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Éclairage
14 avril 2021
Le Nigeria fait face à une multitude de défis de sécurité en dehors de Boko Haram. Il est
essentiel de distinguer ces menaces et comprendre leurs profils sociogéographiques afin
d’adapter des solutions sur mesure.
Note : la carte reflète la répartition géographique des menaces, et non l’ampleur de chacune
d’entre elles. Données composites de 2018 à 2021.
Le Président du Nigeria Muhammadu Buhari a dit que le Nigeria fait face à « un état
d’urgence » du fait de l’insécurité permanente. Cette insécurité est généralement perçue
comme constituée par la menace posée par Boko Haram dans le nord-est du pays. Cependant,
une telle conception sous-évalue la complexité et la nature multiforme des défis de sécurité
qui impactent toutes les régions du pays. En même temps, la violence armée n’est pas
omniprésente dans tout le Nigeria, étant principalement concentrée dans des couloirs
géographiques particuliers. Ce qui suit est une étude des multiples menaces envers la sécurité
au Nigeria, des risques qui en découlent et des substrats qui les ont fait germer.
Depuis ces « repaires » isolés, les groupes ont mené une série d’attaques éclair et des raids
transfrontaliers sur des villes et des villages. Cela a été accompagné d’une stratégie
d’isolation de la capitale de l’État, Maiduguri, par une série d’attaques sur les routes
principales. En posant des mines sur le terrain, en établissant des points de contrôle
permanents, en sabotant les réseaux électriques et en attaquant les voyageurs routiers, Boko
Haram et l’EIAO ont dans les faits coupé le Borno du reste du Nigeria. Ces groupes militants
tirent des revenus importants et du matériel militaire des vols et des enlèvements qu’ils
pratiquent sur les routes principales de l’État. Ce siège a entravé la production alimentaire et
les transports, et contribué à une hausse des prix de la nourriture allant jusqu’à 50 % dans tout
le Borno.
Dans sa poursuite de ces militants, l’armée a été accusée de raser des villages civils plutôt que
de les protéger. Il en résulte que les résidents de l’État de Borno se sentent souvent pris entre
les militants islamistes et l’armée nigériane, et se retrouvent accusés par ces deux forces d’être
des collaborateurs de l’autre bord.
L’armée nigériane s’est retirée dans des « super camps » en 2019, laissant à Boko Haram et à
l’EIAO une plus grande latitude pour se déplacer dans l’arrière-pays de la région. À certains
moments, ces villes de garnison fortifiées se sont elles-mêmes retrouvées vulnérables à des
attaques de grande envergure. Les caches d’armes, de munitions et de véhicules sont souvent
la cible d’attaques dirigées contre les installations militaires. Une grande part de ces pertes de
matériel ne sont pas comptabilisées, ce qui rend encore plus difficile d’évaluer les capacités
des groupes.
La mobilité transfrontalière est le signe distinctif de la manière dont Boko Haram et l’EIAO
exploitent le paysage âpre et mouvant au fil des saisons de la région, afin d’échapper à la
capture. Depuis la forêt de Sambisa, les combattants de Boko Haram ont franchi la frontière
avec le Cameroun pour conduire des raids et des attaques-suicide à l’extrême nord, où la
présence militaire camerounaise est limitée. Lorsque le lac Tchad gonfle à la saison des
pluies, les militants se déplacent en hors-bord sur les eaux de crue et les marécages
environnants, afin de contrôler et d’exploiter les commerces lucratifs du poisson fumé et du
poivre rouge. Boko Haram et l’EIAO intensifient également les raids et les attaques à
l’hivernage de fin d’année, lorsque les véhicules militaires sont embourbés et que l’aviation a
une moindre visibilité du fait de la végétation.
À l’extérieur de la région du nord-est, les attaques des groupes islamistes militants sont pour
le moment rares. Boko Haram a tenté récemment de revendiquer des enlèvements de masse au
nord-ouest, effectués par des groupes armés, probablement dans l’objectif de gonfler son
importance. Cependant, un groupe autrefois neutralisé connu sous le nom d’Ansaru (qui a fait
scission avec Boko Haram en 2012), a mené un petit nombre d’attaques sophistiquées dans les
États de Kaduna et de Katsina au nord-ouest. On imagine que ce groupe a pu mobiliser les
rancunes locales des éleveurs peuls afin de les recruter sous une bannière idéologique.
Les bandes criminelles organisées
Profitant d’un vide en matière de sécurité, les bandes criminelles du nord-ouest du Nigeria ont
été à l’origine d’une vague d’enlèvements contre rançon visant des pensionnats. Au cours des
cinq dernières années, le nord-ouest a subi la plus grande concentration d’enlèvements du
Nigeria. Les rançons recueillies du fait de ces enlèvements de masse sont devenues une
ressource commerciale pour ces bandes criminelles. Les enlèvements de masse dans les États
du Zamfara, du Niger et du Katsina ont imité le tristement célèbre enlèvement des écolières
de Chibok par Boko Haram en 2014, et ont obligé le gouvernement à réagir. Les porte-paroles
du Gouvernement nient avoir payé une rançon pour la libération des enfants, mais les
informations du terrain disent le contraire. De plus, des responsables gouvernementaux
pourraient avoir tiré profit des grosses sommes d’argent utilisées pour assurer la libération des
otages. Comme dans le nord-est, les enlèvements contre rançon ont rendu les routes
principales de la région trop dangereuses pour le voyage, et des compagnies aériennes
assurent maintenant des vols courts entre Abuja et Kaduna.
Dans l’État du Zamfara, berceau du problème des bandes armées du nord-ouest, des groupes
rivaux dévalisent les mines d’or artisanales qui ont proliféré au cours des dix dernières
années, et s’affrontent pour leur contrôle. La mainmise des bandes sur la ruée vers l’or de cet
État a attiré de nombreux jeunes gens pauvres et sans emploi, qui viennent rejoindre leurs
rangs. On sait que ces bandes trouvent repaire dans les forêts de Sububu et de Dansadau au
Zamfara, et qu’elles passent des armes en contrebande à la frontière avec le Niger. Le
gouvernement du Zamfara a estimé qu’il y a 10 000 soi-disant bandits qui sont répartis sur
40 camps dans l’État.
Plus loin à l’est et au sud, les bandes du Katsina et du Kaduna procèdent à des pillages de
bétail et des enlèvements depuis la forêt de Davin Rugu. Les raids menés depuis ces camps
forestiers visant les agriculteurs et les éleveurs exacerbent les tensions existantes entre les
groupes communautaires, et encouragent la demande d’armes à feu dans la région, qui sont
alors fournies par les bandes armées — ce qui détériore encore la sécurité.
Les activités de ces bandes organisées dans le nord-ouest attirent l’attention des groupes
islamistes militants. Ansaru a déployé des religieux dans la région, qui prêchent contre la
démocratie et les efforts de paix du gouvernement. Il existe également des preuves que
l’EIAO tisse des liens avec les groupes criminels du nord-ouest afin de tenter de les
radicaliser.
Historiquement, les États du nord-ouest et de la ceinture centrale ont été les plaines fertiles et
les pâturages du Nigeria, où les groupes de pasteurs nomades et d’agriculteurs sédentaires
coexistaient, faisaient du commerce et se tournaient vers les mécanismes de maintien de la
paix lorsque des litiges fonciers apparaissaient. Cependant, l’assèchement et l’attribution de
vastes parcelles à des propriétaires fonciers du nord-ouest ont chassé les éleveurs de leurs
zones de pâturage traditionnelles. De plus, suivant une analyse aérienne effectuée par l’U.S.
Geological Survey, les terres disponibles pour le pâturage dans la ceinture centrale du
Nigeria ont décliné de 38 % entre 1975 et 2013 alors que les parcelles dédiées à l’agriculture
ont pratiquement triplé. Ces dynamiques ont été générées par des changements climatiques,
des politiques d’exclusion des terres et la croissance de la population. En même temps, la
demande de viande fournie par les éleveurs du pays est croissante.
« En dépit de cette fréquente formulation en termes communautaires, la religion et
l’appartenance régionale ne sont pas les principales causes du conflit ».
Cette zone centrale du Nigeria est aussi l’endroit où la zone socio-politique du nord du pays
croise celle du sud. C’est une région d’échanges culturels où des douzaines de langues sont
parlées et où aucun groupe individuel n’a de claire majorité politique — ce sont dans les États
de la ceinture centrale que les écarts aux élections nationales sont les plus étroits. Les
politiciens nationaux, les grands propriétaires terriens et leurs alliés dans la presse se sont
emparés de cette dynamique pour politiser les conflits entre les agriculteurs et les éleveurs,
et entre les soi-disant « colons » et les communautés « indigènes » de la région. Les théories
complotistes, les allégations de dissimulation et de nettoyage ethnique qui entourent la
violence dans la ceinture centrale sont courantes — et répétées même par des groupes
humanitaires bienveillants et des analystes. En dépit de cette fréquente formulation en termes
communautaires, la religion et l’appartenance régionale ne sont pas les causes principales du
conflit. Ceci est démontré par le fait que les milices peules et haoussas, pratiquant toutes deux
l’Islam, sont souvent adversaires lors de ces conflits communautaires, en particulier au nord-
ouest.
Les forces de sécurité nigérianes et l’ESN se sont affrontés lors d’une série d’escarmouches
en 2021 qui ont provoqué la mort de plusieurs civils et qui sont dorénavant connues sous le
nom de crise d’Orlu. L’ESN a enflammé les tensions en tuant des officiers de police à des
points de contrôle à plusieurs endroits du sud-est. Ces raids éclair et ces attaques risquent de
plonger la région dans une crise similaire au conflit anglophones-francophones de l’autre côté
de la frontière au sud-ouest du Cameroun.
Asari Dokubo, l’ancien chef du Front populaire du salut du Delta du Niger, a annoncé la
formation d’un gouvernement coutumier du Biafra en 2021. Asari Dokubo s’est maintenant
aligné sur le groupe séparatiste militant, le Mouvement pour l’actualisation de l’État
souverain du Biafra (MASSOB, Movement for the Actualization of the Sovereign State of
Biafra), du fait d’une apparente rivalité avec l’IPOB. Ces développements présagent de
tensions croissantes avec les forces de sécurité nigérianes au sud-est.
« La plupart des groupes pro-Biafra de la région du sud-est sont déterminés à la non-
violence ».
Le sud-est du Nigeria est encore hanté par le souvenir de la guerre civile du pays (1967 à
1970), lorsque plus d’un million de personnes sont décédées, y compris de nombreux civils.
Ce conflit brutal a eu des ramifications durables pour la région et pour l’État nigérian. Pour de
nombreux Igbos, dont les parents et les grands-parents ont participé à la lutte pour le Biafra, la
terre du sud-est est sacrée, et toujours digne d’agitations dans le but d’un plus grand contrôle.
Cependant, la plupart des groupes pro-Biafra dans la région du sud-est sont déterminés à la
non-violence et défendent la cause d’une plus grande autonomie par des manifestations
paisibles contre la corruption, la négligence et la violence arbitraire de la part du
gouvernement fédéral nigérian. En dépit de désinformation émise par des sécessionnistes
militants qui affirment qu’un retour à la guerre civile est imminent, la crise est loin d’atteindre
la même échelle que dans les années 60.
Des groupes de défenseurs des droits humains ont documenté l’usage d’une force excessive
envers des manifestants pro-biafrais de la part de l’armée et de la police nigériane, y compris
ayant causé la mort de 150 soutiens et membres de l’IPOB en 2015 et 2016. Lors du 49e
anniversaire de la déclaration de l’indépendance du Biafra, en 2016, des équipes de sécurité
qui comprenaient des membres de l’armée ont ouvert le feu sur une parade à Onitsha, tuant au
moins 60 personnes. La violence contre les civils par les forces de sécurité du Nigeria a
contribué à motiver les jeunes gens de la région à rejoindre les groupes militants.
Piracy
La piraterie dans le Golfe de Guinée est aujourd’hui la pire au monde, totalisant plus de 95 %
des enlèvements de membres d’équipage. Il y a eu 35 événements de pirateries enregistrés au
large du Nigeria en 2020. Ces chiffres ne représentent probablement qu’une fraction des
incidents, du fait que les propriétaires des bateaux sont incités à minimiser le risque pour
éviter de faire augmenter les primes d’assurance. Les groupes qui sont derrière ces attaques
restent dans l’ombre, mais on sait qu’un certain nombre d’organisations de pirates sont liées
aux groupes armés qui sabotent les oléoducs et enlèvent des employés des entreprises
pétrolières depuis des dizaines d’années dans le delta du Niger (régions du sud-sud et du sud-
est). Des groupes tels que le Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger (MEND) ont
été difficiles à gérer par les seules opérations de sécurité, du fait de leur structure
décentralisée et sans dirigeant, de leur soutien local et de leur tactique de frappe rapide et de
disparition dans le labyrinthe fluvial de la région. Équipés d’armes et de hors-bord, contrés
par les compagnies pétrolières qui dépensent des millions de dollars en sécurité privée pour
protéger leurs infrastructures, certains de ces groupes ont commencé à s’aventurer hors de
leurs repaires marécageux pour aborder des navires internationaux dans le Golfe de Guinée,
avant de se retirer dans leurs bases côtières avec des membres d’équipage enlevés dans le but
de négocier des rançons qui seront payées depuis l’étranger.
Historiquement, les groupes du delta du Niger ont proclamé être motivés par les actions des
multinationales pétrolières, qui ont pollué et appauvri la région. Il y a une continuité dans la
colère vertueuse liée à cette situation dans le delta du Niger, qui a été exprimée par des
personnes telles que Ken Saro-Wiwa et le peuple Ogoni. De nombreux pêcheurs et
agriculteurs de la région ont vu leurs moyens de subsistance détruits par la contamination des
terres et de l’eau. De plus, des tribunaux ont rendu des jugements récents déclarants que les
compagnies pétrolières sont responsables des dégradations environnementales.
Alors que la FSARS a été récemment mise en avant, le Service de sécurité de l’État du
Nigeria (SSS) a régulièrement harcelé et arrêté des journalistes avec impunité et à même
envahi une salle d’audience pour ré-arrêter un prévenu que le juge venait d’ordonner de
libérer. Quand les contestataires ou ceux qui recherchent la vérité s’approchent trop près des
leviers du pouvoir et des privilèges, c’est souvent le SSS — directement supervisé par le
président — qui intervient. La Brigade de la garde présidentielle est une autre unité qui est
proche de l’exécutif. Il a été révélé qu’elle a abattu et tué des douzaines de manifestants
chiites du Mouvement Islamique soutenu par l’Iran, à Abuja en 2018. Les manifestants
exigeaient la libération de leur chef (qui était encore détenu bien que les tribunaux nigérians
aient ordonné de le libérer).
Une manifestation contre la Brigade spéciale de répression des vols (FSARS) à Lagos.
(Photo : TobiJamesCandids)
De nombreux épisodes violents entre les forces de sécurité et les civils ont lieu dans les villes
du Nigeria. Les forces de sécurité du Nigeria ont souvent démoli des quartiers urbains et
déplacé des résidents vulnérables afin de faire de la place pour des bâtiments immobiliers de
luxe. Cela crée de l’insécurité pour des milliers de Nigérians et contribue à l’instabilité dans
les villes du pays. La plupart de ces déblaiements se font à l’improviste et illégalement, mais
ils ont lieu en dépit du fait que les résidents disposent de baux anciens et légitimes, et en dépit
des injonctions des tribunaux. Les transactions et promotions immobilières sont au centre
d’activités criminelles organisées et de la corruption au Nigeria. Alors que les villes du
Nigeria continuent à croître rapidement — elles abritent maintenant plus de la moitié des
200 millions de citoyens du pays — de faibles niveaux de confiance dans les forces de police
et de sécurité constituent un défi majeur pour la construction de villes stables et robustes.
« La coopération des citoyens est peut-être l’élément le plus essentiel d’une réponse réussie ».
La nature domestique de ces menaces souligne aussi l’importance d’une réponse de sécurité
intégrée, qui concerne aussi un accès croissant aux services gouvernementaux, le
développement social et la création d’emplois. Une sécurité intégrée implique aussi un accès
plus large à la justice. Des mécanismes de justice accessibles et fiables qui peuvent servir de
vecteur de limitation des conflits et servent aussi à atténuer les tensions entre communautés
ou avec le gouvernement. Les jugements des tribunaux, à leur tour, doivent être respectés et
soutenus par les acteurs du secteur de la sécurité. Cet examen révèle, en particulier en ce qui
concerne la violence du secteur de la sécurité envers les civils, que les services de sécurité ont
ignoré des décisions judiciaires de façon répétée, ce qui a exacerbé les tensions sociales et
affaibli l’État de droit.
Un autre défi qui est régulièrement observé dans de multiples contextes de sécurité, est le
besoin de maintenir une présence sécuritaire dans les zones périphériques. Les forces de
sécurité nigérianes ont régulièrement pu éliminer les groupes militants des territoires qu’elles
tenaient — que ce soit Boko Haram au nord-est, les groupes criminels au nord-ouest, ou les
pirates ou bandes armées au sud-ouest ou au sud-sud. Cependant, l’incapacité à maintenir une
présence de sécurité crée un vide qui permet à ces groupes militants de se regrouper et de
recommencer leurs activités prédatrices. Les communautés qui se retrouvent au milieu de ces
lignes de front mouvantes sont laissées dans une position vulnérable. Pour que le Nigeria
tourne vraiment la page de ces groupes militants, le gouvernement et les forces de sécurité
devront pouvoir assurer une présence de sécurité durable et fiable dans ces régions contestées.
La gestion foncière est une autre question qui intervient en transversalité sur les défis de
sécurité du Nigeria. Actuellement, plus de 500 personnes par kilomètre carré vivent au
Nigeria. Les projections indiquent un doublement de la population, jusqu’à 400 millions, dans
les 30 prochaines années, faisant passer sa population à des niveaux de densité actuellement
trouvés en Israël et en Inde. D’ores et déjà, de nombreux Nigérians luttent pour trouver des
ressources suffisantes et des occasions leur permettant d’imaginer un avenir sûr pour eux et
pour leurs familles. Le Nigeria a récemment dépassé l’Inde pour le nombre de personnes qui
vivent dans la pauvreté et son taux de chômage est de 33 %. Tenir compte de la nature
multidimensionnelle des menaces envers la sécurité au Nigeria, négocier l’accès à la terre
seront des facteurs de plus en plus critiques pour gérer l’évolution du paysage de la sécurité
au Nigeria.
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