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Les demeures[modifier 

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Les demeures de Balzac font partie intégrante de La Comédie humaine. Obligé de quitter un
appartement pour échapper à ses créanciers, il possède parfois deux logements en même
temps.
Les fastes de la rue Cassini[modifier | modifier le code]

Plaque au no 17 rue Visconti (Paris).

En 1826, Balzac s'installe chez Henri de Latouche, rue des Marais-Saint-


Germain214 (aujourd’hui rue Visconti). Son ami lui aménage une garçonnière au premier étage, où
l’écrivain peut recevoir Mme de Berny215. Surtout, cette demeure offre au rez-de-chaussée un
espace assez vaste pour installer l'imprimerie dont il a fait l'acquisition216. Très vite, cependant,
cette entreprise commerciale échoue. Alexandre Deberny, sixième des neuf enfants de Laure de
Berny, prend la direction de l’affaire217. Il sauve du désastre ce qui deviendra la célèbre fonderie
Deberny et Peignot ; celle-ci ne fermera que le 31 décembre 1972218,n 33.

L'Observatoire de Paris, côté sud.

En 1828, assailli par ses créanciers, Balzac se réfugie au no 1 de la rue Cassini, logement que
son beau-frère Surville a loué pour lui219 dans le quartier de l’Observatoire de Paris, considéré à
l’époque comme « le bout du monde » et qui inspirera sans doute l’environnement géographique
de l'Histoire des Treize. Latouche, qui a en commun avec Balzac le goût du mobilier, participe
activement à la décoration des lieux, choisissant, comme pour la garçonnière de la rue Visconti,
de couvrir les murs d’un tissu bleu à l’aspect soyeux220. Balzac se lance dans un aménagement
fastueux, avec des tapis, une pendule à piédestal en marbre jaune, une bibliothèque d’acajou
remplie d’éditions précieuses. Son cabinet de bain en stuc blanc est éclairé par une fenêtre en
verre dépoli de couleur rouge qui inonde les lieux de rayons roses220. Le train de vie de Balzac est
à l’avenant : costumes d’une élégance recherchée, objets précieux221, dont une canne à
pommeau d’or ciselée avec ébullitions de turquoises et de pierres précieuses, qui deviendra
légendairen 34.
Le fidèle Latouche s’endette pour aider son ami à réaliser sa vision du « luxe oriental », en
agrandissant par achats successifs le logement qui deviendra un charmant pavillon222. C’est dans
ce lieu que naîtront nombre de ses romans, notamment Les Chouans, la Physiologie du
mariage, La Peau de chagrin, La Femme de trente ans, Le Curé de Tours, l'Histoire des
Treize et La Duchesse de Langeais, au monastère inspiré en partie par le couvent
des Carmélites, proche de la rue Cassini. Balzac jettera pendant ces années-là les premières
bases de La Comédie humaine.
Mais son train de vie luxueux dépasse de loin ses revenus et, après quelques années, il croule
sous des dettes énormes, malgré l’argent que lui rapporte son énorme production littéraire et en
dépit du fait qu'il est l'écrivain le plus lu de l'époque223. En mars 1835, il va se cacher
provisoirement dans un autre appartement, rue des Batailles, tout en gardant le logement de la
rue Cassini224. Pourchassé par la Garde nationalen 35, il est finalement arrêté dans son logement
de la rue Cassini, le 27 avril 1836, et incarcéré jusqu'au 4 mai225. Rapidement libéré, il doit
cependant encore échapper à ses créanciers.
Rue des Batailles[modifier | modifier le code]

La place d’Iéna et l’avenue d'Iéna dans le prolongement.

En mars 1835, pour fuir les créanciers qui le harcèlent, il se réfugie dans un second logement, au
13 rue des Batailles (aujourd'hui avenue d'Iéna), dans le village de Chaillot, qu'il loue sous le nom
de veuve Durand226. On n’y entre qu’en donnant un mot de passe, il faut traverser des pièces
vides, puis un corridor pour accéder au cabinet de travail de l’écrivain. La pièce est richement
meublée, avec des murs matelassés. Elle ressemble étrangement au logis secret de La Fille aux
yeux d'or. Là, Balzac travaille jour et nuit à l’achèvement de son roman Le Lys dans la vallée,
dont il a rédigé l’essentiel au château de Saché. En même temps, il écrit Séraphîta, qui lui donne
beaucoup de mal : « […] Depuis vingt jours, j’ai travaillé constamment douze heures à Séraphîta.
Le monde ignore ces immenses travaux ; il ne voit et ne doit voir que le résultat. Mais il a fallu
dévorer tout le mysticisme pour le formuler. Séraphîta est une œuvre dévorante pour ceux qui
croient. […]227. »

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