Cours N° 14_HCA 4 2eme année LMD, Architecture (2021-2022)

Cours N° 14: la dynastie des Almoravides (1056-1147)

1. Présentation :
Almoravides : dynastie berbère musulmane qui régna sur l'Afrique du Nord et l'Espagne aux XIe et
XIIe siècles apr. J.-C. Les souverains almoravides étaient issus d'un groupe de tribus berbères, les
Sanhadja, nomadisant dans le Sahara, entre Sénégal, Niger et Sud marocain, et converties à l'islam à la
fin du IXe siècle. À partir de 1048, Abdallah ibn Yasin, érudit musulman, fonda, à la demande du chef
des Sanhadja, un couvent fortifié (ribat) au sein duquel les guerriers se préparant à la guerre sainte
vivaient dans le respect le plus strict des principes du sunnisme de rite malikite. Ce peuple
Almoravide était lié par une dure vie communautaire qui leur vaut le surnom de « ‫» المرابطون‬. Par la
suite ils constitueront une armée qui contrôle les grandes routes caravanières de l’Ouest Saharien.

Selon Julien, Charles André : l’empire almoravide eut pour cellule originaire une puissante tribu
sanhajienne du Sahara, les Lemtouna, dont le berceau était dans l’Adrar de Mauritanie. Ils
parcouraient les régions désertiques qui s’étendent des oasis du Sud Marocain au pays des Noirs
(Julien, Charles André)

2. Histoire :
En 1053, ils s’installent à Sijilmassa 1 ; située à l’intersection des grandes lignes du commerce en se
propageant vers le Nord. En 1070, sous le règne de Youssouf Ibn Techfin, les Almoravides fondèrent
leur capitale : Marrakech et c’est avec sa fondation que la grande période des Almoravides
commencera.
Malgré que le Maghreb vécut une anarchie politique, les Almoravides ont réussi à unifier une grande
partie du Maghreb : le Maghreb extrême, le Maghreb central et la péninsule Ibérique.

En 1086, il fut appelé en Espagne par les princes musulmans des Reyes de taifas 2, principautés
indépendantes, que menaçaient les progrès de la reconquête chrétienne (Reconquista). Le 2 novembre
1086, Ibn Tachfine battait à Zallaka, Alphonse VI3 d'Espagne, qui avait enlevé Tolède aux musulmans
l'année précédente. Entre 1090 et 1094, Ibn Tachfine, en conquérant les Reyes de taifa, rétablit l'unité
de l'Espagne musulmane. Les souverains almoravides, se déclarant princes des musulmans,

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(en arabe : ‫ ) سجلماسة‬: Ville dans le sud-est du Maroc
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Reyes de taifas : ‫ ملوك الطوائف‬: est une période de l'histoire d'al-Andalus située entre la chute du Califat de Cordoue et la
conquête almoravide.
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Alphonse VI le Vaillant (v. 1042-1109), roi de León (1065-1109) et de Castille (1072-1109)
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reconnaissaient cependant le califat abbasside. Champions d'un islam austère, ils protégèrent
cependant la culture de l'Andalousie musulmane et la diffusèrent même au Maghreb, où de
monumentales constructions religieuses s'inspirèrent de l'architecture andalouse, notamment sous le
règne d'Ali ibn Yusuf (1106-1142).
Les étapes de l’architecture almoravide : Elle a connu deux grandes périodes qui sont :
La 1ere période :
Ce peuple saharien, aux gouts rudes et principes rigides, a pour but de rétablir la pureté de l’Islam. Cette
idéologie affectera le caractère des premiers édifices construits au Maghreb durant le règne de Yusuf Ibn
Tachfin, qui était d’une extrême simplicité, répondant au strict minimum, la main d’œuvre locale suffisait sans
faire appel à de célèbres constructeurs.

La 2eme période :
À cet effet, il faut attendre une génération pour que la civilisation andalouse trouve sa place au Maghreb, sous
le règne d’Ali Ibn Youssef, qui facilitera tous ces changements, en adoucissant le contact et le rendre souple
avec la civilisation andalouse. Cette deuxième période est caractérisée par l’arrivée des architectes
célèbres et des maitres décorateurs andalous au Maghreb, donc :
 Une innovation sans cesse avec leur remarquable talent.
 La naissance de nouvelles formes décoratives au Maghreb.
 L’art hispano musulman est véhiculé au Maghreb ; son contact, sa fusion et son adaptation
avec la culture locale va donner naissance à l’art hispano maghrébin.

Beaucoup d’édifices construits sous le règne de Techfin vont subir des travaux de restaurations ; à titre
d’exemple : la grande mosquée de Tlemcen, la mosquée de Quarrawiyin à Fès, avoir un magnifique
décor, et qui deviendra par la suite la deuxième grande mosquée au Maghreb après Kairouan.
Donc, l’art Almoravide traduit une forte influence des villes de l’Andalousie ; et cette empreinte de
l’art hispano-mauresque est retrouvée : au Maroc et dans certaines villes d’Algérie comme : Tlemcen,
Oran, Ténès, Cherchell et Alger (la Grande Mosquée de Tlemcen reste un témoignage vivant de
l‘influence qu'exerce l'art andalou sur l'art almoravide de la fin du XIe au début du XIIe s).

3. L’architecture des Almoravides :

Les Almoravides ont arrivé à créer un art raffiné, en montrant une grande ingéniosité dans le décor.
En effet, ils étaient plus préoccupés par l’ornementation des édifices que par leur plan ou leur
structure. On va s’intéresser à présenter les nouvelles formes qui sont apparues au Maghreb à cette
époque.

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3.1. Les supports et les arcs :

 L’utilisation des piliers, avec des formes variables selon leur position dans le plan.
 Les colonnes et les chapiteaux sont rarement utilisés ; dont les chapiteaux retrouvés dans cette
période ont leur origine en Espagne.
 L’adoption de l’arc en plein cintre outrepassé durant cette période. À Alger et Tlemcen, on
retrouve l’arc brisé outrepassé, selon Golvin il présente une nouvelle introduction lors des
différentes restaurations de ces édifices.
 L’arc lobé, d’une inspiration Andalouse a été aussi utilisé et développé. Sa réinterprétation a
donné naissance à l’arc à lambrequin ; cet arc est la synthèse de l’arc lobé (inspiration andalouse)
et l’arc recticurviligne (inspiration locale).
 Parmi les éléments qui nous semblent être traduits du répertoire local, on trouve les formes en S,
que les Almoravides utilisaient fréquemment pour marquer la transition entre l’arc et l’abaque ;
donc, la transition entre l’arc et l’abaque se fait par l’intermédiaire de motifs en forme de S. ces
motifs existaient déjà au Maghreb, ont inspiré l’art musulman d’Espagne, à titre d’exemple : El
Jaffera de Saragosse.
 L’apparition d’une composition d’arcs, trouvée plus tard dans les minarets des Almohades. Cette
composition est formée par : des arcs jumeaux lobés à lobes tréflés supportés par trois arcades
plus petites recticurviligne ».

3.2. Les coupoles :

 L’utilisation quasi dominante de la coupole à mouquarnas à commencer à se généraliser à cette
époque ; elle présente un élément de décoration puisqu’elle n’avait aucun rôle dans la structure
Elle est constituée d’ : un écran en plâtre monté sur un carré ou un rectangle pour cacher la véritable
voute. Ce nouveau détail d’ornementation s’est vite répondu en Afrique du Nord.
 L’utilisation de la coupole à nervure et les coupoles à charpente de la mosquée de Quarrawiyin.
 Les coupoles de cette époque ont une certaine particularité retrouvée au niveau du traitement de
leur dôme ; ce dernier n’est pas apparent de l’extérieur-caractéristique de l’art hispano-
maghrebin- excepté quelques exemples tels que : la mosquée Quarrawiyin à Fès, la Qubbat de
Marrakech où non seulement les dômes sont apparents mais dotés d’un style original.

3.3. Les entrées principales :

L’architecture de cette période se distingue par le traitement des entrées principales, caractérisé par
des portes monumentales au milieu du mur Nord de la mosquée ; ex : la mosquée de Quarrawiyin
Ce traitement existait déjà dans :

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 la mosquée de Cordoue à l’époque d’Abderrahmane III.

 la mosquée de Mahdia à l’époque des Fatimides.
Ce traitement à été longtemps conservé au Maroc ; par contre en Algérie, il est difficile de trouver
trace de ce traitement vu que les mosquées ont subi des travaux de restauration et de remaniement.

3.4. Les éléments de décor :

Le décor Almoravide se trouve au niveau de la pierre et du marbre que sur le plâtre, le bois et le
bronze. Parmi les éléments de ce décor, on retrouve :
 l’utilisation abondante de la flore : l’horreur du vide et le besoin de découvrir les surfaces à
décorer, cela a mené à l’utilisation complexe et originale de la palme en adoptant plusieurs
formes.
 En plus de la palme, on trouve l’utilisation de l’acanthe avec diverses formes ; cela démontre le
génie créateur de ces artistes, en évitant la monotonie et en créant des décors variés en perpétuelle
évolution et renouvellement
La source originale est : une fusion de la tradition byzantino-wisigothique et sassanide venue
d’orient
 La prépondérance de deux types d’écritures ornementales : le koufique et la coursive

4. Les principales réalisations des Almoravides:

 La fondation de la ville de Marrakech (zone palatiale : Qasr al-hajar,)
 La grande mosquée d’Alger 1097
 La Grande mosquée de Tlemcen 1082
 La Koubba Barroudiya à Marrakech
 L’extension de la Mosquée de Quarrawiyin à Fès 1135
 La grande mosquée de Nedrouma
 Les madersas, les bains

4.1. La grande mosquée d’Alger :

Youssef Ibn Tachfin, ce Sultan Almoravide a initié l’édification de cette mosquée à la fin du 11 ème
siècle, en 1097 .En 1836, cette mosquée a subi beaucoup de transformations.
Son architecture :
 Cet édifice est plus large que profond avec un plan rectangulaire de 46X38m, composé de :
Une salle de prière hypostyle d’origine et une petite cour de 21X11m
 L’espace de prière est composé de 11nefs perpendiculaires au mur de la Qibla.

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 Les lourds piliers délimitant les nefs sont de deux formes : rectangulaire et cruciforme
 Les arcs brisés et les arcs lobés s’alternent dans les deux directions :
-Ceux perpendiculaires au mur de la Qibla sont simples et brisés
-Et ceux disposés parallèles au mur de la Qibla sont lobés
 La nef axiale et celle longeant le mur de la Qibla sont de même dimensions et plus large que
les autres, formant un plan en T comme celle de la mosquée de Kairouan et celle de Mahdia
 Les nefs sont couvertes par un toit qui déborde en encorbellement sur la cour
Cette mosquée est d’aspect austère de simple décoration ; elle est la plus ancienne d’Alger. Elle
rappelle bien des points la mosquée de Cordoue et surtout au niveau de : l’utilisation des arcs lobés et
les toitures en tuile.

4.2. La grande mosquée de Tlemcen :

Initiée en 1082 par Ali Ibn Youssef ; son plan actuel est le résultat de différentes transformations
effectuées en deux étapes :
 la première transformation : à l’époque d’Ibn Techfin de 1135 à1140 :
-Des transformations au niveau de la nef axiale
-Décoration de la niche du Mihrab
-Addition d’une coupole devant le Mihrab avec apport décoratif
 la deuxième transformation : sous les Ziani, un siècle plutard ; elle concerne l’agrandissement de
la mosquée par :
-L’extension de la salle de prière en profondeur sur toute la cour
-L’aménagement d’une nouvelle cour

Son architecture :
 La salle de prière est plus large que profonde avec 13nefs perpendiculaires au mur de la Qibla
dont celle axiale est plus large
 Ces nefs à arcades outrepassées qui reposent sur des piliers et non pas des colonnes (une référence
abbasside)
 Une innovation au niveau du prototype spatial par l’introduction d’une rangée d’arcades de forme
polylobée parallèle au mur de la Qibla et perpendiculaire pour démarquer cette forme de rangée.
 La salle de prière s’ouvre sur une cour centrale rectangulaire, avec sur les deux côtés des nefs
longitudinales.
 La décoration est d’inspiration andalouse : arc polylobé, le mihrab.

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4.3. La Koubba Barroudiya de Marrakech :

Cette coupole est selon Golvin « un chef d’œuvre de science, de
technique et de bon gout »
 Son plan est un petit rectangle de 7.30X5.50m qui est le bassin
des ablutions, construit en pierre et en Brique
 Le décor intérieur est composé d’entrelacs d’arcs brisés sur
lesquels se déploient des rosaces. Ces derniers rayonnent à
partir d’une rosace centrale située au sommet de la coupole,
créant un mouvement optique dynamique
Cette Koubba est marquée par un contraste entre un décor
Figure 1 : Koubba Barroudiya de Marrakech
géométrique sobre à l’extérieur et un décor floral riche à l’intérieur
L’ensemble présente des similitudes avec les décorations de Tlemcen et de Cordoue.

Figure 2 :Arc recticurviligne Figure 3: Arc à lambrequins

Figure 4 : motifs et des formes en S

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Figure 5 : Les zones dominées par les almoravides