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L’EXPERTISE WEKA
• Le mot de l'éditeur p. 3
• Édito p. 4
Julien Prévotaux
Directeur éditorial
Parce que la crise sanitaire replace au cœur des débats les conditions de travail des
personnels hospitaliers, parce que la Covid a révélé l’urgence d’améliorer pour ces
agents les conditions d’exercice de leurs métiers, la CASDEN Banque Populaire vous
invite à découvrir ce Livre Blanc « QVT à l’hôpital : après la crise, quelles priorités ? » tiré
de la web-conférence organisée le 12 mai dernier par notre partenaire WEKA, expert
et reconnu dans l’univers Fonction publique.
Les conseiller et mettre à leur disposition des outils leur permettant de mieux
gérer leur carrière, c’est cela que nous avons voulu faire avec notre partenaire WEKA.
Toujours dans une même volonté : valoriser les agents de la Fonction publique
dans leur métier, leur mission, mettre en lumière ces hommes et ces femmes qui
œuvrent au quotidien pour l’intérêt général.
Isabelle Rodney
Directrice Générale de la CASDEN Banque Populaire
D
ans le prolongement de l’accord-cadre du L’IMPACT DE LA CRISE SANITAIRE SUR
20 novembre 2009 sur la santé et la sécu- LES NOUVELLES FAÇONS DE TRAVAILLER
rité au travail dans la Fonction publique, le ET DE MANAGER PEUT GÉNÉRER
protocole signé le 22 octobre 2013 entre le gouver- DES RPS
nement et les partenaires sociaux, définit l’obliga-
Le retour sur le lieu de travail doit tout d’abord
tion des collectivités de réaliser un diagnostic des
s’accompagner d’un renforcement des règles sani-
risques psychosociaux (RPS), au même titre que
taires, en particulier, en ce qui concerne la désin-
tous les risques professionnels. Ce diagnostic doit
fection des postes de travail et le respect des
être intégré dans le document unique d’évaluation
« gestes barrière ». L’impact de la crise sanitaire sur
des risques professionnels et un plan de prévention
les nouvelles façons de travailler et de manager
des risques psychosociaux (RPS), assorti d’un plan
doit également être appréhendé.
d’actions doit être défini. L’apparition de risques
psychosociaux, après un retour en présentiel au En effet, si 81 % des Français voient globalement
bureau suite à une longue période de télétravail, de façon positive le retour au bureau, ils espèrent
doit faire l’objet d’une attention particulière. tout de même pour 76 % d’entre eux garder plu-
sieurs jours de télétravail par semaine. Les salariés compte des risques pschycosociaux apparaît donc
W E B - CO
désirent conserver « les acquis » induits pendant la à nouveau comme un sujet majeur de la vie en
crise sanitaire et permis par le télétravail, à savoir présentiel au travail.
de la souplesse et de la flexibilité ou encore le gain
de temps apporté par l’absence de transport.
Source : Retour au bureau et télétravail, les Français veulent avoir le choix,
Une vigilance renforcée devra être de ce fait Étude Norvatis, mai 2021
exercée par le personnel encadrant à l’égard de
l’ensemble des agents et des situations indivi-
duelles spécifiques, notamment dans le cadre d’un
retour partiel en présentiel après plusieurs mois de
télétravail intégral. L’objectif est de prévenir l’appa-
rition de risques psychosociaux.
Fiche 13113
ÉTHODO
2 outils associés
CONTEXTE
Les risques psychosociaux (RPS), s’ils constituent une menace patente au sein de
toutes les organisations, revêtent un caractère plus marqué encore dans les
établissements publics de santé. En effet, ceux-ci sont particulièrement exposés
aux risques psychosociaux et notamment à l’épuisement professionnel, dit burn-
out, car ils concentrent de nombreux facteurs de risques passés de conjoncturels
à structurels :
Les hôpitaux doivent aujourd’hui se mobiliser activement pour parer à ces risques
psychosociaux car ils sont convaincus qu’il est fondamental et urgent de prendre
soin de ceux qui soignent.
Les accords conclus à l’unanimité par les partenaires sociaux en matière de stress (juillet
2008) et de harcèlement et violence au travail (mars 2010) permettent de s’appuyer sur des
définitions relativement consensuelles, qui reconnaissent le caractère plurifactoriel des
RPS. Il est ainsi communément admis que, dans les situations de RPS, coexistent des
facteurs individuels (relations interpersonnelles) mais aussi organisationnels (charge de
travail, gestion du temps de travail, etc.).
A noter
Le syndrome d’épuisement professionnel des médecins et soignants à l’hôpital présente
trois dimensions essentielles :
Les nombreux changements structurels qui impactent l’hôpital public depuis quelques
années, et plus particulièrement les fortes contraintes économiques, induisent parfois des
méthodes de management qui peuvent apparaître brutales avec une impression de
productivité pouvant négliger les intérêts humains. Le paradoxe de la situation est d’autant
plus violent que la majorité des médecins et soignants manifestent un investissement
professionnel incommensurable. Ainsi, à la charge psychologique s’ajoute une charge de
travail, source potentielle d’épuisement professionnel.
Le harcèlement moral
« Le harcèlement moral au travail se définit comme toute conduite abusive (gestes, paroles,
comportement, attitude…) qui porte atteinte, par sa répétition ou sa systématisation, à la
dignité ou à l’intégrité physique d’une personne, mettant en péril l’emploi de celle-ci,
dégradant le climat de travail. » (Marie-France Hirigoyen, cf. Bibliographie.)
La loi n° 2002-73 du 17 janvier 2002 de modernisation sociale, qui reprend les éléments de
cette définition, donne une consistance juridique à la notion de harcèlement moral.
La Commission nationale consultative des droits de l’homme avait distingué dans l’un de ses
avis le « harcèlement institutionnel », qui participe d’une stratégie de gestion de
l’ensemble du personnel, le « harcèlement professionnel », organisé à l’encontre d’un ou
plusieurs salariés, précisément désignés, dans le but de les inciter à quitter l’organisation, et
le « harcèlement individuel » pratiqué dans un but gratuit de nuire à l’intégrité morale
d’autrui et d’asseoir sur celui-ci une forme de domination.
le harcèlement individuel ;
le harcèlement institutionnel ;
le harcèlement transversal ou horizontal qui s’exerce entre personnels sans rapport
hiérarchique.
Le harcèlement moral peut ne pas être le fait d’un seul individu mais peut relever d’une
dynamique collective. Dans ce cas, le professionnel harcelé est souvent celui qui ne
souscrit pas à la critique des organisations et/ou de l’institution portée collectivement par
son équipe, ou celui qui n’adhère pas au déni des règles et normes afférentes au travail
attendu.
Les prérequis posés par la loi et permettant de caractériser le harcèlement moral sont les
suivants :
la répétition ;
l’intentionnalité (de nuire) ;
la dégradation des conditions de travail autant que de l’intégrité psychique de la
« victime » présumée.
La loi confère à l’hôpital une obligation, de moyens autant que de résultats, en matière de
sécurité et de protection de la santé physique et mentale des professionnels qui y
travaillent. Il a l’obligation de prévenir, éliminer ou, à défaut, réduire toutes les situations de
stress, de harcèlement et/ou de violence au travail, avec la contribution des acteurs ci-après
cités et à l’aide des outils idoines.
Il a un rôle d’identification et d’alerte quant aux RPS car il est l’interlocuteur privilégié des
professionnels qui en subissent les conséquences. En matière de RPS, son rôle a été renforcé
puisque incombe désormais au médecin du travail un rôle pivot en matière de veille, d’alerte
et de prévention des situations de harcèlement et violence au travail et des situations de
stress au travail. Il peut être assisté dans cette mission par un ou des psychologues du
personnel ou un ou des assistants sociaux dédiés au personnel selon les moyens de l’hôpital.
L’accompagnement des étudiants et internes est aussi préconisé le cas échéant.
C’est avant tout la professionnalisation du management (nomination des chefs de service sur
la base de fiches de poste précisant les profils et les compétences attendues, charte de
management, formation initiale et continue au management, etc.) qui permettra d’impulser
plus de bienveillance au sein des pratiques de l’encadrement hospitalier, lequel contribuera,
ainsi formé, plus implicitement mais aussi plus activement à la prévention des RPS.
S’ils ne sont pas les seuls risques, les RPS doivent impérativement figurer dans le DUERP. Ce
document de référence doit analyser les causes et les conséquences des situations
afférentes en insistant sur les caractéristiques collectives des professionnels de l’hôpital
exposés à chacun de ces risques (métiers, ancienneté, formation, etc.). Les items
classiquement évalués dans ce cadre sont :
Cette évaluation des RPS doit être menée au moins une fois par an et lors de toute
réorganisation notable de l’établissement ou du service.
En regard du recensement des RPS (et autres types de risques) et de leur analyse tels que
présentés dans le DUERP précité, le directeur de l’hôpital, ou son directeur des ressources
humaines, est chargé d’élaborer un plan d’actions spécifique dénommé Papripact. Il associe
ainsi les représentants du personnel, et plus précisément le CHSCT, aux actions de
prévention mises en œuvre vis-à-vis, entre autres, des RPS, en lui présentant chaque année
le Papripact, ainsi qu’un rapport annuel qui fait le bilan de la santé, de la sécurité et des
conditions de travail ainsi que des actions menées au cours de l’année écoulée : le bilan de
l’hygiène, de la sécurité et des conditions de travail (BHSCT).
Leur analyse singulière fine, autant que macro, par agrégats doit permettre de dégager les
RPS les plus récurrents au sein de l’hôpital et alimenter ainsi le DUERP et le Papripact de
manière plus ciblée et pertinente.
Outil
Trame type de document unique d’évaluation des risques professionnels
(DUERP)
Cet outil propose une trame type, sous forme de tableau, qui permet de répondre aux
exigences réglementaires qui caractérisent le DUERP (et des risques psychosociaux en
particulier) à l’hôpital.
Outil
Trame type de programme annuel de prévention des risques professionnels et
de l’amélioration des conditions de travail (Papripact)
Cet outil propose une trame type, sous forme de tableau, qui permet de répondre aux
exigences réglementaires qui caractérisent le Papripact à l’hôpital.
L’objectif réussi de ces nouvelles modalités d’acquisition des compétences est le savoir agir
en situation.
Ainsi, d’un point de vue préventif, c’est un environnement qui préserve les capacités futures
d’action des individus et les prévient ainsi de l’exclusion, pour au contraire favoriser leur
intégration et leur reconnaissance sociale. Formation et management bienveillant en sont les
principaux leviers.
La motivation au travail
Les RPS, on l’a vu précédemment, dépendent aussi de la personnalité des professionnels
concernés. Accompagner individuellement et collectivement ceux-ci par un management
bienveillant permet de prévenir les RPS. Au-delà du management bienveillant préalablement
préconisé, l’encadrement devra ainsi veiller à activer les différents leviers motivationnels
dont il dispose afin de développer chez les agents :
le sens de l’engagement, qui se traduit par une attitude active et impliquée dans le
travail avec la volonté de tenir compte de l’environnement et des possibilités
d’apprentissage ;
le sens de la maîtrise, qui témoigne d’une confiance en soi et d’une capacité
d’analyse comme de décision (il suppose de l’autonomie dans le travail) ;
le sens du défi, qui invite à préférer le changement à la stabilité.
NOTRE CONSEIL
Sachez reconnaître les symptômes précoces de l’épuisement professionnel :
irritabilité, agressivité, problèmes de mémoire et de concentration ;
symptômes psychosomatiques (problèmes gastriques, perte d’appétit, nausées) ;
anxiété, insomnie ;
isolement par rapport aux autres membres de l’équipe ;
indifférence aux patients.
Soyez attentif au risque de victimisation de certains agents. La « souffrance au
travail », le « burn-out » peut en effet servir d’excuse ou d’alibi pour justifier des
attitudes peu professionnelles, voire peu respectueuses envers autrui (patients ou
collègues).
FAQ
Quels sont les risques de l’épuisement professionnel ?
Code du travail
Code pénal
Loi n° 2012-954 du 6 août 2012 relative au harcèlement sexuel, article 2 modifiant l’
article 222-33-2 du Code pénal
Loi n° 2002-73 du 17 janvier 2002 de modernisation sociale
Bibliographie
Site Internet
Outil DTOU8345
Trame type de programme annuel de prévention des risques
professionnels et de l’amélioration des conditions de travail
(Papripact)
Fiche 8669
Le rôle des comités techniques d’établissement dans le domaine des
conditions de travail
Fiche 8689
Le service de santé au travail
Fiche 8690
Le médecin du travail
Fiche 8691
Les activités opérationnelles du service de santé au travail dans les
établissements
Hugues Perinel
■ Hugues Perinel : Si le sujet des conditions de en compte quand on parle de QVT à l’hôpital ?
travail et le bien-être au travail est loin d'être nou- S’agit-il d'écoute, d'autonomie, de cadre de travail,
veau dans les établissements de santé, certains de santé ou bien de tout cela à la fois peut-être ?
l’ayant totalement intégré dans leur politique de
ressources humaines et leur politique sociale, la ■ Jérôme Goeminne : Pour contextualiser : le
crise sanitaire et l'épuisement physique et psy- bien-être au travail et la qualité de vie au travail
sont une priorité, doivent être une priorité, pour Jérôme Goeminne
chique extrême qu'elle a provoqué chez les per-
sonnels soignants a posé, ou reposé, cette ques- les établissements de santé, les établissements
tion de façon aigüe, et montré à quel point les sociaux et médico-sociaux publics. Pourquoi ? Le
personnels hospitaliers sont les vecteurs essentiels constat c’est qu’au quotidien, on nous parle de
de la qualité des soins et de la performance problèmes d'attractivité dans nos établissements.
globale. Mais passée la période d'adaptation et Au quotidien nos premières difficultés de fonction-
d'urgence, quelles sont les priorités ? Que prendre nement sont le manque d'un médecin, le manque Perrine Cainne
est d'apporter
dans l'organisation ou dans le vivre ensemble. En
pour les RH est justement de bien
réalité, les deux sont compatibles et indissociables.
comprendre les attentes de chaque
une qualité et professionnel, et de pouvoir propo-
Il faut donc que nous fassions tous cet effort collec-
tif de dire que la qualité de vie au travail mérite un
une sécurité
ser des parcours et des modes d'or-
budget obligatoire minimale dédié et financé dans
ganisation ou des modes de travail
l'ensemble des établissements de santé.
des soins au qui y répondent, tout en ayant en
tête de faire en sorte que le collec- Ensuite sur la question des actions, que peut-on
quotidien tif fonctionne, malgré ces organi- faire une fois que l’on a ce budget dédié ? Le sacra-
sations et ces parcours diversifiés, liser. Il n’y a pas de solution miracle et donc d'orga-
car notre priorité numéro une est d'apporter une nisation miracle, il faut en parler dans chaque éta-
qualité et une sécurité des soins au quotidien. Cet blissement et leur faire confiance pour trouver leur
équilibre est essentiel. organisation en interne et pour avoir cette concer-
tation qui est l'essence de l'hôpital et du fonction-
■ Hugues Perinel : Quels sont les moyens à nement collectif. Il faut faire confiance à une entité,
mettre en place, que ce soit à court terme, moyen établissement, pôle ou service, peu importe, pour
terme et long terme ? Il y a, bien entendu, une définir son plan d'action pour la qualité de vie et le
grande diversité entre les établissements, j'ima- bien-être au travail. À mon sens, ce plan d'action
gine que l’on ne peut pas régler les choses de la doit se composer d’actions de court, de moyen et
même manière dans tous les établissements. Cela de long termes. Il faut structurer notre pensée et
doit-il passer par une discussion, en associant les avoir un vrai projet stratégique sur la qualité de vie
équipes au changement ? au travail dans nos collectivités.
■ Jérôme Goeminne : J’estime qu’il faut déjà que Les actions de court terme peuvent être des
nous fixions un cadre national obligatoire pour actions déjà vues dans certains établissements,
■ Hugues Perinel : Quel est le bon périmètre pour ■ Perrine Cainne : Pour revenir sur les attentes
mettre en place ces actions et pour faire prendre des professionnels, je crois qu’aujourd’hui les par-
conscience que la QVT est un levier managérial ? cours ne sont plus linéaires. Il est rare de voir des
S’agit-il des pôles territoriaux, des GHT ou des éta- professionnels faire 40 ans le même métier, dans la
blissements ? même entreprise, que ce soit à l'hôpital ou ailleurs.
■ Jérôme Goeminne : Au SMPS, et personnelle- Le territoire peut être une zone de réflexion inté-
ment également en tant que directeur des huit ressante pour cette question-là. J'ai tendance à dire
établissements du GHT Cœur Grand-Est, je pense à mes collaborateurs un message un peu disruptif,
que le territoire a un rôle à jouer. Ce rôle est dif- à savoir que la fidélisation, c'est aussi accompa-
férent selon l'ensemble des départements et des gner les professionnels vers la sortie. Je pense que
régions, chacun doit se l'approprier, mais il a un rôle certaines personnes ont envie d'aller voir ailleurs,
à jouer minimal qui est d'essayer de s’harmoniser d'avoir une autre expérience professionnelle.
tous vers le haut, de partager des expé- C’est aussi notre rôle en tant que manager, en tant
l'hôpital doit tout munication non violente) et le manager Nous récupérons ainsi toute une pression d’usa-
gers qui doivent être pris en charge parce que le
coach. Avoir cette double casquette
faire à la place n'est pas évident parce que cela peut système a fait que d'autres ne les prenaient pas
des autres doit paraître un peu contradictoire avec le en charge. Ce n'est pas à nous de les prendre en
manager qui, d'un côté, doit vraiment charge mais on le fait car ce sont nos valeurs. Cette
être inversée encadrer, s'assurer du respect des pression systémique où l'hôpital doit tout faire à la
place des autres doit être inversée pour travailler
normes, être vraiment cette courroie
de transmission mais qui a aussi cette casquette dans un mode plus collaboratif, où chacun a des
de coach, ou en tout cas d'accompagnateur, dans obligations vis-à-vis des autres, où chaque institu-
tion a des obligations vis-à-vis du service public et
l'évolution soit de l'individu en les accompagnant
de son fonctionnement.
dans leur évolution de carrière, soit du collectif en
accompagnant les équipes dans la recherche et le Deuxièmement, il y a la pression administrative,
développement de leurs propres solutions. Enfin, au sens normatif du terme. Comment peut-on
au dernier niveau, le manager expert qui va être en imaginer qu'on réussisse à faire preuve de sou-
capacité de former. plesse dans notre fonctionnement au quotidien
Fiche 7949
ÉTHODO
CONTEXTE
Si la qualité des soins est un enjeu majeur pour les établissements de santé (ES),
les contraintes qui pèsent sur le secteur hospitalier sont élevées avec des
conditions de travail qui ont évolué plus défavorablement que dans de nombreux
secteurs d’activité. L’importance de la qualité de vie au travail (QVT) vis-à-vis de
la qualité des soins (QDS) a conduit plusieurs pays à introduire la qualité de vie
au travail dans leur dispositif de certification. La HAS a décidé d’entreprendre
cette réflexion dans le cadre de sa mission de certification.
La QVT offre l’opportunité de l’arbitrage entre les différentes logiques à l’œuvre, parfois
difficiles à concilier.
▶ 3 - QVT et certification
Si les experts-visiteurs ont pour mission d’évaluer les démarches mises en œuvre pour
promouvoir la QVT, les dimensions à explorer sont multiples. L’appréciation de la démarche
QVT est fondée sur le lien établi entre QVT et qualité et sécurité des soins ainsi que sur les
points communs entre les thématiques qui impactent la QVT et celles de la certification
(management, ressources humaines, organisation des soins).
La QVT est, en effet, une notion complexe et à déterminants multiples, des facteurs
organisationnels pouvant être à l’origine des risques psychosociaux (RPS).
le stress ;
les violences internes (harcèlements moral et sexuel) ;
les violences externes (exercées par des personnes extérieures).
Les facteurs à l’origine des RPS peuvent être regroupés en 4 grandes familles de facteurs :
1/ Les exigences du travail et son organisation (autonomie, exigence pour la qualité et les
délais, etc.).
Les risques psychosociaux ont un impact sur la santé et sur l’entreprise avec un lien entre
l’apparition de ces risques et l’absentéisme, le taux élevé de rotation du personnel, le non-
respect des horaires ou des exigences de qualité, des problèmes de discipline, la réduction
de la productivité, des accidents de travail et des incidents, la non-qualité.
▶ 5 - Dimensions de la QVT
La QVT est multidimensionnelle et croise de nombreuses autres thématiques du manuel de
certification, comme le management général de l’établissement, la gestion des ressources
humaines, l’organisation des soins, les démarches qualité etc. La QVT devra être intégrée à
l’analyse des thématiques de la certification.
La promotion de la QVT doit impliquer tous les niveaux de l’ES de la direction au cadre de
proximité. La politique institutionnelle doit favoriser le portage de la QVT dans chaque unité
de travail, avec des actions-repères favorisant la résolution de problèmes et des approches
pluriprofessionnelles. Cette politique peut être regardée au travers des documents comme le
projet d’établissement.
Les relations dans les équipes, dans les pôles et les unités/services sont une dimension
essentielle, avec le partage des valeurs, du projet du pôle, de l’unité/service. Un
fonctionnement harmonieux d’un collectif de travail avec un sentiment d’appartenance à ce
collectif améliore la QVT et la sécurité et la qualité dispensée, et cela avec une organisation
qui assure le moindre coût humain.
La QVT dans le champ du soin passe par les aspects relationnels du travail avec le temps
d’accueillir et d’accompagner le patient dans des conditions dignes.
La gestion des ressources humaines a un rôle à jouer pour la QVT, en accompagnant les
acteurs en difficulté, en développant des outils d’évaluation et de repérage de situations à
risque. Elle a pour fonction d’aider les structures des soins à concilier les contraintes et le
respect des aspirations et des besoins des individus. Il convient aussi d’être vigilant à la
formation continue et à l’accroissement des compétences. L’organisation du travail doit
pouvoir concilier la vie personnelle et le travail, avec des aides pour le logement, le
transport, la garde d’enfants, etc.
En ce qui concerne les situations à problème, les experts-visiteurs peuvent être conduits à
s’intéresser à la manière dont l’ES se mobilise autour des problématiques d’absentéisme et
▶ 6 - Management et valeurs
Il convient d’insister sur les pratiques de management favorables. Il existe en effet un risque
dans certains secteurs d’activité de désinvestissement des cadres pris par des reportings
croissants avec présence insuffisante sur le terrain, alors que les besoins d’écoute sont
importants.
Pour les valeurs, il est essentiel de remettre le travail et la qualité du travail centré sur le
patient au cœur des débats afin de permettre aux différents professionnels de se retrouver
sur un terrain commun.
▶ 7 - Organisation et collectivité
La QVT, intrinsèque à l’organisation, est un facteur d’émergence de la QDS au même titre
que le climat organisationnel ou la bientraitance. Il s’agit, pour la HAS, d’un état d’esprit
fondé sur la confiance, la sincérité, l’empathie et le respect, et d’une démarche participative
et progressive qui conduit à ré-interroger l’organisation du travail pour retrouver les marges
de manœuvre nécessaires pour la réalisation d’un travail de qualité. À ce point de vue, il est
important de rappeler que les performances économique et sociétale ne sont pas l’objectif,
mais le résultat d’une dynamique vertueuse.
Le groupe de travail ES a travaillé sur cinq témoignages d’ES, formalisés par le réseau
ANACT-ARACT, qui ont expérimenté l’articulation de l’amélioration conjointe des conditions
de travail et de la QDS dans différents contextes. Pour les membres de ce groupe souvent
impliqués dans la prévention des risques psychosociaux, il convient de proposer une
approche constructive pour intervenir au niveau des valeurs et de l’organisation du travail
dans la perspective de concilier bien-être au travail et les enjeux de production avec la
qualité et la sécurité des soins. Dans cette perspective, la QVT ne relève pas d’une démarche
normative, et il est essentiel d’accorder une attention importante aux contextes.
NOTRE CONSEIL
Sachez que la démarche requiert un apprentissage collectif mobilisant une pluralité
d’acteurs, chacun dans son champ de responsabilité. L’appropriation des enjeux s’opère
avec une logique interprofessionnelle renouvelant les modes de coopération, et un
dépassement des organisations trop hiérarchisées et cloisonnées.
FAQ
Le portage politique de la QVT concerne le plus haut niveau de l’ES, avec discussion dans les
instances de décision et textes stratégiques. Les partenaires sociaux sont des acteurs
essentiels d’une réflexion sur la QVT, notamment par l’intermédiaire du CHSCT. Le dialogue
social doit s’articuler avec la CME.
HAS, ANACT, « Repères et principes d’une démarche qualité de vie au travail dans les
établissements de santé », juin 2013 (téléchargeable sur www.has-
sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2014-02/demarche_qvt_note_es.pdf)
Site Internet
www.has-sante.fr : la HAS met à votre disposition des guides, méthodes et outils pour vous
permettre de mettre en œuvre vos projets
Abréviations et acronymes
QVT : qualité de vie au travail
■ WEKA : La crise sanitaire a un impact sur les Enfin, les hospitaliers sont des hommes et des
équipes engagées à l’hôpital. Quel regard portez- femmes qui ont le droit d’avoir des émotions,
vous sur ce moment si particulier qui n’est pas des difficultés : les hospitaliers ont besoin d’être
encore terminé ? accompagnés dans ces périodes difficiles, et c’est
■ Matthieu Girier : La crise nous apprend beau- la mission qui échoit aux directions des ressources
coup de choses. Elle a démontré ce que nous étions humaines hospitalières.
capables de faire. Elle a changé le travail en équipe, ■ WEKA : On imagine qu’il est difficile de parler ou
la capacité à trouver des solutions et à prendre des Matthieu Girier
même de travailler sur la qualité de vie au travail
décisions. La prise de décision est d’ailleurs plus dans ces conditions.
fluide, plus partagée et plus efficace. Elle a illustré
■ Matthieu Girier : C’est en effet compliqué : la
ce besoin de renforcer la participation des agents,
charge morale, mentale, physique est très lourde,
un besoin d’implication des personnels dans leur
pour tout le monde, qu’il s’agisse des soignants, ou
travail, dans les services, une envie de participer
des personnels médico-techniques, administra-
davantage aux choix collectifs.
tifs, techniques, ouvriers. Dans ce tunnel sans fin,
Cette façon de fonctionner montre qu’il y a un l’engagement est toujours là, parce que ceux qui
besoin à réorganiser les moyens hospitaliers. Pour ont fait le choix de rejoindre l’hôpital public l’ont
cela, il est nécessaire d’expliquer les décisions, fait pour des raisons d’engagement au service du
pourquoi on le fait et comment le faire ensemble. patient, pour les valeurs qu’il sous-entend : ces
Fiche 7950
ÉTHODO
CONTEXTE
Partageant des objectifs proches de l’amélioration continue de la qualité des soins
et de la gestion des risques, la qualité de vie au travail (QVT) donne un rôle
important aux professionnels dans l’analyse de leur travail et de leur
fonctionnement en équipe en même temps qu’elle appelle à un management
participatif. Le réseau Anact-Aract (agence nationale pour l’amélioration des
conditions de travail, associations régionales pour l'amélioration des conditions de
travail) en association avec la Haute autorité de santé (HAS) a dégagé les
moyens d’accompagnement des transformations que connaissent les
professionnels de santé, pour trouver une cohérence entre les nécessités
économiques et les ressources humaines, pour que le système de santé puisse
trouver la meilleure voie de fonctionnement.
Méthodes
La démarche d’amélioration de la qualité des soins et de la sécurité du patient reprend des
éléments méthodologiques similaires à la démarche de QVT, et repose sur des discussions
sur le travail et son organisation, avec des individus en interdépendance.
Si certaines méthodes s’attachent à décrire les faits relatifs à un patient dans son parcours
ou un professionnel dans ses tâches, comme le « chemin clinique » et le « patient traceur »,
pour percevoir les difficultés de la pratique quotidienne, d’autres méthodes sont focalisées
sur l’analyse et la recherche des causes profondes, comme les méthodes d’analyse des
événements indésirables. Les méthodes les plus utilisées dans ce domaine sont les revues
de morbi-mortalité (RMM), les comités de retour d’expérience (CREX), les revues
d’événements médicamenteux (REMED)… Les déterminants sur lesquels elles cherchent à
agir sont de même nature que les dimensions de la QVT.
La grille d’analyse ALARM d’un événement indésirable associé aux soins conduit à la
recherche de facteurs qui peuvent expliquer sa survenue. Au-delà des facteurs individuels
liés au patient, cette grille conduit à s’intéresser au contenu du travail, aux conditions de
réalisation du travail, aux relations interpersonnelles et professionnelles, aux parcours
professionnels… Elle permet surtout de ne pas s’arrêter aux causes immédiates.
Direction
La direction fait de l’amélioration continue des soins une priorité stratégique, en permettant
aux équipes de dégager du temps et des moyens pour y travailler, avec le droit à l’erreur,
les principes de l’organisation apprenante, et la confiance.
L’un des outils pour porter conjointement QVT et qualité des soins est probablement le
patient safety walkrounds pour lequel une expérimentation est actuellement menée par la
HAS auprès d’établissements de santé sous le nom de « rencontre sécurité du patient ». Une
équipe composée de managers issus de la gouvernance (direction générale et CME) va à la
rencontre d’une équipe médico-soignante, sur le lieu de travail, avec des échanges centrés
sur la sécurité des patients. La discussion est ouverte et respectueuse, entre les
professionnels composant ces deux équipes, pour identifier les problèmes rencontrés et
proposer des objectifs d’amélioration.
Certification
La certification ouvre des espaces de réflexion collective pour une culture commune et
apporte des outils qui peuvent être facteur de QVT :
Il s’agit pour les leaders d’aller à la rencontre des professionnels et des équipes de première
ligne comme des cadres de proximité, pour discuter des problèmes de sécurité des patients
et des soins.
Les clés de réussite de ce type d’approche sont la simplicité des problèmes identifiés et
l’assurance donnée par des managers séniors de prendre la responsabilité de la mise en
œuvre des solutions.
Il s’agit de donner du pouvoir d’agir aux professionnels sur le terrain, la direction fixant une
stratégie, et déléguant aux managers et aux équipes la mise en œuvre d’une organisation
adaptée. Les échanges entre les équipes conduisent à une organisation plus transversale et
plus souple qui permet des prises de décision nourries également des expériences de
terrain.
Activité de travail
Pour pouvoir anticiper les répercussions possibles positives et négatives d’un changement
sur l’activité de travail, le réseau Anact-Aract a mis au point trois outils qui ont fait leurs
preuves dans la première vague de l’expérimentation nationale :
Mode opératoire
Il faut définir le périmètre de l’expérimentation, et les conditions de faisabilité et
d’évaluation en choisissant un objet concret par l’intermédiaire des instances ou par appel à
projets pour les unités, services, et pôles.
L’évaluation est réalisée par les professionnels mettant en œuvre l’expérimentation, qui
définissent a priori les critères qui permettront de juger de la pérennisation ou non de la
nouvelle organisation.
▶ 5 - QVT et équipes
La QVT nécessite l’élaboration d’un cadre construit collectivement au sein des équipes, et
précisant les règles partagées autour du métier et du fonctionnement en équipe. L’équipe
est facteur d’amélioration de la sécurité du patient, tout autant que d’amélioration de la
QVT.
Il est à noter que la coopération entre les équipes reste un point faible pour les
établissements de santé, conduisant à des dysfonctionnements altérant la QVT et irritant
pour les professionnels, avec le manque d’information ou les interruptions de tâches. Le
renouvellement des équipes et la survenue de nouveaux enjeux conduisent à envisager
l’intégration de la culture de QVT dans tous les projets de l’établissement.
NOTRE CONSEIL
FAQ
Quels ont été les apports de Pacte dans la QVT ?
Les équipes qui se sont investies dans Pacte ont témoigné d’une amélioration de leur QVT,
grâce aux discussions sur le travail à l'échelle du service. Pour certaines équipes, Pacte a
permis de libérer du temps pour réfléchir en commun au fonctionnement du collectif et aux
façons d’améliorer sa coordination, à l’identification des difficultés et aux moyens de les
résoudre. La meilleure visibilité du travail a facilité sa reconnaissance par la direction.
Anact, Aract, HAS. La qualité de vie au travail au service de la qualité des soins. Du
constat à la mise en œuvre dans les établissements sanitaires, médico-sociaux et
sociaux. Septembre 2017.
HAS. Revue de littérature Qualité de vie au travail et qualité des soins . Janvier 2016.
ANACT. 10 questions sur la qualité de vie au travail . 2016.
Marita Danielsson, Siw Carlfjord & Per Nilsen. Patient safety walk rounds : views of
frontline staff members and managers in Sweden. International Journal of Nursing, Vol.
2(2), December 2015.
Mohammad Saadati, Mehdi Nouri, Robert McSherry. Patient Safety Leadership Walk
rounds : Promoting a Safety Culture in Developing Countries. Patient Safety and Quality
Improvement Journal. June-2016.
A. Frankel, E. Graydon-Baker, C. Neppl, T. Simmonds, M. Gustafson, T.K. Gandhi. Patient
Safety Leadership Walk Rounds. Jt Comm J Qual Saf. 2003 Jan;29(1):16-26.
Sites Internet
L
e plan de Santé au travail dans la fonction Le plan de Santé au travail est structuré autour de
publique a pour objectif de réaffirmer le rôle cinq axes majeurs, déclinés comme suit : prévenir
essentiel des instances de dialogue social la désinsertion professionnelle, favoriser la qua-
dédiées à la santé au travail dans l’élaboration des lité de vie et des conditions de travail, renforcer et
politiques de santé au travail. Les organisations améliorer le système d’acteurs de la prévention,
syndicales nationales saluent le premier pas que prioriser la prévention primaire et développer la
constitue l’adoption d’un premier plan Santé au tra- culture de prévention, développer le dialogue
vail dans la fonction publique, tout en dénonçant social et le pilotage de la santé et sécurité au travail.
le manque de moyens dédiés à sa mise en œuvre.
DES MESURES FORTES QUI ENTENDENT
CLARIFIER ET RENFORCER LES TIRER DES LEÇONS DE LA CRISE
ACTIONS MENÉES EN MATIÈRE SANITAIRE EN MATIÈRE DE SANTÉ AU
DE SANTÉ AU TRAVAIL TRAVAIL, MALGRÉ LES DOUTES
Le plan de Santé au travail dans la fonction publique
EXPRIMÉS PAR LES PARTENAIRES
contribuera à la mise en œuvre par les employeurs
SOCIAUX
des trois versants de la fonction publique, de leur Le soutien sur les territoires le nécessitant par la
responsabilité en matière de santé au travail. Il vise création et le développement de services de méde-
dans le domaine de la santé au travail à fédérer cine de prévention mutualisés, le renforcement de
l’ensemble des acteurs, mobiliser les énergies et la prévention en matière des risques psychosociaux
clarifier et renforcer les actions menées. et de la santé mentale grâce à la promotion du
Fiche 10934
ÉTHODO
CONTEXTE
La performance d’une équipe, d’une structure, est directement impactée par la
qualité de vie des agents au travail : démotivation, conflit, incompréhension et
absentéisme peuvent être évités ou limités grâce à une approche systémique et
participative.
Cette fiche a pour objectif de mieux appréhender les bases, les enjeux et les
responsabilités relatifs à la qualité de vie au travail (QVT), mais aussi de cerner
les modalités de mise en œuvre d’une démarche visant à la favoriser. Il s’agit :
Selon les termes de l’ accord national interprofessionnel (ANI) du 19 juin 2013 sur la qualité
de vie au travail, il s’agit donc de concilier :
Par ailleurs, le Code du travail ( art. L. 4121-1 ) fixe les responsabilités de l’employeur
qui « prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et
mentale des travailleurs ». Il y a là une obligation de moyens, mais aussi de résultat ( Cass.
soc., 3 février 2010, n° 08-44019 et n° 08-40144 – cf. rubrique « Pour aller plus loin »).
Vous devez donc à la fois répondre à des enjeux de qualité de vie et de performance de
l’organisation, mais aussi de responsabilité juridique.
Or, le bien-être au travail ne dépend pas que des aspects et risques physiques, matériels,
mais également de l’organisation, des pressions psychologiques de toutes sortes, de la
reconnaissance du travail réalisé, du sentiment d’accomplissement, etc.
La notion est donc tout à la fois subjective et multifactorielle.
Dans le cas d’agents en relation avec le public, le facteur émotionnel est important et ne doit
pas être sous-estimé : les situations qu’ils rencontrent peuvent être parfois difficiles à
entendre et être sources d’agressivité de par leur complexité.
Ainsi, l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) a retenu six
dimensions individuelles déterminantes pour la qualité de vie au travail :
▶ 2 - Établir un diagnostic
Avant d’enclencher toute démarche, vous devez établir un diagnostic, un état des lieux.
Vous devez favoriser dès le départ la participation et la confiance des agents autour des
enjeux qui leur sont propres.
Vous devez vous appuyer à la fois sur des données quantitatives et qualitatives : la
réalité objective compte autant que la perception des professionnels (cf. Quelques
indicateurs et outils d’évaluation et de diagnostic). Faites confiance aux acteurs de
l’établissement pour juger si un taux d’absentéisme, un taux de stress « moyen » ou une
dégradation de la qualité sont significatifs et s’ils exigent une action.
N’oubliez pas les espaces de discussion : ils sont essentiels pour apporter de la
connaissance collective, mais aussi pour favoriser l’appropriation de la démarche.
Vous pouvez également bâtir un diagnostic basé sur les six dimensions de la QVT
citées ci-dessus (cf. Étape 1).
Cependant, pour engager un diagnostic pragmatique, qui tienne compte de vos enjeux et de
vos moyens, choisissez vos priorités d’analyse en fonction de critères techniques tels que,
par exemple :
les priorités qui offrent les marges de progrès potentiel les plus fortes ;
les priorités en fonction de la nature du risque et de son impact ;
les priorités les plus faciles à objectiver, à mesurer et à piloter ;
les priorités qui présentent un effet de levier sur les autres facteurs QVT.
Vous n’êtes pas obligé de viser d’emblée l’exhaustivité – qui pourrait se faire au détriment
de la démarche participative.
Ainsi, chaque facteur qui entre en ligne de compte de la QVT peut être considéré comme :
Vous ne devez pas considérer qu’il y a trop de contraintes en soi. C’est le déséquilibre entre
les contraintes et les ressources pour y faire face qui enclenche un mécanisme, un système
de risques psychosociaux et non pas une situation isolée.
Les salariés évaluent, en les expérimentant, les effets d’un changement sur leur
activité (ex. : mise place d’un nouveau logiciel, d’une nouvelle procédure, de nouveaux
horaires, etc.). L’évaluation est ainsi « embarquée » dans le projet de transformation :
elle se construit avec les retours des acteurs de terrain au cours de l’action.
▶ 4 - Mobiliser l’encadrement
Identifiez les besoins à prendre en compte
Au-delà de l’organisation du travail et de la réponse aux objectifs assignés, l’encadrement
joue un rôle clé dans la QVT et en particulier en matière de prévention.
L’encadrement doit identifier les besoins de reconnaissance de leur travail pour les agents.
Ce qui ne signifie pas qu’il ne doit pas y avoir de recadrage, mais les éléments négatifs
doivent aussi être accompagnés de ce qui est positif, ce qui fonctionne bien.
Si tout est négatif, c’est que l’engagement dans le conflit ou dans l’émotionnel ne permet
plus de prendre du recul ou encore que le recadrage arrive beaucoup trop tard.
S’il est important de rester en lien avec les exigences du poste et les objectifs fixés, vous
devez vous appuyer sur les besoins de reconnaissance, de confiance et du sens du
travail de vos agents pour communiquer.
Tenir compte de ces éléments vous permettra de remobiliser votre équipe et de renouveler
la motivation.
La légitimité de l’encadrant ne repose plus uniquement sur la position hiérarchique mais sur
sa proximité relationnelle et sur sa capacité à guider, stimuler, appuyer sans forcément
imposer. Dans la mise en œuvre de la QVT, il doit adopter une posture d’humilité et ne pas
hésiter à questionner sur le travail de chacun, en particulier pour les métiers qu’il ne maîtrise
pas.
À chaque étape, vous devez réunir le comité de pilotage du projet pour qu’il évalue et valide
les analyses et les propositions (cf. schéma ci-dessous). Cet aspect est important : vous
associer les acteurs techniques, de terrain, et non pas seulement les acteurs
sociaux habituels de la prévention (DRH, préventeurs, CHSCT, etc.) ;
travailler sur la posture de chaque interlocuteur : chacun doit accepter de
suspendre son jugement et d’entendre des critiques ;
faire preuve de pédagogie : rendez les agents conscients des enjeux et positionnez-
les comme des acteurs, suscitez un nouvel état d’esprit, partagé par la plus grande
partie du personnel. Soyez patient et modéré dans vos attentes, car la pédagogie a
besoin de temps, d’étapes, de techniques d’animation pour être efficace ;
introduire les conditions du dialogue : méfiez-vous des opinions majoritaires ou
véhémentes. Attachez-vous à avoir une connaissance précise de la réalité du travail et
des personnes (aspirations, compétences, contraintes personnelles…). Une opinion
minoritaire peut apporter d’autres éléments de connaissance, d’autres points de vue.
Examinez-la avec attention et bienveillance.
NOTRE CONSEIL
Pensez à repérer également les ressources telles que les bonnes pratiques, les
expériences positives, les marges de manœuvre, et ne vous centrez pas uniquement
sur l’analyse de risques.
Faites du benchmarking pour connaître les meilleures réalisations dans des activités
similaires : le repli sur soi est un risque majeur ; la démarche de QVT est au contraire
l’occasion de s’ouvrir sur l’extérieur.
FAQ
Si le climat est tendu, est-il opportun d’enclencher une démarche autour de la
QVT ?
Oui. C’est même une opportunité si la démarche de QVT est bien élaborée et réfléchie, car
elle sera l’occasion d’ouvrir des espaces de dialogue qui favorisent le règlement des conflits.
Le « portage » est toujours interne et il est important de mobiliser les équipes pour une
bonne appropriation. Vous devrez discuter du recours à des expertises extérieures avec
l’équipe projet. Un apport d’un cabinet de consultant RH peut être utile pour
l’accompagnement méthodologique, l’animation et l’expérience accumulée.
Sites Internet
Cette revue propose des dossiers très bien documentés qui traitent de la QVT sous l’angle
sociologique, juridique, sanitaire, etc. Incontournable sur ce sujet