Tribunal de grande instance de Paris, Juge des libertés et de la

détention, 6 avril 2018, n° 18/01316

Sur la décision

Référence : TGI Paris, juge des libertés et de la détention, 6 avr. 2018, n° 18/01316
Juridiction : Tribunal de grande instance de Paris
Numéro(s) : 18/01316

Sur les personnes

Avocat(s) : Ruben GARCIA

Texte intégral

Vu les dispositions de l’article L.512-1 et suivants du Code de l’entrée et

TRIBUNAL du séjour des étrangers et du droit d’asile ;

D E GRANDE Vu la décision écrite motivée en date du 04 avril 2018 par laquelle le

préfet a maintenu l’intéressé dans les locaux ne relevant pas de
INSTANCE l’administration pénitentiaire à compter du 04 avril 2018 à 12h00 ;

DEPARIS Attendu que le préfet n’est pas en mesure d’assurer le rapatriement de

l’intéressé vers son pays d’origine avant le 06 Avril 2018 à 12h00 ;
■
Vu la requête de l’Administration aux fins de prolongation de la
Juge des libertés et de la ORDONNANCE SUR LE rétention administrative réceptionnée par le greffe du Juge des Libertés
détention CONTROLE DE LA et de la Détention le 06 Avril 2018 ;
REGULARITE D’UNE
N° RG : DECISION DE Après dépôt d’une requête en contestation de la régularité de la décision
PLACEMENT EN de placement en rétention administration en date du 05 avril 2018 à
18/01316 RETENTION ET 17h02par le conseil de l’intéressé, jointe au dossier, et évoquée en
présence de toutes les parties déjà convoquées pour la présente
DEMANDE DE audience;
PROLONGATION
Monsieur le préfet, Monsieur le procureur de la République, Monsieur le
DE RÉTENTION chef du centre de rétention et l’intéressé ont été avisés dès réception de
ADMINISTRATIVE la requête, de la date et de l’heure de la présente audience par le
greffier ;
(Articles L.512-1 et L.551-
1 et suivants du Code de Avons fait comparaître devant nous,
l’entrée
Monsieur X Y
et du séjour des étrangers
et du droit d’asile) né le […] à ABOISSO

de nationalité Ivoirienne
Devant nous, Madame Nadine HOUALLA, vice-présidente au tribunal
[…]
de grande instance de Paris, chargée des fonctions de juge des libertés et
de la détention, assistée de Madame Mélodie CHEBROUX, greffier ;
Assisté de Maître Ruben GARCIA son conseil dûment choisi ;
Vu les dispositions des articles L.512-1, L. 551-1 à L552-6 et R552-1 à
Après lui avoir rappelé les droits qui lui sont reconnus pendant la
R552-10-1 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit
période de rétention (possibilité de demander l’assistance d’un
d’asile ;
interprète, d’un conseil ou d’un médecin, de communiquer avec son
consulat et avec une personne de son choix) et l’avoir informé des
Vu l’extrait individualisé du registre prévu par l’article L.553-1 du Code
possibilités et des délais de recours contre toutes décisions le
de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile ;
concernant ;
Vu l’obligation de quitter le territoire français en date du 04 avril 2018,
En l’absence du procureur de la République avisé ;
notifiée le 04 avril 2018 à Paris ;
Après dépôt de conclusions de nullité par le conseil de l’intéressé,
jointes au dossier et évoquées in limine litis, et après avoir entendu les
parties, l’incident est joint au fond ;
Après avoir entendu Maître B C D du cabinet Z A, conseil de la
préfecture de Paris, et le conseil de l’intéressé sur le fond ;
L’intéressé a déclaré : Je confirme mon identité et ma nationalité. Ma
compagne est enceinte.
Attendu que les deux requêtes ont été jointes en application de l’article
L512-1-III du CESEDA et en vue d’une bonne administration de la
justice.
SUR LA REQUÊTE EN PROLONGATION DE LA RÉTENTION
ADMINISTRATIVE:
Sur les conclusions de Nullité :
Sur le moyen tiré de l’absence de procédure de retenue:
Attendu que l’absence de procédure de retenue ne se justifie que
lorsqu’aucune recherche ou vérification sur la situation de l’intéressé
n’est nécessaire; qu’en revanche lorsque des recherches
complémentaires pour déterminer la situation de l’étranger
postérieurement au contrôle, sont nécessaires, la procédure de retenue
s’impose et permet à l’étranger d’être entendu dans le cadre d’une
procédure respectueuse de ses droits;
Attendu qu’en l’espèce il ressort du procès-verbal du 04 avril 2018 à
08h05 que l’intéressé a été interpellé lors d’un contrôle; qu’il a donné sa
nationalité ivoirienne et que sur le champ les services de police lui ont
demandé de les suivre pour procéder à son audition; qu’il ressort
pourtant que ce même procès-verbal que des recherches sur la situation
exacte de l’intéressé s’imposaient; qu’en effet le seul fait que ce dernier
soit de nationalité ivoirienne était insuffisant à caractériser sa situation
irrégulière; qu’ainsi au regard des éléments constatés par les services de
police l’intéressé devait faire l’objet d’une procédure de retenue telle
que visée à l’article L 611-1-1 du Code de l’entrée et du séjour des
étrangers et du droit d’asile; que pourtant l’intéressé a été auditionné par
les services de police sans bénéficier de la mesure de retenue qui était
garante de ses droits;
Attendu qu’il convient donc de faire droit au premier moyen de nullité et
de déclarer irrégulière la procédure sans qu’il soit besoin d’évoquer les
autres moyens de nullité;
SUR LA REQUÊTE EN CONTESTATION DE LA DÉCISION DU
PLACEMENT EN RÉTENTION :
Attendu que dès lors que la procédure est annulée l’examen de la
décision de placement en rétention administrative est dépourvue de
pertinence;
PAR CES MOTIFS
Statuant en audience publique, en premier ressort et contradictoirement,
- DÉCLARONS recevable la requête en contestation de la régularité du
placement en rétention
— ORDONNONS la jonction des deux procédures
— CONSTATONS l’irrégularité de la procédure
— DISONS n’y avoir lieu à statuer sur la requête en contestation de la
décision de placement en rétention.
— DISONS n’y avoir lieu à mesure de surveillance et de contrôle
— RAPPELONS à l’intéressé qu’il a l’obligation de quitter le territoire
national
— INFORMONS l’intéressé qu’il est maintenu à disposition de la
justice pendant un délai de six heures à compter de la notification de la
présente ordonnance au procureur de la République.
Fait à Paris, le 06 Avril 2018, à 17h04
Le Juge des libertés et de la détention
Le greffier
Reçu copie de la présente ordonnance et notification de ce qu’elle est
susceptible d’un appel non suspensif devant le Premier Président de la
Cour d’Appel, dans un délai de 24 heures de son prononcé, par une
déclaration motivée transmise au greffe du service des étrangers de la
Cour d’Appel, par tous moyens, dont le n° de télécopieur est :
01.44.32.78.05.
L’intéressé Le conseil de l’intéressé Le représentant du préfet
NOTIFICATION
— AVIS de ce qu’il est maintenu à disposition de la justice pendant un
délai de 6 heures à compter de la notification de la présente ordonnance
au ministère public.
— NOTIFICATION de la présente ordonnance a été faite sans délai à
Monsieur le procureur de la République, par télécopie
Le greffier,
DÉCISION de Monsieur le procureur de la République