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Fiche de lecture : Jean Vilar, Le théâtre, service public

140 x 36 x 205 mm, 529 pages de Jean Vilar, sur un total de 562 et
approximativement 800 grammes. Voila Le théâtre, service public où Jean Vilar nous
montre que « Si l’église est la maison de Dieu, le théâtre est la maison de l’homme et
qu’il doit donc rester accessible à tous ».

C’est un recueil élaboré selon des indications laissées par Vilar lui-même et publié
deux ans aprѐs sa mort. Il assemble une multitude de textes théoriques, discours,
interviews et textes plus personnels, dont certains inédits de Jean Vilar, homme
complet du théâtre français. Née en 1912 à Sѐte, il fut acteur et élѐve dans l’Atelier
de Charles Dullin, puis metteur en scѐne (1ѐre La danse de la mort en 1942). En 1947
il crée, sous l’impulsion de l’artiste Christian Zervos et sa femme, le festival d’Avignon
sous la forme d’une Semaine d’art dramatique (avec Richard II), puis renouvellera et
fera évoluer l’évènement. En 1951 il devient le régisseur emblématique du Théâtre
National Populaire (TNP) qu’il quittera en 1963. Jusqu’en 1970 il conservera la
direction du festival d’Avignon jusqu’à la création d’Avignon « off ». Il mourra à Sѐte
en 1971.

Face à cet ouvrage de superpositions et juxtapositions nous pourrions nous


interroger quand à la cohérence de ce tout et de l’objectif de son auteur face à ses
lecteurs. Le principal thѐme de cet écrit est la position du théâtre public français. A
l’époque de Vilar c’est le, ou plutôt, son TNP et par dérogation ; Avignon. Et pour
Vilar ce théâtre public ne peut qu’être populaire. Populaire dans le sens numérique
du terme. C’est un théâtre qui se doit d’être accessible au plus grand nombre de la
population. Ainsi quel est ce théâtre qui est service public ? Quelles caractéristiques
définissent le théâtre populaire ?

« Mettre un qualificatif au mot ‘Théâtre’ et faire en sorte que ce qualificatif soit


respecté implique des devoirs, des contraintes, des lois au moins esthétiques.
Théâtre du peuple, théâtre des masses, théâtre de l’élite veut dire qu’il existerait une
littérature, une discipline de la salle et peut-être un style de la scѐne strictement
originaux. »

Ce théâtre populaire doit être l’ «expérience d’un style, la recherche d’une


organisation *car+ on n’a jamais pu séparer impunément l’une de l’autre ». Ainsi
aprѐs une remise en contexte du recueil et de son auteur nous verrons ceux que sont
ce ‘style’ et cette ‘organisation’. Puis nous observerons quelques critiques quand à
cette idée de théâtre populaire et sa portée.

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I. Vilar l’héritier
Vilar → directeur le plus connu du TNP et créateur Avignon, mais, n’a pas
tout inventé
→ 1920 - 1933 ; TNP crée par Gémier
S’inscrit dans un mouvement d’idées naissantes → Jacques Copeau
1924 ferme théâtre Parisien s’installe en Bourgogne → les Copiaus
(Dullin, Jouvet, Dasté), jouent salle de fêtes →↘ théâtre en symbiose
avec milieux ruraux
→ 1930s ; Léon Chancerel puis Hubert Gignoux promeuvent au sein
mouvements de jeunesse → se substitue à l’absence Etatique dans le
domaine culturel
→ 1936 ; théâtre → service public pour l’éducation, le loisir pour les
classes populaires prétendant à l’égalité culturelle
→ Vichy ; Jeune France (Chancerel, Serreau, Gisclia, Barrault, Vilar) →
17 mois, 770 représentations, sabordé 1942 par Vichy
→ Libération ; théâtre entre dans programmes de nationalisation
→ 1951 ; succѐs Avignon avec GP, Vilar prend la direction du
nouvellement ravivé TNP (Jeanne Laurent ministѐre éducation insist
pour que Vilar soit nommé)

II. « L’expérience d’un style »


a. Chaillot & Palais des Papes → hors normes, une scène et capacités
→2 700 places (Chaillot) → crainte JV scène → comment l’occuper ? (+
difficile accords avec les salles de banlieues)
b. Privilégier les classiques → œuvres mѐres (tout peut et dois en
ressortir), elles appartiennent à tous → pt de ralliement (1ѐres sont des
classiques, aprѐs surtout aprѐs 1958 représente des œuvres plus
contemporaines et politisées).
Représenter les piѐces dans leurs versions originales → ne les adapte
pas au cliché du public ‘populaire’ (péjoratif) inapte et ignare, incapable
de saisir la portée d’une piѐce.
« Ce que je fais : jeter la saliѐre mais garder le sel »
Donne de tout allant des classiques grecque à Shakespeare et Brecht.
Mais représente aussi des auteurs contemporains inconnus (salle
Récamier de 1959-61) → idée du décloisonnement (avant-gardisme
mesuré).

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« Le but était le même pour nous : rendre ‘praticables’ à toutes et à
tous l’art, le divertissement, la leçon du théâtre »
c. Une mise en scène épurée → veut « rompre avec l’esthétique
encombrante et bavarde des théâtres d’argent »
Palais des Papes → muraille, pierres, cours d’honneur → décors écrasés
par le lieu
→ Accord avec la pierre nue

III. La « recherche d’une organisation »


a. Le public : qui est-il ?
→ classe moyenne, ‘travailleurs’, classes sociales défavorisées,
banlieusards, étudiants et associations et comité d’entreprise → le plus
possible
« Notre ambition est (donc) évidente : faire partager au plus grand
nombre ce que l’on a cru devoir réserver jusqu’ici à une élite »
b. Dans la pratique
→ Séances commencent plus tôt, prix unique pour toute la salle (NB :
sauf Avignon au début), déplacement en banlieues, systѐmes
d’abonnements et de ‘Premières’ (grand succès)
→ Systѐme de relation avec le public : échanges, débats, weekends,
nuits TNP
→ Abandon du pourboire et accueil du public (trompettes à Avignon)
Débarrasser de tout rituel bourgeois.
c. Service public :
- Due par l’Etat à tous les citoyens
- Exercer pour le compte de la puissance publique pour satisfaire
une demande sociale considérée comme devant être
disponible pour tous
d. JV va au-delà en érigeant le théâtre au rang de partenaire de
l’éducation et du partage culturel.

IV. Un livre témoin à nuancer


a. Porté du livre faible, ce qui est important → ce qu’il montre : l’arrivé en
scѐne d’un homme hors pairs, héritier d’un théâtre social, et a su le
magnifié dans un projet de conquête d’un nouveau public, d’une
démarche artistique et d’un théâtre social

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→ Monter 57 piѐces & 5 millions, étendre le public à des portions de la
population qui en étaient à l’écart
→ Mettre en œuvre un renouveau artistique (classiques et avant-
gardisme mesuré)
→ A désacralisé le théâtre
Rassemblant le social, le politique et le culturel ↘→ théâtre citoyen ou
civique
Donc une véritable philosophie théâtrale (scѐne, ‘coulisses’ et à
l’extérieur)
b. Collage, répétition et incohérence
c. Pour en revenir à ce qu’il décrit ;
→ S’inscrit dans un contexte particulier, vide théâtral d’aprѐs guerre,
volonté des provinces et des populations d’un accѐs à la culture,
décentralisation lancé par gouvernement (sera critique en 1959 du
projet des 8 régions autonomes), période d’aprѐs guerre → loisir
→ Cette idéologie théâtrale s’estompera, puis années 80s ;
- Perte du sens de service public
- Théâtre → fonctionnement entreprises privé (vérité des prix) ;
Jack Lang change clauses du contrat, rѐgnes de l’argent
(recherche de subventions et acteur et metteurs en scѐne
vedettes)
- L’esthétique subit le diktat de la commercialisation
- Représentations se cantonne aux théâtres ; « Vous avez vos
subventions, que les salles soient pleines ou vides, ce n’est
pas votre problѐme, vous vous endormez sur vos lauriers »
François Chattot
- « Le théâtre populaire de Jean Vilar, n’est plus le théâtre
‘pour plaire’ d’aujourd’hui » Claude Liscia

A nuancer, car les contre courants existent toujours.

Conclusion :

Le théâtre, service public et l’illustration d’une période de vie fondamentale de Vilar.


Il aura augmenté et mis en application les idées de ses tuteurs dans un contexte
propice et les mènera à leur paroxysme. Malheureusement celles-ci ont aussi étaient
rejetées par la suite.

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