Vous êtes sur la page 1sur 5

Fiche de lecture : Robert A.

Dahl, On Democracy Sébastien Tadiello

Robert A. Dahl, On Democracy, fiche de lecture

L a démocratie est « le nom pompeux de quelque chose qui n’existe pas »1. C’est donc
logiquement que de nombreux auteurs ont publié des ouvrages traitant justement de
ce sujet. Il nous faut aussi préciser que Giovanni malgré cette surprenante citation
rajoutera que « la principale complication réside en ce que la réalité démocratique n’est pas
correctement décrite par le mot démocratie »2. C’est
dans l’espoir de définir ce que l’on entend par le mot Robert Alan Dahl est né en 1915
démocratie que le politiste américain Robert Dahl à aux Etats Unis. Il deviendra
publié en 1998 un livre intitulé On Democracy, professeur de sciences politique à
emboitant le pas à ses ouvrages antérieurs tel que l’Université de Yale après y avoir
Politcs, Economics and Welfare publié en 1953. N’étant obtenu son PhD en 1940. Ancien
certes pas le plus connue de sa vingtaine d’ouvrages, ni président de l’Association
américaine de sciences politique il a
le plus controversé On Democracy reste néanmoins
aujourd’hui publié plus d’une
intéressant de part son analyse et sa facilité d’accès à
vingtaine d’ouvrages dont le dernier
tout lecteur. Dans son ouvrage Dahl cherche à montrer en 2006.
les différents aspects du mot ‘démocratie’, au sens
politique et ce que ses significations impliquent autant
d’un point de vue théorique que pratique. Et ceci part le biais de deux grandes interrogations
moteur de son analyse : Pourquoi la démocratie est-elle aujourd’hui omniprésente dans
beaucoup de régions du monde, pourquoi est-elle recherchée ? Quels sont les facteurs
nécessaires à son existence et les facteurs qui sont favorables à son implantation ? Cependant
si à première vue On Democracy conserve un aspect complet nous pouvons émettre quelques
critiques et interrogations concernant certaines thѐses qui y sont soutenu. Nous
commencerons par situer l’ouvrage dans son contexte général, notamment par rapport à
d’autres auteurs. Nous verrons ensuite comment Dahl réponds aux problèmes de définition
que le terme démocratie pose aujourd’hui. Et finalement nous dresserons quelques critiques à
l’égard de ses réponses.

I. On Democracy et son contexte

Robert Dahl vise à travers son livre à faciliter la compréhension de la notion de


démocratie et des régimes ; contemporains et passés, qui se disent démocratiques. Son
ouvrage est organisé de manière claire est trѐs structuré faisant d’abords une brève histoire
des origines démocratiques et de l’évolution démocratique depuis 2500 ans, précisant par la
même occasion certains termes tel que la différence entre démocratie et polyarchie3. Il livre au
lecteur une définition de termes qui l’amène à une observation contemporaine de la
démocratie et lui permet de dresser certaines conclusions sur les pré-requis à l’installation et
au maintient en vie d’une démocratie. C’est ici un véritable guide sur la démocratie que Dahl
veut nous donner. Il se rapproche en cela d’ouvrages publiés plusieurs années auparavant qui
1
Giovanni Sartori, Théorie de la démocratie
2
Idem

3
Dahl préfѐre au terme de démocratie le mot polyarchie car si dans les fondements ils se ressemblent la
polyarchie est une description plus adapté aux réalités qu’il observe. C’est le gouvernement par une pluralité et
non le peuple en son ensemble.

Página 1 de 5
Fiche de lecture : Robert A. Dahl, On Democracy Sébastien Tadiello

cherchaient à dresser les fondamentaux d’une démocratie. Ainsi le parallèle peut être dressé
avec d’autres ouvrages du domaine ; comme Culture et démocratie où Guy Hermet nous livre
une étude approfondie dressant des corrélations entre l’une et l’autre mais tirant des
conclusions comparable sur la démocratie à celle de Dahl dans On Democracy. Un parallèle
plus lointain peut être tiré avec Principes du gouvernement représentatif de Bernard Manin
notamment sur l’observation que des faits démocratiques contemporains ne l’auraient pas été
selon les critères originaux de la démocratie. Mais surtout avec Qu’es-ce que la démocratie  ?
de Alain Touraine qui traite le thѐmes différemment mais qui se rapproche de Dahl par les
points traité, cependant c’est un ouvrage plus complet.
Dahl entre dans la ligné de ces auteurs qui cherchent à dresser une théorie claire de ce qu’est
vraiment une démocratie et le fait de manière empirique ; méthode utilisé par Tocqueville.
Celle-ci s’oppose à l’approche individualiste qu’on eu Rousseau et Montesquieu ou encore
l’approche plus général de Aristote.
Il est à noter une similitude entre les démarches des différents auteurs contemporains. Ainsi
leurs études se basent sur des observations faites majoritairement sur des régimes de la
deuxième moitié du siècle antérieur. Plusieurs autres parallèles peuvent être dressés entre eux
notamment la métaphore de Janus4 présente chez Dahl, Hermet ou encore Tocqueville ou
Mill. Et plus généralement que Dahl arrivent à des conclusions qui en essence sont
comparables à celles des ses confrères.

II. Les bienfaits démocratiques selon Dahl


a) L’idéal démocratique

Par une métaphore d’individus souhaitant créer leur propre démocratie Dahl met en
valeur une série de ‘critères’ pour que leur organisation soit en effet démocratique. Elles sont
au nombre de cinq ; (1) La participation effective : c'est-à-dire que tout individu doit avoir la
possibilité, avant qu’une politique soit mise en place, de faire savoir aux autres membres de
l’organisme ses avis sur la dite politique. (2) L’égalité dans le vote : chaque individu doit
pouvoir voter et tous les votes doivent être compté égaux. (3) Un savoir éclairé : tous doivent
avoir la possibilité de prendre connaissance de politiques alternatives approprié et de leurs
éventuelles conséquences. (4) Le droit de regard sur l’agenda politique : les membres ont le
droit exclusif de définir quels questions sont à traiter et de déterminer leur importance. (5)
L’inclusion des adultes : tout adulte en pleine possession de ses moyens doit pouvoir jouir des
droits de citoyen qui sont impliqué par les quatre critères ci-dessus. Ainsi chaque membre est
politiquement égal. Ces critères appliqués avec succès au sain d’une organisation le sont aussi
au niveau étatique, cependant ils requièrent certaines institutions et pratiques pour qu’ils
soient efficacement apposés. Ceux sont des principes qui mettent à pied égal tous les membres
d’un état de part leur universalité entre les adultes, ils sont idéales dans notre vision d’un
monde où tous les êtres sont supposément égaux entre eux. Mais ces critères démocratiques
ont une fin, un but, il cherche à. Ceux sont ceci que nous allons maintenant observer.

b) Les buts de la démocratie


4
Souligne l’ambigüité de la démocratie qui tant à encourager l’individualisme et qui d’autre part cherche à le
combattre.

Página 2 de 5
Fiche de lecture : Robert A. Dahl, On Democracy Sébastien Tadiello

Dahl questionne dans son ouvrage l’intérêt de la démocratie, le ou la raison pour lesquels son
existence est souhaitable. L’une d’entre elles à déjà était citée antérieurement, l’égalité
politique. L’auteur énumère dix buts auxquelles la démocratie aspire, afin de ne pas tous les
citer nous les classerons en deux grandes catégories : les buts à intérêts plus collectifs au
nombre de quatre notamment la recherche de la paix ; et les buts à intérêts plus individuels
comme le développement individuel ou encore les droits fondamentaux. Dahl consacre
beaucoup d’importance à la notion d’égalité politique qu’il dissèque en deux parties
distinctes. Tout d’abords l’égalité intrinsèque qui si malgré nous n’est pas évidente en soi
pour tous, émane d’une réflexion morale basé sur des héritages religieux. Le deuxième point
de l’égalité politique est la compétence civique qui est là pour empêcher l’accaparement du
pouvoir par peu et donc maintient la recherche de l’intérêt général. La notion d’égalité
politique se retrouve ainsi chez Dahl présente à beaucoup de niveau de son analyse, autant
dans les critères, que les conséquences souhaitables, mais aussi nous le verrons plus bas dans
les conditions de perpétuité de la démocratie. On constate ainsi que c’est dû à tous ces biens
faits que la démocratie est un choix plus intéressant pour la plus part d’entre nous que toute
autre forme alternative de régime tel que l’autocratie ou autre. Si la démocratie a des
conséquences souhaitables pour les populations Dahl par une observation des démocraties
contemporaines montre que pour se mettre en place la démocratie a certaines nécessités et
peut aussi être favorisé par certains éléments.

III. Des conclusions tirées d’observation contemporaines


a) La démocratie peut être favorisée par certains facteurs

Dahl montre qu’au cours du XXѐme siècle les grandes alternatives à la démocratie
sont naît et se sont ensuite éteinte pour la plus part, mais que pourtant persiste à ce jour des
états au régime non-démocratique tel que la Chine. Hors s’ils n’ont pas était touché par la
fièvre démocratique c’est qu’ils n’avaient pas les pré-conditions favorables à son
implantation. L’auteur nous montre qu’un faible voire une absence de pluralisme culturelle et
une économie de marché et une société moderne sont de ces éléments avantageux. Il va plus
loin en ajoutant que d’autres facteurs sont essentiels pour que la démocratie puisse s’implanter
correctement tel que le contrôle par des élues de la police et de l’armée, l’absence d’une forte
présence étrangère défavorable à la démocratie et une culture politique et des croyances
démocratiques. Il souligne l’acteur important que peut être le marché pour la démocratie,
montrant en cinq point comment celui-ci peut être autant catalyseur que néfaste, notamment
par la création d’inégalités mais qu’à l’opposé il peut favoriser le développement humain et
donc la démocratie. Auparavant il mentionne que si le régime démocratique est souhaitable et
que son implantation est basé sur certains éléments essentiels à ses yeux elle peut être aidé par
d’autres constituants, cependant elle doit pour continuer à exister dans le temps présenter
certaines caractéristiques ou conditions fondamental.

b) La démocratie requiert certaines conditions pour perdurer

Pour qu’une démocratie reste en vie il lui faut un ‘minimum vitale’, celui-ci est défini par
Dahl en six points ‘de base’ : des élues ; des élections libres, fréquente et équitable ; la liberté
d’expression ; des sources d’information alternatives aux sources officielles ; la liberté

Página 3 de 5
Fiche de lecture : Robert A. Dahl, On Democracy Sébastien Tadiello

d’association ; une citoyenneté inclusive comme décrit ci-dessus. Chaque point devient une
institution politique à part entière. Il est à noter que ces six institutions sont nécessaires
uniquement au niveau étatique. Cependant le développement des ces institutions peut se faire
sur une période plus ou moins longue, ainsi la Grande Bretagne s’en ai doté au fur et à mesure
que les lacunes de ces systèmes institutionnel étaient perçues, donc sur plusieurs dizaine
d’années. A contrario les Etats Unis bénéficiant de l’exemple britannique s’en sont doté dѐs
leurs début. Dahl soulève aussi la possibilité d’une constitution, condition éventuel puisqu’un
pays peut fonctionner sans, à l’image de la Grande Bretagne. Cependant ce peut être un choix
judicieux quand l’on constate qu’une constitution favorise une stabilité générale du pays, une
neutralité vis-à-vis de tout et tous, l’éventuel obligation à rendre des comptes, et autres
avantages. Nous ne pouvons parler de démocratie sans aborder le thѐme de l’élection et du
vote qui en est le nerf centrale. Ainsi le choix du système électoral à une grande importance
quand à la représentation ou la décision qui peut en suivre. Il nous faut différencier la
représentation proportionnelle et ce que les politistes anglo-saxon dénomment ‘first-past-the-
post’ (FPTP) ou système pluraliste. La particularité de ce dernier réside dans la possibilité
pour un parti gagnant d’avoir une proportion de sièges plus large que la proportion des votes
obtenu et inversement pour un parti perdant.
Après avoir dressé ce portrait général de l’ouvrage nous sommes en mesure d’émettre
quelques nuances et critiques concernant son contenu et vis-à-vis de ce que d’autres auteurs
ont put dire à ce sujet.

IV. Quelques critiques


a) Coca-Cola light

L’ouvrage comme nous l’avons dit auparavant est facile d’accès, c'est-à-dire pour tout
public n’ayant pas de bases en sciences politique, voire même superficiels pour des lecteurs
ayant quelques connaissances en la matière. A travers les pages se succèdes analyse peu
poussé et une énumération de faits qui ne sont pas mis en perspective tel que sa brève histoire
de la démocratie dans les premiers chapitres. C’est au milieu de cet historique qu’il précise
que les termes démocratie et république sont jumeaux et n’ont été séparé par la grande
majorité des interprètes que par abus de langage entre grecque et romain. Ainsi les concepts
de démocratie et république se voient unis malgré l’étonnement que cela peut causer chez
certains. Nous pourrions citer à titre de comparaison la vision d’Alain Touraine à ce sujet où il
oppose démocratie et république en montrant que la première donne plus d’importance aux
acteurs sociaux, et donc que l’essence de la pensée démocratique est la « défense du libre
choix des gouvernants par les gouvernés » 5. Alors que la république accorde un rôle principal
à la transformation et l’intervention de l’Etat, il prendra comme exemple les débuts de la
république française qui contrastait avec la démocratie anglaise. Plus troublant est que Dahl,
même s’il mentionne l’existence de définitions différentes chez d’autres auteurs, les discrédite
de manière quasi catégorique par des arguments de linguistique et non de réflexion théorique,
ce qui aurait plus de valeur. L’auteur dit, le lecteur lit est croit tel un fidèle devant sa bible,
c’est l’impression que l’on peut avoir à la lecture de l’ouvrage.
5
Tourain, Alain, Qu’est-ce que la démocratie ?, Fayard, Paris, 1994

Página 4 de 5
Fiche de lecture : Robert A. Dahl, On Democracy Sébastien Tadiello

b) Pluralisme social, pluralisme culturel et démocratie

Il est intéressant de comparer le même problème traité par le même auteur dans deux
ouvrages différents. Ainsi quand l’on observe les conditions préalables nécessaires à la
polyarchie de Dahl énuméré dans son ouvrage Politics, Economics and Welfare6 elles
ressemblent certes à celles qu’il énumère par la suite dans On Democracy mis en forme de
manière différente. Cependant il se contredit sur un point particulier. Ainsi dans son premier
livre son troisiѐme pré requis à la démocratie est un « pluralisme social » présent, alors que
son cinquiѐme point dans On Democracy est un « pluralisme culturel » faible voire absent.
Certes mots pour mots les deux termes ne sont pas égaux mais ils impliquent tout deux des
différences entre les individus composant une société donné. La question se pose alors si ces
différences sont souhaitables ou non pour l’établissement d’une démocratie. Les deux
alternatives sont discutables, ainsi le but d’une démocratie est le bien commun, il est donc
plus simple d’atteindre ce bien commun si une société est plus homogène puisque les
individus se ressemble leurs intérêts serons donc similaires. Cependant la démocratie est aussi
basée sur un principe de consensus à atteindre entre les individus, consensus auquel les
acteurs aspirent par le débat, le vote entre autres. Si une société est faiblement hétérogène et le
consensus atteint sans nécessité de vote, débat… la démocratie peut être remise en cause. Il
faudrait donc pour que la démocratie existe qu’il existe au sain de la société des vue
divergentes, donc une pluralité entre les individus. Hors pluralité social et pluralité culturel
sont entre mêlé, l’une et l’autre s’imbrique pour aider à définir l’autre. C’est par cette
réflexion que l’on est poussé à contre dire l’hypothèse soutenu ici par Dahl qu’une pluralité
culturelle est peu souhaitable pour une démocratie.
Par une autre approche nous pourrions reprendre le concept d’homogénéité culturel comme
facteur favorable pour la démocratie dans le sens de la culture politique. Il est évident qu’une
société fortement imprégné d’une culture démocratique telle que c’était le cas en Grѐce est
trѐs favorable à la démocratie. Cependant Dahl ne développe pas son argumentation pour une
homogénéité culturelle dans ce sens mais par exemple dans le sens de l’assimilation des
immigrés aux Etats Unis où tout était fait pour que les individus soient imprégnés de culture
américaine au sens linguistique, de l’habillement, des us et coutume, donc au sens large du
terme.

On Democracy est un livre qui reste intéressant pour le grand public même si certains
points traité sont à nuancer voir contestables. Cependant il se révѐle décevant pour un public
avertie qui cherchait une synthѐse claire et complѐte de la part d’un auteur de taille et qui se
retrouve avec un ‘guide’ grand public.

6
Robert Dahl, Charles Lindblom, Politics, Economics and Welfare, The University of Chicago Press, 1953

Página 5 de 5

Vous aimerez peut-être aussi