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mars 2021
Cette fiche ne lie pas la Cour et n’est pas exhaustive
Affaires « Dublin »
La législation communautaire « Dublin »
Le système « Dublin » vise à déterminer l’État membre de l’Union européenne responsable de
l’examen d’une demande d’asile présentée dans l’un des États membres par un ressortissant d’un
pays tiers 1.
Le Règlement Dublin 2 pose pour principe qu’un seul État membre est responsable de l’examen
d’une demande d’asile. L’objectif est d’éviter que les demandeurs d’asile soient renvoyés d’un pays
à l’autre mais également d’éviter l’abus du système par la présentation de plusieurs demandes
d’asile par une seule personne.
L’État membre désigné comme responsable de la demande d’asile doit prendre en charge le
demandeur et traiter la demande. Si un État membre auprès duquel une demande d’asile a été
introduite considère qu’un autre pays de l’UE est responsable, il peut demander à cet État membre
de prendre en charge la demande. Lorsque l’État requis accepte la prise en charge ou la reprise en
charge de la personne concernée, une décision motivée signifiant que la demande est irrecevable
dans l’État où elle a été présentée et qu’il y a obligation de transférer le demandeur d’asile vers
l’État membre responsable est notifiée au demandeur.
1
. Tous les États membres de l’Union européenne appliquent le règlement, ainsi que la Norvège, l’Islande, la
Suisse et le Liechtenstein.
2
. Voir la page consacrée au Règlement Dublin sur le site internet de la Commission européenne.
3
. Article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme : « Nul ne peut être soumis à la torture ni à
des peines ou traitements inhumains ou dégradants ».
4
. La Cour a observé dans cette décision que l’expulsion du requérant dans un pays tiers n’exonérait pas le
Royaume-Uni de la responsabilité de veiller à ce qu’une telle décision d’expulsion ne l’expose pas à un
traitement contraire à l’article 3 de la Convention.
Fiche thématique – Affaires « Dublin »
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. Il s’agit de mesures prises dans le cadre du déroulement de la procédure devant la Cour, qui sont
obligatoires pour l’État concerné. Elles ne présagent pas de ses décisions ultérieures sur la recevabilité/le fond
des affaires en question. Si la Cour accorde la mesure provisoire, l’expulsion du requérant est suspendue le
temps de l’examen de la requête (mais la Cour suit la situation du requérant et peut lever la mesure en cours
d’examen de la requête). Voir également la fiche thématique sur « Les mesures provisoires ».
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Fiche thématique – Affaires « Dublin »
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Fiche thématique – Affaires « Dublin »
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. La Cour a rayé du rôle la requête à l’égard des 31 autres requérants, en application de l’article 37 (radiation
du rôle) de la Convention.
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Fiche thématique – Affaires « Dublin »
Elle a rappelé par ailleurs que l’application du système Dublin doit se faire d’une manière
compatible avec la Convention européenne des droits de l’homme : aucune forme
d’éloignement collectif et indiscriminé ne saurait être justifiée par référence à ce système
et il appartient à l’État qui procède au refoulement de s’assurer de la façon dont le pays
de destination applique la législation en matière d’asile des garanties suffisantes qu’il
offre permettant d’éviter que la personne concernée ne soit expulsée vers son pays
d’origine sans une évaluation des risques qu’elle court.
Tarakhel c. Suisse
4 novembre 2014 (arrêt de Grande Chambre)
Cette affaire concernait le refus des autorités suisses de se prononcer sur la demande
d’asile d’un couple de ressortissants afghans avec leurs six enfants et la décision de les
renvoyer en Italie. Les requérants estimaient notamment qu’en cas de renvoi vers
l’Italie, « sans garantie individuelle de prise en charge », ils seraient victimes d’un
traitement inhumain et dégradant lié à l’existence de « défaillances systémiques » dans
le dispositif d’accueil des demandeurs d’asile dans ce pays. Ils soutenaient également
que les autorités suisses n’avaient pas examiné avec suffisamment d’attention leur
situation personnelle et qu’elles n’avaient pas tenu compte de leur situation familiale.
La Cour a conclu qu’il y aurait violation de l’article 3 (interdiction des traitements
inhumains ou dégradants) de la Convention, au cas où les autorités suisses renverraient
les requérants en Italie, dans le cadre du Règlement Dublin, sans avoir obtenu au
préalable des autorités italiennes une garantie individuelle concernant d’une part une
prise en charge adaptée à l’âge des enfants et d’autre part la préservation de l’unité
familiale. La Cour a jugé en particulier que, compte tenu de la situation actuelle du
système d’accueil en Italie et en l’absence d’informations détaillées et fiables quant à la
structure d’accueil précise de destination, les autorités suisses ne disposaient pas
d’éléments suffisants pour être assurées qu’en cas de renvoi en Italie, les requérants
seraient pris en charge d’une manière adaptée à l’âge des enfants. La Cour a par ailleurs
considéré que les requérants avaient bénéficié d’un recours effectif s’agissant de leur
grief fondé sur l’article 3 de la Convention. En conséquence, elle a rejeté leur grief tiré
de l’article 13 (droit à un recours effectif) de la Convention combiné avec l’article 3
pour défaut manifeste de fondement.
Voir aussi : S.M.H. c. Pays-Bas (n° 5868/13), décision d’irrecevabilité du 17 mai
2016 ; N.A. et autres c. Danemark (n° 15636/16), décision d’irrecevabilité du
28 juin 2016.
A.M.E. c. Pays-Bas (n° 51428/10)
13 janvier 2015 (décision sur la recevabilité)
Le requérant, un demandeur d’asile somalien, alléguait que son renvoi en Italie
l’exposerait à des conditions de vie médiocres et qu’il risquerait d’être expulsé
directement par les autorités italiennes vers la Somalie sans que sa demande d’asile ne
soit convenablement examinée.
La Cour a déclaré irrecevables (manifestement mal fondés) les griefs formulés par le
requérant sur le terrain de l’article 3 (interdiction des traitements inhumains ou
dégradants) de la Convention, jugeant que ce dernier n’avait pas établi que, s’il était
renvoyé vers l’Italie, il courrait, d’un point de vue matériel, physique ou psychologique,
un risque suffisamment réel et imminent de subir des épreuves revêtant le degré de
gravité requis pour tomber sous l’empire de l’article 3. La Cour a relevé en particulier
que, contrairement aux requérants en l’affaire Tarakhel c. Suisse (voir ci-dessus), qui
formaient une famille avec six enfants mineurs, le requérant était un jeune homme en
pleine possession de ses moyens, sans personne à charge, et que la situation actuelle en
Italie pour les demandeurs d’asile ne pouvait en aucun cas se comparer à la situation en
Grèce à l’époque de l’affaire M.S.S. c. Belgique et Grèce (voir ci-dessus). En
conséquence, la structure et la situation générale en ce qui concerne les dispositions
prises pour l’accueil des demandeurs d’asile en Italie ne pouvaient en soi passer pour
des obstacles empêchant le renvoi de tout demandeur d’asile vers ce pays.
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