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Femmes en Résistance

Wanze 1940-1945
Edition : Août 2023 (projet)

Editeur responsable : Jean-Pierre Evers


Rue Val de Mehaigne 4/8, 4520 Wanze
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PROLOGUE

« Les souvenirs de guerre ont été, la plupart du temps et jusqu’à aujourd’hui,


conjugués au masculin. Cependant, des femmes, tout aussi impliqués que les hommes,
œuvraient dans l’ombre, à leurs côtés, dans tous les domaines, y compris et surtout
dans les mouvements de résistance ; des femmes volontaires, d’un courage à toute
épreuve et pour certaines d’entre elles comme Berthe, Marie et Madeleine, d’une foi
inaltérable. Il est temps, avant que les vagues du temps n’effacent les traces, que ces
destins de femmes soient révélés au grand jour. C’est ce qui justifie notre implication
dans la réalisation de ce livre.

Nous qui avons eu la chance de naître après ces temps de malheur et sommes restés
longtemps sourds et aveugles, nous tenons à remercier toutes ces femmes héroïques ;
et en particulier notre tante Madeleine et notre grand-mère Berthe qui nous ont tant
manqué. Elles qui ont sacrifié leur vie, leur famille, leur avenir pour que nous puissions
vivre dans la paix, la liberté, la démocratie.

Que leurs destins brisés inspirent les nouvelles générations à oser s’impliquer lorsque
se lèvent les vents mauvais destructeurs des droits des hommes et des femmes, quels
qu’ils soient et d’où qu’ils viennent.

Madeleine Dewé et André Lebrun

Mars 2021

Je voyais l’aurore…, 2019, p.109, par Marie-Thérèse Dewé, transcrit et mis en forme
par Madeleine Dewé et André Lebrun)

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« On estime (…) qu’en Belgique, environ 15% des résistants étaient des résistantes,
soit environ 30.000 femmes. Et il est largement convenu aujourd’hui que ce nombre
est sous-évalué. Héroïnes anonymes et ordinaires, elles étaient principalement (mais
pas que !) agentes de renseignement, hôtes et guides dans les filières d’évasion,
agentes de diffusion de la presse clandestine, traductrices, dactylographes : une
résistance capitale au nazisme. Leur histoire reste néanmoins peu ou mal connue. La
Résistance est en effet encore perçue par beaucoup comme « une affaire
d’hommes ». Il aura fallu attendre les années 1970-1980 pour que, sous l’impulsion
d’universitaires et de militantes féministes (comme Michelle Perrot, Andrée Michel
ou encore Marie-Jo Bonnet), les femmes, dont les résistantes, commencent à devenir
des sujets historiques à part entière et le sexe ou le genre un vecteur d’analyse parmi
d’autres. »

Julie Ricard (dans Je voyais l’aurore…, 2019, p.10, par Marie-Thérèse Dewé, transcrit
et mis en forme par Madeleine Dewé et André Lebrun)

« Le travail de Mémoire est une attitude positive qui consiste à décoder les faits du
passé en vue de construire des liens avec le présent pour ne plus commettre les
mêmes erreurs dans le futur. Le travail de Mémoire est nécessaire pour combattre les
mécanismes et idéologies liberticides ainsi que les propos négationnistes qui veulent
minimiser voire nier la nature et l’importance des crimes génocidaires afin de
réhabiliter le nazisme ».

« Le passage de Mémoire est une démarche volontaire dans le chef d’une personne
qui consiste à transmettre, auprès des jeunes générations, ce qu’elle a vu, vécu ou
encore connaît dans une optique de promotion des valeurs démocratiques ; on dit de
cette personne qu’elle est un « Passeur de Mémoire ». Cette démarche porte sur les
crimes de génocide, crimes contre l’humanité, crimes de guerre ou encore sur les faits
de Résistance ».

« Pour Mémoire », Territoires de la Mémoire, Centre d’Éducation à la Résistance et


à la Citoyenneté

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PREFACE

A la suite du 80ème anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance en


France, le 27 mai 1943, par Jean Moulin, et à l’approche de la libération de notre région
le 6 septembre 1944, nous souhaitions faire acte de témoignage aux mouvements de
résistance de notre entité de Wanze et alentours.

Sur une idée de l’échevine de la citoyenneté, Aurélie Ochelen, nous avons orienté
notre travail de mémoire sur des femmes qui ont marqué de leur abnégation et de leur
courage, la lutte de l’ombre dans notre région.

Ces combattantes de la liberté ont posé leur pas dans ceux du Front de l’Indépendance
et de l’Armée Secrète :

• Diffusion de la presse clandestine


• Transmission au sein des groupes de résistants
• Service sanitaire/médical

Pour illustrer les fonctions occupées par les femmes dans la Résistance, nous avons dû
faire des choix sur les personnes abordées.

Ainsi, sur la base de plusieurs ouvrages existants :

• « La Résistance dans la région de Héron-Wanze » (Jean Jamart, janvier 1998) ;


• « Hommage à Marie Guisse » (Chronique Féministe n°64, avril-mai 1998) ;
• « Femmes dans la Résistance » (Bruxelles : Musée National de la Résistance
et le Front de l’Indépendance, 1985) ;
• « L’Armée Secrète – Historique de la Zone IV » (Henri Laroy, sous-lieutenant,
ERM, 1965) ;
• « Dictionnaire des femmes belges XIXe et XXe siècles » (Éliane Gubin) ;
• « Huccorgne se rappelle 40-45 » (Jean Marie Bernard, Claude Parmentier,
Michel Bougnez) ;
• « Il était une fois… Bas-Oha » (Monique & Jean Jamart, 1996) ;
• « L’entité de Wanze durant la Seconde Guerre mondiale – Recueil de
témoignages » (Nicolas Parent, mai 2005).

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En consultant un grand nombres de sites internet, notamment :

• Bibilotheca Andana, « Mine d’or du patrimoine andennais. C’est l’œuvre de


sa vie : Yves Sorée a réalisé un travail colossal, animé par une passion sans
limite », pour paraphraser un article de Vers l’Avenir de juin 2022 ;
• « Héron 1938 à 1945 », travail très précis de Marc Mathieu, habitant de
Couthuin ;
• « Marie Guisse : une femme, officier des Partisans », par Maxime Tondeur
(blog Rouges Flammes).
Et, grâce à des rencontres pleines d’émotion avec les familles de ses femmes, nous
avons choisi d’honorer la mémoire de quatre d’entre elles :

• Marie Roland, Fumaloise née à Marneffe,


• Berthe Badot, de Moha,
• Marie Guisse, de Huccorgne,
• Madeleine Dechamps, de Bas-Oha.
Avant de nous plonger dans leur vie personnelle, il est fondamental de garder à l’esprit
que leur engagement dans la lutte pour des valeurs nobles, bien que distant de
presque un siècle :
• garde un retentissement tellement actuel, à la lumière des événements que
nous vivons aux marches de l’Europe ;
• doit se joindre à des combats plus proches et quotidiens pour le respect et
l’égalité entre les femmes et les hommes ;
• englobe non seulement leur implication individuelle mais également celle de
leurs familles et de leurs proches.

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AVANT-PROPOS

Notre prétention n’étant pas de « refaire l’histoire » des mouvements de résistance


en Belgique lors de la Seconde Guerre mondiale, nous renvoyons le lecteur vers des
sources spécialisées.
Notons simplement que le Front de
l’Indépendance fut fondé en mars 1941 par le
Docteur Albert Marteaux (membre du Parti
communiste de Belgique), l'Abbé André Boland
et Fernand Demany (lui aussi communiste).

De son côté, l’Armée Secrète, depuis le 1 juin 1944 sous cette appellation aux ordres
du général Jules Pire, constitue la synthèse de ce que furent :
• la Légion Belge, mise sur pied fin août 1940 par le Commandant Charles Claser
(ancien du 3ème régiment d’infanterie) ;
• l’Armée Belge Reconstituée, structurée à la même période par le Colonel
Robert Lentz (ancien de la 17ème division d’infanterie).
Ces deux organisations avaient fusionné sous le nom unique de Légion Belge en juin
1941, pour devenir l’Armée de Belgique fin juin 1942 sous l’autorité du Colonel Jules
Bastin.

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Quelques mots encore pour préciser la présence de l’Armée Secrète dans notre région
au tournant des années cruciales « 1943-1944 » :
« En novembre 1943, la partie hesbignonne (de la province de Liège), au Nord de la
Meuse passe à la Zone IV et le secteur Liège Ouest est constitué tandis que le Condroz
reste en Zone V. La limite entre les secteurs Huy-Waremme et Liège Ouest correspond
en pratique à une ligne allant de Remicourt à Engis. Le secteur s'étend donc à l'Est
d'Andenne et au Nord de Huy autour de Hannut et de Waremme.
(A ce moment), le secteur Huy Waremme prend sa forme définitive :
• le lieutenant Freddy Uyttersprot, alias « Baudouin » comme Commandant ;
• le refuge Chat (région de Jehay et Fize-Fontaine, indicatif C.G. 25, modifié en
refuge Marsouin, le 17 août 1944 à la suite de l’arresation du Commandant
de zone), avec le Lieutenant Gaston Fallais, alias « Jean-Marie » ;
• le refuge Chien (région de Marneffe et Couthuin, indicatif C.G. 136, modifié
en refuge Narval, idem), avec le Sous-lieutenant Joseph Poot ;
• le refuge Rat (région de Waremme et Hannut, modifié en refuge Otarie,
idem), avec le Capitaine-commandant Louis Reyntens, alias « Georges ».
Bibliotheca-Andana (Col. Musée C.A.)

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« Le 2 juin 1944, la mobilisation des Etats-Majors et des équipes de destruction est
ordonnée. C’est l’entrée en campagne des cadres de l’Armée Belge et le début de la
longue suite des sabotages qui désorganisent l’occupant. »

« Dès le 2 juin 1944, l’Etat-Major


du refuge Chat est transporté à la
ferme Saint-Lambert entre Amay
et Jehay.
Le 25 juillet 1944, l’attaque d’une
auto de la Gestapo à Warnant-
Dreye fait 2 gestapistes tués et
deux blessés.
Le 19 août 1944, le détachement
du Sous-lieutenant X. Séverin
attaque un convoi d’essence à
Lavoir. Les Allemands, alertés,
ripostent mais essuient des pertes
sérieuses : 6 tués, 12 blessés, 25
blessés légers et 4.000 litres
d’essence perdus. Le détachement
perd son chef et un homme, tués, et un blessé.
« Dès le 2 juin 1944, l’Etat-
Major du refuge Chien est
transporté au château de
Famelette à Huccorgne.
Le 15 août 1944, la tentative de
destruction d’une grue de
déblaiement à Moha, est
contrecarrée par la présence
d’une escorte allemande
beaucoup plus importante que
prévue. Toutefois, la grue est
endommagée grâce à l’action
de Louis de Woot de Trixhe. Le groupe se retire sans perte en blessant un Allemand. »
L’Armée Secrète – Historique de la Zone IV (Henri Laroy, sous-lieutenant, ERM, 1965)

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En prélude, il faut
encore évoquer un
destin spécifique pour
deux résistantes : les
arrestations, la torture
par la Gestapo, et la
détention à la prison de
Saint-Léonard à Liège.

Avant une déportation,


début septembre 1944,
vers le camp de
concentration de
Ravensbrück et ses terribles
« Kommandos » (camps de
travail forcé).

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Dans ce contexte, arrêtons-
nous un instant sur le
monument Ravensbrück
situé dans le Parc Georges
Henri (square de Meudon)
dans la commune de
Woluwé-Saint-Lambert.

Il est dédié aux femmes résistantes et à leurs enfants morts dans les bagnes allemands
pendant la guerre 1940-1945. Sur un sol de terre boueuse, une femme adulte, la tête
rejetée en arrière et le corps redressé, incarne le refus de l'oppression. Elle entoure de
son bras un enfant blotti contre elle. Il représente à la fois le souvenir douloureux
d'une perte à jamais présente et la lutte pour la protection de la jeunesse, avenir et
espérance. Sur le lutrin, situé à droite du monument, un extrait d'une lettre de
Marguerite Bervoets, jeune poète et enseignante décapitée le 8 août 1944 à
Wolfenbuttel. À gauche, un parterre de roses, symbole de l'amicale des anciennes
prisonnières politiques et ayants droit du camp de Ravensbrück, a été aménagé.
Ce monument a été inauguré, en octobre 2000, par l’ASBL Monument Ravensbrück en
mémoire des prisonnières politiques et des résistantes belges et de leurs enfants
décédés dans les camps et les prisons nazis (dont le « camp pour femmes » de
Ravensbrück en Allemagne) au cours de la Seconde Guerre mondiale. Cette œuvre
sobre et poignante est due au talent de la sculptrice Thérèse Chotteau et de
l’architecte Thierry Gonze. On peut y lire en néerlandais et en français :

« IK BEN GEVALLEN OPDAT DE / BELGISCHE HEVEL ZUIVERDER / ZOU ZIJN, OPDAT ZIJ
DIE NA MIJ / KOMEN IN VRIJHEID ZOUDEN / KUNNEN LEVEN. ZOALS IK / DAT ZELF ZO
GRAAG WOU / HEB NERGENS SPIJT VAN / IK DENK AAN WIJ KINDEREN, / MORGEN VRIJ
ZULLEN ZIJN

JE SUIS TOMBÉE POUR QUE / LE CIEL DE BELGIQUE SOIT / PLUS PUR. POUR QUE CEUX
/ QUI ME SUIVENT PUISSENT / VIVRE LIBRES COMME JE L'AI / TANT VOULU MOI-
MÊME. / JE NE REGRETTE RIEN / ET JE SONGE À VOS ENFANTS / QUI SERONT LIBRES
DEMAIN. »

11
Naissance 17 novembre 1909 Lieu Marneffe
Décès 14 avril 1993 Décès Woluwé-Saint-Lambert
Marie Roland est la fille de Georges Roland (1882-1928) et de Marie Jacques (1882-
1970). Sa famille est originaire de Couthuin dès la fin du 17ème siècle. Le 3 février 1930,
elle se marie à Fumal avec Victor Mousset (1906-1944).
Elle la mère de :
• Georges Mousset (1930-2011),
• Léon Mousset (1932-1994),
• Victor Mousset (1932-2020).
Nous sommes en contact avec sa famille, en particulier son petit-fils Alain Mousset qui
nous a fourni des informations précieuses. Au moment d’écrire ces lignes, elle avait 8
petits-enfants, 19 arrière-petits-enfants et bientôt 12 arrière-arrière-petits-enfants !
Notons tout particulièrement un discours prononcé à Fumal le 10 novembre 2006.
« Monsieur le Bourgmestre, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, cher amis,
Plus de 60 ans après la fin du conflit, les anciens du refuge Marsouin de l’A.S. ne sont
plus très nombreux, mais ils gardent jalousement le culte du souvenir.
Ils me chargent de vous exprimer, à vous Monsieur le Bourgmestre, ainsi qu’aux
membres du Conseil qui l’ont approuvée, leur vive reconnaissance pour la décision de
rectifier une omission injustifiable. Ces remerciements s’adressent également à
Monsieur Lhoest et sa section d’anciens combattants dont l’appui a été déterminant,
ainsi qu’aux porte-drapeau et à vous tous.
Je ne vais pas refaire l’éloge funèbre de Victor Mousset. L’abbé Remacle qui fut son
professeur et qui connut lui aussi la rigueur des geôles ennemies, s’en est chargé le 21
août 1945 en l’église de Fumal. J’en ai extrait une seule petite phrase : « La postérité
se fera une obligation et un honneur de perpétuer cette manifestation du Souvenir. »
Dans les mêmes circonstances, le Bourgmestre de Fumal dit de Victor Mousset : « Pour
ses collègues du Conseil, même ses adversaires, il restait un ami. C’est durant la longue
période d’occupation qu’il donna la pleine mesure de son dévouement. »
On sait en effet que grâce à lui et au Secrétaire, nombre de Fumalois ont échappé à la
déportation et des P.G. russes évadés ont trouvé aide et nourriture.

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Le motif et les circonstances de son arrestation sont moins connus : Lors des
parachutages sur la plaine « Artichaut » (utilisée par les membres du refuge Chat, futur
Marsouin), il fournissait le transport, effectué par Paul Volon (un ouvrier de la ferme),
et hébergeait les agents parachutistes (Marie Roland se chargeait de la logistique, de
l’hébergement et de la nourriture des parachutés et des membres de l'équipe).
En tant que 1er échevin de Fumal, Victor Mousset a aussi fabriqué nombre de faux
papiers, entre autres à des personnes sur les listes du STO (Service du Travail
obligatoire).
Le 29 avril 1944, le dernier parachutage est accompagné par l’officier instructeur
saboteur « Satchel » (André Falesse) et l’opérateur radio « Bracelet » (Marcel
Becquaert). Ces derniers sont hébergés chez Mousset. Où ils se sont entretenus avec
« Baudouin » Commandant du Secteur et « Jean-Marie » Commandant de Marsouin.
Affectés au Limbourg, ils rejoignent Hasselt et organisent un parachutage qu’ils
réceptionnent le 6 juin à Opgrimbie. Pour expédier vers Anvers les explosifs qui lui sont
destinés, une réunion se tient à Lanklaar avec des responsables et le batelier X. Oensels.
Trahis par une indiscrétion, ils sont tous appréhendés et incarcérés à Hasselt (le 25 juin
1944). La torture a raison de « Satchel » qui finit par admettre que parachuté à Fumal
il a logé chez Mousset où il a rencontré « Baudouin » et « Jean-Marie » dont il ne
connaît que les noms de guerre.
Le 29 juin, Mousset est à la messe de l’adoration avec sa famille quand « Ajax » (Jean
Stoclet), un résistant arrêté et retourné, l’invite à sortir et le livre aux gestapistes qui
l’attendent. Il est emmené à Hasselt où torturé à son tour, il refuse obstinément de
révéler l’identité de « Baudouin », Freddy Uyttersprot, professeur à l’Ecole moyenne de
Huy et Commandant du Secteur de Huy-Waremme de l’A.S., et « Jean-Marie » (Gaston
Fallais), Directeur des Fonderies Saint-Hilaire et Commandant le refuge Marsouin.
Le 3 juillet 1944, Madame Mousset est arrêtée et emmenée à Hasselt, où elle verra son
mari en piteux état, suite aux sévices endurés, mais elle se tait aussi. Transférée à la
prison Saint-Gilles à Liège, c’est par une coupure de journal que, dans sa cellule, elle
apprend l’exécution de Victor le 15 juillet à Hasselt. Elle sera rapatriée de Ravensbrück,
via la Suède, le 26 juin 1945.
Leur attitude héroïque leur a valu à tous deux, d’être promus Chevalier de l’Ordre de
Léopold II avec palme, avec attribution de la Croix de Guerre 1940-1945 avec palme.
Ils sont de la sorte entrés de plein pied, dans une élite que nous avons le devoir
d’honorer sous peine de nous déshonorer. »

13
Deux listings d’entrée au camp de concentration de Ravensbrück mentionnent « Maria
Mousset Roland » comme n° 51170 (le 11 août 1944) et n° 62733 (le 3 septembre
1944).

14
Elle sera affectée au Kommando de Belzig : « en 1934, l'usine de munitions Röderhof
est construite. Au début de la guerre, un camp de travaux forcés pour 1.500 femmes et
hommes, principalement d'Europe de l'Est, est installé au sud de la Lübnitzer Strasse.
En 1943, un sous-camp du camp de concentration de Ravensbrück est créé avec 750
prisonnières qui doivent travailler dans l'usine de munitions locale. » (Wikipedia)
Comme attesté par une déclaration d’Elisabeth Cosyns-Moise, présidente de l’amicale
de Belzig-Ravensbrück) le 29 juin 1948, « Elle fut comme nous toutes soumise au travail
obligatoire à l’usine de Belzig. Les déplacements étaient pénibles et long, le travail
debout et dure toute la journée. L’alimentation était en dessous de tout. Vers la mi-
octobre 1944 elle a été atteinte de phlegmons toujours plus nombreux et une forte
cachexie généralisée puis paralysie totale de tout les membres fin novembre 1944 (…) »
D’autres documents, ainsi que son propre témoignage auprès de son petit-fils, nous
apprennent qu’elle fit plusieurs séjours à l’infirmerie de Ravensbrück entre la mi-
octobre 1944 et le 27 avril 1945, date de son transport dans le coma vers l’hôpital
Sundsgarden-Helsingborg en Suède, jusqu’à son rapatriement le 29 juin 1945.

15
Plusieurs documents de Freddy Uyttersprot attestent de ses prestations et activités à
l’Armée Secrète.

16
17
Un document du 10 février 1948 de Gaston Fallais, commandant du refuge Marsouin
de l’Armée Secrète, atteste qu’elle a fait partie de l’Armée Secrète depuis novembre
1943.

18
Elle recevra également le diplôme d’honneur de l’association « Aide aux ailes brisées
alliées ».

19
Inhumation : Cimetière
communal de Vinalmont
auprès de son époux, de son
fils Léon et de ses-beaux-
parents.

20
Naissance 16 mars 1913 Lieu Moha
Décès 9 janvier 2003 Décès Moha
La famille de Berthe Badot provient d’Ambresin dans l’entité de Wasseiges. C’est son
arrière-grand-père qui arriva à Moha. Ses parents sont Modeste Badot (1884-) et
Augusta Simonis (1891-) de Fumal. Elle ne s’est pas mariée et n’a pas eu d’enfant. Elle
a eu une sœur, Hilda Victorine Catherine Badot (1915-).
A la suite de son père, « elle entre à l’Armée Secrète le 31 mai 1944. Elle est de juin à
septembre 1944, agent de renseignement pour le refuge Narval (ex-Chien). Infirmière,
elle y est chargée de l’organisation du service sanitaire. Par ailleurs, elle organise un
dépôt de tabac et de cigarettes chez elle (rue Raide Vallée). »
La Résistance dans la région de Héron-Wanze (p.81)
« Au 2 septembre 1944, le centre névralgique du refuge (Narval) est à la ferme Mozon
à Fumal, avec trois officiers d'état-major de la réserve : Joseph Poot, commandant le
refuge, Louis Manne (de Bas-Oha), lieutenant (organisation et administration du camp
ainsi que l'intendance) et Louis Dubois (de Wanze), lieutenant (relations avec
l'extérieur). Un officier de guérilla, le lieutenant Henri Collinet participa aux combats à
titre personnel. (Le refuge comprend également) Eugène Gérard, chef de bureau, le
Docteur Gustin (de Héron), les Abbés Duquesne et Bolland, un chauffeur, un armurier,
trois cuisiniers dont Louis Gérard, deux infirmiers et des infirmières.
Le chef des guérillas est Edmond Wanzoul (« Walter », d’Oteppe) et son adjoint Louis
Woot de Trixhe (de Bas-Oha). On y retrouve quatre russes (deux Alex, Paul et Félix),
deux américains (Donald et Deck), X. Piron, Joseph Jadoul, Olivier Hubert, Georges
Badot, Yves Gustin et plusieurs hommes dont j'ai oublié les noms, un sergent flamand
et cinq jeunes gens des environs de Saint-Trond. »
Revue l’Aronde (Edmond Wanzoul)

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Trois groupes sont également mis en place :

Il était une fois… Bas-Oha


Après la guerre, Berthe Badot fut artiste-peintre et présidente d’honneur de la section
de Moha de la FNAPG (Fédération Nationale des Anciens Prisonniers de Guerre).
En clin, notons qu’une de ses toiles, « Fleurs » (70 x 60 cm) a été vendue à 120 € le 19
mai 2014 à la salle de vente Rops à Namur.
Inhumation : Cimetière
communal de Moha.

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Naissance 15 décembre 1920 Lieu Huccorgne
Décès 15 mars 1998 Lieu Carcassonne, France
La famile paternelle de Marie Guisse trouve ses racines à Villers-le-Bouillet, Antheit,
Marneffe puis Huccorgne. Ainsi, son père Gustave Guisse était né à Marneffe le 1er
avril 1893. Du côté de sa mère Célina Linsmeau (1880-1965), les origines sont
hannutoises mais la famille s’est installée à Huccorgne au milieu du 19ème siècle.
Après l’école primaire, Marie
Guisse poursuit ses études
secondaires à l’Institut Sainte-
Marie de Hannut. De 1937 à 1938,
elle suit des cours du soir de
sténodactylographie et de
comptabilité au Cercle polyglotte
de Huy. Mais à la mort de son père,
ouvrier sidérurgiste, en août 1939,
elle a dû trouver du travail comme
employée à l’usine de poêlerie
Nestor Martin à Huy.
« L'hiver 40-41 a été très dur et la
population a commencé à souffrir
du froid et de privations. Le
mécontentement et les
récriminations devenaient de plus
en plus fréquents. C'est à ce
moment que, petite jeune fille
habitant un village perdu,
Huccorgne, je suis rentrée dans la
Résistance ».
Dès janvier 1941, Marie 20 ans, aide à la distribution de tracts antinazis, puis, dès la
fondation du Front Wallon et du Front de l'Indépendance, elle diffuse la presse
clandestine : La Meuse (organe du Front de l’Indépendance), Le Drapeau Rouge, le
Monde du Travail, La Libre Belgique etc.
A l'été 1942, le groupe des partisans se constitue et c'est une grange attenant à son
domicile, où elle vit avec sa maman et sa sœur cadette, qui va servir de dépôt de

23
denrées alimentaires et aussi de munitions et d'armes nécessaires aux futures
opérations.
Qui aurait songé à aller chercher l'arsenal des partisans chez cette famille sans histoire,
sans passé politique - mère et filles - qui allaient à la messe le dimanche. Et de fait,
jamais les Allemands ne découvriront chez ces femmes « tranquilles » le QG des
Partisans, même quand de nombreuses arrestations (les chefs de secteur Adolphe
Ruisseau, Jules Linsmeau et tant d'autres) frappèrent les résistants.
Le 1er novembre 1942, Marie Guisse rejoint, avec sa sœur Marie-Louise (« Milou »), le
groupe de Partisans Armés dont elle devient courrière (transport de documents,
d'armes) et, accessoirement, dactylo sur une machine à écrire volée chez le curé de
Petit-Waret.
Marie Guisse fut l'âme, avec les femmes de sa famille, et bien d'autres femmes du
village, du soutien apporté aux prisonniers russes et à d'autres réfractaires cachés dans
la région, pour les nourrir, les vêtir, les soigner.
Sa mère Célina Linsmeau :
« Mère célibataire de Valentine
Linsmeau (1906-), s’était mariée à
Huccorgne le 14 septembre 1918
avec Gustave Guisse. De cette
union, en plus de Marie Guisse, elle
a eu Henri Guisse (1918-1919) et
Marie-Louise Guisse (1927-), qui
fut la belle-mère de Claude
Parmentier, ancien bourgmestre
de Wanze. »

24
« Célina Linsmeau est
inhumée au cimetière
communal de Huccorgne
(tombe P1D11) et une
petite plaquette tricolore a
été déposée sur sa tombe
par l’Administration
communale de Wanze. »

Sa cousine Valentine Dormal (1881-1952) :


« Mariée à Huccorgne le 17
septembre 1904 avec Emile
Linsmeau, cousin de Célina
Linsmeau, elle a eu quatre enfants,
dont Arlette Linsmeau (1907-) et
Jules Linsmeau (1914-),
responsable du Front de
l’Indépendance de Huccorgne,
après l’arrestation, le 7 mars 1944,
d’Adolphe Ruisseau, fondateur de
la section de Huccorgne du Front
de l’Indépendance fin 1941.
Valentine Dormal est inhumée au
cimetière communal de Huccorgne
et une petite plaquette tricolore a
également été déposée sur sa
tombe par l’Administration
communale de Wanze.

La Résistance dans la région de Héron-Wanze (pp.69-72)

25
26
Femmes dans la Résistance (pp.86-87)
Huccorgne se rappelle 40-45 (pp.21-22 + p.23)

27
A la Libération, la Wanzoise Marie Guisse
sera élevée au grade d'officier de l'Armée
Belge des Partisans.

« Après la fin des hostilités, elle s’installe


à Bruxelles où elle devient collaboratrice
du secrétariat national du PCB, de 1946 à
1948. Secrétaire générale du
Rassemblement des femmes pour la paix
en 1949, une association de femmes
proche du PCB, elle assume cette tâche
jusqu’en 1987. (…)

En 1959, elle prend en charge la fonction


de trésorière du PCB et ce jusqu’en 1980.
Le 26 octobre 1957, elle épouse à Forest
Emile Matlet, dessinateur à la Ferronnerie
Alexandre. Sensibilisée à la cause des femmes, elle s’implique également dès 1966
dans le comité « A travail égal, salaire égal », et, à partir de 1973, dans le Comité de
dépénalisation de l’avortement. (…)

Jusqu’à son dernier jour, elle demeurera


fidèle à ses premiers engagements : le
communisme et le féminisme. Marie
Guisse-Matlet décède à Carcassonne le 15
mars 1998, alors qu’elle était en voyage
avec quelques amis. » Dictionnaire des
femmes belges XIXe et XXe siècles » (Éliane
Gubin)

Marie Guisse n’a pas eu d’enfant.

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Francine Lyna (8 février 1922 – 30 avril 2013) dans « Hommage à Marie Guisse »
(Chronique Féministe n°64, avril-mai 1998)
29
Inhumation : Crématorium d’Uccle puis pelouse de dispersion des cendres.

Une rue de Wanze porte son nom.


Notons une anecdote : une poire obtenue à
Jussy (village des environs de Metz, Moselle
en France), d’un semis de Saint-Germain fait
en 1834 par M. Guisse, propriétaire à Sainte-
Ruffine, et dédiée par lui à sa fille Marie

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Naissance 4 avril 1924 Lieu Bas-Oha
Décès 15 août 1985 Lieu Bas-Oha
La famile de Marie-Madeleine
Dechamps, est originaire
d’Hemptinne (Fernelmont) du
côté de son père Ernest Célestin
Désiré Dechamps (1891-), Ainsi,
son arrière-arrière-grand-père
Henri Joseph Dechamps y était né
le 29 avril 1793.
Du côté de sa mère Marguerite
Sosson (1891-), les origines sont
dans le village de Bascharage
(Nidderkäerjeng) au Grand-Duché
de Luxembourg depuis la fin du
18ème siècle, et plus anciennement
à Autelbas au sud-est d’Arlon.
En 1949, elle se marie à Bas-Oha
avec Maurice Rock. Elle a eu 8
enfants :

• Arlette Rock (1952-),


• Andrée Rock (1955-2022),
• Ernest Rock (1954-2023),
• Yvan Rock (1955-),
• Léon Rock
• Jean-Luc Rock (décédé),
• Christian Rock (décédé),
• Maurice Rock (décédé).
Nous sommes en contact avec sa petite-fille Amélie Rock qui, à la suite de son père
Ernest Rock, conserve un grand nombre de documents liés à la mémoire de sa grand-
mère. Cinq autres petits-enfants, imprégnés du souvenir de leur grand-mère grâce à
leurs parents, poursuivent le travail de mémoire !
« Madeleine était de trois ans mon aînée, elle est née en 1926. Elle a été plus tôt que
moi consciente de la situation et de ce qui se passait à la maison où nous accueillions
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dès 1938 des soldats belges puis des réfractaires et des résistants durant la guerre.
Madeleine a été engagée au Front de l’Indépendance en raison de son âge et de ses
connaissances de la région. Elle travaillait en tant que « courrier » et délivrait des
renseignements. Elle faisait des kilomètres en vélo avec un porte bagage à double fond.
Elle n’a jamais eu le moindre problème.
Avant son arrestation, nous n’avions pas été prévenus de dénonciation éventuelle.
Nous avons su, peu après, que la Gestapo allemande avait été dirigée vers notre maison
par un ancien collaborateur de la Résistance.
Un jour d’août 1944, dès 17 heures, nous avions été informées d’une rafle de la Gestapo
dans le quartier. Nous nous attendions à une rafle monstre, personne ne savait pour
qui la police politique allemande se déplaçait. Et, c’est arrivé chez nous. Quatre
Allemands cherchaient une certaine « Christiane », soit le nom de résistante de ma
mère. Vers 22 heures, la Gestapo a sonné à notre porte. Mon père est allé ouvrir et il a
été poussé dans un coin du hall d’entrée par un des gestapistes. Ils ont demandé à voir
ma sœur, qui était déjà couchée. Ils l’ont fait relever et lui ont dit : « Préparez-vous,
vous partez pour un interrogatoire ». Cela n’a pas duré longtemps, ils ont attendu
environ une demi-heure. Ils ont attendu qu’elle soit prête et l’ont accompagnée aux
toilette pour qu’elle finisse son sac. Ils l’ont emmenée sans aucune explication. Nous
sommes restés sans nouvelle pendant des mois. Nous avions quelques renseignements
donnés par d’autres personnes de la Résistance. C’est ainsi que nous avons appris
qu’elle avait été à la prison de Saint-Léonard à Liège, puis au camp de Ravensbrück et
enfin au camp de concentration de Buchenwald d’où elle est rentrée, libérée par les
Russes, le 17 avril 1945, après une dizaine de jours de libération.
Elle avait les cheveux courts et des vêtements en haillons. Physiquement, elle n’était
pas terriblement dégradée. Elle était maigrie bien sûr mais c’est surtout moralement
qu’elle a été touchée. Les privations et l’éloignement de la famille ne lui ont pas fait du
bien, c’est sûr. Dans les camps, elle a été traitée pareillement que les autres. Elle a
quand même subi des atrocités comme être enfermée dans une citerne, à la merci des
rats ou mise à nu à la sortie de son baraquement sous un tuyau de gouttière un jour de
dégel, elle nous a confié que c’était affreux. Elle a subi constamment la brutalité des
gardes allemands qui n’hésitaient pas à battre les prisonnières. Madeleine est toutefois
parvenue à nouer des liens d’amitié extrêmement forts avec d’autres détenues dont
une dame d’Andenne, une de Liège, une du département du Doubs et la nièce du
Général de Gaulle, également prisonnière des Allemands. Tout le monde était sur le
même pied en Allemagne, il n’y avait pas de différence sociale. »
L’entité de Wanze durant la Seconde Guerre mondiale - Recueil de témoignages
(pp.86-88) par Léon Dechamps son frère né en 1929
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Madeleine Dechamps est associée au
refuge de Lamalle : « Un autre groupe de
l’A.S. s’installa à Lamalle, le 5 juin 1944,
au château (voisin) de Laminne. Trois
jours plus tard, des hommes appartenant
aux gardes wallonnes investirent le
château Woot de Trixhe. De crainte
d’être repéré, le groupe déménagea,
dans deux petites maisons, rue Bois-le-
Prêtre, en bordure du bois. (…)

La mission de ce groupe de liaison


consistait à collecter les ordres de l’Etat-
Major, installé à Limal (près de Wavre) et
de les retransmettre aux groupes armés
de résistants, se trouvant dans les Ardennes. (…)
Suite à une dénonciation, Madeleine
Dechamps de Bas-Oha fut arrêtée. Son nom
de guerre était « Christiane ». Elle fut
emprisonnée à la prison Saint-Léonard à
Liège pendant quelques mois. (…) Elle fut
condamnée à la déportation. Elle fut
ensuite incarcérée à Ravensbrück, avant
d’être transférée (…), au camp de
Buchenwald. Quand elle rentra à Bas-Oha,
le 17 mai 1945, les mauvais traitements
l’avaient réduites à l’état d’épave. La
population, les écoles et les autorités
communales lui rendirent les honneurs et la
réconfortèrent par leur présence. Plus
jamais Madeleine ne retrouvera une bonne
santé, mais jamais elle ne s’est plainte. »
Il était une fois Bas-Oha (p.67)

« Berthe Dujeux, Paulette Defrecheux et Alberte de Laminne de Bex, toutes de Bas-Oha,


faisaient partie du même groupe que Madeleine Dechamps, elles continuent à assurer
la transmission des messages. »

La Résistance dans la région de Héron-Wanze (p.85)


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Marie-Madeleine Dechamps (« Marie Deschamps » dans la base de données Arolsen)
est arrivée au camp de concentration de Ravensbrück le 3 septembre 1944 comme n°
62646.

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Le 16 novembre 1944, elle fut transférée au camp de concentration de Buchenwald
comme n° 15180.

Dès le 18 novembre 1944 et jusqu’au 10 janvier 1945, elle sera affectée au Kommando
Hasag Schlieben (qui portait également le nom de Leipzig-Schönefeld et dont les
effectifs furent de 5.000 femmes environ et 300 hommes environ) : « Kommando de
Ravensbrück puis de Buchenwald à compter du 1er septembre 1944, le Kommando
Hasag fut essentiellement composé de femmes de différentes nationalités (belges,
hollandaises, allemandes, polonaises, tchèques, russes, ukrainiennes, hongroises,
grecques et françaises). Le Kommando fut dénommé d’après le nom de l’usine locale,
l’usine Hasag appartenant à Hugo Schneider. L’usine avait été bombardée par les alliés
au début de l’année 1944. L’objectif du Kommando fut donc la reconstruction de l’usine
et la production de panzerfaust (armes antichar) et d’obus. Les travaux de
terrassement et de reconstruction furent accomplis par le premier convoi de femmes,
parti de Ravensbrück à la fin du mois de juillet 1944. Par la suite, les détenues furent
affectées à la production militaire. L’ensemble de ces travaux étaient extrêmement
pénible, eu égard notamment au manque cruel de nourriture dont souffraient les
détenues. Elles travaillaient en 2 équipes de 12 heures, une semaine de jour et une
semaine de nuit, sauf le dimanche. De manière concertée, les détenues françaises
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freinèrent le travail et le sabotèrent le plus possible. Cette attitude de rébellion
connaîtra son paroxysme lorsque l’ensemble des détenues françaises refuseront,
malgré les représailles, les bons de cantine offert par la direction de l’usine et censés
améliorer le quotidien. Devant l’avance alliée et les bombardements de plus en plus
fréquent de l’usine, les détenues seront évacuées à pied le 13 avril 1945 ; les détenues
malades restèrent au camp. L’évacuation fut terrible et longue, une semaine d’errance
encadrés par des SS dont l’obstination meurtrière a fait de très nombreuses victimes. »

Le Livre Mémorial de l’Association Française Buchenwald Dora et Kommandos

Comme attesté par une déclaration de Catherine Gerbehaye-Lakaye de Montegnée le


16 février 1948, « Mademoiselle Dechamps a reçu de nombreux coups pour refus de
travail. Elle se plaignait aussi de douleurs dans les jambes et toussait fréquemment.
Elle avait aussi des évanouissements fréquents dûs à sa grande faiblesse et aux
mauvais traitements. De plus Melle Dechamps a toujours été une très bonne camarade
et a toujours eu une conduite très digne à tous égards. »
Une autre déclaration de Lucienne Landais-Cossé de Les Ponts-de-Cé (département du
Maine-et-Loire en France) le 16 février 1948, certifie que « Dechamps Marie-
Madeleine domiciliée 2 rue Charles Bormans à Bas-Oha a été ma compagne de
captivité au camp de Buchenwald (annexe de Schlieben) jusqu’à notre libération par
l’armée russe. Sa conduite vis-à-vis de l’ennemi a toujours été très digne et c’est à la
suite de refus de travailler à l’abstention qu’elle a été privée de nourriture et soumise
aux sévices de nos gardiens, ce qui lui a occasionné des blessures et maladies qui
n’étaient jamais soignés. »

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L’attitude héroïque de Madeleine Dechamps lui a valu d’être nommée Chevalier de
l’Ordre de Léopold II avec palme et attribution de la Croix de Guerre 1940 avec palme.

37
Elle a obtenu la Médaille de la Résistance, la Croix du Prisonnier Politique et la Médaille
du Volontaire de Guerre-Combattant.

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Elle a également reçu une attestation en sa qualité de Résistante armée auprès des
Partisans Armés.

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Le 19 août 1985, ses
funérailles ont été célébrées
à Bas-Oha en présence des
autorités communales.

Monsieur E. Mathieu, ancien


échevin de Bas-Oha, avait
rédigé un texte dans lequel il
évoquait l’action de la
défunte au cours de la
Seconde Guerre mondiale :

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Inhumation : Cimetière
communal de Bas-Oha (tombe
P1D75).

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