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Louis POULLENOT
B A S S E S P Y R É N É E S
OCCUPATION
LIBÉRATION
1940 - 1 9 4 5
Bibliographie
Chez le même éditeur :
- En passant la Bidassoa.
A paraître :
Remerciements
Avant-propos
Introduction
Le contexte de 1940
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II - Arrondissement de Pau
M. De Lestapis (A.R.G.R.I.) Alliance Républicaine de gauche et des radi-
caux indépendants.
M. Delom-Sorbe (G.I.) Gauche Indépendante.
III - Arrondissement d'Oloron.
M. Mendiondou (G.I.) Gauche Indépendante.
IV - Arrondissement de Mauléon
M. Ybarnegaray (F.R.) Fédération Républicaine.
V - Arrondissement d'Orthez
M. Tixier Vignancourt (N.I.) Non Inscrit.
fiée dans le passé. Son goût pour la culture, l'intérêt qu'il porte à l'instruction et
l'éducation sont certains.
Une forte majorité de Béarnais, bien que connaissant et pratiquant parfaite-
ment la langue française, ont plaisir à s'exprimer en patois, séduits par la possi-
bilité qu'offre cette langue de traduire par des formules très nuancées et imagées,
avec une force d'expression percutante et incomparable, des situations de la vie
courante.
Le Basque est tout à fait différent, un peu rude au premier abord mais in-
contestablement accueillant ; il témoigne d'une apparente sympathie aux "non
basques" mais il est très long à leur accorder sa confiance ; en revanche quand
elle est acquise, elle s'avère d'une exceptionnelle et solide qualité.
Il est remarquablement respectueux, fier et amoureux de la tradition qui
marque de son sceau la majorité des manifestations folkloriques.
Attiré par l'appât du gain, le goût du voyage et de la réussite, il n'hésite pas à
émigrer vers l'Amérique du Sud ou la Californie ; plusieurs d'entre eux y ont
obtenu des postes importants et, fréquemment, réalisé de grosses fortunes.
Très croyant (certaines familles orientent systématiquement l'aîné de leurs
garçons vers le séminaire), le Basque est néanmoins un contrebandier "profes-
sionnel". Il bénéficie d'ailleurs de l'indulgence occulte du clergé pour couvrir
ses activités illégales, dans ce domaine.
Il parle une langue très ancienne, - on en situe mal l'origine -, faite de dia-
lectes dont les principaux sont le biscayen et le guipuzcoan et qui est sans rap-
port avec les langues ou idiomes voisins. Ce moyen d'expression incompris des
"non basques" cimente la grande solidarité qui règne dans ce milieu fermé.
Le français parlé par le Basque est approximatif, il l'agrémente d 'un accent
chantant et de fantaisies de syntaxe qui permettent à coup sûr de déceler son ori-
gine.
Le Basque n'entend rien à la langue béarnaise et le Béarnais, à quelques très
rares exceptions près, est dans l'incapacité absolue de comprendre les conversa-
tions et idées exprimées en langue basque.
Malgré cette disparité de mœurs, comportement, et façon de vivre, il s est
créé entre ces deux groupes ethniques un pacte tacite de respect mutuel, de consi-
dération sincère, qui débouche sur une cohabitation parfaitement cordiale.
but de 1940, c'est-à-dire trois mois après l'entrée en période de guerre, était satis-
faisante.
En ce qui concerne les ressources économiques(l) l'agriculture domine large-
ment depuis des décennies, l'activité générale du département : 406 000 hectares
de terre sont correctement utilisées par 33 000 exploitants, avec des moyens et
techniques de travail qui commencent à peine à évoluer. Les cultures sont très
diversifiées et comprennent entre autres, la production de plantes fourragères,
légumes et fruits, vigne (vins de Jurançon notamment) et surtout le maïs qui per-
met au département des Basses-Pyrénées de se classer en tête des départements
français, producteurs de cette céréale.
Pour compléter cette activité, 12 000 hectares environ, situés d'une façon
générale en zones montagneuses sont essentiellement réservés aux pâturages.
Le patrimoine agricole est constitué par un ensemble formé d'exploitations
nombreuses et disparates, de petite ou moyenne dimension, (1 à 20 ha) d'où la
grande entreprise est pratiquement absente (on l'a évaluée à 2 % environ).
Ces petites et moyennes propriétés appartiennent dans une très forte propor-
tion (90 %) à des agriculteurs qui les exploitent, sans avoir recours à l'utilisation
de salariés. Quant aux métayers et fermiers, ils représentent environ 10 % de l'en-
semble.
Si la polyculture caractérise l'activité des agriculteurs Basques et Béarnais,
la production animale n'est pas délaissée pour autant. Elle est même très impor-
tante, tant dans le domaine des bovins (viande de boucherie et production laitiè-
re) que dans l'élevage des ovins (lait de brebis destiné à la fabrication de fro-
mages réputés (fromages dits du pays et ce qui se sait peut-être moins, fromages
de Roquefort).
La production porcine, qu'il s'agisse de la consommation familiale ou de la
destination charcutière (jambons de Bayonne) marque chaque année une pro-
gression sensible ; elle est encore l'apanage des petits élevages mais tend nette-
ment vers une évolution à caractère industriel.
L'agriculture tient donc une place prépondérante dans l'économie générale
du département. Son développement (les exploitants l'ont compris) passe par la
modernisation des techniques de production ; cette mutation s'opère progressi-
vement et permettra à ce secteur qui fait vivre 70 % environ des habitants de se
hisser, dans l'avenir, à un niveau relativement élevé, compte tenu de ses moyens
et de sa superficie.
Le secteur industriel n'a qu'une importance relative mais présente une activi-
té très diversifiée ; on y trouve : des mines de fer (production : 30 880 tonnes) ;
des mines de sel gemme (production : 75 740 tonnes) ; des mines de soufre (pro-
duction : 2 370 tonnes).
des fabriques de meubles, linge basque et béarnais, espadrilles, chaussures,
bérets, couvertures, conserves alimentaires, chocolateries, brasseries, minote-
ries, tanneries, industries métallurgiques, fonderies, marbreries, etc...
Il n'existe pas de grosses unités de production, la petite entreprise à caractère
artisanal ou familial domine nettement.
(1) Il s'agit ici de situer à grands traits, avec un maximum de concision, l'activité économique du
département des Basses-Pyrénées en 1940 et non, cela va de soi, d'une étude approfondie et complète de
son niveau ou de ses caractéristiques.
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L e s é l é m e n t s c i - a p r è s , e m p r u n t é s au r e c e n s e m e n t d e 1 9 3 6 f o n t a p p a r a î t r e ,
m i e u x q u e t o u t c o m m e n t a i r e , la p h y s i o n o m i e d e ce s e c t e u r o ù l ' o n ne t r o u v e
a u c u n é t a b l i s s e m e n t o c c u p a n t u n e f f e c t i f d e p l u s de 5 0 0 salariés.
- E t a b l i s s e m e n t n ' o c c u p a n t a u c u n salarié : 13 9 9 8
- E t a b l i s s e m e n t occupant de 1 à 5 salariés : 25 9 4 9
- E t a b l i s s e m e n t occupant de 6 à 20 salariés : 1 098
- E t a b l i s s e m e n t o c c u p a n t de 21 à 100 s a l a r i é s : 265
- E t a b l i s s e m e n t o c c u p a n t plus de 100 salariés : 33
L ' a c t i v i t é é c o n o m i q u e est d ' u n e f a ç o n g é n é r a l e s a t i s f a i s a n t e , m a i s p l u s i e u r s
entreprises qui connaissaient avant 1939 une situation florissante, enregistrent
u n e b a i s s e i m p o r t a n t e et i n q u i é t a n t e d e s c o m m a n d e s . L e s f a b r i q u e s d ' e s p a d r i l l e s ,
b é r e t s et c o u v e r t u r e s e n s o n t les p r i n c i p a l e s v i c t i m e s ; e l l e s s ' e s s o u f f l e n t p r o g r e s -
s i v e m e n t , c e r t a i n e s é t a n t c o n t r a i n t e s à la f e r m e t u r e , d ' a u t r e s au d é p ô t de bilan.
C e m o u v e m e n t de r é g r e s s i o n est, e n partie, c o m p e n s é p a r l ' i m p l a n t a t i o n d ' e n t r e -
prises r é f u g i é e s du N o r d ou du B a s s i n P a r i s i e n v e n u e s se réinstaller d a n s notre dépar-
t e m e n t , p l u s p a r t i c u l i è r e m e n t d a n s la r é g i o n p a l o i s e , o l o r o n n a i s e et b a y o n n a i s e .
Il n ' a d e ce fait q u ' u n e f a i b l e i n c i d e n c e s u r la s i t u a t i o n de l ' e m p l o i qui d e m e u -
re à u n b o n n i v e a u , m a i s il c o n s t i t u e c e p e n d a n t u n e t e n d a n c e p r é o c c u p a n t e .
bilité de s'organiser pour continuer la lutte : il faut se serrer les coudes, dit-on,
faire bloc, mettre tout en œuvre pour s'opposer à la pression allemande, gêner
l'armée d'occupation dans ses opérations stratégiques, en un mot "résister".
Le 19 juin 1940, un groupe de jeunes Palois sensibilisés par l'appel du Gé-
néral de Gaulle décide d'organiser une réunion d'information. Le but est d'étu-
dier les moyens pratiques de répondre à cet appel pour se mettre à sa disposition.
Des tracts sont aussitôt rédigés et distribués. La réunion se tiendra dans la salle
Pétron, 14, rue des Cordeliers, à Pau, le jour même à 18 heures. Le Préfet, infor-
mé par ses services de renseignements, s'y oppose. Elle aura cependant lieu dans
le hall d'entrée de la mairie de Pau groupant 800 personnes environ. A son issue,
quelques volontaires se rendent rue d'Etigny où se trouvent les garages des cars
de la société T.P.R. (Transports publics régionaux). Le soir même, puis le lende-
main, 6 à 7 cars transportent tous ceux qui avaient rapidement pris leur décision
à Bayonne et Saint-Jean-de-Luz où ils embarqueront sur des bateaux polonais et
portugais à destination de la Grande-Bretagne et du Maroc. Parmi eux, M. Daniel
Cordier qui devint à Londres le secrétaire de Jean Moulin. Cette information est
confirmée par des témoignages concordants mais aucun document l'officialisant
n'a pu être retrouvé.
Par ailleurs, animés des mêmes sentiments patriotiques, quelques Palois pren-
nent l'initiative de se réunir pour rechercher, dans un premier temps, la meilleu-
re manière de recenser et regrouper clandestinement tous ceux qui n'acceptent
pas la défaite et ont la volonté de continuer la lutte.
La réunion projetée a lieu dans une arrière salle du café Ducau (un bon et fidè-
le militant du Parti Socialiste), 5 place de la République, à Pau, le 20 juin 1940.
Aucun procès-verbal de cette première et historique prise de contact n'a été établi
(on en comprend aisément les raisons) mais on sait par des témoignages oraux
des acteurs, confirmés par les déclarations faites plus tard, par Ambroise
Bordelongue et le Préfet Baylot, lors de l'apposition d'une plaque commémora-
tive sur la façade de l'immeuble du café Ducau, que le nombre des participants à
cette réunion, ne dépasse pas celui des cinq doigts de la main.
On y trouvait notamment : Robert Lacoste, ancien Ministre ; Honoré Baradat,
Instituteur ; Joseph Santaolaria, Instituteur ; Louis Ducau, Limonadier.
Le cercle s'agrandit progressivement ; le café Ducau devint le lieu de rendez-
vous de tous ceux qui avaient décidé, malgré l'évidente et périlleuse difficulté de
l'entreprise, de continuer la lutte contre l'occupant. Parmi eux : Jean Baylot,
René Olivier, Bergnoles, Camidebat, Gaston Chaze, René Cassagne, etc... De
ces rencontres se dégage une volonté très ferme, bien arrêtée d'agir ; on trouve
chez tous les participants un même et incontestable sentiment de patriotisme, un
enthousiasme raisonné qui tient compte des mesures et précautions à prendre
pour assurer la réussite de l'entreprise dont aucun ne méconnaît et n'écarte les
indéniables risques. Il est décidé unanimement de créer une organisation clan-
destine composée de volontaires, sans distinction d'appartenance politique,
confessionnelle, philosophique ou catégorie sociale, dont l'objectif unique serait
de concourir à la recherche de tous moyens appropriés pour sortir de cette invi-
vable situation née de la défaite et porteuse de conséquences fâcheuses pour le
maintien de nos libertés.
Dès que cette organisation aura pris forme, mais seulement à ce moment-là,
les moyens d'une action efficace feront l'objet d'une étude approfondie.
Quelques mois après, un regroupement des fondateurs s'opère et réunit chez
René Cassagne, 10 rue Cazaubon Norbert à Pau quelques personnalités dont :
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P.C. n'approuvent pas. Les 2 communiqués ci-après parus dans L'Humanité clan-
destine des 4 et 13 juillet 1940, en témoignent :
Chapitre 1
On dit aussi que quelques têtes de gros bétail, dont la circulation n'était pas
réglementée en zone libre, s'égaraient parfois en zone occupée, sans qu'on puis-
se s'expliquer ces erreurs d'orientation...
Le 11 novembre 1942, les troupes allemandes en violation des conditions
d'Armistice envahissent la zone libre, occupant ainsi tout le territoire de notre
département. Contre toute attente, cette opération n'a pas pour effet de supprimer
la ligne de démarcation, elle subsiste mais la surveillance effectuée avec des
effectifs réduits par nécessité, est beaucoup moins sévère. Cette décision inatten-
due se justifie certainement par la possibilité qu'elle procure aux Allemands, de
maintenir un contrôle de la circulation routière et ferroviaire tendant à éviter le
développement du trafic économique. Ils en profitent, un peu plus tard (le 18
février 1943) pour créer une "zone réservée" située à proximité de la frontière
Espagnole et dont l'accès est " interdit à toute personne, quelle que soit sa natio-
nalité, qui n'aura pas obtenu, pour s'y rendre, un titre de circulation réglementai-
re". Cette zone interdite comprend les 20 communes ci-après de l'arrondissement
d'Oloron : Aincille, Caro, Esterençuby, St Michel, Ahaze, Lecumberry, Mendive,
Behoteguy, Larrau, St Engrace, Arette (en partie), Lourdios, Osse, Lee-Athas,
Lescun, Cette Eygun, Borce, Etsaut, Urdos, Laruns (en partie). De toute éviden-
ce, cette mesure a été prise pour mieux surveiller cette partie du département, par
où passent des itinéraires conduisant en Espagne.
Outre ces ouvrages défensifs, des obstacles étaient disposés sur toutes les
plages, de manière à entraver la progression d'engins ou de troupes. Ils consis-
taient en pieux (en bois ou en fer), rails, hérissons métalliques, chevaux de frise,
tétraëdres en béton, etc.
Pour les départements des Landes et des Basses-Pyrénées, la côte atlantique
était divisée en 5 secteurs (1) :
F.5 : de Mimizan à Ondres (Landes) - Ses 72 km ne sont défendus que par
7 batteries dont 4 anti-aériennes.
F.6 : de Ondres à Bidart - 5 batteries dont 2 anti-aériennes sur 11 km.
F.7 : de Guéthary (en aval et en amont de Guéthary) - 6 km.
Pas de batterie.
F.8 : d'Erromardie à la Pointe Ste Anne -10 km - 5 batteries.
F.9 : de la pointe Ste Anne à la frontière espagnole - 3 km - 2 batteries.
La propagande fait partie de l'arsenal des armes allemandes. Elle est utilisée,
sur le plan psychologique, par tous les moyens de pression (cinéma, radio, dis-
tribution de tracts, de photos d'Hitler et de Pétain) pour saper le moral de la popu-
lation française.
L'un des instruments favoris, en la matière, est la création d'émission en lan-
gue française, à partir du poste émetteur de radio Stuttgart. Là, un traître fran-
çais, Ferdonnet, marié à une Allemande, s'efforce de convaincre ceux qui l'écou-
tent de l'invincibilité, de la domination totale et irréversible de l'omni-présence,
de l'omni-science du peuple allemand et de son armée. (Ferdonnet, à la Libé-
ration, sera arrêté, jugé et fusillé).
Radio Stuttgart déclare avoir des indicateurs partout en France, sait ainsi tout
ce qui s'y passe, sans en ignorer les détails. En voulez-vous une preuve ? dit-il un
jour : Je vais vous énoncer le menu affiché aujourd'hui, à l'Hôtel Continental à
Pau, ce qu'il fait avec exactitude (information bien facile à connaître, l'Hôtel
Continental est rempli d'officiers allemands ; il suffit d'un appel téléphonique
pour l'obtenir) mais les Palois sont tout de même impressionnés, le but est atteint.
Il critique systématiquement dans ses émissions le rôle et l'action de Winston
Churchill (vous savez Monsieur W.C. dit-il) avec un manque de respect qu'il qua-
lifie d'humour, il avait promis la libération de la France "avant que tombent les
feuilles... et les feuilles sont tombées" et il ajoute : Oh Churchill, où es-tu ? Où
sont tes soldats ? Ces déclarations sont reprises dans des tracts distribués à la
population française (Cf annexe p. 334).
L'objectif est d'accréditer l'idée que la France est désormais soumise à l'auto-
rité allemande, que la Résistance même avec le soutien des Alliés n'a aucune
chance de réussite.
De son côté, Goebbels proclame : "L'an 1789 sera rayé de l'Histoire." Les
actions de propagande sont bien orchestrées, elles s'effectuent dans deux direc-
tions : la séduction et l'intimidation.
Toutes les occasions, tous les moyens permettant de capter la sympathie des
Français sont exploités :
Par exemple, le mardi 21 avril 1941(l) les autorités allemandes de Salies-de-
Béarn ont fait défiler dans les rues de la ville 34 tombereaux de pommes de ter-
re. Cours du Jardin Public, au moment de la sortie des écoles, les conducteurs
des véhicules ont lancé des pommes de terre sur la route. Des enfants en ont
ramassé, des femmes sont arrivées auxquelles les Allemands ont demandé de se
munir de sacs de provision, elles les ont remplis de pommes de terre ; pendant ce
temps, un soldat allemand a filmé la scène, faisant poser les femmes en ayant
( 1) Archives privées de M.-H. Baradat (Rapport de Police Sécurité Nationale du Poste d'Argagnon).
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s o i n d e c h o i s i r l e s p l u s j o l i e s . Il a é t é d i s t r i b u é , a i n s i , 1 0 0 k g d e p o m m e s d e t e r r e
environ.
A u cours d e cette prise de vues, un enfant -Jean Hilaire- qui n'avait pas parti-
c i p é à la d i s t r i b u t i o n et qui s ' a c c r o c h a i t à l'une d e s voitures, en a été c h a s s é à
c o u p s de f o u e t p a r les A l l e m a n d s et blessé à u n œil.
Chapitre II
La vie quotidienne
à l'époque de Vichy
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Dans une ambiance caractérisée par une tristesse collective, les tradition-
nelles habitudes de vie sont bouleversées, des informations circulent sans arrêt,
l'une chassant l'autre, sans qu'il soit possible d'établir avec précision ni leur sour-
ce ni leur authenticité. Elles sont souvent contradictoires, sensationnelles, à pei-
ne crédibles et causent un total désarroi.
On apprend - la nouvelle est rapidement confirmée par la presse et la radio
française - que le Maréchal Pétain en poste d'Ambassadeur à Madrid vient d'être
rappelé par le Président de la République. Il a été choisi pour prendre contact
avec l'ennemi, obtenir la cessation des hostilités et assumer dans cette période
difficile, la responsabilité de régler au mieux de nos intérêts toutes les opérations
qui découlent de cette nouvelle et pénible situation.
Il accepte cette mission et est investi des pleins pouvoirs par un vote majori-
taire (80 parlementaires ont voté contre) de l'Assemblée Nationale.
Le Maréchal Pétain devient, le 17 juin 1940, (il a 84 ans) le Chef de "l'Etat
Français". Le terme de République n'a déjà plus cours...
Son passé militaire glorieux, son prestige - il est le vainqueur de la bataille de
Verdun en 1916 et le Commandant en chef des Forces Françaises au moment de
la victoire définitive de 1918 - font que sa nomination à ce haut poste dans les
circonstances du moment est favorablement accueillie par le peuple de France. Il
lui accorde sa confiance sans réserve et a pour son courage et son dévouement
une incontestable vénération. On le qualifie même, la propagande aidant, de sau-
veur de la Nation Française.
Dès sa prise de pouvoir le Maréchal Pétain s'adresse à l'adversaire et lui
demande dans les termes ci-après "de rechercher, avec nous, entre soldats, après
la lutte et dans l'honneur, le moyen de mettre un terme aux hostilités. "
Sa requête est examinée par le Commandement Militaire Allemand et
l'Armistice signé le 22 juin 1940, à 18 h 30 en forêt de Compiègne. Il le sera éga-
lement avec l'Italie quelques jours après.
La IIIe République n'est plus, elle est remplacée quelques heures plus tard le
10 juillet 1940 par "l'Etat Français" qui se qualifie de régime de liberté, autori-
taire et révolutionnaire.
A la déjà vieille devise républicaine "Liberté, Egalité, Fraternité" le nouveau
régime substitue celle de "Travail, Famille, Patrie."
Le Gouvernement français qui s'était replié à Bordeaux au moment de la
débâcle décide de transférer l'ensemble de ses services à Clermont-Ferrand où il
ne fera qu'un court séjour (48 heures) et s'installera définitivement à Vichy dont
la situation géographique, les possibilités d'accueil et d hébergement permettent
une réorganisation dans des conditions meilleures et des délais plus rapides.
Le Gouvernement est remanié immédiatement et composé comme suit :
Président du Conseil : Maréchal Pétain
Vice-Président : Camille Chautemps
Justice : Frémicourt
(Premier Président de la Cour de Cassation)
Défense Nationale : Général Weygand
Guerre : Gérard Colson
Marine Militaire : Amiral Darlan
Air : Général Pujo
Affaires étrangères : Paul Baudoin
Intérieur : Pomaret
Education Nationale : Ribaut (Professeur à la Sorbonne)
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Colonies : Rivière
Travaux Publics
et Transmissions : Frossard
Agriculture et Ravitaillement : Cichéry
Travail : Février
Anciens Combattants et
famille Française : Ybarnegaray
Sous-secrétaires d'Etat-
Présidence du Conseil : Alibert, Conseiller d'Etat Honoraire
Réfugiés : Schumann
L e s p r e m i è r e s m a n i f e s t a t i o n s du n o u v e a u r é g i m e se t r a d u i s e n t p a r la p r i s e de
m e s u r e s i n j u s t e s , s é v è r e s e t i n h u m a i n e s à l ' é g a r d d e s Juifs s é j o u r n a n t ou r é s i d a n t
s u r le t e r r i t o i r e f r a n ç a i s : o r d r e e s t d o n n é a u x s e r v i c e s a d m i n i s t r a t i f s c o m p é t e n t s
de les r e c e n s e r et d e les p o u r c h a s s e r .
D a n s la p a r t i e o c c u p é e de n o t r e d é p a r t e m e n t les I s r a é l i t e s s o n t m i s d a n s l'obli-
g a t i o n , s o u s p e i n e d e g r a v e s s a n c t i o n s , d e p o r t e r s u r l e u r s v ê t e m e n t s de f a ç o n
o s t e n s i b l e u n e é t o i l e j a u n e q u i les d i s t i n g u e r a d e s a u t r e s h a b i t a n t s ; e n o u t r e il
l e u r e s t d é s o r m a i s i n t e r d i t de r e m p l i r d e s f o n c t i o n s a d m i n i s t r a t i v e s o u a y a n t u n
caractère officiel.
P u i s , s u r s a l a n c é e , le G o u v e r n e m e n t d é c i d e p a r u n t e x t e a d o p t é e n c o n s e i l
d e s M i n i s t r e s , le 14 a o û t 1 9 4 0 , la s u p p r e s s i o n d e s s o c i é t é s s e c r è t e s e t i n t e r d i t
é g a l e m e n t a u x m e m b r e s a p p a r t e n a n t a u x d i v e r s e s o b é d i e n c e s m a ç o n n i q u e s , l'ac-
cès a u x e m p l o i s de la f o n c t i o n p u b l i q u e .
T o u s les f o n c t i o n n a i r e s e n p l a c e au m o m e n t de la p r o m u l g a t i o n de ce texte,
s o n t t e n u s d ' a d r e s s e r a u x p r é f e t s d o n t ils r e l è v e n t , u n e d é c l a r a t i o n s u r l ' h o n n e u r
d ' a p p a r t e n a n c e o u d e n o n a p p a r t e n a n c e à u n e s o c i é t é s e c r è t e . J u i f s et f r a n c s -
m a ç o n s s o n t d o n c les p r e m i è r e s c i b l e s , les p r e m i è r e s v i c t i m e s d u n o u v e a u régi-
m e . L e s m e s u r e s c o n t r a i g n a n t e s q u i l e u r s e r o n t r é s e r v é e s d a n s l'avenir, i r o n t
d ' a i l l e u r s e n s ' i n t e n s i f i a n t ; e l l e s f e r o n t r e s p e c t i v e m e n t l ' o b j e t d ' u n c h a p i t r e spé-
cial.
C e p r e m i e r t r a i n d e d é c i s i o n s p o r t a n t a t t e i n t e à la l i b e r t é et à la d i g n i t é d e s
F r a n ç a i s n e s ' a r r ê t e p a s là ; les p a r t i s p o l i t i q u e s s o n t d i s s o u s e t i n t e r d i t s ; la m ê m e
m e s u r e f r a p p e les o r g a n i s a t i o n s s y n d i c a l e s et l ' o c c u p a n t i n s t a u r e p o u r t o u s les
h a b i t a n t s d u d é p a r t e m e n t u n " c o u v r e - f e u " b i e n g ê n a n t . S o n r e s p e c t est p l a c é s o u s
le c o n t r ô l e et la s u r v e i l l a n c e d e s s e r v i c e s d e d é f e n s e p a s s i v e de c r é a t i o n r é c e n t e .
L a c i r c u l a t i o n de la p o p u l a t i o n c i v i l e e t d e s v é h i c u l e s d e t o u t e s s o r t e s e s t
i n t e r d i t e ( a r r ê t é p r é f e c t o r a l du 2 2 j u i n 1 9 4 0 ) d e 21 h e u r e s à 5 h e u r e s du m a t i n .
C e t t e i n t e r d i c t i o n ne v i s e p a s les p e r s o n n e s m u n i e s d ' u n o r d r e de m i s s i o n ou d 'un
" l a i s s e z - p a s s e r " e n p a r t i c u l i e r les m é d e c i n s d é t e n t e u r s d e l ' u n e de c e s p i è c e s
appelés à d o n n e r des soins urgents aux malades.
L a l i b e r t é se r é d u i t p r o g r e s s i v e m e n t à d e s l i m i t e s de p l u s e n p l u s é t r o i t e s , le
m o u v e m e n t v a r a p i d e m e n t a f f e c t e r le s e c t e u r d e l ' a l i m e n t a t i o n où de g r a v e s res-
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En 1940, le Conseil Municipal de Pau est celui qui fut élu (pour 6 ans) aux
dernières élections de mai 1935. Après entente entre les candidats, il avait été
décidé l'établissement d'une liste, sans tendance politique apparente, qui se pré-
sentait aux électeurs sous la dénomination de : "liste de conciliation et d'action
municipale". Elle était composée comme suit (par ordre alphabétique) :
MM. Ancibure, pharmacien Lacoste, maire sortant
Docteur Aris Lapuyade, avocat
Baylaucq, commerçant Larrouy, conseiller sortant
Bernis, hôtelier Lassalle Barrère, avoué
Bijon, avocat Legrand, avocat
Boudon, avocat Peborde, industriel
Carrouche Plaa, correspondant de presse
Carassus, ancien combattant Plasteig, négociant
Challe, architecte Docteur Rozier
Chaux Méqué, professeur agrégé Sallenave, droguiste
Couget, industriel Saupiquet (docteur)
Dulau, industriel Simian (docteur)
Genevet, ingénieur Suberbie, négociant
Heïd, industriel Tonnet, libraire, imprimeur
Herskowiza, négociant Verdenal, avocat
M. Lacoste fut élu Maire. Les postes d'adjoints échurent à : Me Lapuyade,
Docteur Rozier, M. Sallenave.
Le décès de M. Lacoste nécessita l'élection d'un conseiller municipal,
Gaston Chaze, Socialiste, fonctionnaire (enregistrement) fut élu.
Le Conseil Municipal se donna alors pour maire Maître Verdenal
Adjoints : M. le Docteur Saupiquet, Ancibure et Challe.
En 1941, les élections n'étant pas autorisées, le Conseil Municipal, par déci-
sion du Gouvernement de Vichy, fut remanié.
Me Verdenal qui, entre temps, était devenu Conseiller National du Gouver-
nement Pétain, fut confirmé dans ses fonctions de Maire et procéda à la nomina-
tion d'un 4e adjoint : M. Plasteig, commerçant.
Il conserva comme conseillers municipaux : MM. Aris, Baylaucq, Bijon,
Couget, Heïd, Lasalle Barrère, Legrand.
6 nouveaux conseillers, vraisemblablement cooptés, complétèrent cette équi-
pe : MM. Alliez (Gaz et Électricité), socialiste et syndicaliste, Dubernet, artisan,
Loustalan, publiciste, prisonnier de guerre en Allemagne, Mestressat, agricul-
teur, Terré, commerçant. Une femme : Madame Jacquenet.
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Tous les habitants appartenant à ces catégories sont dotés, sur leur demande,
d'une "Carte d'alimentation" qui contient un certain nombre de tickets revêtus de
lettres alphabétiques et de chiffres. A des périodes indiquées, il leur appartenait
de remettre au commerçant de leur choix (l'inscription préalable était obligatoi-
re) un ou plusieurs de ces tickets. En échange, il leur délivrait, contre paiement,
la quantité correspondante de pain, viande, matière grasse, sucre, etc., détermi-
née par les Services du Ravitaillement Général.
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A - Les quantités et les modalités de distribution du café seront fixées par des
instructions ultérieures .
B - La date de distribution du chocolat sera fixée ultérieurement.
NB - Certains travailleurs de la catégorie T (Travailleurs de force) peuvent
prétendre à l'attribution de "rations supplémentaires" de viande dans les condi-
tions suivantes :
- Travailleurs de 1ère catégorie : 450 g
- Travailleurs de 2e catégorie : 900 g
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120 F
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