et vos questionnements
avec : « Que ne pouvait-elle » [l. 11] et « Peut- dans un carnet de bord.
être aurait-elle » [l. 15]). 3. Élaborez des réponses à votre questionne-
3. Les caractéristiques de la lune de miel sont : ment. Vous pouvez effectuer des recherches
– les lieux évoqués : des paysages bucoliques, en autonomie, en groupes, et demander de
des rivages marins, des montagnes suisses, l’aide à votre professeur.
des terres écossaises ; y Étape 2 : oral.
– l’appartenance sociale : des éléments en lien 4. Construisez une trace écrite qui servira
avec un luxe discret, non tapageur (villas, de support à votre présentation orale. Vous
chalets, vêtements de l’époux) ; pourrez déterminer des entrées communes en
– les rapports avec la nature : harmonie avec groupes puis en classe (présentation brève de
la nature, quiétude, perceptions auditives, l’auteur : biographie, bibliographie ; contexte
visuelles et olfactives ; de l’œuvre : photographie de la France de
– le moment de la journée : le soir. l’époque, mouvement littéraire ; synopsis ;

séQuence 10 La société dans l’œil du romancier du xixe siècle 129


thèmes ; extraits choisis ; lien avec une œuvre 3. Les élèves pourront identifier le cadre tem-
d’art, etc.), ou créer une présentation libre. porel de ce texte, par un tableau ou une carte
mentale :
Le coin des mots – passé : « qu’elle avait maniés », « qui avaient
• Le mot « malaise » (l. 16) résume ce que traîné » (l. 7), « qu’elle avait vus » (l. 8) ;
ressent Emma. – moment de la visite au grenier : « un jour »
• « Mélancolie » : du grec melas, « noir » et (l. 2), « elle apercevait » (l. 5), « Ils lui fai-
colè, « bile, humeur ». saient l’effet » (l. 11), « Elle allait de l’un à
– Synonymes : tristesse, abattement, spleen, l’autre » (l. 15), « Il y avait aussi là-dedans
morosité, nostalgie, amertume, dépression, etc. beaucoup de choses qu’elle ne connaissait
– Antonymes : joie, gaieté, euphorie, enjoue- pas, qui ne lui rappelaient rien » (l. 20),
ment, enthousiasme, entrain, jovialité, etc. « Jeanne les touchait, les retournait » (l. 26),
« elle demeurait là » (l. 27) ;
– à venir : « qu’elle allait abandonner » (l. 1).
2. Une vie de Guy de Maupassant 4. Il sera possible de guider les élèves en dif-
Ce texte représente une héroïne à la fin de son ficulté sur cette consigne par des pistes :
existence, et permet aux élèves de compléter thèmes de la visite, des trésors retrouvés, du
leur découverte de la représentation des per- temps qui passe, de la mémoire, etc.
sonnages féminins dans le roman réaliste du
xixe siècle. créative
5. Une écriture à la manière de Guy de Mau-
En piste ! passant est attendue, mais en laissant les
On attend des réflexions fondées sur l’obser- élèves exprimer aussi leur créativité. Il sera
vation de la langue : identification et structure important d’attirer l’attention des élèves sur
des deux groupes (groupe nominal et leurs les exigences de l’activité : une différence
éléments), nature des déterminants (défini (changement de point de vue par rapport au
ou indéfini), choix typographiques et lexicaux. texte lu, texte rédigé à la première personne),
Ces observations mettront en relief l’absence et deux constantes (description des objets et
de désignations de personnages en particu- une expression développée des impressions et
lier et le caractère généraliste des titres, ainsi sentiments).
que l’intention apparemment dogmatique du
second. Je fais le point
1. On utilisera le guide de lecture pour com- En représentant Emma Bovary et Jeanne de
prendre le texte : À quelle occasion Jeanne Lamare, Gustave Flaubert et Guy de Maupas-
monte-t-elle dans son grenier ? Qu’y voit-elle sant ne font pas seulement les récits de leur
et que ressent-elle alors ? vie : ils plongent le lecteur dans la réalité de
2. Les « objets » (l. 8), les « bibelots » (l. 6), qui la vie des femmes de foyer du xixe siècle, et
sont notamment remarqués par Jeanne, sont montrent leurs existences, leurs espoirs et
une « tasse de Chine » (l. 16), une « petite lan- leurs déceptions, leurs petits ou grands bon-
terne » de sa mère, une « canne » (l. 17) de son heurs. À travers leurs héroïnes, ces romans
père, etc. Le reste des objets n’est pas détaillé : représentent ainsi la vie quotidienne, les rela-
l’auteur évoque « mille bibelots » (l. 6), des tions conjugales et familiales d’une époque.
« riens » (l. 7), des « choses poudreuses »
(l. 21). La vue de tous ces objets plonge Jeanne,
non pas dans le souvenir précis des êtres dis-
parus, mais dans un passé qu’elle paraît redé-
couvrir sans nostalgie.

130 THème 1 4e • La fiction pour interroger le réel


Lecture  Comment l’artiste – apports documentaires sur le naufrage de
représente-t-il l’homme la Méduse : http://www.lefigaro.fr/histoire/
dans l’actualité culture/2014/07/02/26003-20140702ART-
de son époque ?  p. 162 FIG00222-2-juillet-1816-le-naufrage-de-la-
meduse.php ;
Cette étape de la séquence est consacrée à une – présentation de l’œuvre : http://edutheque.
réflexion sur la représentation par les artistes arte.tv/program/palettes-gericault.
d’événements qui leur sont contemporains  :
quelle image en renvoient-ils ? Avec quels Oral  
enjeux ? 4. Si cette œuvre est ancrée dans le contexte des
événements survenus, elle est aussi considérée
1. Le Radeau de la Méduse de comme un chef-d’œuvre du Romantisme (mou-
Théodore Géricault vement artistique et littéraire privilégiant l’ex-
pression des sentiments et la vision d’un idéal).
Il s’agit, par une œuvre patrimoniale de réfé-
rence, d’amener une réflexion sur les notions de
démarches et d’enjeux artistiques.
2. Les Misérables de Victor Hugo
En piste ! La scène de la mort de Gavroche sera sans doute
encore lue par les élèves dans leur parcours
1. On utilisera le guide de lecture de l’image pour culturel. Il s’agit d’une première approche de
amener les élèves à comprendre qu’en première la façon dont elle est racontée et dont le per-
réception, ils peuvent déjà lire l’œuvre à partir sonnage est représenté, guidée par l’étude des
de ses éléments explicites et ainsi explorer l’im- réseaux lexicaux, du rythme de la narration et
plicite, et que leur compréhension va évoluer, par la construction d’inférences.
s’affiner dans un parcours de découverte. Cette
activité permet à chaque élève de construire sa En piste !
réflexion sous la forme d’une trace écrite, dans On attend les idées de détermination, de cohé-
une exploration menée en autonomie. sion dans le combat pour un idéal, représenté
2. Il est important de faire prendre conscience par une femme (par une allégorie) ; les élèves
aux élèves que l’analyse de l’œuvre trouve sa pourront être amenés à percevoir que la révolu-
pertinence dans un équilibre entre compréhen- tion de 1830 est représentée comme un mythe,
sion de l’explicite (représentation de rescapés au-delà du contexte historique elle devient un
sur un radeau) et interprétation (que signifie, événement emblématique.
par exemple, la voile gonflée par le vent venant 1.  On utilisera le guide de lecture pour com-
de droite ?). prendre le texte : Dans quel lieu et à quelle
3. En 1818, alors qu’il cherche un sujet de tableau période se passe déroule cette scène ? Qui sont
en lisant les faits divers dans les journaux, le les personnages en présence ? Que raconte ce
jeune peintre Théodore Géricault découvre texte ?
l’« affaire de la Méduse », un épisode tragique 2.  La démarche consiste à faire appréhender
de l’histoire de la marine française. Théodore aux élèves l’intensité et la visée du procédé,
Géricault veut se faire connaître par une œuvre plus qu’à les amener à l’étiqueter.
non conformiste, et effectivement cette œuvre La première phrase lie deux adjectifs qualifica-
impressionnante dépasse la simple relation d’un tifs attributs du sujet « le spectacle » : ces mots
fait divers : il se focalise sur l’après-naufrage, la de sens contradictoires sont unis dans une
dérive du radeau, et sur les hommes, les corps forme de complémentarité. Cette association
cadavériques, pour rendre la souffrance et la provoque un effet de surprise, choque, inter-
détresse. pelle.
Les sites suivants apporteront des compléments 3.  Pour représenter cette opposition com-
d’information : plémentaire développée dans le texte par un

séquence 10  La société dans l’œil du romancier du xixe siècle   131


entrelacement des champs lexicaux, les élèves une réflexion, voire un débat, permettant à
pourront copier le texte et surligner les termes divers avis de s’exprimer et de se justifier.
concernés de deux couleurs différentes. Ils pour- La recherche qui suivra distinguera les deux
ront également réaliser l’illustration d’un tissage œuvres : Le Radeau de la Méduse montre des
entre deux fils : personnages qui vivent tous dans la même situa-
– fil épouvantable : « Les gardes nationaux et tion ; l’un, porté en avant par les autres, est leur
les soldats riaient en l’ajustant » (l. 4), « Les représentant, leur porte-drapeau, tandis que
balles couraient après lui » (l. 10-11), « Il jouait Gavroche semble seul contre tous.
on ne sait quel effrayant jeu de cache-cache Gavroche est placé au premier plan dans
avec la mort » (l. 11-12) ; cette scène des Misérables, et les manifestants
– fil charmant : « taquinait » (l. 1), « s’amuser deviennent des figurants ; au-delà du contexte
beaucoup » (l. 2), « C’était le moineau bec- historique, il représente la résistance du peuple,
quetant les chasseurs » (l. 2-3), « bondissait » l’innocence, l’insouciance de l’enfance.
(l. 5), « disparaissait », « reparaissait », « se Dans les deux cas, les personnages ne sont pas
sauvait », « revenait » (l. 6), « lui, il chantait » des héros qui passent des épreuves et accom-
(l. 9), « c’était un étrange gamin fée », « On plissent des exploits ; mais la situation (entre la
eût dit le nain invulnérable de la mêlée » vie et la mort) et leurs attitudes, leur confèrent
(l. 10), « une pichenette » (l. 14), « l’enfant feu une dimension presque christique, qui en fait des
follet » (l. 15). icônes. La portée de leurs actes en fait des sym-
Les deux champs lexicaux se trouvent particu- boles, qui dépassent le cadre des événements
lièrement mêlés dans les expressions : « Il répon- évoqués, porte-parole de la vision du peuple.
dait à chaque décharge par un couplet » (l. 3),
« ripostait à la mitraille par des pieds de nez » Culture + site
(l. 6-7). Cette lecture permettra de cerner plus précisé-
Les élèves pourront prolonger ces observations ment l’engagement politique de Victor Hugo et
par une réflexion sur les effets produits par ce de prendre la mesure de l’importance accordée à
tissage. sa parole et à ses convictions dans la conscience
4. Les propositions sont le plus souvent juxtapo- républicaine, aujourd’hui encore, notamment
sées. Ce choix de construction confère un rythme dans des circonstances tragiques.
rapide à la scène : il illustre le caractère saccadé ➨ http://www.lemonde.fr/attaques-a-paris/
et fébrile des mouvements des personnages, et article/2016/01/10/le-texte-de-victor-hugo-
laisse percevoir la tension de l’atmosphère. lu-lors-de-l-hommage-aux-victimes-des-
attentats-place-de-la-republique_4844664_
5.  Victor Hugo représente Gavroche à la fois
comme un « nain » (l. 10), un « pygmée » (l. 16) 4809495.html
se battant contre des ennemis plus grands et
Je fais le point
plus forts que lui, et comme un « géant » (l. 17).
Ces images mettent à nouveau en relief l’am- Ces deux représentations artistiques montrent
bivalence du personnage, comme l’expression un peuple opprimé, méprisé, souffrant et mou-
« petite grande âme » (l. 26). rant, mais résistant et espérant jusqu’au bout
de sa lutte, pour la survie et la liberté. C’est une
créative
vision à la fois réaliste et porteuse d’un idéal.
6. Il s’agit d’un travail de réflexion sur les chan-
gements induits par le transfert de la focalisa-
tion ; l’élève doit élaborer son texte à partir des
éléments donnés par l’auteur dans le passage lu.
Question croisée
7. Cette question peut ouvrir sur un débat. On
attend un travail préalable sur le lexique, puis

132 THème 1 4e • La fiction pour interroger le réel


Lecture Que deviennent les construction d’images mentales, mise en valeur
personnages dans de détails raffinés, dans l’abondance et le luxe ; et
une ville en mutation ? p. 164 de l’intention : organisation savamment orches-
trée dans le but d’émerveiller, et de manipuler
Le premier extrait choisi amène le lecteur à pour vendre.
découvrir les grands magasins et à construire des
images mentales à partir de cette description. Oral  
Le second permet d’étudier la construction du 4. Cette phase de retour réflexif sur les straté-
personnage de Denise, à travers ses attitudes et gies individuelles est importante pour que les
sa représentation du magasin, et d’élaborer des apprentissages soient explicités et consolidés.
hypothèses sur la suite du récit. Les présentations individuelles seront prolon-
gées par des échanges, des enrichissements
mutuels, au sein du groupe et avec la classe.
1.  Au Bonheur des dames d’Émile Zola,
extrait 1 audio 5. Ce texte foisonnant donne beaucoup de
matière à l’imagination qui peut vite être per-
En piste ! due, dépassée : l’auteur met le lecteur à l’épreuve
Réponse libre des élèves. dans un jeu, dont le but semble être de le faire
tenir le plus longtemps possible dans la lecture
1. Cette activité a pour but d’apprendre à écou-
et dans l’effort de visualisation.
ter. Sans le texte, les élèves doivent fournir un
travail d’attention et de compréhension impor-
tant pour percevoir le sens global du texte, se
constituer des repères, et sélectionner les élé- 2. Au Bonheur des dames d’Émile Zola,
ments destinés à réaliser l’objet attendu. extrait 2
1. On utilisera le guide de lecture pour analyser
2. On utilisera le guide de lecture pour montrer
le texte.
que la compréhension procède par strates suc-
cessives. 2. Le magasin est représenté comme un
« monstre », une « machine » (l. 19).
3. Le texte pourra être copié et surligné de façon
manuscrite par les élèves, ou présenté et travaillé 3. Un illusionniste donne l’impression de faire de
sur TBI. Les expansions du nom (soulignées) la magie ; par les procédés auxquels il recourt,
sont des adjectifs qualificatifs épithètes liées ou l’auteur réaliste donne l’illusion de la réalité.
détachées (en gras), des compléments du nom 4. Face à l’étalage de tissus, Denise est à la fois
(en italique) et des propositions subordonnées stupéfaite, comme paralysée par son « effare-
relatives (surlignées). ment » (l.28), et fascinée : « la femme se réveil-
« D’abord, ils furent séduits par un arrangement lant en elle, les joues subitement rouges, elle
compliqué : en haut, des parapluies, posés obli- s’oubliait à regarder flamber l’incendie des
quement, semblaient mettre un toit de cabane soies » (l. 28-29).
rustique ; dessous, des bas de soie, pendus à 5. On attend l’observation d’une évolution du
des tringles, montraient des profils arrondis personnage par rapport au texte précédent : ses
de mollets, les uns semés de bouquets de roses, réactions paraissent plus intenses, et c’est elle à
les autres de toutes nuances, les noirs à jour, les présent qu’elle oublie, dans un transport impli-
rouges à coins brodés, les chairs dont le grain citement assimilé à l’éveil de la passion. Denise
satiné avait la douceur d’une peau de blonde ; semblait timide, perdue et fragile dans ce grand
enfin, sur le drap de l’étagère, des gants étaient magasin : elle révèle ici une ardeur, une force
jetés symétriquement, avec leurs doigts allon- insoupçonnée.
gés, leur paume étroite de vierge byzantine. »
Il peut être demandé de réduire le texte, afin créative
de prendre conscience des enrichissements 6.  L’étape de justification donne l’occasion à
apportés par les expansions et de leurs effets : l’élève de revenir sur ses choix, et de les expliciter

séQuence 10 La société dans l’œil du romancier du xixe siècle 133


dans une démarche critique. La construction Une vie à inventer p. 166
d’une trace écrite, si elle est guidée par un cadre
Atelier Inventer un récit réaliste et
d’exigences (développer et préciser ses justifica-
le lire…
tions), permet une véritable distanciation et l’af-
fûtage du sens critique. Le poème « À une passante » de Charles Baude-
laire a été choisi car il est une invitation à ima-
Question croisée giner, à créer. Le but est de montrer que nous
7.  Émile Zola place ses personnages dans une sommes tous des auteurs réalistes en puissance :
situation donnée, puis il les fait évoluer dans à partir de détails observés, d’impressions res-
le milieu représenté, à partir du postulat selon senties, nous sommes capables d’imaginer l’exis-
lequel le parcours de tout être est déterminé tence de personnes croisées ou aperçues. Cette
par un certain nombre de facteurs (génétique, activité place l’élève à l’origine du processus de
social, culturel, environnemental, etc.). création du récit réaliste. L’objectif de cet ate-
Un lien pourra être établi avec le roman pica- lier est de motiver les élèves pour l’écriture, en
resque : les personnages d’Émile Zola accom- leur donnant le rôle de créateurs de textes, de la
recherche de l’inspiration au plaisir de raconter
plissent-ils un parcours initiatique ?
des histoires.
Je fais le point
y Étape 1 : démarche.
Lorsqu’il écrit Au Bonheur des Dames, l’objet 1. – Légendes : du latin legenda, « les choses
d’étude d’Émile Zola est l’impact du dévelop- devant être lues, collectées, comprises ».
pement d’un grand magasin parisien, vendeur – Fables : du latin fabula, « récit, fable », prove-
d’effets féminins, sur des parcours individuels. nant du verbe grec fari, « parler » (« l’enfant »,
La démarche de l’écrivain est scientifique car – infans en latin, « étant celui qui ne parle pas
il part de l’observation : trouvant l’inspiration encore à »).
dans la situation de son époque, période de 2. Elles peuvent évoquer des personnes empres-
création de grands magasins à Paris, il met en sées, secrètes, mystérieuses, indifférentes à leur
place un contexte dans lequel il va faire évo- environnement, etc.
luer des personnages, comme s’il effectuait des 3. Les pistes sont nombreuses : il est possible
observations. de différencier les approches en fonction des
Elle est également esthétique car ces observa- besoins et objectifs des élèves.
tions ne sont pas consignées de façon explica- y Étape 2 : au brouillon.
tive dans un texte documentaire : l’auteur crée 4. Les critères d’évaluation concerneront la
un univers métaphorique, des figures, de véri- structure du récit, la mise en valeur du person-
tables caractères, afin de produire des effets, de nage et la capacité du texte à être compréhen-
susciter des impressions et des émotions chez le sible et à produire des effets à la lecture orale.
lecteur. Ces entrées intégreront les idées et les procé-
Dans Le Roman expérimental (1880), Émile Zola dés destinés à les mettre en valeur (une attente
a explicité cette démarche : « L’observateur chez de l’utilisation de tel fait de langue abordé par
lui donne les faits tels qu’il les a observés, pose l’enseignant dans sa progression pourra être pré-
le point de départ, établit le terrain solide sur cisée).
lequel vont marcher les personnages et se déve- 5. On attend une révision du texte en fonction
lopper les phénomènes Puis, l’expérimentateur des critères d’évaluation déterminés ; ceux-ci
paraît et institue l’expérience je veux dire fait pourront être affinés et adaptés selon le niveau
mouvoir les personnages dans une histoire par- de maîtrise et les besoins de chaque élève.
ticulière, pour y montrer que la succession des 6. La finalisation de la production consiste en
faits y sera telle que l’exige le déterminisme des une réécriture tenant compte des améliorations
phénomènes mis à l’étude. » apportées en phase de révision.

134 THème 1 4e • La fiction pour interroger le réel


y Étape 3 : lire le récit. sources de lumière, couleurs, formes, lignes,
7. À l’aide des entrées indiquées, des critères de mouvements, impressions dégagées.
réussite pourront être recherchés individuel- Lors de cette phase pourront être déterminés
lement, puis mutualisés et affinés par chaque collectivement des critères d’évaluation selon
élève en fonction de ses objectifs de progrès, par les entrées suivantes : structure du propos, perti-
l’établissement d’une forme de contrat. nence des idées, élocution.
y Étape 3 : réalisation.
Oral Regards de peintres p. 167 5. Il est important de montrer que cette phase
Atelier Comparer deux œuvres et mettra en relief la structure du raisonnement et
formuler un avis personnel à visera à donner de la clarté au propos.
l’aide d’un diaporama 6. Il s’agit d’apprendre aux élèves à établir des
Le choix de ces deux œuvres est motivé par le liens entre leurs idées et l’observation précise
fait que ce ne sont pas des peintures purement des tableaux, en s’appuyant sur les analyses
figuratives : le travail de création esthétique effectuées.
est d’emblée perceptible, et l’intérêt consiste à 7. Ce travail de formulation mènera à une
approfondir leur comparaison. concision dans la formulation ; il sera rappelé
La finalité consiste à présenter une réponse aux élèves qu’un diaporama réussi contient un
développée, argumentée, illustrée à la question texte synthétique qui résume l’essentiel, et la
posée en situation de communication : devant personne qui présente garde des éléments à ne
la classe, d’autres classes, les enseignants, ou les dire qu’à l’oral, pour éviter de lire le document
parents. projeté.
Les textes pourront être mis en voix ou en scène, y Étape 4 : finalisation.
sauvegardés sous format écrit et/ou audio, et 8. Cette partie du travail ne sera pas évaluée en
faire l’objet de réalisations illustrées afin de soi mais abordée comme l’un des facteurs de la
constituer une anthologie. réussite de la production orale.
y Étape 1 : en binôme. 9. Cette phase est l’objectif de réalisation de
1. On utilisera le guide de lecture de l’image l’atelier et peut donner lieu à un ou plusieurs
pour analyser les peintures : Que représente entraînements, puis être enregistrée et évaluée.
chacun de ces tableaux ? Comment ces images
sont-elles composées ? Quelles impressions pro-
duisent-elles ?
2. On attend une réflexion sur le travail de Langue La grammaire pour lire,
« fiction » qui permet de passer de la réalité à écrire et parler p. 30
l’œuvre d’art. L’objectif est d’amener les élèves à construire du
sens lorsqu’ils lisent ou écrivent des textes nar-
3. Ressources possibles : ratifs et descriptifs, en proposant deux pistes :
– http://www.impressionniste.net/ ; l’étude de l’expression du temps et l’observation
– http://www.musee-orsay.fr/fr/collections/ des réseaux lexicaux.
oeuvres-commentees/peinture.html ; En ce qui concerne l’étude de l’expression du
– http://www.histoiredelart.net/courants-pic- temps, ils en identifient les formes, notamment
turaux.html. les propositions subordonnées circonstan-
y Étape 2 : au brouillon. cielles dans la phrase complexe, et ils étudient
4. À l’aide du guide de lecture et en approfondis- des notions qui leur permettent d’analyser l’em-
sant les premières observations effectuées lors ploi des temps et les rapports des actions entre
de la découverte des œuvres, il s’agit d’amener elles (temps simples/temps composés, concor-
les élèves à déterminer des éléments de com- dance des temps, simultanéité/antériorité/pos-
paraison entre les deux œuvres : composition, tériorité).

séQuence 10 La société dans l’œil du romancier du xixe siècle 135


En lien avec l’étude des temps composés est La concordance des temps
abordée la question de l’accord du participe J’observe
passé. 4. a. – Extrait 1 : est – précède – saute – flaire –
En explorant les réseaux lexicaux parcourant les contiennent – fait.
textes, les élèves travaillent par ailleurs sur leurs – Extrait 2 : regarda – était tombé.
représentations et l’interprétation de ces images – Extrait 3 : rejoignait – arrivait – resta – était –
mentales, et ils s’interrogent sur les effets qu’elles venait.
produisent (ambiance, symboles). – Extrait 4 : se trouvaient – avait – allaient.
b. – Extrait 1 : « précède sa maîtresse » ➞
Les propositions subordonnées « saute sur les buffets » ➞ « flaire le lait » ➞
circonstancielles de temps « fait entendre son rourou matinal ».
J’observe – Extrait 2 : « était tombé » ➞ « regarda »
1.  a. « Quand le soleil se couche » : proposi- – Extrait 3 : « comme il rejoignait Bourdoncle et
tion subordonnée circonstancielle de temps ; Robineau » ➞ « une femme arrivait » ➞ « qui
« puis » : adverbe connecteur temporel ; « le resta quelques secondes plantée et suffoquée »
soir » : GN complément circonstanciel de temps.
➞ « après avoir hésité » ➞ « elle venait de déci-
b.  L’auteur apporte ces précisions pour situer der ».
l’action dans la journée, susciter des perceptions – Extrait 4 : « qui allaient révolutionner ».
liées à la fin de la journée (visuelles, auditives,
c. – Extrait 1 : présent de l’indicatif (« est »),
olfactives) et créer une ambiance empreinte de
« saute », « flaire », « contiennent », « fait
calme et de douceur.
entendre » ;
Je m’entraîne – Extrait 2 : gérondif (« En passant »), passé
2. a. • « Lorsque l’enfant paraît » : moment de simple de l’indicatif (« regarda »), plus-que-par-
la naissance (accouchement, arrivée de l’enfant ; fait de l’indicatif (« était tombé ») ;
réactions des membres de la famille présents ; – Extrait 3 : imparfait de l’indicatif (« rejoi-
observation de l’enfant, de son regard) ; gnait », « arrivait », « était », « venait »), passé
• « La nuit, quand l’homme dort, quand l’esprit simple de l’indicatif (« resta »), passé composé
rêve, à l’heure/Où l’on entend gémir, comme de l’indicatif (« avoir hésité ») ;
une voix qui pleure,/L’onde entre les roseaux » : – Extrait 4 : imparfait de l’indicatif (« était », « se
temps du sommeil puis du réveil, perceptions trouvaient », « avait », « allaient »).
visuelles et auditives des rêves et aussi de façon d. La chronologie permet de situer les actions
implicite des cauchemars, de l’expression d’une les unes par rapport aux autres, d’analyser l’or-
souffrance (« gémir ») ; fin de la nuit (réappari- ganisation et la progression du récit ainsi que
tion de la lumière, naissance du jour ; réveil de la la hiérarchisation des actions (organisation par
nature, perceptions visuelles et auditives). plans, effets de mises en relief, et rapports entre
b. Les constructions de phrase utilisées sont des durée de l’histoire et durée de la narration, effets
propositions subordonnées circonstancielles de mises en relief).
de temps : « lorsque l’enfant paraît », « quand Je m’entraîne
l’homme dort », « quand l’esprit rêve ».
L’intention est de poser un cadre temporel 5. L’objectif est d’amener les élèves à identifier
(étape de la vie, moment de la journée ou de deux temps dans la vie du personnage, délimi-
la nuit), exprimer et susciter des perceptions tés par le moment de son arrivée à Paris, et à
prendre conscience de l’élasticité du temps de
(visuelles, auditives), créer une atmosphère,
la narration : la chronologie devient plus floue
amener à interpréter (début de la vie, naissance
à partir de cette arrivée, comme pour exprimer
– renaissance, attentes et angoisses, etc.).
déjà le désarroi de Nantas.
c. Réponse libre des élèves. –actions ou situations antérieures : « avait
3. Réponse libre des élèves. donné » ;

136   Thème 1  4e • La fiction pour interroger le réel


– actions ou situations simultanées : « crut » ; rappelle parfaitement les places aux premiers
le jour-même : «  se mit en campagne  », temps de son arrivée, prennent une importance
« porta », « frappa », « espérant » ; soudaine de témoins oubliés, d’amis retrouvés.
–actions ou situations postérieures : « suffi- b. Les verbes à l’imparfait sont transposés au pré-
rait » ; au bout d’un mois : « avait obtenu », sent. Les verbes au plus-que-parfait sont trans-
« était mauvais », « disait-on ». posés au passé composé exprimant l’antériorité
par rapport au présent. Le verbe « eût songé »
Les temps composés conjugué au plus-que-parfait du subjonctif est
J’observe transposé au passé du subjonctif.
6.  a. et b. Le but est de montrer le lien entre 9. a. Il y a aussi là-dedans beaucoup de choses
formes composées et expression de l’antériorité que je ne connais pas, qui ne me rappellent rien,
dans ces exemples : venues de mes grands-parents, ou de mes arrière-
– Extrait 1 : « eût songé » (plus-que-parfait grands-parents, de ces choses poudreuses qui
du subjonctif/antériorité dans l’éventualité), ont l’air exilées dans un temps qui n’est plus le
« avait maniés » (plus-que-parfait de l’indicatif/ leur, et qui semblent tristes de leur abandon,
antériorité), « avaient traîné » (plus-que-parfait dont personne ne sait l’histoire, les aventures,
de l’indicatif/antériorité), « avait vus » (plus- personne n’ayant vu ceux qui les ont choisies,
que-parfait de l’indicatif/antériorité) ; achetées, possédées, aimées, personne n’ayant
connu les mains qui les maniaient familièrement
– Extrait 2 : « ayant vu » (participe passé/ anté-
et les yeux qui les regardaient avec plaisir.
riorité), «  ont choisies, achetées, possédées,
Guy de Maupassant, Une vie, 1883.
aimées » (passé composé de l’indicatif/antério-
rité), « ayant connu » (participe passé/antério- b. Les verbes à l’imparfait, qui se rapportent au
rité). temps de l’observation par la narratrice, sont
c. L’orthographe des participes passés employés transposés au présent. Les autres verbes à l’im-
dans les formes composées s’explique par : l’em- parfait se rapportent au passé des objets et ne
ploi de l’auxiliaire avoir (« eût songé », « avaient changent pas de temps. Les pronoms désignant
traîné », « avait maniés », « avait vus »), l’absence le personnage de Jeanne à la troisième personne
d’accord (« ayant vu », « ayant connu »), la posi- dans l’extrait de Guy de Maupassant passent à
tion du COD avant la forme verbale et précédé la première personne pour désigner la narra-
par un pronom relatif (« ont choisies, achetées, trice, de même que les déterminants adjectifs
possédées, aimées). possessifs.
L’orthographe des participes passés employés
comme adjectifs qualificatifs épithètes s’ex- Les réseaux d’images
plique par : épithète liées ou détachées (ou 10. a. À partir de l’idée centrale « Le progrès,
attribut : « exilées »), et l’accord en genre et créature monstrueuse », cette carte pourra pré-
en nombre avec le nom auquel ils se rap- senter trois branches correspondant chacune à
portent (« connus », « disparus », « retrouvés », l’un des textes :
« venues », « exilées »). – E xtrait 1 : les Halles, un « ventre » ;
– E xtrait 2 : « Au Bonheur des dames »,
Je m’entraîne
un « ogre » ;
7. Production libre des élèves. – E xtrait 3 : la mine de Montsou, une « bête ».
8. a. Elle aperçoit mille bibelots connus jadis, b. Réponse libre des élèves.
et disparus tout à coup sans qu’elle y ait songé,
des riens qu’elle a maniés, ces vieux petits objets
insignifiants qui ont traîné quinze ans à côté
d’elle, qu’elle a vus chaque jour sans les remar-
quer, et qui, tout à coup, retrouvés là, dans ce
grenier, à côté d’autres plus anciens dont elle se

séquence 10  La société dans l’œil du romancier du xixe siècle   137


thème 1 regarder le monde, inventer des mondes
4e – La fiction pour interroger le réel

Séquence
Un cas de conscience
11 Le Veston ensorcelé de Dino Buzzati

Fil directeur de la séquence


L’objectif de la séquence est de montrer aux élèves comment le fantastique peut répondre à des ques-
tions d’ordre anthropologique : Jusqu’où peuvent nous conduire nos envies de gloire et de richesse ?
Cette nouvelle de Dino Buzzati nous montre un homme en prises avec ses désirs de richesse, qui cède
à la tentation du pouvoir de l’argent, tout en percevant au fur et à mesure l’origine démoniaque de
cet argent qu’il reçoit sans effort. Malgré cela, il ne peut résister à la tentation, quitte à en payer le prix.
Ce récit permet d’interroger les élèves sur ce qu’ils auraient fait à la place du narrateur, et de leur mon-
trer que la littérature leur parle de questions vives et actuelles. Elle permet aussi, bien sûr, de découvrir
le genre fantastique, ses caractéristiques, et d’aborder un thème majeur de la littérature et du cinéma
fantastique : le pacte avec le diable et les dilemmes moraux qui y sont associés.

Compétences travaillées dans la séquence


Langage oral Écriture
Dans les pages de lecture… En atelier, p. 178
■ S’exprimer de façon maîtrisée en s’adressant à un X Écrire le début d’une nouvelle fantastique
auditoire X Réfléchir au genre fantastique
y Pratiquer le compte rendu ■ Pratiquer l’écriture d’invention et connaître
X Résumer une histoire lue, p. 177 les caractéristiques des genres littéraires
X La nouvelle fantastique
En atelier, p. 179 ■ Exploiter des lectures pour enrichir son écrit
■ Comprendre et interpréter des messages et des
X Lecture du Veston Ensorcelé
discours oraux complexes pour identifier les visées ■ Utiliser l’écrit pour penser
d’un discours.
X Écrits préparatoires
X Écouter une pièce radiophonique
■ Passer du recours intuitif à l’argumentation à
■ Exploiter les ressources expressives de la parole et
un usage plus maîtrisé
les techniques multimodales
X Expliquer pour faire comprendre : Rédiger une
X Enregistrer un texte qui fait peur
définition du fantastique, en s’appuyant sur
des lectures personnelles

Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue


■ Lire des textes variés avec des objectifs divers : Dans la double-page langue…, p. 180-181
y Recourir à des stratégies de lectures diverses ■ Construire les notions permettant l’analyse et la
(adapter sa lecture à l’objectif poursuivi, adapter production des textes et des discours
sa lecture aux supports, reformuler, y La notion de point de vue
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’observe », ■ Maîtriser le fonctionnement du verbe et son
« Je comprends » orthographe
y Formuler des impressions de lecture, percevoir y Maîtrise de la morphologie verbale
un effet esthétique X Les temps du récit : Passé simple, imparfait, plus
X Carte mentale « Lire un texte » : « Je lis », que parfait et présent de narration
« J’écoute », « Je réagis » ■ Construire les notions permettant l’analyse et la
production des textes et des discours

138 THème 1 4e • La fiction pour interroger le réel


Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue
yyReconnaître les implicites et faire les inférences et yyRepérage et interprétation des marques de
hypothèses de lecture nécessaires modalisation
XXCarte mentale « Lire un texte » : « J’interprète » ■■ Maîtriser
la structure, le sens et l’orthographe
■■ Lire et comprendre des images fixes ou mobiles des mots
XXCarte mentale « Lire une image » XXMise en réseau des mots de la peur
Dans les coins des mots
Enjeux culturels
■■ Lire
Comprendre un mot à partir de son étymologie
des œuvres littéraires et fréquenter des œuvres
(p. 174)
d’art
XXDévelopper des connaissances sur la nouvelle
réaliste et la nouvelle fantastique
■■ Situer les œuvres dans leur contexte historique et
culturel :
yyRelation textes littéraires, images illustratives et
adaptations cinématographiques
XXComparaison photogramme/texte

Enjeux de formation personnelle


XXComprendre comment le roman interroge
le statut et les limites du réel.

Lecture  Comment le fantastique se lecture. Il est intéressant aussi d’identifier tout


nourrit-il de la réalité ?p. 172 de suite ce qui pose des problèmes de compré-
hension aux élèves : en effet, il est fréquent que
L’objectif de cette séance est de faire construire tout en en comprenant l’action principale (assez
aux élèves l’une des premières caractéristiques simple à appréhender), les élèves ne perçoivent
du genre fantastique, à savoir l’ancrage de l’ac- pas l’enjeu anthropologique de ce récit et ce
tion dans un cadre réel. On propose d’ailleurs en qu’il nous dit sur nos envies de richesse.
parallèle la lecture du début de la nouvelle et un • Cette activité permet aux élèves de montrer
extrait de l’Introduction à la littérature fantas- quelle image des personnages ils ont construite.
tique, de Tzvetan Todorov, afin d’aider les élèves 1. « Je fis la connaissance d’un homme qui res-
à construire une définition du fantastique. plendissait… »
En piste ! 2. I ntroduction à la littérature fantastique de
Tzvetan Todorov
• Il s’agit d’une activité d’émergence des repré-
sentations des élèves, qui associent déjà beau- 1. Le point de vue du narrateur est interne (Je).
coup de choses au fantastique. L’enseignant 2. Les éléments qui ancrent le récit dans un
peut, dans un premier temps, noter au tableau cadre réel sont : la ville de Milan (l. 4), la rue Fer-
les mots des élèves, sans commentaires. Puis, rara (l. 20), qui existe vraiment.
collectivement, les mots sont examinés et caté- 3. Les éléments étranges sont :
gorisés. – le personnage ne comprend pas le nom de son
• On utilisera le guide de lecture pour découvrir interlocuteur : « il m’avait été impossible d’en
l’auteur et la date de création de l’œuvre, pour comprendre le nom » (l. 8-9) ;
identifier qu’il s’agit d’une traduction d’une – le narrateur lui trouve l’air un peu triste : « un
œuvre italienne. On peut demander aux élèves soupçon de tristesse » (l. 11) ;
quelles images ou quels films ils associent à ce – « L’homme eut un curieux petit sourire » (l. 14).
récit. Afin de vérifier la compréhension globale – le tailleur n’est connu de personne : « Presque
de l’histoire par tous, on peut leur demander qui personne ne le connaît » (l. 16) ;
sont les personnages et ce qu’ils font, ce que l’au- – il ne travaille que quand il en a envie ;
teur veut nous faire comprendre et quelles sont – il n’a jamais envoyé la note du tailleur qu’il a
les émotions qu’ils ont ressenties à la première fait.

séquence 11  Un cas de conscience – Le Veston ensorcelé de Dino Buzzati  139


Oral   En piste !
4.  Le tailleur peut être un personnage excen- On attend des élèves qu’ils trouvent quelques
trique, ou un personnage maléfique. illustrations du diable et qu’ils justifient leur
5. « Réalité ou rêve » – « vérité ou illusion » choix.
(l. 1) – « un monde qui est bien le nôtre » (l. 2) – Ils apporteront sûrement des illustrations du
« lois inconnues de nous » (l. 8) – « hésitation » diable le montrant comme un être rouge, cornu,
(l. 11) – « lois naturelles » – « événement […] aux pieds fourchus et à l’aspect repoussant,
surnaturel » (l. 12). armé d’un trident. L’intérêt de cette activité
est de confronter ces représentations du diable
réflexive avec la description très brève et presque discrète
6. On attend des élèves qu’ils soient capables du tailleur, et de réfléchir aux différentes appa-
de reformuler avec leurs propres mots certaines rences possibles du mal. Dans cette rencontre
caractéristiques du fantastique : l’irruption du entre le narrateur et le diable, tout repose sur les
surnaturel incompréhensible dans un cadre impressions négatives et le malaise du narrateur.
naturel bien connu, l’hésitation du personnage
devant cet événement entre rationalité et fan-
tastique, illusion ou réalité, folie ou explication 1. « Il vint en personne m’ouvrir la porte. »
logique, l’apparition de personnages inquiétants 2. La chute de Lucifer de Gustave Doré
et difficiles à cerner, comme celui que rencontre 1. On favorise, par cette question, la verbalisa-
le narrateur lors d’une réception à Milan. tion des ressentis des élèves face à un texte et à
Je fais le point un personnage.
2. Le narrateur est mal à l’aise devant ce per-
Le début de cette nouvelle s’ancre fortement
dans un cadre réel existant (la rue Ferrara sonnage : tout d’abord, il le trouve « sym-
existe vraiment à Milan), « dans un monde pathique » (l. 6), mais ressent ensuite « un
qui est bien le nôtre », d’après Tzvetan Todo- malaise » (l. 8), il n’a aucune envie de le revoir,
rov. Mais le narrateur fait la rencontre d’un souvenir déplaisant, et aucune envie de porter
personnage étrange, difficile à cerner (il ne le costume.
comprend pas son nom, il a des attitudes un Proposer des étayages à la lecture
peu étranges), qui lui parle d’un tailleur lui Pour les élèves qui en auraient besoin, on peut
aussi étrange (grand maître inconnu qui ne proposer des aides qui étayeront davantage la
se fait pas payer). Soit il est face à un person- lecture de cet extrait :
nage maléfique et inquiétant, soit il trouve des • une aide lexicale :
hypothèses rationnelles pour expliquer ce qu’il – « logis » (l. 1) : domicile ;
peine à comprendre. – « tailleurs » (l. 2) : artisan qui crée des cos-
tumes sur mesure ;
– « doucereux » (l. 9) : qui a une douceur un peu
désagréable et hypocrite ;
Lecture Comment le récit bascule- – « en somme » (l. 9) : en résumé ;
t-il dans le surnaturel ? p. 174 – « complet » (l. 10) : costume (pantalon, veste
et parfois gilet).
Dans cette séance, les élèves découvrent com-
ment un récit bascule dans le fantastique, quand ➨ En téléchargement sur le site www.hachette-
aucune explication rationnelle n’est plus pos- education.com, un tableau pour relever les
sible : après une rencontre avec le tailleur, qui éléments demandés.
n’est autre que le diable, le narrateur découvre
le pouvoir étonnant de son veston et essaie d’y 3. « plus tard » (l. 7) – « quelque vingt jours plus
faire face. tard » (l. 10) – « des semaines » (l. 13-14).

140 THème 1 4e • La fiction pour interroger le réel


Ces indices temporels montrent bien la réti- il plonge la main de nouveau dans la poche, et
cence du personnage à essayer son costume, et à sent sous ses doigts un nouveau billet.
entrer dans le jeu du diable. 2. On entre dans le fantastique à partir de la
4. Dans le document 2, le diable est représenté ligne 12, quand le narrateur plonge pour la
sur le sol d’une caverne, ou au pied d’une mon- seconde fois sa main dans sa poche. Il blêmit,
tagne, comme s’il venait d’y tomber. Il a des sans doute de peur, comme le lui fait remarquer
ailes qui ressemblent davantage à celles d’une sa secrétaire, qui lui demande s’il se sent bien.
chauve-souris (un animal de la nuit, associé à 3. « Qu’avez-vous, monsieur ? Vous ne vous sen-
des représentations effrayantes de la nuit) qu’à tez pas bien ? » (l. 14) – « pâlir comme la mort »
celles d’un ange. Ses armes sont au sol devant (l. 16) – « léger vertige » (l. 18) – « Mon cœur se
lui. On comprend qu’il vient de tomber, d’être mit à battre la chamade » (l. 24).
déchu du paradis. Le narrateur subit un choc émotionnel à la
5. Le peintre met en valeur la chute, notam- découverte de ce phénomène surnaturel, qu’il
ment en utilisant la technique du clair-obscur, ne peut expliquer rationnellement. Ses émo-
qui consiste à jouer avec la lumière sur un fond tions montrent qu’il est en train de s’affoler.
d’ombre en utilisant des contrastes, afin de créer 4. On trouve du passé simple et de l’imparfait,
de la profondeur. qui sont les temps habituels du récit (le passé
Oral   simple pour les actions de premier plan et l’im-
parfait pour les actions de second plan).
6. Comme il s’agit d’une activité orale, on peut
Mais, on trouve aussi des verbes au présent,
encourager les élèves à réfléchir à leurs répliques,
d’une part dans les dialogues, mais également
à préparer quelques notes, mais sans forcément
des lignes 5 à 7, qui correspondent à un aparté
rédiger des paroles qui ne seraient ensuite que
du narrateur sur ses habitudes : « Par habitude
lues.
je ne mets rien dans la poche droite de mon
On peut imaginer que le diable discute avec son veston, mes papiers je les place dans la poche
serviteur de la façon dont il a piégé le narrateur, gauche. Ce qui explique […] » (l. 5-6). Comme
des réactions futures de celui-ci et du prix qu’il l’ensemble de la nouvelle est un retour en arrière,
lui demandera en échange de ses services. Le ser- on peut donc en déduire qu’il s’agit d’un présent
viteur peut lui faire la liste des autres hommes d’énonciation.
ou femmes qui ont cédé à la tentation et à ce 5. La première référence du personnage, face à
qu’il est advenu d’eux. ce qu’il est en train de vivre, est celle des contes
Le coin des mots de fée et du merveilleux, monde dans lequel les
lois naturelles sont différentes des nôtres. On
– Lucifer : du latin lux, lucis signifiant « la
comprend à travers cette phrase, le doute qui
lumière », et fero signifiant « porter » ➞ celui
s’installe dans la tête du narrateur, qui cherche
qui porte la lumière.
une explication rationnelle à sa situation, sans la
Lucifer était l’un des premiers anges auprès de trouver.
Dieu, mais c’est un ange rebelle qui est chassé
du paradis. Il se venge en créant son propre créative
domaine en Enfer. 6. Il est important, pour cette activité, que les
élèves se mettent à la place du narrateur et inte-
3. « J’avais dû pâlir comme la mort. » ragissent avec le texte. C’est l’un des enjeux de la
1. Le héros se décide enfin à passer son costume. problématique générale du chapitre. Les élèves
Il trouve un billet de dix mille lires dans la poche peuvent décrire des émotions comme la sur-
(l. 9). Il pense tout d’abord que c’est le tailleur qui prise, la peur, la panique, le déni, l’affolement,
a oublié cet argent dans la poche, mais alors qu’il ou au contraire, la joie, l’insouciance, l’absence
appelle la secrétaire pour qu’elle le lui signale, de scrupules.

séQuence 11 Un cas de conscience – Le Veston ensorcelé de Dino Buzzati 141


Je fais le point
un aspect hybride, avec un corps humain et
un visage de mort. Leurs yeux rouges flam-
Le fantastique met les personnages dans des boyants rappellent certaines représenta-
situations de doute et d’angoisse. Ces derniers tions du diable.
hésitent sur le sens à donner à ce qu’ils sont
en train de vivre et de ressentir. Ce genre place 1. « Une singulière coïncidence refroidit
les personnages face à des situations qui leur
demandent de faire des choix sur l’interpréta- mon délire joyeux. » audio
tion qu’ils font des événements. Et c’est cela qui Découvrir un texte à l’aide d’un QCM
est très perturbant pour eux : Sont-ils en train de La lecture audio proposée constitue en soi un
devenir fous ? Quelqu’un se joue-t-il d’eux ? Dans dispositif d’AP, puisqu’elle permet d’aider à
quelle machination diabolique sont-ils tom- la lecture les élèves qui peinent à construire
bés ? Pourquoi eux et pas quelqu’un d’autre ? seuls le sens d’un texte. On peut aussi propo-
Qui doivent-ils croire ? Peuvent-ils encore faire ser un questionnement par QCM, pour iden-
confiance à leurs propres capacités de raisonne- tifier les différentes émotions ressenties par le
ment ? C’est en cela que le fantastique joue avec narrateur, pour les élèves ayant besoin d’une
nos peurs les plus secrètes. lecture plus guidée.

➨ En téléchargement sur le site


www.ressources.hachette-education.com/
Lecture Le personnage est-il maître francais, un enregistrement audio de l’extrait
de son destin ? p. 176 du Veston ensorcelé de Dino Buzzati.

Les deux textes de la séance ont pour objectif a. Le narrateur commence par être :
d’analyser avec les élèves les décisions que le – fou de joie de cette richesse soudaine ;
narrateur prend face à la situation dans laquelle – soulagé de ne plus revoir le tailleur ;
il est mis. C’est l’un des enjeux essentiels de – terrifié par ce qui lui arrive ;
cette nouvelle (Que faire d’un argent facile- – à la fois heureux et terrifié, sans savoir
ment gagné, que l’on me mérite pas et qui vient vraiment ce qu’il ressent.
du malheur des autres ?). C’est cette réflexion
anthropologique que les élèves ne perçoivent b. « Mais une singulière coïncidence refroidit
pas toujours bien à la première lecture. mon délire joyeux » signifie que :
– il a rencontré quelqu’un par hasard et que
En piste ! site
celui-ci lui dit de faire attention ;
• Les personnages de l’animation Death Note – une nouvelle apprise par hasard lui fait
sont des dieux de la mort, qui vivent dans prendre conscience qu’il y a un problème ;
des grottes souterraines au monde des – sa joie est gâchée par une mauvaise nouvelle ;
humains. Ce dessin animé décline le thème – il devient fou à cause de ce veston magique.
du pacte avec le diable, même s’il s’agit ici de
c. Ce qui lui permet de faire le lien entre les
dieux de la mort.
événements lus dans le journal et son veston,
• L’objectif de cette activité est de travailler sur
c’est :
les représentations de l’Enfer. Dans ce des-
– la somme volée qui correspond exactement
sin animé, il s’agit du monde des dieux de la
à la somme qu’il a prise dans son veston ;
mort, ce qui est un peu différent car les âmes
– les voleurs qui ont opéré pas très loin de
des mortels n’y parviennent pas. Ceci dit, les
chez lui ;
couleurs sombres, les décors de cavernes et
– les voleurs ont cambriolé le tailleur qui avait
de sols désertiques, le ciel tourmenté, tout
fait son veston.
contribue à la construction d’un monde
mort sans vie et sans couleurs. Les dieux de d. Cette découverte le laisse :
la mort ont une apparence effrayante, avec – angoissé ;

142 THème 1 4e • La fiction pour interroger le réel


– furieux ; 4. Soit le narrateur continue à s’enrichir, au
– hésitant ; détriment d’autres personnes dans le monde,
– triste. soit il s’arrête.
e. Malgré ses doutes, le narrateur continue de 5. Cette question vise à encourager les élèves
tirer de l’argent de sa poche, car : à se projeter dans la problématique de la
– il veut voir combien d’argent il peut avoir séquence et du texte et à comprendre que
en tout ; les textes littéraires nous questionnent for-
– il ne peut s’empêcher d’avoir envie d’être tement sur nos désirs ou nos envies les plus
encore plus riche ; inavouables et les plus secrètes. À partir des
– le diable l’a envoûté et il ne peut s’arrêter ; réponses des élèves, on peut ouvrir le débat
– il veut rendre l’argent à ceux qui l’ont perdu. sur la limite entre le bien et le mal, qui, sans
relever du fantastique, est un sujet qui peut
f. Finalement il comprend que : interpeller les élèves.
– il doit rendre l’argent ;
– il a beaucoup de chance d’avoir trouvé ce créative
veston ; 6. Il s’agit d’un écrit de reformulation du texte
– son argent a un lien diabolique avec les lu. En effet, après avoir identifié les différents
malheurs du monde ; sentiments qui traversent le narrateur, les
– le tailleur va venir chercher l’argent du ves- élèves doivent pouvoir les reformuler à leur
ton. tour, sous forme de journal intime :
1. Le récit écrit à la première personne permet – le sentiment d’être perdu et de ne pas savoir
de connaître toutes les pensées et sentiments s’il doit se réjouir ou être terrifié par ce qui
du personnage. lui arrive ;
2. L’argent que le personnage sort de la poche – le soulagement en même temps de sentir
du veston semble lié à des délits et crimes l’argent dans sa poche, comme pour s’assu-
commis partout dans le monde. Le montant rer qu’il ne s’agit pas d’un rêve ;
de ces vols correspond toujours exactement à – sa perplexité en découvrant les faits-divers
la somme que le narrateur extrait de son ves- dans les journaux et en établissant le lien
ton. avec l’argent qu’il obtient ;
– son irrésistible attirance pour une vie de
3. Au départ, le narrateur est perdu et ne sait luxe ;
pas s’il vit « un rêve » (l. 1). Puis, il se met à – et surtout les fausses excuses qu’il se donne,
avoir des doutes sur l’origine de cet argent, pour arranger sa conscience, et continuer à
notamment en découvrant les gros titres des
profiter de cet argent maudit.
journaux qui annoncent un cambriolage du
même montant que l’argent qu’il a tiré de sa
poche : « Pouvait-il exister un rapport entre 2. « Trop tard, trop tard ! » audio
ma richesse soudaine et le hold-up de ces 1. L’événement qui fait changer le narrateur
bandits survenu presque en même temps ? » est la mort d’une vieille dame qui habitait
(l. 14-15) Mais l’attrait d’une vie de luxe l’at- dans son immeuble, et qu’il connaissait depuis
tire, car « Plus on possède et plus on désire » longtemps. La réalité des morts qu’il provoque
(l. 17). Il continue donc à soutirer de l’argent devient concrète et lui fait prendre conscience
de son veston, en se cherchant des excuses, car de ses actes.
« c’était toujours une concordance vague, qui
2. Il est trop tard car le narrateur a profité du
n’était pas étayée par des preuves logiques »
cadeau empoisonné du diable, et que celui-ci
(l. 23-24) ; mais en lui-même, il sait que tout
viendra chercher son dû.
est lié, voire même que c’est sa cupidité qui
est le déclencheur de ces événements mal- 3. Il s’agit de phrases nominales, sans verbes.
heureux. 4. D’autres phrases nominales :

séQuence 11 Un cas de conscience – Le Veston ensorcelé de Dino Buzzati 143


– « Disparus de mes nombreux coffres-forts les de son veston, dans les mains du narrateur). Le
gros paquets d’actions » (l. 24-25) ; narrateur décide à ce moment-là de détruire
– « Et de la poussière, rien que de la poussière, le veston. Il le brûle dans une vallée perdue
dans la vieille malle » (l. 25). des Alpes. Il entend alors une voix qui lui dit
Ces phrases nominales accentuent le sentiment « Trop tard ! ». Quand il retourne à sa voiture,
de désarroi du narrateur, qui ne peut plus agir elle a disparu, ainsi que sa villa et toutes les
(pas de verbes), mais seulement constater les richesses qu’il s’était procurées avec cet argent
faits. maudit.
5. Le tailleur demandera certainement l’âme du – Les jours suivants, il reprend donc son travail,
narrateur. mais attend avec angoisse la venue du tailleur
Oral   (le diable) qui viendra se faire payer la note de
son costume.
6. • On attend des élèves qu’ils sachent sélec- • Conclusion : On attend des élèves qu’ils s’in-
tionner les événements essentiels de cette his- terrogent sur les notions de Bien et de Mal, et
toire pour la résumer : sur l’incapacité du narrateur à refuser plus tôt
– Le récit commence un soir, quand le narrateur cet argent mal acquis, cause de malheurs, alors
fait la connaissance d’un homme habillé d’un qu’il est conscient de sa provenance. Car fina-
costume d’une très grande élégance. En discu- lement, tant que le système fonctionne et qu’il
tant avec lui, le narrateur apprend le nom du peut en bénéficier, il préfère fermer les yeux sur
tailleur qui a confectionné le costume. les désastres qu’il provoque par sa cupidité.
– Il décide de s’y rendre peu après et fait la
Je fais le point
connaissance du tailleur Alfonso Corticella,
qui lui laisse une impression désagréable, bien Les pactes avec le diable symbolisent les envies
qu’il ait été tout à fait courtois. déraisonnables des hommes et des femmes
– Une vingtaine de jours plus tard, il reçoit son (richesse, jeunesse éternelle, être aimé, pouvoir,
costume, qui lui va parfaitement, mais sans etc.), celles pour lesquelles ils n’acceptent pas
savoir pourquoi, il préfère ne pas le porter et l’échec, et sont prêts à tout pour assouvir ces
le range. désirs.
– Plusieurs semaines passent avant que le nar- L’œuvre en question
rateur ne se décide à porter son complet. Il
est satisfait de la coupe du vêtement, mais en Une richesse qui se fait au détriment d’autres
glissant la main dans une poche, il y trouve un personnes, en les blessant, ne peut être source
billet de dix mille lires. Il pense alors que c’est d’épanouissement et de construction des indivi-
le tailleur qui l’a oublié dans la poche du ves- dus. Le pouvoir de l’argent est tel, qu’il parvient
ton, mais en y replongeant la main, il en sort à endormir la bonne conscience du héros, qui
un second billet qui n’y était pas auparavant, refuse de renoncer à cette richesse mal acquise,
puis un troisième. Après s’être remis de ses en fermant les yeux sur sa provenance.
émotions, le narrateur passe sa nuit à tirer des
billets de banque de la poche de son veston,
et accumule ainsi cinquante millions de lires.
– Mais le lendemain matin, il apprend par les Le capharnaüm de l’étrange
journaux qu’un cambriolage a eu lieu dans la p. 178
ville, pour un montant de cinquante millions. Atelier 1 Écrire le début d’une nouvelle
Il fait le lien entre les deux événements et com- fantastique
prend que l’argent de son veston a un lien avec
des crimes ou des vils commis autour de lui. créative
– Un jour, c’est une vieille dame de son immeu- On attend des élèves qu’ils écrivent un récit
ble qui se suicide parce qu’elle a perdu l’argent à la première personne, et qu’ils respectent
de sa pension (argent qui a atterri, par le biais les caractéristiques d’un début de récit

144 THème 1 4e • La fiction pour interroger le réel


fantastique, c’est-à-dire qu’ils proposent une regard, ou au contraire se confondre avec le
description réaliste du cadre, mais en inté- décor, poussiéreux et terne, ne demandant
grant déjà quelques éléments étranges. Pour qu’à être nettoyé, pour décrire l’objet choisi
accompagner les élèves dans cet écrit, on peut (n’oubliez pas d’y introduire un ou plusieurs
travailler avec eux sur les critères de réussite, éléments étranges dès la première descrip-
étape par étape tion) ;
y Étape 1 : premier paragraphe. – vous décrirez les sentiments du narrateur
1. Le récit est écrit à la première personne. face à cet objet qui le met mal à l’aise : avoir
Le choix des temps est libre, même si on peut l’impression de, frissonner, hésiter, remarquer,
inciter les élèves à utiliser les temps du passé. être pris de nausées, se sentir mal, manquer de
Le cadre de l’action est un vieil entrepôt, ou défaillir, etc. Ces différentes manifestations
une pièce sombre, qui sera plus propice à
de la peur peuvent être listées au préalable
l’arrivée progressive de l’étrangeté. On peut
développer les pensées et sentiments du nar- avec les élèves.
rateur qui peut être soit un passionné de ce Atelier 2 Réfléchir au genre fantastique
genre d’endroit, à l’affût de l’objet rare, soit un
promeneur égaré qui déambule au hasard de réflexive
ses pas, étonné par tout ce qu’il voit. Il s’agit d’accompagner les élèves dans les pre-
2. Il est nécessaire de décrire quelques objets, miers pas d’une écriture réflexive, une écriture
comme dans le texte de Théophile Gautier. pour apprendre.
On peut s’inspirer d’illustrations de cabinets
de curiosités, et lister avec les élèves quelques 1. On attend des élèves qu’ils mobilisent dans
exemples d’objets hétéroclites et surpre- ce texte à la fois ce qui a été construit dans
nants : un poisson exotique empaillé, des bois la séquence, mais aussi des éléments issus de
de cerf accrochés au mur, un instrument à leur propre culture littéraire ou cinématogra-
cordes fabriqué dans une carapace de tortue, phique. Il est important qu’ils mentionnent :
des coquillages aux formes biscornues, des – le cadre réel de l’action (mais qui peut aussi
médailles militaires, une cruche ébréchée, une être un lieu propice à l’étrangeté) ;
mappemonde montée à l’envers, des bijoux – l’apparition d’un phénomène surnaturel
ternes et poussiéreux, un oursin séché, une inquiétant et inexplicable ;
montre à gousset, des plumes d’oie dans un – les hésitations des personnages et la peur
encrier, un crâne humain aux orbites vides, qu’ils ressentent face aux événements vécus ;
une momie de crocodile, une dent de baleine, – la présence de créatures maléfiques.
un miroir fêlé, une boussole qui indique le
sud, etc. 2. Cette étape a pour objectif de travailler
l’utilisation du brouillon. On commence par
y Étape 2 : deuxième paragraphe.
demander aux élèves de lister les mots-clefs,
3. Pour cette seconde étape d’écriture, on
établit avec les élèves de nouveaux critères de qu’ils associent au fantastique : cadre réel,
réussite : événement surnaturel, doute, peur, créatures
– parmi tous les objets décrits précédem- surnaturelles, etc.
ment, vous en choisissez un pour le décrire 3. Pour chaque mot-clef, on demande aux
plus précisément : forme, couleurs, texture, élèves de trouver un exemple qui y corres-
élément étrange et surprenant, origine pond dans la nouvelle de Dino Buzzatti.
(exotique ou non), histoire de l’objet (notée
sur un cartel par exemple, à côté de l’objet) ; Caractéristiques Exemples
– vous pourrez utiliser du vocabulaire comme Apparition Le narrateur trouve des billets de
on aurait dit que, sembler, avoir l’air de, res- d’un événement banque dans sa poche.
sembler à, resplendir, étinceler, attirer le surnaturel

séQuence 11 Un cas de conscience – Le Veston ensorcelé de Dino Buzzati 145


Caractéristiques Exemples Oral Dire sa peur p. 179
Le narrateur ne sait pas si ce qu’il Atelier Raconter un de ses pires
vit est réel ou s’il est en train de cauchemars
Doute devenir fou. Il pense tout d’abord
que c’est le tailleur qui a oublié y Étape 1 : Le Cri. audio

l’argent dans la poche du veston. 1. On utilisera le guide de lecture de l’image


Le tailleur est en fait le diable, pour analyser la peinture. Au premier plan, il y a
qui a passé un pacte avec le un homme en train de crier en se tenant la tête
narrateur. La description qui en entre les mains. Cette posture exprime une très
Créature est fait vise à créer un certain forte angoisse. À l’arrière-plan, les lignes sont
surnaturelle malaise devant le personnage, ondulées, ce qui accentue l’impression de pen-
dont on ne comprend pas bien sées torturées.
au départ les faits et gestes (il ne
se fait pas payer, il disparaît).
Edvard Munch écrit dans son journal, le 22 jan-
vier 1892 : « Je me promenais sur un sentier avec
4. On attend des élèves qu’ils soient capables deux amis – le soleil se couchait – tout d’un coup
de nommer et d’expliquer une caractéristique le ciel devint rouge sang. Je m’arrêtai, épuisé, fati-
de l’écriture fantastique. Par exemple, le récit gué, et m’appuyai sur une clôture. Il y avait du
à la première personne, pour permettre le sang et des langues de feu au-dessus du fjord
point de vue interne, le récit des hésitations bleu-noir de la ville. Mes amis continuèrent, et je
avec l’utilisation d’un vocabulaire de la peur restai, tremblant d’anxiété, je sentais un cri infini
et de l’incertitude, la recherche d’hypothèse qui se passait à travers l’univers et qui déchirait
rationnelle à ce que le personnage vit de sur- la nature. »
prenant, etc. 2. L’acteur joue sur l’intensité et le débit. Les
élèves écoutent l’émission radiophonique (lien
Susciter l’imagination par l’image disponible sur le site élève).
L’objectif de cet AP est de susciter l’imagina- y Étape 2 : au brouillon.
tion des élèves et de leur permettre d’entrer 3. On attend des élèves qu’ils utilisent un
plus facilement dans la description d’objets champ lexical de la peur, et qu’ils décrivent un
étranges et rares. cauchemar, en rendant compte de l’impres-
Pour aider les élèves à entrer dans l’acti- sion déstructurée de ce type de narration (par
vité, on peut leur projeter la scène de début exemple, ne pas s’attarder sur les connecteurs
des Gremlins (1984), film de Joe Dante, dans temporels ou logiques, privilégier l’utilisation du
laquelle un père de famille se trouve dans présent qui accentue l’impression d’immédia-
une boutique étrange de vieux objets, à la teté du cauchemar).
recherche d’un cadeau pour l’anniversaire y Étape 3 : pour améliorer son texte.
de son fils (https://www.youtube.com/ 4. L’objectif de cette activité est de faire prendre
watch?v=IbpUA7bwTWk). conscience aux élèves que tout texte a un ou
Des liens vers quelques illustrations de cabi- plusieurs lecteurs. Cela les oblige à se relire, à
nets de curiosités peuvent également inspirer lire à haute voix leur production (ce qui peut
les élèves pour la description d’objets étranges rendre plus visible les erreurs de construction
et hétéroclites (http://monsieur-honore.fr/). syntaxique ou d’absence de ponctuation). On
On peut aussi tout simplement projeter aux demande aux élèves du groupe de donner leur
élèves des images de cabinets de curiosités avis sur l’aspect compréhensible ou non de ce
trouvés grâce à un moteur de recherche. qui est lu, et de vérifier que le champ lexical de la
On attend des élèves qu’ils prennent des peur est suffisamment représenté.
notes sur les objets étranges vus dans ces dif- y Étape 4 : mise en voix du texte.
férents supports, afin de préparer la produc- 5. Cette activité est intéressante pour mener les
tion écrite. élèves au bout de l’activité de réécriture et de

146 THème 1 4e • La fiction pour interroger le réel


relecture. C’est une activité qui peut être com- authentique au possible et les enfants semblent
plexe pour les élèves, qui ne sont pas toujours à ravis d’être là. Laisse-moi cependant te raconter
l’aise avec la lecture expressive des textes. Mais une aventure étrange, un peu désagréable, qui
cela peut être fait à la maison, en demandant m’est arrivée cette nuit. Tu verras que j’ai su
aux élèves d’envoyer leur fichier à l’enseignant gérer tout cela avec diplomatie, comme à mon
par le biais de l’ENT par exemple. habitude… »

Les temps du récit


Langue  La grammaire pour J’observe
lire, écrire et parler p. 180 5.  a. Le premier texte est écrit entièrement au
passé simple, le second à l’imparfait. Les deux
Le point de vue du narrateur textes ne fonctionnent pas car le récit au passé a
J’observe besoin de l’alternance de ces deux temps, selon
1. a. Point de vue externe. les actions décrites. C’est cela que l’auteur essaie
b. Point de vue interne ou omniscient. de montrer à travers ces deux textes.
c. Point de vue interne. b. On perçoit assez rapidement l’incorrection
Il s’agit de la même action, racontée selon des de ces textes. Il peut être intéressant de deman-
points de vue différents. On observe que cer- der aux élèves de relever les verbes pour lequel le
tains points de vue permettent de donner plus temps verbal n’est pas adapté.
d’informations sur le personnage ou sur ses c. C’était midi. Les voyageurs montaient dans
habitudes de vie (les points de vue interne ou l’autobus. On était serré. Un jeune monsieur
omniscient). portait sur sa tête un chapeau entouré d’une
Je m’entraîne tresse, non d’un ruban. Il avait un long cou. Il se
2. – Extrait 1 : Point de vue interne. plaignait auprès de son voisin des bousculades
– Extrait 2 : Point de vue omniscient. que celui-ci lui infligeait. Dès qu’il aperçut une
place libre, il se précipita vers elle et s’y assit. Je
– Extrait 3 : Point de vue interne. l’aperçus plus tard devant la gare Saint-Lazare. Il
3. Les élèves peuvent choisir de réécrire ce récit se vêtait d’un pardessus et un camarade qui se
à la première ou à la troisième personne. Mais, le trouvait là lui fit cette remarque : il faut/fallait
point de vue doit être interne, c’est-à-dire que mettre un bouton supplémentaire.
le fantôme ne peut pas raconter ce qui se passe D’après Raymond Queneau, Exercices de style,
dans la chambre de Mr. Otis avant son arrivée © Éditions Gallimard, 1947.
dans le couloir avec sa fiole d’huile. De la même
façon, il ne peut pas se décrire lui-même, mais Je m’entraîne
peut en revanche décrire Mr. Otis. 6. D’où venaient ces influences mystérieuses qui
Exemple : « Une nouvelle famille vient d’arriver changeaient en découragement notre bonheur
au manoir. Cela va rompre ma solitude. Enfin et notre confiance en détresse ? On aurait dit
un peu d’animation. À onze heures, la famille que l’air, l’air invisible était plein d’inconnais-
se retire dans ses appartements, mais j’attends sables Puissances, dont nous subissions les voi-
onze heures et demie que toutes les lumières sinages mystérieux. Je m’éveillai plein de gaieté,
soient éteintes. À moi de jouer maintenant !… » avec des envies de chanter dans la gorge. – Pour-
4. On attend des élèves qu’ils respectent la quoi ? – Je descendis le long de l’eau ; et soudain,
forme de la lettre, et qu’ils reformulent ce récit après une courte promenade, je rentrai désolé,
au point de vue interne, du point de vue de Mr. comme si quelque malheur m’attendait chez
Otis. moi. – Pourquoi ? – Était-ce un frisson de froid
Exemple : « Mon très cher frère Canterville, qui, frôlant ma peau, avait ébranlé mes nerfs et
Nous sommes bien arrivés en villégiature dans assombri mon âme ?
cette bonne ville de Canterbury. Le manoir est D’après Guy de Maupassant, Le Horla, 1887.

séquence 11  Un cas de conscience – Le Veston ensorcelé de Dino Buzzati  147


7.  L’objectif de cette activité est de permettre élèves, à évaluer leur compréhension globale du
aux élèves de réfléchir aux difficultés orthogra- récit et à identifier leurs difficultés. La question
phiques rencontrées dans cette dictée. Les dif- 2 permet aux élèves de s’interroger sur le
ficultés rencontrées peuvent concerner l’accord caractère des personnages.
des adjectifs, la conjugaison du passé simple et
du présent, les participes passés. Pour approfondir la lecture
6. Les événements historiques relatés dans le
Les mots de l’incertitude et roman sont les mutineries de la Première Guerre
de la peur mondiale, la guerre d’Espagne et la rafle du Vélo-
8. – Extrait 1 : « ou crut-elle voir ». drome d’Hiver.
– Extrait 2 : « on l’aurait cru ». 7. Les élèves doivent être interpellés par la per-
sonnalité d’Andreas, qui prend du plaisir là où les
– Extrait 3 : « il me sembla ». autres personnages sont choqués, ou prennent
9. a. Phobie. d. Trac. conscience de l’atrocité de ce qu’ils vivent.
b. Panique. e. Angoisse. 8. Réponse libre des élèves.
c. Terreur. f.   Stress.
10. – cœur : le cœur qui bat la chamade.
– front : la sueur sur le front.
– cheveux : les cheveux qui se dressent, se
hérissent sur la tête.
– sang : le sang qui se glace dans les veines. Autoévaluation de lecture
– jambes : les jambes qui tremblent, qui fla-
La Peur de Guy de Maupassant p. 185
geolent.
– dents : les dents qui claquent. 1. Il s’agit d’un récit encastré dans un autre récit.
– chair : la chair de poule. Un homme raconte une aventure qui lui a été
11. Les points de suspension montrent la per- contée. Un jeune homme se baignait dans une
plexité du narrateur qui ne comprend pas les rivière quand il s’est retrouvé tout à coup face
événements qui lui arrivent. Les points d’inter- à une créature effrayante par son apparence et
rogation expriment l’incertitude du narrateur. son comportement. Celle-ci essaie de l’attraper
Les points d’exclamation montrent l’émotivité et le poursuit jusqu’à la berge.
du narrateur. 2. On attend des élèves qu’ils perçoivent le sens
de la chute du récit, à savoir qu’il ne s’agit pas
d’une créature surnaturelle, mais d’une vieille
Plaisir de lire N
 o pasarán, le jeu de folle qui vit dans les bois.
Christian Lehmann p. 183 3. Il s’agit en fait d’un texte réaliste, puisque l’ex-
Ce roman de littérature de jeunesse ne pose pas plication est rationnelle, même si celle-ci n’appa-
de problèmes particuliers de lecture, si ce n’est raît qu’à la fin. Si les élèves ne comprennent pas
les différentes mises en abîme du roman. la chute du récit, ils peuvent penser être face à
un texte fantastique.
Pour entrer dans l’œuvre 4. Le texte cherche à créer un sentiment de peur,
La question posée aux élèves vise à les faire voire d’horreur. On peut demander aux élèves
entrer dans le thème du roman et à susciter chez s’ils le perçoivent, où ce qu’ils ressentiraient s’ils
eux une envie de lecture. étaient à la place du jeune homme.
5. L’auteur veut nous faire réfléchir sur la crédu-
À vos carnets ! lité des hommes, face à ce qu’ils ne comprennent
1. 2. 3. 4. et 5. Ce carnet permet à l’enseignant pas et qui leur fait peur.
de s’assurer de la lecture en autonomie des 6. Réponse libre des élèves.

148   Thème 1  4e • La fiction pour interroger le réel


thème 2 Vivre en société, participer à la société
4e – Individu et société : confrontations de valeurs ?

Séquence
L’inversion des valeurs
12 L’Île des esclaves de Marivaux

Fil directeur de la séquence


La courte pièce de Marivaux permet d’explorer l’un des thèmes du programme de 4e : « Individu et
société : confrontation de valeurs ? ». Les anciens esclaves délivrent une leçon d’humanité et expéri-
mentent eux-mêmes la tentation de la vengeance et de la prise de pouvoir. C’est en tout cas au par-
don que Marivaux donne le dernier mot : Arlequin, magnanime, fait triompher la sensibilité. S’agit-il
dès lors d’une utopie ? Comment ce dénouement peut-il être reçu au xxie siècle ? La question mérite
d’être posée et débattue en classe.
Le parcours de lecture invite à interroger ces valeurs et à découvrir le regard du moraliste sur les
travers humains. Les activités proposent de laisser place au plaisir du texte : le texte théâtral est à
découvrir dans toutes ses dimensions, littéraires et dramaturgiques. On travaillera la mise en voix et
la mise en scène, voie d’accès au sens.

Compétences travaillées dans la séquence


Langage oral Écriture
Dans les pages de lecture… Dans la séquence
■Participer de façon constructive à des échanges ■ Passer du recours intuitif à l’argumentation à un
oraux usage plus maîtrisé
y Exprimer une opinion argumentée et prendre en X Reformuler et juger un propos de personnage
compte son interlocuteur X Rédiger un article critique
X Peut-on « rééduquer » les hommes ? ■ Adopter des stratégies d’écriture efficaces
■ Exploiter les principales fonctions de l’écrit
En atelier, p. 195
X Écrits préparatoires (brouillon) pour penser et
■ Exploiter les ressources expressives de la parole et
apprendre
les techniques multimodales ■ Exploiter des lectures pour enrichir son écrit
■ Participer de façon constructive à des échanges
X Note d’intention d’Irina Brooks
oraux
y Interagir avec autrui dans une situation de
recherche
X Jouer une scène de théâtre et réfléchir à la mise
en scène
X Travailler la diction
X Filmer les présentations

Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue


Enjeux culturels Dans la double-page langue…, p. 196-197
■ Lire des œuvres littéraires et fréquenter des œuvres ■ Construire les notions permettant l’analyse et la
d’art production des textes et des discours
X Approfondir des connaissances sur le genre théâtral y Prise en compte des caractéristiques des textes
(une pièce « engagée » au xviiie) X Les paroles rapportées directement et
X Élaborer la représentation d’une thématique indirectement
(l’émancipation des femmes) à partir d’un X Les interrogatives indirectes et la concordance
groupement de textes variés des xixe et xxe siècles des temps.

séQuence 12 L’inversion des valeurs – L’île des esclaves de Marivaux 149


Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue
■ Élaborer une interprétation de textes littéraires ■ Maîtriser le fonctionnement du verbe et son
X Mise en voix et théâtralisation orthographe
X Percevoir la progression dramatique d’un texte de y Maîtrise de la morphologie verbale
théâtre (de l’exposition au dénouement) et réfléchir X Le futur dans le passé
aux choix de mise en scène X Conditionnel vs futur simple
■ Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe des
Enjeux de formation personnelle
mots
X Découvrir, à travers des textes, la confrontation des
X Mise en réseau des mots du théâtre
valeurs portées par les personnages

Lecture Comment comprendre groupe doit se préparer à répondre à une ques-


cet univers à l’envers ? p. 188 tion posée par un autre groupe.
– Quelle est l’origine de la commedia dell’arte ?
Les deux extraits permettent d’entrer dans la – Quelles pièces la commedia dell’arte représen-
pièce et d’en cerner les enjeux essentiels : un tait-elle ?
« univers à l’envers » se met en place, selon les – Qui sont les personnages les plus connus ?
lois de l’utopie. Les rôles ainsi que les rapports – Quels masques et quels costumes
de force se renversent, dans un but moral. La portaient-ils ?
double-page permet aussi de cerner la spécifi- – Qui est Arlequin ?
cité de cette comédie. – Qui est Trivelin ?
En piste !
• Il s’agit d’accueillir les attentes des élèves sans 1. « On va te faire esclave à ton tour »,
trop les guider. Scène 1, extrait audio

• L’île renvoie à l’isolement par rapport à la 1. Le rapport de force est en faveur d’Arlequin
civilisation : un autre comportement peut voir dès la première scène : les répliques sont plus
le jour ; l’Ailleurs se présente comme le miroir longues, il rit, se moque de son « patron » puis
inversé de l’Ici. se présente en moraliste (« les hommes ne
Il est impossible pour Iphicrate et Euphrosine valent rien », l. 16), émettant des recommanda-
de s’échapper de cette île : Trivelin insiste sur tions et avertissements à l’égard de son ancien
ce point. Iphicrate et Euphrosine doivent donc maître (voir l’utilisation du futur).
affronter le miroir d’eux-mêmes que leur offrent 2. Les répliques d’Iphicrate sont courtes ; le
Arlequin et Cléanthis. maître est déstabilisé, comme les phrases inter-
Comment cet isolement peut-il être représenté rogatives peuvent le montrer. S’il retient sa
scéniquement ? Une bande-son peut évoquer le colère (l. 4), il cède vite à ses vieux démons, réu-
bruit de la mer ; le décor peut suggérer la mer tilisant des phrases injonctives ou usant d’affir-
(on devine, dans la mise en scène d’Irina Brook, mations à valeur comminatoire (l. 27-28).
le sable). Une simple valise ouverte peut ren- 3. C’est donc un nouveau rapport de force qui
voyer au voyage… Les possibilités sont infinies et se dessine : « tu vas trouver ici plus fort que
les élèves auront sûrement de nombreuses pro- toi » (l. 18-19) ; « tes forces sont bien diminuées »
positions à soumettre à la classe. (l. 29). Le pouvoir d’Arlequin tient dans ses
• Le travail de recherches par groupes autour valeurs devenues périmées – il est ici porte-
de la commedia dell’arte peut être guidé de la parole de Marivaux : le pardon possible est
façon suivante : chaque groupe exposera son déjà évoqué (« je te le pardonne », l. 16). Il est
travail sous la forme d’un court Pecha Kucha, question de « sentiment » (l. 20-21), de souf-
en dix diapositives et en 3 minutes, ou sous la france et de compréhension : l’expérience doit
forme d’une courte vidéo. Attention : chaque selon l’ancien esclave rendre son maître plus

150 THème 2 4e • Individu et société : confrontations de valeurs ?


« raisonnable ». Il s’agit de lui donner une « leçon » 2. Il s’adresse à Iphicrate comme un législateur qui
(l. 23). se veut médecin : il s’agit de guérir les maîtres. Le
4. La question du comique pourra être posée lexique renvoyant à la cruauté (« cruauté », l. 2 ;
tout au long de l’étude : la pièce est sérieuse et « outrage », l. 3 ; « ôter la vie », l. 4 ; « vengeance »,
peut inviter à préciser la définition de « comé- l. 6 ; « barbarie » ; l. 9…) se mêle à l’évocation
die ». On gagnera à s’ouvrir à la parole de l’élève : d’une plus grande humanité (« sensibles »,
le jeu du comédien peut conduire à rire des l. 10 ; « humanité », l. 12 ; « charité », l. 15 ;
réparties d’Arlequin, par exemple lorsqu’il « bonté », l. 16 ; « humains », l. 21…). On repé-
reprend les propos d’Iphicrate qualifiés d’inso- rera le vocabulaire lié à la guérison : l’entreprise
lents (« mon cher Arlequin/Mon cher patron », est ici morale, bien loin de la seule vengeance.
l. 4-5 ; « je t’aime/Les marques de votre amitié Il s’agit de détruire, telle une maladie, la « barba-
tombent toujours sur mes épaules », l. 8-10). rie de vos cœurs » (l. 9), de rendre « meilleurs »
Le renversement participe aussi du comique. (l. 14) par une « rigueur salutaire » (l. 17) : « vous
Reste que le ton est assez didactique ; certains êtes moins nos esclaves que nos malades »
donc peuvent considérer que la réflexion l’em- (l. 19-20). Arlequin renchérit d’ailleurs en ce sens
porte sur le rire, d’autant qu’Iphicrate, dans par les termes employés : « purgation », « sai-
sa dernière réplique et comme l’indiquent les gnée », « santé » (l. 23). L’esclavage des maîtres
didascalies, fait preuve de violence. La mise en vise donc à guérir leur âme.
scène pourra éventuellement en montrer le
caractère dérisoire. Oral  
d’argumentation 3. On peut inviter les élèves à travailler par
groupes pour débattre des réponses à appor-
5. Le travail d’écriture peut être un bon exercice
ter à la question. On peut ensuite organiser une
d’expression, de reformulation et d’argumenta-
discussion à visée philosophique en confrontant
tion : les questions invitent à actualiser la pièce
et à interroger la vision du monde de l’élève. On des points de vue argumentés. Certains trouve-
veillera ici à travailler l’argumentation : pour être ront peut-être cet espoir en l’homme utopique ;
convaincante, la réponse doit être étayée. il faudra justifier cette position. D’autres pour-
raient considérer cette leçon comme bienvenue
et positive, on invitera à expliquer pourquoi.
2. « C’est la barbarie de vos cœurs
que nous voulons détruire », Scène 2, Je fais le point
extrait audio
L’échange des rôles est révélateur : à la scène 1,
Iphicrate révèle sa violence latente dans la
En piste !
didascalie de la l. 26 et Arlequin sa bonté. Dans
Les élèves pourront évoquer le rapport de force l’extrait de la scène 2, Trivelin insiste sur le sens
montré par la position des personnages ainsi moral de cette inversion.
que par les gestes de Trivelin. La mise en scène
souligne le caractère assez grave des propos de
Trivelin. On pourra commenter les costumes et
la sobriété du décor. Lecture Qu’est-ce que
1. Trivelin joue le rôle de porte-parole, de repré- la coquetterie ? p. 190
sentant de l’île et des esclaves. C’est finalement
lui le maître, mais au nom d’un « nous », qui Outre la question du pouvoir, la pièce aborde
se défend de toute attribution individuelle et le thème de la coquetterie et invite à interroger
abusive du pouvoir. Les différentes propositions la question du paraître, chère à Marivaux. L’ex-
d’élèves, qu’on veillera à faire justifier, peuvent trait choisi propose une satire de cette volonté
être confrontées à des extraits de représenta- de plaire, de cette comédie de la séduction. La
tion. double page confronte texte et mise en scène.

séQuence 12 L’inversion des valeurs – L’île des esclaves de Marivaux 151


1. « Ah ! qu’on m’apporte un miroir ! », répliques de Cléanthis sont ici transformées
scène 3, extrait en dialogues dans lesquels l’ancienne esclave
2. L’extrait de la scène 3 mise en scène joue divers rôles : celui de sa maîtresse, celui
par Irina Brook vidéo de la « compagnie » (l. 11), celui de l’ancienne
esclave, celui de la nouvelle affranchie. Irina
En piste ! Brook insère aussi dans le texte de Marivaux
Les élèves associeront certainement d’abord quelques phrases ou en modifie certaines qui
la coquetterie à l’idée de soin apporté à sa actualisent la situation et rendent le texte
toilette et à son apparence. On les conduira encore plus vivant. Les scènes racontées sont
aussi vers un autre sens, celui de la séduc- mimées – et l’on entend même la sonnerie
tion, voire de l’affectation (affèterie, minau- figurant l’arrivée de la « compagnie » auprès
derie). Le terme désigne alors l’art de séduire de la coquette.
et de tromper et renvoie à la thématique des
masques et de la fausseté des apparences, 5. Les costumes et le maquillage, ainsi que les
récurrente dans l’œuvre de Marivaux. gestes des comédiens renouent avec la com-
media dell’arte. Les couleurs criardes, les mou-
1. C’est bien la coquetterie de sa maîtresse
vements, la voix – tout est ici sous le signe
que souligne Cléanthis. Car tout en elle est
de l’excès comique. On pourra s’arrêter sur
apparence – il est d’ailleurs significativement
ici question de spectacle : Euphrosine se le comique de gestes et sur le maquillage.
« montre » et se donne à voir. Tout se pré- 6. Aux élèves d’interpréter librement. La robe
sente ici comme des saynètes où l’on voit d’Euphrosine renvoie à son ancien statut. Le
la coquette en action, cherchant à plaire, à costume de Cléanthis, quant à lui, fait d’elle
tromper son interlocuteur et à montrer ses un Arlequin au féminin. Irina Brook renoue
atouts en critiquant ses potentielles rivales. intelligemment avec la comédie italienne et
Elle se révèle fausse, artificielle, séductrice, accentue l’aspect comique du personnage.
mesquine et manipulatrice. Celui de Trivelin renvoie à son rôle de média-
2. « Ce sont de pauvres gens pour nous ! » : teur, presque magicien des rapports sociaux.
Inversion des valeurs ou rancœur et ven- 7. On peut faire écrire les élèves pour justifier
geance de la part de Cléanthis ? Au lecteur leurs avis ou faire se confronter les points de
et à l’élève de décider. Quoi qu’il en soit, l’an- vue à l’oral.
cienne esclave se montre lucide sur sa maî-
tresse et la démasque. Marivaux montre ici créative
que l’authenticité des rapports humains et
l’honnêteté devraient primer. 8. Il s’agit d’actualiser le texte de Marivaux
afin qu’il fasse écho avec le présent de l’élève.
3. Il s’agit d’un portrait en action, au présent.
Le procédé du théâtre dans le théâtre et les L’activité invite à approfondir la notion de
paroles rapportées directement et indirecte- coquetterie. On incitera à utiliser le présent et
ment décrivent la société des maîtres comme des phrases courtes qui peuvent accentuer le
une comédie de la séduction. Marivaux, en caractère comique du portrait.
moraliste, donne à voir la coquette en train Je fais le point
d’agir et de parler : il insère des dialogues
mimant et ridiculisant la coquette. On pourra Les valeurs d’Euphrosine sont celles de la
aussi faire souligner la rapidité avec laquelle société critiquée par Marivaux : les rapports
les actions s’enchaînent – rapidité qu’accen- humains sont sous le signe de la fausseté et
tue la parataxe. de l’apparence. Cléanthis les montre du doigt
4. Le rythme adopté est extrêmement rapide, par des procédés de grossissement à visée sati-
traduisant bien l’enchaînement des phrases rique. On devine, en miroir, les vraies valeurs
dans le texte de Marivaux. Les longues prônées par le dramaturge.

152 THème 2 4e • Individu et société : confrontations de valeurs ?


Lecture d’image et écriture leurs maîtres les valeurs du pardon, de la bonté
1. Analysez le tableau Le temps ou Les Vieilles de et de la sensibilité.
Goya que vous pourrez consulter, par exemple 3. Cléanthis, dans sa longue tirade, accuse et
sur le site du palais des Beaux-Arts de Lille généralise par l’utilisation des pronoms au
(http://www.pba-lille.fr/Collections/Chefs-d- pluriel. La ponctuation forte souligne sa colère
OEuvre/Peintures-XVI-sup-e-sup-XXI-sup-e- et sa rancœur. Le dialogue entre Arlequin et
sup-siecles/Les-Vieilles-Le-Temps/) Iphicrate en reste, lui, au dialogue entre un
« je » et un « tu ». L’ancien esclave fait preuve
2. Écriture (au choix) : de davantage de « générosité », allant même
– Faites parler la coquette en mettant en évi- jusqu’à demander le pardon (l. 28).
dence le décalage entre ce qu’elle voit dans
son miroir et ce qu’elle est devenue ; montrez 4. Réponse libre des élèves.
ainsi le caractère ridicule de sa coquetterie. Oral  
– Donnez la parole à Chronos au balai, qui 5. Production libre des élèves.
figure derrière les vieilles femmes, prêt à faire Je fais le point
disparaître ces coquettes ridicules.
Marivaux défend les valeurs d’humanité et de
pardon. Dans cette utopie, la sensibilité l’em-
porte sur la force.
Lecture Qui l’emporte ? Les maîtres
L’œuvre en question
ou les esclaves ? p. 192
La double-page permet d’interroger le dénoue- Les réponses aux questions peuvent se faire à
ment de la pièce et l’inversion des valeurs. l’écrit – en groupe ou individuellement – ou
bien à l’oral ; c’est l’occasion de travailler l’ar-
Chacun retrouve en effet sa place et son rang,
gumentation. Le questionnement porte sur
mais les vertus de charité et d’humanité sont
l’avis des élèves ; le professeur se gardera donc
essentiellement incarnées par les « esclaves »,
d’avoir trop d’attentes précises. On évaluera
et notamment par Arlequin, porte-parole de
surtout la manière d’argumenter.
l’auteur. Les extraits invitent à comparer sa On peut proposer aux élèves d’autres pistes
réaction à celle d’Euphrosine et à débattre du de réflexion sur l’œuvre, autour notamment
choix de Marivaux. des rapports de pouvoir. On pourra organiser
1. « Ta générosité me couvre de confu- une réflexion par groupes sur les questions sui-
sion », scène 9, extrait vantes (une question par groupe) et deman-
2. « Il faut avoir le cœur bon », scène 10 der à chaque groupe d’exposer son bilan à la
classe :
Questions croisées – Avant le naufrage, quels étaient les rapports
1. Il s’agit dans les deux textes d’inversion de pouvoir entre les personnages ?
des valeurs : ils interrogent les conditions et – Quels nouveaux rapports de pouvoir l’arri-
montrent la prééminence de la sensibilité vée sur l’île instaure-t-elle ?
et du cœur – apanage, pour Cléanthis, des – Qu’en est-il au dénouement ?
« pauvres gens » (l. 15). Arlequin le souligne Culture + vidéo
lui aussi : « Si j’avais été votre pareil, je n’aurais L’élève pourra repérer différentes phrases
peut-être pas mieux valu que vous » (l. 27-28). extraites du fameux monologue : « Parce que
La fin de la pièce est par ailleurs pathétique : vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez
Iphicrate ne peut pas retenir ses « larmes » un grand génie !… Noblesse, fortune, un rang,
(l. 37) ; Cléanthis pleure à son tour. des places, tout cela rend si fier ! Qu'avez-
2. La longueur des répliques en atteste : les vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes
anciens esclaves l’emportent. Ils apprennent à donné la peine de naître, et rien de plus.

séQuence 12 L’inversion des valeurs – L’île des esclaves de Marivaux 153


Du reste, homme assez ordinaire ! tandis que éventuellement d’aller en voir une mise en
moi, morbleu ! perdu dans la foule obscure, scène). Elle peut prendre une forme très libre
il m'a fallu déployer plus de science et de et personnelle ou, au contraire, plus tradition-
calculs, pour subsister seulement, qu'on n'en nelle.
a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Vous pouvez vous inspirer des conseils d’écri-
Espagnes ». ture de critiques cinématographiques :
Prolongement : écriture d’analyse http://www.atelier-critique.fr/IMG/pdf/
ecrire_une_critique_de_film.pdf
➨ En téléchargement sur www.hachette- Vous pourrez proposer la démarche suivante
education.com, un extrait du Mariage de
à vos élèves :
Figaro (1784) de Beaumarchais (acte V,
scène 3) et son exploitation. I. Travail préparatoire : analyse de la pièce
A. Le genre
1. On invitera l’élève à reformuler l’extrait et B. Les personnages et le lieu
à le mettre en voix. On repérera, comme dans C. L’action
la tirade de Cléanthis, la ponctuation expres- D. L’intention du dramaturge
sive du monologue. Les deux personnages II À vos plumes !
expriment leur colère, leur ressentiment. Ils A. Choisissez d’un ton dominant (humour,
donnent tous deux une portée générale à ironie, éloge, blâme..), fil conducteur de
leur propos : le personnage de Beaumarchais l’ensemble de la critique.
interroge le statut social de la noblesse ; celui B. Choisissez un titre.
de Marivaux questionne, de façon plus uni- C. Présentez succinctement la pièce dans un
verselle, la valeur morale des maîtres. Les deux paragraphe d’introduction.
accusent et montrent l’absence de supério- D. Sélectionnez des arguments : qu’est-ce qui
rité de ceux qui dominent : les serviteurs sont vous semble positif ou négatif dans cette
supérieurs en vertu et en talent. pièce ou dans cette mise en scène ? Appuyez-
2. Les philosophes des Lumières privilégient la vous sur des exemples concrets.
raison, dont se réclame d’ailleurs Cléanthis, et E. Conclusion : exprimez clairement et briève-
dénoncent les privilèges arbitrairement acquis, ment votre avis sur la pièce ; vous pouvez
au nom du principe d’égalité qui sera revendi- évoquer les réflexions suscitées par l’œuvre.
qué à la fin du siècle, durant la Révolution fran-
On évaluera les capacités de l’élève :
çaise. De nouvelles valeurs émergent au xviiie
– à émettre et à défendre un avis personnel ;
siècle, qui contribueront à faire basculer l’An-
– à argumenter en faisant référence à la pièce ;
cien Régime. Le talent doit être reconnu, avant
– à s’exprimer correctement.
la fortune et la naissance. Marivaux n’est pas
à lire à proprement parler comme un penseur
des Lumières, mais l’on sent que cette pensée
est en marche en comparant les deux extraits. Langue La grammaire pour
On prêtera une attention particulière à la lire, écrire et parler p. 196p. 30
manière dont l’élève comprend le texte de Les paroles rapportées
Beaumarchais ainsi qu’à sa capacité à établir J’observe
des liens avec la pièce étudiée. 1. a. Cette première observation permet de
rappeler les différentes façons de présenter les
Je suis critique p. 194 paroles rapportées directement :
Atelier Rédiger un article critique – dans un récit, avec proposition incise (propo-
sition b) ;
Écrire une critique – au théâtre, avec la présentation en lettres
La critique que vous allez rédiger va inciter majuscules du nom du personnage (proposi-
ou dissuader votre lecteur de lire la pièce (ou tion a).

154 THème 2 4e • Individu et société : confrontations de valeurs ?


2. Ces deux phrases permettront de faire un rap- devant la vitrine du pressing pour vérifier sa
pel concernant les paroles rapportées indirecte- mèche. Qu’est-ce qu’on riait ! Et là, alors qu’il se
ment et la concordance des temps. On pourra, dirigeait vers la pharmacie en continuant à se
selon le niveau des élèves, faire réfléchir sur le regarder dans les vitrines, il se fait percuter par
futur dans le passé. un petit garçon de dix ans en trottinette, qui est
Je m’entraîne lui aussi tombé à terre. »
3. a. Voici une réponse possible :
Les interrogatives indirectes
euphrosine : Oh ! Voici quelqu’un ! Que va-t-on
penser de moi ? On va croire que j’enlaidis. J’observe
Vais-je donner ce plaisir à mes si bonnes amies ? 6.  Tout comme pour les exercices précédents,
Non, elles vont bien voir ! on invitera à repérer le changement de temps et
de personne. On reviendra sur la concordance
b. On peut, selon le niveau des élèves, veiller à la des temps, et éventuellement sur le futur dans
ponctuation correcte du dialogue et à l’utilisa- le passé (f).
tion de verbes introducteurs de parole.
« Comment vous portez-vous, Madame  ? Je m’entraîne
demanda une amie, venue lui rendre visite. 7. a. Trivelin demande à Arlequin comment
– Très mal, Madame ; je n’ai pas fermé l’œil il s’appelle. Celui-ci préfère demander si c’est
depuis huit jours… bien son nom sur lequel il l’interroge et explique
– Mais que vous arrive-t-il ? s’enquit Eugénie. qu’il n’en a pas. Trivelin s’en étonne et l’esclave
– Oh, je n’ose pas sortir, je fais peur ! répondit explique qu’il se fait appeler par des sobriquets
Euphrosine, l’air alangui. donnés par Iphicrate : il s’appelle quelquefois
– Mais non, vous êtes splendide, comme chaque Arlequin, quelquefois Hé !
jour ! la rassura son amie. b. On invitera les élèves à s’intéresser aux modi-
– Que dites-vous là ? J’ai honte… Et cette dou- fications syntaxiques qui s’imposent.
leur de tête qui me fait tant souffrir ! Mais com-
c. Trivelin demanda à Arlequin quel était son
ment vous portez-vous, ma chère ? Quelle tenue
nom. Arlequin s’étonna :
splendide ! » Elle observait chaque détail de la
« Est-ce mon nom que vous demandez ?
robe de sa rivale, recherchant obstinément l’im-
perfection qui la rassurerait… – Oui, vraiment, lui répondit Trivelin
– Je n’en ai point, mon camarade, répliqua Arle-
4. a. J’allais vers le métro lorsque je me suis fait quin, après avoir réfléchi.
renverser brutalement. J’ai senti un choc d’une – Quoi donc, vous n’en avez pas ? s’étonna le
grande violence et suis tombé. C’était un petit médiateur.
garçon inconscient, mal éduqué, incapable de – Non, mon camarade, expliqua-t-il : je n’ai que
faire quelques mètres à pied, qui m’avait percuté des sobriquets qu’il m’a donnés. Il m’appelle
de son engin à roulettes. quelquefois Arlequin, quelquefois Hé. »
b. « J’étais mercredi avec Myriam, Sonia et 8. a. « Quelle heure est-il ? » lui demanda-t-il.
Aurore. On buvait un café en terrasse, com- b. « Quand es-tu née ? Où habites-tu ? » vou-
mença Myriam…
lait-il savoir.
– Tu sais, au coin de la rue Jean Jaurès et de l’ave-
c. « Viendrais-tu au théâtre avec moi ? » deman-
nue Churchill, ajouta Sonia…
da-t-elle.
– Peu importe ! ça faisait cinq minutes qu’on
d. « Tout le monde a-t-il terminé ? » demanda
regardait un type. Il était très bien habillé ! À
le professeur.
mon avis il avait un rendez-vous professionnel,
reprit Myriam.
– Il portait un de ces costumes ! ajouta Aurore. La concordance des temps
Du Amrani, à mon avis. J’observe
– Armani, rectifia Myriam, agacée. Bref, il faisait 9.  On invitera les élèves à observer la concor-
vraiment attention à lui. Il s’était même arrêté dance des temps et à émettre des hypothèses :

séquence 12  L’inversion des valeurs – L’île des esclaves de Marivaux   155


les items a. et b. s’expliquent simplement par le Les mots du théâtre
passage du présent au passé simple ; les items c.
14. a. et b. L’exercice doit aider l’élève à s’appro-
et d. par le passage du présent à l’imparfait.
La deuxième phrase des items c. et d. peut prier le vocabulaire technique.
apporter une nuance supplémentaire : l’avis c. a. drame : du latin drama : « action jouée sur
du locuteur a peut-être changé en c. ; les élèves scène, pièce de théâtre ».
n’ont peut-être pas respecté leur parole en d. b. monologue, dialogue : on fera réfléchir au sens
Je m’entraîne des préfixes, ajoutés au radical logos.
10. a. a. Il lui promet qu’il prendra sa défense et e. didascalie : du grec didaskalia qui signifie
qu’il demandera d’excuser Iphicrate. Et en cas de «  enseignement, notice, instruction  » sur la
refus, il restera son ami. manière de jouer au théâtre (créé à partir du
b. Il lui promit qu’il prendrait sa défense et qu’il verbe didaskô, « j'enseigne »). On pourra établir
demanderait d’excuser Iphicrate. En cas de refus, un lien avec « didactique ».
il resterait son ami. i. personnage : de persona, désignant le masque
b. Item a : la promesse d’Arlequin situe l’action de l’acteur.
dans le futur, d’où l’usage du futur simple après
le présent de l’indicatif. 15. Acteur et comédien sont des termes proches
Item b : l’action est toujours située dans le futur. – on tend à choisir de préférence le deuxième
La promesse étant exprimée au passé simple, le terme pour désigner celui qui joue sur une scène
mode conditionnel des autres verbes est à com- de théâtre. On engagera les élèves à bien cerner,
prendre comme un futur dans le passé. en revanche, la différence entre personne et per-
11. On peut relever : sonnage.
– les terminaisons des verbes conjugués au
16. a. genre théâtral. b. un rôle fictif. c. il simule.
futur : « parlerai », « prierai », « garderai »,
« aurai », « ressouviendrai » ; d. une invention.
– les terminaisons des verbes conjugués au 17. On pourra, notamment s’aider de fiches
conditionnel : « mériterais », « aurais ». métiers en ligne comme celles qui sont dispo-
12. Extrait 1 : champ lexical de la cruauté. nibles sur le site du CnT (Centre national du
Extrait 2 : champ lexical de la souffrance. Théâtre) : http://www.cnt.asso.fr/metiers_for-
13. Productions des élèves. mations/fiche_metier.cfm

156   Thème 2  4e • Individu et société : confrontations de valeurs ?


thème 2 Vivre en société, participer à la société
4e – Individu et société : confrontations de valeurs ?

Séquence

13 Femmes dans leur siècle

Fil directeur de la séquence


La treizième séquence prend pour thème les héroïnes de roman, et vise à découvrir les valeurs qu’elles
portent, leur confrontation à la société et l’intérêt des conflits qu’elles suscitent. En effet, les actions et
les sentiments des personnages révèlent la vision du monde du romancier et les valeurs de la société
de son époque. Cette séquence permettra donc de s’interroger sur les conciliations possibles ou non
entre les systèmes de valeurs mis en jeu dans le cadre du couple, de l’éducation dispensée aux femmes,
des combats qu’elles mènent dans la société, des aspirations des adolescentes, avec pour fil directeur
la lutte des femmes pour défendre leurs droits et acquérir l’indépendance et la liberté.

Compétences travaillées dans la séquence


Langage oral Écriture
En atelier, p. 209 Dans la séquence
■ S’exprimer de façon maîtrisée devant un auditoire : X Écrire un dialogue argumentatif
y Pratiquer le compte rendu ■ Passer du recours intuitif à l’argumentation à un
■ Exploiter les ressources expressives de la parole et usage plus maîtrisé :
les techniques multimodales X Argumenter pour faire adopter un point de vue.
X Présenter à la classe une exposition sur la X Écriture d’un dialogue argumentatif entre Aya et
représentation de la femme dans les arts et les son père
médias X Réécriture du dialogue entre Octave Mouret et
■ Participer de façon constructive à des échanges les Vuillaume
oraux : X Rédiger une discussion entre deux amis sur un
y Interagir avec autrui dans un échange sujet de société actuel
X Répondre aux questions posées par la classe sur ■ Adopter des stratégies d’écriture efficaces
l’exposition. ■ Exploiter les principales fonctions de l’écrit :
X Prise de notes à partir de différents supports (BD)
pour penser et apprendre
■ Pratiquer l’écriture d’invention et connaitre les
caractéristiques des genres littéraires :
X Le récit, la description.

Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue


■ Lire des textes variés avec des objectifs divers : Dans la double-page langue…, 210-211
y Recourir à des stratégies de lectures diverses ■ Connaître les aspects fondamentaux du
(adapter sa lecture à l’objectif poursuivi, adapter fonctionnement syntaxique
sa lecture aux supports, reformuler) y Fonctionnement de la phrase complexe
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’observe », X Les propositions subordonnées complétives
« Je comprends » ■ Maîtriser le fonctionnement du verbe et son
y Formuler des impressions de lecture, percevoir un orthographe
effet esthétique y Maîtrise de la morphologie verbale
X Carte mentale « Lire un texte » : « Je lis », X Le subjonctif dans les complétives
«J’écoute», « Je réagis » ■ Maîtriser la forme des mots en lien avec la syntaxe

séQuence 13 Femmes dans leur siècle 157


Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue
y Reconnaître les implicites et faire les inférences et y Connaître le fonctionnement de la chaine
hypothèses de lecture nécessaires : d’accord
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’interprète » X L’accord du verbe dans les cas complexes
■ Lire et comprendre des images fixes ou mobiles X Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe
X Carte mentale « Lire une image » des mots
X Mise en réseau des mots de la jeunesse et de
Enjeux culturels
l’adolescence.
■ Lire des œuvres littéraires et fréquenter des œuvres
X Champ lexical et sémantique du mot « famille »
d’art
X Approfondir les connaissances sur le genre théâtral Dans le coin des mots
(une pièce « engagée » au xviiie) L’éducation (p. 202)
X Élaborer la représentation d’une thématique
(l’émancipation des femmes) à partir d’un
groupement de textes variés des xixe et xxe siècles
■ Élaborer une interprétation de textes littéraires
X Mise en voix et théâtralisation
X Percevoir la progression dramatique d’un texte de
théâtre (de l’exposition au dénouement) et réfléchir
aux choix de mise en scène
Enjeux de formation personnelle
X Découvrir, à travers des textes, la confrontation
des valeurs portées par les personnages

Lecture Des rapports de force favorisent le mariage qui fait un bond sous la
dans le couple ? p. 200 Révolution dans les villes et les campagnes.
Toute femme qui contracte un mariage reste
Ces deux textes permettent d’interroger les sta- soumise à l’autorité maritale. Pour la bourgeoi-
tuts respectifs du mari et de la femme au sein du sie alors en pleine ascension, le mariage devient
couple aux xixe et xxe siècles, et d’étudier com- un moyen de consolider ses intérêts financiers et
ment les femmes défendent des valeurs qui leur patrimoniaux.
sont chères : la liberté de penser, l’égalité, l’indé-
1. On utilisera le guide de lecture pour sensibili-
pendance, l’honnêteté. ser les élèves à la détermination et à la force de
caractère dont fait preuve Indiana face à un mari
1. Indiana de George Sand violent et méprisant.
2.  Monsieur Delmare manifeste de la colère
En piste ! site
au début de l’extrait envers Indiana qui se
Cette activité permet aux élèves de comprendre concrétise par une violence physique : Ralph
les enjeux du mariage au xixe siècle dans diffé- lui rappelle « de ne pas toucher à un cheveu
rents milieux sociaux. La consultation des trois de cette femme » (l. 3). Il est dit plus bas qu'il
dossiers apporte des connaissances historiques serre « ses bras contre sa poitrine pour résis-
sur le mariage et permet de saisir les relations ter à la tentation de la frapper » (l. 9-10). À la
qui s’établissent entre les hommes et les femmes fin de l’extrait, la colère a fait place au mépris
ainsi que les enjeux du mariage pour la bour- pour Indiana et ses idées de volonté et de
geoisie. Les éléments clés à retenir de ces dos- liberté. Mais il ressent de la satisfaction parce
siers sont les suivants : la loi du 20 septembre qu’elle va le suivre à l’île Bourbon (« fort satis-
1792 soustrait le mariage à la juridiction de fait, […] de la résolution de madame Delmare »,
l’Église et instaure le divorce au nom du respect l. 29-30), et il lui reconnaît une qualité : celle de
de la liberté. Le code civil de 1804 restreint les respecter la parole donnée (« car il respectait la
motifs de divorce. Ces innovations législatives parole de cette femme », l. 31).

158 THème 2 4e • Individu et société : confrontations de valeurs ?


3.  Indiana explique sa fuite par la volonté de costumes, la musique, les accessoires) ; élaborer
montrer à son mari qu’il ne la contraindra pas, quelques critères d’évaluation (le respect du
qu’il ne la dominera pas mais qu’elle ne dépen- texte initial, le jeu des élèves, les choix de mise
dra que d’elle-même, sans aucune influence en scène) ; faire répéter les élèves puis jouer la
extérieure. Elle est une femme libre. Le champ scène.
lexical présent est celui de la liberté : « veux », y Étape 7 : comparer les mises en scène : identi-
« voulais », « volonté » (l. 12), « empire déri- fier ce qui est ressemblant et différent ; engager
soire » (l. 15), « hors de votre domination » le dialogue avec les groupes sur les choix de mise
(l. 15-16), « liberté » (l. 16), « je ne dépends en scène et d’interprétation ; être capable pour
que de moi » (l. 17), « mon devoir », « ma les groupes de les justifier en s’appuyant sur le
conscience » (l. 18), « mon plein gré » (l. 19), texte de départ ; parvenir à définir les consti-
« ma conviction » (l. 22), « je suis prête à » tuants et les enjeux d’une mise en scène.
(l. 24), « mon intention » (l. 25).
4.  Indiana fait preuve de détermination, d’in- 2.  Thérèse Desqueyroux de
dépendance parce qu’elle prend ses décisions
seule. Elle est une femme libre et émancipée François Mauriac audio
parce qu’elle a compris que seule sa volonté En piste !
compte.
Les élèves devront relever que le titre porte
5. L’enjeu du combat qu’elle mène est le refus le nom de l’héroïne (tout comme le roman
de la soumission à l’homme. Elle décide de de George Sand étudié auparavant), le seul
suivre son mari parce qu’elle l’a voulu et non pas roman de François Mauriac dans ce cas. Il
parce qu’il l’a forcée. Elle prône l’égalité homme, laisse supposer que le point de vue de Thérèse
femme. sera privilégié tout au long du roman avec ses
Oral   pensées, ses interrogations, ses confessions.
L’enseignant pourra également faire remar-
6. Mettre en scène un dialogue
quer aux élèves que le prénom « Thérèse » est
Ce travail de mise en scène comportera diffé-
un prénom qui fait référence à Sainte-Thérèse
rentes étapes.
de Lisieux, une religieuse carmélite française.
y Étape 1 : convoquer ses connaissances sur le
Elle propose de rechercher la sainteté, non pas
théâtre : le rôle des didascalies, les enjeux des
dans les grandes actions, mais dans les actes
répliques, de la tirade et de l’aparté.
du quotidien qui sont accomplis pour l’amour
y Étape 2 : passer du texte narratif au texte
de Dieu. Cette précision suscitera de nou-
théâtral : s’interroger sur ce qui est à conserver
velles hypothèses : Thérèse recherche-t-elle
(les paroles), ce qui est à ajouter (les didasca-
une forme de sainteté ? En quoi son acquitte-
lies), ce qui est à modifier (les pensées finales en
ment et le fait qu’elle puisse marcher libre lui
aparté).
est-il salutaire ? Comment peut-elle atteindre
y Étape 3 : imaginer ce qui est spécifique au
une forme de renaissance ?
théâtre : les gestes, les attitudes et les regards des
personnages, leurs déplacements, leur ton. 1. On utilisera le guide de lecture pour mettre
y Étape 4 : rédiger le texte : mettre les noms des en évidence les relations distanciées entre
personnages en didascalie ; écrire les répliques Bernard et Thérèse, leur incompréhension
à partir des paroles proposées dans le texte ; mutuelle comme le montrent les qualificatifs
insérer les didascalies. employés pour caractériser l’autre : « stupide
y Étape 5 : réviser et corriger : s’assurer de la rire » (l. 3) à propos de Bernard, « cette folle »
cohérence du texte ; corriger les erreurs de syn- (l. 10), « cette maniaque » (l. 28) à propos de
taxe et d’orthographe. Thérèse. Le pardon est impossible entre ces
y Étape 6 : mettre en scène le dialogue : créer deux personnages que tout oppose.
des groupes de trois élèves ; concevoir la mise 2. Au début de l’extrait, Bernard tente de
en scène par groupes (le décor, les lumières, les reprendre sa domination sur Thérèse en

séQuence 13 Femmes dans leur siècle 159


se moquant d’elle (« il gouaillait », l. 6). montre d’une part que Thérèse a pris le dessus
Il éprouve du mépris pour sa femme qu’il sur son mari par sa volonté et son intelligence,
considère comme folle : « cette folle » (l. 10), puisque Bernard se trouve dans un état de
« ces détraquées » (l. 12). À la fin de l’extrait, dépendance par rapport à elle. D’autre part,
il s’est complètement détaché de Thérèse Bernard est qualifié d’ « homme » par Thé-
(« s’était de nouveau éloigné à l’infini », l. 30). rèse, ce qui traduit l’absence de sentiments
Il a l’impression qu’elle continue à lui men- pour son mari puisqu’il « s’était de nouveau
tir (« à cœur joie de couper les cheveux en éloigné à l’infini » (l. 30).
quatre », l. 29), et que ses efforts pour com-
prendre les motivations de son geste (la ten-   créative
tative d’empoisonnement) sont inutiles. Il 6. L’objectif de cette écriture est de vérifier
décide de mettre fin à cette relation : « Ber- que les élèves ont compris le personnage de
nard ne souhaitait plus rien que d’en finir » Thérèse, une femme indépendante et éprise
(l. 28).
de liberté. Ils pourront imaginer qu’elle profite
3. Thérèse craint Bernard qui tente de des bonheurs simples de la vie (la nourriture,
reprendre sa domination sur elle (« elle se le vin, les promenades) et qu’elle reconquiert
sentait de nouveau perdue » (l. 6). Mais, elle sa relation aux autres. Le professeur pourra lire
essaie d’obtenir sa compréhension, voire son l’excipit du roman pour confronter les hypo-
pardon en lui expliquant avec franchise ses thèses des élèves aux choix du romancier.
motivations (« c’était comme un devoir »,
l. 18). Par l’emploi du terme « devoir », elle Je fais le point
signifie à son mari qu’elle ne pouvait agir autre- George Sand et François Mauriac montrent
ment. L’empoisonnement était une manière des relations qui sont d’autorité et de domi-
de sortir du mensonge (le rôle d’une épouse
nation au sein du couple, notamment des
modèle) dans lequel elle s’est enfermée : elle
hommes sur les femmes. Inversement, les
évoque le fait de ne pas « jouer un person-
femmes désirent une forme d’égalité, être
nage » (l. 23). Elle se montre donc éprise de
considérées pour ce qu’elles sont. Elles font
liberté. Mais elle sent, tout en le disant, que
sa rébellion par rapport au rôle social auquel preuve de détermination.
elle était astreinte ne peut être comprise de Les personnages féminins défendent leur
Bernard : « comment se fait-il que tout ce indépendance, leur liberté de penser et d’être
que je vous raconte là rende un son si faux ? » elles-mêmes. Elles sont émancipées et ce
(l. 25-26). mouvement participe de leur aspiration au
bonheur.
4. Thérèse explique son geste par son refus
d’être une autre, de jouer un rôle social qui
ne correspond pas à ses aspirations. Le champ
lexical est celui du théâtre : « jouer un per- Lecture  Quel regard le romancier
sonnage », « faire des gestes », « prononcer porte-t-il sur l’éducation
des formules » (l. 23). Elle tombe le masque des femmes ? p. 202
qu’elle a adopté de longues années et montre
sa détermination d’être elle-même, de suivre Le texte d’Émile Zola permet de comprendre
sa volonté et non celle des autres. quelle est l’éducation dispensée aux filles au
5. La dernière phrase est une phrase com- xixe siècle sous la forme d’une argumentation
plexe comportant une proposition principale indirecte. Il prend, grâce à l’ironie, ses dis-
(« Thérèse comprenait ») et une proposi- tances par rapport au « plan d’éducation »
tion subordonnée complétive, complément des Vuillaume. Le tableau de Gustave Caille-
d’objet direct de la proposition principale botte servira de contrepoint : il montre une
(« que cet homme […] »). Cette construction femme pratiquant la lecture dans la sphère

160   Thème 2  4e • Individu et société : confrontations de valeurs ?


domestique, dans une sorte de lutte avec son 4. Le narrateur prend ses distances par rapport
mari pour acquérir l’égalité. à cette éducation par l’emploi de l’ironie. Elle
apparaît dans l’opposition entre les termes
1. Pot-Bouille d’Émile Zola « plan d’éducation » (l. 6) et « éducation libé-
2. Intérieur, femme lisant de rale » (l. 32). Cette éducation prend la forme
Gustave Caillebotte d’injonctions (emploi de phrases nominales)
et propose un contenu indigent. Octave
En piste ! Mouret est le porte-parole du narrateur :
L’éducation doit consister à donner des « Octave, depuis longtemps, sentait le besoin
valeurs, des principes, des connaissances, des de placer une phrase » (l. 41). Son interven-
savoir-faire et des savoir-être et à en justifier tion cherche à montrer la vision péjorative
leur fondement. qu’ont les Vuillaume de l’éducation artistique
(« vous ne touchez pas du piano ! », l. 42).
1. On utilisera les guides de lecture du texte
et de l’image pour relever la différence de trai- 5. Le tableau de Gustave Caillebotte montre
tement entre un garçon et une fille (« Un gar- un couple bourgeois qui a la même activité : la
çon encore pousse tout seul, mais une fille ! », lecture. Le costume noir et blanc de la femme
l. 4-5) dans le texte d’Émile Zola, pour com- fait écho à celui de l’homme, le tout dans une
prendre que l’éducation prônée par les Vuil- certaine froideur. Mais, les deux personnages
laume se caractérise par les interdits et pour paraissent assemblés comme dans un collage.
comprendre les enjeux du tableau de Gustave En effet, la femme semble masquer son mari au
Caillebotte (l’accession à l’égalité homme – second plan ; elle n’est pas à la même échelle
femme par la lecture). que lui : le journal semble écraser l’homme
plus petit. Elle occupe l’univers domestique
2. Le « plan d’éducation » des Vuillaume
bien qu’elle soit reléguée sur le côté.
consiste en une éducation coercitive : elle
L’homme est en position plus confortable et
ne cherche pas à élever l’enfant (pas de lit-
les coussins forment une ligne perspective au
térature, pas de musique) mais retarde son
niveau de sa tête. Ces éléments révèlent une
développement (« C’était une enfance pro-
sorte de lutte silencieuse. La représentation de
longée », l. 18). Marie est tenue dans une
la femme s’oppose à celle d’Émile Zola, parce
forme de soumission (« l’habituer à tenir les
qu’elle est éduquée et acquiert son indépen-
yeux baissés », l. 10), d’ignorance [« cacher
dance. La société de l’époque ne tolérait pas
les journaux […], et fermer les bibliothèques »
qu’une femme lise en compagnie de son mari,
(l. 14)), d’enfermement (« il ne lui était pas
de surcroît le journal réservé aux hommes.
permis de s’accouder à la fenêtre », l. 17-18),
de repli sur elle-même (« Elle revoyait le petit créative
logement cloîtré », l. 16-17).
6. Rédiger un dialogue argumentatif
3. La jeune femme paraît soumise à ses parents
L’objectif est d’accompagner les élèves dans
(« mais ma fille n’avait pas encore lu un seul
l’écriture d’un dialogue argumentatif :
roman, à dix-huit ans passés », l. 26-27) et à
son mari (« D’ailleurs, c’est Jules qui choisit y Étape 1 : préparer l’argumentation : reprendre
pour moi au cabinet du passage Choiseul », les différents arguments donnés par la famille
l. 39-40). Sa mère lui dit ce qui est bon pour Vuillaume ; imaginer, pour chacun d’eux, les
sa fille : « tâche qu’elle garde son ignorance ». arguments que peut opposer Octave Mouret ;
Son attitude montre les résultats d’une telle chercher quelques exemples concrets en lien
éducation : « les yeux vagues », « regardait avec le xixe siècle pour appuyer son argumenta-
dans le vide » (l. 16), « croissance molle et tion.
tiède » (l. 22), « le rire d’une enfant, restée y Étape 2 : savoir réfuter, concéder : identifier les
ignorante dans le mariage » (l. 24-25). Elle fait procédés pour concéder (l’emploi des connec-
preuve d’inconsistance. teurs logiques après rappel de l’argument

séQuence 13 Femmes dans leur siècle 161


contesté, du mode conditionnel pour refor- influence de l'hérédité et du milieu sur des
muler l’argument contesté, de questions rhé- personnages livrés à leurs envies et à leurs
toriques…) ; choisir trois arguments et trois ambitions.
contre-arguments ; les classer par ordre d’im-
portance ; utiliser des tournures qui traduisent Je fais le point
l’incompréhension ou l’indignation d’Octave
Émile Zola dénonce une éducation des
Mouret et de son frère.
femmes qui ne repose que sur la différence
y Étape 3 : rappeler ce que sont les paroles rap- de traitement entre garçons et filles et sur
portées et leurs caractéristiques : rappeler les l’interdiction. Cette éducation est définie
différentes manières de rapporter les paroles et par l’enfermement, le repli sur soi, la surveil-
leurs enjeux ; mettre en évidence quelques-unes lance, le maintien dans l’ignorance. Le « plan
de leurs caractéristiques. d’éducation » se caractérise par : l’affectivité
y Étape 4 : rédiger le brouillon, l’échanger et cor- de Mme Vuillaume et l’absence de pensée
riger : écrire le brouillon ; échanger les brouillons autonome et de réflexion ; un flot de paroles ;
à deux et vérifier la cohérence des arguments et des idées toutes faites ; une vision péjorative
contre-arguments, la mise en œuvre des paroles de la connaissance justifiée par un discours
rapportées ; reprendre le brouillon et corriger en moral et la fierté d’être ignorant ; l’avarice
tenant compte des remarques de son camarade. (« ils avaient reculé devant les frais » (l. 44) du
piano »). Pour dénoncer cette éducation, le
Le coin des mots personnage d’Octave Mouret sert de contre-
• Les différents sens du mot « éduquer » sont : point et l’auteur emploie le registre ironique.
développer la personnalité de quelqu’un ;
une capacité (par exemple la volonté) ; des
connaissances, une culture personnelle ;
faire acquérir les usages, les règles de la
Lecture Quels combats les
femmes mènent-
société (par exemple, les règles de politesse).
• Les trois mots de la même famille sont : édu-
elles dans la société ? p. 204
catif – éducateur – éducabilité. Les deux textes proposés permettent d’abor-
Réponse libre des élèves. der des combats que les femmes mènent dans
• Deux synonymes du mot « éducation » : ins- la société : celui contre l’ordre social établi au
truction – savoir-vivre. xixe siècle (l’interdiction du mariage entre deux
Deux antonymes du mot « éducation » : igno- personnes qui ne sont pas issues du même
rance – impolitesse. milieu social) et celui contre l’ordre politique
• L’Éducation nationale : l’ensemble des ser- et religieux au xxie siècle en Afghanistan (la
vices publics chargés d'assurer la formation présence des Talibans, les règles imposées pour
de la jeunesse et plus particulièrement sa les femmes de porter le tchadri et de ne sortir
formation intellectuelle. qu’accompagnées d’un homme).
Réponse libre des élèves.

Culture + site
1. Orgueil et préjugés de Jane Austen
Le dossier « Les Rougon-Macquart » se trouve En piste !
dans le dossier « Zola ». Les élèves devront Le terme « orgueil » signifie un sentiment de
relever qu’Émile Zola s’engage dans un grand dignité, de fierté, d’amour-propre. Le terme
projet en 1868 : dresser un tableau réaliste de « préjugés » signifie une opinion adoptée sans
la société de son époque à travers l’histoire examen, souvent imposée par le milieu ou l’édu-
d’une famille et son évolution dans toutes les cation. Ces deux termes ne s’opposent pas mais
classes sociales. S'inspirant des idées scienti- sont associés puisque le sentiment de dignité,
fiques en cours, il veut démontrer la double de fierté est lié au milieu dont on est issu, à

162 THème 2 4e • Individu et société : confrontations de valeurs ?


l’éducation reçue. La manière de penser est donc qui, à mon sens, contribuera le plus à mon bon-
conditionnée par le milieu social. Il est à noter heur, sans en référer à vous, madame », l. 21-22).
que le titre anglais Pride and prejudice joue sur Elle passe outre les codes sociaux (« Ni le devoir,
l’allitération des consonnes initiales donnant ni l’honneur, ni la gratitude…, […] n’ont de quoi
une forme de majesté aux deux termes, révé- m’influencer dans l’affaire qui nous occupe »,
lateurs d’une société dans laquelle le rang, la l. 27-28).
richesse et l’apparence jouent un rôle essentiel.
3. • Lady Catherine utilise les stratégies argu-
1. On utilisera le guide de lecture pour faire mentatives suivantes : l’emploi de phrases inter-
percevoir aux élèves l’opposition entre deux rogatives qui cherchent à remettre en question
conceptions du mariage, celle d’Elisabeth Ben- la décision d’Elisabeth Bennett (« Vous êtes
nett fondée sur les sentiments et celle de Lady donc résolue à en faire votre mari ?, l. 20) ; l’usage
Catherine fondée sur les codes sociaux (le rang,
de la leçon de morale (« Je m’attendais à trouver
l’apparence) qui ont plus d’importance que les
en vous quelqu’un de plus raisonnable », l. 3-4) ;
valeurs morales (« Vous refusez de vous confor-
mer à ce qu’exigent devoir, honneur, gratitude », l’emploi du pronom personnel « vous » associé
l. 24-25). Lady Catherine est d’ailleurs prête à à un terme négatif pour accuser (« Vous refu-
tout pour faire changer d’avis Elisabeth Bennett, sez » (l. 24), « Vous êtes déterminée », l. 25) ; le
y compris à une forme de chantage social (le vocabulaire de la coutume, de l’usage (« m’obli-
déshonneur à venir de M. Darcy). ger », l. 24), « vous conformer à ce qu’exigent »
2. • Les arguments de Lady Catherine sont uni- (l. 24-25).
quement liés aux codes sociaux en vigueur à • Elisabeth Bennett utilise les stratégies argu-
l’époque. Elle pense Elisabeth Bennett raison- mentatives suivantes : l’emploi de questions
nable au sens où elle devrait comprendre qu’elle rhétoriques pour montrer la fausseté de l’argu-
doit céder face aux codes sociaux (« Je m’atten- mentation de Lady Catherine (l. 9-12) ; du mode
dais à trouver ne vous quelqu’un de plus rai- conditionnel pour montrer l’absence de fonde-
sonnable », l. 3-4). Elle lui reproche de ne pas se ment de ses arguments (« n’irait à l’encontre »,
conformer aux valeurs que lui impose son milieu l. 28-29) ; de la forme négative pour dénoncer
(« devoir, honneur, gratitude » (l. 25). Elle l’ac- ses agissements (« On ne peut par l’intimida-
cuse de vouloir déshonorer M. Darcy aux yeux tion », l. 7-8). Elle reprend les arguments de
de la société (« Vous êtes déterminée à le ruiner Lady Catherine pour les réfuter (« Ni le devoir,
dans l’esprit de tous ses amis et à en faire la risée ni l’honneur, ni la gratitude […] n’ont de quoi
du monde », l. 25-26). m’influencer dans l’affaire qui nous occupe »,
• Les arguments d’Elisabeth Bennett sont les l. 27-28). Elle use de la comparaison pour dénon-
suivants : elle refuse toute intimidation (« On cer la démarche utilisée (« autant manqué de
ne peut par l’intimidation m’arracher quelque solidité que la démarche elle-même manquait
chose d’aussi parfaitement déraisonnable  », de discernement », l. 14-15), d’un vocabulaire
l. 7-8). Elle met au jour le raisonnement absurde péjoratif pour dénoncer la conformité aux codes
de Lady Catherine : son refus du mariage ne sociaux (« déraisonnable » (l. 8), « manqué de »,
signifie pas que M. Darcy acceptera d’épouser sa l. 14), du lexique du libre choix (« ne plus m’im-
fille (« Mais, si vous aviez de moi l’engagement portuner », l. 19), « sans en référer à vous »
désiré, leur mariage en deviendrait-il en aucune
(l. 22), « n’ont de quoi m’influencer », l. 27-28).
façon plus probable ? », l. 9-10). Elle dénonce
les arguments utilisés et la démarche entreprise 4. Elisabeth Bennett prend le dessus puisqu’elle
(« [...] Les arguments que vous avez avancés parle le plus et qu’elle est la dernière à parler,
à l’appui de cette extraordinaire requête ont ce qui montre sa volonté d’expliciter ses choix,
autant manqué de solidité que la démarche elle- d’argumenter en réfutant les affirmations de
même manquait de discernement », l.14-15). Lady Catherine. Cette dernière se contente de
Elle désire rester libre dans ses choix personnels juger et ne développe pas une véritable argu-
(« Je suis seulement décidée à agir de la manière mentation.

séquence 13  Femmes dans leur siècle   163


5. Elisabeth montre qu’elle ne se soumet pas à prison (« m’emmurer chez moi », l. 13). Elle
des codes sociaux, qu’elle est déterminée à agir garde ainsi sa dignité et sa liberté de femme
comme bon lui semble. Elle n’est pas intimidée (« je ne m’abrite pas derrière mes bras »,
par le rang qu’occupe Lady Catherine. l. 14). Elle n’est pas réifiée par le port du tchadri.
Mohsen ne veut pas de cette prison, de cette
argumentative soumission qu’il compare au « bétail » (l. 27).
6. Elisabeth Bennett n’attend pas uniquement Il pense qu’il faut opposer les valeurs de l’être
du mariage la sécurité et un avenir matériel mais humain : l’éducation et la joie de vivre.
le « bonheur » et l'épanouissement personnel. 3.  Mohsen cherche à dire qu’une existence ne
L’héroïne montre son indépendance d'esprit, sa peut consister en l’exclusion d’une société et
volonté de ne pas être cantonnée à la place où en un repli sur soi. Le couple a besoin d’une vie
voudrait la reléguer Lady Catherine. En revanche, sociale pour s’épanouir.
Lady Catherine est sensible à la notion de rang, 4. Les deux personnages sont en désaccord sur
de relations et de fortune parce que la noblesse l’attitude à tenir : Zunaira prône l’enfermement
terrienne est encore considérée comme le som- alors que Mohsen préfère reprendre une vie
met de l'échelle sociale. Elle souhaite donc unir
sociale, comme celle qu’ils menaient aupara-
sa fille et son neveu pour réunir les biens et ren-
vant. Les rapports se tendent peu à peu : « Pour-
forcer les liens ancestraux de leurs deux familles.
quoi dis-tu des sottises ? » (l. 4).
Elle est très attachée au concept d'une société
endogame. Le statut social est plus important 5. La discussion se conclut sans accord entre les
que les mérites personnels. deux personnages. Chacun a exposé sa vision de
l’existence et ses arguments.
2. Les Hirondelles de Kaboul de argumentative
Yasmina Khadra audio 6.  Cette activité d’écriture a pour objectif de
s’interroger sur un fait de société (par exemple :
En piste ! l’égalité homme/femme dans le monde profes-
L’histoire se passe dans la ville de Kaboul détruite sionnel) et de réinvestir les critères du dialogue
par la guerre et qui est sous l’emprise des Tali- argumentatif : les caractéristiques formelles
bans. Ces rebelles imposent la peur et la violence du dialogue, la gestion d’une argumentation
à la population qui vit terrorisée et enfermée (l’enchaînement des arguments)
chez elle. L’héroïne rêve en silence de voir sa ville Le professeur devra valider les thèmes proposés
renaître et de connaître des jours meilleurs. C’est par les élèves afin d’éviter des sujets polémiques,
le sens du titre : les hirondelles représentent puis les engager à faire des recherches sur ce
l'arrivée des beaux jours, du changement et du thème afin d’obtenir des arguments fondés sur
renouveau. des faits réels (chiffres…) et non des jugements
1.  On utilisera le guide de lecture pour faire de valeur, afin de trouver des exemples.
relever aux élèves l’interrogation des person- Le vocabulaire de la misère
nages sur leur place dans la société (« Et qui 1. Cherchez des mots de la même famille qu’
sommes-nous ? », l. 1), sur l’attitude à tenir face « indigence », « putrescent », « décrépis »,
aux interdictions, sur la manière de lutter contre « périclitant ». Qu’évoquent-ils ?
l’obscurantisme (« […] ne pas renoncer à notre – « Indigence » : indigent.
éducation », l. 21-22). – « Putrescent » : putrescence, putrescibilité,
2.  La conversation porte sur le choix de vie putride, putréfier, putréfaction, putréfiable.
possible dans une société où les droits des Ces mots évoquent le pourrissement.
individus sont bafoués. Zunaira pense qu’une – « Décrépis » : décrépir, décrépissage, décré-
vie sociale et libre n’est plus possible et préfère pir, décrépit, décrépitude. Ces mots évoquent
rester chez elle, même si cela ressemble à une l’usure du temps, le délabrement.

164 THème 2 4e • Individu et société : confrontations de valeurs ?


– « Périclitant » : péricliter. Ce mot indique ce changements physiques, une remise en cause de
qui ne tient plus, ce qui manque de s’écrouler. l’autorité, une interrogation sur le sens à donner
2. Cherchez des synonymes des termes précé- à son existence, une revendication de liberté.
dents puis employez-les dans une phrase de 1. Le texte de Joyce Carol Oates et le photo-
votre composition. gramme de Foxfire donnent l’image d’adoles-
« Indigence » : misère, pauvreté – « putres- centes solidaires, heureuses d’être ensemble,
cent » : pourri – « décrépi » : usé, vieux – semblant partager un même état d’esprit (« une
« périclitant » : chancelant, déclinant. vraie solidarité féminine » dans le texte 1, l. 8 ;
Réponse libre des élèves. toutes rient dans le photogramme). Elles portent
également un signe distinctif qui indique l’ap-
Je fais le point
partenance à une bande : un foulard rouge noué
Les héroïnes s’opposent aux règles de la société au cou dans le texte, et porté dans les cheveux,
et de leur pays : le statut social lié au rang et à au cou ou au poignet dans le photogramme.
la fortune qui conditionne le mariage et le bon- Elles forment, dans ce dernier, un cercle presque
heur des individus et entrave leur libre-arbitre fermé qui ne laisse pas de place à autrui (« Nous
pour Jane Austen ; les lois des Talibans qui inter- cinq marchant de front » dans le texte, l. 1).
disent les droits élémentaires des femmes, leur La révolte des adolescentes se manifeste
2.  
indépendance et leur identité pour Yasmina contre le regard que leur portent les hommes.
Khadra. Leur combat prend la forme d’une Se dégage de cet extrait une vision manichéenne
opposition directe : Elisabeth Bennett remet en et pessimiste du monde : les filles contre les
cause les arguments de Lady Catherine au risque garçons dans une société qui semble ne pas les
d’un jugement social et d’un repli sur soi, d’un reconnaître à leur juste valeur, et dont l’orga-
désaccord avec son mari pour Zunaira. nisation semble les exclure. Aucune place ne
semble laissée à la parole, à la liberté mais tout
est soumis au regard de l’autre.
3. Dans le texte d’Annie Ernaux, les relations sont
Lecture  Comment les artistes tendues entre la narratrice et sa mère puisqu’il
montrent-ils les aspirations est évoqué la « colère » (l. 21) de la mère. Elles
des adolescentes ?  p. 206 n’ont plus de complicité (« J’opposais le silence
Les deux extraits et les deux documents icono- à ses tentatives pour maintenir l’ancienne
graphiques permettent d’aborder les relations complicité », l. 6-7), elles ne partagent plus les
complexes qu’entretiennent les adolescentes mêmes principes, (« sur un ton de chamail-
avec le monde environnant, que ce soit avec la lerie », l. 5). En fait, deux visions de la société
société pour Joyce Carol Oates, Laurent Cantet s’affrontent : la fille s’embourgeoise (« Je vivais
et Bruno Barbey, ou avec le milieu familial pour ma révolte adolescente sur le mode romantique
Annie Ernaux. comme si mes parents avaient été des bour-
geois », l. 15-16) et reproche à sa mère de ne pas
ressembler aux modèles des magazines (« Je
1. Confessions d’un gang de filles trouvais ma mère voyante », l. 4). La vision de la
de Joyce Carol Oates mère est celle du milieu ouvrier : elle voit l’avenir
2. Foxfire de Laurent Cantet de sa fille dans la réussite scolaire (« l’école en
3. Une femme d’Annie Ernaux premier », l. 11) et elle ne comprend pas ses sujets
4. Photographie de Bruno Barbey de préoccupation (« de désirs qui n’avaient pas
trait aux études », l. 8), les raisons de sa révolte
En piste ! (« se révolter n’avait eu qu’une seule significa-
Les élèves se sentiront concernés par cette tion, refuser la pauvreté », l. 17-18). Elle conçoit
question puisqu’ils sont en âge de vivre cette la révolte comme action, contrairement à sa fille
période. L’adolescence se caractérise par des qui la perçoit comme intellectuelle.

séquence 13  Femmes dans leur siècle   165


4. La révolte dans les deux textes ne prend pas Je fais le point
la même forme. Dans le texte de Joyce Carol
Oates, elle est action : création d’une organisa- Les adolescentes revendiquent une forme
tion secrète, attitude frondeuse (« Nous cinq de reconnaissance : vivre selon leurs règles.
marchant de front sur le trottoir », l. 1), tenue Elles sont également soucieuses d’une solida-
synonyme de révolte (« un foulard d’un rouge rité féminine. Elles refusent les règles ou les
orangé noué au cou », l. 2). Dans le texte d’An- valeurs de leur société et aspirent à en changer.
Les formes sont diverses : action (formation
nie Ernaux, elle est le refus des valeurs d’une
d’une bande, équipée sauvage) ou plus intellec-
société : « mépriser les conventions sociales, les tuelle (mépriser les valeurs bourgeoises).
pratiques religieuses, l’argent » (l. 12-13). Elle est
plus intellectuelle [références à la littérature :
« Je recopiais des poèmes de Rimbaud et de
Prévert » (l. 13) ; au cinéma : « je collais des Argumenter envers et
photos de James Dean » (l. 13-14) ; à la musique : contre tous p. 208
« j’écoutais La Mauvaise Réputation de
Brassens » (l. 14-15), « sur le mode romantique » Atelier Écrire un dialogue argumentatif
(l. 15)], moins radicale et circonscrite au milieu Cette activité a pour objectif d’articuler lecture
familial. et écriture, puisque la rédaction du dialogue
5. Les différences entre la photographie de argumentatif doit tenir compte des éléments
Bruno Barbey et les autres documents résident contenus dans la bande dessinée sur les per-
dans le fait que les jeunes filles ne semblent ni sonnages et leur personnalité : un père qui veut
révoltées, ni en train de former un gang ou une un mariage arrangé avec un fils de bonne famille
afin d’assurer l’avenir de sa fille, et une fille
bande organisée. Elles ne semblent pas non plus
moderne (« c’est le dernier Chantal Tayba »),
remettre en question leur milieu social et aspirer libre (« leur fils ne m’intéresse pas ») et indépen-
à des changements. dante (« je sens que je vais regretter ce voyage »),
En termes de ressemblances, on retrouve le qui remet en question les traditions.
groupe (deux adolescentes dans la photogra-
y Étape 1 : préparation du plan.
phie), le milieu social (un quartier ouvrier, des
Prélever des informations sur l’attitude et la per-
jeunes filles qui travaillent pour un garage), le
sonnalité des personnages ; trouver trois argu-
regard de l’autre (le photographe, les adultes et ments pour le père et trois arguments pour Aya
les adolescentes). On peut évoquer un manque et les faire correspondre ; les classer par ordre
d’émancipation : les jeunes filles travaillent pour d’importance ; identifier les procédés pour
le garage et ne sont pas à l’école. concéder et pour traduire l’incompréhension
ou l’indignation.
Culture + vidéo
La bande-annonce de Laurent Cantet montre y Étape 2 : rédaction de la scène.
des adolescentes qui créent une association Insérer du récit qui montrent l’attitude et les
secrète pour survivre et se venger de toutes les réactions des personnages ; réinvestir les caracté-
humiliations qu’elles subissent. Elles désirent ristiques des paroles rapportées ; savoir argumen-
ter et contre-argumenter ; utiliser des stratégies
vivre selon leurs propres lois. Mais la condam-
argumentatives différentes (convaincre, persua-
nation à la maison de correction pour troubles der) ; finir sur une conclusion (statut quo entre
à l’ordre public les pousse à aller plus loin dans les personnages ou l’un des deux parvient à
leur révolte et à prendre l’argent là où il se convaincre l’autre).
trouve : « dans les poches des hommes ». Elles
se lancent alors dans une équipée sauvage qui
aura raison de leur idéal.

166 THème 2 4e • Individu et société : confrontations de valeurs ?


Oral La femme dans les arts p. 209 époque et les interdits de la société. Elle est fière
et épanouie, moderne et décomplexée.
Atelier Organiser une exposition sur
la représentation de la femme 5. Cette femme balaie les canons de beauté fémi-
dans les arts et les médias nine actuels pour renouer avec les Vénus de la
mythologie, les déesses. L’artiste porte un regard
y Étape 1 : à la rencontre des œuvres. plutôt sombre parce qu’elle s’élève contre le
1. Les élèves seront sensibles aux couleurs vives poids que la société fait porter aux femmes.
et pourront imaginer une farandole de mail- 6. Réponse libre des élèves.
lots de bain multicolores sur une plage en été.
Ils peuvent également remarquer la taille de y Étape 3 : je pratique.
la sculpture (une femme-déesse géante) et sa 7. Cette création pourra se faire en collaboration
forme (femme forte mais légère et libérée de avec le professeur d’arts plastiques, puisqu’elle
tout carcan. consiste en une réalisation artistique. Les élèves
devront d’abord arrêter une vision de la femme
y Étape 2 : j’approfondis mes connaissances. au xxie siècle et la justifier puis planifier leur
2. On utilisera le guide de lecture de l’image pour travail sous la forme de croquis, de notes explici-
analyser la sculpture de Niki de Saint Phalle. tant le choix des formes, des couleurs, des mou-
Il s’agit d’une sculpture de grande taille, en vements et des matériaux. La présentation au
polyester, peinte avec des couleurs vives (le sein du groupe permettra d’évaluer la cohérence
jaune pour le corps pour faire ressortir le bleu, du projet, les choix effectués et leur justification.
blanc, vert, jaune, rose et parme du maillot). Elle
8. Une fois le travail individuel réalisé, les élèves
représente une femme aux formes généreuses :
devront organiser par groupe une exposition sur
les formes des cuisses et du bassin sont amples,
la représentation de la femme dans les arts et les
la poitrine très généreuse, suggérant les statues
médias. Il pourra être utile de visiter, grâce aux
de la mythologie. Elle est représentée en appui
TICE, les salles d’expositions des musées natio-
sur la jambe gauche, la jambe droite en l’air,
naux afin que quelques critères soient trouvés :
comme en équilibre. Les deux bras sont ten-
les choix qui président à la réunion des œuvres
dus vers le ciel. Les extrémités des membres et
dans une salle, leur ordre, leur éclairage, leur
la tête sont atrophiés par rapport au reste du
légende, la présence de musique…
corps. Niki de Saint Phalle redonne une place à
Ils devront chercher des représentations de
la femme dans la société et dans l’art. Cette
femmes dans les arts (peinture, sculpture) et les
femme semble danser parce qu’elle est sans
médias (les publicités) et faire des choix selon
complexe, libre. Le corps porte sa déclaration
un double critère : donner un regard varié mais
féministe : attributs sexuels et fleurs. Malgré sa
avec un fil conducteur qui les réunit. Ce travail
forme volumineuse, elle déborde d’énergie et de
leur demandera donc d’être précis dans leur
vitalité.
analyse des œuvres trouvées et explicites dans
3. Le terme « nana » désigne, dans les années leurs choix.
1960, une fille joyeuse et sans tabou. Au xixe Ils devront enfin préparer l’exposition sous
siècle, une nana était une prostituée. Dans l’An- forme de plan ou de croquis. Le professeur
tiquité, les sumériens vénéraient le dieu Nanna, pourra conseiller aux élèves de préparer un texte
gardien du fleuve Euphrate. Ce terme désigne ou une carte mentale comme support de leur
donc une femme bien dans son corps et sans présentation.
tabou.
4. L’artiste pose la question de la place de la
femme dans la société et dans l’art du xxe siècle.
Il cherche à lui redonner de l’importance en Langue La grammaire pour lire,
interpellant le spectateur. La sculpture repré- écrire et parler p. 210
sente une femme naturelle qui n’est pas En grammaire, il s’agit de faire travailler les élèves
contrainte par l’éducation moralisatrice de son sur les propositions subordonnées complétives,

séQuence 13 Femmes dans leur siècle 167


les formes et l’emploi du subjonctif dans ces d. La loi française admet que les époux peuvent
propositions subordonnées. En orthographe, divorcer (mode indicatif parce que le verbe de
l’accord du verbe dans les cas complexes sera la principale exprime un fait réel).
abordé. Enfin, en vocabulaire, les mots de la jeu- e. Je ne comprends pas que ce paquet ne soit
nesse et de l’adolescence seront traités. pas encore arrivé (mode subjonctif parce que
le verbe de la principale exprime le doute).
Les propositions subordonnées f. Les joueurs contestent que Pierre soit hors-jeu
complétives (mode subjonctif parce le verbe de la principale
J’observe exprime l’opinion).
1.  a. Les propositions subordonnées complé- g. Jureriez-vous qu’il dît toujours la vérité (mode
tives, complément d’objet direct sont : subjonctif parce le verbe de la principale exprime
– « que le duc envisageait de passer à la rébellion le doute) ?
ouverte » : COD du verbe « devina » ; 3. a. Vous niez toujours qu’elle puisse réussir son
– « que les deux autres avaient deviné » : COD épreuve. b. Crois-tu qu’il viendra ce soir ? c. Il ne
du verbe « devina » ; cache pas qu’il est perplexe. d. On dirait que le
– « que le duc avait deviné qu’il avait deviné » : printemps est arrivé. e. Le directeur exige que les
COD du verbe « devina » ; élèves arrivent à l’heure. f. La municipalité tolère
– « qu’il avait deviné » : COD du verbe « avait que les encombrants soient déposés sur le trot-
deviné » (x 4) ; toir.
– « que le duc avait deviné » : COD du verbe
« avait deviné » (x 2) ; Formes et emploi du subjonctif dans
– « que le duc avait deviné qu’il avait deviné » : les complétives
COD du verbe « devinait ». J’observe
4. a. et b. Si on remplace les verbes par « faire »,
Les propositions subordonnées interrogatives
on obtient : a. Mais que je fasse la cuisine lui
indirectes, complément d’objet direct sont :
paraissait suspect ! b. Et toujours la peur ou
– « si le héraut avait lui aussi deviné que le duc peut-être le désir que je n’y fasse pas. c. Il crai-
avait deviné qu’il avait deviné » : COD du gnait qu’on ne le fasse revenir travailler le week-
verbe « devinait » ; end. d. J’ai proposé qu’on la fasse dans plusieurs
– « si le chapelain avait deviné que le duc avait eaux. e. Que je fasse une langue étrangère en
deviné qu’il avait deviné » : COD du verbe classe, sans aller dans le pays, le laissait incrédule.
« devinait ». f. Il ne souhaitait pas que je fasse mes études.
b. Elles dépendent toutes d’un verbe conjugué. c. Le mode qui apparaît est le subjonctif.
c. Elles sont compléments d’objet direct. d. On trouve le subjonctif quand la proposition
d. « Envisageait » : imparfait de l’indicatif ; subordonnée complétive est en tête de phrase
« avait deviné » : plus-que-parfait de l’indicatif. (phrases a. et e.), après des verbes qui expriment
Je m’entraîne la crainte (phrases b. et c.), la volonté (phrase f.),
2.  a. b. a. Le colonel ordonne que les vingt- la possibilité (phrase d.).
cinq coupables restent au garde-à-vous (mode Je m’entraîne
subjonctif parce que le verbe de la principale 5. a. Mode indicatif après un verbe de volonté.
exprime un ordre). b. Mode subjonctif après un verbe de crainte.
b. Mme Verdure prétend que sa fille a épousé un c. M
 ode subjonctif après un verbe d’apprécia-
« brave garçon » (mode indicatif parce que le tion.
verbe de la principale exprime une déclaration). d. Mode subjonctif après un verbe d’opinion.
c. La famille a promis que les enfants iront au e. Mode indicatif après un verbe de déclaration.
parc d’attractions (mode indicatif parce que f. Mode indicatif après un verbe de déclaration.
le verbe de la principale exprime un fait qui se g. Mode conditionnel après un verbe d’opinion.
réalisera). h. Mode subjonctif après un verbe de doute.

168   Thème 2  4e • Individu et société : confrontations de valeurs ?


6. a. Il apprécierait qu’il soit présent ce soir e. « couraient, sautaient […], s’aspergeaient »,
(mode subjonctif après un verbe d’opinion). sujet : « Les enfants », sujet à la 3e personne
b. Les scientifiques savent depuis très longtemps du pluriel, un seul et même sujet pour trois
que la banquise fond très rapidement en rai- verbes conjugués.
son de la pollution (mode indicatif après un f. « gêne », sujet : « La voiture des voisins »,
verbe de savoir). sujet à la 3e personne du singulier, présence
c. Il se rend compte peu à peu combien il est d’un complément du nom qui peut mettre
important de travailler régulièrement (mode en erreur.
indicatif après un verbe de compréhension). g. « partent », sujet : « La grand-mère, les enfants
d. Nous sommes heureux que vous ayez réussi et les petits-enfants », sujet à la 3e personne
votre examen (mode subjonctif après un du pluriel, trois sujets pour un verbe.
verbe de sentiment). h. « nourrit », sujet : « Chanter », sujet à la
e. Qu’il neige ne me pose aucun problème pour 3e personne du singulier, verbe à l’infinitif.
mes déplacements. Je suis équipé(e) en pneus i. « étiez », sujet : « Eux et vous », pronoms per-
neige (mode subjonctif parce que la proposi- sonnels équivalents à la 2e personne du plu-
tion subordonnée complétive est en tête de riel. « auriez dû », sujet : « vous », sujet à la
phrase et suivie d’une principale négative). 2e personne du pluriel, pronom personnel.
f. Je doute que les énergies renouvelables soient j. « sont déployés », sujet : « De nombreux sol-
celles de demain (mode subjonctif après un dats », sujet à la 3e personne du pluriel.
verbe de doute). « avance », sujet : « Chacun d’entre eux »,
g. Ils sont contents que leurs voisins démé- sujet à la 3e personne du singulier, présence
d’un complément du nom qui peut mettre en
nagent prochainement. L’immeuble sera plus
erreur et inciter l’élève à faire un accord par le
calme (mode subjonctif après une expression
sens plutôt que grammatical.
qui évoque un sentiment).
k. « ménage », sujet : « Qui », sujet à la 3e per-
h. Elle aimerait bien que vous passiez ce soir
sonne du singulier, pronom relatif.
(mode subjonctif après un verbe de souhait). « ira », sujet : « qui ménage sa monture »,
i. Ses parents pensent qu’elle réussira sa com- sujet à la 3e personne du singulier, proposition
pétition de danse (mode indicatif après un subordonnée relative.
verbe de pensée).
c. On parle d’accord du verbe dans des cas com-
plexes parce que le sujet est inversé ou séparé de
L’accord du verbe dans les cas son verbe par un pronom personnel COD ; qu’il
complexes comprend un complément du nom qui peut
J’observe induire en erreur ou deux pronoms dont il s’agit
7. a. et b. de trouver l'équivalent ; qu’il est constitué d’une
a. « se tenait », sujet : « cette réunion », sujet à proposition subordonnée relative ; qu’il est mul-
la 3e personne du singulier et inversé. tiple pour un même verbe ou est unique pour
b. « observait », sujet : « Pierre », sujet à la plusieurs verbes.
3e personne du singulier, nom propre.
« reflétait », sujet : « Le soleil », sujet à la Je m’entraîne
3e personne du singulier, présence d’un pro- 8. a. – « brûlait », sujet : « la veilleuse » ; « noyait »,
nom personnel COD entre le sujet et le verbe. sujet : « l’ombre » ; « était », sujet : « C’ » ;
c. « circulaient », sujet : « d’innombrables véhi- « coupait », sujet : « qui » ; « baignait », sujet :
cules », sujet à la 3e personne du pluriel et « qui » ; « azurait », sujet : « qui » ; « prenait »,
inversé. sujet : « L’harmonie bourgeoise de la pièce ».
d. « vivions », sujet : « Elle et moi », pronoms b. Les chaînes d’accord sont : « brûlait » : « la
personnels équivalents à la 1re personne du veilleuse » : 3e personne du singulier, groupe
pluriel. nominal ; « noyait » : « l’ombre » : 3e personne

séquence 13  Femmes dans leur siècle   169


du singulier, groupe nominal ; « était » : « C’ » : 12. Grandir : gagner de la maturité, devenir plus
pronom démonstratif ; « coupait » : « qui » : mûr, plus adulte ; s’émanciper : se libérer d’un
pronom relatif reprenant une lueur calme ; état de dépendance, s’affranchir des contraintes
« baignait » : « qui » pronom relatif reprenant (familiales, sociales, sexuelles, etc.) ; s’affranchir :
une lueur calme ; « azurait » : « qui » pronom se libérer d’une contrainte ; mûrir : acquérir de
relatif reprenant une lueur calme ; « prenait » : la sagesse, de l’expérience ; évoluer : transformer
« L’harmonie bourgeoise de la pièce » : 3e per- son caractère, son comportement, ses opinions
sonne du singulier, groupe nominal. au fil du temps.
9. Les sujets sont soulignés. 13. Ce garçon a grandi : il n’entre plus dans des
a. À l’entrée du parking attendent des dizaines colères noires. Cette jeune fille sort tous les
de véhicules. – b. Emma est une candidate soirs : elle s’est émancipée. Il s’affranchit de
sérieuse. Ni ses parents ni ses professeurs ne demander la permission de minuit. Son séjour
doutent de sa réussite. – c. Cette année, mes à l’étranger l’a fait mûrir. Elle évolue : elle ne
parents, mon frère et moi passerons nos répond plus à ses parents.
vacances dans un lieu paradisiaque. – d. Au 14. Le terme « jeunesse » vient de « jeune »
petit matin, au large naviguait l’ensemble des (médiéval) qui provient du latin juvenis.
bateaux. – e. L’automobiliste a des difficultés 15. Les trois mots de la famille de « jeunesse »
à se frayer un chemin au milieu des nappes de sont : jeune (peu avancé en âge) ; jeunet
brouillard. Il les redoute. – f. Où te caches-tu ? – (quelqu’un de bien jeune) ; jeunot (quelqu’un
g. Les avions de ligne roulent doucement sur la de jeune).
piste puis accélèrent et s’envolent vers leur des- 16. Il est trop jeune pour faire du kart. Il ne peut
tination. – h. La chaleur, les embouteillages, la pas monter dans cette attraction : il fait un peu
distance provoquent de nombreux accrochages jeunet.
entre les automobilistes. – i. L’un des jeunes Il ne peut entrer dans la discothèque : il fait trop
gens, assis face à face sur un banc, regardait pas- jeunot.
sionnément l’autre. – j. Qui vivra verra. 17. – une erreur de jeunesse : une erreur liée à
10. a. « redoutaient », sujet : « Les paysans » ; l’inexpérience, à un manque de maturité dans
« inspiraient », sujet : « ses stations dans le clo- l’action ;
cher » ; « empêchait », sujet : « il » ; « détes- – il faut que jeunesse se passe : excuse ironique
taient », sujet : « Ses confrères, les curés des pour expliquer les écarts de conduite d'une
environs, fort jaloux de son influence » ; personne jeune ;
« méprisait », sujet : « le marquis Del Dongo » ; – connaître une seconde jeunesse : état psy-
« raisonnait », sujet : « il » ; « adorait », sujet : chologique d'une personne d'âge mûr qui
« Fabrice » ; « passait », sujet : « il » ; « mon- retrouve le comportement, les qualités d'une
tait », sujet : « il » ; « était », sujet : « c’ » ; « avait personne jeune ;
accordée », sujet : « l’abbé Blanès » ; « aimait », – la jeunesse dorée : une jeunesse riche et insou-
sujet : « il » ; « deviens », sujet : « tu » ; « disait », ciante.
sujet : « il » ; « seras », sujet : « tu ».
b. « Accordée » : féminin singulier en raison de
la présence d’un COD placé avant « que », qui Plaisir de lire Albert Camus,
reprend « une grande faveur ». « Les muets », in
L’Exil et le Royaume p. 213
Les mots de la jeunesse et de
l’adolescence Pour entrer dans l’œuvre
11. Le mot adolescent vient du latin adolescens Le titre « Les muets » évoque un mutisme
qui signifie : « qui est dans l’âge au-dessus de voulu par les personnages suite à un événe-
l’enfance sans être encore adulte ». ment marquant. Cette attitude constitue

170   Thème 2  4e • Individu et société : confrontations de valeurs ?


une manifestation de révolte leur permettant 6. La mer symbolise la jeunesse et le bon-
d’exister. heur d’Yvars, puis le bonheur évanoui quand
il ne la regarde plus le matin. Le soir, associée
À vos carnets ! à la douceur du crépuscule, une tristesse s’en
1. « Les muets » raconte l’histoire d’Yvars, un dégage (« tombait, brève, soudain  »), traduisant
ouvrier d’une tonnellerie, qui reprend le travail le passage rapide de la fin de l’après-midi au soir,
après l’échec d’une grève pour obtenir une aug- la disparition du jour – et une sorte de mort.
mentation vécue comme une défaite. L’atmos- L’attente indécise d’Yvars suggère le sentiment
phère dans l’atelier est pesante. Une entrevue a du temps qui passe, qui l’a rejeté des jeux de la
lieu entre monsieur Lassalle, le patron, Marcou, plage, et l’a peu à peu conduit vers la vieillesse
le délégué syndical, et Yvars afin de mettre fin à et la fin.
cette situation de tension mais elle ne débouche
7. Les ouvriers sont tonneliers. Yvars connaît
sur aucun accord. Dans l’atelier, se mani-
un bonheur simple dans la mesure où il appré-
festent des signes de solidarité : Yvars partage
cie son travail et savoure la solidarité entre les
son repas avec Saïd ; Ballester, le contremaître,
ouvriers : « Tous travaillaient en silence, mais
tente de renouer des liens avec les ouvriers. Ils
une chaleur, une vie renaissaient peu à peu dans
apprennent que la petite fille du patron est vic-
time d’une attaque, ce qui les affecte, partagés l’atelier ». Mais leur raison de vivre est menacée
entre le chagrin et la solidarité ouvrière. de disparaître lorsque le travail se révèle insuffi-
2. et 3. Réponse libre des élèves. sant (« Changer de travail n’est rien, mais renon-
cer à ce qu’on sait, à sa propre maîtrise, n’est pas
Pour approfondir la lecture facile »). Les personnages se sentent remis en
question dans leur savoir irremplaçable d’arti-
4. La nouvelle comporte peu d’indications tem- san. Dès lors, la réaction réside dans la grève.
porelles : l’évocation de l’hiver et le déroulement
de l’histoire sur une journée (« ce matin-là », 8. Les conséquences de la grève entre les ouvriers
« le reste de l’après-midi », « dans l’après-midi et monsieur Lassalle sont l’absence de dialogue.
finissant »). Les indications spatiales sont éga- Ainsi, lors de l’entrevue avec le patron, Marcou
lement peu nombreuses : une ville au bord de et Yvars manifestent leur refus de relations cor-
la mer. Albert Camus désire donner une portée diales, puis leur incompréhension et leur colère
universelle à l’histoire : elle peut se dérouler en face au « chaos » déplacé et aux promesses loin-
tout temps et en tout lieu. taines.
Suite à la grève, Ballester, le contremaître, doit
5. Yvars est un homme d’âge mûr, marié, un fils.
faire entrer les ouvriers un par un dans l’ate-
Il est ouvrier. Ses années de jeunesse heureuse
lier, mais il désapprouve cette manière de faire
grâce à l’effort physique et à la communion
avec la nature (la plage, la mer) cèdent la place comme l’indique son visage (« l’air amer et cha-
à la maturité et aux responsabilités (« Puis les grin »), son silence et son hochement de tête.
années avaient passé, il y avait eu Fernande, la Il vit mal cette situation (« la bouche triste »).
naissance du garçon, les heures supplémentaires, Les ouvriers sont silencieux et ne le regardent
à la tonnellerie, le samedi, le dimanche chez des pas. Il va ensuite à leur rencontre et tente de
particuliers où il bricolait. ») qui modifient sa recréer des liens. Le geste d’Esposito (« il frappa
perception de l’existence. Il ne regarde plus la doucement l’épaule de Ballester ») marque un
mer quand il se rend au travail. Son attente, le retour à une relation apaisée.
soir, face à la mer marque le passage inexorable La grève a fait voler en éclats la solidarité dans le
du temps vers la vieillesse (« À quarante, on travail qui unissait les ouvriers et leurs respon-
n’est pas aux allongés, non, mais on s’y prépare, sables.
de loin, avec un peu d’avance »). À la fin de la 9. Les passages qui mentionnent le silence sont
nouvelle, il est partagé entre la solidarité avec les très nombreux : l’entrée dans l’atelier, la mise au
grévistes et celle qui naît de la souffrance d’au- travail, l’entretien de monsieur Lassalle avec les
trui (la maladie de la petite fille). ouvriers, l’annonce de l’attaque de la petite fille,

séquence 13  Femmes dans leur siècle   171


le départ du patron auquel personne ne répond, Autoévaluation de lecture
le retour à la maison (Yvars ne répond pas à
la question de sa femme avant de tout lui Candide  de Voltaire p. 215
raconter). 1. Le texte montre l’innocence de Candide par
Ce silence symbolise un sentiment d’insatisfac- son étonnement et par la civilité dont il fait
tion et de solitude des ouvriers, pris au piège preuve. Il regarde l’ailleurs avec les yeux de l’ici.
d’un quotidien qui ne leur convient pas, ce 2. Le lecteur ressent de ce fait de l’amusement à
qui les plonge alors inévitablement dans l’an- l’égard de Candide. L’auteur le décrit avec ironie :
goisse. La solitude et le silence, l’angoisse et Candide n’a pas compris les codes en vigueur
le désespoir oppressent les personnages de la dans l’Eldorado.
nouvelle, d’où son titre : leur insatisfaction est
totale, le sentiment de leur déchéance forte- 3. Le nom « Eldorado » renvoie aux richesses
ment intériorisé. naturelles du pays, mais surtout au comporte-
ment idéal de sa population, comme le souligne
10. L’épisode où Yvars partage son sandwich la dernière phrase de l’extrait : « Il faut que les
avec Saïd montre la solidarité entre les ouvriers. enfants des rois soient bien élevés, puisqu’on
Les autres épisodes sont le travail partagé leur apprend à mépriser l’or et les pierreries »
(« Tous travaillaient en silence, mais une cha- (l. 17-18).
leur, une vie renaissaient peu à peu dans l’ate-
lier. ») et les passages où les ouvriers sont muets 4. Voltaire montre la singularité de cet Eldo-
face à leur patron. rado pour souligner a contrario notre appât
des richesses. L’or ne suscite dans ce pays idéal
11. À l’annonce de l’attaque de la fille de mon- aucune envie : il sert à jouer. L’essentiel est ail-
sieur Lassalle, les ouvriers gardent le silence. Le leurs.
mutisme d’Yvars et de ses compagnons révèle
la logique de la lutte ouvrière et le silence qui 5. Les enfants, « petits gueux » (l. 10), sont
finissent par l’emporter sur l’émotion que sou- « couverts de brocarts d’or tout déchirés » (l. 2) ;
lèvent pourtant en eux les souffrances de la fil- ils jouent avec le métal précieux. Voltaire oppose
lette du patron. le regard de Candide, persuadé qu’il a affaire à
des grands de ce monde, au réel : le « précep-
12. La phrase qui clôt la nouvelle témoigne de teur » (l. 11) de la famille royale n’est qu’un
la résignation du personnage plutôt que de son « magister » (l. 13). La dernière phrase montre
acceptation de l’existence qu’il mène : ce qu’il que les valeurs sont renversées : ce qui compte
souhaite profondément, c’est retrouver sa jeu- habituellement est méprisé dans ce monde
nesse et l'innocence. Yvars rêve donc de sa jeu- idéal.
nesse enfuie qu’il ne retrouvera pas.

Après la lecture
13. et 14. Réponse libre des élèves.

172   Thème 2  4e • Individu et société : confrontations de valeurs ?


thème 3 se chercher, se construire
4e – Dire l’amour

Séquence

14 Récits amoureux

Fil directeur de la séquence


L’objectif de cette séquence est de découvrir diverses représentations du sentiment amoureux dans
la littérature romanesque, en lien avec les autres arts.
Seront analysées les différentes façons d’exprimer ce sentiment, ainsi que le rapport des personnages
au monde (aux autres, à la nature) à travers l’évocation des rencontres, des premières amours et de
la passion.
L’enjeu est de montrer comment, sur ce thème majeur de l’expression littéraire et artistique, les textes
entrent en réseaux par un jeu de références, et comment les personnages se construisent à travers le
sentiment amoureux.

Compétences travaillées dans la séquence


Langage oral Écriture
En atelier, p. 227 En atelier, p. 226
■ S’exprimer de façon maîtrisée en s’adressant à un ■ Pratiquer l’écriture d’invention et connaître les
auditoire caractéristiques des genres littéraires :
y Exprimer ses sensations, ses sentiments X Écrivez votre version de la scène du balcon dans
■ Présenter un poème évoquant la Lorelei un récit romanesque.
y Percevoir et exploiter les ressources expressives X Réécrivez cette scène du roman de Colette sous
et créatives de la parole et les techniques la forme d’un poème.
multimodales ■ Adopter des stratégies d’écriture efficaces
X Présenter un exposé sur le mythe de la Lorelei ■ Exploiter les principales fonctions de l’écrit :
X Écrits préparatoires et prises de notes pour penser
et apprendre.

Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue


■ Lire des textes variés avec des objectifs divers : Dans la double-page langue…, 228-229
y Recourir à des stratégies de lectures diverses ■ Maîtriser le fonctionnement du verbe et son
(adapter sa lecture à l’objectif poursuivi, adapter orthographe
sa lecture aux supports, reformuler) y Maîtrise de la morphologie verbale
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’observe », X Système du présent et système du passé
« Je comprends » y Mise en évidence du lien entre le temps employé
y Formuler des impressions de lecture, percevoir et le sens
un effet esthétique X Valeurs aspectuelles de l’imparfait vs passé
X Carte mentale « Lire un texte » : « Je lis », simple et/présent vs passé composé
« J’écoute », « Je réagis » ■ Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe des
y Reconnaître les implicites et faire les inférences et mots
hypothèses de lecture nécessaires X Mise en réseau des mots de l’amour
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’interprète »
■ Lire et comprendre des images fixes ou mobiles
Enjeux culturels
■ Lire des œuvres littéraires et fréquenter des
X Carte mentale « Lire une image »
œuvres d’art

séQuence 14 Récits amoureux 173


Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue
Enjeux culturels XXApprofondir des connaissances sur la poésie et la
■■ Lire des œuvres littéraires et fréquenter des œuvres poésie lyrique en particulier.
d’art ■■ Élaborer une interprétation de textes littéraires
XXApprofondir des connaissances sur la poésie et XXMise en voix de poèmes
la poésie lyrique en particulier. ■■ Quelques procédés stylistiques
■■ Élaborer une interprétation de textes littéraires
Enjeux de formation personnelle
XXMise en voix de poèmes
XXS’interroger sur le rôle des images et des références
XXQuelques procédés stylistiques
dans le lyrisme amoureux
Enjeux de formation personnelle Dans les coins des mots
XXS’interroger sur le rôle des images et des références Étymologie pages 221, 222, 224
dans le lyrisme amoureux Champ lexical page 222, 224
Champ sémantique page 224

Lecture  Quelles représentations – Provoquent-elles l’indifférence, un début de


de la rencontre sentiment amoureux, ou un coup de foudre ?
amoureuse ? p. 218 – Sont-elles anodines ou déterminantes pour la
suite de l’action ?
Les deux premières lectures invitent à une
1. On utilise le guide de lecture « Lire un texte »
réflexion sur l’utilisation du motif de la scène avec les élèves.
de bal dans les récits de rencontres amoureuses.
L’extrait de Sylvie, accompagné d’une référence 2. « À peine avais-je remarqué » (l. 1) : le narra-
au conte de Cendrillon, permettra aux élèves teur raconte une scène vécue ; le récit, mené à la
d’analyser la façon dont le narrateur évoque première personne, repose ainsi sur une focalisa-
la jeune fille avec laquelle il a dansé. La lecture tion interne. Le lecteur voit la scène par les yeux
du personnage-narrateur ; il a ainsi l’impression
du texte de Boris Vian apporte sur la rencontre
de vivre la scène comme lui, avec les mêmes per-
amoureuse un éclairage différent de celui de
ceptions, et de ressentir son « trouble » (l. 7).
Gérard de Nerval et il sera intéressant de compa-
rer ces passages ; s’ils sont tous deux construits 3. Il s’agira d’expliquer si nécessaire le terme de
sur des stéréotypes, ils diffèrent par leur façon « code » pour en arriver aux notions d’usage
de les réinvestir et par les effets qu’ils produisent. traditionnel, de convention, de lieux communs,
Cette étude sera l’occasion d’élaborer des hypo- de stéréotypes.
thèses sur la fonction dramatique de la ren- Les codes à identifier sont : la rencontre entre
contre amoureuse. deux beaux jeunes gens à l’occasion d’un bal ;
la jeune fille trouve son Prince charmant, noble
et riche ; l’aspect séducteur, conquérant de
1. Sylvie de Gérard de Nerval l’homme représenté en soldat ; l’attitude déjà
abandonnée, conquise de la jeune fille ; l’ar-
2. Cendrillon de Kenneth Branagh rière-plan flou pouvant symboliser l’inconnu, les
En piste ! rêves confus de la jeune fille.
L’objectif est de faire émerger un début de ques- Question croisée
tionnement, par exemple : 4. Gérard de Nerval utilise les codes suivants :
– Les rencontres sont-elles prévues ou dues au – la jeunesse : les deux personnages sont jeunes ;
hasard ? – le bal : ils se rencontrent à l’occasion d’une
– Mettent-elles en présence des personnages de fête, ils dansent au milieu de l’assistance, puis
même milieu social, de mêmes âges, de même Adrienne chante une « romance » évoquant
caractère… ou réunissent-elles des person- une « princesse » (l. 10/11).
nages différents ? Mais il les réinvestit à sa façon :

174   Thème 3  4e • Dire l’amour


– le narrateur n’est pas un prince, il semble ano- décalage entre ce style et celui d’auteurs pré-
nyme et non connu des autres personnages ; cédemment lus, notamment dans la littéra-
– les deux personnages suivent des consignes ture classique et romantique.
(« se trouva placée », « on nous dit de nous Question croisée
embrasser », l. 3-4) et aucun élément dans l’atti-
tude d’Adrienne ne suggère qu’elle est conquise. 5. La consigne invite à approfondir l’analyse
– La danse s’achève rapidement et Adrienne de la notion de « coup de foudre » ; les deux
chante, seule cette fois à l’intérieur du cercle passages sont ancrés dans cette thématique,
(« on s’assit autour d’elle » l. 8) ; elle chante pour avec des écritures différentes.
« avoir le droit de rentrer dans la danse » (l. 7-8) Dans l’extrait de Sylvie le narrateur évoque un
mais à la fin du passage elle se tait et le temps ravissement personnel également ressenti par
s’arrête ; elle transporte le public dans un autre l’assemblée. Il se figure en personnage fondu
monde, mais la scène n’aboutit pas ainsi à une dans l’assistance, vivant un événement surna-
véritable rencontre entre les deux personnages. turel, témoin d’une sorte de miracle ; la jeune
5. Plusieurs éléments dans le texte invitent à ima- fille est ainsi mise à distance, comme statu-
giner que cette « rencontre » n’aboutira pas à fiée, déifiée. Ce passage semble annoncer un
une histoire d’amour comme celles qu’évoquent amour platonique unilatéral.
les contes. On s’appuiera notamment sur les La fin du passage de L’Écume des jours repré-
réseaux de mots qui évoquent les thèmes de la sente, quant à elle, un rapprochement qui
princesse malheureuse, de la vieillesse, de l’iso- unit les deux personnages en les isolant de
lement, du silence. : « une de ces anciennes leur environnement, et semble préfigurer un
romances pleines de mélancolie et d’amour, qui amour fusionnel, passionnel.
racontent toujours les malheurs d’une princesse Les élèves pourront être invités à prolonger
enfermée dans sa tour par la volonté d’un père cette réflexion par une comparaison appro-
qui la punit d’avoir aimé » (l. 10-12), « quand fondie entre ce passage et le texte de Gérard
elles imitent par un frisson modulé la voix trem- de Nerval, pour identifier :
blante des aïeules » (l. 14), « le clair de lune nais- – le cadre commun (une fête pendant laquelle
sant tombait sur elle seule, isolée de notre cercle les personnages dansent, il s’agit de jeunes
attentif » ( l. 15-16). gens) ;
– les différences (Dans L’écume des jours, il
  créative
ne s’agit pas d’un bal de village, mais d’une
6. Productions libres des élèves. fête organisée par une amie ; ce n’est pas une
première rencontre ; les personnages sont
3. L’Écume des jours de Boris Vian acteurs, protagonistes prenant des initiatives,
alors qu’ils montrent une certaine passivité
1. On utilise le guide de lecture « Lire un
dans l’extrait issu de Sylvie).
texte » avec les élèves.
2. Les élèves s’appuieront sur le paratexte Oral  
pour présenter cette scène de rencontre entre 6. La lecture de ce passage sera accompagnée
deux personnages. d’un travail sur la gestuelle.
3. La question invite les élèves à exprimer Je fais le point
leurs propres réactions, qui peuvent traduire
un étonnement par rapport aux attitudes • On retrouve certains stéréotypes de la ren-
directes et franches de Colin et de Chloé. contre amoureuse rencontrés dans ces deux
4. On attendra des commentaires mettant récits :
en valeur le style à la fois humoristique et – Les personnages sont des jeunes gens, céli-
poétique de Boris Vian, la surprise ou l’amu- bataires ;
sement, voire la prise de conscience d’un – Ils se rencontrent lors d’une fête dansée ;

séquence 14  Récits amoureux   175


– Les modalités du récit : le rôle du regard dans la distance, spatiale et temporelle, et
notamment ; d’entrer dans une exploration approfon-
– L’instant de la rencontre est représenté die de l’implicite, puisque le narrateur rend
comme un « coup de foudre ». compte, d’une façon non littérale pour par-
tie, du contenu d’une missive. En plaçant Vir-
• La rencontre amoureuse dans le récit est un
ginie dans la position de narratrice, le texte
élément essentiel dans le déclenchement ou
développe une vision subjective de la nais-
la progression, dans la construction des per- sance de l’amour donnée par une adolescente,
sonnages, qu’il s’agisse du début d’une rela- construite sur l’évocation de la nature. Le lec-
tion durable ou d’un amour qui se révélera teur peut imaginer l’effet qu’elle produit sur
malheureux, impossible. son destinataire.
créative 1. On utilise le guide de lecture « Lire un
Racontez, vous aussi, une scène de rencontre texte » avec les élèves.
amoureuse. 2. L’expression « post-scriptum » provient du
– Recherchez individuellement les codes litté- latin post-scriptum (de postscribere, « écrire
raires des récits de « coups de foudre » après ») : ce que l'on ajoute à une lettre après
– Établissez en classe un référentiel commun. la signature.
– Élaborez votre histoire. 3. Après avoir écrit à sa mère, Virginie s’adresse
– Choisissez la façon dont vous allez utiliser enfin à Paul dans le post-scriptum ; c’est l’es-
le référentiel commun (en le reprenant, en pace qu’elle réserve à l’expression de son
le détournant) et la tonalité de votre récit amour, un lieu d’intimité après une lettre plus
(neutre, passionné, dramatique, humoris- conventionnelle, mais cet espace reste tribu-
tique). taire de la lettre à laquelle il est attaché. Le fait
– Rédigez votre récit en essais successifs, pas- que ce post-scriptum soit offert au vu et au
sant par des révisions. su de tous pourrait constituer un paradoxe ;
– Finalisez votre production. Virginie semble vouloir contourner l’obstacle
en transmettant un message implicite, mais le
dévoilement de ses sous-entendus se révèle
relativement aisé.
Lecture Comment le roman Les élèves pourront appréhender l’aspect naïf,
évoque-t-il les adolescent de cette écriture.
premières amours ? p. 220
4. Il s’agit là aussi de travailler sur l’implicite,
L'objectif de ces deux lectures est d'amener les en montrant que les non-dits ou sous-enten-
élèves à se demander de quelles ressources la dus amènent le lecteur à construire des repré-
littérature romanesque dispose pour décrire la sentations mentales, établissant ainsi une
naissance du sentiment amoureux, et en quoi forme d’interactivité. On pourra comparer le
ces textes peuvent les toucher. procédé avec certaines techniques cinémato-
graphiques (cadre / hors-cadre).
1. Paul et Virginie de Bernardin de 5. Le repérage pourra s’effectuer de façon
Saint-Pierre audio manuscrite, ou par traitement numérique
Erratum : dans le paratexte, il faut lire : individuel ou collaboratif (de type padlet), et
sa présentation pourra prendre la forme d’un
Éloignée de Paul par sa mère, Virginie envoie
tableau ou d’une carte mentale.
à cette dernière une longue lettre. Mais elle
– Graines, violettes, scabieuses, plantes, semer,
s’adresse directement à Paul dans un post-
fleur, se cacher sous les buissons, charmant
scriptum.
parfum, fontaine : réseaux des couleurs, de la
La lecture de ce texte permet d’analyser com- fraîcheur, de la vie, de la fertilité, de l’éveil, de
ment un amour naissant peut être exprimé la naissance, de la jeunesse, de la douceur des

176 THème 3 4e • Dire l’amour


perceptions, de la séduction, de l’harmonie 2. La relation entre Phil et Vinca est ambiva-
avec la nature, de la plénitude, de la joie, du lente : Phil manifeste une volonté de domi-
jeu, de l’espièglerie, des trésors cachés. nation, de possession, et Vinca exprime,
– violet foncé, mourant, noir, deuil, veuve, les quant à elle, un besoin d’indépendance,
lieux âpres et battus des vents, rocher, Rocher de liberté, un désir d’affirmation de soi vite
des adieux : réseaux de la dureté, de l’hostilité réfrénés.
de l’environnement, de l’absence de vie, de la L’analyse peut être approfondie par une étude
vieillesse, de la séparation, de la tempête, du de la représentation de chaque personnage :
naufrage, de la mort, de la souffrance. – Vinca en petit animal joueur et fragile, en
6. Tout dépend des inférences que peut établir fleur, en être brûlé/brûlant, en jeune fille/
l’élève ; c’est pourquoi un temps de réflexion femme/garçonne, à la fois distante et sou-
individuel à l’écrit est important pour lui per- mise ;
mettre de faire émerger et de construire ses – Phil en être froid, conquérant.
propres représentations. 3. Ce texte représente les premières amours
On pourra toutefois l’amener à aborder ces comme un passage, une période de grands
images comme traditionnelles (amour source changements :
de vie, bonheur dans l’harmonie avec la – « Le bain quotidien, joie silencieuse et com-
nature, couleurs froides évoquant la tristesse, plète, rendait à leur âge difficile la paix et
la mélancolie, lieux escarpés symbolisant la l’enfance, toutes deux en péril. » (l. 2-3) : le
difficulté, la peine, la douleur, l’obsession du bain rappelle la vie in utero, mais le sentiment
temps qui passe et de la mort, l’entrelacement amoureux donne l’intuition que le temps de
des initiales des prénoms suggérant l’union l’insouciance est bientôt révolu.
indissociable) en établissant des liens avec – « Elle sourit à Philippe, et sous le soleil de
des œuvres romantiques postérieures comme onze heures le bleu délicieux de ses prunelles
celles de Caspar David Friedrich qui repré- verdit un peu au reflet de la mer » (l. 7-8) :
sentent des paysages tourmentés. cette image peut évoquer une évolution, une
transformation progressives, et l’émergence
  créative
d’une inquiétude, d’une appréhension.
Les élèves sont invités à délimiter dans l’ex- – « Le petit masque mouillé et hâlé, les yeux
trait le passage qui correspond à la transcrip- de la Pervenche exprimèrent tout de suite l’an-
tion du post-scriptum, puis à produire un goisse, la supplication, un revêche désir d’être
texte à partir des éléments donnés par l’au- approuvée. Il se tut avec morgue et Vinca
teur : le discours de Virginie rapporté directe- gravit le pré de mer fleuri de scabieuses »
ment, ou indirectement, le discours condensé, (l. 23-25) : dans cette phrase peut être vu éga-
les détails descriptifs. lement un lien qui s’établit entre la jeune fille
et l’évocation des fleurs, les premières amours
2. Le Blé en herbe de Colette pouvant implicitement être représentées
En regard du texte de Bernardin de Saint- comme un parcours semé d’obstacles.
Pierre, celui de Colette permet d’analyser L’analyse de ces expressions pourra être
les relations entre deux adolescents vivant enrichie par des propositions d’interprétation
ensemble leurs premières amours dans une du titre de l’œuvre.
forme d’harmonie avec la nature. 4. Les passages exprimant des sensations
suscitées par le contact avec le soleil et l’eau
En piste !
pourront être relevés ou surlignés, et interpré-
Cette chanson associe le sentiment amoureux tés :
à une image de légèreté, de rêve, d’innocence. – « la tête noire et ronde sous ses cheveux
1. On utilise le guide de lecture « Lire un mouillés, elle brûlée comme une blonde »
texte » avec les élèves. (l. 1-2) ;

séquence 14  Récits amoureux   177


– « Vinca se coucha sur le flot, souffla de l’eau Le coin des mots
en l’air comme un petit phoque » (l. 4-5) ;
– « des clairières de peau blanche aux tempes • Explicite vient du latin explicitus, « qui est
qui ne voyaient la lumière qu’à l’heure du clairement expliqué ».
bain » (l.6-7) ; Mots de la même famille : expliquer, explica-
– « Ils " burent " ensemble, reparurent cra- tion, expliciter, explicitation, explicitement.
chant, soufflant » (l.9-10). • Implicite : du latin implicitus, « peu clair »,
Les élèves pourront explorer par ces passages « sous-entendu ».
la symbolique de l’eau et du soleil. Mots de la même famille : impliquer, implica-
tion, implicitement.
5. Les élèves pourront imaginer la suite du
récit en s’appuyant sur les éléments suivants :
– « la paix et l’enfance, toutes deux en péril »
(l 4-5) ; Lecture L’amour transforme-t-il
– « le bleu délicieux de ses prunelles verdit un le monde ? p. 222
peu au reflet de la mer. » (l. 8) ;
– « riant comme s’ils oubliaient, elle ses quinze Cette double-page a pour objectif d’analyser la
ans tourmentés d’amour pour son compa- façon dont les personnages des récits amoureux
gnon d’enfance, lui ses seize ans dominateurs, perçoivent le monde qui les entoure.
son dédain de joli garçon et son exigence de
propriétaire précoce » (l. 10-12). 1.  Le Lys dans la vallée d’Honoré de
créative Balzac audio

6. Les élèves feront appel à leurs acquis ; plu- Il s’agit d’entrer dans la compréhension et l’in-
sieurs formes poétiques ont été abordées terprétation de cet extrait du Lys dans la vallée,
précédemment, et un groupement de textes pour aborder les interactions entre l’amour res-
complémentaires pourra leur être proposé senti par un personnage et sa vision du monde,
afin qu’ils en identifient les caractéristiques et percevoir la force poétique d’un récit roma-
et expriment les effets produits par chaque nesque.
forme ; ils pourront ainsi effectuer un choix
En piste !
en fonction des impressions qu’ils souhaitent
susciter. On pourra consulter la définition des termes :
La consigne suivante pourra être donnée : « cliché », « topos » et « lieu commun » sur le
« Exposez dans la classe votre version et celle CNRTL (Centre de Ressources Textuelles et lexi-
de vos camarades, ou rassemblez-les dans un cales) à l’adresse suivante : http://www.cnrtl.fr.
recueil que vous imprimerez. » 1. On utilise le guide de lecture « Lire un texte »
avec les élèves.
Je fais le point
2. Le passé simple place les actions au premier
Les premières amours sont exprimées d’une plan ; il exprime la soudaineté de l’apparition,
façon à la fois simple et riche d’implicite. suggère le choc éprouvé par le personnage.
C’est un temps d’ouverture au monde et de L’imparfait décrit un environnement et évoque
transformation qui éveille un désir de liberté un personnage ; il exprime une durée indéter-
et incite à prendre des initiatives, mais sus- minée ; le personnage, comme projeté dans un
cite aussi des inquiétudes. Les comparaisons autre « espace-temps », n’a plus la notion du
et métaphores représentant la nature enri- temps qui passe.
chissent l’expression du sentiment amoureux 3. Le narrateur représente la femme aimée
par des perceptions variées et amènent toute en fleur, la fleur de lys, blanche, peut suggérer
une symbolique qui permet de prolonger la la pureté, la noblesse, un caractère précieux
réflexion sur le réinvestissement des clichés. mais elle est aussi fragile et éphémère. C’est à

178 THème 3 4e • Dire l’amour


nouveau le cliché de la femme-fleur qui est uti- épistolaires). Ces lettres peuvent être
lisé, et les élèves pourront prendre ici conscience authentiques ou fictives, et avoir des objets
de l’importance du contexte : le lys est l’élément variés : question administrative, lettre de
principal de ce paysage, le détail qui va prendre motivation, témoignage, thème politique ou
toute son importance, le personnage-éponyme sujet intime, etc.
de l’œuvre. Les caractéristiques de l’écriture épistolaire
4. Le narrateur puise dans la description du pay- sont les suivantes :
sage l’inspiration pour exprimer son enthou- – une mise en page typique ;
siasme et l’intensité de son amour : « L’amour – un usage de formules conventionnelles ;
infini, sans autre aliment qu’un objet à peine – une place importante dédiée à l’expression
entrevu dont mon âme était remplie, je le trou- des sentiments, opinions, convictions ;
vais exprimé par ce long ruban d’eau qui ruisse- – une chronologie marquée par les ellipses et
lait au soleil entre deux rives vertes, par ces lignes les sauts dans le temps s’il s’agit d’un recueil
de peupliers qui paraient de leurs dentelles de plusieurs lettres ;
mobiles ce val d’amour » (l. 7 à 10). – une polyphonie dans le cas d’un ouvrage
La description glisse rapidement vers une vision rassemblant une correspondance.
subjective. Le monde est transformé par l’amour, La lecture d’une lettre place le lecteur à la
animé, voire personnifié : « Au printemps, fois dans la position du rédacteur et dans
l’amour y bat des ailes à plein ciel » (l. 15) ; celle du récepteur ; cette alternance, voire la
« le soleil de midi faisait pétiller les ardoises de multiplicité des entrées lorsqu’il s’agit d’une
son toit et les vitres de ses fenêtres » (l. 3) ; correspondance, l’amènent à appréhender les
« les peupliers se balançaient en riant, pas un situations évoquées par plusieurs points de
nuage au ciel, les oiseaux chantaient, les cigales vue.
criaient, tout y était mélodie. » (l. 19 à 21). Cette recherche permet, en complément du
paratexte d’introduction, de placer le récit
créative du narrateur dans sa situation d’énonciation
5. La production pourra être déclenchée par une et d’aborder la question du statut de ce texte
recherche iconographique. présenté comme un message destiné à une
autre personne que la femme adorée dans le
passage.
Le coin des mots
• Le mot « épistolaire » vient du latin epistola, Réaliser une illustration d’un texte
« lettre envoyée, missive ». Il signifie : relatif – Relisez cet extrait.
à la correspondance par lettre. – Par groupe de deux élèves, préparez-en la mise
• Champ lexical de la lettre : écrire, écriture, en voix et écoutez vos lectures que vous pourrez
correspondance, communication, épisto- enregistrer ; ce travail pourra vous aider à perce-
lier/épistolière, discours, présentation, mise voir les richesses du texte.
en page, enveloppe, expéditeur, expédition, – Élaborez en plusieurs essais l’illustration pour
émetteur, destinateur, destinataire, récep- ce passage ; vous veillerez à construire votre
tion, manuscrit, épître, adresse, poste, postal, image sur plusieurs plans, et à exprimer par
courrier, voie postale/électronique, message, votre dessin l’interaction entre l’amour ressenti
encodage, nouvelle, boîte aux lettres, en-tête, par le personnage et la nature.
objet, rédaction, formule, paragraphe, signa- – Présentez vos réalisations à la classe ou en
ture, post-scriptum, lecture différée… groupes, et justifiez vos choix en vous appuyant
• Le genre épistolaire comprend toutes les sur votre compréhension du texte.
lettres pouvant être écrites par une per-
sonne à destination d’une autre, ainsi que 2. La Symphonie pastorale d’André Gide
les ouvrages composés sous forme de lettres Ces deux extraits de la Symphonie pasto-
(journaux, poèmes, romans ou nouvelles rale ouvrent sur une approche sensible de la

séQuence 14 Récits amoureux 179


littérature et des arts ; ils peuvent en effet être sentiments amoureux pour Gertrude, du blanc
lus comme une invitation à éveiller, développer au noir.
sa sensibilité pour dire l’amour et se construire 5. À partir de la recherche lexicale effectuée, un
en créant des liens, des correspondances entre lien sera établi entre le titre de la symphonie
les perceptions. Comme pour ce qui concerne et du récit et de possibles aspirations des per-
Le Lys dans la vallée, ces passages explorent la sonnages pour un monde idéal fait d’harmonie
dimension poétique et lyrique, des récits roma- entre les hommes et avec la nature. Les élèves
nesques. s’interrogeront ainsi sur leurs sentiments et leurs
En piste ! rêves. Par ailleurs, le déclenchement imminent
de l’orage dans l’œuvre musicale ainsi que l’al-
Symphonie : du grec sym « avec, ensemble » et lusion à la couleur noire faite par le narrateur
phoné « le son ». peuvent être interprétés comme des annonces
Pastoral : du latin pastor « pâtre, berger, pas- métaphoriques d’événements à venir.
teur ».
Bucolique : du grec bous « bœuf » et kolikos Oral  
« qui fréquente, relatif à ». 6. Productions des élèves.
1. Utiliser le guide de lecture « Lire un texte »
avec les élèves. Je fais le point
2. L’enseignement du pasteur consiste à amener L’amour peut déformer et transformer notre
Gertrude à développer sa perception du monde façon de « regarder » le monde : l’embellir, le
par les autres sens que la vue, notamment l’ouïe magnifier par des images exprimant la joie, l’en-
; à partir de la perception de la différence des thousiasme, le personnifier en transférant dans
sons entre les instruments et des variations de sa description l’expression d’attitudes et de
leur intensité, il l’incite à se représenter la variété sentiments. Par l’évocation d’images, de détails
et nuances des couleurs. concrets, cette vision du monde aide par ail-
Cette harmonie poétique entre sons et couleurs leurs l’être aimant à exprimer des sensations, des
pourra être mise en lien avec le poème « Corres- impressions difficilement définissables.
pondances » et « Harmonie du soir » de Charles
Écriture : trouver les mots pour exprimer
Baudelaire (Les Fleurs du mal) ainsi qu’avec le
le sentiment amoureux
poème « Voyelles » d’Arthur Rimbaud, en rela-
Sur une musique de votre choix, imaginez un
tion avec le principe de la synesthésie.
personnage amoureux en train de rêver… Votre
3. En assistant au concert, Gertrude a vécu une production sera réalisée sous la forme d’un
sorte de ravissement intérieur : elle a été empor- diaporama comprenant des mots, et illustré par
tée par la musique : en l’entraînant à concevoir des images et des sons.
les couleurs, les sons entendus lui ont apporté – Recherchez quelles impressions et quels senti-
une forme de révélation qui l’a fascinée. ments votre création va évoquer, puis des images
4. Par ses exclamations répétées, Gertrude expri- et des sons en correspondance. Ces images
me une admiration pour la nature champêtre et pourront être des photographies de paysages,
paisible évoquée par Beethoven dans le second d’œuvres d’art, des illustrations personnelles ;
mouvement de sa symphonie (« Que cela doit – Il est également envisageable de partir
être beau », l. 11) ; cette audition avive son envie d’images, de sons qui vous amèneront à ressen-
de comprendre le monde réel. tir des impressions, des sentiments.
Le pasteur interprète les réactions de la jeune – Vous pourrez enrichir vos idées en lisant les
fille comme « une sorte de ravissement inté- poèmes suivants : Harmonie du soir de Charles
rieur » (l. 10), « une extase » (l. 17) ; en évoquant Baudelaire, et Fantaisie de Gérard de Nerval.
la gradation des tons, des sons et des couleurs, – Choisissez les mots qui constitueront votre
il représente quant à lui les variations de ses texte.

180 THème 3 4e • Dire l’amour


– Réalisez votre diaporama, en créant une page 4. Dans les vers 16, 19, 20, Phèdre présente son
par thème ou étape d’une progression. amour comme la conséquence d’une malédic-
– Présentez-le à la classe. tion pesant sur sa famille, un supplice imposé
par les dieux, puis les vers 23 à 25 évoquent sa
relation avec Hippolyte. Les élèves pourront
percevoir une évolution de la représentation
Lecture Qu’est-ce que la passion de la passion de Phèdre : Racine en donne
amoureuse ? p. 224 une approche mythologique, puis il explore
sa dimension psychologique pour exprimer la
Après la représentation de la rencontre amou- détresse morale de son héroïne.
reuse, des premières amours et de la dimension Pour ce qui concerne l’effet produit sur le jeune
poétique des récits amoureux, il s’agit ici d’étu- homme et le spectateur, les élèves pourront
dier l’amour-passion et l’ambivalence de sa puis- penser à la fascination, la terreur, la répulsion.
sance. C’est ici l’occasion d’aborder le genre de
la tragédie, avec Phèdre, l’une de ses héroïnes Question croisée
5. On attend un rapprochement entre le texte
emblématiques.
de Jean Racine qui représente la passion comme
un supplice, et le tableau d’Alexandre Cabanel
1. Phèdre de Jean Racine qui suggère l’abattement après la manifestation
2. Phèdre d’Alexandre Cabanel de la douleur, l’isolement intérieur, le désespoir
conduisant à la mort.
3. Le Baiser de Gustave Klimt On attend également une distinction entre
1. On utilise les guides de lecture « Lire un texte ces deux œuvres et celle de Gustave Klimt qui
donne une image d’amour fusionnel, d’abandon
et une image » avec les élèves.
heureux, de félicité d’un couple qui se coupe du
2. Hippolyte est-il sincèrement embarrassé en reste du monde pour vivre pleinement et libre-
comprenant qu’il a mal interprété les paroles ment une passion assumée.
de Phèdre, ou feint-il la confusion ? Si oui, dans
quelle intention ? Les élèves pourront proposer Oral  
cette double lecture, qui montre l’ambiguïté du 6. Productions des élèves.
personnage.
3. La lecture peut aboutir à l’observation d’une
Le coin des mots
alternance entre l’argumentation et la nar- • Trouble d’une personne en proie à la passion
ration ; Phèdre commence par exprimer ce amoureuse : émoi, transport, bouleversement,
qu’elle pense de sa passion (v. 9 à 18), puis elle extase, ravissement, béatitude, exaltation,
en raconte les origines (v. 18 à 29), et enfin elle contemplation, ivresse, brûlure, affres, tour-
adresse un reproche à Hippolyte (v. 30-31). ments.
Il sera également intéressant d’amener les élèves • Origine du mot « passion » : du grec pasko et
à comprendre que les deux formes de discours du latin patior « subir, endurer, souffrir ».
sont en fait entremêlées. Dans son récit, Phèdre Mots de la même famille : passionné(e), pas-
intègre des expressions qui implicitement sionnel, passionnellement, compassion, passif,
constituent des arguments destinés à sa défense : passivité, pathos, pathologie, pathologique,
elle évoque le caractère irrésistible de sa pas- sympathie, antipathie, empathie.
sion (« feu fatal », v. 19 ; « mes inutiles soins », Je fais le point
v. 26) et l’intensité de sa souffrance (« j’ai langui,
j’ai séché dans les feux, dans les larmes », v. 29). La passion amoureuse peut prendre la forme
Cette progression donne à la focalisation sur l’at- d’une force qui s’abat sur un personnage
titude d’Hippolyte, dans les deux derniers vers, (cf. l’image du coup de foudre) et lui fait subir
la force d’une accusation. des tourments, ou d’une relation harmonieuse,

séQuence 14 Récits amoureux 181


voire fusionnelle, apportant un sentiment de 9. Les élèves pourront préciser dans les didas-
plénitude. Par son amour, Phèdre est à la fois calies les circonstances de l'action, les déplace-
détruite par la souffrance, et grandie : elle est ments des personnages, leurs gestes et le ton sur
une héroïne tragique, lucide, violente, et forte lequel ils s'expriment.
malgré tout, qui lutte et résiste à l’anéantis-
sement tant qu’elle le peut. L’observation du Oral Le mythe de la Lorelei p. 227
tableau d’Alexandre Cabanel peut amener à
percevoir les contrastes comme l’expression de Atelier Présenter un exposé à l’oral
cette ambivalence du personnage. Cet atelier est l’occasion de rechercher com-
ment la littérature, en s’inspirant d’un lieu et de
plusieurs légendes, peut façonner un person-
nage pour en faire un mythe représenté ensuite
L’amour au balcon p. 226 dans divers domaines artistiques.
Atelier Écrire pour revisiter un grand L’exposé pourra être évalué (auto-évaluation ou
texte co-évaluation) à l’aide, par exemple, des critères
suivants : structure de l’exposé, clarté des expli-
Roméo et Juliette de William Shakespeare cations, élocution, accompagnement gestuel,
etc. On évalue la maîtrise (insuffisante, fragile,
Il s’agit ici de prolonger la découverte de la tra-
satisfaisante, très bonne).
gédie et de ses enjeux, en donnant aux élèves
Cette évaluation sera facilitée par une relecture
l’occasion d’entrer en contact avec un texte
de la prestation enregistrée.
patrimonial dont ils connaissent déjà souvent
indirectement la trame, et de réfléchir à la por-
tée de ce texte à leur époque.
Étape 1 : découvrir la scène. Langue La grammaire pour lire,
écrire et parler p. 228
1. Réponse libre des élèves.
L’étude du fonctionnement du verbe et de son
2. Ce titre a été donné a posteriori à cette scène orthographe se poursuit avec une recherche sur
en raison de la position des deux personnages, l’emploi des temps verbaux (temps simples/
Juliette s'exprimant sur son balcon et Roméo temps composés), menant à l’acquisition de sys-
l'écoutant au-dessous. tèmes (système du présent et système du passé),
3. Les éléments apportés par cette scène sont les et à la distinction des valeurs (valeurs tempo-
suivants : Roméo demande à Juliette en mariage, relles, et valeurs aspectuelles).
Juliette accepte et propose que Roméo organise Il est important que les élèves parviennent à
la cérémonie. L’union apparaît comme immi- expliciter l’emploi des temps employés dans les
nente. textes lus, et à effectuer des choix raisonnés dans
ceux qu’ils écrivent.
Étape 2 : effectuer des recherches complémen-
En relation avec la problématique de la séquence
taires. est enrichie l’approche du lexique permettant
4. On indiquera aux élèves que William Shakes- d’exprimer le sentiment amoureux.
peare s'est inspiré du conte italien de Masuccio
de Salerne, repris par Luigi Da Porto. Emploi des temps verbaux : système
5. On pourra consulter les informations sur le du présent et système du passé
site suivant : http://www.theatre-contemporain. J’observe
net/spectacles/Romeo-et-Juliette/ensavoirplus/ 1.  a. Entra ➞ Passé simple ➞ action apparte-
nant au passé.
Étape 1 : transposer le dialogue au xxie siècle. Se tournèrent ➞ Passé simple ➞ action appar-
6. 7. et 8. Réponses libres des élèves. tenant au passé.

182 THème 3 4e • Dire l’amour


b. Regarde ➞ Présent ➞ action appartenant au b. Quand tu auras pris ta douche, tu iras faire les
présent. courses. > action accomplie.
Ai ➞ Présent ➞ action appartenant au présent. c. Je suis déçu : je pensais avoir remporté un prix.
c. Es revenue ➞ Passé composé ➞ action appar- > action accomplie.
tenant au passé. d. Je suis déçue : je pensais arriver dans le groupe
Reprends ➞ Présent ➞ action appartenant au des cinq premières concurrentes. > action non
présent. accomplie.
d. Avait rejoint ➞ Plus-que-parfait ➞ action e. Demain soir, je devrai contacter mon
appartenant au passé.
employeur. > action non accomplie.
S’assit ➞ Passé simple ➞ action appartenant au
f. Demain soir, je devrai avoir contacté mon
passé.
Observa ➞ Passé simple ➞ action appartenant employeur. > action accomplie.
au passé. 7. a. Dix heures sonnaient. > action présentée
2. a. Simon proposa à Hélène de marcher sur comme non bornée / imparfait.
les quais de la Seine ; le soir tombait, et l’endroit Il se leva enfin. > action présentée comme bor-
était désert. née / passé simple.
➞ L’emploi du passé simple (formes verbales b. Elle ouvrit alors brusquement la fenêtre. >
surlignées en gris) permet de placer les actions action présentée comme bornée / passé simple.
au premier plan. Une foule immense avançait sur le boulevard. >
b. Ils parvinrent au bout de la jetée ; un homme action présentée comme non bornée / imparfait.
était couché sur un banc, enveloppé dans une c. Ce mois-là, de nombreux hommes partirent
couverture trouée.
au combat. > action présentée comme bornée /
➞ L’emploi de l’imparfait (forme verbale sur- passé simple.
lignée en gris) permet de situer les actions, de
décrire des personnages ou d’évoquer le cadre Les femmes travaillaient dans les champs et les
du récit au second plan. usines. > action présentée comme non bornée /
imparfait.
Je m’entraîne
d. Phil se baignait. > action présentée comme
3. et 4. Réponses libres des élèves.
non bornée / imparfait.
Les valeurs aspectuelles du verbe Tout à coup, Vinca apparut sur la plage. > action
J’observe présentée comme bornée / passé simple.
5.  a. Le lendemain, il a épousé sa fiancée. ➞ 8. a. Elle a travaillé dur cette année et elle a
action présentée comme accomplie (achevée) / obtenu son diplôme. > action bornée / passé
passé composé. composé.
Le lendemain, il épousait sa fiancée. ➞ action b. Il était souffrant et il n’a pas pu venir nous
présentée comme en cours d’accomplissement voir. > action non bornée / imparfait.
(non achevée) / imparfait. c. Nous nous sommes renseignés dès janvier, et
b. Le même jour, il écrivait une longue lettre. ➞ nous avons trouvé des stages en mars. > actions
action présentée comme en cours d’accomplis- bornées / passé composé.
sement (non achevée) / imparfait. d. Pendant vingt ans, il a restauré une ancienne
Le même jour, il a écrit une longue lettre. ➞ ferme. > action bornée / passé composé.
action présentée comme accomplie (achevée) /
passé composé. Je m’entraîne
6. Erratum 9. Erratum : Dans cet extrait, repérez les actions
Dans un mois, tu devras avoir trouvé du travail. en cours d’accomplissement, puis distinguez-les
> action non accomplie. des actions accomplies.
a. Dès qu’il se fut réveillé, il téléphona au direc- Légende : actions en cours d’accomplissement
teur. > action accomplie. actions accomplies

séquence 14  Récits amoureux   183


Ce fut comme une apparition : Présent : êtes, vois, voudrais, doit
Elle était assise, au milieu du banc, toute seule ; Impératif présent : portez.
ou du moins il ne distingua personne, dans Subjonctif présent : ait.
l’éblouissement que lui envoyèrent ses yeux. En
même temps qu’il passait, elle leva la tête ; il flé- Les mots du sentiment amoureux
chit involontairement les épaules ; et, quand il 14. a. Voici les groupes verbaux correspondant à
se fut mis plus loin, du même côté, il la regarda. l’éveil du sentiment amoureux : sentait, pensait,
Gustave Flaubert, L’Éducation sentimentale, 1869. remuait, rougissait, pâlissait, frissonnait.
On peut s’arrêter à l’analyse suivante : le passé L’éveil du sentiment amoureux ne se manifeste
simple exprime des actions accomplies, et l’im- pas chez la jeune fille par un bouleversement pro-
parfait (si l’on excepte la forme « était assise » fond, « ces élans tumultueux de tout son être, ces
qui décrit l’attitude du personnage) une action
ravissements fous, ces soulèvements profonds
en cours d’accomplissement.
qu’elle croyait être la passion » ; elle le croit le
Mais l’objectif de l’exercice est de montrer qu’il
s’agit de dépasser les oppositions traditionnelles percevoir à une sorte de trouble qui occupe ses
entre valeurs de l’imparfait et du passé simple. pensées et qui se manifeste par des réactions phy-
On peut considérer que les verbes « passait » et siques : rythme du cœur, rougeur ou pâleur du
« leva » présentent des actions simultanées dans visage, tremblements.
leur procès, et que les autres verbes présentent b. Voici des adjectifs qualificatifs (et des participes
les actions comme accomplies, l’intention étant présents pris comme adjectifs qualificatifs) per-
de placer au premier plan cette non-rencontre mettant de caractériser ce sentiment naissant :
entre les deux personnages et d’amener le por- indescriptible, inexplicable, confus, irrationnel,
trait de Marie Arnoux regardée par Frédéric. incontrôlable, envahissant, obsédante, complexe,
10. Tous les verbes soulignés sont à l’imparfait. aveugle, excitant, stimulant, fragile
Ils expriment des actions non bornées dans le c. Voici le groupe nominal qui exprime l’évolution
temps. de ce sentiment vers la passion : « le troublant
désir d’aimer ».
Les terminaisons verbales
15. – « Je le vis » : aveuglement (le regard est
J’observe ici présenté, comme souvent, à l’origine du sen-
11.  Redoutait : imparfait.
timent amoureux).
Se hâta : passé simple.
Avez : présent. – « Je rougis, je palis à sa vue » : perturbation de
Dit : passé simple. l’équilibre thermique du corps (passage brutal
Fut : passé simple. d’une chaleur et à un froid extrême).
Fournit : passé simple. – « Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue » :
début du désarroi psychologique.
Je m’entraîne – « Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais par-
12. a. Nous redoutons surtout de parler. ler » : perte des facultés physiques (vue, parole ).
b. Il s’est hâté de lui donner la main.
– « Je sentis tout mon corps et transir et brû-
c. Elles furent bien heureuses de voir venir au loin
ler » : généralisation des effets perturbateurs
une femme de chambre.
sur un plan physique et psychologique, dérè-
13. Dictée préparée glement global du corps. La passion est perçue
b. Le champ lexical développé est celui des fleurs :
comme destructrice.
« boutons », « fleurs », « fleuristes », « lys »,
« glaïeuls blancs, des roses », « et des tas d’autres 16. Voici des termes exprimant le coup de
fleurs blanches », « bouquet de roses rouges ». foudre : les flammes, feux, éclairs de l’amour,
c. d. et e. Imparfait : portiez, était, aviez, était, de la passion, fulgurance, sidération, paralysie,
aimait. torpeur, aveuglement, brûlure, fièvre, embrase-
Passé simple : poussa, entra, dit, doit, demanda. ment, ébranlement.

184   Thème 3  4e • Dire l’amour


thème 3 se chercher, se construire
4e – Dire l’amour

Séquence

15 L’amour en poésie

Fil directeur de la séquence


La séquence offre l’occasion de questionner l’expression poétique de l’amour de l’Antiquité à nos
jours, en Orient et en Occident. L’exploration de la langue poétique permet, notamment dans la pre-
mière double-page, d’aborder le rôle de l’image. Le chapitre explore, conformément aux recomman-
dations du programme, les nuances du sentiment amoureux : le désir et l’amour passion, d’abord,
laissent place, dans la deuxième double-page, à l’évocation d’un amour rêvé. Dans un troisième temps,
les voix de Pierre de Marbeuf et de Louis Aragon évoquent la souffrance liée à l’amour. La quatrième
double-page explore un autre domaine : la poésie visuelle, avec le calligramme, et la poésie sonore.
Les ateliers inviteront à écrire et à dire l’amour, en interrogeant les liens entre poésie et chanson.

Compétences travaillées dans la séquence


Langage oral Écriture
En atelier, p. 241 Dans les pages de lecture…
■ Comprendre et interpréter des messages et ■ Passer du recours intuitif à l’argumentation à
des discours oraux complexes (distinction de un usage plus maîtrisé :
l’implicite) X Écrire à Aragon pour réagir à « Il n’y a pas
X Écoute de la chanson de Barbara d’amour heureux », p. 237
■ Percevoir et exploiter les ressources expressives ■ Pratiquer l’écriture d’invention et connaître
et créatives de la parole et les techniques les caractéristiques des genres littéraires :
multimodales X Écrire un texte métaphorique, p. 232 et 235
X Mise en voix et en musique du poème X Écrire et créer un calligramme, p. 238

En atelier, p. 240
■ Pratiquer l’écriture d’invention et connaître
les caractéristiques des genres littéraires :
X Exprimer de façon poétique des sentiments
amoureux
■ Exploiter des lectures pour enrichir son écrit
X Poèmes de la séquence, chanson de Piaf,
complainte d’Alphonse Allais

Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue


■ Lire des textes variés avec des objectifs divers : Dans la double-page langue…, p. 242-243
y Recourir à des stratégies de lectures diverses ■ Construire les notions permettant l’analyse et la
(adapter sa lecture à l’objectif poursuivi, adapter production des textes et des discours
sa lecture aux supports, reformuler) y Caractéristiques de la langue poétique (rythme,
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’observe », syntaxe, registres)
« Je comprends » ■ Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe des
y Formuler des impressions de lecture, percevoir mots
un effet esthétique y Mise en réseau des mots de la passion
X Carte mentale « Lire un texte » : « Je lis », y Observations morphologiques : homophonie et
« J’écoute », « Je réagis » paronymie

séQuence 15 L’amour en poésie 185


Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue
ó Reconnaître les implicites et faire les inférences et ó Analyse du sens des mots :
hypothèses de lecture nécessaires u Comparaisons/métaphores/jeux de mots
u Carte mentale « Lire un texte » : « J’interprète » ■ Maîtriser le fonctionnement du verbe et son
■ Lire et comprendre des images fixes ou mobiles orthographe
u Carte mentale « Lire une image » ó Maîtrise de la morphologie verbale
u Le passé simple
Enjeux culturels
■ Lire des œuvres littéraires et fréquenter des œuvres
d’art
u Approfondir des connaissances sur la poésie et
la poésie lyrique en particulier.
■ Élaborer une interprétation de textes littéraires
u Mise en voix de poèmes
u Quelques procédés stylistiques

Enjeux de formation personnelle


u S’interroger sur le rôle des images et des références
dans le lyrisme amoureux

Lecture Quelles images 4. Le texte est poétique par la force de l’amour


de l’amour ? p. 232 qu’il suggère. Le poète utilise des métaphores
et montre la complexité de cet amour qui crée
Cette double-page interroge la façon de « dire « l’allégresse ou le chagrin » (l. 8) : la femme
l’amour » : les deux poètes ont recours à diverses aimée, « proche lointaine » (l. 15), est sous le
images pour évoquer la femme aimée et expri- signe de l’oxymore.
mer leurs sentiments. créative
5. L’objectif est d’enrichir l’expression des élèves
1. Ibn Rûmî et de travailler sur le langage poétique. Les
En piste ! termes tels que moutons, étoiles, bouche d’enfer
ou aiguille – ou d’autres propositions, plus ori-
L’objectif est de faire comprendre à l’élève, par ginales – invitent à regarder autrement la mer,
la pratique, la difficulté à exprimer le sentiment le sable, le volcan ou la montagne. On peut aider
amoureux : que dire, à part « je t’aime » ? Seul les élèves en projetant diverses photographies.
le détour par le langage poétique permet de
6. L’élève est ainsi incité à développer son ima-
« dire l’amour ». ginaire et à expérimenter une écriture propre-
1. On veillera à la compréhension globale de l’ex- ment poétique, où il dira le réel sans le désigner
trait : l’amour est intense et indicible, la femme explicitement.
aimée apparaît comme idéale.
La description de l’être aimé
2. Impossible de dresser un portrait précis de la
femme aimée : elle emplit l’âme et le cœur du ➨ En téléchargement sur www.hachette-
poète, elle illumine par sa beauté et séduit par education.com, un extrait du Cantique des
son chant… L’intensité de l’amour ne peut être Cantiques et son exploitation.
exprimée que par des métaphores. Les métaphores et les comparaisons relient
3. La femme aimée est associée au « soleil » (l. 5), intimement l’être aimé à la nature ; la poésie
mais aussi aux animaux qui connotent la grâce renouvelle le réel. Les deux textes sont des éloges
et l’amour : la gazelle et la tourterelle (l. 9-10). hyperboliques.

186 THÈME 3 4E • DIRE L’AMOUR


2. « DITO » de René Depestre Son chant lyrique n’exprimera plus, ensuite,
qu’une insondable douleur. De la même façon,
En piste ! c’est un amour passionné, qui l’emplit tout entier,
Il s’agit ici de continuer le travail sur l’image, en la qu’exprime le poème lyrique de René Depestre.
reliant à l’expression du sentiment.
Rédiger un texte en utilisant
1. On pourra prêter attention à la manière dont les comparaisons
le poète évoque physiquement la femme aimée ; René Depestre utilise beaucoup de comparai-
il évoque ainsi son désir. sons entre la femme aimée et la nature. À votre
2. L’amour exprimé est ici extrêmement fort. tour, décrivez un être de votre choix en com-
Il donne sens à la vie du poète et l’emplit. Intense parant certaines parties du corps (par exemple,
et destiné à durer, sensuel, il n’en fait parfois pas les yeux, les mains, la bouche) et certaines de ses
moins souffrir (« à l’infini brisé et reconstruit », qualités à un domaine de votre choix.
l. 14).
3. On veillera à ne pas fermer l’interprétation,
mais au contraire à rendre l’élève acteur du sens.
Le dialogue et la confrontation des réponses per- Lecture De quelles amours
mettront de montrer combien le langage poé- rêve-t-on ? p. 234
tique suggère et démultiplie les interprétations
La double page évoque deux amours rêvées.
possibles. On pourra s’attarder sur les références
Verlaine représente de façon mystérieuse la
à la nature et aux animaux : feuille (l. 2), zibeline femme idéale ; le poème du jeune Rimbaud
(l. 6), fleuves (l. 8), caravanes d’hirondelle (l. 10), recourt à la métaphore pour peindre un
flots (l. 15). La femme aimée devient un univers amour plus sensuel.
à part entière et les comparaisons avec le cœur
(l. 16), ainsi qu’avec le feu (l. 18), montrent com- 1. « Mon rêve familier »
bien elle est essentielle. de Paul Verlaine audio
Question croisée
En piste !
4. Les deux poèmes associent la femme aimée
à la nature, à l’univers. L’amour exprimé appa- On pourra souligner le flou des formes et la diffi-
raît intense ; dire l’amour passe, pour Ibn Rûmî culté à décrire avec précision la Vénus d’Odilon
comme pour René Depestre, par l’utilisation de Redon, qui peut ainsi être mise en relation avec
nombreuses images. la figure du rêve de Verlaine.
1. On invitera la classe à émettre des impressions
Je fais le point
de façon libre sur ce texte. Les remarques pour-
On peut relier cette question au premier ront porter sur la musicalité du poème (à faire
« En piste ». L’amour est indicible et l’image entendre) aussi bien que sur le caractère fonda-
permet de suggérer et d’exprimer avec den- mentalement indécis de la femme, décrite de
sité, en ouvrant les interprétations. Le lecteur façon symboliste.
co-construit le sens. 2. Le premier vers éclaire l’adjectif du titre ; le
Culture + présent donne à voir cette figure onirique qui
Le pouvoir du chant d’Orphée est immense, sur- acquiert une existence tangible tout en étant
naturel, et son amour pour Eurydice est absolu- explicitement liée au domaine du rêve par son
ment passionné. Lorsqu’elle meurt, il parvient à indécision fondamentale (v.3-4 ; v 9 à 11).
émouvoir les gardiens des Enfers et est autorisé à 3. La femme apporte l’amour ; elle comprend et
la ramener sur terre. Une condition : elle ne doit apaise : elle joue à la fois le rôle d’amante et de
pas se retourner durant son voyage de retour. mère.
L’opéra de Gluck dit le désir effréné d’Orphée 4. On pourra s’attarder sur les vers 11 et 14 pour
qui le pousse à se retourner… et à la perdre. cerner le lien de cette femme aimée à la mort.

séQuence 15 L’amour en poésie 187


de travail Lecture L’amour,
5. Il s’agit d’inciter les élèves à exprimer leurs une souffrance ? p. 236
ressentis de lecture. Ce travail peut d’ailleurs Trois siècles séparent ces deux poèmes, mais
se situer en début de séance et être le point de tous deux associent, dans un propos à valeur
départ de la lecture analytique. universelle, l’amour à la souffrance. Les deux
textes sont éminemment poétiques, comme le
2. « Rêvé pour l’hiver » montrent les jeux sur les rythmes et sur les sons.
d’Arthur Rimbaud audio

En piste ! 1. « À Philis » de Pierre de Marbeuf


Il serait intéressant de demander à quelques En piste !
élèves d’évoquer le fruit de leurs recherches
Le travail peut être l’occasion de comparer
devant la classe, sans lire leurs notes. On peut
différentes représentations de la naissance
ainsi les inciter à se donner des repères pour
de la déesse. On invitera à mettre en parallèle
scander leur court exposé sous forme de mots
celles de Sandro Botticelli et d’Odilon Redon.
clés (il est possible, pour cela, de se servir d’un
diaporama). 1. On invitera les élèves à donner leurs impres-
sions sans du tout les guider. Il est important
1. On peut inviter la classe à « raconter » le de faire entendre ce poème, au besoin plu-
poème en les incitant à prêter une attention sieurs fois, pour faire accéder au « plaisir du
particulière au premier vers de chaque strophe. texte ». On peut leur demander de réagir aux
2. « L’hiver » renvoie au vers 1. Contre le froid et échos sonores.
les « ombres des soirs » (v. 7), Rimbaud rêve un 2. Les points communs sont d’abord sonores –
lieu intime et douillet, propice à l’amour. Le rêve et ces jeux de sonorités sont l’occasion d’une
acquiert une certaine réalité grâce à l’utilisation belle variation baroque. C’est par ailleurs l’amer-
du futur simple. tume qui caractérise la mer et l’amour, lequel fait
3. L’amour est ici sensuel : il est question de souffrir. Cette souffrance fait couler des larmes,
« baisers fous » (v. 4). Cet amour protège d’un associées dans le dernier vers à la mer.
extérieur hostile et lui préfère le jeu léger. 3. L’originalité est due à ce brillant jeu poé-
4. Les jeux de sonorités contribuent à la musica- tique baroque et à cette association mer/
lité du poème (on peut faire écouter la version amour, filée tout au long du poème. On
de Léo Ferré). L’image (métaphore ou comparai- gagnera à faire entendre le texte dès l’abord,
son) permet d’évoquer avec délicatesse la sen- afin que les élèves soient sensibles à cette vir-
sualité de l’amour à deux. Le poète parvient ainsi tuosité et à son aspect esthétique.
à suggérer la sensation du baiser : « folle araignée 4. L’élève pourra déterminer différents effets.
» (v. 11), « bête/Qui voyagent beaucoup » (v. Il pourra évoquer ce qui ressort du vertige
14-15). sonore suscité par cette virtuosité, par les alli-
térations et assonances.
5. Réponses libres des élèves.
créative
Oral  
5. On incitera l’élève à travailler la mise en
6. Production des élèves. voix et à faire entendre la fluidité du poème,
Je fais le point
en évitant notamment de trop longues pauses
en fin de vers.
Verlaine évoque la femme idéale, mystérieuse
et fantomatique, qui sait apaiser les souffrances
Le coin des mots
du poète. Le jeune Rimbaud, lui, rêve d’un amour L’amour est traditionnellement associé au
à vivre, d’un baiser qui voyage… feu : « feux de l’amour » ; « flamme » ; « amour

188 THème 3 4e • Dire l’amour


enflammé », que l’on peut relier à « brasier », négative de l’amour et sur l’assimilation vie/
dans le poème de Pierre de Marbeuf ; on souffrance.
retrouve aussi fréquemment les « flèches » Je fais le point
mythiques, qui renvoient au dieu Cupidon.
« Soleil » et « étoile » constituent enfin des L’amour ne peut être dissocié de la souffrance,
métaphores récurrentes dans le discours dans le poème de Pierre de Marbeuf ; s’enga-
amoureux. ger en amour, c’est accepter de « s’abîmer » :
l’amour ne va pas « sans orage » (v. 4). Celui-ci
2. « Il n’y a pas d’amour heureux » est indissociablement lié au tragique de la vie
de Louis Aragon humaine dans le texte d’Aragon : l’homme
blesse celui/celle qu’il aime.
En piste !
Les réponses, dont on acceptera la diversité,
pourront porter sur le rythme adopté dans
chacune des versions : la douceur de celle de
Lecture  Quelles formes pour
dire son amour ? p. 238
Françoise Hardy diffère de la gravité de celle
de Barbara. On notera que les deux chanteuses Cette double-page permet d’ouvrir le corpus
choisissent de ne pas faire entendre la dernière à d’autres aspects de la poésie – à son aspect
strophe. visuel, notamment, avec le calligramme. Le
1. On pourra inviter l’élève à choisir un mot, texte de Jacques Rebotier, qui joue aussi sur la
susceptible de rendre compte de sa lecture de mise en page, permet également d’aborder la
chaque strophe. poésie sonore.
2. L’amour est ici décrit à la fois comme fort et
comme douloureux : quel qu’il soit, il « meur- 1. Poèmes à Lou de Guillaume
trit » et « flétrit » : l’homme tend à broyer son Apollinaire
bonheur, lequel engendre de la souffrance. Néologisme créé par Guillaume Apollinaire
3. Les derniers vers des sizains jouent le rôle de par croisement de «  idéogramme  » avec
refrain. Le schéma des rimes a/b/b/b/a/ ainsi « calligraphie ». Le calligramme, selon le dic-
que les anaphores de la dernière strophe contri- tionnaire Larousse, est un « texte, le plus sou-
buent à scander le texte. C’est une méditation vent poétique, dont les mots sont disposés de
sur la vie humaine qu’écrit Aragon, mais aussi un manière à représenter un objet qui constitue
chant d’amour très musical. le thème du passage ou du poème. »
4. L’allusion aux soldats dans la deuxième 1. On peut inviter l’élève à regarder les calli-
strophe ainsi que celle de la « patrie » (v. 28) grammes et à les déchiffrer.
dans la dernière invitent à relier ce texte à la 2. et 3. Le poème est dessin. Les deux textes
Seconde Guerre mondiale. disent l’intensité de l’amour d’Apollinaire
5. Les alexandrins sont ici scandés en deux pour Lou. Le premier calligramme s’attache à
hémistiches de six syllabes, que l’anaphore sou- décrire la femme aimée – et se termine signifi-
ligne. L’absence de ponctuation invite néan- cativement par l’allusion au « cœur qui bat ».
moins à ne pas s’arrêter à la césure. On notera le Le second, lyrique, exprime ce qui est matéria-
retour du son –i, des vers 26 au vers 29, qui peut lisé par le blanc du dessin : l’amour et « l’âme »
être interprété comme soulignant la douleur, la de Lou.
souffrance. « Douleur » (v. 25) rime de façon 4. Les élèves argumenteront leurs réponses,
signifiante avec « pleurs » (v. 29). quelle qu’elle soit.
  créative   créative
6. Il est recommandé de laisser l’élève réa- 5. On invitera les élèves à découvrir différents
gir librement. Il pourra insister sur la vision calligrammes, par exemple sur Internet, avant

séquence 15  L’amour en poésie   189


qu’ils n’en créent un eux-mêmes. L’évaluation Écrire l’amour p. 240
sera bienveillante et incitera à la créativité.
Atelier Exprimer, de façon poétique, des
2. « Litanie du coup de la foudre » sentiments amoureux
de Jacques Rebotier 1. et 2. Les deux textes s’opposent : le poème
1. On invitera l’élève à se demander quels sont d’Alphonse Allais, qui met à distance ironique
les points communs entre toutes ces phrases le discours amoureux convenu, ne peut que
et propositions. provoquer le sourire ; celui d’Édith Piaf est de
2. Ce poème peut susciter l’étonnement, mais tonalité dramatique et renvoie à un amour
aussi le rire. intense.
3. La numérotation renvoie au nombre de syl- 3. On s’attachera à faire entendre (et/ou
labes par vers et peut inciter à une lecture à mettre en voix) les deux textes et à faire justi-
plusieurs voix. Le nombre croissant de syllabes fier les réponses.
fait aussi sens : l’amour semble s’accroître tout 4. 5. et 6. Productions des élèves.
au long du poème ; la « Litanie du désamour », On évaluera la capacité des élèves à :
du même auteur, sera numérotée de 42 à 1. – comprendre globalement un texte ;
4. Beaucoup d’expressions sont détournées : – établir des comparaisons entre les textes ;
– « mon sang a fit son grand tour », v. 7 ➞ – émettre un avis personnel ;
Mon sang n’a fait qu’un tour. – proposer un travail sur le langage permet-
– « au premier coup de son œil », v. 13 ➞ Au tant de produire un discours amoureux ori-
premier coup d’œil. ginal (même avec des maladresses, l’essentiel
– « moi qui m’aimais toi qui t’aimais », v. 11 ➞ étant ici que l’élève s’essaye à des jeux de lan-
Le vers « Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais » gage) ;
issu des Feuilles mortes de Jacques Prévert) ; – réutiliser certaines caractéristiques des
la modification gagnera à être commentée. poèmes étudiés.
On repérera aussi l’humour : « je vous aime
depuis que je vous ai vu avec vos cheveux »
(v. 16) ou « depuis que tous ces yeux que vous Oral Poésie et musique
m’avez balancés » (v. 17) ou « j’aime votre Atelier Mettre en voix en poème
tête, j’aime votre bec » (v. 23). Jacques Rebo-
tier tourne en dérision les discours convenus Le texte montre la difficulté à dire l’amour,
et clichés liés à la rencontre amoureuse. quelle que soit la force du sentiment : la nar-
ratrice est prête à tout pour l’autre, qu’elle
5. Ces divers détournements donnent de toute connaît intimement. Mais ces « deux petits
évidence une tonalité humoristique au poème. mots-là » apparaissent comme sacrés – et seul
6. La litanie renvoie à une suite monotone et l’art peut aider à les prononcer.
répétitive de paroles : c’est bien le « coup de Le sujet invite à s’engager dans son travail de
foudre » qui est exprimé dans chacune des façon personnalisée. L’exercice de mise en voix
phrases, et le terme « litanie » déconsidère implique de laisser place à l’émotion et au res-
– ou du moins met à distance – dès l’abord senti personnel. On incitera donc l’élève, qui a
le discours amoureux, frappé de suspicion. Le généralement tendance à lire trop vite, à tra-
détournement est marqué par l’article « coup vailler rythme et silence en s’écoutant. Auda-
de la foudre ». city ou tout logiciel d’enregistrement seront
Je fais le point
d’un grand secours puisqu’ils permettront de
s’écouter et de s’autoévaluer. On peut choisir
Les réponses ne peuvent être que personnelles. une évaluation par les pairs ou par l’élève lui-
On invitera à justifier les points de vue. même, avec l’aide du tableau suivant.

190 THème 3 4e • Dire l’amour


Non En cours Acquis Parfaite- sa lecture, l'élève devra faire une pause après le
acquis d’acqui- ment point-virgule qui suit « charmant » (l. 2) mais
sition acquis ne pourra pas s’arrêter à la fin du vers 1 ou 3.
Je comprends Selon le niveau de la classe et le projet du profes-
le texte lu seur, on pourra aborder la notion de rejet et de
Le rythme contre-rejet.
adopté est 3. a. et b. L’élève doit ici s’arrêter à chaque vir-
pertinent gule – mais la pause n’est pas la même que dans
La lecture l’exemple précédent : il ne faut pas faire des-
permet cendre la voix, sous peine de perdre le sens de
d’exprimer
des émotions
la phrase.
– Vers 1 : 6 syllabes.
Le fond
sonore
– Vers 2 : 4 syllabes.
convient au – Vers 3 : 2 + 4 syllabes.
texte – Vers 4 : 4 syllabes.
Je m’entraîne
Mettre en voix un poème 4. a. et b. Les pauses correspondent aux signes
En téléchargement sur www.hachette-
de ponctuation. L’élève doit ici être vigilant et

education.com, un poème de Guillaume bien distinguer celles après un point ou après
Apollinaire et son exploitation. une virgule, de façon à respecter le sens du texte.
On peut inviter à travailler par binôme.

La comparaison et la métaphore
J’observe
Langue La grammaire pour 5. a. b. et c.  Les couples de phrases opposent
lire, écrire et parler p. 242 métaphores et comparaisons. L’observation
peut être l’occasion d’une réflexion sur le pou-
L’objectif est ici de faire travailler sur la langue
voir de la métaphore qui, par sa densité, mul-
poétique – sur son rythme et sur ses sons. On tiplie les interprétations possibles (exemple :
veillera surtout à faire lire à voix haute et à faire l’item b.).
écrire, de façon à donner le goût du texte poé-
tique. Je m’entraîne
6.  Les comparaisons introduisent une tonalité
Le rythme poétique humoristique, voire ironique.
J’observe 7. La métaphore filée du vin renvoie à l’ivresse,
1. a. et b. Après avoir fait comprendre l’impor- métaphoriquement à l’extase, au transport sus-
tance de la ponctuation en lien avec la syntaxe cités par le sentiment amoureux. La « lampe de
(dans ce poème, on ne peut pas s’arrêter en fin ta joue » renvoie à l’éclat de la personne aimée –
de vers), on incitera à lire et à relire successive- les vers 2 et 4 font allusion au baiser.
ment les trois strophes : on fera ainsi saisir les
manières de faire entendre le sens. On montrera Les jeux sur les mots
notamment comment les pauses diffèrent : l’ar- J’observe
rêt après un point-virgule ou une proposition 8.  a. et b. On repérera facilement les termes
subordonnée n’est pas le même qu’après un créés autour du substantif « rime » et on attirera
point ou une proposition principale. l’attention sur les rimes équivoquées suscitant
2. a. et b. L’exercice complexifie l’approche : un effet comique. On pourra rapprocher le
l’élève doit être attentif à la ponctuation et poème de Marot de « Pour un art poétique » de
veiller à respecter les enjambements. Lors de Raymond Queneau.

séQuence 15 L’amour en poésie 191


Je m’entraîne Je m’entraîne
9. Lecture des élèves. 18. Nous nous vîmes ; ils se virent / nous nous
10. Mer et amour ont en commun l’amertume plûmes ; ils se plurent / nous prîmes ; ils prirent /
et la souffrance, selon Pierre de Marbeuf. nous nous aperçûmes ; ils s’aperçurent / Nous
reçûmes, ils reçurent / nous prîmes ; ils prirent /
11. Exemple : L’orage a terriblement grondé
nous rendîmes ; ils rendirent / nous fûmes ; ils
aujourd’hui. J’ai cru que nous ne serions tous
furent / nous eûmes ; ils eurent / nous nous
foudroyés : elle était vraiment furieuse et son
offrîmes ; ils s’offrirent / nous gémîmes ; ils
regard jetait flammes et éclairs. L’éclat a com- gémirent / nous sûmes ; ils surent / nous fîmes ;
mencé lorsqu’elle a appris la nouvelle et le gron- ils firent.
dement n’a cessé que lorsque les lumières se sont
éteintes dans le silence de la nuit. Nous avons 19. Je sus ; mon sang fit ; je le vis ; je vous vis ; tu
tous cru, ce soir-là, que le ciel allait s’abattre sur me plus ; il me regarda ; je ne pus plus ; je n’eus ;
nos têtes. il suffit ; il fallut.

Les mots de la passion


Les homophones et jeux sur les sons
20. a. Recherche des élèves dans le dictionnaire.
J’observe
12. – Ver : animal rampant ; verre : récipient ; b. Les mots qui désignent le plus haut degré
vers : énoncé formant une unité rythmique ; d’intensité du sentiment amoureux sont : ado-
ration ; ardeur ; fureur, termes auxquels on peut
vert : couleur ; vair : fourrure.
ajouter les termes renvoyant au feu (brasier, feu,
– Paire : chaussures allant par deux ; pairs : égaux, flamme).
personnes de mêmes statuts. Mais cette liste peut faire l’objet d’une discus-
13. On attirera l’attention des élèves sur les jeux sion avec les élèves.
de sons mais aussi sur le sens et sur la syntaxe de 21. Apathie, fantaisie, imperturbabilité, liberté et
la phrase. lucidité semblent ici tout à fait inadaptés.
14. On peut trouver facilement des vers « holo-
rimes » sur Internet. Citons pour exemple : Plaisir de lire Madame de La Fayette,
– les vers de Louise de Vilmorin : « Étonnam-
ment monotone et lasse / Est ton âme en mon
La Princesse de
automne, hélas ! » ; Montpensier p. 245
– ceux d’Alphonse Allais : « Par les bois du Djinn, Pour entrer dans l’œuvre
où s'entasse de l'effroi / Parle et bois du gin ou
cent tasses de lait froid. » On veillera à ce que l’élève retienne l’essentiel et
soit capable de l’exprimer sans notes, de façon
Je m’entraîne succincte.
15.  a. et b. Exemple : Il a créé des poèmes en Le résumé aidera l’élève à lire une œuvre du
plaçant les vers à l’envers. xviie siècle et à s’intéresser à la représentation
Quelle terrestre tristesse ! Il s’est épris de ce triste du sentiment amoureux. Les recherches per-
puits empli de larmes alors que cet être céleste mettront à l’élève de se rendre compte que rien
et si leste a tant de sel. ne vaut la lecture : il est bien difficile de com-
16. Productions des élèves. prendre et de retenir le récit condensé d’une
intrigue ! On pourra aussi échanger sur ce qui
est essentiel à un bon résumé et sur ce qui nuit
La conjugaison du passé simple à sa clarté.
J’observe
17. On pourra classer les verbes en fonction des À vos carnets !
pronoms personnels utilisés (je/vous) ou des ter- 1. à 6. Aucune réponse type n’est ici attendue…
minaisons (-is ou –ûtes). L’essentiel est d’inciter l’élève à se représenter

192   Thème 3  4e • Dire l’amour


ces personnages et à exposer un point de vue Autoévaluation de lecture
sur des personnages qui peuvent l’agacer, sur
ceux qu’il admire ou qu’il rejette. On s’attachera « De cet amour ardent je reste
à encourager une lecture personnelle du récit. émerveillée » d'Andrée Chedid p. 247
Pour approfondir la lecture 1. La première strophe (v. 5 à 8) justifie le titre
du poème ; l’ardeur est également mentionnée
7. Les élèves sont ici invités à réagir à la « mora- dans la deuxième strophe et le titre est repris en
lité » énoncée par l’auteur. Condamneront-ils fin de poème.
eux aussi le comportement de la princesse ?
2. L’amour émerveille par sa force et par sa
8. La clôture du récit parle d’elle-même : on durée  : « l’hécatombe » (v. 14) du temps ne
attend d’une femme « vertu » et « prudence » ; l’atteint pas.
elle est sous la domination de son époux et la
révélation de tout écart de conduite lui est fatale. 3. Le poète se situe de toute évidence au soir de
L’homme peut plus aisément céder à la tenta- sa vie : il y est maintes fois question des ravages
tion de la chair et des sens. On pourra, selon le du temps (v. 12 à 15 ; v. 17).
niveau de la classe et le travail mené, relier cette 4. Le bonheur est intimement lié à la merveille
nouvelle au classicisme, siècle de moraliste. d’un amour « invincible » (v. 7), mais aussi à
9. La question invite à actualiser le récit et à celle de la beauté du quotidien (« clapotis de
réfléchir à l’universalité de la nouvelle, qui l’eau », v. 2 ; gazouillis des oiseaux, v. 3).
explore les méandres du désir amoureux en 5. Ce texte, écrit en vers libres, s’affiche comme
incarnant, à travers divers personnages, diffé- poème, entouré de blancs et de silences. Il utilise
rentes façons de le vivre, parfois diamétralement peu de procédés stylistiques (on peut éventuel-
opposées. lement s’arrêter sur les métaphores des vers 13
à 15) et dit, simplement, l’émerveillement de
Après la lecture la vie et de l’amour. Peu de mots par syllabes :
10. La princesse, dans le film de Bertrand Taver- chacun d’entre eux pèse de tout son poids et est
nier, cède à son désir et la bande-annonce laisse ainsi mis en exergue.
penser qu’elle entretient une liaison avec le duc 6. Il s’agit ici d’inviter l’élève, le plus souvent
de Guise. Le film explicite les sentiments éprou- possible, à formuler un jugement personnel, qui
vés plus secrètement par l’héroïne du livre et peut porter sur le contenu et/ou sur l’esthétique
en montre la violence. Il extériorise ce qui est du poème.
intériorisé et dévoile ce qui est suggéré.
11. La réécriture et l’actualisation permettront
aux élèves de s’attacher à la langue du texte ori-
ginal et de mieux en cerner les significations.
12. Productions des élèves.

séquence 15  L’amour en poésie   193


thème 4 agir sur le monde
4e – Informer, s’informer, déformer

Séquence

16 Info ou intox ?

Fil directeur de la séquence


La séquence vise un double objectif :
– faire mieux comprendre le fonctionnement des médias d’information pour mieux les lire/écouter ;
– tenter de définir ce qu’est un journaliste à une époque où tout le monde peut s’improviser reporter,
ou donner son opinion sur les réseaux sociaux.
La séquence trouvera tout son sens si elle prend place au moment de la semaine de la presse, quand
de nombreux médias sont disponibles dans les collèges.
Compétences travaillées dans la séquence
Langage oral Écriture
Dans les pages de lecture… Dans la séquence
■ Participer de façon constructive à des échanges X Comprendre et écrire un article satirique
oraux ■ Exploiter les principales fonctions de l’écrit :
y Interagir avec autrui dans un échange X Comprendre les formes et fonctions des écrits de
X Réaliser une interview, p. 254 presse
y Exprimer une opinion argumentée ■ Pratiquer l’écriture d’invention et connaître les
X Commenter un dessin de presse, p. 257 caractéristiques des genres littéraires :
X Écrire une parodie d’article de presse.
En atelier, p. 259 ■ Adopter des stratégies d’écriture efficaces
■ Comprendre et interpréter des messages et ■ Passer du recours intuitif à l’argumentation à un
des discours oraux complexes
■ S’exprimer de façon maîtrisée en s’adressant à
usage plus maîtrisé
X Utiliser la parodie pour dénoncer
un auditoire
X Écrire un article explicatif sur le réchauffement
■ Percevoir et exploiter les ressources expressives
climatique, p. 255
et créatives de la parole et les techniques
X Argumenter pour faire adopter un point de vue
multimodales
sur le rôle du journaliste, p. 256
X Écouter, comprendre un bulletin météo pour
en enregistrer un.

Lecture /Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue


■ Lire des textes variés avec des objectifs divers : Dans la double-page langue…, 260-261
y Recourir à des stratégies de lectures diverses ■ Construire les notions permettant l’analyse et
(adapter sa lecture à l’objectif poursuivi, adapter la production des textes et des discours
sa lecture aux supports, reformuler) y Prendre en compte les caractéristiques des textes
X Reconnaissance des phrases actives, passives,
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’observe »,
« Je comprends » impersonnelles et de leur valeur sémantique
X La mise en relief, phrase emphatique
y Formuler des impressions de lecture, percevoir
■ Maîtriser le fonctionnement du verbe et
un effet esthétique son orthographe
X Carte mentale « Lire un texte » : « Je lis », y Maîtrise de la morphologie verbale
« J’écoute », « Je réagis » X Conjugaison à la voix passive
y Reconnaître les implicites et faire les inférences et ■ Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe
hypothèses de lecture nécessaires des mots
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’interprète » X Mise en réseau des mots qui désignent la presse

194 THème 4 4e • Informer, s’informer, déformer


Lecture /Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue
■ Lire et comprendre des images fixes ou mobiles Dans les coins des mots
X Carte mentale « Lire une image » Les différentes désignations du journal (p. 251)
Le sens propre et le sens figuré autour des étoiles
Enjeux culturels
(p. 253)
X Construire une notion : le genre journalistique,
Orthographe : les mots terminés en – i (p. 255)
son statut, ses démarches, ses enjeux
■ Lire et comprendre des images mobiles
La famille du mot « rayon » (p. 256)
X Manipulation par l’image (EPI)
■ Lire des documents composites et des textes non
littéraires
X Dessins de presse, Articles de presse, Reportage

Enjeux de formation personnelle


X Décrypter la presse ; comprendre l’importance de la
vérification des sources.

Lecture Qu’est-ce qu’être 2. • Texte 1 : Le travail du journaliste a été :


journaliste ? p. 250 – un travail de recherches (géologiques/histo-
riques) ;
L’objectif de cette double-page est de définir le – un travail de comparaison ;
travail du journaliste en comparant trois articles – un travail de vérification ;
différents écrits sur le même sujet, afin de voir – un travail d’enquête.
que, selon le public visé par le journal, l’informa- • Texte 2 : Le travail du journaliste a été :
tion mise en avant diffère. – un travail d’enquête ;
– un travail d’interview de victime.
1. « Au Japon, le bilan s’alourdit après • Texte 3 : Le travail du journaliste a été :
une série de séismes » de Laurence – un travail de visionnage (d’une vidéo de la
Defranoux, Liberation.fr police) ;
2. « Après les séismes, la lutte contre – un travail de lecture (de médias japonais).
les éboulements » de La Tribune de 3. Réponse libre des élèves.
Genève avec l’agence de presse nxp/ats 4. • Texte 1 : explication scientifique du tremble-
3. « Japon. Un bébé de 8 mois retrouvé ment de terre et information sur ses répercus-
en vie dans les décombres du séisme » sions à l’échelle nationale, voire internationale,
de OuestFrance.fr analyse des causes ;
• Texte 2 : rétrécissement du point de vue,
En piste ! site
approche du terrain, suivi de conséquences du
Les élèves découvrent peut-être le site de l’ONI- tremblement de terre : point de vue des sauve-
SEP, particulièrement utile pour leur orien- teurs et des victimes ;
tation, et font une recherche sur le métier de • Texte 3 : focalisation sur un survivant, gros
journaliste. L’intérêt de la recherche est de les plan sur le bébé sauvé.
faire confronter leurs représentations du métier 5. Les trois journalistes n’ont pas montré les
avec la variété de la réalité. mêmes qualités professionnelles :
1. On utilisera le guide de lecture pour faire – le premier (texte 1) a bien cherché à vérifier,
observer aux élèves qu’on s’agit d’articles de à contextualiser, à hiérarchiser et commenter
presse numérique. On s’intéressera également à son information et a donc respecté la charte
la réception, notamment à la rubrique des émo- professionnelle ;
tions : Quels sentiments éprouve-t-on en lisant – on pourrait dire que le second s’est aussi pré-
les articles ? occupé de vérifier l’information ;

séQuence 16 Info ou intox ? 195


– le troisième, en revanche, a cédé à l’urgence et couverture géographique, le nom du journal,
a réagi aux images sans prendre le temps de une indication sur le bandeau.
les vérifier. •Ya-t-ildescouleurs?Àquelsendroits?
Pourquoi à votre avis ?
argumentative Le très peu de couleurs observées renvoie à
6. On attend des élèves qu’ils réfléchissent au la question économique et à la tradition de
rôle du journaliste dans la diffusion d’une infor- la presse quotidienne. Les couleurs revêtent
mation fiable. On pourra développer l’idée de alors une importance particulière et sou-
déontologie ou de code professionnel. lignent visuellement des éléments importants.
Il est important de faire comprendre en quoi les La presse en ligne est dans une problématique
médias sont un pouvoir et un contre-pouvoir différente et, dégagée des contraintes finan-
essentiel dans une démocratie. La comparaison cières d’impression, utilise largement les cou-
de différents articles traitant le même sujet par- leurs.
ticipe au développement de l’esprit critique.
La question est évidemment différente pour
Découvrir des journaux lors de les magazines mais elle n’est pas traitée dans
la semaine de la presse le chapitre.
Il s’agit de feuilleter la presse pour le plaisir •Quelsdifférentsformatsremarquez-vous?
d’abord, pour découvrir, ensuite, des journaux Lesquels préférez-vous ?
inconnus. L’objectif est de susciter la curiosité Voir site Internet : http://www.press-direc-
des élèves et de les sensibiliser à la pluralité tory.com/formats-journaux-format-journal.
des titres et de leur contenu. html.
Par groupes, feuilletez les différents jour- – Format Belge : 520 x 365 mm ou Coupe 50
naux, observez-les et répondez aux questions (Le Progrès) ;
posées : – Format Berlinois : 470 x 320 mm (Le Monde,
• Quel est le titre du journal ? Quelle est sa Les Échos, La Tribune, Le Figaro).
signification ? Sa date ? Son prix ? •Ya-t-ildesillustrations?Classez-les
Le travail sur le titre indique l’orientation phi- selon leur type : photos, publicités, dessins,
losophique du journal (Libération, La Croix), courbes, graphique, etc. À quoi servent-
son objet (Le Monde) ; il peut faire référence elles ?
à l’histoire (Le Figaro) ou à son ancrage géo- Il serait intéressant de faire prendre conscience
graphique (Le Parisien, La Voix du Nord, La
aux élèves des différentes fonctions des illus-
Provence). Le nom crée un horizon d’attente,
trations :
voire une ligne éditoriale.
– les publicités et lettres ouvertes, les encarts
On attire l’attention des élèves sur le prix
qui replace l’activité d’information dans d’abonnement, l’ours, etc. ; ce qui relève de
un contexte économique particulièrement l’organisation et non de l’information à pro-
important voire déterminant. On pourra se prement parler ;
poser la question du financement des jour- – les jeux (mots croisés, BD, etc.) destinés à
naux et parler de la publicité. divertir le lecteur ;
On réfléchira également aux journaux gra- – les illustrations en relation avec le contenu
tuits dont on interrogera les avantages (accès d’information : photos, dessins, cartes,
très facile et très large) et les inconvénients diagrammes, courbes, tableaux, etc. : elles
(dépendance économique totale aux finan- illustrent, expliquent ou commentent l’in-
ceurs, problèmes éventuel de professionnali- formation.
sation des journalistes). •Quellessontlesrubriquesquisont
• Appartient-il à la presse nationale ou communes aux journaux ?
régionale ? Comment le savez-vous ? On attend des élèves qu’ils relèvent les
On demandera aux élèves les indices qui rubriques habituelles des journaux et qu’ils les
les ont aidés à trouver la bonne réponse : la définissent.

196 THème 4 4e • Informer, s’informer, déformer


•Lesjournauxquevousobservezsont-ils En piste !
destinés au même public ?
Il s’agit de faire prendre conscience aux élèves • Il s’agit de faire réfléchir les élèves au statut
que les journaux ciblent leur lectorat. On peut du fait divers, constitué majoritairement par
le faire constater : le récit de meurtres, de crimes, d’enlèvements,
– par l’étude des produits dont le journal fait de disparitions, d’accidents, etc.
la publicité ; • Ils pourront s’interroger sur le pouvoir d’at-
– par le ton des articles (satirique/sérieux/ traction ou de répulsion de ces informations,
décalé/premier degré) ; et sur les raisons pour lesquelles elles suscitent
– par l’orientation politique, que l’on peut autant d’intérêt.
faire découvrir aux élèves en leur faisant 1. On utilisera le guide de lecture pour attirer
comparer la même information traitée de l’attention des élèves sur le titre de cette édi-
deux ou trois manières différentes. tion régionale.
2. Il faut pouvoir répondre aux cinq questions
Le coin des mots de référence, ce que l’article en question fait
très précisément :
– un magazine : publication périodique, le – Qui ? : des policiers ;
plus souvent illustrée, de pagination – Quand ? : un mercredi, entre 12 heures et
variable, traitant de sujets généralistes ou 14 heures ;
spécialisés ; – Comment ? : armés ;
– une feuille de chou : petit journal sans – Où ? : le rond-point de L’as-de-Trèfle et la
importance ; D649 ;
– un canard : mauvais journal ; journal quel- – Quoi ? : contrôle des véhicules ;
conque ; – Pourquoi ? : trouver un suspect.
– un tabloïd : format de journal qui corres-
3. Malgré le ton objectif et factuel, on devine
pond à la moitié des dimensions d’un journal
la présence du journaliste dans la phrase :
traditionnel ; désigne la presse à scandale.
« L’image était saisissante » (l. 1). On voit
ici un effort pour donner de la vie au récit. Il
s’agit d’un jugement personnel du journaliste,
qui fait part ici de son étonnement, qu’il sou-
Lecture Comment rendre compte haite communiquer au lecteur.
d’un fait divers ou d’un 4. Le pronom indéfini « on » traduit la diffi-
fait de société ? p. 252 culté d’avoir des informations précises et les
L’objectif de la séquence est d’illustrer une limites du travail du journaliste qui n’a pas les
facette du métier de journaliste, qui peut faire réponses aux questions. Il ne fait que rappor-
passer l’information par la narration ou la des- ter ce qu’on (les policiers ?) lui a dit.
cription : on prend l’exemple du fait divers 5. Le journaliste écrit dans un quotidien ; il
qui devient fait de société quand il change de y a donc la pression du temps qui l’oblige à
dimension. rendre compte de l’actualité de la ville. Cela
étant, il ne fait pas preuve de toute la profes-
1. « Maubeuge : des policiers armés sionnalité attendue d’un journaliste, qui est
mobilisés aux entrées de la ville » censé ne pas céder à la notion d’urgence dans
de Morad Belkadi, LaVoixduNord.fr la diffusion d’une information, afin de bien
vérifier ses sources.
L’article choisi est volontairement anodin, il
permet de voir assez facilement le fonctionne- créative
ment de l’article de fait divers et d’en interro- 6. Il s’agit d’un exercice de rédaction que l’on
ger les limites, sur la forme comme sur le fond. peut initier après avoir fait lire aux élèves l’une

séQuence 16 Info ou intox ? 197


des brèves rédigées. Les caractéristiques for- Le coin des mots
melles sont :
– des circonstances précises et factuelles Les mots de l’article en relation avec les étoiles
(nombreux noms propres) ; sont : « étoiles » (l. 1), « galaxie » (titre),
– une énonciation dans le système du pré- « espace » (l. 3), « planète » (l. 5), « extrater-
sent ; restre » (l. 12), « l'univers » (l. 16), « inters-
– une présence importante des formes du tellaire », « astronaute » (l. 21), « Station
passif, qui traduit la non-connaissance des spatiale » (l. 22-23), « voûte céleste » (l. 26).
acteurs des faits cités, et la neutralité du Je fais le point
récit qui ne prend pas position et ne fait
aucune hypothèse. • Un fait divers est un court article qui raconte
On pourra utiliser le site : http://www.bfmtv. de manière détaillée une suite de faits enchaî-
com/breves-et-depeches/, où on trouvera nés l’un à l’autre dans l’ordre chronologique ou
d’autres brèves. logique, pour transmettre au public ce que l’on
sait de l’événement de la façon la plus claire. Il
s’agit le plus souvent de thèmes liés à la délin-
2. David Bowie : l'étoile qui venait d'une quance ou aux accidents.
autre galaxie » de Mathilde Doiezie, • Un portrait est une forme particulière d’ar-
LeFigaro.fr ticle : le journaliste donne à voir sa représen-
En piste ! tation de la personne concernée. Il s’agit d’une
description qui souligne des détails en les carac-
David Bowie (1947 – 2016), est un musicien, térisant parfois de façon littéraire (images, effets
chanteur, auteur – compositeur – interprète, de style).
producteur de disques, peintre et acteur bri-
tannique. Il s'est imposé comme un des artistes
musicaux les plus originaux, les plus importants
et novateurs de la musique pop et rock.
Lecture D’où vient l’expertise
1. On utilisera le guide de lecture « Lire un du journaliste ? p. 254
texte » avec les élèves.
2. Le titre joue sur le mot « étoile » pour indi- Le fil directeur de la double-page est de mon-
quer que David Bowie est une star du monde trer un autre aspect du métier de journaliste :
du spectacle. Mais, c’est aussi un personnage celui d’expert. Par son travail de recherches, ou
étrange, voire sulfureux, un extraterrestre en recourant à des personnes qualifiées, il est en
(alien), venu pourquoi pas, d’une autre galaxie. état d’expliquer et d’analyser pour informer au
C’est d’ailleurs un rôle qu’il aimait jouer. mieux les lecteurs.
3. Les adjectifs possibles sont : surprenant – 1. « Raymond Domenech : "Zidane n’est
talentueux – différent – mystérieux – atta- pas un gentil mec" » de Stéphane
chant. Mandard, LeMonde.fr
4. La journaliste dresse un portrait élogieux
En piste !
de l’artiste disparu. Elle souligne sa person-
nalité particulière, son étrangeté qu’elle met • On complète la connaissance que les élèves
en relation avec son talent. Sa production de ont de la presse. Le site Internet http://www.
musique et de films est en harmonie avec son uni-presse.fr/ donne un aperçu très complet
style de vie. La métaphore filée de l’extrater- des différents médias spécialisés, à travers des
restre contribue à la création d’un personnage onglets qui montrent la diversité des publica-
hors du commun et hors du temps. tions : Jeunesse, Actu-info, Art de vivre, Culture/
loisir, Savoir, Presse médicale.
Oral   • Les élèves choisissent au CDI ou achètent un
5. Réponse libre des élèves. exemplaire, et viennent le présenter en insistant

198 THème 4 4e • Informer, s’informer, déformer


sur ses spécificités par rapport à la presse géné- Antoine, tous trentenaires, partent explorer le
raliste, qui a fait l’objet du feuilletage de la pre- monde en quête de solutions capables de sau-
mière double-page. ver leurs enfants et, à travers eux, la nouvelle
On insistera sur le lectorat et les spécificités de génération. Ils découvrent des expériences
cette presse dont le but est, outre d’informer, abouties dans tous les domaines (agriculture,
de distraire et/ou d’instruire dans la cadre de sa énergie, habitat, économie, éducation, démo-
profession, par exemple, ou de ses hobbies. cratie, etc.).
1. On utilisera le guide de lecture « Lire un 1. On utilisera le guide de lecture « Lire un
texte » avec les élèves. texte » avec les élèves.
2. Le journaliste a interviewé Raymond Dome- 2. Les connaissances de la journaliste peuvent
nech car il était l’entraîneur de Zinédine Zidane. venir de ses rencontres sur place ou de
3. Raymond Domenech parle de Zinédine recherches spécifiques (lectures de travaux
Zidane sur un ton ironique (quand il le compare scientifiques).
à Dieu). Il est énervé par la publicité qui est faite 3. Le conflit entre les hommes et les éléphants
autour de cette information. Il est polémique, en tient à l’occupation du même espace : l’ex-
minimisant les qualités de Zidane. ploitation des terres par les villageois a réduit
4. – Qualités : talentueux, créatif, une aura et de le territoire des éléphants qui se retrouvent au
l’autorité. milieu des activités des hommes.
– Défauts : peu de compétences d’entraîneur, 4. La journaliste essaie d’adopter un ton
hypocrite, pas aimable. neutre et de ne pas prendre parti : elle reste
objective et parle de « morts des deux côtés »
5. L’intérêt de l’interview est de faire parler un
(l. 11).
« spécialiste », quelqu’un qui connaisse Zidane
et qui soit capable d’apporter une explication à 5. Réponse libre des élèves.
une information surprenante : la nomination du créative
footballeur au poste d’entraîneur de l’équipe du
Real Madrid. 6. On attend des élèves :
L’autre intérêt résulte évidemment des ten- – un effort de recherche sur la question du
sions connues entre les deux hommes et donc réchauffement climatique : il est essentiel
la parole libre, voire polémique de Raymond que les élèves aient compris les tenants et
Domenech qui pourra créer la surprise. les aboutissants de cette question ;
– l’écriture d’un article qui respecte le style
Oral journalistique (répondre aux questions
6. On peut aider les élèves en leur donnant Quoi ? Où ? Quand ? Pourquoi ?) ;
l’accès au site : http://www.bonjourdefrance. – un effort de vulgarisation en prenant en
com/exercices/contenu/20/parlerFran- compte le destinataire indiqué (les enfants
cais/602.html. de primaire). On pourra montrer aux élèves
En téléchargement sur le site www.hachette-edu- des exemplaires de presse spécialisée, desti-
cation.com, la fiche « L’interview ». née aux enfants (Le Petit Quotidien, Okapi).
Le coin des mots
2. « Comment des abeilles peuvent
sauver les éléphants et les humains » Les mots invariables sont : les salsifis – les
d’Audrey Garric, LeMonde.fr puits – les marquis – les permis.

En piste ! vidéo Je fais le point


Il s’agit de sensibiliser les élèves au thème Pour expliquer l’information à leurs lecteurs,
de l’écologie. Les personnages du film, Cyril, les journalistes disposent de deux grands
Mélanie, Alexandre, Laurent, Raphäel et moyens :

séQuence 16 Info ou intox ? 199


– la rencontre d’experts susceptibles d’ex- 4. Le journaliste est très engagé et donne son
pliquer ce qu’ils ne comprennent pas (des opinion. Il s’indigne en utilisant :
scientifiques, des hommes politiques, des spé- – la répétition : « comme si » (l. 9) ;
cialistes) ; – un lexique critique : « Aveuglement » (l. 13) ;
– des recherches personnelles de type scienti- – les questions rhétoriques (l. 17 et 24) ;
fique ou autre. – les phrases en gras : « Un accident est possible
en Europe. » (l. 26) ;
– le conditionnel : « devrait peser » (l. 31).
Lecture Le journaliste doit-il 5. Le mot « leçons » est à prendre au sens de
donner son opinion morale, comme dans les fables : il s’agit de tirer
sur l’information ? p. 256 les conséquences de la catastrophe. Ici, de réflé-
Cette dernière double-page envisage une autre chir à ne pas miser tout sur le nucléaire, qui est
fonction du journaliste : celui qui non seulement très dangereux.
rapporte et explique l’information, mais qui 6. L’article dénonce l’absence de prise en compte
la juge. Sous différentes formes (éditoriales ou des risques liés au nucléaire et alerte l’opinion
dessins de presse), les journalistes abandonnent publique.
toute objectivité pour dénoncer ou critiquer ce
qui fait l’actualité. argumentative
7. On n’attend pas des élèves une dissertation
1. « Toutes les leçons de Fukushima mais le développement de l’une des deux thèses,
n’ont pas été tirées », éditorial du chacune étant acceptable pourvu que l’écriture
Monde.fr soit construite, argumentée et illustrée par des
En piste ! exemples.
Un éditorial est un type particulier d’article, sou-
vent situé en première page d’un journal, qui Le coin des mots
donne la position de la rédaction du journal sur • rayon X : rayonnement électromagnétique
une question d’actualité. de faible longueur d'onde, qui a la propriété
L’éditorial du Monde.fr permet d’en comprendre de traverser les corps matériels et trouve
les codes, à partir d’un sujet qui doit faire écho
à ce titre, de nombreuses applications en
aux préoccupations des élèves et à l’actualité
française (l’avenir des centrales nucléaires). médecine et dans l'industrie ;
• radiation : émission et propagation d'éner-
1. On utilisera le guide de lecture « Lire un
gie dans l'espace ou dans la matière sous
texte » avec les élèves.
forme d'ondes électromagnétiques ou de
2. Les dommages causés par la catastrophe particules ;
nucléaire sont :
• irradiation : émission de rayons (notam-
– 160 000 déplacés (l. 5) ;
ment lumineux) d'un corps, propagation par
– 2 000 décès (l. 5) ;
– contamination durable de la région : « Les rayonnement ;
dépôts radioactifs ont souillé la terre jusqu’à • rayonnement : processus d'émission ou de
250 km du site atomique » (l. 8). transmission d'énergie sous forme de par-
3. Selon le journaliste un pareil accident est pos- ticules ou d'ondes électromagnétiques, ou
sible en France : « un accident nucléaire ne peut d'ondes acoustiques, énergie ainsi émise et
jamais être exclu » (l. 26-27), « Spécialement propagée ;
de la France, qui a le plus misé sur le nucléaire • radiothérapie : emploi thérapeutique des
et qui, pas plus qu’aucun autre pays, n’est à l’abri rayonnements ionisants (rayons X, rayons
d’un séisme atomique » (l. 32-33). gamma).

200 THème 4 4e • Informer, s’informer, déformer


2. Foutez-nous la paix ! de Cartooning for Oral
peace 7. On attend des élèves qu’ils recourent explici-
3. « Le droit de l’environnement » de tement à la grille de lecture de l’image du rabat.
Lasserpe Je fais le point
4. « Le dessin de presse » d’Alex
L’éditorial est un type particulier d’article sou-
En piste !
vent situé en première page d’un journal, qui
On attend des élèves qu’ils se renseignent donne la position de la rédaction du journal sur
sur Charlie Hebdo, journal satirique et pro- une question d’actualité. Il cherche à dénoncer
vocateur, qui a fait l’objet d’un attentat dans ou à s’indigner, tout comme le dessin de presse,
lequel ont péri douze personnes. Ce sera évi- qui a souvent la même fonction mais qui utilise
demment l’occasion de discuter de la liberté des moyens différents : ceux de la caricature et
d’expression. Le site de la DEGESCO propose de l’humour.
des pistes pour aborder ce thème délicat :
http://eduscol.education.fr/cid85297/liberte-
de-conscience-liberte-d-expression-outils-peda- Quand la presse
gogiques-pour-reflechir-avec-les-eleves.htm. se moque ! p. 258
1. On utilisera les guides de lecture « Lire un Atelier Comprendre et écrire un article
texte » et « Lire une image » avec les élèves. satirique
2. Les dessinateurs de presse ont pour rôle d’ali- Cette activité est inspirée du site LeGorafi.fr qu’il
menter le débat sur l’actualité en bousculant et n’est pas possible de faire découvrir par les élèves
en dérangeant les certitudes et les habitudes. tout seuls, compte tenu du caractère parfois
Leurs armes sont l’ironie et le comique. délicat de ses articles.
3. Le dessin de Lasserpe est en relation avec 1. On utilisera le guide de lecture pour identifier
l’écologie, et plus particulièrement la protection l’article et remarquer qu’il est parodique. Cette
de l’environnement menacé par les activités première découverte du texte peut servir d’éva-
humaines polluantes. luation diagnostique des difficultés des élèves à
percevoir l’ironie.
4. Le dessin de Lasserpe dénonce l’attitude irres- Le titre évoque le registre comique mais la
ponsable des hommes qui polluent la nature question est de bien comprendre de qui on se
de façon éhontée avec leurs déchets. Ils n’ont moque ; certainement pas de Jean-Luc Hernaud,
aucune conscience écologique et ne sont sen- qui est un personnage fictif. La presse se moque
sibles qu’à l’éventuelle sanction, en l’absence de ici d’une réalité sociale (le salaire et son augmen-
laquelle ils se comportent de façon lâche. tation minime) et a donc une visée moraliste ;
5. Ces deux dessins illustrent le rôle du dessina- mais elle se moque aussi d’elle-même en offrant
teur de presse qui : une caricature d’article, une parodie.
– se saisit de sujets d’actualité ; 2. On attend des élèves qu’ils relèvent les carac-
– utilise le registre comique ; téristiques formelles d’un article de presse :
– dénonce ; – titre : « Ses amis ne le reconnaissent plus… » ;
– cherche à éduquer, ou du moins à faire – accroche : annonce d’un « pétage de plomb »
réfléchir. (l. 2) ;
6. Ce sont des caricatures car : – récit : circonstance précise (Qui ? Jean-Luc
– dessinées ; Hernaud/Quand ? 1er janvier 2016, un lundi/
– elles amplifient certains traits caractéristiques Quoi ? l’augmentation du SMIC et ses effets
du sujet représenté ; sur le personnage) ;
– elles sont humoristiques ; – interview : recours à un témoin proche (Marc,
– elles présentent des aspects ridicules ou la mère) et à un expert (sociologue) ;
déplaisants. – signature : LeGorafi.

séQuence 16 Info ou intox ? 201


3. On attend ici que les élèves repèrent le • le plan :
comique des textes. Il s’agit ici d’une parodie : – le temps de la journée ;
le texte fait semblant d’être un article sérieux – les températures de la journée ;
alors qu’il se moque de la faible augmentation – le jour suivant ;
du SMIC. – le jour d’après.
4. Réponse libre des élèves. • le registre de langue : technique en partie
(vocabulaire de la géographie et de la météo-
rologie) ;
Oral Quel temps fera-t-il
• l’élocution : débit rapide mais compréhensible.
demain ? p. 259
Ils préparent ensuite leur bulletin :
Atelier Enregistrer un bulletin météo • recherches d’information sur la météo des
jours concernés ;
Les objectifs sont de : • synthèse de ces informations et présentation
– développer les capacités de compréhension sous forme de carte mentale pour éviter un
orale des élèves dans une tâche complexe, qui oral lu ;
nécessite la mobilisation de connaissances et • choix de la scénarisation (Qui parle ? Quelles
de compétences plurielles ; formules de politesse ? Quelle musique ? Quels
– les familiariser avec le genre particulier mais bruitages ?) ;
habituel du bulletin météo dont on résumera • enregistrement.
les codes ;
– leur faire produire un bulletin météo créatif à Travailler l’oral avec la fiche le travail de
partir d’une carte vierge. la voix
y Étape 1 : démarche. ➨ Il s'agit ici de travailler la voix, en allant sur
1. Sur un fond de carte de France, les élèves le site www.24hdansuneredaction.com/radio/
reportent les noms qui vont être mentionnés 9-le-travail-de-la-voix.
dans le bulletin météo. Cette activité peut se
faire dans le cadre d’une activité au CDI ou en
collaboration interdisciplinaire avec le profes- Langue La grammaire pour lire,
seur d’histoire-géographie. écrire et parler p. 260
2. La situation idéale est celle d’une écoute indi- L’objectif de la double-page est d’identifier les
viduelle libre sur lecteur MP3 pour laisser à cha- structures passives et impersonnelles d’un point
cun le temps nécessaire de reporter sur la carte de vue syntaxique puis d’identifier leurs effets
le maximum d’informations. de sens.
3. On peut imaginer un travail de groupe au
cours duquel les élèves comprennent les défini- Les phrases actives, passives et
tions et s’interrogent mutuellement. impersonnelles
y Étape 2 : en groupe. J’observe
4. 5. 6. Les élèves travaillent par groupe. Ils 1.  a. On remarque que les couples de phrases
peuvent analyser en premier lieu les caractéris- donnent la même information, mais en inver-
tiques d’un bulletin météo qui seront autant sant l’ordre du thème du propos. L’accent est
d’éléments qui leur permettront d’écrire et d’en- mis sur l’élément qui est en tête de la phrase.
registrer le leur (http://videos.lachainemeteo. b. Le verbe s’accorde toujours avec son sujet, la
com/videos-meteo/video-videos-meteo-france/ morphologie des verbes change cependant sans
bulletin-france-78.php) : que le temps ne varie. On remarque l’apparition
• le format : 2 minutes environ ; de l’auxiliaire « être ».
• la scénarisation : adresse aux auditeurs, en Je m’entraîne
début et en fin d’intervention, musique intro- 2. a. La police avait signalé un véhicule suspect
ductive et conclusive, bruitage (cigales) ; en région parisienne.

202 THème 4 4e • Informer, s’informer, déformer


b. La RATP a interrompu la circulation du métro c. Vous étiez appelé.
parisien sur la ligne 2. d. Que tu sois cueilli.
c. Les forces de l’ordre ont bouclé le quartier où e. Elles furent avancées.
l’attaque s’est produite. f. J’ai été pris.
d. Les villageois chassent les éléphants. 8. a. Les élèves chinois venus dans le cadre d’un
3. Réponse libre des élèves. échange scolaire sont accueillis par les profes-
4. a. La difficulté réside dans l’absence d’agent seurs.
explicite pour l’action présentée à la voix pas- b. Les chiens errants sont ramassés par les
sive. Il s’agit donc d’en inventer un qui devient le employés municipaux.
sujet, obligatoire, à la voix active. c. Ils sont placés à la fourrière (par eux).
a. La RATP (on) a également mis le funiculaire d. Des légumes issus de l’agriculture biologique
en arrêt. sont vendus par le maraîcher.
b. La police a interrompu le trafic après une e. La performance de ces jeunes acteurs est
attaque devant un commissariat du xviiie applaudie par les nombreux spectateurs.
arrondissement. 9. a. Le fameux zoo de Maubeuge connu dans
c. On a déployé en nombre des policiers, armes toute la région a été visité par les vacanciers.
à la main. b. La balle fut envoyée dans les gradins par la
d. Les villageois (des scientifiques/des employés footballeuse, entravée dans ses mouvements.
municipaux) ont installé des ruches sur des c. Des rafraîchissements étaient servis toute la
poteaux ou des arbres tous les dix mètres autour journée par le jeune homme aux nombreux visi-
du champ et reliées entre elles par un fil. teurs.
b. La presse recourt souvent aux phrases à la voix d. Un remarquable spectacle aérien sera offert
passive qui laisse dans l’ombre l’acteur de l’ac- au public par les pilotes de l’armée.
tion, parfois inconnu encore. e. Un très grand sapin de Noël avait été choisi
5. a. Une cagoule est portée par les cambrio- par les enfants.
leurs. ➞ L’accent est mis sur la cagoule et non
sur les cambrioleurs. L’effet produit est curieux Les phrases impersonnelles
car on fixe l’attention sur un détail. 10.  a. « Il » ne désigne pas une personne. C’est
b. Les clients de la banque sont menacés par un pronom impersonnel.
eux/par les cambrioleurs. ➞ Il faut ici ajouter b. « il » désigne une personne dont on a parlé
une information précise car le pronom person- précédemment.
nel ils ne peut être complément d’agent. c. « il » ne désigne pas une personne. C’est un
c. Les employés sont terrorisés. ➞ Idem pronom impersonnel.
d. Le sac est rempli par les voleurs. ➞ La phrase d. « il » reprend le mot « éléphant ». Il s’agit
est tout à fait acceptable et met en évidence d’un pronom personnel.
l’objet « sac ».
e. La police est appelée. ➞ Disparition de l’agent Je m’entraîne
au profit de l’action. 11. a. a. C’était une opération menée dans le
cadre d’un dispositif de recherche national.
La conjugaison à la voix passive b. Je pense que ce joueur peut réussir car le métier
a changé.
J’observe c. Pour entraîner, en 2016, deux choses sont
6. Pour conjuguer un verbe à la voix passive, on nécessaires.
conjugue l’auxiliaire « être » au temps désiré et d. À chaque fois qu’un éléphant tente de franchir
on ajoute le participe passé du verbe conjugué cet obstacle, l’animal secoue les ruches et énerve
(attention à l’accord avec le sujet !). les abeilles.
Je m’entraîne b. Substituer un pronom impersonnel est difficile
7. a. Il est vu. et oblige un changement syntaxique, une nou-
b. Nous aurons été achetés. velle construction (phrases a et c). Au pronom

séquence 16  Info ou intox ?   203


personnel on peut substituer facilement un nom – L’orateur est monté à la tribune pour faire un
(phrases b et d). discours/Une tribune désigne, dans la presse
c. La phrase impersonnelle permet au journaliste écrite, un article d'opinion publié dans une
de ne pas nommer l’acteur d’une situation, soit rubrique ouverte au public.
parce qu’il ne le connaît pas ou parce qu’il ne sou- – Le français possède différent articles, définis ou
haite pas le divulguer. indéfinis/Elle a lu avec intérêt l’article consacré
12. Sont impersonnels : « Il n’était pas illogique », dans Le Monde aux réfugiés de Calais.
« il est évident ». – Il préfère lire des nouvelles, c’est plus court
Tous les autres ont des pronoms personnels. qu’un roman/La presse a diffusé des nouvelles
alarmantes du front.
La mise en relief 18. – grand reporter : un reporter est un jour-
naliste dont le métier consiste à collecter et rap-
13. et 14. a. Ce sont les élèves méritants qui
porter des informations sur un événement ou un
obtien-nent une bourse.
sujet d'une certaine actualité, en se déplaçant le
b. C’est le journaliste qui a fait l’objet d’une
plus souvent sur les lieux mêmes de ces faits.
menace.
– rédacteur en chef : le chef de service qui coor-
c. Ce sont des rumeurs qu’ils ont répandues.
donne, gère le planning des journalistes, attri-
d. Ce sont eux qui ont gagné le concours.
e. Ce sont eux qu’ils ont vus au supermarché. bue les sujets à traiter. Il est en relation avec le
f. C’est toi qui as raison. comité de rédaction et l'ensemble des journa-
g. C’est moi qui ai tort. listes de son service. Le rédacteur en chef est
h. C’est toi qui auras la chance de le rencontrer. responsable de la ligne éditoriale. Il veille au
contenu du journal, choisit les sujets, anime
Les formes de phrases l'équipe de rédaction et organise matérielle-
15. a. Exemple : « Tous les Gadiris ont été tou- ment la réalisation du journal.
chés » – web rédacteur : le rédacteur web produit des
b. – Cannes : les Cannois ; contenus rédactionnels adaptés au web. Les
– Saint Étienne : les Stéphanois ; règles d'écriture diffèrent de celles de la presse
– Lyon : les Lyonnais ; écrite : l'écriture doit être concise, rapidement
– Calais : les Calaisiens. compréhensible et le style dynamique. Cette
c. La maison la plus proche de la montagne a été écriture doit également prendre en compte la
totalement détruite. dimension interactive du web (commentaires,
d. Réponse libre des élèves. liens hypertextes, etc.) et correspondre aux exi-
gences des moteurs de recherche (densité de
Les mots du journalisme mots-clés, liens hypertextes, etc.).
16. une fois par mois : mensuel – deux fois par – présentateur : animateur d’une émission radio
mois : bimensuel – une fois par siècle : séculaire – ou télé.
une fois par millénaire : millénial – deux fois par – pigiste : un pigiste est un journaliste rémunéré
semaine : bihebdomadaire – tous les deux mois : à la tâche. Le statut de pigiste a pour intérêt
bimestriel – deux fois par an : semestriel – tous les de permettre de collaborer à un ou plusieurs
7 ans : septennal – tous les 10 ans : décennal. médias.
17. – La cour de l’école est plantée de marronniers – éditorialiste : l'éditorialiste, autrefois appelé
(arbres)/La rentrée des classes est le marronnier billettiste, est la personne qui écrit l'éditorial
favori de la presse en septembre (sujet de faible d'un journal de presse écrite, ou qui exprime un
importance récurrent à une certaine période). commentaire dans un journal radiodiffusé ou
–Les poissons se sont pris dans les filets du télévisé.
pécheur (maille)/Un filet est un article court 19. Réponse libre des élèves. Toutes les pro-
qui présente l'essentiel d'une information sous ductions sont acceptables si elles respectent les
un titre. consignes.

204   Thème 4  4e • Informer, s’informer, déformer


thème 4 agir sur le monde
4e – Informer, s’informer, déformer

Séquence
Une enquête au cœur du quotidien
17 Le Quai de Ouistreham de Florence Aubenas

Fil directeur de la séquence


Dans le prolongement de la réflexion sur la démarche journalistique, l’objectif de la séquence est
d’amener les élèves à s’interroger sur la façon dont un(e) journaliste peut rendre compte d’une
enquête menée de l’intérieur, comme une expérience, en incarnant un personnage qui découvre,
agit, réagit.

Compétences travaillées dans la séquence


Langage oral Écriture
En atelier, p. 271 Dans la séquence
■ Comprendre et interpréter des messages et des X Produire un texte argumentatif pour donner
discours oraux complexes son avis
■ S’exprimer de façon maîtrisée en s’adressant à un ■ Passer du recours intuitif à l’argumentation à
auditoire un usage plus maîtrisé
X Écouter une interview de Florence Aubenas pour X Argumenter pour faire adopter un point de vue
en rendre compte sur le pouvoir de la presse.
■ Percevoir et exploiter les ressources expressives et X Repérer les procédés de la parodie pour
créatives de la parole argumenter
X Mise en voix et en scène du texte extrait du Quai ■ Exploiter des lectures pour enrichir son écrit
de Ouistreham. X Interview de F. Aubenas.
■ Adopter des stratégies d’écriture efficaces
X Reformuler sa compréhension de l’œuvre pour
penser et apprendre, p. 266

Lecture /Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue


■ Lire des textes variés avec des objectifs divers : Dans la double-page langue…, p. 272-273
y Recourir à des stratégies de lectures diverses ■ Construire les notions permettant l’analyse et la
(adapter sa lecture à l’objectif poursuivi, adapter production des textes et des discours
sa lecture aux supports, reformuler) y Observation de la variété des possibilités offertes
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’observe », par la langue
« Je comprends » X Discours narratif, descriptif, explicatif et
y Formuler des impressions de lecture, percevoir argumentatif.
un effet esthétique X Caractéristiques du style journalistique
X Carte mentale « Lire un texte » : « Je lis », ■ Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe des
« J’écoute », « Je réagis » mots
y Reconnaître les implicites et faire les inférences et X Mise en réseau des mots qui désignent le reportage
hypothèses de lecture nécessaires
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’interprète »
■ Lire et comprendre des images fixes ou mobiles
X Carte mentale « Lire une image »

Enjeux culturels
X Construire une notion : le genre journalistique,
son statut, ses démarches, ses enjeux

séQuence 17 Une enquête au cœur du quotidien – Le Quai de Ouistreham de Florence Aubenas 205
Lecture /Compréhension de l’écrit et de l’image
■■ Lire et comprendre des images mobiles Enjeux de formation personnelle
XXManipulation par l’image (EPI) XXDécrypter la presse ; comprendre l’importance de
■■ Lire des documents composites et des textes non la vérification des sources.
littéraires
XXDessins de presse, Articles de presse, Reportage

Lecture  Le Quai de Ouistreham est-il l’adresse suivante : https://www.youtube.com/


un simple reportage ? p. 264 watch?v=vbe4feGOn_8.
(Jusqu’à 5’15 : interview et de 5’15 à 7’42 : présen-
1. Grands reporters, Prix Albert Londres tation de l’œuvre).
de Christian Hoche • On pourra accompagner les élèves vers l’ex-
Le texte de Christian Hoche permet de montrer pression des idées suivantes :
en quoi Albert Londres a fait entrer le journa- – Florence Aubenas a formé le projet de rendre
lisme dans une nouvelle ère, et de lancer le ques- compte d’une réalité au plus près de la vie
tionnement sur le texte de Florence Aubenas. vécue par nombre de personnes, en temps de
crise, notamment dans le travail précaire.
En piste ! – La journaliste a choisi la ville de Caen comme
Pour entrer dans l’œuvre lieu de son expérience, parce qu’elle ne
•  On peut commencer par questionner les élèves connaissait pas cette ville
sur leurs propres représentations du reportage ; – Elle a conservé son identité mais a apporté à
après un temps de réflexion individuelle à l’écrit, son aspect physique quelques modifications,
des échanges oraux permettent une mutualisa- et elle s’est inventé une situation personnelle
tion des idées. et professionnelle.
Le document 1 est lu en salle pupitres ou via – Elle a décidé de « partager le quotidien » des
un TBI ou un VPI. On effectue un repérage travailleurs précaires, leurs conditions de tra-
des expressions caractérisant le « grand repor- vail.
tage » (« au plus près de la réalité, précis » – Elle a dès le départ fixé les limites de son expé-
l. 3-4, « témoignage en direct, du travail au ras du rience : la proposition d’un CDI
terrain » l. 6, etc. La consigne peut être prolon- – Elle a modifié le nom des personnes représen-
gée par une distinction avec ce qu’il ne devrait tées dans son récit.
pas être (« bourrage de crâne » l. 3, « manipula- • En faisant le point sur l’œuvre, les élèves sont
tions » l. 8). invités à établir des liens avec leur culture per-
Il est également envisageable de présenter l’his- sonnelle, s’ils ont déjà quelques connaissances
toire du terme « reportage » en remontant à ses sur des enquêtes en immersion (récits, repor-
origines : « reportage » est une traduction de tages en bandes dessinées, films documentaires
l’anglais reporting du verbe to report provenant mettant le journaliste en scène, etc.).
du verbe français « rapporter ». Les protagonistes de cette histoire
• L’écoute de cet avant-propos lu par Sabine La présentation des personnages de l’histoire
Haudepin peut faciliter l’entrée dans la lecture. peut être réalisée sous la forme d’un tableau,
(https://www.youtube.com/watch?v=cJYsGvJa- d’une carte mentale, d’un texte rédigé, par un
Tvk). document manuscrit, en fichier numérique,
• Ouistreham et Riva Bella se situent en Nor- sur une affiche exposée dans la classe, selon les
mandie dans le département du Calvados. objectifs et les destinataires de l’activité.
• Retrouvez l’interview de Florence Aubenas Il s’agira de montrer que l’évocation de tous
par Élise Lucet aux 13 heures de France 2 à ces personnages contribue à représenter un

206   Thème 4  4e • Informer, s’informer, déformer


environnement, et à plonger ainsi le lecteur dans Je fais le point
un monde qu’il va percevra comme complexe.
➨ Voir le reportage « Les ferrys à Ouistreham » Le Quai de Ouistreham n’est pas stricto sensu
dans le journal télévisé de 13 heures de TF1. est un reportage sur un thème précis, ici la «
http://lci.tf1.fr/jt-13h/videos/2013/escale-sur- galère » des travailleurs précaires en temps de
le-quai-de-ouistreham- crise. De par sa démarche et ses choix d’écri-
ture, Florence Aubenas dépasse le cadre du
récit journalistique pour rédiger, à partir de ses
2. « L’abattage » audio notes, le compte-rendu d’une expérience vécue
Par la lecture de cet extrait, les élèves découvri- qui intègre ses impressions personnelles, et elle
ront comment Florence Aubenas rend compte donne une vision subjective du quotidien des
de son entrée dans le monde qu’elle a entrepris personnes qu’elle a rencontrées.
d’explorer.
Mise en voix du texte
En piste ! 1. Relisez individuellement le texte.
CDD : Contrat à durée déterminée. Vous pouvez en écouter la lecture Audiolib, sui-
CDI : Contrat à durée indéterminée. vie d’un entretien avec l’auteur.
1. Un nombre important de personnes vient 2. En groupe, lisez ce texte à haute voix à vos
chercher du travail, jeunes et moins jeunes. camarades, puis co-évaluez vos lectures.
Les agents s’efforcent de rester patients et • Échangez sur la mise en voix de chacun.
répètent leur mission aux demandeurs d’emploi • Déterminez-en les points forts, les points faibles.
(l. 12-13). • Proposez ou recherchez ensemble des pistes
Les mêmes scènes se reproduisent dans un pour travailler vos interprétations.
décor minimaliste et aseptisé, fait de quelques • Proposez des points à améliorer en cas de
éléments : la photocopieuse, le film projeté. besoin.
2. La réalisation d’un tableau, ou d’un schéma 3. Individuellement, retravaillez votre lecture
sous une autre forme, permettra aux élèves de et proposez-la à vos camarades.
travailler plus précisément sur les deux axes de
la consigne : repérage et hypothèses de lecture
dans l’interprétation. Lecture Comment la journaliste
Ex. : « J’ai be-soin de tra-vail-ler » (l. 28) : Syllabes devient-elle le personnage
séparées ➞ Insistance, glissement vers le langage de son récit ? p. 266
oral, impression d’entendre les mots prononcés
de façon hachée par le personnage. 1. « La bête » audio

3. Les élèves sont amenés à réfléchir au sens du Ce passage très vivant et rythmé donnera aux
titre. On pourra commencer par la recherche élèves l’occasion de visualiser mentalement
du sens de ce terme, puis poursuivre par l’ana- une scène, et d’analyser le travail d’écriture
lyse de la métaphore : les demandeurs d’emploi accompli ainsi que ses effets.
semblent perçus par la journaliste comme des
1. Le présent accentue l’illusion du réel, don-
animaux menés à l’abattoir, par vagues succes-
nant au lecteur l’impression d’être le specta-
sives.
teur d’une scène de théâtre, ou un personnage
créative de l’histoire, témoin ou acteur ; le passage en
4. Ce type d’écriture permet de travailler sur le est d’autant plus vivant et humoristique.
changement de point de vue, en apprenant à 2. Afin de travailler sur les effets produits par
tenir compte des éléments d’un extrait lu pour les descriptions du passage, on pourra deman-
créer un texte. der aux élèves de proposer leur représentation

séQuence 17 Une enquête au cœur du quotidien – Le Quai de Ouistreham de Florence Aubenas 207
de la monobrosse, puis leur en montrer des comment l’auteure décrit l’environnement
illustrations. dans lequel elle va vivre plusieurs mois et en
Le repérage des expressions sujettes à inter- quoi sa place dans le récit évolue.
prétation pourra être effectué individuelle- 1. et 2. L’observation permet de visualiser plu-
ment, puis donner lieu à des échanges oraux, sieurs zones :
en groupe ou collectivement. – le canal inauguré par Napoléon III et son
Les élèves pourront partir du surnom donné à épouse Eugénie ;
l’appareil, réfléchir à l’emploi de la majuscule – la zone industrielle qui s’est développée
(la « Bête »), repérer les expressions représen- ensuite ;
tant l’appareil comme un animal féroce, et – un « petit port de vieux bateaux de pêche »,
les champs lexicaux du dressage ainsi que du l. 17 ;
combat héroïque, pour établir un lien avec les – le quartier balnéaire de la plage Riva Bella.
combats entre des héros contre des créatures
prodigieuses ou des adversaires humains. À partir de cette observation, on peut discer-
ner une distinction, un contraste :
3. L’auteure raconte la scène avec des phrases
– chronologique : le passé, avec le canal, les
brèves, essentiellement assertives, dans un
vieux bateaux de pêche) / le présent (les fer-
style au début tout du moins télégraphique,
ries ne sont encore pas évoqués ici) ;
minimaliste, qui fait penser à des notes prises
– géographique : le port industriel / la station
« sur le vif » : il donne au texte un rythme
balnéaire et touristique.
rapide qui contribue à rendre la scène réaliste
et vivante. Ce paysage peut être perçu comme le reflet
L’emploi fréquent de la forme emphatique d’une société organisée en deux mondes qui
(accentuation, répétition, reprise) met en s’ignorent, et faite d’inégalités impossibles
relief la perception qu’ont ces personnes de à combler. L’auteure évoque de fait une dis-
l’appareil, et accentue l’effet comique de la tance difficile à franchir entre un espace
scène. Ces procédés, comme le choix du pré- tourné vers le passé, et une zone ouverte sur
sent comme temps verbal principal, donnent la modernité (« Bien plus loin, invisible d’ici,
au lecteur l’impression d’y assister. se trouve l’autre Ouistreham » l. 19-20).
4. Les avis pourront être divers : les élèves 3. Cette consigne a pour objectif de faire per-
pourront affiner leur compréhension de l’en- cevoir un changement de point de vue : la
jeu de l’œuvre : rapporter, témoigner, rendre journaliste entraîne le lecteur dans son expé-
bien réel le quotidien des personnes côtoyées, rience et l’amène à s’identifier au personnage
mais aussi en faire des personnages. qu’elle est devenue.
Par ailleurs, les titres de chapitre choisis par 4. La journaliste n’a pas choisi la démarche du
l’auteure contribuent à une certaine drama- reporter qui part sur le terrain d’une enquête
tisation du récit. On peut également voir pour filmer des lieux, des événements, des
dans leur formulation ainsi que dans le choix comportements. Son récit rend compte non
des anecdotes rapportées une référence aux seulement de ses actes et des situations obser-
contes et légendes, ainsi qu’au genre épique. vées, mais aussi de ses réactions, impressions
Oral et sentiments.
5. Production libre des élèves. créative
5. L’élève prendra en compte les éléments
observés au cours de sa lecture du texte.
2. « L’annonce » audio
Il pourra également utiliser des ressources
Ce passage fait suite à un moment détermi- qu'il aura constituées lui-même ou que l’en-
nant du parcours de la journaliste : la lec- seignant lui proposera (documentation sur
ture de « l’annonce ». Il permet d’analyser Ouistreham et sa plage : textes, illustrations).

208 THÈME 4 4E • INFORMER, S’INFORMER, DÉFORMER


Je fais le point
– En prolongement, un lien pourra être établi
en prolongement avec d’autres exemples de
Le personnage qu’est devenue Florence Aubenas BD reportages.
prend une place de plus en plus importante 5. Exposez votre compte-rendu à la classe, à
dans la narration : d’enquêtrice exploratrice d’autres classes de l’établissement, dans un
et témoin, l’auteure devient le personnage par autre collège ou un lycée, ou aux familles.
lequel nous découvrons un monde et auquel
nous nous identifions peu à peu, une sorte de
Candide qui nous entraîne dans son parcours Lecture Comment rendre compte
initiatique. d’une enquête sur
Mais ce personnage n’en est pas pour autant le terrain ? p. 268
le personnage central de l’œuvre, comme le
montre le titre choisi qui nous rappelle l’enjeu 1. « Le Cheval Blanc » audio
de cette enquête.
Cet extrait constitue une illustration de la
Le coin des mots démarche choisie par la journaliste : l’immer-
sion en vue d’une révélation et d’une dénoncia-
Précaire : du latin prex, « la prière », d’où preca- tion, concernant ici la pénibilité des conditions
rius, « obtenu par la prière, révocable ». de travail imposées aux travailleurs précaires.
Définition CNRTL : « Qui n’est octroyé, qui Il amène les élèves à percevoir la force argumen-
ne s’exerce que grâce à une concession, à une tative d’un récit.
permission toujours révocable par celui qui l’a En piste !
accordée. »
Immersion : du latin in et mergo : « plonger,
Compte-rendu d’un BD reportage à l’oral engloutir, cacher dans ». Action d’enfoncer ou
Patrick Chappatte, Gothard : dans le chantier du de s’enfoncer partiellement ou totalement dans
siècle, mai 2016 l’eau, ou au sens figuré dans un milieu a priori
http://www.bdreportage.com/bdl-gothard- étranger.
dans-le-chantier-du-siecle/ Infiltration : du latin médiéval filtrum ayant
donné « feutre » : étoffe non tissée constituée
1. Visionnez ce document.
de poils ou de fibres de laine agglomérées par
2. Élaborez une trace écrite de ce que vous avez
soufflage, avec laquelle on a constitué les pre-
retenu. miers filtres.
3. Exprimez vos observations sur ce document. Action de passer à travers une matière poreuse
4. En groupe, partagez vos réflexions, puis pro- ou percée, pour se diffuser, en parlant d’un liquide.
duisez un écrit qui servira de support à votre Au sens figuré : action de s’introduire, de s’immis-
présentation orale : notes personnelles et cer dans un milieu a priori difficile d’accès (sou-
éventuellement un diaporama à vidéoproje- vent par l’intermédiaire d’un agent « double »),
ter. pour y collecter des informations.
– Le diaporama pourra présenter l’auteur, 1. Une analyse poussée portera sur les choix
des ressources documentaires (photogra- d’écriture qui accentuent le caractère oppres-
phies, cartes géographiques, schémas…) per- sant des injonctions et l’aspect épuisant de ces
mettant d’apprécier le travail du journaliste, tâches : les changement de tempo entre des
de l’observation de la réalité à la création de phrases longues et des phrases brèves, le rythme
son reportage. souvent saccadé de ces phrases brèves, l’inser-
– Le compte-rendu aboutira à une réflexion tion de propos rapportés au discours direct, les
sur le genre du BD reportage : caractéristiques, phrases exclamatives, l’emploi des majuscules
enjeux, effets produits. ( « Il faut TOUT faire » l. 45), contribuent à faire

séQuence 17 Une enquête au cœur du quotidien – Le Quai de Ouistreham de Florence Aubenas 209
ressentir la pression subie par les employées, Éléments explicites Hypothèses
ainsi que leur fatigue physique et nerveuse.
« Elle a commencé dans
Les élèves pourront s’interroger sur la repré- le ménage il y a plus de
sentation qui est implicitement donnée de ces quinze ans, elle trouvait
A évolué, a mûri, est
employés : sont-ils encore considérés comme ça dur au début de se
devenue endurante.
lever tous les jours à 4 h
des êtres humains ? Peuvent-ils encore réflé- 30 du matin. Elle tombait
chir, en ont-ils le temps et la force ? Cet univers souvent malade » (l. 2-5)
n’est-il pas déshumanisé ? « Pour dire que le métier Assume sa situation
2. La question invite les élèves à s’identifier à la lui plaît, elle ne fait pas de avec une grande force de
manières » (l. 5-6) caractère.
narratrice, et on attend ici l’expression de réac-
« Pour parler de son tra- Prend des initiatives,
tions plus que le développement d’une argu- vail, elle dit « mes » sites, montre de la ténacité,
mentation. elle les a trouvés et négo- ne se soumet pas à des
ciés elle-même, un à un » conditions imposées
créative (l. 9-10) docilement.
3. Le travail d’écriture se situe dans le change- « Pour éviter les soup-
ment de point de vue : l’une des deux gérantes çons entre nous, Margue-
Sait organiser, gérer un
rite a institué qu’aucun
du camping devient la narratrice des événe- groupe.
objet de valeur n’y reste-
ments. Tout en apportant cette modification rait désormais » l 21-23)
pour se focaliser sur un personnage présenté « Elle ne raconte pas
comme austère et rigide, l’élève prendra ses qu’elle doit jongler avec
Humble, discrète, ne fait
son emploi du temps
distances par rapport à ce personnage pour en pour préparer un cer-
pas étalage de ses pro-
souligner les aspects risibles. jets, ne veut pas susciter
tificat d’aptitude pro-
admiration ni envie.
fessionnelle dans la
2. « La ZAC » audio
propreté » (l. 25-27)
3. « Le CDI » audio On attend une déduction sur la façon dont
Florence Aubenas perçoit le personnage et les
Ces deux textes permettent d’étudier com- sentiments qu'elle éprouve à son égard (admi-
ment la journaliste représente et nous fait ration respect).
percevoir à la fois les interactions et les fron- 2. La décision de mettre un terme à cette
tières entre sa vie de personnage et son exis- enquête en immersion est provoquée par la
tence de journaliste. Leur lecture aboutira à proposition d’un CDI, et justifiée par le refus
une réflexion sur un double statut de l’œuvre, de « bloquer un emploi réel » (l. 11) : Florence
texte journalistique et création littéraire. Aubenas sort du monde dans lequel elle s’était
plongée et réinvestit sa place de journaliste.
1. On peut demander aux élèves de rechercher On incitera les élèves à percevoir l’intention de
dans le texte les expressions qui décrivent le l’emploi de l’adjectif « réel » : il semble suggé-
comportement de Marguerite et les amener rer que l’auteure quitte la fiction de son per-
à proposer par déduction des hypothèses sonnage pour retrouver sa réalité.
concernant des traits de sa personnalité. 3. La journaliste se confie alors au « Tracteur ».
Le passage ci-dessous pourra être lu pour aider Il sera intéressant de demander de formuler
à construire une synthèse sur ce personnage. des hypothèses sur les raisons du choix du
surnom donné par la journaliste à l’automo-
Éléments explicites Hypothèses bile utilisée durant son séjour : véhicule lent,
« Marguerite a ramassé bruyant, sans ressemblance aucune avec les
les pommes de terre et Volontaire et disponible. « petites citadines »… mais puissant, et résis-
les endives. » (l.1-2) tant à toutes les épreuves. L’élément nouveau

210 THème 4 4e • Informer, s’informer, déformer


est que le « Tracteur » devient un personnage Le titre peut suggérer un peuple laissé sur le
auquel la journaliste livre ses sentiments et quai, dans la solitude et le silence, à l’abandon…
pour qui elle exprime son attachement.
Représentée pendant le récit comme un véhi- À la découverte des prix récompensant
cule agricole, la voiture acquiert dans le troi- les journalistes
sième passage, qui constitue une forme de 1. Découvrez les prix mentionnés.
dénouement, le statut de la confidente des 2. Effectuez en groupes une recherche sur l’un
pièces de théâtre, à noter qu’on trouve ce type d’entre eux à l’aide du site correspondant.
de personnage dans les tragédies.
3. Exposez ce prix à la classe sous forme d’un
Question croisée diaporama : vous indiquerez sa date de créa-
4. On mettra en relief l’émotion qui se dégage tion, ses enjeux, et en présenterez des lau-
des deux derniers extraits ; la journaliste s’est réats.
rapprochée de deux personnages, Marguerite Les productions seront ensuite collectées et
et Françoise, mais elle montre aussi qu’elle n’a réunies dans une réalisation qui pourra être
pas oublié pas les limites qu’elle s’était fixées. publiée sur l’ENT de l’établissement.
Le Quai de Ouistreham a reçu de nombreux
Oral prix littéraires français, dont :
5. Cette activité a pour objectif d’amener les – Le prix Amila-Meckert :
élèves à développer, à l’oral, un propos binaire – Le prix Joseph-Kessel ;
traitant de l’utilité de la démarche de l’auteure – Le prix du Globe de cristal ;
et de ses dangers. Ils pourront s’exprimer sur – Le prix Éthique ;
– Le prix des Droits de l’homme de nancy ;
les avantages d’un compte-rendu d’une expé-
– Le prix Cresus.
rience vécue « au cœur du quotidien » (pour
donner la parole à des catégories socio-profes- Voir le site www.prix-litteraires.net.
sionnelles peu écoutées), et les risques consis- Il existe également des prix internationaux :
tant à perdre de vue l’objectif journalistique – Le prix Albert Londres ;
(identification aux personnes rencontrées – Le prix Louise Weiss du journalisme européen ;
cf. l. 29-30 p. 269, et narration « littéraire). – Prix mondial de la liberté de la presse
UNESCO / Guillermo Cano.
Je fais le point Si vous souhaitez en savoir plus sur les prix
On attend une synthèse des idées relatives littéraires et sur les prix décernés aux jour-
aux choix d’écriture qui vise à créer l’illusion nalistes, consultez les sites http://www.livre-
shebdo.fr/prix-litteraires/tous-prix et http://
de la réalité, par une forme de théâtralisation
www.journalisme.com/documentation/les-
du récit, et à donner au texte une vraie force
acteurs/51-prix-et-bourses.
argumentative.
La réflexion sera également guidée sur le fait
que la restitution doit toutefois éviter une De l’immersion au
expression surdéveloppée des impressions compte-rendu p. 270
personnelles et les effets de théâtralisation
trop appuyés. Atelier Produire un texte argumentatif
pour donner son avis
L’œuvre en question
Interview de Florence Aubenas
À la suite du bilan d’étape, ce questionnement Cet atelier a pour objectif de construire des
incite à approfondir la réflexion sur l’œuvre compétences d’argumentation à l’écrit, en
dans son statut de texte journalistique à visée montrant aux élèves que le développement
informative et argumentative et d’œuvre de ces compétences passe par la maîtrise de
d’écrivain. connaissances et de méthodes.

SÉQUENCE 17 UNE ENQUÊTE AU CŒUR DU QUOTIDIEN – Le Quai de Ouistreham DE FLORENCE AUBENAS 211
argumentative 1. La lecture de ce texte viendra enrichir la
1. Une première recherche pourra consister réflexion menée sur le travail d’écriture effec-
en un repérage des éléments de l’interview tué par la journaliste, l’enjeu du texte et de sa
pouvant étayer la représentation du rôle de la mise en scène.
presse par Florence Aubenas ; cette recherche 2. à 4. Production libre des élèves.
peut être complétée, en contrepoint, par une
étude de ce que la presse ne doit pas faire ou Atelier 2 Rendre compte d’une écoute
être selon Florence Aubenas. L’atelier 2 privilégie l’apprentissage de la
La recherche et la présentation des expres-
compréhension par l’écoute d’un document
sions relevées et de leur compréhension pourra
sonore.
prendre la forme d’un ou de deux tableaux (avec
des idées classées d’emblée ou lors d’une seconde
étape de réalisation), ou d’une carte mentale.
2. Cette réflexion pourra être guidée par un Langue La grammaire pour
questionnement concernant la réception de lire, écrire et parler p. 272
ce genre d’enquête :
Afin de guider les élèves dans leur construction
– Fait-il davantage réagir, réfléchir ?
des notions permettant l’analyse et la produc-
– Provoque-t-il une prise de conscience, des
changements de perception et de compor- tion des textes et des discours, sont abordées
tement de la part des lecteurs ? les différences entre discours narratifs, descrip-
Et sur les précautions à respecter : tifs, explicatifs et argumentatifs, dans les choix
– Comment éviter l’intrusion dans l’intimité d’écriture et les effets recherchés.
des personnes fréquentées et l’identifica- En lien avec cette recherche et l’œuvre intégrale
tion, l’assimilation à ces personnes ? lue dans la séquence, est approfondie la ques-
– Comment ne pas fausser l’image que les per- tion du statut et des formes de la narration dans
sonnes concernées veulent renvoyer d’elles- le reportage ; les effets du style journalistique
mêmes ? sont analysés ainsi que les mots se rapportant
– Comment faire pour ne pas écrire un « jour- au reportage, dans sa représentation conforme à
nal intime » ( l.16) ? la déontologie. Cette piste mène à une réflexion
– Comment revenir à sa réalité et à un travail sur les travers possibles du genre et sur l’impor-
plus normé une fois la restitution publiée ? tance d’une lecture critique et distanciée.
Le retour sur les textes argumentatifs pourra
également donner lieu à un débat.
Piste de lecture possible (anticipation du Les discours narratif, descriptif,
Chapitre 24 sur l’autobiographie) : Halim Mah- explicatif et argumentatif
moudi, Arabico, Tome 1 Liberté, avec le docu- J’observe
mentaire : « Naissance d’une œuvre, d’Arabico 1. a. Plutôt narratif : mise en relief de la succes-
à un monde libre » entretien avec Halim Mah- sion des actions dans le récit.
moudi http://cartoonz.canalblog.com b. Plutôt argumentatif : travail sur les reprises
et les substitutions, élaboration d’une modali-
sation permettant d’affiner la caractérisation
Oral Jeux d’acteurs, paroles
du personnage représenté en exprimant un avis
d’auteur p. 271
personnel sur l’anecdote rapportée.
Atelier 1 Théâtraliser un récit c. Plutôt descriptif : emploi de métaphores
Le Quai de Ouistreham mis en scène construites sur des images scientifiques et don-
L’atelier 1 contribue à la réflexion sur les moda- nant au texte un caractère documentaire.
lités de réception des textes et sur les effets d. Plutôt explicatif : texte donnant des instruc-
attendus par les choix d'écriture effectués. tions pour guider le destinataire.

212 THème 4 4e • Informer, s’informer, déformer


Je m’entraîne Préfixe Radical Suffixe Termes appartenant à
2.  Une attention particulière sera accordée à la même famille
la prise en compte de la visée de chaque texte In- -tim- -id-é-e timide, timidité,
(raconter / décrire, représenter / donner des timidement, intimider,
timoré(e)
explications / exprimer un avis personnel), la
cohésion textuelle (voir fiche 7, p. 452) Pro- -mu e promouvoir,
promotion, mouvoir,
motion, mobile,
mobilité, immobile,
Les temps du récit immobilité, immeuble
3. b.  4. En janvier 2010, je revins à Caen après les
Le verbe… s’accorde avec le sujet fêtes, dans des rues blanches de neige. Les déco-
rations de Noël éclairaient encore la façade de
suis revenue je l’hôtel de ville en vert et en violet. Dans ma rue,
a été remplacée la boutique du coiffeur la boutique du coiffeur avait été remplacée par
propose qui un cours de piano, qui proposait d’apprendre à
jouer en vingt-quatre heures sans connaître le
cherche je
solfège.
cherche je Je cherchai Marguerite et Françoise. Je venais
viens je leur annoncer que j’avais écrit ce livre. À côté
ai écrit je (j’)
de la gare, j’avais loué un véhicule sans âme ni
odeur, une voiture qui démarrait du premier
ai loué je (j’) coup, une voiture de journaliste en reportage,
démarre qui comme celles dont j’avais l’habitude. À 8 heures
ai l’habitude je (j’) du matin, je me garai sur le parking de la ZAC
pour les attraper à la fin de la vacation. Le givre
me gare je
craquait sous les pas. J’étais intimidée.
craque le givre Dans le grand hall brillant, je ne reconnus
suis je qu’une seule des filles de l’équipe. Françoise
était malade, Marguerite avait été promue à
reconnais je
un autre poste depuis qu’elle avait réussi son
est Françoise diplôme. Sa remplaçante renâcla à me donner
a été promue Marguerite son téléphone. Quand je ressortis, un froid clair
a réussi elle avait remplacé l’air noir et glacé de la nuit.
renâcle sa remplaçante
Les effets du style journalistique :
ressors je lexique, syntaxe
a remplacé un froid clair J’observe
éclairaient les décorations de Noël 5. Syntaxe : deux groupes nominaux séparés par
deux points, chaque groupe étant ainsi mis en
c. et d. valeur.
Préfixe Radical Suffixe Termes appartenant à Le premier groupe nominal pose la situation et
la même famille le second en énonce la conséquence.
Vac- -ation vacant(e), vacance(s), Lexique : des termes apportant des informa-
vacancier/ vacancière, tions sur les circonstances des événements ou
vacataire, vacuité, des termes modalisateurs visant à anticiper sur
évacuer, évacuation, la conséquence en produire un fort effet d’at-
évacuateur
tente.

séquence 17  Une enquête au cœur du quotidien – Le Quai de Ouistreham de Florence Aubenas   213
a. Dramatique incendie dans un immeuble de la Constituant obligatoire, Groupe verbal, Substi-
rue de Reims : trois morts. tution : l’ (l a annoncé).
b. Malaise à l’hôpital : un médecin réputé ➞ Cette phrase comporte un constituant facul-
dénonce le manque de moyens. tatif (complément circonstanciel de temps)
c. Championnat du monde de ski alpin : Lucas contenant un complément circonstanciel de
Belfond au sommet de son art ! lieu : « à Fessenheim »).
d. Promouvoir la culture pour tous : le pari de la Ce constituant doit permettre d’établir une infé-
nouvelle municipalité.
rence avec des connaissances sur l’actualité (pro-
e. Choc des titans ce soir au stade de France : les
deux équipes déterminées à se surpasser. jets de fermetures des centrales nucléaires les
f. « J’ai rencontré des Indiens d’Amazonie » : plus anciennes, notamment celle de Fessenheim
le témoignage passionnant d’une jeune étu- en Alsace) et de comprendre que le lieu choisi
diante en sciences humaines. pour l’annonce n’est pas anodin. Par ailleurs,
g. Découverte de vestiges gallo-romains dans les la précision concernant le domaine représenté
environs de Nantes. par le ministre (Écologie et du Développement
6. Dans les 5 extraits, le type de phrases déclara- durable) renvoie implicitement à l’idée de la
tif-assertif et la forme de phrases positive posent cohésion du gouvernement et met en lumière le
des affirmations en exprimant l’assurance et caractère irrévocable de la décision.
l’admiration. Les images employées sont des Je m’entraîne
métaphores.
8.  Une brève est un court article de presse
7. a. – « Un jeune homme tombé hier matin
dans le canal de l’Escaut » ➞ Constituant obli- dépourvu de titre, dont la formulation concise
gatoire, Groupe nominal sujet, Réduction : « un se veut précise et percutante.
jeune homme », Substitution : il. Effets attendus ici : inquiétude, sensibilisa-
– « a été sauvé de la noyade par deux prome- tion aux questions liées à l’écologie, prise de
neurs alertés par ses appels à l’aide » > Consti- conscience influant sur les choix personnels
tuant obligatoire, Groupe verbal, Réduction : a d’achats et de consommation.
été sauvé de la noyade. 9. Une micronouvelle est un très court récit lit-
➞ Cette phrase ne comporte pas de constituant téraire d’une à quelques lignes qui présente un
facultatif (compléments circonstanciels).
Mais ses constituants qui sont obligatoires « condensé » d’histoire et, à partir de quelques
apportent au lecteur des éléments d’informa- éléments, laisse une grande part à l’interpréta-
tions lui permettant de se représenter les cir- tion.
constances de la noyade du personnage et de 10 et 11. Production libre des élèves.
prendre conscience de l’importance du rôle des
promeneurs.
Ces éléments peuvent constituer des pistes pour
Les mots du reportage et
bâtir des hypothèses se rapportant à la période du journalisme d’investigation
antérieure ou à la période postérieure à l’événe- 12. Ce que doit être un reportage
ment. • Noms : Enquête sur le terrain, Investigation,
b. – « En visite ce matin à Fessenheim, » > Immersion, Prise et collecte d’informations,
Constituant facultatif, Circonstant : complé- Vérification des sources, Témoignage, Compte
ment circonstanciel de temps. rendu, Réflexion, Respect des personnes, Inter-
– « le Ministre de l’Écologie et du Dévelop-
view, Preuves, Fidélité, Authenticité, Fiabilité,
pement durable » > Constituant obligatoire,
Groupe nominal sujet, Réduction : le Ministre, Choix du sujet, Organisation, Prise d’initiative,
Substitution : il. Prise de risque, Montage.
– « a annoncé que la fermeture des centrales • Adjectifs : Véridique, Objectif, Pertinent, Inté-
nucléaires n’était pas à l’ordre du jour » > ressant, Dérangeant, Construit.

214   Thème 4  4e • Informer, s’informer, déformer


• Verbes : Informer, Apprendre, Rendre compte transformation personnelle qui induit une «
de, Recouper, Vérifier, Éveiller les consciences, tromperie », et réfléchir, en prolongement de
Bousculer. l’étude de l’œuvre de Florence Aubenas, aux
Ce que ne doit pas être un reportage risques de ce procédé. Ils pourront nourrir leur
• Noms : Recherche du scoop, Sensationnalisme, réflexion par une référence aux enquêtes télé-
Vénalité, Corruption, Bourrage de crâne, Pro- visées posant la question de l’intrusion dans la
pagande, Presse à scandales, Conformisme. vie privée (genre de la téléréalité, mises en scène
du dévoilement de la vie quotidienne voire de
• Adjectifs : Inventé, Bâclé, Intéressé, Irrespec- l’intimité…).
tueux, Vulgaire, Indécent, Complaisant, Publi-
citaire, Mensonger. 8. La réflexion des élèves sera guidée sur l’évolu-
tion de la condition des Noirs aux États-Unis et
• Verbes : Mentir, Tromper, Manipuler, Plaire à
plus largement sur le respect des différences et
tout prix.
la lutte contre les discriminations (voir les res-
13. Le discours attendu sera à la fois explicatif sources proposées par eduscol).
et argumentatif : il apportera une information
9. Production libre des élèves.
sur les caractéristiques du reportage (part docu-
mentaire), et développera un avis nourri par une 10. L’analyse pourra être présentée sous la forme
expérience personnelle et visant à convaincre d’un tableau ou d’une carte mentale.
l’auditoire (dimension fictive). Les productions pourront donner lieu à des
En relation avec l’œuvre lue, on attend essentiel- comparaisons écrites, des échanges oraux, et
lement une réflexion sur le reportage écrit ; mais aboutir à une synthèse orale ou écrite.
cette activité n’exclut pas un développement Points communs
sur le reportage audiovisuel ni une comparaison Démarche
avec d’autres formes de productions journalis- – Initiatives personnelles
tiques (article de fait divers, interview…). – Enquêtes en immersion : découverte et expé-
rimentation de conditions de vie et de travail
au quotidien
Plaisir de lire John Howard Griffin, Dans
– Identité conservée
la peau d’un Noir p. 275 – Prises de notes en cours de journée
Ce texte étant cité par Florence Aubenas lors- Intention
qu’elle expose sa démarche, il est intéressant de – Démarche engagée, citoyenne : révéler, poser
la lire afin de comparer les deux œuvres. un problème, pour dénoncer une situation,
1. à 5. Production libre des élèves. des conditions de vie, des préjugés, des choix
6. On attend une analyse de la démarche de politiques
John Howard Griffith en deux temps : – « Lanceurs d’alerte » amenant les lecteurs à
– elle correspond au travail d’un journaliste : s’interroger, à revoir leurs représentations, à
enquête sur le terrain, prise de notes puis lutter contre leurs préjugés
élaboration et diffusion d’un compte-rendu, Genres de textes
dans le but d’informer ; – Production de récits
– elle s’en éloigne : création d’un personnage qui
vit une expérience au cœur d’une réalité, et la Différences
rapporte d’une façon subjective en faisant part Profession
de ses réactions personnelles, dans l’intention – J. H. Griffin : écrivain.
non seulement d’informer mais de convaincre – F. Aubenas : journaliste.
de la nécessité d’un changement. Démarche
7. Les élèves pourront réagir à la démarche – J. H. Griffin : transformation physique, a un «
de l’auteur, efficace mais fondée sur une complice »

séquence 17  Une enquête au cœur du quotidien – Le Quai de Ouistreham de Florence Aubenas   215
– F. Aubenas : modifications physiques, s’im- F. Aubenas : immersion dans un univers, sugges-
misce en conservant son nom dans un monde tion d’une ambiance, impression d’être sur « le
qui ne la connaît pas de fait incognito. quai de Ouistreham ».
Intention
– J. H. Griffin : dénonciation de la ségrégation
raciale aux États-Unis, en relation avec le mou-
vement des droits civiques en lutte contre les
discriminations depuis 1954, et des attitudes Autoévaluation de lecture
fermées des Noirs comme des Blancs.
– F. Aubenas : dénonciation de la condition des « Dans la foule » de Colette p. 277
travailleurs précaires en temps de crise, alerte Par cette lecture, les élèves pourront découvrir
destinée au milieu médiatique, politique, et au comment Colette, écrivain, témoigne dans une
grand public. chronique d’un événement auquel elle a person-
Périodes rapportées nellement assisté. Ils analyseront alors les effets
– J. H. Griffin : évoque dans son récit les prépara- produits par son travail d’écriture.
tifs et les suites de son immersion. 1. On attend, afin d’en vérifier la compréhen-
– F. Aubenas : son texte est uniquement consti- sion, une reformulation du récit de l’arrestation
tué du récit de son expérience (mise à part s’appuyant sur le paratexte ainsi que sur les élé-
une courte évocation de son retour à Caen en ments explicites données par le texte, à savoir
tant que journaliste à la fin de son œuvre). une présentation du cadre de l’action, des per-
Choix d’écriture sonnages en présence, et de la succession des
– J. H. Griffin : Journal : narration avec analyse événements.
des situations 2. La journaliste choisit non pas de rapporter les
– F. Aubenas : Récit chapitré faits d’une façon distante et détaillée, mais de
Mise en valeur des étapes déterminantes du restituer l’ambiance dans laquelle s’est déroulée
parcours de la journaliste l’arrestation. En se focalisant sur le comporte-
Titres ressemblant à ceux des épopées ment de la foule et en exprimant ou suggérant
Narration avec un travail sur les effets ses impressions, elle témoigne de la façon dont
Mises en scènes elle a vécu la scène (notions d’objectivité et de
Modalisation, variation de rythmes, de tons, subjectivité).
images 3. On pourra proposer aux élèves de procéder
Suggestion d’une ambiance à un écrit de travail (recherche d’éléments rete-
Impression finale en relation avec le titre des nant leur attention sous la forme d’un tableau
œuvres ou d’une carte mentale) qui servira de base à
J. H. Griffin : immersion dans un personnage, une synthèse finalisée (production d’un texte
impression de vivre une métamorphose, « Black rédigé).
like me ».

216   Thème 4  4e • Informer, s’informer, déformer


thème 5 Questionnements complémentaires
4e – La ville, lieu de tous les possibles ?

Séquence

18 Fascinantes métropoles

Fil directeur de la séquence


La dix-huitième séquence du cycle traite du thème de la ville dans le cadre du questionnement
complémentaire. Le corpus est constitué en premier lieu de deux textes romanesques des xixe (Une
page d’amour d’Émile Zola) et xxe siècle (Désert de J. M. G Le Clézio) présentant des représentations
contrastées du milieu urbain, à la fois lieu d’évasion et de rencontres (Paris métaphore de la passion
ressentie par Hélène pour le docteur Deberle chez Émile Zola) et de peurs (celle ressentie par Lalla à
Marseille chez J. M. G Le Clézio).
Il est constitué en second lieu de deux poèmes du xxe siècle inspirés par la ville de New York et la
représentant dans sa diversité, sa complexité et ses contradictions. Ces deux textes favoriseront une
réflexion sur les conséquences du développement des mégapoles.
Enfin, une planche de bande dessinée issue de l’adaptation par Jacques Tardi du roman noir Brouil-
lard au pont de Tolbiac de Léo Malet permettra de réfléchir sur le rôle que joue la ville dans le roman
policier.
Compétences travaillées dans la séquence
Langage oral Écriture
Dans les pages de lecture… Dans les pages de lecture…
■S’exprimer de façon maîtrisée devant un auditoire ■Passer du recours intuitif à l’argumentation à
y Raconter une histoire un usage plus maîtrisé :
X Raconter son passage dans une ville qui a X Argumenter pour faire adopter un point de vue :
marqué, p. 281 Des grandes métropoles comme New York ou
Paris présentent-elles des réalités opposées ?
En atelier, p. 284
■ Participer de façon constructive à des échanges
(p. 282).
oraux : En atelier, p. 284
y Participer à un débat, exprimer une opinion X Passer de l’image au texte
argumentée et prendre en compte son ■ Pratiquer l’écriture d’invention et connaître
interlocuteur. les caractéristiques des genres littéraires :
y Interagir avec autrui dans un échange, une X La BD et le récit.
situation de recherche ■ Adopter des stratégies et des procédures
X Débat : la BD permet-elle de mieux se d’écriture efficaces
représenter la ville que le roman ? X Transposer une bande-dessinée en un récit et
■ Percevoir et exploiter les ressources expressives inventer la suite.
et créatives de la parole et les techniques ■ Exploiter des lectures pour enrichir son écrit.
multimodales X Utiliser les procédés utilisés par Zola et Le Clézio.
X Exposer sous la forme d’un pecha kucha
ses recherches sur le langage de la BD.

Lecture /Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue


■ Lire des textes variés avec des objectifs divers : Dans la double-page langue…, p. 286-287
y Recourir à des stratégies de lectures diverses ■Révisions :
(adapter sa lecture à l’objectif poursuivi, adapter X Les expansions du nom
sa lecture aux supports, reformuler X Les connecteurs logiques

séQuence 18 Fascinantes métropoles 217


Lecture /Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’observe », X L’accord des adjectifs
« Je comprends » ■ Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe
y Formuler des impressions de lecture, percevoir des mots
un effet esthétique X Mise en réseau des mots de la métropole
X Carte mentale « Lire un texte » : « Je lis », X Analyse du sens des mots :
« J’écoute », « Je réagis » La métaphore de la maladie
y Reconnaître les implicites et faire les inférences et
hypothèses de lecture nécessaires
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’interprète »
■ Lire et comprendre des images fixes ou mobiles
X Carte mentale « Lire une image »

Enjeux de formation personnelle


X Réfléchir aux conséquences à venir du développement
des mégalopoles

Lecture Comment regarder la ville à 3. Paris est représentée comme un immense


travers les sentiments incendie (« un soleil couchant incendiait la
des personnages ? p. 280 ville », l. 3-4) au coucher du soleil. La ville devient
une sorte de brasier (« un lit de tisons ardents »,
Les deux textes permettent de comprendre que l. 8-9, « des bûchers gigantesques », l. 13) ainsi
la ville devient un personnage à part entière. Sa qu’une forge, un creuset sans cesse réactivé par
description est dominée, soit par l’amour chez les sentiments de Jeanne (« comme si quelque
Émile Zola, soit par la peur et le passé du per- soufflet eût sans cesse activé cette forge colos-
sonnage chez J.-M.G Le Clézio. Les deux écritures sale », l. 22-23).
La description de la ville traduit la passion qui
sont très proches dans le choix des procédés mis
consume Hélène (« se livrant à cette passion qui
en œuvre (l’emploi de la métaphore) et l’écriture
la consumait », l. 29).
réaliste du xixe siècle peut se transformer en une
écriture poétique, capable d’élans romantiques. 4. La description est organisée sur une méta-
phore filée, à savoir une même métaphore qui
se développe tout au long du texte.
1. Une page d’amour d’Émile Zola audio
5. Dans le dernier paragraphe, Hélène revient à
la réalité grâce au geste de sa fille, Jeanne, qui la
En piste !
sort de son rêve.
Cette activité permet aux élèves de comprendre
que la vision du quotidien se transforme dès argumentative
qu’on est amoureux. D’ailleurs, ne dit-on pas 6. Émile Zola parvient à donner une vision rêvée
voir la vie en rose ? de Paris grâce à l’emploi de la métaphore filée de
l’incendie et du feu. Cette description est enca-
1. On utilisera le guide de lecture pour encou- drée par deux passages de récit : le premier qui
rager les élèves à exprimer leur ressenti par rap- donne le sentiment d’Hélène et qui introduit le
port au texte de manière à éviter des erreurs lecteur dans cette vision de Paris ; le second qui
d’interprétation. Non ! Paris n’est pas en flamme. ramène le lecteur sur le personnage d’Hélène et
Il s’agit d’une description métaphorique de la indique son retour à la réalité.
ville traduisant les sentiments d’Hélène.
2. Hélène ressent de la passion (« la passion vic-
Le coin des mots
torieuse la dévorait », l. 3) et la vision de Paris • Les phrases suivantes ont toutes comme sujet
reflète cette passion. un terme appartenant au champ lexical de

218 THème 5 4e • La ville, lieu de tous les possibles ?


l’amour. Les verbes sont des verbes d’action qui elle voulait l’engloutir (« ne plus voir le vide qui
montrent l’action de la passion. Le personnage tourne sur la place », l. 30).
d’Hélène est chaque fois objet de cette passion. 3. L’extrait s’appuie sur des répétitions qui sou-
• La figure de style employée est la métaphore. lignent les images et obsessions de Lalla :
Elle permet de traduire la force de la passion que – L’adjectif qualificatif « froide » dans les expres-
le personnage ne peut contrôler. sions « la pauvreté froide », « la lumière
froide », « la présence froide » ainsi que le
2. Désert de J.-M.G. Le Clézio groupe nominal « le froid » sont répétés au fil
du texte, dessinant le champ lexical de la mort
En piste ! et l’absence de toute chaleur humaine.
Le désert évoque l’immensité, le calme, la soli- – Les pensées de Lalla expriment l’enfermement
tude, peut-être même le vide, la réflexion inté- (« les murs », « le haut des immeubles ») qui
rieure. s’opposent aux souvenirs du Maroc (« pas de
1. On utilise le guide de lecture « Lire un texte » guêpes ici, ni de mouches qui bondissent libre-
avec les élèves pour mettre en évidence la topo- ment dans l’air où bouge la poussière », l. 6-7).
nymie des lieux qui renvoie à des rues réelles du Elle se retrouve alors prise au piège ainsi que
Panier (« rue du Panier », « rue du Bouleau », le montre la métaphore « le dédale sombre ».
« traverse Boussenoue ») et qui contribuent – La vieille ville est perçue par Lalla comme un
à ancrer la description dans le réel. En effet, la quartier pauvre, insalubre et mal entretenu
vieille ville dans laquelle erre Lalla est la partie (« il n’y a que des hommes, des rats, des blattes,
la plus ancienne de Marseille : c’est un quartier tout ce qui vit dans les trous sans lumière,
populaire qui a souvent constitué le premier lieu sans air, sans ciel », l. 7-9). Son errance prend
d’implantation des immigrés qui débarquent l’allure d’une traversée du désert («Il y a un
à Marseille, notamment en provenance du très grand vide sur cette place, un tourbillon
Maghreb. Par ailleurs, l’emplacement du site his- de vide et de mort »). Le quartier est sombre
torique du Panier à proximité de la mer pouvait (« sans lumière », « le dédale sombre », « la
faire attendre une description pittoresque des nuit tombe peu à peu », « l’ombre emplit la
ruelles, des effets de lumière, voire une évoca- place ») et vidé de ses habitants (« des jeux
tion de la beauté marine du paysage en contre- d’enfants abandonnés »).
bas. Il n’en est rien. 4. La première phrase de l’extrait condense tous
2. L’extrait qui raconte la déambulation de Lalla les maux du quartier (« la faim, la peur, la pau-
à travers le centre historique adopte le point de vreté froide ») sous forme de deux comparai-
vue interne, ce qui permet au lecteur de savoir sons (« comme de vieux habits usés et humides,
ce que ressent le personnage. La jeune femme comme de vieux visages flétris et déchus », l. 2).
ressent de la peur (« partout il y a la faim, la Les habits et les visages des immigrés reflètent
peur, la pauvreté froide », l. 1). Elle se sent agres- leur parcours, celui d’une déchéance (répéti-
sée par ces lieux étrangers et sales (« toujours tion de « vieux », gradation « vieux », « flétris »,
les mêmes murs lépreux », « le bas des murs où « déchus »). Cet extrait témoigne du « choc
croupit l’eau verte », « où pourrissent les tas des cultures » pour la jeune Touareg : le rêve
d’ordures », l. 4-6). d’un havre de paix et l’espoir d’une nouvelle
La jeune fille ne perçoit du quartier que le vie se confrontent au caractère brutal de la réa-
contact mortifère du froid (« la présence froide lité pour les immigrés : tel est le piège qui s’est
et terrifiante de la mort », l. 19), sorte de force refermé sur la jeune fille. .
animée hyperbolique qui semble envelopper le 5. J.-M. G. Le Clézio prend à rebours notre
quartier (« un tourbillon de vide et de mort qui conception occidentale du désert, caractérisé
naît de ces fenêtres, qui tournent entre les murs par le rien et l’absence : il suggère que Marseille
des maisons », l. 20-22) et l’envelopper (« Mais se transforme de façon fantasmagorique en cité
le froid monte par les semelles », l. 28) comme si de la peur, en désert de solitude affective alors

séquence 18  Fascinantes métropoles   219


que c’est dans la pauvreté apparente du désert des influences africaines pour créer les negro spi-
que résident la plénitude de l’être et la contem- rituals et le gospel.
plation spirituelle. • Le solo de trompette donne un effet de puis-
sance, de gigantisme. New York est capable de
Oral
défier les forces de la nature. Le solo de trom-
6. Cette activité d’écriture a pour but de réin- pette fonctionne aussi comme un cri d’orgueil
vestir les procédés identifiés lors des lectures lancé par la culture afro-américaine. Il est en
des textes d’Émile Zola et de J.-M. G. Le Clézio. effet un hommage à une musique que Senghor
Je fais le point découvre à Harlem.
1. On utilisera le guide de lecture pour mettre
Hélène porte un regard de femme passionnée
en évidence l’opposition entre l’étonnement,
sur Paris alors que Lalla porte un regard de
l’émerveillement, la fascination du poète pour
peur sur celle de Marseille.
la ville dans la première partie du poème
Ce regard apparaît dans le choix d’une des-
(« D’abord j’ai été confondu par ta beauté »)
cription métaphorique et fantasmagorique
puis, à partir du vers 10 et de la conjonction
des deux villes.
de coordination « mais », la dénonciation de
New York (présence de l’anaphore « pas un »
suivi de « rire d’enfant », « sein maternel »…
Lecture  Quelle vision de New York montrant l’absence de chaleur humaine et de
les poètes donnent-ils ? p282 vie dans la ville). C’est le second sentiment
qui occupe la majeure partie du texte. C’est
New York est une ville phare, typique des donc bien la déception qui domine le poème.
xxe et xxie siècles, symbole des métropoles, Ce dernier est écrit en vers libre (on peut
que Léopold Sédar Senghor découvre dans même parler de versets du fait de la longueur
les années 1950 lorsqu’il se rend à l’ONU. Il de certains vers). On trouve néanmoins deux
présente de la ville une vision contrastée, à la alexandrins avec césure à l’hémistiche (v.16-
fois ville de fascination et ville de répulsion. 17) dans le passage où le poète évoque l’idée
Andrée Chedid souligne également la fascina- d’artifice.
tion qu’exerce New York mais au contraire de 2. La figure de style employée aux vers 2, 4
Léopold Sedar Senghor suggère l’échange et et 8 est la personnification. Le poème com-
l’acceptation d’autrui. Ils se font l’un et l’autre mence d’ailleurs par une apostrophe : le poète
les chantres d’une poésie moderne. s’adresse à la ville comme si elle était une
personne. Il tutoie la ville. Il se sent proche
1. « À New York » de Léopold Sédar d’elle. Elle a l’aspect d’une belle fille. Elle parait
Senghor presque humaine.
3. Le poète éprouve à la fois de la fascination
En piste ! pour cette ville et de la déception.
• Le jazz est un genre musical originaire du Sud Il est séduit par la beauté de cette ville assi-
des États-Unis, créé à la fin du xixe siècle et au milée par analogie à celle d’une fille blonde
début du xxe siècle, au sein des communautés (« grandes filles d’or aux jambes longues »,
afro-américaines. Il est influencé par la musique v. 3) au regard clair (« tes yeux de métal
classique européenne et par la musique popu- bleu », v.4) et au sourire figé, (« ton sourire
laire américaine auxquelles s’ajoute la musique de givre », v. 4). Il l’est également par sa gran-
qui accompagnait le travail et les rites funéraires deur, son gigantisme (« les gratte-ciel qui
de l’Afrique de l’Ouest et du bassin du fleuve du défient les cyclones », v. 8), la modernité des
Congo. Le jazz a aussi pour origine la musique matériaux utilisés (« leurs muscles d’acier »,
religieuse : les esclaves apprenaient les harmo- v. 8). Le poète paraît impressionné, captivé
nies des psaumes lors de la messe et y ajoutaient par la ville ainsi que l’indique l’emploi de

220   Thème 5  4e • La ville, lieu de tous les possibles ?


l’anaphore « si timide » avec le renforcement vers libre et un enjambement. Il évoque une
par l’adverbe d’intensité « si » et la construc- agitation continue par l’emploi de l’intensif
tion en chiasme aux vers 4-5 et la métaphore « si », de l’hyperbole « hurlent » et par l’op-
(« Levant des yeux de chouette », v. 6). position entre les « klaxons » et les « heures
Mais l’éblouissement ne dure que « quinze vides ».L’enjambement met en relief les bruits
jours ». Le poète éprouve alors de la décep-
tion, voire de la répulsion qui provoquent en dérangeants des klaxons comme s’ils remplis-
lui un mal-être (« Nuits d’insomnie », v. 21) saient tout l’espace et devenaient obsédants
du fait d’une agitation continue de la ville qui dans cette nuit. Le rythme mime cette agi-
provoque l’inquiétude (« si agitées », « les tation continue avec une première partie de
klaxons hurlent » : hyperbole). Dans Manhat- vers contenue (le décasyllabe) pour montrer
tan, la nature est minérale (« peau patinée de l’inconfort, l’inquiétude du poète à l’instant
pierre », v. 8-9), absente (« trottoirs chauves », où il l’évoque puis un vers qui se déploie pour
v. 10, « sans un puits ni pâturage », v. 13 : ces évoquer un bruit continu, prenant tout l’es-
éléments sont importants en Afrique) ren-
pace de la nuit grâce à l’enjambement et qui
dant la vie impossible (« tous les oiseaux de
l’air/Tombant soudain et morts », v. 13-14 : fait entendre ces klaxons.
enjambement et importance du zeugma). La 6. Le poète présente une ville contrastée.
lumière est artificielle (« éclipse de soleil », D’abord source de fascination, il met en relief
« sulfureuse ta lumière », « fûts livides », l’absence de la vie dans la ville. Le contraste
v. 6-7) associée à la profondeur (« au fond avec l’Afrique qu’il connaît est saisissant. On
des rues à gratte-ciel », v. 5) ce qui connote devine en creux ce qu’il aime dans son pays :
l’absence de vitalité, voire l’enfer et provoque
la nature, la famille, la tendresse, les rires. New
une « angoisse » chez le poète. Enfin, la ten-
dresse, l’amour semblent exclues de cette ville York apparaît comme une ville froide, dans
comme l’indique la présence du champ lexical laquelle les habitants sont anonymes, les rela-
du froid (« métal », « givre », « acier ») et la tions entre les individus inexistantes. La ville
métaphore « les amours hygiéniques ». apparait comme un univers artificiel, où tout
4. Les vers 15 à 20 commencent par l’anaphore est inhumain, où la nature, l’amour et le désir
de « Pas un » suivi d’éléments connotant la de l’enfant n’y ont plus leur place. La pré-
vie, l’amour (« rire d’enfant », « sein mater- sence du champ lexical de la mort (« morts »,
nel », « mot tendre »). Le poète cherche à « cendres », « feux follets », « cadavres »)
montrer qu’il manque la chaleur humaine souligne cette idée d’une ville qui sacrifie ses
dans la ville, la vie (absence de rires d’enfants, enfants, effet du capitalisme qui déshumanise
ce qui contraste avec l’Afrique où les enfants
sont nombreux et joyeux). D’ailleurs le corps (« cœurs artificiels payés en monnaie forte »).
féminin perd de sa sensualité (« jambes de L’étude de la langue au service de
nylon », « des jambes et des seins sans sueur
la lecture - Les figures de style
ni odeur », v. 16-17). Les sentiments paraissent
artificiels (« cœurs artificiels », « amours hygié- 1. Dans le vers suivant « tes yeux de métal
niques »). La culture paraît également absente bleu, ton sourire de givre » (v. 2), quel est le
(« pas un livre où lire la sagesse », v. 20). nom de la figure de style par laquelle le poète
5. Le vers est coupé en deux. Il commence attribue des caractéristiques humaines à la
par un décasyllabe comportant l’anaphore du ville ?
mot « nuit » ainsi qu’une invocation « ô ». Le Il s’agit d’une personnification.
poète semble parler à la ville puisque le mot
« nuit » est complété par le complément 2. a. Complétez le tableau suivant en retrou-
du nom « de Manhattan » et lui reprocher vant dans le poème les termes qui donnent
son insomnie. La suite du vers comprend un vie à la ville.

séQuence 18 Fascinantes métropoles 221


Eléments Caractéristiques demander de faire une recherche sur quelques
urbains humaines grandes métropoles européennes (Londres,
- Muscles d’acier. Berlin, Rome, Madrid) et mondiales (Moscou,
Les gratte-ciel - Peau patinée de pierre. Tokyo, Pékin, Dakar, Mexico, Rio de Janeiro…),
- Défient les cyclones. de trouver des aspects positifs et négatifs assor-
Les trottoirs - Chauves. tis d’exemples.
Les klaxons - Hurlent. À partir de ces exemples, les élèves doivent
extraire trois arguments qui seront la synthèse
b. À partir de ce tableau, de la ville ou de ses des principaux éléments collectés et qui corres-
habitants, quel élément vous semble le plus pondront à leur point de vue.
vivant ? Leur écrit se présentera sous la forme suivante :
La ville semble vivante, animée contrairement à – une introduction qui comportera une phrase
ses habitants (« pas un rire d’enfant »). d’amorce, le rappel de la question et l’annonce
3. « levant des yeux de chouette » (v. 4), « les du plan.
fûts livides » (v. 5), « en un bond de jaguar » – Un développement organisé sous la forme de
(v. 8). paragraphes qui commencent par des connec-
a. Sur quelle figure de style ces trois expres- teurs logiques et qui associent argument et
sions sont-elles construites ? exemples.
Elles sont construites sur des métaphores. – Une conclusion rappelant la question posée
b. À quel champ lexical les mots en gras appar- et donnant le point de vue de l’élève sur cette
tiennent-ils ? question.
Ils appartiennent au champ lexical de la nature, Culture + audio
notamment africaine (« jaguar »). La lecture du poème par Georges Aminel per-
c. Relevez dans le texte d’autres termes appar- mettra de clore le travail de lecture du texte
tenant à ce champ lexical. puisque la mise en voix reprend les différents
Les autres termes appartenant à ce champ éléments dégagés. Ce sera l’occasion pour les
lexical sont : « sans un puits ni pâturage », élèves d’analyser comment une mise en voix
« oiseaux de l’air ». peut rendre compte du sens du poème. Ce tra-
d. Quel lien pouvez-vous établir entre l’origine vail préparera la mise en voix demandée sur le
du poète et l’emploi de ce champ lexical ? texte d’Andrée Chedid « Entrée de New York
Le poète est sénégalais. Il établit une compa- sous l’orage ».
raison entre la ville de New York et l’Afrique
afin de faire une apologie de cette dernière par
comparaison à la ville des États-Unis. L’Afrique, 2. « Entrée de New York sous l’orage »
au regard de New-York, est le lieu de rapports d’Andrée Chedid
naturels entre individus humains. La vie et la joie En piste !
règnent.
Les élèves pourront s’inspirer du texte de Léo-
argumentative pold Sédar Senghor et de leur vision de New
7. L’enjeu de cette activité est de préparer les York pour définir les aspects qui les marquent
élèves à l’écrit de réflexion du Diplôme national (le gigantisme, la hauteur des immeubles et des
du brevet. gratte-ciel, l’impression d’écrasement quand on
Cet écrit s’appuie sur les textes étudiés dans est dans le taxi, la foule, le va-et-vient perpétuel
cette séquence qui montrent tous des réali- des véhicules…) et les sentiments et sensations
tés opposées (on pense à Désert de J.-M. G. Le que provoque la ville (l’admiration, l’échange…).
Clézio et au contraste entre l’image de la ville 1. Les élèves pourront reconnaître des éléments
de Marseille et sa perception par Lalla) et sur comparables à ceux étudiés dans le texte de
la culture personnelle des élèves, notamment Léopold Sédar Senghor, à savoir un poème
en Histoire-Géographie. On peut d’ailleurs leur écrit en vers libre, la présence d’un sous-titre

222 THème 5 4e • La ville, lieu de tous les possibles ?


(« Descriptif avec deux personnages ») qui fait s'éprend » et « des fièvres et du prodige/ auquel
penser à une didascalie et au théâtre. on résiste/ auquel on consent » ?
2. La forme poétique employée est le vers libre Ce sont uniquement des propositions subordon-
qui donne au poème un aspect visuel permet- nées relatives qui fonctionnent en parallélisme
tant à la poète de rendre compte de sa vision de de construction. Elles montrent la réaction du
New York. L’absence de ponctuation, les nom- voyageur qui découvre New York.
breux enjambements montrent le contraste, les 2. Sur quoi repose le jeu du poète ?
oppositions suggérées par la ville (« Métropole/ Il repose sur un jeu d’opposition « rejette »/
que l’œil rejette/ dont l’œil s’éprend », « auquel « s’éprend » ; « résiste »/ « consent ».
on résiste/ auquel on consent », v. 46-47 : paral- 3. Quel effet cela donne-t-il ?
lélisme de construction). Il traduit les sentiments opposés que provoque
3. La poète nous donne une vision du gigan- la ville : ville envoûtante et envoûtement auquel
tisme de la ville de New York (« gratte-ciel », on résiste.
« surplombent »), caractérisée par le minéral Je fais le point
(« pierre » (× 2), « béton », « ou plomb »), qui
Les deux poètes sont séduits par la grandeur
réfère à la mythologie (« Goliaths de pierre »,
de cette ville, son gigantisme qui s’apparente
v. 9), mythologie soulignée par l’orage qui fait
au mythe pour Andrée Chedid, la moder-
penser au déluge (« les trombes d’eau se rabat-
nité des matériaux utilisés. Ils paraissent
tent sur la ville », v. 6-7). Mais ce gigantisme est impressionnés. Dans le même temps, ils sou-
remis en question par la pluie, élément natu- lignent l’aspect artificiel de cette ville, soit
rel qui prend possession de la ville (« la ville se dans la lumière, soit par l’absence de nature.
trouble », « ses images chancellent », v. 26-28). En revanche, alors que Léopold Sédar Sen-
La lumière paraît alors artificielle (« la brume », ghor insiste sur l’inhumanité de New York,
« fantôme », « aqueuse grisaille », v. 21). La sa froideur, ville dans laquelle les habitants
poète met en valeur l’activité humaine inces- sont anonymes et les relations entre les indi-
sante (« la confusion des hommes », « la foule », vidus inexistantes, Andrée Chedid montre
v. 13, 19). La ville devient alors à la fois attirante, l’échange, la reconnaissance et l’acceptation
fascinante et terrifiante (« Aux carrefours de de l’autre (« Etranger résonne comme un pré-
l’exploit/ et des terreurs/ des fièvres et du pro- nom »).
dige », v. 43-45). Les formes poétiques contribuent à ces
4. Les paroles sont échangées entre le chauffeur visions grâce aux vers libres. Ils favorisent un
de taxi et la poète. Cela signifie que la ville favo- nouveau lyrisme et tentent de traduire les
rise le contact humain, l’échange, l’apaisement. sentiments que provoque cette ville chez les
L’échange rassure et donne une place, une iden- deux poètes. Le vers libre traduit ainsi par-
tité au voyageur (« Etranger résonne comme un faitement la fascination et la répulsion chez
prénom », dernier vers). Léopold Sédar Senghor. Il se fait aussi plus
court pour mimer le dialogue entre Andrée
Oral Chedid et le chauffeur de taxi.Les deux poètes
5. La préparation et la lecture du poème s’ap- sont séduits par la grandeur de cette ville, son
puieront sur le travail mené sur la lecture gigantisme qui s’apparente au mythe pour
d’« À New York » par Georges Aminel et pré- Andrée Chedid, la modernité des matériaux
senté ci-dessus. utilisés. Ils paraissent impressionnés. Dans le
même temps, ils soulignent l’aspect artificiel
La construction du vers au service de cette ville, soit dans la lumière, soit par l’ab-
du sens sence de nature. En revanche, alors que Léo-
1. Quelle remarque pouvez-vous faire sur les pold Sédar Senghor insiste sur l’inhumanité
propositions employées dans les vers suivants : de New York, sa froideur, ville dans laquelle
« Métropole/ que l'œil rejette/ dont l'œil les habitants sont anonymes et les relations

séQuence 18 Fascinantes métropoles 223


entre les individus inexistantes, Andrée Che- • Les couleurs
did montre l’échange, la reconnaissance et L’atmosphère provient aussi du traitement de
l’acceptation de l’autre (« Etranger résonne la couleur. On peut parler de tonalité. Jacques
comme un prénom »). Tardi joue sur le noir, le blanc et les différentes
Les formes poétiques contribuent à ces visions valeurs du gris. Deux gris différents pour les
grâce aux vers libres. Ils favorisent un nouveau deux personnages : plus clair pour la gitane, plus
lyrisme et tentent de traduire les sentiments sombre pour Nestor Burma, opposition de tons
que provoque cette ville chez les deux poètes. qu’on retrouve dans le décor.
Le vers libre traduit ainsi parfaitement la fasci- Le traitement du noir sert le récit et sa dramati-
nation et la répulsion chez Léopold Sédar Sen- sation. Il est utilisé surtout pour un effet de pers-
ghor. Il se fait aussi plus court pour mimer le pective dans les trois premières cases.
dialogue entre Andrée Chedid et le chauffeur On retrouve un bandeau noir en haut de l’image
de taxi. dans les trois dernières cases. Il se double d’un
autre bandeau noir, en bas de l’image dans la
case 5, qui rejoint les ombres des personnages,
eux-mêmes apparaissant en silhouettes noires
Oral Brouillard au pont sur le quai désert, isolés dans une rencontre sans
de Tolbiac p. 284 issue.
L’idée de bloquer le haut de l’image correspond
Atelier Comprendre le langage de au désir de se centrer sur les personnages. Il a
la bande dessinée aussi pour effet de montrer qu’ils sont prison-
Atelier 1 – Décrire ou montrer ? niers de l’histoire. Ils ne peuvent s’échapper et
doivent la vivre jusqu’au bout.
1 • Le lieu Le noir permet enfin de mettre en valeur le blanc
On peut souligner l’importance du décor urbain (les visages des personnages et le dialogue dans
dans les bandes dessinées de Tardi. Son intérêt les bulles), donc de renvoyer au récit et au texte.
pour les romans de Léo Malet provient précisé-
• Les personnages
ment de la prégnance du décor sur la narration.
La bande dessinée nous présente les deux per-
Le lieu est un quai de métro, station gare d’Or-
sonnages en vision frontale ou en silhouettes
léans-Austerlitz, lieu de passage, de fuite, de ren- indistinctes (case 5). Le dessinateur nous en
contre ici ou de confrontation. donne une vision objective.
Pour l’architecture de la gare, Jacques Tardi va Le personnage de Nestor Burma a un physique de
utiliser le fer des poutrelles, les lignes verticales boxeur (nez cassé, oreilles décollées, grosses mains)
qui barrent l’horizon, croisant des lignes hori- qui montre sa capacité à affronter des dangers.
zontales qui enferment les personnages dans Le personnage de la gitane est caractérisé par sa
une scène de huis clos. La perspective de la case féminité (les boucles d’oreilles, les cheveux lissés,
5, qui ouvre sur l’extérieur au-delà des lignes ver- les longs cils et les lèvres marquées), mais une
ticales, offre les lignes courbes du pont de Tol- féminité grave (la couleur dominante est le noir)
biac mais l’horizon, le ciel, sont barrés des lignes qui contraste avec le gris des vêtements). L’ovale
obliques de la pluie de novembre. pur du visage évoque un visage à la Modigliani.
Dans les plans rapprochés, les personnages se Son caractère mystérieux est accentué par le
détachent sur un fond structuré également de fond sur lequel la gitane se détache dans la der-
murs de briques, avec les croisements des lignes nière case. Le jeu des ferronneries suggère une
(cases 1 et 2). Des courbes et des obliques sont couronne royale solennisant le regard mysté-
introduites dans les cases 2 et 3. rieux alors que sa chevelure rappelle l’image de
Cette minutie dans la représentation des fonds quelque antique Cassandre.
contribue à créer une atmosphère particulière, • La composition graphique
ici sans doute l’évocation d’un horizon barré et La planche se présente sous forme de six cases
inquiétant. rectangulaires de dimensions différentes. Elle

224 THème 5 4e • La ville, lieu de tous les possibles ?


nous propose une succession de plans rappro- caractéristiques des différents genres (la bande
chés : plans de demi-ensemble à la case 1 où les dessinée, le récit), sur les éléments à conserver
personnages apparaissent dans le décor du quai de l’image, ceux à modifier et ceux à supprimer.
en perspective puis trois plans rapprochés avec Par ailleurs, les élèves devront s’interroger sur la
un effet de contrechamp à la case 3, un plan manière de rendre compte de l’atmosphère de
américain à la case 4 et un gros plan de la gitane la gare dans un récit.
à la case 6. Enfin, ils devront imaginer la suite de l’échange
Le jeu de regards des personnages se double du et la manière dont il se conclut.
regard du lecteur. Ainsi, dans la case 3, la femme
fait face au lecteur. Dans la dernière case, elle
apparaît isolée, en gros plan, s’adressant au lec-
teur. Burma est alors hors-champ. Mais dans
Langue La grammaire pour
cette technique de zoom avant, intervient une lire, écrire et parler p. 286
rupture à la case 5 où l’on retrouve un plan d’en- En grammaire, il s’agit de procéder à des révisions
semble : personnage en pied et perspective en suite aux notions étudiées dans les séquences
contrechamp de l’autre extrémité du quai. précédentes pour mieux lire, écrire et parler
2. L’atmosphère créée est l’étrangeté du lieu et (écrire des paragraphes argumentés ou débattre
de la rencontre, l’inquiétude qu’il suscite avec à l’oral) : les connecteurs logiques, les conjonc-
des personnages prisonniers de l’histoire. L’ac- tions de subordination et les mots de reprise. En
cent mis sur le personnage de la gitane donne orthographe, l’accord des adjectifs qualificatifs
une dimension théâtrale à la scène. sera abordé. Enfin, en vocabulaire, les mots de la
Le lieu participe de l’univers du roman policier ville seront traités.
par sa valeur documentaire :
– dans la case 1, un panneau indique la direction Les connecteurs logiques
avec un réalisme quasi photographique ; J’observe
– dans la case 2, l’époque (les années 1950) est 1. – Les connecteurs qui introduisent une expli-
signifiée par un fragment de lettrage sur un cation : car, en effet.
panneau publicitaire vantant un frigidaire. – Les connecteurs qui introduisent une consé-
– En contrepoint du souci de réalisme de la case quence : alors, c’est pourquoi, en conséquence,
1, on peut remarquer le brouillage des carac- pour cela.
tères désignant le lieu « Gare d’Orléans Aus- – Les connecteurs qui introduisent une
terlitz » (cases 1 et 2) qui deviendront lisibles concession : cependant, contrairement à, en
en case 4. Le dessin des lettres introduit dans revanche, mais, or, pourtant.
la banalité du quotidien un élément de fiction – Les connecteurs qui introduisent un ajout :
et de mystère. aussi, de plus, également, en outre, et, par ail-
Atelier 2 – Argumenter : apprendre à débattre leurs.
La représentation du décor, le fond sur lequel – Les connecteurs qui introduisent un ordre :
se détachent les personnages, l’emploi du noir premièrement, deuxièmement, tout d’abord,
et blanc recréent parfaitement l’atmosphère, le ensuite.
climat du récit. La qualité de l’image est de mon- – Les connecteurs qui introduisent une conclu-
trer ce que le texte suggère. sion : ainsi, donc, en conclusion, en somme,
enfin.
– Les connecteurs qui introduisent un exemple :
Brouillard au pont par exemple.
de Tolbiac p. 284 2. a. Car : cause.
b. Mais : opposition.
Atelier Passer de l’image au texte c. Donc : conséquence.
La transposition de cette planche en récit d. Pourtant : opposition.
permettra avec les élèves de réfléchir sur les e. Et : ajout.

séQuence 18 Fascinantes métropoles 225


f. Car : cause. f. Vous avez fait de nombreuses erreurs
g. Certes : concession. d’orthographe alors que vous connaissez vos
h. En outre : ajout. règles. (concession)
Je m’entraîne g. Nous travaillions dur si bien que nous rame-
nions de l’argent à la maison. (conséquence)
3. – Mais : opposition. h. Si nous avions gagné au loto, nous aurions
– Et, par conséquent : conséquence. acheté une belle voiture. (condition)
4. a. Car. b. Pourtant. c. Cependant. d. Alors.
e. En outre. Les mots de reprise
5. Adultes, les tortures ont très peu de préda- J’observe
teurs. Pourtant l’homme les capture pour les 9. a ­– Reprise anaphorique d’ « un loup » :
manger ou fabrique des objets avec leur cara- « qui », « cet animal plein de rage », « cette
pace. De plus, la pollution risque de les faire dis- bête cruelle ».
paraître car les goudrons et les insecticides sont – Reprise anaphorique d’ «  un agneau  » :
autant de poisons pour elles. D’autre part, dans « l’Agneau ».
le sud de la France, les tortues meurent en grand b. Les substituts utilisés pour le loup montre
nombre lors d’incendies de forêts. Donc, il faut le point de vue du fabuliste qui le présente
dès maintenant penser à protéger les tortues. comme enragé et cruel, donc un personnage
qui n’est plus gouverné par la raison et à qui il
Les conjonctions de subordination sera impossible de faire entendre raison. Le fabu-
J’observe liste dénonce son excès de pouvoir. Le sort de
6. a. Alors que : concession. b. Autant que : com- l’agneau est scellé.
paraison. c. Aussitôt que : temps. d. Si bien que : L’agneau est désigné par le même groupe nomi-
conséquence. e. Parce que : cause. f. Si : condi- nal « L’Agneau » ce qui le rend neutre, com-
tion. g. Bien que : concession. h. Si bien que : mun, représentant tout personnage tombant
conséquence. i. Alors que : temps. j. Dès que : sous la coupe du loup. Il représente celui qui,
temps. k. Si bien que : conséquence. l. Avant objectivement, va se défendre par une argumen-
que : temps. m. Pour que : but. n. Comme : cause. tation, va chercher à défendre ses droits mais ne
Je m’entraîne parviendra pas à ses fins. Le fabuliste le présente
7. – Quand je formai le projet de découvrir le objectivement afin que le lecteur puisse en tirer
passage au nord-ouest : proposition subor- les leçons qui s’imposent.
donnée circonstancielle de temps. Je m’entraîne
– Si l’Amérique septentrionale s’étendait sous le 10. – Cyrano : « lui », « il », « [le] colérique
pôle en rejoignant le Groënland : proposition cadet de Gascogne », « ces deux hommes ».
subordonnée interrogative indirecte. – Roxane : « la belle », « sa cousine », « une
– Si elle se terminait à quelque mer contiguë à femme du monde ».
la baie d’Hudson et au détroit de Béring : pro-
position subordonnée interrogative indirecte. – Christian : « [le] séduisant Christian », « ces
8. a Il prend son parapluie parce qu’il pleut. deux hommes ».
(cause) 11. Didier Deschamps a annoncé son intention
b. Elle attend depuis des heures alors qu’elle d’abandonner ses fonctions à la fin de l’année.
avait rendez-vous à neuf heures. (opposition) L’entraîneur des Bleus se déclare déçu à la fois
c. Ils sont si grands qu’ils passeront difficilement par les résultats de l’équipe mais aussi par son
sous la porte. (conséquence) attitude. Cet ancien champion du monde s’est
d. Nous arrivâmes au moment où ils partirent. toutefois accordé un délai de réflexion avant de
(temps) prendre sa décision. Espérons que le prochain
e. J’ai réussi mon examen étant donné que j’ai eu match de l’équipe de France permettra à cet
une excellente moyenne toute l’année. (cause) homme meurtri de retrouver le sourire. Cet

226   Thème 5  4e • La ville, lieu de tous les possibles ?


homme reconnu de tous pourrait ainsi pro- e. – Aller en métropole : se rendre dans l’État où
longe son action d’entraîneur. se situe la capitale par opposition aux dépar-
tements et territoires d’outre-mer.
L’accord des adjectifs qualificatifs – Vivre dans une métropole : vivre dans une
12. a. – Grande : accord avec « cour ». grande ville d’un pays.
– Carrée et fermée : accords avec « cour ». – Prendre le métropolitain : prendre le métro.
– Abruptes : accord avec « rives »
– Sauvages : accord avec « berges ».
– Baignées : participe passé fonctionnant comme Plaisir de lire Didier Daeninckx, Une
adjectif qualificatif. Accord avec « berges ». oasis dans la ville p.289
– Couvertes : accord avec « eaux ».
– Grandes et vertes : accord avec « taches ». Pour entrer dans l’œuvre
– Aquatiques : accord avec « arbres ». L’association des termes « oasis » et « ville » sont
– Dépouillés : participe passé fonctionnant presque antithétiques puisque l’oasis connote
comme adjectif qualificatif. Accord avec « une partie du désert où pousse de la végétation
arbres ». autour d’un point d’eau. Elle constitue donc un
– Rabougris : accord avec « troncs ». lieu de réconfort pour le voyageur. Par ailleurs,
– Énormes et chenues : accords avec « têtes ». le terme « oasis » connote un lieu de refuge qui
– Élevées : accord avec « têtes ». se présente comme une exception au milieu de
– Grotesques : accord avec « marmousets ». ce qui est désordre.
– Entourée : participe passé fonctionnant
comme adjectif qualificatif. Accord avec À vos carnets !
« cour ». 1. Skander, un jeune tunisien, fuit son pays suite
– Hautes et flétries : accord avec « herbes ». à une manifestation contre le pouvoir qui tourne
– Nains et parasites : accord avec « arbustes ». mal. Après avoir traversé l’Italie et être arrivé
à Paris, il est pris en charge par des trafiquants
Les mots de la ville (Frédéric, Nordine) qui, en échange d’une cave
13. La métropole pour dormir, lui demandent de faire le guet lors
a L’étymon du mot « métropole » est le grec du trafic de drogue. Après une complicité dans
mêtrópolis (« cité mère »), composé de mètêr une tentative d’assassinat, Skander s’échappe et
(« mère ») et pólis (« cité »). se réfugie dans un bungalow au fond d’un jardin
b. Dans la Grèce antique, la métropole est une (l’oasis). Il s’agit d’un jardin réservé aux classes et
cité qui a créé plusieurs colonies au-delà des composé d’une flore du monde entier. Skander
mers. aide Axelle et Romaric à accueillir les enfants et
c. Marseille a été fondée en 600 avant Jésus- aux travaux de jardinage. Skander tombe amou-
Christ. Elle est le fait de colons grecs venus de reux d’Axelle. Mais ses anciens complices le
Phocée en Asie mineure. reconnaissent dans la rue et lui demandent de
d. – Dans la Rome antique, la métropole est la cacher de la drogue. Skander se fait surprendre
capitale administrative d’une province de l’Em- par ses deux amis qui décident de l’aider à régler
pire. le problème. Alors qu’ils surveillent Frédéric
– Dans le domaine de la religion, la métropole et Nordine, ils assistent à un car-jacking qui se
est la capitale d’une province ecclésiastique où termine mal. Frédéric meurt et Nordine est
se trouve le siège archiépiscopal. amputé. Skander décide de l’aider en l’accueil-
– La métropole devient la partie de l’État où se lant à l’oasis.
situe la capitale par opposition à ses colonies 2. Réponse libre des élèves.
et territoires d’outre-mer. 3. Skander : départ de Sidi Bouzid par bateau,
– La métropole est la principale ville d’une arrivée aux côtes siciliennes, débarquement à
région, d’un État ou d’un pays. Marsala puis autobus pour Messine et remontée

séquence 18  Fascinantes métropoles   227


de l’Italie (Reggio du Calabria, Naples, Rome). notamment culinaires, et celle des plantes et des
Arrivée aux portes de Paris, à Courvilliers. arbres qui peuplent l’oasis sont documentées.
Romaric : village au bord du fleuve Mouhoun, Le monde décrit est le reflet de notre époque :
au Burkina Faso puis départ pour Bamako (Mali), les passeurs qui s’enrichissent de la misère des
Dakar (Sénégal), la Mauritanie et le Maroc par autres, la délinquance, la drogue. Ces éléments
bateau, traversée de l’Espagne (l’Andalousie, relèvent d’une critique sociale acérée.
Valence), arrivée en France (travail dans les C’est le monde des sans-papiers, des clandes-
vignes du Languedoc) et Courvilliers. tins, des réfugiés, des exploités et des victimes
de l’Histoire que l’auteur nous invite à découvrir.
4. L’auteur cherche à montrer les difficultés et
les risques de l’émigration avec l’exploitation 9. • Le créateur d’une « oasis dans le ville » est
de la misère par les passeurs, la présence de la Irina la Yougoslave. Son intention est le rêve
police (les garde-côtes italiens), le travail au d’une humanité réconciliée avec elle-même
noir, la misère (habitation dans des caves, des par-delà les différences. Le racisme en est
voitures…), la plongée dans la délinquance, les banni et la solidarité règne.
• Le jardin accueille les enfants des écoles pour
demandes de réfugié politique refusées par la
leur faire découvrir la nature, les contes et
préfecture. Les émigrés sont exploités et vivent
légendes du monde, pour leur apprendre à
dans des conditions précaires.
graver sur des coloquintes.
Pour approfondir la lecture • La végétation qui y pousse est la suivante : un
5. Ce roman est un récit réaliste, avec la réfé- olivier d’Algérie, un pied de vigne de Tokay (vil-
rence à deux genres : le récit autobiographique lage hongrois), des nénuphars blancs, des bam-
fictif et le récit utopique. bous issus du Vietnam, du mimosa de Corse,
une fougère arborescente de l’océan pacifique,
6. L’auteur fait le choix de personnages jeunes, des fleurs (des arabis, des ancolies, des giroflées,
émigrés pour des raisons politiques (Skander) pâquerettes, primevères, myosotis, pensées,
ou économiques (Romaric) mais au grand cœur. œillets, violettes), des plantes aromatiques
Axelle est une déracinée : la destruction de la (estragon, ciboule, cerfeuil, coriandre, basilic),
barre HLM qu’elle habitait l’a chassée de son des arbres fruitiers (un poirier, un pommier,
appartement, de son enfance et de ses souvenirs. un prunier de Bosnie, des cerisiers), des fruits
L’oasis est leur refuge. (des fraises, des framboises, des groseilles), des
7. Skander est à l’origine un garçon sans his- légumes (des carottes, des navets, des panais,
toires, un lycéen sérieux qui devient un émigré des haricots, des salades).
puis un délinquant malgré lui. Quoi qu’il fasse, • Les repas montrent la diversité culturelle des
il le fait par nécessité ou pour la bonne cause. personnages : un plat marocain (le tajine),
Il découvre l’amour auprès d’Axelle. Généreux, des mets japonais (des sushis, des makis, des
il accueille Nordine amputé à l’oasis alors qu’il sashimis), des plats libanais (un kébab, un
aurait des raisons de lui en vouloir. Son histoire chawarma poulet et du caviar d’aubergines).
douloureuse est un roman d’éducation. Il passe • « Le désert hostile » (p. 58) signifie un endroit
d’un adolescent à un homme responsable et rempli de dangers (la chaleur, le manque
d’eau, les animaux). Dans le roman, il signifie
solidaire.
la confrontation aux difficultés de l’existence,
8. Les références historiques sont réelles : l’im- aux maux de la société (la délinquance, la
molation par le feu de Mohammed sur la place drogue…).
de Sidi Bouzid en 2010 a déclenché une révolu- • Le mot « oasis » est associé au terme « paix ».
tion qui aboutit à la chute du dictateur Ben Ali. Une « oasis de paix » est un endroit qui sert
L’éclatement de la Yougoslavie d’où vient Irina de refuge contre les agressions de notre société
est un fait juste. Les indications géographiques moderne.
tant tunisiennes que françaises sont authen- Le titre « Une oasis dans la ville » signifie un
tiques. La description des pratiques culturelles, paradis de générosité, de droiture et de pardon.

228   Thème 5  4e • La ville, lieu de tous les possibles ?


Chacun peut s’y rendre utile, selon ses capaci- 3. Le poète éprouve de la tendresse pour cette
tés. On peut y trouver la rédemption comme ville (absence de termes péjoratifs et il lui parle
pour Nordine qui devient utile. Ce paradis est directement : « écoute-moi ») et de l’amour
ici et maintenant, et il est possible. (« Le beau rendez-vous de vivants », v. 4).
10. Les différents thèmes abordés sont les sui- Il entretient un rapport intime avec celle-ci (uti-
vants : lisation du nom « Marseille » et 2e personne du
– un monde et une société reflets de notre singulier pour s’adresser à la ville).
époque (l’exploitation de la misère et de la Mais, il est dans un rapport d’attente, de
détresse, la précarité). demande (utilisation de l’impératif « écoute-
– une utopie littéraire qui dessine un monde moi », « sois attentive ») et de supplication
meilleur ; (emploi du conditionnel « voudrais »). La ville
– un roman d’éducation qui permet de passer est considérée comme une femme sensuelle
de l’adolescence à l’adulte responsable. (les femmes sont évoquées : « la gorge des
11. L’auteur cherche à mettre en avant une ville femmes » – poitrine –, des « jolies filles » – le
de banlieue dans laquelle l’insertion est possible côté des jolies filles pouvant suggérer les quar-
grâce à la ténacité et au travail, une ville où le tiers « nocturnes » de la ville), une femme dési-
racisme est banni et où la solidarité existe, un rée mais insaisissable (emploi du conditionnel
melting-pot qui accueille les personnes, les pro- pour exprimer le désir « je voudrais te prendre
duits et les cultures du monde entier. dans un coin »).
12. et 13. Réponses libres des élèves. Mais le poète dévoile une inquiétude. La descrip-
tion de la ville éveille un manque douloureux :
l’absence de regard en retour, presque l’absence
de communication, mais aussi la séparation
Autoévaluation de lecture (impératifs répétés : inquiétude) et la prière
« Marseille » de Jules Supervielle p. 185 (« que nous nous regardions un peu » ; présence
de l’invocation : « ô toi »).
1. Ce texte appartient au genre poétique comme
l’indiquent les retours à la ligne, les figures de 4. Le poème se clôt sur une antithèse : deux
style utilisées (la métaphore : « avec leurs pattes notions opposées qui sont associées à un même
de crustacés », v. 3). Il est en vers libre. thème. Ces deux vers sont mis en évidence par
2. Le poète met en évidence : un retour à la versification : il s’agit de deux vers
– Les éléments marins omniprésents d’une ville de sept syllabes. L’agitation de Marseille se fait
ouverte sur la mer (« ses mâts en pleine ville », paradoxale. L’opposition traduit une insatisfac-
v. 2). La mer contamine la ville. Référence tion profonde : écart qui subsiste entre le désir
mythologique : « Marseille sortie de la mer » de partir et le départ impossible.
comme Vénus, v. 1. 5. Le poète traduit une ville en perpétuel mou-
– Une ville sensuelle : présence des cinq sens : la vement par la présence de la métaphore filée
vue (« luisants », « phosphore », , v. 3, 6), l’ouïe maritime (« chaises frétillantes », v. 8) et la per-
(« bruit de pieds… », « pense tout haut », v. sonnification du mouvement de balancement
8-9), l’odorat (« l’iode », v. 1), le goût (« coquil- (« les mâts […] qui disputent les passants »,
lages », « alcool », v. 1, 7), le toucher (« réjouit v. 2). De nombreux personnages animent
la gorge des femmes », v.10, « les bouscule, les cette description par l’emploi de termes géné-
pousse », v.11-12). riques, de pluriels qui généralisent (« les pas-
– Les éléments urbains avec des termes tels que sants », « de vivants », « hommes et femmes
« ville », « tramways ». de maintenant », « les nouveaux venus », « un
– La socialisation liée à l’activité humaine : bruit marin »). Les verbes de mouvements sont abon-
présent (« disputent », « bruits de pieds », dants et renforcés par l’anaphore « et » (« sor-
v. 8), agitation (« vivant », « lèvent le bras », tie » « enfantent », « se mêle », « bouscule »,
v. 4). Image d’une ville vivante. « pousse »).

séquence 18  Fascinantes métropoles   229


thème 1 regarder le monde, inventer des mondes
3e – Visions poétiques du monde

Séquence

19 L’expérience poétique

Fil directeur de la séquence


Au cours des cycles 2 et 3, les élèves ont croisé différentes contraintes poétiques, plusieurs auteurs
et, via des textes, quelques mouvements littéraires. Cette séquence vise à approfondir la sensibilité
à la beauté des textes poétiques, par l’expérience esthétique d’une lecture ancrée dans la réception
personnelle, mais permettant aussi le partage de l’universalité du message poétique. Le travail sur la
forme est vraiment mis en relation avec le plaisir de lire ou de créer, et donc d’expérimenter l’apport
de la contrainte formelle.

Compétences travaillées dans la séquence


Langage oral Écriture
Dans les pages de lecture… Dans la séquence
y Comprendre et interpréter des messages et des X Écrire un poème en prose
discours oraux complexes X Écrire un poème de bandit
X Écouter un extrait de Gaspard de la nuit de Ravel, ■ Pratiquer l’écriture d’invention et connaître les
p. 294 caractéristiques des genres littéraires et exploiter
des lectures pour enrichir son texte
En atelier, p. 303
X Écrire un poème avec Max Jacob
■ Percevoir et exploiter les ressources expressives ■ Adopter des stratégies et des procédures
et créatives de la parole et les techniques
d’écriture efficaces
multimodales
X Observation et respect des règles propres au
X Mettre son poème en musique et en images
■ Participer de façon constructive à des échanges
poème en prose de M. Jacob
X Stratégie permettant de trouver des idées :
oraux
s’inspirer du bruit d’un objet mécanique, p. 297
y Interagir avec autrui dans un échange créatif ■ Exploiter les principales fonctions de l’écrit
X Élaborer collectivement un texte poétique à
X Comprendre ce qu’est un article dans un
démarreur
magazine d’art, p. 299
X Utiliser l’écrit pour penser en remplissant
d’impressions les marges d’un poème recopié, p. 301

Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue


■ Lire des textes variés avec des objectifs divers : Dans la double-page langue…, p. 304-305
y Recourir à des stratégies de lectures diverses ■ Construire les notions permettant l’analyse et la
(adapter sa lecture à l’objectif poursuivi, adapter sa production des textes et des discours
lecture aux supports, reformuler) y Prendre en compte les caractéristiques des textes
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’observe », X Les substituts nominaux et pronominaux
« Je comprends» ■ Maîtriser le fonctionnement du verbe et son
y Formuler des impressions de lecture, percevoir un orthographe
effet esthétique y Maîtrise de la morphologie verbale
X Carte mentale « Lire un texte » : « Je lis », « J’écoute », y Valeurs aspectuelles
« Je réagis» X Le conditionnel, formes et valeurs
y Reconnaître les implicites et faire les inférences et ■ Construire les notions permettant l’analyse et la
hypothèses de lecture nécessaires production des textes et des discours
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’interprète »

230 THème 1 3e • Visions poétiques du monde


Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue
■■ Lire et comprendre des images fixes ou mobiles yyFigures de style
XXCarte mentale « Lire une image » XXLa personnification, la métaphore, l’accumulation,
l’oxymore, l’anaphore
Enjeux culturels ■■ Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe des
■■ Lire des œuvres littéraires et fréquenter des œuvres
mots
d’art
XXMise en réseau des mots du rêve et du cauchemar
XXConforter ses connaissances sur le genre poétique
XXConstruire la notion de mouvement littéraire du
Dans les coins des mots
romantisme
■■ Élaborer une interprétation de textes littéraires
Le voyage des mots (p. 297)
La ponctuation (p. 301)
XXMise en voix de poèmes
XXQuelques procédés stylistiques
XXNotion d’analyse littéraire
XXÉléments d’histoire littéraire

Enjeux de formation personnelle


XXComprendre que la poésie joue de toutes les
ressources de la langue pour célébrer notre
présence au monde, et pour en interroger le sens

Lecture  Quel est le pouvoir poétique formes : fiche, fichier audio, fichier multimédia,
de la nuit ? p. 294 rapide diaporama (dit pecha kucha).
La nuit est par excellence le temps pendant 1. On utilisera le guide de lecture pour montrer
lequel les mystères peuvent se déployer. C’est comment la forme donne un ton particulier au
aussi le temps de la rencontre avec la muse ; récit (sonorités, rythmes, etc.).
ce motif est ici renouvelé par les poètes d’une
façon très personnelle car il fait surgir une autre 2. Il se dégage de la nuit une impression de mys-
réalité. tère propice à des apparitions fantastiques. Les
élèves peuvent citer les moments du texte qui
leur semblent les plus expressifs (éléments du
1. « Ondine » d’Aloysius Bertrand paysage, personnages). Une lecture expressive
L’imaginaire fantastique et volontiers médiéval devrait en outre permettre de s’appuyer déjà sur
d’Aloysius Bertrand, autant que la nuit, sont les ressources sonores du poème (allitérations
deux caractéristiques de Gaspard de la nuit. notamment).
Le titre Fantaisies à la manière de Rembrandt
et Callot réfère à l’œuvre gravée de ces deux 3. Le poème fait référence à un imaginaire médié-
artistes. Jacques Callot est un graveur lorrain val et onirique, en vogue chez les romantiques :
du début du xviie siècle qui eut une grande « losanges sonores de ta fenêtre » (l. 2) – fenêtre
influence, notamment sur Rembrandt. sertie au plomb –, vitraux, « en robe de moire, la
Fantaisies dans la manière de Callot (1815) est dame châtelaine qui contemple à son balcon la
aussi le titre d’un recueil de contes d’Hoffmann belle nuit étoilée et le beau lac endormi » (l. 3-4).
qui a inspiré Charles Baudelaire. 4. Ondine est une fée. Elle apparaît et disparaît
dans la pluie qui frappe au carreau. Son royaume
En piste ! est magique (ondins, père et sœurs sont des divi-
La figure mythique d’Ondine, naïade nordique nités aquatiques, le palais est « bâti fluide, au
qui tombe amoureuse d’un chevalier fiancé à fond du lac », l. 6). La répétition de « Écoute »
une autre femme, signe l’influence du roman- (l.  1) est aussi une incantation magique. L’in-
tisme allemand (le célèbre Undine de Friedrich dication finale « j’aimais une mortelle » (l.  14)
de la Motte-Fouqué publié en 1811). Le résul- confirme qu’elle, Ondine, appartient à un
tat de cette recherche peut prendre plusieurs monde magique.

Séquence 19  L’expérience poétique  231


5. Ondine est une figure de tentation qui vient 2. « Georgia » de Philippe Soupault
à la rencontre du poète. On relève le tutoie- En piste !
ment et les impératifs envoûtants (« Écoute !
– Écoute », l. 1), la proposition de mariage avec Le générateur de texte, que les élèves n’auront
l’anneau magique et la séduction de la « chan- aucune difficulté à trouver ni à utiliser, va faire
son murmurée » (l. 12). ressortir le prénom. En outre, sa forme est esthé-
tique et suggère des pistes de lecture entre les
6.  Le poème en prose recourt aux ressources
mots. On peut aussi enlever le prénom Geor-
du rythme et des sonorités. On note plusieurs
gia du résultat obtenu, pour mettre en lumière
passages significatifs : ainsi les allitérations en
[f] « frôle » (l.  1), « fenêtre » (l.  2), en [l] et [f] d’autres mots.
« mon palais est bâti fluide, au fond […], du 1. On utilisera le guide de lecture pour être sen-
feu » (l. 6-7) peuvent mimer le mouvement de sible à la représentation de l’univers du poème :
l’eau qui court ; celles en [m] « morne » (l.  2), sommes-nous dans la réalité ou dans le cauche-
« moire » (l.  3), « endormi » (l.  4) donnent mar ? Georgia vient-elle ou non ?
une certaine douceur propice à la rêverie. On n’attend pas de réponse obligée car le texte
Plus loin, les assonances en [ã] : « le courant » fait travailler la « coopération interprétative »
(l.  5), « chaque courant est un sentier qui ser- qu’est à ce moment l’acte de lire et la « plus-va-
pente » (l. 5-6), permettent de montrer la méta- lue de sens qui est introduite par le destina-
morphose des éléments – le son restant le point taire » (Umberto Eco).
commun. La relecture expressive des strophes 2. L’anaphore « Georgia » en fin de vers struc-
aide les élèves à percevoir les effets de ces relevés ture tout le poème comme un refrain lancinant.
et à en proposer des personnels. L’effet produit est tout à fait subjectif : plainte,
Le rythme, grâce à de nombreuses virgules, suit cri, appel ? La lecture à voix haute devra per-
le mouvement ondoyant d’Ondine. L’anaphore mettre de choisir.
« Écoute » (l.  1) donne les étapes du récit
3. On peut lire que le poète erre dans la rue en
comme de l’envoûtement.
attendant Georgia, et se met à courir de façon
À la fin du poème, on peut faire remarquer que
de plus en plus délirante, sans trouver le som-
des sons plus durs [assonance en [k] : « comme »
(l.  14), « quelques », « éclat » (l.  15) ; en [b] et meil. Mais l’on peut aussi lire que le poète, en
[p] : « boudeuse et dépitée » (l. 14) « pleura », proie à une insomnie, écoute tous les bruits
« poussa » (l. 15)] rompent l’enchantement. autour de lui et fait un cauchemar qui l’entraîne
dans une ville oppressante. Le travail porte sur
créative la qualité du relevé et de l’interprétation, fon-
7.  Les élèves commencent par faire la liste de dée sur le ressenti. On peut faire remarquer aux
toutes les caractéristiques physiques et morales élèves qu’aucune de ces interprétations ne peut
du personnage choisi. Ils peuvent s’inspirer des prendre le dessus.
séquences de début de cycle (Morgane, Gala- Le texte semble évoquer la nuit : un paysage
driel). Ils identifient ensuite une situation quo- nocturne ou un cauchemar nocturne qui fait
tidienne. Le travail portant surtout sur le lexique émerger un paysage urbain. Mais il peut aussi
et les sonorités, on les encouragera à utiliser s’agir d’un (mauvais) rêve éveillé. Le surréalisme
un dictionnaire de synonymes (par exemple : nous y a habitués.
http://www.cnrtl.fr/portailindex/LEXI/TLFI/D), 4. Le pronom sujet « Je » et le prénom « Geor-
et à faire l’essai à voix haute de l’effet produit par gia » remplissent tout le poème : très souvent,
le lexique et ses sonorités. Le travail du brouillon « je » débute le vers et « Georgia » le clôt,
est ici essentiel. comme deux personnes d’un couple qui se
Culture + audio rapprochent (vers courts) ou qui s’éloignent
Cette écoute de la reprise de Maurice Ravel peut (vers longs) l’un de l’autre. L’interprétation est
aussi être proposée en fin d’étude du texte, pen- souveraine : le vers 20 est-il un appel à Georgia
dant une relecture silencieuse. absente, une litanie pour faire exister Georgia,

232 THème 1 3e • Visions poétiques du monde


ou Georgia qui se rapproche et que le poète 1. « Fantaisie » de Gérard de Nerval
accueille ? audio
5. Le prénom imprime sa marque sonore, comme En piste !
un refrain qui finit par prendre tout l’espace du
Il s’agit ici d’expérimenter la très ancienne tra-
texte. Les sonorités qui reviennent sont, entre
dition des marginalia (écrits dans les marges) :
autres, les allitérations en [f] [« flèches » (v.  2),
les élèves peuvent donc produire tous types de
« feu » (v. 5), « fumée qui […] fuit » (v. 8), « fau-
réactions au texte, qui sont autant de marques
bourgs » (v. 10), « froid » (v. 14)], qui accélèrent
d’appropriation.
l’entrée dans la ville ou dans le cauchemar ; puis
celles en [p] et [k] (« pas » [v. 9], « appelle » [v. 20 1. On utilisera le guide de lecture pour adapter
et 21], « cours » [v. 16], « crie » [v. 22]) qui expri- les pistes de travail à l’usage scolaire des mar-
ment la dureté du cauchemar ou de la de la course. ginalia, proposé dans le « En piste ! » : chaque
grande entrée du guide donnant lieu à des
6.  Plusieurs réponses possibles dans ce poème
annotations. Les remarques formelles doivent
surréaliste : le poète finit par s’endormir en
alterner avec des ressentis.
balbutiant « Georgia », le poète erre en criant
« Georgia », le poète a veillé et, au dernier vers, 2.  Le poète joue sur les différents sens du
accueille Georgia par son prénom, etc. mot charme, du latin classique carmen, car-
minis, « formule magique, incantation » : au
Oral   sens usuel qui connote un caractère agréable
7.  L’interprétation du texte ordonne le ton et plaisant se superpose le sens de formule
choisi. Il faudra veiller à ce qu’il soit cohérent magique qui fait entrer dans le phénomène de
dans tout le poème. L’anaphore rend la lecture réminiscence.
difficile, il faut préparer cette dernière en anno- 3.  La musique (« un air très-vieux » [v.  3],
tant le texte par des signes ou des « didascalies » expression vieillie avec le tiret et la postposition
qui indiquent les choix de lecture. On peut s’ai- de l’adjectif – comparer avec « un très vieil air »,
der des réponses aux questions. « un air très ancien ») agit sur le poète, « De
Je fais le point deux cents ans mon âme rajeunit » (v. 6), et le
transporte dans le passé, signalé par :
Le prénom d’une femme peut-il faire surgir un – Tout d’abord, le château : « C’est sous Louis-
univers de la nuit ? Pour le poète, la réponse est Treize » (v. 7), « un château de brique à coins
oui : l’attente fait entrer dans un monde dont de pierre,/Aux vitraux […],/Ceint de grands
on ne peut mesurer s’il est réel ou imaginaire. La parcs » (v.  9 à 11). Les briques rouges sont
reprise du prénom donne forme au paysage qui typiques de l’époque Louis  XIII, et ce style
se déploie. architectural, très en vogue au xixe siècle, a été
beaucoup copié. Pour aider les élèves à situer
la période et l’architecture, on peut visionner
Lecture Bruit ou musique, la vidéo qui montre l’évolution du pavillon de
comment le son inspire-t-il chasse de Louis XIII (https://www.youtube.
le poète ? p. 296 com/watch?v=N2hoOMmXeyk). On observe
Poésie et musique vont de pair et l’on ne devrait qu’il ne s’agit pas d’un château médiéval :
plus voir d’élèves compter sur leurs doigts si l’on l’évocation courtoise de la « dame » (v.  13)
y pense… Les élèves peuvent être sensibilisés à et la prévalence du château médiéval dans les
cela dès lors qu’ils comprennent que leurs chan- représentations des élèves pouvant mener à
sons françaises préférées sont généralement en cette confusion.
octosyllabes, et les anglaises construites sur des – Ensuite, en avançant dans le paysage, on
rythmes récurrents. découvre la « dame » (v. 13) : le terme a une
Les poèmes retenus naissent tous deux du connotation ancienne (cf. « le chevalier et
monde sonore : musique pour Gérard de Nerval, sa dame » et non pas « un monsieur et une
bruit prosaïque pour Tomas Tranströmer. dame »). Ses habits sont « anciens » (v. 14) (et

séQuence 19 L’expérience poétique 233


l’expression « en ses habits anciens » accen- poète. Plusieurs enjambements ajoutent à la
tue cet effet d’apparition : comparer avec fluidité de l’ensemble et accompagnent l’émer-
« habillée à l’ancienne mode »), et son phy- gence de l’apparition, de même que l’anaphore
sique est caractéristique de la beauté d’Ancien « Puis » (v. 9 et 13), tandis qu’il n’y a pas de verbe
Régime : « Blonde aux yeux noirs » (v.  14). pour introduire le château ni la dame.
Depuis l’Antiquité, les yeux noirs sont le sym- On sera sensible à la rime « anciens »/« sou-
bole de la séduction féminine (c’est Minerve, viens » (v. 13 et 16) car l’univers du poète est à
déesse de la guerre et de la sagesse, qui a les la fois dans le passé et dans l’expérience du rêve
yeux verts). Voir quelques tableaux : Agnolo poétique.
Bronzino, Portrait de Lucrezia Panciatichi
(1540), ou Giulio Romano, Portrait de Doña créative
Isabel de Requesens y Enríquez de Cardona- 6. Le travail sur le rythme peut se faire en s’ins-
Anglesola (1518). pirant du poème de bandit de Jacques Jouet
4. Le titre « Fantaisie » et le fil conducteur essen- (voir p. 302), ou en travaillant d’abord sur le
tiel de la musique autorisent les deux pistes, qui cadre rythmique qui fera surgir le texte (cf.
peuvent aussi se rejoindre. L’air évoque une Leçon 2 de Stromae travaillée en AP : http://
mélodie simple, les métonymies des compo- www.stromaeometre.fr/lecon-n2-je-cours/).
siteurs une musique plus riche, mais admirée
1. Le travail du poète
des romantiques. Il est important de souligner
Sur le site Stromaeometre, prenez connaissance
le « pour moi seul » (v. 3) : il s’agit d’une expé-
de la leçon n° 2.
rience réservée au poète. Les deux derniers
vers permettent d’initier les élèves à l’idée de a.  Comment compose Stromae ? Donnez les
métempsychose (de réincarnation) qui plaisait à étapes de son travail.
Gérard de Nerval, ou du moins qui avait l’intui- Composition : inspiration, basses, percussions,
tion qu’il existe une vie antérieure (« mon âme voix, couplet et refrain, puis départ dans l’écri-
rajeunit » [v.  6], « dans une autre existence » ture : « parti dans l’écriture », « je m’envole ».
[v. 15]). b. Que pensez-vous de la façon dont s’exprime
Au e siècle, on peut évoquer Proust, pour qui Stromae ? Mettez par écrit quelques mots qui
la musique peut faire surgir une autre réalité : caractérisent cet artiste au travail.
« Je voyais, selon qu’Albertine jouait du Rameau c.  Reconnaissez-vous des étapes de travail qui
ou du Borodine, s’étendre tantôt une tapisserie sont aussi celles du poète ?
du e siècle semée d’Amours sur un fond de Vous pouvez vous inspirer de cette leçon pour
roses, tantôt la steppe orientale où les sonori- écrire à votre tour.
tés s’étouffent dans l’illimité des distances et le
feutrage de la neige » (À la Recherche du temps 2. Les effets du texte
perdu, La Prisonnière).
➨ En téléchargement sur le site www.
5.  Plusieurs éléments permettent de montrer hachette-education.com, le poème
la musicalité du poème, essentielle car permet- « Fenêtres ouvertes » extrait de L’Art
tant la réminiscence. Le paratexte tout d’abord : d’être grand-père de Victor Hugo.
une fantaisie est une forme musicale libre que
les romantiques, notamment Frédéric Chopin, ó Étape 1 : analyse du poème.
ont beaucoup pratiquée ; une odelette (titre a. Recopiez le poème.
du recueil) est une petite ode (poème accom- b.  Surlignez en couleurs différentes : les bruits
pagné d’un chant). Ensuite, composé de quatre et les paroles (à noter, le dernier vers avec « la
quatrains de décasyllabes, le poème a un rythme mer » : bruit, parole, ou les deux ?).
dansant sans être régulier. Le premier quatrain ó Étape 2 : mise en voix.
est fait d’une seule phrase qui fait entendre l’air, c.  Préparez une mise en voix en annotant le
les autres donnent les étapes de l’expérience du texte.

234 THÈME 1 3E • VISIONS POÉTIQUES DU MONDE


d.  Éventuellement, produisez un fichier multi- situation que l’on peut trouver drôle, illustre le
média texte et son sur Audacity (avec des brui- pouvoir du poète à voir le réel autrement.
tages à partir de la voix et d’objets détournés, 3.  Tomas Tranströmer est un poète volontiers
ou de ressources numériques, empruntées par « narratif ». Il embarque dans l’hélicoptère avec
exemple à la banque de bruitages gratuite et le pilote, ils volent bas « au-dessus de l’été »
libre de droits) : http://lasonotheque.org/. (v. 12) : tout près du sol, il est peut-être à la hau-
teur des insectes qu’il entend (« Des dialectes
par douzaines dans la verdure », v.  14) ou voit
2. « La fenêtre ouverte »
(« scarabées », v.  16). L’espace est désordonné
de Tomas Tranströmer
[« cloisons dans nos maisons » (v.  15), « caves
Ce poème joue sur la relation entre musique et
[…] tirées par les racines » (v. 17)], le temps aussi
poésie, mais l’inspiration vient d’une source pro-
(« les morts du cimetière champêtre/restaient
saïque ancrée dans la vie quotidienne.
figés », v. 24-25 – peut-être aussi une métaphore
La poésie de Tomas Tranströmer, à la fois légère
pour les pierres tombales vues du ciel).
et sérieuse, se reconnaît à la richesse de ses méta-
phores qui recréent le quotidien. La traduction 4. La construction des phrases peut surprendre
française de Jacques Outin permet d’en rendre les élèves : « Volions bas au-dessus de l’été »
compte (on peut aborder avec les élèves les ques- (v. 12), « Activité » (v. 20), « Vole bas ! » (v. 27).
tions que soulève la traduction de la littérature). Certaines miment le trajet de l’hélicoptère,
On peut donner aux élèves le site officiel de d’autres appartiennent au dialogue entre le
Tomas Tranströmer : http://tomastranstromer. poète et le pilote.
net/. 5. Les élèves peuvent être sensibles à une forme
de comique dans ce voyage peu banal. Mais,
En piste ! assez vite, affleure la capacité du poète à voir le
L’imagination est de mise pour écouter les monde : une expérience rare (« C’est la dernière
bruits du quotidien (appareil ménager tel que fois que tu vois cela ! », v. 10) qui ne dévoile rien
lave-linge, lave-vaisselle, réveil mécanique, robot du mystère du monde (« Je ne savais où je tour-
ménager, etc.), qui d’ordinaire ne suscitent pas nais la tête », v. 28) et qui est lyrique.
de réaction particulière. On peut éventuelle- Oral  
ment (pour un travail au CDI par exemple) trou-
ver une source de bruit sur un site de bruitages 6. On s’aidera de la réflexion menée à partie de
libres de droits : http://lasonotheque.org/. la question 5.
1.  On utilisera le guide de lecture pour identi- Le coin des mots
fier ce qui se déroule dans le poème : où est le • « Orange » : xiiie siècle. Au Moyen Âge, ce fruit
poète  ? que se passe-t-il ? comprend-on facile- est l’orange amère, importée en Sicile par les
ment ? Arabes à partir de la Perse. L’orange douce, la
Dans ce texte « ouvert », l’appropriation du plus courante actuellement, est apportée de
texte par les élèves passe par une lecture qui doit Chine par les Portugais au xvie siècle.
faire des choix expressifs. Dans Lector in fabula « Escarpin » : xvie, de l’italien scarpino (de
(1985), Umberto Eco distingue les textes « fer- scarpa, « chaussure »), chaussure à la mode en
més » qui programment l’interprétation, des Italie, puis dans toute l’Europe.
textes « ouverts » dans lesquels le lecteur peut « Alcool » : xive siècle, de l’arabe alcohol,
faire jouer sa capacité d’interprétation. La coo- « poudre très fine » (voir le « khôl » pour les
pération textuelle d’Umberto Eco fait du lecteur yeux, même origine), puis « produit obtenu par
une partie essentielle du processus de significa- distillation ».
tion. Tous ces mots sont des apports d’autres pays
2. Le poète utilise son rasoir électrique devant la selon des besoins divers : commerce, science,
fenêtre ouverte. Le bruit s’amplifie jusqu’à évo- mode. C’est le même principe de nos jours.
quer, puis faire apparaître un hélicoptère : cette • Réponse libre des élèves.

séQuence 19 L’expérience poétique 235


Je fais le point 3. On peut relever :
Le poète se saisit d’éléments du réel, par exemple – des métaphores : de l’oiseau « leurs deux
le son, pour accéder à une autre réalité : issue de ailes en persiennes » (l.  2), au lieu de l’at-
l’imagination, elle peut plonger ses racines dans tendu « leurs deux persiennes comme des
le passé ou lui faire voir le monde avec des yeux ailes », des étoiles « elles étoilent les mai-
neufs : en tout cas le lecteur est invité lui aussi à sons » (l. 1) ;
percevoir différemment ce qui l’entoure ou ce – des comparaisons : avec des fleurs « épa-
qu’il éprouve. nouir comme des fleurs » (l.  4), à cause des
couleurs des rideaux, avec l’étang « comme
de l’eau dormante » (l.  7), avec le regard
« vides comme des yeux d’aveugles » (l. 19),
Lecture Quel est le monde
avec le ciel « elle semble […] un morceau
intérieur du poète
d’azur » (l. 23-24) ;
et de l’artiste ? p. 298
– des personnifications : elles « emmitou-
Le poète et l’artiste regardent le monde et y flent » (l.  3), les guipures « chantent les
voient d’autres choses que ce que nous en per- existences heureuses » (l.  10), les rideaux
cevons, sans doute parce qu’ils ont une capacité « pleurent » (l. 15).
à observer la réalité d’une part, et une sensibilité
4. Les fenêtres reflètent l’état d’âme du poète, qui
à la mettre en relation avec leur monde intérieur imagine la vie derrière les vitres (strophes 1 à 4).
d’autre part. Les élèves peuvent être sensibles à l’atmosphère
qui se dégage de certains vers (tendres, mélanco-
1. « Les fenêtres » de Marie Krysinska liques, tristes, tragiques : le « morceau de papier
audio collé » à la ligne 20 connotant tout autant la
misère que l’abandon, paisibles et joyeux…), aux
En piste ! rythmes, aux sensations musicales qui viennent
L’élève est encouragé à revenir sur les poésies de la longueur variable des vers libres. La ponc-
qu’il connaît, dans un contexte scolaire ou non, tuation joue un rôle particulier : virgules, incises
à réfléchir à son lien avec la musique puis à choi- et points de suspension rythment délicatement
sir une musique en particulier en utilisant Auda- le poème (à cet égard, on note l’absence de point
city ou ce type de logiciel. La poésie peut être d’exclamation dans la strophe 4).
un enregistrement ou une lecture personnelle créative
de l’élève. Ce travail qui part d’un texte que l’on
aime permet d’avancer plus vite sur les compé- 5. Dans un premier temps, les élèves dressent la
tences d’interprétation. liste des éléments observés. Ils peuvent aller à
la ligne quand leur regard change de direction.
1.  On utilisera le guide de lecture pour aider Ensuite, ils travaillent à enrichir le texte à la façon
au relevé des figures de comparaison qui par- de la poétesse : en usant de la métaphore et de la
courent le poème, et à repérer les reprises qui comparaison, en imaginant une histoire derrière
signent, comme des leitmotivs, la musicalité du les objets ou les situations, enfin, en utilisant
poème. le filtre d’un état d’âme, spontané ou travaillé
2. Il s’agit d’un paysage urbain (« boulevards », (mélancolie, joie, etc.), pour accentuer l’effet
« rues » [l. 1], des fenêtres au bord du toit), le voulu.
matin (« l’heure grise du matin » [l. 1], puis « le Pour aider les élèves lors de cette étape, on peut
soleil » [l.  4] qui se lève et « le ciel […] bleu » leur proposer un axe d’écriture (je suis mélanco-
[l. 22] qui se reflète). On ne peut pas identifier lique alors… je suis de bonne humeur alors…),
d’où le poète observe ce paysage (de la rue, qui oriente la perception.
posté ou en marchant, ou d’une fenêtre) mais En ce qui concerne les échos sonores, les élèves
on peut suivre son regard de fenêtre en fenêtre. sont engagés, par des lectures et relectures à voix
C’est lui qui ordonne le texte. haute, à relever que la musicalité du poème vient

236 THème 1 3e • Visions poétiques du monde


du travail sur les sonorités : des reprises (« Le d.  Cette étape permet de s’intéresser à des
long des boulevards et le long des rues » [l. 1 et aspects du texte qui n’ont pas forcément été
6], « comme » [l. 7 et 18], « blancs, rouges, ou étudiés compte tenu de l’objectif de la séance :
roses » [l. 5 et 8-9], « la pauvre fenêtre, au bord une prise en compte des images (la nuit) des
du toit » [l.  21 et 23-24]) ; des échos sonores sons et des rythmes fera apparaître une inter-
(parmi de nombreux exemples : « heureuses » prétation personnelle.
[l. 10]/« joyeux » [l. 11]/« voluptueuses » [l. 13],
« vides » [l. 19]/« vitre » [l. 7]/« livides » [l. 20],
2. Paysage avec un ciel clair de Jean Dubuffet
« radieuse » [l.  21]/« bleu » [l.  22], etc.). Cela
permet de comprendre pourquoi on parle de En piste !
vers libre. La liste engage peu, permet la rature et aide à
Pour revenir sur la séance : reconnaître affiner sa perception. Tous les élèves peuvent
comment l’imagination du poète trans- réussir cette étape qui concerne autant la des-
forme l’univers cription que l’interprétation, et pour laquelle il
➨   En téléchargement sur le site www.hachette- n’y a pas de mauvaise réponse.
education.com, le poème « Saison des 1.  On utilisera le guide de lecture de l’image
semailles » extrait de Les Chansons des rues pour relier le tableau à son titre et évoquer à
et des bois (1865) de Victor Hugo cette occasion d’autres paysages en peinture,
puis pour questionner le ressenti des élèves suer
a. Avant la lecture, faites remarquer aux élèves le choix du peintre. Des recherches iconogra-
l’octosyllabe, vers de la chanson, léger et sans phiques sur l’œuvre de Dubuffet permettront
césure. Cette lecture n’est pas commentée ; elle de montrer d’autres paysages du peintre, avec
a pour but de faire entendre le texte de Victor d’autres matériaux.
Hugo investi par chacun des élèves. Elle est suivie
2. Les élèves sont invités à rendre compte d’un
par une lecture professorale investie.
ressenti (Ce tableau me fait penser à… Je trouve
b. Cette étape peut passer par le dessin. La pre-
que…). L’absence de repères, caractéristique de
mière strophe situe la scène dans le temps et
la peinture de Jean Dubuffet, permet de multi-
indique la position du poète. Les strophes 2, 3
et 4 décrivent le vieux semeur. La cinquième ples propositions. L’essentiel est que se fasse une
strophe a une tonalité tout autre : le semeur expérience esthétique personnelle, dans la ren-
semble jeter ses graines jusqu’au ciel étoilé, les contre avec l’œuvre.
étoiles semblent autant de graines lumineuses 3.  Loin des conventions tant artistiques que
au ciel. techniques, inventant toutes sortes de tech-
À partir de l’observation d’une scène de travail niques, Jean Dubuffet a redéfini d’une façon
agricole usuelle à cette époque, le poète nous toute personnelle la notion de paysage en
entraîne dans une vision extraordinairement peinture. Pour cela, il observe aussi bien les
poétique du paysage. On peut avoir besoin d’ex- dessins d’enfants que ceux d’handicapés men-
pliquer ou de montrer comment se sème le blé à taux, il choisit des vues urbaines peu conven-
la main. La métaphore « la fuite utile des jours » tionnelles, etc. Cela l’amène à l’idée que tout
signifie que le temps qui passe n’est plus inquié- est paysage, car tout est composé selon des
tant : il est au contraire utile pour produire le blé. codes identiques. Pour aller jusqu’au bout de sa
c.  Les passages où se trouve le poète sont : démarche, il fait aussi le chemin inverse : ainsi,
« J’admire », « Je contemple », « je médite ». des éléments de la nature et du paysage (sable,
C’est bien le regard du poète qui ordonne tout terre, éponges, etc.) peuvent à leur tour former
le poème, et qui transforme ce qu’il voit en un des visages.
paysage plus poétique que réaliste. Ce n’est pas Ce tableau va donc susciter toutes sortes de
sa place qui compte (il est « assis sous un por- remarques de la part des élèves, qui peuvent
tail », « obscur témoin »), mais sa façon de voir souligner la partition terre – ciel, les matériaux
le monde. utilisés ou représentés (minéraux, végétaux),

séQuence 19 L’expérience poétique 237


reconstruire un paysage (sous-sol, sol, vue souvent des contraintes de forme : elles leur per-
aérienne, etc.), ou être plus sensibles à l’abstrac- mettent de choisir les éléments (mots, rythmes,
tion. sons, couleurs, matériaux, construction, etc.) qui
Le professeur pourra partager l’article sur l’expo- rendront compte de leur expérience le mieux
sition Jean Dubuffet, métamorphoses du paysage possible.
➨  http://www.revue-hippocampe.org/actualites/
421-metamorphoses-du-paysage-jean-dubuffet-
fondation-beyeler-basel-raphael-bouvier.html Lecture  Le poète est-il
4. La question 3 permet de libérer les élèves de un être ordinaire ? p. 300
la représentation et de les aider à trouver un Les élèves connaissent en partie la réponse : ils
titre (et donc une interprétation) qui peut être ont déjà expérimenté que le poète a un rapport
très libre : de GoogleMap poétique à Émaux de particulier avec les mots et avec le monde. Avec
la terre, en passant par Sieste des animaux, pour cette double-page, ils approfondissent le rôle
ceux qui, selon les codes de Jean Dubuffet, y ver- que joue le regard posé sur le monde, et la part
raient des corps, des objets ou des portraits. On de mystère qui préside au passage à l’écriture
peut aider les élèves à entrer dans l’univers pic- poétique.
tural du peintre en proposant de chercher des
visages dans ce paysage. 1. « Regarder » de Guillevic
5.  Le peintre recompose la réalité obser- 2. « C’était un Poète » d’Emily Dickinson
vée et n’hésite pas, avec le collage, à insérer
En piste !
des éléments naturels dans sa peinture. Jean
Dubuffet a peint un très grand nombre de Cette activité porte sur le poème de Guillevic. La
paysages (Paysage au ciel vert clair [1954], mise en commun de ce travail se fera sans com-
Paysage aux argus [1955]) selon ces principes, mentaires : il s’agit de faire entendre le texte de
inspirant des peintres tels de Jean-Michel Bas- Guillevic. Cette étape permet en outre au profes-
quiat et Keith Haring, ou influençant le street seur attentif de saisir les éléments essentiels rete-
art. nus par les élèves et d’engager le travail de lecture
analytique en tenant compte de ces indices.
  créative 1.  On utilisera le guide de lecture pour identi-
6.  Les élèves devront utiliser les réponses aux fier les étapes du poème par strophe, puis pour
questions précédentes pour rédiger leur article. suivre le regard du poète sur les choses. On sera
Il faudra prévoir de décrire de larges éléments du sensible à ce que peut successivement représen-
tableau (couleurs, matières, axes de symétries). ter le « Ce ».
On peut inventer une histoire autour du tableau 2.  Le poème est composé de six strophes iné-
(exposition, interview du peintre, d’un commis- gales. Beaucoup de phrases sont nominales.
saire d’exposition, vente aux enchères, etc.) pour Le rythme est très lent, la ponctuation forte.
donner du caractère à l’article. L’ensemble montre que le titre, « Regarder »,
donne le rythme, en fonction du mouvement
Je fais le point
du regard.
Le poète et l’artiste portent sur le monde un 3. Le poète se met au même endroit depuis des
regard très personnel. Comment peuvent-ils années (strophe 2) pendant un long moment
nous faire comprendre ce qu’ils ressentent ? En (strophe 5) le soir (strophes 3 et 6) ; pourtant il
nous donnant à voir le monde d’une façon diffé- ne sait jamais ce qui va en résulter (« Je ne sais
rente, le poète et le peintre nous proposent de les pas/Ce que ce sera » [l. 2-3], « je ne sais pas/Ce
suivre. Il faut accepter d’entrer dans leur vision que mon regard, ce soir,/Va choisir » [l. 11 à 13],
du monde. Lorsque cela est « facile », cela veut « J’espère que ce soir/ Il va trouver de quoi »
dire que nous sommes proches de leur façon de [l. 31-32]) : on note particulièrement l’emploi de
voir et de ressentir. Peintres et poètes acceptent « ce » et « quoi » qui laissent le mystère entier

238   Thème 1  3e • Visions poétiques du monde


devant ce paysage quotidien. Ensuite, le regard les retenir. Une phase de préparation passe par
du poète est en quelque sorte indépendant du l’enregistrement qui permet de travailler l’oral
poète lui-même (strophes 3, 5 et 6) et le travail en production et en réception par l’élève seul ou
du poète n’est pas fini quand le regard a choisi avec ses pairs. La restitution pourra se faire en
(l. 12 à 14) : il faudra encore être capable d’ac- classe ou par un enregistrement.
cepter ce qui a été vu (strophe 6). Pourquoi ?
Parce que le poète est capable alors de retenir Le coin des mots
quelque chose de la journée, de garder trace de Ce coin des mots a pour objectif de faire com-
l’éphémère : « Un toit, du ciel » (l. 34), « Pour la prendre aux élèves que les contraintes de la
gloire/De la journée » (l. 40-41). langue écrite sont pour partie le résultat de
4.  Dans tous ses poèmes, Emily Dickinson fait conventions nées de l’histoire des techniques.
un usage très personnel des règles typogra- En ce qui concerne la ponctuation, l’espagnol a
phiques : les propositions des élèves sont toutes choisi de signaler les deux bornes de la question,
à étudier. On peut trouver que les tirets, en se l’allemand de mettre une majuscule aux noms
substituant à toute autre ponctuation, obligent communs. On peut élargir la réflexion en com-
à s’arrêter dans la lecture pour donner tout son parant sur un ordinateur les différents claviers.
poids aux mots ; ils accompagnent peut-être
aussi l’écriture, comme des traits de plume, Je fais le point
au fur et à mesure que viennent les mots. Les Le poète perçoit la réalité d’une façon singulière.
majuscules, très fréquentes, signalent l’impor- Il ressent aussi la nécessité d’en rendre compte,
tance donnée aux mots mais sans que leur mys- même si ce n’est pas facile : cela permet au lec-
tère ne soit éclairci : « Signes Ordinaires » (v. 4), teur de percevoir, lui aussi, la singularité de l’ex-
« Contraste » (v. 12), « Partie » (v. 14). périence poétique et de la partager.
Questions croisées
5. Le monde extérieur est à observer et à déchif-
C’est vous les poètes ! p. 302
frer (« Avant de regarder/Par la fenêtre ouverte,/
Je ne sais pas/Ce que ce sera » (l. 1 à 4), « C’était Les poèmes choisis permettent de travailler à
un Poète –/Cet Être/Qui extrait un sens surpre- l’abri de textes préexistants (une liste, un texte
nant/De Signes Ordinaires » (v. 1 à 4), « D’Images, « déjà là ») ; deux contraintes formelles, celle du
Révélateur » (v. 10). Le poète a ce pouvoir hors poème en prose et celle du mètre.
du commun (Emily Dickinson : strophe 2 et 3 ;
Atelier 1. Écrire un poème en prose
Guillevic strophe 5).
6.  Les deux poètes soulignent l’importance 1. L’effet produit peut être écrit sur le brouillon,
du temps (de la durée) : il faut « beaucoup de pour faciliter le passage à l’écriture (banalité/
temps/Tout le temps qu’il faut » (l.  27-28) à désespoir final ; agitation de la journée/insom-
Guillevic, les tirets montrent que le poète écrit nie de la nuit).
en faisant des pauses importantes (Emily Dickin- 2.  Le poème se caractérise par : une structure
son), et surtout, le poète anéantit le temps par anaphorique, l’infinitif, des phrases longues ryth-
son poème qui saisit la réalité (« Le garder long- mées de points virgules et de virgules, la répéti-
temps/Pour la gloire/De la journée » [l. 39 à 41] ; tion de « parce que » ; et finalement, la dernière
« Trésor –/Au Temps – étranger » [v. 16-17]). La phrase, avec sa gradation : le poème est simple-
singularité des poètes est de pouvoir, par l’écri- ment mais savamment ordonné.
ture, garder trace du monde éphémère. La dernière phrase commence, comme les
autres, par l’évocation d’un moment de la jour-
Oral   née (« N’avoir pas dormi », l.  9-10), mais elle
7. Seul ou en groupe, les élèves travaillent à faire seule finit en faisant allusion au tourment du
des choix expressifs et à annoter le texte avec des poète, exprimé par une gradation : « un remord
signes explicites (flèches, ponctuation, etc.) pour […] des remords et du désespoir » (l. 10).

séQuence 19 L’expérience poétique 239


3. L’élève commence par faire une liste chrono- – écrire le long des lignes ce que l’objet inspire :
logique de tout ce qui lui est arrivé la veille pour travailler au crayon et à la gomme ;
déterminer le thème de chaque paragraphe et le – choisir une graphie esthétique et lisible (en
rédiger. On lui fera remarquer la teneur affective s’inspirant par exemple des modèles Word) et
de la dernière phrase du texte de Max Jacob et une technique : feutre, encre ;
on l’encouragera à l’imiter. – exposer les calligrammes ou réaliser un recueil
4.  Avec l’aide éventuelle d’un dictionnaire, numérique en les scannant.
l’élève est encouragé à travailler le lexique. En
relisant son texte à voix haute, il peut affiner les Oral À vous d’inventer ! p. 303
choix de sonorité. Ce travail sur les effets peut
Il ne s’agit pas d’écrire « à la manière de », mais
être fait à deux.
« avec » : l’inspiration naît de l’univers sollicité
5. Cette étape doit être expérimentée, quitte à par le poème ou la proposition poétique.
ne rien donner.
Atelier 1. Improviser avec Valérie Rouzeau
6. L’étape dite de « révision » peut être faite seul
ou avec le professeur. 1. et 2. Il s’agit d’improviser avec Valérie Rouzeau,
et non pas d’écrire à la manière de l’auteur : le
Atelier 2. Écrire un poème de bandit travail d’improvisation doit permettre de par-
La définition permet de travailler, à l’abri ler assez longtemps, en cherchant ses mots, en
de textes déjà produits, diverses notions de se reprenant. Le passage à l’écrit se fait dans un
métrique. Ce n’est cependant pas ce à quoi second temps.
avaient pensé les membres de l’OuLiPo et il faut Atelier 2. Improviser avec un texte
bien garder à l’esprit le jeu expérimental avec la à démarreur
langue. C’est pourquoi le « il ne faut pas abu- 1. 2. et 3. Cette activité peut être faite en se pas-
ser » peut être commenté de diverses manières, sant très rapidement la parole dans le groupe,
et il faudra toujours que l’exercice soit plaisant. pour garder les qualités de l’improvisation. Le
1. Cette partie du travail est très libre et subjec- premier passage peut être laborieux. Les élèves
tive. Elle peut être faite à la maison. doivent savoir que l’on joue sur l’imagination et
2.  On peut aussi choisir de donner un même que les situations les plus simples et prosaïques
texte et une consigne différente à chacun. peuvent devenir poétiques. On peut inventer,
mais on ne cherche pas la prouesse. Ainsi mené,
3. L’élève cherche dans le texte les moyens de res- l’exercice fait progresser tous les élèves. Le pro-
pecter la consigne. La consigne prend le pas sur fesseur intervient le moins possible pour corriger
d’autres contraintes métriques (par exemple, un la langue. Il a tout intérêt à pratiquer l’exercice
plan des rimes ne tient pas compte d’un nombre avec ses élèves.
de syllabes, et inversement).
4. La restitution peut se faire à l’oral et être com- Langue La grammaire pour lire,
mentée par la classe. On veillera à faire ressortir
écrire et parler p. 304
le choix de la consigne lors de la lecture. Cette
étape ludique permet de travailler sur les effets Les substituts nominaux
poétiques. et pronominaux
J’observe
Écrire un calligramme 1. a. Je – orphelin, – m’ – M’ – m’ – J’ – moi – je
Les élèves poursuivent leur travail sur une – je – Gaspard
contrainte formelle : b.  Le pronom ne permet pas de savoir qui
– choisir un objet familier auquel on est attaché parle ; il faut attendre le dernier vers pour avoir
ou un sujet que l’on trouve intéressant (ani- le nom qui, habituellement, sert à la reprise
mal, paysage, outil numérique, etc.) ; pronominale. Cela rend le personnage mysté-
– dessiner ou décalquer en format d’environ A5 ; rieux et triste, car on ne le connaît que par sa

240 THème 1 3e • Visions poétiques du monde


caractérisation : « calme orphelin », et accentue c.  On se croirait/se serait cru dans un autre
son anonymat à chaque strophe, tout à tour monde (rêve ou imaginaire ludique).
consacrée aux hommes, aux femmes et à la d. Si jamais tu le pouvais, le ferais-tu pour moi ?
mort. La légende de Gaspard Hauser, adolescent (potentiel).
que l’on a longtemps caché à cause d’une illustre e. Il serait tombé sur un site archéologique tota-
et mystérieuse parenté, est bien illustrée ainsi. lement inconnu (distance).
c. – pronom personnel sujet, première personne, 5. a. « Il serait » : potentiel.
forme conjointe : « je », « j’ » ; b. « je l’aurais fait » : irréel du passé.
–  pronom personnel, première personne, forme c. « j’aimerais » : irréel du présent.
disjointe : « moi » ; d. « je partirais » : irréel du présent.
–  pronom personnel complément, première e. « je le ferais » : irréel du présent.
personne, forme conjointe : « me », « m’ » ; f. « elle aurait égayé » : irréel du passé.
– substantif, nom commun, masculin singulier, 6. a. « nous aurions pu » : irréel.
apposition : « orphelin » ; b. « il devrait » : prise de distance.
– substantif, nom propre, masculin singulier : c. « il partirait » : politesse.
« Gaspard ». d. « je viendrais » : irréel.
Je m’entraîne e. « tout y parlerait » : rêve ou imaginaire ludique.
2. a. a. • Thomas – un vrai sportif – Ce gourmand f. « Trahirait-il » : potentiel.
– lui g. « Nous aurions dû » : futur dans un récit au
•  [des tonnes de céréales, sucrées, soufflées, de passé.
vraies confiseries en fait] ! – [les] h. « je réaliserais » : potentiel.
• ses amis. – Ceux-ci. Les figures de style
b. • Claire – [elle]
• macarons – les. J’observe
c. ses macarons – ceux-ci. 7. b. a.  L’expression « les voiles s’éloignaient »
d. La pâtissière – elle-même – elle. désigne les bateaux. Le poète utilise donc, pour
e. Le bateau est arrivé – la nouvelle. désigner un tout, un élément constitutif de ce
f. Le voisin ne trie pas ses déchets. Cette habi- tout : c’est une métonymie.
tude. b. Avec la mise en relation par « comme » des
g. Qu’on ne trie pas ses déchets, c’. « nerfs » avec les « cordes de lyre », le poète
h. Emmanuel – il – lui. crée une comparaison.
i. L’aînée de la famille, une grande voyageuse – c. L’association du terme « étincelles » et « rire »
elle. crée une métaphore.
b.  Ils permettent d’éviter la répétition et d’ap- d.  Le « crépuscule » est désigné par le poète
porter des informations. comme une personne, « ami » : c’est une per-
Le conditionnel sonnification.
J’observe e.  Dans cet extrait de Jean-Jacques Rousseau, il
3. a. a.  « nous aurions ». b.  « Pourriez-vous ». y a une répétition en fin de chaque section de
c.  « il serait ». d.  « nous pourrions ». e.  « je la phrase, ce qui crée une insistance sur l’état de
serais ». f. « tu serais ». g. « nous trouverions ». bonheur du narrateur – personnage. Cette figure
b. a.  Futur dans un récit au passé. b.  Politesse. de style proche de l’anaphore est une épiphore.
c. Potentiel. d. Irréel. e. Potentiel. f. Rêve ou ima- Je m’entraîne
gination ludique. g. Distance. 8. – Les expressions « Le bois s’argente » et « le
Je m’entraîne fleuve somnole » attribuent à des éléments ina-
4. a.  Les enfants auraient réussi s’ils avaient nimés un caractère presqu’humain, ce qui crée
regardé l’itinéraire correctement (futur dans un une personnification.
récit au passé). –  Dès le premier vers, par l’association du pro-
b. Il regarda sa montre et indiqua qu’il partirait nom personnel « moi » et « bateau perdu »,
bientôt (potentiel). le poète crée une métaphore.

Séquence 19  L’expérience poétique  241


– Dans cet extrait d’Isidore Ducasse, l’« ombre – « lentement  » : lent, lenteur, ralentir, au
des arbres » s’anime : c’est une personnifica- ralenti, ralentissement.
tion. Les mots du rêve et du cauchemar
–  La répétition en début de chaque vers de l’ad-
verbe « Assez » crée une insistance : c’est une 10. Parmi ces synonymes de « rêver », certains
verbes désignent plus précisément une activité
anaphore.
qui met en marge de la vie réelle : être distrait,
–  L’association de « jeune » et de « vieillard »
être dans la lune, être dans les nuages, rêvasser,
crée une antithèse. Cette figure de style est
planer, divaguer.
appelée oxymore.
D’autres montrent une activité créatrice : imagi-
9. a. Accord sujet – verbe, accord nom – adjectif. ner, inventer, songer, méditer.
b.  Je sens mon cœur battre/Elle veut savoir Enfin les verbes désirer, souhaiter montrent le
peut-être/Si je suis [là] à l’attendre. rêve en prise avec le futur.
c. Cindy a beaucoup couru, elle sent son cœur qui
11. Parmi les synonymes de « rêver » de l’exer-
palpite et saute dans sa poitrine.
cice précédent, l’élève peut privilégier une des
Palpiter : du latin palpitare, « s’agiter, être agité ; fonctions du rêve. On encouragera les expan-
battre (en parlant du cœur) », dérivé de palpare, sions du nom pour décrire le lieu qu’est le
« toucher » (voir « palper »). « rêvoir » et l’activité qui s’y déroule.
d.  •  je guette – tu guettes – il guette – nous
guettons – vous guettez – ils guettent. 12. Le mot « cauchemar » vient de l’ancien fran-
•  je me soulève – tu te soulèves – il se soulève çais « cauquemare », sorte de sorcière nocturne,
– nous nous soulevons – vous vous soulevez lui-même issu du néerlandais mare qui signifie
– ils se soulèvent. « fantôme qui provoque le cauchemar ».
e. « Lourd » (au sens médiéval de « sot ») + suf- 13.  anglais : nightmare, allemand : alptraum
fixe péjoratif –aud, comme « rougeaud » (de (alp : lutin malfaisant), espagnol : pesadilla, ita-
rouge), « noiraud » (de noir), « penaud » (de lien : incubo (spectre qui se met dans le lit), turc :
peine), « faraud » (de fier), etc. karabasan, polonais : koszmar, etc.
« Il avait une façon à lui […] de rejeter son cha- Tous ces termes désignent un être malfaisant et
peau en arrière, de marcher les mains dans les nocturne.
poches, faraud, les épaules balancées » (Émile 14. –  rêve pénible : spectre, hallucination, mau-
Moselly, Terres lorraines, 1907). vais rêve ;
f. – « voisine » : voisinage, avoisiner (être dans –  idée, personne ou chose obsédante : obses-
le voisinage, ressembler à), circonvoisin (situé sion, peur, tourment, hantise, bête noire, idée
autour) ; fixe.

242   Thème 1  3e • Visions poétiques du monde


thème 1 regarder le monde, inventer des mondes
3e – Visions poétiques du monde

Séquence

20 Le poète, faiseur de mondes

Fil directeur de la séquence


Cette seconde séquence de 3e sur la poésie tend à ouvrir plus encore la réflexion sur le poète et son
utilisation du langage. Le poète travaille le langage, le transforme tel un artisan, pour créer un univers
qui lui est propre et donc parfois difficile d’accès. Il ne s’agira pas de tout décrypter, au risque de se
heurter à une incompréhension des élèves et à un rejet mais plutôt de leur montrer toute la diversité
des variations poétiques.

Compétences travaillées dans la séquence


Langage oral Écriture
En atelier, p. 317 Dans les pages de lecture…
■ S’exprimer de façon maîtrisée en s’adressant à un ■ Exploiter les principales fonctions de l’écrit
auditoire X Comprendre le rôle des fiches pour un exposé oral
y Pratiquer le compte rendu sur des paysages peints, p. 317
y Exprimer ses sentiments ■ Passer du recours intuitif à l’argumentation à un
■ Percevoir et exploiter les ressources expressives et usage plus maîtrisé :
créatives de la parole X Démontrer et illustrer l’idée de Rimbaud que
X Présenter une peinture de paysage à l’oral l’artiste « écrit des silences. », p. 310
X Lire de façon expressive des poèmes ■ Adopter des stratégies et des procédures
d’écriture efficaces
X Écrire un haïku, p. 315
En atelier, p. 316
■ Pratiquer l’écriture d’invention, connaître les
caractéristiques des genres littéraires et exploiter
des lectures pour enrichir son texte
X Écrire un poème
■ Adopter des stratégies et des procédures
d’écriture efficaces
X Observation et respect des règles propres à
l’acrostiche

Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue


■ Lire des textes variés avec des objectifs divers : Dans la double-page langue…, p. 318-319
y Recourir à des stratégies de lectures diverses ■ Connaître les aspects fondamentaux du
(adapter sa lecture à l’objectif poursuivi, adapter sa fonctionnement syntaxique
lecture aux supports, reformuler) y Identification des groupes syntaxiques
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’observe », X Attributs du sujet et du COD
« Je comprends » ■ Maîtriser la forme des mots en lien avec la syntaxe
y Formuler des impressions de lecture, percevoir un y Connaître le fonctionnement de la chaîne
effet esthétique d’accord
X Carte mentale « Lire un texte » : « Je lis », X Accord du participe passé avec avoir.
« J’écoute », « Je réagis » ■ Maîtriser le fonctionnement du verbe et son
y Reconnaître les implicites et faire les inférences et orthographe
hypothèses de lecture nécessaires y Maîtrise de la morphologie verbale
X Conjugaison du conditionnel présent

séQuence 20 Le poète, faiseur de mondes 243


Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue
XXCarte mentale « Lire un texte » : « J’interprète » ■■ Construire les notions permettant l’analyse et la
■■ Lire
et comprendre des images fixes ou mobiles production des textes et des discours
XXCarte mentale « Lire une image » yyCaractéristiques de la langue poétique :
versification
Enjeux culturels ■■ Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe des
■■ Liredes œuvres littéraires et fréquenter des œuvres
mots
d’art
XXMise en réseau des mots des sens
XXConforter ses connaissances sur le genre poétique
Dans les coins des mots
XXConstruire la notion de mouvement littéraire du
yyLes emprunts, p. 308
romantisme
yyLes oxymores, p. 310
■■ Élaborer une interprétation de textes littéraires
yyLes degrés d’intensité, p. 314
XXMise en voix de poèmes
XXQuelques procédés stylistiques
XXNotion d’analyse littéraire
XXÉléments d’histoire littéraire

Enjeux de formation personnelle


XXComprendre que la poésie joue de toutes les
ressources de la langue pour célébrer notre présence
au monde, et pour en interroger le sens

Lecture  Quelle vision de l’Orient 2. Le poème s’ouvre sur une structure en irréel
les poètes du xixe siècle du présent : « Si… je… ». On remarquera ici que
donnent-ils ?  p. 308 la structure négative « si je N’étais captive »
La thématique de l’Orient n’est pas nouvelle inscrit pleinement le poème dans le cadre de
dans la littérature mais au xixe siècle elle s’am- la captivité de l’énonciatrice. Un monde va être
plifie dans les arts : l’orientalisme est une façon décrit à partir de ces deux vers.
de partir mais surtout de donner une vision 3. Les vers sont hexasyllabiques ce qui crée un
d’un autre monde, rêvé, fantasmé pour certains, effet de calme et de rythme à la fois. L’ensemble
un ailleurs où les possibles sont réalisables. Les est donc comme une vague constante, qui
deux textes proposés donnent donc une vision reproduit une forme de vie fantasmée.
sensuelle de l’Orient qui pourra être complétée, 4. Tous les sens semblent convoqués :
selon les élèves, par l’étude d’autres tableaux –  la vue : avec le champ lexical et les touches de
comme les odalisques. La femme est au cœur couleurs permanentes facilement repérables
des réflexions comme symbole de la sensualité par les élèves ;
et d’un nouveau monde. – l’odorat moins perceptible mais présent à
travers les termes et expressions suivantes :
1. « La captive » de Victor Hugo « fleurs » (v. 22), « frais » (v. 24), « doux par-
fums brûlants » (v. 42) ;
En piste !
– le toucher tel une caresse avec le terme
L’Orient au xixe siècle correspond au territoire « souffle » (v. 11) ;
l’Empire Ottoman (l’actuelle Turquie, l’Égypte, –  l’ouïe très présente dans les deux dernières
le Liban ou encore la Syrie, etc. mais également strophes proposées.
la Grèce et ses vestiges antiques.) On pourrait constater que le goût est absent
Le site de la BNF propose des pistes de réflexion mais il est présent dans d’autres strophes non
intéressantes sur l’Orient : http://classes.bnf.fr/ proposées ici.
rendezvous/pdf/Orient1.pdf Cette question nous amène à guider les élèves
1. On utilise le guide de lecture « Lire le texte » vers une vision sensuelle de l’Orient, espace
avec les élèves. d’éveil des sens.

244   Thème 1  3e • Visions poétiques du monde


5. Cette question très proche de la précédente lecteur dans le monde merveilleux des sens de
se centre sur la vue : les couleurs sont éclatantes, l’Orient. La diérèse met en évidence ces mots qui
brillantes et donc propices à donner une lumière propulsent le poème dans un autre univers.
toute particulière que tant d’artistes peintres 4.  Plusieurs expressions désignent l’ailleurs :
ont tenté de reproduire ou de créer. « aller là-bas » (v. 3), « au pays qui te res-
L’architecture fait référence à un autre monde semble » (v. 6), « soleils mouillés » (v. 7),
presque féérique ou plutôt merveilleux : « ciels brouillés » (v. 8), « la splendeur orien-
« palais de fées » (v. 33), « génies » (v. 37). Les tale » (v. 23), « bout du monde » (v. 34). Si
minarets deviennent lieu d’habitation de la ces expressions soulignent un voyage vers un
nature. ailleurs désigné comme l’Orient, c’est surtout
créative un voyage des sens que propose le poète, un
6.  Dans cet exercice d’écriture créative, on voyage imaginaire relevé par le conditionnel. Le
pourra amener les élèves à rédiger une strophe poète souhaite entraîner la femme vers un lieu
sur le goût mêlant des épices, des couleurs et des magique, certainement celui de l’amour et de
saveurs nouvelles. L’objectif est de les amener à la sensualité : un orient charnel.
utiliser les mots pour créer une atmosphère de 5. « La splendeur orientale », tout comme dans
l’ailleurs tout en tenant compte de la situation le poème de Hugo est retranscrite par l’appel
de départ : une captive. aux sens : les couleurs, les odeurs voire l’ouïe
Le coin des mots comme aux vers 24-26 : « Tout y parlerait […] sa
douce langue natale ».
Ces termes ancrent, par leur spécificité, le L’analyse pourra également se porter sur les
monde décrit dans l’Orient, ailleurs lointain et rimes masculine et féminine en alternance et les
rêvé au xixe siècle. sonorités douces qui appellent à la sensualité du
voyage.
2. « L’invitation au voyage » de Charles On pourra remarquer également que le poème
Baudelaire se décompose en trois mouvements : un pay-
En piste ! sage associé à la femme, l’intériorité et l’exté-
rieur et que tout tend vers une harmonie où
Ici, l’Orient n’est pas marqué comme dans les les contraires se fondent pour créer une sorte
textes et illustration précédents par l’architec- d’idéal de bonheur.
ture mais plutôt par le pittoresque : le costume
de la femme assise face à un fleuve, le Nil sur Oral  
lequel navigue une chaloupe. La nature, sable 6. On recherchera ici à amener les élèves à une
et palmier, pose l’action en Orient. On pourra lecture expressive marquant la douceur dans un
remarquer de nouveau les couleurs très lumi- rythme régulier sans pour autant oublier l’éner-
neuses. gie pour exprimer la sensualité. On pourra pro-
1. On utilise le guide de lecture « Lire un texte » poser l’écoute et l’interprétation de Léo Ferré.
avec les élèves.
Je fais le point
2.  Ce poème repose sur une alternance de
rythme (deux vers à 5 mètres puis un vers à 7). Il L’Orient est un monde autre, aux codes différents,
y a ici une régularité associée à des vers impairs dont la vision est déformée par le regard des Euro-
qui entraînent dans un autre monde poétique. péens du xixe siècle. C’est surtout le lieu de la sen-
C’est en quelque sorte une caresse répétée, une sualité, des sens : la vision « magique » de l’Orient
promesse de voyage sensuel que le poète trans- est amenée par cette énergie des couleurs, des
pose en mètre. odeurs mais également par le dépaysement com-
3. Les vers 10, 23 et 38 impliquent une lecture en plet qu’offre l’architecture de ce monde.
diérèse des termes « mystérieux », « orientale » Si l’Orient fascine tant les artistes de cette
et « hyacinthe » : ces trois mots entraînent le période c’est qu’il ne correspond absolument

séQuence 20 Le poète, faiseur de mondes 245


pas à ce qui est connu en Europe au xixe siècle : paragraphe propose sa volonté d’exprimer
au final, c’est un espace de liberté. l’inexprimable « j’écrivais des silences » (l. 15).
La poésie abandonne alors une logique parta-
gée par tous pour entrer dans un imaginaire
Lecture Comment le poète construit- « proche » d’une hallucination.
il son propre monde ? p. 310 4. Ce poème est un poème en prose. On pourra
La double-page propose ici deux textes diffi- alors montrer aux élèves que la poésie n’est pas
ciles d’accès (surtout celui de Desnos) mais qui seulement un jeu de vers et de rimes mais bien
mettent en avant l’utilisation du langage pour un travail avec et sur le langage.
créer un ailleurs différent de la réalité. C’est donc
dans cet objectif qu’on abordera les textes : argumentative
comment le langage est-il utilisé par les poètes 5.  « Écrire des silences » peut être assez faci-
pour créer un autre monde ? lement identifié grâce aux connaissances des
élèves en narratologie : une scène, une ellipse
narrative, un discours narrativisé peut noter le
1. « Alchimie du verbe » d’Arthur Rimbaud silence ou passer des éléments sous silence. Au
En piste ! audio cinéma ou en peinture, le jeu peut se porter sur
Avec le terme « alchimie », c’est la transforma- les regards, les bouches, les tensions des corps.
tion, la transmutation qui est proposée : le poète Pour la musique, il existe des silences mais on
utilise la poésie pour fait œuvre d’alchimie en peut aussi considérer une partie répétitive, un
transformant le langage « bas » en langage souffle d’un chanteur d’opéra qui amènera cette
« noble » tout comme le ferait un alchimiste écriture du silence.
avec le plomb.
1. On utilise le guide de lecture « Lire le texte » 2. « Idéal maîtresse » de Robert Desnos
avec les élèves. En piste !
2.  Dès le début du poème, le poète parle de
Il s’agit ici de montrer que les surréalistes vont
lui, même s’il ne s’agit pas exactement d’une
travailler sur un langage dont le sens n’est pas
autobiographie. Les trois premières strophes
toujours perceptible. L’intérêt de cette réflexion
sont à l’imparfait ce qui place d’office dans
est d’amener les élèves à ne pas se bloquer à la
le passé cette « histoire » (l.  1) que le poète
lecture du texte de Desnos.
nous présente : un rejet de la création de son
temps trop proche d’une forme de tradition 1. Ce texte est difficile : ne cherchons pas à l’ana-
artistique « trouvais dérisoires les célébrités lyser complètement avec des élèves, ce serait
de la peinture et de la poésie moderne » (l. 3). très difficile et trop déstabilisant ; il s’agit ici de
Il note avec précision ses goûts qu’il caractérise savourer les mots et de découvrir ce que le poète
avec ironie « peintures idiotes » (l.  4), « lit- fait des mots.
térature démodée » (l.  5), « opéras vieux » 2.  Dans un premier temps, la déstabilisation
(l.  7), « refrains niais » (l.  7)… C’est donc un vient du non-sens qui se dégage de l’ensemble
jugement critique rétrospectif que propose du poème, et ce, dès le premier paragraphe :
le poète. Il indique ses rêves, son souhait de « brosser les dents » d’un caméléon. Il s’agit
dépaysement. ensuite de montrer que certaines phrases ne
3.  C’est l’invention qui domine la création sont pas construites « correctement » comme
poétique : « J’inventai » (l.  11), « inventer un pourraient dire les élèves ; il manque des verbes :
verbe » (l.  13). Tout comme un alchimiste, « Il serrure » (l.  6), ou certains mots n’ont pas
le poète donne une noblesse au matériau de le sens qu’on leur donne habituellement « Je
base : les lettres. Cette création tend à don- mauve » (l. 4). Cette question nous amène donc
ner une nouvelle coloration aux mots, une à observer avec plus d’attention l’utilisation que
nouvelle portée, un nouvel élan. Le dernier le poète fait des mots.

246 THème 1 3e • Visions poétiques du monde


3.  Le terme « bibliothèque » (l.  8) est utilisé et des couleurs. Les artistes Flor Lurienne et
comme un verbe, tout comme « serrure » (l. 6), Léonore Chaix ont créé une émission radiopho-
« pitchin » (l. 6) ou encore « moulins » (l. 15), nique et des spectacles intitulés « Déshabillez
« carré » (l. 14), « se sardine » (l. 10). On peut mots » dans lesquels elles mettent en scène les
également remarquer que la conjugaison n’est interviews de mots devenus personnages : vous
pas véritablement présente puisque « mou- allez à votre tour rédigez l’interview d’un mot
lins » a comme sujet un pluriel « ils » mais « se que vous choisirez.
sardine » ne porte aucune marque de pluriel. La Démarche
grammaire n’est donc même pas une entrée 1. Écoutez une émission de « Déshabillez-mots »
possible. pour vous familiariser avec cet exercice.
4. Les mots sont donc déshabillés de leur sens, 2. Choisissez un mot et recherchez sa définition
de leur nature, voire de leur structure : ils dans un dictionnaire.
deviennent un matériau et codent une nou- 3. Faites de votre mot un personnage avec ses
velle langue que seul le poète maîtrise. qualités et ses défauts en lien avec sa défini-
tion.
5. Le « caméléon » put être interprété comme
4. Imaginez quels pourraient être ses vêtements,
le langage : le langage devient un caméléon,
sa voix, sa tenue, son langage…
changeant de mode de camouflage en fonction
5. Après avoir défini le caractère de votre mot,
du lieu qu’il fréquente.
rédigez son interview par un journaliste.
Oral   Cet exercice est un excellent travail de réflexion
6.  L’ensemble des questions ayant permis de sur les mots tant par la recherche de sa défini-
considérer le langage comme le matériau de jeu tion que par la création du personnage.
du poète, l’exercice vise à détacher les élèves du Par exemple, on pourra aider les élèves en leur
sens premier, à les amener à travailler la lecture proposant le mot « timide » : il n’osera peut-
expressive selon ce qu’ils souhaitent faire dire au être pas parler avec le journaliste ou rougira.
texte : un conte, une narration d’une matinée On peut aller plus loin en insérant également
quotidienne, une plaisanterie dont personne ne la catégorie grammaticale : « timide » ne peut
comprend le sens… Il pourrait être intéressant être qu’adjectif car il ne fait rien tout seul…
de demander des enregistrements personnels
aux élèves puis de proposer une écoute compa-
rative pour déceler l’objectif de chaque interpré- Lecture Des mondes impénétrables
tation et ainsi montrer aux élèves l’importance en poésie ? p. 312
d’une lecture expressive.
Les textes présentés ici sont surprenants, dés-
Cet exercice a été conçu pour que les élèves
tabilisants car ils entraînent les élèves dans un
aient du plaisir à jouer avec les mots.
monde poétique qu’ils peuvent considérer
Je fais le point comme non-poétique : il s’agira donc de les
amener à découvrir la poésie dans un sens caché.
Les univers poétiques créés sont tous difficile-
ment accessibles à la première lecture. Le « je »
du poète présente ici des expériences, des expé- 1. Mes propriétés d’Henri Michaux
rimentations sur le langage qui devient le maté- En piste !
riau du poète comme de la glaise. Le poète forme Le tableau proposé est abstrait tout comme
donc son univers poétique en construisant son les poèmes qui seront étudiés par la suite. Le
propre monde grâce au langage. titre Petits mondes I souligne qu’il ne s’agit pas
Rédiger l’interview d’un mot de représenter mais de sentir les mondes avant
Arthur Rimbaud crée un univers avec les mots tout comme les textes proposés.
et les utilise comme un matériau de création 1. On utilise le guide de lecture « Lire un texte »
artistique en leur donnant une intensité propre avec les élèves. On s’intéresse dans un premier

séQuence 20 Le poète, faiseur de mondes 247


temps à la compréhension globale : le person- 2. « L’huître » de Francis Ponge audio

nage qui est le poète, l’action intérieure. On 3. Huîtres d’Édouard Manet


amènera les élèves à résumer le poème pour en
1.  On utilise le guide de lecture « Lire un
définir les enjeux.
texte » avec les élèves. On conduira les élèves
2.  Les « propriétés » sont pour le poète son à identifier dans un premier temps le texte
territoire intérieur, son « espace du dedans » : comme un discours scientifique avant de
pour Henri Michaux, nous devenons un terri- les amener à le considérer comme poétique.
toire à explorer avec ses habitants et son paysage Les sections « Je comprends » et « Je lis »
à construire. Le poète qui craint l’extérieur, hos- semblent appropriées pour commencer l’ana-
tile selon lui, crée un univers « du dedans » qui lyse du poème.
lui est propre.
2.  Le sujet du poème est une huître : un mol-
3. Ce monde corporel et psychique est décrit à tra- lusque, ce qui n’est pas un sujet usuel en poésie.
vers des éléments naturels que les élèves peuvent Nous sommes donc loin des topoi littéraires.
connaître : « une balle » (l. 6), un « marais » (l. 8), 3. Le poème tout comme le tableau est réaliste
« du sable » (l. 9)… Le corps du poète est fait de et non pas abstrait comme le tableau de Kan-
« boue » et de « sable » (l. 9)… Mais c’est avant dinsky et le texte d’Henri Michaux. Le poème
tout son intérieur qui le fascine et qu’il construit serait-il « naturaliste » ? On pourra rappeler aux
en y intégrant tout ce qui lui plaît comme « une élèves les travaux menés en 4e sur certains textes
aigrette » (l. 24). On ne découvre pas un monde de Zola.
achevé mais un monde en construction sur lequel
personne n’a de prise véritable. 4. Le poème peut se décomposer en trois mou-
vements :
4.  La difficulté de compréhension réside dans – La description de l’extérieur de l’huître (pre-
l’impossible distinction entre l’extérieur et l’in- mier paragraphe). Ce mollusque qualifié
térieur du poète. Il est en lui-même tout un de « galet », avec une « apparence plus
monde qu’il s’agit d’observer, d’explorer pro- rugueuse » est un « monde… clos » : vu de
gressivement et d’agrémenter au fur et à mesure l’extérieur, c’est a priori un être peu inté-
des envies. ressant, sans intérêt, peu agréable, « blan-
Pour les élèves comme pour les lecteurs en géné- châtre » et dont l’ouverture est très difficile :
ral, Henri Michaux est déstabilisant dans le sens « Les doigts curieux s’y coupent, s’y cassent ».
où il n’a pas toujours le pouvoir sur lui-même et On remarquera ici la violence dont on doit
nous entraîne avec lui dans ce territoire mou- faire preuve pour l’ouvrir en la mettant en
vant qu’est son intérieur. relation avec l’allitération en /k/.
5. Le langage ici devient un vecteur pour décrire – L’intérieur (deuxième paragraphe) est qua-
la complexité de l’humain. lifié de « tout un monde » et, de ce fait, est
« J’écris pour me parcourir, peindre composer, difficilement descriptible, d’où les juxtapo-
écrire : me parcourir. Là est l’aventure d’être sitions d’éléments peu agréables également.
en vie. » affirme Henri Michaux dans Passages Des termes « nobles » côtoient ici des termes
(1950). qui le sont moins : « firmament » / « sachet
visqueux ».
Oral   – Une perle (troisième paragraphe), qui n’est
6. On pourra amener les élèves à définir l’insa- pas toujours présente dans l’huître, est qua-
tisfaction du poète et sa douleur. Il y a quelque lifiée par le poète de « très rare ». Ce para-
chose de scientifique dans la manière de présen- graphe présente la beauté.
ter cet univers fait de différents événements que Ces trois étapes peuvent être qualifiées par les
le poète observe. Le poète serait-il fou ? malade ? adjectifs suivants : « dure », « colorée », « pré-
On remarque dans la biographie de l’artiste cieuse ».
qu’il a été un temps fasciné par la médecine et Ces trois adjectifs peuvent caractériser la poé-
notamment la psychiatrie. sie : à la fois dure d’accès, mais proposant des

248 THème 1 3e • Visions poétiques du monde


couleurs nouvelles et dont parfois jaillit un élé- Le tableau proposé en lien est un support d’ex-
ment précieux. pression personnelle pour tous les élèves selon
5. Le jeu poétique repose sur : leur niveau de compétences : on demandera à
– les sonorités, /k/, /v/, /s/ ; des élèves en mal d’imagination de développer
– la forme même du poème : paragraphes ramas- à partir de ce support un écrit narratif. Pour des
sés et compacts comme l’huître, jeu de figures élèves ayant des difficultés à appréhender la
de style comme les oxymores « brillamment lecture de l’image, l’enseignant pourra les aider
blanchâtres » (l. 2), « dentelle noirâtre » (l. 10), à structurer des idées d’interprétation. Voici
les métonymies « les doigts curieux » (l.  4-5) des exemples de questions à poser aux élèves :
ou encore la métaphore « la perle » (l. 11). Que voyez-vous à travers ce tableau ? Proposez
votre interprétation et donnez-lui un nouveau
6. Ne pourrait-on pas considérer l’huître comme
titre.
la métaphore de la poésie et plus spécifique-
ment de la création artistique ? On peut alors
reprendre avec les élèves le poème et interpréter
chaque étape comme une phase de la concep- Lecture Comment l’artiste rend-il
tion d’un poème ou de l’interprétation d’un le monde sensible ? p. 314
poème également. La double-page présente s’intéresse ici à la
créative réception d’un texte poétique ou d’une œuvre
d’art ; elle permet de comprendre comment, par
7.  L’exercice peut paraître plus difficile que les la palette que lui offre son art, l’artiste transmet
précédents mais il a pour objectif de mettre les ses sensations à son destinataire. Le haïku, forme
élèves dans la situation de créer une métaphore poétique d’origine japonaise, est la forme du
filée et de leur montrer comment le langage sensible par excellence tant la contrainte de la
peut appeler le symbole et l’interprétation. On forme influe sur la création artistique.
pourra leur proposer comme exemple symbo-
lique la colombe pour la liberté, le dragon ou le
lion étudiés les années précédentes. 1. Haïkus de Bashô, Issa, Uejima Onitsura
2. Poème d’hiver de Honami Kôetsu
Je fais le point
3. Massaki et le bois de Suijin au bord de la
Un poème peut être résistant, c’est-à-dire qu’il rivière Sumida à la fleuraison de cerisiers
ne donne pas tout à comprendre. Il s’agit pour de Hiroshige
le lecteur de se décentrer et de ne plus vouloir 4. Photographie de Patrick Taberna
chercher du sens à tout prix mais plutôt de
1.  La forme du poème est brève et peut sur-
savourer les mots et le travail sur le langage orga-
prendre les élèves s’ils ne la connaissent pas. On
nisé par le poète. fera observer l’organisation particulière du haïku
Créer un monde à partir d’un tableau et son thème principal en comparant les quatre
abstrait textes :
La peinture abstraite a cela d’intéressant qu’elle – trois vers ;
laisse une part d’interprétation importante à – un total de 17 syllabes ;
celui qui la regarde. L’exercice proposé est donc – une structure syntaxique elliptique ;
une mise en situation d’interprétation person- – l’association de la nature et des sens.
nelle et artistique. 2. On attendra des élèves qu’ils puissent identi-
On proposera en support un tableau abstrait fier des termes associés aux sens. La brièveté des
d’un peintre de référence (Jackson Pollock, textes oblige l’esprit du lecteur à combler ce qui
Mondrian, Yves Kein…) ou plus contempo- lui paraît manquer avec sa propre interpréta-
rain (par exemple une œuvre de Joanna Gleich, tion. Ainsi le haïku est à la fois une photographie
artiste austro-polonaise dont on pourra consul- verbale de la sensation de l’artiste mais égale-
ter le site Internet : www.gleich.at/). ment de celle du lecteur. Les textes évoquent

séQuence 20 Le poète, faiseur de mondes 249


plus qu’ils ne disent et reposent sur un effet complexes dont on ne conservera ici que les dix-
d’instantané. sept syllabes reparties sur trois vers. Il doit pou-
Questions croisées voir être lu d’un seul souffle et créer une sorte de
3.  Le premier document qui peut être convo- tableau fixant un instant. Le présent est le temps
qué est la photographie de Patrick Taberna : de référence (mais l’infinitif est également très
tout comme la photo, le haïku saisit l’instant. souvent utilisé), la ponctuation n’est pas obliga-
La proposition du photographe fixe le passage toire (les majuscules ne sont pas indispensables
d’un élément évanescent, le nuage. L’aquarelle d’ailleurs), la syntaxe est simple : en effet un jeu
de Tawaraya Sôtatsu, quant à elle, met en avant de construction syntaxique rendrait caduque
l’hiver et ses feuilles mortes. L’hiver n’est pas l’idée d’instantanéité.
montré tel qu’on pourrait l’attendre (avec de Tous les artistes de cette double-page travaillent
la neige par exemple) il est juste suggéré par les sur l’instant et la manière de le capter sous une
feuilles. Enfin, la gravure de Hiroshige présente forme ou une autre. Son évocation permet au
une scène à un moment particulier de l’année lecteur, au spectateur ou à l’auditeur de s’impli-
au Japon : la floraison des cerisiers, instant de quer dans l’œuvre.
nature par excellence. Écriture créative : créer une carte postale
4. Les émotions que perçoivent les artistes nous verbale
sont transmises par l’évocation fugace d’un instant Le travail des élèves consiste à organiser à partir
ou d’une sensation. Il ne s’agit pas de bloquer un d’un tableau, d’une photographie de son choix
instant mais de fixer le mouvement tout comme représentant un paysage, un texte relativement
Rimbaud souhaitait « écrire des silences » ! court qui mettra en évidence certains éléments
du paysage décrit et qui y associera ses émotions.
créative Les élèves proposent ensuite leur texte à leurs
5. Il sera important, dans un premier temps, de camarades. Sont-ils capables de retrouver le pay-
mettre les élèves dans la situation de saisir l’ins- sage associé ?
tant quel qu’il soit. Il est bon de ne pas bloquer
les élèves par des contraintes très précises dans Rêvons d’îles lointaines ! p. 316
un premier temps afin de libérer l’écriture. On
invitera donc les élèves à : Atelier Rédiger un poème sous forme
– écrire trois phrases qui transcrivent une émo- d’acrostiche
tion face à la nature dans une syntaxe correcte ; Entre la poésie traditionnelle et celle plus contem-
– « élaguer » les termes qui ne paraissent pas poraine associée à l’exercice du haïku, ce travail de
fondamentaux pour ne garder que l’essence création poétique est cadré dans sa progression
même de l’émotion ; par les questions du manuel élèves. Il sera impor-
– rédiger sous la forme de trois vers (éventuelle- tant de ne pas aller chercher où se situent les îles
ment de 17 syllabes) le haïku définitif ; proposées si les élèves ne les connaissent pas et
– associer le haïku à une photographie, un des- bien au contraire les laisser s’imaginer un monde
sin ou une œuvre. en fonction des sonorités des noms proposés.
Si nous avons essentiellement présenté dans Pour l’évaluation, on s’intéressera malgré tout à
cette double-page des éléments visuels, on la forme et on pourra ensuite amener les élèves
pourra convoquer également les autres sens : la à comparer leur interprétation des sonorités en
rubrique « Culture + » qui propose de décou- proposant la lecture d’acrostiches ayant comme
vrir les univers sonores pourrait être une autre sujet la même île.
source d’inspiration pour les élèves.
Je fais le point Oral Peintures de paysage p. 317
Le haïku est un poème japonais qui présente Atelier Présenter une œuvre d’art à l’oral
un ressenti émotionnel de la rencontre de l’ar- Les paysages de peinture ont tellement évolué
tiste avec la nature. Il est régi par des règles très qu’il paraissait important de les aborder dans

250 THème 1 3e • Visions poétiques du monde


ce chapitre : entre un peintre dont l’objectif est « par les aboiements » ➞ Nature : GN, mascu-
la reproduction fidèle d’un paysage et un autre lin pluriel ; fonction : complément d’agent du
qui transmet son ressenti sur ce lieu, il y a des participe passé passif « apeuré ».
réflexions sur l’art complètement différentes. b.  « un courriel » ➞ Nature : GN minimal,
L’objectif de ce travail, outre le fait d’apprendre masculin, singulier ; fonction : COD du verbe
à lire une image (on s’appuiera ici sur le guide « écrire ».
de lecture de l’image), est d’amener les élèves « qu’elle arriverait bien plus tôt que prévu »
à entrer dans cette acceptation parfois difficile ➞ Nature : Proposition subordonnée com-
que l’art va au-delà de la retranscription exacte plétive conjonctive ; fonction : COD du verbe
du réel.  Au-delà du « c’est beau » ou du « ça « annoncer ».
n’est pas beau » qu’on entend souvent en classe c.  « ce week-end » ➞ Nature : GN minimal,
comme première réaction, il s’agit d’aiguiser l’œil masculin, singulier ; fonction : complément cir-
à la lecture des intentions de l’artiste. Le dernier constanciel de temps du verbe « partir ».
exercice proposé peut bien évidemment être « détendus ➞ Nature : adjectif qualificatif, mas-
traité par le professeur d’arts plastiques mais il culin, pluriel ; fonction : apposition au groupe
peut aussi faire l’objet en français d’une présen- nominal « Marc et Antoine ».
tation personnelle des choix effectués par l’élève. d. « spectaculaire » ➞ Nature : adjectif qualifi-
Il pourrait être intéressant de conduire les élèves catif, féminin, singulier ; fonction : épithète (liée)
à comprendre pour quelle raison les couleurs du du nom « tempête ».
tableau de Nicolas de Staël sont aussi éclatantes. e. « de la gare » ➞ Nature : GN prépositionnel,
On leur fera alors identifier géographiquement féminin singulier ; fonction : complément du
(dans un premier temps) Agrigente et définir avec nom « quai ».
eux ce qui caractérise la lumière de Sicile. L’artiste « lui » ➞ Nature : pronom personnel, féminin,
ne reproduit pas la plage telle qu’il la voit mais telle singulier ; fonction : COS du verbe « offrir ».
qu’il la perçoit avec des couleurs éblouissantes, 3. a. « sains et saufs » : attribut du sujet.
sous un soleil qui modifie l’intensité des couleurs. b. « incapable de ranger sa chambre » : attribut
De même avec le tableau de Cézanne, on obser- du sujet.
vera le mouvement du paysage organisé par les c. « Louise » : attribut du COD.
gestes du peintre et sa technique picturale. d. « le mien » : attribut du sujet.
e. « honnêtes » : attribut du COD.
Langue  La grammaire pour f. « innocent » : attribut du COD.
lire, écrire, parler p. 318 4. a. « confortable » : attribut du COD
b. « passionnant » : épithète.
Les fonctions dans la phrase c. « séduisant » : attribut du COD.
J’observe d. « judicieuse » : épithète.
1.  a. et b. L’adjectif qualificatif « heureuse » e. « heureux » : attribut du COD.
complète le nom propre « Margot ». Il est : f. « agitée » : épithète.
–  attribut du sujet dans la première phrase ; g. « agitée » : attribut du COD.
–  attribut du COD dans la deuxième phrase ; h. « battante » : épithète.
–  épithète (liée) dans la troisième. i. « capable » : attribut du COD.
c. « Être » est un verbe d’état. « Trouver » pré-
sente un jugement. « Arriver » est un verbe Accords du participe passé
d’action. avec « avoir »
d.  Dans la première phrase « heureuse » est J’observe
séparé du nom par le verbe « être », dans la 5. – Un participe passé employé avec l’auxiliaire
deux­ième et la troisième, il est posé « à côté ». être s’accorde en genre et en nombre avec son
Je m’entraîne sujet s’il s’agit d’un verbe simple :
2. a. « l’animal » ➞ Nature : GN minimal, mascu- c. La chanson est associée.
lin, singulier ; fonction : sujet du verbe « avancer ». e. Les croquis ont tous été validés.

séquence 20  Le poète, faiseur de mondes  251


– Un participe passé employé avec l’auxiliaire –  allitérations : /t/ - /s/ ; assonances : /e=/
« avoir » ne s’accorde jamais avec son sujet. Je m’entraîne
a. Leur professeur leur a donné des exercices.
10. a. Les vers sont des alexandrins : ils se com-
d. Elle a appris de bonnes nouvelles.
posent de 12 syllabes.
– Un participe passé employé avec l’auxiliaire
b. La césure intervient après les mots « jours »,
« avoir » ne s’accorde jamais avec son sujet
« temps », « fois », « déchirés » : tous ces mots
mais il peut s’accorder avec le COD si celui-là
sont mis en valeur, la poète montre ainsi que le
se trouve devant lui.
temps devient une souffrance.
a.  Des exercices qu’ils ont achevés rapide-
c. Les rimes sont suivies : il semble ainsi le temps
ment.
qui passe est marqué par le jeu des rimes comme
e. Les croquis qu’ils ont créés.
les jours qui passe l’un après l’autre.
– Un participe passé employé avec l’auxiliaire
d. Les deux premiers vers sont caractérisés par
«  avoir  » ne s’accorde jamais avec son sujet
l’anaphore « voilà combien » puis par la répéti-
mais il peut s’accorder avec le COD si celui-là se
tion interne de « c’est » dans les deux derniers.
trouve devant lui. Si le participe passé est suivi
Ces répétitions soulignent la douleur de l’être
d’un infinitif, il s’agit d’observer si le COD fait
abandonné qui pense et repense à l’infini à cet
l’action du verbe à l’infinitif : si c’est le cas, l’ac-
abandon.
cord se fera.
b. La danseuse qu’il a vue chanter. 11. a. vers 1 = 6 syllabes ; vers 2 = 9 syllabes ;
– Un participe passé employé avec l’auxiliaire vers 3 = 8 syllabes ; vers 4 = 6 syllabes ; vers 5
« avoir » ne s’accorde jamais avec son sujet = 9 syllabes ; vers 6 = 7 syllabes ; vers 7 = 9 syl-
mais il peut s’accorder avec le COD si celui-là labes ; vers 8 = 8 syllabes ; vers 9 = 8 syllabes ;
se trouve devant lui. Si le participe passé est vers 10 = 8 syllabes ; vers 11 = 8 syllabes ; vers 12
suivi d’un infinitif, il s’agit d’observer si le COD = 3 syllabes.
fait l’action du verbe à l’infinitif : si ce n’est pas b.  Le poème ne repose pas sur une structure
le cas, l’accord ne se fera pas. fixe dans sa forme : le poète marque ainsi la
c. La chanson qu’il a entendu chanter. fluidité de la création. Il ne s’impose aucune
contrainte.
Je m’entraîne
c. Ce sont surtout les assonances en /i/ et en /e/
6. a. choisi – planté. b. rencontrée – confirmé. qui sont remarquables. Il n’y a pas de véritables
c.  renoncé. d.  souhaité. e.  détruites. f.  rénovés. allitérations mais un jeu sur les sonorités en
g. écrites. h. entendues permanence dans ce court poème. On pourra
7.  a. poursuivi – retrouvés. b.  voulu. c.  enten- néanmoins signaler celle en /k/ qui parcourt le
dus. d.  envoyé. e.  bâtie. f.  aimé. g.  dû – revus. texte.
h. appelé – annoncé. i. réagi. j. porté Les mots des sens
8. On reprendra ici l’imparfait et le conditionnel –  Vue : bombé ; contempler ; découvrir ; perce-
présent de l’indicatif voir ; saisir ; scruter.
–  Toucher : bercer ; coriace ; duveteux ; érafler ;
La versification flatter ; moiteur ; pétrir ; rugueux ; saisir ; sub-
J’observe til ; tâtonner ; visqueux.
9. Poème de Paul Verlaine : –  Goût : aigre ; aromatique ; arôme ; capiteux ;
–  9 syllabes ; déguster ; fade ; ingurgiter ; percevoir ; savou-
– Chose / pose : rimes suffisantes ; impair / air : rer ; siroter ; subtil.
rimes suffisantes ; –  Ouïe : ausculter ; chuintement ; clameur ;
–  allitérations : /p/ - /l/ ; assonances : /e/. fracas ; percevoir ; rumeur ; subtil ; strident ;
Poème d’Alfred de Vigny : suave.
–  12 syllabes ; –  Odorat : embaumer ; exhaler ; exhalaison ;
–  austère / terre : rimes suffisantes ; encensoirs / flairer ; fragrance ; humer ; méphitique ; per-
soirs : rimes riches ; cevoir ; subtil.

252   Thème 1  3e • Visions poétiques du monde


Plaisir de lire  Marguerite Yourcenar, accepte la mort. À la fin, l’empereur est celui
Comment Wang-Fô qui perd le plus car il n’est pas délivré comme le
fut sauvé p. 321 seront les autres personnages.
Pour entrer dans l’œuvre   5.  D’époux aimant, Ling devient disciple d’un
maître. Le personnage va apprendre à regarder
• Le titre de cette nouvelle autorise le lecteur le monde à travers le prisme de l’art. Son par-
qui n’a pas encore tourné la première feuille cours, même s’il peut paraître tragique, est un
à considérer l’histoire qu’il va découvrir cheminement vers la délivrance et la sérénité. Il
comme une sorte de roman (ou une nou- aura appris ainsi à ouvrir les yeux et à saisir ce
velle) d’aventure. L’idée qu’un personnage qui fait la vie.
prisonnier va être délivré est clairement don-
née par le titre. 6. Sans aller trop en profondeur dans la réflexion,
• La couverture est en décalage avec les hypo- on peut signaler qu’à travers les yeux de l’artiste,
thèses de lecture proposées ci-dessus car elle le monde prend une teinte nouvelle : le peintre
présente le visage d’un vieil homme, certaine- saisit ce qui fait la beauté du monde et s’en
ment asiatique qui se confond avec un paysage empare pour restituer sa propre vision.
montagneux. Il se dégage de cette illustration 7. Si la population est impressionnée par l’art du
une forme de sérénité surprenante. peintre, l’empereur paraît plus distant. La raison
en est son incapacité à saisir le beau et le monde
À vos carnets !   tel qu’il peut être perçu.
1. Tout au long du texte, les métaphores se suc- 8.  L’œuvre est construite comme un conte
cèdent car le style de Yourcenar est fait de ces philosophique, un apologue qui propose une
images lexicales. Les élèves auront certainement réflexion sur le monde mais également sur l’art
relevé des expressions en lien avec les tableaux et son rôle dans la société.
que peint Wang-Fô.
2.  Le dépaysement oriental est véhiculé par le Après la lecture  
cadre spatio-temporel mais également par la 9. Les peintures proposées en accompagnement
philosophie de vie qui se dessine progressive- du questionnement mettent en évidence les
ment tout au long du texte. caractéristiques de cet art (finesse et précision
3. L’histoire peut paraître tragique dans la mesure des éléments). Il y a du mouvement, un souffle
où plusieurs personnages meurent (la femme de dans ces œuvres.
Ling, Wang-Fô). Cependant, le titre laisse poin- 10.  Dans le texte, l’empereur reproche à
ter l’espoir ou tout au moins la délivrance car la Wang-Fô de rendre le monde plus « beau »
mort n’est rien dans les philosophies orientale et qu’il ne l’est et donc de tromper celui qui le
antique, elle n’est qu’un passage d’un état à un regarde. Le paysage proposé ici peut être asso-
autre. cié à ce reproche : la nature est modélisée et
présentée avec des couleurs non naturelles
Pour approfondir la lecture   mais ressenties. Il y a dans ce travail un art du
4.  Wang-Fô est le maître de Ling. Il y a dans souffle et du mouvement que des yeux non ins-
cette relation une admiration du disciple pour le pirés ne peuvent percevoir.
maître mais également un respect de l’un pour
l’autre. Ling, en s’interposant entre le bourreau
et son maître, donne sa vie. Autoévaluation de lecture  
L’empereur quant à lui est un personnage en
souffrance qui ne souhaite qu’une chose, se ven- « Le Buffet » d’Arthur Rimbaud p. 47
ger de celui qu’il croit être responsable de son 1.  On attendra des élèves dans un premier
malheur. Wang-Fô face à lui est respectueux et temps l’idée que ce buffet représente le passé
soumis en apparence. Il ne cherche pas vérita- et les vieux objets par les citations du polyp-
blement à le faire changer d’avis, il l’écoute et tote « vieux » ou certaines expressions comme

séquence 20  Le poète, faiseur de mondes  253


« vieilles vieilleries ». Cependant le poème ne – Champ lexical du monde urbain : ville de
critique pas ce passé, il y a au contraire une pierre (v. 1), clarté du gaz (v. 2), journaux (v. 8),
forme de tendresse qui se dégage à travers par cohue (v. 8), boutiques (v. 8), foule (v. 9), éclats
exemple l’expression « parfums engageants » de voix (v. 9), bal de l’Opéra (v. 10), la réclame
(v. 4) ainsi que l’emploi de structures créant des (v. 10).
images ou un appel aux sens positifs : les odeurs 3. La première strophe souligne l’opposition dans
si elles sont vieilles n’en demeurent pas moins
la perception du lien entre les deux amants : le
douces par exemple. Ce poème est presque un
poète souffre de vivre dans l’univers dans lequel
éloge des souvenirs passés.
la femme aimée se plaît. On remarquera notam-
2. Les élèves remarqueront ici la forme de son- ment le jeu des allitérations en /r/ marquant la
net du poème composé en alexandrins aux rimes souffrance du poète face à l’allitération en /v/ mar-
embrassées pour leur grande majorité ; l’usage de quant le mouvement sans fin de la femme dans
cette forme marque plus encore la grande sensi-
son milieu qu’est la ville. Les rimes, embrassées de
bilité et les sentiments du poète pour ce meuble.
cette première strophe sont en rupture avec les
3. Les sonorités s’organisent pour rendre le buffet suivantes, croisées. Dans cette strophe, le poète
vivant/. Le meuble est personnifié : à travers les tente de cerner la femme aimée, de l’enlacer.
allitérations en /ch/, /v/ ou encore /f/, il semble Cette opposition se transforme en rêve dans
bruisser. Les assonances en /e/ créent de la dou- la deuxième strophe à travers laquelle le poète
ceur. L’allitération en /t/ des derniers vers, bien
imagine où partir avant de revenir à la triste réa-
que plus noire laisse apparaître la notion de deuil.
lité : il constate qu’il vit en ville pour satisfaire la
4.  On pourra amener les élèves à teinter leur femme même s’il en souffre. Les premiers vers
lecture expressive de nostalgie sans pour autant sont marqués par l’allitération en /s/ avant un
tomber dans la plainte. Il s’agit bien dans ce retour à cette réalité avec les dentales /d/ et /t/.
poème de convoquer les souvenirs doux du La troisième strophe organisée à partir d’une
passé, les sentiments attachés aux choses mais
énumération des joies de la ville et une asso-
non pas au point de vouloir revivre ce passé. Le
nance en /a/ organise une véritable séparation :
poète entrouvre ici ses souvenirs marqués par
les émotions de son enfance avec ses joies et ses « Vous » / « Moi ».
deuils. La dernière strophe est la véritable plainte du
poème : on entre dans l’intimité des discussions
entre les deux amants (« Je vous ennuie à vous
Entraînement au brevet le dire si souvent ») avec l’expression de la dou-
Première partie leur marquée par les points de suspension à la
Comprendre, analyser, interpréter fin du vers 14. L’appel au conditionnel présent
« feriez » (v. 15) est en quelque sorte une der-
1.  Le poète s’adresse dans ce poème à une
nière tentative de persuasion du poète.
femme « Parisienne fière » (v. 4) pour laquelle
il éprouve des sentiments amoureux, ici passion- Dans les vers 4 et 7, les diérèses sur « fière » et
nels, qui le font souffrir « m’attirent à la mort » « Orient » marquent les points de souffrance :
(v. 4). le poète espère entraîner ailleurs une femme qui
ne se soucie pas de lui.
2. L’opposition entre la nature, paysage naturel,
un ailleurs rêvé et la ville, paysage urbain est clai- 4. L’apposition « Vrai sauvage égarée dans la ville
rement notée tout au long du poème par le jeu de pierre » qui ouvre le poème et qui qualifie ici
des champs lexicaux. le pronom personnel « je » est une mise en évi-
– Champ lexical du monde de la nature : sau- dence in medias res de la douleur du poète. En
vage (v. 1), les bois verts (v. 6), les monts aro- une seule expression, le poète résume son état :
matiques (v. 6), Orient (v. 7), près du pôle lui qui n’aime pas la foule et préfère la douceur
(v.  7), les rochers et les bois (v. 11), fond de de l’éloignement bucolique est au centre d’une
verdure (v. 16). ville dont il ne maîtrise pas les codes.

254   Thème 1  3e • Visions poétiques du monde


5.  Comme nous l’avons mentionné plus haut, •  Réécriture
il semble que cette plainte soit en quelque sorte Vrais sauvages égarés dans la ville de pierre,
la dernière destinée à la femme aimée mais elle À la clarté du gaz, nous végétions et nous mou-
n’attend pas véritablement de réponse car le rions.
poète la connaît : avant de partir ou bien de res- Mais vous vous y plaisiez, et vos regards char-
ter, au risque de mourir, le poète constate l’écart meurs
qui existe entre la femme et lui sachant qu’il est Nous attiraient à la mort, Parisienne fière.
charmé et qu’il n’aura peut-être pas la force de 2. Travail d’écriture
partir. Nous sommes dans un registre élégiaque •  Sujet de réflexion
teinté de douleur sans pour autant suspendre On attendra ici que les élèves présentent en
l’humour. début de devoir leur choix avant d’en proposer
6. Derniers vers d’une argumentation, la dernière différents arguments illustrés d’exemples perti-
phrase du poème est une dernière tentative de nents et éclairants. On s’attachera ici à évaluer
persuasion de la femme, un rêve constaté sous également la capacité des élèves à expliquer
la forme d’un potentiel plutôt évoqué comme chaque avantage avec soin et non pas simple-
un irréel. ment à les juxtaposer.
Deuxième partie •  Sujet d’invention
Rédaction et maîtrise de la langue Il se sera intéressant d’analyser comment les
1. Dictée et réécriture élèves classent les différents arguments dans
•  Dictée la lettre en fonction du poème. Le respect du
cadre épistolaire est bien évidemment l’un des
➨  En téléchargement sur le site www. critères de réussite de cet exercice. On mettra
hachette-education.com, un extrait de aussi en avant le caractère émotionnel de la
L’Éducation sentimentale de Flaubert. lettre.

séquence 20  Le poète, faiseur de mondes  255


thème 2 Vivre en société, participer à la société
3e – Dénoncer les travers de la société

Séquence

21 La satire, une mise en garde efficace ?

Fil directeur de la séquence


L’objectif de cette séquence est de faire découvrir aux élèves la satire, ses enjeux et son pouvoir sur le
monde, leur faire comprendre qu’elle peut être une véritable arme contre les abus des grands de ce
monde et une mise à distance efficace contre les comportements ridicules ou vains des hommes dans
la société. Cependant, peut-on rire de tout ? La question est posée aux élèves.

Compétences travaillées
Langage oral Écriture
Dans les pages de lecture… Dans les pages de lecture…
■ Comprendre et interpréter des messages et ■ Passer du recours intuitif à l’argumentation à un
des discours oraux complexes pour distinguer usage plus maîtrisé :
l’explicite du sous-entendu. X Argumenter de manière indirecte, dans une lettre,
X Écouter une chronique radiophonique et identifier en s’inspirant des Lettres Persanes, p. 328
le thème et les arguments défendus, p. 330 X Argumenter de manière directe pour analyser son
■ Exploiter les ressources expressives de la parole rapport à la consommation, p. 330
X Mise en scène du procès de l’âne de la fable de La ■ Exploiter les principales fonctions de l’écrit
Fontaine, p. 333 X Comprendre le rôle d’un plaidoyer, p. 333
X Utiliser la reformulation pour comprendre, p. 335
En atelier, p. 337
■ Participer de façon constructive à des échanges En atelier, p. 336
oraux ■ Pratiquer l’écriture d’invention, connaître les
y Participer à un débat, exprimer une opinion caractéristiques des genres littéraires et exploiter
argumentée et prendre en compte son des lectures pour enrichir son texte
interlocuteur ■ Adopter des stratégies et des procédures
y Animer et arbitrer un débat d’écriture efficaces.
X Organiser un débat radiophonique X Utilisation du brouillon (écriture et amélioration)
X Écrire une satire

Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue


■ Lire des textes variés avec des objectifs divers : Dans la double-page langue…, p. 338-339
y Recourir à des stratégies de lectures diverses ■ Construire les notions permettant l’analyse et la
(adapter sa lecture à l’objectif poursuivi, adapter sa production des textes et des discours
lecture aux supports, reformuler) y Prise en compte des caractéristiques des textes
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’observe », lus
« Je comprends » X La progression thématique des textes
y Formuler des impressions de lecture, percevoir un X Éléments linguistiques de cohésion textuelle :
effet esthétique connecteurs logiques, reprises lexicales
X Carte mentale « Lire un texte » : « Je lis », y Connaître le fonctionnement de la chaîne
« J’écoute », « Je réagis » d’accord
y Reconnaître les implicites et faire les inférences et X Les difficultés au passé composé
hypothèses de lecture nécessaires ■ Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe des
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’interprète » mots
X Mise en réseau des mots de la satire

256 THème 2 3e • Dénoncer les travers de la société


Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue
■ Lire et comprendre des images fixes ou mobiles Dans les coins des mots
X Carte mentale « Lire une image » Comprendre un calembour (p. 329)
Enjeux culturels
■ Lire des œuvres littéraires et fréquenter des œuvres
d’art
X Développer des connaissances sur le genre
de la satire
X Construire des notions : le sketch humoristique
■ Lire des documents composites et des textes non
littéraires :
X Découvrir des œuvres, des textes et des images
à visée satirique, relevant de différents genres
et formes : caricature, dessin, bande-dessinée,
chanson…
■ Lire des textes variés avec des objectifs divers :
y Reconnaître les implicites d’un texte et faire les
inférences nécessaires.
X Les modalités de la satire, les effets d’ironie, de
grossissement, de rabaissement ou de déplacement
Enjeux de formation personnelle
X S’interroger sur la dimension morale et sociale
du comique satirique

Lecture Les citadins, comiques – vient d’arriver à Paris ;


malgré eux ? p. 328 – est en vacances à Paris ;
Dans cette double-page, il s’agit de présenter – est à Paris depuis un mois.
aux élèves des textes satiriques qui ridiculisent b. « Il faut bien des affaires avant qu’on soit logé,
certains comportements des citadins, à diffé- qu’on ait trouvé les gens à qui on est adressé, et
rentes époques. Les textes de Montesquieu et qu’on se soit pourvu des choses nécessaires, qui
de Juvénal nous montrent la persistance de cer- manquent toutes à la fois »
tains tracas des citadins concernant notamment
c. Dans cette phrase, le narrateur raconte :
la circulation dans les grandes villes. Le sketch de
– les affaires commerciales qu’il a réglées depuis
Raymond Devos s’attache à démontrer l’absur-
son arrivée à Paris ;
dité de certains comportements dans des habi-
– la difficulté qu’il a eue à se loger, à rencon-
tations partagées, comme un immeuble.
trer les personnes qu’il devait rencontrer ;
Il s’agit là de satires assez légères, dont l’objectif
– les premières rencontres qu’il a faites à Paris.
est de faire rire aux dépens de ses semblables, en
présentant un miroir de nos sociétés. d. Ce que remarque le narrateur, c’est que :
– les Français prennent le temps de vivre :
– les Français ne marchent presque pas et uti-
1. Lettres persanes de Montesquieu audio lisent des voitures pour se déplacer ;
QCM – les Français sont tous des astrologues ;
Pour aider les élèves à entrer dans la lecture – les Français utilisent des machines pour voler
de l’extrait, on peut leur proposer une lecture dans les airs.
audio, ainsi qu’un QCM qui les accompagne pas e. Le narrateur est étonné par (plusieurs bonnes
à pas dans le texte. réponses) :
a. Le personnage : – la hauteur des maisons ;
– habite à Paris depuis toujours ; – les métiers des Français ;

séQuence 21 La satire, une mise en garde efficace ? 257


–  le nombre d’habitants dans la ville ;   créative
–  leur agressivité dans la rue ; 5.  On attend des élèves qu’ils reproduisent ce
–  les voitures des Français ; procédé d’écriture, à savoir une mise à distance
–  leur nourriture ; des événements décrits, pour en dénoncer le
–  le rythme de vie des Français ; ridicule. On peut rappeler aux élèves certains
–  la décoration des maisons ; codes des écrits épistolaires : date, un destina-
–  la vanité des Français. taire, formule d’appel (Mon cher). Le texte est
écrit à la première personne, et les temps utilisés
2. Satires de Juvénal sont ceux de l’énonciation : présent, imparfait
En piste !
et passé composé pour raconter un événement
passé.
La satire est une œuvre qui consiste à dénoncer
quelque chose en s’en moquant.
1. On utilisera le guide de lecture pour découvrir
3. « Sens dessus dessous » de Raymond
à quelles époques ces textes ont été écrits, quel
Devos
est leur sujet. On peut demander aux élèves si En piste !
cela leur fait penser à un souvenir ou une expé- Un calembour est un jeu de mots qui s’appuie
rience personnelle similaire et quelles émotions sur un phénomène d’homonymie, c’est-à-dire
ces textes leur procurent. sur des mots ou expressions se prononçant de la
2. Il s’agit d’une satire des embouteillages dans même façon, mais avec des sens différents
les grandes villes, et du rythme toujours pressé On s’enlace/on s’en lasse – La faim/fin justifie les
de leurs habitants : « quand tout le monde est moyens
descendu dans la rue, il s’y fait un bel embarras » 1. On utilisera le guide de lecture pour interro-
(texte 1, l.  9-10), « Le flot humain devant moi ger les élèves sur l’auteur de ce texte, sur le genre
m’empêche de me hâter » (texte 2, l. 1). auquel il appartient et sur son thème. On peut
3. Montesquieu décrit les aventures d’un person- aussi demander aux élèves quelles émotions ont
nage étranger, qui découvre avec étonnement les été ressenties à la lecture.
habitudes de vie de ses contemporains : c’est un 2. L’auteur veut faire rire le lecteur, en faisant des
observateur qui témoigne. Juvénal utilise, tout jeux de mots, et en utilisant plusieurs expres-
comme Montesquieu, un point de vue interne, sions employant « dessus » ou « dessous » avec
qui permet de retranscrire la scène au lecteur, en des sens différents.
lui racontant tous les désagréments subis.
3.  Être « sans dessus dessous » signifie que
Question croisée tout est mélangé. Dans ce sketch, Raymond
4. On attend des élèves qu’ils perçoivent la cri- Devos imagine un immeuble dans lequel tous
tique du mode de vie des hommes des grandes les habitants veulent vivre dans l’appartement
villes. Montesquieu, dans son texte, dénonce la du dessus. Le titre « Sens dessus dessous »
vitesse de déplacement des Français dans la ville, peut être compris comme un jeu de mots sur
qu’il compare au « pas réglé » (l.  13) des cha- le sens des mots, qui s’emmêlent pour créer un
meaux d’Ispahan. Il critique aussi leur agressivité effet comique : « Moi, je suis au-dessus de ça »
dans la rue et leur manque de prévenance et de (l. 6), « D’abord parce que je n’ai pas de sous »
politesse envers les autres : « je ne puis pardon- (l. 12).
ner les coups de coude que je reçois régulière-
ment » (l. 16-17). Juvénal dénonce lui aussi les Oral  
coups qu’il reçoit quand il se promène en ville : 4.  On attend de cette activité que les élèves
« Un me frappe du coude, l’autre me frappe entrent suffisamment dans la compréhension
avec une lourde poutre » (l.  2-3). En résumé, des différents calembours, pour être capables
pour ces auteurs, il est épuisant et désagréable d’en faire une lecture qui soit porteuse de
de circuler dans les grandes villes. sens.

258   Thème 2  3e • Dénoncer les travers de la société


Le coin des mots en sortant du magasin de sport. Leur envie res-
semble donc plus à un caprice du moment, ins-
• Le calembour est concentré sur le mot « prê- piré par la société.
ter ». L’expression « prêter l’oreille », signifie
1.  On utilisera le guide de lecture pour
écouter avec attention quelque chose.
découvrir l’auteur de ce texte et son époque,
• Dans ce calembour, l’auteur donne un autre
prendre conscience qu’il s’agit d’une traduc-
sens à cette expression et au verbe « prê-
tion de l’italien. On interroge les élèves sur
ter », qui signifie « mettre à la disposition de
le thème de ce texte, ainsi que sur les images
quelqu’un quelque chose que l’on possède, de
qu’ils y associent et ce que l’auteur veut nous
façon temporaire ».
faire comprendre.
Culture + vidéo
2. Les consommateurs sont avides de produits :
L’intérêt est de rappeler aux élèves que ce texte a c’est l’accumulation de verbes d’action « ils
été écrit au départ pour être joué et dit à l’oral : tripotaient la marchandise, la remettaient en
d’où l’importance des calembours et des jeux de place, la reprenaient, se l’arrachaient des mains »
mots sur les sonorités du texte. (l. 13 à 15) qui le montre. L’auteur utilise aussi la
Je fais le point métonymie, figure de style qui consiste à dési-
gner quelqu’un par une partie de son corps « les
L’une des techniques employées dans la satire mains fouillaient […], les doigts fouillaient »
est le regard naïf porté sur les choses, comme par (l. 22-23), comme si ces parties du corps n’obéis-
exemple le regard d’un étranger qui découvre saient plus à une logique rationnelle.
des coutumes qu’il estime surprenantes (Mon- 3.  Cette phrase présente deux énumérations.
tesquieu). Elle use également de la personnification des
Les jeux de mots, ou calembours, peuvent égale- sujets (les vitrines qui s’épanouissent, les sau-
ment attirer l’attention du lecteur sur le ridicule cissons qui pendillent, les piles d’assiettes qui
de certaines actions, en les associant à d’autres s’élèvent), la présence humaine semble dispa-
actions, décrites avec les mêmes mots mais dans raître derrière ces sujets inanimés. On retrouve
des sens différents (Raymond Devos). ce procédé d’écriture de la ligne 16 (« et les
pelotes de ficelle ») à la ligne 21.
4.  L’auteur cherche à montrer l’agitation qui
Lecture Consommer avec plus de règne dans le magasin, la multitude de gestes
modération ? p. 330 faits dans la précipitation par les clients, comme
Cette double page propose une étude sur une devenus fous par cette envie de consommer à
question de société que les élèves connaissent tout prix.
bien : l’accès à la consommation. Ce thème est 5.  « Consommez » est un impératif présent. Il
fréquemment utilisé par les auteurs satiriques renforce l’idée que les consommateurs agissent
et permet d’entrer la problématique de la satire comme des automates, qui obéissent sans réflé-
dans une question vive et actuelle pour les élèves. chir.
6. Ce verbe est répété comme un leitmotiv ou
1. Marcovaldo au supermarché une litanie, qui montre l’obéissance un peu
d’Italo Calvino aveugle des consommateurs aux lois de la
En piste !
société de consommation.
vidéo

Le personnage masculin essaie de cacher son argumentative


envie de maigrir sous des arguments sociétaux 7.  On attend des élèves qu’ils cherchent des
ou médicaux. Cela met en relief un caractère arguments pour ou contre la société de consom-
assez égocentré, qui assume mal ses choix. mation, et qu’ils puissent se positionner person-
Le couple achète du matériel de sport pour mai- nellement dans cette problématique en ayant
grir et retrouver la forme, mais va au restaurant un peu de recul et en la justifiant.

cHaPiTre 21 La satire, une mise en garde efficace ? 259


Je fais le point
Oral audio

8.  • La chroniqueuse dénonce tout d’abord les Ces différents documents dénoncent la société
bénéfices importants réalisés par les magasins de consommation, qui pousse les gens à acheter,
de la grande distribution. Elle dénonce aussi, par sans réfléchir à un autre fonctionnement pos-
exemple, les quantités importantes de poissons sible.
vendus alors que les pécheurs ont du mal à sur-
vivre, alors qu’on parle d’écologie et d’espèces
en voix d’extinction. Elle critique également la Lecture La satire, une arme pour
vente de produits hors-saison (les tomates en égratigner les grands
février). Elle accuse, en fait, ces grandes surfaces de ce monde ? p. 332
de vendre du rêve à des gens qui vivent par ail- Ces textes permettent de faire prendre
leurs dans un monde difficile, et d’exploiter les conscience aux élèves que la satire peut s’at-
producteurs locaux. taquer également aux grands de ce monde
• Elle adopte un ton naïf, qui lui permet de et devenir une réelle prise de risque pour les
s’étonner de certains aspects et de les dénon- auteurs. Ici, on découvre un procédé utilisé par
cer en pointant le doigt sur ce qui est criti- Jean de La Fontaine : la personnification des ani-
quable. maux pour dénoncer la cruauté et les injustices
des puissants qui dirigent. Ou encore la chanson
2. Zaï Zaï Zaï Zaï de Fabcaro de Victor Hugo, extraite des Châtiments, dans
1.  On utilisera les guides de lecture du texte laquelle il attaque avec virulence Napoléon III.
et de l’image pour découvrir de quel type de
document il s’agit (un extrait de bande dessi- 1. « Les Animaux malades de la peste »
née). On demande aux élèves de reformuler de Jean de La Fontaine audio
le sujet de conversation des personnages. On
leur demande de réagir : Qu’en pensent-ils ? 2. « Chanson (VII, 6) » de Victor Hugo
Quelle est l’intention de l’auteur à travers cette En piste ! vidéo
planche ?
Il s’agit de la scène où Yves Montand flatte Louis
2.  Les deux personnages discutent d’un fait de Funès, à sa demande. Cette scène est satirique
divers et ne sont pas d’accord sur la position à car elle montre, de façon comique, la vanité des
avoir face à un individu qui n’a pas sa carte de puissants de ce monde, et le pouvoir opprimant
fidélité au supermarché. qu’ils ont sur leurs serviteurs.
3. L’auteur dénonce les discussions de comptoir,
1. On utilisera le guide de lecture pour découvrir
qui reposent sur des préjugés.
l’auteur de cette œuvre et l’époque à laquelle elle
4.  On attend des élèves qu’ils perçoivent le a été écrite. On fera identifier aux élèves le genre
comique de la discussion autour de ce sujet, de ce texte, à savoir la fable. On leur demandera
mais qu’ils comprennent aussi qu’il s’agit d’un qui sont les personnages, de quoi parle le texte
décalage, d’un discours que l’on peut entendre et quelles sont les intentions de l’auteur.
régulièrement sur d’autres sujets et qui consiste
2.  On attend des élèves qu’ils imaginent des
à mépriser la situation des autres, à se croire
crimes graves, en comparaison de ceux de l’âne :
mieux que tout le monde et à répéter des dis-
par exemple, manger des hommes ou d’autres
cours tout faits.
animaux, user de violence envers les autres, etc.
créative 3. La sentence du roi est injuste. C’est l’âne qui
5. On attend des élèves, dans cette activité, qu’ils est puni car c’est le plus faible et qu’il ne peut se
varient les verbes de parole et qu’ils intègrent le défendre.
discours indirect en respectant la concordance 4. Jean de La fontaine accuse les plus puissants de
des temps. rendre des jugements injustes qui les arrangent,

260 THème 2 3e • Dénoncer les travers de la société


au détriment des plus faibles. C’est une critique argumentative qui n’est pas forcément la leur, et
assez virulente. à en comprendre les ressorts.
5.  Le champ lexical associé à Napoléon Ier est : Je fais le point
« grandeur », « éblouit » (l. 1), « dieu », « vic-
toire » (l. 3), « immense » (l. 10), « profonde » Il y a toujours eu des risques pour les artistes, de
(l. 11), « archange » (l. 13). s’attaquer aux grands de ce monde. Les exemples
Le champ lexical associé à Napoléon III est : sont nombreux dans l’Histoire, de personnes
« singe », « derrière » (l. 7), « petit » (l. 8 et 16), emprisonnées ou pire, pour avoir dénoncé les
« fange » (l. 15). abus du pouvoir (Jean de La Fontaine, Victor
Napoléon Ier est décrit avec des termes qui le Hugo, Voltaire, Beaumarchais, Émile Zola, etc.).
grandissent et glorifient ses victoires, alors que Cela demande donc beaucoup de courage aux
Napoléon III est décrit par des termes péjoratifs artistes engagés, qui considèrent que l’art est
qui le ridiculisent en comparaison. une arme redoutable.
Utiliser des champs lexicaux
Choisissez deux personnalités issues du même
domaine (deux sportifs/sportives, deux acteurs/ Lecture Peut-on rire de tout ? p. 334
actrices, deux chanteurs/chanteuses, etc.), dont
l’une que vous appréciez particulièrement, et Cette double-page propose aux élèves de s’in-
une autre que vous n’appréciez pas. En utilisant terroger, à travers la lecture de deux textes, sur
à votre tour deux champs lexicaux opposés, réé- la question d’actualité suivante : « Peut-on rire
crivez le poème de Victor Hugo, en l’adaptant de tout ? » Le texte de Pierre Desproges, qui a le
aux personnalités choisies. premier posé cette question, propose une pre-
6.  Le poète s’adresse à Napoléon III en disant mière réponse. Le texte de Plantu en offre une
« Petit, petit » (l. 8 et 16), comme un petit ani- autre, contradictoire, ce qui permet d’engager le
mal qu’on cherche à attirer. C’est une façon de débat avec les élèves.
le rabaisser et de le ridiculiser, en affichant le En piste ! vidéo
mépris qu’il ressent pour ce dernier. Patrick Timsit explique que cette affirmation
7.  Ce poème est satirique car la critique est (« On ne peut pas rire de tout ») lui permet de
moqueuse et cruelle, et attaque férocement poser la question « De quoi peut-on rire ? » et
Napoléon III, en le comparant à un modèle qu’il d’aborder ainsi tous les sujets. Son opinion est
ne peut atteindre. qu’il n’y a pas de sujet dont on ne peut pas rire,
8. Le poète prend bien sûr des risques, car il s’at- tout dépend de la façon dont on en parle.
taque au personnage/roi sans s’en cacher (à la
différence de Jean de La Fontaine qui utilise la 1. Les Réquisitoires du tribunal
personnification du lion en roi, et des autres ani- des flagrants délires de Pierre Desproges
maux sauvages en courtisans). 1. On utilisera le guide de lecture pour décou-
argumentative vrir l’auteur de ce texte et faire reformuler
9.  On attend de cette activité que les élèves ses propos par les élèves. On leur demandera
trouvent des arguments pour défendre l’âne, et ensuite quelle est leur propre opinion que
utilisent différents procédés utilisés dans les plai- cette question.
doiries (questions oratoires par exemple). 2. Pierre Desproges dit qu’il faut rire de tout, car
le rire désacralise la bêtise (l. 5), libère des cha-
Oral
grins et des angoisses (l. 6). On peut donc rire de
10. Cette activité a pour objectif de faire mani- tout, même de la mort, car il dit que la mort se
puler aux élèves le concept d’arguments et de moque aussi bien de nous, en nous jouant sou-
contre-arguments. En leur distribuant des rôles, vent de mauvais tours : « Est-ce qu’elle ne pra-
on les oblige aussi à entrer dans une logique tique pas l’humour noir elle, la mort ? » (l. 8-9).

SÉQUeNCe 21 La satire, une mise en garde efficace ? 261


3.  On attend des élèves qu’ils perçoivent un visage afin d’en obtenir une représentation gro-
certain humour dans le ton et les expressions tesque, et qu’ils l’associent bien à une intention
employées, comme par exemple les « droits de satirique.
l’asticot » (l.  17). Ceci dit, ils peuvent aussi être 2. L’opinion de Jean Plantu est que le dessin de
sensibles à l’aspect cruel du texte, qui dénonce les presse est « une opinion » (l.  2). Les dessina-
agitations inutiles des hommes face à leur destin. teurs ne cherchent pas à être objectifs et à dire
4. On attend des élèves qu’ils reconnaissent un la vérité. Ils dessinent selon leur propre opinion,
discours argumentatif et plus précisément, une ce qui viendra alimenter le débat. Ils ont donc le
plaidoirie. Les mots « Réquisitoires » et « Tribu- droit de rire de tout puisque ça n’engage qu’eux.
nal » dans le titre peuvent les aider à identifier le 3.  On attend des élèves qu’ils comprennent
type du texte. l’importance des mots « subjectif » (l.  4 et 7),
5.  Pierre Desproges donne une vision de la c’est-à-dire qui appartient à celui qui pense et
nature humaine très pessimiste, car pour lui, la « objectifs » (l.  8), c’est-à-dire dont le sens ne
mort réduit à néant tous les efforts des hommes contient aucune interprétation personnelle
pour exister et pour être heureux. dans la réponse à la problématique de la double-
page.
Oral
4. Jean Plantu insiste sur les pronoms personnels
6. Le texte contient un certain nombre de diffi- de la première personne du singulier et du pluriel
cultés de lecture, qu’il faut anticiper et préparer « je » et « nous ». Tout dépend s’il parle en son
avec les élèves. On peut demander tout d’abord propre nom, ou au nom de la profession entière.
aux élèves de relever le vocabulaire qui leur pose Cela confirme son argument selon lequel le des-
problème et de le lire à voix haute, après en avoir sin de presse est une opinion personnelle.
cherché le sens. Il est ensuite important que les
5. On attend des élèves qu’ils identifient qu’il s’agit
élèves comprennent l’usage des questions ora-
de caricatures, différentes les unes des autres.
toires et identifient le style de la plaidoirie. On
peut leur demander de s’entraîner à lire unique- 6. La caricature consiste en une exagération des
ment les questions oratoires, en se mettant à traits du visage, destinée à faire rire en donnant
la place d’un avocat qui interpelle le jury. Il est un aspect grotesque au visage représenté.
important également d’attirer leur intention sur 7. La caricature est une technique très efficace
l’importance de la ponctuation, du débit de la pour faire rire de quelqu’un que tout le monde
parole et du niveau sonore de la voix. connaît. À toutes les époques, il y a eu des dessi-
nateurs ou des peintres pour moquer les visages
2. Interview de Jean Plantu connus.
3. La caricature, une seconde nature   argumentative
1. On utilisera les guides de lecture du texte et 8. On attend des élèves, dans cette activité, en
de l’image pour découvrir la nature des docu- s’aidant des réponses aux questionnements
ments proposés (interview et caricatures). Pour de la double-page, qu’ils identifient les diffé-
l’interview de Plantu, on demande aux élèves de rents arguments présents dans les deux textes,
reformuler les idées exprimées par l’auteur et de et qu’ils soient capables de les reformuler avec
dire ce qu’ils en pensent. L’objectif est de faire leurs propres mots.
comprendre aux élèves que les artistes expri- Je fais le point
ment une opinion subjective dans leurs écrits
ou leurs textes, destinée à alimenter un débat. Les élèves doivent comprendre que la ques-
L’auteur insiste sur le côté subjectif de l’opinion tion est délicate mais qu’elle doit être posée. La
exprimée. position des artistes est qu’on peut rire de tout,
Pour les caricatures, on vérifiera que les élèves mais pour certains, c’est à certaines conditions.
connaissent le procédé utilisé, à savoir l’exagé- Il s’agit d’un vrai débat de société dont les élèves
ration et la déformation de certains traits du doivent prendre conscience.

262   Thème 2  3e • Dénoncer les travers de la société


Dans la peau – un texte plus long et construit qui décrit plus
d’un extraterrestre p. 336 longuement un comportement ou un objet
humain particulier. On peut suggérer aux
Atelier Écrire une satire élèves de ne pas nommer précisément ce qui
L’objectif de cet atelier de faire pratiquer aux est décrit mais de voir si le lecteur identifie
élèves l’écriture parodique, en imaginant être un bien l’objet ou le comportement.
extraterrestre qui découvre certaines de nos habi- y Étape 3 : lecture.
tudes de vie et s’en étonne. Il est demandé d’écrire 4.  L’objectif de cette étape est de placer les
un texte court et un texte plus long. Les deux élèves en posture de lecteur, voir d’interprète,
extraits de Sans nouvelles de Gurb, d’Eduardo
et non simplement de scripteur. On demande
Mendoza peuvent servir de modèles d’écriture.
aux camarades qui écoutent le texte de vérifier
y Étape 1 : préparation. qu’il est compréhensible, qu’il répond bien à la
1.  Cette étape peut être faite de façon collec- consigne : à savoir que le narrateur est un extra-
tive, à la manière d’un brainstorming, afin que terrestre qui décrit quelque chose qu’il découvre
tous les élèves de la classe puissent s’inspirer de pour la première fois. On peut demander aux
ce « pot commun » d’idées. On leur demande auditeurs d’identifier les objets décrits, et d’ex-
de recenser tous les objets ou comportements primer leur ressenti face au texte lu : Ont-ils
actuels qui pourraient étonner un observateur trouvé cela comique ou non ?
venu d’une autre planète : ils peuvent s’inspirer
d’innovations technologiques, d’événements ➞ Aide à l’écriture
exceptionnels, de coutumes locales, etc. Pour aider certains élèves à entrer dans ce type
2. Réponse libre des élèves. d’écriture, on peut tout d’abord leur demander
de n’écrire que le texte court, et leur donner un
y Étape 2 : écriture.
cadre plus serré pour l’écriture de ce texte.
3. On peut donner aux élèves des pistes d’écri-
ture comme : « Les créatures que j’ai rencon- Exemple : pour un match de foot
trées depuis mon arrivée se comportent parfois 21 h 00 : Un bruit strident retentit et aussitôt,
de façon surprenante. Par exemple, … » ou « J’ai les vingt autochtones présents sur le terrain vert
découvert un objet pour le moins surprenant se mettent à courir derrière un objet rond, en
et en observant les autochtones, je pense avoir se le passant de temps en temps. Je remarque
compris son usage… ». que deux autochtones restent figés devant des
On peut signaler aux élèves que l’effet comique cages étranges, puisqu’elles sont ouvertes et qu’ils
viendra du fait que le narrateur n’a pas compris peuvent s’en sauver comme ils veulent.
l’usage de ce fameux objet et s’en sert pour autre 21 h 12 : Les vingt autochtones continuent de
chose. On les encouragera à écrire leur texte au courir. Je ne sais pas trop ce que tout le monde
présent, à décrire assez précisément les com- attend. Mon voisin, très sympathique, m’attrape
portements observés, à utiliser des périphrases régulièrement par le cou et m’oblige à chanter
pour désigner certains objets, plutôt que le nom avec lui des paroles que je ne comprends pas bien.
précis de cet objet (« la boîte parlante » pour la 21 h 13 : …
radio), ainsi que le vocabulaire de l’étonnement 21 h 14 : …
et de la surprise.
Ils devront écrire deux textes : Oral Plus de poisson ! p. 337
– un texte qui soit une succession de phrases
correspondant à des horaires successifs. L’ac- Atelier Organiser un débat
tion doit être rapide, et c’est ce procédé d’ac- radiophonique
cumulation et de succession qui accentue L’objectif de cette activité est de développer
l’aspect comique du texte (imaginer que le les compétences de débat des élèves. Pour
narrateur assiste à une rencontre sportive et cela, on les inscrit dans un rôle qui les oblige
décrire les actions des joueurs, en les interpré- à trouver et à défendre des arguments qui
tant de la mauvaise façon) ; ne sont pas forcément les leurs. Il y a donc un

cHaPiTre 21 La satire, une mise en garde efficace ? 263


temps de préparation nécessaire, où les élèves d’aujourd’hui consomment beaucoup moins
entrent dans leur rôle, identifient la posture de (comme les machines à laver ou les ampoules
leur personnage face à la question à débattre, par exemple) et sont moins polluants.
et trouvent des arguments plausibles pour le –  Le scientifique : il faut voir les choses dans
rôle qu’ils incarnent, illustrés par des exemples leur globalité. Produire des produits, c’est
concrets. On leur demande de plus de réfléchir une chose, mais c’est le traitement des
à l’avance aux arguments de leurs adversaires déchets qui est polluant. Certaines parties du
pour pouvoir y répondre. monde doivent réduire de toute urgence leur
yyÉtape 1 : jeu de rôles. consommation. Il dénonce, par exemple, l’ex-
1. Il est important que les élèves découvrent le ploitation trop soutenue des ressources natu-
rôle qu’ils ont à incarner durant le débat. relles, la pollution des gaz à effet de serre, et
On peut les laisser réfléchir par eux-mêmes, la pollution de l’environnement en général, à
leur donner des documents qui les aideront à cause des sacs plastiques, par exemple
construire ce personnage, ou leur donner direc- 2. Il s’agit d’encourager les élèves à prendre des
tement le profil du personnage à incarner : notes pour le débat. On peut leur proposer plu-
–  L’animateur : c’est à lui de prendre l’antenne, sieurs supports, comme le tableau, la liste ou la
de saluer les auditeurs, de donner le jour et carte mentale.
l’heure de l’émission. C’est aussi à lui de pré- 3.  L’objectif de cette question est d’aider les
senter le thème du débat, de le replacer dans élèves à faire la différence entre un argument et
son contexte (la surconsommation inutile, un exemple (le collégien peut proposer, comme
la défense de l’environnement d’un côté, argument, la nécessité de s’intégrer au groupe
les avancées des nouvelles technologies, la social auquel il appartient ; et comme exemple,
notion de progrès, l’accessibilité des produits la nécessité d’avoir un téléphone portable dès le
pour tous, etc.). collège).
Il présente ensuite chaque personnalité du
débat (nom, métier ou statut). C’est lui qui 4.  Cette question a pour objectif d’obliger les
peut, pendant le débat, attribuer la parole élèves à envisager les arguments des autres par-
à tel ou tel intervenant, faire reformuler ou ticipants du débat et peut-être même à y trou-
développer certaines idées, interrompre un ver des objections. Il est envisageable de laisser
intervenant qui prend trop de temps ou qui du temps aux élèves, à la maison notamment,
dévie du sujet de réflexion. C’est lui qui clô- pour préparer ce débat.
ture le débat en remerciant les invités et en yyÉtape 2 : avant de débattre.
rendant l’antenne. 5.  Ces questions sont à poser à l’ensemble de
–  Le collégien : c’est l’une des cibles préférées la classe pour faire émerger les représentations
des publicitaires, et la consommation l’in- des élèves, et déterminer avec eux un certain
téresse beaucoup, que ce soit tout ce qui nombre de critères d’un débat réussi.
concerne les vêtements ou les nouvelles • Le but d’un débat est d’entendre les diffé-
technologies. Il a du mal à voir pourquoi il ne rentes positions qui s’expriment sur un même
pourrait pas profiter de tout ce que la société sujet. Son objectif est donc de permettre à ces
lui propose, même s’il est sensibilisé aux pro- différentes positions de s’exprimer dans les
blèmes écologiques. meilleures conditions.
–  L’industriel : il doit vendre ses produits, mais • C’est l’animateur du débat qui veille à ce que
s’il les vend trop cher, personne ne les lui chacun ait un temps de parole à peu près
achète. Faire des produits plus robustes qui équivalent et que cette parole circule. Pour
durent plus longtemps, il veut bien, mais ces s’insérer dans un débat, il convient de deman-
produits seront plus chers et il craint que les der à prendre la parole, même si cette prise
consommateurs se tournent vers des produits de parole est la plupart du temps différée, le
moins coûteux. Il défend aussi les progrès tech- temps que chaque invité puisse s’exprimer. Il
nologiques qui font que les produits fabriqués est important d’éviter l’effet « ping-pong »

264   Thème 2  3e • Dénoncer les travers de la société


entre deux invités qui se répondent du tac au –  Extrait 3 : progression à thèmes dérivés, qui
tac sans laisser les autres s’exprimer. permet de développer le portrait du person-
• Pour qu’un vrai débat puisse avoir lieu, il est nage.
important de ne pas sombrer dans la dispute, Je m’entraîne
et de laisser chaque opinion s’exprimer, et 2.  Pour une progression en thème linéaire
chaque intervenant se répondre calmement. (cf. extrait 1), le sujet doit toujours être Suzanne.
L’auditeur doit entendre des positions variées, Pour une progression à thème constant
opposées mais argumentées et illustrées par (cf. extrait 2), le sujet de la phrase suivante sera
des exemples, pour pouvoir se faire sa propre « les plantes ».
opinion. Pour une progression en thème éclaté (cf.
• Dire son opinion, c’est exprimer son point extrait 3), il est possible, par exemple, de décrire
de vue. Une opinion ne peut être contredite la pièce dans laquelle vient d’arriver Suzanne.
(puisque c’est un point de vue personnel),
mais elle n’apporte en rien une preuve sur la Les connecteurs logiques
véracité et la pertinence de ce qui est exprimé. J’observe
Exprimer une idée, c’est apporter un élément 3.  Tout d’abord : classer – En effet : cause –
supplémentaire au débat, un élément étayé Ensuite : classer – Enfin : classer – parce qu’ : cause
par des exemples précis et des arguments – notamment : illustration – Au cas où : condition
réfléchis. – par contre : opposition – alors : conséquence.
yyÉtape 3 : le débat. Je m’entraîne
6. Il est intéressant d’enregistrer ce débat, afin de 4.  a. Gerblé : Tout d’abord (classer), tout est
pouvoir le faire réécouter aux élèves ensuite, et bien notifié sur le paquet. Ensuite (classer), les
leur faire conscientiser les différentes postures pâtes sont à ce point délicieuses qu’elles ne
mises en œuvre durant l’activité. nécessitent pas de sauce.
7.  La dernière question vise à faire prendre b.  Lustucru : Bien que (opposition) la pâte ne
conscience que le débat est à visée argumenta- colle pas à la cuisson et la forme coquillage se
tive, c’est-à-dire qu’il cherche à convaincre l’au- prête aux plats en sauce. Cependant (restric-
ditoire, à faire changer certains d’avis. tion), il reste de l’eau à l’intérieur même quand
on égoutte bien. De plus (addition) elles ont
parfois un goût farineux.
Langue  La grammaire pour lire, c. Bjorg : Malgré (concession) leur aspect coloré,
écrire et parler p. 338 elles sont souvent trop cuites car le temps de
Dans cette double-page de langue, on étudiera cuisson indiqué n’est pas correct.
des procédés stylistiques ou discursifs utilisés d.  Gerblé : La couleur beige-gris n’est guère
dans l’écriture argumentative  : par exemple appétissante. Cependant (opposition) elles sont
les notions de cohésion et de progression d’un délicieuses.
texte, l’utilisation de connecteurs, le système des
5. a. Florence pourrait acheter « Les 3 saveurs »
temps. L’activité d’orthographe s’intéresse, elle, à
de Bjorg, car les pâtes sont colorées. Cependant,
la chaîne des accords, dans des situations com-
les spaghettis diététiques complets risquent de
plexes.
ne pas l’attirer avec leur couleur beige-gris guère
La cohésion et la progression appétissante.
J’observe b.  Keila, quant à elle, pourrait acheter les spa-
1.  a. et b. – Extrait 1 : progression à thème ghettis diététiques complets de Gerblé, car la
linéaire, qui donne l’impression d’un texte dyna- teneur en vitamines est bien indiquée sur le
mique, qui avance. paquet. Elle serait au contraire moins sensible
–  Extrait 2 : progression à thème constant, qui aux pâtes coquillages Lustucru, à cuisiner en
renforce l’impression d’un personnage dont sauce, car elle a une hygiène de vie rigoureuse
on suit les actions. qui lui fait faire attention à ce qu’elle mange.

chapitre 21  La satire, une mise en garde efficace ?  265


c. Baptiste achèterait les « 3 saveurs » de Bjorg, Je m’entraîne
car les aromates et les légumes pourraient lui 7.  À son bureau, tout se passa à merveille ;
rappeler l’Italie qu’il adore. Par contre, il n’achè- quand l’heure vint d’aller retrouver sa femme,
terait surtout pas les spaghettis diététiques tout était paré. Mais elle traîna devant les cock-
complets qui n’évoqueraient rien pour lui, avec tails et traîna encore au restaurant ; il en vint
leur couleur beige-gris peu appétissante. à se demander avec inquiétude s’il arriverait à
d.  Ouassim pourrait être intéressé par les spa- la ramener à la maison avant vingt heures qua-
ghettis diététiques complets parce qu’elles ne rante-six. C’était ridicule, il le savait bien, mais il
nécessitent aucune sauce et que cela correspon- avait fini par attacher une grande importance
drait bien à son rythme de vie pressé. Par contre au fait qu’il voulait être libre à ce moment-là et
les pâtes coquillages Lustucru à préparer avec non une minute avant ou une minute après.
des sauces, lui prendraient trop de temps.
La chaîne des accords
e. Elora choisirait sans doute les pâtes coquil-
8.  Spontané dans leur expression, les rires
lages Lustucru, parce que ces dernières s’ac-
libèrent l’esprit, bousculent les interdits,
commodent bien avec des gratins ou des
amènent à réfléchir sur des sujets sérieux,
plats en sauce. Elle pourrait aussi être séduite
provoquent aussi parfois par leur insolence et
par les « 3 saveurs » de Bjorg, à cause de leur
aspect coloré et de leur saveur aromatisée. Il est créent du lien par la contagion qu’ils entraînent.
cependant presque sûr qu’elle n’apprécierait Certains souhaiteraient les contraindre au nom
pas les spaghettis diététiques complets, qui ne du respect de la liberté de penser, d’autres les
demandent pas forcément de temps de prépa- revendiquent pour la même raison.
ration et qui ont une couleur peu appétissante 9. a. Réponse libre de l’élève.
dans l’assiette. b. On peut conseiller aux élèves de recopier plu-
Le système des temps sieurs fois ces mots.
J’observe c. – « Inépuisable » s’accorde avec « vanité »
(féminin singulier) ;
6. a. Les verbes sont conjugués au passé simple,
–  « payées » s’accorde avec « troupes » (fémi-
au plus-que-parfait, à l’imparfait et au condi-
nin pluriel) ;
tionnel présent.
–  « munies » s’accorde avec « places » (fémi-
b.  Le personnage a établi des plans pour un nin pluriel) ;
détournement de fonds et un assassinat, il se –  « équipées » s’accorde avec « flottes » (fémi-
réveille le jour prévu, qui est celui de son qua- nin pluriel) ;
rantième anniversaire, et revoit une dernière fois –  « convaincus » s’accorde avec « ils » (qui est
ses plans. Il fait un détournement de fond dans mis pour les sujets, masculin pluriel).
la journée et un assassinat le soir, à vingt heures
quarante-six. d. « Qu’il en ait besoin » est au subjonctif pré-
sent (que j’aie – que tu aies – qu’il ait – que
c. Le temps qui exprime l’antériorité est le plus- nous ayons – que vous ayez – qu’ils aient).
que-parfait. Il est utilisé pour des actions anté-
rieures à celles du récit, qui se passe lui aussi dans Les mots de la satire
le passé. 10. Recherche des élèves dans le dictionnaire.

266   Thème 2  3e • Dénoncer les travers de la société


thème 2 Vivre en société, participer à la société
3e – Dénoncer les travers de la société

Séquence

22 L’homme et la technologie #caricature

Les machines et les technologies diverses prennent de plus en plus de place dans notre vie quoti-
dienne : comment se passer de téléphone pour communiquer ? Ne pas utiliser de réfrigérateur ?
Cette séquence ne vise pas à dire aux élèves « les technologies sont bien » ou « les technologies ne
sont pas bien », mais plutôt de les faire réfléchir, la plupart du temps à travers l’analyse de documents
satiriques, à la place qu’on leur donne. C’est donc un chapitre aux visées argumentative et réflexive
qui est ici proposé.

Compétences travaillées dans la séquence


Langage oral Écriture
Dans les pages de lecture… Dans les pages de lecture…
■ S’exprimer de façon maîtrisée en s’adressant à un ■ Passer du recours intuitif à l’argumentation à un
auditoire usage plus maîtrisé :
y Pratiquer le compte rendu / • Formuler un avis X Argumenter pour faire la promotion d’une
personnel nouvelle machine, p. 342
X Exposé sur le travail à la chaîne, p. 343 X Repérer les procédés de la chanson pour
■ Participer de façon constructive à des échanges argumenter, p. 349
oraux ■ Adopter des stratégies et des procédures
y Animer et arbitrer un débat d’écriture efficaces
X Organiser un débat sur la place des jeux vidéo X Transformer une BD en dialogue écrit, p. 345
dans la vie des élèves, p. 344
En atelier, p. 350
X L’utilisation des caméras de surveillance dans
■ Passer du recours intuitif à l’argumentation à un
notre société, p. 347
usage plus maîtrisé :
En atelier, p. 351 X Argumenter de manière directe sur la place du
■ Participer de façon constructive à des échanges livre dans notre société
oraux ■ Exploiter les principales fonctions de l’écrit
y Participer à un débat, exprimer une opinion X Comprendre les usages et les potentialités du livre
argumentée et prendre en compte son numérique
interlocuteur / • Animer et arbitrer un débat ■ Adopter des stratégies et des procédures
X Organiser un débat sur le rôle des écrans dans d’écriture efficaces
notre vie. X Technique de l’introduction et de la conclusion

Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue


■ Lire des textes variés avec des objectifs divers : Dans la double-page langue…, p. 352-353
y Recourir à des stratégies de lectures diverses ■ Construire les notions permettant l’analyse et la
(adapter sa lecture à l’objectif poursuivi, adapter sa production des textes et des discours
lecture aux supports, reformuler y Observation de la variété des possibilités offertes
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’observe », par la langue
« Je comprends » ■ Procédés stylistiques de la satire et de la caricature
y Formuler des impressions de lecture, percevoir un (absurde, antiphrase, jeu sur la polysémie ou sur
effet esthétique l’antithèse)
X Carte mentale « Lire un texte » : « Je lis », ■ Connaître les différences entre l’oral et l’écrit
« J’écoute », « Je réagis » y Aspects syntaxiques
y Formes orales : élision et liaisons

séQuence 22 L’homme et la technologie #caricature 267


Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue
y Reconnaître les implicites et faire les inférences et ■ Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe des
hypothèses de lecture nécessaires mots
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’interprète »
■ Lire et comprendre des images fixes ou mobiles
X Carte mentale « Lire une image »

Enjeux culturels
■ Lire des œuvres littéraires et fréquenter des œuvres
d’art
X Développer des connaissances sur le genre de la
satire
X Construire des notions : le sketch humoristique
■ Lire des documents composites et des textes non
littéraires :
X Découvrir des œuvres, des textes et des images à visée
satirique, relevant de différents genres et formes  :
caricature, dessin, bande-dessinée, chanson…
■ Lire des textes variés avec des objectifs divers :
y Reconnaître les implicites d’un texte et faire les
inférences nécessaires.
X Les modalités de la satire, les effets d’ironie,
de grossissement, de rabaissement ou de
déplacement
Enjeux de formation personnelle
X S’interroger sur la dimension morale et sociale du
comique satirique

Lecture La machine : quel progrès ? 2. Pour répondre à cette question, il sera inté-
p. 342 ressant de décomposer le mot et de rechercher
les significations des différents éléments en grec
ancien afin de déterminer l’appareil actuel qui
1. Ignis de Didier de Chousy audio
s’en approche le plus tout en étudiant le premier
Ce texte, écrit voilà 150 ans et inconnu du grand paragraphe détaillé de manière scientifique.
public, surprend par sa modernité : il décrit une – Télé : « loin de »
machine proche des nouvelles technologies – Chromo : « couleur du corps »
actuelles avec un regard critique et satirique. – Photo : « lumière »
En piste ! – Phono : « son, voix »
Cette activité d’ouverture interroge d’emblée les – Tétro : « quatre »
élèves sur le rôle des machines et des nouvelles – Scope : « observer »
technologies, et les relations qu’ils entretiennent Cet appareil pourrait être une association de la
avec elles : il sera intéressant d’observer si ce sont télévision et d’applications comme facetime ou
davantage des outils de communication qui sont skype, ou encore un hologramme.
mis en avant ou des « machines » du quotidien : Pourquoi ne pas montrer l’apparition de la prin-
un réfrigérateur est-il encore considéré comme cesse Leia projetée par R2D2 dans le premier
une machine ou est-il un objet pleinement inté- volet de Star Wars ?
gré à la vie de l’homme de sorte qu’on en oublie 3.  Les bienfaits de l’appareil sont proposés à
son caractère technique ? partir du paragraphe 2 : « très simple » (l.  6),
1. On utilise le guide de lecture « Lire un texte » « on peut à volonté faire comparaître l’absent
avec les élèves. ou lui apparaître soi-même » (l.  13-14), « plus

268 THème 2 3e • Dénoncer les travers de la société


d’isolement ni de solitude » (l. 18), « union de 1.  On utilise le guide de lecture « Lire une
tous les habitants » (l. 21). image » avec les élèves.
4. Cette machine a donc un rôle de lien social 2.  L’extrait présente un travail à la chaîne qui
avant tout. s’accélère et transforme progressivement
5. Pour répondre à cette question, il sera néces- l’homme en machine jusqu’à le dévorer.
saire de reprendre la liste des bienfaits mis en 3. Dans sa relation à la machine et aux autres,
avant précédemment et d’en montrer l’aspect Charlot reste avant tout humain, posant un
ironique. En effet à côté du terme bien complexe regard interrogateur sur ce qui l’entoure avec
qui désigne l’appareil, le narrateur le qualifie de humour. Ses mimiques le rendent sympathique
« très simple ». Le terme « comparaître » est alors que les autres personnages se métamor-
bien un terme associé à la justice. phosent progressivement en machine à travers
À ces termes on ajoutera les expressions « de gré leurs gestes répétitifs voire mécaniques dont
ou de force » (l. 18) puis « visite spectrale » (l. 19) toute réflexion est bannie.
ou encore « voisins oisifs venant familièrement » 4.  La tonalité de l’extrait progresse du rire
(l.  20) qui ont une connotation péjorative : qui moqueur (on peut observer le passage progres-
aimerait en effet être visité à n’importe quelle sif à un rythme très – trop – soutenu) à un rire
heure et n’importe où par des personnes qui ne satirique lorsque l’atmosphère devient onirique.
s’annoncent pas ou que l’on n’a pas envie de voir ? La critique du travail à la chaîne et du rythme de
On insistera également sur les dérives possibles travail est claire.
de telles possibilités en proposant des extraits
5. Lorsque Charlot est absorbé par la machine,
de films futuristes ou de science-fiction qui font
le spectateur peut s’attendre au drame : la
apparaître ce genre d’hologramme.
séquence suivante associée à la musique rend
créative et argumentative l’instant magique et humoristique.
6. Pour libérer l’écriture, il s’agira de demander Oral  
aux élèves ce qui pourrait être encore inventé ou
qui semble leur manquer et qui pourrait amé- 6. Le travail proposé ici est une prise de parole
liorer leur quotidien. L’appareil ainsi trouvé, les plutôt courte qui vise à développer l’esprit de
élèves devront lui trouver un nom en fonction synthèse organisée des élèves : on les invitera à
de racines latines ou grecques, puis en faire la travailler sur le fordisme ou le taylorisme et à
promotion soit sous forme d’un paragraphe de réfléchir à l’automatisation dans l’industrie par
magasin futuriste ou sous la forme d’une affiche exemple.
argumentative voire d’un spot publicitaire. Culture + site

On amènera les élèves à réfléchir aux objectifs


Le coin des mots des artistes utilisant des éléments mécaniques
Il sera très facile de retrouver les différentes dans leurs créations ou encore à la mise en art
racines grecque ou latine dans un dictionnaire de certains composants de machines. Les Méta
étymologique. Matics de Tinguely ou encore les œuvres créées
avec son épouse Nikki de Saint Phalle pour
2. Les Temps modernes de Charlie Chaplin la fontaine Stravinsky à Paris entrent pleine-
ment dans cette réflexion sur l’utilisation de la
Le travail proposé sur Les Temps modernes de machine dans l’art.
Chaplin est quant à lui plus traditionnel et déve-
loppe la question de la place de l’homme face à Je fais le point
la machine.
Le regard des artistes proposés dans cette double
En piste ! page met en évidence à chaque fois des aspects
Pour que les élèves comprennent bien les pho- bénéfiques des machines. La satire se porte plu-
tos présentées, il est nécessaire de leur montrer tôt sur les dérives des utilisations qu’en font les
l’extrait sélectionné. hommes au point d’en oublier ce qu’ils sont.

séQuence 22 L’homme et la technologie #caricature 269


On pourra prolonger la réflexion avec les élèves une utilisation raisonnée à défaut d’être raison-
en soulignant que certaines entreprises actuelles nable !
mettent en vente des appareils proposant un L’ensemble des questions interrogent prioritai-
monde de réalité virtuelle qui, s’ils s’imposent rement les élèves sur l’utilisation des nouvelles
dans notre monde, entraîneront forcément des technologies. L’objectif de cette réflexion est de
modifications de perception du réel et du rap- les conduire à une utilisation raisonnée voire
port au monde. raisonnable. Un travail avec le service médico-
social de l’établissement peut être envisagé pour
Devenir créateur de machine et en rédi- ne pas écrire nécessaire dans certains cas.
ger le descriptif d’utilisation
À partir d’une sculpture de Tinguely proposée 1. On utilise le guide de lecture « Lire un texte »
dans l’exposition, rédigez un court texte à la avec les élèves.
manière de Didier de Chousy qui présentera son 2. Pour désigner le monde réel, les élèves pourront
utilisation et son rôle pour la société. relever les expressions « lâcha un instant la souris
1. Choisissez une œuvre et définissez-en les élé- pour saisir la canette de bière » (l. 13), « quitter
ments constitutifs. l’écran, et se risquer jusqu’à la cuisine » (l. 14-15).
Pour désigner le monde virtuel, on s’intéressera
2.  Imaginez ce que cet objet pourrait faire et à tous les lieux présentés ainsi qu’aux termes
comment. désignant le jeu.
3. Rédigez le descriptif. 3. Andréas est pris par le jeu à tel point que la syn-
4. Rédigez, à partir de votre descriptif, un texte à taxe et les expressions utilisées brouillent en effet
coloration humoristique présentant la nouvelle les pistes : l’expression « il se cala » (l.  11) peut
machine. tout aussi bien appartenir au monde réel s’il se cale
dans un fauteuil ou appartenir au monde virtuel
lorsqu’on lit la suite du texte. Il en est de même
Lecture Les nouvelles technologies : avec les deux expressions proposées en question 2.
quel rapport au monde En effet, l’expression verbale « se risquer jusqu’à
et aux autres ? p. 344 la cuisine » veut-elle signifier que des monstres
À travers cette nouvelle perception des rapports pourraient surgir et donc que nous sommes dans
de l’homme et de la machine, on s’intéresse le monde virtuel ou tout simplement qu’aban-
à l’utilisation que fait l’homme des nouvelles donner le jeu amènerait à perdre. L’expression
technologies : les jeux vidéo, les téléphones por- joue donc sur une ambiguïté : les deux univers du
tables et Internet. Quel rapport au monde et aux joueur ne semblent plus pouvoir être dissociés. Il
autres l’utilisation des nouvelles technologies en est de même pour « posa le couteau et saisit
développe-t-elle ? la souris » (l. 21-22) : la souris devient ici l’arme…
4. Le texte nous amène à conclure que le per-
1. No pasarán, le jeu de Christian Lehmann sonnage est happé par le monde virtuel.  Tout
le jeu d’écriture avec la souris vise à nous en
Les héros de cet ouvrage s’enfoncent progres-
convaincre.
sivement dans un monde virtuel au point de
se couper totalement ou presque du monde 5. Peut-on dire que l’auteur est pour ou contre ?
réel.  Andréas, le personnage de l’extrait, est Il est évident qu’il pose ici un regard sur les
celui des trois héros qui perd pied face aux deux conséquences sociales et intellectuelles des per-
mondes qui s’offrent à lui. sonnes qui passent leur vie devant un écran. En
tout cas, il y a une addiction certaine qui est
En piste ! mise en évidence.
Les questions proposent ici de réfléchir aux rap-
ports personnels et individuels que chacun entre-
Oral  
tient avec les nouvelles technologies, non pour 6. Ce travail propose une réflexion sur un point
porter un jugement, mais pour en faire ressortir de la vie sociale actuelle des élèves : les jeux en

270 THème 2 3e • Dénoncer les travers de la société


réseaux sont-ils de nouveaux modes de com- Je fais le point
munication ? Le rapport à l’autre est modifié et
interroge. La caricature est un élément de réflexion en cela
qu’elle pose un regard exagéré sur une situation.
2. « L’Influence des réseaux sociaux » Les observateurs de caricatures sont amenés à
d’Olivier Pirnay prendre conscience des excès possibles de telle
ou telle situation et aux conséquences.
3. Le Chat de Philippe Geluck
1.  On utilise le guide de lecture « Lire une Le coin des mots
image » avec les élèves.
SMS : Short Message Service
2.  Les deux documents proposés ici sont tous LOL : Laughing Out Loud
les deux des caricatures dans la mesure où ils 4G : quatrième génération des standards pour la
mettent en évidence, de manière exagérée, une téléphonie mobile
nouvelle relation au monde et aux autres qui SPAM : Spiced Pork And Ham
serait induite par l’utilisation des nouvelles tech- MDR : Mort De Rire
nologies.
3.  La question de la communication est posée
dans le document 2 : les jeunes communiquent Lecture Dans quel but utilise-t-on
bien dans la caricature d’Olivier Pirnay, mais les nouvelles technologies ?
sous une forme qui délaisse ici le rapport les p. 346
codes habituels.
Dans le dessin de Philippe Geluck, c’est une inter- La double page s’intéresse cette fois à l’utilisa-
rogation sur le monde extérieur et intérieur qui tion que font les hommes de leurs inventions
est posée : qu’est-ce que découvrir le monde ? et plus exactement aux dérives de leurs utilisa-
On peut en effet avoir de grandes connaissances tions. Avec le texte de Georges Orwell, même
sur le monde en lisant et surfant sur le Net mais s’il s’agit d’un roman d’anticipation, les élèves
est-ce pour autant une connaissance réelle ? Il seront confrontés à certaines réalités que les
serait intéressant de demander aux élèves quel documents suivants mettront en lumière.
attrait peut avoir le voyage dans la découverte L’homme devient un loup pour l’homme si
des autres et comment se servir du Net pour leurs créations se retournent contre les créa-
découvrir un pays. teurs.
4. Il s’agira d’analyser la pertinence des phrases
proposées par les élèves. 1. 1984 de George Orwell
5. La réflexion porte ici sur la perception de nou- En piste !
veaux modes de communication liés aux nou-
L’analyse de la photo pourra faire (re)surgir
velles technologies. Quels sont les nouveautés,
quelques notions de l’architecture des totalita-
les avantages mais également les inconvénients ?
rismes étudiés en cours d’histoire en 3e. La pan-
créative carte « publicitaire » devient presque, ici, une
6. Il s’agira de faire une retranscription des pro- mise en garde publicitaire.
pos en langage courant. Les élèves butteront 1. On utilise le guide de lecture « Lire un texte »
certainement sur des termes qui ont pour eux avec les élèves.
une signification naturelle sans pour autant en 2. Le régime au pouvoir utilise toute une pano-
connaître les correspondances. L’idée est de les plie de moyens pour observer ou rappeler aux
amener à réfléchir aux nombreuses possibilités citoyens qu’ils le sont :
qu’offre le langage, et qui leur seront néces- – les affiches conditionnent les habitants ;
saires pour aborder les nombreuses situations – les hélicoptères : « c’était une patrouille qui
de communication offertes par l’existence et à venait mettre le nez aux fenêtres des gens »
s’y adapter. (l. 14-15) ;

séQuence 22 L’homme et la technologie #caricature 271


– le « télécran » qui « recevait et transmet- abyme et sous-entend un autre observateur tan-
tait » (l. 20). dis que le second interroge la part de liberté des
Les habitants n’ont donc pas de zone de liberté individus dont l’observateur a une connaissance
individuelle. fine. On pourrait lire les deux dessins comme
3. Les termes suivants, associés à la vue, créent une trame narrative.
une atmosphère pesante. L’homme ne regarde 4.  Le premier dessin : « Pris en étau », « Tel
pas, il est regardé avant tout. « tout sem- est regardé qui croyait regarder », « Memento
blait décoloré » (l.  4), « BIG BROTHER VOUS videri ». Le second dessin : « On vous connaît »
REGARDE » (l.  6), « le regard des yeux noirs ou toute autre proposition mettant en évidence
pénétrait » (l.  7), « mettre le nez aux fenêtres la notion d’observation et de fichage des gens.
des gens » (l. 14-15), « champ de vision » (l. 23),
« surveillé » (l. 25), « surveillait » (l. 27).
Oral  
4.  La dernière phrase est une façon de 5. Le débat proposé repose sur une réflexion en
construire un personnage dans ces premières deux parties. Il serait intéressant d’amener les
pages de l’histoire : Winston a réfléchi, analysé élèves à réfléchir à l’utilisation réelle que l’on fait
la situation et souhaite créer son propre espace des nouvelles technologies.
de liberté. Je fais le point
5. L’auteur s’engage contre les régimes dictato-
riaux qui suppriment toute dimension de liberté Les artistes mettent surtout en avant dans les
pour les individus. Les hommes ainsi surveillés caricatures les dérives de l’utilisation des nou-
en permanence sont contenus dans leurs envies. velles technologies. Il ne s’agit pas de trouver ici
Ainsi, toute rébellion est impossible. les bienfaits mais bien de lancer une réflexion sur
l’utilisation parfois très malsaine des innovations
créative technologiques. L’homme ne doit pas être tota-
6. On attend ici un paragraphe qui illustre ce que lement naïf face à ces nouvelles technologies.
fait Winston – peut-être organiser une révolte Le coin des mots
– mais également un paragraphe pouvant faire
apparaître le rôle du télécran – une voix pour- L’ensemble de ces termes sont des contre-mots
rait lui demander de se retourner par exemple anglais ! Il s’agit en effet de trouver un équiva-
ce qui amplifierait l’intrusion du régime dans la lent français quitte à en créer un pour contrer
vie intime. la prédominance de l’anglais en matière d’infor-
matique.
2. Big Brother vous regarde
1.  On utilise le guide de lecture « Lire une
image » avec les élèves. Lecture La technologie a-t-elle
pris le pouvoir ? p. 348
2. Le message est relativement clair : il s’agit de
montrer que nous sommes tous observés par un Le texte de la chanson de Stromae est un bon
ensemble de caméras. On pourra alors s’intéres- exemple de satire et une source de réflexion
ser aux webcams qui parfois sont piratées… sur l’utilisation abusive des nouvelles technolo-
3. Quel dessin est finalement le plus satirique ? gies et autres applications diverses. La question
Celui qui propose une sorte de mise en abyme posée est bien celle de notre position face à ces
avec le jeu de l’observateur lui-même observé ? nouveautés.
Celui dans lequel les personnages ne sont pas
simplement amenés à traverser, mais sont 1. « Carmen » de Stromae
désignés par leur propre nom ? L’intérêt de ces
deux dessins de presse est donc bien de mettre En piste !
en perspective l’utilisation que l’on fait des Comme la chanson de Stromae est une réa-
machines. Le premier dessin est une mise en daptation de Carmen de Georges Bizet, il est

272 THème 2 3e • Dénoncer les travers de la société


intéressant de la découvrir pour ensuite obser- les élèves non pas à rejeter ce mode de fonction-
ver comment l’artiste contemporain s’en est ins- nement mais d’en avoir une approche réfléchie
piré pour créer sa satire. et distanciée.
1. On utilise le guide de lecture « Lire un texte » Je fais le point
avec les élèves.
2.  La première strophe résume en quelques Il y a bien dénonciation dans cette chanson
mots l’ensemble de la pensée satirique de Stro- mais sous une forme plutôt sympathique voire
mae : la comparaison entre l’amour et le réseau amusante. La réflexion vient du paradoxe entre
social Twitter montre – tout comme dans musique et texte. Progressivement les répétions
l’opéra – le caractère volatile des relations. Ce abusives créent un phénomène d’angoisse. Il sera
paragraphe est organisé comme une démons- alors intéressant de reprendre le clip pour retra-
tration logique (par la présence des connecteurs vailler sur l’association texte, musique et dessin.
logiques « d’abord », « ensuite », « et ») qui Porter un regard critique et exposer son
présente l’utilisation d’un réseau social comme interprétation
un enchaînement conduisant inéluctablement Rédigez un article de presse dans lequel vous
à la solitude. Il est construit sur ce paradoxe : le ferez la critique de la chanson et du clip vidéo
réseau social conduit à la solitude sociale. de Stromae. Votre écrit mettra en évidence la
3. Le premier pronom est « on », pronom indé- portée de la chanson et soulignera son aspect
fini impersonnel qui a un caractère général puis satirique
c’est l’apparition du « tu », le récepteur de la 1. Regardez à nouveau la vidéo.
chanson mais pourquoi pas également un carac-
tère général comme en latin ou dans certains 2. Relevez les éléments qui progressivement
argots. L’abondance des « je », des « vous » créent une atmosphère pesante.
et « nous » donne une dimension presque 3. À partir de vos remarques précédentes, rédi-
effrayante à la conclusion : nous sommes tous gez votre propre point de vue et dépassez le
concernés… cadre de la chanson pour poser un regard cri-
4.  C’est bien le caractère consumériste de la tique sur le thème abordé.
communication qui est ici mis en avant : où y
a-t-il dans ce mode de communication de vrais Quelle place pour le livre ?
sentiments ? p. 350
5.  Le refrain s’organise sur le jeu des sonorités
et des mots. Les anaphores aux sonorités dures Atelier Écrire un texte argumentatif
(« Prends garde à toi / Garde à… ») scandent le sur la place du livre dans notre
texte. L’allitération en /m/, en lien avec le verbe société
« aimer », rappelle certains « like » des réseaux Caricature de Deligne
sociaux qui utilisés à outrance ne finissent par ne Il ne s’agit pas ici de rejeter la tablette numé-
plus rien signifier. rique ou de mettre en avant le livre comme
6.  L’association de la musique et du texte seule solution à la lecture, mais plutôt d’analyser
construit un paradoxe signifiant : sous un aspect comment tous les supports peuvent s’associer
charmant voire léger le réseau social cache un et devenir ainsi une vraie source de richesse.
monstre. La lecture du texte de Carmen de Bizet Écrit d’invention
donnera également quelques clés de compré- Rédigez un sketch satirique dans lequel vous
hension. êtes confronté à une machine.
argumentative 1.  Regardez les sketchs d’humoristes comme
7.  On insistera sur le premier paragraphe qui Anne Roumanoff, Muriel Robin, Cyprien ou
met en avant le caractère futile des relations encore Patrick Timsit qui exposent leurs rela-
« amicales » des réseaux. L’intérêt est d’amener tions difficiles aux appareils.

séQuence 22 L’homme et la technologie #caricature 273


2.  Selon quel procédé le comique se met-il en Je m’entraîne
place progressivement ? 2. Production libre des élèves.
3. Quel rapport à la machine, l’humoriste sou- L’oral et l’écrit
haite-t-il/elle mettre en évidence ?
J’observe
4.  Choisissez une machine qui sera le sujet de 3. a. phrases non verbales (avec anglicismes) +
votre sketch. interrogative sans mise en perspective de l’ad-
5. Listez l’ensemble des problèmes qui peuvent verbe interrogatif. – b.  « Ed » est une abrévia-
se présenter dans son utilisation, sa mise en ser- tion. – c. Élision. – d. Langage phonétique SMS.
vice… Je m’entraîne
6.  Rédigez votre texte qui présente votre rela- 4. Réécriture : Production libre des élèves.
tion à cette machine de manière humoristique
voire satirique. La dénotation et la connotation
J’observe
5. L’ensemble des termes détermine une atmos-
Oral Gardez le contact ! p. 351
phère glauque. On ne discerne peu ou pas
Atelier Participer à un débat et exprimer grand-chose.
son opinion Je m’entraîne
6.  On s’attachera ici à montrer le caractère
mélioratif, péjoratif voire ironique de ces diffé-
1. Modern Romance de Nick Ogonosky
rents termes en fonction de leur contexte d’uti-
2. Visite de Bordeaux en réalité augmentée lisation.
avec la tablette Imayana 7. – Passion : amour mais peu serein + empoi-
Les nouvelles technologies ne sont pas que mau- sonna : intoxiqua. L’amour qui aurait pu être un
vaises ! Cette activité orale sous forme de débat doux sentiment à vivre se transforme par la pré-
amènera les élèves à trouver des éléments béné- sence de ces termes en véritable enfer.
fiques mais mettra également en avant les abus – Apparition et éblouissement projettent l’ex-
de l’utilisation. trait dans un univers féerique, merveilleux.
– Hostile et froissé entraînent la compréhen-
sion du texte vers le malheur et la tristesse. Le
Langue La grammaire pour lire, écrire personnage se sent ici rejeté (ce qui est le cas
et parler puisque sa mère n’est pas venue la chercher à
Les procédés syntaxiques de la satire l’école…).
et de la caricature
Les emprunts de la langue
J’observe et les créations de mots
1. Cet exercice propose diverses techniques lit-
téraires conduisant à la satire à la fois syntaxique J’observe
mais également lexicale. L’enseignant pourra 8.  Xéno-phobie / télé-travail / auto-mobile /
montrer qu’il s’agit de lire « entre les lignes » biblio-phile / micro-film / stetho-scope
et que la satire ou la caricature ne peuvent être Tous les termes sont donc composés de deux
comprises que si les deux interlocuteurs ont un racines grecques ou latines.
même socle commun culturel. 9. On classera ici les termes selon leur pays d’ori-
Extrait 1 : le système logique absurde. gine.
Extrait 2 : l’accumulation. Nem : Viet Nam – Pain : Italie – Cool : Angle-
Extrait 3 : l’hyperbole. terre – Spaghettis : Italie – Vasistas : Allemagne
Extrait 4 : le système logique à comparaison para- – Tamagoshi : Japon – Table : Italie – Drakkar :
doxale : confrontation des domaines de référence. Scandinavie – Cricket : Angleterre – Tsunami :
Extrait 5 : la structure d’insistance et d’intensité. Japon – Démocratie : Grèce.

274 THème 2 3e • Dénoncer les travers de la société


Je m’entraîne Les mots de l’ironie et de la satire
10.  L’objectif de cet exercice tout comme le 14. et 15.
9 est de montrer que notre langue s’enrichit a. La guerre est observée dans ce texte de Voltaire
constamment des autres. Les découvertes ou comme une « harmonie ». Les intensifs répétés
les rencontres entre les civilisations est une véri- « si » donnent aux premières lignes un aspect
table source de diversité linguistique. paradisiaque. Chaque phrase est construite sur
11. Tous les termes proposés ont leur équivalent un même principe : série méliorative // terme
en anglais. Tout comme l’un des exercices pré- connoté négativement. Tout repose donc sur
cédents, il s’agit d’observer la grande diversité les paradoxes :
de notre langue qui peut aussi désigner, comme – rien n’est si beau, si leste, si brillant // deux
le Québécois le fait, des faits linguistiques dont armées
l’origine est anglaise. On pourra alors sensibiliser – les trompettes, les fifres, les hautbois, les tam-
les élèves à la francophonie. bours // les canons
– Magasinage = shopping. Les Québécois pré- –  harmonie // enfer
fèrent ce terme à l’anglais. On attendra des élèves qu’ils puissent travailler
– Courriel = courrier électronique pour lutter sur le paradoxe et créer ainsi dans leur écrit une
contre le terme « e-mail ». réflexion. Il sera intéressant de les amener à orga-
–  Bureautique a été créée en 1976 pour trouver niser un espace premier positif réduit à néant
un équivalent à l’anglais office automation. par un mot seulement.
–  Audionaute est construit sur les racines latine b. Les temps les plus présents dans cet extrait sont
et grecque audio (« écouter ») et nautaô le présent de l’indicatif et le conditionnel présent.
« naviguer » = consommateur de musique c.  La plupart des verbes conjugués a comme
sur Internet – néologisme. sujet la « première pièce » de la maison décrite.
L’évolution du sens des mots Le narrateur s’adresse également à son lecteur
qu’il vouvoie.
J’observe d. « On a dîné » : participe passé employé avec
12. Le mot « bourgeois » a une évolution inté- avoir sans accord.
ressante car si le mot désigne dans un premier « La crasse a imprimé » : idem.
temps les habitants d’un espace donné, la ville, « Elle est plaquée » : participe passé employé
il évolue et acquiert une dimension sociale. avec « être » – accord avec le sujet « elle ».
Aujourd’hui, dans certains propos le bourgeois « Fut peinte » – idem.
est avant tout celui qui a de l’argent et qui ne On ajoutera à ces participes passés employés
veut surtout pas s’en défaire. avec auxiliaires, les participes passés employés
Je m’entraîne comme adjectifs s’accordant avec le nom qu’ils
13.  L’ensemble des termes avec plus au moins complètent : « ternies », « fabriquées ».
d’épaisseur montre qu’un mot peut au fil du 16. Production libre des élèves.
temps ne conserver de sa signification d’origine
que peu d’éléments. La langue fixe donc en fonc-
tion des périodes historiques et des sensibilités Plaisir de lire  Lecture en réseau p. 355
qui se dégagent une utilisation spécifique des
mots.
–  Le mot « caractère » désigne en grec ancien Pour entrer dans l’œuvre  
le personnage d’une pièce de théâtre. Ce qui •  Montesquieu est un écrivain du siècle des
fait le personnage, ses défauts et ses qualités Lumières. Ce mouvement de pensée vise à la
devient par la suite son « caractère ». diffusion des idées humanistes.
– L’« école » a pour origine le mot grec qui André Franquin est un auteur majeur de la
désigne le « plaisir », il sera intéressant de bande dessinée franco-belge. Il a contribué très
montrer aux élèves qu’apprendre peut encore longtemps au journal de Spirou. Il fait partie de
conserver une part de plaisir. l’école de Marcinelle, qui met à l’honneur des

séquence 22  L’homme et la technologie #caricature  275


personnages caricaturaux, à gros nez, dans des permet des lettres courtes et la confrontation de
décors réalistes. points de vue différents.
•  Une idée noire est une idée cafardeuse, qui 4. Le noir et blanc choisi par André Franquin est
déprime. L’humour noir est un humour qui bien adapté au regard désabusé qu’il porte sur
fait rire de façon grinçante ou cruelle sur le comportement de ses contemporains. Le style
des sujets pas forcément comiques, dont il satirique doit être incisif et percutant. La forme
cherche à montrer l’absurdité. courte de la lettre est donc adaptée.
•  Idées noires d’André Franquin est un recueil 5.  On attend des élèves qu’ils soient capables
de planches. Il s’agit donc d’histoires courtes d’exprimer différents avis argumentés sur une
d’une ou deux pages. Les Lettres persanes est œuvre littéraire ou artistique, même s’il s’agit
un roman épistolaire. d’un avis différent du leur.
•  On attend des élèves qu’ils interrogent leur
profil de lecteur et leur propre culture litté- 6.  La démarche de dénonciation des deux
raire. auteurs est la même puisqu’il s’agit pour eux de
Pour la bande dessinée, on peut imaginer de se moquer des travers de la société et de leurs
donner comme conseil de bien regarder à la contemporains. Mais les thèmes abordés sont
fois le texte et le dessin, et de garder en tête la ancrés dans des époques différentes, avec des
complémentarité des deux modes d’expression. contextes différents.
Le fait que les histoires tiennent en une ou deux Après la lecture  
pages laisse présupposer qu’elles contiennent un 7.  Il s’agit de permettre aux élèves d’exprimer
certain implicite, notamment dans les chutes, leur ressenti à la lecture de ces ouvrages.
qu’il faudra pouvoir comprendre.
Pour le récit épistolaire, on peut rappeler que 8. Dans ce dialogue fictif, on peut imaginer que
la narration va se construire à travers la succes- les deux auteurs soient d’accord sur l’efficacité
sion des lettres que les personnages s’envoient. de la satire pour faire réfléchir, mais présentent
Il est important de faire attention aux en-têtes chacun leur façon d’exprimer cette vision sati-
des lettres (date, nom de l’expéditeur et du rique du monde, à travers des arts différents.
destinataire), car elles comportent souvent des
informations essentielles à la compréhension du
récit. Autoévaluation de lecture  
À vos carnets !   Stupeur et tremblements
d’Amélie Nothomb p. 357
Les deux premières questions servent à accom-
pagner les élèves dans leur lecture, notamment 1. Le personnage ne parvient pas « réussir » sa
en les aidant à identifier les thèmes abordés lettre car aucune contrainte de forme ne lui a
dans différentes planches ou lettres. On attend été proposée. Elle rédige donc un courrier sans
d’eux qu’ils reconnaissent le ton satirique de ces en connaître le contexte.
ouvrages. 2.  Le point de vue est interne. Le lecteur tout
1. Dans les Lettres persanes, les personnages s’in- comme le personnage ne comprend pas pour-
terrogent sur la vie sociale, la politique, la reli- quoi les lettres ne sont pas acceptées et s’inter-
gion. Dans Idées noires, on retrouve les mêmes roge également.
entrées auxquelles on peut ajouter la guerre. 3. La narratrice est désarçonnée et ne comprend
2. Réponse libre des élèves. pas. Rétrospectivement elle s’en amuse en gri-
maçant : « eus-je la sottise de demander » (l. 4),
Pour approfondir la lecture   « il fallait donc que je trouve par moi-même »
3. Pour la bande dessinée, le choix graphique fait (l. 20).
est celui du noir et blanc, avec une prédominance 4. Le regard rétrospectif que pose la narratrice
du noir, comme sur un négatif de photo. Dans sur une période de sa vie dans ce texte per-
le roman de Montesquieu, le roman épistolaire met de s’amuser des incompréhensions mais

276   Thème 2  3e • Dénoncer les travers de la société


également des relations qu’entretiennent les qui déprimait dès qu’il fallait changer le sac de
supérieurs hiérarchiques avec leurs employés l’aspirateur… se révéla un pilote hors pair dans
au Japon. Le terme « méprisant » en est une la conduite du numérique » (l. 11-13), les exagé-
marque. La narratrice indique plusieurs fois rations « la première parabole fut rejointe par sa
qu’elle ne comprend pas pourquoi les lettres sœur » (l. 22), l’utilisation de termes techniques
sont refusées, elle reprend son ouvrage mais participent également de cette satire : le couple
sans résultat ce qui amplifie encore plus la ne parle plus le même langage. On peut analyser
satire. également tous les termes de la famille transfé-
5. Production libre des élèves. rés sur le domaine du numérique. Si ce couple
avait dû avoir des enfants ce n’aurait pas dû être
des paraboles !
Entraînement au brevet
5.  On attendra toute réponse mettant en évi-
Première partie dence l’impossible communication.
1. La nouvelle commence alors que le problème Deuxième partie
est déjà posé : « en lui offrant… deux ans plus 1. Dictée et réécriture
tôt » (l.  2). On assiste donc dans un premier •  Dictée
temps à un retour en arrière avant de constater
les résultats dans un deuxième temps puis de ➨  En téléchargement sur le site www.
voir l’évolution. hachette-education.com.
2. Martine dit clairement avoir offert le cadeau •  Réécriture
à son époux pour qu’il reste avec elle plutôt Il leur fit signe de se taire, de la main, absorbé
que sortir sans elle : elle souhaitait donc l’avoir à par le ralenti séquentiel qu'il venait de program-
ses côtés et vivre en permanence avec lui. C’est mer sur une antique lucarne de Platini dans un
bien ce qui arrive : il est constamment à la mai- but italien. Elles traversèrent le jardin, sortirent
son mais pas avec elle cependant. Il y a bien une l'échelle double du garage pour aller l'appuyer
forme d’ironie tragique puisque le cadeau n’a pas contre l'arrière du pavillon. Parvenues sur le toit,
l’effet escompté mais bien au contraire puisque elles vinrent se placer à genoux entre les deux
les deux risquent plus qu’avant de se séparer. paraboles dans lesquelles, pour qu'il les entende
3.  Le couple se disloque complètement au fur enfin, elles se mirent à hurler leur désespoir.
et à mesure que le texte progresse. Tout le texte 2. Travail d’écriture
est parcouru par l’alternance du « elle » et du Sujet de réflexion : Il s’agira de rédiger un dia-
« il ». Le pronom personnel « ils » n’apparaît logue argumentatif dans lequel les arguments
que deux fois dans le texte : et contre-arguments se succéderont. On atten-
– À la ligne 8 lorsque la parabole arrive dans la dra des élèves qu’ils puissent au moins proposer
maison et que le couple semble encore en deux arguments clairement énoncés illustrés
être un « Ils avaient passé … » ; d’exemple pour convaincre le parent.
– À la ligne 20 pour souligner leur séparation Sujet d’invention : Les élèves proposeront une
de manière paradoxale : « ils ne s’adressèrent suite de texte selon la méthodologie proposée
plus la parole qu’en de rares occasions ». notamment en conservant les caractéristiques
4.  Depuis l’ironie tragique perçue dès le début du texte initial.  Toutes les suites sont envisa-
du texte aux effets des accumulations, tout par- geables à condition qu’elles reposent sur des élé-
ticipe à la satire. Les jeux d’opposition « Régis ments issus du texte premier.

séquence 22  L’homme et la technologie #caricature  277


thème 3 se chercher, se construire
3e – Se raconter, se représenter

Séquence

23 Écriture de soi et autoportraits

Fil directeur de la séquence


La séquence 23 est destinée à faire réfléchir les élèves au genre autobiographique, à ses règles et aux
raisons de sa permanence, du xvie siècle à nos jours, sous différentes formes artistiques.
L’approche choisie dans les doubles-pages de lecture est destinée à construire des connaissances
sur ce genre en les complexifiant. Michel de Montaigne comme Jean-Jacques Rousseau définissent
l’autobiographie comme l’expression sincère et naïve de leur moi. François-René de Chateaubriand
et Raymond Queneau démontrent, quant à eux, que l’autobiographie est un genre littéraire qui
est construction et reconstruction. Primo Levi et Jorge Semprun abordent le genre sous l’angle
du témoignage, qui devient nécessité vitale. La bande dessinée enfin, celle de Manu Larcenet et
de Jean-Yves Ferri ou celle de Marjane Satrapi, atteste la vitalité du genre qui a su muter sous une
autre forme.
Les documents iconographiques, photographies (p. 361) ou tableaux (p. 371), s’intéressent à
l’autoportrait, questionnent à leur tour le rapport entre la réalité et sa représentation, et per-
mettent de s’interroger avec les élèves sur les façons de se mettre en scène, et les raisons pour
lesquelles on choisit de le faire.

Compétences travaillées dans la séquence


Langage oral Écriture
Dans les pages de lecture… Dans les pages de lecture…
■ Participer de façon constructive à des échanges ■ Pratiquer l’écriture d’invention, connaître les
oraux caractéristiques des genres littératures et exploiter
y Participer à un débat, exprimer une opinion des lectures pour enrichir son texte
argumentée et prendre en compte son X Raconter le jour de sa naissance, p. 364
interlocuteur ■ Exploiter les principales fonctions de l’écrit
X Organiser un débat : peut-on tout dire de soi ?, X Utiliser l’écrit (carte mentale, plan détaillé) pour
p. 363 représenter un exposé
■ Percevoir et exploiter les ressources expressives et ■ Passer du recours intuitif à l’argumentation à un
créatives de la parole usage plus maîtrisé
X Mettre en voix le poème de Raymond Queneau, X Argumenter pour réfléchir à l’autobiographie,
p. 365 p. 362
X Mettre en voix le poème de Primo Levi, p. 367 X Expliquer le tableau d’A. Kiefer pour le faire
comprendre, p. 366
En atelier, p. 371
■ S’exprimer de façon maîtrisée en s’adressant à un
auditoire En atelier, p. 370
y Pratiquer le compte rendu ■ Pratiquer l’écriture d’invention, connaître les
y Exprimer ses sentiments caractéristiques des genres littéraires et exploiter
■ Participer de façon constructive à des échanges des lectures pour enrichir son texte
oraux X Connaître le genre autobiographique
y Interagir avec autrui dans une situation de X Transformer une photo en récit
recherche ■ Adopter des stratégies et des procédures
X Interroger ses camarades sur leurs autoportraits d’écriture efficaces
X Présenter un autoportrait sur une durée de 5 à 10 X Imiter la démarche d’écriture d’Isabelle Monnin
minutes

278 THème 3 3e • Se raconter, se représenter


Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue
■ Lire des textes variés avec des objectifs divers : Dans la double-page langue…, p. 372-373
y Recourir à des stratégies de lectures diverses ■ Construire les notions permettant l’analyse et la
(adapter sa lecture à l’objectif poursuivi, adapter sa production des textes et des discours
lecture aux supports, reformuler) y Prendre en compte les caractéristiques des textes
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’observe », « Je X Repérage et interprétation des marques de
comprends » modalisation
y Formuler des impressions de lecture, percevoir un ■ Maîtriser le fonctionnement du verbe et son
effet esthétique orthographe
X Carte mentale « Lire un texte » : « je lis », y Maîtrise de la morphologie verbale
« J’écoute », « Je réagis » X Conjugaison du subjonctif présent
y Reconnaître les implicites et faire les inférences et ■ Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe des
hypothèses de lecture nécessaires mots
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’interprète » X Mise en réseau des mots du portrait
■ Lire et comprendre des images fixes ou mobiles
Dans les coins des mots
X Carte mentale « Lire une image »
Évolution de l’orthographe (p. 362)
Enjeux culturels
■ Lire des œuvres littéraires et fréquenter des œuvres
d’art
X Développer des connaissances sur le genre
autobiographique
■ Situer des œuvres dans leur contexte pour enrichir
leur lecture
X Contextualisation des conflits du xxe.
■ Percevoir un effet esthétique et en analyser les
sources
X Pacte lecteur/auteur
X Distance auteur/narrateur/héros
■ Lire et comprendre des images fixes ou mobiles
X Interprétation de tableaux en relation avec l’histoire
des arts
Enjeux de formation personnelle :
X S’interroger sur les raisons et les effets de la
composition du récit ou du portrait de soi
X Comprendre les raisons et le sens de l’entreprise qui
consiste à se raconter ou à se représenter

Lecture Se dire et se montrer 1. Les Essais de Michel de Montaigne


tel que l’on est : audio
un projet réaliste ? p. 362 En piste !
La lecture des préambules des Essais et des
Confessions permettra d’aborder la question L’objectif de cette activité est de déclencher
de l’intention des auteurs se lançant dans une le processus de l’évocation chez les élèves, en
démarche autobiographique, sur la base de les mettant dans la situation d’une expérience
l’analyse des situations de communication éta- concrète, sans toutefois les inciter à dévoiler leur
blies par l’un et l’autre texte. intimité ; ils pourront ainsi appréhender plus
L’analyse du texte de Michel de Montaigne don- aisément la démarche des auteurs des textes
nera lieu à une étude du contrat établi avec le proposés. Cette expérience pourra constituer
lecteur, et visera à amener les élèves à appré- la base de leur approche d’autres œuvres ou
hender la « modernité » de cet autoportrait en extraits, sur la voie desquels il sera possible de
construction. les guider, ou qu’ils rencontreront peut-être plus

séQuence 23 Écriture de soi et autoportraits 279


tard au fil de leur parcours (par exemple des toute clause, de toute obligation : « Ainsi, lec-
poèmes sur le thème du temps qui passe et du teur, je suis moi-même la matière de mon livre :
carpe diem : Odes d’Horace, « Mignonne, allons il n’est donc pas raisonnable d’occuper tes loi-
voir si la rose » de Pierre de Ronsard, « L’Hor- sirs en un sujet si frivole et si vain » (l. 19-20) ;
loge » de Charles Baudelaire, le passage de la ils pourront s’interroger sur l’intention de cette
« madeleine » dans À la Recherche du temps assertion négative, et être guidés vers la notion
perdu de Marcel Proust ). de précaution oratoire.
1. On utilisera le guide de lecture pour identifier 4. En prolongement de la consigne précédente,
d’emblée la situation de communication dans il s’agit de préciser la nature du contrat posé
laquelle Michel de Montaigne inscrit ses Essais : par Michel de Montaigne, en réfléchissant à la
l’auteur s’adresse directement à son lecteur en part de sincérité et à la part d’« artifice » (l. 13)
le tutoyant, à la manière des épistoliers latins contenues dans cette forme de projet autobio-
(Cicéron, Sénèque, Pline le Jeune), ce qui crée graphique.
une impression de situation de communication
réelle et donc de relation duelle entre un auteur d’argumentation
et son lecteur. 5. La réflexion portera sur le sens donné au terme
2.  On pourra proposer aux élèves de repérer de « vérité », dans une démarche d’initiation à
dans le texte les expressions de la volonté de la philosophie. Les élèves pourront s’appuyer sur
l’auteur, et les expressions renvoyant à son but leur lecture d’œuvres dites « réalistes », qui aura
même, puis de reformuler ces idées. Cette acti- approfondi la question du rapport entre réel et
vité sera effectuée individuellement dans un fiction, pour appréhender la démarche de travail
premier temps, puis elle mènera à des échanges sur le réel pour créer le « vrai », et sur leurs repré-
en groupes et à une mutualisation : sentations de la notion d’autoportrait. On pourra
– expressions de la volonté de l’auteur : « Il pousser la réflexion en lisant cet entretien avec
t’avertit, dès le début que je ne m’y suis fixé Jorge Semprun  : http://www.persee.fr/doc/
aucun autre but que personnel et privé » pole_1262-1676_1994_num_1_1_1324
(l.  1-2), « dessein » (l.  5), « Je l’ai dévolu »
(l. 6), « Je veux » (l. 12) ; Le coin des mots
– expressions renvoyant à son but même : « je Cette recherche morphologique entre dans le
ne m’y suis pas soucié, ni de te rendre service, cadre du volet Langues et cultures de l’Anti-
ni de ma propre gloire » (l.  3-4), « à l’usage quité, intégré à la discipline du Français : cette
particulier de mes parents et des mes amis » ouverture sur la grammaire historique, elle
(l. 6), « y retrouver les traits de mon compor- permet d’aborder la question de l’origine et de
tement et de mon caractère, et que grâce à l’évolution graphique des langues, notamment
lui ils entretiennent de façon plus vivante et en ce qui concerne les langues romanes. On atti-
plus complète la connaissance qu’ils ont eue rera l’attention des élèves sur les origines latines
de moi » (l. 7 à 9), « l’on m’y voie dans toute des langues romanes, ainsi que la graphie non
ma simplicité, mon naturel et mon compor- stabilisée des formes en ancien français.
tement ordinaire, sans recherche ni artifice » – « esté » : du latin est- (verbe sum, esse,
(l. 12-13). « être ») = « été » ➞ essere en italien et ser
3. Il s’agit de déduire de la recherche précédente, (estar) en espagnol/portugais ;
que l’auteur établit d’emblée avec le lecteur une – « dict » : supin du verbe latin dico, is, ere, dixi,
relation de confiance, fondée sur la véracité, la dictum, « dire » = « dit » ➞ dire en italien et
transparence et l’authenticité. Le lecteur est decir en espagnol ;
placé dans la position du parent, de l’ami, qui lit – « loix » : du latin lex, legis, f, « loi » = « lois »
les mémoires d’une personne afin d’en garder le ➞ legge en italien et ley en espagnol ;
souvenir. – « asseure » : du verbe latin asseurer, « rendre
On amènera les élèves à observer que ce contrat sûr » = « assure » ➞ assicurare en italien et
est présenté comme une proposition dénuée de asegurar en espagnol ;

280 THème 3 3e • Se raconter, se représenter


–  « tres » : de l’indo-européen ter, donnant en écrites de Jean-Jacques Rousseau semblent
latin trans, « à travers, au-delà » = « très » ➞ constituer le propos de sa confession ultime au
molto en italien et mucho en espagnol ; moment du « Jugement dernier » (l. 9) et placer
–  « nud » : adjectif latin nudus, a, um, « mis à le lecteur dans la position d’auditeur au sein de
découvert, dénudé » = « nu » ➞ nudo en ita- la « foule de [ses] semblables » (l. 23). Ces obser-
lien et desnudo en espagnol ; vations sont importantes pour comprendre la
–  « moy-mesmes » : du pronom ego pour moy, visée du texte.
du latin meptissimus pour mesme (provenant 2.  Comme pour le texte précédent, on pourra
de l’expression egomet ipse, « moi-même en là aussi proposer aux élèves de repérer dans le
personne ») = « moi-même » ➞ me en ita- texte les expressions de la volonté de l’auteur, et
lien et en espagnol ; les expressions renvoyant à son but même, puis
–  « matiere » : du latin materia, ae, f, de reformuler ces idées :
« matière » (absence d’accent de prononcia-
– expressions de la volonté de l’auteur : « Je
tion) = « matière » ➞ materiale en italien et
forme une entreprise » (l. 1), « Je veux mon-
materia en espagnol.
trer à mes semblables » (l. 2) ;
– expressions renvoyant à son but même :
2. Les Confessions de Jean-Jacques Rousseau « un homme dans toute la vérité de la
La lecture du préambule des Confessions permet- nature, et cet homme, ce sera moi » (l. 2-3),
tra d’analyser la représentation que Jean-Jacques « Moi seul » (l. 4), « Voilà ce que j’ai fait, ce
Rousseau donne de lui-même, et de comparer sa que j’ai pensé, ce que je fus. J’ai dit le bien et le
démarche ainsi que la visée de son œuvre avec mal avec la même franchise. Je n’ai rien tu de
celles de Montaigne. Ces études croisées mène- mauvais, je n’ai rien ajouté de bon ; et même
ront à une réflexion sur l’écriture de soi dans sa s’il m’est arrivé d’employer quelque orne-
relation aux autres. ment indifférent, ce n’a jamais été que pour
En piste ! remplir un vide occasionné par mon défaut
de mémoire » (l. 11 à 14), « Je me suis mon-
Il s’agit d’amener dans un premier temps les tré tel que je fus ; méprisable et vil quand je
élèves à verbaliser la ou les signification(s) qu’ils l’ai été ; bon, généreux, sublime, quand je l’ai
attribuent à ce terme. On pourra ensuite guider été : j’ai dévoilé mon intérieur » (l. 16 à 20).
les élèves vers les différentes acceptions du mot :
cette recherche enrichira la compréhension 3. Il s’agit de mettre en lumière l’effet d’annonce
du texte, à l’aide d’une ressource, par exemple de ce texte, qui fait attendre une autobiographie
le Larousse en ligne : http://www.larousse.fr/ complète, précise, parfois enrichie de détails
dictionnaires/francais/confession/18074?q= comblant un défaut de mémoire mais dénuée
confession#17963. de complaisance, qui ne sera toutefois peut-être
pas objective, comme le laissent penser les lignes
1. On utilisera le guide de lecture pour aborder
18-19 (« bon, généreux, sublime, quand je l’ai
la question de la situation de communication.
Il importe que les élèves perçoivent la place été ») ; cette dernière observation établissant
centrale accordée au « moi » (l.  4) dans ce une transition avec la suite de l’analyse du texte.
texte : en croisant leurs premières observations 4. Jean-Jacques Rousseau emploie plusieurs pro-
avec la lecture du texte précédent, ils noteront cédés de modalisation :
que le locuteur ne s’adresse pas ici directement – des figures de style : la répétition (« quand
au lecteur, mais qu’il intègre deux autres situa- je l’ai été », l.  17-18 et 19) la comparai-
tions de communication à partir de la ligne 9, son (« tel que », 16-17 et 20) la gradation
en imaginant son discours devant Dieu, puis en (« bon, généreux, sublime », l. 18) l’hyperbole
imaginant devant Dieu son discours face aux (« sublime », l. 18) ;
hommes. – un vocabulaire évaluatif en opposition : néga-
On pourra alors parler de confessions « enchâs- tif (« méprisable et vil », l. 17), positif (« bon,
sées » : d’après ce préambule, les confessions généreux, sublime », l. 18).

séquence 23  Écriture de soi et autoportraits  281


Ces modalisateurs montrent un auteur colo- contraire d’un journal intime ; s’il peut répondre
rant son autobiographie de jugements sur sa à un besoin d’introspection, le projet d’écriture
propre personne, et créant un personnage à la autobiographique est aussi une « entreprise »
fois dense et antithétique, peut-être fragile, pour (Les Confessions, l. 1) mûrie qui engage la relation
susciter l’intérêt du lecteur. de l’auteur au lecteur, et représente un person-
5.  Ces modalisateurs laissent entrevoir un nage pour en donner une image cadrée par des
auteur au caractère affirmé mais ressentant un intentions précises et construite sur des focalisa-
fort besoin de reconnaissance. tions calculées.
Le lecteur n’attend pas la vérité objective sur la
Question croisée
vie des auteurs qui se racontent, mais une vérité
6.  On attend le développement des idées sui-
sur des sujets, qui écrivent des pistes de réflexion
vantes :
sur leurs intentions, leurs personnalités, sur le
– titre : Les Essais, titre neutre mettant en valeur sens de la littérature, et peut-être même sur lui-
la notion de recherche, d’élaboration, d’expé- même. De ce point de vue, les entreprises de ces
rimentation d’une entreprise innovante ; Les deux auteurs peuvent être considérées comme
Confessions, titre employant un vocabulaire des « projets réalistes ».
codifié à connotation religieuse ;
– but : Les Essais, laisser une trace par la réali-
sation d’un autoportrait « sur le vif » (l. 14), Lecture Comment les écrivains
sorte d’instantané ; Les Confessions, construire mettent-ils en scène
son apologie et lancer un défi aux hommes leur vie ? p. 364
(l. 27 à 31) ;
La lecture et l’étude de ce passage invite l’élève
– éclairages : Les Essais, insistance sur la sim-
à identifier le projet de Chateaubriand. Le récit
plicité, le caractère « ordinaire » (l.  13) ; Les
qu’il fait de lui-même de sa naissance permet
Confessions, mise en valeur d’une personnalité
de mesurer la complexité du projet autobio-
antinomique ;
graphique : souvenir, reconstruction, démarche
– démarche implicite sous-tendant le pro- pour soi et pour autrui ? L’extrait ouvre aussi à
pos (hypothèses) : Les Essais, se connaître l’écriture des Mémoires d’outre-tombe, qui lie
soi-même et aider les hommes à mieux se le destin de l’auteur aux drames de l’histoire et
connaître en menant une introspection, introduit aux grands thèmes romantiques.
démarche se présentant comme innovante ;
Les Confessions, mise en valeur d’une person-
nalité antinomique, exister par la reconnais- 1. Mémoires d’outre-tombe de
sance, démarche se référant à des croyances François-René de Chateaubriand audio
religieuses. En piste !
Oral   L’élève est invité à écrire, dans un premier
7. Débat temps, très librement ce que la musique et le
L’enseignant(e) pourra se référer à plusieurs sites tableau lui inspirent, puis à ajuster cette impres-
pour alimenter la réflexion de ses élèves, dont : sion, compte tenu des informations trouvées sur
le romantisme (place du « moi », de la nature,
➨   http://eduscol.education.fr/numerique/ etc.). On peut faire écouter le nocturne au cours
dossier/competences/education-aux- d’une lecture silencieuse.
medias/sites-pour-eduquer-a-l-internet ; Fanny Mendelssohn est pianiste et l’une des
➨  h  ttp://eduscol.education.fr/cid57094/ rares compositrices du xixe siècle. Elle est la sœur
chartes.html.
de Felix Mendelssohn. Très douée, son père
Je fais le point ne lui permettra cependant pas de faire de la
musique son métier, tandis que Félix Mendels-
On attend une réflexion sur les intentions d’une sohn a reconnu que certaines de ses pièces ont
autobiographie qui a vocation à être publiée au été composées par sa sœur.

282 THème 3 3e • Se raconter, se représenter


1. On utilisera le guide de lecture pour montrer encore : Saint-Malo est un « rocher » (l. 16), la
comment le paysage et la personnalité du narra- vie est infligée (l. 18), la bourrasque est devenue
teur se répondent dans cet extrait aux accents « tempête » (l. 19).
pathétiques et prophétiques. Les élèves sont 5.  Du point de vue stylistique, cette phrase
invités) réagir à la place du « je » dans le texte et est une période (phrase articulée et mesurée,
à percevoir que le souvenir est ici recomposé par dans laquelle la structure grammaticale et le
le récit d’autrui. rythme mettent en valeur les idées ou les faits).
2. Les entrées « Je lis », « J’écoute » et « Je réa- La période a une protase (première partie) et
gis » peuvent guider l’élève. La réponse est très une apodose (deuxième partie) qui s’articulent
ouverte mais elle vise à permettre de s’ancrer autour d’un sommet (sorte de césure). Pour
dans le texte. Le narrateur brosse un tableau percevoir son effet rythmique, il est important
romantique du jour de sa naissance. de la lire et de la relire à voix haute. L’étude de
3.  La question postule que l’on se souvient du la ponctuation permet aussi d’arriver à en mar-
jour de sa naissance. Ce point, que l’anamnèse quer les étapes, soulignées par les substantifs
de la cure psychanalytique n’exclut pas, peut COD (« rocher », « chambre », « tempête »,
être évoqué avec les élèves, de même que les « frère ») :
questions actuelles de la science et de la psy- –  protase : « Il n’y a pas de jour où,/rêvant à ce
chologie relatives aux souvenirs intra-utérins et que j’ai été,/je ne revoie en pensée/le rocher
au cerveau humain. L’enjeu littéraire est cepen- sur lequel je suis né,/la chambre où ma mère
dant de percevoir que le souvenir ici retranscrit m’infligea la vie,/la tempête dont le bruit
est recomposé : c’est le récit de sa naissance berça mon premier sommeil, » ;
(« on m’a souvent conté ces détails » [l. 11-12]), –  apodose : « le frère infortuné qui me donna
un récit antithétique, « J’étais presque mort un nom que j’ai presque toujours traîné dans
quand je vins au jour » (l. 9-10), « Le mugisse- le malheur ».
ment des vagues, […] empêchait d’entendre François-René de Chateaubriand avait lui-même
mes cris » (l. 10-11) qui marque pour toujours l’habitude de lire son texte à voix haute pour en
François-René Chateaubriand (« Il n’y a pas de vérifier le tempo. Son travail sur la période est
jour où, […] je ne revoie », l. 14-16). La tonalité très créatif, et il participe à l’élaboration d’une
est très sombre (« ma mère m’infligea la vie », prose poétique qui allie sons et rythme.
l.  18) et elle fait du narrateur le héros roman- La référence au frère de Chateaubriand doit
tique et prédestiné de sa propre vie : « Le Ciel être explicitée. Elle joue en outre un rôle sym-
sembla réunir ces diverses circonstances pour bolique. Conformément aux usages de l’époque,
placer dans mon berceau une image de mes des- Jean-Baptiste, l’aîné, va hériter du titre de comte
tinées » (l. 23 à 27). et François-René, le cadet, ne bénéficie ni de la
4. La description est une très belle page roman- même éducation, ni des mêmes égards. Mais
tique : elle a pour rôle de montrer que la naissance Jean-Baptiste est guillotiné en 1794 avec sa
de François-René de Chateaubriand donne déjà jeune épouse, alors qu’ils sont attendus en Bre-
tous les signes de son destin tourmenté (« une tagne: « Mon frère ne vint point ; il eut bientôt
image de mes destinées », l. 26-27). En outre, elle avec sa jeune épouse, de la main du bourreau,
met en scène sa naissance. La maison, dans une un autre chevet que l’oreiller préparé des mains
« rue sombre et étroite » (l. 3-4), donne sur une de ma mère » (Mémoires d’outre-tombe, III, 14).
mer qui se brise « sur des écueils » (l. 7). Ce drame explique la proposition relative « frère
La précision « rue des Juifs » (l. 4) (à l’écart des infortuné/qui me donna un nom » : le titre
grands axes) ajoute à son isolement. La chambre passe au cadet. Mais le narrateur le doit à la mort
« domine une partie déserte des murs de la tragique de son frère. L’évocation au début et à
ville » (l.  5-6). La tempête d’équinoxe – habi- la fin du passage de ce frère doublement perdu,
tuelle à cette époque de l’année – couvre les car il était aussi son « parrain […] de baptême »
cris de l’enfant (l.  10). L’avant-dernière phrase (l. 8) comme c’est l’usage, accentue le tragique
reprend les éléments de façon plus pathétique de la destinée de l’auteur.

séquence 23  Écriture de soi et autoportraits  283


  créative –  métaphores : « outre de lait » (v. 9), poitrine
6. Comme le fait François-René de Chateaubriand, de la nourrice ;
l’élève pourra préparer son travail en recueillant –  comparaisons : « sorte de poire » (v. 11), poi-
dans son entourage des informations relatives trine de la nourrice, « Tu chialais […] comme
à cette journée. Il établira ensuite une liste de un veau » (v. 17), tu beuglais. L’expression est
champs lexicaux utiles (saison, situation, person- familière.
nages). Mais, comme l’auteur, il faudra aussi en 5. La forme poétique permet de suivre, strophe
inventer pour bien comprendre la démarche de après strophe, les étapes du développement du
l’écrivain et de toute autobiographie. À toutes narrateur. Elle fait alterner les souvenirs assu-
les étapes, l’élève peut s’inspirer d’illustrations, de més par le poète (« Je », v. 1) et ceux qui sont
photos et de musiques. L’ensemble peut donner construits sur le récit d’autrui (« on », v.  13).
lieu à un écrit, mais aussi à une composition asso- Le travail de la rime permet de mettre en rela-
ciant texte, image et son, via un logiciel de type tion des mots qui résument à eux deux le sou-
Audacity. L’évaluation éventuelle porte alors sur venir : « vingt et un février »/« mercière »
l’écrit et sur l’oral de production. (v.  1 et 3) car la naissance de l’enfant change
la vie des deux merciers et les institue comme
parents, « injustice »/« nourrice » (v.  5 et 7),
2. Chêne et chien de Raymond Queneau « veau »/« badauds » (v.  17 et 20) car le son
En piste ! attire les passants, « chocolat »/« soldats »
Il s’agit d’un travail très libre qui commence par (v. 21 et 24) représentant l’univers de l’enfance.
identifier une situation précise, et qui peut s’ap- Oral  
puyer sur des échanges familiaux préalables.
6. Pour préparer votre lecture, recopiez le texte
1. On utilisera le guide de lecture pour interroger et annotez le avec des signes qui indiqueront
notamment la forme poétique (jeu inhabituel vos choix de lecture (voix montante, ponctua-
des rimes, alternées dans la première strophe, tion expressive, mimique du visage associée,
embrassées ensuite, avec des rimes ou des asso- etc.). S’enregistrer pour s’écouter permet de
nances, par exemple « dimanche »/« tante » s’améliorer.
[v.  22-23]), et pour travailler la réception du
texte (poésie qui peut dérouter). Je fais le point
2. Le souvenir est sous le signe de l’injustice et François-René de Chateaubriand et Raymond
de la souffrance : le narrateur est arraché à ses Queneau s’appuient tous deux sur ce qu’ils
parents aimants (« Inexplicablement », v.  5) savent du jour de leur naissance, par le récit
pour être mis en nourrice (lexique très péjoratif d’autrui. Ces récits participent à la reconstruc-
et dénué de toute affection). Ensuite, ce ne sont tion du souvenir de leur naissance et s’associent
encore que de mauvais souvenirs, dus à ce que à la perception qu’ils en ont à l’âge adulte.
les adultes ont retenus : enfant « méchant » Tous deux ont une sensation diffuse de tris-
(v. 13), pleurnichard (v. 14), têtu (v. 18), qui fait tesse ; ils ne semblent pas avoir été bien
des caprices et se salit. accueillis : Chateaubriand se sent marqué par
3.  Le registre est soutenu (« avide » [v.  7], un destin funeste, Queneau reste traumatisé
« outre » [v. 9], « j’en tirais festin » [v. 10], etc.), par la séparation d’avec ses parents et son
mais il désigne la nourrice de façon très péjora- entourage lui renvoie une image pénible de
tive (« femme avide et bête » [v. 7], métaphore son enfance.
de l’« outre de lait » [v. 9], comparaison « une Ainsi reconstruit, le souvenir est plus riche car il
sorte de poire » [v. 11], désignation anatomique est nourrit d’images, retranscrit avec une certaine
« organe féminin » [v.  12]). Cela produit un distance (analyse, humour), et il permet ainsi à
effet humoristique grinçant. l’écrivain de faire de cette expérience universelle,
4.  La relation entre les gens est placée sous de ces étapes de la vie que sont la naissance et
le signe de la violence née de l’incompréhension  : l’enfance, un moment hors du commun.

284   Thème 3  3e • Se raconter, se représenter


Lecture La littérature peut-elle L’interrogation de la ligne 7 évoque le doute sur
témoigner de l’horreur la possibilité de raconter cette horreur même –
des camps ? p. 366 doute exprimé de façon explicite à la ligne 8.
Les deux extraits évoquent l’horreur vécue par d’argumentation
les rescapés des camps et posent la question
6.  On s’efforcera de laisser l’élève libre d’inter-
du souvenir. Jorge Semprun invite à s’interro-
préter la toile et son titre. Les rails renvoient
ger : comment raconter ? Primo Levi énonce la
bien-sûr aux trains vers les camps de la mort,
nécessité absolue de se souvenir.
que l’on ne peut regarder sans être pétrifié, à
l’image de la femme de Loth. La toile peut aussi
1. L’Écriture ou la vie de Jorge Semprun dire la nécessité de passer par l’art, pour évoquer
En piste ! indirectement l’horreur ; le tableau évoque un
On veillera, à l’oral, à faire en sorte que l’élève espace ravagé, qui rappelle la pluie de soufre
ne lise pas ses notes. On l’incitera donc à retenir et de feu du mythe biblique. Reste que c’est au
l’essentiel sous forme de mots-clés, et on l’en- spectateur de donner son sens à l’image (elle a
traînera à restituer ses connaissances à l’oral. À suscité des commentaires très divers), ainsi qu’à
l’écrit, il est souhaitable que l’élève réinvestisse son titre : le lien entre les deux laisse une part de
les informations trouvées sur le net ou dans des liberté à l’interprétation.
ouvrages. Il pourra dresser un portrait subjectif
ou parcellaire, à partir des données existantes. 2. Si c’est un homme de Primo Levi
Cela peut aussi prendre la forme d’un portrait En piste ! site
chinois.
Les lycéens sont confrontés à la réalité des
1.  On utilisera le guide de lecture pour faire camps ; les livres d’histoire parlent alors et les
expliquer aux élèves ce qu’ils ont compris de jeunes gens prennent conscience du caractère
ce texte et leur faire sélectionner deux ou trois inouï de ce massacre : les photographies, les
phrases qui leur semblent essentielles. objets, les traces rappellent que ce sont bien des
2.  Pour pouvoir réellement exprimer l’horreur humains, comme eux, qui ont subi l’horreur – et
vécue, le témoignage doit avoir recours à l’art, à que d’autres l’ont infligée.
l’artifice – paradoxalement la seule manière d’ex- 1.  On utilisera le guide de lecture pour faire
primer la vérité et le vécu. L’expérience, « invi- évoquer aux élèves à l’écrit leurs impressions de
vable » (l. 16), a ainsi besoin d’être mise à distance. lecture : que ressentent-ils en lisant ce texte ? La
3. Ce temps d’attente permet à Jorge Semprun de mise en commun permettra d’en éclairer le sens
se mettre, au sortir des camps, non pas du côté et de confronter les approches personnelles :
de la mémoire ravivée de l’horreur et de la mort, certains seront sûrement émus, d’autres peut-
mais du côté de la vie. Il met ainsi, un temps, à dis- être plus rebutés par les derniers vers.
tance, son expérience. Le professeur pourra uti- 2. Primo Levi en appelle dans ce texte à la res-
liser l’interview de Jorge Semprun : http://www. ponsabilité de chacun : « Pensez-y chez vous »
gallimard.fr/catalog/entretiens/01029405.htm. (v.  18). Il cherche à susciter la compassion du
4. Paradoxalement, seul l’art est à même d’évo- lecteur pour cet homme, pour cette femme
quer authentiquement le réel. qui souffrent tant dans leur chair. Il éveille
5. Dans le premier paragraphe, les modalisateurs aussi notre culpabilité : notre « quiétude »
renvoient aux marques de jugement de l’auteur (v. 1), notre tranquillité et notre bien-être, nous
– narrateur, tels que l’adverbe « opportuné- obligent à perpétuer la mémoire de tous ces
ment » (l. 2). Mais on s’arrêtera surtout sur les êtres déshumanisés.
adjectifs et les substantifs insistant sur l’horreur 3. On rejoint ici le propos de Jorge Semprun :
vécue : les corvées infligées sont « meurtrières » l’art permet d’évoquer avec puissance le réel
(l. 4), la nudité est « dévastée » (l. 6) et l’homme dans toute sa vérité. La poésie se prête ainsi à
apparaît dans toute sa « sauvagerie » (l.  5). cet avertissement. La présentation sous forme

séQuence 23 Écriture de soi et autoportraits 285


de vers contribue à densifier et à rythmer le 1. Préface de Gen d’Hiroshima d’Art
propos. Spiegelman
4. Les formules injonctives martèlent le propos : 2. Le Retour à la terre de Manu Larcenet
Primo Levi insiste sur le nécessaire devoir de et Jean-Yves Ferri
mémoire, qui s’impose à tout être humain. Le 3. Jean le Bleu de Jean Giono
poème joue le rôle d’avertissement. Le témoi- 4. Persepolis de Marjane Satrapi
gnage qui suit montrera ce qu’un homme est 1. On utilisera les guides de lecture du texte et
capable d’infliger à un autre homme et ce que de l’image pour découvrir les différents docu-
les prisonniers ont pu vivre. L’oublier, serait ments de la double-page.
rendre possible une répétition de l’Histoire et Pour les textes 1 et 3, on demande aux élèves qui
permettre de nouveaux crimes contre l’huma- sont les auteurs et à quelle époque ils écrivent.
nité. Primo Levi jette l’anathème sur ceux qui On peut aussi leur demander de reformuler les
pourraient, par leur négligence, en être com- propos de chaque auteur. Pour les documents 2
plices. et 4, on demande aux élèves d’identifier le type
Oral   de documents (des bandes dessinées) et leurs
auteurs, ainsi qu’un résumé des sujets de chaque
5. Il s’agit de travailler la mise en voix d’un texte planche et les techniques graphiques utili-
du patrimoine et de rendre l’élève sensible à la sées (noir et blanc, narration en voix off, etc.).
force du texte. On peut également leur demander ce qu’ils
Culture + audio éprouvent à la lecture de ces bandes dessinées.
On peut inviter les élèves à énoncer leurs impres- 2. D’après Art Spiegelman, la bande dessinée est
sions sous forme de mots-clés. On peut aussi bien adaptée à l’autobiographie car :
leur demander de rendre compte du ou des pas- – elle permet de concentrer beaucoup d’infor-
sages qu’ils ont écoutés – et les confronter, ainsi, mations en peu de place (l. 2) ;
à la difficulté de raconter l’innommable. – le cerveau voit lui aussi en images et donc, cette
Je fais le point restitution de la réalité est intéressante (l. 3-4) ;
– le dessin permet à la fois d’illustrer l’action et
Dire l’horreur des camps est possible grâce à l’humour (l. 5) ;
l’art. Il s’agit, pour reprendre les termes de Jorge – la petite taille des vignettes est adaptée à l’in-
Semprun, de faire du « témoignage un objet timité nécessaire dans l’écriture autobiogra-
artistique, un espace de création » (l.  20), seul phique (l. 5 à 8).
à même de faire éprouver ce qui a été vécu.
3.  Le projet autobiographique de Manu Larce-
D’ailleurs, pour Anselm Kiefer, l’art est « le seul
net est surprenant car c’est un autre artiste qui
moyen de donner un sens à ce qui paraît ne plus
scénarise son autobiographie (ce qui peut sem-
en avoir, à ce qui peut-être n’en a pas ». Reste
bler contraire à un projet autobiographique).
que Primo Levi le rappelle, chacun a le devoir
moral de témoigner. 4. Marjane Satrapi décrit son adolescence et les
transformations physiques liées à la puberté. Le
ton est ironique car elle exagère les signes de
cette mutation. On peut penser que c’est ainsi
Lecture La bande dessinée, qu’elle se voyait elle-même à cette époque, mais
une nouvelle voie les changements n’étaient forcément pas aussi
pour parler de soi ? p. 368 impressionnants.
En piste ! 5. Les deux projets autobiographiques de Manu
Tim Burton connaît une enfance solitaire, à voir Larcenet et de Jean Giono se ressemblent,
et revoir des films d’épouvante au cinéma. Il puisque les auteurs utilisent les événements de
apprécie particulièrement les films de l’acteur leur vie comme matière pour créer une œuvre
Vincent Price. Ce sont ces éléments que l’on de fiction, qui s’inspire fortement de la réalité :
retrouve dans le court-métrage Vincent. « J’ai autant inventé ce livre-là que les autres ;

286 THème 3 3e • Se raconter, se représenter


l’invention y est cependant fondée plus qu’ail- connait pas. L’écriture à partir de ces photogra-
leurs sur le réel » (l. 2-3). phies va permettre de se raconter puisque la fic-
tion comportera des événements, des anecdotes
Raconter sa vie en images que les élèves ont pu vivre ; des personnages qui
L’activité proposée consiste à utiliser un logiciel emprunteront leurs traits à des personnes qu’ils
de traitement de photos pour permettre aux ont pu croiser.
élèves, à partir de quelques clichés, de raconter
par l’association de textes et d’images, un événe- 1. et 2.  Les photographies doivent avoir pour
ment de leur vie. qualités de :
y Étape 1 : Sélectionnez un événement de votre
– représenter une seule personne ou un groupe
vie que vous souhaitez raconter et écrivez en la de personnes ;
trame. – représenter différentes générations ;
y Étape 2 : Faites une série de photos racontant
– représenter une même personne qui se
cet événement (elles seront mises en scène, à la retrouve sur l’ensemble des photographies à
manière d’un roman-photo). Vous pouvez vous des âges différents ;
déguiser, faire intervenir d’autres personnes pour – donner un cadre précis, intérieur et extérieur,
incarner les personnages de votre histoire. et différent d’une photographie à l’autre ;
y Étape 3 : Importez vos photos dans les logiciels
– présenter des objets divers (banc, voiture, etc.).
gratuits Caricatool ou Comic Life. Les photos sont 3. 4. 5. et 6. Production libre des élèves.
transformées en dessins crayonnés, qui donnent
Aider le passage au récit
l’impression de dessins de bande dessinée.
L’objectif est d’accompagner les élèves dans le
y Étape 4 : Vous choisissez les dessins que vous
passage de la photographie au récit.
souhaitez intégrer à votre histoire. Vous y inté-
y Étape 1 : observation.
grez des bulles (comme Manu Larcenet) ou de la
Exprimez ce qui se dégage des photographies,
narration (comme Marjane Satrapi).
ce qu’elles ont en commun et ce qu’elles ont de
Culture +
spécifique. Trouvez les éléments auxquels vous
• L’absence du père est exprimée clairement êtes sensibles et expliquez vos choix. Faites le
à travers le refrain « Papaoutai » (« Papa lien avec votre propre existence et définissez ce
où t’es ? »), et plus implicitement à travers qu’elles en rappellent.
le mannequin représentant le père et les y Étape 2 : choix du personnage.
diverses chorégraphies présentant des rela- Identifiez le personnage que vous retrouvez
tions père/fils que l’enfant – narrateur de la le plus souvent dans les photographies. Faites
chanson observe avec envie. son portrait physique et moral, et dégagez les
• Production libre des élèves. similitudes qu’il peut avoir avec vous. Décrivez
Je fais le point le cadre dans lequel il se trouve et ce qu’il vous
évoque.
La bande dessinée permet une narration précise y Étape 3 : mise en place de l’histoire.
et subjective des événements racontés. Elle per- – Définissez les éléments de l’histoire en identi-
met aussi le choix d’un point de vue (celui de fiant les autres personnages et leurs relations.
l’auteur qui devient alors narrateur), l’expression Décrivez leur attitude et imaginez leur per-
de sentiments ressentis à la fois par le dessin et sonnalité. Caractérisez les lieux dans lesquels
les textes, qui y sont associés. ils se trouvent.
– Concevez ensuite la trame de l’histoire : Que
S’écrire soi-même se passe-t-il ? Où ? Quand ? Qui sont les per-
en racontant les autres p. 370 sonnages et quel rapport entretiennent-ils
entre eux ? Que sait le héros ou l’héroïne que
Atelier Transformer une photo en récit vous incarnez ?
L’objectif de l’atelier est d’imaginer un récit à par- – Pour finir, rédigez l’histoire avec un début,
tir de photographies de personnes que l’élève ne un développement et une fin, en incarnant

séQuence 23 Écriture de soi et autoportraits 287


le héros ou l’héroïne qui raconte ce qu’il s’est la qualité des miroirs. La posture adoptée, le geste
passé. Réinvestissez les critères de l’écriture de de la main et les tons sombres appartiennent
soi (première personne, temps du discours, à l’iconographie de l’imitation de Jésus-Christ.
présence de sentiments personnels, etc.). Le peintre rend ainsi hommage à Dieu pour les
compétences artistiques qu’il lui a données et
affirme la noblesse de son travail, sanctifié en
Oral Autoportrait d’artistes : que quelque sorte par ce divin modèle. À gauche du
veulent-ils nous dire ? p. 371 tableau figure le monogramme du peintre : AD
comme Albrecht Dürer ou comme Anno Domini
Atelier Présenter un autoportrait
(« an du Seigneur ») et la date (1500), comme
d’artiste et réaliser le sien
s’il désirait célébrer le siècle. À droite, l’inscrip-
y Étape 1 : à la rencontre des œuvres. tion propriis sic effingeba coloribus (« je me pei-
1. À la Renaissance, plus encore que la reconnais- gnais ainsi de couleurs impérissables ») constitue
sance sociale, c’est la fonction même de créateur peut-être une réponse du peintre à ceux qui lui
que l’artiste tend à affirmer. Pour cela, il n’hésite reprochaient de n’être qu’un graveur.
pas à s’identifier, comme Albrecht Dürer (docu- Dans Autoportrait avec un collier de ronce et coli-
ment 1), au créateur suprême, à travers la figure bri, l’artiste regarde le spectateur et elle est entou-
de Jésus-Christ. L’adjectif « divino » utilisé pour rée de deux animaux : un singe à sa droite tourné
qualifier certains peintres illustre bien cette nou- vers elle et un chat à sa gauche semblant regarder
velle image de l’artiste. le spectateur. À l’arrière-plan, de grandes feuilles
Plus assuré désormais de son statut, le peintre entremêlées rappellent la coiffure de l’artiste. La
délaisse peu à peu les symboles de sa réussite vitalité s’exprime à travers l’animal et le végé-
sociale pour se représenter avec sa fragilité, ses tal. L’expression du peintre est grave, ses traits
doutes, ses interrogations. Ainsi, Frida Kahlo sont figés. Le rouge vif de ses lèvres s’apparente
(document 2) se représente en femme double. aux gouttes de sang qui coulent le long de son
Bien que passée à la postérité, elle se vit entre cou, provoquées par le collier d’épines qui l’en-
deux extrêmes : d’une part, elle est enfermée serre comme un corset. Il est une métaphore
dans la souffrance physique suite au grave acci- de la jambe droite et de sa « colonne brisée ».
dent subi l’année de ses dix-huit ans, d’autre part, On peut y voir aussi une allusion à la couronne
elle témoigne d’une grande vitalité. d’épines du Christ – comme si le peintre dési-
L’autoportrait de Francis Bacon (document  4), rait nous décrire une Passion. A la violence de la
dont le visage et la silhouette sont comme souffrance ainsi mise en scène s’oppose le motif
déformés, paraît marqué par les horreurs du du vol. Un colibri noir, aux ailes déployées, est
siècle. L’apparence semble refléter l’inquiétude attaché à la couronne d’épines au bas du tableau.
intérieure. À cet oiseau qui ne peut voler répondent deux
Dans ce contexte, la photographie va jouer un papillons blancs qui semblent prêts à s’envoler
rôle important puisqu’elle offre un matériau qui chacun vers l’extérieur. Ils sont doublés par deux
permet toutes les combinaisons possibles afin étranges fleurs libellules aux ailes cristallines. Le
d’aller se chercher au-delà de la simple appa- visage de la peintre est barré par deux sourcils
rence. C’est ce que nous présente Andy Warhol noirs qui figurent un oiseau prêt à s’envoler. Ils
(document 3). symbolisent sa capacité à s’extraire de ses dou-
y Étape 2 : construction des connaissances. leurs physiques et à sublimer ses douleurs grâce
2. 3. et 4. On utilisera le guide de lecture de l’image à son art.
pour analyser ces différents autoportraits. L’auto- Dans Autoportrait, Andy Warhol se représente
portrait d’Albrecht Dürer s’inscrit dans le mouve- avec des lunettes noires comme s’il désirait se
ment humaniste : il montre l’émergence de l’être donner un air mystérieux et cacher ses senti-
humain comme une valeur en soi. Le peintre s’est ments. Les deux portraits centraux dans lesquels
représenté de face, ce qui constitue une prouesse l’artiste a la tête inclinée sont encadrés par les
technique rendue possible par l’amélioration de deux portraits qui le représentent la tête droite.

288 THème 3 3e • Se raconter, se représenter


Le premier portrait le représente dans l’atti- y Étape 3 : planifier son autoportrait.
tude christique (le geste de la main et les tons Sous forme de croquis, j’organise mon autopor-
sombres) comme s’il voulait s’inscrire dans la trait. À la représentation de l’étape 1, j’ajoute dif-
tradition de l’autoportrait. Les deux suivants, férents éléments listés lors de l’étape 2.
symétriques, semblent indiquer qu’il s’amuse y Étape 4 : élaborer son autoportrait.
de cette tradition. Le dernier montre le jeu de À partir de magazines, de journaux, de cartes
l’artiste avec cette tradition. La couleur choisie postales, de dessins ou de photographies, je
donne aux images un aspect cliché. Andy War- réalise mon autoportrait. Je rends compte,
hol adopte la technique qu’il utilisera pour ses sous forme de plan ou de carte mentale, de ma
œuvres : la photographie sérigraphiée sur toile. démarche.
Le motif est reproduit plusieurs fois comme un y Étape 5 : exposer les autoportraits et commen-
motif de papier peint. ter la démarche adoptée.
Dans Autoportrait de Francis Bacon, la pose (la Suite à la reconnaissance de mon autopor-
tête au creux du bras) rappelle l’iconographie de trait par la classe, je présente ma démarche. Je
la mélancolie. Elle évoque également Le Penseur réponds aux questions de mes camarades.
d’Auguste Rodin. Le lavabo, objet récurrent chez
l’artiste, évoque un dépouillement, une nudité
glaciale et morbide, qui rapportent le tableau au Langue La grammaire pour lire,
genre de la vanité. Le peintre cherche à nous dire écrire et parler p. 372
l’impossibilité de comprendre le monde (l’am- La modalisation
poule est éteinte) et la souffrance (il est seul
au centre, les couleurs noires se dégagent des J’observe
aplats de couleurs plus claires, la pièce est vide). 1. a. b. et c. Classement et mise en évidence des
Le visage est déformé posant la question de modalisateurs :
l’identité. La silhouette est reprise par le miroir – énoncés avec intervention de l’énoncia-
comme s’il reflétait l’intériorité du peintre et teur : b. « serait arrivé » – c. « enfin », « ! »
– d. « espère » – e. « veux » – f. « idiot » –
son sentiment de mal-être. Le tableau évoque le
h. « certainement » – i. « baraque » – j. « Il
sentiment du tragique d’un homme qui cherche
paraît que » – l. « Il paraît que », « palais » ;
à comprendre le monde dans lequel il vit mais
– énoncés objectifs : a. g. k.
qui ne parvient pas à le faire, marqué par les hor-
reurs de son siècle. Je m’entraîne
2. a. Je crains qu’elle ne parte.
y Étape 3 : pratique artistique.
b. Tu rangeras ta chambre : c’est le bazar !
5. Production libre de l’élève. c.  Il me semble que tu devrais réfléchir avant
Aide à l’autoportrait de parler.
d. Ses parents auraient décidé de le punir.
L’objectif est d’accompagner la réalisation de
e. Je le trouve admirable.
l’autoportrait.
f.  Il a combattu contre mille adversaires en
y Étape 1 : réfléchir à l’image de soi. même temps !
– Définissez l’image que vous cherchez à donner g. J’avoue que c’est très beau.
de vous et justifiez-la. h. Le chauffard accéléra de plus bel.
– Se représenter sous forme de dessin : Quel 3. a.  Si le narrateur a vraiment été amoureux
visage ? Quelle posture ? Quels vêtements ? de Valentine, il présente malgré tout ce pre-
Pour quel message ? mier amour comme un véritable « enfer » avec
y Étape 2 : chercher les éléments qui participent une pointe d’ironie rétrospective : « tout entier
de cette image. aspiré », « passion violente, totale », « m’em-
Je liste des éléments (décor, objets, accessoires, poisonna ». Les modalisateurs insistent sur la
flore, faune, couleurs, etc.) qui symbolisent ce passion dans le sens étymologique du terme,
que je suis. une souffrance.

séQuence 23 Écriture de soi et autoportraits 289


b. Malgré cette passion, la jeune fille fascine le Les mots de la description de soi
jeune garçon : cette fascination apparaît dans 8. a.  L’autoportrait de Michel Leiris n’est pas
les expressions mises en évidence dans l’extrait flatteur dans son ensemble, et souligne les traces
(« longuement et à perte de souffle », « chanter de l’âge (trente-quatre ans seulement !) avec
sa beauté et sa douceur », « admirablement », humour.
« apparaître », « l’émoi qui s’empara de moi »). b.  –  Adjectifs de couleur des cheveux : noir,
On pourra avec les élèves insister sur le caractère brun, châtain, blond, roux, blanc, gris, cuivré,
exceptionnel de la rencontre avec une « divi- etc. ;
nité ». Par ailleurs, il pourra être intéressant de – forme des cheveux : abondants, bouclés,
montrer comment le lieu de la rencontre par- clairsemés, crépus, ébouriffés, emmêlés, en
ticipe à l’ironie rétrospective de l’auteur – nar- désordre, épais, frisés, hérissés, hirsutes, ondu-
rateur – personnage de ce roman : elle « naît » lés, etc.
des orties. c. Types de coiffure : en catogan, chignon, longs,
4. a. Pourrais-tu arrêter de t’agiter, tu vas avoir au bol, au carré, macaron, tonsure, tresse, frange,
trop chaud ! N’as-tu pas des devoirs ? fontange, permanente, etc.
b. Après avoir mis la farine avec le sel et le sucre d. Calvitie : chauve – nœud : nodal, nodulaire –
dans un saladier, formez un puits dans lequel paupière : palpébral – tempe : temporal – yeux :
vous verserez les œufs légèrement battus à la oculaire.
fourchette. Avec une cuillère en bois, incor- e. On attendra ici un travail de description orga-
porez doucement la farine jusqu’à l’obtention nisée, mettant en avant le vocabulaire spécifique
d’une pâte épaisse à laquelle vous pourrez des cheveux avec, pourquoi pas, une volonté de
ajouter le lait froid petit à petit. Vous pouvez donner déjà une idée du caractère du person-
utiliser doucement un fouet qui évitera les gru- nage décrit.
meaux.
9. –  Orgueil : hautain – orgueilleux – superbe ;
5. a. Si tu ne viens pas, je n’y vais pas. –  joie : joyeux – gai – rieur – content – ravi ;
b.  Les bonnes odeurs m’incitent à rester man- –  peur : peureux – épouvanté – craintif – terro-
ger/Quelle odeur affreuse… risé – paniqué – angoissé ;
c. Moi, je ne sais pas donc fais-le. –  humiliation : humilié – mortifié – honteux –
d. Ce n’est donc pas la peine d’y retourner. déshonoré – avili – affecté – abattu ;
Le subjonctif –  passion : passionné – fou de – fervent –
J’observe enflammé – épris – excessif – ardent.
6. a. et b. Cet exercice vise à identifier les termi- 10. –  Avare : cupide, avide/généreux, prodigue ;
naisons du subjonctif présent pour l’ensemble –  bon : agréable, aimable/mauvais, impitoyable ;
des verbes, mais également de donner un –  colérique : coléreux, irascible/calme, doux ;
moyen mnémotechnique pour qu’ils puissent –  peureux : timide, couard/audacieux, coura-
bien repérer le subjonctif présent et le différen- geux ;
cier du présent de l’indicatif. –  timide : craintif, farouche/emporté, ouvert.
a. Je veux, au contraire, qu’on le fasse.
11. a. a. désinvolte et impoli ;
b. Il faut que je fasse vite.
b. réservé et effacé ;
Je m’entraîne c. désireux et excité ;
7. – Formes verbales à l’indicatif présent : « ce d. timide et troublé.
devoir mérite », « Il aime », « elle ne doit pas b. Réponse libre des élèves.
être présente », « quand je fais signer », que
la maîtresse épingle », « que je porte », « il est 12. Il s’agira d’expliquer en quoi consiste un por-
impossible » ; trait chinois.
–  formes verbales au subjonctif présent : « que 13. À partir de l’exemple donné dans le manuel,
je le montre à mon père », « que nous soyons il sera intéressant dans un premier temps de
seuls », « qu’elle la voie », « que ne se sou- définir avec chacun des élèves cinq traits de
lèvent en elle ». caractère ou de comportement, et de réfléchir

290   Thème 3  3e • Se raconter, se représenter


ensuite à l’élément de comparaison avant de b. Un nez retroussé/de souris/qui semble pointé
créer la métaphore. vers le ciel.
14.  Exemple : Une femme vient d’entrer. Elle c. Des cheveux ébouriffés/de paille/qui ondulent
porte de longs cheveux, attachés par un élas- au vent.
tique de couleur rouge. Elle a assorti ses lunettes d.  Un menton fuyant/avec une fossette/qui
à son rouge à lèvres. Un léger trait de crayon marque la sureté.
souligne ses yeux et dessine ses lèvres. Un nez e.  Une bouche pulpeuse/aux lèvres fines/qui
aquilin et des yeux vifs lui confèrent l’impression reste close.
d’être à l’affût. 16.  Les élèves seront amenés à proposer une
15. a. Un visage anguleux/d’enfant/qui respire la description organisée et progressive mettant en
joie. avant des traits spécifiques.

séquence 23  Écriture de soi et autoportraits  291


thème 3 se chercher, se construire
3e – Se raconter, se représenter

Séquence Un récit autobiographique


24 L’analphabète d’Agotha Kristof

Fil directeur de la séquence


L’Analphabète d’Agota Kristof est un court récit relatant le parcours d’une exilée devenue écrivain de
renom. Au-delà de sa singularité, il acquiert une portée universelle : le portrait de l’enfance de l’auteur
peut renvoyer le lecteur à ce qu’il a intimement vécu. Sa passion pour les récits en tous genres dessine en
tout cas une figure qui dépasse le cas particulier.
Dans son récit d’exil, l’auteur nous fait aussi partager les souffrances de l’émigration ; son témoignage
peut facilement faire écho au vécu de bien des migrants d’aujourd’hui.
L’écriture blanche, neutre, donne enfin paradoxalement à l’œuvre une voix singulière, inimitable.
Facile d’accès, l’étude de cette autobiographie invite à une réflexion littéraire et humaniste, que prolon-
geront les ateliers proposés en fin de chapitre.

Compétences travaillées dans la séquence


Langage oral Écriture
Dans les pages de lecture… Dans les pages de lecture…
■S’exprimer de façon maîtrisée devant un auditoire ■Pratiquer l’écriture d’invention, connaître les
y Raconter une histoire caractéristiques des genres littéraires :
X À la manière d’Agota Kristof enfant, raconter une X Écrire un monologue intérieur, p. 378
histoire, p. 377 X Écrire une lettre argumentative, p. 380 voir chap. 21
y Pratiquer le compte rendu
En atelier, p. 382
X Récapituler le parcours de l’auteure en lui
■ Passer du recours intuitif à l’argumentation à un
donnant la parole, p. 381
usage plus maîtrisé :
En atelier, p. 383 X Écrire un plaidoyer en faveur de l’art
■ Participer de façon constructive à des échanges ■ Exploiter les principales fonctions de l’écrit
oraux X Comprendre la forme et fonction d’un plaidoyer
y Interagir avec autrui dans un échange (voir chap. 21)
■ Percevoir et exploiter les ressources expressives X Réaliser des écrits préparatoires sous forme de
et créatives de la parole et les techniques mots clés, p. 383
multimodales ■ Exploiter des lectures pour enrichir son texte
X Réaliser une interview fictive d’un exilé de 5 minutes X Analyse des procédés employés par S. Germain
environ puis l’enregistrer dans son texte

Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue


■ Lire des textes variés avec des objectifs divers : Dans la double-page langue…, p. 384-385
y Recourir à des stratégies de lectures diverses ■ Connaître les aspects fondamentaux du
(adapter sa lecture à l’objectif poursuivi, adapter sa fonctionnement syntaxique
lecture aux supports, reformuler) y Fonctionnement de la phrase complexe
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’observe », X Les propositions circonstancielles de cause, de
«Je comprends» conséquence, de concession
y Formuler des impressions de lecture, percevoir un X Les subordonnants quoique et quel…que
effet esthétique ■ Maîtriser le fonctionnement du verbe et son
X Carte mentale « Lire un texte » : « Je lis », orthographe
«J’écoute», «Je réagis» y Maîtrise de la morphologie verbale

292 THème 3 3e • Se raconter, se représenter


Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue
y Reconnaître les implicites et faire les inférences et X Le subjonctif dans les subordonnées circonstancielles
hypothèses de lecture nécessaires ■ Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe des
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’interprète » mots
■ Lire et comprendre des images fixes ou mobiles X Mise en réseau des mots du livre
X Carte mentale « Lire une image »

Enjeux culturels
■ Lire des œuvres littéraires et fréquenter des œuvres
d’art
X Développer des connaissances sur le genre
autobiographique
■ Situer des œuvres dans leur contexte pour enrichir
leur lecture
X Contextualisation des conflits du xxe siècle.
■ Percevoir un effet esthétique et en analyser les sources
X Pacte lecteur/auteur
X Distance auteur/narrateur/héros.
■ Lire et comprendre des images fixes ou mobiles
X Interprétation de tableaux en relation avec l’histoire
des arts.
Enjeux de formation personnelle
X S’interroger sur les raisons et les effets de la
composition du récit ou du portrait de soi
X Comprendre les raisons et le sens de l’entreprise qui
consiste à se raconter ou à se représenter

Lecture Pourquoi l’écrivain raconte- Hongrie et l’on assiste à l’exode de 200 000


t-il son enfance ? p. 376 Hongrois.

En piste ! 1. Débuts audio


• On fera émerger les propositions d’élèves, 1.  L’atmosphère est celle d’une bonne entente
en invitant à relever l’association qui relève familiale, d’une relative pauvreté et d’une pro-
de l’oxymore entre titre et sous-titre. Le miscuité. Cette dernière peut en partie expli-
lecteur peut être intrigué : comment une quer le désir de la jeune Agota de s’évader par
analphabète peut-elle écrire son autobio- la lecture.
graphie ?
• La Hongrie va connaître durant la Seconde 2. L’auteure énumère des éléments très concrets
Guerre mondiale la guerre contre l’Union et disparates et des ressentis plus personnels.
soviétique, l’occupation de l’Allemagne nazie Elle oppose l’univers du père, sous le signe du
et celle des communistes. La république est silence et de l’étude, à l’univers maternel - celui
finalement proclamée en 1946 mais l’ar- des tâches domestiques.
mée soviétique continue d’occuper le pays. 3.  L’enfant résiste aux reproches ; leur énumé-
Un régime policier s’installe en 1948 et les ration témoigne de la fréquence des temps de
années 1950-1952 sont celles de la dictature lecture. Les deux premières paroles rapportées
du parti communiste, qui s’accompagne de (l. 22-23) insistent encore sur ce point. L’auteure
persécutions, de procès et d’exécutions. Des établit un parallèle entre l’enfance et le présent :
manifestations et insurrections ont lieu en les énumérations d’actions non faites aux lignes
1956 ; la Hongrie dénonce le Pacte de Var- 30 à 32 montrent bien que cette passion est
sovie. L’armée soviétique envahit alors la « inguérissable ».

séQuence 24 Un récit autobiographique – L’Analphabète d’Agota Kristof 293


4.  Les arguments évoqués renvoient à l’inutilité • En faire toute une histoire : exagérer, souvent en
de la lecture. Lire signifierait être oisif et paresseux. mauvaise part. Synonyme : toute une affaire.
5. L’élève pourra éprouver de la compassion, de • Avoir une histoire avec quelqu’un : avoir une
la sympathie ; il pourra s’identifier à Agota ou au liaison amoureuse.
contraire ressentir de l’incompréhension. Il est Je fais le point
recommandé de faire se confronter les points de
vue. L’amour pour la lecture et l’engouement d’Agota
pour les récits peuvent bien entendu expliquer
argumentative
sa trajectoire d’écrivain. La souffrance et le déra-
6.  L’on peut par exemple objecter à ces argu- cinement expliquent aussi son besoin d’écrire.
ments que lire, c’est imaginer activement – le
lecteur est donc loin d’être inactif. La lecture est
par ailleurs utile puisqu’elle permet de mieux Lecture Que dit l’écrivain de l’exil ?
connaître l’homme et le monde. Elle nourrit
l’imaginaire et aiguise la réflexion.
1. La mémoire
En piste !
2. De la parole à l’écriture
1. On invitera l’élève à justifier ses réponses. L’activité permet de visualiser la position géo-
graphique de la Hongrie et de se représenter la
2. Le fil peut renvoyer à la fragilité et l’argent au distance parcourue par les réfugiés, en passant
caractère précieux, à la beauté de cette enfance par l’Autriche.
vécue dans la joie, même si Agota ne vivait pas
1. et 2. Le voyage apparaît très difficile : la jeune
dans un palais d’or.
maman, responsable d’un tout jeune bébé, est
3. et 4. Les histoires renvoient à l’enfance, à ce chargée ; la traversée de la forêt est dangereuse
plaisir partagé avec la grand-mère, avec les frères. (l.  9-10). La marche est longue et difficile ; le
L’écriture est, quant à elle, associée à l’isolement, milieu, dans la nuit, est hostile (l.  14-18) et le
à la solitude et à la douleur de la séparation : groupe se sent égaré. Tous sont aux abois et
Agota se met à écrire pour dépasser la douleur. se sentent menacés par la situation politique à
5. Cette question invite à réfléchir au caractère laquelle le texte fait référence aux lignes 28 à 30 ;
universel du récit autobiographique. L’extrait les enfants pleurent.
peut renvoyer l’élève à son propre rapport à sa 3. On invitera la classe à observer la manière dont
famille et à ses propres interrogations d’enfant Agota Kristof traduit la difficulté de cette marche :
(d’où viens-je ? Qui suis-je ?) aux phrases non verbales et à la répétition de l’ad-
Oral   verbe « longtemps », succède une longue phrase,
faite d’énumérations des obstacles – l’auteur sug-
6.  Les programmes insistent sur la nécessaire gère ainsi combien tout paraît hostile.
maîtrise de l’expression orale. Cet exercice per- 4. Le texte nous apprend la difficulté de la tra-
met à l’élève de s’entraîner à raconter. On peut versée des frontières, les dangers du retour et le
l’aider en l’invitant à établir au brouillon, sous sentiment de perte d’appartenance. L’identité
forme de mots-clés, le déroulé du récit choisi. Le est donc touchée.
numérique peut ici être très utile : l’élève peut
5. Les programmes invitent à établir un parallèle
s’enregistrer, s’écouter et améliorer progressive-
entre l'hier et l'aujourd'hui, entre l'expérience
ment sa prestation.
passée et le présent. L'élève pourra mentionner
Le coin des mots les difficultés que connaissent aujourd'hui les
réfugiés qui sont amenés à fuir leur pays.
• Raconter des histoires : raconter des men-
songes. créative
• Faire des histoires : créer des complications, 6.  Ce travail permet de développer l’analyse.
des ennuis. Il donne aussi l’occasion d’entraîner l’élève

294 THème 3 3e • Se raconter, se représenter


à un type d’écriture particulier. Comment Je fais le point
traduire le point de vue d’un enfant ? Le tra-
vail au brouillon et la lecture à voix haute y La traversée des frontières, extrêmement diffi-
aideront. Le professeur pourra pour cela s’ins- cile, engendre la perte d’identité. Agota Kristof
pirer d’extraits de Lignes de faille de Nancy exprime ce que peut éprouver un réfugié : perte
Huston. des repères et sentiment de non-appartenance.
Elle le dit dans des phrases souvent courtes, qui
confèrent aux extraits une apparence de témoi-
2. Le désert gnage neutre. Les énumérations du second
En piste ! extrait évoquent le sentiment d’être piégé dans
Le substantif peut renvoyer à un lieu inhabité, à une routine désespérante.
un endroit vide, à une épreuve (une « traversée
du désert » peut désigner une période difficile à
vivre), mais aussi au fait de ne pas être entendu Lecture Écrire, quelle nécessité ? p. 380
ou pris en compte (« crier dans le désert »).
Adjectif, le terme peut signifier vide (inhabité
ou, au sens figuré, terne, où il ne se passe rien) 1. Comment devient-on écrivain ?
ou sauvage. En piste !
1.  Le désert renvoie ici au sentiment de vide On peut renvoyer, de façon claire et simple, à
qu’éprouve Agota au début de sa vie en Suisse. la fiche métier d’Onisep à l’adresse suivante :
Rien ne se passe ; tout est sous le signe de la http://www.onisep.fr/Ressources/Univers-Me-
morne routine. Les réfugiés se sentent tout à tier/Metiers/editeur-editrice
fait étrangers dans ce « beau pays » (l. 26). C’est
donc une véritable épreuve qu’ils subissent. Cer- Le coin des mots
tains ne pourront pas la surmonter. Cela m’a tout l’air d’un roman. ➞ Cela m’a tout
2. L’élève est ici invité à choisir une image de son l’air d’une fiction.
choix. L’argumentation qu’il proposera révélera Il en fait tout un roman. ➞ Il en fait toute une
la lecture sensible qu’il fait de l’extrait. histoire.
3.  L’auteur énumère des actions au présent Elle rêve d’une vie romanesque. ➞ Elle rêve
de l’indicatif. Sont ainsi suggérés l’habitude et d’une vie pleine de rebondissements et d’aven-
l’aspect extrêmement routinier de ces jours : il tures.
s’agit essentiellement d’assurer la vie du foyer. Elle adore les romances.  Elle adore les his-
On note une alternance de phrases courtes et toires sentimentales.
de phrases longues, constituées surtout de pro- 1.  Agota Kristof fait preuve de ténacité et de
positions indépendantes juxtaposées. confiance.
4.  Le sentiment de vide, d’existence « figée » 2.  et 3.  Ces questions invitent à souligner un
(l.  19) engendre la tristesse des réfugiés. Une aspect particulier de cette écriture : très peu
désespérance s’empare d’eux : le dernier para- de place est laissée aux sentiments. On pour-
graphe montre qu’ils n’attendent plus rien. Cer- rait s’attendre à l’expression d’une joie, d’une
tains céderont au désespoir. satisfaction. Il n’en est rien : l’écriture blanche
5.  Les réfugiés en sont réduits à survivre. Le raconte les événements sur un ton neutre. On
« désert » renvoie ici à la pauvreté due à leur retrouve cet aspect particulier dans l’interview
statut et à leur méconnaissance totale de la de l’auteur (Culture +, p. 381).
culture du pays. Ils ont perdu la leur et sont en 4. La question invite à s’interroger sur les pou-
proie à un sentiment de totale vacuité. voirs de l’écriture. L’écriture offre à Agota Kristof
le moyen de s’évader hors d’un quotidien diffi-
Oral   cile. Elle donne aussi du sens à une vie dont cer-
6. Productions des élèves. tains aspects sont vécus comme absurdes. Le fait

séQuence 24 Un récit autobiographique – L’Analphabète d’Agota Kristof 295


d’être publiée permet d’abord à Agota d’accéder Même lorsqu’elles sont complexes, les phrases
à une reconnaissance, à un statut privilégié, inat- sont très courtes et enchaînent rarement plus de
tendu pour une « analphabète ». Cela lui per- deux propositions. Cela confère un ton neutre au
mettra aussi de quitter l’usine. récit. L’auteur utilise très peu de figures de style.
5. La question invite l’élève à réagir personnel- 4. La question invite l’élève à réagir à la langue de
lement. l’auteure en donnant son avis.
créative Oral  
6. Le sujet pousse l’élève à réinvestir l’ensemble 5. L’activité invite à synthétiser le récit et à l’ora-
de sa lecture. L’éditeur expliquera en effet quelles liser. On peut aider l’élève en l’invitant à établir
qualités il trouve à l’ouvrage. Il peut évoquer son au brouillon, sous forme de mots-clés, le plan de
originalité. son récit. Le numérique peut ici être très utile :
l’élève peut s’enregistrer, s’écouter et progressi-
2. « L’analphabète » audio vement améliorer sa prestation.
En piste ! Je fais le point
– Victor Hugo (1802-1885), un des grands
Agota Kristof devient écrivain par défi, comme
représentants du Romantisme. Bien des titres
le souligne la clôture du récit. Autrement dit,
peuvent être cités, tels Les Contemplations
les difficultés rencontrées ont été pour elles un
(1856) ou Les Misérables (1862).
levier. Elle était néanmoins prédisposée à écrire
– Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), à  relier
du fait de son amour particulier pour les his-
au mouvement des Lumières. Le groupement
toires et les récits de toute sorte – et en particu-
de texte du manuel sur l’autoportrait (p. 363)
lier pour la littérature. La souffrance, la solitude,
donne à lire le Préambule des Confessions
l’isolement ont suscité en elle le besoin de s’ex-
(1765-1770).
primer et de le traduire par l’écriture.
– Jean-Paul Sartre (1905-1980), l’auteur de Huis
clos (1943). L’œuvre en question
– Henri Michaux (1899-1984), l’auteur de Plume
(1938). Les questions invitent à s’approprier l’œuvre
– Francis Ponge  (1899-1988), l’auteur du Parti personnellement. On demande pour cela à
pris des choses (1942). l’élève de réagir personnellement, en tant que
Il pourrait être intéressant de demander de choi- « sujet lecteur », pour reprendre les termes
sir un extrait d’œuvre, afin de faire découvrir, par d’Anne Vibert, Inspectrice Générale dont on
exemple, la poésie de Francis Ponge. pourra lire utilement l’article « Faire place au
sujet lecteur en classe ».
1. et 2. Écrire passe d’abord par la maîtrise pro-
gressive de la langue. Une fois mise en confiance, Parcours avenir : Les métiers de l’édition
la jeune femme se met à lire, en français, de la Le travail s’effectue par groupes.
littérature. Cette fréquentation des auteurs lui
1. Lisez les fiches Onisep sur les métiers de l’édi-
permet d’accéder au langage – et de se mettre à
tion.
écrire.
2. Faites une recherche sur l’édition en France,
3.  De la ligne 5 à 14, on repère  successive-
en consultant par exemple la page suivante :
ment  les types de phrases suivants : phrase
http://www.asfored.org/c/article/3032/93/blog.
simple (l. 5) / phrase complexe (l. 5-6)/ phrase
complexe (l.  6-7) / phrase complexe (l.  9-10) / 3. À quel secteur de l’édition votre manuel appar-
phrase simple (l. 10) / proposition subordonnée tient-il ? Le manuel relève de l’édition scolaire.
relative en relation avec un pronom (l. 10-11) / 4. À quels spécialistes l’éditeur a-t-il eu recours
phrase simple (l. 12) / phrase complexe (l. 12) / pour fabriquer l’ouvrage ?
phrase simple (l. 13) / phrase complexe faite de L’éditeur coordonne le travail le travail de plu-
propositions indépendantes (l. 13-14). sieurs personnes : des correcteurs, des illustrateurs,

296 THème 3 3e • Se raconter, se représenter


des iconographes, des maquettistes, des phogra- elle évoque les pouvoirs. Elle insiste enfin sur le
veurs, des imprimeurs, etc. caractère intense de ce travail et justifie par là
5. Rendez-vous dans une librairie et repérez trois même le droit à une rémunération minimale.
éditeurs d’ouvrages qui vous attirent et deux 4. Productions d’élèves.
éditeurs indépendants (demandez conseil à
votre libraire). Comment caractérisez-vous un
éditeur indépendant ? Oral Les figures littéraires
6. Choisissez un texte de votre choix, qui vous de l’exil p. 383
plaît. Si vous deviez le publier à nouveau, quelle Atelier Réaliser une interview
maquette de couverture choisiriez-vous ? La page oriente l’élève vers des figures célèbres
Concevez-la. de la littérature. Il pourra aussi choisir des figures
Écrire une lettre plus modernes : nombre d’écrivains ont dû fuir
L’édition de L’Analphabète aux éditions Zoé est leur pays pour des raisons religieuses ou poli-
épuisée. Écrivez la lettre que vous adressez à l’édi- tiques. On pense par exemple à Stefan Zweig qui
teur pour que le récit puisse continuer à être diffusé. fuit le nazisme, à Amin Maalouf, élu à l’Acadé-
On invitera l’élève à énumérer les qualités de l’ou- mie française en 2011, à Azar Nafisi, iranienne
vrage et l’intérêt qu’il peut présenter pour le lecteur. d’origine vivant aux États-Unis, ou encore à Atiq
On travaillera l’expression et la structuration de Rahimi, prix Goncourt 2008, qui a quitté l’Afgha-
l’argumentation. nistan…
L’exercice de l’interview permet aux élèves de
travailler sur la restitution des connaissances
Artiste un métier comme acquises et sur la qualité de l’expression. La der-
les autres ? p. 382 nière consigne de l’exercice 3. invite également à
travailler la lecture à voix haute.
Atelier Écrire un plaidoyer en faveur
d’un art
1.  Sylvie Germain évoque le métier d’écrivain. Langue La grammaire pour lire, écrire
Ce travail est exigeant et nécessite du temps. Il et parler p. 384
engendre, comme l’indique l’étymologie du mot De la phrase simple à la phrase
« travail » de la souffrance mais aussi du plaisir. complexe
Il est en tout cas « utile » à tous. Il mérite donc J’observe
salaire. 1. Les premières phrases sont des phrases simples
2.  Les pouvoirs de la littérature sont dans ce contenant une proposition ; les secondes sont,
texte associés à celui d’autres arts : l’être humain quant à elles, des phrases complexes avec pro-
a besoin d’échapper à son quotidien. L’art, et la positions subordonnées.
littérature en particulier, lui permettent de sor- Je m’entraîne
tir de lui-même tout en prolongeant un « dia- 2. Je suis heureuse puisque la guerre est mainte-
logue intime ». La littérature enrichit en offrant nant loin de moi. Comme j’ai un travail, je suis
d’autres regards sur le monde et sur l’homme. rassurée pour mes enfants et l’avenir se présente
Elle nous remet en question, nous surprend ou heureusement.
nous ravit… L’imaginaire éclaire notre réel. 
3.  S’il trouve le texte convaincant (le débat La phrase complexe
doit rester ouvert), l’élève peut mentionner la J’observe
rigueur de la démonstration. Sylvie Germain 3. a. Énumération de propositions indépendantes
écrit ici un plaidoyer très structuré : elle revient juxtaposées.
d’abord sur le sens des mots puis en appelle, b. Propositions indépendantes coordonnées.
dans l’avant-dernier paragraphe, à l’expérience c. Phrases complexes avec insertion de proposi-
du lecteur, au-delà même de la littérature dont tions subordonnées.

séQuence 24 Un récit autobiographique – L’Analphabète d’Agota Kristof 297


Je m’entraîne langue tout à fait étrangère pour moi. Ce récit
4. a. Nous habitons à cette époque dans une ville autobiographique raconte comment j’ai relevé
avec tout le confort possible mais je ne vois pas le défi de passer de l’état d’analphabète à celui
beaucoup de monde car je n’ai ni frère ni sœur. d’écrivain internationalement reconnu. Je l’ai
Ma mère est institutrice et elle travaille beaucoup. écrit parce que j’ai voulu témoigner de mon par-
b. Pour l’utilisation  des propositions indépen- cours personnel. 
dantes coordonnées, voir 4a. 10. Maman m’a expliqué que j’avais quatre mois
Exemple de phrase complexe avec insertion de lorsqu’ils ont traversé l’Autriche pour venir s’ins-
propositions subordonnées : taller ici en Suisse. Elle adore parler à la maison :
Bien que nous habitions à cette époque dans elle est toujours en discussion avec papa. Mais
une ville avec tout le confort possible, je ne vois dès qu’on est à l’extérieur, elle se tait. Même si
pas beaucoup de monde puisque je n’ai ni frère elle est très intelligente, elle n’arrive pas à expri-
ni sœur. Ma mère étant institutrice, elle travaille mer sa pensée. C’est très dur pour elle. On s’en-
beaucoup. tend très bien, mais ce n’est pas toujours facile
de communiquer. Le mois dernier, nous nous
Les propositions subordonnées sommes même disputées : malgré tous ses
circonstancielles efforts, elle n’arrive plus à me comprendre – moi,
J’observe sa propre fille. Alors elle a décidé de prendre des
5. Les propositions subordonnées sont, comme cours.
leur nom l’indique, dépendantes de la propo- La concordance des temps
sition principale et ne peuvent donc pas être
employées seules. On ne peut donc pas séparer J’observe
les deux groupes. 11. a. Présent de l’indicatif et du subjonctif.
6. Les premières phrases des items a et b expri- Passé composé de l’indicatif et subjonctif passé.
ment un rapport de cause ; les secondes un rap- Plus-que-parfait (indicatif et subjonctif).
port de conséquence. b. Passé composé de l’indicatif.
Plus-que-parfait de l’indicatif.
7.  Les différentes propositions subordonnées c. Indicatif présent.
expriment un rapport d’opposition. Présent du subjonctif puis de l’indicatif.
Je m’entraîne d. Passé composé de l’indicatif.
8.  a.  Notre vie était tellement en danger que Subjonctif passé puis passé composé (indicatif)
nous avons dû fuir. Je m’entraîne
b. C’était pour moi un tel défi que j’ai été heu- 12. Avant que tu ne recoures…
reuse d’être publiée. Après que tu auras…
c. Ce livre est écrit de façon si originale que je l’ai Bien que tu ne sois…
trouvé intéressant. Quand bien même tu te trompes…
9. Je crois que je suis devenue écrivain d’abord
parce que, lorsque j’étais enfant, j’adorais les
Quoique/quoi que – Quelque/quel
histoires. J’aimais tellement me plonger dans
que
d’autres univers que tout le monde me disait J’observe
en proie à une maladie inguérissable. Et j’aimais 13. « Quoique » a pour synonyme « bien que »
tant en raconter que j’empêchais ma grand- et est suivi du subjonctif.
mère de le faire et que je prenais tout le temps « Quoi que » ne peut être paraphrasé que par
la parole dans la famille. Si bien que mon pauvre « quelle que soit (ce / la chose…) qui… » et est
frère en a subi de belles : je lui racontais des his- suivi également du subjonctif.
toires invraisemblables parce que, tout simple- 14.  a.  b. c.  et d : Accord de l’adjectif « quel »
ment, j’adorais cela ! avec le nom (problème, masculin singulier ;
L’exil m’a, quant à lui, tellement fait souffrir que réussite, féminin singulier ; problèmes, masculin
je n’avais qu’un but : maîtriser cette nouvelle pluriel ; difficultés, féminin pluriel).

298   Thème 3  3e • Se raconter, se représenter


Les verbes s’accordent avec leurs sujets. 8. L’auteure raconte le piège de la maladie qui se
e. et f. « Quelques » joue le rôle de déterminant referme un temps sur Nouk et auquel elle peine
et s’accorde avec le nom (« personnes » ; « kilo- à échapper. La sortie de l’hôpital marque une
mètres »). première étape vers la délivrance. Elle parvien-
Je m’entraîne dra peu à peu, au fil des années, à retrouver le
goût de la vie. Son grand-père, par sa bienveil-
15. a. Quelques compatriotes.
lance et sa discrétion, l’y aidera.
b. Quel que soit le temps.
c. Quelles que soient les fleurs. 9.  C’est un regard lucide que l’auteure porte
d. Quelle que soit ta réponse. sur cette adolescente qu’elle a été. Elle montre
sa détresse face à cette maladie qu’elle ne maî-
Quelques préfixes d’origine grecque trise pas, mais aussi l’étrangeté de son com-
et latine portement, parfois cruel – face à sa sœur, par
J’observe exemple. Elle sait néanmoins mettre à distance
16. a. et b. in- : dans, à l’intérieur de ; ex- : hors de, par l’humour cette souffrance passée.
à l’extérieur de. 10. Écrire ce récit est une épreuve difficile. L’au-
Émigrer : quitter son pays pour aller s’installer teure explique qu’elle a plusieurs fois repris et
dans un autre ; immigrer : entrer dans un pays abandonné son manuscrit. Mais il s’impose à elle :
étranger pour s’y fixer. « Je vois bien que je suis obligée de continuer ce
c. ante- : avant. récit de Nouk, de Cora et du bébé, comme on est
d. post- : après. obligé de finir le ménage quand on a commencé »
Je m’entraîne (chapitre 5). Elle doit faire face à celle qu’elle a été,
17.  a.  a(n)- : préfixe à valeur négative  (privé, même si elle lui est devenue étrangère.
dépourvu de).
b. dé-/dis- : préfixe à valeur négative.
c. ex- : voir question 16. Autoévaluation de lecture  
d. i-/il-/ir- : qui n’est pas, contraire.
18. On pourra travailler sur les chaînes d’accord Le Scaphandre et le papillon
– et notamment sur les marques du pluriel. de Jean-Dominique Bauby p. 389
1.  Ce texte appartient probablement au genre
Les mots de l’exil autobiographique ; on y trouve certains indices
19. Recherche de l’élève dans un dictionnaire.  qui sont :
20. Productions libres des élèves. –  le récit à la première personne ;
–  la mention de lieux réels : Paris-Roubaix/Berck
(l. 21) ;
Plaisir de lire  Geneviève Brisac, Petite – La mention d’une chronologie précise (ven-
 p. 384 dredi 8 décembre de l’an passé, l. 8) en rap-
port avec la situation de communication (un
Pour entrer dans l’œuvre   homme accidenté : un accident cardiovascu-
Réponse libre des élèves. laire, l. 11) ;
– l’utilisation d’un présent d’énonciation et de
À vos carnets !   manière générale du système du présent.
Les questions invitent l’élève à s’approprier –  l’explicitation des symptômes d’une maladie
l’œuvre et à réagir de façon authentique, en tant réelle dont on doute qu’elle puisse faire l’objet
que « sujet lecteur ». d’une fiction.
On notera que ces éléments sont insuffisants
Pour approfondir la lecture   pour décider qu’il s’agit d’une autobiographie.
7.  La question est ouverte ; il est surtout inté- Seule la connaissance de la vie de l’auteur le per-
ressant d’analyser comment l’élève justifie sa met, connaissance que certains élèves peuvent
réponse. avoir.

séquence 24  Un récit autobiographique – L’Analphabète d’Agota Kristof  299


2. On attend des élèves qu’ils soient sensibles Entraînement au brevet
à l’opposition entre les deux termes et qu’ils
puissent développer la métaphore en la met- Écrits autobiographiques
tant en relation avec l’expérience vécue par d’Elias Canetti p. 390
l’auteur. Première partie
Le scaphandre évoque évidemment l’enferme- Comprendre, analyser, interpréter
ment, le poids, l’impossibilité de se déplacer ; on 1. Toutes les propositions des élèves, sensées et
peut y ajouter l’obscurité des fonds marins et le justifiées par le texte sont possibles.
danger possible d’une noyade. Cette image est à
2. Le petit garçon éprouve des sentiments très
mettre en lien avec les symptômes de paralysie
forts envers sa mère ; la mention des quatre ans
générale qui affecte le narrateur.
durant lesquels il était enfant unique laisse sup-
Le papillon est l’antithèse du scaphandre : il
poser un rapport de proximité privilégié avec sa
évoque la grâce, la légèreté et la liberté de se
mère dans la chambre de laquelle il dort (l. 8-9).
mouvoir. Il est associé à l’idée de couleur et
D’ailleurs il rôde autour de la chambre car il n’a
de ciel. On attend des élèves qu’ils fassent des
pas l’habitude de ne pas pouvoir accéder à elle.
hypothèses sur ce que représente cette image
À cette proximité se substitue soudain un éloi-
pour le malade : le rêve, l’écriture qui permet
gnement : il ne reconnaît plus la voix de sa mère,
de se libérer (en clignant avec sa paupière)
déformée par la douleur (l. 11). Puis quand il la
voire la mort et l’image de l’âme qui se libère
reconnaît, c’est la peur qui s’empare de lui (l. 21)
et s’envole.
qui se transforme en hostilité pour sa mère (« je
3.  L’auteur écrit évidemment pour commu- ne voulus plus la voir », l. 22). Cette confiance
niquer car il ne peut plus parler. Grâce à un perdue n’est cependant que passagère (l. 31).
système complexe, il choisit chaque lettre de
l’alphabet en clignant avec sa paupière valide. 3. On peut penser que l’enfant considérait que
Cela demande un effort considérable. On sa mère et lui ne faisaient qu’un. L’accouche-
voit bien qu’il s’agit là d’une victoire sur la ment fait prendre conscience à l’enfant que sa
maladie. mère a une propre vie, différente de la sienne
Il écrit enfin parce que c’est son métier (il et donc étrange. Elle devient ainsi étrangère
était journaliste) et qu’ainsi il continue à être en acquérant une autonomie que l’enfant ne
vivant. soupçonnait pas.
4. L’effort littéraire est visible : 4. « Je fus autorisé » est la conjugaison du verbe
–  par la composition du texte qui est construit de « autoriser » au passé simple à la voix passive.
manière circulaire : première phrase sur l’aube L’emploi de la voix passive est intéressant car
(« clarté laiteuse »)/dernière phrase, retour à il souligne la perte de pouvoir de l’enfant, qui
l’aube (« les premières lueurs de l’aube ») ; d’unique devient frère aîné. Il ne maîtrise plus
– par le soin apporté à la description (par rien et devient objet au lieu de sujet ce que tra-
exemple, dans la première phrase : antéposi- duit la construction passive.
tion du complément circonstanciel de lieu, 5.  L’auteur prend beaucoup de distances cri-
choix d’une épithète rare, « laiteuse » ; tiques par rapport à l’enfant qu’il a été ; il recourt
– par le recours à des métaphores et des com- à l’humour pour raconter la déconvenue dont
paraisons (« comme une enclume », l. 2) ; l’enfant est l’objet (anecdote ridicule de la
– par la distance que le narrateur prend avec culotte) ; cependant il éprouve de la tendresse
lui-même (« le patient est enfermé à l’inté- et de la compassion pour lui en insistant sur le
rieur de lui-même », l. 15-16) en recourant à choc qu’il a reçu ce jour-là en étant propulsé
l’humour noir ou l’ironie (« comme un ber- dans un autre univers, celui dans lequel il n’est
nard-l’ermite », l. 6 « gracieusetés », l. 18) ; plus le centre de toutes les attentions familiales.
– par le mélange des registres pathétique Les très nombreuses phrases à la forme négative
(« êtres chers », « dessins d’enfants », l. 4) et comme le champ lexical de la douleur (« gémis-
humoristiques. sante », l.  11 ; « plainte », l.  21 ; « blanche »,

300   Thème 3  3e • Se raconter, se représenter


l. 25) et celui de la peur (« soucieux », l. 7 ; « pré- quelqu’un entre. Mais on referme la porte si
occupés », l. 13 ; « effroi », l. 21) y contribuent. vite qu’elle n’a jamais le temps de la voir. Elle
6. Cet épisode est un épisode fondateur de la vie entend une voix gémissante qu’elle ne recon-
de l’auteur ; il s’agit d’un traumatisme qui le fera naît pas et quand elle demande qui c’est, on lui
sortir d’une première enfance. Il apprend qu’il dit : « Veux-tu filer d’ici ! »
est différent de sa mère ; qu’il n’est pas unique et
qu’il devra partager l’attention familiale avec son 2. Travail d’écriture
frère. D’ailleurs l’auteur s’en souvient encore de •  Sujet de réflexion 
très nombreuses années plus tard. On attend des élèves qu’ils réinvestissent les
7. On retrouve les caractéristiques suivantes de notions vues dans le chapitre à propos de l’au-
l’autobiographie : tobiographie et de ses différentes fonctions :
–  le récit à la première personne ; volonté de se connaître soi-même ; désir de por-
– la mention de personnages ayant réellement ter un témoignage historique ou simplement
existé : le docteur Menachemoff (l.  15), son humain ; désir de laisser une empreinte.
frère Nissim (l. 3) ; On attend un devoir construit de type argu-
–  l’évocation d’un souvenir d’enfance fondateur ; mentatif avec des exemples précis.
– l’insertion dans le récit au passé de commen- •  Sujet d’invention 
taires de l’auteur/narrateur (l.  14/15) sur le Il s’agit d’un exercice de changement de point
récit. de vue, exercice canonique qui répond à des
Deuxième partie règles précises qu’on est en droit d’attendre
Rédaction et maîtrise de la langue des élèves :
1. Dictée et réécriture – respect de l’énonciation : c’est le docteur
Dictée Menachemoff qui raconte, à la 1re personne
(ou à la 3e).
➨  En téléchargement sur le site – respect du cadre narratif : l’histoire racontée
www.hachette-education.com, un extrait doit être celle du texte de départ : récit d’un
du Feu, Journal d’une escouade d’Henri accouchement difficile dans une famille bour-
Barbusse geoise du début du xxe siècle.
En téléchargement sur www.hachette-educa- – respect des personnages en présence, notam-
tion.com un extrait de L’enfant de Jules Vallès. ment du petit garçon de quatre ans.
Réécriture  On pourra valoriser un récit dans le système du
Elle n’a pas le droit d’aller voir sa mère dans la passé avec quelques paroles rapportées au style
chambre à coucher où se trouve pourtant son direct.
petit lit. Aussi fait-elle les cent pas devant la La tonalité mi-drôle mi-dramatique doit être
porte, tâchant d’accrocher son regard quand conservée dans la mesure du possible.

séquence 24  Un récit autobiographique – L’Analphabète d’Agota Kristof  301


thème 4 agir sur le monde
3e – Agir dans la cité : individu et pouvoir

Séquence

25 L’artiste face à la guerre

Fil directeur de la séquence


Étudier la représentation artistique de la guerre invite à poser la question de l’engagement. Celui-ci
prend diverses formes et la première double-page invite à réfléchir à la notion de Résistance. La guerre
confronte aussi l’écrivain et l’artiste à la représentation de l’innommable, de l’indicible et de l’absurde
– le manuel propose les exemples de la Grande Guerre et d’Hiroshima. Il invite aussi à s’interroger sur
le pouvoir de l’art et sur sa force d’évocation.

Compétences travaillées dans la séquence


Langage oral Écriture
Dans les pages de lecture… En atelier, p. 402
■ Comprendre et interpréter des messages et des ■ Passer du recours intuitif à l’argumentation à un
discours oraux complexes usage plus maîtrisé :
X Écouter un extrait du Stabat mater de Pergolesi, X Exprimer son indignation face à l’indifférence devant
p. 400 la souffrance.
■ Exploiter les principales fonctions de l’écrit
En atelier, p. 403
X Comprendre la forme et fonction de la lettre, de
■ S’exprimer de façon maîtrisée en s’adressant à un
l’article ou du journal intime pour choisir le plus
auditoire
efficace.
y Pratiquer le compte rendu ■ Adopter des stratégies et des procédures
y Exprimer ses sentiments
■ Percevoir et exploiter les ressources expressives
d’écriture efficaces
X Utilisation du vocabulaire adapté
et créatives de la parole et les techniques
X Stratégie pour trouver des idées.
multimodales
X Réaliser un diaporama contraignant pour
expliquer la démarche de Salvador Dali

Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue


Enjeux culturels Dans la double-page langue…, p. 404-405
■ Lire des œuvres littéraires et fréquenter des œuvres ■ Construire les notions permettant l’analyse et la
d’art production des textes et des discours
X Développer des connaissances sur le genre y Prendre en compte les caractéristiques des textes
de la littérature engagée X Éléments de la situation d’énonciation : marques
de personnes, de lieu et de temps
Enjeux de formation personnelle ■ Maîtriser la forme des mots en lien avec la syntaxe
X Comprendre en quoi les textes littéraires dépassent
y Connaître le fonctionnement de la chaîne
le statut de document historique
d’accord
X S’interroger sur les notions d’engagement
X L’accord des adjectifs en position détachée.
et de résistance ■ Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe des
mots
X Mise en réseau des mots de la révolte
X Évolution du mot latin « patior »

302 THème 4 3e • Agir dans la cité : individu et pouvoir


Lecture  Qu’est-ce qu’un écrivain donne une dimension grandiose ; le style (les
engagé ? p. 394 répétitions du verbe « brûler ») est empha-
tique. Il s’agit d’un poème à la gloire de la ville
et de ses habitants. Le vocabulaire mélioratif
1. L’Espoir d’André Malraux utilisé pour décrire la foule (« acharnement
En piste !
dans le courage », phrase fameuse) va aussi
dans ce sens.
• Militer : combattre, lutter (sans employer de
moyens violents) pour faire prévaloir une   créative
idée, une thèse, une doctrine. 7. Production des élèves. On attend des élèves
On peut militer en faveur du droit des femmes, qu’ils reprennent le caractère de la Pasio-
des homosexuels ; en faveur de la scolarisation naria indiqué dans le texte : meneuse de
des enfants, de l’écologie… foule, sombre, austère, déterminée, farouche,
•   Pour aider les élèves à faire une affiche, on extrême.
pourra leur nommer des icônes du militan-
tisme : Nelson Mandela, Ghandi, Angélique 2. « Ce cœur qui haïssait la guerre… »
Kidjo. de Robert Desnos
1. Le professeur doit attirer l’attention des élèves
En piste !
sur la date (1937) et développer le contexte his-
torique de la guerre d’Espagne, indispensable à la •  Sur wikipédia, on peut lire une définition satis-
compréhension du texte de Malraux. faisante pour les élèves. Il faudra cependant
2.  La phrase donne une dimension mytholo- vérifier qu’ils connaissent les circonstances de
gique à l’événement qui va être raconté. La la Seconde Guerre mondiale notamment la
défaite des Républicains marque un tournant défaite et l’invasion de la France.
civilisationnel : l’Espagne va plonger dans les •  La lecture pourra faire l’objet d’une évaluation
ténèbres (crépuscule sinistre). L’Âge du feu fait après l’étude du poème de Robert Desnos,
allusion à une époque violente et archaïque. quand les élèves se seront familiarisés avec
l’idée de Résistance.
3.  La foule défile et chante pour montrer son
courage et sa détermination alors même que la 1. On attirera l’attention des élèves sur la date de
ville est la proie de bombardements terribles qui publication et le contexte de la Seconde Guerre
l’ont incendiée. mondiale ; la France envahie par l’armée alle-
mande et la Résistance.
4.  On attend des élèves qu’ils s’expriment sur
le courage, l’engagement politique, le combat 2. Les élèves en 3e reconnaîtront la forme (des
pour des idées. vers) et des effets de style (anaphores, répéti-
tions), le rythme (ternaire au vers 2 et 3).
5. Le texte épouse le point de vue du journa-
liste qui est sympathisant des Républicains 3. Ce poème est un acte de résistance et d’appel
assiégés et bombardés. Le journaliste est fas- à se soulever. Le poète s’adresse aux Français qui
ciné par l’épouvantable spectacle de Madrid en le liront et qui ont en assez de l’oppression nazie.
feu (répétitions de « brûler »). Il éprouve de la 4.  Champ lexical du mot « cœur » : « bat »,
compassion pour les habitants de la ville (il est « rythme », « gonfle », « veine », « sang »,
« ému ») mais aussi de l’admiration pour leur « cœurs ». Ce mot est essentiel car le cœur est
courage et leur esprit de résistance. Le souvenir le siège de la décision et du courage d’entrer en
de la manifestation de la Pasionaria rehausse Résistance. C’est aussi le symbole de la vie.
celle de Madrid. 5.  Le poète est présent dans l’utilisation du
6.  Le romancier est pour les Républicains. La déterminant démonstratif « ce » à valeur pos-
biographie de Malraux indique son engage- sessive, dans le pronom personnel « je » et par
ment. Le texte fait des Républicains des héros : les paroles directement rapportées qui sont les
la ville martyre est montrée d’en haut ce qui lui siennes (v. 15).

séquence 25  L’artiste face à la guerre  303


Oral   le bombardement de la ville de Brest durant la
6.  On attend évidemment des qualités de Seconde Guerre mondiale.
conviction et de persuasion. b.  Le Chant des Partisans est l’hymne de la
Résistance française durant l’occupation par
Je fais le point l’Allemagne nazie, pendant la Seconde Guerre
mondiale.
L’écrivain engagé défend ses valeurs avec ses armes c. Maxime Le Forestier dénonce les injustices de la
qui sont la littérature : le roman ou la poésie. naissance et les écarts entre les différents pays de
Les mots peuvent expliquer et témoigner la planète. Il revendique pour tous le droit de se
comme dans le cas d’André Malraux qui explique déplacer mais d’avoir des racines reconnues.
aux Français la violence des bombardements des d. Calogero revendique le droit des homosexuels à
franquistes contre les Républicains. l’amour et à la non-discrimination.
Mais l’écrivain engagé peut franchir une étape
2. Quels moyens la poésie met-elle au service de
supplémentaire en appelant aux armes comme
l’intention du poète ?
c’est le cas de Robert Desnos.
Ces textes sont des chansons à même de toucher
Le coin des mots les élèves qui en sont grands consommateurs.
L’accent doit donc être mis sur :
a.  Un patient : celui qui souffre (et donc qui a – la musique (et son rôle dans la façon dont le
besoin de consulter un médecin). message est perçu) ;
b. La Passion : le chemin de croix du Christ. – le retour du couplet qui peut être réduit à un
c. Impatient : celui qui ne prend pas son mal en seul vers ;
patience ; qui ne peut attendre. – le rôle du refrain et sa progression narrative.
d. La passion : amour fou, déraisonnable, qui fait 3.  Quelle serait votre définition de la poésie
souffrir. engagée ?
e.  La compassion : aptitude à partager la souf- On attend des élèves qu’ils définissent la notion
france de quelqu’un. d’engagement et de valeurs à défendre ou à
La poésie engagée promouvoir. Ces valeurs peuvent relever de la
grande histoire (guerre, paix) mais plus simple-
Distribution d’un groupement de textes en ment de la vie quotidienne : valeurs d’égalité,
complément de celui de Robert Desnos, com- de tolérance, de non-discrimination. Les pro-
prenant les textes suivants : grammes d’EMC fournissent un cadre à consul-
a.  Jacques Prévert, « Rappelle-toi Barbara », ter.
Paroles et sa version chantée par Yves Montand ; On pourrait imaginer un prolongement : écriture
b.  Le Chant des Partisans1 (chant de la libé- de chansons en collaboration avec le collègue
ration), paroles de Maurice Druon et Joseph d’éducation musicale sur un thème engagé en
Kessel musique d'Anna Marly. Comparer les ver- relation avec la vie de l’établissement : le respect/
sions chantées par Anne Marly et par le groupe l’égalité filles-garçons/la lutte contre le harcèle-
Zebda ; ment…
c.  Maxime Le Forestier, « Né quelque part »,
single, Studio des dames, Paris, 1987 ;
d. Calogero, « J’ai le droit aussi », Les Feux d’arti-
Lecture La Grande Guerre : quelle
fice, Polydor, 2014.
réalité au front ? p. 396
Chaque groupe traite un poème et répond aux
mêmes questions : Exprimer son incompréhension
1. Quel est le sujet du poème ? Donnez la parole à un enfant, qui racontera
a.  Le poème dénonce la guerre et les ravages un événement auquel il a assisté et dont il
qu’elle peut faire : Jacques Prévert met en scène ne comprend pas le sens. Il exprimera son
incompréhension dans une lettre adressée à
1. Nom donné aux résistants un ami.

304 THème 4 3e • Agir dans la cité : individu et pouvoir


1. Voyage
Voyage au bout de la nuit de Louis- 1. On pourra inciter l’élève à exprimer son res-
Ferdinand Céline audio senti face à ce récit du front de Mathurin. On
peut l’inviter à écrire des mots-clés rendant
En piste !
compte de ses impressions.
L’objectif étant de créer des horizons d’attente, il 2.  On pourra s’appuyer sur ces images pour
faut laisser s’exprimer les hypothèses de lecture. approfondir l’analyse. On demandera à cet effet
1. On invitera l’élève à s’interroger sur ce qui est de justifier les réponses proposées.
décrit dans ce texte – le front durant la guerre 3.  La première phrase l’indique : les hommes
1914-1918. sont réduits à l’état de bêtes. Ils sont aussi consi-
2. Le personnage éprouve un sentiment d’absur- dérés comme des machines qui répondent,
dité : le conflit lui paraît incompréhensible (l. 4, aveuglément, aux ordres de tirer. Les corps sont
12-15). Il se sent en outre « inutile » (l. 24). quant à eux démembrés. On assiste donc à une
3.  Le roman, écrit d’un point de vue interne, entreprise de déshumanisation.
donne la vision de Bardamu. Son regard est 4.  La Terre ressemble aux représentations de
celui du naïf, de l’innocent qui ne comprend l’Enfer : fumée, chaleur, obscurité (l. 6 à 12).
pas « pourquoi ces deux gens-là tiraient ». Ce Questions croisées
regard accentue l’absurdité du combat. 5.  Les deux auteurs expriment le point de vue
4. Les marques d’oralité sont la double dési- de personnages et donnent ainsi une vision inté-
gnation du sujet (« lui, notre colonel », rieure, humaine de la Grande Guerre – dont ils
l. 4) ou du Complément d’objet (« je les mettent précisément en évidence le caractère
connaissais un peu les Allemands » l. 7-8), la inhumain, extrêmement violent. Les deux extraits
double négation non respectée (« je savais en dénoncent le caractère absurde : Bardamu
pas », l.  5), le vocabulaire familier (« foutre comme Augustin ignorent pourquoi et même sur
le camp » l. 16), la syntaxe et les tournures qui ils sont amenés à tirer.
familières (« que je me disais », l. 16-17, 6. L’élève énoncera un point de vue personnel,
« vingt ans d’âge », l. 28). que l’on invitera à argumenter.
5. Cette familiarité contribue au réalisme de la
7.  La mise en voix pourra être neutre ou au
scène. La voix de Bardamu crée un effet de réel
contraire insister sur la violence du texte de
pouvant contribuer à établir une proximité avec
S Germain. On pourra adopter différents
le lecteur.
rythmes de lecture, dont les choix seront
6. La question invite l’élève à se positionner en à argumenter. On peut faire travailler par
tant que « sujet lecteur » (Anne Vibert). binôme. L’important ici est que l’élève émette
argumentative des choix conscients.
7. Le sujet invite à récapituler les remarques pré- Je fais le point
cédentes et surtout à développer les réponses à
On retrouve deux points de vue similaires sur
la question 2 en s’appuyant sur le texte.
la Grande Guerre : elle déshumanise et appa-
raît absurde aux personnages. Les deux textes
2. Le Livre des nuits de Sylvie Germain adoptent d’ailleurs significativement un point de
En piste ! vue interne.
On pourra par exemple visionner un exemple
de scène d’assaut représenté dans le film de Lecture Comment l’art entretient-il la
J.-P. Jeunet, Un long dimanche de fiançailles, que mémoire de l’indicible ? p. 398
l’on peut facilement mettre en parallèle avec
cette partie du roman de Sylvie Germain. La En piste !
question invite l’élève à exprimer ses ressentis, à Recherches personnelles individuelles ou collec-
l’instar de ce que fait Augustin dans l’extrait. tives. La guerre du Pacifique est peu connue.

séQuence 25 L’artiste face à la guerre 305


1. Pluie noire de Masuji Ibuse Question croisée
2. Hiroshima mon amour de Marguerite argumentative
Duras 6.  On attend des élèves qu’ils caractérisent en
3. Gen d’Hiroshima de Keiji Nakazawa premier lieu les différentes expressions artis-
1.  La première bombe atomique larguée sur tiques.
Hiroshima est un événement mondial que – Un roman à la narration traditionnelle ; au
les élèves doivent connaître. Pour les aider on point de vue interne qui relate les faits sans le
peut les orienter vers le site de la ville d’Hiro- commenter ;
shima, en français : http://www.hiroshima-navi. – Un dialogue théâtral ou poétique dont la
or.jp/fr/sightseeing/bunkashisetsu/shiryokan_ langue étonnante reproduit la sidération
toshokan/23710.php éprouvée par la narratrice qui découvre les
2. C’est le point de vue interne qui est adopté horreurs d’Hiroshima.
pour la narration dans le roman de Masuji Ibuse. – Une bande dessinée qui joue sur le dessin
Le personnage qui prend en charge la narration (noir et blanc, angles de vue), le texte (paroles
est une jeune fille qui a peu d’expérience de la rapportées directement d’une victime) et la
vie. Le lecteur qui sait de quoi il est question (la taille des cases dont le contraste permet d’al-
bombe atomique) en sait davantage que le per- lier drame individuel et collectif.
sonnage et cette supériorité lui permet d’éprou- Ils développeront la relation entre la forme du
ver de la sympathie (ou de l’empathie) pour elle document et son efficacité argumentative.
qui porte un regard apeuré sur cette explosion Lequel touche le plus son public ? Pourquoi ?
inconnue mais menaçante. Je fais le point
3.  La narratrice est fascinée par l’explosion
nucléaire qu’elle découvre au musée (quatre L’art joue une place essentielle dans la mémoire
fois au musée). Elle est sous le choc des horreurs des horreurs de l’histoire. Un rôle informatif
qu’elle y voit (« peaux humaines flottantes » l. 8, d’abord en représentant des événements réels
« chevelures… tombées » l. 10-11). La syntaxe dont tout le monde ne connaît pas l’horreur.
hachée traduit son absence de compréhension. Mais l’art, contrairement à l’histoire, en trans-
Elle semble enfermée dans la répétition, dans le formant la réalité l’investit de sentiments et lui
cercle du malheur provoqué par la catastrophe donne une dimension universelle, susceptible de
dont elle constate les conséquences, incrédule toucher tout le monde.
(« Des pierres. Des pierres brûlées », l. 9)
4.  Le manga traduit l’horreur du bombarde-
ment en représentant un personnage enfoui Lecture Que peut l’art
sous les gravats. Les différents angles de vue tra- contre la guerre ? p. 400
duisent les efforts qu’il fait pour se dégager et
provoquent l’émotion chez le lecteur. Le choix
d’un enfant (« J’allais à l’école ») renforce le sen- 1. Stabat mater furiosa de Jean-Pierre
timent d’horreur. La colonne de droite nous fait Siméon audio
passer de la dimension individuelle à la dimen-
En piste !
sion mondiale de la catastrophe. L’image du
champignon atomique occupe toutes les cases Stabat Mater signifie en latin « la mère se tenait
pour signifier son importance et ses consé- debout ».
quences. Le Stabat mater dolorosa est à l'origine un texte
qui évoque la scène religieuse de la crucifixion
Oral   et la douleur de la Vierge au pied de la croix.
5.  L’élève doit expliquer les raisons pour les- Cette scène tragique, si souvent représentée en
quelles il a été sensible à un document plutôt peinture, inspira et inspire encore de nombreux
qu’à un autre. compositeurs.

306 THème 4 3e • Agir dans la cité : individu et pouvoir


1. On invitera l’élève à comprendre la situation 2. White Square #2 de Shadi Ghadirian
d’énonciation et ce dont il s’agit. Une femme 1. On invitera l’élève à identifier ce qu’il voit –
parle au nom de toutes les femmes pour dire un casque, des chaussures militaires, un ruban
non à la guerre et proclame son refus de la rouge. On pourra lui demander d’expliquer l’ef-
comprendre. Elle est donc « furiosa » et non fet créé par ces images (j’ai compris, je n’ai pas
« dolorosa ». compris ; je suis étonné…) avant même de ren-
2. On peut repérer les répétitions d’« émotion » trer plus avant dans l’analyse. On peut montrer
aux vers 3 et 4, ou de « contrainte » aux vers 11 à la classe les autres œuvres de la série (http://
et 12, mais surtout celles de « comprendre » shadighadirian.com) et insister sur leur format,
(v.  15- 20, v. 24) et de « furieuse » (v. 28-31), 76 × 76 cm.
repris par « fureur » aux vers 32 et 35. Ces répé- 2. et 3. On invitera la classe à émettre différentes
titions scandent le passage et ont valeur d’insis- hypothèses et à interpréter ces images sans en
tance. La femme est ainsi « debout » et dit sa fermer le sens. Certains élèves évoqueront peut-
colère et son refus. être le contraste entre la féminité et l’aspect
3. « L’homme de guerre » refuse l’émotion (« la très masculin des objets en lien avec la guerre.
guerre n’est pas un sentiment », v. 6) et consi- Le ruban rouge amoindrit-il la violence de l’ob-
dère qu’elle ne concerne pas la femme : elle est jet ou la met-il en exergue ? Elle pénètre en tout
une « contrainte » imposée qu’il faut « assu- cas l’espace intime de la maison, se banalise et
mer » (l. 9). Elle relève du sérieux, de la raison, du menace le quotidien. On pourra rapprocher ces
« mécanisme tragique des effets et des causes » photographies d’une autre série de l’artiste ira-
(l. 10). nienne, intitulée « Nil nil ».
La femme quant à elle refuse ces arguments : Il pourrait être intéressant de faire écrire aux
comprendre c’est accepter et trahir, dit-elle. élèves leurs impressions.
C’est se soumettre aux raisons de la guerre. Au 4.  Sans légende, sans aucune référence à un
nom de la vie, elle choisit la « fureur » - le non quelconque pays, ces photographies acquièrent
inflexible à ce qui tue. une valeur universelle et dénoncent la violence
de la guerre en en photographiant les objets
argumentative emblématiques.
4. On insistera sur la justification des réponses. Question croisée
5.  La réponse est personnelle, et donc variable 5.  Cette universalité du propos rapproche le
d’un individu à l’autre. Il est d’ailleurs intéressant texte de Jean-Pierre Siméon des photographies
de laisser s’exprimer différents points de vue au de l’artiste iranienne. De façon significative, c’est
sein de la classe. chaque fois un regard de femme qui nous est
proposé.
Le coin des mots
Je fais le point
• Coexister – colocation – combattant – com-
passion – copropriété – coproduction – coo- Différents moyens s’offrent à l’artiste pour s’op-
pérer. poser à la guerre. Shadi Ghadirian en montre les
• – Appréhender : de prehendere, « prendre » objets emblématiques et en souligne la violence ;
➞ saisir, concevoir. le regard de la photographe est apparemment
– Apprendre : de apprehendere, « saisir », presque objectif. Jean-Pierre Siméon choisit, lui,
« comprendre » ➞ acquérir la connaissance de la dénoncer dans un texte théâtral et poé-
de. tique conçu comme un cri, comme un chant qui
– Se déprendre : de « dé » et « prendre » ➞ dit le refus de façon volontairement subjective.
« se dégager de ce qui retient ». Les deux artistes parviennent, au-delà de ces dif-
– Reprendre : de reprehendere, « réprimander » férences, à donner une universalité à leur propos
ou de « re » et « prendre » ➞ « prendre à et à montrer la destruction créée par « l’homme
nouveau » de guerre ».

séQuence 25 L’artiste face à la guerre 307


Quand la guerre suscite 1. Aidez-vous du guide de lecture pour décou-
l’indifférence p. 402 vrir le texte
On invitera l’élève à réagir au texte en donnant
Atelier Exprimer son indignation ses impressions de lecture. On peut lui deman-
« Familiale » de Jacques Prévert der de proposer une couleur pour rendre compte
de sa lecture du premier paragraphe, puis une
y Étape 1 : Découvrir le poème.
autre traduisant son approche de la suite du
1. On peut inciter l’élève, à l’écrit ou à l’oral, indi- texte.
viduellement ou en groupe, à évoquer les senti-
ments qu’il éprouve à l’égard des personnages. 2.  Contre l’« homme de guerre », que peut la
La mise en commun permettra de guider la lec- femme de l’extrait ?
ture analytique en s’appuyant sur les réponses À la violence, elle oppose la douceur de la mater-
des élèves. nité, de l’enfance et la protection au sein de l’inti-
mité du foyer.
2.  C’est bien une famille que représente ce
poème au titre provocateur. Car elle est unie 3.  Quel effet crée l’énumération d’armes au
par l’indifférence et non par l’amour filial. « Les début de l’extrait ? De quelles guerres la pièce
affaires » sont au centre de l’intérêt bourgeois traite-t-elle ?
de ce couple qui n’a aucune conscience de son L’énumération est d’une grande violence et
inhumanité. montre l’universalité de cette dénonciation de la
guerre.
3. Les répétitions ont valeur d’insistance : seuls
la guerre, le tricot, les affaires mobilisent cette 4. Regardez et écoutez la proposition de mise en
famille. Les préoccupations sont obsession- scène d’Yves Lenoir https://www.youtube.com/
nelles, ainsi que le suggèrent ces termes sans watch?v=ydhNg2LF76E : de 7’11 à 7’47. Analy-
cesse répétés. La mise en voix du poème pour- sez la proposition de mise en voix et la création
rait aussi aider à interpréter les répétitions des musicale. Qu’en pensez-vous ?
vers 21 à 23, dans lesquelles on sent la colère du
poète. On pourra aussi faire entendre les répé- Oral Vision surréaliste
titions de sons à la rime : « guerre », « affaire », de la guerre p. 403
« cimetière » se font significativement écho.
4.  Voir réponses précédentes. On laissera la Atelier Réaliser un diaporama pour
classe émettre des hypothèses de lecture. On expliquer la démarche du peintre
pourra évoquer ici la satire de la bourgeoisie Construction molle aux haricots bouillis –
et relier le poème à la date de publication du Prémonition de la guerre civile de Salvador
recueil. Dalí
y Étape 2 : Individuellement ou en groupe. 1. On attend des élèves des réactions et des com-
5. L’activité d’écriture invite l’élève à réagir per- mentaires étonnés. Il s’agira pour eux de donner
sonnellement au texte et à aller plus avant dans du sens à une représentation qui a priori, n’en
l’analyse. a pas. Il est important avant tout, d’expliciter le
Contre la guerre, que propose l’héroïne contexte de la guerre d’Espagne (cf. Double page
de Stabat Mater Furiosa de Jean-Pierre lecture 1).
Siméon ? 2. Le surréalisme en peinture : inconscient/poé-
Lisez l’extrait du Stabat Mater Furiosa de « Assez sie/énigme/mondes étranges/ ; le tableau de
de guillotine de tout fer des balles des bombes Dali correspond à ces mots qui décrivent le sur-
des couteaux des rasoirs des tranche-gorges des réalisme.
baïonnettes des canons des mitrailleuses des gaz 3. Ce tableau évoque la guerre :
des poignards… » à « au moindre coup de ton- – personnage horrible, démembré, squeletti-
nerre / ils se cacheront sous l'édredon / où les que, difforme ;
attendront des femmes naïves et nues ». – Violence (sein étreint par la main) ;

308 THème 4 3e • Agir dans la cité : individu et pouvoir


– Vastitude déserte (destruction de toute Je m’entraîne
construction humaine) ; 3.  Félicie est une domestique qui est chargée
– Haricots bouillis qui ressemblent à des asti- d’introduire un visiteur, monsieur Des Rillettes
cots (chair en décomposition). chez ses maîtres. Les intentions de la commu-
On peut penser à une guerre civile, c’est-à-dire nication ne sont pas les mêmes pour les deux
fratricide : personnages.
– Il s’agit d’un seul personnage mais nettement M. des Rillettes courtise la bonne et lui demande
divisé en deux (partie haute et partie basse) ; son nom (registre badin).
–  Ces deux parties sont en conflit ; La bonne demande son nom au visiteur pour
–  Métaphore du sein nourricier écrasé ; l’annoncer (registre professionnel).
–  La silhouette construit une carte de l’Espagne. L’effet produit est le rire. Les intentions de
4. Les élèves expriment leur ressenti sur le fond séduction du visiteur sont ridiculisées par la
(horreur de la guerre) et sur la forme déroutante domestique.
peut-être du tableau surréaliste. 4.  a.  Je : Une femme qui vit dans un pays en
5.  On attend que les élèves voient dans ce guerre. On : les soldats autour d’elle. On : les
tableau une dénonciation de l’horreur de toute gens, les acheteurs.
guerre civile. Mais aussi qu’ils reconnaissent des b. Tu : un enfant à qui sa mère a caché que son
choix artistiques qui existent indépendamment père est mort à la guerre.
du sujet représenté. c.  Nous : les femmes de la ville reprochent à
leurs hommes de faire la guerre (vous) et envi-
sagent d’élever leurs enfants (ils) de la manière
Langue  La grammaire pour lire, écrire la plus pacifique possible, quitte à les garder
et parler p. 404 innocents.
Les personnes d.  On : une personne dont l’identité n’est pas
J’observe définie (le facteur, un messager).
1. a. je = Hana, tu = Oncle Jules, il = Oncle Jules. e. Tu : le voyageur.
b. On ne peut pas dire à qui se réfèrent préci- 5. a. G. Ragain est un soldat envoyé au front lors
sément les pronoms car les noms qu’ils rem- de la Première Guerre mondiale. Il écrit à ses
placent ne sont pas précisés dans le contexte. parents afin de les rassurer sur sa santé et ses
On peut deviner qu’en b. « il » représente un conditions de vie.
chien (il frétille de la queue) mais sans certitude. b. Le soldat Ragain écrit à ses parents depuis
2. a. On : tout le monde – Tout le monde a tort le front le 27 mai 1916. Il leur dit qu’il est
de négliger sa santé… ➞ La phrase perd sa force ­toujours en bonne santé. Il ne court aucun
de proverbe. risque. Les hommes creusent toujours des
tranchées et des boyaux. Il écrit que depuis
b.  On : je – Oui, arrêtez de sonner, je viens, je
la veille, ils ont quitté leur bivouac pour aller
viens… ➞ La phrase perd sa connotation iro-
nique ou énervée. dans un cantonnement plus proche du front.
Ils sont avec des artilleurs, des chasseurs à che-
c. On : tu ou vous – Alors, tu n’as pas beaucoup val, du génie à pied et du hussard. Le soldat
dormi cette nuit ? ➞ On perd la moquerie (voire Ragain/Il dit qu’ils sont bien mieux que sous
la grivoiserie) sous entendue dans la phrase. les tentes. Ils doivent aller au repos le 5 juin. Le
d. On : les agriculteurs – Dans la Beauce les agri- soldat Ragain/Il ajoute qu’il trouve à peu près
culteurs cultivent… ➞ Cette précision du sujet tout ce qu’il veut : il demande à ses parents de
exclut le locuteur qui est peut-être beauceron et ne lui envoyer ni argent ni colis avant qu’il leur
qui s’incluait dans le on. en ait demandé. Il écrit que le secteur est tou-
e. On : toi et moi/toi et nous – Nous allons au jours calme ; qu’ils travaillent toute la journée
cinéma ce soir ? ➞ Changement de registre de et qu’ils n’entendent que quelques coups de
langue qui, de familier devient courant. 75.

séquence 25  L’artiste face à la guerre  309


Les démonstratifs – A. Akhmatova  : non compréhensible ➞
J’observe « ici » peut désigner le jardin d’enfance de la
6.  a.  La situation de communication est indis- poète à Saint Pétersbourg.
pensable pour comprendre « ces ». –  J.-P. Siméon : compréhensible.
b. « ce » : Guerre et Paix. L’accord des adjectifs en position
c. La situation de communication est indispen- détachée
sable pour comprendre « ces hommes ci ». 11.  Il est vrai que Franz et ses frères ont déjà
d. La situation de communication est indispen- neuf ans, mais ils ne sont nullement pressés
sable pour comprendre « celui-là ». d’entrer dans les rangs des adultes. En grandis-
e. « ce » pays : la Turquie. sant, ils commencent à mieux comprendre leurs
f. La situation de communication est indispen- comportements, leurs plaisirs et leurs tracas
sable pour comprendre « celui-ci et celui-là ». mais sans encore en pénétrer la signification. Et
Je m’entraîne ils ne cherchent pas à approfondir leur compré-
7. a. cette cantine : celle où nous allons manger hension de la nébuleuse des grandes personnes,
trop souvent. b. cette coiffure : ta coiffure. c. ce : car le peu qu’ils en déchiffrent ne leur paraît
ton. d. cet : le tien. e. ce : mon. guère captivant. Ils devinent quelque chose de
Les indications de temps et de lieu mesquin, de misérable même parfois, dans leurs
J’observe préoccupations autant que dans leurs satisfac-
8. a. La maison est tout près de la bibliothèque tions.
(référent connu objectif). 12.  Dictée préparée individuellement ou en
b. La maison est tout près de l’église que le locu- groupes.
teur montre (référent dans la situation de com- Les mots de la révolte
munication).
13. – Le Sénat a opposé son veto à la loi présen-
c.  La maison est proche de la poste (référent
connu objectif). tée par l’Assemblée.
d. La maison est proche de celui qui parle (réfé- – Le Sénat a dit non à la loi présentée par l’As-
rent dans la situation de communication). semblée.
e. On ne sait pas où est la maison (référent dans – La loi présentée par l’Assemblée a été reto-
la situation de communication). quée par le Sénat.
– La loi présentée par l’Assemblée a fait l’objet
9. Les adverbes « loin » et « près » ne se com- d’un refus au Sénat.
prennent qu’en fonction d’un référent ; il peut – Forte opposition du Sénat à la loi présentée
être explicité dans la phrase et ne dépend donc par l’Assemblée.
pas de la situation de communication.
Ex. : Sa maison est près de la poste. 14. Approbation : accord.
Il peut dépendre de la situation de communica- Désapprobation : désaccord.
tion et peut ne pas se comprendre en dehors d’elle. Réprobation : condamnation sévère de quelqu’un
Ex. : C’est tout près d’ici. pour son attitude ou ses actes.
Je m’entraîne 15. Production libre des élèves.
10. a. et b. 16.  Production libre des élèves. On veillera à ce
–  H. de Balzac : compréhensible. qu’ils utilisent le vocabulaire de l’exercice 15.

310   Thème 4  3e • Agir dans la cité : individu et pouvoir


thème 4 agir sur le monde
3e – Agir dans la cité, individu et pouvoir

Séquence
Éveiller les consciences
26 Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor

Fil directeur de la séquence


La lecture intégrale de cette œuvre brève et dense permet d’approfondir l’analyse des choix d’écriture
et de leurs effets, dans le cadre de l’approche du genre épistolaire, et de s’interroger sur les enjeux d’un
texte en relation avec un contexte historique particulier, ainsi que sur sa portée humaniste en relation
avec la thématique du rapport entre culture, mémoire et liberté.
Cette lecture est prolongée par l’étude du récit de l’expérience menée par le professeur Ron Jones, pour
faire comprendre aux élèves le danger des doctrines totalitaires, ainsi que par des textes mettant en
valeur l’importance de la transmission de la mémoire : un roman, Le Passeur de Lois Lowry, et deux
témoignages de rescapés des camps de concentration, Ida Grinspan et Henri Borlant, publiés dans
le recueil Traces de l’enfer. Enfin, en relation avec la thématique « L’art pour résister et vivre quand
même », il est proposé en EPI de produire une anthologie de poche.

Compétences travaillées dans la séquence


Langage oral Écriture
Dans les pages de lecture… Dans les pages de lecture…
■Percevoir et exploiter les ressources expressives et ■Exploiter les principales fonctions de l’écrit
créatives de la parole X Élaborer une trace écrite pour organiser un débat oral
X Lecture théâtralisée d’une lettre de Martin, p. 412
En atelier, p. 414
En atelier, p. 415 ■ Pratiquer l’écriture d’invention, connaître les
■ Participer de façon constructive à des échanges caractéristiques des genres littéraires et exploiter
oraux des lectures pour enrichir son texte
y Participer à un débat, exprimer une opinion X Comprendre l’expérience de Ron Jones
argumentée et prendre en compte son X Écrire un journal de bord
interlocuteur ■ Passer du recours intuitif à l’argumentation à un
y Animer et arbitrer un débat usage plus maîtrisé
X Débattre du rôle de la littérature dans la lutte X Expliquer une démarche expérimentale, la justifier
contre la dictature et l’analyser

Lecture /Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue


■ Lire des textes variés avec des objectifs divers : Dans la double-page langue…, p. 416-417
y Recourir à des stratégies de lectures diverses ■ Connaître les aspects fondamentaux du
(adapter sa lecture à l’objectif poursuivi, adapter sa fonctionnement syntaxique
lecture aux supports, reformuler y Fonctionnement de la phrase complexe
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’observe », X Expression de l’hypothèse et de la condition
« Je comprends » ■ Maîtriser le fonctionnement du verbe et son
y Formuler des impressions de lecture, percevoir un orthographe
effet esthétique y Maîtrise de la morphologie verbale
X Carte mentale « Lire un texte » : « Je lis », X La concordance des temps dans le système
« J’écoute », « Je réagis » hypothétique
y Reconnaître les implicites et faire les inférences et ■ Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe des mots
hypothèses de lecture nécessaires X Mise en réseau des mots de la résistance et de
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’interprète » l’engagement

séQuence 26 Éveiller les consciences 311


Lecture /Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue
■■ Lire et comprendre des images fixes ou mobiles Dans les coins des mots
XXCarte mentale « Lire une image » Le mot « monument » (p. 411)
Enjeux culturels
■■ Liredes œuvres littéraires et fréquenter des œuvres
d’art
XXDévelopper des connaissances sur le genre de la
littérature engagée
Enjeux de formation personnelle
XXComprendre en quoi les textes littéraires dépassent
le statut de document historique
XXS’interroger sur les notions d’engagement et de
résistance

Lecture  Comment parler de l’entre- créant le contrepoint de cette représentation.


deux-guerres ? p. 408 Afin de présenter ces expressions, ils pourront
L’objet d’étude proposé ici est la première lettre réaliser un tableau ou une carte mentale, et ils
de l’œuvre : l’objectif est d’amener les élèves à seront invités à les commenter :
entrer dans le jeu de la lecture d’une correspon- –  description de l’Allemagne : « le charme
dance, et de rechercher en quoi elle constitue d’Unter den Linden » (l. 3), « la largeur de
un texte d’exposition fournissant les éléments vues, la liberté intellectuelle, les discussions,
du drame qui va se nouer entre les personnages. la musique, la camaraderie enjouée » (l. 4-5),
En partant de l’identification de la situation de « une Allemagne démocratique » (l. 7), « une
communication, des deux personnages et du terre de culture où une magnifique liberté
genre épistolaire de l’œuvre, les élèves exprime- est en train de s’instaurer » (l. 7-8), « le che-
ront leurs réactions personnelles. min que nous avons parcouru, en tant que
peuples » (l. 26-27) ;
En piste ! –  contrepoint : « l’esprit hobereau, l’arrogance
Pour entrer dans l’œuvre prussienne et le militarisme » (l. 6), « depuis
•  Réponse libre des élèves. le début de toute cette violence » (l. 27).
Représentez la structure de l’œuvre 3.  La modalisation employée pour évoquer le
Au terme de la lecture, les élèves pourront com- personnage de Griselle et exprimer la tendresse,
parer leurs schémas, et réaliser par groupes des l’attachement, pourra être analysée (signes
panneaux qui seront exposés en classe. L’étude de ponctuation, figures de style, vocabulaire
de l’œuvre pourra être complétée par un carnet évaluatif, verbes de pensée, de jugement). Les
de bord ou un journal de séquence réalisé par passages concernés sont : « charmante » (l. 9),
l’élève. Sous une forme libre, et afin de consti- « ma petite sœur » (l. 10), « décourageantes »
tuer un recueil rassemblant les traces (écrites, (l. 12), « Pauvre enfant » (l. 13), « Elle a du cran,
orales) de son parcours de lecture, il consignera en plus de la beauté et, je l’espère, du talent »
ses réflexions, les résultats de recherches person- (l. 14), « avec beaucoup d’amitié » (l. 15), « ce
nelles, des documents qu’il aura choisis. sentiment passe vite à son âge » (l. 16), « transi,
foudroyé, impuissant », « le soleil revient »
1. « Il y fera bon vivre »
(l.  19), « on est remis du choc » (l. 20), « Il ne
1.  Les élèves indiqueront le lieu et la date de reste à Griselle que le souvenir de la douceur
rédaction de la lettre, ainsi que le destinataire et et non plus du chagrin » (l. 20-21), « ma petite
le lieu d’expédition. sœur » (l. 22), « elle ne se lie pas facilement, et je
2. Les élèves seront incités à repérer les expres- sais qu’elle serait contente de sentir qu’elle a des
sions décrivant l’Allemagne, et les expressions amis non loin » (l. 23-24).

312   Thème 4  3e • Agir dans la cité : individu et pouvoir


4. Cette première lettre pose le cadre de l’action : sentiments des personnages, à jouer sur les réac-
contexte politique de l’Allemagne, situation de tions du lecteur en l’entraînant dans une histoire
trois personnages (Max, Martin et Griselle) ; elle haletante. On pourra préciser que Kressmann
joue le rôle de la scène d’exposition dans une Taylor s’est inspirée de courriers écrits entre
pièce de théâtre. de jeunes Californiens et des Allemands ; en se
Les élèves pourront percevoir la fonction moquant d’Hitler, les Américains avaient mis
dramatique de la présentation du trio, et la leurs correspondants en danger. L’auteure a éga-
dimension d’emblée théâtrale de l’œuvre. Ils lement voulu montrer la puissance destructrice
pourront également s’interroger sur la récep- des lettres.
tion du texte : est-elle la même en 2016 qu’en
1938 ? Avons-nous la même lecture des pas-
sages concernant l’Allemagne, qu’un lecteur Lecture Comment Max et Martin
américain découvrant le texte au moment de perçoivent-ils la montée
sa publication ? du nazisme ? p. 410
5. Le genre épistolaire place le lecteur au centre L’objectif est d’amener les élèves à percevoir la
d’une situation de communication et l’amène différence entre les approches de Max et de Mar-
à endosser plusieurs rôles : celui d’un lecteur tin en ce qui concerne l’évolution de la situation
indiscret, celui du ou des personnages dont il lit en Allemagne, et de comprendre que leurs rela-
la correspondance. Dans une sorte de jeu inte- tions vont, à partir de là, subir une dégradation.
ractif, le lecteur est également incité à remplir
les blancs du texte en imaginant les événements
survenus ou à venir.
1. « L’homme électrise littéralement
À partir de cette notion de jeu, les élèves pour- les foules » audio

ront s’interroger sur le pouvoir de manipulation La lecture de cette lettre permet d’étudier quelle
détenu par les textes, et se demander quel rôle représentation Kressmann Taylor, auteure amé-
cela accorde au pouvoir de la lecture, notam- ricaine, donne en 1938 des origines du fanatisme
ment en ce qui concerne l’interprétation de provoqué par l’endoctrinement nazi en Alle-
l’implicite. magne, et quels effets elle cherche à produire
sur son lecteur en imaginant ainsi les réactions
créative
de son personnage allemand.
6.  En relation avec la réflexion précédente, cet
En piste ! vidéo
exercice propose d’imaginer la lettre de la tierce
personne évoquée dans la première lettre ; il Le document suivant permettra de situer les
s’agit de tenir compte des éléments fournis par événements évoqués par Martin dans leur
cette lettre pour construire un personnage qui contexte et de prendre la mesure de l’impact
ne s’exprime pas dans l’œuvre, mais qui consti- des discours d’Hitler dès 1933 en Allemagne. Le
tue un élément clé du récit. nouveau chancelier allemand Hitler présente
son gouvernement à Berlin.
Je fais le point ➨   http://fresques.ina.fr/jalons/impression/fiche-
Il s’agira de replacer l’œuvre dans le contexte de media/InaEdu02008/le-nouveau-chancelier-
son écriture et de sa première publication : elle allemand-hitler-presente-son-gouvernement-
nous apporte des éléments d’informations sur la a-berlin.html
façon dont les Américains les plus avertis pou- 1.  Cet exercice permet une illustration des
vaient se représenter la situation politique de réflexions engagées avec la lecture de la première
l’Allemagne dans les années trente. lettre : par l’emploi de la deuxième personne
Dans leur réflexion sur le choix de la forme des du singulier, le lecteur est amené à s’identifier
courriers par l’auteur, les élèves pourront être au personnage destinataire de la lettre, ici Max,
guidés sur la capacité de ce genre à faire per- qui lui-même est incité à se mettre à la place
cevoir l’ambiance d’une époque, à exprimer les de Martin (« je suppose que cela t’intéresse de

séQuence 26 Éveiller les consciences 313


savoir comment nous vivons les événements de l’expression d’un conflit, entre la soumission au
l’intérieur », l. 2-3). La mise en valeur des expres- fanatisme et la capacité à analyser des situations
sions « Tu as certainement entendu parler » (l. rationnellement, et elle aboutit à l’activité d’oral
2), et « je suppose que » (modalisation par des proposée dans le questionnement.
adverbes et des verbes de pensée) montre la ten- 4.  La question recentre la réflexion sur le
tative de conditionnement du jugement entre- contexte de l’écriture de l’œuvre. L’auteure
prise par Martin. perçoit bien le danger que représente l’arrivée
2.  Les élèves pourront relever les expressions d’Hitler au pouvoir : intolérance et persécutions,
apportant des informations, et les classer : fanatisation de tout un peuple à qui on « vend »
– changement de direction politique : « Main- de l’espoir, sur la base d’une situation vécue
tenant, c’est lui [Hitler] qui, de fait, est le chef comme une humiliation, risque de la négation
du gouvernement » (l. 5-6) ; de l’état de droit. Des liens pourront être établis
– éléments d’un portrait d’Hitler : « L’homme avec les événements historiques suivants : traité
[Hitler] électrise littéralement les foules » (l. 7) ; de Versailles en 1919, crise économique de 1929,
– actions des SA : « Ses escouades en chemises fin de la République de Weimar, etc.
brunes sont issues de la populace. Elles pillent,
et elles ont commencé à persécuter les juifs » Oral  
(l. 9-10) ; 5. Cette activité permet d’approfondir la réflexion
– évolution des mentalités : « Les gens se sur le rapport entre idéologie, fanatisme, et
sentent stimulés, on s’en rend compte en culture, et de s’interroger sur le rôle de l’éducation.
marchant dans les rues, en entrant dans les Cette recherche pourra passer par le questionne-
magasins. Ils se sont débarrassés de leur déses- ment suivant : comment l’auteure représente-t-
poir comme on enlève un vieux manteau. elle la relation respective des deux personnages
Ils n’ont plus honte, ils croient de nouveau à aux événements survenant en Allemagne ?
l’avenir » (l. 14 à 17). On pourra ainsi aboutir à la notion de mise en
3.  Cette activité permet d’affiner le repérage perspective, qui donne à voir tout en mettant
effectué dans l’exercice précédent en centrant à distance, et à la prise de conscience de la vul-
l’analyse sur ce qui constitue l’essentiel de la nérabilité de Martin, qui vit les événements de
lettre de Martin, à savoir l’expression de ses réac- l’intérieur et subit une pression constante, alors
tions personnelles face à la montée du nazisme. que l’éloignement de Max l’aide à garder une
Elle pourra être prolongée par un regroupement distance critique par rapport à la situation. Il
permettant de mettre en valeur la présence de s’agira alors de rechercher ce qui aurait pu éviter
réseaux lexicaux (pouvoir quasi surnaturel du à Martin d’épouser l’idéologie nazie.
dictateur, mise en mouvement d’une force puis-
1. Proposez une mise en scène du passage
sante et irrationnelle) :
lu
• « Je doute que Hindenburg lui-même puisse
le déloger du fait qu’on l’a obligé à le placer au ó Étape 1 : seul.
pouvoir » (l. 6-7) : modalisateur avec un verbe Visionnez des mises en scène (Xavier Béja au
de pensée « Je doute » qui marque la prise de théâtre du Lucernaire, Delphine de Malherbe
conscience de l’ascension politique d’Hitler et au Théâtre Antoine) et des adaptations ciné-
le risque de la négation de l’état de droit. matographiques de l’œuvre (Address Unknown
• « L'homme électrise littéralement les foules » (1944) de William Cameron Menzies, Inconnu à
(l. 7) : métaphore « électrise » et modalisa- cette adresse (2011) de Maria Boritchev et Julien
teur avec un adverbe « littéralement » qui Botzanowski).
marquent la fascination face au charisme ó Étape 2 : en groupe.
d’Hitler. La modalisation suggère que Martin – Décrivez ces mises en scène et échangez sur
subit lui aussi cette influence. les effets qu’elles produisent.
L’analyse linéaire du discours de Martin permet – Élaborez une mise en scène du passage étu-
de percevoir l’écriture de cette lettre comme dié : présentez les décors, les accessoires, les

314 THÈME 4 3E • AGIR DANS LA CITÉ : INDIVIDU ET POUVOIR


jeux de lumières, les fonds sonores que vous actus fidei signifiant « acte de foi ». On pourra
envisagez, les personnages présents sur la faire utiliser le Larousse en ligne aux élèves (http://
scène, et les didascalies du texte. www.larousse.fr/dictionnaires/francais/auto-
– Répartissez les rôles : acteur(s), accessoiriste, daf%C3%A9/6657).
costumier, décorateur, ingénieur du son, 1.  Max est très surpris par la demande de son
éclairagiste, vidéaste, présentateur de la mise ami Martin : il est désorienté et très perturbé par
en scène, etc. cette volonté de mettre un terme à leur corres-
– Réalisez et filmez cette mise en scène. pondance, comme le montrent les expressions
– Commentez et évaluez vos prestations, à « Je ne trouve plus le repos après la lettre que tu
l’aide de critères que vous aurez au préalable m’as envoyée. Elle te ressemble si peu » (l. 3-4).
définis collectivement. 2. Max veut croire que Martin agit ainsi par inté-
Ces productions pourront être montrées à rêt personnel et pour protéger sa famille, mais
d’autres classes, du collège ou d’autres établis- que ses sentiments pour lui n’ont pas changé : il
sements, aux enseignants, et/ou aux parents ; formule ainsi l’hypothèse que l’attitude de Mar-
elles pourront faire l’objet d’une sélection et tin est due à sa « peur de la censure » (l. 5).
d’un concours, et évaluées par un jury composé Phrases possibles comportant des propositions
d’élèves. subordonnées conjonctives introduites par
2. Interdisciplinarité Français – Anglais « si » :
– Si Martin agit par peur de la censure/préfère
y Étape 1 : individuellement. se montrer opportuniste/agit ainsi par inté-
– Procurez-vous la version anglaise d’Inconnu à rêt pour protéger sa famille ; Max peut com-
cette adresse de Kressmann Taylor. prendre son attitude/ne lui en tiendra pas
– Découvrez le texte en anglais avec votre pro- rigueur/restera son ami.
fesseur d’anglais pour éliminer les problèmes – Si tu…/je peux comprendre ton attitude/je ne
de compréhension. t’en tiendrai pas rigueur/je resterai ton ami.
– Établissez des comparaisons entre le texte Cette réécriture permet de montrer que la for-
anglais et sa traduction. mulation de l’hypothèse tient déjà lieu d’un
y Étape 2 : en groupes. avertissement, d’une menace implicite.
– Faites part de vos correspondances, discu- 3.  Les arguments pourront dans un premier
tez-en, rectifiez-les si besoin. temps être identifiés dans le texte, puis regrou-
– Commentez les choix effectués par le traduc- pés, ensuite reformulés, et enfin analysés :
teur. • Tu as peur, tu veux protéger ta famille mais tu
– Mettez en voix les deux textes. n’as pas changé, tu es resté mon ami : « Elle
– Vous pourrez proposer une mise en scène à [la lettre précédente] te ressemble si peu que
partir de l’une ou de l’autre version. je ne peux attribuer son contenu qu’à ta peur
de la censure » (l. 4-5), « Cela me convaincra
2. « J’attends ce seul mot – ce "oui" que tu joues le jeu de l’opportunisme mais que
qui rendra la paix à mon cœur » tes sentiments profonds n’ont pas changé ;
Cette lettre montre comment Max perçoit à que je ne me suis pas leurré en te considérant
son tour la situation en Allemagne, à travers le comme un esprit libéral et droit » (l. 10-11) ;
courrier reçu de Martin ; son analyse montrera phrases négatives, forme emphatique et pro-
en quoi elle constitue le reflet inversé de la pré- position subordonnée de conséquence, futur
cédente, et elle pourra conduire à une réflexion proche, vocabulaire mélioratif.
sur la capacité des textes à mettre la réalité en • Il n’est pas possible que tu cautionnes les
perspective. événements en train de se dérouler en Alle-
magne : …
En piste ! • Tu as compris ce qu’est le nazisme et tu dois
Le terme « autodafé » provient de la locution bien te douter que la situation va encore
« auto da fé », transcription en portugais du latin s’aggraver : …

séQuence 26 Éveiller les consciences 315


Un classement des exemples par types de pro- y Étape 3 : débat et évaluation.
cédés aidera à affiner l’analyse. Par ailleurs, cette Vous pourrez intégrer une comparaison avec,
lecture permettra d’identifier deux réseaux lexi- par exemple, l’œuvre de Catherine Fourniau
caux (celui des massacres, et celui des réactions (http://www.petit-patrimoine.com/fiche-
attendues de la part des citoyens éclairés), qui petit-patrimoine.php?id_pp=91228_1), ainsi
entrent en conflit et construisent progressive- qu’avec des textes littéraires évoquant la résis-
ment une opposition entre barbarie et civilisa- tance (voir les œuvres citées dans le chapitre).
tion. Les diaporamas pourront ensuite être évalués
4.  Un autodafé dit l’intolérance, le refus de la par la classe selon des critères déterminés par les
culture et de l’ouverture d’esprit, la négation de élèves.
la liberté de pensée et d’expression (on guidera ➨   En téléchargement sur le site
les élèves vers la notion de régime totalitaire). www.hachette-education.com, un tableau
5. Un esprit libéral et droit possède des convic- d’évaluation.
tions construites sur le respect des libertés indi-
viduelles et il conduit sa vie avec honnêteté, Le coin des mots
fidèle aux valeurs humanistes et universelles qui
guident son parcours personnel et fondent la • « Monument » vient du latin du verbe
citoyenneté. monere qui signifie « faire songer à quelque
On pourra établir un lien avec l’humanisme, chose, faire se souvenir », « avertir, engager,
ainsi qu’avec la représentation de l’« honnête exhorter », « donner des avertissements, des
homme » au xviie siècle et avec la philosophie inspirations, éclairer, instruire » ; et de monu-
mentum qui signifie « tout ce qui rappelle
des lumières.
quelque chose ou quelqu’un, ce qui perpétue
argumentative le souvenir », « tout monument commémo-
6. On attend une lettre qui respecte la situation ratif » (monumenta : « monuments écrits »).
Pour trouver les sens du mot, les élèves pourront
de communication et qui, tout en s’inspirant
se référer au dictionnaire Littré :
des idées avancées par Max, développe des argu-
– construction faite pour transmettre à la pos-
ments personnels, en employant les procédés
térité la mémoire de quelque personnage
identifiés ou en en recourant à d’autres choix
illustre, ou de quelque événement considé-
d’écriture.
rable ;
Présenter et analyser un monument com- – en général, édifices imposants par leur gran-
mémoratif en réalisant un diaporama deur, leur beauté, leur ancienneté. Les monu-
ments d'une ville.
y Étape 1 : recherche.
– Effectuez une recherche sur un monument.
• Inconnu à cette adresse peut être considéré
comme un monument, au sens de « docu-
y Étape 2 : exposé. ment écrit gardant trace de » : il est, en effet,
Réalisez en groupes un diaporama qui en pré- le reflet d’un contexte politique, et il per-
sentera une analyse illustrée : met aux lecteurs d’aujourd’hui de garder la
– choisissez les illustrations (cartes géogra- mémoire de l’atmosphère d’avant-guerre en
phiques, photographies, schémas, documents Europe et aux États-Unis, face à la montée en
sonores, etc.) ; puissance de l’Allemagne nazie.
– élaborez le texte de votre diaporama (trame Par ailleurs, l’enjeu de ce texte rejoint la troi-
de la présentation, références des illustrations, sième acception du verbe monere, car il consti-
etc.) ; tue aussi un avertissement : Kressmann Taylor
– produisez le texte de votre commentaire, voulait, de fait, alerter ses contemporains sur
enregistrez-le ; les conditions de mise en place du totalita-
– finalisez votre production : insérez les docu- risme, et cet enjeu concerne les lecteurs de
ments dans votre diaporama. toutes les époques.

316 THème 4 3e • Agir dans la cité : individu et pouvoir


Enfin, Inconnu à cette adresse peut être consi- 1. On utilisera le guide de lecture pour analyser
déré, en tant que création littéraire aboutie, le texte : qu’annonce Martin à Max dans cette
d’une grande intensité dramatique, comme un lettre ? quels sentiments exprime-t-il ?
monument de la littérature mondiale. 2.  Les élèves pourront relever dans le texte
Culture + les événements successifs et les représenter
Les recherches permettront aux élèves d’ap- dans l’ordre chronologique, sous la forme d’un
profondir leurs connaissances sur le rapport tableau ou d’un autre type de schéma.
du régime nazi à la culture, et d’appréhender Ces écrits de travail serviront de base à la pro-
sa volonté de détruire la liberté de pensée et duction du récit. Ce récit pourra être rédigé
d’expression : http://cle.ens-lyon.fr/allemand/ comme le texte initial à la première personne du
art-degenere-et-art-allemand-les-expositions- singulier ; les élèves pourront également l’écrire
de-munich-en-1937-50498.kjsp?RH=CDL_ à la troisième personne du singulier et comparer
ALL100000 les effets produits par chaque texte.
• Structure du récit :
Je fais le point – arrivée de Griselle chez Martin : il a ouvert la
Cette œuvre nous plonge au cœur d’un pro- porte, puis a vu les SA défiler devant sa pro-
cessus de conditionnement car les lettres de priété ;
Martin expriment ses impressions, ses senti- – bref dialogue sur le pas de la porte : il a
ments, ses convictions, depuis sa découverte du demandé à Griselle de partir de l’autre côté
du parc, qui a accepté en partant en courant ;
nazisme jusqu’à sa mutation en cadre formaté
– mort de Griselle : les SA ont repéré la jeune
du parti. Interfaces entre deux correspondants,
fille, ils l’ont poursuivie, rattrapée et exécutée.
nous vivons, par la lecture des lettres de Max, les
Martin a fait enterrer son corps au village.
conséquences de son aveuglement.
3.  Cette comparaison engage une analyse des
effets produits par les modalisateurs : les élèves
Lecture Quelle tragédie se joue relèvent alors dans le texte les réactions de Mar-
entre Max et Martin ? p. 412 tin, identifient les procédés utilisés et en expri-
ment les effets :
L’objectif de la lecture de ces trois textes est
– l’expression d’une compassion : « Je regrette
d’analyser la progression dramatique de l’œuvre
beaucoup », « mauvaises nouvelles » (l. 2),
qui entraîne ses personnages vers un dénoue-
« Malheureusement pour elle » (l. 3), « J’avais
ment violent, dans une tension croissante.
une chance sur mille de pouvoir la cacher »
(l.  9), « elle a toujours été une fille coura-
1. « J’avais une chance sur mille geuse » (l. 19-20), « Je suis rentré, impuis-
de pouvoir la cacher » audio sant » (l. 22), « Pauvre petite Griselle » (l. 24),
La lecture de cette lettre permet d’analyser la « Je partage ta peine » (l. 24-25) ;
façon dont Martin rapporte les circonstances – une prise de distance par rapport à la mort
de la mort de Griselle, et d’évaluer son évolution de Griselle : « elle s’est montrée stupide »
depuis ses premières lettres ; les élèves seront (l. 3), « Par chance » (l. 7), « elle n’a pas
amenés à percevoir l’intensité dramatique de couru assez vite » (l. 21), « C’était stupide
ce texte et son importance dans la structure de sa part » (l. 23-24), « C’est déjà bien assez
de l’œuvre, ainsi que l’acuité et la lucidité avec fâcheux pour moi » (l. 29-30), « Je ne tolérerai
lesquelles l’auteure analyse la situation en Alle- plus » (l. 30-31)
magne. Les élèves rechercheront ensuite les intentions
de Martin : persuader Max de la sincérité de son
En piste ! regret, lui faire comprendre qu’il a agi au mieux
On pourra demander aux élèves de mémoriser étant donné les circonstances.
et de réciter ce poème ; cette mise en voix vien- Ils seront amenés à identifier une autre moda-
dra nourrir le bilan (cf. L’œuvre en question). lisation : l’expression par Martin d’un profond

séQuence 26 Éveiller les consciences 317


mépris pour Griselle et du bien-fondé de sa déci- face à la menace et l’oppression qu’il subit :
sion ; il semble avoir intégré totalement la doc- « Te rends-tu compte que tu es en train de
trine nazie, comme le montre le salut hitlérien me détruire ? » (l. 2), etc. ;
commençant la lettre : « Heil Hitler » (l. 2). – phrases injonctives avec ou sans exclamation
Par ailleurs, les élèves pourront également qui expriment une supplication : « Pense à ce
imaginer l’impact d’une telle lettre sur Max, et que cela signifierait pour eux si on m’emme-
percevoir notamment la violence de la phrase nait et qu’ils ne sachent même pas si je suis
a priori, a priori non modalisée : « Ta sœur est vivant ou mort » (l. 11-13) ;
morte » (l. 3). – aspect syntaxique du langage oral et marque
4. Kressmann Taylor donne de la situation poli- du dialogue quand Martin imagine les réac-
tique en Allemagne une image à la fois lucide tions de Max et qu’il montre qu’il les com-
et visionnaire : le comportement de Martin prend : « Oui, bien sûr, je sais pourquoi tu as
et la façon dont il rapporte la scène avec Gri- fait ça » (l. 9) ;
selle sont représentatifs de son évolution, et – phrases nominales qui expriment l’urgence et
montrent la puissance et le danger de l’endoc- la précipitation : « Et Elsa, à qui je n’ose rien
trinement nazi. dire » (l. 6), « Et le baron Von Freische qui
ne la salue plus quand il la rencontre dans la
Oral   rue… » (l. 7-8) ;
5. Cette lecture pourra être réalisée à une voix, – les choix lexicaux de termes d’une grande
ou à deux ou trois voix, si l’on veut le plan des intensité (emphase) qui illustrent l’effare-
événements survenus et celui de l’énonciation. ment, l’incompréhension face aux événe-
Culture + vidéo
ments survenus, et qui anticipent des faits
Ces témoignages apporteront un contrepoint encore plus graves : « Les résultats de ta folie
à la lecture des lettres de Martin : ils viendront sont déjà terribles » (l. 2-3).
nourrir la réflexion des élèves en montrant le • lettre de Max :
parcours de personnes qui ont résisté à l’emprise – phrases déclaratives qui focalisent sur des
totalitaire du pouvoir nazi. détails a priori anodins, mais constituant en
fait des « mines », des pièges : « Le cousin
Julius vient d’avoir deux garçons de 4,5 kg.
2. « Dieu du ciel, Max » Toute la famille se réjouit » (l. 2-3), etc. ;
3. La vengeance – phrases injonctives qui expriment des conseils,
L’analyse conjointe des deux lettres de Martin et avertissements concernant une fin proche :
Max a pour objectif de mettre en valeur le méca- « mais ne néglige aucune autre piste » (l. 11),
nisme d’engrenage dans lequel sont entraînés les « mais fais en sorte d’avancer la date de l’ex-
deux personnages. Comme dans une tragédie, position pour qu’elle soit un vrai succès »
l’intensité dramatique est à son paroxysme. (l. 12-14).
1. Les états d’esprit des deux personnages ont 2.  Ces derniers textes créent une atmosphère
changé : la peur a changé de camp. Max est très tendue suggérant l’imminence du dénoue-
calme, froid et distant après avoir éprouvé tant ment.
de craintes pour sa sœur, tandis que Martin, qui
avait montré une grande assurance et exprimé créative
un fort sentiment de supériorité, a peur, non 3. Cette activité d’écriture nécessite d’exprimer
plus seulement pour sa carrière et son sta- une nouvelle évolution du personnage de Mar-
tut social, mais aussi pour sa vie et celle de ses tin ; se sachant condamné, il s’adresse à celui
proches. qu’il a trahi pour dresser le bilan de son parcours.
On attend l’analyse de plusieurs procédés : Cette fois, l’expression de ses regrets est sincère.
• lettre de Martin : Un usage développé des procédés de modalisa-
– phrases interrogatives, affirmatives ou néga- tion est attendu.
tives qui expriment l’angoisse du personnage

318 THème 4 3e • Agir dans la cité : individu et pouvoir


1. Réaliser la présentation audiovisuelle décision de Max sur la vie de Martin et de ses
d’une œuvre proches, ainsi que sur la sienne, crée une incerti-
y Étape 1 : appropriation. tude qui accentue encore cette tension.
– Visionnez sur le site de l’Ina la présentation de L’œuvre en question
l’œuvre Inconnu à cette adresse par Olivier
Barrot. Cette réflexion pourra donner lieu à des échanges
– Notez les éléments qui vous retiennent votre oraux par groupes, ou à une émission littéraire
attention (méthode de présentation, idées filmée ou radiophonique autour de l’œuvre, ras-
exprimées). semblant éventuellement des élèves de plusieurs
y Étape 2 : en groupe.
classes ou/et de plusieurs établissements.
– En groupes, échangez vos idées. Il sera important de guider la réflexion des élèves
– Complétez la présentation de l’œuvre par vos sur l’analyse de la visée de l’œuvre dans la période
propres réflexions et celles de vos camarades. de son écriture en 1938, dans la conjecture
actuelle et dans une perspective décontextua-
y Étape 3 : produire.
lisée, pour comprendre les valeurs universelles
– À votre tour, en vous inspirant du document sous-jacentes qui sont en jeu.
visionné, réalisez une présentation orale de On pourra initier des questionnements comme :
l’œuvre. En quoi cette nouvelle peut-elle être considérée
– En binômes, filmez-vous puis évaluez vos comme un apologue ? Quelles sont les particu-
prestations. larités du genre épistolaire, aussi bien dans les
2. Écrire un article critique choix d’écriture, que dans les effets produits ?
On pourra également créer des liens entre
y Étape 1 : recherche.
Inconnu à cette adresse et des œuvres d’art
Trouver des articles de presse sur Inconnu à cette (Monument Odessa de Christian Boltanski), ou
adresse, et, en groupes, dégagez-en l’idée princi- pousser la réflexion en utilisant des citations
pale et les arguments. d’auteurs célèbres.
y Étape 2 : écriture.
En vous inspirant de ces articles, rédigez ensuite
votre propre critique de l’œuvre. La Vague p. 414
Je fais le point Atelier Écrire pour appeler à la vigilance
Cette œuvre a toujours un fort impact sur ses lec- Par la référence à une expérience effectivement
teurs car elle montre comment un contexte peut menée par un enseignant, l’objectif est d’ame-
faire évoluer le comportement des hommes : ici ner les élèves à approfondir leur réflexion sur
un personnage fanatisé trahit son amour de jeu- le danger que constituent les stratégies totali-
nesse et son ami, et cet acte initie un terrible pro- taires. On pourra faire visionner aux élèves la
cessus de vengeance, au cours duquel les lettres bande annonce, des extraits ou le film entier de
deviennent des armes. Une amitié a priori à toute Dennis Gansel, ainsi que des articles critiques
épreuve se mue en inimitié, et les vies de membres (http://www.allocine.fr/film/fichefilm-134390/
de deux familles sont détruites. critiques/presse/).
L’évolution des relations entre les deux person- 1.  Le titre La Troisième Vague peut évoquer
nages, la force des événements survenant dans la progression d’un phénomène, d’une action,
les ellipses, l’impression qu’un mécanisme irré- d’une situation, en trois étapes (correspondant
versible est enclenché, créent une forte intensité aux trois premiers jours de l’expérience), dont
dramatique qui maintient les lecteurs en alerte. la dernière est présentée comme détermi-
Un lien avec l’atmosphère et la force des tragé- nante ; il fait également allusion au Troisième
dies grecques ou raciniennes pourra être éta- Reich.
bli. De plus, le peu d’éléments dont le lecteur 2. En supprimant toute référence à un contexte
dispose pour imaginer les conséquences de la particulier, la formule générique met en valeur

séQuence 26 Éveiller les consciences 319


la métaphore représentant une force montante passe par un conditionnement des esprits, un
et déferlante à la fois terrifiante et fascinante, qui formatage qui supprime tout esprit critique,
peut se manifester à toutes les époques. toute volonté de penser par soi-même. Les êtres
On pourra établir un lien avec la peur ances- cultivés, qui possèdent des références, un cadre
trale et toujours vivace éprouvée pour les de pensée, représentent un danger car ils seront
phénomènes naturels comme les tsunamis, moins influençables et résisteront plus aisément
qui sont représentés notamment dans l’art à l’endoctrinement.
japonais des estampes (voir La Grande Vague 3. 4. 5. et 6. Deux pistes de réflexion peuvent être
de Kanagawa, du peintre Hokusai), lors de la proposées pour stimuler ou engager le débat :
survenue de catastrophes. – la littérature comme espace de réflexion sur
3.  La réponse sera étayée par une identifica- les processus d’endoctrinement et les moyens
tion du lieu et des personnages représentés, d’y résister ;
une observation de la composition de l’affiche – la littérature comme appui dans les situations
(objets, plans, volumes, lignes), une analyse de difficiles, comme invitation à se souvenir des
ses couleurs, de ses symboles, et une expression raisons de continuer à vivre.
des effets produits par ces choix. Les élèves seront, en cours de débat, ame-
4. Il s’agit à la fois de consigner des événements nés à s'interroger sur le rôle de la mémoire
précis, et d’exprimer l’appréhension croissante de l'histoire individuelle et collective comme
du professeur, rapidement dépassé par la situa- arme de défense contre la mise en place du
tion. totalitarisme, et ils se demanderont en quoi la
littérature peut constituer un garant de cette
mémoire.
Oral La mémoire, un pont Ils pourront élargir leur réflexion au rapport
entre le passé et l’avenir p. 415 entre résistance à l'oppression et d'autres
Atelier Débattre sur le rôle formes d'expression artistique pratiquées dans
de la littérature dans la lutte les camps de concentration comme le dessin
contre la dictature et la peinture. Le professeur pourra fournir aux
élèves différentes références : chansons (« Les
Dans le cadre d’une recherche portant sur les
Loups sont entrés dans Paris » de Serge Reggiani,
moyens de combattre les dangers des doc-
« La Rose blanche », Sebolavy, de Mickey 3d),
trines totalitaires et du fanatisme, l’objectif de
œuvres littéraires (Matin Brun de Frank Pavloff),
cet atelier est de prolonger la réflexion engagée
tableaux (Transmission de la mémoire de René
en cours de séquence et notamment dans l’ac-
Magritte), films (L’Origine de la violence d’Élie
tivité orale de la page 410, par une focalisation
Chouraqui), etc.
sur l’importance de la mémoire. Cette réflexion
pourra être approfondie par la lecture cursive
qui permet de construire la notion de « travail Langue La grammaire pour lire écrire
de mémoire ». et parler p. 416
1. On attend une réponse définissant la sagesse Dans la suite du parcours de l’étude des aspects
comme une qualité, un mode de pensée qui fondamentaux du fonctionnement syntaxique,
permet de construire une culture nourrie de la sont étudiés l’expression de l’hypothèse et de
connaissance du passé et des leçons tirées de la condition dans la phrase complexe, ainsi que
l’histoire. Cette sagesse nécessite un fort inté- l’emploi des propositions interrogatives indi-
rêt pour les souvenirs d’expériences transmises rectes dans le discours rapporté.
de générations en générations et d’expériences En ce qui concerne la morphologie verbale,
vécues personnellement. l’analyse du fonctionnement du verbe et son
2.  Les dictatures visant à instaurer un pou- orthographe est enrichie par une recherche sur
voir absolu, construisent leur domination sur la concordance des temps dans le système hypo-
la négation des libertés, et cet asservissement thétique.

320 THème 4 3e • Agir dans la cité : individu et pouvoir


L’expression de l’hypothèse 8. a. Si vous mangez chaque jour des fruits et des
et de la condition légumes, vous stabiliserez votre poids.
J’observe b. Si Flore n’accepte pas ce poste, elle le regret-
tera.
1. a. Je t’écrirai, à condition que tu me promettes c. S’il fournissait des efforts réguliers, Jean pour-
de me répondre rapidement (proposition rait progresser.
subordonnée introduite par : à condition que + d.  Si Michel acceptait de partir en cure, il ne
subjonctif). souffrirait plus du dos.
b.  Au cas où il pleuvrait, nous annulerons le
spectacle (proposition subordonnée introduite 9. a. S’ils travaillent régulièrement, ils pourront
par : au cas où + conditionnel). s’inscrire dans cet établissement.
c.  À supposer qu’ils arrivent à l’heure, je les b. Si nous sommes pris dans un embouteillage,
emmènerai visiter la ville (proposition subor- nous vous enverrons un message.
donnée introduite par : à supposer que + sub- c. Si Charlotte et Maxence sont reçus à leur exa-
jonctif). men, ils pourront partir en vacances ensemble.
d. Si vous avez des questions à me poser sur ce
d. Ils pourront accueillir leurs amis, à condition
dossier, vous m’enverrez un courriel.
d’être rentrés de leur voyage (groupe infinitif
introduit par : à condition de). 10. et 11. Réponses libres des élèves.
e. Antoine parle avec assurance, pour peu qu’on 12. a. Il ne sait plus qui lui a donné cette recette.
l’encourage (proposition subordonnée intro- b. Si c’est si simple, tout le monde trouvera.
duite par : pour peu que + subjonctif). c. J’accepterai cette invitation si je suis sûr que
2. – Points communs : lexique (groupes sujets tu viendras.
et groupes verbaux identiques), construction d. Elle me dit qu’elle est très heureuse d’avoir été
(phrases complexes composées d’une proposi- sélectionnée.
tion subordonnée introduite par « si » et d’une Le discours rapporté : les subordonnées
proposition principale ; interrogatives indirectes
–  différences : modes et temps (a. indicatif J’observe
présent/futur simple ; b. indicatif imparfait/
13. Le discours au passage rapporté est :
conditionnel présent ; c. indicatif plus-que-
« – Pourquoi ils le détruisent ?
parfait/conditionnel passé).
–  Pourquoi  ? Parce que le gouvernement
Je m’entraîne déteste ce qui s’est passé, Pavel. Parce qu’il
3. 4. et 5. Réponses libres des élèves. veut en finir avec cette époque. Oublier la
La concordance des temps honte. Effacer ce qui est arrivé.
dans le système hypothétique –  Et ils n’ont pas terminé ?
– Ils sont sur le point de le faire. Ils ont lancé
J’observe l’opération il y a trois mois. Tu ne te souviens
6. a. et b. Hypothèse sur le futur. pas de ça ? »
c. Hypothèse sur le passé. Je m’entraîne
Je m’entraîne 14. Je voulus savoir pourquoi ils le détruisaient.
7. a. Si tu m’avais envoyé un message hier soir, Elle me répondit qu’ils agissaient ainsi parce que
je me serais informée sur ton état de santé ce le gouvernement détestait ce qui s’était passé,
matin. et qu’il voulait en finir avec cette époque,
b. Si j’avais eu plus de temps, j’aurais pu visiter les oublier la honte et effacer ce qui était arrivé.
places baroques de Rome. Je lui demandais s’ils n’avaient pas terminé. Elle
c. Si ma voiture n’était pas tombée en panne, je m’expliqua qu’ils étaient sur le point de le faire,
t’aurais rendu visite. et qu’ils avaient lancé l’opération trois mois
d. Si son fils était resté en France, il aurait été très auparavant. Elle me demanda si je ne me sou-
heureux. venais pas de cela.

Séquence 26  Éveiller les consciences  321


➞ Il conviendra de préciser que les phrases Plaisir de lire  Traces de l’enfer
interrogatives négatives suivantes étant rhéto- de Ida Grinspan et
riques, la transposition au discours indirect atté- Henri Borlant p. 419
nue l’effet des questions directes posées dans le Cette lecture cursive vient compléter l’étude
dialogue : des textes précédents et enrichir les représen-
•  « Et ils n’ont pas terminé ? » : expression d’un tations des élèves à plusieurs titres : il s’agit
étonnement, interrogation implicite, espoir ; cette fois de témoignages directs, ces textes
• « Tu ne te souviens pas de ça ? : expression représentent la mise en œuvre des théories
d’une impatience contenue, injonction impli- nazies dont Kressmann Taylor avait compris
cite. la puissance destructrice, et leurs auteurs sont
15. a. Je me demandais quel âge avait cet enfant. convaincus du rôle fondamental que joue la
b. Je me demandais où était passée ma trousse. transmission de la mémoire dans l’éveil des
c.  Je me demandais s’il pleuvrait dans l’après- consciences. La réflexion peut être étayée par
midi. plusieurs ressources, et menée avec le profes-
d.  Je me demandais si tu préférais les films seur d’histoire-géographie et/ou le professeur
comiques ou les films d’action. documentaliste.
e. Je me suis demandé si tu viendrais avec moi On pourra également proposer d’autres pistes
demain au cinéma. de lectures : littéraires (La Ferme des animaux de
16.  a.  Il se demandait sans cesse : « Comment George Orwell, Matin Brun de Frank Pavloff) ou
ai-je pu en arriver là ? » cinématographiques.
b. Elle désirait savoir/s’interrogeait : « Pourquoi Pour entrer dans l’œuvre  
personne ne m’a appelée pour mon anniver- • Le III
e
Reich était un régime raciste car prô-
saire ? » nant la supériorité de la race aryenne blanche
c.  La directrice insista : « Êtes-vous bien resté considérée comme pure, et un régime antisé-
chez vous ce jour-là ? » mite car il incitait à la haine des Juifs au point
d.  Le douanier demanda aux nouveaux arri- de décider de leur anéantissement total, et un
vants : « Avez-vous de la famille en France ? » régime totalitaire dans la mesure où il mit en
e.  Le petit garçon se demandait : « Qu’aurai-je place un pouvoir absolu niant toute forme de
comme cadeau pour ma fête ? » liberté.
Les mots de la résistance •  Réponse libre des élèves.
et de l’engagement À vos carnets !  
17.  La recherche pourra être attendue sous la
1. et 2. Réponses libres des élèves.
forme d’un texte construit en plusieurs para-
graphes, d’un tableau, d’une carte mentale. Les Pour approfondir la lecture  
effets produits seront recherchés par les élèves : 3.  On attend une comparaison montrant des
les indications données ici sont proposées ici à similitudes concernant les conditions d’arres-
titre de pistes possibles d’interprétations. tation et de captivité, et des différences dans
Les élèves pourront relever les champs lexicaux les réactions des auteurs, au moment des faits
de la souffrance, de la vigilance, du temps ou de et lorsqu’ils écrivent leurs témoignages respec-
l’espoir. tifs. Les témoignages montrent de plus que
18. Le centre de la carte mentale pourra cibler les rescapés ont gardé la vie sauve grâce à leur
l’entrée : « Lettre à la jeunesse, une exhortation capacité de résistance et à une part importante
à lutter pour la liberté ». de hasard provoquant une forme de chance.
Les élèves pourront relever des termes en lien 4.  L’analyse des deux écrits mettra en relief la
avec des thématiques comme celle de la dicta- dureté, l’inhumanité d’un univers conçu pour
ture, du combat, de la liberté ou de la mémoire. détruire des êtres humains de façon program-
19. et 20. Réponses libres des élèves. mée comme un processus industriel.

322   Thème 4  3e • Agir dans la cité : individu et pouvoir


5. Il s’agit ici de montrer que les victimes, à qui la clarté et sa netteté. Les questions rhétoriques
machine nazie voulait faire perdre toute dignité, à la fin du texte contribuent enfin à interpeller
ont toutes su garder leur humanité, dans les pri- le lecteur : « Nous sommes-nous défendus ? »
vations et les souffrances. (l. 17), « A-t-elle créé le droit ? » (l. 19).
Après la lecture   4.  Il s’agit de permettre à l’élève d’exercer son
esprit critique. L’argumentation de Jean Giono
6.  Réponse libre des élèves. On attend qu’ils
peut sembler implacable à l’élève. On peut l’ai-
fassent référence au devoir de mémoire, qu’il
der à envisager des situations imposant un avis
faille se remémorer l’horreur pour éviter de
plus nuancé. Peut-on par exemple rester impas-
commettre les mêmes erreurs.
sible face à un pouvoir barbare et sanguinaire ?
7. Réponse libre des élèves.
8.  Cette question amène les élèves à distinguer
« devoir de mémoire » et « travail de mémoire ». Entraînement au brevet
Au revoir là-haut
Autoévaluation de lecture de Pierre Lemaitre p. 421
Comprendre, analyser, interpréter
Lettre aux paysans sur la pauvreté
et la paix de Jean Giono p. 421 1.  Le personnage est ici enterré vivant et se
trouve dorénavant dans une nuit complète : la
1.  Pour Jean Giono, la guerre est inutile : « La terre, de plus en plus lourde, lui couvre le corps.
succession des guerres dans l’histoire prouve L’auteur nous avertit en effet aux lignes 24 et sui-
bien qu’elles n’ont jamais conclu puisqu’il a tou- vantes qu’Albert n’est pas mort, que « ce qui se
jours fallu recommencer les guerres » (l. 15-16), passe est pire » (l. 26-27).
« La guerre de 1914 […] n’a tué que des hommes
inutilement » (l. 16 à 21). 2.  Albert sollicite beaucoup son ouïe, du fait
même de sa position dans les tranchées, les-
2.  L’auteur s’exprime en son propre nom et quelles lui donnent une visibilité réduite. Le
affirme son point de vue, d’où l’utilisation récur- soldat comprend et perçoit les événements par
rente du pronom personnel « je » (l. 1). Mais ce
les bruits émis. Ainsi, l’obus se fait « entendre »
pronom est concurrencé par des formulations
(l. 4) : il émet d’abord un « bruit étrange » (l. 8),
plus impersonnelles : l’auteur recourt au « on »
puis un « ronflement » (l. 9), qui se transforme
(l. 10) et au « nous » (l. 17), qui généralisent le
en « détonation », qualifiée d’« incommensu-
point de vue (on) et impliquent le lecteur dans
rable » (l. 10).
l’argumentation (nous). À partir de la ligne 16,
Jean Giono fait appel à l’expérience récente de 3. Le conditionnel renvoie à une action non réali-
ses compatriotes (« La guerre de 1914 a d’abord sée, à une hypothèse : la mort d’Albert, à laquelle
été pour nous, Français, une guerre dite défen- on pourrait s’attendre, est à opposer à « ce qui
sive »), et les prend même à partie à la ligne 11 se passe » (l. 26) en réalité, exprimé cette fois à
(« Vous ne pouvez pas leur prouver l’horreur »). l’indicatif – l’action effectivement réalisée est
pire que la mort, nous dit le narrateur.
3. Jean Giono manifeste sa forte conviction par
cette utilisation de pronoms qui généralisent le 4.  L’obus soulève violemment la terre, d’où
propos. Le présent gnomique (« la guerre est l’image de l’« immense vague » (l. 14-15) d’une
inutile et son inutilité est évidente », l. 12-13) dizaine de mètres. La métaphore est filée dans
et le présent d’énonciation (l’auteur rappelle, les lignes suivantes : la terre tient lieu de ciel et
à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, les Albert ne voit plus qu’une « crête » de terre
désastres récents) contribuent en outre à la brune qui « ploie » (l. 15) et descend vers lui
force du texte. L’argument de l’inutilité de la « pour l’enlacer » (l. 16), à la façon d’un immense
guerre est martelé et s’appuie sur des exemples. rouleau destiné à noyer le nageur.
Les phrases, souvent courtes, accentuent le 5.  Très peu d’indications nous sont fournies
caractère tranché du propos, qui frappe par sa concernant les sentiments du personnage : il

Séquence 26  Éveiller les consciences  323


est « Soudain inquiet » (l. 4), lorsqu’il entend de Sylvie Germain, par exemple, ou celui de
l’obus ; il a ensuite « juste le temps de s’inter- Pierre Lemaitre, rendent compte des condi-
roger » (l. 10). Rien ne nous est dit ensuite des tions de vie dans les tranchées. Raconter les
ressentis de la victime, car tout se déroule très horreurs de la guerre pourrait aussi, peut-on
vite : Albert subit l’action et est enterré vivant, espérer, éveiller les consciences et permettre
sans qu’il puisse réagir ni même penser. aux hommes d’être plus respectueux de leurs
6.  Le lecteur, quant à lui, ne peut qu’éprouver semblables. Le récit aurait ainsi un but moral :
de l’effroi face à la violence de l’attaque. C’est la « plus jamais ça »…
tragédie de la guerre qui nous est ici montrée. Reste qu’on peut rejoindre le point de vue de
On assiste, impuissant, à l’ensevelissement d’une Jean Giono, pour lequel toute guerre est inutile
victime innocente pour laquelle on peut, bien – et dès lors tout récit ? Car les horreurs de 1914-
sûr, éprouver de la compassion. 1918 ont bien été racontées au sortir de cette
7. On sera surtout sensible à la manière dont « boucherie » ; seize ans plus tard, pourtant, les
l’élève analyse la photographie et la met en hostilités reprennent sous une autre forme, plus
relation avec le texte. Il peut mentionner la barbare encore. L’élève peut également trouver
façon dont l’image traduit les conditions de vie ces récits trop violents, trop choquants. L’argu-
dans les tranchées et l’exposition des soldats ment peut d’ailleurs être appuyé par l’actualité :
aux obus. la surenchère dans la représentation de la vio-
lence peut provoquer une fascination malsaine
Deuxième partie et coupable.
Rédaction et maîtrise de la langue •  Sujet d’invention : on n’attendra évidem-
1. •  Dictée ment pas de l’élève qu’il connaisse la suite du
roman. Il doit être tout à fait libre d’inventer,
➨  E n téléchargement sur le site
www.hachette-education.com, un extrait en tenant compte bien entendu des indices
du Feu, Journal d’une escouade d’Henri qui figurent dans le texte : le narrateur nous
Barbusse apprend par exemple qu’Albert n’est pas
mort. L’élève peut imaginer qu’il se fera sau-
•  Réécriture ver ; il peut aussi écrire le monologue intérieur
Les soldats s’agenouillèrent et ouvrirent leur sac. du soldat qui se sent piégé, sûr et certain de
Ils sortirent tout, posèrent leur quart entre leurs mourir enseveli. Il pourrait aussi évoquer les
jambes ; ils allèrent étendre leur capote contre horreurs de la guerre et la dénoncer. Le per-
la paroi glissante, planter dans la terre tout ce sonnage pourrait faire de vains efforts pour se
qu’ils avaient sous la main pour servir de cram- relever…
pon, ils se tournèrent et ce fut exactement à ce On accueillera, quoi qu’il en soit, les proposi-
moment-là que l’obus se fit entendre quelques tions des élèves avec bienveillance, et on éva-
dizaines de mètres au-dessus d’eux. luera la cohérence des choix. On valorisera les
2. Travail d’écriture efforts de l’élève pour rendre captivant son
•  Sujet de réflexion : L’élève peut mentionner le récit et pour s’en tenir à la suite immédiate du
devoir de mémoire et faire référence à certains texte, c’est-à-dire en évitant le récit d’une suc-
textes de la séquence, tels que ceux de Jorge cession d’actions sans densité. On évaluera éga-
Semprun et de Primo Levi. Raconter permet lement la correction de la langue, en valorisant
aussi de rendre compte de l’histoire : le récit les efforts de style.

324   Thème 4  3e • Agir dans la cité : individu et pouvoir


thème 5 Questionnements complémentaires
3e – Progrès et rêves scientifiques

Séquence

27 Savants et rêveurs de science

Fil directeur de la séquence


Dans cette séquence de fin du cycle 4, les élèves vont rencontrer les grands thèmes de la science-fic-
tion qui permettent de s’interroger sur les grands enjeux de la science pour l’humanité, de la décou-
verte de la Lune aux épidémies contemporaines. Mais ils vont aussi plus largement percevoir les
similitudes qui existent entre l’imaginaire scientifique et littéraire depuis toujours et qui inspirent
tout particulièrement la science comme l’art contemporains, ainsi que l’a bien analysé Nelson Good-
man (Manière de faire des mondes, 1978) dont la lecture ardue est cependant réservée au professeur.

Compétences travaillées dans la séquence


Langage oral Écriture
Dans les pages de lecture… En atelier, p. 430
■Participer de façon constructive à des échanges ■ Pratiquer l’écriture d’invention, connaître les
oraux caractéristiques des genres littéraires et exploiter
y Animer et arbitrer un débat des lectures pour enrichir son texte
X Débattre sur les limites des recherches en biologie X Décrire un phénomène naturel sur un mode
X Débattre sur les raisons du pessimisme de la poétique puis scientifique
science-fiction, p. 429 ■ Adopter des stratégies et des procédures efficaces
X Utilisation du vocabulaire adapté
En atelier, p. 431
X Stratégie pour trouver des idées (dictionnaire,
■ Participer de façon constructive à des échanges
illustrations)
oraux
y Participer à un débat, exprimer une opinion
argumentée et prendre en compte son
interlocuteur
y Animer et arbitrer un débat
X Débattre du rôle et de la place du citoyen dans les
avancées scientifiques

Lecture/Compréhension de l’écrit et de l’image Étude de la langue


■ Lire des textes variés avec des objectifs divers : Dans la double-page langue…, p. 432-433
y Recourir à des stratégies de lectures diverses ■ Révisions :
(adapter da lecture à l’objectif poursuivi, adapter sa X La situation de communication
lecture aux supports, reformuler) X La modalisation
X Carte mentale « Lire un texte » : « J’observe », « Je X Dénotation et connotation
comprends » ■ Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe des
y Formuler des impressions de lecture, percevoir un mots
effet esthétique X Mise en réseau des mots de la science
X Carte mentale « Lire un texte » : « Je lis »,
« J’écoute », « Je réagis »
y Reconnaître les implicites et faire les inférences et
hypothèses de lecture nécessaires
X Carte mentale « Lire un texte » ; « J’interprète »
■ Lire et comprendre des images fixes ou mobiles
X Carte mentale « Lire une image »

séQuence 27 Savants et rêveurs de science 325


Lecture Le savant, un être un mystère, « l’hérédité » (l. 20) et les maladies
bienfaisant ? p. 426 héréditaires (la question se pose à cette époque
Longtemps isolé dans son laboratoire, aux prises pour la tuberculose).
avec les grandes questions de l’univers, le savant 3.  On note d’emblée le champ lexical du bon-
a longtemps été entouré de mystère. Est-il un heur : « travaillait avec une sérénité de joie par-
être tout à fait ordinaire ? Est-il bienfaisant ? faite » (l.  1-2), dont l’expression « sérénité de
Peut-il être malfaisant ? La littérature fournit des joie » est étonnamment construite, « il n’était
portraits intéressants pour entamer la réflexion. heureux qu’au milieu de ses recherches, sur
Il s’agit aussi de croiser des figures littéraires et les sujets qui le passionnaient » (l.  10-11). On
des interrogations de la vie actuelle, pour aider remarque aussi (car il y a un lien) que ce bonheur
les élèves à réfléchir aux questions de « sciences de la recherche scientifique prend le pas sur la
et société ». recherche du profit. Son travail comme méde-
cin lui a permis d’économiser pour se consacrer
1. Le Docteur Pascal d’Émile Zola audio
à la recherche et il n’est pas motivé par le pro-
fit : « Satisfait des cent et quelque mille francs
En piste !
qu’il avait gagnés et placés sagement » (l.  4),
En lien avec le programme de Sciences et Vie « ses rentes dont le chiffre lui suffisait » (l.  9),
de la Terre de la classe de 3e, les élèves peuvent « Quand on le payait, il jetait l’argent au fond
s’intéresser au vivant et à son évolution, et au d’un tiroir » (l. 7). Il soigne, gratuitement, quand
corps humain et à la santé : ainsi, on peut citer au on le lui demande : « gardant simplement une
xixe siècle Louis Pasteur (microbiologie), Charles clientèle d’amis, ne refusant pas d’aller au che-
Darwin (unité du vivant et évolution par adapta- vet d’un malade, sans jamais envoyer sa note »
tion), Gregor Mendel (génétique), et au xxe siècle (l. 5 à 7). Cela sera à mettre en relation avec son
Alexander Fleming (pénicilline), James Dewey projet scientifique. Cette passion peut inquiéter
Watson et Francis Crick (structure de l’ADN), son entourage (« mauvaise réputation d’étran-
Leo Perutz (hémoglobine). On peut proposer aux geté », l. 10) et le personnage du docteur Pascal
élèves de préparer une fiche, mais aussi un rapide combine celui du bienfaiteur de l’humanité et
diaporama illustré, une affiche, un document celui de l’excentrique que l’on redoute, d’autant
multimédia avec un logiciel libre tel Audacity. plus qu’il pratique les sciences.
1.  On utilisera le guide de lecture pour com- 4. Les questions reproduisent la démarche intel-
prendre la démarche de l’auteur. Émile Zola, lectuelle du docteur Pascal. Les élèves peuvent
écrivain naturaliste du xixe siècle, entreprend identifier le style indirect libre. Le champ lexical
avec le cycle des Rougon-Macquart, de montrer du mystère accentue le caractère ardu du pro-
l’influence de l’hérédité sur les générations. Les jet du docteur Pascal : « ignorance absolue »
élèves peuvent connaître Germinal, La Curée, (l.  19), « mystère » (l.  15), science « obscure,
etc. Le Docteur Pascal est dernier roman des vaste et insondable » (l.  21). On peut s’aider
Rougon-Macquart. Pascal Rougon travaille de cette citation pour montrer l’idéal presque
depuis trente ans sur les membres de sa famille. mystique du docteur Pascal qui consiste à vou-
2. Ce champ de recherche est en relation avec loir éradiquer la maladie pour accéder au bon-
le programme de Science et Vie de la Terre de heur : « Pouvait-on espérer, à la longue, une
la classe de 3e (« Le corps humain et la santé ») : plus grande somme de raison et de bonheur ? »
après avoir exercé la médecine comme prati- (l. 14-15), « la foi chancelante du médecin gué-
cien, le docteur Pascal se consacre à la recherche risseur » (l. 24), « l’espoir noble et fou de régéné-
en biologie [représentée par l’expression « les rer l’humanité » (l. 24-25).
sciences grandissantes » (l.  13), « sciences bal- Pour aller plus loin dans la notion de naturalisme,
butiantes » (l.  21-22)] : « le cerveau » (l.  13), on peut évoquer le projet d’Émile Zola dans la pré-
« la conception » (l. 16-17) et la détermination face de La Fortune des Rougon (1871) : « Je veux
du « sexe » (l.  17), encore considérée comme montrer comment une famille, un petit groupe

326 THème 5 3e • Progrès et rêves scientifiques


d’êtres, se comporte dans une société, en s’épa- de X-Men pouvant se transformer en loup. Le
nouissant pour donner naissance à dix, à vingt néologisme (ou anglicisme) thérianthropie
individus, qui paraissent, au premier coup d’œil, (du grec ancien thêríon, « animal sauvage » et
profondément dissemblables, mais que l’analyse anthrôpos, « homme ») désigne le phénomène
montre intimement liés les uns aux autres. L’hé- de créature mi-homme, mi-bête. Cette créature
rédité a ses lois, comme la pesanteur. » existe dans toutes les civilisations (le loup-garou
5.  Les élèves peuvent évoquer les mêmes en est un exemple occidental et populaire) et a
domaines que celui de l’extrait (génétique, des significations diverses.
clonage, questions de procréation, homme 1. Les élèves sont invités à partir de leur ressenti
bionique, etc.) ou non. Le point commun à iden- à la lecture. Quel qu’il soit, il permet de relier
tifier est l’ambivalence de toute découverte, qui leur réaction à des effets produits par le texte,
peut être généralement perçue comme bienfai- et donc à un relevé personnel précis. On peut
sante ou inquiétante. On les aidera à modaliser utiliser une formule type : je suis horrifié(e)/
(je trouve que, je pense que, je crois que, etc.). fasciné(e)/dégoûté(e)/etc. Il est bien entendu
nécessaire de procéder à une lecture expressive
Oral  
en amont de cette question.
6. Les élèves utilisent leur recherche documen- 2. Le docteur Moreau pratique deux sortes d’ex-
taire du « En piste ! » et les réponses aux ques- périmentations :
tions 3 et 4 pour cette activité. – celles qui touchent les organes, les fonctions
Compréhension, lexique : la passion de la du corps : vaccination, transfusion ;
science – celles qui touchent la forme extérieure : inter-
y Étape 1 : développer son lexique
ventions chirurgicales.
– Faites une liste de mots qui vous viennent à l’es- On amène les élèves à percevoir que les connais-
prit quand vous pensez aux mathématiques. sances médicales du docteur Moreau sont mises
– Faites une recherche sur la scientifique Mar- au service d’expérimentations dégradantes pour
yam Mirzakhani (articles, interviews, etc.). l’humanité. L’auteur y aide en évoquant la fabri-
– Faites ensuite une liste des mots qui qualifient cation, au Moyen Âge « des nains, des culs-de-
Maryam Mirzakhani dans les différentes res- jatte, des estropiés et des monstres de foire »
sources que vous avez trouvées. (l. 14), mais l’effet est rendu glaçant par l’apport
rationnel des sciences et techniques modernes
y Étape 2 : appropriation et expression
(« armé de la chirurgie antiseptique et possé-
– Trouvez-vous que Maryam Mirzakhani soit
dant une connaissance réellement scientifique
une personne ordinaire ? Répondez sous la
forme d’une lettre commençant par « Mar- des lois naturelles », l.  25-26). Enfin, les élèves
yam, je trouve que vous êtes… ». peuvent penser aux expérimentations des nazis
– Le savant est souvent décrit comme quelqu’un sur les prisonniers des camps (Michel Cymes,
de solitaire. Maryam Mirzakhani répond-elle Hippocrate aux enfers).
à cette définition ? Pourquoi ? Comparez 3. La référence au Moyen Âge est explicite : le doc-
ensuite avec le texte d’Émile Zola. teur Moreau évoque ces « opérations de ces pra-
ticiens du Moyen Âge qui fabriquaient des nains,
des culs-de-jatte, des estropiés et des monstres
2. L’Île du docteur Moreau de H. G. Wells
de foire ; des vestiges de cet art se retrouvent
En piste ! encore dans les manipulations préliminaires que
Parmi les créatures hybrides de la mythologie, subissent les saltimbanques et les acrobates »
on peut citer le centaure (mythologie grecque : (l. 15-16) : elle souligne des interventions chirur-
homme et cheval) la sirène (mythologie gicales avilissantes et dictées par l’appât du gain ;
grecque : femme et oiseau/mythologie scandi- jusqu’au xxe siècle, les difformités étaient exhibées
nave : femme et poisson). Les élèves penseront en spectacle (cf. le film Elephant Man de David
peut-être à Félina (« Wolfsbane »), personnage Lynch) et certains étaient mutilés pour cela.

séQuence 27 Savants et rêveurs de science 327


La référence au roman de Victor Hugo, ses relations avec le docteur Moreau, son métier
L’Homme qui rit (1869) n’est pas anodine : actuel. À partir de là, il peut s’adresser à lui plus
elle évoque son héros Gwynplaine, l’enfant efficacement, que ce soit dans l’effet de réel pro-
volé et défiguré qui, devenu adulte, endosse duit ou dans l’argumentation retenue.
les combats hugoliens pour la justice sociale. Il peut choisir différentes stratégies : condamner
Elle fait aussi allusion aux rapprochements sans appel, vouloir dénoncer, encourager à se
allégoriques entre l’homme et l’animal dans le remettre en question, etc.
roman : l’homme qui recueille Gwynplaine se Culture + site
nomme Ursus (ours), et un loup nommé Homo On peut demander aux élèves de préparer l’ora-
(homme) est son alter ego. Cependant, le doc- lisation d’un passage de ce serment, en se met-
teur Moreau n’est pas capable de saisir le sens tant dans la peau d’un médecin.
de l’œuvre, il n’en garde que le souvenir des
horribles prouesses chirurgicales. Le coin des mots
4. Les élèves peuvent relever le lexique en deux • Un médecin a un doctorat en médecine, et on
colonnes : s’adresse à lui par son titre en lui disant « doc-
• réalité scientifique : teur », d’où l’emploi, dans la langue familière,
– « la physiologie, le rythme chimique de la du mot « docteur » pour « médecin » (« aller
créature peuvent aussi subir une modifica- chez le docteur »). Le féminin de « docteur »
tion durable dont la vaccination et autres est docteure (femme titulaire d’un doctorat
méthodes d’inoculation ; et donc aussi femme médecin) ou doctoresse
– « transfusion du sang » (l. 11) ; (femme médecin). Un(e) docteur(e) en his-
– « transplanter le tissu d’une partie d’un ani- toire de l’art peut diriger un musée, un(e) doc-
mal à une autre, ou d’un animal à un autre teur(e) en économie peut travailler dans une
animal » (l. 18 à 19) ; grande entreprise ou un ministère.
– « modifier ses réactions chimiques et ses • Ce substantif vient de l’arabe, il signifie « méde-
méthodes de croissance » (l. 19-20) ; cin » et est entré dans la langue au xixe siècle.
– « retoucher les articulations de ses
membres » (l. 20-21) ; Je fais le point
– « chirurgie antiseptique » (l. 25) ;
Ce qui est visé est que soit compris le désir de
– « connaissance réellement scientifique des
science, désir proprement humain de com-
lois naturelles » (l. 25-26).
prendre son univers et d’agir sur lui. Les deux
• activités qui semblent actuellement impos- héros incarnent ce désir et en tirent une satisfac-
sibles :
tion pure, non mercantile. Ensuite, cette soif de
– « animaux taillés et façonnés en de nou-
savoir est mise au service de l’humanité, ou per-
velles formes » (l. 1-2).
vertie en servant un désir de pouvoir maléfique.
Ces éléments font ressortir l’aspect scientifique
On ne peut donc pas trancher, mais être incité
du texte. En regard d’un relevé conséquent, il n’y
à la prudence.
a qu’une occurrence, mais elle définit à elle seule
La soif de savoir s’exprime par le goût de la
(efficacement et de façon effrayante) l’apparte-
recherche, la ténacité dans le travail, la volonté
nance du texte au genre de la science-fiction.
de percer les secrets de la nature. Elle est liée au
La définition du texte de science-fiction peut
plaisir de la découverte, au bonheur de savoir.
être faite en s’aidant du bilan page 436.
argumentative
5.  Dans un premier temps et éventuellement Lecture Le progrès scientifique :
sous forme de liste, l’élève investit son person- enthousiasme
nage en se décrivant comme « collègue » du ou désillusion ? p. 428
docteur Moreau : on l’encourage à identifier son L’enthousiasme, soulevé par les découvertes
champ de recherche, à décrire sa vie d’étudiant, scientifiques majeures, est désormais tempéré

328 THème 5 3e • Progrès et rêves scientifiques


par l’inquiétude contemporaine : en effet, la dans le roman des planches scientifiques repré-
science et ses effets sur notre vie ne résout-elle sentant le système de Nicolas Copernic.
pas autant de questions qu’elle en pose ? 4. Le roman d’anticipation peut prendre,
comme ici, la forme du récit d’aventure. Le
1. Autour de la Lune de Jules Verne audio voyage dans l’espace est un thème ancien (His-
En piste ! toire véritable de Lucien dans l’antiquité grecque,
Histoire comique des États et Empires de la Lune
On pourra montrer que les astres sont associés à
de Cyrano de Bergerac au xviie siècle) renouvelé
l’histoire des hommes au-delà de la peinture de
par l’imagination technologique de Jules Verne.
paysage (Caspar David Friedrich, Bord de mer au
clair de lune/Vincent Van Gogh, Nuit étoilée sur D’aucuns y ont vu des ressemblances avec la
le Rhône, Paysage au lever de la lune). mission Apollo en 1961.
1.  On utilisera le guide de lecture pour aider créative
les élèves à s’attacher aux personnages en réa- 5.  En relevant les métaphores, les personni-
gissant à leur attitude devant la découverte. fications, les élèves perçoivent la poésie de
S’identifier à un personnage est une étape ce passage. Ils peuvent travailler sur les effets
normale et positive dans le travail de lecture recherchés. On peut les aider en proposant
et il favorise l’appropriation du texte. Ces per- – soit un modèle avec une progression à thème
sonnages sont les mêmes que ceux du roman constant : « un bouquet étincelant d’étoiles
précédent De la Terre à la Lune. Dans l’obus se filantes s’épanouit à leurs yeux. Il…, il… » ;
trouvent aussi deux chiens (Diane et Satellite) – soit un modèle avec une progression linéaire :
et quelques poules. Jules Verne annonce les « un bouquet étincelant d’étoiles filantes
auteurs modernes de science-fiction et imagine s’épanouit à leurs yeux. Il se fane en laissant
assez précisément ce que sera la conquête spa- une traînée de lumière. Cette lumière inonde
tiale. On aidera les élèves à percevoir la poésie de le ciel… ».
la deuxième partie du texte.
Compréhension, lexique et écriture
2. Cette question vise à ce que l’élève s’appro-
Les élèves reviennent sur l’aspect documen-
prie le texte ; elle reste largement subjective et
taire et scientifique du texte de Jules Verne. La
la réponse, si on attend bien qu’elle s’appuie sur
liste de mots leur permet de mettre en place
des éléments du texte, n’est pas une argumen-
tation. le lexique. L’activité d’écriture, en deux temps,
conjugue écriture documentaire et écriture
3.  « On conçoit l’intérêt avec lequel ces auda- créative : le travail sur les effets du texte per-
cieux contemplaient l’astre des nuits, but met de revenir sur les compétences de lecture
suprême de leur voyage » (l. 3-4). développées pendant le travail sur le texte de
Cette intervention du narrateur introduit un Jules Verne.
exposé très scientifique de certains aspects du
y Étape 1 : recherche.
système de Nicolas Copernic. Elle permet aux
personnages de rester captivés par le spectacle a. – Cherchez des illustrations d’astronautes dans
car ils ne prennent pas en charge cette inter- l’espace (par exemple, de la mission STS-71).
vention très rationnelle, même si la métaphore – Faites la liste de ce que vous voyez sur les illus-
« l’astre des nuits » (l. 4) rappelle l’état d’âme des trations choisies.
personnages. Jules Verne a la même préoccupa- b.  – Collectez des illustrations sur les voyages
tion dans d’autres romans (« Quelques esprits dans la Lune (par exemple, des illustrations des
bien disposés, mais un peu rétifs, ne compre- romans de Jules Verne).
naient pas tout d’abord que, si la Lune montrait – Faites la liste de ce que vous voyez sur les illus-
invariablement la même face à la Terre pendant trations choisies.
sa révolution, c’est que, dans le même laps de y Étape 2 : écriture.
temps, elle faisait un tour sur elle-même », De – À partir de la liste, faites des phrases pour
la Terre à la Lune, chapitre VI) et il insère aussi décrire l’illustration.

séQuence 27 Savants et rêveurs de science 329


–  Écriture créative : Vous êtes dans la fusée médiévales) et sur la place de la science pour y
avec un ami. Identifiez votre rôle (diriger, répondre. La tonalité générale est sombre et on
regarder par le hublot, etc.) et présentez-le en peut amener les élèves à réfléchir aux usages de
une phrase. Reprenez la liste et imaginez votre la science et au rôle de la science-fiction pour
dialogue. faire réfléchir.
yyRéécriture : améliorez votre récit ! Exemple : Je suis une légende (1954) de Richard
–  Ajoutez des mots du texte de Jules Verne qui Matheson, adapté au cinéma en 2007 par Fran-
donnent plus de caractère à votre propre cis Lawrence. Après une guerre nucléaire, un
texte. bacille transforme les survivants en vampires
– Travaillez sur l’effet produit : faites davantage (domaines : microbiologie, épidémiologie, viro-
ressortir la beauté du spectacle, montrez que logie.
ce voyage est effrayant ou difficile, introduisez 1. On utilisera le guide de lecture pour identifier
un élément de suspens (panne), etc. le type de texte. L’auteur propose un panorama
–  Lisez votre texte à voix haute pour vérifier l’ef- problématisé des grands thèmes de la SF d’au-
fet produit. jourd’hui, articulant l’histoire du genre et une
  Culture +
réflexion sur la place que peut prendre la littéra-
Cette activité vise à ouvrir la réflexion sur la ture, ici de SF, pour aborder et traiter les grands
place des femmes dans le monde scientifique. problèmes de l’humanité.
En effet, trouver des héroïnes féminines dans 2.  Les domaines scientifiques évoqués sont : la
les romans d’aventure de Jules Verne sera assez microbiologie, l’épidémiologie, les nanotechno-
difficile. Cependant, dans Un hivernage dans les logies. Les élèves peuvent illustrer ces domaines
glaces, Marie, sans être scientifique, embarque avec des maladies qu’ils connaissent : virus Ebola,
en cachette sur le navire qui part affronter le virus Zika, etc.
grand Nord à la recherche de son fiancé nau- 3. Les romans de Jules Verne sont l’archétype du
fragé. En ce qui concerne l’accès des femmes roman dans lequel la science est porteuse d’es-
aux études scientifiques, elle se fait lentement poir. Le xixe siècle est encore largement positi-
à partir du xixe siècle. On proposera aux élèves viste et optimiste. Actuellement, chaque progrès
de faire une recherche en choisissant soit un de la science est accompagné d’une inquiétude
domaine (astronomie, médecine, etc.) soit une (ressources énergétiques/climat, par exemple).
personnalité passée (Madame du Châtelet, 4.  Depuis les années 1940, l’épidémie est un
Marie Curie, Maria Mitchell…) ou contempo- thème majeur en science-fiction : en sciences
raine (Maryam Mirzakhani) dont on présen- aussi, les progrès de la médecine concernent
tera les grandes lignes. On peut aussi choisir de largement la microbiologie, la virologie et l’épi-
donner la parole à ces femmes ou de bâtir un démiologie. Les ressources narratives de ces
interview imaginaire thèmes sont riches en même temps qu’elles
Site ressource : http://www.femmesetsciences.fr/ assument une fonction d’alerte pour les géné-
rations concernées.
2. « Les épidémies dans la science-fiction » Oral  
de Jean Marigny
5.  Les élèves sont invités à reprendre les élé-
En piste ! ments des textes et des films pour en montrer
Il faudra faire un tableau avec des références de la puissance narrative très sombre. Ils recensent
livres ou films : Who goes there ? de J. W. Cam- ces informations sur des fiches de couleur
pbell (1938), La Musique du sang de Greg Bear (exemple : bleu : information, exemple ; jaune :
(1985), Virus cannibale de Bruno Mattei (1980), explication) qui permettront de nourrir et d’il-
Epidemic de Lars von Trier (1987). lustrer le débat. L’objectif du professeur étant
Ces exemples permettent de s’interroger sur de faire aller le groupe vers une réflexion qui
les peurs modernes (dont les sources sont très peut prendre en compte la fonction d’alerte
anciennes, pensons aux pestes et aux épidémies de la science-fiction, quelques recherches

330   Thème 5  3e • Progrès et rêves scientifiques


supplémentaires doivent donc être menées Le texte de Johannes Kepler a été choisi pour
pour envisager des solutions (scientifiques, poli- illustrer cet aspect de l’imagination scientifique.
tiques), illustrant aussi le désir de l’homme de y Étape 1 : analyse des textes.
servir la santé et la paix. Elles constituent aussi 1. Ces questions peuvent relever du champ litté-
un jeu de fiches de couleur différente (exemple : raire ou scientifique : ce sera le classement à faire
vert : proposition, solution). Les élèves observer lors de la mise en commun. On pourra
désignent deux animateurs, deux modérateurs commenter si le questionnement scientifique
(qui ont le pouvoir d’interrompre le débat apporte quelque chose à une question littéraire,
et doivent le signifier par un geste clair, en se ou non ! L’objectif est de faire identifier le statut
levant par exemple. Ils explicitent leur interven- de ces textes : le conte est littéraire, le texte de
tion, reprise éventuellement par l’enseignant ; Johannes Kepler est un récit plein de poésie qui
ce dernier est de droit modérateur, selon les débouche sur un texte scientifique.
mêmes principes) et deux observateurs chargés 2.  Le texte de Johannes Kepler montre une
de faire une synthèse (orale ou écrite). démarche scientifique :
Je fais le point – place de l’interrogation : « question » (l. 25) ;
– place de l’observation et de l’expérience réité-
Le défi scientifique permet de bâtir des héros rée : « pourquoi les flocons de neige, avant de
modernes forts, qui reprennent les thèmes se constituer en masses, ont-ils la forme d’une
classiques de l’ambition, du défi, de la lutte, du étoile à six branches ? » (l. 25 à 27) ;
déchirement entre le bien et le mal, mais aussi – lexique scientifique : « six branches » (l.  27),
de l’admiration pour l’univers et ses mystères « symétrie » l.  29), « la physique de l’état
que l’intelligence humaine cherche à percer. solide » (l. 33-34) ;
La science-fiction joue sur cette fascination et – recherche d’une cause rationnelle : « Pour
sur les peurs qui peuvent en naître, donnant nous, ce problème est particulièrement
de la science une vision souvent inquiétante, résolu » (l. 27-28).
mais qui permet aussi d’exorciser les craintes 3. On pourra expliquer aux élèves le rôle majeur
de l’homme et de l’encourager à être vigilant qu’a joué l’astronome Johannes Kepler. Ils
et combatif. peuvent aussi collecter des documents pour
le présenter ou proposer le film L’Œil de l’as-
tronome réalisé par Stan Neumann en 2012.
L’imagination, moteur Johannes Kepler a découvert les relations
de la science ? p. 430 mathématiques (lois de Kepler, reprises par Isaac
Newton) qui régissent les mouvements des pla-
Atelier Lire différents documents pour nètes. Il est aussi à l’origine de l’optique. Mais
produire un écrit Kepler est aussi un écrivain prolixe dont la riche
Les questions posées par la science ne se résu- imagination est au service de la science et des
ment plus à celles qui concernent le progrès. Dans idées nouvelles : on a pu voir en lui un précur-
la page d’atelier écriture et l’autoévaluation, les seur de la science-fiction avec Le Songe ou Astro-
élèves vont dépasser la traditionnelle opposition nomie lunaire, récit d’un narrateur qui se trouve
entre sciences et lettres, héritée du xixe siècle, et sur la Lune. Cette polyvalence se retrouve dans
qui formate encore les représentations des élèves le texte : jeu de mots (d’essence baroque) sur le
jusqu’à leur orientation professionnelle. « Rien » (l. 1), rêverie sur le chemin, puis percep-
Il sera intéressant de parler du philosophe Nel- tion mathématique du flocon.
son Goodman et son œuvre Manière de faire des y Étape 2 : écriture créative.
mondes (2006), qui fait partie de ceux qui sou- 4.  L’objectif est de faire écrire en binôme un
lignent, depuis les années 1970, que la science texte qui permette de jouer sur son statut scien-
utilise la métaphore, parle de « charme, d’étran- tifique ou littéraire.
geté et de trous noirs » en physique et astrono- En ligne, le portail lexical du Centre National
mie contemporaines. de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL)

séQuence 27 Savants et rêveurs de science 331


propose des entrées intéressantes pour accom- e.  Ceux qui voulaient partir sans payer, donc
pagner les élèves dans le lexique : lexicographie, vraisemblablement des clients, mais la situation
synonymie, antonymie, concordance (le terme d’énonciation ne permet pas d’en savoir plus.
dans des citations littéraires). f. Léa et Malo.
Les élèves peuvent écrire ce texte en binôme, Je m’entraîne
chacun réagissant aux propos de l’autre ; ils 2. a. On frappe à la porte ; Malo alla ouvrir, c’était
peuvent aussi échanger leur texte pour l’enri- son frère Pierre.
chir. La conclusion peut faire apparaître une dif- b. Malo et Léa n’ont plus classe. Ils partiront en
férence (deux façons de voir le monde) ou une vacances dès que les bagages seront prêts.
convergence (la science utilisant elle aussi des c.  Allô, c’est Julie… Je suis bien décidée à finir
images qui la rapprochent de la poésie). mon livre ce soir. Je ne viendrai pas au cinéma.
d. Êtes-vous bien arrivés ? Signé : les parents
Oral Le citoyen doit-il s’intéresser aux f. Bonjour, je suis Charles, le nouveau technicien.
avancées de la science ? p. 431 Je crois que je me suis perdu dans le musée !
Atelier Organiser un débat 3. Un « je » écrit à « Sophie », pour lui dire que,
l’ayant guettée en vain, il décide de lui écrire qu’il
y Étape 1 : analyse de l’article. l’aime. Il est tard, il fait nuit (« Il est neuf heures,
1.  Domaine scientifique : biotechnologie, tech- je vous écris que je vous aime »), il écrit dans le
nologie médicale, noir (« bonsoir », « j’écris dans les ténèbres »)
2. Cette invention participe aux progrès de l’hu- et n’est donc pas sûr d’être lisible (« Je veux du
manité car ce patient, retrouvant l’usage de son moins vous l’écrire ; mais je ne sais si la plume se
bras après un accident, est un exemple de ce que prête à mon désir).
la science peut faire pour participer au bonheur La modalisation
des hommes (ici, recouvrer l’autonomie per-
due). Dans le même temps, il faut faire exprimer J’observe
aux élèves les craintes relatives à l’homme « bio- 4. b. Elle s’est acheté une grosse bagnole.
nique », qui utilise des inventions de la cyberné- c. Elle a enfin changé de voiture !
tique (science des mécanismes autogouvernés) e. Il se pourrait bien qu’il soit malade…
pour remplacer des membres malades, amputés f. Il est sans doute malade.
ou pour augmenter les compétences physiques Je m’entraîne
ou mentales de l’humain. 5. a. et b. a. « Quelle chance ! » – conseil : il faut
3. Le citoyen est concerné car les avancées de la saisir la chance de pouvoir aller se faire soigner.
science peuvent le soigner, mais aussi le remettre b. « Je trouve que » – avis.
en question : l’homme faible, non conforme c. « Laisse-moi te dire que » – critique formulée
aux attentes de la société, ou, dans un futur de poliment.
science-fiction, tout simplement non « aug- d. « tant et plus » – critique.
menté » peut être mis en danger. e. « seraient » – supposition.
y Étape 2 : débat. 6. a. « Pourrais-tu » – demande polie.
b. « Toi, bien sûr, ça te fait rire ! » – critique.
Langue La grammaire pour lire, c. « J’ai cru que » – doute.
écrire et parler p. 432 d. « Mais si » – correction apportée à une atti-
tude qui semble dire le contraire.
Les personnes
J’observe Le subjonctif
1. a. Laurent. J’observe
b. « Tu », « t’ » : Pierre/ « moi », « je » : Tom. 7. Le mode qui apparaît est le subjonctif.
c. « nous » : les parents de Jules/ « tu » : Jules. a. Il faut que je boive.
d.  « mon grand », mais la situation d’énoncia- b. Je veux que Zoé attende.
tion ne permet pas d’en savoir plus. c. Nous souhaitons que tu viennes dans une heure.

332 THème 5 3e • Progrès et rêves scientifiques


d. J’aimerais que tu me tiennes la main. –  Ombre : zone sans lumière (connotation par
Je m’entraîne le contexte : mystère) ;
8. a. Il faut nous partions. –  Crépuscule : après le coucher du soleil et
b. Il ne faut pas que nous tombions ni que nous avant la nuit (connotation par le contexte :
trébuchions. mystère) ;
–  Filets de pêcheurs : matériel de pêche (conno-
9.  Les formes verbales au présent de l’indicatif tation par le contexte : maison pauvre) ;
sont : « couvre », « constitue », « faut ». –  Encoignure : coin d’une pièce (connotation
Les formes verbales au subjonctif sont : « la par le contexte : pauvreté).
mettent », « puisse ». Le subjonctif indique une
potentialité. 14.  –  La neige : vapeur d’eau atmosphérique
congelée (connotation : pureté) ;
L’accord des adjectifs en position –  Le chacal : mammifère carnivore se nourris-
détachée ou non sant de cadavres (connotation : méchanceté,
J’observe égoïsme) ;
10. a.  Les changements concernent le genre –  La voiture : véhicule automobile (connota-
du substantif : « cet étage supérieur », « cette tion : péjorative si « bagnole, tacot ») ;
strate supérieure ». –  La mer : étendue d’eau salée (connotation :
b.  Les changements concernent le nombre du immensité) ;
substantif : « Immense, la forêt », « Les forêts –  La gueule : face d’un animal (connotation :
gabonaises, immenses ». mauvaise mine, air bizarre).
Je m’entraîne Je m’entraîne
11.  Bien préparés, les montagnards entament 15. Les connotations sont à exprimer très libre-
leur ascension. Le sommet, argenté et encore ment. Exemples :
lointain dans le brouillard épais, se dérobe à –  « le berger » : interroge le ciel pour se diri-
leurs yeux. Le silence règne et l’on entend leurs ger, connotation poétique qui personnalise
marches, régulières et pesantes, qui crissent le lien entre l’homme et l’univers, bien que
sur la neige. Le refuge s’éloigne peu à peu et le ce métier entretienne une relation prosaïque
groupe, désormais soudé dans l’effort, n’est plus avec la voûte céleste ;
qu’un point dans la neige […]. –  « saphir » : désigne la nuit comme une pierre
12. a. et b. –  Indicatif passé simple : « je vis », précieuse, paroi splendide qui connote le
« eut », « m’aperçut », « jugeai », « n’eus », mystère ;
« fut », « sentis », « s’ensuivit », « revins », –  « abîme » : au contraire de la surface du
« repris » ; saphir, l’expression connote ici le mystère de
–  indicatif imparfait : « J’étais », « mar- la profondeur ;
chaient », « j’avais », « était » ; –  « azur » : terme poétique usuel pour désigner
–  subjonctif imparfait : « passât » ; le ciel, dont la connotation est ici renouvelée :
–  conditionnel présent : « je serais ». c’est l’espace habité par les anges et que seule
c. –  Fondre : se jeter sur quelqu’un (Ma glace la nuit dérobe au poète visionnaire.
fond vite au soleil) ;
–  course : acte de courir (Je pars faire les Les mots de la science
courses au marché) ; 16 .  On soulignera l’apport décisif des savants
–  connaissance : sortir d’évanouissement (Je de l’antiquité grecque et arabe à la science uni-
n’ai aucune connaissance en chinois). verselle et donc la trace de ces langues dans le
lexique scientifique. À partir de la Renaissance,
La dénotation et la connotation l’étymologie savante se fait souvent à partir du
J’observe grec, et la langue française, contrairement aux
13.  –  Cabane : petite construction en bois autres langues romanes, a tenu à garder la trace
(connotation par le contexte : maison misé- graphique du grec. Ce goût va même jusqu’à
rable, masure) ; inventer des graphies fantaisistes et faussement

Séquence 27  Savants et rêveurs de science  333


savantes, par exemple « nénuphar », du persan frère. Elle est tuée par la créature le soir de son
« nenufar » – la réforme de 1991 propose logi- mariage avec Victor.
quement de revenir à l’étymologie correcte et –  Justine Moritz : jeune orpheline recueillie
d’orthographier « nénufar ». par la famille Frankenstein, accusée à tort du
a. –  Astronaute : mot d’origine grec, « voyageur meurtre de William et décapitée.
de l’espace », lié à l’astronomie (préfixe : astro –, –  Safie : son père, un marchand turc, est la
« étoile »/suffixe : –naute, « navigateur ») ; cause de la ruine de M. De Lacey. Il est empri-
–  Bronchite chronique : mot d’origine grec, sonné mais Félix, séduit par la beauté de Safie,
« inflammation établie des bronches, lié à cherche à le faire évader en échange de la main
la médecine (radical : bronche, « tuyaux qui de sa fille. Le complot échoue et la famille est
conduisent l’air dans les poumons »/suffixe condamnée à l’exil ; mais Safie ne renonce pas
–ite). à retrouver Félix.
b. – Cinéma : mot d’origine grec, « art de compo- Ces jeunes femmes sont victimes de la bête, mais
ser et de réaliser des films cinématographiques », surtout de la société : ni leur statut (orphelines,
lié à l’art (abréviation de cinématographe/kinema, fille d’un homme ruiné, etc.), ni leur parole (ni
« mouvement » et graphein, « écrire ») ; Justine ni Elizabeth ne sont crues lors du procès
–  Téléphone : mot d’origine grec, « instrument de Justine, l’inquiétude qu’Elizabeth manifeste
pour communiquer par la voix à distance », sur leur mariage dans sa lettre n’est pas prise
lié aux technologies de communication (télé, en compte, tout comme son pressentiment
« loin » et phonê, « son »). funeste sur le lac de Côme alors que Victor sait
c.  –  Alcool : mot d’origine arable, « liquide que la bête sera là le soir de son mariage, Safie
obtenu par distillation », lié à la chimie (kuhl, est délaissée, etc.) n’ont de valeur.
« poudre très fine servant de fard » puis Une place à part peut être faite à Agathe : jeune
« essence obtenue par distillation ») ; fille dont la vie au sein de sa famille permet à la
–  Télévision : mot d’origine grec et latine, créature qui l’observe en cachette de comprendre
« transmission d’images à distance », lié à la l’humanité et ses valeurs. Mais elle est terrorisée
technologie (emprunté à l’anglais television : par la créature et s’évanouit quand elle la découvre.
tele, « loin » et visio, « vision »). Mary Shelley, fille de la pionnière féministe et
femme de lettres engagée Mary Wollstonecraft,
donne au lecteur des pistes de réflexion à une
Plaisir de lire  Mary Shelley, époque où les femmes, pour pouvoir être publiées
Frankenstein ou et respectées, devaient le faire de façon anonyme
le Prométhée moderne ou en usant d’un pseudonyme masculin.
 p. 435 5.  La créature découvre la nature et les sen-
Pour entrer dans l’œuvre   sations qu’elle suscite, la société des hommes
Réponse libre des élèves. (parole, liens familiaux) et la culture (littérature,
histoire, politique, religion, etc.).
À vos carnets !   6.  –  Roman gothique : genre littéraire euro-
1. Réponse libre des élèves. péen, essentiellement anglais, de la fin du xviiie
2. et 3.  Cette étape permet de rendre compte siècle, qui associe macabre et sentimental. Son
de l’appropriation du texte. Son expression reste nom vient de l’engouement de l’époque pour le
largement subjective. On encouragera cepen- monde médiéval.
dant la citation. –  Roman d’anticipation : Mary Shelley reprend
les codes du gothique, à la mode, pour nourrir
Pour approfondir la lecture   un imaginaire moderne grâce à la science. La
4. –  Elizabeth Lavenza : jeune orpheline recueil- parodie L’Abbaye de Northanger de Jane Austen
lie par la famille Frankenstein qui la sauve de (1817) – que les élèves peuvent lire avec plaisir
la misère. Elle réconforte Victor en lui écrivant – montre que ce genre s’essouffle au moment
régulièrement, elle veille sur son père et sur son où Mary Shelley écrit : elle lui donne donc, dans

334   Thème 5  3e • Progrès et rêves scientifiques


Frankenstein, une place renouvelée par les élé- 2. Le narrateur donne des indications : d’abord,
ments scientifiques. ensuite, etc. Elles sont relayées par le champ lexi-
7. Le mot-clé est celui du rejet : par Victor, par la cal du regard (« regarder autour d’elle », « elle
famille De Lacey, etc. regarda », « elle porta les yeux »). L’hypothèse
8.  Le monstre est certes celui que l’on d’une chute lente (« elle tombait bien douce-
« montre », tant il semble loin de notre huma- ment ») permet au regard de s’arrêter car les
nité par sa laideur physique ou morale. Mais objets sont perçus distinctement. On pourra
Victor, qui a défié Dieu, qui ne prend pas soin comparer avec une version filmique ou un des-
de ceux dont il a la responsabilité (la créa- sin animé.
ture, Elizabeth) et qui semble garder un cœur 3.  Alice est étonnée mais elle raisonne assez
endurci, est à l’évidence monstrueux. L’autre froidement en s’aidant de ses connaissances
sens de « monstre » (« signe, prophétie ») scolaires et en restant rationnelle. Elle parle tout
apparaît alors clairement. haut et ne se départit pas de son humour bri-
9. Chimie, botanique et physique (électricité) par- tannique, à moins que l’on ne préfère parler de
courent tout le roman, des études de Victor aux self-control, une qualité tout aussi importante
expériences sur la créature. Mary Shelley suit les dans l’éducation britannique (« Comme ça
progrès de ces sciences du xixe siècle. La relation serait drôle de se trouver au milieu de gens qui
entre le progrès scientifique et le bonheur de l’hu- marchent la tête en bas »). Cette distance est
manité est une question actuelle et essentielle. relayée par le narrateur qui commente.
On a pu dire aussi que Mary Shelley, toute jeune 4. Les Aventures d’Alice au pays des merveilles de
mère qui a déjà perdu trois enfants lorsqu’elle Lewis Carroll est une œuvre qui se prête à une
écrit son roman, est prématurément marquée multitude d’interprétations (littéraires, psychana-
par le deuil. Cela expliquerait en partie son inté- lytiques, scientifiques, etc.). Son auteur, professeur
rêt pour le galvanisme (la réanimation des corps de mathématique, peut jouer ici avec la représen-
morts par l’électricité), qu’elle évoque dans la tation de l’espace – temps alors en discussion.
seconde préface de Frankenstein. Mais, il manque les éléments technologiques et
10.  Mary Shelley propose une relecture du le lexique scientifique qui signent l’appartenance
mythe de Prométhée, mythe central pour le à la science-fiction. Pourtant, la postérité de ce
romantisme, ici relu avec le thème des pouvoirs texte doit nous engager à plus de curiosité, l’ou-
que donnent la science. vrage restant finalement inclassable.
Après la lecture   On peut s interroger par exemple sur le lapin
11. Cette étape est très libre, mais elle conduit blanc d’Alice en visionnant le début du film
l'élève à faire des choix de lecture et d’interpré- Matrix d’Andy et Lana Wachowski (1999) : Néo
tation, puis à écrire le scénario ou le storyboard. doit suivre le lapin blanc, tatouage qui mène à
Trinity, celle qui le fera sortir de la matrice.
12.  Pratique d’écriture avérée chez les adoles-
cents et souvent à l’insu des exercices en classe, 5. Les élèves peuvent être surpris par cette ques-
la fan-fiction a pour source le désir de poursuivre tion. Mais les interprétations actuelles de l’œuvre
la lecture par l’écriture de ce que l’on aurait vont toutes en ce sens. Lewis Carroll est le nom
voulu y trouver. Elle permet d’écrire « à l’abri » de plume de Charles Lutwidge Dodgson, mathé-
d’un autre texte et elle encourage le partage de maticien britannique qui a connu le début des
lecture comme l’écriture collaborative. mathématiques non-euclidiennes et ses consé-
quences sur la conception de la forme de l’uni-
vers. Se moque-t-il ici de ces mathématiques
Autoévaluation de lecture modernes ? Ou les illustre-t-il plaisamment ? La
Les Aventure d’Alice au pays réponse reste ouverte. Les prémisses de la décou-
des Merveilles de Lewis Carroll p. 437 verte de la géométrie non-euclidienne (espace
1. Il s’agit du genre romanesque, mais la parodie courbe, tunnels dans le temps, etc.) agite et pas-
d’une expérience scientifique n’est pas à exclure ! sionne les scientifiques et les littéraires. Les élèves

Séquence 27  Savants et rêveurs de science  335


peuvent avoir lu Le Magicien d’Oz de Lyman Frank 6.  Woodbine pose des hypothèses fondées
Baum ou Le Monde de Narnia de C. S. Lewis. sur une observation (« C’est peut-être la terre
[…], mais de toute évidence ce n’est pas notre
Entraînement au brevet terre », l. 1-2) et entend poursuivre cette obser-
vation (« j’aimerais […] commencer à explorer
Brèche dans l'espace de Philip les lieux », l. 5-6). Il reste calme, quoique inté-
K. Dick p. 438 ressé.
Première partie   7.  Stanley et Woodbine désapprouvent l’idée
Comprendre, analyser, interpréter que la découverte scientifique pourrait se
réduire à une exploitation mercantile.
1. Les passages en italique nous donnent accès
aux pensées de Turpin. Ils permettent de mon- Deuxième partie  
trer sa cupidité et d’avancer dans l’intrigue en 1. •  Dictée
donnant des indications sur les motivations des
personnages. ➨  En téléchargement sur le site
www.hachette-education.com, un extrait du
2. Le conditionnel employé exprime le souhait
Tour du Monde en 80 jours de Jules Verne.
du personnage.
3. L’expression désigne le poisson qui a été piégé •  Réécriture : Les explorateurs haussèrent les
par l’hameçon, crochet métallique que l’on met épaules. « Bien sûr ». Ils s’avancèrent vers le véhi-
au bout d’une ligne pour prendre du poisson cule, suivis par Turpin et Stanley. « Nous n’avons
et qui est souvent accompagné d’un appât. Au jamais laissé entendre que nous étions blasés ;
sens figuré, Franck est attiré, appâté par ce qu’il nous ne sommes pas près de nous endormir sur
découvre. le sujet . »
4.  Les phrases interrogatives et exclamatives 2. •  Sujet de réflexion : Après avoir fait une liste
montrent l’impatience de Turpin. Il enchaîne les de découvertes scientifiques et de leurs éven-
questions sans attendre de réponse. En outre, il tuelles applications technologiques, les élèves
peine « à dissimuler son impatience » (l. 7), sa chercheront si elles sont liées à une forme de
voix est « survoltée » (l. 14), il se frotte les mains pouvoir (par exemple la conquête spatiale,
« d’excitation » (l. 19). Internet, l’atome, etc.) ; ils pourront proposer
5.  Turpin est un homme d’affaires motivé par des explications et des réponses à cette volonté
l’exploitation de cette nouvelle planète : la forêt de puissance.
est réduite à une ressource, la terre vierge à une •  Sujet d’invention : Le journaliste et le scien-
mine de richesses à exploiter et ce d’autant plus tifique sont hostiles à la cupidité de Turpin.
que les ressources de la Terre ont déjà été épui- L’élève devra brosser au brouillon un por-
sées : « tout ce qui a la moindre valeur a été trait-robot des personnages (courageux, iro-
extrait » (l. 22-23), « Qui voudrait d’un monde nique, cassant, etc.) pour pouvoir personnaliser
épuisé, exploité dans son intégralité pendant des leur propos. Il pourra réutiliser le lexique scien-
dizaines de siècles ? » (l. 24-25). tifique du texte et de la séquence.

336   Thème 5  3e • Progrès et rêves scientifiques


Corrigés des exercices des fiches de grammaire
1. L’énonciation et la situation tout aimé ce que tu as dit mercredi à table. –
de communication d. Prends ce chemin qui longe la voie ferrée ! –
1. a. Un père (je) ne veut plus que son fils (tu) e. Tu fais cinquante pas puis tu tournes à droite
fume. – b. Un amoureux (moi) veut que son aux feux.
amoureuse (tu) l’accompagne au cinéma. – c. Un 7. a. Un ami qui veut donner son avis. – b. Un
mari (je) veut laisser sa femme (te) conduire. – groupe d’adolescents en route vers le cinéma.
d. Un professeur (je) menace un élève (tu) de – c. Une aide-soignante fait manger un pension-
l’envoyer chez le principal s’il oublie à nouveau naire d’une maison de retraite. – d. Un homme
son manuel. – e. Des enfants (vous) sont en train lit un guide de voyage à son ami. – e. L’épouse
de jouer dans la cour. d’un grand malade raconte la nuit qu’elle vient
2. a. Un professeur menace un élève à cause de passer à sa sœur.
de son insolence en classe/Un père menace sa 8. « m’ » : Bérénice/« nous » : Bérénice et Titus/
fille lors d’une crise familiale. – b. Un policier « lui » : Titus/« nous » : Titus et Bérénice.
demande ses papiers à un automobiliste lors d’un 9. Dans ce poème, on peut imaginer que la voix
contrôle routier/Un notaire demande ses papiers qui parle est une jeune femme abandonnée par
à son client lors de la signature d’un acte de pro- son fiancé car il part à la guerre.
priété. – c. Une mère ordonne à sa fille d’arrêter
10. a. ton/votre. – b. ton. – c. son. – d. tes. –
de manger des bonbons devant la télévision/Un
e. ton.
docteur conseille à son jeune patient d’arrêter
de manger des bonbons lors d’une consultation 11. Exemple : Devant une tribune humanitaire
à cause des risques d’obésité. – d. Un professeur (ONU ou UNESCO), un médecin vient témoi-
demande à son étudiant s’il pourra rendre son gner d’un drame humanitaire.
devoir en temps et en heure/Une bibliothécaire 2. La modalisation
demande à un jeune homme s’il peut ramener
son emprunt la semaine qui suit. – e. Un jardi- 1. a. Modalisé : utilisation du mode conditionnel
nier s’étonne en découvrant un oranger tout sec/ « raconterait » et d’un adverbe « souvent ». –
Un vieil homme s’étonne en découvrant dans la b. Non modalisé. – c. Modalisé : utilisation d’une
rubrique nécrologique qu’une de ses anciennes tournure impersonnelle « Il s’agit » et d’un
connaissances est morte. terme évaluatif « drôle ». – d. Modalisé : utilisa-
tion d’un terme évaluatif « admira ». – e. Non
3. On attend des élèves qu’ils fassent varier les
modalisé. – f. Modalisé : utilisation d’une péri-
registres : familier (sans être vulgaire) quand ils
phrase « À ce que l’on dit ». – g. Non modalisé. –
s’adressent à leur meilleur ami, courant quand
h. Modalisé : utilisation de phrases exclamatives.
ils s’adressent à leurs parents, et soutenu quand
ils s’adressent à leur principal. 2. a. À ce que l’on dit, vous pourrez passer au
garage : votre voiture sera peut-être prête. –
4. On attend des élèves qu’ils fassent varier les
b. Il est possible que des orages puissent éclater
registres : soutenu pour la situation 1, familier
dans la région en soirée. – c. Une Française peut
pour la situation 2 et courant pour la situation 3.
avoir décroché la médaille Fields. – d. Les deux
5. a. « J’ »/« je » : le président de la Répu- pays pourraient signer un traité d’alliance.  –
blique/« vous » : les Français. – b. « Nous » : le e. Les deux contrôleurs prendront peut-être
personnel de la SNCF/« vous » : les usagers de une décision concernant l’avion. – f. Les voisins
la SNCF. – c. Un artiste. – d. « me »/« je » : le regardent, me semble-t-il, à la dépense. – g. On
préfet/« vous » : un ancien combattant. – e. Un craint que les voleurs aient filé dans les bois. –
touriste. h. Il est probable qu’elle se maquille beau-
6. a. Pour aller à la gare, tournez après l’église ! coup trop avant de sortir. – i. Selon certaines
– b. Nous arrivons vers 10 h ! – c. Je n’ai pas du informations, le navire a échoué sur les côtes

mémo Grammaire 337


anglaises. – j. Ces champignons peuvent être 6. a. Ils disent qu’ils seraient là à 15 heures si le
comestibles. train n’avait pas de retard. – b. Auront-ils vrai-
3. Réponse libre des élèves. ment mangé les provisions qu’ils ont empor-
4. a. Il neigerait sur toute la région prochaine- tées ? – c. Quand la machine démarre, elle fait du
ment/Il neigera certainement sur toute la région bruit : on ne s’entend pas ! – d. Selon certaines
prochainement.  – b. Il est possible que l’Italie soit informations, le médecin serait demandé : il
un pays qui attire de nombreux touristes/L’Italie diagnostique, semble-t-il, toutes les maladies
est un pays qui attire de nombreux touristes ! – de ses patients. – e. Elle allume le chauffage
c. La publicité pour cette berline a peut-être été parce qu’ils doivent avoir froid. – f. Nathan
conçue par deux agences différentes/Il est certain retourne précipitamment sur ses pas : il a sans
que la publicité pour cette berline a été conçue aucun doute oublié son parapluie dans la bou-
par deux agences différentes. – d. Ce livre sera tique. – g. Elle aime, à ce que l’on dit, sortir le
peut-être suivi des deux autres tomes/Ce livre soir. – h. S’il pleuvait une journée de plus : je ren-
sera assurément suivi des deux autres tomes. – trais ! – i. Je me réjouis que cette comédie soit
e. Le concert aurait attiré de nombreux specta- jouée avec succès dans toute la France. – j. Ces
teurs à Las Vegas/Il est sûr que le concert a attiré babioles peuvent coûter 15 euros.
de nombreux spectateurs à Las Vegas. – f. Selon
certaines informations, la gentillesse de votre voi-
3.  Les discours rapportés
sine est reconnue par l’ensemble de l’immeuble/ 1. Une cohue stationnait devant la porte ; la
La gentillesse de votre voisine doit être reconnue bonne femme, affaissée dans un fauteuil, geignait
par l’ensemble de l’immeuble. – g. Le boulan- les mains inertes, la face abrutie. Deux médecins
ger a peut-être mis une annonce pour recruter l’examinaient encore. Aucun membre n’était
un stagiaire/Le boulanger a vraiment mis une cassé, mais on craignait une lésion interne. Hec-
annonce pour recruter un stagiaire. – h. Il est tor lui parla : « Souffrez-vous beaucoup ?
possible que le détective élucide cette affaire en – Oh ! oui.
quelques jours/Il est certain que le détective élu- – Où ça ?
cidera cette affaire en quelques jours. – i. Cette – C’est comme un feu que j’aurais dans les esto-
voiture aurait franchi le carrefour à toute allure/ macs. »
Cette voiture a assurément franchi le carrefour Un médecin s’approcha : « C’est vous, monsieur,
à toute allure. – j. Ils ont probablement fait des qui êtes l’auteur de l’accident ?
provisions de pommes de terre pour l’hiver/Ils – Oui, monsieur.
ont certainement fait des provisions de pommes – Il faut envoyer cette femme dans une maison
de terre pour l’hiver. de santé ; j’en connais une où on la recevrait à
5. – Verbe de sentiment : « je me sens » ; six francs par jour. Voulez-vous que je m’en
– phrases interrogatives : «  D’où viennent charge ? »
ces influences mystérieuses qui changent Hector, ravi, remercia et rentra chez lui soulagé.
en découragement notre bonheur et notre D’après Guy de Maupassant,
La Parure et autres nouvelles, 1884.
confiance en détresse ? », « Est-ce un frisson de
froid qui, frôlant ma peau, a ébranlé mes nerfs 2. Les verbes introducteurs des paroles rappor-
et assombri mon âme ? », « Est-ce la forme des tées sont : « dit », « s’écria » et « répondit ».
nuages, ou la couleur du jour, la couleur des 3. a. « annonça ». – b. « prescrivit »/ « ordonna ».
choses, si variable, qui, passant par mes yeux, a – c. « murmura ». – d. « se plaignit »/« ajouta »/
troublé ma pensée ? », « Sait-on ? » ; « conclut ». – e. « promit »/« déclara »/« ajou-
– utilisation du conditionnel  : « dirait », ta ».
« aurait » ; 4. a. « Virez à bâbord ! Le vent tourne ! » cria
– vocabulaire évaluatif : « plein de gaieté », le quartier-maître. – b. « Ouvrez vos livres à la
« des envies », « des effets rapides, surpre- page 75 ; lisez le texte et illustrez-le ! » annonce
nants et inexplicables » ; le professeur. – c. « Votre interprétation du
– condition : « comme si ».

338   MÉMO GRAMMAIRE


second mouvement manque de chaleur, dit la était possible. – h. Le policier interroge le pré-
chef d’orchestre aux violoncelles, soignez davan- venu pour savoir où il était dans la nuit du 2 au
tage le vibrato ! » – d. « But ! But ! But ! » hurla 3 janvier. – i. Elle s’étonna et voulut savoir com-
soudain le commentateur ; « Champions du ment il était arrivé à cet endroit. – j. L’individu
monde ! On est les champions du monde ! » demande si on n’a pas cent balles.
reprit la foule en délire. – e. « Nous traversons 2. a. Elle lui dit : « Je souhaiterais bien aller
une zone de turbulences, annonce l’hôtesse d’un encore demain au bal car Asmar m’en a priée. »
ton ferme, attachez vos ceintures ! » – b. Il ne pouvait pas dire à Rachid : « Je ne te
5. Les paroles rapportées directement sont en crois pas. » – c. Elle lui affirma : « Je t’ai vu hier. »
italique. Les paroles rapportées indirectement – d. Jacques dit à Mariko : « J’emmènerai nos
sont soulignées. élèves en classe de neige la semaine prochaine. »
« Je suis sûr que les indications sont fausses, – e. Il a avoué : « Je suis fatigué de recommencer
avait-il un jour déclaré à Elsy, on a permuté le mille fois la même chose. » – f. Il lui dit : « C’est
numéro des étages. Ne trouves-tu pas bizarre par ici ! » – g. Elle lui demanda : « As-tu mangé
qu’étant au premier, il nous faille MONTER au quelque chose d’avarié aujourd’hui ? » – h. Sa
rez-de-chaussée et DESCENDRE au second ? » mère lui écrivait : « Hier, j’ai reçu de la visite. »
Comme d’habitude, elle s’était moquée de lui, – i. Il lut : « Vous pourrez passer le concours. »
répliquant qu’il était très facile de trouver son – j. Elle lui annonça : « Je passerai te prendre
chemin au moyen du « guide électronique » demain en voiture. »
et que, dès lors, s’attarder à regarder des indica-
tions anciennes et actuellement dépourvues de 3. a. « si la situation va s’améliorer ». – b. « S’il
signification, était tout bonnement ridicule. fait beau ce soir ». – c. « si le parti nationaliste
Serge Brussolo, Trajets et itinéraires de l’oubli,
remporte les élections ». – d. « s’il faut une
Denoël, 1981. autorisation pour filmer en ville » ? – e. « ce que
les ouvriers deviendront après la fermeture ».
6. On attend surtout des verbes introducteurs
qui soulignent la dynamique du dialogue : 4. Les paroles des personnages rapportées indi-
répondre – répliquer – rétorquer – objecter. rectement sont : « demanda si elle souffrait
7. Réponse libre des élèves. beaucoup », « Elle répondit que oui », « Il vou-
lut savoir où elle avait mal », « Elle lui répondit
8. a. Il se fit la réflexion qu’il avait de la chance que c’était comme un feu qu’elle aurait dans les
d’avoir un si bon copain (« J’ai de la chance estomacs », « demanda si c’était lui l’homme
d’avoir un si bon copain »). qui était l’auteur de l’accident », « Il confirma »,
c. Elle pense que toute vérité n’est pas bonne à « qu’il fallait envoyer cette femme dans une
dire (« Toute vérité n’est pas bonne à dire »). maison de santé ; il en connaissait une où on la
recevrait à six francs par jour. Il voulut savoir s’il
4.  D u discours direct au discours
indirect voulait qu’il s’en charge ».
1. a. La femme politique déclara qu’elle serait 5. Un jour, il avait déclaré à Elsy qu’il était sûr
candidate aux prochaines élections. – b. Elle me que les indications étaient fausses, qu’on avait
dit de prendre à gauche puis à droite/Elle me dit permuté le numéro des étages. Il lui demanda
que je devais prendre à gauche puis à droite. – s’il ne trouvait pas bizarre qu’étant au premier,
c. L’écrivain confia que ses souvenirs d’enfance il leur faille monter au rez-de-chaussée et des-
étaient sa source d’inspiration principale. – d. La cendre au second.
présidente demande qu’on fasse entrer l’accusé. Elle lui dit, en se moquant : « Il est facile de
– e. Le professeur demanda aux élèves de lire le trouver son chemin au moyen d’un guide élec-
texte en entier pour le lendemain/qu’ils lisent le tronique. Dès lors, s’attarder à regarder des indi-
texte en entier pour le lendemain. – f. La bou- cations anciennes et actuellement dépourvues
langère annonça qu’elle n’avait plus de pain. – de signification est tout bonnement ridicule ! »
g. Marco Polo s’écria comment un tel miracle 6. Productions libres des élèves.

mémo grammaire  339


7. a. Elle demande ce qu’ils ont mangé à la can- quand ses invités sont arrivés. – d. Je n’ai plus
tine. – b. Je souhaite savoir si les enfants ont envie de continuer ce travail. – e. Vous n’avez
peur du noir. – c. Je me demande pourquoi vous pas pris votre dessert.
ne parlez jamais de votre enfance. – d. Dites-moi 3. a. Phrase assertive (déclarative). – b. Phrase
si vous avez pensé à fermer la porte. – e. Je me assertive (déclarative). – c. Réellement interroga-
demande lequel des deux vous préférez. tive. – d. Phrase injonctive. – e. Phrase assertive
8. a. Elle demanda ce qu’ils avaient mangé à la (déclarative). – f. Phrase assertive (déclarative). –
cantine. – b. Je souhaitai savoir si les enfants g. Réellement interrogative. – h. Phrase assertive
avaient peur du noir. – c. Je me demandai pour- (déclarative) et/ou injonctive.
quoi vous ne parliez jamais de votre enfance. – 4. a.  Ordre  : Arrêtons cette activité. –
d. Il demanda ils avaient pensé à fermer la b. Conseil : N’allez pas le voir. – c. Conseil : N’al-
porte. – e. Je me demandai lequel des deux vous lez surtout pas le voir ! – d. Conseil : Porte-le
préfériez. plus souvent. – e. Conseil/Interdiction : Ne le
9. a. « reprendrait ». – b. « n’avait pas pu/il ne porte plus jamais. – f. Ordre : Attachez-le !/
pourrait ». – c. « ont participé ». – d. « n’avaient Mettez-lui une muselière !/Dressez-le !/Réédu-
jamais mangé ». – e. « devraient ». quez-le. g. Ordre/Conseil : Attache-les./Prends
10. Harpagon se demanda qui cela pouvait être, un rendez-vous chez le coiffeur. – h. Ordre :
ce qu’il était devenu, où il était, où il se cachait. Il Faites moins de bruit./Taisez-vous. – i. Conseil :
se demanda ce qu’il ferait pour le trouver. Il Parlez plus fort.
se demanda où courir et où ne pas courir. Il se 5. a. Connecteur  : il exprime la consé-
demanda s’il n’était point à cet endroit-là ou s’il quence.  – b. Modalisateur : il exprime la sur-
n’était pas à cet endroit-ci. Il demanda enfin qui prise.  – c. Connecteur : il reprend le fil du
c’était. discours.  – d. Modalisateur : il exprime l’impa-
D’après l’œuvre de Molière, L’Avare, 1668. tience.  – e. Connecteur : il exprime la consé-
11. Production libre des élèves. quence
12. Les paroles rapportées directement sont : 6. a. Constat : Nous allons manquer le début
« Je vous en prie, mes amies, servez-vous ! », du concert. – b. Ordre : Administrez-lui un cal-
« Ah ! Qu’il est difficile de se faire bien servir de mant et procédez à un bilan sanguin complet
nos jours ! ». Les paroles rapportées indirecte- afin de détecter une éventuelle infection. –
ment sont : « qui lui avait dit qu’elle l’aiderait c. Demande : Pouvez-vous fermer les fenêtres ? –
volontiers », « disant qu’après toute cette agi- d. Demande : Pouvons-nous nous arrêter un
tation un peu de repos et de conversation leur instant ? – e. Conseil : Ralentis, c’est plus pru-
feraient beaucoup de bien ».  dent. – f. Constat : Tu es un(e) excellent(e)
cuisinier(ère). – g. Conseil : Soutenez-la dans
5.  Les différences entre l’écrit et l’oral son parcours et incitez-la à progresser dans les
1. a. Situation financière d’Adèle– b. Santé, disciplines scientifiques. – h. Constat : Claire
hygiène de vie de Mohammed – c. Progrès de va devoir être plus organisée dans son travail
David. d. Relations entre Sofiane et Chloé avant et sa vie personnelle/Demande : Pouvez-vous
cet appel – e. Besoin de se reposer – f. Évolution l’aider dans les tâches de la vie quotidienne ? –
dans les choix de Guillaume. – g. Amélioration i. Conseil : Profitez du beau temps pour aller
météorologique après une période de pluie. – jouer dehors/Demande : Pouvons-nous aller
h. Situation personnelle et financière du person- nous promener ?
nage – i. Retards fréquents d’Anne. 7. Les sentiments exprimés pourront être : l’ad-
2. • On remarque l’absence d’un élément de miration, le mépris, l’étonnement ou la joie.
négation (ne) dans chacune des phrases. 8. a. Un commandant de bord dans un avion.
Le reste des phrases est correct. – b. Le président de l’Assemblée nationale
• a. Je n’ai pas peur du noir. – b. Ils n’ont rien fait (députés). – c. Le président du tribunal. –
pour lui venir en aide. – c. Il n’était pas habillé d. Un militaire du rang. – e. Un(e) secrétaire

340   MÉMO GRAMMAIRE


médical(e). – f. Un pilote d’avion/un contrôleur 7. a. Les indices temporels sont : « en juillet »,
aérien. – g. Un médecin. – h. Un enseignant. « il y a cinq ans. Fin août », « plusieurs week-
9. Modifications effectuées : inversion du sujet, ends de septembre », « en janvier de l’année
emploi du mot interrogatif en début de phrase, suivante », « deux mois plus tard », « pour la
emploi de verbes conjugués, suppression de fin de l’année scolaire ».
la mise en valeur de groupes détachés par des b. – Construction de l’intrigue du roman : « il y
reprises. a 5 ans ».
a. Dors-tu ? Est-ce que cela ne va pas ? Ton état – Début du processus d’écriture : « fin juillet ».
est-il dû à la fatigue ? Je pense notamment au – Envoi du manuscrit à l’éditeur : « janvier de
manque de sommeil ! Penses-tu à ta santé ? Ce l’année suivante ».
soir, il te faudra aller au lit à neuf heures ! – Envoi à l’imprimeur : « deux mois plus tard »,
b. Où allez-vous ? À quelle heure prenez-vous le mars.
train ? Voulez-vous que nous vous emmenions – Sortie en librairie de l’ouvrage : « fin de l’année
à la gare ? scolaire », juin.
8. Exemple pour la suite 1 : Cette pièce possé-
6.  L a cohésion textuelle :
dait une grande verrière qui créait une atmos-
la progression thématique
et les connecteurs phère idéale pour cultiver des plantes.
– Progression à thème constant : Elle était expo-
1. a. donc : lien de conséquence. – b. parce que : sée plein sud.
lien de cause. – c. si : lien hypothétique. – d. car : – Progression linéaire : En effet, elles bénéfi-
lien de cause. ciaient d’une bonne exposition et d’une hydro-
2. Des amis m’ont emmenée voir une exposition métrie optimale
sur le photographe Koudelka. Je ne connaissais – Progression à thèmes dérivés : Toute la maison
pas cet artiste, donc j’ai accepté d’y aller. De était lumineuse.
ce fait, nous nous sommes mis en route. Je n’y
9. « 2 h » : évacuation > « au petit matin » :
connais trop rien en photos mais je dois avouer
que j’ai été éblouie par certains clichés. J’ai secours en renfort > « toute la matinée » :
donc eu envie d’en savoir plus. C’est pourquoi consolidation des digues > « 15 h » : moment
j’ai acheté le livre de l’exposition à la boutique du récit > « fin d’après-midi » : vents violents >
de souvenirs. Puis nous sommes rentrés chez « nuit prochaine » : situation qui perdure.
nous. Finalement, nous nous sommes dit que 10. et 11. On attend des élèves qu’ils utilisent
c’était une exposition à conseiller à d’autres per- les connecteurs logiques vus dans la leçon pour
sonnes. articuler les arguments les uns aux autres.
3. a. « depuis trois ans » : durée. – b. « Le len-
demain » : date. – c. « durant toute la nuit » : 7.  La cohésion textuelle : la reprise
durée. – d. « Chaque nuit » : date. – e. « long- et la substitution
temps » : durée. – f. « trois ans » : durée. – g. « À 1. a. « cet animal ». – b. « un immense tapis
longueur d’année » : durée. – h. « Soudain » : blanc ». – c. « ces articles ». – d. « ce moyen de
date. locomotion ».
4. a. Thème. – b. Propos. – c. Propos. – d. Pro- 2. Erratum : La consigne demandait si c’était des
pos. – e. Thème. débuts ou des fins. Or, il s’agit de débuts ou de
5. a. Progression linéaire. – b. Progression à passages à l’intérieur du conte, mais pas spécifi-
thème constant. – c. Progression linéaire. – quement de fins.
d. Progression à thèmes dérivés. a. Le démonstratif « cette » montre qu’il ne
6. La semaine dernière, j’ai proposé à Yasmina s’agit pas d’un début de conte puisqu’on fait
d’aller au cinéma avec moi voir ce film, mais elle référence à un personnage déjà cité « elle ».  –
m’a dit qu’elle l’avait vu la veille. Par contre, elle b. L’utilisation du déterminant défini « la »
m’a proposé d’aller le lendemain au concert.  montre qu’on a déjà fait référence au personnage.

mémo grammaire  341


– c. L’utilisation du déterminant indéfini « un » 8.  La phrase
montre qu’il s’agit d’un début de conte. 1. – Phrases verbales : « J’ai perdu mon sac et
3. Les substituts lexicaux du personnage principal mon téléphone », « Acceptes-tu de m’aider ? » ;
sont : « un homme », « un passant », « ce voya- – phrases non verbales : « Flûte ! », « Génial ! »,
geur ». Ils indiquent au lecteur qu’il s’agit d’un « Ah ! », « Voici mon amie… », « Albane ! ».
homme de passage, qui voyage de ville en ville. 2. Les phrases nominales sont : « Évaluation en
4. a. Je le lui ai donné. – b. L’as-tu vu ? – c. Il y mathématiques ce matin », « Soulagement ».
passe ses vacances. – d. Il s’en occupe. – e. Tu 3. Les phrases complexes sont : « Lorsque tu seras
leur as proposé ton aide ? – f. Il le lui a révélé. passé devant la mairie, tourne à droite », « Si tu
5. a. Cette molécule. – b. Ces professionnels de es perdu, n’hésite pas à m’envoyer un message ».
la santé. – c. Ce meuble. 4. a. Les touristes attendent leur avion. –
6. On attend s élèves qu’ils puissent expliquer à b. L’homme lit son magazine. – c. L’animal
quels référents renvoient les pronoms utilisés. attend ses maîtres. – d. Le dirigeant prononce
7. Aussitôt que les invités furent réunis, le méde- un discours.
cin leur dit : « Je vais vous soumettre le cas le 5. a. Le chien furieux. – b. Le plongeur passionné.
plus bizarre et le plus inquiétant que j’aie jamais – c. La policière. – d. Vincent.
rencontré. » […] Ce dernier alors sonna. Un 6. a. Elles [les jeunes filles] observent les invités
domestique fit entrer le patient. Celui-ci était de leur amie. – b. Il [l’ingénieur forestier] exa-
fort maigre, d’une maigreur de cadavre, comme mine les arbres. – c. Elle [l’Amicale des anciens
sont maigres certains fous que ronge une pen- élèves] organise un repas.
sée, car la pensée malade dévore la chair du 7. a. Minimale : qui ne comporte que des consti-
corps plus que la fièvre ou la phtisie. Ayant salué tuants obligatoires (groupe sujet et groupe ver-
et s’étant assis, le patient dit : « Messieurs, je bal). – b. Étendue : qui comporte un groupe
sais pourquoi le docteur Marrande vous a réu- facultatif (« à la piscine »). – c. Étendue : qui
nis ici […]. Pendant longtemps celui-ci m’a cru comporte un groupe facultatif (« lors de cha-
fou. Aujourd’hui il doute. » cune de ses consultations »). – d. Minimale : qui
D’après Guy de Maupassant, Le Horla, 1887. ne comporte que des constituants obligatoires
8. a. Les différents personnages sont la narra- (groupe sujet et groupe verbal).
trice, la mère et le nouveau jardinier. 8. a. Hans offre un beau livre à sa sœur. – b. Émi-
b. – La narratrice : « je », « me », « te », « nou- lien apprend à piloter son avion radiocom-
velle interlocutrice » ; mandé. – c. J’ai découvert un pays fascinant.
– La mère : « ma mère » ; – d. Tu peux me rendre service. – e. Les soldats
– M. Du Parc : « M. Du Parc », « un gros homme atterrés apprennent la disparition de leur chef. –
en salopette », « le nouveau jardinier », « Le f. Les adolescents doivent manger davantage de
visiteur ». fruits et de légumes.
c. Production libre des élèves. Dans les phrases d et f, les groupes verbaux sont
9. a. Les désignations du loup sont : « Un Loup », constitués d’un verbe semi-auxiliaire suivi d’un
« cet animal plein de rage », « Votre Majesté », groupe infinitif (infinitif et complément de l’in-
« Elle », « cette bête cruelle ». finitif).
b. Ces désignations montrent à la fois la cruauté 9. a. Réouverture de la piscine le 15 mars. –
(« cruelle », « plein de rage ») et sa puissance, b. Fermeture du théâtre à partir du 20 mai. –
puisque l’agneau l’appelle « Votre Majesté » et c. Début des soldes dans la bonne humeur cette
la désigne par la troisième personne du singu- année. – d. Réponse à cette invitation souhaitée
lier en utilisant une majuscule (« Elle ») comme avant le 20 juin. – e. Explosion d’une citerne
marque de déférence. de gaz dans l’entrepôt hier soir. – f. Circulation
c. Exemple : « Dit cet animal sauvage »/« Tu la impossible boulevard Magenta pendant deux
troubles, reprit cette bête traquée ». heures en raison d’un accident.

342   MÉMO GRAMMAIRE


10. a. Un entretien avec le président de la Répu- assez attendu », « Je décide de marcher dans les
blique sera diffusé ce soir à 19 heures. – b. Un rues, au gré de mon inspiration ».
tableau de Picasso a été volé cette nuit au musée 2. Les phrases injonctives sont : « Ne partez
d’Amsterdam. – c. La consommation de médi- pas », « Ne me laissez pas seule », « Restez avec
caments est en hausse en France. – d. Un avis de moi encore une heure ».
tempête a été annoncé sur les côtes bretonnes. 3. Les phrases exclamatives sont  : «  Quelle
– e. La situation est bloquée en raison de l’échec idiote ! », « Qu’elle était étourdie ! », « Tout le
des négociations entre le patronat et les syndi- monde le lui disait, et c’était tout à fait juste ! ».
cats. – f. La réunion a été clôturée à 20 heures.
– g. La qualité des repas à la cantine scolaire s’est 4. a. Type déclaratif/assertif. – b. Type interroga-
améliorée depuis un an. tif. – c. Type exclamatif. – d. Type injonctif.
11. Réponse libre des élèves. 5. a. Interdiction. – b. Ordre. – c. Conseil.
12. a. « chaque semaine » : temps (fréquence) ; 6. a. Marion mange-t-elle à sa faim ? – b. Cet
« à l’hôpital » : lieu. – b. « tous les soirs » : appartement est-il bien isolé du bruit ? – c. Ce
temps (fréquence). – c. « avec impatience » : magasin est-il souvent approvisionné ? – d. Les
manière. – d. « dans le jardin » : lieu. plages de cette station balnéaire sont-elles
propres ?
13. a. « Demain » : dans la seconde phrase, l’ad-
verbe demain est mis en relief par sa place dans 7. a. Je me sens bien/mal. – b. Je ne réponds pas
la phrase et la ponctuation ; l’énonciateur insiste à tes messages parce que je n’ai plus de batte-
rie. – c. Plus tard, je voudrais exercer le métier
sur l’importance du jour : c’est précisément
d’éditeur.
demain qu’il n’ira pas au cinéma, sous-enten-
dant qu’il s’y rendrait peut-être un autre jour. 8. On voit qu’il s’agit de phrases déclaratives par
b. « Pour son anniversaire » : dans la pre- la présence des points finaux et du mode indi-
mière phrase, le groupe nominal pour son catif. À l’oral, l’intonation descendante est un
anniversaire est mis en relief par sa place dans marqueur supplémentaire.
la phrase et la ponctuation ; cette fois, l’énon- 9. On voit qu’il s’agit de phrases interrogatives
ciateur insiste sur l’importance de l’occasion : par la présence de points d’interrogation, de
c’est précisément pour son anniversaire qu’il a mots interrogatifs (« Combien »/« Quand »),
offert un cadeau à sa mère, et il sous-entend d’une inversion du sujet (« Préfères-tu »). Il
que cette occasion a entraîné le choix d’un pré- s’agit d’interrogations totales (a. c.) et partielles
sent particulier.  (b. d.). À l’oral, l’intonation ascendante (mon-
14. Les phrases verbales invitent l’interlocuteur/ tante) est un marqueur supplémentaire.
le lecteur à inventer les situations d’énonciation 10. a. Interrogation totale. – b. Interrogation
et à imaginer l’ambiance.  partielle : « Que ». – c. Interrogation totale. –
Les phrases non verbales posent d’emblée une d. Interrogation partielle : « Pourquoi ».
visée davantage informatrice : elles ont les carac- 11. On voit qu’il s’agit de phrases injonctives à la
téristiques de titres d’articles de presse par la présence de points et de points d’exclamation,
mise en relief du groupe nominal et de l’action aux modes verbaux (impératif : a, b, c, d ; infi-
essentielle, et suscitent un effet d’attente.  nitif : e ; subjonctif : f ; indicatif futur : g), à l’ab-
15. On attend l’observation de l’apport d’infor- sence de sujet lorsque le verbe est à l’impératif
mations qui permettent de rendre l’énoncé plus ou à l’infinitif, et aux injonctions positives (a, c,
riche, et d’amener l’interlocuteur/le lecteur à d, e, f, g) et négative (b). À l’oral, l’intonation des-
des représentations plus précises d’un fait, d’une cendante est un marqueur supplémentaire (non
situation, d’une demande, d’une opinion, etc. pertinente pour la phrase f).
12. On voit qu’il s’agit de phrases exclamatives
9.  Les types de phrases à la présence de points d’exclamation, aux mots
1. Les phrases déclaratives sont : « Ce matin, le introducteurs (« Quelle »/« Comme ») et aux
ciel est bleu », « Le soleil brille », « Nous l’avons adverbes d’intensités (« très »/ « vraiment »).

mémo grammaire  343


13. a. Admiration. – b. Admiration, envie, « Toute leur famille nous a rendu service, toute
jalousie. – c. Colère, indignation, révolte. – leur famille ! ».
d. Impatience, soulagement. – e.  Déception, 5. a. C’est moi qui ai payé cette facture.  – b. C’est
impuissance, colère, indignation. – f. Irritation, lui/elle qui a remporté la course. – c. C’est vous
exaspération. – g. Surprise, stupéfaction, colère. qui avez décidé de partir lundi matin. – d. Ce
– h. Joie, euphorie, soulagement. – i. Surprise, sont elles qui sont les plus ennuyées. – e. C’est toi
joie, bonheur, admiration. – j. Étonnement, qui as commandé ton repas en premier. – f. Ce
incrédulité. – k. Compassion, pitié. sont eux qui sont les plus méritants. – g. C’est lui
14. a. Combien coûte ce croissant aux amandes ? qui est le plus soigneux. – h. C’est elle qui est la
– b. À quelle date Lise aura-t-elle trois ans ? plus étourdie. – i. C’est moi/toi qui dois faire les
– c. Qui Annabelle va-t-elle voir ? – d. À quel courses samedi. – j. C’est moi/lui/elle qui pro-
endroit aura lieu la réunion ? – e. Par qui/Par mène le chien tous les soirs.
quelles personnes Fayçal sera-t-il accompa- 6. a. Forme passive. – b. Forme impersonnelle.
gné ? – f. Pour quelle raison a-t-il pu choisir son – c. Forme passive. – d. Forme emphatique. –
poste ? – g. De quelle façon la secrétaire médi- e. Forme passive. – f. Forme emphatique.
cale répond-elle au patient énervé ? – h. À quelle
heure s’est-il produit un grave accident sur l’au- 7. a. Négative, déclarative et personnelle. –
toroute ? – i. Dans quel état d’esprit Raphaëlle b. Positive, déclarative et personnelle. – c. Néga-
continue-t-elle à jouer au football ? – j. Dans tive, interrogative et personnelle. – d. Positive,
quelle ambiance la fête s’est-elle poursuivie ? – déclarative et personnelle. – e. Positive, excla-
k. Pour quelle raison Guillaume ne peut-il pas mative et emphatique (« très »). – f. Positive,
donner son sang ? – l. Quand s’installeront-ils injonctive et personnelle.
en Corse ? – m. Quel type d’intervention a 8. Les transformations effectuées sont : le COD
subi Anthony ? – n. À quel endroit neigera-t-il devient sujet de la phrase, le sujet devient com-
demain ? – o. Qui voudrait devenir pharma- plément d’agent, et il y a des révisions stylis-
cienne ? – p. À quelle allure conduisait-il ? tiques (phrase c).
a. Le public des Hauts-de-France est apprécié par
10.  Les formes de phrases ce chanteur. – b. Les derniers réglages sont effec-
1. Les formes passives sont : « Le sujet est pré- tués par l’ingénieur du son. – c. Ses/Les chan-
senté aux élèves », « leurs travaux seront expo- sons sont toujours interprétées par cet/l’artiste
sés au CDI ». avec la même passion. – d. À la fin du concert,
2. Les formes impersonnelles sont soulignées, et plusieurs admirateurs sont reçus par la star.
les verbes impersonnels sont en italiques. 9. Les transformations effectuées sont : le sujet
Il fait très frais ce matin. Il a encore gelé, et nous devient COD de la phrase, le complément
devons continuer à bien nous couvrir pour sor- d’agent devient sujet et il y a des révisions stylis-
tir. Il suffit de faire attention, et de ne pas se tiques (phrases a et b).
croire trop vite en été. Il s’agit de rester en forme a. La critique a loué ce film à sa/la sortie. – b. Le
jusqu’aux prochaines vacances ! grand public l’apprécie également beaucoup. –
3. Les sujets sont soulignés et les compléments c. Ce grand compositeur en a créé la musique.
d’agent sont en gras. – d. Cette œuvre nous plonge au cœur d’une
a. Mon chat a été heurté par une voiture. – b. Cette grande une aventure romantique.
fête a été préparée minutieusement.  – c. Nous 10. a. Reprise d’un élément antérieur. – b. Mise
sommes choqués par ton attitude.  – d. Hasna en relief d’un élément : propos. – c. Accentua-
a été félicitée par ses parents. – e. L’enfant a été tion de l’adverbe. – d. Répétition. – e. Mise en
sauvé de la noyade par un adolescent. relief d’un élément : thème. – f. Reprise d’un élé-
4. Les formes emphatiques sont : « Nos voisins ment alors placé en position antérieure, on parle
sont vraiment sympathiques ! », « Ce sont eux alors de phrase disloquée. – g. Mise en relief d’un
qui nous ont aidés à transporter nos meubles », élément : propos

344   MÉMO GRAMMAIRE


11. a. Verbe impersonnel : « Il s’agit ». – b. Verbe – e. Nous achèterons une maison en Provence
impersonnel : « Il … pleut ». – c. Construction lorsque nous aurons vendu notre apparte-
impersonnelle : « Il est arrivé ». – d. Construc- ment.
tion impersonnelle : « Il tombe ». – e. Construc- 6. a. « Lorsque tu viendras à Paris et que tu
tion impersonnelle  : « Il est indispensable pourras lui consacrer une demi-journée » : pro-
de » se détendre. – f. Verbe impersonnel : « Il positions subordonnées reliées par la conjonc-
convient ». – g. Verbe impersonnel : « Il vau- tion de coordination « et ». – b. « Quand tu
drait ». – h. Construction impersonnelle : « Il ne comprends pas un exercice et que tu te sens
est arrivé ». perdu » : propositions subordonnées reliées par
12. a. Il ne vient pas nous rendre visite. – b. Il ne la conjonction de coordination « et ».
vient jamais nous rendre visite. – c. Il ne vient 7. a. Complément de verbe. – b. Complément
pas souvent nous rendre visite. – d. Il ne vient de phrase. – c. Complément de nom. – d. Com-
pas non plus nous rendre visite. – e. Il ne nous plément de verbe. – e. Complément de nom.
apporte ni des légumes ni des fruits de son jar- 8. a. Proposition subordonnée conjonctive. –
din. – f. Nous ne l’apprécions guère. b. Proposition subordonnée relative. – c. Pro-
13. a. Nous nous rencontrons toujours en ville. – position subordonnée relative. – d. Proposition
b. Nous allons souvent au cinéma. – c. Nous subordonnée conjonctive.
pratiquons le même sport. – d. Nous avons très 9. a. Les phrases simples sont en gras et les
envie de nous revoir. phrases complexes sont soulignées.
14. a. Admiration. – b. Déception, sympathie. – C’était une de ces jolies et charmantes filles,
c. Colère, indignation, impatience. – d. Enthou- nées, comme par une erreur du destin, dans
siasme, reconnaissance. – e. Surprise, colère, une famille d’employés. Elle n’avait pas de dot,
indignation. pas d’espérances, aucun moyen d’être connue,
comprise, aimée, épousée par un homme riche
11.  L
 e fonctionnement de la phrase et distingué ; et elle se laissa marier avec un
complexe petit commis du ministère de l’instruction
1. a. Simples. – b. Complexe : composée de plu- publique. […] Elle souffrait sans cesse, se sen-
sieurs phrases. – c. Complexe : composée de tant née pour toutes les délicatesses et tous
plusieurs phrases. les luxes. Elle souffrait de la pauvreté de son
2. a. Indépendantes (on peut les séparer). – logement, de la misère des murs, de l’usure des
b. Indépendantes (elles sont coordonnées, mais sièges, de la laideur des étoffes.
Guy de Maupassant La Parure et autres nouvelles, 1884.
on peut les séparer). – c. La proposition en ita-
lique dépend de la seconde proposition (on ne b. – « riche et distingué » : la conjonction de
peut pas l’en séparer). coordination soulignée relie deux adjectifs qua-
3. a. « et ». – b. « car ». – c. « donc ». – lificatifs.
d. « mais ». – « Elle n’avait pas de dot, pas d’espérances,
aucun moyen d’être connue, comprise, aimée,
4. a. Coordonnées par « et », conjonction épousée par un homme riche et distingué ; et elle
de coordination. – b. Juxtaposées (virgule). – se laissa marier avec un petit commis du minis-
c. Coordonnées par « aussi », adverbe de liaison tère de l’Instruction publique. » : la conjonction
(combiné à l’emploi de la virgule). de coordination soulignée relie les deux phrases
5. Les propositions principales sont soulignées et (ou propositions).
les propositions subordonnées sont en gras. – « pour toutes les délicatesses et tous les
a. Nous passons souvent nos vacances en Bre- luxes » : la conjonction de coordination souli-
tagne, parce que les paysages y sont superbes. – gnée relie deux groupes nominaux.
b. Quand nous le pourrons, nous visiterons c. Les virgules ne juxtaposent pas des proposi-
le Cantal. – c. Je me demande pourquoi tu es tions subordonnées mais des participes passés
si inquiète. – d. Je veux savoir qui t’a appelée. utilisés comme adjectifs et attributs du sujet

mémo grammaire  345


(«  connue, comprise, aimée, épousée  ») et exprime aussi une opposition injuste entre les
des groupes nominaux compléments de verbe deux actions. – g. Oui : « comme » peut être
(« de la pauvreté de son logement, de la misère paraphrasé par « au moment où » (expression
des murs, de l’usure des sièges, de la laideur des d’une simultanéité). S’y ajoute une nuance d’op-
étoffes ») ; l’accumulation ainsi créée permet position (« Karima entrait »/« son amie […]
d’enrichir la description du personnage et de sortait »). – h. Non : expression de la cause.
son environnement. 2. a. Au moment où la sonnerie retentit, les
10. a. Je ne peux pas t’aider, parce que tu ne me élèves rangent leurs affaires. – b. Les touristes
dis pas pourquoi tu es contrarié. quittent la plage quand le soleil se couche. –
b. Lorsque Cédric a confié à Armance ce qu’il c. En attendant qu’il ait un meilleur travail, il
éprouvait pour elle, il s’est tout de suite senti fait la plonge. – d. Il faudra leur faire signer ces
soulagé. papiers, avant qu’ils ne partent. – e. Dès que les
11. a. Expression de la cause : Je monte me premières gouttes tombèrent, elle avait sorti son
coucher, car il est tard/Expression de la consé- parapluie pour ne pas abîmer sa coiffure.
quence : Il est tard donc je monte me coucher. – 3. a. Cause. – b. Cause. – c. Conséquence. –
b. Expression de la cause : Je suis contente car d. Cause. – e. Conséquence.
j’ai une nouvelle amie/Expression de la consé- 4. a. La magicienne rivalisa tant d’adresse qu’elle
quence : J’ai une nouvelle amie donc je suis suscita le plus grand plaisir des spectateurs. –
contente. – c. Expression de la cause : Tu ne m’as b. Il s’est alité, puisque le chagrin l’accablait.  –
pas attendue car tu es trop impatient /Expres- c. Il s’est fait arrêter parce qu’il était en était
sion de la conséquence : Tu es trop impatient d’ébriété avancée. – d. L’arbre a grandi de telle
donc tu ne m’as pas attendue. sorte qu’il a menacé la toiture. – e. Florian nous
12. a. Expression de la cause par la conjonc- a tellement gavés de pâtisseries que nous en
tion de coordination « car » : Ce restaurant est sommes écœurés.
très apprécié, il propose des plats savoureux. – 5. a. … dès qu’il a aperçu la voiture verte de son
b. Expression de la cause par la conjonction de maître. – b. … quand l’équipe perdante est sor-
coordination « donc » : La Tour Eiffel est l’un tie du stade. – c. … quand il pleut aux heures de
des monuments les plus visités au monde, il faut pointe. – d. … dès qu’on leur lit des histoires. –
réserver la visite. – c. Expression de la cause par e. … quand on leur fait confiance.
la conjonction de coordination « car » : Il est
6. a. Postériorité. – b. Simultanéité. – c. Antério-
important de préserver la nature, l’avenir de la
rité. – d. Simultanéité. – e. Postériorité.
planète est en jeu.
7. Productions libres des élèves.
13. Productions libres des élèves.
8. a. «  qu’il ne fasse trop noir ». – b. « qu’il a
12.  L es propositions subordonnées eu ». – c. « qu’elle puisse. – d. « qu’elle a ter-
circonstancielles de temps, miné ». – e. « qu’il soit ».
de cause et de conséquence 9. a. « puissent » : subjonctif car la réduction
1. a. Oui : « tant que ». L’action de la propo- est envisagée. – b. « a emporté » : indicatif car
sition principale dépend de la durée indiquée la conséquence du raz-de-marée est effective. –
dans la proposition subordonnée. – b. Non : c. « revienne » : subjonctif car le retour rapide du
proposition subordonnée de conséquence.  – calme est montré comme illusoire ; action non
c. Oui : « quand ». Indication d’une durée.  – réalisée. – d. « ne se plaigne » : le subjonctif sert
d. Non : proposition subordonnée de concession à exprimer le but recherché. – e. « se sentent » :
(quand bien même, « même si »). – e. Oui : subjonctif car expression du but recherché.
les deux actions sont simultanées. On peut 10. – « que c’est une pure merveille » : indicatif,
aussi distinguer une nuance d’opposition entre action réalisée.
l’immobilité des vaches et le passage du train. – – « que c’est une merveille à voir » : indicatif,
f. Oui : actions simultanées, « tandis que » conséquence réalisée.

346   MÉMO GRAMMAIRE


– « qu’il n’est homme au monde qui sût le après-midi de façon à éviter la foule des consom-
concevoir mieux » : subjonctif car la consé- mateurs. – c. Il est préférable de circuler en ville
quence est envisagée (on peut remplacer le sub- à vélo pour éviter les embouteillages. – d. Il s’es
jonctif imparfait par un conditionnel). acheté une très grosse berline aux vitres teintées
– « qu’elles brillent comme du cristal » : indica- afin que tout le monde le regarde. – e. Les can-
tif, conséquence effective, action réalisée. didats sont invités à prendre la parole afin qu’ils
– « tant que le palais brille très loin alentour » : puissent clarifier leurs programmes politiques.
indicatif, conséquence effective, action réalisée. 7. a. « Si vous osez lui demander » : subor-
donnée de condition/« si elle vous accorde
13.  L es propositions subordonnées
une augmentation  » : subordonnée interro-
circonstancielles de but, de
gative indirecte. – b. Subordonnée de condi-
concession et d’hypothèse
tion. – c. « Si vous vous trouvez dans la rue à ce
1. a. « afin que je sache au moins comme elle moment-là » : subordonnée de condition/« si
se porte ». – b. « Pour que tout soit prêt à vous êtes d’accord pour signer la pétition » :
temps ». – c. « de crainte que ses enfants ne subordonnée interrogative indirecte. – d. « si
jouent avec le feu ». – d. « pour que quelqu’un elle acceptera le poste » : subordonnée interro-
prenne la parole ». gative indirecte/« s’il devient libre »: subordon-
2. a. « Si la moisson n’a pas encore été faite » : née de condition.
condition/« bien que l’été soit sur sa fin » : 8. a. … si toutes les conditions de sécurité sont
concession. – b. « Alors que les Bleus avaient
remplies. – b. … si l’humanité n’agissait pas de
trois points d’avance à la mi-temps » : conces-
façon absurde. – c. … si vous donniez du sens
sion. – c. « Quand bien même tu aurais des
à ce que vous apprenez. – d. … s’il ne pleut
arguments » : concession. – d. « Au cas où vous
pas trop au printemps. – e. … si son inventeur
passeriez nous voir » : condition. – e. « Si vous
en avez vraiment envie », « pour peu que vous n’avait pas débordé d’imagination.
vous en donniez la peine » : condition. – f. « Si 9. a. « seraient ». – b. « veux ». – c. « avaient ». –
pauvre qu’elle soit » : concession/« s’il le fait d. « j’aurais obtenu ». – e. « il aurait rencontré ».
avec politesse » : condition. 10. a. Irréel du passé : l’hypothèse, au passé, est
3. a. Bien qu’elle soit malade, Melissa continue rejetée comme fausse. – b. Potentiel : l’hypo-
de travailler. – b. Ces élèves savent ne pas se thèse peut se réaliser (il est possible de moins
décourager alors qu’ils ont des résultats déce- regarder la télévision). – c. Irréel du présent :
vants. – c. Bien que Sébastien dise vrai, personne l’hypothèse est présentée comme fausse. –
ne le croit. – d. Même si elle n’a pas de talent ; elle d. Potentiel : l’hypothèse peut se réaliser.
est passée à la télévision. – e. Quoique cela soit
contraire au choix de la plupart des gens, j’aime 14.  Le groupe nominal
passer mes vacances d’été dans les pays du Nord. 1. • Usage :
4. a. « soit ». – b. « gagne ». – c. « soient ». – – les noms propres : « Paul » (b), « Paris » (d),
d. « n’ait ». – e. « puisse ». « New York » (h), « Pilat » (i) ;
5. a. … alors qu’elle a commencé à en jouer à – les noms communs : « robinet » (a), « plom-
quinze ans. – b. Bien qu’il ait plu et alors même bier » (a), « forêt » (b), « cabane » (b), « prome-
que tout le monde prédisait le contraire, … – neurs » (c), « pattes » (c), « champignons » (c),
c. Même si la météo prévoit des températures gla- « ville » (d), « prix » (d), « viande » (d), « famille »
ciales aujourd’hui, … – d. Bien que tout le monde (e), « eau » (e), « joie » (f), « miroir » (f), « boîtes
le dise peureux, … – e. Même s’il a joué pendant de conserve » (g), « repas » (g), « nutrition-
dix ans dans différentes équipes étrangères, … nistes » (g), « individu » (h), « méfiance » (h),
6. a. Victoire a éteint le téléviseur pour que Victo- « voisins » (i), « dune » (i), « océan » (i), « bon-
rine puisse écouter sa musique tranquillement. – heur » (i), « cambrioleur » (j), « délit » (j), « vol »
b. Robin ne fait jamais ses courses le samedi (j), « appartement » (j).

mémo grammaire  347


• Sens : 3. a. Ascensionnel : un parachute ascensionnel,
– les noms animés : « plombier », « Paul », adjectif de relation. – b. Récent : un sondage
« promeneurs », « pattes », « famille », « nutri- récent, adjectif qualificatif. – c. Administratif :
tionnistes », « individu », « voisins », « cam- un document administratif, adjectif de rela-
brioleur » ; tion. – d. Léger : un cartable léger, adjectif qua-
– les noms non animés : « robinet », « forêt », lificatif.  – e. Scolaire : un livre scolaire, adjectif
« cabane », « champignons », « Paris », « ville », de relation. – f. Silencieux : une ville silencieuse,
« prix », « viande », « eau », « joie », « miroir », adjectif qualificatif.  – g. Matrimonial : un contrat
« boîtes de conserve », « repas », « New York », matrimonial, adjectif de relation. – h. Maritime :
« méfiance », « dune », « Pilat », « océan », un espace maritime, adjectif de relation.
« bonheur », « délit », « vol », « appartement » ; 4. a. « Tous les élèves ». – b. « Nul habi-
– les noms concrets : « robinet », « plom- tant ». – c. « chaque touriste ». – d. « Plusieurs
bier », « Paul », « forêt », « cabane », « prome- randonneurs ». – e. « Toutes les candidates ». –
neurs », « pattes », « champignons », « Paris », f. « Quelques jeunes filles ». – g. « Aucun voi-
« ville », « prix », « viande », « famille », « eau », sin ». – h. « Certains voyageurs ». – i. « une
« miroir », « boîtes de conserve », « repas », autre joueuse ». – j. « Tel homme ».
« nutritionnistes », « New York », « individu », 5. a. C’est un mauvais garçon (méchant) Il a
« voisins », « dune », « Pilat », « océan », « cam- une mauvaise haleine (fétide). – b. Il est un
brioleur », « délit », « vol », « appartement » ; bon médecin (compétent) C’est un médecin
– les noms abstraits : « joie », « méfiance », bon (dévoué). – c. Il se rend chez un petit com-
« bonheur » ; merçant (un petit magasin) C’est un commer-
– les noms comptables : « robinet », « plom- çant petit (de petite taille). – d. C’est un haut
bier », « forêt », « cabane », « promeneurs », lieu de la résistance (réputé) C’est un lieu haut
« pattes », « champignons », « ville », « prix », (élevé). – e. Il est un grand homme (illustre) Il est
« famille », « miroir », « boîtes de conserve », un homme grand (de grande taille). – f. Il est un
« repas », « nutritionnistes », « individu », brave homme (honnête) Il est un homme brave
« voisins », « dune », « océan », « cambrio- (courageux).
leur », « délit », « vol », « appartement » ; 6. a. Votre père me parle de la grave maladie de
– les noms non comptables : « Paul », « Paris », votre fille. – b. L’ensemble des élèves a été surpris
« viande », « eau », « joie », « New York », par la maladresse de cette réponse. – c. Nous
« méfiance », « Pilat », « bonheur ». avons été amusés par la drôlerie du costume de
2. a. « Cette » : déterminant démonstratif. – Chaplin. – d. Pierre rougit sans arrêt du fait de
b. « Les » : article défini/« une » : article sa grande timidité. – e. L’eau de cette baie a une
indéfini. – c. « Quelle » : déterminant excla- telle clarté qu’elle donne envie de s’y baigner. –
matif/« Du » : article partitif/« les » : article f. Je vous suis reconnaissant de la persévérance
défini/« la » : article défini. – d. « Ces » : déter- de vos efforts. – g. La famille a été surprise par
minant démonstratif/« un » : article indé- l’étrangeté de cet accueil. – h. La réunion a duré
fini/« la » : article défini. – e. « Un » : article plus longtemps que prévu : ils ont beaucoup
indéfini/« la » : article défini/« ses » : détermi- discuté de l’importance ou non de ce point. –
nant possessif/«cent dix » : déterminants numé- i. Ils hésitent avant de sortir : ils s’interrogent sur
raux cardinaux. – f. « Certains » : déterminant l’utilité ou non de prendre le parapluie. – j. Lors
indéfini/« le » : article défini. – g. « Quel » : du procès, le témoin qui a déposé sous serment
déterminant démonstratif/« la » : article défini. – n’a pas montré une grande sérénité.
h. « La », « la » : articles définis. – i. « L’ », « la »: 7. « Les fenêtres » : article défini qui désigne
articles définis/« Chaque » : déterminant indé- l’ensemble des fenêtres/« la chambre de der-
fini/« sa » : déterminant possessif. – j. « Deux » : rière » : article défini qui désigne l’unique
déterminant numéral cardinal/« une » : article chambre/« Une porte de communica-
indéfini/« la » : article défini. tion » : article indéfini qui désigne la première

348   MÉMO GRAMMAIRE


mention de cette porte/« La porte » : article 3. a. « de l’espace ». – b. « du fleuve ». – c. « de
défini qui désigne l’unique porte/« la chambre la semaine ». – d. « de cheval ». – e. « de l’équa-
du devant » : article défini qui désigne l’unique teur ».
chambre du devant/« au corridor » : article 4. a. « à feuillage caduc ». – b. « de l’Académie
défini contracté qui désigne le seul corridor/« la française ». – c. « écossais ». – d. « victorieuse ». –
clef en dedans » : article défini parce que le e. « de retraite ».
narrateur a déjà parlé de la clef/« une petite 5. a. Mesquin/pas grand. – b. Amusante/étrange. –
pièce » : article indéfini qui désigne la première c. Précédente/historique. – d. Qui fouine/étrange.
mention de cette porte/« le devant » : article – e. Fort/religieux.
défini qui désigne une partie de la maison déjà
évoquée/« de la maison » : article défini qui 6. a. La pollution de Paris/la pollution qui
désigne le lieu déjà évoqué/« l’entrée » : article recouvre Paris/la pollution parisienne nuit au
tourisme. – b. L’amitié de ces frères/l’amitié fra-
défini qui désigne une unique entrée/« du cor-
ternelle/l’amitié qui lie ces frères est digne d’un
ridor » : article défini contracté qui désigne un
roman. – c. Le chômage de masse/le chômage
lieu déjà mentionné/« la porte entrebâillée » :
massif/le chômage qui touche des masses est un
article défini qui désigne l’unique porte/« cette
sérieux problème. – d. Le cinéma d’Hollywood/
pièce » : pas d’article/« vieux bois de lits, de
le cinéma hollywoodien/le cinéma qui est fait à
malles » : pas d’article/« tous ces objets » :
Hollywood est de qualité variable. – e. Le sport
pas d’article/« un pouce » : article indéfini qui de l’Australie/le sport australien/le sport qui est
désigne une mesure/« d’une partie quelconque pratiqué en Australie est très différent de celui
de la maison qui n’ait été soigneusement du vieux continent.
visité » : article indéfini qui désigne une partie
d’un tout/« de la maison » : article défini qui 7. a. « que ». – b. « de qui ». – c. « dont ». –
désigne un lieu déjà évoqué/« Des ramoneurs » : d. « où ». – e. « où ».
article indéfini qui désigne des personnages qui 8. Réponse libre des élèves.
apparaissent pour la première fois/« dans les 9. a. « as » s’accorde avec le pronom relatif
cheminées » : article défini qui désigne l’en- « qui » dont l’antécédent est « toi » (deuxième
semble des cheminées/« La maison » : article personne du singulier). – b. « plaît » s’accorde
défini qui désigne un lieu déjà évoqué/« quatre avec le pronom relatif « qui » dont l’antécé-
étages » : pas d’article/« avec des mansardes » : dent est « un livre » (troisième personne du
article indéfini qui désigne des ouvertures qui singulier).  – c. « avez été » s’accorde avec le
apparaissent pour la première fois. pronom relatif « qui » dont l’antécédent est
8. « le plus honnête homme et le plus vertueux « vous » (deuxième personne du pluriel).  –
de son siècle » : superlatif de supériorité/« la d. « poussent » s’accorde avec le pronom
plus grande réputation » : superlatif de supério- relatif « qui » dont l’antécédent est « les cham-
rité/« du plus savant homme » : comparatif de pignons » (troisième personne du pluriel).  –
supériorité/« le plus simple, le plus vrai et le plus e. « appartiennent » s’accorde avec le pronom
modeste » : superlatif de supériorité/« homme relatif «  qui » dont l’antécédent est «  des
plus doux, plus compatissant, plus obligeant » : chiens » (troisième personne du pluriel).
comparatif de supériorité/« plus avare » : com- 10. a. « soit ». – b. « puisse ». – c. « convienne ». –
paratif de supériorité. d. « ait marché ». – e. « vive ».
11. a. « lesquelles ». – b. « auxquels ». – c. « des-
15.  L’expansion du nom quelles ». – d. « lesquels ». – e. « laquelle ».
1. a. « fâchée ». – b. « bleu clair ». – c. « orange ». – 12. Production libre des élèves.
d. « inconscients ». – e. « Pâles, hâves, déchar-
nées ». 16.  Les caractéristiques du verbe
2. a. « tropicaux ». – b. « américains ». – c. « car- 1. a. Transitif direct. – b. Transitif direct. – c. Intran-
diaque ». – d. « hippiques ». – e. « dominicale ». sitif. – d. Transitif direct. – e. Intransitif. – f. Transitif

mémo grammaire  349


direct. – g. Transitif direct. – h. Intransitif. – i. Tran- 8. a. Elle cherche son foulard/Elle se cherche
sitif indirect. – j. Transitif direct. depuis des années. – b. Il plie le linge/Il se plie
2. Verbes attributifs  : «  est devenu  » (c), à toutes ses demandes. – c. Il a dépêché un
« reste » (h), « apparut » (j)/Verbes intransitifs : ambassadeur auprès des nouvelles autorités
« est partie » (b), « tournoyaient » (e), « Tais- de ce pays/Il se dépêche de rentrer chez lui. –
toi » (f), « dort » (f)/Verbes transitifs : directs : d. Nous accordons une grande importance à
« a offert » (a), « jetèrent » (d), « a abusés » l’orthographe/Nous nous accordons sur un
(g), « croyais » (g), « a traversé » (i) ; indirects : point, l’orthographe. – e. Ils posent leurs affaires
« parlait à » (i). partout/Ils se posent beaucoup de questions.
3. a. Il tient à son confort/Il tient son chapeau à 9. a. On a retrouvé toutes ses affaires dans une
la main. poubelle. – b. Le courant a emporté la nageuse
b. Elle arrête de crier/La police arrête le suspect. mais elle a réussi à revenir sur la plage. – c. Sa
c. Elle rompt le pain/Elle a rompu avec lui. venue si tardive nous a surpris. – d. On vous
d. Nous avons veillé à soigner son arrivée/Elle l’a aura applaudi pendant un quart d’heure : quel
veillé toute la nuit. succès ! – e. On avait bâti ces usines pendant la
e. Nous montons tous les deux ce cheval/Elle révolution industrielle. – f. Les éditeurs publie-
monta rapidement à l’étage. ront les ouvrages de référence à la rentrée. –
f. Elle tomba au sol/Tu tombes bien, toi ! g. Dès que le responsable eut allumé toutes les
4. a. Voix active. – b. Voix active. – c. Voix bougies, on le fit entrer les yeux clos. – h. Un
active.  – d. Voix passive. – e. Voix passive. – architecte a entièrement repensé la maison. –
f. Voix active. – g. Voix passive. – h. Voix passive. i. On l’écoute avec attention. – j. Par la fenêtre,
5. a. passé simple de l’indicatif. – b. passé com- Victor comprit qu’on ne l’avait pas prévenue.
posé de l’indicatif. – c. conditionnel passé de
l’indicatif. – d. passé composé du subjonctif.  – 17.  Les principaux modes et temps
e. infinitif présent. – f. présent de l’indicatif.  – 1. « Pars » : impératif – « pleurant » : participe
g. passé simple de l’indicatif. – h. plus-que-parfait présent – « voyait » : indicatif – « fassent » :
de l’indicatif. subjonctif.
6. – Sens réfléchi : « se fraya » (a), « se sont 2. a. Nous lancions. – b. Elles eurent su. – c. Nous
révoltés » (c), « me découvre » (f), « nous occu- aurions vu. – d. Nous tenions. – e. Ils aient mis. –
pons » (g), « s’approchaient » (i), « te dis » (j). f. Tu veuilles. – g. Sachez. – h. Va. – i. Sois.
– Sens réciproque : « se sont succédé » (b), « se 3. a. Ordre. – b. Conseil. – c. Prière. – d. Ordre.
reconnurent » (e). – e. Conseil.
– Sens passif : « se referma » (d).
4. Procès dans le présent : a, j – Procès dans le
7. a. Un chèque-cadeau pour son départ à la passé : b, c, e, g, h, i – Procès dans le futur : d, f.
retraite lui a été offert par son équipe. – b. Ses
amis d’enfance ont été reconnus (par lui) dès son 5. « nous sommes retrouvés » : indicatif –
entrée dans la pièce. – c. Son arrestation lui a été « appellent » : subjonctif – « en criant » : géron-
signifiée par les autorités du pays. – d. Sa propo- dif – « ait menés » : subjonctif – « voyions » :
sition aura été refusée. – e. Il est apprécié par ses subjonctif – « étions quittés » : indicatif.
collègues pour son grand sens du devoir. – f. Ses 6. Erratum : Dans certaines versions du manuel,
bagages avaient été pris par le touriste. – g. Dans les verbes sont inversés. Voici la bonne disposi-
la mythologie romaine, les jumeaux auraient été tion : d. Elles firent – e. Nous vînmes – f. Vous
sauvés de la noyade par une louve. – h. Au prin- voyiez – g. Nous vécûmes – h. Il court.
temps, les variations climatiques sont surveil- a. Indicatif conditionnel présent. – b. Impératif
lées par les maraîchers. – i. Les cyclistes étaient passé. – c. Indicatif passé simple. – d. Indicatif
encouragés par la foule. – j. Les criminels ont été passé simple. – e. Indicatif passé simple. – f. Indi-
arrêtés. catif imparfait/subjonctif présent. – g. Indicatif

350   MÉMO GRAMMAIRE


passé antérieur. – h. Indicatif présent. – i. Indicatif c. « arrive », « s’installe », « attend » : présent
futur. – j. Indicatif imparfait/subjonctif présent. de narration. – d. « vient » : présent à valeur de
7. a. Souhait/volonté. – b. Volonté. – c. Sou- passé proche. – e. « apprend » : présent de vérité
hait. –d. Volonté. – e. Appréciation/volonté. générale. – f. « souviens » : présent d’énoncia-
tion. – g. « ont » : présent de vérité générale. –
8. a. Actif, subjonctif présent. – b. Passif, indi-
h. « déteste » : présent d’énonciation.
catif conditionnel passé. – c. Actif, indicatif
conditionnel présent. – d. Actif, subjonctif 4. a. Habitude. – b. Arrière-plan. – c. Description.
passé.  – e. Actif, subjonctif présent. – f. Actif, – d. Arrière-plan/description. – e. Répétition. –
subjonctif présent. – g. Actif, indicatif plus- f. Politesse. – g. Arrière-plan puis description. –
que-parfait. – h. Passif, indicatif passé simple. – h. Arrière-plan. – i. Hypothèse.
i. Actif, indicatif conditionnel présent. – j. Passif, 5. a. Non accompli, non borné. – b. Non accom-
indicatif conditionnel présent. pli, non borné. – c. Accompli, borné. – d. Non
9. Antériorité : a, b, d, e, g. – Simultanéité : h. – accompli, non borné. – e. Non accompli, non
Postérité : c, f. borné. – f. Accompli, borné. – g. Non accompli,
non borné. – h. Accompli, borné. – i. Borné. –
10. a. Doute. – b. Cause niée. – c. Conséquence. – j. Accompli.
d. Concession. – e. Construction superlative.
6. Les verbes à changer sont les suivants : « se
11. a. Elle dise. – b. Elle fut écrite. – c. Elle eut trouvait », « dominait », « leva », « s’assit »,
cuit. – d. Vous fassiez. – e. Nous irions. – f. Tu « devait », « se mit », « se leva », « prit », « com-
viennes. – g. Veuillez. – h. Elle rend. – i. Tu ries. – mença », « menait », « avait cédé », « venait »,
j. Il se soit tu. – k. Vous serez vu(s). « déboucha », « paissaient », « regarda », « vit »,
« reprenait », « entendit ».
18.  Les valeurs et les aspects des temps
7. Les verbes à changer sont les suivants : « se
1. a. Futur antérieur de l’indicatif, accompli. – réfugia », « se trouvait », « tombait », « sem-
b. Présent de l’indicatif, non accompli. – c. Passé blait », « se demandait/se demanda », « pour-
composé de l’indicatif, accompli. – d. Passé rait », « attendit », « cessait », « vit », « se
simple de l’indicatif, accompli. – e. Plus-que- trouvait », « jugea », « sourit », « se dit »,
parfait de l’indicatif, accompli. – f. Passé anté- « tuait », « regardait », « sourit », « avait »,
rieur de l’indicatif, accompli. – g. Imparfait de « s’approchait », « reconnut », « sourit »,
l’indicatif, accompli. – h. Présent de l’indica- « connaissait ».
tif, non accompli. – i. Futur de l’indicatif, non
accompli. – j. Conditionnel présent de l’indica- 19.  L es fonctions dans la phrase : le
tif, accompli. groupe sujet et l’attribut du sujet
2. a. « lisait » : imparfait de l’indicatif, non 1. a. C’est Emma qui aimait manger les tartes au
borné/« claqua », « sursauta » : passé simple citron de sa grand-mère. – b. Dans les premières
de l’indicatif, borné. – b. « demande » : pré- semaines de leur vie, c’est grandir qui sera leur
sent de l’indicatif, non borné/« réussira » : première occupation. – c. Dans une ruelle, c’est
futur de l’indicatif, borné. – c. Futur de l’indi- lui qui se fit détrousser par un voleur. – d. Ce
catif, borné.  – d. « dînait » : imparfait de l’in- sont les aventures de Tintin qui ont été imagi-
dicatif, non borné/« arriva » : passé simple de nées par Hergé. – e. C’est un groupe d’amis qui
l’indicatif, borné. – e. « furent », « eurent » : retrouva dans la cour de l’immeuble un homme
passé simple de l’indicatif, borné. – f. « était blessé. – f. C’est une girouette qui était perchée
assise » : plus-que-parfait de l’indicatif, non sur le moulin.
borné/« approcha » : passé simple de l’indica- 2. a. « les chats et les chiens » : groupe nomi-
tif, borné. – g. « a reconnu » : passé composé nal.  – b. « elles » : pronom personnel. – c. « le
de l’indicatif, borné. beau papillon blanc » : groupe nominal. – d. « La
3. a. « est » : présent d’énonciation.  – journée qui leur a semblé interminable » : groupe
b. « annonce » : présent de vérité générale.  – nominal. – e. « des enfants grands et petits » :

mémo grammaire  351


groupe nominal. – f. « La chienne des voisins » : – « contents et joyeux » : complément de verbe
groupe nominal. – g. « Il » : pronom personnel. – « la » : complément de verbe – « la raison de
3. a. « Marie et Cécilia mangent ». – b. « Les sa peine » : complément de verbe – « entre ses
vacances approchent ». – c. « Le chien bondit, mains » : complément de phrase – « toutes ses
aboie et court »/« il est ». – d. « Vous dormez ». – économies, sept sous » : complément de verbe –
e. « arrive-t-elle ». – f. « C’est ».  – g. « Morgane « qu’ » : complément de verbe – « en essuyant
et Louis mettent ». – h. « Lise attend ». – i. « qui ses larmes » : complément de phrase – « l’au-
marchent ». – j. « Nous partons ». dace de l’embrasser » : complément de verbe –
« l’ » : complément de verbe – « sa monnaie » :
4. a. Non. – b. Oui, présence d’un verbe d’état. –
complément de verbe – « Ne se voyant ni
c. Oui, attribut du sujet qui donne une caractéris-
repoussée, ni battue » : complément de phrase
tique du groupe sujet. – d. Non. – e. Non. – f. Oui, – « l’ » : complément de verbe – « à pleins bras,
présence d’un verbe d’état.  – g. Non. à plein cœur » : complément de phrase.
5. a. Les hirondelles sont de jolis oiseaux. – 3. a. « tous les matins ». – b. « en soupirant ». –
b. Par temps de pluie, ta sœur paraît agitée. – c. « avec violence ». – d. « abondamment ». –
c. Les routes semblent très glissantes. – d. Les e. « dans son lit ».  – f. « demain ».  – g. « dans
parcs d’attraction demeurent ouverts toute la le zoo ». – h. « brutalement ». – i. « par souci
nuit.  – e. Ces handballeuses passent pour les d’efficacité ».
plus douées de leur génération. – f. Ces clientes
paraissent satisfaites de leurs vacances. – g. Les 4. a. « l’hymne de leur équipe ». – b. « à son
voisines sont des femmes affables. retour ». – c. « des conseils à ses amies ». –
d. « les propositions faites ». – e. « de l’inci-
6. a. « difficiles »/« faciles ». – b. « un repor- visme ». – f. « de nombreux touristes ». – g. «
ter ». – c. « elle ». – d. « affecté ». leurs permis ». – h. « sur ses patients ». – i. «
7. a. « Les vols ». – b. « Elles ». – c. « Cou- leurs clés aux voisins ». – j. « de la fête de l’im-
rir ». – d. « des joncs ». – e. « cela ». – f. « Qu’il meuble ».
vienne ». – g. « qui ». – h. « Nous ». – i. « Qu’il 5. a. « brutal » : attribut du sujet. – b. « impor-
manque ce devoir ». – j. « Rire ». tante » : attribut du COD. – c. « malade » : attri-
8. Les attributs du sujet sont : « un commerce but du COD. – d. « furieux » : attribut du sujet.
honteux », « utile qu’au flatteur », « plus de – e. « dépassés » : attribut du sujet. – f. « impor-
trente personnes ». tante » : attribut du COD. – g. « insuppor-
table » : attribut du COD. – h. « cloîtrés » :
20.  L es fonctions dans la phrase : attribut du sujet. – i. « président » : attribut du
les compléments de verbe et les COD. – j. « satisfait de leur journée » : attribut
compléments de phrases du sujet.
1. a. « les feuilles ».  – b. « les maisons alen- 6. a. Ils estiment ce garagiste bon. – c. La police
tour ». – c. « des tigres ». – d. Aucun COD.  – l’a longtemps considérée machiavélique. –
e. Aucun COD. – f. « la voiture ». – g. « des d. Les juges ont cru cet homme innocent. –
féculents et des légumes ». – h. « le poids des f. L’explication a rendu ce morceau émouvant
invités ». – i. « des arguments convaincants ». – et beau.
j. Aucun COD. 7. a. – Compléments circonstanciel de
2. « Un jour » : complément de phrase – « par manière : « Avec la vivacité et la grâce », « dis-
ce pays : complément de phrase – « derrière traite un instant de l’amer chagrin », « tout près
le cimetière » : complément de phrase – « le de son oreille », « vivement », « tout honteux
petit Chouquet qui pleurait » : complément de de ses larmes », « avec toute la gaieté folle d’une
verbe – « lui » : complément de verbe – « deux jeune fille ».
liards » : complément de verbe – « qu’ » : com- – Compléments circonstanciels de temps  :
plément de verbe – « dans sa frêle caboche « quand elle était loin du regard des hommes »,
de déshéritée  » : complément de phrase « quand elle aperçut près de la porte d’entrée la

352   MÉMO GRAMMAIRE


figure d’un jeune paysan presque encore enfant, le feuillet qui est à l’endroit »), par opposition à
extrêmement pâle », « quand une voix douce folio verso (« sur le feuillet qui est à l’envers »). –
dit tout près de son oreille ». j. Réservoir, abreuvoir.
– Compléments circonstanciels de lieu : « par 7. a. Étude de la terre (geo, « terre »/logos,
la porte-fenêtre du salon », « sur le jardin », « étude »). – b. Armoire pour ranger les livres
« vers la porte ». (biblios, « livre »/thêkê, « armoire »). – c. Qui
– Complément circonstanciel de comparai- imite la vie (bios, « vie »/mimétis, « imiter »). –
son : « Comme un prêtre sale et mal vêtu ». d. Étude de ce qui est ancien (archéos, « vieux »/
b. Julien fut surpris de la réaction de Mme de logos, « étude »). – e. Étude de l’esprit (psyché,
Rênal et la regarda avec stupeur. Il ne s’attendait « esprit »/logos, « étude »).
pas à cela, en ce lieu, à ce moment précis. Une
fois l’étonnement passé, il lui remit une lettre de 8. Intériorité : a, d, e. – Négation : b, c, f.
recommandation. Elle la lut avec soin puis elle la 9. Sens péjoratif : a, b, g, i. – Sens diminutif : c, e,
plia et regarda à nouveau ce jeune garçon. Elle f, h, j. – Sens laudatif : d.
ne douta plus qu’il fût présent pour le bien de 10. a. Le prolongement d’une route./La pro-
ses enfants. Par souci de courtoisie, elle le fit longation d’un match. – b. Une glissade à skis./
entrer. Un glissement de terrain. – c. Une croisade de
chevaliers au Moyen Âge./Le croisement rou-
21.  La formation et le sens des mots tier. –d. Le claquement d’un volet./Le claquage
1. a. Radical : odor. – b. Radical : lis. – c. Radical : d’un muscle.
capot. – d. Radical : viv. – e. Radical : nerv. 11. Les mots à changer sont : « La semaine
2. a. Impossible. – b. Désarmer. – c. Déloyal. – dernière », « des courses », « le déjeuner »,
d. Anormal. – e. Détendu. « nos chaussures de sport », « maillots », « nos
3. a. Issu du portugais. – b. Issu de l’arabe.  – vedettes », « pantalons courts modèles de col-
c. Issu du poitevin ou du russe. d. Issu du lection », « un survêtement », « sport de bal-
turc. –e. Issu de l’espagnol. – f. Issu du turc, lon », « ordinateur », « naviguer », « la toile »,
de l’arabe. – g. Issu de l’espagnol ou du turc. – « courriers électroniques », « sélections.
h. Issu de l’italien. – i. Issu de l’anglais. – j. Issu de 12. a. Mélange d’adolescent et d’adulte pour
l’anglais. – k. Issu de l’anglais, du persan. – l. Issu désigner un âge entre les deux périodes de
du tchèque. – m. Issu du norvégien. – n. Issu de la vie. – b. Néologisme de l’industrie agroali-
l’anglais, du néerlandais. – o. Issu du turc. mentaire : c’est un aliment fonctionnel, qui
4. a. Qui mange du temps, qui prend du temps. peut servir de médicament (formé sur aliment
– b. Sa température est trop basse. – c. Il a écrit et médicament). – c. Langue française for-
lui-même l’histoire de sa vie. tement anglicisée. – d. Terme utilisé pour se
5. a. Ville d’un pays, où se trouve le gouverne- moquer de la culture japonaise. – e. Mot-valise
ment d’un état. – b. Couper la tête. – c. Localité formé qui accentue l’idée de grand nombre. –
où les administrations siègent. – d. Qui couvre la f. Industrie indienne de cinéma (formé sur
tête, comme un chapeau par exemple. – e. Une Bombay et Hollywood). – g. Mot qui désigne
œuvre qui est parfaite dans son genre, qui au un hôtel avec parking, sur le bord de la route. –
sommet de son art. h. Il s’agit d’un magazine indépendant, créé
6. a. Albus : « neutre ». – b. Du verbe labor qui par des fans sur un thème bien précis, pour le
signifie « trébucher, glisser » puis « commettre mettre en valeur
une erreur ». – c. Consensus : « accord, adhé- 13. a. Vient du latin tripalium, instrument de
sion, unanimité ». – d. Perspective, vue d’en- torture à trois pieux. – b. Vient du latin scru-
semble. – e. Il manque. – f. Je laverai. – g. De a pulum, qui désigne le caillou qui se met dans la
priori ratione qui signifie « par une raison qui chaussure du légionnaire romain, et qui le blesse
précède » (c’est-à-dire « par l’intuition »). – à chaque pas sans l’empêcher pourtant d’avan-
h. Déroulement de la vie. – i. Folio recto (« sur cer. – c. Composé de bis (« deux fois ») et sextus

mémo grammaire  353


(« sixième »). Dans le calendrier romain, la cor- sale, abject, visqueux, fêlé » : gradation/accumu-
rection à apporter entre la révolution de la Terre lation.
autour du Soleil et la rotation de la Terre sur 5. On attend des élèves qu’ils proposent des élé-
elle-même était réalisée en ajoutant un jour à ments de comparaison appropriés, avec un ou
la fin de l’année. La dénomination à rebours des plusieurs éléments communs entre le compa-
jours produisant alors deux fois « le sixième jour rant et le comparé.
avant les calendes de mars ».
6. • L’objectif du texte 1 est de lutter contre les
14. – Antivirus – technologie – autobiographie tags et graffitis : « un phénomène de société »,
– orthographe – polythéiste/multiple – régi- « partout », « s’attaquent », « lutter », « ces
cide – orthodontiste – sarcophage/omnivore. dégradations », « éviter leur prolifération ».
15. Anthos signifie la fleur en grec et flor, flo- • Le texte 2 a pour objectif de présenter les
ris la fleur en latin. Les mots « anthologie » et graffitis et les tags comme des œuvres d’art qui
« florilège » signifient tous les deux « recueil embellissent les villes : « street artistes », « une
ou bouquet des plus belles fleurs », c’est-à-dire autre dimension en s’affranchissant d’une stricte
un regroupement des plus belles œuvres sur un fonctionnalité », « supports de création »,
thème. « une promenade poétique », « œuvres »,
« sourire », « réfléchir », « une réaction, entre
22.  L es réseaux de mots et les figures émotion, interrogation et engagement ».
de style 7. Les différentes figures de style utilisées par
1. Cette activité a pour objectif de faire prendre l’auteur sont :
conscience aux élèves de la polysémie des – anaphore, gradation, métaphore et hyper-
mots. Il peut être intéressant de leur demander bole : « C’est un roc !… c’est un pic !… c’est
d’interroger les enseignants d’autres disciplines un cap !/Que dis-je, c’est un cap ?… C’est une
sur le sens de ces mots dans leur enseignement. péninsule ! » ;
2. a. À l’origine, « quand l’homme ne peut dis- – métaphore : « De quoi sert cette oblongue
tinguer le chien du loup ». Cette expression capsule ? », « Quoi, l’ami, ce croc est à la mode ?/
désigne le soir ou le matin, moment de la jour- Pour pendre son chapeau, c’est vraiment très
née où il fait trop sombre pour pouvoir diffé- commode ! » ;
rencier un chien d’un loup. – b. Accepter un – néologisme : « Hippocampéléphantocamé-
certain nombre de choses que l’on n’a pas envie los » ;
d’entendre ou de faire. – c. Ne pas voir très clair. – personnification, hyperbole : « Aucun ne
– d. Faire avouer quelqu’un. – e. Dire du mal de peut, nez magistral/T’enrhumer tout entier,
quelqu’un sans qu’il se sache. – f. Vouloir se mêler excepté le mistral ! » ;
de tout. – g. Être très généreux. – h. S’évanouir. – métaphore, hyperbole : « C’est la mer Rouge
– i. Tromper quelqu’un. – j. Ne plus avoir de res- quand il saigne ! » ;
sources. – k. Avoir des ennuis. – personnification : « Le voilà donc ce nez qui
3. L’auteur veut donner de son personnage une des traits de son maître/A détruit l’harmonie ! Il
impression de force et de bonté d’âme. C’est le en rougit, le traître ! ».
portrait d’un héros : « haut de taille », « vigou- 8. a. Les mots et expressions qui donnent de ce
reux », « épaules larges », « poitrine vaste », portrait un portrait mélioratif sont : « un des
« beau et solide », « abondante », « droit, franc, grands partis », « extrême jeunesse », « grande
inaltérable », « courage élevé », « puissant », beauté », « blonds », « éclat », « réguliers »,
« généreux et bon ». « pleins de grâce et de charmes ».
4. a. « un sépulcre : métaphore. – b. « un b. Production libre des élèves.
dogue », « un tigre » : métaphore/hyperbole.
– c. « Vivant et défunt » : personnification. – 23.  La prosodie et la versification
d. « Destin » : personnification. – e. « vieux fla- 1. a. huit syllabes. – b. douze syllabes. – c. douze
con désolé » : métaphore/« Décrépit, poudreux, syllabes. – d. huit syllabes.

354   MÉMO GRAMMAIRE


2. L’activité proposée invite les élèves à définir contraste entre la douceur et la violence – le jeu
dans un premier temps un réseau lexical per- des rimes).
sonnel en lien avec un animal choisi. Ce travail • Strophe 3 : rimes croisées – assonance en [e].
accompli, on pourra amener les élèves à rédiger Les deux tercets sont une étrange alchimie
un court paragraphe associant l’ensemble de temporelle mêlant à la fois l’instant et la durée,
ces termes afin de définir les idées à transmettre l’union et la séparation, pour créer un lyrisme
avant de se lancer dans le travail de forme et associé au dépit d’un impossible espoir.
notamment celui des sonorités. L’assonance en [e] du premier tercet met en
3. a. huit syllabes. – b.  douze syllabes. – avant la brutalité de cet instant avant de céder la
c. 7/7/7/4/3. place à une allitération en [s] signe de cette fuga-
cité et de cette impossibilité de rapprochement.
4. Réponse libre des élèves.
• Strophe 4 : On pourra noter l’union dans un
5. Les « e » muets qu’il faut prononcer en même vers (vers 13) des deux pronoms person-
lisant sont : « blanche », « branche », « reflète », nels « je » et « tu », mais en chiasme, pour sou-
« silhouette », « pleure », « l’heure », « tendre », ligner la séparation par exemple.
« descendre », « astre », « irise », « heure », Les rimes suivies de la fin sont en quelque sorte
« exquise ». la matérialisation d’un retour au réel après une
6. Le « je » s’adresse à un « tu » inconnu pour tempête onirique poétique. Le poème s’achève
évoquer son dépit amoureux : un être féminin donc sur un irréel du passé, signe de cet idéal un
« elle », idéal, rêvé mais aussi regretté qui pour- instant aperçu et à jamais disparu.
rait devenir son âme sœur si elle existait. C’est
une rencontre impossible qui est présentée. Les 24.  Comment conjuguer le verbe ?
sonorités jouent ici un rôle important dans cette 1. La base des verbes est soulignée. 
expression. On relèvera alors pour marquer : a.  « apportera ».  –  b.  « finissaient ». –
– la douleur des allitérations en [r] ou en [t] ; c.  « Espères », « assiste ». – d.  « créé ». –
– l’amour en [m] ; e. « vi0eilli ».
– la fugacité de l’image en [s] liée à la tristesse ; 2. a. Il a mangé… – b. Ma mère aura refusé… –
– la douceur avec les assonances en [ε] ; c. Autrefois on s’était évanoui… – d. Le policier
– la voix sensuelle avec [a]. eut arrêté…
7. • Strophe 1 : rimes embrassées – allitérations 3. Les désinences sont en gras.
en [s] et [r] - assonances en [ã]. a. Je faisais, tu feras, elle fait, il fit. – b. Tu viens,
La première strophe constitue la première étape nous venons, elles viendront, que je vienne. –
de la rencontre (même si elle n’aura jamais c. J’irai, tu vas, nous allons, que vous alliez. – d. Il
lieu). Dans un univers marqué par le bruit ([r] – voit, elle vit, nous voyions, vous verrez. – e. Je
mise en relief du terme « assourdissante » à la peins, il peignait, nous peindrons.
césure), une femme apparaît : c’est d’abord une 4. a. Dû/dues. – b. Acquis/acquises. – c. Ému/
silhouette dont l’énumération d’adjectifs et de émues. – d. Senti/senties. – e. Atteint/atteintes.
qualificatifs associée à l’allitération en [s] inter- – f. Résolu/résolues.
pelle le poète. Elle passe, avec une démarche 5. Futur simple : elles iront, tu peindras. –
harmonieuse dont le rythme cadencé et ample Conditionnel présent : nous viendrions, vous
souligne l’élégance. dormiriez. – Imparfait indicatif : j’allais, nous
• Strophe 2 : rimes embrassées – allitérations en venions. – Présent subjonctif : je puisse, tu
[v], [l], [s]. doives. – Présent indicatif : tu vas, nous finis-
Face à cette apparition qui par l’effet d’un sons. – Passés simple : elle alla, il fit.
enjambement du vers 4 au vers 5 est amplifiée, le
poète est troublé, comme le marquent le rythme 25.  L’accord du participe passé
haché et l’allitération en [r] pour enfin être fas- 1. a. « a quitté ». – b. « avons vu ». – c. « ai
ciné (allitération en [s] au vers 8). C’est un choc accompagnés », « ont emporté ». – d. «  sont
qui se produit (voir les antithèses soulignant le tombées », « étaient ». – e. « a lus ».

mémo grammaire  355


2. a. Cet homme l’a quittée pour aller vivre sur succédé à l’estrade toutes les quinze minutes. –
une île déserte. – b. L’entraîneur les a sélection- c. COD : Le lézard s’était chauffé au soleil sur le
nées pour cette rencontre amicale. – c. Les jour- vieux mur. – d. Elles s’étaient souri dans la rue
nalistes l’ont interviewée à sa sortie de scène. sans se connaître. – e. Accord avec le COD (que)
– d. Les chasseurs du Moyen Âge l’ont désespé- antéposé : Les amis qu’elle s’était faits à Paris
rément recherchée. – e. Ils les ont empaquetés sont très différents de ceux de son pays natal.
dans de vieux journaux.
3. a. Accord avec le COD (que) antéposé. – b. Pas 26.  Les points de vue du narrateur
de COD antéposé, pas d’accord. – c. Accord 1. a. Point de vue externe. – b. Point de vue
avec le COD (que) antéposé. – d. Accord avec omniscient. – c. Point de vue interne. – d. Point
le sujet après l’auxiliaire être. – e. Accord avec de vue interne. – e. Point de vue omniscient.
le COD (se) antéposé. – f. Accord avec le sujet 2. a. Point de vue omniscient. – b. Point de vue
après l’auxiliaire être. interne. – c. Point de vue interne. – d. Point de
4. Les verbes au passé composé sont : « se sont vue externe.
pressées », « se sont précipités », « ont accom- 3. a. Point de vue omniscient.
pagnés », « sont venus », « se sont arrosés », b. Comme l’aubergiste n’avait eu aucun client
« s’est lue », « a laissé », « sont arrivés », « a de la soirée, il avait décidé de fermer l’auberge et
ordonné », « a enflammés », « ont retenu », d’aller se coucher. Au moment où il s’apprêtait à
« ont applaudi », « se sont exécutés », « se sont rejoindre sa chambre, on tambourina à la porte. Il
serré », « ont disparu », « se sont félicités ». ouvrit et se retrouva face à un jeune homme, qui
5. a. COD  : Ces collégiennes s’étaient vues avait l’air à la fois effrayé par l’endroit et soulagé
voient tous les jours. – b. Les orateurs s’étaient de trouver une présence humaine. 

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