Cours N° 2_HCA 3 2eme année LMD : Architecture (2021-2022)

Cours N° 2 : L’art islamique

Introduction :
L'art islamique se structure autour de la transcendance divine, de son unicité, et du message révélé au
prophète Muhammad. Il se réfère ainsi à un centre spirituel qui conduit une démarche métaphysique, éthique,
voire psychique : la pensée de l'unique.

1_ Définition :
L'expression arts de l'Islam (ou art islamique) s'applique à la production artistique ayant eu lieu depuis
l'hégire (622 de l'ère chrétienne) jusqu'au XIX e siècle dans un territoire s'étendant de l'Espagne jusqu'à l'Inde et
habité par des populations de culture islamique.

2_ La genèse de l’art islamique :

Les historiens ont estimé sa naissance entre le (VIIème et le IXème siècle). L’Islam eut à emprunter au début une
grande part de son art aux civilisations qui l’ont précédé, a savoir : l’art byzantin, l’art Sassanide, l’art romain,
l’art wisigothique. Ces sources d’inspiration seront adaptées, d’autres abandonnées, modifiées ou simplifiées.
Petit à petit, se dessinaient les principaux traits de cette nouvelle architecture religieuse et profane, publique et
privée, imprégnée de l’Islam.

3_ Les sources et fondements :

3.1_ Coran et Sunna :
Le coran est le code civil pour la communauté des croyants, c’est le guide essentiel de l’art traditionnel car les
gens sont imbibés de l’art coranique et prophétique : "Le Dieu est beau et il aime la beauté" (rapporté par
Mouslim). "Dieu ordonne de faire des choses avec perfection" souci de perfectionnement.
3.2_ Interdiction des images :
La religion interdit de représenter la figure des êtres vivants (humaine et animale), par conséquent empêche le
développement des arts figuratifs (sculpture et peinture) tels qu’ils étaient compris dans art occidental ; d’où
imagination nouvelle qui rejette l’idolâtrie. Eviter l’image c’est rechercher d’autres sources d’inspiration ; en
revanche, on utilise une décoration abstraite, composée de figures géométriques, florales et épigraphie.
3.3_Les groupes sociaux :
L’art islamique est influencé par la pensée et par la littérature des pays musulmans, mais aussi par d’autres
éléments, comme le mélange de groupes ethniques et sociaux.

4_ Thèmes, motifs et décors utilisés dans l’art islamique :

4.1_Thèmes de décor :
En architecture islamique, l’importance est donnée à la décoration et aux techniques de revêtement des surfaces
(sols et murs) où sont exploités largement les thèmes : floral, géométrique et épigraphique.

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4.1.1_ Le décor épigraphique (calligraphie) : il repose sur une recherche de l’abstrait dans la beauté de la
lettre. Dès les premiers temps de l’islam, se développa le style koufique à koufa comme l’indique son nom. Il
se distingue par ses tracés rectilignes et à l’angle droits.
Plus tard apparut le style cursife, aux courbes sinueuses, le rapprochement davantage du décor floral (au XII e
siècle, durant la période seldjoukide). Exemple : le thuluth, il se caractérise par de hautes hampes avec sérif, et
des diacritiques fins et très allongés.
4.1.2_ Le décor géométrique : le plus abstrait de tous, résulte d’un sens intellectuel, produit de tracés et de
formes géométriques. Ce décor qui, de par ses tracés infinis et leurs dérivés, fut largement répandu, soulignent
la prépondérance de l’esprit, sur le sens plastique et naturaliste.
4.1.3_ Le décor floral : comme il indique son nom, ce type repose sur l’utilisation des formes florales, mais
également ce décor se fait avec les décors cités ci-dessus.

L’arabesque :
- Est une solution à l’interdiction des images, selon la définition du Dictionnaire Larousse : "ligne sinueuse,
ornement répétitif d’origine végétale qui s’est transmis de l’art antique à l’islam et à l’Europe de la
Renaissance".
-Ornement peint ou sculpté formé de végétaux fortement stylisés, répétés et entrelacés avec des lettres, des
lignes (dictionnaire en ligne, https://www.linternaute.fr/dictionnaire/fr/definition/arabesque/).

Koufique primitif

Koufique fleuri

Diouani

Farissi

Thuluth

Naskhi

Figure 1 : À gauche : décor épigraphique. Au milieu : décor géométrique. À droite : décor floral

4.2_Colonnes : dans les premiers temps de l’islam, les bâtiments ont doté de colonnes cylindriques de
réemploi. Après un certain temps, les musulmans ont façonné leurs propres colonnes.

4.3_Chapiteaux : beaucoup de chapiteaux sont des modèles réutilisés, qui proviennent à partir des sites
antiques (des exemples illustratifs comme la grande mosquée de Damas et la mosquée d Kairouan. D’autres
sont des innovations locales (Ziride, hafcide, merinide, ect).

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Figure 2 : Colonnes musulmanes

1 et 3 : Kairouan 2 et 4 : Tunis 1: Ibn Tulun 2 :Kairouan 3 :le Caire 4 : Ouzghen

Figure 3 : À gauche : Chapiteaux sanhajiens.au milieu : chapiteaux bulbeux. À droite : chapiteaux cordouans
4.4_Les arcs : les arcs employés dans l’art islamique sont, en général, empruntés des autres civilisations. Mais
on peut remarquer des innovations régionales comme l’arc à lambrequin et recticurviligne (très largement
utilisés au Maghreb).

Arc recticurviligne

Arc de plein centre outrepassé Arc brisé Arc polylobé Arc à lambrequin

Arc recticurviligne

Arc de plein centre Arc surbaissé Arc surhaussé Arc festonné

Figure 4 : les arcs employés dans l’architecture

islamique
4.5_Merlons : Eléments décoratifs d’origine militaire, ils sont fantaisistes dans la mosquée Ibn Touloun
(Caire).
4.6_Consoles : Moulure saillante en forme de S, qui sert de support.
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4.7_Corniche : est un couronnement continu en saillie d'un élément.

Merlons
Consoles

Corniche

Figure 5 : Merlons, consoles et corniches

4.8_Sebka : c’est l’entrecroisement d’un ensemble d’arcs recticurviligne formant des losanges (sa prolifération
est dans l’architecture : almohade, mudéjare et nasride)
4.9_Muqarnas : Il s'agit d'éléments décoratifs en forme de nids d’abeilles, réalisés en stuc peint, en bois, en
pierre ou en brique.

Figure 6 : Sebka Figure 7 : les muqarnas

4.10_Mosaïque : Assemblage de petits cubes ou parallélépipèdes multicolores (marbre, pâte de verre, etc.)
juxtaposés de façon à former un dessin, et retenus par un ciment ; art d'exécuter ce type d'assemblage
(dictionnaire Larousse). Exemple : mosaïque sur un fond d’or, mosaïque de faïence.
4.11_Le bois sculpté : D'abord géométrique (étoiles, entrelacs, polygones, lignes brisées etc…) les sculptures
sur bois précieux (ébène, bois de roses, espèces rares et exotiques) vont s'enrichir d'incrustations de nacre,
d'ivoire, de fils de métaux précieux
4.12_Plâtre : il sert à réaliser des motifs ornementaux sophistiqués pour les murs, les colonnes et leurs
chapiteaux, les plafonds des mosquées et des palais.
4.13_Stuc : matériau imitant le marbre, composé ordinairement de chaux éteinte, de plâtre fin, d'une colle et de
poussière de marbre ou de craie.
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4.14_Le verre émaillé : Constitutif des lampes des mosquées, le verre est orné de calligraphies, d'arabesques.
4.15_Travail des métaux : Or, argent, fer, bronze, cuivre, laiton.

5_ Les caractéristiques de l’art islamique :

L'art islamique présente une certaine unité stylistique, due aux déplacements des artistes, des commerçants, des
commanditaires.
-L’art islamique est né et perçu comme une œuvre abstraire, ouverte et indéfini. Il use pleinement de son
imaginaire pour atteindre des sens transcendants. Une pensée artistique imprégnée de philosophie islamique, où
le présent « irréel » s’efface devant l’au-delà éternel « réel » ; elle repose sur une vision globale du monde, du
temps et de l’espace. Il est donc indéfini, illimité et continu dans le temps et l’espace.
-L'art musulman s'est rapidement refusé à la représentation figurée (on parle d'aniconisme).
-L’esthétique très valorisée en Islam, explique pour sa part le privilège accordé à la décoration, domaine très
riche de l’expression artistique (la simplicité et à la pureté)
-Art influencé par d’autres styles.
-Intériorité : expression de la richesse est à l’intérieur.