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Université MOHAMED KHIDER /BISKRA

Faculté des sciences et de la technologie


Département d’architecture
3émé année L.M.D
Module : histoire des théories urbaines
Année :2012/2013

HISTORIQUE DE LA NAISSANCE DES VILLES


maitre assistant : ALOUANE FAYCAL

cours n° 2
1. LES PREMIERS ETABLISSEMENTS HUMAINS

a) naissance du village :
Individualiste et égoïste, l'homme n'en est pas moins incapable de vivre seul. Dans la phase
du développement technique des sociétés préhistoriques correspondant à leur accession à une
économie productive, la découverte de l'agriculture fut un événement très important dans l'histoire
de l'humanité. La période néolithique à connu la promotion de la civilisation humaine à un stade
relativement avancé grâce au cumul d'expériences et de connaissances.

Le passage du niveau naturel caractérisé par la cueillette des produits sauvages, de la chasse
du gibier et de l'utilisation de la grotte comme abri et lieu de protection contre les caprices du
climat et les dangers des fauves, à un niveau plus complexe basé sur la transformation des
produits du secteur primaire et la reproduction des ressources naturelles, exige fixation et
sédentarisation de l'homme, formation et organisation de la collectivité humaine, production d'un
espace de vie et d'habitat approprié. Ce fut la naissance du village en tant que première forme de
l'établissement humain.

b) naissance de la ville :
Les exigences de la collectivité humaine en matière d'organisation et de gestion sociale,
institutionnelle et économique etc. sont à l'origine de la naissance de ia ville.
La ville apparaît vers 3000 ans av_ J.C. simultanément dans plusieurs parties du monde.
L'Egypte, la Mésopotamie et la vallée de l'Indus sont les foyers à partir desquels la ville a
rayonné.
Ainsi la ville est née de deux mobiles complémentaires, l'un psychologique, traduit par le
besoin de rassemblement des hommes, par familles, par ethnies, par tribus et l'autre économique
traduit par la nécessité impérieuse d'échanger les produits extraits de la terre ou transformés_
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La place du marché a été le symbole de la naissance de la ville. Entourée d 'habitations,
polarisant les activités professionnelles, les distractions et les marques

de l'autorité administrative et religieuse, elle a présidé à la création de toutes les


agglomérations, grandes ou petites.
De la place du marché est née également l'idée de centre ville, de centre de son activité et de
moteur de son développement.

La place du marché
regroupe toute les
activités non agricoles

Place du
marché

De cette place du Entouré par les habitants


marché est née l'idée
de centre de la ville

La place du marché a été le symbole de la naissance


de la ville

Selon J.B.Garnier (1995), la naissance des villes correspond à trois motifs possibles :
l'économique, le politique, la défense qui peut être considéré comme étant un dérivé du second.
Les motifs économiques sont les plus nombreux et les plus diversifiés. L'apparition de la
ville coïncide avec le progrès de la division du travail. Du stade agricole d'autoconsommation se
sont diversifiées graduellement des spécialisations dans les domaines de l'artisanat, du commerce
etc. qui ont pris progressivement le contrôle de la production. L'usage de la monnaie s'infiltre
dans les circuits. Les transports se développent. Les opérations commerciales s'amplifient et les
fonctions se multiplient. Les lieux de contacts privilégiés rassemblent tous ceux qui profitent des
échanges et c'est ainsi que naissent et se développent les villes.

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Si la campagne, en terme d'entité socio-physique s'identifie principalement à l'activité
agricole, la ville par contre s'identifie à la production des services et biens non agricoles. Ces
deux entités sont interdépendantes et forment l'unité de l'établissement humain.
Selon les contextes historiques, les rapports entre les établissements humains prirent des
formes particulières.

2. LA VILLE COMME PLACE POTENTIELLE DE MARCHE

La ville se libère de la campagne qui reste seulement l'espace d'approvisionnement en matière


premières agricoles et produits agro-alimentaires. La ville tourne vers les marchés et bénéficie de
la valeur d'échange grâce à un système de mise en relations des marchés.
Ce système d'échange est caractérisé par un mouvement économique très dynamique. Il
génère des ressources importantes pour la ville qui se traduisent par un développement urbain
conséquent. L'échange ne se limite pas uniquement aux biens économiques mais s'étale aux
progrès scientifiques, techniques, culturels et artistiques. L'impact est très important sur le
développement de la ville.
Mais ce système d'échange doit sa durabilité et son efficacité à une structuration territoriale et
une hiérarchisation typologique des places centrales selon le rôle et l'importance de chaque ville.
Cette dernière est considérée comme un marché potentiel à des degrés d'importances variés. L'on
remarque les marchés principaux, les marchés secondaires, les marchés de transit, d'origine ou
d'arrivée des produits.

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Marché
centrale

Marché
Marché
secondaire
secondaire

Marché Marché Marché


centrale secondaire centrale

3.LA VILLE COMME CENTRE DE GESTION ET DE DEFENSE


Dans l'antiquité, le développement des villes était essentiellement basé sur la campagne. La
conquête des territoires agricoles et la domination exercée sur ces territoires favorisaient le
développement de l'urbain et mettaient à sa disposition les ressources nécessaires.
Tout Etat conscient de sa force et désireux d'asseoir ses possessions territoriales ou de bien
gérer les populations qui y vivent, crée des lieux de concentration où il cantonne ses troupes,
développe l'administration, implante des services divers et favorise ou prend en main
l'installation de moyens d'exploitation ou de production.
Du point de vue organisation politique, on reconnaît des cités Etats, en terme d'unités
politiques souveraines, où le territoire physique de la cité se confond avec la souveraineté de
l'Etat. D'autres formes de souveraineté étatiques sont également reconnues comme systèmes
unifiés comprenant plusieurs villes ou cités qui s'érigent en général en empire ou en république.

4.LA VILLE COMME CENTRE DE RAYONNEMENT INDUSTRIEL


Une autre génération de villes a été suscitée ou transformée par une autre forme d'activité
économique : le développement de l'industrie.
Le surplus accumulé en matière économique, scientifique, culturelle et artistique permit le
passage à l'ère industrielle, signalée par la découverte de la vapeur comme énergie nouvelle.
Cette ère se traduit par le passage de l'économie marchande de l'échange à l'économie de
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transformation industrielle.
La substitution en 1780 en Angleterre de la manufacture au travail à domicile et de l'ouvrier
collectif à l'artisan a marqué le commencement de cette nouvelle génération de villes.
Le capitalisme se renforce, les moyens techniques s'améliorent, l'urbanisation est
bouleversée, les villes anciennes éclatent et se transforment, de nouvelles villes naissent et
grandissent, totalement spécialisées : villes minières, métallurgiques, textiles etc.. certains y
voient la disparition de la ville traditionnelle et son remplacement par un magma mal défini
L'implantation des villes était déterminée par la localisation des sources d'énergie et de
matières premières. La découverte du train a levé la contrainte de la localisation et a permis aux
villes industrielles de s'implanter partout dans tout le territoire. Vidant les campagnes,
l'industrialisation a favorisé l'agglutination d'importantes masses de travailleurs autour des
centres déjà créés ou à proximité des usines naissantes. Souvent l'usine a été absorbé, digérée par
la ville, faisant dès lors figure d'intruse. Mais l'exemple était donné, la ville devenait bonne à tout
: les entrepôts, l'artisanat, la petite industrie, installaient pignon sur rue.
Ce n'était alors que demi mal car la ville continuait à fournir des emplois et c'était bien là ce
qu'on exigeait avant tout d'elle. Puis l'automobile est apparue, se substituant progressivement aux
moyens de locomotion hippomobile et s'imposant irrésistiblement. Corollaire logique de ce
nouvel état de fait : les voies de circulation sont devenues de plus en plus engorgées.
La révolution industrielle, celle des communications et des transports, la technologie ont
permis un important mouvement d'urbanisation.
Les exigences de la collectivité humaine en matière d’organisation et gestion sociale,
institutionnelle, économique, sécuritaire, culturelle …etc sont à l’origine de la naissance
de la ville. C’est une entité socio-physique supérieure, qui vint répondre à ces exigences,
en assurant les fonctions politiques, économiques, militaires, sécuritaires et culturelles ….
.
La ville est ainsi un phénomène historique, qui trouve sa raison d’être dans ce
contexte.
Si la campagne, en terme d’entité socio-physique, s’identifie principalement à l’activité
agricole, la ville par contre s’identifie à la production de services et biens non agricoles.
Ces deux entités sont interdépendantes à cet égard et forment un tout cohérent, l’unité
de l’établissement humain.
Le territoire de cette unité est composé, d’un noyau urbain, centre par excellence de
part son rôle et ses fonctions et de la campagne qui constitue sa périphérie.
Depuis, le rapport ville-campagne devint l’instrument approprié pour l’approche de
l’espace humanisé.

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L’organisation de ces rapports, fut à l’origine de la naissance des systèmes de division
de travail, de distribution des rôles, pouvoirs, fonctions et d’organisation des relations
socio-économiques ( modes de production ).
Ces rapports prirent des formes particulières selon les contextes historiques et les
modes de production économiques.

a)LA VILLE POLITIQUE


Les civilisations urbaines antiques, tiraient l’essentiel de surplus et de ressources
déployé dans le développement des villes, à partir de la campagne ; leur développement
allait de pair avec la conquête de territoires agricoles et la domination exercée sur ces
territoires, selon des rapports de maîtres et d’esclaves.
Les espaces urbains étaient davantage des cités plutôt que des villes, dans le sens où
les droits d’appropriation, de gestion et de participation
( citoyenneté ) n’étaient pas distribués à égalité entre les membres de la collectivité ;
mais ils étaient réservés à une catégorie, qui s’érigeait en maître qui obéit dans ses
relations à un système de parenté ( aristocraties … ), qui exerçait sa domination et
souveraineté sur l’ensemble du territoire à la fois physique et humain. En dehors de cette
catégorie, il y ‘avait les esclaves et les étrangers (clients de la cité).
Du point de vue de l’organisation politique, on reconnaît des cités-Etats, en
termed’unités politiques souveraines, où la territoire physique de la cité se confond avec
celui de la souveraineté de l’Etat. On reconnaît également des systèmes unifiés, où le
territoire de souveraineté de l’Etat comprend plusieurs villes ou cités, qui prirent soit la
forme de l’empire( cas général ) soit la forme de république.
Les historiens, attribuent ces options à des facteurs topographiques et considérations
stratégique en matière de communication et de gestion, dans le sens où les territoires où
se sont développés les cités-Etats, sont des territoires caractérises par des ruptures ( sites a
reliefs disséqués cas du monde de la Grèce antique, ou marécageux, cas de la
Mésopotamie ) ; alors que les pays unifiés, coïncident avec des espaces articulés,
favorables à la communication et maîtrise, cas de l’Egypte ( présence du Nil qui ramasse
toute la vallée ) et cas du monde romain, ( présence de la mer méditerranéenne ).
Mais les facteurs humains et culturels sont également à considérer, dans le sens où le
monde de la Mésopotamie est passé sous l’empire babylonien à l’unification du pays,
levant la contrainte du site, grâce à l’aménagement artificiel de canaux, qui permirent
l’articulation et communication, des espaces implantés en site marécageux ….. .

b)LA VILLE MARCHANDE

Les civilisations urbaines post-antiques, civilisation de l’Islam par exemple,se


démarquent des précédentes, essentiellement par la substitution de la valeur d’échange à
la valeur de la rente foncière agricole.

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En effet, les villes devaient subordonner leur développement à un système d’échange,
grâce à la révolution marchande.
L’essentiel du surplus et ressources déployés en matière du développement urbain,
relevait de l’échange. La ville se libera ainsi de la campagne, qui demeura seulement,
l’espace d’approvisionnement en matières premières agricoles et produits agro-
alimentaires.
Les villes devaient se tourner vers les marchés et bénéficier de la valeur d’échange,
grâce à un système de mise en relations des marchés.
Système propre à la ville, caractérisé par un mouvement économique dynamique à
ressources denses, dont l’effet se traduit par un développement urbain remarquable
(croissance et création de villes, progrès culturels, scientifiques et artistique).
Ce système est fondé sur la mise en place d’un système de structuration du territoire,
qui devait comprendre une typologie variée des villes, selon le rôle et l’échelle : marchés
principaux et secondaires, d’origine, d’arrivée ou de transit …. . Ce système comprend
également un réseau d’éléments d’articulation et de mise en relation : tracé de voies,
ponctué à l’aide de carrefours, de caravansérails, …. etc ; exigent une bonne connaissance
géographique et topographique, organisation du mouvement et de la sécurité … . La
manipulation de la monnaie, trouve sa place au cœur de ce système. Le contenu de
l’échange s’étendait au delà de biens économiques, à la culture, aux techniques et
sciences.
Le concours de l’échange à la fois économique, scientifique et culturel, eut pour effet,
un développement urbain exemplaire, qui trouve son contexte dans la civilisation
islamique à l’époque médiévale, dont l’occident prit le relais à partir de l’époque de la
renaissance.

c)LA VILLE INDUSTRIELLE

Le surplus accumulé, en matière économique, scientifique et culturel permit le passage


à l’ère industrielle, signalée par la découverte de la vapeur comme énergie nouvelle.
Cette ère se traduit par le passage de l’économie marchande de l’échange à l’économie
de transformation industrielle.
Concernant l’urbain, ceci nous permit d’apprécier un premier phénomène, celui de
l’implosion, selon lequel, il eut concentration des villes autour des bassins miniers, à
proximité des sources d’énergie et de matières premières.
Très vite, la révolution des communications, grâce à l’invention du train, permit la levée
de la contrainte de la localisation.
En effet, si l’implantation des villes (marchés d’emplois) était déterminée par la
localisation des sources d’énergie et de matières premières selon une considération
essentielle, celle de la distance, la découverte du train, qui signifie négation de la distance,

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leva cette contrainte. Elle permit, en ouvrant les possibilités de transport de biens et
personnes, aux villes de s’implanter un peux partout dans le territoire, et on assiste à un
phénomène d’explosion, traduit par la prolifération des villes sur tout le territoire. Il est en
effet à signaler que l’histoire des phénomènes de l’homme et de la société, révèle que
l’évolution tend des phénomènes simples, vers des phénomènes plus complexes, et de
rythmes de changement relativement lents à des rythmes plus accélérés.
L’homme a mis presque 4500 siècles pour découvrir l’agriculture et se sédentariser, 90
siècles pour passer au système marchand d’économie d’échange, 13 siècle seulement pour
passer au système d’économie de transformation industrielle.
Le concours des effets de la révolution industrielle, ceux de la révolution des transports
et communications et ceux de la technologie, eut pour conséquence, un mouvement
d’urbanisation considérable.

Bibliographie

Garnier JB, Géographie urbaine, Armand Colin, Paris 1995.

Benyoucef B, Analyse urbaine, éléments de méthodologie, ()PU, Alger 1995. Derek

S, The regional city, Londres 1966.

Benevolo L, Histoire de la ville, Roquevaine, Parenthèses, traduction française,


1983.
Bairoch P, DE Jericho à Mexico, Villes et économies dans l'histoire, Gallimard, Paris 1985.

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