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du Greffier de la Cour

CEDH 148 (2014)


27.05.2014

Arrêts concernant la Bulgarie, l’Espagne, l’Italie, la Pologne et la Suisse


La Cour européenne des droits de l’homme a communiqué aujourd’hui par écrit les sept arrêts
suivants dont deux (en italique) sont des arrêts de comité définitifs. Les autres sont des arrêts de
chambre1 et ne sont pas définitifs.
Les affaires de durée de procédure, où est indiquée la conclusion principale de la Cour, figurent à la
fin du présent communiqué de presse. Les arrêts en français sont indiqués par un astérisque (*).
La Cour a également rendu ce jour des arrêts dans les affaires Velev c. Bulgarie (requête no 16032/07), Baka c. Hongrie
(no 20261/12) et Mustafa Erdoğan et autres c. Turquie (nos 346/04 et 39779/04) qui font l’objet de communiqués de presse
séparés.

Radkov et Sabev c. Bulgarie (requêtes nos 18938/07 et 36069/09)


L’affaire avait pour objet le menottage de deux détenus à perpétuité au cours d’une audience
juridictionnelle tenue dans l’enceinte de leur prison.
Les requérants, Plamen Radkov et Miroslav Sabev, sont des ressortissants bulgares nés
respectivement en 1972 et 1966. En 2006, ils formèrent une action au civil pour se plaindre de leurs
conditions de détention dans la prison de Lovech, où ils purgent des peines de réclusion à perpétuité
pour de nombreuses infractions, notamment pour meurtre, viol et vols à main armée.
Invoquant les articles 3 (interdiction des traitements inhumains ou dégradants) et 13 (droit à un
recours effectif) de la Convention européenne des droits de l’homme, ils voyaient dans leur
menottage au cours de l’audience tenue le 26 janvier 2007 un traitement inhumain et dégradant et
estimaient qu’ils n’avaient disposé d’aucun recours effectif pour en tirer grief. Ils se plaignaient en
particulier d’un défaut de motivation par le président de la formation de jugement de son refus de
faire ôter leurs menottes, soutenant que celles-ci n’avaient pas été nécessaires puisque l’audience
avait eu lieu dans un milieu sécurisé – carcéral – et en la présence de gardiens de la prison.
Violation de l’article 3 (traitement dégradant)
Violation de l’article 13
Satisfaction équitable : 1 000 euros (EUR) chacun à MM. Radkov et Sabev pour préjudice moral.

De La Flor Cabrera c. Espagne (no 10764/09)*


Le requérant, José Luis de La Flor Cabrera est un ressortissant espagnol résidant à Séville (Espagne).
L’affaire concernait l’enregistrement et l’emploi de vidéos à titre de preuves dans une procédure
civile sans le consentement de l’intéressé.
En 1997, M. de la Flor Cabrera fut renversé par une auto alors qu’il circulait à vélo. Il engagea une
action civile en dommages-intérêts à l’encontre du conducteur et de la compagnie d’assurances
impliquée, en raison de séquelles prétendument subies dont une névrose post-traumatique qui

1 Conformément aux dispositions des articles 43 et 44 de la Convention, les arrêts de chambre ne sont pas définitifs. Dans un délai de

trois mois à compter de la date du prononcé de l’arrêt, toute partie peut demander le renvoi de l’affaire devant la Grande Chambre de la
Cour. En pareil cas, un collège de cinq juges détermine si l’affaire mérite plus ample examen. Si tel est le cas, la Grande Chambre se saisira
de l’affaire et rendra un arrêt définitif. Si la demande de renvoi est rejetée, l’arrêt de chambre deviendra définitif à la date de ce rejet.
Conformément aux dispositions de l'article 28 de la Convention, les arrêts rendus par un comité sont définitifs.
Dès qu’un arrêt devient définitif, il est transmis au Comité des Ministres du Conseil de l’Europe qui en surveille l’exécution. Des
renseignements supplémentaires sur le processus d’exécution sont consultables à l’adresse suivante :
www.coe.int/t/dghl/monitoring/execution
l’aurait empêché de conduire des véhicules. Lors du procès, la compagnie d’assurances fournit une
vidéo – enregistrée par un cabinet de détectives privés – sur laquelle on voyait le requérant conduire
une moto. Lors de l’appel, l’Audiencia Provincial de Séville se prononça en faveur de la validité du
rapport des détectives privés, jugeant que les circonstances dans lesquelles avaient été prises les
images ne constituaient pas une interférence dans le comportement du requérant ni un
conditionnement de celui-ci. Parallèlement, M. de La Flor Cabrera entama une procédure contre la
compagnie d’assurances pour violation de son droit à la vie privée et de son droit à l’image. Le
tribunal rejeta ses prétentions et l’Audiencia Provincial estima que l’enregistrement de l’image était
justifié tant au regard du but poursuivi par la compagnie d’assurances qu’au regard des détectives
qui l’avaient réalisé.
Invoquant l’article 8 (droit au respect de la vie privée et familiale) M. de La Flor Cabrera alléguait que
les enregistrements vidéo effectués sans son consentement et utilisés dans le procès étaient
contraires à son droit à l’honneur, à son droit à l’intimité personnelle et familiale ainsi qu’à son droit
à l’image.
Non-violation de l’article 8

Rumor c. Italie (no 72964/10)


Il s’agissait d’une affaire de violences domestiques.
La requérante, Giulia Rumor, est une ressortissante italienne née en 1968 et habitant à Colognola ai
Colli, dans la province de Vérone (Italie). En 2003, elle entama avec J.C.N., un ressortissant kenyan,
une relation qui se détériora rapidement et se solda en 2008 par un incident violent au cours duquel
J.C.N. la séquestra à leur domicile et la frappa sous la menace d’un couteau et d’une paire de
ciseaux. L’un de leurs deux enfants en bas âge, qui dormaient tous les deux, se réveilla et assista à
l’agression. J.C.N. fut aussitôt arrêté et mis en détention provisoire. Il fut ultérieurement reconnu
coupable de tentative de meurtre, de séquestration et de violences aggravées et condamné à une
peine de trois ans et quatre mois d’emprisonnement, commuée en assignation dans un centre
d’accueil. Il finit de purger sa peine en août 2011 mais décida de continuer à vivre dans le centre
d’accueil. Parallèlement, en mai 2009, Mme Rumor avait obtenu la garde unique de leurs enfants et
J.C.N. avait été déchu de ses droits parentaux.
Mme Rumor alléguait que les autorités ne lui avaient prêté aucun concours à la suite du grave
incident de violence domestique dont elle avait été victime en novembre 2008 et ne l’avaient pas
protégée d’une poursuite des violences. Elle se plaignait en particulier de ce que son ancien
compagnon n’ait pas été obligé de suivre un traitement psychiatrique et de ce qu’il aurait continué à
constituer une menace pour elle et ses enfants. Elle estimait en outre que le centre d’accueil retenu
pour son assignation à domicile, situé à seulement 15 km de son domicile, était inadéquat, affirmant
avoir été harcelée à deux reprises par des employés du centre d’accueil, ce qui aurait été contraire à
une décision de justice interdisant toute forme de contact avec son ancien compagnon. Enfin, elle
considérait que ces déficiences étaient le fruit de l’insuffisance du cadre légal en Italie en matière de
lutte contre les violences domestiques et qu’elle s’en trouvait discriminée en tant que femme. Elle
invoquait l’article 3 (interdiction des traitements inhumains ou dégradants) isolément et en
combinaison avec l’article 14 (interdiction de discrimination) de la Convention.
Non-violation de l’article 3, pris isolément et en combinaison avec l’article 14

Albergas et Arlauskas c. Lituanie (no 17978/05)


L’affaire concernait une erreur commise en 1994 par l’administration concernant la vente de terrains
publics dans le cadre de la réforme agraire en Lituanie, notamment le processus de restitution à
leurs anciens propriétaires de biens nationalisés auparavant.

2
Les requérants, Eduardas Albergas et Jurijus Arlauskas, sont des ressortissants lituaniens nés
respectivement en 1949 et 1955 et habitant à Vilnius.
En 1994, M. Albergas acheta à l’État un terrain sis à Vilnius. En 1997, il le vendit à M. Arlauskas. Le 27
novembre 2002, la Cour suprême déclara illicite la vente du terrain à M. Albergas et annula la
cession ultérieure de ce bien à M. Arlauskas. Il est établi que les autorités locales n’avaient pas le
droit de vendre le bien à M. Albergas étant donné que la question du rétablissement des anciens
propriétaires dans leurs droits n’avait pas encore été résolue. Les demandes consécutivement
formées par les requérants devant les instances administratives et les instances civiles, tendant à
leur octroyer un nouveau terrain ou une indemnité, furent toutes ultérieurement rejetées.
Invoquant l’article 1 du Protocole n° 1 (protection de la propriété), les requérants s’estimaient tous
deux illégalement privés de leur bien sans indemnisation adéquate, que ce soit par l’octroi d’un
terrain ou d’une indemnité.
Violation de l’article 1 du Protocole n° 1 dans le chef de M. Albergas
Requête rayée du rôle s’agissant du grief de M. Arlauskas
Satisfaction équitable : 8 000 EUR pour préjudice matériel et moral, ainsi que 190 EUR pour frais et
dépens à M. Albergas.

Buchs c. Suisse (no 9929/12)


L’affaire concernait une procédure d’attribution d’autorité parentale conjointe.
Le requérant, Stanislaw Jean Garcia Buchs, est un ressortissant suisse né en 1960 et habitant à Cully,
dans le canton de Vaud (Suisse).
M. Buchs et son épouse se séparèrent en 2002. Ils déposèrent une demande conjointe de divorce,
sollicitant chacun la garde unique de leurs deux enfants, nés en 1996 et 1999. Au cours de la
procédure civile qui s’ensuivit, l’autorité parentale fut attribuée à la mère et M. Buchs se vit accorder
des droits de visite étendus. L’autorité parentale partagée fut refusée au motif qu’elle n’aurait pas
été dans l’intérêt supérieur de l’enfant. Il fut tenu compte de l’opposition de la mère à l’autorité
parentale partagée ainsi que de sa bonne volonté quant à l’octroi de droits de visite à son ex-mari et,
parallèlement, des difficultés qu’avait M. Buchs d’accepter la séparation d’avec son épouse ainsi que
de la pression qu’il avait exercée sur elle. Il était tenu compte aussi en particulier des enfants et du
conflit de loyauté dans lequel ils s’étaient retrouvés. Cette décision fut confirmée par la Cour d’appel
en février 2010 et par le Tribunal fédéral en août 2011.
M. Buchs se plaignait des décisions par lesquelles les juridictions nationales lui avaient refusé
l’autorité parentale partagée, laquelle était selon lui impossible à accorder en vertu du droit suisse
en vigueur étant donné que la mère des enfants y était opposée, et y voyait aussi une discrimination
à son égard fondée sur le sexe. Il invoquait en particulier l’article 8 (droit au respect de la vie privée
et familiale) et l’article 14 (interdiction de discrimination).
Non-violation de l’article 8
Non-violation de l’article 14 combiné avec l’article 8

Affaires de durée de procédure


Dans les affaires suivantes, les requérants se plaignaient notamment, sous l’angle de l’article 6 § 1
(droit à un procès équitable dans un délai raisonnable), de la durée excessive de procédures ne
relevant pas du droit pénal.
Goławski et Pisarek c. Pologne (no 32327/10)
Hoszowski c. Pologne (no 40988/09)

3
Violation de l’article 6 § 1 – dans les deux affaires

Rédigé par le greffe, le présent communiqué ne lie pas la Cour. Les décisions et arrêts rendus par la
Cour, ainsi que des informations complémentaires au sujet de celle-ci, peuvent être obtenus sur
www.echr.coe.int. Pour s’abonner aux communiqués de presse de la Cour, merci de s’inscrire ici :
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Contacts pour la presse
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Denis Lambert (tel: + 33 3 90 21 41 09)

La Cour européenne des droits de l’homme a été créée à Strasbourg par les États membres du
Conseil de l’Europe en 1959 pour connaître des allégations de violation de la Convention
européenne des droits de l’homme de 1950.

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