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LE CHEMIN

DES RÉSISTANTES
BALADE MÉMORIELLE ET IMMERSIVE
dans le cadre des commémorations
de la fin de la seconde Guerre Mondiale
Réalisée par
les membres
du Groupe Résistance

en partenariat avec le BHRG


(Belgian Historical Reconstruction Group)

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La Résistance à Bas-Oha

Dès la date de la capitulation de la Belgique en 1940, quelques officiers se


regroupent pour créer un mouvement de résistance contre l’occupant. C’est ainsi
que le Capitaine-commandant Charles Claser créa la Légion Belge. Au cours de
l’année 1941, la fusion de l’Armée Belge reconstituée (fondée par le Colonel de
réserve Robert Lentzet) et de la Légion Belge devient l’Armée de Belgique, le 30
décembre 1942.

D’autres groupements se formèrent tels que le F.I. (Front de l’indépendance), les


P.A. (Partisans Armés), le M.N.B (Mouvement National Belge, dont un petit
groupe s‘installera dans les bois de Lamalle, au château de Laminne, dans les
maisons rue Bois le Prêtre, ainsi qu'à l’Ermitage).

Fin février 1941, le Commandant "Walter" (Edmond Wanzoul d’Oteppe) est


contacté par le Commandant Claser qui lui donna une première mission : celle de
recruter des personnes pour entrer dans la résistance. Suite au recrutement pour le
Front de l’Indépendance fin 1941, il rencontre "ARAMIS" et lui demande de
récidiver pour le groupe "Armée de Belgique". Le 1er Juin 1944,le gouvernement
belge de Londres décide que la dénomination officielle sera l' "Armée Secrète",
l'A.S. Tous les groupes se rallient à l’A.S. C’est ainsi que les groupes se réunissent et
s’intègrent en juin 1944 à l’A.S. Le 17 août 1944, les groupes changent de nom.
Avant cette date, le groupe "Narval" s’appelait "Chien".

NB : On parle toujours des groupes Otarie, Marsouin, Narval, mais jamais par
leurs anciens noms : Rat, Chat, Chien.

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Le groupe "NARVAL" (Ex. Chien)
Son état-major s’installe à la Ferme de Famelette, Huccorgne.
Composé de quatre officiers d’Etat-major de réserve : le Commandant du groupe
(Major Joseph Poot), l’organisateur de camp (Lieutenant Louis Manne de Bas-
Oha), les chefs des guérillas (Commandant Edmont Wanzoul d'Oteppe et son
adjoint Louis Woot de Trixhe de Bas-Oha appuyés par un Officier de la guérilla :
le Lieutenant Henri Collinet. Les relations avec l’extérieur étaient assurées par
Louis Dubois, un médecin (Docteur Gustin de Héron), un aumônier, un chauffeur,
un armurier, des cuisiniers, des infirmiers et des infirmières.
Trois grands groupes s’établissent dans trois autres villages. Les membres du
groupe Narval ont participé à de nombreux sabotages et à de nombreuses
embuscades.
Chaque groupe est composé d’un chef, d'un adjoint et d’hommes toutes catégories
confondues.
Le premier groupe s’installe à Longpré Couthuin dans les quartiers du Château du
Temple avec quatorze hommes.
Le deuxième groupe s’installe à Fumal dans les quartiers du Château de Falihou
avec quatorze hommes.
Le troisième groupe s’installe à Antheit dans les quartiers du Val-Notre-Dame avec
seize hommes.
Dans les villages, des caches, des petits refuges s’installent dès fin 1941 ou début
1942 comme celui du refuge à Lamalle (n° 8 et n°9 de la rue Bois le Prêtre) et dans
le bois du Château de Lamine. La maison, la tombe et le puits de l’ermite servent
de cache d’armes et de lieu de regroupement d’une partie du groupe Narval.

Madeleine Dechamps
Madeleine Dechamps est une résistante du groupe Narval de Bas-Oha
(service des transmissions). Elle transmet les messages des équipes des
environs en morse aux états-majors. Son nom de guerre est " Christiane".
Sur dénonciation, elle est emprisonnée à la prison Saint-Léonard de Liège
pendant quelques mois. Jugée, elle est condamnée à la déportation et
ensuite incarcérée à Ravensbrück avant d'être transférée, en février-mars
1945, au camp de Buchenwald.
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De retour le 17 mai 1945, les mauvais traitements l'ont réduite à l'état
d'épave. La population, les écoles et les autorités communales lui rendent
les honneurs et la réconfortent par leur présence. Plus jamais Madeleine ne
retrouvera une bonne santé, jamais elle ne se plaindra.

L'Ermitage

Situé dans le bois du Château de Lamine. La maison, la tombe et le


puits de l’Ermite servent de cache d’armes et de lieu
de regroupement pour une partie du groupe Narval

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Georgina Pirotte

A partir de 1942, une jeune fille de 14 ans,


Georgine Pirotte, habitante de l’entité des
Brulée (hameau de Couthuin), accompagne
chaque soir vers 19h00 son papa Maurice
(résistant non armé) pour se rendre rue
Bayet chez René Stasse, résistant du groupe
"Narval". Dans cette maison, plusieurs
personnes se rassemblent autour d’une
radio et écoutent attentivement les
messages de radio Londres.

Ils attendent patiemment une phrase qui leur est destinée. ICI RADIO
BELGIQUE, HIER RADIO BELGIË. Des centaines de messages sont
diffusés à destination des résistants belges. L’attente est longue, les messages
défilent et puis soudain, cette phrase est mentionnée "ce soir le coq
chantera au puits", je répète, "ce soir le coq chantera au puits". De suite, des
cris de joie éclatent dans la pièce enfumée. Mais que veut dire cette phrase ?
Georgine s’interroge. On lui explique que ce soir, il y aura un parachutage
d’armes et de matériel au lieudit le Roua (Couthuin) à l’ancien puits de
mine.

Puits de mine au Roua 5


Schéma de balisage-type

Puits de mine et champ


de parachutage

Les hommes se préparent et rassemblent les hommes disponibles pour la


réception du matériel, car le largage aura lieu dans quelques heures. Une
douzaine d’hommes se rendent sur les lieux. Georgine, cette jeune
adolescente, décide de les accompagner. A la tombée de la nuit, elle rejoint
le groupe dans le petit bois qui jouxte le puits. Pendant que les hommes
rejoignent leur position, la jeune adolescente fait le guet sur le puits. Huit
hommes sont placés deux par deux au bord des champs, trois binômes
disposent d’une lampe rouge et sont espacés de +- 100 mètres de distance. Le
dernier binôme a une lampe blanche pour indiquer au pilote la direction du
vent.

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L’attente est longue, les binômes ne bougent pas, ils sont à l’écoutent du
moindre bruit de moteur d’avion. Les lampes n’étaient allumées que lorsque
l’équipe de réception avait entendu distinctement l‘avion tournoyant
autour de la zone dans un rayon de quelques kilomètres. Soudain un bruit
d’avion se fait entendre. Vite on allume les lampes rouges , la lampe blanche
placée en aval à +/- 15 mètres de la première lampe rouge s’allume à son tour
et à plusieurs reprises elle envoie en morse la première lettre de la phrase
(L). L’équipage de l’avion repère les lumières et le largage a lieu. De suite les
lumières s’éteignent et les équipes ramassent le matériel largué. Ils se
rejoignent au niveau du puits et embarquent les containers dans une
charrette et sur leurs vélos. Georgine et les équipes quittent rapidement les
lieux pour rejoindre les lieux de stockage (dont une partie chez René
Stasse). Georgine accompagne la charrette tirée par un cheval et
discrètement elle se rend rue du Bayet. Elle y rejoint les partisans et les aide
à cacher le matériel. Dans la nuit, fière du devoir accompli, elle rentre chez
elle. Epuisée elle s’endort rapidement. Ce soir-là tout s’est bien passé. Dès le
lendemain, les membres de l’équipe se rendent dans leurs refuges (dont
celui de Lamalle) pour y distribuer le matériel reçu la veille. Jusqu'à la fin de
la guerre, elle continuera à collaborer avec les résistants du groupe Narval,
notamment pour le transfert de messages et aux largages. Cette jeune fille
n’a jamais été reconnue comme résistante non armée. Pourquoi ?

Une petite anecdote : un jour les scouts qui jouent prêt de l’ermitage y
découvrent des armes des résistants et s‘en emparent. Ils les emmènent dans
leur local à Bas-Oha. Les membres du groupe Narval discrètement se
renseignent et récupèrent leur bien.

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Les refuges Rue Bois le Prêtre

Maison de Cécile Mattart

Maison de Francois Julia ,


Tulliez Yvonne,
Jadot Denise 8
Régulièrement les partisans se cachent dans les greniers des maisons,
notamment dans celle de Cécile Mattart. Cécile était ménagère. Elle allait
dans les bois en face de chez elle pour confectionner des fagots de bois pour
chauffer sa famille et ceux qu’elle cachait. Elle faisait des gaufres aux
pommes de terre pour rassasier les gens de la maison. Pour boire, elle allait
avec sa palanche chercher de l'eau à la source dans les bois. Son fils, lui,
pendant la nuit, lui ramenait sur son vélo des sacs de grains de la campagne.
Elle les étalait sur le plancher des chambres pour les sécher. Le moment
voulu, elle broyait les grains pour en faire de la farine avec les moulins que
son papa avaient élaborés. Sur le chauffe-eau à pétrole en cuivre, elle
chauffait l'eau pour la lessive à la main et pour se laver. De plus, elle faisait
du "café d'époque" qu’elle ne manquait pas de partager et d'offrir aux
Allemands quand ils passaient devant la fenêtre de la cuisine. Elle ne parlait
pas leur langue mais elle leur montrait une tasse et une cafetière pour
partager sa boisson, ce qu'ils acceptaient volontiers. Alors que dans les
chambres, couchés dans le grain qui séchait, se cachaient les résistants
qu'elle hébergeait. Quelle audace elle avait ! Quel courage l'animait !

Francois Julia, Francois Ernestine, Cécile Mattart, Tulliez Yvonne 9


Denise Jadot transmet avec son vélo des messages dans Bas-Oha et
notamment entre le groupe Narval de Lamalle et le garde champêtre de
Héron.

Jadot Denise et Edmond Marpeaux

Deux résistants réguliers au Bois le Prêtre 10


Sauvetage d’un air Crew américain

De retour d’une mission au-dessus de l’Allemagne nazie le 24 avril 1944, un


bombardier lourd américain s'écrase en flammes dans un petit bois qui
borde la vallée de la MEUSE : "le bois du Bordia". Le Sgt Charles
Westerlund 31275855 Radio Operator est tombé dans la campagne à
Lamalle/Bas-Oha au lieudit les Bornes. Immédiatement, il est recueilli et
caché par Louis Woot de Trixhe qui le transfère directement par les bois au
refuge au N° 8 rue Bois le Prêtre. Il reste caché dans cette maison pendant
la nuit du 24 au 25. Le lendemain, il sera évacué par un membre du groupe
Narval vers Huccorgne et terminera son escape ultérieurement vers la
Suisse. Une de ces "petites reines", Denise Jadot, a aidé l'aviateur à échapper
à la captivité en lui permettant de quitter la région par les chemins les
moins fréquentés. La bicyclette d'Yvonne Tulliez a été empruntée par ces
convoyeurs résistants mobilisés pour l'évacuation de l’aviateur américain.
Des moyens de transport utilisés pendant l'occupation de la Belgique par les
nazis, le vélo était sans conteste le plus utile, le moins onéreux et le plus
souple, celui qui a rendu le plus de services à une population démunie, ainsi
qu'aux résistants

Dans l'après-midi du 25 avril 1944, Yvonne envoie sa fille Denise, âgée de 14


ans et rentrée récemment de l'école, reprendre sa bicyclette auprès des
emprunteurs, en l'occurrence madame de Lamine, habitant le château de
Lamalle. Ce château est situé à quelques centaines de mètres de celui du
château Woot de Trixhe. Ce que Yvonne et Denise ignorent, c'est que
depuis quelques heures déjà, les soldats allemands et " Les Noirs"
(gestapistes belges) fouillent fermes et châteaux de fond en comble.

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A son arrivée dans la cour du château, Denise se rend compte de la
situation. C'est le fils de madame de Lamine qui, sans perdre son sang-froid,
accueille la jeune fille comme une camarade de jeux, et lui glisse à l'oreille : "
LE VELO DE TA MAMAN A ETE AMENE ICI POUR REPARER UN
PNEU CREVE ! ". Denise comprend, passe quelques minutes sur place,
remercie, prend congé, s'empare du vélo…qui est retenu au porte-bagage
par un "gestapiste" en civil. Ce dernier accompagne Denise jusqu'à son
domicile. En chemin, il pose des questions ; tantôt menaçant, tantôt se
déclarant résistant et soucieux du sort des aviateurs tombés en parachute, il
trouve bizarre que la crevaison d'un vélo corresponde avec le parachutage
d'un aviateur au même endroit ! Arrivée à la maison – toujours
accompagnée du gestapiste – Denise crie à sa maman que la crevaison a été
réparée et qu'elle est accompagnée d'un individu qu'elle ne connaît pas. Sans
y être invité, le gestapiste pénètre à l'intérieur de la maison, fouille toutes
les pièces, émet des remarques sur le père prisonnier de guerre, éparpille le
contenu du cartable de l'écolière. Une vieille voisine accourue propose tout
bas de "régler le compte à ce "noir". Enfin, ce dernier s'en va, déçu de ne
pouvoir découvrir d'indices. Et pourtant, le parachute n'était pas loin…
dissimulé sous un tas de branchages à l'orée du bois. La maison sera
surveillée pendant plusieurs jours…il faut dire aussi que les résistants du
groupe "Narval" y avaient précédemment établi une base de relais, mais cela
est une autre histoire.

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Château de Woot de Trixhe

Un autre groupe principal de l’A.S. s’installe à Lamalle, le 5 juin 1944, au


Château de Lamine. Trois jours plus tard, la garde Wallonne investit le
château de Woot de Trixhe. Par crainte d’être repéré, le groupe déménage
dans les deux maisons rue Bois le Prêtre. Leur mission consiste à collecter
les ordres de l’état-major de Limal, et de les retransmette aux groupes de
résistants dans les Ardennes. Des résistantes de Bas-Oha, se réfugient
également rue Bois le Prêtre (Berthe Dujeux, Paulette Defrecheux et
Alberte de Lamine).
Le résistant Cyrille Péduzy perd la vie en transmettant un message pour les
groupes dans les Ardennes. Il est égorgé par les Allemands. Il préfère avaler
le message plutôt que de nuire à son groupe .

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La tour de guet

Bien située avec une vue


imprenable sur les deux rives de la
Meuse, les résistants observent et
renseignement l’état-major par
coursiers sur les troupes, les convois
et mouvements de l’armée
allemande.

Marie Guisse
L'hiver 40-41 a été très dur et la population a commencé à souffrir du froid
et de privations. Le mécontentement et les récriminations devenaient de
plus en plus fréquents. "C'est à ce moment que, petite jeune fille habitant un
village perdu, Huccorgne, je suis entrée dans la Résistance " dira-t-elle.

Dès janvier 1941, Marie 20 ans,


aide à la distribution de tracts
antinazis, puis, dès la fondation
du Front Wallon et du Front de
l'Indépendance, elle diffuse la
presse clandestine : La Meuse
(organe du Front de
l’Indépendance), Le Drapeau
Rouge, le Monde du Travail, La
Libre Belgique etc.

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A l'été 1942, le groupe des partisans se constitue et c'est une grange attenant à
son domicile, où elle vit avec sa maman et sa sœur cadette, qui va servir de
dépôt de denrées alimentaires et aussi de munitions et d'armes nécessaires aux
futures opérations.

Qui aurait songé à aller chercher l'arsenal des partisans chez cette famille sans
histoire, sans passé politique - mère et filles - qui allaient à la messe le
dimanche. Et de fait, jamais les Allemands ne découvriront chez ces femmes «
tranquilles » le QG des Partisans, même quand de nombreuses arrestations (les
chefs de secteur Adolphe Ruisseau, Jules Linsmeau et tant d'autres) frappèrent
les résistants.

Le 1er novembre 1942, Marie Guisse rejoint, avec sa sœur Marie-Louise (voir
ci-dessous), le groupe de Partisans Armés dont elle devient coursière
(transport de documents, d'armes) et, accessoirement, dactylo sur une machine
à écrire volée chez le curé de Petit-Waret.
Marie Guisse fut l'âme, avec les femmes de sa famille, et bien d'autres femmes
du village, du soutien apporté aux prisonniers russes et à d'autres réfractaires
cachés dans la région, pour les nourrir, les vêtir, les soigner. A la Libération, la
Wanzoise Marie Guisse sera élevée au grade d'officier de l'Armée Belge des
Partisans.

Berthe Augusta Marie Badot

A la suite de son père, elle entre dans l’Armée Secrète le 31 mai 1944, où elle est
de juin à septembre 1944, agent de renseignement pour le refuge Narval (voir
ci-dessous). Infirmière, elle y est chargée de l’organisation du service sanitaire.
Par ailleurs, elle organise un dépôt de tabac et de cigarettes chez elle. Le 2
septembre 1944, elle est affectée au poste de secours de Famelette à Huccorgne.

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Le train de HITLER et Le pont de Massange
En 1943, le groupe Narval décide de faire dérailler un train à Bas-Oha, ils
veulent faire sauter le pont de Massage (situé entre Java et Bas-Oha). Ce
train circule de nuit et transporte HITLER. Franz Plumier et Bertha
Fouillien distinguent alors le long de la voie des soldats allemands tous les
50 mètres. Le train ralentit à hauteur de Java, les fritz sont aux aguets. On
peut distinguer un wagon plus richement décoré. Des rideaux ornent les
fenêtres et Madame Plumier voit distinctement la silhouette tant redoutée
du "Fürher". Elle en est glacée.

Edmond Wanzoul, Louis Woot de Trixhe et leur équipe arrivent sur place
en passant par les bois. Soudain, ils constatent que des centaines de
sentinelles sont postées tous les 50 mètres. Repérés, ils prennent
immédiatement la fuite, des balles fusent autour d’eux et Edmond
Wanzoul prend une balle dans la jambe. Ils arrivent tous à rejoindre le
refuge. Heureusement que le train passe sans incident. En effet les
Allemands ont l’habitude d’effectuer des représailles sur les villageois.
Cette héroïque tentative de résistance locale est malheureusement un
échec. Ça l’est au grand détriment de quelques héros locaux don Louis
Woot de Trixhes, propriétaire du château de Lamalle et dépouillé de son
bien par les Allemands qui firent de sa demeure une "Kommandatuur".

Un fait de garnement à Bas-Oha

Le fils de Monsieur Plumier, Franz dérobe à son père une cartouche


explosive. Son père pouvait détenir ce genre de matériel car, en tant que
garde du chemin de fer, il lui appartient de prévenir un train en cas de
danger. Étant donné que les locomotives à vapeur étaient fort bruyantes,
en cas de danger, Monsieur Plumier devait faire exploser un de ces «
pétards ». Ces derniers étaient cependant comptés et vérifiés par les
Allemands. Toujours est-il que ce brave père est dépouillé d'un de ces
objets dangereux. 16
La bande de gamins dont Franz fait partie, fort de leur butin, s'engouffre
dans le bois de Sart Gérin. Il entreprend de se rapprocher de la ligne de
chemin de fer et a pour idée de déposer le pétard sur la voie ferrée. Nos
jeunes petits loups remontent dans le bois et guettent les conséquences de
leur acte. Celles-ci ne tardent guère et lorsque le premier train allemand
passe le cap, une explosion tonitruante se fait entendre. Bien qu’étant
inoffensive, l'explosion est impressionnante pour les deux parties. Les
enfants se terrent et les Allemands à grand cris grouillent autour du train
avec armes brandissantes. Les enfants ne sont pas interpellés par les
Allemands et retournèrent au village, fiers comme des héros. Cependant, les
retombées sont pour les villageois qui subirent interrogatoires et mauvaise
humeur, mais comment ne pas être fier de ces gamins en culotte courte.

Une locomotive tombe en panne


entre Java et Bas-Oha
Nous sommes pendant l'hiver 1943-1944, qui est très rude. Cependant une
anecdote fait bien sourire le village. Un train allemand tombe en panne ; la
locomotive à vapeur arrive avec peine à Java en étant à court d'eau. Tous
les seaux du village sont réquisitionnés. Les Allemands les remplissent à
partir de la première pompe à main disponible ; celle de Monsieur Evrard.
La cadence est telle que la pompe se rompt. Les Allemands font alors une
chaîne jusqu'à une autre pompe mais cette dernière se brise aussi. Les
soldats n'ont alors d'autre choix que de réaliser une chaîne d'hommes
jusqu'à la Meuse. La distance est telle que les seaux n'arrivent qu'à moitié
vides ou complètement gelés, tellement il fait froid. Ce plaisant manège
dure une semaine entière. Ce fut "la semaine sans seaux pour les habitants"

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Les fortins de Java/Bas-Oha

Les fortins constituent une partie des positions fortifiées. Neuf fortins de
défense en béton armé parés de briques ou revêtus de ciment ont été
construits en 1940 par les entrepreneurs locaux. Ils étaient camouflés de
deux façons différentes :
- Ceux construits à côté des habitations étaient camouflées en maisons. Les
ouvertures coïncidaient avec les fenêtres, sans châssis ni vitres et leur
toiture était recouverte de tuiles.
- D'autres étaient dotés d'un revêtement de ciment, appliqué à la cuillère à
soupe, dont la teinte se confondait avec celle du sol.
Pendant la résistance, les Chasseurs Ardennais occupèrent ces bastions
défensifs disposés entre le chemin de fer et la Meuse. Le 11 mai 1940, les
soldats belges furent remplacés par des miliciens français.
Ces solides bâtiments militaires ne serviront même pas à retarder l'invasion
éclair des Allemands. Le 14 mai, Bas-Oha était envahi par ces derniers.
Aujourd'hui, seuls six fortins subsistent (trois à Java et trois à Bas-Oha). Il
s'agit de vestiges d'infrastructure défensive de la 2e Guerre Mondiale.

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Les passeurs d’eau à Bas-Oha
Il n’y a pas de pont à proximité de Bas-Oha, on traverse la Meuse en barque
ou en barge grâce aux passeurs d'eau afin de rejoindre l'autre rive à Ben
Ahin. Ces derniers se situent près d’un fortin et devant la maison n°4 Rue
Joseph Romainville. Beaucoup d'enfants se rendent à l’école et des
travailleurs prennent ce mode de locomotion.
Anecdote : Denise Jadot, en compagnie de ses amies sont dans la barge
pour la traversée, elles sont accompagnées d’un soldat allemand qui n’a pas
l’air très à l’aise. Soudain il laisse tomber son fusil qui se démantela. Tout le
monde avait le sourire aux lèvres mais n'osait pas rire à haute voix.

La libération de Bas-Oha

Fin août, début septembre, les troupes allemandes commencent à reculer et


le 6 septembre 1944, les riverains de la Meuse scrutent l'autre berge du
fleuve, les yeux rivés sur la route Andenne-Huy. Soudain, vers 17h30, un cri
de joie fuse : ils étaient là ! Les drapeaux belges et alliés sortirent de leurs
cachettes et apparurent aux fenêtres de toutes les maisons.

Jamais le passeur d'eau n'eut autant


de travail qu'en cette fin d'après-midi
du 6 septembre. Les barques étaient
remplies au maximum et comble de
l’inconscience des Bas-Ohatois, des
soldats allemands se cachaient
toujours dans les bois aux environs
des ruines du château de Beaufort.
Quelle cible privilégiée pour eux !
Heureusement tout se passa bien. Les
Américains rejoignent le groupe
Narval au refuge de Lamalle.

Photo des Américains venus dans la maison de Denise Jadot 19

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