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L’embellissement, une volonté

d’amélioration de l’environnement bâti

I. NOTION D’EMBELLISSEMENT
AVANT LE SIECLE DES LUMIERES
Objectif du cours

L’objectif de cet enseignement n’est pas de


donner un cours sur l’histoire sur
l’embellissement de la ville, mais de présenter
des points de repères à la compréhension de la
signification de la notion « d’embellissement par
rapport à l’amélioration de
l’environnement bâti».
L’embellissement par rapport aux actions sur la ville

Il faut tout d’abord lever la confusion concernant


les termes:
Embellissement
Art urbain
Composition urbaine
Urbanisme
Aménagement urbain
Projet urbain
L'embellissement des villes au 17 ème siècle

L’action d’embellissement de la ville commence à l’époque baroque


de la Renaissance, à Rome et certaine villes italiennes avec
l’aménagement de grandes places publiques.
C'est du 17ème siècle, en France ou en Angleterre, qu'apparaissent les
premiers plans d'embellissement des villes avec notamment la
création de places royales qui taillent dans le tissu existant des
espaces à la célébration de la grandeur du roi( Louis XIV et Louis XV et
Louis XVI principalement).
On peut citer à titre d'exemple le plan pour la reconstruction de
Londres par Christopher Wren après l’incendie de cette ville, la
création de la place des Vosges à Paris, le plan Legendre à Reims avec
la place royale et des promenades hors des remparts, la place de
Ducale à Charleville-Mézières, les places royales à Rennes, Nancy,
Nantes, Caen, Pau...
L'embellissement des villes

Trop souvent mal interprétée depuis la création du terme


urbanisme à la fin du 19ème siècle, la notion d'embellissement
urbain qui précède l’urbanisme en Europe reste difficile à
appréhender.
Concernant l'aménagement des villes, il est utile de comprendre
les liens que cette notion entretient avec les concepts de beau et
de sublime qui font au même moment l'objet de débats
philosophiques depuis le 18 ème siècle. (Redécouverte des
anciennes civilisations, Babylone etc.). Comment doit être une
belle ville ?
Les réflexions des théoriciens des Lumières incitent à penser que
la fabrication du « beau urbain » est difficile, mais nécessaire, car
elle profite véritablement au bien-être de chaque citoyen-citadin.
La notion d’embellissement et l’origine du l’action d’embellir

La notion d'embellissement au 18ème siècle, serait


l’équivalent de celle de urbanisme, c'est-à-dire
« l'ensemble des procédures d'aménagement de
la ville sans valorisation hiérarchique des
besoins ».
Au 18ème siècle, I 'acte d'embellir est
profondément ancré dans les mentalités et fait
référence a l'action artistique qui consistait à
embellir l’environnement bâti.
La notion d’embellissement et l’origine du l’action d’embellir

Ce n’est qu’au 18ème siècle qu’on devient


conscient que l'agglomération urbaine était un
organisme vivant fragile, et devait être protégée
et que c’est l'embellissement qui pouvait
assurer sa sécurité en matière d’hygiène et de
santé.
Par son manque d'hygiène, de civisme, de
confort, la ville organisme malade avait donc
besoin d'initiatives d'embellissement...
Le moyen âge

La ville médiévale
La ville médiévale et son environnement

Après la chute de l’Empire romain, les villes


déclinèrent en population et en importance.
Du Ve au XIVe siècle apr. J.-C., l’Europe
médiévale disposa ses villes autour des châteaux
forts, des places fortes, des églises et des
monastères, dont le tracé ne correspondait à
aucun plan.
De la ville romaine à la ville médiévale
Hormis le cas des villes nouvelles de l’époque du moyen âge, la ville
médiévale est d’abord héritière de celle de la période romaine :
conservation de l’enceinte antique et de certains monuments majeurs, du
réseau des rues. La ville est close d’une enceinte qui joue un rôle défensif
mais surtout symbolique.
Hors de la ville, cependant, des quartiers nouveaux constituent des
faubourgs et, sur la tombe d’un martyr ou du premier évêque, siège d’un
pèlerinage, une basilique suburbaine devient le noyau d’un nouvel habitat,
le bourg.
La christianisation ou l’islamisation de l’espace urbain constitue une
rupture majeure avec la ville antique : la cathédrale ou la mosquée domine
la cité, son quartier forme une entité spécifique.
Les églises ou les mosquées deviennent ensuite d’autres pôles majeurs de
la géographie religieuse de la ville. Le palais, la tour de la maison
commune, celles des grandes familles seigneuriales apparaissent comme
d’autres points majeurs du paysage urbain médiéval.
Venelle (France) ville romaine à l’origine
La ville médiévale et son environnement

La ville médiévale, limitée par ses fortifications,


progressait selon un modèle concentrique, ajoutant
à la première enceinte, historique, une deuxième
enceinte de défense militaire qui distinguait
clairement l’espace ville de l’espace rural.
Très dense, close et souvent chaotique, elle opérait
également une confusion totale entre le travail et le
logement, ignorant les voies de transport.
La ville médiévale et son environnement

Avant d’aller plus loin, il faut signaler que durant tout


le Moyen-Âge, aucune réflexion n’a guidé l’édification
des villes. Donc aucun acte d’embellissement
Les villes se développaient de manière spontanée,
généralement sur les ruines des cités romaines, à
l’exception de certaines nouvelles villes qui vont voir
le jour pendant le moyen âge.
La ville médiévale et son environnement

Dans toutes les villes du moyen âge, le nombre


d’habitants de la ville, et donc la taille de son
enceinte, changent au cours du temps.
Au camp fortifié romain, devenu ville,
strictement organisé dans la plaine, aux rues
orthogonales et régulières, succède une « ville-
réduit », plus petite, resserrée, pauvre sans
doute, qui se replie sur un périmètre bien plus
petit durant le haut Moyen Age.
La ville médiévale Pourquoi il n’y a pas eu d’embellissement?
La ville médiévale (du 5ème siècle au 14ème siècle) n’est
pas un havre de paix au milieu d'un monde voué aux
guerres et aux famines et aux épidémies incessantes,
mais plutôt comme un champ d'affrontements.
Impossible dans ces conditions de mettre en pratique les
concepts de la cité idéale où de procéder à des
innovations urbanistiques ou des embellissements.
L'aménagement des cités du moyen âge est empêché par
la domination du religieux où la cathédrale gothique est
l’édifice le plus dominant de la ville.
La ville médiévale
Au Moyen Age , les villes
médiévales sont
construites sans ordre et
sans plans.
Ce sont des rues étroites
et très sombres, sans
trottoirs,
boueuses, avec des
animaux
en liberté.
Il n’y a pas l’eau courante,
il faut se la faire livrer.
On s’éclaire à la lanterne
et à la bougie. Dans les
rues, il n’y a pas
d’éclairage.
Les modestes dimensions des rues (5 m de largeur maximale) sont encore réduites par le
ruisseau central dans lequel on jette les détritus.
Les rues au Moyen Age, sont encombrées par l’avancée des auvents, l’encorbellement des
maisons, les enseignes pendantes et par tout ce que les citadins y entreposent. Les
encombrements sont très fréquents.
Les maisons
ordinaires, aux murs à
colombages, sont
Ruelle et habitation à Strasbourg
assez étroites, avec
une ou deux fenêtres
par étages, serrées les
unes contre les
autres.
Constituées d’un rez-
de-chaussée de pierre
et de trois ou quatre
étages de bois et de
torchis, elles sont
desservies par un
escalier à vis.
La couverture du toit
est faite de chaume
ou de lattes de bois.
La ville médiévale et son environnement
Pendant de nombreux siècles, la ville médiévale a
lentement grandi de manière spontanée.
Elle se distingue de la ville romaine par son
implantation libre et son absence de plan
ordonné.
Elle se caractérise par une irrégularité de son
tissu urbain et l’adaptation au site (présence de
cours d’eau, relief plus ou moins accidenté…).
La ville médiévale et son environnement

Les rues sont étroites et sinueuses, souvent


reprenant le tracé d’un ancien chemin rural.
Ce sont des espaces où se mêlent activités
artisanales et commerciales et vie familiale.
Les maisons serrées les unes contre les autres
sont prolongées par de petits jardins à l’arrière.
La ville médiévale et son environnement

La ville médiévale se serre en ruelles étroites,


en constructions rapprochées et hautes.
L’hygiène y est approximative, et la rue est le
réceptacle de tout ce dont les habitants ne
veulent plus, eaux noires, eaux de tannage,
déchets de toutes natures.
L’eau, bien commun d’importance capitale et
critère incontournable de fondation y rentre par
fleuves ou rivière, par les puits ou par la pluie
dans les citernes, et en ressort, sale, vers les
mêmes fleuves et rivières.
La ville médiévale est une agglomération limitée par les murs de
fortifications
Avec la croissance de la ville, croît aussi le mur
d’enceinte, par extensions ou reconstructions
successives. On l’adapte à la population existante,
ou à la population projetée.
Le mur d’enceinte engendre de lucratives
opérations immobilières ou bien vient simplement
renforcer un dispositif militaire qui semble peu
adapté à l’évolution des armes et méthodes
militaires.
le mur d’enceinte peut par moments contraindre
le développement de la ville, la limiter malgré elle.
Architecture militaire
Les fortifications de la
ville de Carcassonne
Carcassonne Les remparts ou fortifications
Architecture militaire
Les fortifications de la
ville de Carcassonne
La ville médiévale est une agglomération limitée par les
murs de fortifications

Le mur d’enceinte peut parfois, au gré de l’histoire,


être trop large, comme après la grande peste au
14ème siècle, qui emporte un tiers de la population.
Il n'y a pas de ville sans murs. Mais la ville n'est pas
coupée de la campagne. Elle s’y nourrit, y transite, le
contrôle, parfois le possède et l’habite, au moins
temporairement.
L’essentiel de la population s’y trouve, puisque la
population urbaine est minoritaire partout (15% en
France).
Carcassonne
Nuremberg en Allemagne en 1463
Munster en Allemagne en 1633
Londres en 1616
Paris au 16 ème
siècle
Bologne, Italie
Lucques, Italie
Ferrare, Italie
Bruges, Belgique
Strasbourg, France
Urbino, Italie
La ville de Dubrovnik en Croatie
Eguihem en Alsace
Ville de Sienne en Italie
Vue aérienne de La fortifiée de
Carcassonne, en France
La ville fortifiée de Nördlingen en Allemagne

Nördlingen
Cologne en Allemagne
Strasbourg au nord de la France au moyen âge
La ville islamique
Comme pour l'ensemble des établissements
humains qui ont assemblé en un point du
territoire, une population donnée pour telle ou
telle raison et qui sont devenus des
agglomérations de nature et de taille très
différentes (hameau, village, bourg, ville), les
noyaux initiaux des cités islamiques ont obéi aux
mêmes règles que celles qui ont amené à la
naissance et au développement de toutes les
villes : conditions naturelles, économiques,
politiques et de sécurité.
La ville islamique

A ces facteurs communs viennent s'ajouter des critères


spécifiques au monde musulman qui relèvent, principalement
des domaines climatiques, ethniques et religieux.
A ce titre, il est évident, d'une part que la majorité des
établissement humain islamiques se sont implantés dans une
zone géographique présentant des caractères climatiques
particuliers ( sècheresse, chaleur, vents, etc...).
D'autre part que les populations concernées présentent des
modes de vie semblables (nomadisme, transhumance,
tribalisme, rôle de la femme, patriarcat etc...).
Enfin que l'Islam en tant que religion et code social a imposé
ses règles et ses institutions à ces mêmes population et par la
même aux établissements humains qui les rassemblent.
La ville islamique

Avec un tissu urbain au bâti ancien, très dense, enchevêtré et


au rues étroites, piétonnes et très hiérarchisées, les cités
traditionnelles dont les caractéristiques de confort collectif
étaient en leur temps très avancées pour leur époque sont
aujourd'hui, notamment par leur forme et par une densité
exagérée de population au regard du potentiel que représente
le cadre bâti, peu adaptées à une amélioration aisée des
infrastructures et des réseaux modernes (desserte automobile,
assainissement, collecte des ordures, alimentation en eau ...)
auxquels la population concernée pourrait prétendre.
D'autre part, les habitations qui, jadis, étaient destinées à une
seule et même famille sont aujourd'hui occupées par plusieurs
foyers et souvent sans aucun lien entre eux.
Médina de Fes
Médina de Rabat
Médina de Damas
Médina de Téhéran
Tissu urbain traditionnel de la médina de Ryadh
Tissu urbain de la médina de Tunis
Quartier de la médina de
Tunis (R’bat Bab Essouika)
Médina de Tunis: tissu résidentiel
R’bat Bab Essouika
Médina de Tunis: tissu résidentiel et
commercial (au centre) R’bat Bab
Essouika
Vue aérienne de la ville de Ghardïa
Tissu urbain de la ville de Ghardaïa
Médina de Constantine
Médina d’Alger

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