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Université de Béjaia

Faculté de technologie
Département d’architecture
Année universitaire 2020-2021
Deuxième année Licence académique
Anthropologie de l’espace
Premier semestre
Mr. BADIS
5ème Cours: Morphologie sociale et morphologie spatiale.
Sommaire:
1) Introduction.
2) Définitions : 2-1) Morphologie sociale.
2-2) Morphologie spatiale.
3) Le social, configurateur du spatial: 3-1) Configuration démographique.
3-2) Configuration culturelle.
3-3) Configuration religieuse.
3-4) Configuration économique
3-5) Configuration technologique.
3-6) Configuration historique.
4) Le spatial, projecteur du social.
5) Bibliographie.
6) Annexes.
1) Introduction:
Si l’on interprète l’espace comme étant la ‘’manière d’être’’ des humains,
c’est-à-dire la manière dont ils transforment, configurent, produisent et
consomment l’espace, nous constaterons que leur rapport à/avec l’espace
a profondément changé avec le cours de l’histoire.
Autrefois, l’homme cherchait refuge auprès de son espace vital, il y espérait
clémence et subsistance, où il avait adopté une ‘’attitude d’intégration’’
avec la nature, ainsi qu’une tendance ‘’d’équilibre écologique’’ avec
l’environnement naturel dont il fait son propre habitat; Mais avec le temps,
c’est-à-dire avec l’avènement technique de l’homme, celui-ci ne cherche
plus l’adaptation avec son espace de vie, mais son rapport à l’espace
prenait une ‘’allure de ’’domination’’, et une volonté de ‘’contrôle’’ total.
Ce nouveau comportement spatial de l’homme, a su et pu finalement dompter
les forces naturelles à sa guise, et rendre ainsi et façonner l’espace à son
image, à sa nature incessamment changeante, et ce, malgré qu’il ait été
depuis longtemps façonné à/par l’image de la nature; En d’autres mots, si
la nature a ‘’naturalisé’’ l’homme traditionnel, l’homme moderne a
‘’dénaturé’’ la nature avec sa nature hégémoniste et colonialiste.
Cet homme moderne est entré en conflit avec son habitat et son
environnement naturel, les préjudices qu’il cause à ce dernier et qu’il
cumule depuis son ascension technique, ne cessent de remettre en
question les mode de peuplement et de spatialisation des aspects
humains de cet homme; Au point que certains appelle à ré-adopter nos
anciens rapports à l’espace (développement durable), afin de bien
réadapter l’homme à son ancien équilibre naturel, en adoptant des
comportement amis de la nature. (culture verte).
2) Définitions :
2-1) La morphologie sociale:
La morphologie sociale regroupe et désigne tous les ‘’aspects sociologiques’’
d’une société donnée, tels que définis par l’anthropologie physique
(aspect démographique, racial, etc.), et de l’anthropologie culturelle
(aspect religieux, linguistique, technique, artistique, etc.); Ces aspects
réunis, représentent l’aspect immatériel de la civilisation de l’homme, et
déterminent sa morphologie sociale, c’est-à-dire son organisation sociale,
son mode de vie, son système social, son mode de pensée, ses
caractéristiques culturelles, économiques, politiques, culturelles, etc.
Ainsi, chaque espace a sa ‘’taille’’ de population (10 000 h, km²) et sa
‘’composante démographique’’ (résidents, étrangers, touristes, exilés,
travailleurs, pèlerins, etc.); Chaque ville a ses propres ‘’communautés
éthniques’’ (berbères, arabes, etc.); Ses ‘’communautés culturelles’’
(francophonie, islamité, berbérité, arabité.); Ses ‘’communautés
linguistiques’’ (kabyle, chaoui, arabe, mozabite, etc.); Ses ‘’communauté
religieuses’’ (musulmans, chrétiens, juifs, protestants, sikhs, hindous,
païens, etc.); Chaque ville gère sa propre ‘’économie’’ (socialisme russe,
capitalisme américain, agricole Boufarik, informatique Kouba, ); Sa propre
‘’politique’’ (Taxas, Québec, etc.), Son propre ‘’droit’’, etc, que Karl Marx
désigne par ’’superstructure’’.
2-2) La morphologie spatiale:
La morphologie spatiale (urbaine) désigne et regroupe sur le support de
l’espace, tous les ‘’aspects matériels’’ et ‘’matérialisés’’ d’une société
donnée, tels que produits et façonnés par l’homme, à savoir le
‘’village’’, ‘’la ville’’, ‘’le bâti’’, ‘’l’architecture’’, ‘’l’environnement bâti’’, ‘’le
sol’’, ‘’les voiries’’, etc; Ces aspects réunis, représentent l’aspect
matériel de la civilisation de l’homme, et détermine et configure son
‘’système urbain’’, son ‘’organisation spatiale’’, son ‘’mode
d’établissement’’ et le ‘’mode de peuplement’’ des hommes sur cet
espace.
Ainsi, chaque espace a son ‘’plan’’ et son ’’schéma‘’ urbain distinct,
(régulier, irrégulier, etc.); Chaque espace a sa propre ‘’architecture’’
(Gratte-ciel, peublo, casbah, pavillonnaire, etc.); chaque ville a son
’’systèmes circulatoire‘’ (ruelle casbah; canaux Venise; rues Alger ,
boulevards, Paris, etc.) Chaque villes a sa propre ‘’taille’’ (Cité casbah;
Ville, Alger; Métropole Paris, mégalopole Mumbay, etc.) et ses
‘’échelles’’ (îlot, quartier, arrondissement, etc.).
Tous ces agencements, ordonnancements, organisations et
matérialisations spatiales, attestent de l’emprise de l’homme sur
l’espace sur lequel il mène sa vie et exerce ses activités; Cette
morphologie matérielle et spatio-urbaine, telle que configurée par
l’homme, nous donne ainsi, une lecture externe et un raccourci pour
comprendre la ‘’dimension cachés’’ de cet homme (désirs, aspirations,
nostalgie, privation, autorité, etc.), que Karl Marx désigne par
‘’infrastructure’’.
3) Le social, configurateur du spatial:
3-1) Configuration démographie:
Selon ibn khaldoun, la ‘’taille’’ de la population urbaine (‫ )الحضر‬et le
‘’volume’’ des relations sociales (les deux forment la morphologie
socio-spatiale) que ses résidents tissent entre eux (rapports
d’échanges dans la cité marchande, et rapports de domination dans la
cité-État), est le déterminent décisif de la taille et de la forme de la cité
(ville); Selon cette optique Khaldounienne, le volume et la typologie du
bâti (morphologie spatio-urbaine ‫ )العمران‬de la cité, sont dûs à
l’émigration paysanne massive (‫ )البدو‬vers elle, étant donné qu’elle
représente pour eux un centre de rayonnement culturel, et que son
attirance civilisationnelle, son confort architectural et son prestige
social, ne cessent de changer (de reconfigurer) à leur tour, et avec le
temps, leur morphologie sociale.
Le phénomène de l’exode rural, puis celui de son urbanisation future (par
la cité) dont parle ibn khaldoun, affecte non seulement la taille de la
population urbaine, mais aussi les caractéristiques démographiques
(statistiquement) et sociales (anthropologiquement) de la morphologie
sociale de la population urbaine, qui se trouve spatialisée et configurée
spatialement selon les origines éthniques, linguistiques, religieuses,
etc; De différentes catégories de gens, forment en damier, tout une
mosaïque sociale, multicolore et multiforme.
Les villes, autrefois peuplées de différentes origines socioculturelles,
suscitaient de graves conflits entre ses différents résidents et les
différents immigrés qui s’y installent souvent marginalement et
déloyalement; De nos jours, avec la mondialisation des espace de vie
(on peut vivre dans plusieures villes en même temps), les villes
deviennent plus accueillantes de ce que l’on appelle maintenant le
‘’citoyen du monde’’; L’émigration urbaine se trouve ainsi réglementée
politiquement et canalisée administrativement par les états nationaux
même, autrefois hostiles à l’émigration (UE, Canada, USA, etc.),
Donc, sous la mondialisation (urbanisation mondiale), les villes prennent
du volume et deviennent des métropoles mondiales, qui ont besoin de
plus en plus de ressources humaines pour son fonctionnement, ce qui
a provoqué au niveau politique et psychologique, un regain de la
liberté spatiale de l’homme d’antan (vivre et se déplacer librement), et
qui tend à effacer peu à peu les barrières traditionnelles de la
géographie politique (espace Schengen en Europe).
3-2) Configuration culturelle:
La culture, comme configuratrice de l’espace habité et de l’espace urbain en
général, est l’expression spatio-symbolique de l’homme, avec laquelle il
marque sa présence spatiale et donne du sens à son existence sur
l’échiquier spatial, et c’est de cette manière qu’il se distingue
spatialement des autres hommes et des autres cultures.
Et si l’on adopte sa définition, au sens général, telle que définie par
l’anthropologue britannique ’’Taylor Edward Burnet’’, la culture serait «un
tout complexe qui englobe les connaissances, les croyances, l’art, la
morale, la loi, la tradition et toutes autres dispositions et habitudes
acquises par l’homme en tant que membre d’une société », on s’aperçoit
que tous ces domaines culturels se matérialisent dans l’espace selon
plusieurs aspects, expressions, manifestations, et apparences.
D’après cette définition logique de la culture, on comprends que les
‘’connaissances’’ désignerait, pour notre cours, le savoir-faire
architectural et urbanistique; Avec les ‘’croyances’’, on comprend les
logiques et les principes constructifs; Avec ‘’l’art’’, on comprends la forme,
l’aspect et l’esthétique des œuvres d’architecture; Avec la ‘’morale’’
(religion) et la ‘’loi’’ (politique), on comprend l’éthique avec laquelle
doivent être exercé et amené notre domaine architectural; Avec les
‘’traditions’’, on comprend la référence et l’identité auxquelles renvoient
notre bâti et de notre espace produit; Avec les ‘’habitudes’’, on
comprendrait les manières perpétuelles et inchangées de notre vision du
monde et de l’environnement et de l’espace dans lequel nous évoluons.
D’après cette approche culturelle, l’architecture et l’espace ne peuvent guère se
dissocier des activités culturelles de l’homme, au point que chaque espace,
habitat, bâti, etc, renvoient à une culture spécifique, et affiche sur le plan du
paysage urbain, les significations culturelles des différentes œuvres
matérielles et symboliques de l’hommes.
Et d’après ’’Amos Rapoport’’, la culture est présente partout dans les manières
de bâtir, d’établissement et de peuplement des hommes, et que les
contraintes culturelles, ont plus d’influence sur le spatio-architectural que les
contraintes physique et naturelle, et ce, vu le développement et la
complexification de la culture humaine.
Ce que l’on appelle, au pluriel, les ‘’architectures‘’, les ‘’urbanismes’’, les
‘’habitats’’, les ‘’ordres’’, etc, sont des typologies, des configurations et des
morphologies qui attestent et témoignent des différentes appartenances
culturelles qui ont projeté et matérialisé ces aspects culturels dans l’espace.
Ainsi, chaque espace se caractérise par une langue de communication (Béjaia:
kabyle parlé, français transcrit), matérialisée spatialement par la
signalétique; Chaque espace représente un mode de vie (Paris, romantique;
Dubaï, prestige, etc.), matérialisé spatialement par l’environnement bâti;
Chaque espace est une expression artistique (Architecture monumentale,
paysagiste, etc.); Chaque système social est matérialisé spatialement
(Communauté, village; Société, ville), etc.
3-3) Configuration religieuse:
L’espace urbain se répartit en domaines moraux spécifiques selon la
dualité et la dichotomie du ‘’sacré’’ et du ‘’profane’’, ces deux
représentations urbaines de la réalité sociale, se succèdent
spatialement selon une alternance et une durée donnée, et ce, selon
aussi les mouvements socioculturels et historiques successifs de la
sacralité et de la sécularité; Historiquement, les espaces sacrés
représentaient jadis la quasi-totalité des espaces urbains, comme avec
les faubourgs chrétiens du moyen âge (centralité de l’église), et les
médines islamiques médiévales (centralité de la mosquée).
Mais avec le temps, et surtout avec l’âge de la renaissance, le pouvoir de
la religion (‫ )الوازع الديني‬diminue et cesse d’être un principe fondateur du
cadre urbanistique et architectural dans la production et l’organisation
de l’espace, ce dernier avait tendance, dès lors, à se séculariser et à
faire de l’urbain un environnement ‘’profane’’ où se réunit tous les vices
et les fléaux de l’homme, et c’est pour cela justement, que certains
peuples refusent les valeurs de la ville par pur conservatisme, comme
les ‘’Amishes’ en Allemagne et les ‘’bédouins’’ en Algérie, de peur de
perdre la ‘’pureté’’ de leur âme et ‘’l’originalité’’ de leur système social,
ces peuplades désignent souvent la ville comme la demeure du diable.
Ce phénomène a été notifié par ‘’Platon’’ dans son livre ‘’La cite de dieu’’ et par
‘’Al Farabi’’ dans son livre ‘‘‫’’المدينة الفاضلة‬, c’était justement pour rappeler les
gens à la raison et refonder le concept sacré et humaniste de la ville,
tellement ils ont constaté la dégénérescence de la nature bienfaisante de
l’homme ainsi que ses qualités humaines. (La ville favorise l’égoïsme, la
concurrence, le conflit et l’individualisme, etc; Et selon ibn khaldoun, elle
rend les hommes ‘’tendres’’ et ‘’mous’’).
Selon pierre Bourdieu, la configuration spatiale de la ville de Ghardaïa, en est
l’exemple de cité où la part de dieu l’emporte sur celle de l’homme, c’est-à-
dire que la mosquée est nichée au sommet et domine le monde profane, qui
n’est autre que le marché de Ghardaïa d’en bas (lieu de vices), la répartition
rationnelle de l’espace selon ladite dualité sacré/profane, a laissé peu
d’espace à ce dernier, même constat dans le reste des villes et villages
algériens, mais cette répartision pro-sacrée tend à laisser peu à peu la place
au domaine profane (‘’modernité’’ oblige).
Les éléments urbains dans les deux types d’espaces, diffèrent d’une culture à
une autre, l’élément ‘’église’’ signifie que la culture dominante est chrétienne,
tandis que l’élément ‘’mosquée’’ signifie la religiosité musulmane, et la
coéxistance des deux architectures dans un même espace, signifie que la
morphologie sociale est mixte; Mais si l’élément ‘’Bar’’ ou ‘’Discothèque’’
intervient spatialement, ceci signifie que le profane, par le biais de la
sécularisation prend de l’empleur dans l’espace social et urbain.
3-4) Configuration économique:
Le modèle économique définit, et la morphologie sociale, et la vocation
économique et morphologique de l’espace; Anciennement, dans les
sociétés traditionnelles, l’économie ‘’féodale’’ basée sur le travail et la
richesse agricole (cultures, élevage,,,etc.), a produit un espace
obéissant à une ségrégation féodale (l’organisation sociale et socio-
spatiale sont basées sur la propriété des terre), selon laquelle l’espace
(rural et urbain) avait été désapproprié aux paysans, divisé et approprié
exclusivement entre les nouveau propriétaires terriens (Les romains, les
turcs et les français en Algérie); Les villes et leurs économies à ces
époques, étaient façonnées selon les besoins et les désirs des maîtres
féodaux (Les villes coloniales en algérie), où les paysans étaient exclus
de cette oeuvre et étrangers à cet espace.
Selon Karl Marx, cette féodalité, basée sur l’exploitation de l’homme et de
sa terre, s’est développée plus tard et a donné naissance au
’’capitalisme‘’ de nos jours; Ce dernier a produit une ville capitaliste (qui
n’est qu’une extension de la ville féodale), pour le profit exclusif du
capitalisme et des capitalistes; C’est pour cette raison que Manuel
Castels (lui-même marxiste) critique l’espace urbain comme n’étant
qu’un méga marché capitaliste, c’est-à-dire que les urbains y vivent
pour vendre (leur force de travail, leur marchandise) et acheter (leur
manger, leur habiter, etc.), c’est pour cette raison qu’il critique même ‘’la
culture urbaine’’, qu’il qualifie de ‘’culture de consommation’’, c’est-à-
dire que le phénomène urbain n’est qu’un phénomène de
consommation, puisque en est le moteur du capitalisme.
Historiquement, la théorie marxiste, comme critique du capitalisme, a
fondé, dans l’ex URSS, des espaces villageois et urbains qui
n’obéissent plus à la doctrine capitaliste, mais plutôt socialiste
(communiste); Cette fois-ci, donc, si l’espace était une propriété privée
dans le premier, dans le second il devient collective, si le premier avait
produit une morphologie sociale basée sur la stratification sociale
ségrégationniste (classe bourgeoise/classe prolétaire), dans le
deuxième la morphologie sociale serait basée non sur une stratification
sociale, mais sur une justice sociale (une seule classe sociale domine,
les travailleurs).
Sur le plan de la morphologie spatiale, ceci se manifeste spatialement
dans l’espace urbain, qui était (et est jusqu’à nos jours) répartie
(majoritairement) dans le premier modèle économique (capitalisme) sur
la propriété et la configuration privée (dominé par des ‘’architectures
particulières’’), et dans le deuxième (socialisme), la morphologie
spatiale était décidée, projetée et matérialisée par la volonté générale,
représentée par l’État, où la propriété commune et la configuration
spatiale seraient décidées par le domaine public, c’est-à-dire que
l’organisation et la configuration spatiales, les schémas urbains et les
éléments architecturaux seraient planifiés et réalisés par une doctrine
générale et généraliste, qui est la doctrine socialiste adoptée
communément par la société des travailleurs (prolétaires).
3-5) Configuration technioco-technologique:
Historiquement, la ‘’révolution industrielle’’ qui a donné naissance au
travail industriel et mécanisé, a changé a jamais la morphologie
sociale de l’ancienne société agricole reposant sur l’élément
économique de la ‘’terre’’ (pastorale et paysanne), et ce, par le biais
d’une nouvelle organisation sociale reposant sur l’élément
économique de la ‘’machine’’ (patrons, travailleurs); ce qui a refaçonné
sur le plan de la morphologie spatiale, les villages et les anciens
bourgs agricoles, en créant à leur place, de nouveaux éléments
architecturaux (ateliers, usines, entrepôts, etc.), et des infrastructures
gigantesques (mines, campements, chemins de fers, etc.).
Sur un autre plan social, l’apparition massive de la voiture (syndrome de
la voiture) comme nouvel élément spatial, a suscité une
reconfiguration (réadaptation) de l’espace pour l’usage automobile, et
ce, en élargissant les anciens passages animaliers et les ruelles
piétonnières, pour en faire des rues adéquates et des boulevards
modernes conséquents pour son usage (plan parisien Haussmannien,
plan algérois colonial), aussi, puisque la voiture est un élément spatial
comme on l’a souligné, il était impératif aussi de créer et de spécifier
des aires de stationnements (parcs à ciel ouvert, au sous-sol et
étagés) pour ce nouveau moyen de vie et de déplacement motorisé.
Sur le plan infrastructurel, même histoire quant à l’apparition d’autres
moyens de locomotion (train, tramway, métro, téléphérique, etc.), qui
ont suscité la création (configuration) de gares ferroviaires, de stations
métro, de tram et de téléphérique dans l’espace urbain; Aussi,
l’apparition concomitante d’autres moyens de déplacement, par vie de
navigation aérienne et aquatique, a suscité pour leur part, l’introduction
dans l’espace urbain, de structures portuaires et aéroportuaires, comme
c’est passé pour la ville de Béjaia, pour laquelle, ces données spatiales
ont reconfiguré pour de bon sa morphologie traditionnelle.
Au niveau communicationnel, ce progrès socio-technologique a développé
aussi les réseaux de communication routières, ferrées, maritimes
(Istanbul, Venise), souterraines, et les VRD en général.
Quant au développement technique de l’architecture, et du génie civil, ces
deux domaines ont participé largement à la reconfiguration de l’ancien
bâti, de l’ancien paysage et de l’ancien environnement urbain en
général, ce qui a changé la typologie des bâtiments, en passant de la
maison à l’immeuble, de l’atelier à l’usine, etc.
En définitive, tous ces aspects technioco-technologiques du
développement humain, ont participé largement à reconfigurer la
morphologie spatiale de nos espace de vie urbains, et à changer
profondément et définitivement le visage de la civilisation de l’homme.
3-6) Configuration historique:
L’espace urbain a connu à travers l’histoire, de multiples changements et
interventions ‘’brutales’’ (vandalisme, colonialisme, séismes, etc.), et
n’a jamais cessé de connaître en parallèle, de maintes interventions
‘’réfléchies’’ (modernisme, extensionnisme, renouvellement,
réhabilitation, etc.); Ainsi, l’espace porte en lui, des séquelles et des
empreintes civilisationnelles (patrimoniales), et un agrégat de formes,
de dimensions et d’aspects architecturo-urbanistiques, qui tendent à
définir morphologiquement le pluralisme des visages et des identités
de la ville.
Les mouvements sociaux historiques (conquêtes militaires ou religieuses,
émigration, commerces, etc.), et les mouvements architecturaux de
l’histoire de l’architecture (moyen-âge, classique, renaissance,
colonial, etc.) ont tous mis la main à façonner l’héritage culturel et
urbanistique des espaces urbains.
La ville de Béjaia témoigne, comme celle d’Alger ou de Tlemcen, de
plusieures passages historiques et périodiques, qui ont provoqué des
‘’configurations-reconfigurations‘’ spatiales successives mais
discontinues, selon la nature de ses fondateurs, de ses occupants et
de ses conquérants; À Béjaia, Alger ou Tlemcen, ces villes vivent
plusieurs âges spatio-temporels en même temps, au point de ne
pouvoir déterminer avec exactitude, son identité culturelle et
architecturale dominante ou favorite.
Tous ces mouvements historiques, qui marquent la naissance et le
développement d’une ville, représentent le cours normal de son train de vie,
comme une vie d’homme, chaque ville a un récit de vie, une histoire à
raconter à travers ses vestiges matériels et ses influences culturelles.
Selon la théorie Khaldounienne de la civilisation humaine (‫)العمران البشري‬, ces
événements de l’histoire (la paix et la guerre, le progrès et le déclin)
déterminent l’âge naturel de la cité (la civilisation a un cycle de vie naturel
comme chez les êtres vivants); Son espérance de vie est associée à celle de
la civilisation qu’elle abrite: Lorsqu’une civilisation naît, elle fond la ville qui
l’abrite (Marrakech Almoravide, Tlemcen Ziyanide, Béjaia Hmmadite, Tunis
Hafside), et lorsque cette civilisation sonne son glas, ladite cité s’éffond à
son tour; ibn khaldoun associe ainsi l’histoire et le sort de la cité à la
civilisation humaine qui l’a fondée, il est d’ailleurs difficile pour lui de
dissocier et discerner le sens de la cite de celui de civilisation.
Une forte civilisation (mérinides, zyanides, hafside, almoravide, etc.) qui défait
une ancienne, et défait par ricochet sa ville d’établissement (Béjaia,
Tlemcen, Cordoba, Alep, Fès, Tunis, etc.), installe sa nouvelle cité spécifique
sur les cendres et les ruines de celle disparue, ce phénomène historique
typique du Maghreb moyenâgeux, a laissé les cités se fonder et représenter
l’image de la dynastie et de ses fondateurs (et non de ses populations), et
cause ainsi une rupture historique du processus de développement du
phénomène urbain dans notre société (la cause du sous-développement
historique de nos villes).
C’est pour cela, lorsqu’on fait la lecture de la ville, de sa morphologie, son
schéma urbain, son orientation, son établissement géographique et
géostratégique, on s’aperçoit que nous lisons un livre d’histoire aux chapitres
variés qui racontent la vie tourmentée des hommes et de leurs cités.
5) Bibliographie:

1) Abdelghani Megherbi, la pensée sociologique d’ibn khaldoun, éd;


SNED, Alger, Algérie, 1971.

2) Amos Rapoport, pour une anthropologie de la maison, éd; Dunod,


Paris, France, 1972.

3) Manuel Castels, La question urbaine, éd; La découverte, Paris,


France,1972.

4) Maurice Halbwachs, La morphologie sociale, 2ème éd; Arman


Collin, Coll, ‘’U’’, Paris, France, 1970.

5) Pierre Bourdieu, Sociologie de l’Algérie, éd; Tafat, Alger, Algérie,


2016.
6) Annexes:
Automobile, élément spatial Phénomène automobile Parking à ciel ouvert

Parking ruel en épi Parking étagé à Alger Parking en sous-sol


Gare ferroviaire Agha à Alger Port et gare maritime Béjaia Nouvel (3ème) aéroport d’Alger

Station tramway Alger Station téléphérique Alger Station métro Alger

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