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Chapitre 2 

: les espaces asiatiques dans la mondialisation :


LA PUISSANCE ÉCONOMIQUE DE L’ASIE
- Un continent en plein essor économique : alors que le PIB de l’Asie ne
représentait que 15% du PIB mondial en 1970, il en représente 35% en 2012
✓ Formation de puissances économiques
✓ Des pays à fortes croissances
✓ Des nouveaux émergents comme l’Indonésie : +6% de richesses par an,
dopée par exportation de richesses des grands groupes comme Wilmar
(Wilmar International est une entreprise agroalimentaire de droit singapourien,
engagée notamment dans la production et la commercialisation d'huile de
palme et de sucre. Il serait le plus grand négociant de sucre et d'huile de palme
durant les années 2010.)(huile de palme, 30MM$ de chiffre d’affaire en 2012).
D’après le FMI, l’Indonésie devrait passer de la 16ème économie mondiale en
2011 à la 8ème en 2050.
- Un continent à l’économie extravertie et complétement intégré à la
mondialisation
✓ Des pays exportateurs : la Chine est le 1er exportateur mondial depuis 2009,
les exportations représentent 40% de son PIB
✓ Des pays récepteurs d’IDE(investissements directs à l'étranger) sont les
investissements réalisés par une entreprise en direction d'une entreprise
étrangère) et insérés dans la DIPP(L'expression "Division internationale des
processus productifs" intervient dès le moment où un stade du processus de
production se déroule dans un autre pays que celui où est assemblé le produit
fini. Ce phénomène, qui correspond à une division verticale de la production, a
donné naissance à un commerce international de pièces et de composants et à
des réexportations de produits finis après montage. Ces échanges se réalisent
entre filiales de firmes multinationales ou dans le cadre de sous-traitance ou
d'accords inter-firmes.) : la Chine est depuis 2002 le 1er récepteur mondial d’IDE
avec 150MM$ investis par an.
✓ Réseau de zones franches et littoraux dynamiques :
❖ 32% des zones franches mondiales sont situées en Asie, avec de véritables
pôles économiques comme celles de Shenzhen( Shenzhen est une métropole
moderne reliant Hong Kong à la Chine continentale.) Ces zones franches
polarisent les IDE : Shenzhen a accueilli 30 000 nouvelles entreprises en 2004,
c’est le premier pôle d’accueil des délocalisations mondiales depuis 1980
❖ Des ports dynamiques : sur les 10 premiers ports mondiaux en 2011, 9 sont
asiatiques (les 3 premiers sont Shanghai, Singapour et Tianjin). Ces complexes
industrialoportuaires forment un corridor(passage) maritime en Asie orientale
partant des grands ports japonais (Tôkyô, Yokohama, Chiba) en passant par les
ports du littoral coréen (Ulsan, Pusan), les ports chinois (Shanghai, Tianjin,
Ningbo, etc.) et s’achevant à Singapour.

✓ Des FTN dynamiques : le nombre de FTN asiatiques dans les 500 premières
mondiales (classement Fortuna Global 500) est passé de 115 en 2011 à 190 en
2012, dont 3 chinoises dans les 10 premières (Sinopec, China National
Petroleum Corporation et State Grid Corporation of China). Ces firmes
rachètent des firmes occidentales : en 2013, l’entreprise Shuanghui rachète
l’entreprise américaine Smithfield Foods numéro 1 mondial de la viande de
porc pour 7MM$.
✓ Une nouvelle plate-forme financière : l’Asie possède 65% des réserves
mondiales de change, la Chine achète des bonds du trésor américain (1er
créancier de la dette américaine). L’Asie regroupe des bourses mondiales (en
terme de capitalisation boursière, la bourse de Tokyo (Japan Exchange Group)
est la 2ème mondiale, Shanghai la 6ème et Hong-Kong la 7ème)

- L’Asie est puissante dans tous les secteurs de l’économie


✓ Secteur primaire : l’Asie regroupe des grands producteurs de biens primaires
(la Chine est le 1er producteur de porc et de riz) mais sa production est
majoritairement tournée vers les marchés intérieurs pour nourrir la croissance
des pays : ex. production de 90% du riz mondial mais seule 4% de la production
est exportée.
✓ Industrie : la Chine est encore considérée comme l’atelier du monde. La
Chine représente 20% de la production manufacturière mondiale, les deux
premiers exportateurs de textiles sont asiatiques (la Chine est le premier avec
38% des exportations mondiales et le Bangladesh 2ème, avec 5% des
exportations). Essor des industries de haute-technologie grâce à un effort
massif de R&D (il y a plus d’ingénieurs à Bangalore (150 000) que dans la Silicon
Valley, la Chine quant à elle dépose en 2011 plus de brevets que les EU).
✓ Une tertiairisation des économies : l’Inde est le 1er exportateur mondial de
services informatiques depuis 2005. La part des services dans le PIB asiatique
est passé de 23% en 2008 à 43% en 2010.
- Une région intégrée: la part des échanges intra-asiatiques dans les échanges
asiatiques est passée de 35% à 55%.
✓ l’intégration régionale est favorisée
❖ Par des organisations régionales comme l’ASEAN (Association des Nations
d’Asie du Sud-Est créée en 1967 : la part des échanges entre les pays de
l’ASEAN est passé de 15% en 1970 à 30% en 2011.
❖ Par des aires de croissance comme les triangles de croissance : Le triangle
SIJORI formé par l’État de Johore (Malaisie), Singapour et l’archipel de Riau
(Indonésie).
Singapour est le moteur de cette coopération (essentiel des capitaux, ports et
services de haut niveau). Johore offre des vastes zones industrielles et une
main d’œuvre abondante tandis que les îles de Riau fournissent de vastes parcs
industriels.
✓ A part pour le Japon fortement présent dans les marchés occidentaux, la
dépendance commerciale des pays d’Asie vis-à-vis de la région asiatique est
sensiblement plus forte, surtout les pays de l’ASEAN(L'Association des Nations
d'Asie du Sud-Est est une association d'États été fondée en 1967 à Bangkok
pour stimuler le développement économique de la région ainsi que sa stabilité
dans un contexte de guerre froide) dont les industrialisations sont récentes et
incomplètes
- Des faiblesses remarquables :
✓ Un continent qui n’est néanmoins pas à l’abri de crises
❖ La crise asiatique de 1997 : Crise qui éclate à Bangkok pendant l’été 1997
avec la chute bath. Cause : défauts des systèmes financiers :
▪ Poids excessif des crédits bancaires dans le financement des économies (et
notamment la formation d’une bulle immobilière)
▪ Fonctionnement biaisé des marchés financiers et boursiers
▪ Dépendance à l’égard des flux de capitaux internationaux pourtant volatiles.
En 1997 : 100MM$ de dollars abandonnent la Corée, la Thaïlande, Malaisie et
Philippines (10% PIB de ces 4 pays)
▪ Conséquences : faillites d’entreprises asiatiques comme Kia Motors (Coréen),
dépréciation des monnaies (entre juillet et octobre 1997, la dépréciation des
taux de change en Asie atteint 30 à 50%)
❖ La crise de 2008 : contrairement à la crise de 1997, tous les pays n’ont pas
été affectés avec la même intensité pendant la crise des subprimes du fait de
leurs dépendances diverses aux marchés occidentaux : au Japon, dont la
demande des produits a baissé de 35% en 2008, le PIB a diminué de 2,0% entre
2009 et 2010. En Chine, il a augmenté de 8,7%.
- Le défi de l’économie informelle : « Secteur bancaire fantôme » en Chine
(estimé à 20 trillions de yuans). Système de crédits hors financiers qui permet
aux petits entrepreneurs instables d’emprunter de l’argent tandis que les
banques officielles leur ferment leurs portes. Les capitaux échappent aux
impôts, ce qui est un frein à la redistribution des richesses. La main d’œuvre,
quant à elle, échappe à toute régulation sociale. L’économie informelle est
une constante pour les pays asiatiques : en Thaïlande, 1/3 de la population
urbaine travaille dans le secteur informel.
✓ La perte des avantages comparatifs à cause de la hausse des salaires : en 10
ans, le salaire moyen chinois a été multiplié par 4,5%. Ceci explique les
délocalisations vers de nouveaux pays ateliers notamment en Afrique : le
numéro 2 mondial du prêt-à-porter H&M délocalise une partie de sa
production de la Chine vers l’Ethiopie en 2013, où le salaire moyen est 4 à 5 fois
moins élevé.

➢ L’ÉMERGENCE D’UN SOFT-POWER ASIATIQUE


- Promotion de la culture asiatique :
La Japon a exercé une influence majeure dans les aires occidentales
notamment par l’exportation de dessins animés et des mangas : en 2005, le
manga représente 40% des parts de marché de la BD en Europe
- L’organisation d’événements internationaux : JO de Pékin en 2008 ;
exposition universelle à Shanghai en 2010 ; JO de Tokyo en 2020
- Le poids des diasporas hors-Asie : 7M de chinois répartis majoritairement en
Afrique, aux EU et en Europe, diaspora indienne également présente en
Afrique. Ces diasporas permettent la diffusion de produits asiatiques,
notamment en Afrique où les produits chinois bon marché inondent les
marchés locaux. De plus, ces diasporas agissent politiquement dans leur pays
d’accueil via des lobbys comme US India Political Action Comity. (Le United
States India Political Action Committee est un comité d'action politique basé à
Washington, Depuis sa fondation en 2002 par l'homme d'affaires Sanjay Puri,
l'USINPAC a décrit son objectif comme "travailler en étroite collaboration avec
d'autres organisations indo-américaines pour promouvoir des politiques justes
et équilibrées et créer une plate-forme permettant l'entrée des Indiens
d'Amérique dans le processus politique". )
- Des acteurs dans l’aide au développement : l’Inde qui a investi 200M$ dans
le NEPAD (il est basé en Afrique du Sud et a pour mandat de faciliter et de
coordonner la mise en œuvre des programmes et projets de développement
prioritaires), poids lourd de l’aide publique au développement (5ème pays
donateur en 2011 avec 10MM$)
- Un nouveau pôle touristique : le bassin touristique asiatique est le 3ème
mondial par le volume des recettes et nombre d’arrivées. Le nombre de
visiteurs en Asie est passé de 5M en 1970 à 216M en 2011.
LES INÉGALITÉS EN ASIE
- Échelle continentale : les disparités économiques entre les pays allant des
PMA jusqu’aux pays développés en passant par des pays émergents, ont
permis la mise en place d’une réelle DIPP asiatique.
✓ Inégalités économiques : la Chine est la grande puissance économique de
l’Asie avec un PIB de 8200 MM$ en 2012, suivie par le Japon détrônée de sa
place de 2ème puissance économique mondiale en 2010 par la Chine (PIB de
5400MM$). Ces puissances économiques sont suivies des puissances moindres
comme l’Inde (10ème PIB) Corée du Sud (15ème PIB), tandis que d’autres pays
affichent un retard flagrant (Népal avec un PIB de 19MM$)
✓ Inégalités de développement : Le continent est partagé entre des pays très
développées comme le Japon et les NPIA (IDH du Japon et de la Corée du Sud =
0,91), et des pays connaissant un lourd retard social (PMA comme le Népal
avec un IDH de 0,46). De plus, si la croissance s’est faite au profit du
développement pour le Japon et les NPIA, cela n’est pas le cas dans les pays
émergents actuels comme l’Inde (IDH = 0,59) et la Chine dont l’IDH est 0,69.
- Échelle nationale : l’ouverture des pays à la mondialisation a creusé un réel
écart entre un développement qui concerne le plus souvent les littoraux ou
les mégalopoles, et des zones enclavées mises à l’écart des échanges
internationaux
✓ Inégalités régionales économiques : en Chine où les 10 provinces côtières
(15% du territoire) réalisent 75% du PIB en 2011 et accueillent 80% des IDE.
Cela est accentué dans certains pays par un phénomène de macrocéphalie
urbaine créant une inégalité au sein des villes, et entre les villes et les
campagnes. Exemple de Bangkok qui représente 50% du PIB thaïlandais et 2/3
des industries.
✓ Inégalités régionales de développement : très marqué en Inde avec des
contrastes comme ceux entre l’état d’Uttar Pradesh, avec un IDH de 0,5 et une
espérance de vie de 57, et l’état du Kerala, avec un IDH de 0,8 et une espérance
de vie de 73 ans.
- Échelle urbaine : les inégalités au sein des villes ont pour cause majeure
l’exode rural massif
✓ Des inégalités fomentées par l’État : En Chine, formation d’une société
urbaine à deux vitesses dans laquelle les Mingongs, travailleurs migrants, ne
bénéficient pas de l’accès aux services de santé et l’éducation dont jouissent
propriétaires du Hukou citadin créé en 1951 (permis de résidences et d’accès
aux services publics dans les villes). Ainsi 18% de la population chinoise vit dans
des villes sans Hukou, ce qui peut conduire à des situations extrêmes comme
les « rats de Pékin », 1M d’ouvriers vivant dans les sous-sols de la ville.
✓ Ségrégation socio spatiale dans les grandes villes : exemple de Dhaka (30%
de la population y vit dans des bidonvilles) avec le bidonville de Hazaribagh,
comptant plus de 1M de personnes travaillant dans les tanneries bangladaises,
juxtaposé au quartier Mirpur où vivent les classes riches, contrastant ainsi avec
une architecture contemporaine, notamment le gratte-ciel de la Grameen
Bank.
- Les actions des États, des entreprises et des ONG pour réduire les inégalités :
✓ États : les actions de l’État se concentrent majoritairement sur la réduction
des inégalités territoriales en Asie. Ainsi, la Chine lance la « Go West Policy »
(mise en projet de développement des régions de l'Ouest) avec par exemple la
construction de chemins de fer (ouverture de la ligne Pékin-Lhassa en 2006
alors que la région tibétaine était privée de liaison ferroviaire : exemple de
désenclavement) ou la création de pôles économiques comme Chongqing
(ouverture de la ZES Liangjiang en 2010 qui accueille 54 sociétés du top 500
mondial comme HP ou Siemens : la population de la ville est passé de 8M en
2000 à 17M en 2010). L’aménagement du territoire peut aussi être dans
l’objectif de désengorger les littoraux comme au Japon avec le plan Technopolis
(1983- 1998) mis en place par le MITI : construction de technopôles en dehors
de la mégalopole japonaise (ex. technopôle du Kansaï)
✓ Entreprises : En Inde, dans le bidonville de Nagpur, Veolia Water India a pris
en charge la construction d'une usine de traitement des eaux, la réhabilitation
de cinq autres et la restauration de l'ensemble du réseau de distribution
existant.
✓ Des ONG(Organisation non gouvernementale) : l’ONG Reach India créé en
2011 donne des cours aux enfants des bidonvilles de Calcutta dont les parents
refusent de les envoyer à l’école

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