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Table des matières

Livre premier : Liège

Chapitre 1 : Liège, de sa naissance à nos jours


Chapitre 2 : Les événements qui ont marqué son Histoire
Chapitre 3 : Les symboles liégeois
Chapitre 4 : Les villes de notre belle province
Chapitre 5 : La Liégeoise de Namur
Partie 1 : L’université de Namur
Partie 2 : La liégeoise de Namur
• Des Grands Maîtres
• Du Comité
• Des récompenses liégeoises
• Des Ordres
• Des autres régionales
Chapitre 6 : Le folklore liégeois
Chapitre 7 : Les spécialités culinaires

Livre second : La Calotte

Chapitre 1 : Le couvre-chef
Chapitre 2 : Son Histoire
Chapitre 3 : La calotte en Belgique
Chapitre 4 : Le passage de calotte
- L’interview
- La corona
- les chants

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Introduction
Un pays fruit de son passé, fait par ses habitants.
Comment peut-on se revendiquer de Liège ? Liège capitale déchue, centre économique dévalué,
commune récemment célèbre pour son éclatante déconfiture financière, cité provinciale
incapable de s’imposer fût-ce comme capitale régionale et réputée pour ses scandales dont,
pourtant, elle n’a pas le monopole... La question mérite peu qu’on s’y attarde : Fatalitas !
s’exclamerait Chéri Bibi.
Mais prometteuse est la tentative d’esquisser le portrait véridique de Liège à travers ses
particularismes : ceux de quelques-uns de ses bons enfants et des paysages qu’ils aiment.
Parlons donc des Liégeois et de leur pays en écartant délibérément les titulaires de hautes
fonctions officielles, les porte-paroles d’institutions qui n’ont que trop l’occasion de s’exprimer
par la langue de bois, de s’afficher pour une brève gloire.
Voici les Liégeois tels qu’en eux-mêmes l’éternité les change. Les voilà tels qu’ils s’affirment
et s’affichent dans l’ingénierie, l’histoire industrielle, le cinéma, la recherche, la religion, la
culture, le travail manuel, le goût du rêve.
Frondeuse, audacieuse, gracieuse : celle que j’aime, moi non plus.
Dans un vieux ‘‘Guide de Liège avec plan’’ qu’il préfaça, le joliment prénommé Olympe
Gilbart, ancien échevin, égrène l’histoire de sa ville, porteuse de tous les motifs de cette fierté
qui émeut tellement les habitants de l’ardente Cité... et énerve tellement tous les autres. ‘‘Ville
de Charlemagne, détruite par les Normands; cité des princes-évêques que Charles le Téméraire
saccagea ; ville du Perron, emblème des libertés communales ; capitale de la Wallonie ; porte
des Ardennes ; Ville au nom léger, au cœur lourd ; Liège accueillante, fraternelle, binamêye ;
sentinelle vigilante aux marches septentrionales de la latinité.’’
À ce florilège pompeux, l’étranger préférera la formule de Grétry : ‘‘Je suis né au pays des
bonnes gens.’’ Bonnes gens. Utilisé par tout autre qu’un Liégeois pur sucre, l’expression
pourrait paraître vexante. C’est celle, pourtant, qui vient d’abord à l’esprit de celui qui, né au
bord d’un autre fleuve, est appelé à parler ‘‘des Liégeois’’. Sortant des Guillemins,
‘‘l’étranger’’, d’où qu’il vienne (Bruxelles, Anvers, Verviers), a le sentiment vrai d’être
ailleurs. Un sentiment rare, en définitive, à une époque de mondialisation; un sentiment que
l’on éprouve, par exemple à Marseille ou à Naples.
La comparaison est facile, sinon douteuse. Dans ces trois villes pourtant, le beau côtoie comme
nulle part ailleurs le délabré. Dans les trois cités, on a quelques règles de conduite : la fierté
d’être ‘‘différent’’, l’amour de la liberté, le goût de la joute et de la fronde, un attachement
viscéral et souvent excessif à une ‘‘famille’’ multiforme : fratrie, réseau, clan. Ici ou là-bas la
‘‘nation’’ s’arrête aux portes de la ville et le ‘‘nationalisme’’ est virulent. Dans les mots, jamais
dans les actes.
Quant ‘‘l’étranger’’ s’en retournera d’où il est venu, le Liégeois lui tendra donc une main
chaleureuse et - c’est frappant - lui dira : ‘‘Amusez-vous bien’’, plutôt que ‘‘Portez-vous bien’’.
Car il y a à Liège un goût rare pour le plaisir. La ville est bel et bien la seule héritière belge de

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cette civilisation latine, qu’elle revendique et qui est le berceau de sa vie. À la prétendue légèreté
des Latins, Liège a ajouté sa maîtrise de l’outil et de la matière. Le plus frappant, pourtant, c’est
qu’une ville à ce point marquée par un passé glorieux, un présent douteux et un futur anxieux
garde au cœur cet indicible mélange de bonhomie, d’audace et de grâce.
Tchantchès, son enfant symbole, apostrophe Dieu lui-même avec désinvolture et sa statue a été
édifiée dans un quartier où, disent d’indécrottables Liégeois, on s’apostrophe encore en
s’appelant ‘‘fré’’ ou ‘‘soûr’’. C’est sans doute cela le vrai symbole de la Cité ardente. Tout
‘‘étranger’’ qui y a, un jour, mis le pied, aimerait que ce symbole ne soit pas plus longtemps
masqué par les images, vraies ou fausses, d’une ville douteuse, corrompue, accablée.

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Livre premier
Liège

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Chapitre premier :
Liège, de sa naissance à nos jours

500.000 acn
C’est dans la province de Liège, à Sprimont, que se situe le témoignage le plus ancien d’une
présence humaine en Belgique.

250.000 à 40.000 acn


D’autres traces à différents endroits sur le pays de Liège remontent à 250.000 et de 100.000 à
10.000 ans. Sur ce qui est devenu la place Saint-Lambert, au de cour de la ville de Liège, des
fouilles ont permis de retrouver des vestiges du Paléolithique moyen datant de plus de 50.000
ans ! Ceci ne témoigne pas nécessairement d’un habitat mais en tout cas du passage de
chasseurs.

40.000 à 10.000 acn


Des fouilles ont révélé une activité humaine pendant cette période à plusieurs endroits du pays
de Liège.

8500 à 5500 acn


Sur le site de Liège, on a retrouvé des traces d’activités domestiques du Mésolithique. Plus tard,
le site sera aussi occupé par les agriculteurs « ouraliens ». Cette présence humaine, fût-elle peu
nombreuse, semble s’être prolongée pendant des siècles puisque l’on a aussi retrouvé, à cet
endroit précis, les restes d’une villa gallo- romaine dont on a plus ou moins reconstitué les
plans. Les restes de cette ferme-villa ont manifestement été utilisés pour d’autres constructions.
Il faut dire que la nature a joué un grand rôle dans le destin de la ville de Liège en favorisant la
création d’une cuvette gardée par quatre collines et entourées de forêts de l’Ardenne, de la
solitude du plateau des fagnes des marais et des sables de la Campine, de la forêt charbonnière,
des étangs et taillis de la Marlagne avec, près du centre, les terres fertiles de la Hesbaye.

342 : Saint Servais est évêque de Tongres.


C’est le premier évêque de Tongres et même de Belgique. Le diocèse de Tongres deviendra,
celui de Tongres-Maastricht avant de devenir le diocèse de Liège-Maastricht puis celui de
Liège.

705 : Assassinat de l’évêque Lambert, évêque de Tongres-Maastricht.

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714 : Hubert.
Futur saint, successeur de l’évêque Lambert, il fait revenir à Liège, dans une église construite
sur le lieu du massacre, les restes de Lambert. C’est l’occasion d’un immense cortège, dont la
relation est parvenue jusqu’à nous. Une basilique est construite sur l’emplacement du premier
oratoire. Cette basilique est transformée en cathédrale lorsque l’évêque Hubert décide de
transférer le siège du diocèse de Maastricht à Liège.

770 : Charlemagne célèbre les fêtes de Pâques à Liège.


Charlemagne serait né à Jupille, près de Liège, là où se trouvaient les demeures des Pippinides
(nobles francs d’Austrasie). Il séjournait souvent à Liège où il lui arrivait d’assister aux fêtes
de Pâques et de Noël.

843 : Traité de Verdun


Quelques années après la mort de Charlemagne en 814, le traité de Verdun partage l’empire
entre ses fils. L’aîné, Lothaire, garde le titre d’empereur et reçoit la partie centrale de l’empire
qui s’étend de la mer du Nord à la Lombardie en passant par la Bourgogne. Ses possessions
englobent aussi Aix-la-Chapelle. À la mort de Lothaire, son fils, Lothaire II, hérite de la région
entre la mer du Nord et le Jura et lui donne son nom. C’est la Lotharingie dans laquelle se trouve
le diocèse de Liège.

881 : Les Normands.


Une des raisons qui conduit Hubert, évêque de Tongres-Maastricht, à faire de Liège le siège de
son diocèse est que Liège est mieux préservée que Maastricht de la fureur des invasions
normandes. Mais les Normands n’épargnent pas Liège pour autant et, en 881, ils pillent la ville
et massacrent de nombreux habitants.

980 : Le diocèse devient Principauté.


Les possessions du diocèse de Liège feront bientôt de l’évêque un véritable prince, et de Liège
une prestigieuse capitale hérissée des clochers de ses collégiales, de ses églises et des tours de
sa cathédrale. Notger est confirmé dans tous ses biens, des biens dignes d’un prince, accordés
par l’empereur Otton II. Le pouvoir civil et religieux étant détenu par une seule et même
personne.

1196-1200 : La Charte d'Albert de Cuyck.


Aux environs de 1196, le prince évêque Albert de Cuyck signe une charte qui confirme un
ensemble de droits et de libertés qui concernent les bourgeois, les ‘‘citains’’ comme on les
désigne déjà depuis 1185. Cette charte constitue le prologue à la naissance d’une sorte de
conseil communal avant la lettre.

1213 : La bataille des Steppes.


Longtemps, dans la principauté de Liège, le 13 octobre était une fête nationale. Pendant des
siècles, elle fut considérée comme telle. Elle commémorait la victoire remportée par les
Liégeois sur les Brabançons. En 1212, le duc de Brabant avait envahi la Principauté, mettant sa
capitale à feu et à sang. Après quoi ses troupes rentrèrent à Louvain, fières de leur victoire.

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L’évêque Hugues de Pierrepont résolut de venger son pays. Il répara les fortifications et leva
une armée. La rencontre eut lieu en Hesbaye au lieu-dit la ‘‘Warde des Steppe’’. Les Liégeois
remportèrent une victoire éclatante et le duc de Brabant dut venir à Liège faire ‘‘acte de
repentir’’. Pour les Liégeois de l’époque, c’est bien une nation, leur nation, qui avait vaincu
l’ennemi.

1312 : Le Mal Saint-Martin.


Depuis 1303, rien ne va plus entre les ‘‘Grands’’ – c’est-à-dire les patriciens, les bourgeois, une
nouvelle classe riche qui aspire à la noblesse et à la chevalerie – et les aristocrates et les
‘‘Petits’’, c’est-à-dire les représentants des métiers et les représentants du peuple au conseil de
la Cité. En 1312, à la mort du prince évêque Thibaut de Bar, les chanoines de la cathédrale
décident de nommer un régent, un mambour, en attendant l’élection d’un nouvel évêque. Tandis
que les « Grands » craignent, comme cela arrive de temps en temps, une alliance entre les
chanoines (ceux qui se méfient de la puissance de l’aristocratie) et les ‘‘Petits’’ ; les ‘‘Petits’’
veulent affirmer leur pouvoir et décident subitement d’aller mettre le feu à la halle des bouchers.
Le peuple se mobilise et, avec l’appui des chanoines, court sur la place du Marché où les
‘‘Grands’’ sont réunis. Ceux-ci se replient sur les hauteurs de Liège où se trouvent la collégiale
Saint-Martin et une porte de la ville (ce qui représente une issue vers les campagnes). Mais des
hommes venus de Vottem et des mineurs venus du quartier de Saint- Marguerite prennent les
‘‘Grands’’ à revers. La porte de la ville est fermée par un allié des ‘‘Grands’’ qui les trahit. Pris
de panique, ils se réfugient dans la collégiale. Mais le peuple, dont la fureur est accrue par les
pertes subies, et notamment celle du Mambourg et d’un chanoine de ses parents, entasse des
bottes de paille autour de l’église et y met le feu en trucidant ceux qui tentent de s’échapper.
L’église brûle entièrement avec ceux qui s’y étaient abrités. Dans le langage populaire,
l'événement est resté sous le nom de ‘‘Mal Saint-Martin’’. Plus de deux cents patriciens ont
péri et parmi eux presque tous les échevins. Cet épisode dramatique est un de ceux qui balisent
l’histoire de la Principauté.

1312 : La Paix d’Angleur.


Après le Mal Saint-Martin, il a bien fallu négocier : la paix sera signée à Angleur. Cet accord
prévoit que désormais, pour faire partie du conseil des jurés de la cité, les patriciens doivent
s’inscrire dans une corporation de métiers. Dès cette année-là, les ‘‘gouverneurs’’ des métiers
siègent dans le conseil.

1316 : La Paix de Fexhe soumet l’évêque au cens du Pays.


Au terme d’un conflit qui opposait le prince évêque Adolphe de la Marck à une véritable
coalition qui rassemblait le peuple de plusieurs villes de la Principauté, des patriciens et
aristocrates, fut signé, à Fexhe, un document très important connu sous le nom de ‘‘Paix de
Fexhe’’ et généralement considéré comme le point de départ de la Constitution du Pays. Il
soumettait le prince évêque à une sorte de commission juridique dont il faisait partie et qui
regroupait trois états (clergé, citains et noblesse). C’est la base de la Constitution du Pays de
Liège, ce qui n’empêchera pas de nombreux conflits entre le prince et la Cité.

1355 : Fin de la guerre entre les Awans et les Waroux.


Il aura fallu 45 ans et des centaines de morts dans la chevalerie liégeoise pour que cesse une
véritable vendetta opposant les familles hesbignonnes des Awans à celle des Waroux.

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Déclenché par une histoire d’amour, ce conflit se termina grâce aux efforts du prince évêque
Adolphe de la Marck, et par la naissance d’une autre histoire d’amour.

1373 : Institution du Tribunal des XXII.


Conformément à la Paix de Fexhe, c’est le ‘‘Cens’’ du pays, qui a le droit de maintenir ou
modifier la coutume. Le 2 décembre 1373, une juridiction – la première en son genre – est
établie : elle a fait et fait encore l’admiration de tous ceux qui se font les champions de la
démocratie. Pourtant, on est au Moyen Âge sous un régime dont le pouvoir spirituel et temporel
reste encore dans les mains d’un seul homme. Ce Tribunal instaure la responsabilité des agents
de l’autorité épiscopale et peut mettre en cause l’irresponsabilité du prince. C’est le Chapitre,
les nobles, les représentants de la Cité et des bonnes villes qui élisent les 22 membres du
Tribunal. Leur mission est de juger les officiers épiscopaux accusés de prévarication.

1408 : Bataille d’Othée et sentence de Lille.


Déjà en 1407, un conflit s’était mal terminé pour les Liégeois qui avaient décidé de ‘‘déposer’’
leur prince, Jean de Bavière, un homme autoritaire et dépravé. En mai 1408, les Liégeois
reprennent les armes et mettent le siège de Maastricht où s’est retranché Jean de Bavière. Le
siège prend fin précipitamment lorsque les Liégeois apprennent que des renforts arrivent à la
rescousse de Jean de Bavière. Le 23 septembre 1408, c’est le début des hostilités. Les Liégeois
manquent de stratégie mais non de courage, et le sort de la bataille – avec des forces pourtant
incomparables tant sur le plan du nombre que celui du professionnalisme - sera parfois indécis.
Mais, en fin de compte, les forces conjuguées des Français, Bourguignons, Bavarois, Flamands,
Picards, Normands, Ecossais, sous les commandements du Duc de Bourgogne Jean-Sans-Peur,
de Guillaume d’Orange, des comtes du Hainaut et de Namur, du comte Alexandre Stuart auront
raison des milices hétéroclites liégeoises. La répression des vainqueurs – le Duc Jean-Sans-Peur
en tête – sera terrible. L’élu de Liège, Jean de Bavière, peut, le 6 octobre, faire son entrée
officielle dans ‘‘sa’’ capitale. La Bataille d’Othée est suivie d’une terrible ‘‘Sentence de Lille’’
qui, pendant quinze ans, supprimera toute velléité d’activités politiques et militaires.

1465 : Bataille de Montenaken.


Les milices liégeoises sont écrasées par les troupes bourguignonnes.

1468 : Sac de Liège par Charles le Téméraire et Louis XI. Le Perron est emporté à Bruges.
En 1456, la Bourgogne qui, depuis longtemps, veut mettre la main sur la principauté de Liège
– pour constituer un état puissant entre la France et l’Empire Germanique – réussit à faire élire
sur le trône Louis de
Bourbon. Il est le neveu du duc de Bourgogne, Philippe le Bon. Du coup, les Liégeois, qui ne
veulent pas d’un Bourguignon à la tête de la Principauté, se tournent vers la France où Louis
XI semble leur prêter une oreille attentive. Forts de ce soutien, en 1465, ils proclament la
déchéance de Louis de Bourbon et élisent un régent.
Ils signent un pacte militaire avec le roi de France. Louis XI, qui craignait la puissance
bourguignonne sans oser s’y attaquer, joue double jeu. En 1468, les armées bourguignonnes
mettent le siège devant Liège, abandonnée et même trahie par Louis XI. Une tentative hardie,
menée par quelques centaines de Liégeois et d’hommes venus de la Cité voisine de
Franchimont, échoue. Le lendemain, la ville est prise, les habitants massacrés, les habitations –
sauf les grandes églises – sont pillées et incendiées. Comble de l’humiliation, le Perron,

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symbole des libertés liégeoises, est transporté à Bruges. Marquée dans l’Histoire, 1468 apparaît
comme l’année où Liège périt.

1478 : Le Perron est réinstallé.


En croyant l’avoir rayé pour toujours de la carte, Charles le Téméraire sous-estimait la capacité
des Liégeois à se redresser, une capacité égale à celle qui les pousse à se fourrer dans les plus
mauvaises situations possibles. Après la mort de Charles le Téméraire en 1477, sa fille, Marie
de Bourgogne, rend le Perron aux Liégeois et leur octroie la liberté de reconstruire la ville. En
1482, le prince-évêque Louis de Bourbon est assassiné par Guillaume de la Marck. Ce
représentant d’un grand lignage liégeois doublé d’un brigand de grande envergure avait sans
doute, en matière de méfaits, fait pire que trucider ce prince lâche et dévergondé, mais ce dernier
méfait marque la fin de sa ‘‘carrière’’. Grâce à une ruse, il est pris et décapité en place publique
à Maastricht. Sous Jean de Homes (1484-1516), le prince-évêque suivant, Liège fait à nouveau
l’admiration des voyageurs.

1492 : Neutralité de la Principauté.


Par le traité de Saint-Trond, en 1492, c’est une date importante pour le pays de Liège, la
neutralité de la Principauté est reconnue officiellement par le roi de France Charles VIII et
l’empereur Maximilien de Habsbourg. Mais, il s’agit d’une neutralité désarmée, c’est-à-dire
que les armées peuvent traverser le pays, s’y ravitailler mais sans jamais y tenir garnison ou
enrôler des Liégeois contre leur gré.

1526 : Un nouveau palais.


En 1505, un nouvel évêque est élu : Erard de la Marck dont le règne - un des plus longs de
l’histoire de la Principauté (33 ans) - sera particulièrement bénéfique au pays de Liège. Il veut
restaurer la moralité du clergé liégeois (qui en a bien besoin) et refaire de Liège une prestigieuse
capitale. C’est un prince racé, cultivé, habile à se railler des suffrages. C’est à lui que l’on doit
la restauration remarquable du palais qui avait été endommagé par un incendie. Avec ses cours
intérieures, dont la première dotée de colonnes aux chapiteaux inspirés notamment de L’Eloge
de la joie d’Erasme (avec lequel Erard entretenait une correspondance suivie), le palais était
proche de ce qu’il est encore aujourd’hui, à l’exception de la façade, disparue, dans un incendie
en 1734, et reconstruite par Georges-Louis de Berghes dont les armes surmontent encore
actuellement le portail d’entrée. Flanqué d’une nouvelle aile de 1849 à 1853 par l’architecte
Charles Delsaux, il abrite désormais le gouvernement provincial et les services de la justice.

1637 : Assassinat du bourgmestre Sébastien Laruelle.


Au XVII siècle se dessinent deux clans bien distincts dans la capitale de la principauté, l’un, les
‘‘Grignoux’’ (grognons), composé des corporations de métiers et de quelques Grands, soutient
la protection de la France. L’autre, composé de nobles, de bourgeois, mais aussi de gens du
peuple lassés des excès du comportement des représentants des métiers, prône le respect de
l’ordre établi et de l’autorité du prince-évêque Ferdinand de Bavière. On les désigne sous le
sobriquet ‘‘Chiroux’’ (du mot wallon tchirou : Hirondelle des fenêtres qui évoquait la redingote
noire sur haut-de-chausses blanc que portaient souvent les bourgeois qui maintenaient l’ordre
dans la ville). Les Grignoux, eux, sont soutenus par l’ancien bourgmestre Sébastien Laruelle,
très pro- français. Invité à un banquet par le comte de Warfusée, il tombe dans un véritable
traquenard et est lâchement assassiné.

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1650 : Maximilien de Bavière construit la Citadelle tournée vers les Liégeois.
Une des portes de Liège, sur les hauteurs de Sainte-Walburge, avait été fortifiée, et il avait
parfois été question de la transformer en un véritable bastion. Mais, c ‘est en 1650 seulement
que les États liégeois sont mis en demeure par le prince-évêque Ferdinand de Bavière (qui avait
dû demander l’aide à son neveu – et futur successeur – Maximilien pour venir à bout de la
guerre civil entre Grignoux et Chiroux) afin de voter la construction d’une citadelle qui devait
protéger les Liégeois. En fait, dans l’idée du prince, c’est surtout contre les Liégeois que doit
se porter l’efficacité de la citadelle. Celle-ci est construite en un an. Démolie et reconstruite à
plusieurs reprises, la forteresse a été rasée. Sur le site, s’élève aujourd’hui un hôpital - l’hôpital
de la Citadelle - dont le nom ravive le souvenir de l’ancienne forteresse.

1691 : Bombardement de liège par le maréchal de Boufflers.


C’est d’une autre place forte de Liège, la Chartreuse, située sur la colline face à celle de la
citadelle, qu’en 1691, Boufflers maréchal de Louis XIV, bombarde la ville, au grand désespoir
du bon prince-évêque Jean-Louis d’Elderen. On est en pleine guerre de la Ligue d’Augsbourg
(1688-1697) entre la France et une partie de l’Europe coalisée. La Principauté avait publié la
déclaration de guerre de l’empereur d’Allemagne. Les Français estimaient que c’était là
compromettre sa neutralité et pour l’en punir, le maréchal Boufflers bombarde Liège des
hauteurs de la Chartreuse, occasionnant de lourds dégâts clans la ville et notamment à la
‘‘Violette’’, l’hôtel de ville.

1714 : Le Traité de Rastadt met fin à la guerre de succession d’Espagne.


Les troupes étrangères quittent la principauté de Liège.

1789 : L’ heureuse révolution liégeoise.


Il est question d’une ‘‘heureuse’’ révolution liégeoise en 1789 parce que l’hôtel de ville et la
citadelle sont pris pratiquement sans effusion de sang. Le prince-évêque Hoensbroeck, arraché
plutôt brutalement à sa résidence d’été à Seraing, et conduit à Liège, signe tout ce qu’on lui
demande de signer et ratifie le choix des Liégeois pour deux leaders : Jacques-Joseph Fabry, un
ancien bourgmestre, et le baron Jean-Remy de Chestret un ancien officier. Pendant quelques
semaines, tout le monde vit dans l’illusion d’une complète identité de vue. Les inégalités seront
supprimées, les taxes diminuées, représentations clos campagnes, dans le Tiers État, égalité des
droits politiques pour les hommes, et … les femmes ! Bref un va raser gratis ! Cela ne durera
pas ! Certains s’en rendent compte et s’empressent de quitter la principauté. C’est même le cas
de l’évêque, qui va se réfugier à Trêves et cherche des alliées pour l’aider à retrouver sa
principauté et son pouvoir. Il reviendra en force, en 1791, et aura l’imprudence de se livrer à
une représentation si dure qu’elle lui aliène l’adhésion des Indécis. Il meurt en juin 1792. C’est
un Liégeois, François, comte de Méan qui lui succède.

1792 : Dumouriez entre à Liège.


Sous le commandement du général Dumouriez, vainqueur des Autrichiens, les armées de la
nouvelle république française entrent à Liège. Le prince-évêque François de Méan s’enfuit. En
France, Louis XVI est décapité le 11 janvier 1793. Le 21 avril 1793, le prince-évêque de Méan
rentre dans sa principauté grâce, une fois de plus, aux armées autrichiennes. Le 26 juillet 1794,
les armées républicaines françaises font à nouveau leur entrée dans la ville. Elles s’installent à
la citadelle et se livrent à des vols et des déprédations de toutes sortes, semant la terreur chez

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les Liégeois qui croyaient voir dans l’armée française ses libérateurs ! La république liégeoise
est instituée.

1794 : Les révolutionnaires liégeois démolissent la cathédrale.

1795 : La révolution française met un terme à l’ancienne principauté.


Annexée à la France dès septembre 1795, l’ancienne principauté est divisée en cinq
départements. Celui de l’Ourthe, dont Liège devient le chef-lieu, correspond à peu près aux
limites de l’actuelle province de Liège. Terre de libertés depuis des siècles, Liège va connaître
une période très difficile, mais c’est son choix et elle doit le supporter tant bien que mal et plutôt
mal que bien. L’économie est ravagée et met longtemps à se relever. Pour l’enseignement, qui
est un modèle dans l’ancien régime, tout est à refaire. Enfin, le ‘‘cadeau’’ le plus empoisonné
que fait la République française, à l’ancienne principauté, est la conscription militaire très
durement ressentie dans la population. Sans aller jusqu’à dire que tout est pour le mieux dans
le meilleur des mondes de l’Ancien Régime (où le paupérisme prend souvent des apparences
insoutenables) ; ce n’est certainement pas l’annexion à la France qui arrange les choses.

1803 : Bonaparte à Liège.


La visite à Liège du premier consul débouche sur quelques initiatives relativement intéressantes
pour la ville ravagée. En effet, Bonaparte s’intéresse à l’industrie liégeoise et particulièrement,
ce qui n’étonnera personne, à la fabrication des armes militaires. Sous son impulsion est créée
la Fonderie des canons et il décide de faire construire le quartier d’Amercoeur. Un tableau
conservé au musée des armes rappelle cette visite.

1815 : Création de la Province de Liège dans les Pays-Bas.


Sous l’empire, la situation s’améliore un peu et, après la chute de Napoléon, le gouvernement
hollandais auquel le pays de Liège est soumis ne trouvera jamais grâce aux yeux des Liégeois.
Ceux-ci, pourtant, doivent à Guillaume d’Orange leur université (1817) et un sérieux appui à
leur industrie avec notamment le soutien inconditionnel à John Cockerill. Ce dernier, en 1823,
construit le premier haut fourneau à Seraing et installe ses bureaux dans un château (qui était
l’ancienne résidence d’été des princes-évêques) située en bord de Meuse.

1817 : Guillaume d’Orange crée l’Université de Liège. John Cockerill s’installe à Liège.

1820 : Inauguration de l’Opéra Royal de Wallonie.


Théâtre lyrique situé au centre de Liège mais également au cœur de l’Euregio, au carrefour
entre l’Allemagne,
les Pays Bas, le Grand-Duché de Luxembourg et la France.

1830 : Entraînées par Charles Rogier, les Liégeois marchent sur Bruxelles.
C’est avec un enthousiasme effréné que les Liégeois s’en vont ‘‘mourir pour Bruxelles’’ pour
bouter les Hollandais dehors et conquérir l’indépendance de la Belgique. À partir de 1830
s’ouvre pour Liège une ère de prospérité née d’une véritable révolution, industrielle cette fois.
Liège exporte dans toute l’Europe et ouvre même de nouveaux marchés en Amérique, en
Turquie, en Russie, en Chine et au Congo. Mais deux guerres et de graves troubles sociaux vont
arrêter cette expansion.

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1842 : Création de la gare des Guillemins.

1843 : Création de la ligne de chemin de fer Liège-Verviers-Aix la Chapelle et percement


de plusieurs grandes rues.

1844 : Suppression des vieux remparts et comblement de la Sauvenière.

1860 : Modification du tissu urbain.

1903 : Naissance de Georges Simenon.

1905 : Exposition universelle et internationale.


Elle consacre la prospérité de l’économie liégeoise. On célèbre en même temps le 75ème
anniversaire de la création de la Belgique. Un premier congrès wallon y tient ses assises. La
ville gardera deux ponts : celui de Fragnée et celui du Val-Benoît, des rues, des boulevards,
deux parcs publics (le parc d’acclimatation et la Roseraie) et un palais permanent (l’actuel
Musée d’art moderne). Tous ces aménagements avaient été rendus possibles par la rectification
de l’Ourthe et de ses biefs.

1914 : Résistance des forts à l’invasion allemande.


Dans sa constitution, en 1830, la Belgique avait inscrit sa neutralité. Lorsqu’en 1914,
l’Allemagne en guerre contre la France et somme le roi Albert 1er (successeur de Léopold II
dont il est le neveu) de laisser passer ses troupes. Celui que l’on désignerait sous le nom de ‘‘roi
chevalier’’ refuse. La place de Liège résiste héroïquement, retardant l’avance de l’envahisseur
et permettant ainsi aux alliés de se ressaisir. Le prix de cette résistance du 6 au 16 août est le
bombardement de la ville et des représailles à l’encontre des civils. Le 20 août, les soldats
allemands incendièrent plusieurs bâtiments dont celui de l’Émulation et tuèrent 17 civils au
hasard. La place de XX août anciennement ‘‘de l’Université’’ tire son nom de cet évènement
tragique .

1919 : Liège reçoit la légion d’honneur.


Pour son héroïque résistance, la ville de Liège reçoit, la Légion d’honneur des mains du
président français Poincaré. Liège devient ainsi la première ville étrangère à recevoir cette
décoration. En réalité, la Cité ardente reçut cette décoration dès le 7 août 1914 mais la
cérémonie officielle de remise de cette distinction eut lieu le 24 juillet 1919 en présence entre
autres du Roi et de la Reine des Belges et du président français.

1930 : Exposition ratée…


En pleine crise économique, l’Exposition Internationale - qui aurait dû permettre d’animer le
quartier d’Outre- Meuse – est mal organisée et souffre de la concurrence de l’exposition
d’Anvers en même temps. Le résultat le plus tangible est la construction du pont de Coronmeuse
dont la largeur était bien adaptée à la montée de la circulation automobile.

1939 : Exposition Internationale de l’eau et inauguration du canal Albert.


Cette exposition est une réussite totale. Elle tire magnifiquement parti de son thème : « L’eau
». Les pavillons sont superbes, notamment les pavillons allemands dont les responsables savent
pourtant très bien ce qui va suivre… D’ailleurs, on a toujours pensé que la préparation de

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l’exposition avait permis aux Allemands de venir connaître, en toute tranquillité, la région qu’ils
allaient envahir. La guerre et la mobilisation qui s’ensuit contraignent l’exposition de l’eau,
ouverte en juillet, à fermer prématurément ses portes en septembre 1939. Pour garder le
souvenir de cette manifestation prestigieuse, il reste le canal Albert et un grand palais qui,
réaménagé, est devenu la Patinoire et la halle des Foire internationale de Liège. Un ensemble
appelé sous peu à être complètement transformé.

1940 : Les troupes allemandes entrent à Liège.


Une fois de plus, la guerre éclata. L’envahisseur venant d’Allemagne, s’est heurté à une ville
de Liège nouvellement fortifiée. Une série de nouveaux forts est venue compléter la ligne de
défense de la ville. Le 10 mai 1940, la surprise est totale lorsque, avec des planeurs, les
Allemands débarquent sur le fort d’Eben Emael. Les autres forts tiennent le plus longtemps
possible et le dernier à se rendre (le 29 mai) est celui de Tancrémont après la capitulation de
l’armée belge. Le 12 mai, une division allemande est arrivée sans encombre sur la place Saint-
Lambert où les Liégeois, croyant voir des Hollandais, les ont acclamés…

1944 : Le 7 septembre, la 1ère armée américaine du général Hodges libère Liège.


Les premiers Américains entrent à Liège le 7 septembre dans le début de l’après-midi. En se
retirant, les Allemands lancent un char bourré d’explosifs qui explose au carrefour de
Fontainebleau en pulvérisant plusieurs maisons et tuant plusieurs personnes, dont un courageux
Liégeois qui avait grimpé sur le char pour tenter de le désamorcer.

Jusqu’en 1945, robots et bombes volantes s’abattent sur Liège.


La première bombe volante tombe sur Liège le 20 novembre 1944. La terreur qu’à juste titre
inspirent ces ‘‘robots’’ téléguidés V1 et V2 dure jusqu’aux 20 janvier 1945. Le bilan pour la
ville est de près de 400 morts et 600 blessés. Les dégâts matériels sont extrêmement lourds.
Durant les deux mois de terreur, on dénombre, pour l’arrondissement de Liège, 1649 tués et
2558 blessés.

1950 : La question royale.


La famille royale prisonnière en Allemagne, est délivrée le 7 mai 1945 par les Américains. En
Belgique, c’est le frère du roi, le prince Charles, qui est nommé régent. Pour des raisons
politiques aggravées par la nouvelle du mariage religieux (avant même la possibilité d’un
mariage civil) du roi pendant sa captivité avec Liliane de Réthy, le pays se divise sur
l’opportunité du retour de Léopold III. Après les élections de 1949 (les femmes y participent
pour la première fois), la coalition au pouvoir sociale-chrétienne et libérale organise en 1950
un référendum sur le retour du roi. Il en résulte que 57,68% des Belges souhaitent le retour de
Léopold III. Mais, prenant comme prétexte que les votes avaient été différents au nord du pays
(72.2%) et en Wallonie (42%), les Wallons s’enflamment et le climat tourne à l’insurrection
surtout lorsque, le 30 juillet 1950, au cours d’une manifestation violente, à Grace-Berleur (en
région liégeoise), quatre hommes sont abattus par la gendarmerie. L’abdication de Léopold III
en faveur de son fils Baudouin, qui monte sur le trône le 17 juillet suivant, apaise les esprits.

1950 : Inauguration du Palais des Congrès de Liège.


Un instrument dont le développement se poursuit en symbiose avec celui de l’économie
liégeoise. Cette même année a lieu une exposition consacrée au logement populaire montrant
aux visiteurs les différents aspects des maisons individuelles et des H.L.M (building

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d’habitation à loyer modeste). Sur le site commencent à s’élever douze tours dont certaines
compteront jusqu’à 21 étages. C’est le quartier de Droixhe qui est unique dans le paysage
liégeois mais où vit une population en proie à des problèmes de délinquance juvénile.

1966 : Grève des femmes à la FN Herstal.


Entre 1960 et 1973, l’érosion de la rentabilité de la fabrique d’armes va de pair avec de
nombreux conflits sociaux. En 1966, les ouvrières de la FN entament une grève qui restera
mémorable parce qu’elle soulignait l’inéquation des comportements à la fois patronaux et
syndicaux face à des tendances nouvelles.
Devenue célèbre en Europe et même au-delà, cette ‘‘première grève exclusivement féminine
de notre temps’’, comme la qualifiait la presse et les sociologues, trouve son origine dans la
distorsion salariale existant non seulement entre les hommes et les femmes pour un même
travail, mais compte tenu de la différence des conditions de travail dans une ancienne entreprise
comme la FN et ce qui se passait dans des usines plus modernes. Devant les hésitations des
organisations syndicales embarrassées autant que les patrons par l’application du traité de Rome
(1957) sur l’égalité salariale des hommes et des femmes, des ouvrières débrayent spontanément
sans attendre l’avis de leurs représentants syndicaux. Le mouvement qui doit être récupéré par
les syndicats s’étend progressivement à trois mille personnes. Le travail ne reprend que… trois
mois plus tard. En attendant qu’une commission étudie le problème de l’égalisation des
rémunérations, les femmes obtiennent une augmentation horaire immédiate de 2 FB par heure
et, pour l’année suivante, une somme de cinq millions est prévue pour une nouvelle
augmentation fonction de critères à déterminer.

1976 : Création de l'Euregio Meuse-Rhin.


L’intégration de la province de Liège dans l'Euregio Meuse-Rhin composée de la province de
Limbourg (Pays- Bas), du district de Cologne (Allemagne), de la province de Limbourg belge,
de la communauté germanophone de Belgique et de la province de Liège est un élément
extrêmement important pour l’avenir économique du Pays de Liège.

1976 : La crise.
Dans les années soixante, qui apparaissent comme des ‘‘Golden Sixties’’, une nouvelle
impulsion économique va faire se lever bien des espoirs. Mais, en Belgique comme ailleurs, il
faut compter, dès 1977, sur une crise conjoncturelle qui touche l’Europe entière. À Liège, la
crise entraîne la fermeture progressive des charbonnages liégeois et la réduction, à sa plus
simple expression, du secteur sidérurgique. Les cristalleries, quant à elles, deviennent un atelier
pratiquement artisanal et la Fabrique Nationale d’Herstal (FN) est démantelée.

1980 : Liège fête le millénaire de la Principauté. 1982 : Création de la "Liège-Bastogne-


Liège".
Créée par le Pesant Club Liégeois et le Liege Cyclist, c’est la plus ancienne course cycliste
encore disputée.
Son parcours accidenté de 260 km en fait l’une des classiques les plus exigeantes et les plus
prestigieuses. Elle devait, à l’origine, être "Liège-Paris-Liège" mais n’ayant pas de suite, la
course ira jusqu’à Bastogne, une ville située à 90m du sud de Liège, en province de
Luxembourg. Eddy Merckx en détient le record de victoires (5) entre 1969 et 1975 et Philippe
Gilbert la remportera en 2011.

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1983 : La Belgique devient officiellement un état fédéral.
La province de Liège fait partie à la fois de la Région Wallonne et de la Communauté française.

1998 : Enfin la Place Saint-Lambert !


Après 30 ans de plans, de palabres, de décisions contradictoires, de démolitions, de
constructions à leur tour démolies, de combats populaires et politiques, de trous, de travaux, les
Liégeois retrouvent enfin leur place Saint-Lambert.

2009 : Une nouvelle gare aux Guillemins.


Après plus de 10 années de travail, l’architecte espagnol Santiago Calatrava Valls inaugure sa
nouvelle gare, qui est devenue un emblème de la ville et le monument liégeois le plus
photographié.

2009 : Inauguration de la galerie commerciale Médiacité.


Ce centre commercial situé à proximité du centre-ville accueille en moyenne 8 millions de
visiteurs par an. Il contient de grandes enseignes telles que Primark, Zara et Media Markt. En
décembre 2012, une patinoire à proximité du centre est construite, propice aux activités des
fêtes de fin d’année.

2011 : Tuerie de Liège.


Le 13 décembre 2011, un homme de 33 ans armé de grenades et d’un fusil d’assaut (de type
FN FAL) tue 5 personnes dont un garçonnet de 17 mois et deux adolescents de 15 et 17 ans et
en blesse 125 avant de se donner la mort sur la Place Saint-Lambert.

2012 : Rénovation de l’Opéra royal de Wallonie, inauguré en septembre 2012.


2014 : Réaménagement de la place des Guillemins, située devant la gare des Guillemins.
2015 : Inauguration de la Tour Paradis
Couramment appelée “Tour des Finances de Liège”, cet immeuble de grande hauteur culmine
à 118 mètres (136 mètres avec l’antenne), ce qui en fait le plus haut immeuble de Wallonie. Le
bâtiment est situé dans le quartier des Guillemins, apportant une nouvelle construction au
quartier fraîchement rénové.

2015 : Réaménagement des quais de Meuse


Les quais de la rive gauche de la Meuse (quai de Rome, boulevard Frère-Orban, avenue
Blonden) ont subi différents travaux de 2012 à 2015 pour les rendre plus accessibles aux piétons
et cyclistes.
2016 : Création de la passerelle la Belle Liégeoise.

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Les travaux ayant débuté en 2014, cette passerelle cyclo-pédestre a pour but de relier le quartier
des Guillemins au parc de la Boverie, tout en enjambant la Meuse. Cette construction prend
place dans le cadre de la transformation du quartier des Guillemins.
2021 : Rénovation complète de la Grand Poste.
Édifice public belge construit entre 1896 et 1901 par l’architecte Edmond Jamar, il abritait
autrefois les services postaux de la ville. L’Hôtel des postes a subi ensuite d’importantes
modifications pour être totalement rénové en 2021. Ce lieu de 8000 m2 contient désormais de
l’horeca avec le premier food market de Liège, une brasserie artisanale de technologie
avancée, mais également un espace pour accueillir des programmes d’incubateurs de start-up,
un espace de coworking et des locaux pour des étudiants en journalisme de l’ULiège.

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Chapitre deuxième :
Les événements qui ont marqué son
Histoire

L'origine moderne de Liège est à chercher autour de 558 lorsque St Monulphe, de son nom
complet Monulphe de Maastricht, archevêque de Tongres, fait construire une chapelle près du
confluent de la Meuse et de l'Ourthe. On raconte qu'allant un jour de Maastricht à Dinant, il vit
de loin un petit village, situé au milieu des forêts, et entouré de montagnes et de rivières. Frappé
par la beauté de ce site, il s'informa du nom que portait ce village. On lui répondit qu'il s'appelait
Legia, du nom d'un petit ruisseau qui le traversait, et qu'on nomme aujourd'hui le ri de Coq-
Fontaine.
Jugeant qu'une position si avantageuse était propre à l'emplacement d'une ville, il prédit que
Legia deviendrait une cité florissante, et y bâtit une chapelle qu'il dédia à saint Côme et à saint
Damien. Cette chapelle fut le berceau de la ville de Liège. Saint Monulphe la dota, avant de
mourir, de tous les grands biens qu'il avait hérités de sa famille, et au nombre desquels se
trouvait la ville de Dinant.
Cette donation est ordinairement considérée comme la source de la puissance temporelle des
anciens évêques de Liège.

Saint Lambert
Au 7ème siècle apparaissent les premiers monastères dans le pays. À l’instigation de Saint
Amand, qui fut pendant trois ans évêque de Tongres-Maestricht, Saint Tite et Sainte Gertrude
fondent Nivelles, Saint-Feuillen, L’abbaye de Fosses et Sainte Begge celle d’Andenne.
Vers 650, Saint Remacle, l’apôtre des Ardennes, crée la double abbaye de Stavelot et Malmédy.
C’est à l’abbaye de Stavelot que l’évêque Lambert séjourne durant 7 ans, privé de sa charge
épiscopale par des querelles de royauté. Avec la mort d’Ebroïn et le retour de Pépin II, Lambert
allait pouvoir rentrer à Maestricht. Pourtant son séjour de prédilection était situé un peu plus
haut sur la Meuse : un modeste Vicus où son prédécesseur Saint Théodard est enseveli à l’ombre
d’un humble oratoire consacré à Notre-Dame.
Le 17 Septembre 705, les hommes de Dodon attaquèrent le Vicus. Toutefois, Lambert refuse
de prendre les armes car : ‘‘Un père ne peut répandre le sang de ses enfants ! Le Seigneur m’a
aussi confié ces furieux : je suis leur évêque’’. Pendant que Lambert implore Dieu, ses neveux,
ses clercs et ses serviteurs sont tous tués. Lambert les suivra au royaume des cieux peu de temps
après.

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Ainsi mourut Lambert, évêque de Tongres sur ses terres de Ludicus. L’endroit de ce martyr
s’appelle aujourd’hui la Place Saint-Lambert et le Vicus Ludicus est maintenant Liège. Lambert
est inhumé discrètement à Maastricht, aux côtés de son père. Mais la ferveur populaire fait du
lieu de son martyre un but de pèlerinage. Il y aura des guérisons miraculeuses.
Hubert, successeur de Lambert, suit les événements de très près et proclame la sainteté de
Lambert. Il prend aussi la décision de lui dédier une basilique qu’il fit ériger à l’endroit où il
fut tué et où on le prie. Et en 718, le corps du saint martyr est ramené solennellement à Liège.
Une ville va naître. De la mort jaillit la vie et ce, grâce à la foi des chrétiens de ce temps.

Saint Hubert

Du temps où le cruel Ebroïn opprimait les Francs, il y avait en Aquitaine un noble jeune homme
appelé Hubert, comte du palais, sous le roi Théodoric. Il n’était instruit dans les belles lettres et
versé dans le maniement des armes.
Détestant la tyrannie d’Ebroïn et ses persécutions contre le clergé, Hubert abandonna
l’Aquitaine et se rendit en Austrasie, près de Pépin, qui y avait rétabli l’ordre en soumettant
tous les seigneurs despotes. La compagne inséparable d’Hubert fut sa tante Oda, veuve de
Boggis, duc d’Aquitaine récemment décédé. Il ne tardera point à se rendre près de Saint
Lambert à Maestricht. La grâce de Dieu lui inspira un vif désir d’entrer dans la cléricature et de
se consacrer au service de Dieu, mais les liens d’un mariage légitime l’empêchaient de suivre
ce désir. Entre-temps il vécut, non en laïque, ni en homme marié, ni en comte, mais en clerc,
disciple de Saint Lambert.
Après le martyre de Saint Lambert, Dieu lui donna un digne successeur. Saint Hubert fut élu
évêque et prit possession du siège épiscopal. Saint Hubert se dévoua aux intérêts spirituels de
ses diocésains. Il les instruisait, et les portait au bien par ses prédications ; il les aidait, par ses
générosités, à se construire des églises ; il leur administrait le saint sacrement de confirmation
pour les affirmer dans la foi. Les pauvres trouvaient en lui un bienfaiteur, les opprimés un
défenseur, les orphelins un père.
L’oratoire où Saint Lambert fut assassiné devint l’objet de la vénération publique et le but d’un
pèlerinage. Les fidèles venaient y invoquer le saint martyr. Saint Hubert y résolut de construire
une belle église. Aimant résider
à Liège, il est bien probable qu’il y ait établi l’administration de son diocèse. Vers 727, le saint
fut averti dans une vision que sa mort était proche et qu’elle aurait lieu dans le courant de
l’année. Il succomba d’une fièvre à Tervuren le 30 mai 727. En 825 on transféra ses reliques à
l’abbaye d’Andage.

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Notger

En 925, la Lotharingie, dont fait partie le diocèse de Liège, échoit au roi de Germanie : Henry
I L’oiseleur. Pour Liège commence une dépendance qui ne finira qu’en 1795.
Éracle, évêque de Liège, meurt le 28 octobre 971. À Aix-la-Chapelle, l’empereur Otton I lui
cherche un successeur. Le 14 avril 972, Notger, clerc d’origine noble et conseiller de l’empereur
est sacré évêque en l’église de Bonn. Notger a 42 ans et prend sa nouvelle tâche au sérieux : il
organise rapidement la défense du pays. Les empereurs lui donnent, en effet, les moyens
d’affermir son autorité...
À la mort d’Otton I, le 7 mai 973, son fils Otton II suit la même politique. Le 6 janvier 980,
l’empereur Otton II confirme solennellement Notger ‘‘vénérable évêque de Liège’’ dans toutes
les possessions et immunités reçues précédemment par l’église de Liège. Notger est en fait le
seigneur de ses territoires : il devient le chef d’une principauté. Otton II est généreux et
protecteur, Notger peut alors entreprendre la défense de Liège. Il fait preuve de tact et de
diplomatie. À Lobbes, il réconcilie les abbés Rathier et Folcuin qui se disputaient la direction
de l’abbaye. La paix s’étend rapidement dans tout le pays. Notger conçoit alors de grands
travaux à Thuin, Fosses et Malines.
En 983, il reçoit les droits sur le marché de Visé. Mais cette année-là, aux fêtes de Noël, Otton
II meurt. Son fils Otton III, alors âgé de trois ans, monte sur le trône. Pendant deux ans, Notger
et Gerbert d’Aurillac défendent le jeune roi contre les convoitises de Henri de Bavière et de
Lothaire de France. Aussi, Notger prend-il de l’importance auprès des impératrices Adélaïde et
Théophano, grand-mère et mère de Otton III.
De 988 à 990, Notger accompagne l’impératrice en Italie où l’autorité des empereurs germains
est mal acceptée. Le 15 juin 991 à Nimègue, Théophano meurt à son tour. Otton III n’a que
onze ans et Notger doit plus que jamais se soucier des affaires de l’empire.
En 993, l’empereur est reçu par Notger à Liège même. Notger est occupé par la construction de
la cathédrale dédiée à Notre-Dame et à Saint Lambert. Liège compte cinq collégiales : Saint
Pierre, la plus ancienne, Saint Martin en Publémont, Saint Paul-en-île, Saint Denis et Sainte
Croix.
Le 23 mai 996, à Rome, Otton III reçoit la couronne impériale des mains du pape Grégoire V.
Il fait alors connaissance d’Adalbert, évêque de Prague. Notger a alors 66 ans et repart pour
l’Italie. Adalbert devient martyre en 997 alors qu’il tentait d’évangéliser la région de Gdansk.
Il fut canonisé à Liège en 999 et devint le Saint protecteur de la Pologne. Notger reste en Italie
pendant cinq ans et essaye de maintenir le pouvoir germanique dans la péninsule.
Le 24 janvier 1002, Otton III meurt, alors qu’il s’apprête à assaillir Rome révoltée. Notger
rentre à Aix-la- Chapelle où il assiste le 8 août 1002 au couronnement d'Henri II de Bavière qui
lui fait totalement confiance. Il négocie un projet d’alliance avec Robert, roi de France, en 1006.
De nouveau, ses possessions sont confirmées, ce qui fait de lui un prince et un évêque. Il expire
le 10 avril 1008 à Saint Jean.
‘‘ Liège tu dois Notger au Christ et le reste à Notger. ‘‘

20
Les Six cents Franchimontois

Au XVème siècle, les ducs de Bourgogne essayent d’annexer la Principauté de Liège, enclavée
entre leurs territoires. Les villes liégeoises se battent pour défendre leurs libertés. Philippe Le
bon réussit à faire de son neveu, Louis de Bourbon, le prince-évêque mais celui-ci est très vite
rejeté par la population.
Les sanctions succèdent aux rébellions que Louis XI, roi de France, encourage d’ailleurs à
coups de belles promesses jamais tenues. En 1465, les Liégeois perdent la bataille de
Montenaeken. En 1466, Dinant est mise à sac avec beaucoup de férocité. En 1467, la défaite de
Brusthem livre Liège à Charles Le Téméraire : les insurgés sont bannis, toutes les libertés
communales supprimées, les murs de la ville détruits, les impôts multipliés par sept, le Perron
est transporté à Bruges. Les Liégeois sont poussés à bout. En 1468, à Tongres, Louis Le
Bourbon observe ses indomptables sujets : les révoltes sont à leur paroxysme dans la cité
Ardente. Le duc Charles interdit tout dialogue avec les insurgés qui veulent que l’évêque de
Liège rentre chez lui en maître et protecteur. Sous la menace, les révoltés obligent le prince-
évêque à plaider pour la paix et le ramène à Liège de force. Le Duc de Bourgogne est très irrité
contre les Liégeois, qui décident de l’attaquer.
Ainsi, le 22 octobre, 5000 courageux citoyens, épris de libertés, mais ignorant le métier des
armes, se heurtent aux 40.000 hommes de guerre de Charles Le Téméraire. La défaite est
inévitable. Six cents volontaires périssent dans le village de Lantin pour protéger la retraite de
leurs compagnons.
Le soir du 27 octobre, les Liégeois prévoient de surprendre leurs ennemis au cœur de leur
campement Porte Saint Léonard. Conduits par Jean de Wilde, les assiégés s’élancent contre les
Bourguignons. Cependant, le nombre joue décidément trop contre eux, leur offensive est
contenue et le repli obligatoire. Sur les hauteurs de Sainte Walburge où loge le duc, le légat
Onofrius tente un dernier discours de clémence qui ne donnera aucun résultat.
La nuit du 29 octobre à la porte Sainte Marguerite, Gossuin de Streel et Vincent de Bueren et
leur troupe bousculent les gardes. Dès que les Bourguignons accourent, la mêlée est générale
et dans la nuit, la confusion est totale. Sous l’effet de quelques incendies, ils se regroupent et
comme les archers écossais de Louis XI font merveille, pour la petite troupe c’est le massacre
ou la fuite. Le lendemain, 30 octobre 1468, quand le duc Charles et le roi Louis entrent à Liège,
la ville est morte. Mais le carnage commence seulement.
L’incendie de la ville dura sept semaines. Charles Le Téméraire ne laissa derrière lui que des
décombres et un vaste charnier.

‘‘ Le souvenir des Six cents Franchimontois a franchi les siècles. ‘‘

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Erard de la Marck

Né à Sedan en 1472, Erard avait eu des débuts laborieux. Cadet de famille voué à la carrière
ecclésiastique, il n’obtint d’abord que des titres et des prébendes modestes. Mais, fréquentant
de 1500 à 1505 la Cour de France et la Ville Éternelle, il s’y fit connaître de Louis XII et Jules
II.
Ceux-ci appuyèrent sa candidature dès qu’on crut mort l’évêque Jean de Homes, le vieil ennemi
de sa famille. Erard fut élu. Ravagé par un incendie qui avait éclaté dans les écuries en 1505, le
palais épiscopal était en piteux état à l’avènement d’Erard. Cependant, le prince attendit 20 ans
avant de commencer la reconstruction. Erard put y résider en 1533.
Or, pasteur né parmi les loups, il avait conservé l’esprit de décision et l’avidité de sa famille La
Mark. Dès 1507, il obtint du bon roi Louis XII l’évêché de Chartres. Puis, brouillé avec François
1er qui l’avait écarté du cardinalat, il s’allia, à Saint-Trond, à Charles-Quint. Rompant avec la
neutralité liégeoise, il entraîna son pays et la ville libre d’Aix-la-Chapelle dans cette alliance.
Quoique qualifié de ‘‘moderne’’ de façon équivoque, Erard de la Marck n’en désire pas moins
la restauration complète de la puissance féodale de son Église : dès 1506, il fait dresser la liste
de tous les fiefs ‘‘amples et menus’’ de son pays. Trente ans plus tard, ce sont les vassaux
obligés au service militaire qui sont répertoriés. Le passé enseigne le présent. Veut-il connaître
ses droits ? L’évêque demande que le Chapitre cherche, dans les vieux actes, l’étendue de sa
juridiction, de sa Meuse (1515), de ses droits ‘‘d’arsin’’ et de chasse (1529). Seules, les
institutions défuntes sont laissées au tombeau : le Tribunal de la Paix et l’Anneau du Palais.
Quant aux nouvelles instances, elles ne sont établies que pour corriger le fonctionnement des
anciennes.
Ainsi en 1527, est-il statué que le conseil ordinaire prononcera, en appel sur les jugements des
échevins en matière civile, et connaîtra directement des contraventions aux privilèges
impériaux. Erard de la Mark mourut en 1538.

L’assassinat de Sébastien La Ruelle

En 1637 à Liège, les Grignoux, partisans des libertés communales accrues, et les Chiroux,
partisans du renforcement de l’autorité du prince-évêque, s’affrontent.
Chiroux veut dire ‘‘hirondelles’’ surnom donné à cause de leur uniforme : habit noir et culotte
blanche. Grignoux veut dire ‘‘grincheux, râleurs’’ surnom donné en réplique au précédent. À
leur tête, Sébastien Laruelle, bourgmestre en 1630 et 1635.
Le prince-évêque, Ferdinand de Bavière, cumulant de nombreuses charges, administre Liège
de loin et sans énergie. Les Chiroux cherchent le soutien des Pays-Bas Espagnols et les
Grignoux l’aide de la France. Le cardinal Richelieu prend parti pour Laruelle car Liège doit
rester neutre : c’est un couloir vers la Hollande et une frontière entre les Espagnols et les
Allemands.

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L’abbé de Mouzon, l’envoyé de Richelieu, et René de Renesse, comte de Warfusée, ancien
directeur des finances du roi d’Espagne aux Pays-Bas, soutiennent Laruelle. Warfusée fuit
Bruxelles après avoir dilapidé les sommes dont il était responsable. Les Grignoux l’ont recueilli
et installé à Liège. Celui-ci, au courant des tendances françaises, décide de tout dévoiler au roi
d’Espagne et à son allié l’empereur d’Allemagne pour rentrer dans leurs grâces : ce projet
français sera considéré comme une trahison de La Ruelle.
Le 16 avril 1637, à une heure trente de l’après-midi, à un banquet chez le comte de Warfusée,
la trahison s’accomplit par l’arrière de la maison, longée par un bras de la Meuse : les Espagnols
arrêtent Laruelle et Mouzon pour trahison. Sitôt averti, le capitaine de Sprimont accourt, mais
il est trop tard, Laruelle est assassiné. Warfusée raconte la forfaiture et remet une fausse lettre
signée du bourgmestre reconnaissant le complot. Prise d’une rage aveugle car Laruelle était très
apprécié de la population, la foule se rua dans la maison en massacrant tous les occupants. Seuls
les amis de Laruelle et les femmes protégées par l’abbé de Mouzon eurent la vie sauve. Le
cadavre de Warfusée fut exposé deux jours sur le marché, puis brûlé. Liège accorda à Sébastien
Laruelle des funérailles dignes d’un souverain et sa mise en terre fut accompagnée d’un serment
solennel des trente-deux métiers.

Du siècle des Lumières à la Révolution liégeoise

Léonard Defrance, né à Liège en 1735, a étudié la peinture dans sa ville natale puis à Rome et
en France. De retour au pays en 1763, il souffre de l’obscurantisme des mécènes jusqu’à
l’avènement du prince-évêque François-Charles, comte de Velbruck. Celui-ci s’intéresse aux
idées du temps : celles des philosophes et des encyclopédistes. François-Charles aimerait
rassembler quelques ‘‘convertis’’ en un cercle de discussions artistiques, littéraires ou
scientifiques. C’est pourquoi Defrance retourne à Paris où il a pu introduire son œuvre avec un
succès certain grâce à Fragonard qu’il a rencontré à Rome.
En 1779, Velbruck institue la ‘‘société d’émulation’’. Le peintre y rencontre Jacques- Joseph
Fabry, ancien bourgmestre et Jean-Nicolas Bassenge, jeune avocat et poète. Mais Velbruck,
grand prometteur d’une vie intellectuelle foisonnante à Liège, meurt le 29 avril 1784.
Son successeur est Constantin-François de Hoensbroeck, complètement opposé aux idées du
défunt. Il considère ‘‘l’émulation’’ comme une propagande philosophique. Il affirme alors son
autorité sur tous les fronts en juillet 1785. Il envoie le procureur général Fréron pour fermer la
maison des jeux de Spa tenue par Levoz. Fréron intervient à l’intérieur même de
l’établissement, ce qui permet au tenancier Bovy de l’assigner devant le tribunal des XXII
(composé de 22 juges élus par les trois ordres : 4 par le clergé, 4 par la noblesse et 14 par le
tiers-état pour réprimer les forfaitures des agents du gouvernement) pour violation de domicile.
À partir de ce moment, l’affaire des jeux de Spa va prendre une ampleur inattendue. Fréron,
soutenu par Hoensbroeck, soumet l’affaire à la cour de Wetzlar qui déclare le tribunal des XXII
incompétent. Les trois ordres soutiennent le tribunal et le prince-évêque pousse Fréron à retirer
son action à la cour de Wetzlar. C’est un rude coup de la nation liégeoise à la tentative
d’autoritarisme de Hoensbroeck. Suite à l’arrêt de l’abbé Jehin qui distribuait des tracts appelés

23
‘‘cri général du peuple liégeois’’, la société patriotique est créée en 1787. Léonard Defrance se
donne sans compter à la tâche obscure et périlleuse de diffuser les ‘‘lettres’’ de réfutation de
son ami Bassenge. Le succès est immédiat mais la réaction ne tarde guère : les prochaines lettres
seront saisies chez le relieur.
C’est ainsi qu’au cours de la nuit, les patriotes transportent leurs imprimés au domicile privé de
Defrance, rue du Péry où 800 exemplaires sont reliés. L’affaire des jeux de Spa s’envenime,
Bassenge et bien d’autres sont poursuivis par la justice. La censure se fait sévère, des
démissions sont exigées. C’est dans un climat d’agressivité continuelle entre le peuple et le
pouvoir que la famine menace après le rude hiver de 1788-89. Léonard Defrance et ses amis
lancent, au début de 1789, ‘‘L’avant-coureur’’, un journal où Bassenge exprime d’énergiques
revendications à l’égard de Hoensbroeck. L’imprimerie Urban, à Tignée, est saccagée par des
hommes de Fréron déguisés. Mais des assaillants sont reconnus et l’affaire révélée. Cet acte de
brigandage est une provocation. Des émeutes éclatent dans tout le pays. Le 14 juillet, la Bastille
est prise à Paris. L’effervescence grandit à Liège. Le matin du 18 août, l’hôtel de ville de Liège
est envahi, les bourgmestres renvoyés et remplacés par Chestret et Fabry. La citadelle tombe
sans combat aux mains des insurgés. Le prince- évêque est amené de son château de Seraing
pour ratifier des réformes prises séance tenante.
26 août 1789 : Fuite de Hoensbroeck à Trèves.
12 janvier 1791 : Entrée des Autrichiens à Liège, rétablissement de Hoensbroeck, les dirigeants
liégeois s’exilent à Paris.
1792 : Mort de Hoensbroeck. Son successeur est le Comte de Méan.
28 novembre 1792 : Entrée des Français à Liège, établissement d’une république démocratique.
5 mars 1793 : Retour des Autrichiens et restauration de Méan, nouvel exil des patriotes.
27 juillet 1794 : Retour des Français.
1 octobre 1795 : Décret de la convention qui réunit le pays de Liège à la France.
La principauté n’existe plus, elle forme la plus grosse partie du département de l’Ourthe. À tous
ces événements, Defrance est étroitement lié : il reçoit des responsabilités de la cité (1790), de
la province (1793), de l’arrondissement (1794), du département (1795). Le 18 février 1793, il
est chargé par l’administration centrale du pays de Liège, d’organiser la démolition de la
cathédrale, considérée comme le symbole de l’orgueil et de la tyrannie du pouvoir déchu.

‘’ Léonard Defrance fut le meilleur patriote. ‘’

24
Napoléon à Liège

En août 1803, Napoléon Bonaparte, premier consul, effectue un voyage dans les départements
du nord de la république : la Somme, le Pas-de-Calais, la Lys, l'Escaut, L'Ourthe, la Ruhr,... À
cette époque, Bonaparte représente l'avènement de la paix, des principes républicains jusque-là
malmenés : liberté, égalité, fraternité.
Dans une région comme Liège où les changements de régimes et les représailles ont souvent
semé la violence et la mort, le premier consul est d'une popularité inouïe. Le 1er août à sept
heures du matin, depuis la veille, la population liégeoise a triplé. De partout les gens se pressent
; nombreux sont ceux qui ont passé la nuit au bord de la route : Bonaparte arrive de Maastricht.
Une garde d’honneur, dirigée par le vieux commandant Chestret l'attendait à Visé, il doit passer
par Hermalle, Vivegnis, Herstal…
Au quai de Coronmeuse, des arcs de triomphe et des estrades sont installés. C'est là qu’il met
pied à terre, accompagné de son épouse Joséphine de Beauharnais. Le maire Bailly lui présente
les clefs de la ville. Onze orateurs se succèdent alors pour l’accueillir. On fait assaut
d’éloquences. Au milieu d’une foule délirante, les visiteurs gagnent la préfecture (aujourd’hui
Musée d’armes) où ils logeront. Bonaparte décide alors de visiter la ville incognito. Dès son
entrée en ville, pressé de toute part, il doit dévaler au galop le Thier de la Fontaine pour se
dégager. Il visite alors le couvent des Prémontrés, transformé en magasin d’artillerie.
Mais quand sa suite croit pouvoir rentrer à la préfecture, il s’élance soudain au mont Saint
Martin, à Motel de Steen de Jehay où logent plusieurs généraux. Par les fenêtres de la maison,
il découvre plusieurs monuments en mauvais état. Ainsi, il voit que la collégiale Saint Paul
mérite un clocher. Depuis 1801, les ruines de l'ancienne cathédrale Saint Lambert étaient
abandonnées aux habitants .De 1808 à 1815, les décombres furent utilisés pour construire le
quai de Basse-Sauvenière. Mais il en restait, il fallait déblayer jusqu'en 1818. Napoléon va alors
donner des ordres pour que tout soit remis en état.
Le lendemain, le premier consul visite le quartier d’Amercoeur incendié par les Autrichiens en
fuite, le 27 juillet 1794, il n’est plus que ruine depuis neuf ans. Dans ce quartier, la ferveur est
plus grave, on attend tout de l'illustre visiteur. Il reçoit une supplique des habitants du faubourg.
Après quoi une somme de trois cent-mille francs anciens est mise à disposition du préfet du
département. Suite à la reconstitution complète, ce crédit s'avéra trop généreux de plusieurs
dizaines de milliers de francs. Le lendemain, Napoléon reprenait la route vers Huy, où il décida
notamment la création d’une route nationale de Huy à Namur. Elle fut longtemps appelée
‘’Chaussée Napoléon’’.
De même, la place Saint-Lambert s'appelait pendant plusieurs années : place Napoléon-
Legrand. Par reconnaissance, le faubourg d’Amercoeur et la rue Basse-Wez devinrent le 9 août
1803 : Faubourg Bonaparte et ce, jusqu’à la chute de l’empire. De la même année date de la
création de la fonderie des canons. Elle devait fournir l’artillerie de la flotte que Bonaparte
équipait à Boulogne contre l’Angleterre.

‘’ Visovné-v bin, m’chér camarâde, dè fameû timp dè gran Napoleyon. ‘’

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Août 1914

Le 4 août 1914, à 8 heures du matin, l'armée allemande envahit la Belgique, pays neutre entre
deux belligérants : l'Allemagne et la France. La Belgique compte se défendre. Le premier choc
est pour Liège et les 12 forts qui l'entourent. Sur les routes de l'invasion, les lanciers du 2ème
régiment patrouillent. Avec une témérité folle, le soldat Antoine Fonck assaille seul un groupe
de Ulhans prussiens et en tue un. Alors qu’il veut échapper à la contre-attaque prussienne, une
balle le frappe à la nuque : la guerre a fait sa première victime chez les Belges. Un monument
s'élève à cet emplacement sur le bord de la route de Liège à Aix la chapelle à Thimister.
À 13 heures, les éclaireurs allemands arrivent à Visé. Le pont est détruit et sur l'autre rive, les
soldats du 12ème de ligne, aux aguets, attendent les ordres du major Collyns. Les Allemands
doivent refluer. L'invasion reçoit son premier coup d'arrêt. S'ils ripostent aux soldats belges, les
assaillants s'en prennent surtout aux civils. Visé souffrira particulièrement. De ce premier accès
de fureur du 4 août, jusqu'à l'incendie du 15 au 16, les habitants subirent les pires méfaits : 601
maisons incendiées, 42 civils tués, des centaines d'autres déportés.
Cependant, les forts de Pontisse, Barchon, Evenier et Fléron entrent en action. Bien renseignés
et entourés par l'infanterie, ils désorganisent les troupes allemandes qui doivent s'arrêter de
Lixhe à Boncelles. Le 5 août, surpris par cette opposition, le général Von Emmich essaie
l'intimidation. Avec le général Leman, chef de la place de Liège, cela ne prend pas. Ce fut une
journée de résistance opiniâtre et réussie. Toute la journée, le fort de Pontisse a tenu l’ennemi
sous le feu mais en fin d'après-midi, des éclaireurs qui avaient passé le gué la nuit dernière, ont
mis nos observateurs en fuite. Le fort ne contrôle plus le passage.
Et cette nuit- là, 6000 hommes franchissent la Meuse à Lixhe sans coup férir. C'est une offensive
générale. À Rabosée, 450 belges sont assaillis par 5000 allemands d'enfer, les assaillants
survivants reculent, mais les défenseurs sont décimés.
Au Sart Tilman, c'est 12 000 assaillants qui reculent après 10 heures de combats acharnés. Et
le matin du 6 août, malgré des pertes très cruelles, la rive droite tient toujours. Les forts de
Boncelles et Embourg gardent leurs forces d'appui. Cependant, sur la rive gauche, les
défenseurs sont écrasés au cimetière de Rhées, par les troupes qui sont passées à Lixhe et qui
leurs sont très supérieures en nombre. Le colonel Dusart est tué. Et si une partie de l'offensive
se brise sur Herstal, à 4 heures du matin, un groupe de 300 hommes surprend le Q.G. de Liège,
rue Sainte Foy, aujourd'hui rue du Colonel Marchand, du nom de l'officier qui s'est porté seul
face aux Allemands et qui y a laissé sa vie. Le général Leman parvient à s'enfuir. Il cherchera
refuge au fort de Loncin pour y poursuivre sa mission. Mais, privé de communications
indispensables, mal informé, il ordonne le repli des troupes de la rive droite qui n'étaient pas
défaites. Rendus prudents, les Allemands laissèrent pourtant passer cette journée en bombardant
la ville où ils n'entrèrent que le lendemain le 7 août. Bien qu'isolés, les 12 forts tinrent bons. Il
fallut l'arrivée des énormes ‘Grosse Bertha’’ de 420 calibres inconnus à la construction des forts
pour écraser leurs résistances. Le fort de Loncin explosa le 15 août (le magasin de 12t de poudre
explose sous le feu des Grosses Bertha), Flémalle et Hologne tombèrent le 16. La ville de Liège,
appelée la première à subir le contact des troupes allemandes, vient de réussir, dans une lutte
aussi inégale qu'héroïque, à tenir en échec l'arrivée de l'envahisseur. Le décret conféra à Liège
la croix de chevalier de la légion d'honneur.

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‘’ Ceux de Liège ont permis la mise en place du reste de l’armée belge et de l’armée
française, rendant possible la victoire de la Marne. ‘’

La résistance 40-45

Le 28 mai 1940, après 18 jours d'un combat inégal, l'armée belge capitule devant l'offensive
allemande. La Belgique semble définitivement vaincue. Avant la fin de 1940, des groupes
s'organisent pour pratiquer le renseignement, le sabotage militaire et industriel, l'aide aux
évadés, aux réfractaires, le dépistage et l'élimination des collaborateurs, la diffusion de la presse
clandestine, la récupération d'armes et de munitions. La résistance est née.
La répression est féroce, la Gestapo et les S.S. deviennent tristement célèbres. Des résistants
capturés sont condamnés à mort après un simulacre de procès.
En janvier 1942, trois d'entre eux : Georges Béchoux, Georges Gadisseur et Robert Gendarme
attendent leur exécution au fameux bloc 24 de la Citadelle de Liège. Arrêtés le 23 juillet 1941,
condamnés à mort le 28 août pour tentative de sabotage, ils sont en sursis : si des sabotages se
reproduisent, ils seront fusillés. Après avoir changé pour la 3ème fois de cellule, ils
recommencent à scier les barreaux.
Grâce à la famille de Gadisseur, ils ont pu se procurer une corde indispensable car la Citadelle
est cernée par un fossé de 12 mètres. Plusieurs jours passent à scier les barreaux en évitant les
tours de garde. Lundi 19 janvier 1942, 4 heures du matin, Béchoux descend le premier, suivit
de Gadisseur, mais les doigts engourdis de froid, le malheureux lâche prise. Gendarme les
rejoint et les trois amis se retrouvent au bord du fossé, le courageux Béchoux fonce. Après 2
mètres de descente, la corde de fortune faite d'écharpes et de ficelles se rompt et Béchoux
s'affale dans la neige. Avec juste le pied foulé, il parvient à s'éloigner. Gendarme réussit à
récupérer la corde mais une sentinelle l'aperçoit et l'alarme est donnée. Gadisseur saute alors
les 12 mètres et blessé au pied et à la colonne vertébrale, il se traîne jusqu'à la rue. Pendant ce
temps, les soldats cherchent Gendarme mais le froid les décident à rentrer. Dès lors, Gendarme
peut gagner les remparts et se laisser glisser vers la liberté.
Les trois amis, recueillis et aidés par des familiers, se retrouveront à un endroit convenu, pour
rejoindre ensemble l'Angleterre par la France et l’Espagne. Cet épisode heureux n'est qu'un
exemple entre 100.000, de la patience de la force et du courage des résistants au cours des 4
années de l'occupation. Beaucoup ont payé leur engagement de leur vie dans notre province.

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Chapitre troisième :
Les symboles liégeois
Le blason
Le Blason de la province de Liège évoque la principauté, et les heureuses complications
juridico-politiques de l’Ancien Régime. Ce blason est, dans la terminologie héraldique :
‘‘Écartelé, au premier, de gueules au perron d’or de trois degrés soutenu
de trois lionceaux accroupis et surmonté d’une pomme de pin, le tout d’or
qui est de la Principauté de Liège ; au deuxième, de gueules à fasce
d’argent qui est du duché de Bouillon ; au troisième d’argent à trois lions
de sinople, armés et lampassés de gueules, couronnés d’or qui est du
marquisat de Franchimont ; au quatrième burelé d’or et de gueules de
dix pièces qui est du comté de Looz ; enté en pointe, d’or à trois huchets
de gueules enguichés, virolés et pavillonnés d’argent, qui est du comté de
Hornes.’’
Les références sont bel et bien principautaires, rappelant les relations complexes de l’ancien
pays avec le duché de Bouillon (Erard de la Marck fut gardien du château et de la prévôté de
Bouillon), le marquisat de Franchimont (partie intégrante de la principauté au sud de Verviers),
les comtés de Looz (celui-ci annexé en 1366) et de Hornes (en principauté quoique à 75 km en
aval de Liège).
D'aucun interprètent les lettres L et G comme les initiales de Liberta Gentes. Mais la plupart
des historiens y reconnaissent les radicales des deux syllabes composant le nom de la cité. Ainsi
à Saint-Trond, le Perron est- il accolé des lettres S et T. Sur les publications liégeoises au 15e
siècle, le mot Lie-Ge, partagé, apparaît souvent aux côtés du vieil emblème national. Le même
mot Ly-Ge est retrouvé, coupé par le Perron, sur une cheminée de l'ex-monastère Saint-Laurent.
Il s'agissait donc tout simplement de distinguer le Perron de Liège, de celui d'autres localités.1
Le blason de la province n’est pas censé être accompagné d’ornements. En effet les ornements
ont chacun une signification spécifique qui n’a plus lieu d’être de nos jours pour la région. La
couronne que l’on retrouve souvent est la couronne principautaire belge et représente les
possessions princières. On retrouve parfois le blason avec d’autres ornements que nous ne
détaillerons pas ici mais que vous retrouvez dans le syllabus du folklore liégeois de la RULEL.

Le Perron
Le Perron de Liège se dresse sur la place du Marché en face de l’hôtel de ville, à deux pas de
la place St Lambert. Il fut construit dans sa forme actuelle en 1305 bien que des représentations
sur des pièces de monnaie attestent de l’existence d’un perron sans pomme de pin et sans lions
datant du milieu du 12e siècle

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La première fontaine quant à elle date de 942. Le monument, sous
sa forme actuelle, est l’œuvre du liégeois Jean Del Cour. Le
statutaire répara le Perron renversé par un vent violent le 9 janvier
1693 et lui ajouta trois statue en marbre blanc qui soutiennent la
pomme de pin (les trois Grâces) ainsi que 6 bustes qui décoraient
la fontaine jusqu’en 1717 ou ils furent déplacé dans le vestibule
de l’hôtel de ville.
Le Perron Liégeois est le symbole des libertés communales.
L’aspect que le Perron prit au XVIIIe siècle est celui qu’il a
conservé. Car forme et sens ont changé à plusieurs reprises tout
au long de son existence. Toutefois, l’origine est contestée. La
croix, ‘‘Signum Salutis’’, utilisée pour désigner une possession
ecclésiastique, est associée à la pierre de justice. Lorsque l’évêque
de Liège fut investi, à titre féodal, de droits royaux - monnaie et haute justice -, le Perron paraît,
avec ce nom, sur les monnaies du Prince- Évêque Henri II de Leez (mort en 1164). Lorsque le
pays et les villes font reconnaître, par écrit, que l’évêque ne peut modifier la coutume et le droit
sans leur conseil et leurs assentiments, le Perron, associé à l’idée de la loi et des sentences
proclamées à son pied, devient ‘‘Signum Franchisie’’.
Le pays l’adopte comme symbole de son pouvoir et l’élu Jean de Bavière pense l’abattre pour
cette raison. Quand ce fut la ‘‘franchise’’ de la patrie entière qui fut menacée, le perron devint,
contre la croix de Bourgogne, l’insigne national. Le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire,
l’enleva, en 1468, tandis qu’il ravissait la liberté ‘‘du Liège’’. Il fut exposé à Bruges, alors haut
lieu d’échange avec l’étranger, dans le lieu le plus apparent de la ville afin de montrer au monde
l’anéantissement de la nation liégeoise. Charles le Téméraire fit graver deux inscriptions sur le
piédestal.
L’une est en français :

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L’autre en latin, dont voici une traduction :

Il fût restitué en 1478 par Marie de Bourgogne (fille de Charles le Téméraire) et reprit sa place
sur le marché, alors que le pays recouvrait son indépendance avec l’inscription suivante :

Il fut par la suite gravé sur des pierres frontières pour marquer les limites de la Principauté.

Le Toré
C’est au 19ème siècle que la sculpture Le Dompteur de taureau du Liégeois Léon Mignon,
populairement appelée Li Tore ou Le Toré, a été érigée sur les terrasses du parc d’Avroy.
Cette statue d’un taureau aux testicules proéminents accompagné par un homme nu le domptant
fut accueillie d’un avis partagé lors de son installation. La nudité du dompteur, communément
appelé ‘’Joseph’’ (pour se moquer de l’un de ses détracteur, le rédacteur en chef du journal la
Gazette de Liège, Joseph Demarteau) choque les bonnes mœurs de l’époque au point de devenir
un enjeu politique entre libéraux et catholique. Ces derniers demandèrent à la
ville de supprimer ce monument. Ils n’obtinrent que la mise en place d’un cache-sexe de plomb
pour masquer les parties génitales de Joseph.
Les étudiants de Liège, heureux d’avoir en grand ce que Bruxelles possède en tout petit,
élevèrent la statue au rang de symbole. C’est alors qu’ils firent courir une pétition allant à
l’encontre des demandes pudiques des catholiques. Les étudiants peignirent les testicules du
taureau en rouge et lorsqu’ils voyaient des bourgeois, ils leur criaient : ‘‘As veyêu l’Toré ?’’
Depuis lors, chaque année, durant la 3e semaine du mois de mars, a lieu la Saint Toré : symbole
des étudiants liégeois. À cette occasion, les testicules du Toré sont peints aux couleurs de la

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faculté du président de l’AGEL. Cette activité marque généralement la fin des guindailles et le
début de la période d’étude.
La statue a inspiré le nom du journal des étudiants liégeois:
‘‘Le P’tit Torê’’.

Le Palais des Princes-Évêques


Son imposante façade domine le fond de la place St-Lambert, centre de la vie commerçante de
Liège où s’élevait jadis la cathédrale St-Lambert. Édifié vers l’an mille par l’évêque Notger, il
a été entièrement rebâti sur l’ordre du prince-évêque Erard de la Marck à partir de 1526. La
façade principale a été refaite après son incendie en 1734 ; l’aile ouest date de 1849.
Actuellement le bâtiment est occupé par les services provinciaux et le palais de Justice.
La grande cour, la seule accessible au public, est entourée de galeries aux arcades surhaussées
et de 60 colonnes galbées, à la fois massives et élégantes, surmontées de chapiteaux richement
ornés de figures humaines fantastiques et de masques grotesques, tous différents. Ces ornements
sont les témoins des courants de pensée humanistes de la Renaissance et de la découverte du
Nouveau Monde. La variété de la décoration des colonnes est extraordinaire.
La petite cour à laquelle on accède par des couloirs paraît plus intime.

Outre-Meuse
Outre-Meuse (Djus-d’la-Moûse), sorte de cité parallèle, est réputée pour son esprit frondeur,
son amour des traditions et son attachement au dialecte liégeois. Patrie de Tchantchès, loustic
issu du théâtre de marionnettes. L’esprit d’indépendance de la rive droite a provoqué la création
de deux « états » libres : La République Libre d’Outre-Meuse (1927) qui s’étend sur la paroisse
Saint-Nicolas d’Outre-Meuse, et la Commune Libre de Saint-Pholien-des-Prés (1959), dans les
limites de la paroisse Saint-Pholien. Cet esprit de clocher s’explique encore par la localisation
de deux anciens bons métiers : les Tanneurs à Saint-Pholien, les Tisserands à Saint- Nicolas.
La République Libre célèbre sa fête « nationale » le 15 août en illuminant les ruelles

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pittoresques du quartier et les innombrables postales (petites chapelles murales élevées par la
dévotion populaire). Fête foraine, cortège folklorique, spectacle de marionnettes, bain de foule
traditionnel (100.000 visiteurs chaque année) complètent ce programme savoureux qui déborde
largement la journée du 15 pour prendre les allures d’une joyeuse neuvaine. Quant à la
Commune Libre, elle veille jalousement sur les rites authentiques d’une fête paroissiale à
l’ancienne, le quatrième week-end de juin, sur les coutumes gastronomiques de Pâques (foire
aux cocognes), sans oublier la crèche vivante et la marche à l’étoile qui rassemblent, la nuit de
Noël, tout un petit monde truculent.

Théâtres de marionnettes
La légende raconte que la marionnette à tringles fut importée à Liège vers 1860, par un figuriste
toscan nommé Conti. En fait, cette origine est erronée. En réalité on parle déjà d’un théâtre
usant de marionnettes à tringles dès 1826 en Outre-Meuse. Tchantchès, une des figures les
mieux typées du théâtre liégeois, partage avec Polichinelle et Guignol, une propension certaine
à la cocasserie et à la fanfaronnade qu’atténue cependant le naturel cordial, pour tout dire,
sentimental du personnage.
C’est qu’il porte les qualités et les défauts du peuple liégeois dont il est devenu le symbole. En
1936, un monument à la gloire de notre héros au cœur du populaire et populeux quartier
d’Outre-Meuse fut érigé. La statue, œuvre de Joseph Zomers, montre la Wallonie sous les traits
d’une hiercheuse, qui brandit Tchantchès tel le flambeau de la liberté.
Depuis 1948, existe un musée Tchantchès où sont exposés, parmi les souvenirs du quartier et
de la République Libre d’Outre-Meuse, les costumes, les médailles, diplômes et autres marques
d’hommage que le plus vieux citoyen de Djus-d’la-Moûse reçoit, à l’instar de Manneken-Pis.
La marionnette est entrée très tôt dans la fiction littéraire ; dès avant la fin du siècle dernier, les
saillies de ses propos et de son visage avaient inspiré journalistes, conteurs et romanciers. La
légende de Tchantchès, du journaliste liégeois Jean Bosly, est un modèle du genre.
L’apparition de Tchantchès est souvent attribuée au populaire Théâtre Al Botroûle. Beaucoup
de sources affirment cependant le contraire et, tant qu’aucun ouvrage suffisamment sérieux ne
nous permet pas de choisir une thèse. Nous ne parlerons de ce théâtre que comme l’un des plus
populaires toujours en activité de Liège. La devise de cette institution est :
« A l’botroul, n’a nou qui tchoule ! »

La foire d’octobre
La foire d’octobre ou foire de liège est la plus ancienne kermesse de Belgique encore en activité.
Elle fut créée en 1594 par le prince-évêque Ernest de Bavière et prit place sur La Batte. Ce n’est
qu’en 1835 que la foire déménage au boulevard d’Avroy. On compte à ce jour une seule année
où la foire a dû être annulée. En effet, en 1892 une épidémie de choléra sévissait dans toute
l’Europe et les organisateurs se virent obligés d’annuler la foire pour raisons sanitaires.
Actuellement la fête foraine accueille plus de 170 stands forains, s’étend sur 1 km toujours le
long du boulevard d’Avroy et accueille chaque année environ 1,5 millions de visiteurs.

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La particularité de cette foire repose sur son nombre impressionnant de baraques où l’on peut
y déguster les classiques marrons chaud, frites, hot dog, etc. ; mais aussi les spécialités telles
que les gaufres de liège, les croustillons et les célèbres lacquemants. Figure emblématique de
la foire de Liège, les lacquemants de Lille sont une spécialité culinaire liégeoise bien
qu’originaire de la foire d’Anvers. Ils furent mis au point par le forain lillois Désiré Smidts plus
connu sous le nom Désiré de Lille qui travaillait pour la société lilloise Établissements
Lacquemants. Le nom Lacquemant est un hommage à ses anciens employeurs. La recette
originale du sirop est gardée secrète (on sait juste qu’elle contient cassonade, fleur d’oranger et
cannelle). Contrairement à la recette de la gaufrette qui est très simple comme l’explique Pierre
Smidts, le petit-fils de Désiré Smidts.

Standard de Liège
Le Royal Standard de Liège ou plus simplement de Standard n’est pas à présenter à un Liégeois
de Liège. Sa fondation remonte en 1898 lorsque quelques élèves du Collège Saint-Servais
décident de créer un nouveau club de foot liégeois alors déçu par les résultats du RFCL (Royal
Football Club de Liège qui évolue maintenant -2018- en D1 Amateur). Les fondateurs posent
cette année-là les jalons d’un futur mastodonte du football belge. Tout d’abord, le nom fut voté
et c’est le nom ‘‘Standard’’ qui l’emporta à une voix devant ‘‘Skill’’. Ensuite, les couleurs
rouges et blanches, toujours portées aujourd’hui sont en réalité les anciennes couleurs du RFCL
qui leur prêtait des maillots lors des débuts du Standard. En seulement quelques années
d’existence, le Standard rejoint l’élite des clubs belges pour ne plus la quitter.
Le Standard, au cours de son histoire, a connu des périodes de victoires fabuleuses (10 titres de
champion et 8 Coupes de Belgique) mais aussi des périodes plus sombres. Ce qui fait la force
du Standard, ce sont ses supporters indéfectibles renommés pour leur ferveur qui ne cesseront
jamais de soutenir le probablement meilleur club de Belgique.
Allez les rouches !

Liste des vingt derniers entraîneurs du Standard de Liège :

Entraîneurs Durée du mandat Trophées et performances

Johan Boskamp Juillet 2006 - Sept. 2006

Michel Preud’homme Septembre 2006 - Juin 2008 1X champion BE


1X finaliste coupe BE

Laszlo Bölöni Juillet 2008 - Février 2010 1X champion BE


2X vainqueur supercoupe BE

Dominique D’Onofrio Février 2010 - Mai 2011 1X vice-champion BE


1X vainqueur coupe BE

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José Riga Juin 2011 - Mai 2012

Ron Jans Juin 2012 - Octobre 2012

Mircea Rednic Octobre 2012 - Mai 2013

Guy Luzon Mai 2013 - Octobre 2014 1X vice-champion BE

Ivan Vukomanović Octobre 2014 - Février 2015

José Riga Février 2015 - Juin 2015

Slavo Muslin Juin 2015 - Août 2015

Yannick Ferrera Septembre 2015 - Sep 2016 1X vainqueur coupe BE

Aleksandar Janković Septembre 2016 -Avril 2017

José Jeunechamps Avril 2017 - Juin 2017

Ricardo Sá Pinto Juin 2017 - Mai 2018 1X vainqueur coupe BE


1X vice-champion BE

Michel Preud’homme Juin 2018 - Juin 2020

Philippe Montanier Juin 2020 - Décembre 2020

Mbaye Leye Décembre 2020- Oct. 2021 1X finaliste coupe BE

Luka Elsner Octobre 2021- Avril 2022

Ronny Deila Juin 2022 -

Stade de Sclessin
Le Stade de Sclessin de son vrai nom Stade Maurice Dufrasne est le stade qui accueille les
rencontres du Standard. Le stade fut nommé en l’honneur de Maurice Dufrasne, 5e président
du Standard de 1905 à 1931 période durant laquelle les premières constructions importantes
eurent lieu. Le stade fut construit en 1909, puis en 1925 la capacité du stade fut portée à 20 000
places. En 1940, une grande tribune debout de 10 000 places est érigée. C’est en 1973 que la
capacité maximale du Stade de Sclessin est atteinte avec 43 000 places. Le stade obtient son
apparence actuelle aux couleurs rouges et blanches en 1999 lors des travaux visant à accueillir
l’Euro 2000. Depuis ces transformations, le stade compte un total de 27670 places. Ce qui fait
de lui le deuxième plus grand stade de Belgique, après le Stade Roi Baudouin.
Le stade est divisé en quatre tribunes :
- La tribune I possède 8541 places assises.
- La tribune II possède 7423 places assises. C’est la tribune qui accueille le groupe de supporters
des ‘‘Kop Rouche’’, premier groupe de supporters.

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- La tribune III (côté terril) possède 6668 places assises. La tribune III accueille deux groupes
de supporters : le ‘‘Hell Side 81’’ ayant une approche anglo-saxonne et les ‘‘Ultra Inferno 96’’
au caractère latin.
- La tribune IV (côté Meuse) possède 5640 places assises. Elle accueille le ‘‘Public Hysterik’’
(PH 04).

Fondée le 25 septembre 1817 à l’initiative du roi Guillaume 1er d’Orange des Pays-Bas,
l’université de Liège est l’aboutissement d’une longue tradition intellectuelle qui remonte aux
origines de la Principauté de Liège. Dès le 11e siècle, les écoles liégeoises attirent étudiants et
chercheurs qui viennent y passer leurs premier grades ou encore pour exploiter les richesses des
bibliothèques. La réputation des écoles médiévales vaut à Liège le surnom d’ ‘‘Athènes du
Nord’’ ou de ‘‘Nouvelles Athènes’’. En 1496, les frères de la Vie Commune ouvrent un Collège
à l’emplacement actuel du bâtiment central de l’Université place de 20 août et y promeuvent un
enseignement rénové : les humanités. Au 16e siècle, les jésuites remplacent les frères de la Vie
Commune. Après la suppression de la compagnie de Jésus, le prince-évêque François Charles
de Velbrück réorganise le collège en Académie anglaise qui suscite un enseignement technique
de haut niveau.
Le 17 septembre 1808, un décret impérial désigne Liège comme siège d’une Académie
impériale et son premier recteur propose de créer en premier une Faculté des sciences. Elle sera
officiellement créée le 25 septembre 1811 par un arrêté et s’installera dans l’ancien Collège.
On retiendra cette date comme le début de l’activité universitaire à Liège.
Lorsque le roi Guillaume 1er réforme l’enseignement dans le Royaume-Uni des Pays-Bas après
la défaite de Napoléon, il décide la création de 3 universités dans les provinces méridionales :
une à Gand, une à Louvain et une à Liège. À son ouverture en 1817, les cours se donnaient en
latin aux quelques 259 étudiants répartis en 4 facultés.
Après l’indépendance de la Belgique en 1830, la loi du 25 septembre 1835 institue l’université
de Liège université officielle de l’État, au même titre que l’université de Gand. Entre 1880 et
1890, l’Université de Liège va se développer et construire différents Institut de recherche dans
différents quartiers de la ville tels que l’institut d’astrophysique (à Cointe), de pharmacie (au
Jardin Botanique), d’anatomie (en Outre-Meuse), de chimie et de physique (prolongement du
bâtiment central).
Après la Seconde Guerre mondiale, la Belgique devient un État fédéral. En 1953, le législateur
octroie aux Universités d’État alors peu autonomes et très dépendantes des politiques une
autonomie dans leur gestion. En 1954, fort de cette nouvelle autonomie, le recteur Marcel
Dubuisson lance le projet de transfert de l’Université au Sart Tilman qui était alors une zone
boisée de 2000 ha. Les travaux commencèrent en 1962 mais des soucis d’ordre financier

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retardent toujours de nos jours les travaux. Actuellement, 60% des activités universitaires ont
été transférées au Sart Tilman. En 2004, le campus Arlon Environnement rejoint l’Université
de Liège. S’ensuit en 2009 l’intégration de la Faculté des Sciences agronomiques de Gembloux
à l’ULg et enfin en 2010 les Instituts supérieurs d’architecture Lambert Lombard et Saint-Luc
de Wallonie sont rattachés à leur tour. Ainsi se forme la Faculté d’Architecture, la 11e Faculté
de l’ULg.

Le carré
Le Carré est un lieu-dit de la ville de Liège. On y retrouve une concentration très importante de
bars et brasseries. Mais là, je ne vous apprends rien. Tout liégeois de Liège ou d’ailleurs connaît
cet endroit merveilleux. Temple de la rencontre et de la fête, le carré compte une trentaine de
bars qui se trouvent dans de petites ruelles entre le boulevard de la Sauvenière et la rue Pont
d'Avroy. Ces rues sont la rue de la Tête de Boeuf, la rue Saint-Jean-en-Isle, la rue Saint-Adalbert
et la rue du Pot d'or qui forment un carré.
Ce quartier est surtout fréquenté par les étudiants liégeois à qui il sert de repère. De ce fait, il
s’agit d’un lieu animé qui ne dort jamais ! La trentaine de bars présents proposent différentes
ambiance et spécialités à prix très démocratique. On citera l’A-fond liégeois, l’Aller Simple,
La Cour-Saint Jean, le Géo, l’Imprévu, le Saloon, le Spartacus, l’Embuscade, etc.
Selon l’historien Gastin Marinx : “L’expression “faire le carré” ou “aller dans le Carré” est
typiquement liégeoise. Elle signifie : “se promener dans quatres rues qui forment le carré”.
Néanmoins, les rues formant le carré de 1805 à 1905 n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui.
A l’époque, le Passage Lemonnier et la rue Lulay-des-Fèbvres constituaient les médianes du
carré, tandis que les rues Vinâve d’Ile, Pont d’Ile, de l’Université et de la cathédrale formaient
ses côtés.
Si ce document est lu par des personnes étrangères à Liège, le meilleur conseil que je puisse
vous donner est le suivant, l’expression est : “aller dans le Carré” et non “aller au Carré” !

Montagne de Bueren
Il semble inaccessible, et pourtant une fois arrivé au pied des 374 marches de la Montagne de
Bueren, tous n'ont qu'un objectif : arriver au sommet ! La Montagne de Bueren est un escalier
de 374 marches avec une inclinaison atteignant les 30%. Il se trouve dans le top 10 escaliers les
plus extraordinaires au monde. Ce site est constamment ouvert au public et est au centre de
grands événements tels que :
- Bueren en fleur : évènement annuel lors duquel les marches sont parées d’une spectaculaire
fresque florale.
- La Nocturne des Coteaux de la Citadelle : manifestation d’un soir où les rues et en particulier
la montagne de Bueren sont illuminées de milliers de bougies.
Ouvrage d’art caractéristique des percées du XIXe siècle, la montagne de Bueren permettait de
relier directement la caserne de la citadelle au centre-ville. Un accès plus rapide pour la défense
de la ville par la garnison en cas d'invasion. Cette volée d’escaliers, rappelle par son nom le

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coup de force avorté des 600 Franchimontois. Menés par Vincent de Bueren et Gossuin de
Streel, ils tentèrent, la nuit du 29 octobre 1468, de capturer Charles le Téméraire et Louis XI.
Contrairement à ce que pensent de nombreux Liégeois, les 600 Franchimontois ne sont jamais
passés par cet endroit.

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Chapitre quatrième :
Les villes de notre belle province

Liège (CP 4000)


De nos jours
Chef-lieu de la province du même nom qu’elle, la Cité ardente est aussi la capitale économique
de la Wallonie. Au 1er janvier 2018, Liège compte près de 200 000 habitants et son
agglomération environ 700 000. Ce nombre impressionnant d'habitants fait de Liège la première
agglomération wallonne et troisième du royaume derrière Bruxelles et Anvers.
Le bourgmestre actuel de la ville de Liège est Willy Demeyer (Parti Socialiste).
Pour toute information supplémentaire sur Liège, veuillez consulter le chapitre premier du livre
premier intitulé “Liège, de sa naissance à nos jours”.

Huy (CP 4500)


Histoire
Endroit stratégique de défense et de surveillance, un éperon rocheux dominait de 60 mètres un
petit marécage coincé entre Meuse et Hoyoux. Un gué sur la Meuse permettait alors le passage
d’une rive à l’autre de cette voie idéale de communication. Enfin, l’énergie hydraulique fournie
par le Hoyoux constituait un attrait supplémentaire qui attira les premiers ‘’Hutois’’ sur le site.
La bourgade primitive, à l’époque romaine certainement, se développa autour et peut-être sur
l’emplacement même du ‘’Castrum’’ de la rive droite et à la fois, dans la plaine de la rive
opposée.
Dès le 11e siècle, au pied du rocher Saint Materne aurait dédié à la Vierge, un sanctuaire ancêtre
de notre Collégiale.
Mais avant l’an 1000, l’histoire de Huy est en fait peu connue. Seuls quelques documents jettent
un peu de lumière sur cette période demeurée obscure de la vie de notre cité. Son nom apparaît
pour la première fois en 636 dans un testament ; mais dès le VIe siècle, on la devine évangélisée
par l’évêque de Tongres, Saint Domitien dont le tombeau devait rapidement devenir l’objet de
la vénération des Hutois qui le choisirent comme Patron de la Ville. Cet effort de conversion fit
surgir deux églises, dès le milieu du VIIe siècle : la plus ancienne dédiée à Notre Dame (634)
et l’autre, située ‘’sur le mont’’ (in monte), à Saint Côme.
Ces témoignages de vitalité indéniable sont confirmés et complétés par les observations de la
numismatique. Marché régional et étape de batellerie, Huy offre l’aspect d’une de ces cellules
économiques, petites mais très actives, qui caractérisent l’époque mérovingienne. Les monnaies

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qui furent frappées dans son atelier monétaire, entre 600 et 700, nous ont livré les noms des
douze monétaires responsables, chiffre

La numismatique (du latin numisma, « pièce de monnaie ») a pour objet l'étude des monnaies
et médailles. Considérée comme une science auxiliaire de l'histoire, elle est particulièrement
utile dans les recherches en histoire antique (notamment romaine ou grecque).remarquablement
élevé pour l’époque. Le quartier Batta accueille alors ses premières industries : fonderies de
bronze, tailleurs de corne, d’os et potiers.
C’est pourtant un autre élément du site hutois qui va asseoir définitivement la fortune du lieu.
En cristallisant la population au pied de ses défenses, le ‘’Castrum’’ de Huy accentue le rôle de
chef-lieu régional que les conditions économiques tendaient à imposer.
Dans la nouvelle géographie administrative que l’empereur germanique Otton 1er met sur pied,
Huy devint le siège d’un comté (941) qui n’eut cependant qu’une existence éphémère,
puisqu’en 985, son dernier titulaire, Ansfrid s’en dessaisit au profit de l’Église de Liège, à
l’époque dirigée par Notger (972-1008). Désormais, le comté de Huy partagera les destinées de
la principauté de Liège.
Alors, le climat commercial décelable dès l’époque mérovingienne alla en s’amplifiant. La
prospérité urbaine, marquée par l’extension de zones d’habitat, en particulier sur les bords du
Hoyoux où s’installèrent tanneurs, foulons, chaudronniers, menuisiers, donna bientôt aux
marchands représentant l’élément ‘’moteur’’ de la cité, une conscience collective de leurs
droits. Ainsi obtinrent ils du Prince-Evêque Théoduin de Bavière, en échange de la moitié de
leurs biens meubles pour financer la reconstruction de la Collégiale Notre Dame de Huy, une
charte de libertés qui, en 1066, était la première du genre en Europe occidentale.
Au XIIe siècle, avec l’extension du marché extérieur et intérieur, c’est surtout la batterie,
fabrication artisanale, à partir du minerai exploité en Germanie, de toutes sortes de récipients
en cuivre et en laiton qui fera la prospérité de Huy.
Cette production s’accompagne dans le domaine des arts du métal et des émaux, d’une
efflorescence d’artistes qui occupent une place de choix dans l’histoire de l’art européen. Les
noms de Renier de Huy et de Godefroid de Claire ont depuis longtemps dépassé nos frontières
; l’un pour les fonds baptismaux de l’Église Saint-Barthélemy à Liège et l’autre, notamment,
pour les superbes châsses de Saint Mengold et Saint Domitien du Trésor de Notre Collégiale.
Sur le plan religieux, la fin de la première croisade (1095-1099) amène sur nos terres le célèbre
prédicateur, Pierre L’Ermite qui fonde le monastère de Neufmoustier, tandis que, en ‘’Clair
Lieu’’, se crée le couvent qui deviendra la maison mère de l’ordre des Croisiers.
Aux XIIIe et XIVe siècles, la vie économique de la Ville repose en premier lieu non plus sur la
batterie, mais bien sur la draperie qui prend son essor le long du Hoyoux, vers le Condroz. C’est
dans ces lieux que Huy se développe, et de là que ses produits rayonnent à travers toute l’Europe
ainsi qu’en témoignent notamment la découverte de monnaies hutoises en Scandinavie et en
Russie.

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À cette époque, le château devient une puissante forteresse, servant de retraite aux princes
liégeois en conflit avec leurs sujets, il fut considérablement agrandi, aménagé, bardé de tours et
de murailles supplémentaires, mais aussi embelli et ses salles richement ornées.
Ainsi, le pape Grégoire XII (1325-1417) de passage dans notre région ne peut-il que
s’émerveiller devant notre cité et son impressionnant défenseur sur le piton rocheux.
Huy devint alors une ville de plaisirs et vit se déployer dans toutes leurs splendeurs le faste et
l’opulence de la Cour de Bourgogne. Le Duc lui-même, Charles le Téméraire, restaura
intégralement le château après sa prise de Liège en 1468.
C’est de ce XVe siècle que date également le choix, significatif, de la forteresse médiévale
comme emblème héraldique de la ville.
Au siècle de Charles Quint (XVIe), Huy connaît encore des heures dorées sur le plan
économique : la draperie poursuit sa croissance tandis que se développe considérablement la
papeterie et, surtout, la métallurgie du fer. Ces activités assurent rapidement à nos artisans une
excellente réputation bien au-delà de nos frontières et donnent au commerce hutois une ampleur
remarquable.
Mais l’éclat de la brillante destinée que connut la ville jusqu’alors va progressivement se ternir
: Huy devint victime de sa situation stratégique. La prise du château par les troupes hollandaises
du gouverneur de Breda, Héraugière, en 1595 eut une résonance européenne.
Et même si la culture de la vigne atteint son apogée au XVIIe siècle, surtout sur les coteaux
bien exposés de la rive gauche et de Statte, et que plus de 60.000 litres de ‘’Briolet’’ sont
produits en 1677 distribués pour le plaisir de tous, tant dans les pays voisins que chez nous, ce
siècle n’en fut pas moins pour Huy, un véritable siècle de malheur.
La forteresse, dont la défense fut encore renforcée eut à soutenir de nombreux sièges (douze en
trente ans), le passage des armées hollandaises, françaises, espagnoles, prussiennes, … apporta
des épidémies meurtrières, des dettes énormes furent contractées par la Ville, l’industrie languit,
un incendie allumé par les Français en 1689 réduisit en cendres près de 800 maisons !
Cependant, plusieurs couvents s’installent à Huy et le culte de Notre Dame de la Sarte naît et
se développe rapidement suite aux ‘’miracles’’ de 1621, tandis que se déroulent, un peu plus
tard, les premières Fêtes Septennales.
En 1715, le traité de la Bavière, marquant un terme durable aux hostilités dans notre région,
ordonnait aussi la destruction de notre célèbre ‘’Tchestia’’, fleuron de l’architecture militaire
européenne. Mais c’est toutefois heureux d’être débarrassés des morts, famines, pillages,
impôts et exactions de toutes sortes, que les bourgeois hutois demandèrent, eux-mêmes, qu’il
ne restât plus pierre sur pierre de leur forteresse. La démolition commença en 1717 et, durant
cent ans, le piton rocheux demeura complètement vierge de toute construction.
Le paysage hutois avait perdu l’un de ses principaux éléments constitutifs en même temps
qu’une des ‘’quatre merveilles’’ de la Ville.
Ce n’est que le 6 avril 1818, que le Prince Frédéric d’Orange assistera à la pose de la première
pierre du fort actuel. Le Lieutenant-Colonel Ingénieur Camerlynck en avait conçu les plans et
les travaux de construction durèrent cinq ans.

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Rattaché aux Pays-Bas par le Traité de Vienne, notre pays devait se défendre d’un retour des
‘’Napoléonistes’’. Notre fort devait défendre l’accès de la vallée mosane. Sa façade principale
est construite en direction du sud, vers la France. Le piton rocheux fut arasé et la construction
actuelle prix la place du vieux château. Seul l’ancien puits du XIIe siècle, amélioré sous Erard
de la Marck, (1506-1538), fut conservé. Il devait alimenter en eau une garnison de 600 hommes,
dont 100 canonniers. Le fort est bâti en quadrilatère aux côtés inégaux à 45 mètres au-dessus
du fleuve.
Mais en dépit des effets des guerres et des bombardements, Huy put vivre de son commerce et
de son artisanat pendant tout l'Ancien Régime. C’est encore l’essor des activités comme la
papeterie, l’orfèvrerie et plus tard l’industrialisation, qui permit au XIXe siècle à plusieurs
familles hutoises d’être héritières, dans l’industrie, des fortunes amassées précédemment. Huy
fut d’ailleurs surnommée à la fin du siècle, la ‘’Ville aux Millionnaires’’.
Au pays nouveau qui naquit en 1830 et auquel elle appartenait, la ville de Huy offrit également
un de ses pères en la personne de Joseph Lebeau.
Aujourd’hui, comme depuis ses origines, Huy est installée de part et d’autre de la Meuse. Rive
gauche, Batta, Saint Pierre et Statte étendent leurs bras commerçants vers les greniers de la
riche Hesbaye. Rive droite, les vieux quartiers encore résonnant de leur prestigieux passé
s’étirent le long du Hoyoux, s’insinuant jusqu’aux portes du Condroz.
De nos jours
Huy compte un peu plus de 21 000 habitants et occupe le poste de chef-lieu d’arrondissement
de la province de Liège. La commune est connue entre autres pour accueillir sur son territoire
la centrale nucléaire de Tihange et ses trois réacteurs sobrement nommés Tihange 1, 2 et 3.
Son bourgmestre actuel se nomme Christophe Collignon (PS).

Verviers (CP 4800)


Blason
Ce blason est, dans la terminologie héraldique : “Coupé: en chef d'argent à
trois lions de sinople armés et lampassés de gueules, couronnés d'or, qui est
du marquisat de Franchimont; en pointe, cousu d'argent la branche de chêne
au naturel englantée d'or. L'écu sommé d'une couronne murale d'or à trois
tours. Devise: vert et vieux, de sinople sur un listel d'argent.”
Histoire
Le début de l'histoire de Verviers se perd dans la nuit des temps. Il semblerait
que l'origine vienne d'une villa romaine (summavilla) qui aurait été installée sur l'actuelle place
du marché juste en face de l'hôtel de ville. Par ailleurs, Verviers possède toujours la place
Sommeleville.
La Vesdre, dont les eaux sont régulées par le barrage de la Gileppe revêt une importance toute
particulière. C'est en effet grâce à ses eaux acides, descendant tout droit des Fagnes, que
l'industrie lainière s'est installée à Verviers à partir du XVème siècle et y a tant prospéré. Simple

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bourgade jusqu'au XVIIème siècle, Verviers est élevée au rang des bonnes villes de la
Principauté en 1651 par le Prince-Évêque.
Pendant l’été 1839, Victor Hugo est de voyage en Allemagne et marque un arrêt à Verviers.
Celui-ci écrit : « Verviers, ville insignifiante d'ailleurs, se divise en trois quartiers qui s'appellent
la Chick-Chack, la Basse Crotte et la Dardanelle. J'y ai remarqué un petit garçon de six ans qui
fumait magistralement la pipe, assis sur le seuil de sa maison. En me voyant passer, ce marmot
fumeur a éclaté de rire. J'en ai conclu que je lui semblais fort ridicule. »
La ville fut parcourue par un tramway à traction animale de 1880 à 1900, remplacé par un
tramway électrique de 1900 à 1969. Le moyen de locomotion cessera de fonctionner le 31
décembre 1969.
Barrage de la Gileppe
Dessiné par l'ingénieur Bidaut. La première pierre sera posée le 9 octobre 1869 la construction
avait un budget de 3.250.000 francs. Il régularisera le cours de la Vesdre et ses réserves
permettront d'alimenter l'industrie naissante de la région.
De nos jours
La Capitale wallonne de l’eau compte plus de 55 000 habitants et, tout comme Huy, occupe le
poste de chef- lieu d’arrondissement de la province de Liège. Elle est de fait la deuxième plus
importante ville de la province et l’une des 10 de Wallonie. Dans la deuxième moitié du 20e
siècle, Verviers connaît une immigration extra- européenne très importante et en 2011 on a
compté 117 nationalités différentes en ville.
Le bourgmestre de Verviers est Muriel Targnion (PS).

Herve (CP 4650)


Blason
Saint Jean-Baptiste, le saint patron de la ville est représenté sur ce blason, tenant le petit écu du
Duché de Limbourg. En effet, Herve appartenu au Limbourg jusqu’en 1813 où plusieurs parties
du Limbourg furent annexées à la nouvelle province de Liège. Par après, en 1819, le
gouvernement hollandais décida des couleurs du champ et du saint, en reprenant celles des
armoiries hollandaises : or et bleu. Les héraldiques du blason furent conservés jusqu'à
aujourd'hui, et ce même pas après l’indépendance de la Belgique.
Ce blason est, dans la terminologie héraldique : “D'azur à un Saint Jean-Baptiste, posé sur un
tertre, accompagné à senestre d'un agneau, le tout d'or, le Saint tenant de la dextre une
bannière du même et de la senestre un écu aux armes de l'ancien duché de Limbourg, à

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savoir d'argent au lion de gueules, la queue fourchue en sautoir, armé et couronné d'or,
lampassé d'azur.”
Histoire
A l’origine, le nom de la ville proviendrait du cours d’eau “Arvia”, dont aujourd’hui il ne reste
qu’un petit filet appelé le Hack.

Le quartier wallon, aussi appelé le Ban de Herve, a longtemps été rattaché au duché de
Limbourg. C’était, avec le comté de Dalhem, la propriété du duché de Brabant. L’ensemble
était nommé Pays d’Outremeuse.
Grâce à la construction d’un château et d’une église dans Herve, le territoire obtint
officiellement le statut de ville vers 1270. Aujourd’hui, il ne reste que la tour de cette église,
qui servait aussi de donjon à la forteresse.
En 1777, la ville de Herve se limitait à un axe principal d’orientation sud-ouest vers nord-est,
d’environ 1 km de longueur. Cet axe comprend les actuelles rues Jardon et Roosevelt, la place
de l’Hôtel de Ville, Potiérue et les rues du Marché et Leclercq.
Le 4 août 1914, les troupes allemandes traversent Battice et Herve, non sans complications dues
à la résistance du fort Fléron. Les allemands répondent à cet acte de bravoure en battant en
retraite, non pas sans piller et brûler les maisons de la population. Une grande partie de Herve
fut incendiée le 5 et 6 août, et 72 civils furent exécutés le 8 août devant leur porte à Labouxhe-
Melen. On y comptait des Batticiens et des Herviens. Herve reçut le titre de première ville
martyre de Belgique, suite à cet événement tragique commis au début de l’invasion.

Le Fort de Battice
Un des quatres forts de la région construits dans les années 1930. En mai 1940, le fort subit un
siège de douze jours sous le feu de l’artillerie lourde et de l’aviation allemande. 28 occupants
d’un bloc de combat décéderont de façon tragique, dû à une bombe de stuka qui pénétra dans
le bloc suite à un ricochet.

Le Château de Bolland
À trois ou quatre kilomètres au nord-ouest de Herve, s'élève le château de Bolland, ancien
domaine des sires d'Eynatten, qui passa aux Lannoy avec Julémont. Le château, à tourelles
d'angle, est entouré d'un fossé. L'endroit possédait encore des constructions d'un couvent de

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Récollets fondé au XVIème siècle par Jean de Berlo et d'Eynatten, sire de Bolland. À la même
époque, la famille d'Eynatten fournit deux gouverneurs à la forteresse de Franchimont.

De nos jours
La région de Herve n'a guère changé de physionomie depuis le siècle dernier: un verdoyant
échiquier de prairies encloses de haies vives avec des chemins creux et un réseau de petites
sentes qui traversaient les clôtures au moyen d'échaliers (monteu en langage du cru) fermant le
passage au bétail.

Malmedy (CP 4960)


Héritiers d'une riche culture wallonne, les habitants sont fiers de leur langue et de leurs
traditions. Des associations culturelles font découvrir la ville et les villages. Les jours de pluie,
les musées accueillent les visiteurs pour leur faire découvrir le riche passé de la région.
Nature
De nombreux cours d'eau sillonnent la région, ils musardent dans les champs ou dévalent des
sommets. Au détour d'un sentier, des paysages enchanteurs surprennent les visiteurs. Une flore
et une faune exceptionnelle intéresseront les amis de la nature et les scientifiques. C'est la
première richesse à découvrir, la plus belle, la plus généreuse. Les forêts, les campagnes et les
rivières sont encore préservées de la pollution. Le calme et la sérénité y règnent en maîtres et
constituent un traitement de choix des tensions et des soucis qui agitent nos vies. De nombreuses
promenades pédestres et de VTT ont été tracées et fléchées pour les touristes. Elles sont reprises
sur une carte des Promenades éditée par l'Office du Tourisme de Malmedy. Les cercles
naturalistes de Malmedy organisent régulièrement des randonnées guidées en fagne et dans la
région. On peut enfin découvrir cette beauté à cheval ou descendre certaines rivières en kayak.

Les Hautes Fagnes


Ces vastes étendues austères où la Belgique touche le ciel du doigt ont inspiré de nombreux
peintres et poètes. Impitoyable avec le promeneur imprudent, mystérieuse dans la brume,
grandiose sous le soleil ou sous la neige, la Fagne, terre de légendes et réserve naturelle se visite
avec respect.

Sites
- La maison Cavens, située 11 place de Rome est un ancien orphelinat. Fondation de Jean
Hubert Cavens, cette belle bâtisse abrite aujourd'hui le musée national du papier, ainsi que le
musée du carnaval.
- La cathédrale. Bâtie comme abbatiale à partir de 1775, elle fut dédiée aux Saints Pierre, Paul
et Quirin le 5 septembre 1784. Devenue paroissiale en 1819, elle fut érigée au rang de cathédrale

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entre 1920 et 1925, à l'époque des éphémères gouvernements Baltia et diocèse d'Eupen-
Malmedy. Le maître- autel est en marbre et date de 1877.
L'autel de marbre de la Sainte Vierge date de 1773. La chaire de vérité ainsi que les quatre
confessionnaux datent de 1770. La cathédrale contient le reliquaire de Saint Quirin. À voir
également les vitraux qui ont été remplacés suite aux bombardements de décembre 1944. Le
carillon date de 1786 et est composé de 35 cloches qui furent fondues par le Malmédien Martin
Legros. Périodes d'ouverture: tous les jours à l'exception de certains jours de fête où l'affluence
en ville est trop importante.
À droite de la cathédrale, dans le parc de l'Abbaye, se dresse un mémorial dédié aux victimes
civiles des bombardements de décembre 1944 lors de la bataille des Ardennes. Sur cinq stèles
figurent 219 noms.
- Le Monastère date de 1708, et l'aile ouest fut fortement endommagée lors du désastre de
décembre 1944. C'est là qu'un grand nombre de Malmédiens et de soldats américains trouvèrent
la mort. Devant le monastère, trois monuments sont érigés à la mémoire des militaires victimes
de deux guerres mondiales. Aujourd'hui, le bâtiment abrite notamment les bureaux de l'Office
Communal du Tourisme. Dans le jardinet jouxtant l'ancien presbytère, se détache sur un tronc
le médaillon du paysagiste Jean Nicolas Ponsart, ami de Madou.
- Le Monument Apollinaire. Le long de l'ancien Thier de Liège, un monument fut érigé à la
mémoire du poète Wilhelm Apollinaris de Kostrowitzky - alias Guillaume Apollinaire - qui
séjourna dans la région durant l'année 1899. Apollinaire aimait se promener dans les Fagnes, si
souvent sous la brume. Il a écrit un très beau poème sur la ville de Malmedy.
- La Chapelle des Malades. Consacrée en 1188 sous le vocable de Sainte Marie-Madeleine,
elle fut réédifiée en 1544 et consacrée en 1554. Sa forme actuelle date d'une transformation de
1768. La Vierge qui orne l'autel date de 1742 et fut offerte après l'épidémie de 1741 qui, en huit
mois, provoqua la mort de plus de 800 habitants de Malmedy.
- L’Arbre de la potence est situé à Floriheid, ce vestige est le témoin du supplice
qu'encoururent les Frères Renard pour avoir assassiné le curé de Xhignesse en 1778.
- La Vieille Halle de Gretedar. Anciennement porte de ville puis mairie, elle servit également
de prison. Construite en 1601 ou 1602, et transformée en 1727, elle est utilisée de nos jours
pour les expositions organisées par l'a.s.b.l. ‘’Malmedy-Folklore’’.
- Le Calvaire a été érigé en 1728 par le capucin Albert de Dinant sur la colline de Livremont.
La quatorzième station est représentée par une chapelle qui revêt toute son importance le
Vendredi Saint à 15 heures. Un belvédère en contrebas vous fera découvrir Malmedy.
- L'Église des Capucins. Elle fut achevée en 1626 et consacrée en 1631. La chaire de vérité
ainsi que les deux confessionnaux datent de la fin du XVIIe siècle; tandis que la Vierge à
l'Enfant est une sculpture de l'école de Jean Delcour.
- Les Kiosques à Musique. Ils sont trois, décorés, fleuris et se situent, place de Rome, place
Saint-Géréon et place du Pont-Neuf. Ce dernier profite d'une décoration tout à fait originale et
qui subsiste toute l'année.
- La Maison VILLERS. La date "1724" inscrite dans le fronton de la porte d'entrée pourrait
être celle de la fin de la construction. Plusieurs auteurs affirment sans citer leurs sources que la

45
campagne de construction se situerait entre 1714 et 1724 et que l'architecte en serait Laurenz
Mefferdatis d'Aix-la- Chapelle. Chose certaine, l'habitation fut édifiée à l'initiative de Quirin
Joseph Dester, Conseiller du prince-abbé; il la vendit à Hubert Cavens, ancien Bourgmestre. Ce
dernier la donna à sa fille, Anne- Elisabeth qui, en 1779, épousa Nicolas Mostert d'Eupen. Elle
fut miraculeusement épargnée par les bombes en 1944. Par la suite, elle appartenu aux époux
Villers-Mostert, puis à Melle Simone Villers avant de devenir la propriété de l'Administration
Communale de Malmedy depuis 1998. Il s'agit d'une construction en briques enduites et pierres
pour les soubassements, seuils, chaînages, baies, cordons.
Les baies des fenêtres sont liaisonnées avec déharpements, celles des portes sont en plein cintre,
inscrites dans le rectangle. Imposante toiture d'ardoise, à croupets en-dessous d'un niveau à la
Mansart. Il y a correspondance des façades antérieures et postérieures avec enrichissements,
côté rue (fronton et consoles à l'entrée, bardeaux d'appui en cordon unissant les cinq travées de
chaque étage, lucarnes richement ornées au premier étage de la toiture, ...).
Cette architecture extérieure, remarquable par elle-même, l'est davantage encore puisqu'elle
reste le seul exemple malmédien d'architecture patricienne du premier quart du 18e siècle.

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Chapitre cinquième :
La Liégeoise de Namur

Première partie : L’Université de Namur


Des débuts modestes (1831-1845)
Dès 1831, sous l’impulsion de Jean-Baptiste Brabant, père du bourgmestre de Namur, sept
familles se cotisent pour faciliter la fondation d’un collège de jésuites à Namur, à condition
qu’y soit organisée une classe de philosophie après les études secondaires. Avec cet argent,
Jean-Baptiste Brabant achète une partie de l’ancienne abbaye bénédictine de la Paix Notre-
Dame et en cède la propriété au Père Herman Meganck, alors vice-recteur de la communauté
jésuite.
Placé sous le patronage de Notre-Dame de la Paix, le collège ouvre ses portes le 1er mai 1831.
Le 3 octobre, deux étudiants s’inscrivent en philosophie. Toutefois, c’est l’année suivante que
la classe de philosophie, qui compte neuf étudiants, est officiellement inaugurée. Ainsi, sans le
savoir et de manière modeste, sont jetées les bases des futures Facultés universitaires. Ce type
d’enseignement supérieur pouvait exister : le gouvernement de la jeune Belgique, au nom de la
liberté d’enseignement proclamée dans la Constitution, venait d’admettre la création de
‘’Facultés libres’’ à côté des trois Universités d’État fondées par le régime hollandais (Gand,
Liège, Louvain).
En octobre 1834, un programme qui s’étale sur deux ans est mis sur pied. Outre des cours de
philosophie, il comporte des cours de sciences (physique, chimie, mathématiques). Au début de
l’année académique 1834- 1835, 15 étudiants sont inscrits. Dans leur enseignement, les
professeurs, qui sont tous jésuites, ont le souci d’inculquer une solide méthode de travail à leurs
étudiants. De là vient sans doute la réputation faite aux Facultés de Namur d’assurer une bonne
transition entre les études secondaires et l’Université, et cette réputation a eu la vie longue.

Un développement laborieux (1845-1945)


Avec les nouvelles lois de 1890-1891, les Facultés de Namur sont autorisées à organiser le
premier cycle en Philosophie, en Sciences et en Sciences médicales. Toutefois, il faudra
attendre 1919, pour que s’ouvre à Namur la première candidature en Médecine.
C’est seulement en 1926 que les Facultés de Namur sont habilitées à décerner leurs diplômes
en leur nom propre. Avant cette date, les étudiants devaient passer devant un jury central. Trois
ans plus tard, les deux Chambres réunies votent une loi sur l’enseignement supérieur par
laquelle les Facultés de Namur sont assimilées aux Universités. Les Facultés de Namur ont le
droit de constituer leurs propres jurys d’examens et jouissent de l’autonomie complète pour les
candidatures suivantes : Philosophie et Lettres, Sciences et Sciences naturelles et médicales.

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Une expansion progressive depuis les années 60
Ayant enfin droit à des subsides universitaires après une longue bataille pour être reconnu en
tant que tel, un vaste programme de constructions est élaboré. En trente ans, le visage des
Facultés Notre-Dame de la Paix va se modifier profondément : réaménagement de la faculté de
Philosophie et lettres, édification des bâtiments de Sciences et de Médecine, construction de la
faculté des Sciences économiques et sociales et de celle de Droit, de l’institut d’Informatique,
de la Bibliothèque Universitaire Moretus Plantin et du grand amphithéâtre Pedro Arrupe,
rénovation de l’Arsenal pour accueillir les restaurants universitaires.
À partir des années 60, la communauté universitaire namuroise subit deux modifications
notoires. D’une part, des enseignants laïques viennent étoffer le corps académique et
scientifique de l’institution jusqu’alors composé uniquement de jésuites. D’autre part, la
population étudiante, qui provient de toutes les régions du pays, augmente de manière rapide et
continue : 466 étudiants en 1960, 1832 en 1970, 2.936 en 1980, 4.325 en 1990, 4.322 en 2005.
Le fait de pouvoir délivrer des diplômes de deuxième et surtout de troisième cycle (acquis
tardivement) stimule la recherche et attire des chercheurs. Ainsi, à côté de l’enseignement où
la qualité est toujours visée, un potentiel de recherche se constitue progressivement. C’est en
1972 que la première dissertation doctorale est défendue aux Facultés.
Dès la rentrée académique de septembre 2005, les étudiants de première génération sont
accueillis dans le nouveau cadre (baccalauréat - master) des études universitaires défini par le
décret en application des accords européens dits « de Bologne ».
En septembre 2012, les Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix (FUNDP) prennent le
nom d'Université de Namur (UNamur). Le changement de nom s'effectue définitivement en
mars 2013.
Le décret Paysage (décret Marcourt) est promulgué le 7 novembre 2013. Depuis lors, de
nombreuses complications dans le parcours étudiant se font sentir.

Le bunker
Depuis son ouverture, le Bunker de Namur accueille plusieurs fois par semaine des centaines
d’étudiants baptisés ou non. Situé sous la fac de médecine, cette salle aux murs peints aux
couleurs des régionales et des cercles namurois est LE lieu-dit de la guindaille.
Au mot bunker on associera Caniche. Gardien des portes du Bunker, Jaques Tassain est né en
1946 et prend son rôle très à cœur. Il est un des rares propriétaire d’un calotte honorifique, ce
qui signifie qu’elle lui a été offerte par les étudiants en guise de symbole, sans qu’il ait à passer
de corona.

Les cercles
Les cercles étudiants de l'UNamur sont des associations, à l'origine folkloriques et culturelles,
créées par les étudiants de l'UNamur.

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Aujourd'hui, la plupart des cercles de l'UNamur sont des associations de fait ou des associations
sans but lucratif reconnues par le Conseil administration de l'UNamur, qui poursuivent
bénévolement « des buts culturels et de défense des intérêts des étudiants.»
Ils rassemblent par définition les étudiants d’une même faculté, d’une même catégorie ou ayant
un domaine d’études commun. Habituellement le cercle dispose d’une salle, bien souvent
assortie d’un bar, véritable quartier général lui permettant de planifier et d’organiser ses
réjouissances. Ce sont les cercles qui se chargent par exemple de pratiquer l’arrivée « des bleus
» en début d’année académique.
En parallèle à cet aspect purement festif et folklorique, les cercles ont également une vocation
plus sérieuse, au sein de leurs facultés respectives. En effet, ils sont amenés à mettre en place
des parrainages et des tutorats entre étudiants, ou encore à organiser des événements culturels
et sportifs. La plupart organisent « une revue » chaque année, un spectacle mettant en scène les
étudiants ou leurs professeurs dans des situations souvent comiques. Ils se font même parfois «
syndicat » des étudiants pour défendre les droits de ces derniers.
Actuellement, le campus namurois contient onze cercles, c'est-à-dire un cercle par faculté de
l’UNamur. Sont donc inclus : le cercle droit, éco, VT, math, chigé, bio, info, philo, med,
biomed et pharma. Chaque cercle est composé d’un comité d’une quinzaine de personnes. Il est
important de préciser que, hormis le cercle VT, les cercles estudiantins namurois n'organisent
pas de bleusailles. Les “membres” d’un cercle sont admis en fonction de leur implication au
sein de l’association. Celle-ci peut se traduire par diverses services rendus pour le cercle, de
permanentes au bar et/ou en soirée ainsi que de l’achèvement de leur “carnet membres”.

Deuxième partie : La Liégeoise de Namur


La liégeoise fut fondée durant l’année académique 1986-1987 par Frédéric Dawans. La
liégeoise est la quatrième régionale apparue à Namur, quelques semaines avant la régionale
namuroise. Valeureuse et (anciennement) Footballistique, la Liégeoise accueille chaque année
de nouveaux bleus et bleuettes, friands de guindailles au bunker, en chapi ou dans le carré.

Des Grands-Maîtres liégeois


Prénom Nom Surnom Année de présidence
Frédéric Dawans 1986-1987
Alain Robert 1987-1988
Philipe Denoel Pilif 1988-1989
Gilbert Andernack 1989-1990
Fred Luizi Doche 1990-1991
Alexandre Kriegel Kralex 1991-1992
Renaud Straat 1992-1993
Antoine Charue Tonio 1993-1994
Roger Doome Gégé 1994-1995
Pascal Lestrate Calou 1995-1996
Philippe Quertemont Fifi 1996-1997
Nicolas Discry Nico 1997-1998
Arnaud Collignon 1998-1999

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Pierre-Yves Bernard Poulet 1999-2000
Alexis Dumortier 2000-2001
Olivier Eloy 2001-2002
Cédric Evers Tapette 2002-2003
Olivier Zambon Zambon 2003-2004
Alexandre Chalier Mailleux 2004-2005
Geral Evers Gégé 2005-2006
Geoffrey de Lame Standard 2006-2007
Pierre Delcour Del 2007-2008
Selim Khamis L’arabe 2008-2009
Geoffrey Thomas Manny 2009-2010
Xavier Tossens Toss 2010-2011
François Delcour Vandel 2011-2012
Nicolas Lambert 2012-2013
Thibault Saroléa Saro 2013-2014
Quentin Martin JB 2014-2015
Maxime Mac’cord Regard de braise 2015-2016
William Dechamps Witsel 2016-2017
Gilles Derome Gillou 2017-2018
Lucas Schoenauen Chaton 2018-2019
Victoire Gillard 2019-2020
Sarah Vandeven 2020-2021
Sarah Vandeven 2021-2022

Du Comité
• Praeses : Il est le maître incontesté et incontestable de la régionale durant une et une
seule année. Il a regard sur tout ce qui se passe. Il a le droit de veto pour toutes les
décisions au sein de la Liégeoise. Il a pour but de représenter un maximum les valeurs de
sa régionale sur les différents sites estudiantins, lors d’événements et au sein de son
comité.

• Vice Praeses : Remplit les fonctions du praeses en son absence, s’occupe des plus grosses
tâches comme le banquet, les polos…

• Quaestor : Responsable des comptes et perçoit les participations aux réunions et s’occupe
de l’intendance.

• Scriba : Responsable du regroupement des coordonnées, de l’organisation des réunions,


des invitations, des echogitos.

• Tyronum Maïor : Responsable de l’organisation des bleusailles et du suivi des bleus après
le baptême.

• Scurra : C’est lui qui se charge d’amuser la galerie, notamment lors de bibitives. Il se doit
également de transmettre le folklore de sa régionale aux générations à venir.

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• Del event : Durant l’année, le del event est responsable des différents réseaux sociaux de
la régionale, de l’aspect public. C’est aussi lui qui organise avec les vice-présidents la
semaine Liégeoise et en particulier l'excursion.

• Del relex : Le délégué relex se charge des relations avec les autres comités, cercles,
externes… Son rôle consiste entre autres à louer les cercles lors d’événements, faire les
inventaires et rangements .

• Mécène : C’est lui qui se charge de collecter les sponsors qui permettent de financer les
événements et textiles et d’enrichir le pouvoir d’action d’une régionale.

• Del logistique : Il gère l’aspect logistique de la régionale, s’occupe de prévoir les course,
les quantités, le côté pratique. Il garde chez lui le matériel nécessaire à la Liégeoise durant
l’année.

Les comités Liégeois à travers les âges:


Comité XXXII Comité XXXIII
Magnus Magister : Magnus Magister : Gilles Derome
Président : Gilles Derome Président : Lucas Schoenauen
Vice-président: Louis Delcour Marie Vice-président: Christelle Trion et
VAnLerberghe Baptiste Jamaigne
Scriba: Romane Wirtzfeld Scriba: Salomé Berton
Trésorier: Victoire Timmermans Trésorier: Chloé Pirard
Scurra:Lucas Schoenauen Scurra: Guibert de Grady
Tyros: Paul Simons Ibrahim Hamoutahar Tyros: Sébastion Samson et Simon Paquot
Del Event: Elodie Akkari et Chloé Pirard Del Event: Jason Mata et Matthis Belot
Del Relex: Christelle Trion Del Relex: Victoire Gillard
Del Logistique: Octave Christophe et Del Logistique: Eline Wautelet
Andrea Culot Del Photo : Marie Radoux

Comité XXX IV Comité XXXV


Magnus Magister : Lucas Schoenauen Magnus Magister : Victoire Gillard
Président : Victoire Gillard Président : Sarah Vandeven
Vice-président: Simon Paquot et Salomé Vice-président: Nicolas de Maeght et
Breton Charline Dardenne
Scriba: Marie Radoux Scriba: Valentine Bourgeois
Trésorier: Chloé Pirard Trésorier: Cédric Timmermans
Scurra: Jason Matta Scurra: Lionel Loncin
Tyros: Eline Wautelet et Baptiste Jamaigne Tyros: Tom Nicolas et Loïc Delvigne
Del Event: Benjamin Herr Del Event: Charles Schmit et Basile Coeme
Del Relex: Sarah Vandeven Del Relex: Justine Preillon
Del Logistique: Nicolas de Maeght Del Logistique: Florence Dehaye
Mécène : Adrien Baurin
Del XXXV : Thomas Lemaire et Valentine
Poupart

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Comité XXXVI Comité XXXVII
Magnus Magister : Victoire Gillard Magnus Magister : Sarah Vandeven
Président : Sarah Vandeven Président : Charles Schmit
Vice-président: (Charles Schmit) et Vice-président: Louis Raspor et Sophie
Charline Dardenne Domken
Scriba: Valentine Poupart Scriba: Marie Keutgen
Trésorier: Cédric Timmermans Trésorier: Constance Closset
Scurra: Lionel Loncin Scurra: André Lucion
Tyros: Tom Nicolas et Loïc Delvigne Tyros: Rodolphe de Boorman et Lorie
Del Event: Thomas Lemaire Pierret
Del Relex: Florence Dehaye Del Event: Pascaline Lakaye et Florence
Mécène : Justine Preillon Pirard
Del Relex: Margaux Doyen
Del Logistique: Lola Japsenne
Mécène : Antoine Barthelemy

Des récompenses liégeoises


L’Ordre du Perron
L'Ordre du Perron est une récompense (vlek) interne à la Liégeoise. Elle est attribuée par le
Grand-Maître en accord avec les autres vlekés des années précédentes. Principalement elle
récompense les membres ayant fait preuve d'une grande motivation ou ayant rendu un grand
service à la Liégeoise. Elle s'attribue aussi en signe de reconnaissance envers les plus anciens
d'entre nous.
La première fois qu'on reçoit cette récompense, on devient bachelier du l'Ordre de Perron, si on
la reçoit une deuxième fois, on est élevé au rang de chevalier. Le Grand-Maître de l'Ordre du
Perron est automatiquement le président sortant. Le dessin du Vlek est un perron sur fond sang
et or. Une étoile surplombe le perron lorsque que l'on est chevalier.

L’Ordre du Coq Liégeois


L'ordre du Coq Liégeois, l'ordre folklorique de la Liégeoise, fût créé par Tonio (Antoine
Charue) en 1993. Son Grand-Maître est le Bouffon en fonction (Scurra), il est le gardien du
drapeau de l'Ordre. Il récompense les auteurs de bonnes guindailles et autres bouffonneries.
Cet Ordre possède un chant propre: le "Poule en haut" (créé par Roger Doome alias Gégé en
1994) et remet plusieurs récompenses à diverses occasions telle que des concours de guindaille,
etc.

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Les Djîn Djus d’la
Les Djîn Djus d'la sont une autre récompense. Elle est réservée aux personnes extérieures à la
Liégeoise, ‘’les d'gens dy oud'la’’ étant les habitants d'Outre-Meuse. Elle est remise par le
Président en fonction en accord avec le comité et est attribuée en guise de remerciement pour
une participation active aux activités organisées par la Liégeoise tout au long de l'année.
Le dessin de ce Vlek est une chope souriante sur un fond sang et or.

Des ordres
Le conseil inter régionale (CIR)
Le conseil CIR est composé de tous les membres du comité CIR ainsi que de tous les présidents
de régionales. Il se réunit lorsqu’un vote doit avoir lieu. Il veille à ce que tout se passe bien,
règle les problèmes intra- régionaux ou ceux entre les différentes régionales, il organise les
baptêmes, distribue des subsides et est le garant du respect des traditions et du folklore. Les
membres du comité CIR portent des toges noires à bord rouge (couleurs de la province de
Namur).

La confrérie des dignitaires de l’ordre de Saint-Aubain (CDOSA)


Cet ordre est l’association estudiantine reconnue nationalement comme garante et protectrice
des traditions et du folklore calottin sur le site de Namur. Son signe distinctif est le port d’un
band noir et rouge.
La confrérie fut fondée le 15 novembre 1984 par :
• John Lebrun
• Jean-Luc Lanneau
• Jean-Philippe Rivière
• Jean Santacaterina
• Quentin Scouflaire
• Thierry Schamp

Pour rentrer dans l’ordre, il faut répondre à plusieurs conditions :


1. Avoir été ou être étudiant dans un établissement belge d’enseignement supérieur
catholique.
2. Être calotté et baptisé par une association reconnue par la CDOSA.
3. Être un sujet de sexe masculin.
Le comité de la CDOSA est composé d’un Grand-Maître, d’un Chancelier (substitut et
secrétaire), d’un Censeur, d’un Argentier (trésorier), d’un Chambellan (organisation des
séances) et d’un Tyronum Maïor.

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Les décorations de la CDOSA sont les suivantes :
• L’Ordre de la Mitre (1984) est une décoration interne et externe, décernée par le
Grand-Maître de la Mitre qui doit être un dignitaire de la CDOSA. Elle récompense toute
personne qui au cours de la Saint-Nicolas de Namur s’est distinguée par son investissement et
sa volonté de perpétuer cette festivité.
• L’Ordre du Grognon (1987) est une décoration interne et externe qui récompense les
services rendus à l’Ordre qui possède cinq grades : chevalier, officier, commandeur, grand-
officier et grand-croix. Cet ordre a été reconnu par l’Ordre de Francoys Villon Montcorbier en
2003.
• L’Ordre Lyrique du Bardit (2001) est une décoration interne et externe qui
récompense toute personne qui se serait distinguée par son dévouement à perpétuer la tradition
de la guindaille sur le site namurois. Elle possède trois grades : chevalier, officier, commandeur.

L’Ordre des Dames des Remparts (ODR)


Ordre exclusivement composé de femmes, calottées, étudiantes ou anciennes étudiantes FNDP.
Cette association estudiantine fut fondée à Namur le 29 mars 2015 par :
• Mégan Dropsy,
• Eloïse Boreux,
• Mélanie Charon
• Marie Bayot
• Sarah Posho
• Kathryn Barett

Conditions d’adhésion à l’ordre :


1. Avoir été ou être étudiante dans un établissement belge d’enseignement supérieur
catholique.
2. Avoir été baptisée et calottée par une association reconnue par l’ODR (FNDP).
3. Être une femme.
Les pucelles et demoiselles portent un band rose afin de représenter l’ordre. Lors des réunions
les demoiselles (intronisées) portent une toge grise et rose.
Le comité est composé de : la Grande Dame, la P’tite Dame, la Beuglante, la Tripoteuse, la
Doigteuse et de la Pisseuse.

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L’Ordre Souverain de la Calotte (OSC)
L'Ordre Souverain de la Calotte a deux buts distincts et primordiaux : fédérer
les étudiants calottins de Belgique ainsi que les associations (cercles, ordres,
etc.) qui les représentent et distinguer ceux qui auront œuvré au rayonnement
des valeurs propres à l’étudiant calottin. Fondé en 1895, l'OSC est Société
royale depuis 1995. La devise de l’OSC est « Sans peur ni bravade » et ses couleurs sont « de
gueules et de sinople au liseré tricolore belge ».

Le Cercle de l’Émeraude
L’histoire du cercle « L’Émeraude » commence le 15 décembre 1988 quand, répondant à
l’appel lancé par le camarade Michel Franckson dans sa Circulaire du 24 octobre 1988, quatorze
Calottins liégeois se réunissent en la crypte de la chapelle du Grand Séminaire de Liège afin de
fonder un cercle exclusivement calottin. Tous sont issus, qui de l’Ordre du Torè, qui de l’Ordre
du Grand Séminaire et comptent parmi la quarantaine de calottes liégeoises qui déambulent
alors dans les travées du folklore ordinesque principautaire, depuis le renouveau de la calotte à
Liège survenu lors de la Saint-Nicolas de 1983.
À cette occasion, huit calottes sont parrainées et dépucelées par Jacques Leblanc, ancien
Président de l’Union entre 1952 et 1953, assurant ainsi la filiation légitime avec les générations
de calottes qui les ont précédées.
Après les efforts considérables des Calottins Liégeois, menés par une motivation non-
dissimulée de Michel Franckson, l’entrée de l’Émeraude au sein du Directoire de l’OSC est
votée un soir d’hiver à Louvain-La- Neuve, plus précisément le 4 décembre 1990 aux alentours
de « 25 heures ».
Le 29 mars 2004, l’Émeraude répond favorablement à la demande de l’Ordre de la Questure
Raymaldienne de la rejoindre, après que ceux-ci aient édité ses statuts en règle vis-à-vis des
exigences du Cercle. Les premières Calottes Raymaldiennes sont évaluées et octroyées. Parmi
celles-ci figure la première représentante du beau sexe de l’histoire de l’Émeraude, étant
entendu que l’Union d’avant 1968 compta parmi ses membres des calottes féminines. À ce jour,
l’Émeraude ne compte que 5 calottes féminines. Après une période de troubles, c’est finalement
le 7 novembre 2010 que la procédure l’incorporation de l’OQR prend fin suite à la mise en
conformité de ses statuts en revendiquant le caractère calottin obligatoire dans le chef de son
Grand-Consul.
Aujourd’hui débarrassée de ses anciennes tracasseries, l’Émeraude voue son existence à la
défense et à la promotion du couvre-chef des étudiants catholiques au sein du folklore liégeois

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Des autres régionales

Régionale Dates Couleurs Héraldiques Chant Symboles


RTM 1981-1982 Rouge Gueule Les Tournaisiens La fleur de Lys
Blanc Argent sont là La tour de la liberté
Carolo 1983-1984 Noir Sable Pays de Charleroi Le châssis à molette
Blanc Argent La lampe de mineur
Luxembour 1984-1985 Rouge Gueule L’Union La Hure
geoise Blanc Argent Luxembourgeoi Le sanglier sur pattes Le
Bleu Azur se loup bâté
Liégeoise 1985-1986 Rouge Sang Valeureux Liégeois Le Perron
Jaune Or Le Toré
Namuroise 1985-1986 Noir Sable Li Bia Bouquet La caracole
Jaune Or
Brabo 1986-1987 Rouge Gueule Cheerio Le lion des Flandres
Blanc Argent Le valet de pique
Rouge Gueule
Chimacienne 1986-1987 Rouge Gueule Au Loup Le glaive
Le loup
Binchoise 1989-1990 Bleu Azur Le Petit Jeune Le Gilles de Binche
Jaune Or Homme de Binche Tour de la sorcière
BW 1991-1992 Bleu Azur Viv’ Djan Djan Le D’jan de Nivelles
Blanc Argent Le Manneken Pis
Le Maca de Wavre
Destuna 2006-2007 Bleu Bleu roi Destuna Lied Le blason de la communauté
(1976) marine germanophone
Le clown d’Eupen

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Chapitre sixième :
Le folklore liégeois

La légende de Tchantchès

Le 25 août 760, à Liège, le quartier populaire du Djus d’la Mouse, sur la rive droite, était en
effervescence. Au milieu de la rue, un enfant était né, miraculeusement éclos entre deux pavés.
C’était un beau bébé, frais, joufflu, robuste. Il souriait aux badauds qui affluaient de toutes les
ruelles et venelles environnantes.
Soudain, il se mit à clamer sa soif, non pas comme, plus tard, le Gargantua du bon Rabelais, en
criant : « À boire ! », mais en entonnant à plein gosier, d’une de ces voix splendides fréquentes
en Wallonie, un refrain populaire qui résonnait souvent entre les murs du Djus d’la Mouse, les
soirs de liesse :

« Allons, la mère Gaspard, Encore un verre, encore un verre… ».

Et il promenait sur la foule un regard qui cherchait si la mère Gaspard ne sortirait pas. Elle se
présenta sous les traits d’une brave grosse commère, qui cria :
- On ne va tout de même pas laisser cet enfant mourir de soif. Il faut qu’on lui donne à boire,
surtout que s’il continue à chanter ainsi, il aura encore plus soif. Ce disant, elle courut chez
elle et revint bientôt, tendant au gamin un plein verre d’eau. Le bébé repoussa la boisson avec
une moue dégoutée. Un grand éclat de rire partit de la foule amusée de la mine déconfite de la
femme.

Un homme s’avança et lui dit :


- Tu vois ! Tu ne veux jamais me croire quand je te dis que l’eau ne vaut rien ! C’est une boisson
bonne pour les plantes et pour les bêtes, mais pas pour les hommes, ça n’a jamais rien valu.
Ça donne du sang de poisson
! Ce gamin-là promet d’être un fameux homme. Je vais lui chercher, moi, une boisson qui lui
convient !
Il revint et tendit un biscuit trempé dans du « pèquet » au bébé qui l’avala goulûment. Alors il
lui servit une grande rasade de genièvre que l’enfant engloutit comme si c’eut été du lait.
L’homme était ravi. Le petit voulut se lever, mais il retomba, sa tête cognant durement contre
le pavé. Une exclamation de pitié monta de la foule, mais lui, se relevant, partit d’un grand éclat
de rire, et flatta d’un main compatissante le pavé qu’il avait touché.

L’homme qui l’avait abreuvé, cria: C'est un Liégeois ! Il a une tête dure ! Ce sera un fameux
homme… Écoute, fit-il à sa femme, nous n’avons pas d’enfants. Adoptons celui-ci ! Nous
l’appellerons Tchantchès (François).

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La femme fut ravie et elle emporta aussitôt Tchantchès dans leur petite maison du Djus d’la
Mouse. Son père adoptif se chargea de le nourrir. Il lui prodiguait force biberons de genièvre
du plus pur grain. L’enfant renâclait sur cette nourriture trop abondante, mais jamais le père ne
songea à diminuer la ration ; il s’imposait d’achever lui-même les biberons de son nourrisson.

À un tel régime, l’enfant poussa comme champignon en prairie. Le moment vint de le sevrer.
Le brave homme eut la malencontreuse idée de lui donner un hareng saur : son pupille en
contracta une soif inextinguible que seul le «péquet» parvenait à apaiser. Mais l’enfant
grandissait et se fortifiait. Sa mère constata bientôt que son nez croissait à une allure beaucoup
plus rapide que les autres parties de son corps. Il était coloré, rubicond, avec les reflets pourpres
et violets d’un ciel au crépuscule.

On eût dit qu’on avait greffé sur un visage d’enfant le nez d’un vieux Wallon adorateur du vin
et de la cervoise. Et cet appendice haut en couleur le défigurait à tel point que son visage servit
de modèle pour la fabrication des masques de carnaval. L’énormité du nez de Tchantchès était
un fréquent sujet de disputes entre les parents adoptifs :

- Tu vois, disait la mère à son mari, avec ta stupide idée de faire avaler de pleins biberons de
pèquet à cet enfant, voilà le résultat !

Cette énorme carotte qui le rendra ridicule toute sa vie, alors qu’il aurait pu être beau comme
un Jésus. Le père rétorquait :
- Vous autres, les femmes, vous êtes de mauvaise foi et vous ne raisonnez pas. Si l’usage du
pèquet faisait grandir les nez, le mien devrait être présentement comme une betterave !
D’ailleurs le sien ne pousse plus bien qu’il continue à boire du pèquet. Cette déformation est
certainement due à une autre cause que nous ne connaissons pas. Il avait raison. Cette disgrâce
physique était le résultat d’un accident survenu le jour du baptême.

La sage-femme qui le portait, une bonne femme grande et sèche, ne rechignait pas non plus à
une bonne rasade de la liqueur de feu. Ce jour-là, elle avait elle-même donné à boire au poupon,
et en prévision de la soif qu’il éprouverait du fait que le prêtre déposerait du sel sur sa langue,
elle lui avait accordé double ration. L’enfant n’en avait bu que le quart, avait repoussé de ses
menottes potelées le biberon qu’elle lui tenait, et, pour ne pas laisser le reste, elle l’avait avalé.

Prenant l’enfant dans ses bras, elle était partie, mais, en chemin, l’air étant assez vif, elle eut
soudain l’impression que les maisons basculaient et que le pont de la Meuse chavirait dans le
fleuve. Elle avait raidi sa marche, mais en vain : l’équilibre la fuyait. Au moment même où elle
tendait l’enfant au-dessus des fonts baptismaux, ceux-ci semblaient reculer devant ses yeux
voilés, et elle lui cogna malencontreusement le nez contre la pierre sacrée. Vu la dureté de sa
tête, l’enfant n’avait pas poussé un cri, mais la croissance rapide de son organe avait sa source
dans un traumatisme ignoré.

Frappé par cette infortune dès son baptême, il devait en connaître une plus grande encore.
Atteint de rougeole alors qu’il était déjà bambin, il dut, pour se guérir, avaler de l’eau
ferrugineuse. Sa mère en fabriqua en mettant macérer un morceau de fer à cheval dans de l’eau.
Assoiffé, l’enfant avala le tout et le fer se cala si malencontreusement dans son gosier qu’on ne
put le retirer.

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Dès lors, il ne lui fut plus possible de tourner la tête que latéralement ; pour regarder le ciel, il
devait se coucher sur le dos, et à plat ventre pour voir le sol. Avec l’âge, il se rendit compte de
sa disgrâce. Il s’aperçut que, sur son passage, certains avaient une mine compatissante, d’autres
étouffaient des rires, et il résolut de ne plus sortir. Puis il décida de braver la foule et les
sarcasmes et il s’offrit à faire Saint Macrawe, c’est-à-dire à être porté, tout barbouillé de suie,
sur une chaise à porteurs escortée de tous les gamins du quartier.

Ce fut la veille de l’Assomption en 770. Il apprit ainsi que la laideur, accompagnée d’une bonté
d’âme et d’esprit, sait se faire aimer. Il connut un grand triomphe et de ce jour fut sacré prince
du Djus d’la Mouse et l’objet de la sympathie générale. Très souvent, il se promenait au bord
du beau fleuve, musardant à écouter les hommes qui bavardaient en leur patois roman, hérissé
d’aspirations insolites. Un jour, il suivit deux personnages qui discutaient d’une façon animée :

-Tes résultats en latin sont déplorables, disait le plus vieux à l’autre, qui n’était qu’un
adolescent. On vit bien sans latin, répondait l’autre. Si je suis faible dans cette langue, j’ai des
muscles forts. Je ne veux pas être clerc, mais soldat !

Tchantchès reconnut l’archevêque Turpin et Roland. Avec l’impertinence qui était coutumière
à l’enfant à qui tout le monde pardonnait tout, eu égard à sa disgrâce physique et à ses malheurs,
il s’avança vers les deux interlocuteurs et prononça cette parole profonde mais un peu
surprenante:
- Oui, seigneur chevalier Roland, le latin ne sert à rien du tout, mais c’est utile quand même !

Interloqué, Roland demanda :

- Quel est ce manant ?

- Tchantchès, répondit fièrement notre héros, prince du Djus d’la Mouse, pour vous servir,
seigneur chevalier !

Turpin fut enchanté de l’assurance de ce gamin, le regarda avec complaisance :

- Tchantchès, dit-il, tu me plais ! Je vais te présenter céans à notre grand empereur


Charlemagne. Dorénavant, tu serviras de compagnon à son neveu Roland.

C’est ainsi que le gamin des quais de Meuse fut introduit à la cour de Charlemagne où il amusait
tout le monde par ses drôleries et ses réparties vives, toutes saturées du sel gaulois qui saupoudre
encore aujourd’hui les propos des marchandes des quatre-saisons de la bonne ville de Liège.
L’expédition d’Espagne fut décidée. Un grand débat s’engagea entre Charlemagne,
l’archevêque Turpin et Roland : Emmènerait-on ou n’emmènerait- on pas Tchantchès ?

Turpin parla le premier :


- Nombreux sont les périls de la guerre ! Ce brave jeune homme ne sait manier ni la lance, ni
l’épée, ni l’épieu. Nous ne pouvons l’exposer aux coups des Sarrazins. Nous aurions sa mort
sur la conscience !

Charlemagne approuvait de la tête les paroles de l’archevêque. Il passa une ou deux fois la main
dans sa grande barbe, puis répondit :

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- Turpin a raison ! Nous ne pouvons prendre Tchantchès avec nous ! Pourtant il me manquera.
Il n’a qu’à paraître quand je suis soucieux, et aussitôt, me soucis s’envolent comme fumée au
vent ! On ne se bat pas continuellement, et je vous avoue qu’après avoir infligé une défaite aux
Sarrazins, j’aimerais retrouver ce gai luron dans ma tente. Il serait capable de soutenir le
moral de l’ost !

Roland, qui espérait que l’empereur passerait outre aux scrupules de Turpin, se leva et déclara :

- Sire empereur, vous le savez, aller à la guerre ne me fait pas peur ; je me réjouis même de
faire mordre par Durandal la peau noire des ennemis. Mais de devoir quitter Tchantchès me
fait deuil autant que de quitter Aude, ma fiancée ! Il réfléchit un instant et ajouta :

- Plus même, je crois ! Pensez donc ! Il y a si longtemps que nous vivons ensemble depuis le
jour où je l’ai rencontré sur les bords de la Meuse au Djus de la Mouse… Mais je comprends
que l’archevêque craigne pour lui, d’autant que je connais Tchantchès : il est courageux et ne
voudra pas se tenir coi à l’arrière de la bataille. Charlemagne interrompit Roland :

- Voilà la solution mes enfants ! Je vais faire venir Tchantchès et je lui demanderai ce qu’il
veut faire. S’il veut nous accompagner, nous n’aurons pas le droit de l’en empêcher. Songez,
archevêque Turpin que priver un Liégeois d’user de sa liberté, c’est risquer de le faire mourir
de langueur ; et s’il en est ainsi, nous aurions aussi sa mort sur la conscience. Mais s’il souhaite
nous accompagner, je lui donnerai l’ordre de rester à l’arrière tant que la bataille ne sera pas
terminée.

Turpin éclata de rire :

- Vous oubliez que c’est un Liégeois et que si vous lui donnez un ordre, il fera tout le contraire!
Voyons ce qu’il nous dira! Tchantchès, mandé, se présenta aussitôt :

- Sire empereur, vous m’avez huché, me voici !

- Tchantchès, dit Charlemagne, sais-tu que je vais faire la guerre aux Sarrazins en Espagne?
Tchantchès porta la main à sa tête en poussant une exclamation de douleur.

- Sire empereur, je ne voudrais pas être à leur place ! Tel que je vous connais, vous allez leur
flanquer une de ces râclées ! J’ai déjà mal pour eux !

- Je l’espère, Tchantchès, mais il ne s’agit pas de cela pour l’instant ! Écoute ! Nous ne pouvons
pas t’emmener là-bas ; tu resteras ici, à Liège, où nous viendrons te retrouver une fois l’ennemi
vaincu. Songe que tu n’es pas un guerrier !

Tchantchès se fâcha tout rouge. Son nez devint violet.

- Sire empereur, dites tout d’un coup que je suis un couard ! Qu’est-ce que vous voulez que je
fasse à me manger les sangs ici pendant qu’on se battera là-bas ?

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- Ne te fâche pas, Tchantchès, dit Turpin. L’empereur n’a pas voulu dire ça. Mais réfléchis !
Ne sachant pas manier les armes, tu risques de te faire transpercer d’un coup de sabre par les
féroces Sarrazins.

- Et vous alors, monseigneur l’archevêque ! Ce n’est pas avec votre crosse et votre goupillon
que vous porterez la déroute dans les rangs ennemis !

- Moi, c’est différent, rétorqua Turpin, je vais là pour porter les joies de la bénédiction aux
soldats qui mourront dans la bataille.

- Et bien, moi, j’irai pour les faire rire un bon coup avant qu’ils ne meurent ! Quant aux
Sarrazins, laissez-les venir. Il y en aura de surpris ! Vous vous battez avec des lances, des
sabres, des épieux ; c’est tous des instruments pour se couper, tout ça ! « soukeu » du Djus d’la
Mouse ! Demandez à Colas Lambert qui s’est battu un jour avec moi ! Charlemagne s’empressa
de conclure :

- Puisque Tchantchès veut venir, il viendra !

- Je ne sais pas ce qu’il a en tête, mais…

- Ce que j’ai dans la tête, sire, interrompit Tchantchès, vous ne le savez pas, mais les Sarrazins
le sentiront ! Vous verrez ! Avec l’aide de Dieu et moi, vous vaincrez ! L’ost se mit en route.
Tchantchès était étonné que l’Espagne fût si loin. Puis il resta ébahi devant la hauteur des
Pyrénées.

À la première rencontre des Sarrazins, il s’étonna que leur peau fût si noire. Il dit à Roland :

- À mon avis, ils ont tous fait Saint Macrawe au Djus d’la Mouse et ils ont oublié de se frotter
la figure. Et bien, je vais leur apprendre ce que c’est que les soukeux de Liège ! Y sommes-
nous ? Sire Roland, prenez Durandal! Et vous, sire empereur, avez-vous Joyeuse ? Mon Dieu,
qu’ils sont laids !…

Tout en parlant, il s’équipait ; en guise de bouclier, il revêtit son sarrau bleu ; pour heaume, il
se coiffa de sa casquette de soie noire qu’il ajusta sur sa tête. Les trompettes sonnèrent, les
gonfanons se gonflèrent au vent
; les barons et les chevaliers revêtirent leurs armures et enfourchèrent leurs destriers. L’ost
s’ébranla. Tchantchès se plaça en tête, à côté de Roland. En le voyant, un moricaud qui semblait
un chef, se mit à rire, et tout en hurlant des mots barbares, fit comprendre par gestes qu’il allait
lui couper le nez d’un coup de cimeterre.

Roland trembla pour son ami, mais il était trop occupé lui-même par les quatre Sarrazins qui
fonçaient vers lui pour venir à la rescousse. Tout en frappant de grands coups de Durandal, il
lorgnait avec angoisse du côté de Tchantchès. Le Maure fonçait sur Tchantchès qui, arrêté,
cracha dans ses mains, regarda son adversaire lever le bras et lancer son coup de cimeterre. Plus
rapide que la lame, Tchantchès s’était baissé. Toute la souplesse qu’il n’avait plus dans le cou,
il l’avait dans les reins, tant il avait dû souvent les ployer pour regarder le ciel ou le sol. La lame
faucha dans le vide. Tchantchès aussitôt redressé, saisit son adversaire aux épaules, et d’un

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coup de tête dans l’estomac l’envoya dans l’autre monde, puis, se retournant il défonça le
sternum du Sarrazin que Roland avait désarçonné. Ils furent entourés par une multitude
d’ennemis.

Devait-il à son nez béni de rester invulnérable au milieu de la mêlée ? Toujours est-il qu’il ne
cessait de cracher dans ses mais, d’agripper l’ennemi aux épaules et de le cosser. Les coups de
tête se succédaient à une cadence rapide. Ni cuirasse, ni cotte de maille, ni haubert ne résistaient
à ce terrible bélier ; chaque Sarrazin touché était un Sarrazin mort. Bientôt le champ de bataille
en fut couvert et le reste de l’armée ennemie prit la fuite. Roland et Tchantchès revinrent vers
Charlemagne et Turpin, qui les accueillirent avec transport.

- Tchantchès, dit l’empereur, je t’ai regardé. Tu as été admirable, tu t’es battu comme un lion !

- Sire empereur, vous vous trompez, c’est comme un bélier ! Il était temps que ça finisse. J’avais
la langue si sèche que je ne savais plus cracher dans mes mains ! Il y en a deux que j’ai lâchés
et qui m’ont échappé. Je n’irai jamais plus à la bataille sans pèquet !

Turpin éclata de rire, mais tout de suite, il demanda :

- Tchantchès, tu n’es pas blessé ?

- Non, sire archevêque. À peine une toute petite migraine !

De ce jour-là, Tchantchès fut compté parmi les meilleurs soldats de l’empereur et du Christ. Il
en vint au plus haut degré d’intimité avec Charlemagne. Il ne se gênait pas pour entrer dans sa
tente sans se faire annoncer et la légende rapporte même qu’un jour, était entré ainsi au moment
où l’empereur prenait un repas de gala, celui-ci lui dit : « Que veux-tu, Tchantchès ? Laisse-
moi manger mes moules ! »

Vint la fameuse affaire de Roncevaux. Roland, encore sous le coup de sa discussion avec
Olivier, frappait des coups formidables autour de lui. Tchantchès faisait rage. Il avait déjà dû
prendre deux bonne lampées de pèquet pour retrouver un peu de salive et expédier trois cent
mille Sarrazins dans l'autre monde. Les autres fuyaient l'endroit de la bataille où il se trouvait.
N'ayant plus rien à faire, il commençait à s'ennuyer, et il bâilla bruyamment. Roland lui dit :

- Tchantchès, tu t’ennuies. Ne bâille pas ou tu vas me faire bâiller, moi aussi. Retourne, va te
coucher ! Je ferai bien sans toi, je vais voir un peu ce qui se passe là-bas à l’aile gauche.

Tchantchès obéit. Quelques instants après, il ronflait. Depuis combien de temps dormait-il
lorsqu’il entendit retentir la lugubre note du cor ? Il eut l’intuition d’un désastre. D’un bond, il
fut sur pieds et trouva Charlemagne devant le cadavre de son preux compagnon. Sa tristesse fut
immense. Selon la coutume de l’époque, il enleva sa casquette et s’arracha des poignées de
cheveux, puis, reprenant ses esprits, il prononça cette courte oraison funèbre :

- Sire empereur, dit-il, votre neveu Roland a reçu sa « daye », mais nous le renvergerons !

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Ainsi fut fait. Il accompagna Charlemagne au siège de Sarragosse et ce fut lui qui, le tout
premier, franchit les murailles de la ville. De retour à Aix-la-Chapelle avec toute la cour, il
assista au châtiment du traître Ganelon. Le félon devait être écartelé, mais Tchantchès s’y
opposa.
Il voulut que l’infidèle fut noyé dans une cuve d’eau distillée, car souvent à Liège, il avait
entendu chanter : Lâche, va-t’en, je te renie. À toi l’opprobre et le mépris ! Et il avait toujours
compris « l’eau propre » et le mépris. Malgré les insistances de l’empereur, il voulut revenir
dans sa bonne ville de Liège. Mais il resta toujours inconsolable d’avoir dormi à la bataille de
Roncevaux. Il s’éteignit à l’âge de quarante ans, après une franche ripaille, échappant ainsi à la
vieillesse. Il fut enterré où s’élève aujourd’hui son monument, place de l’Yser.
Rien n'a pu le terrasser : ni l'amour (il resta célibataire), ni la vieillesse (il s'éteignit à l'âge de
40 ans), le prototype du vrais Liégeois, mauvaise tête, esprit frondeur, grand gosier, ennemi du
faste et des cérémonies, farouchement indépendant, mais cœur d’or, et prompt à s’enflammer
pour toutes les nobles causes.

Jean Bosly, Journaliste.

Marcatchou

En ce jour de juillet 1880, le Palais Provincial de Liège, l’ancien Palais des Princes-Évêques
qu’avait admiré Victor Hugo, connaissait une animation particulière. Il était décoré aux
couleurs françaises et belges. Dans la cour, on avait annulé le traditionnel marché aux légumes.
Il était remplacé par une compagnie de la garde civique qui s’apprêtait à rendre les honneurs,
accompagnée par la musique de cette même garde qui, depuis trois jours, n’arrêtait plus de
répéter la Marseillaise. À l’extérieur, place Saint Lambert, une foule nombreuse se pressait au
point qu’une autre compagnie de la garde civique était venue renforcer les policiers et les
gendarmes chargés du service d’ordre.
Dans le palais, aux pieds de l’escalier d’honneur, le Gouverneur, en grande tenue d’apparat,
entouré de tout ce que Liège comptait de personnalités, n’arrêtait pas de sortir une montre de
son gousset et de consulter l’heure.
– Mais que fait-elle ? ne put-il s’empêcher de dire en se tournant vers le Bourgmestre qui
lui aussi avait revêtu sa tenue des grands jours et ceint son écharpe tricolore.
– Elle n’a qu’un quart d’heure de retard, répondit ce dernier, et contrairement à l’adage,
si l’exactitude est la politesse des rois, elle n’est pas nécessairement celle des reines !

Un journaliste de l’époque, peu informé, mais qui aurait entendu cet échange de propos, aurait
conclu que la reine Marie-Henriette avait décidé de se rendre dans sa bonne ville de Liège. Un
raisonnement ridicule. Marie- Henriette, étant Autrichienne, n’appréciait pas particulièrement
la culture française, puis elle était occupée par les fiançailles de sa fille, la Princesse Stéphanie
avec l’Archiduc Rodolphe; il y avait également les fêtes marquant le cinquantième anniversaire
de la création de la Belgique; enfin pourquoi des drapeaux français et la musique de la garde
civique s’apprêtant à interpréter La Marseillaise ? La personne attendue s’appelait très
banalement Rosine Bernard !
Le Gouverneur Charles-Joseph-Pascal de Luesemans, issu de la grande noblesse, se faisait
probablement cette réflexion. Il ajouta à mi-voix :

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– Tout cela pour une actrice probablement née dans un caniveau ! J’espère que le roi
approuvera mon initiative !
– Comment en serait-il autrement, intervint le Bourgmestre Mottard, il y a quelques jours,
le Roi du Danemark Christian IV l’a décorée en personne et auparavant, lorsqu’elle a manifesté
le désir de visiter le château d’Elseneur – sans doute veut-elle interpréter Hamlet ? – il a mis
son propre yacht à sa disposition.
– Certes, mais par la suite, elle a outrepassé ses droits. Son attitude vis-à-vis de
l’ambassadeur d’Allemagne fut à la limite de l’outrage. On a frôlé l’incident diplomatique !
– Cher ami, un caprice de femme adulée et de patriote blessée ! Nous, les représentants
de la province et de la ville les plus francophiles du pays, nous ne pouvons décemment la
désapprouver ! Dix mille Danois qui l’accompagnent jusqu’au quai de la gare de Copenhague,
en chantant l’hymne national français, est un événement presque historique. Nous ne pouvions
agir autrement que les Danois lorsqu’elle a émis le souhait de passer par Liège !
Reportons-nous quelques jours auparavant, à Copenhague, où se trouvait Rosine Bernard que
l’on qualifiait de la plus grande tragédienne de tous les temps. J’allais oublier. Rosine Bernard
avait choisi un nom de scène
: Sarah Bernhardt. D’une certaine façon, elle était l’ambassadrice de la culture française. Venant
de Londres, puis de Bruxelles où elle avait fait un triomphe, Sarah Bernhardt s’était produite à
Copenhague où son succès s’était transformé en véritable délire. À l’issue de sa dernière
représentation, “La Princesse Lointaine”, un grand souper avait été donné en son honneur. C’est
à cette occasion que se déroula l’incident évoqué par le Gouverneur de la Province de Liège.
L’Ambassadeur d’Allemagne, le Baron Magnus, avait levé son verre “à la santé de la France
qui produit d’aussi grands artistes !”. Sarah Bernhardt qui n’oubliait pas la guerre de 1870 et
l’annexion de l’Alsace-Lorraine, regardant fixement le Baron allemand, avait pris une attitude
théâtrale :
– Je bois à la France, monsieur le Ministre de Prusse, mais à la France entière, à toute la
France !
Cette réponse avait jeté un froid, d’autant plus que l’orchestre avait enchaîné en jouant la
Marseillaise. Toute la nuit s’était passée en négociations entre l’Ambassadeur de France et la
tragédienne qui, malgré les supplications du diplomate, avait refusé d’adresser au Baron
Magnus quelques mots qui eussent ressemblé, non pas à des excuses, mais du moins à des
regrets. Elle avait repris le train pour Paris, non sans manifester le désir de passer par Liège.
Voilà pourquoi nous la retrouvons au Palais Provincial où un banquet était donné en son
honneur. En plus des autorités provinciales et communales, une cinquantaine de personnes
triées sur le volet y participait.
À la fin du repas, le Gouverneur prononça un discours dans lequel, bien entendu, il salua Sarah
Bernhardt, la grande tragédienne, et célébra l’amitié franco-belge, amitié d’autant plus sincère
que les deux pays partageaient la même culture. Sarah Bernhardt se leva, remercia, puis ce fut
la stupéfaction parmi les invités. Jetant un regard sur ces derniers, elle demanda :

– Lequel de vous, messieurs, est le roi ?


Le Gouverneur faillit s’étrangler. Elle a bu trop de champagne, pensa-t-il.
– Mais madame, Sa Majesté n’est point présente, vous plaisantez ! Sa Majesté se trouve
dans son Palais à Bruxelles !
– Je ne parle pas de Léopold II. Je me suis mal exprimée, je parle du roi des pêcheurs !
– Madame, je vous avoue éprouver quelques difficultés à saisir vos paroles !

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Connaissant mieux ses concitoyens que le Gouverneur, le Bourgmestre avait compris. Il était
blême d’autant plus que Sarah Bernhardt poursuivait :
– On m’a parlé d’un monsieur Marc Hachoux, un remarquable pêcheur; or, peut-être
l’ignorez-vous, mais je suis moi-même passionnée par la pêche. Je suis venue à Liège avec
l’espoir de le rencontrer et de m’entretenir avec lui !
– C’est que, madame, osa dire le Bourgmestre, Marcatchou est un sobriquet et ce
personnage n’est guère présentable, surtout à une dame de votre qualité. C’est une sorte
d‘indigent qui ne brille pas spécialement par sa propreté !
– Peu importe, je souhaite faire sa connaissance !
– Vos désirs sont des ordres, madame ! Il se tourna vers le commissaire en chef :
– Voulez-vous envoyer des agents à sa recherche.
– Je crois savoir où il se trouve, répondit le commissaire. Ce matin, il pêchait à proximité
du Pont Saint-Léonard. Si vous le permettez – il se leva – je donne des ordres pour qu’on nous
l’amène.
– Pas du tout, je ne veux pas déranger ce brave homme. C’est moi qui me déplacerai et
ainsi j’observerai sa façon de pêcher. Le Gouverneur, le Bourgmestre, le commissaire en chef,
tous les invités se regardèrent avec consternation. Sarah Bernhardt insista de plus belle.
Comment résister à ce qu’on appellerait aujourd’hui un caprice de “star”.
– Soit, madame, nous ne pouvons vous refuser, mais nous vous avons prévenue ! Le
Gouverneur s’adressa à un huissier :
– Que l’on prépare les voitures !
Puis il se tourna vers un officier de gendarmerie qui se trouvait parmi les invités.
– Colonel, vous avez quelques cavaliers en faction place Saint-Lambert. Faites en sorte
qu’ils nous ouvrent le chemin !
C’est ainsi que les badauds encore nombreux purent voir passer, puis suivre cet étrange cortège
en se demandant ce que cela signifiait.
On arriva à proximité du Pont Saint-Léonard.
– Halte ! cria le maréchal des logis qui commandait l’escorte des cavaliers.
Le Bourgmestre, qui avait pris place dans la calèche de Sarah Bernhardt, désigna un homme, à
une trentaine de mètres de là, en train de pêcher.

– Notre phénomène, madame, vous désirez toujours le rencontrer ?


– Plus que jamais, mais seule, je vois qu’il s’entretient avec un gendarme !
À la demande de son chef, un gendarme annonçait en effet à Marcatchou la visite de la
comédienne et tentait de lui faire la leçon.
– Bien madame !
Il s’adressa aux forces de l’ordre :
– Maintenez la foule à distance. Madame Bernhardt veut s’entretenir seule avec monsieur
Marcatchou.
Il se mordit les lèvres. C’était la première fois qu’il qualifiait Marcatchou de monsieur. Ce
lapsus n’échappa pas au Gouverneur qui lui lança un regard réprobateur. Sarah Bernhardt avait
compris la situation, elle haussa les épaules et s’en alla trouver Marcatchou. Le personnage était
effectivement repoussant. Une barbe en broussaille, une chevelure de même nature dissimulée
en partie sous un chapeau de paille crasseux, un pantalon et une blouse qu’on eût dit faits d’un
assemblage de chiffons, une paire de sabots, puis l’odeur, une odeur de poissons pourris qui
attiraient les mouches au point que Sarah Bernhardt utilisa à trois reprises son ombrelle pour
les chasser.

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Les autorités ne m’ont pas menti, pensa-t-elle. J’aurais dû les écouter. Il est trop tard maintenant
pour reculer, ma fierté est en jeu.
– Monsieur Marcatchou, dit-elle en évitant soigneusement de lui prendre la main.
– Non, m’feye, Marcatchou tot court (Non ma fille, uniquement Marcatchou).
– Plaît-il ?
– C’est vrai, t’es Française, tu ne connais pas le wallon !
– On dit que vous êtes le roi des pêcheurs ?
– On n’a pas à le dire, je le suis !
– Votre réputation a dépassé les frontières. On parle de vous à Paris.
Le compliment ne sembla pas déplaire à Marcatchou qui, à sa façon, était aussi comédien.
– Ça ne m’étonne pas, répondit-il, et toi, tu es célèbre aussi. Le gendarme m’a dit que tu
faisais du théâtre ! Sarah Bernhardt commençait à s’amuser.
– Oh, je suis moins célèbre que vous, surtout dans le domaine de la pêche !
– Parce que tu pêches, toi ?
– Après le théâtre, c’est ma passion !
– Une drôle d’idée pour une femme !
– Je ne suis pas seule. En Angleterre, les princesses royales s’adonnent à la pêche et en
France, une de mes amies de la Comédie Française, madame Silvain, fait de même !
– Et tu pêches à quoi ?
– À la mouche artificielle !

– Moi, je n’aime pas ça. Je pêche à l’asticot ou au ver de terre. Ce matin, j’ai ramassé un
plein seau de crottin bien frais, j’ai amorcé avec, et regarde le résultat.
Il ouvrit un panier d’osier qui était rempli de poissons.
– De jolis gardons, effectivement !
– Tu n’y connais rien, c’est des rousses !
– À Paris, nous appelons ces poissons, des gardons !
– Drôle d’idée, c’est des rousses; en wallon, on dit des rossettes. Attends, je vais te
montrer comment on en prend une. Je vais mettre un nouveau ver à l’hameçon.
Sarah Bernhardt recula d’un pas et poussa un petit cri. Marcatchou sortait de sa bouche un ver
de terre pour l’accrocher à l’hameçon.
– Comment pouvez-vous, dit-elle, c’est dégoûtant !
– Tu trouves ? C’est de la viande ! Et toi, au théâtre, tu fais bien des vers !
La célèbre tragédienne n’apprécia pas vraiment cette réflexion. Elle faillit tourner le dos à ce
personnage frustre et mal élevé, mais sachant que tous les yeux étaient portés sur elle, elle
refoula sa répugnance et poursuivit :
– J’espère que vous n’agissez pas de cette façon avec les écœurants asticots ?
– Plus maintenant, ils remuent trop; ils grouillent; ils me chatouillaient et parfois j’en
avalais. Maintenant, je les mets en poche avec un morceau de poisson, comme ça ils le mangent
et restent en place.
La limite était dépassée, d’autant plus que Marcatchou, saisissant une bouteille de genièvre,
avala une goulée, essuya le goulot d’un revers de manche et lui demanda :

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– Tu veux un coup de pékèt, ça désinfecte !
Sarah Bernhardt ne répondit plus. Elle tourna les talons et regagna sa calèche.
Mais qui était ce Marcatchou que Sarah Bernhardt en personne voulait rencontrer ? À vrai dire,
même s’il est devenu un personnage folklorique liégeois et que son sobriquet est désormais
devenu nom commun pour désigner un pêcheur dans une grande partie du pays, on ne sait pas
grand-chose de lui. Il vit le jour à la maternité de la rue du Crucifix, une maternité située entre
les actuelles rues de la Régence, de l’Université et de la Cathédrale. Il était né, signe du destin,
un premier avril. Le 1er avril 1827. Son vrai nom était Joseph Quitin, fils de Marie-Joseph
Quitin originaire du quartier de Roture, ce qui sous-entend que comme Damzot, il ignorait
l’identité de son père, et que ce dernier ne l’avait pas reconnu. De sa vie à proprement parler,
on ignore presque tout, sauf que lorsqu’il s’est marié la première fois, il habitait place Warihet
en Outre-Meuse.
Sa première épouse était née à Visé le 30 mars 1819. Elle avait donc huit ans de plus que lui et
était veuve lorsqu’ils se marièrent le 8 juin 1859. Peut-être avait-elle hérité d’un petit pécule ?
Car à l’exception de son activité de pêcheur à la ligne, on ne lui connaît aucune autre occupation
et on a quelques difficultés à croire que la pêche, surtout en hiver, suffisait, même à cette
époque, à faire vivre un ménage ! Les époux s’installèrent d’abord rue Grande Bêche, et c’est
là aussi que madame Quitin décéda, le 18 juillet 1866.
Marcatchou, on l’a vu, était célèbre pour sa saleté. Il ressemblait, avec un grand chapeau de
paille ou une casquette crasseuse, un pantalon tout rapiécé, et en hiver, un vieux paletot, à un
épouvantail ambulant. Il circulait le long des rives de la Meuse et de l’Ourthe, équipé en plus
de sa canne à pêche, d’un grand panier,

d’une boîte d’amorces et surtout de son indispensable bouteille de pékèt. Marcatchou jouait un
jeu, celui du personnage pittoresque. Ses bons mots étaient célèbres. Comme il déménageait
souvent, c’est à lui qu’on attribue la célèbre expression liégeoise “C’est quand on bague, qu’on
veut çou qu’on a” (C’est lorsqu’on déménage qu’on voit ce que l’on possède).
Marcatchou savait soigner sa “publicité”. On a vu qu’il n’était guère impressionné, ni étonné
de rencontrer la “star” de l’époque. Un jour, à l’île Monsin, il aperçut le peintre paysagiste Jean
Cambresier qui s’entretenait avec le Bourgmestre de Herstal. Il n’hésita pas à interpeller le
peintre en lui faisant remarquer qu’il constituait un tableau vivant. C’est ainsi que le peintre le
représenta en compagnie des maraîchers de Bressoux et qu’il prit place dans la série de types
populaires connus de Cambresier; par la suite, il fut le “modèle” d’autres artistes. Un grand
tableau de Constant Simon le montre baratinant des lavandières. Marcatchou se remaria le 20
avril 1870 avec Henriette Grivegnée, à peine âgée de 24 ans. Il en avait 43. Les “jeunes” mariés
regagnèrent la place Warihet où Madame Quitin numéro deux s’éteignit assez jeune, à 40 ans,
le 6 janvier 1886.
Il y a une question que tous les folkloristes se posent. D’où vient ce surnom de Marcatchou ?
Force est de reconnaître que personne n’a pu répondre à cette question ! Il existe bien une
hypothèse ! Il y avait à l’époque un pianiste et compositeur français qui s’appelait Marchilhou
(1807-1855). Il était l’auteur de plusieurs valses, aujourd’hui oubliées, mais qui à ce moment-
là étaient très populaires, telles que “Le Torrent”, “L’Étoile du Nord”, “Le Pavillon bleu”.

67
Marie-Joseph Quitin, fille mère, avait-elle connu ce compositeur ? Il avait vingt ans à la
naissance de Marcatchou ! Une déformation du nom par les commères d’Outre-Meuse était
possible ? Joseph Quitin lui ressemblait-il ? Ce serait étonnant ! Peut-être dans ses soûleries
chantait-il les airs de Marchilhou ? Ce serait une possibilité! Ou alors, sa mythomanie allait-
elle jusqu’au point qu’il prétendait avoir créé ses succès ? On ne le saura jamais !
Le lundi 22 juin 1896, l’agent de police Jaquet effectuait sa ronde quai des Pêcheurs. Il vit un
corps étendu sous la Passerelle. L’homme ronflait et tenait encore une canne à pêche à la main.
À ses côtés, une bouteille vide de pékèt. C’est sûrement Marcatchou, pensa-t-il, qu’est-ce qu’il
tient encore comme cuite ! C’est la troisième fois ce mois que je le trouve dans cet état. Je vais
finir par croire qu’il aime passer ses nuits à la permanence de police. L’agent Jaquet appela des
renforts et on transporta Marcatchou, car c’était bien lui, à la permanence.
– N’oublie pas de prendre sa canne et son panier, dit Jaquet à un de ses collègues. Demain
matin, il sera dessoûlé et après un bon café, son premier geste sera de retourner pêcher !
Comme d’habitude, on mit Marcatchou en cellule. Le lendemain, on tenta vainement de le
réveiller. Il était mort d’une congestion due à l’alcool. Il avait rejoint le paradis des poissons, et
était entré définitivement dans la légende. À peu de choses près, il était presque mort au champ
d’honneur ! Marcatchou a bien rencontré Sarah Bernhardt, vraisemblablement en 1880. La date
exacte et les circonstances, malgré mes recherches, ne me sont pas connues; moins encore ce
qu’ils auraient échangé comme propos. L’épisode de la rencontre est par conséquent le fait de
mon imagination, mais ce n’est pas impossible.
Tout le reste est véridique.
André Sécretin. Journaliste.

L’année folklorique liégeoise

De tout temps les hommes ont eu peur des mauvais esprits. Ils ont cherché diverses façons de
les combattre, de les chasser. C'est ainsi qu'à Liège, à Noël, on tire les douze coups de minuit,
de même que le quatrième week-end de juin, lors des fêtes à l'ancienne, on fait éclater des
"tchaurbes" au passage du Saint Sacrement, pendant la procession.
C'est pour combattre cette obscurité, source de toutes les angoisses, que dans le folklore nous
nous faisons accompagner tout au long de l'hiver d'une Guirlande de Lumière. Pendant les mois
obscurs, en effet, un peu partout dans la province s'allument des grands feux, des marches aux
flambeaux, à l'étoile ont lieu.

- Noël à Saint-Pholien : Marche à l'étoile des bergers ;


- Samedi de la Chandeleur : Brûlage de la Maquralle ;
- Les grands feux de Sprimont, de la Saint Martin.

68
Résumer le folklore liégeois prendrait toute une vie, toutes les manifestations, les croyances,
les œuvres sont nombreuses. Toutefois, certaines personnes tentent de rassembler un maximum
de documents, de renseignements sur la vie des Liégeois. Jean Denys Boussart, mayeur de la
commune libre de Saint-Pholien- des-Prés (et éternel étudiant) est l'une d'entre elles. Il nous
propose un rapide aperçu, dans l'ordre chronologique, des diverses manifestations qui ont lieu
au cours de l'année.
• L'année, dans les temps anciens, commençait à Noël.
• Le soir du 24 décembre, on joue à Liège " Li Naissance ".
• À Verviers a lieu le ‘’Bethléem Verviétois’’ qui est une crèche vivante.
• La Noël à Saint-Pholien est célébrée par une messe et aussi par une marche à l'étoile des
Bergers. C'est une marche aux flambeaux dans les rues de la commune. À minuit les douze
coups sont tirés afin d'éloigner les mauvais esprits. Il n'est pas de fête sans repas. Celui-ci se
compose de Bouquette et de boudin de Noël.
• Le Nouvel An, qui n'est pas une fête marquant un fait historique, est célébré dans la
région d'Aywaille et de Remouchamps par la Heyes. Les enfants vont chanter dans la rue pour
accueillir l'année qui débute.
• Le Samedi de la Chandeleur se déroule à Haccourt, la fête des Maquralles, Février et
Mars sont les mois des carnavals, des Mardis gras. Tradition à la fois répandue dans la région
germanophone et à Liège où a lieu le carnaval des hours.
• À la Laetare, c'est Stavelot qui fête ses Blancs Moussis, de même que Tilf.
• Les étudiants ont aussi leur cortège : la Saint Toré marque la fin de la guindaille à Liège
et le début de la période de bloque, tout en honorant l'emblème de la Cité Ardente à savoir le
taureau.
• En juin a lieu la fête à l'ancienne. Le samedi se déroulent les Aubades et la promenade
du Bouquet, le dimanche la procession et le jeudi l'enterrement de Matî l'Ohé.

Les Crâmignons Liégeois

Juin ensoleillé prodigue les couleurs vives de ses fleurs. C'est Dimanche, car tout un peuple en
habits de fête se promène. Les cloches sonnent à la volée un joyeux carillon, et voilà qu'un bruit
assourdissant de campes annonce la sortie de la procession paroissiale.
Dans une atmosphère embaumée, le pieu cortège accomplit son parcours. Nous sommes à
Liège, car aussitôt après des bandes d'enfants se prennent par la main et forment une chaîne
serpentante, qui chante : Voici la fête, la jolie fête !

69
Nos Crâmignons sont, en effet, exclusivement liégeois, débordant à peine la Cité vers l'ouest et
le nord. Ils ne se dansent traditionnellement que lors des fêtes de paroisses.
Mais alors, - du moins il y a un demi-siècle -, tout le monde crâmignonnait et les bandes
joyeuses se rencontraient sur la ‘’Fête’’, tournant et zigzaguant autour des carrousels, au point
que bientôt toute la place ressemblait à un bal immense.
Le bran, improprement appelé crâmignon, de certains villages de la Basse-Meuse, diffère
complètement du crâmignon liégeois.
Image de la danse qu'il caractérisait, le mot cramion, dans sa forme ancienne, rappelait le crama,
cette lame à dent de scie où se suspendait son ennemi intime le noir chaudron et qui faisait jadis
le plus bel ornement des foyers ouverts.
Chansons et danses traditionnelles, les crâmignons nous ont conservés sur des airs de différents
âges des couplets plus que centenaires, auxquels le peuple a adjoint des chants retenus au cours
des années. Une bonne partie du répertoire ancien, venu de France, sonne encore dans le clair
langage de la nation sœur. C'est au déclin de cette coutume si caractéristique que se
popularisèrent des crâmignons en wallon. Des écrivains patoisants enrichirent le répertoire de
nombreuses œuvres jolies et poétiques, cependant que la vie moderne tuait la tradition et que,
malgré le sang nouveau infusé, le crâmignon se perdait... Comme elles représentaient bien l'âme
populaire, ces chansons naïves ou narquoises, sentimentales, morales ou parfois grivoises,
nobles ou vulgaires, poétiques ou terre à terre !
Elles célébraient le printemps, l'amour, la joie de vivre ; elles inspiraient des plus purs
sentiments du cœur, mais aussi, témoignent que le peuple n'est dupe, elles peignaient les
ridicules des gens, l'amour volage et le pouvoir de l'argent.
En 1913, un cortège inoubliable s'était inspiré des crâmignons traditionnels. Cette fois, dans un
hommage vivant et animé à notre littérature dialectale, des bataillons de figurants représenteront
un choix d'œuvres de nos bons écrivains wallons. L'abondance et la richesse de la production
de nos auteurs en dialecte a permis d'établir une ordonnance harmonieuse de chars et de groupes
variés. En suivant le cours de la vie, les saisons de l'année se succéderont et encadreront l'amour
sain et honnête, la grande pitié du faible, l'élévation du travail, l'exaltation de la Patrie wallonne,
les misères imaginaires, la tradition, l'hommage au Perron et la glorification de la Wallonie.

70
Chapitre 6 :
Spécialités culinaires
À ce jour, 47 confréries de tradition gastronomique localisées en province de Liège sont
regroupées au sein de l’Union des Groupements du Folklore Gastronomique de la Province de
Liège. Nous citerons ici les confréries défendant uniquement les spécialités culinaires liégeoises
les plus connues.10

Nom Siège Fondation Promotion


Royale Seigneurie du Remoudou Battice 1960 Fromage de Herve
La Confrérie du Herve Herve 1967 Fromage de Herve
Confrêrèye des Claw'tîs di Benne-
Houssèye
Beyne-
(Confrérie des Cloutiers de Beyne- 1990 Salade liégeoise
Heusay
Heusay)
Boncell
Confrérie du Gay Boulet 1996 Boulets liégois
es
Confrérie des Magneûs d'Makêye Gleize 1965 Maquée
Confrérie de la Gaufre Liégeoise
‘’La Liège 2002 Gaufre de Liège
Strème’’
Confrérie Tchantchès Liège 1969 Bouquettes

Confrérie des "Peûres di Sint- Saint-


1989 Poires Saint-Remy
R'Mèy" Rémy
Seigneurie de la Vèrvî-Riz Verviers 1990 Tarte au riz

Les boulets à la liégeois


Ce sont de grosses boulettes de viande hachée servies avec une sauce épaisse à base de sirop de
Liège, d’échalotes et/ou oignons et de vinaigre. La recette de base est bien simple mais comme
pour toute spécialité régionale, il existe autant de variantes qu’il y a de personnes qui les
cuisinent.

71
Les boulets à la liégeoise sont servis accompagnés de salade ou compote de pomme et bien sûr
avec des frites !

Le sirop de Liège
Le sirop de Liège est obtenu à partir de pommes et de poires (on ajoute parfois des dattes) que
l’on fait cuire à haute température jusqu’à obtention d’une pâte brune très foncée et un peu
translucide. Le sirop de Liège est très sucré et peut être utilisé dans de nombreuses recettes.
Il accompagne parfaitement les fromages (en particulier le fromage de Herve et la maquée avec
laquelle on fait du ‘’caca de poule’’) mais peut aussi se consommer en pâte à tartiner.

Le peket
Le peket est un alcool de grain aromatisé aux baies de genévrier. Il peut être obtenus à partir de
différentes céréales tels que le blé, l’orge, le seigle, etc. que l’on va brasser, laisser fermenter et
distiller. C’est lors de la dernière distillation que l’on ajoute les baies de genévrier pour donner
du goût à cet alcool.
Incontournable tant pour les fêtards liégeois que namurois, on en trouve de nos jours avec des
centaines de goûts différents : cuberdon, couilles de singes, pomme, caramel, chocolat, etc.

La tarte au riz
La tarte au riz est une spécialité verviétoise. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une tarte
garnie de riz au lait avec de l’œuf.

La salade liégeoise
Cette ‘’salade’’ est composée de pommes de terre et de haricots verts cuits ensemble, recouverts
de lardons rissolés, de leur graisse de cuisson et du déglaçage de la poêle au vinaigre artisanal.
Elle s’accompagne de peket lors de sa dégustation.

Les gaufres de Liège


Certainement la spécialité liégeoise la plus connue de toutes, les gaufres de lièges sont préparée
à base de pâte fermentée à la levure avec cannelle avec du sucre perlé. Elle ne présente pas de
coin et se mange de préférence chaude.
La gaufres de Liège ou ‘’gauff’ au suc’’ est inscrite au Patrimoine Culturel Immatériel de
Wallonie et de Bruxelles.

72
Le fromage de Herve
Le fromage de Herve doit sa particularité à la présence d’une souche bactérienne unique :
bacterium linens. Le fromage de Herve a du nez, du caractère, de la personnalité. De forme
cubique, ce fromage à pâte molle et à croûte lavée est obtenu à partir de lait de vache cru ou
pasteurisé. Selon le temps d’affinage et la
technique de lavage, on l’obtient doux (si lavé au lait) ou piquant (si lavé au sel).
Sa dégustation est quasiment indissociable du sirop de Liège. Un bout de pain au levain tartiné
d'une lichette de sirop et d'un copeau de ce puissant fromage, et nous voilà propulsés au 7ème
ciel !

Il est à noter que le Herve est le seul fromage belge à bénéficier d'une Appellation d'Origine
Protégée (AOP).

73
Livre second
La Calotte

74
De tout temps, l’une des premières préoccupations de l’étudiant a été de s’amuser. Mais
simplement boire, danser ou faire la fête ne représente rien de spécifiquement estudiantin. Par
contre, certains grands symboles d’appartenance à ce monde particulier qu’est l’université
demeurent encore à ce jour très représentatif de l’étudiant guindailleur. L’une des versions les
plus courantes de l’histoire de la naissance de la calotte est donc celle-ci :
À Namur, une calotte est déclarée non conforme si :
• On n’a pas été baptisé.
• La calotte n’a pas été dépucelée.
• Si les insignes minimum ne figurent pas sur la calotte, à savoir : FNDP, la régionale, les
étoiles, la bande facultaire avec l’insigne correspondant et la génération.
La calotte est avant tout le symbole d’une adhésion à un ensemble de valeurs telles que : la
CAMARADERIE, la TOLÉRANCE, le RESPECT de l’autre et des traditions et de
l’OUVERTURE vers l’extérieur.

75
Chapitre premier :
Le couvre -chef

Le nœud Hongrois
Plusieurs noms lui ont été attribués, comme lacs d’amour ou crescat. Le noeud hongrois, c’est
le noeud situé sur le calot. On le retrouve sur la plupart des couvre-chefs militaire, il est dans
ce cas appelé croix du commandement. En héraldique, nous appelons ce genre de noeud, un
lacs d’amour (prononcé las d’amour). L’étymologie vient du latin lacis qui veut dire lacet ou
corde. Il symboliserait l’amour et la foi. On le dit carré car il est composé de quatre boucles, et
d’amour puisqu’il est arrondi. On l’appelle parfois faux nœud du fait que la corde qui le
compose n’est en réalité à aucun moment nouée, elle est
pliée de telle sorte à former le lacs d’amour.
On parle aussi de crescat. Cela provient du verbe latin
cresco qui signifie grandir, croître, voire même s’élever en
dignité. Ce mot décrit également le monogramme utilisé
par les Ordres comme signature. Reprenant les lettres
USVCF pour Ut Semper Vivat Crescat Floreat (que
toujours vive, grandisse et fleurisse) et y sont ajoutées les
lettres de l’Ordre en question. Avec l’évolution, différentes significations ont été ajoutées à ce
signe, mais cela fait partie de la fantaisie de chaque calottin. Comme par exemple, les quatre
parties pouvant représenter les quatre piliers de la Calotte. Historiquement, l’étudiant porteur
d’Astrakan est catholique et patriote. Dans certains sites de Belgique, on apporte beaucoup
d’importance à la camaraderie, au respect d’autrui, et à la transmission du folklore et de la
tradition, mais ce n’est pas une généralité.
Le nœud hongrois se trouve sur ce qu’on appelle le calot. C’est sur celui-ci qu’on retrouve en
général les vlecks. (voir lecture de calotte)

La couronne
Le pourtour du colback des zouaves pontificaux était en astrakan. C’est une peau d’agneau
karakul (noir) mort-né, ou tué dans les premiers mois, c’est ce qui rend ce bouclage si unique.
Astrakhan était une ville de Russie à l’origine de l’élevage de cette fourrure.
Cependant, d’après un document de 1928, dès le début la Calotte étudiante était confectionnée
en faux astrakan mais il va de soi que même si en théorie l’astrakan était réservé aux couvre-
chefs d’officier, rien n’empêchait n’importe quel étudiant de s’en confectionner de la matière
qu’il désirait. Mais rassurons-nous, à présent, les Calottes sont faites en synthétique, même si
la couronne ressemble plus à des poils de chat que d’agneau.

76
Les pin’s
Les quadrants de la calotte sont décorés de pins. Le quadrant avant dextre contient les pins
facultaires. Le quadrant arrière senestre contient les pins de personnalités dont la signification
change d’un site calotin à l’autre.

Insignes facultaires :
Bande
Pin Études Insigne
’s facultaire

Vert foncé
Agronomie Charrue
gros
grain

Lie-de-vin
Droit Balance
gros
grain

Médecine Caducée de Rouge velours


médecine

Sciences Microscope Rouge velours


biomédicales

Pharmacie Caducée de Vert foncé


pharmacie velours

Philosophie et Soleil figuré + Gris gros grain


Lettres spécialisation

Archéologie et
Histoire de Pic et Plume Gris gros grain
l’Art

77
Langues et Athéna casquée Gris gros grain
Littérature
classique

Langues et
Aigle germanique Gris gros grain
Littérature
germanique

Histoire Casque de Périclès Gris gros grain

Langues et
Plume Gris gros grain
Littérature
romanes

Philosophie Athéna casquée Blanc gros grain

Caducée de
Psychologie
psychopédagog Bleu satin
ie

Biologie Symboles sexuels


Mauve gros grain

Chimie Corne Mauve velours

Géographie Mappemonde
Mauve gros grain

78
Mauve gros grain
Géologie Pioches croisées

Mathématiques Flambeaux croisés Mauve gros grain

Physique Bobines de Tesla Mauve gros grain

Informatique Bleu gros grain


Arobase

Sciences
Couronne de lauriers Jaune gros grain
économiques,
politiques et
sociales

Ingénieur de Caducée du Orange gros


gestion commerce grain

Vétérinaire Caducée vétérinaire Bleu velours


ou tête de
cheval

/ Haute-École / Jaune gros grain

79
Autres insignes :

Se Jardi
Insigne Signification Titre
décern n
e secret

Président d’association ou services rendus dans


Abeille le cadred’un comité de cercle, de régionale,…
(Parfois de la couleur du GPE) X X
Ancre Amour de la navigation, de la mer
Âne Blessé, plâtré en guindaille
Appareil photo Amour de la photographie, responsable photos
Arobase Délégué internet
Auto Conduite dans un état déconseillé
Bacchus Dignité dans l’ivresse
Bouffon Titulaire de poste X
Bourse Trésorier X
Bouteille de Souvent bourré
chianti
Bouteille de vin Amour de la dive bouteille
Bouteille de
Coma éthylique prouvé X
champagne
Buffle Buffalo
Cadenas Soumis (décerné par le conjoint) X
Caisse
Trésorier informatisé X
enregistreuse
Carotte Surpris en train de faire l’amour X X
Cartes à jouer Amour des jeux
Casque romain Humanités latines (cf. lampe à huile)
Nom donné aux pin’s portant l’emblème d’un
Centre
ordre, d’un cercle, d’une régionale,…
Cerf Ardeur sexuelle X
Chainette argentée Fiancé(e) (pourtour du calot)
Chainette dorée Marié(e) (pourtour du calot)

Chameau Cœur à prendre


Chauve-souris Nuit blanche pour motif estudiantin
Chope Amour de la bière ou responsable bar X
Chouette Oiseau de nuit X
Ciseaux Scaré(e) X
Clefs croisées Trésorier X
Clef de sol Musicien, membre d’une chorale
Cochon Baptême estudiantin (à l’envers : baptisé) X
Cocotte Brosseur pour cause de guindaille
Coq Wallon

80
Cors (de chasse) Grand chasseur de femme devant l’Eternel X
Doré : Président(e) d’association
Couronne X
Argentée : Vice-président(e) d’association
Crabe Lenteur dans les études X
Croix scout Scout
Dauphin Amour de la nature
Dés Joueur
Écureuil Trésorier X
Éléphant Humour très lourd
Épi de blé Radin X
Épi de blé et
Chanceux aux examens
faucille
Epsilon Humanités en math fortes
Faucille Responsable des activités culturelles X
Fer à cheval Superstitieux
Feuille de vigne Perte de virginité masculine X
Flèche Éjaculateur précoce X X
Fleur de lys Royaliste
Dorée sur fond bleu : Roi des
bleus Argenté sur fond bleu :
Gambrinus Vice-roi Sur fond jaune : Roi de
Rois
Sur fond rouge : Roi des vieux X
Surmonté d’une couronne :
Empereur
Gazelle Rapide à l’afond
Girafe Grande gueule X
Glaive Censeur attitré de corona X
Grappe de raisin Amour du vin
Grenouille Comitard X
Hibou Noctambule
Koala S’endort fréquemment en corona qd il a bu X
Indien Geronimo (ou buffalo)
Lampe à huile Humanités classiques (gréco-latine)
Lapin Qui change de lit tous les soirs
Flamand
Lion
Sur rubans aux couleurs nationales : patriote
Livre Amour de la littérature
Locomotive Humour déplacé, pénible X
Musicien ou amour de la musique, de la poésie
Lyre
ou
de la danse
Mains serrées Symbole d’amitié X
Masque Caractère, comportement transformé par l’alcool

81
Navet Surpris en train de pratiquer une sodomie X X
Nounours Grand dormeur, aime son lit
Palette vernie Amour de la peinture
Palme À côté d’une étoile : obtention d’un diplôme final X
Palmier Glandeur
Papillon Volage
Pendu Marié(e)
Perroquet Pinailleur
Phi Humanités en sciences fortes
Pigeon Pigeon
Plume Secrétaire d’association X
Poireau Surpris en train de pratiquer une fellation X X
Poisson Est sorti(e) avec un thon X
Poule Fille très chaude
Presse Responsable d’un journal estudiantin
X
d’imprimerie
Rat Pique-assiette X
Rose Perte de virginité féminine X
Acteur, amour du théâtre ou responsable d’une
Sabot X
revue ou culture
Sabre ou épée Fin baiseur (vers le haut) X
Singe Blagueur, faceur
Sou troué Nuit passé au poste pour motif estudiantin
Polyglotte (entouré d’une étoile par langue
Sphinx
connue)
Jambes serrées : amour de l’anatomie masculine
Squelette
Jambes écartées : amour de l’anatomie féminine
Tambour Responsable affiche/promotion X
Téléphone Secrétaire ou responsable relation extérieures X
Tête de cheval Amour de l’équitation
Seconde session intégrale
Tête de mort X
Avec fémur croisé : guindaille à mort
Tortue Lent
Trèfle à 3 feuilles Malchanceux
Trèfle à 4 feuilles Chanceux
Retrouvé bourré avant minuit sans avoir participé
Zéro
à une corona

82
Chapitre deuxième :
Son Histoire
À la fin du 19ème siècle, les hommes et les femmes se munissaient d’un couvre-chef pour
afficher leur place dans la société. Un beau chapeau rond ou haut de forme pour les hommes
par exemple, et un garni de fleurs et de voiles pour les demoiselles. Plus ils sont classes, mieux
on est vu...
En ce qui concerne les étudiants, certains optent pour la casquette, quittant l’aspect du classique,
mais d’autres se rattachent à leurs pensées religieuses. Dès 1884, des étudiants catholiques
portent déjà une toque. Les archives ne permettent pas d’en décrire la forme exacte, mais il y a
de fortes chances que ce soit simplement des étudiants militants voulant affirmer leur croyance.
En effet, le 10 juin 1884, lors des élections législatives, les catholiques battent considérablement
les libéraux. Résultat de ce que l’on nommait La première guerre scolaire. La casquette portée
donc par certains étudiants deviendra par après la Penne que portent nos rivaux guindaillesques.
Puisque dans les terres du folklore estudiantin, les élèves d’universités libres affirment leurs
opinions et leurs origines de la sorte, il va de soi que les étudiants catholiques fasse la même
chose et porte un couvre-chef qui leur est propre.

La création
En décembre 1894, Edmond Carton de Wiart et Thomas Braun partent guindailler à Bruxelles
et rejoignent leurs amis Raymon van Swieten, Félix Henrard et Guillaume de Myttenaere. De
cette escapade bibitive naquit l’idée d’un regroupement d’étudiants catholiques et malgré ce
que l’on pourrait trop souvent croire, Edmond Carton de Wiart
n’était pas tout seul pour cette création.
Le comité fondateur était en réalité formé d’Emmanuel et Albert
Lemaire, Victor et Raymond Blaut, le docteur Henrard et De
Jongh, P. Crokaert, C. Degen, G. Hooriclx, A. van Meerbeek et
Léopold de Moreau. D’après L’Escholier, le journal catholique
des universitaires belges, la date de création de la Société Générale
Bruxelloisse des étudiants Catholiques (SGBEC) est fixée le 31
janvier 1895. C’est donc cette date que nous utilisons pour placer
la Calotte dans le temps.
Comme les pennés, les nouveaux membres (près de 200 dès le début) veulent arborer fièrement
un couvre-chef. Mais lequel va être choisi? C’est la coiffe des zouaves pontificaux qui inspirera
la calotte, le colback. Ou le talpack pour être plus rigoureux, ce dernier étant moins «haut de
forme». Celui qui a eu l’idée de reprendre le colback pour en faire une calotte est sans aucun
doute Armand Thiéry (1868-1955) qui l’a apportée au début des années 1890. Par ses nombreux
voyages durant ses études et ses conférences régulières à l’étranger, il apportera beaucoup de
ses connaissances sur les différents folklores. Il sera même membre d’une fraternité allemande
le 15mai 1892. Il aide ainsi ses apprentis, comme Thomas Braun grâce à son expérience
folklorique.

83
Les Zouaves pontificaux
En 1830 est constitué un bataillon formé de volontaires (dont des étudiants), essentiellement
belges, français et hollandais, pour défendre l’état pontifical du pape Pie IX. Car, Victor-
Emmanuel II, roi d’Italie, a décidé d’envahir les états Pontificaux, malgré les nombreux essais
de dissuasion de Napoléon III. Par le biais du comte belge Xavier de Mérode, le pape Pie IX
créera donc les zouaves pontificaux pour préparer sa défense. Mais ils ne porteront ce nom que
lors de leur première réelle défaite, après la bataille de Castelfidardo. Ils seront ensuite dissous
en mai 1871 après que l’armée de Garibaldi prenne Rome et en fasse la nouvelle capitale
d’Italie. Les porteurs de talpack existeront jusqu’en 1861. Ils auront comme particularité que
seuls les officiers porteront du véritable Astrakan, et leur nœud hongrois sur le calot sera de
couture dorée pour montrer leur grade.

L’évolution de la calotte
Début du XXème siècle, notre couvre-chef était appelé toque ou encore béret. Ce n’est que plus
tard que le terme Calotte apparut, en référence à l’appellation «calotin».
La calotte étant à l’origine le couvre-chef religieux, le calotin est l’ecclésiastique portant ce
dernier ou simplement la dénomination donnée par les sans-croyances aux catholiques. Ces
termes ont donc été repris puisque les pennés appelaient les étudiants catholiques les calotins.
Par évolution, Calottin a pris deux T. Il n’y a pas d’écrit pouvant en expliquer la raison, mais
une simple faute de frappe lors d’une copie pourrait bien en être à l’origine. Pour ce qui est du
terme Calotté, il vient simplement de l’appellation de Penné pour les porteurs de penne.
La Calotte était donc représentative des élèves catholiques. La guerre se prolonge alors avec les
étudiants de l’université libre, vu qu’ils peuvent maintenant se reconnaître mutuellement grâce
à leur coiffe.
Pour cette guerre folklorique, nous verrons les deux groupes se promener avec une canne ou un
gourdin à la main afin de frapper leurs rivaux. Les calottins frappaient donc les pennés, mais
également les non-étudiants qui les critiquaient. La panoplie du parfait calottin étant une canne,
un gourdin, une pipe et une chope. Avec le temps, la canne ne sera portée que par les calottins
et les pennés se promèneront avec une chaîne.
Cependant, si à Liège la guerre Penne/Calotte est très forte, à Louvain, c’est un conflit Wallon/
Flamand qui oeuvre principalement. Et les étudiants n’y allaient pas de mains mortes dans leurs
conflits.
Il est important de souligner que la Calotte a toujours été francophone, même si elle existe en
Flandre, à Bruxelles, et en Wallonie. Et dans les années 1960, lors des conflits louvanistes du
Walen Buiten, certains flamands considéraient la Calotte comme un symbole de ralliement des
francophones.
Dès la création de la Société Générale Bruxelloise des Étudiants Catholiques, chaque membre
achète donc sa Calotte pour le porter fièrement. Ensuite, les années passant, lorsqu’un élève
s’inscrivait à l’université, on lui proposait directement ce couvre-chef, il était ainsi distribué
beaucoup plus facilement qu’on ne pourrait le penser.

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Mais comme chaque symbolique, les regards extérieurs y placent de mauvaises attributions. De
la sorte que chaque calottin est vu comme un militant religieux. Et ce pour autant des points
positifs que négatifs. Et comme à toute époque et dans tous groupes, il y a des extrémistes, tant
chez les calottés que chez les pennés.
Ainsi, au début des années 1900, la Calotte est mal vue, même par l’Université, car elle est un
symbole politique et religieux. Et souvent, il est interdit aux étudiants de porter leur couvre-
chef durant certaines activités académiques, ce qui crée des conflits supplémentaires.
En 1952, la Société Générale Bruxelloises des Étudiants Catholique disparaît. Il y a donc une
forte diminution du port de la Calotte. Mais le 3 février 1963, un groupe de calottés, faisant
essentiellement partie de l’Ordre de François Villon de Montcorbier, ré instaure cette fédération
de la Calotte en la dénommant l’Ordre Souverain de la Calotte. (Ce dernier était à l’origine un
grade donné à différents membres de la Générale, sous forme de médaille/vlek). On attribue à
l’OSC la date de création de 1893, étant donné que c’est une continuité de la SGBEC et qu’elle
est représentante de la Calotte.
La devise de l’OSC est «Sans peur, ni bravade» Son chant est «Le chant des calottins de
l’Université» Ses couleurs sont gueules et sinople, au liséré tricolore belge.
L’ÉVOLUTION DES INSIGNES
Au début du 20ème siècle, très peu d’insignes décorent nos Calottes. On y place seulement des
étoiles pour indiquer les années d’études et l’insigne facultaire entre deux palmes. Plus tard,
vers 1930, des blasons de villes ou d’associations (cercles, régionales ou ordres) apparaîtront.
Ainsi que quelques souvenirs de soirées ou de grands événements. Les Calottes étaient donc
très peu «remplies» par rapport à maintenant.
Dans les années 60, la Calotte de nouveau à la mode, commence à être mise en toutes occasions
et pour toutes les sorties, ce qui accentuera l’apparition de divers insignes. À l’époque, il n’y
avait pas non plus de règles officielles quant à la disposition des insignes. Ainsi les étoiles
symbolisant les années d’études étaient mises n’importe comment et l’on pouvait y accrocher
ce que l’on désirait. Ainsi donc, des souvenirs de guindailles, des porte-clés et même des bouts
de caleçons provenant de luigis étaient souvent accrochés sur nos couvre-chefs.
C’est seulement dans les années 80 qu’une nuée d’insignes a déboulé dans notre folklore. Tout
commence lorsque Bruno Gérardy et Joel Kaiser créent un jumelage entre les Pharma de l’UCL
et ceux de Tours, en octobre 1982. Dès cet instant, une dizaine d’étudiants provenant de
différents Ordres (comme les Moines Pervers, Saint-Michel, le Pétase et Saint-Eloy) organisent
des guindailles belgo-françaises et apprennent la lecture des Faluches (couvre-chef français),
régie par un code. Plusieurs d’entre eux décident donc d’importer les insignes jusqu’en
Belgique (René Bizac, Alain Dufayx, Bruno Gérardy, Joël Kaiser, Benoit Michiels, Bernard
Monseur, Manu Paÿe, Christain Vande Hole, ...) Plus tard, Alain Dufayx et Bernard Monseur
écriront d’ailleurs un petit livret sur la description des insignes et les principes de base de
déroulement de corona.
Une fois que la mode des pin’s et insignes sera lancée, de nouveaux exemplaires ne cesseront
d’apparaître. Si bien qu’à présent, les Calottins en disposent de beaucoup plus par rapport à nos
voisins français, et ne cesse d’augmenter.

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Chapitre troisième :
Les calottes en Belgique

Bruxelles
La couleur du calot est couleur lie-de-vin. Il y a beaucoup de chances que les couleurs soient
directement et simplement reprises du colback. Beaucoup ont cherché d’autres significations,
rien de concret n’en est ressorti.
Il y a différents croisillons à Bruxelles :
- Pour le CSL, le CICHEC, le CCS, le CPG, nous reconnaissons les couleurs de Bruxelles, à
savoir rouge et vert (gueules et sinople)
- Pour la Vulcania, le croisillon d’origine (1920) était bleu et jaune (azur et or), couleurs
d’Auderghem puis de Saint-Gilles. Mais depuis 2012, le croisillon a changé en noir et blanc
(sable et argent) représentant Woluwé-SaintLambert, leur nouveau déménagement.
- Pour le CMH, puisque cet institut est lié avec l’UCL, leur croisillon est à l’origine le même.
C’est à dire aux couleurs de l’Alma Mater (mère nourricière) et symbole de l’UCL. Ainsi
qu’une bande papale reliant les deux autres. (Détails dans les prochaines Calottes). Malgré tout,
actuellement, les Calottes du cercle Marie-Haps ont adopté le croisillon rouge et vert, aux
couleurs de Bruxelles
- Pour le CEMA, leur croisillon est blanc et vert (argent et sinople) car ce sont les couleurs de
la commune de Schaerbeek, où se trouve cette haute école.

Au niveau des quadrants :


- Premier quadrant (Face senestre) : On peut y placer le Cercle où l’on a passé sa Calotte, ainsi
que le surnom et l’année de passage de Calotte (en partant de 1895 comme référence)
- Deuxième quadrant (Face dextre) : On y retrouve les étoiles qui se lisent de droite à gauche.
Les insignes qu’on y retrouve et qui se lisent en colonne (une étoile symbolisant une année)
peuvent faire référence au baptême (cochon = baptisé) ou un poste au sein d’un comité.
- Troisième quadrant (Arrière dextre) : le calotté y place tous les pin’s et insignes d’autres
corporations, villes ou autres qu’il a pu recevoir. C’est la partie partage folklorique.
- Quatrième quadrant (Arrière senestre) : C’est le lieu où l’on retrouve tous les insignes
exposant la personnalité ou les particularités du camarade.
- À l’arrière, se trouve(nt) la/les bande(s) facultaire(s).
- Sur le haut du calot, nous pouvons retrouver des lettres, formant les initiales d’un Ordre
(exemple SLPMO = Ordre des Moines Pervers de Saint-Louis)

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Les impétrants ne peuvent accéder au passage de Calotte qu’une fois baptisé. Le baptême se
déroulant au début d’année académique et le début des coronae aux alentours de mars/avril.
Avant les années 80, alors qu’il n’y avait pas de réel passage de Calotte, les nouveaux baptisés
recevaient une confirmation de leur staut de poil/plume sous forme de diplôme, ainsi que leur
Calotte, après une courte cérémonie essentiellement festive.
Il y a ce que l’on appelle le dépucelage. C’est un petit trou fait à l’intérieur de la Calotte, en son
centre, à l’aide d’une cigarette. Après cela, le nouveau calotté boira plusieurs bières dans son
souvre-chef pour ponctuer la cérémonie.

Leuven
La Calotte de Leuven est celle de l’Oost-en Westvlaamsche Kring.
Plus connu sous le nom de Vla-Vla, qui vient du fait qu’à la première réunion
délégation du Oost-en Westvlaamsche Kring, le Président de la Carolorégienne
ne parvint à le prononcer correctement et begaya «Vla...Vla», nom qui à l’hilarité
générale fut adopté d’abord comme surnom, puis comme nom officiel. Tout
comme le KMKS (Maline) et le KASK (Anvers), la Vla-Vla (Leuven) est avant
tout une régionale qui devint un Ordre à part entière par la suite.
Elle fut fondée en 1922 par Daniel Reylandt, Robert Ancot (1er Président), Albert
Van Den Heuvel et Fernad Kesteloot.Même si la Calotte, fondée à Bruxelles prit
naissance en même temps à Leuven, son évolution ne fut pas la même. Après le
tragique Walen Buiten, la Calotte de la KUL disparaîtra pendant plusieurs années.
Il faudra attendre 1974 pour qu’elle soit recrée.
Étant principalement un Ordre, les membres portent également toge et band.La
Calotte Vlavlaïenne se lit quasiment de la même manière qu’une Calotte
Bruxelloise ou Néo-Louvaniste.
Nous retrouvons les lettres Vla Vla sur le côté. Certains camarades indiquent
également les études qu’ils font ou leur surnom. Le croisillon est celui de l’UCL,
qui sera décrit plus loin. Les étoiles sont disposées sans aucune règle et rare sont
ceux qui les placent horizontalement comme on peut souvent le voir sur d’autres
calottes.
A l’arrière, une bande facultaire ou plusieurs qui indique l’étude du calottin.
Concernant le troisième quadrant (arrière dextre) et le quatrième quadrant (arrière
senestre), il n’y a aucune règle officielle. Le camarade place ses insignes et
différents pin’s à sa guise.
Pour le dépucelage de la Calotte, on la transperce avec une cigarette de part et
d’autre du calot en passant par son centre. Ensuite, lors d’une soirée, on laisse

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trainer le couvre-chef dans un coin de la salle où les camarades guindaillent. Une
fois qu’elle aura trainé dans l’urine et le vomi des différents calottins présents, la
Calotte pourra être fièrement portée par son propriétaire.
Contrairement à d’autres sites où la Calotte a toute son importance comme
symbole d’appartenance, l’obligation n’est pas aussi excessive en tant que
membre de la Vla-Vla. Comme indiqué dans leur codex: «Le port de la Calotte
aux séances est vivement souhaité, mais n’est pas obligatoire. Par contre le prt
d’une autre coiffe estudiantine ne sera pas toléré».
Et il n’est pas rare que lors de certaines de leurs soirées, ils ne portent pas leur
couvre-chef d’astrakan car beaucoup de personnes n’ayant aucun lien avec la
guindaille le volent et/ou pensent que c’est une coiffe d’extrémiste. Encore une
fois l’ignorance des faits ne résout rien.

Louvain-la-Neuve
Les différentes facultés au sein de l’UCL sont regroupées à Louvain-la-Neuve et à Louvain-en-
Wolluwé. Et nous pouvons y retrouver les mêmes Calottes.

LE CROISILLON
- Couleurs de la Belgique
- Couleurs de l’UCL symbolisée par l’Alma Mater (mère nourricière). Bleu et Blanc (Azur et
Argent), symbolisant la pureté et la chasteté.
- Bande Papale liant les autres autres bandes. Jaune et blanc (Or et Argent). Le 9 décembre
1425, à la demande du Duc de Brabant Jean IV, l’Université de Louvain est fondée par le pape
Martin V. Cette bande est formée de deux métaux Or et Argent.
En 1099, lors de la première croisade, Godefroy de Bouillon fonda le royaume de Jérusalem et
l’on plaça les couleurs or et argent pour symboliser l’importance de ce royaume, car dans les
règles héraldiques, la superposition de l’or et de l’argent est interdite, on appelle cela des armes
à enquerre. Nous retrouvons ces tons sur le blason de chaque Pape, ainsi que de plusieurs
souverians et seigneurs, descandants du royaume de Jérusalem. Ce sont les deux couleurs qui
représentent le Pape, son pouvoir spirituel (seul messager de Dieu) et temporel (il a tout pouvoir
durant son mandat).
• Sur le site de LLN, on retrouve les cercles suivants : Adèle, Agro, CI, CEP, CESEC, MAF,
MDH, MDS, FLTR, Psycho, Théo. Ce sont les cercles reliés directements à l’UCL.
On y retrouve aussi les vétérinaires, mais qui se regroupent au sein d’un Ordre (OCVT, Ordre
de la Calotte Vétérinaire) et non d’un cercle.
Il y a également la Haute école Cardijn qui détient son propre cercle du même nom.

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Au niveau des régionales, nous avons : l’Athoise, Binchoise, Bruxelloise, BW, Carolo,
Centrale, Chimacienne, Enghiennoise, Eumavia, Liégeoise, Lux, Montoise, Mouscronnoise,
Namuroise, Tournaisienne.
• Sur le site de Louvain-en-Wolluwé, on retrouve les cercles suivants : Mémé, Pharma, Spix.
Pour les hautes écoles, il y a le CIPL, l’ISEI et l’IEPK. Ce dernier porte un croisillon de type
bruxellois.
LES QUADRANTS
Encore une fois la calotte se divise en 4 parties:
- Premier quadrant (Avant senestre) : On retrouve les lettres UCL lorsque le cercle/régionale
est en lien direct avec l’Université. Suivi des lettres où le camarade a passé sa Calotte.
Contrairement à Bruxelles, le surnom n’y figure pas et l’année du passage n’y sera pas
forcément placé, mais on pourra la retrouver dans le 3e ou 4e quadrant. On peut aussi y voir si
le camarade fait partie d’une régionale, un insigne représentant sa région.
- Deuxième quadrant (Avant dextre) : Toujours les étoiles, indiquant les années d’études et se
lisant de droite à gauche. En dessous ou au-dessus de celles-ci, le poste dans le comité ou
quelque chose en rapport avec le baptême.
- Troisième et quatrième quadrant : Cela dépend de l’association où a été passée la Calotte.
L’un peut représenter ce qui est partage folklorique avec échange de pin’s et insignes. Et l’autre
symboliser la personnalité du camarade.
REMARQUE :
Nous pouvons retrouver toutes les études en bande facultaire, mais ce n’est pas pour autant que
chaque faculté détient son propre cercle. Comme par exemple, l’IAD qui est relié à l’UCL par
le «Pôle Louvain». Les calottés qui étudient à l’IAD portent comme bande facultaire un tissu
quadrillé. En effet, lorsque les couleurs ou l’insigne sont inconnus, le folklore demande de
l’imagination et de la créativité. L’un des premiers étudiant de l’IAD avait découpé un bout de
son caleçon pour en faire une bande facultaire. A présent, chaque camarade dans le même cas
essaye de trouver un tissu similaire.
Comme indiqué plus haut, un camarade déjà calotté peut marquer son amitié avec une autre
association en y refaisant une corona en tant qu’impétrant. On appelle cela passer ses lettres et
on place celles-ci en-dessous où à la suite dans le premier quadrant. Comme dans l’exemple
ici-bas, où le camarade en Pharma a passé ses lettres au CIPL et Popo, en Polytechnique.

Liège
Cette Calotte est très différente des autres. Autant par les différentes dispositions du croisillon
et d’insignes sur la couronne, mais le calot est également de couleur verte (émeraude).

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RETOUR HISTORIQUE
Le 28 octobre 1860, le Roi Léopold 1er rend visite à l’Université de Liège. Comme toujours,
les étudiants veulent se réunir autour d’un même symbole pour l’accueillir en tant que
représentants de l’Association des étudiants. N’ayant pas encore de couvre-chef ou autres
apparats. Ils font confectionner un drapeau aux couleurs de leur Université, le vert émeraude.
En plus de cela, ils font faire des insignes pour les tous les étudiants universitaires liégeois. Ils
défilent ainsi devant les Souverains en arborant leurs insignes et leur beau drapeau, symbole de
l’Alma Mater de l’Université de Liège.
Le 4 décembre de la même année, lors d’une cérémonie officielle, le Roi remet une série de
médailles commémoratives pour rappeler la journée du 28 octobre.
Fondation de l’Union Royale des Étudiants Catholique de Liège en 1873.
En 1883, après une série d’événements qui feront perdre le premier drapeau, le Roi en offre un
nouveaux aux étudiants liégeois, en soie verte.
Au centre se trouvent les armes de la Belgique, et à chaque coin, on retrouve les attributs des
quatre facultés.
La Calotte arrive à Liège vers 1898. Mais aucun document ne dit si elle est déjà de couleur
émeraude ou non. Cependant en 1920, un document affirme que la Calotte Liégeoise est à fond
vert.
Entre 1960 et 1980, la Calotte liégeoise disparait. C’est le 30juin 1984 que Michel Franckson
la relancera avec 8nouveaux calottés. Et en 1988, l’Ordre Souverain de la calotte reconnaît
officiellement la Calotte couleur émeraude.

LES CROISILLONS
Contrairement aux autres Calottes, le croisillon n’est pas porté au centre du front. Ce sont les
étoiles qui sont mises en avant et qui se lisent de gauche à droite, tenant ses origines dans le
folklore penné.
Chaque croisillon est composé des couleurs nationales, d’un ruban de discipline (études) et
reliés par un ruban d’enseigne de sinople surmonté d’un insigne en fonction de l’Ordre
d’appartenance du calotté.
- Membre de l’Ordre du Torè : Un taureau d’or.
- Membre de l’Ordre de la Questure Raymaldienne : Une rose-croix.
- Membre de l’Ordre du Grand Séminaire : Une couronne. Concernant les Calottes de cet Ordre,
à la place d’un ruban sinople, ils placent les couleurs papales (Or et Argent), ainsi qu’un ruban
jaune et noir à l’arrière de la Calotte avec les lettres OGS.
Les différentes couleurs de facultés de l’ULg ne sont pas pareilles que celles pour les Calottes
lie-de-vin.

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Voici les couleurs retrouvées à Liège :
Droit, mauve et blanc (Pourpre et Argent); Médecine, vert et rouge (Sinople et Gueules); Philo,
jaune et blanc (Or et Argent); Psycho, rouge et blanc (Gueules et Argent); Sciences, blanc et
bleu (Argent et Azur); Sciences appliquées, vert et blanc (Sinople et Argent); Sciences
économiques, rouge et noir (Gueules et Sable); Vétérinaire, jaune et bleu (Or et Azur).
Leur Calotte n’est pas datée d’après leur première corona, mais bien leur première année à
l’Université, précédé des lettres ULG. Ils indiquent essentiellement les hautes postes (comme
Président) dans les associations.
Les coronae de passages de Calottes sont strictement internes. Et après dépucelage de
l’intérieur, le nouveau calotté doit sabrer une bouteille de champagne et le boire à l’intérieur de
son couvre-chef.
La Calotte liégeoise fut pendant longtemps essentiellement masculine (de rares femmes se
coiffaient du calot émeraude). Mais elle est officiellement mixte depuis 2004, où une certaine
Kim s’est fait calotter au sein de l’OQR.
LA CALOTTE MAGISTRALE
Elle se transmet de Grand-Maître en Grand-Maître de l’Ordre du Torè. Et celui-ci devra la
porter durant son mandat. D’ailleurs, on peut voir des étoiles sur le pourtour du calot qui
représentent le nombre de Grands-Maîtres depuis la naissance de l’Ordre (11 janvier 1980)
On retrouve tout autour de la couronne, les 8 croisillons des différentes facultés de l’Ulg. De
plus, entre chaque croisillon, on trouve les insignes de Grand-Maître (taureau entouré de palmes
et surmonté d’une couronne) et une croix d’Échevin de la Cour Souveraine.

Gand
La Calotte des camarades gantois possède un calot blanc. Pour la simple et bonne raison qu’avec
le noir de la couronne, nous avons les couleurs de la ville, le noir et le blanc.
L’Association Royale Générale des Étudiants Catholiques (plus connu sous le nom de «La Gé»)
a été fondée à Gand en 1870, puis recrée le 18 mars 1880. Ce qui en fait la plus ancienne
association estudiantine encore active en Belgique. La Gé est un Ordre strictement masculin.
LE PASSAGE DE CALOTTE
Après avoir fait moult activités au sein de l’Ordre, le bleu (impétrant) reçoit sa Calotte après la
revue, une pièce de théâtre parodiant l’actualité internationale, sous forme de sketchs, danses
et de chants. C’est le plus gros événement de la Gé.
Le dépucelage se fait avec une cigarette, de préférence par son parrain. Celui-ci transperce le
calot de part et d’autre en passant à l’intérieur d’une boucle du noeud hongrois. La seule
exception lorsque l’on ne passe pas par une boucle, c’est lorsque le nouveau calotté a été Roi
des bleus. Ce n’est pas par un concours d’afonds comme on le retrouve souvent dans le folklore
des autres Calottes, mais bien parce qu’il a été plus méritant que les autres.

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Dès lors, la Calotte est jetée dans un coin ou dans un urinoir où les calottés se videront la vessie
avec respect et tradition. Et à la fin de la soirée, la Calotte est rendue à son propriétaire, encore
dégoulinante.
DISPOSITION D’INSIGNES
Contrairement aux autres sites, il n’y a pas de règle préétablie. La seule qui existe concerne les
étoiles des études qui sont placées sur le premier quadrant (Avant senestre), à l’opposé de tous
les autres sites calottins. Pour ce qui est du reste, chacun laisse libre cours à son imagination.
Certains calottins gantois placent des lettres de leur faculté et une bande facultaire copiée
d’autres universités, mais cela reste très rare. La couronne est souvent le tableau de souvenirs
de guindailles en tous genres.

Malines
Tout comme la VlaVla, la Calotte malinoise est représentée par un Ordre, le KMKS
(Koninkijke Mechelse Katholieke Studentendkring) fondée en 1888. À l’origine, elle
regroupait la régionale de Malines à l’Université de Louvain.
Les règles quant à la disposition des insignes sur leur Calotte ne datent que depuis les années
1990. Avant, il n’y avait pas de vraie règle et chacun garnissait son couvre-chef à son bon
plaisir. C’est pourquoi il est fréquent de voir des Calottes malinoises plus anciennes avec les
lettres de l’université au-dessus des étoiles.
- Sur le premier quadrant, ils placent les lettres KMKS en-dessous des lettres de l’Université
où le propriétaire est étudiant.
- Les autres quadrants se lisent de la même manière qu’à Louvain et ils indiquent également
leurs études par une bande facultaire à l’arrière avec l’insigne adéquat.
- Sur le quatrième quadrant, on retrouve la datation de leur Calotte qui part de l’année de
fondation du KMKS, donc 1888.
Pour le croisillon, c’est le même que pour l’UCL, sauf pour la bande papale.
PASSAGE DE CALOTTE
Un an après leur baptême, les bleus (impétrants) doivent passer leur ontgroening. C’est un
questionnement sur leurs motivations, implications passées et futures au sein de l’Ordre. Ils
boivent énormément pour les aider durant les interrogatoires.
Après, le comité décide s’ils acceptent le bleu en tant que kopein ou s’il est exclu de l’Ordre.
La Calotte malinoise est également strictement masculine.

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Tournai
En 1987, un penné de Tournai décide de créer une Calotte, après avoir passé la sienne à l’UCL.
C’est donc au sein du Cercle ESIT DBT que nait ce folklore.
Le calot est également couleur lie-de-vin et la disposition des insignes est exactement la même
qu’à Bruxelles ou Louvain-la-Neuve.
Sur le premier quadrant, ils placent les lettres ESIT DBT, ainsi que l’année de référence, par
rapport à 1987.
Le croisillon est formé des couleurs de la Belgique, ainsi que des couleurs de la ville de Tournai,
rouge et blanc (Gueules et Argent).
Les passages de Calotte se déroulent à partir du mois de mars.

Fleurus
La Calotte de Fleurus nait en 1989 au sein du cercle ISC. Avant cela, le couvre-chef des
étudiants était un calot comme ceux de certains militaires ou policiers. Olivier Sprangers,
président 89-91, est arrivé à Fleurus après avoir fait deux ans de Bio à Namur, et ayant vécu le
folklore des FNDP, il propose de changer de couvre-chef et puisque l’école est catholique, la
Calotte est rapidement choisie.
Le dépucelage se fait officiellement en 1990. Les fondateurs sont des étudiants qui ont
commencé leurs études ailleurs et venant de différents endroits. Il s’agit donc d’Olivier
Sprangers (FNDP), Christophe Dardenne (Agro Gembloux), Catherine Préat (UCL), Martine
Wéry (Université de Mons) et André «Saga» De Groote (FNDP). Le folklore est principalement
basé sur celui de Namur, on retrouve d’ailleurs la couronne sur le croisillon.
L’ISC regroupe les études d’agronomie ainsi que de chimie clinique. Les Calottins de Fleurus
placent les lettres ISC sur le premier quadrant, ainsi que le nom de la régionale d’où ils viennent.
Ainsi que le nombre d’années après la première Calotte de leur cercle.Le croisillon est formé
d’une bande noir et jaune (Sable et Or) qui sont les couleurs de la ville.
La disposition des insignes sur la couronne rejoint la majorité des autres Calottes.
Ils organisent seulement trois coronae durant l’année, sauf exception. Une fin septembre, une
autre début décembre et une dernière en février.

Braine-le-Compte
C’est en septembre 1993 que commencent officiellement les baptêmes à Braine-le-Comte, dans
le cercle CEN, sous la présidence d’Olivier Minet.Quelques mois plus tard, la première corona
CEN a lieu.
Pour lancer ce folklore des Calottins Louvanistes sont présents dont Nicolas Poelvoorde, qui
sera Grand-Maître pour l’occasion. Les premiers calottés CEN seront Olivier Minet, Véronique
(sa compagne), Olivier Maes et Jean Rousseau.

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Leur folklore est essentiellement basé sur celui de Louvain-la-Neuve. On retrouve d’ailleurs la
règle d’une attente d’une année académique après son baptême pour pouvoir passer sa Calotte,
sauf exception au roi et à la reine des bleus.
Le croisillon est formé, en plus des couleurs nationales, d’une bande bleue et blanche (Azur et
Argent) représentant les couleurs de l’Institut de Bonne-Espérance, car l’école normale y est
liée.
Les lettres CEN et BLC sont placées dans le premier quadrant. À l’arrière, l’unique bande
facultaire de l’école était à l’origine des couleurs de la ville, mais elles ont été remplacée par
un bleu gros grain.

Mons
Tout démarre dans les années 50, les étudiants de l’IRAM provenant pour la plupart de l’Institut
Saint-Luc en technique supérieur, arboreront leurs croyances en portant fièrement la Calotte.
Mais des étudiants venant d’autres écoles et ne portant pas la Calotte préféraient se coiffer d’une
penne. Durant plusieurs années, les deux couvre-chefs vont se côtoyer, partageant leur folklore.
Et c’est en 1959 que la penne prend le dessus et fait totalement disparaître la Calotte du cercle
IRAM, devenu en même temps l’ISIC. Cela dit, la Calotte ne disparait pas pour autant à Mons.
En effet, le 3 avril 1990, Christophe Brion et Alain Renault fondent l’Ordre de la Calotte
Montoise. Le calot est d’abord de couleur lie-de-vin.
L’idée est de réunir des calottés de Mons étudiant ailleurs et des calottés d’ailleurs étudiant à
Mons, mais l’Ordre meurt pendant un certain temps. Il faudra attendre Olivier Archambeau,
Manu Ghiny et Vincent Rousseau pour relancer la Calotte montoise.
Les couleurs du calot deviennent rouge vif avec un lacet blanc. Le croisillon porte les couleurs
de la ville et on retrouve le Singe du Grand Garde en son centre.
Les lettres sur le premier quadrant FPMS, ISIMS, et OCM. Ainsi que la date de corona.

Virton
Fondée à la fin des années 80, le Cercle Pierrard a comme particularité d’accueillir deux couvre-
chefs, à savoir la Penne et la Calotte.
Le baptême est un folklore commun, mais pour ce qui est de ce que l’on portera, deux comités
sont séparés et organisent chacun leur intronisation de leur côté. Pour pouvoir passer sa Calotte,
il faut être en deuxième année (avoir deux étoiles). L’impétrant sera évalué durant sa corona.
Si la personne voulant recevoir une penne doit également passer par un rite initiatique, il est
interdit de pouvoir porter les deux couvre-chefs. En théorie, on doit brûler l’un pour pouvoir
porter l’autre.
Le croisillon est formé des couleurs jaune et rouge (Or et Gueules) qui sont les couleurs de
Virton. Il semblerait que la couronne au centre n’ait pas la même origine que pour la Calotte
namuroise, mais pas plus d’explications.

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On retrouve les lettres ISICLAMP ainsi que l’année de passage de corona qui se réfère à 1893.

Charleroi
Une Calotte à Charleroi a existé pendant plusieurs années, mais s’est éteinte début des années
2000. Cependant en 2010, Gilles Lepied, étudiant à l’HELHa, contacte Imre Marko (Grand-
Maître OSC en 2008-2009) ainsi que d’autres calottins de Louvain-la-Neuve, comme Web,
Kramik, BigLips, Max Chèvre et Christobalt. Il rassemble ainsi divers conseils et puise dans le
folklore de la Calotte UCL pour fonder celle de son école, celle-ci étant liée à l’UCL.
La corona de fondation a eu lieu le vendredi 8 avril 2011. Les fondateurs officiels sont Gilles
Lepied, Sébastien Hoffelt (calotté MAF UCL), Maxence Toussaint (Carolo FNDP), Valentin
Godfroid et Sylvain Dayez.
Le croisillon est donc identique à celui de l’UCL, à la nuance près qu’une lampe de mineur se
trouve en son centre, symbole de la ville de Charleroi.
On retrouve sur le premier quadrant les lettres HELHA pour l’école et IESCA pour le cercle. Il
réunit des étudiants de Kinésithérapie. Et sur le quatrième quadrant, ils placent l’année de leur
Calotte en prenant comme date de départ 1895.
L’une des grandes particularités de la Calotte de Charleroi est que ceux qui la portent ne sont
aucunement baptisé. Tout comme à Louvain-la-Neuve dans la plupart des Cercles et
Régionales, on peut trouver des calottins fossiles, à Charleroi, ils considèrent les deux entités
comme indépendantes l’une de l’autre.

La Continentale Banane Radieuse


En 1984, Bernard «Binamé» Possoz (étudiant néo-louvaniste de l’Agro) lance un canular : une
Calotte africaine. Il se fait confectionner une couronne en imitation léopard pour remplacer
l’astrakan. De là, plusieurs légendes se créent. Une fois de plus, les gens préfèrent du concret à
l’absurde.
Le canular marche tellement bien qu’il devient un Ordre : L’Ordre très rigide de la Continentale
Banane Radieuse. Le Grand-Maître étant appelé le Grand Gourou.
Les seules réelles particularités durant la séance sont que l’on mélange du Pisang à la bière et
que l’on mange des cacahuètes et des bananes.
On donne comme critère d’admission d’être né en Afrique ou d’y avoir séjourné au moins
cinq ans.
En 2010, l’Ordre est relancé par de jeunes calottés avec la création d’un Codex et d’un réel
comité actif.
Pour ce qui est de la disposition des insignes, de la couleur du calot ou du croisillon, l’impétrant
se réfère simplement au site où il passe sa corona. À la seule différence que les personnes ayant
obtenu leur Banane Radieuse avant la recréation de l’Ordre, pourront repasser une corona et
ainsi recevoir les lettres B et R sur fond noir.

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La Calotte de Collège
C’est entre les années 1920 et 1960 que l’on retrouve une toque similaire à notre Calotte dans
plusieurs collèges de notre royaume. Elle s’associe à l’uniforme réglementaire des élèves et est
composée d’un calot dont la couleur dépendra du lieu, d’un croisillon fait des couleurs
nationales et des couleurs de l’école.
Certaines seront totalement en astrakan, d’autres possèdent une partie en tissu ou en cuir.
Des étoiles y sont également présentes pour symboliser les années d’études. Trois étoiles
argentées pour les moyennes et quatre étoiles dorées pour les années normales.
La toque est achetée au même titre que le matériel scolaire et sera portée pour différentes
représentations ou défilés, lors de visites à l’extérieur. Même si ayant une connotation
religieuse, les élèves porteront plutôt un béret lors de certains voyages.
Avec le temps, la calotte en astrakan sera remplacée par un calot en similifeutre de couleur
brune. La toque en astrakan était assez coûteuse, on la délaissera donc, tout comme l’uniforme
scolaire qui ne sera plus obligatoire.
On la retrouvera cependant dans les écoles supérieures, pendant une courte durée post-seconde
guerre mondiale. Et c’est fin des années 50 que le Cardinal Van Roey fit cesser le port de la
toque dans d’autres établissements, sous la pression de la Fédération Belge des Étudiants
Catholiques, la Calotte étant le symbole des étudiants de l’Université et d’eux seuls.

La Calotte à visière
La Calotte avec une longue visière, type penne, remonte à la fin des années 1940 à Louvain.
Elle est portée par des calottins désireux «d’embellir» leur coiffe, en se basant des étudiants
pennées.
On retrouvera cette Calotte à visière un peu partout dans le royaume. C’est aux alentours de
1982 que des calottins décideront d’arracher la visière lors d’une Saint-Nicolas à Bruxelles.
Pour eux, il faut choisir son couvre-chef, et non les mélanger. Par après, elles disparaîtront petit
à petit.

Les Calottes honorifiques


Il n’est pas rare de remettre une Calotte honorifique à une personne ayant montré un
attachement à notre folklore, à notre université, ou encore à une faculté. Mais également par sa
présence ou son symbole, d’un point de vue patriotique ou religieux.
Ainsi, le 21 mai 1985, le Pape Jean-Paul II se verra remettre une Calotte honorifique lors de sa
venue à Louvain-la-Neuve. Et le 19 septembre de la même année, ce sera au tour du Roi
Baudouin d’être calotté. En 1993, c’est Albert II qui recevra une Calotte lors d’une visite à
Namur, et dernièrement, le nouveau Roi Philippe également fait calottin à Namur au mois de
septembre 2013.

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Il n’est pas rare également de remettre notre précieux couvre-chef à des artistes ou même à des
statues plus que symboliques, telles que Manneken-Pis ou dernièrement, Jeanneke-Pis
Plus fréquemment, ce sont des professeurs ou membres du personnel académique que nous
voulons remercier pour leur soutien et leur implication, durant de nombreuses années. Que ce
soit pour l’Université, la Haute-École, les associations estudiantines ou tout simplement le
folklore calottin en lui-même.

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Chapitre quatrième :
Le passage de calotte

Introduction
Avant les années 80, tout comme les insignes, le rite de Passage de Calotte n’existe pas
réellement. Par exemple, à Bruxelles, étant une continuité du baptême, c’est lors d’une soirée
après-bleusailles qu’on remet la coiffe d’Astrakan. Une sorte de confirmation d’entrée dans le
folklore. Mais au fil du temps, une cérémonie va se créer à Louvain-la-Neuve afin de recevoir
le couvre-chef. Ce sera principalement de faire une bonne guindaille avec des calottés au coin
d’un bar, lors d’une soirée très arrosée et rythmée par de nombreux chants.
Par cette biture, le futur calottin fait le serment d’entrer dans la famille du folklore et de le faire
perdurer de la meilleure manière qu’il soit. C’est donc vers 1984 que les cérémonies de passage
de Calotte appelée «corona» prendront forme en même temps à Bruxelles et Louvain-la-Neuve.
Le déroulement se basera du fonctionnement de cerains ordres. Dans la capitale, ce seront Saint-
Michel et les Moines Pervers qui lanceront le mouvement. À LLN, beaucoup d’anciens placent
le LSO (aidé des deux Ordres cités plus haut) comme créateur du passage de Calotte. De là,
chaque cercle et régionale y puisera une nouvelle part de leur folklore.

L’interview
Lors de l’interview d’un impétrant ou aspirant à la calotte, celle-ci doit se dérouler en présence
du comité de la régionale au complet et d’un nombre d’anciens laissé à l’appréciation du
président de séance. Cette interview se déroulera sous forme de « corona» et doit
impérativement respecter les règles fondamentales de celle-ci.
Pour qu’une interview soit déclarée conforme aux statuts C.I.R., elle doit satisfaire aux
conditions suivantes en ce qui concerne le postulant à la calotte ;
- L’aspirant à la calotte doit impérativement être baptisé dans sa régionale.
- Il doit aussi répondre aux critères internes de sa régionale,
- Sa connaissance en folklore (lecture de calotte), tradition orale et écrite estudiantine et ses
motivations personnelle doivent satisfaire l’ensemble de la corona,

La réussite d’une interview sera sanctionnée par l’approbation du comité de régionale à pouvoir
se présenter au dépucelage de calotte en convenance avec le comité, sous la surveillance du
comité C.I.R. (généralement un ou deux membres) et en accord avec les statuts C.I.R. L’échec
d’une interview verra l’aspirant à la calotte représenter son interview à la prochaine session
d’interview. Une deuxième chance dans la même année sera exceptionnelle et justifiée.

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La Corona
La Corona est une cérémonie initiatique (corona signifie couronne en latin, qui en indique sa
dispostion, et par extension, une réunion de personnes), organisée par une association.
Cérémonie durant laquelle une personne, appelée impétrant et désireuse de porter une Calotte,
devra passer plusieurs épreuves.
Dans la plupart des sites, ce sera durant cette soirée que le nouvel adhérent fera ses preuves,
mais dans d’autres, ce ne sera l’apogée d’un travail fourni durant plusieurs semaines/mois.

La Corona se fait dans un lieu fermé où seuls les détenteurs de couvre-chef peuvent assister à
la majeure partie de la séance. Pour pouvoir maintenir une bonne ambiance et une sorte d’ordre,
des règles ont été instaurées en même temps que le déroulement de la corona. Cependant,
chaque grand-maître ou président peut supprimer ou ajouter de nouvelles règles lorsqu’il
préside.
• Le grand-maître/président a toujours raison. Ainsi il prend toutes les décisions et il peut s’aider
d’un vote général afin de guider son jugement.
• La corona doit se passer dans un lieu en huis-clos éclairé à la bougie. La lumière artificielle
n’est pas permise (sauf si pas d’autres choix), ainsi que tout appareil électrique ou électronique
(GSM, ordinateur), mais bon, de nos jours, difficile de l’interdire.
• Dans la plupart des coronae, lors d’une prise de parole, un camarade se lève et se découvre. Il
doit parler à la troisième personne du singulier, si il parle à la première personne, il boira des
gorgées de bière en conséquenes..
• Il est interdit de se promener dans la corona sans autorisation et il faut déposer sa Calotte sur
un verre de bière plein, le croisillon orienté vers le drapeau de la Belgique ou le praesidium à
défaut d’étendard.
• Il est interdit de manger en corona
• Les seules boissons possibles en corona sont : la bière à basse fermentation ou l’eau. Mais il
est possible de faire des coronae au vin, sous indication préalable. Un camarade n’apporte pas
ses propres boissons sans un accord du Président de séance.
• Il est interdit d’avoir un quelconque acte sexuel en corona. Cela commence au rapport buccal.
• On applaudit en frappant sur la table, on ne tape pas dans les mains.
• On ne boit pas tout seul, sauf en pénitence. On peut donc inviter une personne à boire avec
soi en frottant légèrement sa Calotte en direction d’un camarade choisi, ou en prononçant «Ad
sympatiam» (= par sympathie).
• Il est formellement interdit de rentrer dans une corona sans avoir été invité au préalable par le
président de séance
• Tout comme pénétrer dans une corona muni de son couvre-chef
• Le port du tablier de guindaille est à proscrire lors de corona ou de bibitive • Il est obligatoire
de demander la parole avant toute intervention quel qu’elle soit, on en référera d’abord à un
censor

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• Avant toute allocution, l’intéressé devra se découvrir en utilisant les formules adéquates pour
prendre la parole
• On devra observer le silence total lors de différentes occasions tels que ; 1. des injonctions
données par le président de séance, 2. des guindailles ou remise de décoration (assimilé à un
temps de parole), 3. d’interventions des membres de la corona (temps de parole), 4. des chants
sacrés.
• Il est interdit de vomir ou/et pisser en corona, et de fumer des joints ou consommer toutes
substances illicites
• On doit obéir sans discuter aux injonctions des censors,
• La disposition temporelle des « tempus » doit être respectée,
• La structure et la disposition de la corona doivent être aussi respectées, Les formules latines
doivent être usitées de tous sans exceptions

Le déroulement
Une corona se subdivise en trois parties bien distinctes, que l’on appelle plus communément «
tempus ». Voici le déroulement type d’une corona ordinaire :
1er TEMPUS
- Formule d’accueil
- Chants sacrés :
• Gaudeamus Igitur
• La Brabançonne
• Le Chant des Calottins de l’université (O.S.C.)
• Le chant des Wallons (C.I.R.)

- Intervention du président de séance pour les demandes d’ipotentias.


- Désignation des censors et d’un cantor primus. Demande d’éventuelles guindailles dans la
corona.
- Intervention du Trésorier qui fixera le prix de la réunion.

-Chants de régionales :
• Les Tournaisiens sont là (R.T.M.)
• Pays de Charleroi (Carolo)
• Union Luxembourgeoise (LUX) • Valeureux Liégeois (Liégeoise)
• Li bia Bouquet (Namuroise)
• Cheerio (Brabo)
• Chant de la Chimacienne (Chimacienne)
• Le Petit Jeune Homme de Binche (Binchoise)
• Viv’ Djan Djan (B.W.)
• Destuna

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Remarque : lorsqu’il n’y a pas de représentants d’une ou de plusieurs régionales, le chant peut-
être lancé par seulement trois autres personnes :
- les vlekés de la ou les régionale(s) absente(s) sans le cri
- le CIR et les délégués folklore sans lancer le cri
- Le président de séance sans lancer le cri

- Clôture du tempus par le président de séance. (formule adéquate)

2ÈME TEMPUS.
- Ouverture du 2e tempus par le président de séance.
- Chants :
• La Bière
• Libre choix laissé au cantor primus
- Présentation des guindailles, et remise de décoration (diplômes et vleks)
- Clôture du tempus par le président de séance.

3ÈME TEMPUS.
- Ouverture du 3e tempus par le président de séance.
- Dernières communications et guindailles des externes, puis ensuite le président de séance
clôture le tempus.
Remarque : Lorsqu’il s’agit d’un dépucelage de calotte, le 3e tempus est réservé à la contre
interview et au dépucelage de la calotte a proprement parler. Dans certaines régionales il est de
coutume que la contre-interview soit interne et que les externes sont exclus du 3e tempus. Il n’y
a pas de censeur lors de ce troisième tempus.

Les formules

Certaines paroles sont prononcées en latin. Cela donne un aspect cérémonial et plus sérieux à
la corona. Les camarades sont donc obligés d’utiliser les formules suivantes pour certaines
demandes et pour respecter le bon déroulement de la séance. En théorie, toute formule
s’accompagne d’un à-fond, mais cela ne s’applique pas à toutes sinon le président de
séance serait plein mort avant le premier tempus.

• Incipit soladici nostri (primam, secundam, etc.) rorona/sessio/bibitiva/...


(=Notre (première, deuxième, etc.) corona/séance/bibitive/ commence solennellement.)
Le président de séance prononce cette formule au tout début pour indiquer le commencement.

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• Peto Verbum ?
(= Puis-je parler?)
Pour demander la parole

• Peto Cantum ?
(= Puis-je chanter?)
Pour demander à lancer un chant

• Habes/Non habes
(=tu l’as/tu ne l’as pas)
Seul le président de séance peut répondre afin d’octroyer la parole ou une permission à un
camarade.

• Ergo habeo
(= j’ai la parole)
Une fois que le président de séance a permis au camarade de parler, celui-ci l’indique en
prononçant cette formule.

• Dixi
(= j’ai dit)
Après avoir parlé, le camarade finit sa prise de parole par ce mot.

• Silentium
(= silence)
Il convient de se taire lorsque le président de séance ou le censeur demande le silence. S’il veut
un silence complet, il ajoutera triplex.

• Rogo plenam impotentiam


(= je demande une pleine impotence)
Lorsqu’un camarade ne peut/veut pas boire, il peut demander à avoir une impotence complète
et boira uniquement à l’eau, si le président de séance l’y autorise

• Rogo minorem impotentiam


(= je demande une impotence mineure)
Lorsqu’un camarade veut minimiser son début de boisson et ainsi boire très peu de bières (si le
président de séance l’y autorise)

• Rogo tempus pissandi personnalis


(= Je souhaite un temps de pause personnel pour pisser)
Le camarade demande cette formule au président de séance ou au censeur lorsqu’il veut uriner.
Le camarade peut dire dualis, trialis ou encore généralis selon le nombre de personne qui
veulent aller se soulager. Il y sera autorisé via un «Habes» ou interdit via un «Non habes»

• Opto ut tempus generalis multisecularem traditionem pissandi vel rotandi sit


(= Je souhaite un temps de pause traditionnel et multiséculaire pour aller pisser et

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roter)
Le président de séance prononce cette formule pour déclarer un tempus, une pause où tout le
monde est invité à sortir de la corona durant plusieurs minutes. Les camarades répondent tous
«Optamus» (= nous le souhaitons)

• Tempus ex, omnes ad loca


(= temps de pause fini, tout le monde à sa place)
Le président de séance prononce cette formule pour déclarer la fin du tempus

• Omnes ad sedes
(= tout le monde assis)
Le président de séance prononce cette formule pour que tout le monde s’asseye. Après un chant
entonné debout ou après un tempus par exemple, après la précédente formule

• Decet me castigare propter moram


(= il convient de me punir en rapport au retard)
Lorsqu’un camarade arrive en retard à une corona, il s’avance devant le président de séance
lorsqu’il l’aura invité à le rejoindre, et prononce la formule de retard, ainsi que son motif.
Généralement, un à-fond avec le président de séance suffit à se faire pardonner.

• Paenitet me pecasse sive pecavisse


(= que je sois puni de mon péché si j’ai pêché)
Lorsque le président de séance donne une pénitence à un camarade, ce dernier devra prononcer
cette formule d’usage avant de boire sa/ses pénitence(s).

• Godeo quod non pecavi et illum pocculum merui


(= je me réjouis de ne pas avoir pêché et cela mérite une chope)
Lorsque le président de séance déclare qu’un camarade mérite une récompense, ce dernier devra
prononcer la formule d’usage avant de boire sa/ses récompense(s).

• Licet ad libitum bibere / Nunc est bibendum


(= il vous est permis de boire à Volonté / Maintenant, c’est le moment de boire)
Lorsque la corona/bibitive commence réellement, le président de séance invite tout le monde à
boire autant que les gens voudront et à s’inviter à boire entre camarades.

• Adfundum generalis
(= à-fond général)
Le président de séance prononce cette phrase lorsqu’il veut que tout le monde boive ensemble.

• Cantus ex
(= chanson finie-)
La personne qui vient de chanter ou de lancer une chanson prononce cette formule pour indiquer
la fin. Le président de séance rétorque «Prosit cantoribus» (= santé à ceux qui ont chanté) et
l’assemblée répond en choeur «Prosit seniori» (= santé aux plus anciens) qui semble indiquer
le praesidium.

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• Ad ultimam
(=à la fin)
La personne qui a lancé le chant indique par cette formule qu’il veut passer directement au
dernier couplet.

• Ad pistum
(= au centre)
Le président de séance invite une personne à se placer au centre de la corona.

• Rogo corona exire


(=Je demande à quitter la corona)
Lorsqu’un camarade veut partir, il prononce cette formule au président de séance ou au censeur,
et s’il est encore apte, il fait un à-fond d’au revoir.

Les chants

Les chants sacrés :


Les étudiants des universités catholiques considèrent ces quatre chants comme sacrés, ils sont
connus de tous et les plus solennels. On les chante toujours en premier lors de corona ou
bibitives.

Gaudeamus Igitur
Le Gaudeamus Igitur est LE chant international étudiant, chanté à peu près partout où un réel
folklore étudiant règne. On lui retrouve tout un tas d’origines (notamment et principalement
allemandes) car ce chant (comme beaucoup d’autres) n’a pas été écrit d’une traite, mais a subi
pas mal d’évolutions avec le temps. Les strophes 2 et 3 existeraient depuis le 13e siècle. Les
strophes 1, 2 et 3 sont chantées dès le début du 18e siècle en Allemagne, et le couplage de l’air
au texte s’est officiellement fait en 1938. C’est en 1781 que le texte “moderne” est apparu pour
la première fois (officiellement du moins, on ne peut ici encore être sûr de rien), dans le
“Studentenlieder” (Chansons d’étudiants) écrit par Chrétien Wilhelm Kindleben.

Gaudeamus igitur, juvenes dum sumus, (bis)


Post jucundam juventutem,
Post molestam senectutem,
Nos habebit humus. (bis)

Ubi sunt qui ante nos in mundo fuere ? (bis)

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Vadite ad superos,
Transite ad inferos,
Ubi jam fuere.

Vita nostra brevis est, brevi finietur, (bis)


Venit mors velociter,
Rapit nos atrociter.
Nemini parcetur. (bis)

Vivat academia, vivant professors, (bis)


Vivat membrum quodlibet,
Vivat membra quaelibet,
Semper sint in flore ! (bis)

Vivant omnes virgines, graciles, formosæ ! (bis)


Vivant et mulieres,
Teneræ, amabiles,
Bonæ, laboriosæ ! (bis)

Vivat et res publica et qui illam regit ! (bis)


Vivat nostra civitas,
Mæcenatum caritas,
Quæ nos hic protegit ! (bis)

Pereat tristitia, pereant osores (bis)


Pereat diabolus,
Quivis antistudius,
Atque irrisores ! (bis)

La brabançonne
Ô Belgique, ô mère chérie,
À toi nos cœurs, à toi nos bras, À toi notre sang, ô Patrie !
Nous le jurons tous, tu vivras !
Tu vivras toujours grande et belle Et ton invincible unité
Aura pour devise immortelle : Le Roi, la Loi, la Liberté !
Aura pour devise immortelle : Le Roi, la Loi, la Liberté ! (ter)

Le chant des calottins

Aux jours de fièvre et d'émeute et d'orage,


Quand les meneurs font marcher les pantins,
Des cris de guerre éclatent avec rage:
Bas la calotte et mort aux calottins !

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Or nous avons ramassé dans la boue
Ce sobriquet par la haine inventé,
Dont on voulait nous flageller la joue,
Nous calottins de l'Université (bis)

Et nous irons puisqu'on nous y convie,


Dans le champ clos et nous y resterons,
Toujours luttant, s'il le faut pour la vie,
Jusqu'au dernier où nous triompherons.

Appel est fait à toute âme vaillante,


L'heure est propice au courage indompté,
Nous descendrons dans l'arène sanglante,
Nous calottins de l'Université (bis)

Nous volerons sans trêve ni relâche,


Tête baissée à tous les bons combats,
Et dans nos rangs nul ne sera ni lâche,
Ni renégat, ni Pierre, ni Judas !

Qu'à nous voir tous au fort de la mêlée,


Toujours debout on dise avec fierté,
Elle est là-bas, la phalange indomptée,
Des calottins de l'Université !" (bis)

Viendra le jour et l'aurore en est faite,


Où du combat nous sortirons vainqueur,
En attendant, jamais une défaite,
Nous le jurons, n'amollira nos cœurs.

Ne connaissant ni peur ni défaillance,


Tout comme Dieu garde l'éternité,
Ils ont pour eux l'éternelle espérance,
Les calottins de l'Université! (bis)

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Le chant des wallons

Refrain :
Car nous restons de gais wallons Dignes de nos aïeux, nom de Dieu !
Car nous sommes comme eux, nom de Dieu ! Disciples de Bacchus et du roi Gambrinus.

Que jusque tout au bord


L'on remplisse nos verres
Qu'on les remplisse encore
De la même manière
Car nous sommes les plus forts
Buveurs de blondes bières…
Refrain
Nous ne craignons pas ceux
Qui dans la nuit nous guettent
Les Flamands et les gueux,
À la taille d'athlètes
Ni même que les cieux
Nous tombent sur la tête…
Refrain
Nous assistons au cours
Parfois avec courage
Nous bloquons certains jours
Sans trop de surmenage
Mais nous buvons toujours
Avec la même rage…
Refrain
Et quand nous fermerons l'œil
Le soir de la bataille
Pour fêter notre deuil
Qu'on fasse une guindaille
Et pour notre cercueil
Qu'on prenne une futaille…

107
Refrain
Et quand nous paraîtrons
Devant le grand Saint-Pierre
Sans crainte nous lui dirons:
"Autrefois sur la terre
Grand Saint nous n'aimions
Que les femmes et la bière !"
Refrain
Et quand nous serons pleins
Nous irons jusqu'en Flandres
Armés de gros gourdins
Pour faire un bel esclandre
Et montrer aux Flamins
Comment s'qu'on sait les prendre!
Refrain

Les chants de régionales


Les tournaisiens sont là
Leray l'a dit d'dins les guerr' de la france Et si pu tard i faudreot qu'in r'queminche
Quand l'caporal s'apprêto à buquer Aux grecs, aux p'tits ein belg'sareot prouver
S'ertourtant su s'n offici d'ordonnance Qui n'suffit nin de nos dir :"t'est là et j'te
Dis donc l'ami, c'qu'on peut bientôt minche"
qu'mincher ? Neon avan cha i faudreot nos tuer

Not'aid' de camp s'ertornotout d'ene traque Et quand not'roi au momint du touillage


R'waitiot au lon et pu disot comm'cha Dirs :"M'z'infant, l'ennemi est là-bas !"Nos
Sa majesté on peut qu'mincher l'attaque s'écrions :"A nos Tournai, courage !"
On peut qu'mincher les Tournaisiens sont On sintira qu’les tournaisiens sont là.
là. (ter)

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Pays de Charleroi
J'ai de maintes cités J'aime à voir réunis
Contemplé les merveilles Le soir de la quinzaine
Leurs palais tant vantés Les enfants du pays
Aux splendeurs sans pareilles Buvant à chopes pleines
De ces beaux monuments La bière coule à flot
Admirant la structure Pétillante et mousseuse
J'ai regretté nos champs J'aime le bruit des pots
Et leur verte parure Et la chanson joyeuse
Qu'annonce le printemps. Qui fait dire aux échos
Refrain Refrain
Pays de Charleroi
C'est toi que je préfère
Le plus beau coin de terre
A mes yeux, oui, c'est toi, A mes yeux, oui,
c'est toi

L’Union Luxembourgeoise
Unissons-nous pour chanter la patrie Ô Luxembourg! Ô terre maternelle,
A ce banquet de la fraternité, Nous, tes enfants, au seuil de l'avenir,
Scellons gaîment notre union chérie, Nous te jurons un amour éternel,
Trinquons, amis à sa prospérité. Dans notre cœur et notre souvenir.
Autour de nous lorsque le vin pétille, C'est un serment qu'au nom de la jeunesse,
Humiliant nos raisons sous ses lois, Nous te faisons d'une commune voix,
Rions, chantons et buvons en famille, Accepte-le, crois en notre promesse,
Il n'est ici que des Luxembourgeois. Il n'est ici que des Luxembourgeois. (bis)

Li Bia Bouquet
C'est d'mwin li djou di m'mariadj' C'esteuv' mi p'tit'Mariye
Apprêtez, apprêtez tos vos bouquêts Comme elle esteuv' djoliye
Vos les mettrez au cwarsadje Quel embarras
Dès bauchelles do banquet. Ca sti c'djou-là
Mais c'est l'men' li pu d'joli Quand d'ja signé l'contrat
Ossi vraimint dju m'rafiye Refrain
Di li donner li bouquet Ca sti on' saqwet drole
El aurè li bia bouquet L'ôte fiye djaveuve on'crole
Tot aspouy
D'jallais soqui
L'amour vint m'reweyi

109
Cheerio
Cheerio (bis)
In Antwerpen zingen ze zo
Weg met de zorgen en weg met ’t verdriet
Zijn we sinjoren of zijn we het niet
En zolang de sinjoren bestaan
Zal Antwerpen nooit niet vergaan
En we weten wat lol is
Als buikske maar vol is
De rest trekken wij ons niet aan.

Au loup
Si vous passez un soir par nos grands bois Au loup! Au loup!
L’écho vous dira des rumeurs lointaines, Nous passons, garde à vous.
Des cris affolés de bêtes aux abois, Du sang frais et chaud sur nos museaux
Dominant la chanson de nos vieux chênes. roux.
Et, tout tremblants de soudaines terreurs, Nous passons, longue échine et pattes
Vous entendrez alors les refrains rudes, grêles,
Des éternels errants, des loups hurleurs, Les flancs fumants pailletés d’étincelles.
Peuplant nos grandioses solitudes. Nous passons, horde à jamais vagabonde,
Notre repaire, c’est la mappemonde,
Notre toit, l’azur de l'immensité,
Notre grand amour c’est la liberté. (bis)
Au loup! Au loup! Au loup !

Le petit jeune homme de Binche


Le petit jeune homme de Binche
Ne peut pas durer longtemps,
Il dépense en une semaine,
Son revenu d'un an.
Refrain :
En avant fanfan la Tulipe,
Six millions d'une pipe en avant. En avant fanfan la Tulipe,
Six millions d'une pipe, en avant !
L'autre dimanche au pont de fer,
Lulu joyeux s'en alla,
Mais dans le fond de son verre,
Son esprit il laissa.
Refrain

110
Viv’ Djan-Djan

Quand Djan-Djan est dèslindu,


Avê l'ruwe dè Mons à's cu,
Abiyî in pèlèrin ,
Pou fè rire tous les djins.
Refrain :
Vive Djan-Djan,
Vive Djan-Djan C'est 'l pus vi ome dè Nivèles
Vive Djan-Djan, Vive Djan-Djan
C'est'l pu vi de nos abitants
Quand Djan-Djan i sâra mourt,
On l'min-ra jusqu'au faubourg,
Avè ses deus pîds padvant, Eyè's boudine au mitant.

Destuna Lied
Zwinshen Sambre und Maas,
Am fuß de Citadelle,
Ein Trupp aus fernem Land,
Destuna genannt.
An Tage Student,
Nacht ziehen wir ins Troquet ein,
Allemal sind präsent,
Fühlen uns wohl und daheim.

La bière
Elle a vraiment d’une bière flamande Refrain
L’air avenant, l’éclat et la douceur. Aux souverains, portant tout haut leurs
Joyeux Wallons, elle nous affriande plaintes,
Et le Faro trouve en elle une sœur. Bourgeois jaloux des droits de la cité,
Nos francs aïeux, tout en vidant leur pinte,
Refrain : Fondaient les arts avec la liberté.
A plein verre, mes bons amis,
En la buvant il faut chanter la bière. Refrain
A plein verre, mes bons amis, Quand leurs tribuns, à l’attitude altière,
Il faut chanter la bière du pays. Faisaient sonner le tocsin des beffrois,
Tous ces rieurs, tous ces buveurs de bière,
Voyez là-bas la kermesse en délire : Savaient combattre et mourir pour leurs
Les pots sont pleins, jouez ménétriers ! droits.
Quels jeux bruyants et quels éclats de rire !
Ce sont encor’ les flamands de Teniers !

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Refrain Refrain
Belges, chantons à ce refrain à boire ! Salut à toi, bière limpide et blonde !
Peintres, guerriers qui nous illustrent tous, Je tiens mon verre, et le bonheur en main.
Géants couchés dans leur linceul de gloire, Ah ! J’en voudrais verser à tout le monde,
Vont se lever, pour redire avec nous. Pour le bonheur de tout le genre humain.

Refrain

Les chants liégeois

Valeureux liégeois
Refrain :
Valeureux liégeois,
Fidèle à ma voix,
Vole à la victoire,
Et la liberté, De notre cité,
Te couvrira de gloire.

César vainqueur de l’univers, Refrain


Te décerna le titre de brave, Ô Dieu bénit notre cité,
Des Romains tu brisas les fers, Notre patrie et notre franchise.
Jamais tu ne vécus esclave. Et que le cri de la liberté,
Reste à jamais notre devise.
Refrain
Célébrons par nos accords, Refrain
Les droits sacrés d’une si belle cause, De tout temps la liberté,
Et rions des vains efforts, Te vis docile à sa parole,
Que l’ennemi nous oppose. Parfois soumise jamais domptée,

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Toujours tu l’as prise pour idole.
Refrain
Refrain Si l’étranger portant le fer,
Si un jour on peut endormir, Un jour souillait notre Belgique,
Ta vigilance et ton courage, Liégeois cours sus à ce pervers,
Le jour qui te vit assouvir, À bas empire ou république.
Te fit sortir de l’esclavage.

As veyou ? …. l’Toré !
Est-ti be? … Awe !
En a-ti ? … Awe !
Kimin sont-elles ? … Hénaurmes !
Ki mange-ti ? … Du pore !
Ki beut-ti ? … Du peket !
Ki fet-ti ? … Des p’tits ves !
Et co’n feye po nin l’rouvi !
Allons Lidge !

L’A-Fond Liégeois
Amis, il existe un moment
Où les femmes, les filles et les mères
Amis, il existe un moment
Où les femmes ont besoin d'un amant
Qui les chatouille
Jusqu'à ce qu'elles mouillent
Et qui les baise
Le cul sur une chaise

Amis pour bien chanter l'amour


Il faut boire (ter)
Amis pour bien chanter l'amour
Il faut boire la nuit et le jour

À la santé du p'tit conduit par où Margot fait pipi


Margot fait pipi par son p'tit con con
Par son p'tit duit duit, par son p'tit conduit
A la santé du p'tit conduit par où Margot fait pipi

Il est en face du trou-lal-trou-la-trou-la-trou-le-lère


Il est en face du trou-lal-trou-la-trou-la-trou-le-la

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Il est en haut du trou ...
Il est en bas du trou ...
Il est à gauche du trou ...
Il est à droite du trou ...
Il est très loin du trou ...
Il se rapproche du trou ...
Il va passer par l'trou ...
Un instant de silence !
Une minute de recueillement !
Une seconde d'abnégation !
Vérolés, verre aux lèvres, A FOND!!!
Il est passé par l'trou ... Il repassera par l'trou ...
C'est une histoire de trou ...

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SOURCES
Ce syllabus de calotte s’inspire en très grande partie de l’ancien syllabus de calotte de la
régionale Liégeoise de Namur, de celui de la Royale Union Liégeoise des Étudiants de Louvain,
ainsi que du syllabus de calotte de la régionale Namuroise de Namur pour la partie sur la calotte.
La partie sur les cercles est quant à elle grandement inspirée du syllabus de passation du cercle
Biologie de Namur.

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