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UNIVERSITE CLERMONT AUVERGNE

LICENCE – NIVEAU 1
AES-DROIT-ECONOMIE-GESTION

Introduction à l’économie
Chapitre 2 : La richesse économique

Partie 2 – Le PIB : la mesure de la richesse économique

Enseignant : Sébastien Marchand, Maître de conférences en économie


(sebastien.marchand@uca.fr)

21 septembre 2021
© S. Marchand
Plan des 4 parties du chapitre II

Partie 1 – La nature et la mesure de la richesse économique : la théorie de la valeur


1. La théorie objective de la valeur : les économistes classiques
2. La théorie subjective de la valeur : la révolution marginaliste ou les économistes néoclassiques
2.1. La nature de la richesse : l'utilité
2.2. La rareté et la valeur d'un bien
3. Une tentative de synthèse avec A. Marshall

Partie 2 – Le PIB : la mesure de la richesse économique


1. Le PIB : une grandeur de la richesse aux multiples facettes
2. Le PIB : le diagramme de flux circulaire
Partie 3 – La Comptabilité Nationale : la fabrication du PIB
1. Présentation de la Comptabilité Nationale
o Objectif
o Historique
o Normalisation internationale
2. Les concepts de la Comptabilité Nationale
2.1. Les catégories d’agents
2.2. Le Tableau Economique d’Ensemble (T.E.E) : les opérations sur biens et services, et de répartition
3. Le PIB dans la Comptabilité Nationale
3.1. L'optique du produit : l'origine de la richesse
3.2. L'optique des revenus : la répartition de la richesse
3.3. L'optique des emplois : l'utilisation de la richesse

Partie 4 – Les alternatives au PIB pour mesurer la richesse


1. Les limites du PIB en tant qu’indicateur de richesse
2. Les alternatives et extensions
2.1. Les indicateurs monétaires
2.2. Les indicateurs non monétaires
2.3. Le bonheur et le bien-être économique : une tentative de synthèse

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Partie 2 – Le PIB : la mesure de la richesse économique

Avant de lire cette partie, je vous invite à regarder les deux vidéos suivantes (moins de 5 minutes chacune) qui
vous permettront de mieux comprendre la suite. Pensez à revoir ces vidéos, une fois que vous aurez terminé la
lecture de cette partie.

Reportage de l'émission intitulée "Le gros mot de l'éco" de France 24

Lien vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=e2gBc3bqlUk

Vidéo de Dessine moi l'éco qui explique le PIB Dessine moi l'éco sur le PIB

21 septembre 2021
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1. Le PIB : une grandeur de la richesse aux multiples facettes

Le Produit Intérieur Brut a été inventé dans les années 1930 par de l'américain
Simon Kuznets (1901-1985 ; ci-contre - prix Nobel en 1971) afin de quantifier
la production de biens et services par l’économie américaine suite à la crise de
1929. Nous verrons dans la partie 3 que suite à la Seconde Guerre Mondiale,
les pays vont développer une comptabilité nationale dont le but sera entre
autres de produire le PIB de chaque pays, chaque année.
Il existe plusieurs façons de définir le PIB et nous allons retenir pour l’instant celle qui le présente comme un
indicateur de production c’est-à-dire une mesure de la production des biens et services. Voir le PIB comme
cela permet ainsi de le définir comme un indicateur de richesse puisque, rappelez-vous, la richesse est
l’ensemble des ressources à disposition d’un pays pour satisfaire les besoins de ses membres… parmi ses
ressources, il y a les biens et services produits (mais pas seulement… nous verrons cela dans la partie 4).

Définition officielle du PIB selon l’INSEE :

Le PIB correspond à la somme des valeurs ajoutées [1] brutes1 nouvellement [2] créées par les unités
productrices [3] résidentes une année donnée [4], évaluées au prix du marché [5]. Il donne une mesure des
richesses nouvelles créées chaque année par le système productif.

 [1] Il ne s'agit que de biens et services finaux fabriqués par les producteurs c’est-à-dire qu’il faut exclure
les biens/consommations intermédiaires utilisés dans la production pour éviter toute comptabilisation
double. Par exemple, le papier vendu par une papeterie à un imprimeur de carte de vœux est une
consommation intermédiaire pour produire la carte de vœux. Ainsi, la production du papier étant déjà
comptabilisée dans la production de la papeterie, il ne faut pas la re-comptabiliser la production de
l’imprimeur. Il faut donc retirer la valeur du papier à la carte de vœux. Autrement dit, ce qui est réellement
produit par l’imprimeur de la carte vœux, ce n’est pas la carte en elle-même mais la valeur ajoutée au
papier qu’il a reçu de l’imprimeur. Le PIB ne s’intéresse qu’à la valeur ajoutée ou, autrement dit, à ce que
produit vraiment une entreprise. Nous reviendrons sur cela dans la partie 3.
 [2] Il s’agit des biens et services produits pendant l'année prise en compte de sorte que les biens
d'occasions sont exclus.
 [3] Une unité productrice est un terme global pour dire que les entreprises ne sont pas les seules à
produire. Nous verrons dans la partie 3 qu’il y a aussi les ménages, les associations et l’Etat au sens large.
 [4] Le PIB est le plus souvent mesuré au sein d'un pays (mais il faut retenir qu’il cible une zone
géographique donnée) et pendant un intervalle de temps bien précis (souvent l’année). Toute production
au sein d'un pays, peu importe la nationalité de l’unité productrice, est comptabilisée dans le PIB du pays.
Par exemple, un travailleur français exerçant en Suisse verra sa production comptabilisée dans le PIB
suisse.

1
Oublions le « brut » pour l’instant ; nous l’expliquerons dans la partie 3.
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 [5] Au prix de marché signifie que la valeur marchande (le prix) permet de comptabiliser tous les biens et
services qui ont un coût de production et donc une valeur monétaire de sorte que le PIB peut mesurer la
richesse créée totale indépendamment de la nature des biens (ex. on additionne des TV et des voitures
avec des services bancaires, etc.). A noter que valeur marchande et valeur monétaire ne veulent pas dire
la même chose. Ainsi, cette définition du PIB est trompeuse. En effet, le PIB s’intéresse (1) aux biens et
services produits qui donnent lieu à une vente (production marchande) et qui ont donc un prix (une valeur
marchande) mais aussi (2) aux biens et services produits qui ne donnent pas lieu à une vente mais qui ont
un coût de production (production non marchande mais monétaire comme les services publics).
Autrement dit, la production marchande a une valeur monétaire (un coût de production) et une valeur
marchande (un prix) alors que la production non marchande n’a qu’une valeur monétaire (un coût de
production). Autrement dit, le PIB, lui, s’intéresse aux deux productions puisqu’elles ont des coûts de
production (PIB = activités productives monétaires). Nous verrons dans la dernière partie de ce chapitre
que de nombreuses activités productives sont oubliées par le PIB alors même qu’elles consistent à
produire un bien ou un service dont a besoin un individu (ex. toutes les activités productives domestiques
(ménage)).

Ainsi, cette définition du PIB permet de comprendre que le PIB est un indicateur de production. Si celui-ci
augmente d’une année sur l’autre, cela veut dire que le pays produit plus de biens et services « neufs ». En
cela, il est un indicateur de production puisqu’il mesure la quantité de biens et services en plus dans un pays.
Nous verrons dans la partie 4 que le PIB est malgré tout un indicateur de richesse avec des limites notamment
parce qu’il oublie une grande partie des ressources d’un pays qui forment sa richesse.

Un indicateur à succès car le PIB est plus qu’un indicateur de production

Dans la partie suivante, nous verrons comment calculer le PIB à partir de la comptabilité nationale. Nous
verrons qu’il a trois définitions comptables selon le calcul retenu : (1) une définition en tant qu’indicateur de
production (ce que nous venons de voir), (2) une autre en tant qu’indicateur de revenu et (3) enfin une
troisième en tant qu’indicateur de dépense. Autrement dit, le PIB est un triple indicateur de production, de
revenus et de dépenses. Cela en fait son succès !
Pourquoi ?  Explications !
Le PIB, nous venons de le voir, est une mesure de la richesse économique c’est-à-dire de la quantité de biens
et services produits dans une économie afin de satisfaire des besoins (indicateur de production).
Néanmoins le PIB ne s’intéresse qu’à une partie des biens et services produits : ceux qui ont un coût de
production de sorte qu’il y a des revenus qui découlent de cette production (cf. point 1 de la définition du PIB
infra). Concrètement, le PIB s’intéresse (1) à la production échangée qui donne lieu à une vente et donc à des
revenus pour celui qui est le responsable de cette production (production marchande, ex. la vente d’une
voiture) et (2) à la production échangée qui ne donne pas lieu à une vente mais qui a un coût de production
et donc des revenus pour celui qui est à la base de cette production (production non marchande, ex. un service
public gratuit délivré par l’Etat contre rémunération des fonctionnaires). Ainsi, si le PIB mesure la valeur
monétaire de la production de biens et services ayant un cout de production, il est aussi un indicateur de
revenu. De plus, le PIB s’intéresse aussi à la consommation (c’est-à-dire à l’utilisation) de cette production de
biens et services qui a un coût de production et donne des revenus. Le PIB est donc un indicateur de dépense.

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Ainsi, le PIB est la valeur de la production de biens et services, la valeur des revenus distribués dans l’économie
et enfin la valeur des dépenses engagées pour acheter les biens et services produits. Dans la partie 3, nous
verrons par les chiffres que la mesure du PIB par la Comptabilité nationale repose sur ces trois approches.

Indicateur de Indicateur de dépenses  (1)


production  PIB = un triple utilisation/ consommation de
quantité de biens et indicateur la production ; (2) ce qui est
services produits pour dépensé a été gagné.
satisfaire un besoin

Indicateur de revenus  revenus tirés de la


vente de la production ; donc le lien entre la
production et la dépense

2. Le PIB : le diagramme de flux circulaire

NB : vous aborderez un exercice dans le dossier de TD n° 3 (distribué lors de la séance de TD) qui vous
permettra de vous exercer à représenter schématiquement l’économie. Ce schéma permet de comprendre
la relation entre la production, les revenus et les dépenses, et ainsi, de comprendre pourquoi le PIB mesure à
la fois la production, les revenus et les dépenses d’une économie.

Introduction :
Une manière utile d'appréhender l'égalité entre la production, les revenus qui en découle et les dépenses
pour l’acquérir est de considérer le diagramme de flux circulaire qui est un modèle de l'économie (c’est-à-dire
une représentation simplifiée de la réalité) dans lequel les transactions (achat, vente, salaires, etc.) sont
représentées par des flux de deux types : réel et monétaire. Ce diagramme permet donc de comprendre que
le PIB s’intéresse à la production qui verse des revenus qui sont ensuite consommés de sorte que : production
= revenus = consommation.

Imaginons une économie simplifiée dans laquelle il n’y a que deux types d’agents économiques : les ménages
et les entreprises (cf. figure 1). Par souci de simplicité, on suppose qu’il n’y a pas d’intermédiaire financier,
d’administration publique et de reste du monde.

Il y a entre ces deux catégories d'agents deux types de flux : réels et monétaires. Les flux réels correspondent
aux transferts de marchandises (cf. plus bas pour une illustration). Les flux monétaires en sont la contrepartie
monétaire (cf. figure 1 pour une illustration). Comme ces derniers sont une contrepartie, cela vient en double.
Schématiquement, à toute flèche en trait plein pour les flux réels (transfert de marchandises) correspond une
flèche inverse en pointillés pour les flux monétaires (en euros par exemple). Le plus souvent, on ne retient
que les flux monétaires car nous sommes dans des économies monétaires/marchande où la grande majorité
des échanges sont monétarisés (donnent lieu à une contrepartie en argent ; ex. si un individu dépense 1000
euros pour acheter une TV, on retient la somme de 1000 euros entre lui et le vendeur et non le transfert de
la TV – cela simplifie les choses quand il faut agréger/additionner les dépenses de tous les individus ; NB : en
faisant cela, on ne s’intéresse donc qu’aux échanges marchands).
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Les ménages offrent une marchandise particulière, leur travail (flux réel), en échange d'un revenu (flux
monétaire). Grâce à ce revenu, ils consomment des biens de consommation finale (flux réel) qu’ils payent (flux
monétaire). Les entreprises produisent trois types de biens (flux réel) avec l'aide du travail des ménages : (1)
des biens de consommation finale (ex. une voiture acheté par un ménage), (2) des biens d'équipement (K ou
capital fixe ; ex. une voiture achetée par une autre entreprise pour produire un bien) et (3) des biens de
consommation intermédiaires (CI ou capital circulant ; ex. l’essence mis dans une voiture par une entreprise
pour produire un bien) qu’ils vendent (flux monétaire) soit aux ménages (il s’agit de CF), soit aux entreprises
(K et CI)2.

Procédons à présent au bilan budgétaire (c’est-à-dire une comparaison entre les revenus et les dépenses) de
chaque catégorie d'agent. Les ménages sont en capacité de financement (revenus > dépenses) alors que les
entreprises en besoin de financement (revenus < dépenses). En effet, les ménages ont des revenus de 12 000
euros et dépensent 11 000 euros, il leur reste 1 000 euros (c’est leur épargne) avec lesquels ils sont capables
de financer autre chose. Quant aux entreprises, elles ont rémunéré du travail pour 12 000 euros (il s’agit des
salaires), elles ont acheté 6 000 euros de bien de consommation intermédiaire (comme de l’électricité par
exemple) et ont investi pour 2 000 euros en biens d'équipement (une machine par exemple) : leurs dépenses
totales s'élèvent donc à 20 000 euros. Par ailleurs, leur chiffre d'affaires (ou la recette de leurs ventes) s'élève
à 19 000 euros : 11 000 euros pour la vente aux ménages de bien de consommation finale, 6 000 euros pour
la vente à des entreprises utilisatrices de biens de consommation intermédiaire et 2 000 euros pour celle de
biens d'équipement à des entreprises investissant. Les entreprises ont donc besoin de 1 000 euros pour
financer ce qu'elles ont dépensé en trop (20000-19000).

Le circuit étant fermé (i.e., il n’y a pas d’autre agent), seuls les ménages peuvent satisfaire le besoin de
financement des entreprises. On ajoute donc au schéma un échange supplémentaire : des titres ou actions
des entreprises (flux réel) contre l'épargne des ménages (flux monétaire). Dans un circuit économique, les flux
monétaires s'équilibrent toujours : les capacités de financement et les besoins de financement doivent se
compenser.

Dans la réalité, le reste du monde peut aussi aider à financer le besoin de financement du pays. Par exemple,
en France en 2014, les entreprises et les administrations publiques avaient un besoin de financement qui
n’était pas compensé par la capacité de financement des ménages et des institutions financières (les banques
notamment) de sorte que la France fit appel à l’épargne du reste du monde (i.e., concrètement cela veut dire
que des agents économiques d’autres pays ont acheté par exemple des bons du Trésor de l’Etat français).
Encore, dans la réalité, l’Etat peut intervenir et produire, dépenser (ex. en achetant une partie de ce qui
produit par les entreprises), taxer (ex. en prélevant une partie des revenus des ménages et des entreprises).
Le dossier de TD n°3 travaillé en séance illustre la prise en compte de l’Etat et du reste du monde dans le
circuit économique.

2
CF, CI et K : nous revenons sur ces trois formes de consommation dans la partie 3.
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Voilà la représentation de cette économie simplifiée dans laquelle il n’y a que des ménages et des entreprises.

Figure 1 : Diagramme de flux circulaire ou circuit économique (CF : consommation finale, CI : consommation intermédiaire)

A partir de ce diagramme, on peut reproduire la triple égalité comptable mentionnées plus haut : production
= revenu = dépense.

Du côté de la production (que l’on nomme P), celle-ci consiste en la production de biens de consommation
finale (CF) pour les ménages (12000), de biens d’équipement (investissement - I) pour les entreprises (2000)
et de consommation intermédiaire (CI) pour les entreprises (6000). La production est ainsi de : P = CF + I + CI
= 11000+2000+6000 = 19 000. La valeur de la quantité de biens et services produits et vendus est de 19000
euros.

Du côté des revenus (R), il s’agit de la distribution de la production vendue des entreprises aux différentes
parties prenantes dans la production. Les entreprises rémunèrent les ménages pour leur travail sous la forme
de salaires (W) versés au ménage. La production vendue est aussi utilisée pour payer les fournisseurs c’est-à-
dire les autres entreprises. Ce sont les consommations intermédiaires, CI. Enfin, l’entreprise conserve une
partie de la production vendue sous forme de profit. Ces profits (Pr) sont ensuite utilisés pour rémunérer les
acteurs qui ont participé au financement de l’entreprise, ici les ménages sous forme de titres participation
(ex. les actions) qui reçoivent des dividendes par exemple. On a donc R = W + Pr + CI = 12000 + 1000 + 6000 =
19000. L’indicateur de revenu est de 19000 euros ou autrement dit, il y a 19000 euros de revenus distribués
suite à la production de 19000 euros de biens et services.
Enfin, du côté des dépenses (D), celles-ci prennent la forme de dépenses de consommation finale des
ménages (CF), de dépenses d’investissement des entreprises (I) et de dépenses de consommation
intermédiaire (CI) des entreprises. On a donc : D = CF + I + CI = 11000 + 2000 + 6000 = 19000. Les dépenses
totales de cette économie sont de 19000 euros.

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Nous verrons dans la partie 3 que cette valeur de 19 000 euros n’est pas le PIB de cette petite économie fictive
car nous n’avons pas retirée les consommations intermédiaires (CI). En effet, rappelez-vous que le PIB mesure
la valeur ajoutée de chaque entreprise et il faut donc retirer CI à la production. Si on retire CI à chaque fois
nous avons : P = CF + I = 13 000 ; R = W + Pr = 13 000 ; D = CF + I = 13 000. Il s’agit de la valeur du PIB : dans
cette économie, la valeur ajoutée des entreprises est de 13 000 (PIB en tant qu’indicateur de production),
cela génère 13 000 de revenus (PIB en tant qu’indicateur de revenus) qui donne lieu à 13 000 de dépenses
(PIB en tant qu’indicateur de dépense). Nous verrons dans la partie 3 que chaque « version » du PIB raconte
une histoire intéressante sur l’économie en question (ex. pour les revenus, qui des travailleurs ou des
propriétaires reçoivent le plus ? ; pour les dépenses, est-ce que sont les ménages ou les entreprises qui
consomment le plus ? ; etc.).

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