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DÉCOUVRIR Ce pays
où souffle le vent du progrès
PARTIR Etudes, PVT, Programme
de l’expérience québécoise,
n° 51 • septembre-octobre-novembre 2020

résidence permanente :
les démarches au temps du Covid-19
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ÉDITORIAL
Hebdomadaire d’information édité par
la société anonyme Groupe L’Express.
Capital social 47 150 040 euros
CPPAP n°0323C82839
ISSN n° 0014-5270
Siège social : 112, av. Kléber, 75116 Paris
Une soif de confiance
Tél. : 01 47 55 30 40 PAR VALÉRIE LION
Président-directeur général,
directeur de la publication
Alain Weill
Directeur de la rédaction Eric Chol

A
RÉDACTION l’heure de la pandémie et des restrictions de déplacement, penser
Rédactrice en chef Valérie Lion
un projet d’expatriation peut sembler saugrenu. Depuis le mois de
Rédaction Natacha Czerwinski,
Kevin Deniau, Irène Frat, Isabelle mars, notre horizon s’est singulièrement rétréci. La fermeture des
Grégoire, Anne-Hélène Mai, frontières est devenue une réalité, inimaginable dans un contexte
Philippe Renault, Nathalie Schneider, de mondialisation croissante des échanges et de mobilité interna-
Christophe Thoreau, Sibylle
tionale toujours plus grande. Cette crise sanitaire, doublée main-
de Valence, Huguette Young
Edition Hélène Sonsino
tenant d’une crise économique, a provoqué en chaque individu, qu’il ait été touché
Direction artistique Muriel Seisser de près ou de loin par la maladie, un choc intime. Durant le temps suspendu du confi-
Iconographie Béatrice Bon nement, qui fut aussi une période de lutte intense contre le virus, chacun d’entre
Photo de couverture
Dmitry Vinogradov/iStock
nous a pu éprouver d’autres rythmes, réfléchir sur son métier, son mode de vie, ses
Assistante de rédaction choix passés et ses aspirations profondes pour l’avenir.
Christine Roy-Gorlier A la sortie de ce printemps hors norme, le « monde d’après » ressemblait étrange-
MANAGEMENT ment au monde d’avant. A un détail près : vous avez sans doute changé. De perspective,
Directeur général adjoint
Arthur Fouvez
d’envie, de projet, voire d’emploi. Et le Canada, si vous n’y pensiez pas déjà, a pu s’im-
Editrice déléguée Anaïs Dupuis poser comme une évidence : un besoin urgent de voir plus loin et plus large, de quitter
PUBLICITÉ la densité des grandes villes françaises, de se rappro-
Directrice générale Altice Média cher de la nature, de connaître des relations sociales
Publicité Laurence Des Rotours
Directeur Pôle annonceurs plus apaisées. Bref, de s’offrir un nouveau départ.
Pierre-Etienne Musson Beaucoup moins touché que l’Europe par la pan-
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de chaque individu, confiance dans les ressources naturelles d’un territoire vingt
© 2020 L’Express/SA Groupe L’Express.
Tous droits de reproduction réservés. fois plus grand que la France, dans les ressources intellectuelles d’un pays qui fait
Magazine imprimé sur du papier figure de refuge pour de nombreux cerveaux, de moins en moins à l’aise dans les
certifié PEFC (sauf encarts). Origine
du papier intérieur Allemagne. Taux Etats-Unis voisins. Tout simplement, confiance dans l’avenir.
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et de ressources contrôlées. ont profité, ils le doivent à ce regard incroyablement positif, à cette absence de
barrières, à ce sentiment grisant que « tout est possible ». De l’entrepreneur Rodolphe
Barrere (page 40) à l’animateur Cyril Chauquet (page 86), en passant par le hockeyeur
Antoine Roussel (page 114), tous l’ont éprouvé et nous l’ont raconté.
Une expatriation ne doit jamais être une fuite, au risque de se solder par un échec.
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SOMMAIRE

DÉCOUVRIR
8 Ce pays où la liberté d’être soi a force de loi
16 D’un océan à l’autre

GETTY IMAGES/ISTOCKPHOTO
PA R T I R
20 Une immigration sous tension
22 Canada : les démarches pour immigrer
24 Chacun son chemin
28 Québec : les démarches pour immigrer L’ A U T R E C A N A D A
30 Séjours temporaires : un avant-goût d’ailleurs
34 Un PEC… pas impec ! TRAVAILLER
36 BOÎTE À OUTILS 96 JEAN-LOUIS SERVRANCKX (AECON) “Seul le résultat
compte, on privilégie l’efficacité et l’agilité”
98 Un lent retour à la normale
LE QUÉBEC 100 L’emploi par province
104 Toronto, nouvelle Mecque de la tech
TRAVAILLER
106 L’art de manager sans excès d’autorité
40 RODOLPHE BARRERE (POTLOC) “Le modèle
de référence, c’est concilier carrière et famille” 108 Grand Nord, l’aventure XXL
44 Une croissance en convalescence 114 Le sport pour passeport
46 J’irai plus loin que Montréal… 118 BOÎTE À OUTILS
50 Une journée dans les pas d’une prof ÉTUDIER
54 Aides-soignants : des “anges gardiens” trop rares 120 Etudier en français, vivre en anglais
58 Franchisé à l’étranger : un double défi 122 BOÎTE À OUTILS
60 BOÎTE À OUTILS
VIVRE
ÉTUDIER 124 A Sudbury, le français en partage
64 Une rentrée en ligne 128 Ottawa, la force tranquille
68 Grandes écoles pour tous 132 Le tremplin du bénévolat
70 BOÎTE À OUTILS 134 Le hockey, une passion nationale
VIVRE 136 Canadorama
74 Comme les cinq doigts de la Main 138 Cartes postales
77 Montréal, mode d’emploi
78 Québec se met en quatre
84 L’appel de l’Est
86 Cyril Chauquet, un gros poisson de la télé
88 MENSAH HEMEDZO “Le racisme était absent
des discours, pas de la réalité”
90 Québecorama
JEWHYTE/ISTOCK PHOTO/GETTY

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Publi-rédactionnel

Bien gérer son

argent au Canada
Les conseils pour faciliter votre installation
Ouvrir un compte bancaire constitue une étape clé de l’expatria-
tion. Avant de vous lancer, prenez le temps de lire les conseils de la
Banque Nationale du Canada pour mieux comprendre le système
bancaire outre-Atlantique et simplifier votre arrivée.

Même si cela peut parfois paraître complexe
et peu enthousiasmant, la question finan-
cière figure parmi les points importants d’une
immigration réussie. Pour aider les futurs ex-
patriés, la Banque Nationale du Canada livre
ses suggestions pour vous éviter des erreurs
ou des oublis :
1. Estimer son budget de départ
N’hésitez pas à faire vos comptes en effec-
tuant des recherches sur les différents prix et
loyers pratiqués ainsi que sur les dépenses
courantes. Celles-ci varient grandement
selon la ville et le quartier où vous allez vous
installer, les moyens de transport utilisés ou
vos besoins concernant Internet et la télé-
phonie.
2. Se faire un coussin de sécurité
financière
Payez-vous en premier, l’épargne, c’est es-
sentiel. Pour pallier aux imprévus, il est forte-
ment conseillé de se bâtir un fonds d’urgence
en mettant de côté une somme qui repré-
sente de trois à six mois de vos dépenses et,
selon vos objectifs, d’allouer de 10 % à 20 %
de votre budget à l’épargne.
• La carte de crédit, elle, souvent requise pour
les achats en ligne, le paiement des factures
d’électricité, la location d’une voiture ou en-
core la signature d’un contrat de téléphone
portable, autorise à dépenser de l’argent
que la banque ou l’organisme de crédit vous
prête à court terme. Chaque mois, il vous faut
donc rembourser ces dépenses sous peine
de payer des intérêts élevés.
4. Quid de l’historique de crédit
Cet antécédent récapitulatif est l’un des
principaux outils que les prêteurs utilisent
pour accepter ou rejeter un emprunt ou un
crédit. Votre dossier ou historique de crédit
pourra être demandé lors de différentes dé-
marches : location d’un appartement, octroi
d’une carte de magasin, recouvrement d’un
montant d’argent, achat d’assurances, etc.
afin de vérifier votre solvabilité.
Il est ainsi intéressant d’opter pour une carte
de crédit dès votre arrivée, car elle permet de
se constituer un début d’historique de crédit.
5. Choisir sa banque
Les banques sont nombreuses au Canada.
Si plusieurs d’entre elles proposent des pro-
grammes pour les nouveaux arrivants, la du-
rée de ces offres ainsi que les services offerts
varient grandement. Il faut donc trouver la
plus conforme à vos besoins.
L’offre de la Banque Nationale du Canada
comprend quant à elle de multiples avan-
tages et des économies sur 3 ans. Outre son
service d’accompagnement par téléphone,
elle a adapté les conditions d’accès à la carte
de crédit et aux prêts automobile et immo-
bilier pour mieux répondre aux besoins des
nouveaux arrivants.
6. Ouvrir un compte avant son départ
L’ouverture d’un compte peut se faire sur
place. Généralement, il suffit de se présenter
dans la banque de son choix avec les pièces
suivantes : un passeport valide et un docu-
ment officiel émis par Citoyenneté et Immi-
gration Canada (visa ou permis de travail
ou d’études).
Encore mieux, il est possible d’ouvrir un
compte à distance via Internet et faire un
premier virement avant même votre arrivée.
Alors, n’attendez plus : lancez-vous !

3. Carte de crédit ou de débit ?

Au Canada, il existe deux types de cartes :
• La carte de débit permet d’effectuer des
achats avec l’argent dont on dispose sur son
compte bancaire.
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 8 DÉCOUVRIR

Ce pays où la liberté d’être soi

a force de loi
Egalité et tolérance  : deux valeurs clés soutenues depuis 1982 par la Charte
canadienne des droits et libertés. De la sexualité à la parentalité
en passant par le choix de mourir, la loi a pris acte des évolutions sociales.
PAR NATACHA CZERWINSKI, ISABELLE GRÉGOIRE ET NATHALIE SCHNEIDER

L’EXPRESS S’INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada

 DÉCOUVRIR
Les serres de plants de marijuana
médicale de Canopy Growth,
leader mondial de la production de
cannabis, à Smiths Falls (Ontario).
Fumer… sans feu
Depuis 2018, les Canadiens
peuvent consommer
du cannabis en toute légalité.
L
e 20 juin 2018, le Premier ministre
Justin Trudeau postait ce message
sur Twitter : « Il est trop facile pour
nos enfants d’obtenir de la marijuana et
pour les criminels d’en tirer profit. » Sui-
vait un « #PromesseTenue », qui donnait
à la publication un petit air de victoire
politique. Ce jour-là, en effet, le Sénat
adoptait la loi sur la légalisation du can-
nabis qui a fait du Canada le deuxième
pays au monde, après l’Uruguay, à en
autoriser l’usage récréatif (la consom-
mation de cannabis thérapeutique y est
légale depuis 2001). Le Premier ministre
BLAIR GABLE/REUTERS, MARTIN OUELLET-DIOTTE/AFP
en avait fait une promesse phare de sa
campagne électorale de 2015, s’attirant
les foudres de ses détracteurs politiques,
tandis que l’Association médicale cana-
dienne multipliait les mises en garde sur
les conséquences de la substance psy-
chotrope sur la santé, en particulier chez
les plus jeunes. Mais, malgré de virulents
débats, la loi a bel et bien été votée.
Taxé de laxisme par les conservateurs,
le chef du gouvernement fédéral s’affir-
mait pour une consommation encadrée
dans un pays qui détient l’un des records
mondiaux de la fumette : près d’un Cana-
dien sur deux avoue avoir déjà tenté l’ex-
périence… dont Justin Trudeau lui-même !
Fort de ce constat, le Premier ministre
entendait imposer des normes strictes à la
production du cannabis et au taux de THC
admis (30 %), laissant les provinces libres
d’apporter des restrictions supplémen-
taires sur la distribution du produit,
comme sur l’âge légal pour s’en procurer.
L’objectif n’était pas seulement de
décriminaliser l’usage récréatif de la mari-
juana, mais bien d’en définir les termes
légaux pour s’attaquer au fléau du marché
noir. Dès l’entrée en vigueur de la loi, en
octobre 2018, les points de vente, privés
Le 17 octobre 2018, une entreprise d’Etat,
la Société québécoise du cannabis,
ouvrait ses premiers magasins à Montréal.
L’EXPRESS S’INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
9
ou publics (les deux systèmes cohabitent,
selon les provinces), ont été pris d’assaut.
Certains ont dû fermer temporairement
leurs portes pour cause d’épuisement des
stocks, tant la demande était forte !
Grâce à une étude préliminaire menée
auprès des amateurs en 2018, le gouverne-
ment a pu identifier les changements de
consommation intervenus après la légali-
sation. Statistique Canada rapporte qu’en
2019, on dénombrait 578 000 nouveaux
consommateurs occasionnels, avec une
augmentation de 14,9 % à 16,8 % chez les
15 ans et plus. Le nombre de consomma-
teurs quotidiens, quant à lui, demeurait
stable à 6 %. Les Terre-Neuviens seraient
les plus accros au cannabis légal (25 %) et
les Québécois les moins adeptes (11,8 %).
Enfin, toujours selon l’agence gouverne-
mentale, la loi aurait permis d’arracher
30 % des ventes au marché noir.
De nombreux sites illégaux, offrant des
produits moins chers et de piètre qualité,
demeurent toutefois facilement acces-
sibles. Une réalité déplorée notamment
par l’Association québécoise de l’industrie
du cannabis. En 2019, quelque 500 bou-
tiques ont ouvert leurs portes dans le pays,
générant 908 millions de dollars cana-
diens de ventes en magasins et en ligne. Si
l’on en croit les stratégies de certaines
sociétés d’Etat, comme la Société québé-
coise du cannabis, de nombreux autres
lieux de distribution sont à prévoir.  N. S .
 10 DÉCOUVRIR
Le Festival Fierté
Montréal se déroule
en temps normal (hors
Covid) chaque année
à la mi-août pendant
dix jours. Point d’orgue :
le grand défilé (ici, en 2016).
Toutes les couleurs
de l’arc-en-ciel
Après la décriminalisation
de l’homosexualité
en 1969, les droits LGBTQ2
n’ont cessé de progresser.
«
L
’Etat n’a rien à faire dans les
chambres à coucher de la nation. »
Cette phrase de l’ancien Premier
ministre Pierre Elliott Trudeau a marqué
l’imaginaire canadien. « Ce qui se fait en
privé entre deux adultes, que ce soit un
homme et une femme, ou pas, ça les
regarde, ça ne regarde pas la police », pré-
cisait-il alors. C’était en 1967. Deux ans
plus tard, sous sa houlette, l’homosexua-
lité, jusque-là passible de prison, était
décriminalisée. Une première étape
cruciale, qui ouvrait la voie à l’égalité des
droits des personnes LGBTQ2*. Le pays
figure aujourd’hui parmi l’un des plus
avancés du globe en la matière.
Après la loi de 1969, le Québec a été la
première juridiction en Amérique du
Nord, et la deuxième au monde (après le
Danemark), à interdire la discrimination
fondée sur l’orientation sexuelle en 1977,
en ajoutant un amendement à la Charte
des droits et libertés de la personne. Il
L’EXPRESS S’INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
faudra toutefois attendre 1996 pour que
la loi canadienne des droits de la personne
soit modifiée dans le même sens. Dix ans
plus tard, en 2005, le Canada devient le
quatrième pays au monde à reconnaître
le mariage entre personnes de même sexe
(après les Pays-Bas, la Belgique et l’Es-
pagne). La possibilité pour un couple de
même sexe d’adopter des enfants est léga-
lisée par la plupart des provinces dès la
fin des années 1990. Et la procréation
médicalement assistée est ouverte à tous
et toutes depuis 2004 (lire page 12).
Des excuses officielles
L’arrivée au pouvoir en 2015 de Justin
Trudeau, digne héritier de son père,
donne un nouvel élan à la lutte pour
l’égalité des droits. Contrairement à son
prédécesseur conservateur, Stephen
Harper, qui ne s’y était jamais montré,
Justin Trudeau ne manque jamais de
participer aux gigantesques défilés de la
Gay Pride à Toronto, Montréal ou Van-
couver. En 2017, il présente des excuses
officielles aux personnes LGBTQ2 discri-
minées en raison des lois, politiques et
pratiques fédérales. Dans la foulée, il
annonce des mesures de réconciliation,
d’éducation et de commémoration
dotées de millions de dollars canadiens.
La même année, le gouvernement fédé-
ral met sur pied un Secrétariat LGBTQ2
pour défendre les droits des personnes
MARC BRUXELLE/ISTOCK
issues de ces communautés et pour les
protéger contre la discrimination. L’ou-
verture aux notions de genre a aussi fait
son chemin partout dans le pays. L’iden-
tité et l’expression de genre ont ainsi été
ajoutées aux motifs interdits de discrimi-
nation dans la Charte québécoise en 2016,
puis dans la Loi canadienne sur les droits
de la personne en 2017. Depuis 2019, les
personnes qui ne se considèrent pas
exclusivement comme une femme ou un
homme peuvent faire imprimer un « X »
sur leur passeport, certificat de citoyen-
neté ou carte de résident permanent.
« Malgré ces avancées importantes, la
lutte contre l’homophobie et la trans-
phobie n’est pas terminée », observe le
sexologue et sociologue Martin Blais,
cotitulaire de la Chaire de recherche
contre l’homophobie de l’Université du
Québec à Montréal. Les personnes trans-
genres par exemple souffrent plus que les
autres de difficultés d’accès à l’emploi. Les
mentalités aussi doivent poursuivre leur
évolution. Si l’Etat a déserté les chambres
à coucher depuis longtemps, les citoyens,
eux, n’ont pas tous renoncé à regarder ce
qui s’y passe.   I. G.
* Lesbiennes, Gais, Bisexuels, Transgenres,
Queer et Bispirituels (terme important
dans certaines cultures autochtones désignant
une personne avec deux esprits dans le même
corps, l’un féminin, l’autre masculin). Un « I »,
pour Intersexués, est parfois ajouté au sigle.
 DÉCOUVRIR
Père et mère
à égalité pour
l’arrivée du bébé
Un généreux régime
de congés favorise
l’implication des deux parents.
C
’est lors de la première Semaine de
l’égalité des sexes de l’histoire du
Canada, en septembre 2018, que le
gouvernement fédéral l’avait annoncé :
une « prestation parentale partagée »
allait être créée. Objectif : « Encourager
une répartition plus équitable des res-
ponsabilités relatives au soin des enfants
dans les ménages. » La mesure a été mise
en place six mois plus tard, en mars 2019.
Le principe ? Proposer un congé
parental bonifié s’il est réparti entre les
deux membres du couple. « Cette mesure,
se félicitait alors Jean-Yves Duclos,
ministre de la Famille, des Enfants et du
Développement social, nous aidera à éli-
miner les obstacles à l’égalité des sexes
HALFPOINT/ISTOCK
en modifiant les attitudes culturelles à
l’égard des hommes qui prennent un
congé parental et permettra aux Cana-
diens de passer plus de temps avec leur
CREDIT
famille. » Deux formules s’offrent donc
désormais aux parents (y compris adop-
tifs ou de même sexe).
La prestation parentale « standard »
permet de bénéficier de l’assurance-
emploi jusqu’à 40 semaines. Sachant
qu’une personne ne peut pas recevoir plus
de 35 semaines d’allocation, les deux
parents doivent cesser de travailler pour
avoir accès à la totalité du dispositif.
Dans le cas de la prestation parentale
« prolongée », les parents peuvent rece-
voir une contribution financière pendant
69 semaines au plus, avec un maximum
de 61 semaines par personne.
Les semaines de prestations paren-
tales standard sont payées au taux de 55 %
de la rémunération hebdomadaire assu-
rable moyenne, contre 33 % pour les
semaines de prestations parentales
prolongées.
Innovante, la réforme s’inspire du
modèle québécois. Depuis 2006, la Belle
Province dispose de son propre pro-
gramme, le Régime québécois d’assu-
rance parentale (RQAP), qui pousse
encore plus loin les curseurs.
Dans son régime « de base », le RQAP
permet aux mères de disposer de
18 semaines de congé maternité et aux
pères de cinq semaines de congé pater-
nité (chacun des parents touche alors
70 % de son revenu maximal assurable
Les trois quarts des pères
québécois prennent aujourd’hui cinq
semaines de congé, voire plus.
L’EXPRESS S’INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
11
hebdomadaire). Le couple peut ensuite
se partager une « banque » de 32 semaines
de congé (sept pendant lesquelles les
prestations sont équivalentes à 70 % du
revenu hebdomadaire moyen et 25
pendant lesquelles elles correspondent à
55 % du revenu hebdomadaire moyen).
Dans le régime « particulier », les
mères bénéficient de 15 semaines maxi-
mum, les pères de trois et le congé parta-
geable est de 25 semaines (avec un taux
de remplacement de revenu de 75 %).
Les jeunes pères
s’occupent
plus de leurs enfants
et en sont fiers.
« Les trois quarts des pères prennent cinq
semaines, voire davantage, détaille
Diane-Gabrielle Tremblay, professeur à
l’université Téluq et auteure de plusieurs
études sur la conciliation emploi-famille.
En moyenne, les pères québécois choi-
sissent de profiter de sept semaines ; ceux
qui cumulent le congé paternité et une
partie du congé parental vont jusqu’à
treize semaines en moyenne. »
Entré très rapidement dans les mœurs
– en 2017, environ 81 % des partenaires des
nouvelles mères au Québec sont restés à
la maison pour s’occuper de leur bébé,
contre 12 % seulement dans le reste du
pays  –, le système a « radicalement
changé » le rôle et la place du père dans la
Belle Province, estime Diane-Gabrielle
Tremblay : « Le RQAP est un programme
exceptionnel qui a eu des conséquences
majeures dans la société – les jeunes pères
s’occupent plus de leurs enfants et en sont
fiers –, à la maison – ils contribuent
davantage aux tâches ménagères –, mais
aussi dans les entreprises. Les hommes
disent qu’avoir pris le congé de paternité
a une incidence sur leur comportement
et leur sentiment de légitimité  : ils
peuvent plus facilement demander des
aménagements de leur emploi du temps
pour accompagner un enfant à une
activité, par exemple. Dans l’esprit des
employeurs, cela contribue également à
réduire les préjugés à l’égard du surinves-
tissement familial des femmes – et du
sous-investissement des pères. »  N. C.
 12 DÉCOUVRIR
Pas de tabou sur
la PMA et la GPA
La loi canadienne
autorise la procréation
assistée pour tous, et même
la gestation pour autrui.
Mais de façon très encadrée.
D
ix ans de débats : c’est le temps
qu’il aura fallu pour que le Canada
se dote d’une loi sur la procréation
assistée après que la Commission royale
d’enquête sur les nouvelles technologies
de reproduction a rendu son rapport en
1994. Depuis 2004, le droit à l’enfant s’ap-
plique à tous, couples infertiles, conjoints
de même sexe et individus uniques, sur
la base d’un principe sacro-saint : la non--
discrimination des citoyens quant à leur
orientation sexuelle ou à leur régime
matrimonial. Concrètement, cela signifie
qu’un individu ou un couple bisexuel ou
L’EXPRESS S’INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
homosexuel, d’hommes ou de femmes,
peut recourir à la procréation assistée en
toute légalité. Dans le cas d’un couple de
femmes, toutes deux obtiennent auto-
matiquement le statut de mère, inscrit
sur l’acte de naissance. Le mariage n’est
en aucun cas obligatoire pour faire recon-
naître ses droits parentaux, contraire-
ment à ce qu’exige la France. « La justice
canadienne facilite l’homoparenté alors
que les débats sur les lois de bioéthique
sont encore en cours en France », explique
maître Michelle Giroux, avocate et pro -
fesseure titulaire à la Faculté de droit civil
de l’Université d’Ottawa.
Gratuité et crédit d’impôt
Au Québec, le don anonyme d’ovule ou de
gamète est soumis à plusieurs conditions.
Dans le cas d’un couple de femmes, la légis-
lation prévoit, depuis 2002, la reconnais-
sance d’un don de sperme par relation
sexuelle. « Dans ce cas, le père biologique
a la possibilité de se rétracter dans l’année
qui suit la naissance de l’enfant pour faire
reconnaître son droit à la paternité,
explique Me Giroux. La jurisprudence
En cas de procréation
assistée au sein
d’un couple de lesbiennes,
les deux femmes
se voient reconnaître
le statut de mère.
La mère porteuse
n’est pas autorisée à
monnayer ses services
et les sanctions en cas
d’infraction sont sévères.
n’autorise pas cette rétractation dans le
cas d’un don de sperme par seringue. »
Aujourd’hui, le Québec rembourse les
inséminations artificielles, mais n’accorde
qu’un crédit d’impôt aux couples recou-
rant à la fécondation in vitro (FIV). L’actuel
gouvernement s’est engagé à rétablir la
gratuité des FIV, mise en place en 2011 et
supprimée en 2015. Au niveau fédéral,
depuis 2017, tous les Canadiens peuvent
obtenir un crédit d’impôt, rétroactif sur dix
ans, pour les frais engagés au cours d’une
procréation médicalement assistée.
En ce qui concerne les mères porteuses,
le Canada a adopté une position médiane
entre les pays comme la France et l’Alle-
magne, qui interdisent formellement le
recours à la gestation pour autrui (GPA), et
les Etats-Unis, qui autorisent une femme
à « louer » son utérus contre rétribution à
des parents en mal d’enfant. Permise ou
tolérée dans toutes les provinces, la GPA
ne doit en aucun cas avoir une dimension
commerciale : la mère porteuse n’est pas
autorisée à monnayer ses services, ce qui
aurait pour effet d’encourager le tourisme
procréatif. La loi prévoit d’ailleurs de
solides sanctions à qui l’enfreint : jusqu’à
dix ans de prison et 500 000 dollars cana-
diens d’amende. Seules les dépenses occa-
sionnées par la grossesse – vêtements de
maternité, frais médicaux, déplacements
vers les services hospitaliers… – peuvent
être remboursées par les « parents d’inten-
tion », selon l’expression consacrée. Un
règlement a récemment apporté plus de
précisions sur le montant de ces dépenses.
Enfin, au Canada, la mère porteuse
peut ou non être génétiquement liée à
l’enfant. Même si la GPA est globalement
acceptée dans la société, son principe sou-
lève toujours des discussions, notamment
au Québec, où le contrat passé entre mère
FATCAMERA/ISTOCK
porteuse et parents d’intention est jugé
inexécutoire. L’adoption par le parent non
génétiquement lié à l’enfant y est néces-
saire pour établir la filiation.  N. S.
 DÉCOUVRIR
JOHNDAVIDPHOTOGRAPHY.CA
Accueilli au Canada en 2015 grâce au Programme de parrainage privé de réfugiés, le Syrien Tareq Hadhad (à droite) y a fondé
une chocolaterie puis, en janvier 2020, est devenu canadien. Une quinzaine de membres de sa famille l’ont désormais rejoint.
Des réfugiés
bien accompagnés
Les Canadiens peuvent
parrainer des réfugiés
pour les aider à s’intégrer
dans leur nouveau pays.
L
ors de sa cérémonie de citoyenneté,
en janvier 2020, Tareq Hadhad
avait soigné les détails au point
d’arborer des chaussettes aux motifs
de feuilles d’érable. « Je suis tellement
fier, disait-il alors, de faire partie de
cette grande famille de 37 millions de
Canadiens d’un océan à l’autre ! » En
2015, après avoir fui la Syrie, ce jeune
entrepreneur démarrait une nouvelle
vie à Antigonish (Nouvelle-Écosse) et
y fondait une chocolaterie baptisée…
Peace by Chocolate. Cette belle histoire
– qui sera d’ailleurs adaptée au cinéma –
Tareq Hadhad la doit au Programme
de parrainage privé de réfugiés (PPPR).
Ce dispositif, créé en 1978, permet à des
citoyens de prendre des réfugiés sous
leur aile et de les accompagner pendant
leur première année dans leur nouveau
pays. Une association, une entreprise,
un organisme culturel ou confessionnel,
ou encore un collectif privé d’au moins
cinq personnes peuvent ainsi s’engager
à aider les personnes réinstallées en
leur offrant un appui à la fois financier
(hébergement, achat de vêtements et de
nourriture, etc.), social et affectif.
Les groupes peuvent choisir de
sponsoriser un réfugié de leur connais-
sance (souvent un membre de leur famille
élargie) ou passer par le Programme mixte
des réfugiés désignés par un bureau des
visas. Cette sous-catégorie du PPPR met
en relation réfugiés et parrains volon-
taires, et permet de limiter l’investis-
sement pécuniaire de ces derniers : le
gouvernement fédéral s’engage en effet
à financer six mois d’installation.
C’est en pleine crise des boat people,
à la fin des années 1970, qu’a émergé ce
Programme, alors unique au monde
(il a essaimé depuis 2016, notamment
L’EXPRESS S’INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
13
au Royaume-Uni, en Argentine et en
Nouvelle-Zélande). « Il est né de la société
civile, de la volonté de la population de
participer à l’accueil de réfugiés », indique
Matthieu Tardis, chercheur au Centre
migrations et citoyennetés de l’Institut
français des relations internationales.
Parmi les 60 000 réfugiés indochinois
admis dans le pays entre 1979 et 1980,
34 000 l’ont été grâce au PPPR. Cette
mobilisation, couronnée par l’obtention
en 1986 de la médaille Nansen, une distinc-
tion des Nations unies récompensant l’aide
aux personnes déplacées, a largement
contribué à la réputation de terre d’accueil
du Canada. En quarante ans, le PPPR a
profité à plus de 327 000 personnes.
Créer du lien
Au fil du temps, ce dispositif s’est avéré
un important levier en matière de protec-
tion des plus vulnérables : depuis la crise
de 2015, 32 840 réfugiés syriens en ont
bénéficié, sur les 71 545 accueillis dans le
pays à la feuille d’érable. « Ce programme
offre aux personnes déracinées des
possibilités supplémentaires d’accès au
 14 DÉCOUVRIR
Canada – aujourd’hui le premier pays de
réinstallation au monde. En leur donnant
accès à un réseau, il permet de renforcer
le sentiment d’appartenance à leur patrie
d’accueil, analyse Matthieu Tardis. Les
Canadiens, eux, se sensibilisent aux
problématiques humanitaires, d’autant
plus que le parrainage se fait souvent dans
des petites villes, moins cosmopolites. Et,
lorsqu’ils s’impliquent et comprennent
la complexité du sujet, les gens sont plus
enclins à soutenir les politiques publiques
d’immigration. »   N. C.
Le droit
de mourir en paix
Quelque 14 000 Canadiens
ont obtenu l’aide médicale
à mourir depuis sa légalisation
en 2016. La loi insiste sur le
libre choix de chaque individu.
S
ouffrant de paralysie cérébrale
depuis la naissance, le Québécois
Jean Truchon, 52 ans, a reçu l’aide
médicale à mourir (AMM) en avril. L’abou-
tissement d’une longue bataille, menée
avec Nicole Gladu, 74 ans, atteinte du syn-
drome post-poliomyélite, une maladie
dégénérative incurable. Tous deux
s’étaient vu refuser l’AMM parce qu’ils
n’étaient pas en « fin de vie », l’un des cri-
tères d’accès selon la loi québécoise en la
matière, et que leur mort naturelle n’était
pas « raisonnablement prévisible », selon
le Code criminel canadien. Or, en 2019, un
jugement de la Cour supérieure du Qué-
bec a déclaré ces deux critères inconsti-
tutionnels, obligeant le Québec et le
Canada à revoir leurs lois respectives et à
élargir l’admissibilité à l’AMM.
Le Québec a été la première province
à légiférer sur le sujet : la loi concernant
les soins de fin de vie, adoptée en 2014, est
entrée en vigueur en 2015, un an avant la
législation fédérale. La terminologie
choisie – aide médicale à mourir plutôt
qu’euthanasie – n’est pas un simple
euphémisme. Si le Code criminel s’ap-
plique à l’ensemble du Canada, les pro-
vinces et territoires peuvent adopter des
lois ou règlements supplémentaires tou-
chant la santé et, justement, la loi québé-
coise relève du domaine de la santé. Elle
L’EXPRESS S’INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
ouvre l’AMM aux personnes majeures
respectant divers critères : aptitude à
consentir aux soins, maladie grave et
incurable, souffrances physiques ou
psychiques constantes… Le Canada a
emboîté le pas à la Belle Province en 2016,
en modifiant le Code criminel. Les cri-
tères d’admissibilité sont similaires, mais
il existe quelques différences : la loi fédé-
rale autorise la prise de substance létale
par la personne elle-même, ce que le
Québec interdit, laissant l’AMM à la seule
compétence des médecins.
Depuis 2015, 13 946 personnes ont
reçu l’AMM au Canada, dont un tiers au
Québec (4 172), selon les chiffres du pre-
mier rapport annuel publié en juillet
2020. Le nombre de bénéficiaires est en
croissance constante : en 2019, 5 631 décès
liés à l’AMM ont été déclarés, en hausse
de 26 % par rapport à 2018. Un peu plus
du quart des demandes n’ont pas abouti,
parce que les patients sont décédés
avant, ont été jugés inadmissibles ou ont
retiré leur demande.
« Hormis la Suisse, le Canada est le
pays qui impose le moins de restrictions
à l’aide médicale à mourir, observe Brian
Mishara, professeur au département de
psychologie de l’Université du Québec à
Montréal et directeur du Centre de
recherche et d’intervention sur le suicide,
enjeux éthiques et pratiques de fin de vie.
Aux Pays-Bas et en Belgique, par exemple,
Atteinte d'une maladie incurable, Nicole Gladu
(ici en 2017) s’est pourvue en justice pour obtenir
un élargissement des dispositions régissant
l’admissibilité à l'aide médicale à mourir. Avec succès.
86 % des Canadiens
sont favorables à la loi
actuelle et 74 % veulent
son élargissement.
les médecins peuvent refuser l’AMM si
des soins pour réduire la souffrance du
demandeur sont disponibles, alors qu’au
Canada, les patients décident s’ils jugent
ces traitements acceptables. » La famille
n’a aucun droit ou implication formelle
dans le processus.
La légalisation de l’AMM, qui a suscité
de longs débats dans tout le pays, est
aujourd’hui largement acceptée par la
population : 86 % des Canadiens sont
favorables à la loi actuelle et 74 % sou-
haitent son élargissement aux personnes
dont la mort n’est pas « raisonnablement
prévisible », selon un sondage de la firme
Léger réalisé en janvier dernier. Dans la
foulée de la décision Truchon-Gladu, le
Québec s’est conformé au jugement de la
Cour supérieure du Québec : le 12 mars
dernier, il a retiré de sa loi le critère de fin
de vie. Le gouvernement fédéral a de son
côté obtenu un délai, jusqu’en décembre,
pour modifier le Code criminel.   I. G.
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Mouvement Desjardins, première
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 16 DÉCOUVRIR

Océan glacial Devon

Arctique
Yellowknife
P. 108 Banks
Sachs
Harbour
Terre de
Holman Baffin
Tuktoyaktuk
Victoria

Péninsule
Grand Lac de Melville
SDP

de l'Ours

ÉTATS- Bathurst
UNIS Beaver Creek Inlet

YUKON TERRITOIRES NUNAVUT

Whitehorse
DU NORD-OUEST
Yellowknife Fort
Reliance Rankin Inlet

Fort Grand Lac

Providence des Esclaves
Baie
Fort Smith d’Hudson
Océan
Pacifique Fond-du-Lac

Hazelton Fort Churchill

St. John Fort
McMurray Brochet
Masset
Queen Prince Prince ALBERTA York
Charlotte George Factory
Rupert
MANITOBA
Archipel Edmonton SASKATCHEWAN
de la Reine- COLOMBIE-
Charlotte Bella BRITANNIQUE
Bella Lloydminster Norway
Jasper
House
Port Hardy Lake Louise Prince
Kamloops Red Deer Albert Lac
Whistler Winnipegosis
Île de Vancouver Red Lake
Banff Saskatoon Yorkton
Lac ONT
Winnipeg
Vancouver Calgary Lac
Manitoba
Brooks Selkirk
Victoria
Maple Creek Regina
Seattle Brandon Winnipeg
Thunder Lac
Sudbury Bay Supér
Toronto
P. 124
P. 104
250 km

Route Transcanadienne
STEVEN KRIEMADIS/ISTOCK
KEVIN DENIAU

L’EXPRESS S’INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada

 DÉCOUVRIR 17

D’un océan à l’autre

Le Canada
GROENLAND Océan
en chiffres
Atlantique
SUPERFICIE
Baie Gaspé 9 984 670 km2
de Baffin P. 84 Deuxième pays
le plus grand
du monde après
la Russie, il est
NUNAVUT composé de
dix provinces
Pangnirtung et trois territoires
(Territoires

VLADONE/ISTOCK
du Nord-Ouest,
Nunavut, Yukon).
POPULATION
SDP

Québec 37,9 millions

P. 78 d’habitants
Mer du Labrador (au 1er avril 2020).
4,9 %*
de la population
Ivujivik
se déclare d’origine
Baie
autochtone.
d’Ungawa DENSITÉ
3,6 habitants
au kilomètre carré.
IMMIGRATION
VINCENT JIANG/ISTOCK

Plus de 1 Canadien
sur 5 est
Labrador un immigrant.
Happy Valley- La majeure partie
St. Anthony des immigrants
Montréal Goose Bay
P. 74 TERRE-NEUVE- récents viennent
d'Asie (61,8 %)
ET-LABRADOR et d'Afrique (13,4 %)*.
Gander
99 289 Français
St. John’s
Chisasibi étaient inscrits
Baie Corner Terre- fin 2019 au registre
James Brook
QUÉBEC Sept-Îles Neuve consulaire canadien.
Gaspé Golfe du Channel- LANGUES
Eastmain Saint-Laurent
Port-aux-Basques OFFICIELLES
Rimouski
Gaspésie
ÎLE-DU- anglais et français
PRINCE- RÉPARTITION
TARIO Saguenay ÉDOUARD Sydney
NOUVEAU- LINGUISTIQUE*
BRUNSWICK Charlottetown (langue maternelle
Moncton unique)
Val-d’Or Truro
Québec Anglophones 56 %
Sherbrooke Francophones 21 %
Abitibi Trois-Rivières Halifax Allophones 20,5 %
c
ieur Sudbury Laval Longueuil NOUVELLE- FUSEAUX HORAIRES
North Bay Yarmouth ÉCOSSE 6
Montréal * Statistique Canada,
Sault- recensement 2017.
Sainte-Marie Toronto Ottawa
Lac
Huron Oakville
Hamilton Niagara Falls
London Ottawa
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 20 PA RT I R
Une immigration
sous tension
Le Canada a réaffirmé fin juillet la contribution
“essentielle” des immigrants à la reprise
économique du pays. Le Québec, de son côté,
mise sur un recrutement affiné des candidats.
PAR NATACHA CZERWINSKI
L
« ’immigration contribue non
seulement à fournir de la
nourriture, du carburant et
des produits de santé, mais
elle sera également essen-
tielle à notre reprise économique à long
terme. […] Ensemble, nous continuerons
d’accueillir les nouveaux arrivants pour
nous assurer de bâtir une nation diver-
sifiée, prospère et forte. » Les propos de
Marco Mendicino, ministre fédéral de
l’Immigration, des Réfugiés et de
la Citoyenneté canadien, tenus fin
juillet à l’issue d’un forum (virtuel)
avec ses collègues responsables de
l’immigration dans les provinces, ont de
quoi rassurer ceux qui rêvent d’une nou-
velle vie outre-Atlantique.
En dépit de la pandémie, le pays à la
feuille d’érable n’a pas l’intention de fer-
mer ses portes aux travailleurs étrangers
permanents, même si les programmes
d’immigration temporaire sont, quant
à eux, devenus plus difficilement acces-
sibles (lire page 30). Le plan des niveaux
d’immigration 2020-2022, déposé le
12 mars à la Chambre des communes,
prévoit que le Canada devrait accueillir
341 000 nouveaux résidents permanents
en 2020, 351 000 en 2021 et 361 000 en
2022, dont la majorité issue de l’immi-
gration économique. Bien sûr, faire partie
des heureux élus n’est pas chose aisée, car
Ottawa continue d’opérer une sélection
pointue. Et les délais de traitement ont
été considérablement rallongés du fait
de la situation sanitaire. Mais, vieillisse-
ment de sa population oblige, le Canada
L’EXPRESS S’INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
ne peut pas se passer de l’immigration
pour maintenir son économie à flot. D’ail-
leurs, même au plus fort de la pandémie et
alors que les frontières du pays étaient fer-
mées, le gouvernement fédéral avait mis
en place des exemptions permettant aux
ressortissants étrangers qui s’étaient déjà
« engagés à travailler, à étudier ou à s’éta-
blir au Canada » de rejoindre leur contrée
d’adoption. Le but ? « Protéger les Cana-
diens et appuyer l’économie. »
Programmes pilotes
Au Québec (la province francophone est la
seule à avoir la main sur ses programmes
d’immigration), la crise a aussi été rude,
mais les déficits en main-d’œuvre dans
certains secteurs sont toujours criants.
Le gouvernement de la Belle Province n’a
donc pas renoncé à augmenter le nombre
d’immigrants admis chaque année pour
revenir en 2022 au nombre de 51 000
(contre 40 000 en 2019). Guidées par
l’ambition d’accueillir des immigrants
répondant précisément aux besoins éco-
nomiques actuels, les autorités ont néan-
moins réformé le Programme de l’expé-
rience québécoise, rendu plus restrictif
(lire page 34). Quant à la nouvelle plate-
forme Arrima, elle est encore en rodage…
Ainsi, entre le 4 juillet 2019 et le 24 août
2020, 2 092 candidats ont été invités à pré-
senter une demande de sélection per-
manente dans le cadre du Programme
régulier des travailleurs qualifiés (dont
181 personnes natives de France et 205
ayant déclaré avoir la citoyenneté fran-
çaise). A la date du 24 août 2020, il y
avait encore 94 843 déclarations d’inté-
rêt valides dans Arrima (dont 7 218 dépo-
sées par des résidents français).
Pour répondre encore mieux
aux besoins de recrutement, le
ministère de l’Immigration qué-
bécois a par ailleurs lancé trois pro-
grammes pilotes d’immigration perma-
nente : le premier est destiné à accueillir
des « préposés aux bénéficiaires » (l’équi-
valent des aides-soignants, lire page 54) ;
le deuxième concerne le secteur de l’in-
telligence artificielle, des technolo-
gies de l’information et du cinéma ;
quant au troisième, il vise les tra-
vailleurs du secteur de la transfor-
mation alimentaire. Les détails de
ces dispositifs ne sont pas connus au
moment où nous bouclons ce dossier.
Immigrants francophones, n’oubliez
toutefois pas que le Canada est un pays
bilingue et que le Québec est loin d’être la
seule porte d’entrée pour s’y installer ! Le
« ROC » (Rest of Canada) séduit d’ailleurs
de plus en plus : en 2019, 8 470 nouveaux
résidents permanents d’expression fran-
çaise se sont établis à l’extérieur de la
Belle Province. En 2018, ils n’étaient que
4 920… Pour encourager le mouvement,
le gouvernement fédéral – qui s’est
engagé à accroître l’immigration franco-
phone hors Québec pour atteindre 4,4 %
d’ici 2023 – multiplie les programmes,
comme le dispositif Mobilité franco-
phone (lire page 24) ou l’initiative des
Communautés francophones accueil-
lantes, qui fédère 14 villes ou régions
désireuses d’attirer des arrivants maîtri-
sant la langue de Molière. Certes, Clare
(Nouvelle-Écosse), Moose Jaw et Gravel-
bourg (Saskatchewan) sont moins connus
que Toronto, mais sachez que vous y
seriez les bienvenus ! 
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sessions d’information gratuites,
physiquement et en ligne, sur les
procédures d’immigration : amb-
canada.fr/sessions-information
Un bonus est également accordé aux
postulants ayant effectué des études
postsecondaires dans le pays.
Par ailleurs, une offre d’emploi ferme
(en catégorie 0, A ou B, selon la
Classification nationale des professions)
permet d’engranger 50 points.
Une offre en catégorie 00 rapportera,
quant à elle, 200 points.
Plus votre note est élevée, meilleures sont
vos chances d’être « extrait » du bassin.
Les candidats se qualifient aujourd’hui
avec environ 470 points (sur 1 200).
Mais, même avec moins, il est possible
que vous puissiez être invité à postuler
dans certains programmes des
« candidats des provinces » (lire page 24).
 PA RT I R 23

Votre profil est retenu : vous recevez

une « invitation à présenter une demande »
Demander
de résidence permanente. la résidence
Vous avez un délai de soixante jours pour remplir
le formulaire et rassembler les documents demandés.
permanente
Vous devrez notamment prévoir des certificats médicaux
obtenus auprès d’un médecin désigné (pour vous
et les membres de votre famille), ainsi que des extraits de casier
judiciaire. Si vous êtes âgé de 14 à 79 ans, vous devrez aussi fournir vos
empreintes digitales et votre photo (données biométriques), même si vous
les avez déjà présentées dans le passé et qu’elles sont encore valides.

A compter de la réception de la demande dûment complétée, ATTENTION

le traitement du dossier dure six mois au maximum Tous les documents fournis dans
dans la grande majorité des cas. Attention  : en raison de la crise sanitaire, une langue autre que le français
les délais de traitement sont plus incertains. ou l’anglais doivent être traduits.

Votre demande est acceptée : Valider

les autorités délivrent une confirmation
de résidence permanente (CRP).
la résidence
Vous disposez d’un an, à partir de permanent, vous devez passer 730 jours permanente
l’obtention du certificat médical, sur 1 825 dans le pays.
pour vous rendre au Canada et valider Pour vous aider à comptabiliser
votre résidence permanente. ce temps, le site du gouvernement du
A votre arrivée sur le sol canadien, Canada vous propose de télécharger
un compteur se met à tourner : un journal personnel où consigner
pour ne pas perdre le statut de résident vos différents voyages hors du pays. JOURNAL DE VOYAGES
canada.ca/content/dam/
ircc/migration/ircc/
francais/citoyennete/
Côté budget pdf/2372-travel-tracker-fr.pdf

N’oubliez pas le volet financier de votre canadiens (pour le demandeur

projet ! Pour la résidence permanente
et pour les catégories travailleurs
qualifiés (fédéral), travailleurs de métiers
spécialisés, catégorie de l’expérience
canadienne, candidat des provinces
et programme pilote d’immigration
principal et son conjoint). Ils doivent
être payés avant que ne soit émis
le document d’immigration intitulé
« Confirmation de résidence
permanente ».
• les frais pour la visite médicale.

au Canada atlantique, prévoyez :
• les frais de traitement à payer
au moment de présenter
la demande : 825 dollars canadiens
pour le demandeur principal (ainsi
que pour son conjoint) et 225 dollars
canadiens pour chaque enfant
à charge.
• les frais de biométrie : 85 dollars
canadiens pour chaque demandeur
individuel, ou frais maximum de
170 dollars canadiens pour les membres
d’une même famille présentant leur
demande en même temps.
• les frais pour l’obtention du statut
de résident permanent : 500 dollars
+loin
Ceux-ci sont variables en fonction
des honoraires du praticien
et des examens ou analyses requis.
AMBASSADE DU CANADA
A moins de faire partie de la catégorie
EN FRANCE
de l’expérience canadienne ou
canadainternational.gc.ca
d’être autorisé à travailler au Canada
et d’avoir une offre d’emploi valide,
vous devez aussi démontrer que vous TWITTER (ET FACEBOOK)
avez suffisamment d’argent pour @AmbCanFrance
subvenir à vos besoins et ceux de votre @DestCan
famille.
Cette réserve financière obligatoire MINISTÈRE DE L’IMMIGRATION,
est de 12  960 dollars canadiens pour DES RÉFUGIÉS ET DE
une personne seule et de 16  135 dollars LA CITOYENNETÉ DU CANADA
canadiens pour un couple. cic.gc.ca

L’EXPRESS S’INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada

 24 PA RT I R
Chacun
son chemin
Selon votre profil ou vos projets,
et à condition de ne pas choisir le Québec,
certains programmes peuvent faciliter
le processus d’immigration. Revue de détail.
PAR NATACHA CZERWINSKI
La stratégie
géographique
Le Programme des candidats des
provinces (PCP) et le Programme
pilote d’immigration au Canada
atlantique (PPICA). Pensé pour com-
bler les besoins spécifiques des provinces
et territoires (hors Québec), le PCP leur
permet de sélectionner les immigrants
qui possèdent les compétences, la for-
mation ou l’expérience de travail les
plus à même de contribuer à leur essor
économique. Chaque province ou terri-
toire (à l’exception du Nunavut) possède
ses propres volets et critères. L’Ile-du-
Prince-Edouard, l’Alberta, la Colombie-
Britannique ou la Nouvelle-Ecosse, par
exemple, peuvent ouvrir, sous condi-
tions, leur sélection à certains emplois
des catégories C ou D de la Classification
L’EXPRESS S’INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
nationale des professions (lire
page 22), le Manitoba, le Nou-
veau-Brunswick ou l’Onta-
rio proposent des dispositifs
réservés aux francophones.
Renseignez-vous sur le site
de la province ou du ter-
ritoire qui vous intéresse.
En 2020, le Canada pré-
voyait d’accueillir quelque
67 800 personnes au titre du
PCP, mais le nombre risque
d’être réduit à cause de la pandémie.
Si le Canada atlantique (Nouveau-
Brunswick, Nouvelle-Ecosse, Terre-
Neuve-et-Labrador et Ile-du-Prince-
Edouard) vous fait rêver, le PPICA pourrait
bien vous être utile. Les quatre provinces
de l’est du pays ont en effet conclu avec le
gouvernement un partenariat destiné à
aider leurs entreprises à embaucher pour
des postes difficiles à pourvoir localement.
Ce programme, qui place l’employeur au
cœur du dispositif, offre aux nouveaux
arrivants un accompagnement à l’instal-
lation (cours de langue, soutien dans la
recherche d’un logement, etc.).
Le PPICA se décline en trois volets :
programme des travailleurs hautement
qualifiés (postes de niveaux de compé-
tence 0, A et B), programme des travail-
leurs qualifiés intermédiaires (niveau C)
et programme destiné aux étudiants diplô-
més étrangers. En 2020, 5 000 personnes
au maximum devaient en bénéficier.
Les communautés francophones
donnent de la voix en Saskatchewan :
depuis 2017, les Fransaskois de Moose
Jaw fêtent leur présence en envahissant
les rues pour un bruyant Tintamarre…
La stratégie
linguistique
Le Programme Mobilité franco­
phone. Afin de faire vivre la langue de
Molière en dehors du Québec, le gou-
vernement du Canada propose depuis
2016 un dispositif baptisé Mobilité fran-
cophone. Ce volet, qui n’est soumis à
aucun quota ni critère d’âge ou d’expé-
rience, facilite les démarches d’obtention
d’un permis de travail temporaire, car les
employeurs canadiens sont dispensés de
solliciter une Etude d’impact sur le mar-
ché du travail*. Pour en bénéficier, il faut
disposer d’une offre d’emploi ou d’une
promesse d’embauche dans les catégo-
ries 0, A ou B de la Classification nationale
CHANTAL AMSTAD, “TORONTO STAR”/ZUMA/RÉA
des professions. Le visa ainsi obtenu est
valide pendant la durée de l’offre d’em-
ploi ou jusqu’à expiration du passeport.
A noter : le ou la conjoint(e) du bénéfi-
ciaire peut faire une demande de permis
de travail ouvert, à condition que l’offre
d’emploi soit pour six mois ou plus. 
* L’EIMT est une démarche payante à la charge
de l’employeur. Elle confirme le fait qu’aucun
travailleur canadien ou résident permanent
n’est disponible pour occuper le poste.
 PA RT I R
La stratégie
professionnelle
Le Programme de visa pour démar­
rage d’entreprise. Créé par le gouver-
nement fédéral, ce programme a été
conçu pour attirer des entrepreneurs
étrangers innovants, susceptibles de
créer des emplois. Pour en bénéficier, le
créateur d’entreprise doit être soutenu
par des business angels, un fonds d’inves-
tissement ou encore un incubateur agréé
par les autorités. Si l’une de ces organisa-
tions est convaincue par le projet, elle
remettra une lettre de soutien au candi-
dat, lequel doit détenir au moins 10 % des
droits de vote de sa société avec ses éven-
tuels associés (au maximum cinq par pro-
jet). L’organisation désignée et les
demandeurs doivent contrôler conjoin-
tement plus de 50 % des droits de vote.
Le postulant doit aussi démontrer (test
à l’appui) qu’il est apte à communiquer en
français ou en anglais, et justifier des
mêmes fonds d’établissement qu’un tra-
vailleur qualifié fédéral (12 960 dollars
canadiens pour une personne seule, 16 135
pour un couple). Plusieurs territoires pos-
sèdent leur propre volet d’immigration
pour les gens d’affaires au sein de leur Pro-
gramme des candidats des provinces.  programme, testé pour trois ans.  vocation à aider les petites villes à
« On embauche des bouchers ! » L’industrie de la viande, ici à Moose Jaw, a
besoin de bras et le fait savoir. Au Canada, 1 emploi sur 8 relève de l’agroalimentaire,
secteur qui contribue pour une grande part à la vitalité économique du pays.
La stratégie
sectorielle
Le Programme pilote sur l’agro­
alimentaire. Son but ? « Attirer des tra-
vailleurs expérimentés non saisonniers
pouvant s’établir économiquement
au Canada et contribuer à combler les
besoins continus de main-d’œuvre dans le
secteur agroalimentaire. » Ce Programme
pilote cible principalement les profes-
sionnels travaillant dans l’industrie de la
transformation de la viande, l’élevage de
bétail, la production de champignons et
la culture en serre.
Pour prétendre à ce dispositif, les can-
didats doivent justifier de douze mois d’ex-
périence de travail canadienne non sai-
sonnière à temps plein au titre du
Programme des travailleurs étrangers
temporaires dans une profession admis-
sible, posséder au moins un diplôme
d’études secondaires, ainsi que le niveau 4
des niveaux de compétence linguistique
canadiens, en anglais ou en français. Il leur
faut aussi une offre d’emploi pour un poste
à temps plein de durée indéterminée non
saisonnier au Canada, ailleurs qu’au
Québec. Jusqu’à 2 750 demandes pourront
être acceptées chaque année au titre de ce
L’EXPRESS S’INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
25
Et aussi…
• Le Volet des talents mondiaux
Afin d’assurer leur croissance, les
entreprises canadiennes peuvent
recruter des travailleurs temporaires
étrangers hautement qualifiés.
Elles bénéficient pour cela d’un
processus administratif accéléré :
dans la grande majorité des cas,
les candidats voient leur demande
de permis de travail traitée en
deux semaines. La catégorie A du
Volet des talents mondiaux cible les
entreprises novatrices qui cherchent
des ressortissants étrangers
possédant des « compétences
uniques et spécialisées ». La
catégorie B concerne tous types
de sociétés, à condition que le poste
à pourvoir figure sur la liste
des professions exigeant des
talents mondiaux, par exemple :
gestionnaire des systèmes
informatiques, mathématicien
ou développeur web…
• Le Programme pilote
d’immigration dans
les communautés rurales
et du Nord
Ce dispositif, lancé en 2019, a
attirer et à retenir des immigrants
qualifiés dans leur région. Onze
communautés ont été choisies pour
y participer : North Bay (Ontario),
Sudbury (Ontario, lire page 124),
Timmins (Ontario), Sault-Sainte-
Marie (Ontario), Thunder Bay
(Ontario), Brandon (Manitoba),
Altona/Rhineland (Manitoba),
Moose Jaw (Saskatchewan),
Claresholm (Alberta), Vernon
(Colombie-Britannique) et West
Kootenay (Colombie-Britannique).
Pour y avoir accès, les personnes
éligibles doivent avoir reçu une offre
d’emploi à temps plein, dans l’une
de ces villes. Elles doivent soumettre
une demande de recommandation
à la communauté : le gouvernement
fédéral impose des critères
d’expérience professionnelle, de
niveau de langue et de diplôme,
mais chaque communauté a ses
propres exigences d’admissibilité.
L’obtention d’une recommandation
permet de présenter une demande
de résidence permanente.
 Cooptalis,
l’expert de la mobilité internationale
et votre projet devient une réalité !
aux questions que vous pouvez vous
poser : quelles démarches effectuer,
qui contacter, quels sont les éléments
à prévoir ?
Les équipes interviennent de la phase
de réflexion jusqu’à l’aboutissement du
projet de mobilité.
Cooptalis, présente à Montréal, s’est
associée au leader de la relocation au
Québec : Fleur de Lys. Une connais-
sance terrain idéale pour consolider
ses services auprès des entreprises
québécoises en quête de main-
ée en 2012, Cooptalis est un opé-
les services de Cooptalis le sont aussi
à travers deux approches :
- Une offre «complète» clé en main qui
propose l’ensemble des services.
- Une offre « sur-mesure » centrée sur
un service précis comme la reloca-
tion* ou le recrutement.
Une fois les objectifs identifiés, Coop-
talis travaille en étroite collaboration
avec ses agences internationales
autour des différentes démarches :
ouverture d’un compte bancaire, ins-

N rateur ma jeur de la mobilité in-

ternationale.
d’œuvre.

Des experts pour chaque étape

Lancée d’abord en France, puis à tra-
vers le monde, Cooptalis accompagne
les entreprises et candidats dans les
secteurs d’activité où le manque de
talents se fait vivement ressentir.
Leur réponse à cette problématique ?
Le talent n’a pas de frontière.
Le quotidien de cette entreprise dyna-
mique et ambitieuse est de répondre
du projet de mobilité internationale
es équipes pluridisciplinaires au
L Canada et partout dans le monde
proposent un accompagnement
personnalisé : étude d’impact de faisa-
bilité du projet de mobilité, gestion de
l’immigration, relocation et formation
linguistique/interculturelle.
Et parce que chaque projet est unique,
cription à la sécurité sociale locale,
recherche d’écoles etc.
Là où certaines étapes peuvent freiner
les projets d’expatriation, Cooptalis
lève des barrières !
Les entreprises ayant déjà une vision
bien établie de leurs besoins peuvent,
quant à elles, opter pour une offre
«sur-mesure». Les équipes Cooptalis
interviennent alors uniquement sur un
service défini comme celui de la relo-
cation* ou du recrutement.

NOS
METIERS

ETUDE RECRUTEMENT IMMIGRATION RELOCATION FORMATION

Analyse et Connaissance des Réponse conforme Accompagnement Développement
conseil bassins de compétences à la législation du (logement, écoles, des compétences
à l’international pays concerné administratif...) (maîtrise linguistique)

LA CONQUÊTE DES MARCHÉS en pénurie de talents
oin d’avoir un secteur de prédilection, Cooptalis
L accompagne toute entreprise à la recherche de
talents dans la technologie, la santé, les secteurs
pharmaceutiques, l’aérospatiale, l’automobile mais aussi
l’industrie, la fabrication, les énergies, la construction,
l’ingénierie, la banque, le luxe ou encore l’agriculture.
Au Québec, la pénurie de talents s’invite dans les villes
comme Sherbrooke, Drummondville ou Trois-Rivières. Les
techniciens dans les usines d’assemblage, soudeurs et
machinistes y sont vivement recherchés.
Le secteur industriel est lui aussi à la recherche de talents
dans le pays : ingénieurs en aérospatiale-aéronautique,
mécaniciens industriels, techniciens sur des lignes de
production...
SPÉCIAL ENTREPRISES - Réussir son projet de mobilité
Cooptalis vous partage quelques réflexes à adopter :
Identifier ses besoins
Ex : est-ce primordial que le talent parle français ?
Elaborer une politique de mobilité
Ex : Quels sont les rôles et responsabilités
de l’employeur et de l’employé ?
Définir un budget
Un investissement plus conséquent mais
qui entrainera des bénéfices plus élevés !
Choisir le bon partenaire en mobilité
Pour assurer la faisabilité du projet :
Aspect légal, coût et temps, aide…
Se préparer à l’intégration de nouveaux arrivants.
Rencontres avec les équipes ou formation
interculturelle.
 PUBLI-RÉDACTIONNEL

LE PARCOURS D’UN EXPATRIÉ AVEC COOPTALIS

Processus Proposition Immigration : Pré-départ Arrivée Accompagnement à la Suivi

de recrutement salariale Demande de permis (billets d’avion, au Canada relocation (logement, d’intégration
préavis…) Accueil écoles, démarches…)

RÉCITS D’EXPATRIÉS ET DE CLIENTS CONQUIS !

Candidat, client, partenaire, ils ont réussi leur expatriation avec Cooptalis, voici leurs témoignages :

ADIL TOUATI XAVIER THIRIOT CÉCILE LECOLLIER

ARCHITECTE CLOUD
À MONTRÉAL
« Ma famille et moi avons
eu le privilège de profiter
d’un accompagnement
humain depuis le premier contact avec
l’équipe de Montréal et aujourd’hui encore.
Contrat de travail, logement, écoles, permis
de travail, conseils... l’équipe est toujours
soucieuse de notre bien-être. »
DIRECTEUR RESPONSABLE
GÉNÉRAL & VP HR IMMIGRATION
GROUPE PROPLAST CANADA
« J’ai fait appel « Mon conseil ? Choisir le
à Cooptalis dans le cadre bon partenaire pour profiter
de la mobilité internationale du Directeur de d’un accompagnement ultra-personnalisé :
notre nouvelle filiale au Québec. Les équipes demande de permis de travail, visite médi-
ont fait preuve d’une disponibilité sans faille. cale... C’est ce que nous faisons au quotidien
Notre collaborateur et sa famille ont bénéficié chez Cooptalis. Il ne vous restera plus que
d’une expatriation sur-mesure et ce, dans une quelques documents à nous envoyer ! »
grande sérénité. »

COOPTALIS DANS LA BELLE PROVINCE ET AU-DELÀ !

Pour couvrir les besoins des entreprises locales et s’ouvrir aux nouveaux marchés,
les équipes Cooptalis sont présentes dans 4 villes du Canada :
Edmonton (Alberta), / Montréal (Québec), / Québec (Québec), / Toronto (Ontario)

PRENEZ Vous êtes professionnel et avez un projet de mobilité ?

CONTACT ! Vous êtes un talent et souhaitez concrétiser votre projet
d’expatriation ?
Contactez l’agence Cooptalis au Canada qui se fera un plaisir
de vous répondre :
canada@cooptalis.com

COOPTALIS WORLDWIDE !**

25
NATIONALITÉS
5000
EXPATRIÉS HEUREUX 17 AGENCES DANS LE MONDE :
F RANCE (7 AGENCES) — BELGIQUE — PAYS-BAS
760
COLLABORATEURS
450
ENTREPRISES
LUXEMBOURG — ESPAGNE — POLOGNE — ROUMANIE
MAROC — TUNISIE — CÔTE D ’IVOIRE — VIETNAM
À TRAVERS LE MONDE PARTENAIRES

C OOP TA L I S , U N E VAL E U R S Û R E P O UR TOUS VOS PROJETS DE MOB ILITÉ.

D e s la bel s so l i de s po u r un e aven t ure q ue vo u s n ’ ête s p a s p rê t s d ’o ub l i e r !
* Relocation = Relocalisation — **Cooptalis à travers le monde !
 28 PA RT I R
Immigrer au Québec
L ES DÉMARCHES
étape par étape
Déposer une Le Québec s’est doté il y a deux ans
déclaration d’un portail baptisé Arrima pour
traiter les demandes d’immigration.
d’intérêt Toutes les personnes qui souhaitent
immigrer dans le cadre du
Programme régulier des travailleurs
qualifiés (PRTQ) doivent désormais
passer par cette plateforme.
Dans un premier temps, les candidats
sont invités à remplir en ligne un
formulaire de déclaration d’intérêt
(DI). Voici les informations demandées :
ARRIMA situation familiale, scolarité, parcours
immigration-quebec.gouv.qc. professionnel, éventuelle offre d’emploi
ca/fr/informations/ et compétences linguistiques en français
arrima/index.html et en anglais. A cette étape, aucun
Présenter Votre profil correspond aux besoins de la province :
vous êtes invité à présenter une demande
une de sélection permanente dans le cadre du PRTQ.
demande Le Québec analyse les demandes
déposées dans cette « banque »
de sélection de déclarations d’intérêt à partir
d’une grille de points, attribués selon
permanente différents critères : âge, formation,
expérience de travail, maîtrise du
français, séjours au Québec… Sont
invitées ensuite les personnes répondant
aux besoins socioéconomiques
de la province et ayant, en outre,
« un bon potentiel d’intégration ».
Afin de faire bénéficier toute la province
de l’apport de l’immigration et
de favoriser l’intégration des arrivants
sur le marché du travail, un bonus est
attribué aux candidats bénéficiant
d’une offre d’emploi validée en dehors
de la Communauté métropolitaine
de Montréal. Ainsi, les postulants ayant
L’EXPRESS S’INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
document n’est exigé. Ce formulaire peut
être déposé gratuitement à tout moment,
et peut être mis à jour par la suite.
A partir de la création d’une déclaration
d’intérêt, les candidats disposent de
quatre vingt-dix jours pour la remplir
et la déposer. Passé ce délai, le
formulaire, ainsi que les informations qu’il
contient, sont supprimés (mais il est
toujours possible d’en créer un nouveau).
La DI est valable douze mois à partir
du moment où elle est soumise.
une offre d’emploi dans les régions
de la Capitale-Nationale, de Chaudière-
Appalaches et de la Montérégie
bénéficieront d’un maximum de points
(14, contre 8 pour Montréal).
Une fois invité, vous devez présenter
votre demande de sélection permanente
au ministère de l’Immigration, de
la Francisation et de l’Intégration (Mifi).
Vous devrez remplir le formulaire de
demande de sélection permanente et
acquitter les frais de dossier (812 dollars
canadiens pour le requérant principal
et 174 pour le conjoint et chaque
enfant à charge). A compter de la date
à laquelle vous avez été invité, vous
disposez d’un délai de soixante jours au
maximum pour compléter cette étape.
 PA RT I R
Pour valider votre demande, vous devez
obtenir une attestation d’apprentissage
des valeurs démocratiques et des valeurs
exprimées par la « Charte québécoise ».
Pour avoir une
chance d’être
sélectionné,
il vous faut
prouver votre
connaissance
de la Charte des
droits et libertés de
la personne, qui reconnaît
notamment que tous
les individus qui se trouvent
au Québec sont égaux en
valeur et en dignité. La réussite de cette
évaluation virtuelle nécessite 15 bonnes
réponses sur un total de 20 questions.
L’attestation doit être fournie par le
demandeur, mais aussi par les membres
de sa famille (en dehors des enfants de
Vous avez été choisi par le Québec. Votre admission
relève maintenant du gouvernement fédéral.
Vous devez présenter une demande
de résidence permanente (visa) au
titre de « travailleur qualifié sélectionné
par le Québec ». Le gouvernement
du Canada procède à des vérifications
de sécurité, puis évalue votre dossier
médical et celui de chacun des membres
de votre famille. La visite médicale
(payante) doit se faire auprès d’un
médecin agréé. Attention : une demande
de résidence permanente peut être
refusée si la situation d’un candidat
ou d’un membre de sa famille présente
un risque pour la santé ou la sécurité
publiques et ce, même si le candidat
a été sélectionné par le Québec.
Vous disposez de douze mois, à partir
de la visite médicale, pour vous rendre
Côté budget
En plus des frais d’obtention
du Certificat de sélection du Québec
(812 dollars canadiens pour
le requérant principal, lire page de
gauche), pensez à prévoir
les frais relatifs à la résidence
permanente exigés par le
gouvernement fédéral : 1 325 dollars
canadiens pour le demandeur principal,
ainsi que pour son conjoint (soit
29
Être
sélectionné
moins de 18 ans et des personnes
par
présentant une déficience permanente).
Lorsqu’elle vous est demandée, vous
la province
disposez de soixante jours pour l’obtenir.
Quand votre demande d’immigration
est en passe d’être examinée, une liste
personnalisée des documents exigés
vous est envoyée. Vous aurez soixante
jours pour adresser ces documents
au ministère, par la poste. Comptez
six mois (à partir de leur réception)
pour le traitement de votre demande. GUIDE PRATIQUE DES
VALEURS DÉMOCRATIQUES ET
Si vous êtes sélectionné, vous recevez DES VALEURS QUÉBÉCOISES
un Certificat de sélection du Québec immigration-quebec.gouv.qc.
(CSQ), ainsi que chacun des membres ca/publications/fr/valeurs/
de votre famille venant avec vous. GUI_Pratique_Valeurs_FR.pdf
Obtenir
au Canada et valider votre visa.
un visa
Les CSQ délivrés depuis le 1er août 2018
ont une validité de vingt-quatre mois, du gouvernement
c’est-à-dire que vous devez présenter
votre demande de résidence fédéral
permanente à l’intérieur de ce délai.
Ensuite, le CSQ demeure valide
jusqu’à la délivrance de votre visa par
le gouvernement du Canada.
Les CSQ délivrés avant le 1er août 2018
conservent leur validité de trente-
six mois pour présenter la demande de
résidence permanente (ils demeurent
aussi valides jusqu’à la délivrance du visa
de résident permanent). Néanmoins, +loin
ne tardez pas à déposer votre demande
de visa auprès du gouvernement fédéral, MINISTÈRE DE L’IMMIGRATION,
car les démarches peuvent être longues. DE LA FRANCISATION
ET DE L’INTÉGRATION
immigration-quebec.gouv.qc.ca/
fr/accueil.html
825 dollars de frais de traitement DÉLÉGATION GÉNÉRALE
et 500 pour l’obtention du statut). DU QUÉBEC À PARIS
Comptez 225 dollars en plus pour international.gouv.qc.ca/fr/paris
chaque enfant à charge.
La réserve financière exigée par TWITTER
le gouvernement du Québec s’élève @Quebec_fr, @DestQuebec
à 3  243 dollars canadiens pour
une personne seule et 4   756 dollars FÉDÉRATION FRANCE-QUÉBEC
pour un couple. Elle dispense FRANCOPHONIE francequebec.fr
de preuves de fonds au niveau fédéral.
L’EXPRESS S’INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
 30 PA RT I R

Séjours temporaires :
un avant-goût d’ailleurs
PERMIS VACANCES-TRAVAIL STAGE COOP INTERNATIONAL

P lébiscité, le PVT offre la

liberté de voyager tout en
autorisant différentes expé­
riences de travail, du petit job
à l’emploi stable, durant deux
ans. C’est le visa idéal pour
découvrir le pays. Sa distri­
bution s’effectue par tirage
au sort, au cours de « rondes
d’invitation  » organisées
plusieurs fois par an, sans
critère d’admissibilité autre
que l’âge (de 18 à 35 ans).
Attention. Le Covid­19 a
changé la donne : pour valider
le PVT, il faut désormais four­
nir une offre d’emploi valide
avant de partir.
C e permis de travail est
obl i g atoi re p ou r le s
élèves de CAP­BEP ou les
étudiants de 18 à 35 ans qui
souhaitent réaliser un stage
pratique au Canada. Les can­
didats doivent fournir un
contrat signé et la durée du
stage ne peut dépasser une
année. Côté finances, mieux
vaut être prévoyant : la rému­
nération varie d’une organi­
sation à l’autre et selon les
normes de chaque province.

Quota
7 100
Places
disponibles*
3 133
* Chiffres au
13 mars 2020.
“Une pause
dans mon parcours”
Alix Thuillier, 29 ans, Halifax
Pour Alix Thuillier, le PVT était le choix de la simplicité. Aucun
frais pour postuler, une sélection aléatoire sans condition
ni jugement… Idéal pour tenter sa chance. Elle a obtenu son
visa en quelques mois et a attendu un an pour l’activer,
le temps de terminer un contrat de médiatrice scientifique
à l’université d’Aix-Marseille. Depuis juin 2019, elle découvre
la capitale de la Nouvelle-Ecosse, Halifax, qui allie vie urbaine
et proximité avec la nature. « C’est une région très paisible,
ses habitants sont bienveillants. J’y ai trouvé la sérénité,
raconte celle qui a décroché un petit boulot temporaire de
service à la clientèle pour une compagnie d’assurances.
Je m’autorise une pause dans mon parcours pour réfléchir à ce
que je veux faire de ma vie. » Alix a l’intention de parcourir
d’autres provinces, puis de revenir en France à la fin de son visa.
« Mais rien n’est inscrit dans le marbre. » Parole de PVTiste.
L’EXPRESS S’INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
Quota
4 250
Places
disponibles*
1 880
* Au 13 mars 2020.
“Notre travail était mis
en valeur”
Léa Legrand, 21 ans, Ottawa
Malgré la pandémie et le télétravail, Léa Legrand s’est sentie
très impliquée dans l’organisme Ecology Ottawa, où elle
a été stagiaire de février à juin 2020. Son master en stratégie
internationale à Science Po Grenoble exigeait une expérience
à l’international. « L’Amérique manquait à mon portfolio »,
explique la jeune femme. Malgré un processus administratif
laborieux, avec lequel son école était peu familière, Léa
est parvenue à approcher cette ONG consacrée à l’écologie.
Elle a aussitôt été séduite par l’ambiance. « Peu importe
notre statut, notre travail était mis en valeur, raconte Léa.
Nous avions beaucoup d’indépendance et cette
responsabilisation s’observait clairement dans les résultats. »
Une expérience très différente de celles accumulées lors
de ses stages en France. « Pour la première fois, je me rendais
au bureau sans la boule au ventre », avoue-t-elle. Cela dit,
son stage n’était pas rémunéré et travailler gratuitement
a fini par lui peser. « Je ne pense pas aller vivre au Canada,
conclut-elle. On dispose en France de nombreux avantages,
dont on prend conscience quand on part à l’étranger. »
 PA RT I R 31

Tests d’immersion grandeur nature, les programmes d’Expérience

internationale Canada sont en suspens depuis le 13 mars.
Mais rien n’empêche de postuler en attendant le redémarrage…
et soumettre
PAR ANNE-HÉLÈNE MAI Pour plus d’informations
btenir une invitation :
votre profil afin d’o
oraires
tinyurl.com/sejours-temp

JEUNE PROFESSIONNEL VOLONTARIAT INTERNATIONAL EN ENTREPRISE

G râce à ce programme, les

jeunes de 18 à 35  ans
peuvent renforcer leurs com­
antérieures. Le poste doit être
inclus dans les catégories 0,
A ou B de la Classification
pétences au sein d’un milieu nationale des professions
de travail canadien durant (lire page 22).
deux ans, à condition d’avoir Attention toutefois : il faut
décroché un emploi en lien s’engager à travailler pour le
avec leurs études ou leurs même employeur sur toute la
expériences professionnelles durée du séjour.
“Un nouveau départ”
Lysielle Savouret, 37 ans, Baie-Saint-Paul
Mère de trois enfants à 23 ans,
Lysielle Savouret s’est formée
à la comptabilité quand ils
ont grandi, puis a occupé des
postes administratifs dans le
Centre-Val-de-Loire. Son mari,
chauffeur routier, rêvait depuis
l’enfance de rouler sur les
routes canadiennes… Un rêve
concrétisé grâce à une offre
à Baie-Saint-Paul, au Québec.
Mais ce job de catégorie C
Quota
ne lui permettait pas d’être accompagné…
Lysielle venait d’avoir 35 ans quand elle a
2 200
finalement décroché un poste de technicienne
Places comptable dans la même région, soit juste
disponibles* à temps pour bénéficier du visa Jeune pro !
1 166 « Nous avons été mal renseignés, déplore-t-
* Au 13 mars 2020. elle, et le temps est passé… » Heureusement,
le permis est vite arrivé et le couple a pu
s’établir dans la Belle province en janvier 2019.
« Je me suis adaptée, j’ai appris de nouvelles règles fiscales…
J’ai rapidement évolué dans mon emploi, et cela s’est ressenti
sur la fiche de paie, raconte Lysielle, fière de la solidité
de son expérience. Ce que je fais, je n’aurais pas pu le faire
en France. » Déjà bien installée dans une vie de famille,
elle a pu s’offrir un nouveau départ… « A 35 ans, on a le recul
suffisant pour savoir ce que l’on veut. Quand on entreprend
toutes ces démarches, c’est pour du durable » assure-t-elle.
Le couple souhaite à présent se rapprocher d’un grand
centre pour les études des enfants, avec en ligne de mire
SDP
S ervice civique effectué à
l’étranger, le VIE est régi
par la France. Il propose des
d’une couverture sociale. Le
volontaire perçoit un soutien
financier indexé sur le coût de
missions de six à vingt­quatre la vie de la région ciblée. Bien
mois dans des entreprises que ce soit une initiative fran­
françaises actives dans le çaise, les candidats doivent
monde entier. Répertoriés s’inscrire sur la plateforme
sur civiweb.com et destinés Expérience internationale
aux jeunes de 18 à 28 ans, ces Canada et faire une demande
contrats bénéficient d’une dans la catégorie Jeune pro­
indemnisation mensuelle et fessionnel, option VIE.
Quota
450
Places
disponibles*
331
* Au 13 mars 2020.
“Une expatriation douce”
Romain Villegas, 25 ans, Saskatoon
Après une scolarité en Australie, puis au Kenya, où il passe
son bac, Romain Villegas voulait acquérir une expérience de
travail internationale. A l’automne 2018, il épluche les offres
de VIE pour trouver un job correspondant à son master en
management, orienté sur les technologies de l’information.
L’offre d’Orano, spécialiste de l’énergie nucléaire, tombe à pic.
« Je savais que ce serait une expérience probante. » Le poste
est basé à Saskatoon. C’est parfait : le jeune homme ne veut
pas « aller à Montréal, comme tout le monde ». Habiter les
Prairies est idéal, dit-il, pour sillonner l’Ouest canadien… et vivre
l’aventure, la vraie : il a même été mordu au pied par un ours !
Son insertion, elle, s’est très bien passée : épaulé par Business
France, il a été soutenu par son entreprise et bien accueilli par
la communauté francophone de la province, les Fransaskois.
« Le VIE est une expatriation douce, résume-t-il. On est pris par
la main, progressivement. » Plus assuré professionnellement,

l’obtention de la résidence permanente. Romain a déposé sa demande de résidence permanente.

L’EXPRESS S’INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
 SÉJOURS AU CANADA :
L’importance
@Niyazz
de l’assurance
Obligatoires ou facultatives, les assurances santé et assistance pour voyage ou
expatriation figurent parmi les incontournables d’un séjour réussi à l’étranger. Les conseils
d’ACS, spécialiste de la mobilité internationale, pour voyager en toute sérénité !

Serez-vous couverts par le
système de santé canadien ?
Le Canada dispose d’un système d’as-
surance maladie universel sur tout
son territoire, mais compte 13 régimes
provinciaux et territoriaux avec chacun
leurs différences ou particularités. En
fonction de votre statut ou visa de tra-
vail, vous n’aurez pas forcément droit à
cette protection. Vérifiez donc bien avant
votre départ ! Il faut savoir que les coûts
des soins de santé sont plus élevés au
Canada qu’en Europe, principalement
les services d’urgence des hôpitaux qui
de plus, sont souvent encombrés. Rien
que pour l’admission aux urgences, il
faut débourser de 700 $ à 800 $. Il est
d’ailleurs conseillé, sauf cas grave, de se
diriger plutôt dans une clinique ou un
centre de soins sans rendez-vous en cas
de maladie ou d’une blessure légère.
Pourquoi souscrire
une assurance ?
Selon la durée de votre séjour (plus ou
moins d’un an), recourir à une assurance
« Savoir que l’on peut compter
sur son assurance pour gérer
le quotidien à la suite d’un
accident, facilite les choses.
voyage ou à une assurance expatriation
est un indispensable pour faire face aux
imprévus.
La première, s’adressant aux voyageurs
de quelques jours à plusieurs mois, a
pour but de pallier les petits soucis et
les grandes urgences. Elle propose un
ensemble de garanties pour couvrir les
conséquences des incidents pouvant sur-
venir avant et pendant votre séjour. On
entend par là les frais médicaux bien sûr,
mais également l’assistance rapatriement,
le vol ou la perte des bagages, la responsa-
bilité civile... et aussi l’annulation de votre
voyage.
La seconde, plus complexe, est destinée
aux personnes qui souhaitent résider
quelques années à l’étranger. L’assurance
va se substituer à un organisme de rem-
boursement de frais médicaux. En géné-
ral, les différentes protections proposées
s’articulent autour de cinq grands postes
: les frais médicaux courants, l’hospitali-
sation, l’optique, les soins dentaires et la
maternité. D’autres garanties optionnelles
très utiles peuvent vous être présentées
comme un revenu en cas d’invalidité, un
capital décès, l’assistance...
Il est conseillé de s’y prendre à l’avance
pour choisir la solution idéale correspon-
dant à vos besoins et surtout d’éviter de
devoir souscrire une assurance dans la
@PamelaJoeMcFarlane
Voyager sans assurance,
bonne ou mauvaise idée ?
Le voyage est souvent prometteur de
bien-être et sensations fortes. Cepen-
dant à l’étranger tout peut arriver : avoir
un accident, perdre ses bagages, tomber
malade ou encore devoir être rapatrié.
Si vous n’êtes pas couverts, cela pourrait
vous coûter (très) cher. Vous pourriez
devoir payer de votre poche la totalité
des soins prodigués. Et pour ceux qui
pensent, parfois à juste titre, que les
assurances offertes par les différentes
cartes bancaires suffisent, il est conseillé
de bien vérifier les conditions et les pla-
fonds de votre contrat.
Bien choisir son assurance
L’assurance voyage est conçue pour
vous garantir un accompagnement
durant votre séjour. Il est indispensable
qu’elle contienne au moins les garanties
suivantes : frais médicaux courants, hos-

précipitation. Prenez le temps de vous

Au moins, le souci financier renseigner, de lire les notices, de poser
s’efface et l’on peut se des questions... pour bien comparer les
concentrer sur le plus
offres sur le marché.
important, le rétablissement ».
Stéphane pvtiste

©AZImages
pitalisation, rapatriement et responsabi-
lité civile privée. La formule peut varier
en fonction du type de voyage, de vos
besoins, de vos activités sur place, etc.
Le choix d’une assurance expatriation
dépend de vos attentes en matière de
santé : prise en charge uniquement
en cas d’hospitalisation ou couverture
maximale. En Amérique du Nord en rai-
son du coût exorbitant des soins, il est
judicieux d’opter pour une protection
complète.
Obligatoire ou non  ?
Vous rêvez de voyager ou d’aller vivre au
Canada. Selon que vous soyez globe-trot-
ter, travailleur expatrié, étudiant, simple
visiteur ou retraité, les mêmes règles
ne s’appliquent pas. Saviez-vous par
exemple que pour les permis Expérience
Internationale Canada (PVT, Jeunes Pro
et Stage coop) ni l’assurance maladie de
votre pays d’origine, ni celle du Canada
ne vous couvre pendant votre séjour à
l’étranger ? Vous devez souscrire avant
votre départ à une assurance maladie,
hospitalisation et rapatriement. À l’im-
migration, la durée de votre assurance
peut même avoir un impact sur la durée
de votre visa PVT. Si vous partez avec
l’un de ces permis, renseignez-vous sur
Pvtistes.net.
Pourquoi choisir ACS  ?
Spécialiste de la mobilité internationale
depuis plus de 40 ans, ACS accompagne
au plus près les voyageurs aux quatre
coins du monde, quel que soit le type
de déplacement.
ACS innove en permanence en créant
de nouvelles offres ciblées pour mieux
« Souffrant d’une entorse, avec
le contrat Globe Partner d’ACS je
me suis fait rembourser mes frais
d’hospitalisation et de médicaments
en moins d’une semaine ».
Sébastien pvtiste
Merci à
Sandra Zagzag,
Secrétaire
Générale,
pour ses
conseils avisés.
@Isabelle Morisson
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répondre aux demandes des voyageurs.
Son équipe, composée de profession-
nels multiculturels passionnés, est entiè-
rement dédiée à ses assurés.
Choisir ACS c’est s’assurer de pouvoir
partir l’esprit léger et profiter pleinement
de son voyage. Chaque année, plus de
100 000 personnes font confiance à ACS.
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La plupart des assurances proposées
par ACS incluent la prise en charge des
frais médicaux et d’hospitalisation liés
au Covid-19. Et si compte tenu de la
situation vous décidez de reporter ou
d’annuler votre assurance, vous avez la
possibilité de le faire avant la date d’effet
de votre contrat
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 34 PA RT I R
Un PEQ… pas impec  !
Le Programme de l’expérience québécoise
était, semble-t-il, trop populaire… Depuis
le 22 juillet, les conditions d’accès à ce dispositif
d’immigration sont beaucoup plus restrictives.
PAR NATACHA CZERWINSKI
L
« a nouvelle mouture du PEQ
que nous avons présentée
aujourd’hui est une solution
équilibrée. » Le tweet publié
en juillet par Nadine Girault,
ministre québécoise de l’Immigration, de
la Francisation et de l’Intégration, son-
nait comme un appel à l’apaisement. Il
faut dire que la réforme de ce Programme
de l’expérience québécoise (PEQ) a cris-
tallisé pendant plusieurs mois la colère et
l’incompréhension d’une partie des
milieux économiques et universitaires,
ainsi que des nouveaux immigrants. Le
L’EXPRESS S’INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
Dès sa présentation, fin mai 2020, la nouvelle
des étudiants et des travailleurs étrangers.
gouvernement de la Belle Province a
d’ailleurs dû s’y reprendre à trois fois pour
modifier ce dispositif d’immigration qui
permettait jusqu’à présent aux étudiants
internationaux et aux travailleurs étran-
gers temporaires de décrocher plus rapi-
dement leur Certificat de sélection du
Québec (CSQ) en vue de l’obtention de la
résidence permanente.
Après une première tentative de
refonte, présentée à l’automne 2019 mais
rapidement abandonnée face au tollé, la
deuxième proposition, annoncée fin mai,
avait elle aussi suscité une importante
mouture du PEQ a suscité la colère
ANDRÉ QUERRY
Durant deux mois, les manifestations
se sont succédé (ici à Montréal).
levée de boucliers. Des ajustements lui ont
donc été apportés début juillet, pour une
entrée en vigueur le 22. Si la dernière ver-
sion présente des assouplissements par
rapport aux projets antérieurs, ce PEQ
remanié durcit quand même notablement
les critères d’admissibilité en matière
d’expérience de travail et de type d’emploi
occupé. Les délais de traitement des
demandes sont en outre considérablement
rallongés (six mois, contre vingt jours
auparavant). De quoi faire du Québec « la
province canadienne la plus exigeante en
matière d’accès à la résidence permanente
sous le volet de l’expérience acquise au
pays », estiment les avocats du cabinet
Exeo, spécialisé en immigration.
Une clause supplémentaire
Dorénavant, pour prétendre au PEQ, les
titulaires d’un diplôme universitaire
québécois (baccalauréat/bachelor, maî-
trise, doctorat) ou d’un diplôme d’études
collégiales techniques doivent avoir
acquis au moins douze mois d’expé-
rience de travail à temps plein au Qué-
bec dans un emploi de niveau 0, A ou B
de la Classification nationale des profes-
sions. Les stages peuvent être pris en
compte dans le calcul, jusqu’à concur-
rence d’une durée maximale de trois
 PA RT I R
mois. Pour les détenteurs d’un diplôme
d’études professionnelles, dix-huit mois
d’expérience de travail à temps plein sont
exigés, dans un emploi de niveau 0, A ou
B. L’expérience de niveau C n’est accep-
tée que si elle a été acquise dans une pro-
fession en lien avec le diplôme obtenu.
Les travailleurs étrangers temporaires
qualifiés, eux, peuvent postuler au PEQ à
condition d’avoir travaillé à temps plein
pendant au moins vingt-quatre des trente-
six derniers mois (dans l’ancienne formule
«
du PEQ, douze mois de travail seulement
étaient nécessaires). Cet emploi doit être
de niveau 0, A ou B (ceux classés en caté-
gories C et D ne sont plus admissibles). A
noter : les étudiants comme les travailleurs
doivent être en poste au moment de pré-
senter leur demande.
A partir du 22 juillet 2021, une clause
supplémentaire sera ajoutée : le conjoint
ou la conjointe du demandeur devra
démontrer une connaissance orale du
français de niveau 4 sur « l’échelle québé-
coise des niveaux de compétences en fran-
çais des personnes immigrantes adultes »,
ce qui correspond à la capacité d’échanger
avec l’entourage pour les besoins courants
de la vie quotidienne.
Conçu initialement comme un « pro-
gramme accéléré de sélection des travail-
leurs qualifiés », le PEQ paie, de l’aveu
même des autorités québécoises, sa trop
forte popularité. « La grande majorité des
travailleuses et des travailleurs qualifiés
sont sélectionnés par l’entremise du PEQ
[et] ceci limite le nombre d’invitations qui
peuvent être faites par Arrima [lire
page 28] », justifiait dans un communiqué
le ministère, qui entend ainsi « assurer
une meilleure adéquation avec les besoins
de main-d’œuvre du Québec ». Il n’en reste
pas moins que, pour les travailleurs et étu-
diants étrangers qui avaient misé sur le
PEQ pour construire leur projet de vie, les
cartes sont largement rebattues…  ont également été stoppées le 13 mars
BON À SAVOIR
Les travailleurs étrangers
temporaires présents au Québec
avant l’entrée en vigueur
de la réforme ne seront pas
soumis aux nouvelles règles et pourront
se prévaloir des anciennes conditions
du PEQ, tout comme les étudiants
étrangers ayant déjà obtenu un
diplôme ou qui l’obtiendront d’ici
le 31 décembre 2020.
La mobilité des jeunes en sursis
Spécialiste des échanges entre la France
et le Québec pour les 18-35 ans, l’OFQJ a dû revoir
son offre en raison de la crise sanitaire.
R
êvez, osez, bougez » : difficile en
cette année 2020 de tenir la
promesse de son slogan pour
l’Office franco-québécois de la jeu-
nesse (OFQJ). Spécialiste de la mobi-
lité des 18-35 ans entre la France et la
Belle Province, l’organisme envoie
habituellement environ 4 000 jeunes
par an outre-Atlantique, pour des
stages ou des missions profession-
nelles. Mais la plupart sont rentrés en
France quand le confinement a été mis
en place… ou ne sont pas partis.
« Les conditions ne sont pas réunies
pour une mobilité réussie, explique
Marianne Beseme, secrétaire générale
de l’OFQJ. Officiellement, les frontières
sont toujours fermées. Et même si un
jeune dispose d’un visa et d’une attes-
tation employeur, il devra respecter la
quatorzaine obligatoire à l’arrivée. »
L’organisme, qui a repris en mai ses
ateliers d’information en ligne, chaque
lundi à 15 heures, recommande donc à
tous ceux qui ont un projet de le repor-
ter en 2021. De fait, la moitié des propo-
sitions de stage disponibles sur le site
de l’Office ont été annulées ; parmi les
secteurs les plus touchés : la restaura-
tion, l’hôtellerie, la culture et l’environ-
nement. Les rondes d’invitation pour
des mobilités longues dans le cadre
d’Expérience internationale Canada
dernier (lire page 30).
Seuls certains secteurs, confrontés
à d’importants besoins, ont maintenu
leurs offres. C’est le cas par exemple des
entreprises textiles, qui ont basculé
vers la production de masques. Des
activités touristiques comme la loca-
tion de vans ont aussi tourné à plein.
« De manière assez inattendue, nous
avons eu beaucoup de prolongations de
stage pendant le confinement », relève
Marianne Beseme. Ainsi Bérangère
L’EXPRESS S’INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
35
Marin, arrivée à Montréal à l’automne
2019 pour un stage Coop de six mois en
tant que chargée de communication
pour Dream it yourself, une boutique
de robes de mariée, a vu sa mission pro-
longée de six autres mois malgré la
pandémie : « La dirigeante a décidé de
communiquer à fond pour mieux
rebondir après la crise. » Si la période
n’a pas été simple pour ce qui est du lien
social, elle a été très enrichissante pro-
fessionnellement : « Je n’avais jamais
fait de communication de crise, j’ai clai-
rement gagné en compétences », dit
Bérangère. Et pour le prolongement du
visa, comme pour son obtention l’an
dernier, l’accompagnement de l’OFQJ
a été « formidable », « personnalisé » et
« réactif » : « J’ai été guidée pas à pas »,
se félicite la jeune femme de 28 ans.
Nouveaux formats de rendez-vous
Pour faire face à la crise, l’OFQJ a décidé
de réinventer ses programmes avec de
nombreux formats numériques. Plu-
sieurs appels à candidature ont été lan-
cés pour la participation à distance à
des événements tels que la semaine
numérique MTL Connecte (du 13 au
18 octobre 2020) ou Cinemania (du 4 au
15 novembre 2020). Une série de webi-
naires sur l’entrepreneuriat sera propo-
sée cet automne. Enfin, un festival
virtuel franco-québécois va être orga-
nisé, à raison de deux rendez-vous par
an, sur le thème de la mobilité interna-
tionale à réinventer. La première édition
est prévue le 13 octobre. Pour adapter
son offre à la nouvelle donne sanitaire
et environnementale, l’OFQJ réfléchit
aussi à privilégier les mobilités longues
(supérieures à trois mois) : elles concer-
naient la moitié des stagiaires, elles
pourraient à l’avenir en représenter les
deux tiers. ✷ VALÉRIE LION
ofqj.org
 36 PA RT I R
Boîte à outils
PAR ANNE-HÉLÈNE MAI
INSTITUTIONS
Ambassade de France au Canada
(Ottawa) + 1 (613) 789-1795
ca.ambafrance.org
Consulat général de France Montréal
+ 1 (438) 476-6588
montreal.consulfrance.org
Québec + 1 (418) 266-2500
quebec.consulfrance.org
Toronto + 1 (807) 700-9888
toronto.consulfrance.org
Vancouver + 1 (604) 637-5300
vancouver.consulfrance.org
SITES WEB
PVTistes.net Ce site fait par et pour
les expatriés (en PVT ou non) fournit
une foule de renseignements et conseils.
Ses forums de discussion sont de vraies
mines d’or pour préparer le grand départ.
pvtistes.net
Maudits Français Ce média destiné
aux Français vivant au Québec raconte
les réussites de leurs compatriotes dans
la province, recense les bons plans
et répond à toutes les interrogations liées
à l’immigration. mauditsfrancais.ca
À VOTRE SANTÉ !
A u Canada, l’assurance santé, gra-
tuite et universelle, est de com-
pétence provinciale. La Colombie-
Britannique a été la dernière province
à exiger de ses citoyens des frais men-
suels, supprimés en janvier 2020, mais
chaque province dispose de son propre
régime d’assurance maladie, auquel il
faut s’inscrire en ligne ou en personne,
en présentant son permis de travail ou
d’études. Prudence : le délai de traite-
ment peut s’étendre de quatorze jours
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
Je pars au Canada Un site mode
d’emploi pour tout type de séjour
au Canada, de la recherche de logement
à la déclaration d’impôts, pour être
guidé pas à pas lors de son installation.
jeparsaucanada.com
Facebook De nombreux groupes
d’entraide entre Français, selon le type
de permis et la ville choisie.
Attache ta tuque Une newsletter
hebdomadaire signée Valérie Lion, pour
décrypter le Canada au-delà des clichés.
attachetatuque.substack.com/welcome
BLOGS
A nous les caribous ! Sous ce cri de
ralliement, un jeune couple d’expatriés
propose bonnes adresses et guides
pour réussir sa nouvelle vie à Montréal.
anouslescaribous.com
Le mouton migrateur Théo Belnou
a immigré en 2016 (à Montréal, puis
à Toronto). Sur son site et sa chaîne
YouTube, il fournit des conseils pratiques
et fait le récit de ses rencontres et
aventures au Canada et dans le monde.
lemoutonmigrateur.com
à trois mois, pendant lesquels mieux
vaut se procurer une assurance pri-
vée. A noter : la Caisse des Français de
l’Etranger offre aussi une couverture
sociale. Le Québec constitue en outre
une exception : la Sécurité sociale fran-
çaise dispose d’accords avec la Régie de
l’assurance maladie de cette province,
qui permettent aux Français d’être cou-
verts pour leurs soins durant un séjour
temporaire, et ce dès leur arrivée.
cfe.fr ramq.gouv.qc.ca
Pensées voyageuses Perrine s’est installée
à Burnaby, à l’est de Vancouver. Dans son
carnet de bord, elle compile ses aventures,
ses découvertes et les humeurs vécues
lors de son installation dans le grand
Ouest. penseesvoyageuses.com
PODCASTS / BALADOS
Radio Montréal France Une émission
hebdomadaire de trois heures diffusée
sur les ondes de la station de radio
communautaire CIBL à Montréal, animée
et chroniquée par des Français. Peut
s’écouter en podcast ou en streaming.
rmf-radio.com
Portrait sonore Cette série documentaire
invite à découvrir les villes canadiennes à
travers des bâtiments et des évènements
marquants. Produite par un organisme
indépendant, l’émission est pilotée par
plusieurs architectes qui jettent un pont
entre ceux qui pensent la ville et ceux qui
la vivent. portraitsonore.org
Canada’s Calling Les deux animateurs
arpentent le pays à la rencontre
des habitants de chaque région afin
de comprendre comment ils se sont
appropriés leur histoire et leur territoire.
L’émission est produite par l'organisme
de promotion du tourisme Destination
Canada. En anglais seulement. Disponible
sur toutes les plateformes de podcasts.
LIEUX
Librairie du Québec à Paris 30, rue Gay-
Lussac, 75005 Paris, librairieduquebec.fr
Centre Culturel Canadien
130, rue du Faubourg Saint-Honoré,
75008 Paris, canada-culture.org
The Abbey Bookshop, librairie
canadienne anglophone,
29, rue de la Parcheminerie, Paris (Ve).
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 38

Travailler
40 Rodolphe Barrere
(Potloc)  : “Le modèle
de référence, c’est
concilier carrière et famille”
44 Une croissance
en convalescence
46 J’irai plus loin que Montréal…
50 Une journée
dans les pas d’une prof
54 Aides-soignants :
des “anges-gardiens”
trop rares
58 Franchisé à l’étranger :
un double défi
60 Boîte à outils

Etudier
64 Une rentrée en ligne
68 Grandes écoles pour tous
70 Boîte à outils

Vivre
74 Comme les cinq doigts
de la Main
77 Montréal, mode d’emploi
78 Québec se met en quatre
84 L’appel de l’Est
86 Cyril Chauquet,
GETTY IMAGES/ISTOCKPHOTO

un gros poisson de la télé

88 Mensah Hemedzo :
“Le racisme était
absent des discours,
pas de la réalité”
90 Québecorama

L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada

 Vue aérienne de Montréal. A l’entrée du
Vieux-Port, la tour de l'Horloge,39
conçue par l'ingénieur montréalais
Paul Leclaire, rend hommage aux hommes
de la Marine marchande disparus
en mer durant la Première Guerre mondiale.

L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada

 40 Q U É B E C T R AVA I L L E R
“Le modèle de référence,
c’est concilier carrière et famille”
Installé depuis dix ans à Montréal, où il a cofondé la start-up Potloc,
l’entrepreneur conseille aux immigrants d’oublier les codes tricolores.
L’Express Comment avez-vous été
amené à créer votre entreprise au
Québec en 2014 ?
Rodolphe Barrere Ce n’est pas quelque
chose que j’avais planifié ! Quand j’ai
quitté la France, à 18 ans, pour faire mes
études à HEC Montréal, je ne connais­
sais rien au Québec. Je n’y avais aucune
attache familiale ou amicale. Mais j’ai eu
envie de découvrir de nouvelles choses.
Quant à Potloc, son concept est né d’un
jeu que nous faisions avec mon ami et
colocataire de l’époque Louis Delaoustre,
devenu mon associé : nous nous « amu­
sions » à deviner quels commerces du
quartier allaient durer. Et nous tombions
souvent juste ! Du coup, nous avons
perçu l’existence d’une intelligence col­
lective locale. Nous l’avons d’abord
exploitée par le biais de sondages géo­
localisés destinés à permettre aux habi­
tants de choisir les boutiques qu’ils
voulaient voir ouvrir près de chez eux.
Puis, de fil en aiguille, nous avons pro­
posé des sondages via les réseaux
sociaux (Facebook, Twitter, Instagram)
et nous avons élargi nos champs d’inter­
vention. Aujourd’hui, nous sommes en
forte croissance : nous réalisons chaque
année deux à trois fois le chiffre d’affaires
de l’année précédente.
Contre toute attente, la crise liée au
Covid-19 a même eu un effet positif sur
votre activité…
Oui, de nombreuses entreprises se sont
tournées vers nous pour essayer de com­
prendre les pratiques de travail et les ten­
dances de consommation nées de cette
période exceptionnelle. Ce regain d’ac­
tivité nous a même permis de recruter,
aussi bien en France qu’au Canada.
Toutefois, début mars, lorsque les pays
se sont refermés sur eux­mêmes à cause
de la pandémie, il était très compliqué
d’imaginer les opportunités qui allaient
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
RODOLPHE BARRERE
émerger… Et, au Québec, on fait vraiment
du business « à l’américaine », c’est­à­
dire que l’approche est plus dure : quand
la tempête arrive, la prudence est de
mise. L’objectif est d’assurer la survie de
la boîte. C’est pourquoi, en amont de la
crise, nous avions réduit nos coûts en
licenciant une dizaine de personnes et
en fermant notre bureau de Toronto.
C’était une décision difficile à prendre,
mais il faut savoir qu’ici, l’attachement
au travail n’est pas le même qu’en
France : ces dix dernières années, nous
étions dans un contexte de plein­emploi
avec un marché très fluide, si bien que le
licenciement était jusqu’à présent moins
vécu comme un drame.
“Les Français doivent
se préparer comme
s’ils allaient immigrer
en Ouzbékistan !”
Quels sont les codes à connaître pour
se faire une place au Québec ?
Ici, c’est « réseau, réseau, réseau ». Tout
passe par là et beaucoup d’événements
sont organisés pour l’entretenir. Il faut
faire partie de ce qu’on appelle le
« Québec Inc. », autrement dit le monde
des affaires, un petit milieu. Pour y accé­
der, c’est simple : il suffit de commencer
à rencontrer des gens et de faire l’effort
d’avoir des sujets de conversation com­
muns. Les arrivants français s’étonnent
souvent que leurs interlo cuteurs ne
connaissent pas M6 ou le Crédit Mutuel.
Mais, forcément, les Québécois ont leurs
propres références ! La notion d’effica­
cité est aussi très importante. L’équilibre
vie professionnelle / vie personnelle est
essentiel : les personnalités les plus
admirées sont celles qui arrivent à conci­
lier carrière et temps passé en famille.
L’idéal auquel chacun aspire est de réus­
sir, tout en étant très présent à la maison
et en s’octroyant des week­ends « au
chalet ». Les bourreaux de travail ne sont
absolument pas valorisés. Cela ne signi­
fie pas que les Québécois manquent
d’ambition, au contraire ! Les entrepre­
neurs n’ont pas peur de se mettre en
avant et d’afficher leur succès.
Montréal est une ville réputée pour
le dynamisme de son écosystème
tech. Les talents français y sont-ils
particulièrement recherchés ?
Oui, ils ont la cote, car ils sont très bien
formés et ils ne sont pas très chers.
Montréal n’est pas la Silicon Valley, mais
il y a de la concurrence et on observe
quand même un « effet bulle » sur les
salaires des ingénieurs. Les Français qui
arrivent avec un beau diplôme, qui ne
prétendent pas à un salaire mirobolant
– et qui ont des connaissances en
anglais – sont donc très appréciés.
D’ailleurs, ils sont déjà nombreux ! Au
bureau de Potloc Montréal, environ 50 %
des salariés sont français, notamment
parce que nous accueillons chaque
année une dizaine de jeunes en stage et
que nous en gardons certains. C’est là
une autre différence avec la France : il n’y
a pas ici cette culture du stage. Il est rare­
ment obligatoire dans les cursus univer­
sitaires. Même si tous les jeunes font des
petits boulots pendant leurs études, ils
ne cherchent leur premier poste qu’une
fois leur diplôme obtenu.
La crise du Covid-19 risque-t-elle de
limiter l’embauche de profils inter-
nationaux dans ce secteur ?
Je ne le pense pas. Le Québec demeure
une magnifique terre d’accueil, surtout
 Q U É B E C T R AVA I L L E R
Rodolphe Barrere, 29 ans, dans
les locaux de Potloc, une société
spécialisée dans les études de marché.
pour les travailleurs qualifiés. Si certaines
entreprises ont souffert de la crise,
Montréal reste un hub technologique en
forte croissance et le gouvernement qué­
bécois mise beaucoup sur l’innovation
en investissant massivement dans la
recherche et développement. Il dispose
pour cela de deux organismes, la Caisse
des dépôts et placement du Québec et
Investissement Québec, qui soutiennent
activement les entreprises capables de
rayonner à l’international.
Que conseillerez-vous à ceux qui
rêvent d’une nouvelle vie au Québec ?
Je dis souvent aux Français qui veulent
s’installer ici de se préparer comme s’ils
allaient immigrer en Ouzbékistan ! Notre
langue commune est un piège : elle crée
une certaine proximité alors que les dif­
férences culturelles entre l’Hexagone et
la Belle Province sont profondes. Je le
vois au quotidien – je suis fiancé à une
Québécoise –, mais aussi à travers les
études que nous réalisons : les raisons
qui poussent les Québécois à l’achat ne
sont par exemple pas du tout les mêmes
que celles qui motivent les Français. Il
existe ici un réel protectionnisme par
rapport aux entreprises locales – le « fait
Potloc au Québec » représente
en chiffres un argument important –
et la dimension éthique
des marques compte
65 salariés
(40 à Montréal, beaucoup : paient­elles
25 à Paris). leurs impôts localement,
Une activité leur conseil d’administra­
dans 15 pays. tion est­il paritaire, sont­
Plus de elles écolos ? En matière
150 clients : de publicité, c’est pareil :
firmes de
consulting,
il faut créer une identité
grandes marketing propre au
marques, Québec. La communica­
organismes
publics, etc. tion à l’américaine ne
fonctionne pas du tout,
10 millions
d’euros de pas plus que la communi­
levée de fonds cation à la française ! Les
fin 2019.
leviers émotionnels
doivent être adaptés à cette culture
unique où s’entrechoquent influences
européennes et nord­américaines.
Nombre de nos compatriotes com-
mettent, selon vous, cette erreur de
« rester Français au Canada »…
Oui, et je ne cesse de rappeler aux nou­
veaux arrivants qu’ici, ce sont eux qui
ont un accent ! La très grande force du
Canada – et du Québec – c’est d’être une
société multiculturelle où l’intégration
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
41
ASYL2013
se fait de manière naturelle. Mais il faut
que le nouvel arrivant ait envie de s’in­
tégrer. Lors de ma cérémonie de citoyen­
neté, en août 2019, j’étais avec des immi­
grants venus du monde entier (Japon,
Haïti, Cameroun, etc.) et nous sentions
que nous étions tous réunis autour de
valeurs communes, comme la bienveil­
lance, l’entraide, l’ouverture d’esprit…
Tout ce qui fait le Canada. J’ai vu beau­
coup de Français repartir la queue entre
les jambes parce qu’ils n’avaient pas
mesuré le cheminement intellectuel
que nécessite une expatriation. Les
Québécois sont très heureux d’accueil­
lir les Français, à condition qu’ils soient
ouverts d’esprit et qu’ils ne veuillent pas
faire de Montréal le XXI e arrondisse­
ment de Paris ! ✷ PROPOS RECUEILLIS
PAR NATACHA CZERWINSKI
+loin
Caisse des dépôts et placement
du Québec et Investissement
Québec : ces organismes aident les
entreprises étrangères voulant
s’implanter au Québec. cdpq.com/fr
investquebec.com/quebec/fr
 Québec
espace d’opportunités
En pleine expansion, la capitale québécoise se classe parmi les plus dyna-
miques du Canada et recherche de nouveaux talents et étudiants. Pour venir
vivre, étudier, travailler ou entreprendre, c’est simple comme Québec !

En chiffres Une cité où il fait bon vivre Attirer les talents

La grande région de
Québec et celle voisine de
la Chaudière-Appalaches Québec n’a pas les inconvénients des mé- La grande région de Québec est en constante
comptent ensemble gapoles tout en en offrant toutes les com- recherche de travailleurs qualifiés pour pour-
195 municipalités pour modités. Il est facile d’y concilier famille et voir des postes dans certains secteurs clés.
près de 1,2 million travail. C’est une ville à taille humaine où Malgré les soubresauts de l’économie mon-
d’habitants sur une la vie est plus douce et sécuritaire. Capitale diale, sa croissance reste soutenue. En plus
superficie de 33 700 km2 provinciale, elle propose un large éventail en des importants domaines financiers et des
(un peu plus étendue que matière de loisirs et de spectacles sans ou- assurances, elle s’appuie sur une industrie
la région Pays de la Loire blier sa proximité avec la nature et les grands du savoir en pleine effervescence. Les sec-
en France). espaces québécois… teurs de la santé (personnes infirmières et
aides-soignantes…), de l’informatique (TI),
Québec accueille de plus des sciences de la vie, des jeux vidéo ou de
Québec International (QI) l’optique photonique veulent recruter.
en plus d’immigrants de
nationalités différentes.
La France est de loin, le Québec International a pour mission de
pays d’origine du plus contribuer au développement économique
grand nombre de ces de la région métropolitaine de Québec et à Selon Marie-Josée Chouinard, directrice attraction
nouveaux arrivants. son rayonnement dans le monde. Au sein de de talents chez QI : « la clé du succès réside dans la
la grande équipe QI, une vingtaine de per- préparation du processus d’immigration.
Dans les cinq dernières sonnes sont dédiées à l’attraction de talents Les nouveaux arrivants ne s’installent pas à Québec
années (2015-2019) et à l’accompagnement d’étudiants, de tra- par hasard. Ils sont en général bien organisés et
QI a accompagné 93 vailleurs et d’entrepreneurs internationaux. souvent guidés par leur futur employeur,
entreprises à venir notre rôle est de soutenir ce lien ».
s’implanter dans la
ville de Québec et ses
environs.
Jeff Frenette Photography
 PubliS EBDUJPOOFM

DR
Jeff Frenette Photography

Ville de Québec
Étudiants choyés Brice Hubert, artiste
d’effets spéciaux originaire
de l’île de la Réunion :
QI lance chaque année des campagnes de « Je vis dans la grande
promotion pour inciter les étudiants étran- région de Québec. J’aime Entrepreneurs bienvenus
cet environnement et cette
gers francophones à venir parfaire leur édu-
vie nord-américaine. Avec
cation au Québec. Après s’être préqualifiés,
la langue française, c’est
les candidats passent un entretien avec comme si nous avions le La région de Québec est l’endroit idéal pour
l’établissement qu’ils ont choisi. Elle parti- meilleur des deux mondes ! se lancer en affaires. De multiples chefs d’en-
cipe ensuite au maillage entre ces établisse- Bien sûr, comme partout, treprises nés lors du baby-boom arrivent à la
ments et les entreprises de la région. Emplois les caractères sont retraite et devront trouver des successeurs.
à temps partiel durant la scolarité, stages et variables, mais dans leur Nombreuses sont les occasions de reprendre,
accompagnements facilitent l’entrée dans le immense majorité les gens créer une société ou une franchise. Grâce à
monde du travail pour une installation à long sont très sympas ».
son expertise, Québec International vous
terme au Canada. simplifiera la tâche et vous aidera à mieux
Vous rêvez du Canada et d’un métier qui vous appréhender l’économie locale et la clientèle
passionne ? Venez étudier en formation pro- nord-américaine.
fessionnelle (métiers spécialisés), collégiale
(programmes d’études techniques d’une
durée de trois ans) ou encore à l’université. Les recommandations de Mélanie Abdel-Malak,
directrice Entrepreneurs internationaux chez QI :
« Se donner du temps, bien préparer son projet, ne
pas hésiter à se faire accompagner, bien prendre
en compte l’aspect financier et surtout avoir
Québec en tête des palmarès de la persévérance pour faire face aux écueils
rencontrés en cours de route ».
« Meilleure destination au Canada en 2020 » pour une 5e année
consécutive selon Travel & Leisure
2e dans le classement mondial des meilleures villes où fonder
une famille derrière Helsinki et devant Oslo et Munich, la première
commune française Strasbourg n’est que 40e
Au sommet des agglomérations canadiennes les plus attrayantes
pour les millénariaux selon point2homes.com
1er rang parmi les métropoles nord-américaines entre 500 000 et un
million d’habitants en ce qui concerne les coûts d’exploitation d’une Restez informés
entreprise selon KPMG Internet et réseaux sociaux
quebecinternational.ca/fr/choisir-quebec
Dans le top 10 mondial, et 2e au Canada du classement fDi Tier 2 quebecentete.com/fr/
Cities of the Future 2020/21 dans la catégorie Human Capital and quebecinternational.ca/fr/contactez-nous
Lifestyle, notamment grâce à son écosystème d’établissements d’en-
seignement
 44 Q U É B E C T R AVA I L L E R
BÉNÉDICTE BROCARD/AFP
Le secteur de l’hôtellerie-restauration
est celui qui a le plus souffert de
la crise sanitaire. Et cela pourrait durer.
Une croissance
en convalescence
La belle dynamique de l’année s’est abîmée sur
la vague de Covid-19. Mais, malgré des difficultés
à venir dans l’hôtellerie et la restauration,
l’économie québecoise n’est pas naufragée.
PAR KEVIN DENIAU
L
’année 2020 s’annonçait excep-
tionnellement faste pour le
Québec. Affichant une solide
croissance économique, la
province présentait en février
dernier un taux de chômage historique-
ment bas de 4,5 % (soit 1,1 point de moins
que la moyenne canadienne) et nageait
dans les excédents budgétaires. La pré-
occupation majeure d’alors ? La pénurie
de main-d’œuvre.
La dynamique s’est brutalement inter-
rompue avec le Covid-19. Le 23 mars, le
Premier ministre François Legault « met
le Québec sur pause » et décide d’un confi-
nement généralisé afin de lutter contre
la pandémie. La province francophone
est beaucoup plus touchée que ses voi-
sines. Elle compte plus de la moitié des
cas confirmés et des décès liés à la mala-
die dans le pays (respectivement 62 492
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
et 5 760 cumulés fin août pour 128 948 cas
et plus de 9 000 décès recensés au plan
national). Le taux de chômage passe alors
d’un record à l’autre : il grimpe à 17 % en
avril, un niveau jamais vu depuis le début
de l’enquête de Statistique Canada sur la
population active, en 1976 !
Rappelons toutefois que le Canada n’a
pas opté pour des mesures de chômage
partiel comme la France. Autrement dit,
les entreprises ont licencié massivement
dès l’arrêt de l’économie… avant de réem-
baucher leurs salariés lors du déconfi-
nement. Conséquence : les variations de
l’emploi affichent une grande amplitude.
Le taux de chômage était d’ailleurs déjà
redescendu à 9,5 % en juillet dans la Belle
Province, ce qui équivaut à 436 800 per-
sonnes en recherche d’emploi. Depuis,
« le marché du travail se rétablit graduelle-
ment, indique Hélène Bégin, économiste
au sein du Mouvement Desjardins. Début
août, 70 % des emplois perdus en mars
et en avril avaient été récupérés. Mais il
manquait toujours 244 500 postes pour
retrouver le niveau de février. »
Telle une crue, le chômage, après être
monté très vite, devrait refluer bien plus
lentement. « Nous ne prévoyons pas un
retour à la situation pré-Covid avant la
fin 2021 », prévient Hélène Bégin. Selon
elle, il y aura encore 8 % de chômeurs au
Québec à la fin de cette année. « Tout va
dépendre de la férocité d’une éventuelle
deuxième vague, de l’arrivée d’un vaccin
et de la vigueur de la reprise aux Etats-
Unis, marché qui représente 70 % de nos
exportations », ajoute Jean-Guy Côté,
directeur associé à l’Institut du Québec.
Une note optimiste
Tous les secteurs ne sont pas logés à la
même enseigne. L’industrie de l’hôtel-
lerie-restauration a indéniablement
payé le plus lourd tribut avec près de
100 000 emplois détruits de mars à juin
2020 par rapport à la même période l’an-
née précédente, selon l’Institut de la sta-
tistique du Québec. Le divertissement, le
tourisme ou le transport aérien ne sont
guère mieux lotis. « Partout où la distan-
ciation physique est difficile, la reprise
sera bien plus longue », confirme Hélène
Bégin. « A l’inverse, affirme Jean-Guy
Côté, la demande va rester forte pour les
métiers de la santé et de l’enseignement.
Il y aura aussi toujours des opportunités
dans les postes de management et dans
les secteurs technologiques, manufactu-
riers, scientifiques, voire alimentaires. »
Selon cet expert, les candidats à l’ex-
patriation outre-Atlantique ont tout inté-
rêt à ouvrir leurs horizons et à ne pas se
concentrer sur Montréal. Du fait de sa
plus grande exposition à la pandémie, la
métropole connaît en effet une crise plus
aiguë que le reste de la province. « Dans
des régions éloignées comme la Gaspé-
sie ou la Côte-Nord, les hôtels, motels et
auberges cherchent des travailleurs »,
illustre par exemple Jean-Guy Côté. Et
de conclure, avec une note optimiste à
destination des immigrants : « Les portes
devraient rester grandes ouvertes pour les
personnes disposant de compétences pré-
cises dans les secteurs clés. Avec le vieil-
lissement de la population, le Québec fait
face à un défi démographique assez pro-
noncé. La situation actuelle n’est qu’un
détour. La direction reste inchangée. »

IMMIGRER
AU CANADA :
Comment s’y prendre ?
Me Natacha Mignon, franco-canadienne, associée
d’Immétis, cabinet d’avocats en immigration
Quel serait votre premier conseil à une personne qui souhaite
immigrer au Canada ?
Avant tout, je recommande aux futurs immigrants de se
renseigner sur les différents programmes existants pour
s’installer au Canada. Je rencontre tellement de familles ayant
perdu de précieux mois, voire des années, simplement parce
qu’elles n’ont pas suivi la voie adaptée à leur situation. One size
fits all, cela n’existe pas en immigration.
Quel est le rôle d’un avocat en immigration ?
Mon rôle consiste à cerner le projet d’immigration de mes
clients, à évaluer leurs options en fonction de plusieurs critères
tels que l’expérience professionnelle, l’âge, la connaissance
du français et de l’anglais pour leur recommander le meilleur
programme. Je m’occupe ensuite de la préparation de leur
dossier de A à Z et demeure à leurs côtés jusqu’à la délivrance
de leur visa. En France, le recours à l’avocat peut faire peur. Au
Canada, nous sommes parmi les seuls professionnels habilités
à conseiller en matière d’immigration.
Où immigrer au Canada ?
Si le Québec reste une destination de choix pour les Français,
les autres provinces méritent d’être mieux connues, au vu des
opportunités d’immigrer qu’elles réservent aux francophones, et
souvent dans des délais records ! Par exemple, la voie de l’Entrée
Express, pour s’installer hors Québec, promet une immigration
en six mois. Un argument qui incite à s’y intéresser de près !
Concrètement, quel type de demande prenez-vous en charge ?
Toutes. Je peux citer les demandes de permis de travail,
de permis d’études, de parrainage, ou encore de résidence
permanente pour les travailleurs qualifiés, les entrepreneurs ou
les investisseurs.
FRANCE : 01 78 90 68 79 | CANADA : + 1 (514) 446-1940 | info@immetis.com | immetis.com
Publi-rédactionnel
© Bénédicte Brocard/Photoatwork
Justement, est-ce qu’investir permet d’obtenir facilement un
visa pour le Canada ?
Tordons le cou à une idée reçue : investir dans un appartement à
Montréal ne vous donnera aucun privilège en matière d’immigration.
En revanche, il existe des programmes intéressants au Québec ou
ailleurs au Canada, pour les personnes qui souhaitent entrer au pays
comme investisseur ou comme entrepreneur, tels que le Start-up visa
ou le volet entrepreneurial du Nouveau-Brunswick. Ces programmes
mènent à la résidence permanente : ils sont habituellement sujets
à des critères de ressources et d’investissement à analyser de près.
Quel type de clientèle servez-vous ?
Le cabinet est un leader dans l’accompagnement des Français
souhaitant investir, entreprendre, travailler ou étudier au Canada. Nous
assistons également de nombreuses sociétés dans la préparation des
demandes de permis de travail, mais aussi en matière de mobilité et
recrutement via notre plateforme immijob.com.
POUR CONTACTER IMMETIS
info@immetis.com | 01 78 90 68 79
Qu’est-ce qu’Immijob ?
La mission est simple : mettre en relation les personnes souhaitant
s’installer au Canada et y trouver un emploi, avec des employeurs
canadiens recrutant à l’international. Nous facilitons leur rencontre en
identifiant les options d’immigration.
Quels sont les plus d’Immétis ?
La communication avec nos clients est au cœur de nos priorités.
L’efficacité et la rapidité d’exécution sont aussi des engagements forts
du cabinet, autant que la passion pour le domaine de l’immigration
qui anime tous les membres de l’équipe !
 46 Q U É B E C T R AVA I L L E R
Saguenay
Rouyn-
Noranda

C
Drummondville ertes, dans la ville francophone
Montréal
la plus peuplée d’Amérique,
les propositions de travail ne

J’irai plus loin que manquent pas… mais les

demandeurs d’emploi non
plus ! Ainsi, juste avant l’éclosion de la pan-

Montréal  … démie de Covid-19, le taux de chômage de

La métropole concentre la majorité
des arrivants au Québec. Les opportunités
sont pourtant tout aussi nombreuses,
voire plus, en région, loin des sentiers battus.
PAR KEVIN DENIAU
la région était deux fois supérieur à celui
des territoires situés aux alentours de la
ville de Québec. Et, selon la Fédération des
chambres de commerce du Québec, 80 %
des personnes immigrant au Québec
résident aux alentours de Montréal, alors
que 55 % des emplois disponibles le sont à
l’extérieur de la métropole… Autant dire
que tenter sa chance « en région » est loin
d’être absurde, comme en témoignent trois
Français qui ont trouvé loin de la ville leur
bonheur professionnel et personnel. 

“En Abitibi,
tout est possible”
Benjamin Buffet, 31 ans,
directeur de comptes
pour une société informatique
à Rouyn-Noranda

A
plus de 500 kilomètres au nord
de Montréal, l’Abitibi-
Témiscamingue est aussi la région
la plus à l’ouest du Québec. Longeant
la frontière ontarienne, elle représente,
en superficie, deux fois la Belgique
pour une densité de… deux habitants
au kilomètre carré ! Un vrai paradis
pour les amoureux des grands espaces.
Malgré son éloignement, la région jouit
d’un certain dynamisme économique,
notamment grâce à l’activité minière
et à l’exploitation forestière. C’est dans
sa capitale administrative, Rouyn-
Noranda, que le Haut-Savoyard Benjamin
Buffet a décidé de poser ses valises
en janvier 2015, après avoir déjà bien
vadrouillé à travers le Canada.
« Je suis un passionné de nature,
le Canada a toujours été dans un coin
de ma tête. Lors de mes études, j’ai
fait un an d’échange universitaire
à Trois-Rivières puis, quelques mois plus
tard, je suis revenu à Toronto avec
un Permis vacances-travail, pendant
SDP

dix mois. Je voulais connaître le style

L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
 Q U É B E C T R AVA I L L E R 47

de vie anglophone, améliorer mon

anglais et vivre une expérience dans
une grande mégalopole. J’en garde
un très bon souvenir. »
De retour en France, Benjamin travaille
pendant trois ans en tant que
chef de secteur dans l’agroalimentaire.
Avec, toujours, l’idée de revenir au
Canada. Ce qu’il fait finalement en
septembre 2014. Mais en débarquant à
Montréal, il découvre un marché de
l’emploi saturé. « Tout le monde cherchait
un job ! Mais j’étais ouvert à d’autres
horizons et il y avait du travail partout
au Québec. Pourquoi rester à Montréal ?
J’ai participé à un salon de l’emploi
et j’ai donné mon CV au stand
“Valorisation Abitibi-Témiscamingue”…
Ma candidature s’est retrouvée sur
le bureau de mon actuel patron. J’ai
alors bénéficié de l’aide du programme
Place aux jeunes en région, un dispositif
qui facilite la migration des 18-35 ans.
SDP

Ils ont pris en charge le déplacement

et la nuit d’hôtel à Val-d’Or pour mon
entretien d’embauche. » Une expédition
dont Benjamin se souvient encore.
“Moins de stress et de pression,
« Je ne connaissais pas du tout l’Abitibi.
En regardant une carte, j’ai vu que ce
aux abords du lac Saint-Jean”
n’était pas la porte à côté… Le long des Olivier Saillant, 48 ans, chef de projet informatique à Saguenay
sept heures de route, je me suis quand
même demandé s’il y avait quelque

chose au bout, d’autant qu’à la fin,
j’ai roulé sur la réserve d’essence ! Mais
à l’approche de Val-d’Or, j’ai pu constater
que la vie reprenait. Finalement,
j’ai décroché le poste et déménagé trois
semaines après… en pleine tempête
de neige. » Près de cinq ans plus tard,
Benjamin a fait du chemin. « Ici, on
te fait confiance très vite et, une fois que
tu as fait tes preuves, tu peux rapidement
progresser. Je suis devenu directeur
de comptes au bout de trois ans. » Il a
aussi obtenu la citoyenneté canadienne,
sans pour autant renier ses racines :
il a créé en 2016 la Communauté
française d’Abitibi-Témiscamingue, qui
se réunit lors de grands événements
nationaux, comme le 14 juillet. Il faut dire
que la France est le premier pourvoyeur
d’immigrants de la région (16 % du
contingent total en 2016, selon Statistique
Canada). « L’Abitibi est une région très
nature, idéale pour les personnes qui
n’ont pas peur de sortir de leur zone de
confort, assure Benjamin. C’est méconnu,
mais quand on y vient, on y reste. Certes,
c’est un peu loin des grands centres
et le froid y est un peu plus mordant, mais
la vitalité culturelle est impressionnante,
les gens sont détendus et c’est
un territoire où tout est possible. »
L
a région du Saguenay-Lac-Saint-
Jean, située à plus de 200 kilo-
mètres au nord de la ville de
Québec, est davantage connue pour
la beauté de son fjord et l’observation
des baleines dans l’estuaire du Saint-
Laurent que pour son attractivité écono-
mique. C’est pourtant ici que la société
française de jeux vidéo Ubisoft a ouvert,
en février 2018, son troisième studio qué-
bécois, après Montréal et Québec. Une
soixantaine de personnes y travaillent
aujourd’hui, dont Olivier Saillant, ins-
tallé dans la petite ville de Saguenay
(150 000 habitants) avec sa femme et ses
trois enfants depuis août 2018.
« J’ai commencé à travailler pour
Ubisoft à Paris en 1997, année où l’en-
treprise ouvrait son studio à Montréal.
Au bout de deux ans, j’ai demandé mon
transfert pour le bureau d’Annecy. Dans
la capitale, il y avait trop de monde, trop
de stress, trop de bouchons, raconte le
quadragénaire. J’ai toujours eu des rêves
d’Amérique, dès mes études. Mais j’ai
commencé à travailler, je me suis marié,
j’ai déménagé, j’ai eu des enfants… Bref,
j’ai fait ma vie et j’ai un peu oublié cette
envie d’ailleurs. » Dans le cadre de son
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
travail, Olivier doit toutefois se rendre
régulièrement outre-Atlantique. Si les
Etats-Unis ne lui laissent pas un souve-
nir impérissable, il a une révélation pour
Montréal et la gentillesse des Québécois.
« En 2014, j’ai profité d’une mission
de trois semaines à Montréal pour faire
venir toute ma famille. Cela a été une
expérience formidable, qui a semé les
premières graines de notre expatriation.
Mais autant j’adore Montréal, autant je
ne me voyais pas y habiter. A Annecy,
nous avions une maison, un grand jar-
din, des poules, il y avait des moutons
sur le terrain d’à-côté… C’était presque
la campagne. Vivre dans un apparte-
ment ou subir des embouteillages, cela
n’aurait pas été possible. » L’ouverture
du nouveau bureau d’Ubisoft à Sague-
nay crée le déclic. « Avec mon épouse,
professeur de maths, qui avait fait toute
sa carrière dans le même établissement,
on s’est dit : “Pourquoi pas ?” Les enfants
avaient respectivement 14, 11 et 7 ans.
C’était le bon moment. » Aujourd’hui,
Olivier ne regrette en rien son choix.
« Tout le monde a vraiment été très
accueillant. On s’est vite fait des amis par
le biais des enfants et nous bénéficions
 48 Q U É B E C T R AVA I L L E R
d’un meilleur équilibre de vie, assure le
père de famille. Même s’il y a nettement
moins de vacances qu’en France. C’est
flagrant quand on regarde le calendrier
scolaire : seulement deux semaines à Noël
et une en mars, avant la coupure estivale. »
De son côté, Olivier travaille quarante
heures par semaine, mais cela ne lui pèse
pas : « Il y a moins de stress et de pression.
Tout est facile. Je vis à deux kilomètres du
bureau, il n’y a pas de bouchon, je me gare
SDP
“C’est Drummondville qui m’a choisie”
July Laplace , 27 ans, contrôleuse qualité industrielle
à Drummondville
A
en croire la légende, c’est
à Drummondville qu’aurait
été inventée, au début des
années 1960, la poutine, le célèbre plat
québécois composé de frites, de
fromage en grains et de sauce brune.
La cité vivait alors de son industrie
textile, secteur qui n’allait pas tarder à
s’effondrer. Près de soixante ans plus
tard, Drummondville compte
80 000 âmes et dispose, notamment
grâce à sa position centrale sur les plaines
du Saint-Laurent, entre Montréal,
Québec, Sherbrooke et Trois-Rivières,
d’un vaste tissu de PME dynamiques.
A tel point qu’en décembre 2019,
Statistique Canada inscrivait un grand
« X » dans la colonne du taux de chômage
de la région. Autrement dit : moins
de 1 500 personnes étaient sans emploi !
C’est dans ce contexte que July Laplace
a été embauchée par Arpex, une
entreprise locale, spécialisée en usinage
de composants aéronautiques.
« J’habitais à Maisse, une petite ville de
l’Essonne, mais je suis originaire de l’île
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
sans problème. C’est très confortable. »
Grâce à son ancienneté dans l’entreprise,
il peut en outre compter sur cinq semaines
de congés payés, un luxe par rapport à ses
jeunes collègues qui profitent de deux
semaines seulement.
La famille s’est installée dans une mai-
son au bord d’un parc, où elle peut s’adon-
ner à la raquette l’hiver et aux balades
l’été. Les stations de ski sont proches et
le lac Saint-Jean offre pléthore d’activités
de la Réunion. C’est d’ailleurs lors d’un
voyage pour rendre visite à ma
famille que j’ai vu, à l’aéroport, un avion
Air Canada. Je ne sais pas pourquoi
mais je me suis toujours dit que ce serait
ma prochaine destination ! » En
attendant, July travaille plusieurs années
comme contrôleuse qualité dans
l’aéronautique en région parisienne,
puis décide de reprendre des études
pour approfondir ses compétences.
Le retour en entreprise s’avère difficile :
« Je n’avais plus envie de retrouver ma
vie d’avant. Je voulais quitter le monde
professionnel français, stressant et
hiérarchique. » July participe donc, en
décembre 2017, aux Journées Québec
à Paris, un événement de recrutement
avec des sociétés québécoises.
« J’ai passé un entretien avec une
entreprise de Drummondville active dans
mon domaine. Au début, le patron me
faisait un peu peur… mais il m’a tutoyée
et m’a parlé comme si on avait bu une
bière ensemble juste avant ! C’était super
de se sentir aussi à l’aise. Il m’a finalement
nautiques. « Finalement, cela ressemble
beaucoup à Annecy, s’amuse Olivier.
La nature est omniprésente, mais nous
disposons de toutes les commodités
d’une grande ville, que ce soit en matière
d’écoles, d’université ou de commerces.
Mon débit Internet est même plus rapide
que celui que j’avais en France ! » Et de
conclure, dubitatif : « Je ne comprends
pas pourquoi tout le monde s’arrête à
Montréal ! » 
proposé un poste et j’ai dit oui tout de
suite. » Les choses s’enchaînent très
vite : trois mois plus tard, en mars 2018,
July se retrouve dans la Belle Province
et bénéficie de conditions salariales
bien supérieures à ce qu’elle connaissait
en France. Mais cela n’a pas été pas
sa seule surprise. « Après l’entretien, j’ai
été orientée vers la Société
de développement économique de
Drummondville, qui m’a aidée à
accomplir les démarches administratives
et à trouver un logement. Quelqu’un
est même venu me chercher à l’aéroport !
Tout a été fait pour faciliter mon
intégration : on m’a accompagnée pour
faire les courses, de nombreuses activités
ont été organisées, j’ai rencontré des
personnes d’horizons différents… C’était
vraiment très complet. » Elle l’admet
toutefois volontiers : elle n’avait jamais
entendu parler de Drummondville
auparavant. « Quand tu es prête à
émigrer, tu fais en fonction de ton profil
et de l’emploi que tu trouves. Finalement,
c’est plus Drummondville qui m’a choisie !
Mais, avec le recul, je suis plutôt contente,
car je ne voulais pas d’une grande ville
et on est situé dans un endroit stratégique.
Même si on se sent un peu étranger
au début, je profite ici d’une meilleure
qualité de vie qu’en France, avec un
pouvoir d’achat bien plus important. »
+loin
Un programme pour favoriser
le recrutement d’immigrants en région
Lancé en 2017 à l’initiative de la Fédération
des chambres de commerce du Québec,
le programme Un emploi en sol québécois
est financé par le gouvernement de la
province. Concrètement, il met en relation
des personnes ayant immigré au Québec
depuis moins de cinq ans et en recherche
d’emploi, venant généralement de la
région de Montréal, avec des employeurs
de dix régions (dont les trois citées dans
l’article), parmi les plus en demande de
main-d’œuvre. emploisolquebecois.ca

Maplr et son équipe franco-
canadienne accompagnent
gratuitement les candidats
du secteur des technologies
de l’information désirant
s’installer au Canada en
créant un véritable réseau
d’entraide.
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Vous travaillez dans les technologies de
l’information en tant que développeur,
DevOps, Scrum Master, consultant cloud… ?
Le Canada vous attire ? Maplr pourrait bien
vous aider à réaliser votre rêve d’expatriation,
que ce soit pour une année ou deux, ou toute
une nouvelle vie...
Une agence pas comme les autres
« La chance sourit aux audacieux » cette
phrase, Marion Félix se la répète depuis
l’adolescence comme un Mantra. L’idée
de créer la première communauté inter-
nationale de Tech au Canada est née du
besoin criant de main-d’œuvre qualifiée de
la part de nombreuses entreprises outre-
Atlantique. « Notre approche est celle de
l’accompagnement. Nous ne mettons pas
simplement en contact des candidats à
l’expatriation et des employeurs, nous
‘L’accompagnement de Maplr tout au
long de mon processus d’immigration
a grandement simplifié les choses, tant
au niveau matériel que psychologique :
ça aide vraiment a être plus serein
et une fois sur place, on intègre
réellement une famille !‘
Photo ©Istock
Maplr : facilitateur d’expatriation
‘La communauté Maplr est
extraordinaire. Le fait d’arriver
dans un nouveau pays et de
pouvoir rencontrer des gens qui
ont déjà vécu cette expérience
d’expatriation nous a été très utile ’
souhaitons bâtir une communauté de
personnes qui s’entraident et s’intègrent
plus rapidement dans leur nouveau pays
d’accueil » explique la jeune ingénieure
en informatique française qui a lancé en
février 2019 Maplr avec Maxime Soweif, un
autre ingénieur, lui franco-canadien.
Un développement pancanadien
Après Montréal et Québec, la communauté
Maplr se développe à Toronto et Vancouver
avec l’ambition de se lancer dans toutes les
grandes villes du pays. Depuis sa création,
Maplr a accompagné et guidé une centaine
de personnes, conjoints et enfants com-
pris, les aidant à démarrer sereinement
leur nouvelle vie.
Une sélection sur l’expérience,
mais aussi l’état d’esprit
Tous les demandeurs qui contactent Maplr
ne sont pas retenus. La plupart des entre-
prises associées à la start-up recherchent en
effet des diplômés possédant au minimum
deux ans d’expérience de travail. « Nous
présélectionnons nos candidats technique-
ment sur leur bagage professionnel, mais
nous testons parallèlement leur motivation
et je dirais même leur “façon d’être” et leur
“état d’esprit” explique Marion. Il faut que
PubliS EBDUJPOOFM
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les personnes soient ouvertes, bienveil-
lantes, qu’elles aient une envie de partage,
car nous souhaitons créer un véritable ré-
seau d’entraide. Pour faciliter ce bien-être,
les sociétés qui accueillent nos aspirants à
l’expatriation sont également choisies. Nous
rencontrons leurs dirigeants, visitons leurs
locaux pour nous assurer qu’elles prônent
une bonne culture d’entreprise et éviter les
environnements toxiques ».
Des rencontres conviviales
Pour préparer votre départ, Maplr orga-
nise deux webinaires gratuits par mois
ou des experts en mobilité internationale
répondent à toutes les questions (formali-
tés pour immigrer, marché du travail, coût
de la vie…). L’un est consacré au Québec
et l’autre au reste du Canada, le fameux
ROC qui attire de plus en plus de Français.
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tion : recherche d’un emploi, démarches
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 50 Q U É B E C T R AVA I L L E R

Cécile Watters a fait, le 27 août,

sa troisième rentrée à l’école
Madeleine-de-Verchères de
Montréal. Elle s’occupe désormais
d’une classe de troisième
année (équivalent du CE2).

revanche, a été réalisé à la rentrée, le 28 août).

Une journée dans Le bâtiment de briques claires, bâti en

1926, accueille 440 enfants répartis dans
25 classes. La cloche retentit à 8 h 05 pré-

les pas d’une prof cises. L’heure pour les élèves de Cécile de
grimper une cinquantaine de marches
– dont certaines ornées de règles de gram-
maire – pour rejoindre leur classe, au troi-
sième et dernier étage. Les enfants se
Formée en France, Cécile Watters a rapidement dirigent ensuite vers leurs casiers, où ils
rangent manteaux et bottes d’hiver. En
trouvé un poste au Québec, où la pénurie cette fin novembre, la neige est déjà là.
d’enseignants est criante. Elle nous a ouvert Avec ses longs cheveux blond vénitien
retenus par un cerceau, sa silhouette
les portes de sa classe. menue et son sourire contagieux, Cécile
Watters ressemble à une écolière. Mais, dès
DE NOTRE CORRESPONDANTE ISABELLE GRÉGOIRE - PHOTOS CAROLINE HAYEUR qu’elle accueille les enfants en classe, son
autorité bienveillante opère. « Bon matin ! » 
lance-t-elle joyeusement. Il est 8 h 13 et
la journée commence. « On fait quoi

U
n gamin qui sautille sur année de primaire (équivalent du CM1). Cécile ? » demande une fillette. Ici pas de
un ballon-siège. Quatre Et il suffit de passer une journée avec « Madame Watters » : on l’appelle par son
copines qui rigolent en ses 21 élèves de 9 et 10 ans pour s’en prénom et on la tutoie. « Concentrez-vous :
jouant aux cartes. Un convaincre. « Ils sont très vivants, mais on va se réchauffer les neurones avec les
garçon qui butine de aussi autonomes et curieux, dit-elle. Ils tables de multiplication », répond-elle. Et
table en table en par- ont envie d’apprendre, de progresser. » d’expliquer : « Le calcul mental c’est une
lant fort… A première vue, il règne un Bienvenue à l’école primaire Made- tradition que j’ai rapportée de France. Ici,
sacré chaos dans la classe de Cécile Wat- leine-de-Verchères, dans Rosemont-La- on en fait moins. » Idem pour la calligra-
ters. L’enseignante de 43 ans, elle, se Petite-Patrie, un quartier familial au cœur phie. « J’ai créé un cahier spécial pour ça ! »
félicite plutôt de la « belle énergie collec- de l’île de Montréal, un jour du temps Originaire du Jura, Cécile Watters est
tive » qui unit son groupe de quatrième d’avant la pandémie (le reportage photo, en arrivée au Québec avec ses parents à la fin
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
 Q U É B E C T R AVA I L L E R
de son adolescence. Depuis, elle a étudié
et travaillé des deux côtés de l’Atlantique.
Titulaire d’un baccalauréat (bachelor) en
sciences et arts de l’Université de Montréal
(UdeM), d’une licence en lettres modernes
de la Sorbonne, et d’une maîtrise (master)
en création littéraire de l’UdeM (excusez du
peu !), c’est dans la trentaine, après avoir été
correctrice de français et sous-titreuse pour
les malentendants à la télévision cana-
dienne, qu’elle a réalisé son rêve : devenir
enseignante. De retour en France en 2012,
elle suit une prépa au concours de recrute-
ment de professeur des écoles… qu’elle
réussit du premier coup. Elle est affectée
en maternelle, s’occupe d’un CE1, puis, en
2015, décide de repartir vivre au Québec.
Après une période de remplacements,
au collège Stanislas de Montréal, mais
aussi dans une vingtaine d’écoles et de
quartiers montréalais, on lui propose un
Si elle donne des cours magistraux au tableau, Cécile circule le plus souvent entre les tables pour répondre aux besoins des élèves.
poste… qu’elle quitte au bout d’un an. « Une
expérience pénible, avec des élèves diffi-
ciles et aucun soutien de l’équipe »,
explique-t-elle. Coup de chance : dès
l’année suivante, elle est recrutée par
l’école Madeleine-de-Verchères, où sa fille
de 10 ans est inscrite. « À cinq minutes à
pied de chez nous : le bonheur ! » A la diffé-
rence de la France, où les professeurs se
voient affectés d’office dans une école, au
Québec, ils peuvent choisir l’école et le
niveau où ils souhaitent travailler. Les
candidatures se font auprès du Centre de
services scolaires de leur choix.
Tout en enseignant, Cécile a suivi, en
ligne, et le soir, les cours universitaires
nécessaires pour obtenir le brevet d’ensei-
gnement permanent, qui l’autorise à exer-
cer sa profession dans la Belle Province
(lire encadré page suivante). Selon elle, les
systèmes québécois et français sont très
différents. « Ici, on est avant tout soucieux
de développer la personnalité de chacun,
on prend le temps de régler les conflits en
favorisant le dialogue et la coopération,
observe-t-elle. En France, on se concen-
trait toujours sur les connaissances didac-
tiques et la discipline. »
Renforcement positif
Oubliés les pupitres en rang d’oignons et
les cours magistraux du matin au soir. La
classe de Cécile – comme beaucoup au
Québec – est « flexible », avec un espace
lecture garni de coussins, des bureaux dis-
posés en U ou en petits groupes, des tapis
et des tabourets oscillants. « Les élèves
vont d’un lieu à l’autre, ça leur permet
d’être plus investis dans l’activité. » Le
décor est tellement ludique qu’on en
oublierait presque la vétusté des locaux
(plafonds percés, stores cassés, souris
baladeuses…), lot de nombreuses écoles
montréalaises. Le manque de ressources
pour acquérir du matériel pédagogique
est lui aussi généralisé. « Comme la plu-
part de mes collègues, j’investis de ma
poche en achetant livres et jeux. » Un
point commun avec la France…
Si elle a moins d’élèves qu’à Nantes,
Cécile reconnaît que « certains en valent
deux ». « J’ai mon hyperactif qui a besoin
d’un ballon-chaise pour se poser, ma quasi-
mutique que j’essaie de mettre à l’aise, celui
qui doit porter des coquilles sur les oreilles
pour arriver à se concentrer… sans compter
les cas de dyslexie et de déficit d’attention. »
Heureusement, une orthopédagogue la
seconde en classe trois fois par semaine.
Elle profite aussi de moments libres durant
chaque cours de spécialité (musique,
anglais, éducation physique…). « Ça me
permet de planifier et de corriger alors qu’à
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
51
Nantes, j’enseignais toutes les matières et
j’étais toujours débordée. » Au final, elle se
sent moins épuisée quand arrivent les
vacances, moins fréquentes et moins
longues qu’en France.
« Cécile, ça bogue ! » clame Joseph, les
sourcils froncés, devant l’un des trois ordi-
nateurs de la classe. Presque toujours
debout, la prof circule parmi les élèves en
répondant à leurs questions et en précisant
des notions. « Je fais de l’enseignement
magistral au tableau, précise-t-elle, mais
la plupart du temps les enfants travaillent
en équipe ou en atelier. Ils sont les acteurs
principaux de leur apprentissage. » Cécile
utilise aussi son ordinateur portable, relié
à un tableau interactif où elle inscrit leçons
d’orthographe et problèmes de maths.
Les élèves se sont attelés à leurs exer-
cices. Mais Cécile a beau avoir activé son
« bruitomètre » – une application qui
mesure le niveau sonore, avec un curseur
passant du vert au rouge –, l’ambiance est
loin d’être calme. Deux enfants préfèrent
d’ailleurs travailler dans le couloir adjacent
pour être tranquilles. Ici, plutôt que de
reléguer les tannants (« turbulents ») au
fond de la classe, les enseignants misent
sur le renforcement positif, toujours pré-
féré aux punitions. Par exemple, si la classe
parvient à maintenir le bruitomètre au vert
durant un temps déterminé, il y aura une
récompense : selon la saison, Cécile emmè-
nera son groupe manger une glace ou faire
de la luge au parc voisin.
Comme ses élèves, la prof jouit d’une
grande autonomie. « En France, l’horaire
quotidien par matière était affiché en
classe et je devais le respecter à la minute
près, sous peine d’avoir des remontrances
de l’inspectrice de l’Education nationale,
raconte-t-elle. Ici, c’est moins cadré : le
 52 Q U É B E C T R AVA I L L E R
Au chalet, dans un lac… L’institutrice écrit au tableau les mots des vacances 2020.
volume d’heures par thème peut varier
selon les jours et l’avancement de mes
élèves. » Autre différence majeure : les
enseignants du Québec ne sont soumis à
aucune inspection en classe.
10 h 22 : une fois la collation avalée en
classe, on renfile bottes et habits chauds et
hop ! c’est la récré (deux fois quinze
minutes par jour). Les escaliers sont déva-
lés en moins de deux et la joyeuse troupe
s’ébat dans l’immense cour. Puis on
enchaîne avec le cours d’éthique et de
culture religieuse. Sujets du jour : l’accueil
de l’autre et le respect de la différence.
Après la lecture d’un album du Père Castor,
l’enseignante anime une discussion avec
la classe. La plupart des enfants sont à l’aise
pour parler en public, les plus timides sont
encouragés à s’exprimer et félicités.
Moment de grâce
L’heure du dîner (« déjeuner ») sonne à
11 h 35. Les écoles québécoises n’offrant
pas de cantine, les enfants apportent leur
« boîte à lunch » et mangent ensemble
dans une classe, au gymnase ou dehors
quand le temps le permet. Comme elle
habite à deux pas, Cécile rentre souvent
chez elle. Sinon, elle retrouve ses collè-
gues dans la salle des profs.
De retour en classe après la pause, à
12 h 55, les gamins sont plus calmes. La plu-
part sont appliqués sur leur travail d’écri-
ture – chacun a un miniroman ou un récit
en chantier. Cécile diffuse une musique
douce, prolongeant ce moment de grâce.
Mine sérieuse et joues rebondies, Adrian
est heureux de pouvoir enfin se concentrer
en solo sur son histoire. « J’aime pas le
bruit », confie-t-il. Youcef, lui, tourne en
rond en traînant les pieds. « Si tu t’ennuies,
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
va lire ou écrire, tu déranges les autres »,
lui suggère Cécile, d’un ton calme. Stella
lève le nez de son cahier et commente : « La
prof n’est pas sévère, quand on est tannant,
elle nous avertit, mais toujours avec des
mots doux : on l’aime ! »
L’heure de la sortie approche : à 15 h 30,
c’est la fin des cours. Certains élèves se
dirigent vers le service de garderie (ouvert
jusqu’à 18 heures), tandis que Cécile rac-
compagne les autres. Elle remonte ranger
sa classe, écrire au tableau la date du len-
demain et afficher ce qu’elle appelle le
« menu du jour » : l’ordre des prochains
cours. « En général, je suis de retour chez
moi vers 16 heures. » Equipée d’un ordina-
teur, d’une imprimante et d’une plasti-
fieuse à la maison, elle y prépare souvent
son matériel pédagogique.
« Différence majeure » avec l’organi-
sation du travail en France : les journées
pédagogiques (20 par an). Les élèves
restent chez eux, ce qui permet aux ensei-
gnants de travailler entre eux, de participer
à une formation, de planifier leurs évalua-
tions. Une rencontre avec la direction est
aussi organisée un soir par mois. « C’est
beaucoup plus collaboratif et moins hié-
rarchique qu’en France : ici, tout le monde
participe », souligne Cécile. La commu-
nication passe aussi très bien avec les
parents. « Chaque vendredi, je leur envoie
la feuille de route de la semaine par mail,
avec les leçons à faire pour la prochaine
semaine : c’était bien pratique pendant la
pandémie ! » Cécile le reconnaît : pour
l’exercice quotidien de son métier, le Qué-
bec a sa préférence. « À cause de la dyna-
mique de l’école et du rythme de mes
journées, mais aussi parce que je me sens
beaucoup plus libre. » 
Recherche
professeurs
désespérément
L
e jour de la rentrée scolaire
2020, 200 postes restaient
à pourvoir à Montréal. Un an
plus tôt, au moins 350 enseignants
à temps plein manquaient déjà
à l’appel dans la province, dont plus
de 80 % dans la région de Montréal.
Le ministre québécois de l’Education
a lui-même reconnu début 2020
que la pénurie de main-d’œuvre
dans les écoles serait son plus grand
défi et qu’il faudrait « quelques
années » pour y remédier. Parmi les
solutions apportées, le recrutement
en France, en partenariat avec
des centres de services scolaires
de la grande région de Montréal.
Depuis l’an dernier, des missions
à Paris, Marseille et Toulouse ont
permis de réaliser 434 embauches
sur plus de 1 300 candidatures reçues.
Plusieurs formations sont
reconnues pour enseigner au
Québec : une liste par pays est
disponible sur le site quebec.ca/
emploi, rubrique métiers et
professions/découvrir, onglet
enseignant à la formation
générale des jeunes, à la formation
professionnelle et à l’éducation
aux adultes. Même en disposant
d’un de ces diplômes, vous devrez
obtenir le brevet d’enseignement
permanent, indispensable
à l’exercice de la profession au
Québec. Il faut pour cela suivre
un cursus universitaire (didactique,
système scolaire du Québec,
évaluation des apprentissages,
intervention auprès des élèves
handicapés…) et réaliser
un stage probatoire d’une durée
de six cents à neuf cents heures,
généralement facile à trouver.
Bon à savoir : un nouveau
programme court de
perfectionnement en éducation
préscolaire et primaire sera offert
dès cet automne à distance par la
Téluq (lire page 66), selon un accord
conclu avec le Centre de services
scolaires Marguerite-Bourgeoys de
Montréal, qui souhaite intégrer dans
ses écoles des enseignants formés
hors du Québec. Ce dispositif est
pris en charge si vous êtes déjà
recruté. Une première promotion
de 85 enseignants français est d’ores
et déjà inscrite. Pour obtenir son
brevet d’enseignement, le candidat
devra ensuite suivre un stage
probatoire (hors programme).
RECRUTER UN TALENT FRANCOPHONE,
MISSION IMPOSSIBLE ?!
La pénurie des talents au Québec pousse de plus en plus de recruteurs
à explorer la solution du recrutement d’un collaborateur francophone
hors du Québec ! C’est là qu’OTTEO, grâce à son offre clé en main et
unique sur le marché, intervient !
LE CASSE-TÊTE DU
RECRUTEMENT À DISTANCE
Recruter un nouveau collaborateur
peut amener son lot de difficultés.
Et quand il s’agit de recruter un colla-
borateur francophone non-résident
du Québec, cela peut devenir un
véritable parcours du combattant !
Eh oui... Le recrutement à distance,
ce n’est pas si simple : décalage ho-
raire, validation des candidats déli-
cate sans entretien physique, prises
de références peu aisées, évaluation
des motivations du projet profes-
sionnel et de vie difficile...
Faire appel au cabinet de recrute-
ment OTTEO permet aux entre-
prises québecoises de s’assurer
du bon déroulement de toutes les
étapes de recrutement. L’objectif est
simple : sélectionner et présenter
des candidats en adéquation avec
les attentes des entreprises québe-
coises !
Mais ce n’est pas tout ! Une fois le
bon candidat identifié, l’accompa-
gnement continue !
LE CASSE-TÊTE DES
DÉMARCHES D’IMMIGRATION
Lors de l’embauche d’un talent fran-
cophone non-résident du Québec,
le recrutement à distance n’est pas
la seule problématique à laquelle
doivent faire face les entreprises.
Embaucher un collaborateur franco-
phone non-résident, c’est aussi faire
Nous joindre : www.otteo.fr / bmerlet@otteo.fr / +33.(0)2.53.35.50.00
10 ans d’expérience
dans le domaine du
recrutement
face à des démarches administra-
tives et juridiques longues et com-
plexes ! « Quelles démarches dois-
je mener en tant qu’employeur ? » ;
« Quelles sont mes obligations ? » ;
« Quelles démarches dois-je me-
ner en tant que candidat ? » ; « Quel
permis de travail choisir en tant que
candidat ? » ; « Combien de temps
peuvent prendre les démarches
d’immigration ? »...
OTTEO déploie une équipe de ju-
ristes spécialisés en droit de l’im-
migration franco-canadienne pour
prendre en charge toutes les dé-
marches administratives pour l’en-
treprise et le candidat.
UNE OFFRE CLÉ EN MAIN
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Vous l’avez compris ! L’offre OTTEO
RH-Solutions Canada permet aux
recruteurs québecois et aux candi-
dats francophones non-résidents
du Québec de bénéficier d’un ac-
compagnement complet et unique.
OTTEO prend non seulement en
charge l’entièreté du processus de
recrutement, mais aussi toutes les
démarches juridiques d’immigra-
tion chronophages ! La vocation
d’OTTEO est de libérer recruteurs
et candidats de toutes difficultés et
lourdeurs pour leur permettre de se
concentrer sur le plus important :
l’adéquation réciproque sur le poste
à pourvoir !
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spécialisés en
immigration
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L’expatriation est une aven-
ture formidable et très de-
mandée par les candidats
francophones. La recherche
d’emploi à distance peut s’avé-
rer délicate, les démarches
d’immigration longues et
dépendantes d’évènements
tels que nous traversons au-
jourd’hui (Covid-19).
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permet de sécuriser vos dé-
marches administratives et
de trouver un emploi durable
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Responsable Développement
Canada – OTTEO
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locaux spécialisés dans les
démarches d’intégration sur le
territoire canadien
 54 Q U É B E C T R AVA I L L E R

Aides-soignants,
des “anges gardiens” trop rares
La pandémie de Covid-19 a révélé le manque cruel d’effectifs dans
les services d’aide à la personne. Le gouvernement veut revaloriser le métier
et recruter massivement. Une opportunité pour les immigrants ?
PAR ANNE-HÉLÈNE MAI

U
« n film d’horreur », « une
catastrophe humani-
taire », « une hécatombe
hors norme »… Les gros
titres de la presse qué-
bécoise au printemps
dernier donnaient la mesure du choc
provoqué par la crise sanitaire. Parmi les
quelque 5 700 morts du Covid-19 au
Québec, 85 % résidaient dans un centre
d’hébergement et de soins de longue
durée pour personnes âgées, les fameux
CHSLD… Outre la vulnérabilité évidente
des aînés face à la maladie, le manque
cruel d’aides-soignants, appelés ici pré-
posés aux bénéficiaires (PAB), a semble-
t-il été un facteur aggravant. Le Premier
ministre François Legault l’a lui-même
admis le 27 mai : « Il manquait 10 000 pré-
posés aux bénéficiaires avant la crise, et
10 000 employés supplémentaires se sont
absentés depuis mars. » Un phénomène
en partie causé par les mises en quator-
zaine des aides-soignants susceptibles
d’être porteurs du virus et qui s’est accé-
léré avec les démissions de personnel à
bout de souffle. Au point que le gouverne-
ment québécois a été contraint d’appeler
à l’aide les Forces armées canadiennes
pour prêter main-forte aux employés des
centres de soin publics.
L’urgence de recruter, notamment à
l’étranger, n’est pourtant pas nouvelle :
en 2017, déjà, le secteur s’alarmait de la
pénurie de main-d’œuvre. En 2018, des
préposés au bord du burn-out jetaient
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
l’éponge à contrecœur. L’année dernière
encore, les chiffres des départs à la retraite
du personnel, combinés aux besoins
croissants d’une population vieillissante,
s’accumulaient comme autant de signaux
d’une catastrophe annoncée. Avant la
pandémie, les écoles de formation en
assistance à la personne ne parvenaient
pas à remplir leurs salles de classe, mal-
gré les CDI à temps plein garantis en fin
de parcours. Il faut dire que ce choix de
carrière n’était pas des plus valorisés.
Peu reconnue,
la profession ne permet
pas d’obtenir un visa
incluant le conjoint.
Ceux qu’on appelle désormais « anges
gardiens », nouveau coronavirus oblige,
travaillaient de jour, de nuit, en semaine
et en week-end, pour un salaire maximal
brut de 22,35 dollars canadiens de l’heure
dans le public (et autour de 14 dollars par
heure dans le privé). Un peu plus élevé
qu’en France, mais manifestement pas
très attractif au Québec.
Charlène Cordeiro a été aide-soi-
gnante pendant dix ans en unité de soins
intensifs en France. Après une première
tentative au Québec, elle a décidé de se
réorienter : « On ne me proposait que des
postes sur appels, de nuit, dans des
services de gériatrie en pénurie de per-
sonnel et pour un salaire de misère »,
raconte-t-elle. Les méthodes de travail ne
l’ont pas convaincue non plus : « Notre
rôle au sein de l’équipe n’est pas du tout
le même qu’en France. »
Un point de vue que confirme Elise
Lepineux, préposée au Centre hospita-
lier de l’Université de Montréal depuis
deux ans. « En France, on a le droit, avec
l’aval de l’infirmière, de donner des médi-
caments, on peut prendre la tension et la
température, on participe aux transmis-
sions entre les quarts de travail… Au
Québec, on fait moins de choses, on n’est
pas forcément intégré dans le plan de
soin actif et on régresse un peu, regrette
celle qui avait cumulé neuf ans d’expé-
rience à Bordeaux et à Montluçon. C’est
seulement du soin d’hygiène ou de
confort. Les actes médicaux sont réser-
vés aux infirmières et on ne travaille pas
en binôme avec elles. »
L’hygiène et le confort : des tâches qui,
pour Claire Lohezic, participent aussi de
son métier. Mais elle fait le même constat
que ses collègues expatriées : « Ce que je
faisais en France, explique-t-elle, corres-
pond plutôt au travail de ce qu’on appelle
ici l’infirmière auxiliaire. » Après avoir
passé quatre ans auprès des personnes
âgées à Rennes, elle travaille à présent
dans un centre de répit et de soins pallia-
tifs pour enfants malades à Montréal. Sa
 Q U É B E C T R AVA I L L E R
HUGHES GRAHAM/ABACA
Face à la pénurie de personnel,
les autorités ont annoncé
que 550 postes par an seront
réservés à des aides-soignants
en procédure d’immigration.
mission lui tient très à cœur. Mais, au
Québec comme en France, elle ne compte
plus les remarques maladroites et réduc-
trices quant à son travail. « C’est un job
très prenant, mentalement comme phy-
siquement, témoigne-t-elle. Et il mérite
plus de reconnaissance. »
Des formations en urgence
Peu reconnu chez les employeurs et le
grand public, le métier ne l’est pas non
plus auprès des services d’immigration.
Considéré comme un emploi de niveau
de compétence C dans la Classification
nationale des professions (lire page 22), il
ne permet pas d’obtenir un visa de travail
temporaire incluant l’accompagnement
par le conjoint. L’agence d’intérim fran-
çaise Temporis, qui a ouvert un bureau à
Montréal ce printemps, peine donc à com-
bler les nombreuses demandes de PAB
affichées, et ce n’est pas faute de candi-
dats intéressés… « Avant le Covid-19, on
pouvait espérer trouver un visa pour
l’époux et les enfants, mais actuellement,
c’est quasi impossible, signale Valérie
Hardouin, à la tête de Temporis Québec.
On a besoin de célibataires ! »
Un emploi de niveau de compétence C
n’est pas non plus l’idéal pour qui espère
s’installer à long terme dans la province.
Il est désormais exclu du Programme de
l’expérience québécoise (PEQ), réformé
cet été (lire page 34), qui simplifie l’accès
au Certificat de sélection du Québec.
Aujourd’hui, un aide-soignant candidat
à l’immigration doit donc postuler au
Programme régulier des travailleurs
qualifiés (PRTQ), qui implique une éva-
luation pointue du profil socioprofession-
nel. Selon le ministère québécois de
l’immigration, seuls 113 PAB ont été sélec-
tionnés depuis 2013.
La crise sanitaire pourrait changer la
donne. Face à la pandémie, le gouverne-
ment, qui tergiversait depuis des mois sur
les mesures à prendre pour attirer plus de
travailleurs au chevet des résidents en
CHSLD, a tranché : il a annoncé que
10 000 préposés seraient formés en
urgence d’ici à la fin de l’année. Les
apprentis suivront un cursus accéléré de
trois mois, contre huit habituellement.
Rémunérés tout au long de la formation,
ils ont la promesse d’une embauche à
temps complet au salaire de 26 dollars
canadiens de l’heure, soit 49 000 dollars
par an. Une annonce alléchante qui n’est
pas passée inaperçue en cette période
d’incertitude économique : en l’espace de
quelques jours, plus de 91 000 candidats
se sont inscrits sur la plateforme de sélec-
tion. Quelque 9 800 d’entre eux ont pu
faire leur rentrée début juin. Une cohorte
de 2 000 étudiants supplémentaires est
attendue cet automne.
L’offre était destinée aux citoyens
canadiens ou aux résidents permanents.
Le gouvernement a toutefois promis de
réserver annuellement 550 postes à des
aides-soignants en procédure d’immigra-
tion. Les immigrants déjà sur place seront
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
55
prioritaires, mais le président de la
Fédération professionnelle des prépo-
sé(e)s aux bénéficiaires du Québec
(FPBQ), Michel Lemelin, compte bien
développer le recrutement hors fron-
tières. « Nous avons un plan, tant panca-
nadien qu’international », assure-t-il.
M. Lemelin se bat depuis plusieurs
années pour faire de la Fédération, à
laquelle l’adhésion est volontaire, un
ordre professionnel en bonne et due
forme. Il dit être près d’une « décision
finale avec le gouvernement », pour enca-
drer la profession, sa formation et la
délivrance de permis d’exercice. « Les
nouveaux arrivants ont du mal à trouver
les bonnes informations pour travailler
comme PAB, lance-t-il. Je veux rendre le
tout plus clair, moins bureaucratique, afin
d’aller chercher les meilleurs ! »
Dans l’idéal, le président de la FPBQ
souhaiterait ouvrir des bureaux en
France, pour accompagner les intéressés
et les renseigner sur les méthodes et les
pratiques québécoises. En parallèle, un
centre de formation professionnelle en
santé de la région du Saguenay a initié de
son propre chef un programme d’échange
franco-québécois destiné aux aides-
soignants. Il s’est associé au lycée parisien
Carcado-Saisseval et au groupe scolaire
Saint-Vincent-de-Paul pour organiser des
séjours de six à douze semaines au Québec
(et vice-versa). Le projet n’en est qu’à ses
débuts, mais l’équipe travaille sur une
base de reconnaissance des acquis pour
offrir à terme un double diplôme. Au-delà
des différences de terminologie et de
méthode, cet échange est l’occasion pour
les futurs aides-soignants tricolores de
saisir la dynamique d’équipe à la québé-
coise, qui peut être déstabilisante quand
on arrive de France. Un sésame de plus
pour tenter l’aventure…
+loin
Comprendre le métier de PAB
avenirensante.gouv.qc.ca/carrieres/
prepose-aux-beneficiaires
Devenir préposé en CHSLD
quebec.ca/education/devenir-
prepose-chsld
Recrutement Santé Québec Portail
de recrutement des professions de santé.
recrutementsantequebec.ca
Centre de formation
professionnel du Grand-Fjord
cfpsaguenay.qc.ca/programmes/
assistance-a-personne-en-
etablissement-de-sante
 10 bonnes raisons de s’expatrier au Canada...
... avec Temporis !
N°1] Vivre une expérience
inoubliable
Le Canada vous assure un
dépaysement total : matchs de
hockey sur glace, balades en chien
de traineau et dégustation de sirop
d’érable sauront vous séduire ! Mais
c’est surtout la destination numéro
1 à travers le monde, pour tous ceux
qui veulent améliorer leur condition
de vie et leurs perspectives !
N°2] Une équipe dédiée
Trouver un job de l’autre côté de
l’Atlantique n’est pas forcément
évident. Pas de panique ! Valérie
Hardouin et toute son équipe,
vous accompagne pour mener à
bien cette nouvelle aventure et
déccrocher le poste qu’il vous faut !
Franchisée à Bourges pendant 10
ans, elle s’est installée au Québec
depuis plusieurs années pour vous
faire bénéficier de son expérience et
de ses contacts !
N°3] Le Canada, eldorado de
l’emploi
Le Canada est l’un des pays avec
le plus fort gisement d’emploi au
Monde. Les entreprises de la région
Chaudière-Appalaches ont un
besoin criant de main d’œuvre, c’est
pourquoi la franchisée a conclu un
partenariat exceptionnel avec eux !
Les français étant réputés pour leur
exigence et leur perfectionnisme,
aucun doute, votre profil sera très
apprécié au Québec.
Valérie Hardouin :
« Chez Temporis
le candidat
est un client ! »
N°6] Trouver
N°4] Un accompagnement rapidement
sur-mesure Rapide comme
Les missions proposées au Québec
nécessitent en moyenne un visa de
travail de 2 ans. Trouver un emploi à
l’étranger, ce n’est pas seulement un
projet professionnel mais un projet
de vie et ça se prépare ! Dans ce
but d’intégration à moyen voir long
terme, afin que cette dernière
se déroule dans les meilleures
conditions, votre interlocutrice
vous suit dans des domaines qui
dépassent la recherche de votre
emploi. En effet chercher un poste
pour votre conjoint ou encore une
école pour vos enfants font parti
des nouvelles missions de Valérie
Hardouin et de son équipe.
N°5] Des démarches
facilitées
Temporis Montréal aide les candidats,
les PVtistes, à simplifier leur arrivée et
à obtenir les documents nécessaires
au bon déroulement de leur voyage.
Tel que le dossier d’immigration,
le permis de conduire canadien,
le numéro de sécurité sociale ou
encore l’ouverture d’un compte
bancaire...
un emploi
l’éclair, déposez
votre CV sur l’espace candidat
Temporis et inscrivez-vous en moins
de 10 secondes. Bénéficiez du
réseau d’entreprises partenaires de
l’enseigne qui compte plus de 170
agences partout en France.
N°7] Apprendre un nouveau
métier
Venez au Québec via la formation,
éffectuez 12 à 15 semaines de stage

rémunérées (avec la possibilité de
travailler 20H par semaine) et obtenez
à la clé un visa de travail de 3 ans !
N°8] Enrichir son CV
L’expérience à l’international est
un plus indéniable pour votre CV.
En effet partir à l’étranger montre
votre capacité à sortir de votre zone
de confort et à prendre des risques.
L’expatriation professionnelle met
en avant vos qualités d’adaptation,
d’ouverture d’esprit et de mobilité.
N°9] 20 ans de réussite en
France
Temporis, le 1er réseau national
d’agences d’emploi en franchise
créé en 2000 par Laurence Pottier-
Caudron, a changé la donne en
France dans le domaine de l’emploi
temporaire grâce à son mode de
développement atypique.
Publi-rédactionnel
N°10] Un concept qui se
différencie par ses valeurs
Chez Temporis, les candidats sont
considérés comme des clients au
même titre que les entreprises !
Notre volonté est de trouver le poste
adapté à votre profil. Nous veillons
à vous accompagner au quotidien
pour créer avec vous une véritable
relation sur le long terme et devenir
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 58 Q U É B E C T R AVA I L L E R
Franchisé à l’étranger,
un double défi
Créer son entreprise tout en bénéficiant
de l’aide et de la notoriété d’un réseau :
particulièrement approprié pour des expatriés,
le modèle n’est toutefois pas sans risque.
PAR KEVIN DENIAU
L
’emplacement est idéal : à
Montréal, la rue Sainte-
Catherine est considérée
comme le «  paradis du
magasinage ». C’est là, à l’en-
trée du centre commercial
Carrefour Industrielle Alliance et à côté
du cinéma Banque Scotia, le plus fré-
quenté du centre-ville, que Grégoire
Hardouin a ouvert, le 1er juin 2019, son
kiosque Jeff de Bruges. Le natif de
Chantilly (Oise) est ainsi devenu le
premier franchisé en Amérique du Nord
du spécialiste français des chocolats
belges. « En arrivant au Québec, je ne me
voyais pas monter autre chose qu’une
franchise. C’était évident », explique ce
père de deux enfants, qui possédait aupa-
ravant trois agences d’emploi Temporis
dans le Cher, avec sa femme, Valérie.
Celle-ci s’occupe aujourd’hui de la mas-
ter franchise de Temporis au Québec : à
elle de tester le concept de l’enseigne
tricolore dans la Belle Province, puis d’y
recruter des franchisés.
Pour des entrepreneurs qui ne maî-
trisent pas les us et coutumes du pays, ce
modèle représente un bon moyen de se
lancer. Et, pour Grégoire Hardouin, cela
a même permis d’atténuer les effets de la
crise du Covid-19 : « Je recevais les com-
mandes du site Internet de Jeff de Bruges
Canada. Sans cela, je ne sais vraiment pas si
j’aurais pu survivre », confie ce tout récent
quinquagénaire. Il a dû, pour l’occasion,
se résoudre à apprendre le métier de pré-
parateur et de livreur de chocolats sur l’île
de Montréal, mais peut rester optimiste
quant à la reprise. « La franchise permet
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
de bénéficier d’un accompagnement et
d’un cadre fort utiles quand on arrive sur
un nouveau territoire », confirme Xavier
Chambon, président-fondateur de Classe
Affaires, qui aide des entreprises dans leur
projet d’installation au Canada.
« Entreprendre, c’est difficile en soi. On
peut vite se sentir seul. Alors, en plus, dans
un environnement inconnu… Sans appui
local, le risque de se décourager est impor-
tant », témoigne Julie Valletta. Depuis juil-
let 2018, cette expatriée lyonnaise gère un
pressing Daoust Éco (une marque québé-
coise rachetée en 2015 par des Français),
installé sur l’avenue du Mont-Royal. La
jeune trentenaire, qui a déjà dirigé une
société en France, se montre plutôt satis-
faite de l’expérience : « En matière d’orga-
nisation et d’administration, tout est plus
simple au Québec. »
En 2019, elle a atteint son seuil de ren-
tabilité, fixé à 300 000 dollars canadiens
(190 550 euros) de chiffre d’affaires. Et l’an-
née 2020 commençait sous les meilleurs
auspices, avec une croissance de 25 % qui
lui permettait de se dégager un salaire.
Grégoire Hardouin,
chocolats Jeff de Bruges
“En arrivant ici,
je ne me voyais pas
monter autre chose
qu’une franchise.
C’était évident !”
Elle venait même de s’associer avec son
conjoint, Maxime Mayant, pour acheter
trois autres franchises à Sainte-Julie, sur
la rive sud de Montréal. Le Covid-19 est
venu mettre à mal tous ces projets. « Il fau-
dra au moins un an pour nous en remettre.
Heureusement, la franchise nous a sou-
tenus, moralement et financièrement,
assure-t-elle. Dans trois ans, quand on aura
fini de rembourser notre prêt, cela restera
quand même un bon investissement. »
Le piège de la langue
L’encadrement du réseau permet en effet
de réduire drastiquement les risques. « Le
taux annuel de fermeture d’un commerce
en franchise au Québec est inférieur de
près de deux fois à celui de l’ensemble des
entreprises », affirme Xavier Chambon.
« Vous investissez dans un modèle per-
formant qui a fait ses preuves, ajoute
Christian Champagne, président direc-
teur général du Conseil québécois de la
franchise (CQF). Il vous apporte une
expertise et un soutien au niveau régle-
mentaire, légal, voire culturel. »
La franchise représente près de 10 %
des emplois au Québec (soit plus de
400 000 postes directs et indirects) et
5,6 % de son PIB, selon le dernier rapport
du CQF, publié en décembre 2018. « Avec
plus de 1 300 réseaux différents, le Canada
est le premier pays mondial en nombre
 Q U É B E C T R AVA I L L E R
d’enseignes par habitant », note Xavier
Chambon. Et la tendance se poursuit : le
taux de croissance annuel du nombre de
franchiseurs dans la province s’élève à
près de 6 %. « J’ai davantage le profil d’un
repreneur que d’un créateur d’entreprise,
ce système me correspond donc bien »,
justifie, quant à lui, Alexandre Videt.
Après avoir passé une vingtaine d’années
comme salarié dans de grands groupes
informatiques puis comme consultant
indépendant en région parisienne, il a, lui
aussi, racheté trois franchises Daoust Éco
sur la rive nord de Montréal, juste avant
la crise sanitaire qui a retardé de quelques
mois son arrivée au Québec. En rensei-
gnant ses critères sur le site flagfranchise.
com, cet Yvelinois de 48 ans a été séduit
par le concept écologique et les valeurs de
l’enseigne. « Tant qu’à entreprendre dans
un nouveau pays, autant le faire de façon
un peu plus sécurisée », ajoute ce père de
trois enfants, qui souhaitait leur faire
découvrir une culture internationale,
mais francophone.
Attention cependant : devenir fran-
chisé n’est pas adapté à tous les profils,
notamment à ceux qui voudraient avoir
toute liberté dans leur magasin.« Un fran-
chisé achète une recette éprouvée depuis
des années, précise Christian Champagne.
Il faut donc savoir se conformer à des règles
définies et ne pas vouloir tout réinventer. »
Le secteur « C’est un contrat, résume
en chiffres Xavier Chambon. Le fran-
chiseur diffuse son savoir-
faire, le franchisé applique
457
enseignes la recette. » Le modèle a, en
différentes. revanche, l’avantage d’être
15 493 accessible à toutes les
points bourses. « La mise de fonds
de vente (66 % initiale peut varier, selon
détenus et
gérés par des les concepts, de 25 000 à
franchisés). 500 000 dollars canadiens
59,4 en fonction des équipe-
milliards ments requis et de la noto-
de dollars riété de la marque », précise
canadiens
de chiffre le président du CQF. Chez
d’affaires total. Daoust Éco, par exemple,
405   390 l’apport recommandé est
emplois directs de 100 000 dollars cana-
et indirects.
diens, soit environ 30 % de
Source : Conseil
québécois l’investissement total. Et
de la franchise, les réseaux ont en général
décembre 2018.
noué des partenariats avec
des banques pour aider les candidats à
financer le solde. « Il est très important de
bien choisir sa franchise et de ne pas négli-
ger les vérifications préalables, car elles
n’offrent pas toutes le même niveau d’ac-
compagnement et de sérieux », prévient
toutefois Valérie Hardouin. « D’autant,
renchérit Xavier Chambon, qu’il n’existe
pas au Québec d’équivalent à la loi Doubin
française qui impose aux franchiseurs de
fournir au franchisé un ensemble d’infor-
mations en amont. C’est un peu le far west ! »
Ce n’est pas la seule différence entre les
deux pays. Au Québec, où les réseaux d’en-
seignes sont très répandus, la perception
de ce modèle est plus positive. « En France,
on privilégie le petit artisan local et indé-
pendant. Ici, ce n’est pas le cas, constate
Julie Valletta. La franchise est synonyme
de réussite, c’est un gage de qualité. »
A quelques exceptions près, comme
Yves Rocher, L’Occitane ou des chaînes
américaines, les enseignes sont très cou-
leur locale. Qui en France connaît Tim
Julie Valletta,
pressing Daoust Éco
“Il faudra au moins
un an pour nous
remettre de la crise.
Mais la franchise
nous a soutenus.”
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
59
Hortons (un incontournable de la restau-
ration rapide au Canada), Jean Coutu
(pharmacie), ou Rona (bricolage) ? En
matière de points de vente, ces réseaux
figurent pourtant parmi les plus impor-
tants au Québec. « Ici, la majorité des
franchises appartiennent au secteur de la
restauration, de l’automobile ou des soins
de santé, analyse Xavier Chambon. En
France, c’est plus diversifié. »
Il faut aussi se familiariser avec la
culture entrepreneuriale du cru. Ce n’est
pas parce que les Québécois parlent fran-
çais que la mentalité business est similaire
à la nôtre : la langue peut être un piège. Il
en va de même pour les modes de gestion.
« En France, nous avons l’habitude d’avoir
une attitude directive avec les employés.
Ici, il faut se montrer plus doux et bienveil-
lant », témoigne Maxime Mayant. « La
France est un pays de poètes, ajoute Xavier
Chambon. On aime les belles formulations
marketing. La culture nord-américaine est
plus pragmatique, il ne faut pas s’embar-
rasser de concepts trop complexes. »
Une épée de Damoclès
Dernier point crucial à ne pas négliger : les
procédures d’immigration. « On a l’impres-
sion d’être bienvenu et accueilli à bras
ouverts. En fait, personne ne nous attend
et ce n’est pas si facile d’obtenir un visa »,
avertit Grégoire Hardouin. S’il a choisi de
créer sa société au Québec, il s’est lui-
même salarié pour obtenir un permis de
travail fermé de trois ans, selon une for-
mule privilégiée par les franchiseurs.
« Mais c’est une véritable épée de
Damoclès. Tu n’as pas intérêt à te planter
sinon on ne te renouvelle pas ton visa et on
te dit au revoir », décrypte l’entrepreneur,
dont l’emploi dépend directement de la
réussite de son commerce.
« Ce n’est en effet pas évident d’inves-
tir des centaines de milliers de dollars pour
un visa temporaire. Mais cela permet de ne
retenir que les candidats les plus motivés »,
souligne Xavier Chambon. Avant de
conclure : « Il faut bien garder en tête qu’en-
trepreneuriat et immigration sont deux
marches à gravir en parallèle dans ce type
de projet. L’un ne va pas sans l’autre. »
+loin
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Ce service gratuit vous aide à
trouver la franchise qui vous convient.
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 60 Q U É B E C T R AVA I L L E R

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désuet, ce site est tout à fait fonctionnel.
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il est possible de publier sa candidature
en ligne. Il propose aussi un guide pratique
pour intégrer le marché du travail.
placement.emploiquebec.gouv.qc.ca

Centres locaux d’emploi Développés

par le ministère du Travail, de l’Emploi
et de la Solidarité sociale, les CLE offrent
des services d’aide personnalisée et des
salles multiservices.
mtess.gouv.qc.ca/services-a-la- MÉTIERS RÉGLEMENTÉS : SOYEZ EN ORDRE !
clientele/centre-local-emploi

Carrefours Jeunesse Emploi (CJE)

Les CJE accompagnent les 16-35 ans
dans chaque région du Québec.
Certaines antennes offrent aux arrivants
des services spécialisés gratuits.
rcjeq.org
Temporis Québec Cette agence
française vient d’ouvrir un bureau à
Montréal pour accompagner des
chercheurs d’emploi français dans la Belle
Province. temporis-franchise.fr/
agences/temporis-interim-montreal
A u Québec, plusieurs dizaines de
métiers sont régis par des ordres
professionnels. C’est le cas par exemple
des urbanistes, des traducteurs, des
travailleurs de la santé, des ingénieurs
ou encore des géologues. Pour exercer
ces professions, il faut répondre à des
critères fixés par l’Ordre et suivre des
normes établies. D’autres métiers,
comme ceux d’électricien, de grutier ou
d’enseignant, sont également régle­
mentés. En 2008, la France et le Québec
ont signé une entente sur la reconnais­
sance des qualifications profession­
nelles pour 81 professions, métiers et
fonctions. Les démarches adminis­
tratives peuvent toutefois durer plu­
sieurs mois (jusqu’à un an pour une
infirmière) et il vaut mieux s’y prendre
longtemps à l’avance. Des stages de
validation restent dans certains cas
obligatoires pour accéder à la profes­
sion et voir son statut reconnu.
Les métiers réglementés quebec.
ca/emploi/metiers-et-professions/
savoir-si-un-metier-est-reglemente
Entente France-Québec
immigration-quebec.gouv.qc.ca/fr/
biq/paris/entente-france-quebec/
index.html
Qualifications Québec Pour tous
les renseignements sur
la reconnaissance des compétences
développées à l’international
qualificationsquebec.com/
reconnaissance-competences

L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada

 Q U É B E C T R AVA I L L E R
Sites locaux
Jobboom.com Jobillico.com
Travailler.ca Monemploi.com
Oeildurecruteur.ca
Clef pour l’intégration au travail
des immigrants (Citim) A Montréal,
la Citim propose des ateliers, des séances
de réseautage et des conseils, ainsi
qu’un programme d’accompagnement
réservé aux PVTistes et aux ingénieurs
diplômés à l’étranger. citim.org
Travail immigrants Répertoire
des services dans la région de Montréal.
travailimmigrants.com
Service d’orientation et d’intégration
des immigrants au travail A Québec,
le Soit accompagne chaque année plus
de 800 immigrants dans leur démarche
d’emploi. soit.quebec
Service d’aide aux Néo-Canadiens
A Sherbrooke, le Sanc fournit un appui
à l’intégration socioprofessionnelle.
sanc-sherbrooke.ca
ENTREPRENDRE
Entreprises Québec Ce site rassemble
les informations clefs pour démarrer,
développer et reprendre une entreprise.
www2.gouv.qc.ca/entreprises/portail/
quebec
Ecole des entrepreneurs du Québec
Des formations pour se lancer en affaires,
ainsi qu’un parcours spécialisé pour les
entrepreneurs immigrés. eequebec.com
Montréal International, Québec
International Ces deux agences
de développement économique
proposent des services sur mesure
pour faciliter l’implantation
d’entreprises et de travailleurs étrangers.
montrealinternational.com
quebecinternational.ca
Et aussi…
Le Mois du Québec Des conférences thématiques, des rencontres avec des
experts et des recruteurs, des témoignages… En ligne du 5 au 27 octobre 2020,
de 10 à 19 heures. Gratuit, sur inscription. lemoisduquebec.com
Investissement Québec Cette
organisation aide les entreprises
qui veulent s’implanter au Québec.
Dispose d’une page réservée
au Programme d’action concertée
temporaire pour les entreprises mis
en place pour faire face au Covid-19.
investquebec.com/quebec/fr
Centre de transfert d’entreprise
du Québec Cet organisme consacré
à la reprise d’entreprise informe,
forme, référence des sociétés en quête
de repreneurs et met en relation.
Il propose un Guide du repreneur en
téléchargement gratuit sur son site.
ctequebec.com
Chambre de commerce française
au Canada Implantée à Montréal,
elle possède un centre d’affaires
pour héberger des entreprises. Elle
dispose aussi d’une antenne à Québec,
à Toronto (Ontario) et à Dieppe
(Nouveau-Brunswick). ccifcmtl.ca
Regroupement des jeunes chambres
de commerce du Québec Il représente
plus de 13 000 jeunes professionnels de
18 à 40 ans à travers la province et lance
régulièrement des projets pour stimuler
l’entrepreneuriat en région. ier.rjccq.com
RÉSEAUTER
Jeune chambre de commerce de
Montréal Elle organise des événements,
dont un « 6@8 » (apéritif de rencontres
après 18 heures) qui permet aux étudiants
et aux jeunes professionnels de 18 à 40 ans
de se constituer un réseau.
jccm.org
Bleu Blanc Tech La French Tech
de Montréal réunit une communauté
d’entrepreneurs, d’investisseurs,
de dirigeants et de représentants
institutionnels d’origine française.
bleublanctech.com
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
61
Chambre de commerce et d’industrie
de Québec cciquebec.ca
Cercle des dirigeants d’entreprise
franco-québécois cdefq.org
Centre Jacques-Cartier Il organise
chaque année des conférences
et rencontres, les Entretiens Jacques-
Cartier, pour les acteurs scientifiques
et économiques des deux pays.
Cette année, le rendez-vous sera virtuel,
du 2 au 6 novembre.
centrejacquescartier.com
JOURNÉES QUÉBEC,
UN EMPLOI
SUR UN PLATEAU
E lles ont lieu chaque année à Paris
depuis 2008 et sont désormais
également organisées à Casablanca,
Tunis, Madagascar, Mexico et l’île
Maurice. Ces Journées permettent à
des entreprises québécoises en
manque de main­d’œuvre de recru­
ter à l’international. Présélectionnés
sur la plateforme d’inscription en
ligne, les candidats sont ensuite
invités à rencontrer les employeurs
ou à se présenter à une « foire aux
emplois » pour réseauter de façon
plus informelle. Le Bureau d’immi­
gration du Québec à Paris, Emploi­
Québec, Pôle emploi et différents
représentants des sociétés de déve­
loppement économiques de locali­
tés québécoises sont présents.
Près de 3 000 Français sont par­
venus à s’établir au Québec grâce à
ces Journée depuis leur création.
Pandémie oblige, les rencontres pré­
vues au printemps ont été annulées.
La prochaine édition pour la France
aura lieu en ligne du 30 novembre au
5 décembre. Les inscriptions (obliga­
toires) seront ouvertes du 5 octobre
au 22 novembre.
journeesquebec.gouv.qc.ca
facebook.com/Choisirleqc
 Étudier à Québec
L’expérience nord-américaine en milieu francophone
Du diplôme technique au doctorat, la région de Québec offre d’excellents
programmes d’études dans une ville où il fait bon vivre.
Plus de 700 programmes d’études
supérieures
Les dix établissements de Québec Ville Études
proposent plus de 700 programmes dispensés,
sur place et à distance, par des professeurs com-
pétents et ouverts d’esprit.
Venir étudier à Québec c’est bénéficier d’une
expertise nord-américaine et d’une pédagogie
axée sur l’apprentissage et l’expérience dans des
établissements de qualité offrant des diplômes
Paroles d’étudiants reconnus internationalement.
internationaux Les droits de scolarité québécois figurent parmi
les plus abordables au Canada et en Amérique
« J’ai découvert du Nord. Bonne nouvelle pour les Français, dans
une autre culture, le cadre d’un accord bilatéral, les études en for-
et un nouveau pays sans
mation professionnelle (métiers spécialisés) ou
avoir à apprendre une
collégiales (programmes techniques d’une durée
nouvelle langue »
de trois ans) leur sont gratuites. Pour les études
universitaires, les droits sont les mêmes que pour
« Cette expérience
à l’étranger m’a fait les étudiants des autres provinces du Canada.
grandir en maturité et en Publi-reportage
indépendance » Les étapes de votre parcours
Une fois votre admission décrochée dans l’établis-
« La différence entre sement choisi, il vous faudra obtenir un certificat
les systèmes français et
d’acceptation du Québec (CAQ) pour études.
québécois d’éducation est
Ce certificat est obligatoire pour tout séjour de
vraiment enrichissante »
plus de 6 mois. En second lieu, il faut demander
en ligne un permis d’études auprès du gouver-
nement canadien. Ensuite, votre établissement
d’accueil vous guidera pour l’ensemble des dé-
marches à effectuer. À votre arrivée, des activités
de bienvenue et d’intégration sont prévues. Quant
au logement, des résidences étudiantes sont dis-
ponibles et la colocation est également fréquente.
On vous accompagne
De la recherche d’information à l’admission, des
démarches préparatoires à l’arrivée au Québec,
quebecvilleetudes.ca de la découverte de la ville au début des cours
Publi-rédactionnel
puis du suivi des enseignements jusqu’au diplôme
et à l’éventuel permis de travail post-diplôme
auquel vous aurez accès, vous serez accompa-
gné dans toutes les étapes. Les personnes-res-
sources de votre établissement d’enseignement
vous suivront pas à pas afin de favoriser votre
réussite. Pour ceux qui souhaitent travailler du-
rant leurs études, les possibilités de dénicher un
emploi étudiant sont grandes. Une fois diplômé,
l’important bassin local d’entreprises offre alors
de bonnes occasions de décrocher un premier
poste dans votre domaine.
Une économie en pleine expansion
Fière capitale dont la partie ancienne est clas-
sée au patrimoine mondial de l’UNESCO, Qué-
bec constitue la parfaite combinaison entre passé
et avenir. C’est une cité en pleine croissance et
une ville universitaire qui se hisse parmi les plus
dynamiques du Canada. Elle draine un nombre
croissant d’entreprises du secteur des nouvelles
technologies qui s’associent à des centres de
recherche réputés. Fer de lance de cette moder-
nité, l’Université Laval avec son campus à l’amé-
ricaine est reconnue internationalement pour ses
programmes scientifiques et en environnement.
Une cité où il fait bon vivre
La ville offre plus de 400 parcs et espaces verts,
de nombreux plans d’eau, des stations de ski et
de multiples occasions de pratiquer des sports de
plein air à proximité de son centre. Vivre à Québec
c’est aussi le plaisir de socialiser entre amis dans
les restaurants, cafés et pubs de ses quartiers ani-
més. Au quotidien, le coût de la vie est très avan-
tageux en comparaison avec d’autres grandes
villes d’Amérique du Nord. Québec s’enorgueillit
également de sa très faible criminalité. On s’y sent
en sécurité à n’importe quel endroit, à n’importe
quel moment du jour ou de la nuit.
© DR
 64 QUÉBEC ÉTUDIER

Une rentrée en ligne

Cet automne, la majorité des cours se tiendront
de façon virtuelle. Mais tout est prévu
pour que l’intégration des étudiants étrangers
soit la plus réelle possible.
PAR ISABELLE GRÉGOIRE

U
ne reprise en deux
temps. Comme d’autres
étudiants en partance
pour le Canada, Tanguy
Le Sager, 18 ans, s’y est
résigné. Alors qu’il
devait débarquer sur le campus de HEC
Montréal fin août, c’est depuis le domicile
familial d’Angers qu’il a entamé son
cursus de bachelor (baccalauréat au
Québec) en administration des affaires.
Pandémie oblige, l’année de prépa – obli­
gatoire pour les étudiants internationaux
(lire page 68) – est exclusivement propo­
sée en ligne cet automne. « Etudier et tra­
vailler en Amérique du Nord, c’est mon
rêve, confie Tanguy. Je ne vais pas y renon­
cer pour quatre mois de cours à distance. »
Durant la session d’automne*, Tanguy se
familiarisera avec la pédagogie québé­
coise avant de plonger dans le vif du sujet
– et de l’hiver ! – en janvier : il devrait alors
pouvoir rejoindre le sol canadien.
HEC Montréal a mis les bouchées
doubles pour que les nouveaux admis ne
soient pas lésés, même s’ils sont toujours
Tanguy Le Sager, 18 ans,
HEC Montréal
“Etudier en Amérique
du Nord, c’est mon rêve. Je
ne vais pas renoncer pour
quatre mois à distance…”
à l’étranger. « L’intégralité de la prépa a été
repensée, explique Faustine Chevet, direc­
trice du Bureau international Europe de
HEC Montréal, à Paris. Et les horaires
adaptés pour que les cours se terminent au
plus tard à 20 heures, heure française. »
Pour créer un sentiment de cohorte, le mot
utilisé au Québec pour « promotion », des
activités d’accueil virtuelles sont orga­
nisées et des « ambassadeurs » (étudiants
ou diplômés) ont été recrutés dans chaque
région française, qui proposeront des
réunions en présentiel. « On se sentira
moins seuls », dit Tanguy. La recette
semble fonctionner : 250 étudiants fran­
çais sont inscrits à la prépa cette rentrée,
un chiffre en légère hausse.
Des pionniers de la distance
Les établissements d’enseignement supé­
rieur du Québec – cégeps (collèges d’en­
seignement général et professionnel) et
universités – ne vont pas tous aussi loin
pour accommoder les étudiants français.
Mais la plupart se sont efforcés de rendre
la rentrée conviviale malgré l’obligatoire
« distanciation physique » : visites de
campus virtuelles, webinaires d’infos pra­
tiques, jumelage anciens/nouveaux… A
l’heure où nous écrivons ces lignes, seuls
les étudiants étrangers ayant reçu leur per­
mis d’études avant le 18 mars 2020 avaient
l’autorisation d’entrer au Canada, à condi­
tion de respecter un isolement de quatorze
jours à leur arrivée. Exceptionnellement,
les élèves pourront commencer leur cur­
sus en ligne s’ils ne résident pas encore au
Canada. La session d’automne sera donc
un mélange hybride de cours en ligne et à
distance, avec des variantes selon les éta­
blissements et les programmes. Certains
seront « asynchrones » (en différé), de
façon à pouvoir être réécoutés, d’autres
« synchrones » (en direct). Et, en principe,
seuls les laboratoires et activités exigeant
un équipement spécifique seront propo­
sés sur place. Diverses mesures sont pré­
vues pour les étudiants internationaux qui
ne peuvent se présenter en chair et en os
(captation vidéo du labo, par exemple).
SDP

Le Québec est un pionnier en matière de

L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
 QUÉBEC ÉTUDIER 65

Louis Sinan Cappoen, 24 ans,

École de technologie supérieure
de Montréal (à gauche)

“Je gagnais une

heure de transport
par jour, je me levais
plus tard et j’étais
moins stressé.”
de succès n’a pas différé de l’ordinaire.
Etudiante en maîtrise d’études internatio­
nales à l’Université Laval (UL), à Québec,
Shanna Camillo a même été impression­
née par la rapidité d’adaptation de ses pro­
fesseurs. « Le Québec s’en est très bien sorti
dans l’ensemble, dit cette Parisienne de
24 ans. Surtout quand je compare avec mes
amis en France, longtemps restés dans le
flou quant aux dates d’examens et de
remise des travaux. » Avant la pandémie,
Shanna avait déjà expérimenté la forma­
tion à distance de l’UL, l’un des leaders
canadiens en la matière, avec plus de
1 000 cours dans 122 programmes. « Les
cursus sont bien conçus et stimulants,
assure­t­elle. Si on est un minimum disci­
pliné, ça laisse une liberté appréciable. »
SDP

Une liberté qui peut devenir un piège.

formation à distance dans l’enseignement
supérieur. La Téluq, seule université fran­
cophone entièrement à distance d’Amé­
rique du Nord (lire encadré page 66), a été
fondée dès 1972 et le cégep à distance a été
inauguré en 1991. Aujourd’hui, plus de
75 % des établissements d’enseignement
supérieur de la province proposent des
cours à distance, mais d’ampleur et de qua­
lité inégales. Pour optimiser l’offre, le
Québec a lancé un Plan d’action numé­
rique sur cinq ans (2018­2023). Il prévoit
notamment la création du « eCampus »,
un portail de services et de ressources sur
la formation à distance. Mais la fermeture
des établissements scolaires pour cause de
pandémie a forcé étudiants et enseignants
à s’y mettre de façon intensive.
Après une période d’adaptation, les
cours ont basculé en ligne et la session d’hi­
ver s’est terminée sans trop de casse.
Réinventés dans l’urgence, les examens se
sont déroulés « à livres ouverts », sous l’œil
d’une caméra et de logiciels « antitriche ».
L’évaluation a elle aussi été revue. Les
étudiants ayant récolté de bonnes notes
pouvaient les conserver, les autres avait le
choix d’opter pour la simple mention
« succès », sans impact négatif sur leur
moyenne. Différentes applications de
vidéoconférence ont été utilisées, permet­
tant aux élèves de poser des questions et
de travailler en petits groupes.
Liberté et innovation
« Je préfère enseigner en amphi mais tout
s’est bien passé, assure Frédéric Mérand,
professeur de science politique à l’Univer­
sité de Montréal. J’ai même été surpris du
nombre d’interactions, aussi nombreuses
qu’en classe : il fallait que j’arrête les étu­
diants sinon ils continuaient à papoter ! »
Pour compenser le manque de contacts à
la sortie des cours, le professeur a organisé
des séances de clavardage (le mot pour
« chat », au Québec) afin de répondre aux
interrogations de ses élèves, lesquels pou­
vaient aussi le joindre par téléphone, sur
Zoom, etc. Finalement, très peu d’étu­
diants ont abandonné la session et le taux
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
Etudiant en génie physique à l’Ecole
Polytechnique de Montréal, Antoine
Malescot, 23 ans, en témoigne. « Au départ
on se dit “chouette, je vais pouvoir m’orga­
niser comme je veux”, raconte le jeune
Avignonnais. Mais fixer un écran pendant
des heures, c’est beaucoup moins motivant
que d’assister à un cours en classe… et on
a moins de remords si on arrête de suivre. »
Lui­même a cédé à cette tentation une fois
et s’en est mordu les doigts : « J’étais com­
plètement largué durant les travaux pra­
tiques, un échec cuisant. » Si l’isolement
et la communication par écran interposé
lui ont pesé, Antoine s’est accroché et a
réussi sa session haut la main.
« Nous étions sur le point d’amorcer un
virage numérique, qui a été accéléré par le
Covid­19, constate Judith Cantin, direc­
trice du Bureau d’appui et d’innovation
pédagogique de Polytechnique. Plusieurs
enseignants ont profité de l’occasion pour
tester les outils technologiques et dynami­
ser leurs cours à distance. » Les formats ont
été diversifiés (capsules vidéo, quiz…) afin
 66 QUÉBEC ÉTUDIER
d’éviter l’ennui, tout en permettant
d’atteindre les objectifs d’apprentissage.
Et les sites web de cours revus pour assu­
rer une communication rapide et fluide
entre étudiants et professeurs.
Louis Sinan Cappoen, 24 ans, a appré­
cié ces cours en ligne. « Je gagnais une
heure de transport par jour, je pouvais me
lever plus tard et j’étais moins stressé »,
sourit l’étudiant, qui termine un double
diplôme en gestion de projets et génie
informatique de l’École de technologie
supérieure de Montréal et de l’INSA
Rennes. Son quotidien s’est révélé plus
pénible après son retour en France, fin juin,
à cause du décalage horaire. « Certains de
mes cours se terminaient à 23 heures,
d’autres à 3 heures du matin… Je les enre­
gistrais pour les regarder plus tard. »
Etudier à distance exige aussi davan­
tage de concentration. « Il est plus facile de
se laisser distraire », observe Baptiste
Lacroix, 23 ans, qui a obtenu en mai der­
nier son diplome d’études collégiales en
La Téluq : où je veux, quand je veux
M
arion Plisson, 25 ans, est une
vraie « technomade ».
Cette ex-Francilienne vit en
Alberta, dans l’Ouest canadien, travaille
et étudie au Québec… et séjourne
régulièrement en France. Salariée d’une
entreprise québécoise de e-learning,
elle suit des études supérieures
spécialisées en technologie éducative,
exclusivement en ligne. « C’est l’idéal,
explique-t-elle. Mon mari est militaire
dans les Forces armées canadiennes et
je suis appelée à déménager souvent.
Avec la Téluq, je travaille à mon rythme,
où que je sois. » Créée en 1972 sous
le nom de Télé-université (les cours
étaient alors diffusés à la télévision),
la Téluq est la seule université
francophone entièrement à distance
d’Amérique du Nord. Une expertise mise
à profit durant la pandémie de Covid-
19 : le gouvernement l’a mandatée pour
assurer la formation à l’enseignement
à distance de tous les professeurs
du Québec, du primaire à l’université.
Forte d’une équipe pédagogique d’une
centaine de personnes, la Téluq offre
en continu 125 programmes (sciences
de l’administration ; éducation ;
sciences et technologies ; sciences
humaines, lettres et communications).
Quelque 20 000 étudiants, de la
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
Thomas Ernst, 23 ans,
École nationale d’aéronautique
“J’ai appris comment
réparer un aileron
en visionnant des
vidéos pédagogiques !”
technique d’animation 3D et synthèse
d’images à Matane, dans le Bas­Saint­
Laurent. « Heureusement les profs en sont
conscients et sont restés disponibles pour
répondre aux questions et réexpliquer des
concepts. » Environ 40 % des effectifs de
ce cégep viennent de l’Hexagone. La direc­
tion a aménagé les horaires pour leur per­
mettre de suivre leurs cours en temps réel,
qu’ils soient en France ou déjà au Québec.
Pour assurer la continuité pédagogique
malgré la pandémie, certains établisse­
ments ont dû se livrer à des acrobaties de
province et d’ailleurs, franchissent
chaque année ses portes virtuelles
(surtout à temps partiel), dont environ
200 Français. « Notre diplôme est
un levier pour l’immigration au
Québec ou pour accéder à des postes
internationaux », assure la directrice
générale, Lucie Laflamme. La flexibilité
de la formule séduit : on peut
démarrer une formation à n’importe
quel moment de l’année et suivre
les cours en ligne à toute heure
puisqu’ils sont en mode « asynchrone »
(différé). Audio, vidéo, Powerpoint,
quiz, manuels… « On nous laisse une
grande liberté de moyens, souligne
Eric Bédard, qui dispense notamment
le cours d’introduction à l’histoire
du Québec. Ainsi, je propose aux
étudiants les interventions filmées
des meilleurs spécialistes de chaque
domaine, politique, social ou
économique, ce qui est difficile
à réaliser en classe. » Bien qu’éloignés,
les étudiants ne sont jamais seuls :
un tuteur les encadre durant leur
cursus. « C’est un accompagnement
personnalisé, ils peuvent s’adresser
à nous à tout moment, explique
la tutrice Nathalie Ebnoether.
Et, peu à peu, ils apprennent à
développer leur autonomie. » I. G.
haute voltige. Affiliée au cégep Édouard­
Montpetit, à Saint­Hubert, sur la rive sud
de Montréal, l’École nationale d’aéronau­
tique a ainsi remanié tous ses cours et
monté des labos et des stages à distance
pour boucler la session d’hiver. « Les profs
ont transféré tout le contenu, une matière
pourtant très complexe, dans des docu­
ments vidéo, des PowerPoint et des pdf »,
s’enthousiasme Thomas Ernst, un
Alsacien de 23 ans, futur technicien en
maintenance d’aéronefs. Lui­même a réa­
lisé deux stages en ligne, sur avion et sur
hélicoptère. « J’ai appris comment chan­
ger une roue et réparer un aileron en
visionnant des vidéos pédagogiques ! »
Retour vers le campus
Aussi aboutie soit­elle, la formation à dis­
tance ne remplacera jamais la vie sur un
campus. Surtout quand il s’agit de celui
du nouveau Complexe des sciences de
l’Université de Montréal, le campus MIL
(pour « milieu », parce qu’il est au centre
de l’île de Montréal), aménagé sur le site
d’une ancienne gare de triage. A 20 ans,
Selin Tuquet, qui a terminé un bachelor
bidisciplinaire maths et physique, faisait
partie de la première génération d’étu­
diants accueillie, à l’automne 2019…
jusqu’à la fermeture des lieux pour cause
de Covid­19, mi­mars. « Etudier à distance
m’a aidée à me concentrer davantage sur
mes cours, reconnaît la jeune femme ori­
ginaire de Metz, jusque­là très impliquée
dans les activités parascolaires, toutes
suspendues depuis. N’empêche que j’ai
hâte de retourner au MIL ! »  
* Au Québec, l’enseignement supérieur (cégeps
et universités) est divisé en trois sessions :
automne (septembre à décembre) ; hiver (janvier
à avril) et été (mai à août).
+loin
cegepadistance.ca
ulaval.ca
teluq.ca
SDP
 Publi-rédactionnel

HEC MONTRÉAL
DES RÉPONSES CONCRÈTES AUX DÉFIS D’UN MONDE EN TRANFORMATION

Située au carrefour de deux

continents, européenne par sa
francophonie et nord-américaine par
sa géographie, HEC Montréal offre
un apprentissage fortement orienté
vers l’international, le développement
durable et la diversité.

F
ondée en 1907, HEC Montréal est la
plus ancienne école de commerce et
d’administration au Canada et compte
plus de 95 000 diplômés depuis sa créa-
tion. Ancrée dans un contexte multilingue
et multiculturel, elle étend ses réseaux de
collaboration et d’influence partout sur
la planète pour proposer une expérience HEC MONTRÉAL

d’études en phase avec un milieu des af-
faires désormais mondialisé.
Une vocation internationale
HEC Montréal a tissé des liens avec des éta-
blissements d’enseignement supérieur qui
se classent parmi les meilleurs au monde.
L’école dispose du plus grand programme
d’échange en gestion du Canada avec 141
partenaires dans 44 pays différents et pro-
pose quatre doubles diplômes avec les
institutions prestigieuses que sont l’ESCP
Business School, l’emlyon business school,
l’Université Bocconi et l’Université de Mel-
bourne.
« Beaucoup d’étudiants viennent à Montréal
pour l’excellence de nos programmes, mais
aussi dans le cadre d’un projet de vie, en
voulant s’installer au Canada. »
Federico Pasin, directeur de l’école
© DR
EN BREF
• Environ 14 000 étudiants
tous programmes confondus
• Environ 30% d’étudiants
internationaux provenant de
151 pays, 10% de Français
• Plus de 100 programmes
en gestion du 1er au 3e cycle
• La seule école à proposer
un cursus trilingue (français,
anglais et espagnol) en Amé-
rique du Nord en BAA (BBA)
• Un taux d’insertion profession-
nelle de 96 % en BAA (BBA)
et 95 % en Msc
• Audace, engagement,
pertinence, rigueur et respect
expriment les valeurs
de l’école
HEC Montréal est la première
école d’affaires nord-américaine
à avoir obtenu les trois agréments
les plus prestigieux du monde de
l’enseignement de la gestion :
AACSB (États-Unis), AMBA
(Royaume-Uni) et EQUIS (Europe).
© DR
« Nous aspirons à devenir une référence en
matière de responsabilité sociale, d’éthique
et de développement durable — une source
d’inspiration pour l’ensemble de la société. »
Johanne Turbide, secrétaire générale et
directrice du développement durable
Un grand pas vers
le développement durable
HEC Montréal place le développement
durable au cœur de sa mission avec 78
cours dans ce domaine, accessibles dès le
BAA, et trois programmes spécialisés de 2e
cycle. Elle s’est qualifiée à de nombreuses
certifications environnementales et a lancé
le projet Hectare Urbain comportant no-
tamment une foret nourricière de 4450m2
autour de ses bâtiments. HEC Montréal est
aussi le 1er campus francophone à recevoir
la désignation « Change Maker » d’Ashoka U
pour ses réalisations en innovation sociale.
Une grande ouverture
Forte de la pluralité et de la richesse cultu-
relle de ses étudiants, HEC Montréal pour-
suit ses efforts en matière d’équité, de
diversité et d’inclusion. Pour assurer cet en-
gagement, elle vient de se doter d’une poli-
tique qui encourage une culture de respect
et de collaboration parmi ses membres.
 68 QUÉBEC ÉTUDIER
Grandes écoles pour tous
C
hacun peut y tenter sa chance,
aucun concours d’entrée n’est
imposé (des notes minimales
sont parfois exigées) : les
grandes écoles de la Belle
Province n’en offrent pas moins des for-
mations très reconnues. Elles se dis-
tinguent en outre par leur pédagogie active
(plus de pratique et de travaux d’équipe,
moins de théorie et de cours magistraux),
un rapport plus humain avec les profes-
seurs, des parcours flexibles et des frais de
scolarité moins élevés qu’en France. Voici
quatre établissements fran cophones
situés à Montréal qui n’ont décidément
rien à envier aux nôtres.
GÉNIE
POLYTECHNIQUE MONTRÉAL
APPLIQUÉE ET HUMAINE
Bénéficiant d’une notoriété équivalente à
celle des grandes écoles de génie fran-
çaises, Polytechnique Montréal propose
une formation plus appliquée et un rapport
moins formel avec les enseignants. « On
précise aux nouveaux arrivants qu’au Qué-
bec, les professeurs aiment le challenge »,
explique Sophie Larivée, directrice du ser-
vice du recrutement. Une prépa intégrée
d’un an est obligatoire pour les Français,
afin qu’ils rattrapent le niveau académique
des Québécois – ceux-ci effectuent une
année de formation de plus avant d’enta-
mer des études supérieures.
Poly dispense une formation théorique
rigoureuse, doublée de travaux pratiques
en laboratoire, de stages et de « projets
intégrateurs » favorisant l’assimilation des
notions de façon active. Pour les candidats
issus du système français, les conditions
d’admission varient selon les programmes
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
Aussi réputées que
leurs homologues
françaises, mais
moins élitistes : c’est
le grand avantage
de ces établissements.
PAR ISABELLE GRÉGOIRE
(notes minimales, évaluation par un comité
de sélection…). L’an dernier, sur 9 068 étu-
diants, Polytechnique accueillai 1 261 Fran-
çais (13 % de l’effectif et plus du tiers de la
clientèle internationale). polymtl.ca
ÉCOLE DE TECHNOLOGIE
SUPÉRIEURE (ETS)
PRATIQUE ET TECHNIQUE
L’ETS s’adresse aux étudiants ayant un pro-
fil technique (DUT pour les Français, qui
doivent justifier d’une moyenne de 11,5 pour
être admis). L’enseignement y est « coopé-
ratif » (alternance études/travail), avec un
minimum de quatre mois de stage rému-
néré en entreprise chaque année, soit une
expérience de travail d’au moins un an
durant la formation de trois ans.
Le cursus s’appuie sur de nombreux travaux
pratiques et manipulations en laboratoire.
« En outre, contrairement aux grandes
écoles françaises, la formation à l’ETS est
modulable, précise Thierry Bantas, chargé
des échanges et partenariats internatio-
naux, lui-même venu de l’Hexagone. L’étu-
diant peut par exemple prolonger ou
ajouter certains stages. » En 2019-2020,
1 193 Français (près de 50 % des étudiants
internationaux) étaient inscrits à l’ETS, sur
un total de 10 921 élèves. etsmtl.ca
COMMERCE
HEC MONTRÉAL
LABELLISÉE ET INTERNATIONALE
Avec sa triple accréditation internationale
(AACSB, AMBA et EQUIS), HEC Montréal
compte parmi les meilleures business
school du monde. Le baccalauréat (notre
bachelor) y est proposé en trois versions
(français, bilingue français-anglais ou tri-
lingue avec l’espagnol). HEC Montréal
n’impose pas de concours d’admission,
GUY LAVIGUEUR/PUNCHPROD.COM
mais exige désormais que les candidats
français aient obtenu leur bac avec une
mention bien ou très bien. Ils doivent aussi
suivre une année de prépa intégrée. « Cela
leur permet de se familiariser avec le sys-
tème pédagogique et de retravailler les
maths et certaines matières pour être au
même niveau que leurs camarades québé-
cois », précise Faustine Chevet, directrice
du bureau Europe de HEC Montréal, basé
à Paris. Située dans un campus verdoyant,
en plein centre-ville, HEC Montréal dispose
de la plus grande bibliothèque de gestion
bilingue du Canada. Au nombre de 1 500,
les Français représentent environ 10 % de
son effectif, et le tiers des étudiants inter-
nationaux. hec.ca
ÉCOLE DES SCIENCES
DE LA GESTION (ESG)
JEUNE ET AUDACIEUSE
Jeunesse, humanisme et audace : ce sont
les trois caractéristiques de l’ESG selon son
doyen, Komlan Sedzro. « Nos étudiants sont
plus engagés que la moyenne, osent ques-
tionner l’ordre établi et ont le bien commun
à cœur », assure-t-il.
Créée en 1992, l’ESG offre des programmes
originaux et diversifiés (mode, tourisme,
études urbaines…). Et comme elle fait par-
tie de l’Université du Québec à Montréal,
ses étudiants ont accès à son centre spor-
tif et à ses résidences universitaires. Moins
sélective que HEC Montréal, l’ESG se
targue de donner sa chance au plus grand
nombre. Aucune année de prépa n’est
imposée aux élèves français, qui sont envi-
ron 700 sur un effectif total de 13 000. Soit
moitié moins qu’à HEC Montréal, ce qui
constitue un avantage… ou un inconvé-
nient selon que l’on souhaite ou pas nouer
des liens avec des compatriotes outre-
Atlantique ! esg.uqam.ca

L’anglais à Montréal,
un plus pour travailler
Bien que située dans la
province francophone du
Québec, Montréal est une
ville qualifiée de bilingue
de par sa population et sa
proximité frontalière avec les
Etats-Unis.
La maitrise de l’anglais est
un critère d’embauche
incontournable dans
plusieurs secteurs, tels que
le service à la clientèle, la
santé, les technologies ainsi
que les affaires.
L’offre de cours virtuels et présen-
tiels est ciblée et pertinente pour :
leur arrivée à Montréal, beau-
À coup de Français ont une base et
possèdent un certain vocabulaire
en anglais, mais rares sont ceux qui se
sentent assez à l’aise à l’oral pour travailler
dans cette langue.
L’École internationale de langues YMCA
propose principalement des programmes
d’anglais pour adultes mais aussi pour les
jeunes, tout au long de l’année, de jour
comme de soir.
Les nouveaux programmes en virtuel
aux intensités et objectifs variées per-
mettent de commencer l’apprentis-
sage avant même d’être à destination.
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www.ymcalangues.com • Contactez-nous en France : +33 (0)6 52 85 58 98 • fanny.michaud@ymcaquebec.org
• La vie quotidienne : des cours
de conversation, de pronon-
ciation, Reading and Writing,
Creative Speak, …
• Le monde du travail :
les cours Business English et
English @ Work donnent les
clés pour réussir un entretien
d’embauche, se partir en
affaires, préparer son CV, sa
lettre de motivation, etc.
• Obtenir une certification offi-
cielle : des cours de prépara-
tions aux tests TOEFL et IELTS
et Test BRIGHT en ligne ! Des
cours de préparation aux tests
TOEFL et IELTS.
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© JUSTIN DESFORGES
Plus que l’apprentissage d’une
langue, une vraie ouverture à la
société québécoise
Les YMCA du Québec à Montréal appar-
tiennent au réseau des YMCA, un orga-
nisme à but non lucratif solidement im-
planté partout dans le monde. Outre le
fait que les tarifs soient très raisonnables,
une partie des frais d’inscriptions sert di-
rectement à financer des projets sociaux
qui œuvrent pour le bien-être de la com-
munauté. S’ils le souhaitent, les nouveaux
arrivants peuvent d’ailleurs y postuler
comme bénévoles, ce qui est une excel-
lente façon de réseauter et de se coller au
monde du travail au Québec.
L’une des nombreuses richesses de notre
école : on peut facilement y rencontrer
des Montréalais non seulement dans
les classes (70% de nos étudiants) mais
aussi au centre sportif dont l’accès est
gratuit pour les étudiants de certains
programmes, le tout dans un immeuble
au cœur du quartier des affaires, en plein
centre-ville de Montréal.
École internationale
de langues YMCA
 70 QUÉBEC ÉTUDIER
Boîte à outils
PAR ANNE-HÉLÈNE MAI
UN TOIT SANS SE CASSER LA TÊTE
L a colocation est très répandue au
Québec, mais les résidences étu-
diantes peuvent représenter un choix
sécurisant pour de jeunes étrangers
fraîchement arrivés. Toutes les uni-
versités, et quelques cégeps, possèdent
une offre de logements pratiques et à
prix modéré, accessibles au semestre
ou à l’année. De la chambre simple au
studio plus équipé, en passant par l’ap-
partement à partager et le logement
pour couples, les options sont nom-
breuses et les tarifs aussi. Ils vont ainsi
de 368 dollars canadiens par mois (pour
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
une chambre avec toilettes communes
à Québec) à 757 dollars (pour un stu-
dio sans kitchenette à Montréal, par
exemple). Les tarifs des entreprises pri-
vées sont généralement plus élevés. Les
résidences étudiantes présentent en
outre l’avantage d’être proposées clés
en main, sans souci de fournisseur In-
ternet ou de compte pour l’électricité.
Inspirée de celle de leurs homolo-
gues américaines, la culture des rési-
dences est conviviale et souvent festive,
ce qui favorise les rencontres. Au prin-
temps 2020, un certain nombre d’entre
SYSTÈME ÉDUCATIF
Comprendre le parcours scolaire
québécois Toutes les informations,
du préscolaire au doctorat.
immigration-quebec.gouv.qc.ca/fr/
immigrer-installer/etudiants/informer/
systeme-quebecois.html
Correspondance des diplômes
d’études supérieures en France
et au Québec quebec.consulfrance.
org/Les-correspondances-de-diplomes
Reconnaissance des diplômes
étrangers en France ciep.fr
L’ÉCHANGE UNIVERSITAIRE
D’une durée d’un semestre à un an, un
échange n’engendre pas de frais autres
que ceux perçus par votre école ou
université d’origine. Il ne mène pas à
l’obtention d’un diplôme québécois. Ren-
seignez-vous auprès du service des rela-
tions internationales de votre université.
Bureau de coopération
interuniversitaire Liste des
établissements d’accueil au Québec et
détails des démarches pour participer.
echanges-etudiants.bci-qc.ca/
etudiants-internationaux
LE CURSUS COMPLET
Il permet d’obtenir un diplôme québécois,
ainsi que des facilités d’immigration, en
particulier l’accès à un « permis de tra-
vail post-diplôme » d’une durée équiva-
lente à celle des études (à condition que
votre programme soit d’une durée égale
elles ont d’ailleurs été fermées pour
éviter l’éclosion de clusters. Toutes, à
l’exception de celles de l’Université de
Montréal et de l’Université Concordia,
se disent à présent prêtes à accueillir des
locataires dès le semestre d’automne…
si la circulation du coronavirus reste en
deçà d’une certaine limite…
Trouver une colocation kijiji.ca
Sites universitaires consacrés
au logement logement.umontreal.ca
polymtl.ca/logement
vie-etudiante.uqam.ca/etudiant-
etranger/ressources/hebergement.html
 QUÉBEC ÉTUDIER
ou supérieure à huit mois). Un parcours
conseillé à ceux qui visent les professions
réglementées par des ordres au Québec.
Portail des universités québécoises
destinationuniversites.ca
Accès Etudes Québec Pour tout savoir
sur les formations professionnelles et
techniques en tant qu’étudiant étranger.
accesetudesquebec.ca
Journées d’information Elles sont
régulièrement affichées sur le site
etudierauquebec.fr
Prochaine session en Guadeloupe et
Martinique du 1er au 5 décembre 2020.
Place aux jeunes en région Un site
pour les étudiants et les jeunes travailleurs
qui décident de s’installer hors
de Montréal. placeauxjeunes.qc.ca
LE VISA
Pour le demander, il faut d’abord avoir été
admis dans un programme d’études.
Certificat d’acceptation du Québec
Toutes les étapes vers l’obtention des
autorisations d’étudier au Québec sont
disponibles sur le site du gouvernement.
Comptez près d’un mois d’attente
pour recevoir le certificat (hors situation
exceptionnelle liée au Covid-19).
A noter : en raison de la pandémie,
le ministère de l’Immigration de la Belle
Province a prolongé jusqu’au
31 décembre 2020 la validité des CAQ qui
n’étaient pas échus au 30 avril 2020.
immigration-quebec.gouv.qc.ca/fr/
immigrer-installer/etudiants/index.html
Permis d’études au Canada Il suffit
de faire une demande sur le site
du gouvernement du Canada. Délai de
quatre à cinq semaines minimum.
canada.ca/fr/immigration-refugies-
citoyennete/services/etudier-canada/
permis-etudes.html
CÔTÉ BUDGET
Les droits de scolarité au Québec sont
parmi les moins élevés d’Amérique du
Nord, mais suivre un cursus complet
nécessite tout de même un porte-monnaie
71
bien garni, notamment pour les étudiants
étrangers. Coup de chance cependant :
des ententes signées entre la Belle Pro-
vince, Paris et Bruxelles garantissent aux
citoyens français et belges francophones
des frais universitaires de premier cycle
équivalents à ceux réclamés aux étu-
diants canadiens non-résidents du Qué-
bec. Ces derniers paient davantage que
les Québécois, mais moins que les étu-
diants internationaux. Ainsi, pour un étu-
diant français ou belge francophone
entamant sa première année, la session
universitaire à temps plein coûte environ
4 500 dollars canadiens, incluant les frais
afférents tels que les services à la vie étu-
diante, les frais administratifs et le prix
d’accès aux installations sportives.
En deuxième et troisième cycles  (maî-
trise et doctorat), la facture des étudiants
français et belges est la même que celle
des Québécois, c’est-à-dire environ
1 500 dollars canadiens par semestre à
temps plein. Les coûts varient selon l’uni-
versité et le programme choisi. Plusieurs
universités proposent de réaliser des esti-
mations sur leur site Internet.
Contactez-nous
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• Des formations alternant
sessions d’études et stages en
entreprise.
• Un campus à l’américaine au
cœur de Montréal.
• Plus de 60 clubs étudiants
scientifiques, sportifs, culturels
et technologiques.
• Des diplômes reconnus dans de
nombreux pays.
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l’industrie.
• Des services entièrement dédiés
aux étudiants étrangers pour
vous accompagner dans vos
démarches.
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L’ÉTS, PREMIÈRE ÉCOLE D’INGÉNIEUR
DU QUÉBEC*
Tous les matins depuis un an et demi, Julien,
étudiant français en génie mécanique, se
rend sur le campus de l’École de technologie
supérieure, en plein cœur de Montréal.
Comme chacun des 2465 étudiants
internationaux de l’École, il a décidé de suivre
ses études en ingénierie au Québec.
*en terme de nombre d’ingénieurs diplômés annuellement.
UN ENSEIGNEMENT
SUR MESURE
Plus grande autonomie, parcours
personnalisé, modularité des cours,
flexibilité de l’emploi du temps,
interactivité, grande variété des ateliers
proposés… Julien a rapidement pris ses
marques dans ce système pédagogique
concret, interactif et stimulant :
Je me suis senti plus libre de
« gérer mes journées de travail…
Les travaux se font par projet
de groupe et présentations
orales, au cours desquels on
doit faire face aux mêmes
problèmes de gestion de
projets que ce que l’on pourrait
rencontrer en entreprise. C’est
un apprentissage théorique,
technique mais aussi de savoir-
être avec un aspect humain et
relationnel.
Quant aux professeurs, ils sont
accessibles et disponibles,
et le fait d’entretenir un bon
relationnel avec eux renforce le
sentiment de confiance de tout
un chacun : les cours sont plus
plaisants et interactifs.
UN PARCOURS UNIQUE,
BASÉ SUR L’EXPÉRIENCE
L’ÉTS est une école d’ingénieur des
plus pragmatiques !
Les ateliers pratiques, les stages,
les partenariats avec les grandes
entreprises, les projets de recherche
appliquée de grande envergure avec
© ÉTS
l’industrie rythment le parcours
des étudiants. Un service dédié de
l’École met d’ailleurs les étudiants en
relation avec plus de 1500 entreprises
partenaires chaque année.
Au cours d’un programme
d’ingénieur, un étudiant cumulera
par exemple entre 4 et 8 mois
d’expérience professionnelle
rémunérée par an !
UNE VIE ÉTUDIANTE
HYPERDYNAMIQUE
Même en dehors des cours, tout
est fait pour développer les talents,
le génie et le leadership des futurs
diplômés. Près de 60 clubs étudiants
et technologiques (conception et
construction de fusées haute altitude,
de sous-marins à propulsion humaine
ou encore de véhicules éoliens (ci-
Le véhicule éolien Chinook,
conçu dans l’un atelier de
l’ÉTS, est l’un des deux seuls
véhicules de ce type au monde
à se déplacer aussi vite que le
vent qui le propulse.
Il détient à ce jour le record
du monde de vitesse !
© ÉTS
Face à la pandémie de Covid-19,
les étudiants se sont mobilisés de
chez eux en faveur des soignants.
Grâce à l’impression 3D, ils ont
conçu et fabriqué en un temps
record des équipements de
protection de haute qualité.
SE FORMER, INNOVER...
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technologique de l’ÉTS (Centech),
classé au TOP 20 mondial des
incubateurs universitaires les
plus performants, est là pour vous
propulser !
dessous) sont actifs sur le campus.
Des expériences uniques à valoriser
au même titre que les stages, et qui
font toute la différence sur un CV !
D’ailleurs, le profil particulier de nos
étudiants séduit : plus de 60 % des
ingénieurs diplômés trouvent un
emploi avant la fin de leurs études.
EMBARQUEZ VERS L’AVENIR !
Étudier à l’ÉTS, c’est vivre une
expérience unique et acquérir des
compétences uniques. Si l’on ajoute
le cadre de vie hors du commun offert
par Montréal, l’ÉTS est vraiment
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internationaux :
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(onglet international)
 74 QUÉBEC VIVRE
Comme les cinq
doigts de la Main
De part et d’autre du boulevard Saint-Laurent,
les cinq peuples fondateurs de Montréal
ont laissé leur empreinte. Des traces du passé qui
imprègnent encore l’âme de la ville.
PAR NATHALIE SCHNEIDER
I
ls sont cinq. Cinq végétaux
illustrent le drapeau de la
ville de Montréal, répartis
de part et d’autre d’une
croix. Aux quatre coins, on
trouve les armoiries des
principaux peuples fondateurs de
la métropole québécoise : la fleur
de lys, emblème de la maison royale
de France, la rose de la maison
d’Angleterre, le chardon, fleur
nationale d’Écosse et, enfin, le
trèfle, symbole de l’Irlande. En
L’EXPRESS S’INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
L’héritage autochtone
revisité par l’art
A l’entrée de Montréal, à peine
a-t-on quitté l’autoroute Bona-
venture en venant de l’aéroport, il
est impossible de la manquer : l’œuvre
filiforme évoque la Grande Paix de Mon-
tréal, conclue en 1701. C’est à l’artiste ani-
shnabe Nadia Myre qu’on doit cet
ensemble de sculptures en bronze inti-
tulé Dans l’attente / While Waiting. Dans
une ville où l’art de rue est très présent,
les œuvres créées par des autochtones
sont pourtant rares. « Les politiques
canadiennes d’assimilation, voire d’éra-
dication de l’identité des Premières
Nations n’ont jamais mis en valeur la
culture autochtone, explique Rachelle
Marcoux, assistante de Nadia Myre. Ce
qu’on connaît de leur art se trouve dans
les musées, qui renvoient à une romanti-
sation des autochtones, avec des sym-
La Main 2017, pour le dixième anniversaire boles et des figures traditionnelles. »
à Montréal,
c’est le surnom
de la Déclaration des Nations unies Si les musées regorgent en effet de
du boulevard sur les droits des peuples autoch- sculptures inuites ou d’artefacts, l’art
Saint-Laurent, tones, la ville a (enfin) donné une contemporain autochtone restait le grand
l’artère
principale de reconnaissance aux Premières absent de l’espace public montréalais, alors
la ville, qui part Nations qui occupaient le territoire que la ville compte près de 11 000 habi-
des rives du avant l’arrivée des colons euro- tants identifiés comme descendants des
fleuve, au sud,
et remonte péens : le pin blanc, symbole de Premières Nations. L’œuvre de Nadia Myre
vers le nord. paix et d’harmonie, a été apposé au leur donne une nouvelle visibilité en
Ouverte au
XVIIe siècle,
centre du drapeau. Promenade sur reprenant les totems symboles apposés
elle a vu les traces laissées par ces cinq comme signatures par les représentants de
s’installer des peuples, qui marquent encore for- 39 nations amérindiennes sur le traité de
générations
d’immigrants, tement la vie locale. la Grande Paix. Etape majeure de la colo-
d’origines nisation, ce texte, négocié de haute lutte
différentes
selon
Dans l’attente / While notamment par le grand chef huron wen-
les époques, Waiting, sculpture de l’artiste dat, Kondiaronk, et par le gouverneur de
avant de anishnabe Nadia Myre, la Nouvelle-France, Louis-Hector de
devenir donne à voir le passé
la frontière autochtone du territoire. Callière, mettait fin aux hostilités entre les
naturelle Iroquois, alliés aux Anglais, et les peuples
entre l’est autochtones alliés aux Français.
francophone
et l’ouest
anglophone.
La culture
gastronomique
à la française
Au plus fort de l’hiver, le festival
SDP/ DAVID GIRAL PHOTOGRAPHY
Montréal en Lumières célèbre la
grande cuisine en invitant des
chefs étoilés français, mais aussi suisses,
belges ou américains, à réaliser leurs
créations avec quelques-uns des chefs
des meilleurs restaurants de la métro-
pole. Les Montréalais sont conviés à
 QUÉBEC VIVRE
déguster le résultat de cette « cuisine
fusionnée » avec des menus célébrant
l’accord mets et vins. Depuis vingt ans,
le succès de l’évènement ne faiblit pas. En
2018, il s’est même enrichi d’un concept
original baptisé « La Nuit gourmande » :
durant une soirée, les restaurants, bars,
boulangeries, épiceries fines et poisson-
neries d’une dizaine de quartiers restent
ouverts exceptionnellement tard pour
faire découvrir leurs produits au public,
parfois gratuitement. Montréal est une
ville où la gastronomie est choyée. « Dans
les années 1960, plusieurs grands chefs
français comme Jean-Paul Grappe sont
venus enseigner l’art culinaire au tout
nouvel Institut de tourisme et d’hôtelle-
rie du Québec et sont tombés en amour
avec la province, explique François
Pageau, professeur de gestion à l’ITHQ
et féru d’histoire culinaire. Grâce au
savoir-faire français, ils ont grandement
influencé les générations suivantes de
chefs québécois. »
Déjà, à l’époque de la colonisation, au
XVIIe siècle, les Français rapportaient dans
les soutes de leurs navires des semences et
des animaux d’élevage de l’Hexagone ou
des vins d’Espagne. En Nouvelle-France,
les usages autant que les recettes ont per-
duré jusqu’à la conquête des Anglais au
milieu du XVIIIe siècle. Dès lors, on a pré-
féré le thé au café et le rhum au vin. « Nous
avons peut-être perdu quelques façons de
faire à la française, mais nous avons gardé
le sens du goût et le plaisir du bien man-
ger », analyse François Pageau. Aujour-
d’hui de grands chefs locaux comme
PIERRE BEAUCHEMIN / ITHQ
Au cœur du vieux quartier industriel, sur les bords du Saint-Laurent,
les bâtiments historiques de la brasserie Molson abritent aujourd’hui un musée.
Normand Laprise et Martin Picard côtoient
les Français Jérôme Ferrer (Europea) ou
Gilles Tolen (Henri Brasserie Française),
et contribuent à faire de Montréal une
capitale mondiale de la gastronomie.
Le goût “so british”
de la bière
C’est dans un décor post-indus-
triel épuré que se déploie la coopé-
rative de solidarité brassicole
MaBrasserie, dont les membres sont sur-
tout des brasseries locales bien connues
des Montréalais. L’atmosphère est à
l’image des habitants de la ville : chaleu-
reuse et décontractée. L’âge du public
varie entre 20 et 40 ans, et il n’est pas rare
de voir de jeunes enfants trotter entre les
Fondé dans les
années 1960,
l’Institut de
tourisme et
d’hôtellerie
du Québec a
formé des
générations
de chefs
à l’excellence
culinaire.
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
75
CAGKANSAYIN/ISTOCK
tables où les parents dégustent une IPA
ou une lager signée Isle de Garde ou Dieu
du Ciel : une exception au Québec – ici,
les bars sont fermés aux moins de 18 ans –,
rendue possible grâce au permis « salon
de dégustation » détenu par l’établisse-
ment. Parfois, en soirée, un concert de
jazz ou un spectacle d’humour fait salle
comble. Entre chaque dégustation, on
mord dans une guédille aux crevettes ou
un boudin fenouil et pommes, cuisinés
sur place par un jeune chef créatif.
La tradition brassicole est ancrée à
Montréal depuis 1786, année où un cer-
tain John Molson, jeune immigrant
anglais, fait construire un édifice en bois
sur les rives du fleuve Saint-Laurent pour
y produire de la bière. « Ces bières,
explique Martin Thibault, auteur de plu-
sieurs ouvrages sur le sujet, s’inscrivent
dans la tradition britannique, autant
pour les techniques de fabrication que
pour le choix de céréales et même le style
des étiquettes. » Durant deux siècles, la
dynastie Molson va prospérer, jusqu’à
créer une multinationale. Au début des
années 2000, après une fusion avec
l’américain Coors, la société se rebaptise
Molson Coors Beverage Company. L’usine
vient d’être relocalisée sur la rive sud du
fleuve, mais les bâtiments historiques de
la brasserie et son néon à l’enseigne de
l’entreprise font partie des incontour-
nables du paysage montréalais.
Entre-temps, de nombreuses micro-
brasseries, nées dans les années 1980, ont
inondé le marché de la métropole avec des
bières complexes aux notes subtiles, dont
l’évolution doit beaucoup aux techniques
belges : houblonnées, minérales, avec
des nuances d’agrumes, de groseilles ou
 76 QUÉBEC VIVRE
Le pavillon des arts, achevé
en 1843, a été le premier
bâtiment de l’Université McGill.
PETERSPIRO/ISTOCK
encore de cacao. Plusieurs marques ont
d’ailleurs été rachetées par Molson Coors
ou l’un de ses concurrents, Labatt.
McGill University,
le legs écossais
40 153 : c’est le nombre d’étudiants
inscrits à l’un des 300 programmes
de l’Université McGill, l’équiva-
lent d’une petite ville située au cœur du
très couru Mille carré doré. Le campus
principal rassemble l’une des plus impor-
tantes collections de bâtiments patrimo-
niaux de Montréal, dont le pavillon des
arts et sa célèbre coupole. Et certains des
cerveaux les plus prometteurs d’Amé-
rique du Nord ont été accueillis entre ces
murs : 12 Prix Nobel, trois Prix Pulitzer,
trois Premiers ministres canadiens et
28 médaillés olympiques figurent parmi
les anciens élèves ! Les cours sont dis-
pensés majoritairement en anglais à des
étudiants venant de quelque 150 pays.
Fondée voilà près de deux cents ans,
McGill compte parmi les 35 plus presti-
gieuses universités du monde. Et c’est à
un Écossais, fils de forgeron immigré de
son Glasgow natal au XVIIIe siècle, que
Montréal doit ce succès.
Quand James McGill débarque à
Montréal en 1766, la Nouvelle-France vient
de tomber aux mains des Britanniques et
d’être rebaptisée Canada. Le jeune homme
a étudié à l’université de Glasgow et en a
gardé un goût pour les idées nouvelles. Il a
22 ans et l’esprit aventureux ; il se lance
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
feuille d’érable et étendard municipal aux
armoiries des cinq peuples fondateurs de
Montréal : toutes les bannières cana-
diennes fraternisent dans un élan com-
mun. « D’autres encore, comme les dra-
peaux ukrainiens ou haïtiens, portés par
des membres de leurs communautés
culturelles, affirment le caractère multi-
culturel de l’évènement dans une ville où
la diversité fait partie du tissu social »,
explique Ken Quinn, historien pour les
Sociétés irlandaises unies de Montréal.
De nombreux immigrants de l’île verte
sont venus tenter leur chance au Canada
à cause de la famine : d’abord en 1832, mais
surtout de 1845 à 1852, quand pas moins
de 70 000 natifs d’Irlande débarquent
après une quarantaine imposée sur
Grosse-Île, au large du Saint-Laurent.
Beaucoup meurent alors du typhus, ce que
commémore la Roche Noire (Black Rock),
dans le commerce des fourrures et vit monument érigé dans le sud-ouest de
quelques années comme un coureur des Montréal sur l’emplacement d’une fosse
bois, avant de s’installer en ville comme commune où gisent plus de 6 000 Irlandais.
marchand. Ses activités prospèrent. Cette année, en raison de la pandémie de
Parallèlement, il devient magistrat, puis Covid-19, le défilé a été annulé pour la
député. Il se passionne pour l’éducation, deuxième fois en 197 ans. La première fois,
prenant une part active à la création d’un c’était en 1949, à cause d’un terrifiant
système d’instruction publique officiel. A épisode météorologique.
sa mort, il lègue des terres, une somme
d’argent et des directives pour la fondation
d’une université au pied du Mont-Royal.
La tradition irlandaise :
le défilé
de la Saint-Patrick
Chaque année, un dimanche de
mars, la rue Sainte-Catherine se
ferme à la circulation : le cœur de
Montréal devient irlandais. Depuis 1824,
le mythique défilé annuel de la Saint-
Patrick réunit un grand convoi de chars
pour célébrer la populaire fête de l’Ir-
lande. Peuple majoritairement catho-
lique oblige, le trèfle à trois feuilles,
symbole de la Trinité, est partout : sur les
fanions, sur les visages, à la bouton-
nière… Des Montréalais d’origine irlan-
VINCENT JIANG/ISTOCK
daise et des membres de la Société
Saint-Patrick de Montréal, chargée de
l’organisation de la parade, se mêlent aux
fidèles de paroisses catholiques anglo-
phones dans un joyeux concert de
musique celtique et de cornemuse. Une fois par an, un dimanche de mars,
Le drapeau irlandais n’est pas le seul à Montréal se met au vert irlandais
flotter sur Montréal ce jour-là. Fleur de lys, avec un défilé de chars et de fanfares.
 QUÉBEC VIVRE
Montréal, mode d’emploi
Multiculturelle, festive
et ouverte, la métropole
québécoise accueille
la  majorité des
immigrants de
la Belle Province.
Quelques conseils
pour bien s’y intégrer,
extraits du guide
S’installer à Montréal.
LES FRANÇAIS EN FORCE
E
n raison d’un flux d’immigrants
important (environ 40 000 en
2019 pour une population totale de
8,5 millions d’habitants), la population
du Québec se diversifie, et en particu-
lier Montréal : environ huit immigrants
sur dix choisissent de s’installer dans
la métropole. Aujourd’hui, un tiers des
Montréalais sont nés à l’étranger. Le Qué-
bec abriterait environ 120 000 ressortis-
sants venus de l’Hexagone dont plus des
deux tiers vivraient à Montréal. Envi-
ron 28 % ont choisi de s’installer sur Le
Plateau-Mont-Royal, 18,5 % à Côte-des-
Neiges- Notre-Dame-de-Grâce et 16 % à
Rosemont-la-Petite-Patrie.
UNE GALAXIE
DE CERCLES D’AMIS
A
Montréal, on se fera des amis au
travail, mais aussi en pratiquant
un sport, en participant à la vie de
son quartier, en s’impliquant dans l’école
de ses enfants ou en faisant du bénévo-
lat. Vous verrez vos amis dans un cadre
bien précis sans que vos bons « chums »
de soccer ou de votre club de gym ne
croisent jamais ceux de votre bureau ou
de votre association de parents. Contrai-
rement à beaucoup de Français qui fré-
quentent un cercle de connaissances
dans une même classe sociale ou un
S’installer
à Montréal,
Philippe Renault,
Héliopoles,
novembre 2020,
211  pages, 19,80 €,
13,99 € en ebook.
même environnement, au Québec, les
amitiés sont diverses, variées… et cloi-
sonnées. Si la notion d’amitié implique
en France de se voir souvent, de s’inviter
mutuellement et de s’adonner ensemble
à de multiples activités, il en va différem-
ment au Québec […]. Les Québécois ne
reçoivent pas aussi souvent que les Fran-
çais autour d’une table à la maison. […] On
se retrouve plutôt à l’extérieur, dans un
bar pour boire un verre, au restaurant ou
pour assister à un spectacle. Lorsque l’on
est invité, il est de bon ton d’apporter une
bouteille de vin qui sera bue le soir même.
LA BELLE SAISON
U
rbains, bilingues et de plus en plus
multiculturels, les Montréalais,
bizarrement, n’aiment pas vrai-
ment l’hiver, qu’ils subissent souvent en
ronchonnant. Leur saison de prédilec-
tion, c’est l’été, avec ses festivals, ses ter-
rasses, ses rues animées. Loin des a priori,
Montréal est bel et bien une ville de soleil !
LE SENS DE LA FÊTE
C
oup d’envoi de la fièvre estivale,
le 24 juin est la grande fête du
Québec, à ne pas confondre avec
celle du Canada, le 1 er  juillet (beau-
coup moins célébrée à Montréal). Hau-
tement symbolique par ses origines à
la fois nationalistes et religieuses, la
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77
DUNCAN WALKER / ISTOCK
Saint-Jean-Baptiste est officiellement,
depuis 1977, la fête nationale des Qué-
bécois. Vêtus des couleurs du pays, le
bleu et le blanc, et de jaune pour repré-
senter le solstice d’été, drapeau à la main
ou fleurs de lys peintes sur le visage, ils
descendent dans les rues par dizaines de
milliers affirmer leur attachement aux
traditions. Défilés, feux de la Saint-Jean,
fêtes de quartier et surtout le spectacle
musical d’envergure de la Place des Arts
ponctuent cette journée, la plus longue
de l’année pour les Montréalais. Elle ne
s’achève jamais avant le petit matin…
fetenationale.quebec
TENEZ VOTRE LANGUE
L
es Québécois ont coutume de repro-
cher aux Français, à juste titre,
l’usage exagéré de mots d’anglais
dans le langage courant. Les Français
blâment les Québécois pour leurs multi-
ples traductions littérales. Il est toutefois
déconseillé de reprendre un Montréalais
sur sa façon de parler le français. Certains
pourront même penser que l’on se moque
d’eux en ne les comprenant pas alors
qu’ils parlent la même langue. Gardez
toujours à l’esprit que, en tant qu’étran-
ger, c’est vous qui avez un accent et qu’il
vaut parfois mieux avoir les oreilles plus
grandes que la bouche…
je-parle-quebecois.com, des « cours de
langue » amusants et instructifs.
 78 QUÉBEC VIVRE

Québec se met en quatre

De plus en plus prisée des Français, plus tranquille que Montréal,
la capitale nationale compte presque autant d’ambiances que de quartiers.
Balade en quatre temps, au rythme de ses habitants.
PAR ISABELLE GRÉGOIRE

D
éjà bien connue des touristes,
la capitale québécoise sort pro-
gressivement de l’ombre de
Montréal et attire de plus en
plus d’immigrants. Fin 2019, ils étaient
plus de 13 000 immatriculés au Consulat
général de France à Québec, un chiffre qui
a doublé en dix ans. Choisir la « bonne »
adresse où résider n’est pas simple,
sachant que la ville est divisée en six arron-
dissements et trente-cinq quartiers. De la
tranquillité banlieusarde à l’effervescence
urbaine, dans des coins huppés ou plus
modestes, vous avez l’embarras du choix.
Nous avons sélectionné quatre quartiers,
tous centraux, plébiscités par des Français
qui y vivent… et n’en changeraient pas
pour tout l’or du monde.

LOU
LIMOIIV JESSICA LEBBE,
IAL
CONV 32 ANS, EN COUPLE
LIQUE
ET BUCO Originaire de la région parisienne,
Jessica vit à Québec
depuis sept ans. Elle est directrice
de programmation à la radio
communautaire d’expression
francophone CKRL (89,1 FM),
où elle a débuté comme stagiaire.

Limoilou a été mon

coup de cœur dès mon
arrivée à Québec.
J’ai eu la chance de trouver une
colocation tout près de la 3e Avenue,
la principale artère commerciale
du quartier, où est installée la radio.
Depuis, j’ai déménagé et je vis
avec mon conjoint dans un vaste
appartement d’un secteur
résidentiel. Nous sommes à côté
d’un parc bucolique et patrimonial,
le Domaine de Maizerets, qui
permet toutes sortes d’activités
sportives : patin, vélo, piscine…
L’été, je me balade aussi au parc
de la Rivière Saint-Charles,
non loin de mon travail.
En plus des deux supermarchés
à quelques minutes à pied de
chez moi, je fréquente les petits

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 QUÉBEC VIVRE
commerces du Vieux-Limoilou,
surtout sur la 3e Avenue.
L’ambiance est conviviale, les
commerçants nous reconnaissent
et c’est facile de nouer des liens
de confiance. Juste en face de
la radio, mon incontournable est
la boulangerie La Boîte à pain
(n° 396) où je déjeune souvent
et qui propose chaque mardi des
massages sur chaise ! J’adore
aussi Le Lièvre et la Tortue
(n° 1200), l’un des rares salons
de thé de la capitale.
Comme la plupart des gens
à Québec, je finis de travailler
tôt, vers 17 h 30. En sortant, c’est
facile de prendre une bière
et/ou de manger dans un des
restos du quartier. Par exemple
à la microbrasserie La Souche
(801, chemin de la Canardière)
ou chez Miyagi/ Bistro thaï
et sushi (n° 523, 3e Avenue, photo),
un lieu super, bricolé avec
des matériaux récupérés, ce qui
est très Limoilou !
Mon quartier est aussi le théâtre
de nombreux événements
annuels, comme Limoilou en
M
M ONTCAL
FAMILIA
ET VERT
musique et le marché du Grand
Bazar du Vieux-Limoilou
(le même week-end de juin). En
été, on peut déjeuner sur une
place publique éphémère, la place
Limouloise.
Un autre secteur de Limoilou,
celui de Lairet, devient très
dynamique depuis l’arrivée
du Grand Marché de Québec
(inauguré en 2019 dans un
bâtiment de briques centenaire,
NDLR), une adresse parfaite pour
les produits locaux. Le Centre
Vidéotron se trouve juste
à côté (deuxième plus grand aréna
du Québec après le Centre Bell
à Montréal, il accueille matchs
de hockey et concerts, NDLR).  qui accueille souvent des animations
L’hiver, je vais au travail en bus,
mais l’été je ne me déplace qu’à
vélo. Dans les deux cas, je ne mets
pas plus de dix minutes pour
aller travailler. Cela dit, s’il y a un
point négatif dans le quartier
– et à Québec de manière
générale –, c’est l’insécurité liée
à la circulation. Que ce soit à pied
ou à vélo, il faut être prudent,
car les voitures sont reines. »
79
ASTRID THORE, 41 ANS,
L
EN FAMILLE, DEUX ENFANTS
Arrivée à Québec en 2019 avec son
conjoint et leurs deux enfants
(8 et 10 ans), Astrid est esthéticienne
et cherche un emploi.
Florent travaille en restauration.
Ils habitaient auparavant à Narbonne.
C’est d’abord pour être près
de l’école primaire de nos
enfants que nous avons choisi
Montcalm. Ils peuvent s’y rendre à pied
et rentrer manger le midi. C’est pratique,
surtout l’hiver, car nous n’avons pas
besoin de déneiger la voiture, utilisée
seulement pour nos balades à l’extérieur
de la ville. Florent va aussi travailler à
pied, dans un restaurant du Vieux-Qué-
bec, le quartier historique voisin.
Montcalm est un quartier familial,
dynamique, propre et bien desservi par
les transports en commun. Nous avons
trouvé un appartement lumineux, au troi-
sième étage, avec une vue jusque sur la
chaîne des Laurentides. Le seul inconvé-
nient, surtout en été, c’est le bruit de la
circulation sur le chemin Sainte-Foy, où
notre immeuble est situé. Certaines rues
du quartier sont beaucoup plus calmes,
mais les loyers y sont bien plus élevés,
même avec une chambre en moins.
Nous habitons à proximité de toutes
les commodités : supermarché, pharma-
cies… Et nous sommes à dix minutes à
pied des immenses Plaines d’Abraham
(photo), près de la citadelle de Québec. On
peut y pratiquer le ski de fond, le patinage
sur l’« anneau de glace »… Les enfants y
font de la luge jusqu’au mois d’avril. Les
Plaines sont aussi un endroit idéal pour
marcher, courir, jouer au foot, pique-
niquer, se baigner (piscine publique exté-
rieure dans le parc du Musée national des
Beaux-Arts du Québec, NDLR)…
Pour les sorties, nous avons le choix,
notamment sur l’agréable avenue Cartier,
musicales et culturelles. Nous y avons
plusieurs bonnes adresses comme le
restaurant corse Petits Creux et Grands
Crus (n° 1125), le chaleureux café Kriegof
(n° 1989) ou encore les sympathiques
Halles Cartier (n° 1191), avec poisson-
nerie, pâtisserie, fromager, charcutier…
Nous fréquentons aussi la fabrique de
HÉRA MÉNARD, SDP
bagels Bügel (164, rue Crémazie Ouest).
Bref, nous ne comptons pas déménager
de sitôt… surtout que l’école secondaire
est aussi tout près de chez nous ! »
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 80 QUÉBEC VIVRE
ISABELLE GOARIN, 41 ANS,
EN FAMILLE, UN FILS DE 13 ANS
Massothérapeute agréée
et esthéticienne, Isabelle est arrivée
à Québec en 2002, avec son conjoint,
développeur web. Tous deux sont
Bretons d’origine. Isabelle a cofondé
le Bourdon du Faubourg, un média
de quartier en ligne, lancé en 2017
(bourdonmedia.org).
Saint-Jean-Baptiste est
sans conteste le quartier
le plus central de Québec.
C’est fou tout ce qu’on peut faire
à distance de marche. On peut rejoindre
les principales artères commerçantes
de la ville, à commencer par
la rue Saint-Jean. Je me suis attachée
à plusieurs de ses sympathiques
boutiques, comme la boulangerie
artisanale L’Epi’Fanny (n° 646),
la pharmacie Vicky Dubeau-
Pharmaprix (n° 698), installée dans
une officine centenaire, le magasin
d’aliments naturels et bio Crac-
La Carotte joyeuse (n° 690), l’Épicerie
J E A N - B APTISTE
S A I N T - O ET CENTRAL
BOB
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européenne pour les fromages
et les charcuteries (n° 560) ou encore
la crêperie-bistro Le Billig (n° 481) et
son annexe, le Troquet Sport (n° 485),
pour suivre les matchs de foot. Nous
sommes également à proximité des
cinémas, salles de spectacles, musées,
terrains de jeux, piscines municipales…
Mais aussi du parc des Plaines
d’Abraham, du Vieux-Québec et même
des berges du fleuve Saint-Laurent !
L’accès aux transports en commun est
important pour nous qui avons décidé
de ne plus avoir de voiture. Tout près
de la maison, sur la place d’Youville,
nous trouvons toutes les lignes
de bus. Et nous avons un bon choix
de véhicules en autopartage.
J’aime beaucoup le côté multiethnique
de mon quartier, qui compte pas mal
d’étudiants étrangers, des immigrants
venus d’Afrique, d’Asie… et bien sûr
beaucoup d’Européens. On qualifie
souvent Saint-Jean-Baptiste de
bohème, c’est en tout cas un quartier
très ouvert d’esprit et avec des profils
variés : familles, personnes seules,
jeunes et vieux. Une belle diversité !
C’est vraiment relax. Sérieusement,
il m’est arrivé d’aller chercher mon
pain en pyjama à la boulangerie et je
suis sûre que je n’ai choqué personne !
Saint-Jean-Baptiste est parfois
surnommé Saint-Jambe, depuis le
roman éponyme de Pascale Guéricolas-
Gagné qui se déroule dans le quartier
(VLB Éditeur, 2018). Et c’est approprié :
grimper les nombreuses rues
en pente, ça muscle les jambes… et ça
maintient en forme : mon niveau
cardio a augmenté depuis que j’habite
ici ! Par contre, il faut être motivé
pour faire du vélo dans le quartier.
C’en est pathétique : il n’y a
qu’une malheureuse piste cyclable…
Et même si c’est un quartier familial
avec beaucoup de jeunes enfants,
les piétons sont mal lotis. Les trottoirs
sont très étroits et mal entretenus
l’hiver, souvent glacés. Cela dit,
rien ne nous ferait quitter ce coin
où nous vivons depuis six ans. »
SDP, CAROLINE MARTEL/UNIVERSITÉ LAVAL
 QUÉBEC VIVRE 81

OY
SAINTEIA-NFT
ÉTUD L
MERCIA
ET OM
C

AXELLE BERTHELOT, plus tranquilles dans le quartier, (shopping), il y a les immenses

20 ANS, EN COLOCATION
Etudiante en administration
des affaires à l’Université Laval
et stagiaire à l’Assemblée nationale,
Axelle est arrivée à Québec en 2018.
Cette Lyonnaise vit en colocation
avec deux étudiantes canadiennes.
Après une année passée
dans une résidence
étudiante de l’Université
Laval (UL), j’en ai eu marre de vivre
dans 9 mètres carrés ! Mais je tenais
à continuer de marcher pour me
rendre à mes cours. Cet appartement
à deux pas de l’UL m’a donc tout
de suite paru idéal. J’y vis depuis
un an et mes colocataires et moi
aimons tellement l’endroit que nous
avons renouvelé notre bail.
Nous sommes sur le chemin Sainte-
Foy, une grande artère qui traverse
la ville d’Est en Ouest. Il y a des rues
mais je n’ai pas à me plaindre
du bruit : je mange d’ailleurs souvent
sur le balcon, c’est très agréable.
Et les chambres donnent à l’arrière,
sur le chemin des Quatre-Bourgeois.
Mon immeuble est juste en face
du Pavillon d’éducation physique
et sportive de l’UL : j’ai pris
un abonnement, je m’y entraîne
régulièrement et je me suis initiée
au patin à glace. C’est aussi très
pratique pour les courses, on va juste
à côté, au centre commercial de
la Pyramide (2360, chemin Sainte-
Foy) qui compte une foule de
magasins et services. On profite
aussi des Halles Sainte-Foy (2500,
chemin des Quatre-Bourgeois),
un minimarché intérieur avec des
petits commerçants locaux,
on y trouve une boulangerie et des
produits français. Pour le magasinage
centres commerciaux Place Laurier
(2700, boulevard Laurier) et Place
Sainte-Foy (2450, boulevard Laurier).
Les lieux de sortie sont moins
nombreux que sur la rue Saint-Joseph
(quartier Saint-Roch, dans la Basse-
Ville de Québec) ou sur l’avenue
Cartier (quartier Montcalm), mais j’ai
mes habitudes sur la rue Myrand, à
une vingtaine de minutes de marche.
Je vais souvent au Café au Temps
perdu (n° 867), qui offre une belle
sélection de bières originales comme
celle à l’hibiscus, délicieuse, et
au Marshall voisin (n° 851), un bar
avec bowling, billard et baby-foot.
Autre avantage du quartier pour
une étudiante étrangère : la gare
routière est à dix minutes en bus.
Super pratique pour moi quand je vais
à Montréal en autocar pour prendre
l’avion à l’aéroport Trudeau. »

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 VOTRE RELAIS DE CONFIANCE
ENTRE LA FRANCE ET LE CANADA
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 84 QUÉBEC VIVRE
Montréal Gaspésie
L’appel de l’Est
Loin de l’agitation des villes, la Gaspésie cherche
à enrayer son déclin démographique. Pour
ceux qu’un vrai changement de tempo n’effraie
pas, c’est une terre d’accueil sans pareil.
PAR ISABELLE GRÉGOIRE
Grande-Grave, dans
le Parc national Forillon.
E
ntre mer, montagnes et dite « éloignée » à enregistrer un solde
forêts, la péninsule gaspé- migratoire p o sitif, ave c quelque
sienne déploie ses charmes 2 000 nouveaux habitants par an, dont
à l’extrême est du Québec. 10 % proviennent de l’extérieur du pays.
Vaste comme la Belgique S’installer dans la région, à dix heures
et peuplée de 90 000 habi- de route de Montréal où se concentre
tants seulement, cette région touristique encore la majorité des immigrants, c’est
séduit de plus en plus d’immigrants venus accepter de s’immerger dans un mode de
de l’Hexagone. Une consule de France vie radicalement différent. « Ça représente
honoraire, Claire Canet, y a même été un peu une seconde immigration, explique
nommée cette année ! Selon elle, quelque Anthony Grenier, 32 ans, qui a vécu un an
700  Français vivent aujourd’hui en dans la métropole québécoise avant de
Gaspésie, chiffre qui inclut les étudiants poser ses valises à Gaspé. Et un accéléra-
inscrits dans les cégeps de Gaspé et de teur d’intégration : on risque moins de se
Matane. Il faut dire que les autorités retrouver entre Français, donc on s’intègre
locales se démènent pour combattre le plus vite à la société québécoise ! »
déclin démographique et combler les
besoins en main-d’œuvre. Depuis 2015, Le sens de l’hospitalité
l’organisme Stratégie Vivre en Gaspésie La qualité de l’accueil des Gaspésiens fait
(lire encadré) a développé des dispositifs l’unanimité auprès des immigrants. « Que
financiers incitatifs et des services l’on vienne en touriste ou pour s’établir,
d’accueil aux nouveaux arrivants effi- les gens vous reçoivent avec une généro-
caces. Résultat : depuis trois ans, la sité sincère », raconte Claire Canet, 49 ans,
Gaspésie est la seule région québécoise consule honoraire (bénévole) de France
Antoine Amossé, analyste expert
chez Nergica (énergies renouvelables)
“Baignade, chasse, canot,
raquette… En quelques
minutes, on a accès à un
immense terrain de jeux.”
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
à Gaspé depuis février. Cette Bretonne
d’origine a vécu dans divers pays, notam-
ment en Nouvelle-Zélande, avant de ren-
contrer son conjoint gaspésien et d’em-
ménager dans la région en 2016. « Alors
qu’il faut d’habitude au moins deux ans
pour s’intégrer dans un nouveau lieu, ici,
on se sent bien tout de suite : cela rend
toute installation beaucoup plus facile. »
Les Gaspésiens sont aussi curieux des
nouveaux arrivants. « Ils sont beaucoup
moins sollicités par l’immigration que les
Montréalais. La première chose qu’ils font
lorsqu’ils vous rencontrent, c’est de cher-
cher à identifier votre accent, sourit
Antoine Amossé, 35 ans, analyste expert
chez Nergica, un centre de recherche
appliquée sur l’innovation en énergies
renouvelables, basé à Gaspé. Ils ont le
cœur sur la main et sont toujours prêts à
vous aider. » David Baumann, 42 ans, un
Alsacien arrivé avec femme et enfant en
2017, en témoigne avec émotion. En février
dernier, un incendie a détruit leur maison.
« On a tout perdu et failli repartir en
France, raconte celui qui travaille pour le
chantier naval Forillon, à Gaspé. Mais on
a reçu tellement de dons de vêtements, de
jouets… qu’une salle complète de l’école
de mon fils en était remplie ! »
De nombreux emplois qualifiés
Il ne faut pas se fier au taux de chômage
élevé (13,5  % en 2019) de la région : il inclut
SDP
celui des travailleurs saisonniers (pêche,
 QUÉBEC VIVRE
foresterie, tourisme). La Gaspésie n’en
connaît pas moins une pénurie de main-
d’œuvre qualifiée dans de nombreux
domaines, de l’industrie maritime à la
filière éolienne, en passant par l’informa-
tique, la fonction publique, la santé et
l’éducation. Conséquence : on fait preuve
d’ouverture d’esprit par rapport à votre
parcours et la possibilité de grimper les
échelons est nettement plus rapide que
dans une ville comme Montréal.
« Il y a moins de concurrence qu’ail-
leurs et les gens sont très ouverts, même
si vos diplômes ne correspondent pas
forcément à l’emploi proposé », confirme
Anthony Grenier. Ce responsable du
Service d’accueil des nouveaux arrivants
de la Côte-de-Gaspé sait de quoi il parle :
il est archéologue de formation, spécia-
lisé en architecture médiévale !
Jean-François Kacou, 33 ans, s’est
quant à lui établi en Gaspésie après avoir
suivi des études en informatique et en
développement commercial en France,
puis en leadership organisationnel à HEC
Montréal. Depuis 2019, ce natif de Côte-
d’Ivoire est le directeur général de Percé,
ville qui doit son nom au fameux Rocher-
Percé, symbole de la région. « J’ai trouvé
ici le match parfait entre mes ambitions
professionnelles et la beauté grandiose
de la nature, assure-t-il. De mon bureau,
je vois la mer et l’horizon ! »
Enfin, la Gaspésie apprécie les arri-
SDP, VILLE DE PERCÉ 2019
vants dotés d’une fibre entrepreneuriale,
comme en témoigne Elisabeth Varennes,
34 ans, qui réside depuis 2016 à Carleton-
sur-Mer, sur la baie des Chaleurs, le bras
du golfe du Saint-Laurent séparant la
péninsule gaspésienne de la province du
Jean-François Kacou,
directeur général de la ville de Percé
“J’ai trouvé ici le match
parfait entre mes
ambitions et la beauté
grandiose de la nature.”
Nouveau-Brunswick. Titulaire d’une
licence en biologie et d’un master en éco-
physiologie et éthologie obtenus en
France, puis d’un doctorat en biologie
marine de l’Université du Québec à
Rimouski, elle a emménagé ici en 2016
pour fonder Seabiosis, une entreprise de
transformation d’algues pour l’alimenta-
tion. « C’était, dit-elle, l’endroit idéal pour
se lancer dans cette production à base de
produits qu’on trouve ici en abondance. »
Nature, calme et grand air
La proximité de la nature et le plein air :
c’est ce qui a séduit d’emblée Antoine
Amossé. « En quelques minutes, on a
accès à un immense terrain de jeux, dit-il.
En hiver, je profite souvent de ma pause
de midi pour skier et, en été, pour faire du
vélo de montagne. » Après avoir vécu à
Montréal, cet ancien Nantais s’est établi
à Rivière-au-Renard en 2011 avec sa
conjointe et leurs deux enfants. Il appré-
cie le rythme de vie plus paisible, sans
stress. « Et très sûr, ajoute-t-il. Il n’y a pas
grand risque si on oublie de verrouiller la
voiture ou la maison. » Vivant non loin du
parc Forillon, l’un des parcs nationaux du
Canada – la Gaspésie en compte quatre
La rivière Saint-Jean-de-Gaspé,
recommandée pour
les saucettes (baignades)
par Antoine Amossé.
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
85
au total –, Antoine et sa petite famille le
fréquentent tout l’été pour randonner, se
baigner, pique-niquer et, surtout, camper
avec leur tente-roulotte. « Ici, les quatre
saisons sont bien marquées et on peut
pratiquer tellement d’activités : golf,
voile, baignade, chasse, snowkite, canot,
raquette, pêche sur glace, rafting… Ça
rend les fins de semaine improvisées
assez agréables ! »
Même enthousiasme chez l’ex-Greno-
bloise Elisabeth Varennes. « Nous avons
la chance de vivre dans l’une des régions
qui attire le plus de monde pour les
vacances d’été, dit-elle. On va à la plage à
pied, on roule à vélo avec les enfants sans
se soucier de croiser trop de voitures et,
l’hiver, on peut faire de la luge juste à côté
de la maison. »
« L’environnement est vaste, c’est très
zen », lance Jean-François Kacou en guise
de conclusion. Une tranquillité qui ne
convient toutefois pas forcément à tous les
immigrants : certains finissent par regret-
ter les nombreux centres commerciaux,
restaurants ou cinémas des mégalopoles.
Mieux vaut donc être sûr de son goût pour
le calme des grands espaces avant d’aller
s’installer au bout du monde… 
+loin
Stratégie Vivre en Gaspésie
Services d’aide à la recherche d’emploi
et de logement ; aides financières
aux entrevues, allocations de stages.
Le site répertorie les Services d’accueil
aux nouveaux arrivants (Sana)
implantés dans les cinq secteurs de
la région. vivreengaspesie.com
Place aux jeunes en région Facilite
la migration, l’établissement et
l’ancrage des diplômés de 18-35 ans
en région. Organise des séjours
exploratoires en petits groupes tous
frais payés. placeauxjeunes.qc.ca
 86 QUÉBEC VIVRE
Pêche au brochet sur le lac Mistassini,
dans la région de la baie James. Cyril
Chauquet pratique le catch and release :
l’énorme bête va être remise à l’eau.

Cyril Chauquet,
un gros poisson de la télé

A
u Québec, c’est une
star. Chaque semaine,
Avec audace, ce Français a révolutionné
son émission Mordu les traditionnelles émissions de pêche.
de la pêche (Chasing
Monsters) rassemble
Portrait d’un aventurier qui a assouvi sa passion
près de 10 millions de et révélé son talent dans la Belle Province.
téléspectateurs sur la chaîne Evasion.
En juillet, ses aficionados, plutôt des
PAR VALÉRIE LION
hommes trentenaires, mais aussi des
enfants et des grands-pères, privés de sor-
tie nature depuis des semaines à cause du
confinement, ont suivi avec encore plus
d’appétit la saison 8 des aventures de ce pas de week-end au chalet sans partie de un tour-opérateur parisien. Son credo :
baroudeur d’origine française, en quête pêche. » C’est dans le village d’Ayze, en chercher de nouvelles destinations pour
de gigantesques poissons à travers le Haute-Savoie, où il a grandi, que Cyril « pêcher en terre inconnue ». Tous les
monde. A Montréal, dans le quartier de Chauquet a découvert la pêche. A 5 ans, il moyens sont bons : bateau, canot, kayak…
Ville Mont-Royal où il habite, on l’arrête met ses premières lignes à l’eau dans le L’idée d’une émission sur le sujet,
dans la rue pour obtenir des autographes. lac voisin. « C’est devenu une passion, façon Ushuaïa, commence à l’effleurer.
A 44 ans, Cyril Chauquet a le triomphe puis une obsession », raconte-t-il. A l’ado- En 2003, il quitte la France pour suivre sa
modeste : « Sans le Québec, cette émission lescence, cet amateur de sensations fortes bien-aimée, une Canadienne, rencontrée
ne serait pas née. » Rien ne prédestinait se met au snowboard et participe à des lorsqu’elle était correspondante de CBC
UNTAMED PRODUCTIONS INC.

le gamin, né à Saint-Etienne et fan de compétitions. A 20 ans, un bachelor en à Paris. Le voilà à Toronto avec une carte
glisse, à devenir l’un des héros de la pêche business le mène aux Etats-Unis. Il tra- de résident permanent. Dès son arrivée
sportive dans un pays où cette activité est vaille comme commercial chez Cadrem- dans la Ville Reine, il passe son temps au
tellement populaire qu’elle dispute sa ploi, puis dans la vente de logiciels de bord d’un lac : « Douze heures par jour à
place au hockey dans le cœur des habi- recrutement. Mais sa passion le rattrape pêcher », se souvient-il. Son beau-frère
tants. « Ici, tout le monde a un chalet près et il commence à imaginer et à vendre des Derrick est un fan des fishing shows, ces
d’un lac avec une barque, explique-t-il. Et voyages thématiques sur la pêche pour émissions incontournables de la télé
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
 QUÉBEC VIVRE
canadienne. « Mais, lui confie-t-il entre
deux lancers de canne, elles sont toutes
mauvaises. » De fait, on n’y parle que
technique et matériel. Pour Cyril, c’est le
déclic : « Je me suis dit “Tu vas monter une
émission de globe-trotter de la pêche dont
le but sera de trouver les plus beaux pois-
sons du monde” ! » Il part avec un came-
raman tourner un pilote au Maroc, où il
avait déjà organisé un camp de pêche.
C’est une entreprise de Montréal qui
prend le projet dans son catalogue. Mais
pour un budget insuffisant au vu des
ambitions du Frenchie. Il ne se démonte
pas et va frapper à la porte de la chaîne
Evasion au Québec. Bingo ! Spécialisé
dans les voyages et l’aventure, le diffuseur
achète le concept. Mordu de la pêche
(d’abord baptisé Fishing Adventurer en
anglais, car la série est tournée dans les
deux langues) apparaît à l’antenne en
2006 et connaîtra quatre saisons d’une
quinzaine d’épisodes chacune. Cyril
Chauquet quitte alors Toronto pour s’ins-
taller dans la métropole québécoise. Il crée
sa propre société de production et devient,
dès la saison 3, l’unique producteur de
l’émission. Laquelle est vendue dans une
quinzaine de territoires. Un joli succès.
Notre homme veut pourtant aller plus
loin dans le renouvellement du genre. Il
vise un plus large public et tient à ren-
forcer le côté sensationnel. Adieu Fishing
Adventurer, l’animateur revient en cin-
quième saison avec Chasing Monsters :
« Avant, on était dans le voyage pour aller
pêcher ; désormais on part à la poursuite
d’un monstre, explique-t-il. Chaque épi-
sode est consacré à la quête d’un poisson
particulier, dans une contrée reculée,
avec les moyens du bord et l’aide de la
population locale. »
Une aventure humaine autant que
sportive. Sa marque de fabrique ? Des des-
tinations exotiques (du Brésil à la Tanza-
nie en passant par la Bolivie, le Panama,
le Gabon, et même Tahiti), des milieux
hostiles, des images sous-marines prises
“Les Québécois n’ont
pas d’a priori, ils sont
simples. C’est cool
qu’ils m’aient accepté.”
Sur la rivière Petite Cascapédia (Gaspésie), à la recherche du saumon atlantique…
sur le vif et des rencontres inédites, voire
dangereuses… Au Gabon, l’équipe doit
fuir un troupeau d’éléphants ; ailleurs,
elle navigue sur une rivière infestée de
crocodiles. Chaque émission requiert
douze à quinze jours de tournage pour un
budget de 200 000 dollars US ; huit
semaines sont ensuite consacrées au
montage, car la recette du succès c’est
aussi une scénarisation très poussée.
Rythme, action, rebondissements, chaque
épisode est une histoire en soi. L’investis-
sement paie : Chasing Monsters a attiré
des distributeurs jusqu’en Australie et
conquis 120 territoires. Depuis cinq ans,
les Français ont pu la découvrir sur RMC
Découverte sous le titre Pêche XXL.
Un message environnemental
« Le Québec reste un marché primordial
et un auditoire important », assure tou-
tefois Cyril Chauquet, fidèle à son pays
d’adoption. Pas une saison sans un épi-
sode dans le Nord de la province, que ce
soit au Nunavik, dans la baie James ou sur
la Côte-Nord : « Le Nord du Québec, c’est
un espace immense, sans personne, un
lieu incroyable au niveau biodiversité »,
dit-il. Son spot préféré ? Le lac Mistassini,
plus grand lac naturel du Québec (environ
2 335 kilomètres carrés). On peut y pêcher
des brochets géants de plus d’un mètre.
La saison 8 de l’émission offre d’ailleurs
un moment d’anthologie quand un bro-
chet, capturé par l’animateur star, se fait
attaquer par un autre, deux fois plus gros
que lui. On tremble aussi pour le came-
raman, posté dans la rivière Rupert,
dans l’eau glacée jusqu’aux cuisses, qui
se voit subitement emporter par le cou-
rant, contraignant Cyril à plonger pour
l’aider. Emotions fortes garanties ! « Pour
la huitième saison, nous avons encore
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
87
repoussé les limites du concept. Il s’agit
carrément d’expéditions pour aller trou-
ver des espèces en voie de disparition »,
raconte l’animateur, qui se veut aussi
porteur d’un message environnemen-
tal. L’émission est l’occasion de dénoncer
la pollution des océans par le plastique,
les barrages d’irrigation, l’orpaillage… et
la surpêche. Cyril Chauquet pratique le
catch and release (« attraper / relâcher »)
et incite ses spectateurs à faire de même.
Comment un Français a-t-il pu s’im-
poser comme la star d’un loisir tellement
québécois ? « C’est cool qu’ils m’aient
accepté, reconnaît-il. Les Québécois n’ont
pas d’a priori, ils ont le contact facile, ils
sont simples, il n’y a pas de barrière hié-
rarchique. Mais je ne me prends pas pour
un autre. Je n’ai aucune prétention. Mon
émission est légère. » Et pleine d’humour.
Cela ne l’empêche pas d’avoir le sens
des affaires. Très présent sur le web et les
réseaux sociaux, il a développé des pro-
duits dérivés et publie cet automne un
livre de témoignage, tout simplement
intitulé Cyril Chauquet. Mordu de la
pêche, aux Editions de l’Homme. Surtout,
il a vendu à Quebecor Media (son premier
diffuseur) une nouvelle série d’émissions :
Last of the Giants (Les Derniers des géants).
Notre aventurier va partir en Colombie-
Britannique, en Afrique et en Amazonie,
sur les traces de poissons extrêmement
rares et imposants. Objectif : une bête
pouvant atteindre 600 kilos ! Mais si vous
l’interrogez sur le top 3 des poissons à
attraper une fois dans sa vie, le saumon
des rivières canadiennes y figure en
bonne place : « C’est sans doute le plus
respectable de nos partenaires de jeu, et
la prise d’un de ces poissons est, à coup
sûr, un rêve à accomplir pour la plupart
d’entre nous ! » 
 88 QUÉBEC VIVRE
“Le racisme était absent des discours,
pas de la réalité”
D’origine togolaise, cet enseignant est arrivé au Québec en 2009. Dix ans plus tard,
le quadragénaire raconte les paradoxes de son parcours d’intégration.
L’Express Vous expliquez dans votre
livre à quel point trouver un emploi de
professeur au Québec a été pour vous
long et complexe, alors que vous étiez
titulaire d’un doctorat en littérature
française de l’université de Strasbourg
et d’une expérience en enseignement
en France. Diriez-vous que vous avez
été victime de racisme ?
Mensah Hemedzo A l’époque, en 2013-
2015, lors de mes différentes tentatives
pour décrocher un emploi permanent
dans une commission scolaire, qui se
sont toutes soldées par un échec, je pré-
férais parler de discrimination. Je n’osais
pas prononcer le mot racisme car il était
proscrit : ici, c’est un mot qui choque.
Quand on arrive au Québec, les premiers
temps, on se sent bien. Le discours public
n’est jamais raciste, les Québécois sont
très accueillants. Mais, objectivement
parlant, ce que j’ai vécu dans ma
recherche d’emploi, c’est une forme de
racisme : alors que j’avais les diplômes
requis et plus d’ancienneté que d’autres
collègues, je n’obtenais jamais le poste
pour lequel je candidatais, et ce en dépit
des règles qui devaient s’appliquer ! Pour-
quoi cette discrimination ? Parce que je
ne suis pas né ici. Quand je discutais de
ma situation avec mes amis québécois,
ils pensaient que j’étais pénalisé par mon
absence de réseau, de relations. Pour-
tant, un jour, un avocat me l’a dit franche-
ment : « C’est normal et même naturel
pour un Québécois de préférer quelqu’un
comme lui à un immigrant. »
La situation a-t-elle évolué depuis
votre arrivée il y a dix ans ?
Très sincèrement, je me suis très vite
senti chez moi, ici. Je trouvais même nor-
mal de ne pas décrocher un emploi juste
en claquant des doigts. Les deux pre-
mières années, j’ai vécu une véritable
lune de miel. Puis, progressivement, j’ai
SDP
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
MENSAH HEMEDZO
Dites-leur que
je suis québécois,
Mensah
Hemedzo,
Les Éditions de
l’Homme, 2019.
observé une montée du discours anti-
immigration, qui a culminé avec le pro-
jet de charte des valeurs québécoises du
Parti Québécois (projet de loi déposé en
2013, NDLR), puis la récupération du
sujet par la Coalition Avenir Québec
(CAQ). Et là, stupeur, vous découvrez que
vous n’êtes plus désirable. Sous couvert
de nationalisme, la CAQ, qui a porté au
pouvoir l’actuel Premier ministre Fran-
çois Legault, en octobre 2018, a voulu
réduire le nombre d’immigrants accueil-
lis. Cela a écorné l’image du Québec.
Sans pour autant qu’on parle de
racisme…
Les Québécois étaient convaincus que le
racisme n’existait pas dans leur société.
Or il existe malheureusement partout !
Après l’affaire George Floyd, aux Etats-
Unis, la parole s’est libérée sur les discri-
minations. François Legault a reconnu
qu’il n’était pas normal d’avoir un taux de
chômage si élevé au sein de la population
noire, et aucune diversité dans la fonction
publique. Même s’il refuse de parler de
« racisme systémique », il a mis sur pied
en juin un groupe d’action contre le
racisme, coprésidé par les ministres
Nadine Girault et Lionel Carmant, tous
deux d’origine haïtienne. C’est bon signe.
Est-il aussi difficile d’être Noir au
Québec qu’aux Etats-Unis ?
Ce n’est absolument pas comparable !
Aux Etats-Unis, il faut accepter le fait
d’appartenir à une catégorie à part. Ici,
cinq ans après mon arrivée, j’avais acquis
une situation professionnelle stable, ma
femme aussi, et nous avions obtenu la
nationalité canadienne, ce qui vous offre
encore plus d’opportunités. Lors de ma
première expérience, un remplacement
dans une école secondaire de Gatineau,
j’étais le seul Noir parmi le personnel…
J’ai été bien reçu, et les remarques
désobligeantes ont été très rares. Dans
une autre école, non seulement j’étais le
seul enseignant de couleur, mais en plus
il n’y avait pas un seul élève noir… Cela
n’a jamais influencé négativement le
discours de mes collègues ou de mes
élèves. Au quotidien, dans la rue, je n’ai
jamais ressenti de différence de traite-
ment. Les autochtones sont davantage
victimes de racisme que les Noirs.
C’est pourtant en Ontario que vous
avez finalement trouvé un emploi
stable…
Au Québec, je suis allé de petits contrats
en petits contrats pendant deux ans,
malgré la pénurie d’enseignants dont
souffrait la province. En Ontario, en
quatre mois, j’avais obtenu un poste
permanent, dans une école secondaire
d’Ottawa. Il y a sans doute une plus grande
ouverture à la diversité dans l’emploi chez
les Franco-Ontariens. Pour cette mino-
rité francophone, peu importe que tu aies
un accent ou que tu ne sois pas né en
Ontario : tu es accueilli à bras ouverts.
Mais je vis en face, à Gatineau, au Québec,
mes filles vont à l’école québécoise, et
c’est le Québec qui m’a donné la chance
d’immigrer au Canada. 
PROPOS RECUEILLIS
PAR VALÉRIE LION

4 « incontournables »
de l’installation au Canada
Ça y est, vous y êtes enfin !
Mais pour commencer votre
nouvelle vie, que ce soit à
Montréal, Toronto ou
Vancouver, un certain nombre
d’étapes sont encore à franchir.
Suivez le guide...
1 • Demander de nouveaux papiers
canadiens
À nouvelle vie, nouvelle « identité » admi-
nistrative. Le Canada ne délivrant pas de
carte d’identité, comme en France, c’est le
numéro d’assurance sociale, le NAS, qui en
fait office. I ll faut donc le demander auprès
de Service Canada dès les premiers jours,
car c’est le préalable à toutes les autres
démarches administratives, notamment
pour obtenir ensuite un numéro d’assu-
rance maladie, équivalent de la sécurité
sociale française.
Le conseil de RBC : Comme chaque province a
ses propres modalités liées à l’assurance mala-
die et au permis de conduire, renseignez-vous
à leur sujet avant votre arrivée au Canada.
2 • Ouvrir un compte bancaire et
utiliser une carte de crédit
Le système bancaire canadien est certai-
nement différent de celui de votre pays
d’origine. Ainsi, pour bénéficier d’un crédit
destiné à l’achat d’une voiture ou d’un loge-
Pour en savoir plus, consultez notre site web www.rbc.com/nouveaux-arrivants/
Photo ©Istock
Au Canada, composez le 1 800 769-2511 dès aujourd’hui !
Page partenaire créée par H2J Conseil pour la Banque Royale du Canada
ment, mais aussi d’un contrat de téléphone
cellulaire ou d’un bail, il est indispensable
d’établir des « antécédents de solvabilité »
au Canada, l’historique bancaire dans votre
pays d’origine n’étant pas pris en compte.
Le conseil de RBC : Faites une demande de
carte de crédit à l’ouverture de votre compte
bancaire et obtenez tous les renseignements
sur son fonctionnement. Commencez par
de petits achats, puis assurez-vous de ré-
gler la totalité de votre solde avant la date
d’échéance. Cela s’applique aussi aux fac-
tures d’électricité, de téléphone, etc.
Plus de renseignements sur :
https://www.rbc.com/nouveaux-arrivants/
index.html
3 • Trouver le quartier ou la ville
qui vous convient
10 provinces, 3 territoires, 2 langues offi-
cielles, l’anglais et le français, des métro-
poles comme Vancouver, Toronto ou Mon-
tréal mais aussi de nombreuses petites villes
et de vastes espaces ruraux… Que choisir ?
La proximité des transports en commun,
d’écoles et de garderies (francophones ? bi-
lingues ?), de commerces. Un quartier trépi-
« L’installation dans un nouveau pays est remplie d’obstacles et de possibilités pour les
immigrants, alors qu’ils doivent s’adapter à un nouveau mode de vie inconnu. Mais avec
une planification appropriée, une bonne préparation et du soutien, les nouveaux arrivants
peuvent prospérer tout en retrouvant leur équilibre.»
Publi-rédactionnel
dant ou résidentiel ? Le Canada est un grand
pays qui offre de multiples possibilités.
Le conseil de RBC : Consultez l’Explorateur
de quartier RBC pour en connaître davan-
tage sur les différents quartiers des villes
canadiennes. Quels quartiers correspondent
le mieux à vos besoins, priorités et budget?
Cet outil vous sera indispensable!
https://decouverte.rbcbanqueroyale.com/
trois-conseils-pour-aider-les-nouveaux-ar-
rivants-trouver-le-bon-quartier/
4 • Développer son réseau pour
accéder au marché caché de
l’emploi
Si vous n’atterrissez pas au Canada avec
un emploi en mains, réseautez ! Tous les
recruteurs vous le diront : une infime par-
tie des postes libres est affichée. Participez
donc aux « 5 à 7 » (cocktails de réseautage
professionnel informels très courants au
Canada — où, important, l’on ne vient pas
accompagné de son conjoint) proposés par
de nombreuses organisations profession-
nelles. N’hésitez pas non plus à prendre
directement contact avec des respon-
sables d’entreprises : ils sont beaucoup plus
accessibles qu’en France et souvent ravis
de vous renseigner et de vous présenter à
leur réseau. Il existe aussi de nombreux pro-
grammes de mentorat pour les nouveaux
arrivants, utiles pour se familiariser aux us
et coutumes du marché du travail canadien.
Le conseil de RBC : Vous pouvez aussi mettre
vos compétences au service de votre réseau
ou d’un organisme de bienfaisance, tout en
faisant de nouvelles connaissances et en fa-
vorisant votre intégration dès votre arrivée.
Et faites-le savoir! Un profil LinkedIn bien
garni attire l’attention des employeurs.
Amit Brahme, directeur général principal,
Marchés culturels, RBC Banque Royale
 90

QUÉBÉCORAMA
SÉRIE
“M’entends-tu ?” Une comédie sans filtre
La première saison de cette série
québécoise en dix épisodes, tournée
dans le Montréal populaire,
est diffusée sur Netflix depuis juin.
Récompensée par un prix de
la meilleure comédie au festival
Séries Mania 2019, cette comédie
dramatique suit les tribulations
de Carolanne, Ada et Fabiola,
un attachant trio d’amies issues
d’un milieu défavorisé et unies
par une passion commune pour
la chanson. Loin du misérabilisme
ou de la caricature, la pauvreté,
les relations toxiques ou le racisme
sont abordés via un humour
décoiffant. Langage hyper-cru
garanti… et sous-titres bienvenus
pour les oreilles non initiées !
La deuxième saison, déjà sur la
plateforme web de Télé-Québec,
arrivera sur Netflix à l’automne.

J’ACHÈTE
ICI
Le salut qui fâche Une couleur pour magasiner local
Anodine pour les touristes, la formule L’objectif de Panier bleu, une association
bilingue « Bonjour-Hi » utilisée pour née durant la crise du Covid-19 et financée par
saluer les clients dans les commerces le gouvernement du Québec : soutenir
fait souvent grincer des dents au l’économie québécoise en encourageant l’achat
Québec, car symptôme, pour certains, local. La plateforme en ligne regroupe
de l’anglicisation de la ville. plus de 20 000 commerces de toutes les régions
A l’automne 2019, Simon de la province. Alimentation, arts et culture,
Jolin-Barrette, alors ministre hébergement, santé et beauté, mode et vêtements,
responsable de la langue sports et loisirs : il y en a pour tous les goûts et
française (il est désormais besoins. Un projet similaire a vu le jour au printemps
t avec :
En partenaria

à la Justice), avait évoqué son pour favoriser la lecture d’ouvrages québécois

SOLIDAIRE
intention de légiférer pour et aider les acteurs
l’interdire. Le but : renforcer de l’édition, des auteurs
la loi 101 qui fait du français jusqu’aux libraires, avec
la langue officielle du Québec le mot-clic (hashtag au Québec) #jelisbleu
et faire en sorte que celle-ci sur Facebook et Instagram. lepanierbleu.ca
devienne la seule langue
d’accueil dans les commerces
et dans les services publics.
Le ministre avait cité des
données de l’Office québécois
de la langue française
indiquant que l’accueil en
français à Montréal était
passé de 84 % en 2010 à 75 %
en 2017. Un vif débat sur
les réseaux sociaux plus tard,
le Premier ministre François
Legault a rectifié le tir :
aucune loi ou mesure
coercitive ne sera adoptée,
mais les commerces seront
sensibilisés sur le sujet.

L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada

 PAR ISABELLE GRÉGOIRE
Acerum, l’alcool d’érable
100 % québécois
« Les Écossais ont le scotch, les Français
le cognac, les Mexicains le mezcal, les
Américains le bourbon. Les Québécois
ont maintenant l’acerum. » C’est ainsi que
se présente le dernier-né des produits de
l’érable sur le site de l’Union des distilla-
teurs de spiritueux d’érable. L’acerum tire
son nom des mots acer, « érable » en latin,
et rum, « rhum » en anglais : s’il est réa-
lisé à base de sucre d’érable plutôt que de
canne, sa fermentation et sa distillation
similaire sont similaires à celles du rhum.
Disponible en brun (ambré) ou blanc,
titrant chacun à 40 degrés, il est distribué
dans les succursales de la Société des
alcools du Québec. acerum.ca
TALENT
Le réseau express électrique sur les rails
Le Réseau express métropolitain (REM) s’apprête à
révolutionner la façon de se déplacer dans la grande région
de Montréal. Ce nouveau mode de transport de type métro
léger (lire page 96) comptera 26 stations sur 67 kilomètres
(contre 71 pour le métro actuel), ce qui en fait le plus grand
projet de transport collectif au Québec depuis cinquante ans.
Les premiers départs sont prévus en 2021 entre la rive sud de
Montréal et la gare centrale, au centre-ville. Le reste du réseau
sera mis en service en 2022-2023. Le REM sera totalement
électrique et automatisé, et roulera vingt heures par jour. Il
permettra de rallier l’aéroport international Trudeau en environ
vingt-cinq minutes depuis le centre-ville, un progrès indéniable
par rapport au seul transfert en bus actuellement proposé.
91
“Ténèbre” : un premier livre
sombre et éblouissant
Encensé au Québec comme en France, ce roman
d’aventures nous plonge dans l’histoire de
la colonisation du Congo, à l’époque du roi belge
Léopold II, à la fin du XIXe siècle. Il s’agit du tout
premier opus de Paul Kawczak, 33 ans, un Français
né à Besançon, établi au Québec depuis 2011.
Titulaire d’un doctorat en lettres de l’université
du Québec à Chicoutimi, il y est désormais chargé de
cours, tout en étant éditeur à la Peuplade, une maison
d’édition locale réputée. Mêlant violence, érotisme
et magie, Ténèbre (La Peuplade, 2020) a reçu
en juin le prix des lecteurs de L’Express/BFM TV.
Les notes de cœur
d’Alexandra Stréliski
A 35 ans, cette pianiste et compositrice
connaît un succès phénoménal grâce à ses
notes aussi émouvantes que bienfaisantes.
Ses œuvres néoclassiques ont accompagné
des films hollywoodiens – Dallas Buyers
Club, du Québécois Jean-Marc Vallée (2013) –,
SDP, NETFLIX, BELSEB8@GMAIL.COM, ÉDTIONS LA PEUPLADE
mais aussi des spectacles de cirque et
des séries comme Big Little Lies (2017). En
2019, la jeune femme a obtenu le prix Félix
de la révélation de l’année et celui de
la compositrice de l’année avec son deuxième
album Inscape (2018), qui a cumulé plus
de 80 millions d’écoutes à travers la planète.
Chez les Stréliski, le talent semble être
une affaire de famille : Alexandra est la fille
du publicitaire d’origine française Jean-
Jacques Stréliski, bien connu au Québec, et
la sœur cadette de l’humoriste Léa Stréliski.
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 Vivre, travailler, étudier, entreprendre
Accueillante Acadie
Les régions acadiennes de l’Est du Canada, une terre d’accueil francophone
pour immigrants en quête d’une nouvelle vie.
Destination Acadie
Berceau de l’Acadie, le Canada atlantique
(Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Île-
du-Prince-Édouard et Terre-Neuve et Labra-
vivreenacadie.ca dor) est un joyau naturel. On y retrouve des
côtes spectaculaires, des forêts et rivières
sauvages et de nombreux parcs nationaux.
Dans cet environnement intact se côtoient
villages, petites villes et centres urbains à
taille humaine.
Tout en continuant à honorer son histoire,
l’Acadie est bien ancrée dans la mo-
dernité et vit en français avec ses
accents propres et sa « parlure »
bien particulière.
https://vivreenacadie.ca/
VivreenAcadie.ca
Photos @ISociété Nationale de l’Acadie
S’installer en Acadie
L’Acadie accueille avec plaisir les nouveaux
arrivants qui choisissent de vivre en français
en Amérique du Nord. Ils deviennent alors
des Acadiennes et des Acadiens de cœur
ou d’adoption. Le Nouveau-Brunswick est
la seule province canadienne officiellement
bilingue. Un tiers de sa population (239 000
personnes) y affiche fièrement sa franco-
phonie. Dans les trois autres provinces de
l’Atlantique, les communautés acadiennes
sont moins nombreuses, mais tout aussi
dynamiques.
Étudier en Acadie
Grâce à ses écoles, l’Acadie offre une édu-
cation en français au primaire et au secon-
daire sur tout son territoire. Deux universités
complètent cette panoplie : celle de Moncton
au Nouveau-Brunswick avec ses 4500 étu-
diants et l’université Sainte-Anne en Nou-
velle-Écosse, plus petite, qui accueille 550
étudiants choyés dans cinq campus dissé-
minés dans la province.
Les Acadiens sont les descen-
dants lointains des premiers
colons français du Nouveau
Monde qui s’installent dans
la baie de Fundy à partir de
1604. Déportés par les troupes
britanniques lors du Grand
dérangement de 1755, ils
se dispersent ensuite dans
toute l’Amérique du Nord ou
sont contraints de revenir en
Europe. Une grande partie ne
survit pas au voyage.
 PubliS EBDUJPOOFM

Travailler en Acadie

L’économie s’appuie sur les bases tradition-

nelles que sont la pêche, l’exploitation de
ses forêts et d’autres matières premières ou
encore le tourisme. Mais elle se diversifie ra-
La diaspora acadienne pidement pour se tourner vers des domaines
compterait plus de 3 de pointe comme l’industrie aérospatiale,
millions de personnes dans
l’environnement et les technologies de l’in-
le monde. Près de 300 000
formation et des communications.
Acadiens vivent dans les
provinces canadiennes de Il y a des emplois à pourvoir dans l’ensei-
l’Atlantique. gnement, l’éducation à la petite enfance,
les soins infirmiers et aux personnes âgées
et le commerce de détail.
L’Acadie est également à la recherche d’en-
trepreneurs pour reprendre des compagnies
existantes ou en créer de nouvelles.
L’Acadie en fête
La fête nationale de l’Acadie se déroule tous
les 15 août. À cette occasion, des Tinta-
marres, grandes fêtes de rue bruyantes, sont
organisés. Une occasion pour les Acadiens et
Acadiennes de faire entendre leur voix !
Grand rendez-vous culturel international, de-
puis 1994 le Congrès mondial acadien a lieu
lui tous les 5 ans. Le 7e Congrès se tiendra en
2024 en Nouvelle-Écosse dans la région des
municipalités de Clare et d’Argyle.

Parole d’immigrant(e)s francophones

Florian Euzen, 31 ans, est arrivé au Canada avec un PVT et a décidé de rester. Il est installé à Moncton
au Nouveau-Brunswick depuis mai 2017.
« J’ai découvert qu’au Canada, la francophonie ne s’arrêtait pas au Québec et que c’était une richesse pour
l’ensemble du pays. Dans mon travail et mes loisirs, j’ai eu la chance de tisser rapidement des liens très
forts avec les Acadiens ».

Yoan Rousseau, 37 ans, immigre au Canada en 2013 et vit aujourd’hui à Charlottetown, capitale de
l’Île-du-Prince-Édouard.
« Ce qui m’a séduit, c’est la qualité de vie, la sécurité, la gentillesse de la population de l’île. En tant que
Breton, j’en aime le climat marin frais et les chaleurs de l’été tout en appréciant l’hiver qui fait partie de ce
que l’on vient chercher au Canada”.

Caroline Fortune, 28 ans, a découvert le Canada en 2016 en choisissant la province de Terre-Neuve-et-

Labrador.
“Les Terre-neuviens sont vraiment très accueillants, ils font en sorte que l’on se sente bien dans notre
nouvelle vie tout de suite. Aujourd’hui, il y a un regain d’intérêt de la population pour la francophonie et un
réel dynamisme des jeunes francophones qui sont fiers de leurs racines”.

Céline Tacnière, 39 ans, installée au Canada depuis 2005 et vivant dans la capitale de la Nouvelle-Écosse
depuis 8 ans.
“Ce que j’aime d’Halifax, c’est sa proximité avec l’océan, je suis à 25 minutes de la plage, c’est une belle
ville, paisible et avec de nombreux espaces verts, mais qui est hélas encore méconnue en Europe”.
 94

Travailler Etudier
96 Jean-Louis Servranckx 120 Etudier en français,
(Aecon) : “Seul vivre en anglais
le résultat compte,
122 Boîte à outils
on privilégie
l’efficacité et l’agilité”
98 Un lent retour
Vivre
à la normale
124 A Sudbury, le français
100 L’emploi par province en partage
104 Toronto, nouvelle 128 Ottawa,
Mecque de la tech la force tranquille
106 L’art de manager 132 Le tremplin du bénévolat
sans excès d’autorité
Le pont de la Paix à Calgary 134 Le hockey,
(Alberta). Cette passerelle piétonne 108 Grand Nord, l’aventure XXL une passion nationale
au-dessus de la rivière Bow 114 Le sport pour passeport 136 Canadorama
a été dessinée par l'architecte
espagnol Santiago Calatrava. 118 Boîte à outils 138 Cartes postales

L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada

 JEWHYTE/ISTOCK PHOTO/GETTY

L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada

 96 L’ A U T R E C A N A D A T R AVA I L L E R
“Seul le résultat compte,
on privilégie l’efficacité et l’agilité”
Après plus de trente ans de carrière au sein de groupes de BTP français,
ce dirigeant spécialiste des infrastructures a traversé l’Atlantique
pour devenir PDG d’Aecon, le leader canadien du secteur. Un pari osé.
L’Express Voilà deux ans, à 57 ans, vous
avez quitté Eiffage pour prendre la
présidence du groupe canadien Aecon.
Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?
Jean-Louis Servranckx J’ai effectué
toute ma carrière dans les infrastruc-
tures, les deux tiers du temps à l’interna-
tional : j’ai été expatrié en Indonésie, en
Inde, en Colombie, en Afrique de l’Est…
Je connaissais depuis dix ans John Beck,
le fondateur d’Aecon, qui a décidé d’or-
ganiser sa succession, et je m’entendais
très bien avec lui. Son groupe arrivait à
un moment charnière, il devait changer
d’échelle, grandir et équilibrer son
portefeuille d’activités. De mon côté,
j’avais besoin d’un dernier combat avant
de raccrocher les gants ! Le processus de
sélection a été assez rapide. Je suis parti
très vite à Toronto, avec deux valises, en
septembre 2018. J’étais déjà venu au
Canada en tant que touriste, mais aussi
dans un cadre professionnel, puisque
Eiffage avait acquis une société ici en
2014. De ce point de vue, c’est un pays
extraordinaire, très « business friendly »,
qui offre un juste milieu entre l’Europe
et les Etats-Unis.
Qu’entendez-vous par là ?
Les relations de travail sont très directes.
On se dit les choses franchement et
ensuite on cherche des solutions, car ne
pas en trouver coûte de l’argent. Il y a ce
souci constant de mettre en place des
solutions rapides, pragmatiques et équi-
librées. Cela signifie beaucoup de négo-
ciations et très peu de contentieux. Par
ailleurs, les diplômes n’ont aucune
importance – je ne connais pas ceux de
mes principaux collaborateurs – et les
états de service passés très peu : ce qui
compte, c’est ce que vous êtes et comment
vous agissez. Les écoles, les costumes, la
cravate, tout cela n’existe pas ! C’est assez
L’EXPRESS S’INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
JEAN-LOUIS SERVRANCKX
libérateur… Vous pouvez Aecon gouvernement québécois avait décidé de
venir en jean et bottes de en chiffres suspendre toutes les activités durant six
lézard au bureau, cela semaines, et un autre chantier isolé, orga-
ne choquera personne. nisé en camp, celui du Site C, dans le nord
Leader
Seul le résultat compte : canadien de de la Colombie-Britannique. Le Canada
ici, on privilégie l’effi- la conception, a parfaitement géré cette crise, avec le
construction
cacité et l’agilité. Il n’y a et concession
double système du palier fédéral pour les
pas de hiérarchie inutile d’infrastructures. grandes orientations et du palier provin-
et le dirigeant met les 3,5 milliards cial pour les décisions de terrain. Les
mains dans le cambouis : de dollars autorités ont bénéficié de l’expérience de
« Hands on ! » canadiens l’Europe, touchée avant nous. N’oubliez
de chiffre
d’affaires. pas non plus que le Canada est un pays
Qu’est-ce qui vous a le démesurément grand, riche, généreux,
7 milliards
plus surpris ? de dollars et peu peuplé : il compte moins d’habi-
Soit vous mangez des canadiens tants que la Californie ! Ses finances
en carnet de
pommes de terre au petit- commandes. publiques sont saines et il dispose de
déjeuner, soit vous pas- marges de manœuvre importantes pour
Principaux
sez pour un rigolo ! Plus chantiers en
absorber une crise comme celle-là.
sérieusement, les habi- cours : REM à
tudes de repas sont très Montréal, Site C Vous restez donc confiant dans la
(aménagement
différentes. Le repas du hydroélectrique, dynamique économique ?
midi est très léger, il est Colombie- Tout à fait. Environ un demi-million
pris en quelques minutes Britannique), d’immigrants arrivent chaque année au
pipelines
à sa table de travail. C’est Transmountain Canada. C’est à la fois un souhait et une
mieux pour la producti- (Alberta) et nécessité qui fait consensus. Pour assu-
Coastal Gas
vité, moins pour la convi- Link (Colombie-
rer la croissance du pays compte tenu de
vialité : pour que les Britannique), sa taille, le niveau optimal de la popu-
personnels ne soient pas réhabilitation lation serait de 50 à 60 millions d’habi-
du parc
seuls devant leur ordina- nucléaire tants : nous sommes actuellement
teur avec leur boîte en (Ontario). 38 millions. Toutes ces personnes qui
plastique, j’ai développé 10 000 s’installent sur le territoire ont besoin
des espaces où l’on peut employés. d’eau potable, d’énergie, de systèmes de
par tager s on lunch, transport : en matière d’infrastructures,
même rapidement. En tout cas , fini les les perspectives sont immenses. D’autant
déjeuners d’affaires. Je fais des petits- qu’il faut en permanence réhabiliter des
déjeuners, c’est plus efficace… et je routes, des ponts, des barrages, à cause
mange des pommes de terre ! des conditions climatiques extrêmes.
Votre activité a-t-elle souffert de la crise Votre secteur recrute-t-il ?
du Covid-19 ? Oui, j’embauche ! Il suffit d’aller voir sur
Les infrastructures ont été considérées notre site web, l’onglet carrières. Pour ce
comme un service essentiel, donc nous qui est des personnels d’exécution, la
n’avons presque rien arrêté, sauf un baisse d’activité dans le pétrole et le gaz
chantier à Montréal – celui du futur métro a ramené beaucoup d’ouvriers vers les
automatique (REM, lire page 90) – car le infrastructures. Ils sont directement
 L’ A U T R E C A N A D A T R AVA I L L E R
Jean-Louis Servranckx devant
la CN Tower de Toronto, la plus
haute structure autoportante
du monde occidental… en partie
réalisée par Aecon.
employés par leurs syndicats corporatifs
(par métier, NDLR) qui se chargent de
tout : le recrutement, la formation, la
protection sociale. Nous travaillons d’ail-
leurs en étroite relation avec ces syndi-
cats pour planifier les besoins à moyen
terme. De mon côté, j’ai sans cesse besoin
de recruter des personnels pour l’enca-
drement et les fonctions support : depuis
deux ans, il ne s’est pas passé une jour-
née sans que je me penche sur ce sujet.
Chez Aecon, nous avons même quelques
personnes chargées d’accompagner l’ar-
rivée et l’installation de nouveaux sala-
riés venus de l’étranger. Bien sûr, nous
cherchons d’abord des talents au
Canada, mais quand on ne trouve pas, on
recrute en Australie, en Espagne ou en
France. Le Canada est attractif et si vous
disposez d’un contrat de travail, c’est
assez facile d’obtenir le visa. Mais atten-
tion, on ne s’expatrie pas ici comme en
Afrique, il n’y a pas d’assistanat.
Vous voulez dire que c’est à chacun de
faire l’effort de s’intégrer ?
Parfaitement. Il faut accepter de fonc-
tionner avec d’autres règles. Tout en
sachant qu’il existe un principe fonda-
mental : la diversité et l’inclusion. Le
“Vous pouvez venir
en jean et bottes de
lézard au bureau, cela
ne choquera personne.”
Canada est un pays d’immigration, une
nation en construction, où chacun doit
trouver sa place sans discrimination. A
Toronto comme à Vancouver, cette diver-
sité est visible dans la société. En tant que
dirigeant, c’est mon devoir de participer
à cette inclusion et de faire qu’on la
retrouve dans l’entreprise.
Quel conseil donneriez-vous à un
Français qui souhaiterait venir tra-
vailler ici ?
Il faut avoir en tête un élément clé du
pays : la distance. On travaille « coast to
coast », de l’Atlantique au Pacifique. Or,
aller de Toronto à Vancouver prend
autant de temps que le voyage de Toronto
à Paris. Les conférences téléphoniques
sont donc particulièrement développées.
L’EXPRESS S’INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
97
MARK SCHILDROTH
Il est essentiel de parler couramment
l’anglais, même si vous visez le Québec.
Car en réunion téléphonique avec plu-
sieurs interlocuteurs dans différents
endroits du pays, vous êtes vite perdu si
vous ne maîtrisez pas la langue. Il faut
également tenir compte des différences
d’approche selon les provinces.
Vous évoquiez plus haut l’hiver et ses
conséquences sur les infrastructures.
Comment vous y êtes-vous adapté à
titre personnel ?
On apprend vite à faire la différence entre
les températures réelles et les tempéra-
tures ressenties, une notion qui n’existe
pas en France. Le vent qui vient du Nord
peut être terriblement froid ! Mais il est
assez facile de se protéger, les équipe-
ments existent et finalement l’hiver ne
dure que deux à trois mois. Ce qui met du
temps à arriver, c’est le dégel et le prin-
temps. De mars à mai, la période est
pénible, on peut encore avoir de la neige
dans les rues. Ensuite, on profite de très
beaux étés. Les saisons sont plus contras-
tées, et ce n’est pas désagréable : c’est
aussi ce qui donne du piquant à la vie !
PROPOS RECUEILLIS
PAR VALÉRIE LION
 98 L’ A U T R E C A N A D A T R AVA I L L E R

donc été évité. Il faut dire que, dès le début

de la pandémie, les autorités fédérales
et provinciales ont fait feu de tout bois
pour aider entreprises et salariés, en
mettant en place des plans de soutien
massifs : plus de 200 milliards de dollars
canadiens injectés en subventions et en
CREATIVE TOUCH IMAGING LTD/NURPHOTO/AFP

crédits d’impôts. De même, la Banque

centrale a baissé ses taux d’intérêt à plu-
sieurs reprises. Autant d’actions visant
à renforcer la résilience de l’économie.

L’ombre des Etats-Unis

Reste que « l’endettement des ménages,
L‘un des nombreux magasins les tensions entre le Canada et la Chine,
de Toronto contraints à la fermeture avec l’affaire Huawei, et la “déglobalisa-
définitive après quatre mois
tion”, alors que le Canada a largement
de confinement dû au coronavirus.
bénéficié de la mondialisation, sont
autant de sources d’inquiétude », sou-

Un lent retour ligne Sébastien Lavoie. Et de freins à la

reprise. Selon les analystes de TD, à ces
éléments s’ajoutent « le manque d’inves-

à la normale
tissements des entreprises, la baisse des
cours du brut et les incertitudes sur l’im-
migration ». Ainsi, préviennent-ils, « tout
attrait moindre du pays aux yeux des
immigrants fait peser un risque sur la
Si le coup d’arrêt dû à la pandémie a été brutal, croissance canadienne à long terme ».
L’économie est déjà très exposée. Elle
la croissance devrait prendre son temps avant dépend en majeure partie de l’activité
américaine, loin d’être florissante actuel-
de repartir à la hausse. Selon les experts, il faudra lement, et des matières premières
au moins deux ans pour résorber la crise. – pétrole, mais aussi denrées agricoles et
minerais. Or la chute de la demande
mondiale a précipité les cours du brut
PAR IRÈNE FRAT
vers des niveaux historiquement bas. Et
la remontée est encore poussive. Quant
aux cours de certains produits agricoles,
ils reculent également, de même que

U
ne reprise en V, aussi rapide
que l’a été la chute ? En U,
avec une traversée du
désert plus longue ? Ou
pis, en L, avec une longue
récession ? « En fait, toutes ces lettres s’ap-
pliquent, soulignaient les experts de la
banque Toronto Dominion (TD) dans
leurs prévisions de juin 2020. Tout
dépend du secteur. » L’industrie, qui
représente 60 % du PIB canadien, devrait,
par exemple, suivre le modèle en U. « Et
plus la récession durera, plus elle entra-
vera la reprise à venir », avertit Sébastien
Lavoie, économiste en chef de la Banque
Laurentienne. Le retour à une croissance
soutenue et normale dans le pays n’est
donc pas forcément pour demain, mais
plutôt pour après-demain, soit en 2021.
Les économistes divergent quelque peu
L‘EXPRESS S‘INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
sur l’ampleur de la contraction du PIB
cette année : la Banque centrale annonce
un recul de 7,8 %, Sébastien Lavoie mise
sur un repli de 6,5 % et les analystes de TD,
de 6,1 %. Mais tous semblent optimistes
pour l’an prochain et prévoient une crois-
sance de l’ordre de 5 % en 2021.
« En partant de si bas, c’est peu », tem-
père l’économiste en chef de la Banque
Laurentienne. L’économie aurait ainsi
touché le fond en avril 2020 (avec une
chute de 15 %), avant de commencer à
repartir. Les créations d’emploi reprennent
depuis mai. En juillet, le gain net aura été
de près de 420 000 postes. Et le taux de
chômage, de 13,7 % au printemps, a déjà
reflué à 10,9 % cet été. Les spécialistes de
l’agence de notation S & P estiment qu’il
atteindra 8,5 % à la fin de cette année et
6,8 % en décembre 2021… Le pire aurait
ceux des minerais, à l’exception notable
de l’or. Tout cela alors que les exporta-
tions canadiennes s’étaient déjà essouf-
flées à la fin 2019.
Quant à l’endettement des ménages,
largement dû à l’envol des prix du loge-
ment ces dernières années, il inquiète les
autorités depuis de longs mois. La bulle
immobilière est en partie nourrie par la
demande émanant des nouveaux arri-
vants. Les candidats à l’expatriation vont-
ils choisir le Canada dans les mois qui
viennent ? Tout dépend si l’activité redé-
marre en fanfare… ou pas. Or la reprise
pourrait être ni en V, ni en U, ni en L,
tranche Sébastien Lavoie, « mais plutôt
prendre la forme, un peu timide, du
“swoosh” de Nike ». Au pays de la feuille
d’érable, l’ombre du géant américain
plane toujours sur l’économie. 
 Communiqué

À
TFS - L’école internationale du
Canada, les journées se suivent
mais ne se ressemblent pas. Au-
delà des heures de cours traditionnels,
la communauté pédagogique de l’étab-
lissement, force de propositions, est
libre de laisser sa créativité s’exprimer
en contribuant quotidiennement à des
projets aussi variés que passionnants.
Notre école étant toujours à la recher-
che de profils diversifiés et internation-
aux, ce quotidien enrichissant peut de-
venir le vôtre. L’originalité du programme
et les conditions avantageuses offertes
au personnel enseignant et administra-
tif font de TFS un cadre de travail idéal
pour les professionnels de l’éducation
souhaitant s’investir dans un projet éd-
ucatif fondé sur des valeurs humanistes
et civiques, dans un environnement véri-
tablement international.
À TFS, le monde
vous tend les bras
aux enseignants d’étendre leurs hori-
zons pédagogiques, et ceux-ci, par la
pluralité de leurs parcours, enrichissent
en retour l’apprentissage des élèves.
TFS est une école prônant le plurilin-
guisme où les profils francophones sont
particulièrement valorisés. Reconnue
depuis 1984 par l’État français, cette
homologation facilite la transition des
enseignants français, qui peuvent con-
server leur statut de fonctionnaire de la
fonction publique par le biais de détache-
ments ou de mises en disponibilité.
Des conditions de travail
exceptionnelles dans la ville la
plus cosmopolite d’Amérique
Consciente de l’importance de culti-
ver les talents, TFS investit toute l’an-
née pour favoriser l’épanouissement
qui caractérise TFS facilite la tenue
d’un dialogue professionnel fructueux.
Enfin, notre département des ressou-
rces humaines assure un accompag-
nement administratif complet auprès
des nouveaux arrivants et leurs fa-
milles, ce qui apporte une tranquillité
d’esprit appréciable avant le départ,
explique Benoît Didier, professeur
d’histoire-géographie qui a fait ses
débuts à TFS en 2019. Il ajoute que
« l’accompagnement a également été
très bon » : l’établissement et son curric-
ulum ont été présentés aux enseignants
bien avant la rentrée, facilitant con-
sidérablement la transition. Par ailleurs,
précise-t-il, « l’école garantit des condi-
tions matérielles exceptionnelles qui
nous permettent de nous concentrer,
sans blocage technique ou administrat-
if, sur l’essentiel : la pédagogie ».

Une école française d’esprit

canadien et vocation
internationale

Fondée en 1962 et pionnière de l’im-

mersion bilingue du Canada, TFS est
une école indépendante accueillant des
élèves à partir de l’âge de deux ans et
jusqu’à la terminale, avec des campus
à Toronto et à Mississauga. Notre étab-
lissement se donne pour mission de
développer des citoyens plurilingues et
doués d’esprit critique, qui valorisent
les différences, dépassent les frontières
et se consacrent à la poursuite du bien
commun. En mettant l’accent sur l’en-
gagement civique, en faisant de la ri-
gueur intellectuelle l’un de nos piliers,
notre histoire et notre vision s’inscrivent
résolument dans la tradition éducative
française.

Toutefois, en associant aux curricula

de la France et de l’Ontario l’approche
du Baccalauréat international, TFS par-
vient à combiner le meilleur des sys-
tèmes français et canadien. « C’est le
syncrétisme de ces apprentissages qui
fait notre singularité », résume Khalid
El-Metaal, chef d’établissement adjoint
pour l’enseignement et l’apprentissage.
Cette perspective internationale permet
professionnel aussi bien que person-
nel de son remarquable personnel.
Située au coeur de la région de Toron-
to, l’école bénéficie d’infrastructures
et d’un cadre naturel extraordinaires
qui participent du bien-être général de
notre communauté, tandis que l’en-
vironnement de travail bienveillant
Conclusion
En rejoignant notre école, vous bénéfic-
ierez d’une expérience incroyablement
stimulante, à la hauteur de vos ambi-
tions. À TFS, les possibilités sont à l’im-
age de votre potentiel : infinies.
TFS - L’école internationale du Canada
www.tfs.ca | +1 416-484-6533
 100 L’ A U T R E C A N A D A T R AVA I L L E R

L’emploi par province PAR IRÈNE FRAT

Canada YUKON
NUNAVUT

Taux TERRITOIRES
de croissance DU NORD-OUEST
• 2020 - 6,1 %
(PIB réel)
• 2021 +  5,2 %
COLOMBIE-
Taux BRITANNIQUE
de chômage
• 2020 10 %
• 2021 7,6 %
Prévisions TD
au 17 juin 2020. ALBERTA
MANITOBA

La Colombie-Britannique,
une résilience à toute épreuve SASKATCHEWAN ONTARIO

L
a province fait partie de celles qui ont le mieux
résisté à la crise sanitaire, grâce à une bonne
gestion de l’épidémie. Les travaux qui se pour-
suivent sur des projets d’envergure, tels que l’oléoduc
La diversification fait ses preuves
TransMountain, le barrage Site C et le complexe de dans les Prairies
liquéfaction de gaz naturel LNG Canada, offrent en

outre des espoirs supplémentaires pour une bonne
reprise. Quant aux ventes de produits manufacturiers,
elles ont certes baissé, mais dans des proportions
moindres que dans d’autres provinces. Le marché de
l’immobilier, lui, a bien résisté.
Colombie- Cela dit, le secteur du tourisme, sur
Britannique lequel s’appuie largement la Colombie-
Britannique, est évidemment très fra-
gilisé. Reste aussi une forte dépendance
Taux
de croissance au commerce, en particulier avec l’Asie,
• 2020 : - 5,6% qui pourrait retarder la reprise, et aux
(PIB réel)
• 2021 : +  5,4 % exportations de matières premières,
dont les cours se sont dépréciés. Mais la
Taux
de chômage province a un atout : sa bonne santé
• 2020 : 9 % budgétaire, qui lui a déjà offert une belle
• 2021 : 6,6 %
marge de manœuvre pour soutenir
Prévisions TD
au 17 juin 2020. l’activité. En attendant, le marché de
l’emploi souffre de la pénurie de main-
d’œuvre qualifiée et devrait rester contraint, surtout
si l’immigration faiblit.Pour l’an prochain, les écono-
mistes de TD tablent sur un taux de chômage de 6,6 %,
contre 9 % pour l’année 2020. La consommation, elle,
pourrait repartir sur la deuxième moitié de l’année, de
même que les exportations. En 2021, la Colombie-Bri-
tannique devrait donc faire partie du peloton de tête
des provinces en matière de croissance.
L’EXPRESS S’INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
L
’Alberta était à peine sortie de la crise de 2015-2016 Prairies
qu’elle en subit une nouvelle, dans le sillage de
l’effondrement des cours du pétrole. Consé-
quences : une baisse des investissements dans le secteur Taux
de croissance
et une augmentation du taux de chômage (12,2 % cette 2020 (PIB réel)
année, selon les prévisions de TD). Deux indicateurs Saskatchewan
- 6,2 %
laissent toutefois entrevoir une reprise : la lente remon-
• 2021 : + 4,7 %
tée des cours du brut et une moindre dépendance aux Manitoba
activités d’extraction des ressources naturelles. Celles-ci - 3,6 %
• 2021 : + 3 %
contribuent aujourd’hui à 16 % de la richesse de la pro- Alberta  - 7,9 %
vince contre près de 30 % en 2006. • 2021 : + 5,7 %
L’économie de la Saskatchewan voisine, plus diver- Taux de
sifiée, s’en sort mieux. Contrairement au pétrole, l’agroa- chômage 2020
limentaire et la potasse, les deux autres industries phares Saskatchewan  
9,3 %
de la province, ont été relativement épargnées par la • 2021 : 7,5 %
Manitoba 
récession. Les exportations de ces secteurs devraient
8,4 %
repartir et servir d’amortisseurs à la crise pétrolière. • 2021 : 6,7 %
Quant à l’économie du Manitoba, encore plus diver- Alberta  12,2 %
sifiée, elle a fait preuve d’une belle résistance ces derniers • 2021 : 9,6 %
Prévisions TD
mois. D’ailleurs, le taux de chômage ne devrait être « que » au 17 juin 2020.
de 8,4 % cette année, et de 6,7 % en 2021. Les dépenses de
consommation, de même que les constructions non résidentielles, ont
certes baissé, mais en moindre proportion qu’ailleurs. Et l’agroalimen-
taire devrait tirer l’activité vers le haut dans les mois qui viennent. La
province, qui s’appuie sur le commerce avec l’Alberta et la Saskatchewan,
sera toutefois exposée aux faiblesses de ses voisines… 
 L’ A U T R E C A N A D A T R AVA I L L E R 101

Grand Nord
L’or et le diamant, valeurs refuges du Grand Nord

L
e Yukon devrait profiter d’une augmentation de qui lui donne une solide assise, le taux de chômage y
Taux de
croissance
la production d’or des mines Eagle Gold et Minto restera plus élevé, car les emplois spécialisés sont prin-
2020 (PIB réel) pour accroître ses exportations. De quoi, égale- cipalement occupés par des non-résidents.
• Yukon + 9 % ment, dynamiser l’emploi (l’industrie minière est le Quant aux Territoires du Nord-Ouest (TNO), ils
• TNO - 3,3 %
• Nunavut premier employeur privé du territoire), la consomma- pourraient rencontrer davantage de difficultés à l’ave-
+ 6,1 % tion et le logement, en particulier à Whitehorse, avec nir, la production de diamants ayant atteint son pic : deux
Taux de l’arrivée de nouveaux travailleurs. En revanche, l’acti- des trois principales mines devraient fermer dans les dix
chômage 2020 vité touristique a été pénalisée par la crise sanitaire. ans qui viennent. Et selon les experts, l’extraction de zinc
• Yukon 5,7 % Si le Nunavut partage certaines caractéristiques et de cobalt, entre autres, ne sera pas de nature à rempla-
• TNO 13,5 %
• Nunavut avec le Yukon, grâce en particulier au secteur minier cer le diamant comme moteur de l’économie.
18,9 %
Territorial

Les infrastructures, planches de

Snapshot,
Conference Board of
Canada (juin 2020).
TERRE-NEUVE-
ET-LABRADOR
salut des provinces atlantiques

D
ans les provinces atlantiques – Nouvelle-Ecosse et Ile-
du-Prince-Edouard (IPE) notamment – la croissance
de la population dynamisait la consommation et la
construction de logements. Les experts s’attendent désor-
QUÉBEC mais à une baisse des arrivées de nature à retarder la reprise,
surtout en Nouvelle-Ecosse. D’autant qu’avant même la crise
sanitaire, l’économie ralentissait déjà dans
IPE Provinces
cette province… Sa dépendance envers la atlantiques
NOUVEAU- Chine en matière d’exportations, ajoutée au
BRUNSWICK NOUVELLE- poids du tourisme, la rendent vulnérable. Mais
ÉCOSSE
La finance les autorités ont décidé en mai de dégager un
budget de 200 millions de dollars pour répa- de croissance
Taux

2020 (PIB réel)

à la rescousse en Ontario rer des routes, des ponts, des hôpitaux et des Nouvelle-Écosse
écoles. Soit quelque 200 projets qui pourraient - 4,4 %
• 2021 : + 3,4 %

L
’Ontario fait partie des provinces qui ont le plus souffert
de la pandémie, notamment du fait des problèmes d’ap-
provisionnement subis par l’industrie manufacturière,
en particulier l’automobile. Avant même la crise sanitaire, l’éco-
nomie de la province s’essoufflait déjà, sur fond de fermeture
de l’usine General Motors d’Oshawa et de blocages dans les
transports ferroviaires (en raison de mouvements de protesta-
tion autochtones). Dommage : l’activité avait enregistré une
belle progression à la fin de l’an dernier. Autres
Ontario
points noirs : l’endettement des ménages, élevé,
et la confiance des consommateurs, fragilisée.
Sans oublier le marché de l’immobilier, l’un des
Taux
plus affectés à travers le pays. Associé à une faible de croissance
croissance de la population, ce phénomène • 2020 : - 6,2 %
(PIB réel)
devrait contribuer à largement calmer les prix, • 2021  Terre-Neuve devrait enregistrer une forte
: + 5,1 %
voire les transactions…
Taux
Pas de pessimisme excessif, cependant. Cer- de chômage
tains facteurs pourraient sortir l’économie de • 2020 : 9,6 %
l’ornière dans les mois à venir. A commencer par • 2021 : 7,3 %
Prévisions TD
les plans de soutien, provincial comme fédéral, au 17 juin 2020.
qui ont amorti le choc. De même, si la construction
de logements, et les créations d’emplois qui vont avec, faiblissent,
la finance, elle, semble avoir été épargnée. Elle pourrait prendre
le relais en matière d’embauches. Enfin, il suffirait que l’écono-
mie américaine retrouve des couleurs pour que, parallèlement
à la reprise des activités dans l’automobile, en cours depuis mai
dernier, la situation s’améliore dans la deuxième partie de
l’année, estiment les économistes de TD.  la consommation, donc soutenir la croissance.
créer 2 000 emplois dans les mois à venir. Nouveau-
De son côté, le Nouveau-Brunswick aura Brunswick
affiché l’un des plus faibles reculs de PIB du - 3,7 %
• 2021 : + 3 %
pays cette année (– 3,7 % , selon les experts de Terre-Neuve
TD). La catastrophe sur le marché de l’emploi - 8,9 %
a donc été évitée et le marché de l’immobilier • 2021 : + 3,5 %
IPE - 3,4 %
s’est assez bien tenu. Les exportations ont tou- • 2021 : + 2,5 %
tefois perdu du terrain, une mauvaise nou-
Taux de
velle pour une province qui compte beaucoup chômage 2020
sur le pétrole et les ressources minières… Nouvelle-Écosse
11 %
L’économie locale a en outre souffert de la fer- • 2021  : 9,2 %
meture de la fonderie de Belledune, fin 2019. Nouveau-
Mais, là encore, les investissements publics Brunswick
10,4 %
pourraient contribuer à tirer l’activité. • 2021 : 9,1 %
Terre-Neuve
baisse de son PIB en 2020 (– 8,9 %), car si la 14,8 %
• 2021 : 13,8 %
hausse de la production du champ pétrolier IPE 10,9 %
de Hebron avait réussi à redonner des couleurs • 2021 : 9,8 %
à la croissance l’an dernier, la chute des cours Prévisions TD
au 17 juin 2020.
du brut la plombe cette année.
Enfin, sur l’Ile-du-Prince-Edouard, l’économie, bien
orientée depuis 2016, mais très dépendante du tourisme,
pourrait aussi souffrir. D’autant que la récession dans les pro-
vinces voisines pénalisera le commerce inter-régional. Seuls
les investissements prévus par la province dans les infrastruc-
tures (construction d’enceintes sportives pour les Jeux d’hi-
ver du Canada en 2023) pourraient sauver l’emploi, stimuler
 
L’EXPRESS S’INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
 Immigration francophone
Le bon choix de la Nouvelle-Écosse
Faisant partie du Canada atlantique, la province de la Nouvelle-Écosse dispose de nombreux atouts
pour séduire les immigrants de langue française à commencer par l’accueil de ses résidents.
Osez la Nouvelle-Écosse
S’établir en Nouvelle-Écosse, c’est choisir une qua-
lité de vie unique dans un lieu choyé par la nature.
Les forêts y sont nombreuses et l’on n’est jamais
à plus d’une heure de la côte ! La province compte
parmi les plus beaux paysages marins du Canada
avec le célèbre Cabot trail et les charmants villages
de pêcheurs à l’image de Peggy’s Cove ou du Vieux-
Lunenburg classé au patrimoine de l’UNESCO. La
Nouvelle-Écosse a quatre saisons distinctes, le
climat sous influence océanique est chaud en été
et plus doux en hiver que dans beaucoup d’autres
régions du Canada. Halifax, capitale et port im-
portant du pays, est une ville vibrante où il fait
bon vivre, pratiquer des activités de plein air et
déguster des fruits de mer locaux dans un de ses
multiples restaurants.
La province en chiffres
• Une population d’environ 980 000 personnes pour une
superficie d’un dixième de la France (55 200 km2)
• 2 options d’éducation publiques gratuites, une franco-
phone et une anglophone
• 21 écoles publiques francophones qui offrent une éduca-
tion en français du primaire au secondaire
• 10 universités et un réseau de 13 campus de collèges
communautaires
• 126 parcs provinciaux et 70 réserves naturelles
• 5 heures de décalage horaire avec la France
Grâce à la petite taille de la province, les possibilités
d’explorations sont nombreuses toute l’année.
Bienvenue en Acadie
C’est en Nouvelle-Écosse qu’est née l’Acadie
lorsque les premiers colons français se sont ins-
tallés en 1604 dans la baie de Fundy. Les Acadiens
d’aujourd’hui et l’ensemble des francophones sont
établis à travers onze régions réparties dans la
province et un grand nombre d’entre eux vivent à
Halifax. Parmi ces communautés, on compte celle
d’Argyle sur la côte sud où les Acadiens ont été les
rares à retourner dans leur territoire d’origine après
le Grand Dérangement*, celle de Clare avec la seule
université francophone de la province, l’Université
Sainte-Anne et, sur l’île du Cap-Breton et celle de
Chéticamp, probablement la plus isolée avec celle
de l’Isle Madame où le français est la langue la plus
fréquemment utilisée.
Francophones recherchés
La province compte plus de 30 000 franco-
phones et ils y sont les bienvenus. De nombreux
organismes facilitent l’accueil des immigrants de
langue française. C’est le cas d’Immigration Fran-
cophone Nouvelle-Écosse qui propose des ser-
vices d’intégration avant et après arrivée. En plus
d’offrir une éducation post secondaire, le pro-
gramme Formation et Expérience de travail pour
immigrants francophones, dispensé par l’Univer-
sité Sainte-Anne, présente le même type d’appui
incluant des cours de mise à niveau d’anglais. La
maîtrise de l’anglais reste en effet incontournable
Photos : Dean Casavechia ; DR ; Megan Hirons Mahon
 Publi-rédactionnel

David Sévette arrivé

de France ; vit à
Halifax depuis 2012
« La Nouvelle-Écosse
est l’endroit parfait
pour les amateurs
de vraie nature,
de camping et de
randonnées. Avec ma
dans la province officiellement anglophone. Enfin, le
conjointe, Française
Conseil de développement économique de la Nou-
elle aussi, nous
velle-Écosse (CDÉNÉ) dédié à l’avancement de la apprécions notre
communauté acadienne et francophone de la Nou- nouvelle vie à Halifax
velle-Écosse, constitue un partenaire de premier plan ville ni trop grande
pour les nouveaux-arrivants, qu’ils soient employés ni trop petite et où
Les soins de santé,
ou entrepreneurs. nous pouvons nous un facteur important
déplacer facilement
Une économie diversifiée en vélo huit mois Les résidents permanents au Canada et certains
par an. Nous travailleurs temporaires ont droit à un système
et en croissance aimons l’ambiance de santé. En Nouvelle-Écosse, le régime Medical
L’économie de la province est diversifiée grâce à une détendue qui y Services Insurance (MSI) offre un accès gratuit aux
large variété d’industries et d’entreprises. Sa capitale règne et profitons examens médicaux (généralistes et spécialistes),
de ses nombreux à certains services de médecine dentaire et opto-
Halifax se situe au confluent des grands centres d’af-
cafés, restaurants et métrique et aux traitements donnés en cliniques
faires que sont Montréal et Toronto, mais aussi New
microbrasseries ». externes ou internes. Certaines entreprises pro-
York et Boston. Le besoin en main-d’œuvre qualifiée
se manifeste dans de multiples secteurs tels que la posent également un régime complémentaire qui
finance et l’informatique en passant par la santé et rembourse les soins non couverts par le MSI. On
l’éducation. Pour les entrepreneurs, les occasions de trouve des hôpitaux et des centres de santé dans
business sont nombreuses, l’innovation et l’esprit toutes les régions de la province et l’on peut y
d’entreprise sont fortement encouragés. demander un service en français.

* désigne la déportation massive à partir des années 1750 des

Comment immigrer Acadiens d’Amérique du Nord, à la veille de la prise de possession
par les Britanniques des territoires de la Nouvelle-France.
en Nouvelle-Écosse
Le Programme des candidats de la province offre
une voie d’immigration pour les aspirants qui ont de
l’expérience comme travailleurs qualifiés, ont reçu
une offre d’emploi ou qui travaillent dans un secteur
en demande. Il propose également des options aux
étudiants étrangers, ainsi qu’un volet à l’intention Pour s’installer en Nouvelle-Écosse
des entrepreneurs.
Le Programme pilote d’immigration au Canada at- 902-424-5230
lantique permet quant à lui aux employeurs d’em- www.immigrationnouvelleecosse.com
baucher des immigrants pour occuper des postes
qu’ils n’ont pu pourvoir localement. @NSImmigration
 104 L’ A U T R E C A N A D A T R AVA I L L E R
Symbole de modernité, l’hôtel de ville
de Toronto, avec ses tours en croissant,
est devenu l’emblème de la cité.
Toronto, nouvelle
Mecque de la tech
La mégalopole ontarienne connaît un essor
technologique fulgurant. Start-up, universités
et géants du numérique s’y côtoient au sein
d’un écosystème bouillonnant… et méconnu.
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL KEVIN DENIAU
N
jara Zafimehy s’en sou­
vient comme si c’était
hier. Le 24 juillet 2013,
à l’aérop or t inter­
na tional Pearson de
Toronto, la douanière
lui remet ses papiers d’immigration et
lui lance : « Bienvenue au Canada, j’es­
père que vous vous plairez chez nous. »
« J’étais avec les enfants et les valises,
sourit­il. Comment ne pas tomber amou­
reux de ce pays ? » L’entrepreneur français
n’avait pourtant pas imaginé qu’il tra­
verserait un jour l’Atlantique en famille.
Mais le rachat de sa start­up, ScrOOn, par
Blackberry, ancienne pépite canadienne
de la téléphonie mobile, a modifié tous
ses projets. « A aucun moment je n’aurais
pensé au Canada pour la technologie, et
encore moins à Toronto, avoue­t­il. Mais
j’ai vite compris que j’étais passé à côté du
sujet. » Il n’est pas le seul.
« A Paris, on ne parle que de New York
ou de San Francisco. Et j’ai été surpris du
dynamisme en arrivant ici en 2018 », ren­
chérit Fayssal Majid, conseiller export et
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
référent tech en Amérique du Nord chez
Business France. « On pense au Canada
pour les montagnes, le sirop d’érable,
les caribous ou le cannabis. Sans se dou­
ter que c’est aussi un pays pour faire des
affaires », regrette Toby Lennox, qui a
dirigé durant trois ans Toronto Global,
l’organisme de promotion économique
de la métropole.
La capitale ontarienne, quatrième
plus grande ville nord­américaine avec
près de 3 millions d’habitants (6,3 mil­
lions pour la région métropolitaine), tra­
ditionnelle plateforme de la finance
canadienne, est aussi en train de devenir
un haut lieu de la tech mondiale. Selon
une étude du groupe immobilier améri­
cain CBRE, Toronto compte près de
230 000 emplois technologiques recen­
sés en 2018 et connaît la plus forte crois­
sance du continent en matière de création
d’emplois sur ce secteur : + 54 % pour les
cinq dernières années. Soit quasiment
autant que dans la baie de San Francisco,
référence de la tech. Les géants du numé­
rique y multiplient les investissements.
Microsoft s’apprête à y créer 500 emplois
en plus des 2 300 existants, et à emména­
ger dans un siège social flambant neuf.
Google, malgré l’abandon de son projet
de ville intelligente, prévoit de faire de
même d’ici à 2022. En 2019, Netflix a
ouvert un centre de production et Uber
un centre de recherche, lequel s’est ajouté
à ceux de LG, Samsung, Amazon ou
encore Intel. Tout un symbole : la confé­
rence technologique mondiale Collision,
qui réunit chaque année 30 000 partici­
pants, a quitté en 2018 ses quartiers origi­
nels de La Nouvelle­ Orléans pour
rejoindre les rives du lac Ontario.
Les raisons de cet essor ? « La diversité
est déjà un facteur­clé, suggère Sébastien
Gendron, fondateur français de l’entre­
prise de transport TransPod, installé ici
en 2012. Parmi nos 20 salariés, nous
comptons un Vénézuélien, un Trinida­
dien, un Chinois et un Suédois. C’est un
vrai melting­pot ! » Avec plus de la moitié
de sa population née hors du Canada,
170 langues parlées et plus de 16 commu­
nautés de plus de 50 000 personnes, la
ville est souvent décrite comme parmi les
plus cosmopolites du monde.
Dans l’économie de
la matière grise, Toronto
est un formidable
réservoir de cerveaux.
Une caractéristique qui n’est pas près de
s’estomper, compte tenu de la politique
d’immigration accommodante du gou­
vernement canadien. « L’élection de
Donald Trump a accéléré le mouvement
vers Toronto », confirme Sébastien Gen­
dron. Autres atouts de la Ville Reine : des
avantages fiscaux pour les entreprises qui
investissent en recherche et développe­
ment, et des salaires et des loyers plus
attractifs pour ces dernières que ceux des
grandes villes américaines.« Pour instal­
ler son entreprise à New York ou à San
Francisco, il faut compter de 1 à 1,5 mil­
STEVEN KRIEMADIS/ISTOCK
lion de dollars pour la première année. Ici,
c’est de trois à quatre fois moins », illustre
Fayssal Majid. « Ce développement récent
est tout sauf un accident », affirme Toby
Lennox, qui rappelle que Toronto était la
seule ville non américaine à figurer parmi
 L’ A U T R E C A N A D A T R AVA I L L E R
Au cœur d’Engineering 7, le tout récent bâtiment de l’université de Waterloo, RoboHub est un centre de recherche de pointe
en robotique. A droite, Njara Zafimehy (premier plan, à gauche) dans les locaux de WhatRocks, l’entreprise qu’il dirige.
les dernières prétendantes pour accueillir
le deuxième siège social d’Amazon (fina­
lement dévolu à Washington).
Dans cette économie de la matière
grise, la force de Toronto réside aussi, et
surtout, dans la qualité de ses universités
et, par extension, de son bassin d’étu­
diants. Geoffrey Hinton, l’un des pion­
niers de l’apprentissage profond (deep
learning) et de l’intelligence artificielle,
avec le Montréalais Yoshua Bengio et le
Français Yann Le Cun, enseigne d’ailleurs
à l’université de Toronto. Pour prendre la
mesure de ce réservoir de cerveaux, il suf­
fit de suivre les 112 kilomètres du « Cor­
ridor » : l’axe Toronto­Kitchener­Waterloo
se définit comme le deuxième plus grand
foyer tech en Amérique du Nord, après la
Silicon Valley. Il rassemble 5 200 start­up,
15 000 entreprises technologiques et
16 universités et collèges.
Une philosophie entrepreneuriale
L’université de Waterloo, considérée par
certains comme le « MIT canadien », en
référence à la célèbre institution améri­
caine, « produit, assure Fayssal Majid, les
meilleurs ingénieurs du Canada ». Ce
vaste campus boisé de plus d’une cen­
taine de bâtiments réunit six facultés qui
accueillent 41 000 étudiants, dont les
deux tiers en ingénierie et en mathéma­
tiques. Inaugurée en 2018, Engineering 7
est déjà la « nouvelle maison des ingé­
nieurs », selon Stefanie Bruinsma, res­
ponsable de l’engagement des industriels.
Pour l’anecdote, le lieu a été en grande
SDP, TRANSPOD
partie financé grâce au gouvernement
fédéral et à un don de 25 millions de dol­
lars d’un ancien élève. Un lumineux
atrium donne accès à des salles de classe
et à des espaces de travail dotés de tech­
nologies dernier cri. « Tout est connecté.
Jusqu’aux fontaines à eau qui ont des
capteurs », commente Lina Zaghdoudi,
25 ans, originaire de Strasbourg. Etu­
diante en ingénierie de la santé, elle a
débarqué ici en février 2020, dans le cadre
d’un partenariat avec l’université de tech­
nologie de Compiègne. La modernité du
lieu l’a impressionnée, mais pas autant
que l’organisation du travail. « Quand je
suis arrivée, on m’a donné un bureau et
on m’a laissée totalement autonome. En
France, il fallait respecter des horaires de
présence bien précis », explique­t­elle.
« Il existe ici une philosophie entre­
preneuriale forte », ajoute Maud Gordet,
professeure associée, venue de France en
2001 pour finir son doctorat. En témoigne
le système des « co­op », pour « éducation
coopérative » : chaque étudiant ingénieur
effectue successivement quatre mois en
entreprise, puis quatre à l’université. Les
étudiants peuvent aussi conserver inté­
gralement la propriété intellectuelle de
leurs innovations. De quoi expliquer la
LE LABEL FRENCH TECH S’IMPLANTE À TORONTO
L
a French Tech Toronto « compte
déjà trois boîtes géniales,
Commut dans le covoiturage,
WhatRocks Foundation au carrefour de
la blockchain et de la “tech for good”,
et Transpod qui révolutionne les
transports avec Hyperloop », se sont
félicités Estelle Chen et Romain le
Merlus, coprésidents, lors de l’attribution
de ce label à la communauté des
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
105
présence de nombreuses entreprises aux
alentours du campus… « Voilà dix ans, tu
devais émigrer dans la Silicon Valley
après tes études. Aujourd’hui, tu peux
trouver ici des défis et un travail tout aussi
excitants », témoigne Jason Goldlist,
cofondateur de TechToronto, la plus
grande communauté tech de la ville, avec
plus de 50 000 membres. Lui est jus­
tement revenu à Toronto en 2013 pour
fonder une famille, après avoir passé
quatre années à Seattle.
Aujourd’hui à la tête de WhatRocks
Foundation (lire encadré), qu’il a créée en
2018, Njara Zafimehy s’évertue à faire
connaître outre­Atlantique cet écosys­
tème torontois. En 2019, les French Foun­
ders Conferences, qu’il organisait pour
rassembler les forces vives « françaises,
francophones et francophiles » de la ville,
ont réuni 300 participants. Dès le lende­
main, il entamait les démarches pour
obtenir des autorités françaises la label­
lisation French Tech. Mission accomplie
le 17 juin dernier. Le travail d’« évangéli­
sation », pour reprendre un vocable
start­up, ne fait que commencer. 
entrepreneurs français de Toronto,
le 17 juin dernier. Une communauté
qui a déjà montré son agilité : elle
a créé un portail des talents pour offrir
une solution de rebond aux employés
des membres de la France Canada
Chamber of Commerce Ontario
(FCCCO) ayant perdu leur emploi du
fait de la pandémie de Covid-19.
recruitment.fccco.org
 106 L’ A U T R E C A N A D A T R AVA I L L E R
L’art de manager
sans excès d’autorité
Oubliez la “French Touch”. Pour fédérer
une équipe au Canada, et retenir les meilleurs,
mieux vaut intégrer les règles du jeu locales.
PAR IRÈNE FRAT
APLANIR LA HIÉRARCHIE
1
« Le Canada est la société du “non-
conflit” et du politiquement cor-
rect », déclare d’emblée Fabienne
Chaber, qui gère, avec son époux,
le restaurant The Truffle House (six sala-
riés), ouvert en juin 2011 à Vancouver. Et
si, dans une brigade en cuisine, l’autorité
est nécessaire, en abuser serait une grave
erreur. Face aux équipes, mieux vaut éviter
de se prévaloir à tout bout de champ d’un
« je suis le patron » ou de jouer les « je sais
tout »… Hiérarchie plate et égalité avant
tout ! « C’est la première erreur que com-
mettent les Français, ne pas avoir en tête
cet aspect culturel très présent », estime
Sébastien Gendron, qui gère une ving-
taine de collaborateurs de toutes nationa-
lités au sein de la société Transpod, lancée
à Toronto en 2015 avec le Canadien Ryan
Janzen. « Ce qui ne signifie absolument
pas qu’il faille faire copain-copain ou
montrer ses faiblesses », prévient quand
même Fabienne Chaber… « Pour être res-
pecté, résume la restauratrice, il suffit de
démontrer son professionnalisme. »
PRIVILÉGIER
LA BIENVEILLANCE
2
Dans leurs échanges avec leurs
équipes, les Français ont souvent
tendance à confondre l’être et le
faire : ils peuvent ainsi dire « tu
es nul » au lieu de parler de la seule per-
formance professionnelle. Au Canada,
une telle attitude est inconcevable. « On
est bien plus soft. Parfois au point de
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
féliciter tout le monde ! » sourit Sébas-
tien Gendron. La règle est de traiter ses
salariés avec respect et bienveillance.
« C’est un management que je qualifie-
rais de maternel, tant les valeurs fémi-
nines sont prépondérantes, enchaîne
Fabienne Chaber. Les gens sont très sen-
sibles. Ils peuvent même se mettre à pleu-
rer en cas de remarque trop brusque – ou
démissionner sur-le-champ ! »
Montrer, de façon factuelle, l’écart
entre l’objectif fixé et la performance
réalisée est la clé du succès managé-
rial. Sans oublier le référentiel séman-
tique, qu’il faut également apprendre.
Ainsi, l’expression « good job » a plutôt
Sébastien Gendron
(premier en partant de
la gauche), fondateur
de Transpod, dans
ses bureaux à Toronto.
tendance à signifier que la performance
est… moyenne. Une belle performance,
elle, est « awesome ». « Je n’étais pas
très emphatique, avoue Sébastien Gen-
dron, et j’ai dû m’adapter. Cela m’a pris
un peu de temps. » Même expérience du
côté de Fabienne Chaber. « Un an d’ap-
prentissage, reconnaît-elle. Avec beau-
coup d’erreurs et un turnover en cuisine
impressionnant ! »
PRATIQUER LE CONSENSUS
3
Compte tenu de l’horizontalité de
la hiérarchie et du respect dû aux
collaborateurs, les membres d’une
équipe s’attendent à ce que les
managers sollicitent leur avis. Pas ques-
tion, donc, d’arriver avec un projet tout
ficelé. Chacun peut avoir une idée. Ce que
confirme Glen Whyte, professeur spécia-
lisé dans les organisations et le compor-
tement à l’école de commerce Rotman de
l’université de Toronto. « Le manager qui
réussit n’est pas celui qui trouve les solu-
tions aux problèmes, explique-t-il, mais
celui qui met en place les processus pour
les trouver. » Conséquence : « Sans doute
faut-il consacrer plus de temps au dia-
logue, de même qu’il faut savoir déchiffrer
le langage corporel. Si un collaborateur
baisse la tête ou croise les bras, c’est signe
qu’il n’est pas d’accord », précise Sébastien
Gendron. Reste qu’une fois le consensus
dégagé, il faut bien trancher. Les Français
sont alors bien placés, car ils ont l’habi-
tude de ne pas tergiverser, « là où un Cana-
dien prendra peut-être un peu plus de
temps », souligne le chef d’entreprise.
SDP
 L’ A U T R E C A N A D A T R AVA I L L E R
OUBLIER
LE PRÉSENTÉISME
4
Les trente-cinq heures ? Les cinq
semaines de vacances ? Il n’existe
rien de tel au Canada ! Du fait de
cette différence en matière de
droit du travail, les salariés canadiens,
qui doivent au moins quarante heures par
semaine à leur employeur et n’ont, dans la
plupart des provinces, que deux semaines
de vacances après un an de présence dans
l’entreprise (trois semaines après six ans),
ramassent leur journée pour être plus effi-
caces : ils limitent au maximum la pause
déjeuner, afin de pouvoir partir à 17 heures.
C’est vrai pour les équipes comme pour les
managers. « L’équilibre vie profession-
nelle / vie personnelle est ici très impor-
tant », souligne Sébastien Gendron. Autant
dire que le présentéisme n’est pas bien vu.
Le manager devra ainsi se conformer aux
règles, sans demander à un salarié de rester
plus tard que prévu, ni lui envoyer de SMS
en dehors des heures de travail.
PENSER MULTICULTUREL
5
Si le premier conseil de Fabienne
Chaber pour un manager français
qui débarque est de « parler cor-
rectement l’anglais », elle recom-
mande aussi de « prendre en compte
l’origine du collaborateur, dans une
société multiculturelle par excellence ».
Ce multiculturalisme a deux facettes :
les cultures, nombreuses, issues de
l’immigration, mais aussi les spécifici-
tés propres à chaque province. Ainsi, à
Vancouver, « qui fusionne état d’esprit
asiatique et californien, en raison de la
prédominance de la tech », selon le pro-
fesseur Whyte, « inviter un collaborateur à
déjeuner pour mieux le connaître est dans
l’ordre des choses, car c’est la tradition
asiatique. Cela prouve que le manager est
intéressé par la culture de l’autre », pré-
cise Rita Benkhalti, responsable de North
Horizon Immigration Consulting Inc. De
leur côté, « les provinces maritimes sont
sans doute davantage marquées par un
107
fonctionnement d’origine britannique,
plus formel et hiérarchique », relève Glen
Whyte. En revanche, à Calgary (Alberta),
que Sébastien Gendron connaît bien pour
y avoir des relations d’affaires, « le parler
est plus franc, moins soft, sans doute en
raison d’une culture locale de “cow-boy”,
façon Texas. »
BANNIR LE SEXISME
6
Enfin, dernier conseil de Glen
Whyte : adopter un comporte-
ment adéquat avec les femmes.
Pas question de faire preuve de
sexisme, ni en paroles ni en actes. En
outre, « les entreprises canadiennes sont
de moins en moins enclines à tolérer des
relations amoureuses au sein du per-
sonnel, et encore moins lorsqu’il s’agit
d’une relation entre un manager et un
membre de son équipe ». Si c’est le cas,
il faut au moins en informer la direction.
Dans le cas contraire, le manager pourrait
être licencié…
 108 L’ A U T R E C A N A D A T R AVA I L L E R

Grand Nord,
l’aventure XXL
Malgré des conditions climatiques
extrêmes, les Territoires du Nord-Ouest
et leur capitale, Yellowknife, offrent
aux audacieux une expérience de vie unique
et de réelles occasions de travail.
TEXTE ET PHOTOS DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL PHILIPPE RENAULT

P
ar le hublot du bimoteur à
En balade au palais
hélices Dash 8, la ville sur- de glace, avec ses
git soudain au milieu d’un sculptures de neige.
paysage de lacs aux eaux
gelées et de forêts aux
arbres rabougris. Aux mai-
sons sagement alignées les unes à côté des
autres se colle un petit centre, constitué
de quelques immeubles. La cité, recou-
verte d’une couche de neige, semble figée Adeline Vette, coordonnatrice
dans le froid que l’on devine intense au vu
de projets, et Jean-Christophe
des fumées blanches qui émanent des
logements et des voitures. L’avion se pose Tonson, électricien
tranquillement et les passagers sortent
« à l’ancienne », directement sur le tar-
mac, immédiatement saisis par l’air glacé.
“Malgré les prix
Il fait – 26 °C en ce début mars. Dans le élevés de certains
petit hall de l’aéroport, un immense ours
polaire empaillé trône près du carrousel aliments, on
qui délivre les bagages. Nous voilà arrivés
à Yellowknife, à 512 kilomètres au sud du s’en sort mieux
cercle arctique, dans la capitale des
Territoires du Nord-Ouest (TNO), une
qu’en France.”
région nordique du Canada qui s’étend anglophones. Ici, les francophones sont (TNO, Yukon et Nunavut) ont connu une
sur 1,346 million de kilomètres carrés, soit appelés les Franco-Ténois. On en dénom- importante augmentation (+ 58 %) entre
plus de deux fois la surface de la France. brait 1 350 au dernier recensement, soit 2001 et 2016.
Sur cette vaste étendue essentielle- environ 3 % de la population totale. C’est Depuis son arrivée en 2007, Maxence
ment composée de lacs et de toundra peu, mais le nombre de personnes qui Jaillet, originaire de la région de Grenoble
vivent 45 000 personnes, dont la moi- peuvent s’exprimer en français a plus et rédacteur en chef de L’Aquilon, hebdo-
tié d’autochtones. Yellowknife, ville que triplé depuis les années 1950. Et le madaire franco-ténois, a été témoin du
d’immigrants qui regroupe plus d’une mouvement ne semble pas près de s’ar- renforcement des services et des
centaine de nationalités, compte à elle rêter : les communautés francophones infrastructures en français : « Beaucoup
seule 20 000 habitants, en majorité des trois territoires nordiques du Canada d’organismes se sont développés et sont
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 L’ A U T R E C A N A D A T R AVA I L L E R
Légende
devenus des employeurs de choix pour
des immigrants francophones. C’est une
excellente porte d’entrée et plus qu’hier,
il y a dans les Territoires des emplois avec
de bons salaires », assure-t-il.
En 2019, la ville de Yellowknife a été
choisie comme communauté franco-
phone accueillante, une initiative du gou-
vernement fédéral visant à faciliter le
soutien aux immigrants d’expression
française au Canada. Cela a permis de
regrouper sous un même toit, au Dia-
mond Plaza Building, tous les services
d’aide aux nouveaux arrivants, qu’ils
soient anglophones ou francophones. Si
ceux-ci sont d’abord en quête de grands
espaces et motivés par un goût certain de
l’aventure, le niveau des salaires et les
avantages fiscaux (prime nordique et
déductions diverses, taxe fédérale sur les
biens et services de 5 % uniquement)
exercent aussi leur pouvoir d’attraction,
estime François Afane, directeur du
Conseil de développement économique
Lever de soleil sur
Yellowknife, un matin
d’hiver. La température
est de - 40 °C.
des Territoires du Nord-Ouest. Adeline
Vette et Jean-Christophe Tonson, voya-
geurs dans l’âme, se sont tournés vers le
Canada en 2014, après avoir chacun
décroché un PVT. Direction l’ouest du
pays, « pour la beauté des paysages mon-
tagneux et la langue anglaise, dans
laquelle nous voulions nous améliorer »,
explique Adeline. Après quelques mois
à Vancouver, ils achètent un van et
mettent le cap sur le Nord et le Yukon.
En route, ils décident de modifier leur
trajet et de faire un détour par Yellow-
knife. Jean-Christophe souhaite assou-
vir son rêve de pêcher dans le grand lac
des Esclaves, le neuvième au monde en
superficie et le plus profond d’Amérique
du Nord (614 mètres). Venu pour quelques
semaines, le jeune couple reste finale-
ment trois ans, pendant lesquels chacun
enchaîne les emplois de travailleur de
ferme ou de gardien de maison. On leur
confie même pour un an une des fameuses
maisons-bateaux posées au large de la
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109
capitale ! Electricien, Jean-Christophe n’a
pas de difficulté à obtenir des contrats
avec les entreprises locales. En 2017, deve-
nus parents, ils décident de revenir dans
l’Hexagone. Un retour éprouvant : « Le
niveau des salaires et les conditions de
travail n’étaient pas terribles, les trajets
épuisants… Nous avions du mal à nous
remettre dans la vie française, raconte
Adeline. Nous avions le blues et regret-
tions notre parenthèse canadienne. Nous
avions attrapé ce que certains appellent
le “mal du Nord”. »
Grâce à ses contacts à Yellowknife,
Adeline décroche à distance un poste à la
Fédération franco-ténoise, placée sous
l’égide du Programme mobilité franco-
phone (lire page 24), et le couple reprend
le chemin du Canada début 2020. Après
quelques coups de fil, Jean-Christophe
retrouve aisément un job chez un de ses
anciens employeurs. Pour son budget
familial, Adeline explique que « malgré le
coût du logement et les prix élevés de cer-
tains aliments, on s’en sort mieux qu’en
France ». Cette vie dans une aggloméra-
tion moyenne perdue au milieu de la
nature leur convient : « Si, au départ, nous
n’avons pas trouvé la ville particulière-
ment jolie, l’accueil chaleureux de ses
habitants nous a tout de suite séduits. Le
fait de rapidement connaître beaucoup
de gens, surtout dans la communauté
francophone, nous offre des opportuni-
tés pour le travail, mais aussi pour les
loisirs : il n’est pas rare qu’on se prête un
bateau ou une motoneige, la société est
très conviviale. »
Le Nord dans la peau
La soif de découverte, Didier Bourgois l’a
éprouvée… en 1982, ce qui fait probable-
ment de ce sexagénaire l’un des vétérans
français de Yellowknife. Vivant au Canada
depuis 1977, il se rappelle très bien son
arrivée. Alors âgé d’une vingtaine d’an-
nées, il réparait des voitures dans un
garage de Toronto. Mais, le soir, il rêvait
de grands espaces et de vie sauvage en
lisant le célèbre roman Trapping is My Life
de John Tetso, l’histoire d’un trappeur
dans les Territoires du Nord-Ouest.
En septembre 1982, il quitte la capitale
de l’Ontario et son environnement urbain
pour débarquer à Yellowknife, après
5 000 kilomètres sur des routes « atroces
à l’époque ». Il se rend à l’agence locale
pour l’emploi et après une semaine se voit
proposer un travail pas ordinaire : il sera
 110 L’ A U T R E C A N A D A T R AVA I L L E R
chef d’un camp de réhabilitation pour
jeunes délinquants autochtones, situé en
pleine nature… Il y passe trois années
magnifiques avant l’arrêt du programme.
La piqûre a fonctionné et le Nord lui est
entré dans la peau.
Didier Bourgois reprend des études en
charpenterie-menuiserie pour bâtir sa
propre maison, se marie, a deux filles et,
finalement, lance en 2001 la première
entreprise d’inspection en bâtiments de
Yellowknife. Trente-huit ans après son
arrivée, il raconte le Grand Nord avec la
même intensité, la voix pleine de passion :
le chalet aménagé au bord d’un lac qu’il a
lui-même choisi, les parties de chasse au
bœuf musqué et au caribou à plus de
500 kilomètres en motoneige de la capi-
tale… « Où pourrais-je faire ça ailleurs ? Je
profite d’une liberté et d’une indépen-
dance uniques tout en me sentant moins
isolé que sur un trottoir à Paris grâce aux
personnes qui m’entourent. »
Un budget fuel ou propane
Aux immigrants tentés par les territoires
nordiques Didier Bourgois donne ce
conseil : « Venez ! Ici, tout ce dont vous
rêvez est encore possible ! » Il met cepen-
dant en garde les gens mal préparés à cette
nouvelle vie : « Evitez de vous installer au
cœur de l’hiver, saison creuse au niveau
de l’emploi, et prévoyez un budget fuel ou
gaz propane important parce qu’il faut
chauffer les maisons huit mois par an ! »
La capitale des Territoires du Nord-Ouest est aussi la seule ville de la province…
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Le principal
diplôme
de Mélissa Séris :
son « amour
des animaux ».
Mélissa Séris, aide-vétérinaire
“Les employeurs sont moins regardants
sur les études et font confiance à
l’expérience et à la volonté de travailler.”
Mélissa Séris et son conjoint Romain
Thabuis, eux aussi, ont été happés par les
territoires nordiques, mais pour y assou-
vir une autre passion : celles des chiens
de traîneau. Un amour né dans les Alpes,
où ils travaillaient tous deux comme sai-
sonniers. Après un séjour en Suède dans
une entreprise de mushing, ils décident
de poursuivre l’aventure dans le Grand
Nord canadien : on peut y pratiquer le
traîneau à chiens presque huit mois dans
l’année. Ils ont emmené dans leur bagage
deux huskies Alaskan, mais très vite ils
constituent sur place une meute de huit
chiens… plus un labrador, pour la maison.
Titulaire d’un BTS en audiovisuel,
Mélissa a occupé un poste de réception-
niste avant de travailler comme aide-
vétérinaire, avec pour tout diplôme « son
amour des animaux ». Romain lui, brasse
de la bière dans la microbrasserie locale,
un emploi décroché car il avait déclaré sur
son CV un job saisonnier chez un viticul-
teur suisse ! « Les employeurs, souvent en
manque de main-d’œuvre, sont moins
regardants sur les études et font confiance
à l’expérience et à la volonté de travail-
ler », relève Mélissa. Le couple a obtenu
en 2020 sa résidence permanente dans le
cadre d’Entrée express et du Programme
des travailleurs qualifiés. Il envisage
maintenant de se rendre au Yukon, le
paradis des sports en chien de traîneau,
et peut-être d’y créer sa propre compagnie
de mushing. Le rêve : dénicher une mai-
son pas trop éloignée de la ville, en forêt.
La forêt, Olivier Duret, un autre
globe-trotter, la connaît bien puisqu’il y
vit depuis plusieurs années, quasiment
en ermite. D’emblée, cet ancien Parisien

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sonnalisés en fonction du lieu d’immigra-
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Publi-rŽdactionnel
© DR
Le nombre d’immigrants francophones est en hausse à l’extérieur
du Québec. En 2019, 8470 nouveaux résidents permanents
d’expression française se sont établis dans les communautés
francophones en situation minoritaire du Canada.
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Maroc ainsi que dans les bureaux satellites accompagner jusqu’à leur arrivée.
mobiles à travers les pays francophones
d’Afrique et d’Europe. • Une équipe multiculturelle et dynamique
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axés sur l’emploi au Canada ainsi que des vée au Canada (hors Québec).
foires virtuelles permettant de réseauter.
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• Des formations en ligne (pré-foire) pour Forum Mobilité, événement annuel orga-
être mieux outillé dans les démarches de nisé par le gouvernement du Canada à
recherche de travail et d’insertion socio- Paris et à Bruxelles.
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 112 L’ A U T R E C A N A D A T R AVA I L L E R
plante le décor : « On ne choisit pas où on
naît. Moi, dès 14 ans, je voulais me rappro-
cher de la nature sauvage et découvrir la
culture traditionnelle des autochtones
d’Amérique du Nord. » Il doit toutefois
attendre sa majorité pour partir à l’aven-
ture. Il atterrit à Edmonton, en Alberta,
puis se rend à Yellowknife et sur la côte
arctique, en terre inuit. Après plusieurs
allers-retours avec la France et quelques
années de vie à Yellowknife, il réalise
enfin son souhait de s’installer dans les
bois, loin de tout. En 2012, il y construit
une cabane en rondins de 25 mètres car-
rés qui, mis à part ses panneaux solaires,
ne diffère en rien de celles du XIXe siècle.
Son « camp », situé sur une île à 75 kilo-
mètres du petit village de Lutselk’e, une
communauté des Premières Nations
Déné Chipewyan, et à 250 kilomètres de
Yellowknife, est accessible uniquement
par avion, bateau ou motoneige. Une exis-
tence solitaire au milieu des loups, des
carcajous (gloutons) et des caribous.
Olivier gagne sa vie grâce à la pêche :
il fait sécher le poisson lui-même, selon
la méthode traditionnelle, et va le vendre
dans les communautés autochtones ou
dans la capitale. Son « camp » s’est récem-
ment agrandi de deux cabanes, car il
accueille des « woofers », des volontaires
un brin écolos venus du monde entier
pour lui donner un coup de main dans son
travail de pêcheur commercial. « Après de
nombreuses années passées à étudier et
à regretter la disparition progressive de la
culture autochtone du Nord, j’avais hâte
de partager cette expérience et mon
savoir-faire », explique ce véritable « Grey
Owl » du XXIe siècle. Grey Owl (« Chouette
Grise ») était le nom d’emprunt de l’écri-
vain d’origine anglaise Archibald Bela-
ney, qui s’était inventé une identité
amérindienne dans les années 1930 pour
défendre les modes de vie autochtones.
Une ville de passage
Au-delà des forêts, les mines représentent
l’activité économique principale dans les
Territoires du Nord-Ouest, même si les
plus gros employeurs restent les gouver-
nements (fédéral et local), avec des postes
dans les différentes administrations, les
écoles, la police et l’armée. Dernière ville
du Nord accessible par la route, Yellow-
knife est née en 1939 après la découverte
dans le sol de pépites du fameux métal
jaune. A la fin des années 1990, la fièvre
du diamant a succédé à la ruée vers l’or.
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
Olivier Duret
vit sur une île
à 250 kilomètres
de Yellowknife.
Olivier Duret, pêcheur
“Dès l’âge de
14 ans, je voulais
découvrir la culture
traditionnelle
des autochtones
d’Amérique
du Nord.”
Grâce aux Territoires du Nord-Ouest, le
Canada est devenu le troisième produc-
teur de diamants au monde. De fin
décembre à fin mars, une route de glace
mène aux trois mines situées à 300 kilo-
mètres au nord-est de la capitale. Le reste
du temps, il faut s’y rendre en avion…
C’est là que travaille Jason Bouderlique,
soudeur en chaudronnerie. Lui et sa
conjointe Chloé Fiet, diplômée en tou-
risme, ont été attirés par l’ouest du
Canada durant leur PVT. Le boom des
sables bitumineux les conduit d’abord en
Alberta, à Edmonton, où ils resteront un
an et demi. En 2015, durant la crise du
pétrole, Jason se retrouve sans emploi. Le
couple prend la direction de Yellowknife
et de ses prospères mines de diamants.
« En moyenne, un soudeur gagne entre
110 000 et 140 000 dollars canadiens par
an dans les mines », explique Jason. Il
travaillait au départ en rotation 2/2, soit
deux semaines de labeur à raison de
douze heures par jour, puis deux semaines
SDP
de repos. Il a choisi aujourd’hui de toucher
un salaire réduit de moitié pour ne plus
aller à la mine qu’une semaine sur
quatre. Ce temps retrouvé lui permet de
construire la maison-bateau dont il rêve.
Le couple se sent bien à Yellowknife.
« L’environnement est agréable, avec
beaucoup d’espace pour respirer,
explique Chloé. C’est l’idéal pour élever
des enfants, la vie est relax et on ne met
jamais plus de dix minutes pour se rendre
quelque part. » Cela dit, ils perçoivent Yel-
lowknife comme une ville de passage.
Eux-mêmes ne savent pas encore ce qu’ils
feront quand leurs filles auront atteint
l’adolescence et voudront vivre autre
chose : « Yellowknife, c’est bien, mais il
faut pouvoir en partir au moins une fois
par an pour aller dans une métropole
comme Vancouver, revenir en France ou
se réchauffer au soleil du Mexique, estime
Chloé. Il faut bien reconnaître que les
hivers sont interminables et qu’une
coupure aide à remonter le moral. »
Pourtant, quand on évoque la météo
et le froid extrême qui règne ici, les
Ténois balaient le problème du revers de
la main. Beaucoup rejoignent l’opinion
de Mark Heyck, ancien maire de Yel-
lowknife (de 2012 à 2018), pour qui « vivre
sous de telles températures s’adresse à
des gens spéciaux et constitue aussi un
point de fierté ». Dans le même ordre
d’idée, certains Inuits racontent que les
aurores boréales, ces étranges et specta-
culaires phénomènes lumineux qui
attirent dans la région des milliers de
touristes, sont des esprits tenant des
flambeaux pour guider les pas des nou-
veaux venus… Tout un symbole. 

Tous les secteurs d’activités sont touchés par la pandémie notamment les industries liées au tourisme, telles que
les secteurs de l’hébergement et de la restauration. Le secteur minier, le plus grand contributeur du PIB territorial,
est aussi touché, car la plus ancienne mine de diamant du territoire, Ekati, a suspendu ses activités en raison de la
crise sanitaire.
Néamoins, nous vous traçons un portrait de l’économie dans les Territoires du Nord-Ouest que le gouvernement a
mis en place en réponse à la COVID-19.
Les secteurs qui embauchent dans les
Territoires-du-Nord-Ouest
Selon les prévisions, l’emploi sur le territoire diminuera de
5,5 % cette année, mais remontera de 4,4 % en 2021, car
la plupart des emplois perdus en raison de la crise seront
récupérés.
Cependant, certains secteurs, comme le secteur des soins
de santé et d’assistance sociale recrute toujours.
Les postes en éducation et en enseignement sont en
demande, mais dans une moindre mesure que l’année
précédente.
Les commerces prioritaires comme épiceries et autres
commerces d’alimentation, pharmacies, dépanneurs
embauchent également.
Cependant, plusieurs postes offerts dans différents
secteurs non essentiels continuent de recruter en partie à
cause de la rareté permanente de main d’œuvre dans les
Territoires.
Rappelons que 80 % des postes se trouvent dans la partie
cachée du marché de travail.
Nous conseillons aux chercheurs d’emploi de visiter
les sites des chambres de commerce locales ou autres
sites pertinents où ils pourront trouver le répertoire des
entreprises selon le secteur d’activité. Ainsi, ils seraient
en mesure de mieux cibler plus facilement les services
essentiels.
Quant au recrutement international, il est au ralenti en
ce moment, comme ailleurs au Canada, à l’exception
des postes considérés comme essentiels. Ainsi, le
gouvernement fédéral annonce le traitement prioritaire
pour les 10 professions clés liées à l’agriculture, la
transformation alimentaire et au camionnage et cela
jusqu’en octobre 2020.
Suivant les prévisions, cette année, le taux de chômage
du territoire atteindra 13,5 %, son niveau le plus élevé et
environ 1 200 emplois seront perdus. L’année prochaine,
avec la reprise économique, le taux de chômage devrait
baisser à 11,9 % grâce à la création de près de 900 emplois.
Parmi les projets particuliers ayant le potentiel d’assurer
une demande d’expansion modeste, mentionnons le projet
d’assainissement de la mine Giant (PAMG) qui prévoit la
création de 300 emplois supplémentaires d’ici 2021.
www.cdetno.com
Publi-rédactionnel
Plan de relance pour le secteur touristique
Pour préserver la sécurité et la santé des différentes
communautés, le gouvernement a pris la décision de fermer
les frontières. Une décision qui vient considérablement
réduire le nombre de voyages nationaux et internationaux;
et, de ce fait, impacte grandement les petites entreprises
dont la survie dépendait en grande partie des visites
touristiques
Pour faire face à la menace qui pèse sur l’industrie
touristique, le fonds de soutien aux entreprises du Nord
offre aux PME nordiques jusqu’à 100 000$ pour couvrir leurs
frais d’exploitation.
Pour les artistes ou producteurs d’art locaux dont les
activités ont été limitées en raison de la crise sanitaire
peuvent également obtenir une aide financière allant
jusqu’à 3 000$.
Le gouvernement a entamé la reprise économique, et
afin de stimuler cette réouverture, le ministère de
l’Industrie du Tourisme et de l’Investissement a réintroduit
son programme de soutien aux entrepreneurs et au
développement économique en débloquant 4 millions de
dollars supplémentaires.
Pour cet été 2020, le gouvernement s’est engagé à verser
4,4 millions de dollars dans l’infrastructure des parcs, le
développement de produits touristiques et les projets
d’infrastructures communautaires.
Malgré l’effort et le travail accomplis, il est difficile de
prédire à quoi va ressembler l’industrie touristique aux TNO
une fois la crise derrière nous. Le chemin de la reprise sera
long et fastidieux mais les Ténois et leur gouvernement
se confortent à l’idée de savoir que la beauté sauvage, la
culture et les aurores boréales dans le ciel des Territoires du
Nord-Ouest en font l’une des plus belles régions naturelles
à visiter au monde.
 114 L’ A U T R E C A N A D A T R AVA I L L E R
Le sport
pour passeport
Au pays des grands espaces, l’activité physique
est une seconde nature. Et le secteur offre de belles
perspectives de carrière. La preuve par quatre.
PAR CHRISTOPHE THOREAU
Faly Basse, ambassadeur du “soccer”
I
l faut toujours écouter sa maman. En
tout cas, le jour où Faly Basse a quitté
New York pour le Canada, abandon­
nant le projet de monter une académie de
football à l’endroit où vivait une partie de
sa famille, il a fait le bon choix. « Maman
m’a dit : “Si tu te lances ici, tu seras dans
le confort puisqu’on sera à tes côtés” »,
explique cet ancien pro qui avait bour­
lingué en Suisse, puis en Angleterre,
avant de voir sa carrière freinée par une
FALY ACADEMY
blessure. Une pause forcée durant
laquelle ce Haut­Savoyard commence à
enseigner le football à la Sporting Duet
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
Louis Borfiga,
superpatron du tennis
L
es plaisanteries font parfois
basculer les destins. A force de se
faire charrier par des collègues
canadiens qu’il croisait lors des tournois,
sur l’air de « un jour, tu viendras chez
nous », Louis Borfiga les a pris au mot.
Lorsqu’il a su que Tennis Canada
cherchait un nouveau patron pour
le développement de son élite,
cet ancien entraîneur de la Fédération
française de tennis – vingt ans de
maison – a postulé. Et a été choisi parmi
200 candidats. Voilà comment, en 2006,
à 50 ans, celui qui fut un guide pour
Jo-Wilfried Tsonga ou Gaël Monfils
a changé de vie, acceptant de relever
ce challenge un peu fou : donner
au tennis une vraie dynamique au pays
du hockey sur glace ! « J’ai pu compter
sur l’appui total de mes dirigeants, c’est
capital quand on doit innover. Mais petit
conseil aux entrepreneurs : ici, il faut être
malin et imposer les choses en douceur »,
Academy de Londres. Le pli est pris et raconte-t-il. A Toronto d’abord – cinq
l’idée de monter une structure équiva­ mois pour renforcer son anglais –, puis
lente outre­Atlantique va faire son che­ à Montréal, le nouveau boss du tennis
canadien « s’est senti comme chez lui
min. Puisque ce ne sera pas New York, il
dès les premiers instants », accompagné
choisit Vancouver et la douceur de l’Ouest
par son épouse et son fils de 19 ans, resté
canadien plutôt que Montréal, où les avec eux la première année. Sa fierté :
hivers sont trop longs et rigoureux pour avoir recruté 19 entraîneurs et être
jouer en extérieur toute l’année. parvenu à insuffler cet esprit d’équipe
« Avec Ange Bourangon, un ami d’en­ si souvent synonyme de réussite dans
fance, nous sommes partis en touristes,
avec un peu d’argent de côté. Nous ne
connaissions ni le Canada ni cette ville
pour laquelle nous avons eu un coup de
cœur, poursuit­il. On a proposé l’idée de
classe de football à l’Ecole française inter­
nationale Cousteau de Vancouver et ça a
marché. L’école nous a aidés dans nos
démarches pour notre permis de travail. »
Un accueil solidaire, très à la canadienne,
tout comme les coups de main reçus de la
part des parents des joueurs lorsque se
présentaient des difficultés.
La deuxième année, en 2009, une
DALE MACMILLAN/UPPERDECK/EDMONTON ESKIMOS
autre école, André­Piolat, le sollicite.
Effet boule de neige garanti : onze ans
plus tard, la Faly Academy compte cinq
salariés à temps plein et plus de 350 licen­
ciés. Heureux de participer au dévelop­
pement du soccer, Faly Basse, 37 ans, a
désormais un rêve : voir l’un de ses joueurs
défendre les couleurs du Canada lors de
la Coupe du monde 2026 qui se déroulera
aux Etats­Unis, au Mexique et… au pays
de la feuille d’érable. La boucle serait
alors joliment bouclée. 

ALAIN MOUNIC/PRESSE SPORTS
le sport. Et là, quelle réussite ! Avec Milos
Raonic (2016) et Eugénie Bouchard (2014),
finalistes à Wimbledon, Bianca Andreescu,
gagnante de l’US Open l’an passé, et
l’émergence au plus haut niveau de Félix
Auger-Aliassime, le tennis canadien
a enregistré ses meilleurs résultats depuis
dix ans. Gaspésie, Vancouver, Halifax…
Louis Borfiga s’est aussi pris de passion
pour la beauté et le gigantisme de
son pays d’adoption. Mais il reste très
attaché à la France, où il pense retourner
une fois sa mission terminée. « Je dois
l’avouer : quand j’enfile le survêtement
rouge et blanc des Canadiens pour
aller sur un tournoi international, ça me
fait toujours un peu bizarre ! »
Maxime Rouyer, du football au foot américain
O
n peut avoir été fou de foot
et devenir pro de football…
américain au Canada. C’est
l’improbable parcours de Maxime
Rouyer, 25 ans, originaire de Troyes (Aube).
En 2010, le jeune homme découvre
le foot US dans sa ville natale, où évolue
le club des Pygargues. Coup de cœur.
« Le football américain est un sport
d’équipe, on a besoin les uns des autres ;
le foot européen est plus une addition
de talents individuels, c’est différent »,
raconte-t-il pour expliquer sa conversion.
Le destin de Maxime, tout frais bachelier,
bascule lorsque le coach québécois des
Pygargues, qui l’a remarqué, lui propose
de le mettre en contact avec l’équipe des
Gaillards de Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Il s’envole vers cette petite ville située
à 450 kilomètres au nord de Québec.
Au menu : sciences humaines en mode
cégep (l’étape qui précède l’université)
et foot. Malgré une clavicule cassée
dès son premier match, Maxime apprécie
l’accueil et s’intègre vite : « Le côté
L’ A U T R E C A N A D A T R AVA I L L E R
Antoine Roussel, hockeyeur pur sucre
Q
uand il décroche son téléphone,
c’est son accent qui surprend.
Antoine Roussel, né à Roubaix il y
a trente ans, n’a plus rien d’un ch’ti. Arrivé
au Québec à 15 ans parce que ses parents
avaient décidé de changer de vie et d’ou­
vrir un bed and breakfast dans la station
de ski de Mont­Tremblant, le p’tit gars du
Nord est devenu un Canadien pur sucre,
y compris sur son passeport. Pour
chaleureux des Canadiens n’est pas
une légende, surtout si vous êtes vous-
même ouvert d’esprit. Et une équipe, ça
représente entre 60 et 80 joueurs, qui
sont autant d’amis possibles. » Dès sa
deuxième saison, Maxime reçoit une offre
de bourse de McGill, la prestigieuse
université anglophone de Montréal. Après
quatre saisons et un diplôme d’études
supérieures en Education physique et
Santé, le jeune homme tape dans l’œil
de l’Edmonton Football Team (Alberta),
équipe qui évolue dans la ligue pro
canadienne et joue parfois devant
50 000 spectateurs ! Il rêve maintenant
d’être recruté par une équipe américaine
de la National Football League. Mais,
même si cela devait arriver, il reviendra
s’installer définitivement au Canada,
où il a trouvé l’âme sœur. « Il faut venir,
soutient-il, et tenter sa chance avec
un Permis vacances-travail, il y a des
opportunités. En tout cas, ma vie est
ici désormais. Rentrer en France,
ça voudrait dire repartir de zéro… »
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115
GETTY IMAGES/AFP
Antoine, champion de hockey sur glace
en devenir, passé par Deuil­la­Barre,
Nantes puis Rouen, l’expatriation dans la
Belle Province a représenté un ticket pour
le paradis. Le Canada, terre natale de ce
sport méconnu en France (lire page 134),
est la rampe de lancement idéale pour
atteindre son rêve : la NHL, la ligue profes­
sionnelle nord­américaine, où n’évoluent
pour l’heure que deux autres Français.
« Avec mes parents, on s’est intégré rapi­
dement. Et je savais combien venir ici était
pour moi une chance formidable », dit­il.
Diplôme d’études collégiales en poche,
il intègre l’équipe junior de Chicoutimi,
puis roule sa bosse à Reading (Pennsylva­
nie), Providence (Rhode Island) et Chicago
(Illinois), avant, bonheur suprême, de dis­
puter son premier match en NHL sous les
couleurs des Stars de Dallas, en janvier
2013. Au Texas, son « fighting spirit » le
rend indispensable et il devient l’une des
figures du championnat. Six ans plus tard,
le voilà à Vancouver, où il s’engage avec les
Canucks pour quatre ans et 12 millions de
dollars canadiens. « Le Canada est un pays
ouvert d’esprit, un des plus avancés du
monde au niveau de l’acceptation des
différences », assure ce père de trois jeunes
enfants (le dernier est né cet été) dont la
femme est québécoise.
Que fera­t­il une fois sa crosse raccro­
chée ? A Saguenay, au nord de la ville de
Québec, l’attend l’érablière Au Sucre d’Or,
dont il est copropriétaire, et dont le sirop
d’érable connaît un beau succès. 
 Avantages à s’établir au
Nouveau-Brunswick !
Situé sur le côte Est du Canada, en bordure de l’océan Atlantique, le Nouveau-Brunswick (N.-B.)
offre une qualité de vie unique et des perspectives de carrière attrayantes. Les nouveaux arrivants
sont bienvenus et accueillis chaleureusement.

et proches de la nature, le Nouveau-Brunswick

est l’un des secrets les mieux gardés du
Canada. Ici, on bénéficie d’un mode de vie
serein et abordable et on a accès à différents
services financés par l’État : soins de santé de
base, éducation et bien d’autres.

Les atouts du Nouveau-

Les bonnes raisons
ne manquent pas pour
s’établir chez nous.
Notre province a su relever le défi
sanitaire et minimiser les risques
d’infection depuis le début de la
pandémie du Coronavirus. Qu’on
choisisse de s’installer dans l’une de
ses villes à taille humaine ou dans de
plus petites municipalités dynamiques
Brunswick
Bilinguisme
Seule province canadienne officiellement
bilingue, le Nouveau-Brunswick compte un
tiers de francophones et offre à chacun la
possibilité de travailler dans les deux langues
officielles ainsi que de recevoir des services
dans la langue de son choix.
Carrière
Les opportunités d’emploi et d’avancement
professionnel sont nombreuses.
Pour plus d’information,
visitez www.emploisNB.ca
Qualité de vie
Optez pour une province qui abrite une
population de 773 000 personnes et choisissez
de vivre dans l’un de ses trois centres urbains
ou dans une petite ville pleine de dynamisme.

Système scolaire
Jusqu’à la douzième année, l’enseignement public, financé par le Formation postsecondaire
gouvernement provincial, est offert dans les deux langues officielles
• 9 campus universitaires
avec des programmes éducatifs anglais et français. La province est
@Gouvernement du Nouveau-Brunswick

subdivisée en sept districts scolaires, dont trois comprennent des • La plus grande université francophone
établissements francophones et quatre, anglophones. hors Québec
Un enseignement de qualité • 11 campus de collèges communautaires

Le gouvernement du Nouveau-Brunswick investit constamment • Une variété d’établissements postse-

dans le développement des milieux d’apprentissage de qualité. condaires et d’écoles de métiers privées
Ainsi que le mentionne le dernier rapport de l’UNESCO, cette pro-
vince est pionnière en matière d’inclusion scolaire.
 Publi-rédactionnel

Profitez de l’air pur et d’un milieu de vie sécuritaire.

Fuyez la circulation dense et lente des métropoles
et passez plus de temps à pratiquer des loisirs.
Accès à la propriété
Faites l’acquisition d’une maison à prix très
abordable. Au Nouveau-Brunswick, le prix moyen
d’une maison est de 174 924 $CA, un prix très
avantageux comparé au prix moyen de 538 831 $CA
qu’on observe au Canada.

Nos principaux secteurs

Immigrer au Nouveau-Brunswick
• Les technologies de l’information (TI); la cyber sécurité
À titre de programme économique, le Programme • La santé
des candidats du Nouveau-Brunswick (PCNB) • L’éducation
compte plusieurs volets : Initiative stratégique, • Le commerce, la finance, les assurances et l’administration
Entrée express N.-B., Travailleurs qualifiés et, • La fabrication (dont le secteur manufacturier)
finalement, le volet entrepreneurial. De plus, il • Les transports
est aussi possible d’immigrer par l’entremise du
Programme pilote en matière d’immigration au
Canada atlantique et, ce, avec le soutien d’un Faire des affaires au Nouveau-Brunswick
employeur désigné par la province.
Le Nouveau-Brunswick est connu pour être une province du Canada
Avant et après votre arrivée, un réseau d’organismes hautement compétitive en grande partie en raison de ses faibles coûts
d’aide à l’établissement saura vous appuyer. Ces d’exploitation, de son régime fiscal des sociétés et de son coût de la vie.
organismes offrent une variété de services tels
que l’accueil, l’aide à la recherche d’emploi et la
formation linguistique. Soutien aux entrepreneurs immigrants.
La province du Nouveau-Brunswick a mis en place différents
Des possibilités de carrières programmes pour soutenir les immigrants-entrepreneurs comprenant
des programmes de mentorat et un incubateur d’entreprises, la Ruche,
attrayantes à qui on doit déjà de belles réussites.
Le Nouveau-Brunswick est un chef de file mondial
de la cybersécurité et de l’innovation dans le secteur
des technologies de l’information. Des emplois sont
disponibles aux quatre coins de la province. Nos
entreprises proposent toute une gamme de salaires,
Pour plus d’information
d’avantages sociaux et d’options de carrière. Si vous Visitez le www.bienvenuenb.ca dès aujourd’hui !
œuvrez dans une profession règlementée, assurez-
vous de faire reconnaître vos acquis.
 118 L’ A U T R E C A N A D A T R AVA I L L E R
Boîte à outils
PAR ANNE-HÉLÈNE MAI
GÉNÉRALISTES
Travailler au Canada Le site
du gouvernement offre un panorama
complet des démarches à entreprendre
pour obtenir un permis de travail.
canada.ca/fr/immigration-refugies-
citoyennete/services/travailler-canada/
permis.html
Guichet-Emplois Informations
sur le marché du travail, la formation
et la recherche d’emploi, outils
de recherche et service d’alerte.
guichetemplois.gc.ca
Connexions Francophones Mise en
relation entre immigrants francophones
et employeurs. Permet de créer un profil
et de participer à des foires virtuelles
d’emploi. connexionsfrancophones.ca
Réseau de développement
économique et d’employabilité (RDEE)
Ce service a pour mission de faciliter
l’intégration économique des immigrants
francophones. Ses 12 bureaux opèrent
DESTINATION CANADA,
LE FORUM MOBILITÉ
C e rendez-vous réunit chaque année
employeurs canadiens et candi-
dats francophones : un incontournable
pour qui veut trouver un job dans une
province autre que le Québec. Le Forum
est organisé par l’ambassade du
Canada en France et Pôle emploi inter-
national. Pendant trois jours, près
d’une centaine de recruteurs viennent
à la rencontre de travailleurs qualifiés,
correspondant aux différents besoins
du pays. Des organismes francophones
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
dans toutes les provinces et territoires,
à l’exception du Québec. rdee.ca
Carrefour des carrières Pour trouver
des offres d’emploi avec un filtre
par province. careerbeacon.com
Jobboards randstad.ca/fr
workopolis.com/fr ca.indeed.com
PAR PROVINCE
Alberta
Accès emploi Services d’aide à
l’emploi en français. accesemploi.net
Bonjour Alberta Renseignements
sur le marché de l’emploi et répertoire
de liens utiles. bonjour.alberta.ca/
travailler/trouver-un-emploi
Colombie-Britannique
Work BC Site de référence en matière
d’emploi dans la province. workbc.ca
Programme d’immigration
francophone de la Colombie-
Britannique Des services d’intégration
et des représenta nt s de chaque
province et territoire sont également
présents. La participation est gratuite,
mais il faut obligatoirement s’inscrire
pour recevoir une invitation.
Prochaines éditions à Paris les 26, 27 et
28 février 2021 et à Bruxelles le 2 mars,
avec des entretiens en présentiel et des
événements virtuels. Inscriptions en
ligne à partir de décembre 2020. 
canada.ca/destination-canada-
forum-mobilite
et d’aide à l’emploi pour les résidents
temporaires et permanents.
vivreencb.ca/services/residents-
temporaires#aide-a-lemploi
Île-du-Prince-Édouard
Site du gouvernement Les opportunités
et les tendances du marché de l’emploi.
princeedwardisland.ca/fr/sujet/emplois
Manitoba
Accueil francophone Service
d’accueil et d’aide à l’intégration pour
les nouveaux arrivants francophones.
accueilfrancophonemb.com
Site du gouvernement Toutes
les informations à l’intention des résidents
et entreprises. gov.mb.ca/index.fr.html
Nouveau-Brunswick
Bienvenue NB Le portail pour immigrer
et travailler. bienvenuenb.ca
Emplois NB Conseils et offres d’emploi
en ligne, avec possibilité d’effectuer
des recherches par ville. emploisnb.ca
Nouvelle-Écosse
Vie Nouvelle-Écosse Conseils et
contacts des organismes francophones
d’aide à la recherche d’emploi.
novascotiastart.ca
Immigration Nouvelle-Écosse
Informations sur le marché du travail
et répertoire de liens utiles. Le bureau est
aussi très actif sur sa page Facebook.
novascotiaimmigration.com/travailler-
en-nouvelle-ecosse
facebook.com/NSimmigration
Nunavut
Site du gouvernement Toutes les
informations pour s’installer et des offres
d’emploi dans la fonction publique.
gov.nu.ca/fr
Carrefour Nunavut Ressources,
offres d’emploi et formations pour
les francophones.
carrefournunavut.ca/fr/travailler
Ontario
Emploi Ontario Aide à la recherche
d’emploi et à la formation.
ontario.ca/fr/page/emploi-ontario
 L’ A U T R E C A N A D A T R AVA I L L E R
Immigration francophone Répertoire
de ressources (santé, éducation, emploi).
investsudbury.ca/immigration-
francophone
Saskatchewan
Bonjour Saskatchewan Ressources
pour les francophones et liste des
employeurs bilingues. bonjoursk.ca/fr/
emplois/francophone-employers
SaskJobs Site de référence pour trouver
un emploi dans la province. saskjobs.ca
Terre-Neuve-et-Labrador
Site du gouvernement Informations
sur le marché du travail et sur l’emploi.
gov.nl.ca/employment-and-labour
Territoires du Nord-Ouest
Site du gouvernement Un panorama
complet du marché du travail
sur le territoire et une liste des emplois
disponibles dans la fonction publique
et le secteur privé. gov.nt.ca/careers/fr
Yukon
Site du gouvernement Les offres
d’emploi de la province.
yukon.ca/fr/emploi
Association franco-yukonnaise
Regroupe les ressources destinées
aux francophones et offre du soutien
à la recherche d’emploi. afy.yk.ca
Direction Yukon Informations
sur le marché du travail et répertoire
de banques d’emploi.
direction-yukon.ca/home
CRÉER SON ENTREPRISE
Immigrer comme entrepreneur
Site du ministère de l’Immigration
et de la Citoyenneté canada.ca/
fr/immigration-refugies-citoyennete/
services/immigrer-canada/visa-
demarrage
Business France Canada Soutient
les entreprises françaises dans leurs
démarches à l’export. businessfrance.fr
Chambre de commerce France-
Canada Informations et réseautage.
Edite un guide annuel des affaires franco-
canadiennes. ccfc-france-canada.com
Réseau Entreprises Canada
Toutes les informations pour démarrer,
financer et développer son entreprise.
entreprisescanada.ca/fr
Investir au Canada Portail de
ressources du gouvernement canadien
pour créer ou implanter une entreprise.
investiraucanada.gc.ca
Desjardins Le premier groupe financier
coopératif au Canada propose
un guide, Entreprendre et conquérir
le marché canadien, à télécharger
gratuitement sur son site.
desjardins-europe.com
ET SI JE PERDS MON EMPLOI ?
A u Canada, l’embauche peut être
extrêmement rapide, mais le
licenciement également… Cela dit,
si l’employeur ne donne pas deux
semaines de préavis, il est quand
même tenu de payer à l’employé mis à
pied deux semaines de salaire. Ensuite,
l’assurance-emploi prend le relais. De
compétence fédérale, elle ne varie pas
d’une province à l’autre.
Les prestations sont accessibles à
tout résident muni d’un permis de
travail ouvert (qui n’est pas limité à
un employeur donné), à condition
d’avoir le droit de prolonger son séjour
après expiration de ce premier visa.
En cas de perte d’emploi, l’assurance
offre une aide équivalente à 55 % de la
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
119
Banque Nationale du Canada
S’adresse aussi bien aux particuliers
qu’aux entreprises. Propose notamment
avec le Crédit Agricole un pack «
Bienvenue au Canada » pour les étudiants
et les jeunes actifs.
rémunération hebdomadaire moyenne
(pour un maximum de 573 dollars
canadiens par semaine), et ce pendant
quatorze à quarante-cinq semaines
selon les heures accumulées en amont
et le taux de chômage local. Il n’est
pas permis de voyager pendant cette
période, à quelques exceptions près,
puisqu’il faut se montrer disponible
pour travailler et prouver qu’on pour-
suit ses recherches. Ces prestations
sont aussi allouées en cas de maladie,
d’accident ou de mise en quarantaine
(mais jamais en cas de démission).
Pour se renseigner sur l’admissibilité
et présenter une demande :
canada.ca/fr/services/prestations/
ae/assurance-emploi-reguliere.html
 120 L’ A U T R E C A N A D A É T U D I E R
Etudier en français,
vivre en anglais
De l’Ontario au Nouveau-Brunswick en passant
par le Manitoba, le Canada anglophone offre
de nombreux cursus d’enseignement supérieur
dans la langue de Molière. Suivez le guide!
PAR NATACHA CZERWINSKI
S
a future adresse a été dévoilée
fin février : l’Université de l’On-
tario français, dernier-né des
établissements postsecondaires
francophones au Canada, ouvrira
ses portes en septembre 2021 au 9, rue
Lower Jarvis, dans le centre-ville de…
Toronto. Oui : étudier dans la langue de
Molière est aussi possible en dehors du
Québec ! Le Canada propose sur tout son
territoire un large choix de programmes
en français, universitaires ou collégiaux
(équivalents des IUT, les collèges dis-
pensent un enseignement technique).
Réputé pour la qualité et l’accessibilité de
son système éducatif (les frais de scolarité
y sont moins élevés qu’aux Etats-Unis ou
au Royaume-Uni), le pays attire un
nombre croissant d’étu-
diants étrangers. D’autant
La très grande plus que suivre une forma-
majorité tion francophone en terre
des universités
et collèges anglophone offre la garan-
canadiens sont tie de vivre une expérience
publics. multiculturelle unique…
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
UNIVERSITÉ ONTARIO
NE
LAURENTIEN
UNIVERSITÉ D’OTTAWA
« uOttawa » est la plus grande université
bilingue (français/anglais) au monde. Ses
dix facultés (arts, médecine, droit, sciences
sociales, etc.) proposent plus de 450 pro-
grammes de premier cycle et d’études
supérieures (maîtrises et doctorats). Clas-
sée en 2020 au 141e rang des meilleures
universités au monde par le magazine bri-
tannique Times Higher Education, elle
compte plus de 42 000 étudiants (dont
environ 6 000 venant de l’étranger) et
s’enorgueillit d’un taux d’emploi de 97 %
chez ses diplômés.
UNIVERSITÉ LAURENTIENNE
Son cadre naturel privilégié (un campus
de 300 hectares, bordé de cinq lacs et sil-
lonné de sentiers pédestres de toute
beauté) et ses nombreux équipements de
loisirs (piscine olympique, mur d’escalade
et même plage privée) ont de quoi faire
rêver… Située dans la ville de Grand Sud-
bury, « la Laurentienne » est une université
de taille moyenne (elle accueille quelque
9 000 étudiants) dont l’offre d’études est
très variée : éducation, gestion, philoso-
phie, théâtre, zoologie, etc.
UNIVERSITÉ DE HEARST
« UdeH », dont les cours sont répartis sur
trois campus (Hearst, Kapuskasing et Tim-
mins), se démarque par son système de
cours « en bloc » : contrairement à l’organi-
sation du semestre traditionnel, durant
CAMPUS
lequel un étudiant suit simultanément plu-
SAINT-JEAN sieurs cours, ce dispositif permet de se
concentrer sur un cours à la fois pendant
une période de trois semaines consécu-
tives. Les formations dispensées ? Psycho-
logie, administration des affaires et gestion,
études des enjeux humains et sociaux, etc.
COLLÈGE LA CITÉ
Cet établissement, le plus grand collège de
langue française en Ontario et hors Qué-
bec, compte 140 programmes de forma-
tion en agroalimentaire, informatique,
électronique ou encore sciences humaines.
Son campus principal est à Ottawa.
COLLÈGE BORÉAL
Sa devise ? « Nourrir le savoir et faire vibrer
la culture. » Créé en 1995, le Collège Boréal
est basé à Sudbury mais dispose de six
autres campus (Hearst, Kapuskasing, New
Liskeard, Nipissing, Timmins et Toronto).
L’établissement propose plus de 60 pro-
grammes d’études dans différents
domaines : « affaires » (comptabilité, ges-
tion des ressources humaines…), « métiers
et technologies appliquées » (mécanique,
 L’ A U T R E C A N A D A É T U D I E R
plomberie, esthétique, etc.) ou encore
« environnement et richesses naturelles »
(techniques agricoles, gestion de la pêche
et de la faune…).
COLLÈGE UNIVERSITAIRE
GLENDON
Situé dans le quartier de Lawrence Park, en
plein cœur de Toronto, le campus Glendon
est l’une des branches de l’Université York,
la troisième plus grande université du
Canada. Il est surtout unique en son genre :
les étudiants y reçoivent un enseignement
en anglais et en français, là où les autres
établissements bilingues d’enseignement
supérieur délivrent leurs cours dans l’une ou
l’autre des deux langues. Réputé pour son
excellence académique et son environne-
ment verdoyant, Glendon se distingue en
outre par une palette très large de disci-
plines (histoire, psychologie, art drama-
tique, études des femmes et de genre…).
ALBERTA
CAMPUS SAINT-JEAN
Le Campus Saint-Jean regroupe la Faculté
Saint-Jean et le Centre collégial de l’Al-
berta. Celui-ci propose des formations en
administration des affaires, en gestion tou-
ristique, en santé et en éducation à la
petite enfance. Quant à la Faculté, inté-
grée depuis 1976 à l’Université de l’Alberta,
elle dispense une douzaine de programmes
de premier et deuxième cycles (notam-
ment en éducation, en administration des
affaires ou encore en sciences infirmières).
Mais des coupes budgétaires menacent
aujourd’hui l’offre de cours (70 pourraient
être supprimés sur un total de 420).
MANITOBA
UNIVERSITÉ DE SAINT-BONIFACE
L’USB est le plus ancien établissement
d’enseignement postsecondaire de l’Ouest
canadien. Fondé en 1818, il est situé dans le
quartier francophone de Winnipeg et
abrite une université et deux écoles collé-
giales. En U1, la première année en tronc
commun, les étudiants internationaux
peuvent découvrir, entre autres, la com-
munication multimédia ou la traduction. A
noter : les droits de scolarité pour les étu-
CAMPUS DE L’UNIVERSITÉ LAURENTIENNE, SDP
diants internationaux (entre 6 800 et
10 600 dollars canadiens) y sont particuliè-
rement attractifs.
ÎLE-DU-PRINCE-ÉDOUARD
COLLÈGE DE L’ÎLE
Le Collège de l’Ile, qui privilégie l'utilisation
des technologies comme outil d'aide à
l'apprentissage, propose plusieurs cursus
axés sur les besoins du marché du travail.
DE
UNIVERSITÉ
FACE
SAINT-BONI
Ainsi, pour la rentrée 2020, les étudiants
avaient le choix entre huit formations,
dont infirmier auxiliaire, éducateur de la
petite enfance ou adjoint administratif
bilingue. Le Collège compte deux campus,
situés à Wellington et à Charlottetown.
SASKATCHEWAN
CITÉ UNIVERSITAIRE
FRANCOPHONE DE L’UNIVERSITÉ
DE REGINA
Sa mission ? « Répondre aux besoins édu-
catifs universitaires des francophones de la
Saskatchewan, quelle que soit leur langue
maternelle. » A La Cité, il est possible de
suivre des cursus en éducation, en sciences
infirmières ou encore en études franco-
phones et interculturelles.
COLLÈGE MATHIEU
Situé à Gravelbourg, le Collège Mathieu
propose aux étudiants internationaux des
programmes ciblés en santé, en éducation,
en tourisme, en journalisme, en technique
de soudage, etc. De nombreuses forma-
tions sont accessibles en ligne.
NOUVELLE-ÉCOSSE
UNIVERSITÉ SAINTE-ANNE
Dans cette université qui se veut « leader en
développement rural durable et en écolo-
gie » (elle a notamment installé 118 pan-
neaux solaires et deux éoliennes sur son
campus principal de Pointe-de-l’Église), les
étudiants ont le choix entre différents pro-
grammes d’études universitaires et collé-
giales (administration, éducation, sciences
humaines, santé…)
COLOMBIE-BRITANNIQUE
SIMON-FRASER UNIVERSITY
Université réputée, fondée en 1965, SFU a
créé en 2004 le Bureau des affaires franco-
phones et francophiles (Baff) afin de coor-
donner et de promouvoir le développement
de programmes en français. Les étudiants
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
121
peuvent avoir accès à plusieurs cours au
sein de deux facultés (lettres et sciences
sociales, éducation) au niveau du premier,
du deuxième et du troisième cycle.
COLLÈGE ÉDUCACENTRE
Unique collège francophone implanté en
Colombie-Britannique, Éducacentre
compte trois campus à Vancouver, Victo-
ria et Prince George. Ses différents pro-
grammes (en éducation, santé, tourisme
et hôtellerie) sont particulièrement adap-
tés au marché du travail. Tous les cours
peuvent être suivis à distance.
NOUVEAU-BRUNSWICK
UNIVERSITÉ DE MONCTON
Fondée en 1963, l’Université de Moncton est
la plus grande université canadienne entiè-
rement de langue française hors Québec.
Elle constitue un pilier de la société aca-
dienne. Doté de trois campus, à Moncton,
Edmundston et Shippagan, l’établissement
affiche 165 programmes d’études dans des
secteurs très divers (informatique, musique,
arts visuels, marketing, etc.). En 2019-2020,
les droits de scolarité en premier cycle pour
les jeunes venant de l’étranger s’élevaient à
11 771 dollars canadiens, une somme qui
place l’établissement dans la fourchette
basse des tarifs pratiqués dans le pays.
COLLÈGE COMMUNAUTAIRE
DU NOUVEAU-BRUNSWICK
Reconnu pour la qualité de sa formation
professionnelle et technique, le CCNB pro-
pose plus de 90 programmes répartis selon
16 grands domaines de formation (sciences
naturelles, technologies de l’information et
des communications, transport, etc.). Créé
en 1970, le CCNB revendique un taux d’em-
ploi de ses diplômés de 90 %.
MPUS
STADE DU CA
N
DE MONCTO
+loin
Retrouvez les références de ces
établissements sur le site de l’Association
des collèges et universités de la
francophonie canadienne acufc.ca
 122 L’ A U T R E C A N A D A É T U D I E R

Boîte Etudes universitaires Moteur de

recherche en ligne de bourses d’études
pour les étudiants étrangers.
renseigner directement auprès
de votre établissement d’accueil
avant votre arrivée.

à outils bourses.etudesuniversitaires.ca

Agence universitaire de la francophonie

Cet organisme émet régulièrement des
AU QUOTIDIEN…

Au Canada, il n'existe ni Crous ni resto U.

PAR ANNE-HÉLÈNE MAI
PRÉPARER SON SÉJOUR
L’éducation relève de la compétence de
chaque province. C’est donc à ce niveau
que vous trouverez l’essentiel des res-
sources pour préparer votre séjour. Une
fois admis par une université, il faut pré-
senter une demande de permis d’études
auprès du gouvernement canadien.
appels à candidatures pour des bourses
de mobilité ou des projets de recherche.
auf.org/ameriques
SANTÉ
L’admissibilité des étudiants étrangers
au régime d’assurance maladie
varie selon la province. Mieux vaut vous
Mais des rabais sont offerts aux étudiants
munis des cartes Isic (International
Student Identity Card) et SPC (Student
Price Card, une exclusivité canadienne),
pour payer jusqu'à 30 % moins cher
son sandwich, ses baskets ou son billet
de théâtre. A commander en ligne,
avant le départ ou une fois sur place.
isic.fr isiccanada.ca spccard.ca

Demande de permis d’études

La marche à suivre est expliquée ici  :
canada.ca/fr/immigration-refugies-
citoyennete/services/etudier-canada.html

EduCanada Portail officiel

du gouvernement du Canada, ce site
rassemble toutes les informations
sur les études (permis, programmes,
coûts, aides financières).
educanada.ca

CHOISIR SON UNIVERSITÉ

Universités Canada Liste exhaustive

de toutes les universités, des
programmes et des bourses d’études.
univcan.ca/fr

BUDGET
Hors Québec, les frais de scolarité pour
les étudiants étrangers peuvent varier de
5 000 à 36 000 euros par an, selon l’uni-
versité et le programme choisi. Pour obte-
nir une estimation précise des montants
demandés aux étudiants étrangers dans
l’établissement que vous convoitez,
consultez, sur le portail Univcan, la
rubrique Statistiques / frais de scolarité
par université.
BILINGUAL, ARE YOU ?
M aîtriser l’anglais est un prérequis
pour être admis dans une univer-
sité ou un collège anglophone. Les éta-
blissements peuvent exiger des certifi-
cations telles que le traditionnel TOEFL
(Test of English as a Foreign Language),
le populaire IELTS (International
English Language Testing System) ou les
nationaux CAEL (Canadian Academic
Language Assessment) et CELPIP
(Canadian English Language Profi­
ciency Index Program). Plusieurs
universités proposent des programmes
intensifs d’anglais qui durent plusieurs
semaines et font office de « classe
prépa » pour passer ces examens ou
pour intégrer confortablement un pro-
gramme d’études dans la langue de
Jane Austen. Les tarifs atteignent plu-
sieurs milliers de dollars : 2 600 dollars
canadiens à l’Université du Manitoba,
6 000 à l’Université d’Ottawa. Ces cours
sont souvent dispensés en été, pour que
vous soyez ready dès la rentrée !

L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada


TORONTO EN FRANÇAIS,
C’EST POSSIBLE !
Le Centre francophone du Grand Toronto (CFGT) est la porte d’entrée incontournable pour les
francophones qui vivent ou désirent vivre dans la métropole ontarienne. Elle offre une multitude
de services à une communauté de plus en plus importante.
rée en 2004, le Centre francophone
C
du Grand Toronto est le seul orga-
nisme francophone en Ontario à
proposer une gamme de services dans le
domaine de la santé, des services sociaux
et de l’accueil des nouveaux arrivants.
Se faire soigner en français
Des services de santé sont donnés dans
deux cliniques, la première au centre-ville
et la seconde dans le quartier de Fairview.
Trois médecins et une vingtaine de pro-
fessionnels prodiguent des soins gratuits
dans le cadre du régime d’assurance-
maladie de la province. Des conseils par
téléphone sont également offerts. Parmi
les divers autres services dispensés par le
CFGT on trouve de l’assistance en santé
mentale, en nutrition et diététique et
de l’aide pour les personnes atteintes de
maladies chroniques ou du VIH.
« Nous sommes fiers d’être le
principal organisme catalyseur de
la communauté franco-ontarienne
et de contribuer au mieux-être
des francophones dans toute leur
diversité dans la grande région
de Toronto »
Florence Ngenzebuhoro
directrice générale du CFGT
FLORENCE NGENZEBUHORO, DG
Nos valeurs :
leadership,
innovation,
inclusion,
diversité
De l’assistance pour les familles
De nombreuses activités sont offertes
à différents endroits dans la commu-
nauté francophone torontoise avec des
programmes variés visant à favoriser la
socialisation des familles et la promotion
des habitudes saines de vie à l’aide d’ani-
mations de groupe éducatives. Le Coin
ON Y Va du Centre francophone donne
par exemple à tous les enfants l’occasion
de participer à des jeux en français qui sou-
tiennent l’apprentissage.
Nouveaux arrivants choyés
Le CFGT offre une gamme complète
d’appui aux immigrants. Ils bénéficient
par exemple d’un service personnalisé
dans leur recherche d’écoles de langue
française, d’emploi, de logement ou de
services en immigration. Les intervenants
du programme Connexions communau-
taires facilitent l’adaptation et l’intégra-
tion en aidant les nouveaux arrivants
francophones à créer des liens sociaux,
culturels et professionnels à travers des
activités collectives et des jumelages avec
des bénévoles bien établis au Canada.
Un accueil privilégié à l’aéroport de
Toronto
Depuis début 2019, le Service d’accueil
francophone pour nouveaux arrivants
officie aux terminaux 1 et 3 de l’Aéroport
Lester B. Pearson. Une équipe composée
de quatre employés permanents assure
aide et accompagnement 7 jours sur 7 en
se concentrant sur les vols en provenance
de pays francophones.
Publi-rédactionnel
Des conseils juridiques précieux
Que ce soit dans leurs parcours d’immi-
gration ou leur vie quotidienne, l’aide ju-
ridique du Centre francophone du Grand
Toronto offre aux personnes à faible reve-
nu l’accès à des services répondant à leurs
besoins. Des ateliers gratuits contribuent
à connaître vos droits et responsabilités
dans plusieurs domaines.
Coup de pouce à l’emploi
S’adressant à la fois aux employés et aux
employeurs, le CFGT accompagne gratui-
tement toute personne à la recherche d’un
emploi ou dans un processus de recrute-
ment. Depuis leur création en 2010, ce ser-
vice subventionné par Emploi Ontario, a
connu une progression considérable. Des
centaines de nouveaux arrivants ont ainsi
pu intégrer efficacement le marché du tra-
vail ontarien.
Le nombre de francophones
augmente dans la grande métro-
pole du Canada et l’immigration
explique en bonne partie la
présence de plus en plus de fran-
cophones dans le Grand-Toronto.
Selon le dernier recensement de
2016, ils sont environ 123 000
dans le Grand Toronto (sur une
population totale de 6 345 000
habitants).
centrefranco.org
infos@centrefranco.org
416-922-2672
@Centre.francophone.grand.Toronto
@CentrefrancoT
 124 L’ A U T R E C A N A D A V I V R E
A Sudbury, le français
en partage
A
la nuit tombée, la route honoraire de France sur place depuis
qui mène à Sudbury 2002. Frappé par une comète géante
depuis l’aéroport offre il y a 1,8 milliard d’années, le bassin de
un spectacle unique. De Sudbury, un des plus grands cratères au
part et d’autre, la forêt monde, constitue l’une des principales
s’étend à perte de vue. réserves de nickel de la planète. Le Big
Les cheminées des mines illuminent le Nickel, une réplique de la pièce de 5 cents
ciel de multiples scintillements rouges. canadienne de 9 mètres de hauteur, éri-
Dans les vallons de la région se lovent de gée en 1964 au sud-ouest de la ville, est
vastes zones résidentielles aux pavillons d’ailleurs devenu emblématique. Au total,
gentiment alignés. Le petit centre-ville, seize métaux sont extraits dans la région,
avec ses rues tirées au cordeau, pourrait parmi lesquels le cuivre, le platine, le pal-
sembler quelconque s’il n’était orné de ladium ou encore l’or.
fresques murales : ici l’inscription « Heart «  Le sous-sol est riche à craquer,
of gold », là le visage d’un mineur. Un rap- confirme Stéphane Gauthier, directeur
pel de l’activité qui a fait la fortune de général du Carrefour francophone, le
cette principale ville francophone à centre culturel et communautaire de
l’ouest d’Ottawa, à plus de 400 kilomètres Sudbury. Ce qui explique que la région
au nord de Toronto. attire des émigrants depuis toujours. »
« C’est un peu le paradis des géologues Polonais, Ukrainiens, Italiens, Français…
ici », atteste Jean-Charles Cachon, pro - La cité compte aujourd’hui 160 000 habi-
fesseur à l’Université Laurentienne, l’éta- tants d’origines diverses, dont plus d’un
blissement bilingue de la ville, et consul quart de francophones. Jadis appelée
Olivia Baudet, étudiante en techniques
d’environnement forestier et faunique
“On n’imagine pas
à quel point les
Canadiens peuvent être
gentils et accueillants !  ”
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
Fief de la culture
franco-ontarienne,
la cité minière
doit aujourd’hui
s’adapter à la plus
grande diversité
des nouveaux
arrivants. Reportage.
TEXTE ET PHOTOS
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
KEVIN DENIAU
Sainte-Anne-des-Pins, elle est également
le berceau de la culture franco-ontarienne.
« En 1913, les jésuites y ont fondé le Collège
du Sacré-Cœur qui va former en français
des générations de professionnels, en met-
tant l’accent sur la création culturelle »,
explique Stéphane Gauthier. En 1971, face
à l’essor du nationalisme québécois et à
l’éclatement du « Canada français », un
groupe d’étudiants francophones de l’Uni-
versité Laurentienne fonde la Coopérative
des artistes du Nouvel-Ontario qui jette
les bases de la nouvelle identité franco-
ontarienne (lire encadré page 126).
Explorer le « vrai » Canada
Cette double richesse, minière et cultu-
relle, fait de Sudbury un lieu atypique. Si
la ville connaît une légère croissance de
sa population, la région du nord de l’On-
tario est, pour sa part, confrontée à un
déclin démographique préoccupant.
Selon Statistique Canada, elle a perdu
100 000 habitants entre 1996 et 2016, soit
une baisse de 11,5 % en vingt ans.
« Si l’on en croit les tendances, nous
aurons besoin d’attirer 1 800 nouveaux
arrivants par an simplement pour com-
penser les départs à la retraite et 8 000
pour répondre à la croissance écono-
mique. Alors que nous ne sommes qu’à
500 pour le moment », déplore Christian
Howald, le directeur régional nord de
la Société économique de l’Ontario.
 L’ A U T R E C A N A D A V I V R E
Sudbury, devenue une ville de services et Sudbury est réputée pour ses « murals »,
le principal pôle éducatif, commercial et mis à l’honneur durant le Festival
d’art urbain Hop Here. Comme le Big
de santé du nord de l’Ontario, recherche
Nickel, une immense pièce de 5 cents,
ainsi activement des profils techniques nombre de ces fresques commémorent
pour l’industrie minière (soudeurs, par le passé minier de la cité.
exemple), mais aussi des assistants
sociaux et, avant la pandémie, des profes- tout en explorant le “vrai” Canada. J’ai
sionnels de l’hôtellerie- restauration. trouvé le Collège Boréal sur Internet »,
Voilà pourquoi Lynn Despatie, agente en explique-t-elle. Passionnée de nature et
développement économique à la ville, a de grands espaces, celle qui est venue avec
participé pour la première fois, en ses parents en reconnaissance à 14 ans ne
novembre 2019, au salon Destination se voit plus repartir. « C’est encore mieux
Canada, à Paris, puis à Bruxelles. Avec une que ce que je pensais. On n’imagine pas à
petite centaine d’offres d’emplois à quel point les Canadiens peuvent être
pourvoir. Objectif : attirer des candidats gentils et accueillants ! »
à l’immigration. « Nos échanges ont été
très positifs, dit-elle. Une vingtaine de de Le mythe du bilinguisme total
familles se sont montrées intéressées. » Le profil des nouveaux arrivants a toute-
Selon Jean-Charles Cachon, 300 Fran- fois beaucoup évolué ces dernières
çais vivent aujourd’hui dans la région et années. Selon l’Institut des politiques du
à peu près autant y viennent en séjour Nord, les trois quarts des immigrants
temporaire chaque année, à l’image d’Oli- francophones du nord de l’Ontario sont
via Baudet, qui a étudié pendant trois ans aujourd’hui originaires d’Afrique, notam-
les techniques d’environnement forestier ment du Congo, de la Côte d’Ivoire, du
et faunique au Collège Boréal, le seul éta- Cameroun et de la Tunisie. « On a com-
blissement d’études supérieures exclusi- mencé à s’intéresser aux enjeux de l’im-
vement francophone à Sudbury (lire migration vers 2012, se rappelle la dyna-
page 120). L’accent de cette Provençale mique Monique Beaudoin, coordinatrice
d’origine sonne désormais très canadien. en promotion de la santé au centre de
« Je voulais faire mes études en français, santé communautaire du Grand Sudbury.
Boroma Sanou, adjoint de recherche
en santé dans les milieux ruraux et du Nord
“En tant que francophone
et immigrant, tu
te retrouves doublement
minoritaire…”
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
125
Nous avions de plus en plus de personnes
qui venaient soit pour leurs études, soit
pour fuir une situation difficile dans leur
pays. Et nous avons compris que nous
n’étions pas bien préparés pour les
accueillir. » Malgré l’appel du pied aux
immigrants, l’intégration reste un défi.
Boroma Sanou s’est installé à Sudbury
en 2010, quatre ans avant de faire venir sa
femme et ses trois enfants. Médecin au
Burkina Faso, il se rend compte dès son
arrivée que, s’il veut travailler, il doit
reprendre des études. Il obtient une maî-
trise en sociologie à l’Université Lauren-
tienne (UL). «  Tu subis une grande
dévaluation. Sur le site du Canada, on dit
qu’on a besoin de toi. Ce n’est pas totale-
ment un mensonge, mais il y a une part
de marketing quand même », pointe-t-il
dans un grand éclat de rire. Aujourd’hui
adjoint de recherche pour le Centre de
recherche en santé dans les milieux
ruraux et du Nord (affilié à l’UL), il a mené
plusieurs études sur le profil des immi-
grants et a même réalisé un guide d’ac-
compagnement pour l’examen médical
des nouveaux arrivants.
Paradoxalement, la question de la
langue peut aussi se transformer en piège
pour les immigrants francophones.
« Officiellement, le Canada assure qu’on
peut vivre en français ou en anglais. En
réalité, il faut parler anglais pour trou-
ver du travail. Même dans les orga-
nismes francophones », prévient Aurélie
Lacassagne, une Française devenue
« fière franco-ontarienne ». Cette ensei-
gnante en science politique, qui s’est
établie à Sudbury en 2004, a été la pro-
fesseure de Boroma Sanou à l’univer-
sité. « Le bilinguisme total du Canada est
 126 L’ A U T R E C A N A D A V I V R E

un mythe. En dehors du Québec, il faut Stephane Gauthier , directeur général

absolument des bases en anglais pour
survivre », confirme Monique Beaudoin.
En fait, ironise Aurélie Lacassagne, « le
bilinguisme, cela veut dire que les fran-
cophones et les autochtones doivent par-
ler anglais ». Et Boroma Sanou d’ajouter :
« En tant que francophone et immigrant,
tu te retrouves doublement minoritaire. »
La ville vient toutefois, au même titre
que 13 autres municipalités, d’être sélec-
tionnée par le ministère de l’Immigration,
des Réfugiés et de la Citoyenneté cana-
dien pour rejoindre le projet pilote des
Communautés francophones accueil-
lantes. Ce programme, doté de 12,6 mil-
lions de dollars canadiens (dont près de 3
seront dévolus à Sudbury) sur trois ans,
doit permettre de mettre en place des
activités spécifiques pour faciliter l’arri-
vée et l’installation sur le long terme
des immigrants francophones. « L’idée,
Le chantier de la Place
des Arts, habillé d’un vers
du poète Robert Dickson.
SDP
du Carrefour francophone
“Place des Arts sera un
lieu d’ancrage pour tout
ce que la francophonie
a à offrir et à raconter.”
c’est de créer un hub au centre de santé Sudbury est « à un moment charnière ».
communautaire avec six organismes fran- Une nouvelle opportunité de rassemble-
cophones pour couvrir différents aspects ment se profile pour les francophones de
de la vie de l’immigrant, l’emploi, la santé, la ville. A l’angle des rues Elgin et Larch,
etc. », indique Moïse Zahoui, agent du en plein centre-ville, les engins de chan-
Réseau de soutien à l’immigration fran- tier s’activent pour donner vie à la Place
cophone du Nord de l’Ontario (RSIFNO) des Arts, un complexe culturel franco-
chargé du projet, et lui-même originaire phone qui comprendra, d’ici à la fin 2020,
de Côte d’Ivoire. Une sorte de guichet une salle de spectacle de 300 places, un
unique pour le nouvel arrivant. bistro, une crèche, une librairie et une
galerie d’art. Un rêve qui prend forme,
Le risque communautaire après treize ans de tractations entre les
Thomas Mercier, coordinateur du RSIFNO, sept organismes fondateurs, dont le
en est convaincu : « Nous avons une occa- Carrefour francophone, le Centre franco-
sion en or de faire vivre une communauté ontarien de folklore et le Théâtre du
interculturelle à Sudbury. A nous d’éviter Nouvel-Ontario. « Ce sera un lieu d’an-
de tomber dans le modèle communau- crage pour tout ce que la francophonie a
taire des grandes métropoles améri- à offrir et à raconter à Sudbury, prévoit
caines, voire de Toronto. » Stéphane Gauthier. Nous construisons
De fait, le risque existe. « Nous com- une institution où chacun aura sa place
mençons à voir coexister deux commu- et où l’on pourra définir l’avenir tous
nautés francophones, s’inquiète ainsi ensemble, sans oublier d’où l’on vient.
Gouled Hassan, président du Contact Nous aurons l’essentiel : un lieu et une
interculturel francophone de Sudbury, volonté de se rapprocher. »
un organisme créé il y a plus de vingt ans. Pour l’heure, c’est un vers du poète
D’un côté, la communauté franco-onta- franco-ontarien Robert Dickson, âme du

rienne traditionnelle, de l’autre, les nou- mouvement du Nouvel-Ontario, qui

UN HAUT LIEU DE veaux arrivants francophones, un groupe habille les barrières de sécurité installées
LA “RÉVOLUTION SEREINE” au sein duquel se forment encore des devant le chantier : « Sans explosions,
FRANCO-ONTARIENNE micro-communautés. » Sudbury a récem- cette ville n’existerait pas. » Un adage tou-

S
i le Québec a mené sa Révolu- ment vu éclore des associations haï- jours aussi actuel. 
tion tranquille, l’Ontario a connu tienne, congolaise ou ivoirienne. « Nous

sa « révolution sereine ». Dans les
années 1960, la montée du nationa-
lisme québécois provoque l’implosion
du bloc monolithique du « Canada
français » à travers le pays. Orphe-
lins, les franco-ontariens doivent
redéfinir leur identité et leur culture.
Et c’est à Sudbury que sont créés le
drapeau franco-ontarien, hissé pour
la première fois à l’Université Lauren-
tienne en 1975, et la coopérative des
artistes du Nouvel-Ontario. Celle-ci
sera à l’origine du Théâtre du Nouvel-
Ontario, de la maison d’édition Prise
de parole et du festival musical La
Nuit sur l’étang, tous cofondateurs de
la future Place des Arts.
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
sommes déjà minoritaires, pourquoi nous
marcher ainsi sur les pieds ? » regrette
Gouled Hassan. Arrivé à Toronto à l’âge
de 15 ans avec ses frères et son oncle, venu
à Sudbury pour les études, ce Djiboutien
estime que, sans le soutien du RSIFNO,
qu’il a rapidement rejoint, il serait
retourné vivre au sein de sa communauté
ethnique, dans la mégalopole ontarienne.
«  Ce réseau m’a permis de faire des
rencontres et de m’impliquer, dit-il.
Aujourd’hui, quand mes frères viennent
me voir, je les ouvre à un autre monde ! »
Aurélie Lacassagne, qui mesure sa
chance de pouvoir fréquenter la franco-
phonie dans toute sa diversité, estime que
+loin
Réseau en immigration francophone
du Nord de l’Ontario Travaille
à renforcer la capacité d’accueil
des communautés francophones
minoritaires et à favoriser l’intégration
des immigrants. reseaudunord.ca/fr
Société économique de l’Ontario
Des informations pour immigrer,
trouver un emploi, démarrer une
entreprise. seo-ont.ca
Invest Sudbury De nombreuses
ressources pour préparer son
installation. investsudbury.ca/
immigration-francophone
 L’endroit le plus
accueillant au Canada
est près de chez vous.

Les voies d’immigration provinciales de Terre Neuve et Labrador

pourraient vous permettre de vivre et de travailler dans la province
située le plus à l’Est et la plus accueillante.
Un récent sondage a indiqué que St. John’s (Terre-Neuve-et-Labrador) est la ville la plus ouverte et
la plus accueillante du Canada. Et l’une des meilleures façons de le constater par vous-même est de
présenter une demande d’immigration au titre du Programme des candidats de la province de Terre
Neuve-et-Labrador ou du Projet pilote d’immigration au Canada atlantique. Informez-vous sur nos
voies d’immigration à www.nlimmigration.ca afin de vérifier laquelle vous convient le mieux.

1 Programme des candidats des provinces Travailleurs spécialisés | Diplômés internationaux

Entrée express de travailleurs qualifiés | Entrepreneurs internationaux | Entrepreneurs diplômés à l’étranger Entrepreneur

2 Projet pilote d’immigration au Canada atlantique

findnewfoundlandlabrador.com
 128 L’ A U T R E C A N A D A V I V R E

Loin d’être déçus, les deux trentenaires

ont constaté que la ville regorgeait
d’écoles francophones et qu’elle répon-
dait aussi bien à leurs besoins familiaux

Ottawa, la force qu’à « leurs habitudes de loisirs ».

« Les accès à la campagne, la forêt et
les lacs sont beaucoup plus faciles »,

tranquille explique Cyrille Troubat. « On peut trou-

ver plein d’activités à des tarifs abor-
dables », enchaîne Catherine. Parents de
deux garçons, ils apprécient leur vie quo-
tidienne, même si le bus « n’est pas
Le charme paisible d’une ville dotée fiable », tandis que l’O-train (O pour
Ottawa), le nouveau train léger sur rail
de nombreux espaces verts, qui profite censé relier les quartiers de l’est au centre-
de la solidité du secteur public : ville, connaît des débuts difficiles. Inau-
guré, avec retard, en septembre 2019, ce
la capitale fédérale ne manque pas d’atouts. réseau de 12,5 kilomètres et de 13 stations
subit nombre de ratés : pannes d’ascen-
PAR HUGUETTE YOUNG seurs, blocage des portes, problèmes
d’alimentation… Les Troubat ont d’ail-
leurs fini par acheter une voiture. « Ici, fait
remarquer Catherine, c’est le continent
de la voiture individuelle. Mais c’est une

A
u premier coup d’œil, ce gratte-ciel, à l’inverse de la plupart des ville agréable à vivre en famille avec de
qui émerveille le nouvel cités nord-américaines, elle évoque une jeunes enfants. »
arrivant, c’est le Parle- bourgade tranquille. « On n’a pas la sen- Outre cette ambiance apaisante,
ment de style victorien sation d’être entassés », confirme le Fran- Ottawa bénéficie de la présence de nom-
qui surplombe d’un côté çais Cyrille Troubat. Avec sa compagne breux ministères et agences gouverne-
la rivière des Outaouais Catherine, il a emménagé dans la capitale mentales. Cela fait sa force, analyse Ian
et, de l’autre, le célèbre canal Rideau, canadienne après avoir vécu un an à Lee, professeur associé à l’Université
construit à des fins militaires dans les Toronto. Elle est enseignante en phy- Carleton, en produisant un effet stabili-
années 1830. En temps normal, la colline sique-chimie au lycée Claudel (le lycée sateur sur l’emploi, le revenu et l’immo-
parlementaire est très accessible. Mais, français de la ville), il est responsable des bilier. Le secteur public recourt rarement
pour l’heure, les visites guidées sont relations clients à l’Alliance française. à des mises à pied, précise-t-il, la capitale
annulées et les édifices fermés au public,
le temps d’une longue cure de rajeunisse- Le Parlement d’Ottawa et ses bâtiments
ment. De loin, on peut tout de même néogothiques (à gauche) dominent
admirer la tour de la Paix, qui domine la le canal Rideau, consacré patrimoine
colline du haut de ses 98 mètres. Son caril- mondial de l’humanité par l’Unesco.
lon de 53 cloches, l’un des plus vieux en
Amérique du Nord, a été contraint au
silence cet été, en raison des travaux et de
la pandémie, sauf le 1er juillet, pour célé-
brer la fête du Canada. A ses pieds, le canal
Rideau, qui s’étire sur 7,8 kilomètres,
devient en hiver la plus longue patinoire
du monde. Mitaines et tuques sont de
mise pour profiter au mieux de la glissade,
avant de déguster un chocolat chaud
accompagné de « queue de castor », une
spécialité pâtissière locale.
Siège du gouvernement, Ottawa est
une ville calme. Les gens y festoient
moins qu’à Toronto, par exemple, et
rentrent directement chez eux après leur
journée de travail. Très étendue – elle
englobe des quartiers résidentiels comme
des terres agricoles –, dépourvue de
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
 L’ A U T R E C A N A D A V I V R E
résiste donc beaucoup mieux aux chocs
économiques que Toronto et Montréal, y
compris en période de récession. Selon
Statistique Canada, le revenu médian des
ménage s avant imp ôt s’élevait à
86 451 dollars canadiens en 2015, soit le
revenu le plus élevé des villes onta-
riennes. Certes, Ottawa ne vit pas d’in-
croyables envolées de croissance en
période de boom économique, mais l’éco-
nomie ne s’écroule pas lors des creux.
D’autant que les secteurs technologique
(plus de 70 000 travailleurs), universitaire
et financier contribuent à la richesse
d’une ville qui compte plus de 1 million
d’habitants et devrait atteindre 1,4 mil-
lion d’ici à 2050, en grande partie du fait
de l’immigration.
Extrêmement proche du Québec
Et pourtant… Malgré le souhait des franco-
ontariens, qui voient leur poids démogra-
phique reculer à cause d’un faible taux de
natalité et de l’arrivée en nombre d’immi-
grants anglophones, l’Ontario peine à
attirer des francophones. A ce jour, la cible
officielle de 5 % de francophones parmi
les immigrants accueillis chaque année
n’a même jamais été atteinte.
« En 2018, on était à 1,9 %, déplore
Carol Jolin, président de l’Assemblée de
la francophonie de l’Ontario, mais le gou-
vernement fédéral a promis des moyens. »
En septembre, un lieu unique de services
destinés aux arrivants de langue française
(France, Haïti, Afrique…) ouvrira ainsi ses
portes dans le centre-ville. Ce Point d’ac-
cueil francophone centralisera toutes les
informations sur la santé, les permis de
conduire, les écoles et les autres services
proposés par la ville et les gouvernements
ontarien et fédéral. Par ailleurs, une Mai-
son de la Francophonie a vu le jour en jan-
vier 2020 dans l’ouest de la ville. Avec
l’aide de plus de 50 partenaires, ce centre
d’initiative communautaire offre une
multitude d’activités et de services en
français dans les domaines de la santé, de
l’éducation, de l’emploi et de la culture.
Fédéralisme oblige, anglais et français
cohabitent à Ottawa, d’autant qu’avec la
ville de Gatineau située juste de l’autre
côté de la rivière des Outaouais, la capi-
tale est extrêmement proche du Québec.
VLADONE/ISTOCK, SDP
Une réalité à prendre en compte en
matière d’emploi : « Les gens compétents
trouvent assez facilement du travail,
affirme Désir Saint-Phard, directeur géné-
ral du Conseil économique d’Ottawa
129
Cyrille et Catherine Troubat,
et leurs deux garçons
“La ville
regorge d’écoles
francophones,
les accès à
la campagne
sont faciles et on
peut trouver plein
d’activités à des
tarifs abordables.”
Carleton (Césoc), à condition de maîtriser ce n’est pas toujours le cas », avoue-t-il.
un minimum l’anglais, car la majorité des Diplômé en administration des affaires,
employeurs sont anglophones. » Le Césoc il a décroché un emploi à temps partiel à
propose d’ailleurs gratuitement des cours la Cité collégiale, un collège francophone,
de français et d’anglais aux nouveaux arri- et cherche désormais un temps plein, tout
vants, qui peuvent également pratiquer en menant à bien ses démarches pour
avec des collègues lors d’ateliers de obtenir la résidence permanente.
conversation informels. Le jeune homme a visité un par un les
Autre difficulté pouvant décourager musées d’Ottawa, dont le splendide
plus d’un immigrant : les contraintes Musée des beaux-arts du Canada. Il
imposées par les ordres professionnels, apprécie cette ville « où le train de vie n’est
dont la non-reconnaissance des diplômes pas trop frénétique ». Et d’ajouter en riant :
étrangers, qui, selon une étude publiée en « Contrairement à Montréal où les gens
mars  2018 par l’Institut du Québec, ne dorment jamais ! » 
« peuvent devenir un obstacle à l’intégra-
tion » (lire page 60). Mais, selon la même
étude, l’Ontario s’en tire mieux sur ce plan
que la Belle Province… +loin
Point d’accueil francophone 130, rue Slater,
Justine Nkurunziza, réfugiée burun-
pièce 1220, Ottawa. pafottawa.ca
daise de 60 ans, activiste dans le domaine Ottawa Accueil Cette association regroupe
des droits de la personne dans son pays, des Français expatriés et des nouveaux
peut en témoigner. A son arrivée, il y a arrivants francophones et francophiles pour
quatre ans, sa licence en sciences sociales partager des bons plans et offrir des activités
et du soutien. ottawaaccueil.org
n’a pas été reconnue. Son défi principal,
Association des communautés
après avoir goûté à l’enseignement, a donc francophones d’Ottawa Cet organisme
été de dénicher un travail dans son s’est donné pour mission de faire d’Ottawa
domaine. Ce qu’elle a finalement réussi : une ville réellement bilingue.  acfoottawa.ca
depuis février 2020, elle est gestionnaire Maison de la francophonie Un lieu de
référence pour des activités et services
à la Société Elizabeth Fry d’Ottawa, un en français, inauguré cette année.  cmfo.ca
organisme à but non lucratif qui œuvre Festival Franco Ontarien Chaque année
auprès de femmes marginalisées et de en juin, une programmation artistique
détenues. Un job obtenu grâce au béné- variée. L’édition 2020 a été reportée aux 24,
25 et 26 septembre.  ffo.ca
volat (lire aussi page 132), « qui, souligne-
Build on/ON bâtit Un service pré-départ
t-elle, aide à acquérir l’expérience cana- financé par Immigration, Réfugiés
dienne demandée par les employeurs. » et Citoyenneté Canada. Renseignements
Ayant grandi au Burkina Faso et en et soutien aux immigrants voulant
Italie, Judicaël Massimboa, 23 ans, rêvait, travailler dans les métiers spécialisés,
l’ingénierie et la construction.
en arrivant à Ottawa en 2017, d’évoluer  buildonbatit.com/fr/Travailler-en-Ontario
dans un environnement français. « Mais
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA •lexpress.fr/canada
 Terre-Neuve-et-Labrador

Une province attractive

Cette province atlantique, la plus à l’est du Canada, attire de plus en plus d’immigrants
en quête d’une destination de choix pour travailler, s’établir et fonder une famille.

Un territoire double
La province se compose de deux zones dis-
tinctes. D’un côté, le Labrador s’étend sur la
partie continentale limitrophe du Québec, et
de l’autre l’île de Terre-Neuve, la 10e au monde
en superficie. L’ensemble occupe une surface
très vaste de 405 200 km2 dont presque les
trois quarts sont situés au Labrador.

Rappel historique
En 1497, Jean Cabot (Giovanni Caboto) ac-
Photos @Tourisme Terre-Neuve-et-Labrador

coste sur l’île de Terre-Neuve, faisant de lui

le premier Européen à en fouler le sol après
les Vikings. En 1583, sir Humphrey Gilbert
déclare la province colonie de l’Angleterre.
Elle reste sous ce régime jusqu’au 31 mars
1949, date à laquelle elle rejoint le Canada.
Terre-Neuve-et-Labrador compte aujourd’hui
plusieurs populations autochtones qui ras-
semblent Premières Nations et Inuits et est
essentiellement peuplée de descendants
irlandais ou anglais.

Un climat maritime
tempéré
Au Labrador, on passe d’un climat
continental à polaire, idéal pour les
amoureux de la neige et des éten-
dues glacées. Sur l’île de Terre-
Neuve les hivers sont moins froids,
les étés tempérés et les précipita-
tions plus importantes. Ce climat
maritime fait partie intégrante de
l’expérience terre-neuvienne.
Une nature
somptueuse
Vivre ici, c’est profiter d’une nature
préservée facilement accessible.
C’est l’un des meilleurs endroits
sur la planète pour observer les
baleines. On y compte également
les plus importantes colonies au
monde de macareux, l’oiseau ma-
rin emblématique de la province.
Chaque printemps, le spectacle des
icebergs détachés de la banquise et
qui se déplacent vers le sud attire
les foules. Formidable terrain de
jeux en plein air, Terre-Neuve et
Labrador abrite deux parcs natio-
naux, Gros-Morne et Terra-Nova,
32 parcs provinciaux et 11 réserves
écologiques.
Une capitale
pittoresque et animée
Saint-Jean-de-Terre-Neuve et
ses environs concentrent quelque
205 000 personnes sur les 521 000
habitants que compte la province.
Son centre-ville lové autour d’un
havre naturel en eau profonde
rassemble de typiques maisons
colorées accrochées à des ruelles
sinueuses partant à l’assaut des
collines voisines. La ville organise
de nombreux festivals multicultu-
rels et la vie nocturne s’anime sur
George Street au son de la musique
folk et celtique. Alentour s’étendent
différents quartiers jamais loin de la
mer et de ses paysages somptueux.
Les îles françaises de Saint-Pierre-
et-Miquelon ne sont qu’à 50 minutes
de vol de la capitale. Les aéroports
internationaux de la province offrent
des vols transcanadiens, mais éga-
lement vers l’Europe et les destina-
tions « soleil » vers le Sud.
Une économie
en diversification
La province connaît un important
développement économique. Re-
posant jadis essentiellement sur la
pêche, elle s’est diversifiée, exploi-
tant d’autres ressources naturelles
comme les minerais, le pétrole ou
l’hydroélectricité. Le secteur des
nouvelles technologies est actuel-
lement en plein essor.
Main-d’œuvre
qualifiée recherchée
Le vieillissement de la population et
les récentes opportunités de travail
dans de nouvelles sphères de l’éco-
nomie occasionnent une demande
accrue de main d’œuvre. La province
est ainsi toujours à la recherche de
travailleurs formés dans de nom-
breux domaines. Les secteurs qui
créent le plus d’emploi sont les hôpi-
taux, les technologies de l’informa-
tion, les banques et assurances, les
services à la clientèle (travail à dis-
tance) et la construction-rénovation.
Publi-rédactionnel
Une immigration
multiple
En 2019, 1850 nouveaux résidents
issus de différentes communautés
culturelles se sont établis à Terre-
Neuve-et-Labrador. S’adressant
aux travailleurs qualifiés et di-
plômés internationaux, les pro-
grammes Entrée Express, des can-
didats de la province (PCTNL) et le
programme pilote d’immigration
au Canada atlantique permettent
ensuite d’obtenir la résidence per-
manente.
Une Francophonie
active
Si les francophones de la province
représentent 1,1 % de la popu-
lation (soit quelque 5900 per-
sonnes), ils sont très dynamiques
à l’image de leurs nombreuses as-
sociations. Six écoles enseignant
en français de la maternelle à la
fin du secondaire sont présentes
et combinées au système scolaire
anglophone, elles font de Terre-
Neuve-et-Labrador un lieu favo-
rable au bilinguisme.
Témoignage
Olasade Joane
Ahmed, Française
installée à Saint-
Jean-de-Terre-
Neuve depuis 2017.
« Une visite en vacances s’est
transformée en une superbe
opportunité de changement. Un
nouveau départ dans un endroit
inspirant qui m’a offert stabi-
lité personnelle et profession-
nelle. La nature omniprésente fait
de Terre-Neuve-et-Labrador une
province qui regorge de choses à
découvrir ».
www.francotnl.ca
@VivreaTNL
nlimmigration.ca
 132 L’ A U T R E C A N A D A V I V R E

Le tremplin du bénévolat
Dans ce pays
Amélie Druillet
(deuxième à droite), auquel on doit
avec les femmes
de son groupe la création
de couture.
des Casques bleus,
l’engagement
solidaire est une
tradition. Et un gage
d’intégration
pour les nouveaux
arrivants.
Témoignages.
PAR NATACHA CZERWINSKI

“Une excellente façon de

se construire une réputation”
Amélie Druillet, 33 ans, Yukon

A
mélie Druillet n’est pas du genre à
tout planifier. Elle a plutôt ten-
dance à « se laisser porter par le
flot ». C’est donc un concours de circons-
tances qui a conduit cette assistante
médicale de formation à s’installer à
et le cadre de vie. « J’ai décidé de rester
parce que les gens me demandaient si je
serai encore là pour telle ou telle manifes- “Une ouverture sur la
tation à venir. Je me suis dit qu’il y avait
Antoine Zboralski, 28 ans,
plein de choses à faire ! »
C’est grâce à une connaissance rencon- Nouveau-Brunswick

Whitehorse, au Yukon. Et le bénévolat n’y
est pas pour rien…
Arrivée à Toronto en 2014 avec un
permis vacances-travail, la Gersoise y tra-
vaille d’abord comme assistante adminis-
trative dans un conseil scolaire. Mais l’en-
EMERAUDE PHOTOGRAPHY, RACHELLE RICHARD-LEGER, SDP
L
trée par le biais de ses activités bénévoles
qu’Amélie s’est ensuite impliquée dans un e goût de la recherche
groupe de couture composé essentielle- et une « bonne occasion »
ont conduit Antoine
ment de femmes issues des Premières
Zboralski à venir préparer un
Nations. De quoi l’aider à mieux s’implan- doctorat au laboratoire
ter dans sa nouvelle ville et à « créer du

de biotechnologie de l’université de Moncton,

vie de découvrir le pays la titille. « J’ai pris
un billet de bus de Toronto à Banff, en
Alberta. Pendant le voyage, j’ai rencontré
un Français qui allait à Whitehorse pour
la Yukon Quest, se souvient Amélie.
J’avais déjà lu des blogs de PVTistes qui
avaient fait du bénévolat sur cette course
de traîneaux à chiens mythique, et j’avais
trouvé cela génial ! » Aussitôt plongée
dans le bain (« J’ai passé cinquante heures
sur l’événement, à faire la sécurité, mon-
ter et démonter la ligne d’arrivée… »), la
jeune femme est séduite par l’ambiance
L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada
lien social ». « En s’asseyant et en brodant
des perles avec les gens, on apprend beau-
coup », explique celle qui est aujourd’hui
assistante exécutive pour la branche
de développement économique d’une
Première Nation. « Dans un petit milieu
comme Whitehorse, le bénévolat permet
de se faire connaître. Mes activités ont
contribué à établir ma réputation de per-
sonne sérieuse, fiable, autonome. Depuis
mai 2019, je fais partie du conseil d’admi-
nistration de la Yukon Quest. Et ce sont
eux qui ont insisté pour que je vienne ! »  m’a convaincu de m’impliquer davantage.
après avoir obtenu un diplôme d’ingénieur
en horticulture à Angers. « Il y avait un
financement, de bons équipements et une
thématique intéressante », détaille
le Français, qui travaille depuis mai 2016 sur
les interactions entre les plantes et les micro-
organismes. Sa passion pour la politique et
son intérêt pour l’environnement lui ont
ensuite donné matière à s’engager au sein
même de l’université. « J’ai commencé
par cultiver mes légumes dans le jardin de
l’association environnementale du campus,
Symbiose, raconte-t-il. Puis un ami canadien
 L’ A U T R E C A N A D A V I V R E
“Un accélérateur de rencontres”
Emilien Durand, 27 ans, Alberta
I
l aura suffi de quelques jours à Emilien
Durand pour comprendre l’impor-
tance du bénévolat au Canada. « La
preuve par l’exemple a été fulgurante »,
sourit ce Grenoblois d’origine, arrivé en
2019 avec un permis de travail ouvert.
C’est en se rendant à la Cité francophone
d’Edmonton, juste après son installation,
que le jeune homme entend parler de l’as-
sociation Canavua (Canadians Volunteers
United in Action), qui gère notamment
une antenne de la banque alimentaire.
« La mission de cet organisme me plaisait
et j’avais envie de m’investir, explique ce
chef de projet dans la construction. Le res-
ponsable de l’association m’a expliqué les
missions qui m’attendaient – distribuer
vie locale”
des denrées aux familles dans le besoin –
et il m’a aussi dit qu’une galerie d’art à
proximité cherchait un responsable com-
munication à mi-temps. Par son intermé-
diaire, j’ai rencontré le directeur et, une
semaine plus tard, je démarrais le job ! »
Au-delà de ce soutien professionnel, le
nouvel arrivant a pu bénéficier de l’appui
de ces deux « personnes ressources » à un
moment où tout était nouveau pour lui.
« Elles m’ont aidé à mieux connaître le
Canada, et Edmonton en particulier. Elles
m’ont donné des conseils pour les gestes
du quotidien, les démarches bancaires,
par exemple. Le bénévolat est une activité
très complète : on se fait un réseau ami-
cal, on découvre le pays et on apprend
l’anglais de la vie courante. »
Cette implication a aussi permis à
Emilien d’acquérir des compétences
transversales (accueil des bénéficiaires,
gestion de la distribution, supervision
d’équipe, etc.) et d’obtenir un « joli certi-
ficat » indiquant le nombre d’heures
consacrées à l’association. « Je n’ai jamais
obtenu ce genre de document en France.
C’est symbolique bien sûr, mais c’est assez
gratifiant. Cela prouve que notre enga-
gement a eu de l’importance. »  et d’employabilité. “Vous qui êtes
J’ai rejoint le comité exécutif de l’association
et j’en suis devenu président. Le mouvement
pour le climat était en train de monter
et il y avait beaucoup à faire sur les enjeux
écologiques. » Sous l’impulsion du jeune
doctorant et de son équipe, Symbiose est peu
à peu devenu un acteur incontournable
à l’échelle du campus, mais aussi de la ville
de Moncton. « Nous avons lutté contre
des projets de stationnement et milité pour
la création de pistes cyclables, raconte ce
Nordiste d’origine, pour qui l’expérience a été
bénéfique à plus d’un titre. J’ai beaucoup
appris sur la vie locale : quand j’ai commencé
à rédiger des communiqués de presse,
j’ai dû faire des recherches. J’ai par exemple
découvert que les élections municipales ne
fonctionnent pas du tout comme en France.
Mon engagement m’a aussi permis de
développer mon réseau professionnel – on
m’a déjà proposé un poste ! – et d’améliorer
mon image auprès des professeurs de
l’université. Il est arrivé que certains me
disent : “Je t’ai entendu ce matin à la radio,
j’ai bien aimé ce que tu as dit.” Ça fait plaisir,
et cela renforce les liens avec les gens. »
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133
“Expérimenter
les codes du travail
dans un cadre
sans enjeu”
Sarah Sudre, 30 ans,
Colombie-Britannique
P
our Sarah Sudre, l’engagement est
d’abord une question d’éducation  :
« C’est lié à mes convictions
personnelles, explique la jeune femme,
déjà bénévole dans une association
sportive en France. Je suis convaincue
que ça paie un jour ou l’autre… Et j’ai pu
le vérifier au Canada ! » Permis vacances-
travail en poche, Sarah et son conjoint
prennent, en 2013, la direction de Toronto.
« En arrivant, je me suis rapprochée du
Réseau de développement économique
journaliste, m’a demandé une conseillère,
pourriez-vous encadrer nos stagiaires
qui apprennent à écrire en français ?”
C’était l’occasion de mettre un pied
dans l’univers professionnel, mais aussi
d’améliorer mon niveau en anglais,
qui n’était pas très bon… » Elle a ainsi
pu découvrir les « codes du monde du
travail canadien », comme le rythme des
journées et la façon, plus détendue,
d’échanger avec la hiérarchie. « C’est bien
d’expérimenter tout cela dans un cadre
sans enjeu », estime-t-elle. A son retour
dans l’Hexagone, Sarah et son conjoint
cherchent à repartir au Canada, mais
à Vancouver. Et c’est grâce, entre autres,
à son expérience de bénévole que la
Française y décroche un poste, en 2017 :
celui de responsable communication au
Programme d’immigration francophone
de la Colombie-Britannique. « Ce que
j’avais fait pour le Réseau a plu, cela
prouvait aux recruteurs que je connaissais
le milieu institutionnel, que j’avais travaillé
en anglais et en français, et que j’étais très
motivée par le Canada », explique Sarah.
Détentrice de la résidence permanente,
la jeune maman projette désormais de
s’investir auprès des réseaux de parents.
 134 L’ A U T R E C A N A D A V I V R E
L’ENTRÉE DANS L’ARÈNE.
Au Canada, un  aréna est un
complexe sportif couvert
renfermant une patinoire. Le plus
célèbre est le Centre Bell (photo),
auparavant connu sous le nom
de Centre Molson. Depuis 1996,
il accueille les matchs à domicile
de l’équipe des Canadiens de
Montréal. Sa capacité totale
de 21 273 sièges en fait la plus
grande salle consacrée au hockey
sur glace en Amérique du Nord.

LES MOTS JUSTES. Pas de

« crosse » et de « palet » au Canada.
Les francophones parlent de
« bâton » et de « rondelle » ou
de « disque ». Les Anglo-Saxons
utilisent également ces deux mots,
en anglais stick et puck.
Et les Québécois leur empruntent
souvent le second terme…

MAURICE RICHARD,
RICHARD « THE
ROCKET ». Né en 1921 à Montréal dans
une famille francophone, il incarne
Le hockey,
le cœur et l’âme du hockey canadien.
Durant sa carrière dans la Ligue
nationale, de 1942 à 1960, il multiplie
une passion nationale
TEXTE ET PHOTOS PHILIPPE RENAULT
les records : premier joueur à marquer
50 buts en 50 matchs et huit fois
vainqueur de la coupe Stanley.
En 2000, à sa mort, il a droit
à des funérailles nationales
télédiffusées, une première pour
un sportif. En 2005, le film Maurice
Richard, de Charles Binamé,
raconte le rôle de ce joueur dans
l’émergence du sentiment de
fierté québécois qui mena à la
Révolution tranquille des années 1960.
IK/AFP
EV/SPUTN
A. KRYAZH

LA COUPE STANLEY. Equivalent pour le hockey du trophée

de la Ligue des Champions en football, elle porte le nom d’un
gouverneur qui, en 1892, offrit une coupe en argent aux meilleurs
joueurs de l’année. Si les Canadiens de Montréal sont l’équipe
la plus titrée de l’histoire, leur dernière victoire date de 1993…
 CAREY PRICE,
JOUEUR DE L’ANNÉE
2019-2020. Primé pour
la neuvième fois de sa
carrière, le gardien de but des
Canadiens de Montréal est l’un
des joueurs stars de la Ligue
nationale. Né en Colombie-
Britannique en 1987, il a rejoint
le club montréalais en 2007, au tout
début de sa carrière professionnelle.
Figurant parmi les meilleurs de sa
catégorie, il a remporté avec l’équipe du
Canada, le Championnat du monde junior
de 2007, la médaille d’or aux Jeux
olympiques de Sotchi en 2014 et la Coupe
du monde de 2016. Il est devenu l’an
dernier, à 31 ans, le gardien comptant
le plus de victoires dans son club.

UN HOBBY POPULAIRE. Pas besoin de patinoire

ni même de patins à glace pour pratiquer le sport
national. Que ce soit dans les petites municipalités
ou dans les banlieues des grandes villes, comme
ici à Laval, près de Montréal, il n’est pas rare
de bloquer une rue entière pour jouer. Ensuite, de
simples bottes de neige ou une paire de patins
à roues alignées (rollers) suffisent. On installe un but
portatif et hop ! La partie peut commencer.

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 136

CANADORAMA La tentation du séparatisme

« Nous voulons notre propre pays » : c’est le
credo du nouveau parti séparatiste Wexit
Canada, fondé en janvier 2020, qui réclame
l’indépendance des quatre provinces de
l’Ouest. Unis dans une lutte commune contre
Ottawa, l’Alberta, la Saskatchewan, le Mani-
toba et la Colombie-Britannique accusent
l’Etat fédéral de nuire à l’indus-

Les Premières Nations au premier plan
Pour Sage Paul, le choix d’un
vêtement est une déclaration
politique renouvelée chaque
jour. Cette artiste et designer
d’origine dénésuline, un groupe de
Premières Nations du nord-ouest,
a cofondé la Semaine de la mode
autochtone de Toronto en 2018.
Un an plus tôt, Joleen Mitton,
ancienne mannequin issue du
peuple des Cris des plaines, avait
organisé la première Semaine de
la mode autochtone de Vancouver.
Les deux femmes entendent
valoriser le travail des créateurs
WEXIT
trie pétrolière et d’appliquer une
péréquation financière inéqui-
table au profit du Québec, l’une
des provinces les moins riches du
pays mais parmi les plus enga-
gées pour la défense de l’environ-
nement. La victoire des libéraux,
à l’automne 2019, avait favorisé
l’émergence de ce jeune parti.
Mais la crise du pétrole engen-
drée par la pandémie de Covid-19
pourrait changer la donne. Face
aux difficultés, les provinces
métis, inuits ou appartenant
redécouvrent la solidarité fédé-
à l’une des 634 Premières Nations
rale. L’Alberta a même envoyé
recensées dans le pays. Leur but :
des masques et de l’équipement
promouvoir une mode responsable
médical au Québec.
qui, des traditions les plus anciennes
à l’industrialisation, en passant
par la colonisation, explore de
multiples héritages. Inspirée par
ce mouvement, la marque Canada
Goose a lancé le Projet Atigi,
des parkas inspirées des vêtements
inuits et réalisées à la main par
18 stylistes autochtones (photo).
Les recettes réalisées seront
redistribuées aux communautés.

Trudeau, stop ou encore ?

Lisez jeunesse !
Convaincre les jeunes lecteurs
d’acheter, d’emprunter,
de lire et de parler des ouvrages
canadiens, qu’ils soient en
anglais, en français ou en langue
autochtone : c’était l’objectif de
la première édition de
la journée Je lis des auteurs canadiens, organisée le 19 février 2020.
La littérature jeunesse nationale compte de grands auteurs
contemporains, tels Robert Munsch, recordman des ventes avec
Love You Forever (plus de 30 millions d’exemplaires écoulés dans
le monde), ou Barbara Reid, célèbre pour ses albums uniques,
illustrés par des sculptures en pâte à modeler. Mais les grands
classiques, comme la saga des aventures d’Anne, signée par Lucy
Maud Montgomery et inaugurée en 1908 avec Anne… La maison
aux pignons verts, sont toujours plébiscités par les enfants.  provoquant ainsi de nouvelles élections.
Réélu en octobre 2019 pour un deuxième
mandat, le Premier ministre libéral
Justin Trudeau aborde la fin d’année dans
une position guère confortable : alors
qu’il ne dispose que d’une majorité
relative au Parlement, il se retrouve, pour
la troisième fois depuis qu’il est en poste,
sous le coup d’une enquête du commissaire
fédéral à l’éthique. Il est cette fois
soupçonné d’avoir attribué un généreux
contrat public à un organisme caritatif
qui avait rémunéré des membres de
sa famille. Un conflit d’intérêts dénoncé
par l’opposition qui pourrait refuser sa
confiance au Premier ministre après son
discours du Trône, le 23 septembre,

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 PAR SIBYLLE DE VALENCE 137

DIPSTICK
L’invention
qui fait mouche
Le rituel de la pêche sur glace,
un incontournable rendez-
vous hivernal, implique
perceuse à glace, fauteuil
pliant, canne à pêche et… une
bonne réserve de boissons
pour tuer le temps. Problème : de les conserver sous la glace,
par ces températures polaires, là où la température est
les breuvages gèlent. Adam plus clémente : elles restent
Gare à la chasse ! Butler, pêcheur amateur au frais, mais ne gèlent
Au Canada, il n’est pas inhabituel de croiser, originaire de la Saskatchewan, plus. Après la publication
dans les jardins des petites cités reculées, a trouvé la parade et a conçu sur Facebook d’une
ours, biches, renards, cougars, coyotes un tube en plastique qui démonstration vidéo devenue
et autres quadrupèdes à la recherche de permet de plonger les canettes virale, le DipStick a été vendu
nourriture. Mais les grandes villes ont aussi et bouteilles dans l’eau et à plus de 10 000 unités. 
leurs lots de visiteurs familiers : écureuils
à Montréal, pigeons à Toronto, lièvres
à Calgary… Un phénomène amplifié par
le récent confinement. Certains prédateurs
n’attendaient même plus la nuit pour errer
dans les rues désertées par les humains.
Les autorisations de chasse n’ont pas
changé pour autant. Si chasser le lièvre est
permis toute l’année à condition que
l’animal soit sur votre terrain, pas question
en revanche de toucher aux oies sauvages.
La fameuse Bernache du Canada (dite
aussi outarde), qui se réfugie parfois en
milieu urbain, est une espèce protégée !

COLLECTION
TION
SDP, DAVE CHAN/AFP, GETTY IMAGES/ISTOCKPHOTO, © 2020 SOCIÉTÉ CANADIENNE DES POSTES

Le Groupe des sept se met en timbres

Il y a cent ans, au printemps
1920, les enfants
terribles du Groupe des sept
exposaient pour la
première fois à l’Art Gallery
of Ontario, à Toronto,
et faisaient sensation avec
leurs toiles d’inspiration
postimpressionniste, vives
et colorées. Franklin
Carmichael, Lawren Harris,
A. Y. Jackson, Frank
Johnston, Arthur Lismer,
J. E. H. MacDonald et
Frederick Varley donnaient
vie aux paysages
sauvages du nord du pays,
contribuant ainsi au
rayonnement de l’âme
canadienne. Postes Canada
leur rend hommage,
en imprimant une collection
de sept timbres marquant
le centenaire de cette école
de peintres paysagistes.
L’occasion de redécouvrir
ces artistes, dont nombre
d’œuvres sont exposées
de façon permanente
à Toronto, au Musée des
beaux-arts à Ottawa,
mais aussi à la Collection
McMichael d’art canadien,
à Kleinburg (Ontario),
où six des sept membres
du groupe sont enterrés.

L'EXPRESS S'INSTALLER AU CANADA • lexpress.fr/canada

 138 Image… envoyée : pour son exposition de rentrée, le Centre culturel canadien
à Paris a invité 36 artistes de la scène contemporaine canadienne à offrir
une vision de leur pays, à travers une série d’images inédites accompagnées
d’un texte. Nous avons sélectionné le regard de quatre d’entre eux.

CARTES POSTALES
UN TRAIN EN MARCHE Par Geoffrey James (photographe,
né au Pays-de-Galles, arrivé au Canada en 1966, vit à Toronto)
« Ces images font partie d’une observation toujours en cours du
Canada vu à travers les vitres d’un train en marche. C’est
le réseau ferré qui a été le lien unificateur du pays au XIXe siècle.
Aujourd’hui, une bonne partie du périple – surtout de
la côte Pacifique à Toronto – est une expérience touristique,
une façon de regarder à hauteur de cheval à la fois le paysage
et la façon souvent transitoire dont le pays a été colonisé. » TROIS SAISONS Par Jana Sterbak (plasticienne
From the Train/A Washago, série en cours depuis 2015. d’origine tchèque, vit au Canada depuis 1968)
« Pendant l’épidémie, j’ai eu la chance de pouvoir
m’échapper vers une cabane en rondins
aux alentours du Bic, un petit village de la région
pittoresque de l’estuaire du Saint-Laurent, où
le fleuve ne se distingue plus de l’Atlantique. Pendant
les deux mois de notre isolement, nous avons été
témoins du passage spectaculaire de trois saisons,
des violentes tempêtes de neige balayant le fleuve
jusqu’à la première vague de chaleur de l’été… »
Away, 2020.

MA CABANE Par Michael Snow (plasticien, né à Toronto)

« Depuis 1970, j’ai passé chaque été dans une cabane que j’ai
construite sur la côte ouest de Terre-Neuve. Pendant mes séjours,
j’ai fabriqué des meubles à partir de bois ramassé, j’ai pêché
dans les ruisseaux voisins, arpenté de vastes champs et contemplé
les orages. J’ai aussi créé beaucoup d’œuvres là-bas. »
Cabin on the West Coast of Newfoundland, Interior View, 2019.
LE CHALET Par Denys Arcand (réalisateur, né au Québec)
Image… envoyée / Image… sent. Une exposition du Centre culturel
et Ming Arcand (sa fille, designer)
canadien, 130, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris. Du « Dans les pays nordiques, le chalet est un lieu fondamental.
17 septembre au 16 octobre 2020, de 10 à 17 h 30. Visite libre dans le respect Les millionnaires en ont un, les ouvriers aussi. C’est l’endroit magique
des normes sanitaires en vigueur. L’exposition est disponible en format on l’on recommunique avec les arbres, les lacs et le gibier. On peut
virtuel jusqu’au 17 septembre 2021 canada-culture.org/expovirtuelle y entendre la voix des divinités de la forêt et des eaux. Le chalet est
N. B. Les titres sont de la rédaction. Les projets (à l’exception de celui omniprésent dans la littérature, la peinture et le cinéma canadiens
de Geoffrey James) sont composés de trois images. Chaque photo ne et québécois. Le héros ou l’héroïne finit toujours par s’y retrouver. »
représente ici qu’une partie de l’œuvre. Fauteuils Adirondack au printemps par temps nuageux, 2020.

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 Publi-rédactionnel

Témoignage

Cap sur le Nouveau-Brunswick

« À Paris, j’étais une experte dans le domaine de
la cybersécurité et je travaillais pour un géant
de l’informatique depuis plusieurs années. Lors
d’un voyage professionnel à Fredericton, je suis
tombée sous le charme de ses habitants. J’ai tout
naturellement décidé de me faire muter ici.»
Le gout du défi et de l’aventure n’est pas pour
déplaire à cette jeune trentenaire.

«Les gens sont géniaux ici, ils sont ouverts d’esprit,

ils sont polis, gentils. À mon premier Noël, mon boss
m’a accueillie dans sa famille. Dès le début, j’ai été
prise en charge par des gens vraiment chaleureux.»
La jeune femme supervise une équipe de sept
personnes, pour la plupart des nouveaux-arrivants
comme elle : «On est comme une petite famille,
après la journée de travail, on sort ensemble, on
prend un verre, c’est très sympa.»

«Fredericton a la taille parfaite, pour me rendre à

mon travail, je n’ai que 10 minutes de transport,
contre 1h30 à Paris! J’habite tout près d’un jardin
botanique et d’une forêt. La nature est omniprésente
ici et, en hiver, le froid est sec et le ciel est bleu, on en
profite pour faire des balades en raquette. »
Gladys Koskas
Spécialiste en cycbersécurité
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