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Université libanaise

Centre de Langues et de traduction


Connaissances thématiques – 1ère année Traduction – Semestre 2020
Prof en charge : Dr Maya HANNA
mayyahanna@hotmail.com

Vous lirez attentivement les textes ci-dessous puis vous en choisirez un dont vous ferez le plan
détaillé (mot-clé + phrase nominale).
Vous pouvez travailler en binôme.

Des classes virtuelles pour assurer une continuité pédagogique


Environ 30 000 enfants sont privés d’école dans l’Oise, le Morbihan et la Haute-Savoie pour cause de
coronavirus. Le ministère de l’éducation a présenté, lundi 2 mars, un dispositif destiné à assurer la
continuité des apprentissages.
Denis Peiron, le 02/03/2020.
Comment garantir la continuité des apprentissages aux élèves dont les établissements sont fermés
pour cause de coronavirus ? En recourant au numérique et en s’appuyant sur l’expertise du Cned (le
Centre national d’enseignement à distance), répond le ministère de l’éducation, qui a présenté lundi
2 mars un dispositif nommé « Ma classe à la maison ».
Qu’un ou plusieurs élèves soient confinés après un retour d’une zone à risque ou que l’ensemble de
l’établissement soit momentanément fermé, c’est aux professeurs habituels qu’il incombe d’assurer
cette continuité pédagogique, en communiquant par courriels les cours, supports et autres exercices.
Mais dans le cas où une ou plusieurs classes sont concernées, on pourra aussi recourir à ce service
gratuit, qui comporte deux volets.
De la grande section de maternelle jusqu’au bac
Il y a d’une part des ressources en ligne, niveau par niveau, de la grande section de maternelle au bac.
Après un court test, qui permet pour chaque matière d’évaluer les acquis de l’élève, celui-ci se voit
conseiller un des trois parcours, de difficulté croissante. Au menu, des contenus et des exercices,
corrigés directement par la machine et qui ouvrent sur d’autres contenus d’approfondissement.
D’autre part, « Ma classe à la maison » permet aux enseignants d’activer une « classe virtuelle » et
d’inviter ses élèves à l’y rejoindre en se connectant depuis leur domicile via un ordinateur, une
tablette ou un téléphone. Le professeur qui apparaît à l’écran peut utiliser des ressources écrites,
audio ou vidéo, échanger en direct avec les enfants, leur demander d’écrire ou de tracer une figure
sur un tableau virtuel visible aussi par les autres…
Un dispositif qui a fait ses preuves ces dernières semaines en Chine auprès de 2 000 élèves du réseau
français de l’enseignement à l’étranger et qui, depuis le lundi 2 mars, a commencé à s’appliquer dans
deux classes de l’Oise.
Retour en classe pour les élèves qui avaient séjourné en Italie
Dans ce département, 108 établissements resteront fermés jusqu’au 14 mars inclus. Même chose
pour les établissements de quatre communes du Morbihan, où 13 cas de coronavirus ont été détectés,
ainsi qu’en Haute-Savoie, à La Balme-de-Sillingy.
Le ministère a par ailleurs fait évoluer ses recommandations. « Le virus circulant déjà sur notre
territoire, il n’y a plus de raison de confiner des personnes revenant de zones exposées à une circulation
active du virus », a-t-il indiqué. Les élèves et les personnels de retour de Lombardie et de Vénétie
peuvent donc retourner à l’école.
À l’inverse, les voyages scolaires sont désormais interdits s’ils sont prévus à l’étranger ou dans les
territoires particulièrement à risques en France (Oise, Haute-Savoie et possiblement bientôt
Morbihan). Les séjours au-delà des frontières ou dans ces deux zones doivent être interrompus.
Villes connectées : voici les premiers jumeaux numériques.
Science et Vie, par Marielle Mayo.

Les villes auront-elles toutes bientôt leur réplique virtuelle, pour simuler les évolutions urbaines
? La promesse est séduisante, mais cette technologie pose des questions, notamment en matière
d'exploitation de données.
Rennes est déjà équipée, Angers, Nantes et Lyon le seront bientôt … Les villes françaises sont de
plus en plus nombreuses à vouloir se doter d'un double virtuel capable de reproduire fidèlement
en 3D leurs rues, bâtiments, réseaux d'eau et d'électricité, transports ... Baptisées “jumeau
numérique”, ces répliques promettent de simuler sur écran, dans les moindres détails, le
fonctionnement d'une ville, en anticipant par exemple son niveau de pollution, sa consommation
énergétique ou encore son trafic routier, en fonction de ses particularités locales. Actuellement,
une poignée de projets sont déjà opérationnels dans le monde. Mais selon une étude publiée par le
cabinet de conseil ABI Research en 2019, plus de 500 villes seraient sur les rangs d'ici à 2025 pour
acquérir ce précieux outil. Une révolution dans la gestion urbaine ?
Le concept du double numérique a déjà fait ses preuves dans l'industrie : depuis deux décennies,
il permet de simuler des pièces ou des objets entiers comme des moteurs. En urbanisme, en
revanche, il émerge tout juste. Profitant de l’essor des capteurs embarqués sur les satellites, drones,
véhicules ..., un certain nombre de municipalités commencent à investir massivement dans des
maquettes 3D qui sont en fait la première brique d’un modèle virtuel qui se veut bien plus
complexe puisqu'il doit permettre d'appréhender la ville, à l'image d'un organisme vivant, dans
toutes ses dimensions interactives.
L’atout de ce sosie virtuel tient à sa capacité à représenter des phénomènes dynamiques qui
peuvent notamment aider dans le cas d'interventions d'urgence. “Cela permet aussi à long terme
de réaliser des analyses et des prédictions fondées sur des données historiques, explique Tanguy
Coenen, de l'Institut de recherche flamand Imec. En Belgique, le port d'Anvers souhaite ainsi
utiliser son double virtuel pour faire face à d'importants problèmes de qualité de l'air.
Voilà pour la théorie. La réalité n'est pas si simple car “il s'agit de construire une base de données
comportant toutes les informations de description physique du territoire (bâtiments, végétation …),
ainsi que des informations fonctionnelles”, résume Guillaume Lenoël, responsable chez Dassault
Systèmes.
Or, si les villes disposent d'une masse de données exponentielle, celles-ci restent souvent très
hétéroclites. Du coup, le siamois digital qui permettrait à la fois de modéliser une zone d'activité,
la démographie, de trafic automobile, la pollution, le microclimat, etc. n'est pas encore né.
“Combiner plusieurs sources de données est un énorme travail, poursuit le spécialiste.
L'acceptabilité sociale est également loin d'être acquise. En 2017, le géant américain Google, via
sa filiale Sidewalk Labs, avait été choisi pour créer un “quartier du futur” à Toronto, au Canada.
La société prévoyait, entre autres, la création d'un jumeau numérique connecté à des systèmes
d'intelligence artificielle, qui devait permettre de collecter des données par une batterie de capteurs.
Devant la levée de boucliers suscitée par le projet, principalement en raison des incertitudes qui
pesaient sur l'usage de ces données, le projet a finalement été abandonné en mai 2020. “Dès lors
que l'on exploite des données personnelles, des questions éthiques se posent “, souligne Tanguy
Coenen.
Comment garantir que leur usage ne sera pas dévoyé ? Quelles régulations mettre en place pour
ne pas verser dans une société de surveillance généralisée ? C'est au prix de vraies réflexions sur
ses sujets que le jumeau numérique pourra continuer ou non à se développer.
L’étrange affaire … des lettres du “corbeau”
Science et Vie, Vincent Nouyrigat.
Ce sont des messages anonymes d'une rare violence. Un tissu de grossièreté et de menaces, à la
source du fait divers le plus médiatique du 20e siècle en France 2. L'affaire du petit Grégory. 36
ans après ce meurtre insoluble, ces pièces à conviction, d'après les révélations mi-décembre de
journal Le parisien. En plus de l'étude des restes ADN laissés sur le papier par le fameux “corbeau”,
la clé serait l'analyse informatique de ces textes.
Étrange ... « Il n’est pas possible d'en dire plus pour l'instant vu la sensibilité de l'affaire, seul le
juge poura évaluer la qualité de nos résultats », nous répond Claude-Alain Roten, de la start-up
suisse OrphAnalytics chargée de cette expertise. On sait seulement que la science mobilisée ici
relève de la stylométrie. Pratiquée des le 19e siècle sous une forme artisanale, cette discipline vise
à identifier dans un texte anonyme les caractéristiques propres à un auteur - dont on dispose déjà
de textes personnels authentifiés.
L'expertise repose sur l'analyse du champ lexical employé, de la syntaxe, de la ponctuation, de
l'utilisation des adverbes, adjectifs, et de tous ces mots-outils écrits inconsciemment … Une
science qui bénéficie désormais de l’apport de l’ intelligence artificielle : “ le procédé consiste à
découper le texte en paquets de, par exemple, trois caractères : à partir de cette séquence, les
algorithmes parviennent à détecter les propriétés qui trahissent un auteur, et ça marche vraiment
bien, avec des taux de fiabilité qui dépasse souvent les 90 % !” témoigne Florian Cafiero, chercheur
en un linguistique quantitative à l'école nationale des chartes. Quels que soient la langue ou
l'alphabet pratiqués, “ces réseaux de neurone profond parviennent à extraire d'un texte des indices
invisibles pour un expert humain, confirme Gaël Lejeune, maître de conférences en informatique
(Sorbonne Université).
La stylométrique était jusqu'à présent surtout cantonnée au monde académique, pour détecter des
cas de plagiat ou pour trancher des débats de paternité de textes emblématiques. Plusieurs
laboratoires se sont penchés sur les œuvres de Molière, Shakespeare, Edgar Poe, les romans
d’Elena Ferrante, ou encore des chansons des Beatles … En 2013, un algorithme avait aussi
débusqué la célèbre J.K. Rowling sous le pseudonyme du romancier Robert Galbraith - ce qui, au
passage, fait craindre le pire pour l’anonymat des lanceurs d'alerte. « En général, plus le texte
étudié est court et plus il est difficile d'avoir la puissance statistique nécessaire ; néanmoins il y a
de très belles réussites sur l'attribution de simples données ou de citations, relève Florian Cafiero.
La lettre du 17 mai 1983 envoyée par le corbeau de l'affaire Grégory fait 3 pages, cela peut
suffire. »
« Un court texte à la syntaxe originale est plus facile à traiter qu’un long article très formaté de
juriste, reprend Claude-Alain Roten. Les clusters que l'on voit apparaître avec nos méthodes sont
vraiment très clairs et robustes ... Nous travaillons avec l'école des sciences criminelles de
Lausanne sur le statut de ses résultats. » En tout cas, la technique est jugée déjà suffisamment
pertinente pour servir depuis plus d'une décennie, aux États-Unis, dans des expertises judiciaires
de testaments, demandes de rançon, menaces de mort ou lettres de suicide suspectes, des travaux
sont en cours sur l'identification de malfaiteurs sur le Darknet.
« Même un résultat fiable à 90 % ne suffirait pas à établir la culpabilité d'un suspect, pense Gaël
Lejeune, mais la stylométrie peut participer au faisceau d'indices et devrait permettre d’en écarter
certains. » « Ce serait vraiment formidable que cette technique résolve cette affaire
emblématique ! » souffle Fabien Cafiero. « Et on commence déjà à étudier d'autres cas, confie
Claude-Alain Roten, comme le tueur en série américain des années 1960 Zodiac, mais aussi
Jacques l'Éventreur.
Les personnes obèses, des malades en quête de reconnaissance
La Croix, Emmanuelle Lucas, le 04/03/2020 à 06:01
À l’occasion de la Journée mondiale contre l’obésité, des associations se mobilisent pour que celle-ci soit
reconnue comme maladie chronique en France.
Cela permettrait un salutaire changement de regard sur les malades, alors que la grosseur reste
aujourd’hui un facteur de discrimination majeur.

Un couple à Valenciennes. La « grossophobie », soit la haine de la grosseur, et les discriminations qui en


découlent ont la peau dure en France où entre 7 et 8 millions de personnes sont obèses.
Anne-Sophie Joly, la présidente du Collectif national des associations d’obèses (CNAO) est catégorique. «
Bien sûr que j’ai souffert de la grossophobie », affirme-t-elle. Comme ce jour où elle avait rendez-vous
avec un chasseur de têtes pour un nouvel emploi. « Au téléphone, il était extrêmement enthousiaste. J’étais
la perle rare, mon profil collait à 100 % à un poste qu’il voulait me proposer. Mais quand il m’a vue, son
visage s’est défait. Il m’a laissé repartir sans même que je m’installe pour discuter. »
La « grossophobie », soit la haine de la grosseur, et les discriminations qui en découlent ont la peau dure
en France où entre 7 et 8 millions de personnes sont obèses. C’est ce que confirme une étude du Défenseur
des droits de 2016, intitulée « Le physique de l’emploi », et selon laquelle 20 % des personnes obèses
déclarent avoir été discriminées à l’embauche.
Une grande campagne pour appeler à un changement de regard
Peu à peu pourtant, la parole des malades se libère. Dans un récent documentaire intitulé « Ma vie en gros
», une jeune femme, Daria Marx, raconte comment elle a le sentiment d’être « la cible mouvante » des
moqueries quand elle se promène dans la rue et tient la liste des réflexions désobligeantes essuyées. Cette
prise de parole reste cependant fragile : la une du magazine Télérama, où la jeune femme posait nue un bras
cachant sa poitrine, a même été censurée par le réseau social Instagram, où circulent pourtant nombre de
clichés de femmes tout aussi dénudées, mais plus menues.
Pour appeler la société à un changement de regard sur cette maladie, le CNAO lance une grande campagne,
ce mercredi 4 mars, à l’occasion de la Journée internationale contre l’obésité. Des spots télévisés
rappelleront que l’obésité est une maladie « multifactorielle » qui s’impose aux patients. « On ne choisit
pas la ville ou l’on naît, on ne choisit pas non plus sa famille, ni son professeur de mathématique en 4e, on
ne choisit pas d’être grand ou petit, d’avoir les cheveux de sa mère ou pas de cheveux du tout, on ne choisit
pas la maladie », interpelle le clip.

Trop souvent, « dans l’esprit du grand public, les personnes grosses sont surtout trop idiotes pour
comprendre les messages de prévention et de santé publique, qui préconisent de manger sain et bouger plus.
L’idée, derrière, est qu’elles sont en quelque sorte responsables de ce qui leur arrive », décrypte Anne-
Sophie Joly. Pourtant, lutter contre l’obésité n’est pas qu’une question de volonté, loin de là. De multiples
plans de santé publique ont été lancés et des centres spécialisés ont été ouverts dans les hôpitaux pour mieux
cerner cette maladie multifactorielle qui reste difficile à soigner.

L’obésité doit être reconnue comme une maladie chronique


Le Collectif interpelle aussi les autorités de santé. Il demande notamment que l’obésité soit reconnue
comme une maladie chronique en France, ce qui n’est toujours pas le cas. En Europe, seule l’Allemagne et
l’Italie ont franchi le cap, malgré des recommandations en ce sens de l’Organisation mondiale de la santé
qui estime que ce fléau touche plus de 2 milliards d’individus dans le monde.

« Cela clarifierait les choses alors qu’aujourd’hui nous rencontrons des problèmes y compris dans le milieu
médical, estime Katarina Mihindou, présidente de l’association Vivre autrement ses formes. Tant que cette
maladie ne sera pas officiellement reconnue, nous resterons avec des salles d’attente dans lesquelles on ne
peut pas s’asseoir, faute de fauteuils adaptés, ou face à des tensiomètres ou appareils de radios trop petits.
C’est toujours très culpabilisant : on nous renvoie sans cesse en pleine figure notre honte de ne pas être
calibré comme il faudrait. »
L’éducation sexuelle et affective relancée à la rentrée
Prévus dans la loi depuis 2001 mais peu appliqués, les cours d’éducation sexuelle devraient
devenir plus systématiques sous l’impulsion de la secrétaire d’État Marlène Schiappa.

La Croix, par France Lebreton le 17/08/2018

À la rentrée, des cours d’éducation à la vie affective et sexuelle devraient être dispensés de façon
plus généralisée dans les établissements scolaires. C’est en tout cas la volonté de Marlène
Schiappa, secrétaire d’État à l’égalité femmes-hommes, qui en a rappelé le principe dans la loi
contre les violences sexistes et sexuelles, votée le 1er août dernier.

De fait, l’éducation à la sexualité est déjà inscrite dans la législation depuis 2001, « à raison de
trois séances annuelles, par groupes d’âge homogène ». Dès 2003, une circulaire en détaillait la
mise en œuvre, en laissant une certaine souplesse aux chefs d’établissements.

Cependant, dans les faits, cette circulaire reste peu appliquée les écoles. Selon une étude du Haut
conseil à l’égalité de 2016, portant sur un échantillon d’établissements publics et privés, 25 % des
écoles élémentaires, 4 % des collèges et 11 % des lycées, reconnaissaient n’avoir rien mis en place
en la matière.
Un fait pointé du doigt, en novembre 2017, par le Défenseur des droits : « La mise en place de
cette formation, obligatoire depuis quinze ans, est très lacunaire », déplorait Jacques Toubon, dans
nos colonnes. Il estimait alors qu’« il est urgent de réformer l’éducation à la sexualité. Quand elle
est dispensée, celle-ci reste très orientée vers l’information à caractère sanitaire. Beaucoup
d’adolescents ne voient de la sexualité que les situations pathologiques : lutte contre le VIH, etc.
Nous appelons à proposer une éducation de base qui présenterait tous les aspects psychologiques,
sociaux, affectifs et reproductifs. J’insiste sur le fait que les parents doivent être associés à
l’organisation de cet enseignement ».
Interrogée sur RMC en juillet, Marlène Schiappa a confirmé son souhait de faire appliquer la loi
dès la rentrée 2018. Au moins trois séances annuelles d’éducation à la sexualité seront mises en
place dans les collèges et les lycées, d’une durée adaptée au niveau de scolarité. Elles seront
organisées par une équipe de personnels volontaires et formés (professeurs, CPE, infirmiers etc.),
au besoin, par des associations agréées au niveau national ou académique.
Ces cours aborderont avec les élèves des thèmes déjà présents dans la circulaire de 2003 comme
la contraception, la protection contre les infections sexuellement transmissibles ou la lutte contre
les préjugés sexistes ou homophobes.
Les séances devront désormais aussi intégrer la notion de consentement : « Le consentement, le
respect d’autrui, les rapports entre les femmes et les hommes », a précisé la secrétaire d’État, tout
en ajoutant que « le corps des femmes n’est pas un bien public, il leur appartient à elles seules ».
Cette notion sera certainement l’une des portes d’entrée pour aborder le sujet préoccupant de la
pornographie et des ravages d’une exposition précoce à ces images choquantes.
Contre l’excision, la lutte mondiale patine
Au moins 200 millions de filles et de femmes ont subi une mutilation sexuelle dans le monde. Cette
estimation est certainement sous-évaluée, fait valoir l’Unicef à l’occasion de la dixième Journée
internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations, dimanche 6 février. Ce chiffre se limite en effet
aux 31 pays où cette forme extrême de violence contre les femmes a fait l’objet d’études, essentiellement
en Afrique, mais aussi dans quelques pays du Moyen-Orient et d’Asie. Or la pratique existerait dans une
vingtaine d’autres pays.
Dix ans après que l’ONU s’est prononcée pour son éradication à l’horizon 2030, le bilan est peu reluisant.
Certes, une fille a 30 % de moins de risques de subir des mutilations qu’il y a trente ans, fait valoir l’Unicef.
Mais il faudrait des progrès « au moins dix fois plus rapides » pour l’élimination effective de ces mutilations
d’ici à la fin de la décennie. « La pratique régresse lorsqu’elle est minoritaire, la mixité sociale rend plus
facile son abandon, mais les évolutions sont très lentes lorsqu’elle est généralisée, l’excision reste
obligatoire pour être reconnue comme femme et pour pouvoir entrer sur le marché matrimonial », relève
la démographe Marie Lesclingand, de l’Institut national d’études démographiques.
Or des vents contraires soufflent contre l’éradication de ces mutilations : ablation partielle ou totale du
clitoris, parfois aussi des petites lèvres et des grandes lèvres, infibulation (rétrécissement par suture de
l’orifice vaginal qui s’ajoute parfois aux autres mutilations).
Les fillettes et adolescentes ont été de nouveau plus exposées en raison de la pandémie qui a entraîné la
fermeture des écoles, la déscolarisation et la mise en sommeil des programmes de lutte. L’Unicef estime
que 2 millions de cas supplémentaires, qui auraient pu être évités, risquent de se produire dans les années à
venir.
Nombre de pays ont adopté une législation pour interdire et parfois criminaliser ces mutilations sexuelles
dans le courant des années 1990, notamment Djibouti, le Ghana, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le
Sénégal, le Togo ou la Tanzanie, rapporte ainsi la sociologue Isabelle Gillette-Faye, qui a fait un tour
d’horizon des mesures législatives dans « Réparer les corps et les sexes » (1). L’infibulation avait même
été interdite au Soudan dès 1949 (mais l’excision seulement en 2020). D’autres pays ont suivi ces vingt
dernières années.
« Mais les lois ne sont guère appliquées, les procès restent rares », constate Marie Lesclingand. Et elles
ont induit des effets pervers. Dans certains pays, l’âge moyen auquel les filles subissent ces mutilations
régresse. « Plus la fillette est jeune, plus il est facile de la soustraire au regard de la loi », explique
l’Organisation mondiale de la santé.
Autre effet pervers, les programmes de sensibilisation notamment axés sur les risques pour la santé ont
incité les familles à se tourner vers une médicalisation de la pratique jugée plus « sûre ». Cette évolution «
alarmante » concernait une fille excisée sur quatre en 2020, selon l’Unicef. Le recours aux professionnels
de santé s’est même généralisé dans certains pays, incitant à la pérennisation de la pratique, comme en
Mauritanie (65 %), au Yémen (76 %) et en Égypte (94 %), selon l’OMS.
Enfin, « si on ne peut pas mesurer précisément son impact, il ne faudrait pas minimiser la remise en cause
des discours occidentaux qui délégitime les campagnes de lutte et fait du maintien de la pratique un acte
d’opposition à l’Occident », estime Marie Lesclingand.
La France elle-même n’est pas à l’abri. Si la pratique a quasiment disparu du territoire depuis une quinzaine
d’années, fait valoir la démographe, elle demeure l’un des premiers pays européens confronté à ces
mutilations en raison de l’ancienneté des flux migratoires. Dans son étude parue dans le Bulletin
épidémiologique hebdomadaire en février 2019, Marie Lesclingand avait estimé à environ 125 000 les
femmes adultes mutilées vivant en France. La première étude directe menée sous sa direction auprès de 3
000 femmes de trois départements pilotes devrait livrer ses résultats avant la fin de l’année.
Un projet de décret jette le doute sur le droit à l’éducation des enfants handicapés
La Croix, Emmanuelle Lucas, le 24/01/2022.
Un décret d’application de la loi contre le séparatisme crée une catégorie d’enfants
« impossibles » à scolariser, alertent les associations. Elles rappellent que c’est à l’État qu’il
revient de tout mettre en œuvre pour adapter l’école à la spécificité de ces élèves.
Alors que les familles dénoncent, depuis des années, les difficultés qu’elles rencontrent pour
trouver une école à leur enfant handicapé, un projet de décret met le feu aux poudres. S’il était
adopté en l’état, il créerait en effet une catégorie d’enfants « impossibles » à scolariser, en complet
revirement avec l’approche actuelle du handicap.
Tout est parti d’un texte a priori très éloigné du sujet : la loi de lutte contre le séparatisme, qui, au
nom du refus du repli identitaire, encadre plus strictement l’enseignement à domicile. Désormais,
pour y avoir recours, chaque famille devra demander l’autorisation auprès du rectorat.
Problème, l’enseignement à domicile est le pis-aller vers lequel se tournent de nombreuses familles
d’enfants porteurs de handicap, faute de trouver une solution satisfaisante à l’école. « Mon fils a
été scolarisé à la maison pendant six ans, témoigne ainsi Marion Aubry, vice-présidente de TouPI,
association d’entraide entre parents. C’est une situation très banale, celle de beaucoup d’enfants à
qui on a promis une AVS (auxiliaire de vie scolaire, NDLR) à la rentrée, par exemple, mais qui,
en janvier, n’en ont toujours pas et décrochent. »
« Un enfant n’est jamais impossible à scolariser »
Désormais, il sera moins facile pour les parents de retirer leurs enfants de l’école et d’assurer la
classe eux-mêmes. Ils devront produire un certificat médical ou une notification de la maison
départementale des personnes handicapées attestant de « l’impossibilité », pour leur enfant, d’être
accueilli à l’école ordinaire. Cette demande ne pourra porter que pour des années scolaires entières,
et, en cas de problème en cours d’année, l’enfant devra rester en classe.
Cette perspective fait bondir de nombreuses associations, qui y voient une façon pour l’État de se
dédouaner. « Un enfant n’est jamais impossible à scolariser.
C’est l’Éducation nationale qui ne met pas les moyens nécessaires pour accueillir les besoins
spécifiques de ces enfants », peste ainsi Bénédicte Kail, d’APF France handicap.
De fait, la légalité du décret semble très incertaine, abonde Denis Berthiau, professeur de droit de
la santé à l’université Paris-Descartes. « Depuis la loi de 2005, les droits à la scolarisation et à la
compensation du handicap sont la norme, avance-t-il. C’est à l’État d’assurer à tout enfant
l’exercice de son droit à l’éducation, en mettant à sa disposition les aides dont il a besoin pour
compenser son handicap, qu’il s’agisse d’un soutien humain ou technique. »
Au-delà du droit, si un tel texte devait voir le jour, il poserait aussi un problème éthique. « Il serait
ségrégatif et enfermant, car il renverrait les élèves handicapés dans leurs familles, qui doivent déjà
faire face à des soins lourds, reprend Emmanuel Hirsch, professeur d’éthique à l’université de
Paris-Saclay. Ce serait d’autant plus inacceptable que le confinement a montré l’importance de
l’école en termes de socialisation, ainsi que la lourdeur de l’enseignement à la maison pour les
familles. L’État ne peut pas se défausser de la sorte sur celles qui ont déjà le plus à porter. »

Le Sénat veut mieux connaître les personnes intersexes

Emmanuelle Lucas, La Croix.

Porté par la délégation aux droits des femmes, un rapport publié fin février dresse un état des lieux inédit
de la situation médicale, sociologique et juridique des personnes intersexes.
Leur histoire est taboue. Leur naissance un secret de famille. Même la langue hésite à les qualifier.
Longtemps appelées « hermaphrodites », les personnes dites « intersexes » naissent « sans caractères
sexuels déterminés, masculins ou féminins », expliquent en préambule du rapport qu’elles leur consacrent
la sénatrice du Finistère Maryvonne Blondin (PS) et la sénatrice du Maine-et-Loire Corinne Bouchoux
(Groupe écologistes).
Il y avait urgence à ce que le législateur s’intéresse à leur sort, expliquent les sénatrices, membres de la
délégation aux droits des femmes qui s’est autosaisie de cette question à la suite notamment d’un arrêt de
la cour d’appel d’Orléans, du 22 mars 2016.
Dans cet arrêt, la Cour a infirmé un jugement du TGI de Tours qui autorisait à apposer la mention « sexe
neutre » sur l’état civil d’un plaignant « intersexe », estimant « qu’il n’appartenait pas au juge mais au
législateur de créer une « autre catégorie sexuelle » ».
Plus tôt, le Défenseur des droits, le Conseil de l’Europe mais aussi le Comité des droits de l’enfant de
l’ONU avaient épinglé la France à de nombreuses reprises, notamment « sur la question des interventions
pratiquées sur les enfants dits « intersexes » sans leur consentement ».
Le rapport du Sénat se veut donc une première base de réflexion sur une question complexe et mal connue.
S’il n’entre pas dans les épineuses questions éthiques qu’il soulève – appelant le Conseil national d’éthique
à émettre un avis sur ces sujets –, il dresse un état des lieux de la situation des personnes intersexes en
France et formule 15 recommandations.
Première question : quelle est l’ampleur du phénomène ? Des estimations très variables circulent, rappellent
les auteurs du rapport. Si l’indétermination pure et simple du sexe d’un bébé à la naissance reste un cas
rarissime, autour de 4 ou 5 par an selon le professeur Mouriquand, chef du service de chirurgie uro-viscérale
de l’enfant du CHU de Lyon, une étude de la Haute Autorité de santé (HAS) estime, de son côté, que
l’intersexualité atteindrait 2 % des naissances. La situation des personnes « intersexes » est néanmoins
clairement à séparer de celle des personnes « transexuelles », qui naissent avec un sexe avant de vouloir un
jour en changer, expliquent les sénatrices.
Ce flou statistique est lié à un flou scientifique, explique ensuite le rapport. En effet, l’intersexualité prend
des formes très diverses, avec des conséquences sociales variées. Les causes peuvent en être multiples
(chromosomiques, hormonales, etc.), plus ou moins sévères. Elles sont regroupées sous le terme générique
de « variations du développement sexuel ».
Certains experts interrogés et personnes concernées dénoncent d’ailleurs une « pathologisation » excessive
de ce qui relève selon eux de simples variations corporelles.
Une deuxième partie du rapport étudie le traitement médical des personnes concernées, et notamment des
enfants. Longtemps en effet, ceux-ci ont été opérés dès leur plus jeune âge, quitte à garder des séquelles
très lourdes de ces interventions toute leur vie. « Les opérations précoces systématiquement opérées au
cours de la seconde moitié du XXe siècle ont été assimilées à des mutilations par les personnes qui les ont
subies ainsi que par plusieurs comités de défense des droits de l’homme de l’ONU », rappellent les élues
qui soulignent toutefois que « depuis cette époque, les pratiques ont beaucoup évolué ».
Ces traitements, qui n’ont plus cours, ont été remplacés par divers traitements in utero notamment, qui
posent néanmoins la question du dépistage anténatal.
Enfin, la dernière partie du rapport s’intéresse « aux moyens d’assurer aux personnes une meilleure
reconnaissance au sein de la société et le respect de leur vie privée ». Sur ce point, les élues lancent
plusieurs pistes de réflexion. Peut-on étendre les délais de déclaration du nouveau-né en mairie au-delà des
trois jours légaux ? Doit-on forcer les élèves concernés à la pratique du sport à l’école au prix de moqueries
? Tous les papiers doivent-ils porter mention du sexe de la personne concernée ? Autant de questions qui
appellent à poursuivre la réflexion.
Un embryon humain génétiquement modifié a été créé aux Etats-Unis
Par Jean-Yves Nau Publié le 13 mai 2008 à 15h24, Le Monde.
Cet embryon transgénique n'a toutefois pas été transplanté dans un utérus et a été détruit après
cinq jours de développement in vitro.
Après ceux des végétaux et des animaux, les patrimoines héréditaires des organismes humains
pourront-ils bientôt être génétiquement modifiés ? Rien, désormais, n'interdit de le penser. Une
nouvelle étape en ce sens vient d'être franchie, a révélé le Sunday Times, dimanche 11 mai. Selon
le journal britannique, des scientifiques américains sont récemment parvenus à créer un embryon
humain génétiquement modifié. Cet embryon transgénique n'a toutefois pas été transplanté dans
un utérus et a été détruit après cinq jours de développement in vitro. Des expériences similaires
pourraient bientôt être menées au Royaume-Uni.
Le travail américain avait initialement été présenté en février, lors d'une rencontre scientifique,
avant de faire l'objet d'une publication dans la revue spécialisée Fertility and Sterility, sans que
cela suscite d'émotion particulière au sein de la communauté des biologistes de la reproduction.
Dirigés par Nikica Zaninovic, les chercheurs, qui travaillent au sein de l'université Cornell de New
York, ont eu recours aux techniques de la thérapie génique. Développées depuis plusieurs
décennies, celles-ci visent à corriger certaines anomalies structurelles du génome humain. Il s'agit,
schématiquement, de greffer, au sein de certaines cellules cibles d'une personne malade, des
fragments d'information génétique afin de corriger les effets pathologiques d'une mutation à
l'origine d'une affection.
L'équipe américaine a mis au point sa méthode chez la souris avant de l'appliquer à l'homme, en
dehors de tout objectif thérapeutique direct. Cette expérience a été menée sur un embryon humain
conçu initialement dans le cadre d'un programme de procréation médicalement assistée. Les
chercheurs américains annoncent être parvenus à intégrer au sein du génome de cet embryon
humain, au moyen d'un vecteur viral, un gène dirigeant la synthèse d'une protéine aux propriétés
fluorescentes.
Le même objectif pourrait être atteint en modifiant artificiellement le génome des cellules
sexuelles, masculine ou féminine, avant de procéder à une fécondation in vitro. Ce type
d'expérimentation a d'ailleurs été réussi aux Etats-Unis, à plusieurs reprises, en 2007, chez le
poulet.

Les chercheurs américains soutiennent que seuls de tels protocoles expérimentaux sont de nature
à faire progresser la biologie humaine fondamentale et la compréhension des affections d'origine
génétique. Ils ont notamment d'ores et déjà réussi à obtenir des lignées de cellules souches à partir
d'embryons de souris transgéniques.
A l'inverse, certains observateurs soulignent les dangers potentiels qu'il y aurait à autoriser ce type
de travaux sur des embryons humains. Ils font valoir, en substance, que les techniques développées
permettront bientôt non seulement de corriger des anomalies génétiques mais aussi de modifier, à
des fins non thérapeutiques, les performances d'un organisme humain. De fait, rien n'interdit
d'imaginer que ces nouveaux outils moléculaires permettent, à terme, d'améliorer certaines
caractéristiques physiques ou cognitives des êtres humains.
En Grande-Bretagne, où la création d'embryons chimères "homme-animal" est depuis peu
autorisée, la Human Fertilisation and Embryology Authority s'est saisie de cette nouvelle question
tout en refusant, pour l'heure, d'autoriser la modification génétique des cellules sexuelles
humaines. En France, l'Agence de biomédecine n'a encore pris aucune position sur ces délicates
questions éthiques.
L'écriture inclusive, un «péril mortel» selon les Académiciens

L’Académie française publie une adresse virulente contre l'écriture inclusive, qualifiée de «péril
mortel» pour la langue française. Alors, comment respecter l'égalité homme-femme ?
Etes-vous motivé.e.s pour adopter l'écriture inclusive ? Le sujet pourra être proposé aux futur.e.s
candidat.e.s au bac de français 2017. En attendant, cette déjà fameuse «écriture «inclusive», qui
combine les genres masculin et féminin dans un même terme entrecoupé de points (cela fonctionne
également avec des tirets ou parenthèses), suscite une vive polémique, de celle que l'on adore dans
le cher vieux pays, celui de Molière, une polémique du même tonneau que le sexe des anges (au
fait, on en est où sur ce point ?) avec chaque camp qui s'affronte à langue égale... jusqu'à ce que
l'Académie française s'en mêle.
Certes, la vénérable institution a la réputation de s'endormir sur ses lauriers, mais ses réveils sont
réputés brutaux. A l'image de sa dernière et solennelle mise en garde, adoptée jeudi 26 octobre à
l'unanimité de ses membres. Une déclaration contre l'écriture inclusive carrément qualifiée de
«péril mortel», «ce dont notre nation est dès aujourd'hui comptable devant les générations futures».
Si la montée des périls est évidente, ne faut-il pas davantage la chercher du côté» des anglicismes
et de l'écriture sms ? Les Académiciens sont sans doute plus convaincants quand ils qualifient
l'écriture inclusive d'«aberration» sur le plan pratique. Son adoption «alourdirait la tâche des
pédagogues et compliquerait plus encore celle des lecteurs», écrivent-ils. Gare donc au
«redoublement de complexité», pointé par les Académiciens, qui dénoncent la «démultiplication
des marques orthographiques et syntaxiques engendrée par cette graphie, créant une confusion qui
confine à l'illisibilité». A l'image de la siglomania, du jargon, de la novlangue techno-
bureaucratique, on sait que la surponctuation, même pour la bonne cause, produit aussi de
l'illettrisme et – paradoxe – de l'exclusion.
Il reste que si l'Académie française garde une «autorité morale» dans le bon usage de la langue,
elle n'apparaît guère légitime sur les questions de genre. En près de quatre siècles, il n'y a eu que
huit femmes... sur 729 académiciens. Et en 2017, on n'en compte encore que cinq. Suffisant
cependant, pour parler en inclusif des Immortel. le.s !
Au-delà, il est évident qu'une langue vivante traduit l'état d'une société. Et qu'il est largement temps
dans cet esprit de donner toute sa place à la féminisation des mots et notamment des professions,
toujours objet de polémique. Dès 2015, le Haut conseil à l'égalité entre hommes et femmes a
pourtant demandé aux autorités de privilégier une communication «sans stéréotype de sexe».
L'écriture inclusive est une solution, mais pas la seule. Si la dernière mise à jour du logiciel de
Microsoft inclut une option de langage inclusif (exemple : les expert.e.s), on peut largement
préférer une déclinaison masculin-féminin (exemple : les expertes et les experts) à la fois lisible,
compréhensible, et aussi, c'est essentiel, prononçable à l'oral, ce qui n'est pas le cas de la version
inclusive. Paroles et musique : une langue vivante s'écrit et se parle.
Lozère : la résistance s'organise contre le repas végétarien

La chambre d'agriculture, appuyée par certains élus du département, prône la désobéissance au


nom de la défense de l'élevage, raconte Le Figaro.

La Lozère avec ses 76 000 habitants est vent debout contre l'expérimentation entrée en vigueur
depuis le 1er novembre dernier qui vise à imposer un menu végétarien par semaine dans la
restauration scolaire. Élus et représentants du monde agricole défendent l'importance de l'élevage
dans la région, explique Le Figaro.

L'affaire commence le 15 septembre 2018, sur les bancs de l'Assemblée nationale. Ce jour-là, dans
le cadre des débats sur la loi alimentation, un groupe de députés entérine à travers un amendement
une « expérimentation ». Les collectivités qui proposent deux menus doivent désormais proposer,
au moins une fois par semaine et pendant deux ans, un repas végétarien aux écoliers. Si la
mesure déplaît au ministre de l'Agriculture Didier Guillaume, elle est pourtant entrée en vigueur
depuis le 1er novembre 2019. Pour autant, deux mois plus tard, la Lozère ne rend pas encore les
armes. Dans ce département, où 90 % de l'agriculture est liée à l'élevage, la chambre de
l'agriculture se pose en héraut des circuits locaux. « La plupart des cantines se servent localement
dans un rayon de 30 kilomètres. Il n'y a pas plus vertueux comme système. On diminue les engrais,
les produits phytosanitaires… Quand on sait que des pays du monde entier nous envient nos
animaux d'élevage, c'est incroyable que ce soient nos propres députés qui nous tirent une balle
dans le pied », explique Julien Tuffery, vice-président de l'organisme et éleveur bovin.

Les éleveurs ne sont pas les seuls à s'opposer à l'application de cet amendement. Certains élus sont
sur la même ligne. Ainsi, Christian Huguet, le maire de Florac-Trois-Rivières, la sous-préfecture
du département, ne semble pas avoir l'intention de suivre la consigne. « Qu'on offre la possibilité
aux enfants de manger plus de légumes, de manger végétarien de temps en temps, pourquoi pas.
On peut s'adapter. Mais l'obligation, ça, c'est non. » D'autres expriment leur besoin de mettre en
valeur la production locale, la défense du territoire pour justifier leur refus.

Barbara Pompili, une des députées qui soutenait l'amendement, pointe l'évidence des chiffres
au Figaro. « Les écoliers consomment dans les cantines deux à quatre fois trop de protéines
animales, par rapport aux recommandations de l'Anses. » Pour autant, pas question de diaboliser
les éleveurs avec qui elle est « dans le même camp ». « Battons-nous pour réduire la place de la
viande industrielle », propose ainsi l'ancienne secrétaire d'État chargée de la Biodiversité.
Lors de la canicule, attention à la surhydratation
Si boire est essentiel en cette période de canicule qui a commencé mardi 14 juin, l’hyponatrémie, c’est-à-
dire la surhydratation, est aussi un risque à prendre compte, notamment pour les personnes âgées. Depuis
quelques années, les médecins tentent d’alerter sur ce risque, sans toujours convaincre.
La Croix, Marie Terrier, le 13/06/2022
C’est le mantra des autorités sanitaires lors des périodes de grandes chaleurs estivales : il faut boire
régulièrement, même sans sensation de soif. Les personnes âgées, plus sensibles à la chaleur, sont
particulièrement visées par les messages de prévention lors des périodes de canicule. En 2019, sur 1 462
décès liés aux deux vagues de canicule estivales, 1 002 concernaient les plus de 75 ans.

Mais si l’hydratation est importante, attention au risque souvent occulté de surhydratation qui diminue la
concentration en sel dans le corps. Ce phénomène appelé « l’hyponatrémie », concerne particulièrement les
personnes âgées car elles suent moins par rapport aux enfants et aux adultes. Cette incapacité à rejeter l’eau
engendre des somnolences, des instants de confusions. Pire, elle peut résulter en la formation d’œdèmes,
parfois même entraîner mort.
Lors d’un point sanitaire le 5 août 2018, Agnès Buzyn, ex-ministre de la santé, avait dévoilé que parmi les
personnes admises aux urgences, un quart souffrait de ce trouble. Elle rappelait alors qu’il fallait non
seulement boire beaucoup, mais « manger aussi, et prendre du sel en même temps » afin d’équilibrer les
apports. « Nous adapterons peut-être les messages dans les années qui viennent. C’est quelque chose qu’on
ne voyait pas jusqu’à présent », ajoutait-elle.
Ce travail de prévention, le docteur Gaël Durel, président de Mcoor (médecins coordinateurs en Ehpad), y
travaille depuis une dizaine d’années. « J’ai été alerté par les coureurs de marathon dont certains souffrent
d’hyperhydratation. Depuis quatre ou cinq ans, la problématique est intégrée dans les maisons de retraite
», notamment dans la formation des personnels intérimaires qui viennent en aide aux infirmiers en maison
de retraite pendant l’été.
Les familles en revanche ont plus de mal à intégrer le message, regrette-t-il. « Je vois parfois des familles
remplir trois ou quatre carafes d’eau à la fontaine, je leur dis de faire attention. Le message a dû mal à
passer. » Il temporise néanmoins : « Le risque de sous-hydratation demeure supérieur à celui de
l’hyperhydratation. »
Jean-Louis San Marco, ancien professeur de santé publique à Marseille, déplore aussi cette faible prise de
conscience. « Je me bats depuis des années pour faire comprendre qu’on peut sauver des vies par des gestes
simples. » Selon lui, « il suffit de mettre le doigt dans la bouche de la personne et toucher l’intérieur de la
joue. Si elle est sèche, il faut donner de l’eau. Si elle est humide, la personne est bien hydratée mais elle a
chaud, il faut donc la refroidir. » Pour cela, le médecin retraité préconise d’utiliser un brumisateur sur les
faces antérieures et postérieures des mains et des avant-bras, pour former une légère pellicule sur la peau,
suffisante pour se rafraîchir.
À l’inverse, « Il ne faut pas croire qu’arrêter de boire pour éviter de tomber malade est la solution », met
en garde le docteur Stéphan Meyer, vice-président de Mcoor. Tout réside dans l’équilibre. « Il ne faut pas
se gaver d’eau et rester raisonnable. Mais si les patients sont suivis régulièrement, comme c’est conseillé
à partir de 60 ans, le risque d’hyponatrémie reste faible. »
Pour éviter tout drame, Santé publique France recommande de boire au maximum 1,5 litre d’eau au
maximum par jour avec les aliments déjà riches en eau. Et ne pas oublier de s’alimenter, même si la chaleur
tend parfois à couper les appétits.
En Allemagne, le dépistage de la trisomie 21 et le tabou de l’eugénisme
La Croix, par Delphine Nerbollier, correspondante à Berlin , le 27/06/2017

En Allemagne, Lifecodexx, l’équivalent du DPNI, est introduit depuis 2012. Le pays s’interroge
néanmoins sur la nécessité de le rembourser.
L’équivalent allemand du DPNI doit-il être remboursé par les caisses d’assurance-maladie ? Le
débat agite l’Allemagne depuis deux ans et pourrait avancer dès cet automne avec la publication
d’un rapport de la Commission fédérale conjointe des médecins, dentistes, psychothérapeutes,
hôpitaux et caisses d’assurance-santé (G-BA).
C’est une société pharmaceutique allemande, Lifecodexx, qui a introduit le premier test de
diagnostic de la trisomie 21 dans le pays. Depuis, deux autres sont disponibles. Selon Lifecodexx,
plus de la moitié des caisses d’assurance-maladie allemandes auraient déjà accordé des
remboursements au cas par cas. Un débat important, dans un pays où trois quarts des femmes
enceintes ont plus de 35 ans et entrent dans la catégorie des grossesses à risque. Les partisans
évoquent notamment le principe de justice sociale.
Si à l’origine ce test coûtait plus de 1 000 euros, il revient aujourd’hui à 299 euros mais reste trop
onéreux pour certaines femmes qui ont donc recours à l’amniocentèse, plus risquée. Malgré
l’absence de statistiques fédérales, on estime qu’en cas de détection de trisomie, 90 % des femmes
choisissent d’avorter.
Le député chrétien-démocrate Hubert Hüppe se bat bec et ongles contre le remboursement du test
Lifecodexx. « Si ce test est remboursé, la pression sociale sur les femmes sera importante pour
les pousser à le faire », craint le député. Historien de la médecine et ancien membre du conseil
d’éthique, Axel W. Bauer s’inquiète, lui, d’une décision en faveur du remboursement de la part de
la G-BA. « Effectuer ce test sanguin risque de devenir banal et presque automatique. Or, les
conséquences ne sont rien de moins que la mort de l’enfant à un stade précoce », regrette-t-il.
La question de la détection de la trisomie a toujours été marquée pour les législateurs allemands
par le souvenir de la politique eugéniste du IIIe Reich, qui extermina 70 000 handicapés et fit
stériliser 400 000 personnes.
Par ailleurs, le débat s’est complexifié du fait des différences notables, à l’époque de la Guerre
froide, entre la République fédérale d’Allemagne (RFA) et l’Allemagne de l’Est, communiste
(RDA). La législation ouest-allemande, marquée par le poids plus important des Églises, y a
toujours été plus stricte que celle de la RDA, plus libérale. Il faudra attendre la réunification et
1995 pour que l’Allemagne se dote d’une nouvelle législation fédérale encadrant la pratique du
diagnostic prénatal.
Même « s’il existe toujours un tabou au sujet de la trisomie 21 », Axel W. Bauer constate que
« dans les faits, on voit de moins en moins d’enfants trisomiques en Allemagne. Les freins à la
sélection tombent depuis trente ans ».
Regarder la télévision augmenterait le risque de cancer du côlon
Des scientifiques britanniques ont découvert que les personnes au comportement sédentaire,
habituées à regarder la télévision, ont un risque élevé de développer un cancer colorectal.
La télévision est vraiment pas bonne pour la santé. Les scientifiques de l'Université d'Oxford et de
l'Imperial College de Londres au Royaume-Uni révèlent que la regarder quotidiennement
favoriserait le risque de cancer du côlon plus que de passer du temps sur l’ordinateur.
Les chercheurs ont observé 430 584 hommes et femmes inscrits dans la banque de données santé
nationale britannique UK Biobank. Le but étant de déterminer une association entre le cancer
colorectal et le manque d’activité physique grâce à des indicateurs de sédentarité comme le temps
passé devant la télévision ou l’ordinateur. Parmi les participants suivis pendant 5 ans et demi, 2
391 ont développé un cancer du côlon. Le cancer colorectal est le troisième plus fréquent en
France, tous sexes confondus.
Les résultats, publiés dans le British Journal of Cancer , montrent que les patients ayant une
activité physique élevée d’environ 60 heures par semaine, ou même faible, de moins de 10 heures
par semaine, présentaient un risque moindre de cancer du côlon. Cependant, les personnes ayant
un temps d'écoute de la télévision compris entre 1h et 5h par jour ont été associées à un plus grand
risque de cancer du côlon. Fait intéressant, le temps passé à utiliser des ordinateurs n'était pas
associé au risque de cancer colorectal, d’après les chercheurs.
Pour le Dr Neil Murphy, principal auteur de l’étude, cette augmentation du risque de cancer du
côlon serait due à plusieurs facteurs : "Des recherches antérieures suggèrent que regarder la
télévision peut être associé à d'autres comportements, tels que fumer, boire et grignoter plus, et
nous savons que ces choses peuvent augmenter le risque de cancer du côlon." Il ajoute : "Être
sédentaire est également associé à un gain de poids et à une plus grande masse grasse. L'excès de
graisse corporelle peut influencer les taux sanguins d'hormones et d'autres produits chimiques qui
affectent la croissance de nos cellules et augmenter le risque de cancer du côlon". Néanmoins, il
existe des habitudes à prendre pour limiter le risque de développer un cancer colorectal comme
limiter la viande rouge ou encore arrêter l’alcool.
Faut-il pratiquer la méditation à l’école pour calmer les enfants ?
Très tendance depuis quelques années, la méditation est de plus en plus utilisée comme une
technique de relaxation, y compris dans les écoles où elle est proposée pour aider les enfants à se
calmer.Entretien avec Fabrice Midal (1), philosophe, fondateur de l’École Occidentale de
Méditation.
Recueilli par Paula Pinto Gomes, le 27/11/2018
La Croix : De plus en plus d’écoles proposent des séances de méditations pour aider les
enfants à se calmer et à se concentrer. Est-ce une bonne idée ?
Fabrice Midal : La méditation n’est pas une technique de relaxation pour calmer les enfants ou
les adultes. C’est au contraire une expérience pour se sentir vivants. Vouloir calmer un enfant,
c’est vouloir qu’il ne fasse pas de bruit, qu’il ne soit pas dissipé. C’est, au fond, l’empêcher d’être
un enfant et de ressentir des émotions fortes. C’est très violent.
Une mère me racontait récemment qu’il y avait des cours de pleine conscience dans l’école de sa
fille pendant la récréation pour calmer les élèves trop turbulents. Je trouve cela terriblement
inquiétant. Derrière ce genre de projets, il y a l’idée que les enfants ne doivent pas avoir d’états
d’âme, qu’il faut les mettre dans le rang pour qu’ils deviennent des êtres dociles et des
consommateurs-producteurs parfaits.
Heureusement, il y a aussi beaucoup d’enseignants qui ont une conception différente de la
méditation et qui aident les enfants à se retrouver avec eux-mêmes, à développer une intelligence
émotionnelle et à être davantage en relation avec leurs camarades. Sous le terme méditation se
cachent, en réalité, des approches très différentes.
Un des chapitres de votre livre Foutez-vous la paix, s’intitule « Cessez de vouloir être calmes,
soyez en paix ». La méditation n’est pas faite pour calmer, mais elle peut donc apaiser. Quelle
différence faites-vous entre ces deux notions ?
Fabrice Midal : Une différence fondamentale. Calmer, comme je l’ai dit, c’est une manière de
refouler, voir de nier, les émotions. Apaiser, c’est, au contraire, une façon de les accueillir et d’être
en harmonie avec ce qu’on vit. Un enfant peut être en paix et courir dans tous les sens, ce n’est pas
incompatible. Je suis pour une méditation qui encourage à être vivant !
Quels sont les autres bienfaits de la médiation pour un enfant ?
Fabrice Midal : L’impact de la méditation sur les enfants est extraordinaire. En quelques minutes,
ils font une expérience de paix. À la différence des adultes, ils ont moins besoin de travailler sur
des blocages, des nœuds. Ils ont du mal à rester immobiles, mais lorsqu’ils se posent, ils sont
vraiment là. S’asseoir, rentrer à la maison, ce sont des images qui leur parlent.
La méditation les aide à grandir avec leurs émotions et à être comme ils sont. C’est un rendez-vous
avec eux-mêmes, avec la vie. Même s’ils arrêtent un jour de méditer, cette expérience leur donne
confiance dans l’existence. Et c’est quelque chose de très précieux.
Comment pratiquer la médiation avec un enfant ?
Fabrice Midal : De manière très simple. Il suffit de s’asseoir sur un coussin ou une chaise pendant
de 5-10 minutes et d’être présent. On peut jouer avec des images et dire à l’enfant : tu es comme
un prince ou une princesse ; tu vas devenir comme une montagne, comme un lac. L’enfant
découvre des qualités d’être : il comprend que c’est bien d’être en paix, parfois, mais que c’est
bien aussi de toucher son cœur et avoir de l’énergie. La méditation l’aide à rencontrer ses émotions
et à vivre ces expériences.

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