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I. Un lourd passif.
C´est ce qui frappe quand on dresse le bilan de ce conflit. Un passif qu´on pourrait
qualifier d´hallucinant au sens de qui frappe de saisissement, qui a frappé les contemporains
qui pourtant ne pouvaient tout savoir, qui frappe encore aujourd´hui les historiens qui sont
pourtant quelque peu « blasés ».
1. sur le plan démographique : il faut souligner…
A. l’ampleur sans précédent des pertes humaines. Avec environ 50
millions de morts, la seconde GM a été cinq fois plus meurtrière que la première. Au-delà de
cette comparaison brute, diverses remarques peuvent être formulées :
Cf. tableau 1 p. 19 en TS (avec erreurs de colonnes)
Cartes 1 et 2 p.12 en TL-ES
- sur la forte proportion de pertes civiles : plus de 45 % dans le cas français, un peu moins
dans le cas allemand (43 %), un peu plus des 2/3 dans le cas chinois, un peu moins dans le
cas soviétique, 80 % dans le cas yougoslave, plus de 90 % dans le cas des Pays-Bas ou de
la Pologne. Par contre le Japon ou le Royaume-Uni sont en dessous de la barre des 25 %, la
palme revenant aux USA qui n’ont eu que des victimes militaires, n’ayant pas souffert de la
guerre sur leur sol national. Cette exceptionnelle mortalité civile s’explique par l’ampleur des
bombardements, la sous-alimentation des populations des pays occupés (victimes du pillage
des occupants), la répression féroce des opposants et la politique de déportation et
d’extermination raciale menée.
- sur la situation contrastée des pays les uns par rapport aux autres : en chiffres bruts,
l’URSS et la Chine ont payé le plus fort tribut avec environ 20 millions et 13 millions de morts
(chiffres très approximatifs), bien plus donc que l’Allemagne (6 ou 7 selon les auteurs) ou le
Japon (environ 3) mais relativement à leur population, la Pologne (avec 15 %), l’Allemagne
(12 %), la Yougoslavie et l’URSS (10 %) ont particulièrement souffert, le Japon avec 4 %
arrivant loin derrière, sans parler d’une France (1,5 %) qui n’a perdu « que » 580 000 p contre
1 300 000 en 14-18, du Royaume-Uni (0,9 %) et des USA (0,2 %)
- sur le cas des morts à retardement postérieures à la fin des combats : déportés épuisés
qui meurent dans les jours, semaines ou mois suivant leur libération, victimes irradiées de
Hiroshima et Nagasaki emportées par la maladie parfois longtemps après le bombardement.
B. Mais il faudrait aussi souligner les traces durables laissées par les
exactions de toutes sortes et la stratégie de terreur développée par les belligérants :
- pensons aux massacres de civils chinois par les troupes japonaises (à Nankin par exemple
en décembre 1937), à l’enlèvement de jeunes filles ou femmes destinées aux bordels de
l’armée japonaise… Le procès de Tokyo (mai 46-novembre 48) où les criminels de guerre
japonais furent jugés par un tribunal mis en place par les seuls américains ne peut être
comparé à celui de Nuremberg.
Cf. photo 4 p. 13 en TL-ES
- pensons au massacre d’officiers polonais perpétré par les soviétiques à Katyn en 43, aux
exactions de l’Armée rouge en terre allemande…
- pensons aux exactions sanglantes des troupes allemandes (des Einsatzgruppen ayant
liquidé 1,3 millions de juifs, de la Wechmacht en Russie, des SS à Oradour sur Glane par
exemple)
- pensons aux bombardements délibérément terrifiants de villes comme Londres ou Coventry,
Hambourg, Cologne ou Dresde (entre 25 et 40 000 morts en une nuit) et bien sûr Hiroshima
(70 000 morts avec une seule bombe, « Little Boy » larguée depuis le B 29 Enola Gay) et
Nagasaki.
II. La reconstruction, ensemble mais jusqu’où ? Tel est au fond le problème qui
se pose. Pour procéder à la reconstruction et à l’avènement d’un monde nouveau, plus juste,
plus sûr, il faut :
- définir le cadre dans lequel cette reconstruction se fera, autrement dit définir le sort réservé
aux vaincus et redessiner la carte de l’Europe
- mettre en place les moyens, politiques ou économiques, susceptibles d’assurer la stabilité
du nouvel ordre mondial, d’éviter le retour de la guerre.
1. Imposer aux vaincus une paix qui rende impossible toute revanche
ultérieure, ce sera l’objet des diverses conférences interalliées qui se tiennent de 1943 à
1945.
Cf. tableau chronologique p. 27 en TS
A. La conférence tripartite de Téhéran en novembre 43 au cours de
laquelle Américains et Britanniques prennent l’engagement d’ouvrir un second front en
Europe dès 44 (pour soulager l’armée rouge et hâter la victoire) permet aux alliés de :
- se mettre d’accord sur le principe du démembrement de l’Allemagne au lendemain de la
victoire (dès cette époque Staline se prononce pour que l’Oder constitue la frontière orientale
future de l’Allemagne)
- de discuter d’une future organisation internationale chargée d’assurer le maintien de la paix.
B. A Québec, en septembre 44, Roosevelt et Churchill fixent une attitude
commune à tenir face à l’Allemagne vaincue, attitude largement inspirée des idées du
secrétaire d’Etat américain au Trésor, le banquier Henry Morgenthau. Il s’agissait d’imposer à
l’Allemagne une paix draconienne afin de lui faire payer au prix fort les actes dont elle s’était
rendue responsable pendant la guerre : en la démembrant en trois Etats allemands, en
donnant la Sarre à la France, en plaçant le bassin de la Ruhr sous contrôle international, en
transformant l’Allemagne en pays uniquement agicole… A la suite d’indiscrétion et compte
tenu de l’opposition de certains ministres américains ou britanniques, le plan Morgenthau est
finalement abandonné.
Conclusion.
La guerre qui a relativement peu touché les Etats-Unis sur le plan démographique et qui
les a enrichis (en permettant à la formidable machine économique américaine de retrouver toute son
énergie d’avant la crise de 29), les a placés en situation sinon d’imposer, au lendemain de leur
victoire, leur leadership, du moins de tenter de le faire, avec un certain succès : la création de l’ONU,
la refonte du SMI, la création de la BIRD ou le lancement du GATT témoignent de leur influence
décisive, même si des réticences se font jour, de la part de certains pays qui craignent la concurrence
américaine ou qui, comme l´URSS, réfutent le credo libéral qui est celui des USA, l’URSS qui ne
saurait non plus accepter le leadership américain, d’où des tensions qui vont vite dégénérer.
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