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Chapitre 2 

: la procédure d’extradition

Va varier selon le consentement ou non de la personne à être remise aux autorités de l’Etat
requérant.
Section 1 : la procédure ordinaire de droit commun
Paragraphe 1 : la demande d’arrestation provisoire
Cette demande peut être formulée avant même la demande d’extradition. Usage qui se
développe depuis le XIXème s en marge des conventions internationales pour 2 raisons :
palier la lenteur de la voie diplomatique et pour éviter que la personne ne prenne la fuite
pendant le délai de préparation de la demande officielle d’extradition. Pendant longtemps, il
n’y avait pas de réglementation. Les conventions internationales ont ensuite défini un régime
applicable. Aujourd’hui, tous les textes prévoient l’arrestation provisoire mais,
traditionnellement, on présente la demande d’arrestation provisoire comme une étape
préalable  ce n’est pas une étape de la procédure d’extradition elle-même.
Art 696-23 CPP : les autorités compétentes de l’Etat requérant peuvent présenter une telle
demande en cas d’urgence. Cette condition d’urgence est présente dans la convention
européenne d’extradition, dans beaucoup de conventions bilatérales mais pour la CH crim,
cette condition n’est pas contrôlée par les autorités françaises. A partir de là, l’arrestation
provisoire sera seulement subordonnée aux conditions de forme qui lui sont applicables.
La demande est transmise directement aux autorités judiciaires de l’Etat requis. Elle doit être
formulée par les autorités de l’Etat requérant au procureur général territorialement
compétent de l’Etat requis par tout moyen permettant d’en conserver une trace écrite. On
prévoit seulement que la copie de cette demande soit adressée au ministre des affaires
étrangères. Le non-respect de cette formalité n’est pas sanctionné par la nullité.
Les conventions internationales prévoient parfois des formes un peu plus variées pour la
transmission de la demande. La convention européenne d’extradition prévoit que la
demande d’arrestation provisoire soit transmise soit par la voie diplomatique soit par voie
postale ou télégraphique soit par interpole soit par tout moyen laissant une trace écrite.
Lorsque la France est Etat requis, elle accepte qu’une notice rouge (notice d’interpole qui
liste toutes les personnes recherchées) d’interpole vaut comme demande d’arrestation
provisoire. Un signalement dans un système d’informations Schengen vaut demande
d’arrestation provisoire aussi (ainsi que pour le mandat d’arrêt européen).
Une demande d’arrestation provisoire ne peut donner lieu à saisine de la chambre de
l’instruction, elle n’est pas compétente. Le procureur est le seul compétent.
Concernant les informations que l’on doit trouver, art 696-23 al2 CPP exige seulement de
l’Etat requérant qu’il mentionne l’existence d’une décision judiciaire requise pour formuler
une demande d’extradition. On doit trouver un bref exposé des faits et des éléments
d’identité. Ces exigences sont reprises dans les conventions internationales.
Lorsque le procureur général reçoit cette demande, dès sa réception, il peut la mettre à
exécution. Il peut recourir à tous les actes de coercition prévus à l’art 74-2 CPP contre la
personne faisant l’objet de la demande. Dès que la personne est arrêtée, le procureur
général informe le ministre de la justice.
Régime juridique de l’arrestation provisoire : ce n’est pas celui de l’interpellation dans le
cadre d’une demande d’extradition (696-10 CPP). Arrestation provisoire : liée à l’urgence, pas
beaucoup de droits garantis. Durée maximale de l’incarcération provisoire : ce n’est pas de la
détention provisoire, c’est sui generis dans le cadre de l’extradition. Durée maximale de 30
jours, art 696-24 CPP. 40 jours pour la convention européenne d’extradition et dans certaines
conventions bilatérales cela va jusqu’à 60 jours. Le but est de permettre à l’Etat requérant de
transmettre l’acte qui justifie la condamnation du fugitif ou les poursuites diligentées contre
lui dans l’Etat requérant. On devra trouver cet acte dans la demande d’extradition. A l’issue
du délai, si le document en question n’a pas été réceptionné, la mise en liberté est de droit. A
l’inverse, l’incarcération se prolongera valablement sans délai prédéfini. La convention
européenne d’extradition prévoit que la mise en liberté peut intervenir à tout moment si les
mesures nécessaires sont prises pour éviter la fuite de la personne. La mise en liberté ne fait
pas obstacle à une nouvelle arrestation.
Paragraphe 2 : la formulation de la demande par la voie diplomatique
1ère étape de la procédure d’extradition juridiquement. La demande doit transiter par la voie
diplomatique, exigence de la loi et de toutes les conventions, art 696-8 CPP et convention
européenne d’extradition par exemple. L’extradition est d’abord un acte de souveraineté 
la demande émane d’un gouvernement et est adressée au gouvernement de l’Etat requis qui
a seul le pouvoir d’accorder une extradition. Par exception, l’usage de la voie diplomatique
est écarté entre EM de l’UE, art 696-8 al4 CPP. Exception prévue aussi par la convention
européenne d’extradition en cas d’arrangement direct entre 2 Etats partis.
Cette demande va devoir être accompagnée d’un certain nombre de pièces, art 696-8 CPP :
un jugement/arrêt de condamnation prononcé contre le fugitif dans l’Etat requérant soit un
acte de procédure opérant le renvoi du fugitif devant une juridiction répressive de l’Etat
requérant ou encore d’un mandat d’arrêt décerné par l’autorité judiciaire de l’Etat requérant.
L’acte doit préciser les faits pour lesquels ils ont été délivrés et leur date. Pièces en original
ou copie certifiée conforme. Il faudra un exposé succin des faits et de la procédure objets de
la demande. Cela est prévu par certaines conventions bilatérales.
Le CPP ne prévoit aucune disposition sur la traduction des pièces. La convention européenne
d’extradition prévoit que l’Etat requis peut le demander. Les conventions bilatérales
prévoient en général cette traduction.
Un complément d’information peut être demandé si l’on estime que les documents reçus
sont incomplets.
La demande va ensuite être transmise par le ministre des affaires étrangères puis au
ministre de la justice. C’est là que va pouvoir débuter la phase judiciaire de la procédure.
Paragraphe 3 : la phase judiciaire
Phase qui ne varie pas en fonction des conventions, elle est règlementée par le CPP car
notre procédure judiciaire relève de notre droit interne.
Art 696-9 CPP : le ministre de la justice vérifie les pièces transmises, la régularité de la
demande… puis l’adresse au procureur général territorialement compétent. Celui-ci va devoir
faire interpeler la personne réclamée sauf si elle est déjà arrêtée par le biais de l’arrestation
provisoire.
Le fugitif devra être présenté devant le procureur général dans un délai de 48H et bénéficie
alors des droits du gardé à vue. Lorsque le fugitif est présenté au procureur général, celui-ci
vérifie son identité et l’informe dans une langue qu’il comprend de l’existence et du contenu
de la demande d’extradition, du droit d’être assisté par un avocat (celui-ci sera informé
immédiatement et aura accès à toutes les pièces du dossier, pourra s’entretenir avec le
fugitif). Le proc informe la personne réclamée de sa faculté de consentir ou pas à son
extradition et des conséquences juridiques de ce choix. Le proc général informe la personne
recherchée le droit de renoncer à la règle de la spécialité (on ne peut être jugé que pour les
faits donnant lieu à extradition). Le proc en dresse un p-v.
Si le proc souhaite une incarcération du fugitif, il doit présenter la personne au 1 er président
de la CA qui est le seul compétent pour ordonner un placement sous écrou extraditionnel.
Avant, c’était le proc général qui décidait seul jusque 2011. Le 1 er président de la CA a le
choix : s’il y a des garanties suffisantes de représentation, il peut ordonner un placement
sous contrôle judiciaire ou une assignation à résidence sous surveillance électronique. A
l’inverse, il peut prononcer un placement sous écrou extraditionnel. Cette décision est
susceptible de recours devant la chambre de l’instruction qui devra statuer dans les 5 jours.
Durée de la détention extraditionnelle : CCass 1993, durée régit par le droit spécial de
l’extradition. Les règles de la détention provisoire ne sont pas applicables.
Ces dernières années, il y a eu des recours contre ces dispositions.
2ème phase : comparution devant la chambre de l’instruction.
*Si consentement à l’extradition : la chambre de l’instruction est immédiatement saisie de la
procédure et la comparution devant elle doit intervenir dans les 7 jours à compter de la
présentation au proc général. La CCass dit que les règles générales applicables aux audiences
devant la chambre de l’instruction sont applicables en l’espèce. L’audience est publique, la
personne réclamée a le droit de se faire assister d’un avocat et d’un interprète, tout le
monde est entendu. Les mémoires des avocats doivent être remis au greffe la veille de
l’audience. Un conseiller rapporteur est entendu et la personne réclamée ou son avocat doit
avoir la parole en dernier. La personne réclamée doit dire si elle consent ou non à
l’extradition. La chambre de l’instruction doit lui rappeler les conséquences juridiques de ce
choix. Principale conséquence juridique de ce choix : priver la personne réclamée d’une
possibilité de recours contre l’arrêt de la chambre de l’instruction.
*Si pas de consentement à l’extradition : la chambre de l’instruction est saisie sans délai de la
procédure et la comparution doit intervenir dans un délai de 10 jours. La procédure est la
même pour le reste a une différence : l’Etat requérant peut être autorisée à intervenir à
l’audience par le biais d’une personne habilitée à cet effet. Cette possibilité ne fait pas de
l’Etat requérant une partie à la procédure en cours.
La chambre de l’instruction va devoir rendre un avis sur la demande d’extradition.
*Si consentement : l’avis intervient dans un délai de 7 jours à compter de la comparution
sauf si un complément d’information a été ordonné. Cet avis est un arrêt qui n’est pas
susceptible de recours sauf pourvoi dans l’intérêt de la loi. La chambre de l’instruction donne
acte à la personne réclamée de son consentement si les conditions légales de l’extradition
sont remplies.
*Pas de consentement : la chambre de l’instruction rend son avis dans un délai d’1 mois sauf
si elle a demandé un complément d’information. Si les conditions légales de l’extradition ne
sont pas remplies, elle rend un avis défavorable qui, lorsqu’il devient définitif, est un obstacle
à l’extradition. Si les conditions légales sont remplies, elle rend un avis favorable qui peut
être assorti d’une réserve par exemple portant sur l’inexécution de la peine de mort
prononcée par l’Etat requérant. Ce contrôle ne peut pas porter sur le bien-fondé des
poursuites diligentées/condamnations par l’Etat requérant. Le contrôle ne concerne que les
conditions légales ou conventionnelles de l’extradition.
Recours contre l’avis de la chambre de l’instruction : art 696-15 CPP  possibilité d’un
pourvoi en cassation. La CCass l’admet depuis 1984 contra legem car la loi de 1927 ne le
prévoyait pas car c’était seulement un avis et non un arrêt. Ce pourvoi ne peut être fondé
que sur des vices de forme de nature à priver l’avis des conditions essentielles de son
existence  peut laisser penser que seuls les vices de procédure ouvrent la possibilité de ce
pourvoi. La CH crim admet la recevabilité des pourvois qui visent les conditions de fond de
l’extradition au motif que leur absence de contrôle par la chambre de l’instruction revient à
priver l’avis rendu des conditions essentielles de son existence. Appropriation du contentieux
de l’extradition par la CCass ; certains disent au mépris de la compétence dévolu par la loi ou
encore avec le risque d’empiéter sur la compétence du CE. Pourvoi suspensif.
Le contentieux de la mise en liberté et de la compétence de la chambre de l’instruction. La
personne placée sous écrou extraditionnelle peut demander sa remise en liberté à tout
moment : avant la saisine de la chambre de l’instruction, pendant et après que la chambre
de l’instruction ait rendu son avis même si un décret d’extradition a été pris. La demande
doit être faite par déclaration au greffe de la chambre de l’instruction ou au près du chef de
l’EP. L’avocat doit être convoqué au moins 48H avant. La chambre de l’instruction doit se
prononcer dans les 20 jours. 10 jours si la demande est dans les 48 premières heures de la
mise sous écrou extraditionnelle. Le contrôle de la chambre de l’instruction porte sur la
légalité de l’écrou extraditionnelle = garanties de représentation de la personne réclamée.
Selon une interprétation constante de l’art 696-19 CPP, l’arrêt de la chambre de l’instruction
est rendu en chambre du conseil. Si elle décide une remise en liberté, l’intéressé devra
signaler son adresse et tous les éventuels changements. Si placement sous CJ ou assignation
à résidence avec surveillance électronique, elle peut ordonner la main levée de ces mesures
à tout moment. Si le fugitif se soustrait volontairement aux obligations du CJ ou de l’ARSE ou
s’il apparait que la personne réclamée laissée en liberté entend manifestement se dérober à
la demande d’extradition, la chambre de l’instruction peut, sous réquisition du proc,
décerner un mandat d’arrêt. L’affaire devra être audiencée dans les 10 jours une fois le fugitif
arrêté suite à la mise sous écrou extraditionnelle.
Paragraphe 4 : la phase administrative d’exécution par le gouvernement
*La chambre de l’instruction a rendu un avis défavorable à l’extradition : le demande est
rejetée et le gouvernement français doit faire connaitre à l’Etat requérant cette décision et sa
motivation par la voie diplomatique.
*Avis favorable : le gouvernement n’est pas lié par cet avis et reste libre de ne pas accorder
l’extradition. Art 696-2 CPP : le gouvernement peut remettre la personne réclamée.
Cette décision de refus malgré l’avis favorable, le gouvernement va devoir faire connaitre sa
décision avec sa motivation.
Il est possible parfois qu’il y ait plusieurs demandes d’extradition par plusieurs pays pour les
mêmes faits et pour la même personne. Art 696-5 CPP : extradition accordée de préférence à
l’Etat contre les intérêts duquel l’infraction a été dirigée ou à celui sur le territoire duquel il a
été commis.
Si demandes concurrentes pour des faits différents mais une même personne, il faut tenir
compte pour décider de la priorité de toutes les circonstances de fait, notamment de la
gravité de l’infraction et de son lieu de commission, la date d’émission des demandes ou
encore l’engagement pris par l’un des Etats requérant de procéder à un ré-extradition.
Autorisation d’extradition : décret du 1er ministre pris après un rapport fait par le ministre de
la justice art 696-18 CPP. Ce rapport doit être motivé en droit et en fait. Décret notifié par la
voie diplomatique aux autorités de l’Etat requérant. Il peut toujours être retiré si des
circonstances extérieures font obstacle à l’extradition, exemple de l’état de santé du fugitif.
Légalité du décret : contentieux qui relève du CE. Pendant longtemps, le CE a refusé de
contrôler ces décrets car ils étaient considérés comme des actes de haute administration pris
en vertu de traités internationaux qui échappent par nature à tout contrôle juridictionnel.
Loi Renoult 1927 : ces décrets ont été pris en application d’une loi  contrôle possible au
titre de l’excès de pouvoir des autorités administratives, CE « Decerf » 1937 ; « Dame
Kirkwood » 1952 qui a étendu ce contrôle aux décrets d’extradition pris en vertu d’une
convention d’extradition. Ce n’était qu’un contrôle de légalité externe du décret.
CE 1977 « Astudillo Calleja » : 1er contrôle de légalité interne = des conditions de l’extradition.

Aujourd’hui, le CE contrôle l’ensemble des conditions de l’extradition y compris la procédure


suivie devant la chambre de l’instruction. Art 696-18 al2 CPP prévoit ce contrôle du CE. Délai
d’1 mois à compter du décret. Si recours gracieux, il n’interrompt pas ce délai.
Le CE a aussi accepté de contrôler des refus d’extradition lorsqu’il est saisi par les autorités
étrangères (Etat requérant). CE 1993 : il s’agit d’une décision détachable de la conduite des
relations diplomatiques de la Fr avec l’Etat requérant  il est compétent.
CE 1994 : en sanctionnant le retrait d’un décret d’extradition au motif que l’ensemble des
conditions qui imposaient l’extradition étaient réunies et que le gouvernement n’avait fourni
aucune précision sur les circonstances postérieures qui auraient rendu l’exécution du décret
d’extradition illégal.
*La réception de l’extradé : art 696-18 CPP prévoit que la réception de l’extradé doit
intervenir dans le délai d’1 mois à compter de la notification du décret d’extradition à l’Etat
requérant. L’inobservation de ce délai entraine la remise en liberté d’office de l’extradé et
l’impossibilité pour l’Etat requérant de le demander à nouveau pour les mêmes faits.
On trouve souvent les mêmes dispositions dans les conventions internationales. Parfois les
délais sont plus longs, il est rarement possible de pouvoir faire une nouvelle demande.
Art 696-18 CPP réserve la possibilité d’une absence de remise due à la force majeure  un
nouvel accord en vue d’une nouvelle remise est possible.
L’art 696-22 CPP complète le dispositif de remise : permet au proc général d’ordonner la
recherche et le placement sous écrou extraditionnel du fugitif qui serait en liberté au
moment où le décret d’extradition n’est plus susceptible de recours. Dans cette hypothèse, la
remise à l’Etat requérant doit intervenir dans un délai de 7 jours faute de quoi l’intéressé
retrouvera la liberté.
L’Etat requérant doit être informé du lieu de la remise. Le transfert jusqu’à la frontière se fait
sous la responsabilité de l’administration pénitentiaire avec escorte des forces de police.
Section 2 : la procédure simplifiée
Origine : convention de Bruxelles 1995. Le but est de réduire au minimum le temps
nécessaire à l’extradition ainsi que de réduire au minimum les durées des détentions aux fins
d’extradition. L’intérêt de cette procédure a été grandement occulté par la mise en œuvre
conjointe du mandat d’arrêt européen qui ne prévoit qu’une procédure judiciaire de remise
entre les EM de l’union. Art 696-25 et s CPP.
Paragraphe 1 : le champ d’application de la procédure simplifiée
 Relations des pays au sein de l’UE ainsi qu’avec la Suisse et uniquement en cas de défaut
de la possible mise en œuvre de mandat d’arrêt européen.
Elle est aussi prévue avec les EUA en vertu d’une convention spécifique prise en 2004 : l’Etat
requis peut remettre la personne aussi rapidement que possible sans autres formalités
quand le fugitif consent à son extradition. Procédure de remise immédiate.
La remise doit intervenir dans le respect des principes et procédures prévues par le système
juridique de l’Etat requis  si c’est la Fr, on va imposer un contrôle du juge.
La procédure n’est qu’une faculté.
Art 696-27 CPP : la procédure simplifiée suppose le consentement de la personne réclamée.
Paragraphe 2 : la mise en œuvre de la procédure simplifiée
*Demande d’arrestation provisoire formulée par un EM de l’UE.
Dans les 2 jours qui suivent l’arrestation provisoire, le procureur général va notifier à la
personne réclamée les pièces qui motivent son interpellation dans un langue qu’elle
comprend. Il l’informe également que la personne peut consentir à son extradition selon la
procédure simplifiée et qu’elle peut renoncer au principe de spécialité. Un pv est dressé avec
la mention de toutes les informations à peine de nullité. La personne est assistée d’un
avocat.
*Si elle consent à son extradition, elle doit comparaitre devant la chambre de l’instruction
dans les 5 jours ouvrables qui suivent.
Si elle ne consent pas à l’extradition, on repasse à la procédure de droit commun  une
demande formelle d’extradition doit arriver aux autorités françaises.
Devant la chambre de l’instruction, la personne réclamée devra réitérer son consentement à
l’extradition et peu aussi renoncer au principe de spécialité. Si la chambre de l’instruction
constate que les conditions de l’extradition sont réunies, elle rend un arrêt dans un délai de 7
jours dans lequel elle donne acte à la personne de son consentement et, éventuellement, de
sa renonciation au principe de spécialité. A ce stade, un pourvoi en cassation est toujours
possible mais, dans ce cas, il vaut retrait de consentement.
*Lorsque l’arrêt devient définitif, le proc général informe le ministre de la justice qui va
informer les autorités étrangères compétentes. La remise doit intervenir dans un délai de 20
jours.
Une procédure simplifiée peut être mise en œuvre alors même que l’Etat requérant avait
déjà déposé une demande formelle d’extradition. Il faudra le consentement à l’extradition
dans les 10 jours qui suivent l’arrestation provisoire et, au plus tard, au jours de la
comparution devant la chambre de l’instruction.

Précisions :
Question du transit : il y aura transit terrestre ou aérien lorsque la remise de la personne
extradée nécessite le passage sur un Etat tiers. Ce passage ne relève pas de la procédure
d’extradition mais va donner lieu à une demande diplomatique notamment lorsqu’il s’agit
d’un transit terrestre. En général, il est soumis au caractère extradable de l’infraction qui
motive la demande et à l’absence de nationalité de l’Etat de transit de la personne faisant
l’objet du transit (696-42 CPP). Pour le transit aérien : les conventions internationales
prévoient que cela donne lieu à un simple information de l’Etat de transit quand aucun
atterrissage n’est prévu.
Lorsque la France est l’Etat requérant : la procédure n’est pas règlementée par le CPP car
l’essentiel va relever de la procédure de l’Etat requis. Phase française : formulation d’une
demande d’extradition à un Etat requis. La phase préparatoire à la demande est organisée
par des circulaires ministérielles qui nous disent que c’est au proc de la Rép territorialement
compétent de préparer le dossier. Pièces que l’on va devoir trouver dans le dossier : variable
selon les conventions internationales mais il faudra toujours la copie authentique de
jugement de condamnation ou de décisions de poursuivre en France, un exposé des faits et
une copie des dispositions légales applicables. Le dossier est transmis au bureau d’entraide
internationale du ministère de la justice via le procureur général puis adressé au ministre des
affaires étrangères car c’est lui qui formule la demande par la voie diplomatique. Il va
transmettre la demande à l’ambassade de France se trouvant dans l’Etat requis. Un agent
français accrédité portera la demande au ministre étranger.
La décision de formuler une demande d’extradition c’est de la compétence du gouvernement
via l’appréciation du ministre de la justice et des affaires étrangères. Décision souveraine qui
s’explique par la nature juridique de l’extradition. A partir de là le CE refuse de contrôler une
demande d’extradition car pour lui, une telle demande n’est pas un acte administratif
détachable de la procédure judicaire. La CCass déclare que lorsque la Fr procède à une
demande d’extradition il n’y a aucun contrôle de nos juridictions.
Section 3 : les différents cas de nullité
Point de départ : art 696-36 CPP  si la demande est intervenue en dehors des conditions
prévues par la loi. Principe de nullité de l’extradition obtenue en dehors des cas légaux.
La procédure d’extradition mise en œuvre dans l’Etat requis ne peut pas constituer une cause
de nullité. La Fr n’est pas compétente pour examiner la régularité d’une procédure étrangère.
Sur les détournements de procédure  fraudes à l’extradition, l’extradition déguisée ou
encore l’extradition de fait.
Paragraphe 1 : les remises intervenant dans un autre cadre procédural
Généralement elles ont pour objectif d’éviter toutes les difficultés de mise en œuvre d’une
procédure d’extradition dans de bonnes conditions. Les Etats vont s’entendre pour recourir à
une mesure de refoulement/expulsion au lieu et place de l’extradition.
La CCass a été plutôt prudente au départ et veillait à constater que les poursuites en France
ne suivaient pas immédiatement une expulsion qui avait ramené la personne poursuivie sur
notre sol. Ch crim 3 mai 1860.
Ch crim « Argoud » 4 juin 1964 : Argoud était poursuivi devant la cour de sûreté de l’Etat
pour différentes activités en Algérie pendant la guerre. Pour éviter d’être poursuivi en France
il s’est réfugié à Munich. Un jour, on l’a retrouvé à Paris ligoté dans une voiture. Il a plaidé la
nullité de son arrestation intervenue selon lui dans le cadre d’une extradition déguisée. La ch
crim dit que l’exercice de l’AP en France ne se trouve nullement subordonnée à un retour
volontaire en France ou à la mise en œuvre d’une procédure d’extradition. Une extradition
déguisée suppose que l’intéressé ait été livré par l’Etat étranger en fraude des stipulations
des traités. Or, ce n’est pas le cas en l’espèce (pas de procédure). L’irrégularité de la
capture n’entraine pas l’irrégularité de la détention et des poursuites pénales faisant suite.
Dans cette affaire, les auteurs de l’enlèvement n’ont pas pu être identifiés. Une remise peu
valablement intervenir dans le cadre d’une mesure de refoulement ou d’expulsion exécutée
par les autorités étrangères ?
Ch crim « Barbie » 6 octobre 1983 : renoue avec la JP Argoud mais c’est suite à une
concertation entre la France et la Bolivie que Barbie a été expulsé vers Cayenne en Guyane
française où il a été immédiatement arrêté. Il n’y avait pas de convention entre les 2 pays.
Il plaide l’extradition déguisée et arrestation irrégulière. La ch crim approuve la chambre de
l’accusation de l’époque d’avoir retenu qu’en l’absence de toute démarche extraditionnelle,
l’exécution d’un mandat d’arrêt sur le territoire national contre une personne précédemment
réfugiée à l’étranger n’est nullement subordonnée à son retour volontaire ou à la mise en
œuvre d’une procédure d’extradition.
Elle approuve aussi d’avoir déclaré que les infractions retenues contre Barbie les faisaient
relever non seulement du droit interne français mais encore d’un ordre répressif
international auquel la notion de frontière et les règles extraditionnelles qui en découlent
sont fondamentalement étrangères.  La CCass subordonne la validité de la remise à 2
conditions :
- L’absence d’extradition en cours (pas de procédure donc pas de détournement de
celle-ci)
- Caractère extradable de l’infraction
Ch crim « Carlos » 21 février 1995 : auteur présumé d’un attentat rue Marboeuf de 1982 à
Paris. Il a été refoulé par le gouvernement soudanais et arrêté en 1994 par la police française
à la descente de son avion. L’exerce de l’AP et l’application de la loi pénale à l’égard d’une
personne réfugiée à l’étranger ne sont nullement subordonnés à son retour volontaire en
France ou à la mise en œuvre d’une procédure d’extradition et précise qu’il suffit que les faits
poursuivis ne soient pas exclus du domaine extraditionnel par la loi de 1927 en l’absence de
traité. La validité de la remise est subordonnée à une seule condition : caractère
extraditionnel de l’infraction reprochée à la personne.
Les conditions de l’arrestation à l’étranger ne relèvent pas de la compétence des juridictions
françaises car les autorités locales agissent dans la plénitude de leur souveraineté.
Paragraphe 2 : l’hypothèse de la fraude, l’enlèvement d’une personne à l’étranger
La Ch crim s’est prononcée sur un cas d’enlèvement par personne indéterminée  les
poursuites peuvent être valablement diligentées en France.
Quid d’un enlèvement par les agents de la force publique française ? Ch crim 21 septembre
1999 : refus de donner un effet à une arrestation réalisée par des OPJ français en Suisse
(personne soupçonnée d‘avoir commis quelques heures avant en France un meurtre).  On
en déduit que s’il s’agissait d’un enlèvement par les autorités françaises, la CCass adopterait
la même position.
CEDH dit qu’une arrestation effectuée en territoire étranger sans le consentement de cet Etat
porte atteinte au droit individuel à la sûreté de chaque personne.
Paragraphe 3 : l’incitation d’une personne à se rendre dans un Etat où elle ignore qu’elle est
poursuivie
Tromperie ôtant le caractère volontaire de la venue de la personne sur le territoire en
question. JP Argoud nous permet de conclure qu’il n’y a pas de raison que ça pose problème.
En revanche, lorsque la tromperie intervenait par le fait d’un agent public, ça peut poser
problème. Certains estiment que la nullité devrait intervenir car la démarche vise sciemment
et volontairement à frauder une procédure d’extradition.
Art 696-36 CPP : le procureur de la Rép doit informer le fugitif dès son arrestation de son
droit de demander la nullité de son extradition. La chambre de l’instruction va se prononcer
sur une telle demande. La requête en nullité doit être motivée et faire l’objet d’une
déclaration au greffe. Si la chambre de l’instruction prononce la nullité  cessation de l’AP et
remise en liberté de plein droit de l’intéressé. Ce dernier ne peut pas être rejugé ou refaire
l’objet d’une telle demande pour les mêmes faits ou pour des faits antérieurs à la demande
sauf s’il est resté sur le territoire français plus de 30 jours après sa libération.
Section 4 : les effets de l’extradition
Se mesurent par rapport aux obligations qui pèsent sur l’Etat requérant. L’extradition est
accordée par l’Etat requis en fonction des infractions listées dans la demande. L’Etat
requérant va devoir respecter le principe de spécialité qui interdit de poursuivre ou de juger
la personne pour des faits autre que ceux visés dans la demande d’extradition.
2ème question : ré extradition vers un Etat tiers  quelle est la marge de manœuvre de l’Etat
requérant ?
Paragraphe 1 : le principe de spécialité
Principe affirmé dès le XIXème s que l’on trouve dans de nombreuses conventions
internationales et dans la loi de 1927. Art 696-6 CPP : l’extradition est accordée à la condition
que la personne extradée ne sera ni poursuivie ni condamnée pour une infraction autre que
celle qui a motivé l’extradition.
A. Le champ d’application du principe

S’applique aux faits antérieurs à la remise, qu’à des faits distincts de ceux qui ont motivés la
demande  rien n’empêche la requalification juridique des faits qui ont fait l’objet de la
demande.
Ne s’applique pas aux circonstances aggravantes car ne constituent pas des faits distincts de
ceux faisant l’objet de la demande.
Ne protège pas indéfiniment la personne extradée contre des poursuites pour des infractions
antérieures relevant de la compétence de l’Etat requérant. On admet donc que ce principe
cesse de produire ses effets si la personne extradée demeure pendant un certain temps sur
le territoire de l’Etat requérant alors qu’elle a la possibilité de quitter celui-ci pour toutes les
infractions antérieures à sa remise. Art 696-36 CPP : l’Etat requérant peut poursuivre sans
réserve la personne extradée si elle est demeurée pendant plus de 30 jours à compter de sa
libération définitive sur le territoire de l’Etat requérant alors qu’elle avait la possibilité de le
quitter. Convention européenne d’extra : délai de 45 jours.
B. Les dérogations

1) Le consentement de l’Etat requis

On admet tacitement que l’Etat requis peut obliger l’Etat requérant à juger la personne
extradée pour des faits distincts de ceux qui ont fait l’objet de la demande, loi de 1927, art
696-34 CPP : pas nécessaire que le fait faisant l’objet de l’extension soit une infraction
extradable au sens de l’art 696-3 CPP.
696-35 : l’Etat requérant doit présenter les pièces requises pour une demande d’extradition
ainsi que des pièces qui font état des observations de l’extradé le tout étant soumis à la
chambre de l’instruction qui va rendre un avis.
Les conventions internationales exigent souvent que l’infraction nouvelle soit extradable.
2) Renonciation de la personne extradée

N’est plus une dérogation générale au principe, présente dans le CPP à la suite de l’adoption
des conventions de Bruxelles et de Dublin dans le cadre de l’UE.
Art 696-34 CPP : requiert les conditions prévues aux art 696-28 (hypothèse où une personne
extradable déclare devant la chambre de l’instruction consentir à son extradition et renoncer
au principe de spécialité dans le cadre de la procédure simplifiée) et -40 (transpose l’art 10
convention de Dublin : permet à la personne extradée de renoncer au principe de spécialité
après sa remise par un autre EM de l’union (renonciation devant la chambre de l’instruction
au cours d’une audience publique et contradictoire)).
Paragraphe 2 : la ré extradition vers un Etat tiers
En principe, le lien entre l’autorisation accordée par l’Etat requis et les faits visés dans la
demande par l’Etat requérant empêche la ré extradition de la personne vers un Etat tiers 
interdiction en principe.
A. Le champ d’application de l’interdiction

Se définit par rapport aux faits mais aussi par rapport au temps.
1) Par rapport aux faits

Art 696-41 CPP : reprend la formulation de la loi de 1927. Le ré extradition est interdite
quand elle porte sur le fait qui a fait l’objet de l’extradition obtenu par la France. Solution
souvent reprise dans les conventions internationales (ex : art 15 convention européenne
d’extradition).
Explication : principe non bis in idem qui conduite la France à refuser qu’un fait qu’elle a déjà
jugé puisse être à nouveau poursuivi. On peut aussi voir une sorte de résolution unilatérale
d’un conflit de lois : la France va considérer qu’aucune loi étrangère ne peut revendiquer une
compétence concurrente s’agissant de faits suffisamment attentatoires à l’ordre public pour
justifier une procédure d’extradition.
Ce même article interdit aussi la ré extradition quand la demande de l’Etat tiers porte sur un
fait connexe à celui qui a été jugé en France  la compétence fr concernant un fait englobe
tous les faits qui lui sont connexes.
L’interdiction ne s’applique jamais aux faits commis après l’extradition.
Suppose une demande d’extradition formulée par un Etat tiers  il en va différemment dans
le cas où la personne extradée est renvoyée vers l’Etat requis par l’Etat requérant en
application d’une remise conditionnelle.
2) Par rapport au temps

Expiration dans les mêmes conditions que l’interdiction de poursuite pour d’autres faits 
si la personne extradée n’a pas quitté le territoire de l’Etat requis alors qu’elle avait la
possibilité de le faire dans un délai qui va de 30 jours à 2 mois en fonction des textes
applicables.
B. Les dérogations

Consentement de l’Etat requis et plus rarement la question du consentement de la


personne extradée.
1) Le consentement de l’Etat requis

Art 696-41 CPP dispose que la France, lorsqu’elle est saisie d’une demande par un Etat tiers,
doit obtenir l’autorisation de l’Etat requérant pour procéder à une ré extradition pour des
faits antérieurs à la remise et distincts de ceux jugés en France.
On trouve souvent la même exigence dans les conventions internationales avec parfois une
condition supplémentaire : la personne doit donner son consentement à la ré extradition. Ce
n’est pas la position du CPP qui subordonne la ré extradition à la seule autorisation de l’Etat
initialement requis.
Ce consentement peut avoir été donné à l’avance. L’Etat requis peut assortir son autorisation
d’une réserve de ré extradition vers un Etat tiers. En cas de concours de demande
d’extradition, la France prend notamment en compte l’engagement qui serait pris par l’un
des Etats requérants à procéder à une ré extradition (art 696-5 CPP).
L’Etat requis peut aussi à l’avance refuser la ré extradition ce qui lui permettra de ne pas être
re sollicité.
Le refus n’est pas général, peut concerner un Etat déterminé en raison des dangers auxquels
la personne serait susceptible d’être exposée.
CE 5 décembre 1986 : concerne un décret d’extradition assorti à la demande de l’intéressé
de la réserve que les autorités suisses ne le ré extraderaient pas vers la Turquie où il
encourait la peine de mort.
2) Le consentement de la personne extradée

A lui tout seul, il est impuissant à permettre une ré extradition, art 696-41 CPP, nombreuses
conventions internationales notamment la convention européenne d’extradition qui
subordonne la ré extradition au seul consentement de l’Etat requis.
C’est par exception à ce principe dans le cadre de la convention de Dublin (ente EM de l’UE)
que la ré extradition sera impossible sauf consentement de la personne concernée  seul
cas où le consentement du seul extradé suffit.
Paragraphe 3 : les frais extraditionnels
Le CPP ne les envisage pas. Par contre les conventions internationales si généralement. Elles
mettent à la charge de l’Etat requis les frais occasionnés par l’extradition sur son territoire
(art 24 convention européenne d’extradition).
Certaines conventions vont réserver le cas des frais de transport ou de transfèrement qu’elles
mettront à la charge de l’Etat requérant (conventions avec les EUA).
Paragraphe 4 : les réserves éventuelles assortissant l’extradition
L’Etat requis peut soumettre l’extradition demandée à certaines conditions imposées à l’Etat
requérant, ex : ré extrader ou renvoyer l’individu vers son territoire ; ne pas le traduire
devant une juridiction d’exception ; ne pas lui infliger certaines peines…
Est-ce que ces réserves lient les juridictions de l’Etat requérant ? La doctrine estime que non
car les juridictions sont indépendantes du pouvoir politique  l’Etat requérant (pouvoir
politique) engage sa responsabilité internationale mais sur le plan judiciaire, on ne peut rien
faire.
Paragraphe 5 : autres procédures de remise concernant les juridictions pénales
internationales
Exemple de la cour pénale internationale : une procédure de remise devant la CPI n’a pas
grand-chose à voir avec l’extradition sur le fond (on ne peut refuser, traité de Rome,
obligation de remise à la CPI) mais, sur la forme, le système de remise à la CPI est assez
proche de celui prévu par la loi de 1927 avec intervention du MP notamment le proc général
de Paris pour la CPI, compétent pour ordonner l’arrestation de la personne. C’est ensuite la
chambre de l’instruction qui va ordonner la remise de la personne en vérifiant qu’il n’y a pas
d’erreur évidente. Si la personne consent à sa remise, procédure simplifiée.

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