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Académie d’Aix-Marseille

Année 2021-2022
Formation Culture générale et expression

Dans ma maison

Mme Claveau Michèle et Mme Renault Aurélie


Sous la direction de : Audrey Clerc et Julia Vignes, IA-IPR de
l’académie d’Aix-Marseille

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FORMATION ACADEMIQUE BTS
THEME : DANS MA MAISON
Mme Claveau et Mme Renault

Dans ma maison

Lexique à utiliser ou à illustrer* dans le carnet d’écriture : cocon, foyer, refuge,


roulotte, bunker, yourte, bâtisse, immeuble haussmannien, immeuble de rapport, HLM,
gratte-ciel, loft, domotique, pavillon, villa, manoir, château, studio, préfabriqué, baraque,
cabane, bicoque, masure, taudis, bungalow, chaumière, ermitage ; foyer, chez-soi, nid,
refuge, pénates, lares, retraite, asile, home, confort, cosy, bien-être, Feng Shui,
bricolage, restauration, promiscuité, insalubrité, nuisances ;isolement, solitude,
hospitalité, sociabilité, utopie, phalanstère, confinement, gynécée, huis clos,
domesticité…
*Regarder de près le travail des photographes, des architectes…
Oral : chaque étudiant choisit trois images illustrant trois mots au choix et les présente
à la classe à l’ouverture des cours.

Expression personnelle 1 : la maison est-elle nécessairement source de bonheur ?

Séance 1 : En quoi la maison concourt-elle au bonheur ?


Environnement familial, amical…
Les objets de la maison (collection, rangement < Marie Kondo)
Les souvenirs d’enfance (Colette, Pagnol, Proust)

Séance 2 : La maison, source d’angoisse


Les conflits familiaux : Juste la fin du monde
Condition féminine : Beauvoir, Ernaux…
Réclusion, esclaves domestiques, maltraitance, violence (Virgin suicides)
Maison et trauma

Séance 3 : Les maisons hantées


Projections de nos angoisses ou de notre espoir d’une vie après la mort ?
Synthèse de documents (Chateaubriand, Lenôtre, Wilde, Sauget, article de Géo)
Film : Les Autres

Expression personnelle 2 : En quoi la maison révèle-t-elle qui on est ?

Séance 4 : En quoi la maison participe-t-elle à la construction du moi ?


La maison comme marqueur d’identité (genre, religion, origines…)
Mini corpus : la maison révèle qui on est
Espace du rêve (Bachelard, poétique de l’espace)
Synthèse de documents (Bachelard, Makine, Miossec, Gannac)
Mini corpus sur le nomadisme

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Séance 5 : Inscription de la maison dans l’espace-temps
Mini corpus 1 : construction d’un plan comparatiste, développement
La maison révèle l’époque et le pays dans lesquels nous évoluons
Film : Good-bye Lenin

Séance 6 : La maison, marqueur social


Maison et inégalité
Films, extraits : La Cérémonie de Chabrol ; Les femmes du 6è étage ; Parasite ;
Nomadland
Gentryfication
Types de maisons
Maison et économie (Vendre appartement…)
Oraux : choisir un lieu, confronter des images associées à ce lieu
Synthèse de documents

Expression personnelle 3 : La maison est-elle le lieu de l’intime ?

Séance 7 : Ma maison utopique


Le facteur cheval, la villa Kérylos, le Corbusier
Mini corpus 3 : présentation de la possible épreuve orale.
Zoom sur l’oral : l’éthos du candidat (posture…), lexique à solliciter ; comment
transposer à l’oral la démarche de la synthèse ? Quels mots utiliser pour mettre encore
plus en avant le travail de confrontation ? Sur quels gestes s’appuyer, notamment quand
il y a une lecture d’image ?

Séance 8 : Du cocon à l’aliénation


Survivalistes, hikikomori, syndrome de Diogène…
Mini corpus Diogène

Séance 9 : la maison reste-t-elle le lieu de l’intime ?


Un espace de plus en plus surveillé (Google…)
Le télétravail
Film : The Truman show

Séance 10 : Ma maison, espace de création


Lieu de l’otium, par opposition au negotium (voir Pline)
Maisons d’écrivains et d’artistes
Les musiciens

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`DANS MA MAISON – LES MAISONS HANTEES

Vous rédigerez une synthèse objective, concise et ordonnée des documents suivants :

- Document 1 : extrait des Mémoires d’outre-tombe, François-René de Chateaubriand,


1848
- Document 2 : G. Lenotre, « Variété, » in Le Monde illustré, journal hebdomadaire,
quarante-deuxième année, n° 2141, 9 avril 1898. « Le Chat noir et la jambe de
bois du comte de Combourg, » gravure illustrant la légende citée dans Les
Chats de Champfleury [1870] ;
- Document 3 : Article de Sébastien Rouet, 29/07/2020, « Voici la maison la plus
hantée d’Irlande, et elle est à vendre », GEO
- Document 4 : Oscar Wilde, Le fantôme de Canterville et autres contes, traduction de
Jules Castier, 1887
- Document 5 : Bertrand Bergeron, Compte-rendu de lecture de Sauget, Stéphanie.
Histoire des maisons hantées : France, Grande-Bretagne, États-Unis (1780-
1940). Paris, Tallandier, 2011, 269 p. ISBN 978-2- 84734-679-4. Revue
RABASKA.

DOCUMENT 1 : Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, 1848

Je reconduisais ma mère et ma sœur à leur appartement. Avant de me retirer, elles me


faisaient regarder sous les lits, dans les cheminées, derrière les portes, visiter les
escaliers, les passages et les corridors voisins. Toutes les traditions du château leur
revenaient en mémoire. Les gens étaient persuadés qu'un certain comte de Combourg, à
jambe de bois, mort depuis trois siècles, apparaissait à certaines époques et qu'on
l'avait rencontré dans le grand escalier de la tourelle, sa jambe de bois se promenait
aussi quelquefois seule avec un chat noir.
La nuit, je n'apercevais qu'un petit morceau de ciel et quelques étoiles. Lorsque la lune
brillait, et qu'elle s'abaissait à l'occident, j'en étais averti par ses rayons qui venaient à
mon lit au travers des carreaux losangés de la fenêtre. Des chouettes, voletant d'une
tour à l'autre, passant et repassant entre la lune et moi, dessinaient sur mes rideaux
l'ombre mobile de leurs ailes.
Relégué dans l'endroit le plus désert, à l'ouverture des galeries, je ne perdais pas un
murmure des ténèbres. Quelquefois, le vent semblait courir à pas légers ; quelquefois il
laissait échapper des plaintes ; tout à coup, la porte était ébranlée avec violence, les
souterrains poussaient des mugissements, puis ces bruits expiraient pour recommencer
encore.

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DOCUMENT 2 : Illustration de la légende du chat noir

G. Lenotre, « Variété, » in Le Monde illustré, journal hebdomadaire, quarante-deuxième


année, n° 2141, 9 avril 1898. « Le Chat noir et la jambe de bois du comte de Combourg, »
gravure illustrant la légende citée dans Les Chats de Champfleury [1870] ;

DOCUMENT 3 : Article de Sébastien Rouet, 29/07/2020, « Voici la maison la plus hantée


d’Irlande, et elle est à vendre », GEO

Voici la "maison la plus hantée” d’Irlande, et elle est à vendre

Pour la somme de 2,5 millions d’euros, vous pourriez vous offrir la “maison la plus hantée”
d’Irlande. Un manoir devenu une attraction, qui renfermerait l’esprit d’une jeune femme
décédée au XVIIIe siècle...

25 hectares de terrain, 22 chambres à coucher, et autant d’histoires à vous glacer le sang à


raconter. Ce qui est considéré comme la “maison la plus hantée” d’Irlande est actuellement en
vente. Il s’agit de la Loftus Hall, située dans la péninsule de Hook, au sud-est de l’Irlande.
Pour se l’offrir, il faudra débourser pas moins de 2,5 millions d’euros, détaille Time Out. Le
prix à payer pour s’adonner à quelques frissons.
La légende du marin à sabots fendus

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On raconte qu’au XVIIIe siècle, par un temps de tempête, un marin se rendit au Loftus Hall,
obligé d’accoster dans le port de Slade, situé à un peu plus de 2 kilomètres du manoir.
L’homme demanda le gîte et le couvert aux propriétaires de l’époque, la fortunée famille
Tottenham, qui accepta tout naturellement. La cohabitation se déroula si bien que l’homme
séjourna de nombreux jours au manoir. Une présence qui n’a pas laissé indifférente Anne,
l'une des filles de Monsieur Tottenham. Un soir, alors que tout le monde jouait aux cartes, la
légende raconte qu’Anne laissa tomber une carte. La jeune femme se pencha pour ramasser
l’objet et constata que leur invité n’avait pas de pieds… mais des sabots fendus. Prise de
panique, Anne hurla, provoquant la fuite de l’homme par le plafond, suivi d’un assourdissant
coup de tonnerre, laissant place à un nuage de fumée étouffant. Un fait qui choquera jusqu’à
sa mort la jeune femme, atteinte de folie, et qui sera enfermée dans la salle des tapisseries.
Elle hanterait depuis les lieux.
Des siècles d’histoire
Le bâtiment actuel fut construit entre 1865 et 1875, rapporte le Smithsonian Magazine. Il
est établi sur le site d’un ancien château érigé en 1170 par Raymond Le Gros, un chevalier
normand. L’édifice sera remplacé par un autre château, construit par la famille Redmond en
1350, dont le manoir actuel a conservé les fondations.
La Loftus Hall tire son nom de la famille qui s’y est installée après la conquête cromwellienne
(1649-1653), qui opposa la Confédération irlandaise catholique à l’armée du militaire Oliver
Cromwell, chargé de rétablir la domination anglaise sur l’île.
Les derniers propriétaires des lieux sont les Quigley de Bannow, qui ont acheté le manoir en
2011. Ils ont fait de la Loftus Hall une véritable attraction, proposant des “visites hantées”.
En 2014, une photo prise par un visiteur de l'extérieur fait le tour des médias. Comme le
décrit le site IrishCentral, on y voit une silhouette féminine fantomatique, faisant écho à la
légende entourant Anne Tottenham. Les plus courageux (et fortunés), vous savez ce qu’il vous
reste à faire...

DOCUMENT 4 : Oscar Wilde, Le fantôme de Canterville et autres contes, traduction de


Jules Castier, 1887

Lorsque M. Hiram B. Otis, le ministre d’Amérique, fit l’acquisition de Canterville-Chase,


tout le monde lui dit qu’il faisait là une très grande sottise, car on ne doutait
aucunement que l’endroit ne fût hanté.

D’ailleurs, lord Canterville lui-même, en homme de l’honnêteté la plus scrupuleuse,


s’était fait un devoir de faire connaître la chose à M. Otis, quand ils en vinrent à
discuter les conditions.
— Nous-mêmes, dit lord Canterville, nous n’avons point tenu à habiter cet
endroit depuis l’époque où ma grand’tante, la duchesse douairière de Bolton, a été prise
d’une défaillance causée par l’épouvante qu’elle éprouva, et dont elle ne s’est jamais
remise tout à fait, en sentant deux mains de squelette se poser sur ses épaules, pendant
qu’elle s’habillait pour le dîner.
Je me crois obligé à vous dire, M. Otis, que le fantôme a été vu par plusieurs
membres de ma famille qui vivent encore, ainsi que par le recteur de la paroisse, le
révérend Auguste Dampier, qui est un agrégé du King’s-Collège, d’Oxford.

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Après le tragique accident survenu à la duchesse, aucune de nos jeunes domestiques
n’a consenti à rester chez nous, et bien souvent lady Canterville a été privée de sommeil
par suite des bruits mystérieux qui venaient du corridor et de la bibliothèque.
— Mylord, répondit le ministre, je prendrai l’ameublement et le fantôme sur
inventaire. J’arrive d’un pays moderne, où nous pouvons avoir tout ce que l’argent est
capable de procurer, et avec nos jeunes et délurés gaillards qui font les cent coups dans
le vieux monde, qui enlèvent vos meilleurs acteurs, vos meilleures prima-donnas, je suis
sûr que s’il y avait encore un vrai fantôme en Europe, nous aurions bientôt fait de nous
l’offrir pour le mettre dans un de nos musées publics, ou pour le promener sur les
grandes routes comme un phénomène.
— Le fantôme existe, je le crains, dit lord Canterville, en souriant, bien qu’il ait tenu
bon contre les offres de vos entreprenants impresarios. Voilà plus de trois siècles qu’il
est connu. Il date, au juste, de 1574, et ne manque jamais de se montrer quand il va se
produire un décès dans la famille.
— Bah ! le docteur de la famille n’agit pas autrement, lord Canterville. Mais,
monsieur, un fantôme, ça ne peut exister, et je ne suppose pas que les lois de la nature
comportent des exceptions en faveur de l’aristocratie anglaise.
— Certainement, vous êtes très nature en Amérique, dit lord Canterville, qui ne
comprenait pas très bien la dernière remarque de M. Otis. Mais s’il vous plaît d’avoir un
fantôme dans la maison, tout est pour le mieux. Rappelez-vous seulement que je vous ai
prévenu.
Quelques semaines plus tard, l’achat fut conclu, et vers la fin de la saison, le
ministre et sa famille se rendirent à Canterville.

DOCUMENT 5 : Bertrand Bergeron, Compte-rendu de lecture de Sauget, Stéphanie.


Histoire des maisons hantées : France, Grande-Bretagne, États-Unis (1780-1940). Paris,
Tallandier, 2011, 269 p. ISBN 978-2- 84734-679-4. Revue RABASKA.

Rappel d’un fait divers : à la suite de la condamnation du couple Bernardo Homolka, les
citoyens du quartier résidentiel où ils habitaient ont exigé et obtenu, en 1995, de la
municipalité de Port-Dalhousie, en Ontario, la démolition de leur maison. Motif invoqué :
sa présence dévaluait la valeur marchande de leur propriété. Un non-dit se cache
derrière cet argument a priori purement commercial : une tenace tradition populaire
fait d’une demeure où s’est produit un crime atroce un lieu voué à la hantise, ce qui, dans
le cas qui nous occupe, aurait troublé la quiétude de la paisible ville ontarienne. Dans le
même esprit, les voisins de la demeure de Russell Williams demandent qu’elle soit rasée.
Est-il nécessaire d’ajouter que, dans cette province, la présence non déclarée d’un
fantôme dans une maison en vente est considérée comme un vice caché pouvant
entraîner l’annulation de la transaction ? Qu’est-ce qu’une maison hantée ? Pourquoi
celle-ci et non pas toutes les autres ? Les maisons hantées ne sont pas « sans histoire et
sans littérature ». Elles participent d’une culture qui évolue au gré des transformations
sociales des collectivités.
C’est à ce genre de question auxquelles s’attaque Stéphanie Sauget dans un ouvrage
particulièrement bien documenté : Histoire des maisons hantées. L’auteur s’intéresse à
la représentation sociale de la maison hantée aux XIXe et XXe siècles en France, en

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Angleterre et aux États-Unis. (…) La maison hantée est la représentation sociale d’un
drame à cinq personnes impliquant un esprit, généralement désigné sous le terme
générique de fantôme, un ou plusieurs résidants dans un espace clos où s’invite parfois
un exorciste (un désenvoûteur) ou un médium. Cet espace clos, en l’occurrence la
demeure, s’il sert à la fois de scène ou de décor, tient aussi le rôle de personnage. À cet
égard, il est doublement objet d’une hantise : par le fantôme qui dérange les occupants
et par ces derniers qui troublent les habitudes posthumes du premier. Le dernier rôle
de cette dramaturgie populaire revient aux habitants du lieu où se situe la maison. Ces
derniers l’investissent par leur discours, transformant les événements qui s’y déroulent
de fait divers en légende locale. La maison hantée devient, dans le patelin, ce lieu précis
où la frontière normalement étanche entre le naturel et le surnaturel s’estompe. Une
ouverture entre ici-bas et l’au-delà bée par où transitent des esprits qu’il est urgent de
rapatrier pour restaurer l’ordre du monde. Des êtres humains entrent en contact avec
des êtres surnaturels qui furent en d’autres temps, des hommes et des femmes comme
eux.
Dans la civilisation traditionnelle, toutes les maisons n’ont pas le privilège discutable
d’être hantées. Il y a un protocole à respecter. La hantise résulte parfois d’une
malédiction (« Après ma mort, tu entendras parler de moi »), d’un crime odieux à
caractère sanglant, d’un suicide. Si le cas de la malédiction produit habituellement des
intersignes (marche d’escalier qui craque, chaise qui berce seule, etc.), le crime, où il
faut départager le criminel de la victime, et le suicide produisent des fantômes qui
circulent dans la maison dans l’espoir de trouver le repos posthume. Éjectés de la vie
avant leur heure dans le cas des victimes et des suicidés, ces défunts n’arrivent pas à
intégrer leur patrie posthume, les rites funéraires ayant été impuissants à les
transformer de défunts en ancêtres. Les criminels, quant à eux expient jusqu’à leur
délivrance. Tel est, esquissé à larges traits, le portrait de la hantise traditionnelle.

Création d’un tableau synoptique

Doc 1 Doc 2 Doc 3 Doc 4 Doc 5


Peur : vérification des Peur Peur vs
lieux incrédulité
Fantôme du Comte de Fantôme Fantôme de Fantôme de Fantôme,
Combourg + habitants Tottenham + Canterville + habitants,
hbts propriétaires medium,
exorciste
Jambe de bois avec un Jambe de J.f Squelette Malédiction,
chat noir bois et chat traumatisée mort
par sa prématurée,
rencontre suicide ; en
avec le attente d’un
diable pardon pour
retourner
chez les morts

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Escaliers d’un Manoir Bruits la nuit,
château corridor et
bibliothèque
Nuit Atmosphère Tempête,
Chouette sombre p-ê nuit, coup de
Ombres éclairée par tonnerre,
la lune nuage de
fumée
Il surveille le moindre
bruit
Tout fait Silhouette Maison
peur (personnifications); d’Anne personnage,
rôle du vent ; violence lieu de
communication
vivants/ morts
Importance de Importance Imagination Imagination
l’imagination de des
l’imagination : britanniques
création d’une vs
légende rationalisme
des
Américains
Surinterprétation de
bruits rationnels
Rôle des sens Rôle des Rôle des sens
sens
Histoire plaisante Attraction Attraction,
touristique musée
Dimension Dimension
éco : 2.5 économique :
millions la maison
d’euros hantée
dévalue son
quartier

Problématique : En quoi les maisons hantées permettent-elles à l’homme de relier le


monde des vivants au monde des morts ?

I / Qu’est-ce qu’une maison hantée ?


1. Un lieu ancien, personnification
2. Les acteurs de la maison hantée
3. Bruits suspects qui effraient à cause d’une Légende

II / Pourquoi tient-on aux maisons hantées ?


1. Les légendes séduisent

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2. Dimension économique : finalité touristique
3. Plaisir de la peur qui stimule l’imagination

Les maisons hantées semblent le fruit de la projection de nos fantasmes


ou de notre désir, en tant qu’être fini, de croire en une vie après la mort. Ces
maisons effraient les vivants : les bruits qu’elles émettent sont suspects, des
ombres surgissent…Elles semblent dotées de vie. Autobiographe, illustrateur,
conteur, journaliste, essayiste se sont intéressés à elles, cherchant à nous
montrer en quoi elles semblent faire le lien entre le monde des vivants et celui
des morts.
Nous verrons ce qu’est une maison hantée pour les vivants et nous nous
demanderons pourquoi ces derniers tiennent autant aux lieux hantés.

Qu’est-ce qu’une maison hantée ? A en croire certains auteurs comme


Chateaubriand, dans son autobiographie les Mémoires d’Outre-tombe ( 1848),
Sébastien Rouet, dans son article publié le 29/07/2020 dans le magazine Géo
« Voici la maison la plus hantée d’Irlande, et elle est à vendre », Oscar Wilde
dans son conte Le fantôme des Canterville (1887), les maisons hantées sont
souvent de vieilles bâtisses, comme le château de Combourg hanté depuis trois
cents ans, la Loftus Hall, hantée depuis le XVIIIe siècle ou encore le manoir des
Canterville qui date de 1574. Ces lieux anciens sont si effrayants parfois que,
dans l’imaginaire, ils deviennent des personnages à part entière, comme l’affirme
Bertrand Bergeron, dans son compte-rendu de lecture de l’essai de Stéphanie
Sauget Histoire des maisons hantées : France, Grande-Bretagne, Etats-Unis
publié en 2011. Cela se voit d’ailleurs dans la façon dont Chateaubriand semble
personnifier certaines pièces du château, représenté par ailleurs sur l’illustration
de Lenôtre, publiée dans Le Monde illustré de 1898.
Ces maisons hantées semblent toutes faire le lien entre les vivants et les
morts. C’est pourquoi parmi les acteurs de la maison hantée on trouve, à en
croire Bergeron, le fantôme, les habitants, le médium et l’exorciste. Toutefois
tous ces personnages ne sont pas tous représentés dans les textes et image
évoqués : dans l’illustration ne figurent que les fantômes - le chat noir et la
jambe de bois, voire une silhouette à droite de l’image - , là où chez
Chateaubriand se trouvaient évoqués la mère et la sœur de l’auteur en plus de
l’auteur lui-même. Dans le conte d’Oscar Wilde se rencontrent anciens et
nouveaux propriétaires ainsi que des domestiques qui démissionnent par peur de
leurs fonctions. Le fantôme n’est présent que dans leurs propos, de même qu’un
prêtre à qui l’on a demandé de venir exorciser les lieux. Sébastien Rouet parle
aussi des propriétaires et du fantôme sans évoquer d’exorcisme ni de medium.
Dans ces maisons hantées sont évoqués donc des fantômes mais c’est
surtout une atmosphère singulière qui va déclencher la peur des habitants :
Chateaubriand insiste sur la nuit, le bruit d’une chouette, les ombres générées
par la lune là où dans l’article de Rouet on retrouve la tempête, la nuit, un coup de
tonnerre, un nuage de fumée, des ombres…Sous la plume d’Oscar Wilde des
bruits s’entendent aussi la nuit dans le corridor et la bibliothèque. Les maisons

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hantées créent de l’effroi et une certaine paranoïa, comme le montre la réaction
de la mère et de la sœur de Chateaubriand. Elles ont besoin que leur fils regarde
sous les meubles afin de vérifier qu’aucun fantôme ne s’y cache. Les domestiques,
dans le conte d’Oscar Wilde, démissionnent les uns après les autres, tant ils ont
peur du fantôme. En Ontario, d’après Bergeron, l’argument économique visant à
détruire les maisons hantées cache autre chose : l’effroi que suscitent ces
maisons.

Les maisons hantées semblent bien à même d’effrayer les gens. Elles sont
cependant le fruit de l’imagination. Pourquoi tient-on à elles ?

La multiplicité des cas de maisons hantées montre bien que l’imaginaire


populaire s’y attache. L’homme édifie des légendes à partir de faits divers,
comme l’indique Bergeron. Ainsi, dans l’article de Géo, nous apprenons qu’une
certaine Anne est devenue folle et hanterait Tottenham Hall. Sa folie tiendrait
au fait qu’elle ait vu le diable en la personne d’un marin…Traumatisée par cette
vision, elle hanterait les lieux. Nous ne savons pas pourquoi le comte de Combourg
hante les lieux chez Chateaubriand et dans l’illustration ni pourquoi le fantôme de
Canterville reste à demeure dans le conte de Wilde. Bergeron soulève quant à lui
plusieurs causes : le fantôme peut subir une malédiction, expier ses fautes…Il a
pu se suicider et ne pas avoir droit au salut. Ces légendes nous séduisent.
Elles nous séduisent tellement que certaines maisons hantées sont
devenues de véritables attractions touristiques. Déjà, Wilde l’avait deviné dans
son conte alors qu’Otis s’exclame qu’en Amérique un fantôme aurait sa place dans
un musée : la dimension économique prend le pas sur tout autre dimension. La
peur laisse place à l’incrédulité et au profit. Cela se voit clairement dans l’article
de Géo : Tottenham Hall est devenu une véritable attraction touristique. Les
visites guidées ont pour seule finalité de confronter le public à des fantômes et
d’enrichir les propriétaires du manoir. Ces derniers le mettent d’ailleurs en vente
à 2.5 millions d’euros. S’ils en tirent un profit certain, ce n’est probablement pas
le cas de leur voisinage, comme le montre Bergeron : certains voisins de maisons
hantées demandent la destruction de ces maisons qui dévaluent leurs biens…
Nous aimons avoir peur. C’est pourquoi les légendes se perpétuent.
Chateaubriand dans ses mémoires rapporte la légende du Comte de Combourg,
une légende issue d’une tradition populaire ; elle sera ensuite rapportée par
Champfleury en 1870 et illustrée par Lenotre. Lord Canterville se plaît à raconter
la légende du fantôme : ce dernier apparaîtrait quand une personne de la famille
serait sur le point de décéder…Dans l’article, on sent le plaisir ressenti par le
journaliste alors qu’il nous donne les détails de la rencontre d’Anne et du diable.
De même, lorsqu’il raconte l’existence d’une photographie prouvant la présence
d’un fantôme, il ne s’en amuse pas mais semble prendre plaisir à nous raconter
ceci. Les maisons hantées stimulent notre imagination. Elles donnent naissance à
des contes, comme Le Fantôme de Canterville, des essais, comme celui de
Stéphanie Sauget, Histoire des maisons hantées : France, Grande-Bretagne,
Etats-Unis (1780-1940), des passages de mémoires singuliers ainsi que le fait

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Chateaubriand, des dessins, comme celui de Lenôtre ou encore des articles de
presse : le choix de Géo peut lui permettre d’attirer un certain public. La maison
hantée devient donc une source d’inspiration.

Les maisons hantées font le lien entre le monde des vivants et celui des
morts. Elles redonnent vie à des personnages issus de faits divers et édifiés en
légendes. Ces fantômes effraient les propriétaires de lieux. Pour autant, l’homme
semble attaché à ce concept de maison hantée : il est séduit par les légendes qui
stimulent son imagination, que ce soit sur le plan littéraire ou économique.
D’aucuns parviennent à faire des maisons hantées des lieux rentables là où
d’autres, moins créatifs, n’y voient que des lieux dévaluant leur propre maison.

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Exemple de fiche de lecture copie d’élève : maison, lieu angoissant

FICHE DE LECTURE : DANS LA MAISON


La Barbe Bleue

I- Présentation du réalisateur

Charles Perrault est un homme de lettres français, il est né le 12 janvier 1628 à


Paris. Ce dernier était considéré comme l’un des grands auteurs du XVIIe siècle.
Il n’est plus connu aujourd’hui que pour avoir été l’un des formalisateurs du genre
littéraire écrit du conte merveilleux. Son travail est essentiellement basé sur la
collecte et la retranscription de contes issus de la tradition orale française. Il
entre en 1671 à l’Académie française, où il y a donné de nombreuses idées et où il
rédige la préface du Dictionnaire de l’Académie en 1694. Charles Perrault meurt
en 1703, dans sa ville natale.

II- Résumé du livre

La Barbe bleue est un conte populaire dont la version la plus célèbre est celle de
Charles Perrault, apparue en 1697 dans Les Contes de ma mère l’Oye. Ce conte
raconte l’histoire d’un homme riche ayant une barbe bleue qui lui donne un aspect
laid et terrible. Ce dernier a déjà eu de nombreuses épouses dans le passé, dont
on ne sait ce qu’elles sont devenues. Ce dernier finit par se marier avec l’une de
ses voisines, séduite par sa richesse. Barbe Bleue part en voyage, 1 mois après
les noces, et laisse des règles à ne pas franchir (mal dit) à son épouse, restant au
château. Curieuse, elle franchit l’interdit et découvre les corps des précédentes
épouses de Barbe Bleue dans l’une des pièces interdites. A son retour, ce dernier
découvre la trahison de sa trop curieuse femme et s’apprête à l’égorger. Celle-ci
essaye de reculer l’heure de sa mort en demandant assez de temps pour prier.
Les frères de cette dernière la sauvèrent (poursuis ton résumé au présent) en
tuant Barbe Bleue à coup d’épée. Elle hérite alors de toute la fortune de son
époux, et épousa (épouse) un honnête homme.

III- Lien du livre avec le thème dans la maison

Le conte de Barbe Bleu, se déroule au sein d’un grand château, qui se situe autour
de quelques maisons, où vivent de jolies femmes. Le château qui est assez

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intriguant, possède de nombreux appartements mystérieux. Ces derniers sont
fermés à clefs, et sont tous intrigants les uns comme les autres. Seul Barbe
bleue possède les clefs de ce château. Certaines pièces dont une en particulier
est interdite (attention, syntaxe ) d’accès à sa femme.

Les lieux ont une histoire : Barbe bleue vit dans ce château depuis longtemps ; il
y a amené toutes ses femmes. Or, il les a toutes tuées, égorgées, et les a
attachées au mur dans la pièce interdite du château. Aujourd’hui barbe bleue vit
avec une jeune femme,nommée Boulotte, qui était dans le passé sa voisine.
Barbe Bleue et sa femme vivent une relation passionnelle et amoureuse, qui est
pour lui basée sur la confiance et le respect de ces règles. Or cette relation au
sein de ce château peut être vue comme mal sainte (malsaine) car la femme de
barbe bleue, Boulotte, a été attirée par cet homme seulement pour sa richesse.
Barbe bleue est, quant à lui,un collectionneur de femmes. C’est seulement après
avoir demandé à toutes les voisines, que cette dernière accepta de devenir sa
femme. Cette relation n’est absolument pas née lors d’un coup de foudre.

Ce château reflète à merveille la personnalité de barbe bleue, c’est-à-dire


intrigante. Ce château comporte donc une pièce interdite, où se trouvent les
nombreux cadavres de ses précédentes femmes, baignant dans leur sang. Cette
pièce reflète Barbe bleue, car c’est un collectionneur de femmes, il les a toutes
exposées en les attachant au mur. Toutes ces femmes qu’il a égorgées l’une après
l’autre dans ce château (phrase inachevée). Cette personnalité de meurtrier et
de collectionneur de femmes, est définie par la présence de cette pièce dans ce
château. Barbe bleue est très conscient de la présence de cette pièce et il y
tient beaucoup. Or,la présence de pièces inconnues, attire la curiosité de
Boulotte, mais cela la rend malheureuse, car cela lui montre ce qu’il qui va lui
arriver. Boulotte allait avoir le même sort que toutes ces pauvres femmes.
Tu insistes beaucoup sur la pièce interdite, sans parler des pièces luxueuses qui
séduisent aussi la jeune femme et ses amies.

La maison est un marqueur social : Barbe bleue possède de nombreuses maisons


qui se trouvent à la ville ou à la campagne, dans des quartiers suffisamment aisés.
Des maisons où il y emmenait ses femmes avec des amies pour leur faire
découvrir ses biens. Barbe bleue veut impressionner ces femmes en leur
montrant tout son or et son argent.

Ainsi, le château de barbe bleu est vu comme un lieu étrange qui attire la
curiosité, une curiosité qui peut mener à la mort. Seul lui sait ce qu’il qui se
trouve au sein de son habitat. Une maison où ont vécu plusieurs histoires d’amour,
mais aussi d’horribles meurtres.

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IV- Analyse de trois citations

« La barbe bleue, pour faire connaissance, les mena […] à une de ses maisons de
campagne, où on demeura huit jours entiers. Ce n’était que promenade, que
parties de chasse et de pêche, que danses et festins, que collations : on ne
dormait point, et on passait toute la nuit à se faire des malices les uns aux
autres ; enfin tout alla si bien… ».
Dans cette citation, nous pouvons voir que la maison est synonyme de bonheur.
C’est un lieu chaleureux où l’on peut faire connaissance. De plus, la maison est vue
comme un lieu qui dégage de la joie, un lieu où l’on se sent bien. Les personnages
sont heureux et dégagent de la bonne humeur durant ces huit jours au sein de
cette maison à la campagne. De plus, le lieu de la maison joue un rôle important
dans le comportement des personnages. La campagne est un lieu calme et
apaisant ou l’on se sent bien. La maison est donc un lieu de l’intime, où l’on
regroupe famille et amis, pour vivre de bons moments.

« Elle ne cessaient d’exagérer et d’envier le bonheur de leur amie, qui cependant


ne se divertissait point à voir toutes ces richesses, à cause de l’impatience
qu’elle avait d’aller ouvrir le cabinet de l’appartement bas. » oui
Cette citation montre qu’une maison peut comporter des secrets. En effet, le
château de barbe bleue est rempli de merveilles, d’objets que l’on n’a jamais vus,
de belles tapisseries, de belles vaisselles, de beaux lits… or parmi toute cette
beauté se trouve une pièce mystérieuse qui attire encore plus la curiosité. En
effet, une maison peut cacher des secrets, des mystères et un lourd passé. Le
château a une apparence magique, avec une décoration à couper le souffle et des
objets magnifiques, or parmi ça, le château cache aussi une pièce affreuse où se
trouvent sang et cadavres. La curiosité s’installe face à l’impossible. Pour
Boulotte, rien n’est interdit. Cette pièce mystérieuse est plus attirante que
toute cette richesse. Cette citation peut montrer que la beauté d’une maison
peut cacher une affreuse chose.

« Ayant remarqué que la clef du cabinet était tachée de sang, elle l’essuya deux
ou trois fois, mais le sang ne s’en allait point ».
Cette citation décrit l’acte que commet Boulotte. En effet, la scène se passe au
sein du château de barbe bleue, durant son absence lorsque Boulotte enfreint la
règle de ce dernier. Elle commit l’interdit, elle entra dans la pièce mystérieuse.
Suite à ça, Boulotte se rend compte qu’elle a commis un acte irréparable au sein
du château, et que sa punition sera la même que celle de toutes les autres
femmes. Elle s’est rendu compte du sort qui allait s’abattre sur elle au retour de

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barbe bleue. C’est alors que la maison devient un lieu d’angoisse et de peur où se
cachent secrets et lourd passé. La maison n’est pas toujours vue comme un
lieu saint sain, cela peut aussi être un lieu de crime. Un lieu où peut être caché le
passé de ses habitants.

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L’EXPRESSION PERSONNELLE
La maison rend-elle nécessairement heureux ?

COPIE D’ELEVE (temps limité : 1h)

La maison est un lieu d’intimité. C’est le lieu que l’on habite, l’endroit où nous
passons le plus clair de notre temps. Alors que la maison est un refuge quotidien, nous
allons voir si elle rend nécessairement heureux. Pour ce faire, nous verrons d’abord que
la maison est un lieu qui rend heureux puis nous montrerons que la maison ne rend
pas toujours heureux.

La maison est l’endroit qui rend heureux. La décoration, l’aménagement de


la maison rendent la maison plus chaleureuse virgule où nous pouvons facilement nous y
sentir bien. On le voit avec Sido de Colette : l’intérieur semble communiquer avec
l’extérieur. O,n voit de la faune, de la flore partout et surtout le sol est décrit comme
« craquant comme du pain chaud » ? Le pain chaud est associé à une sensation de bien-
être. Chacun peut rendre sa maison plus agréable. C’est ce que nous pouvons voir dans
l’émission de télé « D&CO » présentée par Valérie Damidot, celle-ci intervient auprès de
familles qui n’aiment plus leur lieu de vie et qui souhaitent changer l’intérieur de leur
habitation. Nous remarquons, souvent, à la fin de l’émission, les familles pleurer de joie
en redécouvrant leur intérieur. Elles sont reconnaissantes envers Valérie Damidot qui a
pour eux (à leurs yeux) améliorer leur qualité de vie.
La maison est l’endroit de l’intime, qui regorge de souvenirs. Nathalie Sarraute
dans Enfance raconte des repas de famille chez sa tante, des Noëls chez son père…Elle
les raconte de façon très générale. Dans la chanson intitulée « Quatre murs et un toit »
le chanteur Bénabar raconte notamment les débuts dans la maison lorsqu’il non, le
locuteur est devenu propriétaire avec sa femme enceinte. Nous remarquons dans la
chanson que la maison est un lieu de vie, un lieu où nous créons des souvenirs. Il met en
avant la vie dans la maison avec les enfants et la vie dans la maison quand les enfants
partent. Il nous fait également part de la vie dans la maison lorsque les petits enfants
naissent et viennent jouer à leur tour dans la « maison familiale ».
Si la maison rend heureux de part les souvenirs qu’elle retient et son
environnement chaleureux qui nous fait nous y sentir bien, la maison peut être aussi
source de mal être.

Idée directrice avant argument 1. La maison fait peur. C’est notamment ce que
l’on peut voir dans l’extrait des « mémoires d’outre-tombe » souligne le titre par
Chateaubriand. Nous remarquons dans cet extrait que l’appartement où vivent sa mère
et sa sœur est hantée par un comte de Combourg à jambe de bois. La légende raconte
qu’il apparait à certaines époques et que sa jambe de bois se promène seule avec un chat
noir. Cette histoire hante ce lieu et provoque de la peur chez la mère et la sœur. Il ne
s’agit plus d’un lieu chaleureux dans lequel l’on se sent bien, mais d’un lieu inconfortable
où les habitants se sentent en insécurité.
La maison est dangereuse. C’est ce que nous pouvons remarquer dans certains
témoignages publiés par « BRUT », un média en ligne. Dans plusieurs témoignages, nous

17
apprenons plusieurs faits comme par exemples des femmes victimes de violences
conjugales ou de féminicide. Nous voyons que même si la maison est un lieu intime elle
peut être dangereuse en fonction des relations qui s’y passent entre les murs.
La maison est un lieu intime et aussi un lieu clos dans lequel des violences peuvent être
subies sans pouvoir appeler à l’aide. Ds la maison, il y aussi des disputes, tensions…
Que fais-tu du mal-logement ?

Pour conclure, nous avons vu que la maison est un lieu chaleureux, source de bien-
être de part son aménagement, sa décoration ainsi que les souvenirs qui réchauffent les
pièces. Mais la maison peut être aussi un endroit effrayant par les histoires passées,
ainsi que les violences subies entre les murs.

15/ 20 Bon ensemble ms la 2ème partie aurait pu facilement être plus riche…

EXEMPLE DE CORRIGE

Expression personnelle : proposition de corrigé


La maison rend-elle nécessairement heureux ?

Nombre de personnes se retrouvent sans domicile fixe, que ce soit pour des
raisons personnelles ou liées à la migration économique, politique ou autre. Aussi n’est-il
pas surprenant que pour elles avoir un simple toit sur la tête soit source de bonheur, ce
sentiment de plénitude, ce souverain bien tant recherché par les Anciens et si difficile
d’accès pour la majorité des hommes. Aussi nous demanderons-nous si avoir une maison,
au sens élargi de simple toit voire lieu auquel s’identifier, est vraiment la condition du
bonheur.
Nous verrons que si la maison peut nous rendre heureux, elle peut, malheureusement, ne
pas suffire à créer les conditions du bonheur.

La maison peut nous rendre heureux. Cette sensation peut être associée à
l’architecture, voire à l’ordonnancement de la maison, à notre façon de nous approprier
l’espace. De nombreux architectes pensent notre habitat pour le rendre fonctionnel,
confortable, esthétique…Déjà, dans l’Antiquité, tout était fait, dans les maisons des
personnes aisées, pour déclencher le sentiment du beau, comme on peut le voir grâce à la
villa Kérylos, à Beaulieu-sur-mer. Cette maison reproduit les maisons antiques dans un
cadre enchanteur. Cependant, le bonheur dans la maison n’est pas forcément lié à la
taille de la maison. Il peut être associé à notre façon de vivre dans cet espace :
d’aucuns, comme Marie Kondo, ont besoin que leur lieu de vie soit parfaitement rangé
pour être heureux, d’autres – dont le comportement peut aller jusqu’au syndrome de
Diogène, ont besoin que leur espace soit encombré.
Dans la maison, des objets peuvent nous rendre heureux, sans forcément que l’on
cherche à les collectionner ou à les accumuler. Marcel Proust, dans A la Recherche du
temps perdu, nous raconte comment une simple lanterne magique a pu le rendre heureux
dans sa chambre d’enfant. En contemplant les images projetées sur le mur, son
imagination est stimulée. Il se raconte ainsi seul des histoires pour s’endormir. Le

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lecteur se demande si ce n’est pas là en partie l’origine de sa vocation d’écrivain. Walter
Benjamin, dans Enfance berlinoise, évoque quant à lui une boîte de lecture qui, dans sa
maison, lui a permis de sentir que d’un coup il faisait partie des élus, de ceux qui arrivent
à décrypter les mots et à les écrire. La maison est bien le lieu des premiers
apprentissages qui suscitent notre fierté.
Si la maison rend heureux, c’est aussi du fait de l’atmosphère qui y règne.
Colette, dans La maison de Claudine, raconte comment les frontières entre l’extérieur et
l’intérieur semblent abolies dans la maison de sa mère, Sido : la faune et la flore
envahissent une maison décrite comme « craquante comme du pain chaud ». C’est dire à
quel point sa maison est chaleureuse. A l’atmosphère de la maison peuvent être associés
des souvenirs racontés de façon itérative, à l’instar des fêtes de Noël chez son père
dont nous parle Sarraute dans Enfance, ou à l’instar des repas chez sa tante : à la fin,
les enfants remercient leurs parents et reçoivent un baiser sur le front. La maison peut
abriter des événements singuliers, qui marqueront toute une vie. Aussi s’éloigner de la
maison peut-il rendre nostalgique, comme c’est le cas de Du Bellay au XVIe siècle :
ambassadeur en Italie, dans son sonnet « Heureux qui comme Ulysse », il regrette sa
maison « qui m’est une province et beaucoup davantage » : c’est dire la place prise par la
maison dans son cœur.
La maison peut rendre heureux mais ce n’est malheureusement pas toujours le
cas.

Si avoir un toit est important pour la dignité humaine, ce toit n’est pas toujours
associé au bonheur. En effet, des logements indignes peuvent être attribués aux gens,
en fonction de leurs revenus. Que l’on pense au drame de la rue d’Aubagne à Marseille,
et l’on comprendra que l’insalubrité ne peut que rendre non seulement malheureux mais
aussi malades ceux qui vivent dans de tels logements, sans compter le danger qu’ils
courent. Beaucoup d’émissions montrent le combat de locataires ou de copropriétaires
contre l’insalubrité. France 3 a consacré un reportage à cette thématique dans ses
Enquêtes de régions en 2019, relevant à Marseille la présence de 40000 logements
insalubres qui ne devraient pas être habités.
La maison peut aussi faire peur de façon irrationnelle : Nathalie Sarraute, dans
Enfance, a peur du noir et fait tout pour que son père reste à ses côtés au moment où
elle s’endort ; Marcel Proust, quant à lui, décrit un narrateur enfant qui, s’il ne reçoit pas
le baiser du soir de sa mère est profondément malheureux. D’autres personnes
projettent leurs angoisses sur la maison dans laquelle ils vivent. C’est le cas de
Joséphine de Beauharnais, dans le roman Moi, Joséphine, impératrice de Paul Guth : elle
s’est installée aux Tuileries avec son époux, Napoléon Ier. Elle croit sentir la présence
de Marie-Antoinette. Changer la décoration n’y change rien…L’invention du concept de
maison hantée souligne la peur que peuvent faire naître certaines demeures. Cette peur
peut être liée à un fait divers tragique qui s’est déroulé dans la maison, comme le dit
Nathalie Sauget dans son essai sur les maisons hantées. On s’imagine alors que la
personne ayant vécu ce drame revient hanter la maison et on se retrouve, comme
Chateaubriand, dans les Mémoires d’outre-tombe, à devoir vérifier sous les meubles si
nul fantôme ne s’y cache pour rassurer des membres peureux de la famille.

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La maison peut abriter de véritables tragédies. Dans le film Les Autres, une
mère, abandonnée par son époux parti à la guerre, devient folle : elle vit dans une maison
plongée perpétuellement plongée dans l’obscurité : ses enfants sont photosensibles. Les
exposer à la lumière les tuerait…Or, ce n’est pas la lumière qui va les tuer mais bel et
bien leur mère. Prise d’un accès de folie, elle les étouffe avec un oreiller…Des drames
d’un autre genre peuvent se dérouler dans la maison. Le mois d’octobre 2021 voit se
dérouler aux assises d’Arles un procès incriminant un père, coupable d’avoir violé sa fille
durant vingt-six ans. Qui plus est ce père, nous raconte le journal La Provence, n’est
autre que le père biologique du fils de la victime, son propre petit-fils âgé de 17 ans. Il
attendait que sa femme et ses autres enfants sortent de la maison pour s’en prendre,
dans l’intimité de la chambre, à l’intégrité de sa fille…Viols, homicides, voire simples
disputes, comme dans Juste la fin du monde de Lagarce, la maison peut être le lieu de
toutes les tensions et de tous les drames.

Avoir un toit est une nécessité pour l’homme mais le bonheur au sein de la maison
dépend d’autre chose que du fait d’avoir un simple toit au-dessus de la tête : il faut être
capable de créer une atmosphère, une ambiance chaleureuse, être à même de mettre en
place des rituels rassurants pour nos enfants, créer des événements heureux ;
l’agencement de la maison, sa dimension esthétique peut, bien sûr, avoir son importance.
Cependant, la condition première du bonheur dans le logement semble être la dignité du
logement lui-même. Il ne doit pas mettre en danger ses habitants. L’autre condition
semble reposer sur les personnes avec qui nous partageons ce logement, leur attitude.
Enfin, pour certaines personnes à l’imagination débordante, la maison ne doit rien
connoter de négatif.
Ces conditions étant pour certaines complexes à obtenir, on comprend bien que le
bonheur doit être pensé indépendamment du concept de maison. `

MAISON ET IDENTITE

DOCUMENT 1 : Gaston Bachelard, Poétique de l’espace, 1957


http://classiques.uqac.ca/classiques/bachelard_gaston/poetique_de_espace_3e_edition
/poetique_de_espace.html

Dès lors, tous les abris, tous les refuges, toutes les chambres ont des valeurs
d'onirisme consonnantes. Ce n'est plus dans sa positivité que la maison est véritablement
« vécue », ce n'est pas seulement dans l'heure qui sonne qu'on en reconnaît les
bienfaits. Les vrais bien-être ont un passé. Tout un passé vient vivre, par le songe, dans
une maison nouvelle. La vieille locution : « On y transporte ses dieux lares » a mille
variantes. Et la rêverie s'approfondit au point qu'un domaine immémorial s'ouvre pour le
rêveur du foyer au delà de la plus ancienne mémoire. La maison, comme le feu, comme
l'eau, nous permettra d'évoquer, dans la suite de notre ouvrage, des lueurs de rêverie
qui éclairent la synthèse de l'immémorial et du souvenir. Dans cette région lointaine,
mémoire et imagination ne se laissent pas dissocier. L'une et l'autre travaillent à leur

20
approfondissement mutuel. L'une et l'autre constituent dans l'ordre des valeurs, une
communauté du souvenir et de l'image. Ainsi la maison ne se vit pas seulement au jour le
jour, sur le fil d'une histoire, dans le récit de notre histoire. Par les songes, les diverses
demeures de notre vie se compénètrent et gardent les trésors des jours anciens.
Quand, dans la nouvelle maison, reviennent les souvenirs des anciennes demeures, nous
allons au pays de l'Enfance Immobile, immobile comme l'Immémorial. Nous vivons des
fixations, des fixations de bonheur 1. Nous nous réconfortons en revivant des souvenirs
de protection. Quelque chose de fermé doit garder les souvenirs en leur laissant leurs
valeurs d'images. Les souvenirs du monde extérieur n'auront jamais la même tonalité
que les souvenirs de la maison. En évoquant les souvenirs de la maison, nous additionnons
des valeurs de songe ; nous ne sommes jamais de vrais historiens, nous sommes toujours
un peu poètes et notre émotion ne traduit peut-être que de la poésie perdue.
Ainsi, en abordant les images de la maison avec le souci de ne pas rompre la
solidarité de la mémoire et de l'imagination, nous pouvons espérer faire sentir toute
l'élasticité psychologique d'une image qui nous émeut à des degrés de profondeur
insoupçonnés. Par les poèmes, plus peut-être que par les souvenirs, nous touchons le fond
poétique de l'espace de la maison.
Dans ces conditions, si l'on nous demandait le bienfait le [26] plus précieux de la
maison, nous dirions : la maison abrite la rêverie, la maison protège le rêveur, la maison
nous permet de rêver en paix. Il n'y a pas que les pensées et les expériences qui
sanctionnent les valeurs humaines. A la rêverie appartiennent des valeurs qui marquent
l'homme en sa profondeur. La rêverie a même un privilège d'autovalorisation. Elle jouit
directement de son être. Alors, les lieux où l'on a vécu la rêverie se restituent d'eux-
mêmes dans une nouvelle rêverie. C'est parce que les souvenirs des anciennes demeures
sont revécus comme des rêveries que les demeures du passé sont en nous impérissables.
Notre but est maintenant clair : il nous faut montrer que la maison est une des plus
grandes puissances d'intégration pour les pensées, les souvenirs et les rêves de
l'homme. Dans cette intégration, le principe liant, c'est la rêverie. Le passé, le présent
et l'avenir donnent à la maison des dynamismes différents, des dynamismes qui souvent
interfèrent, parfois s'opposant, parfois s'excitant l'un l'autre. La maison, dans la vie de
l'homme, évince des contingences, elle multiplie ses conseils de continuité. Sans elle,
l'homme serait un être dispersé. Elle maintient l'homme à travers les orages du ciel et
les orages de la vie. Elle est corps et aime. Elle est le premier monde de l'être humain.
Avant d'être « jeté au monde » comme le professent les métaphysiques rapides,
l'homme est déposé dans le berceau de la maison. Et toujours, en nos rêveries, la maison
est un grand berceau. Une métaphysique concrète ne peut laisser de côté ce fait, ce
simple fait, d'autant que ce fait est une valeur, une grande valeur à laquelle nous
revenons dans nos rêveries. L'être est tout de suite une valeur. La vie commence bien,
elle commence enfermée, protégée, toute tiède dans le giron de la maison.

1 Ne faut-il pas rendre à la fixation ses vertus, en marge de la littérature psychanalytique qui
doit, de par sa fonction thérapeutique, enregistrer surtout des processus de défixation ?

21
DOCUMENT 2 : L’ami arménien, Andreï Makine, éditions Grasset, 2021, pp.37-38

Le narrateur se souvient de l’appartement de son ami arménien.

Des années plus tard, ma jeunesse devenant de plus en plus itinérante, je me


souviendrais de l’habitation précaire occupée par la fugace colonie caucasienne – de leur
humble gîte qui, par sa décoration, se montrait bien différent des logements où vivaient
leurs voisins. Son charme « oriental », ou plutôt « théâtral », permettait à ces résidents
en suspens de créer une illusion de confort et presque d’opulence grâce à quelques bouts
de tissu et aux objets mis en valeur comme le sont les accessoires sur une scène de
théâtre. C’était un art commun aux peuples familiers des bannissements et des exodes,
forcés de recréer, indéfiniment, leur espace vital – leur patrie transportée dans leurs
maigres bagages. Oui, de gravir les tréteaux d’une existence vacillante, d’installer un
décor où se joue le drame de leurs exils. Ces châles, une pile de livres, un chandelier noir
de suie et, accrochés à la fenêtre étroite et basse, à la place des rideaux, ces coupons
de mousseline violacée, le vestige probable d’un projet de couture interrompu par une
nouvelle pérégrination.
Et même le vent qui faisait ondoyer leur tissu presque transparent, cette légère
brise de fin d’été, me semblait différent – on l’aurait cru attiédi par le soleil de la
lointaine Arménie…

DOCUMENT 3 : « Le déménagement », Miossec

Paroles de la chanson Le Déménagement par Miossec

On a réuni tant d'affaires pour se faire exister


Pour se donner l'air d'en prendre pour perpétuité
En encombrant l'atmosphère en vivant en apnée
Tapis dans notre tanière on pensait voir les hivers passer
Mais la soirée d'hier a tout mis sur le plancher
Un bon coup de tonnerre nous voilà bien avancés
La vaisselle est par terre la serpillière est à passer
En crue est la rivière en pleurs est la mariée
Et aujourd'hui il y a tant de choses à rassembler
On déménage et ça ne fait que commencer
On ne sait plus trop quoi faire de toute cette liberté
Gardes-tu le frigidaire si je prends le sommier
En ce qui concerne la gazinière je peux désormais m'en passer
On se sent comme des serpillières qu'il faudrait essorer
Pour éponger les histoires d'hier celles qui nous ont trempés
On a accumulé un enfer dont il faut se séparer
C'est aujourd'hui que l'on se délaisse
C'est aujourd'hui que l'on se chasse
Pour une nouvelle adresse
Pour une nouvelle impasse

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Pour ailleurs aller poser nos fesses
Pour ailleurs aller reprendre une place
Il faudra bien que ça cesse
Ou il faudra bien que l'on s'y fasse

DOCUMENT 4 : Psychologies magazine, Anne-Laure Gannac, entretien avec Alberto


Eiguer, 18.03.2020

Notre maison, notre miroir


Par Anne Laure Gannac

L'entretien
C‘est un lien quasi fusionnel qui nous lie à notre maison. A la fois refuge où se joue la
part la plus intime de notre vie, et vitrine dans laquelle s’exposent nos goûts et nos
valeurs, notre intérieur dit tout de nous, de nos souvenirs, de ce que nous sommes et de
ce que nous vivons les uns avec les autres réunis sous le même toit. « Montre-moi ta
maison je te dirai qui tu es » : telle est l’idée développée par Alberto Eiguer,
psychanalyste et auteur de L’Inconscient de la maison.

Alberto Eiguer
Psychiatre, psychanalyste, président de la Société française de thérapie familiale et
professeur à l’Institut de psychologie de l’université Paris-V, il est également l’auteur de
nombreux ouvrages dont L’Inconscient de la maison (Dunod) et Une Maison
natale (Dunod).

La maison parle de nous. Mais ne peut-on pas “tricher” et y montrer autre chose que soi?
Bien sûr. On est parfois trompé par les « apparences ». Le père de Colette, par exemple,
avait chez lui une quantité de livres, dont il se disait l’auteur. Or ce n’était que des pages
blanches ! Mais, là encore, une facette de l’individu – en l’occurrence le goût de
l’imposture – se traduit dans la maison. Mais celle-ci peut aussi être une « aide ». Si on
ne va pas bien et que l’on s’entoure de couleurs vives, cela peut compenser certains
aspects de notre fonctionnement interne.
On comprend mieux qu’un déménagement soit un moment émotionnel intense.
Le déménagement est un lourd processus, qui consiste à aller d’un dedans vers un dehors
pour investir un autre dedans. Ce qui est loin d’être simple. On éprouve souvent de la
nostalgie, on a tendance à penser que « c’était mieux là-bas », on se sent « étranger » à
ce nouveau « chez soi ». Autant de sentiments qui prouvent que notre « habitat
intérieur» est encore partagé entre les deux espaces et qu’on ne l’a pas entièrement
«récupéré ». La structure familiale dans son ensemble est elle aussi mise à l’épreuve
dans le déménagement, car chacun n’intègre pas ce nouveau dedans au même rythme. Là
encore, il n’y a pas de règle.

On dit souvent d’un lieu qu’il a une âme. Pour le psychanalyste Alberto Eiguer, notre
intérieur parle. Et en dit long sur ce que nous sommes. Exploration pièce par pièce de ce

23
nid protecteur qui change avec nos désirs, notre évolution personnelle, mais aussi avec
l’air du temps.
Psychologies : “La maison a un inconscient”, qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Alberto Eiguer : Que le choix de sa maison, de ses meubles, de sa décoration,


l’agencement des pièces… ne sont pas le seul fait de décisions conscientes. Ce que nous
projetons sur cet espace est le résultat de forces inconscientes. Il y en a plusieurs. La
plus importante est la projection de l’image que nous avons de notre corps. Autrement
dit, nous avons une image interne de l’espace dans lequel nous vivons.
Comme notre corps, la maison comprend différents endroits auxquels se rattachent des
fonctions déterminées : manger, dormir, se reproduire… ; comme lui, on attend d’elle
qu’elle nous protège de l’extérieur, qu’elle nous « enveloppe » ; comme lui, elle met en lien
des membres qui forment ensemble un tout « famille ». Pour l’approche psychanalytique,
le centre vital de la maison est la chambre des parents, d’où partent tous les autres
investissements.
Une maison “vide” traduirait-elle un vide intérieur ?
L’intérieur d’une maison révèle ce que ses habitants ont dans la tête. En découvrant une
maison vide, on est tenté de penser qu’il y a un manque chez la personne : cela peut
refléter l’absence de liens avec ou au sein de la famille, une vie imaginaire affaiblie, un
épuisement voire des symptômes dépressifs qui font perdre à ses habitants l’envie de «
construire ».
Sponsorisé
Et une maison désordonnée ?
Quand on est perturbé, on est désordonné parce que l’on ne parvient pas à constituer
d’espaces distincts, ni dans sa maison ni dans son esprit. Mais être désordonné ne
signifie pas forcément être perturbé ! Certains expliquent qu’ils ont besoin de ce
désordre pour se retrouver et pour avoir un accès direct à tout, ils « picorent »… Le
désordre peut aussi être passager : on traverse une période de conflits dans la maison,
on ne prend pas le temps de « mettre les choses au clair » … La maison offre toujours
une photographie de l’inconscient de ses habitants.
Que révèle la distribution des pièces entre les différents membres de la famille ?
Pour le psychanalyste Isodoro Berenstein, l’intérieur de la maison représente
symboliquement les liens inconscients entre ses habitants, les alliances et les rivalités.
On peut aussi y lire le sens des hiérarchies – les plus « estimés » auront les plus belles
pièces –, les ambitions et les priorités de chacun. Ainsi, si l’on a le désir de vivre
longtemps ensemble, on décorera les lieux d’une façon plus chaleureuse.
Meubles et objets ne sont donc pas seulement décoratifs…
Avant même d’être habitée, la maison est « meublée ». Elle est meublée de nos
fantasmes. On est au plus près de son intimité en décorant sa maison. Objets et meubles
reflètent notre psychologie : on y exprime nos goûts, nos besoins fonctionnels. Mais ils
parlent aussi de notre mémoire en nous rappelant sans cesse notre passé, notre histoire
familiale avec ses mythes, ses secrets, ses mœurs. Ils suscitent des affects très
puissants : la possession nous renvoie à notre identité, car notre estime de soi est
autant satisfaite par ce que nous sommes que par ce que nous possédons.

24
Certains “exposent” beaucoup d’objets dans la maison. Comment interprétez-vous cela ?
Il y a plusieurs explications possibles. Cela peut relever de la « manie » : on a le désir de
remplir, toujours plus, son « intérieur ». Parfois, l’accumulation de meubles et d’objets
est telle que l’on peine à circuler entre les pièces : on empêche les mouvements comme
pour ralentir le temps. Dans tous les cas, les objets sont très animés par notre
psychologie. La relation forte et ludique que nous entretenons avec eux ressort de celle
que nous avions, enfant, avec nos jouets : on les aime, ils ont une âme…

Mini corpus.
Découverte du lieu/ mise en place d’une atmosphère
La maison, Sa situation. Découvrir le lieu, pour s’imprégner d’une atmosphère
Description de la rue pour donner à voir ce que sera la maison

Document 1 - Paul Auster Sunset Park. 2010.

Ellen lui montra ce jour-là six ou sept endroits sur sa liste, mais aucun ne plus à Bing, et
puis, alors qu'il longeait le cimetière à pied, ils prirent au hasard une rue déserte entre
la Quatrième et la Cinquième avenue, et, là, aperçurent une petite maison biscornue en
bois, avec un étage et, sur le devant, une véranda couverte. Elle donnait à s'y méprendre
l'impression qu'on l'avait volée à un corps de ferme dans les prairies du Minnesota avant
de la laisser accidentellement tomber en plein New-York. Elle se dresser entre un
terrain vide, jonché de détritus, sur lequel se trouvait une voiture démontée, et la
charpente en métal d'un minuscule immeuble d’appartements à moitié achevé, sa
construction ayant été arrêtée depuis plus d'un an. Le cimetière était juste en face, ce
qui signifiait qu'il n'y avait pas de logements bordant l'autre côté de la rue ; et cela, à
son tour, signifiait que la maison abandonnée était pratiquement invisible puisqu'elle
était située dans une rue où n’habitait presque personne. Il demanda à Ellen si elle savait
quelque chose sur cette maison. Les propriétaires étaient morts, dit-elle, et comme les
enfants n'avaient pas payé les impôts fonciers pendant plusieurs années d'affilée, la
maison appartenait à la ville.

Document 2 - Honoré de Balzac. Le Père Goriot. 1835. Chapitre 1 (extrait)

La pension Vauquer à Paris.

La maison où s'exploite la pension bourgeoise appartient à madame Vauquer. Elle est


située dans le bas de la rue Neuve-Sainte-Geneviève, à l'endroit où le terrain s'abaisse
vers la rue de l'Arbalète par une pente si brusque et si rude que les chevaux la montent
ou la descendent rarement. Cette circonstance est favorable au silence qui règne dans
ces rues serrées entre le dôme du Val-de-Grâce et le dôme du Panthéon, deux
monuments qui changent les conditions de l'atmosphère en y jetant des tons jaunes, en y
assombrissant tout par les teintes sévères que projettent leurs coupoles. Là, les pavés
sont secs, les ruisseaux n'ont ni boue ni eau, l'herbe croît le long des murs. L'homme le

25
plus insouciant s'y attriste comme tous les passants, le bruit d'une voiture y devient un
événement, les maisons y sont mornes, les murailles y sentent la prison. Un Parisien
égaré ne verrait là que des pensions bourgeoises ou des institutions, de la misère ou de
l'ennui, de la vieillesse qui meurt, de la joyeuse jeunesse contrainte à travailler. Nul
quartier de Paris n'est plus horrible, ni, disons-le, plus inconnu. La rue Neuve-Sainte-
Geneviève surtout est comme un cadre de bronze, le seul qui convienne à ce récit, auquel
on ne saurait trop préparer l'intelligence par des couleurs brunes, par des idées graves ;
ainsi que, de marche en marche, le jour diminue et le chant du conducteur se creuse,
alors que le voyageur descend aux Catacombes. Comparaison vraie ! Qui décidera de ce
qui est plus horrible à voir, ou des cœurs desséchés, ou des crânes vides ?

Document 3- Nathalie Soubiran : Maison et travaux. 27 décembre 2014.

Ancien relais de diligences, ce grand corps de ferme regroupe plusieurs bâtiments


(écuries, forge, fournil, étable) organisés autour d’une grande cour carrée.
Au début des années 90, ces différentes annexes ont été aménagées
en chambres d’hôtes, tandis que la maison principale a été convertie en musée paysan.
Architecte d’intérieur, la fille des anciens propriétaires décide de se lancer à son tour
dans l’aventure des chambres d’hôtes avec son mari, restaurateur de métier.
Des travaux de rénovation s’imposent pour rendre à la maison sa fonction première et
mettre toutes les bâtisses au confort et au goût d’aujourd’hui. Construites selon les
méthodes anciennes, elles manquent avant tout d’ ouvertures et de lumière.
La maison et ses dépendances encadrent une cour plantée d’un jardin potager . La
terrasse en bois qui longe les différentes bâtisses a permis de rattraper les
différences de niveaux du sol . Comme la nature du terrain ne permet pas la culture en
pleine terre, le potager trouve place dans de grands bacs en bois, et les arbres fruitiers
dans des pots de grande contenance…

Document 4 – Edward Hopper. Maison/Gloucester/ Massachusetts 1912.

26
Vers l’appropriation de la synthèse : travaux d’élèves (tableaux synthétiques et plans
détaillés)

Bts mini corpus 1 Dans ma maison 16/11/21

Vers la synthèse de documents

I/ le tableau

Je renseigne chaque doc en fonction des informations fournies

Doc 1 P.Auster. Doc 2. H Balzac Doc 3. N.Soubiran Doc 4 E. Hopper


Situation géographique Un lieu géographique Description physique Une maison sur 1°, qui
précise et description précis, tout est détaillé de la maison nous fait face.
de l’extérieur de la Associé au lieu = sa Arrière-plan 2° maison
maison = son aspect propriétaire et troisième maison
Emplacement Maison = pension = là dont on ne voit que le
géographique comme vivent ensemble des toit
élément de gens qui ne se
l’atmosphère comme si connaissent pas
maison était liée par ce
biais là
Description qui Comme elle se trouve Puis ses Paysage : nature plutôt
s’affine par les isolée = silence/calme transformations ordonnée (paysage de
comparaisons qui progressives dune ? campagne ?)
permettent de
l’imaginer
Mais dans cette rue Retour sur maison/ Espace pavillonnaire
toutes les maisons sont comme ancienne = peu
tristes, on s’y sent confortable, mais
enfermé transformations et
Dévalorisation des améliorations tentent
lieux d’y remédier.
Le vocabulaire qui Quartier que personne Situation géographique Maison qui nous fait
décrit la maison lui ne veut habiter, il est si qui donne une face = simple mais
donne aussi son triste que les gens impression générale du représentative d’un
caractère particulier/ préfèrent ne pas le bâtiment/ de même imaginaire = de ce que
ses particularités connaître façon la situation peut-être la
A cela s’ajoute ce qui Ici encore, la situation géographique donne à représentation de la
l’entoure, elle est dans géographique et la comprendre maison
un lieu particulier description de l’atmosphère à la fois
(cimetière/ l’atmosphère des lieux, des lieux et de la
appartements à moitié de la rue donne à maison elle-même
achevés/ pas de comprendre l’état de la
logements à proximité) maison et sans doute
aussi la façon dont les
pensionnaires y vivent
(une certaine idée de
misère est donnée)
Maison abandonnée Relation entre la Les cultures apportent Atmosphère plutôt
tristesse des lieux et une idée de confort de calme tranquillité
l’horreur des jovialité et de plénitude
catacombes = on à l’ensemble

27
comprend que cette
pension est triste et
sans doute peu
agréable à vivre
Balzac donne déjà son
avis sur les lieux avant
mêmes qu’ils ne soient
véritablement présentés
= une pension où
l’atmosphère est
lourde, peu amène à la
joie

Le but de la synthèse = faire une ANALYSE des documents en les confrontant


è Sur mon tableau avec un système couleur = les idées qui se ressemblent
è La situation géographique (docs 1 /2/3/4), important car nous donne déjà à lire une 1°
impression. Cet aspect de la maison arrive très rapidement dans les docs, c’est même une des
constantes de ces derniers = aide à mettre en place une idée précise.
è La description s’affine = on nous donne à voir, on nous décrit l’ambiance l’atmosphère. Pour
Auster et Balzac, les lieux sont particuliers, pas agréables voire même lugubre pour Balzac, il
s’agit de montrer comment la particularité du lieu peut donner à comprendre comment ils
agissent sur les habitants, pour Balzac, on comprend que les pensionnaires sont étriqués, et
sans doute assez peu argentés. Pour Auster, les habitants se contentent de ce qu’ils trouvent (il
s’agit d’un squat).
è Comment le lieu peut devenir une atmosphère, le lieu crée immédiatement une ambiance /
désagréable pour Auster et Balzac ; plutôt l’inverses pour Hopper et Soubiran.
è Mise en place d’un vocabulaire spécifique, de champs lexicaux qui intensifient l’idée donnée
par la description des lieux, des maisons.
è Comment définir la maison elle-même, une maison abandonnée doc 1/ une pension doc 2/ un
pavillon doc 4, une ancienne ferme doc 3 = savoir quel type de maison = peut donner une idée
des habitants.

Trouver le plan et convoquer les docs qui s’y rapportent


Problématique à Comment les descriptions, parviennent à mettre en lien, atmosphère et
habitants. Corrélation entre un lieu et ses habitants.

AXE I/ Une « description en surface »


a) La situation géographique, une constante des docs = donne aux lecteurs une 1° idée
b) La description du lieu comme description des sentiments

Axe II/ regarder de plus près


a) Description qui révèle la particularité des lieux
b) Création d’un topos, le lieu donne -t-il obligatoirement une caractérisation du
bâtiment ?

AXE I Une description des lieux schématique et imagée


a) Représentation imaginaire

28
b) Une description mélancolique

Axe II Une ambiance funeste


a) Une situation géographique coupée du monde
b) Particularité des lieux

Axe III Des lieux entre joie et tristesse


a) Une atmosphère neutre
b) Harmonie entre bâtiment ancien et bâtiment nouveau

29
Mini corpus : Décrire les lieux pour décrire/ comprendre les personnages

Texte 1 - Honoré de Balzac : Le Père Goriot- 1835. (Extrait du Chapitre 1)

Au-dessus de ce troisième étage étaient un grenier à étendre le linge et deux


mansardes où couchaient un garçon de peine, nommé Christophe, et la grosse Sylvie, la
cuisinière. Outre les sept pensionnaires internes, madame Vauquer avait, bon an, mal an,
huit étudiants en Droit ou en Médecine, et deux ou trois habitués qui demeuraient dans
le quartier, abonnés tous pour le dîner seulement. La salle contenait à dîner dix-huit
personnes et pouvait en admettre une vingtaine ; mais le matin, il ne s'y trouvait que
sept locataires dont la réunion offrait pendant le déjeuner l'aspect d'un repas de
famille. Chacun descendait en pantoufles, se permettait des observations confidentielles
sur la mise ou sur l'air des externes, et sur les événements de la soirée précédente, en
s'exprimant avec la confiance de l'intimité. Ces sept pensionnaires étaient les enfants
gâtés de madame Vauquer, qui leur mesurait avec une précision d'astronome les soins et
les égards, d'après le chiffre de leurs pensions. Une même considération affectait ces
êtres rassemblés par le hasard. Les deux locataires du second ne payaient que soixante-
douze francs par mois. Ce bon marché, qui ne se rencontre que dans le faubourg Saint-
Marcel, entre la Bourbe et la Salpêtrière, et auquel madame Couture faisait seule
exception, annonce que ces pensionnaires devaient être sous le poids de malheurs plus ou
moins apparents. Aussi le spectacle désolant que présentait l'intérieur de cette maison
se répétait-il dans le costume de ses habitués, également délabrés. Les hommes
portaient des redingotes dont la couleur était devenue problématique, des chaussures
comme il s'en jette au coin des bornes dans les quartiers élégants, du linge élimé, des
vêtements qui n'avaient plus que l'âme. Les femmes avaient des robes passées reteintes,
déteintes, de vieilles dentelles raccommodées, des gants glacés par l'usage, des
collerettes toujours rousses et des fichus éraillés. Si tels étaient les habits, presque
tous montraient des corps solidement charpentés, des constitutions qui avaient résisté
aux tempêtes de la vie, des faces froides, dures, effacées comme celles des écus
démonétisés. Les bouches flétries étaient armées de dents avides. Ces pensionnaires
faisaient pressentir des drames accomplis ou en action ; non pas de ces drames joués à
la lueur des rampes, entre des toiles peintes mais des drames vivants et muets, des
drames glacés qui remuaient chaudement le cœur, des drames continus.

Document 2- George Perec : Les Choses 1965. Chapitre 2

Des arrangements judicieux auraient sans doute été possibles : une cloison pouvait
sauter, libérant un vaste coin mal utilisé, un meuble trop gros pouvait être
avantageusement remplacé, une série de placards pouvait surgir. Sans doute, alors, pour
peu qu’elle fût repeinte, décapée, arrangée avec quelque amour, leur demeure eût-elle
été incontestablement charmante, avec sa fenêtre aux rideaux rouges et sa fenêtre aux
rideaux verts, avec sa longue table de chêne, un peu branlante, achetée aux Puces, qui
occupait toute la longueur d’un panneau, au-dessous de la très belle reproduction d’un
portulan1, et qu’une petite écritoire2 à rideau Second Empire, en acajou incrusté de
baguettes de cuivre, dont plusieurs manquaient, séparait en deux plans de travail, pour

30
Sylvie à gauche, pour Jérôme à droite, chacun marqué par un même buvard rouge, une
même brique de verre, un même pot à crayons ; avec son vieux bocal de verre serti
d’étain qui avait été transformé en lampe, avec son décalitre3 à grains en bois déroulé
renforcé de métal qui servait de corbeille à papier, avec ses deux fauteuils hétéroclites,
ses chaises paillées, son tabouret de vacher. Et il se serait dégagé de l’ensemble, propre
et net, ingénieux, une chaleur amicale, une ambiance sympathique de travail, de vie
commune. Mais la seule perspective des travaux les effrayait. Il leur aurait fallu
emprunter, économiser, investir. Ils ne s’y résignaient pas. Le cœur n’y était pas : ils ne
pensaient qu’en termes de tout ou rien. La bibliothèque serait de chêne clair ou ne serait
pas. Elle n’était pas. Les livres s’empilaient sur deux étagères de bois sale et, sur deux
rangs, dans des placards qui n’auraient jamais dû leur être réservés. Pendant trois ans,
une prise de courant demeura défectueuse, sans qu’ils se décident à faire venir un
électricien, cependant que couraient, sur presque tous les murs, des fils aux
épissures4 grossières et des rallonges disgracieuses. Il leur fallut six mois pour
remplacer un cordon de rideaux. Et la plus petite défaillance dans l’entretien quotidien
se traduisait en vingt-quatre heures par un désordre que la bienfaisante présence des
arbres et des jardins si proches rendait plus insupportable encore.

Le provisoire, le statu quo5 régnaient en maîtres absolus. Ils n’attendaient plus qu’un
miracle. Ils auraient fait venir les architectes, les entrepreneurs, les maçons, les
plombiers, les tapissiers, les peintres. Ils seraient partis en croisière et auraient
trouvé, à leur retour, un appartement transformé, aménagé, remis à neuf, un
appartement modèle, merveilleusement agrandi, plein de détails à sa mesure, des
cloisons amovibles, des portes coulissantes, un moyen de chauffage efficace et discret,
une installation électrique invisible, un mobilier de bon aloi6.

Mais entre ces rêveries trop grandes, auxquelles ils s’abandonnaient avec une
complaisance étrange, et la nullité de leurs actions réelles, nul projet rationnel, qui
aurait concilié les nécessités objectives et leurs possibilités financières, ne venait
s’insérer. L’immensité de leurs désirs les paralysait.

Notes
1
Portulan : ancienne carte maritime représentant les ports et les dangers d’une côte.
2
Écritoire : petit meuble où l’on range tout ce qui est nécessaire pour écrire.
3
Décalitre : récipient pouvant contenir dix litres, utilisé pour mesurer le volume de
grains ou de liquides.
4
Épissure : assemblage, jointure.
5
Statu quo : expression latine qui désigne un état des choses, une situation figée qui
n’évolue pas.
6
De bon aloi : de bonne qualité, conforme au bon goût.

31
Document 3- Maison de poupée

32
Mini corpus. Le nomadisme, un mode de vie, ou un art de vivre ?

Document 1 : Jémia et J.M Le Clézio. Gens des nuages. 1997.

Les deux auteurs ont atteint le tombeau de Sidi Ahmed el Aroussi, l’aïeul mythique de
Jemia. Ils décrivent dans ce texte le quotidien de la population qui vit près de la
sépulture, en plein désert.
Ces gens vivent de très peu. Quand on vient, comme nous, d’un pays de nantis où l’eau est
abondante, où ne manquent ni les fruits ni les légumes, où les enfants sont habillés de
neuf, ont des cahiers de classe, des crayons à bille de toutes les couleurs, des jouets,
des postes de télé. Quand on vient d’un pays où il y a un médecin pour cinq cents
habitants, des vaccins, des hôpitaux, où plus aucun enfant ne meurt de la coqueluche, du
faux croup, de la rougeole. Un pays où l’avenir brille comme l’eau neuve des robinets
chromés. Où ni la faim ni la dysenterie ne gonflent les ventres, ne dessèchent les
cheveux. Cela donne à penser.
Le Sahara, ce n’est pas seulement la beauté des crépuscules, l’ondulation sensuelle des
dunes, les caravanes des mirages. C’est aussi un pays dont le niveau de vie est l’un des
plus bas du monde, où la mortalité infantile est la plus élevée (trente-cinq pour cent,
contre moins d’un pour mille dans les pays industrialisés). Où l’eau des puits est amère ;
où l’on se délecte de l’eau, plus douce, de la pluie.
Vivre au désert, ce n’est pas seulement devenir semblable à un monde dur, hostile,
impitoyable. Cela, c’est la légende de l’homme bleu, guerrier indomptable, capable de
survivre sur une terre où la chaleur dépasse cinquante degrés […].
Vivre au désert, c’est aussi être sobre, apprendre à supporter la brûlure du soleil, à
porter sa soif tout un jour, à survivre sans se plaindre aux fièvres et aux dysenteries,
apprendre à attendre, à manger après les autres, quand il ne reste plus sur l’os du
mouton qu’un tendon et un bout de peau. Apprendre à vaincre sa peur, sa douleur, son
égoïsme. C’est découvrir un jour, au hasard d’une excursion à Smara, à Laayoune ou à
Agadir, qu’on est différent, comme d’une autre espèce.
Mais c’est aussi apprendre la vie dans un des endroits les plus beaux et les plus intenses
du monde, vaste comme la mer ou comme la banquise.
Un lieu où rien ne vous retient, où tout est nouveau chaque jour, comme l’aurore qui
illumine les schistes, comme la chaleur qui brûle dès le matin jusqu’à la dernière seconde
de jour. Un lieu où rien ne différencie la vie de la mort, parce qu’il suffit d’un écart,
d’une inattention, ou simplement d’un accès de folie du vent surchauffé sur les pierres
pour que la terre vous abandonne, vous recouvre, vous prenne dans son néant.

Document 2 : Un article de Laurent Courau paru dans le magazine suisse Abstract. Et


extrait du Digital Nomad manifesto de Merrill Hartman. In La spiral .org 2008.

Quitter la ville, changer de peau, larguer les amarres... Depuis les sound-systems techno
qui parcourent les friches de la vieille Europe en réveillant les fantômes de Jack
Kerouac et de la Beat Generation, jusqu'au club très fermé des "frequent miles flyers",
ces businessmen en perpétuel déplacement pour leurs affaires, une nouvelle vague de

33
nomades dopés aux nouvelles technologies sillonne la planète.« Ma famille et mes amis
pensent que je suis fou. Pourquoi avoir choisi de laisser derrière moi une vie confortable
dans l'une des villes les plus agréables de la planète pour partir seul à l'aventure autour
du monde ? Si je devais vivre jusqu'à la fin de mes jours à Corvallis, dans l'état de
l'Oregon, je serais comblé, tranquille et je m'ennuierais à mort. Partir pour le long
terme, sans trajet prédéfini, me rappelle la chute libre en parachutisme, savoir
apprécier l'instant est nécessaire. »

En ce début de 21ème siècle, la société de l'information nourrit notre appétit


d'exploration et nos envies d'inconnu. Nous parcourons quotidiennement les immensités
virtuelles. Nous échangeons des idées sans plus nous soucier des distances
géographiques et déjà la fin de nos ancrages sédentaires programmée par les tenants du
libéralisme ramène sur l'avant-scène des concepts tels que la flexibilité, l'impermanence
et la portabilité, comme l'ont intégré nombre de designers contemporains. Ce qui n'a pas
bien pas échappé à l'architecte Rem Koolhaas qui compare la ville contemporaine à un
aéroport, espace de transition moderne par excellence, dans l'introduction de son essai
critique sur la ville générique. Miniaturisation des outils informatique, compression des
données, dissémination du réseau et loi de Moore, il n'est plus nécessaire de transporter
une valise d'équipements électroniques pour travailler et communiquer sur la route.
Libéré des lourdeurs technologiques passées, l'Homo Numericus se prépare à une
nouvelle existence migrante. Les ventes de téléphones cellulaires et d'ordinateurs
portables explosent. On échange les adresses des zones d'accès aux réseaux sans fil et
le succès de l'emblématique iPod fait la fortune d'Apple en permettant à chacun
d'embarquer dans le creux de sa poche l'équivalent numérique d'une discothèque toute
entière.

Pourtant, du nomadisme ludique d'une classe aisée aux errances de populations acculées
par le chômage et les restructurations, le gouffre se creuse. Les motivations ne sont
pas les mêmes. La fin de l'emploi à vie et l'explosion de la précarité imposent un regain
de mobilité aux classes sociales les plus défavorisées, comme si l'histoire ne faisait que
se répéter. Mongols, gitans, bédouins ou tribus amérindiennes, les nomades des siècles
passés se sont toujours déplacés pour assurer leur survie. Bien que disparates et
souvent séparées par des océans, ces cultures se sont confrontées aux mêmes
challenges : recherche de nourriture, conditions climatiques difficiles et rejet des
populations sédentaires. Un cycle perpétuel dont la logique vaut toujours aujourd'hui. Au
plus fort de la crise économique des années 80, l'Angleterre thatcherienne s'est ainsi
vue confrontée aux travellers, des caravanes de néo-hippies motorisés qui parcouraient
les campagnes anglaises au volant de leurs bus customisés dans une tentative
désespérée d'échapper aux ruines d'un empire défunt. Une occasion pour les
institutions britanniques de mettre en scène un nouvel acte de l'éternel conflit opposant
les structures établies aux hordes migrantes, de tout temps stigmatisées puisque
perçues comme un facteur de déstabilisation par les pouvoirs en place.

Malgré la constante de cette opposition, le phénomène s'est perpétué durant les deux
dernières décennies, trouvant un écho sur la planète toute entière et plus

34
particulièrement en Californie où une nouvelle génération reprend le flambeau. Nomades
par choix, plutôt que par nécessité, la nouvelle vague de bohémiens digitaux tire parti de
mutations technologiques dont elle a su s'assurer la maîtrise. Lassés d'une existence
passée entre quatre murs devant les écrans informatique du secteur tertiaire, les
zippies (appellation dérivée de l'acronyme ZIPP, pour "Zen Inspired Professional Pagans"
selon un article du magazine Wired daté de mai 1994) érigent le télé-travail et la
reconquête des grands espaces en art de vivre. Une autre manière de concevoir le futur
au-delà des canons post-modernes et un refus d'abdiquer devant un futur annoncé
comme sombre et incertain en privilégiant la fluidité et la légèreté. Lessis more ! Le
slogan écologiste adopté par Richard Buckminster Fuller se découvre une nouvelle
jeunesse sur les traces de ces dissidents dont le mode de vie ouvre de nouvelles
perspectives dans un monde souvent perçu comme cloisonné. « Vivre en état de
déplacement, cela signifie appartenir à plusieurs mondes à la fois. Ce sont des manières
complexes de séjourner dans un endroit et de rester lié à d'autres. Bref, non seulement
nos identités changent, mais elles seront de plus en plus changeantes », analysait le
philosophe Yves Michaud dans le journal Le Monde à la fin du siècle dernier. Encourager
le changement et savoir s'adapter... En ce sens, il y a fort à parier que le nomadisme
constitue un terreau des plus favorables pour la naissance de nouvelles utopies, un luxe
dont l'époque actuelle ne saurait se passer.

Document 3. Poème de Mohamed El Fakhkhari

Le soleil nocturne
Surprend mes pas
Sur la route enceinte
D'étranges étrangers taciturnes.

Mon inconscient,
Courbé de fatigue,
Associe en symbiose
Son deuil à celui du cœur impatient.

Je suis né nomade!
Comme l'air
Qui vibre au rythme du néant
Mais que la parade
Ne reconnaît guère.

Je suis né nomade!
Comme la mer
Qui se prosterne au sable malséant
Mais que la sérénade
Ne chante guère.

35
Je suis né nomade!
Comme la terre
Qui résiste au temps mécréant
Mais que la palissade
Ne supporte guère.

Je suis l'air,
La mer et la terre;
Je suis une anecdote
Sans itinéraire.

Si je marche,
C'est la lumière des voitures
Qui m'absorbe,
Si je cours
C'est la file des montures
Qui me résorbe.

Si je ris,
C'est la relique de l'usure
Qui m'affole,
Et si je pleure
C'est l'ambre de la bonne augure
Qui me console.

Pourquoi suis-je venu?

Document 4 : Yourte mongole. L’habitat nomade en Chine.

36
Mini corpus, le nomadisme, un mode de vie ou un art de vivre ? Tableau synoptique fait
en classe

Doc 1 Doc 2 Doc 3 Doc 4

Nomades du Vs nouveaux Nomadisme Nomadisme :


Sahara nomades, liés aux et liberté yourtes
nouvelles démontables
technologies
Nécessité Choix

Se contentent Envie d’inconnu Harmonie Petit espace ;


de peu vs nous avec le Nature, pas de
monde béton

Faim Anciens nomades

Dysenterie Idem

Mortalité
infantile

Apprendre la
sobriété

À supporter Les nomades et la


les survie (mongols,
souffrances, à gitans,
survivre bédouins./..)

à ne pas avoir
peur

Existence
migrante possible
de l’homo
numericus
Art de vivre des
zippies

Stigmatisation Étranges
des migrants étrangers

Être au monde Être au Nature


; profiter monde

37
I / être nomade pour être plus fort
1. Une communauté (doc 4, doc 1, doc 2)
2. Survivre (doc 1 et 2)
3. Apprécier le monde et la Nature (2, 3, 4)
II / évolution du nomadisme
1. Le nomadisme par nécessité (doc 1, 2, 4), source de rejet
2. Le nomadisme par choix (2, 4, 3), expression de la liberté
3. L'antithèse de notre civilisation et le nomadisme perdure-t-elle ? (1-2-4)
question du bonheur
4.
Problématique : En quoi le nomadisme est-il paradoxalement attirant pour l’homme
moderne ?

ALLER PLUS LOIN : NOMADLAND

Questions
1. De quoi parle le film ? Identifiez l’époque, les personnages, les lieux et le sujet.
2. Comment se met en place le travail du réalisateur ? De quels moyens dispose-t-
il ? Musique, types de plans, lumière…
3. Qui est le personnage principal ? Que lui arrive-t-il ?
4. Que représente le van ? Comment le rattacher au thème « Dans ma maison » ?
Pourquoi lui donner un nom ?
5. Est-il question de nomadisme ? dans quelle mesure ? Donnez une définition de ce
mot. Après avoir vu ce film, conservez-vous la même définition de ce mot ?
6. En quoi le film correspond-il au thème ? Dans un court paragraphe argumenté,
expliquez comment le thème dans ma maison est exploité dans Nomadland de
Chloé Zhao.

BTS. Dans ma maison.


Fiche filmique.
Nomadland. Film de Chloé Zhao. 2021.
Film Américain. Drame social. Road-trip.

Synopsis.
A cause de l’effondrement économique de l’usine principale d’une cité ouvrière du
Nevada, installée depuis 88 ans, la ville d’Empire disparaît après que l’administration
américaine ait supprimé son code postal des registres … Les hommes et les femmes,
anciens ouvriers de l’usine, se voient contraints de partir afin de trouver du travail.
Fern décide de prendre la route à bord de son van aménagé et d’adopter une vie de
nomade des temps modernes, en rupture avec les standards de la société actuelle. De
vrais nomades incarnent les camarades et mentors de Fern et l’accompagnent dans sa
découverte des vastes étendues de l’Ouest américain

38
Ouverture :
Le premier plan nous montre un box dans lequel une femme récupère quelques affaires,
puis, traveling arrière et plan sur toute une série de garages, il fait froid, c’est l’hiver et
tout est désert.
Plan séquence sur un petit van blanc, il roule sur une lande glacée dont la route droite
semble ne jamais devoir s’arrêter.
Fern, veuve désormais, et sans domicile fixe s’en va au volant de son van.

Retours sur le thème.


à Comme nous le laisse comprendre le titre, il s’agit d’un road-trip, d’une vie de nomade
ou la tente, la yourte, sont ici remplacées par un van, maison roulante qui pousse Fern à
toujours être en mouvement, pour trouver du travail, parce qu’ il lui est impossible de
stationner son van, ou encore pour partir à l’aventure, à la recherche d’une raison de
vivre.
à La vie de ces nouveaux nomades, c’est celle qui se crée en une sorte de communauté,
de ceux qui, poussés hors de chez eux par manque de moyens, se retrouvent à habiter
leur voiture, leur caravane, leur van.
à Habiter son van, en faire sa maison, y garder les petits objets précieux que ce
dernier peut contenir, se « donner des tuyaux » afin d’aménager au mieux ces espaces
exigus et fort peu confortables.
à Van-garde (avant -garde) tel est le nom que Fern donne à son van/maison-voiture-
compagnon (de route).

39
à Entrer dans les vans, c’est entrer dans l’intimité de tous ces voyageurs « forcés », de
ces travailleurs pauvres, de ces oubliés du système. Ils forment donc une communauté,
dont le chef est Bob Wheel (roue), sorte de gourou comme il le dit lui-même des
« rendez-vous des clodos de la gomme ».
Cependant, bien que tous réunis aux rendez-vous, ils forment une communauté de
solitaires, leurs vans sont isolés dans des paysages grandioses mais désertiques, lande
givrée, désert de l’Arizona, les espaces se traversent, les kilomètres se parcourent,
mais aucun foyer, peu de chaleur humaine.
Comme l’héroïne, les paysages qui s’enchaînent, sont souvent grandioses, mais déserts,
ils semblent « hors monde/coupés du monde », c’est ce qu’il en est de Fern depuis qu’elle
a perdu son mari et sa maison ; son foyer. La vie de Fern, usée et malmenée : sa vie de
nomade.
à Habiter son van, lorsque la caméra pénètre dans l’intimité du van c’est pour en
souligner l’aspect étroit, tout l’espace en est occupé, à l’inverse la caméra déroule de
longs plans séquence sur les paysages traversés = la nature devient alors maison. Les
paysages défilent au son harmonieux d’une musique qui nous guide

Les maisons du film.


à La ville que traverse Fern, dans le désert, montre aussi la tristesse et le désert, les
maisons y sont délabrées et fermées.
à La maison de la sœur = elle ne nous est montrée quasiment que de l’extérieur, Fern n’y
est pas à sa place, le foyer construit par sa sœur n’est pas le sien.
à Maison du fils de Dave, on y entre avec Fern, il y règne l’harmonie du foyer, (père et
fils unis dans le partage, la musique), la douceur de vivre, c’est un véritable cocon, les
habitants y sont nombreux et prêts à l’accueillir. Fern, nous le savons se questionne,
rester ou pas, se reconstruire ? en est-elle capable ? est-elle prête ? Elle voit tout cela
mais sait qu’elle est extérieure à tout, c’est pour cela que le plan qui suit nous montre la
maison du dehors, elle n’est pas prête, de plus au trouble qui habite ses doutes répond
un plan sur une mer agitée/ La musique accompagne sa fuite et nous dit sa tristesse. Le
piano joue seul, il est le double de Fern.
à La nature est son refuge, c’est aussi sa maison.
à Retour à Empire, travelling visite de l’usine désaffectée, les bureaux, le foyer de
Fern, monde passé, ville déserte. Puis, enfin entrée dans ce qui fut sa maison tout est
vide, autre travelling, on passe avec elle, d’une pièce à l’autre mais Fern voit désormais
plus loin, elle ouvre la fenêtre, la porte, sur le paysage grandiose et désertique, les
montagnes au loin, l’espace.

40
La chanson qui accompagne se nouveau départ est plus gaie, elle raconte aussi le
nomadisme.
Cat Clifford. Drifting away I go
It's been many years since
I started out for that gold
Finding bits and pieces
All worth their reach, I've carried on
And somewhere in the light
I followed my eyes and went alone
Ended up here with the fear, cold gripping a stone
Drifting away, I go
Driving down the highway
Roll down the window, watch it go
Listen to the secrets of my tires rolling down the road
Somewhere in the night
She knows that I'm alright when I'm alone
But everything breezing keeps me company when I roll
Drifting away, I go
Driving all day
Driving all night
Drifting away, I go
Drifting away, I go

Quels sujets cette analyse filmique permet-elle de traiter ?

41
LA MAISON UTOPIQUE

MAISON, ECONOMIE, FRACTURE SOCIALE

Lecture cursive. Paul Auster Sunset Park. 2010.Babel.

Vous trouverez ci-dessous des extraits du roman de Paul Auster Sunset Park traitant
particulièrement du thème « Dans ma maison ». Répondez aux questions, elles
interrogent votre lecture du roman à travers le thème.
Objectif : dominer un texte littéraire pouvant servir d’exemple dans le cadre d’une
expression personnelle
Sujet : En quoi avoir un chez soi est fondamental à l’équilibre de l’homme ?

Partie Miles Heller

Extrait 1 Page 9
Depuis presque un an, maintenant il prend des photos d'objets abandonnés. Il y a au
moins deux chantiers par jour, parfois jusqu'à six ou sept, et chaque fois que ses
acolytes et lui pénètrent dans une nouvelle maison, ils se retrouvent face aux objets,
aux innombrables objets jetés au rebut que les familles ont laissés en partant. Les
absents ont tous fui précipitamment dans la honte et la confusion, et il est certain que,
quel que soit le lieu où ils vivent à présent (s'ils ont trouvé un endroit où vivre et ne sont
pas en train de camper dans les rues), leur nouveau logement est plus petit que la maison
qu'ils ont perdue. Chacune de ces maisons est une histoire d'échec -de faillite, de
cessation de paiement, de dette et de saisie - et il s'est chargé personnellement de
relever les dernières traces encore perceptibles de ces vies éparpillées afin de prouver
que les familles disparues ont jadis vécu là, que les fantômes de gens qu'il ne verra ni ne
connaîtra jamais restent présents dans les débris qui jonchent leur maison vide.

Extrait 2 Pages 9-10


On appelle son travail de l'enlèvement de rebuts ; il fait partie d'une équipe de quatre
hommes employés par à Dunbar Reality Corporation, laquelle sous-traite ses services de
« préservation de domicile » pour les banques locales qui, désormais, possèdent les
propriétés en question. Les vastes terres plates du Sud de la Floride regorgent de ces
constructions orphelines, et comme les banques ont intérêt à les revendre au plus vite,
les logements vidés doivent être nettoyés, réparés et mis en état d'être montrés à des
acheteurs éventuels. Dans un monde en train de s'écrouler, un monde de ruine
économique et de misère implacable toujours plus étendue, l'enlèvement des rebuts est
l'une des rares activités en plein essor dans cette région. Il a de la chance d'avoir
trouvé ce travail, ça ne fait pas de doute. Il ignore combien de temps encore il va
pouvoir le supporter, mais la rémunération est correcte et dans un pays où les emplois se
font de plus en plus rares, c'est sans conteste une bonne place.

42
Extrait 3 Pages 10-11
Au début, il était stupéfait par le désordre et la crasse, l'état d'abandon. Rares sont
les fois où il pénètre dans une maison que ses anciens propriétaires ont laissé
impeccable. Le plus souvent, une éruption de violence ou de rage, un déchaînement de
vandalisme irraisonné se sera produit au moment du départ : depuis les robinets ouverts
au-dessus de lavabos et des baignoires qui débordent jusqu'aux murs défoncés à coups
de masse, couverts de graffitis obscènes ou criblés d'impacts de balles, sans parler des
tuyaux en cuivre arrachés, des moquettes tachées d'eau de Javel et des tas de merde
déposés sur le plancher du séjour. Il est possible qu'il s'agisse là de cas extrêmes,
d’actes impulsifs déclenchés par la rage d'être dépossédé, de message de désespoir
répugnants mais compréhensibles : et s'il n'est pas toujours saisi par le dégoût quand il
entre dans une maison, jamais cependant il n’ouvre une porte sans un sentiment de
crainte. Inévitablement, la première chose contre laquelle il doit lutter, c'est l'odeur, la
violence de l'air fétide qui assaille ses narines, les relents omniprésents où se mêlent
moisi, lait aigre, litière de chat, cuvette de W-C. maculées d’ordure et nourriture en
train de pourrir sur le plan de travail de la cuisine. Même laisser l’air frais s'engouffrer
par les fenêtres ouvertes ne parvient pas à chasser ces odeurs : même tout enlever avec
la plus grande minutie et la plus grande attention n'arrive pas à effacer la puanteur de
la défaite.

Questions :
à Qu’est-ce que « la crise des subprimes » ?
*Comment se mettent en place les notions de disparition, de dépossession, (travaillez le
vocabulaire, les champs lexicaux, les procédés d’écriture) quelles en sont les
conséquences ? Les descriptions des maisons abandonnées sont rudes voire violentes,
pour qui ? Expliquez. Comprenez-vous les réactions des propriétaires ayant dû quitter
leur maison ? justifiez votre propos.

Extrait 4 Pages 44-45


Bing lui annonce qu'il vit à présent dans un coin de Brooklyn qu'on appelle Sunset Park.
Au milieu du mois d’août, un groupe de gens et lui ont investi une petite maison
abandonnée dans une rue qui fait face au cimetière Green-Wood, et, depuis, ils la
squattent. Pour des raisons inconnues, l’électricité et le chauffage fonctionnent
toujours. Évidemment, ça peut changer d'une seconde à l'autre, mais pour l'heure il y a,
apparemment, un dysfonctionnement dans le système, et ni la compagnie Con Edisonni ni
la compagnie National Grid ne sont venues couper la fourniture d'énergie. Certes, la vie
est précaire, ils se réveillent tous les matins sous la menace d'une expulsion aussi
immédiate que musclée, mais en ces temps où la ville croule sous la pression des
difficultés économiques, tant d'emplois publics ont été perdus que la petite bande de
Sunset Park semble voler au-dessous du seuil de la détection du radar municipal et
qu’aucun officier de police ni aucun huissier ne s'est présenté pour la mettre dehors.
Bing ne sait pas si Miles a envie de changement, mais un des premiers membres du
groupe vient de quitter la ville, et, si Miles le souhaite, il y a une chambre pour lui.
L’occupant précédent s'appelait Millie, et remplacer Millie par Miles semble
alphabétiquement cohérent, dit-il.

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Questions :
*Que nous dit cet extrait de la société américaine ? En quoi est-il en accord avec ceux
qui ont précédé ?
*Que représente ici la maison squattée ? Justifiez vos réponses.

Partie Bing Nathan et compagnie

Extrait 5 Pages 88-89.


Ellen lui montra ce jour-là six ou sept endroits sur la liste, mais aucun ne plût à Bing, et
puis, alors qu'ils longeaient le cimetière à pied, ils prirent au hasard une rue déserte
entre la Quatrième et la Cinquième Avenue, et, là, aperçurent une petite maison
biscornue en bois, avec un étage et, sur le devant, une véranda couverte. Elle donnait à
s'y méprendre l'impression qu'on l'avait volée à un corps de ferme dans les prairies du
Minnesota avant de la laisser accidentellement tomber en plein New-York. Elle se
dressait entre un terrain vide, jonché de détritus, sur lequel se trouvait une voiture
démontée, et la charpente en métal d'un minuscule immeuble d'appartements à moitié
achevé, sa construction ayant été arrêtée depuis plus d'un an. Le cimetière était juste
en face, ce qui signifiait qu'il n'y avait pas de logements bordant l'autre côté de la rue.
Et cela, à son tour, signifiait que la maison abandonnée était pratiquement invisible
puisqu'elle était située dans une rue où n'allait presque personne. Il demanda à Ellen si
elle savait quelque chose sur cette maison. Les propriétaires étaient morts, dit-elle, et
comme les enfants n’avaient pas payé les impôts fonciers pendant plusieurs années
d’affilée, la maison appartenait désormais à la ville.

Extrait 6 pages 89-90

Ils entrèrent un soir par effraction et découvrirent qu’il y avait quatre chambres, trois
petites à l’étage et une plus grande dessous- dans une partie rajoutée à l’arrière du
bâtiment. La maison était dans un état lamentable, toutes les surfaces étaient
recouvertes de poussière et de suie, des taches d’eau avaient laissé des traînées
derrière l’évier de la cuisine, les linos étaient crevassés, les lames du plancher fendues,
des équipes de souris ou d’écureuil organisaient des courses de relais sous le toit, il y
avait une table effondrée des chaises sans pieds, des toiles d’araignées qui
pendouillaient aux angles du plafond, mais chose remarquable, pas une seule fenêtre
brisée, et même si l’eau qui jaillissait des robinets était brunâtre et ressemblait
davantage à du thé qu’à de l’eau, la plomberie était intacte. De l’huile de coude, déclara
Ellen. C’est tout ce qu’il va falloir. Une semaine ou deux à récurer, à peindre, et tout
roulerait.

Question :
*Comment la description de la maison fait-elle quand même naître l’espoir et l’envie ?
Justifiez votre réponse.

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Extrait 7 page 133
La maison ne ressemble à aucune de celles qu'il a pu voir à New York. Il sait bien que la
ville est remplie de constructions aberrantes qui n'ont aucun lien apparent avec la vie
urbaine - les maisons en briques et appartements en rez-de-jardin de certaines parties
du Queens, par exemple avec leur timide inspirations banlieusardes ; les quelques
demeures en bois, vestiges historiques des années 1840, qui subsistent dans les parties
les plus septentrionales de Brooklyn Heights-, mais cette maison de Sunset Park n'est ni
banlieusarde ni historique, c'est simplement une cabane, un échantillon solitaire et
abandonné d’idiotie architecturale qui n'a sa place nulle part, pas plus à l'intérieur de
New York qui à l'extérieur. Bing n'avait pas envoyé de photos dans sa lettre, il n'avait
pas décrit en détail à quoi elle ressemblait, de sorte que Miles ne savait absolument pas
à quoi s'attendre, mais s’il s'était attendu à quelque chose, ce n'aurait assurément pas
été à ça.

Extrait 8 page 133-135

Des bardeaux gris et fissurés, des moulures rouges autour des trois fenêtres à
guillotine du premier étage, une balustrade peu solide autour de la véranda avec des
jours en forme de losange bordé de blanc, et, pour soutenir le toit de cette véranda
,quatre piliers peints du même rouge brique que celui des moulures autour des fenêtres,
mais pas de peinture sur les marches de l'entrée ni sur les rampes qui, trop crevassées
pour être peintes, exhibent leur bois nu exposé aux intempéries… Bing et lui gravissent
les six marches qui mènent sur la véranda de devant et pénètrent dans la maison. Bing le
guide pour un tour complet des lieux, manifestement fier de tout ce qu’ils ont accompli,
et même si la maison lui paraît exiguë (pas seulement à cause de la taille des pièces et
de leur nombre, mais à cause de la multitude d’objets qu’on y a entassée : les percussions
de Bing, les toiles d’Ellen, les livres d’Alice), il trouve le lieu d’une propreté
remarquable : tout brillant de ses rafistolages et de sa peinture récente, il se pourrait
même qu’il soit habitable. La cuisine, la salle de bain et la chambre du rez-de chaussée à
l’arrière ; les trois chambres à l’étage. Mais pas de salle de séjour ou de salon, ce qui
veut dire que la cuisine est le seul espace commun – avec la véranda quand il faut beau.
Miles héritera de l’ancienne chambre de Millie au rez- de chaussée, ce que le réconforte
un peu car c’est la pièce qui permet le plus de s’isoler, pour autant que l’on puisse parler
d’isolement quand on est dans une pièce adjacente à la cuisine.

Extrait 8 bis
Il pose son sac sur le lit, et pendant qu'il regarde par les fenêtres à sa droite et à sa
gauche, l'une donnant sur le terrain vague où se trouve l'épave de voiture et l'autre sur
le chantier abandonné, Bing lui expose les diverses règles de fonctionnement qui ont été
adoptées depuis leur emménagement. Chacun doit accomplir une tâche spécifique, mais
une fois cette responsabilité assumée, on est libre d'aller et venir à sa guise. Lui fait
office d'homme d'entretien et de gardien, Ellen s'occupe du nettoyage, tandis qu’Alice
se charge des courses de la plus grande partie de la cuisine. Peut-être Miles aimerait-il
partager les tâches d'Alice, assumer avec elle à tour de rôle, le ravitaillement et les

45
repas ? Miles n'y voit pas d'inconvénient. Il aime faire la cuisine, dit-il, au fil des ans il a
acquis un certain talent pour la chose, ça ne posera pas de problème. Bing poursuit en
expliquant qu'en général ils prennent le petit déjeuner et le dîner ensemble parce que,
chacun ne disposant que de peu d'argent, ils s'efforcent de dépenser le moins possible.
En mettant leurs ressources en commun ils sont parvenus à mieux se débrouiller, et
maintenant que Miles va se rejoindre à la maisonnée, les dépenses de chacun baisseront
proportionnellement. Ils tireront tous profit de sa présence, et en disant cela, Bing ne
parle pas seulement d'argent mais de tout ce que Miles apportera à l'ambiance de la
maison, et Bing veut qu'il comprenne à quel point il est heureux que Miles soit enfin de
retour là où il devait être.

Questions :
*Peut-on parler de maison refuge ? Expliquez votre point de vue.
*Comment se met en place la vie en collectivité (du reste doit-on parler de collectivité
ou de communauté expliquez la différence et justifiez votre choix) ? Comment est-elle
organisée, qu’est-ce qui unit les locataires ? Que nous dit-on des personnages ? de la
société ? de la vie de chacun ?
*Cette maison constitue-t-elle un foyer ? Justifiez votre réponse.

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Exemple de fiche filmique d’élève, SAM 2

Fiche filmique N°1 : Claude Chabrol, La Cérémonie


Thème : Dans la maison

I. Présentation de l’auteur

Claude Chabrol est né le 24 juin 1930 à Paris et est mort le 12 septembre 2010.
C’est un réalisateur français, également scénariste, dialoguiste ainsi qu’acteur.
Cet auteur est notamment connu pour la réalisation de plusieurs films, comme “Le
Boucher” en 1970 ou encore “La Cérémonie” en 1995

II. Résumé du film

Ce producteur met en scène une famille de bourgeoise dans “La Cérémonie” : Mr


et Mme Lelièvre. Ils embauchent Sophie, une jeune analphabète, en tant que femme de
ménage qui sera lira d’amitié avec Jeanne, la postière du village voisin. Les deux jeunes
femmes détiennent chacune un passé de meurtrière et vont être accusées d’avoir tué la
famille Lelièvre a cause d’un magnétophone les incriminant.

III. Les lieux du film en lien avec le thème

La maison est décrite comme étant une maison familiale, avec une superficie
importante (semblable à un domaine), un grand jardin et avec une très belle
architecture. Une maison assez isolée, qui est difficile à trouver.
Dans celle-ci, on peut y retrouver une famille bourgeoise : Georges et Catherine
Lelièvre, la fille de monsieur et le fils de madame. On pourra également rajouter une
femme de ménage, Sophie Bonhomme.

Les membres de la famille ont tous une bonne relation, il n’y a pas de disputes, ils
se respectent entre eux. La femme de ménage est globalement aimée par la famille,
même si le père est retissant quant à son professionnalisme.
Georges et Catherine la critiquent beaucoup quand ils sont tous les deux, il la dévalorise,
en disant que c’est une “bonne”, une “boniche”, et qu’elle ne sait rien faire d’autre que le
ménage. Cependant quand ils lui parlent, ils restent très polis et lui proposent des
rendez-vous chez l’ophtalmologue ou encore dans une auto-école pour qu’elle puisse
passer son permis à leurs frais.
Ils essayent donc de "l'intégrer" à la famille pour qu'elle se sentent comme chez elle, ils
lui ont même demandé de s’installer dans une chambre.

Sophie va au fil du temps se lier d’amitié avec la postière du village Jeanne, elles
passent de plus en plus de temps ensemble, et vont devenir très complices (nous pouvons
même nous demander si elles n'entretiendraient pas une relation plus intime).

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Jeanne va ensuite peu à peu essayer de montrer la femme de ménage contre la famille
Lelièvre, on lui disant de se rebeller, d’aller faire des activités avec elle plutôt que
d’aller faire son travail chez eux … La postière va de plus en plus détester cette famille,
prendre l’initiative de venir chez eux sans leur autorisation pour les énerver et leur
manquer de respect.
La maison familiale devient donc un lieu conflictuel avec beaucoup de tension causée par
la postière ainsi que par Sophie qui n’exerce plus son travail correctement.

A la fin les deux femmes saccagent la maison (elles déchirent des habits, versent
du café sur le lit parental, cassent des photos de famille…) pendant que la famille est
sur le canapé en train de regarder de l'opéra à la télé.
Le père entend du bruit et décide d’aller voir dans la cuisine, il aperçoit ce Sophie et
Jeanne avec un fusil chacune dans la main, il leur demande de partir, quand tout à coup la
femme de ménage lui tire dessus 2 fois d’a filé. Les deux jeunes femmes finissent par
aller dans le salon et par tuer le reste de la famille.
Elles pensent pouvoir s’en tirer : Sophie doit tout nettoyer et ne laisser aucune trace,
Jeanne quant à elle repart en voiture en prenant soin de “voler” le mégaphone, sans
savoir que celui-ci était allumé et a enregistré toute la scène.
Elle aura un accident peu après avoir pris la route et lorsque la police arrive sur les lieux
de l’accident, il trouve le mégaphone et découvre le crime que les deux femmes venaient
de commettre.

IV. Analyse photogrammes

C’est un plan moyen qui permet de voir la famille Lelièvre à table, en train de se faire
servir par Sophie.
C’est un moment familial où sont partagés des échanges, des conversations, des rires…

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Il nous permet également de bien distinguer la différence de « classe » / de
« catégorie » entre la famille bourgeoise qui se fait servir et la femme de ménage qui
doit subvenir à leurs besoins et qui ne fait pas totalement partie du cocon familial.

C’est un plan américain qui nous permet de visualiser la famille qui regarde la télé, nous
pouvons voir qu’ils sont très concentrés.
Cette scène est juste avant que Sophie et Jeanne ne les tuent.

C’est un gros plan, qui nous permet de visualiser les émotions de l’actrice. Ici nous
apprendrons que Sophie ne sait pas lire, ni écrire, et qu’elle n’arrive pas à comprendre la
liste de tâches qu’elle doit effectuer.
Nous pouvons affirmer qu’elle est triste et désemparée de ne pas savoir comment
déchifrer ces mots.

L’accent est mis sur l’écart entre les classes. Le photogramme 1 montre bien comment la
maison est le lieu où s’exprime la fracture sociale. Tu aurais pu décrire davantage
l’intérieur bourgeois et les tâches associées à l’entretien de cet intérieur…Associe plus
le saccage à la révolte, au sacrilège. Lien avec les sœurs Papin à faire. Ensemble sérieux.
7.5/10

49
Bts Dans ma maison
Fiche filmique.
Parasite, Bong Joon Ho. 2019. Palme d’Or Du festival de Cannes.
Film Sud-Coréen. Film à énigme.

Synopsis :
Toute la famille de Ki-Taek, jeune homme sans diplôme et sans travail, est au chômage,
au sein de la famille, tout s’organise autour de « combines », petits boulots et
d’expédients. Par relation Ki-Taek se voit proposer un job, il s’agit de donner des cours
particuliers à une jeune fille issue d’une riche famille. Rapidement Ki-Taek et les siens,
vont s'intéresser fortement au train de vie de la richissime famille Park. C'est le début
d'un engrenage incontrôlable.
L’histoire du film est celle de deux familles que tout oppose : la richesse de l’une fait
écho à la misère de l’autre, l’espace intérieur de la première à l’étroitesse du logis de la
seconde, la sophistication contraste avec la rusticité, la beauté avec la laideur. Et la
bonté naïve n’exclut pas la cruauté, c’est là tout l’art du réalisateur que de jouer avec la
lumière et l’ombre, qui se croisent et se mêlent, au propre comme au figuré, lorsqu’on
descend dans les tréfonds de la maison comme dans ceux de l’âme humaine.

Relations avec le thème


Ce qui est intéressant dans ce film c’est que dès l’ouverture, nous sommes d’emblée
confrontés au thème. Les plans serrés nous donnent à comprendre l’univers étriqué de la
famille (tant au sens de l’espace physique que du peu de moralité qui les habite…)
Ouverture : un rez-de chaussée, un soupirail, la caméra descend (comme pour aller
encore plus bas !)
à Plan sur les occupants du lieu, une famille, dont on comprend rapidement les manques,
les enfants cherchent du réseau (squattent le mot de passe de la voisine) les parents
sont assis par terre.
à Dans cette maison insalubre, cachée, tel un cloaque, réside une famille. Le monde, ils
ne le voient que par la fenêtre de leur soupirail, un monde vu d’en bas, et de la rue ils ne
voient que la saleté.
à La famille vit en sous-sol, tels des parasites, dans tous les sens du terme.

Après ce premier plan mettant en place un univers étroit, glauque, sale et sordide, la
caméra mène le fils vers un ailleurs.
A l’étroitesse des rues, la saleté, l’encombrement du quartier où vivent tous les
membres de la famille de KI-Taek, répond le monde d’en haut.
à Là les rues sont gigantesques, dégagées, propres, ensoleillées, végétalisées.
à D’emblée, se différencient le monde d’en haut et celui d’en bas, par des mouvements
de caméra.

L’ascension à laquelle aspire Ki-Taek se traduit physiquement, alors le jeune homme ne


cesse de monter, il faut monter des escaliers pour atteindre l’interphone, monter
encore par l’allée qui longe le jardin pour accéder à la maison.
La maison se pose d’emblée comme signe de réussite, de distinction sociale.

50
à Arrivée dans la maison : de la même manière les espaces y sont grands, dégagés et
ordonnés, c’est une maison bijou, écrin, elle est la réalisation de l’architecte (fictif)
NAMGOONG

Lorsque la caméra nous montre l’espace principal, ce sont les ouvertures qui dominent,
elles insistent sur l’espace, sur le monde de verdure et d’harmonie ; celui sur lequel la
maison est sise.
à Plans larges pour la maison des Park
Les jeux de caméra vont souvent de l’intérieur vers l’extérieur, puis, plus tard dans la
narration, de l’extérieur vers l’intérieur. L’immense baie-vitrée joue à la fois le rôle de
tableau « naturel » et réfléchi par Namgoog, architecte souvent cité (par la
gouvernante) et mise à distance, nous regardons toujours à travers cette fenêtre,
jamais nous ne sommes conviés à l’intérieur de la maison. Employés comme spectateurs,
nous ne sommes que tolérés.
Lorsque la famille de Ki-Taek y pénètre c’est par usurpation et on sent bien que ses
membres n’y trouveront jamais leur place, c’est comme si la maison elle-même leur
défendait l’entrée. Car la maison joue aussi le rôle de bunker, elle est la gardienne d’elle-
même, le lieu où les Park sont protégés.
à En amont de l’histoire aussi fascinante que dérangeante, il y a d’abord un décor.
Frappant, omniprésent. Celui de cette villa ultra-moderne, belle, lumineuse, épurée,
idéale, à l’image de la famille Park qui l’habite, très aisée, chantre du style contemporain
et tendance. (Conçue et construite sur mesure pour le film), tout y donne une impression
de luxe, de confort et de perfection. Les pièces sont vastes, les ouvertures larges, la
lumière y plane joliment.
Mais, les secrets se nichent dans des recoins invisibles de prime abord, nous entrons
avec Ki-Taek dans un univers composé de lignes droites, de cubes et de verticalité.

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Les escaliers jouent un rôle prépondérant et « métaphorique » (thème récurrent dans le
film) de la hiérarchie des statuts sociaux : il y a ceux qui les montent et ceux qui les
descendent, ceux qui vivent en haut et ceux qui vivent en bas et la maison tout entière
se parcourt dans cette même logique.

Les Parasite(s) investissent les lieux

Lorsque les Park partent en Week-End, la famille de KI-Taek, investit les lieux et se
comporte véritablement en cafard. Ils consomment, mangent, boivent/ se goinfrent.
Il ne leur faut que peu de temps pour souiller et dégrader l’harmonie de la maison, mais
eux aussi, dans le salon, admirent par la baie-vitrée l’extérieur.
L’épisode pluvieux contraint tout le monde à un retour forcé pour les uns /précipité pour
les autres à rentrer chez soi.
La pluie, elle est un élément perturbateur,
àDans la maison se trouve un sous-sol, un bunker où vit en parasite un homme, (mari de
l’ancienne gouvernante, spoliée par les nouveaux arrivants)

52
Lorsque la pluie se fait diluvienne, la caméra est dehors, elle est « voyeur » et regarde
les deux familles se battre.
à Plus tard, on suit le parcours de Ki-Taek et sa famille vers un retour chez eux ; la
longue descente (nombreux escaliers) d’un plan séquence nous conduit à travers la ville,
on ne cesse de descendre, tandis que la caméra nous montre comment la pluie qui devient
ruisseau s’achemine vers les bas-quartiers, vers les profondeurs du cloaque où vit la
famille.
On le comprend, tous ceux qui vivent en bas de la ville, en sous- sol, se retrouvent dans
un univers infernal et traumatique.
Une autre vie existe, ignorée de ceux qui vivent au -dessus.

Comprendre les enjeux du film et leurs relations au thème.

Parasite, c’est l’impossibilité d’oublier d’où l’on vient. Bong-Joon-Ho nous le prouve.
Le principe sociologique de mobilité sociale, présuppose que les classes sociales existent
mais qu’elles ne sont pas figées.
Le concept est remarquable, dans la mesure où il permet à tout le monde de croire qu’il
est possible de mettre en place la réalisation de ses désirs. Il donne de l’espoir.
La mobilité sociale est difficilement réalisable, tout simplement parce que le fameux
‘ascenseur’ social fonctionne rarement.
Les pauvres ne peuvent véritablement sortir de leur condition de pauvres.
Cependant, faire croire au concept de mobilité sociale devient une sorte de mirage. Un
idéal vers lequel on tend, même si on sait qu’on ne l’atteindra sûrement jamais. Pourtant,
comme nous le montre Bong-Joon-Ho dans son film, la mobilité sociale devient une raison
de vivre, un « rêve américain. »

Quels sujets cette analyse filmique permet-elle de traiter ?

53
Mini Corpus : De la maison idéale à la maison rêvée.

Document 1 –Figaro magazine. Par olivier marin, publié le 17 octobre 2019

https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwjcq
fiJ35TzAhVs8-AKHSKhA5IQFnoECAwQAQ&url=https%3A%2F%2Fwww.archives-
ouvertes.fr%2Fhal-01080790%2Fdocument&usg=AOvVaw1pJmfQe91OV4uQoBMPiSw7
C’est un véritable bijou de l’histoire de France qui est sur le marché de l’immobilier à
Versailles. Il s’agit d’un pavillon de musique qui a été construit en 1784 par Jean-
François Chalgrin, figure emblématique du style Louis XVI.

Ce pavillon a été édifié pour Marie Joséphine de Savoie, appelée la Comtesse de


Provence, épouse du frère de Louis XVI et futur Louis XVIII qui voulait échapper aux
tumultes de la Cour. Elle a été la seconde dame de France après Marie Antoinette. Ce
pavillon d’une surface de 800 m2 donne sur un jardin de 4000 M2. Le salon de musique
où la Comtesse jouait du clavecin, de forme circulaire, en rotonde, possède une superbe
acoustique. Il a été le théâtre de nombreux concerts. Il est orné de fresques avec un
décor en trompe-l’œil. Ce bien d’exception est classé monument historique. Au fil des
ans, il a connu de prestigieux propriétaires. Il a notamment appartenu à la famille du
bijoutier Melle rio puis au fondateur des Grands magasins à Paris – puis à Jacques
Bazaine publicitaire, créateur de galeries d’art. Ce pavillon, en parfait est proposé par
les spécialistes de l’immobilier de collection Philippe Ménager& Nicolas Hug. Prix de

54
présentation : 5 millions 500 000 euros. Avis à l’esthète qui saura apprécier ce joyau
du XVIIIème.

Document 2- Je fais construire. 2014.


CONSTRUCTION
Un portrait de la maison idéale
30 mai 2014

Comme pour un vêtement, la maison idéale est une maison sur mesure mais ce qui
apparaît comme un luxe est en réalité à la portée de tous. Avec votre constructeur, vous
choisirez un modèle de base pour ensuite faire les ajustements qui feront de votre
maison une maison unique.

Une maison écologique et économique

Aujourd’hui, les normes de construction vous apportent de nombreuses garanties quant à


la performance énergétique de votre maison. Les constructeurs qui vous accompagnent
vous aident également à prendre certaines décisions : vous ne faites probablement pas
construire tous les ans, mais les constructeurs ont l’habitude de lire entre les lignes vos
appréhensions et à l’inverse, ce qui vous tient vraiment à cœur.
Dans tous les cas, votre maison sera conforme aux normes en vigueur, ce qui signifie
qu’elle sera bien isolée et que sa consommation énergétique ne dépassera pas le seuil
fixé par la loi (actuellement la RT 2012). C’est la garantie d’une maison économique et
durable.

Sur certains points, les arguments écologiques vont décider de l’apparence de votre
maison, mais vous allez aussi choisir des équipements et matériaux qui vous plaisent et
qui vous correspondent. La moquette, par exemple, n’est pas la meilleure option pour les
asthmatiques parce qu’elle est plus compliquée à nettoyer qu’un sol en PVC. À l’inverse le
carrelage peut paraître froid pour certains.Aujourd’hui, l’offre des matériaux est très
vaste et permet même de « tricher » : vous pouvez ainsi installer du parquet qui ne sera
pas en bois et choisir des dalles de carrelage qui imiteront un sol en pierre de manière
bluffante.

Une maison durable

La maison idéale est une maison durable, mais pas seulement au sens écologique : c’est
une maison dans laquelle vous vous sentirez bien sur le long terme et qui correspond à
vos besoins.
Par exemple, sa surface donne de l’espace à tous les membres de la famille sans devenir
compliquée à entretenir. Une surface de plancher importante est souvent perçue comme
un avantage, mais posez-vous les bonnes questions : puis-je me faire aider facilement
pour l’entretien ? Quel temps vais-je consacrer à nettoyer et aménager ma maison ?

C’est aussi ce qui décidera de l’agencement et de la répartition des pièces. Si chacun


dans la famille apprécie de pouvoir s’isoler au quotidien, vous éviterez la cuisine ouverte

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et envisagerez peut-être une salle de bains spacieuse et confortable. Au contraire, si la
pièce de vie est au cœur de votre vie de famille vous déciderez de lui accorder une
surface importante plutôt que la consacrer à une chambre supplémentaire. Si vous
travaillez régulièrement à la maison, vous aurez besoin d’un endroit pour vous vous
concentrer. Selon les personnalités, ce sera peut-être un bureau au sein d’une suite
parentale ou une petite pièce à proximité du salon. La maison idéale est aussi celle qui
s’adaptera à votre vie dans le futur et vous permettra d’accueillir un
enfant supplémentaire ou de transformer les combles en atelier !

Document 3- André Frénaud, Passage de la Visitation. Éd. G. L. M.

J'ai bâti l'idéale maison

Je l'ai préférée en pierres sèches, ma maison,


Pour que les petits chats y naissent dans ma maison,
Pour que les souris s'y plaisent dans ma maison.
Pour que les pigeons s'y glissent, pour que la mi-heure y mitonne
Quand de gros soleils y clignent dans les réduits.
Pour que les enfants y jouent avec personne,
C’est-à-dire avec le vent chaud, les marronniers.

C'est pour cela qu'il n'y a pas de toit sur ma maison.


Ni de toi, ni de moi dans ma maison,
Ni de captifs, ni de maîtres, ni de raisons,
Ni de statues, ni de paupières, ni la peur,
Ni des armes, ni des larmes, ni la religion,
Ni d'arbres, ni de gros murs, ni rien que pour rire.
C'est pour cela qu'elle est si bien bâtie, ma maison.

56
DU COCON A L’ALIENATION

Mini corpus. Le syndrome de Diogène.

Document 1 : Avant toute chose définition ! Trouble du comportement complexe,


le syndrome de Diogène est un mode de vie qui se caractérise par une tendance à
l'accumulation, une négligence de son hygiène et un isolement social.

Document 2 : Article ; in open Edition journal. Émile Guitard et Igor Krtolica. 2019.

Lorsque l’on cherche « syndrome de Diogène » sur Google, le premier site que nous
indique le moteur de recherche s’intitule https://www.syndrome-diogene.fr/. Sous-titré
« Syndrome de Diogène, Syllogomanie, Incurie et autres troubles du comportement », il
présente en première page une photographie de l’élégante main d’une femme âgée.
Lorsque l’on déroule la page, une nouvelle section apparaît plus bas, « le syndrome de
Diogène en résumé », accompagnée d’une photographie de déchets – essentiellement
papiers, plastiques et contenants – débordant d’un sac-poubelle et s’accumulant sur un
parquet ciré. L’image est accompagnée de la légende suivante :
Le syndrome de Diogène est une forme de trouble comportemental associant une
tendance à l’accumulation d’objets (la syllogomanie), une négligence de l’hygiène
corporelle et domestique et, le plus souvent, un isolement social prononcé sans la
moindre nécessité de se plaindre de cette situation. Toutes ces conditions réunies sont
propices à une vie insalubre et une dégradation du logement dans lequel vivent les
personnes atteintes du syndrome de Diogène. Dans un très grand nombre de cas, ce
syndrome apparaît après un choc psychologique comme le décès d’un proche ou un
changement radical de situation. Il touche essentiellement les personnes âgées. Reste
que, face à cette mise à l’écart spontanée de la société qualifiée parfois d’« auto-
exclusion » (Furtos, 2002), les professionnels témoignent aussi de leur désarroi et des
multiples questions éthiques qui se posent à eux : sont-ils légitimes pour intervenir
lorsque la personne a choisi sa situation, et que celle-ci ne la met pas directement en
danger ? Comment lui faire accepter d’abord que l’incurie de son logement pose un
problème à son entourage, quand ledit Diogène cherche délibérément à se défaire de

57
tout lien social, notamment face à des voisins devenus agressifs à force d’exaspération ?
Comment l’amener ensuite à sortir de chez lui et à retisser des liens durables, quand il
semble n’aspirer qu’à s’isoler, tout en exprimant dans le même temps parfois une
profonde souffrance face à cette solitude ? Comment faire comprendre enfin aux
voisins, aux bailleurs ou aux services sociaux que le nettoyage et le placement en
institution ne sont pas les seules solutions envisageables ?

Document 3 : Nicolas Gogol, Les Ames mortes.

En quoi pareille avalanche d’objets manufacturés était-elle utile à Pluchkine ? On pouvait


se le demander. De sa vie, il n’en aurait l’emploi, eût-il deux domaines comme le sien.
Mais il n’en avait jamais assez. Et comme cela ne lui suffisait point, il arpentait chaque
jour les rues de son village, regardait sous les passerelles, les traverses, et rapportait
chez lui tout ce qui lui tombait sous la main, vieilles semelles, oripeaux de bonne femme,
clous, tessons d’argile.

Document 4 : On dit sur Diogène de Sinope ?


D’après Diogène Laërce. III° Après J.C
Ayant vu un jour une souris qui courait sans se
soucier de trouver un gîte, sans crainte de
l'obscurité, et sans aucun désir de tout ce qui
rend la vie agréable, il la prit pour modèle et
trouva le remède à son dénuement. Il fit
d'abord doubler son manteau, pour sa
commodité, et pour y dormir la nuit enveloppé,
puis il prit une besace, pour y mettre ses
vivres, et résolut de manger, dormir et parler
en n'importe quel lieu. Aussi disait-il, en
montrant le portique de Zeus* et le Pompéion,
que les Athéniens les avaient construits à son
intention, pour qu'il pût y vivre. Étant tombé
malade, il s'appuyait sur un bâton. Par la suite,
il le porta partout, à la ville et sur les routes,
ainsi que sa besace. Il avait écrit à un ami de lui
indiquer une petite maison ; comme l'ami
tardait à lui répondre, il prit pour demeure un
tonneau vide qu'il trouva au Métroon *. Il le
raconte lui-même dans ses lettres. L'été il se
roulait dans le sable brûlant, l'hiver il embrassait les statues couvertes de neige,
trouvant partout matière à s'endurcir.

*Le portique de Zeus était situé à l'ouest de l'agora.


*Le Métroon ou temple de la mère était consacré à Cybèle, mère des dieux. Il contenait
les archives de la cité, et était dans la ville, hors de l'Acropole.

58
Mini synthèse : le syndrome de Diogène

Doc 1 Doc 2 Doc 3 Doc 4

Syndrome de Syndrome de Syndrome de Diogène


Diogène, Diogène Diogène
trouble du
comportement

Sale Négligence Il rapporte des Il vit comme


hygiène déchets une souris
corporelle et trouvés la rue
domestique

Pas rangé Avalanche vs il n’a rien


d’objets

Accumulation Syllogomanie Accumulation vs il n’a rien

Un habitat Dégradation du Il a accumulé Lieux


ordinaire logement ; deux fois ce atypiques :
métamorphosé insalubre que peut dehors ds
contenir sa son manteau
maison ; puis ds un
tonneau

Isolement social Isolement Isolement


social social : pas
de réponse
de son ami

Personnes âgées Homme âgé

Doit-on On est surpris Surprise


intervenir ? face à cet
Question de la homme
liberté de ces
personnes

Refermé sur
lui-même : l’avis
des autres ne
compte pas

Souffrance

Solutions :

59
nettoyage,
placement ;
autre solution

Choc Rencontre
psychologique avec la
souris

Quoi ? Qu’est-ce que le syndrome de Diogène ?


Comment s’exprime-t-il ? par la différence
Pourquoi ? choc ; rapprochement avec Diogène

Fait - causes - conséquences


Syndrome de Diogène - choc – isolement
Impossible de construire un plan en 3 parties. On réduit à deux dans l’optique d’avoir
tous les documents exploités dans chaque partie.

I / Définition du syndrome
1. Personnes souvent âgées (doc 2 et 4)
2. Tendance à l’accumulation (transformation de l’habitat ; absence d’hygiène
corporelle et domestique (1 à 4)
3. Isolement social (1, 2, 3, 4)

II / Peut-on lutter ?
1. Face à une cause psychologique ? (Choc ; regard des voisins) 2 et 4
2. Surprise des gens extérieurs qui peuvent chercher des solutions proposées (1, 2,
3)
3. Pb éthique (doc 2, doc 1, doc 3)

Problématique : En quoi la métamorphose de l’habitat liée au syndrome de Diogène gêne-


t-elle ?

Comment opposer ds une même sous-partie plusieurs documents ?

Exemple de I.2
Le syndrome de Diogène repose sur la tendance à l’accumulation et le manque
d’hygiène corporelle et domestique. C’est ce que l’on peut voir en observant la
photographie : on y voit de nombreux déchets, des objets difficilement identifiables ;
rien n’est rangé, tout est entassé en hauteur. L’espace est insuffisant, tout comme dans
l’extrait de roman de Gogol où deux maisons n’auraient pas suffi à contenir tout ce
qu’accumule Pluchkine. Cette tendance à l’accumulation se nomme d’ailleurs
“syllogomanie” d’après l’article tiré du journal Open édition. Ce qu’on nomme le syndrome
de Diogène comporte également une absence d’hygiène domestique, comme on le voit sur
la photographie et comme le notent Emile Guitard et Igor Krtolica. Cela vient
probablement du fait que Diogène de Sinope, qui a donné son nom au syndrome, vivait,

60
d'après Diogène Laërce, dans un tonneau. Cependant, on peut être surpris que son nom
ait été associé à l’accumulation compulsive, son modèle étant initialement le dénuement
de la souris…

Comment se servir d’un texte pour faire parler une image ?

Exemple II. 3

Lutter contre le syndrome peut poser un problème éthique. C’est du moins ce


qu’affirment les auteurs de l’article : avons-nous le droit de décider que le mode de vie
dudit Diogène n’est pas le bon dès lors que ce mode de vie n’est pas dangereux pour lui,
même si en regardant les photographies on pense que l’insalubrité est malsaine ou encore
que les objets peuvent tomber sur quelqu’un, comme une espèce d’ “avalanche”, pour
reprendre une métaphore des Âmes mortes ? Peut-on faire prendre conscience au
malade que son habitat dérange son entourage immédiat, alors que cela ne compte pas
pour lui ? On voit bien en regardant l’accumulation de sacs et de cartons des
photographies que l’avis extérieur ne compte pas. On ne peut pas remettre en question
la liberté de la personne malade, même si ce qu’il fait de sa liberté nous choque.

61
Maisons de musiciens, Gérard Gefen, photographies de Christine Bastin et de Jacques
Evrard

Beethoven, « un génie sans domicile fixe »

Beethoven a changé trente fois d’adresse en trente-cinq ans.

1802 : cette même année, Beethoven commençait sa troisième symphonie, l’Héroïque, au


92 Döblinger Hauptstrassse – cette maison sera désormais surnommée « Eroica-Haus ».
A la fin de 1803, Beethoven revint au Theater an der Wien. Cette fois, il y entreprendra
pour de bon sa Lénore, première version de Fidélio. Sur le logement de Beethoven à
cette époque, on possède le témoignage, peu flatteur, mais sans doute assez réaliste,
d’un confrère chef d’orchestre et compositeur, Ignaz von Seyfried : « Il régnait dans le
ménage un désordre vraiment admirable. Livres et musique disséminés dans tous les
coins, là, les restes d’un repas froid, ici des bouteilles décachetées ou à moitié vides, là,
sur un pupitre à pied, les esquisses rapides d’un nouveau quatuor, ici, les restes d’un
déjeuner, là, sur le piano, sur des feuilles griffonnées, les matériaux d’une symphonie
grandiose, encore dans les limbes comme un embryon ; ici des épreuves attendant leur
délivrance, des lettres d’amis ou d’affaires jonchant le sol ; entre les fenêtres, un
respectable gorgonzola, ad latus les ruines considérables d’un authentique salami de
Vérone. »

Frédéric Chopin, Chez Georges Sand à Nohant

Mis à part le salon et le boudoir, assez chargés et quelque peu hétéroclites, les pièces
les plus importantes du rez-de-chaussée sont la chambre où Chopin avait installé son
piano, la salle à manger et la cuisine, Georges Sand, qui connaissait l’extrême attention
que Chopin accordait à la qualité de son instrument, avait elle-même commandé à Camille
Pleyel un piano à la mesure du pianiste – chaque été, du reste, le facteur s’efforçait
d’expédier à Nohant l’un de ses plus beaux produits. C’est dans cette chambre, rapporte
la romancière, que « marchant, brisant ses plumes, récitant et changeant cent fois une
mesure, il compose ». En fait, la liste des œuvres composées par Chopin à Nohant est
impressionnante : la Sonate en si bémol mineur, dite « funèbre », la Sonate en si mineur,
sept nocturnes, les 3e et 4e ballades, les 3e et 4e scherzos, une quinzaine de mazurkas, la
polonaise fantaisie en la bémol majeur et quelques autres pièces, dont cette valse en ré
bémol surnommée valse du petit chien parce qu’elle aurait été inspirée par les jeux de
Marquis, l’animal favori de George Sand.

Frantz Liszt à Weimar

Au seigneur piano tout honneur, on ne comptait pas moins de sept instruments à clavier à
l’Altenburg : un piano Boisselot de concert dans le cabinet bleu attenant à la chambre de
Liszt, où celui-ci travaillait ; dans une autre pièce, le Broadwood de Beethoven ; l’Erard
naguère utilisé par le virtuose dans le grand salon ; enfin, dans le salon de musique, un
Streicher, un Bösendorfer, une épinette qui avait appartenu à Mozart ainsi qu’un

62
gigantesque piano d’orgue à trois claviers, six registres et pédalier. Partout, bien sûr, les
meubles, les tapis, les souvenirs rapportés des tournées, mais aussi des reliques comme
le masque mortuaire de Beethoven, un écritoire jadis propriété de Haydn, de précieuses
autographes musicaux, ainsi qu’une importante bibliothèque qui témoignait de la vaste
culture de Liszt – on n’oubliera pas qu’outre ses sept cents compositions musicales, Liszt
a laissé de nombreux écrits, dont Frédéric Chopin et des Bohémiens et de leur musique
en Hongrie, tous deux rédigés à l’Altenburg.

63
L’ORAL

Critères d’évaluation

I / Exemples d’oraux sans questionnaire à partir d’un type de maison au choix (choisir au
moins deux images)

Oral Bunker
Oral roulotte

Exemple : oral sur les Bunkers, BTS ERPC

Présentation des documents et de leurs 0.5/1


sources
Correction de la langue 0.5/1
Fluidité de la parole 0.5/1
Pertinence des documents 1/1
Capacité à problématiser 1/1

Remarque : tout comme dans l’expression personnelle ont du mal à donner leurs sources.

Remarque 2 : On peut construire, à partir des oraux des élèves, un sujet d’Expression
personnelle dans lequel ils réinvestissent ce qu’ils ont trouvé durant leurs recherches.
Ex : Comment un lieu de vie initialement précaire devient-il prétexte à une vie de luxe ?
(Roulotte, bunker, tente, camping-car…)

I /Des lieux précaires


1. Absence de confort
2. Dégradation rapide de l’habitat
3. Rejet de la population ou isolement recherché d’une population

II/ Des lieux ostentatoires


1. Un marqueur social inversé
2. Des lieux recherchés (tourisme, AIRBNB, dimension économique)
3. Des lieux à la mode (travail des architectes, des décorateurs ; vers le Land Art :
la maison comme lieu artistique)

II / Exemples d’oraux avec questionnaire préalable. Travail de groupe. Un rapporteur.

Présentation des documents et de leurs /1


sources
Correction de la langue /1

64
Fluidité de la parole /1
Pertinence des documents /1
Capacité à problématiser /1
Pertinence des réponses par rapport aux /1
questions

65
BTS lecture d’image.

I/ Edward Hopper. Maison au bord de la voie ferrée.1925.

Description :
Demeure victorienne au bas de laquelle passent des rails de train, comme l'indique son
titre. L'élément central du tableau est la grande demeure grise sur la façade de laquelle
s'étendent des ombres. De nombreuses fenêtres percent les murs, certaines sont
tendues de rideaux.
De cette maison inventée de toutes pièces par Hopper (qui avait pourtant l'habitude de
peindre des paysages réels), suit un arrière-plan vide, aux teintes jaunâtres pales.
Le premier plan, les rails et le ballast, tons rouges et bruns.

Interprétation :
Maison qui met en place les vestiges du passé, les jeux d’ombre sur la façade, donnent un
air mélancolique et triste, on pourrait croire qu’elle est abandonnée, seuls les rideaux à
moitié relevés font penser qu’elle est habitée.
L’arrière-plan ne montre aucun espace de vie. La maison est seule dans une nature sans
vie.
Seuls les rails rouges, laissent entendre qu’il peut y avoir mouvement mais isolement et
mouvement s’opposent à la fois dans les lignes (verticales de la maison) / horizontales
des rails) et dans les couleurs, gris bleu/ froides de la maison, rouge, plus accentué des
rails.

66
II/ Ben Johnson 1999. Hall.

Description :
Passionné d’architecture, Ben Johnson peint à la manière d’un architecte qui construit
son œuvre, méticuleusement, couche après couche. Ses peintures qui ressemblent à s’y
méprendre à des photos nous entraînent alors dans un passionnant voyage de style en
plein cœur de somptueux intérieurs.
Couleurs froides, monochrome de beiges. Carrelage damiers noir et blancs dans lequel on
distingue sur la gauche un reflet. Extrême propreté du lieu lui confère aussi sa froideur.
Un hall, des sculptures, un carrelage, des colonnes, un espace à la fois froid et précieux,
une impression pseudo antique.
Tout est à la fois ordonné et mis en scène.

Analyse :
Mise en scène d’un intérieur. Travail sur l’équilibre des espaces, des formes des lignes et
des couleurs.
Harmonie, vision d’un monde calme et continu. Un hall construit autour des colonnes et
de l’arche du second plan.
Le premier plan introduit l’arrière-plan, il lui donne son impulsion, sa force. Les statues
se répondent mais ne laissent pourtant pas de place à la fantaisie. Ici, il est difficile
d’imaginer la vie telle que l’on peut la concevoir dans une maison, il n’est pas question de
foyer, mais d’espace régit par la beauté et la grâce. On donne à voir, et non à vivre, la
présence des statues le prouve sans doute. Architecture où la géométrie tient une place
fondamentale, recherche sur l’harmonie des formes, comment les lignes verticales et
horizontales se répondent, comment les carrés, les arcs et les sphères peuvent entrer
en résonance

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En complément de la bibliographie officielle…

Bibliographie :
Paul Auster, Sunset park
Gaston.Bachelard, Poétique de l’espace
Honoré.de Balzac, Le père Goriot
Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe
Walter Benjamin, Enfance Berlinoise
Bertrand Bergeron, Compte rendu de lecture de Stéphanie sauget : Histoire des maisons
hantées 2011
François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe
Colette, La maison de Claudine
Diogène (de Sinope)
Du Bellay, Heureux qui comme Ulysse
Annie Ernaux, La femme gelée
M. El Fakhkhari, Le soleil nocturne…
André Frénaud, J’ai bâti l’idéale maison
Martin Heidegger, Bâtir habiter penser/ essais et conférences/1951
Gérard Gefen, Maisons de musiciens
Nicolas Gogol, Les âmes mortes
Paul Guth, Moi Joséphine Impératrice
Levinas, Heidegger, Gargarine et nous / information Juive, 1961, question centrale du
lieu.
Laërce,vies doctrines et sentences des philosophes illustres
Le Corbusier, Vers une architecture
Jean-Marie Gustave Le Clézio et Jémia, Gens des nuages
Andreï Makine, L’Ami Arménien
Marcel.Pagnol, Le château de ma mère
Pline, lettres, Livre IX, capitre VI
Marcel Proust, Du côté de chez Swann
Charles Perrault, Contes
George Perec, Les choses
Sébastien Rouet, article, voici la maison la plus hantée d’Irlande, Géo, 29/07/2020
Nathalie Sarraute, Enfance
Michel Serres, Habiter 2011
Oscar Wilde, Le fantôme de Canterville

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Filmographie:

Alejandro Amenàbar : Les Autres, 2001


Bong-Joon Ho, Parasite, 2019
Claude Chabrol, La cérémonie, 1995
Chloé Zhao, Nomadland, 2021
Philippe Le Guay, Les femmes du sixième étage, 2010
Peter Weir, The Truman Show 1998

Iconographie :
Ben Johnson: Intérieurs
Edward Hopper: Maisons 1912- 1925
Lenôtre, Illustration dans le monde illustré, 9/04/1898.
Illustration de Yourte, Géo

Émissions de télévision :
Enquêtes de régions, France 3, 2019, insalubrité
Marie Kondo, L’art du rangement, Netflix
La maison France 5

Journaux :
Laurent.Coureau, Abstract, le nomadisme, 2008
Rubrique faits-divers du Monde et de Provence
Igor Krtolica et Emile Guitard, « le syndrome de Diogène », open édition journal, 2019.
Anne-laure Gannac, psychologies magazine, 18/03/2020, Notre maison, notre miroir
Nathalie Soubiran, Maisons et travaux 27/12/ 2014
Anne Lambert, Logement : « comment la crise sanitaire amplifie les fractures »,The
conversation, 07/04/2020

Chansons :
Miossec, « Le Déménagement »
Renaud, « Dans mon HLM »

Émission Radio :
France Culture, « la maison miroir de soi », (5 épisodes)

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