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RDCEC ISSN : 2658-946X Vol 1 No 1 2020

LA CLEMENCE : UN OUTIL MODERNE DE REGULATION DE CONCURRENCE

LENIENCY: MODERN TOOL FOR COMPETITION REGULATION

MAISSAE BOUSSAOUF
Enseignante à la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales)
Université Mohammed V –Souissi-
Rabat , Maroc
m.bousaouf@um5s.net.ma
ACHOUR HAFSA
Doctorante à la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales)
Université Mohammed V –souissi-
Rabat , Maroc
Hafsa-hafsa-18@outlook.fr
Abstract
This work aims to demonstrate that the strengthening of fines to punish the most serious
anti-competitive practices, such as cartels, has gone hand in hand with the emergence of
immunities related to the denunciation of cartels.

The penalties for companies that breach the competition law are multiple and diverse, but
their detection remains a challenge for competition authorities working to find more
effective alternatives to traditional sanctions.

The leniency policy as a regulatory tool offers companies involved in a cartel - which self-
report and hand over evidence - either total immunity from fines or a reduction of fines
applied to firms that cooperate with antitrust authorities in cartel investigations.

Key words:

Sanction, leniency, investigation, incitement, denunciation, rewards, efficiency.

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Résumé
Ce travail a pour objectif d’analyser la clémence comme outil juridique de régulation de la
concurrence destinée à pallier aux défis de détection et de sanction des cartels nocifs
(cancers de l’économie) .

Ces contraintes ont conduit à l’institution de procédures alternatives permettant aux


autorités de détecter et mettre fin efficacement à ces pratiques nuisibles à la concurrence,
tout en faisant une économie des moyens d’investigation.

Cette procédure traduit toute la philosophie moderne de régulation de la concurrence, par


le moyen de pousser les entreprises à repenser totalement leur stratégies et à éviter le
contentieux, en coopérant avec l'autorité de concurrence en contrepartie d’une réduction
ou suppression de la sanction .
Mots clés :

Sanction, clémence, investigation , incitation, dénonciation , récompenses, efficacité.

Introduction

« Notre repentir, ce n’est pas tellement pour le mal que nous avons fait, mais pour la peur de ses conséquences »
François De La Rochefoucauld

La prise de conscience au sein des instances internationales de la concurrence de la


nocivité des ententes anticoncurrentielles pour l’économie mondiale s’est matérialisée à
travers les recommandations formulées par l’OCDE1 en 1998 et 2001. En effet sont
« qualifiées d’ententes injustifiables » par les experts de l’OCDE , ces accords secrets passés
entre des entreprises en vue de fixer les prix et d’anticiper les fluctuations du marché , de
limiter et répartir la production et les marchés , et de truquer les offres notamment par des
soumissions concertées qui gaspillent les ressources de l’ensemble de la collectivité , ces
pratiques , sont cause d’inefficience , et coutent des milliards de dollars aux consommateurs
du monde entier » 2.

Ces ententes injustifiables tombent directement sous le coup de l’article 101


paragraphe1 TFUE3 qui constitue une des pierres angulaires du traité instituant les
communautés Européennes , disposant que : « Sont incompatibles avec le marché commun

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et interdits tous accords entre entreprises, toutes décisions d’associations d’entreprises et


toutes pratiques concertées , qui sont susceptible d’affecter le commerce entre Etats
membres et qui ont pour objet ou pour effet d’empêcher , de restreindre ou de fausser le
jeu de la concurrence à l’intérieur du marché commun , et notamment ceux qui consistent à
fixer de façon directe ou indirecte les prix d’achat ou de vente ou d’autres conditions de
transaction , limiter ou contrôler la production , les débouchés , le développement technique
ou les investissements, répartir les marchés ou les sources d’approvisionnement , les
accords ou décisions interdits en vertu du présent article sont nuls de plein droit…. » 4.

Dans ses lignes directrices sur l’applicabilité de l’article 101 du TFUE aux coopérations
horizontales, la Commission Européenne précise que « Pour qu'un accord ait des effets
restrictifs sur la concurrence au sens de l'article 101, paragraphe 1, il doit avoir, ou être
susceptible d'avoir, une incidence défavorable sensible sur au moins un des paramètres de la
concurrence sur le marché, tels que le prix, la production, la qualité ou la diversité des
produits, ou l'innovation. Les accords sont susceptibles d'avoir de tels effets lorsqu'ils
diminuent sensiblement le jeu de la concurrence soit entre les parties à l'accord, soit entre
l'une quelconque de ces parties et des tiers. Cela signifie que l'accord doit avoir pour effet de
réduire l'autonomie décisionnelle des parties , soit du fait des obligations contenues dans
l'accord qui régissent le comportement sur le marché d'au moins une des parties, soit en
influant sur le comportement sur le marché d'au moins une des parties en modifiant ses
incitations» 5.

Considérées comme des pratiques particulièrement nuisibles à l’intérêt général, les


cartels sont prohibés aussi bien par la commission (au niveau communautaire) 6 que par
l’Autorité de la concurrence (en France) et le conseil de la concurrence (au Maroc) et
d’autres instances de régulation par le monde. Malgré cette prohibition, il est difficile de
prouver l’existence d’une telle pratique et donc la mise en œuvre de la répression. Cet
obstacle a suscité l’élaboration d’un moyen d’action parmi d’autres facilitant la détection
des ententes, appelée « clémence ».

Inspirée du droit américain, la notion de « politique de clémence » est apparue en


droit européen en 1996, refondue en 2006 par une nouvelle communication de la
commission et introduite en droit marocain par la loi 104-12 sur la concurrence. La clémence

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permet à une entreprise ayant participé à une entente anticoncurrentielle de bénéficier


d’une réduction de la sanction voire même sa disparition, si elle apporte sa coopération et
son aide à l’Autorité de la concurrence afin d’établir la preuve de l’existence de ladite
entente.

La clémence repose donc sur le principe suivant : plutôt que de sanctionner


purement et simplement les contrevenants, on va les faire participer à la résolution du
problème en contrepartie d’un pardon comme récompense. Ce principe signifie que les
autorités de la concurrence adoptent une démarche pédagogique et pragmatique, en
accordant l’immunité (totale ou partielle) à l’entreprise qui acceptera de faire son devoir en
participant au respect de la libre concurrence7.

Le recours à cette démarche pour l’autorité de la concurrence a été jugé par les
observateurs de l’évolution et de la pratique du droit de la concurrence dans le monde, un
exercice très intéressant, l’OCDE 8 va sensibiliser depuis plusieurs années les Etats membres
à se doter de programmes de clémence, inspirés du système anglo-saxons « corporate
leneincy programs », qui constituent désormais un instrument essentiel de la lutte des
autorités de concurrence contre des pratiques fondamentalement nocives.

L’intérêt porté au système de clémence par les législations comparées de la


concurrence et les autorités de la concurrence depuis les vingt dernières années, et son
insertion récente dans la loi marocaine, nous incitent à vouloir cerner ses atouts pour
l’autorité de la concurrence d’une part et pour les entreprises parties à l’entente prohibée
d’autre part.

À titre liminaire, il convient de préciser ce que l’on entend par « clémence ». Dans ce
cadre, sous le vocable « clémence » seront visées tant les exonérations totales de sanctions
pécuniaires, c’est-à-dire les immunités, que les exonérations partielles ou réductions
d’amendes. Les programmes de clémence constituent un nouveau moyen à la disposition
des autorités de concurrence pour lutter contre les ententes 9, en particulier les plus graves
d’entre elles, dites « cartels ».

L’analyse de la clémence en tant qu’outil moderne de détection des « ententes


injustifiables », impose d’abord de bien cerner le mécanisme dans sa conception théorique

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justifiant son esprit et le contexte de son institution ( I) , avant d’appréhender ses fonctions
multiples destinées à réaliser l’efficacité escomptée dans la mise en œuvre du droit de la
concurrence (II) , et qui justifient son attractivité .

I- L’ESPRIT D’INSTITUTION DE LA CLEMENCE :

Dans la lutte contre les ententes injustifiables, les autorités de la concurrence sont
dotées d’un pouvoir de sanction. Toutefois, elles peuvent rencontrer des difficultés
majeures lors de la détection des pratiques illicites 10. Les cartels sont en effet considérés
comme des pratiques particulièrement nuisibles à l’intérêt général en ayant un impact
direct sur les prix.
Ces pratiques peuvent prendre des formes très diverses : entente sur les prix, sur les
promotions, sur les quotas de production ou encore sur un partage géographique du
marché. Quoi qu’il en soit, les ententes de ce type constituent une cible majeure des
autorités de la concurrence. En effet, d’un point de vue économique, ces ententes
favorisent la hausse des prix et conduisent, la plupart du temps, à une diminution de surplus
des consommateurs et même à une perte de surplus social. De ce fait, s’impose de plus en
plus aux Etats d’adopter des mesures pragmatiques mettant en avant l’efficacité
économique de la sanction dans le cadre d’une politique de concurrence performante. Pour
autant, le problème lié aux ententes n’est pas récent, mais ce ne sont pas tant les cartels qui
ont changé que la manière de les combattre.
En effet, les missions des autorités administratives sont en train d’évoluer dans ce
sens. Le traitement des « délinquants économiques » consacre un recul de certaines
mesures répressives en favorisant l’idée de contractualisation des peines.

De ce fait, la clémence se présente comme un outil incitatif , offrant ainsi une


contrepartie pour une coopération avec les autorités de la concurrence dans la découverte
des « ententes injustifiables » (A) , cet outil moderne de régulation est destiné tantôt à
compléter la sanction traditionnelle et tantôt à remédier a ses limites (B) .

A . UNE COOPERATION DANS LA DETECTION DES « ENTENTES INJUSTIFIABLES »

La notion de clémence repose sur une approche pragmatique : l’objectif consiste à ce


qu’une entreprise, membre d’un cartel, qui révèle à l’autorité de concurrence l’existence de

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cette entente et coopère a son démantèlement, obtienne une réduction significative de


l’amende à laquelle elle aurait normalement dû être condamnée, voire une immunité totale.

Au-delà des conditions et des procédures de sa mise en œuvre, ce dispositif


juridique permet de faciliter l’action des autorités de la concurrence afin de détecter
les ententes les plus graves, qui sont le plus souvent secrètes et nocives au bon
fonctionnement du marché 11. C’est la raison pour laquelle, il est impératif de
dépassionner le débat sur la moralité du procédé et l’interpréter positivement. On s’en
remettra, sur ce point, à l’argumentaire du communiqué de procédure du 2 mars
2009 relatif au programme de clémence français12 : « le législateur a considéré qu’il est de
l’intérêt de l’économie française, et notamment des consommateurs, de faire bénéficier
d’un traitement favorable les entreprises qui informent l’autorité de la concurrence de
l’existence d’ententes illicites et qui coopèrent avec elle afin d’y mettre fin ».

En effet, ces ententes sont néfastes pour les économies nationales : elles
portent une atteinte grave aux intérêts des consommateurs, en particulier quand
elles conduisent à un accroissement artificiel des prix ou à une limitation de l’offre
sur le marché, et elles soustraient les entreprises à la pression qui, normalement, les incite à
innover. Le bénéfice que tire les consommateurs et les citoyens de l’assurance de voir les
ententes plus sûrement et plus fréquemment détectées et interdites est plus
important que l’intérêt qu’il peut y avoir à sanctionner pécuniairement toutes les
entreprises ayant participé à l’entente, y compris celles – là même qui, en la révélant,
permet à l’autorité de découvrir et de sanctionner de telles pratiques » 13.

Les difficultés à détecter et à prouver les pratiques anticoncurrentielles ont conduit


les autorités de régulation américaines, puis européennes et nationales, à instituer des
procédures encourageant les entreprises parties à l’infraction à collaborer à leur
établissement 14.

Si l’objectif paraît simple, sa mise en œuvre peut s’avérer plus délicate, dans la
mesure où les autorités doivent réussir à attirer l’un des participants à l’entente pour faire
cesser les pratiques illicites. Le premier obstacle à la preuve de l’existence des ententes tient
à la relative étendue des pouvoirs d’enquête des institutions chargées de la concurrence. Le
deuxième obstacle à la détection des ententes, intimement lié au premier, tient au secret

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dont les participants à une entente s’entourent. Dans sa décision du 21 février 2007 dans
l’affaire des ententes sur les ascenseurs et les escaliers mécaniques15, la Commission
européenne à relever qu’il était manifeste que les sociétés savaient que leurs
comportements étaient illicites et qu’elles prenaient soin d’éviter d’être découvertes. Leurs
représentants se rencontraient habituellement dans des bars et des restaurants, se
rendaient à la campagne ou même à l’étranger et utilisaient des cartes de téléphone
prépayés afin d’éviter une identification des appels.
Ces difficultés liées à l’identification des ententes ont poussé les institutions de
régulation internationales à réfléchir à l’élaboration de nouveaux moyens d’actions plus
efficace pour les détecter. Inspirées de la réglementation américaine16, les autorités
communautaires 17 puis françaises18 et ensuite marocaines19 se sont dotées de
programmes de clémence, destinés à offrir à un participant à un cartel une immunité totale
ou une réduction des sanctions encourues en échange d’éléments de preuve relatifs à
l’existence de la pratique anticoncurrentielle.

B. UNE ALTERNATIVE ET COMPLEMENT DE LA SANCTION TRADITIONNELLE

Le système antitrust actuellement en vigueur œuvre à atteindre deux objectifs que


toute sanction poursuit : la punition et la dissuasion. En effet, les sanctions pécuniaires sont
largement en-deçà de l’amende optimale, mais les augmenter entraînerait des effets
néfastes pour la concurrence.

Dans ce sens , la procédure de clémence se présente comme outil de régulation qui


permet de modérer le montant des sanctions encourues, jusqu’à le rendre nul, pour
récompenser, sous certaines conditions, des entreprises parties à une infraction pour avoir
révélé l’existence de ces comportements et coopérer avec les autorités de concurrence dans
le cadre de la poursuite de ces infractions , ce programme peut s’analyser , selon les cas,
comme une alternative ou comme un dispositif accessoire aux sanctions. Alternative quand
une entreprise bénéficie d’une immunité totale d’amende, accessoire quand elle ne
bénéficie que d’une réduction.
Dignement accepté par l’Entreprise et intelligemment utilisé par le Conseil de la
concurrence, ce procédé de clémence serait un outil précieux d’une gestion préventive des
pratiques anticoncurrentielles les plus caractérisées. En incitant les entreprises à venir

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se dénoncer en contrepartie d’une immunité totale ou partielle d’amende, ce procédé


accorde à l’entreprise le droit de « se repentir », mais pour la noble cause : la sauvegarde de
l’économie de marché.

II. LA CLEMENCE L’INCARNATION D’UN NOUVEAU MODEL DE REGULATION

Le terme clémence « désigne tous les systèmes qui offrent l’immunité totale ou une
réduction des amendes qui, sinon, auraient été infligées au participant à une entente
illicite, en échange d’une divulgation librement consentie, avant ou pendant la phase
d’enquête, d’éléments de preuve relatifs à l’entente présumée répondant à des critères
précis » 20.
La clémence est ici instrumentalisée pour améliorer l’efficacité de la lutte contre les
pratiques anticoncurrentielles. Elle est plus une monnaie d’échange et un outil de
négociation que l’expression d’une vertu.

L’objectif est assez simple : il s’agit de favoriser la détection des cartels en


garantissant aux participants à l’entente qui coopèrent avec les autorités de concurrence un
traitement favorable. L’on retrouve ici les principes essentiels des travaux de Becker menés
sur l’économie du crime selon lesquels, en substance, un individu respectera la loi tant que
le bénéficie qu’il retire de son comportement licite dépasse celui qu’il obtiendrait en
devenant «criminel» 21.

Dans ce sens, la clémence marque une rénovation des méthodes d’investigation et


d’enquête destinée à remédier aux défis de détection des cartels , soulevés par le
processus des enquêtes traditionnelles (A) , à travers une incitation psychologique a la
délation (B) , récompensée par rang de dénonciation (C ) , tendant à réaliser l’efficacité de
la répression dans le cadre d’une régulation moderne de la concurrence.

A. UNE RENOVATION DES METHODES D’INVESTIGATION ET D’ENQUETES

La répression des pratiques anticoncurrentielles, spécialement « les cartels » n’est pas


nécessairement pédagogique. L’exemplarité de la peine doit faire place à la connaissance
réelle et à la correction effective des comportements, utilisant à cette fin une morale
nouvelle de type utilitariste. A la répression a été substituée l’idée de régulation de la

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concurrence qui implique non seulement des actions réactives de type punitif mais aussi et
surtout des actions préventives et d’accompagnement de type pédagogique22.

Fondées sur l’objectif ultime de répression, les méthodes classiques d’investigation et


d’enquêtes sont essentielles mais demeurent inefficaces dans la lutte contre les cartels. Il
est donc devenu nécessaire d’obtenir la collaboration des participants afin de répondre aux
objectifs de rapidité et d’efficacité de la répression. Dans cette perspective, les programmes
de clémence tendent à enrayer les stratégies de dissimulation et à obtenir une bonne
qualité de preuve sans heurter les droits de l’entreprise. De telles politiques permettant de
percer la confidentialité des ententes et surtout d’obtenir des informations et des preuves
de l’infraction de l’intérieur du cartel.

La clémence apparaît ainsi comme un moyen de mettre en œuvre la répression de


manière efficace : la collaboration d’entreprises repentantes offre en effet la possibilité aux
autorités d’obtenir des éléments pertinents qui concernent la durée et la gravité de
l’infraction et qui permettent de fixer des sanctions élevées. En outre, ces programmes de
clémence exercent d’une part des effets très dissuasifs sur la formation des ententes
existantes en introduisant méfiance et suspicion parmi les membres du cartel (Dissuasion ex-
ante), et permettent d’autre part de réduire les coûts d’investigations des autorités de
concurrence.
La clémence constitue alors , pour le régulateur, sûrement le meilleur moyen de
détecter les cartels secrets sans mettre en aveugles, longues et toujours coûteuses. C'est
donc le souci d'efficacité qui l'incite à récompenser le délateur par une immunité, voire par
une réduction de l'amende.

Selon le professeur Chaput : « La clémence et la transaction sont inhérentes à une


stratégie économique qui tente d’éradiquer les cartels, cancer d’une économie de marché.
Encore faut-il que n’y soient pas sacrifiés des droits fondamentaux. La liberté est le
fondement commun de ces deux exigences. Où commence l’une... Où s’arrête l’autre ? » 23.

En outre , le programme de clémence se veut très incitatif pour les entreprises.


Ainsi, si l'immunité totale de sanction ne peut être accordée qu' à la première entreprise

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dénonçant l'entente, l’autorité ou le conseil de concurrence peut accorder des exonérations


partielles de sanction à toute autre entreprise qui lui fournit des éléments de preuve
supplémentaire et qui apportent une valeur ajoutée significative par rapport aux éléments
dont l'administration dispose déjà24.

Ensuite, l’augmentation de la probabilité de détection entraîne un effet


psychologique non négligeable sur le comportement des entreprises.

En effet , des réductions d’amende importantes ont tendance à faciliter et à


encourager la délation : les programmes de clémence tendent à réaliser un arbitrage délicat
assurant la dissuasion et la dénonciation. Dans le but de pousser à la dénonciation, le
programme de clémence doit être suffisamment généreux en termes de réductions
d’amendes proposées, mais des réductions trop importantes peuvent nuire à son objectif de
dissuasion.

La mise en place d’une telle procédure doit conduire à diminuer le nombre de cartels
qui se forment, du fait que chaque membre du cartel devient un traître potentiel, le cartel
est alors déstabiliser a l’intérieure.

D’une certaine manière, la création de cette méfiance est le mécanisme clé sur lequel
repose la clémence. L’autorité de régulation affecte la stabilité interne du cartel en agissant
sur les incitations à dévier des firmes. Dans la mesure où la première firme qui dénonce
bénéficie d’un meilleur traitement que les autres toute entreprise participante au cartel agit
avec les soucis qu’une entreprise peut dénoncer avant elle : il s’agit de « l’effet de
préemption ».

Parmi les affaires communautaires les plus notables dans ce sens , il convient de citer
l’affaire du cartel des lessives25 , l’affaire du marché de contreplaqué26, l’affaire du cartel
des portes 27… , qui manifestent l’attractivité de la clémence du côté des entreprises
cherchant à réduire la sanction , et ce en faveur de l’autorité de régulation profitant ainsi des
facilités de démantèlement des cartels de taille , dans l’intérêt de l’économie .
B- LA RECOMPENSE MERITEE

Pour les entreprises parties à la pratique illégale, ces programmes leur offrent une
stratégie renouvelée par la comparaison des bénéfices obtenus ou à obtenir à l’avenir avec

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la réduction de peine encourue. L’efficience dépend ainsi de ce « différentiel » et par


conséquent d’une proportionnalité avec la pénalité de base, en l’absence de révélation28.

La clémence peut en effet conduire à une « immunité d’amende » ou à une


« réduction de l’amende », selon l’importance de la contribution apportée par l’entreprise
concernée à la détection de l’existence de l’entente. Afin d’obtenir une immunité d’amende
l’entreprise doit remplir trois conditions : elle doit tout d’abord apporter une coopération
totale et permanente à l’autorité de concurrence, fournir toutes les preuves en sa
possession, et mettre fin immédiatement à la violation.

Dans ce but, l'entreprise dénonciatrice est récompensée par une exonération


de sanction, qui peut être totale ou partielle selon son rang d'arrivée. Le système repose
ainsi sur l'incitation des entreprises à dénoncer le plus rapidement possible la pratique
illicite. Ainsi, l'exonération peut conduire à une immunité pure et simple, dès lors que
l'entreprise est la première à fournir des informations sur l'entente à l’autorité de
la concurrence ou à l’administration.

Seule bénéficie d'une exonération totale de sanction la première entreprise


dénonciatrice, c'est-à-dire celle ayant fourni à l'Autorité de la concurrence des informations
et éléments de preuve d'une entente injustifiable29. Son rang d'arrivée est attesté par le
marqueur, établi dès le début de la procédure, tout le système reposant sur l'incitation des
entreprises à agir vite pour dénoncer l'entente à laquelle elles participent. Deux types
d'immunité peuvent être délivrées, selon que l'Autorité de la concurrence dispose déjà (type
1 B) ou pas (type 1 A) d'informations ou de preuves lui permettant de déclencher une
enquête.

Les entreprises suivantes bénéficient d'une exonération partielle de sanction.


L'Autorité de la concurrence n'est pas tenue par la fourchette indiquée dans son avis
conditionnel de clémence. Elle conserve sa liberté d'appréciation lors de la décision finale, et
peut donc augmenter le taux d’exonération. Elle pourrait aussi théoriquement le réduire,
mais cette réduction, si elle était mise en œuvre, irait à l'encontre de la sécurité juridique
des entreprises, et serait donc à terme préjudiciable à l'attractivité de la clémence, qui peine
encore à prendre son essor.

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Le niveau de l'exonération attribuée est donc en fonction du rang d'arrivée des


entreprises, du moment de présentation de leur demande de clémence, et du degré de
valeur ajoutée des preuves apportées au regard des éléments dont disposait déjà l'Autorité
de la concurrence.

À l’efficacité attendue de ces incitations objectives à se dénoncer, le programme de


clémence offre une maximalisation des profits de l’entreprise délatrice mais aussi de
l’ensemble d’une économie.

CONCLUSION

En somme , le défi de détection des cartels redoutés pour leur plus grande discrétion
et réticence , a eu comme contrepartie l’institution de procédures alternatives permettant
aux autorités de détecter et mettre fin plus rapidement à ces pratiques gravement nuisibles
à la concurrence , tout en faisant une économie des moyens d'investigation .
Cette manière de procéder traduit toute la philosophie moderne de régulation de la
concurrence, par le moyen de pousser les entreprises à repenser totalement leurs stratégies
et à éviter le contentieux, en coopérant avec l'autorité de concurrence dans le
démantèlement des cartels.
Force est d’admettre aussi que sa mise en œuvre n’est pas sans difficultés. D’abord,
même en étant supportée par l’entreprise délatrice, l’idée même de récompenser un ancien
complice donne lieu à des interrogations d’ordre moral.
Ensuite, la clémence peut être employée par le dénonciateur afin de conforter sa
position sur un marché donné et déstabiliser, voir évincer ses concurrents.
De ce fait, la mise en œuvre de la procédure de clémence en tant que technique de la
justice négociée doit pouvoir réaliser ce compromis entre moralité et efficacité au sein du
marché. Cette finalité s’atteint à travers l'art de doser entre la sanction et le pardon, la
rigueur et la souplesse, afin de pouvoir participer au redressement de l'ordre concurrentiel
et la sauvegarde de l’économie de marché.

NOTES
1. Organisation de Coopération et Développement Economique, http://www.oecd.org/ ;
2. Rapport de l’OCDE (2001) , « Du recours à la clémence pour réprimer les ententes
injustifiables » , éd. OCDE ;

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3. Traité sur le fonctionnement de l’Union Européenne, JOUE 2008/C115/01 du 9 mai


2008, page 88 ;
4. Le règlement n°1/2003 prévoit que les sanctions pécuniaires peuvent atteindre pour les
entreprises jusqu’à 10% du montant du chiffre d’affaires mondial consolidé.
5. Communication de la Commission lignes directrices sur l'applicabilité de l'article 101
du traité sur le fonctionnement de l'union européenne aux accords de coopération
horizontale (JOUE2011/c 11/01). N 27;
6. Le règlement n°1/2003 prévoit que les sanctions pécuniaires peuvent atteindre pour les
entreprises jusqu’à 10% du montant du chiffre d’affaires mondial consolidé ;
7. David Encaoua, Roger Guesnerie , (2006) , Politiques de la Concurrence , Conseil d’Analyse
Economique. La Documentation française, pp.302, Les Rapports du Conseil d’Analyse
Economique, https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00177629 ;
8. Le Glossaire des termes employés dans le domaine de la politique de concurrence de l’Union
européenne élaboré par les services de la Direction Générale de la concurrence de la
Commission européenne définit les cartels – ou ententes – comme des « arrangements entre
entreprises concurrentes destinés à limiter ou à éliminer la concurrence s’exerçant entre
elles, dans le but d’augmenter les prix et les bénéfices des entreprises participantes, sans
produire d’avantages compensatoires objectifs. Dans la pratique, ces arrangements
consistent généralement à fixer les prix, à limiter la production, à partager les marchés, à
attribuer des clients ou des territoires, à manipuler des procédures d’appel d’offres ou
plusieurs de ces éléments en même temps. Les ententes sont préjudiciables aux
consommateurs et à la société dans son ensemble du fait que les entreprises impliquées
appliquent des prix plus élevés (et réalisent des bénéfices plus importants) que sur un
marché concurrentiel ».
9. V. SELINSKY , S.CHOLET (2006) , « Invoquer la clémence : un avantage stratégique pour les
entreprises » , revue Lamy , droit des affaires, n°6, p 55 ;
10. Arnaud André-Jean. Et J. Carbonnier, (1994) , Sociologie juridique, coll. « Quadrige », 1994.
In: Droit et société, n°27, Production de la norme juridique, p. 404 ;
11. El HAJOUI Sanae , (2015) , « La sécurité juridique du candidat à la clémence en droit de la
concurrence », Revue Marocaine de Droit Commercial et des Affaires , n°3, p6 ;
12. Communiqué de l’Autorité de la concurrence Française relatif au programme de clémence du
2 mars 2009, étant remplacé par le nouveau communiqué de procédure du 3 avril 2015,
Voir : A. Carpentier, « L’Autorité de la concurrence publie deux nouveaux communiqués de
procédure en matière d’engagements et de clémence », Concurrences 2009, n° 2 ;

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13. L. Idot, (2007), « Programme de clémence et droit de la concurrence : L’entrée dans la Phase
II », RJEP, n°640, p89 ;
14. Rapport annuel (2008), Autorité de la concurrence. La Documentation française, Paris, 2009,
p. 508 ;
15. Marie-Chantal Boutard-Labarde, Guy Canivet, (2008) « L'application en France du droit des
pratiques anticoncurrentielles » , LGDJ , coll. Droit des affaires , p 519 ;
16. La décision de la Commission du 21 février(2007) relative à une procédure d'application de
l'article 81 du traité instituant la Communauté européenne (Affaire COMP/E-1/38.823 —
Ascenseurs et escaliers mécaniques) ;
17. « Leniency programm » , institué par le ministère fédéral de la Justice des Etats Unis en
1978 , redéfini et étendu une première fois en 1993, puis une seconde en 2004 , pour
améliorer les moyens de détection des cartels figurant parmi les violations du droit de la
concurrence les plus nuisibles aux consommateurs et a l’économie ;
18. Commission Européenne, (2006) , « Communication de la Commission sur l’immunité
d’amendes et la réduction de leur montant dans les affaires portant sur des ententes »,
2006/C 298/11 ;
19. L’article 464-2, III, du code de commerce français permettant à une entreprise de bénéficier
d’une exemption ou d’une réduction d’amende si elle contribue à l’établissement de la
réalité de l’infraction en apportant au Conseil de la concurrence des informations nécessaires
et inédites, et en dénonçant les autres entreprises parties à l’entente , et la loi n°2001-420
du 15 mai 2001 sur les nouvelles régulations économiques ;
20. L’article 41 de la loi 104-12 : «Une exonération totale ou partielle des sanctions pécuniaires
peut être accordée à une entreprise ou à un organisme qui a, avec d’autres, mis en œuvre
une pratique prohibée par les dispositions de l’article 6 de la présente loi s’il a contribué à
établir la réalité de la pratique prohibée et à identifier ses auteurs, en apportant des
éléments d'information dont le conseil de la concurrence ou l'administration ne disposaient
pas antérieurement… » ;
21. Céline DARRIGADE, (2011) , « Le droit de la concurrence doit-il être sanctionné
pénalement? », Master de Droit européen des affaires, Université Panthéon-Assas , Banque
des mémoires , p 31 ;
22. Communication. CE, (2004) « Communication relative à la coopération au sein du réseau des
autorités de concurrence », JOUE n° C. 101, note 1 ;
23. V.G.S. Becker, (1968) , « Crime and Punishment : An Economic Approach», Journal of
Political Economy, n° 76 , p.169 , a consulté sur http://links.jstor.org/sici?sici=0022-
3808%28196803%2F04%2976%3A2%3C169%3ACAPAEA%3E2.0.CO%3B2-I ;

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24. Laurence Boy, (2010) , « Les contrats économiques de souveraineté, outils de la régulation
de la concurrence (les pratiques des autorités de concurrence à partir de l’exemple de la
France) ». Revue Internationale de Droit Economique, Association internationale de droit
économique, n° 3/2010, p.273 ;
25. Décision 11-D-17 du 08 décembre 2011 relative à des pratiques mises en œuvre dans le
secteur des lessives, l’entente assemblant les géants de la lessive ( Palmolive , Henkel et
Colgate , Unilever , Procter et Camble ) a duré 7 ans avant sa dénonciation en premier lieu
par Unilever en 2008 , suivi par les autres entreprises parties à l’entente ayant
successivement dévoiler leur participation afin de bénéficier de la réduction partielle ou
totale de la sanction qu’offre la procédure de clémence ;
26. Décision 08-D-12 du 21 mai 2008 relative à des pratiques mises en œuvre dans le secteur de
la production du contreplaqué, la Commission permanente du Conseil de la concurrence à
sanctionnée 6 fabricants de contreplaqué pour une entente sur les prix pour un montant
total de 8 millions d'euros. Ainsi, le Conseil fait application pour la troisième fois, de son
programme de clémence. En effet, L'un des cartellistes, la société UPM Kymmene
Corporation, a dénoncé, en mai 2004, l'entente à laquelle il a pris part. Disponible à
l’adresse : http://www.autoritedelaconcurrence.fr/pdf/avis/08d32.pdf .
27. Décision 06-D-09 du 11 avril 2006 relative à des pratiques mises en œuvre dans le secteur de
la fabrication des portes. La société France Portes a sollicité en mai 2002 l’application d’une
mesure de clémence, en dénonçant l’existence d’un cartel dans le secteur des portes en bois
en France. A l’appui de sa dénonciation, elle a versé de nombreuses pièces et fourni un
mémorandum décrivant les principaux aspects de l’historique et du fonctionnement du
cartel. L’entreprise a ensuite, dans les mêmes formes, dénoncé un autre cartel, portant sur
les portes laquées. Disponible à l’adresse :
https://www.autoritedelaconcurrence.fr/sites/default/files/commitments//06d09.pdf.

28. V. Y. Chaput, (2005) , « Philosophie des programmes de clémence et de transaction » : Gaz.


Pal, n°2, p. 32 ;
29. la première affaire de clémence de l’autorité de la concurrence française : le cartel des
portes appelé « club des cinq », qui a été rendue publique le 11 avril 2006. Appliquant pour
la première fois la clémence, la société dénonciatrice « France Portes » filiale du groupe
américain Jeld Wen a été exonérée de la sanction pécuniaire. Du fait du rôle qu'elle a joué
dans l'entente, cette société encourait une sanction de 1,25 million d’euros, néanmoins , une
immunité totale lui est accordée compte tenu des éléments probants apportés par celle-ci
"contribuant à établir la réalité de deux cartels (un cartel sur les portes planes et isoplanes et

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un cartel sur les portes laquées) et à en identifier les auteurs", elle a ainsi " fait preuve d'une
coopération totale avec les autorités de concurrence à tous les stades de la procédure" et
"elle a cessé de mettre en œuvre les pratiques d'entente à compter de l'ouverture de la
procédure et elle n'a pas prévenu les autres membres des cartels dénoncés". Selon le
communiqué du conseil, a consulté sur :
https://www.autoritedelaconcurrence.fr/fr/communiques-de-presse/11-avril-2006-secteur-
de-la-fabrication-de-portes ;

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