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ART ET ARCHÉOLOGIE DU MOYEN ÂGE

CM 10 – Le fait urbain au Moyen Âge

à C = siècle ; C12 = XIIème siècle.

France actuelle, royaume de France, et ses marges occidentales (Flandres).


Espace le plus peuplé, permet d’éclairer des situations qui sont aussi celles du
monde méditerranéen et Europe septentrionale.

Articulation des 1er et 2nd Moyen Âge. Ville du C12 – 13, donc dans la 2ème partie
du Moyen Âge, période qui correspond à un véritable essor urbain.
Tout un réseau de nouvelles agglomérations. A partir du C12, essor urbain
continu, jusqu’à nos jours.

I- Les sources sur la ville médiévale.


Les sources écrites sont rares et surtout partiales. Les sources cartographiques
et planimétriques, tardives (cartes et les plans surtout du XVIIIe à nos jours).

Ø L’analyse morphologique
On peut aussi analyser la ville par une analyse morphologique. Formes qui
gardent la mémoire d’édifices plus anciens. Par exemple, amphi romains à Poitiers
ou Tours.

Ø Les archives du sol


Sources archéologiques enfouies, sources sédimentaires, artefacts et écofacts
(animale ou végétale ; sciences paléo-environnementales).
Archéologie urbaine ≠ archéologie des espaces ruraux.

Ø L’archéologie du bâti
Pas celle du sol mais des édifices en hauteur, étude des élévations.

II- Définition de l’objet : la ville au Moyen Âge.

Ville marginale au MÂ, pop urbaine reste minoritaire, 10 – 13% à l’apogée démo
au C13, puis chute.
Donc économie urbaine est marginale. Il ne faut pas penser la ville médiévale
comme on pense la ville actuelle, notamment car elle présente une topographie
différente.

-1- merci Méline <3


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Les textes médiévaux, dans vocabulaire de ces textes, histoire paradoxale : le


mot finit au bout des 1000 ans considéré par désigner une réalité ≠ à son sens
donné au départ :

- Antiquité : villa = grand domaine rural ;

- Haut Moyen Âge : villa = espace avec habitats groupés ;

- C11 – 13 (premier essor urbain) : villa = agglomérations nées de cet essor.


Aussi des textes avec des sens spécifiques, comme civitas, burgus (agglo
autonome OU quartier qui se greffe sur agglo antérieure, cité antique,
monastère ou château = castrum).

- C13 : apparition en français du mot ville avec sens actuel, et apparition du


sens actuel de village (villagium en latin).

Ø Seuil de population
Pour l’INSEE aujourd’hui, une ville = 2000 habitants, en dessous plutôt un bourg,
un village.
Problème : pas de statistiques au Moyen Âge, souvent chiffres très fantaisistes.
On peut avoir accès à partir du C14 à des recensements, mais vocation fiscale,
comptent des feux -> donc q° de combien d’habitants derrière un feu, et ne compte
pas les pauvres et les exemptés (clercs par ex.), donc pas toute la pop urbaine.
è Donc au Moyen Âge, pas de seuil scientifique recevable pour caractériser
une ville.

Ø Caractères juridiques
Au Moyen Âge, la ville s’intègre pleinement dans système seigneurial, comme
dans le rural. Chaque parcelle a un seigneur.
De même, elle s’intègre pleinement dans un système de seigneuries banales.
Il y a des cas simples où 1 agglo = 1 seigneurs ; mais parfois plus complexe ;
comment définir une ville à partir des critères juridiques ? compliqué.

À partir du C12, changement, habitants cherchent à obtenir une certaine


autonomie dans gouvernement des villes.
De là découlent plusieurs statuts juridiques pour les villes au Moyen Âge : soit
agglo sous un seigneur unique, soit une agglo sous plusieurs seigneurs, soit une
agglo devenue une personne juridique (universitas, communitas) avec auto-
administration, ainsi qu’une unité juridique de la ville et des habitants (échevins et
consuls).

-2- merci Méline <3


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Ø Équipements et services
Pour définir la ville, on peut aussi le faire à partir de ses équipements et services.
Plusieurs services fournis par une ville :
- Service politique : embryon d’organisme municipal ;
- Service économique : marchés, foire, éventuellement marché construit,
activité banquière avec usuriers ;
- Service religieux : siège épiscopal (= cathédrale) ;
- Services d’assistance, d’éducation : léproseries (en dehors mais dépendent
de la ville), hôpitaux, écoles...
à Apparait comme plus complexe que le village, sur tous les plans, y compris
morpho, économique, social.

III- Quelques repères historiographiques.

Naissance de l’archéo urbaine dans contexte de la reconstruction après WWII


en Allemagne, Angleterre, et pays du Nord. Travaux se multiplient à partir des 1950-
60s. Il faut reconstruire, donc fouiller.

En France, on s’empare du sujet après scandales des destructions des bâtiments


anciens dans les 60s. Loi Malraux sur les « secteurs sauvegardés » (1962).
Premiers chantiers d’archéo préventive : Saint-Denis, grand chantier du Louvre,
et métro Lyon -> donnent naissance à des services municipaux d’archéologie.
Désormais, ville méd est un sujet d’étude commun.
Peu à peu, prescriptions de fouilles préventives ont concernés aussi le bâti. Villes
intègres de PCR (projets communs de recherche). Les archéologues s’intéressent à
:
- Topographie urbaine et sa dynamique sur le long terme ;
- Parure monumentale de la ville (grands bat) ;
- Place des morts dans la ville ;
- Habitat urbain ;
- Artisanat urbain ;
- Relation ville et son milieu.

IV- Poids de ces paradigmes historiques

-3- merci Méline <3


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Premiers historiens à vraiment faire recherches sur la ville : Henri Pirenne MAIS
pour lui la ville est un phénomène antique, avec chute de l’empire romain,
décadence, puis plus rien, puis renaissance urbaine vers C11-12.
MAIS passe sous silence 1er Moyen Âge, où villes auraient périclité.

Le mot ville apparait au C13. Pourtant phénomène urbain existe depuis au moins
5000 ans.
Certes origine antique, aussi phénomène du 2nd Moyen Âge, mais entre les deux
ne disparait pas, juste mode d’organisation et de fonctionnement différent, ville
différente.
Réseau urbain d’aujourd’hui est hériter de là, hétérogène et protéiforme :
- Villes héritières des chefs-lieux de cités antiques ;
- Les rares villes héritières d’agglo secondaires antiques ;
- À compléter avec diapo.

V- Les villes au premier Moyen-Âge.

Elles ne disparaissent pas, toujours centre politiques, économiques et religieux.


Mais modalités d’occupation du sol, de l’architecture, changent, en particulier les
matériaux de construction (dvlpt terre/bois).
Espace bâti s’est resserré dans un castrum, ceint de murailles. Exemple de
castrum qui devient cité : Tours.

Ø Le christianisme
Aussi la naissance de la ville chrétienne. Nouvelle religion : christianisme
autorisé par édit de Milan en 313 ; édit de Thessalonique (380) devient religion
d’État.

Cette nouvelle religion est une religion urbaine : entrée des morts dans la ville,
bâtiments religieux nouveaux ou hérités, églises nombreuses, cathédrales,
baptistères... et question du suburbium autour de basiliques funéraires (tombes de
martyrs).
Premier contact entre les morts et les vivants. Culte des martyrs attire des clercs
qui vont vivre autour des basiliques suburbaines, donc y meurent aussi donc on les
enterre = premiers vivants qui vivent auprès de leurs morts.
Petit à petit, tout cela est englobé dans la ville, donc morts entrent en ville.

-4- merci Méline <3


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Par exemple, basiliques paléochrétiennes. Architectures typique des basiliques


paléochrétiennes. Architecture qu’on repère facilement, avec des baies plus petites
que par la suite.
Aussi des baptistères à partir de la fin du C4 ou C5, près des cathédrales, puis
se multiplient et utilisés jusqu’au C8 – 9, car plus besoin de lieu dédié, ça se fait à
l’intérieur des églises.
Aussi des palais épiscopaux. Palais épiscopal de Valence : ensemble thermaux
très rares, quasiment toujours associés à des milieux religieux, l’un d’eux, est
destinés à des rites pré-baptismaux, un autre réservé à évêque (palais épiscopal =
lieu de résidence).

Au C4 – 9 : apparition du groupe cathédrale, groupe qui s’organise autour de la


cathédrale, mais pas encore clos.
Exemple de Genève : évolution dans emplacement, dans sa dimension, ; pas
figé.

Le suburbium civitas autour de basiliques funéraire. Suburbium : faubourg qui


s’est développé autour de tombes de martyrs, de basilique funéraire.
Exemple à Arras : cité, puis petit à petit inclusion dans la ville de la basilique
suburbaine qui a créé un faubourg, puis englobé dans la ville au 2nd MÂ.
Provins : la ville haute / la ville basse.

VI- Élites civiles moins présentes.

La plupart des élites quittent la ville pour aller dans la campagne -> permet à
église d’asseoir son pouvoir. Avec évolution du fait urbain, Ecclésia désigne à la fois
communauté des fidèles, le clergé ET les bâtiments.

Aussi les palais des comtes, de l’évêque. Exemple : palais civil de Toulouse,
édifice daté du C5 quand ville état capitale du royaume wisigothique, édifice
apparait comme un lieu de pouvoir majeur.
à Hypothèse : palais du royaume wisigoth car seuls à pouvoir ériger un tel
monument.

VII- Les terres noires.

Où sont les habitations, lieux de vie... ? On a pu connaitre ces espaces


récemment avec les terres noires. Terres noires : niveau archéologique entre C4 et

-5- merci Méline <3


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C11, à première vue homogène, matériel très fragmenté, épars, avec quelques
restes de structures.

Découverte récente car avant, induits en erreur par idée que ça correspondait à
idée d’abandon des villes, de jachère, de jardin, donc on n’a pas cherché plus loin.
Avec dvlpt de l’archéo préventive, on s’est rendu compte qu’il y en avait bcp.
Avec nouvelles technologies, on a pu interroger ces terres noires. Prise en
compte à partir des 80s-90s, surtout 2000s -> horizons organi-minéraux qui
résultent de la présence de nombreux éléments organiques intégrés à un
encaissement minéral (naturel ou le plus souvent hérité = ville antique), dont ils
modifient la teinte.

Qu’est-ce que cette matière organique ? le noir vient notamment des micro-
charbons de bois, qui proviennent des activités cumulées sur un lieu restreint ≠ idée
d’abandon de la zone, en fait extrême inverse.
Le caractère homogène qui vient des vers de terre -> bioturbation, activités
biologique, couches archéologiques instables -> donc on ne peut pas fouiller par
strates car mélangé par les vers de terre. Importance de mettre en place un
processus d’analyse micro- stratigraphique :
- Par passes ;
- Prélèvement et enregistrement de tous les fragments de mobilier et
d’écofacts ;
- Analyses archéozoologiques, archéo-botaniques, micro-morphologiques et
physico-chimique

Thèse de Quentin Borderie : a mis en place (en prenant exemple sur les anglo-
saxons) un protocole très précis quant à l’analyse des terres noires. Il a pu montrer
stratification compacte et diversifiée, avec matériaux de construction.
Donc les terres noires sont les témoins d’activités diversifiées et de temporalités
multiples (fréquentation de longue durée).

Cela permet de faire graphique. Mise en évidence des terres noires -> 3 moyens
de les expliquer (schéma) :
- Abandon : végétation, bat abandonnés ;
- Amendement : ce qu’on fait pour amender les sols, fertilisation ;
- Présence humaine sur les lieux :
o Usage agricole : culture, élevages, soit les deux ;
o Occupation humaine régulière : domestique ou artisanale o Zones de
décharges : gestion des déchets
à Exemple : à Florence, au palais des offices, mise en évidence d’un espace
dédié à la production de fumier -> donc activités qui nécessitent fumier.
à Exemple : Bayeux, activités de boucherie.

-6- merci Méline <3


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à Derrière similitude apparente, masse documentaire très riche sur les


usages sociaux de l’espace urbain. Donc principal marqueur de la densité
urbaine du 1er MÂ en Europe.
à Après elles disparaissent.

-7- merci Méline <3


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VIII- Les enceintes

Au début, quand elles existent, enceintes antiques reprises. Parfois création de


nouvelles enceintes -> exemple : enceinte carolingienne sur la rive droite de Paris
= enceinte de Philippe-Auguste.
Elle est mise en évidence pas tellement par la fouille (on ne la voit plus et il y a
des bâtiments dessus), on la voit grâce à la résilience du tissu urbain qui correspond
à cette enceinte urbaine.
Quelques fouilles quand même, notamment en 2011. On la voit aussi dans les
ruptures de l’urbain. On remarque aussi forme curviligne dans tissu urbain du C19.
On identifie des ruptures dans le parcellaire càd mémoire d’un parcellaire plus
ancien qui fait qu’il y a une rupture dans l’aménagement de l’espace urbain.

IX- Les emporia

En Europe du Nord-ouest, le long des grands fleuves, pour faire du commerce


régional : emporia, les villes nouvelles. Elles connaissent expansion entre C5 et C10.
Bcp disparaissent au profit de l’émergence d’un nouveau centre.
Très peu survivent (Ribe au Danemark) -> Raisons politiques, aussi
environnementale (littoraux -> vulnérabilisassions des bâtiments). Ces villes,
réseaux parcellaires organisé par rapport au rivage. Espaces spécialisés (stockage,
métallurgie, morts...). Il y a un noyau autonome ceint d’une enceinte. Intégrée dans
agglo plus grande qu’au 2nd MÂ (Londres par exemple).

X- Le tournant du XIIème siècle : nouveau visage de la ville médiévale.

Disparition des terres noires. Cette ville du 2nd MÂ caractérisée par caractère
polynucléaire de l’espace, ville polynucléaire -> 3 types d’espaces :
- Espace sacré ;
- Espace public (marché, foire, parvis, écoles, hôtel-Dieu) ;
- Espace civil.
à Cf. les 3 types d’espaces fonctionnels sur EPI.

Toute les activités dites polluantes sont mises à la sortie des villes, en aval des
cours d’eau pour ne pas salir eau de la ville.

Aussi changement dans la quantité et qualité des artefacts. Le pan-de-bois est


omniprésent (aujourd’hui recouverts par du crépis, mais à ne jamais faire). Aussi la

-8- merci Méline <3


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pierre, bien plus présente, avec des moellons, des pierres de tailles -> pétrification
de la ville. La brique, essentiellement dans le sud de la ville (Caussade, Toulouse...).

Mise en place au C12, puis de manière efficiente à partir du C13, d’un réseau
urbain. Trio voie-parcelle-bâti est en place. N’existe qu’à partir du C12, pas pareil
avant.
Au C12 : apparition du purgatoire, limbe des enfants et limbe des patriarches
(on pense désormais que l’âme est jugée au moment de la mort).
En créant le purgatoire, problèmes : ceux qui n’ont pas de baptêmes ne peuvent
pas accéder au paradis, mais si pas de péchés on ne peut pas les mettre en enfer -
> limbes : pas de supplice physique, mais privés de la vision de dieu. Géographie
de l’au-delà => répercussion sur la géographie de l’ici-bas.
Main mise plus importante de l’Église sur les funérailles, parallèlement fixation
des paroisses dans l’ici-bas.

Grands travaux à partir des C12-13 = « siècle des cathédrales ».


Aménagements de la ville en lotissement au C13. Ça veut dire qu’il y a des
espaces en ville qu’on a planifié, les lotissements.
Exemple : Planification de la Villeneuve du temple -> parcelles qui sont toutes
pareilles le long d’une voie.
On commence à planifier les lotissements. Autre exemple à Perpignan,
Pontoise.

La fabrique de l’urbain (Henri Galinié, 2000) : processus par lequel l’interaction


entre la société urbaine et la ville, dans sa réalité matérielle (espaces et territoires),
produit un urbain spécifique en perpétuelle transformation. Cela implique :
- L’étude des pratiques sociales, appréhendées à travers des sources écrites ;
- Cf. diapo.

XI- Interaction dialectique du tissu urbain et des modes d’habiter.

Groupes sociaux : laïcs et ecclésiastiques. Enceinte de Philippe Auguste, et deux


parcellaires distincts, l’un plus dense et en bazar, l’autre plus régulier. En fait,
correspondent à respectivement à des parcelles non-ecclésiastiques et des
parcelles ecclésiastiques. Donc les groupes sociaux se retrouvent matériellement
dans les villes.
Exemple de Tours : aussi 3 parcellaires différents (travaux d’Hélène Noizet).

/!\ Modèle d’org parcellaire ≠ plan préétabli. La ville est encore un impensé.

-9- merci Méline <3


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XII- Les « agglomérations secondaires ».


Concept des antiquisants. Villeneuves et bastides au départ sont rurales.

Conclusion – résumé

Cf. conclusion diapo.


Mise en place des hospices, puis des auberges. Aussi écoles, universités.
Couvents des ordres mendiants -> pour Le Goff, les ordres mendiants sont un
indicateur des villes médiévale. Entre 1320 et 1420, on ne fonde plus de villes car :
guerres, pestes, famine, petit âge glaciaire -> moins contexte d’expansion urbaine.
Renouvellement démographique à la fin du C15. Entre C14 et C15,
augmentation des écarts entre les villes. Reclassement des centres urbains. En 1328
: 200 000 hab à Paris -> niv qu’elle ne retrouve qu’à la fin du C15. Lyon / 4 grandes
villes de foire de Champagne. Marseille / Rouen, Toulouse, Bdx / ...
Métamorphose qui a fait de la civilisation médiévale une civilisation urbaine
(Dutour, 2002). Mouvement d’urbanisation continu, endogène, spontané, qui
connait des bifurcations et des diversifications.
Essor des villes est un essor de la classe moyenne, celle qu’on ne voyait pas
car historiens s’intéressaient plutôt aux élites.
Indispensable pour la carrière et la vie sociale des élites. La cité antique existe par
la présence de l’État // la ville médiévale existe sans l’État.

- 10 - merci Méline <3

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