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de Rome
Résumé
Les trois seuls sites de la région dont la documentation permette de bien suivre l'évolution du Ve au VIIe siècle sont
Sirmium, Gamzigrad et Caricin Grad. À Sirmium, une rupture se placerait fin IVe-début Ve siècle, avant même que la ville
échappe à l'Empire : désaffectation de grands bâtiments, pauvreté des réaménagements, rétraction des zones habitées,
pénétration des tombes intra muros. Gamzigrad, luxueuse résidence fortifiée bâtie au tout début du IVe siècle, devient
bientôt un bourg artisanal qui se ruralise dès la fin du Ve siècle. Caricin Grad, création artificielle de Justinien, n'est sans
doute d'abord qu'un centre monumental et administratif fortifié, transformé, au plus tard sous Justin II, en petite ville rurale
servant de lieu de refuge. L'analyse des trois sites donne la mesure d'une décadence des villes de la région, commencée
au Ve siècle, et qui ne fait que s'aggraver au siècle suivant.
Bavant Bernard. La ville dans le nord de l'Illyricum (Pannonie, Mésie I, Dacie et Dardanie) .. In: Villes et peuplement dans
l'Illyricum protobyzantin. Actes du colloque de Rome (12-14 mai 1982) Rome : École Française de Rome, 1984. pp. 245-
288. (Publications de l'École française de Rome, 77);
https://www.persee.fr/doc/efr_0000-0000_1984_act_77_1_2515
9 D. Piletic, Rimski kastrum Cuprija-Horreum Margi, dans Vestnik Vojnog Muzeja, 15,
1969, p. 9-57; P. Petrovic, Inscriptions, p. 57-61.
10 P. Petrovic, Inscriptions, p. 53 (petite nécropole « de la basse Antiquité » ayant pris
la place d'un grand bâtiment du Haut-Empire, nécropole « des VIe- VIIe siècles » autour de
la basilique ouest) et p. 55 (nécropole sud pouvant dater de la fin du Ve siècle).
11 T. Ivanov, Archeologiceski proucvanija pri Sapareva Banja, dans Izvestija na Bulg.
Arch. Inst., 21, 1957, p. 211-232, et R. F. Hoddinott, Bulgaria in Antiquity, Londres, 1975,
p. 182-183 et 287.
12 Sur Ulpiana, cf. M. Parovic-Pesikan, Anticka Uîpiana prema dosadasnjim istrazivan-
jima, dans Starinar, 32, 1981, p. 57-74, qui fait le point des connaissances avant la reprise
des fouilles en 1982, et donne la bibliographie antérieure.
13 Un des seuls éléments attribuables en toute certitude au VIe siècle est une riche
tombe de femme gothe découverte dans cette nécropole. Cf. J. Kovacevic, Mercenaires
germains à Ulpiana c. 550, dans Actes du XIIe Congrès int. d'études byz., 3, 1964, p. 187-
192.
14 V. Popovic, (N. Duval et V. Popovic, Urbanisme et topographie chrétienne dans les
provinces septentrionales de l'Illyricum, dans Actes du Xe Congrès int. d'archéol. chrétienne
(Thessalonique, 28 sept.-4 oct. 1980), Thessalonique, 1981, p. 381) est porté à voir une
importante phase de construction au VIe siècle (basilique, thermes, réfection des tours de
248 BERNARD BAVANT
Serdica même est peu utile pour notre propos : le plan de la ville
est remarquablement connu grâce aux fouilles effectuées après la
Seconde Guerre mondiale15, mais il est difficile, dans l'état actuel de la
documentation publiée, de distinguer l'état du VIe siècle de celui du
IVe, sauf pour les murailles, qui furent restaurées sous Justinien, tout
en gardant le même tracé. Dans plusieurs articles, M. Stanceva a insisté
sur la continuité constatée entre Serdica antique et Sredec médiéval 16 :
le tracé des remparts et le réseau des rues ne changent pas; plusieurs
bâtiments publics (rotonde de Saint-Georges) et des demeures
aristocratiques, mais aussi des maisons plus modestes et des boutiques sont
utilisés au IXe-Xe siècle encore, au prix de simples réparations et
aménagements ; la nécropole autour de Sainte-Sophie reste en usage. Cette
continuité est due sans doute à un destin historique exceptionnel : prise par
les Avaro-Slaves en 614 ou 615, en même temps que Naïssus et Justinia-
na Prima 17, Serdica fut récupérée bientôt par les Byzantins (à une date
inconnue), avant d'être conquise par les Bulgares au début du IXe
siècle, alors que l'État bulgare avait déjà acquis une certaine maturité.
Mais nous manquons d'éléments pour nous faire une idée de l'aspect
concret de la ville aux VIIe-VIIIe siècles18.
la porte). Au contraire, M. Parovic-Pesikan (op. cit., p. 73-74) pense que les tombes
maçonnées entourant l'église sont des IVe-Ve siècles, et les tours de la porte du IVe
siècle.
15 Ces fouilles, qui ont précédé la reconstruction du centre ville bombardé, ont été
très étendues mais nécessairement rapides. Essentiel des résultats dans Serdika I, Sofia,
1964.
16 Cf. notamment M. Stanceva, Usvojavane na anticnoto nasledstvo na Serdika ot sred-
novekovnija Sredec (l'adoption de l'antique héritage de Serdica par Sredec médiéval), dans
Izvestija na Bui. Ist. druzestvo, 29, 1974, p. 209-222; Sofia au Moyen-Âge à la lumière de
nouvelles études archéologiques, dans Byzantino-bulgarica, 5, 1978, p. 211-228; Serdica aux
confins de deux époques, IVe-VIe siècle, dans Études historiques, 8, 1978, p. 107-122.
17 Le fait que la chute de Serdica et celle de Naïssus sont à peu près simultanées se
déduit des Miracula s. Demetrii, II, 2, 197 et 200 (P. Lemerle, Les plus anciens recueils des
Miracula de saint Démétrius. I. Le texte, Paris, 1979, p. 185-186). Ces événements sont de
peu antérieurs à l'attaque des Sklavènes de Chatzôn contre Thessalonique, qu'on doit
«placer en 615, à une année près en plus ou en moins» (P. Lemerle, op. cit., H, Le
commentaire, Paris, 1981, p. 94). La numismatique confirme cette date (V. Popovic, Aux
origines de la slavisation des Balkans : la constitution des premières sklavinies macédoniennes
vers la fin du VIe siècle, dans CRAI, 1980, p. 246 sq.).
18 M. Stanceva (Sofia au Moyen-Âge, p. 221) suppose, pour expliquer la situation du
IXe siècle, que «lors de la prise de Serdica par les Bulgares, la ville était un centre bien
LA VILLE DANS LE NORD DE L'ILLYRICUM 249
SIRMIUM
.
cle32. À l'est, l'emplacement de la muraille ne peut être que conjecturé
d'après la position des marais et des nécropoles. La surface entourée
par les murs devait être légèrement inférieure à 100 ha.
Les plans publiés comportent quelques segments des principales
artères 33 : une longue rue est-ouest qui passe entre le cirque et une
grande villa, puis oblique légèrement vers le nord et traverse des
quartiers d'habitation avant d'atteindre le quartier monumental et de se
raccorder à une autre rue perpendiculaire; plus au nord, un tronçon
repéré sur près de 200 m et un petit segment perpendiculaire dans la
localité 36; enfin, au sud-ouest de la ville, une rue qui devait donner accès au
port. Nulle part on ne signale, ni pour les remparts ni pour les rues,
d'état sûrement postérieur au IVe siècle. Il en va autrement pour les
bâtiments.
Le quartier monumental était vraisemblablement situé dans la
partie ouest de la ville. Deux bâtiments y sont assez bien connus :
a) Des thermes (loc. 29) dont la moitié environ a été dégagée, et
qui ont connu deux états, dont le plus récent serait du début du IVe
siècle34. S'il s'agissait, comme on l'a supposé, des grands thermes dont
parle Ménandre, et sur lesquels les habitants de Sirmium étaient
montés pour guetter les Avars, il faudrait en conclure qu'ils sont restés en
assez bon état jusqu'à la fin du VIe siècle35. Au-delà de la rue qui borde
ces thermes à l'ouest a été trouvé un groupe d'une quinzaine de tombes
avares.
b) Au sud des thermes, une grande pièce légèrement
trapézoïdale (loc. 30) bordée de portiques au nord et au sud, divisée en cinq nefs
par de gros piliers, et dans laquelle il faut voir sans doute un hor-
reum36. L'édifice est mal daté, mais, comme les thermes, il se
superpose à un bâtiment qui était sans doute de même destination. Ici non plus,
32 N. Duval et V. Popovic, Sirmium VIL Horrea et thermes aux abords du rempart sud.
1. Architecture, Rome, 1977, p. 24 et 101 ; N. Duval, Sirmium, p. 68.
33 N. Duval, Sirmium, p. 70.
34 M. Parovic-Pesikan, Arheoloska istrazivanja antickog Sirmijuma 1957-1967 godine,
dans Starinar, 19, 1968, p. 86; V. Popovic, Survey, p. 126; F. Baratte, op. cit., p. 608;
N. Duval, Sirmium, p. 72.
35 Ménandre le Protecteur, Excerpta de legationibus, 27, éd. C. de Boor, Excerpta hts-
torica, II, Berlin, 1903, p. 456.
36 V. Popovic, Sirmium, ville impériale, dans Akten des VIL int. Kongresses für
christliche Archäologie (Cité du Vatican, 1965), Berlin, 1969, p. 668 et Survey, p. 126-127; F.
Baratte, op. cit., p. 608-610; N. Duval, Sirmium, p. 74.
254 BERNARD BAVANT
MUR V
Fig. 2 - Sirmium. Les horrea de la loc. 31 (d'après N. Duval, Sirmium, fig. 4).
LA VILLE DANS LE NORD DE L'ILLYRICUM 257
deux types : l'édifice B, divisé en deux nefs par une série de piliers, qui
est venu s'adosser contre le rempart primitif sans doute dès avant sa
destruction, et l'édifice A, formé de deux rangées de cellules disposées
de part et d'autre d'une cour centrale, qui a pris place entre les deux
remparts, et s'appuie au sud et à l'ouest au rempart du second état. Au
nord, deux autres bâtiments ont été fouillés en partie : de petits
thermes (édifice C) et un bâtiment chauffé (édifice D) dont on ne connaît
que l'extrémité sud. Tout le quartier a été fortement endommagé par
une inondation de la Save de la fin du IVe ou du début du Ve siècle. La
couche d'argile fluviale apportée par cette inondation est
particulièrement nette dans la cour séparant les bâtiments A et D et dans les pièces
nord du bâtiment A45.
Il semble pourtant que ces bâtiments ont connu une utilisation
ultérieure. Tout d'abord, le bâtiment D subit une réparation à la suite
de l'écroulement de son mur sud46, et reçut un nouveau praefurnium47 ;
d'autre part ont été retrouvés dans une pièce nord du bâtiment A
plusieurs milliers de fragments d'amphores dont certaines portent des
lettres grecques peintes sur le col ou la panse, et qui dateraient du VIe
siècle48. Il semble donc probable qu'on a remployé les pièces nord du
bâtiment A comme entrepôt, non plus pour des grains mais pour des
liquides49. La partie sud du bâtiment ne paraît pas avoir été réutilisée
comme magasin. On y a noté l'installation d'une maison dont le
premier état pourrait être d'époque byzantine50. Enfin, deux tombes ont
été trouvées à l'extérieur du rempart sud, et une troisième près de la
tour ronde51. Elles appartenaient sans doute à une petite nécropole
installée dans ce secteur au VIe siècle.
Plus à l'est encore, nous trouvons, dans les localités 37 et la, les
restes de ce que l'on a parfois qualifié de «palais impérial». Telles
qu'elles se présentent aujourd'hui, et étant donné qu'il n'est guère
possible d'étendre la fouille, ces ruines n'ont pas d'unité apparente52. On
*5Ibid., p. 91.
«Ibid., p. 79-81.
47 Ibid., p. 82 et 98.
48 Ibid., p. 53 et 92. Ces amphores n'étaient pas toutes juste au-dessus du niveau de
réutilisation, mais mêlées en partie aux couches de destruction supérieures.
"Ibid., p. 60-61.
50 Ibid., p. 94.
51 Ibid., p. 97 et 109.
52 Dernière mise au point sur ce secteur : N. Duval, Sirmium, p. 75-78, qui exprime
258 BERNARD BAVANT
les plus sérieuses réserves sur l'emploi du terme «palais impérial», et dont je résume ici
les conclusions.
53 O. Brukner, Iskopavanja u Sirmiumu 1957-1960 godine, dans Limes u Jugoslaviji, I,
Belgrade, 1961, p. 77.
54 V. Popovic et E. L. Ochsenschlager, Der spätkaiserliche Hippodrom in Sirmium,
dans Germania, 54, 1976, p. 156-181.
LA VILLE DANS LE NORD DE L'ILLYRICUM 259
Fig. 3 - Sirmium. La villa avec thermes (loc. 4) : en trait épais, les constructions tardives
(d'après V. Popovic, Desintegration und Ruralisation, fig. 9).
GRAEBER
Τ Barbarische, 4.-5. Johrh.
+ Römische/ S.Jahrh.
Τ Germanische, S-6. Jahr h.
vent, on adapte tant bien que mal à un usage nouveau (habitat pauvre,
petits entrepôts) les lieux qui s'y prêtent le moins mal : les portiques
(loc. 4), les cours intérieures (loc. la), les espaces étroits (entre
l'hippodrome et le bâtiment sud), ou ceux qui jouxtent de gros murs encore
debout (hippodrome, bâtiment au sud de l'hippodrome). Au contraire,
de grands bâtiments du IVe siècle servent seulement de dépotoir
(cryptoportique de l'hippodrome) ou à l'établissement de tombes (bâtiment
au sud de la loc. la). Nous assistons en effet, dès le Ve siècle, à une
LA VILLE DANS LE NORD DE L'ILLYRICUM 263
62 Cf. V. Popovic, Desintegration und Ruralisation, p. 550, qui note, pour le Ve siècle,
que les tombes attribuables à des fédérés germaniques prennent place dans les anciennes
nécropoles extra muros (au nord-est et surtout au nord-ouest de la ville), alors que les
sépultures à l'intérieur de la ville appartiennent à la «population romanisée».
63 On ignore le sort des faubourgs qui devaient être, au IVe siècle, étendus et peuplés.
L'hypothèse selon laquelle le principal établissement de la seconde moitié du VIe siècle
aurait été situé sur la rive droite de la Save (Macvanska Mitrovica) n'a pas été confirmée
par l'archéologie et est aujourd'hui abandonnée. Cf. V. Popovic, Survey, p. 131 ; sur
Macvanska Mitrovica, cf. D. Minic, Le site d'habitation médiéval de Macvanska Mitrovica,
dans Sirmium XI, Belgrade, 1980 et S. Ercegovic-Pavlovic, Les nécropoles romaines et
médiévales de Macvanska Mitrovica, dans Sirmium XII, Belgrade, 1980.
64 V. Popovic, Catalogue des monnaies byzantines du musée de Srem, dans Sirmium
VIII, Rome-Belgrade, 1978, p. 193 et Desintegration und Ruralisation, p. 553 et fig. 12,
p. 556.
65 Cette étude est en cours au centre de documentation de Sremska Mitrovica.
264 BERNARD BAVANT
GAMZIGRAD
71 Partout ailleurs, le tracé de ce rempart est très incertain. Il suffit pour s'en
convaincre de comparer le premier plan donné par M. Canak-Medic en 1971 (Gamzigrad.
Une résidence fortifiée provenant du Bas-Empire, dans Zbornik Radova Vizant. Inst., 13,
1971, p. 257-261, repris par N. Duval, Palais et forteresses de Yougoslavie : recherches
nouvelles, dans BSAF, 1971, p. 116), le plan qu'elle publie en 1978 (Gamzigrad, fig. 127, p. 159)
et celui que proposent D. Srejovic, A. Lalovic et Dj. Jankovic en 1980 (Gamzigrad, fig. 6,
p. 73).
72 M. Canak-Medic, Gamzigrad, p. 50-97.
73 Le problème, si l'on accepte d'identifier Gamzigrad et Romuliana, est alors de
savoir en quoi a consisté la «restauration» de Justinien, mentionnée par Procope (de
Aedificiis, IV, 4).
266 BERNARD BAVANT
grad est due à la volonté d'une seule personne», et que cette personne
ne peut être que Galère74. Il aurait fait commencer les travaux, alors
74 Op. cit., p. 74. L'attribution se fonde sur le fait que les deux temples découverts à
Gamzigrad (le petit au nord et le grand au centre) paraissent consacrés l'un et l'autre au
culte de Cybèle associée au culte de l'empereur (identifié, dans le second cas, à Hercule).
LA VILLE DANS LE NORD DE L'ILLYRICUM 267
I I 4.JAHRH
"2| ] MOSAIKEN
3 imi ENDE6.-ANF 5 JAHRH
μ ^β DASILIKA I, 5.JAHRH
5-6 JAHRH
82 Ibid., p. 134.
"Ibid., p. 135.
84 Ibid. , p. 30.
LA VILLE DANS LE NORD DE L'ILLYRICUM 271
CARICIN GRAD
ker Herrensitz in Dalmatien, Vienne, 1966, p. 60), veut mettre ce phénomène en rapport
avec une loi de Théodose Ier «autorisant la population à s'installer dans les forteresses et
les palais des fonctionnaires». En vérité, la loi Cod. Theod. IX, 14, 2 (éd. Th. Mommsen et
P. M. Meyer, Berlin, 1905, t. II, p. 457) du 1er juillet 391 (et non VIII, 14, 2, du 1er juin)
stipule qu'en cas de légitime défense, celui qui tue son agresseur ne sera pas traduit
devant les tribunaux. Cette loi révèle l'insécurité des temps et incite la population à
l'autodéfense (c'est d'ailleurs bien ce qu'avait compris H. Vetters, loc. cit.); elle n'autorise
personne à s'installer nulle part.
91 Sur Caricin Grad, cf. V. Kondic et V. Popovic, Caricin Grad, utvrdjeno naselje u
vizantijskom Iliriku (Caricin Grad, site fortifié dans l'Illyricum byzantin), Belgrade, 1977.
On y trouve (p. 233-249) une bibliographie exhaustive jusqu'en 1976, à laquelle il convient
d'ajouter Dj. Mano-Zisi, Caricin Grad-Iustiniana Prima, Leskovac, 1979 et V. Popovic, La
signification historique de l'architecture religieuse de Tsaritchin Grad, dans CCAB, 26,
1979, p. 249-311. Un bref aperçu des fouilles commencées en 1978 a été présenté au
Xe Congrès int. d'archéologie chrétienne (Thessalonique, 26 sept. -4 oct. 1980) : V.
Kondic, B. Bavant, J.-M. Spieser, Nouvelles fouilles à Caricin Grad (sous presse).
LA VILLE DANS LE NORD DE L'ILLYRICUM 273
92 V. Kondiê et V. Popovic, op. cit., p. 310-318. Les numéros des bâtiments indiqués
ci-après sont ceux de la fig. 7.
93 Ibid., p. 319-335.
274 BERNARD BAVANT
Fig. 7 - Caricin Grad. Plan d'ensemble (d'après V. Kondic et V. Popovic, Caricin Grad, fig. 4).
LA VILLE DANS LE NORD DE L'ILLYRICUM 275
100 Dj. Mano-Zisi, dans Starinar, 5-6, 1954-1955," p. 160-166; V. Kondic et V. Popovic,
Caricin Grad, p. 68-71.
101 Dj. Mano-Zisi, dans Starinar, 17, 1966, p. 163-164; V. Kondic et V. Popovic, Caricin
Grad, p. 91-93.
LA VILLE DANS LE NORD DE L'ILLYRICUM 279
plus luxueuse en tout cas que les autres maisons connues de Caricin
Grad. Des transformations plus ou moins importantes ont été notées :
déplacement de l'escalier d'accès à l'étage, extension de la pièce à
abside aux dépens du corridor, installation d'un four dans le vestibule. Les
annexes qui existaient probablement à l'ouest n'ont pas été fouillées.
L'espace situé entre la villa urbana et le rempart sud de la ville
haute a d'abord été occupé par un grand bâtiment d'axe de symétrie
nord-sud dont le plan de base est un rectangle de 31 m sur 18,80 m (soit
environ 100 pieds sur 60 pieds). Seules sont conservées les parties
centrale et occidentale de ce bâtiment qu'un mur de refend est-ouest
divisait en deux ensembles d'organisations différentes : au sud de ce mur
se trouvaient trois pièces presqu'égales; au nord deux pièces étroites et
très allongées encadraient une vaste pièce pourvue au nord d'une sorte
d'abside presque carrée et précédée au sud d'un petit vestibule. Le
bâtiment disposait de trois portes au sud (où se trouvait visiblement l'accès
principal) et de deux portes à l'ouest et sans doute à l'est. L'ensemble
nord était probablement surélevé par rapport à l'ensemble sud, de
même que les pièces centrales par rapport aux pièces latérales. La
présence d'un étage est très improbable. Dès l'origine, ce bâtiment était
relié à la tour rectangulaire du rempart sud.
Plus tard (phase 2) les deux pièces orientales furent détruites, et
l'espace ainsi libéré fut occupé par deux grandes salles dallées de
briques, qui se prolongeaient vers l'est jusqu'aux dernières pièces alignées
le long de la grande rue nord-sud102. Entre ces deux salles se trouvait
une cour bordée à l'ouest par un portique. L'espace situé encore plus
au nord, et dont la limite orientale rejoint la villa urbana, ouvrait à l'est
par un grand porche large de 3,10 m. On peut supposer que ce porche
était l'entrée principale d'un ensemble dont la villa urbana proprement
dite constituait la partie résidentielle, et les deux salles sud des
annexes.
On ignore encore si ces annexes ont été ajoutées à la villa ou en
sont contemporaines, c'est-à-dire si la villa urbana elle-même date de la
phase 1 ou de la phase 2. On a pu établir, par contre, que ces
profondes transformations architecturales sont contemporaines de la pose de
canalisations de plomb qui, partant de la tour d'angle, couraient paral-
102 Quatre de ces pièces ont été explorées. Elles étaient surmontées d'un étage, et
étaient tournées non vers la rue mais vers la cour de la phase 2. Il ne s'agit donc pas de
boutiques, comme on avait pu d'abord le penser.
280 BERNARD BAVANT
103 V. Kondic et V. Popovic, Caricin Grad, p. 169, note 72, et infra, p. 282.
lM Ibid., p. 117.
105 Ibid., p. 101-104 et 100-101.
106 Ibid., p. 129; Dj. Mano-Zisi, dans Starinar, 19, 1968, p. 111-113, et Caricin Grad-
Iustiniana Prima, p. 60-61, considère que ces bâtiments sont groupés autour d'une place
de marché. Cela est extrêmement douteux.
LA VILLE DANS LE NORD DE L'ILLYRICUM 281
le portique nord de la rue est (en particulier, à l'angle des deux rues, un
four, peut-être de boulanger).
À l'extérieur de la ville, nous connaissons trois bâtiments
importants : des thermes (n° 33) proches de la porte est de la ville basse, dans
l'atrium desquels paraissent s'être installées tardivement des
habitations107; une église triconque au sud-est de la ville (n°34), à environ
80 m de la tour d'angle, et une église a nef unique située sur le plateau
sud, à 350 m des murailles.
Peut-on proposer aujourd'hui un schéma chronologique
d'ensemble du développement de Caricin Grad? Remarquons d'abord que le
point de départ comme le point d'arrivée sont assez sûrs. Si l'on
accepte l'identification avec Justiniana Prima, que l'analyse des textes rend
très probable et qu'aucune donnée archéologique ne vient contredire 108,
on considérera que la construction débuta aux environs de 530. Quant à
la destruction de la ville, elle se place au moment de la prise par les
Avaro-Slaves des villes de l'intérieur du diocèse dacique : en effet, le
trésor monétaire le plus récent nous mène à l'année 613 109, et la
dernière monnaie trouvée sur le site est sans doute de 615 no.
Dans un intervalle aussi réduit (80 ans environ) il faudrait, pour
retracer une évolution, pouvoir s'appuyer sur plusieurs bâtiments bien
datés et les résultats de fouilles stratigraphiques couvrant une surface
étendue. Or, de nombreux bâtiments ont été fouillés anciennement et
isolément les uns des autres. De plus, les monnaies ne sont pas très
abondantes (un peu plus de 300 ont été trouvées depuis 1912) et la
céramique d'importation, la plus facilement datable, est presqu'absente.
On dispose cependant d'un critère de différenciation commode en
remarquant que le rempart de la ville basse a été construit après celui
de la ville haute111. En effet, les murs de la ville basse sont plaqués con-
107 Dj. Mano-Zisi, dans Sfarinar, 7-8, 1956-1957, p. 318-325; V. KondiC et V. Popovic,
Caricin Grad, p. 130-135.
108 Résumé de cette question, qui a fait couler beaucoup d'encre, dans V. Kondic et
V. Popovic, Caricin Grad, p. 367-371.
109 V. Kondic et V. Popovic, Caricin Grad, p. 420, n° 190 et p. xxxvm; V. Popovic, La
descente des Koutrigours, des Slaves et des Avars vers la mer Egée : le témoignage de
l'archéologie, dans CRAI, 1978, p. 629.
110 Hexagramme inédit, trouvé dans la fouille de la ville basse en 1982.
111 Mise au point des connaissances, à la date de 1977, sur les étapes du
développement de la ville dans V. Kondic et V. Popovic, Caricin Grad, p. 371-374. Nous résumons
ici leurs conclusions.
282 BERNARD BAVANT
tre les tours décagonales de la ville haute, tout comme le portique est
de la rue nord-sud est plaqué contre la tour pentagonale. De plus,
l'angle formé par la rue nord-sud a pu être imposé par la présence
antérieure de la basilique à transept, et l'égout principal descendant de la
ville haute passe sous la basilique double et sous la tour nord de la
porte est de la ville basse. Enfin, le fait que les thermes intérieurs ne soient
distants que de quelques mètres de la tour pentagonale ouest amène à
penser que cette tour avait, après la construction des thermes, perdu
toute fonction défensive, comme c'est certainement le cas de la tour
décagonale ouest transformée, nous l'avons vu, en réservoir d'eau. On
voit donc se dessiner une phase 2 d'urbanisme, à laquelle il faudrait
rattacher, outre les remparts de la ville basse, les thermes intérieurs, la
basilique double, et peut-être la citerne. À la phase 1 appartiendraient
par contre, en plus de l'acropole et de la ville haute, la basilique à
transept, les thermes extérieurs et l'église triconque. Une phase 3 serait
constituée par toutes les adaptations tardives que nous avons énumé-
rées.
Il faut pourtant remarquer que des doutes subsistent sur
l'attribution à la phase 1 ou à la phase 2 de bâtiments isolés, pour lesquels on
ne peut se fonder que sur des similitudes d'orientation. D'autre part, si
certains bâtiments de la ville basse sont antérieurs aux remparts,
inversement, la phase 2 s'est traduite en ville haute par des modifications
urbanistes et architecturales profondes, comme nous l'avons vu dans le
quartier sud-ouest. Enfin et surtout, la distinction entre murs avec et
murs sans mortier a été trop souvent utilisée comme un critère de
datation; or, rien ne nous assure que certains murs liés à l'argile n'ont pas
été construits déjà dans la phase 2.
En chronologie absolue, la datation de la phase 2 repose sur peu
d'éléments : une monnaie de 544/545 se trouvait dans la tranchée de
fondation de la basilique double et peut fournir un terminus post
quern112; dans le quartier sud-ouest de la ville haute, la monnaie la plus
récente de la phase 2 est pour l'instant de 550/551. La phase 3 livre le
matériel de loin le plus abondant; la plupart des monnaies sont de
Justin II et de Maurice. En bref, la phase 1 de construction se situerait
dans les années 530-540 et la phase 2 vers la fin du règne de Justinien,
tandis que les «adaptations tardives» de la phase 3 commenceraient
Ibid., p. 374.
LA VILLE DANS LE NORD DE L'ILLYRICUM 283
113 À part Sirmium, les cités les plus vastes ont une enceinte qui égale ou dépasse
légèrement 40 ha (Augusta Trajana, Odessos, Nicopolis ad Istrum, Scupi) ; Ulpiana est un
peu plus modeste (35,5 ha); la plupart des cités ont un peu plus de 20 ha (Oescus, Bono-
nia, Stobi, Héraclée, Serdica, sans doute Naïssus); avec ses 14 ha environ, Horreum Mar-
gi est une petite ville, et Remesiana (5,5 ha) est qualifié par Procope de πολίχναον (de
Aed., IV, 1).
114 Sur le plan schématique qu'ils ont dressé à partir de la photographie aérienne de
1947, A. Deroko et Sv. Radojcic situent un «quartier d'habitat probable» au nord de
l'acropole (Sfarinar, 1, 1950, p. 122).
115 D'autant plus que la ville haute compte probablement d'autres grands bâtiments
non encore fouillés. A. Deroko et Sv. Radojcic (toc. cit.) en supposent un au sud de l'église
cruciforme et un autre au sud-est de l'acropole.
116 La plupart des ateliers artisanaux devaient pourtant se situer au bord des deux
cours d'eau. C'est sur la rive de la Svinjarica qu'a été fouillé un four de briquetier (V.
Kondic et V. Popovic, Caricin Grad, p. 356-357). Les ateliers de potiers et de forgerons
n'ont pas encore été localisés.
284 BERNARD BAVANT
tant117? Cela est douteux, car la ville basse elle aussi est occupée en
grande partie par des monuments publics : basilique à transept,
citerne, basilique double et thermes. Il faut ajouter à cette liste plusieurs
grands bâtiments non fouillés. A. Deroko et Sv. Radojcic en
discernaient un à l'ouest et trois à l'est de la grande rue nord-sud118. La
position et l'orientation de ces derniers ont été précisées par une
prospection électrique en 1980 : l'un d'eux est aligné sur la rue, les deux autres
ont à peu près la même orientation que la basilique à transept. À part
quelques maisons au nord de cette église, le seul quartier d'habitation
attesté dans la ville basse est situé au sud-ouest, où une fouille a été
commencée en 1981 et 1982. Nous sommes donc conduits à penser
qu'en construisant lés remparts de la ville basse, on a voulu avant tout
protéger une autre série, de bâtiments publics, existants ou en projet,
mais que la majorité des habitants, dans la phase 2, résidait encore à
l'extérieur des murs. En 1950, A. Deroko et Sv. Radojcic avaient déjà
noté la présence probable de plusieurs faubourgs tout autour de la
ville119. Le plus vaste semble s'étendre sur le plateau sud, et comporter un
fossé situé à environ 200 m du rempart sud de la ville basse120. Une
prospection électrique, effectuée en 1981 sur ce plateau, à l'est de
l'aqueduc, confirme l'hypothèse : elle met en lumière, outre deux
grands bâtiments proches de l'aqueduc, l'existence de constructions
légères qui, vers le sud-est, pourraient même dépasser le fossé et se
poursuivre en direction de l'église à nef unique (que la prospection n'a
pas atteinte).
Signalons d'autre part que la seule nécropole découverte jusqu'à
présent à Caricin Grad (un groupe de sept tombes a été fouillé en 1981)
est située à une centaine de mètres au sud de la ville et à l'ouest de
l'aqueduc : il conviendra donc d'étudier le problème des relations entre
l'habitat et la ou les nécropoles dans l'espace situé en dehors des
murailles.
La construction du rempart de la ville basse et la phase 2 de
construction traduisent donc une transformation assez nette du projet ini-
117 C'est autour de 550 (date probable du début de la phase 2) qu'ont lieu les
premières grandes incursions slaves en Illyricum (cf. P. Lemerle, Invasions et migrations dans
les Balkans, dans Revue historique, 211, 1954, p. 286).
118 A. Deroko et Sv. Radojcic, loc. cit.
n9Ibid.
120 Peut-être le faubourg nord-est était-il aussi protégé par une levée de terre. Ce type
de dispositif est assez fréquent en Scythie Mineure, par exemple (à Histria, Noviodunum,
Troesmis).
LA VILLE DANS LE NORD DE L'ILLYRICUM 285
121 V. Popovic, Les témoins archéologiques des invasions avaro-slaves dans Vlllyricum
byzantin, dans MEFRA, 87, 1975, p. 497-500; La descente des Koutrigours, des Slaves et des
Avars, p. 634-635 ; V. Kondic et V. Popovic, Caricin Grad, p. 373 et 382-383 ; V. Popovic,
Note sur l'habitat paléoslave, dans P. Lemerle, Les plus anciens recueils des miracles de
saint Démétrius, t. II, p. 235-241.
122 Elle est surtout attestée par des inhumations dispersées (V. Kondic et V. Popovic,
Caricin Grad, p. 373). Par ailleurs, un petit nombre de tessons et de monnaies peuvent
faire penser à une réoccupation sporadique aux Xe-XIIe siècles.
286 BERNARD BAVANT
CONCLUSION
123 Dans un proche avenir, c'est sans doute des fouilles d'Ulpiana qu'on est en droit
d'attendre le plus.
124 Avec cette coupure du Ve siècle, nous retrouvons le contraste entre l'Illyricum du
nord et la Grèce.
125 Le fait que Sirmium échappa tôt au contrôle impérial a certainement hâté son
déclin, mais ne l'a pas directement provoqué (cf. supra). De même, Scupi n'avait sans
doute plus, à la veille du séisme de 518, sa prospérité du IVe siècle.
LA VILLE DANS LE NORD DE L'ILLYRICUM 287
ce, entre les mailles d'un réseau de cités assez lâche, d'un nouveau type
d'agglomérations dont Gamzigrad nous offre un exemple126.
Cet appauvrissement, sans doute inégal et dont il ne faudrait pas
exagérer l'ampleur pour le Ve siècle, devient patent au VIe siècle. La
«rénovation justinienne» vise à rétablir une situation militaire, non à
restaurer une prospérité économique. L'état reste certes attaché, ici
comme ailleurs, à un modèle d'organisation urbaine hérité, pour
l'essentiel, des traditions hellénistiques et romaines. Mais il prend aussi en
compte les changements sociaux (ainsi, à Caricin Grad, la place
eminente est-elle réservée à l'ensemble episcopal) et privilégie les
préoccupations militaires défensives, en fortifiant des espaces réduits, quitte à
fournir une protection moins efficace à une bonne partie de l'habitat (à
Caricin Grad, et sans doute à Scupi, Pautalia. . .).
La multiplication des points fortifiés, parmi lesquels les cités se
distinguent à peine par la taille, consacre et admet le dépérissement de
la vie urbaine et une probable «contraction» de l'occupation du sol.
Même, paradoxalement, elle accélère ce processus : l'afflux de
populations rurales réfugiées dans les forteresses et à leurs alentours
immédiats suppose la désertion de certaines campagnes (ce qui, pour
l'instant, échappe à notre observation) et entraîne un bouleversement
profond du cadre architectural urbain (ce que l'archéologie aperçoit déjà
très bien).
La ville finit, surtout dans la seconde moitié du VIe siècle, par
prendre l'aspect d'une agglomération rurale, fortifiée en totalité ou en
partie; ses habitants exploitent directement un territoire restreint dans
un climat peu sûr, et se contentent d'un habitat assez pauvre, tout en
entretenant une classe d'artisans aux traditions bien établies.
L'ensemble de la région, qui avait dû surtout son essor à son rôle de transition
et de passage entre l'Orient et l'Italie, est devenu une sorte de marche
rurale militarisée et une zone de contacts avec le monde barbare.
Bernard Bavant
126 C'est de l'exploration des «castella» du VIe siècle, allant du village fortifié à la
petite ville, que l'on peut attendre un progrès décisif de nos connaissances. Mentionnons, à
titre d'exemple, Sadovsko Kale et Golemanovo Kale près de Sadovetz, à la limite du
diocèse de Thrace (cf. I. Welkow, Eine Gotenfestung bei Sadowetz (Nordbulgarien), dans
Germania, 19, 1935, p. 149-158 et G. Bersu, A 6th century German Settlement of foederati,
dans Antiquity, 11, 1938, p. 31-43), ainsi que Zlata et Balajnac, près de Nis (Ν. Duval et
V. Popovic, Urbanisme et topographie chrétienne, p. 378).
288 BERNARD BAVANT
Addendum
Cet article était déjà remis à l'impression lorsqu'est paru, à l'occasion d'une
exposition organisée à Belgrade, un volume collectif consacré à Gamzigrad : D. Srejovic, Dj.
Jankovic, A. Lalovic, V. Jovic, Gamzigrad, kasnoanticki carski dvorac, Belgrade, 1983. Cet
important ouvrage contient d'abord, outre le catalogue du matériel en partie inédit de
l'exposition, une présentation provisoire de plusieurs bâtiments du IVe siècle explorés
récemment : une maison à péristyle (dite « palais II ») qui ferait partie du même ensemble
que le « palais » du nord-ouest, et qui est bordée au sud d'un long bâtiment à couloir ; plus
au sud, près du grand temple, un horreum et un bâtiment à portique ayant recouvert une
construction du IIP siècle. Surtout, on y trouvera une synthèse remise à jour (avec plans
des bâtisses et publication partielle du matériel) pour les trois principales phases
d'occupation tardive : les deux premières (p. 98-141) précèdent et suivent respectivement la
destruction du milieu du Ve siècle. La dernière phase est une réoccupation slave du XIe
siècle (p. 142-160). L'abandon du site entre le début du VIIe siècle et la fin du Xe paraît
assuré.
INTERVENTION
Noël Duval :
Sirmium
M. Duval observe que rien ne prouve que l'église urbaine soit encore en
usage au VIe siècle. D'autre part, les tombes ne prouvent pas forcément une
restriction de la ville, surtout quand elles sont associées à une église (c'est le
cas de la «basilique urbaine» : la plupart des tombes sont dans l'église). En fait,
on ignore presque tout de l'aspect de la ville au VIe siècle, même s'il est plus
que probable qu'elle ait été en décadence.
Gamzigrad
La chronologie proposée par Mme Canak-Medic est discutable et discutée.
La datation qu'elle avait proposée d'abord - parler du VIe siècle pour l'enceinte
extérieure - est en soi plus satisfaisante.
D'autre part, la nature de l'agglomération est encore inconnue. On ne peut
pas être certain qu'il s'agisse d'une «résidence fortifiée» car la découverte d'un
grand temple au centre (voir le dernier numéro de Stariner) prouve à l'évidence
que l'enceinte entourait un complexe de bâtiments publics (préexistant?). On
pense à ces centres religieux et économiques, sans habitat important, qui sont
bien connus en Gaule.
La chronologie relative des églises et l'histoire du bâtiment cultuel instale
tardivement à proximité des thermes demandent aussi à être précisées.