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AU

Chronique des mémoires d'un village: Villers-le-Peuplier


aux Villersois,

pour qu'ils traversent le temps.


Ce livre a été édité grâce au soutien de l'Echevinat de la Culture de la ville de Han-
nut, de l'ONDAH et du Ministre de la Culture, du Budget et des Sports du Gouverne-
ment de la Communauté Française de Belgique, Eric TOIVIAS.
Avant-Propos

Peut-être êtes-vous Villersois de chez nous depuis bien long-


temps, peut-être êtes-vous nouvellement implanté ici ou bien êtes-
vous simplement visiteur d'un jour venu à notre Rassemblement des
Villers. Qu'importe, bienvenue à Villers-le-Peuplier !

Nous avons la chance de nous situer au coeur de la Hesbaye


avec ses plaines fertiles. La mosaïque de ses campagnes change de
couleur au rythme des saisons, quelques bosquets, quelques vergers
font une ceinture verte autour de ses villages. Ceux-ci se découvrent
de loin grâce au clocher de leur église qui, dans la plaine, pointe un
doigt vers le ciel.

Nous nous garderons d'insister erronément sur le pittoresque


ou le spectaculaire, la Hesbaye a toujours été réputée terre fertile
mais monotone et peu propice au tourisme. Bien inspirés sont ceux
qui, aujourd'hui s'efforcent de faire découvrir aux visiteurs les beau-
tés représentatives de leurs époques, de ses fermes et de ses châteaux
reconvertis parfois en musées, centres de vacances ou maisons de
retraite.

A travers les pages qui suivent, nous avons voulu évoquer


quelques aspects de la vie de nos parents ou grands-parents à une
époque où l'agriculture était pour eux la source principale de revenus
et la terre constituait le capital par excellence.
-5-
Epoque où avant tout, la familiarité du milieu paysan faisait le
charme de la vie sociale avec ses plaisirs simples malgré la tâche
ardue des ouvriers de la terre.

Epoque où les réjouissances et les fêtes locales étaient atten-


dues avec impatience. Elles rassemblaient dans "la belle place" de la
maison les familles qui étaient souvent des familles nombreuses,
autour d'une bonne table car on avait tué le cochon ou sacrifié une
poule ou deux pour préparer le bouillon.

Epoque aussi où les déplacements étaient aussi rares que limi-


tés dans l'espace, à part les pélérinages traditionnels à tel ou tel saint
ou un départ forcé pour un cas grave vers la clinique de la ville la
plus proche. Mais on parcourait sans crainte des distances étonnantes
à pied pour rendre visite ou faire une démarche obligatoire. On y était
entraîné. Nos cultivateurs, chaussés de grosses bottines auxquelles la
terre humide collait, ont suivi pendant des journées entières leur cha-
rue ou leur herse.

Forcément, les accidents de la route étaient peu nombreux sur


les chemins peu encombrés. Le souvenir des rares accidents mortels
de la circulation était parfois rappelé par la pose d'une croix ou d'une
stèle à l'endroit où ils s' étaient produits.

C'est l'évocation des souvenirs de quelques aînés que nous


avons voulu vous faire partager. Témoins présents d'un passé vécu à
une époque où à la bonne saison, assis sur le banc "de devant" avec
les voisins on se transmettait les nouvelles du quartier ou les faits rap-
portés par le marchand ambulant qui était passé par là le matin...
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••••••••+-s - • -

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AUTREFOIS N VILLA E
Autrefois, petit village
Bien assis au milieu des plaines
Tu vivais au long des semaines
Aussi tranquille que bien sage

Entre l'église et l'école


Certains jours les édilités
Enfants de la localité
Prenaient tour à tour la parole

Quand un petit enfant naissait


C'est la qu'il était déclaré
Là que pour tous les fiancés
Les mariages étaient célébrés

Où est donc l'administration


Dans le local abandonné
Plus jamais un seul employé
Plus jamais de réunion

A leur naissance les petits


Bien loin d'ici sont déclarés
Et l'union de ses fiancés
Se célèbre aussi loin d'ici

De la voirie l'entretien
Est le travail d'un étranger
Que tu n'as jamais commandé
Pour soigner le moindre chemin

Petit village hesbignon


Où chacun se sentait chez soi
Où chacun était un peu roi
Tu as perdu jusqu'à ton nom

Pourvu que toujours tes enfants


S'acharnent à te donner vie
Comme ils feraient d'une patrie
De tout leur coeur, tout simplement

Jenny Bolly
INTRODUCTION

Situé au coeur de la Hesbaye, Villers-le-Peuplier est une des dix-huit com-


munes fusionnées pour former l'entité de Hannut.

Villers-le Peuplier est au sud-est de Hannut ville et s'étend sur 630 hectares
pour une population d'environ 680 habitants. Son territoire est essentiellement com-
pris dans le triangle formé par les routes Huy-Tirlemont, Namur-Hannut, et enfin par
la Chaussée Romaine de Tongres à Moxhe.

La chaussée romaine, limite sud de notre village constitue la ligne de parta-


ge des eaux entre le bassin de la Meuse recevant les eaux de la Mehaigne et le bassin
de l'Escaut dont nous sommes tributaires par l'intermédiaire de nos ruisseaux: celui
de la Ruelle qui prend sa source au vivier de la ferme du même nom, puis se joint au
ruisseau de Lohiva sous la route de Huy pour fonner le ruisseau du Poucet qui char-
rie ses eaux vers le Henrifontaine, affluent de la Petite Gette.

Villers-le-Peuplier a la caractéristique toute banale de faire partie de la


famille nombreuse des 23 Villers de Belgique sans compter les cousins tels que Bois
de Villers, Hevillers ou Les Bons Villers, ni nos frères français au nom si évocateur
comme Villers les Erables, Villers Bocage ou Villers au Bois.

Administrativement, l'entité de Hannut dont nous faisons partie dépend de


l'arrondissement de Huy-Waremme en province de Liège. La paroisse appartient au
diocèse de Liège, doyenné de Hannut.
—11—
Pour tous les Villers, leur appellation tient en général au fait de l'existence
sur leur territoire au temps passé d'un domaine rural. Pour certains, ce fut une villa
romaine, pour d'autres une ferme franque avec ses dépendances. Pour ce qui est de
notre Villers, on penche plutôt pour la villa romaine vu la proximité de la Chaussée
Brunehaut et de la voie de Liège (voie secondaire de la même époque). Tout porte à
croire que l'emplacement de la villa se confondait avec celui de l'actuelle Ferme du
Vivier occupée par M. Wautelet.

Quand au "le Peuplier", la présence jadis de nombreux peupliers (arbre par


excellence des terres humides) justifie le vocable. Il a cependant fallu l'intervention
d'un scribe peu doué pour traduire le nom "Villarium Poplyr" (1021) des anciens
documents, en Villers-le-Peuplier, alors que le mot "Poply" signifie "Peupleraie".
Notre village aurait donc dû se nommer "Villers-la-Peupleraie".

Villers en son centre, forme une cuvette naturelle puisque l'altitude de ses frontières
157 m à la Chaussée Romaine, 152 m à la route de Namur et 150 m au Crokin est
supérieure à celle du Vivier (ferme) 85 m.
Les peupliers qui ne croissent bien que les pieds dans l'eau avaient trouvé ici un ter-
rain idéal. Les deux ruisseaux cités plus haut, le Lohiva et le ruisseau de la Ruelle
draînent les eaux de ruissellement vers Poucet en passant sous la route de Huy à une
profondeur de 5 mètres.

Les habitants de la partie basse de l'agglomération ont vu leurs caves inondées ces
dernières années. Tout avait bien marché aussi longtemps que l'eau de la nappe sou-
terraine avait été utilisée pour les besoins ménagers, agricoles ou industriels (sucre-
ries et râperies). Mais la diminution du nombre d'exploitations, la suppression de ces
usines voisines et l'utilisation généralisée de l'eau de la distrbution ont permis à
l'eau du sous-sol de s'accumuler d'où les infiltrations nombreuses dans les caves.
L'installation d'un réseau d'égoûts lors des opérations de remembrement a heureu-
sement permis de draîner le sous sol du centre du village. Ce désagrément local a
disparu depuis. Quant au vivier de la ferme, il n'en reste que le souvenir sous la
forme d'une légère dépression que l'herbe a recouverte.

Village initialement groupé autour de son clocher, Villers-le-Peuplier s'est


étendu le long des chemins partant du centre vers l'extérieur. Les quartiers qui por-
tent nom de "La Prâle", "La Crosse" ou "La Chapelle" ne sont pas séparés du centre
mais en forment des prolongements naturels où la concentration des habitations est
moins dense.
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Au début du siècle, la majorité des demeures se présentaient sous l'aspect
traditionnel des maisons du milieu agricole. Celui qui bâtissait se souciait plus des
besoins de son exploitation que d'effets de style. La brique rouge, le plus souvent
extraite et cuite sur place était le matériau le plus employé. Quelques habitations
plus cossues encadraient parfois portes et fenêtres de pierre bleue.

D'un seul bloc, on recontrait alignés à front de rue en retrait par rapport à
une cour, l'habitation, l'étable, puis la grange à récoltes avec sa grande porte charre-
tière. Dans la cour, à proximité de l'entrée de l'étable on trouvait le fumier générale-
ment bien entassé en carré et à côté duquel se dressait la pompe à purin. Actuelle-
ment, les petites exploitations ont disparu et l'habitant a transformé l'immeuble pour
l'adapter à sa nouvelle destination. Les nouvelles constructions ne présentent plus
ces caractères typiques des maison rurales d'agriculteurs. L'activité agricole est
maintenant aux mains de quelques exploitants (moins de dix). Les exploitations
moyennes se sont agrandies et ont ajouté des bâtiments nécessaires à leur croissance.
Seule la ferme du Vivier présente la configuration d'un ensemble plus important
avec ses bâtiments en carré autour d'une cour fermée par un porche.

Dans le village où l'habitat est généralement groupé, les espaces libres sont
occupés par les jardins et quelques vieux vergers entourés de haies. Quelques prai-
ries sont encore garnies de peupliers et l'exploitation fruitière sur basses tiges occu-
pe plusieurs hectares en bordure de l'agglomération. Les champs de cultures céréa-
lière et betteravière se situent essentiellement autour du village.

Villers-le-Peuplier ne possède aucun espace boisé, seuls quelques talus


buissonneux tels ceux de l'ancienne voie de chemin de fer Landen-Statte-Ciney ser-
vent d'abri au gibier de plaine qui se fait d'ailleurs rare.
C'est parce que les souvenirs se gravent dans la mémoire
enrobés de sentiments que nous avons choisi de raconter notre villa-
ge avec des mots, des tournures de phrases ou des anecdotes que
l'on ne trouve pas habituellement dans les livres d'Histoire,
Vous croiserez la Grande Histoire, mais aussi les joies, les sourires et les
peines des habitants de Villers-le-Peuplier,

A ceux qui n'ont pas connu le Villers d'hier, à ceux qui feront
le Villers de demain, que ce livre demeure comme une mémoire de
nos rues, de nos campagnes, de notre Village et de ceux qui l'ont
habité,
Une des nombreuses moisons de Villers
dons laquelle fut aménagé un commerce
D
D

"...on restait au village, il y avait tout, un boucher et des épiceries, il y avait


chez Olga Materne, chez Cécile Forceille, chez Lydie Riga, chez Yvonne Lan-
drain, et puis le Bien Etre, tenu par Julie Populaire, elle avait épousé un Mathy,
et puis chez Louise Locanna Toutes des femmes, les hommes travaillaient.,"

"...on vendait de tout, au Bien Etre, il y avait même du tissu,:

les familles avaient aménagé une pièce de leur habitation et vendaient les
produits nécessaire au ménage, il y avait aussi des artisans ambulants qui visi-
taient les habitations en vendant leurs produits: vendeurs de parapluies, de
lunettes, de rouleaux en bois, de pièges à souris, des marchands peaux de
lapin et de "clicottes", un remouleur, un vitrier. Ils arrivaient en train pour visiter
le village..,."

"...le vendeur de pièges à souris criait: "Trop' souris, Trop' rat, Trop' pas
aujourd'hui, Trop' demain,,,"

"...à la Chapelle, il y avait un coiffeur, Camille Materne, il y avait un billard,


Camille coiffait et faisait la barbe„,"

"...j'ai ouvert mon magasin en 36, je vendais de tout, le sucre et le sel étaient
vendus en vrac,„"

" „j'ai commencé en 1927, je vendais de tout, du riz, des pois, haricots, sel,
sucre, farine, sirop, etc...tout était à peser. Pour le pétrole, les gens venaient
avec des bidons ou des bouteilles que je remplissais. Nous vendions égale-
ment des sabots et de la laine, de la grise et de la noire. Durant la guerre, le
ravitaillement en pommes de terre s'est d'abord fait chez le Bourgmestre
Dawance, et puis chez nous..."

"...pendant la guerre, on avait des timbres de ravitaillement, il fallait s'inscrire


dans un magasin.Le dit magasin avait de la marchandise d'après les clients
qu'il avait. On recevait de la marchandise en contre partie de timbres. Il y
avait des timbres pour le lait, le beurre, le café n"existait pas, c'était du
malt„."

"...il y avait aussi d'autres métiers dans le village, deux forgerons, un qui faisait
des sabots. L'hiver, les hommes allaient chez le forgeron pour discuter„."

"...dons toutes ces maisons où on faisait commerce, c'étaient aussi des mai-
sons où on buvait la goutte, on dansait même parfois,."
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Ligature des gerbes

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-7-\\G

"...au village, il n'y avait qu'une seule grosse ferme, quelques fermes de
moyenne importance et beaucoup de petits cultivateurs.,,"

"...il y avait dans chaque ménage une ou deux vaches, un cochon ou une
truie et un petit terrain à la campagne pour nourrir les bêtes, le travail n'avait
rien de comparable avec celui des fermiers, c'était souvent un supplément
de revenu..,"

"„.c'était une petite ferme chez mes parents au pont On cultivait 3 ou 4 hec-
tares, on plantait du froment, avoine, seigle pour faire du pain, des bette-
raves. A la moisson, j'allais avec mon frère (papa était mort). Quand le grain
était sec, il fallait le battre, à ce temps-là un meunier passait chaque semaine
pour prendre le grain afin de le moudre et il nous le rapportait en farine..."

"...on s'improvisait dans l'agriculture, cela permettait d'avoir du travail pour


l'épouse et son indépendance alimentaire avec le froment, le lait, le beurre,
la viande et les pommes de terre..."

"...comme activité complémentaire, à l'époque, il ne fallait pas de gros inves-


tissements puisque les moyens de traction, c'était les vaches laitières; pour la
récolte, la bêche pour les betteraves et la fourche pour les pommes de
terre..,"

"...il fallait beaucoup de main d'oeuvre, mais les superficies n'étaient pas
énormes quand on considère qu'il y avait 80 agriculteurs à Villers pour 600
hectares, dont une partie est cultivée par les voisins: Moxhe, Lens-St-Remy,
Crehen, Blehen,.."

"...progressivement, le nombre de cultivateurs a diminué et les derniers ont


augmenté leur superficie..."

"...une journée à la moisson, ce sont des prouesses, il y avait le grand-père


d'Adémar ici, il savait faucher un demi hectare par jour. Il fallait trois hommes
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pour récolter le grain et pour faire les gerbes, mais il savait faucher un demi
hectare par jour..."

"...les personnes qui complétaient le travail, c'était en général des femmes


avec des faucilles ou des crochets pour foire des gerbes. Et puis il fallait les
lier...

"...les enfants, tout petits, allaient à la campagne, ils restaient sur une charret-
te avec un parasol noir..."

"...je me souviens, on prenait des gamins de 7, 8 ans et on allait mettre des


liens, en mettant la gerbe dessus, c'était pas difficile à faire. On mettait une
botte de liens, et puis un lien tous les deux mètres. C'était un service qu'on se
rendait, il faisait chaud, alors comme il y avait toujours un champ de bette-
raves à côté, on mettait une feuille de betterave dans la nuque. Il y avait du
travail pour les femmes et pour les enfants..„"

"...pour la faucheuse-lieuse, il fallait faire les chemins autour des terres à la


faux pour ne pas marcher sur les grains avec les bêtes. Tu vois le travail, mais
on avait d'autres étés que maintenant..."

"...avant la javeleuse, il y avait la faucheuse toute simple. La javeleuse fau-


chait, il fallait encore une personne pour séparer pour que les gerbes ne
soient pas trop grandes. La lieuse est arrivée après la guerre 14 avec des
dimensions différentes, des petites pour commencer puis de plus en plus
grandes.....

",..il fallait retourner les javelles pour les sécher et les lier avec de la paille de
l'année antérieure„."

"...pour lier, on prenait du seigle, parce que le seigle a une paille plus souple,
on fait des liens plus grands, ce qui remplacerait éventuellement, mois cela a
une valeur industrielle, c'est le lin. Sinon, le paille de froment est plus courte,
plus dure et ne s'y prête pas et la paille d'avoine n'a pas la même résistance
et elle s'humidifie plus facilement. Le seigle, on le battait au fléau pour avoir
une paille intacte..."

"...on faisait de dizeaux, c'était dix gerbes dressées. Quand c'était pour boire
le café, on s'enfonçait dans les dizeaux tous ensemble, on discutait, on riait..."

_quand la moissonneuse-lieuse à prise de force a pu s'accoupler avec le


tracteur, alors là c'était un gros progrès, quand on avait une certaine superfi-
cie, comme on travaillait dans la période de fortes chaleurs la plupart du
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temps, alors dans les grosses fermes, on remplaçait les chevaux deux fois dans
la journée. Là où c'était la traction bovine, les bêtes souffraient beaucoup.,."

"...les premiers tracteurs avaient des roues en fer, ils ne pouvaient pas aller sur
les routes..."

"...les tracteurs ont révolutionné la traction mais pas la méthode. La méthode


a été révolutionnée par la moissonneuse-batteuse, qui était aussi à l'époque
tractée, Mais même alors le progrès était mitigé. Un ancien avait essayé la
moissonneuse et sa réflexion était celle-ci: "ce n'est pas un progrès parce
qu'au lieu d'avoir le travail avant, on l'a après", Les premières moissonneuses
tractées laissaient tomber les sacs par terre. De sorte que la paille était par
terre et les sacs étaient disséminés dans tout le champ. Il fallait les relever et
parcourir tout le champ pour les ramasser. Tant qu'on n'a pas eu les moisson-
neuses auto-tractées avec un réservoir à grain, pour qu'il n'y ait plus que la
paille derrière; le progrès n'était que partiel,,,"

"...avant, quand la moisson était rentrée, une batteuse mécanique entraînée


par un jeu de courroies et de poulies, le tout actionné par une machine à
vapeur alimentée au charbon (briquettes) passait de ferme en ferme. Cette
machine à vapeur faisait penser à une locomotive, elle était placée à l'exté-
rieur de la grange et la batteuse proprement dite dans la grange, une cour-
roie reliait les deux..."

" „.les sacs de grains étaient portés à dos d'homme au grenier et les gerbes
de paille souvent mises en meule..,"

"...des nuages de poussières s'élevaient de la machine, les travailleurs étaient


encrassés à l'intérieur et à l'extérieur, heureusement, une bonne goutte de
pecket de temps en temps entretenait le moral et la bonne humeur_

"„,c'est la locomotion à vapeur qui a révolutionné le battage..,"

a la dernière "charrée", on mettait le bouquet, cela signifiait que pour ce


cultivateur, la récolte était rentrée. Puis le proprétaire payait à boire aux
ouvriers qui étaient venus travailler.„"

"...on voit nettement où l'implantation de la betterave s'est faite, vous avez


de multiples petites sucreries, ici, nous avions Avennes, Trognée, Thisnes, Lens-
St-Remy c'était une raperie, Vissoul, Braives, Ambresin..."

"...mon grand-père (Iî vî gord) mort en 1904 avait acheté un plantoir à rou-
lettes destiné à planter les betteraves. II mit ses trois fils à l'épreuve pour dési-
-21 -.
La moissonneuse-lieuse
La récolte des betteraves
gner celui qui était capable d'aligner les lignes droites. Comble de l'ironie, ce
fut celui qui buvait le plus volontiers la goutte qui l'emporta, il fut désigné pour
aller planter chez les cultivateurs, Les pourboires qu'il recevait, si minimes fus-
sent-ils étaient bienvenus pour acheter le pecket! "

" .les betteraves une fois plantées au semoir exigeaient un important travail
manuel, les lignes étaient plantées trop épaisses, il fallait distancer à la "raset-
te", démarier à la main, à genoux ou baissés, nettoyer à intervalles réguliers
pour enlever les mauvaises herbes, puis arracher à la main avec une petite
bêche (hôche) spéciale, "

"...on disait "vos n'irez pas es scole après dîner, vos irez al Distroc", c'est à dire
qu'on allait démarier les betteraves. Et puis, quand on revenait, on avait les
genoux tout rouges d'avoir traîné les genoux par terre toute la journée..,"

...quand on allait démarier aux betteraves à ce moment-là, il y avait des


ouvriers à droite, à gauche, On criait 'Hé, il est trois heures, on boit le café",
et on était 10-12 pour manger ensemble, et on discutait et on blaguait..."

",..l'ambiance était agréable et familiale, ce sont de bons souvenirs malgré le


travail, Parce que c'était du travail de société, vous n'étiez jamais seul. C'est
ce que j'ai dis au Roi, l'agriculteur maintenant est isolé..."

"...on était parfois à 200 mètres, on laissait reposer le bétail et on allait chez le
voisin. A tel point qu'un jour, il y en avait un qui parlait beaucoup, ils se sont
relayés en permanence pour bavarder avec lui. Toute une après-midi, il n'a
pas travaillé dix minutes. "

les cultivateurs conduisaient leurs betteraves sur des chariots tractés par
des chevaux ou par des boeufs et des vaches. La plupart allaient à la sucre-
rie de Trognée, les chariots étaient chargés la veille et aux premières heures
du matin, avant le lever du jour une procession de chariots éclairée par des
lanternes quittait le village pour arriver assez tôt à la sucrerie où on faisait la
file. Certains amenaient leurs betteraves à Hannut pour le transport par voie
ferrée ou vicinale.."

"...dans les grandes exploitations, c'était des flamands qui venaient pour
l'arrachage, le propriétaire devait offrir l'habitat, la nourriture (lard et
pommes de terre) et fournir de la bière en tonneau. Ils venaient pour le lin et
les betteraves. "

".„les enfants creusaient une betterave sucrière et lui donnait la forme d'une
tête, une bougie allumée à l'intérieur illuminait deux trous représentant les
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yeux. En hiver, on pouvait voir ce "fantôme" fixé à hauteur de la tête d'un
bonhomme de neige..."

"...les familles se regroupaient pour le dîner du cochon, quand on avait tué le


cochon. Le tueur ou le propriétaire assommait avec un pic..."

"„.pour attraper le cochon, on prenait un "lien de veau" auquel on faisait un


noeud coulant. On approchait du cochon et on passait le lien dans la
mochoire supérieure. Quelqu'un d'autre le prenait par la queue. Mais il fallait
absolument le tenir par le groin pour l'assommer..."

",..quand il était par terre, on l'ahorait (l'égorgeait) puis on le brûlait, et on


havait (raclé la peau). On récoltait le sang pour le boudin..."

"...pour conserver la viande de porc, on la salait et on la séchait. Il y avait un


saloir dans la cave et pour sécher les jambons et les pans de lard, on les sus-
pendait à un anneau..."

"...on fondait le saindoux et on le coulait sur les saucisses cuites. On pouvait


les garder des mois comme ça.„."

"...les vessies de cochon étaient gonflées, sèchées et pendues au plafond.


Quand elles étaient sèches, on les broyait avec du son pour les adoucir. On
coupait une calotte et on en faisait des blagues ô tabac..."

".„quand la truie mettait bas en hiver, il fallait rentrer les porcelets à l'inté-
rieur.On les mettait en dessous du poêle. On coupait les brocs (les petites
dents) des petits pour qu'ils ne fassent pas mal ô la mère en fêtant..."

"....le velage mobilisait les voisins cultivateurs, ils se rendaient mutuellement


service,.."

"...si un cultivateur était malade, son travail ne restait pas, les autres le fai-
saient..."

"...on vivait plus en société..."


Le battage mécanique
OUI.E DI BOLISUE
Autrefois, la moisson se faisait à la faucheuse-lieuse. Cette machine,
moderne à l' époque, fauchait le blé et le déposait sur le sol sous forme de gerbes. Il
suffisait de les redresser en les appuyant les unes contre les autres par groupes de
dix: des dizeaux.
Après un temps plus ou moins long, suivant la clémence du soleil, ces
gerbes bien sèches étaient chargées sur des chariots et rentrées à la ferme. Généra-
lement, pour le 15 août toutes les moissons étaient engrangées. Le travail devait être
bien organisé pour ne pas perdre de temps car une pluie subite pouvait tout retar-
der. Ainsi bien souvent, il y avait deux équipes; une pour charger à la campagne,
l'autre restant à la ferme pour décharger les chariots et entasser les gerbes dans la
grange.
Durant le temps de midi, les poules qui voulaient, elles aussi, se régaler, profitaient
de ce moment favorable pour voler dans la grange afin d'y picorer les grains de la
nouvelle récolte. Hélas, lorsque le travail reprenait, certaines d'entre elles, peu sou-
cieuses de quitter les lieux se faisaient parfois surprendre et, bien involontairement,
étaient entassées parmi les gerbes.
Cette année-là, chez Remy, une des poules fut victime de sa distraction.
Quelques semaines après la moisson, lorsqu'on entreprit de battre le blé à la ferme,
celui ou celle qui détassait les gerbes la retrouva toute raide mais encore bien en
plumes. Evidemment, comme chacun savait que l'ami Remy s'énervait assez facile-
ment, on s'empressa de se passer la bête de l'un à l'autre jusqu'au moment ou celle-
ci atterrit devant Remy, sur la table de la batteuse.
A ce moment, notre ami stoppa net son travail, et leva les bras au ciel. On aurait cru
qu'il allait soulever toute la ferme!
"Il faut enrager" dit-il, puis se tournant vers Maria, sa femme "espèce de..., tu as
encore entassé une poule! Je te le dis chaque année de faire attention!" Et tout le
monde riait en cachette. "Il n 'y a rien à faire de bon avec les femmes", dit Lucien
en faisant un clin d'oeil malicieux à toute l'assemblée. Et on riait de plus belle!
Enfin, le travail reprenait.
Un heure plus tard, le même Lucien qui ne demandait qu'à rire, contourna
le bâtiment avec la "blanchette" en main et par un trou pratiqué dans le mur de
derrière, relança la poule dans la grange. Esther qui passait les gerbes cria "Remy,
encore une poule!" Comme la plupart de ses poules étaient blanches, notre brave
homme, déjà de très mauvaise humeur, crut qu'il s'agissait d'une deuxième victime
de la négligence de sa femme. Inutile de décrire le tableau: Remy était fou de rage,
comme possédé du diable. Il n'en finissait plus de tempêter, de gesticuler!
Et si vous voulez savoir la suite de l'histoire, imaginez-vous ce qui a bien
pu se produire lorsqu'on fit repasser la "blanchette" pour la troisième fois dans la
grange!!!
— 27 —
i

Rue de la Crosse
ON NAISSAIT ET 0 MOURAIT DANS SON VILLAGE

"...en général on naissait chez soi avec l'aide d'une sage-femme qui se ren-
dait à domicile et se chargeait des soins à la maman et au bébé pendant
une dizaine de jours. En cas de complications on appelait le médecin de
famille..."

"...il n'y avait pas de sage femme dans le village, il fallait la demander à
l'avance à Hannut ou à Moxhe, On y allait avant et puis elle venait pour
l'accouchement„ "

"...pour ma fille qui est née au mois de septembre, j'ai fait toutes les charrées
de la moisson..."

"...après, on recommençait tout de suite à travailler, quand l'accoucheuse


venait après, j'étais en train de faire mon ouvrage. Et les vieilles femmes
avant moi, c'était encore pire..."

"...il y avait quand même des femmes qui décédaient dans l'accouchement,
mais personne n'allait en clinique sauf les forts riches, peut-être, enfin, je ne
sais pas. "

"...pour l'enfant, on allait à la consultation des nourrissons, un peu au début,


puis quand il commençait à manger, on arrêtait..."

"...parmi les grandes familles Villersoises apparentées de près ou de loin, nous


relevons dans les années 50-60 parmi les adultes (électeurs) 34 Materne dont
33 nés à Villers, 29 Hougardy dont 28 nés à Villers, 19 Forceille dont 17 nés à
Villers, 19 Renard, 17 Salmon, 13 Preudhomme, 10 Masson, 10 Scalais, 10
Vignaux..."

",..beaucoup de maisons étaient occupées par des cultivateurs et compre-


naient donc une pièce de séjour, qui servait souvent de cuisine avec un
poêle (plate buse) parfois une cuisinière (c'était déjà du luxe). Cette pièce
était souvent la seule chauffée de la maison, un vestibule, une pièce où se
trouvait l'écrèmeuse, des caves et des étables jouxtaient l'habitation, parfois
une grange. "

" ..un fumier se trouvait presque toujours dans la cour de la maison. Dessus, il
n'y avait jamais de neige, parce que le fumier en décomposition permanen-
te, dégageait de la chaleur.,"

"...peu de maisons avaient un puits d'eau potable, l'eau que nous buvions
quand j'habitais rue du Puits venait du puits de chez Dejardin et de la pompe
—29--
.0v,CE DE
°?e
PUITS HOUPR- ..SE.

Arrondissement de Huy-Waremme cultures:plusieurE centaines de microbes variés


par litree,
par c.c.d eau clorures 221 milligr oxygène
COMMUNE
H3NN020 amoniaque Anhydrite azoteux
DE
PUITS FERON JULES.

fillers-le-Poliplier plusieurs centaines de microbes variés par C.C.


d'eau chlorure 20 milligr. par litre H3N N020
Compte chèques postaux 25103 (idem)
PUITS DE LA COLIIIJNE 0

368m variés par C;C:


OBJET: Chlorures 280 milligr. par litre H3NC (amoniaque
Oxyg )
PUITS HOUGARDY.

ANNEXE pl c de m V p CC
chlorure T 72 milligr. par litre 113N0 (idem)
Les quatres eaux renferment un grand éxcès de mi-
crobes beaucoup plus que les eaux considérées cora
me bonnes.
Les eaux I et 2 renferment peu de chlorure 4b osas
terrains) ont deee4t doit pouvoir, en améliorant
la protection de ces puits obtenir meilleur e au.
Les eaux 3 et 4 referment un grand excès de c hlo
runes mauvais terrains et mauvaises conditions
pour bons puits.

Analyse des puits à Villers-le-Peuplier


—30—
communale dont l'eau n'était pas toujours potable selon les analyses effec-
tuées par les troupes américaines, "

" ,.les gens allaient à la pompe avec un ou deux seaux pour prendre l'eau
nécessaire aux besoins du ménage. L'eau de pluie servait à abreuver le
bétail et à la lessive. "

" .l'eau alimentaire o été installée dans les années '60,

" .la lessive, c'était facile à faire, on avait une machine en bois, on mettait
tremper le linge sale la veille dans une bassine, le lendemain on faisait chauf-
fer l'eau que l'on versait dans la machine, on la faisait tourner au moyen des
bras, quelques fois nous devions être à deux pour le faire quand il y avait trop
de linge, On ajoutait du savon noir, elle tournait une vingtaine de minutes,
ensuite on tordait, on allait l'étendre sur la prairie pour que les taches qui res-
taient encore disparaissent, quelques heures plus tard, on le reprenait et on le
remettait dans une eau propre jusqu'au lendemain, Quand le linge était bien
blanc, on le rinçait dans plusieurs eaux et dans la dernière, on ajoutait du
bleu, "

.on passait à l'amidon les cols, poignets et le devant des chemises des
hommes pour qu'ils soient bien raides. Le repassage se faisait au moyen des
fers que l'on faisait chauffer sur la taque du poêle, souvent, on en avait deux,
un chauffait pendant que l'on se servait de l'autre, même l'été le poêle
chauffait afin de pouvoir repasser "

l'électricité est arrivée, la première cabine pour alimenter la région c'était


à Villers, vers 1925-1927 Avant, on s'éclairait au quinquet, à la bougie et à la
lampe tempête,,"

"...l'hiver, on allait glisser sur l'étang de la ferme du Vivier J'ai déjà vu le ter-
rain de football rempli d'eau jusqu'au fossé et quand il gelait, j'allais jouer, la
glace était épaisse de dix à quinze centimètres. "

" „.je me souviens que dans la grange du papa de l'instituteur qui habitait
place de l'église, il y avait un jeu de quilles, j'allais voir et jouer également,
c'était principalement après la messe du dimanche. "

durant la guerre, nous étions chaussés de sabots, après la guerre, de sou-


liers-sabots, le dessus était en toile solide et le dessous en bois, comme ils
duraient trop longtemps, on se laissait traîner par un chariot afin d'user les
semelles pour en avoir de nouveaux, ou on les lançait comme avec un bal-
lon, quand ils retombaient, ils se fendaient en deux, alors, on ramassait une
fameuse raclée! "

.avant l'avènement des antibiotiques, les enfants, souvent accablés par les
maladies infantiles, s'absentaient régulièrement de l'école. "
—31--
De gauche à droite en commençant par le haut : Alfred DASSY - Gaston
FAUVILLE - Pierre LOUIS - Gustave GOFFARD - Emile HOUPRESSE - André BULLY -
Gaston DELARBRE - Joseph DOCQUIER - Maurice MATERNE - Michel MATERNE
- Jules GILSOUL - Arthur NOLLEVAUX - Jean SCALAIS - Edgard DEJARDIN - Fer-
nand LAMPROIE.
"...avant la guerre 40, lorsqu'un malade devait être hospitalisé, cela posait un
réel problème de transport, A Villers, le mayeur avait une voiture et il la met-
tait à le disposition de la famille et demandait à mon père de conduire le
malade à Bavière, en général, c'était la destination la plus fréquente, selon
mes souvenirs„."

"...les enfants récoltaient de la paille ou à défaut quelques centimes pour le


grand feu, Pour conjurer le mauvais sort..,"

"..,il y a eu un club de football à Villers, mais quand les Allemands ont com-
mencé à déporter les jeunes gens, le club s'est dissous, parce que les jeunes
joueurs étaient en âge de déportation et devaient se cocher..."

",..le curé Guelens rassemblait les garçons pour former un groupe genre
patronage et en hiver nous jouions aux cartes. Mais sans les filles parce que la
servante du curé, Stéphanie, trouvait qu'elles faisaient trop de bruit..."

"...à la fonte des neiges, les rues ont été recouvertes d'eau, le fossé d'éva-
cuation ne suffisait pas à l'absorber,,."

",..en 47, le jour des communions à Hannut, il y a eu un terrible orage. Il y


avait plus d'un mètre d'eau, La vache de chez Lacanne avait de l'eau
jusqu'à la gueule..."

"„.les enfants avaient besoin de leurs parents. Après l'école, ils allaient
apprendre un métier, surtout chez les artisans, ils apprenaient le métier de
leurs parents, ou celui d'un ami artisan..."

"..,la façon dont on se chauffait permettait de ne pas avoir de déchets,


parce que tout se brûle, le verre se brûle, alors on n'avait pas de déchets,
Très peu de boîtes de conserves en fer blanc, Les bouteilles se remplissaient.."

".,,c'était des déchets réduits et un excellent amendement pour le jardin, les


vieux jardins ont une bonne structure en fonction de la cendrée. Les seuls
trous dans le jardin, c'était pour y mettre une bête crevée en attendant le
camion d'équarrissage..,"

"...la vie était moins stressante et beaucoup plus sociable, pourtant, avec
moins de temps et moins d'argent_

"...la cohabitation avec les voisins était plus facile, maintenant les maisons
sont fermées, la télé est la, tandis qu'à l'époque, ils allaient boire leur café à
côté l'un l'autre, le soir nous étions vingt-cinq devant l'église,.."
: T1IUEUR DE LÀ
t sDE,VILi

La chapelle de l'ancien château de \Allem démolie quelques temps après lui


-- 34 --
NC SOUR
f

presque tout le monde était pratiquant et le curé était très influent, beau-
coup allaient à la messe par obligation..,"

"...j'étais enfant de choeur, on servait la messe une semaine durant. On y


allait en sabots. En hiver, il y avait un gros poêle au milieu de l'église, on bou-
geait ses sabots, on mettait ses pantoufles. Après la messe, on allait au caté-
chisme avec l'abbé Guelen et il fallait savoir son catéchisme. Oh, oui!..."

",..on apprenait à devenir acolyte (enfant de choeur) en servant d'abord à


gauche. On avait rien à faire pratiquement que de suivre celui de droite et
foire les saluts. A droite, il faisait la sonnerie et les deux autres étaient en
retrait, responsables de l'encensoir. Mais en messe basse, il n'y avait pas
d'encensoir, alors on n'était que deux..."

".„le grand sport, c'était de mettre trop d'encens que beaucoup de gens ne
supportaient pas et ils tombaient dans les pommes, surtout s'ils venaient sans
manger, car il fallait être à jeun pour communier..."

"...on préparait la communion pendant deux ans. C'était ceux qui faisaient le
catéchisme qui servaient la messe. Quand j'y étais, on était quatre à devoir
faire la communion, alors on servait la messe une semaine sur deux. Tous les
jours à sept heures, après, il y avait le catéchisme et puis l'école. Le
dimanche en plus de la messe de sept heures, il y avait une messe chantée à
dix heures. Pour les grandes fêtes: Pâques et tout ça, il fallait six ou huit aco-
lytes. Il y avait aussi la chorale, il y avait de très bons chanteurs à Villers..."

"„.tu ne savais pas ton catéchisme on décomptait les points, c'était dit "celui
qui aura le plus de points sera le premier", de cette façon là, on apprenait
son catéchisme comme il faut. Mais à la communion, le curé nous a tous eus,
on était cinq et il nous a mis par ordre de grandeur..."
—35 —
L'église
...on est venu habiter Villers en 34, mon mari était sacristain-organiste, on
devait habiter la paroisse de ce temps là, parce qu'il y avait beaucoup de
corvées. Il fallait sonner la messe tous les jours à sept heures, et sonner trois fois
l'Angélus, le matin, le midi et le soir. Il fallait vraiment être sur les lieux..."

"...les cloches furent enlevées par les Allemands pendant la guerre, les
enfants de l'école se sont relayés pour les faire sonner à toute volée jusqu'à
l'arrivé des entrepreneurs qui les ont enlevées. Elle furent remplacées par un
carillon payé par la population...

"..l'Eglise était chauffée par un grand poêle situé au milieu et alimenté avec
du coke, il fallait souvent aller recharger. Recharger pour la nuit aussi..."

"...quand c'était jour de fête, on mettait un dôme dans le choeur. Il fallait


aller dans la tour pour descendre la corde. On attachait le dôme, puis on
mettait quatre tentures et on les drapait accrochées au mur.
C'était beau!..."

il y avait les Vêpres aussi le dimanche. C'était obligatoire jusqu'à quinze,


seize ans. Parfois on y allait après parce qu'on y rencontrait les filles..."

"...au mois de mai, on saluait la chapelle tous les soirs à dix-neuf heures. Le
jour de la fête Dieu, il y avait la procession. On faisait le tour de village et on
donnait la bénédiction à chaque reposoir. Cela durait de dix heures à midi.
On semait des pétales de fleurs et les hommes portaient le baldaquin au-des-
sus du curé qui portait le saint sacrement..."

"...si le curé devait porter l'extrême onction, il y allait avec un acolyte qui son-
nait s'ils rencontraient une personne, cette personne s'agenouillait..."

"...aux enterrements, les acolytes n'allaient pas à l'école et ils avaient un


franc cinquante. Pour la cérémonie, ils avaient une robe noire avec un col
blanc..."

"...on portait le deuille grand deuil pendant un an pour le mari, la femme ou


un enfant. Six mois pour un frère et six semaines pour une tante ou une nièce.
Après le grand deuil, il y avait le demi deuil..."
"...on célébrait une messe de six semaines, puis une messe d'année après
laquelle le deuil était fini..."

"...on cherchait des podeurs parmi les amis proches du défunt. On portait le
cercueil sur la civière communale Seules les familles aisées payaient un cor-
billard..."

"...on sonnait le glas du jour de la mari jusqu'au jour de l'enterrement. Et le


jour de morts, le 2 novembre, on sonnait le glas toute la journée, c'était
sinistre.. "

"...à Villers, il y avait de grosses familles. Quand un décès survenait dans une
famille, personne n'allait aux réjouissances. S'il y avait plusieurs décès dans
différentes familles du village simultanément, cela pouvait mettre une fête
par terre...

".,.les périodes de deuil étaient en général bien observées par respect pour
les parents défunts mais également afin de ne pas être l'objet de commen-
taires désobligeants de l'entourage..."

"...il arrivait qu'à la fête, les voisins portent une tarte a la famille en deuil afin
de lui marquer de la sympathie..."

"...le jour de notre communion, les Allemands sont arrivés, le 12 mai 1940
huit heures du matin. Tout le monde s'est enfui de l'église et on a refait la
communion à la fête du mois de juillet..."

"...quand j'étais gamine, avec une amie et bien, on ne nous voulait pas à la
Chapelle où les femmes disaient le chapelet à Notre Dame de Lourdes. A
l'extérieur, elle mettaient toutes leurs sabots bien alignés sur les escaliers et
nous outres, furieuses, on écoutait le chapelet à la porte et "nous quandjin tô
les sabots", on faisait un méli mélo avec les sabots, puis on descendait à
toute allure pour ne pas être vues..."
LET LRNIQUET
ES SE TER ISPARUS
\!

"...c'est probablement le bourgmestre Dawance qui a eu la première voitu-


re. "

"...les routes étaient empierrées. "

"...les pierres étaient moulues par les bandages en fer des roues de cha-
riots..."

"...les voitures soulevaient des nuages de poussières et quand il pleuvait, les


piétons devaient s'écarter et patauger dans la boue. "

"...la commune n'était pas assez importante pour occuper un cantonnier et


un garde-champêtre.."

"...les routes étaient entretenues par les chômeurs avec le garde-canton-


nier "

"...le long, il y avait des petits terrains communaux sur lesquels on disposait les
réserves de pierres. "

...sur les accotements herbeux, on y conduisait paître le bétail, surtout les


moutons.."

"...on dit que la rue de la Crosse est restée pavée parce que les cultivateurs
craignaient que leurs bêtes de trait glissent sur le tarmac. ."
— 39 —
..le climat plus rude qu'à l'heure actuelle nous réservait des hivers enneigés,
les rues du village étaient difficilement praticables..."

"...le chemin d'Avennes était souvent bloqué avant la chaussée romaine, la


neige recouvrait le chemin à ras des terres surélevées..."

"...le Mayeur Dawance avait un chasse-neige tiré par son cheval de trait
qu'on ferrait à glace (fer à cheval avec des picots). C'était une aubaine, un
sport d'hiver pour nous gamins, de pouvoir monter à califourchon sur l'engin,
nous faisions poids sur le chasse-neige afin qu'il s'enfonce dans la couche de
neige..."

"...pendant la guerre j'avais Numa à côté, René de l'autre côté qui venaient
me chercher à vélo pour aller à l'école et ils gonflaient tous les jours mon vélo
parce qu'il était toujours crevé..."

",..on n'avait plus de chambres à air, ce qui fait qu'on était parfois obligé de
garnir ses roues de vélo avec deux enveloppes trouées, mais dont les trous ne
coïncidaient pas..."

"...je sais qu'il y a eu de graves problèmes de tracé à la construction de la


ligne de chemin de fer. Surtout entre Hannut et Avennes. Sur les dires du père
de mon grand-père, donc dans les années 1870, ils avaient des problèmes
pour que les locomotives montent sur Avennes. Le premier tracé de la ligne
passait à 50 mètres de la ligne actuelle et longeait le chemin de l'Empereur
jusqu'à la grosse borne. C'était pour donner de la puissance aux locomotives
qui montaient sur Avennes. Puis ils ont changé, mais il arrivait souvent que les
locomotives tombent sans vapeur à hauteur du signal. Elles devaient
attendre une demi-heure pour retrouver de la puissance ou attendre une
autre qui venait les tracter..."

"...le train rythmait notre vie, les cultivateurs n'avaient pas de montre, ils par-
taient en campagne le matin avec le train de sept heures. A dix heures, ils
mangeaient pendant que le train passait. Puis retournaient avec celui de
douze heures. A treize heures, ils repartaient sur les terres et à quinze heures,
c'était le train "café". Le soir, c'était pareil, on savait l'heure suivant les trains.
Celui de cinq heures vingt était plus court que celui de sept heures moins
dix....

"...il y avait un train qui portait un nom: Pitsar. C'était un politicien qui avait
demandé un train pour les ouvriers...
- 40 -

„.nous jouions sur le tolus du chemin de fer, à cache cache, avec des
échasses, ou bien à la marelle, des fois quand on voyait arriver le train, l'un
de nous mettait une pierre sur le rail et on disait qu'il allait dérailler...”

"...on inventait de sacrées histoires, Celle de l'alarme par exemple! Au passa-


ge, à l'ancienne gare, chemin d'Avennes, le train s'arrêtait venant de Staffe,
le conducteur descendait pour enclencher l'alarme (feux et sonnerie), Une
fois passé, le conducteur redescendait et les stoppait. L'ayant vu faire plu-
sieurs fois, on avait pris un pétard pirate qu'on avait mis dans la serrure de la
boîte. En explosant, la serrure s'est ouverte et l'alarme s'est déclenchée, évi-
demment, on est parti en vitesse. Au bout d'une demi heure, une heure, on a
vu une camionnette venir pour arrêter l'alarme et refermer la boîte. Les voisins
devaient sûrement en avoir assez d'entendre la sonnerie,.,"

".. comme destination,on allait plus souvent à Statte ou à Landen à cause du


train...

",..comme il n'y avait pas d'arrêt sur la ligne à Villers, les ouvriers villersois sau-
taient du train quand il ralentissait en arrivant au signal d'arrêt avant Han-
nut..."

',..pendant la guerre, le train pour Liège passait par là, avec des troupes et
des munitions, parce que la ligne principale était souvent sabotée...

",..le paysage était différent, il y avait des sentiers qui ont été supprimés,
c'était des raccourcis pour les piétons. Ils ont disparu parce qu'ils n'étaient
plus fréquentés et puis certains agriculteurs les ont annexés..."

"...on passait même dans certaines prairies et pour éviter que le bétail ne
sorte, il y avait des tourniquets..."

".„après guerre, c'est Ernestine chez Dujardin qui a eu une camionnette, la


première. Elle habitait où c'est chez Debarse, c'était une boucherie là, y en
avait besoin..."
Hommage aux anciens combattants 1974-1918
LA JE
JOURS DE GUERRE

"„.il y avait peu de postes de radio au village, les journaux étaient peu diffu-
sés alors les gens étaient parfois insouciants, on plaisantait "Li ligne magneto,
magnerait sé ê frites" en parlant de la ligne Maginot et de Siegfried (l'Alle-
magne)..."

"...le 10 mai 1940, vers six heures et demie le matin, le ciel était serein, d'un
bleu d'azur strié par des tramées blanches d'avions allemands..."

".„le 12 mai, c'était la communion solennelle, pendant l'office, une dame a


crié dans l'Eglise "Les boches sont la" et tout le monde est part.,"

".,j'ai vécu la première arrivée des Allemands, C'était en mai 40, le jour de
Pentecôte..."

"...déjà le matin très tôt, des gens venant de Liège passaient sur la route. Rue
du Puits, où j'habitais, tout le monde est prêt au départ, les baluchons sont
faits. Certains hommes s'en vont vers la France. Lucien Hougardy rappelle
tout le voisinage à la raison et nous oblige à nous terrer dans les caves ca,- un
combat acharné oppose Français et Allemands, bloqués dans leur avance à
Villers et Hannut. Toute la nuit, il y a eu des échanges de tirs.,."

",..lors du combat du 12 mai, un officier aviateur allemand fut abattu par la


DCA française, Il sera enterré dans le vieux cimetière près de l'église, sa
tombe sera fleurie par l'armée allemande jusqu'à son transfert vers l'Alle-
magne..."

"...lors de l'enterrrement, les Allemands allèrent chercher des fleurs chez l'insti-
tuteur qui, par inadvertance, les emballa dons un journal portant la photo de
Chamberlain, les soldats ennemis étaient en colère_
- 43-
"...l'avancée ennemie avait été tellement rapide que le ravitaillement ne sui-
vait pas normalement, et Joseph Delleuze, fut réquisitionné en l'absence du
garde Désirant pour accompagner les Allemands qui exigeaient des oeufs et
du pain..."

"...après tout s'est passé calmement, on a continué à dormir dans les caves,
certains allaient dormir chez les voisins parce que les caves étaient voutées et
on se sentait plus en sécurité contre les bombardements..."

"...une nuit, on a sonné à la porte et ma grand-mère s'est levée dans la cave,


elle a pris sa lampe de poche et s'est précipitée à la porte. C'étaient des
Allemands, ils cherchaient des soldats belges, ma grand-mère leur a montré
la maison. Ils n'ont rien trouvé, mais ils regardaient toujours ma grand-mère
qui essayait d'allumer sa lampe de poche, elle n'y parvenait pas et elle trou-
vait que les Allemands avaient un drôle de regard vers ses mains. Quand ils
sont partis elle se dit "Qu'est-ce que cette sacrée lampe de poche peut bien
avoir ?" et elle s'est aperçue qu'elle s'était trompée, à la place de sa lampe,
elle avait pris son réveil. Je suis sûre que les Allemands l'ont prise pour une
demi-folle (rires). Mais on avait très peur, très très peur, ça explique le desarroi
de ma grand-mère..."

"...on présentait les Allemands comme très mauvais, très très mauvais, il faut
aussi dire qu'on ne voyageait pas, on n'avait pas de contact avec les pays
et ça, je ne sais pas si on pourrait encore faire croire aux gens de telles
choses,,,"

"...dès que les Allemands sont arrivés, en 40, ils ont installé un canon dans le
vieux cimetière, le cimetière autour de l'église et ils sont allés chercher Mr le
Curé, ils ont fait ouvrir les portes de l'église, ils ont vidé tout ce qu'il y avait
dans le clocher, sauf les cloches, et ils ont installé un poste d'observation..."

".,.l'ancienne Chaussée Romaine va de Bavay à Tongres et puis de Tongres à


Maastricht donc directemement vers l'Allemange, nous avons eu un énorme
trafic de troupes aussi bien en 40 qu'en 44 et qui dit troupes dit naturellement
pénétration dans les petits villages pour trouver le gîte et le couvert..."

"...des fantassins, des chars, des chevaux, des canons ont traversé le village,
des chevaux furent conduits à l'étang pour se rafraichir..."

"...dans la prairie qui se trouvait ici, où j'ai ma maison, au 22 rue de la Prôle, il


- 44 -
y avait plein de pommiers, d'énormes pommiers et là on logeait certaine-
ment 200 à 300 Allemands qui avaient de petites tentes. Dans la maison à
côté, il y avait 20,25 officiers dans toutes les pièces de la maison..."

"...quand ils sont partis, mon oncle a ramassé dans la prairie des mannes de
chaussettes, de chemisettes, tout ce que vous voulez, tout ce qu'une armée
peut laisser derrière elle, enfin..."

,
...pendant la guerre, nous avons logé pendant huit jours deux Allemands. Je
ne me souviens pas de ce qu'ils faisaient par ici, mais nous les avons logés
certainement pendant huit jours. "

...en 40, ils ont réquisitionné plusieurs hommes du village pour enterrer les
morts. Je suppose qu'on a quand même tiré puisqu'il y avait des morts... Ils
devaient aussi enterrer les chevaux qui étaient crevés sur la route..."

"...tous les militaires belges n'eurent pas la chance de rentrer, beaucoup


avaient fui les colonnes allemandes, mais un bon nombre passèrent la guerre
en captivité..."

"...les anciens combattants de la guerre 14-18 et ceux rentrés de 40-45 orga-


nisèrent des concerts chez Pauly et chez Max Delorge afin de récolter des
fonds destinés à permettre l'envoi de colis aux prisonniers..."

"...Urbain Materne décède en Allemagne, sa dépouille n'est jamais revenue,


les obsèques eurent lieu pendant la guerre, une foule nombreuse assista à
l'office, le défilé dura très longtemps et les gens restés dehors (l'église était
trop petite) entraient dans l'église et sortaient par la sacristie afin de canaliser
le flot des amis et connaissances. "

"...lorsque les avions alliés commencèrent à bombarder l'Allemagne, les Alle-


mands installèrent des phares anti-aériens chemin de Moxhe, pour éclairer et
diriger les tirs de la DCA. Ces phares furent parfois mitraillés par la chasse
alliée..."

"...les avions lachaient des papiers argentés pour dévier les faisceaux de
lumière.."

"...Edgard Dujardin, réfractaire au travail obligatoire fut arrêté sur la route de

— 45 —
Huy par des SS belges, il fut déporté clans un camp de discipline dans les envi-
rons de Solingen, il revint cadavérique après la libération..."

"...le 10 novembre 1944, lors de la cérémonie au monuments aux morts, on


aperçoit le premier Vl. "

"...trois V1 sont tombés à Villers, le premier le soir du 24 décembre 1944, sur la


route de Huy, deux maisons détruites et d'autres furent endommagées. Il n'y
eu pas de victime, la maman de cette maison, endormie fut projetée avec
son lit dans une remise, elle en sortit indemne.. "

".,.le second, c'était à la chapelle, le 25 janvier 1945, dans une prairie, dégâts
matériels importants aux immeubles..."

"...juste à ce moment là, je lavais le vestibule chez mes grands parents, le fac-
teur était là, ça avait fait un tel bruit d'explosion que je m'étais applatie dans
le vestibule au milieu des eaux avec le facteur, tellement nous avions eu
peur .."

"...ça faisait un bruit de ferraille et puis tout d'un coup le silence, c'est à ce
moment là qu'ils tombaient, c'était la dernère trouvaille d'Hitler.. "

"...le V1 est tombé chez maman, en face de la Chapelle la porte de la gran-


ge a été soufflée, le toit détruit, les fenêtres ont été brisées, et dans une autre
maison, un arbre de la prairie est entré dans la porte de la grange..."

"...et un troisième V1, chemin de Braives, dans la campagne, sans dégât..."

",..on disait au début que les V1 étaient pilotés par un pilote suicide, mais on
n'a jamais trouvé de restes humains dans les débris..."

"...en été 45 les premiers prisonniers reviennent au village, l'euphorie de la vic-


toire alliée se double de l'immense soulagement de voir rentrer au pays tous
ces jeunes hommes en plus ou moins bonne santé. Dès l'annonce d'un
retour, les villageois s'empressaient d'aller saluer le prisonnier libéré. C'était un
véritable cortège de visiteurs qui envahissaient la maison..."
LE RAVITAILLEMENT
"il faut dire que pendant la guerre, il y avait quand même une domination, ça vous
étouffait, vous savez, on ne pouvait jamais faire ce qu'on voulait, on devait occulter,
on devait mettre des lampes bleues partout, il n'y avait pas de charbon, il n'y avait
rien du tout, c'était tout le temps une lutte constante. "

" .pendant la guerre, on faisait du savon avec des intestins de porc et de la soude. "

" .des contrôleurs venaient voir si on abattait des bêtes ou si on cultivait du tabac,
ce qui était interdit "

.pendant la guerre, j'avais dix ans, mais depuis mon jeune âge, j'allais souvent
chez Croteux (près de la Chapelle). Entre 40 et 45, les gens de Liège, surtout les
femmes venaient se ravitailler en campagne. Elles préféraient l'arrêt de Villers à la
gare d'Avennes ou à celle de Hannut, à cause des contrôles. Comme à Villers l'arrêt
était facultatif, c'était plus discret Elles venaient le matin et allaient dans les cam-
pagnes de Moxhe, Ambresin, ou de Blehen, puis elles revenaient chez Crotteux. J'ai
vu de la farine, du cochon, du beurre, etc... On vidait la goutte (de la bonne!) puis
elles repartaient par le train, le plus tard possible, vingt-une, vingt-deux heures, pour
ne pas avoir d'ennuis avec les contrôleurs. Elles descendaient à un arrêt facultatif ou
jetaient les produits par la fenêtre avant d'aller les rechercher le lendemain. . Je me
souviens surtout des femmes, j'étais jeune, mais le vieux Crotteux avant qu'elles ne
retournent, il ficelait la nourriture autour de leur cou et de leurs cuisses, toujours pour
éviter les contrôles. Elles faisaient le trajet trois fois par semaine.. "

" .on était rationné, il fallait déclarer ce qu'on cultivait, on mettait toujours un
cochon de plus pour tuer Mais pour tuer le cochon, s'esteuf s'ton problème.. "

" .je me souviens, il était venu tuer le cochon à minuit avec un révolver, on avait
accroché le cochon à la maison sur une escabelle. Il y avait une grande chaudière
d'eau qui cuisait et on grattait le cochon, d'habitude on brûle un cochon. Je me
rappelle très bien, j'étais près de la porte avec un torchon "j'y ramaseuve l'éwe
qu'accorreuve", car il fallait de l'eau pour nettoyer. On avait un petit poêle en haut,
Tante Joséphine avait fondu le saindoux et fait la saucisse et le pâté de foie, enfin,
tout ce qu'on fait quand on tue un cochon..."

" .les bêtes réquisitionnées étaient conduites à Hannut et le fermier devait apporter
aussi du beurre. "

.pendant la guerre, personne n'a eu faim à Villers, les habitants avaient organisé
un système de ravitaillement parallèle. Mais je me souviens du défilé des "mendiants"
venant de Liège pour quémander du pain et des pommes de terre, qui allaient de
porte en porte. "

.les agriculteurs avaient décidé de vendre en plus du ravitaillement 50 kg de grain


par personne ou par ménage pour un an au prix du ravitaillement.. "

" .à l'école pendant la guerre, on distibuait, chaque mois un chocolat du ravitaille-


ment, il était mauvais!. "
Les décorés
LIBERATION
".,,quand on a appris que les Américains arrivaient, nous sommes partis ô
Hannut, il aurait fallu les voir, ces premiers américains, du convoi, c'était des
gens de grande corpulence, ils arrivaient en jeep, il y en a un qui m'a dit
qu'ils allaient à Huy..."

"...une nuit, très proche de la libération de Villers, les cloches se sont mises à
sonner à l'église, ma grand-mère s'est dit; "Mon Dieu, les Américains sont
là...", Madame Dawance qui habitait en face avait ouvert ses fenêtres, ma
grand-mère aussi! Elles criaient d'une fenêtre à l'autre "Ils sont là!, Ils sont là,
Eloïse, ils sont là Florence, sori-ez les drapeaux!" mais en fait ce n'était pas les
Américains, c'était les Allemands qui s'étaient saoulés et qui avaient cassé la
porte de l'Eglise pour sonner les cloches à toutes volées..."

"„.on attendait la libération avec anxiété, la nouvelle du débarquement


s'était répandue de bouche à oreille. Les Américains ont avancé, avancé, on
suivait sur la carte où ils étaient, on écoutait les postes anglais en cachette..."

"...à cette époque il est repassé des troupes allemandes nuit et jour, sur la
route de Huy, sur la vieille chaussée Romaine, des Allemands, des Allemands
et des chars..."

",..en attendant l'euphorie de la liberté, on avait confectionné des drapeaux


de toutes les nations, je me rappelle du drapeau américain, du drapeau
anglais, du drapeau français et bien sûr de notre drapeau belge. Ma tonte
cousait vite en cachette. On fermait toutes les portes et on commençait à
coudre les drapeaux. On avait très peu de tissus et on avait teinté tous ces
petits morceaux d'étoffe en rouge, en bleu comme il fallait pour les dra-
peaux..."

"...les premiers Américains que j'ai vus, j'ai pris le chemin qui va à Avennes
par le cimetière, c'est au dessus de cette route là que j'ai vu les premiers
Américains ô Villers.,."

"...vous voyez comme c'est bizarre, ils ont encore pris la vieille voie Romaine
qui va de Bavay à Tongres puis Maastricht et vers l'Allemagne, comme les
Allemands..."

il y a eu le bal de la libération, c'était une joie incroyable, chez Pauly et


dans la cour, on dansait , aussi dans la cour de chez Landrain. Tout Hannut
était venu au bal ô Villers. Il y avait foule, foule, foule! La salle à l'étage chez
Pauly vous n'auriez pas pu y mettre une personne de plus. On s'est amusé
jusqu'au matin, incroyable, je n'ai vu une ambiance pareille que le jour de la
libération ô Villers.. "
-49 -
"...après le bal, les Américains ont continué à avancer vers les Ardennes. Les
Américains ont dû reculer et ça a été la fameuse offensive Von Runsted. Il fai-
sait très froid..."

"...on s'est aperçu qu'il y avait un remue ménage sur la crête entre Lens St
Remy et Villers. On le voyait d'ici, de la rue de la Prôle. Nous avons appris que
c'était un hôpital de campagne qui s'installait, Le premier hôpital de cam-
pagne après la ligne de bataille de Bastogne..."

"...bien sûr tout le monde s'est précipité pour aller voir, c'était extraordinaire,
toutes ces tentes, il y avait une salle de chirurgie, et toutes les salles d'exa-
mens possible. Et ces pauvres blessés qui arrivaient en piteux état..."

"...on a tout de suite lié des relations d'amitié, c'était des Américains, méde-
cins, infirmiers. On leur apportait de la nourriture fraîche parce que ces
hommes ne mangeaient que des conserves...,"

"...on leur donnait du beurre, des oeufs, tout ce que nous avions de frais et en
échange, ils nous donnaient parfois du chocolat, c'était vraiment sensation-
nel...
Il

"...nous avons hébergé deux Américains, l'un d'eux se nommait George,


nous avons même fêté son anniversaire (ses 20 ans), le deuxième je ne me
souviens plus de son nom. Quand la guerre a été terminée, nous avons entre-
tenu quelques relations par écrit, George est même venu nous présenter son
épouse Isabelle qui parlait plus ou moins bien le français..."

"...le laboratoire de biologie relié à cet hopital de campagne est venu s'ins-
taller à l'école de Villers, plusieurs Américains y travaillaient.. "

"...nous avons logé deux Américains, Bill et Phil. Nous avons tout de suite sym-
pathisé avec eux, ils ont mangé à notre table, ma grand-mère les a accueillis
comme ses fils..."

"...quand ils sont repartis, je ne sais plus au bout de combien de temps,


quand la jeep est partie et a monté le chemin de la Prôle, les Américains
pleuraient comme des enfants et ma grand-mère aussi..."

"...Phil était biologiste, il est revenu nous dire bonjour après la guerre, une fois,
puis nous ne l'avons plus revu..."
DANSE X C CF1

".,.la fête au mois de juillet, il y avait un carroussel alors, et chez Pauly, on


dansait..."

"...chez Pauly, il y avait une salle en haut, c'était un violoniste ou un accor-


déoniste, une trompette aussi.."

"...on dansait aux cachets, il y avait un qui passait, on payait la danse 25 cen-
times ou 10 centimes, je ne sais plus..."

".,.les musiciens jouaient une première partie, puis quelqu'un ramassait


l'argent à l'arrêt. Et les musiciens achevaient le morceau..."

"„.c'est comme ça que le patron de l'établissement payait ses musiciens..."

"...pour augmenter les recettes, les musiciens écourtaient parfois les


danses,..."

"„.chez Stienne, on dansait aussi, La maison d'Yvonne Landrain, c'était un


café aussi...."

"...avant guerre, la famille Haling installait un manège de cheveaux de bois


tracté par un petit cheval. Avec l'électricité le cheval a été remplacé par un
moteur. Je m'en souviens parce que le cheval était dans une prairie à nous,
alors, j'avais un tour gratuit, Quand il n'y a plus eu de cheval, je n'ai plus eu
de tour..."

".„les familles Haling et Davin ont fait les fêtes à Villers pendant deux et trois
générations„."
— 51—
Fête des combattants
"...le souvenir qu'on a du mois de juillet, c'était bien, il y avait du beau et on
tirait les Tchampes..."

"...ça consistait à provoquer des explosions dans des récipients en fonte rem-
plis de poudre. On allumait avec une mêche. Il fallait se tenir à distance..."

"....quand il y avait un dimanche entre la fête à Villers et la fête nationale à


Hannut, les forains restaient. On disait que Li fiesse dureu deu aimegnes..,"

".,. à la fête du mois de novembre, il y avait une messe, une visite au monu-
ment et au cimetière. C'était pour les combattants..."

"...les enfants des écoles déposaient un bouquet sur chaque tombe de com-
battant,.."

"...la fête de novembre était plus intéressante parce que l'on dansait
dimanche, lundi, mardi. Le mardi, c'était tous des gens de Villers qui venaient
comme ils étaient, on buvait, on dansait, on s'amusait follement..."

"„.Moi, j'in s'aveu danser, mais j'aveu a homme qui v'zeuve bien danser les
autres..."

",..les jeunes filles venaient à la fête à Villers. Les deux fêtes, puis à la foire à
Hannut et puis c'était tout. De temps en temps chez une amie ou l'autre,
c'est tout ce qu'elles avaient comme plaisir..."

"..,au bol, elles étaient souvent accompagnées de leur mère. Si la mère avait
l'air rébarbatif, la fille faisait souvent tapisserie„."
",..j'avais sept ans quand ils ont démoli le château, je vois encore les pans de
murs qui restaient et je me souviens de mes sentiments, de ma tristesse à voir
disparaître le château et les superbes hêtres pourpres qui l'entouraient. Avec
le château, le porc, les jardins et la chapelle un peu plus tord, c'est un paysa-
ge de mon enfance que je perdais„."
LE BEAU CHATEAU DE VILLERS-LE-PEUPLIER
N'EXISTE PLUS: IL A VECU 65 ANS

...Comme tous les malades, il mourut construire pour l'habiter peu de temps,
sous une clinique... il eut alors comme propriétaire M. le
Comte de Woot de Trixhe, puis M. De
Waele.
Vinrent alors les familles Poncin qui en
Lorsqu'on évoque le beau château de firent l'acquisition. M.Georges Poncin
Villers-le-Peuplier, on sent ses pensées y passa sa vie et y mourut, son frère
se tourner vers les belles ,familles qui y l'habita en y élevant sa .famille.
vécurent. Le château, après le départ de ces der-
Le château qui était, cependant d'une niers vécu dans l'oubli, ce n'est que par
très bonne architecture, sans être l'association de docteurs et chirurgiens
romantique, rehaussait le prestige de la que l'on fit du château une clinique.
belle petite commune de Villers-le-Peu- Celle-ci ne résista pas longtemps.
plier. Le château, encore une fois, fut aban-
Il y avait cette jolie allée de grands donné. Et, voici que 65 ans après, mou-
arbres telle une charmille que l'on rant de la belle mort, après avoir servi
appelait plus familièrement la drève" d'hôpital, qui fut son dernier linceul, le
terme plus connu par la population; on château eut comme propriétaire
avait accès au château par les chemins M.Lambilotte entrepreneur à Odeur.
de contours. Comme les amateurs n'affluaient pas,
Les grands parcs, le petit chalet, la cha- M. Lambilotte, plutôt que de le voir
pelle, les écuries, le petit bois tout cela tomber sur ses cendres, commanda des
agrémentait les propriétaires. démolisseurs.
Situé au centre du village, à quelques Et c'est de leurs pics, leurs bâches,
minutes de Hannut à très peu de . distan- leurs marteaux, que le château s'effon-
ce d'une gare, à quelques mètres d'une dra.
grand route, il ne manquait réellement Alors, dans son dernier râle de la mort,
à ce château qu'une longue existence. il ensevelit deux malheureux ouvriers,
Elle fut courte, malheureusement, et à puis d'autres l'achevèrent à son tour et
vrai dire, pour les quelques argents du château , il ne reste plus une brique
qu'il fut vendu, c'eût été un beau geste debout.
de le voir la propriété de la commune Hélas, les plus belles choses ne vivent
de Villers-le-Peuplier dont il faisait tout pas.
le charme. On aura donc rien fait, pour
le sauver de la pioche des démolisseurs. J.D
Ce beau château, dont les habitants de
Villers étaient si fiers, ne date pas de si (article paru en 1934 lors de la démolition
longtemps. En 1869 M. Delpierre le fit du château).

55—
Classe de M, Mciyeur 1979
SOUVE S TC LE
" .en 1919, voici repris aux archives de l'école des infractions d'élèves qui
valent une sanction plus ou moins grave du maître:
M.C: a été rencontré dans un café et leçons d'histoire non sues
MM: arrivée tardive le 7/11, idem le 10/11
P,M: a fumé des cigarettes
L.J: a poussé dans les rangs
L.L. a frappé une chêvre
" ": joue et ennuie ses cammarades de classe
Tt mauvaise conduite, idem le 28
met des surnoms à ses camarades
L.J: renvoi pour punition non faite
P,M: mauvaise conduite en rue
L.0: dénicheur' 5 points supprimés
H.S: mauvaise conduite-jet de pierres (5 points supprimés)
L,0: montre les nids et bataille (10 points supprimés), "

" .la première fois que j'ai été à l'école, j'avais six ans. Je connaissais A.G plus
âgé que moi, alors je suis partie avec elle j'ai été impressionnée de voir l'insti-
tutrice Madame Bertho, elle était habillée avec une jupe jusque ses pieds,
un petit tablier qui lui allait très bien, "

" ..les filles étaient séparées des garçons, il y avait plus de garçons que de
filles,. "

" .dans la cour, il y avait un mur pour séparer la cour des filles de celle des
garçons. Comme la réserve de charbon était entre les deux cours, la femme
d'ouvrage devait sortir de la classe et revenir par devant avec le charbon
pour l'autre classe, "

eil y avait deux escaliers et une balustrade pour les séparer. A gauche,
c'était l'école des garçons, et à droite celle des filles, On a enlevé la grille sur
les escaliers pour construire le monument "

" ,l'institutrice nous a appris à lire, compter mais elle ne nous forçait pas, elle
prenait le temps qu'il fallait pour que nous comprenions. "
—57 —
1958: Classe de Madame BRU VIER
De gauche à droite en commençant par la gauche:
1 er rang: Armande STREEL- Jeannine DELLEUZE- Luce FORCEILLE- Elianne
LARUELLE- Annette WAUTELET- Annie FRAITURE
2ème rang: Gisèle HOUGARDY- Marie-Jasée LISEIN- Milou HOUGARDY- Dany
MAYEUR- Maguy LIBIN- Yvette DANTOINT- Myriam DEBRAS- Nicole STREEL
3ème rang: Nicole PAULY- Marie-Jasée DINGENEN- Liliane NAPEN- Marie-Clai-
re DEBROUX- Léonie DEBRAS- Nadine THONON- Annick SCOUFFLER- Colette
WAUTELET
Devant: Chantal WAUTELET- Hélène MATERNE- Palmyre MINSART- Myriam
PREUDHOMME- Lisette DEBROUX- Nicole DELWICHE

— 58 —
"...on a été à l'école avec M. [heureux, Le maître d'école était sévère, il
avait une latte de 50 cm sur son bureau, si tu remuais trop, il lançait la latte
puis disait "rapportez la moi mon fié", on recevait deux ou trois fois sur les
fesses et on ne devait pas se plaindre..."

_pendant l'année scolaire, les enfants se réunissaient devant l'école avant


la rentrée de 13h30, dès qu'ils avaient avalé leur dîner, et jouaient sans dan-
ger sur la rue où il ne passait pas de voitures automobiles, Il est arrivé que pris
par les jeux, nous nous écartions tellement loin de l'école, que nous ne
sommes pas rentrés à temps à 13H30, la semonce de Miheureux, châtiments
corporels à l'appui nous a corrigé définitivement de cette insouciance de
l'heure..,"

"...le 16 mars 1917 sont inscrits à l'école des garçons de Villers, 13 enfants
d'évacués français originaires de la commune de Fressain (Département du
Nord), dont Oscar Dupas, resté à Villers. Treize nouveaux garçons sont arrivés
en février 1918. Le registre signale leur rapatriement en mai 1918.„"

"...comme matériel, nous recevions un petit cahier à 2 lignes, un crayon, une


touche et une ardoise..."

"...les punitions consistaient en 100, 200 lignes, Parfois, on restait 15 ou 10


minutes après les autres. Il fermait la porte à clef pour ne pas qu'on soit tenté
de s'enfuir, il allait boire un café chez lui puis revenait et disait "fouttez-moi le
camp!"..."

y avait souvent des bagarres entre ceux qui habitaient la route de Huy et
ceux de la Chapelle...,"

"...1925, pour circonstance exceptionnelle: participation à des travaux saison-


niers, les absences étaient tolérées. Notes reprises aux registres des présences:
Mai: démarriage des betteraves, Plantation des pommes de terre, Binage des
betteraves. Juin: Echardonnage, Démolition de l'habitation. Juillet: Betteraves
et Pommes de terre. Août: Glanage, Moisson chez sa tante (veuve)..."

"„la maladie n'épargne personne! Le 28.4.1939: le médecin inspecteur scolai-


re note à la fin de son rapport mensuel: "Ayant été malade pendant un mois,
je n'ai pu faire la visite des classes du mois de mors 1939." Transmis à Monsieur
le Bourgmestre..."
"..."Monsieur l'Instituteur, mon fils n'est pas venu à l'école parce qu'il a eu la
diarrhée, et avec ça, je vous salue."„."

".„1915. L'autorité scolaire était soucieuse d'inculquer dès l'école primaire


des habitudes de respect des personnes et des choses, Les élèves s'inscri-
vaient à des oeuvres éducatives, telles: la société de mutualité, la société de
tempérance, la société de protection des animaux, de protection des monu-
ments publics, de protection des plantes, etc...
Les listes étaient tenues à jour minutieusement.

Exemple: liste nominative des élèves qui ont pris part à la destruction des
insectes nuisibles avec indication du nombre d'insectes détruits par chacun:

Extrait

NOMS RESULTATS

Leclerq 1 guêpe, 1 bourdon


Delleuze 2 bourdons, 3 guêpes, 208 fourmis
Preudhomme 10 mouches
Materne E et L 8 escargots
Defooz et Dubois 187 vers
Beguin F bourdons et pucerons
Mayeur M. 3 papillons
etc..,"
D Kir

ne peut évoquer la vie d'autrefois sans évoquer la langue de nos


grands parents: le Wallon,
Le Wallon, ils l'ont appris en écoutant les vieux parler de leurs joies, de leurs
peines, de leur travail de leurs outils et de leur bétail,
En Wallon, ils ont pensé, ils ont parlé, ils ont vécu.
La preuve dans la réplique de notre concitoyen Zénobe Gramme méditant
sur le phénomène électrique et apparaissant distrait répondait à son épouse
inquiète : "Dji tûse, I-lortense."

C'est to tûsant qu'on z'a trouvé pou qui sû.,.


On oyez-v dire:

En Wallon
Traduction littérale
Interprétation usuelle

Cwand i plou su l'curé, i gote su I'marli


Quand il pleut sur le curé, il goutte sur le sacristain
Quand un chef est honoré, son adjoint en profite aussi

C'est todi l'cwèpi l'pu ma châssi


C'est toujours le cordonnier le plus mol chaussé
l'artisan se sert en dernier

I compte l'ou è cou del paye


Il compte sur l'oeu-f avant qu'il ne soit pondu
Il compte sur un bien qu'il n'est pas certain de recevoir

Il o li pougn dju
Il o le poing coupé
Se dit d'un joueur qui o perdu tout son argent

On cwerba ni s'écopele ni avou me aguesse


Un corbeau ne s'accouple pas avec une pie
S'ils sont amis, c'est qu'ils ont les mêmes goûts

El li sèrvéve à pid bah'


Elle le servait à pied baisé
Elle faisait toutes ses volontés avec soumission
— 61 —
H n'a môye ton d'jôbes qu'é l'août
Il n'y a jamais autant de gerbes qu'en août
Il faut profiter de l'abondance passagère d'un bien pour se servir

Cou qui vint d'poye fô qui grette


Ce qui provient de la poule il fout qu'il grotte
On a les habitudes de ses parents. Tel père, tel fils,

I touwreu on piou po aveur li pia


Il tuerait un pou pour avoir la peau
Il est vraiment fort avare

Quand on vou batte on tchin on trouve todi on boston


Quand on veut battre un chien, on trouve toujours un bâton
Quand on veut dire du mal, on trouve toujours des arguments

On dit bin bosse messe divin me gronde église


On dit bien messe basse dans une grande église
Se dit quand on choisit trop grand pour le besoin

Il a sti horbou
Il a été évincé
On lui o coupé l'herbe sous le pied

Cwand l'Ioach è vude il pourçè grogne


Quand la mangeoire est vide, le porc grogne
Quand un rustre n'a pas ce qu'il espère, il se fâche

Il a me aregne è plafond
Il a une araignée au plafond (cerveau)
Il déraisonne

I n'a me moche è l'ôrlogde


// a une mouche dans l'horloge
Quelque chose ne tourne pas rond

C'est l'trazinme coçet


C'est le treizième porcelelet (il n'a pas souvent place au pis)
C'est le dernier venu, il doit se contenter des restes

H a tchi divin mes bottes


// a fait ses besoins dans mes bottes
Il m'a fortement offensé

Deux pôves qui s'aidaient, li bon Diè en'è reye


Deux pauvres qui s'aident, le bon Dieu en rit
Deux pauvres qui s'aident, le bon Dieu est content
- 62 -
El a fait Sinte Marie el may
Elle a fait Sainte Marie dans la male
Elle a fait sa pâte beaucoup trop liquide

Si on magne les cougnous ô solo, on magnrè les cocagnes è coulot


Si l'on mange les cougnous ou soleil, on mangera les cocognes au coin du
feu
S'il fait beau à Noël, il fera froid à Pâques

Bihe ô Pâques, bihe à Sinqwème


Bises à Pâques, Bises à la Pentecôte
Idem

Si tone ô môsse li cultivateur a hôss


S'il tonne en mars, le cultivateur est en danger
L'orage de mars met les récoltes en danger

Cou qu'il/solo remagne dè djou li djôle el ritchi del nè


Ce que le soleil remange le jour; le diable le refait la nuit (en hiver)
En hiver, ce que le soleil dégèle le jour, regèle pendant la nuit

Del nive sa des brous, del djaleye divan trwès djous


De la neige sur de la boue, du gel avant trois jours
S'il neige sur de la boue, il gèlera avant trois jours

Cou qui n'cu ni par mi pou broulé po me ôte


Ce qui ne cuit pas pour moi, peut brûler pour un autre
Que chacun surveille ses "affaires" sans compter sur autrui

Il a todi me pèce po mettre ô trô


Il a toujours une pièce pour mettre au trou
Il trouve toujours une excuse ou une réponse à tout

Il est comme on tchè sa des tchôtès sintes


Il est comme un chat sur des cendre chaudes
Il ne tient pas en place tellement il est inquiet

Il est tourné è hô disimame


Il est tombé dans le giron de sa maman
Il a obtenu une situation vraiment intéressante

,„n'a co, min c'est ta!


Les femmes rurales

— 64 —
Au village, tout le monde (ou presque) avait un surnom. Que personne ne soit
offusqué! Qu'on nous pardonne! Mais nous avons essayé de nous rappeler le
nom des vieux et anciens de notre village bien-aimé.

Amon l'Gutch, Amon Tonne chapelle, Amon Adam, Amon Binaire, Amon
Docquir, Amon Olga Faro, Amon Joseph Triffou, Amon Stienne, Amon Popu-
laire (au Bien-être); à la Place de l'Eglise.

Amon Meyen, Amon Lambert, Amon Vigneron, Amon l'gros Betch, Amon Bar-
ret, Amon Tito, Amon Simau; à la rue de la Crosse.

Amon rocha, Amon l'Clerc, à la rue du Puits

Amon Tatar Polain, Amon Gaby Danheu, Amon Maria d'y mon Baye, Amon
l'caporaal, Amon Celine d'y mon Créa, Amon Paula d'Mon l'Facteur, Amon
Gyllope, Amon Pepeye, Amon Batis Moray, Amon Aline Modesse, Amon Jan-
homme, Amon IVIathy, Amon P'tit Chuur, Amon Lizet, Amon Techeur; à la rue
de Villers

Amon Ganache, Amon Door, Amon 1/Créa, Amon Weye, Amon Li Pitit Doyen,
Amon Rich; à la rue Dieu le Garde.

Amon Vanderbelle, Amon Catoul; au quartier de la Chapelle.

Amon Bourlotte, Amon l'Rotche, Amon Chauchet, Amon Hinri Cousaque,


Amon l'Baya, Amon Boot, Amonl'Blanc mon Lizet; à la rue de Moxhe.

Amon Teteye, Amon Lockus, Amon Crotteux, Amon Gaudy, Amon Zante d'y
mon Créa, à la rue d'Avennes.

Amon Taaw, Amon coco, Amon Tolet, Amon Bey Hinri, Amon Moorly; rue des
Ruelles
— 65 —
Amon Beja, Amon Paya, Amon Thonon, Amon Armand, Amon Fissette, Amon
l'Blanc, Amon Pyotte, Amon gros Garot, Amon Léon Libotte (ancien cabaret
et marchand de houille), Amon d'Jet Bully, Amon I'Mouny, Amon Delarbre,
Amon Michau, Amon Nanan, Amon Collaye, Amon Boygne Chaarly, Amon
Janne (ancien cabaret, chanterie de coq); à la route de Huy.

Amon Christiciens, Amon l'Clou, Amon Riette, Amon Tchontchet; à la rue de


Liège,

Amon Pierre, Amon Manus, Amon Guidou, Amon Michau, Amon Warnant,
Amon l'Genercial, Amon Cornelis, Amon Jeanne Pounna, Amon Georges
Bully, Amon Steukers; à la rue de Blehen.

Amon Keepy, Amon Perou, Amon Baïe, Amon Bertha Joly, Amon mater (ali-
mentation générale), Amon Maarly Camille, Amon Bydo di mon la Crwé,
Amon Franchiss, Amon Pierre Pecket, Amon Touty, Amon Cicile, Amon Li Ftit
Clerc, Amon Jaojet, Amon Cousaque, Amon Léon Vignol Amon Pilaire, Amon
L'Boutchis ( la boucherie, Amon Let-Let, Amon l'Gutch (tailleur pour hommes);
à la rue de la Prâle.
RFVER IL—
T
L
MEN- S

Ce livre est un travail collectif, réalisé par:

Françoise DETHIER-JONNART, Annie DANTOINT-GENICOT, Marcelle DUCHESNE-


THONARD, Pascale FONTENEAU, Raymond BARBAY, Joseph GEUNS, Chris-
tophe HOUGARDY, Maurice MAYEUR.

Nous tenons à remercier:

Cécile MOISSE, Georgette DEFOOZ, Prudence WILLEM, Marie-Louise LACAN-


NE, Jean HANQUIN, Maurice MATERNE, Albert WAUTELET, Charles HOUGARDY,
Florent ISTA, Germaine et Lambert HOUGARDY, Gérard SALMON, Gilberte et
Alfred DASSY, Rosa et Jules GILSOUL qui nous ont ouvert leur porte et leur
mémoire, ce sont leurs souvenirs que vous venez de lire, qu'elles, et ils en
soient encore une fois vivement remerciés,

Ainsi que:

Jenny BOLLY, Marthe DANTOINT, Jean-Paul DEPLUS, Luc LARUELLE, Daniel


PANIS, G. LECOCQ, Roger VANDEROOST, Le Service des Affaires Culturelles de
la Province de Liège et Patrick MOERS,
AVANT-PROPOS

INTRODUCTION

AUTREFOIS UN VILLAGE

AU BIEN ETRE ( les commerces)

LA CAMPAGNE ( l'agriculture)

ON NAISSAIT ET ON MOURAIT AU VILLAGE (vie quotidienne)

L'ENCENSOIR ( la religion)

LE TOURNIQUET DES SENTIERS DISPARUS (routes et communication)

LA GUERRE

LA DANSE AUX CACHETS (les fêtes)

LE BEAU CHATEAU DE VILLERS-LE-PEUPLIER

SOUVENIRS D'ECOLE ( l'enseignement)

..,NA CO, MIN C'EST TOI (la langue)

LES SURNOMS

REMERCIEMENTS
Photo couverture : Patrick Moers

Achevé d'imprimer le 10 août 1993


Edition de l'Aronde Avin-en-Hesbaye
D/1993/6688/02
C'est parce que les soCiyenirS se gravent dons la
mémoire enrobés dé sentiments que nous avons choisi
de raconter notre village avec des mots, des tournures
de phrases ou des anecdotes que l'on ne trouve pas
habituellement dans lès livres d'Histoire,
Vous croiserez la Gronde Histoire, mais aussi les joies, les
sourires et les peines des habitants de Villers-le-
Peuplier.

A ceux qui n'ont pas connu le Mers d'hier, à ceux


qui feront le Villers de demain, que ce livre demeure
comme une mémoire de nos rues, de nos compagnes,
de notre Village et de ceux qui l'ont habità

t"."

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