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Pollution des sols

Diagnostic des sols :


les investigations
« légères » (I)
Contenu de la phase d’investigations légères
Quels milieux prélever ?
Localisation et densité des investigations
Natures des investigations / moyens de prélèvements
La présente fiche fait suite à l'article de Technologies n°69 de novembre 2002. Elle
traite de
l’étape des investigations "légères", c'est-à-dire la seconde étape (phase B) du
diagnostic de sols. Elle a été définie d'après les résultats de la phase documentaire
(phase A) : études de l’historique et du contexte environnemental du site.
L’objectif de la phase B est surtout de préciser si les zones identifiées dans les
étapes précédentes comme potentiellement polluées le sont effectivement et, le cas
échéant, l’importance de l’impact sur les différents milieux.
La somme des informations recueillies lors des phases A et B sera ensuite utilisée
pour l’évaluation simplifiée des risques (ESR) qui détermine, à la suite du diagnostic
de sol, les contraintes ultérieures de gestion du site.

Contenu de la phase d’investigations légères


Schématiquement, la phase d’investigations légères revient à prélever des
échantillons des différents milieux, à les analyser et à en interpréter les résultats.
A ce stade, le responsable de la gestion de la pollution des sols doit clarifier un
certain nombre de questions pour déterminer son programme d’investigations :

- définition des milieux dans lesquels il faut prélever des échantillons (sol, eau, air);
- localisation et choix des méthodes des prélèvements en fonction des objectifs
assignés à cette phase ;

- conditionnement et transport des échantillons ;


- analyses à réaliser sur ces échantillons.

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Comme pour chaque phase, la réponse devra être un compromis entre contraintes
techniques et impératifs financiers : un programme d’investigations trop
"économique" augmente le risque de "passer à côté de quelque chose", à l’inverse,
le coût de certains types d’investigations doit être évalué en fonction de l’intérêt
"marginal" de leurs résultats à ce stade la connaissance de l’état de pollution des
sols.
Les réponses dépendront également du contexte particulier du site, de son
environnement, de sa situation administrative…
Enfin, il convient de toujours envisager cette étape comme une phase dans un
processus global qui peut aller jusqu’à la dépollution. De ce fait, la stratégie
d’investigation devra être adaptée, et éventuellement organisée en fonction des
possibles contraintes ultérieures de remise en état.
Nous proposons ici des pistes de réflexions pour aider les gestionnaires à définir un
programme d’investigations aussi adapté que possible au problème qui leur est
posé.
Dans les fiches suivantes nous nous attacherons à décrire les phases de
prélèvement, de conservation et d’analyse des échantillons.

Quels milieux prélever ?


Lors de la phase B, les prélèvements sont généralement réalisés dans les sols, les
eaux souterraines et les eaux de surface. Le prélèvement et l’analyse d’échantillons
d’air atmosphérique ne sont habituellement pas réalisés lors de cette étape.
Les milieux à prélever sont déterminés en fonction du contexte environnemental.
L'évaluation de l’opportunité de prélever dans un milieu se fait sur la base de :
- son exposition directe ou indirecte à une source de pollution potentiellement
présente sur le site ;

- son possible rôle de voie transfert vers un autre ;


- son utilisation par l’homme.
Si l’un de ces aspects est avéré, il sera préférable d’échantillonner le milieu
considéré, lors de la phase d’investigations légères ou lors des investigations
approfondies. Le schéma conceptuel, qui doit être réalisé dans le cadre du
diagnostic de sol ou l’utilisation d’un tableau comme celui présenté ici peuvent
constituer des outils utiles pour répondre à ces questions.
D’une façon générale, les solutions dépendent des propriétés des polluants
susceptibles d’être présents (volatilité, solubilité…) et du contexte environnemental.

Note : dans le cadre du diagnostic initial des sols et des investigations légères,
seules les voies d’exposition directe sont généralement prises en compte.

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TABLEAU 1 –GRILLE D’ÉVALUATION DES MILIEUX SUSCEPTIBLES DE SUBIR UN IMPACT
LIÉ À UNE SOURCE DE POLLUTION POTENTIELLE IDENTIFIÉE

Scénario de
Voie de Existence d’un
transfert du
transfert de Localisation de Voies risque dans le
milieu vers
la source la pollution d'exposition contexte du
les
vers le milieu site ?
récepteurs
Exposition directe des récepteurs avec un milieu pollué
Inhalation de gaz
ou de poussières
sur lesquelles est
Volatilisation
Présence à absorbé le
Mise en
air proximité de polluant. O/N
suspension
la source Absorption
dans l’air
cutanée du
polluant par les
poussières.
Ingestion directe
de sol.
Sol (fraction
Absorption
solide et Présence sur
infiltration cutanée du O/N
atmosphère le site pollué
polluant par
interstitiel)
contact avec le
sol.
Source de Rejet direct Absorption
pollution Ruissellement cutanée de
(primaire ou Eaux de
Inondation polluant à parti O/N
secondaire) surface
Drainage de d'eau polluée
la nappe Utilisation de (douches,
l’eau polluée vaisselle…).
pour des Ingestion d'eau
usages polluée.
Infiltration domestiques, Inhalation de
Lessivage eaux agricoles ou composés
O/N
Drainage des souterraines industriels volatiles dans la
cours d’eau vapeur d'eau
polluée (eau de
cuisine,
douches…).
Exposition indirecte des récepteurs avec le milieu pollué
bio
Ingestion
accumulation
d'animaux ayant
des polluants O/N
été en contact
dans la chair
avec la pollution.
Chaîne animale
alimentaire bio
Ingestion de
accumulation
végétaux arrosés
des polluants O/N
par les eaux
dans les
polluées.
végétaux

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• Sols
Les sols, en tant que zones identifiées comme ayant supporté des activités
polluantes, feront en général l’objet de prélèvements. Les sols peuvent être à la
fois :
- un milieu récepteur d’une pollution, subissant ou ayant subi l’impact d’une source
de pollution dite "primaire" (zone de stockage, de déversement…) ;
- une source de pollution dite "secondaire" (en particulier si la source de pollution
primaire a disparu) pour la nappe, les personnes présentes sur le site…

• Eaux souterraines
La question de la pertinence du prélèvement des eaux souterraines et des eaux de
surface sera plus fréquemment posée.
Dans le cas d'une nappe protégée par plusieurs mètres d’argiles imperméables, on
ne prélèvera pas d'échantillons d’eau, sauf si des voies de transferts particulières
ont été identifiées (présence de puits atteignant la nappe par exemple).
Lorsque plusieurs nappes sont présentes au droit du site, la nécessité de les
échantillonner toutes dépendra encore une fois du contexte environnemental :

- utilisation ou non des aquifères (formations géologiques contenant une nappe),


pour quels usages ;
- niveau de protection naturel des aquifères (présence de couches géologiques peu
perméables…).
On pourra, par exemple, choisir de prélever en premier lieu l’aquifère le plus proche
de la surface, même s’il n’est pas utilisé pour l’alimentation en eau potable, de
façon à avoir une idée de l’impact d'une pollution issue de la surface sur le milieu le
plus directement exposé.
En effet, la définition du programme d’investigations "légères" peut comprendre
une éventuelle seconde phase d’investigations dont la teneur découlera des
résultats de la première.
• Eaux de surface
Pour les eaux de surface, il convient d’évaluer l'éventualité de transferts de la
pollution depuis la source vers le milieu. D’une façon générale, ce transfert peut se
faire :
- par l’écoulement des eaux de ruissellement sur les eaux polluées et
l’entraînement des polluants vers les eaux de surface ;
- par les phénomènes d’inondations ;
- par le drainage de la nappe par le cours d’eau.

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Localisation et densité des investigations
• Pour les sols
Les phases documentaires du diagnostic de sol doivent avoir permis de préciser la
localisation des activités passées ou actuelles ayant pu avoir un impact sur les
milieux.

La réalisation de l’étude historique permet en général d’échapper à des


investigations systématiques selon un maillage régulier dont le coût est souvent
très élevé.

Un tel maillage sera plus généralement utilisé dans des phases ultérieures, en
particulier pour préciser l’extension et les différents niveaux de concentration d’une
zone homogène déjà identifiée comme contenant une pollution (exemple : une zone
de dépôts de sédiments pollués, de déchets de production plus ou moins
concentrés…).
• Pour les eaux souterraines
La localisation des points de prélèvement dans la nappe dépendra de ce que l'on
veut évaluer :
- impact général du site sur la nappe : les points de prélèvements seront implantés
en limite du site (un en amont et deux en aval) ;
- impact particulier d’une zone précise : les points de prélèvements seront localisés
plus près, voire à l’intérieur, des zones étudiées.
Généralement, le nombre de points d’investigation de la nappe est au moins de
trois : un en amont et deux en aval. Cette disposition est essentielle pour préciser
le sens d’écoulement local de la nappe, ponctuellement assimilée à un plan (définit
par les trois points d’investigations), et pour réduire le risque de "rater" la pollution.

En effet, le sens général d’écoulement de la nappe, déterminé lors de la phase


documentaire, peut subir des changements ponctuels importants (présence d’un
accident géologique, existence d’un captage…) qui risquent de fausser toute
l’interprétation des résultats d’analyse s’ils ne sont pas caractérisés.
De même, la profondeur de l’eau par rapport au terrain naturel ne doit pas être
utilisée pour déterminer un sens d’écoulement : le relief du sol peut entraîner une
interprétation erronée d’un sens d’écoulement déterminé d’après la profondeur de
l’eau par rapport au terrain naturel (TN).
La pose des piézomètres (puits de petits diamètres, quelques centimètres, forés
pour accéder à la nappe) devra donc être accompagnée de leur nivellement afin de
déterminer le niveau de la nappe et son sens d’écoulement (voir schéma).

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Un plus grand nombre de piézomètres peut être posé en fonction de la taille du
site, de la surveillance particulière d'une zone polluée…

Enfin, le prélèvement d’échantillons en amont et en aval permet de déterminer


l’impact du site sur la nappe en évaluant la différence entre "ce qui entre et ce qui
sort".
• Pour les eaux de surface
Pour les eaux de surface, il conviendra également de déterminer la différence de
concentration des éventuels polluants dans les eaux entre l’amont et l’aval du site.
Dans un premier temps, un échantillon en amont et un autre en aval, assez proche
du site, doivent être suffisants pour caractériser l’impact de la pollution sur les eaux
de surface.

Dans un second temps, le prélèvement d’échantillons à différentes distances en


aval du site permettra de mieux évaluer l’effet de dilution des polluants.

Natures des investigations / moyens de prélèvements


• Les sols
La caractérisation de la pollution des sols peut être faite :
- indirectement, par analyse de l’atmosphère interstitielle des gaz du sol
Cette technique s'applique à des polluants fortement volatils. Elle consiste à plonger
des cannes métalliques creuses dans le sol jusqu'à une profondeur déterminée. Une
pompe aspire alors les gaz constitutifs de l’atmosphère interstitielle des sols. Ceux-
ci sont prélevés à l’aide d’une seringue à travers le tuyau flexible reliant la canne à
la pompe et immédiatement analysés grâce à du matériel d’analyse embarqué.
Cette technique permet de réaliser de nombreux points d’investigation en
peu de temps et d’acquérir rapidement une cartographie de la pollution des
sols. Elle est très utilisée, par exemple, pour les diagnostics de sites de
stations services ;

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- directement, par observation et prélèvement de la matrice solide du sol

Pour le prélèvement des échantillons de sol, deux techniques de prélèvements sont


surtout utilisées :
- les tranchées à la pelle mécanique,
- les sondages mécaniques ou à la tarière manuelle.
La tarière manuelle permet de prélever des échantillons à moindre coût mais à des
profondeurs réduites.

Les sondages mécaniques sont réalisés à l’aide de foreuses équipées de divers


outils. Celles-ci permettent l’observation et l’échantillonnage des terrains sur une
colonne de quelques centimètres de diamètres et quasiment sans limite de
profondeur si la machine est correctement dimensionnée. Le sondage permet
également de limiter les perturbations des sols en surface (notamment si les
revêtements doivent être conservés, si des canalisations sont présentes…).

Les outils les plus utilisés sont le carottier ou la tarière. Le carottier présente
l’avantage de réaliser le prélèvement d’échantillons non remaniés, d’un point de
vue physique, et à des profondeurs bien identifiées du fait de l’obligation de
remonter périodiquement le carottier (en général, tous les mètres). En outre,
lorsque des polluants volatils vont être recherchés dans la phase d’analyse, le
carottier limite leur volatilisation lors de l'échantillonnage.
• Les eaux souterraines
Le prélèvement de l’eau souterraine sera réalisé par l’intermédiaire de piézomètres,
ou de puits de contrôles et/ou de tout point de captage de la nappe dans le
voisinage ou sur le site.

La profondeur des piézomètres dépend du contexte hydrogéologique et des


polluants recherchés. Elle doit ainsi tenir compte de la profondeur approximative
déterminée par les recherches documentaires de la phase A et du battement de la
nappe (variation du niveau de la nappe).

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La tranche d’eau dans le puits de contrôle résultera du type de polluants
recherchés :
- si les polluants potentiels sont moins denses que l’eau (carburants par exemple)
et/ou solubles dans l’eau le tranche sera de quelques mètres ;

- si les polluants sont plus denses que l’eau (solvants chlorés par exemple), il
pourra être utile de prévoir la pose de piézomètres jusqu’à la base de l’aquifère de
façon à détecter d’éventuelles phases de produit pur.
• Précautions particulières
Des précautions particulières doivent être prises par les entreprises de forage lors
de la réalisation de ces opérations afin de ne pas introduire de polluants dans le
milieu par le biais de leur réalisation ou a contrario afin ne pas diminuer les teneurs
analysées ultérieurement dans les échantillons.
Par exemple, les tubages devront être vissés plutôt que collés pour éviter d'ajouter
des composés organiques dans le milieu.
De même, les forages devront être réalisés à sec plutôt qu'en utilisant des fluides
(eau ou air) qui risqueraient d'entraîner des polluants lessivables ou volatils et
fausser les résultats d’analyses.

L’utilisation de puits ou de points de captage déjà existants peut diminuer le coût


des investigations en limitant le nombre de piézomètres mis en place. Ces ouvrages
ne doivent cependant pas être trop éloignés de la source de pollution potentielle,
auquel cas, la pollution recherchée pourrait être très diluée.

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