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Comptes rendus de

l'Académie des sciences.


Série 2, Mécanique,
physique, chimie, sciences de
l'univers, sciences de la [...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Académie des sciences (France). Auteur du texte. Comptes
rendus de l'Académie des sciences. Série 2, Mécanique, physique,
chimie, sciences de l'univers, sciences de la terre. 1985-06.

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DE L'ACADEMIE DES SCIENCES
GAUTHIER-VILLARS

IMPRIMEUR-LIBRAIREDES COMPTES RENDUSDE L'ACADÉMIEDES SCIENCES

3017-85

Imprimé en France
DE L'ACADEIMIE DES SCIENCES

1985 —Tome 301


Série II :MÉCANIQUE-PHYSIQUE
CHIMIE
SCIENCES DE L'UNIVERS
SCIENCES DE LA TERRE
C. R. Acad. SC. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985

MÉCANIQUE DES FLUIDES.—Sur les changements de régime dans l'écoulement


entre un disquefixe et un disque tournant. Note de Luis A. Oliveifa, Jean-Louis Bousgarbiès
et Jean Pécheux, présentée par Michel Combarnous.
Les résultats d'une étude expérimentale montrent l'existence de fluctuations notables de vitesse près de là
parOi fixe, qu'il y ait OU non instabilité de l'écoulement au voisinage du disque tournant.

MECHANIÇS OF FLUIDS. — On the flow transition between a stationary disc and a rotating dic.
The results of an experimental study show that there are significant velocity fluctuations near the stationary
wall, whether there is flow instability or not in the vicinity of the rotating disc.

1. En dépit des nombreux articles relatifs à l'écoulement entre deux disques coaxiaux
distants de e, dont l'un est animé d'une vitesse angulaire constante oo, on ne connaît que
peu de résultats concernant les changements de régime qui apparaissent dans un tel
système. Cet écoulement est en effet relativement complexe notamment pour les valeurs
élevées du nombre de Reynolds de rotation Re = coe?fv, où v désigne la viscosité cinémati-
que du fluide. Les principaux résultats expérirnentaux, bien confirmés par la théorie,
montrent que dans ce cas l'écoulement a une structuré de type couche limite au voisinage
de chacune des parois (couche limite de Cochran sur le disque tournant et couche limite
de type de Bödewadt sur la paroi fixe). Entre ces couches limites, l'écoulement est celui
d'un fluide parfait en rotation avec une vitesse angulaire égale à environ le tiers de celle
du disque, tant que les effets de bords peuvent être négligés; (disques de dimensions
infinies). Pour des disques de rayon réduit r0/e fini, l'écoulement dépend de Re, r0 et des
conditions imposées aux bords extérieurs.
La stabilité de cet écoulement a été étudiée de manière théorique pour quelques valeurs
particulières de Re et principalement dans le cas plus simple de rayons infinis ([1], [2],
[3]). Le problème des disques de rayon fini n'est abordé que dans [3] et pour une valeur
particulière de Re. Quelques résultats expérimentaux ([3], [4]) montrent une bonne-
concordance entre l'apparition de la transition et les prévisions théoriques.
2. Ces résultats, qui permettent la détermination d'un rayon critique d'instabilité ou
de transition, n'ont cependant qu'un caractère global qui ne traduit pas de manière
détaillée l'état de l'écoulement dans l'ensemble du domaine. Gr, pour une même valeur
de r, de profondes différences existent dans la direction axiale en raison du caractère
fortement recirculé de l'écoulement [5]. Ceci a été mis en évidence expérimentalement au
moyen de deux techniques différentes :
— mesure du taux de fluctuation des composantes radiale et azimutale du vecteur
vitesse, obtenu par vélochnétrielaser dans de l'air ;
— mesure
du taux de fluctuation du coefficient local de transfert de masse par une
technique, polarographique. Le fluide utilisé dans ce cas est une solution aqueuse d'iode
et d'iodure de potassium.
Sur la figuré 1, on a représenté la distribution du taux de fluctuation de la composante
tangentielle de la vitesse en fonction de la coofdonnée axiale réduite, pour des valeurs de
Re et r0 respectivement égales à 1370 et 10. La paroi tournante est localisée àz/e= 1
Au voisinage de cette paroi, le taux de fluctuation est très faible et indépendant de la
coordohnéé radiale tant que r/e;S9, puis croît brusquement dans la région périphérique

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C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 1


C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985

où se situe, pour ces valeurs des paramètres, la transition laminaire-turbulent. Ceci est
en bon accord avec certains résultats indiqués dans la littérature, montrant que l'instabilité
se produit dans l'écoulement centrifuge au voisinage du disque tournant, Près du disque
fixe (faibles valeurs de z/e) l'écoulement centripète présente, pour une valeur de r/2 fixée,
un taux de fluctuation toujours plus important que celui observé près du disque tournant,
et qui décroît avec r.

Fig. 1. —
Distributiondu taux de fluctuation de la composante tangentielle de la vitesse
(ro/e=10; Re=1370).
Fig. 1.

Fluctuating rate distribution of the tangential velocity component
(r0/e=10; Re = 1,370).

Les résultats présentés sur la figure 2, obtenus dans des conditions expérimentales
différentes, présentent les mêmes caractéristiques : augmentation brusque du taux de
fluctuation au niveau du disque tournant lorsque les conditions d'apparition d'instabilité
sont satisfaites, et décroissancecontinue de ce taux près du disque fixe jusqu'au voisinage
de l'axe où l'écoulement semble de nouveau plus instable. Ce résultat est d'ailleurs en
accord avec certaines prévisions théoriques [3].
3. Des résultats expérimentaux, dont les figures 1 et 2 ne sont que des exemples, on
peut tirer les conclusions suivantes :

lorsque l'écoulement au niveau de la paroi tournante reste stable, le taux de
fluctuation de vitesse ou de coefficient local de transfert de masse demeure faible dans
toute cette région à l'exception toutefois du domaine entourant l'axe de rotation. Il n'en
est pas de même dans la région située près du disque fixe, où l'écoulement centripète qui
y prédomine présente des taux de fluctuation qui diminuent du bord vers le centre, à
l'exception du voisinage de l'axe. L'importance du niveau de fluctuation à l'entrée dépend
de r0 et de la nature des conditions d'entrée : ce niveau est d'autant plus faible que r0
est grand, en l'absence de transition au niveau de la paroi tournante;
— pour
des valeurs appropriées des paramètres, on observe une transition ordinaire
laminaire-turbulent au voisinage du disque tournant et une transition « inverse » au
niveau du disque fixe, où l'écoulement tend vers le régime laminaire en se décorrélant
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985

Fig. 2. —
Distribution radiale du taux de fluctuation du coefficient local de transfert de masse
(r0/e = 50; 9 Re=29,6; A Re = 47,2). (a) disque tournant; (b) disque fixe.
Fig. 2. — Fluctuatingrate of the local mass transfer coefficient as function of the radius
(ro/e = 50; 9 Re = 29.6; A Re=47.2). (a) rotating disc; (b) stationary disc.

progressivement. Là encore, le taux de fluctuation est d'autant plus important que r0 est;
plus faible.
Remise le 7 janvier 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] M. HÔLODNIOK, M. KUBICEK et V. HLAVACEK, J. Fluid Mech., 81, part,4, 1977, p. 689.
[2] M. HOLODNIOK, M. KUBICEK et V. HLAVACEK, J. Fluid Mech., 108, 1981; p. 227.
[3] A. Z. SZERI, A. GIRON, S. J. SCHNEIDER et H. N. KAUFMAN, J. Fluid Mech., 134, 1983, p. 133.
[4]. J. W. DAILY et R. E. NECE, J. Basic Engng., Trans. of the A.S.M.E., 3, 1960, p. 217.
[5] L. A. OLIVEIRA, J. L. BOUSGARBIES et J. PECHEUX, Comptes rendus, 294, série II, 1982, p. 1163-1166.

Laboratoire d'Études aérodynamiques associé au C.N.R.S.,


43, rue de l'Aérodrome, 86000 Poitiers Cedex.

C, R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II —2


R.Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° l, 1985
C. 5.

MÉTHODES NUMÉRIQUES APPLIQUÉES À LA MÉCANIQUE. — Approxima-


tion numérique du cisaillement transverse dans les plaqués composites. Note de Philippe
Destuynder et Jean-Claude Nedelec, présentée par Jacques-Louis Lions.

Il est maintenantadmis que le délaminage dans les plaques minces multicouches est un phénomène dimension-
nant dans la réalisation des structures composites. Ce phénomène est certainement du au cisaillement transverse
qui peut s'exprimer à l'aide de la dérivée troisième de la flèche de la plaque. D'un point de vue numérique il
ne semble pas que des formulations en déplacements soient adaptées au calcul de telles quantités. : C'est
pourquoi nous suggérons une formulation mixte où le cisaillement transverse est une inconnue indépendante.
Des estimations d'erreur sont données.

COMPUTATIONNAL MECHANICS- — Numerical approximation of transverse shearing stress in compo-


site plates.
It is now admitted that delamination of multilayeredplate is one the most restrictive phenomena in the conception
of composite structures. It is certainly due to transverse shearing stress which can be expressed as a third prier
derivative of the deflection of a plate. From numerical point of view displacement formulations are not well
suited for such approximation. Hence we suggest a mixedformulation where the transverse shearing stress is
taken as an unknown. Error estimates are given.

1, POSITION DU PROBLÈME.

Considérons une plaque mince d'épaisseur 2 s dont la
surface moyenne est notée a»; On se place dans le cadre de l'élasticité linéaire et la plaque
est supposée symétrique par rapport à sa surface moyenne. Son tenseur de rigidité de
flexion est R^^ et elle est soumise à des efforts transversaux dont la résultante est f.
Si la flèche est désignée par u, le modèle des plaques en flexion consiste à trouver u tel
que ( 1) :

Le cisaillementtransverse peut alors s'exprimer dans chacune des couches du composite


en fonction de la dérivée troisième de u et varie de façon parabolique dans chacune des
couches de la plaqué (avec un raccord continu entre deux couches successives). C'est la
grandeur importante dans l'analysé du délaminage. On peut trouver une formulation
variationnelle mixte dont une des inconnues fait intervenir cette dérivée troisième de la
façon suivante. Considérons tout d'abord la formulation énergétique de (1); elle consiste
à trouver u dans l'espace 0| (oe) qui minimise la fonctionnelle

et écrivons le problème (2) sous la forme équivalente :

On peut « traiter » la constrainte liant 0K et u dans le problème d'optimisationprécédent


par une technique dé dualité. Pour cela on considère le modèle suivant (formellement) :

0249-6305/85/03010005 § 2.00 .©: Académiedes Sciences


6 C. R. Acad. SC. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985

En écrivant les équations d'optimalité de (5) on obtient, en particulier, que :

Par conséquent Xa nous permet (en inversant le tenseur de rigidité) de calculer les
dérivées troisième de u; soit (dans le cas particulier où R„Bl,v est constant) :

Les schémas que nous proposons sont basés sur cette remarque.
II. PRINCIPES MIXTES A TROIS CHAMPS POUR LA FLEXION DES PLAQUES MINCES. — Définissons
les formes bilinéaires suivantes pour des champs arbitraires 0 = (OJ, H-=(iO> ^ = PO
et v :

Puis introduisons les espaces fonctionnels :

On considère alors les deux problèmes suivants :

Ces problèmes sont obtenus à partir des équations d'optimalité de (5); les deux variantes
provenant des deux façons équivalentes d'écrire le terme couplant X et u :

En explicitant les équations des modèles précédents on vérifie que les deux problèmes
sont bien posés au sens où ils admettent une solution unique qui est obtenue à partir de
u solution de ( 1) par :

Les deux cadres fonctionnels distincts permettent de générer des schémas numériques
ayant des propriétés différentes. Mais tous deux relèvent d'une théorie de l'erreur com-
mune et reposent sur certaines propriétés de compatibilité dans l'approximation des
espaces fonctionnels vis-à-vis des formes bilinéaires c (.,. ) et b (.,. ). Ces propriétés sont
voisines de celles proposées par F. Brezzi [2].
C, R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985 7

TABLEAU I

Degré de liberté..
......... .
2x6=12
Valeurs aux noeuds
9
Valeurs des fonctions
9
Valeurs aux noeuds
et des dérivées
Espacé engendré.
Espace à approcher.
........ .. Wh
W
H^
H1
Xh
X1
. . . . . . . .

Degrés de liberté. ...'..' 2x6=12 1 3


Espace engendré Wh Hh2 X2
Espace à approcher W H2 X2

III. PROPRIÉTÉS DE CONVERGENCE DES SCHÉMAS NUMÉRIQUES BASES SUR LES FORMULATIONS
(9) et (10). — Désignons par Wh, Xh et Hh des espaces d'approximation interne de W,
Xa et Ha. Le problème approché consiste alors à trouver un élément (Gh, Xh, uh) dans
l'espace Wh x Xh x Hh tel que :

On fait alors les deux hypothèses suivantes :

Hl. —
Il existe une constante c, strictement positive, indépendante de h et telle que :

H2. —
Il existe une constante c strictement positive, indépendante de h et telle que :

Une conséquence technique est le théorème :


THÉORÈME 1. On suppose les hypothèse Hl et H2 vérifiées. Il existe alors une

constante c indépendante de h et telle que : si (0, X, u) désigne la solution du problème 1
ou 2 tandis que (0ft, V, uh) est celle de (12), on a :

IV. EXEMPLES DE CHOIX D'ÉLÉMENTS POUR LES FORMULATIONS (9) ET (10). — Dans la suite
£?~h désigne
une famille régulière de triangulations et h est la taille des éléments finis.
8 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985

(a) Cas de la formulation (9). —


On choisit des espaces engendrés par les éléments du
tableau I.
Les définitions explicites des espaces approchés sont :

(P3i-est l'espace des polynomes de degré trois privé de celui qui s'annule sur les trois
côtés de K).

Avec ce choix d'éléments finis on a l'estimation d'erreur :


THÉORÈME 2. — Si les hypothèses du théorème 1, sont satisfaites, il existe c>0,
indépendante de h et telle que :

(b) Cas de la formulation (10). —


On introduit les espaces :

Les éléments finis retenus sont résumés dans le tableau II.


du problème (12) avec le choix défini en (14) des espaces
Si (Gh, yh, uh) est solution
d'approximation, on a l'estimation suivante :
THÉORÈME 3. — Dans l'hypothèse où les propriétés Hl et H2 sont satisfaites, il existe
une constante c indépendante de h telle que :

(1) Les indices latins prennent les valeurs 1 ou 2, en outre on fait la convention de sommation sur les indices
répétés.
Remise le 25 mars 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] F. BREZZI,On the existence, uniqueness and approximation of saddle point problems arising from
lagrangian mullipliers, RAIRO, série rouge, Ana. Num. R., 2, 1974, p. 129-151.
[2] J. L. BATOZ, K. J. BATHE et L. W. Ho, A study of a three nodes triangular plate bending elements, Int.
J. Num. Meth. in Eng., 15, 1980, p. 1771-1812.

P. D. : École centrale des Arts et Manufactures,


Grande voie des vignes, 92290 Chatenay-Malabry;
J.-C. N. : École Polytechnique, C.M.A.P., 91128 Palaiseau Cedex.
C. Rv Acad. Sc. Paris, t. 301, Sérié II, n° 1, 1985

PHÉNOMÈNES D'IMPACT ET COLLISIONS. — Première expérience de collisions


réactives du carbone atomique en faisceaux moléculaires supersoniques puisés. Note de
Gérard Dorthe, Michel Costes, Christian Naulin, Claude Vaucamps, Guy Nouchi et Jacques
Joussot-Dubien, Correspondant de l'Académie.

Nous présentons la première expérience, à notre connaissance, de collisions réactives du carbone atomique
en faisceaux moléculaires supersoniques puisés et croisés. Il s'agit de la réaction C+NO-> CN + O pour une
énergie de collision des réactifs de 0,28 eV. Le radical CN est détecté dans son état électronique fondamental
jusqu'au niveau vibrationnel v" = 4.

IMPACT AND COLLISION PHENOMENA. — First experiment of atomic Carbon reactive collisions in
pulsed supersonic molecular beams.
The first experiment, to our knowledge, of atomic carbpn reactive collisions in crossed pulsed supersonic
molecular beams is reported. It concerns the C + NO-iCN+O reaction for a reactant collision energy of
0.28 eV. CN radicals are clearly detected, in their electrohicground state, up to the vibrational level v" =4.

INTRODUCTION. Les faisceaux moléculaires,supersoniquespulsés connaissent un essor



considérable dans plusieurs domaines tels que la spectroscopie de molécules isolées
refroidies à des températures de l'ordre du degré Kelvin ou la production d'agrégats.
Ces expériences ne mettent en jeu qu'un seul faisceau.
Les expériences de collision, inélastiquespu réactives, nécessitentdeux faisceaux croisés.
Depuis le début des années soixante des faisceaux moléculaires supersoniques continus
ont été utilisés pour l'étude des collisions de neutres à basse énergie de translation relative
(inférieure à 5 eV environ). A la fin des années soixante-dix, Gentry souligna l'intérêt des
faisceaux supersoniques puisés pour l'étude des collisions ([1], [2]) de neutres. En particu-
lier lés faisceaux supersoniques puisés présentent l'avantage, sur les faisceaux continus,
d'être plus intenses et plus économiques. Gentry et Giese mirent au point une vanne
puisée particulièrement performante [3] qu'ils utilisèrent en faisceaux croisés pour des
expériences de collisions inélastiques ([4], [5], [6]). Cependant, a notre connaissance,
aucune expérience de collisions réactives en faisceaux supersoniques puisés n'a été
annoncée: C'est ce type d'expérience que nous décrivons.
Nous avons choisi la réaction C+NO-> CN + O. En effet, lesréactions du carbone
atomique, qui interviennent dans les combustions d'hydrocarbures, sont très exoéner-
gétiques et présentent dès la température ordinaire, de grandes constantes de vitesse. La
détermination de la distribution d'énergie des produits en fonction de celle des réactifs
est donc importante pour la compréhension de la dynamique réactionnelle des flammes
de combustion.
APPAREILLAGE. Nous avons utilisé les vannes conçues par Gentry et Giese et

commercialisées par la société Beam Dynamics (Minneapolis, U.S.A.). Ces vannes, qui
peuvent supporter des pressions de source de 10 bars, donnent des bouffées de gaz et
quelques dizaines de microsecondes au taux de répétition de 10 Hz.
L'oxydé nitrique est dilué à 10 % dans de l'hélium porté à 1,55 bars dans le réservoir
de stockage de la première vanne puisée. Le carbone atomique est obtenu par vaporisation
laser d'un barreau de graphite balayé par de l'argon suivant le dispositif imaginé
par Smalléy [7] pour la production de faisceaux supersoniques d'atomes et d'agrégats
métalliques. La pression d'argon dans le réservoir de stockage de la deuxième vanne
puisée est de 2 bars. Nous avons utilisé pour cette vaporisation un laser à excimère
(Lambda Physik EMG 101 E) fonctionnant avec KrF à 248 ma Les bouffées de gaz

0249-6305/85/03010009 $ 2.00 © Académie des Sciences


10 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985

Spectre d'excitation de CN(X2X+) produit par la réaction C + NO-»CN + 0 pour une énergie collisionnelle
des réactifs de 0,28eV. Les bandes (v', v") sont relatives aux transitions (B2X+)„.=„..._1<-(X2X+)„... Pour
chaque bande de v" — 1 à 4 les positions des raies rotationnelles des branches P et R sont données en fonction
du nombre quantique rotationnel K". Pour les bandes (4, 5) et (5, 6) seule la position du retournementde la
branche P, à K" = 27 pour (4, 5) et K" = 32 pour (5, 6), est donnée. L'astérisque indique une bande du radical
C3-
Excitation spectrum of CN(X22+) produced by the reaction C + NO->CN+0 for a reactant energy of
0.28eV. The (v', v") bands concern the transitions: (B2X+)„. v"_1 <- (X2X+)C... P and R rotational Unes are
=
given except for (4 5) and (6, 5) bands. For these, only the head position is given. The star indicates a C3
band.

contenant C et NO se croisent à angle droit au centre de la chambre de collision. Les


temps de vol sont mesurés par une jauge à ionisation rapide (Beam Dynamics). Le
faisceau d'un laser à colorant pompé par un laser à YAG (Quantel:
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985 11

TDLIII+YG 481 DT) traverse la zone de croisement des deux bouffées. Il permet de
sonder CN dans son état électronique fondamental X22T" par la détection dé la fluo-
rescence B2 E+ -» X2 S+ consécutive à l'excitation laser B2 S+ <— X2 £+.
RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX.

La vaporisation du graphite produit initialement C, C2,
C3. Par optimisation du refroidissement de ces espèces, en jouant sur la synchronisation
entre le laser à excimère et la vanne puisée qui libère une bouffée de gaz rare balayant le
barreau de graphite, nous avons vu disparaître complètement les spectres d'excitation de;
C2 au profit d'un spectre inconnu, attribuable à un complexe de Van der Waals de C2.
Ce piégeage de C2 fut confirmé par l'absence de chimiluminescence de CN(B2E+) lors
des collisions avec le faisceau de NO. En effet, la réaction C2+NO-^ CN + ÇO, bien
plus exoénergétique que la réaction C + NO->CN + 0, produit, outre les états X2E+ et
A2TÎ;, l'état B2E+ de CN et donne donc lieu à chimiluminescence sur la transition
B2£+ ->X2E'+. Nous avons vu facilement cette chimiluminescence en faisant croiser les
bouffées contenant C2 monomère avec celles de NO. Quand le spectre de C2 disparaît la
chimiluminescence de B2!!^ disparaît également, preuve de l'abscence de collisions entre
C2 et NO. Nous nous sommes donc arrangés dans cette expérience pour que CN ne soit
produit que par la réaction C H-NO-^-CN+ O.
Il subsiste néanmoins un spectre d'excitation de C3 sur une très large gamme spectrale
dans le proche ultraviolet et le visible. Il nous a empêché de faire le spectre d'excitation
de CN sur les transitions Av — v" — v' = 0 entre 384 et 388 nm. Par contre, le spectre
d'excitation à Av= — 1 de CN s'étale entre 414 et 422 nm alors que nous n'avons observé
qu'une seule bande de C3 entre 417 et 418 nm. Nous avons donc sondé CN sur ces
transitions-là. Le spectre d'excitation obtenu est donné sur la figure. On distingue très:
nettement les têtes de bande correspondant aux excitations de v"=l, 2, 3, 4. Ces têtes de
bande sont dues au retournement des branches rotationnelles P aux environs de K"=25.
Dans nos conditions l'énergie cinétique de translation de C relative à NO est de
0,28 eV. C'est l'énergie totale de collision puisque, à cause du refroidissement de la détente
supersonique, l'énergie interne de NO peut être considérée comme nulle. La différence
entre les niveaux d'énergie minimale (niveaux « zéro ») de CN et NO est égale à [8] :

L'énergie distribuable sur les produits CN+O est donc de 1,63 + 0,05 eV. Les énergies
de CN(X22+) pour v"=5, 6 et 7 sont respectivement de 1,23; 1,47 et 1,70 eV [9]. Étant
donné qu'il faut un minimum d'énergie de translation de séparation des produits, le
nombre de collisions donnant v"=6 doit être infinitésimal. On peut donc considérer que
la véritable limite d'excitation est v"= 5.
Nous n'avons pas observé distinctes tête de bande du niveau v" = 5. Cette tête de
bande correspond à une accumulation de raies rotationnelles autour de K" = 27. On peut
donner deux explications. D'une part, ce niveau vibrationnel, proche de la limite d'excita-
tion, peut être moins peuplé que les autres. D'autre part, l'énergie qui reste disponible
pour la rotation et la translation relative des produits est plus faible que pour les niveaux
vibrationnels inférieurs. Il doit donc en résulter une distribution rotationnelle plus froide
telle que les niveaux rotationnels correspondantà la tête de bande soient beaucoup moins
peuplés que ceux correspondant aux faibles valeurs de K". En raison de la congestion
spectrale due aux raies rotationnelles des niveaux v"^4, une amélioration du rapport
signal sur bruit est nécessaire pour savoir s'il y a des raies rotationnelles attribuables à
v"==5. Cette étude sera poursuivie dans ce sens.
12 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985

PERSPECTIVES.

Pour les réactions exoénergétiques qui présentent une très faible
barrière d'énergie potentielle, cette barrière est dite « précoce » car elle correspond à
une configuration d'approche des réactifs et non de séparation des produits (barrière
« retardée »). Dans ce cas, seule l'énergie de translation relative des réactifs est efficace
pour le franchissementde cette barrière. L'énergie interne, rotationnelle et vibrationnelle,
ne joue pratiquement aucun rôle [10]. La distribution d'énergie sur les produits est donc
essentiellement une fonction de l'énergie de translation relative des réactifs. Les faisceaux
moléculaires supersoniques croisés sont particulièrement bien adaptés pour l'étude de la
dynamique de ce type de réactions puisqu'ils permettent de faire varier continûment
l'énergie de translation relative des réactifs, et que le fait d'avoir une énergie interne de
ces réactifs pratiquement nulle n'a aucune importance. La réaction C + NO -> CN + O
est dans ce cas puisque pour une énergie de collision de seulement 0,05 eV nous avons
pu détecter CN ce qui signifie que sa barrière est effectivement très faible.
Après l'amélioration du rapport signal sur bruit, nous déterminerons les distributions
d'énergie rovibrationnelle sur CN(X2E+) en fonction de l'énergie de translation relative
de C et NO que nous ferons varier de 0 à 0,3 eV.
A terme, nous comptons étudier la dynamique des collisions réactives du carbone
atomique avec d'autres molécules (N20, S02, N02, OCS, H2S) et plus généralement
celles d'atomes de réfractaires comme Si, Cu, Al, Mg, etc.
Remise le 25 mars 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] W. R. GENTRY, dans Invited papers of the XI International Conference on the physics of electronic and
atomic collisions, North-Holland, Amsterdam, 1980.
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G. D., M. C, C. N. et J. J.-D. : Laboratoire de Photophysique et Photochimie moléculaire,


Université de Bordeaux-I, 33405 Talence Cedex;
C. V. et G. N. : Centre de Physique moléculaire optique et hertzienne,
Université de Bordeaux-I, 33405 Talence Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985 13
PHYSICO-CHIMIE. — Apport de l'analyse thermomécanique dynamique à l'étude de
l'influence des propriétés superficielles du renfort dans les composites fibres polyépoxyde.
Note de Bernard Chabert, Jacques Chauchard et Gilbert Lachenal, présentée par Jacques
Bénard;

La tenue mécanique d'un matériau composite dépend de la nature de la zone interfaciale entre le renfort et
la matrice. Peu de techniques permettent d'accéder à la connaissance et au contrôle des mécanismes d'interaction
aux interfaces. L'analyse thermomécanique en utilisation dynamique, de par sa sensibilité, apparaît comme un
outil de choix pour une telle étude. L'analyse des phénomènes de relaxation, liés à la transition vitreuse du
réseau polyépoxyde, peut être reliée à l'établissement de liaisons chimiques entre la matrice et l'agent de
pontage aminosilane fixé sur une fibre de verre, dans certaines conditions de traitementThermique du composite.
La connaissance des conditions de copolymérisation aminosilane-époxy présente' un. grand intérêt pour les
propriétés d'adhésion aux interfaces.

CHEMICAL PHYSICS. — Contribution of dynamic load thermoméchanical analysis for the study of the
renforcement influence in fibre/polyepoxycomposites.
Mechanical behadour of composite material depends on interphasebetweeh reinforcernent and matrix. A few
techniques are available for sludying and testing interfacial interactions. For this investigation, thermomechanical
analysis with dynamic load, a very sensitive technique, seems tobe a suitable method. The Study of relaxation
linked lo the glass transition of polyepoxide network allows to confirm the formation of chemical bonds between
matrix and silane coupling agent coating the glass fiber in specifie curing conditions.. The knowledge of silane
epoxy copolymerisation is ofprimary interest to the areas of adhesion prOperties at the interfaces.

L'analyse thermomécanique (TMA) a déjà été utilisée par quelques auteurs pour l'étude
du comportement thermique de résines et de composites à matrice polymère et renfort
fibreux ([1] à [4]). Nous disposons d'un ensemble Méttlér TA.3000 équipé de la cellule
de mesure TMA 40 couplée à un « TA processor TC 10 » et à une imprimante Matrix.
Nous avons proposé dans un précédent article [5] de coupler l'appareillage TMA classique
avec un dispositif original de flexion « trois points » permettant des sollicitations alter-
natives à basse fréquence. Comme le nom TMA est réservé à la technique dans laquelle
la déformation de l'échantillon créée sous charge constante est suivie en fonction de la
température, nous avons appelé notre dispositif « TMA dynamique ».
Dans cette étude, le centre de l'échantillon placé sur le support en quartz est soumis à
l'action d'une sonde, également en quartz, de 3 mm de diamètre à surface d'appui
hémisphérique. La force d'application est imposée et ce sont les déplacements de la sonde
qui sont enregistrés. La valeur de la force d'applicationchangé toute les 6 s, passant de
1 à 3 g pour l'étude de la matrice seule, de 1 à 5 g pour le composite verre/epoxyde et

de 1 à 8 g pour le composite carbone/époxy, c'est-à-dire avec une périodicité fixée à 12 s.


Dans ce cas une information supplémentaire est fournie par le thermpgramme en étudiant
l'amplitude des battements engendrés par la force d'application alternative. Cette ampli-
tude ainsi que son évolution avec la température se sont avérées dès critères très précis
et sensibles pour définir l'étendue (domaine de température) et l'amplitude (flèche) des
phénomènes de relaxation dans le composite.
MATÉRIAUX ÉTUDIÉS.

La matrice polymère est de type époxyde obtenue par la
polycondensation du diglycidyl éther de bisphénol A (DGEBA) et du 4.4'-diamino-
diphényl méthane (DDM) dans les proportions stoechiométriques.
Le renfort est constitué soit de fibres de verre R (400 monofilaments de 10 µm de
diamètre) soit de fibres de carbone (mèches de 12000 monofilaments de 7 µm de
diamètre). Les fibres de verre sont recouvertes soit (fibres Rcp) d'un produit d'ensimage
constitué d'un agent collant à base de résines époxydes et d'un agent de pontage

0249-6305/85/03010013 S 2.00 © Académie des Sciences


14 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985

Fig. 1. — (a) Allure d'un enregistrement TMA « dynamique ». (b) Exploitation des résultats obtenus.
Fig. 1. — (a) Typical "dynamic" TMA curves. (b) TMA results exploitation.
Fig. 2. — Comportement thermomécanique au voisinage de Tg. polyepoxyde : sans ( ) et avec (
post-traitement à 200°C, composite carbone/epoxyde : sans (—+ —) et avec ( — + + —) post-traitement,
composite verre R^/epoxyde : sans ( — — ) et avec (—..—) post-traitement.
)
Fig. 2. — Thermomechanical behaviour in Tg range. Popyepoxy: without ( ) and with ( ) postcuring
at 200°C, carbone/epoxycomposite: without (— + — ) and with (— + + —) postcuring, glass Rcp/epoxy compo-
site: without (— — ) and with (—..—) postcuring.

y-aminopropyl triéthoxysilane ou A 1100, soit (fibres Rc) de l'agent collant seul. Les
fibres de carbone ont subi un traitement d'oxydation.
Les échantillons de composites sont réalisés par l'assemblage unidirectionnel de mèches
préimprégnées suivi d'une cuisson de 3 h à 80°C puis de 3 h à 170°C pour obtenir la
réticulation. Le taux de fibre est voisin de 60 %.
RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX. — La figure 1 a donne un exemple d'enregistrement direct
du déplacement de la sonde avec la température. Les enveloppessupérieures et inférieures
des créneaux enregistrés correspondent aux flèches imposées par l'application des deux
forces. La figuré 1 b a été obtenue en portant, en fonction de la température, la variation
Y de l'amplitude f des flèches correspondant aux deux forces d'application.
La deuxième présentation (fig. 1 b) des résultats a été retenue pour une telle étude en
raison de nombreux avantages apportés :

Valeur de Y indépendante des variations aléatoires des flèches entraînées par le
positionnement de l'échantillon et de la sonde (poinçonnage).

Allure de la courbe analogue à celle des courbes module E=/(température).
En effet, en première approximation, il est admis pour un matériau homogène (largeur
Z, hauteur h, distance entre appuis L, force F, flèche f) :

Pour les matériaux composites, la relation devient plus complexe ([6], [7]).
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985 15


Bonne détermination de la zone de transition vitreuse AT, ce qui permet de bien
mettre en évidence l'influence de la fibre de renfort.
La figure 2 donne les résultats obtenus avec trois échantillons initiaux et avec ces
mêmes échantillons soumis à un post-traitement thermique de 3 h à 200°C.
DISCUSSION. — On constate que l'étendue de la zone de transition vitreuse de la matrice
seule (155-170CC) est peu modifiée par la présence de fibres de carbone (150-165°C). Par
contre la présence de fibres de verre entraîne un net élargissement de cette zone (135-
165CC) par abaissement de la température de début du phénomène, ce qui s'interprète
généralement par la formation d'un réseau moins homogène avec des parties peu réticu-
lées. Celte hypothèse est en accord avec la théorie de l'adsorplion préférentielle qui suggère
qu'au contact de la fibre de verre des constituants ou des groupements fonctionnels du
mélange réactionnel peuvent être adsorbés, désactivés ou détruits, conduisant à une non
stoechiométrie donc à un réseau moins ponté ([8], [9], [10]). Signalons également les
travaux de Ph. Bartlet [11] qui montrent que la structure d'un réseau polyépoxyde peut
être modifiée par la présence d'une charge (billes de verre).
Le post-traitement à 200°C ne modifie pratiquement pas la zone de transition vitreuse
de la matrice seule et déplace légèrement vers les hautes températures celle du composite
carbone/époxy, si bien que dans les deux cas le phénomène apparaît dans le même
domaine de température (155-170°C) et doit correspondre à la formation de réseaux
réticulés très proches. Ces résultats sont en bon accord avec les données de la littérature
indiquant que la polycondensation du système DGEBA-DDM est terminée après un
traitement de 3 h à 170°C [12]. Les fibres de carbone oxydées ne présentent pas de
réactivité particulière vis-à-vis de la résine polyépoxyde mais leur présence en tant que
charges peut ralentir la cinétique de polycondensation du système DGEBA-DDM et
rendre nécessaire un post-traitement pour aboutir au réseau totalement réticulé.
Dans le cas du composite polyépoxyde/fibres de verre Rcp, le renfort n'a plus unique-
ment un rôle cinétique puisque la zone de transition vitreuse s'élargit jusqu'à une
température (185°C) nettement plus élevée que celle observée pour la matrice seule
(170°C) sans que la température de début du phénomène soit modifiée (135°C). Il est
intéressant de relier cette rigidification d'une partie du réseau, aux études effectuées en
spectrométrie TRTF par Chiang et Koenig [13] sur un système composite très voisin. Ces
auteurs montrent, qu'en l'absence d'un accélérateur (amine tertiaire); la formation de
liaisons covalentes, entre les groupes — NH2 du A 1100 fixé sur le verre et les groupements
époxydes de la résine, est observée surtout après un traitement thermique du composite
au-dessus de 200°C. Ces liaisons établissant de véritables points d'encrage entre la matrice
et la fibre ensimée pourraient être à l'origine de l'élargissement de la zone de Tg, vers les
hautes températures, observé en TMA après le post-traitement, bien qu'une modification
de l'ensemble du réseau puisse aussi être envisagée. Cette hypothèse est d'ailleurs en bon
accord avec le fait que les mesures effectuées sur des échantillons de composites réalisés
avec les fibres Rc (absence de A 1100 dans l'ensimage), n'ont pas permis de retrouver
l'élargissement observé en présence d'agent de pontage aminosilane (fig. 2).
Remise le 11 mars 1985, acceptée le 15 avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[11] Ph. BARTLET, Thèse de Docteur-Ingénieur,Lyon, 1984.
[12] H: L. TICHZERT, Thèse de Doctorat d'État, Lyon, 1982.
[13] C H. CHIANG et J. L. KOENIG, Polymer composites, 2, n° 4, 1981, p. 192-198.

Laboratoire d'Étude des Matériaux plastiques et biomatériaux,


U.A. C.N.R.S. n° 507, 43, boulevard du 11-Novembre-1918,
69621 Villeurbanne Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris,
t.3Série
01,
II,n°1,1985 17
CATALYSE. l'adsorption du soufre sur la face (110) du platine cours de
— Etude de au
l'hydrogénation du butadiène. Note de Salvador Pinol, Yves Berlhier et Jacques Oudar,
présentée par Jacques Bénard.

Cette étude a permis de déterminer à 373 K l'isotherme d'adsorption du soufre sur la face (110) du platine
pendant la réaction d'hydrogénation du butadiène. Il a été constaté que la présence du butadiène absorbé
diminue d'environ 15 à 20 % l'énergie de la liaison métal-soufre.

CATALYSIS. — Adsorption of sulphur on Pt(110) during the butadiene hydrogenation on Pt(110).


In this study adsorption isotherm of sulphur on Pt (1 10) was determined during the cataiytic hydrogenation of
butadiene itself. It is shown that the adsorbed butadiene decreases the energy of the sulphur-metalbond by about
15 to 20%.

Nous avons décrit dans une Note antérieure [1] un certain nombre de résultats concer-
nant l'influence du soufre sur l'hydrogénation du butadiène. Rappelons que cette réaction
était réalisée sous moyenne pression totale (400 Torr) et que la surface était caractérisée
avant et après réaction au moyen de la diffraction des électrons lents et de la spectroscopie
Auger.
Les principales conclusions de cette étude étaient les suivantes :
1° une décroissance linéaire de l'activité catalytique en fonction de la concentration
superficielle en soufre qui permettait de conclure à la désactivation d'un site d'hydrogéna-
tion par atome de soufre adsorbé;
2° la présence en conditions d'hydrogénation d'une couche quasi saturée de butadiène
adsorbé. A titre d'exemple, nous redonnons la courbe de désactivation établie à 373K

Au cours de cette étude, nous avions constaté que le soufre se désorbait pendant la
réaction elle-même dès 373 K, contrairement à ce qui se passe sous hydrogène pur. Cette
observation nous a suggéré de tracer dans les conditions réelles d'hydrogénation une
isotherme d'adsorption du soufre. Les résultats de cette étude font l'objet de la présente
Note.
Nous avons opéré de la manière suivante : la surface était préalablement saturée en
soufre adsorbé jusqu'à concurrence de 0,8 atomes de soufre par atome de platine superfi-
ciel, l'activité catalytique en hydrogénation était ensuite mesurée en utilisant dans le
mélange réactionnel butadiène-hydrogène, des teneurs contrôlées en H2S. Nous avons
constaté que l'activité catalytique évoluait jusqu'à une valeur stationnaire caractéristique
de la teneur en H2S de la phase gazeuse. En utilisant la courbe de la figure 1 comme
moyen d'étalonner la concentration superficielle en soufre à partir de la mesure de
l'activité catalytique, nous avons tracé l'isotherme de la figure 2.
Quelques expériences complémentaires, en partant d'une surface non contaminée en
soufre, nous ont permis de confirmer le caractère réversible de l'isotherme.
L'intérêt d'une telle courbe est qu'elle est représentative, comme nous l'avons mentionné
plus haut, d'une surface fonctionnant en conditions réelles de catalyse. On constaté que
la concentration en soufre adsorbé est proportionnelle à la concentration H2S de la phase
gazeuse jusqu'à un taux de recouvrement de l'ordre de 50 %. Ceci traduit l'absence
d'interactions notables entre atomes de soufre adsorbés. Cette absence d'interaction était
prévisible à partir de la décroissance linéaire de l'activité catalytique (fig. 1). Une telle
décroissance n'est en effet concevable que si chaque atome de soufre a un effet désactivant

0249-6305/85/03010017 S2.00 © Académie des Sciences


18 C.R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985

Fig. 1. Variation dé la constante de vitesse et du nombre de rotations



en fonction de la concentration superficielle en soufre.
Fig. 1. — Variation of the rate constant and of the turnover
as a function of superficial coverage of sulphur.
Fig. 2. — Isotherme d'adsorptiondu soufre sur la face (110) du platine
obtenue pendant la réaction d'hydrogénation du butadiène.
Fig..2. — Adsorption isotherm of sulphur on Pt (110) face determinated
during the reaction of butadiene hydrogénation:

indépendant de la concentration superficielle en cet élément. On ne peut comparer


directement l'isotherme d'adsorption établie ici à celle que l'on obtiendrait sur le platine
exempt du butadiène, car on ne dispose pas dans ce dernier cas de données relatives à la
même température. Cependant, l'extrapolation à 373 K des isothermes établies par
McCarty et coll. [2] entre 478 et 898 K sur platine polycristallin nous permet d'estimer
l'influence du butadiène sur l'énergie de la liaison soufre-platine. Pour un recouvrement
moitié de la surface par le soufre, cette extrapolation donne un rapport PH2S/PH2 de
l'ordre de 10- 13, soit près de huit ordres de grandeur plus faible que celui observé ici.
Nous avons effectué quelques tentatives pour obtenir des données à d'autres tempé-
ratures dans le but d'accéder à la détermination de la chaleur d'adsorption. Ces expé-
riences n'ont pas été totalement concluantes. A 323 K, le soufre préalablement adsorbé
reste fixé de façon irréversible au cours de la réaction d'hydrogénationdu butadiène. A
423 K l'isotherme se déplace peu dans l'échelle des pressions partielles en H2S, laissant
prévoir une faible chaleur d'adsorption à partir du sulfure d'hydrogène comme état de
référence. Au vu de ces résultats, il nous paraît plus judicieux dans un premier temps,
d'estimer la chaleur d'adsorption à partir de l'enthalpie libre d'adsorption en faisant une
estimation raisonnable du terme entropique.
L'enthalpie libre standard associée à la réaction d'adsorption H2S-r-Pt-> PtSad+H2
est donnée par la relation AG£ = RT log PH2S/PH2, à 373 K et ©s=l/2 (S/Pt=0,4)
PH2S/PH2= 2.10- 5. On obtient finalement AG^73= -33 500 kJ, mole- 1.
De tous les métaux, c'est l'argent et plus particulièrement la face (100). qui présente
l'affinité la plus proche de celle observée ici. On trouve en effet sur cette face, par
extrapolation à 373 K des données obtenues à plus haute température, un rapport
oC. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985 19

PH2S/PH2 = 1,6.10- 5 pour un taux de recouvrement de la surface de 50 % [3]. Sur cette


face le terme entropique a pour valeur AS =+2,57 J.mole- 1. En supposant qu'il est
identique dans le cas présent, on obtient :

En tenant compte de renthalpie associée à la réaction :

On trouve pour l'adsorption d'1/2 S2 :

soit —243 kJ. mole- 1 pour 1 mole de S2. Cette valeur est proche de celle trouvée sur la
face (100) de l'argent ( — 247 kJ.mole- 1) qui nous a servi de base pour l'estimation du
terme entropique. Connaissant l'énergie de dissociation de la molécule S2
(422 kJ.mole-1), on trouve finalement pour l'énergie de liaison d'un atome de soufre
adsorbé X = 332,5 kJ. mole- 1.
Si l'on avait admis que la réaction d'adsorption à partir de H2S était athermique,
comme semblait l'indiquer l'influence peu nette de la température sur le déplatemcnt de
l'isotherme entre 373 et 423 K, on aurait trouvé pour l'énergie de liaison
X = 300 kJ. mole- 1.
La comparaison des valeurs précédentes avec la valeur de X trouvée par McCarry et
coll. pour un taux de recouvrement identique en soufre (386 kJ .mole- 1) traduit une
forte diminution de l'énergie de liaison soufre-métal. Suivant l'hypothèse admise par le
terme entropique, cette diminution est en effet de 14 ou de 22% en valeur relative.
On peut l'attribuer aux modifications électroniques importantes du métal induites par
l'adsorption de la dioléfine qui est, rappelons-le, l'espèce majoritaire sur la surface. On
sait en particulier que l'adsorption des oléfines se traduit par des variations significatives
du travail de sortie (de l'ordre, voire supérieur, à 1 eV). Ces modifications confèrent au
platine des propriétés de thiorésistancecomparables à celles de l'argent. On doit s'attendre
à ce que l'adsorption d'autres molécules insaturées produise des effets analogues et même
plus importants. Ce peut être notamment le cas des alcynes dont le caractère insaturé est
encore plus marqué que celui des oléfines.
Cette étude nous conduit à formuler une conclusion de portée très générale, à savoir
que le comportement d'un métal à l'égard d'une impureté peut se trouver considérable-
ment modifié, pendant une réaction catalytique, par la présence en surface d'une espèce
majoritaire fortement liée.
Remise le 25 mars 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Laboratoire de Physico-Chimie des Surfaces associé au C.N.R.S.-U.A. n° 425,


Université Pierre-et-Marie-Curie, 11, rue Pierre-et-Marie-Curie, 75231 Paris Cedex 05.

C. R. 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II


C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Sérié II, n° 1,1985 21

PHOTOCHIMIE. — Étude photochimique de dimères modèles de lignine de type a-O-4


et p-O-4 « O-méthylés ». Note de Alain Castellan, Corinne Vanucci, Jean-Pierre Desvergne,
Henri Bouas-Laurent, Marcelle Hauteville et Michèle Chadenson, présentée par Jacques
Joussot-Dubien.

Pour étudier leur stabilité à la lumière, plusieurs dimères modèles de lignine de type a-O-4 et
P-O-4 « O-méthylés » (II1_7), ainsi que des composés de référence apparentés (II8,9), ont été irradiés
(>,,2:300 nm) en solutions hydroalcooliques tamponnées (pH 6,8) aérées ou soigneusement dégazées (par gel et
dégel).
En présence d'air, il a été observé que tous les dimères sont photolyses pour conduire à des dérivés colorés.
En milieu dégazé, seul le composé P-O-4 non carbonylé s'est révélé photostable dans nos conditions. De plus,
les dérivés de type a-O-4 subissent vraisemblablementune scission de type pholo-Claisen permettant d'engendrer
en milieu dégazé des produits de couplage radicalaire dont certains jouent le rôle de « réservoirs de radicaux »
susceptiblesd'être interceptés ultérieurement par l'oxygène.
Ces résultats indiquent que le blocage de la fonction phénol sous forme d'éther mélhylique et la réduction
du carbonyle en alcool ne suffisent pas pour protéger efficacementla lignine contre l'oxydation photoinduite.

PHOTOCHEMISTRY. — A photochemical study of "O-methyl" a-O-4 and p-O-4 lignin model dimers.
In order to study their light stability, some "O-methyl" a-O-4 and P-O-4 lignin model dimers (II1 _ 7)as well
as reference relaled compounds (II8,9) were irradiated (7.S300 nm) in aerated or carefully degassed (freeze and
thaw) buffered (pli 6.8) hydroalcoholic solutions.
In aerated media, all the dimers appeared to be photolyzed into colored derivatives. Photolysis was also
observed in degassed solutions, excepl for II7, a non carbonylated P-O-4 compound. In addition, a-O-4 type.
dimers are believed to undergo a photo-Claisenreaction leading in degassed media to radical coupling products,
some of which acting as "fiée radical reservoirs" that can be trapped ultimately by oxygen.
The present results are an indication that hlocking the phenolic OH groups in the form of methylether and
reducing the carbonyl groups into alcohols are not sufficient for an efficient protection of lignin against light
induced oxidation.
L'industrie papetière utilise de plus en plus de pâtes à haut rendement, blanchies,
contenant la majorité des constituants du bois (en particulier la lignine) afin de remplacer
les pâtes chimiques de prix de revient supérieur. Or ces pâtes présentent l'inconvénient
de jaunir très rapidement sous l'action de la lumière [1], ce qui limite leur emploi
notamment pour le papier impression-écriture. Il a été établi que cette dégradation est
essentiellement due à la photolyse de la lignine en présence d'oxygène [2].
Des études effectuées sur la lignine [3] et sur des molécules modèles ([4], [5]) ont montré
le rôle fondamental joué par la fonction phénol lors du processus de jaunissement. En
effet, le blocage de ce groupe sous forme d'éther s'accompagne d'une résistance accrue à
la photodégradation [4]. Toutefois, cette protection ne s'applique pas à certains dimères
modèles de lignine de type P-O-4 possédant un groupe carbonyle conjugué au noyau
benzénique, alors que les dimères de type a-O-4 et y-O-4 ne subiraient pas la photolyse
oxydante [4]. Ces résultats posent à nouveau lé problème de la connaissance de l'étape
photochimique primaire mise en jeu, en particulier en milieu soigneusement dégazé.
Nous présentons, dans cette Note, les résultats préliminaires de l'étude photochimique
en milieu dégazé et en présence d'oxygène, de dimères ( 1) modèles de type a-O-4 et P-O-4
(II x à II7) dont les fonctions phénol sont bloquées par un groupe méthyle. Cette série est
complétée par l'éther benzylique Il8 et l'ester II9 utilisés comme composés de référence.
PARTIE EXPÉRIMENTALE. — Les dimères ll5_7 ont été préparés selon le protocole décrit par Adler [6]. Les
composés II1-4 et II8 ont été synthétisés selon une méthode mise au point par Ciaramitaro [7] pour des
composés analogues. ll9 a été obtenu par action du gaïacol sur le chlorure de l'acide vératrylique en présence
de K2C03 dans l'acétone. Les spectres d'absorption électronique, essentiels à l'étude photochimique, peuvent
être classés en deux groupes caractéristiques : les dérivés carbonylés conjugués d'une part, et les dérivés non
carbonylés d'autre part. Des exemples typiques sont représentés dans la figure 1.

0249-6305/85/03010021 S 2.00 © Académiedes Sciences


22 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985

Schéma 1

Au cours des irradiations, nous avons utilisé les conditions expérimentalessuivantes :


— des solutions de dimères (c=;10~3M) en milieu hydroalcoolique tamponné à pH 6,8 [EtOH, M20,
KH2P04 (0,1N) : 6/3/1] [8];

des tubes d'irradiation en « Pyrex » auxquels sont soudés une cellule Ultraviolette en quartz (1 cm) et un
raccord à sceller pour le dégazage;

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 1. —Spectres d'absorption électronique de dimères modèles de lignine « O-méthylés » dans l'éthanol
(20°C, conc. : 10-4M). II7 ( -) est représentatif des dérivés non carbonylés, II6 (— — —) des cétones

(
conjuguées et II9 (—f>—O—{S») est un ester conjugué apparenté aux dimères modèles.
Fig. I. — Electronic absorption spectra of O-methylated lignin models in ethanol (20°C, conc: 10- 4 M). II7
( —) is representative of the non carbonylated derivatives, II6 ) of the conjugated ketones and II9
(—j>—P"—) is a conjugated ester related to the dimer models.
Fig. 2. — Spectres d'absorption électronique de II7 (P-O-4) ( ) et de ses produits d'irradiation (24 h).
Milieu aéré (x x x), suivi d'addition de HC1 (= — )
Milieu dégazé (—1>—p>—^>-) suivi d'une
aération de 12 h (. ..) puis d'addition de HC1 ( ).
Fig. 2. — Electronic absorption spectra of II7 (P-O-4) ( ) and of its photoproducts (24 hrs.). Aerated
medium (x x x) followed by HCl addition (—— — )
Degassed medium (—^—^-^) followed by
12 hrs. aeration (. .) and HCl addition (— ).
.
Fig. 3. —
Spectres d'absorption électronique de II4 (a-O-4) ( ) et de ses produits d'irradiation (mêmes
conditions que fig. 2).
Fig. 3. — Electronic absorption spectra of II4 (a-O-4) ( ) and of its photoproducts (same Conditions as for
Fig. 2).
Fig. 4. —
Spectres d'absorption électronique de ll9 (— ) et de ses produits d'irradiation (mêmes conditions
que fig. 2).
Fig. 4. —
Electronicabsorption spectra of II9 ( ) and of its photoproducts (same conditions as for Fig. 2).
PLANCHE I/PLATE
I
ALAIN CASTELLAN
Paris,
C. R. Acad. Sc. t. 301, II, n°
Série 1, 1985 25

PRODUITS DE COUPLAGE
Schéma 3

— un manège de tubes (merry-go-round)irradiés par une lampe plongeante à mercure « Hanovia » moyenne
pression450 W, l'ensemble étant refroidi dans un bain d'eau maintenu à 25°C.
La technique du gel et dégel, sous vide secondaire (10- 6 Torr), a été systématiquement employée lors
du dégazage des solutions. Les spectres d'absorption dans l'ultraviolet ont été enregistrés sur un appareil
« Cary 219 ».
RÉSULTATS.

Tous les composés ont été irradiés pendant 24 h dans les mêmes
conditions expérimentalesdans leur première bande d'absorption électronique. Les dérivés
carbonylés, dont le spectre est déplacé vers les grandes longueurs d'ondes (voir fig. 1),
absorbent plus de photons que les dérivés non carbonylés; ceci n'affecte cependant pas
les données qualitatives. On observe en effet que, en milieu dégazé, tous les composés
sont photolyses en produits qui absorbent dans le visible, à l'exception de II7 qui est un
dimère P-O-4 réduit. En solution aérée, tous les dimères jaunissent. Les transformations
photochimiques ont été suivies par absorption ultraviolette et des spectres typiques des
séries P-O-4, a-O-4 et II9 ont été représentés respectivementfigures 2, 3 et 4.
DISCUSSION.

1. Composés P-O-4.

Dans le « Pyrex », II7 reste stable au rayonne-
ment lumineuxdans nos conditions expérimentales, à condition que le milieu soit rigoureu-
sement dégazé; ce résultat est conforme à ceux annoncés par d'autres auteurs [4]. En
revanche, le jaunissement de II7 en présence d'oxygène doit pouvoir s'interpréter par
une oxydation photoinduite en II6, comme cela a été observé pour la transformation
d'hydrocarbures aromatiques méthylés en aldéhydes [9]. Le composé II6 est alors capable
de subir une scission homolytique sur le carbone en a du carbonyle [4], et les radicaux
formés peuvent évoluer de diverses manières, en particulier être interceptés par l'oxygène
moléculaire pour conduire à des quinones [10] (schéma 2). L'addition d'acide chlorhydri-
que produit un effet hypsochrome comme attendu [11]. L'irradiation directe de II6 en
milieux dégazé et aéré est en accord avec ce raisonnement.
2. Composés a-O-4. — Les dimères du type a-O-4, carbonylés ou non (II1-4), sont
photolyses même en milieu dégazé contrairement à ce qui a été rapporté jusqu'ici pour
les modèles de lignine [4]. Ce type de réaction, appelé photo-Claisen, a été observé pour
divers éthers benzylés [12] et interprété comme résultant d'une scission radicalaire entre
26 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301; Série II, n° 1, 1985

le CH2 benzylique et l'oxygène lié au noyau aromatique. En présence d'oxygène, les


radicaux doivent conduire directement à des produits colorés [10]. En l'absence d'oxygène,
il peut se produire une cascade de couplages radicalaires et de photolyses ultérieures
conduisant progressivement à des oligomères; certains de ces produits se comportent
comme des « réservoirs de radicaux ». [13] car, mis en présence d'air après ouverture du
récipient, ils conduisent à des produits colorés (fig. 3 et schéma 3).
Lorsqu'on bloque les sommets ortho et para par des groupes méthyle, comme dans le
composé II8, on observe des résultats similaires à ceux de II4, mais « l'effet réservoir »
de radicaux a disparu [13]. Cet effet réservoir ne se manifeste pas non plus dans le cas
du phpto-Fries de l'ester II9 où les radicaux primaires obtenus doivent pour l'essentiel
réagir dans la cage [14], sauf lorsqu'ils sont interceptés par l'oxygène(fig. 4).
CONCLUSION. — Nous avons confirmé que les dimères de type P-O-4 carbonylés se
photolysent, même en l'absence d'oxygène. Nous avons montré que les dimères a-O-4
sont égalementphotolysables par scission benzylique, même en milieu dégazé. En présence
d'oxygène, tous les dimères examinés (a et P-O-4), y compris ceux qui étaient considérés
comme inertes, sont photochimiquement dégradables.
( 1) Pour les moléculesmodèles de lignine, il est commode de désigner systématiquement les monomères par
I, les dimères par II, etc.
Remise le 11 mars 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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A. C., C. V., J.-P. D. et H. B.-L. : Photophysique et Photochimiemoléculaire,


C.N.R.S., U.A. 348, Laboratoire de Chimie organique,
Université de Bordeaux-I, 33405 Talence Cedex;
M. H. et M. C. : Laboratoire de Chimie biologique,
Université Claude-Bernard, Lyon-I, 69622 Villeurbanne Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris; t. 301,Série II, n° 1, 1985 27

GÉOMAGNÉTISME.
— Sur l'excitation possible de l'oscillation chandlerienne par les
mouvements à la surface du noyau. Note de Jean-Louis Le Mouël, Correspondant de
l'Académie, Camille Gire et Jacques Hinderer.

mouvement animant le fluide du noyau à la frontière noyau-manteau, auquel on attribue généralement


Si le
la variation séculaire du champ géomagnétique, vérifie l'approximation géostrophique, on peut calculer la
surpression associée à ce mouvement. On montre que cette surpression variable dans le temps comme le champ
de variation séculaire et donc le mouvement, a un ordre de grandeur et une géométrie propres à faire varier
les produits d'inertie du manteau élastique et à exciter l'oscillation de Chandler.

GEOMAGNETISM. — The flow at the core mantle boundary as a possible source of excitation of the
Chandler wobble.
The flow of the core fluid at the core-mantle boundary is generally accepted as the primary cause of secular
variation of the geomagneticfield. If this flow is regarded as geostrophic, then the overpressure field which is
associated with the flow can be computed. The overpressure field varies with time in conjunction with the
geomagnetic secular variation field and with the core flow itself We show that the order of magnitude and
geomelry of this overpressure field are sufficienl to aller the products of inertia of the elastic mantle in such a
way as to excite the Chandler wobble.

INTRODUCTION. Depuis sa découverte par Chandler en 1891, l'oscillation du pôle de



période 14,4 mois à donné lieu à un grand nombre de travaux portant sur les trois
questions suivantes : 1° peut-on rendre compte de la période observée (435 jours) de
cette, oscillation libre? 2° l'oscillation chandlerienne est amortie; quel est le mécanisme
responsable de la dissipation de l'énergie? 3° l'oscillation doit être maintenue contre cette
dissipation; quel est le mécanisme d'entretien ?
A ce jour, seule la première de ces trois questions a reçu une réponse satisfaisante :
l'élasticité du manteau et la réponse de l'océan expliquent la plus grande partie de
l'allongement de la période, de 305 jours, valeur correspondant à une terre rigide, à la
valeur observée de 435 jours. La seconde question est loin d'avoir reçu une réponse
définitive : la dissipation d'énergie se fait vraisemblablement dans les océans, par le canal
de la marée polaire, mais pour partie aussi dans le manteau, voire dans le noyau. Mais,
surtout, aucune estimation quantitative de l'amortissement de l'oscillation chandlerienne
ne recueille l'agrément général; les valeurs proposées du facteur de qualité équivalent
vont de 30 à 600 [1].
La troisième question a moins encore reçu de réponse définitive. On a tour à tour
proposé, puis dénié, que les mouvements de l'atmosphère ([2] à [5]) ou les séismes ([6] à
[13]) pussent être le mécanisme excitateur de l'oscillation de Chandler. Le noyau n'a eu
jusqu'ici qu'un seul partisan, K. Runcorn ([14], [15]), qui fait appel à des couples-
impulsions électromagnétiques. Nous allons montrer que les mouvements animant le
fluide à la surface du noyau pourraient bien être responsables de l'entretien de l'oscillation,
par effet direct de variation de pression sur la frontière intérieure du manteau. Plus
précisément, nous allons montrer que la fonction d'excitation correspondant à ce méca-
nisme à l'ordre de grandeur requis.
LES MOUVEMENTS A LA SURFACE DU NOYAU.

La seule source d'information sur les
mouvements animant le fluide du noyau terrestre est la variation temporelle du champ
géomagnétique, dite variation séculaire. La variation séculaire a une constante de temps
qui est typiquement de l'ordre de quelques dizaines d'années, mais peut aussi présenter
des changements rapides d'accélération, s'établissant en quelques années, voire moins de
1 an [16].
0249-6305/85/03010027 $ 2.00 © Académie des Sciences
28 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985

Fig. 1. —
Courbes d'égale valeur des scalaires poloïdal S (gauche) et toroïdal T (droite) [formule (3)],
Fig. 1. — Curves of equal value ofpoloïdal S (left) and toroidal T (right) scalars [formula (3)].

La conductivitéélectrique du noyau, essentiellement composé de fer liquide, est générale-


ment estimée à 3.105 —106 (O.m)- 1. Il en résulte que, pour des variations temporelles
de constantes de temps inférieures à la centaine d'années, le fluide du noyau peut être
regardé comme infiniment conducteur; autrement dit, on peut retenir l'approximation
dite du flux gelé.
La variation séculaire B=3B/3t du champ géomagnétique B est alors donnée, à la
frontière noyau-manteau (la sphère r = b) par l'équation :

Br et Br sont les composantes radiales, continues à travers (r = b), de B et de B, u est la


vitesse du fluide (horizontale) à la frontière noyau-manteau (en réalité sous une mince
couche limité); divH est l'opérateur divergence horizontale.
Les champs B et B observés à là surface du globe peuvent être prolongés vers le bas
jusqu'à la frontière (r = b\ par simple prolongement analytique si le manteau est supposé
isolant (sa conductivité est de l'ordre de 102 —103(fî.m)-1). On peut alors, à partir des
valeurs de Br et Bren (r=-b), tenter de calculer la solution n de l'équation (L).
Cette solution n'est malheureusement pas unique, comme l'a montré Backus [17], en
l'absence de contrainte supplémentaire imposée au mouvement, Mais l'examen comparé
des différents termes de l'équation de Navier-Stokes régissant u donne de forts arguments
en faveur d'un mouvement de caractère géostrophique, c'est-à-dire de la forme [18] :
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985 29.

Fig. 2. —
L'oscillation de Chandlerdu pôle au cours dès années 1965-1970,
Fig. 2. — Chandler wobble of pole during the years 1965-1970.

p est la densité, Q la rotation terrestre, 0 la colatitude, ni le vecteur unitaire radial, VHp


le gradient horizontal de pression. Le mouvement géostrophique (2) solution de (1) est
unique (mais l'approximation géostrophique, donc la forme (2), ne tiennent plus au
voisinage immédiat de l'équateur géographique).
Le mouvement u est écrit sous la forme :

S et T étant des fonctions de la colatitude 0 et de la longitude s est la composante


cp.
scaloïdale, t la composante toroïdale de u. S (0, <p) et T(0, tp) sont; développées en séries
d'harmoniques superficielles, de sorte que u s'écrira
.

YX est l'harmonique superficielle Y|J!C=P™(cos 0) cosm (p ou S"s F™ (cos 0)sin mcp,



P™(cOs 0) est la fonction associée de Legendre de premièreespèce de degré n et d'ordre m
non normalisée. Le mouvement géostrophique (2) calculé à partir du champ B et de sa
variationséculaire B relatifs à l'époque 1980.0 — tels qu'ils sont donnés par le modèle
international I.G.R.F. 80 — est illustré par la figure 1 [19]. Ce sont les courbes d'égale
valeur du scalaire S (les lignes de courants de s sont les trajectoires orthogonales de ces
courbes) et*lés courbes d'égale valeur de T (qui sont aussi les lignes de courants de t) qui
sont représentées. Le mouvement scaloïdal s, qui traduit les échanges avec le noyau plus
d'un panache montant et d'uni panache descendant,
profond, est fait, pour l'essentiel,
sensiblement équatoriaux et antipodaux. L'ordre de grandeur de la vitesse u est
10-4 ms- 1.
On montre [19] que les vecteurs toroïdaux zonaux G^et les combinaisons :
30 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985

(les coefficients a et b étant des coefficients numériques), forment une base des vecteurs
géostrophiques. Les termes prépondérants du mouvement u illustré par la figure 1 sont
0°, qui traduit la rotation d'ensemble vers l'ouest du fluide des couches superficielles du
noyau, et V\s. La somme de ces deux mouvements représente les grandes lignes de u.
Mais figurent aussi dans le développement de u, avec des coefficients s\s et sic d'amplitude
non négligeable (de l'Ordre de 0,2.10"4 ms_ 1) les termes V\s et V|c.
Le champ de variation séculaire B varie dans le temps, et donc le mouvement u. En
particulier, après l'impulsion de 1969, l'intensité de B, et donc celle de u calculé comme
il a été dit, a doublé en quelques années [16]. Nous allons examinerl'effet de ces variations
sur le mouvement du pôle.
L'EXCITATION DU TERME DE CHANDLER. — Les mouvements géostrophiques élémentaires
s\sV\s et s\cY\c peuvent aussi s'écrire sous la forme (2) :

n2 est typiquement de l'ordre de 300 Pa. La pression élémentaire variable


pc2 (t, 0, cp) = II2 (t) P2 (cos 0) cos cp, par son action directe sur la frontière du conteneur
élastique qu'est le manteau, va déformer ce dernier et, en particulier, modifier le produit
d'inertie I13 (x3 est l'axe principal d'inertie polaire, xx l'axe équatorial situé dans le
méridien de Greenwich).
La variation, à la surface de la Terre (r = a), du potentiel gravifique correspondant à
la variation de surpression AÏI2 s'écrit simplement [20] :

k1(a) est un nombre de Love de surpression, pm la densité moyenne de la Terre. De


récentes estimations de kt (a) ([21], [22], [23]) donnent k±(a) — 0,07.

Cette même variation du potentiel est donnée aussi directement par la formule de
MacCullagh [20] :

8ij étant le symbole de Kronecker, G la constante de gravitation universelle.


Par identification de (5) et (6) il vient (xx = acos 0, x3 = asin 0 cos cp) :

Le même raisonnement appliqué au terme de surpression AIT! conduit à :

Considérons maintenantl'équation régissant le mouvement du pôle [24] :

m=m1+im2 représente les coordonnées du pôle, en radians, dans un plan tangent à la


terre au pôle, comptées à partir d'un point conventionnel (OCI) proche du pôle moyen,
m1 selon la trace du méridien de Greenwich, m selon la trace du méridien 90° Ouest
2
(fig. 2). K est le nombre de Love séculaire (^0,94), k le nombre de Love de volume
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985 31

classique (k ^0,28), a0 =Q ((K — fc)/K) (I33 —13 i)/Ij j est la fréquence de l'oscillation chan-
dlerienne (a0^27t./435 rd/jour); AI = ÀI13 + iAI23; ¥„ est la fonction d'excitation corres-
pondant aux redistributions de masse. Prenant I33 —111~2,4.1035 kg.m 2 il vient :

soit, avec AIT2~300 N/m2, *¥~l.2.10~ 7 rd. Cette valeur est à comparer à l'amplitude
du terme de Chandler, de l'ordre de 7.10~7rd. Clairement, la fonction d'excitation
correspondant aux déformations subies par le manteau sous l'effet des variations de la
surpression p associée au mouvement géostrophique u est d'un ordre de grandeur tel que
ce mécanisme peut être retenu parmi les candidats à l'excitation de l'oscillation chandle-
rienne, à condition que ces variations aient des composantes suffisamment rapides.
Si, comme il semble [13], l'excitation sismique doit être définitivement écartée, le
mécanisme que nous proposons reste seul en lice avec les mouvements de l'atmosphère,
que beaucoup d'analyses tendent à montrer insuffisant.
Selon S. Daillet [1], l'oscillation de Chandler est beaucoup moins amortie qu'il n'est
généralement admis et l'hypothèse communément admise d'une excitation à spectre
blanc doit être rejetée. On peut alors rechercher une relation directe entre la fonction
d'excitation *FD. telle qu'elle peut être calculée à partir des observations de la variation
séculaire du champ magnétique, et les variations de l'amplitude et de la phase du
mouvement chandlerien. Cette étude nécessite une connaissance plus précise de la varia-
tion séculaire que celle qui est donnée par les modèles. On peut tenter de la mener à
partir des données brutes fournies par les observatoires magnétiques. Néanmoins, les
variations les plus rapides du mouvement u, qui donneraient des variations rapides des
produits d'inertie I;iJ- particulièrement propres à exciter le mouvement du pôle, risquent
d'être difficiles à mettre en évidence par voie magnétique en raison du filtrage opéré par
le manteau conducteur. Ces études seront beaucoup plus faciles à faire quand les satellites
magnétiques fourniront des mesures continues.
Remise le 25 mars 1985.

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J. L. L. M. et C. G. : Laboratoire de Géomagnétisme et Paléomagnétisme,


I.P.G.P., 4, place Jussieu, Tour 24-25, 75230 Paris Cedex 05;
J. H. : I.P.G.S., 5, rue René-Descortes,67084 Strasbourg.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985 33
GEOCHIMIE. — Sur une altération particulière du kérogène de séries carbonatées
dolomitisées et minéralisées : exemple du gîte Zn-Pb de Trêves. Implications génétiques.
Note de Bernard Gauthier, Jean-Robert Disnar, Jean-Claude Macquar et Jean Trichet,
présentée par Claude Guillemin.

Deséchantillons provenant des minéralisations principales du gîte de Trèves, des niveaux dolomitisés
constituantleur enveloppe, ainsi; que de leurs équiyalentslatérauxcalcaires, ont été analysés par des méthodes
de la géochimie organique.
Lesi.ïésultats obtenus montrent que le matériel organique associé aux dolomies et au minerai a subi une
altération. Celle-cipeut être considérée comme contemporaine, et vraisemblablement comme une conséquence,
de circulations de fluides invoquéesdans un précédent travail [1], pour expliquer la dolomitisation et l'évolution
thermique anormale, des constituants organiques figurés contenus dans les dolomies. Cette altération qui se
traduit notamment par la génération de bitumes aux dépens du proto-kérogène au sein et au voisinageimmédiat
des zones minéralisées est très vraisemblablement associée au développement précoce en milieu réducteur de
microorgamsmes responsables du dépôt des sulfures métalliques.

GEOCHEMISTRY.— An uncommon altération of kerogeh in dolomitized and mmeralized carbonate series:


example of the Trêves Zn-Pb deposit (Gard, France). Genetic implications.
Samples from the main ore bodies of Trèves deposit andfrom their dolomitized host rocks have been analyzed
byorganic geochemical techniques, as well as reference limestones. The prganic content of dolomites and of the
ore has undergone an alteration which may be considered lo be contemporaneous and consequential of the
circulations of fluids previously invoked [1] to explain the dolomitization and the abnormal thermal, evolution
undergone by organic particules contained in the dolomitized volume. In the main ore bodies and in their
immediate neighbourhood, this alterationresulted in a formation of bitumens at the (proto)-kerogenexpenses. This
transformation. of the organic matter may be linked to the ore deposition, process through the activity of
micro-organisms having developped in reducing conditions in organic rich sediments.

Une première Note sur la géologie du gîte et la pétrographie des particules organiques
associées au gisement Zn-Pb de Trèves a rassemblé les données ayant permis de mettre
en évidence le développement d'une paléo-anomalie thermique nettement circonscrite au
volume dolomitisé qui constitue l'enveloppé des minéralisations [1].La réflectance de la
vitrinite culmine au voisinage des failles situées à l'Est du gîte et diminue progressivement
en direction de l'Ouest. L'origine de cette anomalie peut être attribuée à une (ou des)
phase(s) d'activité hydrothermale durant laquelle (ou lesquelles) des fluides chauds ont
pu se mélanger à des eaux superficielles plus froides, continentales ou marines ([2], [3]),
circulant dans le volume dolomitisé (ou en cours de dolomitisation).
L'étude géochimique, dont sont présentés ici les principaux résultats, a porté sur la
matière organique (M.O.) présente dans les niveaux dolomitisés, minéralisés ou non, ainsi
que dans leurs équivalents latéraux calcaires, afin de tenter d'exploiter l'information
contenue dans les composés organiques sur l'histoire diagénétique du gîte. Le modèle que
constitue le gisement de Trèves permet en effet de comparer des niveaux rigoureusement
équivalents du point de vue stratigraphique mais différant latéralement d'un point de
vue lithologique (calcaires, dolomies, dolomies minéralisées). Ce modèle peut ainsi permet-
tre de. discerner les effets imputables aux différents processus intervenus au cours de
l'histoire du gîte : hydrothermalisme, dépôt du minerai, diagénèse d'enfouissement,
1. MATÉRIEL ET MÉTHODES.
- 163 échantillons provenant de 6 sondages (T14, T11, T12, T23, T21, T7) et
des travaux miniers (quartiers 417, 151, 208, T8, vieux travaux) ont été analysés du point de de leur teneur
vue
en carbone organique et par pyrolyse Rock-Eval (fig. 1).
Parmi ces échantillons, 25 ont été analysés afin de déterminerla composition de leur extrait chloroformique.
Au total, ont été analysés des échantillons des faciès calcaires initiaux (calcarénites, et marnes), des faciès
dolomitisés et des faciès dolomitisés et minéralisés [4].

0249-6305/85/03010033 $ 2.00 © Académiedes Sciences.:


34 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985

2. RÉSULTATS ET DISCUSSION. — 2.1. Mise en évidence de l'altération du contenu organi-


que du volume dolomitisé. — A. Variations des teneurs en carbone organique. — Les
teneurs moyennes en carbone organique sont respectivementde 0,47, 0,20 et 1,00% dans
les calcaires, les dolomies et le minerai.
La grande abondance relative du contenu organique des sédiments minéralisés constitue
une première présomption du rôle que celui-ci a pu jouer lors du dépôt du minerai [5]. Par
ailleurs, la différence significative entre les teneurs en carbone organique des échantillons
dolomitisés et de leurs équivalents calcaires (0,20 contre 0,4,7%) peut être considérée
comme une conséquence des circulations des fluides responsables de la dolomitisation
([1], [2], [3]). Celles-ci ont pu favoriser :
(a) soit une oxydation de la M.O. sous l'influence de l'oxygènedissous ou de microorga-
nismes introduits au sein des strates;
(b) soit une élimination par lessivage d'une certaine quantité de M.O.;
(c) soit le jeu de ces deux types de processus.
La mise en jeu de processus d'altération (de type oxydatif) dans le volume dolomitisé
est confirmée par l'existence d'une forte proportion de composés acido-solubles [6],
composés assimilables à des acides fulviques et dont la présence dans des roches de Cet
âge ne peut s'expliquer que par l'intervention de ce type de processus [7]. Ces composés
peuvent représenter plus de 10 % de la teneur en carbone organique des roches dolomiti-
sées alors qu'ils ne dépassent pas 1% du carbone organique des calcaires.
B. Pyrolyse Rock-Eval. — Les résultats les plus marquants fournis par cette méthode
concernent la température optimale (Tmax) du pic P2 correspondant à l'émission de
composés hydrocarbonés sous l'effet du craquage de la M.O. ([8]; fig. 1). En effet, par
comparaison avec les valeurs de Tmax obtenues dans les calcaires (420-430°C), celles
obtenues dans les minerais (410°C) et dans les matériaux les plus dolomitiques (390°C),
apparaissent comme particulièrement basses. De plus, dans les échantillons minéralisés
les plus riches en carbone organique, il arrive que le pic P2 de pyrolyse se dédouble,
donnant alors deux valeurs de Tmax (435 et 408°C, par exemple). Afin d'expliquer ce
résultat nous avons soumis à une pyrolyse Rock-Eval des échantillons préalablement
extraits au chloroforme. Ce traitement entraîne l'augmentationdes valeurs de Tmax lorsque
le pic P2 est unique et la disparition du premier des pics, lorsque celui-ci était dédoublé.
Dans les échantillons les plus dolomitiques le pic P2 disparaît complètement après un tel
traitement. Ceci nous permet d'attribuer cet abaissement des valeurs de Tmax des échantil-
lons dolomitisés par rapport à celles des échantillons calcaires, à une plus grande teneur
en composésbitumineux dans les dolomies que dans les calcaires (c'est-à-dire de composés
solubles dans le chloroforme). L'apparition de ces bitumes s'accompagne d'une diminution
des teneurs en kérogène dans les échantillons correspondants, pouvant aller jusqu'à la
disparition de celui-ci dans certains échantillons particulièrement dolomitiques [5]. La

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 1. — Localisation des échantillons présentant des faibles valeurs de Tmax. dans une coupe schématique du
gîte Zn-Pb de Trèves.
Fig. 1. — Location of samples with low Tmax values in a schematic cross-section of the Trêves Zn-Pb deposit
area.
Fig. 2. — Corrélation entre les teneurs en hydrocarbures saturés et en produits lourds.
Fig. 2. — Correlation between alkanes and NSO compounds.
PLANCHE I/PLATE I BERNARD GAUTHIER

Fig. 2

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 4


C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985 37

transformation in situ d'un kérogène en bitumes ne résultant pas dans cette série d'une
évolution diagénétique consécutive à son enfouissement ([1], [5]) doit être envisagée
comme le résultat d'un processus d'altération.
Au total, il apparaît que la M.O. des niveaux ayant subi des processus de dolomitisation
et de minéralisation a été altérée (baisse des teneurs en carbone organique dans des
niveaux dolomitiques, présence de composés « fulviques », transformation du kérogène
en bitumes). Cette altération apparemment oxydative, semble contemporaine de la circu-
laire des fluides (hydrothermaux et phréatiques) dolomitisants [1] et s'est vraisemblable-
ment développée sous l'effet d'une biodégradation en milieu réducteur ([5], [11]).
2.2. Mise en évidence de la diagenèse des composés organiques sous l'effet de l'enfouisse-
ment. —
A. Pyrolyse Rock-Eval. —
Les valeurs de 1H, 10 et Tmax obtenues au cours de
la pyrolyse des échantillons calcaires [5] confirment un état diagénétique compatible avec
les valeurs de PR. mesurées dans ces mêmes niveaux [1], c'est-à-dire, correspondant au
début de la fenêtre à huile.
B. Composition de l'extrait chloroformique dans les divers faciès lithologiques. — L'im-
portance relative de la fraction organique bitumineuse des dolomies (minéralisées ou non)
évoquée ci-dessus, se traduit dans la composition des extraits chloroformiques, par une
plus forte proportion de produits lourds dans les dolomies que dans les calcaires (dol. :
60,6 + 4,8%, calc. : 54,0 + 5,8%). A l'inverse, les hydrocarbures saturés sont relativement
plus abondants dans les calcaires que dans les dolomies (dol. : 17,3 + 3,3%; calc. :
28,5 + 5,3%). Les teneurs en hydrocarbures aromatiques dans les extraits de ces deux
types de roches ne sont pas significativement différentes (dol. : 22, 1+6,2%, calc. :
17,5 + 5,4%). La représentation des teneurs en alcanes et en produits lourds dans la
figure 2, met en évidence la proportionalité propre à chaque faciès lithologique, calcaire
ou dolomitique, qui semble exister entre ces deux familles de composés. Dans les dolomies
(éventuellementminéralisées), la proportionalité directe qui apparaît entre ces deux types
de produits permet de penser que les n-alcanes proviennent directement des produits
lourds par diagenèse thermique; ces derniers semblant seuls aptes à générer des quantités
importantes d'hydrocarbures dans des sédiments qui sont parfois totalement dépourvus
de kérogène. Dans les calcaires, la droite de corrélation ne passe pas par l'origine, et
l'on peut donc penser que les alcanes résultent de l'évolution diagénétique conjointe du
kérogène et des bitumes présents dans ces roches.
C. Analyse des hydrocarbures saturés. —
La distribution des n-alcanes dans les diffé-
rents échantillons étudiés traduit essentiellement l'importance relative des constituants
d'origine marine (mode en C20-C22) et/ou continentale (mode en C28-C29) dans la
fraction organique. Ces résultats qui apparaissent en parfait accord avec les données
sédimentologiques [9] n'apparaissent en aucune façon avoir été altérés par les processus
qui ont affectés le volume dolomitisé. Cette observation, jointe au fait que certains
chromatogrammes présentent encore une distribution irrégulière (n-alcanes à longueur de
chaîne « paire », plus abondants que les n-alcanes à longueur de chaîne « impaire »)
indique que tous ces échantillons ont atteint un stade d'évolution correspondant au début
de la fenêtre à huile; ce qui est parfaitement compatible avec la profondeur d'enfouisse-
ment atteinte par la série ainsi qu'avec la valeur des P. R. des calcaires [5].
Par ailleurs, les valeurs inférieures à 1 du rapport des quantités des hydrocarbures
isoprénoïdes(phytane/pristane), observées dans les calcaires, reflètent le caractère oxygéné
du milieu de dépôt de ces formations [10]. A l'opposé, les valeurs de ce rapport supérieures
38 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985

à trouvées dans les dolomies, révèlent un développement précoce de conditions réductri-


1

ces au sein de ces roches [1]. Celles-ci ont pu s'établir au moment de la dolomitisation,
expliquant leur contenu en fer (II) [3].
3. CONCLUSIONS. — Les résultats de l'analyse pétrographique de la M.O. du gîte de
Trêves [1] ont permis de mettre en évidence l'occurence d'(au moins) un épisode hydrother-
mal au cours de son histoire. La stricte limitation, de la zone d'anomalie thermique au
volume dolomitisé suggère l'existence de relations étroites entre hydrothermalisme et
dolomitisation(s). Les résultats fournis par la géochimie organique viennent compléter ce
schéma en mettant en évidence des marques d'une altération du contenu organique des
dolomies. Ce processus qui s'est vraisemblablement exercé aux dépens du kérogène des
calcarénites originelles se traduit notamment par la présence de composés acido-solubles,
de faible poids moléculaire, ainsi que de bitumes.
La distribution des n-alcanes des calcaires et des dolomies semble indiquer que ces
composés proviennent du craquage des bitumes et/ou du kérogène, sous l'influence de la
seule diagenèse d'enfouissement. Le processus d'altération de la M.O. se serait donc
produit précocement dans l'histoire du gîte.
Au total, les circulations de fluides chauds, mises en évidence par les PR., éventuelle-
ment mélangés à des eaux de nappe froides ([1], [2]) paraissent pouvoir expliquer trois des
phénomènes évoqués tout au long de cette étude : dolomitisation(s),évolution (thermique)
anormale et altération de la M.O., et même, dépôt des minéralisations principales [5].
Cependant, l'intrication des marques que ces divers processus ont respectivement laissées
dans l'enveloppe du gîte de Trêves empêche de déterminer la part qu'ils ont réellement
prise dans la genèse de ce dernier. Afin de tenter de préciser ce point, il convient d'étudier
d'autres sites géologiquement comparables où tous ces processus ne se sont pas produits
ou, à tout le moins, pas avec une extension comparable. C'est le but des études entreprises
sur les sites peu ou pas minéralisés de Lanuéjols et de Florac. D'autres travaux en cours
permettent de confirmer l'origine microbiologique de l'altération (oxydative) du stock
organique du volume dolomitisé et d'envisager une relation de cause à effet entre cette
altération et le dépôt du minerai [11].
Remise le 25 mars 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] B. GAUTHIER, J. R. DISNAR, J. C. MACQUAR et J. TRICHET, Comptes rendus, 300, série II, 1985, p.
413-417.
[2] J. C. MACQUAR et P. LAGNY, Mineral Deposita, 16, 1981, p. 283-307.
[3] P. LAGNY, P. LECOLLE et J. C. MACQUAR, Bull. B.R.G.M., II, 4, 1980/1981, p. 223-256.
[4] La S. M.M. Penarroya a permis et facilité l'échantillonnage en laissant à notre disposition tous ses
sondages et documents sur le gîte.
[5] B. GAUTHIER et J. R. DISNAR, Rapport B.R.G.M. 84 SGN 166 GMX, 1984, 46 p.
[6] B. GAUTHIER, D.E.A., Université d'Orléans, 1982, 71p.
[7] A. BACH, Thèse 3e cycle, I.N.P. de Louvain, 1980, 103 p.
[8] J. ESPITALIE, J. C. LAPORTE, M. MADEC, F. MARQUIS, P. LEPLAT, J. POULET et A. BOUTEFEU, Rev.
I.F.P., 32, 1, 1977, p. 23-42.
[9] B. TISSOT, P. PELET, J. ROUCACHE et A. COMBAZ, Adv. in Org. Geochem., 1975, R. CAMPOS et J. GONI
éd., Enadimsa, Madrid, p. 117-156.
[10] B. M. DIDYK, B. R. T. SIMONET, S. C. BRASSEL et G. EGLINTON, Nature, 272, 1978, p. 216-222.
[11] B. GAUTHIER, Thèse 3e cycle, Université d'Orléans, 1984, 219 p.

B. G. et J. R. D. B.R.G.M., Département GMX/PG, 45060 Orléans Cedex;


:
J. C, M. : Université Pierre-et-Marie-Curie,
Laboratoire de Géologie appliquée, 75230 Paris Cedex 05;
J. R. D. et J. T. : Université d'Orléans, Laboratoire de Géologie appliquée,
et U.A. n° 724 du C.N.R.S., 45046 Orléans Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985 39

MÉTALLOGÉNIE (GÉOCHIMIE ET GÉOCHRONOLOGIEISOTOPIQUES).



Le gisement des Malines (Gard) Zn-Pb : contribution isotopique (D/H) au rattachement de
la minéralisation karstique KII à la minéralisation hydrothermaleF.Note de Abdelkrim.
Charef et Simon M. F. Sheppard, présentée par Maurice Roques.

Le dosage isotopique du rapport D/H des inclusions fluides piégées par la sphalérite et la dolomie nous a
permis de rattacher la minéralisation KII, qui remplit les géodes et les fractures dans la minéralisation karstique
KI, a la minéralisation hydrothermale F, qui se trouve dans les fissures autour des karsts. Ces événements
hydrothermaux ont apporté une importante contribution à l'enrichissementdu district des Malines.

METALLOGENESIS (ISOTOPIC GEOCHEMISTRY AND GEOCHRONOLOGY).— The Malines (Gard)


Zn-Pb deposit: isotopic (D/H) évidence for a relationship between the KII, karstic and hydrothermal F
mineralizations.
The mineralization KII fills geodes and fractures in the main karstic mineralization. KI. The hydrothermal F
mineralization fills fractures in the Cambrian carbonates. The similarity of the D/H ratios offluid inclusions in.
sphalerite and dolomite from the KII and F mineralizationsuggest that they were both formedfrom the same type
of hot (~ 140°C) formation waters. These hydrothermal ores contribute about halfofthe total ore related to the
Paleozoic unconformity.

Le district des Malines est situé à 45 km au Nord-Ouest de Montpellier. Il est l'un des
plus importants gisements de Pb-Zn d'Europe [1]. La minéralisation sous-inconformité
fim Paléozoïque (fig. 1) qui forme 50 % de la minéralisation économique a été divisée
en quatre principaux types de minéralisationplus un nombre d'événementstardifs d'impor-
tance métallogénique mineure ([1] à [4]). Cependant, rétablissement des rapports entre
les minéralisations KII et F a été rendu difficile par, principalement, le manque de
structures géométriques telles que les relations entre les fissures entrecroisées, etc. Cette
Note propose que les minéralisations KII et F sont équivalentes puisque ce sont deux
manifestations différentes du même phénomène hydrothermal.
La classification de la minéralisation est basée, en grande partie, sur les travaux de
Verraes ([2], [3]) et d'autres auteurs ([1], [4], [5]). Mais on note que l'on n'a pas retenu
les définitions, donc ni la notation proposées par Verraes ([2], [3]), car elles ne sont pas
simplement descriptives.
LA MINÉRALISATION: K (fig. 1). — Il s'agit de l'ensemble de remplissage des karsts. Ce
remplissage karstique est subdivisé en deux types : KI et KII.
(a) Le type KI. ~45 % de la minéralisation soùs-inconformité [3], correspond à la
minéralisation du remplissage bréchique ou sédimenté des cavités créées à la suite de la
karstification posthercynienne. La minérahsation KI et sa gangne (essentiellement de
dolomie et de quartz) ont subi une diagenèse précoce (recristallisation, slumping,...).
(b) Le type KII, ~30% de la minéralisation sous-inconformité[3], qui s'est déposé
dans les géodes et les fissures de ces mêmes karsts est donc postérieur à la minéralisation
KI. Il s'agit de cristaux millimétriques, plus clairs que ceux de la minéralisation KI, qui
se sont déposés parfois sous forme de nodules. Ils sont accompagnés par des cristaux de
quartz et de dolomie recristallisés,
LA MINÉRALISATIONF. — Il s'agit du remplissage des fissures de la dolomie cambrienne
par de la sphalérite claire, de la galène et de la pyrite en inclusions. Ces deux sulfures
dominants (ZnS, PbS) sont de type colloforme, en encroûtement, et ayant souvent l'aspect
de doigt de gant. D'une façon générale, ces sulfures sont déposés en bandes de 0,3 à
3 mm d'épaisseur qui tapissent les parois des fractures. On note souvent la présence d'un

0249-6305/85/03010039 $2.00 ©Académie des Sciences


40 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985

Fig. 1 Fig. 2
Fig. 1. Coupe généralisée d'une partie de la série stratigraphique des Malines et localisations schématiques
-
de la minéralisation primaire (les minéralisations stratoïdes du substratum cambrien), et des minéralisations
karstiques (KI, KII) et fissurale(F).
Fig. 1. — Generalized partial stratigraphie column Malines district and schematic location of the syngenetic
Cambrian mineralisation, and the karstic (KI, KII) and fissure (F) mineralisations.
Fig. 2. — Répartition de la composition isotopique de l'hydrogène (5D) des inclusions fluides en fonction
des différentes générations des minéraux. La gamme du 8D des eaux de formation et du 5D des eaux
météoriques actuelles des Malines est donnée comme référence.
Fig. 2. Hydrogen isotope composition (SD) of fluid inclusions from different generations of minerals. The

range of 5D values for formation waters and the present meteoric water composition are given for reference.

encroûtement des cristaux automorphes et subautomorphes de quartz transparent. Cette


minéralisation représente, aux environs de 25 % de la minéralisationsous-inconformité[3].
Cette génération s'est rencontrée dans la majorité des quartiers (Montdardier, Sanguinède,
Vieille Mine, Ratonnau,...) mais la plus typique se trouve dans le quartier de Florence.
Ce type de sulfure s'est cristallisé surtout dans les fissures créées à la suite de la montée
du horst de Saint-Bresson (Jurassique inférieur). On note que ces mêmes fractures ont
facilité la circulation d'une eau oxydante qui a fait recristalliser la dolomie cambrienne
grise en dolomie rouge, et ceci avant la précipitation de la minéralisation F.
PHÉNOMÈNESTARDIFS. — Après la mise en place de la minéralisation F, et des dolomies
vacuolaires et filoniennes, c'est la barytine qui a cimenté l'ensemble. Ces phénomènes
n'ont aucun effet important sur la minéralisation qui est déjà en place.
DONNÉES ISOTOPIQUES. — Pour définir les conditions de formation des minéralisations
KII et F, les études isotopiques (tableau) et microthermométriques des inclusions fluides
piégées dans la sphalérite et/ou la dolomie ont été effectuées. Les températures d'homogé-
néisation d'environ 140°C et les salinités de 20 % eq. poids NaCl ([5], [6], [7]) des
inclusions fluides de la dolomie blanche et de la minéralisation F témoignent de l'existence
d'un événement thermique aux Malines. Malheureusement, les très petites tailles des
C.R. Acad. Sc Paris, t. 301, Série II,. n° 1, 1985 41

TABLEAU

Composition isotopique (8D) de l'hydrogène


des différentes générations des inclusions fluides du district des Malines.
Hydrogen isotope composition of aqueous fluids
for different generations offluid inclusions in mineralsfrom the Malines district.
Localisation 5E>SMOW
Paragenèse par quartier (°/oo)

Dolomie rouge antérieure à la minéralisation F Florence —13,2+1,0 (3)


Florence -16,4±1,3(3)
Dolomie blanche postérieure à la dolomie rouge.
Dolomie et sphalérite de la minéralisation
....
F.......
Florence
Montdardier
—31,0+1,0 (3)
—28,5+1,8(4)
.
Sphalèrite de la minéralisation F Florence —28,5+ 1,0 (2)

Sphalérite de la minéralisation KII . .


Montdardier
Sanguinède
Montdardier
-30,7
—30,5
-27,8
(1)
(1)
(1)
Dolomie vacuolaire et filonienne post F Sanguinède —38,6+1,5 (3)
Montdardier -40,8 + 0,9 (3)
Eaux météoriques actuelles.. —50,5 + 0,2
.

(°) 8D = [(Réchantillon/Rstandard)—l]x 1000 où R = D/H; ( ) nombre d'écrasements.

inclusions fluides dans la sphalèrite de la minéralisation KII ont rendu impossible les
mesurés microthermométriques. Néanmoins, le rapport D/H des fluides de la sphalérite
du type KII a été déterminé. De même, les rapports isotopiques de l'hydrogène de la
rninéralisation F ont-ils été déterminés. Un grand nombre d'écrasements ont été également
faits sur la minéralisation KI et sa gangue, mais ils n'ont jamais révélé de traces de
fluides.
Les échantillons utilisés pour les études isotopiques, qui proviennent des quartiers de
Florence, Montdardier et Sanguinède, ont été découpés en baguettes et introduits dans
un tube d'acier inoxydable préchauffé [5]. Les dolomies ont été préchauffées sous vide à
80°C pendant 24 h alors que la sphalérite a été chauffée à 40°C durant 36 h. On remarque
que chacun des échantillons étudiés a piégé, presqu'exclusivement, une seule génération
d'inclusions fluides. La composition isotopique de l'hydrogène des eaux libérées pendant
l'écrasement a été déterminée par les méthodes classiques et est exprimée en S °/00 par
rapport au standard SMOW.
Dans: la figure 2 les données sont rassemblées par paragenèse et sont comparées avec
la gamme des ôD pour les eaux de formation ([8], [9]) et les eaux météoriques actuelles.
On remarque nettement trois groupes de valeurs pour 8D : la dolomie rouge qui est
antérieure à la minéralisation F a un 5 ~—13 °/00, la sphalérite dé la minéralisation F,
la dolomie blanche et la minéralisation KII (que ce soit pour la dolomie ou pour la
sphalérite); ont un S ~—30 °/o0 et enfin la dolomie filonienne et vacuolaire (qui sont
postérieures à la phase F mais antérieures aux phénomènes tardifs) ont un S~ — 40 °/00.
On note que selon des critères descriptifs (chronologie des fractures), la dolomie blanche
est légèrement antérieure ou cogénétique à la minéralisation F.
La composition isotopique de l'hydrogène est en général dépendante de l'origine du
fluide ([10], [11]). Puisque les SD des événements 2, 3 et 4 (fig, 2) sont similaires/ on
peut suggérer que durant cette période de genèse le district des Malines a été envahi par
un seul type de fluide qui reste toujours dominant et qui a fait précipiter la dolomie
blanche et les minéralisations KII et F. En plus, on constate (fig. 2) que le SD a diminué
42 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985

progressivement, donc le fluide est appauvri en deutérium durant l'évolution temporelle


du gisement : entre le dépôt de la dolomie rouge et le dépôt de la dolomie postérieure de
la minéralisation F. Mais ce fluide reste toujours plus lourd que les eaux météoriques
actuelles ( — 50,5 °/00)- Ainsi l'hypothèse qui conçoit que les minéralisations Kj, et F sont
essentiellement contemporaines est soutenue par les données de la composition isotopique
de l'oxygène des minéraux de la gangue ([5], [6]). Elles représentent donc deux manifesta-
tions locales différentes d'un même événement hydrothermal. On estime que ces fluides
hydrothermaux sont essentiellement de type eau de formation venant d'un bassin sédimen-
taire. Cette interprétation est basée sur la ressemblance des valeurs de ôD (fig. 2) ainsi
que sur leurs salinités et leurs compositions isotopiques d'oxygène [7].
CONCLUSION.

Cette étude présente une application originale de la géochimie des
isotopes de l'hydrogène en métallogénie pour concevoir les relations génétiques entre
deux types de minéralisation qui se différencient en fonction du lieu de précipitation. On
propose que le district minier Pb-Zn des Malines a été envahi par un flux de fluide
chaud ( ~ 140°C), de type eau de formation, qui a contribué au dépôt des minéralisations
KII et F. Lorsque ces sulfures se sont précipités (1) dans les géodes et les fractures à
l'intérieur de la minéralisation KI qui a rempli les karsts : il s'agit de la minéralisation
KII, et (2) dans les fissures qui se trouvent dans les formations cambriennes carbonatées
autour des karsts; on l'appelle : la minéralisation F. Sur le plan métallogénique, donc,
ces deux types de minéralisation sont considérés équivalents, étant deux manifestations
différentes du même événement hydrothermal. Par conséquent la minéralisation KII est
également de type hydrothermal. Ceci souligne l'importance métallogénique des événe-
ments hydrothermaux surimposés sur la minéralisation à basse température (minéralisa-
tion KI) aux Malines.
Publication de C.R.P.G., contribution n° 602.
Nous remercions G. Verraes pour sa collaboration durant l'échantillonnage et A. J. Bernard, G. Verraes et
C. Ramboz pour leurs discussions.
Remise le 25 mars 1985,

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] F. FOGLIERINI, A. J. BERNARD,et G. VERRAES, 26e C.G.I. Gisements français, fasc. E5, 1980, 56 p.
[2] G. VERRAES, Mém. C.E.R.G.H., Montpellier, 17, 1969, 269 p.
[3] G. VERRAES, Thèse doct. État, Université du Languedoc, Montpellier, 1983, 591 p.
[4] H. LACERDA et A. J. BERNARD, Mineral. Deposita, 19, 1984, p. 152-157,
[5] A. CHAREF, doct. spéc, I.N.P.L., Nancy, 1983, 285 p.
[6] A. CHAREF et S. M. F. SHEPPARD, Terra Cognita, 3, 1983, p. 171-172.
[7] A. CHAREF et S. M. F. SHEPPARD (en préparation).
[8] R. N. CLAYTON, I. FRIEDMAN, D. L. GRAF, T. K. MAYEDA, W. F. MÈENTS et N. F. SHIMP, J. Geophys.
Res., 71, 1966, p. 3869-3882.
[9] S.M. F. SHEPPARD, dans Thermalphenomenain sedimentarybasins, B. DURAND éd., 41, 1984, p. 301-317.
[10] S. M. F. SHEPPARD, dans Volcanic processes in ore genesis, Inst. Min. Mettalu. Geol. Society, London,
p. 25-41.
[11] H. P. TAYLOR Jr, dans Geochemistry of hydrothermal ore deposits, 2nd edition, H. L. BARNES éd., 1979,
p. 236-277.

C.R.P.G., B.P. n° 20, 54501 Vandoeuvre Cedex.


C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301; Série II, n° 1, 1985 43

GÉOLOGIE. — Comparaison de l'évolution sédimentaire des séquences du Cambrien


inférieur et moyen (p. p.) dans les versants sud et nord (unité de Brusque) de la Montagne
Noire (Massif Central). Note de Pierre Courjault-Radé, présentée par Michel Durand-
Delga.

L'analyse sédimentologique des séquences du Cambrien inférieur et moyen (p. p.) impliquées dans les nappes
du versant sud de la Montagne Noire (Minervois et Pardailhan) permet de définir quatre coupures sédimentaires
majeures. Certaines d'entre elles sont probablement;synchrones des principales discontinuités reconnues dans
les écailles des monts de l'Est de Lacaune (unité de Brusque, flanc nord de la Montagne Noire).

GEOLOGY. — Comparison between sedimentary evolution of the lower and middle (p.p.) cambrian
sequences in the southern and northérn slopes of the Montagne Noire (Massif Central, France).
The sedimentological analysis ofthe Lower and Middle (p. p.) Cambrian sequences in the southern slope of the
Montagne Noire lead to the recognition, offour main sedimentarydiscontinuities: Some of them are considered
to be synchronous with the major sedimentary boundaries of the northern sequences (Brusque unit).

A. SÉQUENCE DU VERSANT MÉRIDIONALDE LA MONTAGNENOIRE. — On peut y distinguer


quatre formations qui sont dé bas en haut :
— Formation de Lacombe (= « série schisto-gréseuse de Marcory » p. p. Auct.);

Formation de l'Orbiel ( = « Marcory sommital » et « calcaires à archéocyathes
Auct);
s, s. »

Formation de la Clamoux (=« Dolomies supérieures », « Calcaires à Ferralsia » et
« Calcaire blanc » Auct.;

Formation de Barroubio, d'âge Cambrien moyen (« Açadien » Auct.).
I. Formation de Lacombe. — Cette formation, d'épaisseur dépassant 1200 m mais dont la base est inconnue,
est constituée presque exclusivement,de dépôts terrigènes (shales, silts gréseux et grès fins). Vers le sommet
apparaît un horizon de quartzites feidspathiques violacés et de grès micacés («niveau h » in [1]) marquant
régionalement la transition entre les Formations de Lacombe et de l'Orbiel.
II. Formation de l'Orbiel (50 à 500 m), avec deux membres.
Membre inférieur (10 à 100 m) : après l'épisode essentiellementterrigène correspondantà la Formation de
Lacombe, de petites lentilles de calcaires gréseux apparaissent sporadiquement au-dessus de l'horizon repère
des grès feidspathiques,interstratifiéesdans des grès fins et/ou des silts gréseux.
Membre supérieur(40 à 400 m) : vers le haut la sédimentation carbonatée s'accroît rapidement et simultané-
ment l'épaisseur et la fréquence des apports détritiques diminuent. Cet épisode à dépôts mixtes carbonates/sili-
coclastiques définit une alternance d'épaisseur moyenne d'ordre héctpmétrique (« alternances » [12]) d'horizons
calcaires et détritiques. La masse de calcaires plus ou moins dolomitisés constituant la partie sommitale de la
formation («calcaires dolomitiques » Auct.)est séparée des dolomies diagénétiques précoces, constituant la
base de la formation sus-jacente, par une ultime récurrence détritique d'extension régionale (« niveau d » in [1]).
III. Formation de la Clamoux. — D'organisationplus complexe que les unités précédentes, elle se subdivise
en trois membres distincts :
Membre inférieur (200-300 m). Les dépôts dolomitiques (sauf rares exceptions à l'extrême base) s'organisent
selon des séquences élémentaires classiques d'un système de Sabkha : dolomies homogènes (A), dolomies à
stromatolites plans (B), dolomies à brèches intraformationnelles, bird-eyes et calcrètes (C). Le terme A est
prépondérantet peut représenter près des deux tiers de l'Unité (« dolomiesmassives:» Auct.); la partie supérieure
est par contre essentiellementconstituée de dolomies stromatolitiques et de quelques niveaux à bird-eyes et
brèches intraformationnelles (" dolomies litées-rubanées " Auct.).
Membre moyen. La base de la séquence médiane de la Formation de la Clamoux est soulignée par un
horizon argilo-calcaired'extension régionale («niveau c » in [1]) marquant le retour à une sédimentation mixte
carbonates/détritiques. Les niveaux dolomitiques, d'abord en bancs massifs (« Schisto-dolomitique 1 » Auct.),
s'organisent de nouveau en séquences élémentaires de sabkha (termes A à C de la séquence élémentaire); le
matériel des intercalations silicoclastiquestend légèrement à s'accroître vers le haut (« Schisto-dolomitique 2 »
Auct.) et simultanément les niveaux carbonates, localement plus ou. moins lenticulaires, sont constitués d'un

0249-6305/85/03010043 $ 2.00 © Académie des Sciences


44 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985

matériel essentiellementhomogène (terme A de la séquence élémentaire). Le membre moyen s'achève par des
bancs calcaréo-dolomitiquesplus massifs (« silico-dolomitique » Auct.).
Membre supérieur. — La partie sommitalede la Formation de la Clamoux présente selon l'aire paléogéographi-
que considérée de notables variations sédimentologiques. Régionalement, la base de cette unité (3 à 15 m)
correspond à des calcaires bleu-hoir et/ou des dolomies fines alternant régulièrement avec des petites sombres
(« calcaires à Ferralsia » Auct.). Ceux-ci passent brutalement vers le haut à une puissante barre de calcaires
blancs (10 à 40 m), purs, homogènes, affectés par une dolomitisation diagénétique (faciès « dolomie grise »
[5]).
IV. Formation de Barroubio. — Les dépôts rythmiques de calcaires/pélites à faciès « calcaires noduleux »
(pseudo-griottes) et/ou de « calcaires lités » (« premier niveau rouge » Auct.) définissant la base de la Formation
de Barroubio (Membre de Ferrais) surmontent l'unité calcaire précédente. Vers le haut, la proportion de
lentilles calcaires décroît rapidement et ces dépôts mixtes (« Schistes troués » Auct.) passent à une séquence
exclusivementdétritique (« Schistes verts non troués ou secs » Auct.) par l'intermédiaire d'un niveau repère de
pélites violacées à nodules carbonatées (« deuxième niveau rouge » Auct.). Au sommet, des lentilles gréseuses
annoncent les dépôts plus grossiers de grès-quartzites qui précèdent immédiatement le membre supérieur de la
Formation de Barroubio.
Les coupures sédimentaires majeures dans la séquence du Cambrien inférieur et moyen
(p. p.) sont au nombre de quatre :

La première, à la limite des Formations de l'Orbiel et de la Clamoux, correspond
au passage calcaires/dolomies que soulignent un horizon détritique et localement des
figures paléokarstiques ([2], [3]);

La seconde coupure est caractérisée par la réapparition de dépôts détritiques après
un épisode uniquement carbonate (membre inférieur de la Formation de la Clamoux);
l'horizon repère argilo-calcaire situé à la limite entre les membres inférieur et moyen de
cette dernière traduit une brusque variation bathymétrique négative, liée probablement à
des mouvements tectoniques en régime distensif.

La troisième coupure, à la partie haute de la Formation de la Clamoux, correspond
à la limite entre le membre moyen et le membre supérieur. Celle-ci, soulignée localement
par des figures paléokarstiques, correspond à la transition entre des dolomies de sabkha
(milieu aride) et des calcaires déposés dans un environnement probablement plus
humide [5].

La quatrième et dernière coupure correspond à la généralisation des dépôts détriti-
ques à l'ensemble du versant sud; les dépôts, d'abord rythmiques calcaires/pélites, devien-
nent rapidement exclusivement détritiques (Formation de Barroubio).
B. APERÇU SUR LES SÉQUENCES DU VERSANT NORD DE LA MONTAGNENOIRE (UNITÉ DE BRUS-
QUE).

M. Donnot et Guérangé [9], à partir de l'analyse géologique détaillée de l'unité
de Brusque, définissent un cadre lithostratigraphique précis du Cambrien inférieur et
moyen des écailles des monts à l'Est de Lacaune. D'après ces auteurs, le Cambrien
inférieur débute par une puissante série terrigène, assimilable à la « série schisto-gréseuse
de Marcory » (Cambrien inférieur I). Vers le sommet apparaissent progressivement des
niveaux carbonates, alternant plus ou moins régulièrement avec des horizons pélito-
gréseux (alternances gréso-carbonatées K1_2) dans lesquelles se développe un important
volcanisme ([9], [10]). Une masse de carbonates (K2 a) de 300 à 400 m d'épaisseur succède

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Corrélations lithostratigraphiques proposées entre les séquences des versants sud et nord de la Montagne
Noire, (a) (2) pélites à nodules calcaires; (1) calcaires noduleux et/ou lités. (b) (2) calcaires; (1) dolomies
précoces, (ç) (2) dolomies diagénétiques; (1) calcaires massifs homogènes, (d) Pélites et silts gréseux, (e) grès
fins. 1 à 4, corrélations sédimentologiquesproposées.
Lithostratigraphic correlations between southern and northern sequences of Montagne Noire, (a) (2) shales with
calcareous nodules; (1) nodular and/or layered limestones: (b) (2) limestones; (1) early dolostones. (c)
(2) diagenetic dolostones; (1) massive homogenous limestones. (d) shales and siltstones. (e) fine-grained
sandstones. 1 to 4, assumed sedimentological correlations.
t
C.R. Acad. Sc. Paris, 301, Série II, n° 1,1985 47

aux alternances; elle est constituée de dolomies précoces qui peuvent passer latéralement
à des calcaires. La sédimentation change brutalement par la suite. La série schistocalcaire
ou « série noire » (K2b), qui surmonte en concordance les carbonates massifs (« Grands
carbonates » Auct,), est subdivisée en deux unités lithostratigraphiquesdistinctes :

K2 b1, débutant par quelques bancs de grès micacés passant rapidement à des
pélites noires à nodules phosphatés;
— K2b2, constituée de calcaires gris-bleu foncé en bancs décimétriques et à interlits
argileux noirs, passant vers le haut à des bancs plus massifs, essentiellement constitués
de dolomies précoces [9] p. 344. Surmontant cette série, vient l'ensemble dit des « schistes
verts », d'âge en grande partie Cambrien moyen [15]. Elle consiste en des pélites calcareu-
Schistes
ses (40-50 m) passant brutalement vers le haut à des dépôts détritiques francs («
verts secs ») par l'intermédiaire d'un niveau repère violacé à nodules calcaires. Des lentilles
gréseuses apparaissent sommitalement, annonçant les grès-quartzites qui couronnent la
séquence.
C. ESSAI DE CORRÉLATIONENTRE LES VERSANTS SUD ET NORD DE LA MONTAGNENOIRE (pl. I).

Dans l'unité de Brusque, la première discontinuité, correspondant au passage calcairés/-
dolomies, n'est pas reconnue. La seconde coupure se traduirait dans l'unité de Brusque
par le passage brutal entré les " grands carbonates » (K2 a) et les sédiments argileux de
la « série noire » (K2 b). Les corrélations peuvent être plus précises.
L'horizon K2 b1, à matériel détritique prédominant dans cette unité, correspondrait

à la partie inférieure et médiane du membre moyen de la Formation de la Clamoux
(« Schisto-dolomitique 1 et 2 » Auct.), constituée d'une alternance pélites noires/dolomies.
— L'horizon K2b2, à prédominance carbonatée, correspondrait à la partie sommitale
du membre moyen de Formation de la Clamoux, également constituée de bancs calcaréo-
dolomitiques massifs (« Silico-dolomitique» Auct.). Dans cette hypothèse, l'évolution
locale vers des dolomies, mise en évidence au sommet de cet horizon dans le secteur
oriental de l'unité de Brusque [9], apparaît en accord avec le caractère régressif de
l'évolutionsédimentaire reconnue dans le niveau stratigraphique présumé lui correspondre
dans le versant sud (« Silico-dolomitique» Auct).

L'évolution postérieure des deux domaines, correspondant aux assises de passage
entre Cambrien inférieur et moyen, est plus complexe et les corrélations envisagées ci-après
devront être précisées ultérieurement. L'horizon K2_ 3 de l'unité nord correspondrait ainsi
globalement au membre supérieur de la Formation de la Clamoux et aux dépôts mixtes
de la base du Membre de Ferrais (Formation de Barroubio). En outre, le passage
aux sédiments uniquement terrigènes paraît s'effectuer dans les deux domaines par
l'intermédiaire d'un niveau repère violacé de pélites à nodules calcaires (in [9], p, 314).
Dans les deux cas également, des grès-quartzites massifs couronnent la séquence.
D. CONCLUSIONS. — Les archéocyathes situés à la base de l'horizon K2b2 (carrière de
Cambias) du versant nord indiquent un âge botomien [8], c'est-à-dire la moitié supérieure
du Cambrien inférieur. En conséquence, la partie supérieure du membre moyen de la
Formation de la Clamoux serait aussi d'âge botomien. En outre, du fait que la partie
supérieure de la Formation de l'Orbiel est datée par les archéocyathes comme également
d'âge botomien ([8], [13]), les termes intermédiaires (membres inférieur et moyen de la
Formation de la Clamoux) appartiendraientà ce même étage. Dans ce schéma, la limite
entre Cambrien inférieur et moyen doit nécessairement se situer au sein de l'unité
carbonatée sommitale s. 1. (membre supérieur de la Formation de la Clamoux, plus
extrême base du Membre de Ferrais), la faune de trilobites située à la base de l'unité
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985

dite des « schistes troués » indiquant un âge Cambrien moyen mais non basai [6]. Cette
constatation n'apparaît pas contradictoire avec les travaux de R. Courtessole [6] et de
R. Courtessole, H. et G. Termier [7] qui placent la limite entre Cambrien inférieur et
moyen à la base de l'unité calcaire sommitale, les « Calcaires à Ferralsia » représentant
le Cambrien inférieur terminal. Cependant, comme le souligne Courtessole ([6], p. 95-96),
cette hypothèse a été proposée uniquement à partir de l'analyse lithologique. Plusieurs
arguments d'ordre sédimentologiqueet biostratigraphique nous semblent militer en faveur
de l'âge Cambrien inférieur terminal, « Toyonien » [14], de l'unité sommitale de la
Formation de la Clamoux, la limite entre Cambrien inférieur et moyen se situant ainsi
entre cette formation et le Membre de Ferrais sus-jacent (Formation de Barroubio). En
particulier, les corrélations Montagne Noire/Sardaigne, menées parallèlement, conduisent
à considérer l'unité carbonatée sommitale (« Calcaires blancs » Auct.) comme l'équivalent
de la partie haute du calcaire Céroïde (« Metallifero » Auct.) [5], d'âge Toyonien inférieur
à moyen [11].
Cette limite, dans l'unité de Brusque, reste imprécise et Se situe au sein de l'horizon de
transition judicieusement dénommé K2_3 par M. Donnot et B. Guérangé [9],
La meilleure définition de la limite Cambrien inférieur-Cambrien moyen en Montagne
Noire va permettre de mieux cerner la position stratigraphique des minéralisations
plombo-zincifères dont les plus importantes sont associées aux horizons de transition
K2_3. Il deviendra également possible de comparer la situation métallogénique de ce
segment hercynien à celle de la Sardaigne sud-occidentale (Iglesiente et Sulçis) où la
quasi-totalité des concentrations économiques se situent précisément au passage Cambrien
inférieur et moyen [4].
Cette étude a été réalisée grâce à l'appui financier de la C.E.E. (Contrat MSM 128 F-RS 1983/1985).
Remise le 25 mars 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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plate-forme carbonatée du Cambrien inférieur de la Montagne Noire : aspects sédimentologiqueset métallogéni-
ques, Thèse Doct. 3e cycle, Université de Toulouse-III, 1982.
[3] P. COURJAULT-RADÉ, 5e Congr. Eur. Sédim. (résumé), Marseille, 1984, p. 122-123.
[4] P. COURJAULT-RADÉ, 3° Congr. Eur. Géol. (résumé), Strasbourg, 1985 (sous presse).
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Laboratoire de Minéralogie, U.A. n° 67 du C.N.R.S.,


Université Paul-Sabatier, 39, allées Jules-Guesde, 31400 Toulouse.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985 49

TECTONIQUE- — Champs de déformation anisoaire dans les zones de cisaillement.


Note de Jacques Inglès et Pierre Sirieys, présentée par Michel Durand-Delga.
Une interprétation des structures naturelles induites (telles que la schistosité) est proposée dans le cas d'une
zone de cisaillement avec variation d'aire simultanée, compte tenu des conditions cinématiques aux limites de
la zone.

TECTONICS. — Strain fields with area change in shear zones.


We propose an interpretation of induced natural structures (such as schistosity) in shear zones with simultaneous
area change, considering the kinematic conditions at the boundary of the zone.

La déformation tectonique et son histoire sont tout particulièrement étudiées dans le


cas des zones de cisaillement, où les structures induites(telles que la schistosité) permettent
sa détermination. La plupart des travaux traitent d'une déformation isoaire. Cependant,
Une variation d'aire positive (dilatance) ou négative (contractance) a été observée dans
de nombreux exemples naturels tels que des calcaires jurassiques [1], des gneiss (Faille
du Moine) [2], des arkoses; (Caroline) [3], la zone tectonique de Grenville avec des
contractions atteingnant 68 % [4], des « mudstones » des Alpes du Glarus [5]. Elle peut
résulter, soit d'une variation de volume du milieu (phénomène dé pression-solution), soit
d'une déformation isovolume en déformation plane (glissement simple superposé à une
déformation pure schisteuse).
Elle a été surtout analysée dans, le cas de superposition séquentielle d'un cisaillement
et d'une variation d'aire ([1], [2], [6]) et parfois dans le cas simultané ([3], [4]). La présente'
étude traite de la déformation progressive anisoaire en déformation plane, monoaxiale,
compte tenu des conditions aux limites en vitesse de déplacement relatif.
1. RELATIONS GÉNÉRALES.

Dans sa généralité, l'étude concerne la superposition d'une
vitesse de glissement y, d'un déviateur de vitesse de déformation pure isoaire e1 (orienté
selon la direction de glissement) et d'une vitesse de variation d'aire b/2. La vitesse de
transformation ST s'exprime dans (x1), tel que x soit la direction de glissement, par la
matrice :

Le cas du glissement simple;(e^—b= 0) est maintenant bien établi ([1], [7], [8]). Le cas
isoaire (b = 0) a été traité en champ homogène et stationnaire [9] et dans le cas des zones
de cisaillement ([10], [11]).
La variation d'aire influe sur l'intensité de la déformation mais non sur l'orientation
des directions principales (qui régissent les structures induites). Le cas de la déformation
monoaxiale, orientée selon y, est caractérisé par b=—2e1, donc par une vitesse de
transformation ST\ qui s'exprime dans (xi) par :

2. ZONE DE CISAILLEMENT. — Les zones de cisaillement analysées ici sont caractérisées


par une déformation hétérogène comportant [10] un noyau central homogène et une zone
de transition hétérogène à gradient de déformation constant

0249-6305/85/03010049 $ 2.00 © Académie des Sciences


50 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985

Fig. 1. Zone de cisaillementhétérogène : enveloppesdes directions principales



de la déformation finie après rotation D'. (a) Cas de la contractance; (b) Cas de la dilatance.
Fig. 1. — Heterogeneousshear zone: finite strain trajectories.
(a) Area loss; (b) Area gain.
L'extérieur de la zone de cisaillement est caractérisé par sa vitesse de déplacement
relative xT, la demi-épaisseur initiale de la zone étant prise pour unité de longueur.
La continuité de la déformation à la limite de la zone de cisaillement conduit à Un
écoulement non stationnaire dans la zone et à une relation entre vitesse de glissement et
de déplacement relatif :

(3)

avec les notations k = (l +h01)/2 et g = y/ym utilisées en [10].


Pour xT constant, la transformation finie T (obtenue à partir des équations de la
trajectoire) est caractérisée dans (x,) par la matrice :

(4)

T caractérise la déformation progressive par l'intermédiaire des quantités xT (déplace-


ment relatif des zones rigides dans la direction x, tel que xT=xT t) et b [lié à la variation
d'aire A tel que b = bt=\og(A +1)], éventuellement accessibles à la mesure.
3. CARACTÉRISTIQUES DU CHAMP DE DÉFORMATION TECTONIQUE.

La transformation T
fournit le champ de déformation finie après rotation D', observable dans l'état actuel,
notamment son intensité R = (À,1/X,2)1/4 [10] et son orientation 0M (celle de sa direction
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985 51

(c)

Fig. 2. — Zone centrale homogène d'un cisaillement hétérogène anisoaire : caractéristiques du champ de
déformation finie D' (cas dextre). (a) Orientation 0M en fonction de l'intensité R de D', pour diverses
valeurs de la variation d'aire À; (b) Orientation 0M de D' en fonction de la variation d'aire A pour diverses
valeurs de d; (c) Intensité R de D' en fonction de la variation d'aire A pour diversesvaleurs de d.
Fig. 2. — Central zone of homogeneous strain: characteristics of the finite strain field (xT>0). (a) Variation of
the orientation 0M with increasingR for several values of the area change A; (b) Variation of the orientation
0M with increasing area change A for several values of d; (c) Variation of R with increasing area change A
for several values of d.
principale majeure). Ce champ est représenté par deux groupes de courbes :
(a) Dans toute la zone, les enveloppes des directions principales majeures (auxquelles
sont assimilées les schistosités) et mineures (parfois assimilées aux fentes extensives) sont
identiques géométriquement au cas isoaire [10]. Elles sont représentées dans le cas de la

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 5


52 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985

dilatance (fig. 1 a) et de la contractance ( fig. 1 b) pour différentes valeurs de la variation


d'aire A — exp b—\.
(b) En zone homogène (dans le noyau central) toujours sous la condition xT constant
(conduisant à un champ non stationnaire), positif (cisaillement dextre) l'orientation 0M
de D' est reliée à son intensité R, à la variation d'aire A et au rapport d = xT/b.
Ainsi, la figure 2 a illustre la relation entre 0M et R pour diverses valeurs de A. La
direction principale majeure de D' se rapproche de la direction de cisaillement lorsque R
croît, toujours dans le cas de la dilatance (A>0), seulement après un seuil dans le cas de
la contractance (A<0) où la relation n'est pas univoque.
Les figures 2b et c illustrent l'influence du déplacement relatif des zones rigides (xT)
par l'intermédiaire du rapport d.
4. TECTONIQUE QUANTITATIVE. — Ces résultats, associés à une analyse géométrique de
terrain, permettent la quantification de la déformation naturelle dans la zone étudiée.
Les marqueurs les plus fréquents en zone de cisaillement sont la schistosité (assimilée à
l'enveloppe des directions principales majeures) donc 0M, des marqueurs d'intensité de
R et A tels que fossiles et objets déformés, éventuellement de déplacement relatif aux
limites xT.
Ainsi (fig. 2c) des mesures de 0M et R (par des marqueurs passifs par exemple)
permettent d'obtenir la variation d'aire A. De même la connaissance de la schistosité et
de A conduirait à l'intensité de la déformation.
Éventuellementdes mesures du déplacementrelatif xT et de variation d'aire A, fournis-
sant le paramètre d, conduisent à l'orientation de D' par les courbes de la figure 2 b ou à
son intensité par celles de la figure 2 c.
5. CONCLUSION. — Cette analyse théorique repose, d'une part sur la simultanéité entre
le cisaillement et la variation d'aire (résultant d'une déformation isovolume ou non), et
d'autre part sur des hypothèses cinématiques aux limites de la zone cisaillée.
Elle permet l'interprétation des structures dans le cas d'un cisaillement anisoaire,
lorsque la déformation monoaxiale a une direction normale au glissement. Les structures
observées, analogues à celles du cas isoaire, en sont distinguées par des informations de
terrain sur la variation d'aire. Elle permet en outre la reconstitution de l'histoire de la
déformation naturelle.
Remise le 25 mars 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] J. G. RAMSAY, J. Struct. Geol., 2, 1980, p. 83-99.


[2] M. P. COWARD, Tectonophysics, 34, 1976, p. 191-197.
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[11] J. INGLÈS, J. Struct. Geol, 5, 1983, p. 369-381.

J. L : I.U.T., Département de Génie civil,


50, chemin des Maraîchers, 31062 Toulouse Cedex;
P. S. : Laboratoire de Géologie structurale et Tectonophysique,
U.P.S. et I.N.S.A., avenue de Rangueil, 31077 Toulouse Cedex.
C. R.Acad.
Sc. Paris,
t.301,
Série
II,n°
1,1985

TECTONIQUE. — Miseen évidence de coulissage dextres syn-rift (miocène) et post rift


(pilocène) le long du Golfe de Suez. Note de Patrick Gigot, Mohamed E. Habib, Marcel
53
Lanteaune et Mustapha M. Yussef, présentée par Jean Aubouin.
Des observations faites dans l'Esh Mellaha (Egypte) montre la permanence d'un mouvement de coulissage
Il
dextre du Golfe de Suez au-cours du Néogène.
se manifeste dans l'obliquité de l'extension au cours de la phase de rifting miocène puis par un système
cours d'une phase compressivepliocène jusqu'alors ignorée.

of
de plus en échelons au
Des corrélations avec révolution de l'accident Aqaba-Mer Morte et de la Mer Rouge sont proposées.

Gulf
TECTONICS.

Preliminary
-

structural investigations on the Esh Mellaha Horst (West of the Gulf) show permanent effects of a
Evidence for syn-rifting (miocene) and post-rifting (pliocene)

Suez.
right-lateral slip along the

rignt-lateralslip alond the Gulf of Suez during Neogene times.


This movementfinds its origin firstly in the obliquity of the extension contemporaneously to the Miocenerifting,
and secondly gives rise to a System of "plis en échelons" linked to a Pliocene compressive phase, unknown until
now. Correlations with the evolution of the Aqaba-Dead sea accident and the Red sea are presented.

Le de Suez est considéré d'une manière générale comme un modèle de rift en


Golfe
extension transversale (c'est-à-dire sans coulissage des marges) : c'est notamment ce qui
ressort de la récente synthèse de J. Angelier et F. Bergerat [1]. Le dispositif en cuiller
(théoriquement symétrique) proposé par P. Y. Chenet et J. Letouzey [2] pour rendre
compte de la virgation des failles-limites de certains blocs basculés, en rive est, s'inscrit
dans la même logique.
Dans les faits pourtant, le dispositif des failles normales du rift est bien loin d'être
unidirectionnel, de même que symétrique. Cette constatation ressort bien de la carte
d'ensemble du Golfe de Suez présentée par R. Saïd [3] et mieux des cartes détaillées de
Z. Garfunkel et Y. Bartov [4] : on y observe une majorité défailles suivant la direction
générale N 145 du rift, mais également l'importance d'un réseau de failles transverses
plus ou moins obliques, en particulier dans la direction N 0 et N 20. Cette dualité
s'exprimed'ailleurs morphologiquement an niveau du tracé-même de la côte sur les deux
rivex (fig. 1 a). On noteraque
les
limitres
des
provinces
tectoniques
distinguées dans le
cadre des travaux pétroliers [5] à terre et en mer se localisnet sue ces accidentstransverses.
Nos investigations en rive ouest du Golfe de Suez le long du horst d'Esh Mellaha,
bien loin être exhaustives, montrent les dangers d'une modélisation excessive qui masque
une évolution bien plus complexe du rift : ces investigations confirment entre autres

au
(pilocène).
l'existence d'une obliquité de l'extension

long
de
au
cours la phase de rifting proprement dite
(miocène) et mettent en évidence une phase compressive et décrochante dextre post-rift

L'Esh Mellaha

d'une
correspond

grande faille
à la

à
partie

regard
est

est
surélevé

et à rejet
d'un

kilometrique.
bloc légèrement

On peut
basculé.

suivre
Le

cette
socle

faille
affleure

sur
ainsi

près
tout

de 100 km

entre le plateau d'Abu Shar au Sud-Est je le Gebel.Gharamul au Nord-Ouest, suivant une direction générale
(fig. 1b)
faille
N 145 interrompue par deux tronçons sensiblement nord-sud qui ressortent bien sur les images Landsat

1.LES
FAILLESSYNSEDIMENTAIRES
SYNCHRONES
DU
RIFTING
(fig.
(MIOCENE)

tectoniqueetsédimentation
pendant
lerifting
miocène
sont la
remarqueblement
obsevables
lelong
de
1) Les relations entre

d'Esh Mellelaha, en particulier dans une coupe située au SuddeWali Bali ( fig. 1 c). La description de cette
coupe sous l'angle sédimentologique vient d'être publiée par A. El Haddad et coll.[6] : sur le socle surélevé

du horst (plate-forme) reposent des calcaires bioclasiques et pour partie récifaux (Miocène moyen). Le relief

de faille (talus dont le pendage varie entre 50 et 75° est encroûte par des stromatolithes algaires synchrones

0249-6305/85/03010053 $2.00 c Academie des Sciences


54 C. R. Acad. Sc. Paris, t.301, Série II, n° 1, 1985
(on y trouve des polypiers écroulés depuis le horst). Au pied du relief de faille les dépôts sont représentés par
des grès et des évaporites dont le synchronisme avec les calcaires du horst n'est pas démontré(voir la suite).
Dans l'esprit des auteurs il s'agirait d'une différentiation de faciès plus ou moins synchrones liée à une
morphologie préexistante. Pour nous, ces faciès se distribuent en fonction d'une tectonique synsédimentaire
attestée par ( fig. 1 c)
1, les discordances internes déterminées par le jeu métrique de petites failles synthétiques synsédimentaires;
2, les discordances internes dessinant des biseaux successifs au rebord même du relief de faille en cours de
réalisation;
3, les filons clastiques remplis d'un sédiment fin contenant des fossiles miocènes.
Ces filons clastiques ont une largeur atteigant 60 cm et pénètrent le socle jusqu'à 15 m de profondeur à la
faveur d'un réseau de fractures de décompression de la bordure faillée;
4, le synchronisme de l'encroûtement stromatolithique algaire du relief de faille avec les dépôts calcaires du
horst.
On observe en outre la présence de brochons et de microfailles antithétiques et synthétiques dans les
formations évaporitiques et détritiques au contact même de la faille. Ces crochons indiquent la poursuite du
jeu en faille normale après l'encroûtement du relief de faille par les stromâtolithes algaires et après son
recouvrement par ces formations (cette observation suggère que les formations évaporitiquès et détritiques sont
postérieures aux calcaires du horst). Le jeu de la faille d'Esh Mellaha se caractérise donc par une évolution
dans le temps : un stade de cette évolution est fossilisé par l'encroûtement algaire du relief de faille en cours
de réalisation au Miocène moyen. Le stade suivant, ne se manifestant qu'au niveau des crochons, à un âge
largement indéterminé (syn ou post miocène moyen). On voit donc l'intérêt structural de la présence de ce
stromatolithe algairepuisqu'il permet de caractériser la géométrie de la faille à un moment précis du rifting.
Nous avons pu le suivre en continuité au Nord de l'affleurement précédent, tout au long d'un dès tronçons
Nord-Sud de la faille d'Esh Mellaha ( fig. 1 a). On constate que ce tronçon nord-sud présente dans le détail
un tracé en baïonnette suivant des directions variées essentiellement N 0 à N 20, N 60, N150. Ces directions
correspondent à des discontinuités préexistantes du socle, un canevas: conforme à l'analyse linéamentaire
du socle par la télédétection [7], ceci étant particulièrement évident pour la direction N 60 soulignée par des
dykes basaltiques anciens.
Il s'avère donc que l'extention syn-rift admet une composanteoblique qui s'exprime facilement dès lors qu'elle
peut emprunter les discontinuités préexistantes du socle. Cette obliquité dont la conséquence est un coulissage
dextre au cours du rifting explique le dispositiffaille en baïonnette qui s'exprime ainsi à toutes les échelles, depuis
l'affleurementjusqu'à la morphologie d'ensemble du golfe de Suez.
2. LES PLIS EN ÉCHELONPOSTRIFT (PLIOCÈNE) (fig. 2). Le socle du horst d'Esh Mellaha s'ennoie dans sa

terminaison nord-ouest sous ta couverture secondaire et tertiaire du Gebel Charamul De nombreux plis sont
observables dans ce secteur : les plus spectaculairess'organisent en échelons le long de l'accident d'Esh Mellaha,
de part et d'autre du Wadi Dara ( fig. 2), A ce niveau l'accident d'Esh Mellaha est une flexure orientée N 145
à regard nord-est le long de laquelle des pendages atteignent 75°, On recoupe ainsi en desendant le Wadi Dara
une succession stratigraphïque qui au-dessus du socle montre les grès de Nubie massifs, surmontés par la
formation,cénomanienne transgressive de Raha [3] constituée par des argiles petits lits d'anhydrite, des grès et
des dolomies. Cette formation; est surmontée en discordance cartographique par les calcaires récifaux du
Miocène moyen qui supportent eux-mêmes les puissantes évaporites du Miocène moyen et supérieur. Ces

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 1. — a, rôle des accidents N 0 à N20 dans la morphologie générale du Golfe.de Suez; b, tracé général de
la faille d'Esh Mellaha; c, coupe de la faille d'Esh Mellaha au Sud de Wadi Bali; montrant le dispositif
tectono-sédimentaire; d, tracé en baïonnette de la faille d'Esh Mellaha au Nord du Wali Bali.
Fig, 1. — a, Map showing relative position of the main N 0 N 20 faults and the general morphology of the Gulf
of Suez; b, Map of the general sketching of the Esh Mellaha fault; c. Lithologie section crossing the Esh
Mellaha fault; c, Lithologic section crossing the Esh Mellaha fault south to the Wadi Bali and showing the
close relationship of structure and sédimentation; d, Tracing-of the "baïonnette" line of the Esh Mellaha fault
north to the Wadi Bali.
Fig. 2: — Le dispositif, des «plis en échelon » le long de l'accident d'Esh Mellaha dans la région du Wadi
Dara.
Fig. 2. — Map indicating the "en échelon" folds along the Esh Mellaha fault in the area of theWadi Dara.
PLANCHE I/PLATE I PATRICK GIGOT
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985 57

évaporites sont couronnées par un banc calcaire lacustre au-dessus duquel on trouve les conglomérats du
Pliocène inférieur. On observe plus loin les formations détritiques pliopléistocènes.
Les plis en échelons s'organisent le long de la flexure d'Esh Mellaha et affectent tous les termes de la série
de la formation de Raha aux conglomérats du Pliocène inférieur inclus. Ils n'affectent ni le socle, ni les Grès
de Nubie qui, restant solidaires du socle, se comportent vis-à-vis de la déformation plicative comme un
tégument au sens alpin [8]. Une disharmonie principale se localise donc au niveau des premières intercalations
argileuses de la formation de Raha. Un second niveau de disharmonie est constitué par la série des évaporites
miocènes. Le Pliocène inférieur est plissé suivant un style identique aux termes sous-jacents, mais de manière
indépendante. Le Plio-pléistocènepar contre ne participe pas, ici du moins, aux structures plicatives.
Les axes des plis, observés ou construits ( fig. 2) se répartissent de N 90 à N 130, avec des plongements
axiaux de 0 à 30e vers l'Est qui s'accentuent à proximité de la flexure d'Esh Mellaha. Les plis sont sensiblement
symétriques, les pendages des couches pouvant dépasser 60°. Une belle schistosité de fracture verticale se localise
dans les charnières, conformément à l'axe des plis. On observe localement dans les flancs des replis d'entraîne-
ment métriques.
Ce système plicatif compressifcaractéristique,plis en échelons et structures associées, n'avait jamais été signalé
jusqu'alors sur les marges du Golfe de Suez : il faut noter qu'il ne peut pas être confondu avec les synformes
associées aux déformations souples de la couverture sédimentaire le long des faibles normales et figurées, en
grand nombre dans les schémas structuraux existants ([3], [4]).
Ce dispositif montre clairement qu'une phase compressée se réalise au cours du Pliocènesuivant une direction
de raccourcissementsubméridienne.Au cours de cette phase compressivel'accident préexistant d'Esh Mellaha,
faille normale du flexure pendant le Miocène, et discontinuité majeure du socle, joue donc en décrochement
dextre.

CONCLUSIONS. — L'évolution structurale du Golfe de Suez apparaît plus complexe que


ne laissent croirent des modèles trop simplistes. Pour la période mio-pliocène les faits
suivants doivent être pris en compte :
Au cours du Miocène, postérieurement aux intrusions basaltiques de l'Eastern Désert
[3] [9] et du Sinaï [9] datée de -18 à -22 M.a. ou de -19 à -24 M.a., le rifting du
Golfe de Suez (grandes failles normales, blocs basculés) s'accompagne d'un coulissàge
dextre. Ce mouvement peut être correlé avec la première phase de coulissage senestre
(60 km) le long de l'accident Aqaba-Mer Morte qui s'accompagne lui-même de structures
en transtension et de dispositifs .tectono-sédimentairescomparables au niveau de la Mer
Morte [9]. Ces coulissages conjugués dans un contexte extensif interviennent en corrélation
avec le premier stade d'ouverture de la Mer Rouge ( — 30 à —15,3 M.a.) [9].
Au cours du Pliocène, la déformation compressive (plis en échelons) et le décrochement
dextre le long du Golfe de Suez interviennent corrélativement avec le début de la seconde
phase de coulissage senestre (40 km) de l'accident Aqaba-MerMorte (Pliocène à Actuel) [9].
Dans ce système de décrochements conjugués la microplaque du Sinaï poinçonne vers le
Sud tandis qu'intervient le second stade d'ouverture de la Mer Rouge (—4,9 à 0 M.a.) [9].
On remarquera que la transition entre le régime extensifqui dure pratiquement pendant
tout le Miocène et le régime compressif qui prend place au cours du Pliocène correspond
à la pause du coulissage de l'accident Aqaba-Mer Morte (Miocène terminal-Pliocène
inférieur) et s'inscrit dans l'interruption de l'ouverture de la Mer Rouge.
Nous n'avons pas discuté ici le problème des structures récentes du Golfe de Suez
(Pliopléistocène à Actuel).
Il convient de souligner l'importance de la mise en évidence des structures compressives
pliocènes dans le Golfe de Suez. Ce système plicatif doit bien entendu être pris en compte
dans les reconnaissances structurales pétrolières. En outre il permet d'apporter une
réponse au problème de la datation des plis déjà connus mais d'âge discuté dans le Nord
Sinaï [10] ou des plis récemment découverts le long de la vallée du Nil, dans la région
d'Asyut [11]. Il peut éclairer enfin la genèse des structures compressives qui affectent le
58 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985

Miocène continental à la bordure occidentale du Golfe d'Aqaba ainsi que celles qui
apparaissent au sein du graben de la Mer Morte [9].
Il faut noter enfin dans cette évolution la permanence au cours du Néogène de la
tendance au coulissage dextre le long du Golfe de Suez considéré, à partir des données
gravimétriques [12], comme une des principales zones de coulissage du Nord de l'Egypte.
Remise le 18 mars 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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P. G. et M. L. : Laboratoirede Géologie structurale, Université de Caen, 14032 Caen Cedex;


M. E. H, et M. M. Y. : Département de Géologie, Université d'Asyut, Asyut, Egypte.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985 59
PALEONTOLOGIE HUMAINE. — Reproduction expérimentale de processus d'usure
des surfaces dentaires
des
Hominidés
fossiles
:conséquences
morphoscopiques et exoscopi-
ques avec application à l'Hominidé I de Garusi. Note de Pierre-François Puech, André
Prone, Helga Roth et François Cianfarani, présentée par Yves, Coppens.

de
Nous
Australopithecusafarensis.
l'hominidé avons
examiné
au dents
microscope
électronique
la
surface
des

traces d'usure avec celle reproduites


de Garusi attribué à I

Lcomparaison
a des en laboratoire permet de
distinguer les marques dues à la mastication de végétaux, lesaltérations chimiques de la fossilisation et enfin ;

Garusi.
l'érosion produite, une fois le fossile mis au jour, par les particules abrasives transportées par le vent.

HUMAN PALEONTOLOGY. reproduction of some wearing process of fossil hominids. —Experimental

dental surfaces: microscopic characterisation of surfaces' forming and application to early hominid I
front
Dental microwear of Australopithecus afarensis Garusi I related to experimental studies gives evidence of
plant-food mastication, chemical pitting during fossilization and solid erosive partiele damage after material has
been washed out from sédiments.

—Lors
INTRODUCTION.

produite parl'alimentation
fonctions
etles
de précédentes études nous avons décrit l'usure des dents
paramasticatoires [1]: à [8]), nous cherchons
à présent à identifier l'usure provoquée après la mort par éléments naturels. C'est-à-dire

essentiellementl'action de la pluie, du vent chargé de poussières, du sel... ainsi que les


effets du àsec
ou Cette étude recherché
dansl'eau et l'actionpédagogiquement. transport

donc à reproduire expérimentalement les altérations spécifiques morphoscopiques et


exoscopiques des surfaces dentaires en relation avec un environnement donné. L'état
comparatif des
des
utilisé
résultats
expérimentaux
est
ensuite
marques
d'identification
relevées
comme sur la surface
moyen

des dents de l'Homidé I de Garusi

MATÉRIELET MÉTHODES. - Kohl-Larsen découvrit le 8 février 1939 sur les bancs de la rivière Garusi à
500 m du lac Eyasi. (Tanzanie) un fragment de maxillaire supérieur droit d'Hominidé fossile [9]. Ce dernier,
enveloppé dans des tufs éoliens, porte les deux prémolaires ainsi que les alvéoles de la canine et des incisives:
Outre le demi-maxillaire(Garusi I), Kohl-Larsen découvrit une troisième molaire supérieure (Garusi II) et un
morceau d'occipital(Garsi
fossilesseront ensuite attribués par Senyurek [10], Leakey
III).
Ces Johanson [11],

et White [12] ainsi que par Protsh [13] aux formations de Laetolil datées d'environ 3,7 M.a [14]. Dans les

formations de Laetolil 26 autres fragments d'Hominidé (L.H.I à L.H. 26) ont été recueillis sous la direction de

Mary Leakey ([14]-[15]) ce qui forme le groupe le plus ancien actuellement connu de la lignée humaine. Tous

ces fossiles ont été fracturés avant d'être enseveli: ce qui laisse supposer l'action de Carnivores dans la
états
électronique.
déposition des os et des dents. Dans cette hypothèse, mais aussi dans l'optique d'une recherche sur les
conditions d'environnement,nous
reportons
les de surface,ses dents de Garusi I observés en microscopie
Pour identifier les altérations des dents de Garusi I, une étude expérimentale a été faite sur quatre dents
préhistoriques de l'Age du Bronze, deux dents médiévales et quatre dents actuelles. L'usure a été produite par
projection de grainsde sable et par frottement.
Le sablage, à l'aide de particules de silice de dimensions
comprises entre 50 et 200µm, fait sous une pression,de 4kg par centimètre carréavec un appareil utilisé c'est
eh prothèse dentaire. La projection perpendiculaire puis tangentielle aux specimens, s'est faite à une distance
de 10 cm. Le frottement à faible vitesse a été effectué en premier lieu avec une meulette de caoutchouc,puis
nous avons intercalé entre la meule et la dent des cristaux de calcite dont la dureté est moindre que celle de
l'émail. Enfin dans un tonnelet d'une capacité de 100cl, entraîné à 2,6m/s,nous avons fait tourner deux lots
de trois dents (Age du Bronze, Moyen-Age et actuelle) en milieu aqueux (eau puis eau de mer) auquel nous
ayons secondairement additionné13 g de grains de quartz de dimensions comprises entre 50 et 100 µm.

«
Après les essais les spécimens ont été nettoyés aux ultra-sons et métallisés pour être examinés au microscope
électronique. Les dents de l'Hommidé de Garusi ont été observées a l'aide de négatifs; selon la méthode des
répliqués

(R.B.S. de T2L Chimie) selon


produits ont été données par

0249-6305/85/03010059§ 2.00 © Académie des


» qui

la technique précédemmentdécrite ([1]-[16). Les limites d'utilisation de ces


Uhrath et Lindemann
utilise le nitrocellulosique (Precis),

[17].
Sciences
la feuille d'acélate (Bioden) et le positif en résine
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 3.01, Série II, n° 1, 1985

RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX, La projection orthogonale de particules abrasives provo-



que tout d'abord des indentations (fig. I) puis une surface rugueuse (fig. 2). Avec une
projection tangentielle il se produit une usure variable suivant l'orientation des prismes,
ce qui accentue le relief de Structure en fonction des différences de dureté des éléments.
Par frottement de caoutchouc, sous une pression de 200 g à une vitesse de 300 m/mn
suivant une direction perpendiculaire à la jonction émail-dentine de la face occlusale
d'une canine, nous avons visualisé des crénelures (fig. 3) qui correspondent aux bandes
de Hunter-Schreger ([18]-[19]). Les crénelures, de largeur variable, sont apparues dans le
cas présent par conjugaison d'une érosion physique et d'une friction abrasive. Le frotte-
ment a laissée de fines stries dont la largeur Correspond à celle des prismes d'émail ce
qui donne un aspect finement cannelé décrit par ailleurs [7]. Dans les mêmes conditions
d'expérience nous avons ensuite intercalé des cristaux de calcite qui ont produit des
sillons en rapport avec leurs dimensions (fig. 4).
La première réponse au brassage dé plusieurs dents dans un tonnelet rempli d'eau est
la perte de la couche superficielle d'émail dit « aprismatique » (fig. 5). Dans l'eau de
mer l'exoscopie montre qu'il se produit une dissolution qui rend les reliefs plus « flous »
par un piqué de surface (fig. 6). Après addition de grains de quartz et un parcour
reconstitué de «4000» km, les dents présentent un fort indice d'émoussé avec une
réduction significative de poids. L'usure est variable suivant la nature des dents mais elle
est en moyenne du quart du poids. L'examen de la boue obtenue montre que les grains
de quartz sont plus petits que les morceaux d'apatite dentaire produits par arrachement
des dents roulées qui s'entrechoquent. Ainsi s'explique les larges sillons qui couvrent la
surface des dents (fig. 7) de géométrie comparable à ceux produits par frottement de

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. Impacts par projection de quelques particules abrasives.


1. —
Fig. Early stage of impact wear with abrasivesparticles.
1. —
Fig. 2. — La multiplication des impacts provoque une érosion de la surface.
Fig. 2. — Duration time of impact wear gives à puhch-board effect
Fig. 3. — Après érosion de frottement dans une direction précise révèle des crénelures.
Fig. 3. — Crenulations after a friction action on eroded surface in a precise sliding direction.
Fig. 4. — Le frottement produit des déformations plastiques des structures superficielles.
Fig. 4. — In a friction action blunting appears by plastic deformation of surface structures.
Fig. 5. — Les dents brassées perdent leur émail superficiel et deviennent rugueuses.
Fig. 5. — Renioval of the outermost loyer of enamel by rolling induce roughening of the surface,
Fig. 6. — Dans l'eau de mer le brassage des dents induit une dissolution avec un piqué de surface.
Fig. 6. — Corrosion with a pricked effect resullingfrom rolling in sea-water.
Fig. 7. — Usure et déformations plastiques produites par le frottement des abrasifs après transport.
Fig. 7. — After transport wear damage and plastic deformationsinduced by rubbing of abrasiveparticles.
Fig. 8, — Les particules abrasives écrasées entre la surface des dents provoquent de multiples rayures,
Fig. 8. — Grinding abrasion and repeated striations on inner enamel by surfaces crushing abrasive material.
Fig. 9. — L'attaque initiale de la surface par l'acide produit des puits peu profonds.
Fig. 9. — Small pores produced by a first stage acid etching.
Fig. 10. — Une érosion secondaire recouvre les larges puits formés au cours de la fossilization;
Fig. 10. — Erosive damage covers large pits formed duringfossilization.
Fig. 11. — L'érosion résulte de l'action des particules abrasives transportées par levent.
Fig. 11. — The erosive damage has been produced by aeolian solid particles.
Fig. 12. — Crénelures sur fond d'émail poli attribuées à la mastication de végétaux.
Fig. 12. — Crenulalions on blunt surface attributed to plant food mastication.
PLANCHE I/PLATE I PIERRE-FRANÇOIS PUECH
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985 63

cristaux de calcite (fig. 4). L'analyse chimique élémentaire de la poudre a donné les
proportions suivantes : Si = 33. P=20 et Ca = 47. Après « 4000 » km la quantité d'apatite
en poudre est donc plus grande que celle de silice. Nous avons ensuite repris l'expérimen-
tation pour « 2 000 » km supplémentaires. L'usure a été alors beaucoup plus rapide
(fig. 8) et s'est essentiellement produite au niveau des bords des dents qui ont été réduites
de moitié. Les grains de quartz ont été émoussés par le parcours de « 4000 » km c'est
pourquoi la plus grande vitesse d'usure lors du deuxième transport ne peut être dû qu'à
l'effet d'une poudre abrasive plus importante sur des tissus dentaires plus vulnérables, la
couche profonde des dents étant moins dure que la couche superficielle [20].
Le dégagement de la gangue des fossiles se fait parfois à l'acide. Cette méthode
s'applique par attaques partielles et lavages fréquents. Nous avons donc pratiqué à
l'acide phosphorique à 30% une série d'applications d'une durée approximative de 60 s
interrompues de lavages à l'eau courante. L'aspect initial de l'attaque de l'émail consiste
en de petits puits irrégulièrementrépartis suivant la zone choisie et suivant les dents. Ces
puits peu profonds (fig. 9) s'élargissent ensuite pour donner des réseaux avant que
n'apparaisse clairement l'extrémité des prismes de l'émail. Si l'on poursuit l'expérience la
limite des prismes ne peut plus être distinguée et il n'est plus possible d'interpréter la
surface.
L'HOMINIDÉ I DE GARUSI. — Les deux prémolaires de Garusi I sont couvertes de puits
dont le diamètre varie de 0,1 à 2 mm (fig. 10). Notre étude expérimentale, tendant à
simuler les manoeuvres utilisées pour nettoyer à l'acide les fossiles encroûtés n'ont pas
reproduit ces puits mais nous avons noté des altérations similaires sur les fossiles de
Laetoli. Comme de plus ces puits sont recouverts de marques érosives que nous démontre-
rons produites lors de la mise au jour du fossile, nous attribuons ces puits à l'action
chimique des sédiments au cours de la fossilisation.
Nous avons reconnu deux types de surfaces d'érosion par impact. D'une part des zones
d'altération maximale avec accumulation des impacts sur fond d'émail poli au cours de
la vie du sujet (fig. II). D'autre part en périphérie des zones précédentes des surfaces en
« halo ». Cette distribution spaciale appelle un décompte des points d'impact et une
mesure des dimensions des arrachements en relation avec la topographie de la surface
des couronnes dentaires. Contrairement aux puits que nous avons trouvés beaucoup plus
nombreux sur les surfaces occlusales, les impacts intéressent toutes les surfaces à des
degrés comparables. Les particules entraînées par le vent sont de dimensions généralement
comprises entre 50 et 200 nm. Les impacts observés sur la surface des dents de Garusi
ont une longueur moyenne de 13 µm, cette valeur concorde avec l'origine éolienne.
Notons que notre expérimentation pour rendre les effets plus évidents a utilisé une
pression de 4 kg/cm2, valeur bien supérieure à celle du vent, et que dans ce cas la
longueur moyenne des impacts a été de 30 µm (fig. 1). De plus l'examen des dents de
l'Homo sapiens Eyasi I, découvert par Kohl-Larsen non loin de l'Hominidé I de Garusi
en 1935 au lac Eyasi, a montré également de multiples impacts de dimensions compara-
bles. Ces altérations ont donc été faites par les intempéries lors de sa mise au jour peu
de temps avant que le fossile ne soit collecté.
La surface des couronnes telle qu'elle devait être au cours de la vie, c'est-à-dire finement
polie, reste visible entre les impacts ce qui d'après les résultats exoscopiques de notre
présente expérimentation exclut un transport conséquent. Des crénelures sont visibles sur
la cuspide linguale de la première prémolaire, un charriage aurait effacé ces crénelures
(fig. 12). Les crénelures, comparables à celles observées lors d'une précédente étude sur
64 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 1, 1985

les Hominidés de Laetoli [8], sont pourvues de fines stries allant dans la même direction
cequi indique une usure différentielle par frottement des aliments.
CONCLUSION. Après la desarticulation des os tout transport avec frottement usé lés

angles enveloppants. De nombreux spécimens de la faune de Laetoli se trouvent ainsi
altérés [14] cependant notre examen au microscope électronique des prémolaires de Garusi
montre qu'il n'existe pas de superposition d'usure de transport aux traces laissées par
l'usage des dents au cours dé la vie. L'usure produite par les aliments a été voilée par le
choc des poussières transportées par le vent une fois le fossile dégagé de ses sédiments
par l'érosion naturelle. Les marques spécifiques de la mastication sont les crénelures et
les canelures dont la signification a été décrite à propos de la mastication des végétaux
[19].
Cette étude comparée accrédite la capacité de conservation satisfaisante des marques
d'usure des surfaces dentaires des fossiles manipulés dans nos laboratoires puisque là
découverte de Garusi I datera bientôt d'un demi siècle. Dans le cas de Garusi I la
micro-analyse fonctionnelle a été rendue difficile par l'érosion post-mortem et les altéra-
tions chimiques dues à la fossilisation. Ces modifications ont perturbé notre analyse des
conditions de vie de l'Hominidé mais nous ont apporté d'utiles précisions puisque l'étude
expérimentale nous a clairement montré quelles avaient été leurs origines.
Nous tenons à exprimer nos remerciements au professeur H. J. Muller-Beck conservateur du matériel pour
son assistance et son soutien et à l'Université de Tubingen, Institut Fur Urgeschichte, R.F.A., pour sa
participation financière.
Remise le 15 avril 1985.

RÉFÉRENCÉS BIBLIOGRAPHIQUES

[1] P-F. PUECH, Thèse de Doctorat en Sciences odontologiques, Marseille, 1976.


I,
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[11] M. D. LEAKEY, in Les plus anciens Hominidés, U.I.S.P.P., C.N.R.S., Paris, 1976, p. 296-313.
[12] D. C. JOHANSON et T. D. WHITE, Science, 203, 1979, p. 321-330. V
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[14] M. D. LEAKEY,R. L. HAY, G. H. CURTIS, R. E. DRAKE,M. K. JACKES et T. D. WHITE, Nature, 262,
1976. p.
[15] T.D. WHITE, Amer. J. Phys.
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53,
1980,
p.487
-504.

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[17] G. UMRATH et W.LINDEMANN, Early man news, Tübingen, 7 et 8, 1983, p. 61-80.
[18] P.-F. PUECH, Mémoire de D.E.A. en géologie, Marseille, 1980.
[19] J. M. HENSBERGERet W. v. KOENIGSWALD, Paleobiology, 6, (4), 1980, p.477-495.
[20] K, H. R. WRIGHT, Wear, 14, 1969, p. 263-284.
P.-F. P. : Laboratoire de Préhistoire, Musée de l'Homme, place du Trocadéro, 75016 Paris,
B.P.n° 191, 30008 Nîmes;
A. P. : Laboratoire de Géologie appliquée, Université,de Provence,
Centre Saint-Charles, 13331 Marseille Cedex 3;
H. R. : Laboratoire de Préhistoire, Musée de l'Homme, place du Trocadéro, 75016 Paris;
F. C. : Institut de Médecine Légale et de Médecine du Travail,
Faculté de Médecine de Marseille, 13385 Marseille Cedex 5.
C. R. Acad, Sc. Paris, t, e II n° 2, 1985 65

TURBULENCE.— A n des harmoniques spheriques à la représentation et au


calcul des'grandeurs ciné en turbulence homogène anisotrope. Note de Claude

ts
Gambdn et Claude Teissee intée par Michel Combarnous

Nous étudions ici des propriét ères de la base des harmoniques spheriques et des éléments matriciels
de rotation correspondants, en aliser une approche modale des équations, relatives aux quantités
fluctuantes ou statistiques en homogène anisotrope. Dans l'espace physique et dans l'espace de
Fourier, nous proposons en pr une paramétrisation de l'anisotropie par des développements au
même degré. Nous examinons particulièrement le tenseur spectral des corrélations doubles de
vitesse en deux points:

TURBULENCE. — Applicati rical harmonics to representation and computation of the kinematic


field for an hohiogeneous anisot ilence.
ical
tu same
In this paper, specifie properti
are studied in order to carry out
of a homogeneous anisotropic
anisotropy by means of developm
So, pansion
harmonies together with the matrix éléments of finite rotations
of the equations governing the fluctuating or statisticalfield
in both physical and spectral spaces, a parameterization of the
degree is proposed and the Fourier transform of the two-ppint
velocity correlationis particularly

Dans le cas d'une turb omogène axisymétrique, Herring [1] a introduit une
décompositibn du tenseur des corrélations doubles sur la base des polynômes de
Legendre P;°. Pour une an quelconque, par exemple entretenue par un gradient

:
uniforme de vitesse moyen n utilise ici, de façon plus générale, le développement
en harmoniques spheriques s (H.S.).
On considère une grande nie en tout point r de l'espace physique, sa décomposi-
tion au degré N sur la base 8. s'écrit

où les modes sphériques


coordonnées sphériques de
La transformée de Fouris
n et les amplitudes associées Flm(r), sont relatifs aux
reprère fixe (x, y, z).
veloppement de F s'écrit alors :

Le calcul des intégrales ang st rendu accessible en substituant aux coordonnées r,


0, cp de nouvelles coordormé ques r, 0', cp' définies à partir d'un repère orthonormé
dont un axe est colinéaire à
La relation fondamentale

utilisant les éléments matric rotation [3] conduit à exprimer F sous forme d'un
développementau même de ns l'espace de Fourier :

et on passe des coefficients P x coefficients Flm (k) par l'intégrale simple :

0249-6305/85/03010065 $ 2.00 © les Sciences


C. R., 1985, 2e Semestre (T. 30: Série II — 6
66 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985

Fig. 1. — Décomposition en harmoniques spheriques à des degrés croissants de la densité spectrale de l'énergie
e ((k, t)) = 1/2 %i({k, l)) dans le cas d'une solution de distorsion rapide. Q/D=1,00, D.f = 1,00.
Fig. 1. — Spherical harmonies expansion ofthe kinetic energyspectral density
e((k, 1)) = 1/2 <£,,• ((k, f)) at increasing degreesfor rapid distorsion solution 0/0 = 1-0, D .1 = 1.

Fig. 2. — Comparaison de la décomposition en harmoniques de Z((k, t)) et de T({k, r)),


aux degrés 0 et 2, avec la solution exacte de distorsion rapide. Q/D= /1+4IF, D.r = 0,l.
Fig. 2. — Comparison of the expansion of Z ((k, t)) and T ((k, t)) in terni of spherical harmonies,
at degree 0 and 2, with the exact solution of rapid distorsion. fi/D=(l +4IT2) 1'2; D. £ = 0.1.

N, degré de troncature; X, erreur moyenne sur la « sphère » par rapport à la solution exacte;
D, taux de déformation (s-1); £2, taux de rotation (s-1); t, temps (s).
N, truncature degree; X, mean error on the sphere;
D, rate of deformation (s'1); Cl, rate of rotation (s-1); t, time (s).

à l'aide des fonctions de pondération suivantes :

Dans le cas d'une turbulence homogène, l'application de la formule de passage (4) à


chacune des composantes du tenseur des corrélations doubles :

relie les modes spheriques de Rtj à ceux du tenseur spectral <&y. Au degré 0, on retrouve
en particulier le résultat classique de Batchelor, qui associe l'intégrale de Ry sur la sphère
de rayon r à l'intégrale de <!>, sur la sphère de rayon k. A titre d'exemple, la figure 1
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985 67

montre l'influence du degré de troncature N sur la répartition angulaire d'un spectre


d'énergie 1/2^3).. correspondant à une situation anisotrope de distorsion rapide [4]. Les
résultats, numériques laissent supposer que ranisotropie, traduite par une répartition non
sphérique pour £R;i (r) -et £-&it(r) est paramétrisable à un ordre très bas, ce qui est en
accord avec les premières mesures de corrélations tridimensionnelles[5].
En ce qui concerne la décomposition directe de chacune- des commosantes de cp;j-, la
contrainte d'incompressibilité introduit des couplages entre les modes spheriques, et on
préfère alors passer par le repère local de formé complexé, (N, N, pt) lié à k tel que :

n étant un vecteur polaire choisi arbitrairement et N désignant le vecteur complexe


conjugué de N. Ce repère conduit au paramétrage strict de .0y suivant la relation :

construite à l'aide d'un nombre minimal de fonctionsscalaires incluant tous les invariants
de cpy. à savoir :

densité; spectrale de l'énergie cinétique turbulente;

déviateur complexe :

spectre, de l'hélicité.
L'expression au pôle de Z:

obtenue en prolongeant par continuité la définition du repère local montre que Z n'est
pas en toute rigueur décomposable sur la base des harmoniques sphériques (scalaires).
Seuls les invariants e, |z| et h ne posent à cet égard aucun problème. Cette difficulté
pourra être levée en grande partie en introduisant une fonction complexe T(k) définie de
façon implicite par la relation :

qui assure la convergence de tPy aux pôles et permet de reporter le développement H. S.


au niveau de T.
Sur la figure 2, on compare la quantité |Z| obtenue :
(a) par une décomposition directe de | Z | en H. S. (développement:Convergent);
(b) en remplaçant Z par son développement (non convergent) au même degré;
(c) en remplaçant T dans (8) par son développement (non convergent) au même degré.
68 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985

Pour les bas degrés (qui seuls présentent un intérêt pratique), il apparaît que la décomposi-
tion appliquée à T plutôt qu'à Z améliore la représentation de Z, et donc celle de son
module |z|.
En outre, cette représentation du tenseur spectral <Dy permet de situer le degré de
troncature dans la paraméirisation angulaire de Cambon et coll. [6], bien validée pour
les écoulements cisaillés. Cette modélisation prend la forme suivante dans le système e,
Z,h:

où E et Hy désignent respectivement la demi-trace et le déviateur sans dimension de


l'intégrale sphérique de <Dy tandis que _a{k) est un paramètre non directionnel. Notons
enfin que l'on peut, de plus, choisir l'axe polaire, en accord avec les symétries, pour
rendre cette paramétrisationde Z rigoureusement compatible avec la relation (8) de sorte
que :

Cette modélisation donne donc un degré de dépendance angulaire comparable à un


développement au degré 2 pour e (imposé par le terme a® a) et au degré 0 pour T, les
divers modes spheriques étant de surctoît fermés à l'aidé de E et Hy selon une voie très
particulière.
Notons pour conclure que la décomposition en harmoniques spheriques paraît bien
adaptée à une représentation statistique modale de la turbulence anisotrope, aussi bien
dans l'espace physique que dans l'espace de Fourier. La méthode proposée ici satisfait la
contrainte d'incompressibilité, tout en tenant compte explicitement du caractère multivo-
que introduit par le repère local. Pour une exploitation future du formalisme au niveau
des équations de moments statistiques, cette représentation devrait conduire à un système
complètement développé d'équations régissant les modes spheriques significatifs.
Remise le 21 janvier 1985, acceptée le 25 février 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] HERRING, Phys. Fluids, 17, n° 5,. 1974, p. 859-872.


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[4] C CAMBON, Thèse d'Etat, Lyon-I, 1982.
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École centrale de Lyon, Laboratoire de Mécanique des Fluides,


Unité associée au C.N.R.S. n° 263,
36, avenue Guy-de-Collongue, B.P. n° 163, 69131 Écully Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985 69

PHYSIQUEDE LA MATIÈRE CONDENSÉE. — Déformationplastique d'un mono-


cristal soumis à des déformations et des contraintes imposées. Expression du travail des
contraintes non-imposées pendant la déformation. Note de Roland Fortunier, Jullian
Haworth Driver et Michel Wintenberger, présentée par Jean-Jacques Trillat.

Quand le nombre des systèmes de glissement à l'état critique est supérieur à celui des déformations imposées,
les amplitudes des glissements sont indéterminées, bans une Note précédente, il a été montré que la solution
réelle minimise, pour une petite déformation, le travail des contraintes non imposées. Nous montrons ici que
ce travail est généralement une fonction linéaire des amplitudes des glissements et, de ce fait, ne
présente pas
d'extrémum. Dans le cas où l'on impose toutes les déformationsà un cristal c. f. c. (problème de Taylor) il en
résulte qu'au plus cinq systèmes sont actifs parmi les six ou huit à l'état critique.

CONDENSED MATTER PHYSICS. — The plastic deformation of a single crystal under imposed strains
and stresses. Expression for the work of the non-imposed stresses during the deformation.
When the number of slip Systems at the critical resolved shear stress is greater than the number of imposed
independent strain components, the slip amplitudes are indeterminate. In a previous Note it has been shown that
the actual solution, for a small deformation, minimises the work of the non-imposed stresses. In the present Note
it is shown that this work is, in generail, a linearfunction of the slip amplitudes and therefore does not exhibit an
extremum.
This result is obtained by considering two successive, infinitely close, deformationstates (termed I and II) during
the deformation of a single crystal for which the strain components ea$ are imposed (the corresponding stress
components CT„P are non-imposed). The work increment dT between these two states can be expressed simply in
terms of the variations of the non-imposed stresses daafi [equation (3)]. It is then shown that, to a first Order
approximation,the da^ are linearfunctions of the variations of the generalized Schmid factors dmpf [equation (4)]
and hence of the slip amplitudes A/, with the additional assumption that the work hardening rates, dr{, of the slip
systems are linear in XJ.
f
For the particular case where all five independent strain components are imposed on an c. c. crystal (the
Taylor problem), the present analysis leads to the conclusion that five, at most, of the six Or eight critically
stressed Systems, will be active.

INTRODUCTION. — Dans trois Notes antérieures ([1], [2], [3]) un des auteurs a exposé
deux méthodes générales pour déterminer les systèmes de glissement à l'état critique au
cours d'une déformation plastique homogène et très lente d'un monocristal rigide-
plastique soumis à des conditions qui imposent pour chaque couple d'indices (p, q) soit
un incrément très petit de déformation epq, soit la contrainte upq. Ce sont des généralisa-
tions des méthodes proposées par G. I. Taylor [4] et J. W. Bishop; et R. Hill [5] pour le
cas particulier ou la déformation est complètement imposée.
Lorsque le nombre, n, des systèmes de glissement à l'état critique est égal à celui, p,
des déformations imposées eap, les amplitudes, X\ des glissements correspondants sont
déterminées sans ambiguïté mais quand n>p, cas que nous traitons ici, les À/ sont
indéterminés. Il existe alors une infinité de déformations pour lesquelles les 7J satisfont
aux p conditions sur les déformations imposées. Or, si pour chacune d'elles le travail des
contraintes non imposées T = aapeaP est le même [1], une deuxième petite déformation
respectant les conditions imposées demandera un travail des contraintes non imposées
T-rdT qui sera fonction de la première déformation. Il a été montré théoriquement [3]
que la solution réelle minimise dT parmi les solutions possibles. Ces solutions doivent
nécessairementêtre compatibles avec les déformations imposées et telles que les systèmes
actifs au cours de la première déformation restent à l'état critique à la fin de celle-ci. Ce
résultat a été vérifié expérimentalement d'une manière satisfaisante en déformant des
monocristaux d'aluminium par compression plane totalement ou partiellement
imposée ([6], [7], [8]).

0249-6305/85/03010069 $2.00 © Académie des Sciences


70 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985

Dans cette Note nous montrons que l'expression de dT est en général et au premier
ordre une fonction du premier degré enlJ. Ainsi dT n'a pas d'extrémum; nous donnerons
un exemple d'application de ce résultat.
DÉFINITION DU PROBLÈME.

Nous nous plaçons dans un repère fixe orthonormé lié à
l'outil de travail, (machine de traction, laminoir,..). A chaque étape la déformation est
caractérisée par :

les déformations eap, infiniment petites, imposées au cristal; les déformations ea.§.
ne le sont pas. Le nombre, p, des eoeP est au plus égal à 5 car la conservation du volume
du cristafimplique e11-t-é22+ e33=0.
-
les contraintes imposées aa. p.; les contraintes CTap ne l'étant pas. Nous supposerons
que cinq contraintes au plus sont imposées. Le cas particulier où toutes les contraintes
sont imposées fera l'objet d'une publication ultérieure;

l'orientation cristalline du monocristal par rapport au repère. Celle-ci intervient par
l'orientation des systèmes de glissement au travers des facteurs :

où fiJ et vJ sont les vecteurs unitaires parallèles respectivementà la direction de glissement


du système j et à la normale: à son plan de glissement;

les tissions critiques %{ des systèmes de glissement dont n sont à l'état critique. En
choisissant le sens de p,j ou vJ on peut toujours avoir x^>0 ce qui entraîne A/^0.
L'énergie de déformation du cristal pour la déformation (eap, ea.p;) vaut :

Considérons alors deux états successifs infiniment voisins :

Les quantités non imposées par les conditions initiales sont soulignées et les contraintes
CTap sont obtenues en déterminant les systèmes de glissement à l'état critique par les
méthodes exposées en [1]. Les variations <ieaP et dcj^^, des conditions imposées sont
supposées très petites devant eaP et aa. L'état I étant connu nous ne considérerons
p,.
maintenant que les états II se déduisant de l'état I par des glissements eristallographiques
À/ïïO tels que :

ils respectent les déformations imposées au cristal (condition A) par les relations :
(1) eap mi$M

(p relations, n inconnues),

s'ils sont actifs à l'état I, ils doivent rester critiques pendant la déformation reliant
les deux états (condition B). C'est une condition nécessaire pour la solution réelle. Les
contraintes non-imposées au cristal varient alors de manière continue entre l'état I (aaP)
et tous les états II infiniment voisins (aaP + daap).
Si on généralise la conclusion de [3] au cas où les ieap et da^ ne sonL pas nuls la
p-
solution réelle est celle qui minimise à l'état II le travail des contraintes non imposées :

parmi toutes les solutions respectant les conditions A et B. Or, la condition A implique
que la valeur de T est la même pour chaque solution [1]. La solution réelle doit donc
minimiser :

sous les conditions A et B.


C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2,1985

Dans (3) seuls les termes dcjap ne sont pas connus ou imposés par les conditions
71
initiales. Le problème revient donc à exprimer les der^p.
EXPRESSION DE dT. — La condition A s'exprime par les relations (1). A chaque solution
respectant cette condition correspond un vecteur %, de composantes V20, borné par la
relation T = Cte [1].
Lorsque n>p, le choix de la solution réelle se fait parmi les états II (donc les
vecteurs X) qui respectent la condition B. Cette condition exprime que les systèmes actifs
restent à l'état critique en II, c'est-à-dire que :

soffe w^SêM^ ^«.:

Les terrnes:dx{ et dmpq(àm3^ et dm^.p,) ne sont pas connus et dépendent des XJ. D'une
part nous supposerons que les d\{! sont linéaires en 7J et d'autre part on peut montrer
facilement ([1], [2], [3]) que les dmPq sont, au premierordre, des fonctions du premier
degré'enX3. Ainsi les membres de droite des relations (4) sont des fonctions du premier
degré en A/. Donc si on néglige dans les membres de gauche les termes dm{^daap devant
jn^da-p les da^ sont, au premier ordre, des fonctions du premier degré en XJ définies
explicitement par inversion du système (4). En effet, d'après les relations (1), le nombre
de systèmes actifs est au moins égal au nombre de déformations imposées. Donc si l'on
reporte les <foaP dans (3), l'expression de dT devient du premier degré en Xj et de ce fait
né présente pas d'extrémum. C'est le résultat que nous voulions montrer (*).
Il est alors possible d'utiliser la programmation linéaire ce qui permet d'obtenir
commodément la solution réelle. Il s'ensuit que le nombre de XJ non nuls est généralement
égal au nombre des déformations indépendantes imposées, soit p.
EXEMPLE D'APPLICATION : DÉFORMATIONCOMPLÈTEMENTIMPOSÉE D'UN MONOCRISTALC. F. C.
(PROBLÈMEDE TAYLOR). — A chaque étape de la déformation, on montre que soit six soit
huit systèmes de glissement sont à l'état critique [5] alors que cinq suffisent à assurer la
déformation. Nous ne considérerons que les cas où six systèmes sont critiques à l'état I
et le restent à l'état II (cas généraux où la condition B est vérifiée pour deux états très
voisins). D'après la condition A, le vecteur À, d'une solution réelle doit vérifier :

La valeur maximale de Xe étant alors la plus petite qui rend un des X* nul, dT devient :

SuivantTé signe de t, dT sera minimal, soit pour A,6=0, soit pour X6 maximal, ce qui
entraîné qu'un autre A.1 soit nul. La solution réelle ne comporte donc généralement que
cinq systèmes actifs. D'après ce que nous avons dit plus haut ce résultat est aussi vrai

(
dans les cas où huit systèmes sont à l'état critique.
1) Ce résultat avait déjà été constaté expérimentalement par A. Skalli ([6], [7] et Thèse d'État, 1984).

Remise le 18 février 1985, acceptée le 15 avril 1985.


72 C. M. Acad. Sc.Paris, t. 301, Série II, n°2, 1985

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[5] J. W. BISHOP et R. HILL, Phil. Mag., 42, 1951, p. 414-427 et 1298-1307.
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[8] J. H. DRIVER, A. SKALLI et M. WINTENBERGER, Phil. Mag., 84, 1984, p. 505-524.

R. F. et J.-H. D. : École des Mines de Saint-Étienne,


158, cours Fauriel, 42023 Saint-Étienne Cedex;
M. W. : Société Pechiney, B.P. n° 787-07,
23, rue Balzac, 75360 Paris Cedex 08.
C. R. Acad, Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985 73
PHYSIQUE DE LA MATIÈRE CONDENSÉE. — Tendance à la vitrification et
propriétés physiques d'alliages amorphes à base d'aluminium. Note de Jean-Marie Dubois
et Gérard Le Caer, présentée par Paul Lacombe;

Nous exposons succintement une description de la structure des verres métalliques qui permet de définir
deux règles de choix des systèmes amorphisables. Ces règles sont testées sur des alliages à base d'aluminium
qui sont obtenus sous forme de rubans amorphes par trempe depuis l'état liquide. Quelques propriétés physiques
de ces échantillons sont étudiées.

-
CONDENSED MATTERPHYSICS. Glass forming tendency and physicalproperties of alumimum-based
amorphous alloys.
We explain briefly a structuraldescriptionof metallicglasses which allows us to define two rules in view of the
choice of amorphisableSystems. Theserules are checked with aluminium based alloys. These alloys are glazed
in ribbon shape by melt spinhing. Some of their physical properties are investigated.

Résumé d'un document retiré du pli cacheté n° 16332, accepté le 7 juin 1982, ouvert en la séance du 28 mai
1984 et dont le texte complet peut être consulté à l'Académie.

I. INTRODUCTION.

L'étude de la structure des alliages amorphes métal de transition
M-métalloïde X a donné naissance à différents modèles qui reposent sur deux conceptions
différentes de l'ordre local :
1. L'ordre local résulte d'un empilement aléatoire de sphères dont la compacité est
maximale ([1] à [3]).
2. L'ordre local est gouverné par une chimie locale (que l'on ne sait pas définir
explicitement) qui dépend des éléments constituant l'alliage ([4], [5]).
Dans les modèles dé type 1, la fonction de distribution radiale dépend surtout du
rapport dés rayons atomiques ri^/rM. L'analogie avec une solution solide interstitielle a
permis à Polk [1] de calculer des limites du domaine d'existence de l'état amorphe en
accord raisonnable avec l'expérience. Toutefois, si ces modèles rendent généralement bien
compte des fonctions de distributions radiales, ils ne s'accordent pas avec certains résultats
d'études locales; comme la spectrométrie Mössbauer ou l'EXAFS [8].
Les modèles de type 2 considèrent la structure amorphe comme le résultat d'un
empilement d'unités structurales choisies par référence aux composés cristallins de compo-
sition voisine de l'alliage amorphe où la chimie locale est réputée avoir les mêmes
conséquences sur l'ordre local que dans l'alliage amorphe.
Dans les borures, phosphures et siliciures de métaux de transitions amorphes, le choix
du tétrakaïdécaèdre (fig. 1) s'impose puisque les structures de très nombreux composés
cristallins sont constituées à partir de cette unité structurale.
II, GÉNÉRALISATION DU MODÈLEDE GASKELL. — Dans le modèle de Gaskell [4], les unités
structurales sont interconnectées par les arêtes des faces triangulaires du prisme trigonal
(formé par les atomes 1 à 6 de la figure 1). Selon que le choix de l'arête commune est
répété identiquement à lui-même ou au hasard, on peut générer le composé cristallinPd3Si
ou un alliage amorphe. Nous avons proposé de généraliser ce mode de construction [6] en
utilisant des opérations structurales tel que le maclage chimique [7] qui peut être étendu
à la plupart des structures des composés M-X. Il permet de faire varier leur composition
en jouant sur la nature et la périodicité des opérations structurales, c'est-à-dire sur la
règle de connectivité entre unités structurales. Dans le cas d'une structure amorphe, le
désordre peut être introduit simplement en limitant la portée des opérations structurales.

:0249-6305/85/03010073 $2.00 © Académie des Sciences


74 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° ,2, 1985

Les règles de choix des alliages amorphisables reposent donc sur là structure des
composés cristallins de composition voisine. Ces structures doivent être caractérisée par :
1° l'existence d'unités structurales provenant de la répulsion entre atomes d'une espèce;
2° la faible symétrie de l'unité structurale.
Ces unités structurales forment un polyèdre de coordination des atomes les plus gros
autour des atomes les plus petits, ce qui permet d'obtenir un empilement compact des
atomes les plus gros. L'étendue du domaine de composition amorphisables résulte des
différentes possibilités de connection entre unités.
Les alliages à base d'aluminium fournissent de bons exemples pour vérifier ces règles
puisque plusieurs composés binaires dont Al3Ni et Al2Cu sont bâtis à partir d'unités
structurales bien caractérisées (tétrakaïdecaèdre, antiprisme). L'analogie structurale des
systèmes Al-Ni et Al-Cu avec les systèmes Co-B et Fe-B, facilement amorphisables, est
d'ailleurs frappante puisque les composés Al3Ni et Al2Cu sont respectivementisomorphes
des borures Co3B et Fe2B.
III. RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX. — Les alliages mères ont été trempés depuis l'état
liquide (par la méthode du tambour tournant) avec une vitesse de refroidissement de
l'ordre de 106K.s_ 1. Les échantillons ont été obtenus sous forme de rubans d'épaisseur
inférieure ou égale à 20 µm et de 1 mm de largeur. Un grand nombre de compositions
ont été éprouvées. Les alliages binaires ne fournissent pas de verre métallique à l'aide de
la méthode utilisée. Ce résultat est en accord avec ceux d'expériences antérieures qui
avaient montré que les systèmes Al-Cu [8] et Al-Cr [9] ne produisent une phase amorphe
qu'avec des vitesses de refroidissement très élevées (>109K.s_ 1) et en quantité extrême-
ment faible.
La combinaison des deux éléments Cu et Ni à l'aluminium permet par contre d'obtenir
un échantillon partiellement amorphe (^50% pour Al83Cu10Ni7), L'addition au système
EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 1. Unité structurale tétrakaïdécaédrique.



Fig. 1. — Tetrakaïdekahedralstructural unit.
Fig. 2. — Diagramme de diffraction des rayons X (X = 1,788 2 A) d'un échantillon amorphe de composition
Alg0Cu10Ni8Mo2.
Fig. 2. — X-ray diffractionpattern $.= 1.7882 Â) of a glassy sample of composition Al80Cul0Ni8Mo2.
Fig. 3. Agrandissement dans le domaine 15 g 2 8 g 60° du diagramme de la figure 2.

Fig. 3. — Enlargement in the 15 g 2 6 S 60° range of the pattern offigure 2,
Fig. 4. — Variation avec la température de la. résistance électrique réduite r = R(T)/RC. (20°C) de l'alliage
amorphe AlsoCu10Ni8Mo2.
Fig. 4. — Températuredependence of the reduced electriçalresistance r=R(T)/RC (20°C) of a Al80Cu10Ni8Mo2
glassy sample.
Fig. 5. — Microdureté et structure de différents alliages de composition Al80Çu10Ni8Mo2 traités à 150°C.
Fig. 5. — Microhardnessand structure of different alloys of composition Al80Cu10Ni8Mo2heat treated at 150°C
Fig. 6. — Variation à basse température de la résistance réduite ï-*==R(T)/R (300 K) des alliages amorphes, a,
Al80Cu10Ni8Mo2; b, Al70Cu13Ni11Mo2,5Si3,5;c, Al73Cu14V10Mo1Si2.
Fig. 6. — Low temperature dependence of the reduced resistance r*=R(T)/R (300 K) of omorphous alloys; a,
Al80Cu10Ni8Mo2; b, Al70Cu13Ni11Mo2,5Si3,5;c, Al13Cu14V10Mo1Si2,
PLANCHE I/PLATE I JEAN-MARIE DUBOIS
C. R. Acad. SC. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985 77

Al-Cu-Ni d'éléments amorphisants bien connus pour les alliages ferreux tels le molybdène
ou le silicium conduit alors à des échantillons totalement amorphes. Les compositions
de ces verres métalliques peuvent être décrites par la formule générale AlxCuyMzAa,
x+y + z + a = l, avec 0,6 g x g 0,85, 0,08^-^0,2, 0,08 ^z g 0,2, a < 0,06. M est un métal
de transition, généralement Ni, mais cet élément peut être remplacé par Ti, V, etc., A
représente les amorphisants tels que Mo, W, Si.
La figure 2 présente le diagramme de diffraction des rayons X (A.(K=[Co) = 1,7882 A)
d'un échantillon de composition Al80Cu10Ni8Mo2.Ce diagramme démontre que l'échan-
tillon est bien amorphe puisque toute raie fine a disparu. Il apparaît un prépic intense
vers 29 = 30e.
Un prépic semblable a été observé par diffraction de neutrons dans des alliages comme
Co-P ou Co-B [6] pour lesquels la densité de longueur de diffusion nucléaire cohérente
présente des maximums localisés aux sites du métalloïde, c'est-à-dire au centre des unités
structurales. Dans les hypothèses du modèle de structure décrit ci-dessus, cette situation
est également caractéristique de la diffraction des rayons X par l'alliage Al80Cu10Ni8Mo2
amorphe puisque les facteurs de diffusion atomique de Cu et Ni sont supérieurs à celui
de l' aluminium.
La figure 3 montre un agrandissement du diagramme de la figure 2 dans le domaine
angulaire 15^2 0g60. Outre le prépic déjà mentionné, on distingue une structure sur le
premier pic intense. Nous attribuons ces trois composantes respectivement aux contribu-
tions des paires métal (Cu, Ni)-métal (Cu, Ni), Al-Al et Al-métal (Cu, Ni). On peut alors
déduire des positions des pics de la figure 3 les distances de paires moyennes :
A1-A1~2,8Â, A1-M~2,6Â, M-Ma4,2 Â qui sont voisines des distances déterminées
dans les composés Al3Ni et Al2Cu.
IV. PROPRIÉTÉS PHYSIQUES.La masse volumique de l'alliage amorphe Al80Cu10

Ni8Mo2 (mesurée par la méthode d'Archimède dans un bain de décaline) est
d = 3,7 g.cm- 3.
La microdureté de cet alliage sous des charges de 5 et 15 g est Hv = 300±40 kg. mm- 2.
Cette valeur est supérieure à celles des meilleurs alliages aéronautiques. Ces résultats,
suggèrent que ces alliages pourraient présenter un intérêt pratique lié à leurs propriétés
mécaniques.
La figure 4 présente l'évolution avec la température de la résistance électrique réduite
?- = R (T)/RC (20°C) de ce même alliage [RC (20°C) : résistance à la température ambiante
de l'échantillon complètement cristallisé, vitesse de chauffage 10°C.mm-1]. Il est intéres-
sant de noter que le rapport R (20°C)/RC (20°C)~7 est à notre connaissance le rapport
le plus élevé mesuré à ce jour dans un alliage avant et après cristallisation. Deux chutes
brutales de r qui débutent respectivement à T1 = 150°C et T2 = 210°C sont observées.
Elles sont suivies de plusieurs variations de faible amplitude qui peuvent être attribuées
aux phénomènes de mise en ordre des phases métastables et à l'apparition des phases
d'équilibre.
En confondant T1 avec la température de transition vitreuse Tg, on peut estimer la
température de transition vitreuse réduite Tr = T9/Tj.~0,5 (fusion~830 K). Cette valeur
est caractéristique des alliages obtenus à l'état amorphe par trempe depuis l'état liquide
avec des vitesses de refroidissement de l'ordre de T = 105 — 106K.s-1.
Un traitement isotherme à 150°C entraîne également la cristallisation de l'alliage; Les
échantillonsmicrocristallïns,qui sont obtenus après ce traitement, permettent de préparer
dès échantillons massifs par cornpaction à froid. Leur microdureté, qui est reliée à l'état
78 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985

microstructural (fig. 5), peut être très élevée (H„~600 kg.mm-2). Cette propriété milite
en faveur de l'utilisation de ces nouveaux alliages comme matériaux de base de la
métallurgie des poudres d'alliages d'aluminium.
Enfin, la figure 6 rassemble nos mesures à basse température de la résistance réduite
r* = R(T)/R (300 K) de trois échantillons amorphes. Les coefficients de température sont
négatifs. Le vecteur d'onde de Fermi kF est donc voisin de Km/2 où Km est la position
du maximum du premier pie du facteur de structure de l'alliage [11] soit Km = 3,14 Â" 1
d'après la figure 3. La densité d = 3,7 g.cm- 3 de l'alliage Al80Cu10Ni8Mo2 permet alors
de calculer la valence effective définie par Z = (/c|n)/(3 %Î) [11] où Ci est le volume atomique
moyen, sbit Z~2e" at- 1. Cette valeur est en accord raisonnable avec la valence effective
Zc = 2,5 e~ at- 1 qui peut être attribuée à cette composition avec 3e~/atAl,
0,5e"/at Ni [10] et 1 e"/at Cu.
La résistance réduite varie de façon parabolique à basse température (T<TD, tempéra-
ture de Debye) et diminue linéairement avec T à plus haute température. On peut ébaluer
là température de Debye à partir des coefficients de température s1 = dr/dT et s2 = ô2r/dT2
des domaines de variation respectivement linéaire et parabolique, soit TD = n2s1/(6s2).
Les résultats sont reportés dans le tableau.
Par ailleurs, la présence d'un maximum de r* vers T = 55 K (Al80Cu10Ni8Mo2) est en
accord qualitatif avec les prévisions théoriques de Meisel et Cote [10] pour une tempéra-
ture de Debye élevée et une valeur du produit Kmc = 8 (a.': diamètre atomique moyen,
ici a = 2,8 Â).
V. CONCLUSION. De nouveaux alliages amorphes à base d'aluminium ont été élaborés.

Ils constituent des matériaux particulièrement intéressants tant pour leurs propriétés
physiques que pour leurs applications potentielles. L'existence d'un prépic en diffraction
des rayons X permet de considérer que ces alliages sont particulièrement bien adaptés à
l'étude de l'ordre local.
Nous remercions K. Dehghan et C. Tête pour leur aide lors de l'élaboration des alliages et M. A. Pianelli à
qui nous sommes redevables des diagrammes de diffraction. Cette étude a considérablementbénéficiéde l'appui
et des conseils de M. G. Beck.
Remise le 4 mars 1985, acceptée le 1er avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Laboratoire de Métallurgie associé au C.N.R.S.-L.A. n° 159;


E.N.S.M.O.M., parc de Saurupt, 54042 Nancy Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n°

ÉLECTRONIQUE.
2, 1985

plans
79
— Impédance mutuelle et couplage entre deux doublets repliés
parallèles en fonction de leur écartement. Note de Gérard Dubost et Serge Gueho, présentée
par Pierre Grivet.
Les doublets repliés plans sont très utilisés à raison de plusieurs centaines d'unités dans des réseaux actifs
ou passifs réalisés en circuits imprimés. La théorie du couplage s'appuie sur une distribution sinusoïdale du
potentiel et des courants de conduction et néglige le couplage dû aux ondes guidées dans le substrat. Les
résultats expérimentaux sont en bon accord avec la théorie et prouvent que le couplage aérien est prépondérant.

ELECTRONICS. — Mutual impédance and coupling between two flat folded parallel dipoles in terms of
their distance.
Several flat radiating active or passive arrays with more thon several hundred such radialing sources have been
yet studied and realized. The mutual coupling may in principle, be due to either guided waves, or sky waves or
both. In our theory, guided waves will be neglected, and eleclricaland polarization current distributions are given
with sinusoïdal assumption. We obtain correct agreemenl between theoreticaland expérimental results.

INTRODUCTION. — Le doublet replié plan à large bande [2] a été récemment utilisé, à
raison de plusieurs centaines d'unités, dans des réseaux réalisés en double circuit imprimé
[3]. C'est ainsi qu'un réseau passif plat a très faibles lobes secondaires, entre 5,25 et 5,45
GHz, comprenant 128 doublets a été étudié, réalisé, puis associé au scattéromètre destiné
au satellite européen d'observation de la terre E.R.S. [4]. Un réseau plat actif comprenant
256 doublets et 60 commutateurs électroniques intégrés possède une directivité ou focale
variable dans la bande de 11,7 à 12,4 GHz et permet une acquisition et poursuite dans
deux plans orthogonaux [5].
Rappelons, pour mémoire, le réseau plan à 1024 doublets à grand gain (37 dB)
destiné à la réception des télécommunications et télévision diffusées par satellites géosta-
tionnaires [1].
Si le fonctionnement radioélectrique du doublet est à présent bien connu, et si au cours
des études des différents réseaux le couplage entre deux sources a été mesuré pour quelques
écartements, il devenait nécessaire d'évaluer théoriquement ce dernier en l'exprimant, si
possible, par une formule littérale en fonction des paramètres géométriques les définissant.
La réalisation de cet objectif fait l'objet de ce compte rendu.
.

THÉORIE.

La figure 1 présente la disposition de deux doublets repliés plans et
parallèles séparés par une distance D variable. Le couplage « aérien » doit être prépondé-
rant devant le couplage par le substrat diélectrique d'épaisseur H. En effet, le comporte-
ment radioélectrique de chaque source, modélisée avec succès à l'aide de lignes de
transmission fonctionnant en modes TEM, est tel qu'il ne peut donner lieu, en première
approximation, à des modes TE ou TM non évanescents qui se propageraient dans le
diélectrique. Cette hypothèse sera justifiée dans la mesure où le couplage « aérien »
théorique présenté dans cette Note coïncidera avec l'expérimental jusqu'à des valeurs très
faibles. Le champ lointain rayonné par un doublet seul est dû, selon le principe d'équiva-
lence en volume, aux distributions de courants électriques I et de polarisation Ip le long
de l'axe Oz et qui sont donnés par les deux expressions suivantes :

0249-6305/85/030100.79. $ 2.00

C.R.,1985, 2e Semestre (T. 301)


©/ Académie des Sciences
Série II — 7.
80 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985

Fig. 1.

Schéma des deux doublets repliés couplés.
Fig. 1.

Scheme of two coupled folded doublet.
Fig. 2. —
Modélisation d'un seul doublet replié.
Fig. 2. — Folded doublet modelization.

avec :

2Ve est le potentiel appliqué entre les deux bords de la coupure (fig. 2) k est le nombre
d'ondes le long des lignes équivalentes de transmission et E la constante diélectrique du
substrat (E = £0Er).
W est la largeur du brin central (fig. 1) et Z,. est l'impédance de rayonnement
du doublet rapportée au milieu de la coupure, x et z sont les vecteurs unitaires des axes
x et z.
La longueur équivalente l de la ligne est donnée par l'expression :

où 2h0 est la longueur géométrique de chaque fente rayonnante de largeur s (fig. 1). Le
terme A/i0 tient compte de l'effet d'extrémité de chaque fente et du couplage entre chaque
brin replié et le brin central.
Tenant compte de l'image électrique du doublet, le champ électrique rayonné dans le
« plan H » et dans la direction 0 = n/2 et cp variable, est égal à l'expression :

k0 = 2n/X0, \J/ et R0 sont en espace libre respectivement le nombre d'ondes, la fonction


de Green et la résistance.
Le champ électrique (4) est dû uniquement à la distribution du courant électrique (1).
En effet, dans le plan 0=7i/2 il y a neutralisation de la composante du champ dû à la
distribution du courant de polarisation (2).
Dans la direction du deuxième doublet, c'est-à-dire lorsque :
(p = cpn = K/2 — arc tg(H/D)^7i;/2—H/D avec R~D et H<§D, l'expression (4) s'écrit :

où est la constante diélectrique relative équivalente : ee = (k/k0)2. Le potentiel U qui


Ee
apparaît à travers, la coupure du doublet ouvert non alimenté est égal à l'expression :
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301,Série
II,
n°2,
1985 81

Fig. 3; — Impédance mutuelle Z12 = Ri2-tJ'X1? (Q)


de deux doublets repliés en fonction de D/^o à 9,5 GHz.
Fig. 3 — Mutual impédance X12.
of two folloed doublet in ternis of T>]%Q.
Fig. 4. Coefficientde couplage C{dS) en fonction de T>JX0 à 9,5 GHz.
—, —
théorie;/###, points de mesure; — —, courbe moyenne de la mesure.
Fig.4. — Coupling factor C (dB) in terms of D/Xg.
— —,
theory; @®0, measurementpoints; ---— —, mean curve of measurement.

L'équation (7) est valable dans la mesure où on néglige, au niveau de la coupure; le


courant de polarisation devant le courant de conduction, ce qui est pratiquementtoujours
vérifié. D'après (1) et (2) la condition de validité s'écrit :

A l'aide de (5), (6) et (7), pn déduit l'impédance mutuelle Z12 et le Couplage C, soit :
RN désigne la résistance de normalisation.
COMPARAISON AVEC L'EXPÉRIENCE. INTERPRÉTATION.

Le modèle éprouvé correspond
aux dimensions suivantes :

Avec ces caractéristiques, la condition de validité (8) est bien vérifiée. En effet, pour cette
fréquence de résonance égale à 9,5 GHz, la résistance de rayonnement Rr est égale à
55 Q. Avec ces valeurs on déduit, à partir de (9) et (10), les courbes des figures 3 et 4
valables pour fr = 9,5 GHz en fonction de l'écartement D rapporté à la longueur d'ondé
d'espace libre X_0. Sur la figure 3, l'impédance mutuelle théorique Z12 = R12+jX12 est
82 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985

une spirale dont le point courant correspond au paramètre D/À,0. Le module de Z12 (9)
est inversement proportionnel à D 2. Le coefficient de couplage théorique C (10) présenté
sur la figure 4 varie donc, en fonction de D/À,0, suivant la loi :

où C0 est le couplage pour D = X0.


On a représenté sur la figure 4 cinq points de mesure du couplage correspondant à
cinq écartements. On constate une bonne coïncidence pour les faibles écartements qui
seuls sont intéressants pour les réseaux; par exemple : 0,6<;D/À0:g0,9. Pour des écarte-
ments plus grands le couplage mesuré est plus faible que le théorique. Cette différence
s'explique par le fait que dans la théorie, nous avons négligé le couplage par ondes
guidées dans le substrat diélectrique.
CONCLUSION. Cette théorie, qui utilise le champ lointain rayonné par un doublet

replié plan fonctionnant en régime transversal électromagnétique, permet néanmoins de
prédire le couplage entre deux tels doublets parallèles pour lesquels on néglige les ondes
guidées dans le substrat diélectrique. L'expériencejustifie cette théorie et prouve que le
couplage est essentiellement « aérien ».
Remise le 4 mars 1985, acceptée le 15 avril 1985,

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] G. DUBOST et C. VINATIER, Large bandwidth and high gain array of flat folded dipoles acting at
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[2] G. DUBOST, G. BEAUQUET et C. VINATIER, Theoretical radiation admittance of a large bandwidth flat
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[3] G. DUBOST, Improvements in printed-circuit radiating sources and arrays, Colloquium on receiving
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[4] G. DUBOST, D. BEGUIN, E. CHAPUIS et A. AURIOL, Réseau plat à grand gain et à faibles lobes secondaires
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[5] G. DUBOST et P. POTIER, Réseau plat à commutation électronique de faisceaux dans la bande des
12 GHz, L'onde Électrique, janvier 1985.

Laboratoire Antennes et Rayonnement,


avenue du Général-Leclerc, B.P. n° 25 A, 35042 Rennes Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985 83

CHIMIE DE COORDINATION. — Stéréochimie dynamique de la substitution


TiBr > TiS (p
dans les complexesthiocyaniques dérivés du titanocène. Support cristallochi-
mique. Note de Jack Besançon, Dimitri Camboli, Bernard Trimaille et Yves Dnsausoy,
présentée par Jean Tirouflet.

On décrit la réaction d'échange au niveau d'un atome de titane chiral :

Cette réaction apparaît sélective et sléréospecifique.L'a stéréospécificité correspond à une inversion de

If-^i
configuration. Ce résultat s'appuie en partie sur la détermination de la structuré de la forme F 173°C du
complexe ^ii^fl'5*Gp,,-Tij[N.CS)'-S.^i'qui cristallisedans l'holoédrie du système orthorriombique groupe d'espace
P
a
b c avec =12,15A, b = 15,43Â et c = 22,12Â. Dans le cadre de la nouvelle nomenclaturede Seebach cette
structure correspond à la forme

réaction:
COORDINATION CHEMISTRY; —Dynamicstereocheinistry pf.:the'TiBr:-^>T$$.cp substitution reaction
for thiocyanate complexesof titanocene. Crystallochemical
The metathesis
support.

is investigated. This reaction is selective and stereospecific with inversion of the configuration. This resuit is
parlly justified by the crystallographicdeterminationofthe complex n5-Cp îi'-Cp' Ti (NCS) S cp (isomer F = 173°C)
which cryslallizes in holohedral form, orthoromboidal System, space group Pbca (a = 12.15Â; b =15.43Â;
c = 22.12Â). According lo the Seebach's nomenclaturethis structure corresponds to the lri p form.

Nous avons antérieurement décrit [1] la synthèse de couples dé complexes diastéréo-


isomères halogénés-pseudohalogénésdérivés du titanocène en réalisant une substitution
sélective du coordinat O cp par le coordinat Br selon la réaction i.
Cette réaction est sélective et stéréospécifique et la stéréospécificité correspond à une
rétention de configuration. On observe, en particulier, en série 1 -2, les filiations suivantes :

La détermination des configurations relatives des complexes aryloxy (F 148 et


F193CC) [1] et les filiations chimiques (i a) et (i b) permettent d'atteindre la configuration
relative des formes racémiques des complexes bromes F172 et F143°C. La formule (I)
(fig. 1) donne cette configuration relative pour la forme racémique F 172°C.

0249-6305/85/030l0083 $2.00 © Académie des Sciences


.
84 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985

La présente Note décrit une nouvelle réaction de substitution sur les complexes
halogènes pseudohalogénés r)5-CpTi5-Cp'Ti(NCS)Br.
L'action à basse température du sel de sodium du thiophénol en milieu THF sur chacun
des complexes diastéréo-isomères 1 et 1' donne un mélange des diastéréo-isomères2 et
2' selon :
cp SNa
(ii a) 1 s- CpCp'Ti (NCS) S cp [Forme 2 (99 %) + Forme 2' ( 1 %)];
-15°C
ipSNa
(ii b) 1' y CpCp'Ti (NCS) S cp [Forme 2(10%)+ Forme 2' (90 %)].
-40°C

Les caractéristiques RMN essentielles des deux formes racémiques 2 et 2' sont données
dans le tableau.
Les réactions d'échange (ii a) et (ii b) restent donc sélectives (le seul coordinat déplacé
est le brome). Elles sont également partiellement stéréospécifiquôs et correspondent à une
inversion majoritaire au niveau de l'atome de titane. La réalité de cette inversion a pu
être établie en déterminant par cristallographie la configuration relative de la forme 2,
F 173°C, qui correspond à l'arrangement (II) (fig. 1).
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985 85

TABLEAU

(°) II nous a été impossible d'isoler la forme 2' qui se décompose rapidement lors de la purification
chromatographique. L'analyse par RMN du mélange permet, cependant, de déceler nettement la présence des
deux formes. La deuxième composante du double doublet est masquée par le signal des protons du groupe
CH(CH3)2 de l'isomère 2.

La formé racémique F 173°C du complexe n5-CpT|5-Cp'Ti(NCS)SC6H5 cristallise


dans l'holoédrie du système orthorhombique avec les caractéristiques suivantes :

Groupe d'espace Pbc a.


L'enregistrement du réseau réciproque a été réalisé sur diffraetomètre automatique
« Nonius CÀD4 » en utilisant le rayonnement Ka du cuivre. Les dimensions très petites
du cristal utilisé pour l'enregistrement rendent la précision des mesures relativement
faible. Sur les 3 600 réflexions enregistrées, 1069 ont été utilisées pour raffinement
répondant au critère statistique CT(I)/I<0,5. La structure a été résolue par méthode directe
de détermination de phase automatisée [2]. L'affinement des coordonnées atomiques avec
agitation thermique anisotrope à l'aide du programme SHELX [3] conduit à un facteur
résiduel final R= 0,091. A
La structure représentée sur la figure 2 précise les configurations relatives des deux
centres asymétriquesdu complexe F 173°C, l'asymétrie planaire du coordinat cyclopenta-
diényle disubstitué et l'asymétrie autour de l'atome métallique.
Dans le double cadre de la nouvelle nomenclature proposée par Seebach [4] pour la
distinction des diastéréo-isomères et des propositions que nous avons faites
antérieurement [5] pour les chiralités centrées ou planaires, cette structure correspond à
la forme /Tiji> (formule II de la figure 1).
La figure 2 montre en outre que le plan N-Ti-S est pratiquement bissecteur des deux
plans cyclopentadiényle. Par ailleurs, les cinq atomes TiS1S2C1N sont en première
approximation dans un même plan. L'angle N-Ti-S2 est de 95°. Les atomes Ti-N-C1-S1
sont sensiblement alignés comme dans la molécule Cp2Ti(NCS)2 [6].
Enfin, le groupe phényle porté par le soufre S2 n'adopte pas une position bissectrice
des deux plans cyclopentadiényle.
Cette détermination confirme la disubstitution 1-2 que nous avons proposée pour le
cycle cyclopentadiényle substitué [7] et donne un repère indiscutable dans les filiations
envisagées dans cette série.
Remise le 18 mars 1985, acceptée le 15 avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1]J. BESANÇON, D. CAMBOLI et J. TIROUFLET, J. Organonietal. Chem., 186, 1980, C-15-18.


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M. M. WOOLFSON, Acta Cryst, A 27, 1971, p. 368-376.
[3] G. M. SHELDRICK, Shelx CrystallographicCalculation Programme, University of Göttingen, West Ger-
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86 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985

[4] D. SEEBACH et V. PRELOG, Angew. Chem. Int. Ed., 1982, p. 654-660.


[5] J. TIROUFLET, A. DORMOND, C. LECOMTE, Y. DUSSAUSOY et J. PROTAS, J. Organometal Chem., 73,
1974, p. 67-76.
[6] A. CHIESI-VILLA, A. GAETANI-MANFREDOTTI et C. GUASTINI, Acta Cryst, B 22, 1976, p. 909-914.
[7] J. BESANÇONet S. TOP, J. Organometal. Chem., 127, 1977, p. 139-151.

J. B. et D. C. : Laboratoire de Synthèse et d'Electrosynthèseorganométalliques


associé au C.N.R.S.-U.A. n° 33, Faculté des Sciences, 6 boulevard Gabriel, 21100 Dijon;
B. T. : Laboratoire de Chimie générale, 32, rue Mégevand, 25000 Besançon;
Y. D. Université de Nancy-I, Faculté des Sciences,
:
Laboratoire de Minéralogie et de Cristallographie,
U.A. n° 809, B.P. n° 239, 54506 Vandoeuvre-les-Nancy.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985

CHIMIE DE L'ÉTAT SOLIDE, Nouveaux composés d'insertion du graphite conte-



nant deux Chlorures métalliques en couches alternées. Note de Guy Furdin, Laktidar
Hachim, Nour Eddine Nadi, Michèle Lelaurain, René Vangelisti et Albert Hérold, présentée
par Paul Hagenmuller.
L'analyse des travaux antérieurs conduit les auteurs:à proposer une formulationdès composés de bi-insertion
qui précise la séquence des feuillets graphitiques G et des deux types de couches inséréesj et k.
Six phases nouvelles contenant deux halogénures insérés en couches alternées ont été synthétisées par action
des trichloruresd'aluminium ou de gallium relativement volatils sur des composés de deuxième stade de CdCl2,
CoCl2 et FeCl3, thermiquement stables dans les conditions de réaction. Un septième composé de même type d'¬
été préparépar insertion de FeGl3 dans le composé de deuxième stade du trichlorure d'indium.
Dans chaque,combinaison les couches des deux halogénures conservent sensiblement la structure et l'orienta-
tion par rapport aux feuillets carbonés caractéristiques des composés binaires correspondants.

SOLID STATE CHEMISTRY. — New graphite intercalation compounds containing two metal chlorides
in alternating la yers.
Analysis ofpreviously publislied works has shown that no a coherent System of nomenclature exists for
bi-intercalationcompounds. The authors propose a formulation which specifies staking of the graphite sheets
j
G and of the two types of intercaled layers and k.
Six new phases containing two halides in alternating intercalated loyers have been synthetized through action
of the rather volatile trichlorides of either aluminium or gallium with graphite second stage compounds of CdCl2,
CoCl2, and FeCl3 which are thermally stable in the reaction conditions. A seventh compound of the same type
has been pbtainedby the intercalationof iron trichloride into a second stage indium trichloridegraphite intercalation
compound,
In each of those new phases, the two halide layers retain approximately the structure and orientation with
respect to the graphite sheets existing in the correspondingbinary compounds.

Dans une Note parue en 1974 [1], P. Lagrange, A. Métrot et A. Hérold ont décrit des
composés du graphite contenant des couches insérées triples (un plan d'atomes d'hydro-
gène compris entre deux plans de potassium) alternant avec des couches simples formées
d'un plan de métal alcalin lourd (K, Rb, Cs). Ces phases ont été obtenues par insertion
de métal alcalin dans les composés de deuxième stade KH2/3Cg. Les auteurs ont proposé
de nommer ce type de combinaison « composés de bi-insertion », expression qui rend
compte de leur mode de préparation et qui semble aujourd'hui généralement acceptée.
Plus récemment, York, Hark et Solin [2] ont synthétisé des phases où alternent des
couches de césium et de potassium. Le terme « hétérostructure » employé par ces auteurs
pour désigner ce type de phase paraît peu approprié.
A côté des combinaisons précédentes qui contiennent des réactifs donneurs d'électrons,
quelques phases contenant des accepteurs d'électrons en couches alternées ont été
signalées: composés graphites-FeCl3-N205 [3], graphite-YCl3-FeCl3[4], graphite-
Zn(N03)2-Br2 [5], graphite-CoCl2-FeCI3 [6]. La nomenclature de ces diverses phases
n'est pas entièrement définie. Nous proposons-ici de faire suivre le nom de la phase
d'une suite de lettres précisant la séquence des feuillets graphitiques G et des deux types
de couches insérées./ et k. Dans la phase décrite en [6] où les couches de CoCl2 et FeÇl3
alternent régulièrement, la séquence sera GjGk. Mais pour le composé décrit en [3], où
N2O5 occupe seulement deux intervalles sur quatre dans le composé graphite-FeCl3 de
stade 5 GGGGGj ou G5j, la séquence proposée par l'auteur est GjGkG3k. Nous
pensons que la disposition GjG2kG2k qui minimise le nombre de couches insérées
adjacentes est plus vraisemblable. Quoi qu'il en soit, l'écriture proposée permet de
représenter tous les cas possibles.

0249-6305/85/03010087 $ 2.00 © Académie des Sciences


88 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985

TABLEAU

Composés
c axis repeat distances of biintercolationcompounds.

I c calculée
(nm)
I
Périodes d'identité selon l'axe c des composés de bi-insertion.

c mesurée
(nm)

Dans le cadre d'une étude méthodique de la bi-insertion des accepteurs d'électrons,


nous avons pu synthétiser six combinaisons nouvelles à couches alternées de types G/G/c
en faisant agir sur les composés de deuxième stade de CdCl2, CoCl2 et FeCl3 les
trichlorures AlCl3 et GaCl3, beaucoup plus volatils ([7] et [8]). Un septième composé a
été préparé par insertion de chlorure ferrique dans un composé de stade 2 du trichlorure
d'indium.
L'insertion des premiers chlorures est réalisée en phase vapeur sous une pression de
chlore d'environ une atmosphère, en ajustant la température TG du graphite et celle TR
du réactif de façon à obtenir le composé de stade 2. Le second chlorure est inséré dans
les conditions de formation d'un composé de premier stade.
On utilise des échantillons de pyrographite (HOPG de Union Carbide) de surface
8x1 mm2 et d'épaisseur voisine de 0,1 mm qui peuvent être déplacés dans une partie
amincie du tube laboratoire pour suivre la réaction par voie radiocristallogtaphique
(rayonnement Ka du molybdène).
L'étude des réflexions 00l fournit la « période d'identité selon l'axe c », généralement
désignée par I c. Dans un composé de stade 1, cette période est égale à la distance
interplanaire di qui sépare deux feuillets carbonés. Le tableau montre que, dans les sept
composés de bi-insertion préparés, la période le mesurée est sensiblement égale à celle
calculée par addition des distances interplanaires relative aux deux halogénures.
Le tableau montre aussi que les distances interplanaires dt relatives aux composés des
six chlorures impliqués sont très voisines. Les principales différences prévisibles entre les
diffractogrammes 00/, d'un composé G-FeCl3-AlCl3 par exemple et celui d'un composé
G-A1C13 de stade 1 résident donc dans l'existence de raies de surstructure de numéro

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 1. — Diffractogrammes 00l. (a) Composé Graphite-AlCl3 stade 1; (b) Composé de bi-insertion Graphite-
FeCl3-AlCl3.
Fig. 1. — 00l diffractogramms. (à) graphite-AlCl3compound stage 1; (b) graphite-FeCl3-AlCl3 biintercalation
compound.
Fig. 2. Diffractogrammes h k 0. (a) Composé Graphite-FeCl3 stade 2. (6) Composé de bi-insertion Graphite

FeCl3-GaCl3.
Fig. 2.— h k 0 diffractogramms. (a) graphite-FeCl3compound stage 2. (b) graphite FeCl3-GaCl3 biintercalation
compound.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985 91

Fig. 3. Clichés de diffraction électronique, (a) Composé Graphite-InCl3 stade 2.



(b) Composé Graphite-FeCl3 stade 2. (c) Composé de bi-insertion Graphite-InCl3-FeCl3.
Fig. 3. Electron diffraction patterns. (a) graphite-lnCl3 compound stage 2.

(b) graphite-FeCl3 compound stage 2. (c) graphite-InCl3-FeCl3 biintercalation compound.

impair et d'intensité relative faible. C'est ce que l'expérience vérifie, comme le montre la
figure 1 correspondant à ces phases.
La comparaison des intensités 00/ mesurées et calculées a permis d'affiner les cotes
des plans contenant les ions chlorures et les ions métalliques dans les différents composés
de bi-insertion. Des facteurs de réhabilité variant entre 92% (composé G-CoCl2-AlCl3)
et 97% (composé G-InCl3-FeCl3) ont été obtenus [9].
Des études de mosaïcité ont été réalisées. Elles ont montré que la dispersion angulaire
des axes c des cristallites, inférieure à 0,8° dans les échantillons de pyrographite de qualité
ZYB utilisés, et comprise entre 4,2 et 4,8° pour les composés de premier ou de deuxième
stade des chlorures, ne varie pas de façon appréciable lors de l'insertion du deuxième
halogénure.
Les diffractogrammes hkO des six composés contenant A1C13 ou GaCl3 ont même
allure générale. Ils comportent des pics étroits dont les positions et les intensités sont
voisines de celles relatives aux composés de stade 2 ayant servi de structures d'accueil et
des anneaux flous correspondant aux couches de AlCl3 ou GaCl3 qui ne sont pas
ordonnées à grande distance dans leur plan (couches semi-liquides analogues à celles
existant dans les composés binaires correspondants).
92 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985

La figure 2 illustre ces remarques pour le composé G-FeCl3-GaCl3.


Le composé G-InCl3-FeCl3 se différencie des six autres : le diagramme de diffraction
électronique (fig. 3) montre que le chlorure d'indium y est organisé comme dans les
binaires G-InCl3 en couches planes de structure hexagonale tournées de ±19° par rapport
au sous-réseau graphitique, tandis que le chlorure ferrique forme des couches à structure
hexagonale faisant avec le sous-réseau graphitique un angle dé 30°.
Lorsque l'halogénure MXp est organisé, le rapport entre la surface de sa maille et celle
du graphite donne la valeur idéale du rapport C/MXp. L'analyse chimique des phases
fait apparaître par rapport a cette composition idéale un déficit de 20% pour CoÇl2, de
30-15% pour CdCl2, 22% pour InCl3 et seulement 3-7% pour FeCl3. Comme l'ont
montré des études antérieures ([10], [11]), l'halogénure est disposé en îlots laissant entre
eux des espaces vides. Or, le rapport C/MX9 pour l'halogénure MXq inséré en second
est sensiblement le même dans le composé de bi-insertion que dans un composé binaire
de stade 2. Ceci suggère que lors de l'insertion du second chlorure, celui-ci n'occupe pas
les espaces entre îlots restés libres dans les couches du premier.
Sur les six chlorures mis en oeuvre, seul FeCl3 est capable de s'insérer spontanément,
grâce à son pouvoir oxydant. Dans les combinaisonsci-dessus décrites, le rapport Cl/Fe
est très proche de trois : le transfert d'électrons des feuillets carbonés vers le chlorure
inséré correspond au remplacement d'un certain nombre d'ions Fe 3 + par des ions Fe 2 +
dans le sous-réseau du fer; Ce changement de degré d'oxydation entraîne une dilatation
du réseau dont le paramètre passe de 0,6060 nm dans FeCl3 libre à 0,611 5 nm dans le
composé G-FeCl3 de stade 2 [12]. L'insertion d'un second halogénure comme AlCl3 ou
GaCl3 produit une contraction du paramètre de FeCl3 qui prend la valeur 0,6080 nm
proche de l'initiale : on en conclut que cette seconde insertion a pour effet de réduire le
transfert de charge, donc la force des liaisons entre feuillets graphitiques et couches de
chlorure ferrique : les deux halogénures tendent à se déstabiliser mutuellement.
Le Dr A. W. Moore (Union Carbide Corp.) a fourni gracieusement aux auteurs le pyrographite HOPG
utilisé pour cette étude.
Remise le 15 avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
,
P. LAGRANGE, A. MÉTROTet A. HÉROLD, Comptes rendus, 278, série II, 1974, p. 701-703.
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Laboratoire de Chimie du Solide minéral, L.A. n° 158,


Service de Chimie minérale appliquée, B.P. n° 239,
54506 Vandoeuvre-les-NancyCedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985 93

CRISATLLOCHIMIE. — Étude cristollochimique. de deux phosphates de zinc :


Zn3(PO4)2, 1H2O et Zn3(HPO4)3, 3H20. Hôte de Yannick Çudennec, André Lecerf,
Amédée Riou et Yves Gérault, présentée par Jean Wyart.

Un nouvel orthophosphate de zinc Zn3(PO4)2, 1 H2O a été préparé dans le système ternaire ZnO, P2O5,
H2O. L'étude cristallographique sur monocristal a permis de déterminer les paramètres des mailles cristallines
de Zn3(PO4)2, 1H2O et de Zn3(HPO4)3, 3H2O.

CRYSTAL CHEMISTRY. — Synthesis and crystal study of zinc phosphatés : Zn3(PO4)2, 1H2O and
Zn3(HPO4)3 3H2O
A new zinc orthophosphate Zn3 (PO4)2, 1H2O has been prepared in the ternary System ZnO, P2O5
H2O. Cristallographie studies, with single crystals, permit, to determinethe unit-cellparameters of Zn3 (PO4)2,
lH2O and Zn3(HPO4)3, 3H2O.

Ce travail s'inscrit dans une étude des phosphates de métaux divalents dont la finalité,
et les premiers résultats obtenus dans le cas du cuivre, ont été publiés récemment [1].
L'essentiel de l'étude a porté sur les phases de rapport M/P= 3/2 et 1, car il existe peu
de travaux cristallographiques sur ces composés.
À notre connaissance, les structures ou les paramètres des mailles cristallines ont été
déterminés pour les phosphates de zinc suivants : Zn2OHPO4 (tarbuttite) [2],
,
Zn4(OH)2(PO4)2, 3H2O (spencerite) [3], Zn2HP3O10, 6H2O [4], Zn5(P3O10)2,
17H2O [5], Zn2P2O7 [6], Zn3(PO4)2 [7],. ZnH2P2O7: et Zn (H2PO4)2, 2H2O [8],
Zn3(PO4)2, 4H2O (hopéite, parahopéite) ([9], [10], [11]) et H3OZnPO4 [12].
Plusieurs travaux se rapportent aux phosphates de zinc du type ZnHPO4, xH2O
(x= 1, 3) ([13], [14], [15]), mais aucune étude cristallographique n'a été effectuée si ce n'est
une détermination des paramètres cristallins erronée [16]. Ces travaux sont apparemment
contradictoires puisque les diagrammes de poudre imputés à la phase ZnHPO4, 1 H2O
par les différents auteurs ne sont pas identiques. Il est a noter que la phase H3OZnPO4
dont la structure aurait été déterminée [12] possédé une formule brute identique, mais
les auteurs de cette détermination donnent peu d'information sur ce composé et son
diagramme de poudre n'est pas publié. Les paramètres cristallins de cette phase ne
permettent pas d'indexer les diagrammes de poudre des phases de même stoechiométrie
annoncées antérieurement dans la littérature chimique. En revanche, nous avons constaté
une étroite analogie entre les paramètres cristallins de H3OZnPO4 et ceux du phosphate
double d'ammonium et de zinc NH4ZnPO4 dont la maillé est déterminée [17]. Étant
donné que les masses molaires et les coefficients de diffusion atomique sont voisins poul-
ies ions H3O+ et NH4, il nous paraît probable qu'une confusion à été faite tant sur le
plan chimique que cristallographique entre ces deux phases; ceci est d'autant plus vraisem-
blable que la coexistence de l'ion PO|~, dont le caractère basique est prononcé, avec
l'ion oxonium est peu probable, même à l'état solide.
L'existence de l'orthophosphate de zinc dihydraté Zn3 (PO4)2, 2H2O a été signalée
antérieurement ([18], [19]), mais seul le diagramme de poudre non indexé est publié.
Ces résultats contradictoires ou incomplets s'expliquent par la fragilité de ces phases
Vqui fend leur récupération et leur purification difficiles.
Nous avons mis en évidence les phases de formule annoncée ZnHPO4, 3H2O et
Zn3(PO4.)2, 2H2O, mais nous n'avons pu, à ce jour, obtenir de monocristaux de taille
suffisante pour une étude cristallographique. Néanmoins les diagrammes de poudres que
nous avons obtenus correspondent à ceux publiés lors des études précédentes ([13], [18]).
0249-6305/85/03010093 $ 2.00 © Académie des Sciences
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985

En revanche, une phase de stoechiométrie nouvelle pour les phosphates de zinc a été
synthétisée : il s'agit de l'orthopliosphate monohydraté Zn3(PO4)2, 1H2O. D'autre part,
l'étude cristallographique de la phase annoncée comme étant l'hydrogénophosphate de
zinc monohydraté ZnHPO4, 1H2O a montré que la formulation de ce composé est plus
complexe.
La synthèse de ces phosphates de zinc a été entreprise dans le diagramme ternaire
ZnO, P2O5, H2O de 20°C à 190°C. L'oxyde de zinc et l'acide orthophosphorique ont
été utilisés comme matières premières. Les systèmes réactionnels sont introduits dans des
flacons hermétiques aux températures inférieures à 100°C, dans des tubes scellés de verre
au delà de cette température. Les temps de réaction sont de l'ordre de quelques jours.
Après filtration, les solides sont rapidement lavés à l'eau, puis séchés sous vide. La
condition indispensable pour éviter une altération importante au cours du lavage est
d'obtenir des phases solides sous forme de cristaux bien développés. En effet, au cours
de la récupération ces phases s'hydrolysent partiellement pour donner naissance à de
l'hopéite. Le zinc et le phosphore ont été dosés à l'aide d'un spectrophotomètre à plasma
« Jobin et Yvon » sur le même échantillon mis en solution dans une solution d'acide
nitrique 0,6 N. Les résultats des analyses chimiques sont consignés dans le tableau I.

Zn3(PO4)2, 1H2O. — Son existence n'avait jamais été signalée auparavant. Il existe
en équilibre avec une solution à 150°C. Le système de composition pondérale suivante a
permis de la préparer sous une forme qui rend possible sa récupération sans altération
notable : 15 % de P2O5, 8,6 % de ZnO et 76,4 % d'eau.
Des cristaux ont été obtenus à 150°C par transformation progressive d'un système
contenant à 120°C de l'hopéite en équilibre avec une solution saturée. Ils cristallisent
sous forme de plaquettes épaisses transparentes. La maille cristalline est monoclinique
de groupe spatial P21/c. Les paramètres affinés d'après les données du diagramme de
poudre indexé sont consignés dans le tableau II. La structure est en cours de détermina-
tion. Elle est différente de celle des composés analogues du cuivre [1] et du cobalt [20].
Elle présente une compacité plus faible, si l'on compare sa masse volumique 3,81 avec
celle des composés du cuivre : 4,05 et du cobalt : 4,01.

Zn3 (HPO4)3, 3 H2O. —


Le diagramme de poudre de la phase que nous avons préparée
présente une certaine analogie avec celui publié par Komrska et coll. [13] (fiche ASTM
n° 23-743). Des monocristaux ont été obtenus par une évaporation très lente à 80°C d'un
système comprenant : 30 % de P2Os, 17 % de ZnO et 53 % d'eau. Ils cristallisent sous
la forme d'aiguilles transparentes parallélépipèdiquestronquées. La maille est triclinique,
les paramètres cristallins affinés sont consignés dans le tableau II où sont confrontées
masse volumique calculée pour Z = 2 et masse volumique observée. C'est la détermination
expérimentale de la masse volumique qui nous â indiqué que la formulation de ce
composé était en réalité plus complexe que la formulation simple ZnHPO4, 1H2O, issue
de l'analyse chimique. Seule la détermination structurale a permis d'établir la formulation
de ce composé. Il existe trois entités HPO4 de structures différentes reliées par de fortes
liaisons hydrogène; ce qui conduit à la formulation Zn3(HPO4)3, 3H2O. La structure
fera l'objet d'une publication séparée. Ce résultat n'était pas évident car une formulation
du type Zn3HPO4P2O7, 4H2O était compatible avec les analyses chimiques. De telles
combinaisonsassociant des groupements phosphates, pyrophosphates, hydrogénophospha-
tes et hydrogénopyrophosphates ont déjà été mises en évidence à l'état solide :
Na5H2PO4P2O7 [21]; K2H2PO4H3P2O7 [22]; K2Ni4(PO4)2P2O7 [23]. Devant une telle
PLANCHE I/PLATE I YANNICK CUDENNEC

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 8


C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, .1985 97
TABLEAU I
Analyses chimiques

TABLEAU II
Paramètres cristallins

complexité la détermination structurale constitue la seule méthode pour établir la formula-


tion exacte de ce type de composés.
Des analyses thermiques différentielles et thermogravimétriques ont été entreprises pour
permettre la mise en évidence de l'eau de cristallisation. Les diagrammes obtenus sont
reportés à la figure. La courbe d'ATD, effectuée à la vitesse de chauffe de 300°C/h, de
Zn3(PO4)2, 1 H2O, présente un pic endothermique large, débutant à 210°C, centré sur
la température de 270°C: il correspond au départ de la molécule d'eau. Une thermolyse
effectuée sous courant d'oxygène indique une perte de masse expérimentale de 4,6 %
alors que la perte théorique calculée est de 4,45 %. Le diagramme de poudre du produit
i
issu de la thermolyse à 700°C correspond à celui de la variété du phosphate de zinc
anhydre [7] (a Zn3(PO4)2, fiche ASTM n° 29-1390). Il faut remarquer que la courbe
d'ATD présente un petit pic exothermique à 650r'C signalant l'existence d'un changement
de phase. Le diagramme X de la phase Zn3(PO4)2 obtenue à une température inférieure
à 650~C ne s'apparente à celui d'aucune des autres variétés connues du phosphate de
zinc.
La courbe d'ATD de Zn3 (HPO4)3, 3 H2O, effectuée à la vitesse de chauffe de 150°C/h,
est plus complexe. Un premier pic endothermique intense se développe à partir de 110°C.
Il est caractérisé par son aspect asymétrique. Il présente en effet trois épaulements à 110,
150 et 180CC. Un deuxième pic endothermique d'intensité plus faible, apparaît à 210°C.
Il faut remarquer que ces résultats sont contradictoires avec ceux obtenus antérieurement
pour la phase présumée ZnHPO4, 1H2O ([13], [14]) : le premier pic ne présentant pas
d'épaulements dans ces travaux. La perte de masse enregistrée à la thermobalance
s'effectue en deux étapes séparées par un palier peu prononcé. La première étape se
traduit par une perte de masse expérimentale de 10,1 %, correspondant au départ de
trois molécules d'eau (10,04 % théorique). L'existencede trois molécules d'eau indépendan-
tes dans la structure explique la présence des trois épaulements constatés sur le premier pic
d'ATD. La phase intermédiaire ainsi obtenue Zn3(HPO4)3 est instable et se décompose
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985

progressivement par condensation des groupements hydrogénophosphates en groupe-


ments pyrophosphates. A 700°C, le produit obtenu est bien cristallisé; la perte de masse
expérimentale 14,8 % est en bon accord avec la perte théorique calculée 15,05 % pour
une dégradation aboutissant à la phase Zn2P207; mais le diagramme de poudre ne
correspond pas à une variété connue de ce composé.
Pour conclure : la mise en évidence de l'orthophosphate de zinc monohydraté
Zn3(PO4)2, 1H2O confirme l'existence d'une nouvelle famille de composés. Avant nos
travaux, seul le composé du cobalt était connu Co3 (P04)2, 1H2O [20]. Avec le phosphate
de cuivre Cu3 (PO4)2, 1 H2O [1], trois représentants de cette famille existent actuellement.
Us ne sont pas isotypes entre eux. La formulation de la phase de stoechiométrie
ZnHPO4, 1H2O est maintenant parfaitement établie : Zn3(HPO4)3, 3H2O. Le composé
du zinc se distingue donc, par une complexité plus grande, de celui du cuivre :
CuHPO4, 1H2O qui était, à notre connaissance, le seul représentant de ce type de
composés ayant fait l'objet d'une étude cristallographique.([1], [24]).
Les diagrammes de poudres indexés peuvent être fournis sur demande.
Remise le 4 mars 1985, acceptée le 15 avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Institut national des Sciences appliquées,


20, avenue des Buttes-de-Coesmes, 35043 Rennes Cedex.
R. Acad. Sc. Paris, t.
C. 301, Série II, n° 2, .1985 99
PÉTROLOGIE.
— Les orthomicaschistes du massif des Maures (France) : produits
ultimes du tectonométamorphisme métasomatique d'anciens granités. Note de Gilbert Cre-
vola, présentée par Georges Millot.

Des données géométriques, pétrographiques et géochimiques montrent que des micaschistes du massif des
Maures résultent de la transformation tectonométamorphique d'anciens granités, comme les orthogneiss aux-
quels ils sont associés. La genèse de ces orthomicaschistess'effectue en contexte cisaillant, lors du développement
de grandes nappes penniques et implique des migrations de matière à diverses échelles.

PETROLOGY. — Orthoschisls in the Maures Massif (Southeastern France) as ultimate Products of


metasomatic Tectonometamorphism of previous Granites.
Field, petrographie and geochemical evidences indicate that schists from the Maures massif originated through
the tectononometamorphictransformation of previous granites, as well as the orthogneisses with which they are
associated. The genesis of these orthoschists takes place in shear regime, during the emplacement of large
recumbenl folds and involves mass transfer at various scales.

I. INTRODUCTION. Les micaschistes des Maures centrales, région qui s'étend depuis

la bordure ouest des gneiss de Bonnes, jusqu'à l'accident de Grimaud-Moulin de Paillas
(fig. 1), ont été, jusqu'ici, considérés de façon classique par tous les auteurs comme
l'expression mésozonale d'un type chimico-minéralogiquepélitique, d'origine sédimentaire
([1] à [10]). Leurs positions structurale et lithostratigraphique, parfois délicates à établir,
restent cependant controversées. Pour les uns ([4], [5], [7], [8], [10]), ils représentent la
couverture sédimentaire d'âge paléozoïque inférieur d'un socle plus ancien, constitué par
les orthogneiss de Bormes et, plus à l'Est, par des gneiss migmatitiques. Pour d'autres
([6], [9]), ils correspondent à un ensemble sédimentaire,briovérien à cambrien, dans lequel
sont intrusifs des granites plus récents. De nouveaux levés de terrain dans les Maures
centrales me conduisent, dans le cadre d'une interprétation structurale nouvelle, à remettre
en cause l'origine sédimentaire des micaschistes et à proposer, pour ces roches, une
filiation granitique.
II. POSITION STRUCTURALE ET CARACTÈRES DES MICASCHISTES. — La partie centrale du
massif des Maures montre la superposition de deux unités tectoniques majeures, consti-
tuées chacune par un ensemble de grandes nappes penniques à coeur orthogneissique et à
enveloppe de micaschistes (fig. 2).
1. L'unité I, ou unité des orthogneiss de Bormes et des micaschistes à minéraux, comprend
une nappe principale et plusieurs nappes secondaires. Interrompue par l'accident chevau-
chant de la Garde-Freinet, elle réapparaît plus à l'Est, à la faveur d'une klippe conservée
dans le graben houiller du Plan de la Tour. Elle contient plusieurs intercalations de
méta-basites, dont la plus importante est celle du groupe de Collobrières ([2], [5]).
Les othogneiss de Bormes sont oeillés ou lenticulaires et contiennent fréquemment des
quartz globuleux bleutés. Ils proviennent de la blastomylonitisation d'anciens granités
alumineux porphyroïdes qui peuvent subsister à l'état de reliques peu transformées
(méta-granites de Barrai, de l'Aire du Lac, de la Route des Crêtes) ([11], [13]).
Les micaschistes à minéraux (micaschistes des Berles et micaschistes du Cap Nègre,
pro parte [3]) regroupent des micaschistes à grenat, staurotide (et parfois disthène) de
grande taille, des micaschistes à grain fin et des gneiss micacés. Les micaschistes sont
bien développés à la bordure ouest des gneiss de Bormes, où ils englobent les méta-basites
de Collobrières. Plus à l'Ouest, ils sont surmontés par les schistes et quartzites du Loli
[3], ensemble méta-sédimentaire épizonal, à caractère flyschoïde, qui débute fréquemment

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100 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n°2, 1985

par des quartzites blancs massifs (quartzites du Temple). Au sein même des gneiss
de Bormes, les micaschistes constituent de nombreux niveaux d'épaisseur métrique à
hectométrique, correspondant à des bandes cartographiques régulières. Plus épais à l'Est,
vers le front de la nappe, ces niveaux se pincent à l'Ouest; vers la racine de celle-ci. Ils
se présentent parfois comme des « synformes » très allongées et rarement symétriques.
2. L'unité II, ou unité des orthogneiss de la Garde-Freinet et des micaschistes à sillimanite
représente là racine d'une grande nappe pennique déversée vers l'Est. Elle contient
d'importantes intercalations de méta-basites à lentilles de méta-gàbbros et de méta-
péridotites (groupes de la Forêt des Arcs, de la Garde-Freinet et de Gassin, [12]).
L' orthogneiss de la Garde-Freinet, dans les secteurs non migmatitiques, est très proche
du granité initial (méta-granite à cordiérite à grain fin de Moure-Jaumét [11]). Il se
distingue par son grain, sa texture et sa composition chimique de celui de Bormes.
Les micaschistes à sillimanite (groupe des micaschistes du Cap Nègre, pro parte, et
micaschistes du groupe de la Tuilerie [3]), distincts des micaschistes à minéraux, sont
caractérisés par la présence de sillimanite, associée à du grenat et, parfois, à de la
staurotide. Ils constituent de nombreux niveaux, métriques à hectométriques, au sein des.
orthogneiss de la Garde-Freinet.
III. RAPPORTS GÉOMÉTRIQUES ET PÉTROGRAPHIQUESENTRE ORTHOGNEISS ET MICASCHISTES.


Orthogneiss de Bormes et micaschistes à minéraux. — La plupart des coupes
1.
montrent des passages progressifs des uns aux autres, perpendiculaires au litage. Ils se
font en quelques décimetres, ou en quelques mètres, par l'intermédiaire de faciès de
transition et avec de fréquentes récurrences. Le plus souvent, les gneiss oeillés passent aux
micaschistes à minéraux par l'intermédiaire de gneiss surmicacés à grenats, puis de
micaschistesà nodules feidspathiques (ex. : Route des Crêtes, au SW delà Garde-Freinet).
Ces nodules conservent encore l'aspect des yeux de feldspath potassique de l'orthogneiss,
mais ont recristallisé en une mosaïque de cristaux polygonaux de plagioclase acide (An
15), incluant staurotide et disthène. Ils s'étirent ensuite en se fondant dans les lits
feidspàthiqués des micaschistes. A l'Ouest, les gneiss lenticulaires (gneiss de la Malière
[3]), de plus en plus micacés, passent à des micaschistes à.minéraux (micaschistes bicolores
[3]) ou à des micaschistes gris-bleu ou blancs, très fins (phyllades des auteurs [2], [4])
dans lesquels apparaissent sporadiquement des micaschistes « tigrés » à lits de quartz
très étirés, ou à quartz globuleux bleutés (ex. : Cap Bénat). Dans ces zones de transition,
on observe de plus : (a) des passages progressifs des orthogneiss à des gneiss quartzeux à
grenat, puis à des quartzites à grenat; (b) la présence fréquente de minces niveaux de
quartzite, de quartzite feldspathique et de leptynite dont l'aspect est celui de mobilisats;
(c). la présence, parfois, de lentilles de grenatite et, à la bordure ouest des gneiss de
Bormes, leur association avec des lentilles de collobriérite [8].
Dans deux cas précis, des passages latéraux ont été mis en évidence à l'échelle
cartographique. Sur les flancs de l'anticlinal de Collobrières (fig, 2), les amphibolites
sont, le plus souvent, en contact avec des micaschistes gris-bleu mais aussi, parfois, avec
des gneiss lenticulaires, des gneiss micacés, ou des micaschistes à
quartz globuleux
EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 1. — Carte géologique schématique du massif des Maures.


Fig. 1. —
Geological sketch map of the Maures massif.
Fig. 2. —
Coupe synthétique E-W dans là région de la Garde-Freinet.
Fig. 2. —
E-W synthetic cross-section in la Garde-Freinetarea.
PLANCHEI/ PLATE I GILBERT CREVOLA

TABLEAU
Analyses chimiquesd'orthogneiss et de micaschistesdu massif des Maures.
Chemical analysis of orthogneisses and schists from the Maures massif.

I. Orthogneiss de Bormes et micaschistes à minéraux : 1, Méta-granite de Barral (2 anal.); 2, orthogneiss


de Bormes (21 anal.); 3, gneiss micacé quartzeux, Plane Suvière; 4, gneiss micacé, Val Verdun; 5, micaschisteà
minéraux, SW de la Garde-Freinet; 6, micaschiste bicolore, Collobrières (6 anal. [8]).
II. Orthogneiss de la Garde-Freinet et micaschistesà sillimanite : 7, méta-granite de Moure-Jaumet (5 anal.);
8, micaschite à sillimanite, la Garde-Freinet.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985 103

bleutés. Dans le pli couché de Plane Suvière, grossièrement délimité par des formations
leptynitiques, on peut observer des passages latéraux entre gneiss et micaschistes qui se
font parallèlement au plan axial du pli (fig. 2).
Dans certains cas, en particulier à la bordure ouest des gneiss de Bormes, les micaschis-
tes gris-bleu peuvent se développer au sein des gneiss lenticulaires, à la faveur de zones
de cisaillement d'épaisseur centimétrique à décimétrique.
Au sein de gneiss micacés, ou de micaschistes très homogènes, apparaissent parfois
des reliques de gneiss lenticulaires d'aspect « évanescent ».
2. Orlhogneiss de la Garde-Freinet et micaschistes à sillimanite. — Les méta-granites,
puis les orthogneiss, passent insensiblement aux micaschistes. L'évolution texturale et
minéralogique se marque d'abord par l'apparition de petits cisaillements, la déformation
ductile des quartz et des feldspaths, puis, ensuite, par la recristallisation des deux types
de feldspaths en plagioclase acide, avec disparition de l'orthose et développement de là
biotite et d'échevaux de sillimanite. Toutefois, cette transformation est moins poussée que
dans le cas des micaschistes à minéraux. On note, dans les zones de transition, la présence
de petits niveaux de quartzite ou de leptynile.
Les micaschistes peuvent se présenter, au sein d'orthogneiss peu déformés, en passées
très fines, décimétriques à métriques, assimilables à des zones de cisaillement.
Dans certains secteurs (la Gorge, N-D de Miramar, Ferme-Jaumet), les méta-granites
renferment de nombreuses enclaves de gneiss à silicates calciques, qui se retrouvent en
gros nodules dans les micaschistes associés.
IV. ORIGINE GRANITIQUE DES MICASCHISTES. — 1. Synthèse des données. — Les données
de terrain et les observations pétrographiques mettent en évidence Pintrication extrême
des orthogneiss et des micaschistes, l'existence de transitions ménagées entre eux et, dans
certains cas, la préservation au sein des micaschistes de reliques gneissiques. Ces caractè-
res, déjà soulignés dans les descriptions objectives de certains auteurs ([3], [10], [13]),
rendent illusoire l'établissement d'une lithostratigraphie. Les données structurales
montrent que les micaschistes peuvent apparaître dans des sites tectoniques particuliers et
privilégiés : bordure ouest des gneiss de Bormes, pseudo-synformes,zones de cisaillement.
2. Approche des mécanismes. — L'étude pétrographique des divers types d'orthogneiss
et des faciès de transition entre orthogneiss et micaschistes met en évidence, dans
la genèse des deux types de roches, l'intervention de transformations mineralogiques
caractéristiques de la blastomylonitisation des granités ([14] à [17]). Dans la genèse des
orthogneiss blastomylonitiques, ces transformations sont limitées et n'amènent que de
faibles variations des compositions minéralogiques et chimiques initiales ([14] à [16]).
Dans la transformation en micaschistes, elles sont, en revanche, conduites à leur terme,
ce qui entraîne une recristallisation syntectonique totale de la roche, avec changement de
la composition minéralogique et variation importante de la composition chimique.
Les transformations minéralogiques concernent essentiellement les feldspaths magmati-
ques. La recristallisation du plagioclase, avec perte de Ca, et le remplacement progressif
du feldspath potassique par des plagioclases acides s'accompagnent d'abord du développe-
ment des micas (stade orthogneiss). Puis, le feldspath potassique disparaît et des minéraux
alumineux se développent (stade gneiss micacé ou micaschiste feldspathique). Enfin, les
plagioclases peuvent être totalement éliminés (stade micaschiste s. à.).
L'évolution chimique de la roche consiste essentiellement en perte de Ca, Na et Si, avec
concentration corrélative en Al, Fe, Mg et Ti. Cette métasomatose par départ implique
une mobilité chimique à l'échelle de la roche et du massif rocheux, permise par la
104 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2,1985

circulation de fluides dans le contexte cisaillant du développement de grandes nappes


penniques ([14], [18]). Le sort des éléments exportés s'éclaire par leur accumulation dans
de nombreux petits niveaux de quartz (quartz d'exsudation), de quartzite, de quartzite
feldspathique et de leptynite. En revanche, les éléments, hyperconcentrés, engendrent les
quartzites à grenat, les grenatites et la collobriérite [8].
V. CONCLUSIONS. — 1. Dans la partie centrale du massif des Maures, les micaschistes
doivent être considérés, au même titre que les orthogneiss auxquels ils sont intimement
associés, comme résultant de la transformationtectonométamorphique d'anciens granités.
2. Simples faciès tectoniques, ces micaschistes ne correspondent pas à des méta-
sédiments et sont donc dénués de valeur hthostratigraphique. Cette origine remet en
cause les lithostratigraphies précédemment proposées ([5], [9], [10]) et les modèles qui y
étaient rattachés (socle-couverture ou granité intrusif).
3. Ainsi est démontrée, par des arguments géométriques,pétrographiques et géochimi-
ques, l'existence d'orthomicaschistes, notion déjà approchée dans d'autres régions ([14],
[17]). La genèse de ce type particulier de blastomylonite granitique constitue un cas de
différenciation métamorphique extrême, réalisée en contexte cisaillant, et qui s'accompa-
gne de migration de matière, à l'échelle de la roche comme à celle du massif rocheux.
Remise le 15 avril 1985.

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[15] G. BOSSIÈRE, Thèse Se, Nantes, 1980, 302 p.
[16] I. ALLISON, R. KERRICH et J. STARKEY, Intern. conf. on shear zones Abstracts, Barcelone, 1979, p. 77.
[17] R. DUBOIS, Thèse Sc, Paris, 1976, 452 p.
[18] A. BEACH, Philos. Trans. Roy. Soc. London, A 280, 1976, p. 569-604.

Institut de Géodynamique, Université de Bordeaux-III, 33405 Talence Cedex.


C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301,Série II,n°
2,.1985 105

GÉOLOGIE MARINE. — La « verdine », faciès granulaire vert, marin et côtier,


distinct de la glaucome : distribution actuelle et composition. Note de Gilles Serge Odin,
présentée par Georges Millot.

La plate-forme continentale des océans présente, parmi ses dépôts du Quaternaire récent, un faciès original.
Ce faciès marin," granulaire et vert, est ici nommé « verdine ». Il est caractérisé par un minéral phylliteux, mal
cristallisé, avec une haute teneur en fer ferrique. Sa composition est remarquablement homogène, et se distingue,
à la fois, des minéraux glauconitiques, des chamosites et des berthiérines. Ce minéral, probablement de la
famille des chloriles, n'est pas encore décrit dans la nature. L'élude minéralogique précise est en cours; il est,
ici, provisoirement nommé « phyllite V ».

MARINE GEOLOGY. — The "verdine", a coastal, marine, green and granular facies différent from
glaucony; present distribution and composition.
An original facies is present in Recent Qualernary deposasfrom the continentalplatform. This coastal, green,
marine facies is here termed "verdine". Il is characierized by a poorly cryslallized clay mineral with a high
mainly ferric iron content. Its composition is remarkably homogeneous and distinct from that of the glauconitic
minerais, the berthierines and the chamosites. This mineral, probably belongs to the chlorite family and is not
yet quoted from nature. The detailed mineralogicalstudy is still in wav and the mineral is provisionally called
"phyllite V".

I. PRÉSENTATION. L'attention a été attirée depuis fort longtemps sur la présence



abondante de grains particuliers donnant un aspect vert aux sédiments des fonds marins
actuels [1]. Le pigment qui colore ces grains appartient généralement à la famille des
minéraux glauconitiques [2] : phyllites de type mica, essentiellement ferriques. Ces grains
constituent la glauconie.
Il revient à D. H. Porrenga [3] d'avoir distingué de ce faciès un pigment de même
apparence, mais de minéralogie différente. A l'époque, Porrenga avait nommé
« chamosite » le minéral composant en majorité ces grains, et caractérisé par un pic à
7Â sur ses diffractogrammes. Plus récemment, et pour suivre les recommandations de
G. Millot [4] et du comité international de nomenclature minéralogique, le minéral de
ces grains a été rattaché à la berthiérine, d'importantes différences chimiques étant notées
([5], [6]).
Berthiérines (Te-Oc = 7Â) et chamosites (Te-Oc-Te/Oc=14Â) sont des minéraux des
minerais de fer anciens à faciès oolitique. Le faciès étudié ici n'est jamais oolitique; la
composition de son minéral caractéristique est différente de celle des minéraux glauconiti-
ques, berthiérines et chamosites. C'est un faciès différent que je propose de nommer le
faciès verdine.
Ce faciès est fort répandu dans les mers actuelles. Figurent dans le tableau, sept
gisements pour lesquels les informations permettent d'assurer qu'il s'agit bien du faciès
verdine. Ces gisements sont holocènes et, dans l'Atlantique, liés à une arrivée fluviale
importante.
II. INDICATIONS DIFFRACTOMÉTRIQUESSUR LE MINÉRAL DE LA VERDINE. — Les verdihes
analysées ont été soigneusementpurifiées et fractionnées en combinant lavage, tamisage;
attaque acétique, agitation aux ultrasons et séparation magnétique. Des grains purs ont été
obtenus. Comme pour les glaucomes, quatre types de supports verdis ont été reconnus :
coprolites, remplissages de microtests, débris détritiques, débris carbonates organiques
([2], [5]). Dans les diffractogrammes de poudre non orientée, il faut donc distinguer les
pics propres au minéral vert de ceux des substrats antérieurs au verdissement. Dans les 7
gisements, les diffractogrammes les plus simples sont très voisins, avec essentiellement

0249-6305/85/03010105 $ 2.00 © Académiedes Sciences


106 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985

Fig. 1. — Diffractogrammes sur poudre de verdine purifiée, avant et après chauffage (490°Q.
(a) aspect général le plus simple obtenu partout; (b) aspect particulier à quelques échantillons.
Fig. 1. — X-Ray diffractograms on randomlyoriented powders, before and after heating (490°C).
(a) the simplest diagram obtained in all areas; (b) particular diagram obtained on some samples.

Fig. 2. — Diagrammes triangulaires d'après les analyses chimiques de phyllite V et de berthiérine.


Fig. 2. — Triangular diagram drawn according to the chemical data for phyllite V and for berthierine.

trois pics distincts, mais larges, à 7,2-4,6 et 3,6 Â (fig. 1). La figure 1 montre encore que,
sur les préparations chauffées à 490°C, le pic à 7,2 Â disparaît après 1 à 2 h. Communs à
tous les échantillons, ces trois pics semblent définir un minéral à 7 Â, comme la berthiérine,
mais jamais avec des pics aussi aigus.
Quelques rares fractions (Sénégal, Nouvelle-Calédonie, Guyane) présentent, de plus,
un pic large vers 14,5Â, qui s'amplifie, parfois, au chauffage (fig. 1). Ce pic proche de
14 Â a été d'abord interprété comme une trace de support de verdissement, expliquant
ainsi sa présence aléatoire. Mais S. W. Bailey nous a indiqué qu'il avait obtenu une raie
distincte, vers 14,4 Â, après une longue exposition dans la chambre Debye-Sherrer, sur
les verdines sans pic à 14 Â qui lui avaient été soumises.
III. COMPOSITION CHIMIQUE DU MINÉRAL DE LA VERDINE. — Le tableau II indique la
composition chimique (analyse par voie humide) de dix fractions de grains verts spéciale-
ment purifiés, et la compare à celle des berthiérines de Brindley [11]. Il n'y a pas de
recouvrement entre berthiérine et minéral de la verdine pour toutes les teneurs en ions
principaux. J'attire, en outre, l'attention sur la remarquable homogénéité chimique de la
verdine quelle que soit sa provenance. La figure 2 montre que notre composé et la
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, SérieII,n°

TABLEAU
2,

I
Répartition connue du faciès verdine dans les mers actuelles, (a) Les échantillons m'ont été confiés par
M. Monteillet, J.-P. Masse, L, Martin et P.Giresse, l'Université de Bordeaux et C. Froget.
Known distribution of the vefdine facies, in recent Oceans, (a) samples were proposed by M. Monteillet,
.1985

J. P. Masse (Sénégal), L. Martin (Ivory Coast), P. Giresse (Ogooue-Congo Rivers); C. Froget (New-Caledonia)
and the University of Bordeaux.
107

TABLEAU. II
Analyses chimiques de la verdine. (a) valeur diminuée de 30,5 à 20 à cause de la présence de goethite; (b).
valeurs extrêmes pour six analyses; (c) deux échantillons très; similaires; ..(d) valeur diminuée de 8 à 0 à cause
de la présence de substrat carbonate; (e) valeurs extrêmes pour 14 analyses [11]; (f) valeurs moyennes; (m):
moyenne de plusieurs analyses : nombre entre parenthèses.. ...
Chemical analyses of the verdine; (a) value dimmished from 30.5 to 20 due to the presence of goethite; (b)
maximum and minimum values for six samples; (c) two similar samples; (d) value diminished from 8 to 0 due
to carbonates; (e) maximum and minimum values for 14 samples [11], (f) mean values; (m) mean of several
analyses: number in parenthèses.

berthiérine occupent des champs tout à fait distincts dans les triangles Si02 —R2+—R3 +
d'une part, et A12O3 —Fe2O3 —(MgO + FeO) d'autre part. En somme, tous les ions
principaux définissent des domaines de teneur distincts, donc un milieu de formation
distinct de celui des berthiérines des minerais de fer.
Adoptant, à l'époque, une structure à 7Â et une charge totale de 14, G. W. Brindley
avait calculé (in litt. 1983), pour l'échantillon guyanais 102B [5], la formule :
(Fe0>697Fe0,80Mg0,849Al0j58]l)(Si1,909Al0, 091) 07(H2O)1,763. Les octaèdres contiennent
autant d'ions divalents que trivalents. Ceci s'interprète, soit comme un mélange des deux
types d'ions dans chaque couche octaédrique, soit comme une structure dont une couche
octaédrique serait dioctaédrique, et la suivante trioctaédrique.
IV. NOMENCLATURE. — Le minéral de la verdine est intéressant; il peut être purifié et
est actuellement l'objet d'une étude minéralogique précise. Pour l'instant, il apparaît qu'il
ne peut être rattaché aux berthiérines non seulement en raison de sa composition très
distincte, mais par la présence probable de la réflexion vers 14Â; on s'oriente du côté
des chlorites qui sont essentiellement trioctaédriques, y compris les chamosites. Les
chlorites mixtes (di + tri) sont citées comme exceptionnelles [13]. Malgré son abondance
108 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985

dans la nature, le minéral de la verdine ne correspond à aucune description publiée. En


attendant les résultats de l'étude cristallographique,je le nommerai la phyllite V.
V. CONCLUSIONS. — 1. Un faciès particulier a été observé en milieu marin au large
des côtes de pays tropicaux actuels, en relation notamment avec des apports flùviatiles
importants; il est nommé « verdine ».
2. La verdine a les caractéristiques morphologiques de la glauconie mais son milieu
de formation est moins profond. Elle n'est pas composée de minéraux glauconitiques.
3. Le faciès verdine, récent, ne peut être rattaché directement à celui des minerais de
fer oolitiques anciens, à berthiérine et chamosite, car les grains ne présentent pas de
structure oolitique, et leur composition est différente.
4. Le minéral de la verdine, appelé ici « phyllite V », est chimiquementtrès homogène
et réunit, pour l'instant, les caractères suivants : cristallinité imparfaite, richesse en fer,
essentiellement ferrique, pauvreté en aluminium, substitution tétraédrique très faible,
couche octaédrique à parts égales di et tri octaédrique, indications en faveur des chlorites.
Ce n'est pas une variété connue de chlorite ni de berthiérine.
Remise le 15 avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] J. MURRAY et A. F. RENARD, Voyage of H.M.S. « Challenger » in the years 1872-1876, 1891, H.M.S.O.,
Londres, 525 p.
[2] G. S. ODIN, Thèse Sci., Université Pierre et Marie Curie, Paris, 1975, 250 p.
[3] D. H. PORRENGA, Publ. Fysisch-Geographisch Lab. Univ., Dort-Stolk Amsterdam, 9, 1967, 145 p.
[4] G. MILLOT, Géologie des Argiles, Masson, Paris, 1964, 499 p. (p. 246); G. W. BRINDLEY, S. W. BAILEY,
G. T. FAUST, S. A. FORMAN et C. I. RICH, Clays Clay Miner., 16, 1968, p. 322-324.
[5] G. S. ODIN et A. MATTER, Sedimentology, 28, 1981, p. 611-641.
[6] G. S. ODIN, in Reading Provenance of arenites, G. G. ZUFFA éd., Reidel Publ. Dordrecht, 1985,
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[7] L. MARTIN, Thèse Sci., Université Pierre et Marie Curie, Paris, 1973, 340 p.
[8] P. GIRESSE et G. S. ODIN, Sedimentology, 20, 1973, p. 457-488.
[9] O. RENIE, D.E.A., Université de Bordeaux, 1983, 88 p.; M. PUJOS, G. S. ODIN, O. RENIE et P. BOUYSSE,
10e Réun. ann. Sc. Terre, Bordeaux, 1984, p. 465; M. CHAGNAUD, D.E.A., Université de Bordeaux, 1984, 115 p.
[10] R. HARDJOSOESASTRO,Géologie Mijnb., 50, 1971, p. 29-33.
[11] G. W. BRINDLEY, Clays Clay Miner., 30, 1982, p. 153-155.
[12] B. E. BROWN et S. W. BAILEY, Amer. Mineral, 47, 1962, p. 819-850; J. B. HAYES, Clays Clay Miner.,
18, 1970, p. 285-306.
[13] G. PEDRO, Ann. Agron., 16, Hors série, 1965, p. 1-108 (p. 95).

Département de Géologie dynamique et Unité associée n° 319 du C.N.R.S.,


Université Curie, Tour n° 26, 4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05.
C. R. Acad.Sc. Paris,
t.301,
Série
II,

2,
.1985 109

GÉOLOGIE.
— Lithostraligraphie et structure de la partie inférieure de la série
de Canaveilles dans le secteur de Costabonne (Sud du Canigou, Pyrénées Orientales
franco-espagnoles) : conséquencesmétallogéniques. Note de Michel Perrin et Bernard Guy,
présentée par Michel Durand-Delga.

Un travail de reconnaissance mené sur l'environnement de l'indice minéralisé de Costabonne a permis de


préciser la lithostratigraphie de la partie inférieure de la série de Canaveilles sur le flanc sud du Massif du
Canigou et d'identifier quatre phases majeures de déformation souple dont une importantephase antéschisteuse.
Géométriquement, la minéralisation est contrôlée par des indentations de roches carbonatées dans un encaissant
schisteux — structures en golfes —
qui correspondent à des têtes de plis isoclinaux.

GEOLOGY. — Lilhostratigraphy and structure of the lower part of the Canaveilles séries in the Costabonne
mining district (South of the Canigou massif, French and Spanish eastern Pyrénées): metallogenical consé-
quences.
A survey of the geologicalsurroundings of the Costabonnetungsten ore deposit hasprovided new lithostratigraphic
data and has shown that the overall geometry of the district resultsfrom four major fold phases. The ore bodies
are located wilhin "tongues" of carbonate rocks which are surrounded by alumino-silicate rocks. Such "gulf
structures" resuit from isoclinal folding.

INTRODUCTION. Découvert en 1951 [1], le skarn à schcelite de Costabonne (Pyrénées



Orientales) a fait l'objet dans les années récentes de plusieurs travaux sur les plans
minéralogique, géochimique et métallogénique ([2], [3], [4]). Toutefois, s'il existe sur le
plan structural des travaux de qualité à l'échelle régionale ([5], [6], [7]), aucune étude
détaillée n'est venue jusqu'à présent, au plan local, préciser les données de base fournies
par les reconnaissances du B.R.G.M. ([8], [9]), et par G. Guitard et P. Laffitte [10].
Les éléments exposés ci-dessous résument les observations effectuées dans l'environ-
nement immédiat du gisement et au Sud de celui-ci sur le versant espagnol. Appuyé sur
une cartographie au 1/10000, ce travail a permis notamment de préciser l'individualité
stratigraphique des différents horizons calcaires et dolomitiques qui s'intercalent dans la
partie inférieure de la série de Canaveilles, et qui piègent la minéralisation, et d'identifier
les phases majeures de déformations souples qui permettent de rendre compte de la
géométrie d'ensemble.
LITHOSTRATIGRAPHIE. (a) Situation géologique d'ensemble (pl. I). — Les minéralisa-

tions en scheelite sont liées aux roches granitiques du batholite de Costabonne qui, sur
le versant sud du massif du Canigou, est intrusif dans la partie basale de la série de
Canaveilles, réputée cambrienne [11]. Cette série, essentiellement gréso-pélitique, se pré-
sente pour l'essentiel comme un monoclinal de schistosité à fort pendage sud, qui repose
en contact tectonique sur des gneiss, oeillés ou non, se rattachant au moins en partie au
groupe G1 défini par Guitard [5]. Elle est affectée par un métamorphisme régional épi à
mésozonal et localement par un métamorphisme de contact lié au batholite ([3], [5], [10]).
Les corps minéralisés se développent principalement dans des niveaux de calcaires et de
dolomies, intercalés stratigraphiquement dans la série.
(b) Colonnelithostratigraphique (fig. 1). — En s'aidant de la cartographie et en annulant
certains redoublements liés àla présence locale de plis couchés, il est possible de
reconstituer une succession lithostratigraphique cohérente qui montre de bas en haut,
au-dessus des gneiss G1 :
1. Un faisceau carbonaté, dit de Costabonne, constitué de calcaires en petits bancs, alternativement pluricenti-
métriques et pluridécimétriques,puis de calcaires blancs cristallins rubanes (présence de minces passées graphi-
teuses noires). L'ensemble est fortement envahi par de la dolomie.

0249-6305/85/03010109 $ 2.00 ©Académie des Sciences


110 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, .1985

2. Un niveau de roches à silicates calciques, dures et compactes (barre de Fra Joan), qui montrent des lits
millimétriques à centimétriques rouges, vert-clair et vert-sombre ou blancs, donnant à la roche un aspect
rubané caractéristique. Dans le secteur d'étude, ces roches constituent un repère de choix, même si leur origine
prête à discussion (roches transformées par métasomalose de diffusion voire.de percolation).
3. Un ensemble de micaschistesqui contiennent des passées gréseuses millimétriques dans la partie inférieure
et qui deviennent ensuite plus fins et plus homogènes. A la partie supérieure, on observe dès micaschistes clairs
contenant des plagioclases et montrant quelques intercalations décimétriques de grès et de roches à silicates
calciques.
4. Un deuxième faisceau carbonate, dit de La Balmela, qui montre à la base des faciès caractéristiques :
calcaires en plaquettes gris-blanchâtre alternant avec de minces lits de roches à silicates calciques puis de grès
jaunâtres dolomitiques, et enfin avec des bancs pluridécimétriques de dolomie jaunâtre. On observé au-dessus
des calcaires blancs cristallins, à rubanement graphiteux, analogues à ceux du faisceau de Costabonne, et de la
dolomie. Deux niveaux ferrugineux oolitiques s'observent localement au sommet de l'ensemble (col 1910).
5. Un deuxième ensemble de micaschistes, à passées gréseuses centimétriques à décimétriques. Une passée
de tuf à ocelles de plagioclases est présenté localement à la base. Au sommet apparaissent des intercalations
de grès beiges et un niveau de quartzite gris-noir.
6. Un troisième faisceau carbonate, caractérisé à la base par une alternance de bancs calcaires décimétriques,
de grès beiges et de micaschistes.Des calcaires gris bleuté à pâte fine homogène apparaissent au-dessus,
La partie de la série de Canaveilles située au-dessus de l'ensemble 6 n'a pas fait l'objet
d'un examen de détail. Elle est caractérisée par des micaschistes montrant quelques
passées pyriteuses très noires et par un quatrième faisceau carbonate. On passe ensuite à
la série de Jujols, d'âge ordovicien [11].
(c) Discussion. — Dans le secteur étudié, l'apparente obliquité des couches du faisceau
de Costabonne et de la barre de Fra Joan sur le contact avec les gneiss Gi souligné la
nature tectonique des relations qui existent entre ces derniers et la série décrite. Les
relations originelles entre ces deux ensembles ne peuvent donc pas être précisées.
La présence au sein de la série elle-même de certains niveaux bien caractéristiques
(roches à silicates calciques massives de la barre de Fra Joan, alternances de la base du
faisceau de la Balmeta à lits centimétriques de silicates calciques, grès beiges et quartzites
noirs de la base de l'ensemble 6), nous conduit à penser qu'au moins les trois premiers
faisceaux carbonates individualisés correspondent à trois horizons stratigraphiques diffé-
rents et non à la répétition tectonique d'une même formation. Les tufs à ocelles feid-
spathiques, présents à la base de l'ensemble 5, constituent également un repère stratigraphi-
que utilisable localement.
TECTONIQUE.

Il est possible de rendre compte de l'architecture du secteur étudié,
notamment à l'échelle cartographique, par le jeu de quatre phases tectoniques majeures.
Des phases tardives d'importanceapparemment très mineure ont également été reconnues.
Il n'en sera pas fait mention ici. Le tableau précise le style des phases majeures et
l'orientation de leurs éléments structuraux définie à une rotation d'ensemble près (puisque
notre étude d'un secteur d'extension limitée ne permet ni de mettre en évidence, ni
d'exclure un éventuel basculement tardif d'ensemble).
La phase 1 n'est mise en évidence que de manière indirecte : les diagrammes montrent
une dispersion systématique des axes A2 et A3 dans leur plan de schistosité, ce qui nous

EXPLICATIONSDES PLANCHES

Planche I

Fig. 1. Succession lithostratigraphique observée. 1, gneiss de type G1; 2, calcaire; 3, calcaire à silex;

4, dolomie; 5, roche à silicates calciques; 6, grès; 7, tufs; 8, niveaux ferrugineux oolitiques.
Fig. 1. — Observed lithostratigraphic succession.
Fig. 2. — Coupe interprétative entre le pic de Costabonne et le col 1910. Même légende que la planche II.
L'encadré correspond à la zone du gisement.
Fig. 2. — Cross-section between the peak of Costabonneand the 1910 pass.
PLANCHE I/PLATE I MICHEL PERRIN

Fig. 2

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II —9


PLANCHE II /PLATE II
Acad.
C.
R. Sc. Paris,
t.301,
Série
II,

2,
.1985

Schéma structural de l'environnement géologiquedû gîte


II
G1.3,
de Planche
113

la
Costabonne

4,
1,a,granite
de b, graniteàdeux
CArbonne, de de
micas
Turon.
2,
gneis

roches à silicates calciquesdelabarre


de
Fra
Joan.
5micaschistes.
6
type faisceau de Costabonne.
faiseau skarn à
scheehte 8 traces des plans axiaux des phases souples. 9, failles. EBL, éboulis; C.L.B., Collada de la
de Balmeta.7,
Balmeta;L.B., La Balmeta; P. C., Pic de Castabonne; R. M., Roca dela Merced; T., Turon; X, gisement.
Structural sketch of the surroundingsof the Costabonneore deposit.

fait envisager laprésence d'une phase antéschisteuse1 en plis ouverts; Cette hypothèse
est compatible avec les données existantes sur la structure du massif du Canigou ([5], [6]).
La phase 2, majeure, induit des plis isoclinauxsynschisteux
àtoutes
les échelles. Les

suit
à l'Est
structure cartographiques correspondantes montrent une vergence N, conforme à la

structure d'ensemble du Canigou. On observe du N au S Pl. I, fig; 2 et pl. II) : un


anticlinal au niveau du gisement qui expliqueraunequasi fermeture de celui-ci vers le haut,
un synclinorium au niveaudelaRdeocalaMerced,
un
anticlinal
qui
se depuis la
Collada de la Balmetaàl'Ouest
jusque
dans
secteur
le
de
Turon où il fait
réapparaître en boutonnière les calcaires et dolomies de Costabonne.
La phase 3, coaxiale de 2, induit des plis à charnière ronde, légèrement plus ouverts
que les plis 2, déterminant des structures cartographiques à vergence S, de dimension
hectométrique, qui reprennent éventuellement les structures 2. La phase 3 est responsable
de la fermeturedugisement
au

qui
de la
La
ne
vers
le
bas
(pl.
I,fig.
2)
ainsi
que
des
plis
serrés

frontière.
phase 4 induit desplisen
perturbent la série
chevrons,
observables
S de Fra Joan, qui correspondent à là même structuré, décalée par le décrochement
crête
à vergence N, pratiquement sans flanc court,
que très localement. Les zones de charnière forment des couloirs

TABLEAU

Phases tectoniques d'importance cartographique.


Fold phases inducing mapping structures.

Axe Plan axial Style Nord

Phase 1............. N-S à NW-SE Redressé. Plis ouverts


Phase 2........... E-W Plis isoclinaux
plongementvariable 80 S 50

synschisteux
(effet de la phase 1) Vergence N

de
Phase 3............. 65
avec 80 à

100
100 S

de
70 90
Plis

à
à charnièreronde
(effet plongement variable
de la phase 1)
Vergence
Schistosité
S
fracture
discrète associée.
Phase 4... . ............. 70 à 100 E 0 à 30 Direction moyenne Chevrons,
subvertical flancs courtsy
à fort. peu développés.
plongement N ou S Vergence N.
Schistosité
strain slip
en éventail.
114 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985

de largeur infrahectométrique le long desquels la série est globalement horizontalisée et


où elle apparaît en relief par le jeu de l'érosion.
Si l'on excepte des laminages affectant localement les flancs des structures 2, seuls deux
accidents cassants majeurs s'observent dans le secteur d'étude : le contact de la série avec
les gneiss G1 et le décrochement senestre de la crête frontière qui décale le faisceau de
Costabonne.
L'identification précise des phases majeures reconnues à Costabonne avec les phases
décrites end'autres points du massif du Canigou par d'autres équipes ([6], [7]), passe par
un travail de confrontation systématique sur le terrain et est donc actuellement pré-
maturée,; Il reste que nos observations confirment la présence dans le Canigou d'une
importante phase antéschisteuse, clairement mise en évidence par B. Laumonier et
G. Guitard [6].
CONSÉQUENCES MÉTALLOGÉNIQUES. La présente étude montre que certaines parti-

cularités de là lithostratigraphie (présence de masses calcaires et dolomitiques dans un
encaissant essentiellement schisteux) et de la structure (présence de plis couchés d'impor-
tance cartographique) contrôlent assez étroitement la localisation des corps minéralisés :
— en
premier lieu, la minéralisation est en effet contrôlée par les contacts entre masses
de roches carbonatées et encaissant silicaté. Ces contacts peuvent être parallèles à la
stratification (contacts stratigraphiques entre calcaires ou dolomies et micaschistes ou
roches à silicates calciques) ou obliques sur celle-ci (contact entre roches carbonatées et
granite);
— en
deuxième lieu, on constate que les corps minéralisés importants apparaissent en
des points singuliers de ces contacts qui, géométriquement, correspondent à des indenta-
tions de roches carbonatées dans l'encaissant silicaté. Ces structures « en golfes », déjà
mises en évidence dans le gisement de Salau (où elles correspondent pour l'essentiel à
des « roof-pendants » de roches carbonatées au toit du granite [12]), sont réalisées à
Costabonne par l'association de têtes de plis couchés de phases 2 et 3.
Ce travail a été effectué en: territoire espagnol avec l'autorisation de la Commission Nacional de Geologia.
M. Demange, M. Fonteilles, H: Issard, J. L. Kaelin, B. Laumonier, G. Van Marcke ont bien voulu revoir et
discuter avec nous les résultats présentés ci-dessus.
Remise le 25 mars 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[3] G, VAN MARCKE DE LUMMEN, Thèse, Université Catholique de Louvain, 1983, 293 p.
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[5] G. GUITARD, Mém. B:R.G;M., n° 63, 1970, 316 p.
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[9] C. DEREMETZ et G. GUITARD, B.R.G. G.M., rapport inédit, 1957, 43 p.
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[12] C. DERRÉ, M. FONTEILLES et L. Y. NANSOT, 26e Congr. géol. intern., fasc. E9, 1980, 42 p.

U.A. au C.N.R.S. n° 384, Métallogénie et Pétrologie,


Laboratoire de Géologie, École des Mines de Saint-Étienne,
158, cours Fauriel, 42023 Saint-Étienne Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985 115

VOLCANOLOGIE. — Raiatea dans l'archipel de la Société (Polynésie française). Note


de Robert Brousse et Emmanuel Berger, présentée par Jean Wyart.

Les deux phases basaltiques qui succèdent aux épisodes sous-marins, peu représentés à l'affleurement, sont
issues du centre d'un volcan dont la partie sommitale s'effondre en deux caldeiras emboîtées. Un rift subaxial
prolonge, au Nord-Ouest, l'activité précédente et déverse d'épaisses coulées de trachyte qui revêtent les pentes,
depuis la crête jusqu'à la côte Nord-Ouest.

VOLCANOLOGY.— Raiatea Island, Society Archipelago (French Polynesia).


Two aerial basaltic phases are emitted after submarine episodes—few represented in exposures— and are issued.
from a volcano center of which the summitis foundered into two coaxial caldeiras. From an ultimate axial fift.
propagating to wards the North-West, late thick trachytic flows have covered the whole slope, from the crest to
the North-Western coast.

A 220 km au Nord-Ouest de Tahiti, Raiatea est un des maillons intermédiaires de


l'alignement de la Société qui, depuis Mehetia [1] à la verticale d'un Hot Spot actuellement
actif [2], se poursuit jusqu'à l'atoll de Bellinghausen sur 800 km de longueur.
L'île, allongée au NNW-SSE, sur 22 km, a, pour un volcan océanique, une forme
anormale, subtriangulaire. De plus, les écarts à la fois en distances (4 km) et en âges,
entre Raiatea (2,4-2,5 M.a. en moyenne) [3] et Tahaa (2,5-3,1 M.a.) [3], sont suffisamment
faibles pour qu'une seule enceinte corallienne enserre les deux îles qui partagent ainsi le
même lagon [4].
Le levé géologique [5] permet d'identifier un volcan classique (fig. 1) à la partie Sud
de l'île, de type hawaiien, fait, à la base, d'un empilement de coulées pluridécimétriques
à métriques, mises en place par l'intermédiaire de tubes de lave (tube-lava), en picrites
(ankaramites surtout) à fréquents nodules de péridotites. L'empilement repose, sur la
côte Ouest (près de Pufau et de Tainuu), sur des formations sous-marines exondées à
pillow lava et hyaloclastites. Au-dessus vient une série, dite « supérieure » à coulées
massives à la fois basaltiques et intermédiaires (Hawaiites et exceptionnelles mugéarites)
issues du centre du volcan et, plus rarement, de cônes adventifs (Pointe Papararoa au
SO et Baie Vaiorie au SE). C'est, vraisemblablement, à la suite de l'émission de cette
série ayant vidé le réservoir magmatique sous-jacent,dans lequels'est opérée la différencia-
tion, que se sont formées les deux caldeiras successives. La première, de 5 km de diamètre
environ, est limitée par des falaises abruptes culminant entre 600 et 1 000 m, alors que la
seconde, excentrée au NE et d'un moindre diamètre (3,5 km), est cernée par des crêtes
abaissées à 400 m d'altitude en moyenne. Le coeur de cette dernière caldeira interne, dite
de la Faaroa, a conservé les traces d'une tardive activité à la fois tectono-magmatique
sous la forme d'un stockwerk de dykes basaltiques, et, thermique, dans une zone circulaire
(400 m de diamètre) qui, soumise aux paléo-altérations hydrothermales, a évolué en faciès
zéolitique et argileux aux vives teintes bariolées. L'une des intrusions arquées de l'appareil
souterrain grenu affleure au coeur de la caldeira en gabbros cumulatifs. L'évolution
volcanologique s'est ensuite déportée au Nord-Est, le long du rayon N 170° du volcan
précédent. Un rift fissurai va, dès lors, fonctionner sur une longueur de 7 km, un rift
installé soit selon l'axe sommital, soit, plutôt, en une position légèrement déplacée au
flanc Ouest du volcan. Les coulées de trachyte qui en sont issues ne revêtent en effet

0249-6305/85/03010115 $ 2.00 © Académie des Sciences


116 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Sérié II, n° 2,1985
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985 117

EXPLICATIONS
DE
LA FIGURE

Fig. 1.
(3) océanites
- Carte géologique de l'île
tardives; (4) trachytes;
;
(5)
de Raiatea (5). (1) alluvions modernes; (2) les 5 dômes de phonolite,
série supérieure (basaltes et roches intermédiaires), (6) série inférieure

(océanites à basaltes en tube-lava); (7) coulées sous-marines; (8) limites de caldeira.

d'une carapace continue, épaisse de 10 à 100 m, que les flancs Ouest et Nord. Ces
entablements, encore respectés par l'érosion, sont continus, depuis leurs zones sommitales
du Tevaihue et du Plateau de Temehani jusqu'à la côte, entre la Pointe ereia et Uturoa.
Quelques phénomènes explosifs sont associés à l'épisode effusif, responsables des lahars
interstratifiés (Nord du Plateau de Temehani) et du maar de la baie de Upapa. Le seul
lambeau trachytique au flanc Est de l'île, à la hauteur de la baie Faaroa, est sans doute
le produit d'une sortie adventive.
A la suite de cette puissante émission de termes différenciés, contemporaine semble-t-il
de la dernière phase d'effondrement de la caldeira de la Faaroa, la reprise volcanique est
discrète sous la forme d'océanites en dykes recoupant les trachytes, ou d'une petite
coulée les recouvrant et, surtout, sous la forme de cinq intrusions de phonolites, quatre
d'entre-elles étant alignées selon un axe Nord-Sud (Tapioi, Orotaio, Matotea, Tearai) et
une cinquième excentrique (Tauopu). La phase distensive responsable de l'ouverture
Nord-Sud dont profitent les phonolites affecte également le plateau trachytique du
Temehani qui est partagé en deux (Temehani Ute'Ute et Temehani Rai) par une profonde
gorge bordée de hautes falaises.
Dans l'ensemble, la direction Nord-Sud, comme à Huahine ([6], [7]) est surtout active
en fin de construction de l'île à la différence des deux directions majeures qu'adoptent
les dykes durant les deux phases basaltiques, l'une N 115°, parallèle à l'alignement de
l'ensemble de l'archipel et, l'autre, N 65°, parallèle aux failles qui scindent l'archipel en
échelons (fig. 2).

Fig. 2. — Diagramme de fréquence dès; dykes de Raiatea en fonction de leurdirection (5).


118 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Sérié II, n° 2, 1985

La tectonique la plus récente semble avoir provoqué un léger basculement de Raiatea


autour de son axe d'allongement, relevant la côte Ouest frangée d'un étroit lagon
fortement construit pour, au contraire, abaisser la côte Est, plus largement séparée du
récif-barrièrepar un lagon aux plus rares motus.
Remise le 15 avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] R. BROUSSE, Comptes rendus, 299, sérieII, 1984, p. 995-998.


[2] J. TALANDIER et A. OKAL, Geophys. Res. Lett., 1, (9), 1984, p. 813-816.
[3] R. A. DUNCAN et I. MCDOUGALL,J. Volcanol. Geotherm. Res., 1, 1976, p. 197-227.
[4] G. DENEUFBOURG, Carte géologique de tahaa, Bur. Rech. Géol. Min., 1965.
[5] Mission (janvier-février 1984, financée par le programme CORDET) avec le concours de Catherine
Esnult et Marc Moutin. Nous tenons à remercier de leur accueil et de leur aide Monsieur le Proviseur, ses
collaborateurs et les professeurs du Lycée d'Utuora.
[6] R. BROUSSE, C. MACHEREY, E. BERGER et G. BOUTAULT, Comptes rendus, 296, série II, 1983,
p. 1559-1561.
[7] C. MACHEREY, Thèse, Orsay, 1983.

R. B. : Université Paris-Sud, Laboratoire de Pétrographie-Volcanologie,


Bât. n° 504, 91405 Orsay Cedex;
E. B. : École des Mines, 35, rue Saint-Honoré, 77305 Fontainebleau.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985 119

PRÉHISTOIRE. Données minéralogiques sur les colorants rouges préhistoriques de



Provence : démonstration que certains d'entre eux ont été obtenus par calcination de
goethite. Note de Gérard Onoratini et Guy Permet, présentée par Georges Millot.

La diversité d'origine (bauxite, ocres, terra rossa) de colorants rouges préhistoriques a été mise en évidence
en Provence. La présence dans un quart des échantillons étudiés d'une hématite particulière, dite
« désordonnée » montre qu'ils ont été préparés par calcination de minerais goethitiques.

PREHISTORY. — Mineralogical data of prehistoric red colouring material of Provence a proof that some
of it was certainly obtained by goethite calcination.
It has been shown in Provence the diversity in the origin of prehistorical red colouring material (bauxite, ochre,
terra rossa...). A quarter of the analyzed samples contains a peculiar hematite known as "disordered hematite",
which shows to be originated by goethite calcination.

A de rares exceptions près [1], les colorants préhistoriques jaunes ou rouges sont
désignés par les préhistoriens sous le terme commun d'« ocres ». Il est généralement
admis que ces colorants rouges peuvent résulter du grillage d'ocres jaunes ([2] à [4]).
Jusqu'à présent, aucune preuve n'a été apportée, ni en ce qui concerne la parenté de
ces colorants avec les ocres, ni en ce qui concerne la pratique du chauffage.
Pour vérifier l'hypothèse du chauffage intentionnel, il faut montrer que les produits
obtenus par calcination présentent des caractéristiques spécifiques qui les différencient
des matériaux naturels.
I. MISE EN ÉVIDENCED'UN CHAUFFAGE : PRÉSENCED'HÉMATITEDÉSORDONNÉE. — Des expé-
riences sommaires de chauffage en laboratoire sont citées dans la littérature. Les plus
anciennes mentionnent les changements de couleur dus au chauffage; il a été ainsi constaté
que l'ocre jaune devient rouge vers 250°C [5]. Plus récemment, un colorant goethitique
de Lascaux a été chauffé et, dans la poudre rouge obtenue, l'hématite a été identifiée par
diffraction des rayons X [6].
Ces expériences ne prouvent cependant pas que les colorants rouges préhistoriques ont
été obtenus par calcination, puisque les auteurs ne distinguent pas l'hématite préparée
par chauffage de l'hématite présente dans les roches ferrugineuses naturelles.
En réalité, l'étude de l'état cristallin de l'hématite permet de démontrer que l'Homme
préhistorique a bien calciné de la goethite pour obtenir un produit rouge hématitique.
1. L'hématite désordonnée, un indicateur minéralogique de la cuisson. Le chauffage

de la goethite vers 280°C donne naissance à une hématite au caractère cristallographique
particulier, l'« hématite désordonnée » ([7], [8]). Au-delà de 600°C, l'hématite présente
des caractéristiques normales (locution anglaise : « normal crystallizedhematite » [8]).
L'hématite désordonnée est facilement reconnaissable par son diffractogramme qui
présente des raies élargies pour les réflexions (10.2), (10.4) et (21.4), tandis que les raies
(11.0), (11.3), (11.6) et (30.0) sont relativement fines et plus intenses ([7], [8]). Ce
désordre cristallin ne peut être confondu avec un phénomène d'anisométrie caractérisé
par un renforcement de l'intensité et une plus grande finesse relative des seules raies
(h k 0) [9].
2. Expériences de chauffage de matériaux naturels. — L'hématite désordonnée des
minéralogistes, citée dans la littérature, a été obtenue à partir de goethite chimiquement
pure (monocristaux ou poudre polycristalline).
0249-6305/85/03010119 $ 2.00 © Académie des Sciences
120 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985

TABLEAU I
Localisation des colorants préhistoriques étudiés,
Location of studiedprehistoric colouring material.
Gisement Département Industrie Couche Chronologie
La Salpétrière [10].
La Bouverie [11]. ........
.;:;.... .;.:. ..Gard
Var
Aurignacien
Arénien
30
1
F
E
Würm III
Cornille [10]. Bouches-du-Rhône Magdalénien terminal
Adaouste [10]. .... .: ; Bouches-du-Rhône Magdalénien V
12
12 IV
La Marcouline [10]:. ; .. . Bouches-du-Rhône Valorguien
Cornille [10]. ............ .. . Bouches-du-Rhône
C2
12
..
. . . . . 11,10,10A
Valorguien Alleröd
Valorgues [10].
Chinchon 3 [11].
.............
..
Vaucluse
Vaucluse
.... Bouches-du-Rhône
Valorguien
Sauveterrien ancien 2B
Cornille[10].
...... Montadien ancien C6
Senas [11]..
.
Reillanne [11]. .......... .
Bouches-du-Rhône
Alpes de
Haute-Provence
Montadien
Sauveterrien 4
3
Holocène
Montclus [10]............. .. Gard Sauveterrien récent 21F, 16
.
ChAteauneuf-lez-Martigues[10]. Bouches-du-Rhône Castelnovien F6, F5
. .

TABLEAU II
Composition minérale des colorants à hématite désordonnée.

0
Mineral content of disordered hematite colouring material.
Nombre d'échantillons
1,.......
3.. .....
6..
Hématite

.......
...
+ Quartz
++
+++
Calcite

+
0
Traces 0
+
... ........ ++
.
+
2
, .; + 0

absence.
. . . .

naturel.
3 + + + Traces
Légende :+ + +prédominant; + + teneur moyenne; + présence; 0 absence.
Legend: + + + dominant; + + abundant; + presence; 0

Nous avons donc procédé à l'expérimentation de chauffage à partir de matériaux


ferrugineux que les Hommes préhistoriques pouvaient trouver facilement dans le milieu

Une première série de chauffages à 600°C a été réalisée avec 11 échantillons de goethite
trouvés en Provence, composés soit de goethite seule, soit de goethite accompagnée de
quartz et de calcite. Ces essais ont conduit à la formation de produits rouges. Ils
contiennent tous de l'hématite désordonnée (fig. 1).
Pour mieux préciser le rôle de la température, une expérience a été faite à température
régulièrement croissante, depuis la température ambiante jusqu'à 1 100°C, par chauffage
en atmosphère d'air. L'échantillon, compact, de couleur marron a été fragmenté en
plusieursmorceaux etchacun d'eux a été chauffé pendant 1 h.
Les transformations suivantes ont été observées.
A 250°C, la couleur passe au brun vif et, dans le diffraetogramme quartz-goethite,

les raies de ce dernier minéral s'affaiblissent.
A partir de 260°C, la couleur devient rouge vif, le diagramme de rayons X

Prolabo). désordonnée.

correspond au mélange quartz-hématite

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Comparaison de l'hématite désordonnée (obtenue à 300°C) avec l'hématite normalement cristallisée (produit

Comparison of disordered hematite (obtained at 300°C) with normal crystallizedhematite(Prolaboproduct).


PLANCHEI/PLATE I GÉRARD ONORATINI
Nbre
C.

Famille
R. Acad. Sc.

Mineral content
Paris,

III
ofnhematite
ormal
t. 301,

TABLEAU

material.
Composition minérale des colorants à hématite
colouring

échantillons Hématite Goethite MaghémiteQuartz CalciteKaolinite


Série II, n°

normale;
2, 1985

Boehmite

Légende : + + + prédominant; + + teneur moyenne; + présence; 0 absence.


Legend: + + + dominant; + + abundant; + presence; 0 absence.

TABLEAU IV
Origine possible des colorants à hématite normale.
Possible origin of normal hematite colouring material.
Famille Origine

1 Pseudo-bauxite de la zone bauxitique (13)


2 Bauxites ou terra rossa
3 Ocres stricto sensu
4........ Terra rossa, ocres douteux
5 Terra rossa
6 Indéterminé, ni bauxite, ni ocres
7 Groupe à maghémite, minéral très rare en France


A 700°C. la couleur ne change pas, mais l'hématite devient normale avec, toutefois,
une médiocre cristallinité (raies uniformément épaisses). Quand la température monte, la
cristallinité de l'hématite s'améliore.

Entre 1000 et 1100°C, la couleur passe du rouge vif au rouge brun et l'hématite
est bien cristallisée (comme le produit du commerce Fe2O3 de Prolabo, par exemple).
Cette expérience confirme qu'il est aisé d'obtenir de l'hématite désordonnée par chauf-
fage de produits goethitiques; en même temps, ces essais précisent l'intensité du chauffage
nécessaire pour cette transformation. Reste maintenant à rechercher cette hématite particu-
lière dans des colorants rouges préhistoriques.
3. L'hématite désordonnée dans les colorants préhistoriques. — 60 échantillons de colo-
rants rouges ont été examinés. Ils proviennent de 11 gisements provençaux (tableau I).
Ces échantillons se présentent sous forme de concrétions ou nodules de 2 mm à 1 cm
en moyenne, de couleur rouge vif à brun. D'après leur constitution minéralogique
(tableaux II et III), ils sont complètement étrangers au remplissage naturel des grottes et
124 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 2, 1985

abris. Ils ont donc été volontairement introduits dans les sites par les Hommes préhisto-
riques. Certains, d'ailleurs, portent des tracés caractéristiques d'utilisation (3). Les échan-
tillons peuvent être répartis en deux groupes : ceux qui renferment de l'hématite désordon-
née (25%); ceuxqui renferment de l'hématite normale (75%).
La composition minéralogique des échantillons à hématite désordonnée est donnée
dans le tableau II. Le groupe à hématite normale rassemblé les autres échantillons dont
la composition minéralogique figure dans le tableau III.
II. L'HÉMATITE DANS LES FORMATIONS SÉDIMENTAIRESET D'ALTÉRATION DE PROVENCE. —
Les formations ferrugineuses à goethite et hématite abondent en Provence et 600 échantil-
lons ont été prélevés dans les formations les plus variées. Leur étude révèle que l'hématite
désordonnée y est totalement absente, ce qui confirme que les colorants à hématite
désordonnée résultent bien d'un chauffage de matériel goethitique.
L'hématite présente est toujours normalement cristallisée. Les minéraux associés à cette
hématite, quartz, goethite, boehmite, kaolinite, calcite, permettent de préciser, dans une
certaine mesure, l'origine des colorants à hématite normale utilisés par les Hommes
préhistoriques (tableau IV);
CONCLUSIONS, — Le terme « ocre », généralement employé pour désigner indifférem-
ment les colorants préhistoriques jaunes ou rouges, est impropre. Il ne tient compte que
de la couleur. Or, d'après leur constitutionminéralogique, la plupart des colorants utilisés
par les Hommes préhistoriques en Provence ne semblent pas provenir des « ocres »
véritables, formation bien définie récemment (12). Par contre, les bauxites et pseudo-
bauxites [13] ont constitué une source non négligeable de colorants, ce qui était insoup-
çonné jusqu'ici. Quant aux échantillons à hématite désordonnée, le fait que cette dernière
est absente dans les formations ferrugineuses de Provence et que son obtention est
aisée par calcination de goethite, atteste que les colorants rouges préhistoriques ont été
intentionnellement préparés. Le plus vraisemblable est que des produits naturels, riches
en goethite, ont été chauffés dans une gamme de température de 250 à 700°C, ce qui est
facile à réaliser avec un simple feu de bois.
Remise le 25 mars 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[11] G, ONORATINI, Thèse Sc., Université Aix-Marseille-III,Marseille, 1982, 785
[12] J. M. TRIAT, Thèse Sc., Université Aix-Marseille-IIIet Sc. Géol. Mém., Strasbourg, 68, 1982, 202 p.
p.

[13] G. PERNET, Thèse Sc., Université de Provence, Marseille, 1974, 212 p.


G. O. : C.N.R.S.-E.R. n° 46, Laboratoire de Sédimentologie,
Faculté des Sciences et Techniques de Saint-Jérôme, 13397 Marseille Cedex 13;
G. P.•. C.N.R.S;, Laboratoire de Géologie du Quaternaire, Case 907, Luminy, 13288 Marseille Cedex 9,
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985 125

ONDES ET VIBRATIONS. — Mouvement d'une corde vibrante en présence d'un


obstacle convexe : un problème à frontière libre. Note de HenriCabannes, Correspondant
de l'Académie.
Étudiant le mouvement d'une corde vibrante en présence d'un obstacle quelconque, on montre que sur les
parties convexes, la corde peut soit rebondir, soit s'enrouler; la détermination du mouvement dans ce dernier
cas est un problème à frontière libre. Des solutions exactes, correspondantaux différents cas, sont construites.

WAVES AND VIBRATIONS. — Motion of a vibrating string in the presence of a convex obstacle: a free
boundary problem.
Studying the motion of a vibrating string in the presence of an arbitrary obstacle, we show that on the convex
parts, the string can either rebound or wrap; the determination of the motion in this last case is a free boundary
problem. Exact solutions corresponding to the different cases are constructed.

1. ÉNONCÉ DU PROBLÈME. — Une corde vibrante fixée à ses deux extrémités oscille dans
un plan x, u en présence d'un obstacle curviligne fixe d'équation u ==<p(x). Le mouvement
est défini par une fonction u (x, t) de l'abscisse x et du temps t, satisfaisant, en l'absence
de contact avec l'obstacle, les conditions suivantes ;

Les fonctions a (x) et P(x), nulles pour x= +1/2 sont données.


Au début la corde est animée du mouvement u (x, t) = w (x. t) qui est l'oscillation libre
(oscillation en l'absence d'obstacle), valable dans le plan x, t (fig. 1) jusqu'à la première
ligne d'influence ([1], [2]). La première ligne d'influence est formée d'arcs de la courbe
(r) : w(x, t) = cp (x) (arcs de contact) et de tangentes caractéristiques (de pentes ±1) à la
courbe (r). Sur les arcs de contact on a t = x (x) ou x = a (t), et c (t) = | do/dt | 2:1.
(a) Conditions de rebond. — Les arcs de contact comportent des parties non caractéris-
tiques sur lesquelles on a |rj(t)| >1 et exceptionnellementdes segments caractéristiques
sur lesquels on a a (t) =±l. Sur les premiers, la corde rebondit suivant une loi de
réflexion parfaite : la vitesse du point de la corde qui heurte l'obstacle est multipliée par
1, et la détermination du mouvement après le rebond est un problème de Cauchy. La

détermination du mouvement après un segment caractéristique est un problème de
Goursat [données de la fonction u (x, t) sur la caractéristique et sur une autre courbe], si
bien que la vitesse après le contact est déterminée par la solution de ce problème et non
par une loi de réflexion. On complète donc les équations (l)-(3) par la condition de
réflexion suivante [3] :

0249-6305/85/03010125 $ 2.00 © Académie des Sciences


C.R., 1985, 2e Semestre (T. Série II —10
126 G. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

où la notation [Q](x, t) = Q(x, t + 0) —Q (x, t —0), désigne la discontinuité de la fonction


Q (x, t) au moment du contact c'est-à-dire si x = o" (t).
On déduit des équations ( 1), (2) et (4) que l'énergie totale de la corde :

demeure constante au cours du mouvement. Si le contact a lieu en des points isolés


d'abscisses oi,(t) on obtient :

S'il y a contact persistant sur certains arcs a,^xga,-+1 (ce qui n'est possible qu'avec
des obstacles convexes pour un observateur situé sur la corde [4]), sur lesquels on a, soit
avant le contact, soit après le contact, u (x, t) = <p(x), donc (ôu/dt)=0 et (du/dx) = q>'(x),
on obtient encore E(t) = Cte.
(b) Conditions d'enroulement (ou de déroulement). — Lorsque le contact de la corde
avec l'obstacle a lieu suivant un segment caractéristique, la vitesse après le rebond est
déterminée par la solution d'un problème de Goursat, et lorsque cette vitesse est négative
le rebond est impossible; il y a donc lieu de prévoir un mouvement avec enroulement de
la corde sur l'obstacle. Il en est de même lorsque la courbe w(x, t) = q>(x), rencontre
l'axe x= — .5 (ou x = .5) en un point en lequel la tangente a une pente (dt/dx) supérieure
à 1 (ou inférieure à —1).
L'enroulement (ou le déroulement) est un rebond particulier et doit satisfairela relation
(4). Dans ces conditions, l'enroulement (ou le déroulement) ne peut avoir lieu que
suivant une caractéristique, ou suivant une courbe (inconnue) : t = x(x) sur laquelle on a
u(x, x(x)) = cp(x) et (du/dt)(x, x(x)) = 0; on se trouve comme l'a indiqué Amério [5], en
présence d'un problème à frontière libre. Ces problèmes se rencontrent seulement dans le
cas des obstacles convexes, puisque le contact persistant sur un obstacle concave ne
vérifie pas les lois d'action de contact [4].
Nous introduisons les coordonnées caractéristiques £, = t + x, r\ = t—x; si l'oscillation
libre w(x, t)=w(Ç, r)) se termine sur la caractéristique Tï = fj, le mouvement au-delà est
défini par u(x, t)=u(£,, TJ)=W(^, r\)+g(r\)', les conditions d'enroulement sur la courbe
(frontière libre) t = x (x) s'écrivent :

et permettent de déterminer les deux fonctions inconnues x (x) et g (r\).


2. EXEMPLES DE MOUVEMENT AVEC REBOND. — Nous considérons une corde initialement
au repos dans la position u(x, 0)=cos %x, oscillant en présence de l'obstacle
u = cp(x) = ^ sin iTinx (M entier). La courbe w(x, t) = <p(x) a pour équation :
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301,II, n° 3, 1985 127

Fig. 1 et 2. —
Rebond de la corde sur l'obstacle.
Figs. 1 and 2. —
Rebound of the string on the obstacle.

pour | X | assez petit, on a | dx/dx | < 1; la première ligne d'influence est alors la courbe de
contact précédente sur tout l'intervalle — . 5 5= x g. 5. Après le premier contact on a
u(x, t) = u1 (x, t)=f(t + x)+g(t — x). Les conditions de contact et de rebond s'écrivent :

On en déduit :

avec ^ = x + x(x). On obtient ensuite g(r\)=f( — r\), si bien que le mouvement après le
premier rebond est déterminé par une quadrature.
Dans le cas particulier n = 1 les résultats peuvent être explicités; la première ligne
d'influence coïncide avec la courbe de contact si on a \2"k\ ^1. Le mouvement de la
128 G. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

Fig. 3 et 4. — Enroulement et déroulement de la corde sur l'obstacle.


Figs. 3 and 4. — Wrappingand unwrapping of the string on the obstacle.

corde après le premier rebond est défini ensuite par la fonction :

Pour (1/3) < 12 A. | ^1 (fig. 1) le second contact a lieu suivant un arc CD, avant l'instant
t = 2—x(x) et suivant un arc GH à l'instant t = 2 —x(x); le segment de droite DG tangent
à l'arc CD est caractéristique et la seconde ligne d'influence est la ligne CDGH.
Pour \2X\ ^(1/3), l'arc CDE disparaît et la seconde courbe de contact (qui est aussi
la seconde ligne d'influence) est la courbe t = 2 — x(x). Après le second rebond, on a alors
de nouveau u = w, si bien que le mouvement est périodique de période 2. Sur la figure 2,
qui correspond au cas limite 2A.= —1/3, les positions de la corde à divers instants sont
représentées.
3. EXEMPLES DE MOUVEMENTAVEC ENROULEMENT. — Nous reprenons l'exemple précédent
dans le cas limite 2A.= — 1. La première courbe de contact est la caractéristique r—x = .5
(fig. 3). Pour 0<t<.5 la corde s'enroule sur la partie convexe de l'obstacle suivant la
caractéristique précédente; après l'instant t = .5, elle rebondit sur la partie concave,
toujours suivant la caractéristique t=x + .5, et se déroule sur la partie convexe suivant la
courbe 6x + 2t=1, que l'on détermine par la méthode résumée dans les équations (7);
cette méthode permet de déterminer le mouvement u(x, t) — u2(x, t) de la corde après le
rebond sur la partie concave :
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985 129

Le coefficient de réflexion, rapport des vitesses après et avant le contact n'est plus égal à
1, mais à —tan27ix, et varie de 0 à — oo lorsque le point de contact décrit la partie

concave de l'obstacle.
Si on conserve les mêmes conditions initiales, mais si on remplace l'obstacle précédent
par le suivant : u = 0(X)= — (cos 3TIX)/3, on obtient un mouvement périodique de période
T = 4/3, avec enroulements et déroulements successifs de la corde sur l'obstacle. L'extré-
mité de l'arc en contact avec l'obstacle se propage avec la vitesse ±(1/3) et, aux instants
(2/3) + 2 k (4/3) (k entier), la corde est au repos sur l'obstacle.
Le mouvement précédent ainsi que ceux qui ont été étudiés dans la section 2 correspon-
dants aux cas n=l, |6>„| ^1. représentent des solutions globales en temps du problème
(l)-(4).
Remise le 29 avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] L. AMERIO et G. PROUSE, Rend. Matematica, 8, 1975, p. 563-585.


[2] H. CABANNES et A. HARAUX, Int. J. Non linear Mechanics, 16, 1981, p. 449-458.
[3] M. SCHATZMAN, J. Math. Anal, and Appl., 73, 1980, p. 138-191.
[4] H. CABANNES, Acustica, 55, 1984, p. 14-20.
[5] L. AMERIO, Rend. Accad. Naz. Sc., XL, 102, 1984, p, 185-246.

Laboratoire de Mécaniquethéorique associé au C.N.R.S.,


Université Pierre-et-Marie, 4, place Jussieu, 75005 Paris.
C. R. Acad. Sc; Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985 131

Félix Bertaut.
CRISTALLOGRAPHIE.— Étude de la macle présentée par les sels de la famille
TMTTF2X. Note de Bernard Liautard, Serge Peytavin et Gérard Brun, présentée par

Les Cristaux des sels de la série (TMTTF)2X sont généralement maclés, le but de cet article est de décrire la
figuré de macle. Elle se développe à partir de deux cristaux qui croissent dans la même direction a; ils se
déduisent l'un de l'autre par symétrie par rapport à la direction [100] et mettent en commun la face (001).

X=Br, I, SCN, NO3, BF4, ClO4, PF6, AsF6...).


of the [100] type have been observed on TMTTF2X crystals. (TMTTF = tetramethyltetrathiafulvalene;
Twins

Any salt of the serie (any X) is found to exhibit the same properties and most of the crystals are twinned. They
are formed by two adjacent parts grown in the same direction, the twin boundary being parallel to the (100)
plane. Those conclusions result from the examen of the successive Weissenbergphotographs.
Concerning the physical properties and particularly electrical conductivity: it is generally admitted that they
are not affected; the crystals' lengthening axes (which are also the arganicpacking axis) being parallel.

Depuis que nous étudions les structures cristallines des sels simples de la série de
tétraméthyltétrathiafulvalène
(TMTTF)
de
formule
TMTTF2X
avec X=Br, I, SCN,
NO3; BF4, CIO4, AsF6... ([1], [2], [3]) nous nous heurtons au problème posé par
l'existence d'une figure de macle dans la majorité des cristaux.
L'existence de cette macle a été constatée dès le début des investigations cristallo-
graphiques des sels [4] mais lors de chaque analyse structurale la difficulté a été tournée
en choisissant un cristal non maclé. Pour cela, ilfaut généralement examiner les clichés
de diffraction des rayons X — obtenus en chambre de Weissenberg — pour les sélection-
ner, bien que parfois, l'observation au microscope suffise pour déceler la présence de
plusieurs cristaux.
Cette macle apparaît comme caractéristique de la sérié puisqu'elle se retrouve identique
pour tous les sels de formulé TMTTF2X, quel que soit l'anion mis en jeu; les cristaux
qui en sont exempts constituent l'exception.
Le caractère général de cet état de fait, ainsi que l'influence qu'il peut avoir sur les
propriétés physiques des composés ([5], [6]) nous ont amenés à nous poser le problème
de la description de cette macle.
Signalons enfin que les sels de cette série cristallisent dans le système triclinique, avec
le groupe d'espace centrosymétrique P 1 [1].
LES OBSERVATIONS. — L'analyse des photographies de cristal tournant enregistrées
suivant l'axe d'allongement du cristal : a et celle des strates successives le long de cet axe
permettent de faire un certain nombre d'observations,
-
Aucune anomalie n'apparaît sur le diagramme de cristal tournant (fig. 1 a). Les
différentes strates sont nettes et bien définies : aucune traînée de diffusion, aucun
satellite... ne sont visibles.
Les deux cristaux présentent donc des axes d'allongement (a) identiques et leurs
strates 0,1, 2... suivant cet axe sont confondues.
— La photographie de la strate 0 [plans(0 k l)] montre un seul réseau de tâches, Ceci

veut dire que les deux réseaux réciproques ont même origine et des axes b* et c*
confondus dans les plans pour lesquels h = 0 (fig. 1 b).
— Les images de la strate 1 [plans (1 k l)] et des strates d'ordre supérieur font apparaître
deux réseaux distincts (fig. 1 c et d); Ils ont même maille élémentaire et sont décalés l'un

0249-6305/85/03010131 $ 2.00 © Académiedes Sciences


132 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

Fig. — Clichés de diffraction des rayons X obtenus en chambre de Weissenberg. (a) Diagramme de cristal
1.

tournant : TMTTF2BF4; (b) Strate 0 [plans (0 k l)] : TMTTF2BF4; (c) Strate 1 [plans ( 1 h l)] d'un cristal non
maclé : TMTTF2ClO4; (d) Strate 1 [plans (1 k l)] d'un cristal maclé : TMTTF2C1O4.
Fig. 1. — Weissenberg photographs. (a) Rotation photograph of TMTTF2BF4. (b) Zero level [(0 k l) planes]:
TMTTF2BF4. (c) First level [(1 k l)
planes]: TMTTF2CLO4, not twinned cristal, (d) First level [(1 k l)
planes]: TMTTF,CLO4. twinned cristal.

par rapport à l'autre : les axes réciproques b* et c* restent parallèles dans tous les plans
d'indices h ^ 0.

— On peut maintenant envisager de reconstruire les réseaux


DESCRIPTION DE LA MACLE.
réciproques des deux cristaux à partir de ces observations. Pour cela, traçons deux droites
à partir d'un point 0 pris pour origine. Deux possibilités s'offrent à nous pour définir les
deux systèmes d'axes :
— Soit les axes des deux systèmes ont même sens et donnent naissance à un troisième,
identique pour les deux : nous n'avons défini qu'un seul système d'axes et donc un cristal
unique.

Soit les axes ont des sens opposés et alors ils définissent deux troisièmes axes
différents, donc deux réseaux distincts. C'est cette solution qu'il nous faut retenir.
Le long de ce troisième axe, au niveau de la strate 1 [plans ( 1 k l)] des deux cristaux, il
existe deux réseaux distincts, à axes parallèles et décalés, comme nous le présentons sur
la figure 2.
Les figures 3 a et b donnent les images des strates 0 et 1 obtenues à partir de la
construction que nous venons d'effectuer : elles sont conformes à ce qui est effectivement
observé.
Les réseaux réciproques des deux cristaux sont maintenant construits. Le passage aux
réseaux réels montre que nous avons à faire à deux réseaux distincts correspondant à
deux cristaux qui croissent dans la même direction : a, ils se déduisent l'un de l'autre
par symétrie par rapport à la direction [100] et mettent en commun une face (0 k l).
L'indexation des faces et l'observation au microscope permettent de dire que la face mise
en commun correspond au plan (001).
C. R, Acad. Sc. Paris, t. 301, SérieII, n° 3, 1985 133

Fig. 2. — Construction des deux réseaux réciproques d'un cristal maclé.


Fig. 2. — The two reciprocical lattices construction for a twinned cristal.
Fig. 3. — Réseau réciproque d'un cristal maclé.
(a) Niveau 0 [plans (0 k l); (b) Niveau 1 [plans (1 k l)].
Fig. 3. — Reciprocicallattice of a twinned cristal,
(a) Zero level [(0k l) planes]: (b) First level [(1 h l) planes].

DISCUSSION.
— Après avoir décrit la figure de macle caractérisant ces cristaux, il
convient de se poser la question de savoir si son existence entraîne des perturbations au
niveau des mesures physiques concernant ces composés. Les techniques utilisées sont en
général prévues pour le monocristal : donnent-elles le même résultat sur un ensemble
formé de plusieurs cristaux?
La connaissance que nous avons de la macle, donc du mode d'association des cristaux
montre qu'elle ne doit pas influer sur les propriétés physiques des sels et en particulier
sur leur conductivité électrique. Ceci dans la mesure où les axes d'allongement des
cristaux (qui sont les axes d'empilement des radicaux organiques) sont confondus.

CONCLUSION. Nous avons décrit la macle présentée par tous les sels de la famille

TMTTF2X. Elle est formée par deux cristaux qui croissent le long de l'axe a; ils sont
images l'un de l'autre par rapport à la direction [100] et mettent en commun la face
(001).
La présence de cette macle ne doit pas affecter les propriétés physiques des sels — et en
particulier leur conductivité électrique — et ne gêne pas notablement lors des résolutions
structurales.
Remise le 17 décembre 1984, acceptée le 15 avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] J. L. GALIGNE, B. LIAUTARD, S. PEYTAVIN, G. BRUN, J. M. FABRE, E. TOREILLES et L. GIRAL, Comptes


rendus. 285. série C. 1977. p. 475-478.
[2] B. LIAUTARD. S. PEYTAVIN. G. BRUN et M. MAURIN. J. Phrs... 43. 1982. p. 1453-1459.
[3] B. LIAUTARD, Thèse de Doctorat ès Sciences, Montpellier, 1984.
134 C. R. Acad. Sc. Paris, t 301, Série II, n° 3, 1985
[4] G. BRUN, S. PEYTAVIN, B. LIAUTARD, M. MAURIN, E. TOREILLES, J. M. FABRE et L. GIRAL, Comptes
rendus, 284, série C, 1977, p. 211-213.
[5] C. COULON, P. DELHAES, S. FLANDROIS, R. LAGNIER, E. BONJOUR et J. M. FABRE, J. Phys., 43, 1982,
p. 1059-1067.
[6] C. COULON, Thèse de Doctorat ès Sciences, Bordeaux, 1982.

Laboratoire de Physico-Chimie des Matériaux inorganiques, U.A. n° 407,


U.S.T.L.,place Eugène-Bataillon, 34060 Montpellier Cedex.
C, R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985 135

CHIMIE PHYSIQUE. — Influence de très faibles teneurs d'ajouts (CaO et Y2O3) sur
la densification du nitrure d'aluminium par frittage sous charge entre 1650 et 1 750°C
Note de Gérard Gauthier, Kyong Sop Han, Didier Bernache-Assolant et Jacques Mexmain,
présentée par Paul Lacombe.

Pour densifier totalement le nitrure d'aluminium, on utilise habituellement de 1 à 10 % d'ajout sous forme
d'oxyde de clacium ou d'oxyde d'yttrium. On montre ici la possibilité d'obtenir du nitrure d'aluminium dense
avec de très faibles quantités d'ajouts, de l'ordre de 0,05 % en mole, donc un matériau de meilleure qualité.
Pour de telles compositions l'activation du frittage se ferait par l'intermédiaire d'une solution solide superficielle.

PHYSICAL CHEMISTRY,— Influence of very low additions of CaO and Y2O3 on the densification of
aluminium nitride by hot-pressingbetween 1,650 and 1,750°C.
In order to obtain the theoretical density by sintering aluminium nitride powder, some additives such as CaO or
Y2O3 are ordinarly used in proportion 1-10 mole %. It has been shown that fully densified ceramics can be
obtained with much smaller contents of about 0,05%. For such quantities, the sintering activation could be
correlated to the formation of a superficial solid solution.

INTRODUCTION. — Les céramiques à usage thermomécanique (nitrures, carbures et


certains oxydes) offrent des perspectives prometteuses à moyen terme, mais des difficultés
restent à surmonter pour améliorer leur ténacité et leur élaboration sous forme massive
ou de dépôt. La plupart de ces céramiques étant difficilement densifiables, on introduit
habituellement des ajouts en quantités variables (de 1 à 10 %), mais les phases vitreuses
créées corrélativement aux joints de grains abaissent sensiblement les performances du
matériau à haute température. Il convient donc de minimiser les quantités d'ajouts
utilisées [1].
EXPÉRIMENTATION. — L'étude du frittage sous charge; du nitrure d'aluminium a été
réalisée à l'aide d'un dispositif expérimental [2] comprenant un four haute fréquence
chauffé par induction, un moule en graphite contenant l'échantillon, un compresseur
muni d'un ballon tampon qui permet d'appliquer une charge constante en deux secondes.
L'ensemble du moule et de son système d'isolation est contenu dans une enceinte

continu la hauteur de l' échantillon.


métallique sous atmosphère contrôlée (argon). Un capteur de déplacement mesure en

Le nitrure d'aluminium, commercialisé par " Koch-Light ", contient 1 % en poids


d'impuretés en dehors de l' oxygène (1,8 %) présent sous forme d'alumine amorphe
superficielle. Sa surface spécifique (2,7 m2/g) correspond à un rayon moyen des grains
élémentaires de 0,34 um, tandis que la poudre est constituée d'agglomérats de dimensions
inférieures à 50 um.
Le mélangede 3 g de poudre du nitrure d'aluminium et de la quantité d'ajout choisi
est effectué à sec dans un mortier d'agate, puis durant3 h dans un malaxeur « Turbulat ».
Ce mélange est introduit dans le moule en graphite et pressé à froid sous 15 MPa; la
pression est ensuite relachée etla mise en température effectuée en 15 mn, puis la pression
(15 MPa) est à nouveau appliquée. Le retrait de l'échantillon est alors enregistré en
continu durant 40 mn. Après arrêt du chauffage et relâchement de la pression, la densité
de l'échantillon est mesurée par poussée hydrostatique dans l'eau.
RÉSULTATS.— Densification en présence de CaO. — Nous avons déterminé les courbes
de retrait des échantillons en fonction du temps à 1 700°C et 15 MPa pour diverses
quantités d'oxyde de calcium introduites initialement(fig. 1).

0249-6305/85/03010135 $ 2.00 © Académie des Sciences


136 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

Fig. 1. Fig. 2.

Fig. 1. — Courbes de densification du nitrure d'aluminium pour différentes quantités


de CaO à 1 700°C et 15 MPa.
Fig. 1.

Densification curves for aluminium nitride hot-pressed at 1,700°C
under 15 MPa and different CaO contents.
Fig. 2. —
Influence de la concentration en CaO
sur la vitesse de densification du nitrure d'aluminium.
Fig. 2. — Dependence of CaO content on the densification rate
of aluminium nitride (1,700°C-15MPa).

On observe que l'on peut densifier totalement le nitrure d'aluminium pour de très
faibles taux d'ajouts (0,5 % en mole de CaO); d'autre part le taux de densification passe
par un extremum en fonction de la proportion d'ajout introduite. La figure 2, qui
représente l'évolution de la vitesse de densification avec la quantité d'oxyde pour un taux
de densification constant (égal à 0,8), montre clairement l'existence de ce maximum.
L'aptitude au frittage du nitrure d'aluminium n'est donc pas une fonction croissante
de la quantité d'ajout utilisée, comme c'est le cas pour d'autres nitrures ou carbures ([5],
[6]). Un tel résultat n'avait pas été mis en évidence jusqu'à présent, bien que de nombreux
auteurs aient étudié le frittage naturel ou sous charge du nitrure d'aluminium en présence
d'oxydes ([3], [4]). Pour des concentrations en ajout supérieures à 1 %, l'analyse radiocris-
tallographique des échantillonsfrittés révèle la présence de la phase CaO, 6 Al2O3. D'autre
part, l'observation de surfaces de fracture d'échantillons en microscopie électronique à
balayage fait apparaître des grains réguliers de dimensions voisines de 1 um et comportant
des facettes.
Si l'on se réfère au diagramme binaire Al2O3-CaO à 1700°C une phase liquide peut
apparaître au cours du frittage. Aux fortes concentrations en CaO cette phase liquide
est d'ailleurs directement mise en évidence; elle est en effet extrudée à la périphérie de
l'échantillon, ce qui provoque un grippage du piston sur le moule. On voit mal toutefois,
pour de très faibles concentrations, comment cette phase liquide pourrait activer pareil-
lement le frittage.
Densification en présence de Y2O3. — Le nitrure d'aluminium peut être encore densifié
totalement en utilisant de très faibles quantités d'ajouts, comme le montrent les isothermes
de retrait obtenues pour diverses quantités d'oxyde (fig. 3).
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, l985 137

Fig. 3. —
Courbes de densification du nitrure d'aluminium
pour différentes quantités de Y2O3 à 1700°C et 15 MPa.
Fig. 3. — Densification curves for aluminium nitride hot-pressed
at 1,700°C under 15 MPa as a fonction of the Y2O3 content.
Fig. 4. — Influence de la concentration en Y2O3
sur la vitesse de densification du nitrure d'aluminium à 1700°C et 15 MPa.
Fig. 4. — Dependence of the Y2O3 content
on the AIN densification rate at 1,700°C under 15 MPa.

Le maximum de vitesse de densification (pour un taux de densification de 0,8) en


fonction de la quantité d'ajout utilisé (fig. 4) indique clairementqu'il existe une concentra-
tion optimale en oxyde d'yttrium permettant de densifier totalement le nitrure d'alumi-
nium. La microstructure des échantillons obtenus est analogue à celle de ceux frittés avec
CaO. Si la quantité d'oxyde utilisée est suffisante, l'analyse radiocristallographique permet
de déceler la présence de la phase secondaire 3 Y2O3. 5 A12O3.
Contrairement au système Al2O3-CaO, le système binaire Al2O3-Y2O3 ne permet
théoriquement pas l'apparition d'une phase liquide à 1 700°C. Il semble donc bien qu'il
faille attribuer l'activation très forte du frittage aux faibles concentrations d'ajouts à
l'apparition de solutions solides, dites superficielles.
C'est pourquoi nous avons étudié l'influence de la température sur ce maximum et sa
position dans l'échelle des concentrations. Différents réseaux d'isothermes à 15 MPa pour
des températures variant de 1 550 à 1 750°C et des compositions de 0 à 0,1 % ont été
tracés. La synthèse des résultats, exprimée à partir des courbes vitesse-quantité d'ajout à
différentes températures, est représentée sur la figure 5.
On remarque que le maximum est présent à toute température, mais qu'il est fortement
accentué à partir de 1650°C. Par exemple, la vitesse de densification à 1750°C, en
présence de 0,05 % d'ajout, est 80 fois plus grande que celle du produit naturel. On
obtient ainsi la densité théorique en moins de 10 mn, ce qui est remarquable compte tenu
des difficultés de densification du nitrure d'aluminium.
La présence du maximum à des températures nettement inférieures à 1700°C montre
bien que celui-ci n'est pas lié à un frittage en phase liquide. En retenant une telle
hypothèse dans le cas de l'oxyde de calcium (présence du maximum lié à l'existence d'une
solution solide superficielle), on passerait donc d'un frittage en phase solide à un frittage
en phase liquide avec les concentrations croissantes.
138 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

Fig. 5. —
Influence de la concentration en Y2O3
sur la vitesse de densification à différentes températures.
Fig. 5. — Influence of Y2O3 content
on the AIN densification rate at various temperatures.

CONCLUSION. Le taux de densification du nitrure d'aluminium en présence de CaO



ou Y2O3 n'est pas fonction croissante de la quantité d'oxyde utilisée. Un optimum très
marqué est obtenu aux très faibles concentrations en ajouts, de l'ordre de 0,05 % en
mole dans le cas de l'oxyde d'yttrium. Ce résultat inattendu ouvre la voie à l'élaboration
de matériaux denses minimisant les phases vitreuses aux joints de grains, ce qui devrait
améliorer corrélativement leur tenue mécanique et leur comportement en atmosphère
oxydante à haute température.
Remise le 15 avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] G. GRATHWOHL, S. B. HANNA et F. THUMMLER, Trans. J. Br. Ceram. Soc., 81, 1982, p. 193-196.
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[3] K. KOMEYA, H. INQUE et A. TSUE, Yogyo-Kyo, 89, 1981, p. 330-336.
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[5] G. N. BABINI, A. BELLOSI et A. VINCENZINI, Mater. Chem., 5, 1980, p. 267-288.
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Laboratoire de Céramiques nouvelles, L.A.-C.N.R.S. n° 320,


U.E.R. des Sciences de Limoges, 123, avenue Albert-Thomas, 87060 Limoges Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985 139

CATALYSE — Utilisation de thiométallates comme précurseurs de catalyseurs mixtes


d'hydrotraitement. Note de Werner Eltzner,Michel Lacroix, Michel Vrinat et Michèle
Breysse, présentée par Lucien Sajus.

L'utilisation de complexes du type hétérométal bis tétrathiométallates comme précurseurs de catalyseurs non
supportés d'hydrotraitement est décrite. Les propriétés hydrogénantes de ces catalyseurs, mesurées dans
l'hydrogénation du biphényle, sont dans tous les cas supérieures à celles des catalyseurs préparés par des
méthodes conventionnelles. Leurs comportements catalytiques suggèrent qu'une phase mixte du type CoMoS,
NiMoS ou NiWS est présente en quantité importante.

CATALYSIS.— Use of thiometallates as precursors of hydrotreating mixed catalysts.


The application of heterometal bis tetrathiometallo complexes as precursors of unsupported hydrotreating
catalysts is reported. The hydrogenatingpropertiesof the resultingcatalysts, measuredduring biphenyl conversion,
are in each case higher than the corresponding activities of the samples prepared by conventional procedures. Their
catalytic behaviours suggest that an important amount of mixed CoMoS, NiMoS and NiWS species is present in
these samples. Moreover, this new approach with structurally well characterizedprecursors permits to propose a
modelisation of "mixed phases" active in hydrotreatingcatalysts.

INTRODUCTION. — L'hydroraffinage des différentes fractions issues de la distillation dès


pétroles bruts fait appel à des catalyseurs sulfures à base d'un mélange d'un élément du
groupe VI (Mo, W) et d'un élément du groupe VIII (Co, Ni), supportés sur alumine: Si
le rôle promoteur du cobalt ou du nickel est longtemps resté l'objet de controverses, il
semble maintenant unanimement accepté qu'il forme avec le molybdène ou le tungstène
une phase particulière responsable de l'activité catalytique. Cette phase a été pour la
première fois mise en évidence par TopsSe et coll. ([1], [2]) sur les catalyseurs CoMo
massiques ou supportés. Depuis, cette notion d'espèce mixte a été étendue aux systèmes
CoW, NiW et NiMo [3]. S'il peut sembler alors surprenant que cette découverte ait
continué à faire l'objet de nombreuses discussions, c'est sans nul doute à cause de la
multitude des phases qui, selon la méthode de préparation des catalyseurs, peuvent exister
dans ces systèmes catalytiques. Ainsi pour des catalyseurs non supportés, la méthode de
« comacération » proposée par Hagenbach et coll. [4] conduit à un mélange de sulfures
MoS2 et C09S8 dans lequel la phase « CoMoS » reste minoritaire, alors que la méthode
de précipitation homogène (HSP : homogeneous sulfide precipitation) mise au. point par
Candia et coll. [1] fournit des catalyseurs à forte teneur en phase mixte. Il semble donc
que la formation de cette phase « CoMoS » soit favorisée dans une préparation au cours
de laquelle un contact intime entre les éléments Co et Mo peut s'établir.
Cette condition est par exemple réalisée dans les complexes hétérométal-bis-
tétrathiométallates du type [M' (MS4)2]"-w[R4X]+ avec : M' : (Ni, Co); M : (Mo, W);
n : (2, 3); X : (P, As, N); R : (phényle, alkyle) dans lesquels des liaisons M —M' inférieu-
res à 3 Â, caractéristiques d'une interaction intermétallique, ont été mises en évidence [5].
De plus, les distances des ponts métal-soufre sont du même ordre de grandeur que celles
observées par EXAFS dans la phase CoMoS [6].
C'est pourquoi nous proposons une nouvelle approche de synthèse de catalyseurs
d'hydrotraitement par utilisation de ces complexes. Ces nouvelles masses catalytiques
sont étudiées dans la réaction d'hydrogénation du biphényle sous moyenne pression et

de précipitation homogène.
leurs propriétés hydrogénantes comparées à celles d'échantillons préparés par la méthode

PRÉPARATION DES CATALYSEURS. — (a) Préparation des complexes.—La préparation de


complexes du type [M' (MS4)2]17' n [R4X]+ a été décrite avec R = phényle et X = P ou As

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C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II—11
140 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

TABLEAU

Activités catalytiques à 530 K pour l'hydrogénation du biphényle.


Catalytic activities for biphenyl hydrogenation at 530 K

Système S rs ri &.r
Catalytique Préparation (m2.g- 1) (10- 8 mol.s-1.g-1) (10- 8 mol.s-1.m-2) (%)

CoMo a 47 22,5 0,5 58


NiMo a 1 1,6 1,6 68
NiW a 3 10,2 3,4 23
CoMo b 22 6,3 0,28 50
NiMo b 14 19 1,3 78
NiW b 10 14 1,4 25
MoS2 (a) - - - 0,09
WS2 (a) - - - 0, 18

(a) Référence [3].

par Müller et coll. [7]. Afin d'éviter la présence de traces d'éléments P ou As dans nos
catalyseurs, nous avons préféré précipiter ces complexes par (C2H5)4NBr, les amines
quaternaires se décomposant facilement en produits volatils à basse température [8]. Pour
ce faire, à 50 ml de H2O dégazée contenant 10- 2 mole de nitrate de nickel et 2.10- 2 mole
de (C2H5)4NBr, sont ajoutés goutte à goutte 150 ml d'eau dégazée renfermant
2.10- 2 moles de tétrathiomolybdate (ou tétrathiotungstate) d'ammonium, à température
ambiante et sous agitation. Il y a alors apparition d'un précipité brun qui est filtré, lavé
à l'eau, puis séché sous vide. Dans le cas particulier du système cobalt-molybdène, la
méthode de préparation précédemment décrite peut conduire à des aquo complexes du
type [Co(H2O)2(MS4)2]2-, ou à des oxothio complexes du type [Co (MoOxSy)2]2- [9].
C'est pourquoi le complexe [Co(MoS4)2][Et4N]3 a été synthétisé en milieu organique
(acétonitrile) en présence d'un agent réducteur (thiophénol) selon la procédure proposée
par Müller et Newton [10].
La pureté de ces complexes (absence d'oxothiocomplexe)a été contrôlée par spectrosco-
pies infrarouge et ultraviolette visible ainsi que par analyse chimique élémentaire.
(b) Précurseurs HSP. — La méthode de précipitation homogène (méthode HSP)
consiste à ajouter goutte à goutte une solution aqueuse de sulfure d'ammonium (2,5 %)
à une solution très diluée (10- 2 mole.l- 1) contenant le paramolybdate d'ammonium
(NH4)6Mo7O24, 4H2O (ou le paratungstate d'ammonium : (NH4)10W12O41, 5H2O) et
le nitrate de nickel (ou de cobalt) et maintenue à 343 K. La quantité totale de soufre
ajouté correspond à un excès de 25%, calculé par rapport à la formation de
MoS4 - (WS4 -) et NiS (CoS). L'excès d'eau est éliminé par évaporation à sec sous
pression réduite.
Cette méthode a été utilisée pour la préparation de catalyseurs ayant un rapport
atomique r = groupe VIII/(groupe VI + groupe VIII) =0,3.
(c) Décomposition des précurseurs. — Les précurseursprécédents sont décomposés sous
atmosphère sulfurante (H2 —H2S 15%) pendant 4 h à 673 K. Après refroidissement à
température ambiante sous cette même atmosphère, les catalyseurs sont balayés sous N2,
puis conservés sous atmosphère inerte (argon).
MESUREDES ACTIVITÉS CATALYTIQUES. — Les mesures d'activité catalytique en hydrogéna-
tion du biphényle sont conduites en phase vapeur dans un microréacteur dynamique
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3,1985 141

différentiel travaillant sous pression, une légère pression partielle de H2S additionné au
mélange réactionne] permet de maintenir l'état de sulfuration du catalyseur.

Le comportement des systèmecatalytiques à haute température est contrôlé par


comparaison des activités catalytiques mesurées à 530K avant et après travail du cataly-
seur durant 15 h à 673 K et exprimé par le pourcentage de perte d'activité (Ar %).

RÉSULTATS ET DISCUSSION. - L'examen des résultats rapportés dans le tableau indique


que, quelle que soit la méthode de préparation, les activités hydrogénantes se classent
dans l'ordre CoMo <NiMo < NiW, le nickel apportant une plus grande promotion de
la fonction hydrogénante, en accord avec les résultats de la littérature ([3], [12]).
La comparaison des propriétés catalytiques des systèmes préparés par les méthodes (a)
et (b) montre que les catalyseurs issus de la décomposition des complexes sont deux fois
plus actifs en hydrogénation du biphényle que ceux obtenus par précipitation homogène,
cette différence étant encore plus sensible pour le couple NiW.
Au cours d'un test catalytique prolongé à 673K, il apparaît que, pour un couple
déterminé, le pourcentage de perte d'activité hydrogénante est similaire, quelle que soit
la méthode de préparation.
Dans le cas des catalyseurs CoMo préparés par la méthode (b), cette désactivation a
été attribuée à une destruction partielle de la phase active « CoMoS » mise en évidence
par spectroscopie Mössbauer d'émission et par microscopie électronique analytique [13].
Des observations tout à fait comparables ont aussi été rapportées pour les catalyseurs
NiW (HSP) [3]. Cette désactivation en cours de catalyse est caractéristique des échantil-
lons riches en « phase mixte » et constitue une preuve indirecte de l'existence de telles
espèces. L'ensemble de ces observations et le parallélismede comportement entre les deux
séries de catalyseurs nous amène à proposer que la structure des phases « CoMoS »,
« NiMoS » et « NiWS » présentes dans les systèmes HSP soit de nature comparable à
celle des phases actives présentes dans les catalyseurs issus de la décomposition des
thiométallates. La meilleure activité hydrogénante de ces derniers systèmes doit alors
s'expliquer par une teneur en phase active supérieure.
Ainsi, pour le catalyseur CoMo (HSP) il a été montré qu'environ 40 % du cobalt était
intimement lié au molybdène sous forme de phase CoMoS [13]. Selon Candia et coll. [1],
l'activité catalytique de ce système est directement proportionnelle à la quantité de cobalt
présent dans cette phase. Ces observations et la comparaison des activités hydrogénantes
nous conduisent à estimer à environ 75% la fraction de cobalt en interaction avec le
molybdène dans la phase active du système CoMo préparé à partir du complexe.
Pour le système NiMo, l'incertitude sur la mesure des surfaces spécifiques (1 m2.g- 1)
rend la comparaison plus difficile.
Pour le couple NiW, il semblerait que la méthode de précipitation homogène conduise
à des catalyseurs ayant une teneur en phase NiWS inférieure à la quantité de phase
CoMoS présente dans le catalyseur CoMo (HSP). Cette différence pourrait s'expliquer
par la méthode de préparation elle-même. En effet, alors que la préparation à partir des
complexes met en jeu une interaction en solution des ions tétrathiomolybdate (MoS4 )
ou tétrathiotungstate(WS4 -) avec des ions Co + + (ou Ni++), au cours de la préparation
par précipitation homogène les conditions de pH sont telles que la transformation
du paramolybdate en tétrathiomolybdate est plus facile que celle du paratungstate en
tétrathiotungstate.
142 G. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

L'application de cette nouvelle méthode de préparation de catalyseurs à partir de


thiométallates conduit donc à des systèmes présentant une activité catalytique intrinsèque
supérieure à celle mesurée pour les catalyseurs HSP, mais ayant avec ces derniers de
grandes similitudes de comportement au cours du test catalytique. De plus, la structure
bien définie des thiométallates devrait nous permettre une meilleure caractérisation des
espèces actives en cours de catalyse et par là même de proposer une modélisation
moléculaire des « phases mixtes » présentes dans les catalyseurs d'hydrotraitement.
Remise le 6 mai 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] R. CANDIA, B. S. CLAUSEN et H. TOPSÇIE, Bull. Soc. chim. belg., 90, 1981, p. 1225-1232.
[2] B. S. CLAUSEN, S. MORUP, H. TOPSÇE et R. CANDIA, J. Physique Colloq., 37, C-6, 1976, p. 249-252.
[3] M. VRINAT, M. LACROIX, M. BREYSSE et R. FRETY, Bull. Soc. chim. belg., 93, 1984, p. 697-705.
[4] G. HAGENBACH, P. COURTY et B. DELMON, J. Catal., 23, 1971, p. 295-300.
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[6] B. S. CLAUSEN, R. CANDIA, J. ALS-NIELSEN et H. TOPSÇJE, Bull. Soc. chim. belg., 90, 1981, p. 1249-1259.
[7] A. MULLER, E. AHLBORN et H. H. HEINSEN, Z. Anorg. Allg. Chem., 386, 1971, p. 102 et A. MULLER,
E. DIEMANN et H. H. HEINSEN, Chem. Ber., 8, 1974, p. 975.
[8] M. J. F. LEROY, G. KAUFMANN, R. CHARLIONET et R. ROHMER, Comptes rendus, 263, série C, 1966,
p. 601-604.
[9] R. JOSTES, Thèse de Doctorat d'État, Université de Bielefeld, 1984.
[10] A. MULLER et W. E. NEWTON, résultats non publiés.
[11] R. FRETY, M. BREYSSE, M. LACROIX et M. VRINAT, Bull. Soc. chim. belg., 93, 1984, p. 663-671.
[12] S. P. AHUJA, M. L. DERRIEN et J. F. LE PAGE, Ind. Eng. Chem., Prod. Res. Div., 9, 1970, p. 272-281.
[13] M. BREYSSE, R. FRETY, M. VRINAT, P. GRANGE et M. GENET, Appl. Catal., 12, 1984, p. 165-178.

Laboratoire propre du C.N.R.S., conventionné à l'Université Claude-Bernard, Lyon-I,


Institut de Recherches sur la Catalyse, 2, avenue Albert-Einstein, 69626 Villeurbanne Cedex.
C,R. Acad. Sc, Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985 143

SYNTHÈSE ORGANIQUE. Réactions en milieu hétérogène : Sélectivité dans l'alky-



lation d'anions ambidents. Note de Bernard Kirschleger et René Queignec, présentée par
Henri Normant.
La mono C alkylation sélective de composés à méthylène actif par les dérivés halogénés est réalisée, avec de
très bons rendements, en l'absence de tout solvant, en utilisant du carbonate de potassium comme base. Dans
le cas des dérivés bromés et chlorés, l'alkylation est favorisée par l'addition d'une faible quantité d'iodure de
sodium qui permet l'accès au dérivé iodé.
ORGANICSYNTHESIS, - Reactions in heterogenous media: Selectivity in ambident anions alkylation.
Selective mono C alkylation of active methylene compounds by halogenated derivatives is performed with high
yields, in the absence of any solvent, using potassium carbonate as base. With brominated and chlorinated
compounds addition of small amount of sodium iodide, which gives iodide derivative,favors alkylation.
Les réactions en milieu hétérogène, outre leur simplicité de mise en oeuvre, montrent
bien souvent une sélectivité accrue lors du choix du chemin réactionnel [1].
Ainsi l'emploi d'un réactif de transfert de phase en milieu biphasique liquide-liquide
[2] ou solide-liquide [3] oriente l'alkylation d'anions ambidents ([4], [5]) issus de dérivés
Z-CH2-Y (X, Y = COR, COOR, CN) vers la C alkylation. Cependant la réaction manque
souvent de sélectivité entre mono et dialkylation. En outre l'élimination du réactif de
transport (sel d'ammonium, éther couronne) peut se traduire dans certains cas par une
diminution du rendement. Les réactions en milieu sec sur support inorganique [6] semblent
plus sélectives mais moins rentables,
Récemment le choix du milieu réactionnel (base, cation associé, activateur anionique)
a permis d'orienter sélectivement l'alkylation de (J-naphtols [7].
Nous présentons ici une technique simple qui permet la mono C alkylation sélective
de composés à méthylène actif avec de très bons rendements. La réaction est effectuée
en l'absence de tout solvant avec du carbonate de potassium anhydre comme base.
L'alkylant peut être un dérivé iodé, bromé ou chloré. Dans ces deux derniers cas,
l'additiond'une faible quantité d'iodure de sodium active la réaction par passage préalable
au dérivé iodé. De plus ce sel influe sur la sélectivité de la réaction (mono contre
dialkylation du substrat) :

La mise en oeuvre est particulièrement simplifiée. Les produits sont mélangés et agités
jusqu'à disparition totale des matières premières (CPG). Après élution à l'éther et
évaporation, le résidu obtenu est constitué, en général, par le produit de monoalkylation
très pur avec des rendements se situant entre 80 et 95%. La vitesse de la réaction est
fonction de la quantité d'iodure de sodium. Néanmoins 0,25 équivalent de Nal en
présence de 1,5 équivalent de K2CO3 constitue un bon compromis. Dans ces conditions
les vitesses d'alkylation sont comparables pour des dérivés iodés et bromés, plus lentes
avec les dérivés chlorés, la réaction d'échange chlore-iode devenant déterminante.

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144 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

TABLEAU

t (h) Rendement brut


Exp. Z Y RX (ou j) (distillé)

1 CH3CO COOEt CHiI 24 87(84) (sans NaI)


2 EtOCO COOEt CH3I 48 84(-) (sans NaI)
3
4
CH3CO
CH3CO
COCH3
COOEt
CH3I
(CH3)2CHI
120
48
-85 (83) (sans NaI)
(-) (sans NaI)
5 CH3CO COOEt C4H9Br 48 84(80)
6 CH3CO COOEt CH2 = CHCH2Br 24 91 (-)
7 CH3CO COOEt CH3CH=CHCH2Cl 24 97(92)
8
9
CH3CO
CH3CO
COOEt
COOEt
HC=CCH2Br
C6H5-CH2Cl
72
72
-- (81) (10% dialkyl)
(80) (6% dialkyl)
10 EtOCO COOEt CH3CH = CHCH2Cl 48 96(-)
11 EtOCO COOEt C6H5-CH2Br 8j -(83)
12
13
CH3CO
NC
COCH3
COOEt
CH3CH = CHCH2Cl
CH3CH= CHCH2Cl
24
24
- (83)
- (88) -(23% dialkyl)
14 (EtO)2P(O) COOEt CH3CH = CHCH2Cl 5j (77)
15 (EtO)2P(O) COOEt CH2= C(CH3)CH2Cl 5j - (60)
Grâce à des conditions opératoires très douces (25 à 60°C), la vitesse de la réaction
est suffisante pour former le dérivé monosubstitué, par contre elle défavorise la dialkyla-
tion. Notons aussi que, si les temps de contact peuvent être relativement longs (exp. 11),
les rendements restent toujours élevés et l'on évite l'écueil de réactions secondaires
rencontrées dans une publication récente [8].
Par ailleurs certains alkylants (dérivés allyliques, propargyliques) sont connus pour
favoriser la disubstitution. Les expériences 6, 8, 9 montrent que notre méthode minimise
cette réaction parasite. Cependant celle-ci reste en défaut avec le cyanacétate d'éthyle
(exp. 13).
Notons enfin la formation des phosphonoacétates d'éthyle substitués (exp. 14 et 15)
qui constitue actuellement, à notre connaissance, la méthode de synthèse la plus simple
et la plus efficace de ce type de composés [9].
Remise le 25 février 1985, acceptée le 15 avril 1985.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] E. KEINAN et Y. MAZUR, J, Amer. Chem. Soc., 99, 1977, p. 3861-3862.
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1972, p. 473-474.
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New York, 1983; (b) A. C. COPE, H. L. HOLMES et H. O. HOUSE, Org. Reactions, IX, 1967, p. 107-331.
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[7] G. BRAM, A. LOUPY, J. SANSOULETet F. VAZIRI-ZAND, TetrahedronLett., 25, 1984, p. 5035-5038.
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[9] E. D'INCAN et J. SEYDEN-PENNE, Synthesis, 1975, p. 516-517.

Synthèse organique sélective, U.A. n° 475,


2, rue de la Houssinière, 44072 Nantes Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985 145

SYNTHÈSE ORGANIQUE. — Carbamoylation et thiocarbamoylation des


benzamidines : formation d'oxo et de thioxotriazines-1.3.5. Note de André Etienne,
Georges Lonchambon, Jacques Roques et Jean-Pierre Rivoallan, présentée par Henri
Normant.
Préparation de quelques oxo et thioxo s-triazines ou triazines-1. 3.5, substituées par des groupes méthyle et
phényle, réalisée par cyclisation des dérivés méthyl (phényl) carbamoylés et thiocarbamoylés de la benzamidine
et de la p-chlorobenzamidine, avec les isocyanates et les isothiocyanates de méthyle et de phényle.
La préparation la plus caractéristique est celle de la méthyl-3 phényl-6 thioxo-2 oxo-4 tétrahydro-1.2.3.4
(2.3.4.5) s-triazine, soit à partir de la N-méthyl ou de la N-phényl-carbamoylbenzamidineet de l'isothiocyanate
de méthyle, soit à partir de la N-méthylthiocarbamoylbenzamidineet des isocyanates de méthyle et de phényle
(élimination, respectivement,de méthylamine et d'aniline),

ORGANIC SYNTHESIS. — Benzamidinescarbamoylation and thiocarbamoylation: Formation of oxo and


thioxo 1,3,5-triazines.
Preparation of some oxo and thioxo s-triazinesor 1,3,5-triazines methyl and phenyl substituted, by the cyclisation
of methyl (phenyl) carbamoyl and thiocarbamoylbenzamidines and p-chlorobenzamidinescompounds with methyl
and phenylisocyanatesand isothiocyanates.
The most characteristic preparation is that of the 3-methyl 6-phenyl 2-thioxo 4-oxo 1,2,3,4 (2,3,4,5)-tetrahydro
s-triazines either from N-methyl or N-phenyl carbamoylbenzamidine and methylisothiocyanate or from
N-methylthiocarbamoylbenzamidine and methyl and phenylisocyanates(methylamine and aniline being eliminated).

Dans une Note précédente [1], on a décrit la thiocarbamoylation de la benzamidine et de


la p-chlorobenzamidine, puis la formation de thioxo-triazines-1.3.5.Nous développons,
maintenant, la préparation d'oxo et de thioxotriazines-1.3.5 à partir de composés
carbamoylés et thiocarbamoylés de la benzamidine et de son dérivé p-chloré.
On a étudié, tout d'abord, faction des isothiocyanates de méthyle et de phényle sur
les dérivés méthyl et phénylcarbamoylés de la benzamidine et de la p-chlorobenzamidine,
préparés selon une méthode mise au point au Laboratoire [2 a], puis faction des isocyana-
tes de méthyle et de phényle sur les composés méthyl et phénylthiocarbamoylés des
mêmes amidines, déjà obtenus [1].
On ne décrira que les préparations des composés de la benzamidine, celles des dérivés
de la p-chlorobenzamidine étant strictement les mêmes; seules, les caractéristiques de ces
derniers produits sont mentionnées à la suite de celles dès dérivés de la benzamidine.
En premier lieu, on constate que l'action de l' isothiocyanate de méthyle (1 mol) sur,
respectivement, les dérivés méthyl et phénylcarbamoylés de la benzamidine (1 mol) 1 a et
1 b, fournit, à la température de 60° (4h), sans solvant, une seule triazine-1.3. 5, 4, mais

ce composé, à caractère acide, se trouve salifié par les réactifs basiques 1 a et 1 b, pour
donner les méthyl-1 phényl-4 thioxo-2 dihydro-1.2 triazinyl-1.3.5 ates-6 de N-méthyl et
de N-phénylcarbamoylbenzamidinium4a et Ab (Rdt 35 et 30%).
On souligne que, avec les quantités stoechiométriques qui correspondent à la formation
des produits précédents, soit 2 moles des réactifs 1 a et 1 b, et 1 mole d'isothiocyanate de
méthyle, on obtient, dans les conditions opératoires précédentes, les sels A a et 4 b avec
d'assez bons rendements (75 et 65%). Il en est de même lorsqu'on effectue ces réactions
avec 1 mole des réactifs 1 a et 1 b et un excès de l'isothiocyanate précité (2 mol),
La production, assez inattendue, des sels de benzamidinium 4 a et 4 b, s'explique par
la formation intermédiaire des composés N 1-carbamoylés N2-thiocarbamoylés 3 a et 3 b,
lesquels, non isolés car trop instables, se cyclisent respectivement, par perte de méthyla-
mine et d'aniline, en la méthyl-3 phényl-6 thioxo-2 oxo-4 tétrahydro-1.2.3.4 (2.3.4.5)
triazine-1.3.5, 5, isolée sous forme de sels 4. Cette triazine est obtenue à partir des sels 4
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146 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

par acidification au moyen de l'acide acétique (l'acide chlorhydrique dilué provoque des
réactions secondaires). Elle peut encore être isolée par chauffage, à 80° (4h), de chacun
des sels A a et 4 b (Rdt 70 et 65%), dans l'éthanol, ce qui donne une décomposition des
réactifs basiques amidiniques 1 a et 1b en isocyanates de méthyle et de phényle, benzoni-
trile et ammoniac. Toutefois, il est possible d'obtenir directement la triazine 5 à partir
des composés carbamoylés (1 mol) 1 a et 1 b et de l'isothiocyanate de méthyle (1 mol),
sans solvant, à la température de 100° (12 h), mais avec de faibles rendements (20%).
Enfin, on a vérifié que la triazine 5 redonnait les sels 4 a et 4 b, directement par mélange
avec les composés carbamoylés 1 a et 1 b, dans l'éthanol, à la température ambiante.
La structure tétrahydro-1.2. 3.4 (2.3.4.5) triazinique du composé 5 est conforme
aux indications du spectre infrarouge dans KBr. Ainsi, on remarque les bandes d'un
enchaînement thiolactame — HN — C(S)—, à 1090, 1290 et 1460 cm- 1, mais pas celle de
la forme tautomère thiolactime —N = C(SH)—, entre 2 500 et 2600 cm- 1, ni celle de la
forme lactime — N = C(OH)—, à 3 500-3 600 cm- 1. En revanche, on observe la présence
d'une bande NH (3 100-3 300 cm- 1) et celle d'une bande C = O forte (1650-1 690 cm- 1)
d'une forme lactame cyclique — HN —C(O)—, l'hydrogène étant en position 1 ou 5. La
structure « triazinyl-1.3.5 ate-6 » attribuée aux sels 4 a et 4 b est déduite aussi de leur
spectre infrarouge (KBr); en effet, sur ceux-ci, on note la disparition de la bande C = O
de la triazine 5, avec modification de la forme lactame par salification.
La triazine 5 peut encore être obtenue en partant de la méthylthiocarbamoylbenzami-
dine 2 a (1 mol), laquelle, en suspension dans le chloroforme, réagit, à la température
ambiante (30 mn), avec l'isocyanate de méthyle (1 mol). Cependant, par précipitation
avec l'acétone, on isole, tout d'abord, une très faible quantité (2%) d'un produit de
tri-addition de l'isocyanate de méthyle sur le dérivé thiocarbamoylé 2 a, de formule:
CH3NHCON(CH3)CSNHC(C6H5)=NCON(CH3)CONHCH3, (Finst 232°), puis la
solution, par évaporationdes solvants, fournit le produit de mono-additionde l'isocyanate
de méthyle, soit la diméthyl-2.4 thio-1 allophanoylbenzamidine 6 a (Rdt 20%). Cette
dernière, chauffée dans l'éthanol (4 h), donne, par élimination de méthylamine, la
triazine 5 (Rdt 55%). Le même composé thiocarbamoylé 2 a (1 mol) réagit avec l'isocya-
nate de phényle (1 mol), à la température ambiante (30 mn), dans le chloroforme, pour
donner la méthyl-2 phényl-4 thio-1 allophanoylbenzamidine 6 b (Rdt 68%). Ce produit,
chauffé dans l'éthanol (4h), se transforme en la triazine 5 (Rdt 50%), avec départ
d'aniline.
Les amidines thio-1 allophanoylées 6 a et 6 b ont été caractérisées par leur spectre de
RMN, (S en parties par million) dans CF3COOH. Pour le produit 6 a, on a : 9,25 à
9,66 m, 2H(NH2); 3,03 d, 3H(NHCH3); 3,80 s, 3H(NCH3); 6,86 à 7,25 m, 1H (NH);
7,50 à 8,16m, 5H(C6H5). Pour le produit 6b, on a : 8,50 à 8,80m, 2H(NH2); 3,98 s,
3H (NCH3); 7,16 à 7,61m, 5H (NHC6H5); 9,50 à 9,83m, 1H (NH); 7,61 à 8,16m,
5H (C6H5).
Il est à mentionner encore que la triazine 5 peut être obtenue plus directement par
action des isocyanates de méthyle et de phényle (1 mol) sur le produit thiocarbamoylé 2 a
(1 mol), à la température de 100° (12 h), sans solvant (Rdt 25 et 22%), avec départ de
méthylamine et d'aniline.
On montre incidemment, par analogie avec les thioxo-2 imino-4 tétra-
hydrotriazines-1.3.5 substituées [1], que la thioxo-2 oxo-4 triazine 5 donne uniquement
le dérivé S-méthylé 8 (Rdt 90%), par méthylation (1 h), à la température ambiante, au
moyen de sulfate ou de l'iodure de méthyle, en excès dans la soude aqueuse 0,5 N. De
PLANCHEI/PLATE I ANDRÉ ETIENNE
C, R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985 149

plus, cette triazine est oxydée, à 0°, par le peroxyde d'hydrogène à 30%, en milieu
soude N, pour fournir la méthyl-3 phényl-6 dioxo-2.4 tétrahydro-1.2.3.4 (2.3.4.5)
triazine-1.3.5, 7 (Rdt 90%); celle-ci peut aussi s'obtenir par hydrolyse acide (HClN), à
la température ordinaire, de la triazine S-méthylée 8 (Rdt 90%).
On rappelle que la dioxo-2.4 triazine 7 a déjà été préparée, au Laboratoire, par
cyclisation de la N,N'-bis méthylcarbamoylbenzamidine [2a] et de la diméthyl-2.4
allophanoylbenzamidine [2 b], avec départ de méthylamine.
D'autres réactions sont celles des composés méthylcarbamoylé1 a et phénylthiocarba-
moylé 2 b avec, respectivement, l'isothiocyanate de phényle et l'isocyanate de méthyle:
Ainsi, l'isothiocyanate de phényle (1 mol) réagit avec l'amidine carbamoylée
(1 mol) 1 a, sans solvant, dès la température ambiante (24 h), jusqu'à la température
de 60° (l2h), pour donner la N1-méthylcarbamoylN2-phénylthiocarbamoylbenzamidine
9, mais en mélangé avec la N,N'-bis méthylcarbamoylbenzamidine,
CH3NHCONHC (C6H5)=NCONHCH3 [2 a]; ce dernier corps proviendrait de la
rétrogradation du composé 9 en benzamidine, isothiocyanate de phényle et isocyanate de
méthyle, celui-ci réagissant ensuite plus facilement (2 mol) avec la benzamidine [2 a] que
l'isothiocyanate de phényle. Le mélange, contenant le composé 9 et la benzamidine
bis-méthyl-carbamoylée précédente, chauffé dans l'éthanol (4 h) fournit deux triazines:
l'une, la méthyl-1 phénylamino-6 phényl-4 oxo-2 dihydro-1.2 triazine-1.3.5 10, provient
de la cyclisation de la N1-méthylcarbamoylN2-phénylthiocarbamoylbenzamidine9 avec
élimination de sulfure d'hydrogène; l'autre, la méthyl-3 phényl-6 dioxo-2.4
tétrahydro-1;2.3.4 (2.3.4.5) triazine-1.3.5, 7, est formée par cyclisation de la N,N'-bis
méthylcarbambylbenzamidine, avec départ de méthylamine, par une réaction déjà
connue [2 a]. Enfin, on constate que le chauffage (6 h) du composé méthylcarbamoylé
(1 mol) la, sans solvant, à 120°, avec l'isothiocyanate de phényle (1 mol) donne encore
le mélange des triazines 10 et 7.
On signale que la méthyl-1 phénylamino-6 triazine 10 a été préparée, au laboratoire,
par action du peroxyde d'hydrogène sur la méthyl-3 phénylimino-4 phényl-6 thioxo-2
tétrahydro-1.2.3.4 triazine-1. 3.5 [1].
Quant à la phénylthiocarbamoylbenzamidine 2 b, elle réagit facilement (1 mol) avec
l'isocyanate de méthyle (1 mol), dans un minimum de chloroforme, à la température
ambiante, pour donner (30 mn) uniquement la N1-méthylcarbamoyl N2-
phénylthiocarbamoylbenzamidine9 (Rdt 55%). Cette dernière, à l'ébullition de l'éthanol
(4 h), fournit la triazine phénylaminée 10 avec un rendement faible (17%) dû à la
formation simultanéed'isocyanate de méthyle et de sulfured'hydrogène provenant respecti-
vement de la rétrogradation du produit 9 en phénylthiocarbamoylbenzamidine 2 b et de
sa cyclisation en triazine 10. A une température plus élevée (100°), la benzamidine
phénylthiocarbamoylée 2 b (1 mol) réagit avec l'isocyanate de méthyle (1 mol), sans sol-
vant, pour fournir la triazine 10 avec le même rendement (17%).
On a étudié encore les réactions, d'une part, de l'isothiocyanate de phényle (1 mol)
avec la phénylcarbamoylbenzamidine1 b (1 mol) et, d'autre part, de l'isocyanate de
phényle (1 mol) avec la phénylthiocarbamoylbenzamidine2 b. Ainsi, la première réaction
a lieu, sans solvant, à 100° ( 16 h), pour donner, tout d'abord, un mélange de diphényl-1.3
thiourée (Finst 154°) et de N,N'-bis phénylcarbamoylbenzamidine [2 a], produit que l'on
extrait à chaud par l'éthanol. La formation du dérivé bis phénylcarbamoylé précédent
est due à l'instabilité à la chaleur du composé N1-phénylcarbamoylé N2-
phénylthiocarbamoylé 11, non isolable, qui redonne de la benzamidine très réactive avec
150 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

l'isocyanate de phényle formé simultanément. D'autre part, des solutions éthanoliques,


on isole un mélange de diphényl-1.4 phénylamino-6 oxo-2 dihydro-1.2 triazine-1.3.5,
12, et de diphényl-3.6 phénylimino-4 thioxo-2 tétrahydro-1.2.3.4 (2.3.4.5)
triazine-1.3.5, 13, produits non séparés, caractérisés par leur spectre de masse (M = 356
et 340). On explique la formation des triazines 12 et 13 en admettant que le dérivé
intermédiaire 11, instable, se cyclise par départ simultané de sulfure d'hydrogène et d'eau,
le composé N,N'-bis phénylcarbamoylé demeurant inaltéré à 100°. On rappelle que la
thioxo-2 triazine 13 s'obtient aussi, par action directe de l'isothiocyanate de phényle
(2 mol) sur la benzamidine (1 mol) et qu'elle est oxydée (H2O2) en l' oxo triazine 12 [1].
Enfin, l'action de l'isocyanate de phényle (1 mol) sur la phénylthiocarbamoylbenzami-
dine 2 b (1 mol) conduit également, dans les conditions opératoires précédentes(réaction
de l'amidine 1 b avec l'isothiocyanate de phényle), aux triazines 12 et 13, après départ
simultané de sulfure d'hydrogène et d'eau, avec formation de produits secondaires tels
que la diphényl-1. 3 thiourée et la N,N'-bis phénylcarbamoylbenzamidine.
On rappelle que les réactions sont les mêmes que les précédentes avec les dérivés
analogues de la p-chlorobenzamidine.
Des études sur la préparation d'autres triazines oxygénées et soufrées feront l'objet de
publications, ultérieurement.
CARACTÉRISTIQUESDES PRODUITS. — Série I : Dérivés de la benzamidine. — N-méthyl
(phényl) carbamoylbenzamidines1 a et 1 b [2 a]. N-méthyl (phényl) thiocarbamoylbenzami-
dines 2 a et 2 b [1].
Méthyl-2 méthyl (phényl)-4 thio-1 allophanoylbenzamidines, 6. Méthyl-4,
C11H14N4OS, 6 a, Finst 162-164° (lavage éther). Phényl-4, C16H16N4OS, 6 b,
Finst 152-154° (lavage éther).
N,N'-bis phénylcarbamoylbenzamidine [2 a]. N1-méthylcarbamoyl N2-phényl-
thiocarbamoylbenzamidine,C16H16N4OS, 9, Finst 148-150°.
Triazines : Tétrahydro-1.2.3.4 (2.3.4.5) triazines-1.3.5, 5, 7, 13. Méthyl-3
phényl-6 thioxo-2 oxo-4, C10H9N3OS, 5, Finst 260-262° (EtOH). Méthyl-3 phényl-6
-
dioxo-2.4, C10H9N3O2, 7, Finst 268-270° (EtOH), Finst 268-270° [2 a]. Diphényl-3.6
phénylimino-4thioxo-2, C21H16N4S, 13, Finst 250° (impur), Finst 253-256° [1].
Oxo-2 dihydro-1.2 triazines-1.3.5, 8, 10, 12. — Méthyl-1 phényl-4 méthylthio-6,
C11H11N3OS, 8, Finst 156-158° (lavage éther). Méthyl-1 phényl-4 phénylamino-6,
C16H14N4O, 10, Finst 288° (EtOH), Finst 286-288° [1]. Diphényl-1,4 phénylamino-6,
C21H16N4O, 12, Finst 256° (impur), Finst 258° [1].
Méthyl-1 phényl-4 thioxo-2 dihydro-1.2 triazinyl-1. 3.5 ates-6 de N-méthyl (phényl)
carbamoylbenzamidinium4. — N-méthyl, C19H20N6O2S, 4 a, Finst 210-212° (lavage éther).
N-phényl, C24H22N6O2S, 4b, Finst 218-220° (lavage éther).
Série II : Dérivés de la p-chlorobenzamidine. — Les dérivés de la p-chlorobenzamidine
ont des points de fusion légèrement supérieurs (20 à 30°) à ceux des dérivés analogues
de la benzamidine, les solvants de cristallisation étant les mêmes.
Remise le 3 décembre 1984, acceptée après révision le 15 avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] A. ETIENNE, G. LONCHAMBON, J. ROQUES et J.-P. RIVOALLAN, Comptes rendus, 294, série II, 1982,
p. 1183-1186.
[2] A. ETIENNE, G. LONCHAMBON,J. ROQUES, B. LEMMENS et F. PINTARD, Comptes rendus (a), 286, série C,
1978, p. 91-94; (b) 286, série C, 1978, p. 509-512.

Laboratoire de Chimie industrielle du Conservatoire national des Arts et Métiers,


292, rue Saint-Martin, 75141 Paris Cedex 03.
C. R, Acad. Sc, Paris, t, 301, Série II, n° 3, 1985 151
SOLEIL. — Sur la variabilité de la constante solaire. Note de Christophe de Charentenay
et Serge Koutchmy, présentée par Jean-Claude Pecker.

Les variations de la constante solaire, mesurées à l'aide de l'expérience ACRIM du satellite SMM, ont été
analysées. Le passage des taches solaires et des facules produit une modulationdont l'influence sur des échelles
de temps de la semaine explique pour une grande partie les observations. Un modèle emprique est présenté en
vue de préciser la relation entre le cycle d'activité et les variations à long terme de la constante solaire.

SUN. — Solar Constant Variabilities.


The solar constant variabilities, as observed aboard SMM with the ACRIM experiment, are analyzed using a
weekly average. To reproduce the measured variations, both radiative deficit produced by sunspots and radiative
excess produced by faculae are introduced on a weekly basis. International sunspot numbers and Meudon
Observatory synoptic maps are used. For long term variation the proposed model predicts a relative decrease of
the solar constant at the time of the sunspot activity minimum.

1. INTRODUCTION. Grâce à des mesures extrêmement précises ( + 0,001%) effectuées



depuis quelques années dans l'espace, et notamment à bord du satellite SMM, l'étude
des variations de la « constante solaire », c'est-à-dire du flux total de rayonnement
d'origine solaire F mesuré à la distance moyenne de la Terre (1 U.A.) et au voisinage de
celle-ci, est devenue possible. Les données les plus précises sont celles qui sont fournies
par l'expérienceACRIM de la N.A.S.A. disponibles maintenant sous une forme accessible
à l'analyse (Willson, 1984) et qui sont d'ailleurs largement exploitées [1] aux U.S.A.
L'étude des variations de la constante solaire permet d'aborder le problème de l'in-
fluence de l'activité magnétique du Soleil, y compris les aspects cycliques, sur le flux
radiatif sortant de la surface du Soleil. En effet, dès que les premiers résultats de
l'expérience ACRIM ont été révélés, l'influence prépondérante des taches solaires sur les
variations enregistrées est apparue clairement : le passage de taches importantes sur le
disque produit un déficit relatif de l'ordre de 0,2%, ou plus. D'autres variations, moins
importantes mais correspondant à un excès relatif du flux, sont également enregistrées et
identifiées avec le passage de plages faculaires au bord du disque. L'importance de ce
phénomène est apparue plus tard, car son amplitude instantanée est beaucoup moins
considérable, mais l'analyse semble indiquer qu'il est peut-être prépondérant à l'échelle
globale [2]. L'influence de l'activité solaire sur le flux radiatif global étant démontrée, il
importe maintenant de proposer au moins des modèles empiriques décrivant la variabilité
si l'on veut de manière quantitative découvrir les conséquences terrestres de ces variabili-
tés. D'autres conséquences, aussi importantes sinon plus fondamentales, découlent de
ces constatations. L'origine de l'activité solaire est encore mal comprise. Le processus
d'emmagasinage d'énergie sous forme magnétique, révélé par le déficit d'énergie radiative
associé aux taches solaires, est apparemment suivi par la libération d'au moins une
grande partie de cette énergie, comme en témoigne le rayonnement produit par les plages
faculaires [2]. Le bilan énergétique exact, qui constitue le test crucial pour la théorie des
taches solaires, est encore l'objet d'énormes désaccords mais, pour la première fois, des
mesures très précises permettent de l'aborder. Une limitation essentielle de nos analyses
réside dans la reconnaissance du rôle des régions polaires dans le flux global [3]. Des
effets de perspective (les pôles sont toujours proches du bord du disque solaire) atténuent
la visibilité de phénomènes susceptibles d'affecter la constante solaire; l'émissivité de ces
régions peut différer de celle des régions équatoriales, et ce d'une façon qui peut dépendre
de la phase du cycle solaire. Les méthodes à mettre en oeuvre ne sont évidemment pas

0249-6305/85/03010151 $ 2.00 © Académie des Sciences


152 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

encore élaborées et toutes les approches semblent donc permises. Nous avons choisi,
dans un premier temps, de comparer les mesures de l'expérience ACRIM à des flux
calculés à partir de chiffres relatifs aux taches et facules, disponibles dans la littérature
(ex : cartes synoptiques de l'Observatoire de Meudon; Solar Geophysical Data, Boulder;
Solnechnye Dannye, Leningrad).

II. MÉTHODE. —
La valeur moyenne sur la période considérée, qui couvre toute la
période où le satellite SMM a fonctionné normalement (38 semaines à partir du 16
février 1980) en mode « pointé sur le Soleil » < F >, a d'abord été calculée à partir de la
table des mesures originales fournies par R.C. Willson : < F > = 1 368,40 W.m- 2. Ces
données ont d'ailleurs été intégrées sur une semaine d'abord, voir tableau, de manière à
lisser les effets trop limités dans lé temps, d'une part, et à considérer des variations pas
trop courtes par rapport à la période moyenne de rotation du Soleil (27,3 jours) et la
durée de vie des régions actives. Nous avons alors cherché à reproduire les variations de
F7 (moyenne hebdomadaire) en considérant différentes combinaisons d'indice d'activité
f (A, B, ...), jusqu'à des termes cubiques. Plusieurs combinaisons ont été essayées mais
nous nous bornerons à exposer celles qui semblent a posteriori significatives. Le tableau
reproduit les paramètres ou indices d'activité utilisés :
(a) Nombre de Wolf moyenné sur 7 jours : R7.
(b) Surface des facules apparaissant sur les cartes synoptiques de Meudon. Ces chiffres
ont été obtenus en mesurant tout d'abord, pour la période considérée, la surface totale
des plages faculaires SF par tranche de 10° de longitude héliocentrique, puis en intégrant
sur 7 jours, d'où SF7 (voir fig. 1).
Un autre indice, SF, a été aussi calculé pour prendre en compte l'effet d'embrillance-
ment des facules au limbe. Au moyen d'une fonction de pondération V (j), cet effet peut
être calculé de manière simplifiée. Pour chaque instant jo fixant le moment du passage
au méridien central d'une longitude donnée, V (j) est symétrique par rapport à io et
reproduit l'effet prépondérant d'embrillancement des facules au voisinage de cos 0^0,2,
soit, vu de la Terre, 4 jours environ avant ou après le passage au méridien central.
Les mesures de surface des facules ont été déterminées à l'aide des Cartes synoptiques
de Meudon en projection de Mercator. De manière continue durant la période étudiée,
nous allons donc considérer l'indice calculé SF :

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 1. —
Variations mesurées des flux radiatifs d'origine faculaire en utilisant deux méthodes différentes de
pondération : SF7 moyenne sur 7 jours autour du passage par le méridien central; < SF >7 en prenant en
compte le phénomène d'embrillancement au limbe.
Fig. 1. — Measured variations of radiative fluxes of facular origin using different methods of analysis : SF7 is
the average over 7 days around the central meridian passage; < SF >7 with the limb brightening effect taken
into account.
Fig. 2. — Comparaison mesures-modèle.Les mesures correspondent au flux radiatif solaire (constante solaire)
moins une valeur moyenne (1368,4) obtenue pour la période étudiée; le modèle correspond aux flux calculés
à l'aide de la formule (4), en irait plein.
Fig. 2. — Results of the modelling as compared with the measurements of the relative variations of the solar
constant (an average of 1,368.4 is subtractedfrom the originalpoints) during the studied interval. The model
calculated with the formula (4) is shown in full line.
PLANCHEI/PLATE I CHRISTOPHE DE CHARENTENAY

TABLEAU

Moyennes hebdomadaires des différents paramètres utilisés


portant sur la période 16-02-1980 au 7-11-1980.
Weekly averages of the used parameters :
R7 for sunspots and SF7 or < SF >7 for faculae.

Date (d)
(1980)
(a)
(b)
(c) (b)
Date (1980)

02
(a) (c) (d)

02 16-22... 810 126 30 38 (28-4 833 118 19 29

1-7...
03 3-
13-29........
... . 838
;:.
..
14.......
876
865
149
145 20
78
14 30
28
16
5-11
12- 18
19-25.......
.........
822
795
836
91
163
196
17
26
55
33
65
61
5-21,. 876
19
16
6
32
26-1........ 888 110 21 32
. . 37 67
29-4.. 22—28,, .;. . .
,: 889 178 2-8 842 67 15 33

04 5-11.........
19-25.. ....
....
12-18..
. . .
..
861
694
812
864
159
201
185
129
41
14
53
15
54
47

24
51
08 9 — 15
16-22
23-29
30—5.
,. .
863
848
814
689
167
177
124
209
27
26
18
26
50
40
34
39
26-2. 16-12 . .

3-9........
850 144. 11 39 851 134 17 32
09
13-19
....
10-16.. ,:..
866
854
159
149
38
24
54
38 (20-26
844
815
109
163
19
16
30
33
17-23.. . . . .
821 223 26 47 27-3. ..... 847 164 28 40
24-30., 208 29 44 4-10. .. . . .
31-6. :..... 829 751
10
11 -17........
847
772
152
226
20
21
39

7-13..........847
138 16 31 41

14-20....
06

21-27....... ... 860


823
146
163

186 36 46
19
13
35
26
11
18-24.........
25-31
1-7........
147781
820 149 22 43
728 199 29 49
45 35

(a) (F7-1360) x 100; (b) R7 relatif aux taches solaires; (c) et (d) relatif
aux facules, SF7 et < SF >7 respective-
ment
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985 155

avec :

jo étant le jour de passage au méridien central de la région considérée et la convolution


(1) étant étendue à toute là période analysée de 38 semaines. La moyenne hebdomadaire
< SF >7 est évidemment ensuite calculée à partir de SF.
(c) Enfin, le flux radio FR7 à 10 cm, intégré sur tout le disque, et également sur 1
semaine. Cet indice d'activité, comme R, et d'ailleurs sans doute SF, montre la variation
cyclique de 11 ans; mais sa signification en terme de flux radiatif optique n'est pas
évidente a priori.
A l'aide d'un algorithme basé sur la minimalisation des écarts au sens des moindres
carrés, nous avons ensuite calculé les valeurs des coefficients Ci de différents « modèles » :

En choisissant des pas adéquats pour les valeurs des différents coefficients, et donc un
nombre limité d'itérations, les temps de calcul pour les 38 valeurs du tableau ont été
ramenés à des valeurs raisonnables(quelques heures sur TRS 80),
III. RÉSULTATS ET DISCUSSION. - Aucune solution raisonnable convergente n'a pu être
obtenue avec le paramètre FR7. Après une dizaine d'essais, nous avons trouvé les
solutions suivantes :

Les coefficients de corrélation déduits en comparant les valeurs observées aux valeurs
calculées avec les formules (4) et (5), s'élèvent respectivement à 0,665 et 0,654. La figure
2 montre les résultats de la comparaison avec la formule (4). L'accord est assez satisfai-
sant, compte tenu du caractère « global » des indices d'activité que nous avons utilisé.
L'introduction de l'indice < SF >7, pourtant plus proche de la réalité et d'ailleurs plus
complexe, ne permet pas d'améliorer le modèle. Il semble que l'indice SF7, faiblement
corrélé avec R7, ait un comportement qui permette de corriger l'erreur principale de
notre méthode. Cette erreur provient de l'utilisation « abusive » de l'indice R relatif au
nombre de taches qui ne prend pas suffisammenten compte la surface corrigée des taches
solaires telles qu'elles sont vues en projection sur le disque.
Il est enfin extrêmementintéressant de calculer, à l'aide des formules (4) et (5), le flux
radiatif en période de minimum ou d'absence d'activité solaire (R = SF = 0). Dans les
deux cas nous obtenons une valeur négative de F7 <F>, de l'ordre de —70, dans l'unité

du tableau. Ceci correspond à une décroissance qui semble observée d'ailleurs [1] d'après
les valeurs mesurées par SMM après la perte du contrôle de la stabilisation (années
1981-1982). C'est apparemment la première fois qu'un modèle fournit une prédiction
dans ce sens. Les modèles plus sophistiqués [4] et [5], bâtis pour décrire les variations
journalières de F, indiquent tous une déficience en période de maximum d'activité, du
fait du rôle prépondérantjoué par les taches, alors que les observations [1], comme aussi
les prédictions théoriques, indiqueraient l'inverse. Mais le rôle des régions polaires,
proches du limbe, est peut-être responsable d'un tel effet.
IV. CONCLUSIONS. — Le modèle présenté pourrait probablement être amélioré par
l'utilisation d'un indice décrivant mieux l'influence des taches et tenant compte du

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 12


156 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

comportement des régions polaires, que l'on n'observera qu'à partir d'un satellite hors
de l'écliptique. Les travaux actuels dans ce sens semblent cependant apporter des résultats
contradictoires [5], d'où l'intérêt de notre méthode qui ne fait appel qu'à des données
classiques. Par ailleurs, une comparaison quantitative avec les observations est hautement
souhaitable; nous espérons que le satellite SMM, dont le système de stabilisation a pu
être réparé, fournira de nouveau des données précises et que les dérives instrumentales
seront dominées pour permettre cette comparaison.
Nous remercions R. C. Willson pour nous avoir donné, avant publication, les résultats détaillés de l'expérience
ACRIM, ainsi que pour ses encouragements. Ce travail a été réalisé dans le cadre des stages de formation par
la recherche d'élèves des grandes écoles.
Remise le 18 mars 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] Workshop on solar irradiance variations on active time scales, Pasadena, B. LA BONTE, G. A. CHAPMAN,
H. S. HUDSON et R. C. WILSON éd., N.A.S.A. Conference Proceedings, n° 2310, Washington D.C., 1984.
[2] G. A. CHAPMAN, Nature, 308, 5956, 1984, p. 252-254.
[3] J. C. PECKER, in Sun and planetary system, FRICKE et TELEKI éd., p. 25.
[4] S. SOFIA, K. SCHATTEN et L. OSTER, Solar Physics, 1982, p. 80-87.
[5] D. V. HOYT, J. A. EDDY et H. S. HUDSON, Ap. J., 275, 1983, p. 878.

C. de C. : École nationale des Ponts-et-Chaussées,


28, rue des Saints-Pères, 75007 Paris;
S. K. : Institut d'Astrophysique du C.N.R.S.,
98 bis, boulevard Arago, 75014 Paris.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985 157

MINÉRALOGIE. minéralisation sulfurée des


— Vers hydrothermaux fossiles dans une
ophiolites de Nouvelle-Calédonie. Note de Elisabeth Oudin, Jean Bouladon et Jean-Pierre
Paris, présentée par Claude Guillemin.

Des tubes de Vers hydrothermaux fossiles ont été identifiés dans l'indice d'Azema situé dans le complexe
ophiolitique de la côte ouest de Nouvelle-Calédonie. Les Vers fossiles sont probablement les précurseurs des
Vers actuellement observés à plus grande profondeur autour des sources hydrothermales minéralisées de la
Ride Est-Pacifique.

MINERALOGY. — Fossil hydrothermal vent worms in an ophiolitic sulphide deposit, New-Caledonia.


Fossil hydrothermal vent worms have been identified in a sulphide deposit situated in the New-Caledonian
ophiolite. These fossil worms are probably precursors to those currently living in deeper water near hot springs
on the East-Pacific Rise.

I. INTRODUCTION. De nombreux indices de cuivre parfois aurifères sans grand intérêt



économique ont été signalés dans la formation des basaltes du complexe ophiolitique da
la côte ouest de Nouvelle-Calédonie ([1], [2]).
II. LOCALISATION. — Dans l'indice de cuivre aurifère d'Azema (ou Aljm) [3] (fig. 1) la
minéralisation a une puissance de 1,5 m et occupe une cassure ouverte au sein des
basaltes. Au mur on observe un minerai sulfuré cuprifère à gangue siliceuse qui passe
vers le toit à de la barytine grise à sulfures disseminés [4].

Fig. Carte de location et cadre géologique.


1. —
Fig. Geological sketch and copper occurences. Quaternary. Thrust upper Eocene ultrabasite. Doleritic
1. —
basalts (Senonien to Paleocene). Paleocene micrites. Senonien. 1. Koné facies (Inoceramus alone). 2.
Terrigenous facies (abundant bivalvs). Ante-Senonien series of the central mountain belt. Faults. Thrust
fault. Copper occurence.

0249-6305/85/03010157 $ 2.00 © Académiedes Sciences


158 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

III. ÉTUDE DES ÉCHANTILLONS MINÉRALISÉS : PRÉSENCE DE TUBES DE VERS HYDROTHERMAUX.



L'étude en sections polies et lames minces, d'échantillons minéralisés récoltés sur cet
indice, permet d'observer un assemblage de quartz souvent calcedonieux et de barytine
où. la pyrite est fréquente associée à de rares plages de chalcopyrite et de sulfure de zinc
hexagonal partiellement ou complètementpseudomorphosé par de la covellite. Des traces
de galène sont présentes dans le quartz et une petite plage d'or de 15 um a été observée
dans la barytine. La pyrite présente plusieurs faciès : elle forme quelques cristaux
automorphes rares et localement des croissances dendritiques; elle est également collomor-
phe et parfois framboidale. Les textures les plus spectaculaires formées par de la pyrite
sont des « tubes » (généralement non jointifs) à section circulaire ou ovoïde (fig. 2 a).
La longueur de ces tubes varie entre 1 et 2 mm pour des diamètres compris entre 200
et 300 um ce qui indique une assez remarquable constance de taille. Ces tubes de pyrite
ont pu être, extraits de leur gangue quartzo-barytique par dissolution sélective et leur
observation au microscope électronique à balayage (fig. 2 b) a permis de mettre en
évidence dans certains cas, une structure annelée. Dans les dépôts hydrothermaux sulfurés
(sub)-actuels de la Ride Est-Pacifique ([5] à [8]) les tubes des Vers vivants autour des
sources chaudes fossilisés par de la pyrite et de l'opale correspondent aux dépôts les plus
froids [9]. Ces animaux font partie d'une faune spécifique d'espèces et familles nouvelles
aux caractères souvent archaïques présents uniquement autour des events actifs situés
par 2 500 m de profondeur à proximité de rides d'accrétion [10]. Les tubes de Vers,
épigénisés en pyrite collomorphe et opale, des échantillons prélevés sur la ride de Juan
de Fuca ([11], [12]), sont tout à fait semblables en taille, morphologie et structure aux
tubes pyriteux des échantillons de Nouvelle-Calédonie (fig. 2 c et d). En Nouvelle-
Calédonie ces tubes servent de support à des croissances dendritiques de pyrite et barytine
(fig. 2 c) et également à des dépôts concrétionnés de quartz et de barytine se développant
de manière simultanée sur les parois internés et externes des tubes. Le premier dépôt de
quartz est microcristallin. Le dépôt de quartz le plus tardif est mieux cristallisé (fig. 2 e);
la présence de micro-inclusions opaques et la structure localement fibroradiée soulignent

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 2. —a. Section longitudinale (oblongue) et transversale (circulaire) de tubes de pyrite (opaque) inclus dans
une matrice silico-barytiqueobservé en lame mince et lumièrenaturelle. Indice d'Azema (Nouvelle-Calédonie).
Echelle 7 mm = 300 um. b. Les tubes de pyrite extraits de leur gangue observés au microscope électronique
à balayage. Noter la structurale annelée de certains tubes. Échelle 7 mm = 1 mm. c. Section transversale
d'un tube de pyrite observé en section polie. Le tube formé de pyrite collomorphe à dendritique (blanche)
est indus dans du quartz (gris sombre) et de la barytine (gris clair). Échelle 7 mm = 75 um. d. Section d'un
tube de Vers provenant des dépôts actuels de la Ride de Juan de Fuca. Le tube de pyrite collomorphe
(blanche) est associé à de l'opale (gris très sombre) et inclus dans de l'araldite (gris un peu plus clair).
Observé en section polie. Échelle 7 mm = 75 um. e. Section transversale d'un tube de Vers de Nouvelle-
Calédonie photographié en lame mince. De chaque côté de la paroi du tube de pyrite (opaque) des dépôts
concrétionnés de quartz microcristallin, puis de barytine et enfin de quartz mieux cristallisé se développent.
Des corps sphéroïdaux de barytine dont le coeur est occupé par de la pyrite et par du quartz sont également
observés dans l'espace intertubulaire. Échelle 7 mm = 50 u.
Fig. 2. — a. Longitudinal and cross (circular) section ofpyrite (opaque) tubes in a matrix of baryte and silica as
observed in thin section and natural light. Azema (New-Caledonia). Scale 7 mm = 300 um. b. Pyrite tubes
have been extracted from their gangue and observed with the scanning electron microscope. Notice the
annulations of some of the tubes. Scale 7 mm = 1 mm. c. Cross section of a pyrite tube observed in polished
section. The tube is build of collomorphous to dendritic pyrite (white) and is included in quartz (dark grey)
and baryte (medium grey). Scale 1 mm = 75 um. d. Cross section of worm from present-day deposits on the
Juan de Fuca ridge. The tube of collomorphous pyrite (white) is associated with opal (dark grey) and
included in araldite (light grey). Observed on polished section. Scale 7 mm = 15 um: e. Cross section of
New-Caledonian vorm tube observed in thin section. Microcristallinequartz concretion covered by baryte and
late well cristallized quartz are deposited on both inside and outside walls of the tubes. Spheroïds of baryte
with a pyrite and quartz core are present in the space between the tubes. Scale 7 mm = 50 um.
PLANCHE I/PLATE I ELISABETH OUDIN
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985 161

la nature collomorphe du dépôt initial. Ce type de quartz qui constitue la phase prédomi-
nante, tend à occuper l'espace entre les tubes et à remplacer la barytine dendritique. La
barytine concrétionnée est formée par une mosaïque de cristaux et pourrait dériver par
recristallisation d'un ancien gel ou d'un dépôt concrétionné sphérolitique. Enfin une
barytine en grandes lattes enchevétrées remplit des fissures tardives recoupant les
structures décrites ci-dessus.

IV. INTERPRÉTATION. —
Les basaltes encaissant la minéralisation d'Azema présentent
des caractères magmatiques de séries tholeïtiques et calco-alcalines et se seraient épanchées
du Cénomanien au Paléocène [13], [14]) dans un environnement de marge active. Une
ride d'accrétion Est-Ouest [15] a été évoquée comme origine de l'ophiolite. La proximité
de cette ride d'accrétion dont le taux d'expansion a été évalué à 1 cm/an [16] est un
contexte favorable à l'établissement de circulation convectives d'eau de mer dans la croûte
océanique et à l'émergencede sources chaudes minéralisantes comme cela est actuellement
observé dans la Ride Est-Pacifique.
Les minéralisations de Chypre [17] et d'Oman [18] encaissées dans des séries
ophiolitiques d'âge crétacé ont également été comparées aux dépôts actuels de la Ride
Est-Pacifique. A Chypre des fragments de cheminées hydrothermales ont été
identifiés [19]. A Chypre [19] et en Oman [20], des tubes de Vers fossiles tout à fait
similaires à ceux de la Ride Est-Pacifique et de Nouvelle-Calédonie ont été observés.
A Chypre et en Oman l'absence de sédiments associés aux laves basaltiques ne permet
pas de préciser l'épaisseur de la tranche d'eau au moment de leur mise en place. Par
contre en Nouvelle-Calédonie, la présence de sédiments fossilifères intercalés dans les
formations éruptives permet de préciser leur paléo-environnement.
Ces sédiments (argilites verte et tufs) « faciès Koné » renferment une faune d'Ino-
cérames qui a permis de rapporter une partie de la formation des basaltes au Sénonien.
Ces faciès sont les équivalents latéraux des assises terrigènes saumâtres ou lagunaires à
estuariennes qui frangent au-delà de l'accident Ouest-Calédonien les paléoreliefs anté-
Sénoniens de l'île. Les fossiles que l'on rencontre dans ces sédiments renferment outre
des Inocérames, une faune diversifiée de lamellibranches, gastéropodes ammonites, etc.
La présence des seuls Inocérames dans le faciès de Koné semble indiquer des conditions
de mer plus profondes dans une zone éloignée ou à l'abri des apports terrigènes grossiers.
Parmi les espèces vivant actuellement à grande profondeur (environ 2 500 m) autour
des sources thermales de la Ride des Galapagos, un gastéropode au caractère archaïque
(Néomphalus) a été identifé et interprété [21] comme un fossile vivant dérivé d'espèces
courantes vivant en eaux peu profondes au Paléozoïque et Mésozoïque et qui auraient
émigré vers les abysses grâce à la présence de sources chaudes de plus en plus profondes,
pour se protéger en particulier des prédateurs se développant au Mésozoïque. Les Vers
de Nouvelle-Calédoniereprésenteraient,dans cette hypothèse, une étape de cette migration
vers les grands fonds océaniques.
Une grande partie des espèces hydrothermales actuelles est observée autour d'évents
situés à des milliers de kilomètres les uns des autres. Plusieurs hypothèses concernant
leur mécanisme de dispersion ont été proposées mettant en jeu des stades larvaires
pouvant être transportés par les courants de profondeur ou de surface ou encore un
transport passif par l'intermédiaire d'autres animaux transitant à proximité des champs
hydrothermaux ([33], [34], [35]). L'observation de Vers hydrothermaux fossiles en
Nouvelle-Calédonie, met en évidence et confirme la permanence et l'évolution dans le
162 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

temps et dans l'espace (à l'échelle mondiale) d'une faune spécifique associée aux sources
thermales sous-marines.
Remise le 15 avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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D. A. CLAGUE et J. L. MORTON, Mar. Techn. Soc. J., 16, n° 3, 1982, p: 41-53.
[8] P. LONSDALE, R. BATIZA et T. SIMKIN, Mar Techn. Soc. J., 16, n° 3, 1982, p. 54-61.
[9] E. OUDIN, Doc. B.R.G.M., n° 25, 1981, 241 p.
[10] J. B. CORLISS, J. DYMOND, L. I. GORDON, J. M. EDMOND, R. P. VON HERZEN, R. D. BALLARD,
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[11] E. OUDIN, Rapport B.R.G.M. 82 S.G.N; 688 M.G.A., 1982.
[12] R. A. KOSKI, D. A. CLAGUE et E. OUDIN, G.S.A., 95, 1984, p. 930-945.
[13] J. P. PARIS, Mém. B.R.GM., 113, 1981.
[14] P. MAURIZOT, J. P. PARIS,D. FEIGNIER et Ch. TESSAROLO, Bull. B.R.G.M: (à paraître).
[15] A. PRINZHOFER, A, NICOLAS, D. CASSARD, J. MOUTTE, M. LEBLANC, J. P. PARIS et M. RABINOVITCH,
Tectnophysics, 69, 1980, p. 85-112.
[16] C. DUPUY, J. DOSTAL et.M. LEBLANC, Contr. Min. Petr., 76, 1981, p. 77-83.
[17] E. OUDIN, P. PICOT et G. POUIT, Nature, 291, 1981, p. 404-407.
[18] R. A. IXER, T. ALABASTER et J. A. PEARCE, Trans. Instn. Min. Metall., B. 1.14-24, 93, 1984.
[19] E. OUDIN et G. CONSTANTINOU, Nature, 308, 1984, p. 349-353.
[20] R. HAYMON, R. A. KOSKI et C. SINCLAIR, Science, 223, 1984, p. 1407-1409.
[21] J. H. MCLEAN, Malacologia, 21, 1981, p. 1-2.
[22] P. BOUCHET et J. C. FONTES, Comptes rendus, 292, série III, 1981, p. 1005-1008.
[23] R. A. LUTZ, D. JABLONSKI, D. C. RHOADS et R. D. TURNER, Mar. Biology, 57, 1980, p. 127-133.

E. O. : Bureau de Recherches géologiques et minières,


avenue de Concyr, B.P. n° 6009, 45060 Orléans Cedex;
J. B. : École des Mines, 69, boulevard Saint-Michel, Paris;
J.-P. P. : Bureau de Recherches géologiques et minières,
avenue Pierre-Georges-Latécoère,31400 Toulouse.
C. R. Acad. Sc. Paris, t.301,Série II, n° 3, 1985 163

GÉOCHIMIE. faveur d'une venue


— Arguments isotopiques et hydrochimiques en
hydrothermale dans la nappe du Trias Inférieur (région de Vittel, Vosges). Note de
Jean-Jacques Royer, Annie Michard, Michel Danis et Francis Albarède, présentée par
Maurice Roques.

Des anomalies géothermiques et hydrochimiques ont été observées sur 2 forages parmi 30 effectués dans la
nappe aquifère du Trias Inférieur à proximité de Vittel (Vosges). Le rapport isotopique 87Sr/86Sr semble corrélé
513C, 5 14C) et impliquerait la
avec les autres paramètres hydrochimiques (Na, K, Ca, Mg, SiO2, Sr,
contribution d'une source hydrothermale en accord avec les observations de la géologie structurale, de
l'hydrogéologie et du flux thermique.

GEOCHEMISTRY. — Isotopic and hydrochemical evidence for a geothermal contribution in the Lower
Triassic Sandstone Aquifer (Vittel, Vosges, France).
A geothermal and hydrochemical anomaly has been observed on 2 of 30 water samples from boreholes in the
Lower Triassic Sandstoneformations of Vittel, Vosges (France). The 87Sr/86Sr isotopic ratio shows a correlation
with other hydrochemical parameters (Na, K, Ca, Mg, SiO2, Sr, S13C, 8I4C). Based on structural geology,
hydrology and geothermal observations, a geothermal source below the sedimentary cover is probably implied.

La nappe aquifère du Trias Inférieur dans l'Est de la France, exploitée comme ressource
d'eau potable ou industrielle, se situe essentiellement dans les grès et conglomérats du
Buntsandstein. Ces formations perméables reposant en discordance sur le socle cristallin
de la partie occidentale des Vosges, constituent un réservoir d'eau captive connu à l'aide
de nombreux forages. Ceux-ci ont permis de mettre en évidence une anomalie géo-
thermique et hydrochimique dans la région de Vittel-Contrexéville([1], [2]) (fig. 1). Une
première étude des données géochimiques et thermiques permettait d'émettre l'hypothèse
d'une venue hydrothermale profonde pour expliquer ces anomalies ([2], [3]), et la présente
Note réexamine cette interprétationà la lumière de résultats et d'interprétations géochimi-
ques nouveaux.
DONNÉES DISPONIBLES. — De nombreuses données hydrochimiques concernant l' aquifère
du Trias Inférieur en Lorraine sont actuellement disponibles.
La Banque des données du sous-sol [4] fournit la composition de l'eau sur presque tous
les forages existants. La qualité des mesures est hétérogène, mais le suivi dans le
temps des compositions chimiques permet, en première approximation, d'éliminer certains
résultats discordants.
Une étude récente sur des isotopes de l'oxygène, de l'hydrogène et du carbone ainsi
qu'une détermination des âges 14C a été récemment publiée [5]. Des mesures du rapport
87Sr/86Sr dans l'eau de quatre forages effectuées au C.R.P.G., complètent les données
disponibles à ce jour.
La zone étudiée correspond au secteur de Vittel, couvrant environ 1000 km2, et les
seuls forages inclus dans cette étude sont ceux pour lesquels on dispose à la fois de la
composition chimique de l'eau, et des 514C et ô 13C, soit six forages (tableau).
DISCUSSION. — Les géothermomètres Na-K-Ca et SiO2 [6] indiquent des températures
à peu près compatibles avec les températures actuelles des eaux, à l'exception des forages
de Mirecourt et Norroy (fig. 2). L'échantillon de Norroy présente par ailleurs une teneur
forte en Sr, faible en Mg, les plus fortes valeurs de 813C et 87Sr/86Sr, un carbone
« mort » (tableau) et contient du CO2 libre.
L'échantillon de Mirecourt présente des caractéristiques intermédiaires entre celles de
Norroy et le groupe des autres forages. Le ô)13C et l'âge de ces échantillons pourraient
0249-6305/85/03010163 $ 2.00 © Académiedes Sciences
164 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

Fig. 1. — Secteur étudié de Vittel (Vosges).


Fig. 1.

Area of investigation: Vittel (Vosges region), France.

suggérer la dissolution progressivede carbonates sédimentaires (Ô 13G~0, âge très ancien)


par des eaux d'origine météorique infiltrées dans le sol et percolant dans les grès
(Ô13C<-15).
Cette idée est en désaccord avec leur rapport 87Sr/86Sr plus radiogénique que celui
des eaux plus jeunes et à bas 813C : en effet la dissolution de carbonates sédimentaires
(87Sr/86Sr=0,707-0,709) devrait abaisser sensiblement le rapport, à l'inverse de ce qui
est observé.
L'hypothèse la plus vraisemblable est celle de la contamination d'eaux de, surface par
des venues hydrothermales profondes autour de Norroy et de Mirecourt. Les corrélations

TABLEAU
Données hydrochimiques; * référence [4]; D référence [5]; ° données C.R.P.G. (A. Michard)
Hydrochemicaldata; * reference [4]; a reference [5]; ° C.R.P.G. data.
Ca* Na* K* Mg* SiO2* Sr° 813CD S14CD AgeD 87Sr/86Sr°
(10-6) (10- 6) (10- 6) (10- 6) (10- 6) (10- 6) (années)

Bulgnéville 114 12 6 16 6,7 - -12,1 43 6800


Mirecourt 36,1 54,3 7,7 10,5 13 0,54 - 8,8 1,1 36 200 0,712 58
Contrexéville(Crainvilliers) 65 19 3 19 8,5 0,64 - 13,6 33,4 8 800 0,712 37
Norroy 105,7 590 30,6 8,7 13,9 3,64 -8,9 <1 >37 000 0,713 12
Lignéville (Vittel) 36 4 2 9 7,2 -14,2 60,5 4 000 0,711 72
Ville-sur-Illon. -13,7 500
42 3 3 13 7
- 34,8 8
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

Fig. 2. Géothermomètre SiO2 en fonction du géothermomètre Na-K-Ca (corrigé Mg);



la températureactuelle de l'eau est indiquée entre parenthèses.
Fig. 2. — Temperature deduced from the SiO2 geothermometerversus temperature deduced
from the Na-K-Ca geothermometer;the measured temperature is indicated between brackets.

chimiques observées ne permettent pas de construire un modèle de mélange binaire sensu


stricto sur l'ensemble des forages. Cependant deux pôles extrêmes sont mis en évidence :
un pôle d'eau de surface (813C~ —15, âge récent, 87Sr/86Sr~0,711, basse teneur

en Na, K, haute teneur en Mg, TSiO2 < 30°C) assimilable aux eaux classiques de la nappe
du Trias Inférieur:
- un pôle d'eau thermale (813C -8,8, âge 14C infini, 87Sr/86Sr~0,713,haute teneur
en Na, K, basse teneur en Mg, TSiO2>50°C).
Cette hypothèse est confirmée par différents arguments d'ordre structuraux, hydrogéolo-
giques et géothermiques.En effet, Vittel est situé sur le même accident structural qu'Épinal
et Remiremont (seuil Morvano-Vosgien), ce qui est favorable à la présence d'une activité
hydrothermale. Des sondages magnétotelluriques ont montré l'existence d'une disconti-
nuité au niveau du socle cristallin, de direction E-W, à environ 1 km au nord de la faille
de Vittel, c'est-à-dire à proximité de Norroy [7]. En outre, la carte du flux géothermique
sur le secteur de Vittel [8] met en évidence à Norroy une anomalie positive de l'ordre
de 40 à 50 mW.m- 2 par rapport à la moyenne régionale de 80 mW.m- 2 [9]. Enfin, des
essais hydrauliques menés simultanément sur des forages situés de part et d'autre de la
faille de Vittel montrent que cette faille ne constitue pas une barrière imperméable [10],
ce qui s'oppose à l'hypothèse de discontinuité dans la chimie de l'eau : la forte salinité
de l'eau à proximité Nord de la faille doit être liée à une anomalie chimique ponctuelle
plutôt qu'à la présence de deux faciès distincts de l'aquifère comme cela a été suggéré
récemment [5].
En conclusion, la comparaison des données isotopiques et hydrochimiques de la région
de Vittel suggère que, localement, la nappe qui percole au travers des grès du Trias
Inférieur serait modifiée par des venues hydrothermales.

Cette étude a été réalisée grâce à une participation financière de l'T.N.A.G.-C.N.R.S. (A.T.P. Transfert;
décision n° 511520) et du PIRSEM C.N.R.S. (A.T.P. Géothermie, décision n° 1091).

Remise le 22 avril 1985.


166 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[3] M. DANIS et J. J. ROYER, Ann. Geophys., 1985, 7 p. (à paraître).
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[10] J. P. LABORDE et J. LEROUX, Rapport interne, S.R.A.E.L., 1977, 41 p.

Centre de Recherches pétrographiqueset géochimiques,


B.P. n° 20, 54501 Vandoeuvre-lès-NancyCedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301,Série II, n° 3, 1985 167
PÉTROLOGIE.
— Origine des amphibolites à saphirine, corindon et grenat de la
formation précambrienne du Vohibory (SW de Madagascar). Note de Christian Nicollet,
présentée par Maurice Roques.

Les amphibolites à saphirine, corindon et parfois grenat (associées à des métatroctolites) du Vohibory,
proviennent du métamorphisme de cumulats magmatiques à plagioclase+ olivine + clinopyroxène. Amphibolites
et métatroctolites se sont formées dans les mêmes conditions Pt-T (Pt = 9-11,5 Kb; T = 750-850°C). Cependant,
l'évolution métamorphique de la métatroctolite est inachevée (assemblagescoronitiques) certainement à cause
d'une faible activité de l'eau et l'amphibolitisation n'a pas lieu,

PETROLOGY. — Origin of sapphirine, corundum and garnet bearing amphibolites from the Precambrian
Vohibory formation (SW Malagasy).
The sapphirine, corundum and sometimes garnet bearing amphibolites (associated with metatroctolites)from
Vohibory result from the metamorphism of igneous cumulates of plagioclase+olivine± clinopyroxene.
Metatroctolites and amphibolites are formed under the same Pt-T conditions (Pt = 9-11.5Kb;
T=750-850°C). However, the metamorphic evolution of the metatroctolites is unfinished (coronitic assemblages),
certainly on account of a low water activity and the ''amphibolisation'' does not occur.

La saphirine apparaît dans des roches de composition chimique bien précise : il s'agit
de roches riches en magnésium et alumine, pauvre en silice: métasédiments magnésiens
et roches anorthositiques dans des complexes plutoniques basiques-ultrabasiquesmétamor-
phisés dans les conditions du faciès amphibolite profond-faciès granulite [e. g. 1].
Dans le précambrien malgache, les roches à saphirine sont connues depuis longtemps
et une origine paradérivée est généralement proposée ([2], [3]). Nous avons signalé [4]
l'existence d'amphibolites à corindon et saphirine dans la formation du Vohibory (SW
de Madagascar). Trois gisements sont connus : Anavoha, Marolinta et Ianapera (extré-
mité NE de la formation).
Dans la région affectée par un métamorphisme barrovien atteignant les conditions de
la migmatisation, ces amphibolites sont systématiquement associées à des serpentinites et
des granulites à grenat (salite, grenat almandin, andésine, magnésiohornblende brune),
A Anavoha, elles contiennent du grenat et entourent un massif de métatroctolite
coronitique. Un filon anorthositique métrique recoupe ces roches. Dans les amphibolites
d'Ianapera la saphirine en abondance est visible à l'oeil nu et peut être centimétrique
dans des filonnets anorthositiques.
ÉTUDE PÉTROLOGIQUE DES GISEMENTS D'ANAVOHA ET MAROLINTA. La
Anavoha.
— —
métatroctolite est une roche à grain fin (< 3 mm). Le plagioclase calcique (bytownite) est
schillérisé. Quelques cristaux d'augite de la paragenèse magmatique sont bordés de
hornblende brune. La majorité des minéraux ferromagnésiens est représentée par un
ensemble coronitique qui comprend au centre un agrégat polycristallin granuleux de
bronzite autour duquel se développe une fine auréole médiane de clinopyroxène ou de
pargasite, une auréole de grenat riche en composant magnésien (pyr ~50 %, alm ~30 %;
gro ~20 %) et/ou une auréole symplectitique de pargasite + spinelle vert. La présence
rare d'olivine aucoeurdeces amas coronitiques montre que ceux-ci sont le résultat d'une
réaction classiquement décrite entrel'olivine
etleplagioclase dans les conditions du faciès
granulite (e. g. [5]). La proportion des minéraux Fe-Mg/Pl est variable et on observe
quelques, niveaux décimétriques d'anorthosites.
Les paragenèses des amphibolites entourant la métatroctolite sont :
(1) gédrite Mg hornblende verte;
(2) gd + Mg Hbv +P1 calcique corindon;
0249-6305/85/03010167 $ 2.00 © Académie des Sciences
168 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

Fig. 1. Répartition Fer-Magnésium entre les couples Opx-Cpx ( + ), Opx-Hb (.) dans les métatroctolites,

Hb-gd (O) dans les amphibolites et dans l'anorthosited'Anavoha (A), Hb-Ga dans les métatroctolites (#)
et dans les amphibolites (*). XMg = Mgx 100/Mg+Fe++. Analyses réalisées par D.Ackermand (Kiel) et
A, Leyreloup (Montpellier).
Fig. 1. — Magnesium-Irondistributionfor the mineralpairs.
Fig. 2. Conditions de stabilité de l'anorthosite d'Anavoha à partir des courbes expérimentales ([12], [15] à

[18]). Std, staurotide; sa, saphirine; ant, anthophyllite; di, disthène; si, sillimanite; ma, margarite; co,
corindon; an, anorthite; zo, zoïsite; V, vapeur.
Fig. 2. — P-T conditions of stability for the Anahova anorthosite according to experimental curves of mineral
equilibria.

(3) gd + Mg Hbv + Pl Ca + Co + grenat;


(4) Mg Hbv + Pl Ca + Co + ga + saphirine;
±spinelle vert.
Ces minéraux ont une composition chimique homogène et ne sont pas zonés. Les
minéraux ferromagnésiens ont des rapports Mg/Fe élevés qui diminuent lorsque la
proportion de plagioclase augmente. On remarque que l'orthoamphibole et la saphirine
n'existent pas ensemble. L'orthoamphibole grise est une gédrite dans la classification de
Leake [6]. Toutefois, une analyse aux rayons X réalisé par Seifert montre qu'il s'agit d'une
orthoamphibole intermédiaire composé de lamelles d'exsolution invisibles au microscope
d'anthophyllite dans la gédrite [7]. Le plagioclase est calcique (bytownite-anorthite). La
teneur en pyrope des grenats varie entre 53 et 59 % pour des valeurs de 30-35 %
d'almandin et moins de 10 % de grossulaire. Certains cristaux en atoll ou disposés en
chapelet se localisent à la limite plagioclase-amphibole, suggérant une disposition coro-
nitique. La saphirine forme des tablettes dans le plagioclase ou dans la hornblende. Elle
est souvent intimement liée au corindon et au, spinelle vert, ce qui suppose un équilibré
entre ces trois minéraux. On peut trouver du spinelle brun chromifère appartenant à
l'association magmatique initiale.
Le passage est progressif entre ces amphibolites et l' anorthosite dont l'association
minéralogique est: anorthite +corindon et/ou grenat ±Mg Hbv+ gd± staurotide ±saph
± sp brun. Signalons que la saphirine est très rare et qu'une augmentation de la propor-
tion de la staurotide (quelques pour cent au maximum) s'accompagne d'une diminution
de celle des amphiboles. Du disthène, associé à du plagioclase et de la staurotide est
inclus dans le grenat. Tous ces minéraux, à l'exception du plagioclase et du grenat, sont
chromifères. La staurotide est magnésienne avec 5 % (et 1 à 2 % Cr 203).
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985 169

TABLEAU
Analyses (1) d'une métatroctolite, (2) d'une amphibolite d'Anavoha (paragenèse 4) et (3) d'une amphibolite
de Marolinta (paragenèse 2) (XMg, voir fig. 1). Analyses réalisées au Centre géologie géophysique de Montpellier.
Analyses of (1) a metatroctolite, (2) an amphibolite
from Anahova (paragenesis4) and (3) an amphibolite from Marolinta (paragenesis 2).
(1) (2) (3) (1) (2) (3)

SiO2
Al2O3.
Fe2O3:
MnO
MgO
CaO
. . . . . .
...... .
44,19
21,42
7,40
0,11
13,07
10,87
42,96
21,80
6,23
0.10
13,31
11.90
43,81
20,60
4,80
0,09
14,33
10,12
Ol..
Hy
Di
Or
....... ;. 30,2
2,2
1,4
0,3
29,7
-
4,4
0,4
- 30,4

5
2,3

Na2O
K2O 0,05 1.37 1,21
0,07
1.37
0,83
Ab
An. ....... 52,3
11,5

-
6,3
53,7
11,5
47,5
TiO2
P2O5
0,18
0,05
0,11
0,02
0,13
0,02
Ne
Ilm 0,3
2,3
0,2
-
0,2
H2O 0,42 1,37 3,07 Ap 0,1 0,1 0,1

TOTAL.... 99,13 99,07 99,17


X Mg 78 81 86

Signalons un peu de clinochlore dans des fissures.


A Marolinta, les amphibolites n'ont pas de grenat. Les paragenèses sont: (2) et

ORIGINE DES AMPHIBOLITES A SAPHIRINE ET CORINDON ET CONDITIONS DE FORMATION DE LA


SAPHIRINE. — A Anavoha, le passage progressif entreles métatroctolites et les amphibolites
suggère que l'ensemble de ces roches provient de la transformation d'un massif de
troctolite. Les analyses (tableau) d'une métatroctolite, d'une amphibolite d'Anavoha
(paragenèse 4) et une amphibolite de Marolinta (paragenèse 2) confirme cette hypothèse;:
la composition normative fait apparaître dans les trois roches de composition chimique
voisine environ 60 % de plagioclase normatif et 30 % d'olivine : il s'agit donc de cumulat
à plagioclase et olivine. On note une forte teneur en eau dans les amphibolites (parti-
culièrement dans l' amphibolite de Marolinta contenant de la chlorite). On a porté dans
la figure 1, les variations du rapport Mgx 100/Mg + Fe + + (XMg) entre les différents
couples Hb-gd dans les amphibolites, Opx-Cpx et Opx-Hb dans les métatroctolites et
Hb-ga dans les deux types de roches. La variation linéaire de XMg pour les différents
couples montre que les conditions d'équilibre sontatteintes.Nous pensons que les
amphibolites et les métatroctolites se sont formées au cours d'un même épisode métamor-
phique sous des pressions d'eauvariable. L'évolution coronitique de la troctolite peut
s'expliquer par les réactions : ([5], [8], [9], [10]) ;
170 G. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

ou :

Dans les amphibolites, l'association saphirine-spinelle(-corindon) suggère que la saphi-


rine se développe à partir du spinelle si de la silice est disponible. Celle-ci pourra être
fournie au cours de réactions entre l'orthopyroxèneet le plagioclase. En effet, l'abondance
de l'orthopyroxène dans les amas coronitiques de la métatroctolites impose que le
clinopyroxènedisparaîtra avant l'orthopyroxènedans les réactions 3, 4 et 5 si ces dernières
se poursuivent, grâce à la présence d'eau en excès. On peut proposer les réactions :

L'alumine en excès forme des germes de corindon dans la saphirine.


Les conditions métamorphiques pourront être estimées grâce à la présence dans l' anor-
thosite d'Anavoha, de saphirine, du disthène, de l'assemblage anorthite+ corindon et de
la staurotide (fig. 2). Précisons que les conditions de stabilité de la gédrite et de la
staurotide solution solide seront déplacées vers les hautes pressions et les hautes températu-
res (environ 100°C) par rapport à celles de l' anthophyllite [11] et de la Fe staurotide [12].
L'absence de grenat dans les amphibolites de Marolinta peut s'expliquer par les composi-
tions chimiques plus magnésiennes mais aussi par des conditions métamorphiques de
plus basses pressions qu'Anavoha.
CONCLUSIONS. Les compositions chimiques des métatroctolites et des amphibolites à

saphirine-corindon sont celles de leucotroctolites, compositions semblables aux roches à
saphirine du Massif Central français [13] et de la zone d'Ivrée [14]. Les répartitions
Fe-Mg identiques dans les différents couples de minéraux des métatroctolites et amphi-
bolites suggèrent que ces roches se sont formées au cours d'un seul épisode métamor-
phique dans des conditions Pt-T identiques (Pt = 9-11,5 Kb; T=650-750°C) : en l'absence
d'eau en quantité suffisante, la métatroctolite n'a pu évoluer jusqu'à l' amphibolitisation.
Remise le 22 avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Centre universitairerégional de Tuléar, Madagascar


et Département de Géologie et de Minéralogie de l' Université de Clermont-II,
5, rue Kessler, 63000 Clermont-Ferrand.
C. R. Acad. Sc. Paris,
t.3Série
01,
II,

3, 1985 171

PÉTROLOGIE. Caractères et signification géotectonique des formations magmati-


-
ques basiques affleurant à Kibambale (Shaba, Zaïre). Note de Binsamba Manteka,
Ruananza T. Luhala, Dumba Kapenda, Jean-Paul H. Caron et Ali B. Kampunzu, présentée
par Michel Durand-Delga.
Les formations magmatiques de Kibambale, affleurant au SE immédiat du contact entre les chaîneskibarienne
et katanguienne, comportent des dolérites et des basaltes de composition tholéiitique. Ce volcanisme marque
une distension panafricaine au cours de laquelle s'est développé un rift dans lequel se sont accumulées les
formations katanguiennes renfermant la minéralisation stratiforme (Cu-Co) de la province minière zaïro-
zambienne.

PETROLOGY. — Characterisation and geotectonic significanceof basic magmatic formations of Kibambale


(Shaba, Zaïre).
The Kibambale formations found on the southeastern part of the contact between the Kibarian and the
Katanguian belts, include tholeiitic dolerites and basalts. They are associated with Pan-African extension which
developed a rift in which Katanguian sediments containing Cu-Co ores of the Zairo-zambian province were
deposited.
Le contact des chaînes kibarienne (Protérozoïque moyen) et katanguienne (Panafricain)
du Shaba, et plus précisément les régions situées au SE de ce contact (Pl. I, haut) ont
été le siège d'un important magmatisme basique intercalé dans les terrains sédimentaires
panafricains ([1] à [4]) dont la succession dans le NE du Shaba est résumée dans le
tableau (pl. II).
Les premières mesures radiométriques (K/Ar) effectuées sur les dolérites rapportées à
ces formations magmatiques et affleurant dans le massif de Kibambale qui sera décrit
dans cette Note donnent des âges cambro-ordoviciens ([5], [6]).
I. SITUATION GÉOLOGIQUE (pl. II, bas). Dans « le complexe doléritique » de Kibam-

bale, antérieurement cité ou brièvement décrit par plusieurs auteurs ([1] à [4]), quatre
formations principales viennent d'être cartographiées par deux d'entre nous (B. M. et
D. K.) :
(a) des dolérites en filons ou en petits massifs qui surmontent un complexe sédimentaire
composé de quartzites feldspathiques et de jaspes (d'âge Mwashya) ainsi qu'une
« mixtite » (inférieure) qui serait l'équivalent de la base du « Grand Conglomérat » [4];
(b) des laves basiques, constituées par plusieurs coulées empilées;
(c) des basaltes, débités en pillows, associés à des hyaloclastites et recoupés par des
filons doléritiques, ci-dessus mentionnés;
(d) des brèches et tufs volcaniques ainsi que des roches volcano-détritiques, surmontés
par une « mixtite » (supérieure) et des shales; ces deux formations sédimentaires correspon-
draient au « Petit Conglomérat » et éventuellement au sommet du Kundelungu supérieur
[14].
II. TYPES PÉTROGRAPHTQUES. — Certains échantillons de l'ensemble basique de Kibam-
bale révèlent un léger métamorphisme de « faciès zéolite ». Les roches, peu ou pas
transformées, permettent toutefois de caractériser l'essentiel de leur minéralogie primaire.
Suivant les textures et la minéralogie [7], deux grands types de roches peuvent être
identifiés :
(a) Les dolérites.Elles possèdent une texture ophitique et contiennent des clinopyroxè-

nes (~40%) de type augite, ferro-augite et accessoirement augite subcalcique (Wo25
En48 Fs27 à Wo41 En47 Fs12). Les feldspaths (=^50 %), en lattes de composition évoluant
depuis des bytownites jusqu'aux andésines (An72-39) sont transformés en albite (An10-4)

0249-6305/85/03010171 $ 2.00 © Académie des Sciences

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 13


172 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

Fig. 1. — Position des formations magmatiques de Kibambale dans les diagrammes de Miyashiro [10]. Dans
toutes les figures, les points représentent les dolérites, et les cercles, les laves. FeO* représente le fer total
sous forme de FeO. TH : tholéiites; CA. : calco-alcalin.
Fig. 1. — Kibambale magmaticformation position in Miyashirodiagrams [10].

Fig. 2. — Position des formations magmatiques de Kibambale dans les diagrammes de Pearce [11]. Même
légende que la figure 3. La somme CaO + MgO de toutes les analyses reportées dans ce diagramme est
comprise entre 12 et 20 %. WPB : basaltes intra-plaques; SHO : shoshonites; CAB : basaltes calco-alcalins;
LKT : tholéiites d'arcs insulaires; OFB : basaltes des fonds océaniques.
Fig. 2. — Kibambale magmaticformation position in Pearce [11] diagrams. Legend as in Figure 3.
et en produits phylliteux dans certains faciès. Les minéraux opaques, peu abondants
(~2 %), sont des titanomagnétites de composition assez variable (Usp57 7 à Usp98 2). Le
verre a été identifié dans les échantillons non albitisés et sa composition est intermédiaire
(SiO2 : 52,03 à 60,55 %; D.I. de Thornton et Tuttle [8] = 55,6 à 68,4 %).
(b) Les basaltes. — Regroupant aussi bien les coulées massives que les pillows de
diamètre inférieur ou égal au mètre, ils possèdent une texture microlitique porphyrique à
hyaloporphyrique et sont plus ou moins variolitiques. Le pyroxène est omniprésent sous

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE I

Haut : position des principaux gisements de formations magmatiques (en noir) jalonnant le contact entre les
chaînes kibarienne au NO et katanguienne au SE [4]. Leur localisation au Zaïre est donnée en cartouche.
Bas : carte géologiquedu complexéde Kibambale. 1, Kibarien; 2, mixtite inférieure et Mwashya; 3, dolérites;
4, laves; 5, roches volcano-détritiques, tufs et brèches hyaloclastiques; 6, mixtite supérieure et Kundelungu;
7, alluvions; 8, cuirasse latéritique; 9, limites de couches; 10, faille.
Mean occurrence of magmaticformations (in black) along the contact between Kibarian to the NW and Katanguian
belts to the SE. The situation of Kibambale in Zaire is given. Geological map of Kibambale complex.
PLANCHE I/PLATEI BINSAMBAMANTEKA
PLANCHE II]PLATE II

TABLEAU
Haut: synthèse lithostratigraphique des formations katanguiennes de la région de Kibambale (d'après Dumont
et Cahen [4], simplifié). Bas: composition chimique et norme C.I.P.W. calculée après blocage du fer
(Fe2O3/Fe2O3 + FeO=0,20) [9] des dolérites (analyses 20, 59, 56, 2, 52, 58 et 1) et des laves (analyses 77,
79 et 25) de Kibambale. Analyses nouvelles par absorption atomique effectuées par Mme M. O. Trensz
(Marseille).
Lithostratigraphical synthesis of Katanguianformations (according to Cahen et coll. [5], simplified). Chemical
composition and C.I.P.W. norme calculated with Fe2O3/Fe2O3+FeO= 0,20) [9] of dolerites (analyses 20, 59,
56, 2, 52, 58 and 1) and of lavas (analyses 77, 79 and 25) of Kibambale. Analyst: Mrs. M. O. Trensz
(Marseille).
Puissance
Série Faciès les plus représentés maximale
Kundelungu supérieur
et Petit Conglomérat Arkoses, grès et argilites généralement rouges et, plus rare- 800 m
ment, à galets de grès glauconieux (mixtite)
Kundelungu inférieur Grauwackes, schistes gris bleu, calcaire de Kakontwe, Grand 680 m
.
Conglomérat
Roan et Mwashya Quartzites feldspathiques, pélites diverses (carbonatées ou 2 500 m
non), conglomérat de Mwashya, calcaires, jaspes, oolites
siliceuses, psammites et argilites, conglomérat arkosique à
galets roulés

Soubassement anté-Katanguien (Kibarien)

N° éch. 20 59 56 2 52 58 1 77 79 25

SiO2 49,22 50,83 51,13 51,45 51,70 52,27 52,52 50,74 51,55 52,17
TiO2 1,66 1,60 1,58 1,59 1,55 1,53 1,33 1,54 1,53 1,54
Al2O3 13,65 14,10 14,15 14,45 14,05 14,32 13,65 14,27 14,05 13,17
Fe2O3. ........... 2,20 1,26 2,06 1,80 1,76 2,61 1,24 0,82 0,80 0,55
.
FeO 9,33 10,01 8,94 9,59 8,99 8,13 9,73 10,60 10,10 9,73
MnO 0,20 0,20 0,18 0,19 0,18 0,18 0,22 0,19 0,23 0,19
MgO 8,70 6,72 6,09 6,48 6,13 6,11 6,58 6,79 6,32 6,77
CaO 10,18 7,70 7,29 9,25 8,20 9,18 10,27 7,69 7,88 7,25
Na2O 2,07 3,10 4,20 2,40 3,41 2,71 2,23 3,89 3,49 4,31
K2O 0,44 0,99 1,39 0,84 2,05 0,89 0,81 0,42 1,03 0,75
P2O5..... 0,16 0,16 0,17 0,17 0,16 0,17 0,32 0,17 0,17 0,16
H2O+ 1,05 2,21 1,73 0,98 1,39 1,24 0,22 1,66 1,81 2,29
H2O- 0,10 0,22 0,11 0,12 0,13 0,17 0,03 0,28 0,18 0,20

TOTAL 98,96 99,10 99,02 99,31 99,70 99,51 99,15 99,06 99,14 99,08

Q
Or
Ab
0,02
2,66
17,89
-
6,06
27,10
-
Normes C.I.P.W.

8,46
36,53
3,02
5,06
20,65
-
12,35
29,25
3,62
5,37
23,35
3,86
4,84
19,06
2,48
32;84
6,27
30,36
4,59
37,71
An. ............ 27,22 22,35 16,08 26,61 17,25 24,72 25,08 20,18 20,17 14,86
.
Di 19,10 13,36 16,54 15,72 19,10 17,00 20,24 14,00 15,76 17,65
Hy. 26,42 24,06 3,53 22,83 7,02 19,67 21,84 24,47 17,81 11,09
Ol
Mt
-
3,10
1,68
1,89
12,41
2,98
-
2,66
8,97
2,60
-
2,87
-
1,82
1,55
1,19
5,06
1,19
9,89
0,83
Il 3,22 3,14 3,09 3,08 3,00 2,96 2,56 2,92 2,99 3,03
Ap 0,39 0,39 0,41 0,41 0,39 0,41 0,77 0,40 0,41 0,39
D.I 20,57 33,16 44,99 28,72 41,70 32,34 27,76 35,32 36,63 42,31
mg 62,92 57,08 55,44 56,04 56,11 56,25 57,23 56,91 56,30 59,36
C, R, Acad S. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985 175

fig. 3 Fig. 4 Fig. 5


Fig. 3. - Localisation des formations magmatiques de Kibambale dans le diagramme TiO2, FeO+/MgO La
droite de séparation des séries isotitanées (I.T.) et anisotitanées (A.T.) a été définie par Bébien [12].
Fig. 3. — Kibambale magmaticformation localization in TiO2, FeO+ /MgO diagram.
Fig. 4. — Position des roches magmatiques de Kibambale dans le diagramme de Pearce et al. [13]. Seules les
analyses avec 51 %<SiO2<56 % ont été portées dans ce triangle. C : continental; I.O. : îles océaniques;
R.O. : rides océaniques; O : orogénique; I.C.E. : îles des centres en expansion.
Fig. 4. — Kibambale magmaticformation position in Pearce et al. [13] diagram.
Fig. 5. — Détermination de l'affinité magmatique des roches de Kibambale à l'aide du diagramme de
discrimination de Leterrier et coll. [14], basée sur la composition des phénocristaux de clinopyroxènes. O et
D sont respectivement les domaines des basaltes orogéniques et anorogéniques.
Fig. 5. — Characterization of the magmaticparentage of the Kibambalemagmaticformations using the distribu-
tion of the compositions of the clinopyroxenes phenocrysts in the discrimination diagrams.

forme de phénocristaux (1 %) et de microcristaux d'augite et de ferro-augite (Wo37 En46


FsJ7 à Wo33 En47 Fs20). Le verre est souvent dévitrifié et transformé en produits
chloriteux. Les feldspaths, en phénocristaux, ont été silicifiés (jusqu'à 70 % de SiO2) ou
transformés en albite (An4-1).
III. GÉOCHIMIE. — Les analyses des éléments majeurs de dix échantillons de basaltes
légèrement transformés, et de dolérites fraîches ont été effectuées (pl. II, bas). L'albitisa-
tion des roches est faible, comme l'indiquent les teneurs en CaO (8,49 ±1,09 %) qui sont
stables (faible valeur de l'écart type) et celles en Na2O (3,18+0,77 %) qui sont compara-
bles aux valeurs généralement rencontrées dans les laves basaltiques non spilitisées. Les
teneurs en K2O montrent une augmentation depuis des valeurs relativement faibles dans
les termes basiques (0,44% en poids à D.I. =20,6%) jusqu'à des fortes teneurs qui
caractérisent les magmas plus évolués (jusqu'à 2,05 % à D.I. =42 %).
Toutes les formations basiques (D.I. < 35) ont un rapport Mg/Mg + Fe2+ (calculé en
bloquant Fe2O3/Fe2O3 + FeO à 0,20) [9] compris entre 56,4 et 62,9%, qui témoigne
qu'elles ne représentent pas des liquides primogéniques. Leur composition est caractérisée
par la présence, dans la norme, du couple olivine + hypersthène ou hypersthène + quartz
et par un important enrichissement en fer et titane dans les diagrammes de Miyashiro
[10] (fig. 1). Ces caractéristiques ainsi que l'ordre de cristallisation rappellent les magmas
tholéiitiques dans lesquels l'apparition des oxydes ferro-titanés est tardive. Dans le
diagramme de Pearce [11] (fig. 2), ces roches se localisent dans le domaine de tholéiites
d'arcs insulaires : toutefois, ces laves sont spilitisées et donc les paramètres F1, F2 et F3
de Pearce sont vraisemblablement influencés par l'enrichissement relatif en Na2O. En
176 G. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

considérant les éléments peu mobiles, on note que les teneurs en TiO2 de ces vulcanites
sont trop fortes pour des tholéiites orogéniques. Ces magmas, anisotitanés (fig. 3) et donc
vraisemblablementanorogéniques, seraient des tholéiites de zones distensives continentales
(fig. 4) ([12], [13]). La composition des clinopyroxènes de ces laves (fig. 5) est compatible
avec une mise en place dans un contexte extensif [14]. Par ailleurs, les formations
détritiques encaissantes sont essentiellement des grès rouges, plus ou moins conglomérati-
ques, compatibles avec une sédimentation dans un fossé d'effondrement plutôt que dans
un arc insulaire.
IV. CONCLUSION. — Les caractères pétrologiques et géochimiques (éléments majeurs)
des laves et des formations hypabyssales de Kibambale permettent de souligner leur
ressemblance avec les tholéiites continentales, actuellement interprétées comme des mar-
queurs des zones distensives de type rift [15]. Des conclusions analogues peuvent être
tirées pour les autres massifs (complexes de Luilu, Makonga) (pl. I, haut) qui jalonnent
la bordure sud-est du contact entre les chaînes Kibarienne (Protérozoïque moyen) et
Katanguienne (Panafricain).
Les formations magmatiques de ces différents gisements représenteraient des témoins
d'un paléo-rift panafricain dans lequel se seraient déposés les sédiments katanguiens
renfermant l'importante minéralisation cupro-cobaltifère de l'arc minier zaïro-zambien.
Remisele 18 mars 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] M. ROBERT, Ann. Soc. géol. Belg., Publ. relatives au Congo Belge, XL, (1912-1913), 1914, fasc. IV;
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[3] P. DUMONT, Révision générale du Katanguien. Le plateau des Biano. Les phases précoces de l'orogène
Katanguienne, Thèse inédite, Université Libre de Bruxelles, 1971.
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[5] L. CAHEN, D. LEDENT et N. J. SNELLING, Rapp. Ann. 1974, Mus. Roy. Afr. Centr., Dépt Géol. Min.,
Tervuren, Belgique, 1975, p. 59-70.
[6]L. CAHEN et N. J. SNELLING, Ann. Soc. géol. Belg., 94, 1971, p. 199-209.
[7] Analyses à la microsonde Camebax automatisée effectuées à Montpellier par l'un de nous (A.B.K.) avec
la collaborationde M. Merlet.
[8] C. P. THORNTON et O. F. TUTTLE, Amer. J. Sc., 253, 1960, p. 664-684.
[9] C. J. HUGUES et E. M; HUSSEY, Geochim. Cosmochim. Acta, 4, n° 40,1976, p. 485-486.
[10] A. MIYASHIRO, J. Geol., 83, 1975, p. 249-281.
[11] J. A. PEARCE, J. Petrol., 17, 1976, p. 15-43.
[12] J: BEBIEN, J: Volc. Geoth. Res., 8, 1980, p. 337-342.
[13] J. H. PEARCE, B. E. GORMAN et J. C. BIRKETT, Earth Plan. Sc. Let., 36, 1977, p. 121-132.
[14] J. LETERRIER, R. C. MAURY, P. THONON, D. GIRARD et M. MARCHAL, Earth Plan. Sc. Let., 59, 1980,
p. 139-154.
[15] A. B. KAMPUNZU, P. J. VELLUTINI, J. P.-H. CARON, R. T. LUBALA, M. KANIKA et B. T. RUMVEGERI,
Bull. Centres Rech. Explor.-Prod. Elf-Aquitaine, 7, n° 1, 1983, p. 257-271.

B. M., D. K. et A. B. K. :Laboratoire de Pétrologie, Département de Géologie,


Université de Lubumbashi, B.P. n° 1825, Lubumbashi, Zaïre;
R. T. L. : Laboratoire de Pétrologie, Université d'Aix-Marseille-III, 13397 Marseille Cedex 13;
J. P.-H. C. : Mission universitairefrançaise de Géologie, B.P. n° 756, Lubumbashi, Zaïre,
et Laboratoire de Pétrologie, Université d'Aix-Marseille-III, 13397 Marseille Cedex 13.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985 177

STRATIGRAPHIE.— Biozones de nannoplancton calcaire dans les craies stratotypiques


du Campanien et du Sénonien. Implications biostratigraphiques. Note de Bernard Pomerol,
Bernard Lambert et Hélène Manivit, présentée par Jean Aubouin.

Au Crétacé supérieur, de nombreuses espèces de nannoplanctoncalcaire sont communes entre les stratotypes
des Charentes et le stratotype du Sénonien. En particulier, la répartition stratigraphique similaire de marqueurs
de valeur mondiale comme Broinsoniaparca, Prediscosphaerastoveri, Eiffellithus eximius, Lithraphiditespraequa-
dratus... permet, en l'absence de toute autre faune ou flore communes, d'établir une parfaite corrélation entre
l'étage Campanien, défini en domaine mésogéen et la craie à Belemnitelles du domaine nordique. La définition
et l'utilisation du terme Sénonien, étage ayant priorité sur ceux définis dans les Charentes, sont ainsi mieux
précisées.

STRATIGRAPHY. — Calcareous nannofossils biozones of the Campanian and Senonian stratotypical


chalks. Biostratigraphical consequences.
In the Upper Cretaceous, numerous common species of calcareous nannofossils are found in the stratotypes of
the southern France and in the Senonian stratotype. In particular the same stratigraphical range of important
markers as Broinsonia parca, Prediscosphaera stoveri, Eiffellithus eximius, Lithraphidites praequadratus...
outlines, in the absence of any other common macro or microfossil, the perfect correlation between the Campanian
definition
stage defined in the tethyan province and the Chalk with Belemnites of the northern province. The
and the use of the Senonian super stage which has priority, as a term, over the sub-stages of Charentes, are
therefore more precise.

Au début du XIXe siècle le terrain de craie auct. fut divisé en plusieurs formations :
craie supérieure ou craie blanche, craie moyenne (craie grise ou craie tuffeau) et craie
inférieure (glauconie crayeuse). Plus lard, au milieu du siècle, avec l'apparition des unités
stratigraphiques, les étages Sénonien, Turonien [1] et Cénomanien [2] se substituèrent peu
à peu à ces formations définies par leur lithologie. L'étage Sénonien (de Sens, l'antique
Senones) désignait donc l'horizon géologique de la craie blanche ou craie supérieure du
Bassin de Paris. Le stratotype en était la région de Sens, localité « étant située précisément
au milieu de la craie blanche la mieux caractérisée » ([1], p. 403).
Dans le Sud-Ouest de la France, la présence de la craie blanche ou craie supérieure,
reconnue par d'Orbigny, fut confirmée par Coquand [3] qui en 1857 [4] divise l'étage
Sénonien en quatre sous-étages : Coniacien, Santonien, Campanien et Dordonien. Presque
simultanément à celles des Charentes les subdivisions de la craie blanche du Nord de la
France furent élaborées par Hébert ([5], [6]). Mais cet auteur, qui n'utilisait ni le terme
Sénonien ni les sous-étages de Coquand, commit un certain nombre d'erreurs ou de
confusions dans son échelle biozonale, erreurs qui rendirent incertaines les corrélations
entre le Nord et le Sud de la France; les nombreuses controverses entre Hébert et
Coquand ne permirent pas alors d'établir une échelle biozonale commune aux deux
régions ([5], [7], [8]). Lithologie et faunes (craie à Echinides et Inocérames d'une part,
calcaires et grès à ammonites et rudistes d'autre part) séparaient nettement les deux
régions au Crétacé supérieur. En 1875 Hébert [9], qui adopte pour la première fois la
nomenclature de d'Orbigny, subdivise le Sénonien en cinq assises (assises à Holaster
planus, Micraster cortestudinarium, Micraster coranguinum, Belemnitella quadrata et Belem-
nitella mucronata) et parallèlise les trois premières avec les sous-étages Coniacien, Santo-
nien, Campanien et Dordonien : pour Hébert la craie à Belemnitelles de Meudon n'a
pas d'équivalent en Charentes.
Peu à peu, fort heureusement, grace aux travaux d'Arnaud [10] et de Lambert [11]
dans les régions stratotypiques des Charentes et de Sens toutes ces inexactitudes disparu-
rent. Les corrélations entre les domaines nordique et mésogéen ébauchées par ces auteurs
0249-6305/85/03010177 $ 2.00 © Académie des Sciences
178 G. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

([12], [13] et [14]) furent définitivement précisées à la suite des travaux de de Grossouvre
[15] en Touraine, région clé entre le Nord et le Sud de la France, et, après mise au point
définitive dans son mémoire de 1901 [16], la stratigraphie de la craie supérieure de
Grossouvre sert encore de canevas aujourd'hui à la biostratigraphie moderne.
Curiseusement toutefois, alors que les superétages Cénomanien et Turonien sont
couramment utilisés de nos jours (et non les sous-étages crées aussi par Coquand et de
Grossouvre pour ces deux périodes), les termes Coniacien, Santonien et Campanien ont
plus été consacrés par l'usage que le terme Sénonien. Plusieurs raisons, entre autres,
semblent expliquer cette tendance :
— les étages Cénomanien et Turonien sont définis en Touraine, région
où les faciès et
les faunes sont proches de ceux des Charentes. Les termes ont donc subsisté, d'autant
que de Grossouvre, un de ses créateurs, a basé la stratigraphie du Crétacé supérieur sur
l'étude de ces deux régions et non sur celle du Nord de la France;

les erreurs évoquées plus haut dans ses biozonations et ses corrélations, la rareté
des macrofaunes et les incertitudes quant à ses limites, ont restreint l'usage du terme
Sénonien;

la place prépondérante prise par les Ammonites, fréquentes en Touraine et en
Charentes, dans la biostratigraphie et corrélativement le peu d'intérêt que suscitèrent
dans la premièremoitié du XXe siècle la stratigraphie de la craie ou l'étude paléontologique
de groupes importants comme les Echinides.
L'étage Sénonien est cependant historiquement antérieur aux étages Coniacien, Santo-
nien et Campanien, son usage est utile dans les facies crayeux des bassins du domaine
nordique et des données lithostratigraphiques et biostratigraphiques récentes [17] permet-
tent d'en préciser parfaitement ses limites, la répartition verticalede nombreux organismes
et ses corrélations avec les étages du domaine mésogéen : le terme Sénonien prend alors
toute sa valeur. De plus, la plupart des anciennes coupes définissant le stratotype sont
encore visibles et certaines biozonations de la craie établies à partir de microfaunes
(Foraminifères benthiques, Ostracodes) ou de nannoflores (nannoplancton calcaire) sont
plus précises que celles parfois élaborées dans différentes régions du domaine mésogéen
(Charentes, Espagne, Tunisie...). En particulier, et c'est l'objectif de cette Note, on peut
démontrer la parfaite similitude des biozones de nannoplancton calcaire dans le Campa-
nien des Charentes et dans la craie à Belemnitelles du stratotype du Sénonien.
1. LA NANNOFLORE CAMPANIENNE DES CHARENTES. — Si le Coniacien stratotypique se
révèle stérile dans le SO de la France, et le Santonien de composition nannofloristique
homogène, le Campanien a livré une nannoflore abondante. Cinq biozones y ont été
individualisées [18], de bas en haut :
1 à Broinsonia parca. Cette espèce est utilisée fréquemment comme marqueur
— zone
de la base du Campanien. Toutefois en Charentes, en l'absence de coupe continue, il est
difficile de préciser le passage de l'ensemble nannofloristique S (Santonien) à la zone 1

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Répartition verticale et biozones de nannoplanctoncalcaire dans le Campanien des Charentes et dans les craies
à Belemnitelles du stratotype du Sénonien. Pour comparaison, les biozones et la répartition de quelques
espèces de Foraminifères benthiques ont été indiquées.
Vertical range and biozones of calacareous nannofossils in the Campanian of southern France and in the chalks
with Belemnitelles of the Senonian stratotype. By comparison, the benthic foraminiferal scheme and the
repartition of some important species are also indicated.
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985 181

(campanienne) des nannofossiles et de paralléliser la base de cette zone avec la base du


Campanien définie par la macrofaune ou la microfaune : le passage semble correspondre
approximativement au passage entre les zones S (Santonien) et CI (Campanien) des
Foraminifères (pl.);
— zone 2 à Ceratolithoides aculeus;
— zone 3 à Prediscosphaera stoveri. L'apparition de ce marqueur coincide avec la
prolifération de Tetralithus gothicus à la base de la zone (sous-zone 3 a) et de T. gothicus
trifidus au sommet (sous-zone 3 b);
— zone
4 à Lithraphiditespraequadratus. Avec l' apparition dé ce marqueur on note la
quasi disparition d'Eiffellithus eximius et la prolifération d'E. turriseiffeli-E. gorkae;
— zone
5 à Tetralithus sp: Cette zone n'a qu'une valeur très locale.

2. LA NANNOFLOREDES CRAIES SENONIENNES SUPÉRIEURES A BELEMNITELLES. —


Toutes les
corrélations (à l'exception de celles d'Hébert) ont admis l'équivalence entre les craies à
Belemnitelles du Nord de la France, ou bien encore, entre les craies des zones M, N, O
et P du stratbtype du Sénonien [11] et le Campanien stratotypique ([11] à [14]), la base
du Campanien étant parallèlisée, dans la région de Sens, avec la base de la craie de
Soucy, ou la base de la zone M à Offaster pilula dans Lambert [11], cette espèce se
révèlant un marqueur d'utilisationpratique dans les facies crayeux des bassins nordiques.
Une révision récente du stratotype du Sénonien [17] a permis de comparer les biozones
traditionnelles de macrofaunes et de microfaunes avec les biozones de nannoplancton
calcaire. Trois des cinq zones reconnues dans les Charentes se retrouvent dans le Sénonais

— zone à Broinsonia parca. Ce marqueur apparaît, dans la région stratotypique au


sommet des carrières de Sens quelques mètre au-dessus de la base de la zone à O. pilula,
donc de la base du Campanien traditionnel. Une situation identique est signalée en
Grande-Bretagne où P. parca apparaît 15 m au dessus de la base du Campanien
définie par la disparition du genre cosmopolite Marsupites et l'apparition de Goniotheutis
granulataquadrata et d' Offàsterpilula [19];
— zone
à Prediscosphera stoveri. Au sommet de cette biozone on voit nettement E.
eximius se raréfier au profit d'E. turriseiffeli-E. gorkae. La zone à C. aculeus (zone 2 des
Charentes) n'a pas été distinguée dans le Sénonien stratotypique où cette espèce est rare
et sporadique. Un problème de corrélation semble cependant exister au niveau des zones
à P. stoveri et C. aculeus entre les Charentes et le Bassin de Paris si l'on considère
l'extension verticale de Gavelinella monterelensis, Foraminifère benthique commun au
deux régions;
— zone
à Lithraphidites praequadratus. Cette zone n'avait jamais été jusqu'alors
signalée dans le Bassin de Paris. Elle témoigne de l'existence dans la région de Montereau
de niveaux campaniens très élevés, niveaux qui, sur la base des Foraminifères benthiques
également, sont plus récents que la craie de Meudon ss, à Magas pumilus, considérée
comme la plus récente.des craies sénoniennes du Bassin de Paris.
3. COMPARAISONSENTRE LES BIOZONES DE NANNOPLANCTON CAMPANIENNES DES CHARENTES
ET DU SÉNONAIS. ÉLÉMENTS DE CORRÉLATION AVEC LES AUTRES BASSINS. — La comparaison,
au Campanien, entre lès deux régions souligne les similitudes évidentes dans la répartition
des principales espèces de nannoplancton calcaire : B: parca; E. eximius, E. turriseiffeli,
E. gorkae, L. praequadratus, Arkhangelskiella cymbiformis... Elle amène les remarques
182 G. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

suivantes :


le:synchronisme de l'apparition de B. parca (marqueur de valeur mondiale, qui
semble toutefois apparaître légèrementau-dessus de la limite traditionnelle Santonien/Cam-
panien) confirme le synchronisme communément admis entre la base du Campanien
stratotypique et la base de la craie à B. granulataquadrata. La base du Campanien est
donc ainsi parfaitement définie dans le Stratotype du Sénonien;

l'existence dans le Bassin de Paris de niveaux équivalents aux niveaux à Orbitoides
media, espèce apparaissant dans le SO de la France avec les zones 3 et 4 de nannoplancton
calcaire. La craie à Belemnitelles du Bassin de Paris correspond ainsi parfaitement au
Campanien dans son sens originel ([3], [4]) et non sensu Arnaud [10] ou de Grossouvre
[16]. D'après la définition première de d'Orbigny (cf. supra), il est donc évident que le
Sénonien englobe exactement l'ensemble des trois sous-étages Coniacien, Santonien et

p.
Campanien sensu Coquand [4]. Si les limites du Coniacien et du Santonien des Charentes
peuvent être parfaitement précisées dans le stratotype du Sénonien grace aux macrofaunes
et au jalon entre les deux régions représentée par la craie de Villedieu de Touraine, en
l'absence d'autres faunes communes, l'importance du nannoplancton calcaire apparaît
clairement au Campanien dans les corrélations entre les domaines nordique et mésogéen;

des biozonations comparables ont aussi été établies en Grande-Bretagne et en
Belgique, dans la région stratotypique du Maastrichtien ([20], [18]) : grâce aux données
nannofloristiquesle parallélisme entre les différents bassins crayeux pourra être affiné
tout en apportant des précisions nouvelles sur certaines limites d'étages discutées. La
place du Sénonien dans la biostratigraphie du Crétacé supérieur ne doit pas être ignorée.
Remise le 22 avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] A. D'ORBIGNY, PaléontologieFrançaise, Terrains Crétacés, II, Gastéropodes, Arthur Bertrand, Paris, 1842,
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[3] H. COQUAND, Bull. Soc. géol. Fr., (2), 14, 1856, p. 55-98.
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DINI, Géologie Méditérranéenne,10, 1983, p. 15-29.
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B. P. Université Paris-Val-de-Marne, U.E.R. de Sciences,


:
Laboratoire de Géologie, avenue du Général-de-Gaulle, 94010 Créteil;
B. L. : Total/C.F.P., 218-228, avenue du Haut-Lévêque, 33605 Pessac Cedex;
H:M.:B.R:G.M., S:G.N./G.E.O.etL;A. n°319 du C.N.R.S.,
B.P. n° 6009, 45060 Orléans Cedex:
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3,1985 183
STRATIGRAPHIE. — Nouvellespropositionspour un cadre chronologique raisonné du
Quaternaire marocain. Note de Jean-Pierre Texier, Jean-Paul Raynal et David Lefevre,
présentée par Jean Piveteau.

Une chronologie du Quaternaire marocain est proposée, corrélée avec celle de Méditerranée et avec la
chronologie alpine. Elle s'appuie principalement sur une nouvelle définition des étages marins, une révision de
la notion d'étage continental et la mise en oeuvre d'un principe de corrélation océan-continent.

STRATIGRAPHY. — New proposais for a rational chronological frame of the Quaternary of Morocco.
The authors submit a chronology of moroccan Quaternary, linked with mediterranean and alpine datas, on the
basis of a new definition of marine stages, a revised notion of continental stage and the principle of land-sea
correlation.

Les systèmes chronologiques quaternaires marocains font référence dans l'ensemble du


Maghreb, parfois même dans la péninsule ibérique. Leurs fondements et leurs contenus
présentent cependant des défauts. Une nouvelle approche harmonisant les données mari-
nes et continentales est présentée.
1. DÉFAUTS DES SYSTÈMES CHRONOLOGIQUES ACTUELS.— 1.1. Défauts d'ordre
fondamental. — En domaine continental, la chronologie se fonde sur la reconnaissance de
l'alternance « pluvial-aride ». Ces concepts climatiques sont imprécis et leurs paramètres
climatiques mal définis (températures, précipitations, répartition...). Les « pluviaux »,
généralement considérés comme responsables des phases de sédimentation, sont corrélés
avec les glaciaires européens ([1], [2]).
En fait, les caractéristiques des pédogenèses contemporaines des périodes dites
« arides » ou « interpluviales », indiquent des paléoclimats humides à très humides, à
précipitations régulières, dans un contexte thermique d'abord assez chaud puis plus
frais (1) ([3], [4]), donc caractéristiques d'un « pluvial »; les transferts à l'état solide sont
prépondérants en contexte aride (principe élargi de la bio-rhexistasie, cf. 2.1) [5]. Si à de
rares exceptions près [6], il existait un large consensus pour une corrélation
« pluvial-glaciaire », nos travaux montrent donc au contraire une correspondance
« aride-glaciaire » (1) [5].
En domaine marin, les chronologies classiques ne prennent en compte que les hauts
niveaux. Or, la définition des étages devrait faire appel à des cycles transgression-
régressioncomplets glacio-eustatiques; de plus, les côtes marocaines ont subi des déforma-
tions tectoniques intraquaternaires notables et d'ampleur inégale ([7] à [10]). Cette seule
base est donc insuffisante pour préciser le nombre de transgressions intraquaternaireset,
a fortiori, d'étages marins.
1. 2. Remarques sur le contenu des « étages » actuellement utilisés — D'après lés travaux
de malacologie marine, les différents « étages » définis au Maroc n'ont pas tous la
même signification [11]. Trois seulement possèdent une faune chaude : le Messaoudien,
l' Anfatien et l'Ouljien, corrélés respectivement avec les interglaciaires Günz-Mindel,
Mindel-Riss et Riss-Würm; le Maarifien et le Harounien, plus froids, correspondraientà
des interstades du Mindel et du Riss. De récentes recherches dans la région d'Agadir [12]
caractérisent avec précision un « Harounien » vers 260 000 B.P. Mais le « Harounien »
de la région de Rabat est daté de 145 000 B.P. [13]. Les dépôts harouniens ne sont donc
pas partout synchrones et appartiendraientà des oscillationsmarines distinctes.
0249-6305/85/03010183 $ 2.00 © Académiedes Sciences
184 C, R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

Tous les étages continentaux marocains sans exception font référence à des stratotypes
inadéquats ([5], [14] à [19]).
2. LES BASES D'UNE NOUVELLE PROPOSITION. — 2.1.Extension de la théorie de la
bio-rhexistasie [20]. —- Les bilans pédo-sédimentaires observés en domaine continental
sont l'expression d'une alternance climatique permettant successivement une érosion et
des transferts à l'état solide (végétation réduite ou nulle= rhexistasie), puis une fixation
et une transformation in situ des dépôts par voie pédologique (couvert végétal continu = -
biostasie). Cette extension de la théorie d'Erhart n'est pas abusive et avait été pressentie
par l'auteur. Elle rejoint la notion d'alternance « morphogenèse active-stabilité
morphologique » de Rodhenburg et Sabelberg [6]. Son avantage essentiel est de faire
appel à des tendances climatiques globales découlant directement des observations de
terrain sans référence a priori à un modèle climatologique précis. Ce dernier sera défini
dans une deuxième étape de raisonnement et d'analyse.
2.2. Abandon de la référence à un stratotype.— La sédimentation continentale est
fondamentalement discontinue et résulte d'une rupture d'équilibre du milieu. Elle se
déclenche lors du passage de seuils: généralement limitée dans l'espace et dans le
temps (crises sédimentaires,phénomènes zonaux, lacunes de sédimentation...), elle dépend
étroitement des systèmes morpho-climatiques. De plus, la durée des périodes de pédoge-
nèse reste difficile à apprécier. Par conséquent, le meilleur stratotype ne peut prétendre
exprimer la totalité du temps correspondant à un étage continental.
2.3. Principe de corrélation océan-continent. —Il est résumé dans le schéma et s'appuie
sur la notion d'unité climato-sédimentaire de Bonifay [21].

Schéma
Sont ainsi définis des intervalles de temps à tendance générale biostasique ou rhexistasi-
que qui évitent l'écueil de la référence aux stratotypes. Ces périodes recouvrent une réalité
plus complexe et comprennent des oscillations climatiques de sens opposé. Le postulat
de départ considère les cycles marins quaternaires comme glacio-eustatiques : les corréla-
tions avec la chronologie alpine sont alors évidentes.
3. NOUVELLE PROPOSITION CHRONOLOGIQUE (tableau I).— 3.1. Chronologie marine.
La chronologie proposée obéit à un triple souci :
— conserver
autant que possible les termes consacrés par l'usage;;

définir des étages correspondant à des cycles glaeio-eustatiques complets
transgression-régression;

harmoniser le système maghrébin avec celui de Méditerranée [22].
Selon le principe de corrélation retenu et les récents résultats de Brebion [11], nous
avons choisi les termes de Messaoudien, Anfatien et Ouljien pour les trois principaux
-

:
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

étages marins pléistocènes. Ils font suite au cycle pliocène dont les termes moyen et

ment avec le Calabrien, le Sicilien et le Tyrrhénien définis par Bonifay [21].


Chaque étage se subdivise donc en trois parties (schéma) :
— une
partie inférieure correspondant au début de la transgression;
une partie moyenne correspondant au maximum transgressif;
une partie supérieure correspondant à la phase régressive.
Les hauts niveaux à faune « froide » ou « fraîche » (Harounien, Maarifien), simples
oscillations à l'intérieur d'un cycle, résultent de déformations tectoniques locales ou de
mouvements eustatiques globaux (glacio-eustatiques ou autres). La succession suivante
est proposée
— Cycle messaoudien (= Calabrien; 1,9 à 0,7 M.a. env.) : Messaoudien inférieur
( = Calabrien inférieur); Messaoudienmoyen ( = Emilien = Calabrien moyen) ou Messaou-
dien sensu stricto à faune chaude; Messaoudien supérieur ( = Calabrien supérieur), avec
une pulsation positive, le Maarifien à faune « froide ».
Cycle anfatien ( = Sicilien; 0,7 à 0,3 M.a. env.) : Anfatien inférieur ( = Sicilien
inférieur) ; Anfatien moyen ( = Milazzien = Sicilien moyen) ou Anfatien sensu stricto à
faune chaude; Anfatien supérieur ( = Sicilien supérieur).

187

supérieur portent localement le nom de Moghrébien ([23], [24]). Ils se corrèlent respective-

Cycle ouljien ( =Tyrrhénien; 0,3 à 0,016 M.a. env.) : Ouljien inférieur ( = Tyrrhénien
inférieur) avec au moins deux: oscillations positives : Harounien du Sud/Agadirien
(0,260 M.a. env.) [12] et Harounien du Nord/Rabatien (0,145 M.a. env.) [13]; Ouljien
moyen ( = Tyrrhénien moyen ou Eutyrrhénien) ou Ouljien sensu stricto; Ouljien supérieur
(=Tyrrhénien supérieur) avec deux pulsations positives.

Cycle mellahien ( = Versilien).
3.2. Chronologie continentale. — Nous proposons de subdiviser le Pléistocène en
quatre périodes rhexistasiquesmajeures nommées de la plus ancienne à la plus récente :
Moulouyen, Amirien, Tensiftien et Soltanien. Ces termes n'ont pas l'acception classique :
ils ne se réfèrent pas à un stratotype et représentent uniquement un intervalle de temps.

Günz.
Chaque période rhexistasique se corrèle avec un « glaciaire » européen : le Soltanien avec
le Würm, le Tensiftien avec le Riss, l' Amirien avec le Mindel et le Moulouyen avec le

Trois grandes périodes biostasiques s'intercalent entre les périodes rhexistasiques et


sont nommées de la plus ancienne à la plus récente : Inter Moulouyen-Amirien, Inter
Amirien-Tensiftienet Inter Tensiftien-Soltanien. Respectivement contemporaines des inter-
glaciaires européens, elles sont synchrones des parties moyennes transgressives à faune
chaude des étages marins.
Nous conservons le nom de Rharbien pour désigner l'Holocène du Maroc.
Ces périodes chronologiquesmajeures sont susceptibles de subdivisions selon l'existence
de cycles bio-rhexistasiques secondaires (1) [5].
Le Moulouyen, qui englobe désormais les anciens « étages » Moulouyen et Salétien,
est « à cheval » sur le Pliocène supérieur et le Pléistocène inférieur sensu stricto (début à
1,8-1,9 M.a.). Le « style climatiquequaternaire » (2) s'amorce en effet à partir du Pliocène
supérieur. La question de la réalité de la limite Plio-Pléistocène reste donc posée [22].
Cette proposition logique appuyée sur des mécanismes globaux liant océan et continent,
devra être étàyée par un cadré paléomagnétique et de nombreuses datations absolues.
Elle devrait permettre désormais d'éviter des corrélations entre séquences régionales
souvent incomplètes et discontinues, considérées abusivement comme des stratotypes.

C. R,, 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 14


188 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

(1) Notes de J. P. TEXIER, J. P. RAYNAL et N. FEDOROFF, Première Table Ronde franco-marocaine de


Quaternaire et Préhistoire, Bordeaux, 1985 (à paraître).
( 2) Actes du colloque Le Villafranchien méditerranéen : stratigraphie, environnement bioclimatique, morphoge-
nèse et néotectonique, Lille, 1982.
Remise le 22 avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[2] A. WEISROCK, in Paléoclimats,C.N.R.S., 1983, p. 137-149.
[3] A. EL HAJRAOUI et coll., 10e R.A.S.T., 1984, p. 210.
[4] A. EL HAIRAOUI, Thèse de 3e cycle, Bordeaux-I, 1985, 185 p.
[5] D. LEFEVRE, Thèse de 3e cycle, Bordeaux-I, 1985, 270 p.
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[19] D. LEFEVRE, Comptes rendus, 299, série II, 1984, p. 1411-1414.
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Institut du Quaternaire, L.A. n° 133, C.N.R.S.,


Université de Bordeaux-I, avenue des Facultés, 33405 Talence Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II; n° 3, 1985 489
GÉOLOGIE STRUCTURALE. — Mise en évidence de cisaillements ductiles tangentiel
et décrochant dans le sud Livradois (Massif Central Français). Conséquences pour le
« métamorphisme Livradois ». Note de Koné Mouctar, présentée par Maurice Roques.
Les études de terrain et l'analyse microscopique ont permis de mettre en évidence à la fois l'existence d'un
cisaillementductile tangentiel à vergence sud et d'un décrochement ductile dextre dans le Livradois méridional.
Ils sont caractérisés par une rétromorphose à chlorite et séricite, et par l'apparition d'une association typique
de surfaces S et C. Ils apparaissent postérieurs au chevauchement des gneiss à biotite et sillimanite par le
groupe leptynoamphibolique et les anatexites.

STRUCTURAL GEOLOGY. — Evidence of ductile thrusting and wreching in the souillera Livradois area
(French Massif Central). Consequences on the "métamorphisme Livradois".
Field studies and microscopic analysis show the existence of ductile southwardsthrusting and dextral wrenching
in the southern Livradois. They are characterized by a retrogressive metamorphism with chlorite, sericite, and a
typical association of C and S surfaces. They are posterior to the overthrust of biotite-sillimanitegneisses by the
leptyno-amphibolitic group and the anatexites.

INTRODUCTION. — La région sud livradoise est située entre le massif granitique du


Forez à l'Est, le bassin de la Limagne à l'Ouest et au Sud-Ouest, et le massif granitique
du Velay au Sud.
Géologiquement, elle appartient à la zone mobile de la chaîne varisque.
Sur le plan lithologique on a, d'une part les granites comprenant le massif porphyroïde
de Champagnac-le-Vieux,le granite à deux micas type Peslière, et le granite du Livradois
souvent porphyroïde; d'autre part, les roches cristallophylliennescomposées essentielle-
ment d'anatexites et de gneiss ([1], [2]), auxquels il convient d'ajouter le groupe
leptymo-amphibolique [2] ( fig, 1).
Trois grands épisodes métamorphiques ont affecté cette région. (1) Un métamorphisme
granulitique d'âge inconnu. (2) Un métamorphisme amphibolitique probablement éoher-
cynien (380-400 M.a.) accompagnéd'une anatexie généralisée qui met en place les diffé-
rents granitoïdes. Cet épisode voit aussi la formation de vastes structures chevauchantes
amenant les anatexites et le groupe leptymo-amphibolique sur les gneiss à biotite et
sillimanite ([3], [4]). (3) Un métamorphisme épizonal à chlorite et séricite que Forestier a
appelé « métamorphisme livradois » et qu'il décrit comme une rétromorphose dynamique
au cours de laquelle il y a une chloritisation de la biotite, une séricitisation, et un étirement
plus ou moins marqué des minéraux [2]. Il pensait que cet épisode antéstéphanien se
prolongeait en profondeur par des faciès de grade plus élevé.
Mais une étude détaillée permet de montrer qu'il s'agit en fait d'une rétromorphose
due principalement à un cisaillement ductile peu incliné sur l'horizontale; au-dessus et à
la base de cette zone de cisaillementles roches restant intactes. Il ne répond donc pas au
schéma classique du métamorphisme régional.
LES CARACTÉRISTIQUESDES CISAILLEMENTS. — Observations macroscopiques. — En premier
lieu, c'est laprésence constante d'une linéation d'étirement qui retient l'attention. Dans
un couloir dé 5 à 8 km de large sur environ 20 km de long elle se retrouve pratiquement
sur toutes les roches. Elle a une orientation moyenne N 160° avec un plongement Nord
de l'ordre de 0 à 40° (fig: 1). Sa limite d'apparition coïncide la plupart du temps avec
celle du « métamorphisme livradois »; comme ce dernier, elle affecte partiellement certains
massifs granitiques (granite du Livradois, granite type Peslière) qui présentent alors une
orientation de plus en plus marquée, au fur et à mesure que l'on approche la zone affectée,
la granulométrie devenant de plus en plus fine et la foliation de plus en plus nette.
0249-6305/85/03010189 $ 2.00 © Académie des Sciences
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

Ces éléments militent en faveur de l'association des deux phénomènes (rétromorphose


et apparition de la linéation).
La linéation est marquée par l'étirement de cristaux de quartz, de feldspath et de
biotite. Les zones où elle est bien marquée, présentent l'association typique des surfaces S
et C de déformation continue et discontinue définie par Berthé et coll. (1979) dans le
massif armoricain [5]. Les surfaces C sont porteuses de la linéation.
On observe souvent une mylonitisation très poussée; la roche prend alors un aspect
schisteux, et l'on peut observer que les plans C sont de véritables surfaces de glissement
présentant « une patine cireuse » [6].
Le sens d'inclinaison de S sur C indique un cisaillement ductile tangentiel à vergence
sud : ce qui rejoint l'hypothèse émise par M. Roques sur la présence d'un « accident à
caractère tangentiel » dans la région [6].
Cependant, on observe une autre famille de linéation d'orientation moyenne N 120 et
de plongement Ouest de 30° environ ( fig. 1). Cette linéation est liée à des surfaces C
subverticales, et définit des couloirs dont le plus important atteint 10 km de long. Le
mouvement dans ces couloirs est dextre. Il existe donc dans la région un cisaillement
ductile subvertical dextre caractérisé par une composante décrochante notable.
Observations microscopiques. — On observe très nettement l'association S-C (fig. 2),
ainsi que des phénomènes de rotation des mégacristaux de feldspath, et des figures de
déformation plastique sur ces même cristaux, aussi bien que sur les cristaux de cordiérite,
de biotite et de muscovite. Ces deux derniers minéraux, souvent en forme de Poisson,
ont des extrémités effilochées à l'approche des surfaces C et peuvent présenter des
micro-kink-bands. La présence de queues de cristallisation dissymétriques est presque
constante et démontre le caractère rotationnel de la déformation:

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 1.

Carte géologique et structurale du Sud Livradois. 1, couverture sédimentaire et volcanique; 2, gneiss
à biotite et sillimanite; 3, granite type Peslière; 4, granite de Champagnac-le-Vieux;5, granite du Livradois;
6, anatexites; 7, groupe leptyno-amphibolique; 8, linéation d'étirement; 9, surfaces C associées au décroche-
ment; 10, limite d'apparition de la linéation à N 120.
Fig. 1. — Géological map ofsouthern Livradois. 1, sedimentaryand volcanic rocks; 2, biotite-sillimanitegneisses;
3, Peslière granite; 4, Champagnac-le-Vieuxgranite; 5, Livradois granite; 6, anatexites; 1, leptyno-amphibolitic
group; 8, lineations; 9, C surface associated with wrenching zone; 10, enveloppe ofN 120 lineation.
Fig. 2. — Dessin de lame mince de granite présentant l'association S-C. 1, biotite; 2, muscovite; 3, feldspath;
4, quartz.
Fig. 2. — Thin section of granite showing the S-C association. 1, biotite; 2, muscovite; 3, feldspar; 4, quartz.
Fig. 3. — Diagrammes en rose des plans basaux du quartz. 1 et 2, décrochement; 3, 4 et 5, cisaillement
tangentiel.
Fig. 3. — Graphes of cristallographicfabrics of quartz. 1 and 2, Wrenching zone; 3, 4 and 5, thrusting.
Fig. 4. — Schéma structural des déformations. A, chevauchement majeur; B, décrochement ductile;
C, cisaillement tangentiel. 1, gneiss à biotite et sillimanite; 2, granite type Peslière; 3, granite de Champa-
gnac; 4, granite du Livradois; 5, anatexites, 6, groupe leptyno-amphibolique.
Fig. 4. — Structuralsketch ofdeformations. A, major overlapping; B, ductile wrenching; C, ductile thrusting. 1,
biotite-sillimanite gneisses; 2, Peslière granite; 3, Champagnac granite; 4, Livradois granite; 5, Anatexites;
6, leptyno-amphibolitic group.
PLANCHE I/PLATE I MOUCTAR KONÉ
C. R, Acad, Sc, Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985 193

Le quartz présente la déformation la plus remarquable, en donnant des flammes


souvent très étirées. Dans les zones de déformation intense il est parfois entièrement
recristallisé. L'étude de sa fabrique par la mesure des plans basaux [7] donne des
diagrammes en rose très dissymétriques(fig. 3).
Tous ces éléments donnent un sens de mouvement Nord-Sud pour le cisaillement
tangentiel, et dextre pour le décrochement.
La variation de l'intensité de la chloritisation est liée à celle de la déformation. La
séricite est syn à post-tectonique, et là chlorite surtout syntectonique.
Ces observations montrent la liaison existant entre le « métamorphisme livradois » et
les cisaillements ductiles.
L'instabilité de la biotite ainsi que la séricitisation suggèrent une transformation en
présence d'eau, et une température comprise entre 250 et 400°C, la pression pouvant
aller de 2 à 10 Kb; c'est-à-dire, les conditions du faciès schiste vert.
LES GISAILLEMENTS DUCTILESET LE CHEVAUCHEMENTDES GNEISS A BIOTITEET SILLIMANITEPAR
LE GROUPE LEPTYNO-AMPHIBOLIQUEET LES ANATEXITES. — Les roches du groupe leptyno-
amphibolique et les anatexites qui ont été formées dans les conditions du faciès
amphibolique [4], et tout particulièrement les granites, sont affectés par les cisaillements
ductiles qui eux se situent dans les conditions du faciès schiste vert. La paragenèse
minérale liée au métamorphisme amphibolitique est affectée par la rétromorphose due
aux cisaillements ductiles. Cette rétromorphose recoupe indifféremment les limites entré
le groupé leptyno-amphibolique les anatexites, les granites et les gneiss à biotite et
sillimanite [4]; elle se situe donc nettement après le chevauchement majeur contemporain
de laformation de ces faciès ( fig. 4).
CONCLUSION. — On peut d'ores et déjà dire que le « métamorphisme livradois » est dû
à des cisaillements ductiles. Un mouvement tangentiel à vergence sud souligné par une
linéation d'étirement d'orientation N 160 et à plongement Nord faible, et un couloir
transcurrentdextre d'orientation moyenne N 120.
Cartographiquement, le décrochement ductile semble antérieur au mouvement
tangentiel, mais les deux répondent aux mêmes conditions de pression et de température.
Le mouvement transcurrent a une direction armoricaine; cette direction se trouve dans
le Massif Central, plus à l'ouest (cisaillement de Féchal).
Le cisaillement tangentiel ne semble pas avoir de correspondance connue dans la
région.
Remise le 22 octobre 1984, acceptée après révision le 22 avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[7] J. L, BOUCHEZ, Thèse Doct. ès Sci., Nantes; 1977, 176 p.

Département de Géologie et Minéralogie de l'Université de Clermont-II et L.A. n° 10 du C.N.R.S.,


Equipe de Recherche sur les Ensembles cristallophylliens,
5, rue Kessler, 63000 Clermont-Ferrand.
C. R. Acad. Sc. Paris, t 301, Série II, n° 3, 1985 195

GÉOLOGIE STRUCTURALE,
— Mise en évidence d'une tectonique tangentielle
éburnéenne dans la synforme birrimienne de Fétékro (Côte-d'Ivoire), implications possibles
pour l'orogenèse éburnéenne. Note de Serge Lemoine, présentée par Maurice Roques.
L'étude structurale des formations birrimiennes(Protérozoïque inférieur) de la synforme de Fétékro a permis
la mise en évidence d'une phase majeure de déformation, essentiellementpar cisaillementductile, ayant donné
naissance à une schistosité sub-horizontale, sans plis majeurs. On peut semble-t-il envisager d'étendre ces
conclusionsà l'ensemble du domaine éburnéen en Côte-d'Ivoire. Un modèle possible.pour les phases essentielles
du cycle éburnéen est proposé.

STRUCTURAL GEOLOGY. — Evidence for an eburnean thin skinned tectonics in the birrimian Fetekro
synform (Ivory Coast). Possible implications for the eburnean orogeny.

cycle.
Structural data obtained on the birrimian (lower Proterozoic)formations of the Fetekro synform give evidence
for a major deformationphase by ductile thrusting giving a flat-lying schistosity without major folds. This can
possibly be extended to the entire eburnean area in Ivory Coast. An adaptation of the model recentlyproposed
by Kröner for the evolution of Proterozoic ensialic orogenies is thought to be in good accordance with the known
features of the eburnean

Les formations birrimiennes (Protérozoïque inférieur) du sillon de Fétékro (fig. 1)


reposent.sur un substratum constitué de « gneiss gris » migmatitiques portant la trace
d'au moins deux événements tectono-métamorphiques non représentés dans le Birrimien.
Les essais de radiodatation ayant, pour l'instant, échoué, on les considèrera comme
pouvant représenter des témoins d'un socle archéen.
Trois ensembles ont pu être distingués [1] à l'intérieur du birrimien: série inférieure,
série de Tinbéguélé, série de Sandérékro-Boli.
La série inférieure, constituée de dépôts d'abord sédimentaires puis volcaniques et
volcano-détritiques, a été affectée par un métamorphisme dans les faciès schistes verts et
amphibolite. Après ce métamorphisme s'est déposée la série de Tinbéguélé, d'abord
volcanique puis surtout sédimentaire. Sur ces deux sériés repose en discordance celle de
Sandérékro-Boli, essentiellement sédimentaire.
La base de la série inférieure et le sommet des gneiss gris sont affectés par une
intense déformation progressive ductile de type cisaillant (fig: 2) accompagnée d'un

Fig. 1. — Localisation du secteur étudié.


Fig. 1. -. Localisation of the studied area.

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196 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

métamorphisme pouvant atteindre l'isograde sillimanite +. L'intensité, tant du métamor-


phisme que de la déformation, décroît assez rapidement lorsqu'on s'éloigne de la base de
la série. Il est possible qu'il y ait eu également une légère diminution de la pression :
associations à Almandin, Staurotide + Almandin, Disthène + Andalousite vers la base,
absence de grenat et andalousite seule plus haut. A cette déformation synmétamorphe
correspondent une forte linéation d'étirement et une foliation évoluant vers le haut en
schistosité de flux puis de pli-fracture ou fracture selon le matériel. Ne leur sont associés
que des plis mineurs, serrés à isoclinaux, dont les axes sont sensiblement parallèles à la
linéation. Viennent ensuite deux autres phases de déformation, l'une, probable mais non
prouvée, située entre le dépôt des séries de Tinbéguélé et de Sandérékro, l'autre, certaine,

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig; 2. — a. Dessin d'après photo, lame mince perpendiculaireà une S 1-2 et parallèle à la linéation d'étirement.
Porphyroblaste syncinématique de staurotide; la schistosité interne sigmoïde témoigne d'une déformation
rotationnelle..La barre d'échelle représente 0,5 mm. St = staurotide, Bi = biotite. Ech. 258 LS, bordure Nord
de la série inférieure, b. Dessin d'après photo, lame mince orientée comme a. Porphyroblastes complexes
constitués d'une « andalousite 1 » criblée d'inclusions surtout de globules de quartz, et d'une
« andalousite 2 » présentant une schistosité interne très nette moulant l'andalousite 1 et en continuité avec
la schistosité externe. Optiquement, andalousite 1 et andalousite 2 se comportent systématiquement comme
un seul cristal. A ceci s'ajoute l'apparition, dans toute la base du birrimien, de surfaces de cisaillement S 2,
le plus souvent discontinues (on en voit une dans la lame), obliques sur S 1, mais portant une linéation
d'étirement de même direction et marquées par les mêmes associations minérales. Ces données sont interpré-
tées comme résultant d'une déformation rotationnelle progressive, sub-continue, par cisaillement simple.
Ch1 = Mg-chlorite, Mu = muscovite, MII = paillettes enchevêtrées de micas incolores (altération tardive).
Échantillon 263 LS, bordure Nord de la série inférieure. La barre d'échelle mesure 5 mm. c. Déformation
dans le sommet des gneiss gris. L'ancienne foliation des gneiss n'est préservée que dans des boudins sigmoïdes
d'amphibolite disséminés dans un fond extrêmementdéformé où apparait un rubannement tectonique marqué
par l'alternance de bandes plus sombres, à biotite et amphibole, où se trouvent les boudins, et de bandes
plus claires à biotite. Dessin d'après photo, Est de la synforme de Fétékro. d. Structures fermées, ovoïdes,
« tubulaires », formées par un matériel plus quartzeux dans un fond plus phylliteux. Ces « tubes » qui ne
paraissent pas pouvoir être considérés comme des figures classiques d'interférence, sont interprétés comme
des coupes transversales de plis en fourreau. Dessin d'après photo, base du Birrimien, bordure Est de la
synforme de Fétékro.
Fig. 2. — a. Drawing from photo. Thin section orthogonal to S 1-2 surfaces, parallel to the stretching
lineation. Synkinematicstauroliteporphyroblast; the internal sigmoidal schistosity gives evidencefor a rotatio-
nal deformation. St=staurolite, Bi =biotite. The scale bar is 0.5 mm long. Sample 258 LS, northern lower
part of the inferior series, b. Drawingfrom photo. Thin section oriented as in a. Complex porphyroblast:
andalusite 1" pitted with inclusions, mainly quartz bubbles, and an "andalusite 2" showing a well marked
internal schistosity wrapping around andalusite 1 and continuous with the external schistosity. Andalusites 1
and 2 always appear optically as a single crystal This observation cornes with the apparition, in all the basal
part of the Birrimian, of shear planes S 2, more often discontinuous (such a surface can be seen in the thin
section), oblique on the main surface S 1 but showing a stretching lineation in the same direction and marked
by the same mineral associations. This is interpreted as evidences for a rotational, progressive, subcontinuous
deformation by simple shear. Chl = Mg-chlorite, Mu = muscovite, MII = tangled colorless mica flakes (late
alteration). Sample 263 LS, northern lower part of the inferior series. Scale bar is 5 mm
long. c. Deformation in the upper part of the grey gneisses. The ancient foliation of the gneiss is almost
obliterated, except in sigmoidal amphibolite boudins dispersed in a highly deformed matrix whitch shows a
tectonic banding marked by alternance of darker biotite-amphibole and lighter biotite bonds, d. Closed ovoid
"tubular" structures formed by a more quartzic material in a more micaceous background. These "tubes"
wich cannot be interpreted in terms of classical interference pattern, are considered as cross-sections of sheath
folds. Drawingfrom photo, lower part of the birrimian inferior series, East of the Fetekro synform.
Fig. 3. — a. Rifting, amincissement, fracturation et début de délamination de la lithosphère mantellique.
b. Étirement ductile de la croûte et poursuite de la délamination de la lithosphère mantellique qui s'enfonce
dans l'asthénosphère (a et b d'après A. Kröner). c. Raccourcissementpar « subduction A » de la lithosphère
mantellique, épaississement par déformation ductile et subfluence de la croûte inférieure, découplage entre
socle et couverture birrimienne par le jeu d'une faille ductile sub-horizontale.
Fig. 3. — 1. Rifting of the crust, stretching, fracturing and begining of the delamination of the mantellic
lithosphere, b. Ductile stretching of the crust and continued delamination of the mantellic lithosphere which
sinks in the asthenosphere (a and b after Kröner). c. Shorteningby "A subduction"of the mantellic lithosphere,
thickening by ductile deformation and subfluence of the lower crust, and decoupling of the birrimian cover and
its basement by a flat ductile thrust fault.
PLANCHE I/PLATE I SERGE LEMOINE
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985 199

postérieure aux trois séries. La première semble avoir donné de grands plis droits très
ouverts responsables de la discordance entre Tinbéguélé et Sandérékro, la seconde des
plis plus fermés faiblement déversés vers l'O-NO. Il s'agit dans les deux cas de plis
concentriques. Des coupes à travers les contacts entre série inférieure et séries de Tinbé-
guélé et Sandérékro montrent une faible discordance angulaire de la stratification des
secondes sur la foliation de la première. Cela semble prouver que cette foliation était au
départ proche de l'horizontale.
On est alors amené à conclure à une déformation par faille ductile sub-horizontale
localisée préférentiellementau niveau de la discontinuité lithologique majeure que consti-
tue le contact entre les gneiss gris supposés libériens et le Birrimien et donnant naissance
à une foliation « plate » sans plis majeurs. Cela paraît ne pas être une particularité du
« sillon » (en fait une synforme tardive) de Fétékro. On pouvait par exemple, lorsque la
nouvelle piste Sassandra-San Pedro a été ouverte, y observer dès plis décamétriques
ouverts, à plans axiaux sub-verticaux, replissant une foliation qui de toute évidence était,
antérieurement aux plis, sub-horizontale; A. Papon [2] décrit, dans la coupe du Cavally
(frontière Côte-d'Ivoire-Libéria),une foliation concordante avec là stratification et peu
pentée; Ph. Guibert et M. Vidal [3] concluent, dans le SE, à « l'apparition, au moins
localement, d'une schistosité antérieure au premier plissement » et concordante avec la
stratification. Ce dernier point avait déjà été signalé par P. Tempier [4].
Cela conduit à proposer, pour ce qui paraît bien être l'événement tectono-
métamorphique majeur de l'orogenèse éburnéenne en Côte-d'Ivoire, un raccourcissement
par fonctionnement d'une grande faille sub-horizontale contrôlée préférentiellement par
la discontinuité lithologique majeure et donnant naissance à une schistosité elle-même
sub-horizontale, sans plis couchés importants. Un tel mécanisme de genèse par cisaillement
simple d'une schistosité sub-horizontale associée à une linéation d'étirement parallèle aux
axes des plis mineurs a été avancé par M. Mattauer [5] pour l'Himalaya et d'autres
chaînes.
On peut alors envisager pour la Côte-d'Ivoire un modèle proche dé celui proposé par
A. Kröner ([6], [7], [8]) pour l'évolution des chaînes « ensialiques » du Protérozoïque
inférieur (fig. 3) : rifting puis réchauffement et étirement ductile de la croûte résultant
d'un rapide amincissementlithosphérique au-dessus d'un panache mantellique, donnant
ainsi un « bassin géosynclinal » sur une croûte sialique et une lithosphère mantellique
très amincies, d'où un flux thermique élevé. Interviendraient alors une fracturation puis
une délamination de la lithosphère mantellique qui se séparerait progressivement de la
croûte sus-jacente et s'enfoncerait dans l'asthénosphère. Le raccourcissement, lors de la
phase de compression, se ferait par subduction de la lithosphère mantellique détachée,
déformation ductile et éventuellement « subduction intraplaque » (subfluence) de la croûte
inférieure chaude, et tectonique pelliculaire (thin skinned tectohics) [9] dans la croûte
supérieure. Ce modèle semble pouvoir s'appliquer ici de façon satisfaisante (fig. 3 c). Il
permettrait d'expliquer par exemple l'abondance des granitoïdes, essentiellement granodio-
ritiques à trondhjemitiques et tonalitiques [10]. De même, la bordure Est de la synforme
de Fétékro, marquée par une large zone d'intense déformation plastique et une nette
anomalie gravimétrique linéaire (Lemoine, thèse en cours), pourrait bien correspondre,
compte tenu de la direction des linéations d'étirement, à une « rampe oblique » du
chevauchement due à une zone de subfluence dans la croûte inférieure. La série de
Tinbéguélé se serait déposée pendant le fonctionnement de cette subfluence. Après le
blocage de la « subduction A » la chaîne éburnéenne aurait évolué en chaîne de coulissage
200 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

par plissement et jeu simultané de grands décrochements ([11], [12]). La série de


Sandérékro-Bolise situerait entre deux « pulsations » de ce coulissage, pendant une phase
de remontée et d'érosion. Il est bien certain toutefois que les données géologiques et en
particulier structurales dont on dispose actuellement en Côte-d'Ivoire sont insuffisantes
pour se montrer plus affirmatif.
Remise le 22 avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] S. LEMOINE, Résumés 12e Colloque de Géologie Africaine, 1983, Tervuren, p. 60.
[2] A. PAPON, Rapport SODEMI, 1973, 285 p.
[3] Ph. GUIBERT et M. VIDAL, Ann. Univ. Abidjan, série Sciences, 1984, en cours de parution.
[4] P. TEMPIER, Ann. Fac Sc. Abidjan, n° 4, 1969, p. 93-98.
[5] M. MATTAUER, Earth and Planet. Sc. Letters, 28, 1975, p. 144-154.
[6] A. KRONER, in KRONER éd., Precambrian plate tectonics, Elsevier, Dev. in Precamb. Geol., n° 4, 1981,
p. 57-90.
[7] A. KRONER, in MEDARIS Jr éd., Proterozoic geology, Geol. Soc. Amer. Memoir, 161, 1983, p. 59-74.
[8] A. KRONER, Bull. Soc. géol. Fr., XXVI, n° 2, p. 297-319.
[9] M. P. COWARD, J. Struct. Geol., 5, n° 2, 1983, p. 113-123.
[10] R. CASANOVA, Thèse, Nice-Abidjan, 1973, 327 p.
[11] S. LEMOINE, Comptes rendus, 295, série II, 1982, p. 601-606.
[12] M. VIDAL, Ann. Univ. Abidjan, série C (sciences), XIX, 1983.

Laboratoire de Géologie de l'Université de Clermont-II,


5, rue Kessler, 63000 Clermont-Ferrand.
C.R. Acad. Sc; Paris, t. 301, Série II,n° 3, 1985 201

TECTONIQUE. — Tectonique en compression sur la marge est de la mer du Japon :


mise en évidence de chevauchementsà vergence orientale. Note de Serge Lallemand,Hakuyu
Okada, Kenichi Otsuka et Laurent Labeyrie, présentée par Jean Aubouin.

La campagne Estase 1, à bord du N/O Jean-Charcot en septembre 1984, nous a permis de proposer une
nouvelle interprétation relative à la zone de convergencele long de la marge orientale de la mer du lapon. Les
profils sismiques obtenus montrent clairement l'existence de chevauchements vers, l'Est le long de certaines
rides bordières de la marge entre les latitudes 40°30'N et 44°N. L'analyse de la sédimentation et des séismes
indique que la mer du Japon tend actuellementà se fermer le long de sa bordure orientale.

TECTONICS. — Compressive tectonics along the eastern margin of the Japan Sea: evidence for eastward
thrust.
The Estase 1 cruise on the R/V Jean-Charcot, September 1984, has allowed us to propose a new interpretation
for the convergent zone along the eastern margin of the Japan Sea. Seismic profiles have shown evidences for
eastward thrusts occuring along certain ridges of this margin between 40°30'N and 44° N latitude. Sedimentary
arguments and earthquake focal mechanisms point at the closing of the Japan Sea alongits eastern margin, at
present time.

INTRODUCTION. La marge orientale de la mer du Japon, au large des côtes de



Hokkaido et Tohoku, enregistre des contraintes compressives E-W depuis la fin du
Quaternaire [1]. Les mécanismes au foyer des séismes importants affectant cette marge,
révèlent principalement l'existence de failles inverses très inclinées vers l'Est, mais aussi
parfois vers l'Ouest [2] et orientées sensiblement suivant la direction régionale de la
marge [3]. Cette zone de déformation représenterait une frontière convergente depuis 1 à
2 M.a. entre les plaques Amériquedu Nord et Eurasie selon Nakamura( [4], [5]). Il suggère
que la lithosphère jeune de la mer du Japon commencerait à subducter sous le Japon
nord-est, phénomène dont la manifestation en surface serait la présence d'une fosse
naissante à la base de la marge. Cette hypothèse repose principalement sur l'analyse des
mécanismes au foyer des séismes, l'interprétation des profils de sismique reflection en
faveur d'une zone subsidente au pied de la marge, des indices de chevauchement de la
marge sur la croûte océanique le long d'un profil situé aux alentours de la dépression de
Toyama, et enfin l'observation d'une discontinuité relative aux vitesses des ondes P dans
le manteau supérieur (passage brutal de 8,2km/s sous la mer du Japon à 7,5 km/s sous
l'archipel). Nakamura suppose que cette limite de plaques potentielle se suivrait au Nord
jusqu'à la ride médio-arctique et vers le Sud le long de laligne tectonique Itoigawa-
Shizuoka jusqu'à la baie de Suruga, formant ainsi un point triple aux environs du Mont
Fuji (point de rencontre entre les plaques Eurasie, Amérique du Nord et mer des
Philippines), hypothèse qui a été présentée par d'autres auteurs([6];, [7]) de manière
indépendante. La campagne Estase 1, à bord du N/O Jean-Charcot en septembre 1984,
nous a fourni l'opportunité de réaliser cinq profils sismiques (P 1 à P 5, pl. I), recoupant
cette zone de subduction possible et apportant ainsi de nouvelles contraintes à ce modèle.
CARACTÉRISTIQUES MORPHOLOGIQUESDE LA MARGE ORIENTALE DE LA MER DU JAPON. —
Cette marge complexe, du point de vue de la morphologie des fonds marins, présente
des rides et dépressions alignées N-S à NNE-SSW. Au Nord de la latitude 40°30'N, la
marge présente des dépressions fermées de style grabens [8] disposées en échelon (pl. I) :
bassin de Nishi-Tsugaru, bassin d'Okushiri, dépression de Shiribesi et deux autres dépres-
sions de moindre importance au Nord-Ouest de cette dernière. Elles sont séparées de la
plaine abyssale du Japon par des rides disposées suivant le même arrangement. Au Sud
de la latitude 40°30'N, l'orientation générale passe brusquement de N-S à NNE-SSW,

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202 Cl. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985
tandis que les reliefs deviennent plus doux et que les dépressions sont cette fois-ci ouvertes
de telle sorte qu'elles enregistrent des transits plutôt que des accumulations sédimentaires.
NOUVEAUX RÉSULTATS.

L'interprétation des profils sismiques P1 et P 3 est donnée
sur la planche II. Ces deux profils sont similaires, en ce qui concerne les grands traits,
malgré la distance qui les sépare (plus de 200 km). Il est possible de suivre aisément les
réflecteurs de la couverture sédimentaire du bassin du Japon jusqu'au sommet des rides
derrière lesquelles nous observons une sédimentation très différente dans les dépressions
de style grabens. 1. L'épaisseur des sédiments dans le bassin de Nishi-Tsugaru est
d'environ 3,0 s (soit 3 km si l'on considère une vitesse moyenne dans les sédiments de
2 km/s) et 1,7 s dans la dépression de Shiribesi au lieu de 1,2 s à la base de la marge
pour la couverture du bassin du Japon. Leur nature semble, d'après l'allure des réflecteurs,
très différente de celle des sédiments du bassin du Japon. 2. Ces derniers présentent un
niveau supérieur, uniforme et bien stratifié, correspondant [9] à des turbidites d'âge
présumé Miocène supérieur à Quaternaire avec des intercalations de niveaux de cendres
(vitesse des ondes P : 1,6 à 2,8 km/s), tandis que le niveau inférieur transparent correspon-
drait à des pélagites à Diatomées et à des mudstones Oligocène (?) à Miocène inférieur
(vitesse des ondes P : 2 à 3,4 km/s). 3. Il est possible de reconnaître des sédiments récents
peu épais (0,1 à 0,2 s) de part et d'autre de la ride, présentant une discordance angulaire
avec le niveau inférieur très faiblement déformé. Ce phénomène s'observe notamment
sur le profil P3 (pl. II) où les réflecteurs de la couverture sédimentaire du bassin du
Japon plongent très faiblement vers l'Est et sont recouverts par des niveaux très récents
horizontaux. 4. On n'observe aucun caractère de zone de subduction apparente (socle
océanique plongeant sous la marge continentale, indices de prisme d'accrétion avec des
chevauchements vers l'ouest...) à l'endroit où Nakamura [4] indiquait une fosse naissante,
soit en bordure ouest des rides. 5. Des figures de compression récentes, tels que des plis
ou des failles inverses, sont observées au sein des sédiments de remplissage dans les
dépressions, jusqu'à environ 10 à 20 km de l'axe des rides. 6. Des failles inverses et
parfois normales (pour autant que l'on puisse le déduire d'un profil de sismique légère)
semblent affecter la couverture sédimentaire du bassin du Japon depuis le sommet dés
rides jusqu'à des distances très éloignées de celles-ci. 7. Les niveaux situés à la verticale
des flancs est des rides ne montrent pratiquement aucun réflecteur, phénomène qui
pourrait s'expliquer par la présence d'un accident important.
Le profil sismique P2 (pl. I) ne ressemble pas aux précédents. Les niveaux sédimentaires
du bassin du Japon ne sont pas déformés si ce n'est la présence d'une faille inverse
mineure. La pente continentale depuis la plaine abyssale jusqu'à l'éperon d'Okushiri ne
montre que très peu de réflecteurs et les sédiments du bassin d'Okushiri ne sont pas non

EXPLICATIONSDES PLANCHES

Planche I
Physiographie de la zone zone étudiée et localisation des profils sismiques P 1 à P 5 recoupant la zone de
convergence présumée. Les isobathes, tous les 500 m, ont été dessinées à partir des cartes bathymétriques
n° 6311 et 6312 (Maritime Safety Agency, 1980). Du Nord au Sud : D.S. : dépression de Shiribesi; E.O. :
éperon d'Okushiri; B.Ok: : bassin d'Okushiri; P.O. : plateau d'Oshima; B.T.N. : bassin de Nishi-Tsugaru;
R.Y. : ride de Yamato; Pen. O. : péninsule d'Oga; B.Y. : bassin de Yamato; D.T. : dépression de Toyama;
I.S. : île de Sado.
Index map showing the surveyed area and the tracks for the profiles P 1 to P 5 designed to cross the convergent
zone assumed by Nakamura (1983). Isobaths each 500 m are drawnfrom the bathymetric charts no. 6311 and
6312 (Maritime Safety Agency, 1980). From the North to the South: D.S.: Shiribesi trough; E.O.: Okushiri
spur; B.Ok.: Okushiri basin; PO.: Oshimaplateau; B.N.T.: Nishi-Tsugaru basin; R.Y.: Yamato rise; Pen.O.:
Oga peninsula; B.Y.: Yamato basin; D.T.: Toyama trough; I.S.: Sado island.
SERGE LALLEMAND
PLANCHE I/PLATE I

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301). Série II — 15


C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985 205
Planche II
Interprétationdes profils sismiques P 1 et P 3.
Interpretation of seismic profiles P1 and P 3.

plus déformés. En revanche, le profil P2', recoupant le large canyon situé au Sud-Ouest
de l'éperon, montre clairement des indices de compression sur toute l'épaisseur des

profils P 4 et P 5 (cf. pl. I).


sédiments; de ce canyon. Par contre, aucune structure de ce style n'est observée sur les

DISCUSSION. — L'analyse des profils P 1 et P 3 suggère l'existence de failles inverses le


long desquelles le bassin du Japon chevauche les rides qui bordent la marge au large de
Hokkaido et du Nord de Tohoku, Ce jeu inverse pourrait avoir eu lieu le long d'anciennes
failles normales probablement Miocène, réactivées en failles inverses au Quaternaire.
Cette interprétation repose sur les faits suivants : 1. Les mécanismes au foyer des
séismes affectant cette marge sont dès type chevauchant en général vers l'Ouest, mais la
solution du séisme de Niigata de magnitude 7,5 (16 juin 1942) [2] révéla une faille inverse
plongeant à 56° vers l'Ouest. 2. Cette région comprend de nombreuses failles actives
pour la plupart inverses s'orientant grossièrement N-S; tant à terre qu'en mer [10], et
montrant des vergences est ou ouest ([11], [12]). 3. Ce secteur du Japon a enregistré des
distensions entre 21 et 7 M.a. et de la compression depuis 1 à 2 M.a., sensiblement suivant
une direction E-W[1]. 4. Nous attribuons l'origine des rides bordant la marge à une
structuration en horsts et grabens lors de la phase extensive Miocène. La simple analyse
des profils P 1 et P 3 ne permet pas de dater les sédiments dans les bassins de style
grabens, mais leur épaisseur importante ainsi que leur nature, différente de ceux du
bassin du Japon, semblent confirmer qu'ils se sont déposés depuis le Miocène après la
structuration de la marge. 5. Si donc ces rides existaient depuis le Miocène, seuls des
chevauchements vers l'Est sur les rides peuvent expliquer l'existence de la couverture
sédimentaire du bassin du Japon au sommet de celles-ci, en continuité depuis la plaine
abyssale jusqu'au « front de chevauchement» se situant vraisemblablement sur leurs
flancs est. 6. Compte tenu du régime compressif de cette marge depuis 1 à 2 M.a. [1] et
de la faible épaisseur (0,1 à 0,2 s) des sédiments horizontaux cachetant la déformation,
nous pensons que cette tectonique en compression est très récente. 7. La localisation du
front de chevauchement en bordure des rides, ou plus exactement des vestiges de horsts,
suggère que les failles normales Miocène qui les limitaient ont rejoué en failles inverses
au Quaternaire. 8. Les failles normales apparentes affectant les niveaux sédimentaires du
flanc ouest de la ride sur le profil P 3 pourraient avoir été causées par un récent
soulèvement de cette ride. En clair, nous expliquons les structures observées sur les
profils P 1 et P 3, relativement à deux phases tectoniques majeures : (a) Stade extensif
Miocène: développement de horsts et grabens orientés N-S le long de la marge, suivi du
remplissage rapide des grabens. (b) Stade compressif au Quaternaire ou Quaternaire
terminal : création de failles inverses et surtout réactivation des failles normales Miocène
en failles inverses, à l'origine notamment des chevauchementsà vergence orientale recon-
nus sur les profils P P 3. (c) Stade actuel : le régime est toujours compressif (nombreu-
1et

ses failles inverses actives) et le soulèvementde certaines rides induit aussi quelques failles
normales qui hachent les structures formées au stade 2 comme le montre le profil P3.
Les profils P4 et P5 furent réalisés dans le but de recouper la zone de subduction
envisagée par Nakamura [4]. Il s'est avéré que les sédiments du bassin de Yamato ne
sont pas déformés et qu'aucun indice de subduction naissante n'a pu être déduit des
206 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

profils. Ces résultats ne semblent pas confirmer l'hypothèse d'une fosse naissante à la
base de la marge, mais au contraire un raccourcissement crustal lié à des failles inverses.
CONCLUSIONS.

A la place d'une zone de subduction naissante à la base de la marge
orientale de la mer du Japon, nous avons mis en évidence un autre type de zone
convergente plus à l'Est que celle envisagée par Nakamura [4]. Cette zone large de 40 à
70 km se caractérise, entre les latitudes 40°30'N et 44°N, par des chevauchements vers
l'Est dans le cas des profils P 1 et P 3, le long de certaines rides ou/et des failles inverses
ainsi que des plis affectant principalement les sédiments aussi bien que la croûte du
bassin du Japon, mais aussi parfois les sédiments comblant les dépressions de style
grabens. Le front de déformation passe le long de la bordure ouest de la dépression de
Shiribesi et du bassin de Nishi-Tsugaru, à travers le canyon situé à l'Ouest de l'éperon
d'Okushiri et le flanc est du plateau d'Oshima. Les mécanismes au foyer des séismes de
type chevauchant se trouvent confirmés par les profils de sismique réflection et indiquent
clairement que la mer du Japon tend à se fermer le long de sa bordure orientale le long
de chevauchements présentant les deux vergences est ou ouest. D'autres profils, au Sud
de la latitude 40°30'N et recoupant entièrement la marge jusqu'à l'île Sado, seraient très
utiles afin d'étendre cette zone de convergence vers le Sud.
Nous sommes très reconnaissants envers le CommandantHubert Girard et l'équipage du N/O Jean-Charcot
pour leur support, envers les scientifiques de la campagne Estase 1 pour leurs encouragements et leurs
discussions et aussi envers Loïc Petit de la Villeon et Y von Péneaud pour leur assistance technique durant
l'obtention des enregistrements sismiques. Nous remercions Jean-Paul Cadet, Kazuaki Nakamura et Laurent
Jolivet pour leurs critiques et suggestions très utiles. Nous remercions enfin le PIROCEAN et le C.N.R.S.
(programme « Évolution des climats ») pour leur support.
Remise le 22 avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] K. NAKAMURA et S. UYEDA, J. Geophys. Res., 85, NO-B11, 1980, p. 6419-6428.


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[3] Y. FUKAO et M. FURUMOTO, Tectonophysics, 25, 1975, p. 247-266.
[4] K. NAKAMURA, Bull. Earthq. Res. Inst. Tokyo, 58, 1983, p. 721-732 (in japanese with english abstract).
[5] K. NAKAMURA, Marine Sciences Monthly, 6, n° 1, 1984, p. 25-28 (in japanese).
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[12] K. TAMAKI, Marine Sciences Monthly, 6, n° 1, 1984, p. 38-48.

S. L. Université d'Orléans, Département des Sciences de la Terre,


:
Laboratoire de Géologie dynamique, 45046 Orléans Cedex;
H. O. et K. O. : Shizuoka University, Faculty of Science,
Institute of Geosciences, 836 Oya, Shizuoka-shi422, Japon;
L. L. : C.N.R.S., Centre des Faibles Radioactivités,B. P. n° 1, 91900 Gif-sur-Yvette.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985 207

TECTONIQUE. — Sur l'existence dejeux décrochants transpressifs dans la structuration


précoce du Golfe de Suez et de la Mer Rouge. L'exemple de la région de Port Safaga
(Egypte). Note de Jean-Paul Thiriet, Pierre Burollet, René Guiraud, Jean-Claude Icart,
Jean-Jacques Jarrige, Christian Montenat et Philippe Ott d'Estevou, présentée par Jean
Aubouin.

Dans le Gebel Mohamed Rabah, près de Port Safaga, un épisode compressif(direction de raccourcissement
N140), exprimé notamment par le jeu en transpression d'accidents subméridiens,s'est produit durant le dépôt
des formations détritiques du Miocène basai. Cet épisode, qui a été reconnu également de part et d'autre du

opening.
Golfe de Suez, caractérise le stade précocede la structuration du rift de laMer Rouge,

TECTONICS. — About farm compressional strike slip at the beginning of Gulf of Suez and Red Sea

In the Gebel MohamedRabah, near Port Safaga, a compressional event (shorteningdirection N 140) is mainly
characterized by sinistral sirike-slip displacements along submeridian directions. This event, contemporaneous of
the basal Miocene deposits (Red formation); has been observed on the two margins of the Rift. It characterizes
theinitial opening of the Gulf of Suez and of the northwestern part of the Red Sea.

INTRODUCTION.

La région de Port Safaga est située sur la marge occidentale de la
Mer Rouge, aux confins du Golfe de Suez et dans le prolongement, vers le SSW, de
l'axe du Golfe d'Aqaba (pl. I, fig. A).
Lors des premières étapes de l'ouverture du rift de la Mer Rouge, ce secteur, comme
l'ensemble de la marge, a été structuré en une série de blocs basculés affectant le socle
cristallin et sa couverture crétacée et paléogène. L'évolution du jeu de ces blocs est
enregistrée dans la sédimentation: des différents dépôts néogènes; leur découpage est réglé
principalement par un ensemble de failles normales de direction NW-SE, dite
« elysmique », Des failles de direction subméridienne (N-S à N 20), parallèles au Golfe
d'Aqaba, tiennent aussi une place importante dans le dispositif structural ([1] à [5]). Elles
sont notamment bien exprimées près de Port Safaga, où elles se situent, (pl. I, fig. B),
pour les plus importantes d'entre elles, en position externe (occidentale) par rapport aux
systèmes de blocs basculés, à la limite de ces derniers et des hauts reliefs de socle de
l'épaulement ([2], [5]). C'est le mode de fonctionnement de ces accidents subméridiens,
au stade initial de la structuration du rift, qui fait l'objet dé la présente Note.
I. LES ENSEMBLES LITHOLOGIQUES. — Ils comportent les termes suivants (pl I, fig. C) :
— Un
socle cristallin et cristallophyllien d'âge précambrienet/ou paléozoïque, vigoureu-
sement structuré avant le Mésozoïque.

Une couverture mésozoïque et paléogène, constituée de plusieurs formations se
succédant en concordance [6] : 1. Les « grès de Nubie », essentiellement fluviatiles,
discordants sur le socle, sont attribués au Crétacé inférieur; ils empiètent probablement
sur le Crétacé supérieur (< 150 m). 2. Les « Quseir shales » se substituent progressive-
ment aux « grès de Nubie » env. 100 m). Il s'agit de dépôts alluviaux et deltaïques
évoluant graduellement vers un environnement marin littoral à leur partie supérieure;
leur âge serait sénonien (Campanien probable). 3. La formation à phosphate (exploité)
et cherts de Duwi (10 m) marque l'établissement, au Campanien et au Maastrichtien
inférieur, d'un environnement franchement marin qui persiste lors des dépôts ultérieurs.
4, La formation de Dakhla, calcaires fossilifères et marnes, est d'âge maastrichtien
supérieur (20 m). 5. Les « Esna shales », marnes schisteuses à tendance anoxique, sont

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208 C. R. Acad. Sc, Paris, t 301, Série II, n° 3, 1985
situées dans le Paléocène-Eocène inférieur (g30m). 6. Enfin, les calcaires à silex de la
formation de Thèbes (^100 m) sont attribuables à l'Éocène inférieur (Yprésien).

Les séries néogènes, dont les dépôts sont contemporains de la structuration du rift,
peuvent être divisées en quatre groupes, séparés par des discordances angulaires (pi. I,
fig. C) [7]. Le groupe A est discordant sur les calcaires éocènes ou sur des termes plus
anciens de la couverture du socle; il n'apparaît jamais en contact stratigraphique avec ce
dernier.
A la base, existe localement une brèche monogénique à éléments de calcaires et de silex
éocènes, avec matrice de sable rosé, faiblementdiscordante sur son substrat. Au-dessus se
développe uniformément une série de sables, silt et pélites roses ou rouge violacé, incluant
des lentilles conglomératiques,qui s'enrichissent progressivement, vers le haut de la série,
et régionalement, d'Ouest en Est, en éléments remaniés du socle (dépôts de chenaux
alluviaux et de plaine d'inondation; environ 150 m). Près de Quseir (pl. I, fig. A) des
.
niveaux semblables incluent des coulées basaltiques datées du Miocène basai (23 M.a.).
La partie supérieure est constituée d'évaporites et de laminites calcaires, alternant avec
des épisodes marno-sableux à lentilles conglomératiques (30 m). Des conglomérats à
éléments de socle et intercalations marno-gréseuses vertes envahissent le sommet de la
série. Le groupe B est caractérisé par l'installation d'un régime marin franc. Ses dépôts
reposent en discordance sur le groupe A ou sur des terrains plus anciens, socle inclus. A
la base un conglomérat à gros blocs de socle souligne fréquemment la discordance,
tandis qu'en d'autres endroits un placage à Stromatolithes encroûte des morphologies
préexistantes. La sédimentation s'opère sur un substratum déjà vigoureusementstructuré
en blocs basculés : constructions à Madrépores sur les crêtes de blocs préalablement
abrasées; talus récifaux sur les pentes de ceux-ci; marnes et calcaires crayeux dans les
dépressions qui drainent également de puissants épandages conglomératiques (chenaux
et cônes sous-marins). Ces différents dépôts se placent dans une fourchette de temps
correspondant essentiellement au Langhien (empiétant probablement sur le Burdigalien
supérieur vers le bas, et le début du Serravallien vers le haut). Le groupe C est représenté
par des évaporites litées à intercalations carbonatées, discordantes sur les terrains sousja-
cents par l'intermédiaire d'un niveau de grès conglomératique à éléments de socle.
Ces évaporites s'épaississent d'W en E (50 m). Leur âge n'est pas précisé (Miocène
moyen-supérieur). Le groupe D comprend des grès et marnes versicolores, ravinés par
d'épais arrivages conglomératiquessur lesquels s'installent enfin des constructions récifales
pliocènes, toujours proches du littoral actuel.
IL STRUCTURATION. RÔLE DES ACCIDENTS SUBMÉRIDIENS. — Une coupe de la marge dans
le secteur de Port Safaga (pl. I, fig. D) montre un dispositif général en blocs antithétiques
pentes vers l'Ouest, dont les altitudes décroissantes confèrent à l'ensemble une pente

EXPLICATIONSDES PLANCHES

Planche I
A, situation géographique; B, schéma géologique des environs de Safaga; C, colonne stratigraphique; D, coupe
simplifiée des blocs basculésde Safaga (située sur la carte B) : a, socle; b, couverture anté-néogène; Néogène :
c, groupe A; d, groupe B; e, groupe C; f, groupe D.
A, location; B, simplified sketch-map of the Safaga area; C, stratigraphie section; D, shematic cross-section of
the tilted blocks of the Safaga area (for location, see on the map A): a, basement; b, cretaceous and paleogene
deposits; Neogene series c, A group; d, B group; e, C group; f, D group.
PLANCHE I/PLATE I JEAN-PAULTHIRIET
PLANCHE II/PLATE II
C. R. Acad. Sc. Paris, t 301, Série II, n° 3, 1985 211

area.
Planche II
A. carte géologique simplifiée du Gebel Mohamed
Rabah ; B, coupes, (localisées sur la carte A); C, éléments
structuraux observés dans le Gebel Mohamed Rabah; D, axé, des plis liés aux décrochements sénestres
subméridiensde la région de Safaga.
A, shematic map of the Gebel Mohamed Rabah area; B, cross-sections (for location see on the map); C, structural
dâtafrom Gebel Mohamed.Rabah area; D, folds axis associated with left lateral meridian strike slips faults in
the Safaga
Légende commune aux stéréogrammes (Wülff, hémisphère supérieur) : a, pôle des plans de failles; b,
ments dextres et senestres; c, faillesinverses; d, axe de plis cylindriques et coniques.
déchoche-

Diagram captions:(Wülff, upper hemisphere): a, fault plan polar projection; b, left and right lateral strike slips;,
c, inverse fault; d,cylindrical and conical fold axis.

régionale synthétique vers l'Est. Les failles de direction clysmique, N 14.0, jouent un rôle
important dans ce découpage, déjà réalisé lorsque commence la sédimentation du
groupe B. Un stade précoce de cette structuration peut être analysé à partir du jeu des
failles subméridiennes(NNE-SSW),jeu contemporain des premiers dépôts du groupe A.
Les affleurements les plus occidentaux de la couverture sédimentaire se disposent en
vastes synclinaux d'allongement NNW-SSE, dont la bordure occidentale est limitée par
des systèmes de failles en relais, NW-SE et NNE-SSW (pl. I, fig. B). D'une façon générale,
le long des failles subméridiennes, le contact entre le socle et la couverture est jalonné de
mésostructures plicatives, d'axes souvent pente (pl. II, fig. D), qui correspondent à des
plis d'entraînement résultant du jeu décrochant senestre en compression de ces failles.
Dans le Gebel Mohamed Rabah, situé à une vingtaine de kilomètres au Sud-Ouest dé =
Port Safaga (pl. I, fig. B), ces déformations prennent un grand développement et affectent
les couches miocènes de la partie inférieure du groupe A (pl. II, fig. A et B). La pile
sédimentaire y comporte une série anté-néogène complète (environ 300 m) [8], surmontée
des dépôts détritiques rougeâtres de la base du Miocène (200 m). L'ensemble, grossière-
ment structuré en synclinal dissymétrique à pendage doux vers l'Ouest, est faille contre
le socle selon des directions N 030, N 010 et N 140 (pl. II, fig. A).
Les dépôts miocènes sont divisés tectoniquement en deux ensembles séparés par une
faille inverse de direction moyenne N 050, pentée de 20 à 30° vers le Nord-Ouest. Le
plan principal se duplique localement en écailles. L'ensemble occidental, y compris sa
semelle de terrains crétacés et éocènes, chevauche vers le Sud-Est, avec un raccourcisse-
ment que la cartographie permet d'évaluer à plusieurs centaines de mètres dans la partie
centrale de la structure (pl. II, fig. A et B).
La nature des dépôts miocènes et leur relation avec le substratum montre une variation
d'Est en Ouest, qui permet de préciser l'évolution de la déformation :
— à l'Est (compartiment chevauché), la sédimentation est finement détritique. Des
pélités et des conglomératsfins, accordants sur l'Éocène, passent vers l'Ouest à dés
alternances de limons, de paléosols et de calcaires palustres;

à l'Ouest (compartiment chevauchant) se développeun puissant éventail congloméra-
tique. Les poudingues, grossiers, reposent en forte discordance angulaire sur les couches
éocènes et crétacées. Ils contiennent en abondance des galets impressionnés et striés 4e
silex éocène;
— sur.
la bordure la plus occidentale de la structuré, préservée Uniquement dans le
secteur Sud (pl. II, fig. A et IJ), le Miocène est représenté par une périssante brèche de.
démantèlement à tnégabloes d'Eocène (de 0,5 à 10 m3). Ces écroulements, mal stratifiés,
ont comblé progressivement, pendant la déformation, le coeur d'un crochon synclinal armé
d'Eocène et déversé vers le Sud-Est (pendages inverses de 40 à 70° vers le Nord-Ouest).
212 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

Il ressort clairement de ces données que la déformation, commencée avant le Miocène


basai, s'est poursuivie pendant et après le dépôt de ce dernier.
Les stries de mouvement, relevées sur les plans de failles (microstructures et accidents
cartographiques), affectent de la même manière les terrains anté-néogènes et miocènes
(pl. II, fig. C). Des jeux dextres sont observables sur les directions N 070 à N 110. Les
fractures N-S à N 050 sont décrochantes senestres. Une composante inverse caractérise
les directions comprises entre N 020 et N 070 (pl. II, fig. C). Enfin, quelques failles
subhorizontales, affectant le Miocène, montrent des miroirs striés selon des directions
voisines de N 140. L'organisation de ces jeux de failles est cohérente et implique un
raccourcissement NW-SE (N 140), qui est corroboré par les directions d'axe de pli
NE-SW [5]. Le rôle des failles clysmiques, N 140, n'est pas établi pour ce stade précoce
de la déformation. Il est possible qu'elles jouent déjà en faille normale, mais leurs jeux
verticaux ultérieurs très importants ( g; 700 m) en ont oblitéré les traces. Les indices les
plus récents de cette compression, matérialisés par des stries de décrochement sénêstres
sur une faille Nord-Sud, affectent les niveaux élevés, post évaporitiques du groupe A, et
sont scellés par les premiers dépôts discordants du groupe B (Wadi Safaga; pl. I, fig. B
et C) [2].
CONCLUSION.

Des déformations de même nature et de même âge que celles qui
viennent d'être examinées ont été observées en d'autres secteurs sur le trajet des grands
systèmes d'accidents subméridiens qui traversent le Golfe de Suez (Ouest du Gebel
-Mellaha sur la rive occidentale; région d'Abu Rudeis-Abu Durba, sur la marge du Sinaï)
([2], [5]). Elles permettent d'établir l'existence d'un événement compressif à direction de
raccourcissement NW-SE (N 140) au stade précoce de l'ouverture du rift de Suez et de
la Mer Rouge nord-occidentale. Cette déformation amorcée avant le dépôt des premiers
niveaux miocènes (groupe A) se poursuit activement pendant la sédimentation de ceux-ci.
Dès la partie supérieure du groupe A et ultérieurement, les failles jouent en extension
quelle que soit leur orientation et les accidents de direction clysmique prennent alors une
part prépondérantedans la structuration du rift.
Étude réalisée dans la cadre du programme Genebass.
Remise le 29 avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Egypt, 1, 1971, p. 1-19.

J. P. T. et P. B. C.F-P. Total, 39-43, quai André-Citroën, 75739 Paris Cedex 15;


:
R. G. : L.G.D.A., Université d'Avignon, 33, rue Louis-Pasteur, 84000 Avignon;
J. C. I. et J. J. J. : S.N.E.A. (P) Tour Elf, 92078 Paris-La Défense Cedex 15;
C. M. et P. O. E. : I.G.A.L., 21, rue d'Assas, 75270 Paris Cedex 06.
G.?R. Acad. Se. Paris, t: 301, Série II, n° 3,1985'^ 213

PÉDOLOGIE.
— Diminution du point de charge nulle d'un sol ferrallitique par apports
de composés organiques. Eventuelles conséquences d'une telle diminution sur la nutrition
des. végétaux eh zone tropicale humide. Note de Emmanuel Frossard, Fernand Jacquin et.
Gabriel de Araujo Santos, présentée par Georges Millot.

Nous avons étudié l'influence de deux composés organiques (glucose, xanthane) et des ions phôsphôriqUes
surle point dercharge nulle des colloïdes: à charge variable (pH0) d'un sol ferrallitique. L'adsorption des ions
rphosphoriques, du xanthane et des produits de dégradation du glucose provoquent des diminutions de pHo-
Leurs mécanismessont envisagés, ainsi que leurs conséquences sur la nutrition des végétaux en sols ferrallitiques.

PEDOLOGY. ;— Decrease of the zero, point of sait effect of an oxisol by applying organic
matters.. Conséquences of this decrease, on the vegetal nutrition in the tropical area.
An attempt has been made in this study to determine the influence of two organic matters (glucose, xanthan)
and phosphoricions on the zero-point of salt effet (pH0) of an oxisol Adsorption of phosphoric ions, xanthah,
and produits of decomposition of glucose involve some deçreases of pH0. Mechanisms of these decreases are
, discussed, and their consequences on vegetal nutrition in the oxisols.

I. INTRODUCTION. —Les sols possèdent dès colloïdes à charge constante : argiles


phylliteuses (ces charges sont consécutives aux substitutions isomorphes dans les argiles)
et des colloïdes à charge variable : sesquioxydes, matières organiques, silicates libres,
argiles1.1 (ce sont dés charges de surface qui dépendent des valeurs du pH, ainsi que
delà force ionique de la solution du sol). La présence de ces deux types de colloïdes
implique l'existence de deux points de charge nulle. Le point de charge nette nulle
Correspond à la valeur du pH pour laquelle la charge globale du sol est nulle; de ce fait,
la capacité d'échapge cationique est égale à la capacité d'échange anionique. Le point de
charge nulle des colloïdes à charge variable (pH0) correspond à la valeur de pH à laquelle
autant d'H+ que de OH- sont adsorbés sur ces colloïdes ([1], [2]).
Les sols ferrallitiques sont riches en sesquioxydes et en kaolinite, donc le pH0 devient
une caractéristique très intéressante sols. On distingue des sols ferrallitiques riches
cri quartz pu en kaolinite à pH0 très faible (1-3 unités pH); d'autres possèdent d'impor-
tantes quantités de sesquioxydes et présentent un pH0 élevé (4-6). Or, ces valeurs élevées
impliquerit que de nombreux sites soient chargés positivement, entraînant une faible
rétention de bases et une forte rétrogradation d'anions tels que PO34-. Le pH0 des sols
ferrallitiques riches en sesquioxydes peut être abaissé par apports d'amendements phospha-
tés ([3], [4]). Parallèlement, la matière organique tendrait à diminuer le pH0 de ces sols
([5] à [7]); la comparaison dès horizons profonds et supérieurs de sols riches en sesquioxy-
des montre que le pH0 de ce dernier est inférieur de une à deux unités pH à celui de
l'horizon profond.
Aussi, dans ce travail, nous nous proposons d'étudier l'influence de l'apport de deux
composés organiques (xanthane, glucose) et d'ions phosphoriques sur les variations dé
pH0 dans les horizons A et B d'un sol ferrallitique après une période d'incubation sous
paramètres contrôlés.
IL MATÉRIEL ET MÉTHODES.
— Le sol; étudié est un sol ferrallitique désaturé en provenance du Brésil. Ses
principales caractéristiques des horizons A et B sont résumées dans le tableau I.
Le xanthane est un éxopolysaccharide produit par des bactéries de l'espèce Xanthomonas campestris. Ce
composé est difficilement dégradable [8] et possède des groupements carboxyliques [9] susceptibles de réagir
avec les sites électropositifs du sol. A l'opposé, le glucose correspond à un substrat énergétique dont la
biodégradation donne d'importantes quantités .de produits microbiens susceptiblesde s'adsorber sur le sol.
Des échantillons de 100g du sol tamisé à 2mm,. humidifiés à 80% de la capacité de rétention sont incubés,
pendant 21 jours à 28°C, selon un protocole décrit précédemment [10]. Les substrats organiques sont apportés
à deux dosés : 5 et 20% du carbone organique total (COT) préexistant de l'horizon supérieur. Le glucose a

0249-6305/85/03010213 $2.00 © Académie des Sciences


214 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 3, 1985

TABLEAU I
Caractéristiques principales du sol ferrallitique.
Main characteristics of the oxisol.
Métaux (%0)

pH Minéralogie RX Oxalate
CBD pH3 Surface
Profondeur COT Argile spécifique
(cm) H,0 KC1 (%) (%) kaol. gibb. Goeth Fe Al Si Fe Al Si (m2/g BET)

Horizon A :
0-20 cm 5,1 4,3 2,3 28,6 ++ + + 20 4,5 0 1 0,8 0 23,6
Horizon B :
40-60 cm 4,4 4,1 0,3 53,1 +++ + + 30 6,0 0,1 0,7 0,9 0,2 49,6

TABLEAU II
Évolution du pH0 et du pH du sol des horizons A et B
d'un sol ferrallitique après apports de composés organiques ou de phosphore.
pH0 and soil pH evolutions in A and B horizons of the oxisol
amended with organic matters or phosphorus.

Témoin
non incubé
Témoin
incubé
Glucose
500kP/ha
Incubation 21 jours

5% COTA 20% COTA 5% COTA


Xanthane
20% COTA

Horizon A pH0 3,5 3,6 3,4 3,6 3,5 3,4 3,4


pH du sol KC1 0,001 N 5,4 5,6 5.7 5,4 5,4 5,7 6,0
Horizon B pH0 4,4 4,4 4,3 4,0 3,7 4,3 3,9
pH du sol KC1 0,001 N 4,7 4,4 4,9 4,4 3,7 4,7 5,1
été apporté en solution; par contre, le xanthane non soluble a été mélangé au sol avant son humectation.
Enfin, le phosphore a été ajouté en solution sous forme de KH2PO4, à raison de 16,7 mg p. 100 g de soi, une
quantité équivalente à 500 kg/ha.
La technique des titrages potentiométriques utilisée est celle de Van Raij et Peech [5]. Après incubation, 4 g
de sol séchés à l'air et tamisés à 1mm sont mis dans des tubes de 50ml. en présence de 10 ml d'un électrolyte
indifférent (KC1) et ceci à trois concentrations (2N, 0,02 N, 0,002 N) déterminant donc trois forces ioniques.
A cette suspension, on ajoute différents volumes de NaOH ou de HC1 décinormaux, puis on complète à 20 ml
avec de l'eau déminéralisée, afin d'obtenir les concentrations finales en KC1 : N, 0,01 N, 0,001 N. Après deux
agitations journalières, l'équilibre est obtenu au bout de 4 jours.
Le pH0 est alors défini comme le point de croisement des courbes de titrage : la charge variable de surface
nette résultant de l'adsorption d'H+ et d'OH- est alors nulle [2]. Enfin, nous notons le pH obtenu à la plus
faible concentration de KC1, sans apport d'acide ou de base, comme représentant le pH du sol.
III. DISCUSSION DES RÉSULTATS. — Nous utiliserons pour interpréter nos résultats la
théorie de Gouy-Chapman appliquée à l'étude des sols [2]. Cette théorie permet d'évaluer
globalement l'évolution de la charge variable de surface nette d'un sol à partir de son
pH et du pH0 selon l'équation (A) ci-dessous :

av, charge surfacique variable nette (meq/cm2);


n, concentration de f électrolyte (ion/ml);
pH, pH du sol;
pH0, point de charge nulle des colloïdes à charges variables.
Hypothèses : 20°C; électrolyte indifférent 1 : 1; pH0-pH faible.
Les courbes de titrages potentiométriques du sol témoin (fig., tableau II) montrent
que le pH0 de l'horizon (3,5) est nettement inférieur à celui de l'horizon profond (4,4).
Donc, dans ces deux horizons, possédant des teneurs voisines en sesquioxydes, la matière
organique préexistante en surface semble être la principale source de diminution du pH0.
Par contre, le. pH de l'horizon A (5,5) est supérieur à celui de l'horizon B (4,4). La
C.R. Acad. Sc. Paris, 301, Série II,
t.
n° 3, 1985 215

Courbes de titrages potentiométriques.


KCINe «,KC10,01N* *,KC10,01N* *.
Potentiomelric titration curves.

théorie de Gouy-Chapman nous permet donc de confirmer que la matière organique


initiale, présente dans l'horizon supérieur, lui confère une charge variable globalement
négative, alors que cette charge est nulle dans l'horizon B.
Les apports de xanthane, glucose et de phosphore provoquent des diminutions du pH0
dans les deux horizons. Par contre, les traitements entraînent des modifications différentes
des valeurs du pH du sol : les apports de xanthane et de phosphore suscitent des
augmentations, alors que ceux de glucose provoquent des diminutions (tableau II). Ces
deux types de variations, intervenant à la fois sur le pH0 et le pH du sol, sont toujours
croissantes avec la quantité de composés organiques apportée et sont beaucoup plus
marquées dans l'horizon profond. Or, ce sont ces deux paramètres (pH0 et pH du sol)
qui conditionnent la présence de charges variables (équation A). Ainsi, les apports de
xanthane et de phosphore diminuant les pH0 et augmentant les pH du sol, entraînent la
création de charges de surface électronégatives. Par contre, dans les traitements glucose
où les pH0 diminuent avec le pH du sol, les charges variables nettes des sols restent
identiques.
D'autre part, des travaux ([11], [12]) montrent que les dérives du pH0 sont dues à la
présence d'un ion s'adsorbant spécifiquement. Les dérives de pH0 vers des valeurs de
216 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 3,1985

pH plus acides, que nous observons dans tous nos traitements, ne sont pas consécutives
à l'adsorption d'un ion de félectrolyte KC1 qui est indifférent, mais à l'adsorption
spécifique sur la fraction minérale des deux horizons, du xanthane ou des produits de
dégradation du glucose.
Or, des études sur modèles [13] montrent que l'ion phosphorique, comme certains
anions organiques tels que foxalate, le phtalate, s'adsorbent sur les sites MOH et
MOHj (M = A1 ou Fe) présents à la surface des oxydes et de la kaolinite par échanges
de ligands, l'ion phosphorique, ou les groupements carboxyliques des anions organiques
se substituant aux groupements hydroxyles de surface des oxydes. Nous pouvons donc
émettre l'hypothèse que la diminution de pH0 par apports de substrats organiques dans
nos sols est consécutive à l'adsorption spécifique sur la fraction minérale des sols, par
échanges de ligands, du xanthane et des produits de dégradation du glucose. Cette
diminution serait proportionnelle aux groupements carboxyliques présents dans la struc-
ture de ces composés organiques. En outre, ce mécanisme pourrait être relié à la capacité
de certains polysaccharidesà former des associations organominérales avec les argiles [14].
IV. CONCLUSION. — 1° Cette Note a montré que des apports de composés organiques
dans un sol ferrallitique ont des effets différents sur le pH du sol, mais provoquent dans
les deux cas (xanthane, glucose) des diminutions du pH0.
2° Il serait donc possible, pour diminuer le pH0 de ces sols, d'apporter des amende-
ments organiques susceptibles de favoriser l'activité de la microflore, donc la production
de polysaccharides tels que le xanthane.
3° D'autre part, la diminution du pH0 et l'augmentation des charges électro-négatives
permettront une meilleure rétention des bases et diminueront à la fois la capacité et
l'énergie d'adsorption de ces sols pour les ions phosphoriques assurant donc une meilleure
nutrition aux végétaux.
Remise le 15 avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[I] G. SPOSITO, Soil Sc Soc. Amer. J., 45, 1980, p. 292-297.


[2] G. UEHARA et G. P. GILLMAN, Soil Sc Soc. Amer. J., 44, 1980, p. 250-252.
[3] C. PIERI, publication C.N.R.A., Bambey, 1975, 39 p.
[4] G. P. GILLMAN et R. L. Fox, Soil Sc Soc. Amer. J., 44, 1980, p. 934-938.
[5] B. VAN RAU et M. PEECH, Soil Sc Soc. Amer. J., 36, 1972, p. 587-593.
[6] M. R. LAVERDIÈRE et R. M. WEAVER, Soil Sc Soc. Amer. J., 41, 1977, p. 505-510.
[7] F. ILTON MORAIS, A. L. PAGE et L. J. LUND, Soil Sc Soc. Amer. J., 40, 1976, p. 521-527.
[8] P. A. SANDFORD, J. E. PITTSLEY, C. A. KNUSTON, P. R. WATSON, M. C. CADMUS et A. JEANES, in
Extracellular microbial polysaccharides, P. A. SANDFORD et A. LASICIN éds., 1977, p. 192-210.
[9] C. J. LAWSON et K. C. K. SYMES, in Extracellular microbial polysaccharides,P. A. SANDFORD et A. LASICIN
éds., 1977, p. 183-191.
[10] F. JACQUIN, N. MALLOUHI et T. GALLALI, Comptes rendus, 289, série D, 1979, p. 1229.
[II] M. A. F. PYMAN, J. W. BOWDEN et A. M. POSNER, Aust. J. Soil Res., 17, 1979, p. 191-195.
[12] G. P. GILLMAN, Aust. J. Soil Res., 22, 1984, p. 71-80.
[13] W. STUMM, R. KUMMERT et L. SIGG, Croat Chem. Acta, 53, (2), 1980, p. 2921-312.
[14] M. ROBERT et S. SCHMIDT, Comptes rendus, 294, série D, 1982, p. 1031.

E. F. et F. J. : Département Science du Milieu, E.N.S.A.I.A.,


2, avenue de la Forêt-de-Haye, 54500 Vändoeuvre;
G. de A. S. : Departamento dos solos, U.F.R.R.J.,
23460 Serropedica, Rio de Janeiro, Brésil.
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 4, 1985 217

MÉTHODES NUMÉRIQUES APPLIQUÉES A LA MÉCANIQUE (BIOMÉCANI-


QUE).—- Modélisation et calcul de l'écoulement de Couette. Détermination d'un modèle
approché et application à la détermination de la loi de comportement de certains fluides.
Note de Gérard Maurice et Michel Lucius, présentée par Paul Germain.

On modélise l'écoulement de Couette pour des fluides visqueux non linéaires. On construit un modèle
approché de traitement numérique aisé donnant une très bonne approximation de la solution. On utilise ce
modèle pour optimiser les paramètres rhéologiques d'une loi de comportement du sang.

COMPUTATIONNALMECHANICS (BIOMECHANICS).— Modelization and computation of a Couette


flow. Determination of on approximate model and its application to the constitutive law of some fluids.
We modelizé the Couette flow for non linear viscous fluids. We built an approximate model giving a very
good approximation of the solution and an easy computation. We use this model to optimize the rheological
parameters of a constitutive law of blood.

1. DISPOSITIF EXPÉRIMENTAL [3]. — La tête du rotor R est un anneau de cuivre (a)


entraîné par un champ magnétique tournant à la vitesse angulaire Q. et d'intensité
B=B0g(Xt), ou g est une fonction périodique de pulsation X. Ce dispositif mesure la
vitesse de ralentissementdu cylindre intérieur, dû aux effets de viscosité du fluide occupant
l'entrefer, préalablement lancé à une certaine vitesse.
Si on note I0 le moment d'inertie et ut la vitesse angulaire de R, on suppose comme
dans [3] que le couple rotationnel s'écrit K2I0 (D.—ujg2 (h,t) où K2 est une constante
mesurée expérimentalement,on notera i\ le rayon de R, r2 >i\ celui du cylindre fixe.
2. ÉQUATION DÉCRIVANTL'EXPÉRIENCE. — Pour une loi de comportement du fluide du
type t(t)=f(t, y) reliant la contrainte de cisaillement x au taux de cisaillement y = r (ôu/df)
les conditions d'équilibre et d'adhérence du fluide aux parois des cylindres conduisent,
pour un écoulement lentement variable, aux équations formelles suivantes :
conservation de la quantité de mouvement :

égalité des moments par rapport à l'axe du cylindre :

adhérente du fluide à la paroi fixe condition initiale :

où u(r, t) représentela vitesse angulaire de rotation, p la densité, pla viscosité dynamique,


Kx et K2 deux paramètres dépendant de la morphologie du rotor R; Kx=2 n r\ h/l0.
Nous nous intéresserons principalementdans cette Note à deux lois de comportement
qui modélisentl'écoulement sanguin pour certaines plages dé variation de y = r(du/dr) :

0249-6305/85/03010217 $ 2.00 © Académie des Sciences


C R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II —16
218 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 4, 1985

Avant d'aborder le problème numérique, il est essentiel de s'assurer que le problème (SP)
admet une solution unique. Pour la loi z1 ce résultat figure dans [5]. Pour la loi x2 nous
avons démontré, avec les notations de [1] que si w0eH1(r1, r2) et geL 00 (0, t0), il existe
une solution unique dans L2(0, t0; H1(r1, r2)) qui converge vers la solution périodique
lorsque t tend vers + oo.
Ces solutions ont été calculées par des méthodes de différences finies et d'éléments
finis et n'ont pas montré de différence sensible dans les résultats. Ceux représentés sur
les figures 1 et 2 ont été obtenus par éléments finis.

3. PROBLÈME LIMITE. — La méthode numérique précédente bien que simple nécessite


de la place mémoire et du temps calcul. Les travaux de M. Dognon [6] ont montré qu'on
pouvait négliger les termes d'inertie pour des fluides newtoniens régis par (P) sans altérer
notablement les résultats numériques. On se propose d'examiner la raison mathématique
fondamentale de ce phénomène non seulement pour des fluides newtoniens mais plus
généralement pour des fluides visqueux non newtoniens. Pour cela on considère (^x)
« sans inertie » c'est-à-dire :

qui admet comme solution :


G. R. Acad,Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 4, 1985 219

où K vérifie :

La détermination de co passe uniquement par la résolution de cette équation différentielle


et l'intégrationci-dessus.
Pour estimer la variation de la solution produite par la suppression des termes d'inertie,
on multiplie(P) paru -^m et on intégré par rapport à r et t. On obtient :

On tire en particulier de cette étalité une estimation glbbalë prenant la forme suivante
pour z=2

et une estimation locale s'écrivaht dans le cas de larelaxation ; :

Dans les conditions norrnales d'expériences, les seconds membres de la première et de


la seconde estimation sont respectivementde l'ordre de 10-3]uo.(r1)| et 10_2|u0(r1)|.
220 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 4, 1985

On a ainsi largement intérêt à traiter numériquement le problème approché vu sa


simplicité et sa proximité avec le àroblème complet.
4. MÉTHODENUMÉRIQUE. — La méthode de résolution du problème limite est simple.
Il s'agit d'une équation différentielle non linéaire qui nécessite le calcul approché d'intégra-
les du type : [t- 1 (u)/u] du et une méthode d'intégration d'équation différentielle pas à

pas avec ou sans prédiction correction, d'une précision en h 5. Les résultats numériques
obtenus sont effectivement d'une grande précision car l'erreur relative entre solution
exacte, lorsqu'on la connaît, et solution calculée, est inférieure à 10- 6.
De plus la comparaison numérique entre w et co ne montre pas de différence graphique-
ment appréciable de sorte que la figure 1 représente aussi la solution co.
5. OPTIMISATION DES PARAMÈTRES. — Nous avons montré que si u(ru t)e^(0, t0) et
est monotone en t, ce qui est le cas pour la relaxation, il existe une et une seule expression
de/; donnant ce profil de vitesse du cylindre mobile. Les programmes d'optimisation
élaborés, basés sur une méthode de gradient conjugué, ont permis d'éprouver ces lois
rhéologiquespar comparaison à des résultats expérimentauxsur des écoulements sanguins
et proposer les meilleures valeurs des paramètres.
Les valeurs obtenues pour un sang de taux d'hématocrit 60 et pour la loi f2 ont donné :
u = 72 cPo, b — 0,428 s_1/2, c = 1,533 s-1/2, ce qui correspond à une viscosité au repos
égale à p et une viscosité en régime permanent après désagrégation des chaînes des
globules, égale à 5,6 cPo. Ces résultats numériques optimaux sont représentés sur la
figure 1.
En conclusion, les méthodes développées permettent d'obtenir très simplement le profil
de vitesse transitoire dans un écoulementlentement variable avec une bonne précision et
donner systématiquementles valeurs optimales des paramètres d'une loi de comportement
formelle du fluide soumis à l'expérience.
Remisele 21 janvier 1985, acceptée après révisionle 15 avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] J. L. LIONS, Quelques méthodes de résolution des problèmes aux limites non linéaires, Dunod, 1969.
[2] RAVEY, M. DOGNON et M. LuciuS, Transient rheology in a new-type of Couette apparatus, Rhèologica
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[3] Y. SERE, Construction et mise au point d'un viscosimètre à palier fluide, Thèse Docteur d'Université,
Université de Nancy-I, février 1980.
[4] G. MAURICE et M. DOGNON, Pulsative couette flow in a fluid with mixed conditions on the inner
cylinder, Proceeding of second world conference on mathematicset service ofmann, Las Palmas, 1982.
[5] M. DOGNON et G. MAURICE, Pulsative couette flow of a power fluid with mixed condition on the inner
cylinder, Proceedings of International conference on computational methods and experimental measurement,
Washington, 1982.
[6] M. DOGNON, Étude de la réponse en cisaillementinstationnaire de certains fluides non newtoniens, Thèse
de Docteur-Ingénieur, Nancy 1980.

Institut national polytechnique de Lorraine,


B.P. n° 3308, porte de la Craffe, 54000 Nancy Cedex.
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 4, 1985 221

PHYSIQUE THÉORIQUE. — Une description hamiltonienne du frottement et de la


viscosité. Note de Jacek Jezierski et Jerzy Kijowski, présentée par Charles-Michel Marie.

On présente des exemples de systèmes dynamiques hamiltoniens décrivant certains phénomènes de friction
et de viscosité.

THEORETICAL PHYSICS; — A possiblehamiltonian description of friction and viscosity.


Examples of dynamicalhamiltonian Systems describing certain friction and viscosity phenomena are presented.

Ni le frottement, ni les autres phénomènes dissipatifs que l'on considère en mécanique


n'ont habituellement de description hamiltonienne, en raison de la non conservation de
l'énergie. Dans ce genre de processus, l'énergie mécanique n'est pas perdue d'une façon
définitive, elle est absorbée par les degrés de liberté thennodynamiqueiS du système sous
forme de chaleur, Comme nous le montrons dans cette note, ceci permet d'obtenir une
description conservative du système en introduisant de nouveaux degrés de liberté, du
type thermodynamique. Plus exactement, nous introduisons un degré de liberté interne
x, et son impulsion canonique conjuguée s, qui peut être interprétée comme l'entropie dp
système(voir[l]).
EXEMPLE 1. — L'espace des phases du système est un espace symplectique avec la
forme canonique :

(les indices répétés impliquent une sommation), les variables x = (x') et p = (p}) décrivent
la position et l'impulsion canonique de la particule. On considère un système composé
d'une particule et d'un milieu responsable du frottement. L'hamiltonién du système sera
donné par la fonction :

ou u (s) peut être interprété comme l'énergie interne du milieu qui freine la particule. Par
hypothèse, a est une constante strictement positive, M (s) est une fonction croissante et
convexe, et :

Les équations d'Hamilton prennent la forme suivante :

L'équation (4) différenciée par rapport au temps, et les équations (5) et (6) conduisent
à :

0249-6305/85/03010221 $2.00 © Académiedes Sciences


222 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 4, 1985

En plus :

On remarque immédiatement que l'équation (11) est l'équation de Newton avec une
force potentielle et une force de friction proportionnelle à la vitesse. L'équation (9) décrit
l'évolution de l'entropie dans le temps.
Dans le cas V = 0, c'est-à-dire lorsque la seule force extérieure est une force de friction,
la production de l'entropie est strictement positive. Le terme proportionnel à V dans le
membre de droite de l'équation (9) peut être à l'origine d'une décroissance de l'entropie :
nous interprétons ceci comme un transfert d'entropie entre les systèmes responsables
pour la force potentielle V et le milieu qui cause le frottement.
Il est facile de vérifier, que l'équation (10) reste vraie pour la classe d'hamiltoniens de
la forme :

Dans ce qui suit nous nous bornerons à considérer des fonctions de Hamilton de la
forme (12). L'exemple 1 peut être généralisé au cas de deux particules interagissantes:
EXEMPLES 2 :

Les équations thermodynamiques impliquent à nouveau l'équation (10). Les équations


mécaniques conduisent au mouvement libre du centre de masse des deux particules, le
mouvement relatif étant régi par l'équation (11), qui contient un terme de friction.
EXEMPLE 3. — Soit M une variété riemanienne, et P=T* M, avec la structure symplecti-
que canonique. Soit (xk) un système de coordonnées locales sur M, et (pk, x1) — le système
de coordonnées induit dans T*M. Considérons P=T*Mx!R2 — la variété symplectique
constituée par produit de P avec l'espace symplectique des variables (s, T). Soit:

Des manipulations analogues à celles effectuées dans les exemples précédants conduisent
à l'équation :

La trajectoire du mouvement est donc une géodésique, les déplacements s'effectuant à


vitesse exponentiellementdécroissante.
C, R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 4, 1985 223

Le but des exemples précédants était d'illustrer le résultat le plus important de notre
Note, que nous présentons dans l'exemple 4.
EXEMPLE 4. — Soit (ek) — une base orthonormée dans l'espace euclidien E3. Soit (ex)
un triplet de vecteurs linéairement indépendants dans E 3. Le parallélépipède construit à
l'aide des vecteurs sa servira de modèle d'un «petit» objet physique — un élément
infinitésimal d'un milieu continu. Les configurations de cet objet sont représentées par la
matrice y —(y£), telle que efc = y£ea. On suppose que l'objet en considération est incompres?
sible, c'est-à-direy e G=SL (3, K). Ce dernier groupe joue le rôle de l'espace de configura-
tion, qui est aussi un fibre principal au-dessus de l'espace quotient B = SL(3, R)/SO(3),
avec groupe structural SO (3). Les points de B décrivent la forme du parallélépipède, les
trajectoires dans SL(3, R) décrivent l'évolution des déformations dans le temps, ainsi
que des rotations rigides éventuelles de l'objet. Nous construirons un modèle, dans lequel
les projections sur B. des mouvements dans l'espace de configuration SL(3, R) auront
une vitesse exponentiellementdécroissantedans le temps — cette décroissance de la vitesse
des déformations peut être interprétée comme un modèleinfinitésimal des phénomènes de
viscosité.
À l' aidé de la forme de Killing k sur G, on peut définir:
1. une métrique g sur B, définie positive, invariante à gauche;
2. une métrique h sur H = SO (3), définie positive, invariante à gauche, et :
3. Une connexion sur le fibre principal G: les vecteurs horizontaux sont perpendicu-
laires (par rapport à fe) aux fibres.
Soit (x*) un système de coordonnées sur B, et {f|fl} une base dans l'algèbre de Lie
SO(3). Soient l\a les champs verticaux fondamentaux sur G déterminés par r|a. Les
champs de vecteurs horizontaux obtenus par relèvement des vecteurs djd xk seront notés
fk. Soit aussi (cak, co") le champ des co-repères dual du champ des repères (fk, y. La
métrique de Killing sur SL(3, M) prend alors la forme fe —gkl co* (g) G)1 — hah co" ® co6, avec
g et h comme ci-dessus. La forme de connexion A sur G est de la forme A = cua r|a, et la
forme de courbure qui en découle s'écrit de la façon suivante:

avec caM constantes de structure de H. Tout élément de T*G est de la forme pk co* + qa co".
Soit le système dynamique sur P=T* G x R2 déterminé par f hamiltonien :

avec (ô)k, co") relèvement de (®k, cofl) de G sur T*G. Le champ hamiltonien X, déterminé
comme d'habitude par l'équation X _l fi= —dH, a les « composantes mécaniques»
suivantes:
224 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 4, 1985

où fk et \a sont les relèvements de fk et de l\a de G sur P, tels que fk et \a s'annulent sur


les fonctions pk, qa, s et z, et les T™k sont les coefficients de la connexion symétrique
métrique de gkl sur B. La trajectoire f->y(f)eG peut être présentée sous forme suivante:

où t->5(t)eG est une courbe horizontale, et a(t)eH. On a y = 5a-f-ya 1 a, où le


premier terme est vertical, et le second horizontal. Comparant ceci avec (32) on obtient:

la dernière des égalités (34) étant due aux propriétés de symétrie de hab et de cabd.
L'équation (34) montre que la courbe t -> a (t) est une géodésique sur H, c'est-à-dire
qu'elle peut être écrite sous la forme :

Par redéfinition de 8, 8 -» ô. a0, on peut sans perte de généralité admettre que a0 est
l'élément unité de H. L'équation (32) conduit aussi à l'équation :

Soit x (t) la projection sur B de x (t). On a :

L'équation (39) montre que les changements de forme du corps sont exponentiellement
étouffés au cours du temps, la trajectoire tendant asymptotiquement vers une géodésique
lorsque le temps tend vers l'infini. Le mouvement est une superposition de déformations
et d'un mouvement de rotation uniforme, comme le montrent les équations (33) et (35).
Remise le 11 février 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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University of Warsaw, ul. Hoza 74, 00-682 Warszawa, Pologne;
J. K. : Institute for Theoretical Physics, Polish Academy of Sciences,
al. Lotnikôw 32/46, 02-668 Warszawa, Pologne.
G. R. Acad, Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 4, 1985 225

CHIMIE DE COORDINATION. — Réaction de l'iode avec les dithiocarbamales de


fer (III). Note de Benjamin Mve Ondo, Jean-Pierre Barbier et René P. Hugel, présentée
par Fernand Gallais.
L'iodé réagit, dans le chlorure de méthylène, avec les tris (dithiocarbamato) fer(III) Fe(S2CNRR')3, où
R = R' = Me, Et, — CH2 — Ph, R=Me, R' = Ph et RR'=^[CH2I4—, pour donner l'espèce moléculaire penta-
coordonnée Fe(S2CNRR')2I et du disulfure de thiuram. Dans le cas du diéthyldithiocarbamate, il se forme
aux fortes concentrations un composé d'addition Fe(S2CNEt2)2I, 1/21,.

COORDINATION CHEMISTRY. — Reaction of iodine on iron (III) dithiocarbamates.


lodine reacts in methylene chloride with iron(IH) dithiocarbamales Fe(S2CNRR')3, with R R'=Me, El,


CH2 — Ph, R = Me, R' = Ph and RR'= — \ CH214—, to give a molecular penlacoordinated species
Fe(S2CNRR')2I and thiuram disulfide. An adduct Fe(S2CNËt2)2I, 1/2/, is obtained in concentrated solution
with iron(l!l) diethyldiihiocarbamale.

L'oxydation des dithiocarbamates métalliques ([1], [2]) par les halogènes est un phéno-
mène connu; l'iode, en particulier, permet d'obtenir les composés Ni(S2CNEt2)3I3 et
Cu(S2CNEt2)2I3 [3] du nickel (IV) et du cuivre(III). Les halogènes sont également capa-
bles d'oxyder le dithiocarbamate en disulfure de thiuram, ce dernier composé pouvant
ensuite former de nouveaux complexes avec l'ion métallique central [4]. Dans la mesure
où le potentiel du couple FeIV(S2CNRR/)ï/Fem(S2CNRR/)3 (~0,55V par rapport au
système de référence Ag/AgCl) est inférieur à ceux des couples
Nilv(S2CNRR')37Nin(S2CNRR;)2 (~0,90V)
et Cum(S2CNRR')2/Cun(S2CNRR')2
(~ 0,70 V) [5], il nous a semblé, dans le cadre de nos études sur les degrés d'oxydation
non usuels des métaux de transition [6], que l'utilisation de l'iode pourrait nous donner
le cation FeIV(S2CNRR')3'. Jusqu'à présent, les seuls composés étudiés sont
FeIV(S2CNRR')3BF4 obtenus par action du trifluorure de bore en présence d'air sur des
tris (dithiocarbamato) fer (III) [7]. De leur côté, Pasek et Straub ont obtenu des composés
de formule brute Fe(S2CNRR')2I2 et Fe(S2CNRR')2I3 de structure mal définie en
traitant le dithiocarbamate de fer (111) par un excès d'iode [8]. Nous nous sommes proposé
d'étudier en solution l'action de l'iode sur une série de dithiocarbamates de fer (III)

La mesure de la variation continue de la densité optique à la concentration


10-3mol.dm-3 donne une cassure à 0,33 (fig. 1), en accord avec la réaction de deux
moles Fe(S2CNRR')3 par mole d'iode pour tous les dithiocarbamates étudiés sauf le
diéthyldithiocarbamate qui donne une stoechiométrie 1:1. Dans ce dernier cas, les solu-
tions évoluent lenternent, la cassure passant progressivement de 0,5 à 0,33 au bout de
3 h quelle que soit la longueur d'onde utilisée pour la représentation graphique du
phénomène (fig. 2).
Des composés solides ont été préparés dans le rapport stoechiométrique 1 : 2 : dé l'iode
(10 -4mole) est ajouté à 2.10-4mole de Fe(S2CNRR')3 dans 50ml de chlorure de
méthylène. Après concentration et addition d'éther, on isole un composé vert foncé de
formule Fe(S2CNRR')2I. Le second produit de réaction a pu être préparé avec le
méthylphényldithiocarbamate : après l'élimination complète du complexe
Fe(S2CNRR')2I, une forte concentration du mélange réactionnel et l'addition d'éther
conduisent à un solide blanc diamagnétique qui satisfait parfaitement à la formule
-
(MePhNCS-(S)2 SCNPhMe).
0249-6305/85/03010225 $2.00 © Académie des Sciences
226 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 4,1985

Fig. Mesure de la variation continue de densité optique, (AA), du système Fe(S2CNRR')3—12. Concentra-
1. —
tion KT3mol.dm~3; l=5mm; >*,=575nm. x, R = Me; R' = Ph; O, R=R' = Me.
Fig. 1. — Continuons variation of the optical density for the Fe (S2CNRR,)3—I2 System. Concentration
10-3mol.dm-3; cell width 5mm; wavelength 575nm. x, R = Me; R' = Ph; O, R—-R'= Me.
Fig. 2. — Mesure de la variation continue de densité optique, (AA), du système Fe(S2CNEt2)3—12. Concentra-
tion 10"3mol.dm-3; l = 2mm. x, immédiatement après préparation : A.=550nm; O, après 3h : V=600nm.
Fig. 2. — Continuous variation of the optical density for the Fe(S2CNEt2)3—I2 System. Concentration
10-3mol.dm-3; 1 = 2mm. x, immediately after preparation: %—550nm; Q, after 3hrs.; ^=600nm.
La réaction observée en solution doit donc s'écrire :

Les analyses et les propriétés magnétiques des composés solides sont données dans le
tableau.
Les complexes Fe(S2CNRR')2I obtenus sont tout à fait analogues à ceux préparés par
action d'un halogénure d'hydrogéné (avec X = C1, Br et I) ou du chlorure ferrique sur
des tris (dithiocarbamato) fer (III). Ces composés très étudiés dans les années 1966-1970,
en particulier les chloroeomplexes, sont pentacoordonnés avec une configuration pyrami-
dale à base rectangulaire; la symétrie C2„ est compatible avec un état fondamental quartet
(S = 3/2) [10]. La susceptibilité magnétique est très voisine pour tous ces composés,
indépendante à la fois des substituants R et R' et de f halogénure. Les valeurs de
ueff comprises entre 3,8 et 4,1M.B., caractéristiques de trois électrons célibataires sans
contribution orbitale (S = 3/2), sont en accord avec une hybridation dsp3 du fer (III).
Leurs spectres électroniques présentent de nombreuses bandes d'absorption dans le
domaine 200-800 mn, leurs fortes intensités suggèrent des transferts de charge
coordinat -> métal ou métal -» coordinat, plutôt que des transitions d-d.
L'action de l'iode sur le tris (diéthyldithiocarbamato) fer (III) a été étudiée à différentes
concentrations afin d'expliciterl'évolution de la cassure de 0,50 à 0,33. Pour une concentra-
tion analytique totale de 2.10-4mol.dm- 3, on obtient directement une cassure à 0,33
alors que pour des concentrations comprises entre 8.10~ 4 et 2.10_3mol.dm-3, elle est
située à 0,50 et évolue d'autant plus lentement vers 0,33 que la concentration est élevée.
Ces observations et le fait que le spectre électronique de la solution de rapport 1:1 soit
très voisin de celui décomposé Fe(S2CNEt2)2I, sont en accord avec la formation d'un
C
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 4, 1985

Composés

Fe(S2CNMe2)2I.
Fe(S2eNEt2)2I
Fe(S2CNMePh)2I
Fe<S2CN(CH2)3CH2)2I
(MePhNCS2)2
...

....... ..
calc.

17,0
25,1
35,1

25,3
52,7
trouvé

17,1
25,3
35,3

25,4
52,6
TABLEAU

Analyses et propriétés magnétiques des solides.


Analytical and magnetic data

calc.

2,9
4,2
2,9

3,4
4,4
H
N

trouvé

2,9
4,2
3,1

3,4
4,6
calc.

6,6
5,8
5,1

5,9
7,7
trouvé

6,8
5,8
5,3

6,4
7,7
C) Les corrections de diamaghétisme ont été calculées à l'aide des constantes de Pascal [9],
(a)

6750
6400
6800
6900 -
.

4,02
Diamagnétique
227

(b)

3,98
3,87
3,99

composé: d'addition de formule Fe (S2CNEt2)2L 1/212, stabilisé par une forte concentra-
tion d'iode.(L'existence de tels composés laisse penser que les composés solides de Pasek et
Straub [8] préparés en présence d'un excès d'iode sont de même type Fe(S2CNRR')2L nl2.
Notre étude a donc montré que l'action de l'iode sur le tris (dithiocarbamato) fer (III)
se traduit par l'équation :

c'est-à-dire par l'oxydation d'un coordinat (RR'NCS2 ^


1/2(RR'NCS2)2 +1e). La
grande labilité de la liaison Fe—S et la forte stabilité de l'espècemoléculaire pentacoordon-
née Fe(S2CNRR')2I peuvent expliquer ce résultat. Nous n'observons, en aucun cas,
l'oxydation du fer (III) en fer (IV).
Remise le 18 mars 1985, acceptéele 6 mai 1985. -

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Laboratoire de Chimie minérale,


Université de Reims, Faculté des Sciences, B. P. n° 347, 51062 Reims Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 4, 1985 229

CHIMIE MACROMOLECULAIRE.— Mode d'insertion du styrène dans des copoly-


mères styrèné-hexène-l, obtenus à l'aide d'un catalyseur «Ziegler » : caractérisation des
unités styrène isolées. Note de Ahmed Benaboura, Alain Deffieux et Pierre Sigwalt,
Correspondantde l' Académie.
La nature statistique de copolymères styrène-hexène-1 obtenus à l'aide du système bimétallique TiCl3-AlEt3
a été examinée par chromatographie par perméation de gel et par résonance magnétique du proton et du
carbone-13. La présence de motifs styrène isolés entre des séquences polyhexène a été caractérisée. Leurs.
déplacements chimiques observés en RMN du 13C ont ensuite été comparés avec ceux calculés par la méthode
.de Grant et Paul. Les résultats sont en accord avec une insertion de type primaire du styrène dans les liaisons
métal-carbone de l'amorceur.

MACROMOLECULAR CHEMISTRY- — The mode of styrene insertion in styrene-hexene-1 copolymers


obtained with a "Ziêgler" catalyst: Characterization of isolated styrene units.
The random nature of styrene-hexene-1 copolymers obtained with the bimetallic TiCl3-AlEt3 catalyst has been
characterized-by Gel Permeation chromatographyand by 1H and 13C NMR. The observed Ï3C chemical-shifts
of isolated styrene units have been cpmpared with theoretical shifts calculated by the Grant and Paul
method. Results.are in agreement with aprimary styrene insertionin metal-carbon bonds of the initiator.

Le mécanisme de polymérisation des a-oléfines par des catalyseurs à base de dérivés


de métaux de transition, communément appelés catalyseurs « Ziégler-Natta », a fait
l'objet de nombreuses études ([1] [2]). 11 a été montré notamment que là polymérisation
isospéeifiquedu propylène s'effectué par insertion primaire du monomère dans une liaison
métal-alkyle ([1], [2]):

tandis que l'obtention de polypropylène syndiotactique résulterait d'une addition du


monomère de type secondaire ([2], [3]) :


Styrène
(M)
Hexène-l
(M)
TABLEAU.I

%
3

de
M.
Copdlymérisation du styrène et de l'hexène-l par le système TiCl3-AlEt3 (1:3) dans le toluène à 45°C.

[TiCl3]±2x10-
[TiCl3]ia:2.10-3 M.

Styrene l-hexenecopolymerizationwith TiCl3-AlEt3 (1:3),m toluene at 45°C.

motifs
styrène
dans le
copolymère
Nombrede motifshexène
Nombrede motifs styrène
(1)
(2)(a)
(3) 1,32 0,76 1,4
é,14 8,8
6,4 14,6

(5)
10,4
1,02 1,25 10,2 8,8
1,12 20,3
(4)
2,06
1, 05 29,3 3,9

(a) l'heptane.
2,30 2,4
Dans

0249-6305/85/03010229 $2.00. © Académie des Sciences


230 C. -R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 4, 1985

10,2 %) et (5) (styrène 29,3 %). -----, détection par absorption ultraviolette; ,
détection par variation
d'indice de réfraction (solvant THF).
Fig. 1. — Gel permeation chromatograms of styrene l-hexene copolymers. Sample (3) (styrene 10.2%) and (5)
(styrène 29.3%); solvent THF. ultraviolet absorption; refractive index.
, ,

En ce qui concerne les a-oléfines supérieures, la formation de polymère isotactique


procède également par incorporation primaire du monomère. Toutefois, la polymérisation
syndiotactique des a-oléfines supérieures, résultant d'une insertion selon un mode secon-
daire sur des amorceurs syndio-spécifiques, n'est pas observée, vraisemblablement en
raison de contraintes stériques trop importantes ([3], [4]).
Parmi les a-oléfines, le styrène tient une place particulière du fait de son caractère
aromatique. C'est à cette particularité qu'il doit de se polymériser non seulement à l'aide
de catalyseurs « Ziegler », mais aussi par voie typiquement anionique, cationiqué bu
radicalaire. C'est peut-être en raison de cette grande versatilité qu'un intérêt limité a été
accordé à son mécanisme de polymérisation par les catalyseurs « Ziegler » et, à ce jour,
son mode d'insertion est encore très mal connu. Par analogie avec les a-oléfines linéaires,
Danusso et Natta ont considéré qu'il s'additionnait sur le métal dé transition par son
CH2 [5] mais aucune preuve directe de ce mode d'incorporation n'a encore été
apportée [6]. Par ailleurs, une insertion de type secondaire du styrène lors de sa réaction
avec des dérivés de métaux de transition a été proposée par plusieurs auteurs ([7], [8]).
Dans la mesure où le processus d'addition d'un monomère sur un site catalytique est
une source d'informationimportante sur les mécanismesde réaction mis en jeu, l'objectif
de la présente Note est de caractériser le mode d'insertiondu styrène dans des conditions
C. R. Acad. Sc; Paris, t. 301, Série II, n° 4, 1985 231

Fig. 2. — Spectres de RMN du proton à 90 MHz de la région aromatique de motifs styrène, (a) oligomères
de DP„ 1 (phényl-3 diméthyl-1.7 heptane), 5,.8 et 23; (6) copolymères styrène-hexène-1 [(1), (3), (4) et (5)].
.(Appareil Varian, solvant CC14,T°= 350C.)
'Fig. 2. — 90 MHz proton NMR spectra of the aromatic regions for styrene units. (a) oligomers of DP,, 1
(3-phenyl i/J-dimethyl heptané), 5, 8, 23; (b) styrene-hexene-1 copolymers [(l), (3), (4) and (5)]. (Varian
apparatus, CC/4, T°=35°C.)

spécifiques et contrôlées de polymérisations par un catalyseur classique de type


« Ziegler-Natta ». Celles-ci ont été réalisées au cours de la polymérisation du styrène et
de l'héxène-1 à *l'aide du système catalytique obtenu par réaction d'une solution toluénique
de AlEt3 avec TiCl3 a (Stauffer H), à 20°C(A1/Ti==3). Le mélange de monomères a été
introduit 20 mn après dans lé ballon réactionnel à 45°G.
COPOLYMÉRISATIONDU STYRÈNE ET DE L'HEXÈNE-1. Une série de copolymères styrèné-
—.
hexène-1 de compositions variables mais contenant des proportions majoritaires
d'hexèhe-1 a été synthétisée dans le toluène. Afin d'obtenir une distribution homogène
des deux monomères, les polymérisations ont été arrêtées à faibles conversions (<20 %).
Les pourcentages relatifs de styrène et d'hexène-1 incorporés ont été déterminés à partir
des spectres de RMN du proton des copolymères. Les résultats sont indiqués dans le
tableau I.
Les rapports de réactivité(r hexène-1 = 9,8 etr styrène=0,6) déterminés par la méthode
de Fineman-Ross sont en bon accord avec les valeurs déjà obtenues par la même
méthode [9].
CARACTÉRISATIONDES COPOLYMÈRES PAR PERMÉATION DE GEL. — Les produits obtenus
ont été caractérisés par perméation de gel. Les chromatogrammes des échantillons (3J
et (5) représentatifs de l'ensemble des copolymères sont présentés sur la figure 1. Ils
montrent la très grande polymolécularité des échantillons. La répartition relative des
deux types d'unités monomères en fonction de la massé moléculaire des copolymères a
été caractérisée par double détection. L'allure des signaux de détection par absorption
ultraviolette (sensible aux motifs styrène) et par variation de l'indice de réfraction (sensible
aux motifs hexène-1 et styrène) indique une répartition homogène des deux unités
monomères sur l'ensemble de la fraction I des produits. Une proportion plus faible de
motifs styrène est observée dans la fraction II représentant les rhacromolécules de très

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 17


232 G. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 4, 1985

TABLEAU II

Déplacementschimiques du 13C calculés [12] et observés pour des motifs styrène isolés
entre des séquences polyhexène.
Calculated [12] and observed 13C chemical shifts for styrène units isolated
betweenpolyhexene sequences.
Déplacementschimiques calculés Déplacements
chimiques
Enchaînement Enchaînement observés
secondaire primaire (a)

Cr
C1 47,5 41,4 41,3
C2 33,7 43,
7 43 1
C„ 34,3
CP 35, 5 32,
33,5 7
Cp 39,0
Cr 41,32
39,37 41,36
(a) En parties par million par rapport au TMS.

fortes masses moléculaires, ce qui- suggère l'existence de deux types de sites catalytiques
distincts. La présence d'homopôlystyrène (ou de copolymère très riche en styrène) qui
aurait pu également être formé par un mécanisme cationique n'a pas été détectée.
DÉTERMINATION DE LA LONGUEURMOYENNE DES SÉQUENCES STYRÈNE PAR RMN DU PROTON.

La formation de copolymères statistiques styrène-hexène a été confirmée par une
étude en RMN du proton. Il a été montré dans la littérature ([10], [1.1]) que des
informations sur la longueur moyenne des séquences d'unités styrène dans un copolymère
pouvaient être obtenues à partir des signaux des protons aromatiques. Les spectres de
RMN du proton de la région aromatique d'oligomères du styrène (DPn=1, 5, 8 et 23)
sont représentés sur la figure 2 a. Alors que pour des motifs styrène isolés, l'ensemble
des protons aromatiques résonne à 7,1.10- 6, l'enchaînementd'unités styrène consécutives
provoque un déplacement des H ortho vers 6,6.10-6, valeur atteinte pour des séquences
supérieures à cinq unités. La répartition des signaux des protons aromatiques des
copolymères (1) et (3), présentés sur la figure 2b est en accord avec la présence prédomi-
nante d'unités styrène isolées entre des séquences polyhexène tandis que pour les échantil-
lons (4) et (5) préparés à partir de mélanges monomères plus riches en styrène, la présence
additionnelle de séquences styrène courtes est observée. Il faut noter que l'observation

I. Enchaînementcorrespondant II Enchaînementcorrespondant
à une insertion primaire du styrène à une insertion secondaire du styrène
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série n, n° 4, 1985 233.

Fig. 3. —
Spectres de RMN du carbone-13 à 62,5 MHz d'un homopolyhexène (H)
et d'un copolymère styrène-hexène-1 (3) (styrène 10,2 %). (Appareil FT Brucker, solvant CDC13, T° = 30°C.)
Fig. 3. — 62.5 MHz 13C NMR spectrafor an homopolyhexene (H)
and a styrene-hexene-1 copolymer (3) (styrene 10.2%). (Brücker FT apparatus,ÇDCl3, T° = 30°C.)

de là présence de blocs: d'unités styrène est difficile à expliquer par les rapports de
réactivité déterminés par la méthode de Fineman-Ross. Ceci pourrait provenir de la
formation simultanée de deux familles de polymères comme semble le montrer les courbes
de GPC.
ÉTUDE DES UNITÉS STYRÈNE ISOLÉES, PAR RMN 13C.:— Les échantillons de teneur
DU
majoritaire en unités styrène isolées ont été examinés par RMN du 13C. Le spectre de
l'échantillon (3) et d'un homopolyhexènepréparé dans les mêmes conditions sont présentés
sur la figure 3. Lès déplacements chimiques relatifs aux motifs styrène isolés et aux unités.
hexène voisines sont indiqués dans le tableau II. Il faut noter que si les signaux des
carbones des motifs styrène peuvent être attribués sans ambiguïté, les résonances des
carbones des unités hexène voisines sont partiellement masquées par la résonance dés
autres motifs hexène et n'apparaissent que sous forme d'épaulements. Les déplacements
chimiques théoriques correspondant à une insertion du styrène dans les liaisons métal-
polymère selon un type primaire (I) ou secondaire (II) (voir schéma page 232) ont été
234 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 4, 1985

calculés d'après la méthode de Grant et Paul [12] en utilisant les paramètres améliorés
par Carman [13] et ceux relatifs au cycle aromatique déterminés par Randall [14].
Un bon accord est observé entre les valeurs expérimentales et les déplacementscalculés
pour une insertion du styrène de type primaire correspondant à l'enchaînement (I).
L'observation en catalyse « Ziegler » d'un mode d'insertion différent de celui observé
pour les autres mécanismes de polymérisation du styrène met en relief la particularité
des processus réactionnels mis en jeu avec les catalyseurs bimétalliques classiques
« Ziegler-Natta ».
Il faut cependant noter que des données expérimentales en faveur d'une insertion du
styrène de type secondaire ont été rapportées dans la littérature dans le cas de certains
systèmes à base de métaux de transition généralement apparentés aux catalyseurs
« Ziegler-Natta » (Cp2YMe)2 [15], ZrBz4-AlEt3 [16], systèmes au nickel [17], etc.
Une étude détaillée du mode d'insertion du styrène dans le cas de systèmes catalytiques
à base de différents métaux de transition est actuellement en cours.
Remisele 29 avril 1985.

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Laboratoire de Chimie macromoléculaire associé au C.N.R.S., n° 24,


Université Pierre-et-Marie-Curie,4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 4, 1985 235

GÉOLOGIE STRUCTURALE. — Sur la morphogenèse karstique et glacio-nivale du


Péloponèse septentrional (Grèce). Note de Guilhem Fabre et Richard Maire, présentée par
Jean Aubouin.
Sur le versant N du Helmos (2341 m), identification d'un glacio-karst et de deux nivo-karsts étagés typiques,
développés dans des brèches carbonatées d'âges variés du Günz à anté-Würm supérieur. Le karst est en partie
scellé par une moraine tardi-würmienne et des brèches würmiennes.

STRUCTURAL GEOLOGY. —Pleistocene-Holocene glacial-nival and karstiemorphogenesis in the N


Péloponèse.:
On the N Helmos side the authors identified a typical disposed in tiers glacio-karst and two nivo-karsts dug in
limestone breccia (Günz-prerSUperiorWürm). Kürst is partly covered with a tardi-würmian moraine and würmian
breccias..

1. CADRE, — Dans le Péloponèse septentrional et la partie centrale du bourrelet


corinthien, au Sud-Est d'Aegion, le massif du Helmos (Chelmos, Aroania, 2 341 m)
présente un très grand versant Nord escarpé à macros redans se poursuivant dans la
mer du golfe de Corinthe. Il s'inscrit entre les petits fleuves de Vouraikos (Ouest) et du
Krathis (Est) (fig. 1). Sa morphogenèse, intimement liée à la néotectonique, particulière-
ment efficiente, est tout à fait originale du sommet jusqu'à, en gros, 1600 m. Elle s'intègre
dans le contexte des Dinarides et de la zone du Pinde ([1] à[5]) (fig. 2), où s'observent
ici la nappe de Gavrovo-Tripolitza (fenêtre de calcaires néritiques dolomitisés à la base
d'âge Lias-Crétacé inférieur, 2341-1800 m) et celle du Pinde (calcaires pélagiques d'âge
Crétacé supérieur, 1800 à .,..). Elles entrent en contact chevauchant vers 1500 m avec
la série marno-sableuse plio-calabrienne ravinée par un puissant épendage (quelques
dizaines de mètres) conglomératiquevillafranchien. L'ensemblede ces formations affectées
aussi par des failles normales plip-pléistocènes est raviné (racine vers 1900 m-aval vers
1250 m) par un vaste cône de déjection à éléments bréchiques carbonates d'âge mal
défini, mais post-Villafranchien (Günz ? Mindel?) [4]. Il recouvre les niveaux supérieurs
érodés des conglomérats villafranchiens.
Sur ce bâti des formes-formations ont pu être découvertes, décrites et calées génétique-
ment dans le Pléistocène-Holocène.

Fig. 1. —-
Situation.
Fig. 1. — Situation.

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236 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 4, 1985

Fig. 2. —
Coupe géologico-géomorphologiquedu haut versant Nord et Nord-Ouest du Helmos (Péloponèse).
1, nappe de Gavrovo-Tripolitza; 2, nappe du Pinde-Olonos; 3, Plio-Calabrien; 4, Villafranchien; 5, Gùnz?,
Mindel?; 6, Würm ancien?; 7, moraine tardi-glaciaire; 8, chevauchement [(a) connu, (b) supposé]; 9, faille
[(a) connue, (b) supposée]. A = karst glacio-nival; B = karst nival supérieur peu évolué; C = karst nival
inférieur évolué.
Fig. 2. —
Geological and geomorphological section of the north and north west high Helmos side (Péloponèse). 1,
Gavrovo-Tripolitza thrust sheet; 2, Pinde-Olonos thrust sheet; 3, Plio-Calabrian; 4, Villafranchien; 5, Gûnz?,
Mindel ?; 6, inferior Wûrm ?; 1, late glacial moraine; 8, overthrust fault [(a) known, (b) supposed]; 9, fault [(a)
known, (b) presumed]. A = glacio-nival karst: B = récent and superior nival karst; old and inferior nival karst.

2. MORPHOLOGIE DES FORMES-FORMATIONS ÉTAGÉES GLACIO-NIVO-KARSTIQUES. — Plusieurs


secteurs sont à considérer ( fig. 2 et 3) : (a) Du sommet du Helmos vers le Nord jusqu'à
1 800 m se développe un karst glacio-nival typique avec cirques-dolines, peu de lapiès,
pas de puits, rares vallons karstiques incipients et dépôts brechiques récents très épars.
Ils sont partiellement ravinés par une moraine représentant la dernière avancée glaciaire
sur ce versant donc d'âge tardi-würmien-Holocèneinférieur. Au droit et aussi en contrebas
de l'arc frontal morainique les brèches précitées forment une petite nappe d'épaisseur
inférieure à 10 m au maximum ( fig. 3).
A la base de l'arc, elle est ravinée par un éboulis morainique historique alors qu'à
l'aval elle fossilise largement le paléo-cône (Günz? Mindel? cf. avant). Sa mise en place
est par conséquent comprise dans la fourchette post-Mindel-anté Wûrm supérieur. En
l'absence d'élément de datation absolue, l'analyse morphoscopique du matériel plaiderait
en toute hypothèse, en faveur d'un âge relatif, Würm ancien. Ce fait pourrait être étayé
par l'existence d'un nivo-karst à base de lapiès juvéniles sans remplissage à têtes raclées
(fig. 3).
(b) Vers 1 750 m, le paléo-cône forme un vaste replat ( fig. 3) [6] très karstifié, littérale-
ment criblé de micros vallons, de champs de dolines-puits, en entonnoir et en baquet
profonds de 6 à 10 m et de 10 à 50 m de diamètre, des lapiès très évolués (profondeur
de 2 à 5 m) perforés, à rigoles arrondies (rundkarren), mégas couloirs (crypto-corrosion)
et même d'un micro-poljé (taille 500-1 000 m) avec ponor temporaire à l'Est sans doute
drainé par l'importante source de Planiteron située au Sud-Est à quelques 20 km. Ce
remarquable nivo-karst supra-forestier à rares pelouses (semi-forestier à l'aval) est plus
évolué que le précédent. Il contient aussi bien des remplissages anciens (non datés) que
des débris libres arrachés aux nappes brechiques anciennes et récentes-actuelles.
3. INTERPRÉTATION ET CONCLUSION. — L'analyse de cette zone sommitale du versant
Nord du Helmos est particulièrement instructive concernant la morphogenèse glacio-nivo
karstique de la bordure Nord de la Méditerranée. Dans un espace réduit, on peut y
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Fig. 3. - Coupe des formes-formations pléistocènes et holocènes vers 1800-1 750 m (détail fig. 2). moraine 1,
tardi-glaciaire; 2, éboulis morainique frontal; 3, brèches (Würm ancien?); 4, brèches (Gûnz? Mindel?); 5,
nappe du Pinde Olonos; 6, drainage souterrain; 7, lapiès; 8, champ de dolines; 9, micro-poljé.
Fig. 3. — Pleistocene-holocene formations-forms section at about 1800-1 750 m (sec. fig. 2). 1, late glacial
moraine; 2, scree frontal morainic; 3, breccia (inferior Würm); 4, breccia (Günz? Mindel?); 5, thrust sheet of
the Pinde-Olonos; 6, subterraneanflow; 7, lapiès; 8, dolines field; 9, little poljé.

identifier en effet de haut en bas un bel étagement de karsts supra-forestiers : karst


glacio-nival (évolué), karst nival supérieur (juvénile) et karst nival inférieur (très
évolué)-évolutifs actuellement.
Leur inscription dans des brèches carbonatées d'âge Giinz à an té-Wûrm supérieur
atteste de phases de karstification efficientes depuis le Mindel; l'épisode Holocène étant
à privilégier avec l'action d'eaux de fusion glacio-nivales abondantes et agressives. Ces

([7],
[8], .
faits se corrèlent valablement avec d'autres observations précédemment formulées
[ 9].
Signalons en outre que l'existence de la moraine tardi-würmienne permet de proposer,
pour cette période, une limite des neiges éternelles vers 2 100 m dans tout ce secteur du
Péloponèse, soit 100 m de moins qu'en Crète ([7], [8]).
Remise le 29 avril 1985.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] J. DERCOURT, Thèse doctorat d'état es sciences; Ann. Géol. Pays belle., 15, 1964, 418 p.
[2] J. Fr., XV, (7), 1973, p. 426-460.
AUBOUIN, Bull. Soc. géol.
[3] J. Fr., XIX, (7), 1977, p. 6-10.
AUBOUIN, Bull. Soc. géol.
[4] J. DUFAURE, Carte géologique du Péloponèse, Inst. Géol. Paris, 1977.
J.
[5] ANGELIER, Thèse doctorat d'état es sciences, Paris-VI, Soc. Géol. Nord, 1979, publ. n° 3, 412 p.
J.
[6] J. DUFAURE, Revue Géog. Phys. et Géol. Dynam., XIX, (2), 1977, p. 27-58.
J.
[7] G. FABRE et R. MAIRE, Comptes rendus, 294, série II, 1982, p. 1135-1137.
[8] G. FABRE et R. MAIRE, Méditerranée, 48, n° 2, 1983, p. 39-49.
[9] G. FABRE et R. MAIRE, Mém. Assoc Française de Karstologie,n° 5, 1985, 45 p.

Unité associée n° 903 du Centre national de la Recherche scientifique,


Karst et Géosystèmes karstiques dans les Domaines méditerranéen et alpin;
G. F. : Laboratoire de Géographie physique, Institut de Géographie,
Université Paul-Valéry, B. P. n° 5043, route de Mende,
34032 Montpellier Cedex;
R. M. : Le Four Verchaix, 74440 Taninges.
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GÉOLOGIE. direction
— Mise en évidence d'une structuration en blocs basculés de
sud-armoricaine au cours du Jurassique dans le Sud-Ouest du Bassin de Paris (Berry). Note
de Claude Lorenz et Jacqueline Lorenz, présentée par Jean Aubouin.

L'étude détaillée de la couverture sédimentaire du Sud du Bassin de Paris (Berry) permet de mettre en
évidence, au cours du Jurassique, le basculement vers le Nord de longs blocs, le long d'accidents de direction
sud-armoricaine.

GEOLOGY. — Existence of a tilted block structuration along the south-armoricandirection, in the southern
part of the Paris Basin during the Jurassic.
The detailed sludy of the sedimentary cover of the southern partof the Paris Basin (Berry) shows, during the
Jurassic, the formation of tilted blocks ioward the North along basementfaults of south-armoricandirection.
INTRODUCTION.

du Poitou a fait l'objet d'études structurales ([1], [2]), il
Si le seuil
n'en est pas de même pour le Berry où l'on ne peut citer que le travail ancien de
G. Dollfuss [3] et plus récemment les observations faites à l'occasion des recherches
pétrolières ([4], [5]) et des levers de cartes géologiques [6]. C. Megnien, enfin, indiqua
quelques directions structurales dans le Berry, sur une carte généfaie du Bassin de
Paris [7].
Ces divers travaux mettent en évidence la présence de structures orientées WNW-ESE
prolongeant les accidents du Sud du Massif Armoricain. Dans lé yseuil du Poitou,
G. Mathieu [8] s'est attaché à en suivre la tracé, dans les terrains mésozoïques entre la
Vendée et le Limousin. Par contre, le prolongement des structures septentrionales du
seuil du Poitou, dans la couverture du Sud du Bassin de Paris n'avait pas été tenté.
Récemment [9], nous avons mis en évidence un grand trait structural, « l'Accident Sud du
Bassin de Paris » qui, depuis Ancenis, par les failles de Nort-sur-Erdreet du Loudunais; se
poursuit par l'anticlinal de Ligueil-Arpheuillles reconnu, par les sondages pétroliers [4],
puis par celui de la Forêt de Châteauroux [10], avant de buter sur la faille méridienne
du Cher, aux environs de Saint-Amand-Montrond. Cet accident du socle hercynien qui
constitue une branche septentrionale du cisaillementsud-armoricain a eu un rejeu impor-
tant au cours de Bathonien. Dans la région de Châteauroux, vers le Bathonien moyen,
une grande flexure a déformé les dépôts antérieurs remontaht.les formations vers le Nord
et entraînant leur émersion jusqu'à l'Oxfordien moyen. Le rejet de cette déformation
synsédimentaire est de l'ordre de 200 à 300 m.
DÉCOUVERTES RÉCENTES. L'étude systématique d'une partie du Berry, poursuivie pour

l'élaboration de la carte géologique, a permis de reconnaître sous les épandages tertiaires,
des structures généralement synsédimentairesaffectant les séries jurassiques.
Aux environsd'Argenton-sur-Creuse, le Bajocienprésenté des déformations particulière-
ment intéressantes. C'est ainsi que dans la carrière du Bridonnet [11] à 2 km à l'Ouest
de la ville, on peut observer — fait rare dans le Bassin de Paris — un petit pli anticlinal
synsédimentaire affectant un calcaire finement oolitiqué déjà en partie induré lors de sa
déformation. Ce pli est scellé par un dépôt conglomératique à traces d'évaporites et à
petits glissements synsédimentaires. Latéralement ces mêmes calcaires sont soit déformés
de manière souple, soit fracturés par une tectonique cassante.
Un peu au Nord, le long de la dérivation routière sous la voie ferrée, une série de
petites failles limitent des blocs décamétriques de calcaire fin, basculés vers le Nord et
scellés par un dépôt conglomératiqùe remplissant les parties en creux.

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A. Représentation schématique de la structure en blocs basculés dans le Sud du Bassin de Paris.


B. Blocs basculés et déplacement relatif du manteau d'après E. Faugère [13].
A. Schematic frame of the tilted blocs structure in the southernpart of the Paris Basin.
B. Tilted blocs and relative displacement of the mantle, after E. Faugère [13].

L'ensemble de ces déformations peut être daté du Bajocien inférieur. Dès maintenant
il faut insister sur le fait que ces plis ou fractures de direction WNW-ESE ont toujours
pour effet de remonter la série située au Nord.
De tels faits peuvent être observés tant dans le Dogger que dans le Malm : dans les
vallées de la Gartempe et de l'Anglin, les assises de calcaires récifauxdits du « Rauracien »
(Oxfordien supérieur) présentent des affleurements identiques répétés du Sud au Nord,
par suite du jeu de petites failles généralement E-W.
A l'échelle régionale, la réapparition de témoins jurassiques normalement recouverts
par les dépôts crétacés par exemple, aux environs de Châtellerault ou à l'Ouest de
Chinon, est due à des flexures ou à des failles entraînant un soulèvement de leur
compartiment septentrional. On retrouve le même schéma sur les coupes de sondages
établies à la base du Cénomanien par G. Lecointre [2] dans le Nord du Poitou et l'Ouest
du Berry.
INTERPRÉTATION. — L'existence de grands accidents comme celui de Châteauroux, ou
de zones à petites déformations comme à Argenton, de plis ou de fractures plus ou moins
isolés, orientés selon la direction sud-armoricaine, provoquant toujours le soulèvement
des terrains situés au Nord, ne peut pas être fortuite.
Sur les coupes de l'Accident Sud du Bassinde Paris, dans la région de Châteauroux ([9],
fig. 3 c) apparaît au niveau du socle une série de petits blocs basculés vers le Nord à la
limite entre deux grands blocs inclinés également vers le Nord.
Pour la famille d'accidents décrite plus au Sud à Argenton, la même figure et la même
interprétation sont valables. Ces deux zones à petits blocs basculés déca- à hectométriques
limitent alors un grand bloc basculé d'environ 25 km de large. Sur ce bloc et sur celui
situé au Sud, se sont déposés au cours du Bathonien supérieur d'épais calcaires à débris
et à oncolithes (« calcaires de Ruffec »); ceci au Sud de l'Accident Sud du Bassin de
Paris, jouant au cours du Bathonien, et amenant la crête du bloc nord à l'émersion.
Cette image rappelle les blocs basculés décrits par D. Bureau [12] dans le Mésozoïque
algérien.
Si l'on étend cette interprétation aux autres accidents parallèles, tant au Nord jusqu'à
l'anticlinal de Graçay, qu'au Sud jusqu'au prolongement oriental de celui de Montmoril-
lon, on est conduit à mettre en évidence ainsi, du Sud vers le Nord, une succession de
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grands blocs légèrement basculés vers le Nord, relativement étroits (de 15 à 30 km). Â la:
jonction de ces blocs, la couverture sédimentaire est fracturée ou flexurée. Ce régime
pourrait se développer depuis la Faille de la Marche au Sud jusqu'à la Sologne au Nord
(fig- A).
La formation de ces blocs correspond à des rejeux, en régime distensif, dès le Dogger,
affectant les grandes structures paléozoïques du domaine armoricain, avec des mouve-
ments tardifs post-cénomaniens et pouvant se prolonger actuellement.
Le sens de basculement vers le Nord de ces blocs constitue l'enregistrement d'une
distension à composante NNE-SSW. D'après les expériences de E, Faugère [12], on
pourrait en déduire un déplacement relatif du manteau vers le centre du Bassin de Paris
(fig. B). On remarquera cependant qu'au Jurassique, ces directions structurales sont
fortement obliques par rapport à l'axe d'ouverture de l'Atlantique,
Remise le 6 mai 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] G. MATHIEU, in Colloque Seuils en Géologie, Poitiers, Comité Tr. Hist Scient., 1962, p. 646-656.
[2] G. LECONTRE, B.R.G.M. Publ., n° 22, 1959, p. 1-104.
[3] G. DOLLFUSS, BuH. Serv. Carte géol. Fr., 16, n° 98, 1905, p. 3-17.
[4] S.SAPIN, Bull Soc géol: Fr., (7), IX, 1967, p. 327-354.
[5], F.HÉRITIER et J.VILLEMIN,Bull B.R.G.M.,(2),S. 1, n° 2, 1971, p: 11-30.
[6] -S. DEBRAND-PASSARD et Y. GROS, Bull. Soc. géol Fr., (7), XXII, 1980, p, 647-653.
[7] C. MEGNIEN, Bull B.R.G.M., (2), s. 1, n° 2, 1971, p. 31-40.
[8] G. MATHIEU,90e Congr. Soc Sav., Nice, II, 1965, p. 183-187.
[9] C. LORENZ et J. LORENZ, Comptes rendus, 297, série II, 1983, p, 73-76.

[11] C. LORENZ etJ. LORENZ, Géol. France, n° 3, 1983, p. 255-260.


[10] G. LORENZ.et J. LORENZ, Bull. Inf. Géol. Bassin Paris, 17, n° 4, 1982,.p. 205-210;

[12] D. BUREAU, Bull Soc. géol Nord, CIII, 1983, p. 231-246.


[13] E. FAUGÈRE, Thèse 3e cycle, Paris, 1984.

C. L. : Département de Géotectonique, L.A. n° 215 du C.N.R.S.,


Université Pierre-et-Marie-Curie, 4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05;
J. L. : Laboratoire de Géologie des Bassins sédimentaires,
Université Pierre-et-Marie-Curie, 4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05.
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PRÉHISTOIRE. Île-de-France : le gisement de Saint-Sulpice-de-


— Du Solutréen en
Favières (Essonne). Note de Charles Sacchi, Béatrice Schmider et Francis Chantret,
présentée par Jean Piveteau,

Un gisement solutréen a été découvert au Sud de l'Ile-de-France dans une région qui semblait à l'écart de
l'aire d'extension de cette culture. On peut le rattacher à un faciès tardif du Solutréen moyen développé en marge
du foyer principal de peuplement. Le problème dès rapports avec l'importante implantation badegoulienne dé
la zone stampienne est posé par des convergencestypologiques.
PREHISTORY.— A solutrean industry discovery in Ile-de-France at Saint-Sulpice-de-Favières(Essonne).
A solutrean site has been disvovered south of the Ile-de-France, outside of this culture's region. Relating this.
site to a late middle solutrean facies, developed marginally to this population's regional center, is
suggested. Typological convergencies formulate the problem of its relationship to the well establishedstampian-
zone Badegoulian.

II semblait acquis que la Solutréen n'avait pas pénétré en Ile-de-France, le foyer


principal de cette culture se situant entre Loire et Pyrénées, Dans sa monumentale étude,
Ph. Smith ([1], p. 370); suggère des causes chmatiqués pour expliquer cette lacune. Il est
vrai que c'est seulement à partir de la fin du Magdalénien que les plaines de l'Ile-de-France
semblent fréquentées de façon continue et relativement dense, en rapport sans doute avec
l'adoucissement climatique du Tardiglaciaire. Les hauteurs de grès et sables stampiens,
qui bordent les vallées affluentes du sud de là Seine dans leur traversée du Hurepoix et
du Gâtinais, représentaient toutefois un milieu privilégié à cause des abris possibles
parmi les éboulements rocheux. Elles ont livré des vestiges assez abondants des périodes
antérieures au Madgalénien (Périgordien supérieur et Badegoulien) [2]. La découverte
dans cette région d'un gisement solutréen, outre ce qu'elle apporte à l'histoire ancienne
du peuplement en Ile-de-France, est importante parce qu'elle touche à la diffusion d'une
culture curieusement restreinte et au développement encore mal connu.
1. LOCALISATION. — Le gisement se trouve à une altitude de 105 m environ, sur le
flanc sud-ouest de la « Montagne de Segrez », butte stampienne qui culmine à 153 m,
dominant la vallée de la Renarde (affluent de l'Orge). Le site est inclus dans le domaine
du château de Segrez. Vers 1750, le Marquis d'Argenson fit tracer une grande allée face
à la cour d'honneur du château et escaladant le flanc de la butte.: Ces travaux, dont on
retrouve |a trace, sous formé d'un talus bordant la principale allée forestière, sont
responsables du remaniement d'une partie du gisement mais aussi de sa découverte. C'est
en effet en bordure de ce talus que Charles Sacchi repéra les premiers silex. Deux
campagnes de fouille eurent lieu (sous la direction des signataires de cette Note) en 1983
et 1984.
2. STRATIGRAPHIE. — Plusieurs sondages, ont été effectués le long du versant. Dans
l'excavation principale, sous l'humus, on rencontre un sable gris devenant plus foncé à
la base et se chargeant en cailloutis de grès et de silex meulier. cette couche, dé 70
à 80 cm d'épaisseur, repose : sur un alios (horizon compact bruh-rouge constitué par
l'accumulation d'acides organiques cimentant localement les éléments détritiques) de
topographie irrégulière. Un sable jaune (Stampien en placé?) a été atteint sous l'alios.
Les silex taillés sont épars dépuis l'humus jusqu'à la surface de l'alios qui semble
constituer la base du dépôt. Des zones de concentration de l'industrie ont été remarquées
autour de gros blocs gréseux. La dispersion verticale des silex, le pendage de l'alibs,
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« Feuille de laurier » mise au jour au cours de la campagne de fouilles de l'été 1984,


à Saint-Sulpice-de-Favières,Essonne (Dessin de J. Jaubert).
Typical leaf-shaped point ("laurel leaf type) unearthedfrom the Saint-Sulpice-de-Favièressite,
during the last season of excavations, summer 1984 (Drawing by J. Jaubert).

comme l'orientation du cailloutis suggèrent plusieurs coulées de direction NE-SO. Les


recherches entreprises plus haut sur le versant et sur la platière, pour découvrir l'origine
de ces coulées et éventuellement un niveau archéologique en place, n'ont rien donné pour
l'instant. Par endroit, la stratigraphie se complique par suite de la superposition de
plusieurs sols fossiles.
3. L'INDUSTRIE LITHIQUE. — Malgré cette imprécision stratigraphique, l'abondance de
l'industrie (autour de 300 pièces façonnées et plusieurs milliers de pièces brutes) et son
apparente homogénéité (uniformité de la patine, du style de débitage et de la retouche)
en font un ensemble très significatif. L'outillage est fabriqué dans un silex d'origine locale
[3], provenant de la craie campanienne affleurant sur les versants de la vallée. Quelques
éclats de grès, en particulier un fragment de pièce foliacée en grès lustré, semblent faire
partie du même ensemble.
Les éléments caractéristiques sont les nombreux fragments de pointes foliacées à
retouches couvrantes, en majorité bifaces (35 % environ du total de l'outillage). Une seule
pièce est entière (fig,)-. C'est une «feuille de laurier», longue de 102 mm et dont
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l'épaisseur maximale ne dépasse pas 5 mm. Elle est pointue à l'extrémité distale, s'élargit
dans sa partie médiane (largeur maximale de 44 mm), et se resserre vers l'extrémité
proximale, tendant au pédoncule. Le talon, lisse, est conservé. La pièce est retouchée sur
les deux faces par de larges enlèvements très plats, obtenus probablement par percussion
directe. Les bords portent une fine retouche de régularisation.
Parmi les fragments, on peut distinguer des extrémités pointues et des bases convexes.
La feuille de laurier typique, symétrique, pointue aux deux extrémités, peut cependant
exister (certains fragments pointus assez épais, où l'on entrevoit un bulbe, sont probable-
ment des bases). Un petit pourcentage (à peine 10%) est uniface, à retouche totale de la
face supérieure. Il s'agit de pièces étroites et allongées. Les longueurs des pointes foliacées
(estimées à partir des morceaux) devaient être comprises entre 50 et au moins 150 mm.
Quelques pièces bifaciales épaisses, de profil dissymétrique, sont sans doute des ébauches
cassées en cours de fabrication. De nombreux éclats minces, en forme d'écaillé, témoignent
également d'un façonnage sur place.
Le style de l'outillage courant, fabriqué sur éclats laminaires relativement épais,
contraste fortement avec la taille soignée des pointes foliacées. Les burins surtout, en
majorité d'angle sur cassure, sont très frustes, sauf quand l'enlèvement a été porté à
l'angle d'un fragment de pièce foliacée. Les grattoirs sont plus nombreux que les burins
et de meilleure facture; ce sont les outils les plus laminaires; les bords montrent générale-
ment une retouche écailleuse. Cette retouche écailleuse (évoquant parfois le type Quina)
se retrouve sur les bords de lames larges ou d'éclats assimilables alors à de véritables
racloirs. Des perçoirs rares, à pointe épaisse passant au museau, quelques tronqués
souvent sur éclat court avec dégagement d'un bec latéral grossier, complètement la sérié.
Il n'y a pas de lamelle à dos abattu.

INTERPRÉTATION.

La morphologie des pointes foliacées, comme d'ailleurs la composi-
tion générale de l'outillage (prédominance des grattoirs sur les burins, pièces mous-
tériformes), placent incontestablement le gisement dans le Solutréen moyen. L'absence
de pointe à cran et de « feuille de saule » écarte en effet toute assimilation au Solutréen
supérieur. Il est intéressant de souligner que le Solutréen de Saint-Sulpice-de-Favières
rentre tout à fait dans le cadre du Solutréen moyen des franges nordiques, de l'aire
d'extension de cette culture, tel que le définit Ph. Smith [1]. Le Solutréen du Centre-Ouest
(grottes de Saulges en Mayenne, abri de Monthaud dans l'Indre) et du Centre-Est
(Solutré) s'individualise par l'absence des pointes à face plane, une forte composante
moustérienne, et la présence en faible pourcentage de feuilles de laurier unifaces (pointes
de Badegoule). Les pointes foliacées y sont variées par les dimensions comme par la
morphologie : outre les feuilles bipointes, on trouve des bases convexes, des bases
resserrées ou pédonculécs.
Ph. Smith émet l'hypothèse que, dans ces zones marginales, le Solutréen moyen a pu
couper ses relations avec le centre de peuplement du Sud-Ouest et perdurer pendant que
se développe ailleurs le Solutréen supérieur. Comme, en Ile-de-France, les principales
phases de peuplement semblent pouvoir être parallélisées avec les périodes d'amélioration
climatique, une attribution du Solutréen de Saint-Sulpice-de-Favièresà l'interstade Würm
III-Würm IV (interstade de Laugerie) représente une hypothèse raisonnable.
La proximité et la richesse des implantations badegouliennes, dans la zone stampienne,
permet d'autre part d'évoquer un problème qui a été formulé, à diverses reprises, ces
dernières années ([4], [5]). Les modalités du débitage (effectué à partir de nucléus discoïdes
et fournissant une majorité d'éclats), les outils moustériformes, les grattoirs sur lames
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épaisses à bords retouchés, les becs passant aux museaux façonnés sur éclats courts, se
retrouvent dans le Badegoulien du Beauregard ([2], p. 63) comme à Saint-Sulpice. D'un
autre côté, des lames appointées à retouches couvrantes partielles, proches des pointes à
face plané, se remarquent dans les séries provenant du Beauregard. Ainsi la question des
rapports entre le Solutréen et le Badegoulien se trouve également posée dans notre région
de façon très nette.
Remise le 22 avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] P. SMITH, Le-Solutréen en France, Publ. de l'Institut de Préhistoire de l'Université de Bordeaux, Mém.
5, Delmas, 1966, 451 p.
[2] B. SCHMIDER, Les industries lithiques du Paléothique supérieur en Ile-de-France, 6e suppl. à Gallia-
Préhistoire, 1971, rééd. 1984, 218 p.
[3] Identification pétrographique effectués par M. Mauger, U. A. n° 275.
[4] J. CLOTTES, Le Lot préhistorique. Inventaire préhistorique et. protohistorique, Bull, de la Soc. des Etudes
littér., scientif, et art. du Lot, fasc. 3 et 4, 1969, 285p.
[5] F. TROTIGNON, T. POULAIN et À. LEROI-GOURHAN,Études sur l'Abri Fritsch (Indre), XIXe suppl. à
Gallia-Préhistoire, 1984, 122p.

V.A. n° 275 du C.N.R.S.,


Laboratoire d'Ethnologiepréhistorique,
3, rué Michélet, 75005 Paris.
C. R. Acad. Sc, Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 247

MÉCANIQUE DES FLUIDES.S— différents mécanismes de déplacements visqueux et


capillaires en milieu poreux: Diagramme de phase. Note de Roland Lenormand, présentée
par Pierre-Gilles de Gennes.
Les résultats expérimentaux de déplacements d'un fluide mouillant par un fluide non mouillant dans un
réseau gravé montrent que les mécanismes de base peuvent être de type percolation, agrégation limitée par
diffusion (A.L.D.) ou piston, suivant les conditions d'injection. Dans cette Note, les frontières de ces différents
domaines sont déterminées parun calcul approché des forces visqueuses et capillaires en fonction des propriétés
géométriques du milieu poreux. Pour un réseau 2 D.. de taille quelconque; ces trois domaines sont localisés sur
un diagramme dont les axes représentent le rapport de viscosité et le nombre capillaire.

MECHANICS OF FLUIDS. — Mechanisms of capillary and viscous displacements in porous media a


phase diagram.
Experimentalresults concerning the displacement of a wettingfluid by a non-wetting fluid in an etched network
dépend upon injection conditions. The basic mechanisms can be described either by percolation, by diffusion
limited aggregalion (D.L.A.) or piston type displacement. In this paper, the boundaries of these three domains
are determined by calculating capillary and viscous forces as functions of the geometrical properties of the
network. Finally, the three domains are displayed on a general diagram with axes representing the viscosity ratio
and the capillary number.

Les résultats expérimentaux [1] de déplacements d'un fluide mouillant par un fluide
non mouillant dans un réseau gravé montrent que, suivant les conditions d'injection, les
mécanismes de base peuvent être de type percolation d'invasion [2], agrégation limitée
par diffusion (A.L.D.) [3] ou piston. Le bût de cette Note est de situer ces trois types de
mécanismes sur un diagramme général. Pour cela, les frontières du domaine où l'un des
mécanismes est prépondérant sont calculées en admettant que les effets des mécanismes
perturbateurs sont à la limite de pouvoir être décelés par l'observation directe ou la
mesure d'une grandeur macroscopique comme la saturation.
De façon générale, considérons un réseau L x L de maille carrée constitué par l'intercon-
nexion de tubes capillaires de différents diamètres D répartis suivant une loi (D) telle /
que / (D) dD = 1. Le maximum de cette fonction correspond à D0 et la largeur moyenne
est définie par ÀD= 1/f (D0); Dx et D2 sont les limites inférieure et supérieure correspon-
dant aux fractions non décelables (1/100 par exemple). Le réseau est saturé par un fluide
1 (viscosité m) déplacé par un fluide 2 (viscosité fi2) avec une vitesse moyenne V. La
tension interfaciale entre les fluides est y. Le déplacement est caractérisé par le rapport
de viscosités M = u2>Vi et le nombre capillaire Ca = Vµ2/y. Rappelons que le gradient de
perte de charge ÀP/Z est relié à la perméabilité monophasique k par AP/l — µq/(kS) où q
est le débit et S la section de l'écoulement. Pour simplifier l'écriture des résultats, nous
admettrons que la perméabilité est de l'ordre de grandeur de DQ et que le diamètre
moyen des canaux est égal au pas du réseau (D0 = a).
PERCOLATIOND'INVASION. — Dans ce domaine, les forces capillaires sont prépondérantes
et les forces visqueuses sont les mécanismes perturbateurs. Le calcul est basé sur les
approximations suivantes :

Au seuil de percolation (breakthrough), les forces visqueuses entraînent un écart
(fraction x positive ou négative) entre le nombre de canaux effectivement envahis et ceux
qui le seraient dans un déplacement quasi statique. Nous admettons que cet effet est
décelable lorsque |x| devient supérieur à une valeur s, fonction de la précision de
l'observation (s = 1/100 par exemple).

0249-6305/85/03010247 $ 2.00 © Académie des Sciences


C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 18
248 G R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

Diagramme de phase M-Ca (rapport de viscosité-nombrecapillaire) des différents mécanismes de déplacement


dans un réseau 2D, en échelle Log-Log. a/L est le rapport entre les longueurs microscopique et
macroscopique; E est une constante, de l'ordre de 0,01.
Three domains corresponding to the different displacement mechanisms are shown as a M-Ca phase diagram
(viscosity ratio-capillary number) in Log-Log scale. a/L is the ratio between microscopic and macroscopic
lengths; s is a small constant, of the order of 0.01.


Au voisinage du seuil de percolation (supposé correspondre à D0), toute variation
de pression ôP entraîne une variation ôD de la taille des canaux accessibles (loi de
Laplace : PC = 4Y/D) et par conséquent une variation Sp de la proportion de canaux
accessibles (S/7=/(D0)SD) qui s'exprime par :

En admettant que la variation de la fraction de canaux envahis x soit égale à op sur


la frontière ( | x | = e) :

L'écoulement du fluide injecté entraîne une augmentation de pression 5P2 sur la



face d'injection lorsque les canaux situés à l'extrémité de l'amas injecté sont envahis. Cet
écoulement est modélisé par un seul chenal (représentant l'armature de l'amas de percola-
tion) dont la longueur est de l'ordre de L et la section axa :


Par contre, l'écoulement du fluide mouillant crée une diminution de pression 5Pi
sur la face d'entrée lorsque les canaux voisins de l'entrée sont envahis. En admettant que
le fluide mouillant s'écoule librement dans le réseau (section a x L) :
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 249

La variation totale de pression se met sous la forme :

D'où trois zones, suivant la valeur de M par rapport à a/L :


(1) Mpa/L. Le mécanisme perturbateur dominant est l'augmentation de pression due
à la viscosité du fluide injecté. Le nombre de canaux envahis augmenté près dé la
face d'injection (transition vers le déplacement piston). Le nombre capillaire limite est
indépendant de M :

(2) M<a/L. Le mécanisme perturbateur est la dépression due aux pertes de charge
visqueuses dans le fluide mouillant. Le nombre de canaux envahis est donc plus faible
près de la face d'injection et les digitations plus filiformes (transition vers A.L.D.). Le
nombre capillaire limité est alors fonction du rapport de viscosité M :

(3) 'M&d/L.- Les deux effets se compensent (les Variations de pression sont de signes
opposés) et le modèle ne permet pas' le calcul de Ca*; Il est logique de penser que sa
valeur est supérieure à celle de chacun des mécanismespris séparement.
AGREGATION LIMITÉE PAR DIFFUSION.

La ressemblance entre la forme des digitations
et les structures obtenues par A.L.D. peut s'expliquer par l'analogie entre l'équation de
diffusion et celle décrivant l'écoulement du fluide en place [3] (dans la limite de forces
capillaires nulles et de viscosité nulle du fluide injecté). Le mécanisme de base est la
dissipation visqueuse dans le fluide mouillant; la capillarité ou la viscosité du fluide non
mouillant étant les mécanismesperturbateurs.
Les effets capillaires sont surtout associés aux très larges pores qui créent des dépres-
sions (les pertes de charge étant en D- 4; les petits canaux ne seront pas déplacés). Sur
la frontière, la variation de pression capillaire APc = 4y(i/D0—1/D2) est de l'ordre de
grandeur de la perte de charge dans le fluide mouillant à l'échelle du pore.
Avec D2>D0:

D'autre part, les effets visqueux liés à l'écoulement dans les digitations augmentent la
pression sur la face d'entrée ce qui entraîne le remplissage de canaux supplémentaires.
Un modèle simple de deux canauxen parallèles, l'un très court près de l'injection et l'autre
de longueur L représentantla digitation, permet de calculer les vitesses d'avancements Sur
la frontière, le volume déplacé dans le petit canal est faible (fraction s) devant le volume
déplacé dans le plus long :

PISTON.

Le mécanismeprincipal est lié à la viscosité dû fluide injecté. La distribution
de taille de pores crée une irrégularité du front (les larges canaux sont envahis plus
facilement) mais grâce aux interconnexions du réseau, l'effet de moyenne joue son rôle
sur une distance de quelques pores.
Les effets capillaires perturbateurs sont liés à la différence de pression capillaire
§PC=4Y(1/DJ — 1/D2) entre les pores les plus larges D? et les pores les plus fins D1. Cet
250 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

effet devient appréciable lorsque SPC est de l'ordre de grandeur des pertes de charge à
l'échelle du pore dans la colonne de fluide injecté (section a x a). En admettant D2>DX :

Les effets visqueuxdans le fluide mouillant se traduisent par un élargissementprogressif


du front lorsque M diminue. Ce mécanisme demande une étude supplémentaire et
provisoirement nous retiendrons la valeur M = 1 comme frontière de ce domaine (instabi-
lité en milieu homogène).
Ces résultats sont regroupés sur un diagramme M-Ca en échelle log-log (fig.). Les
zones hachurées correspondent aux mécanismes « pratiquement » purs et les zones inter-
médiaires (en blanc) aux interactions entre deux ou trois mécanismes (région centrale).
Les frontières en tirets correspondent aux extrapolations des calculs.
Remise le 25 mars 1985, acceptée le 13 mai 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] R. LENORMAND et C. ZARCONE, Proceedingsof Vth Int. Conf.Phys. Chem. Hydro., Tel-Aviv, 1984.
[2] E. GUYON, J.-P. HULIN et R. LENORMAND, Ann. Mines, mai-juin 1984, p. 17-40.
[3] L. PATERSON, Phys. Rev. Let., 52, n° 18, 1984, p. 1621-1624.

Schlumberger Doll Research Ridgefield, Connecticut 06877-4108, U.S.A.


et Institut de Mécanique des Fluides, 2, rue C.-Camichel, 31071 Toulouse Cedex.
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 251.

PHYSIQUE DE LA MATIÈRE CONDENSÉE. — Étude des ions moléculaires


Gef,+ (n/p£25; 1 ^p^4) produits par émission de champ à partir de pointes liquides. Note
de Jean Van de Walle et Pierre Joyes, présentée par Raimond Castaing..

Nous donnons le spectre de masse des ions Ge£+(ls=pïs4) obtenus par évaporation de champ à partir
d'une pointe liquide. On observe en particulier que, comme pour les ions Shft, les intensités d'émission des
ions Ge'+ présentent en fonction de n une périodicité remarquable, modulo 6. Ce phénomène est interprété
comme dû à des maxima de stabilité des Ge3n+ qui apparaissent chaque fois que l'on peut les considérer comme
formés d'un nombre entier de boucles de 8 atomes, chaque boucle ayant 2 atomes en commun avec sa voisine.

CONDENSED MATTER PHYSICS. — Study of Gepn+ ions (n/p?25; lâpàty produced by liquid métal
ion sources.
We present the mass spectrum of Ge^ (1 <p< 4) ions produced by the liquid metal ion source (LMIS)
technique. We observe that the Gef.+ ions present, as the Sn3n+ ions, a module 6 remarkable periodicity. This
phenomenon is interpreted as due to maxima of stability which appear when the number of atoms is such thàt it
is possible to form with them an entire number of 8-alom rings having, two by two, a common side.

I. INTRODUCTION. Les informations contenues dans les spectres de masse des agrégats

moléculaires produits par émission ionique secondaire (SIMS) [1] ou par évaporation de
champ à partir d'une pointe liquide (LMIS) [2] sont extrêmement nombreuses.
On peut mentionner l'alternance pair-impair qui apparaît dans les intensités d'émission
des Cun+ (ions de rang n impair plus intenses) phénomène observé aussi bien en émission
ionique qu'en évaporation de champ. L'étude des mécanismes d'émission a permis de
montrer que cette alternance était due à une alternance correspondante des stabilités des
Cun+. Le calcul des propriétés électroniques de ces amas a effectivement confirmé cette
conclusion [3]. Signalons que l'alternance pair-impair est renversée pour les Cu2n+ (ions
de rang pair plus intenses) [4], ce qui est en accord avec les calculs de stabilité.
D'autres types de périodicités remarquables ont été mis en évidence. Par exemple les
ions O+n, Sb+n, Sn+ présentent une périodicité de leurs intensités respectivementmodulo 3
[5], 4 [6] et 8 [7]. Ces résultats montrent que, dans la construction des amas, intervient
un motif répétitif, respectivement : la molécule d'ozone 03, un tétraèdre Sb4 et un anneau
:S8. "y
Nous donnons ici les résultats que nous avons obtenus en LMIS pour un élément du
groupe TV, le germanium. Notons que des périodicités remarquables ont déjà été observées
pour ce groupe. Les C^ ( 10 :>«:>30) présentent une périodicité modulo 4, phénomène
observé par jet ensemencé [8] ou par SIMS [9] : les Sn,^+ (20 > n > 50) présentent une
périodicité modulo 6 mise en évidence par LMIS [10].
IL, MÉTHODELMIS, - Une source à évaporationde champ est obtenue par application
.
d'un champ électrique extrêmement intense à une «pointe liquide» métallique. Cette
dernière est réalisée par mouillage d'une pointe de tungstène par le métal liquide à
étudier. Seuls les éléments à point de fusion relativement bas (<1 500 K) peuvent donc
être analysés parcette technique. En outre, il apparaît quelquefoisdes difficultés : certains
éléments mouillent difficilement la pointe (cuivre, argent) ou l'attaquent chimiquement
(uranium). Des solutions ont été proposées à ces problèmes(voir [11] et [12]).
La pointé liquide a aussi pu être observée en cours de fonctionnement au microscope
électronique de 3 MeV [13]. Sa forme est sensiblement celle d'un cône au sommet duquel
on observe un jet cylindrique, correspondant à la matière arrachée, dé diamètre inférieur
à 40À. Signalons que les différences de potentiel appliquées; sont de l'ordre de 5 kV, ce

0249-6305/85/03010251 $ 2.00 © Académiedes Sciences


252 G. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

Fig. 1. —
Spectre de masse des ions GeJ(l â?S4) produits par évaporation de champ.
Fig. 1. — Mass spectrum of Gepn(l 5|.Pë4) ions formed in LMIS.

qui conduit à des champs électriques au sommet de la pointe de l'ordre du volt par
angström. Les courants totaux sont environ de 50 uA.
Le mécanisme de formation d'amas que nous avons proposé dans d'autres travaux
([4], [10]) se fonde sur les informations précédentes. Des goutelettes Xpn+ de rayon voisin
de 20 Â et de charge P~50 charges élémentaires (P est estimé à partir du champ à la
surface de la pointe, de l'ordre du volt par angstrôm) sont arrachées par le champ.
Certains sont dans un état métastable et explosent à quelque distance de la pointe selon
la réaction unimoléculaire :

en donnant des particules « filles ». Ces ions Xpn+ sont dans leur état fondamental car
l'énergie d'excitation est évacuée en énergie cinétique des fragments. La réaction 1 peut
se produire selon plusieurs voies caractéristiques par les valeurs de n et p et la probabilité
pour qu'une voie soit empruntée dépend de la stabilité de Xpn+ dans son état fondamental.
On comprend ainsi comment sont reliées, dans le cas particulier de la méthode LMIS,
les deux grandeurs « intensité d'émission » et « stabilité ».

III. ÉTUDE DU GERMANIUM. — Les résultats de la figure 1 montrent notamment que


l'émission Ge3 + présente une périodicité modulo 6 (comme pour l'étain, un pic apparaît
pour Gef g , Ge^Ge^Ge3,,Ge|J). On note aussi que vers n~45, la périodicitémodulo
6 semble changer d'origine et reprendre décalée par rapport à la précédente (pics pour
Ge64 , Ge
GP3+ 3+
Ge70 Ge3+1
, . . ., Ge88 ).
Nous proposons ici une première interprétation qualitative de ces résultats qui devra
être vérifiée par des calculs de stabilité. Dans la première partie du spectre (n<45) un
maximum de stabilité apparaît chaque fois qu'un nombre entier de boucles de 8 atomes
(hybridation sp 3) peut se former. Ces boucles sont liées par un côté commun, ce qui
induit une périodicité modulo 6 (fig. 2). Notons que la périodocité modulo 8 des S„+ [7]
se fait aussi vraisemblablement à partir d'un motif répétitif S8 mais qui se lie par
interaction ion-dipôle induit, et non par mise en commun d'atomes.
Dans le cas des Ge3+, le motif répétif s'ajoute à une structure initiale Ge3^" qu'il est,
pour l'instant, difficile de préciser. Elle peut être de nature covalente avec les trois charges
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 253

Fig. 2. —
Représentation schématique d'une périodicité modulo 6
par accolage de chaînes Ges.
Fig. 2. — Schematic representation of a modulo 6 periodicity
ohtained by Ge8-ring sticking.

positives délocalisées sur les 19 atomes ou constituée d'un ion central 3 fois chargé
retenant par interaction ion-dipôle induit une molécule neutre de 18 atomes.
Le décalage signalé plus haut peut s'expliquer par l'existence d'un nombre critique
d'atomes (de l'ordre de 45) où, après s'être étendue dans l'espace, la molécule aurait
tendance à se compacifier en se recroquevillant sur elle-même. Une ou plusieurs nouvelles
boucles pourraient alors se fermer, où le nombre d'atomes non mis en commun avec le
groupement précédent serait inférieur à 6. Il se formerait ainsi une nouvelle structure de
base Ge3+64 à partir de laquelle se reproduirait le processus de croissance précédent,
modulo 6:
Dans ce domaine nouveau des petits amas, il est difficile de rapprocher le mécanisme
proposé de comportements connus. Signalons cependant que l'agrégation en chaîne
rectiligne d'amas Mo6 par mise d'un côté en commun se rencontre dans certains composés
comme NaMo406 [17]. Dans les phases de Chevrel, les amas Mo6 forment aussi un
arrangement linéaire en mettant en commun une face (c'est-à-dire trois atomes); il se
construit ainsi des amas s'arrêtant à Mo9 ou à Mo12 mais pouvant aussi s'étendre
indéfiniment [16].
Notons pour conclure que, du point de vue expérimental, l'étude du silicium publiée
récemment par Tsong [17] n'explore que la région n/p>6 où n'apparaissent pas encore
les périodicités de l'étain ou du germanium. Nous nous proposons d'étendre à cet élément
notre étude expérimentale.
Remise le 4 mars 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] G. SLODZIAN, Ann. Phys. Fr., 9, 1964, p. 591-648.


[2] P. SUDRAUD, C. COLLIEX et J. VAN DE WALLE, J. Phys. Let., 40, 1979, p. L207-L211.
[3] P. JOYES, J. Phys. Chem. Sol, 32, 1971, p. 1269-1275.
[4] P. JOYES et P. SUDRAUD, Surf. Sc. (à paraître).

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 19


254 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série H, n° 5, 1985

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[9] M. LELEYTER et P. JOYES, J. de Physique, 36, 1975, p. 343-355.
[10] J. VAN DE WALLE et P. JOYES, J. Phys. (à paraître).
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[12] J. VAN DE WALLE et P. SUDRAUD, Procéeding of the 29th International Field Emission Symposium,
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[13] G. BENASSAYAG et P. SUDRAUD, J. de Physique, 45, 1984, p. C9-223-226.
[14] G. BENASSAYAG,P. SUDRAUD, P. JOYES, J. VAN DE WALLE et R. CASTAING, J. Phys. (à paraître).
[15] M. POTEL, Thèse d'État, Rennes, 1981.
[16] C. C. TORARDI et R. E. MCCARLEY,J. Amer. Chem. Soc, 101, 1979, p. 3963-3964.
[17] f. T. TSONG, Appl. Phys. Let., 45, 1984, p. 1149-1151.

Laboratoire de Physique des Solides, Bât. n° 510,


Université de Paris-Sud, 91405 Orsay.
C. R. Acad. Sc, Paris, t; 301, Série II, n° 5, 1985 255

CHIMIE MINÉRALE. — Prévision par ordinateur de la composition et des propriétés


physico-chimiques des halogéno-chalcogénures des éléments des groupes AIII et
A^(ApB™Ç™AlB^Cl11, avec Am Ga, In; Av-=As, Sb, Bi;B™ 0, S, Se, Te;
= =
CVII—F, Cl, Br, I). Note de Sardar Gadjiev et Sergej Koutolin, présentée par Jean Flahaut.

La possibilité d'existence, la composition et les propriétés physico-chimiques des: composés du titre sont
calculées par ordinateur, à l'aide de fonctions discriminantes établies à partir des coefficients de Chebichev X,
des éléments constituants. La prévision de l'existence des composés est faite de la somme des produits
Yi= £-"|X| suivant la méthode de Koutolin. Près de 200 halogéno-chalcogénures ont été analysés, dont la
moitié ont été antérieurement décrits par lés diagrammes de phase et par cristallographie.

INORGANIC CHEMISTRY. — Computer foerecast of the compositions and physical-chemicalproperties


of the Chalcogenid (Oxo)-halides formed by elements of the An and Av groups. (A^B^CY11; AjB^C™,
Am=Ga, In, Av=As, Sb, Bi; B^O, S, Se, Te; CVU=F, Cl, Br, I).

Formation possibility, composition and physico-chemical properties of the title compounds are forecast by
computer, from the discriminantfunctions calculated with the ChebyschevX, coefficients of the constituting
elements. The formation of these compounds is forecastfrom the sum ofthe Y;= £ a,-X,-functions, according
tô thë KoutolMs method. About 200 halogeno-chalcogenides are analyzed, half of them having their existence
previously shown by phase diagrams and crystallographicstudies.

Chaque constituant des composés Aj^B^CJ11 et A^B^C™ est affecté de 13 coefficients


de Chebichev Xf [1] qui, sous forme polynomiale, représentent les variations d'énergie
dés électrons de valence des bandes s, p et d de l'élément à l'état condensé, en relation
avec les quasi-moment correspondant aux premières, deuxièmes et troisièmes zones de
Brillouin, et avec la position du niveau de Fermi. Les 3 constituants de chaque composé
font intervenir 39 coefficients de Chebichev auxquels on ajoute 3 autres coefficients
correspondant aux poids relatifs des coefficients stoechiométriques X40 = m/m-f-n + g,
X4i=n/m+n+q,. XA2 = q/m+n + q. Connaissant lés valeurs X,- d'après Koutolin
et coll. [1], nous avons calculé les valeurs des coefficients m, n, q dans les composés
considérés. L'emploi de la méthode des fonctions discriminantes conduit à une fonction
42
de la forme Y= j] a;X; dont la valeur est calculée par ordinateur « BESM-6 », et qui
i=1
permet de prévoir la possibilité de formation d'un composé. Les. composés A™Bj!Cjn et
A^B^Cj11.sont stables pour les valeurs de Yf supérieures à —1,60.: Les composés suivants,
pour lesquels rY-< -1,60, sont instables : GaOF(Y = -1,87), GaSeF(Y = -1,82);
GaTeF(Y = -2,18), InOF(Y = -l,91), InTeF(Y=-2,13) en accord avec les observa-
tions de Hahn tet Nickels ([4], [5]) et Hahn et Kàtscher [6]. Les thiochalcogénures de
gallium GagSgCl11 et Ga9S8Br11 (Hardy et Cottreaù [7]) ont des valeurs respectives de
Y égales à—1,261 et 1,293, correspondant a la stabilité.
Cependant les valeurs de Y; voisines de la limite. —1,60 ne permettent pas une prévision
satisfaisante et des déterminations expérimentales sont alors nécessaires.
Parmi les composés A^B^Cj*1 correspondant à m = n==q—l, les suivants, pour lesquels
Y£ est inférieur à —1,60, n'existent théoriquement pas: AsOF(Y= —1,88),
AsSF(Y= -l,70), AsSBr(Y=-l,80), AsSeF(Y=-1,83) et AsSeBr(Y=-1,78). Par
contre, Tes composés signalés par [8] ont des valeurs de Y supérieures à — 1,60:
0249-6305/85/03010255 $ 2.00 © Académiedes Sciences
256 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5,1985

TABLEAU I

Densité des composés An,BVICVII.

D D
(g. cm- 3) (g. cm- 3)

AIIIBVICVII Exp (7) Calc AmBvicvn Exp (5) Calc

GaOBr 3,510 3,669 InSeCl 4,520 4,381


GaSeBr 3,920 3,755 InSBr 4,290 4,188
GaSI 3,700 3,562 InSel 4,580 4,381

TABLEAU II

Enthalpie de formation standard des composés AVBVICVI1.

—AH29g —AH298
(KJ/mole) (K-J/mole)

AvBvicvm Exp (8) Calc AVBVIC™ Exp. (8) Calc.

SbSBr 121,0 + 12 120,90 SbTel 5,8 + 8 57,5


SbSI 106 ±10 89,61 BiTel 77,0±9 77,5
SbSel 93 +12 89,61 BiSel 114 +10 113,5

SO298
TABLEAU III
Entropie de formation des composés AvBVICvn
So
298
(J/mole K) (J/mole K)

AvBvicvn Exp (8) Calc AVBVIC™ Exp. (8) Calc.

SbSBr 132 + 13 132,0 SbTel 156±15 143


SbSI 113 + 6 113,0 BiSel 140 + 11 142,5
SbSel 130 + 7 143,0

SbOI(Y = -0,654), Sb4O5I2(Y=-0,793), Sb807I(Y= -0,913), Sb8011I2(Y=-0,835),


Bi405I2(Y= —1,411), Big011I2(Y= —1,399) et leur existence est ainsi théoriquement
confirmée.
La méthode d'analyse de régression [1] conduit à des relations permettant le calcul des
propriétés physico-chimiques.
Masse spécifique :

Enthalpie de formation standard :

Entropie de formation standard :

expressions dans lesquelles les termes X; représentent les coefficients de Chebichev des
atomes A, B et C.
La comparaison de nos prévisions avec les observations expérimentales (4 à 11) prouve
que 140 combinaisons peuvent être prévues et que leurs propriétés physico-chimiques
G. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 257

concordent avec les déterminations expérimentales à l'approximation de 10 à 15 pour


cent.
Remisele 15 avril 1985, acceptée le 20 mai 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] S. A. KOUTOLIN et V. A. KOTJOUKOV, Izv.Akad. Nauk. S.S.R., Neorgan. mater., 16, 1979, p. 1389-1392.
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Chaire de chimie physique et colloïdale,


Université d'Azerbaidjan,23, rue de P.-Loumoumba, 370073, Bakou.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 259

CHIMIE DE L'ÉTAT SOLIDE. — Étude structurale d'un oxysulfure lacunaire de


lanthane et de gallium (La0)4Gai 72S4j5g. Note de Sylvie Jaolmes, Daniel Carré, Marcel
Palazzi et Micheline Guittard, présentée par Jean Flahaut.

Cette nouvelle phase non stoechidmétrique est formée de couches [La O] parallèles au plan [001], séparées
alternativement par des couches [GaS3] non lacunaires et par des couches [Ga0,72S1,58] lacunaires.

SOLID STATE CHEMISTRY. -Structural study of (LaO)^ Ga1,72 S4,58.


This nevinon stoichiometric phase is built up of [LaO] loyersparallelto the plane [001], alternativelyseparated
by non lacunar loyers [GaS3] and by lacunar loyers [Ga0,72 S1, 58].

INTRODUCTION, —
Le composé (LaO)4Ga172S4i58 appartient au système
(LaO)2S"Ga2S3 dont le diagramme de phase est décrit dans le cadre du système quater-
naire;La2S3-La203-Ga203-Ga2S3{i].Tl subit une décomposition péritectique à 1085°C.
Ses conditions de. préparation-ont déjà été décrites [1];. la meilleure est de partir du
mélange de La203, La2S3 et Ga2S3, chauffé vers 1000°C pendant 1 semaine en ampoule
scellée de silice. Les cristaux nécessaires à l'étude structurale ont été obtenus en chauffant
le composé vers 1100°C, et en opérant un refroidissement très progressif. On peut
également les préparer en utilisant des mélanges plus riches en Ga2S3 qui, en raison de
la présence d'un eutectique pour n —0,76 et 885°C, donnent lieu à des équilibres liquide-
solide entre les compositions n=0,30 et n=0,40 (h=Ga/Ga+La) pour des températures
comprises entre 1040 et 1085°C. Par trempe depuis ces températures, on obtient des
cristaux de (LaO)4Ga1,72S4,58au sein d'une masse vitreuse.-Ce composé a reçu précédem-
ment la composition (LaQ)4Ga1,33S4(1,8)
DÉTERMINATION DE LA STRUCTURE CRISTALLINE.

Les cristaux sont jaune-vert clair
transparents de forme parallélépipédique de dimensions : 18 x 92 x 90 um.
La maille est quadratique :

et contient une masse formulaire par maille. Le groupe spatial est P4/m m m. Les
intensités de 427 réflexions indépendantes par symétrie, ont été enregistrées à l'aide d'un
diffractomètre automatique à quatre cercles « Syntex» en utilisant la radiation Ka du
molybdène (Monochromateur à lame de graphite; balayage co-2 0 dans l'intervalle des
angles 20!—0,7° et 202-fO,7°, 0t et 02 étant les angles de diffraction correspondant
aux longueurs d'onde K»1 et Ka2 du molybdène); sm0/}L§0,732. Les intensités ont été
corrigées des facteurs de Lorentz et de polarisation et du phénomène d'absorption au
moyen du programme de J. A. Ibèrs d'après la méthode analytique décrite par de
Meulenaer et Tompa [2].
Par sa méthode de préparation, sa morphologie externe, ses paramètres, ce cristal
ressemble aux composés (CeO)4Ga2S5 et (LaO)4As2S5 [3] étudiés au laboratoire. Ici le
I
réseau est P alors qu'il est dans ces derniers. Nous avons donc utilisé au départ les
positions atomiques de ces structures: Le résidu cristallographique atteint rapidement la
valeur 0,11. Le programme d'affinement utilisé est celui de Busing [4]. Les facteurs de
diffusion sont ceux donnés par International Tables for X-ray, Crystallography (1974)
Après plusieurs cycles d'affinement les facteurs d'agitation thermique anisotrope sont
introduits pour tous les atomes;

0249-6305/85/03010259 $ 2.00 © Académie des Sciences


260 C. R. Acad. Se. Paris, t 301, Série II, n° 5, 1985

Projection du contenu de la maille sur le plan 010.


Projection of the cell content on the 010 plane.
TABLEAU I

Positions atomiques et facteurs d'occupation des sites cristallins.


Atomic positions and occupancy factors of the crystal sites.

Facteurs
Atome d'occupation x y z peq

La(l) 1 0 0 0,1890(2) 1,5


.
La(2) 1 1/2 1/2 0,323 5(2) 1
O 1 0 1/2 0,254(2) 1,7
Ga(l) 1/4 0,206(6) 0 1/2 1,8
S(l) 1 1/2 1/2 1/2 2,6
S(2) 1 0 0 0,3908(9) 1,2
Ga(2) 0,18 0,29(1) 1/2 0 4,8
S(3) 0,62 1/2 1/2 0,111(1) 1,9
S(4) 0,34 0 0 0 3,3

Les atomes de lanthane et d'oxygène, ainsi que les atomes de soufre S(l) et S (2),
occupent complètement leur site. Les atomes de gallium pour des raisons stériques
occupent, comme dans (CeO)4Ga2S5, au maximum un quart de leurs sites, ce qui est
effectivement le cas pour l'un d'eux, le Ga(l). Le deuxième atome Ga(2), ainsi que les
atomes S (3) et S (4) (tableau I), montrent un déficit dans leur facteur d'occupation. Après
plusieurs cycles d'affinement les facteurs d'occupation se stabilisent et le facteur R atteint
la valeur 0,074 pour 274 réflexions telles que les intensités soient supérieures à 2a(I).
Comme dans (CeO)4Ga2S5, la terre rare et l'oxygène forment des couches [LaO]
perpendiculaires à l'axe quaternaire [001], constituées de tétraèdres d'atomes de lanthane
ayant en leur centre un atome d'oxygène. Ces couches [LaO] sont alternativement séparées
C. R, Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 261

TABLEAU II

Distances interatomiques (A).


Interatomic distances.
La(l)-O 2,40 (2) x4
La(l)-S(3) x4
La(l)-S(4). .............. 3,26(1)
3,523(5)
.
La(l)-S(2)... ..... ........ ... 3,76 (2)

La(2)-.O
La(2)-S(2)
x4
2,43 (2).
3,1771(7) x4
La(2)-S(1). 3,290(4)

Ga(l)-S(2).
Ga(l)-S(l);
Ga(2)-S(3).
Ga(2)-S(4).

O-La(l). .........
.

O-La(2). ........... ..
...
.
.:.;........
2,21 (2)
2,39 (1)

2,24(3)
2,39 (3)

2,40(2)
2,43(2)
x2
x2
x2
x2
x2

x2

Ga(l)-Ga.(l). ... .:. .. .... 1,20 (4) x2


Ga(l)-Ga(1). . . . ...
1,70(5)
Ga(2)-Ga(2). ... 1,21 (7) x2
Ga(2)-Ga(2).
.
.,
. . . . . . . .
1,7 (1)

l'une de l'autre par des couches de compositions respectives [GaS3] et [Ga0t72S158], de


structures semblables et ne différant entre elles que par les facteurs d'occupation des sites
de gallium et de soufre. De plus, la présence d'une grande proportion de lacunes dans la
couche [Ga0>72Sli58] conduit à son élargissement (7,05 Â) par rapport à la largeur de la
couche [GaS3] (6,56 Â, ces distances correspondant à la différence des cotes le long de
Oz entre atomes La(l) et La(2) voisins) (fig.). Simultanément les environnements des
atomes de La(l) et La(2) sont légèrement modifiés : les distances La(2)-S (atomes de
soufre de la souche [GaS3] non lacunaire) sont plus courtes que les distances La(l)-S
(couche [Ga0,72S1,58] lacunaire). Inversement les distancés La(2)-0 sont plus longues que
La(l)-0. On notera cependant que pour les deux atomes La(1) et La(2), toutes les
distances La-O sont relativement courtes, et toutes les distances La-S relativementlongues
(tableau II), par rapport à ce qui est habituellement observé dans les composés sulfurés
et dans les composés oxygénés formés par le lanthane : La-S de 2,94 à 3,06 Â et La-O
de 2,48 à 2,69 Â. :
De semblables variations se retrouvent dans tous les oxysulfuresen feuillets formés
par le lanthane et un second métal précédemment décrits : (LaO) AgS [5], (LaO)CuS [6],
(LaO)2SnS3 [7], (LaO)4As2S5 [1]; elles établissent l'individualité du feuillet (LaO) au sein
d'un environnement sulfure [8].
CONCLUSION. — L'intérêt du composé décrit dans cette Note est, de montrer que les
couches de sulfure du second métal peuvent être lacunaires. Ce « vide structural » ne
peut se concevoir que si, par ailleurs, les groupements constitutifs de la structure ont
une stabilité et une rigidité suffisantes : la solidité et l'individualité du feuillet quadratique
(LaO) sont ici particulièrement mises en évidence.
Remisele 20 mai 1985.
262 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Laboratoire de Chimie minérale


structurale associé au C.N.R.S. U.A. n° 200,
Faculté des Sciences pharmaceutiqueset Biologiques de Paris-V,
4, avenue de l'Observatoire,75270 Paris Cedex 06.
C. R. Acad. Se. Paris, t 301, Série H, n° 5, 1985 263

CHIMIE DE L'ÉTAT SOLIDE. — Caractérisàtionetpropriétés diélectriques de nouvel-


les solutions solides de typé « bronzes de tungstène quadratiques » contenant uranium et
éléments alcalino-terreux. Note de Jean Thoret et Daniel Mercier, présentée par Jean
Wyart. :
Les substitutions uranium-calcium et uranium-strontium dans BaCaANbspis, BaSrANb5Oi:; et
,
Sr2ANb5015(A=K 6u Tl) ont permis de synthétiser six nouvelles solutions solides dérivées de la structuré
« bronzes de tungstène quadratiques » : BaCa1_;cAUx/2Nb5015(l&S;SÔ),BaSr1_iAUx/2Nb5O15(l^x^0) et
Sr^^^^AUjNbsOjsXO^^cicgO).Tous ces matériaux appartiennent au système quadratique, possédant des
propriétés piézoélectriques et férroélectriques. Le remplacement progressif du calcium ou du strontium par
l'uranium diminue les paramètres cristallinsde la maille et la température de Curie ferroêlectrique.

SOLID STATE CHEMISTRY. — Characterization and dielectric properties of new solid solutions with
"tetragonal tungsten bronze" structure inçluding uraniumand earth-alkaline elements.
The uranium-calcium and uranium-strontium substitutions in BaCaANbs015, BaSrANb5015 and
Sr2ANb5015(A=Kor Tl) have allowed to prepare six new phases with the "tetragonaltungsten bronze" structure
BaCa1_xAUH2Nb5015(l^x^O)BaSr^^AU^NbsO^ilèx^O)and Sr2(1_x^(^&5O15(0,5èxè0). AU
thèse materials belong to quadratic System and have piezoelectric and ferroelectric properties. Replacement of
calcium or strontium by uranium is responsible of a decrease of the crystallineparameters and of the ferroelectric
Curie temperature.

Récemment un ion de valence IV(Th4+ ou U4+) a pu être introduit dans les sites de
coordinencés 15 et 12 du réseau cristallin de type « bronzes de tungstène quadratiques »
lors de l'étude de nombreux systèmes ([1] à [8]). Ces travaux ont montré que la substitution
du plomb ou d'un alcalino-terreux par le thorium ou l'uranium entraînait une modulation
des diverses grandeurs caractéristiques telles que la déformation spontanée, la température
dé Curie ferroélectrique et le rendement harmonique.
Dans, cet article, nous, avons choisi les Composés férroélectriques suivants:
BaCaANb50ls, BaSrANb5Ol5 et Sr2ANb5015 dans lesquels nous avons précisé l'in-
fluence de la substitution uranium-calcium ou uranium-strontium sur les propriétés
cristallocnimiqueset physiques de ces matériaux.
I. ÉTUDE CRISTALLOCHTMIQUE. -r- Les matériaux étudiés appartiennent aux systèmes :
BaCaANb5O„-U0>25Nbb3, BaSrANb5015-Uo,2sNb03, SrjANb5O15-U0,25NbO3. Les
phases limites ont été synthétisées à partir de l'oxyde de niobiurn et des carbonates de
potassium, de baryum, de calcium et de strontium. Les solutions solides sont ensuite
obtenues par réaction dans l'état solide en tube de silice scellé sous atmosphère d'argon
pour tous les composés à 1180°C, selon les schémas réactionnels suivants :

L' étude radiocristallographique a mis en évidence six solutions solides :


ABaCai^Ux/2Nbs015 (l^xèO), ABaS1_xNb^p (l^x^O)
et ASr2(1_;c)TJ;cNb5O15(0,5^x^0) avec A = K ou Tl. Tous ces matériaux présentent une
non-stoecrnométrie catibnique dans les sites de coordinencés 15 et 12; le nombre de
lacunes évoluant de 0 (ABaCaNb5015, ABaSrNb5015 et ÀSr2Nb5015) à .0,5
0249-6305/85/03010263 $2.00 ©Académiedes Sciences
264 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

TABLEAU

Données cristallographiques et températures de Curie.


Crystallographicdata and Curie températures.
BaCa1_xUx/2KNb5O15 BaCa1_IU:c/2TlNb5015 BaSr1_ITJ;[/2KNb5015 BaSr,_,TJx/2TlNb5015

x 0 0,5 1 0 0,5 1 0 0,5 1 0 0,5 1

a (A) 12,462 12,452 12,444 12,491 12,488 12,481 12,520 12,465 12,480 12,538 12,507 12,479
6 (A) 12,462 12,452 12,444 12,491 12,488 12,481 12,520 12,465 12,480 12,538 12,507 12,479
c(Â) 3,954 3,951 3,950 3,978 3,955 3,951 3,975 3,953 3,951 3,993 3,958 3,951
V(Â) 3 614,06 613,04 612,26 620,68 616,75 615,47 623,08 614,26 612,26 627,70 620,21 615,45
TC(K) 530 318 231 665 379 251 551 329 226 565 353 259

Sr2,1_I,UxKNb5015 Sr2a_x)U;riNb5015

x 0 0,5 0 0,5

a(Â) 12,473 12,434 12,499 12,472


. . .
fc(Â) 12,473 12,434 12,499 12,472
c(Â) 3,936 3,921 3,955 3,930
V(Â) 3 612,34 606,79 617,87 611,49
TC(K) 437 224 468 239

(ABaU0 5 n0,5Nb5O15 et ASrU0 sDo,5Nb5015). Le tableau collecté les valeurs à tempéra-


ture ambiante des paramètres et du volume de la maille élémentaire en fonction de la
composition. Le remplacement du calcium ou du strontium par l'uranium provoque la
décroissance des paramètres et du volume de la maille élémentaire en liaison avec la
diminution de taille de l'ion Ca2+ ou Sr2+ à l'ion U4+[rêa+[12]=l,48Â, rs+r212]=l,58Â,
rfjî12]=l,32À][9].
II. ÉTUDE DIÉLECTRIQUE.— Des mesures diélectriques ont été effectuées sur céramiques.
Les échantillonspréparés par frittage à 1150°C sous atmosphère d'argon sont des pastilles
de 12 mm de diamètre et de 1 mm d'épaisseur; les compacités sont voisines de 0,80. Des
électrodes de platine sont déposées sur les faces circulaires à l'aide d'une laque.
L'étude de la variation thermique de la constante diélectrique relative réelle e, a été
effectuée sous hélium de 100 à 900 K, à trois fréquences différentes (102, 103 et 104 Hz).
Il apparaît pour chaque solution solide un maximum présentant un caractère de réversi-
bilité, se manifestant tant à la chauffe qu'au refroidissement; les maximums des constantes
diélectriques varient peu avec la fréquence, impliquant une transition
ferroélectrique-paraélectrique;la température correspondant à ce maximum est la tempéra-
ture de Curie Tc. Les valeurs de Tc pour les diverses compositions sont reportées dans
le tableau; nous remarquons que la température de Curie diminue lorsque le calcium ou
le strontium est remplacé par l'uranium.
Remise le 13 mai 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Université Pierre-et-Marie-Curie, E.R. n° 9, C.N.R.S.,


Physico-Chimie des Composés d'Éléments de Transition,
Laboratoire de Chimie minérale, Tour 54, 4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05.
C. R. Acad. Se. Paris, t 301, Série II, n° 5, 1985 267

METALLURGIE. — Calorimétrie-par analyse des déplacements de niveaux de coeur.


Application au cas des alliages palladium argent. Note de Jean-Claude Gachon, Abdelmajid
Abou El Aoualim et Jean-Jacques Ehrhardt, présentée par Jacques Bénard.

Récemment une relation a été établie entre les mesures des déplacements chimiques de niveaux de coeur des
électrons, induits par les phénomènes d'alliage, et les énergies partielles de formation de ces alliages. Une
application à la détermination de l'enthàlpie déformation des alliages palladium-argent est présentée et conduit-
à identifier une cause d'erreur très importantedans la contamination superficielle de palladium par l'hydrogène.

METALLURGY,— Core level shift calorimetry. Application to AgPd alloys.


Recently chemical core level shifts induced by alloying and partial energies offormation of the alloy have been
correlated. An applicationto the determinationof enthalpies offormation of AgPd alloys is related and leadsto
identifying a very important source of error due to palladium superficial hydrogen contamination.

Récemment, il a été montré que le déplacement en énergie des niveaux de coeur des
constituants d'un alliage binaire (déterminé par spectrométrie de photoélectrons X), en
fonction de la composition de l'alliage, pouvait être relié aux énergies partielles de
formation de l'alliage ([1], [2]). Ceci a donné naissance à une détermination originale
de ces grandeurs thermodynamiques ([2], [3]) appelée « Core level shift calorimetry».
L'hypothèse de base est la suivante : dans des systèmes métalliques, l'écrantage de la
charge positive provenant de la photoionisation d'un niveau de coeur par les électrons de
valence conduit à une situation équivalente à l'implantation de l'impureté Z+1 dans la
matrice de numéro atomique Z (approximation Z+l dite de coeur équivalent). Le proces-
sus de photoionisationpeut être décomposé ([1], [2]) suivant un cycle de Born Haber qui
établit un lien entre l'énergie de photbionisation d'un niveau profond d'un atome dé
numéro atomique Z dans une matrice donnée et l'énergie partielle de mise en solution
d'un atome de numéro atomique Z + 1 dans cette matrice. Le déplacement du niveau,
ionisé entre une matrice d'élément Z pur et une matrice d'alliage ZX(Z+1:)1_X permet de
calculer l'énergie (ou l'enthalpie) de formation de l'alliage à partir de l'équation :

avec : (a) ÀEz[Zy(Z+l)1^:!,] qui est le déplacement chimique "du niveau ionisé entre Z
pur et l'alhage Zy(Z + l)i_y; (b) EZ+1(Z) qui est l'énergie (ou l'enthàlpie) partielle, à
dilution infinie de Z+1 dans Z.
Ce terme vaut :

MISE EN OEUVRE DE LA MÉTHODE DANS LE CAS DES ALLIAGES ARGENT PALLADIUM. — Les
déplacements chimiques provoqués par la formation d'un alliage entre proches voisins
sont faibles et difficiles à mesurer sur une installation ESCA sans monochromateur. Nous
avons entrepris une étude de faisabilité dans le cas des alliages argent palladium en nous
appuyant sur trois raisons : (a) les alliages sont faciles à élaborer, (b) ils sont peu
oxydables, (c) une étude de Steiner et Hüfner [2] montre que les déplacements du niveau
Pd3d5/2 sont dé l'ordre de 0,5 eV au maximum et de 1 eV pour le niveau Ag3d5/2.
Steiner et Hüfner ont réalisé leur étude sur des alliages obtenus essentiellement par

0249-6305/85/03010267 S 2.00 © Académie des Sciences


268 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

Energies de liaison observées pour : x, le palladium dans des alliages non recuits in situ; ©, l'argent dans les
alliages non recuits in situ; H, nouveaux résultats enregistrés pour le palladium après recuit (600°C, 10~ 7 Pa,
2 h) in situ; A, alliage préparé au four électrique sous argon; recuit après laminage, 3 jours sous vide en
ampoule de silice à 800°C; B, alliage préparé au four à induction, sous argon. Même traitement que A;
C, alliage préparé au four à induction, aucun recuit après laminage. Traits continus : résultats de Steiner et
Hüfner [2].
Binding energies observed for: x, palladium in alloys which were not heated in situ; ©, silver in alloys witch
were not heated in situ; 13, new palladium shifts got after heating (600°C, 10-7Pa, 2 h) in situ; A, alloy
prepared in an electricalfurnace under argon; annealed after rolling, 3 days under vacuum in a silica tube;
B, alloy prepared in an H.F. induction furnace annealed like A; C, alloyprepared in an H.F. induction furnace
without annealing. Curves: Steiner's and Hüfner's results [2].

évaporation in situ (avec quelques essais sur alliages massifs réalisés ex situ) et générale-
ment mal caractérisés des points de vue composition et texture (les teneurs étaient
obtenues par ESCA). Nous avons réalisé nos mesures sur des alliages massifs préparés
suivant des procédures variées afin de déterminer d'éventuelles influences de celles-ci. Les
métaux employés avaient une pureté de 99,999 % pour Ag et 99,99 % pour Pd.
Les fusions ont été faites soit dans un four à résistance, soit dans un four à induction.
Après laminage le ruban obtenu pour chaque alliage était amputé de ses deux extrémités
qui étaient analysées à la microsonde pour vérifier l'homogénéité et la composition. La
légende de la figure précise dans chaque cas le mode de préparation particulier. Après
abrasion de la couche superficielle (ou polissage électrochimique), lavage à l'alcool puis
à l'eau distillée, les échantillons étaient séchés, fixés sur la barre de transfert de l'installa-
tion ESCA (Leybold Heraeus, décrite par ailleurs [4]) puis soumis à un bombardement
ionique (~10-6A.cm-2 pendant 15 mn). Dans ces conditions on ne détecte plus par
spectroscopie de photoélectrons X (à 1 % près) d'éléments autres que le palladium et
l'argent. En prenant des précautions de calibration de la rampe de balayage on peut
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 269

déterminer les déplacementsd'énergie de liaison des niveaux Ag3d5/2 et Pd3d5/2 à mieux,


que 0,1 eV près.
RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUXET DISCUSSION. —.
La figure montre les déplacements des
niveaux Ag3d5/2 et Pd3d5/2 observés, ainsi que ceux rapportés par Steiner et Hüfner [2].
L'accord est bon au niveau de l'argent mais pour le palladium les résultats sont complète-
ment différents. Nous avons observé des déplacements importants jusqu'à 0,6 eV pour,
des alliages riches en palladium, alors que Steiner et Hüfner mesuraient quasiment zéro.
Le calcul des énergies partielles de dissolution se faisant à partir de l'élément Z, ici le
palladium, nous obtenons des valeurs trois fois plus petites que celles de Steiner et
Hüfner [2] ou que celles dé la littérature. Force nous était donc de considérer que les
déplacements du niveau Pd3d5/2 étaient erronés. Aucun phénomène de variation de
concentration superficielle : ségrégation thermique ou pulvérisation sélective, ne pouvait
être invoqué. En effet les déplacements de l'argent étaient conformes à ceux de Steiner et
Hûfner [2] et Ceux du palladium inverses de ce qu'on aurait pu ettendre. De plus, les
concentrations superficielles déduites des intensités de raies étaient tout à fait comparables
aux concentrations obtenues lors de l'élaboration des alliages.
En considérant que les résultats de Steiner et Hüfner étaient corrects (ils rendent
compte des valeurs calorimétriques) et en attribuant le déplacement aberrant ( — 0,6 eV)
à là présence d'impuretés, on pouvait envisager la présence d'hydrogène au voisinage de
la surface de l'échantillon. Cet élément n'est détectable ni par ESCA ni par analyse
microsonde. Si les échantillons .Pd0,90Àg0,l0 et Pd0,50Ag0,50 sont chauffés sous vide
(10-7Pa, 2 h, 600°C) le départ d'hydrogène (principalement) et l'eau (en faible quantité)
est observable par spectrosopie de masse. Après ce traitement in situ l'énergie de liaison
du niveau Pd3d5/2 est alors égale a 335,04 eV et pour Pd0,90Ag0,10 et à 335,10 eV pour
Pd0,50 Ag0,50, c'est-à-dire pratiquement égale à l'énergie de haison dans le palladium pur,
aux incertitudes de mesure près (0,07,eV). Les résultats deviennent comparables à ceux
de Steiner et Hüfner et les énergies de formation se retrouvent conformes aux résultats
calorimétriques [5].
Nous avons tenté de retrouver les énergies de formation à partir des déplacements du
niveau de l'argent grâce à un formalismeproposé par Steiner et Hüfner [2]. Malheureuse-
ment le système d'équations linéaires obtenu est numériquement insoluble dans la mesure
où les déplacementsdu niveau Àg3d5/2 sont proportionnels aux concentrations.
CONCLUSION. — La «calorimétrie » fondée sur le déplacement des niveaux de coeurs
des éléments constitutifs d'un alliage binaire est adaptée à l'étude des alliages d'éléments
Voisins dans la classification périodique. C'est le seul cas où la résolution du système
d'équations ne demande pas l'introduction de grandeurs thermodynamiques extérieures.
Nous pensons que cette méthode pourrait être particulièrementutile dans tous les cas où
la calorimétrie classique est difficile, voire sans signification, du fait du rapport grandeur
mesurée/incertitude.Comme test de faisabilité, nous l'avons appliquée au système Ag-Pd
en utilisant une installation ESCA sans monochromateur et nous avons pu retrouver les
énergies de formation de ces alliages. La présente Note souligne, dans ce cas, une
difficulté qu'on peut rencontrer quand une impureté au voisinage de la surface induit un
déplacement chimique qui se superpose à celui de l'alliage. La grande affinité de l'hydro-
gène pour le palladium, associée à son indétectabilité,rendent cet artefact particulièrement
difficile à discerner.

Remise le 25 mars 1985, acceptée le 20 mai 1985.

C.R., 1985, 2e Semestre(T. 301) Série II — 20


270 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[2] P. STEINER et S. HÛFNER, Acta Met., 29, 1981, p. 1885-1898.
[3] P. STEINER, 12th. CALPHAD Meeting, Liège, Belgique, 1983.
[4] M. ALNOT, B. WEBER, J. J. EHRHARDT et A. CASSUTO, Appl. Surface Sc. 2, 1979, p. 578-613.
[5] R. HULTGREN, P. D. DESAY, D. T. HAWKINS, M. GLEISER et K. K. KELLEY, Selected values of the
thermodynamic properties of binary alloys, American Society for Metals, Metal Park, Ohio 44073.

J.-C. G. et A. A. El A. : Université de Nancy-I, Laboratoire de Thermodynamique métallurgique,


B.P. n° 239, 54506 Vandoeuvre-lès-NancyCedex;
J.-J. E. : C.N.R.S., Laboratoire Maurice-Letort, associé à l'Université de Nancy-I,
B.P. n° 104, 54600 Villers-lès-Nancy.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 271

SYNTHÈSE ORGANIQUE.
— Stéréosélectivité de la transposition de Claisen des
orthoesters dans le système du bicyclo [2.2.1] heptàdiène. Note de Honoré Monti et Chris-
tian Corriol, présentée par Alain Horeau.

La stéréosélectivité.dela transposition de Claisen dans le système du bicyclo[2.2.1]heptadiènea été étudiée


et déterminée sans ambiguïté par voie chimique.

ORGANIC SYNTHESIS.
— Stereoselectivityof the orthoester Claisen rearrangement in the
[2,2,1] bicycloheptadieneSystem.

The stereoselectivity of the Claisen rearrangemént in the [2,2,1]bicycloheptadiene System has been investigated
and defined chemically.

La transposition de Claisen est une réaction très utilisée dans la synthèse de nombreux
produits naturels [1] et son aspect stéréochimique est maintenant bien compris [21. En
particulier dans le système du bicyclo [2.2.1] heptène elle se conduit avec une stéréosélecti-
vité totale ([3], [4]).
Poursuivant nos investigations sur les dérivés du santal ([4], [5]), nous avons utilisé
cette réaction dans la série du bicyclo[2.2.1]heptadiène. Dans ce cas, la transposition
sigmatropique [3, 3] se fait avec une perte de sélectivité et donne un mélange de deux
composés dans les proportions 80/20. Leur stéréochimie relative a été déterminée sans
ambiguïté par voie chimique. Nos résultats sont exposés dans le schéma.
L'orthoester mixte 1, synthétisé par action de l'orthoacétate d'éthyle sur l'alcool
allylique bicyclique correspondant [6], est chauffé à 165°C sans solvant. L'analyse chroma-
tographique (colonne « Reoplex ») met en évidence la présence des deux esters 2+3
(proportion 80/20) qui sont séparés à l'état pur par CPV. Les alcools 4, réduction de
l'ester majoritaire, et 5, réduction de l'ester minoritaire, sont soumis à une réaction
d'acétoxymercuration intramoléculaire (le groupe OH jouant le rôle du solvant nucléo-
phile) suivie d'une réduction in situ du composé d'addition oxymercuriquepar BH4Na [7].
Tandis que l'alcool 4 conduit à l'éther cyclique 6 unique, l'alcool 5 donne principalement
l'éther cychque 7. Les spectres infrarouges, de RMN et les analyses élémentaires des
éthers 6, 7 et 8 sont en accord ayec les structures proposées.

0249-6305/85/03010271 $ 2.00 © Académie des Sciences


272 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985
,

En conclusion, nous pouvons dire que la transposition de Claisen est stéréosélective à


80% dans le cas du bicyclo[2.2.1]heptàdiène: le produit transposé majoritaire est celui
dans lequel la chaîne carbonée portant la fonction ester est en position exo.
Remisele 15 avril 1985, acceptée le 29 avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] (a) S. J. RHOADS et N. R. RAULINS, Org. React., 22, 1975, p. 1-252; (b) G. B. BENNETT, Synthesis, 1977,
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[2] R. E. IRELAND et M. D. VARNEY, J. Org. Chem., 48, 1983, p. 1829-1833 et références citées.
[3] T. GlBSON et K. J. BARNEIS, TetrahedronLett., 1972, p. 2207-2210.
[4] H. MONTI, C. CORRIOL et M. BERTRAND, TetrahedronLett., 1982, p. 947-948.
[5] H. MONTI et D. RAFFIN, Comptes rendus, 299, série II, 1984, p. 539-540.
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M. R. PETERSEN, J. Amer. Chem. Soc, 92, 1970, p. 741-743.
[7] H. C. BROWN et P. GEOCHEGAN, J. Amer. Chem. Soc, 89, 1967, p. 1522-1525.

Faculté des Sciences, Centre de Saint-Jérôme,


Laboratoire de Synthèse organique, U.A. n° 109,
rue Henri-Poincaré, 13397 Marseille Cedex 13.
C. R. Acad. Sc Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 273

^OÇÉATSTOGRAPHIE DYNAMIQUE.
v — La subduction du bassin dé Shikoku et de
ses marges le long du fossé de Nankaï (Japon méridional) : résultats préliminaires du
pmgfainmé Kaïko (Leg I). Note; de Xavier Le Pichon, Correspondant de l'Académie,
Toshimichi Iiyama, Hervé Chàmley, Jacques Charvet, Michel Fauré, Hiromi Fujimoto,
Toshiq Furtitâ, Yoshiaki Ida, Hidëo Eagarni, Siegfried Làllernant, Jeremy Leggett, Akihiro
Muràta, HakuyuOkada, Claude Rangin, Vincent Renard, Asahiko Taira et Hidekazu
Tokuyama.

Une bathymétrie fine (Seabeam) et des levés géophysiques denses le long du fossé de Nankaï, où le bassin
de Shikoku est subduit sous le Japon, permettent dé caractériser précisément,la géométrie du plongement de
la lithosphère océanique sous la marge et là structuré tridimensionnelledes déformations,du prisme sédimentaire.
Une première zone d'étude correspond, à la subduction de la zone fossile d'àccrétiondu bassin; la structure de
la croûte subduité y influence la géométrie du prisme d'àccrétion. Si le style tectonique du prisme inférieur est
essentiellement contrôlé par le volume de sédimentsremplissant le fossé, les grands accidents affectant la croûte
océanique induisent des décalages dans la partie supérieure du prisme. Une seconde zone, à l'extrémité
occidentale du bassin montre que renfoncement de l'arc volcanique fossile de Palau-Kyushu se produit sans
collision majeure. Le prisme toutefois est localement affecté par un poinçonnement oblique. Au contraire, la
zone orientale du bassin est caractérisée par la collision de l'arc insulaire actif d'Izu-Bonin avec le Japon,
collision qui absorbe la moitié du mouvement de convergence. Le dernier secteur couvre la ride de Zenisu,
située au Sud du fossé de Nankaï, sur la bordure occidentale de l'arc d-Izu-Bonin, La ride de Zenisu est
soumise à un régime de compression active qui absorbe le mouvement différentiel entre l'arc d'Jzu-Bonin et le
bassin de Shikoku.

DYNAMICAL OCEANOGRAPHY. — Subduction of Shikoku Basin and its margins along the Nankai
trench (Southern Japan): preliminary results of the Kaiko cruise (Leg 1).
Seabeam mapping and detailed geophysical surveying have been conducted over Nankai trench where Shikoku
Basin, is subducted-below Japan. The geometry of the oceanic lithosphere bending under the margin as well as
the three-dimensionel structure of the accretionaryprism have thus been determinad. The first surveyed area
covers the zone of subduction of the fossif. Shikoku accreling boundary. Oceanic basement structures seem to
affect the structuralpattern of the upper accretionaryprism whereasthe tectonic style of the lower prism is mostly.
controlled by the amount of trench fill. The second surveyed area covers the western end of the Nankai
trench. The fossil Palau-Kyushu volcanic arc is subducled without major collision effect except for an oblique
indenting of the accritionary prism, This is in complete contrasl to the active Izu-Bonin volcanic arc, at thé
eastern extremety ofthe basin, where half of the convergence rate is absorbed in collision with deformation of the
arc. The third surveyed area covers the Zenisyridge, to the south of Nankai trench, on the western boundary of
Izu-Bonin ridge. Zenisu ridge is the site of active compression which absorbs the differential motion between
Izu-Bonin arc and Shikoku Basin.

INTRODUCTION.— Le bassin de Shikoku, portion externe de la mer marginale des


Philippines a été créé par ouverture intra-arc, entre 25 et 12M.a. ([1], [2], [3] et article en
préparation). Il est bordé par deux rides (la ride de Palau-Kyushu à l'Ouest et la ride
d-Izu- Bonin ouIwo-Jima à l'Est) qui appartenaient à un même arc actif durant l'éocène
supérieur-oligocène [4]. La première campagne du projet Kaiko a permis d'étudier la
bordure septentrionale de ce bassin, caractérisée par la subduction de ce dernier sous le
Japon. Trois levés ont été réalisés le long du fossé de Nankaï (fig. 1) : face à l'emplace-
ment probable de la ride fossile pour le premier, face à la ride de Palau Kyushu pour le
second, le troisième étant situé à la transition entre fossé de Nankaï et fossé de Suruga,
sur le bord occidental de la zone de collision d'Izu.
Plus de 20000km2 ont ainsi été cartographies avec l'outil Seabeam, les levés étant
complétés par (des enregistrements; de sismique monotrace et des mesures de magnétisme
et de gravimétrie (des profils sismiques multitrace ayant préalablement été obtenus);
L'ensemble de ces données a permis pour la première fois d'analyser l'organisation
tridimensionnelle du prisme d'accrétion et de préciser la morphologie de la plaque
plongeante et ses relations avec la structuration du prisme.

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274 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

Fig. 1. — Localisation des zones étudiées (boîtes 5, 6 et 7) au long du fossé de Nankaï, lors de la première
partie de la campagne Kaiko (phase n° 1). La ligne épaisse matérialise l'axe du fossé de subduction, et les
axes très épais représentent les arcs volcaniques.
Fig. 1. — Location map of the surveyed areas along the Nankai Trench, during the first cruise of Kaiko
project. Thick solid Une: axis of the Trench and very thick solid Unes: axes of volcanic arcs.

1. LA SUBDUCTION DE LA RIDE FOSSILE DU BASSIN DE SHIKOKU (BOÎTE-6).



(A) La structure
de la plaque plongeante. — La couverture sismique et magnétique a permis de donner
une représentation précise de la structure de la croûte océanique entrant en subduction
dans cette partie de la fosse. Le résultat le plus marquant est la mise en évidence de trois
failles transformantes d'orientation subméridienne, recoupant des anomalies de directions
moyenne NW-SE à E-W. Ces directions d'anomalies sont différentes de celles qui sont
connues dans le reste du bassin de Shikoku où les anomalies magnétiques sont de
direction NNW-SSE à NW-SE([4], [5]). Elles nous ont conduit à proposer une nouvelle
interprétation pour l'histoire de l'ouverture du bassin. Le système d'accrétion a vraisembla-
blement subi plusieurs sauts de ride avec rotation des directions de mouvement, le plus
récent ayant amené une éphémère expansion subméridienne avant la mort du dispositif

EXPLICATIONSDES PLANCHES
Planche I

Organisation morphostructuraledu prisme de Nankaï à son intersection avec l'ancien centre d'expansion du
bassin de Shikoku (boîte 6). (a) Représentation tridimensionnelle de la bathymétrie de la boîte 6 (vue depuis
le coin SE sous un azimut de 80° et une inclinaison de 25°, exagération verticale : x 10). (b) Schéma
structural de la boîte 6, montrant la déformation superficielle du prisme de Nankaï. 1, bassins perchés; 2,
remplissage du fossé; 3, axes anticlinaux; 4, axes synclinaux; 5 et 6, accidents subverticaux (5, observés; 6,
supposés); 7, faille normale (les barbelures indiquent le compartiment affaissé); 8 et 9, chevauchements
mineurs (8, observés; 9, supposés); 10 et 11, chevauchements majeurs (10, observés; 11, supposés), ces
derniers délimitent la zone tectonique basale (ZTB), la zone tectonique médiane ZTM) et la zone tectonique
supérieure (ZTS). Les flèches larges matérialisent la direction du mouvement relatif de la plaque Philippine
par rapport à la plaque eurasiatique.
Morphologicaland structural organization of the Nankai accretionary wedge in front of the former Shikoku Basin
spreading center (box 6). (a) Three-dimensional view of bathymetric data (box 6) (projected from the SE
corner with an azimuth of 80° and a dip of 25°, vertical exaggeration: x 10). (b) Structural sketchmap of
box 6 reflecting the superficial deformation of the prism. 1, piggyback basins; 2, trenchfill; 3, anticline axes;
4, syncline axes; 5 and 6, subserticalfaults (5, observed; 6, inferred); 1, normal faults; 8 and 9, minor thrust
faults (8, observed; 9, inferred); 10 and 11, major thrust faults (10, observed; 11, inferred) bounding three main
tectonic zones: the basai tectonic zone (ZTB), the median tectonic zone (ZTM) and the upper tectonic zone
(ZTS). Solid arrows indicate the relative motion between Philippine Sea plate and Eurasia plate.
PLANCHE II/PLATE II
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 277

Planche II

Organisation morphostructuralede l'extrémité orientale de la fosse de Nankaï et de la ride de Zenisu (boîte 5).
(a) Représentation tridimensionnellede la bathymétrie de la boîte 5 (vue depuis le coin SW sous un azimut
de. 0° et avec une inclinaison de 30°, exagération verticale: x 10). (6) Schéma structural de la boîte 5,
montrant la déformation superficielle du prisme de Nankaï et de la ride de Zenisu. Les flèches larges
matérialisent la direction du mouvement relatif de la plaque Philippine par rapport à la plaque eurasiatique.
Morphological and structural organization of the eastern end of Nankai trench and the Zenisu
ridge. (a) Three-dimensional view of bathymetricdata (box 5) (projected form the SW corner with azimuih of
0°and a dip of 30°, vertical exaggeration: x 10). (b) Structural sketch map of box 5 reflecting the superficial
deformation of the eastern part of the Nankai accretionary wedge and of the Zenisu ridge. Solid arrows
indicate the relative motion between Philippine Sea plate and Eurasia plaie.

d'ouverture vers 12 à 13 M. a, Les failles transformantes récentes délimitent des comparti-


ments de socle disposés en touches de piano et comblés par des sédiments hémipélagiques.
Les décalages verticaux de ces failles sont d'ordre kilométrique ; cependant le substratum
acoustique semble nivelé lorsque là plaque plongeante atteint une profondeur de 7 km,:
suggérant Une compensation par le rejeu de ces failles.
(B) Le prisme d'accrétion de Nankaï.

Ce prisme bien développé et qui borde un
fossé relativement peu profond qui n'excède que localement 4 500 m, a déjà fait l'objet
d'études grâce à la sismique monotrâce et multitrace ([6] à [9]). La portion étudiée lors
de la campagne Kaiko est constituée morphologiquement d'une succession de rides et de
bassins grossièrementparallèles au fossé (pl. I a). La campagne 87 du projet IPOD qui a
foré ce prisme avait précisé; le style tectonique du front de déformation et le régime des
fluides dans les sédiments déformés [10]. Les levés Seabeam associés à des profils de
sismique réflexion ont permis de comprendre l'organisation tridimensionnelle de ces
structures superficielles.
Transversalement aux structures on distingue trois zones tectoniques principales, limi-
tées par des chevauchementsmajeurs (pl. Ib).
— La zone tectonique basale (ZTB) est
limitée en bas de pente par une zone de
déformation sublinéâire où les chevauchements sont pris en relai latéralement par des
anticlinaux déversés vers le fossé, et n'émergeant pas toujours de celui-ci. Les écailles
ainsi définies ont 1 à 2km d'épaisseur; Des plis coffrés apparaissent souvent en avant du
premier chevauchement. L'accrétion ne concerne que les turbidites du Pliocène supérieur-
Quaternaire qui sont décollées au toit des turbidites pliocènes [11]; ainsi la série sous-
jacente du bassin de Shikoku, non déformée, semble solidaire de la croûte océanique [9]
La zone tectonique médiane (ZTM), délimitée par deux chevauchements continus,
présente latéralement de grandes variations dans le style structural. A l'ouest, où sa
largeur ne dépasse pas 3,5 km, ce sont les chevauchements qui dominent; à l'est par
contre, des plis s'y développent sut une largeur de 18 km. Cette diversité structurale
semble directement liée aux variations d'épaisseur sédimentaire dans le remplissage du
fossé, comme ceci a été noté sur d'autres marges actives, par exemple pour le prisme de
la Barbade[12].

La zone tectonique supérieure (ZTS) est caractérisée par de nombreux bassins
fermés scellant les structures du prisme. Ces bassins semblent marquer la limite de la
zone; superficielle en compression du prisme de Nankaï. Des failles normales transverses
aux structures du prisme limitent ces bassins. Un tel dispositif en haut de pente pourrait
s'expliquer par les effets verticaux d'un écaillage profond soulevant le prisme, comme il
a été proposé pour les prismes de la Barbade du d'Amérique centrale ([12], [13], [14]).
278 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

Longitudinalement, il faut remarquer l'aspect sinueux du chevauchement qui limite


cette zone supérieure, avec un certain nombre de rentrants vers le haut de prisme, marqués
par une torsion locale des plis et définissant ainsi des grands lobes qui s'amortissent vers
le bas de pente. Ces rentrants correspondent à la projection sous le prisme des structures
transformantes identifiées dans le bassin de Shikoku. Ainsi, la structure de la plaque
plongeante ne semble avoir d'effet que sur la partie supérieure du prisme, alors que le
pied de pente n'est influencé que par l'importance de la masse sédimentaire prête à être
accrétée. Les accidents cassants qui accompagnent les rentrants s'organisent en deux
familles de décrochements, l'une d'azimut N330°E et l'autre plus dispersée autour de
N270°E. Les directions sont compatibles avec une contrainte principale maximale (at)
orientée N300°E, soit subparallèle au vecteur mouvement déduit des mécanismes au
foyer de séismes à la limite des plaques ([15], [16], [17]). La direction moyenne des axes
de pli et des chevauchementsn'est ni rigoureusementperpendiculaire à ce vecteur mouve-
ment ni rigoureusement parallèle à l'axe du fossé. C'est à cette obliquité par rapport au

Fig. 2. - Schéma structural de la boîte 7, à l'extrémité occidentaledu fossé de Nankaï.


Même légende que pour la planche n° 1.
Fig. 2. —
Structural sketch map ofbox 1 surveyed at the eastern end of the Nankai trench
(same legend as in plate 1).
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 279

mouvement que sont dues les structures en échelon observées dans la partie basale du
prisme, traduisant une composante décrochante dextre.
2. LA SUBDUCTIONDE LA RIDE DE PALAU-KYUSHU (BOÎTE 7). — La figure 2 montre que
l'extrémité Nord de la ride de Palau-Kyushu, hachée de failles de direction N 150°E et
N20°E, disparait sous le prisme d'accrétion. Un fossé très étroit et peu profond est
conservé entre la ride et le prisme. La carte bathymétrique générale et la répartition des
séismes confirment que la subduction de la ride s'effectue depuis plusieurs millions
d'années sans effet de collision majeure. Toutefois, la configuration très particulière du
mur interne (fig. 2) indique un effet de poinçonnement asymétrique lié à l'obliquité
actuelle de l'axe morphologique par rapport au vecteur mouvement de direction
N 310 [16]. En effet, à l'Ouest, les plis et chevauchements de direction N-S à N20E
indiquent une composante de raccourcissementE-W due à la poussée latérale de la ride.
Immédiatement à l'Est, au contraire, le mur interne reste décalé vers le NW alors que le
socle du bassin ne présente pas de topographie accidentée, le raccord avec le prisme à
l'extrémité orientale se faisant par un système de décrochements dextres de
direction N 320 E.
3. LA RIDE DE ZENISU, TRANSITIONENTRE SUBDUCTIONET COLLISION (BOÎTE 5). — La der-
nière zone étudiée est située à l'extrémité orientale du fossé de Nankaï (fig. 1) qui se
prolonge au Nord par le fossé de Suruga, d'allongement NNE-SSW. Ce dernier fossé
contourne l'arc insulaire actif d'Izu-Bonin en collision avec la marge japonaise depuis au
moins 2M.a. ([18], [19]). Dans la boîte 5, le fossé de Nankaï est bordé au Sud par la ride
de Zenisu subparallèle à la marge (pl. II a).
Le prisme de Nankaï, de forme sigmoïde, est recoupé dans sa partie centrale par le
canyon de Tenryu (pl. II b). Les structures du mur interne, décalées en sénestre de 20 à
30 km, passent d'Ouest en Est de directions N60°E à N20°E puis N70°E. Cette virgation
des structures est contrôlée par un réseau de failles N-S et N 130°E.
La ride de Zenisu, orientée NE-SW, a reçu des interprétations contradictoires : structure
décrochante [20], chevauchante [9] ou en extension. La portion étudiée est composée de
deux segments morpho-structuralement très différents. A l'Ouest elle se présente comme
un panneau de croûte océanique basculé vers le NW et limité par un système de plis et
chevauchementsà la base de son flanc SE, laissant localementaffleurer le socle acoustique.
Nous l'interprétons comme résultant de l'écaillage intraocéanique du bassin de Shikoku.
A l'Est, la ride plus symétrique apparaît comme un vaste bombement de socle, couronné
par des volcans et ennoyé sur ses flancs par des sédiments déposés en biseau. Ceci suggère
qu'un haut topographique existait au moment du dépôt des sédiments sur cette partie de
la ride. Une autre différence importante avec la portion occidentale est le style de là
déformation, également compressif, mais uniformément réparti avec des systèmes à double
vergence (pl. II b). Un système d'accidents transverses N 130°E affecte les deux fragments
de la ride. Cette direction est également celle des anomalies magnétiques les plus anciennes
du bassin de Shikoku [1]. De telles linéations magnétiques ont par ailleurs pu être
reconnues clairement dans la portion occidentale de la ride de Zenisu.
L'ensemble de ces différences nous conduit à considérer la ride comme composite; la
partie orientale forme la limite de l'arc d'Izu-Bonin alors que sa partie occidentale
appartient au bassin de Shikoku. La zone de Zenisu correspond donc à la transition
entre subduction et collision. Ainsi dans le fossé de Nankaï, tout le mouvement de
convergence entre les plaques Philippine et Eurasiatique est absorbé par le phénomène
de subduction, alors que dans la partie Nord de l'arc d'Izu-Bonin, ce mouvement est
280 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

pour moitié absorbé par la déformation interne de la plaque plongeante [21]. La zone
étudiée se situe à mi-chemin entre ces deux domaines et témoigne de la décroissance vers
l'Ouest de cette déformation interne, diffuse et principalement décrochante dans la ride
d'Izu-Bonin, prise en relai par des écaillages intra-océaniques s'amortissant dans le bassin
de Shikoku.
Cette dernière zone sera l'objet d'étude de plongées avec le submersible Nautile dans
la deuxième phase du projet. Trois axes de recherche seront abordés : la structure du
prisme, entaillé par le Canyon de Tenryu; le régime des fluides lors de la formation du
prisme et les modalités de l'écaillage intraocéanique.
Remise le 20 mai 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[21] P. SOMMERVILLE,Bull. Earthq, Res. Insu, 53, 1978, p. 629-648.

X. L. P., S. L. et C. R. : Département de Géotectonique (L.A. n°215),


Université Paris-VI, tour 15, 4, place Jussieu, 75230 Paris;
T. L, A. M. : Tokyo University, Bunkyo-ku, Tokyo 113;
H. C. : Département des Sciences de la Terre,
Université des Sciences et Techniques, 59000 Villeneuve d'Ascq;
J. C. et M. F. : Département des sciences de la terre,
Université d'Orléans, 45045 Orléans;
H. F., T. F., Y. L, H. K., A. T. et H. T. : Océan Research Institute,
Tokyo university, Nakano-ku, Tokyo 164;
J. L. : Impérial Collège of Science and Technology, Department of Geology,
Royal School of Mines, Prince Consort Road, London SW12BP-,-
H. O. : Institute of Geosciences, Faculty of Sciences,
Shizuoka university, Shizuoka 422;
V. R. : Centre océanologique de Bretagne, IFREMER,
Centre de Brest, 29273 Brest.
C. R; Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n°5, 1985 281
.

OCÉANOGRAPHIEDYNAMIQUE. — La collision de Parc volcanique d'Izu-Bonin


avec le Japon central et la jonction triple au large de Tokyo : premiers résultats de la
campagne franco-japonaiseKaiko (Leg Tl), Note de Vincent Renard; Kazuaki Nakamura,
Jacques
Angelier,
Jacques
Jacques
Azema,
Bourgois, Christine Deplus, Kantaro Fujioka,
Yozo Hamano, Philippe Huchon, Hajimu Kinoshita, Pierre Labuame, Yujiro Ogawa,
Tetsuzo Seno, AkiraTakeuchi,
Manabu Tanahashi, Akinori Uchiyama et Jean-Louis
Vigneresse, présentée par Jean Aubouin.

La seconde partie de la phase


fosses qui bordentla zone de collision d'Izu et de la
Pacifique, Philippine et
Le
Eurasie.
de la campagne franco-japonaise Kaiko a été consacrée à l'étude des
des frontières convergentes entre les plaques

passage de la fosse de Nankaï à celle de Suruga, plus oblique au mouvement, se traduit par un moindre
développement du prisme d'accréation. Il a été confirmé que le rebord méridional de la ride de Zenisu est
1 (1984)
joctions

actuellement en compression d'ampleur moindre cependant que plus à l'Ouest.


Dans la fosse de Sagami nous avons mis en évidence la présence d'un prisme d'accrétion inactif. Le
mouvement actuel est décrochant dextre et s'effectue à l'arrière du prisme, le long du canyon de Boso.

Plus à l'Est enfin, la jonction triple entre les fosses de Sagami, du Japon et d'Izu-Bonin présente un unegrande

structurale liée à l'instabilité de ce type de jonction.

DYNAMICAL OCEANOGRAPHY. — The collision of Izu-Bonin island acr with central Japan and the

triple junction off Tokyo first results of the frénch-japanese Kaiko cruise (Leg II).
The second leg of the french-japanese Kaiko cruise, phase I (1984) has been devoted to the study of the
subduction troughs located on both sides of the Izu collision zone and to the triple junction where the Pacific,
Eurasia and Philippine Sea plates meet
The
accretionaryprism is less developped in the Suruga trough in the Nankai trough, where the motion is
more perperdiculary It has been confimed that the southern margin of Zenisu ridge is now under compressional
stress. The deformation however is less intense here than to the west.
Accretionary process does not word today in the Sagami troigh, indeed the present motion is mainly right
lateral and occurs behind the old accretionaryprism, along the Boso escarpment.
The
pattern.
triple juction, where the Sagami, Japan and Izu-Bonin trenchesjoin, is characterized by a highly complex
sedimentary and tectonic

INTRODUCTION, Dans la région de Tokyo (fig. 1), la pointe septentrionale de la—


plaque Philippine poinçonne la partie centrale d'Honshu, la plus grande des îles japonaises
[1] Il en résulte une situation structurale ,:complexe agravé du fait qu'en cette zone
Convergent les frontières de trois des plus grandes plaques du globe : Eurasie, Amérique
du Nord, et Pacifique auxquelles s'ajoutent la plaque Philippine et la « microplaque »
Nord-Est Japon, de dimensions plus modestes ([2] à [6]).
La seconde campagne du programme franco-japonais Kaiko à concentré ses efforts
(fig. 1) sur l'étude de (1) la zone de transition de la fosse de Nankaï à celle de Suruga
et la terminaison orientale de la ride de Zenisu; (2) la fosse de Sagami et l'escarpement
de Boso (3) la zone du «off-Boso Triple junction ».
LES FOSSES DE NANKAÏ ET DE SURUGA ET LA RIDE ZENISU. — La fosse de Nankaï
elle-même a fait l'objet des travaux de la première campagne du programme Kaiko [7].
Dans cette fosse, la plaque plongeante correspond au bassin de Shikoku. C'est au
contraire l'arc volcanique dTzu-Bonin qui s'enfonce sous le Japon dans la fosse de
Suruga.
Le mur interne montre trois ruptures de pente principales qui sont interprétées comme
l'expression morphologique d'écailles qui constituent unprisme
d'accrétion (pl. I). Le
chevauchementinférieur est considéré comme le contact principal de subduction. Plus à
l'Ouest, des profils migrés de sismique réflexion [8] ont conduit à des interprétations
semblables.

0249-6305/8S/03010281 $2.00 © Académie des Sciences


282 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

Fig. 1. Toponymie de la région étudiée et plan des routes du N.O. Jean-Charcot. D.-K., Z. et E. SMT :

monts sous-marins Daiichi Kashima, Zenisuoki et Enshu.
Fig. 1. — Index map of the studied area and tracks of R. V. Jean Charcot. D.-K., Z. and E. SMT: Daiichi
Kashima, Zenisuoki et Enshu seamounts.
Au Nord de 34°N, la direction générale de la fosse change de N050°E à N015° E. Ce
changement de direction s'accompagne, vers le Nord, d'une diminution d'épaisseur des
écailles qui constituent le prisme d'accrétion et d'un changement de l'angle de plongement
de la plaque inférieure qui de 5° à 10° dans la fosse de Nankaï atteint 23° dans la fosse
de Suruga. Le développement du prisme d'accrétion présente donc une relation avec la
géométrie de la frontière de subduction : au Sud, la direction de convergence des plaques
Philippine et Eurasie est plus frontale qu'au Nord où une composante décrochante
senestre importante existe et entraîne un moindre développement du prisme.
Les fosses de Suruga et de Nankaï montrent deux séquences turbiditiques définies à
partir des enregistrements sismiques. Des phénomènes de glissement en masse viennent
perturber la sédimentation de la fosse aussi bien au pied du mur interne que du mur
externe où certaines masses présentent une épaisseur supérieure à 100 m et s'étendent
jusqu'à 8 ou 10 km du pied de ce mur (pl. T).
Le mur externe et la ride de Zenisu (pl. I). -
La ligne tectonique de Izu-Toho (Iro
Canyon) d'une part et la marge externe de la ride de Zenisu, ont été proposées comme

EXPLICATION DES PLANCHES

Planche I

Carte structurale et sédimentaire de la fosse de Suruga et de la terminaison Est de la ride de Zenisu.


Structural and sedimentological map of the Suruga trough and of the eastern part of Zenisu ridge.
PLANCHE \ PLATE I VINCENT RENARD
PLANCHE II/PLATE II
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 285

Planche II

(a) Carte bathymétrique Seabeam de la fosse de Sagami. Les frontières de plaques sont indiquées par des traits
épais, (b) Bloc diagramme schématique de la jonction triple au large de Tokyo (vue vers le NNW).
(a) Seabeam bathymétrie map of the Sagami trough. Plaie boundaries are shown by thick Unes, (b) Schematic
3-D diagramm of the Off Boso triplejunction (view toward the NNW).

lieux possibles d'absorption du rapprochement des plaques Philippine et Eurasie [9]. 0r


le canyon de Iro et les sédiments de la fosse de Suruga n'enregistrent aucune déformation
récente, ce qui montre à l'évidence que la « ligne Izu-Toho » n'est plus active.
Dans la zone que nous avons étudiée, les sédiments qui recouvrent la ride de Zenisu
sont ployés en anticlinal, tandis que les sédiments de la fosse de Zenisu, au Nord dû
Seamount de Zenisuoki (pl. I), sont fortement basculés vers le Sud. Ainsi les déformations
associées à l'écaillage océanique de la subduction naissante de Zenisu trouvent leur
prolongement a l'Est de la zone étudiée par le Leg I, mais cependant de manière moins
spectaculaire.
LA FOSSE DE SAGAMI, LE CANYON DE BOSO ET LE POINT TRIPLE DU JAPON. — A l'Est du
point triple du Japon (Off Boso triple junction), la plaque Pacifique plongeante présente
un bombement en avant de la fosse et un découpage en môles et fossés. Ces structures
entrent obliquement dans la fosse.
Le mur interne de la fosse du Japon et de la fosse d'Izu-Bonin présente une morphologie
plus compliquée où l'on distingue deux parties : une partie supérieure qui correspond
essentiellement à la fosse de Sagami et une partie inférieure qui est caractérisée par un
système complexe de petits basins subsidents suspendus situés entre 1000 et 2 000 m
au-dessus de la fosse elle-même.
La partie supérieure est composée, au Sud-Ouest de la fosse de Sagami, par le bord
Est de Tare d'Izu-Bonin.
La zone comprise entre le canyon d'Awa et le canyon de Boso est constituée de relief
mous et peu marqués (PI. II a). Dans cette région, des sédiments récents peu déformés,:
généralement subhorizontaux et largement entaillés par l'érosion recouvrent des plis et
des écailles, déversés vers l'Ouest et le Sud-Ouest. La frontière de déformation de ce
prisme correspond au Canyon d'Awa dans la partie Nord de la zone étudiée (pl. II a).]
Deux puissants reliefs marquent le haut du mur interne de la fosse de Sagami :
l'escarpement de Kamogawa, situé au pied de la péninsule de Boso et l'escarpement de
Boso [10]. Ces deux reliefs correspondent à des accidents tectoniques actifs [11] comme
le montrent la fraîcheur et la puissance de la morphologie du canyon de Boso (pl. IV a).
Ainsi, il apparaît que le Canyon d'Awa pourrait représenter le front d'un prisme
d'accrétion ancien, actuellement pris en relais par une frontière active plus septentrionale
qui correspond aux escarpements de Kamogawa et de Boso, comme en témoigne le
soulèvement associé à l'enfoncement du canyon de Boso.
La partie inférieure du mur interne, à l'Ouest du point triple, présente une morphologie
complexe accidentée de petits bassins subsidents parfois fermés (pl. III et IV b). L'un de
ces bassins, le plus septentrional, présente une forme losangique et se trouve au débouché
du canyon de Boso.
Les sédiments du bassin losangique, basculés vers le Nord, présentent un épaississement
corrélatif dans cette direction et s'engagent sous un accident, situé dans le prolongement
de l'escarpement de Boso. Ceci est la frontière entre les plaques Philippine et Nord-Est
Japon (pl. II b).

C. R., 198.5; 2e Semestre (T. 301) Série II — 21


C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

CONCLUSION. — L'un des résultats essentiels de cette campagne a été de préciser la


frontière des plaques Phihppine, Eurasie, Nord-Est Japon et Pacifique au large de la
zone où l'arc volcanique Izu-Bonin poinçonne la partie centrale de l'île d'Honshu. La
tectonique superficielle, associée à cette situation, semble étroitement liée à la géométrie
des frontières de plaque.
A l'Ouest de l'arc Izu-Bonin, lorsque le vecteur déplacement relatif entre les plaques
Philippine et Eurasie est suffisamment frontal, un prisme d'accrétion se forme dans la
fosse de Nankaï. Le changement de direction de la fosse de Suruga entraîne une situation
de décrochement-subduction avec un prisme d'accrétion dont l'ampleur diminue vers le
Nord.
A l'Est de la ride d'Izu-Bonin, le point triple du Japon correspond à une zone complexe
et instable sur le mur interne de la fosse du Japon. Cette instabilité, exprimée par une
morphologie complexe dans le détail, est d'autant plus grande qu'on est proche de la
fosse.
La présence d'un prisme d'accrétion inactif entre le canyon d'Awa et le canyon de
Boso témoignerait d'un mouvement ancien dirigé plus vers le Nord qu'actuellement,
comme le suggèrent d'autres arguments ([4], [12]). Ainsi, la frontière actuelle, située le
long de l'escarpement de Boso, passait-elle, voilà peu, par le canyon d'Awa situé plus à
l'Ouest.
Remisele 20 mai 1985.

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V. R. (co-chef de mission) IFREMER, Centre océanologique de Bretagne, B.P. n° 337, Brest;


:
K. N. (co-chef de mission) et Y. H. : Earthquake Research Institut,
University of Tokyo, Bunkyo-ku, Tokyo 113, Japon;
J. A., J. A., J. B. et P. H. : Département de Géotectonique,
Université Pierre-et-Marie-Curie,4, place Jussieu, 75230 Paris;
C. D. : Laboratoire de Géophysique, Université Paris-Sud, 91405 Orsay;
K. F. : Ocean Research Institut, University of Tokyo, 1-15-1 Minamidai,Nakano-ku, Tokyo 164, Japan;
H. K. : Department of Earth Sciences, Chiba University, 1-33 Yayoi-cho, Chiba 260, Japan;
P. L. : Laboratoire de Géologie structurale,
Université des Sciences et Techniques du Languedoc, 34060 Montpellier;
Y. O. : Department of Geology, Kyushu University, 33 Hakozaki, Fukuoka 812, Japan;
T. S. : I.I.S.E.E., Building Reserach Institut, Ministry of Construction,
Tsukuba, Ibaraki 305, Japan;
A. T. : Department of Earth Sciences, Toyoma University, Gofuku 3194, Toyoma 930, Japan;
M. T. : Technology Research Center, Japan National Oil Corporation,
Fukoku Seimei Building, 2-2-2 Uchisaiwaicho, Chiyoda-ku, Tokyo 100, Japan:
J.-L. V. : Laboratoire de Tectonophysique,
Université de Nantes, 44072 Nantes.
C.R, Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II; n°5, 1985 287

OCÉANOGRAPHIE DYNAMIQUE. De la fosse du Japon à a fosse des Kouriles



Premiers résultats de la campagne océanographique franco-japonaise Kaïko (Leg III). Note
de Jean-Paul Cadet, Kazuo Kobayashi, Jean Aubouin, Membre de l'Académie, Jacques
Boulègue, Jacques Dubois, Roland Von Huene, Laurent Jolivet, Toshihiko Kanazawa,
Junzo Kasahara, Kinchiro Koizumi, Serge Lallemand, Yasuo Nakamura, Guy Pautot,
Kiyoshi Suyehiro, Shin Tani, Hidekazu Tokuyama et Toshitsugu Yarnazaki.

Les premiers résultats de la troisième partie de la campagne océanographique du J. Charcot, Kaïko, apportent
des données nouvelles sur la fosse du Japon et sa jonction avec la fosse des Kouriles. Au Sud de la région
étudiée, le seamount Kashima entre en subduction sans que le mur interne soit déformé. Il est découpé, avant
d'être subducté, par des failles normales nouvellement créées au front de la zone de subduction dans la croûte
océanique. Au Nord, le mur interne de la fosse du Japon est le lieu de glissementsen masse qui vont remplir
la fosse, alors réduite morphologiquement à une succession de bassins étroits; tous ces dépôts sont ensuite
subductés avec le reste de la croûte océanique et sa couverture. Cette légion pourrait être un modèle pour
l'érosion tectonique. Les anomalies magnétiques de la croûte océanique,obliques sur la direction de la fosse se
suivent sous le mur interne sur une grande distance. A la transition avec la fosse des Kouriles, un décrochement
senestre décale le mur interne et fait passer à une vaste plaine qui contraste avec les petits bassins de la fossé
du Japon. La direction de la fosse étant alors parallèle aux anomalies magétiques de la croûte océanique, les
anciennes failles normales datant de l'accrétion océanique sont réactivées. Le seamount Erimo qui bouche la
fosse dans le coin Kourile-Japonne joue aucun rôle dans la courbure qui est plutôt à mettre en relation avec
la limite intracontinentale entre les plaques Amérique et Eurasie.
DYNAMICAL OCEANOGRAPHY. Japan trench to Kuril trench: preliminary results of the
— From III).
French-japanese oceanographic survey Kaïko (Leg
Tje prelimary results of the third part of the oceanographicsurvey by the J.Charcot Kaikoprovide new data
on the Japan and Kuril trenches and their junction. South of the concerned area, the Kashima seamount is
entering the subduction zone withoutany important compressive deformation of the inner wall. Instead, the
seamount is cut, before being subducted, by newly created normal faults in the oceanic crust. North of this area,.
important gravity slidings occur on the innerwall, thus infilling the trench which is reduced to a succession of
small basins ; all these [slidings are ihen subducted together with the oceanic crust and its sedimentary cover. This
region could be a model for tectonic erosion. Oceanic magnetic anomalies, which strike obliquely on the trench,
can be followed below the innerwall on a long distance wiih decreasing amplitude. At the Japan-Kuril trenches
junction a left-lateral strike-slip fault offsets they inner wall. The Kuril trench is a wide flat plain strongly
constrasting with the Japan trench small basins. The direction of the trench being paralill to the oceanic magnetic
anomalies, ancient normal faults inheritedfrom the oceanic accretion are reactivated when the oceanic lithosphere
enters the subduction zone. The Erimo seamount, brought by the Pacific plate ai they corner between the two,
trenches does not play any significant role in the curvature which is more likely related to the intracontinental
America-Eurasiaplate boundary.

La fosse du Japon, souvent donnée en exemple, à fait l'objet de nombreuses études/


Trois legs du programme IPOD, 56, 57 et 87, y ont été consacrés ([1], [2], [3]) qui ont
montré que la pente continentale, émergée au cours de l'Oligocène, s'est affaissée depuis,
a contrario de l'hypothèse généralement admise d'un soulèvement dû à l'accrétion des
terrains sédimentaires au niveau de là subduction. Des profils sismiques multitraces ont
donné une idée de la structure interne de la marge et du mur externe de la fosse ([4], [5])
tandis que des mesures de sismique réfraction suivaient là croûte océanique sous la marge
continentale, à 15-20 km de l'axe de la fosse ([6], [7]). Divers levers bathymétriques ont
été effectuées, mais aucun avec la précision du sondeur multifaisceaux (Seabeam) pour
la première fois employé ici.
Le programme océanographique franco-japonais Kaiko(Kaïlo=fosse)comporte deux
séries de campagnes réparties sur deux ans en 1984, ont eu lieu les campagnes du Jean
Charcot consacrées aux levers bathymétriques au sondeur multifaiseaux ( Seabeam),
magnétiques, gravimétriques et sismiques monotrace à haute vitesse (dix noeuds). En
1985, auront lieu les campagnes de plongées avee le nouveau submersible Nautile suscepti-
ble d'atteindre 6000 m de profondeur,

0249-6305/85/03010287 $ 2.00 © Académie des Sciences


288 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

Fig. 1 Fig. 2
Fig. 1. — Carte schématique de la fosse du Japon et de la fosse des Kouriles avec l'emplacement des zones
étudiées.
Fig. 1. — Schematic map of the Japan trench and the Kuril trench with the location of the studied areas.
Fig. 2. — Carte des anomalies magnétiques dans le Nord de la fosse du Japon et sa jonction avec la fosse des
Kouriles. Les anomalies du champ magnétique total sont exprimées en nanotesla avec une courbe tous les
100 nT. Les aires pointilléescorrespondent aux anomalies négatives.
Fig. 2. — Magnetic anomalies map in the north of the Japan trench and its junction with the Kuril trench. Total
magnetic field anomalies are espressed in nanotesla with one curve every 100 nT. Shaded areas are the négative
values areas.

La première série de campagne a été répartie en trois : la première consacrée à la fosse


de Nankaï, au Sud du Japon méridional, en marge de la Mer des Philippines; la seconde
au large du Japon central, le long de la fosse de Sagami qui marque l'une des frontières
de la triple jonction japonaise, plaque pacifique, plaque des Philippines, plaque japonaise;
la troisième consacrée à la fosse du Japon proprement dite et son passage à la fosse des
Kouriles ( fig. 1 ).
Cette troisième campagne a porté sur deux secteurs : le Kashima Seamount, au Sud,
qui fait la limite géographique entre la fosse des Izu-Bonin et la fosse du Japon; l'extrémité
Nord de la fosse du Japon et son passage à la fosse des Kouriles, avec l'Erimo Seamount.
1. LE SECTEUR DU KASHIMA SEAMOUNT (pl. I, IV A). — Dans ce secteur la fosse du
Japon a une direction moyenne de N 30° E.
Du côté océanique s'observe des structures en horst et graben parallèles à la fosse, qui
dessinent dans leur ensemble un léger bourrelet avant le plongement dans la fosse, avec
prédominance des failles normales à regard WNW, selon le classique modèle de la
déformation d'une plaque océanique entrant en subduction. Cependant, on reconnait des
linéaments de direction N 60° E, qui s'expriment parfois par des failles et paraissent
PLANCHE I JEAN-PAUL CADET

Carte bathymétrique levée au sondeur multifaisceaux : secteur du Kashima Seamount (voir pl. IV A).
Sea beam bathymetric map: Kashima seamount area (see pl. IV A).
PLANCHE II/ PLATE II

Carte bathymétrique levée au sondeur multifaisceaux : secteurs de la fosse du Japon (voir pl. IV B).
Sea beam bathymetric map: Japan trench area (see pl. IV B).
PLANCHE III/PLATE III

Carte bathymétrique levée au sondeur multifaisceaux : passage de la fosse du Japon à la fosse des Kouribes et
Erimo Seamount (voir pl. IV C).
Sea beam bathymetric map: junction between Japan trench and Kuril trench and Erimo seamount (see pl. IV C).
PLANCHE IV/ PLATE IV

Bloc-diagrammes: (A) Kashima Seamount. (B) Fosse du Japon. (C) Passage de la fosse du Japon à la fosse
des Kouriles et Erimo Seamount.
Interpretative stereogramms: (A) Kashima seamount. (B) Japan trench. (C) Junction between the Japan trench
and Kuril trench and Erimo seamount.
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 293

correspondre à la structure originelle de la croûte en raison de leur parallélisme avec les


anomalies magnétiques relevées lors de la campagne (fig. 2).
La fosse elle-même est une suite de bassins courts et étroits disposés en échelon, décalés
vers l'Est en allant vers le Nord. Il n'y a pas, à proprement parler, de fosse à fond plat
comme la fosse Izu-Bonin au Sud de la triple jonction.
Le Kashima Seamount, porté par la plaque océanique, introduit le trait morphologique
majeur du secteur sans cependant modifier les structures qu'il ne fait qu'accompagner. Il
est affecté par le réseau de failles océaniques parallèles à la fosse : l'une d'entre elle, très
puissante (le rejet est de 1 500 m), le découpe en deux parties à l'entrée dans la fosse, la
portion effondrée constituant un seuil dans celle-ci. Des failles secondaires affectent la
partie restée suspendue comme la partie affaisée (pl. I et IV A). L'hypothèse de Mogi [8]
se trouve donc confirmée et précisée.
La pente continentale est caractérisée par une terrasse moyenne vers 4 000 m, à partir
de laquelle elle dessine une forte pente jusque vers 7 000 m de profondeur moyenne. A
l'extrémité Nord de la zone étudiée, des unités tectoniques limitées au pied de la fosse
peuvent être interprétées soit comme un maigre prisme d'accrétion, soit comme des
unités glissées superficiellement (cf. infra). A l'endroit où le Kashima Seamount entre en
subduction, la pente continentale n'est pratiquement pas déformée; cependant, un léger
bombement transversal lui correspond, de même qu'une légère contre-pente au niveau
de la terrasse moyenne, sur laquelle se développe un réseau hydrographique naissant.
En conclusion, la subduction de la chaîne volcanique sous-marine, à laquelle appartient
le Kashima Seamount, se fait sans difficulté et sans véritable déformation de la marge
continentale : le Kashima Seamount « tombe » en subduction dans la fosse, entraîné
semble-t-il par le poids de la plaque océanique ici aggravé par le poids du volcan, ce qui
se marque par le fait que la partie effondrée du Seamount se trouve dans un berceau
synclinal transverse (pl. I a, II a). Ces résultats, qui confirment ceux qui avaient été
obtenus d'une façon préliminaire par les campagnes antérieures, s'inscrit contre l'idée
d'une difficile collision des chaînes volcaniques sous-marines avec les marges
continentales : la chaîne du Kashima Seamount n'est pas un obstacle à la subduction.
2. LE NORD DE LA FOSSE DU JAPON (pl. II, IV B). Dans cette partie, la fosse du Japon
a une direction N 10°E progressivementacquise depuis le secteur du Kashima Seamount
par une courbure régulière, semble-t-il réalisée par un dispositif de bassins courts et
étroits disposés en échelon et progressivement décalés vers l'Est (mais les levers seabeam
faits selon la seule direction de transit entre la zone d'étude du Mont Kashima et celle
de la jonction Japon-Kouriles ne permettent pas de conclure définitivement).
Du côté océanique les structures sont semblables à celles qui ont été relevées au niveau
du Kashima Seamount : les linéaments de direction N 60e demeurent secondaires, tout
en restant parallèles à la direction des anomalies magnétiques; tandis qu'un réseau de
failles parallèles à la fosse découpe le bord de la plaque océanique. Les anomalies
magnétiques N 60° E de la croûte océanique se poursuivent sous le mur interne, leur
amplitude décroissant progressivement ( fig. 2).
La fosse du Japon est une suite de bassins très étroits, divisés du côté océanique par
les linéaments de direction N 60° E, rétrécis du côté continental par les unités tectoniques
du bas de la pente continentale.
La pente continentale, sous la terrasse moyenne toujours située vers 4000 m de profon-
deur, dessine une falaise fortement pentée jusque vers 7000 m; cette pente coupe des
bancs subhorizontaux visibles sur les profils sismiques ([4], [5]), qui pourraient être d'âges
294 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

crétacés. Tout au pied de la pente, se trouve des unités tectoniques en forme d'écaillés
sédimentaires, qui, au vu de leur position, paraissent correspondre à un glissement
superficiel dont la pente entre 4 et 7000 m serait la cicatrice de détachement; sans
cependant qu'on puisse exclure un maigre prisme d'accrétion.
En conclusion, la fosse du Japon n'est pas une fosse au sens de la plupart d'entre elles :
on n'y reconnaît pas de vastes zones à fond plat remplies de sédiments, mais au contraire
une suite de dépressions étroites décalées du côté océanique par les failles héritées de la
structure originelle de la plaque pacifique, rétrécies du côté continental par les glissements
sur la pente. C'est ce dernier phénomène qui fait que la fosse proprement dite se situe
probablement sous les unités glissées voire sous la pente continentale elle-même; de sorte
que ce qu'on appelle fosse du Japon n'est que la limite frontale de glissement des unités
sédimentaires. Les profils sismiques tendent à confirmer cette interprétation ([4] à [7]).
Si cela devait se confirmer, la fosse du Japon fournirait un modèle pour l'érosion
tectonique liée à la subduction : alors qu'il est difficile de comprendre qu'une marge
continentale puisse être érodée par la subduction d'une plaque océanique portant des
sédiments meubles, on conçoit plus aisément que la pente continentale se détruisant par
glissements superficiels, les matériaux qui en résultent soient entraînés par la Subduction
qui fait ainsi reculer la pente.

3. LE PASSAGE A LA FOSSE DES KOURILES (pl. III, IV C). — La fosse des Kouriles, qui a
une direction approximativement N 60°, succède brutalement à la fosse du Japon dans la
zone complexe où se rencontre l'arrivée d'une chaîne volcanique sous-marine, dont
l'Erimo Seamount est le plus avancé, et les effets d'un puissant décrochement dans la
pente continentale.
Du côté océanique, le fait nouveau est que les linéaments N60°E, jusqu'alors secondai-
res, prennent un rôle prépondérant au Sud de l'Erimo Seamount; les failles correspondan-
tes déterminent le zigzag de la partie septentrionale de la fosse du Japon tandis qu'elles
sont parallèles au bombement à l'entrée de la fosse des Kouriles. Cela pose la question
du mécanisme de formation des failles qui ploient la croûte océanique quand elle entre
en subduction, en fonction de l'obliquité de ce ploiement par rapport à la structure
initiale de la croûte : lorsque l'obliquité est trop forte, un réseau de failles nouvelles se
détermine tandis que l'ancien reste cryptique (cas de la fosse du Japon); lorsque la
direction du ploiement se rapproche de celle des structures océaniques originelles, celles-ci
sont simplement réactivées.
L'arrivée de l'Erimo Seamount, qui vient se coller à la pente continentale en déterminant
un col vers 6250 m de profondeur, ferme la fosse du Japon vers le Nord, mais sans
cependant déformer réellement la pente continentale : le phénomène est moins net que
pour le Kashima Seamount mais il est de même nature; cette conclusion est renforcée
par le fait que les anomaliesmagnétiques (fig. 2) suggèrent que, sous la pente continentale,
un Seamount prédécesseur de l'Erimo ait déjà été subducté sans que rien ne se marque
dans la structure de la pente elle-même.
La fosse des Kouriles naît brusquement à la faveur d'un décrochement dextre marqué
par une falaise qui fait plonger brutalement les profondeurs à 7000 m et s'ouvrir une
fosse large de plus de 15 km, à fond plat et puissante série sédimentaire. A son début, la
fosse des Kouriles paraît ainsi analogue à la fosse des Izu-Bonin à nombre de
— et
fosses — mais différente de celle du Japon.
La pente continentale comporte deux secteurs principaux.
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301. Série II, n° 5, 1985 295

Les structures de la pente continentale japonaise, avec terrassé moyenne, forte pente
inférieure découpée dans des terrains tabulaires, unités glissées au pied, sont toujours
présentes à l'extrémité nord de la fosse du Japon. Ce dispositif s'ennoie vers le Nord
sous une couverture sédimentaire plus récente (Néogène?), sans doute apportée par
l'ancêtre du canyon d'Hidaka, et occupant une zone synclinale transversale. Cette couver-
ture est cependant découpée par un réseau hydrographiquecomplexe qui dégage plateaux
et buttes témoins sur lesquels se remarquent de légères dépressions fermées qui évoquent
un relief karstique; le sommet du remplissage sédimentaire pourrait donc être une surface
d'érosion, récemment ennoyée dans la zone synclinale transverse puis disséquée par les
émissaires de l'actuel canyon d'Hidaka.
Vers le Nord, ces structures sont brutalement interrompues par un décrochement
senestre au-delà duquel le bord de la pente continentale de la fosse des Kouriles est une
falaise abrupte de près de 3000 m de relief entre le rebord dû plateau continental (de
nouveau à 4000m) et le fond de la fosse à 7 000m. Cette falaise tombe directement
dans la fosse, sans unités glissées à son pied; mais on y observe de véritables éboulements
de très gros blocs susceptibles d'être reconnus à l'échelle du lever Seabeam. La question
d'une éventuelle accrétion sédimentaire au pied de la pente continentale de la fosse des
Kouriles paraît ne pas se poser du tout.
En conclusion,le passage de la fosse du Japon à la fosse des Kouriles, et corrélativement
le changement de direction de N10°E à N60°E, n'est pas en relation avec l'arrivée de
la chaîne de l'Erimo Seamount qui est subductée sans effort. Ce qui détermine la fosse
des Kouriles est un brutal changement dans la structure de la pente continentale le long
d'un décrochement dont le prolongement à terre semble devoir correspondre à la limite,
au cours du Néogène au moins, des plaques Okhotsk-Japon ou, pour certains auteurs,
des plaques Amérique-Eurasie ([9], [10], [11]).
4. CONCLUSIONS. —
La fosse du Japon et la fosse dés Kouriles paraissent être le siège
de subduction sans accrétion, pas même au niveau des Seamount qui sont avalés par la
subduction comme le reste de la croûte océanique. Peut-être cela est-il lié au fait que la
croûte pacifique est ici ancienne (Jurassique) et donc lourde, l'entraînement par son
propre poids étant un facteur essentiel de la subduction. Mais on doit se souvenir que le
même phénomène a été observe dans la fosse d'Amérique centrale pu la croûte récente
(Miocène) donc en principe légère, a le même comportement ([12], [13]).
La fosse du Japon, très originale par son remplissage d'unités tectoniques glissées sur
la pente continentale, donne probablement le modèle de l'érosion tectonique liée à la
subduction : les unités ainsi glissées sont aisément entraînées dans la subduction comme
le reste des sédiments, tandis que la pente continentale recule au fur et à mesure.
Le changement de direction au passage de la fosse du Japon à la fosse des Kouriles est
lié à la structure de la marge continentale et non à celle de la croûte océanique : ce n'est
pas, comme on en donne souvent l'exemple, la chaîne de l'Erimo Seamount qui détermine
la limite des deux fosses — sauf au sens bathymétrique — non plus que leur changement
de direction.
Enfin, la croûte océanique se comporte différemment face à dès subductions de
directions variables : lorsque la subduction est franchement oblique à sa structure origi-
nelle (ici N60°E), des failles nouvelles se forment parallèlement à là subduction, tandis
que le réseau originel reste cryptique; quand la subduction devient subparallèle à sa
structure originelle, celle-ci est simplement réactivée sans que se détermine un nouveau
réseau de failles. Entre ces deux extrêmes existent probablementtoutes les possibilités, la
296 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

fosse d'Amérique Centrale donnant un exemple intermédiaire où les deux réseaux sont
d'importance égale [12].
La troisième campagne du programme Kaïko a donné des informations nouvelles dans
un secteur souvent cité en exemple de fosse — mais la fosse du Japon n'est finalement
pas une fosse — et d'accrétion tectonique — mais il n'y a probablement pas d'accrétion
dans la fosse du Japon et encore moins dans la fosse des Kouriles —. Elle a donnée, en
outre, un premier exemple détaillé de la manière dont les chaînes volcaniques sous-marines
sont subductées sans difficulté et de la façon dont les festons successifs des fosses passent
de l'un à l'autre en fonction de la morphologie des marges continentales. Ces résultats
devront être éprouvés par les plongées du submersible autonome Nautile.
Remisele 20 mai 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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J.-P. C. et S. L. : Laboratoire de Géologie dynamique,


Département des Sciences de la Terre, U.A. C.N.R.S. n° 724,
Université d'Orléans, 45046 Orléans Cedex;
K. K., H. T. et K. K. : Océan ResearchInstitute, University of Tokyo,
Nakano Ku, Minami Dai 1-15-1, Tokyo, Japon;
J. A. : Département de Géotectonique, U.A. C.N.R.S. n° 215,
Université Pierre-et-Marie-Curie,
4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05;
J. B. : Laboratoire de Géochimie, U.A. C.N.R.S. n° 196,
Université Pierre-et-Marie-Curie,
4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05.
J. D. : Laboratoire de Géophysique et de Géodynamique interne, U.A. C.N.R.S. n° 730,
Université Paris-XI, Orsay;
R. von H. : U.S. Geological Survey, Department of Marine Geology,
Menlo Park, California, U.S.A.;
L. J. : Laboratoire de Géologie, U.A. C.N.R.S. n° 215,
Ecole Normale Supérieure, 46 rue d'Ulm, 75005 Paris;
T. K. et Y. N. : University of Tokyo, Geological Institute,
Bunkyo Ku, Hongo 7-3-1, Tokyo, Japon;
J. K. : Earthquake ResearchInstitute,
University of Tokyo, Tokyo, Japon;
G. P. : IFREMER, Centre océanologique de Bretagne, B.P. n° 337, Brest;
K. S. : Department of Geophysics, Tohoku University, Sendai, Japon;
S. T. : HydrographieDepartment, Maritime Safety Agency,
Chuo Ku, Ginza 5 Chome, Tokyo, Japon;
T. Y. : Geological Survey of Japan, Hisamoto 135,
Takatsu Ku, Kawasaki, Japon.
C. R. Acad, Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 297

GÉOCHIMIE ET GÉOCHRONOLOGIE ISOTOPIQUES. — Age du magmatisme


fissurai tardi-Hercynien à l'extrémité occidentale du Massif armoricain (France). Note de
Hervé Bellon, Louis Chauris, André Fabre, Bernard Haliegouet et Pierre Thonon, présentée
par Jean Wyart.
Vers la fin des temps hercyniens, le magmatisme fissurai s'est manifesté à l'extrémité occidentale du Massif
armoricain à trois périodes principales : (1) ~ 305-285 M.a. (microgranites, microsyénites, lamprophyres); (2)
~250-235 M.a. (dolérites, lamprophyres, rhyolites); (3) ~200 M.a. (dolérites). Ce magmatisme souligne la
fissuration du continent européen en bordure de la marge atlantique.

ISOTOPIC GEOCHEMISTRY AND GEOCHRONOLOGY. - Radiometric ages of the late-hercynien


filonian magmatism in the westernmost part of the Armorican Massif (France).
A filonian magmatism localed in the most western part of the Armorican Massif was active by the end of the
hercynian times; three main periods may be distinguished: (1) around 305-285 M.a. (microgranites, microsyenites
and lamprophyres); (2) around 250-235 M.a. (dolerites, lamprophyres and rhyolites);. (3) around 200 M.a,
(doleriles). These magmatic events accompany the fracturation of the European continent along its western edge:
the Atlantic margin.

De nombreux filons éruptifs (microgranites, microsyénites, lamprophyres et dolérites)


ont été découverts lors des levers pour les feuilles à 1/50000, Le Conquet [1], Plouarzel-
Ouessant et Plabennec [2], dans le Bas-Léon, l'archipel de Molène et Ouessant. Des
galets de rhyolite ont été aussi observés sur les estrans ( fig.). La Note expose les résultats
géochronologiques obtenus par la méthode K/Ar sur ces formations. Seuls les champs
filoniens microgranitiques de Lanrivoaré-Ploumoguer ([3], [4]) et les filons doléritiques
de Brenterc'h-Porz Milin ([5], [6], [7]) avaient fait l'objet de datations (âges respectifs f
292 + 9 M.a. et ~205 M.a.). Le but de la Note est de tenter d'établir une première
chronologie du magmatisme qui a accompagné (et suivi) la fissuration du bâti hercynien
aux approches de la marge de l'Atlantique nord.
MICROSYÉNITE DE MOLÈNE. — Des filons subméridiens de microsyénite à faciès lampro-
phyrique (tableau I, 1) recoupent le granite hercynien de Saint-Renan (~340 M.a.) [8]
dans les deux Ledenez de Molène. Ils se caractérisent par une texture porphyrique à
gloméroporphyrique; une granulométrie hétérométrique; une phénophase avec biotites
automorphes chloritisées, feldspaths potassiques automorphes, plagioclases déstabilisés
(chlorite et séricite), ocelles de quartz blindé dragéiforme et grandes apatites; une méso-
stase cryptocristalline, feldspathique, avec séricite et chlorite. Un filon (LC 79-128)
(tableau II) a été daté sur roche totale à 305,4+15,3 M.a.
MICROSYÉNITE D'OUESSANT. — Sur la côte nord de la presqu'île de Lokeltas, près de
Poull Bridik, neuf filons subméridiens microsyénitiques recoupent, sans être affectés, un
leucogranite hercynien (~310 M.a.) [9] à écrasement subvertical WSW-ENE; sur la côte
sud, un seul filon a été observé près de Bougzenn [10]. Un des filons de Poull Bridik
échantillonné au coeur (T 74-127) et en bordure présente une texture primaire porphyroclas-
tique avec feldspath potassique et plagioclase acide séricitisé, dragées de quartz blindé,
phénoclastes de biotite verte, apatites automorphes, dans une mésostase cryptocristalline
avec micropegmatites.
Par leur chimisme (tableau I, 2 et 3), ces filons se rapprochent de ceux de Molèrie,
notamment par leurs fortes teneurs en K20 et en baryum. Les données radiométriques
(tableau II) sur roche totale obtenues sur le coeur et la bordure du filon concordent entre

0249-6305/85/03010297 $ 2.00 © Académie des Sciences


298 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

elles et permettent d'établir à 286,1 + 14,5 M.a. l'âge de ces manifestations, en apparence
un peu plus récentes que celles de même type datées à Molène.
MICROGRANITEDE KEROUZIEN. Près de Ploumoguer, le granite de Saint-Renan et les

gneiss de Kerhornou sont recoupés par des filons microgranitiques subméridiens,à texture
porphyrique et granophyrique. Les filons traversent sans modification les mylonites qui
soulignent le passage du linéament médio-armoricain ([11], [3]). Le champ filonien de
Kerouzien est subparallèle à l'ensemble filonien de Ploumoguer qui s'étend immédiate-
ment à l'Ouest et à l'Est [3], La composition chimique s'avère comparable (avec toutefois
des pourcentages encore plus faibles en Mn, Mg et Ti) à celle des faciès à grain fin des
microgranites de Ploumoguer (tableau I, 4 et a). Les deux champs filoniens possèdent la
même source magmatique, mais offrent des conditions de cristallisation légèrement diffé-
rentes. Le filon de microgranite (LC 78-26) (tableau II) est daté sur roche totale à
29.0,7 + 14,5 M.a.
LAMPROPHYRES DE MELON.

Le granite de l'Aber-Ildut (~300 M.a.) ([8], [5]) est
recoupé par de minces filons lamprophyriques potassiques (minette) très riches en baryum
(tableau I, 5 b), suivis, au bord de la mer, selon la direction N 10°W. Seul le filon
septentrional est injecté dans l'accident linéamentairè de Porspoder orienté WSW-ENE.
Deux épisodes peuvent être distingués : le filon septentrional (LC 84-177) daté sur roche
totale (tableau II) à 297,2+14,9 M.a. étant plus ancien que les filons méridionaux
(LC 82-141) datés à 243,2+12,2 M.a. Ce dernier résultat se rapproche de celui obtenu
sur un lamprophyre dragué à l'aplomb de l'Eperon Pendragon au cours de la campagne
Cymor 2.
DOLÉRITE DE QUEMENEZ. — Un dyke dpléritique, de
à 6 m de puissance, orienté
5
~N 120°E, recoupe le socle ancien dans le Ledenez de Quemenez. La dolérite, à clinopy-
roxène et labrador (tableau I, 6), a une texture subophitique. L'échantillon LC 79-201 a
été daté à 242,9 + 12,1 M.a. (tableau II) pour une teneur en K20 de 0,39 %. Cet âge est
en assez bon accord avec ceux de 231 et 233 M.a. obtenus sur d'autres échantillons dont
les teneurs en K20 sont de 0,41 et 0,40 % [12]. Un âge moyen de 235 M.a. confirme
donc que la dolérite de Quemenez est plus ancienne que les dolérites de Brenterc'h.
RHYOLITE.

Sur l'estran près de Saint-Marzin ont été recueillis des galets de rhyolite
de teinte rouge, à texture de flux, hyaloporphyrique, contenant des phénocristaux de
quartz automorphe et remarquables par leur très forte teneur en K20 et leur faible
teneur en Na20 (tableau I, 7). Un galet de rhyolite a été daté à 253,2+12,7 M.a.
(LC 78-101) (tableau II).
CONCLUSIONS.

1. Localisation.

Les champs filoniens étudiés ont été découverts,
le plus souvent, grâce à d'exceptionnelles conditions d'affleurement. Cette constatation

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Magmatisme fissurai du Léon occidental. Nature des filons et localisation des prélèvements (1 à 7).
y2, microsyénite, Molène (1) et Ouessant (2 et 3); y3k, microgranite, Kerouzien (4); x, lamprophyre, Melon
(5 a et b); s 1, dolérite, Quemenez (6); rhyolite (galet), Saint-Marzin (7). Tirets espacés= tracé schématique
des accidents linéamentaires de Ouessant-Porspoder (au Nord), médio-armoricain (au centre) et des RoSpects
(au Sud).
Filonian magmatism. Nature and location of the sampling sites (1 to 7). y2, Molène (1) and Ouessant (2 and
3) microsyenites; y3k, Kerouzien (4) microgranite; %, Melon (5 a and b) lamprophyres; e 1, Quemenez (6)
dolérite- Rhyolitic pebble CI) near Saint-Marzin. Doted lines = schematic drawing of major lineaments: to the
North Ouessant—Porspoder lineament; middle armorican lineament in the centre; Rospects lineament to the
South.
PLANCHE I/PLATEJ HERVÉ BELLON

TABLEAU I
Analyses chimiques (J. Cotten, U.B.O. et B.R.G.M.). 1 à 7, légende identique à celle de la figure,/.
(a) microgranite de Ploumoguer (moyenne,de six échantillons), (b) dolérite de Brénterc'h (moyenne de trois

7
échantillons).— =non dosé.
Chemical analyses (J. Cotten, U.B.O. and B.R.G.M.). 1 to 7, same legend as for figure, (a) average of six
microgranitesamples, Ploumoguer, (b) Brenterc'h dolerite (average of three analyses). —=undetermined.
1 2 3 4 56 6 b

Si02.
..... ....-67,50 66,10 66,35 73,07 56,10 51,05 72,35 73,29 50,10
A1203.
....... .14,00
Fe203. .......3,45
15,10 14,67 15,00 15,60 14,21 14,76 14,68 14,58

.tot
3,45 3,36 1,28 5,75 10,50 1,81 1,39 11,29
MgO.. .......; 1,50 1,70 1,70 0,02 4,22 7,93 0,17 0,18 7,87

Na20...........
CaO. 1,92 1,20 2,82 0,19 2,10 11,39 0,34 0,29 11,54

K20. ........
2,85 3,65 3,36 3,90 1,46 1,94 0,48 3,57 1,92
7,25 0,50 7,96 4,38 0,55
Ti02 ..... 5,90
0,50
5,52
0,59
5,52
0,62
4,15
0,01 1,53 1,01 0,03 0,11 1,01
P2Os.
H2O ........ 0,48
1,45
0,63
1,54
0,71
0,68
0,31
1,82
1,15
3,39
0,09
0,62
,
0,27
1,12,
0,32
1,15 0,68

TOTAL 99,55 99,48 99,79 99,75 98,55 99,24 99,29 99,36 99,54

Rb.
Ba:
Sr
Li.
.....2100
.
675

47
1950
610
280
120
2500
834
230
92
-590
17
73
5350
1540
208
124

166
19
10
<20
--
42 66
46
608
645
103
180
14
15
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 301

TABLEAU II
Données radiométriques 40K-40Ar sur roche totale (granulométrie 0,3-0,15 mm). Les âges (en millions d'années)
sont calculés selon la relation: t=4.153,9log (1 + 142,33 40Ar*VK). Les constantes sont celles définies à
Sydney (1976), 40Ar* (radiogénique) exprimé en centimètres cubes par gramme et K exprimé en grammes.
40K-40Ar radiometric data on whole rocks (grain size 0.3 to 0.15 mm). Ages in millions years, are calculated

(fig.) Echantillon
Age
(M.a.)
Inc.
(M.a.)
40 Ar*
Poids
using the followingformula: t = 4,153.9 log (1 + 142,33 4oAr*/K). Constants used are those recommended in
Sydney (1976). Radiogenicargon(40Ar*) is expressed in cubic centimeters per gram and K in grams.

Site
(10-7 cm3/g) %
49 Ar*
40 Ar T
K20
(%) fondu
(g) N° Exp.

5b.. LC 82-141 243,2+/-l2,2 612.72 95,3 7,25 0,5450 B 705-1


6....... . .
LC 79-201 242,9+/-12,1 34.18 80,8 0,41 1,0586 B 707-2
7......
3...... LC 78-101
T 74-127
253,2+/-12,7
284,8+/-14,2
702.30
561.70
94,8
91,8
7,96
5,61
0,4402
0,3018
B 697-2
B 319-2
2.. T 74,128 289,4+/-14,5 568.53 « 83,7. 5,58 0,3153 B 327-1
5a....
. . .
LC 84-177 290,1+/-14,5 632.21 93,1 6,19 0,4197 B 786-1
4 LC 78-26 290,7+/-14,5 413.60 94,3 4,04 0,8008 B 777-1
1..... . .
LC 79-128 305,4+/-l5,3 637.21 94,0-/5,90 0,4146 B 696-1

suggère que d'autres filons doievent être présents : (a) sous la faible pellicule d'eau du
plateau de Molène et de ses abords (comme incite à le penser l'abondance, sur les estrans,
de nombreux galets de microgranites non étudiés dans cette Note); (b) plus au large,
dans l'Iroise (où un microgranite a été effectivement recueilli par dragage) [13]; (c) en
bordure de la marge continentale (résultats de la Campagne Cymor).
21 Pétrographie. — Trois points peuvent déjà être soulignés: (a) alternance (voire
concomitance) d'un magmatisme basique (dolérites), intermédiaire (lamprophyres, syéni-
tes) et acide [microgranites (rhyolites)]; (b) affinité tholeiitique du champ filonien de
Brenterc'h [14]; (c) caractère potassique à hyperpotassique de certaines venues [microsyéni-
tes, lamprophyres (rhyolites)].
3. Géodynamique. — (a) Modalités des relations des microgranites avec le linéament
médio-àrmoricain (puissante zone ductile, à coulissage dextre) [11]. Le déplacement très
important lors de la mise en place du complexe granitique de Plduaret - Plouneour-Menez
(de l'ordre de 20 1cm au droit de Morlaix) [11] vers 330 M.à. [15], l'est déjà beaucoup
moins vers 300 M.a. (mise en place du granite de Quintin) [15], et s'est arrêté avant
290 M.a. (âge de l'injection des microgranites).(b) A Ouessant, les microsyénites recou-
pent les mylonites WSW-ENE du système de failles de La Manche [16]. (c) Les fractures
subméridiennes souvent injectées de filons coïncident avec la limite occidentale du Pays,
de Léon. Elles ont guidé le tracé de la côte et divers chenaux [1], Le filon de quartz de
la pointe de Korzenn présente la même direction submèridienne [1]. (^Parallélisme dit/
dyke de Quemenez et du champ doléritique de Brenterc'h avec l'actuelle bordure de la
marge continentale (Golfe de Gascogne). Ces dykes paraissent jalonner des fractures du
continent antérieurement à l'ouverture de l'Atlantique.
4. Géochronologie. — Le magmatisme fissurai s'est manifesté à trois périodes principa-
les (chacune séparée par un intervalle de 30 à 50 M.a.) vers l'extrémité occidentale du
•Massif armoricain : (à) 305-285 M.a. — période coïncidant avec le maximum de venues
filoméimes (microgranites de Lanrivoàré-Ploumoguer (~292 M.a.); microgranite de
Kerouzien (290 M.a.); microsyénites de Molène (~305 M.a.) et d'Ouessant
(289-284 .Ma.); lamprophyre deMelon proparte (~29TM.a], (b) ~250-235 M.a. (lam-
prophyre de Melon pro parte ;(~243 M.a.), dolérite de Quemenez (~235 M.a.), et
peut-être rhyolite ( ~ 253 M.a.), si l'échantillon de Saint-Marzin provient d'une source
relativement proximale. (c) ~200 M.a. — Dolérites de Brehterc'h. (d) ~160 M.a. —

C. R„ 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 22


302 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

Rajeunissement des dolérites de Brenterc'h par télescopage potassique d'origine


hydrothermale [7].
Remise le 15 avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[I] L. CHAURIS et B. HALLEGOUET, Carte géologique à 1/50000, Le Conquet(sous presse).


[2] L. CHAURIS et B. HALLEGOUET, Cartes géologiques à 1/50000, PlouarzekOuessant et Plabennec (en
préparation).
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1977, p. 5-17.
[4] P. VIDAL, Mém. Soc. Géol. Minéral. Bretagne, 21, 1980, 162 p.
[5] C. J. D. ADAMS, A geochronological and related isotopic study of rocks from North-Western France
and the Channel Islands (United Kingdom), Ph. D. Thesis, inédit, Oxford, 1967, 387 p.
[6] F. LEUTWEIN, J. SONET et J. L. ZIMMERMANN, Comptes rendus, 275, série D, 1972, p. 1327-1330.
[7] A. FABRE et H. BELLON, 10e R.A.S.T., Bordeaux, 1984, p. 214.
[8] S. DEUTSCH et L. CHAURIS, Comptes rendus, 260, 1965, p. 615-617.
[9] F. LEUTWEIN, L. CHAURIS, J. SONET et J. L. ZIMMERMANN, Sciences de la Terre, Nancy, XIV, 1969,
p. 329-358.
[10] E. JEREMINE et A. SANDREA, Bull. Carte géol. Fr., 252, LV, 1957.
[II] L. CHAURIS, Comptes rendus, 268, série D, 1969, p. 2859-2861.
[12] A. FABRE, Thèse U.B.O. (à paraître).
[13] L. CHAURIS, J. DEUNFF, F. LAPIERRE, J. P. LEFORT et Y. PLUSQUELLEC, Comptes rendus, 274, série D,
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H. B., L. C, A.
F. et P. T. : Département des Sciences de la Terre,
Université de Bretagne occidentale, 29287 Brest;
G.I.S. « Océanologie et Géodynamique »;
B. H. : Département de Géographie, Université de Bretagne occidentale, 29287 Brest.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 303

PÉTROLOGIE.
— La cordiérite dans le domaine anatectique du Vélay (Massif Central
Français) : un marqueur de l'anatexie, du magmatisme et de l'hydrothermalisme. Note dé
Catherine Wéber, Michel Pichavant et Pierre Barbey, présentée par Jean Wyart.

On distingue trois stades principaux de cristallisation de la cordiérite au cours de l'évolution du domaine


anatectique du Velay. Ce sont : (1) la cordiérite restitique liée à la réaction de déstabilisation de la biotite lors
de la fusion partielle; (2) la cordiérite magmatique de certains granites tardimigmatitiques, produit de cristallisa-
tion des magmas peralumineux formés en profondeur; (3) la cordiérite hydrothermale formée par échanges
chimiques entre fluides tardianatectiques, minéraux et éventuellementliquide silicate.

PETROLOGY. — Cordiérite in the Velay anatectic domain (French Massif Central): An indicator of partial
meltihg and of magmatic and hydrothermal processes.
Three main stages of cordierite crystallization are recoghized during the evolution of the Velay anatectic
domain. These are: (1) restitic cordiérite associated with the bredkdown of biotite during partial melting;
(2) magmatic cordierite, crystallizationproduct of peraluminous magmas generated at depth; (3) hydrothermal
cordierite crystallized from chemical exchange reactions involving late anatectic fluids, minerals and possibly a
silicate melt.

INTRODUCTION. — Dans les domaines anatectiques, l'apparition de la cordiérite fournit


des indications (notamment géothermobarométriques) permettant de préciser les condi-
tions de fusion partielle et de genèse des granites peralumineux. De ce point de vue, le.'
domaine anatectique du Velay est exceptionnel, à la fois par l'abondance de la cordiérite
et par la diversité de ses types de gisement. La signification pétrogénétique de ce
minéral (origine métamorphique, magmatique?) a longtemps suscité dès interprétations
contradictoires (voir l'excellent historique de J. Dupraz [1]). Nous proposons, dans cette
Note, une synthèse des mécanismes d'apparition de la cordiérite dans le domaine anatecti-
que vellave.
Ce domaine s'insère dans un ensemble métamorphique polyphasé, épizonal à catazonal
([2], [3]). Des phénomènes de fusion partielle sont observables au sein de la série catazo-
nale, constituée de formations orthodérivées (gneiss oeillés, leptynites) et paradérivées,
métapélitiques ou carbonatées (gneiss à biotite-sillimanite, gneiss calcosihcatés). Le déve-
loppement de la fusion partielle conduit à des anatexites et à des granites d'anatexie.
Nous distinguons trois stades principaux de cristallisation de la cordiérite dans ces
formations catazonales : cordiérite restitique, cordiérite magmatique et cordiérite hydro-
thermale.
LA CORDIÉRITE RESTITIQUE. — Elle apparaît de façon caractéristique lors de l'anatexie
de certaines formations paradérivées à biotite (sillimanite). Ce sont, à l'affleurement, des
roches foncées, de teinte gris-vert, riches en biotite, sillimanite, cordiérite et quartz et
contenant des proportions variables de mobilisats granitiques de puissance décimétrique.
Dans les parties ferromagnésiennes, la cordiérite est généralement présente en cristaux
millimétriques ou agrégats de cristaux plurimillimétriques,sub-automorphes à automor-
phes (pl. A), associés à la biotite, qui montre alors de remarquables figures de résorption
[(pl. B), à la sillimanite, au plagioclase et au quartz; le feldspath potassique y est rare ou
absent. Ces concentrations de minéraux alumineux et fêrromagnésiens, réfractaires, peu-
vent être raisonnablement interprétées comme des restites. Le liquide anatectique est en
partie représenté par les ségrégations granitiques présentes dans la roche. Des cristaux
de cordiérite, automorphes, sont fréquemment disposés en bordure de ces mobilisats
(pl. C). L'ensemblede ces donnéesd'observation suggèrent un processus de fusion partielle

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304 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

selon la réaction globale :

(1) quartz+feldspath + plagioclase+biotite+ sillimanite ^± cordiérite+liquidegranitique.


Cette réaction, du type « déshydratation-fusion », qui peut apparaître également comme
une réaction métamorphique prograde et dans laquelle la biotite a un rôle important
puisqu'elle fournit l'eau nécessaire à la fusion de la fraction quartzo-feldspathique, met
en valeur le caractère restitique de la cordiérite, c'est-à-dire celui d'une phase incorporant
la majorité des oxydes réfractaires impliqués lors de la fusion. Ceci est d'ailleurs conforté
par des résultats analytiques préliminaires, montrant que le partage Fe-Mg entre biotite
et cordiérite est conforme à la valeur d'équilibre [4]. Les données expérimentales existantes
sur la réaction (1) ou des réactions s'en approchant ([4], [5]), ne permettent pas de caler
avec précision, en pression et en température, cette réaction, essentiellement par manque
de données sur la stabilité des biotites à composition complexe (excès d'Al, teneurs
importantes en Ti et F) et par l'absence de modèle de solution solide complet pour les
biotites. De plus, la présence d'une phase fluide carbonique exprimée serait susceptible
de décaler fortement cette réaction (1) vers les hautes températures [6].
D'autres exemples de cordiérite restitique sont fournis par les nodules cordiéritiques
des granites d'anatexie et les enclaves peralumineuses des granites tardimigmatitiques
([2], [7]). La cordiérite se trouve notamment en nodules centimétriques dans certains
granites d'anatexie (granites du Velay) avec des textures d'accumulations locales qui
peuvent suggérer un départ d'une fraction de liquide granitique, et dans des enclaves de
restites dispersés dans les granites tardimigmatitiques(par exemple, granites du Tanargue
ou des Quatre-Vios). Dans ces derniers, la cordiérite sub-automorphe, participe à des
associations métamorphiques de haut degré à sillimanite. Ces résidus sont classiquement
interprétés comme les fragments d'une roche source, ayant subi une fusion partielle,
entraînés par le magma anatectique lors de sa mise en place. Dans ce cas, l'interaction
entre le liquide granitique et les cordiérites des restites est principalement de nature
mécanique.
LA CORDIÉRITEMAGMATIQUE. — Certains types de granite tardimigmatitiques, contien-
nent des prismes automorphes de cordiérite, de taille plurimillimétrique et dispersés de
façon homogène dans la roche (par exemple, carrière de Chalencon [1], [8]). Cette texture
suggère une origine magmatique pour ces cordiérites par nucléation homogène dans
le liquide silicate. Certains granites d'anatexie et tardimigmatitiques sont également

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Cordiériterestitique : A, agrégats de cristaux de cordiérite (Co) dans les parties ferromagnésiennesdes anatexites;
B, figures de résorption de la biotite liées à l'apparition de la cordiérite (Co) dans les anatexites; C, cristaux
de cordiérite automorphe (Co) en bordure des mobilisats granitiques des anatexites. Cordiérite magmatique :
D, croissance en couronne de la cordiérite (Co) autour du grenat restitique (Gt) dans les granites tardimigma-
titiques. Cordiérite hydrothermale : E, fissures à cordiérite (Co) organisées en réseaux parallèles et sécantes
sur la schistositédes anatexites; F, association cordiérite (Co)-tourmaline (T) dans fissure sécante.
Restitic cordierite: A, cordierite (Co) agregates in melanosomes; B, apparition of cordierite (Co) associated with
biotite breakdown in melanosomes; C, automorphic cordierite crystals (Co) in leucosomes. Magmatic cordierite:
D, growth of cordierite (Co) around restitic garnet (Gt) in late-anatectic granites. Hydrothermal cordierite: E,
cordierite (Co) bearingfractures organized in parallel networks and crosscuttingthe foliation of the migmatites;
F, cordierite (Co)-tourmaline (T) association in a crosscutting fracture.
PLANCHE I/PLATE I CATHERINE WEBER
C. R. Acad. Sc. Paris, t 301, Sérié II, n° 5, 1985 307

particulièrement riches en prismes de cordiérite leur conférant un caractère cumulatif


assez marqué.
A côté de
ces cas extrêmes, la majorité des granites d'anatexie et des granites tardimigma-
titiques présentent généralement des cordiérites de type complexe, avec nucléation hétéro_
gène et croissance sur des petites cordiérites résiduelles ou croissance en couronne autour-
d'un grenat restitique (pl. D). Cependant, ces dernières sont également en partie d'origine
magmatique et leur cristallisation fait intervenir les mêmes mécanismes. La minéralogie
des restites des granites tardimigmatitiques montre que la fusion partielle responsable de
la production des magmas parents, intervient à l'équilibre avec cordiérite (et/ou grenat)
biotite, sillimanite. Le liquide produit sera donc peralumineux, et contiendra une certaine
proportion d'oxydes réfractaires, d'autant plus forte que la température et la teneur en?
H2P du système seront élevées. La cristallisation d'un tel liquide pourra ainsi donner
une certaine quantité de cordiérite, si la cristallisation intervient dans son domaine de
stabilité. C'est là l'origine des cordiérites magmatiques. Les croissances en couronne de
cordiérites autour du grenat suggèrent une fusion partielle dans le domaine de stabilité
du grenat, avec réaction péritectique du type grenat+liquide ^cordiérite durant la course
de cristallisation. Les données expérimentales [9] et topologiques [10] s'accordent pour
limiter l'apparition de cordiérite magmatique à des pressions inférieures à 5-6 kbars.
LA CORDIÉRITEHYDROTHERMALE. — Il s'agit de la manifestation la plus spectaculaire et
la plus originalede la cordiérite dans le domaine vellavé : ce sont les cordiérites en nodules;
cocardes, châtaignes arborescentes, fissures, cisaillements ou diaclases à cordiérite, poches/
bu filonnets pegmatitiques à cordiérite (±Mu), qui en sont la;manifestation complexe et
variée sur le terrain. J. Dupraz[l] eh donne des descriptions très détaillées à l'échelle de
l'affleurement et de la lame mince. Ces types de cordiérite se distinguent, dans la plupart
des cas, des deux types précédents avec cependant des convergences morphologiques
possibles : convergence entre mobilisats granitiques et certaines fissures, tous deux à
cordiérite automorphe, convergence entre agrégats polycristallins des anatexites décrits
précédemment et cocardes à cordiérite.
Ces cordiérites hydrothermalès se caractérisent en premier lieu par leur caractère tardif./
Les fissures à cordiérite, organisées localement en réseaux parallèles (pl. E) recoupent les
structures des migmatites et granites d'anatexie et pourraient, pour certaines, correspondre
à des fentes de tension développées dans un matériel compétent [1].
En second lieu, ces cordiérites sont auréolées d'une frange quartzo-feldspatnique déve-
loppée autour des cocardes ou le long des fissures. Enfin, là minéralogie de ces nodules
à cordiérite se réduit presque exclusivement à cordiérite et quartz, les feldspaths et la
biotite étant progressivement déstabilisés [1]. Notons que certains filonnets pegmatitiques
sont à cordiérite-quartz-muscdvitév
Il a été envisagé une analogie [1] entre ces nodules à cordiérite et les nodules à
tourmaline [11], formés par métasomatose borée d'un granite déjà totalement cristallisé
et qui présentent également une auréole blanchie et une minéralogie caractéristique à
tourmaline-quartz. Cette analogie peut encore être poussée si on considère les cristallisa-
tions alternées tourmaline-quartz et cordiérite-quartz observées entre autres dans certaines
fissures (pl. F). L'ensemble des caractères précédents met en avant l'importance du rôle
des phases fluides bien que dans le détail, différents processus puissent être envisagés :
cristallisation de type pegmatitiqué avec liquide silicate présent (interaction complexe,
liquide suicaté-minéraux-fluides) ou de type subsolidus (interaction fluides-minéraux),
A l'opposé une origine restitique pour ce type de cordiérite, telle qu'elle a été envisagée
308 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

dans le premier paragraphe, ne rendrait pas compte de tous les faits d'observation et
demanderait la déstabilisation de quantités de biotites incompatibles avec celle des
roches-hôtes (et un départ considérablede liquide silicaté) vu les concentrations localement
très importantes des cordiérites dans certaines fissures. De même, une origine magmatique
de ce type de cordiérite est également indéfendable vu la faible solubilité de ce minéral
dans un liquide granitique proche de son solidus [12]. Le détail du mécanisme de cristalli-
sation de cette cordiérite est mal connu, mais implique vraisemblablement des échanges
chimiques entre fluides, minéraux, et éventuellement un liquide Silicaté. L'origine des
fluides impliqués dans ce stade tardi-anatectique pourrait être cherchée dans la remontée
et la cristallisation des domaines anatectiques sous-jacents[1].
CONCLUSION.

La cordiérite apparaît comme un marqueur privilégié de l'évolution du
domaine anatectique Vellave. Cordiérite restitique et cordiérite magmatique correspondent
respectivement aux stades de genèse et de cristallisation des magmas granitiques. Ces
deux stades, bien que décalés dans le temps et dans l'espace témoignent du paroxysme
de l'anomalie thermique responsable du métamorphisme basse pression tardihercynien [7],
La cordiérite hydrothermale apparaît postérieurement dans un bâti déjà refroidi (stade
tardi-anatectique).
Remise le 4 mars 1985, acceptée le 13 mai 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[I] J. DUPRAZ, Thèse 3e Cycle, Université de Clermont, 1983, 176 p.; J. DIDIER et J. DUPRAZ, The crust.
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C. W. : Laboratoire de Pètrologie, Université de Nancy-I,


B.P. n° 239, 54506 Vandoeuvre-lès-NancyCedex
et Centre de Recherches pétrographiques et géochimiques (C.R.P.G.),
B.P. n° 20, 54501 Vandoeuvre-lès-NancyCedex;
M. P. : Centre de Recherches pétrographiques et géochimiques (C.R.P.G.),
B.P. n° 20, 54501 Vandoeuvre-lès-NancyCedex;
P. B. : Laboratoire de Pètrologie, Université de Nancy-I,
B.P. n° 239, 54506 Vandoeuvre-lès-NancyCedex
et C.A.E.S.S., Institut de Géologie, Université de Rennes, 35042 Rennes Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 309

PÈTROLOGIE. — Volcanismes tholéiitique et calco-alcalin dans les formations du


Birrimien supérieur de Bouroum (N.E. du Burkina-Faso) (1). Note de Siaka Zonou, Jeahr
Paul Karche, Henriette Lapierre, Serge Lèmoine et Michel Rossy, présentée par Maurice
Roques.

Les investigations de terrain; et lés données pétrographiques; et géochimiques permettent de distinguer deux
ensemblesvolcaniques
. dans la série supérieure du Birrimien (Protérozoïque inférieur) de la région de Bouroum.
L'ensemble le plus ancien, de laves et de tufs, a un caractère tholéiitique océanique; le plus récent, essentiellement
filonien, est franchementcalco-alcalin. Le contexte géotectonique de leur mise en place est brièvement discuté.

PETROLOGY. — Tholeiitic and cale-alcaline volcanisms in the upper birrimian formations of Bouroum
(N.E. of Burkina-Faso).
Two volcanic suites have been recognized in the upper Birrimian (early Proterozoic) of Bouroum area. The
oldest, consisting of lavas and tuffs, display affinities with ocean floor thoieiites. The more recent, formed mainly
of dykes, is clearly calc-alkalic. Their geotectonic environmenl is briefly discussed.

INTRODUCTION, — Dans le sillon intracratonique de Bouroum-Yalogo, divisé en deux


bassins étroits, respectivement allongés N-S et NE-SW (fig. 1), affleure un important
complexé volcanique et volcano-sédimentaire. La branche nord-ouest comporte, au nord
du village de Bouroum, une série inférieure, réduite à l'affleurement, de métavolcanites
(amphibolites, métarhyoUtes), métadiorites et métagabbros associés, et une série supérieure
de volcanites (dolérites, basaltes, andésites, dacites, pyroclastites) associées à des épiclas-
tites et à des métasédiments (schistes sériciteux, parfois graphiteux, à lits de quartzites
fins, cherts) qui peuvent accompagner les émissions volcaniques ou leur succéder. Ces
Unités, de direction subméridienne, sont recoupées par des intrusions plutoniques de
nature variée (rares ultramafites, gabbros, diorites, granitoïdes plagioclasiques) ([1] [2]).
Les caractères pétrographiques et géochimiques majeurs des laves de la série supérieure,
par ailleurs étudiés dans le sillon voisin de Yalogo [3], dans ceux de Poura [4],
Kaya-Kongoussi [5], Ouahigouya ([6], [7]) et en Côte-d'Ivoire [8], sont ici redéfinis sur
un ensemble qui a été uniformément mais relativement peu transformé, au maximum
dans la base du faciès schistes verts, et n'a été affecté par aucune déformation pénétrative
lors de l'orogenèse, vers 2 Ga.
LA SÉRIE SUPÉRIEURE VOLCANO-SÉDIMENTAIRE. — On distingue un premier ensemble de
coulées, pyroclastites et sills. Les coulées sont formées dé basaltes massifs, parfois en
coussins au sommet, ce qui permet, localement, de déterminer la polarité de la série
volcano-sédiméntaire. Les pyroclastites sont notamment représentées par des tufs soudés
de composition andésitiquë et dacitique à texture eutaxitique. Les sills et les stocks,
concordants avec les coulées, sont composés de gabbros subdoléritiques. dolérites, grano-
phyres et trondhjémites recoupés par des filons de pegmatoïdes gabbroïques ou dioritiques
et de microtrondhjémites aux bordures figées. Entre ces coulées, tufs, sills et stocks,
s'intercalent de minces niveaux sédimentaires d'épiclastites, grauwackes, gréso-pélites,
quartzites fins et cherts, ces derniers parfois minéralisés en sulfures. Par ailleurs, un
second ensemble, de volume beaucoup plus réduit, est constitué de minces filons d'andésites
et de dacites.
0249-6305/85/03010309 $ 2.00 © Académie des Sciences
310 C. R. Acad. Se. Paris, t 301, Série II, n° 5, 1985
PÉTROGRAPHIE. (1) Le premier ensemble a été affecté par un métamorphisme à

caractère statique, dans les conditions du faciès schistes verts, avec albite, actinote,
épidote, chlorite, sphène, quartz±calcite. Bien que les structures magmatiques soient
encore conservées, la paragenèse primaire a généralement disparu à l'exception de plagio-
clases et pyroxènes reliques. Les plagioclases sont presque toujours remplacés par albite
et épidote microcristalline, les pyroxènes par actinote et chlorite et l'olivine par épidote.
Les vacuoles sont remplies de chlorite + calcite ou de quartz en mosaïque parfois auréolé
par du sphène ou de l'épidote.
(a) Les faciès hypovolcaniques. — Les dolérites, à texture ophitique à subophitique,
sont constituées de grands clinopyroxènes plus ou moins ouraUtisés, englobant des
plagioclases prismatiques altérés, d'abondants oxydes ferro-titanés et de l'apatite acicu-
laire. Le quartz, quand il est présent, s'associe avec le plagioclase en une texture graphique
annonçant les faciès granophyriques. Les gabbros subdoléritiques comportent les mêmes
minéraux que les dolérites. Seules la taille et les proportions des minéraux varient. Leur
composition évolue de ferro-gabbros riches en oxyde ferro-titanés précoces à des gabbros
quartzifères. Les granophyres ont des textures variées caractériséespar des intercroissances
quartz-feldspath alcalin, cette association pouvant englober des lattes de plagioclases. Les
trondhjémites et microtrondhjémites sont formées de lattes prismatiques d'albite soulignant
une vague fluidalité et de quartz en agrégats interstitiels.
(b) Les laves. — Les basaltes sont composés de microphénocristaux (rares au sommet
des coulées) de plagioclases et parfois de clinopyroxènes ou d'olivine à inclusions de
spinelles chromifères, dans une mésostase intersertale d'albite, actinote et épidote, gros-
sière à la base, plus fine et parfois fluidale au sommet. Des micropegmatites peuvent être
associées aux faciès de base. Les basaltes en coussin, parfois riches en sphérolites et
varioles en bordure, présentent des textures de trempe caractéristiques. Les andésites en
coulées massives, peu fréquentes, comportent des phénocristaux de plagioclases et de
cUnopyroxènes dans un fond chloriteux à nombreux microlites d'albite soulignant une
texture fluidale.
(c) Les pyroclastites. — Il s'agit de brèches et surtout de tufs soudés, parfois flammés,
dont les anciennes échardes ou flammes, recristallisées, moulent les phénocristaux et

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 1. — Esquisse géologique du sillon de Bouroum-Yalogo. Situation des volcanites de Bouroum (d'après la
carte au 1/1000000 [1] et les levés de S. Zonou au Nord dé Bouroum et J. Sawadogo dans la région de
Gangaol). 1, Antébirrimien et granitoïdes indifférenciés; 2, série inférieure (amphibolites-leptynites); 3,
volcanites basiques à acides et épiclastites (série supérieure); 4, métasédiments (schistes, quartzites, cherts)
(série supérieure); 5, gabbros-diorites-tonalites-granodiorites.
Fig. 1. — Schematic map of the Bouroum-Yalogo area.
Fig. 2. — Position des roches des deux séries dans le diagramme AFM (A = Na20+K2O, F = FeO„ M = MgO).
a, gabbros doléritiques et dolérites (cercles pleins), granophyres (cercles vides); b, tholéiites (ronds pleins),
icelandites (cercles vides); c, andésites et dacites calco-alcalines (carrés vides). En tireté : limite d'Irvine et
Baragar.
Fig. 2. — AFM plot of the two volcanic suites (A = Na20+K20, F=FeO„ M=MgO). a, doleritic gabbros and
dolérites (full circles), granophyres (open circles); b, tholeiites (full circles), icelandites (open circles); c,
cale-alcaline andesites and dacites (open squares). Dashed line: boundary after Irvine and Baragar.
Fig. 3. — Diagramme Ti/Cr en fonction de Ni, des roches tholéiitiques à Si02 compris entre 40 et 56%. En
tireté : limite empirique entre les tholéiites de plancher océanique (OFT) et les tholéiites d'arc insulaire
(IAT) [10].
Fig. 3. — Ti/Cr versus Ni diagram of the tholeiitic rocks (40% <Si02< 56%). Dashed line: empiricalboundary
between the ocean floor tholeiites (OFT) and the island arc tholeiites (IAT) [10].
PLANCHE I/PLATE I SlAKA ZONOU

TABLEAU
Analyses représentatives de la série tholéiitique (1, gabbro doléritique; 2, dolérite; 3-4-5, tholéiites; 6-7, icelandites; 8, granophyre)
et de la série calco-alcaline(9, andésite; 10, dacite).
Representative analyses of the tholeiitic series (1, doleritic gabbro; 2, dolerite; 3-4-5, tholeiites; 6-7, icelandites; 8, granophyre)
and of the calc-alcalic series (9, andesite; 10, dacite).
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
N° d'origine BN283 BN84 BN31A B47a BN263A B265B BN219 BN71B B8 BN100B
Si02
.........
A1,03 51,00
13,04
48,92
13,42
50,38
13,76
48,67
13,79
50,80
13,05
54,23
14,80
58,63
16,07
66,80
11,69
58,39
17,98
69,73
15,27
Fe2O3
t 9,19 14,73 11,59 14,93 15,52 13,61 9,81 8,47 5,96 3,07
MnO... 0,16 0,21 0,18 0,22 0,21 0,19 0,16 0,12 0,13 0,07
MgO.. 9,66 6,37 7,38 6,23 5,54 3,21 2,28 0,18 2,73 1,35
CaO..,. 12,34 9,79 11,65 10,41 10,91 7,46 5,54 3,21 7,25 3,38
Na20
K20
.
......... .
1,56
0,04
2,24
0,13
1,87
0,10
1,87
0,06
1,92
0,09
3,37
0,17
4,49
0,17
4,08
1,08
3,90
1,23
4,55
1,02
Ti02. ... 0,46 1,24 0,67 1,22 1,46: 1,07 0,94 0,58 0,40 0,30
P.F. 2,06 2,71 2,13 2,62 0,43 2,16 1,03 3,65 2,25 1,09
. . .

TOTAL
Ci.
...... .
99,51
N.d.
~ 99,76
193
99,71
112
100,02
141
99,93
65
99,32
23
99,12
3.
99,78
7
99,87
96
99,83
28
Ni........
. .
N.d. 107 114 121 86 46 23 35 34 31
FeOt/MgO 0,86 2,08 1,41 2,16 2,52 3,82 3,87 1,96 2,05
C.R. Acad. Sc, Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 313

soulignent une pseudofluidalité (texture eutaxitique). Les faciès andésitiques sont riches
en fantômes de phénocristaux de plagioclase zone, de pyroxène et d'amphibole. Les faciès
dacitiques à rhyoUtiques, rares, renferment d'abondants phénocristaux de quartz corrodé
et de feldspaths noyés dans une mésostaseentièrement dévitrifiée à sphérolites.
Le remaniement des pyroclastites a donné des épiclastites qui montrent de nombreuses
figures sédimentaires (grano-classement, stratifications obliques, figure de charge). La
présence de telles formations et de tufs ignimbritiques indique que le milieu de mise en
place était subaérien à subaquatique peu profond.
(2) Second ensemble: — Les roches qui le constituent sont toutes filoniennes. La
conservationfréquente de leurs minéraux magmatiques (plagioclases, amphiboles, pyroxè-.
nes) indique qu'elles ont été peu affectées par le métamorphisme : en fonction de leur
gisement et de leur minéralogie, nous les considérons comme postérieures au premier
ensemble. Les andésites sont riches en phénocristaux de hornblende et de plagioclases
zones (An 60 à 11). Certaines (plus alumineuses que les andésites en coulées) sont
constituées presque exclusivement de plagioclases et de rares microphénocristaux de
clinopyroxènes. Enfin certains faciès, que l'on peut qualifier de lamprophyriques, se
distinguent par leur plus grande richesse en phénocristaux d'amphibole criblés de spinelles
chromifères. Les dacites et rhyodacites se distinguent par la présence dé phénocristaux de
quartz et une mésostase felsitique, parfois sphérohtique.

GÉOCHIMIE. — Dix analyses, choisies parmi la cinquantaine utilisée dans les diagram-
mes, représentatives des divers types de roches, sont données dans le tableau. Les deux
/ensembles se distinguent parfaitement l'un de l'autre dans le classique diagramme AFM.
Les roches de composition basaltique du premier ensemble, gabbros doléritiques et
dolérites (fig. 2a) et basaltes (fig. 2 b) montrent un net enrichissement en fer au cours
de la différenciation, caractéristique des séries tholéiitiques. Les andésites (fig. 2b) s'inscri-
vent en continuité avec l'ensemble basique. Des granophyres sont l'expression du fraction-
nement ultime des roches de composition basaltique. L'évolution de type tholéntique est
bien soulignée par la forte augmentation du rapport FeO/MgO des tholéiites aux icelan-
dites (tableau). Par ailleurs, d'après la variation de Ti/Cr en fonction de Ni [9] (fig. 3),
elles présentent de nettes affinités avec les tholéiites récentes des planchers océaniques
(OFT), Cependant, comme la plupart des tholéiites àrchéennes, les roches basiques de
cette série protézoïque diffèrent des tholéntes modernes de MORB et d'arc immature par
leurs teneurs élevées en fer et basses en aluminium et potassium ([10], [11]) (moyenne sur
37 analyses de dolérites et basaltes tholéutiques : FeOI=12%, Al203 = 13,9%,
K2Q=0,15%). Les icelandites quant à elles sont proches, à Si02 égal, des icelandites des
séries récentes, mais leur K20 reste bas.
Les roches filoniennes du second ensemble (fig. 2c) dessinent une lignée calco-alcaline
typique, à peu près continue des andésites aux dacites. Cette série est; comparable aux
séries calco-alcalines d'arc insulaire cénozoiques [12]. Dans les andésites, l'alumine varie
de 14,2 à 18%, FeO, n'excède pas 8,4% et le rapport FeO/MgO reste compris entre 1 et
2,1. Elles n'en diffèrent que par de plus faibles teneurs en potassium en particulier dans
les termes les plus basiques et par un rapport K20/Na20 toujours inférieur à 0,4, les
teneurs en Ti02 restant également très basses dans tous les termes ( <0,8 %).

CONCLUSION. '.— Les données de terrain, pétrographiques et géochimiques permettent


de distinguer deux séries volcaniques.
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La série la plus ancienne, constituée par des coulées et sills à dominante basique,
est une série tholéiitique à affinité océanique [12] affectée par un métamorphisme de
faciès schistes verts. Des différenciais acides (granophyres, microtrondhjémites) lui sont
associés tout comme dans les formations des rides océaniques [13]. Cependant, le contexte
régional et la mise en place subaérienne (présence de tufs soudés) ou sous faible épaisseur
d'eau (présence de pillow-lavas à grandes vésicules, de brèches de coulées et de sédiments
détritiques relativement grossiers) suggèrent un environnementintracratonique.

La série la plus récente, filonienne, de moindre volume et de composition intermé-
diaire à acide, a un caractère franchement calco-alcalin. Peu transformée, elle conserve
encore des amphiboles et des plagioclases magmatiques.
Cette dualité et la rareté des faciès calco-alcalins, sont bien connues dans d'autres
séries protérozoïques ([14], [15], [16]). Parmi les hypothèses qui peuvent expliquer cette
succession et cette disparité géochimique, le modèle proposé par A. Krôner [16] paraît
s'appliquer ici : la série tholéiitique se serait mise en place la première, durant une phase
d'extension, dans un rift intracratonique à croûte amincie par étirement, tandis que les
volcanites calco-alcalines, dont l'origine est plus incertaine, pourraient être une manifes-
tation magmatique tardive dans la phase de raccourcissement (orogenèse ensiaUque) qui
a suivi. Il n'est pas exclu qu'elles doivent être liées aux plutons gabbros-dioritiques
voisins, également peu transformés.
Action D.G.R.S.T., n° 82 D0815.
( 1) AnciennementHaute-Volta.

Remisele 6 mai 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[I] G. HOTTIN et O. F. OUEDRAOGO, Notice explicative de la carte géologique à 1/100000 de la Haute-Volta,


D.G.M. Ouagadougou, 1975, 58 p.
[2] B. BESSOLES, Mém. B.R.G.M., 88, 1977, 402 p.
[3] J. SAWADOGO, Thèse 3e cycle Besançon, 1983, 165 p.
[4] C. ALSAC, Étude des caractères magmatiques des formations volcaniquesde la région de Poura (Haute-
Volta), Étude DSGL/GEO n° G4514-B B.R.G.M., 1968, 27 p.
[5] K. F. KOALA, Thèse 3e cycle, Lyon-1, 1980, 136 p.
[6] P. E. GAMSONRE, Thèse Sc, Besançon, 1975, 249 p.
[7] K. J. KABORE, Thèse 3e cycle, Lyon-1, 1980, 195 p.
[8] I. YACE, Thèse Sc, Abidjan, 1976.
[9] L. BECCALUVA,D. OHNENSTETTERet M. OHNENSTETTER,-Can. J. Earth. Sc, 16, p. 1874-1882.
[10] K. C. CONDIE, Developpments in Prec Geol, 3, Elsevier, 1981, 434 p.
[II] L. GELINAS, G. BROOKS, G. PERRAULT, J. CARIGNAN, P. TRUDEL et F. GRASSO, Geol. Assoc of Canada,
Sp. paper, n° 16, 1977, p. 265-295.
[12] P. JAKES et A. J. R. WHITE, Geol. Soc. Amer. Bull, 83, 1972, p. 29-39.
[13] J. M. SINTON et G. R. BYERLY, Earth plan. Sc Lett., 47, 1980, p. 423-430.
[14] K. C. CONDIE, Amer. J, Sc, 282, 1982, p. 341-357.
[15] R. L. RUDNICK, Geology, 11, 1983, p. 352-355.
[16] A. KRONER, Bull. Soc. Géol Fr., (7), XXVI, n° 2, 1984, p. 297-319.

S. Z. et H. L. : Laboratoire de Pétrologie, E.R.A. n° 806, B.P. n° 239, 54506 Vandoeuvre-les-Nancy;


J. P. K. et M. R. : Laboratoire de Pétrographie, route de Gray, 25000 Besançon;
S. L. : Laboratoire de Géologie, 5, rue Kessler, 63000 Clermont-Ferrand.
C. R. Acad. Sc Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 315

PETROLOGIE. -— Caracierisation pétrographique et géochimique des granitoides cado-


miens du domaine nord-armoricain :. implicationsgéodynamiques. Note de Pierrick Graviou
et Bernard Auvray, présentée par Maurice Roques.

Les nombreuses unités plutoniques ou volcaniques calco-alcalinesqui se mettent en place dans les régions
nord-armoricaines au cours du Protérozoïque supérieur sont actuellement considérées comme l'expression
magmatique du fonctionnement d'une zone de subduction. L'examen des caractères pétrographiques et géochi-
miques de ce magmatisme indique que deux domaines principaux séparés par un bassin marginal peuvent être
reconnus : le premier domaine ou arc insulaire est le siège de la mise en place de magmas juvéniles précoces
tandis que le second montre un magmatisme plus tardif d'origine essentiellementcrustale.

PETROLOGY.—Petrological and geochemical features of north-armorican cadomian granitoids: geodyna-


mic implications.
During the Late Proterozoic (Brioverian), a large number of plutonic and volcanic units have been emplaced in
the Northern part of the Armorican Massif (France); all these series are of calc-alkaline affinities and are now
considered as the strongest argument for the existence of a subduction zone, at that time, in this area. Two
domains can be distinguished, based on the pétrographie and geochemical çharacters of the rocks series: (1) the
Northern domain is interpreted as an island arc where the magmas are of primary (mantellic) origin (M); (2) the
Southern domain where the magmas are mainly of secondary (crustal) origin (C): This variation in origin is
coupled with a decrease in the age of the magmatic units (from the North to the South) according to a classic
scheme in the subduction zones.

L'histoire géologique du domaine nord-armoricain débute au Protérozoïque inférieur


(Pentévrien), ainsi qu'en témoigne l'existence de reliques d'un socle gneissique daté à
2000 M.a. [1]. Cette histoire se poursuit au Protérozoïque supérieur (Briovérien) par la
mise en place, entre 620 et 540 M.a. environ, de nombreuses unités plutoniques ou
volcaniques rapportées à l'orogenèsecadomienne. Le caractère calco-alcalin de ce magma-
tisme ([2], [3]), ainsi que la reconnaissanceen Manche d'une zone d'anomalies magnétiques
interprétées comme la trace d'un ancien océan [4], conduisent alors à proposer un modèle
de subduction pour expliquer l'évolution protérozoïque du domaine nord-armoricain [5].
Cette subduction, qui aurait fonctionné du Nord-Ouest vers le Sud-Est, serait donc
responsable des manifestations magmatiques cadomiennes occupant la région étudiée sur
plus de 200 km de largeur (fig.).
En fait si un tel modèle s'accorde avec les données structurales, pétrographiques ou
géochimiques disponibles, le problème de la genèse des magmas cadomiens et celui du
recyclage éventuel du socle pentévrien restent encore à détermineri Pour ce faire, deux
ensembles granitiques présentant une affinité calco-alcalinebien marquée et occupant
une position spatio-temporelleprivilégiée au sein de la chaîne cadomienne, ont été retenus.

D'une part, un complexe plutonique (Batholite Nord-Trégorrois) localisé à l'extré-
mité nord-ouest de la région étudiée et daté à 614 M.a.lîo [6], représentant ainsi la
première manifestation magmatique reconnue. Intrusif dans le socle pentévrien, ce com-
plexe est bordé au Sud d'une zone volcanique calco-alcaline, constituée de spilites et de
kératophyres d'âge cadomien ([7], [2], [8], [9]). Il apparaît formé de plusieurs unités
lithologiques depuis des diorites quartziques et des granodiorites jusqu'à des granites
monzonitiques (Si02 = 53-74%). On notera cependant que si la composition minéralo-
gique de ces unités est variable, la présence de hornblende et celle d'enclavesmicrogrenues
basiques sont des caractères communs essentiels de ces différents types pétrographiques.

0249-6305/85/03010315 $ 2.00 © Académie des Sciences


316 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

Reconstitution schématique et interprétative de l'histoire du domaine nord-armoricain au Protérozoïque


supérieur. Le magmatismë calco-alcalin d'âge cadomien s'organise en deux ceintures parallèlement à l'axe
de la subduction : la première, située au Nord-Ouest est constituée d'associations pluto-volcaniques de
type M (1, association pluto-volcanique trégorroise; 2, volcanisme de la Baie de Lannion; 3, diorite de
Squiffiec; 4, diorite de Saint-Quay-Portrieux; 5, diorite de Coëtmieux-Fort-la-Latte; 6, diorite de Coutances);
la seconde, qui apparaît au Sud-Est, possède des caractères de type C (7, dôme migmatitiquede Saint-Malo;
8, batholite mancellien). L'anomalie magnétique de la Manche est figurée en noir et les points indiquent les
affleurementsconnus de socle protérozoïque inférieur.
Interpretative scheme of the North Armorican area during Late Proterozoic (Brioverian). The calc-alkaline
magmatism associated with the subduction occurs in two belts. The first belt in the north western part of the
region is composed of volcanicsand plutonites of type M affinity (1, Tregormassif; 2, Baie de Lannion volcanics;
3, Squiffiec diorite; 4, Saint-Quay-Portrieuxdiorite; 5, Coetmieux-Fort-la-Lattediorite; 6, Coutances diorite);
the second belt (in the south eastern part of the area) is built of type C granitoids (1, migmatitic dome of
Saint-Malo; 8, Mancellian batholith). In black, the magnetic anomaly of the Channel; full circles correspond
to the known outcrops of Early Proterozoic (Icartian or Pentevrian).
D'autre part, un batholite situé à l'autre extrémité du domaine nord-armoricain

(Batholite Mancellien) et comprenant plusieurs massifs considérés comme les témoins
de la période fini-cadomienne vers 540 M.a. ([10], [11]). Sub-contemporain du dôme
migmatitique de Saint-Malo qui le borde au Nord-Ouest [12], ce batholite apparaît
uniquement constitué de granodiorites ou de granites (Si02 = 64-77%) caractérisés par la
présence de muscovite et de cordiérite [3]. Enfin, si des enclaves microgrenues basiques
sont parfois rencontrées dans les granitoïdes mancelliens, il faut également noter l'exis-
tence de nombreuses enclaves surmicacées et de xénolithes arrachés à l'encaissant sédimen-
taire.
Les caractères pétrographiques et géochimiques de ces deux ensembles ont alors été
examinés afin de permettre de situer les divers types de granitoïdes dans la classification
pétrogénétique développée par Didier et coll. [13]. Basée essentiellement sur la nature des
enclaves contenues dans les granitoïdes, cette classification reprend en fait un certain
nombre de critères permettant de distinguer les granités de type S et de type I [14].
Cependant, alors que Chappell et White [14] invoquent une source sédimentaire pour les
premiers (type S) et ignée pour les seconds (type I), Didier et coll. définissent des
granites C d'origine crustale et des granites M d'origine mantellique ou infracrustale.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 317

Caractères pétrographiques et géochimiques permettant de distinguer les granitoïdes de type C et de type M


(d'après Chappell et White) [14]; Didier et coll. [13]. Les données concernant le Batholite Nord Trégorrois
(BNT) et le Batholite Mancellien (BM) sont de Auvray [2], Jonin [3] et Graviou [6].
Main petrographie and geochemical features of the C and M granitoids according to Chappell and White [14]
and to Didier et al. [13]. Data concerning The North-Tregor Batholith (BNT) and the Mancellian Batholith
(BM) are from Auvray [2], Jonin [3] and Graviou [6].
Granites M. BNT Granites C BM

Contexte de subduction +/ Contexte de collision...... ?

volcanisme.
Granites fréquemment associés à du

Roches basiques associées (gabbros-


+
Granites parfois liés à des migmatites..

Roches toujours leucocrates et acides..


.
+

+
.
diorites)...
. .
Hornblende commune.
............ .
+
Hornblende absente ou subordonnée.
. . . ... ... + . . .
+ .
Présence de magnétite et d'ilménite
... + Absence de magnétite
. .
?
Musçovite généralement absente.
.....
Absence de cordiérite, de grenat et
+ Muscovite commune.
Présencefréquente de ces minéraux.
+
+
. . .
d'alumino-silicates.
. ..... ...
. . .
Minéralisations à cuivre et molybdène...
+
? Minéralisation à étain et wolfram
.... +
Enclaves microgrenues basiques.
..... + Enclaves micacées et xénolithésmétasédi-
mentaires ou ignés suivant la nature
de l'encaissant.......
... +
Diopside
<1%.
normatif
normatif

Al203/CaO+Na,0+K20<l,l
ou Corindon
..
(rap-
+ .
Corindon normatif> %..

Al203/CaO+Na2OH-K20>l,l
, +

+
port moléculaire)
..
+

Appliquée aux ensembles précédemment définis, cette dernière classification permet de


mettre en évidence l'origine profonde des granitoïdes trégorrois (tableau). L'association
de roches acides et basiques au sein même du complexe, ainsi que les observations,
minéralogiqueset chimiques des faciès étudiés, sont à ce sujet particulièrementdémonstra-
tives. Par contre, le caractère acide, leucocrate et peralumineux dés granites mancelliens,
la nature des enclaves ainsi que l'existence de migmatites associés (Saint-Malo), sont
autant d'arguments qui permettent de leur reconnaître une origine essentiellement crustale.
Deux domainesmagmatiques cadomiens semblent ainsi s'opposer au niveau des régions
nord-armoriçaines. Caractérisé par la présence de roches plutoniques ou volcaniques
trégorroises mais aussi des massifs dioritiques de Saint-Quay-Portrieux [15], de
Coëtmieux-Fort-la-Latte [16] et de Coutances ([17], [18]), le Nord-Ouest de la région
étudiée est le siège de la mise en place de magmas essentiellement juvéniles à partir de
620 M.a. Par contre, au Sud-Est du dôme migmatitique de Saint-Malo ([19], [20]), c'est
l'anatéxie d'un socle sialique préexistant qui est à l'origine du Batholite Mancellien vers
540 M.a. En fait, ces deux domaines sont séparés par une ceinture de roches basiques à
ultrabasiques récemmentinterprétées comme les reliques d'un plancher océanique obducté
vers le Sud [21].-Unschéma prenant en compte l'évolution spatio-temporelledes manifesta-
tions magmatiques cadomiennesainsi que le rôle de la croûte pentévrienne dans la genèse
de ces magmas peut alors être proposé (fig.).
Au Nord-Ouest, les affleurements de socle pentévrien, reconnus depuis le Trégor:
jusqu'au Cap de la Hague, délimitent un arc insulaire continental caractérisé par la mise
en place de magmas d'origine profonde à partir de 620 M.a. environ. Immédiatement en
arrière de cet arc, il y a ouverture puis fermeture rapide d'un bassin marginal entre 600

C. R., 1985, T. Semestre (T. 301) Série II — 23


318 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

et 590 M.a. La collision qui s'effectue alors entre l'arc insulaire et le continent mancelUen
provoque l'obduction des séries volcano-sédimentaires océaniques de la Baie de Saint-
Brieuc vers le Sud. Le surépaississement crustal qui se développe ainsi peut donc induire
l'anatexie de sédiments briovériens (Saint-Malo) en bordure nord-ouest d'un domaine à
croûte continentale bien développée. Cependant, si l'origine crustale des granitoïdes
mancelliens ne fait aucun doute, les mécanismes initiateurs de la fusion restent encore à
préciser. En effet, compte tenu de la faible importance de la flèche des chevauchements
mis en évidence en Baie de Saint-Brieuc, il semble impossible d'invoquer un surépaississe-
ment crustal en arrière de la région de Saint-Malo, au Sud-Est des migmatites, et ce sur
plus de 100 km. Par conséquent, seule la mise en place de magmas juvéniles à la base de
la croûte continentale constitue un mécanisme susceptible d'engendrer Fanatexie du socle
au niveau des régions mancelliennes.
Remise le 20 mai 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[I] B. AUVRAY, R. CHARLOT et Ph. VIDAL, Can. J. Earth Sc, 17, 1980, p. 532-538.
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[3] M. JONIN, Tlxèse Sc, Brest, 1981, 319 p.
[4] J. P. LEFORT, Thèse Sc, Rennes, 1975, 217 p.
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[6] P. GRAVIOU, Thèse 3e cycle, Rennes, 1984, 236 p.-
[7] B. AUVRAY, Comptes-rendus, 274, série D, 1972, p. 1788-1791.
[8] B. AUVRAY et Ph. VIDAL, 1re R.A.S.T., Paris, 1973, p. 54.
[9] Ph. VIDAL, Thèse Se, Rennes, 1976, 142 p.
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[II] A. AUTRAN, M. BEURRIER, J. Y. CALVEZ, A. COCHERIE, A. M. FOUILLAC et Ph. Rossi, A.T.P.
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[17] E. JEREMINE, Comptes rendus, 178, 1924, p. 99-101.
[18] M. J. GRAINDOR, Mèm. Carte géol. Fr., 1957, 211 p.
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[20] H. MARTIN, Thèse 3e cycle, Rennes, 1977, 95 p.
[21] P. BALE et J. P. BRUN, Compte rendus, 297, série n, 1983, p. 359-362.

Institut de Géologie, Université de Rennes-I, C.A.E.S.S.-C.N.R.S.,


L.P. n° 4661, campus de Rennes-Beaulieu,
avenue du Général-Leclerc, 35042 Rennes Cedex.
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 319

STRATIGRAPHIE. — Sur la présence d'une série carbonatée continue de type Bassin


Caraïbe du Crétacé terminal au Miocène dans la Presqu'île du Sud d'Haïti, Grandes
Antilles. Note de Christian Desreumaux, présentée par Jean Aubouin.

Des travaux récents ont montré l'existence en de nombreux points de la Presqu'île du Sud d'Haïti de
sédiments carbonates depuis le Crétacé terminal (Campanien-Maëstrichtien)jusqu'au Miocène supérieur. Ces
sédiments ont presque toujours été fortement déformés au cours des événementstectoniques néogènes. Cepen-
dant, à l'ouest de Jacmel, le flanc sud d'un mégaanticlinal a conservé une structure monoclinale simple vers la
Mer des Caraïbes. Une série de calcaires et de craies qui débute au Campanien y repose en concordance sur
un substratum tholéïtique semblable à celui foré dans les Bassins Caraïbes sous le réflecteuracoustique B". Cela
démontre que d'un point de vue paléogéographiquela Presqu'île du Sud d'Haïti doit être rattachée aux Bassins
Caraïbes qui n'ont pas été affectés par l'orogenèse laramienne.

STRATIGRAPHY. — About a late Cretaceous to Miocene Caribbean carbonate sequence in the Southern
Haiti Peninsula, Hispaniola.
Al many places in the Southern Peninsula of Haiti, recent works pointed out the presence of calcareous
sediments from the latest Cretaceous (Campanian-Maastrichtian)to the late Miocene. These sediments were
almost always strongly disturbed in the course of neogene tectonics. However, west of Jacmel, the south flank
of a broad anticline is gently dipping towards the Caribbean Sea. There a formation consists of limestones and
chalks. The lowermost part of that formation belongs to the Campanian and overlies conformably a tholeiitic
basement similar to that drilled in the Caribbean Basins below acoustic reflector B". In a paleogeographic point
ofview, it demonstrates that the Southern Peninsula of Haiti must be related to the Caribbean Basins undisturbed
by the Laramian orogenesis.

Les travaux de W. P. Woodring et J. Butterlin ([1], [2], [3]) accordaient une importance
plus ou moins grande à l'existence d'une tectonique laramienne dans la Presqu'île du
Sud d'Haïti. Plus récemment, l'existence d'une telle tectonique y fut considérée comme
majeure par certains auteurs ([4], [5]) tandis que d'autres la réfutaient ([6] à [9]).
Depuis, des études très détaillées ont été menées dans certains secteurs de cette région.
Cela dans le cadre de la recherche du contexte géodynamiqueoù s'inscrivent les latérites

Fig. 1. —Cadre géologique régional. 1. : arc insulaire du Crétacé (orogenèselaramienne); 2 : tholéïtes caraïbes
infra-horizon B" (Crétacé supérieur, pas d'orogenèselaramienne); 3 : prisme d'accrétion néogène; 4 : plancher
basaltique de la Fosse Caïman; 146-149, 151 et 152 : sites forés au cours de la croisière 15 du DSP,
J : Jacmel et secteur cartographie. Bathymétrie en kilomètres.
Fig. 1. — Regional geologie setting. 1: Cretaceous island arc (laramian orogenesis); 2: sub-horizon B" caribbean
tholeiites (Upper Cretaceous, no laramian orogenesis); 3: neogene accretionary wedge; 4: basalticfloor of the
Cayman Trough; 146-149, 151 and 152: drilled sites of DSDP, leg 15; J: Jacmel and mapped area. Bathymetry
in kilometers.

0249-6305/85/03010319 $ 2.00 © Académie des Sciences


320 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

Fig. 2. — Carte
géologique et coupes transversales. 1 : substratum tholéïtique et sédiments associés (Albien à
Santonien); 2 : calcaires et craies du Crétacé terminal (Campanien) au Miocène supérieur (Messinien inclus)
(2a : Campanien à Éocène moyen; 2b : Éocène moyen à Miocène moyen); 3 : Pliocène et Pléistocène
(sédimentation détritique de type flysch); 4 : Holocéne à Actuel (sédimentation d'environnement récifal);
5 : sols rouges hydrokaoliniques, kaoliniques et bauxitiques sur calcaires tertiaires à holocènes; 6 : dépôts
alluviaux; 7 : courbes de niveau (équidistance 200 m); 8 : contour géologique; 9 : contact anormal;
10 : pendages; Cl et C.2 : coupes géologiques 1 et 2; AB, CD et EF : coupes échantillonnées; J : Jacmel;
V : Vallée de Jacmel; CB : Carrefour Blockhauss;CJ : Cap Jacmel; BB : Bassin Bleu; LM : La Montagne.
Fig. 2. — Geologie map and cross sections. 1: tholetiic basement and associated sediments (Albian to Santonian);
2: limestones and chalks from the latest Cretaceous (Campanian) to the Upper Miocene (Messinian included)
(2 a: Campanian to Middle Eocene; 2 b: Middle Eocene to Middle Miocene); 3: Pliocene and Pleistocene
(detrital sedimentation,flysch); 4: Holocene to Present Day (Reef environment sedimentation); 5: hydrokaolinic,
kaolinic and bauxitic red soils over tertiary to holocene limestones; 6: alluvium; 1: elevation contour (interval
200 m); 8: geologie contour; 9: overthrust; 10: dips; C. 1 and C.2: geologie sections 1 and 2; AB, CD and
EF: sampled sections; J: Jacmel; V: Vallée de Jacmel; CB: Carrefour Blockhauss; CJ: Cap Jacmel; BB:
Bassin Bleu; LM: La Montagne.
EXPLICATIONSDE LA FIGURE 3

Log stratigraphique synthétique à partir des coupes AB, CD et EF. Lv : lavage de sédiment; Lm : lame
mince. Symboles utilisés pour les microfaunes; Ac. : Acarinina; Cx. : Catapsydrax; Di. : Discocyclina; Ph. :
Pseudohastigerina; Ra. : Ranikothalia; Rg. : R ugoglobigerina; Tr. : Truncorotaloides; Gb. : Globigerina;
Gc. : Globotruncana; Gq. : Globoquadrina; Gr. : Globoratalia; Gs. : Globigerinoides;Gt. : Globigerinatella.
Generalized stratigraphie log according to sections AB, CD and EF. Lv: washed sédiment; Lm: thin
section. Symbols used for the microfauna: see above.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série n,n° 5, 1985 321

bauxitiques qui y sont très abondantes. Ces études ont porté en particulier sur le secteur
ouest de Jacmel. C'est un bilan partiel des résultats obtenus qui est présenté.
Le flanc sud de la structure étudiée présente la successionsuivante :
1. Coniacien-Santonien. — Tholéïtes de type océanique non orogénique comparables
aux tholéïtes infrahorizon B" des Caraïbes ([10] à [13]) avec calcaires siliceux associés.
2. Campanien-Maëstrichtien. — Calcaires fins blanc grisâtre en bancs minces à surface
onduleuse, à rognons de silex noirs et veinules de calcite, de teinte bleutée vers le bas.
Niveaux impurs à la base à débris volcaniques.
3. Paléocène. — Calcaires blancs parfois un peu crayeux, très homogènes et mal
stratifiés, à cassure granuleuse. Quelques rognons de silex vers le haut.
4. Eocène. — Vers le bas, calcaires blancs lites avec niveaux à rognons de silex ou lits
silicifiés plus continus de teinte blanc grisâtre à beige clair; puis calcaires blancs de plus
en plus mal stratifiés et crayeux vers le haut.
5. Oligocène à Miocène moyen. — Craies blanches homogènes, mal stratifiées, très
poreuses et meubles. Quelques niveaux rosâtres dans l'Oligocène. Radiolaires fréquents
comme dans les Bassins Caraïbes [14],
322 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

La concordance est parfaite dans toute la série malgré les faibles remaniements observés
vers la base du Paléocène et un retour à une sédimentation de type circaUttoral proximal
au cours du Paléocène et de l'Éocène à mettre en relation avec les faciès carbonates de
plate-forme bien marquée connus un peu plus au nord.
6. Calcaires récifaux et latérites bauxitiques. Ces dernières ont été étudiées en détail

par ailleurs ([15], [16], [17]).
CONCLUSION.

Les séries observées dans cette partie de la Presqu'île du Sud d'Haïti
sont donc tout à fait semblables à celles qui ont été reconnues en Mer des Caraïbes lors
de la croisière 15 du DSDP dans les Bassins de Colombie et du Venezuela, en particuUer
pour ce qui concerne l'intervalle de temps Crétacé-Paléocène [18].
Cela confère une grande originalité à cette région qui se distingue ainsi fondamentale-
ment de la Presqu'île du Nord d'Haïti et de République Dominicaine, de Cuba, de la
Jamaïque et de Porto Rico. Dans ces dernières régions en effet, d'importants événements
tectoniques attribuables à l'orogenèse laramienne se sont déroulés au Crétacé supérieur
et jusqu'à la base du Tertiaire, accompagnés de magmatisme et de volcanisme.
En revanche, toutes les données recueillies ici permettent de rattacher paléogéographi-
quement cette partie d'Haïti aux Bassins Caraïbes qui n'ont pas été affectés par cette
orogenèse laramienne. Ce n'est qu'à partir du Miocène supérieur qu'y ont débuté les
processus tectoniques qui ont conduit à sa configuration actuelle.
Travaux réalisés avec l'appui du Laboratoire de Géochimie et Métallogénie de l'Université Pierre-et-Marie-
Curie (Paris-VI), 75230 Paris Cedex 05 (A.T.P. Gitologie du P.I.R.S.E.M./C.N.R.S.,Projet « Gîtes bauxitiques
de la région de Jacmel, Haïti ») et la collaboration du Service de Biostratigraphie et Paléoenvironnement du
Bureau de Recherches géologiques et minières, 45060 Orléans Cedex.
Remise le 29 avril 1985, acceptée le 13 mai 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[I] W. P. WOODRING, J. S. BROWN et W. S. BURBANK, Geology of the Republic of Haiti, Haiti Dep. Public
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Se Terre, Bordeaux, Soc. géol. Fr., Paris, 1984, p. 110.
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[8] P. ANDREIEFFet C. DESREUMAUX, 109e Cong. nat. soc. sav., Dijon, Sri., I, 1984, p. 311-322.
[9] Ç. DESREUMAUX, Symp. Géodyn. Caraïbes, Paris, Technip, 1985, p. 391-402.
[10] J. BUTTERLIN, F. MAURRASSE, F. PIERRE LOUIS et J. SIGAL, 4e Réun. ann. Se Terre, Paris, Soc. géol.
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HUSLER, G. GEORGES, R. SCHMITT et P. DAMOND, Geol Mijnb., 58, 1979, p. 71-83.
[12] P. BILDGEN et C. DESREUMAUX, 107e Cong. nat. soc. sav., Brest, Sri., III, 1982, p. 173-185.
[13] D. GIRARD, C. BECK, J. F. STEPHAN, R. BLANCHET et R. MAURY, Bull. Soc. géol. Fr., 7, XXIV, n° 3,
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[14] F. MAURRASSE, VIF Conf. géol. Caraïbe, Pointe-à-Pitre, Serv. Industrie et Mines, 1974, p. 185-204.
[15] P. BILDGEN et B. HIERONYMUS, 106e Cong. nat. soc sav., Perpignan, Sri., III, 1981, p. 401-411.
[16] P. BILDGEN, 108e Cong. nat. soc. sav., Grenoble, Sri., I, 1983, p. 339-349.
[17] P. BILDGEN et J. BOULEGUE, Symp. Géodyn. Caraïbes, Paris, Technip, 1985, p. 403-418.
[18] N. T. EDGAR, J. B. SAUNDERS, T. W. DONNELLY, N. SCHNEIDERMANN, F. MAURRASSE, H. BOLLI,
W. H. HAY, W. R. RIEDEL, I. PREMOLI-SILVA, R. E. BOYCE et W. L. PRELL, Initial reports of the deep sea
drillingproject, 15, 1973, U.S. Gov. Printing Office, Washington D.C.

Département Géologie et Océanographie,


Institut de Géologie du Bassin d'Aquitaine, Université de Bordeaux-I,
351, cours de la Libération, 33405 Talence Cedex.
C; R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 323

GÉOLOGIE MARINE. Nouvelles données sur les sédiments ante-rift et le socle de


la marge continentale de Galice. Note de Denis Mougenot, Raymond Capdevib, Christian


Palain, Pierre-Alain Bupeuble et Alain Mauffiret, présentée par Jean Aubouin.

Deux dragages réalisés sur les blocs basculés de la marge au Sud-Ouest des bancs de Galice, à un endroit
où affleurent le socle et les sédiments ante-rift; ont ramené: du socle peu déformé et peu métamorphisé
identique à celui des zones externes de la chaîne hercynienne: des grès ressemblant à ceux du Permo-carbonifère
et du Trias du Portugal; des calcaires de plate-forme du Jurassique terminal-Crétacé basai.

MARINE GEOLOGY. — New data on ante-rift sediments and on basement of the Galicia continental
margin.
Samples have been dredged on tilted blocks of the south-west margin of Galicia, where the basement and the [
ante-rift sediments are cropping out poorly deformed and metamorphosed basement similar to the sequence of
the hercynian external zone; sandstones similar to the Permo-carboniferousand Triassic sediments of Portugal;
uppermost Jurassic and lowermost Cretaceous shallowwaterlimestones.

1. PRÉSENTATION. Entre la Galice (Espagne) et Terre-Neuve, l'océan atlantique a



commencé à s'ouvrir il y a 110 M.a. environ, à l'Aptien supérieur ([1], [2]). Auparavant,
au Crétacé inférieur notamment, là croûte continentale qui forme aujourd'hui le substrat
tum de la marge, a subi une distention tectonique (rifting). Des failles normales, listriques,
sont apparues entre lesquelles ont basculé des blocs de socle recouverts par des sédiments
mésozoïques ([3], [4], [5]).
Dans la plupart des cas, les structures profondes de la marge sont enfouies sous une
épaisse couverture sédimentaire. Mais au Sud-Ouest du Banc de Galice, la marge a été
protégée des apports sédimentaires continentaux, et les escarpements des failles normales
du rift sont encore apparents dans la topographie. En outre, le relief a été rajeuni
localement par des mouvements tectoniques tertiaires [6]. Cette situation exceptionnelle
permet de recueillir par simple dragage des échantillons du socle anté-mésozoïque et des
sédiments mésozoïques anté-crétacés [7]. Les données ainsi obtenues ont complété celles
du forage IPOD398 qui s'est arrêté près de la base des sédiments syn-rift de la marge,
dans l'Hauterivien [8].
Pour préparer une autre campagne de forages qui doit prochainement avoir lieu dans
la même région (1), deux nouveaux dragages profonds ont été implantés en 1983 ( 2) sur
les escarpements sous-marins de la marge les plus proches du domaine océanique
(fig. A). Ce sont ces données complémentaires que nous décrivons et discutons dans
cette Note.
2. LES DONNÉES. — (a) Le socle anté-mésozoïque a été prélevé à la base du bloc
basculé occidental (DR 03, fig. B), là où la sismique réflexion indique qu'affleure le
socle acoustique (S, fig. D). Les. échantillons de socle comprennent des métasédiments
épimétamorphiques et des granitoïdes. Ce sont pour les premiers : un schiste à grain fin
à quartz-séricite-chlorite-biotiteverte, dont l'aspect rappelle celui de certaines formations
ordoviciennesconnues à terre; des schistes à grain très fin à quartz-séricite-chlorite-matière
organique qui pourraient être d'âge silurien. L'un de ces échantillons est traversé par un
réseau parfaitement en place de racines de plante, ce qui implique une émersion de la
roche au cours de son évolution ultérieure [9].
Ces roches ne montrent qu'une seule hase de déformation et un métamorphisme de
bas degré qui au plus atteint l'isograde de la biotite. Les granitoïdes récoltés sont :
un leucogranite, sans doute exotique, à muscovite et biotite, légèrement déformé; une
0249-6305/85/03010323 $ 2.00 © Académie des Sciences
324 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

granodiorite à biotite dont une partie est mylonitisée. Le leucogranite est d'un type fort
répandu dans les zones métamorphiques du Nord-Ouest de la Peninsule Ibérique. La
granodiorite est du type des granitoïdes tardi à post-tectoniques de cette même région
([10], [11]). La mylonitisation qui l'affecte peut correspondre à la fin de l'activité hercy-
nienne, ou même être postpaleozoïque. Le dragage a également ramené un basalte et une
roche filonienne basique très altérée, témoins d'une extension postpaleozoïque.
En définitive, le socle au niveau du dragage DR 03, constitué par des roches épimétamor-
phiques paradérivées peu déformées et par des granitoïdes tardifs, ressemble à celui des
zones relativement externes de la chaîne hercynienne. Lors du rifting de la marge, ce
socle a été probablement faille (mylonites ?) et traversé par du matériel volcaniquebasique,
(b) Des grès azoïques ont été recueillis sur le bloc occidental (DR 03, fig. B). Ils
appartiennent, soit au socle acoustique, soit aux formations stratifiées anté-rift (5,
fig. D). L'analyse lithologique montre que ces échantillons se répartissent en plusieurs
groupes d'âge et de faciès différents : (1) un grès rouge à ciment carbonate (rhomboèdres
zones), à feldspaths et micas abondants et frais. Ce grès, hétérogène du point de vue
minéralogique et granulométrique, ressemble beaucoup aux faciès du Trias supérieur des
« Grès de Silves » au Portugal [12]; (2) des grès rouges à ciment carbonate dont la
diagenèse est plus poussée. Leur pauvreté en feldspaths, l'abondance des micas et des
argiles (illite + kaolinite) indiquerait une source métamorphique. Ces grès pourraient
correspondre au Stéphano-Autunien de type Buçaco au Portugal ([13], [14]), mais un âge
triasique n'est pas exclu; (3) des grauwackes ou des litharénites non déformées à matrice
argileuse très développée d'origine détritique ou secondaire. Ces échantillons pauvres en
feldspaths correspondent plutôt à du Permo-carbonifère, mais on pourrait également les
rapporter à certains niveaux non rouges du Trias, ou même à certains faciès peu matures
de FOrdovicien.
La dragage DR 01 a également ramené un échantillon de grès azoïque friable à ciment
calcitique, petits feldspaths et biotite non altérés. Très différent des précédents, il n'a pas
pu être daté.
(c) Des calcaires du Jurassique terminal-Crétacébasai appartenant à la série sédimenr
taire anté-rift (5, fig. D) ont été ramenés par les deux dragages, mais en quantité très
inégale.
Au sommet du bloc occidental (DR03, fig. B) ont été prélevés de petits échantillons
de calcaire bioclastique ou de micrite carbonatée à pellets, Echinodermes, Dasycladacées,
de faciès identique au Jurassique terminal du Portugal ([15], [16]). Mais c'est vers la base
du bloc oriental (DR 01, fig. C), là où affleure une épaisse série stratifiée basculée qu'a

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

A. Carte bathymétrique Sea-Beam ( 3) du Sud-Ouest des Bancs de Galice (B.G.) [20]. Les blocs basculés N-S
apparaissent clairement dans la morphologie. B-C. Relevés Sea-Beam détaillés des sites de dragage (2). Le
trait de drague et les croches (croix) sont repérés par rapport à la topographie et au profil sismique GPU
[21]. D. Profil de sismiquereflexionmultitrace GP 11 réalisé par 1TFP et le CNEXO [22], pour la préparation
du programme ODP. Les dragages sont implantés sur les escarpements de faille où affleurent le socle
acoustique (S) et les sédiments ante-rift basculés (formation 5).
A. Sea-Beam bathymétrie map of the south-western side of Galicia bank (B.G.) [20]. N-S tilted blocks are
prominent in the topography. B-C. Accurate Sea-Beam surveys of the dredge sites. The run of the dredging
and the location of the slampings (crosses) are adjusted in compârison with the topography and the seismic
profile GP\\ [21]. D. Multichannel seismic reflection profile GPU (IFP-CNEXO; [22]). Dredges are located
on the fault scarps where the basement (S) and the ante-rift sediments (formation 5) crop out.
PLANCHE I / PLATE I DENIS MOUGENOT
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 327

été draguée une quantité importante de calcaires. Il s'agit; (1) de calcaires souvent très
bioclastiques (Lamellibranches, Annélides, Gastéropodes, Echinodermes, Dasycladacées)
parfois microbrechiques, parfois riches en pellets et oncolithes. Certains contiennent
Anchispirocyclinalusitanica, Pseudocyclamminalituus, Conicospirillina basiliensis, des Tro-
cholihes et Nautiloculines. Ils correspondent à des dépôts très peu profonds échelonnés du
Kimmeridgien au Berriasien. Parmi eux, quelques échantillons du Portlandien-Berriasien
montrent dettes rares Calpionelles;(2) de calcaires micritiques à dominante planctonique
(Calpionelles et Radiolaires), spicules de Spongiaires et sans Foraminifères benthiques.
Ces micrites sont d'âge tithonique terminal à Berriasien inférieur et correspondent à des
dépôts de domaine marin ouvert. Ces deux faciès carbonates rappellent des prélèvements
réaUsés sur l'ensemble de la marge ouest-ibérique ([3], [17]). Ils confirment qu'à cette
époque toute la marge était occupée par une plate-formé carbonatée; relativement subsi-
dente.
3. DISCUSSION ET CONCLUSION. — (a) A l'endroit des dragages, le substratum continental
de la marge galicienne appartient à la zone externe, de l'orogenèse hercynienne. Mais
d'autres prélèvements de socle (H76-DR22 et 23; [18]) réalisés sur le prolongement
septentrional de ces deux blocs basculés, à un endroit où la marge a été soulevée par la
compression pyrénéenne, ont ramenés des échantillons de socle beaucoup plus déformés
et métamorphdrphisés (amphibolite, gneiss, micaschiste et schiste).
(b) La découverte de grès attribuables au Trias montre que la marge galicienne, comme
beaucoup d'autres marges atlantiques, a été subsidente dès le Mésozoïque inférieur.
Même si cette subsidence a été faible, elle implique une phase de distension tectonique
au début du Mésozoïque.
(c) Jusqu'au Tithonique, les conditions de dépôt sur la marge sont restées continentales
ou néritiques. Les profils sismiques enregistrés dans la région montrent que le Berriasien
appartient aux sédiments déposés sur le socle avant le basculement principal des blocs
crustaux, c'est-à-dire avant le rifting proprement dit de la marge. Pour le moment, les
effets de la distension oxfordienne et kimmeridgiennequi a affecté le bassin du Portugal
[19] n'ont pas été clairement observés dans la zone profonde de la marge galicienne.
(d) L'épaisseur de la série sédimentaire anté-crétacée,; d'après les données sismiques,
ne semble pas dépasser 2 à 3 km. Avant le passage Jurassique-Crétacé, la subsidence
semble donc avoir été limitée. L'âge Crétacé inférieur (anté-Albien) de la phase principale
du rifting et de l'amincissementcrustal de la marge gaUcienne est ainsi confirmé.
Contribution n° 327 du Groupe d'Étude de la Marge Continentale (E.R.A. n° 605) de l'Université Pierre-et-
Marie-Curie, avec l'aide de l'A.T.P.-IPOD (contrat 036).
( 1) Campagne 103 du programme ODP, avril-juin 1985. Chefs de Mission : G. Boillot et E. L. Winterer.
( 2) Campagne-Transmarge II du Groupe d'Étude de la Marge Continentale à bord du N.O. Jean Charcot
du 27 juillet 1983 au 12 août 1983. Chef de Mission : J. R. Vanney.
( 3) Campagne Seagal du département 3GM du Centre océanologique de Bretagne à bord du N.O. Jean
Charcot du 22 janvier 1982 au 8 février 1982. Chef de Mission : J. C. Sibuet.
Remisele 20 mai 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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328 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

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[16] J. REY, Mem. Serv. Geol. Portugal, 21, 1972, 471 p.
[17] P. A. DUPEUBLE, G. BOILLOT, M. LAMBOY, J. A. MALOD, A. MAUFFRET et D. MOUGENOT, 5e R.A.S.T.,
Rennes, 1977, p. 210.
[18] Groupe d'Étude de la Marge Continentale, 5e R.A.S.T., Rennes, 1977, p. 258.
[19] F. GUERY, Thèse, Université de Lyon-I, dactyl., 1984, 477 p.
[20] F. LALLEMAND, J. P. MAZE, F. MARTI et J. C. SIBUET, Comptes rendus, 300, série II, 1985, p. 145-149.
[21] H. GALISSON, D.E.A., Université de Paris-VI, dactyl., 1984, 46 p.
[22] P. CHENET, L. MONTADERT, H. GAIRAUD et D. ROBERTS, Mem. A.A.P.G., 34, p. 703-715.

D. M. : Laboratoire de Géodynamique sous-marine du C.E.R.O.V.,


B.P. n° 48, 06230 Villefranche-sur-Mer;
R. C. : Institut de Géologie, Université de Rennes,
avenue du Général-Leclerc, 35042, Rennes Cedex;
C. P. : Ecole nationale supérieure de Géologie,
94, avenue de-Lattre-de-Tassigny,
B.P. n° 452, 54001, Nancy Cedex;
P. A. D. : Faculté des Sciences et Techniques de Rouen,
B.P. n° 67, 76130 Mont-Saint-Aignan;
A. M. : Université Pierre-et-Marie-Curie,
Département de Géologie dynamique,
4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05.
C.R. Acad. Sc, Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 329

GÉOLOGIE.— Témoins de la sédimentation aptienne et albienne à la bordure des


Zones internes bético-rifaines (Arc de Gibraltar). Note de Philippe Olivier et Jean Magné,
présentée par Michel Durand-Délga.

Deux premières découvertes de marnes de l'Aptien supérieur et de l'Albien supérieur sont signalées dans les
Unités prédorsaliènnes, paléotalus des Zones internes bético-rifaines ou Bloc d'Alboran. Ceci entraîne les
conséquencessuivantes ;
— à la fin de l'Aptien, alors que du matériel sableux issu des Zones internes traverse, sans s'y déposer, la
marge du Bloc d'Alboran pour former les flyschs maurétaniens dans le bassin externe, des marnes pélagiques
peuvent néanmoins se sédimenter sur cette marge, probablement à la faveur de bassins suspendus;

à la fin de l'Albien, l'uniformisation de sédimentation (marnes et pélites), déjà mise en évidence dans les
domaines maurétanien et dorsalien, affectait également le domaine prédorsalien.

GEOLOGY. — Outliers of the Aptian and Albian sedimentation at the border of the betic-rifian internal
Zones (Straits of Gibraltar).
We report two first discoveries of maris of the upper Aptian and of the upper Albian times in predorsalian
units which formed thepaleoslope of the betic-rifian internal Zones ( = Alboran Block). This leads to the following
conclusions:
— at the end of Aptian time, sands coming from the internal Zones were Crossing the Alboran Block margin,
without being deposited, to form the mauretanianflysch in the external basin. Nevertheless, pelagic maris could
simultaneously form deposits on this marginprobably in perched basins;
— at
the end of Albian time, the homogenization of the sedimentation (marls and pelites) which has been
previously recognized in the mauretanian and dorsalian domains alsocharacterized the predorsalian domain.

I. INTRODUCTION. — Dans l'Arc de Gibraltar, la limite entre Zones internes et externes


est jalonnée par les unités prédorsaliennes ([1], [2]). Celles-ci ;sont les témoins du talus
ayant relié le plateau continental du Bloc d'Alboran (=Zones internes bético-rifaines),
actuellement représenté par les unités de la Dorsale calcaire, au bassin plus externe où
s'accumulèrent, notamment, les flyschs crétacés maurétaniens (les plus proches de la
marge) et massyliens (plus externes) ([3], [4]).
Pour ce domaine prédorsalien comme pour les autres, domaines paléogéographiques
des Bétides et des Maghrébides, le Crétacé inférieur représente une période très importante
de différenciation pendant laquelle s'individualisentdeux grandes aires de sédimentation :

l'une, externe, comprend le domaine des flyschs maurétaniens et la partie externe
du domaine prédorsalien (groupes d'unités de « Camarote » et d'« Argüelles »); elle
présente une sédimentation essentiellement détritique : d'abord préflysch à turbidites
calcaires (extension maximale du Berriasien au Barrémien inférieur) puis flysch gréseux
(extension maximale de l'Hauterivien à l'Albien moyen); A partir de l'Albien supérieur,
la sédimentation devient surtout argilo-marneuse et carbonatée, et beaucoup moins
turbiditique;

l'autre aire de sédimentation, plus interne, comprend le domaine de la future
Dorsale calcaire et la partie du domaine prédorsalien qui en est la plus proche (groupes
d'unités de « Béni Derkoul » et du « Jbel Moussa »); elle présenté des dépôts essentielle-
ment carbonates, à très faibles apports détritiques, qui se développent du Berriasien au
Barrémien. Dans ce domaine les dépôts de la fin du Crétacé inférieur sont généralement
absents. La découverte de deux affleurements marneux,; l'un de l'Aptien supérieur —
dont c'est la première mise en évidence dans cette aire —, l'autre de l'Albien supérieur,
liés tous deux au groupe d'unités prédorsaliennes (« Beni Derkoul»), les plus proches
paléogéographiquement de la Dorsale calcaire s.s., permet de préciser l'évolution de la
marge du Bloc d'Alboran à la fin du premier grand cycle de dépôts de flyschs de
l'orogène.

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330 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

II. L'APTIEN SUPÉRIEUR DE GAUCÎN (CORDILLÈRES BÉTIQUES OCCIDENTALES). — Il est


représenté à 1 km à l'WSW de Gaucin (fig. 1), par 2-3 m de marnes colorées,
qui font partie d'un ensemble de lames tectoniques prédorsaliènnes coincées sous le
chevauchement des Unités internes (fig. 2). La colonne stratigraphique synthétique,
reconstituée en regroupant le matériel des diverses écailles, est la suivante :
1. calcaires micritiques blancs esquilleux du Néocomien s.l. (8-10 m). L'Hauterivien supérieur-Barrémien
inférieur y est caractérisé par Lamellaptychusgr. angulocostatus(dét. M. Durand-Delga);
2. marnes de l'Aptien supérieur, de teintes surtout vertes, rouges ou jaunes mais localement noires, parfois
très riches en Foraminifères planctoniques, d'où un aspect granuleux (2-3 m);
3. marno-calcaires rouges et blancs du Sénonien supérieur; 2-3 m (?);
4. marnes rouges feuilletées du Lutétien; 10-15 m;
5. marnes rouges et vertes de l'Oligocène (supérieur?); 3 m?;
6. flysch gréso-calcareux,riche en débris de schistes paléozoïques,de l'Oligocène supérieur; 200 m;
7. pélites marneuses brunes à passées de grès à faciès numidien (10-15 m), de l'Aquitanien [2].
Le terme 2 affleure à la partie orientale d'une ancienne carrière, sous une écaille de
« Néocomien blanc esquilleux », environ 1,5 km à l'WSW de l'entrée du village de
Gaucin, à une vingtaine de mètres au-dessus de la route d'Algésiras-Ronda. La
microfaune est la suivante : Hedbergella trocoidea (très fréquentes), grosses Hedbergelles
annonçant Ticinella bejaouaensis (fréquentes), Globigerinelloides cf. ferreolensis (rares),
Schackoina sp., petites formes rappelant les genres Clavihedbergella et Hastigerinoides,
Planomalina cheniourensis,Lenticulina sp., Gavelinella sp., Spiroplectinata sp., etc. Il s'agit
d'Aptien supérieur. Cet âge est confirmé par la Nannoflore (dét. H. Feinberg) : Watznaue-
ria barnesae, Lithastrinusfloralis, Litraphidites carniolensis.
III. L'ALBIEN SUPÉRIEUR DE L'UNITÉ SUD DE BENI DERKOUL (RIF SEPTENTRIONAL). — Il
est représenté, 40 km au SE de Chaouen (fig. 1), par des marnes gris-brun affleurant
sur quelques centaines de mètres carrés, au sein de l'une des « Unités de Béni Derkoul »
([5], [6]) (fig. 3). La structure et la signification de ces unités ont donné lieu à plusieurs
interprétations. W. Wildi et coll. [6] distinguent une « Unité supérieure » (où se trouvent
les marnes albiennes) et une « Unité inférieure », et considèrent que ces deux unités
« proviennent probablement d'une zone à l'extérieur de la Dorsale externe ».
Kh. El Kadiri [7] distingue trois unités (les marnes albiennes se trouvent dans son
« Unité 2 ») et considère qu'elles représentent des klippes sédimentaires (« Klippès de
EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 1. Schéma structural de l'Arc de Gibraltar et localisation des marnes de l'Aptien et de l'Albien

prédorsaliens.
Fig. 1. — Structural scheme of the Straits of Gibraltar and localization of the predorsalian Aptian and Albian
maris.
Fig. 2. Coupe de la Zone prédorsalienne près de Gaucin et position des marnes de l'Aptien supérieur.

Fig. 2. — Section of the predorsalian Zone near Gaucin and position of the upper Aptian maris.
Fig. 3. — Coupe des unités prédorsaliennes de Beni Derkoul et position des marnes de l'Albien supérieur.
Li-m, Lias inférieur à moyen; Jm, Dogger; Js, Malm; Ci, Néocomien (Ci et Cil, calcaires blancs fins; Ci2,
« Complexe à Aptychus »); Cm-s, Crétacé « moyen «-supérieur; Cs, Crétacé supérieur; E-O, Eocène-
Oligocène; M„ Aquitanien.
Fig. 3. — Section of the Beni Derkoulpredorsalian units and position of the upper Albian maris. Li-m, lower to
middle Lias; Jm, Dogger; Js, Malm; Ci, Neocomian (Ci and Cil, fine white limestones; Ci2, "Complexe
à Aptychus"); Cm-s, "middle" to upper Cretaceous; Cs, upper Cretaceous; E-O, Eocene-Oligocene; M1
Aquitanian.
Fig. 4. —
La marge du Bloc d'Alboran à l'Aptien supérieur.
Fig. 4. —
The Alboran Block margin at the upper Aptian.
PLANCHE I/PLATE I PHILIPPE OLIVIER
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 333

Chrafate ») au sein d'un olistostrome « oligo-burdigalien». Pour nous, s'il existe bien
plusieurs niveaux à blocs dans les Unités de Beni Derkoul, l'essentiel de leur structure
actuelle résulte d'une superposition de phases tectoniques alpines et non de phénomènes
tectonosédimentairesde grande envergure [2]. Par ailleurs, on doit distinguer trois unités
principales, dont : les limites ne correspondent pas à celles des unités définies par les
auteurs antérieurs. On aurait ainsi l' « Unité Sud » (ou d'« El Krar ») qui contient les
marnes albiennes, l'« Unité intermédiaire » et l'« Unité Nord » (fig. 3). Ces trois unités
proviennent de la partie interne de la Zone prédorsalienne.
La colonne stratigraphique de l'«Unité Sud de Beni Derkoul » peut se résumer de la
façon suivante (du fait de la forte tectonisation, les épaisseurs sont difficiles à préciser) :
1. calcaires gris plus ou moins lités du Lias inférieur (surtout Sinémurien); 30 à 40 m;
2. calcaires marneux où le Domérîen est caractérisé; 10-20 m (?);
3. calcaires à « filaments » et calcaires marneux du Lias supérieur-Dogger, englobant localement des blocs
de calcaires sinémuriens; 30-40 m ?;
4. ensemble radiolaritique du Dogger-Malm (radiolarites franches ou calcareuses, argiles radiolaritiques...),
localement turbiditique et contenant des blocs de roches surtout Basiques; 30 m ?;
5. calcaires blancs esquilleux du Néocomien (petit affleurement signalé par W. Wildi et coll. [6], mais non
retrouvé);
6. marnes gris-brun albiennes, suivies de quelques mètres de grès calcaires turbiditiques à passées de
microbrèches(Cénomanien inférieur probable); 20-30 m;
7. calcaires sombres, phtanites et petites noires bitumineuses (Cénomanien à Turonien inférieur?); 10-20 m;
8. marnes colorées du Campanien; 5-10 m?;
9. marnes colorées de l'Eocène supérieur-Oligocène;30 m?;
10, pélites marneuses brunes et grès à faciès numidien de l'Aquitanien; 20 m?
La continuité stratigraphique entre les termes jurassiques et crétacés n'est pas prouvée mais paraît très
probable.
Ladatation du terme 6 a été effectuée à 400 m au NNW du point côté 897. La microfaune de Foraminifères
est la suivante : Rotalipora ticinensis, Biticinella breggiensis, Ticinella cf. roberti, T. cf. primula, Hedbergella
delrioensis, H. cf. planispira, etc. Il s'agit d'Albien supérieur (anté-vraconien).

IV. INTERPRÉTATIONSET CONCLUSIONS. — Au Néocomien(et Barrémienp.p.), la sédimen-


tation marno-calcaire des domaines dorsalien et prédorsalien interne ( « Beni Berkoul »,
« J. Moussa »); se distingue déjà nettement des turbidites calcaires qui se déposent alors
en position plus externe («complexe à Aptychus » du Prédorsalien externe et préflysch
du domaine maurétanien).
A l'Aptien et à l'Albien inférieur (à moyen), l'opposition paraît encore plus forte
puisque, du côté interne lorsqu'il y a sédimentation, celle-ci est marneuse, peu épaisse et
apparemment très localisée (Aptien supérieur du Prédorsalien interne) alors que, à la
même époque, se dépose dans le bassin maurétanien l'épais flysch gréseux de type Jbel
Tisirene [4].
A l'Albien (moyen)-supérieur, par contre, se produit une relative uniformisation de la
sédimentation entre, notamment, les domaines dorsalien, prédorsaUen, maurétanien et
massylien puisque dans ces divers domaines se déposent des marnes et pélites fines de
teinte verdâtre ou noirâtre (« black shales »). Ce phénomène d'uniformisation relative
des dépôts semble d'ailleurs se poursuivre au Cénomano-Turonien avec toujours des
« black shales », des formations flyschoïdes calcaires et des niveaux siliceux (phtanites),
entre autres dans une partie du domaine prédorsalien (Unité sud de Beni Derkoul) et
dans le domaine maurétanien, ainsi que dans le domaine océanique atlantique ([8], [9]).
Par contre de tels faciès ne sont pas connus dans lé domaine dorsalien s.s.
L'homogénéisation de la sédimentation à l'Albien moyen-supérieur a déjà été notée
par J. P. Gélard et coll. [10] lors de leur étude de l'Albien du Lac Goulmine (Dorsale
calcaire du Djurdjura, Algérie) et en tenant compte des quelques rares autres affleurements
d'Albien connus dans le domaine dorsalien rifo-kabyle. Ces auteurs font ainsi de l'Albien
moyen-supérieur une époque charnière où s'achève la forte opposition sédimentologique

C, R., 1985, T Semestre (T. 301) Série II — 24


334 C. R. Acad. Se. Paris,-t. 301, Série II, n° 5, 1985

entre domaine dorsalien et domaine des flyschs, qui s'observe du Néocomien inférieur
jusqu'à l'Albien inférieur (à moyen).
La présence de marnes de l'Albien supérieur dans l'Unité Sud de Beni Derkoul montre
que cette uniformisation sédimentologiqueconcerne aussi, en partie du moins, le domaine
prédorsalien. Le fait n'a d'ailleurs rien d'étonnant puisque l'origine paléogéographique
des unités prédorsaliènnes se situe entre domaine dorsalien s. s. et domaine des flyschs
[2].
La mise en évidence de marnes de l'Aptien supérieur dans le domaine prédorsalien est
plus remarquable car ce niveau était inconnu jusqu'à présent dans ce domaine et dans le
domaine dorsalien. Pour plusieurs auteurs ([10], [11]) cette lacune de sédimentation
supposée est à mettre en relation avec le fait qu'à cette époque se dépose le flysch gréseux
maurétanien (et massylien) dont le matériel détritique serait originaire des Zones internes
bético-rifo-kabyles — alors émergées pour tout ou partie — et donc aurait nécessairement
dû transiter par le domaine dorsalien s. 1. (dorsalien+prédorsalien) sans s'y déposer. La
découverte de marnes à microfaunes très riches en formes planctoniques de l'Aptien
supérieur pourrait donc s'opposer à cette interprétation. Cependant la contradiction peut
n'être qu'apparente car on peut envisager (fig. 4) que du matériel sableux d'origine
interne ait traversé le domaine dorsalien s. 1. en empruntant des canyons sous-marins
(« by-passing ») et que dans le même temps, dans certaines zones de ce domaine dorsalien
situées entre les canyons (bassins suspendus?), se soient déposées des marnes pélagiques.
Remise le 13 mai 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[8] P. C. DE GRACIANSKY, G. DEROO, J. P. HERBIN, L. MONTADERT, C. MULLER, A. SCHAAF et J. SIGAL,
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[9] W. KUHNT, Biostratigraphie und paläoenvironment der externen Kreideserien des westlichen Rif und
Betikum — Ein Ansatz zur Rekonstruktion der Kreide — Paläogeographie des Gibraltarbogens, Dissert.,
Tübingen, 1985 (à paraître).
[10] J. P. GÉLARD, J.-F. RAOULT et M. TEFIANI, Bull. Soc. géol. Fr., (7), XXIII, 5, 1981, p. 501-510.
[II] J. P. BOUILLIN, Mém. Soc. géol Fr., LVTJ, n° 135, 1979, 84 p.

Laboratoire de Géologie méditerranéenne, Associé au C.N.R.S. n° 145,


Université Paul-Sabatier, 38, rue des Trente-Six-Ponts,31400 Toulouse.
C.R, Acad. Sc. Paris, t. 301, Série n, n° 5, 1985 335

GÉOLOGIE. mesogéen
— Les rapports structuraux entre les domaines cordillérain et
dans la partie centrale du Mexique. Note de Pierre Chauve, Éric Fourcade et Miguel
Carillo, présentée par Jean Aubouin.

Aux confins des états de Queretaro et de Hidalgo, dans la Sierra Madré orientale, se rencontrent deux
ensembles structuraux nettement différenciés appartenantrespectivement aux domaines cordillérain et mesogéen.
Ils sont séparés par le chevauchement de Higuerillas.
Dans le domaine cordillerain, une discordance angulaire soulignée par un conglomérat, sépare la formation
San Juan de la Rosa, volcanosédimentaire et épimétamorphique d'âge jurassique supérieur de la formation
Pena Azul d'âge crétacé inférieur à cénomanien. Ceci permet de mettre en évidence une phase névadienne qui
n'affecte que le domaine cordillérain et de préciser l'évolution géodynamique de ce secteur.

GEOLOGY. — Structural relations between Cordillerian and mesogean areas in Central Mexico.
On the borders of the states of Querelaro and Hidalgo (area of the Eastern Sierra Madre) meet two structural
units which are quite different and which belong respectively to the cordillerian and mesogean areas. They are
separated by the thrust of Higuerillas.
In the cordillerian area, an angular disconformity toppedby a conglomerateseparates the San Juan de la Rosa
formation (vulcanosedimentary and epimetamorphic, Middle-Upperjurassic of age) from the Pena Azul formation
(sedimentary-Lower cretaceous to cenomanian age). This enables us to point out a nevadian phase which affecté
only the cordillerian area and to specify the geodynainic evolution of this area.

I. INTRODUCTION. — Le Mexique est classiquement subdivisé en deux grands ensembles,


géologiques: le domaine cordillérain et le domaine mesogéen. L'histoire du Mexique
cordillérain qui s'étend à l'Ouest, le long de la côte pacifique, a été guidée par la
convergence des plaques pacifique et nord américaine. L'évolution du Mexique mesogéen
qui se situe à l'Est est liée à celle de la marge atlantique occidentale et à l'ouverture du
golfe du Mexique.
La zone de contact entre ces deux domaines a été suivie dans le Nord du pays ainsi
que dans ses parties méridionales [1]. Dans le centre du Mexique ce contact est plus
difficile à observer en raison de l'importance des formations volcaniques récentes qui
masquent le substratum plus ancien. Toutefois, la découverte de nouvelles formations
tectono-stratigraphiques d'affinité cordilléraine aux confins des provinces de Queretaro
et de Hidalgo permet de situer cette zone de contact majeur et de préciser les étapes de
son évolution.
II. DESCRIPTION DES NOUVELLES FORMATIONS. — De part et d'autre du chevauchement
de Higuerillas [2] on peut mettre en évidence deux types de séries lithologiques :
1. Séries du domaine mesogéen.—A l'Est du chevauchement de Higuerillas et structura-
lement au-dessous, le Jurassique supérieur et le Néocomien du coeur des anticlinaux sont
constitués par les calcaires et marnes de la Formation Las Trancas [3]; ils sont surmontés
soit par les calcaires et marnes de la Formation Tamaulipas, soit par les calcaires à
Rudistes de la Formation El Doctor du Crétacé moyen. Le Crétacé supérieur est constitué
ici de lutites qui alternent avec des marnes et des calcaires inicritiques à Globotruncana;
il peut contenir localement (Los Remedios) des klippes sédimentaires de calcaires en
petits bancs à Radiolaires du Crétacé inférieur.
2. Les formations du domaine cordillérain. — A l'Ouest de Vizarron dans la région de
San Juan de la Rosa entre Los Remedios et la Pena Azul, on peut observer d'Est en
Ouest la superposition lithologique suivante (pl.C) :
1. Un ensemble volcanique qui peut atteindre plusieurs centaines de mètres et qui est
constitué de laves pyroclastiques ou épiclastiques. Selon M.Rossi, il s'agit de roches

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336 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

acides de composition probablement rhyolitique ou rhyodacitique comportant des cristaux


de quartz, feldspath alcalin, plagioclase et micas (anciennes biotites). Les âges radio-
métriques réalisés par M. Bellon par la méthode K/Ar sur deux échantillons donnent
respectivement 77 + 4 M.a. (éch. Mex. 83.86) et 84, 9 + 4 M.a. (éch. Mex. 83.206).
2. Vers son sommet cet ensemble de roches pyroclastiques rhyolitiques admet sur une
soixantaine de mètres de nombreuses intercalations de grauwackes et de radiolarites qui
ont livré :

éch. Mex. 83.88 : Pseudodictyomitrasp, Acanthocircus carinatus Foreman, des
formes du type Hagiastridae ou Patulabraciidae;

éch. Mex. 83.94 : Mirifusus sp. Ces radiolaires indiquent selon P. de Wever qui a
effectué les déterminations un âge Dogger-Malm. On trouve aussi des bancs de brèches
volcaniques qui renferment des blocs de schistes noirs. Un léger métamorphisme marqué
par des cristaux de prehnite apparaît dans certains bancs volcaniques (éch. Mex. 83.207).
3. Puissante série schistosée et satinée de teinte rose à rouille constituée essentiellement
de grauwackes à ciment peu abondant et phylliteux.
4. Cette série se poursuit vers le haut par des pelites schistogréseuses dans lesquelles
sont intercalés des grauwackes, des petits bancs de cherts et de silex noirs. Des niveaux
volcanosédimentairesdétritiques montrent des alignements de séricite.
5. La partie visible de la série se termine dans le barranco de Jaboncillo (los Remedios)
par une cinquantaine de mètres de grès micacés très fins à débit schisteux très marqués.
Latéralement sur la route de Higuerillas à Toliman des ammonites aplaties ont été
récoltées [4]. L'une d'entre elles déterminée par J. R. Geyssant correspond à un Perisphinc-
tidé de la sous famille des Lithacoceratinae qu'on peut rapporter au genre Subplanites
Spath 1925 emend. Zeiss 1968 connu dans le Kimmeridgien supérieur (zone à Beckeri) et
dans le Tithonique inférieur (zone à Hybonotum).
6. Reposant en discordance angulaire sur les différents membres de la formation
précédente viennent des conglomérats à galets de grauwackes, de radiolarites, de roches
volcaniques, à ciment calcaire et gréseux dont la taille peut atteindre 40 cm. La présence
de ces conglomérats est constante à la base de la série, mais leur épaisseur est variable.
De quelques décimètres à Los Remdios elle atteint plus de 80 m dans certains chenaux
des flancs ouest de la Sierra de la Pena Azul.
7. Au-dessus viennent des calcaires micritiques sombres en petits bancs à Radiolaires
qui peuvent renfermer des intercalations de grès grossiers ou de calcaires gréseux à débris
d'Echinodermes, Dasycladacées, Coptocampylodon fontis Patrulius et à Algues rouges
appartenant probablement selon A. F. Poignant à la famille des Squamarraceae. C'est

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

A. Carte géologique de la région de Vizarron, El Doctor, Zimapan, dans les états de Queretaro et Hidalgo.
1, Quaternaire; 2, Volcanismerécent; 3, Crétacé supérieur (formation Soyatal); 4, Crétacé inférieur et moyen
(Formation Pena Azul); 5-6, Crétacé moyen (Formation El Doctor-Tamaulipas); 7, Malm (Formation San
Juan de la Rosa); 8, Jurassique-Crétacé inférieur (Formation Las Trancas). B. Coupe géologique. C. Les
grands ensembles lithostratigraphiques, des Formations San Juan de la Rosa et Pena Azul (A et B, d'après
M. Carillo et M. Suter (1982) modifié.
A. Map of the area of Vizarron, El Doctor, Zimapan, in the states of Queretaro and Hidalgo. 1, Quaternary;
2, Recent volcanism; 3, Late Cretaceaous (Soyatal Formation); 4, Early and Middle Cretaceous (Pena Azul
Formation); 5-6, Middle Cretaceous (El Doctor-Tamaulipas Formation); 1, Upper Jurassic (San Juan de la
Rosa Formation); 8, Upper Jurassic an early Cretaceous (Las Trancas Formation). B. Geological
section. C. The great lithostratigraphic series of the San Juan de la Rosa and Pena Azul Formation (A and
B, according to M. Carillo and M. Suter (1982) modifyed.
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 339;

dans ce membre que nous avons récolté un fragment d'Ammonites qui a été déterminé
par Leonjales comme appartenant à Pullinellia lindigii du Barrémien.
8. Le sommet de la série est constitué de calcaires noirs à silex en gros bancs qui ont
livré près de San Javier Favusella washitensis (Carsey), Foraminifère qui est connu de
l'Albien inférieur au Cénomanien inférieur.
Les niveaux volcanosédimentaires d'âge jurassique supérieur (termes 1 à 5) placés
jusqu'à présent dans la Formation de Las Trancas ([2], [3], [5]) diffèrent des séries
mésogéennes par leur composition lithologique, mais aussi par leurs déformations et leur;
léger métamorphisme. L'ensemble formé par les conglomérats, les calcaires à Radiolaires
et les grès peut être rattaché au Néocomien et les calcaires à silex àl'Albo-Cénomanien,
Ces deux termes crétacés se différencient aussi des séries du Crétacé inférieur et moyen
connues plus à l'Est où les calcaires et marnes de la Formation Las Trancas sont
surmontés par les calcaires massifs à Rudistes de la Formation El Doctor ou plus à l'Est
de la Formation Tamaulipas. La Formation El Doctor renferme d'ailleurs à sa base des
orbitolinidés classiques de l'Albien du Texas dont Dictyoconus walnutensis (Carsey) et
Coskinolinoides texanus Keyjer et vers son sommet des Milioles, des Cunéolines et
Nummoloculina heimi Bonet de l'Albien supérieur-Céhomanien.
Ceci nous conduit à distinguer au Jurassique supérieur et au Crétacé inférieur et moyen '
deux séries de Formations : Las Trancas et El Doctor-Tamaulipas à l'Est, San Juan de
la Rosa et Pena Azul à l'Ouest [6].
III. DESCRIPTION STRUCTURALE. — Les séries orientales sont affectées de grands plis
massifs alignés du NW au SE. Le coeur des syncUnaûx est Occupé par le Crétacé supérieur
et les plis anticlinaux sont armés par la puissante série calcaire de la Formation El Doctor
sous laquelle apparaissent les plis disharmoniques de la Formation Las Trancas.
Le chevauchement de Higuerillas amène soit les calcaires de la Formation Pena Azul
soit les termes volcano-sédimentairesde la Formation San Juan de la Rosa sur le Crétacé
supérieur. A l'Ouest de ce chevauchement la Formation San Juan de la Rosa présente
des plis serrés marqués par des charnières et des couches redressées; l'axe des plis plonge
régulièrement vers l'Ouest. Cette Formation plissée et schistosée est tronquée par une
discordance angulaire jalonnée par les conglomérats et les calcaires de la Formation Pena
Azul. Des failles inverses à regard est recoupent l'ensemble dès deux Formations. En
outre, de grandes failles verticales de direction Nord-Ouest-Sud-Est à Nord-Sud, sur
lesquelles s'alignent les épanchements volcaniques tertiaires affectent les deux domaines
oriental et occidental.
IV. ÉVOLUTIONGÉODYNAMIQUE. — Ceci conduit à admettre l'évolution géodynamique
suivante :
— au
Jurassique moyen ?-supérieur (?) : volcanisme acide et dépôt des niveaux volcano-
sédimentaires dans le domaine cordillerain (à l'Ouest) (écho distal du magmatisme
jurassique de l'arc d'Alisitos lié à la subduction tandis qu'à l'Est se différencie un des
bassins sédimentaires de la Sierra Madré orientale dans lequel se dépose la Formation
Las Trancas:
— à l'Ouest vers la limite Malm-Néocomien, plissement, volcanisme (?) et métamor-
phisme de la Formation San Juan de la Rosa suivi d'une émersion tandis qu'à l'Est dans
le domaine mesogéen la sédimentation est continue.
— au
Crétacé inférieur poursuite de la sédimentation dans le domaine mesogéen (à;
l'Est) et trangression vers l'Ouest sur les séries cordilléraines déformées et
métamorphisées;
340 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

— au Paléocène : plissement et chevauchement à vergence est affectant aussi bien


l'ensemble occidental que l'ensemble oriental;
— au
Tertiaire : jeu de failles verticales et volcanisme associé.
V. CONCLUSION.

La découverte des Formations Pena Azul et San Juan de la Rosa
permet de mettre en évidence la phase névadienne [7], La Formation Pena Azul constitue
donc un néo-autochtone qui a été déformé et charrié avec son substratum lors de la
phase laramienne. L'ensemble étant découpé au Tertiaire par un jeu de failles en distension
le long desquelles est monté le volcanisme récent.
Cette phase névadienne est plus ancienne que celles qui ont été reconnues jusqu'à
maintenant dans ce secteur du Mexique où les premières déformations d'âge alpin sont
rapportées à la phase laramienne. La découverte de cette phase névadienne est à mettre
en relation avec la description de J. Pantoja Alor [8] dans la région de Huetamo (état de
Michoacan) où la Formation San Lucas et Morelos (Crétacé inférieur détritique puis
calcaire) repose en discordance parallèle ou en discordance angulaire sur les sédiments
en partie volcano détritiques de la Formation Angao d'âge jurassique supérieur.
Ainsi le chavauchement de Higuerillas est un contact tectonique laramien qui se place
sensiblement à la limite d'un accident plus ancien jurassique supérieur-crétacé inférieur.
Ce contact tectonique majeur marque la limite actuelle entre le domaine cordillérain et
le domaine mesogéen ou au sens des auteurs américains, entre l'eugéosynclinal et le
miogéosynclinal. Les calcaires à silex de la Formation Pena Azul d'âge crétacé moyen
marquent dans ce secteur la grande transgression vers l'Ouest des mers mésogéennes que
l'on peut suivre depuis le Guatemala. La flèche du chevauchement de Higuerillas doit
être importante surtout si l'on considère que le Crétacé supérieur situé à l'Ouest (Los
Remedios) entre le volcanisme récent et la Formation San Juan de la Rosa (contact
actuel par faille verticale récente) se trouve en fenêtre sous l'unité tectono-stratigraphique
San Juan de la Rosa, ce qui laisse entrevoir des possibilités nouvelles de recherches
appliquées et notamment pétrolières.
Remise le 4 février 1985, acceptée après révision le 3 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1]M. F. CAMPA, A. OVIEDO et M. TARDY, Congr. Latinoam Geologia, 3; P. J. CONEY, Geol Soc. America
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[2] M. CARILLO et M. SUTER, VI Convention Geologica national. Soc. Geol. mexicana, Libro-gUia, p. 1-20.
[3] K. SEGERSTROM, U.S. Geol. Survey, Bull, 1104-B, 1962, p. 19-85.
[4] S. MARTTNEZ-HERNANDEZ, Tesis de licenciatura,Fac. Ingenieria U.N.A.M. (inédit).
[5] K. SEGERSTROM, U.S. Geol. Survey, Bull, 1104-C, 1962, p. 87-162.
[6] M. CARILLO, P. CHAUVE et E. FOURCADE, 10e R.A.S.T., 1984.
[7] P. CHAUVE, M. CARILLO et E. FOURCADE, 10e R.A.S.T, 1984.
18] J.. PANTOJA ALOR, Consejo de recursos no renovables Boll, n° 50, 1959, p. 1-40.

P. C. Laboratoire de Géologie structurale et appliquée


:
GRECO 035, C.N.R.S., place Leclerc, 25030 Besançon Cedex;
E. F. : Laboratoire de Stratigraphie, L.A. n° 319, C.N.R.S., place Jussieu, 75005 Paris;
M. C. : Instituto de Geologia, Universidad National Autonoma de Mexico,
Délégation Coyoacan, 04510 Mexico DF.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 341

TECTONIQUE. — Coupes balancées d'échelle crustale des Pyrénées.y Note de Michel


Seguret, Marc Daignières et équipe profil ECORS Pyrénées, présentée par Jean Aubouin.

Des coupes balancées en longueur et en surface pour le Mésozoïque et la croûte continentale des Pyrénées
mettent en évidence le rôle de l'amincissementcrustal anté-compression et de l'épaississementsyn-compression.

TECTONICS. — Crustal scale balanced cross Sections of the Pyrénées:


From surface and subsurface data, line-lengthand area balancing were usedio construct four structural and
restored sections of the Pyrénées. In the mesozoic cover a thin-skinned tectonics model is used. In the basement
an anticlinalstack geometryisappliedfor the foreland part of the thrust nappes, These thrusts steepen downwards
and the displacements die ouf in ductile deformation deep in the section. So we do not use a thin-skinned model
but an inhomogeneous strain model in the deep part of the sections.
Hangingwallsequence diagrams are constructedtaking into account (1) the strong N-S thickness variations of
the mesozoic cover related to the cretaceousdrift of Spain and (2) the relatedcrustalthinning of the North-Pyrenean
Zone superimposed upon a previous (late hercynian) rising of the lower crust.
The Moho step at the vertical of the North Pyrenean Fault results from the thinning of the N*orth-Pyrenean
Zone. The thickenning ofbath the Axial Zone and the North Pyrenean Zone during the Eocene compressional
event preservedthe step geometty.
Calculated values of the minimum shortening evolve from 55 km in the western part of the belt to 80 km in the
y eastern part. Most of the shortening occurs south of the North-PyreneanFault in the eastern part (Axial Zone)
and north of the North-Pyrenean Faultin the western part.

La méthode des coupes balancées ([1], [2]) consiste à contraindre des coupes structurales
par le dessin simultané de coupes restaurées. Mise au point dans les foot-hills des
Rocheuses ou des Appalaches, elle utilise les modèles géométriques de la « thin skinned
tectonics » ([3], [4], [5]) né prenant en compte que les déplacements sur des chevauchements
avec «plats» et «rampes», formation d'« accumulations anticlinales » dans des
« pigg-back sequences », etc. Les déformations pénétratives ne sont en général pas prises
£n compte.
Dans le cadre du Profil ECORS Pyrénées, nous avons dessiné quatre coupes balancées
d'échelle crustale (dont trois sont présentées ici) en adaptant la technique à l'objet étudié :
(1) Dans les zones sans déformation pénétrative, les coupes sont balancées en longueur
(interfaces méso/cénozoïque et socle/couverture) et en surface (mésozoïque et croûte
continentale anté mésozoïque). Un modèle de thin-skinned tectonics, justifié par la
;
présence de niveauxde décollement, est alors utilisé. Mais on a tenu compte des géométries
très complexes anté-compressionrésultant de la dérive senestre de l'Espagne au cours du
Crétacé le long de la zone transformante nord-pyrénéenne ([6], [7], [8]). Il se forme alors
les bassins nord-pyrénéens de type pull-apart ([9], [10]) à séries flysch de l'Albien, du
Cénomanien ou du Séhonien, épaisses et profondes ([11], [12]) et des haut-fonds sur
lesquels Albion, Cénomanien ou Sénonien de plate-forme et d'épaisseur réduite reposent
directement sur le Paléozôïque.
(2) Dans les zones à déformation pénétrative (schistosité) on « balance » en surface en
utilisant pour la croûte continentale les données acquises sur la profondeur du Moho
([13]-[14]). On admet que les chevauchements de la Zone Axiale (Eaux Chaudes, Gavarnie,
Nogueras) forment des « accumulations anticlinales» dans leur partie frontale. Par
contre, conformément au modèle théorique (fig. 2, pl. 4) proposé par Coward ([15],
fig. 5) on considère qu'ils s'amortissent dans leur partie radicale par déformation sur le
plan d'aplatissement sub-vertical que constitue la schistosité pyrénéenne de la zone
axiale [16]. Le taux de déformation dans cette partie superficielle de la croûte a été mesuré
dans la nappe de Gavarnie où cette déformation est en grande partie pyrénéenne [17]. Il

0249-6305/85/03010341 $ 2.00 © Académie des Sciences


C.R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 345

est compatible avec l'interprétation proposée. On ne dispose à l'heure actuelle d'aucune


information sur les mécanismes et les taux de déformationdans les parties plus profondes
de la croûte; le balancement en surface y implique un raccourcissement de l'ordre de
50 % en partant d'une croûte d'épaisseur normale pour la future Zone Axiale.
(3) La compatibilité entre coupes et données gravimétriques a été contrôlée.
(4) Les valeurs de raccourcissement obtenues (55 km à l'Ouest, 80 km à l'Est) doivent
être considérées comme minimales. La répartition de ce raccourcissement évolue d'Est
en Ouest : important à l'Est au, sud de la Faille Nord-Pyrénéenne (forte épaisseur crustale
de la Zone Axiale et nappes du versant sud) et à l'Ouest sur le versant nord (Labourd).
Cette démarche nous conduit aux résultats suivants :
(1) Au Crétacé supérieur l'amincissementcrustal était faible à nul dans la future Zone
Axiale alors qu'il devait être très important dans la Zone Nord-Pyrénéenne, localement
supérieur à ce que laisse supposer l'extension résultant des failles normales dessinées.
Deux raisons à cela : (1) les coupes sont N-S alors que l'amincissement résulte d'une
extension E-W liée à la formation des bassins pull-apart (fig,-1, pl. 2); (2) l'amincissement
Crétacé se superpose à une importante structuration tardi-hercynienne ayant conduit à
la remontée anté-Dogger des Iherzolites [18] et au basculement vers le Nord du matériel
des massifs nord-pyrénéens qui permet aux granulites hercyniennes [19] d'être proches de
la surface au début du Mésozoïque.
Cet amincissement très dissymétrique s'accompagne d'un décalage du Moho par la
F.N.P, Il est ; relié à la montée des isothermes responsable, du métamorphisme
Pyrénéen [20] et de possibles intrusions basiques en base de croûte susceptibles d'expliquer
les anomalies gravimétriques du Labourd et de Saint-Gaudens (voir coupes A, B, C). Ces
résultats s'intègrent bien au modèle lithosphérique récemment proposé [21].
(2) L'épaississementcrustal dans la Zone Axiale résulte d'une déformation pénétrative
de la croûte lors de la compression. Dans la Zone Nord-Pyrénéehne cet épaississement
permet le retour à une croûte d'épaisseur normale. Le décalage du Moho est conservé.
Ces coupes montrent que les problèmes majeurs de la chaîne des Pyrénées résident
dans les Modalités de l'amincissement crustal anté-compression et de l'épaississement
Syn-conipression. Contrairement aux conclusions récemment avancées ([22], [23], [24]) à
partir de coupes balancées né prenant en compte que des déplacements et pas de
déformation, la zone de la Faille Nord-Pyrénéenne reste une structure majeure ([25],
fig. 66) responsable du décalage du Moho ([13], [14]).
Remise le 22 avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Université des Sciences et Techniques du Languedoc,


Laboratoire de Géologie structurale,
place Eugène-Bataillon, 34060 Montpellier Cedex.
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° §, 1985 347

GÉODYNAMIQUE.
— Chenaux sous-marins profonds et chenaux martiens. Note de
Gilbert Rellaiche, Vincent Coutellier, Laurence Droz et Philippe Masson, présentée par
Jean Aubouin.

Les morphologiesfestonnées de certainesportions de cours méandriformes du canyon et du chenal sous-marin


profond du Petit-Rhône, mises en évidence par le Sea-Beam, évoquent nettement celles des chenaux de la
planète Mars. Ces similitudes pourraient témoigner de mécanismes morphogénétiques identiques comme le
remodelage des parois sous l'action des glissements en masse générant une série de cicatrices curvilignes et
conduisant à l'élargissement du chenal et à la formation de pseudo-méandres.

GEODYNAMICS. — Submarine and martian channels.


The scalloped meanders of some parts of the Petit-Rhone submarine canyon and deep sea channel (Gulf of
Lions) as revealed by the Sea-Beam, are very similar to ihose observed on martian channels. Such similaritiesy
could be interpreted as resultingfront identical shaping agents such as sliding of inner walls of the channels leaving
a séries ofincurvated scars and leading to widening of the channel and pseudo-meandersformation.

INTRODUCTION. Le problème de l'origine des chenaux martiens a, depuis leur



découverte, constitué une des énigmes de la planétologie. Les images « haute résolution »
transmises par les sondes planétaires ont permis, grâce à leur grande netteté, des études
morphologiques comparatives avec les rivières terrestres. Cependant, les comparaisons
avec les chenaux sous-marins, sont demeurées jusqu'à présent exceptionnelles en raison
de la mauvaise connaissance que l'on avait du relief sous-marin profond [1]. Or les cartes
morphologiques réalisées grâce au Sea-Beam, sondeur multifaisceaux [2], peuvent fournir,
à condition d'avoir été établies à partir d'un réseau de profils suffisamment dense et très
bien positionné, des données dont la précision autorise des analyses morphométriques
analogues à celles qui sont effectuées à terre. Ainsi, de nettes analogies entre les chenaux
sous-marins profonds et les réseaux hydrographiques continentaux ont-elles pu être mises
en évidence ([3]-[4]). Cependant certaines particularités morphologiques de ces chenaux
sous-marins ne paraissent pas présenter de contre partie dans le domaine terrestre émergé.
Il s'agit en particulier des formes festonnées qui affectent le cours méandriforme du
système canyon-chenal principal de l'éventail sous-marin profond du Rhône [fig. 1 B (b)].
Or certains chenaux de la planète Mars photographiés au cours des missions Mariner 9
et Viking 1-2 présentent des similitudes frappantes avec le chenal de ce deep sea fan.
Certaines portions de leur cours présentent des méandres très resserrés et prennent une
allure boudinée qui a intrigué les planétologues. C'est le cas notamment de Nirgal Vallis
(Mare Erythraeum) [fig. 1A (a)], Bahram Vallis (Lunae Palus), Kasei channel (Lunae
Palus), Mangala channel (Amazonis), et Nanedi channel (Chryse Planitia).
VALEURS MORPHOMETRIQUESET ESSAI D'INTERPRÉTATION.
— Grâce à la précision des s
données fournies par le Sea-Beam, nous avons pu calculer pour les méandres du chenal
principal du deep sea fan du Rhône, des indices morphométriques qui font intervenir
leur longueur d'onde L, leur rayon de courbure rm et la largeur du lit du chenal W.
Nous les avons comparés à ceux obtenus pour les méandres des rivières terrestres [5] et ;
des chenaux martiens [6].
On Constate que les valeurs Obtenues pour les chenaux sous-marins sont plus proches
de celles de Mars que de celles des rivières terrestres. La similitude morphologique entré
chenauxfestonnés martiens et chenaux festonnés sous-marins n'est donc pas qu'apparente
mais se traduit aussi par des indices morphométriques comparables.

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348 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série n, n° 5, 1985

Nirgal Vallis
(Mars) Chenal principal
Rivières Méandres éventail
terrestres festonnés du Rhône
[5] [6] (partie moyenne)

il 4,7 4,38 2,88


rm

L 10,9 1,42 0,98


w
rm 43>rm>1,5 0,32
w W
0,34

L'origine de cette ressemblance est-elle à rechercher dans une identité de mécanismes


morphogénétiques ou s'agit-il d'un simple phénomène de convergence?
Notre mauvaise connaissance des processus physico-chimiquesà l'origine des modelés
martiens et, dans une moindre mesure, des modelés sous-marins profonds, rend un tel
problème difficile à résoudre. On peut cependant supposer que le faible champ gravitaire
régnant à la fois sur la planète Mars (372 cm/s 2) et le milieu sous-marin profond (dont
la valeur apparente vis-à-vis des courants de turbidité a été estimée à 143 cm/s 2 [1]),
comparé au champ gravitaire terrestre (981 cm/s2), doit jouer un rôle. Il est possible
d'autre part que la nature et les propriétés mécaniques d'ensemble de la moyenne des
dépôts sous-marins profonds (boues argileuses) soient beaucoup plus voisines de celles
de la planète Mars que des continents émergés comme l'attestent notamment les travaux
de Mutch et coll. [7] et de Dollfus et coll. [8]. Cette hypothèse paraît cependant devoir
être infirmée par les derniers travaux de Sharp et coll. [9],
En ce qui concerne le domaine sous-marin profond, et plus particulièrement le deep
sea fan du Rhône, nous avons montré qu'un des mécanismes essentiels de remodelage de
la morphologie était représenté par les glissements en masse. La forme festonnée de ces
chenaux profonds serait d'ailleurs, comme a pu le montrer l'un de nous ([10] et [11]),
l'expression morphologique d'une succession de cicatrices d'arrachement de forme arquée
résultant de la déstabilisation suivie du glissement des parois internes d'un chenal préexis-

EXPLICATlONSDE LA FIGURE

A. Montage mosaïque de Nirgal Vallis (Mare Erythraeum, planète Mars) réalisé à la suite de la mission
Mariner 9. Ce chenal serpente dans un champ de cratères d'impacts. Certaines portions de son cours sont
affectées de méandres festonnés, (a) Détail d'une portion de chenal montrant les méandres festonnés.
A. Mosaic of Mariner 9 pictures showing Nirgal Vallis (Mare Erythraeum, Mars planet) meandering in an
environment of impact craters. Some sections of this channel display scalloped meanders. (a) Detail of a
channel section showing scalloped meanders.
B. Carte Sea-Beam du chenal principal de l'éventail sous-marin profond (ou deep sea fan) du Rhône et de
son canyon afférent (canyon du Petit-Rhône CPR) montrant des méandres larges et des méandres festonnés.
(b) Détail de la carte Sea-Beam montrant les méandres festonnés.
B. Sea-Beam map of the main channel of the Rhône deep sea fan and its feeding canyon (CPR=Petit-Rhone
canyon) showing sinuosities and scalloped meanders. (b) Detail of a channel section showing scalloped mean-
ders.
350 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985
.

tant. Une origine gravitaire analogue pourrait être invoquée en ce qui concerne la forme
festonnée des chenaux martiens étudiés, selon des mécanismes de gUssements induits
probablement par la présence d'un pergélisol sous-jacent épais riche en glace [12].
D'autre part, la mise en évidence du rétrécissement du chenal du deep sea fan et de sa
ramification vers l'aval'[3] montre, qu'en ce qui concerne le chenal de Nirgal Vallis, un
sens de paléo-écoulement de l'Est vers l'Ouest des fluides dans le chenal ne peut être
a priori écarté. Ce sens d'écoulement est opposé à celui admis généralement par les
planétologues ([13] et [14]) raisonnant essentiellement, en l'absence de données altimétri-
ques suffisammentprécises, par comparaison avec les systèmes hydrographiques continen-
taux (élargissement du cours et ramification vers l'aval). Cependant, dans le cas de Nirgal
Vallis, un écoulement de l'Est vers l'Ouest paraît d'autant plus probable, que l'amont
correspondrait alors à un grand cratère (Holden crater). Or ce type de structure est
généralement considéré comme une des sources possibles de l'alimentation des chenaux
martiens.
CONCLUSION. Le relief des planètes, mis en évidence par des images de plus en plus

nettes, a été jusqu'à présent essentiellement comparé aux morphologies continentales.
Cependant, la précision des données fournies par le Sea-Beam, permet aujourd'hui de le
comparer avec les reliefs sous-marins profonds. Les canyons et chenaux sous-marins des
deep sea fans offrent notamment avec les chenaux de là planète Mars des éléments nets
de similitude qui, au-delà de simples phénomènes de convergence, peuvent témoigner
d'une parenté de mécanismes morphogénétiques.
Contribution n° 331 du G.E.M.C, U.A.-C.N.R.S. n° 718 (travail réalisé dans le cadre de l'A.T.P. Planétologie
de l'I.N.A.G.-CN.R.S.).
Remise le 3 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[2] V. RENARD et J. P. ALLENOU, Rev. Hydrog. Internat., Monaco, 36, n° 1, 1979, p. 35-71.
[3] G. BELLAICHE, P. ORSOLINI, B. PETIT-PERRIN, J. L. BERTHON, C. RAVENNE, V. COUTELLIER, L. DROZ,
J. C. ALOISI, H. GOT, Y. MEAR, A. MONACO, J. M. AUZENDE, P. BEUZART et S. MONTI, Comptes rendus, 296,
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éd., Sans Francisco, Californie, 1964, p. 296-297.
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G. B., V. C. et L. D. : Laboratoire de Géodynamique soùs-marine,


U.A.n° 718, B:P.n? 48, 06230 Villefranche-sur-Mer;
Ph. M. : Laboratoire de Géodynamique interne,
Université de Paris-Sud, 91405 Orsay Cedex.
C.R. Acad. Sc, Paris, t. 301, Série II. n° 5, 1985 351
,

VOLCANOLOGIE. — Risques volcaniques et circulation aéronautique : causes des


perturbations provoquées par l'éruption de 1982-1983 du Galunggung: (Java, Indonésie).
Note de AlainGourgaud, Wimpy Tjetjep, Lili Marmli, Adjat Sudradjatj Pierre M. Vincent
et Guy Camus, présentée par Maurice Roques.

Lors de l'éruption de 1982-1983 du Galunggung, deux avions ont été victimes, les 24 juin et 13 juillet 1982,
d'un arrêt total des: réacteurs alors qu'ils traversaient des panaches éruptifs particulièrement importants;
paradoxalement,le magma impliqué était basique. L'étude des dépôts relatifs à cette éruption a permis de
reconnaître le caractère hydromagmatique de la phase paroxysmale (mai-septembre 1982).

VOLCANOLOGY. — Volcanic risks and air navigation: case study of the 1982-1983 eruption of Galunggung
volcano (Java, Indonesia).
....
During the 1982-1983 eruption of Galunggung volcano, two aircrafts experienced (on June 24 and July 13,
1982) multiple shutdown of their engines while operating in the wide volcanic clouas; paradoxically the implied
magma was basiç. The field study of the deposits related to this eruption revealed that the major phase
(May-September1982) was hydromagmatic,

Le volcan Galunggung est situé à une quarantaine de kilomètres au Sud-Est de Bandung


(Ouest Java, Indonésie). Il s'agit d'un strato-volcan andésitique de taillé moyenne (1600 m
de hauteur, 8 km de diamètre), caractérisé par une caldera en fer à cheval ouverte vers
l'Est-Sud-Est qui témoigne d'une éruption de type Mont Saint-Helens d'âge inconnu [1].
La coulée de débris liée à cet événement s'étend sur 175 km2 [2].
Cet appareil a connu quatre éruptions à l'époque historique [3] : 1822 (nuées ardentes,
lahars), 1894 (chutes de cendres), 1918 (extrusion d'un dôme), et 1982-1983 (nuées
ardentes, lahars, chutes de cendres, édification d'un cône strombolieh).
L'éruption de 1982-1983 a eu des conséquences socio-économiquescatastrophiques :
80000 personnes évacuées, 94 000 ha de terres cultivées détruites, Il n'y a pas eu de
victimes directes des explosionsmais le bilan aurait pu être très lourd si deux catastrophes
aériennes n'avaient été évitées.
LES INCIDENTSAÉRIENS [4]. — Le premier se produisit à 15 h GMT le 24 juin 1982, le
second à 13 h GMT le 13 juillet de la même année. Dans les deux cas, un avion de type
Boeing 747 volant à une altitude de l'ordre de 11500 m fut pris dans le panache éruptif
du Galunggung.; Les quatre réacteurs tombèrent en panne; on observa en outre des chutes
de pression en cabine, et une importante abrasion des peintures extérieures et pare-brise.
Les deux appareils effectuèrent des atterrissages d'urgence à Jakarta, après remise en
marche partielle des réacteurs. Depuis 1973, quinze incidents de ce type ont été dénombrés
dans le monde, conduisant l'Organisation internationale de l'Aviation civile à créer un
groupe d'étude sur la prévention contre les cendres volcaniques, chargé d'étudier ce
problème, en relation avec le groupe de travail sur le volcanisme explosif de l'A.I.V.C.I.T.
LE DÉROULEMENTDE L'ÉRUPTION. — Trois phases majeures ont été reconnues au cours.
de l'activité de .1982-1983 par Katili et Sudradjat [5] :
Phase I, du; 5 avril 1982 à la mi-mai : émission de nuées ardentes; canalisées dans la
rivière Cibanjaran, destruction partielle du dôme de 1918; panache atteignant 12 km de
hauteur, petits lahars.
Phase II, dé la mi-mai à novembre activité paroxysmale, essentiellement
« vulcanienne»; panache atteignant 16 à 20 km de hauteur, avec retombées jusqu'à
100 km, rares nuées ardentes de faible volume. Vers la fin, passage progressif à une
activité strombolienne.

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352 C, R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série n, n° 5, 1985

Phase III, du début décembre au 8 janvier 1983 : activité strombolienne, édification


d'un cône haut de 60 m à l'intérieur du cratère creusé au cours de la phase précédente;
une coulée de lave intra-cratérique a clôturé l'éruption.
La composition des produits émis a varié en cours d'éruption ([5], [6]); la teneur en
silice a diminué, de 56 % (5-8 avril 1982) à 48 % (mai 1983-janvier 1983). Paradoxalement
la phase paroxysmale est apparue alors que le magma était devenu basique, après que la
fraction la plus acide — donc en théorie la plus explosive — ait été expulsée.
CARACTÈRES DES DÉPÔTS. — Les produits attribuables à chacune des trois phases sont
bien caractérisés. De nouvelles observations de terrain ont permis de mettre en évidence
le caractère hydromagmatique de la phase II :

les produits les plus récents (phase III) sont noirs, typiquement stromboliens (bom-
bes en bouse de vache, en rubans, lapilli squelettiques); ils traduisent une activité à
magma fluide et faible teneur en gaz;

les produits les plus anciens (phase I) sont des dépôts caractéristiques de nuées
ardentes retombantes (type Saint-Vincent), riches en bombes à coeur scoriacé, de taille
décimétrique à métrique;
— entre
les deux, les dépôts attribuables à la phase II présentent des caractères
hydromagmatiques typiques. De teinte claire (gris à ocre), ils dépassent parfois 3 m
d'épaisseur, comme c'est le cas dans une ravine dominant la rivière Cibanjaran, à l'Est
de Walirang, vers 920 m d'altitude. Ces produits sont bien stratifiés et riches en matériel
énallogène (fragments fumerollisés, de couleur orangée, débris sains du dôme de 1918).
De nombreuses antidunes et quelques horizons de tufs vésicules prouvent que le méca-
nisme essentiel du dépôt est de type déferlantes basales (base surge). Les figures d'impacts
sont rares, et quelques niveaux de lapilli accrétionnés ont été observés.
Par ailleurs, le rempart de la caldera en fer à cheval est enduit de cendres boueuses, et
la végétation détruite au-dessus de Walirang n'a pas été brûlée; les arbres sont brisés à
mi-hauteur et écorcés face au souffle. Ces observations confirment que la phase 2 a été
caractérisée par des nuées cendreuses rasantes, de basse température (saturées en eau).
Le cratère actuel de Walirang (600 m de diamètre, profond d'une centaine de mètres),
à parois verticales, en partie occupé par le cône strombolien final, doit être considéré
comme un maar.
ESSAI D'INTERPRÉTATION. — L'activité vulcanienne est rythmique, violente, avec un
panache chargé de cendres; on considère classiquementqu'elle correspond à des magmas
visqueux et riches en gaz (andésites par exemple); les caractères de ce type d'éruption
ont été précisés récemment par Self et coll. [7]. Schmincke [8] a toutefois proposé de
considérer activité vulcanienne comme synonyme de hydromagmatique. Si cette proposi-
tion semble excessive, l'éruption de 1982-1983 du Galunggung prouve que parmi les
éruptions violentes dites vulcaniennes existent bien des manifestations hydromagmatiques
à côté de celles où le caractère explosif peut être expliqué par la nature du magma et sa
richesse initiale en gaz.
Le caractère hydromagmatique de l'éruption est apparu alors que la composition des
laves avait déjà évolué vers un pôle basaltique, ce qui expUque que l'explosivité ait
augmenté alors que le magma devenait potentiellement de moins en moins explosif. Le
fait que la phase initiale ne présente pas de signe d'une influence des eaux superficielles
peut être corrélé à un débit magmatique élevé (rapport eau-magma faible). A partir du
mois de mai, avec la vidange partielle des conduits, et les périodes de repos de plus en
plus longues entre les phases éruptives, les eaux superficielles contenues dans le volcan
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 353

ont pu arriver au contact du magma, entraînant des réponses hydromagmatiques brutales.


L'influence de l'eau s'est poursuivie plus discrètement, jusqu'en fin d'éruption : le cône;
strombolien final contient de nombreuses enclaves énallogènes, des blocs vitreux et dés
bombes en chou-fleur, mêlées aux scories.
INCIDENCE SUR LE TRAFIC AÉRONAUTIQUE. — Les deux accidents se sont produits pendant
la phase 2, hydromagmatique, lorsque les appareils ont traversé les panaches chargés de
cendres et vapeur d'eau caractéristiques de ce dynamisme. Les constatations faites sur
les réacteurs ont démontré dans ce cas [9] comme lors d'un accident similaire lors de
l'éruption du Mont Saint-Helens [10] que l'élément déterminant dans la perte de puissance
est le dépôt d'une couche, pouvant atteindre 2-3 mm d'épaisseur, de cendres vitrifiées
sur les parties refroidies de la chambre de combustion (fusion puis trempe des cendres).
II est vraisemblable que, compte tenu de l'importance des panaches traversés : 10 à 20 km
de hauteur, plusieurs dizaines de kilomètres d'extension latérale, c'est la nature des cendres
qui au Galunggung explique que les incidents n'aient pas été catastrophiques : on peut _
supposer que la composition basaltique et la richesse en olivine du magma d'une part, la
grande proportion d'éléments énallogènes cristallisés d'autre part, ont conféré aux cendres
un point de fusion élevé, et l'on peut supposer que dans des conditions analogues, un
magma moins cristallisé et à point de fusion plus bas, (de type andésite acide par
exemple), aurait entraîné la formation d'un dépôt de « céramique » plus important,
susceptible d'empêcher toute remise en route des réacteurs.
CONCLUSION.

La fréquence et le danger des explosions hydromagmatiques ont été
soulignés à maintes reprises au cours des dernières années ([11], [12]). Le cas du Galung-
gung démontre que l'intervention des eaux superficielles peut modifier radicalement le
caractère normalement tranquille d'une activité à laves basiques, et que l'éventualité d'une
telle intervention à chaque instant du déroulement d'une éruption doit être prise en compte
dans toute prévision volcanique, particulièrement en région équatoriale. L'incidence de
l'activité volcanique sur le trafic aérien a été particulièrement mise en lumière à cette
occasion; toutefois il est vraisemblable que dans le cas d'explosions du même type
impliquant des magmas différenciés, les conséquences pourraient être encore plus graves.
Remise le 20 mai 1985.

RÉFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Universilé de Clermont-Ferrandet C.N.R.S., 5, rue Kessler, 63038 Clermonl-Ferrand Cedex;
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C .R.Acad. Sc. Paris, 301, Série II,:n°5, 1985 355

Coppens.
PRÉHISTOIRE. —Reconnaissance d'une chaîne opératoire, expliquant l'obtention des
formes polyédriques et subsphériques,dans l'industrie sur galets du gisement villafranchien
de
Aïn Algérie Orientala).
Hanech
(Sétif, Note
de Mohamed Sahnouni, présentée par Yves

Un
examen attentif de l'industrie sur galets du gisement Villafranchien de Aïn Hanech a permis de reconnaître
une chaîen opératoire qui schématise subsphérique

(Setif,
le
mode
d'obtention
des
galets
taillés
de
forme
polyédrique
et

De nombreuses solutions, en fonction de la morphologie du galet, ont été adoptées pour réaliser ces formes.
multidirectionnels.
Les gestes techniques qui élaborent les galets taillés polyédriques et subsphériques ne sont pas exclusivement

PREHISTORY.
the pebble tools
ofthe
Villafranchian
site
of
Aïn
Hanech
—Existence of an operating line for the obtainingpolyhedral
and
subpheroïdal
Eastern Algeria). schapes in

Close examination ofpebbel tools front the villafranchiansite of Ain Hanech.has made possible to bring to
evedence operating line whiwh explains the obtention of polyhedrons and subspheroïds. Numerous solutions,

funtion of the pebblemorphologyn


have
been adopted to realize these schapes. Technical gestures which work
out polyhedrons and subspheroïds are not purely multidirectional.

Le gisement dit de Aïn Hanech est situé en Algérie Orientale dans la région de Sétif à
environ 9 km au nord ouest de la ville d'El-Eulma. Le site préhistorique se trouve à
proximité d'un cimetière, dans la propriété de la famille Thabet, affleurant sur le profond
ravin Est de l'Oued Boucherit.
Le gisement fut découvert par le professeur C. Arambourg dans le cadre de ses
recherches paléontologiques des dépôts continentaux sétifiens [1]. Une abondante faune
fut recueillie. Le site fossilifère est daté paléontologiquement du Villafranchien supérieur
~PIeistocène inférieur [2]. Des campagnes de fouilles furent effectuées et celle de 1947
permit de découvrir pour la première fois une industrie sur galets associée à des faunes
villafranchiennes([3], [4]). Elle fut baptisée industrie de « sphéroïdes à facettes » [5] et fit
l'objet d'une étude approfondie [6].
L'examen attentif des galets taillés nous a permis de reconstituer les gestes techniques
conduisant à la manufacture des formes polyédriques et subsphériques.
D'autres gestes techniques ont été schématisés précédemment [7]; mais ils concernent
un seul type de support et ont été ordonnés d'une manière théorique. Ceux que nous
décrivons relèvent uniquement du matériel lithique de Aïn Hanech.
LA MATIÈRE PREMIÈRE. — La matière première, qui constitue les galets taillés de Aïn
Hanech, est autochtone. Elle est en calcaire d'âge Crétacé supérieur (Campanien-
Maestrichtien).
La fragmentation de la roche du lieu d'origine ainsi que son transport court ont donné
des galets dont la morphologie générale comportait des facettes naturelles (pans). D'un
point de vue morphométrique, les trois dimensionsdu galet sont presque égales (L2:12:e).
CHAÎNE OPÉRATOIRE. — L'obtention des formes polyédriques et subsphériques, telle
qu'elle est observée dans l'industrie sur galets de Aïn Hanech. s'effectue sur trois types
de support :
1, galet ayant au moins deux pans naturels; 2, galet ayant au moins un seul pan naturel
et 3, galet sans aucun pan naturel.
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356 C R. Acad. Se. Paris, t, 301, Série II, n° 5, 1985

Chaîne opératoire schématisant l'obtention des galets taillés


polyédriques et subsphériques du gisement d'Aïn Hanech.
' Operating Une which explains the obtained

polyhedronsand subspheroids of Aïn Hanech site.


1. Support ayant du moins deux pans naturels. — Ce type de support peut comporter.
plusieurs facettes naturelles; mais deux d'entré elles sont exigées pour confectionner
l'objet. Ces faces naturelles peuvent être adjacentes ou opposées. Quelle que soit leur
position, elles sont prédisposées à servir de plans de frappe.
Une percussion répétée fait apparaître des empreintes négatives d'éclats et engendre la
création d'une arête. Celle-ci se développe souvent aux trois quart du périmètre du plan
de frappe. A cette étape (1.1. a), le galet par sa morphologie offre deux possibilités aux
préhistoriques de Aïn Hanech ;
(a) Galet à second pan naturel adjacent. — La seconde face naturelle est prise également
comme plan de frappe (1.2. a). De nouveaux enlèvements partent du second plan de
frappe cortical. Une seconde arête est mise en évidence. Elle s'étend jusqu'à la jonction
avec là première arête (1.3,a et 1.4.a). L'objet obtenu est morphologiquement poly-
édrique; technologiquement, il présente deux plans de frappe corticaux adjacents et deux
arêtes (1.4. a).
(b) Galet à second pan naturel opposé. Dans ce cas, l'arête du premier plan de

frappe s'étend sur toute la périphérie (1.1. b). La surface corticale opposée est utiliséé à
son tour comme plan de frappe (1.2. b). La percussion et le détachement de quelques
autres éclats créent une seconde arête qui se développe sur tout le périmètre du plan de
frappe (1.3. b). Des plages résiduelles de cortex peuvent subsister sur le galet. L'objet
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 357

réalisé est d'une forme subsphérique et obtenu à partir de deux plans de frappe opposés
et corticaux (1 4.b).
2. Support ayant au moins un seul pan naturel. — Ce galet doit nécessairement présenter
une face plane corticale; mais il peut, éventuellement, en posséder plus d'une. Ce pan
naturel est pris comme plan de frappe; de là partent plusieurs enlèvements. L'arête, qui
en résulte, occupe les trois quart du périmètre du plan de frappe (2.1. a).
C'est à ce niveau, également, que les voies à suivre pour confectionner l'objet sont
conditionnées par la morphologie du support. Nous pouvons reconnaître deux orienta-
tions majeures :
(a) Galet à pan de frappe cortical adjacent. — L'autre pan naturel adjacent sert de
deuxième plan de frappe (2.2. a). De nouveaux enlèvements partent de ce second plan
de frappe (2.3.a). Ils chevauchent ceux qui furent antérieurement créés. Simultanément
s'aménage une seconde arête (2.4.a). La forme réalisée est polyédrique (2. 5. a); mais
elle aurait pu être aussi subsphérique.
Si le support ne comporte pas un second pan naturel, la préparation d'un plan de
frappe adjacent est nécessaire (2.2.a'). Les mêmes opérations se répètent pour obtenir
la même forme (2.3. a'-2. 5. a').
(b) Préparation d'un plan de frappe. — Étant donné l'absence d'une seconde surface
plane opposée, l'artisan prépare par décalotage le second plan de frappe (2.3.b). L'arête
du premier plan de frappe occupe déjà toute la périphérie de celui-ci (2.1. b). Des négatifs
d'enlèvements et une nouvelle arête se créent à partir du plan de frappe préparé.
Dans cette phase, on note un développement de l'arête sur tout le périmètre du plan
de frappe opposé et une extension de la taille sur le galet. La forme du galet taillé est
subsphérique. D'un point de vue technologique, elle résulte de l'aménagement du galet,
à partir de deux plans de frappe opposés dont l'un (le deuxième) est préparé (2 A.v).
3. Support sans aucun pan naturel. — Ce troisième support est un galet qui ne présente
pas de surface naturelle plane; mais il est nécessairement épais. L'absence de pan naturel
exige la préparation d'un plan de frappe par simple décalotage. La percussion du plan
de frappe préparé et le détachement d'éclats donnent naissance à une arête. Elle s'étend
aux trois quart de la périphérie du plan de frappe (3.1. a).
Au terme de cette élaboration technique; deux voies s'ouvrent à l'artisan pour manufac-
turer les formes polyédriques et subsphériques :
(a) Cas de l'extension de l'arête aux trois quart de la périphérie du plan de frappe.—
Au départ, les premiers enlèvements doivent être marginaux ou extrêmement courts
3.2.a). L'arête se développe aux trois quart du périmètre du plan de frappe. Un
préparationd'un autre plan de frappe suivra (3.3. a). L'artisan détache une série d'éclats.
Une seconde arête est créée (3.4. a). On note une progression de la taille ainsi que le
développement de l'arête qui rejoint la première.
Malgré le détachement des premiers éclats, il subsiste encore une plage corticale; celle-ci
servira comme nouveau plan de frappe. Une nouvelle série d'enlèvements apparaît; leurs
empreintes recoupent celles issues du second plan de frappe (préparé). Ainsi, se Créée
une troisième arête qui se développe aux trois quart de la circonférence du troisième
plan de frappe. L'objet obtenu est d'une forme polyédrique, il présente trois plans de
frappe adjacents; les deux premiers étant préparés, le dernier restant en cortex. Trois
arêtes circonscrivent les plans de frappe; deux sont parallèles, la troisième est perpendicu-
laire (3.5. a).
358 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

(b) Cas de l'extension de l'arête à la périphérie du plan de frappe, — Selon la morpho-


logie du support deux possibilités se présentent :
1° Première possibilité : L'artisan crée, par décalotage, un plan de frappe à l'extrémité
opposée (3.3.b). Il détache une nouvelle série d'éclats. Une seconde arête est mise en
évidence qui s'étend à la périphérie de ce second plan de frappe. La forme obtenue est
subsphérique à deux plans de frappe opposés (3.4.b).
2° Deuxième possibilité : Si le galet choisi convient techniquement à l'enlèvement de
très longs éclats dès le début de la chaîne opératoire (galet à face régulièrement bombée),
il n'est alors pas nécessaire pour l'artisan de préparer un autre plan de frappe (3.2. b).
La forme générale est subsphérique, elle résulte pourtant de la taille du galet à partir
d'un seul plan de frappe (3.3.b')
Il convient de signaler qu'une opération de régularisation de la forme du galet intervient
systématiquement après la taille quelque soit le type de support. Elle consiste en un
martelage des différentes parties du galet et en particulier les arêtes. Celles-ci sont
atténuées par écrasement à l'aide soit de répétition de coups soit de «retouches
secondaires».
CONCLUSION.

L'observation du matériel lithique de Aïn Hanech à permis d'ordonner
les gestes techniques qui conduisent à la confection d'un polyèdre et d'un subsphéroïde.
Pour la première fois, une telle chaîne opératoire a pu être observée sur un matériel de
galets taillés provenant d'un gisement préhistorique.
Les gestes techniques élaborant les formes polyédriques et subsphériques ne sont pas
exclusivement multidirectionnels ou désordonnés exemple 1(a) et (p), 2(a) et 3(B').. Par
conséquent, nous recommandons l'abandon du qualificatif de taille multidirectionnelle.
De nombreuses possibilités ont été utilisées pour tailler; les. galets polyédriques et
subsphériques en fonction de la matière première et en l'occurence la morphologie
du galet brut. Elles constituent un témoignage des capacités psychiques des hommes
préhistoriques de Aïn Hanech, ainsi que leur maitrise de l'adaptation de la technique à
la matière première.
Enfin, cette chaîne opératoire aide à la compréhension de ce groupe d'industrie sur
galets qui demeure le moins bien connu. En effet, elle autorise à mettre au point, d'une
manière objective, une approche d'étude relative à ce groupe.
Remise le 13 mai 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] C. ARAMBOURG,Bull Soc Hist. nat. d'Afriq. du Nord, Alger, 38; 1947, p. 45-48.
[2] C. ARAMBOURG, Arch. Mus. Hist. nat. Paris, 7e série, 10, 1970, p. ,1-128.
[3] C. ARAMBOURG, C.R.s, Soc. Géol. Fr., 1, p. 120-122.
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[4] C. ARAMBOURG, Comptes rendus, 229, 1949, p. 66-67.
[5] C. ARAMBOURG et L. BALOUT, Bull SOC. Hist. nat. d'Afriq. du Nord, Alger, 43, p. 152-159.
[6] M. SAHNOUNI, Thèse de 3e cycle (en cours d'achèvement).
-
[7] P. BIBERSON, Le Paléolithique inférieur du Maroc atlantique, Publ.du Serv. des Antiq. du Maroc, Rabat,
17, p. 1-544.

Institut de Paléontologie humaine,


1, rue René-Panhard, 75013 Paris.
C R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 359

PALÉONTOLOGIE. —Nouvelles données sur le diphylétisme des Dauphins de rivière


(Odontoceti, Cetacea, Mammalia). Note de Christian de; Muizon, présentée par Jean
Piveteau.

La morphologie du malleus et des vertèbres lombaires dés Odontocetes corrobore le diphylétisme des
Dauphins de rivière.

PALEONTOLOGY.— New data on the diphyletism of river dolphins (Odontoceti, Cetacea, Mammalia).
The morphology ofthe malleus and lumbar vertebrae of odontocetes corroborates the diphyletism of river
dolphins.

Des travaux récents [1] ont réconsidéré la phylogéniè des Odontocetes (Cetacea,
Mammalia) et particulièrement celle des Dauphins de rivière anciennement réunis dans
la superfamille des Platanistoidea [2]. Ce taxon incluait, pour les formes actuelles, les
genres Plalanista (le Dauphin du Gange et de FIndus), Lipotes (le Dauphin du Yang Tsé
kiang), Inia (le Dauphin de l'Amazone) et Pontoporia (le Dauphin du rio de La Plata).
La nouvelle phylogénie que j'ai proposée en 1984 [1] considère la superfamille comme
polyphylétiqueisolant d'une part les Platanistidae, qui sont regroupés avec les Squalodon-
tidae et les Squalodelphidae en Platanistoidea et réunissantd'autre part les Iniidae et les
Pontoporiidae dans la nouvelle superfamille des Inioidea,,groupe frère des Delphinoidea;
les deux superfamilles sont réunies dans l'infraordre dès Delphinida. Platanistoidea et
Delphinida sont séparés par les Rhabdostoidea (Rhabdosteidae + Acrodelphidae), groupe
exclusivement fossile incluant des genres tels que Schizodélphis et Eurhinodelphis. Les
Platanistoidea dans leur sens traditionnel [2] sont donc polyphylétiques. Delphini-
da + Rhabdostoidea + Platanistoidea forment le groupe frère des Physeteroidea. Le but
de cette Note n'est pas de reprendre tous les arguments justifiant cette phylogéniè, lesquels
ont déjà été explicités [1], mais de présenter un caractère du malleus corroborant cette
interprétation et de reconsidérer une synapomorphie des Inioidea.
Le malleus des Cétacés est fortement transformé par rapport à celui des autres
Mammifères. Il possède un processus antérieur par lequel il est soudé au tympanique,
son tuberculum et son corps ou tête articulaire sont très épaissis et son manubrium est
considérablement réduit; ce dernier caractère est lié à la transformation du tympan en
ligament tympanique. En avant du manubrium se trouve un processus muscularis où
s'insère le tendon du tensor tympani. Si l'on observe le malleus par sa face articulaire
(postérieure) et l'axe médiolatéral en position verticale ( fig. 1) on peut comparer les
développements relatifs du manubrium et du processus muscularis chez divers groupes
de Cétacés. Chez un Mysticète (Cetotheridae nouveau, non décrit, provenant du Pliocène
inférieur du Pérou) on observe un manubrium. dont l'apex domine nettement celui du
processus muscularis. Chez un Platanistoidea (Platanistidae — genre Zarachis du Mio-
cène moyen du Maryland, U.S.A.), la condition est presqu'identique à celle des Mysticètes.
Chez Notocetus (un Squalodelphidae [1] du Miocène inférieur d'Argentine) le tuberculum
est un peu plus développé que chez Zarachis mais ici encore le processus muscularis est
plus bas que le sommet du manubrium. Chez les Rhabdostoidea (Eurhinodelphis du
Miocène moyen du Maryland, U.S.A. et Schizodélphis du Miocène moyen du Languedoc,
France) le manubrium est un peu plus réduit et n'est qu'à peine plus élevé que le
processus muscularis. Chez Lipotes (un Delphinida actuel de Chine) les deux processus
sont à la même hauteur et le processus muscularis est nettement plus développé que chez
0249-6305/85/03010359 $2.00.© Académiedes Sciences
360 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

Fig. 1. — Malleus gauche de divers Cétacés en vue postéro-médiale. a, Cetotheriidae (forme nouvelle non
décrite) MNHN SAS 892; b, Platanistidae (Zarachis) USNM 187414; c, Squalodelphidae (Notocetus) AMNH.
29026; d, Rhabdostoidea(Eurhinodelphis) USNM 16581; e, Rhabdostoidea (Schizodelphis): MNHN R.L 11;
f, Lipotidae (Lipotes)l. (dessiné d'après Zhou 1979, pl. III, fig, 13); g, Iniidae (Inia); h, Pontoporiidae
(Pontoporia) MNHN 1934-375; i, Kentriodontidae(Incacetus) AMNH 32656; j, Phocoenidae (Piscolithax)
MNHN SAO 152; k, Phocoenidae (Phocoèna); /, Delphinidae (Delphinus); m, Physeteroidea-Ziphiidaé
(Mesoplodon).
Fig. 1. Left malleus of Some cetaceans in postero-medial view. a, Cetotheriidae (new form, undescribed)

MNHN SAS 892; 6, Platanistidae (Zarachis) USNM-187414; c, Squalodelphidae (Notocetus) AMNH 29026;
d, Rhabdostoidea(Eurhinodelphis) USNM 16581; e, Rhabdostoidea(Schizodelphis)MNHN RL 1 1; f Lipotidae
(Lipotes) (drawn from Zhou 1979, pl. III, Fig. 13); g, Iniidae (Inia); h, Pohtoporiidae (Pontoporia) MNHN
1934-375; i, Kentriodontidae(Incacetus) AMNH 32656; j, Phocoenidae (Piscolithax) MNHN SAO .152; k,
Phocoenidae (Phocoèna); l, Delphinidae(Delphinus); m, Physeteroidea Ziphiidae (Mesoplodon).

les Rhabdostoideamais le manubrium en est voisin en dimension. Chez les Delphinoidea


le manubrium se réduit considérablement et le processus musculaire se développe, domi-
nant ainsi le manubrium. Chez Inia et Pontoporia, le processus muscularis connaît son
développement maximal et forme à lui seul presque tout le tuberculum. Par ailleurs,
notons que chez des représentants fossiles de familles connues actuellement, comme
Piscolithax et Loxolithax (Phocoenidae) et un Delphinidae non décrit du Pliocène inférieur
du Pérou, le processus muscularis est toujours plus développé que chez les formes
actuelles, semblant indiquer une réduction de ce caractère chez les Delphinoidea. Par
ailleurs, chez les Kentriodontidae(Incacetus, Kentriodonet une formenouvelle non décrite
du Miocène moyen du Pérou) le processus muscularis est bien développé et atteint parfois
la taille observée chez Inia et Pontoporia.
En conclusion, au sein des Odontocetes les Delphinida sont définis par un développe-
ment du processus muscularis et une réduction du manubrium, du malleus; au sein des
Delphinida,TesDelphinoidea sont définis par une tendance apomorphique à la réduction
de ce processus, ce qui constitue une réversion. Lipotes présente un processus muscularis
plus développé que chez les Rhabdostoidea et les Platanistoidea mais moins que chez
Inia et Pontoporia et son manubrium est moins réduit que chez les autres Delphinida. Il
est donc possible que Lipotes constitue à lui seul le groupe frère de tous les autres
Delphinida qui seraient alors définis, entre autres, par la réduction extrême du
manubrium. Les Physeteroidea sont définis par la réduction quasi totale du tuberculum.
Les Inioidea ont été définis en partie [1] par l'étalement triangulaire des processus
transverses des vertèbres lombaires. Or, un tel étalement existe chez certains Delphinoidea
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985 361

Fig; 2. —
Vertèbres lombaires de quelques Odontocetes, a, Platanista; b; Eurhinodelphis;
c, Lipotes; d, Pontoporia; e, Inia; f, Delphinapterus;g, Monodon; h, Ldgehorhynchus.
Fig. 2. — Lumbarvertebrae of some Odontocetes. a, Platanista; b, Eurhinodelphis;
c, Lipotes; d, Pontoporia; e, Inia; f, Delphinapterus; g, Monodon; h, Lagenorhynchus.

Fig: Relations phylogénétiques des Odontocetes (d'après de Muizon 1984 modifié) avec les principales
.3. —
synapomorphies citées dans le texte. 1, développement du processus muscularis du malleus; 2, apophyses
transverses des lombaires triangulaires; 3, réduction extrême du manubrium; .4, perte du caractère 2; 5, perte
du processus coracoïde de la scapula; 6, disparition presque totale du tuberculum.
Fig.3, — Phylogenetic relationshipsof Odontocetes (from de Muizon 1984, modified) with the principal synapomor-
phies cited in the text. 1, Development of the processus muscularis of the malleus; 2, triangular transverse
processes of the lumbar vertebrae; 3, extreme reduction of the manubrium; 4, loss of character 2; 5, loss of
coracoidprocess on the scapula; S, almost total disappearance of the tuberculum.

[Monodontidae et Kentriodontidae (Kentriodon, Incacetus et forme non décrite du Mio-


cène moyen du Pérou)]. Il semble que, comme dans le cas précédent, On puisse encore
envisager une réversion : l'étalement des apophyses transverses des vertèbres lombaires
serait une synapomorphie des Delphinida et les Phocoehidae et Delphinidae seraient
définis par la perte de ce caractère.
Outre la tendance à la réduction du processus antérieur du périptique et de sa fosse
épifùbarienne et le développementde lames latérales du palatin [1], les Delphinida seraient
aussi définis par les deux caractères discutés plus Mut. Si l'on isole Lipotes dès là première
dichotomie, on prend en compte la morphologie du malleus évoquée plus haut mais aussi
fcs autres caractères primitifs de la région auditive (fosse épitubarienne, allongement du
tympanique) qui le rapprochent un peu des Rhabdosteidea. Parapohtoporia Barnes ([3],
[4]) est très probablement un Lipotidae, ce qui sera analysé en détail Ultérieurement (de
Muizon en préparation). Dans Ce cas, le taxon Inioidea se réduit aux genres actuels Inia:
et Pontoporia. Notons que le genre Lophocetus, qui possède un périotique à processus
antérieur rectangulaire — synapomorphie de Delphinoidea — appartient à cette superfa-
mille et, contrairement à ce que j'ai dit [1], peut très bien se ranger parmi les Kentriodon-
tidae comme Fa proposé Barnes [3]; Une telle compréhension du taxon Inioidea tient
compte des ressemblancesfrappantes existant entre les régionsauditives d'Inia, de Pontopo-
ria, de Pliopontos et de Pontistes (les deux derniers étant des Pontoporiidae fossiles),
toutes très différentes de celle de Lipotes,
362 C. R. Acad. Sc Paris, t. 301, Série II, n° 5, 1985

Outre les caractères exposés par de Muizon [1], la morphologie du malleus des
Delphinida sépare donc les Platanistidae des autres Dauphins de rivière entérinant ainsi
le polyphylétisme des Platanistoidea (sens traditionnel [2]). Les Inioidea tels qu'ils furent
définis [1] sont donc paraphylétiques, d'après l'interprétation donnée ici. Le détail de la
phylogénie des divers groupes cités sera envisagé ultérieurement.
Les conclusions déjà publiées [1] ainsi que celles présentées ici sont des hypothèses de travail ouvertes à
toute discussion. Elles seront reconsidérées dans un ouvrage en préparation où sera envisagée de façon
synthétique la phylogénie de la plupart des groupes d'Odontocètes.
Remise le 13 mai 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] Ch. DE MUIZON, Trav. Inst. Fr. Et. Andines, 26, 1984. In : Rech. sur Civ., mém. 50, A.D.P.F., Paris,
p. 1-188.
[2] G. G. SIMPSON, Bull. Amer. Mus. Nat. Hist., 85, 1945, p. 1-350.
[3] L. G. BARNES, Paleobios, 42, 1985, p. 1-46.
[4] L. G. BARNES, Contrib. Se Natur. Hist. Mus., Los Angeles County (sous presse).
[5] L. G. BARNES, Se Bull. Natur. Hist. Mus., Los Angeles County, 28, 1978, p. 1-35.

Institut de Paléontologie, U.A. n° 12, C.N.R.S.,


Muséum national d'Histoire naturelle, 8, rue Buffon, 75005 Paris.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985 363

MÉCANIQUE DES FLUIDES.


— Optimisation d'une éolienne à cylindres tournants.
Note de Aude Bono, Philippe Fraunie et Claude Beguier, présentée par Alexandre Favre.

L'étude du fonctionnement d'une éolienne à cylindres tournants est présentée. Le modèle de calcul s'appuie
sur des résultatsd'expérienceconcernant la force Magnus. On montre qu'il est possible d'atteindre un rendement
théoriquement aussi bon que celui d'une éolienne rapide à axe horizontal.

MECHANICS OF FLUIDS. — An optimisation of a rotating cylinders windmill.


The study of the working of a rotating cylinders windmill is presented. The modelof calculation is based on
experimental results concerning the Magnus force on a rotating cylinder. We show that it is possible to obtain a
theoretical efficiency as good as the efficiency of an horizontal axis fast windmill

I. INTRODUCTION, — La force Magnus ([1],. [2]) à été,utilisée pour capter l'énergie du


vent, pour la propulsion nautique [3]. Cependant son utilisation pour les éoliennes est
restée à l'état de projets et de prototypes dont l'un est éprouvé actuellement [4].
On étudiera dans l'analyse qui suit les conditions de fonctionnement d'un tel rotor par
comparaison au modèle de Betz [5].
II. ÉTUDE D'UNE ÉOLIENNE A CYLINDRES TOURNANTS, — Considérons (cf. fig. 1 a) un cylin-
.
dre de rayon r, tournant autour de son axe à la vitesse angulaire co et qui est entraîne
dans une rotation Q autour d'une de ses extrémités 0. Le plan de rotation (Q, 0) est
perpendiculaire à Uoe. Ce plan de rotation (cf. fig. 1 c) est attaqué, par une vitesse U'
définie par le rapport :
où C^^représente le coefficient de traînée de l'éolienne, d'après là théorie du disque
équivalent [6].
Supposons que, le long d'une génératrice du cylindre l'écoulement est bidimensionnel
et se fait par tranche, un élément Àl situé à Z de 0 (cf. fig. la) est soumis à la force de
portanee dP par effet Magnus qui se décompose en une force de traînée dFx et une
force active d F, (cf. fig. 1b): ;
On supposera ici que le coefficient de portance du cylindre est tel que :

et que le coefficient de traînée cx #0, en considérant la gamme de fonctionnement de


Féolienne telle que 4 ^^'^2. Dans cette gamme, en effet, une étude précédente [7] a
montré que K^l et que cx^0,3, ;
Les forces élémentaires dFx et [dFt s'expriment donc par :

Ainsi les forces de traînée dans la direction Uoe et de mouvement sont indépendantes
de la vitesse d'attaque du cylindre :

En intégrant les expressions précédentes le long du Cylindre de longueur L on Obtient


les coefficients de traînée Cx et de puissance Cp de Féolienne comportant N cylindres,

0249-63,05/85/03010363 S 2.00 © Académie des Sciences


C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) V. Série II — 26
364 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

Fig. 1. — Schémas de l'écoulement, a, schéma de l'éoliénneHanson;


b, diagramme des forces aérodynamiques;c, schéma global de l'écoulement.
Fig. 1. — Schemes of the flow. a, scheme of Hanson's turbine;
b. diagram of aerodynamic forces: c. scheme of the mean flow.

où X et A sont les deux rapports de vitesses spécifiques liés l'un au cylindre, l'autre à
Féolienne et (Nr/L) est la solidité à 2/n près.
Des relations (1), (4) et (5) on tire le système, en ne retenant que la solution « rotor
récepteur » :

Ces trois fonctions sont tracées sur la figure 2 pour a variant de 0 à 1.


On constate que le coefficient de puissance Cp présente un maximum pour a=8/9,
valeur pour laquelle les conditions de Betz sont atteintes, soit :
a = 2/3; C, = 2; Cp= 16/27.
L'intérêt d'une telle éolienne apparaît dans la pente à l'origine de Cp(;oc) voisine de 1,
ainsi le couple au démarrage sera relativement important permettant l'autodémarrage de
la machine.
III. CONDITIONS DE FONCTIONNEMENT OPTIMALES. — Une des conditions de validité de
l'hypothèse (2) est A/5:2. On Obtient la valeur minimale de X' en bout de cylindre. On
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II,n°6, 1985 365

Fig. 2. —
Facteur d'interférence, coefficients de puissances et de traînée en fonction de a.
Fig. 2. —
Interferency factor, power and drag coefficients versus a.
Fig. 3. —
Fonction f(a)/(4L/Nr) donnant les vitesses réduites de rotation.
Fig. 3. —
Function /(a)/(4L/Nr)giving the tip-speed ratios.

posera donc :

En combinant cette expression


fonction f(nfi) telle que :
avec la définition de oc
en (6), on peut définir une

fonction /(a)/(4 L/Nr) est quasi indépendante dé (L/Nr)


La la valeur
((4aL/Nr)/(l + /l — a) étant très supérieure à 1 pour ;rx voisin de 8/9.

Ainsi, Féolienne à cylindres tournants fonctionnera à des vitesses de rotation plus


faibles que les éoliennes à profils d'ailes pour lesquelles les conditions optimales sont
obtenues pour A=4.
IV. CONCLUSIONS. — L'analyseproposée permet de préciser les paramètres de fonction-
nement d'une éolienne à cylindres tournants. On a défini en particulier tx = X. A (NJL),
366 C. R. Acad. Sc Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

le coefficient de rotation double, qui relie directement les deux vitesses spécifiques, du
cylindre et de Féolienne, à la solidité du rotor.
Les conditions optimales sont obtenues pour la valeur pç= 8/9 pour lesquelles on a
respectivement a = 2/3, Cx = 2, Cp= 16/27, et

C'est une éolienne qui tourne lentement, et qui possède un fort couple au démarrage; il
est cependant nécessaire de contrôler son fonctionnement précisément car lorsque a tend
vers 1, le coefficient de traînée du rotor augmente considérablementet son coefficient de
puissance chute.
Dans cette analyse les pertes de puissance dues aux effets de bouts de cylindres et à la
mise en rotation des cylindres n'ont pas été pris en compte.
Remise le. 3 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] G. MAGNUS, Annalen des Physik und Chemie, LXXXVIII, n° 1, 1853, p. 1-29.
[2] B. CHARRIER, Étude théorique et expérimentale de l'effet Magnus destiné à la propulsion éolienne de
navires, Thèse 3e Cycle, Paris-VI;.1979.
[3] A. FLETTNER, The flettner rotor ship engineering, 10, 1925, p. 117-120.
[4] T. F. HANSON, Barrel-bladewind turbine, Windfree Inc. 24204, Heritage lane, Newhall, Ca. 9132.
[5] A. BETZ, Das Maximum der theoretisch moglichen Ausnutzung des Windesdurch Windmotoren, Zeitsch-
rift fur des gesamte turbinen wesen, 17, 1920.
[6] H. GLAUERT, An Aerodynamic theory of the AIRSCREW-A.R.C.R.and M., n° 786, 1922.
[7] J. CALAMOTE et C. BEGUIER, Destruction of the Karman vortex shedding by the rotation of the
cylinder, 16e colloque I.U.T.A.M., Copenhague, août 1984.

Institut de Mécanique statistique de la Turbulence,


12, avenue du Général-Leclerc, 13003 Marseille.
1985
C. R. Acad. Sc.Paris,
t.301,
Série
II,
n°6, 367

PHYSIQUE STATISTIQUE. — Bornes supérieures pour les exposants critiques de


transport en percolation. Note de Stéphane Roux, présentée par Pierre-Gilles de Génnes. ;

Nous présentons une méthode systématiquequi permet d'obtenir une borne supérieure pour les exposants
critiques de transport en percolation. Fondée sur des considérations variationnelles élémentaires, elle consiste
à ne retenir que les plus courts chemins dans les liens du super-réseau (schématisation de Shkloyskii-de
Gennes). Nous appliquons cette approche à différents cas (transport scalaire, élasticité, dispersion statistique
de propriétés). Les résultats numériques ou expérimentaux connus sont compatibles avec les encadrements
proposés.

STATISTICAL PHYSICS:—Upper bounds for transport critical exponents in percolation.


Il is usual to obtain lower boundsfor critical exponenls, within the Shklovskii-de Gennes model of the percolation
cluster [1], by neglecling the role of blobs in transport phenomena. We propose a dual approach which gives
upper bounds just as easily: one only consider shortest path. We apply this method to scalar transportproblem
(exponenl i) and obtain l+v(d — 2)gïgv(D-rt'— 2) where D is the fractal dimensionality of the shortest y
path. Then we prove thaï, for elasticity, the critical exponent T lies between 1 + vdgxg v(D + d).
Moreover, we establish that, quite generally. TgH-2v. Al lasl we consider the case of a continuons,stqtistical
distribution of transport properties. This allows us to prove that the lower bounds proposed by Halperin et al. [4]
are exact values provided that x>vD (in their notations).

Le modèle de Shklovskii-de Gennes généralisé [13], décrit l'amas de percolation comme


un super-réseau, dont les liens, séparés d'une distance moyenne £. (longueur de corrélation)
sont constitués de liens sensibles (« singly connected bonds », SCB) et d'amas multi-
plement connectés (blobs). Cette schématisation a suscité un vif intérêt auprès des
théoriciens. En effet, elle permet d'obtenir très simplement des bornes inférieures pour
les exposants critiques des propriétés de transport. Ces limites sont obtenues en ne
conservant que la résistance des liens sensibles et en négligeant celle des amas multiplement
connectés. Nous proposons une approche duale, fondée sur des considérations variation-
nelles élémentaires qui, tout aussi simplement, fournit des bornes supérieures.
Dans la première partie de cette Note nous illustrons cette méthode par le problème
du transport scalaire (conduction électrique). Puis nous discutons l'élasticité, et enfin
nous appliquons ce calcul au cas d'une distribution statistique de coefficient de transport.
I. CONDUCTION ÉLECTRIQUE. — Considérons la percolation de liens sur un réseau
conducteur. Pour une chaîne de longueur £ (£.=longueur de corrélation), si/l'on ne
prend en compte que la résistance des liens sensibles, la conductance gSCB suit; la loi
d'échelle gSCB oc (Ap) 71; r|~l. Ap=p—pc; p fraction de liens présents, pc, seuil de percola-
tion) car le nombre de SCB a été trouvé varier comme L\p~^ [5]. Ceci constitue une
surestimation de g. Pour construire l'approche duale (i. e. pour sous-estimer g)nous
remplaçons certains liens conducteurs dans les amas multiplement connectés par des
isolants, au lieu de les assimiler à des conducteurs parfaits comme dans le cas précédent.
Nous ne conservons, comme conducteurs, que les liens constituant un plus court chemin
d'une extrémité à l'autre de la chaîne. La conductance aura alors la dépendance
suivante gsp oc (£,)_T,~A/?vD où D est la dimension fractale du plus court chemin,[9].
Connaissant la conductance d'une chaîne, celle de la structure globale G est déduite
classiquement, en considérant le super-réseau. Alors :

0249-6305/85/03010367
368 C. R. Acad. Sc Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

TABLEAU
Évaluations des bornes inférieures et supérieures de l'exposant de conductance t
et mécanique T pour différentes dimensions de l'espace euclidien.
Estimate of lower and Upper bounds of the conductance critical exponent t
and the elastic une t:for different space dimension d.
d= v= D= i + v(d-2)mv(D+ d-2) \+vdgt^t+2v^v(D+ d)
2 4/3 1,13 1 1,29+0,01 1,50 3,66 3,5 + 0,4 3,96 4,16
3 0,88 1,35 1,88 2 + 0,1 2,07 3,64 3,8 + 0,5 3,76 3,83
4 0,7 1,5 2,4 2,45 3,8 3,85
5 0,6 1,75 2,8 2,85 4 4,05
i>6 0,5 2 3 ' 3 3 4 4 4

II. Kantor et Webman [2] ont considéré le cas d'un réseau élastique
ÉLASTICITÉ. —
dont l'hamiltonien est donné par :

où R est une raideur angulaire; Q, un module élastique; R-fj-, un vecteur unitaire selon la
direction dulien (i,j); u„ le déplacement du site i et <pijk l'angle entre, les liens (i,j) et
(j, k). Ay prend la valeur 1 ou 0 selon que le lien (i, j) est présent ou absent. En examinant
la déformation d'une chaîne, soumise à ses extrémités à deux forces opposées, F, Kantor
et Webman ont obtenu, par la méthode de la borne inférieure une estimation

où fcSCB est la borne supérieure du module élastique de la chaîne et SjCB le carré du


rayon de giration de la projection dès SCB sur un plan normal à la direction des forces,
soiten posant S|CB oc A/JI^SCJB et K oc ApT[10] :

Kantor [3] a montré numériquement que ÇSCB~l+2v soit x_l + vd. Nous pouvons
retrouver la même borne directement, Considérons un autre mode de sollicitation : la
chaîne peut être soumise à ses extrémités à deux couples opposés M. Dans le Schéma
Shklovskii-de Gennes nous pouvons estimer la contribution de ces deux termes, forces F
et moments M, par un simple argument dimensionnel :

Nous allons montrer que ce dernier type de sollicitation (en moments) va dominer au
seuil de, percolation.
En considérant un champ de déformation admissible similaire à celui de Kantor et
Webman (i.e..rotations localisées sur les sites sensibles) on obtient alors une raideur
angulaire de la chaîne rSCB de la forme ï-SCB'-'R/NSÇBdAp,, où rj—1 (NSCB désigne le
nombre de SCB dans la chaîne). L'énergie élastique aura donc l'expression suivante :

La borne supérieure peut se construire de façon similaire en considérant un champ


statiquement admissible [3].
Dans notre approche, il suffit de prendre le champ de contrainte dicté par l'équilibre
statique du plus court chemin. Dans le cas où la chaîne est soumise à deux forces à ses
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985 369

extrémités, si l'on désigne par Sfp le rayon de giration du plus court chemin projeté sur
un hyperplan perpendiculaireà la direction d'application de F, et par Nsp le nombre de
sites de ce chemin, alors l'énergie élastique vaut :

où a désigne la valeur moyenne de (F. ry)2/F2. Les deux termes de cette dernière équation;
ne suivent pas la même loi d'échelle N oc A~vD et S2p oc Ap'^p où Çsp>vD. Le second
domine donc le premier. Ceci donne la loi d'échelle : 'ri

suivant Kantor et Webman [2], on peut surestimer Çsp en assimilant le plus court chemin
à une marche aléatoire; alors :

Encore une fois, il n'est pas nécessaire d'estimer Çsp aussi grossièrement que précédemment
pour obtenir cette borne.
Le chargement de la chaîne par deux moments M donne comme précédemment
r oc ApvD (inversement proportionnel au nombre d'éléments dans la chaîne) et dohe :

De façon plus générale, nous pouvons donner une meilleure limite supérieure. Comme
l'a montré Alexander [6], la prise en compte des grandes déformations en élasticité non
linéaire conduit à des termes de type scalaire. Ces derniers contiennent des contributions
des tenseurs de déformation et de rotation. Dans les milieux topologiquement unidimen-
sionnels (ici, nos chaînes), contrairement aux corps massifs, il peut exister de grandes
rotations alors que les déformations sont limitées. Ceci a amené naturellement, dans la
théorie des milieux curvilignes élastiques linéaire [12] a incorporer une contribution
énergétique de moment (où de façon duale de rotation).
Dans les milieux tenus, cette contribution devient prépondérante si il existe, à l'échelle
locale, une élasticité angulaire ou de flexion. La divergence de la souplesse est toujours
gouvernée par le même type de champ de déplacement (rotations localisées). .Si, dans
cette optique, nous négligeons les forces pour ne conserver que les moments, alors les
d(d—l)/2 équations d'équilibre sont découplées et chacune est de forme scalaire. On
peut obtenir un champ statiquement admissible et donc une borne inférieure pour la
raideur en ne considérant que la propagation scalaire des moments pour une chaîne
soumise à deux couples à ses extrémités. Le comportement scalaire justifie la loi de
puissance de la raideur en flexion rs : i\^Ap', soit pour la structure macroscopique,
comptetenu de [6] : T_£ + 2 v. Alors que le travail de Alexander [6] montrant l'importance
des ternies scalaires, tendait à supporter la suggestion de de Gennes [11] : i~t.
Les données numériques ou expérimentales sont peu nombreuses, mais compatibles
avec l'encadrement donné (cf. tableau). En particulier à deux dimension, Benguigui [7]
a obtenu T = 3,5 + 0,4 et à trois dimensions, D. Deptuck et coll. [8] ont montré que
T = 3,8 ±0,5.
L'égalité T = I + 2V est suggérée sans justification dans l'article de S. Feng et coll. [10].
III. DISTRIBUTION STATISTIQUE DES COEFFICIENTS DE TRANSPORT.

Récemment, Halperin
et coll. [4] ont étudié le cas d'une distribution statistique continue de conductances, de
coefficients de perméabilité ou de constantes élastiques résultant de la géométrie. Dans
leur étude, les liens sont des cols étroits (largeur 5, longueur ,/ô) et la densité de
370 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

probabilité de 5 tend vers une limite finie non nulle lorsque 8 tend vers zéro. Les
coefficients de transport varient comme 5* au voisinage de 5=0.
Halperin et coll. ont montré que pour un champ scalaire l'exposant critique était f
minoré par :

Nous obtenons, en reprenant leurs calculs avec le plus court chemin :

Pour le problème élastique, Halperin et coll. ont obtenu :

La borne supérieur vaut dans ce cas :

Une conséquence importante est que, pour x>vD, les bornes sont confondues et donc
les limites données par Halperin et coll. [4] sont des valeurs exactes, si x > v D, dans le
modèle proposé.
En conclusion, nous voudrions souligner que la méthode présentée ici, fournit aisément
un encadrement des exposants critiques. Les bornes obtenues sont souvent proches sinon
confondues. De plus, dans le cas élastique, nous avons une borne supérieure probablement
très voisine de la valeur réelle, x^£ + 2v, si les forces sont négligeables devant les
moments. Les données numériques, ou expérimentales, pauvres en la matière, sont
cohérentes.avec les bornes obtenues.
Enfin, nous tenons à remercier J. Vareille pour de nombreuses et fructueuses discussions.
Remise le 3 juin 1985.

RÉFÉRENCÉS BIBLIOGRAPHIQUES

[I] A. SKAL et B. SHKLOVSKJI,..FIZ. Tech. Poluprovodn., 8, 1974, p. 1586; Sov. Phys. Semicond., 8, 1975,
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p. 250-253.
[2] Y. KANTOR et J. WEBMAN, Phys. Rev. Lett, 52, 1984, p. 1891-1894.
[3] Y. KANTOR, J. Phys., A 17, 1984, p. L 843-847.
[4] B. I. HALPERIN, S. FENG et P. N. SEN (à paraître).
[5] A. CONIGLIO, Phys. Rev. Lett., 46, 1981, p. 250-253; R. PIKE et H. E. STANLEY, J. Phys. A 14, 1981, p.
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[6] S. ALEXANDER, J. Phys. Lett., 45, 1984, p. 1939-1945.
[7] L. BENGUIGUI, Phys. Rev. Lett., 53, 1984, p. 2028-2030.
[8] D. DEPTUCK, J. P. HARRISON et P. ZAWADZKI, Phys. Rev. Lett., 54, 1985, p. 913-916.
[9] S. Roux, J. Phys., A 18, 1985, p. L 395-397.
[10] D. J. BERGMAN, Phys. Rev., B31, 1985, p. 1696-1698; S. FENG, P. N. SEN, B. I. HALPERIN et C. J.
LOBB, Phys. Rev., B 30, 1984, p. 5386-5389.
[II] P. G. DE GENNES, J. Phys. Lett., 37, 1976, p. Ll-2.
[12] L. SOLOMON in Élasticité linéaire, Masson, Paris, 1968, p. 41-44.

L.H.M.P., E.R.A. 1000,


École supérieure de Physique et Chimie industrielle de la Ville de Paris, 10, rue Vauquelin, 75005 Paris.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985 371

AÉROTHERMOCHIMIE. Détonation des mélanges stricts hydrogène-oxygène et


—-
éthylène-oxygène contenant en suspension des particules fines d'amidon. Note de Olivier
Peraldi et Numa Manson, présentée par Marcel Barrère.

La célérité du front de détonation n'est pratiquement pas modifiée par la présence de particules d'amidon
(de 20 um de diamètre moyen) même pour des concentrations de 0,6-0,8 kg/m?. L'évolution de la pression au
sein des produits est cependant très différente et on y distingue un second front décalé du premier de 0,05-0,4ms
selon le mélange et la concentration en particules.

AERO THERMOCHEMISTRY.— Detonation of hydrogen-oxygen and ethylen-oxygen stoechiometric mixtu-


res containingstarch particles.
The velocity of the detonation front is practically not modified by the presence of starch particles (mean
diameter 20 um) even for concentration of 0.6-0.8 kg/m 3. The pressure evolution in the detonation products is
however quite different and a second front is observed 0.05-0.4msec. after the first one, according to the nature
of the gaseous mixture and concentration ofparticles.

1. Poursuivant l'étude des détonations dans les milieux biphasiques réactifs (cf. [1]
à [5]), des expériences ont été réalisées avec des suspensions de fines particules d'amidon,
de diamètre moyen de 20 um, au sein de deux mélanges stricts d'oxygène (N48 Air
Liquide) avec, l'un (HO), de l'hydrogène (à 99%) et l'autre (EO), de l'éthylène (N25 Air
Liquide).
Ces mélanges ont été choisis en raison de la facilité avec laquelle s'y établit une
détonation autonome stable. Quant aux particules d'amidon (1), leur explosion dans
l'air faisait déjà, au laboratoire, l'objet d'expériences (dont lés résultats seront résumés
ultérieurement dans une autre Note) et on disposait d'une technique permettant des
réaliser des suspensions de concentration a pouvant atteindre 7 kg/m3, reproductible à
10% près. Dans nos expériences cette concentration a été toutefois limitée à l kg/m 3 en
raison de diverses difficultés opératoires.
2. La propagation de la détonation était observée dans le tube utilisé antérieurement
lors des expériences avec des suspensions de particules d'aluminium [3]. Toutefois le
tronçon, de section rectangulaire (53x53 mm3) long de 2m (désigné dans [3] par ZY)
était maintenant placé immédiatement au-dessus du générateur (élutriateur) de suspension,
donc en dessous du tronçon de 2,17 m (YX dans [3]) de section circulaire de 69 mm de
diamètre.
L'inflammateur pyrotechnique (Gevelot P53A) était placé en haut de ce dernier;
tronçon, de sorte que la détonation se propageait de haut vers le bas, les principales
mesures se faisant dans la partie inférieure ZY du tube la plus proche de l'élutriateur.
Les mélanges gazeux, réalisés en amont de celui-ci assuraient la fluidisation de son lit
(constitué uniquement de particules d'amidon) et la concentration de la suspension:
quittant celui-ci était fonction du débit de ces mélanges.
Grâce à la méthodologie adoptée, à la suite d'expériences préliminaires, pour le
remplissage du tube [8], l'incertitude sur la composition des mélanges HO et EO et la
concentration en particules dans la partie ZY du tube pouvaient être considérées
comme étant respectivement inférieures à ±4 et 10%.
3. La célérité moyenne D1 du front dé détonation était mesurée à mieux que ±0,5%
près, entre les diverses sondes piézoélectriques (ANVAR 11568) distantes l'une de l'autre
en général de 500 ± lmm et commandant des chronomètres (Helwett-Packard) au 1/10
de microseconde. La dispersion (légèrement croissante avec la concentration o) entre les;

0249-6305/85/03010371. $2.00 © Académie des Sciences


372 C. R. Acad. Sc. Paris, t 301, Série II, n° 6, 1985

valeurs de D1 observées dans le tronçon ZY du tube lors des différents tirs était du
même ordre.
L'évolution de la pression en arrière du front de détonation était enregistrée au moyen
de capteurs Kistler 603 B, K1 K2,K3 placés respectivement à 0,2, 0,6 et 1,3 m de
l'extrémité inférieure du tube, et des enregistreurs analogiques (Tektronix 556) ou numéri-
ques (Datalab 912). Compte tenu de la reproductibilité des conditions initiales des expé-
riences, ainsi que de la nature même de l'évolution des produits de la détonation, les
moyennes des valeurs des pressions caractéristiques (telles que Pbl immédiatement derrière
le front) relevées sur les enregistrements obtenus avec les capteurs K1 et K2 ont pu être
définies en général à ± 8 % près.
Enfin, on s'est efforcé d'enregistrer la luminance émergeant des produits de la détona-
tion soit à travers un trou de 1 mm sous un angle solide de 12° au moyen de photomultipli-
cateurs ayant un temps de réponse de l us et sensibles au rayonnement visible soit, à
l'aide d'un pyromètre monochromatique (X = 0,657 um, temps de réponse 40 ns [9]) placé
en face du capteur piézoélectrique K1. Mais, comme en général, les photomultiplicateurs
disponibles, étaient saturés, les principales informations sur l'évolution de la luminance
sont celles données par le pyromètre.

4. Nous avons schématisé (fig. 1), d'après nos enregistrements (tels que fig. 2 et 3),
l'évolution derrière le front de détonation F1 de la luminance et de la pression. Les
valeurs moyennes des pressions caractéristiques Pb1, Pb2, etc., spécifiées sur ce schéma,
sont indiquées dans le tableau où figurent également les caractéristiques calculées (célérité :
DCJ et pression : PCJ) de la détonation Chapman-Jouguet [cf. (1)], la célérité moyenne D1
du front F1 ainsi que les valeurs xi", xï et xi de l'intervalle de temps T1 relevées sur les
enregistrements faits respectivement avec les capteurs K3, K2 et K1.
De l'ensemble de nos observations, il ressort que :
I. En l'absence de particule d'amidon (a = 0)
le front de la détonation F1 progresse
dans le tronçon terminal du tube avec une célérité D1 constante et identique, à +1,5%
près à DCJ. De même la pressionPbl ne diffère de cellePCJ que de ±5% environ. Enfin,
la
si l'on excepte une anomalie (2), l'évolution de la pression en arrière du front de
détonation est celle habituellement observée dans les mélanges gazeux (cf. par
exemple [10]).
C. R. Acad.Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985 373

II. Dans les mélanges avec de l'amidon en suspension pour 0<cr^0,6-0,8kg/m3 :


(a) La célérité D± et la pressionPbl sont pratiquement (respectivement à environ ±2%
près et +10% près) les mêmes que dans les mélanges sans particules. Ainsi, immédiate-
ment derrière le front F1; (zone 1, fig. 1) les échanges d'énergie thermique et mécanique
entre les particules et les produits de réaction des mélanges HO et EO seraient négligeables
ou compensés par la combustion de l'amidon, laquelle ne devient cependant manifeste
qu'au bout d'un temps xd d'environ 10 us.
En conséquence, compte tenu des constatations antérieures ([3], [4], [5]), la connaissance
de DCJ et de pCi dans les mélanges 02-N2-H2 ou C2H4 sans particules (o" = 0) permet de
prévoir Dj et Pb1 de la détonation des suspensions de particules fines d'aluminium ou
d'amidon dans ces mélanges.
(b) Comme dans le cas des suspensions de particules d'aluminium dans des mélanges
d'hydrogène et d'air [5], le front F1 de détonation est suivi d'un second front F2. Mais
dans les mélanges HO et EO l'intervalle T1 (cf. sur le tableau ses valeurs xi, x'/ et xi")
entre ces deux fronts augmente au cours de leur propagation et aussi avec la
concentration a. Par conséquent la propagation de F2, contrairement à celle de F1 est
instationnaire.
(c) La pression maximale Pb2, dans les produits, est atteinte immédiatementderrière le
second front. Sensiblement plus élevée que celle de Pb1, elle croît comme PCJ, avec a dans
le cas du mélange EO, mais passe par un maximum dans celui HO (3). Le maximum de
luminance se manifestant au plus x,^ 10-50 us après celui de la pression, les réactions
exothermiques du second stade (5) s'achèvent ainsi par une phase « explosive » (3) prise

TABLEAU

(kg/m3). (m/s)

19,2
(atm) (m/s) (atm) (atm) (atm),

- (lis)

-
(us) (us)

0,3
0,1

0,8
2653
Mélange
34,1
0

0,6 2400 29,0


00,1 EO
2780

0,4 45,2 35,6 41,8 30


2400
2355
2843

2377
26,3
22,0

2388 37,0 2402 36,4 31,2


2457
53,0 35,2

Conditions initiales : ^1^290:^3Kipj-=l:atm.':;


2761
2412
278

2772

2400
33,6
17,1

3,3 33,0
28

19,6 19,2 24,6 110


18,6 17,8 22,1 220
17,0
18,2

35,2
42,8
19,7

: C2 H4

100
100
+ 3
140

164
O2
330

64
124
168
160

200
420
76

128
240
- -
374 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

en considération dans certains modèles de la structure des détonations dans les milieux
polyphasiques (cf. par exemple [11], [12]).
(1) Précisons aussi que pour pouvoir calculer, selon la théorie classique Chapman-Jouguet (cf. par
exemple [6]) les caractéristiques des détonations étudiées, nous avions mesuré à l'aide de la bombe Mahler lé
pouvoir calorifique supérieur de la poudre d'amidon utilisée dans nos expériences et nous en avons déduit,
avec les valeurs des enthalpies de formation de H20 et de C02, des tables JANAF [7], son enthalpie de
formation: H*f= — 53 + 2kJ/mol à 295 + 3K. Une mesure de. la chaleur massique faite également à cette
température a donné C* = 0,27±0,01 cal/g.K.
( 2) La détente qui débute immédiatementen arrière du front de détonation (cf. [10])
cesse (environ à 20-30 us
dans le mélangé HO et à 80-100 us dans celui de EO) puis reprend rapidement après un léger accroissement
de la pression. Assez net sur les enregistrementsfaits avec le capteur K3, cet accroissementanormal s'atténue
sur ceux donnés par le capteur K2 et K1, ce qui laisse présumer que son origine pourrait être imputée au
changement de section du tube.
( 3) La valeur de PCJ permet donc de prévoir a priori la pression maximum maximorum susceptible d'être
atteinte dans les produits de détonation des fines particules (al, amidon) en suspension dans les mélanges
02-N2-H2 et C2H4.

Remise le 20 mai 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[12] W. FICKETT et W. C. DAVIS, Detonation, Univ. Calif. Press éd., Berkeley and Los Angeles, 1979.

Laboratoire d'Énergétiqueet de Détonique,


(U.A. n° 193 au C.N.R.S.), E.N.S.M.A.,
rue Guillaume-VIl-le-Troubadour, 86034 Poitiers Cedex.
C.R. Acad, Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985 375

CHIMIE DE L'ÉTAT SOLIDE. — Diagramme de phases partiel du système Ti02-


Ti203-Al203 à 1223 K ; préparation d'un nouvel oxyde double de formule Al2Ti1015. Noté
de Odile Monnereau, Francis Remy et André Casalot, présentée par Paul Hagenmuller,
,

Des mélanges de dioxyde de titane et d'aluminium métallique, de composition nominale AlITi02(xgl/3),


conduisent.à71J223K, en tubes de quartz scellés sous vide, à des équilibres entré sous-oxydes de titane Ti„02j,_1
dopés à l'aluminium et solutions solides, de type corindon, de compositions voisines de (Al0i33Ti0i67)2O3-.
Par transport chimique en phase vapeur d'un mélange de compositionglobale Ali/6Ti305 nous avons préparé
des monocristaux d'un nouvel oxyde double de titane et d'aluminium de formule Al2Ti70,5. De symétrie
monoclinique, ce composé cristallise avec le groupe spatial C2/m et les paramètres a=17,674Â, =2,973 Â,
e = 9,358Â, p = 98,66°.

SOLID STATE CHEMISTRY. — Partial phase diagram for the Ti2-Ti203-Al203system at 1,223 K and
preparation of a new aluminium titanium oxide with Àl2Ti7Oj 5 formula.
Mixtures of titanium dioxide (anatase form) and aluminium metal, of ÂlxTi02 composition with xgl/3, react
at 1.223 K, in sealed evacuated quartz, tubes, to form equilibria between aluminium-doped titanium sub-oxides
Ti„02„_1 and corundum-typesolid solutions closed to (AlgzsTioçjjiOi composition.
Single crystals of a new aluminium titanium oxide have been grown by chemical, transport of a pre-reacted
mixture of Al1/6Ti305. This new compound, with Al2Ti7015 formula,::exhibits monoclinic symetry, with C2/m
space group and following parameters: a=17.674Â, b = 2.973Â, c=9.358Â, P = 98,66°.

Il ne semble pas que le système ternaire TiO2-Ti203-Al2Q3 ait fait l'objet d'études
systématiques, mis à part l'étude de la réduction des mélanges Àl203-Ti02 par l'hydro-
gène à 12Ô0°C [1] : les mélanges riches en rutile conduisent à une solution solide
(Al^Tij^^TiOs en équilibre avec divers sous-oxydes de titane"Ti„02-n_i, tandis que ceux
riches en alumine mènent à des systèmes polyphasés complexes dans lequels apparaissent
les oxydes A1203 et Ti203 ainsi que des solutions solides de type AlTi205.
Au niveau des systèmes binaires correspondants, le moins réactif semble être le binaire
Al203-Ti203, la dissolution d'un métal dans la matricecorindon de l'autre restant faible :
1% d'aluminium dans Ti203 [2], 0,5% de titane dans A1203 [3].
Al2Ti05 est le seul composé du système; Al203-Tj02 [4]. De structure
pseudobrookite [5], il serait stable de 1200°C jusqu'à sa température de fusion de 1850°C;
métastable à plus basse température, il se transformerait par réaction eutectique en
oxydes corindon et rutile [1]. En équilibre avec Al2Ti05, Anderson a annoncé l'existence
d'une solution solide Ti027AI, de faible étendue, sans ordre d'aucune sorte entre les
défauts [6].
Depuis l'étude initiale d'Andersson et coll. [7], le birinaire Ti02-Ti203 continue de faire
l'objet de nombreux travaux : la systématique des sous-oxydes Ti„02„_1 dérivés de la
structure rutile fait ainsi appel à la formation de
plans de cisaillement
cristallographique[8].
I. RÉSULTATS ET DISCUSSION. Nous avons étudié la partie du diagramme ternaire

Ti02-Ti203-Al203 limitée au domaine TiO2-Ti2O3-(Al0i25TiD.75)2O3, la droite Ti02-
(Alo^sTio.T^àQa correspondant à des compositions nominales Al;cTi02 (0rgx:g0,33).
Toutes les synthèses ont été réalisées en ampoules de quartz scellées sous vide, à la
température de 950°C. Le traitement thermique requiert des recuits d'une durée variant
entre 5 et 20 jours, suivis d'une trempe à l'air.
Les diverses compositions ont le plus souvent été réalisées en faisant agir sur le dioxyde
de titane (produit Fluka de structure anatase d'une pureté de 99 %) de l'aluminium
(produit Fluka 3,N) et/ou du titane (produit Koch Light 3 N) en poudre. Cependant,

0249-6305/85/03010375 $2.00 © Académie des Sciences


.
376 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

Diagramme de phases partiel du système TiO,, Ti203, A1203 à 950°C.


Partial phase diagram for the Ti02, Ti203, Àl203 system at 950°C.

dans certains cas, nous avons également fait agir l'aluminium sur des sous-oxydes de
titane (Ti407, Ti305).
Après examen des poudres au microscope Optique, tous les échantillons préparés ont
fait l'objet d'une analyse par diffraction X. La comparaison des spectres de poudres ainsi
obtenues permet de distinguer successivement trois régions sur la droite de composition
ALTi02:
1. pour 0<x^0,01. —
Les spectres de diffraction X ne présentent que les raies du
rutile. L'élargissement observé pour les pics de diffraction traduit probablement la
création de défauts isolés analogues à ceux décrits dans le rutilelégèrement réduit [9].
La limite supérieure de Je correspond à la substitution d'environ 1 % de titane par de
l'aluminium dans un oxyde de composition Ti44087.
2. pour 0,01 <x^0,05. —
Les spectres de diffraction X présentent de nouveaux groupes
de raies, tandis que celles du rutile disparaissent peu à peu. Il s'agit vraisemblablement, ici
encore, de mélanges polyphasés dans lesquels interviennent des surstructures compliquées.
Cette gamme de composition est en effet voisine de la zone où la famille de composés
Ti„02„_1 présente continûment pour 16gn^36 des plans de cisaillementcristallographi-
que d'indice (132),. et de celle où pour 10<n< 16 ce plan de cisaillement pivote continuelle-
ment de (132)r à (121)r, générant une succession de phases de composition Tin02n_p [10].
La complexité du problème rend parfaitement illusoire l'identification de solutions
solides où l'aluminium se substituerait partiellementau titane au sein des oxydes Tin02n_1
au seul vu des spectres de poudres.
Il convient cependant de noter que la limite supérieure Al0 ,05TiO2 proposée pour ce
domaine de composition est sensiblement celle (x = 0,052 6) qui correspondrait à une
substitution de 5 % de Ti par Al dans l'oxyde Ti10O19, limite de la famille des oxydes
Tin2n-1 (3^fi< 10) à plans de cisaillement de type (121)r [11].
3. pour 0,05<xg0,33. — Pour cette gamme de compositions, il a été possible de
mettre en évidence la formation successive des phases à plans de cisaillement (121)r.
qui coexistent avec une solution solide de type corindon proche de la composition
(Al0 33Ti0 67)203. La largeur des raies ne permet pas pour l'instant, à partir d'un simple
1985
TABLEAU
h
Acad.
C.R. Sc. Paris,
t.301,
Série
II?

6, 377

2244 k
1
l
Diffractogramme de poudre du nouveau composé M24r7Oî:57
X-ray powder diffraction pattern of the new compound Âl2Ti~iO 15.
dmes (A) dcalc (Â) Irel - h k
1 1 2
l dmes (Â) dcalc (Â) I rel

4
0 0 5,94 5,92 5 - 2,505

02 0
2
4,62
-
4,62
4,369 -
3
3 1
1 1 2
1 2,503

2,449
2,501
20

225

0
4,366 15 2,448

262
00 - 4.368 - 3 1 2 2,370 2,369
4,211 4,202 2 0 4 2,324 2,324
2
0
0 1
3,439 3,445 3 3 -
6 0 3 2,299 2,297 3
1

03 0 3 3,084
3,058
3,084
3,056
72
45
5 1 0
3 1 2 2
2.267
2,235
2,265
2,233
20
5

46003
3 1

0 0 2,913 2,912 100 8 0 1 2,206 2,201 2


0 3 2.782 2,779 10 1 1 3 2,153 2,152 20

6
0
2
1
2,723
2,669
2,651
2,719
2,665
2,651
1 1

2
8 0
8 0
6 0
2
1
3
2,102
2,060
1,976
2,101
2,057
1,974
1
10
5

diagramme de poudre, d'envisager ou non l'existence d'un ordre 1:2 entre atonies
d'alumnium et de titane, ce qui entraînerait la formation d'un oxyde double à structure
tricorindon de formule Al2Ti409, encore inconnu jusqu'ici.
Les diverses phases Tin O2n-1 qui apparaissent pour x croissant contiennent proba-
blement une faible quantité d'aluminiumsubstitué au titane. C'est ainsi que, par exemple,
dans le cas de Ti4O7, raffinement des paramètres de la maille triclinique laisse apparaître
une légère diminution de volume (AV/V< 0,8 %) compatible avec le remplacement d'ions
Ti 3+ (Rj:j3:+v|==0iOT7Â) par des ions Al3+ (RA13+ =0,51 Â) au sein des plans de cisaillement
de type; corindon de cet oxyde.
En ce qui concerne l'oxyde Ti3O5 trimorphe [12], nos conditions expérimentales
conduisent le plus souvent à des mélanges de variétés P de type pseudobrookite et y de
type oxyde à plans de cisaillement (121)r par suite de la vitesse très lente de la transfor-
mation allotrepique
A aucun moment, les mélanges obtenus dans le triangle de composition Ti02-Ti203-
Al0,3 TiO2 contiennent le composé ternaire Al2Ti7Ô15, dont la préparation et la
Caractérisation sont décrites ci-dessous. Cette phase est donc inaccessible directement par
réaction de Al ou Ti métallique sur TiO2.
La figure résume alors, dans nos conditions expérimentales, les limites approximatives
des domainesbiphasés et triphasés, telles qu'elles peuvent être déduites de la nature des
phase en présence, de la composition globale des mélanges de départ, par application
de la règle des phases. Un tel diagramme d'équilibre pour le système Al-Ti-O à 1223 K
est à rapprocher de ceux proposés pour les systèmes Mn-Ti-O et Fe-Ti-O [13].

II. LE COMPOSE TERNAIRE Al2Ti7O15. —


A la température de 950°C, toutes les synthèses
précédentes conduisaient à des poudres. L'obtention de monocristaux impliquait donc
soit un traitement à température très élevée, compte tenu des grandes stabilités thermiques
de l'alumineoc et du rutile, soit l'emploi de méthodes indirectes.
Nous avons ainsi procédé à des expériences de transport chimique en phase vapeur en
utilisant TeCl4 comme agent de transport dans un gradient thermique compris entre 910
378 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

et 960°C. De tels transports conduisent généralement à des produits plus oxydés que le
mélange de départ ([14], [15].
Des mélanges de composition globale Al0, 167 Ti3O5 (point A de la figure) et Al0, 222TiO2
(point B) fournissent ainsi des cristaux noirs, en forme de plaquette, de quelques milli-
mètres de long. Une analyse par microsonde électronique a confirmé qu'ils contenaient
de l'aluminium.
Une étude à la chambre de précession a fourni les paramètres d'une maille monocli-
nique, de groupe d'espace C 2/m : a = 17,674 Â ; b = 2,973 Â ; c = 9,358 Â ; P = 98,66°;
V=486,2Â3; Z=2.
La structure cristalline, réalisée sur diffractomètre quatre cercles, correspond à celle
d'un composé ternaire inédit de formule Al2Ti7015, dont le diagramme de diffraction X
sur poudres est donné au tableau. Elle résulte d'un assemblage de motifs rutile à base
d'octaèdres Ti06 et de motifs Ga2O3 résultant de l'association d'octaèdres TiO6 et
d'octaèdres AlO4 [16].
La conductivité électrique de Al2Ti7O15 a été mesurée sur monocristal parallèlementà
l'axe b. Elle traduit un comportement semi-conducteur avec une énergie d'activation de
l'ordre de 0,15 eV. La susceptibilité magnétique, mesurée entre 10 et 300 K, laisse présa-
ger un comportement paramagnétique d'électrons localisés. Des calculs sont en cours
pour déterminer la nature des interactions mises en jeu entre ions Ti3+ et Ti4+.
Remise le 3 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] D. GOLDBERG, Rev. Int. Hautes Temp. Refract., 5, 1968, p. 181-194.


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[10] D. K. PHILP et L. A. BURSILL, Acta Cryst., A30, 1974, p. 265-272.
[11] S. ANDERSSONet L. JAHNBERG, Arkiv. Kemi, 21, (5), 1963, p. 413-426.
[12] S. H. HONG et S. ASBRINK, Acta Cryst., B38, 1982, p. 2570-2576.
[13] I. E. GREY, C. LI et A. F. REID, J. Solid State Chem., 17, 1976, p. 343-352.
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[15] P. STROBEL et Y. LE PAGE, J. Mater. Sci., 17, 1982, p. 2424-2430.
[16] J. GALY, F. DAHAN, A. CASALOT, O. MONNEREAU et F. REMY, J. Solid State Chem. (à paraître).

Laboratoire de Chimie des Matériaux, Université de Provence,


3, place Victor-Hugo, 13331 Marseille Cedex 3.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 198S 379

SYNTHESE ORGANIQUE. — Préparation de méthylène cétals par transacétalation


à partir du diméthoxyméthane. Note de Jean-Louis Gras et Anne Guérin, présentée par
Marc Julia.

Les méthylène cétals de diols-1.2, -1. 3, ou -1.4 sont préparés par transacétalation à partir du diméthoxymé-
thane, la réaction étant catalysée par l'acide paratoluènesulfonique assisté par le bromure de lithium.

ORGANIC SYNTHESIS. -
Methylene acetals preparation by transacetalation from dimethoxymethane.
Various methylene acetals of 1,2-, 1,3- or 1,4-diols are prepared by transacetalation from
dimethoxymethane. The reaction is catalized with paratoluenesulfonic acid assisted by lithium bromide and proved
convenient for the protection of diols.

La formation de méthylène cétals offre une voie commode pour le blocage de


glycols-1.2 et-1.3. L'introduction du pont méthylène [1] peut se faire à partir du
dibromométhane [2], du diméthylsulfoxyde [3] ou plus couramment en traitant le, diol
par le formaldéhyde, en présence d'un catalyseur acide [4]. La solution aqueuse à 40 %
de formaldéhydeconstitue la source habituelle de méthylène pour cette dernière transfor-
mation, mais on peut également utiliser ses polymères, le paraformaldéhyde ou le
polyoxyméthylène [5].
Dans cette Note, nous décrivons la préparation de divers méthylène cétals faisant
intervenir une transacétalation à partir du diméthoxyméthane(DMM), accélérée par le
bromure de lithium.
Le traitement d'un alcool par le DMM en présence d'acide paratoluènesulfonique et
de bromure de lithium, tous deux en quantité catalytique, conduit à l'éther de méthoxymé-
thyle (éther MOM) correspondant [6]. Lorsqu'on met en jeu un composé dihydroxylé,
on obtient selon ce procédé, la protection simultanée des deux fonctions hydroxyle sous
formé de méthylène cétal :

Le dioxanne issu d'un diol-1.3 (n = l) est formé directement soit à température


ambiante, soit plus rapidement au reflux du DMM, ou si on augmente la quantité de
LiBr mise en jeu (jusqu'à 2 équivalents). Par contre, le dioxolanne issu d'un diol-1.2
(n = 0) est préparé selon une procédure en deux étapes. En effet dans ce cas, la réaction
conduit rapidement à un mélange méthylène cétal/mono-/diéther MOM du diol traité,
mélange qui n'évolue qu'extrêmement lentement. Le méthanol dégagé au cours de la
formation des éthers MOM intermédiaires ralentit certainementla fermeture plus difficile
du cycle à 5, par rapport au cycle à 6 chaînons. Après extraction et concentration, le
mélange est traité par p-TsOH au reflux du chlorure de méthylène, pour conduire
rapidement au dioxolanne. Le traitement direct du diol-1.2 par le DMM en présence du
chlorure de méthylène comme co-solvant, ne conduit pas à des résultats plus satisfaisants:

0249-6305/85/03010379 S 2.00 © Académie des Sciences


380 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

TABLEAU
Méthylène acétals à partir du DMM, p-TsOH, LiBr et un glycol.

Quelques exemplesde méthylène cétals obtenus selon ce nouveau procédé sont présentés
dans le tableau.
L'étape unique ou l'étape a mettent en jeu 0,1 éq. p-TsOH, 0,5 éq. LiBr, avec une
solution 0,5 M de glycol dans le DMM. L'étape b met en jeu 0,1 éq. p-TsOH avec une
solution 0,5 M dans CH2Cl2.
L'isolement des produits intermédiaires a permis de montrer que la formation du
méthylène cétal s'effectue à la fois à partir du monoéther MOM et du diéther MOM [7].
Dans le cas d'un diol-1.3 dont une fonction hydroxyle est secondaire ou tertiaire, la
cyclisation en dioxanne (principalementpar le monoéther MOM) est continue jusqu'à la
fin de la réaction. Par contre, si les deux fonctions hydroxyle associées sont primaires,
on observe la formation du diéther MOM, et la procédure en deux étapes peut être
souhaitable.
Le mélange des pentanediols-2.4 conduit au mélange des deux dioxannes-1.3 3
(séparables par chromatographie sur colonne de silice), dans les mêmes proportions. Par
contre, le mélange cis : trans (3 : 2) des cyclohexanediols-1.3 conduit en deux étapes à
un seul méthylène cétal 7 correspondant à l'isomère cis du diol, avec un rendement brut
C. t.
R.Ascard
Sc.
Paris, 301,
Série
II,

6,1985 381

presque quantitatif. Aucun autre produit de transformation de l'isomère trans n'est alors
décelé (mono- ou di-MOM). Dans l'es conditions acido-catalysées de la réaction, l'isomère
trans doit donner lieu à une substitution intramoléculaire au niveau de son mono- ou
di-MOM. Le méthylène cétal bicyclique 7, caractérisé à l'état brut, n'a pu être isolé étant
très sensible au contact de l'eau ou de la silice, et lorsqu'on le distille du résidu de la
réaction [7].
Les cyclohexanediols-1.2montrent quant à eux un comportement différent : l'isomère
cis conduit au méthylène cétal 10 à fusion de cycle cis stable, alors que la réaction sur
l'isomère trans s'arrête au stade du monoéther MOM 11 a. L'encombrement stérique au
niveau de l'hydroxyle de ce monoéther gêne rétablissement de l'état de transition faisant
intervenir LiBr [6] et conduisant au diéther MOM. Également, on observe un peu d'un
produit correspondant en ,CPV au méthylène cétal 11 b qui est peu stable et se dégrade
rapidement.
Enfin, la préparation de méthylène cétal selon ce procédé à été appliquée au
butanediol-1.4, pour former d'abord le diéther MOM, puis le méthylène cétal 12 compor-
tant 7 chaînons.
La transacétalation utilisant le diméthoxyméthane en catalyse acide accélérée par le
bromure de lithium, constitue donc une nouvelle alternative pour préparer des méthylène
cétals à, partir de glycols. Son application à des polyols devrait offrir d'intéressantes
perspectives.
Remise,le 13 mai 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] A- J.MESKENS, Synthesis, 1981, p.501-522.


7 [2] BRIMACOMBE,A. B. FOSTER, B. D. JONES et J. J. WILLARD, J.Chem. Soc.,. (C), 1967, p. 2404-2407.
J, S.
[3]. S. HÀNESSIAN, G. Y. CHUNG, P. LAVALLÉE et A. G. PERNET, J. Amer. Chem.Soc, 94, 1972, p. 8929-8931.

[5 ..
[4] S. A.BAKER et E. J. BOURNE, Adv. Carbohydrate Chem., 1, 1952, p. 137-207.
DE BELDER, Adv. Carbohydrate Chem., 20, 1965, p. 219-302.
[6] J.-L. GRAS, Y.-Y. KONG WIN CHANG et A. GUÉRIN, Synthesis, 1985, p. 74-75.
[7] M. ANTEUNIS et Chr. BECU, Synthesis, 1974, p. 23-26.

Laboratoire de Synthèse organique, Université d'Aix-Marseille-III,


rue H.-Poincaré, 13397 Marseille Cedex 13.
C.R. Acad. Sc Paris, t.301, Série II, n°6, 1985 383

SOLEIL; -
Sur la mesure du diamètre du Soleil obtenue à l'astrolabe solaire du
C.E.R.G. 4. Note de Francis Laclare, Alain Journet et Hamid Sadsaoud, présentée par
Jean-Claude Pecker.
La
Terre mesure
du diamètre du Soleil est déduite d'un programme de détermination des éléments orbitaux de la
entrepris au C.E.R.G. A. depuis 1978, à partir d'un astrolabe solaire.
Le demi-diamètremoyen mesure sur une période de 7 années, R = 959",36±0",01, est sensiblement inférieur
à la valeur en usage dans les éphémérides.
Les mesures obtenues sont homogènes quelle que soit la distance zénithale d'observation. Cependant, des
effets à caractère systématique peuvent être interprétés soit par des causes d'origine atmosphérique, soit par
une possiblerelation entre le diamètre observé et son inclinaisonhéliographique.

SUN. —On Sun diameter measurement obtained with the C.E.R.G.A. solar astrolabe.
The solar diametermeasurement has beendeduced from the determination of solar orbital elements at C.E.R.G.A.
since 1978 with the aid of a solar astrolabe. The mean half-diameter measured on a period of 7 years,
R — 959".36±0". 01 is appreciably smaller than the usual value of ephemeris.
Measurements are homogeneous for all the observed zenithal distances. However, systematic effects can be
interpreted by atmospheric causes or by a possible relation between the observed diameter and its heliographic
inclination.

Le principe de l'instrument et celui de la méthode des hauteurs égales ont été décrits
par ailleurs ([1], [2]). Un ensemble de 10 prismes réflecteurs en vitro-céramique(zérodur),
permettant jusqu'à 20 déterminations du diamètre le même jour, rend possible l'obser-
vation à de grandes distances zénithales et la couverture de l'orbite apparente du Soleil
dans sa totalité. La précision sur une détermination du diamètre est en moyenne de 0",27.
Rappelons qu'une oscillation lente de période environ 900 jours et de 0",4 d'amplitude
a été détectée sur une série de mesures entre 1978 et 1983 [3]. Une analyse plus fine est
en cours; elle confirme cette variation et révèle d'autres oscillations qui de manière assez
significative pourraient être corrélées avec l'activité solaire [4].
Le but de la présente Note est de discuter de quelques effets systématiques qui
pourraient affecter les mesures obtenues. Dans les résultats qui suivent, le demi-diamètre
est géocentrique et ramené à l'unité astronomique.
La valeur moyenne du demi-diamètre observé sur la période de 1978 à 1984,
959",36+0'/,01, est sensiblement inférieure à celle en usage dans les éphémérides. Notre
valeur est obtenue par un même observateur à partir d'un ensemble de 1 379 détermina-
tions, toutes distances zénithales confondues.
Bien que la méthode d'observation à hauteur égale des deux bords successifs
1.
permette d'affranchir les résultats de la réfraction différentielle affectant un diamètre
vertical, on peut cependant craindre une certaine dépendance du demi-diamètre à la
distance zénithale d'observation, celle-ci variant de 30° à 60°. Le tableau I, sur lequel
nous avons reporté les valeurs moyennes obtenues aux trois distances zénithales intermé-
diaires, ne révèle pas de liaison significative entre ces deux paramètres.
2. Les Observations faites le même jour à une même distance zénithale peuvent être
séparées par dés intervalles dé temps de longue durée. C'est ainsi qu'au voisinage du
solstice d'été environ 9 à 10 h séparent les passages Est et Ouest d'une observation du
Soleil à 60° du zénith. Les conditions d'échauffement de l'atmosphère, le matin et le soir,
ont alors considérablement changé ; il en va de même des éléments qui servent au calcul
de la réfraction [5] de l'instrument et de son environnement immédiat. En vue de détecter
d'éventuels effets systématiques entre le matin et le soir, nous avons reporté sur le

0249-6305/85/03010383 $2.00 © Académie des Sciences


384 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

TABLEAU I

Valeur moyenne du demi-diamètre par distance zénithale.


Mean value of half-diameters for each zénithal distance.
Année Z = 60° Z = 45° Z = 30° R

1978 959",35±0'709 959'735±0",06 959'718 + 0",05 959",31


1979 - 959",18±0",05 959",11±0",04 959",16
1980 9.59",35±0",04 959'745±0",05 959",34±0",10 959",38
1981 7 959",26±0",04 959",34±0",03 959",28±0",06 959",29
. .
1982 959",28±0",04 959",27±0",04 959",37 + 0",03 959",29
1983 959",50± 0",03 959",53±0",03 959",55 + 0",08 959'752
1984 959",35±0",04 959",40±0",04 959",33±0",06 959",39

TABLEAU II
Écarts moyens (W-E) des demi-diamètres
observés à l'Ouest (W) et à l'Est (E).
Mean differences (W-E) of half-diameters
between West (W) and East (E) values.

Année Z = 60° Z = 45° Z = 30°


.

1978 +0",23±0",16 +0",45±0'710 -0",06(°)


1979 - +0'723 + 0",09 -0'723 + 0",10
1980 +0",12±0",09 +0",29±0",11 -0",47±0",22
1981 -0'703±0",09 + 0'703±0'-',07 -0",22±0'709
1982 +0",11±0",10 -0'709±0",10 -0",ll+0",04
1983 0",00 + 0",08 -0",08±0",08 -0",35(a)
1984 -0",09±0'713 +0",09±0",12 — 0",17(a)
Z = distance zénithale d'observation. (a) Nombre de déterminationsinférieur à 10.

tableau II les écarts moyens correspondants aux seuls passages complets observés le
même jour à l'Est et à l'Ouest.
Au contraire de ce que l'on pouvait craindre, un effet systématique semble davantage
affecter la plus faible distance zénithale de 30° où les écarts de temps séparant les passages
Est et Ouest ne dépassant pas 3 à 4 h et pour lesquels les variations de la réfraction sont
moindres. Cette distance zénithale n'est accessible que durant les mois d'été (mai à août),
période pendant laquelle l'amplitude diurne thermique sur le site est la plus grande [6] et
l'on pourrait donc être tenté d'y voir une origine saisonnière.
Une autre interprétation peut cependant être envisagée dans les résultats qui suivent.
3. L'inclinaisonhéliographique du diamètre vertical observé à l'astrolabe varie avec la
distance zénithale, mais aussi pour une distance zénithale donnée selon que l'on observe
à l'Est ou à l'Ouest. Cette variation peut atteindre jusqu'à 50° le même jour.
J. C. Pecker [7] nous a suggéré l'éventuelle existence de corrélation entre le diamètre
observé et son inclinaison sur l'équateur solaire. Les diamètres observés étant groupés
par classes d'inclinaison héliographique sur l'équateur solaire ( fig.) et +n'ayant retenu que
les seuls passages complets d'observation à l'Est et à l'Ouest le même jour, les écarts
entre classes (tableau III) révèlent une valeur moyenne du demi-diamètre observé, plus
faible, à 30° de part et d'autre de l'axe de rotation du Soleil. En outre, le signe de l'écart
moyen entre les classes 2 et 5 peut être rapproché de l'effet systématique observé à 30°
de distance zénithale sur le tableau II. En effet, cet écart dont l'effectif est le plus grand
C. R. Acad, Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6,1985 385

Inclinaison héliographiquedu diamètre observé.


Heliographic inclination of the observed diameter.

TABLEAU III
Écarts entre classes d'inclinaison héliographique.
Differences between classes of heliographic inclination.
(1-4). 0",09 + 0-',06 78 écarts
(2-4 . .
+0",21±0",06 73 écarts
...
(5-3). .
.. .... . -0" 01-+0",06 84 écarts
(6-3). ....... +0",06±0",08 45 écarts
(2-5)......:., -0"04,±0",03 180 écarts

concerne une différence de classes établie pendant les mois d'été à toutes les distances
zénithales.
Il nous paraît intéressant de noter que, si les écarts (1.-4) et (2-4) correspondent à des
différences de diamètre obtenues entre le soir et le matin, les écarts (6-3) et (5-3) sont au
contraire obtenus entre le matin et le soir.
En outre, les écarts (1-4) et (2-4) sont établis durant une période couvrant la fin de
l'hiver et les mois de printemps, tandis que les différences (6-3) et (5-3) le sont sur les
mois de fin d'été et d'automne.
Aux barres. d'erreurs près, le même signe sur des écarts de classes établis dans des
conditions différentes pourrait nous conduire à interpréter cet effet en termes d'aplatis-
sement apparent.
...
Nous avons regroupé les écarts entre classes pour ne considérer que seulement 3 zones
d'inclinaisonhéliographique du diamètre observé. Les différences entre zones deviennent :

Notons que l'ordre de grandeur du rapport AR/R entre rayon polaire et incliné à
environ 40° sur l'équateur, qui pourrait être déduit de ces mesures, soit 9.10- 5, est très
largement supérieur à la mesure publiée par Hill et Stebbins [S], mais il peut être
rapproché de la valeur donnée par Dicke et Goldenberg [9] ; ces dernières mesures
concernant toutefois des rayons polaire et équatorial.
Nous pensons qu'il est prématuré d'interpréter en terme d'aplatissement les résultats
que nous venons de présenter. Il convient, en effet de souligner l'éventuelle influence des
effets diurnes et saisonniers qui ne manquent pas d'affecter les caractéristiques optiques
de l'atmosphère et, par suite, les mesures elles-mêmes. Nous savons, que dans le plan
image la répartition spatiale du bord solaire, ou étalement, est affectée par les variations
386 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

atmosphériques. Des mesures ont montré que la position du point d'inflexion du bord
solaire est liée à la forme de l'étalement et que l'on observe un retrait du point d'inflexion
quand l'étalement de l'image croît [10].
La variation diurne de l'étalement pourrait alors expliquer que le diamètre observé le
soir soit systématiquement plus petit que celui déterminé le matin, notamment pendant
les mois d'été à 30° de distance zénithale (tableau II). Ce phénomène pourrait expliquer
de la même manière le caractère systématique des écarts (2-5) établis également en été et
concernant des différences de diamètres obtenues entre le soir et le matin (tableau III).
Nous développons sur notre astrolabe un système d'acquisition qui devra permettre
de mieux définir la mesure par l'observation du point d'inflexion du bord solaire et de
ses déplacements relatifs.
CONCLUSION. La méthode de déterminationdu diamètre à partir de nos observations

présente tout l'intérêt des caractéristiques instrumentales propres à l'astrolabe et à ses
prismes réflecteurs. En effet, la référence qui sert ici à la datation des passages est
matérialisée par un prisme d'angle constant qui définit lui-même sur la sphère locale le
lieu géométrique d'observation ; la mesure du diamètre vertical est affranchie de la
réfraction différentielle.
De plus, les résultats que nous avons présentés dans cette Note sont issus d'un
programme d'astrométrie qui, par nature, nécessite de couvrir de longues durées. Ce n'est
qu'à cette condition que des effets périodiques ou à caractère systématique pourront être
détectés.
Cependant, les résultats obtenus sont empreints d'une incertitude liée aux effets person-
nels qui subsistent et sont difficiles à évaluer. Une autre incertitude concerne la définition
du point observé sur le bord solaire. Des travaux instrumentaux en cours devraient
conduire à améliorer encore la qualité de nos mesures.
Remise le 3 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] F. LACLARE, J. DEMARQ et F. CHOLLET, Comptes rendus, 291, série B, 1980, p. 189-192.
[2] S. DEBARBAT et B. GUINOT, La méthode des hauteurs égales en astronomie, 1970, Gordon et Breach,
Paris, Londres, New York (1978).
[3] F. LACLARE, Astron. Astrophys., 125, 1983, p. 200-203.
[4] Ph. DELACHE, F. LACLARE et H. SADSAOUD, soumis à Nature, 1985.
[5] F. CHOLLET, Thèse, Université Pierre-et-Marie-Curie,Paris-VI, 1981.
[6] F. LACLARE, Thèse, Université de Paris, 1969.
[7] 1. C. PECKER, communication personnelle, 1982.
[8] H. A. HILL et R. T. STEBBINS, Astrophys. J., 200, 1975, p. 471-483.
[9] R. H. DICKE et H. M. GOLDENBERG, Phys. Rev. Letters, 18, 1967, p. 313-316.
[10] J. RÖSCH et R. YERLE, Solar Diameter (s), Solar Physics, 82, 1983, p. 139-150.

Centre d'Études et de Recherches géodynamiques et astronomiques,


06130 Grasse.
C. R. Acad.Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985 387

SYSTÈMES EXTRA-GALACTIQUES.
— Galaxies à la périphérie du Superamas
Local. Note de Edmond Giraud, présentée par Jean Claude Pecker.

On met en évidence un écart moyen de mag entre le module de distance déduit de la vitesse radiale
et celui de la relation de Tully-Fisher pour des galaxies de vitesse radiale supérieure à 3700 km.s- 1 du
+0,81

catalogue de Bottinelli et coll. [3].

EXTRA-GALACTICSYSTEMS. -Galaxies at the periphery of the Local Supercluster.


This paper reports on a mean difference of + 0.81 mag between the distance moduli derived from the redshifts
and from the Tully-Fisher relation for a sample ofgalaxies with radial velocitiesV S 3,700 km. s-1 1 in the Bottinelli
et al. catalogue [3].

1. INTRODUCTION. — Dès 1958, de Vaucouleurs a montré qu'une composante de


rotation et probablement. une composante d'expansion différentielle sont nécessaires pour
rendre compte du champ des vitesses dans le Superamas Local [5]. Une confirmation du
mouvement de rotation a été obtenue par Aaronson et coll. [1] et, très récemment, Tully
et Shaya [11] ont étudié l'effet de contraction au voisinage de l'amas de la Vierge, mais
les modèles sphériques centrés sur l'amas de la Vierge paraissent insuffisants [6].
Dans son étude sur la distribution en trois dimensions des galaxies proches, Tully [12]
admet implicitement que les limites du Superamas sont atteintes pour V^3 000 km.s- 1.
Pourtant, quelques galaxies comme.NGC 753, NGC 1659, NGC 2942 ont des modules
de distance inférieurs à 32,4 bien que leur vitesse radiale soit supérieure à 4000 km. s-1 1
[8].
Dans ma thèse j'ai montré, en utilisant des galaxies de vitesse de rotation
[8],
VM^175km.s_ 1 de façon à éviter la plus grande partie du biais de Malmquist, et au
moyen d'une version de la relation de Tully-Fisher voisine de celle de Bottinelli et coll.
[4], que le rapport de Hubble croît avec la vitesse radiale des galaxies. Ces galaxies étaient
situées dans le Superamas Local et cette variation pouvait donc avoir une origine
dynamique. La publication du catalogue de Bottinelli et coll. [3] rend possible une
première comparison des vitesses radiales de galaxies telles que V^3 700 km.s- 1 à leur
distance de Tully-Fisher.
2. L'ÉCHANTILLON. — Bottinelli et coll. [3] ont déterminé les modules de distance de
822 galaxies ayant un disque dans le domaine 24<u<35. Parmi les objets de cet
échantillon on a sélectionné les galaxies NGC de vitesse radiale supérieure à 3 700
km. s- 1, d'inclinaison supérieure ou égale à 27°. On a admis les modules de distance [3]
et par conséquent la méthode d'utilisation de la relation de Tully-Fisher de Bottinelli et
coll. [4] et l'étalonnage local de de Vaucouleurs. Cet étalonnage conduit, pour les
galaxies de vitesse radiale inférieure â 2000 km.s~ 1 relativement au Groupe Local, à
H = 91+3km.s-1. Mpc-1 (voir [8]). Les modules de distance de Tully-Fisherdes galaxies
telles que V>3 700 km.s- 1 seront donc comparés à ceux déduits des vitesses radiales
dans un flot uniforme de Hubble pour lequel H = 91 (qui est donc celui obtenu avec une
coupure à V=2000 km.s-1). Dans ce cas les modules de distance s'obtiennent par :
tio.(V) = 5(log (l,099 V) + 3).
Les vitesses radiales de l'échantillon sont corrigées du mouvement solaire par rapport
au Groupe Local selon les indications du Revised Shapley Ames Catalog [16], p. 11.
Les colonnes du tableau indiquent respectivement : le numéro NGC de la galaxie, sa
vitesse radiale corrigée, le module de distance de Tully-Fisher [3], la différence, exprimée

0249-6305/85/03010387 S 2.00 © Académie des Sciences


388 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

TABLEAU
NGC V0(km.s-1) nJv(VM) Au a(u) NGC V0(km.S-1) u^v(VM) Au a(u)

23 4833 32,31 1,32 0,24 2942 4403 32,27 1,16 0,39


26 4850 32,48 1,15 0,45 2989 3949 33,42 -0.25 0,40
95 5 681 33,55 0,43 0,30 4357 4154 32,23 1,07 0,41
145 4292 31,05 2,32 0,65 4738 4730 33,24 0,34 0,41
151 3876 32,12 1,03 0,16 5000 5572 31,94 2,00 0,75
165 5998 34,09 0,00 0,62 5172 3961 32,30 0,89 0,18
180 5370 33,00 0,85 0,60 5227 5115 33,02 0,73 0,73
214 4753 32,73 0.86 0,28 5230 6756 31,40 2,95 0,62
237 4368 33,42 -0,01 0,24 5293 5722 33,12 0,87 0,53
257 5432 33,09 0,79 0,48 5406 5503 31,58 2,33 0,38
309 5782 31,79 2,23 0,79 5548 5142 32,69 1,07 0,50
562 10534 32,31 3,01 0,75 5618 7027 33.08 1,36 0,53
673 5 375 32,60 1,26 0,53 5 859 4744 32,83 0,76 0,18
706 5135 32,07 1,69 0,51 5981* 5207 32,69* 1,10 0,21*
753 5137 32,38 1,37 0,21 6007 10564 33,24 2,08 0,49
818 4494 32,17 1,30 0,41 6032 4448 32,82 0,63 0,42
871 3907 32,38 0,78 0,21 6372 4886 32,47 1,18 0,45
958 5844 33,20 0,84 0,17 6906 5018 33,13 0,58 0,18
1094 6560 33,87 0,42 0,52 6962 4370 32,63 0,78 0,34
1417 4156 32,52 0,78 0,22 7 015 5 092 32,13 1,61 0,87
1642 4642 31,64 1,90 0,81 7102 5045 31,82 1,90 0,29
1659 4569 31,95 1,55 0,46 7300* 5130 33,23* 0,53 0,23*
1667* 4523 32,53* 0,95 0,52* 7319* 6905 31,19* 3,21 0,46*
1961 4145 32,54 0,75 0,20 7 343 6359 32,89 1,33 0,46
2347 4597 33,43 0,09 0,26 7624 4468 33,65 -0,19 0,32
2 512 4650 33,22 0,32 0,46 7 682* 5 359 33,71* 0,14 0,54*
2532 5285 32,73 1,09 0,41 7782 5 584 33,52 0,42 0,20
2595 4254 32,28 1,08 0,53 7816 5440 32,69 1,19 0,86
2691 3961 32,55 0,64 0,48 7819 5 240 32,68 1,12 0,65
Les modules de distance des galaxies signalées par un asterisque ci les erreurs o(u) pour ces galaxies
proviennent du preprint [15] paru après soumission d'une première version de cet article.

en magnitudes, entre le module de distance déduit de la vitesse radiale de la galaxie et


son module de distance de Tully-Fisher, l'erreur interne du module de distance de
Tully-Fisher [3].
3. ANALYSE ET DISCUSSION. On vérifie que le module de distance déduit de la vitesse

radiale dans un flot uniforme de Hubble tel que H = 91 km. s" 1. Mpc- 1 est supérieur à
celui de la relation de Tully-Fisher 54 fois sur 58 avec un excès moyen de 1,10 mag. Le
lecture de la colonne 4 montre que l'effet est parfaitement décelable si on admet une
erreur moyenne de 0,44 mag déduite de la colonne 5. Il est surprenant de trouver si peu
de valeurs négatives.
La figure représente l'histogramme des Au.. L'erreur moyenne a été représentée par
une bande. La précision de la correction 1/sin i relative aux largeurs de raies, se dégrade
rapidement pour les faibles inclinaisons. Si on restreint l'échantillon aux galaxies dont
l'erreur sur le module de distance est inférieure à 0,44 mag, l'excès moyen est de
0,81 mag (28 galaxies) et l'erreur moyenne est de 0,28 mag. L'excès par rapport au flot
de Hubble déduit du domaine V:g2000 km.s^ 1 est donc encore décelable.
Ce résultat est très surprenant, car accepté sans correction du biais de Malmquist, il
peut être interprété par un accroissement continu de H qui, commence aux petites vitesses
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985 389

radiales à une valeur voisine de 75 [8] et atteindrait ~130 au-delà de 3 700 km.s- 1. Si
ce résultat est dû aux vitesses radiales, bien qu'on ne puisse pas conclure que la loi de
Hubble présente une non-linéarité (parce que le biais de Malmquist est présent dans
l'échantillon et parce que la constante de Hubble se détermine en sélectionnant des
galaxies dans un domaine de distances), on peut déduire que la dispersion des vitesses
radiales autour du flot de Hubble est plus importante que ce qui était estimé jusqu'ici.
Dans le travail de de Vaucouleurs et coll. [7], on voit très bien (se reporter à [8]) que
la dispersion des magnitudes absolues déduites des vitesses radiales est supérieure à celle
déduite de la relation de Tully-Fisher (et d'ailleurs aussi des indicateurs tertiaires de de
Vaucouleurs [8]). Cela pouvait très bien provenir de la dispersion supplémentaire du
champ des vitesses mais aussi d'une pente trop faible de la relation de Tully-Fisher qui
ainsi ne décrirait pas la totalité du domaine de magnitudes.
Ces restrictions étant précisées, ces objets sont en moyenne trop brillants ou ont un
diamètre apparent trop grand pour la masse impliquée par leur vitesse maximale de
rotation. Certaines de ces galaxies font d'ailleurs partie du catalogue de spirales géantes
de Romanishin [17].
Remise le 8 octobre 1984, acceptée après révision le 29 avril 1985.

RÉFÉRENCÉS BIBLIOGRAPHIQUES

[1] AARONSON, J. HUGHRA, J. MOULD et R. B. TULLY, Astrophys. J., 258,


[2] M. 1982, p. 64.
L. BOTTINELLI, L. GOUGUENHEIM et G. PATUREL, Astron. Astrophys. Suppl, 47, 1982, p. 171.
[3] L. BOTTINELLI, L. GOUGUENHEIM, G. PATUREL et G. DE VAUCOULEURS,Astron. Astrophys. Suppl., 56,
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[4] L. BOTTINELLI, L. GOUGUENHEIM, G. PATUREL et G. DE VAUCOULEURS,Astron. Astrophys., 118, 1983,
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[5] G. DE VAUCOULEURS,Astron. J., 63,1958, p. 253.
[6] G. DE VAUCOULEURS, dans. Groups and clusters of galaxies, Trieste, 1983,. D, Reidel, The Netherlands
(sous presse).
[7] G. DE VAUCOULEURS, W. L. PETERS, L. BOTTINELLI, L. GOUGUENHEIM et G. PATUREL, Astrophys. J.,
248, 1981, p 408.
[8] E, GIRAUD, Galaxies normales autour du flot de Hubble, Thèse d'état 1984.
[9] E.GIRAUD et J. P. VIGIER, Dispersion des vitesses radiales dans le Superamas Local, 1984, soumis.
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[11] R. B. TULLY et E J, SHAYA, Astrophys. J., 281, 1984, p. 31
[12] R. B. TULLY, Astrophys.J., 251, 1982, p. 389.
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[14] G. DE VAUCOULEURS,A. DE VAUCOULEURSet H. G. CORWIN, 1976, Second reference catalog of bright
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[16] A. SANDAGEet G. A. TAMMANN, A revised Shapley-Ames catalog of bright galaxies, Carnegie Institution
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[17] W. ROMANISHIN, Mon. Not. R. Astron. Soc, 204, n° 3, 1983, p. 909.
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[19] E. GIRAUD, A color dependencein the distance moduli derived from the B and H Tully-Fisherrelation,
Astron. Astrophys. (sous presse).
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J. (sous presse).

Mount Wilson and Las Campanas Observatories, Carnegie Institution of Washington,


813, Santa Barbara Street, Pasadena, California 91101, U.S.A.

Note du Présentateur

La Note de Edmond Giraud a fait l'objet de plusieurs révisions à la suite d'échanges


très fructueux avec un expert. Ce dernier est bien d'accord avec des résultats obtenus et
notamment sur l'existence d'un excès moyen de l'ordre de 0,81 mag du module de
distance déduit de la vitesse radiale sur celui que l'on déduit de la relation de Tully-Fisher,
pour les galaxies de vitesse radiale supérieure à 3 700 km.s- 1.
En revanche l'expert a maintenu certaines réserves, en particulier sur la conclusion
qu'en tire Edmond Giraud quant à l'accroissement de H, constante de Hubble, avec la
distance cinématique.
J'ai estimé que les idées de l'auteur devaient néanmoins être publiées, mais je tiens à
signaler aux lecteurs cette divergence sur des interprétations qui peuvent, de fait, être
l'objet de controverses.

Note de l'auteur : Après qu'une première version de cette note ait été présentée, j'ai
étudié le problème présenté ici de façon plus approfondie, en utilisant un échantillon
soigneusement sélectionné dans le domaine 200km. s_1<V<5000km.s- 1. Ce travail a
donné lieu aux publications [18] et [20] actuellement sous presse où le biais de Malmquist,
là pente de la relation de Tully-Fisher, et un modèle du champ des vitesses radiales, ont
été discutés en référence avec le problème posé.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985 391

OCÉANOGRAPHIE DYNAMIQUE.
— L'eustatisme lié à la réduction mésozoïque
des cuvettes océaniques en relation avec l'extension des bassins intracontinentaux. Note de
Dominique Bureau, présentée par Xavier Le Pichon.

La réduction des cuvettes océaniques, induite par l'extension des bassins intracontinentaux au cours du
Mésozoïque, pourrait avoir entraîné une montée du niveau marin,global d'une trentaine de mètres.

DYNAMICAL OCEANOGRAPHY.— Evaluation of intracontinental Mesozoïc stretching resulting in a


decrease of the oceanic basin surface and a marine level increase.
The surface of the oceanic basin decreases with the continental rifting of Rangea ; during Mesozoïc, it gives an
eustatic rise which is estimaledto be about 54 m. In this paper, we suggest similar evaluation for the intracontinen-
tal stretching based on the calculated extension within various intracontinentalbasins. The obtained eustatic rise
is about 30 m.

1. INTRODUCTION. L'extension du domaine intracontinental se produit aux dépens



de la surface du domaine océanique et doit donc entraîner une variation du niveau marin
global. Cette évidence se dégage des travaux de Mc Kenzie [1], de Southam et Hay [2] et
de ceux de Harrison et coll. [3], ces deux dernières publications concernant l'extension
de la surface continentale liée par les seuls rifts ayant dispersé la Pangée.
On peut déduire de ces travaux la réduction de la surface des océans au cours du
Mésozoïque Soc qui aurait pour valeur Soc = 7,7. l0 6 km2 (7,7 Mkm2).Le rapport de cette
surface à celle des océans anciens, permet de calculer la montée eustatique en prenant
pour référence la profondeur moyenne de l'océan, préalablement diminuée de la valeur
de l'effet présumé [hw = 3 700 m ([2] à [4])]. Pour la même période, Ziegler a produit des
documents palinspastiques qui fournissent l'évolution chronologique des accumulations
sédimenlaires de l'Europe de l'Ouest et du centre [5].
On se propose de présenter une estimation globale des mouvements eustatiques résul-
tant de l'extension mésozoïque des zones intracontinentales (fig. 1) n'ayant pas directe-
ment participé à l'éclatement de la Pangée.
2. L'EXTENSION INTRACONTINENTALE DES BASSINS MÉSOZOÏQUES. — Parmi les accumula-
tions sédimentaires, nous nous sommes interessé à celles dont la subsidence tectonique;
va en s'accélérant, ce qui souligne l'activité d'un bassin et à celles dont les faciès néritiques
permettent de tracer l'évolution paléostructurale induite par l'extension [6].
Dans cette approche, nous avons éliminé les tranches stratigraphiques antérieures à la
phase néocimmérienne, lorsqu'elle s'est manifestée, ainsi que la surface correspondant
aux réductions tectoniques. Il en a été de même pour les tranches de faciès pélagiques et
bathyaux traduisant le début de l'océanisation au coeur d'un bassin.
Nous présentons un aspect mécanique de l'évolution lithosphérique. Le résultat présent
doit subir les modifications thermiques avec lesquelles il se compose ([7] à [9]).
1.1. Le bassin mésozoïque saharien a servi de guide dans ces reconnaissances. Les
nombreuses données qui le concernent ([10] à [12]) permettent d'appliquer la formulé de
Le Pichon et Sibuet pour les calculs de la subsidence tectonique Hz et du taux
d'extension (3. Dans le cas de la période considérée (180 M.a.) la formule à retenir est :
(1) Hkm = 7,83 [i-1/(3] [13].
L'état actuel du bassin saharien, proche de celui dans lequel il se trouvait à la fin du
mésozoïque pour 80% de sa surface, facilite la reconstitution de la partie tectonisée. Il

0249-6305/85/03010391 $ 2.00 © Académie des Sciences


392 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

constitue un exemple qui appuie les approximations effectuées — toujours a minima —


dans certains autres cas.
Dans cette application, l'épaisseur initiale de la croûte est égale à 30 km et la densité
des sédiments ps = 2,3. A partir de la moyenne des valeurs relevées, on passe de la
subsidence observée en faciès néritiques Hs à la subsidence tectonique par la relation :

dans laquelle p,„, densité du manteau, est pris égal à 3,2.


Dans le cas où nous nous sommes placés, l'équation (2) devient :

Les valeurs moyennes sont les suivantes :


longueur du bassin if = 1200 km; largeur finale L' = 976 km; subsidence moyenne
Hs = 4,312.
L'application de l'équation (3) donne :

Cette valeur, reportée dans (1) nous fournit le taux d'extension moyen du bassin
saharien (3m= 1,183 3. Ce taux donnant le rapport de la largeur après extension L' à celle
avant extension L [1], la relation :

nous fournit la largeur initiale L = 825 km; on en déduit que l'extension du bassin d$ est
telle que :

L'extension mésozoïque du bassin saharien a donc réduit le domaine océanique de :


(7) ^
if x = 151 x 1 200 soit environ 180000 km 2.
2.2. La sélection des autres bassins mésozoïques a été menée à partir du travail de
Ziegler [5] et de celui coordonné par G. Choubert et A. Faure-Muret [15]. L'auteur a
également exploité les sources citées sur le tableau.
Les caractéristiques de ces bassins sont connues de façon inégale ainsi que c'est le cas
des bassins antarctiques. D'une manière commune, après une océanisation, la valeur du (3
sur la largeur de la marge est prise égale à 2 (« bassins » thétysiens, en particulier).
Il est évident qu'avec un |3 = 2, soit une subsidence tectonique proche de 5 km [13], la
série sédimentaire n'atteindra pas toujours son maximum théorique, proche de 15 km.
Ainsi, l'apparition de faciès flysh peut correspondre à [3=1,65 (bassin aquitain [16]) en
dépit d'un P = l,85 dans le cas de la mer du Nord [17], où un tel faciès n'apparaît pas.

EXPLICATIONS DE LA PLANCHE

Extension d'un bassin intracontinental. (a) disposition initiale (coupe); (b) mise en évidence de la réduction
de la surface océanique Roc accompagnant un allongement d$ du domaine continental et de l'eustatisme
correspondant ERoc (vue cavalière), i? est la longueur du bassin, L' sa largeur finale, L sa largeur initiale,
hw la tranche d'eau océanique moyenne au début de la période d'extension; 1, bassin réduit à sa puissance
moyenne; 2, bassin réduit à des moyennes régionales; 3, bassin ramené au jeu synsédimentaire des blocs de
son substratum.
The extension of an intracontinental basin. (a) initial arrangement (cross-section); (b) <7p. the lengthening of the
continental area, within Roc. the lost oceanic surface, and ERoc. the corresponding eustatic rise (schematic
diagram). if is the basin length, L' its final and L ils initial width, hw the average of the initial océanic
depth ; sections of basin 1, within the average thickness, 2, within the regional average thickness, 3, within the
synsedimentary paleostructuralpattern on tilted blocks of its substatum.
PLANCHE I / PLATE I DOMINIQUE BUREAU

TABLEAU
Total des réductions Océaniques dues à l'extension des bassins intracontinentaux au Mésozoïque
Roc=4206950 km2 # 4,2Mkm2
Oceanic basin decrease within intracontinentalbasin stretching, during the Mesozoïc.
The amount Roc = 4206950 km2, hence Roc # 4,2 Mkm 2. ..:
Réduction
Superficie Puissance L' océanique
(km2) (km2) P (km2) Sources (km2)

Europe :
Rift ouest européen couloir
rhodanien ...... ... 28 000 5,5 1,25 80 BergeratZiegler
[18] 5 600

Mer du Nord .... ...... (ouverture) Bergerat, 110 000


.
Alpes 440 [5]
... 286 000
300 000
2
1,85 162 . Alvarez [17] 138 000
. . 400 . .
Lorenz [19], Robaszynski [20] 22 200
Bassin Paris-Londres-Bruxelles 240 000 2,5 1,1
Bassin aquitain 105 000
.
1,65 300 Brunet [16] 42 000
Bassin provençauxsl . . .
30 000 4 1,25 100 Dardeau [23] 5 100
Fossé de l'Ebre
Fossé polonais...
Porcupine.
.
Bassin Dniepr-Volga.
. ......
. . . . .

......
.

.
1
130 000
225 000
36 000
200 000
6 -
3,5

8
1,65
1,15
1,25
1,4
325
250
90
1000
Carnerot [21], Salas [22]
Ziegler [5]
Ziegler [5]
Choubert-Faure-Muret [15]
Soit une réduction totale de
51 200
29 700
7 200
342 000
752 800
.

6
Afrique
.

Busson [11], Laffitte [10] 7

.
Bassin saharien
Tripoli-Cyrénaïque

Zaïre............
Bénin . .
1 171 800
600 000
180 000
1 320 000
4,6
4,6
8
1,18
1,18
1,4
1,29
.
500
1 100
976

150
Burollet [24], Busson [11]
Choubert-Faure-Muret [15]
Choubert-Faure-Muret [15]
Soit une réduction de
181 200
93 000
39 600
296 700
610 500
Amérique :
Bassin de Beaufort
Great Plains sl
....:... .
345 000
2 220 000
4,5
5
1,2
1,2
230
600
Bally [25]
Bally [25] et [15]
.
57 500
370000
Amazonie. .. . Bally [25] et Chotin, comm. or., 230 000
.........
Bassins sub-andins .

Patagonie, ..............
800 000
1 500 000.
200 000
5,5
2,5
8 1,4
1,25
1,1
500 400

100
Choubert-Faure-Muret [15]
Chotin [26]
300 000
. Soit une réduction de 975 700
Asie :
SE
Iran.
Syrie et

Tibet-Lob Nor
. . .. . . .. . .
800 000
1 100 000
2 000 000
4,7

5
7 2
1,2

1,2 1000
500
500 Choubert-Faure-Muret [15]
Bally [25]
Choubert-Faure-Muret [15]
550200 000
000
334 000
Amour ..............
Veikhoïansk-LenaAnabar . .
.
2 200 000
300 000
4,7
13
1,2
1,8
1 000
250
Choubert-Faure-Muret [15]
Choubert-Faure-Muret [15]
367 400
133 300
Soit une réduction de 1 584 300
Autres :
Great artesian basin.(Australie) 800 000 3,5 1,14 7 800 Choubert-Faure-Muret [15] 98 000

sea
Amundsen
.......
Antarctique, bassins de Weddel

... . .
. 315
300 000
000 -
1,1
1,1
300
450
Choubert-Faure-Muret [15]
Choubert-Faure-Muret [15]
28 000
28 700
sea.
....
.
Ross
land.
Victoria
Wulkes land .
.

. . . .
. . . .

.
340 000
640 000
420 000
-
-
1,1
1,1
1,1
400
800
300
Choubert-Faure-Muret [15]
Choubert-Faure-Muret [15]
Choubert-Faure-Muret [15]
31 450
58 400
39 200
. Soit une réduction de . 283 750
P est le taux d'extension et L' la largeur finale de lastructure concernée.
$ is the stretching rate, L' the final width of the basin.

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II -28


C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985 395
Nos estimations, fondées sur la puissance des séries à affinités néritiques que l'on rentre
dans l'équation (1), comportent donc une minoration vraisemblable des résultats.
Lorsqu'il existe, le fossé implique un p supérieur à celui du bassin qui le comporte; La
comparaison avec des exemples connus, tels les bassins aquitain ou saharien, montre que
la valeur totale de l'extension d'un bassin peut être de 50% plus élevée que celle due à
son seul, fossé, La considération du seul fossé (Verkhoïànsk-Lena-Anabar par exemple)
conduit par conséquent à une sous-évaluation de la réduction océanique pour laquelle il
est inventorié. Il en est de même pour certains « bassins » thétysiens pour lesquels nous
avons dû nous en tenir à une seule des marges [18].
3.3. Les réductions de la surface océanique liées à l'extension intracontinentale méso-
zoïque ont été comptabilisées par continent. Leur détail est donné dans le tableau. En
résumé, les valeurs de ces réductions sont les suivantes :

En Europe : les bassins de la mer du Nord et de Poreupine, les bassins de Paris,
Londres et Bruxelles, les bassins aquitain, de l'Ebre et provençaux, le rift ouest-européen
et des Alpes septentrionales, le fossé polonais et le bassin des Dniepr et Volga... environ
750 000 km2.


En Asie : les bassins du golfe persique, Nord-Tibet et de la Chine septentrionale,
les fossés de Verkhoïansk-Lena-Anabar... environ 1 600 000 km2.

En Amérique : le bassin de Beaufort, les Great Plains, le; fossé amazonien, les
bassins sub-andins s. l et de Patagonie... environ 100 000 km2.

En Afrique : le bassin saharien et son prolongement vers le Cyrénaïque, celui du
Zaïre, le fossé du Bénin... environ 600 000 km2.

En Australie : le « Great Artesian Basin »... environ 100 000 km2.
— En Antarctique : les diverses accumulations crétacées qui ont été affectées d'un
taux minimal d'extension (1,1)... environ 180 000 km2.
Le bilan de la réduction de surface océanique liée à l'extension mésozoïque des bassins
intracontinentaux, Roc, s'établit donc à :

3. EUSTATISMEINDUIT PAR L'EXTENSION DES BASSINS. — L'estimation proposée emploie la


méthode de Southam et Hay [2] évoquée plus haut.
Nous avons pris pour la surface des océans actuels, S'ac, là valeur S'ac = 363 Mkm2. et
pour surface des océans à la fin du Mésozoïque Smz = 364,1 Mkm2 ([2] et [3]). La réduction
mésozoïque liée aux marges de l'éclatement pangéen est Soc=7,7 Mkm2. La surface
initiale Sin, s'établit donc à :

La variation eustatique liée à l'extension mésozoïque des bassins intracontinentaux


ERoc est alors :

soit (42/3 760) 3700 = 41,33 m et, après compensation isostatique,

Cela correspond à un volume V Roc = Roc. hw= 15,5


Mkm3 soit, approximativement, la
moitié de celui des glaces actuelles.
4. CONCLUSIONSET DISCUSSION, — La réduction océanique issue de l'extension des rifts
pangéens au cours du Mésozoïque, telle qu'elle ressort des travaux antérieurs, entraînerait
396 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

une montée eustatique compensée d'environ 54 m [3]. Pendant la même période, l'exten-
sion des bassins intracontinentaux actifs provoque une montée complémentaire de l'ordre
de 30 m, dans la mesure où le mécanisme de la subsidence est bien lié à l'extension.
L'individualisation des bassins actifs, dont le mécanisme géodynamique entretient la
subsidence tectonique, correspond par conséquent à l'apparition d'une tendanceeustatique
qui la renforce.
Quelles que soient les valeurs finalement retenues, il est clair que la partie des séries
liées à cette tendance eustatique ne doit pas intervenir dans les calculs de l'extension
fondés sur la subsidence tectonique.

Remise le 3 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Thèse Doct. État., Université de Paris-VI, 1985, 345 p.
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Doct. État, Université de Toulouse, 1974, ENADIMSA, Madrid, 517 p.
[22] R. SALAS, in X. Congr. Nac. Sedimentologia, Minorque, 1983, 5 p.
[23] G. DARDEAU, Le Jurassique des Alpes maritimes France, Thèse Doct. État, Université de Nice, 1983,
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1972.
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[26] P. CHOTIN, Les Andes méridionales et la terminaison du bassin andin : Le Lonquimay (Chili) et le
Neuquen (Argentine) (Lat. 38°45'), Thèse Doct. État, Université de Paris-VI, 1975, 300 p.

Laboratoire de Géodynamique et L.A. n° 215, Tour 15,


Université Pierre-et-Marie-Curie,4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985 397

OCÉANOGRAPHIE DYNAMIQUE. — Influence des apports rhodaniens sur la struc-


ture du système particulaire dans le Golfe du Lion. Note: de Christian Loeillet et Michel
Leveau, présentée par Jean-Marie Pérès.

L'analyse statistique des distributions de taille des particules en suspension au moyen de l'analyse en
composantes principales met en évidence une partition du Golfe du Lion en trois zones caractérisées par : un
apport direct en particules d'origine rhodanienne, une influence eutrophisante du fleuve, une situation typique-
ment marine perturbée par des remontéesd'eau profonde. En surface, la charge particulaire décroît rapidement
de l'embouchure vers le large, tandis que la taille moyenne des suspensoïdes augmente du fait du développement
des populations phytoplanctoniques. Au fond, dès l'embouchure, la taille moyenne des particules évolue vers
les fines, la charge particulaire restant importante sur tout le plateau continental, elle accentue ainsi les
différences avec les niveaux supérieurs.

DYNAMICALOCEANOGRAPHY.— Influence of discharge from thé Rhône on the structure of suspensed


particulate matter in the Gulf of Lion;
A statisticalanalysis of size distribution of suspensed particles, by means ofprincipal component analysis.-points
out a partition in three zones within the Gulf of Lion whose characteristicsare: direct discharge of particlesfrom
the Rhône, eutrophicatinginfluence of the stream, state representative of seawater but disturbed by upwelling. At
the sea surface, the amount of particulate matter decreases rapidly front the mouth to offshore whereas the mean
size of suspensoids increases due to the growth of phytoplanktonicpopulations. At the bottom, from the very
mouth, the mean size of particles envolves into fine-grained materials, but the total amount of particulate matter
remains high over the whole continental shelf, which increases the differences with the higher levels.

Les apports rhodaniens en particules dans le Golfe du Lion contribuent à modifier


profondément la structure et le fonctionnement du système pélagique côtier [3]. Par
ailleurs, leur étude est indispensable pour élucider la dynamique sédimentaire sur les
marges continentales [1].
Jusqu'à ces dernières années, les diverses études concernant le matériel particulaire en
suspension (MPS) portaient sur des mesures en poids sestonique et de turbidité, ou sur
la nature et la composition des suspensoïdes ([2], [3]; [10]). peu de travaux prennent en
compte la granulométrie des suspensoïdes, et ce, tout particulièrement en Méditerranée
occidentale [5]. Les résultats obtenus lors de la mission Eurhogli comblent en partie cette
lacune et devraient permettre une meilleure estimation de l'impact des apports rhodaniens
sur le Golfe du Lion.
I. ZONE PROSPECTÉE, MÉTHODOLOGIE UTILISÉE. — Nous tentons une description systéma-
tique de la structure et de la répartition du MPS dans le Golfe du Lion, à partir de
l'étude des distributions de taille des suspensoïdes, mesurées lors de la mission Eurhogli
(juillet 1983), sur un réseau de 65 stations réparties sur l'ensemble du golfe. Trois niveaux
de prélèvement ont été prospectés (S: surface; I : — 20 m; F : fond). La période
d'observation a été précédée par plusieurs jours de fort mistral, succédant à un régime
hydrologiquedu Rhône exceptionnel après les crues d'avril-mai (3 000 m3/s à la mi-juin).
Les résultats obtenus ont permis de rendre compte, d'une part de la répartition
horizontale des spectres de taille des particules en fonction de l'intensité de la dilution
des eaux rhôdaniennes, et, d'autre part, de leur distribution verticale en relation avec
l'importance de la stratification thermohaline.
La détermination des spectres de taille particulaires a été effectuée à l'aide d'un
« Coulter Counter TAII » modifié de façon à travailler avec plusieurs sondes de mesure.
L'acquisition des données est faite sur un micro ordinateur « Hewlett Packard 85 », la
validation des résultats est basée, d'une part sur la qualité du recouvrement des données
obtenues au moyen des différentes sondes, et, d'autre part, sur la ressemblance entre les

0249-6305/85/03010397 $ 2.00 © Académie des Sciences


398 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

TABLEAU
Comparaison des valeurs de température et de salinité, ainsi que des caractéristiquesdu matériel particulaire
en suspension, observées en surface aux trois stations situées devant l'embouchure du Rhône.
Stations 30 31 32

Latitude N 43°18'2 43°18'5 43°18'0


Longitude E 4°46'8 4°49'8 4°59'8
Profondeur (m) 54 65 65
Température (°C) 20,77 21,28 21,79
Salinité (%) 18,91 22,72 33,40
Nombre de particules par millilitre,
1,26<0<50,8 um 20 137 7 760 5 360
Poids sestonique (mg/1) 18,1 14,9 5,6

réplicats mesurés sur un même échantillon avec une sonde donnée [9]. Après validation
de cet ensemble de données, la fenêtre de mesure autorisée par les deux sondes utilisées
(diamètre d'orifice 70 et 200 um) se compose de 16 classes de taille s'étendant entre 1,26
et 50,8 um.
L'outil mathématique employé pour traiter les données est l'analyse en composantes
principales (ACP), calculée sur une matrice de corrélation entre classés de taille et obtenue
à partir des effectifs particulaires rangés (nombre de particules par millilitre) (corrélation
de rang de Spearman).
II. RÉPARTITION DU MPS DANS LE GOLFE DU LION. — Dans l'ACP (182 observations,
16 variables), le pourcentage de la variabilité totale extraite par les deux premières
composantes est de 83%, puis décroît rapidement (6,9% pour le troisième axe), ce qui
indique le caractère fortement hiérarchisé de l'information recueillie.
Le regroupement des observations permet, après un découpage du premier plan factoriel
en sept zones, de dégager quelques spectres de taille caractéristiques, se distinguant selon
le double critère de l'importance de la charge particulaire et de la forme de la distribution
(asymétrie et aplatissement).

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 1. Analyse en composantes principales réalisée sur les effectifs particulaires en surface (S), à —20 m (I)

et au fond (F). Projections sur le premier plan factoriel : les caractéristiques encadrées correspondent
à l'ordination proposée par les 16 classes de taille, les chiffres 1 à 7 expriment les regroupements des
185 observations déterminant 7 spectres granulométriques types.
Fig. 1. — Principal component analysis of the amounts of particulate matter at sea surface (S), at —20 m (I)
and at the bottom (F). Projections on the plan defined by axes I and II: characteristics within a frame are
those ordinated by the 16 size frequencies, Figures 1 to 1 express the 1 typical grain spectra obtained by the
clustering of 185 observations.
Fig. 2. — Schéma résumant l'évolution de la structure du matériel particulaire en suspension dans le Golfe du
Lion. La répartition des différents spectres granulométriquestypes déterminent trois zones : I : zone primaire
de dilution des eaux rhôdaniennes, II : zone d'eutrophisation (effet secondaire), III : zone marine non
perturbée par les eaux continentales (PPB : mm3.m-3).
Fig. 2. — Diagram summarizing the evolution of the structure of the suspended particulate matter in the Gulf of
Lion. Distribution of the various typical grain spectra gives rise to three areas: I: primary diluation area from
the waters from Rhône, II: eutrophication area (secondary effect), III: marine area non disturbed by continental
waters.
PLANCHE I/PLATE I CHRISTIAN LOEILLET
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985 401

L'évolution de l'abondance et de la granulométrie des suspensoïdes peut alors être


schématisée pour chacun des trois niveaux de prélèvements (fig. 1).
La répartition géographique des: échantillons de chacun des sept groupes spectraux,
définis dans l'espace du premier plan par deux paramètres essentiels (importance et forme
de la charge particulaire), détermine, par leurs associations spatiales, pour chaque niveau
de prélèvement, trois zones (notées I, II et III) représentées sur la figure 2. Les spectres
de taille dès particules caractéristiques de chacune des zones aux différents niveaux, y
sont également notés.
Cette zonation, caractéristiquede l'affrontement entre deux systèmes eaux continentales
eaux marines, est déterminée uniquement par l'ordination des spectres granulométriques
et concorde avec l'interprétation de la structure hydrologique obtenue à partir d'autres
paramètres comme la salinité ou la distribution des sels nutritifs [7].
III. PRINCIPALESCARACTÉRISTIQUESPARTICULAIRES. — La zone I peut être définie comme
une aire de dilution primaire des apports rhodaniens.Sur le spectre particulaire de surface
(S-1) on notera l'abondance des suspensoïdes répartis en deux modes, le plus fin étant
nettement tronqué (diamètre des particules respectivement inférieur à 2 um et compris
entre 10 et 30 um). A la couche dessalée de surface correspond une importante charge
particulaire, mais le nombre de particules décroît très vite lorsque l'on s'éloigne du
débouché du Rhône. La zone est nettement déportée vers l'Ouest (tableau), ce n'est pas
la station située directementen face de l'embouchure qui est la plus touchée par l'influence
rhôdanienne. Cette situation est classiquement décrite [6].
Au niveau intermédiaire (1—2), la charge particulaire diminue nettement par rapport
à la surface et la distribution plus grossière est tronquée par la fenêtre de mesure.
Au fond (F — 4), si la charge particulaire resté très inférieure à celle de surface, on
constate un net enrichissement par rapport au niveau de prélèvement 1—2. On observe
une diminution notable de la taille moyenne consécutive à la disparition des particules
les plus grosses (> 10 um); un mode marqué entre 2 et 8 um caractérise la couche
néphéloïde benthique.
Dans la zone II, correspondant à la presque totalité du plateau continental du Golfe
du Lion, on note un effet secondaire des apports rhodaniens consécutifs à l'eutrophisation
du milieu marin [7]. Ceci se traduit, pour les niveaux situés dans la couche euphotique,
par une nette asymétrie des distributions (S —6, I — 6) orientées vers le pôle grossier
(matériel phytoplanctonique).
Au fond; la charge particulaire est plus importante et la taille moyenne est inférieure
(F —3).Ceci corrobore les observations d'Aloisi et coll. [1], qui notent une extension de
la couche néphéloïde benthique sur tout le plateau continental. Il apparaît ici que cette
couche conserve les caractéristiques granulométriques acquises peu après le débouché du
Rhône, l'opposition avec la situation de surface est alors maximale. On peut également
remarquer qu'à ce niveau l'influence des fleuves de la côte du Languedoc-Roussillonse
fait nettement sentir.
Dans la zone III, caractérisée par ailleurs par des salinités supérieures à 38°/00, on
observe une charge particulaire très faible associée à un spectre « plat », typique des
zones oligotrophes [8]. Une exception remarquable est à noter pour la fraction grossière
de la distribution de taille dès particules au niveau intermédiaire.
Ceci correspond à la présence d'eaux issues de mélanges avec les eaux continentales
(salinité à —20 m : 37,85 0/00), sous une eau d'origine profonde attestée par des salinités
supérieures à 38,20 0/00.
402 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

L'explication des causes de ce phénomène, qui n'a jamais encore été décrit dans cette
région, demanderait une étude particulière prenant en compte l'ensemble des paramètres
mesurés lors de la campagne Eurhogli (première partie).
Ainsi l'analyse des distributions de taille de particules en suspension, menée au moyen
de l'analyse en composantes principales, a permis de dégager les bases descriptives
préalables à toute tentative de compréhension, puis de modélisation de l'impact des
apports rhodaniens dans le Golfe du Lion, tant au niveau des cycles sédimentaires que
des écosystèmes phytoplanctoniques.
Dans l'avenir, ce type d'approche devrait s'avérer fructueux pour l'étude de la dynami-
que du système particulaire des aires soumises à une influence continentale marquée.

Remise le 29 avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] J. C. ALOISI, A. MONACO, C. MILLOT et H. PAUC, Comptes rendus, 289, série D, 1979, p. 879-882.
[2] J. C. ALOISI, J. P. CAMBON, J. CARBONNE, G. CAUWET, C, MILLOT, A. MONACO et H. PAUC, Oceanol.
Acta, 5, 1982, p. 481-491.
[3] F. BLANC, H. CHAMLEY et M. LEVEAU, Comptes rendus, 269, série D, 1969, p. 2509-2512.
[4] F. BLANC et M. LEVEAU, Mar. Biol., 5, 1970, p. 283-293.
[5] J. C. BRUN-COTTAN, J. Rech. Océanographique, 1, 1976, p. 41-54.
[6] H. DEMARCQ et L. WALD, Oceanol. Acta, 1, 1984, p. 61-84.
[7] R. H. FREIJE, Étude de la production primaire en période estivale dans le Golfe du Lion, Thèse de 3e
cycle, Univ. Aix-Marseille-II, 1985, 125 p.
[8] K. KRANCK, Nat. Can., 106, 1979, p. 163-179.
[9] C. LOEILLET, Étude statistique des des distributions de taille des particules en suspension dans deux
zones soumises à une influence rhôdanienne, Thèse de 3e cycle, Univ. Aix - Marseille-II, 1984, 103 + 73 p.
[10] H. PAUC, Contribution à l'étude dynamique et structurale des suspensions solides au large de l'embou-
chure du Grand-Rhône (Grau de Roustan), Thèse de 3e cycle, 1970, Perpignan, Montpellier, 126 p.

Centre d'Océanologie de Marseille,


Faculté des Sciences de Luminy, Case n° 901, 13288 Marseille Cedex 09.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985 403

— Le massif alcalin du Peloso (Corse) : un complexe lité associé à des


PÉTROLOGIE.
monzosyénites. Note de Bernard Platevoet et Bernard Bonin, présentée par Jean Aubouin.

Le complexe anorogénique du Peloso est constitué d'un ensemble basique stratifié dont chaque unité se
compose en (général de la succession : gabbro à olivine, leucogabbro-norite, anorthosite. Cet ensemble est
surmonté par des gabbros et diorites à amphibole-biotitedont la mise en placé semble subcontemporaine d'une
enveloppe de monzosyénite orientée. Cette association de cumulats basiques et de différenciés alcalins apparaît
comme la plus complète dans l'ensemble des complexes anorogéniquesde Corse.

PETROLOGY. — The Peloso alkaline intrusion (Corsica): a basic layered complex associated with monzo-
syenite.
The Peloso anorogenic complex is composed of a basic layered series. Each unit consists generally of olivine
gabbro, leucogabbro-norite, anorthosite association. The lower series is overlain by amphibole-biotite gabbros
and diorites which are capped by a subcontemporaneous monzosyenite. This association of basic cumulates and
alkaline differenciates appears to be the most complete among theCorsica anorogenic complexes. In this respect,
the Peloso complex contrasts with the Porto massifwheremixings between basic liquids and granitic wet liquids
have produced net-veined complex near Ota. Thus in Corsica, gabbroicrocks can be cristallizedfrom an alkaline
liquid either basic or intermediate. They substantiate the difficulty to interpret by one simple model plutonic
rocks, especially the less differentiated ones.

Dominant le golfe de Valinco de près de 1000 m, le massif du Peloso constitue une


entité particulière rattachée à l'ensemble des complexes anorogéniques de Corse [1] dont
les structures annulaires recoupent le batholite calcoalcalin corso-sarde [2]. En effet, ce
massif fait partie d'un vaste complexe de forme elliptique orienté NE-SW : sa partie
septentrionale est constituée d'une intrusion de granite alcalin subsolvus à biotite dit
granite dé Tana [1] qui recoupe, suivant une direction NE-SW, un ensemble de roches
basiques et intermédiairesformant le massif de Peloso proprement dit [3].
Décrit pour la première fois en 1960 [4] mais relativement peu connu jusqu'en 1980

cohérente.
[1], nous avons repris l'étude de ce massif et y avons mis en évidence une architecture;

STRUCTURE ET TYPES LITHOLOGIQUES (fig.). — Plusieurs ensembles ont été distingués


avec de la base au sommet :

— un complexe basique stratifié, observable sur une épaisseur de 500 m, séparé des
granitoides calcoalcalins et du granite de Tana, par des accidents majeurs;
— un
ensemble de gabbros et diorites peu ou pas stratifié qui surmonte le complexe
précédent;
— une enveloppe monzo-syénitique qui coiffé les roches basiquessupérieures et recoupe
le complexe stratifié [3].
L'ensemble du massif est découpé par un réseau de fractures SW-NE et NW-SE
rehaussant les compartiments proches des bordures du massif. Ces accidents sont marqués
par la présence de mylonites ou/et de filons acides et basiques : aplites, pegmatites,
syénites à albite-magnétite, camptonites.
(a) Le complexe stratifié inférieur. — Exclusivement constitué de roches basiques, il se
caractérisé par un litage rythmique. L'ensemble de la stratification possède un pendage
faible (10° à 15° NW). Les lits sont réguliers dans la partie basse du complexe avec des
épaisseurs variables (2 à 15 m). Chaque unité se compose d'une succession pétrographique
bien définie :

à la base, un gabbro fin où le plagioclase, l'apatite, l'olivine, le pyroxène forment
les minéraux cumulus;

0249-6305/85/03010403 $ 2.00 © Académie des Sciences


404 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

Le complexe alcalin de Peloso : 1, granite leucocrate (socle calcoalcalin) avec enclaves de roches métamor-
phiques; 2, syéno-monzonite et granite subsolvus à honblende-biotite; 3, gabbro et diorite à pyroxènes-
hornblende-biotite;4, complexe lité à gabbro, leucogabbro-norite,anorthosite; 5, roches métamorphiques;
6, granite subsolvus à biotite; 7, autres granitoides calcoalcalins; 8, complexe de Tana-Peloso Sud.
The Peloso alkaline complex: 1, leucocratic granite (calc alkaline basement) with metamorphic enclaves: 2,
monzosyenite and subsolvus hornblende-biotitegranite: 3, gabbro and diorite with pyroxenes-hornblende-biotite;
4, layered complex with gabbro, leucogabbro-norite, anorthosite; 5, metamorphic rocks; 6, subsolvus biotite
granite: 7, calc alkaline basement; 8, southern Tana-Peloso complex.

—avec un passage progressif, des leucogabbros-norites à grain grossier, avec les


mêmes minéraux sauf l'olivine, qui présentent des litages centimétriques marqués par le
plagioclase;
— au sommet,
le caractère leucocrate s'accentue encore avec la présence d'anorthosite
(20 cm à 2 m) où le plagioclase (87% en volume) constitue la phase cumulus, tous les
ferromagnésiens étant interstitiels.
Les contacts d'une unité avec les unités adjacentes sont francs, le plus souvent concor-
dants. Toutes les unités ne présentent pas cette succession complète, les niveaux de base
ou de toit pouvant manquer. Cette succession rythmique se répète sur au moins 400 m
d'épaisseur depuis la base de l'ensemble stratifié inférieur. Plus haut dans la série, on
observe une alternance de gabbros fins et de gabbros leucocrates grossiers, le passage de
C, R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985 405

l'un à l'autre est franc avec figures d'entrecroisement. A proximité de l'ensemble basique
supérieur, la biotite est abondante dans tous les niveaux.
(b)L'ensemble basique supérieur.— Il n'existe pas de contact net entre le complexe
inférieur et cet ensemble. La stratification, quand elle existe, ne semble dépendre que de
l'abondance des ferromagnésiens hydroxylés et ne s'observe plus vers le sommet.
Les roches sont des gabbros et des diorites à grain fin, à plagioclase, clinopyroxène,
orthopyroxène, apatite (en prisme trapu ou aciculaire à rapproche de la monzosyénite).
Les phases intercumulus (amphibole, biotite) sont très abondantes dans les diorites et
sont accompagnées de quartz interstitiel.
Les contacts avec la monozosyénite se font soit par des failles soit par des associations
mixtes observables au col de Siu et au voisinage du Monte Peloso. Les contacts sont
alors;sinueux, les filonnets issus de la monzosyénite sont riches en ferromagnésiens et les
roches basiques, en enclaves arrondies et en masses lobées ont toujours un grain très fin.
(c) L'unité supérieure de monzosyénite. — Cette unité occupe une grande partie du
flanc Est du massif et forme une structure en « capuchon » au sommet-même du Peloso
[3]. La roche est typiquement composée de plagioclase, microcline, hornblende (à coeur
d'hédenbergite),biotite et d'une quantité mineure de quartz, d'opaque et de zircon, mais
elle présente des variations :

Le niveau inférieur est de nature monzodioritique,les relations à la base de cette
formation avec les roches basiques laissent supposer une subcontemporanéité mag-
matique, La roche est hétérogène et contient de nombreuses enclaves (quelques centimètres
à 3 m) tantôt de diorite altérée, tantôt de monzonite à grain très fin, elles sont alors
riches en pyroxène et souvent entourées d'une bordure sans doute réactionnelle à
amphibole-opaque.

Les ferromagnésiens de la monzosyénite sont orientés, avec des fabriques centripètes,
leur abondance variable estmarquée à l'Est du col de Siu, par une alternance de
niveaux leucocrate et mésocrate (15 m de puissance) et par quelques niveaux franchement
granitiques. Il faut encore mentionner des fragments de cumulat d'hédenbergite à ciment
feldspathique.
2. PROBLÈMES POSES, - Les relations entre roches basiques et roches intermédiaires
sont;remarquables et rappellent celles que l'on connaît dans d'autres complexes ([5] à
[8]). La coexistence dé cumulats et de différenciés alcalins au même niveau structural
pose le problème de leur mise en place :

quel est le mode d'ascension des liquides chargés de cristaux? A quel niveau se
sont formés les cumulats, plus profondément dans une chambré;magmatique [10] ou in
situ?
— par

[15])?
ailleurs, quel(s) est(sont) le(s) magma(s) primaire(s) responsable(s) des forma-
tions rencontrées [9]? Enfin, quels sont les processus d'accumulation de l'ensemble
inférieur ([11] à
Grâce à sa grande variété lithologique, et l'environnement qui permet d'observer plus
de 500 m de coupe naturelle, le complexe du Peloso est apte à fournir des renseignements
précieux sur ces questions.
D'autre part, l'association du complexe de Peloso diffère radicalement de celle observée
dans le massif de Porto ([16], [17], [18]) tant du point de vue structural, pétrographique,
textural que minéralogique : il s'agit dans ce dernier cas d'une association gabbro-granite
dans laquelle liquides acide et basique furent contemporains.; Ainsi dans le plutonisme
anorogénique, les roches basiques présentent une dualité d'origine : les unes sont des
406 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

cumulats (Peloso) associés à des liquides alcalins intermédiaires, les autres sont représenta-
tives de liquides basiques associés et synchrones de liquides granitiques (Porto). Comme
en Corse, cette dualité s'exprime également dans d'autres provinces anorogéniques
d'Europe et d'Afrique.
Remise le 3 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] B. BONIN, Les complexes alcalins acides continentaux : l'exemple de la Corse, Thèse d'état, Paris, 1980,
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[3] J. MAISONNEUVE,Étude géologique sur le sud de la Corse, n° 260; B.S.C.G.F., Thèse d'État, Clermont-
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[4] N. COMBREDETet coll., R.A.S.T, Paris, 1982, p. 150.
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d'Iskou (Niger), Thèse 3e cycle, Paris, 1981, 240 p.
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[15] P. GASTESI, Bull. Volc., 33, 1970, p. 1008-1038.
[16] H. W. VAN TELLINGEN, Géologiede la région de Porto, Thèse de doctorat, Amsterdam, 1955.
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Thèse, Marseille 1977, 276 p.
[18] B. PLATEVOET, Étude pétrologique d'une association acide-basiquedans le complexe annulaire anoro-
génique de Porto (Corse), Thèse de 3e cycle, Paris, 1983, 200 p.

Laboratoire de Pétrographie-Volcanologie, et U.A. 728 du C.N.R.S.,


Bât. 504, Université Paris-Sud, 91405 Orsay Cedex 05.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985 407

SÉDIMENTOLOGIE. albiens
— L'origine des injections sableuses; les sills et les dykes
du Ravin de la Baume, Bevons (Alpes de Haute-Provence). Note de Bernard Beaudoin,
Gérard Friès, Olivier Parize et Michel Pinault, présentée par Jean Aubouin.

Les sills et les dykes gréseux de Bevons sont génétiquement liés à des chenauxturbiditiques dont la géométrie
complexe et le sens des apports sont précisés par l'existencede nombreuses figures sédimentaires. Les injections
sableuses se sont réalisées dans un réseau de fractures potentielles horizontales, verticales et obliques, à la
faveur d'un virage de la morphologie.

SEDIMENTOLOGY.— The origin of sandy injections: the albian sills and dykes of "Ravin de la Baume"
(Bevons, Alpes de Haute-Provence).
The clastic sills and dykes of Bevons are genetically related to turbiditic channels which complex geometry and
direction of currents are precised by the numerous sole marks. The sandy injections took place within a complex
network of horizontal, vertical and oblique potentialfractures taking advantage of a curve of the morphology.

([2],[3]).
A 5 km à l'WSW de Sisteron, la série des marnes bleues apto-albiennes de Bevonsest
couronnée par des corps gréseux datés de l'Albien supérieur associés à un ensemble
complexe de filons sédimentaires [1] en particulier dans la Colline du Puy, où ont été
reconnus, en plus de dykes sédimentaires, de véritables sills à épaisseur plurimétrique

Des levers détaillés ont été entrepris, en vue de préciser la nature et la géométrie des
différents corps gréseux, chenaux turbiditiques et injections. Il apparaît que de nombreux
bancs se révèlent être des sills, épais parfois de 5 à 8 m, qui présentent de brusques
variations d'épaisseur, des « marches d'escalier », des passages: à des dykes, autant de
structures caractéristiques qui ont été décrites sur des objets analogues à
Saint-André-de-Rosans[4] ou, en Sicile, dans le Numidien de Geraci Siculo [5].
1. L'ANALYSE DES CORPS GRÉSEUX. — Les résultats les plus spectaculaires ont été recueillis.
sur le flanc SE de la Colline du Puy, dans le Ravin de la Baume. L'analyse des
affleurements montre l'existence de véritables bancs gréseux au matériel mis en place sur
le fond marin, comme l'attestent les chenaux, groove- brush- et flute-casts. Deux
ensembles de fluxoturbidites [6] peuvent être différenciés (fig. 1) : le corps inférieur, C1;
semble ne représenter qu'un seul événement, tandis que l'ensemble supérieur, C2, corres-
pond à un empilement de fluxoturbidites amalgamées, associé localement à des dépôts
de levée ou de débordement. Ces deux barres C1 et C2 se superposent partiellement,'
tandis que leurs axes diffèrent sensiblement (fig. 1) : le corps C2 montre un changement
des sens de courant d'amont en aval, de N045 vers N010; le corps C1 présente, quant à
lui, une évolution opposée de sa courbure indiquée à la fois par le tracé de son flanc
occidental et par une rotation des sens de courant depuis N 340 vers N 045.
Ce flanc occidental, concave, du corps C1 expose à l'affleurement une morphologie
spectaculaire, et tout d'abord un surplomb associé à un sous-cavage des marnes (fig. 2);
le sur-creusement peut être estimé à plus de 12 m. Cette même surface extérieure porte
des flute casts décimétriques qui témoignent de la. dynamique des eaux chargées de
sédiment: certains sont horizontaux, parallèles à l'axe de la morphologie, présentant
parfois une forme en hélice; d'autres sont verticaux, fossilisant des courants turbulents
ascendants le long de la paroi. Ces flute casts verticaux peuvent être isolés ou bien se
regrouper en batteries assez semblables à celles des tuyaux d'un orgue. Des objets
analogues sont connus sur des bords de chenaux fluviatiles [7],

0249-6305/85/03010407 $ 2.00 © Académie des Sciences


408 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

Fig. 1.

Les corps sableux du Ravin de la Baume et les injections sableuses associées.
1, flanc du chenal turbiditique; 2, figures de courant; 3, dykes; 4, sills.
Fig. 1.

The sandy bodies of "Ravin de la Baume" and their associated clastic injections.
1, Turbidic channel margin; 2, current marks; 3, clastic dykes; 4, clastic sills.

2. LES RELATIONS AVEC LES FILONS GRÉSEUX. — Les mêmes affleurements du Ravin de la
Baume permettent d'observer les relations génétiques entre chenal turbiditique et injec-
tions sableuses, relations diversement envisagées par ailleurs ([8], [9], [10]). Celles-ci
fossilisent en effet un réseau de fractures précoces affectant la masse argilo-carbonatée
au voisinage d'une paléomorphologie ([2], [4]).
Quatre gros dykes prennent naissance sur le bord externe du corps turbiditique C1, et
« s'enfoncent » dans la rive concave ( fig. 1-2); leur épaisseur est comprise entre 1 et 3 m.
Ils ont permis l'alimentation de sills sédimentaires ( fig. 2), également de puissance
métrique, dont certains s'inclinent et donnent des filons obliques. L'ensemble de ces filons
découpe profondément le massif; en certains points, l'érosion des marnes autour des
murs gréseux dégage parfois de véritables « boîtes » décamétriques particulièrement
énigmatiques au premier abord!
Après la mise en place du corps C1 et des injections associées, puis celle de C2 et des
filons corrélatifs, le massif marneux fut encore faillé et fracturé, alors que les corps
sableux, notamment les sills, n'étaient pas encore lithifiés. Ces failles décalent en particulier
le corps C2 en rive droite du Ravin de la Baume. Ces accidents, à rejet pluridécamétrique,
eux-mêmes localement injectés de sable, sont d'orientation E-W et antithétiques par
rapport à la paléopente, comparables en cela à ceux qui fonctionnent à la même période
dans la région de Rosans [11]. Ils appartiennent à un réseau associé au fonctionnement
apto-albien de l'accident durancien, dont on reconnaît l'importance tant au Sud qu'au
Nord de l'anticlinal de Valbelle [12].
CONCLUSION. — Différentes observations de terrain ([2], [4], [5]) avaient permis
d'indiquer que les réseaux de filons sédimentaires étaient en connexion avec des corps
C. R. Acad. Sc.Paris, t. 301; Série II, n° 6, 1985 409

Fig. 2. —
Relation génétique entre corps turbiditique et injections sableuses.
1, corps turbiditique; 2, injections sableuses; 3, figures de courant.
Fig. 2. —
Genetical relationship between a turbiditic body and the clasticinjections.
1, turbidic body; 2, sandy injections; 3, current marks.

turbiditiques nourriciers, et que la distribution même de ces filons était gouvernée par
la paléomorphologie du bassin sédimentaire, elle-même en relation avec le contexte
structural.
Les affleurements du Ravin de la Baume montrent que l'ouverture des fissures se fait
dans un contexte cisaillant sous l'action du courant chargé et que leur progression relève
d'un mécanisme de fracturation hydraulique dans un réseau préexistant; l'ouverture des
fractures s'est réalisée à la faveur d'un virage de la morphologie, à partir du flanc concave

1985.
profondément surcreusé. Ils confirment des hypothèses avancées dans ce même sens pour
expliquer les dykes et les sills de Rosans [4] et suggèrent que des objets analogues
pourraient relever d'une même interprétation.
Remise le 10 juin

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301)


Série II — 29
410 C R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[2] B. BEAUDOIN et G. FRIES, Comptes rendus, 295, série II, 1982, p. 385-387.
[3] B. BEAUDOIN et G. FRIES, 5e Congr. Eur. Sédimentologie, Livret-guideExc. 6, Marseille, 1984, 51 p.
[4] B. BEAUDOIN, G. FRIES, P. JOSEPH et B. PATERNOSTER,Comptes rendus, 296, série II, 1983, p. 387-392.
[5] B. BEAUDOIN, G. FRIES, O. PARIZE et M. PINAULT, 5e Cong. Eur. Sédimentologie, Marseille, 1984, p. 49.
[6] A. SLACZKA et S. THOMSON, Ann. Soc. Geol. Pol., 51, 1981, p. 3-44.
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E.N.S.M.P., 1985, p. 95-108.

École des Mines de Paris, C.G.G.M., Laboratoire de Sédimentologie,


35, rue Saint-Honoré, 77305 Fontainebleau Cedex.
C R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985 411

GÉOLOGIE.
— La position structurale du Houiller des abords NE de Sisteron (Alpes-de-
Haute-Provence, France) : à propos d'une interprétation nouvelle. Note de Maurice Gidon
et Jean Louis Pairis, présentée par Jean Aubouin.

Les principaux affleurements de, Houiller, associé à du Trias, qui sont isolés dans le Jurassique au NE de
Sisteron jalonnent une grande fracture NNE-SSW, le linéament de Clamensane; ils ne peuvent être interprétés
comme des olistolites (comparables à ceux, plus petits, du Riou d'Entraix) car leurs rapports avec l'encaissant
sont seulement tectoniques : les brèches supposées jurassiques qui les bordent par place sont des brèches de
pente quaternaires:

GEOLOGY, — Structural position of the Carboniferous outcrops NE of Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence,


France):
The Southern Subalpine Ranges, NE of Sisteron, exibit mainly Cretaceous and Jurassic beds. Nethertheless
some Carboniferous and/or Triassic beds outcrop along a great synsedimentary fault, the so-called "Linéament de
Clamensane": The two main outcrops have recently been interpreted as olistolites interbedded inside the upper
Jurassic marls. Field evidence does not support this interpretation: it shows only the existence of tectonically
dissected, vertical slices.

Au NE de Sisteron les chaînons subalpins, formés presque exclusivement de Jurassique


et de Crétacé inférieur, montrent néanmoins quelques affleurements isolés de Houiller,
disloqué et associé à du Trias ( fig. 1 et 2). Nous avons montré ([1], [2]) que ces
pointements ne représentaient pas, comme on l'avait communément admis, la semelle de
l'Ecaille de Valavoire (ou « lobe de Melan-Clamensane») qui chevauche non loin de là,
mais jalonnaient un grand accident NNE-SSW — le linéament de Clamensane — dont
le jeu synsédimentaire jurassique est bien étayé ([1], [2], [3]). Cette interprétation a été
remise en cause par deux Notes récentes ([4], [5]) pour les deux principaux groupes
d'affleurement, celui des Moulières (au NE de Nibles) et celui de la Gypière (au SW de
Clamensane), sur des bases que nous croyons insuffisantes.
1. LELAMBEAU DES MOULIÈRES. — Les affleurements de Houiller forment, sur le flanc
SW de la colline des Moulières, un coin qui s'étrangle vers le bas à une centaine de
mètres sous lé sommet 871. Ils se complètent, au sommet et sur la marge de ce coin, par
du Trias gréseux puis dolomitique; vers le SW au contraire cette structure ne se poursuit
plus que par une lame de gypse d'épaisseur métrique mais qui se raccorde, au N de
Chateaufort, au coeur rompu de l'anticlinal de Hongrie (fig. 2), Pour cette raison le coin
paléozoïque des Moulières doit se rattacher à ce dernier anticlinal et par conséquent à
l'autochtone relatif de l'Ecaille de Valavoire : il ne saurait en aucune façon être en
relation avec la semelle de cette dernière unité. De fait il est bordé, au SE comme au
NW, par des Terres noires qui se rebroussent à son contact jusqu'à la verticale et même
s'y renversent; leur disposition, bien étayée par les polarités stratigraphiques est donc
celle des deux flancs d'un anticlinal (fig. 3) ([2], fig. 17). On a envisagé en outre [2],
compte tenu de ce que les Terres noires contiennent non loin de là, au Riou d'Entraix
(fig.2),des olistolites de Trias de Houiller et même de schistes cristallins [3] que ce
dispositif puisse représenter les restes d'un horst jurassique qui aurait émis ces olistolites
avant d'être écrasé lors des serrages alpins.
À l'opposé, la nouvelle interprétation qui a été avancée ([4], [5]) attribue toute la masse:
du Houiller et du Trias des Moulières à un olistolite comparable à ceux du Riou
d'Entraix; Le principal argument présenté en sa faveur est la description de brèches à
éléments de Trias et de Houiller qui sont supposées s'être déposées au Jurassique, en
marge de cet hypothétique blistolite.
0249-6305/85/03010411 $ 2.00 © Académie des Sciences
412 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

Fig. 1.

Carte de situation.
Fig. 1.

Location map.
Fig. 2. —
Carte simplifiée du lambeau des Moulièresdans son environnementstructural.
Fig. 2. —
Sketch map of the structural setting of the Moulières outcrops.
Fig. 3. Coupe schématiquedu lambeau des Moulières. Noter la disposition anticlinale des Terres noires de

part et d'autre du Houiller et du Trias et les rapports des brèches quaternaires avec leur substratum. Les
dislocations internes, subverticales, du lambeau de Trias et de Houiller ne sont pas figurées.
Fig. 3. — Schematic cross-section of the Moulières outcrops. Note the anticline pattern of the Terres noires
beds and the relations between quaternary breccias and their basement. Vertical faulting inside Triassic and
Carboniferous beds have been omitted for simplication of drawing.

Les faits de terrain conduisent cependant à comprendre cette observation de façon fort
différente. En effet les brèches qui correspondent à la description des auteurs ([4], fig. 2)
affleurent seulement sur le versant E de la colline, là où précisément son revêtement
quaternaire n'est que peu entaillé et ne s'observentjamais entre Houiller et Terres noires
dans les ravines où le contact entre ces formations est bien dégagé. Ces brèches, souvent
mal cimentées, ont par places un aspect de fausses cargneules et ne nous ont nulle part
montré un ciment marneux qui puisse indiquer leur sédimentationdans les Terres noires.
De plus si elles s'appuient bien vers l'amont sur le Trias — qu'elles remanient — elles ne
présentent, vers l'aval, aucun indice de passage latéral aux Terres noires : elles les
recouvrent au contraire par ravinement brutal et en discordance angulaire accusée. Enfin
leur litage est remarquablement parallèle à la surface topographique. Tout indique donc
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985 413

qu'il s'agit là de banales brèches de pente que l'on doit attribuer à un Quaternaire
relativement ancien.
Par ailleurs l'ensemble de la disposition structurale des affleurements des Moulières,
brièvement rappelée ci-dessus, ne s'accorde pas non plus avec l'hypothèse d'un olistolite.
On doit souligner spécialement, à ce point de vue, les deux faits suivants :
(a) les véritables contacts latéraux visibles entre les Terres noires et le lambeau des
Moulières sont toujours subverticaux, nets et brutaux et fréquemment soulignés de
mylonites; les strates du Carbonifère et du Trias, globalement ployées en anticlinal, sont
elles-mêmes hâchées de failles subverticales;
(b) la polarité stratigraphique des Terres noires qui encadrent le lambeau des Moulières
(et qui montrent des niveaux caractéristiques du Bathonien supérieur à l'Oxfordien
inférieur) s'oppose à l'interstratification de ce dernier. En effet il y a inversion de polarité
entre celles qui affleurent au SE et celles qui sont rebroussées sous le contact du coté
NW.
En définitive on ne peut que: conclure à la mise en place tectonique — et non
synsédimentaire — du lambeau des Moulières. Quel que soit le processus précis intervenu
il se rattachait originellement en outre à l'autochtone chevauché par l'écaille de Valavoire
et non à la semelle de cette dernière.

2. LES AFFLEUREMENTS DE LA GYPIÈRE DE CLAMENSANE. — Le Houiller est ici aussi coiffé


stratigraphiquement par des grès puis des dolomies triasiques qui affleurent, avec un
pendage modéré et un ploiement anticlinal, sur la crête de Champ Long ([1], fig. 15 b);
Comme aux Moulières les contacts avec les terrains encaissants, visibles ici sur une
dénivellation de plus de 300 m, sont subverticaux et soulignés par des lames de gypse.
De plus les couches de cet encaissant, formées de Domériendu coté E et de Terres noires
inférieures du coté W, sont d'une part modérément inclinées et d'autre part franchement
tranchées le long des contacts qui les limitent ([1], fig. 15b) : rien, hormis quelques
mélanges locaux superficiels dus aux glissements et coulées quaternaires, ne peut inciter
à voir là — comme celà a été proposé [5] — une interstratificationde Trias et de Houiller
sous forme d'blistolites. Au contraire tout le contexte structural montre que le Houiller
est limité par les cassures secondaires de la grande faille de Vermeil [1], dont le tracé
vient se superposer ici à celui du linéament de Clamensane (et dont le jeu postoligocène
est clairement établi).

3. CONCLUSIONS. — L'apparition remarquable, aux Moulières et à la Gypière, de


Houiller et de Trias ne relève ni de la tectonique tangentielle de chevauchement de
l'Ecaille de Valavoire ni de glissements synsédimentaires jurassiques aux dépens des
terrains qui forment cette dernière. Elle résulte simplement du rejeu tertiaire, reprenant
peut être un soulèvement en horst au Jurassique, de failles verticales NNE-SSW, apparues
dès le Lias le long du linéament de Clamensane. S'il est indéniable que le jeu jurassique
de cet accident à été à l'origine dé déformations synsédimentaires et d'émissions d'olisto-
lites (tels ceux du Riou d'Entraix) il faut se garder d'attribuer a priori à ce processus
tous les cas où l'on voit des terrains antérieurs au Jurassique surgir au milieu des
affleurements de ce dernier : le concept d'olistolite, pour utile et fructueux qu'il soit dans
l'interprétation des structures alpines ne doit pas être utilisé sans contrôle.

Remise le 3 juin 1985.


414 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] H. ARNAUD, M. GIDON et J. L. PAIRIS, Géol. alpine, 53, 1977, p. 5-34.


[2] M. GIDON, Géol. alpine, 58, 1982, p. 53-68.
[3] P. ARTRU, Bull. Soc. géol. Fr., (7), VIII, 1966, p. 401-404.
[4] M. GUIOMAR et C. ROUSSET, Comptes rendus, 298, série II, 1984, p. 129-132.
[5] M. GUIOMAR, 10e R.A.S.T., Bordeaux, 1984, p. 279.

Laboratoire associé au C.N.R.S. L.A. n° 69, Institut Dolomieu,


rue M.-Gignoux, 38031 Grenoble Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985 415

GÉOLOGIE.— Transgression de l'Oligocène inférieur (formation de Palizzi) sur un


karst à remplissage bauxitique dans les zones internes calabro-péloritaines (Italie). Note de
Jean-Pierre Bouillin, Claude Majesté-Menjoulas, Marie-Françoise Ollivier-Pierre, Yvette
Tambareau et Juliette Villatte, présentée par Michel Durand-Delga.

Dans le

Galabre.
massif de l'Aspromonte, est décrite pour la première fois une formation que nous datons de
l'Oligocène inférieur par ses pollens, ses mollusques et sa microfaune. Cette « formation de Palizzi » marque

(Italy).
une ligne de rivage antérieure à la discordance de l'Oligocène supérieur-Aquitanien sur les massifs internes
maghrébides. Elle cachète un karst (crétacé?) à remplissage d'argiles bauxitiques, signalées pour la première
fois en

GEOLOGY.- Transgressionof the LowerOligocene (Palizzi Formation) over a Karst filled up with bauxite
inthe
Internal Calabro-peloritani Zones
In the Aspromonte Massif, a formation is describedfor the first time and dated as Lower Oligocene by means
of pollens, Molluscs and microfauna. This Palizzi Formation indicates a marine shore line previous to the Upper
Oligocene Aquitanian disconforinity on the Internal MaghrebideMassifs, It underlies a karst (Cretaceous?) filled
up with bauxiticclays, recordedfor the first time, in Calabria.

1. RAPPEL GÉOLOGIQUE.

A l'extrémité méridionale de la Calabre, le massif de
l'Aspromonte [1] comporte des terrains anciens sur lesquels reposent des calcaires à Algues
du Jurassique supérieur. Ces calcaires sont recouverts en discordance par la formation
détritique de Stilo-Capod'Orlando, considérée comme d'âge aquitanien à sa base ([2], [3]),
et sur laquelle se sont mis en place des olistostromes à matériel de flyschs, les « argille
varicolori scagliose » (fig. 1 a).
2. STRUCTURE GÉOLOGIQUE DES ENVIRONS DE PALIZZI.

Au pied SE de l'Aspromonte,
dans les environs de Palizzi, les calcaires du Jurassique supérieur se présentent sous forme
de lambeaux, environnés de brèches qui remanient les calcaires eux-mêmes et un peu dé
matériel paléozoïque. Ces brèches ont été interprétées comme la base transgressive de la
série dé Stilo-Capo d'Orlando dans laquelle les lambeaux calcaires auraient constitué des
olistolites. Elles nous ont paru correspondre en fait à un matériel continental ensevelissant
un massif calcaire profondément karstifié. Cette interprétation (J.-P. B. et C. M.-M.) a
été confirmée par l'observation (J.-P: B.) d'une coupe qui montre que les brèches sont
elles-mêmes ravinées par un karst sur lequel repose, en discordance, une série sédimentaire,
antérieure à la formation de Stilo-Capo d'Orlando, que nous appellerons « formation de
Palizzi ».
3. LA FORMATION DE PALIZZI. — Du lacet situé entre les km 5 et 6 de la route qui relie
Palizzi Marina à Palizzi, part, vers le Nord, un sentier horizontal qui arrive au niveau
du Tofrente Palizzi à environ 500 m de la route (fig. 1 b). Là, en montant à l'Ouest du
sentier (lieu-dit Sportà), on peut observer la coupe de la figure 2, comportant les termes
suivants ;(a) des terrains paléozoïques bréchifiés; (b) des brèches à éléments de calcaires
du Malm; (c) une poche karstique, remplie d'une argile bauxitique contenant dé la
boehmite et du diaspore [4]; (d) la formation de Palizzi; (e) des terrains paléozoïques;
(f) les conglomérats de base de la formation de Stilo-Capo d'Orlando.
La formation de Palizzi est épaisse d'environ 25 m, mais seule la première dizaine de
mètres montre une coupe continue. Elle comporte trois membres (fig. 3) dont nous avons
étudié la microflore (M.-F. O;-P;), la microfaune (Y. T.) et la malacofaune (J.-V.).

.0249-6305/85/03010415 $ 2.00 © Académie des Sciences


416 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

Le premier membre est constitué par des marnes verdâtres montrant à leur base des
débris végétaux et coquilliers (Limidae, Ostreidae). L'horizon basai (éch. 874 et 875) et
un second niveau ligniteux plus élevé (éch. 877) ont livré une palynoflore (cf. infra). On
y trouve des Mollusques mal conservés parmi lesquels Ostrea gr. rudicula Raulin et
Delbos, Cylichnina sp., Potamides cf. labyrinthus (Nyst), P. aff. conjunctus (Deshayes) et
des Naticidae. Vers la base de la formation (éch. 876), les microfaunes sont oligospéci-
fiques, avec de petits Rotalidés et des Ostracodes dont Haplocytheridea cf. helvetica
(Lienenklaus) et Cuneocythere cf. marginata (Bosquet). En montant dans la série (éch. 878
et 880) les microfaunes se diversifient un peu avec des Rotalidés différents, accompagnés
de Nonionidés, Miliolidés et de très rares Sphaerogypsinaglobula (Reuss); aux Cythéridei-
dés s'ajoutent de rares formes marines : Hermanites?, Oertliella, Pokornyella et, en plus
grand nombre, Schuleridea sp.
Le second membre, à prédominance calcaire, débute par une accumulation de petits
Polypiers, suivie par un mince lit marneux (éch. 872), riche en moules internes de
Turritella cf. strangulataGrateloup, petits Brachiopodes, Madréporaires, en Foraminifères
tels que Sphaerogypsina globula, Halkyardia maxima Cimerman, Reussella spinulosa
(Reuss), Amphistégines, Rotalidés, Discorbidés, Cibicides, Ammodiscus, etc., et en Ostra-
codes comme Schuleridea sp., Bairdia sp., Cnestocythere? sp., Pokornyella cf. amygdalifor-
mis Sönmez-Gökçen, Quadracythere sp., Hermanites sp., etc.
Puis viennent des calcaires biodétritiques à Algues Corallinacées dont Subterraniphyllum
thomasi Elliott (détermination de Mme G. Segonzac, Toulouse, que nous remercions
vivement). On y observe également des Foraminifères (Miliolidés, Amphistégines, Rotali-
dés, Halkyardia maxima, petits Alvéolinidés), des Polypiers, des Echinides et des Lamel-
libranches (Veneridae).
Le troisième membre, formé de terrains tendres, est masqué par des éboulis. Une
quinzaine de mètres au-dessus du sommet des calcaires, on observe cependant une brèche
stratifiée à éléments de calcaires jurassiques et à ciment gréseux. Une intercalation de
pélites gris-noir (éch. 910) y a livré quelques dinokystes et de rares spores et pollens sans
signification stratigraphique.
La faune de la formation de Palizzi montre l'évolution d'un milieu lagunaire (Potamides,
Cythérideidés) vers un milieu marin néritique de plus en plus franc, caractérisé par
une diversification de la microfaune puis par l'apparition de Polypiers, Turritelles et
Brachiopodes. La présence de dinokystes dans les pélites du terme supérieur de la
formation indique également un milieu marin.
4. AGE DE LA FORMATION DE PALIZZI. — (a) Le matériel pollinique recueilli à la base de
la formation (éch. 874, 875 et 877) est peu abondant et de médiocre conservation.

EXPLICATIONS DE LA PLANCHE

Fig. 1. — a, carte géologique simplifiée (d'après Amodio-Morelliet coll., 1976); b, localisation des affleurements
étudiés.
Fig. 1.
— a, simplifiedgeological map (from Amodio-Morelli et al., 1976); b, location of the studied outcrops.
Fig. 2. —
Coupe géologique.
Fig. 2. —
Geological section.
Fig. 3. —
Colonne stratigraphique et localisation des échantillons.
Fig. 3. —
Stratigraphical column and location of the samples.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985 419

Cependant on y observe une forme importante du point de vue stratigraphique : Boehlensi-


pollis hohli Krutzch, présente dans les trois échantillons cités. Cette espèce apparaît de
façon synchrone au Stampien inférieur dans les bassins nordiques ([5], [6] à [9]) et dans
les bassins de la vallée du Rhône et du Midi méditerranéen[10]; elle s'étend jusqu'au
Stampien supérieur dans les premiers tandis qu'elle se poursuit jusqu'au Chattien dans
les deux autres, A l'Oligocène inférieur, époque antérieure à l'ouverture des bassins
profonds de la Méditerranée occidentale, l'Aspromonte pouvait se trouver beaucoup plus
proche que maintenant des bassins du Sud de; la France utilisés comme référence et on
peut y admettre la même répartition stratigraphique de Boehlensipollis. Par ailleurs le
caractère oligocène de la flore est souligné par l'abondance des Pinacées et de quelques
formes telles que Retitricolpites cf. henisensis Roche et Schuler, Triplanosporitessinomaxoi-
des Krutzch et Porocolpopollenites• calauensis Krutzch.
(b) Parmi lesMollusques, Potamides labyrinthus caractérise d'une façon générale le
Stampien inférieur européen (faciès sannoisien) [11], alors que P. conjunctus, à aire de
répartition plus limitée, atteint le Stampien supérieur; Ostrea rudicula et Turritella strangu-
lata ne sont connues que dans l'Oligocène mésogeen; Caractéristiques du Stampien
d'Aquitaine[12], elles ont étésignalées aussi, pour la première, en Somalie [13] et, pour
la seconde, en Italie du Nord [14] et au Pakistan occidental [15].
(c) Les Foraminifères ont une large extension stratigraphique (Eocène supérieur à
Miocène) à l'exception de Halkyardia maxima, présente dans l'Oligocène moyen de
Slovénie et de Turquie, l'Oligocène inférieur du Tyrol et peut-êtrel'Eocène supérieur des
Moluques ([16], [17]). Quant à l'ostracofaune, elle rappelle les associations de l'Oligocène
européen et, plus particulièrement, de Turquie [18],
(d) L'Algue Subterraniphyllum thomasi est surtout connue dans l'Oligocène, mais égale-
ment dans l'Eocène supérieur.
En conclusion, les organismes récoltés dans la formation de Palizzi permettent d'attri-
buer à celle-ci un âge oligocène et, plus précisément, un âge stampien pour le membre
marneux qui constitue sa partie inférieure.
CONCLUSION : SIGNIFICATIONDE LA FORMATION DE PALIZZI. — La formation de Palizzi
constitue le premier affleurement de terrains d'âge oligocène inférieur présentant des
faciès lagunaires et néritiques qui soit décrit en Calabre. Plus généralement, on ne connaît
pas non plus de formations semblables dans l'ensemble des massifs internes maghrébides,
auxquels on peut rattacher l'Aspromonte avec les Monts Péloritains de Sicile et les
Kabylies. Une explicationde cela tient, en partie, au fait que ces massifs ont été presque
partout érodés jusqu'au socle avant la transgression de la formation de Stilo-Capo
d'Orlando et de son équivalent plus occidental, l'Oligo-Miocène kabyle, daté de l'Oligo-
cène supérieur à sa base [19]. La paléogéographiemême de l'Oligocène inférieur explique
aussi l'absence d'autres affleurements de cet âge dans les massifs internes : la formation
de Palizzi marque probablement une ligne de rivage de la mer, située en position plus
méridionale et plus orientale, où se déposaient à cette époque des flyschs gréso-micacés.
Plus au Nord et plus à l'Ouest, la plus grande partie des zones internes maghrébides
devait être émergée, comme l'était aussi la Sardaigne où la partie supérieure de la
formation continentale du Cixerri peut être contemporaine de la série dé Palizzi [20].
Par ailleurs l'existence de là série de Palizzi, discordante sur les formations antérieures,
démontre l'existence d'émersions non seulement avant l'Oligocène supérieur, mais aussi
avant l'Oligocèneinférieur, ce que l'on pouvait supposer mais sans en avoir la preuve.
De plus la présence d'une formation bauxitique, la première décrite dans l'ensemble
420 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

calabro-sicilien, témoigne d'une émersion avec karstification puis remplissage, probable-


ment au cours du Crétacé. En effet, selon G. Bardossy (communication orale), on ne
connaît pas de bauxites d'âge éocène ou oligocène inférieur dans le bassin ouest-
méditerranéen. Si l'on excepte les bauxites de la péninsule salentine (Pouilles) qui sont
secondairement remaniées, plus récentes que la formation de Palizzi et d'un type différent
de celles que nous avons découvertes, les bauxites les plus proches sont celles, d'âge
aptien-albien, de la Nurra, en Sardaigne [21]. Ce pourrait être un argument en faveur de
l'hypothèse[22] qui consiste à rattacher, au Mésozoïque, le socle de l'Aspromonte aux
massifs situés du côté européen du bassin liguro-piémontais ou Téthys ligure.
Remise le 3 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] L. AMODIO-MORELLI et coll., Mem. Soc. Geol. It., 17, 1976, 60 p.


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voulu se charger de l'analyse diffractométrique de ce matériel. Ces argiles bauxitiques feront l'objet d'une
publication ultérieure avec M. G. Bardossy(Budapest).
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[15] A. MORLEY DAVIES, Tertiary Faunas, II, 1975, 447 p.
[16] F. CIMERMAN, Ann. Soc. géol. Pologne, 39, 1969, p. 295-304, pl. LVII et LVIII.
[17] E. SIREL, S. METIN et B. SOZERI, Bull. Geog. Soc. Turkey, 18, 1975, p. 175-180, pl. I-VI.
[18] N. SONMEZ-GOKCEN. Publ. Instit. Et. et Rech. minières, Turquie, 147, 1973, 118 p.
[19] B. GÉRY, H. FEINBERG, C. LORENZ et J. MAGNÉ, Comptes rendus, 292, série II, 1981, p. 1529-1532.
[20] A. CHERCHI et L. MONTADERT, Mem. Soc. Geol. It., 24, 1982, p. 387-400.
[21] G. BARDOSSY, M. BONI, M. D'ALL'AGLIO, B. D'ARGENIO et G. PANTO, Monograph Series Mineral
Deposits, Geb. Borntraeger, Berlin-Stuttgart, 15, 1977, p. 1-61.
[22] J.-P. BOUILLIN, Rev. Géol. dyn. Géogr. phys., 25, 1984, p. 321-338.

J.-P. B. : Géologie méditerranéenne


et C. M.-M., Y. T. et J. V. : Géologie-Pétrologie,
L.A. n° 145 du C.N.R.S., Université Paul-Sabatier,
38, rue des 36-Ponts, 31400 Toulouse;
M.-F. O.-P. : Équipe de Recherches de Sédimentologie et Palynologie,
Institut de Géologie, Université de Rennes-I, 35042 Rennes Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985 421

GÉOLOGIE.
— La sédimentationphosphatée d'âge Crétacé supérieur-Éocène des bas-
sins côtiers africano-atlantiques : réflexions et hypothèse sur une interprétation globale.
Note de Georges Busson et Annie Cornée, présentée par Georges Millot.

Les couchés à matière organique du Crétacé inférieur-moyen de l'Atlantique ont eu une contrepartie en
phosphore qui ne s'est exprimé en phosphorites, ni dansl'Atlantique, ni à sa périphérie. Cet élément se serait
capitalisé dans les mers euxiniques de cet âge et c'est, par la suite, le recyclage de ce phosphore qui serait à la
source des accumulations extraordinaires de phosphorites du Crétacé supérieur-Éocène des bassins côtiers
africains, en particulier marocains.

GEOLOGY. — Upper Cretaceous-Eocenephosphorite sedimentation in atlantic coastal basins of Africa:


considerationsand hypothesis on a globalinterpretation.
Atlantic lower and middle Cretaceousorganic rich layers had a counterpart in phosphorus. This element was
expressed as phosphorites, neither in Atlantic nor in the bordering areas. Phosphorus would be capitalized in
Cretaceous euxinic seas and afterwards the extraordinary upper Gretaceous-Eocenephosphorite deposits in african
coastal basins, especially marrocan ones, would resultfrom the reutilisation of this phosphorus.

C'est un fait maintenant classique que la phosphatogenèse marine ne s'est pas produite
au cours des temps géologiques de façon continue. Parmi les six grandes époques
« phosphogéniques » des temps phanérozoïques (Cambrien, Ordovicien, Permien, Jurassi-
que, Crétacé supérieur-Eocène, Miocène-Pliocène) [1], dont l'interprétation générale est
mal élucidée et objet de controverses, nous n'envisagerons ici que les phosphorites de la
période Crétacé supérieur-Eocène. Celles-ci, s'étendant principalement au Nord du bou-
clier gondwanien américain, africano-arabe et asiatique et sur le rivage atlantique de
l'Afrique, représentent sans doute les dépôts de phosphorites les plus importants de
l'histoire de la Terre [2]. Parmi les rares interprétations globales qui ont été élaborées
pour rendre compte de la généralité de ce phénomène et des quantités de phosphore
mises en jeu, il faut citer par exemple les travaux de Cook, Fischer, Sheldon, Arthur ([1]
et [3] à [5]), dont les résultats seront examinés et discutés par ailleurs.
Deux faits vont nous inciter à; focaliser notre réflexion sur les phosphorites du littoral
atlantique de l'Afrique et plus spécialement sur celles du domaine atlasique marocain
([6], [7]). 1° Les réserves de ce domaine marocain (dépassant 40 MMt) sont à elles seules
très largement supérieures à toutes les accumulations contemporaines du vaste domaine
mésogéen [8]. 2° Alors que les domaines océaniques et continentaux sont relativement
bien distincts sur le littoral atlantique de l'Afrique, les relations et la distinction de ces
deux mêmes domaines sont moins claires en Mésogée.
I. LES PHOSPHORITES DU DOMAINE ATLANTIQUE. — (a) Transgression et phosphorites.

Les gisements considérés ici confirment un fait désormais classique : les étages les plus
affectes par la phosphatisation correspondent à des transgressions marines, au moins
locales. Mais tous les niveaux de grande transgression marine ne sont pas phosphatisés.
Ainsi, le Cénomanien supérieur-Turonien, correspondant à la plus vaste transgression
marine du Nord-Ouest africain (au moins postérieurement au Paléozoïque), est si peu
phosphatisé dans cette aire qu'il ne présente pas un seul gisement économique. Pourtant,
le domaine recouvert par cette transgression est à la fois trop vaste et trop varié pour
n'avoir nulle part présenté les pièges morphologiques auxquels on attribue, légitimement,
tant d'importance dans la genèse des gisements qui vont se développer sur cette même
Afrique dû Nord-Ouest, du Maestrichtien à l'Eocène moyen (cf. ci-après).

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422 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

(b) Phosphatisations et séries condensées. — Les séries phosphatées riches correspondent


à des séries très condensées. C'est ainsi qu'au Maroc, l'intervalle stratigraphique sujet à
ces enrichissements (du Maestrichtien à l'Eocène moyen, soit de l'ordre de 25 M.a.) se
place dans une gamme d'épaisseur totale allant de 45 à 180 m ([6], [7]) ! Pour apprécier
ces chiffres, rappelons que les seules séries maestrichtiennes de l'Aurès sont épaisses de
près d'un millier de mètres et que des séries du Paléocène et de l'Eocène inférieur du
Tell algérien s'avèrent également fort épaisses ([9] et cf. les séries épi-telliennesde Winnock
[10]).
La phosphatogenèse a eu comme préalable la conjonction de trois facteurs. 1° Des
transgressions marines pelliculaires ont été permises et entretenues par le jeu délicatement
ajusté des niveaux eustatiques généraux et des mouvements verticaux du bâti africain et
en particulier marocain. 2° Dans une grande partie de l'aire de ces transgressions, des
pièges morphologiques ont favorisé un confinement non point permanent mais répété :
présences « d'îles » (Rehamna, Mouissat, Jebilet) séparant l'océan Atlantique des golfes
des phosphates; basculement de blocs faisant buter les zones méridionales — les plus
subsidentes de ces bassins phosphatés — contre les seuils ou les îles à matériel paléozoïque.
3e Une remarquable absence des terrigènes continentaux aux époques et dans les aires
considérées, a laissé vacants ces bassins, malgré leur très faible subsidence. Ainsi ont-ils
pu être longuement offerts aux actions de diagenèse et d'enrichissement.
Mais, il est évident que ces trois préalables ne suffisent pas. Leur conjonction laisse
encore absent le principal acteur : le phosphore, à l'échelle de milliards de tonnes.
II. LES MERS ATLANTIQUESA BLACKSHALES DU CRÉTACÉ INFÉRIEUR ET MOYEN. — L'un de
nous a considéré récemment les conditions de sédimentation dans l'Atlantique centre et
nord pendant le dépôt des séries de black shales du Crétacé inférieur et moyen ([11],
[12]). L'interprétation hydrologiquela plus plausible que l'on peut proposer en présence
de ces faciès est celle d'un système d'eaux stratifiées, comprenant un corps d'eau superficiel
à salinité normale ou proche de la normale et un corps d'eau profond stagnant, euxinique,
vraisemblablement isolé du précédent par une plus forte densité, imputable à une salinité
supérieure à celle des eaux superficielles.
Les débris des organismes qui proliféraient dans la tranche d'eau superficielle sont
riches en carbone, azote et phosphore, ce dernier étant préférentiellement libéré au cours
de la chute dans la tranche d'eau [13]. Dans les milieux aqueux stratifiés — dont un bon
modèle actuel se trouve dans la Mer Noire [14] —, les échanges entre le volume euxinique
de fond et la surface étant par définition réduits au minimum, ce phosphore ne tendra
pas, ou que fort peu, à être ramené en surface et réutilisé dans un nouveau cycle
biologique. En outre, il s'avère que les sédiments de fond, dans l'exemple actuel de la
Mer Noire, ne sont pas riches en phosphates. Le flux de phosphore a donc pour destin
d'enrichir le volume d'eau euxinique et secondairement les eaux interstitielles sous-jacentes
à ce milieu euxinique. C'est ainsi qu'on a effectivement mesuré dans la Mer Noire des
teneurs de l'ordre de 250 à 300 ppb (Fonselius in [14]) alors que dans les milieux
océaniques ou marins normaux les teneurs courantes sont considérablement plus faibles
— par
exemple 50 à 100 ppb [15].
Il y a toute chance pour que ce modèle ait été réalisé dans ces immenses mers noires
qu'ont été les bassins semi-fermés de l'Atlantique au Crétacé inférieur et moyen. Des
quantités prodigieuses de matière organique correspondent à ces récurrences de black
shales sur ces superficies considérables et sur des épaisseurs de l'ordre du millier de
mètres, représentant plusieurs dizaines de millions d'années. Ce flux de matière organique
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985 423

s'est accompagné inévitablementd'un flux de phosphate d'importance également considé-


rable. Or, ces black shales, s'ils ne sont pas totalement dépourvus de phosphates [16], ne
représentent pas — de façon générale ou en une occurrence particulière — des sédiments
richement phosphatés. On né peut donc échapper à l'idée qu'au moins une partie
importante du phosphore qui était la contrepartie de là; matière organique de ces black
shales crétacés a été capitalisée dans le ou les corps d'eau éuxiniques.
Certes, on est bien incapablede présenter un modèle analogue dans la nature actuelle,
offrant un tel cas de capitalisationd'éléments chimiques dans un corps d'eau se perpétuant
sur des temps géologiques. Mais cette absence ne constitue pas un argument décisif
contre l'interprétation que nous avons déduite des observations évoquées ci-dessus,
Comment s'étonner qu'il n'y ait pas capitalisation hydrochimique, alors que les sédiments
confinés eux-mêmes sont si rares dans la nature actuelle: Si l'exemple de la Mer Noire
est précieux pour l'observation de certains mécanismes, rappelons que les faciès black
shales n'y sont épais que de quelques mètres et représentent un laps de temps insignifiant
de l'ordre de 8000 ans. Dans la nature actuelle, des systèmes à black shales occupant de
grands bassins et sus-jacents à de grandes épaisseurs sont quasiment inexistants, Et il
n'est pas étonnant que, lorsque la sédimentation du passé a été profondément différente
de l'actuelle, le contenu hydrochimique de la « mer » qui surmontait et nourrissait cette
sédimentationait été également différent (de l'océan actuel) et original.
III. LE RAPPROCHEMENT DES DEUX DOMAINES. — Ainsi, d'une part, la bordure atlantique
du continent africain et de façon particulièrement exemplaire lé domaine atlasique maro-
cain, ont reçu du Maestrichtienàl'Eocène moyen des quantités de phosphore extraordinai-
rement élevées, sans commune mesure avec ce qu'aurait pu amener une amplification
plausible des différents flux alimentant le réservoir océanique en cet élément. D'autre
part, on est amené à supposer que la matière organique des black shales atlantiques du
Crétacé inférieur et moyen — qui représente une dès plus grosses accumulations de
matière organique de tous les temps, sinon la plus grosse — a eu pour contrepartie des
quantités également exceptionnelles de phosphore qui ne s'est exprimé en ces temps du
Crétacé inférieur et moyen, ni dans le domaine de black shales, ni à leur périphérie
immédiate. Ceci nous amène à proposer qu'il y a eu capitalisation de ce phosphore, ou
du moins d'une partie de ce phosphore, dans les corps d'eau euxiniques qui occupaient
ces mers atlantiques semi-fermées. Il est particulièrement tentant de rapprocher ces deux
phénomènes en considérant que les phosphates maestrichtiens et éocènes du littoral
atlantique, et en particulier du Maroc, correspondent au moins en partie au recyclage
progressif du phosphore capitalisé antérieurement
IV. DISCUSSION. — L'ajustement chronologique de deux phénomènes. — Les travaux
stratigraphiques les plus récents et les plus précis [16] semblent permettre de dater du
Turonien les derniers faciès black shales généralisés. Or, les accumulations phosphatées
du Maroc et; d'Afrique occidentale ne sont pas antérieures au Maestrichtien — ou dans
certains cas au Campanien supérieur — Entre les deux phénomènes, l'intervalle est de
l'ordre d'une quinzaine de millions d'années. Si d'aucuns peuvent éprouver quelques
réticences à admettre le concept de capitalisation du phosphore au cours des phases
euxiniques du Crétacé inférieur et moyen et pendant des temps géologiques, n'est-il pas
encore plus gênant dé perdre la trace de cet élément entre les mers euxiniques qui l'avaient
capitalisé et les sédiments des plates-formes marocaines, et africaines en général, qui
allaient en hériter?
424 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

(a) En fait, l'évolution de l'Atlantique centre et nord postérieurement au Turonien est


beaucoup plus complexe qu'une simple généralisation du domaine marin normal au
passage Turonien-Sénonien. Et les quelques forages océaniques profonds qui ont reconnu
cet immense domaine ne peuvent encore en donner qu'une idée imprécise. D'ailleurs, il
est connu que les faciès black shales peuvent s'arrêter beaucoup plus tôt ou se perpétuer
beaucoup plus tard (exemple : Coniacien-Santoniendans le bassin du Cap Vert), suivant
les sous-bassins considérés. Ensuite, rappelons que la formation Plantagenet, qui corres-
pond grosso modo au Sénonien et dubitativement à la partie inférieure du Cénozoïque
([17], [18]) s'avère d'interprétation environnementalefort délicate et mal élucidée. Le seul
fait qui est certain, c'est que là où elle existe avec son faciès caractérisé (argiles versicolores
riches en zéolites), il ne saurait être question d'assimiler les conditions de dépôt à un
milieu marin ou océanique normal. Si une certaine activation des circulations océaniques
s'est sans aucun doute mise en train, éliminant en général la stagnation euxinique
caractérisée des époques précédentes, on ne peut considérer par contre qu'il y avait eu
déjà établissement d'une circulation générale océanique.
(b) Quelle que soit sa disponibilité, pour que le phosphore océanique même abondant
puisse se fixer sur les plates-formes épicontinentales, il a fallu que soient satisfaits ces
préalables évoqués ci-dessus au paragraphe I. En particulier tant que la transgression
maestrichtiennen'avait pas envahi le domaine des futurs golfes phosphatés, il ne semble
pas que la phosphatisation ait pu démarrer. Affectés par les régressions relatives des
temps sénoniens, les sédiments de cet âge du domaine atlantique marocain ne devaient
pas se présenter dans les conditions paléocéanographiquespermettant le développement
des genèses phosphatisantes.
Remise le 10 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[11] G. BUSSON, Comptes rendus, 298, série II, 1984, p. 801-804.
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[15] R. A. GULBRANDSENet C. E. ROBERSON, In Inorganicphosphorus in seawater: environmentalphosphorus
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[16] P. C. DE GRACIANSKY, E. BROSSE, G. DEROO, J. P. HERBIN, L. MONTADERT, C. MULLER, A. SIGAL et
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[17] L. F. JANSA, P. ENOS, B. E. TUCHOLKE, F. M. GRADSTEIN et R. E. SHERIDAN, in D.S.D.P. results in
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[18] A. H. F. ROBERTSON, Init. Rep. Deep. Sea Drill. Proj., 76, 1983, p. 763-780.

GRECO 52. Laboratoire de Géologiedu Muséum, 43, rue de Buffon, 75005 Paris.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II; n° 6, 1985 425
GÉOLOGIE. Évolution séquentielle et cadre paléographique du Jurassique inférieur

et moyen de Sardaigne (Italie). Note de Claude Monleau, présentée par Michel Durand-
Delga.

Cette étude a permis de préciser la stratigraphie du Lias et du Dogger de l'Ouest de la Sardaigne, de mettre
en évidence deux régions paléogéographiquesdifférentesdans le Nord-Ouest de l'île : le secteur de Porto Conte
à sédiments de haute énergie et marno-calcaires, le secteur de la Nurra septentrionale, plus interne, à faciès
ligniteux avec retrait de la mer dès la base du Callovien alors que les conditions marines persistent à Porto
Conte.

GEOLOGY. — Sequences and paleogeographicsketch of the Sardinian Lias and Dogger.


This study described in detail stratigraphy of West Sardinia, and showed two differentpaleogeographicalregions
in the North-West of the island: the Ponto Conte sector with high-energy sediments or marly-calcareous beds, the
more internal Northern Nurra sector, with lignite facies, showing the desappearance of the marine environment
from the beginning of the Callovian while it is still found to be present at Porto Conte at later periods.

Bien que des publications récentes ([1], [2]) aient fixé le cadre biostratigraphique du
Jurassique de Sardaigne, il n'était pas possible de le corréler finement avec celui de la
Provence de manière à préciser les relations paléogéographiquesentre les deux territoires,
avant la rotation du bloc corso-sarde. La découverte de niveaux à Brachiopodes,
Ostracodes et Ammonites, l'établissement d'une évolution séquentielle, apportent une
meilleure connaissance de la bio-stratigraphie et de la litho-stratigraphie.
I. DONNÉES STRATIGRAPHIQUES ET SÉDIMENTOLOGIQUES. -A.
Le Nord-Ouest de la Sar-
daigne (fig. 1). — Une série complète peut être relevée,.d'une part dans les carrières du
Mte Rose et du Mte Alvaro dans la Nurra septentrionale, d'autre part au Mte Timidone
et au Mte Doglia dans la baie de Porto Conte (fig. 2).
L'évolution des différentes formations et la présence dé discontinuités de valeur régio-

vertes.
nale m'ont permis de subdiviser le Jurassique inférieur-moyen en six séquences d'ordre 3.
Séquence 1, Hettangien. — C'est une formation dolomitique (100 m) avec les caracté-
ristiques sédimentaires que l'on retrouve à cette époque en Provence . microséquences de
faciès oolithique, dolomie massive, niveaux stromatolithiques à mud-cracks et bird-eyes,
marnes
Séquence 2, Sinémurien. — On l'observe à la base du versant est du Timidone et sur
le flanc ouest du Capo San Giogli. Cette formation est datée par de petites Gryphées
difficilement déterminables [2] mais dont le degré d'évolution suggère un âge sinémurien
(dét. M. Arnaud, Marseille).

Dans le Nord de la Nurra (30 m) : calcaires fins à chailles avec les petites Gryphées,
des Pectinidés et calcaires oolithiques à stratifications obliques se terminant par un
horizon à Madréporaires coloniaux.
- Au Timidone (90 m) ; calcaires de haute énergie (oolithes) avec intercalations
dolomitiques.
Séquence 3, Lotharingien-Carixien. — Elle débute de façon assez similaire dans les
deux secteurs par des marno-calcairesgréseux avec des Brachiopodes [3] du Lotharingien
supérieur (10 m). Un horizon présente des galets de quartz : Timidone, Capo San Giogli,
base du; Mte Rose. Ensuite viennent :
— Dans le N de la Nurra; calcaires oolithiques à très rares organismes, débris de
bois et petits quartz (40 m).: On n'observe ni passée marneuse ni discontinuité sous la
séquence suivante.
0249-6305/85/03010425 $ 2,00 © Académie des Sciences

Série II — 30
426 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985


Au Timidone et à la Puncteta de la Ghischiera (50 m) : marno-calcaires s'enrichis-
sant vers le haut en bancs calcaires (micrite à oolithes, lithoclastes et grains de quartz).
Un niveau à Brachiopodes permet de dater le Carixien [3].
Séquence 4, Domérien : Elle est représentée :

Dans le N de la Mura (30 m) : calcaires noirs à lits ligniteux, niveau à Madréporaires
coloniaux, calcaires gréseux à stratifications obliques (avec petites Rhynchonelles du
Domérien moyen) se terminant par deux surfaces durcies. Près du village de la Corte on
observe, au-dessus de calcaires fins (3 m) à Gastéropodes et Orbitopsella praecursor
(Gümbel) du Carixien, marquant le sommet de la séquence 3 : des calcaires (4 m) avec
des surfaces durcies et le niveau à petites Rhynchonelles, puis un calcaire oolithique (4 m)
à stratifications obliques progradantes vers le Sud, un calcaire fin (2 m) à Polypiers
isolés, Lamellibranches et Gastéropodes, couronné par une surface durcie très ravinante.
Au-dessus un banc de calcaire fin comble la topographie sous-jacente et est lui-même
affecté par un important ravinement avec des chenaux de direction N 340.

Au Timidone : marno-calcaires (12 m) puis une barre de calcaire (2 m) à nombreux
lithoclastes, rares oolithes et quartz.
Séquence 5, Toarcien-Aalénien. — Au Mte Rose, cette séquence débute par des alter-
nances de marnes ligniteuses et gréseuses à Characées et Ostracodes laguno-saumâtres et
de calcaires fins à Gastéropodes. A La Corte, au-dessus de la surface de ravinement,
viennent 3 m de calcaires argileux, de marnes ligniteuses et gréseuses et de calcaires
argileux à nodules algaires. Ces faciès, séparés par des ravinements, présentent des
discordances angulaires entre eux. On y rencontre des Brachiopodes (dét. G. Moulan)
du Toarcien inférieur : Lobothyris punctata clevelandensis Ager, Telothyrisjauberti (Desl.).
Au Mte Rose la séquence se poursuit par des alternances de lignites et de calcaires fins à
Gastéropodes et Ostracodes (30 m), des calcaires bioclastiques et oolithiques à stratifica-
tions obliques (13 m) progradantes vers le Sud. Une surface durcie et encroûtée par des
Huîtres marque la limite supérieure de cette séquence.

Au Timidone, le Toarcien montre des alternances (30 m) de marnes et de gros
bancs calcaires à oncolithes. La faune (Toarcien supérieur) est variée et typiquement
marine : Pectinidés, Cidaris, Polypiers isolés, Brachiopodes, Ammonites [3]. Comme au
Mte Rose, la série se termine par des niveaux oolithiques (avec des Rhynchonelles de
l'Aalénien) formant de grandes dunes hydrauliques se biseautant au Sud et au Nord et
progradantes vers l'Ouest. Cette formation est couronnée par une discontinuité.
Séquence 6, Bajocien-Callovien. — Très épaisse, elle se subdivise en six séquences
d'ordre 2 (6.1 à 6.6 : cf. fig. 2).

Les trois premières (120 m au Mte Rose, 135 m à Porto Conte) sont relativement
uniformes dans tout le Nord-Ouest de la Sardaigne : alternances de marnes ligniteuses à
rares Ostracodes et Characées, ou de marnes vertes souvent remaniées, et de calcaires.
Les bancs calcaires correspondent soit à des niveaux fins à Gastéropodes et structures
fenestrées soit à des niveaux biodétritiquesà Foraminifères, Ostracodes, Algues [Thaumato-
porella parvovesiculifera (Rain.), Codiacées, Dasycladacées]. On note dans la deuxième
séquence des stratifications obliques (progradation vers le N-NW au Mte Rose), dans la
troisième des apports détritiques micacés et quartzeux, et une faune d'Ostracodes :
Fabanella bathonica, Klieana levis, Progonocythere sp. (dét. F. Depêche, Paris). Cette
séquence se termine par des calcaires oolithiques et gréseux et des calcaires à Bryozoaires,
Nérinées et Brachiopodes (dét. G. Moulan) du Bathonien inférieur : Ornithella bathonica
(Rollier), Cererithyris sp.
PLANCHE I/PLATE I CLAUDE MONLEAU

Fig. 1. - Situation des zones étudiées.


Fig. 1. —
Situation of studied areas.
Fig.2. - Stratigraphie et évolution séquentielle du Lias et du Dogger du NW de la Sardaigne.
Fig. 2. —
Stratigraphyand sequential evolution of NW SardinianLias and Dogger.
C:R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985 429

— Les troisdernières séquences (145 m au Mte Alvaro, 128 m au Mte Doglia)


montrent une différenciation très nette entre les deux secteurs :
Mte Alvaro. Quatrième séquence (19 m): marnes sableuses et ligniteuses à rares
Ostracodes et calcaires gréseux. Cinquième séquence (85 m) : calcaires marneux, sableux,
micacés etligniteux; épaisse série calcaire avec à la base un niveau à stratifications
obliques progradantes vers le NW et des calcaires à Brachiopodes (dét. G. Moulan) du
Bathonieninférieur [Tubithyris whatleyensis (Walker)], des Madréporaires coloniaux, des
Trichites, une Ammonite Parkinsonia (Gonolkites) sp. et des dents de Poissons (Pycnodus
rugulosus Agassiz). Des surfaces durciées, encroûtées d'Huîtres, hachent cette série, La
formation se poursuit par une barre de calcaire blanc oncolithique (38 m) à Madréporaires
coloniaux. Sixième séquence (40 m) : alternances de marnés ligniteuses, de marnes vertes
ou grises (avec des quartz pyramidés, Ostracodes, oogones de; Characées, dents de
poissons, piquants d'oursins) et de calcaires fins riches en Brachiopodes dont de nom-
breuses Burmirhynchia turgida Buckman (dét. B. Laurin, Dijon). Dans la première moitié
(dét. G. Moulan) : Tubithyris globata (Sow.), Wattonithyris fullonica Muir-Wood, W.
pseudomaxillata Muir-Wood, « Terebratula » richardsoni Muir-Wood; en Provence cette
faune caractérise le passage Bathonien moyen-Bathonien supérieur. Dans la deuxième
moitié de la sixième séquence : Dorsoplicathyris dorsoplicata (Desl.) du Callovien. Au-
dessus, on observe 7 m de calcaire fin blanc puis la formation dolomitique supérieure.
Mte Doglia, La quatrième séquence (30 m) : calcaires argileux feuilletés, calcaires
bioclastiques, calcaires gréseux à; oolithes, lithoclastes et Nérinées. Cinquième séquence
(58 m) : calcaires argileux micacés et gréseux avec des niveaux stromatolithiques à ripple-
marks et bird-eyes, calcaires à Bryozoaires, Nérinées, Gastéropodes, débris de Meyendorf-
fina bathonica, barre de calcaire fin. Sixième séquence (40 m) : calcaires argileux jaunes,
calcaires fins à nodules de Cyanophycées et Brachiopodes (Arcethyris sp., dét. G. Moulan)
probablement de la fin du Bathonien supérieur; épaisse formation de calcaires dolo-
mitiques à Codiacées et calcaires à Ostracodes, Foraminifères(Trocholines) et Gastéropo-
des. C'est l'équivalent de la dolomie supérieure du Mte Alvaro.
B. Le Sud-Ouest de la Sardaigne : Golfo di Palmas (fig. 1). — Les affleurements sont
situés près du hameau de Solinasiau lieu dit Pte Sa Perda. La base de la série, recouverte
par des alluvions, n'est pas visible. La succession comprend : des dolomies gris-brun se
terminant par une surface durcie, puis 15 m de calcaires à chailles, entroques, Pectens,
Brachiopodes (dét. G. Moulan) : Lobothyris subpunctata (Dav.), Zeilleria sarthacensis
(d'Orb.), Z. quadrafida cornuta (Sow.) du Domérien moyen. Viennent plus haut 20 m de
calcaires fins avec des niveaux à chailles au sommet, enfin une épaisse formation dolo-
mitique. La formation dolomitique de base coupe ne présente pas les faciès caractéristiques
de la dolomie hettangienne, tels qu'on peut les observer dans la Nurra ou en Provence.
Elle correspond probablement aux. séquences 2 et 3 de la Nurra, dolomitisées. Les
calcaires domériens représententla séquence 4, les calcaires fins la cinquième, la dolomie
supérieure la sixième. Il faut donc noter la grande réduction de ce Jurassique, l'absence
de termes terrigènes et l'apparition, plus précoce ici, de la dolomie supérieure.
II. PALÉOGÉOGRAPHIE, — Du Sinémurien au Bathonien supérieur, les apports détriti-
ques, la présence de lignites et d'oogones de Characées impliquent l'existence d'une zone
continentale qui peut être localisée dans le centre de la Sardaigne. La partie orientale de
l'île est restée émergée au moins jusqu'au Bathonien inférieur puis le Paléozoïque a été
recouvert en transgression par les mers du Bathonien à l'Oxfordien [4]. A partir du
Bathonien supérieur, rien n'indique la présence d'une zone émergée en Sardaigne; bien
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

au contraire, l'arrêt des apports détritiques et l'existence de faciès dolomitiques de part


et d'autre de l'île suggèrent une immersion sous très faible tranche d'eau.
La Nurra, dans le NW de l'île, montre deux domaines paléogéographiques. Le secteur
de Porto Conte (Timidone, Mte Doglia) présente des faciès plus externes que ceux du N
de la Nurra. La forme des dunes oolithiques, les sens de progradation de ces faciès
marins de haute énergie indiquent la présence d'un haut-fond balayé par des courants
du Mte Timidone au Mte Rose : les dunes se biseautent vers l'W au Timidone et vers le
SE au Mte Rose. Le phénomène se répète plusieurs fois. Lorsque les influencés marines
sont très nettes (au Domérien et au Toarcien), les dunes se déplacent vers le N de la
Nurra, la zone de Porto Conte voyant le dépôt de marno-calcaires. Par contre, quand la
mer régresse, le N de la Nurra recueille les apports détritiques micacés, quartzeux et
ligniteux avec un sens de progradation dirigé vers le NW.
Dans le SW de la Sardaigne, le Domérien est caractérisé par des dépôts marins francs,
les apports terrigènes et détritiques semblant inexistants. Ce secteur représenté un fond
de golfe, adossé à une zone continentale très plate située plus à l'E.
III. CONCLUSIONS. — Cette étude a apporté un certain nombre d'éléments nouveaux
enrichissant la connaissance du Jurassique sarde :
— Au plan stratigraphique : mise en évidence du Domérien moyen; du Toarcien
inférieur, jusqu'à maintenant non caractérisés; bonnes corrélations entre le Bathonien du
N de la Nurra et celui de Porto Conte; caractérisation du sommet du Bathonien inférieur,
du passage Bathonien moyen-supérieur,du début du Callovien.

Au plan sédimentologique : établissement d'une évolution séquentielle, avec descrip-
tion de discontinuités : Lotharingien, Toarcien inférieur, l'Aalénien, Bathonien.

Au plan paléogéographique: distinction de deux régions au NW de la Sardaigne,
l'une plus externe (Porto Conte) jouant en haut-fond avec des faciès oolithiques de haute
énergie et dispersion du matériel vers le N, l'autre plus interne (N de la Nurra) avec des
faciès ligniteux, où les influences marines cessent dès la base du Callovien.
Ces nouvelles données permettront ultérieurement des comparaisons paléogéo-
graphiques précises avec la Provence.
Remise le 3 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] G. CHABRIER et E. FOURCADE, Comptes rendus, 281, série D, 1975, p. 493-496.


[2] Ph. FAURÉ, Dipl. Et. Appl., Univ. Toulouse-III, 1982, 52 p.
[3] Ph. FAURÉ et B. PEYBERNES, Comptes rendus, 296, série II, 1983, p. 1799-1802.
[4] I. DIENI, F. MASSARI et C. STURANI, Rend. Ac. Lincei Sc. fis. mat., XL, p. 1966, p. 99-107.

Laboratoire de Stratigraphie et de Paléoécologie (A-T.P. Jeune Équipe n° 334),


Université de Provence, 3, place Victor-Hugo, 13331 Marseille Cedex 3.
C. R. Acad; Sc. Paris,t. 301, Série II, n° 6, 1985 431

VOLCANOLOGIE. — L'archipel des Grenadines (Petites Antilles) : Volcanisme mio-


pliocène de l'île d'Union. Note de Martine Le Guen de Kerneizonet Hervé Bellon, présentée
par Jean Wyart.
L'île d'Union (archipel des Grenadines) comprend: des formations antérieures au Miocène supérieur dont
une série volcano-sédimentaire crétacé supérieur (Campanien-Santonien) et un volcanisme plus récent se
développant entre 11,5 et 4,5 M.a. selon trois grands épisodes : des filons de basalte (11,5 M.a.), un volcanisme
andésitique entre 10,3 et 8,8 M.a. et l'édification d'un stratovolcan, entre 6,6 et 4,5 M.a. (mise en place de
coulées et pyroclastitesbasaltiques, andésitiqueset de dômes),

VOLCANOLOGY. — Grenadines archipelago (Lesser Antilles) : mio-plioceneVolcanismin Union Island.


Union Island (Grenadines archipelago, Lesser Antilles).is mainly composed of: Pre Upper Miocene formations
among which a Campano-Santonian volcano-sedimentaryseries and a largely extended volcanism of Mio-Pliocene
age (40 K-40 Ar determinations);three main volcanic periods may be ascribed between 11,5 and 4.5 M.a.: fissural
olivine basalts in dykes, around 11.5 M.a. and andesitic volcanism between 10.3 and 8;8 M.a. and the Taboi
strato-volcanoe building between 6.6 and 4.5 M.a. (basaltic and andesitic flows, pyroclastics, and domes).

INTRODUCTION.

Appartenant à la terminaison méridionale de l'arc volcanique des
Petites Antilles, la petite île d'Union (8 km2) occupe une position centrale (lat. 12°36'N,
long. 61°25'W) dans l'archipel des Grenadines. Cette île a été peu étudiée sur le plan
géologique : Martin-Kaye [1] en a dressé une carte schématique; une donnée radiomé-
trique concernant le Mont Parnassus, et des données paléomagnétiques ont été
publiées [2]. L'île d'Union, essentiellement volcanique est constituée de coulées de laves
et de pyroclastites recoupées par des intrusions (dykes et dômes) (fig. 1). Une trentaine
d'échantillons ont été prélevés aux dépens des principales unités géologiques reconnues:

la partie orientale, la plus ancienne, est constituée : 1° de formations très altérées,
recoupées localement par des filons basaltiques; 2° d'une série volcano-sédimentairedatée
du Crétacé supérieur [3] affleurant au Sud de Clifton;

au-dessus, les collines de Donaldson sont formées d'une association de coulées et
brèches pyroclastiques d'andésite basique;

la partie centrale (région d'Ashton) apparaît déprimée et hérissée de plusieurs
extrusions andésitiques et dacitiques;

enfin, la partie occidentale est occupée par un vaste stratovolcan formant les
principaux reliefs de l'île (Mont Taboi, Mont Parnassus, Mont Olympus). Elle est
constituée d'importants empilements de coulées et projectionspyroclastiques andésitiques.
Le but de cette étude est de présenter la chronologie des différents épisodes volcaniques
(âges radiométriques 40K/40Ar, tableau) et leurs principales caractéristiquesgéochimiques
et minéralogiques dont le détail est donné par ailleurs [4].
I. LES FORMATIONS ANTÉRIEURES A 7 M.a. - La péninsule orientale formée par les
hauteurs de Fort-Hill est constituée par des formations très altérées [5] : tufs fins hyaloclas-
tiques parcourus de veinules de limonite et laves massives très largement hydrotherma-
lisées. On peut attribuer au même épisode volcanique ancien, les faciès (andésite massive
altérée) reconnus à la base du Mont Olympus, au voisinage de Richmond Bay. A
l'extrême pointe orientale de l'île (Point Lookout), une intrusion (U 02) orientée E-W,
datée à 11,52 + 0,58 M.a. recoupe les formations dû substratum; il s'agit d'un basalte
peu porphyrique : l'olivine (Fo90 à Fo70) renferme des inclusions de spinelles chromifères

Sciences
(36-40% Cr2O3). Les microphénocristaux de pyroxène présentent un coeur de diopside
(Wo48, En45 Fs6 7) et une périphérie de salite (Wo48 En41 Fs11). Ceux du plagioclase,
3

0249-6305/85/03010431 $2.00 © Académie des


432 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

TABLEAU

Données radiométriques 40K-40Ar


40K-40Ar radiometric data
40 Ar*
Age (M.a.) 40 Ar* K,O 40 ArT Poids N°
Échantillon Nature, localisation + incertitude (10- 7 cm3/g) (%) (%) (g) Exp.

U 22 Filon Mont Taboi 5,43+0,27 1,99 1,13 15,4 1,0455 B 753


U 14 Dôme sud-est de Belmont 5,51+0,28 1,86 1,04 28,6 1,0468 B 499
U 15 Coulée Mont Taboi 5,61+0,28 1,31 0,72 15,5 1,0409 B 755
U 09
. . . . . .
Dôme est d'Ashton 6,12 + 0,31 2,17 1,09 20,3 1,0090 B 752
U 18 Coulée Mont Taboi 6,32 + 0,32 3,27 1,59 18,4 1,021 8 B 751
U 21........ Coulée Mont Taboi 6,40 + 0,32 2,21 1,06 22,0 1,0349 B 500
U 16 Coulée Miss Campbell 6,61+0,33 0,95 0,44 18;9 1,050 3 B 501
U 26 Dôme Richmond Bay 6,65 + 0,33 3,15 1,46 17,3 1,016 6 B 744
(6,64-6,67) 3,17 1,46 29,6 1,023 2 B 497
U 29 Éboulis de coulée Donaldson Form. 8,78 + 0,44 3,48 1,22 15,8 1,001 7 B 743
(8,78-8,79) 3,49 1,22 37,7 1,050 6 B 498
U 13......... Éboulis de coulée Donaldson Form. 10,34±0,78 4,81 1,43 13,1 1,022 8 B 742
U 02 Filon dans Fort-Hill Form. 11,52 + 0,58 3,07 0,82 27,3 1,050 7 B 754

plus rares, évoluent de An84 à An60. La mésostase renferme du plagioclase An60, de


l'olivine Fo65, de l'augite (Wo40,9 En45,1 Fs14) et des titanomagnétites.
Les datations radiométriques étant impossibles à réaliser sur les tufs altérés, nous
pouvons simplement en conclure que la formation de Fort-Hill est d'âge plus ancien que
le Miocène supérieur. La série volcano-sédimentairedu SE de Clifton, juxtaposée à la
formation de Fort-Hill, a fourni récemment une microfaune d'âge crétacé supérieur [3].
La nature du contact entre les deux formations n'ayant pu être précisée, toute datation
stratigraphique est actuellement impossible.
Reposant sur les deux séries précédentes, la formation Donaldson est constituée de
coulées et brèches pyroclastiques sombres (U 13-U 29) datées à 10,34 + 0,78 M.a. et
8,78 + 0,44 M.a. Ce sont des andésites basiques porphyriques : les phénocristaux de

EXPLICATIONS DE LA PLANCHE

Fig. — Schéma géologique de l'île d'Union. 1° Formations superficielles. 2° Volcanisme hydrothermaliséde


1.
Fort-Hill. 3° Série volcano-sédimentaire. 4° Formation Donaldson. 5° Basaltes à olivine. 6° Basaltes et
andésites calco-alcalins. 7° Basaltes à plagioclase-clinopyroxène. 8° Dômes et brèches andésitiques. 9° Dôme
et brèche dacitiques.
Fig. 1.— Geological sketch map of Union. 1° Surface formations. 2° Fort-Hill hydrothermalized
volcanics. 3° Volcano-sedimentary series. 4° Donaldson formation. 5° Olivine basalts. 6° Calc-alkaline
basalts and andesites. 7° Plagioclase-clinopyroxene basalts. 8° Andesitic domes and breccias. 9° Dacitic
dome and breccia.

Fig. 2. — Diagramme Na2O + K2O/SiO2. Laves basaltiques: triangles pleins = basalte à olivine; triangles
vides = basalte à plagioclase-clinopyroxène. Laves calco-alcalines : cercles pleins.
Fig. 2. — Plot of Na2O + K2O against SiO2. Basaltic lavas: full triangles = olivine basalts open
triangles—plagioclase-clinopyroxènebasalts. Calc-alkaline lavas: full circles.
PLANCHE I/PLATE I MARTINE LE GUEN DE KERNEIZON
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985 435

plagioclase à coeur An95-90 sont entourés d'une fine couronne zonée qui évolue jusqu'à
An52 en présentant de très nombreuses occurrences basiques. Les phénocristaux d'orthopy-
roxène (Wo4 En72 Fs24), abondants présentent des inclusions d'olivine et sont parfois
entourés d'une couronne d'augite (Wo36,4En47,6Fs16).Les clinopyroxènes (2 à 3 mm)
sont des endiopsides (Wo43 En48 3 Fs8,6) dont la périphérie a une composition d'augite
(Wo38,6En45,8Fs15,6). Les microphénocristaux d'olivine très altérés sont abondants. La
mésostase est formée de microlites de plagioclase (An50), de pigeonite (Wo8,6 En57 Fs34,4)
et d'oxydes Fe-Ti.
II. LE STRATOVOLCANDU MONT TABOI ET LES DOMES DE LA ZONE CENTRALE. — Situés dans
la partie occidentale de l'île, les reliefs du Mont Taboi, 333 m, du Mont Parnassus et du
Mont Olympus constituent un édifice en arc de cercle ouvert vers l'Ouest :

des coulées prismées de basalte porphyrique, visibles au SW (Miss Campbell)
forment la base de l'ensemble. Ces laves (U 16 : 6,61+0,33 M.a.) à néphéline normative
sont des basaltes à olivine magnésienne (Fo81), à inclusions de spinelles chromifères et à
phénocristaux d'anorthite (An92). Les clinopyroxènes sont des diopsides
(Wo50 En41,5 Fs8,5) évoluant jusqu'aux augites (Wo45En38Fs16). Les basaltes porphyri-
ques à olivine de Bloody-Heads'en rapprochent;
— plus au Nord, surmontant ces premières émissions, un empilement de coulées et
brèches pyroclastiques andésitiques basiques (U 24, U 21 : 6,40+0,32 M.a.) évolue vers
des andésites acides (U 23, U 18 : 6,32 + 0,32 M.a.). Ces laves porphyriques claires renfer-
ment des phénocristaux de plagioclase abondants (coeur An78, périphérie An50) à forte
zonation oscillatoire, et des amphiboles de deux types : —amphibole calcique claire
pargasitique(FM 28); — hornblende édénitique souvent opacifiée (FM 45), les deux types
pouvant se rencontrer au sein de la même roche, notamment dans les andésites basiques.
Les pyroxènes plus petits sont moins abondants; leur composition varie des diopsides
Wo45En48,5Fs6,5 aux salites Wo46En35, 7Fe18,3. Au même moment se mettent en place;
dans la partie centrale déprimée des dômes dacitiques (U 26 : 6,65+0,33 M.a.) ou andésiti-
ques (U 25, U 09 : 6,12 + 0,31 M.a.). Ces roches ne diffèrent des précédentes que par
l'abondance moindre des phénocristaux de pyroxènes et par un enrichissement en fer et
en silice des amphiboles (édénites FM 44) qui ne montrent aucun signe d'oxydation. On
reconnaît du quartz et des plagioclases acides (An14) dans la mésostase des dacites;
— une
deuxième période d'activité volcanique vers 5,6 M.a. se manifeste au Sud-Ouest
par des coulées de basalte porphyrique (U 17, U 15 : 5,61+0,28 M.a.), à plagioclase et
clinopyroxène : les phénocristaux d'olivine (Fo66 à Fo54) sont souvent iddingsitisés, sans
inclusion de chromite; les clinopyroxènes à coeur de salite (Wo49,6En40,6 Fs9, 6) ont une
périphérie d'augite (Wo43,3En39Fs17,7). Les plagioclases (An80-75) sont zonés en bor-
dure. La mésostase renferme des microlites d'augite et de plagioclase pouvant atteindre
An23, et des titanomagnétites. Des dômes andésitiques très semblables aux dômes précé-
dents se mettent en place dans la zone déprimée (U 14 : 5,51+0,28 M.a.). Un filon de
basalte calco-alcalin (U 22 : 5,43 + 0,27 M.a.) à phénocristaux d'amphibole oxydée
recoupe les coulées et pyroclastites associées décrites précédemment. Enfin, l'activité
volcanique se termine à 4,48+0,17 M.a. (2) par la mise en place du dôme andésitique
du Mont Parnassus.

CONCLUSIONS. — Dans un diagramme Na2O + K2O/SiO2 les laves se répartissent en


deux groupes distincts (fig. 2) :
436 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985


le groupe des basaltes (SiO2< à 50%) dont l'évolution peut s'interpréter globa-
lement par la cristallisation fractionnée de minéraux ferromagnésiens et la cristallisation
éventuelle d'oxydes et de plagioclase très basique;

le groupe des laves calco-alcalines qui paraît sans relations génétiques avec le groupe
précédent. Son évolution propre s'interprète par la précipitationd'amphibole légèrement
sodique et de plagioclase de plus en plus acide;

du point de vue chronologique, des épisodes de nature basaltique et calco-alcaline
alternent : — l'activité volcanique miopliocène débute par l'émission fissurale de basaltes
à olivine vers 11,5 M.a., qui ne sont pas sans rappeler ceux émis à la même période à
Petit Saint-Vincent, Petite Martinique, Carriacou [3]. Après un répit de 1 M.a. environ,
s'exprime un volcanisme calco-alcalin basique (formation Donaldson), actif entre 10,3 et
8,8 M.a., le seul décrit à cette époque dans les Grenadines. Vers 6,6 M.a. débute la
construction du strat-volcan du Mont Taboi. S'expriment à la fois des basaltes à olivine
et des laves calco-alcalines acides. Par la suite, entre 6,4 et 6,1 M.a. se développe un
volcanisme andésitique. Entre 6,1 et 5,6 M.a., on constate un arrêt d'activité. Entre 5,6
et 5,4 M.a. s'expriment de nouveau à la fois des basaltes à plagioclase-clinopyroxène et
des andésites. L'activité volcanique semble se terminer à 4,48 M.a. [2] avec les andésites
du Mont Parnassus.
Remise le 6 mai 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] P. H. A. MARTIN-KAYE, Unpublished mimeographedProgress Report n° 1, GeologicalSurvey, Windward


Islands, 1956.
[2] J. C. BRIDEN, D. C. REX, A. M. FALLER et J. F. TOMBLIN, K-Ar geochronologyand paleomagnetismof
volcanic rocks in the Lesser Antilles island arc., Phil. Trans. Roy. Soc. of London, 231, (A 1383), 1979,
p. 485-528.
[3] D. WESTERCAMP, P. ANDREIEFF, P. BOUYSSE, A. MASCLE et J. C. BAUBRON, The Grenadines, Southern
Lesser Antilles. Part I. Stratigraphy and volcano-structural evolution. In Symposium « Géodynamique des
Caraïbes », A. MASCLE éd., Paris, 5-8 février 1985, Technip.
[4] M. LE GUEN DE KERNEIZON, D. WESTERCAMP,J. P. CARRON et H. BELLON, The Grenadines, Southern
Lesser Antilles. Part II. Major petrochemical features of the volcanic rocks. In Symposium « Géodynamique
des Caraïbes », A. MASCLE éd., Paris, 5-8 février 1985, Technip.
[5] P. H. A. MARTIN-KAYE, A summary of the geology of the Lesser Antilles over seas, Geol. Miner. Ress.,
10, n° 2, 1969, p. 172-206.

M. Le G. de K. : Laboratoires de Pétrologie et de Géochimie;


H. B. : G.I.S. « Océanologie et Géodynamique» 410012,
Universitéde Bretagne occidentale, 6, avenue Le Gorgeu, 29283 Brest.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1585 437

PALÉOÉCOLOGIE. Une nouvelle conception de l'origine énigmatique des Cerasto-



derma glaucum quaternaires du Sahara. Note de Alain Lévy, présentée par Jean Aubouin.

La présence d'organismes à caractère marin comme C. glaucum dans les dépôts quaternaires du Sahara ne
semblant pas.pouvoir impliquer une intrusion récente de la mer a toujours constitué une énigme. En effet,
leur provenance qui est imputée à tort aux oiseaux migrateurs ne résulterait le plus souvent que de leur
propagation à partir de refuges où ils ont pu subsister à l'état relicte.

PALEOECOLOGY.—New data about the enigmaof thé saharan sea: on the unusual origin of Cerastoderma
glaucum of the Sahara.
The fact that the presence of marine type organisms such as C. glaucum in saharan quaternary deposits does
not seem to involve a recent intrusion of the sea has always constituted an enigma. Effectively, their origin which
is wrongly imputed to migratory birds, should be more often due to their propagation spreading from pockets
where they could have survived in the relict state.

Dès la moitié du XIXe siècle, la découverte d'organismes à affinité marine comme


Cerastoderma glaucum Bruguière= Cardium glaucum dans quelques cuvettes endoréiques
du Sahara a inspiré à nombre de paléontologistesl'hypothèse d'une mer saharienne ayant
submergé de vastes espaces au Quaternaire. Mais l'éventualité d'une communication de
ces bassins avec le golfe de Gabès, par un couloir franchissant le seuil d'Oudref coté à
+ 31 m environ, avait été vigoureusement combattue dès sa formulation par la quasi-
majorité des géologues ralliés aux vues de Pomel (1875), en raison précisément des
données topographiques. La mer quaternaire ne pouvait avoir transgressé, pendant
l'Holocène notamment, sur d'aussi vastes territoires sans avoir laissé subsister d'autres
traces que ces faunes euryhalines comme C. glaucum. Comment expliquer leur présence
depuis le golfe de Gabès jusqu'au Sahara central distant d'environ un millier de kilomètres
et gisant parfois à plusieurs centaines de mètres d'altitude? (fig. 1). Comment faire
concorder les exigences écologiques des C. glaucum qui vivent actuellement dans des
milieux de transition entre les domaines marin et continental, définis comme
margino-littoraux[16] et l'endoréisme des bassins où ils se trouvent à l'état fossile?
Ce manque de concordance souligne l'énigme que constitue la présence de ces organis-
mes. Pour expliquer leur origine, l'hypothèse la plus communément admise a consisté
jusqu'ici à envisager leur développement dans des eaux continentalesdont la concentration
saline devait être aussi proche que possible de celle des biotopes de leurs homologues
actuels. Cette adaptation se serait effectuée sans doute, au cours des phases pluviales du
Quaternaire ayant pu assurer le remplissage de nombreux paléolacs, pendant le Pléisto-
cène inférieur[15], le Villafranchien supérieur [7], le Pléistocène moyen ([6], [23]), le Pléisto-
cène supérieur ([8], [21], [23]) et l'Holocène ([3], [12]). Cette explication implique que ces
faunes à affinité marine se seraient introduites, peut-être à l'état larvaire et de proche en
proche,jusqu'au coeur du Sahara. C'est ce qui a justifié le succès de l'hypothèse de leur
transplantation par les oiseaux migrateurs capables de parcourir de grandes distances [11].
IMPROBABILITÉDES TRANSPLANTATIONS BIOLOGIQUES PAR LES OISEAUX MIGRATEURS.

Mais
cette hypothèse ne fait pas l'unanimité. Elle est réfutable par des arguments paléontolo-
giques et n'est pas même étayée par les données isotopiques. On n'a jamais signalé de
C. glaucum dans des biotopes actuels d'origine continentale n'ayant jamais été en contact
avec des eaux peuplées d'organismes à affinité thalassoïde; en effet, les rares références
signalant ces faunes dans des régions endoréiques montrent toujours l'existence d'une
relation plus ou moins ancienne de ces milieux avec l'environnement margino-littoral[17].

0249-6305/85/03010437 $ 2.00 © Académie des Sciences


438 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

Ainsi, les mers Caspienne et d'Aral qui ne sont elles-mêmes que des vestiges de la
parathétys constituent à cet égard deux exemples remarquables. De même, la dépression
du Fayoum (Egypte) — dont le coeur est occupé par le lac Karoun située à la base

du delta du Nil et à environ 200 km de la mer, constitue un autre exemple significatif.
Ce lac qui bénéficie encore de conditions favorables du fait de la pérennité des apports
fluviaux, de sa salinité relativement élevée (environ 28 g/1) et de la cote de son interface
eau-sédiment qui descend jusqu'à —45m sous le niveau zéro, se trouve être encore
colonisé par C. glaucum [17]. Or ce biotope a été en communication avec la mer pliocène
qui pénétrait à cette époque dans l'intérieur du delta jusqu'à sa hauteur ([9], [26]), avant
de devenir un vaste plan d'eau lacustre que l'Antiquité évoquait sous le nom de lac
Moéris. Si la pérennité de ce lac se trouve être favorisée par sa situation topographique
et par les crues du Nil tout proche, on ne peut également exclure la possibilité de
remontées marines dans le delta qui auraient pu provoquer, au cours du Quaternaire, de
nouvelles migrations des C. glaucum. Un autre argument paléontologique tient encore à
la présence de Foraminifères dans les paléolacs sahariens où ils sont associés aux
C. glaucum. Or ces microrganismes ne possèdent pas de formes de résistance (spores,
oeufs,,..) susceptibles d'être transplantées. Leur cycle biologique est suffisamment bien
connu actuellement pour écarter cette éventualité puisque dès leur stade embryonnaire,
les gamontes et les schizontes sont déjà des petits Foraminifèresconstitués sur le modèle
des formes adultes qui ne peuvent de ce fait supporter tout séjour prolongé à l'extérieur
de leur milieu naturel [19]. C'est ainsi par ailleurs que l'introduction d'une importante
colonie de Foraminifères dans le lac Salton, en Californie, a résulté du lessivage des
milieux lagunaires de la marge littorale [17] et non d'une transplantation par la voie
aérienne comme on l'admet habituellement à tort [1]. Dans le bas-Sahara, l'identité des
espècesde Foraminifères actuels de l'oued Rhir [13] avec les formes fossiles du chott Djérid
([17], [20]) enlève également toute vraisemblance à l'hypothèse de leur transplantation.
Cette hypothèse n'est pas davantage étayée par les arguments isotopiques. En effet, les
dosages de l'oxygène et du carbone lourds du test des C. glaucum sahariens montrent
que les teneurs fluctuent dans un intervalle commun aux eaux franchement continentales
et margino-littorales[18]. De ce fait, les données isotopiques ne permettent pas d'exclure,
tout au contraire, la nature margino-littorale des paléomilieux correspondants. Il n'existe
donc dans la nature actuelle aucun exemple démonstratif établissant formellement la
présence de C. glaucum et d'autres espèces à caractère thalassoïde en milieu franchement
continental n'ayant jamais été en contact avec la mer d'où la nécessité de rechercher une
autre interprétation pour expliquer leur présence.
DONNÉES ÉCOLOGIQUES.

L'origine des C. glaucum des paléolacs sahariens paraît
encore aujourd'hui bien énigmatique en raison d'une mauvaise interprétation de leur
écologie. Pour expliquer leur introduction dans ces régions endoréiques, il convient de
tenir compte de l'appartenance des faunes actuelles à un environnement margino-littoral
dé transition caractérisant les biotopes d'origine marine ou ayant été en connection avec
la mer au cours de leur histoire. Le confinement progressif de ces milieux provoque
l'emprisonnement sélectif d'espèces exclusivement euryhalines, pourvues d'une très grande
aptitude à s'adapter aux milieux les plus instables. Parmi les indicateurs biologiques de
l'environnement margino-littoral figure précisément C. glaucum capable de tolérer des
variations de salure entre 3 et 60 g/l au moins et de subsister, même à l'état relicte, dans
des biotopes évoluant vers le régime continental. Cette subsistance est tout à fait évidente
dans les mers Caspienne et d'Aral où prospèrent nombre de ces Mollusques ([2], [4]).
PLANCHE I/PLATE I ALAIN LÉVY

Fig. 1. — Carte de répartition des principaux gisements à Cerastoderma glaucum


et autres faunes d'origine marines des paléolacs sahariens avec indication de leurs âges respectifs.
Fig. 1. — Map showing the distribution of main deposits of Cerastoderma glaucum
and other saharanpalaeolakes marine fauna indicating their respective age.

Fig. 2. —
La région des chotts du bas-Sahara et du golfe de Gabès.
Fig. 2. —
The chott region from the lower Sahara to the gulfof Gabes.
PLANCHEII/PLATE II

Fig. 3. —
Reconstitution paléogéographique du Sahara au Néogène
supérieur montrant l'importance de l'épisode lagunaire de type sar-
matien (d'après J. Savornin, 1931).
Fig. 3. — Palaeogeographic reconstitution of the Sahara in the upper
neogene period showing the importance of the sarmatian lagoonal
episode (after J. Savornin, 1931). Fig. 5. Paléogéographiedu Sahara occidental au Villafran-

chien supérieur (d'après J. Conrad, 1969).
Fig. 5. — Palaeogeography of the occidental Sahara during upper
Villafranchian time (after G. Conrad. 1969).

Fig. 4. —
Schéma paléogéographiquedu Miocène algéro-saharien(d'après R. Guiraud, 1973).
Fig. 4. — Palaeogeographic map of the algero-saharanin the miocene period
(after R. Guiraud, 1973).
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985 441
Déjà reconnus dans les formations du Néogène supérieur d'Europe [4], ils ont pu s'accom-
moder aussi longtemps grâce aux conditions physico-chimiques demeurées favorables.
Une aussi longue adaptation s'explique par la très grande superficie de ces mers

respectivement 436 000 et 65 000 km 2 — qui ont conservé des salinités ad hoc — 10/11
et 5/13 g/l. La même survivance des C. glaucum à l'état relicte est également vérifiée dans
le cas de bassins résiduels comme le lac Karoun où cette espèce prolifère encore, malgré
une superficie qui n'excède pas de nos jours 1 700 km2. Mais contrairement à la région
aralo-caspienne, sa subsistance a pu être favorisée ici par le caractère plus tardif de sa
connection avec la Méditerranée.
MODE DE PROPAGATION DES C. glaucum DANS LES PALÉOLACS SAHARIENS. — L'aptitude dés
C. glaucum à s'adapter au confinement d'anciens bassins margino-littoraux est tout à fait
remarquable. Par corollaire, de tels biotopes confinés tendent à constituer des refuges
pouvant abriter des espèces euryhalines dont le rôle est essentiel en matière de propa-
gation. C'est sans doute à partir de tels refuges que ces organismes ont pu coloniser des
plans d'eaux intracontinentaux pourvus d'un chimisme ad hoc et hors de portée des
influences marines récentes. A titre d'exemple, le débordement du lac Karoun ou de
la dépression aralo-caspienne qui pourrait résulter de. crues exceptionnelles, conduirait
nécessairement à propager leurs faunes et leurs flores au-delà de leurs lignes de rivages
initiales. Un tel phénomène s'est même réalisé à notre époque lors du déferlement des
crues du Colorado dans la dépression du Salton, après lessivage des marges littorales
californiennes [17]. Le même processus s'est vraisemblablement répété maintes fois au
Sahara où les gisements à C. glaucum jalonnent de vastes dépressions topographiques
qui sont les vestiges d'anciens paléolacs. Sans doute leur importance et leur diversité
ont-elles été très variables du Sarmatien à l'Holocène, période marquée par l'alternance
de phases arides et très humides. Les formations à Cerastoderma correspondent à ces
périodes très pluviales ayant pu provoquer le drainage de milieux refuges résiduels. Les
plus anciennes semblent remonter au Néogène puisqu'elles sont bien connues en Algérie
dans les niveaux sarmatiens de la Tafna [10] et dans certains autres dépôts du Miocène
et du Pliocène [4]. Elles sont concordantes avec les reconstitutions paléogéographiques
du Néogène supérieur qui correspondait à un épisode lagunaire très développé (fig. 4
et 5). Mais la présence des C. glaucum sur les Hauts Plateaux (chott Chergui), dans des
dépôts marquant la fin d'une longue évolution quaternaire encore inconnue pourrait
s'expliquer par une adaptation sur place d'organismes sarmatiens. A l'Holocène, la
mer n'ayant pu atteindre ni l'erg occidental (+400 m) ni la sebkha Mellala (+200m),
l'introduction de faunes relictes résulterait du lessivage de refuges par des eaux continen-
tales en crues. Il en serait de même pour les C. glaucum des dépôts holocènes de J'oued
el Akarit dont l'affinité marine est contestée par certains auteurs ([12], [22]) à cause de
l'altitude élevée (entre +10 et +20 m) des gisements correspondants. Leur prolifération
tardive à partir de faunes relictes introduites antérieurement dans la région soulève en
effet bien moins de difficultés qu'une transgression trop récente. Il apparaît ainsi tout à
fait indispensable de dater les organismes du Djérid, du bas-Sahara et de l'Ahnet (fig. 5)
pour faire progresser nos connaissances paléogéographiquesdu Quaternaire saharien.
ORIGINEDES C. glaucum SAHARIENS. — Pour comprendre par quel moyen ces organismes
à affinité thalassoïde ont pu s'introduire au Sahara, il convient de tenir compte des
données écologiques précédentes qui impliquent une introduction originelle par là voie
marine. Cet épisode que Savornin (1931) a situé au Sarmatien (fig. 3) paraît s'être répété
au Quaternaire, dans la région du bas-Sahara, comme le suggère vivement l'association

C. R., 1985.2e Semestre (T. 301) Série II — 31


442 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

des faits suivants :


Si la présence du seuil d'Oudref culminant à + 31 m entré les rivages du golfe de Gabès et la région des
chotts ne permet pas d'envisager un ennoyage trop récent par la mer, ni à l'Holocène ni peut-être même au
Pléistocène supérieur, l'apparition des premiers C. glaucum du Djérid semble toutefois être postérieure au
Sarmatien. En effet, leur présence à —53 m sous le fond du chott (lui-même coté à + 15 m du niveau zéro
actuel) survient brutalement au-dessus d'une série fluviatile et azoïque plio-quaternaire [20].

Si la colonisation du Djérid et du bas-Sahara par les C. glaucum n'a pu être réalisée qu'à une époque où
le seuil d'Oudref était moins élevé qu'aujourd'hui par rapport aux lignes de rivages contemporaines, de
nombreuses traces de déformations bien visibles sur le flanc nord du Djérid, le long de l'axe atlasique
( fig. 2) étayent cette interprétation. Les lumachelles présumées villafranchiennes qui apparaissent plissées et
concordantes sur le mio-pliocène [6] atteignent 40 à 50 m d'altitude et des pendages de 45 à 50° contrastant
avec d'autres formations fossilifères plus récentes et horizontales du chott Fedjaj [6]. D'autres manifestations
néotectoniques ont également été décrites notamment dans le Sahel où les gisements à C. glaucum atteignent
20 à 40 m au paléotyrrhénien et 30 m à l'eutyrrhénien de Monastir [22]. Les effets de ces déformations se
surajoutent également aux fluctuations du niveau marin dont on sait que si l'amplitude des variations n'a pas
dépassé + 2m vers 8 000 B.P. ni la cote zéro vers 35 000 B.P. [12], elle a cependant atteint le niveau + 12/15m
vers 120 000/125 000 ans comme l'attestent les dépôts horizontaux de Douira dans le Sahel qui ne sont que les
vestiges d'un ancien cordon littoral [22].

L'alignement des gisements à C. glaucum — dont les plus anciens sont présumés villafranchiens[8] — qui
forment une chaîne quasi -continue entre la cuvette du bas-Sahara et les rivages du golfe de Gabès (fig. 2).
Il existe ainsi une remarquable concordance entre les déformations néotectoniques,
l'existence de niveaux marins plus élevés qu'aujourd'hui — au paléotyrrhénien par
exemple — et les données écologiques qui impliquent une introduction naturelle des
C. glaucum et non leur transplantation par des oiseaux. Ces arguments suggèrent l'exis-
tence d'une connection entre la mer et le bas-Sahara dont l'âge reste à déterminer avec
précision mais qui pourrait bien se situer au Pléistocène moyen [6] ou inférieur [28].
Remerciements à Anne-Marie Alinat du Musée océanographique de Monaco pour sa contribution active
aux recherches documentaires.
Remise le 21 janvier 1955, acceptée après révision le 3 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[2] W. BATESON, Proc. R. Soc. London, XLVI, 1889.
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[5] P. F. BUROLLET, Comptes rendus, 286, série D, 1978, p. 1133-1135.
[6] G. CASTANY, Quaternaria 1, 1954, p. 117-134.
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[15] P. JODOT, P. ROUAIX, in J. FABRE et N. PETIT-LAIRE, S.G.F., Marseille, 1983.
[16] A. LÉVY, Rev. Géog. Phys. Géol. Dyn., 13, n° 3, 1971, p. 269-278.
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[18] A. LÉVY, P. ROGNON, R. LÉTOLLE, Géog. Phys. Géol. Dyn., 1985 (sous presse).
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[20] E. MILOKHOFF, Thèse, Universitéde Strasbourg, 1952.
[21] W. D. PAGE, Thèse, Universitédu Colorado, 1972.
[22] R. PASKOFF et R. SANLAVILLE, Maison de l'Orient, Lyon, 1983.
[23] N. PETIT-MAIRE, O.N.R.S., 1982.
[24] A. POMEL, Comptes rendus, 80, 1875, p. 1342-1343.
[25] P. ROGNON, A. LÉVY, G. COUDÉ, J. L. BALLAIS et J. RISER, Géol. Médit., X, n° 2, 1983.
[26] K. S. SANDFORD et W. J. ARKELL, Nature, 121, 1928.
[27] J. SAVORNIN,J. Carbonnel, 1931.
[28] M. SOLIGNAC, Rev. Tun., 1931, p. 161-229.

Laboratoire de Géodynamiquedes Milieux continentaux, 4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985 443

Boureau,
PALEOEGOLOGIE; — L'intérêt paléoécologique du remplissage sédimentaire des
maars du Velay occidental.Noté de Jacques-Louis de Beaulieu et Maurice Reille, présentée
par Edouard
Dans trois sondages carottés de 32, 37 et 54 m provenant de maars du Velay, 135 spectres polliniques
portent témoignagede l'existence de successions de végétationssteppiques et forestières remontant au moins à
l'Eémien. Il en résulte que ces sites sédimentaires recèlentcertainementdes séries continues depuis le Pléistocène
moyen, âge,minimalprésumé de la formation de ces maars.

PALEOECOLOGY.— The paleoecological interest of the sedimentaryfilling of maars in western Velay.


Three borings, 32, 31 and 54m deep, in the Velay maars, have yielded 135 pollen spectra which evidence the
existence of successive steppe and forest vegetations dating back at least to the Eemian. Therefore these maars
certainly contain continuous sequencesfrom the Middle Pleistocene, the supposedminimum age for theirformation.

Le Velay constitue la région volcanique française là plus riche, particulièrement dans


les Monts du Devès, en cratères d'explosionmagmatophréatique de type « maar ». L'âge
du plus grand nombre d'entre eux est présumé se situer entre 1,5 et 0,5 M.a. [1].
Si beaucoup sont comblés depuis plus ou moins longtemps, d'autres, qui recèlent
encore en leur centre un marécage (Landos, Limagne) ou contiennent un lac (Le Bouchet,
Issarlès), laissaient pressentir que leur remplissage sédimentaire représente une grande
partie du Pléistocène.
Deux indices avaient confirmé cette prévision [2] :

de courts sondages manuels dans les tourbes et gyttjas tardiglaciaires et holocènes
des marais de Limagne et Landos ont livré vers leur base des spectres polliniques
contenant du pollen témoignant du remaniement de sédiments interglaciaires;
— les niveaux les plus profonds (3 à 6 m) de carottes sous-lacustres du lac du Bouchet
ont révélé des spectres polliniques très caractéristiques du Pleniwürm final.
Aussi était-il intéressant d'essayer d'exploiter le matériel de trois sondages industriels
dans trois maars du Devès, excutés sous le contrôle du B.R.G.M. (1), pour le compte
d'un commanditaire privé qui ne souhaite pas que leur localisation et leur stratigraphie
exactes soient divulguées dans l'immédiat. Ces sondages, effectués au cours de l'automne

54 m (Velay 1), 37 m (Velay 2) et 32 m (Velay 3).


1982, ont atteint, sans toucher la base des remplissages lacustres, les profondeurs de

Les objectifs industriels de ces sondages n'ayant pas nécessité les soins particuliers
qu'imposel'analyse pollinique et, de plus, les carottes ayant fortement vieilli depuis leur
extraction, il était d'emblée exclu d'en faire une étude détaillée. Les analyses décrites ici
représentent donc un échantillonnage lâche (généralement métrique ou semi-métrique)
sur lequel cependant 135 spectres polliniques ont été établis totalisant le comptage de
quelque 40 000 grains de pollen et spores.
L'histogramme du site Velay 3 permet à lui seul d'illustrer au mieux l'ensemble de ces
données et de les commenter brièvement.
a. VELAY 3. — Les distancés entre les échantillons interdisent une description de
l'histogramme en ternies de « zones d'assemblages polliniques » [3], Seuls peuvent être
distingués des « ensembles », les uns évocateurs de climats plutôt tempérés (V3, b, d, f,
h), les autres traduisant des conditions plus rigoureuses (V3, a, g, i) :


L'ensemble V 3 a correspond à une période glaciaire : excepté deux maximums des
taux de pollen arboréen (P.A.), dont Pinus est la seule cause, ceux-ci sont très bas; les
0249-6305/85/03010443 $ 2.00 © Académie des Sciences
444 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

arbres mésophiles sont quasi absents. Les deux spectres du sommet de cet ensemble,
riches en Betula, pourraient évoquer un boisement pionnier tardiglaciaire.

L'ensemble V 3 b correspond à la période moyenne d'un interglaciaire. La domi-
nance d'Abies et Fagus indique que l'optimum est déjà dépassé.

L'ensemble V 3 c constitue la phase catathermique plus avancée de cet interglaciaire
avec dominance de Pinus et Picea.
V 3 d correspond à une nouvelle phase tempérée à Quercus abondant, enrichie en

Picea vers sa fin.
V 3 e est très nettement froid : Pinus et les herbacées, dont bon nombre de step-

piques, dominent.

En V 3 f, les steppiques disparaissent, tandis que Pinus, Picea et Quercus se partagent
les taux du P.A.
V 3 g, avec un médiocre taux de P.A. principalement imputable à Pinus et des

fréquences régulières de steppiques, correspond à un épisode aride et froid.

V 3 h apparaît nettement tempéré avec notamment Carpinus betulus en abondance.

V 3 i associe de façon ambiguë la persistance du seul Picea parmi les arbres autres
que Pinus et des taux modérés de steppiques.

En V 3j les taux du P.A. fluctuants et assurés par le seul Pinus ainsi que l'importance
des steppiques renforcée par celle des Poacées indiquent qu'il ne peut s'agir que d'un
épisode pléniglaciaire accusé et les présences répétées de Cedrus témoignent du rôle
prépondérant des apports lointains, donc de la faible production pollinique de la végé-
tation régionale qui en est le corollaire.
Les longues séquences de la Grande Pile [4] et des Echets [5] ont montré que dans
l'est et le centre de la France, entre la fin du dernier interglaciaire sensu stricto (Eémien)
et le Pléniglaciaire würmien, soit entre —110 000 et —70 000 environ, se sont succédé
trois interstades très tempérés favorables au développement des feuillus — et équivalents
de ceux d'Amersfoort, Brörup et Odderade d'Europe plus nordique [6] —. Dans la
mesure où l'échantillonnage n'a pas été trop lâche pour laisser échapper des épisodes
f
climatiques majeurs, les trois phases tempérées V 3 d, et h successivement rencontrées
au-dessous du Pléniwürm devraient correspondre à ces trois interstades. Dans ce cas,
l'épisode de V 3 h est à corréler avec I'Eémien; or, l'abondance d'Abies ainsi que la
présence de Buxus et Taxus (deux taxons qui disparaissent après I'Eémien à la Grande
Pile et aux Echets ([5] et [6]), constituent des arguments qui imposent cette corrélation.
Cependant, Fagus est très discret dans I'Eémien de la Grande Pile et des Echets mais
son importance en Velay peut trouver une explication dans la différenciation régionale
des végétations éémiennes : au cours de I'Eémien on connaît par exemple des régions
d'Europe où Tilia abondait et d'autres où, au contraire, il n'a pas pris pied [7].
b. VELAY 2. — Le sondage Velay 2 présente des similitudes avec Velay 3 car, après
une phase très nettement froide, apparaissent des spectres interglaciaires à Ulmus, Quercus,
Carpinus, Taxus, mais peu d'Abies et de Fagus.
Il pourrait s'agir d'épisodes de végétation appartenant au même interglaciaire que
V 3 b, mais plus précoce : cette interprétation est confortée par l'existence de trois épisodes
tempérés sus-jacents séparés par des phases froides qui peuvent être mises en équivalence
f
avec Velay 3 d, et h.
En outre, au-dessous du premier épisode froid, est observé un ensemble de spectres
faiblement tempérés, riches en Pinus et Picea, avec présence non négligeable de Quercus,
qui serait donc antérieur à I'Eémien.
PLANCHE I/PLATE I JACQUES-LOUISDE BEAULIEU
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985 447

c. VELAY 1. — Cette séquence, la plus profonde, comporte dès sa base une série de
spectres correspondant à des conditions froides : Pinus est le seul arbre bien représenté
et les spectres sont différenciés par une succession d'oscillations des taux de Pinus et
d'Artemisia (ces derniers dépassant plusieurs fois 30%).
Au-dessus de cette longue série, deux spectres fortement dominés par Corylus et
Quercus témoignent d'un début d'interglaciaire qui se retrouverait dans des spectres
sus-jacents riches en Carpinus, avec Abies, Taxus et Buxus, évoquant bien I'Eémien, mais
ici il n'est pas rencontré de phase à Fagus.
Au-dessus, après un épisode frais, apparaissent au moins deux phases tempérées
distinctes, mais l'état de la carotte lors du prélèvement interdit une interprétation détaillée
des résultats.
DISCUSSION. — Les corrélations entre les trois sondages sont évidemment délicates,
la probabilité d'avoir affaire à des niveaux strictement contemporains à partir d'un
échantillonnage vertical lâche étant très faible.
L'hypothèse unificatrice la plus convaincante, reliant les sites entre eux et avec les
séries européennes comparables, est celle qui fait de l'ensemble V 3 b un équivalent de
I'Eémien, situant la base des sondages dans le glaciaire qui le précède. Cette interprétation
qui propose la chronologiela plus courte est confortée par le fait que les niveaux tempérés
surmontant V 3 b ne peuvent être attribués au Würmien récent. Cependant elle pourrait
être mise en cause si de nouveaux épisodes intercalaires caractéristiques étaient révélés
par une étude détaillée fondée sur des carottages appropriés à l'analyse pollinique.
Mais déjà les informations qu'apportent les présentes analyses sur l'histoire des végéta-
tions du Pléistocène supérieur du Massif Central sont précieuses dans la mesure où ce
sont pratiquement les premières.
Ces résultats illustrent l'intérêt paléoécologique de cette région de moyenne altitude
dans une situation de bonne sensibilité aux paramètres du climat.
Ainsi sont démontrés :

le rôle joué par Picea dans le Massif Central au début de la dernière glaciation qui
l'en a donc chassé tardivement;

la place non négligeable que Carpinus a pu y occuper au cours des phases tempérées
antérieurement au Pléniwürm;

la persistance régionale de Fagus au cours du Quaternaire.
Par ailleurs, les sondages étudiés couvrent au moins les 130 derniers millénaires sur
seulement une trentaine de mètres d'épaisseur. Or, d'une part, les explosions ayant donné
naissance aux sites en cause impliquent de puissantes venues d'eau [8] qui les ont
forcément rendus rapidement lacustres et, d'autre part, les profondeurs connues des
maars semblables de la région (Issarlès, Senèze) autorisent à envisager une profondeur
de remplissage de l'ordre de 150 m. On peut donc attendre de ces sites des séquences
sédimentaires continues correspondant à l'ensemble Pléistocène supérieur et moyen, lequel
n'est connu à ce jour en Europe que par deux sites marginaux : Tenaghi-Philippon [9] et
Padul [10].
L'identification des téphras que contiennent ces dépôts lacustres pourrait fournir les
éléments d'une chronologie plus détaillée du volcanisme régional. Mais, surtout, des
carottages dans ces dépôts permettraient de développer, sur un support chronologique
bien établi par l'analyse pollinique, d'autres approches — paléomagnétisme, corrélations
océan-continent,corrélations entre cycles climatiques et cycles astronomiques, paléoclima-
tologie quantitative — qui reposent sur de longues séquences sédimentaires continues.
448 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

Aussi, l'intérêt paléoécologique et la longueur des séquences des maars du Velay étant
établis malgré les imperfections d'un support occasionnel, s'impose-t-il de rassembler les
moyens d'organiser des sondages permettant leur complète exploitation scientifique.
(1) Nous remercions M. Jeanbrun, directeur régional du B.R.G.M. à Clermont-Ferrand, qui nous a aimable-
ment autorisés à prélever sur ces carottes et A. Pons, directeur du Laboratoire de Botanique historique et
Palynologie, qui a découvert leur existence et nous a apporté ses encouragements dans cette recherché ainsi
que ses conseils dans la rédaction finale.
Remise le 3 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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J.-L. DE BEAULIEU et M. REILLE, Boreas, 13, 1984, p. 111-132.
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G. CAMUS, A. DE GOER DE HERVE, G. KIEFFER, J. MERGOIL et P. M. VINCENT, Volcanologie de la


chaîne des Puys, 1974, Parc Naturel Régional des Volcans, Clermont-Ferrand, 112 p.
[9] T. A. WIJMSTRA et A. SMIT, Acta Bot. Neerl., 25, (4), 1976, p. 297-312.
[10] F. FLORSCHUTZ, J. MENENDEZ AMOR et T. A. WIJMSTRA, Palaeogeography, Palaeoclimatol.,Palaeoecol.,
10, 1971, p. 233-264.

Laboratoire de Botanique historique et Palynologie, U,A. C.N.R.S. n° 1152,


Faculté des Sciences et Techniques Saint-Jérôme, 13397 Marseille Cedex 13,
C. R. Acad. Sc. Paris,t.301,
Série
II, n° 6, 1985

-
PALEONTOLOGIE. LaSpongiofaune des sédiments peu profonds du Kiméridgien
supérieur-Portlandien du Languedoc (France). Note de Yves Bodeur, Henri Termier et
Geneviève Termier, présentée par Édouard Boureau,
Une petite spongiofaune, associée à de nombreux organismes à affinités « récifales», a été récoltée dans des
calcaires bioclastiques d'eaux peu profondes, datés du Kiméridgien supérieur- Portlandien. Quatre formes ont

(France).
été reconnues: Cylicopsis verticalis Turnsek ( = Sestrostomella canadensis Jansa et Termier). Peronidella cf.

demascotaensis Jansa et Termier, Chaetetopsis sp., Gilletia? sp,. Une cinquième forme, nouvelle, est décrite :
Squamipora verticillata
Cette
nov.
gen,
nov.
sp..
association
pourrait
jalonner le bord de la Téthys.

PALEONTOLOGY.-The Spongiofauna of the UpperKimeridgian-Portlandian shallow sediments of


Languedoc
A small Spongiofauna, associatedwith
limestones of well establishedUpper
numerous
"reefal"
organisms,
Kimeridgian-Portlandian
age.
Four
was collected
in bioclastic shallow
forms were recognised: Cylicopsis
verticalis Turnsek (= Sestrostomella canadensis Jansa et Termier), Peronidella, cf. demascotaensis Jansa et
Termier; Chaetetopsis sp;, Gilletia? sep.A fifth form, new, is described: Squamipora verticillata nov. gen., nov.
sp. Thisassociation seems to mark the Tethys border.

INTRODUCTION. — En Languedoc, la série stratigraphique du Jurassique supérieur


(fig; 1) s'ordonne en une grande séquence régressive, depuis les calcaires sombres bien
lités à grain fin de type « plate-forme externe » de l'Oxfordien, jusqu'aux calcaires clairs
massifs, plus grossiers, de type " barrière » ou « arrière-barrière » du Portlandien ([1], [2]).
C'est dans la partie supérieure de cette mégaséquence qu'a été récoltée une petite
spongiofaune, dans la formation dite des « calcaires blancs » ([3], [4]), à la montagne de
la Séranne(fig. 2), près dela localité de Ganges (Hérault), au Sud des Cévennes.
Là se sont accumulées d'épaisses masses de calcaires bioclastiques clairs, très massifs
et lapiazés, ne montrant pas la moindre trace de stratification.Ce sont typiquement des

[7].
calcarénites ou des calcirudites qui, au microscope, se révèlent être des biosparites ou
des intrabiosparites; mais des pelsparites ou pelmicrites ont pu se déposer localement..
Cette formation repose sur des calcaires faiblementbioclastiques, assez bien lités, à grain
relativement fin, datés par des ammonites de la base du Kiméridgien supérieur ([4], [5]).
Sa partie sommitale a livré de rares ammonites ([3], [6], [4]) et des calpionelles [1] du
Portlandien supérieur.Elle est recouverte par un Berriasien marneux très bien datépar
de nombreuses ammonites et calpionelles
Ces calcaires dont l'âge Kiméridgien supérieur-Portlandien est bien établi, livrent des
lamellibranches (Dicéras...) et gastéropodes variés, de nombreux madréporaires et débris
d'échinodermes, quelques brachiopodes, chaetétidés, pharétrones, ainsi que de rares
ammonites [6]. Les micro-organismes sont très abondants; parmi les algues : Lithoporella
elliotti Emberger, Pianella pygmaea(Gümbel), Nipponophycusramosus (Yabe et Toyama),
Neoteutloporella socialis Praturlon, Arabicodium sp., les incertae-sedis Tubiphytes sp.et
Bacinella-Lithocodium; parmi les foraminifères : « Conicospirillina basiliensis » Mohler,
Protopeneroplis striataWeynschnk, Trocholina alpina (Leupold), T. elongata (L.):
Lenticulina sp., Pseudocyclammina
tituus Nautiloculina
(Yokoyama), oolithica Mohler,
Lituolacf. nautiloidea Lamark. Ces calcaires, caractérisés par leur richesse en organismes
benthiques et leur granulométrie élevée traduisant un hydrodynamisme assez fort, consti-
tuent un corps sédimentairede 500 à 700 m. d'épaisseurmaximale, bien localisé dans
l'espace, et légèrementlatéralementvers l'Est à des forma-

Sciences
diachrone.
On
les
voit
passer

tions de pente externe, et vers l'Ouest à des formationsd'arrière-barrièreà caractères de


0249-6305/85/03010449 $ 2.00 Académie des
450 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

Fig. 1. — Localisation stratigraphique.


Fig. 1. — Stratigraphicallocalization.
Fig. 2. Localisation géographique.

Fig. 2. — Geographical localization.

« lagon ». Les critères de faible profondeur y sont assez fréquents (stromatolites, petites
constructions à madréporaires et dasycladales...).
LA SPONGIOFAUNE. — L'ensemble des Spongiaires recueillis dans ces faciès indique une
très grande similitude avec le sommet de la formation Abenaki, (Artimon) du puits

EXPLICATIONS DES PLANCHES

Planche I

Cylicopsisverticalis Turnsek.
Fig. 1 et 2. — Petites formes à oscule polycoelique en section transversale; 1. 1968-55'; 1966-47; G x 6,5.
Figs. 1 and 2. — Small forms with one polycoelic osculum (astrorhiza) in transverse section; M x 6,5.
Fig. 3 et 4. — Forme Sestrostomella en section subaxiale montrant les apochètes et les gros tubes menant à
l'oscule polycoelique; 1968-55; fig. 3, G x 6,5; fig. 4, G x 20.
Figs. 3 and 4. — Subaxial section showing apochetes and tubes to polycoelic osculum; Fig. 3, M x 6,5; Fig. 4,
M x 20.
Fig. 5. —
Section transversale dans une forme Cylicopsis à 2 astrorhizes; 1968-46'; G x 6,5.
Fig. 5. —
Transverse section through Cylicopsis with 2 astrohizes; M x 6,5.
Fig. 6. —
Section dans la zone centrale : présence de planchers dans les gros tubes; 1968-46; G x 40.
Fig. 6. —
Section through the polycoelic axial zone showing tabulae into big tubes; M x 40.
YVES BODEUR
PLANCHE I PLATE I
PLANCHE II/PLATE II
C. R. Acad. Sc, Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985 453

Planche II

Squamipora verticillata nov. gen. nov. sp; Type du genre et de l'espèce. Portlandien; 1967-64;
Fig. 1. — Aspect général; G x 20 (voir fig. 3).
Fig, l. — General view; Mx 20 (explained Fig. 3).
Fig. 2. - Détail; G x 40.
Fig.2. - Détail, Mx 40.
Fig. 3. —
Détail de tubes prosopores : les spicules apparaissant comme de gros points sur les limites; G x90.
Fig. 4. —
Partof the axial bundle (as natural cross-ruled); M x 90.

« off-shore " Shell Demascota-G. 32, au large de Halifax (Canada), daté de la limite
Tithonique/Berriasien[8]. Cette faune s'éloigne au contraire de celle de l'Oxfordien
supérieur/Kiméridgienrecueillie dans les nombreux sondages du littoral portugais [9].
Les Spongiomorphidessont représentés par deux formes de structure analogue : l'une,
qui peut répondre à la définition du genre Sestrostomella Zittel, est normalement placée
dans les Pharétrones; l'autre, répond à la définition du genre Cylicopsis Le Maître,
rangé parmi les Spongiomorphides pour sa morphologie massive analogue à celle des
Stromatopores. Dans les deux cas, la structure d'évacuation est composée d'apochètes
subaxiaux groupés en oscules polycoeliques/astrorhizaires;la texture du squelette est
granuleuse et abrite des spicules triactines ou tétractines, bien connus chez Sestrostomella,
figurés sous le nom d'épines [10] dans le type de Cylicopsis. En section subaxiale, on

Fig. 3. — Essai de reconstitution de Squamipora verticillata.


Fig. 3. — Tentative reconstruction of Squamipora verticillata.
454 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 6, 1985

reconnaît facilement sur les formes simples par exemple, les grands apochètes faisant
office d'atriums, de nombreux apochètes plus minces et à parois régulièrement puncturées
qui leur sont parallèles. Des planchers suivis par des prosochètes recoupent l'ensemble
sous le nom de Cylicopsis verticalis Turnsek [12] ( = Sestrostomella canadensis Jansa et
Termier). Il est aussi présent dans le Jurassique terminal du Monténégro et de l'Istrie.
Des fragments d'un Pharétrone Inozoaire pourvu de tri ou tétractines peuvent être
rapportés à Peronidella cf. demascotaensis J. & T., de la basé du Tithonique (Baccaro)
du puits Demascota.
Des Sclérosponges Neuroporidés, souvent très mal conservés, sont abondants. Notons
qu'ils sont très abondants dans tous les gisements de Jurassique supérieur que nous avons
pu étudier, et que l'Abenaki de Demascota en renferme certainement : c'est le cas d'un
petit fragment référé à Chaetetopsis ([1], pl. 3, fig. 3-4). Nous décrirons plus bas un très
beau Neuroporidé, provenant du Languedoc, sous le nom Squamipora verticillata.
Un seul Lithistide paraît identique à celui décrit du Tithonique/Berriasien du puits
Demascota sous le nom de Gilletia? sp., ce genre étant connu de l'Aptien en
Catalogne [11] : la forme des sections montre qu'il s'agit d'une morphologie foliacée dont
la croissance est marquée par des planchers (paraboliques) composés de dicranoclones.
DESCRIPTION DU NEUROPORIDE Squamipora verticillata nov. gen., nov. sp. Dérivation

du nom de genre : du latin squama = écaille, (pl. 2, fig. 2-4; fig. 3).
Forme columnaire composée d'un faisceau axial très large de tubes (apopores), entouré
de tubes latéraux radiaires (prosopores) disposés en verticilles; ces tubes radiaires sont
aplatis. La charpente calcaire est armée de spicules monaxones situés à la limite entre les
tubes latéraux. Un seul exemplaire montre tous ces caractères; il semble bien que cette
espèce ait été assez fréquenté mais que les tubes latéraux, très fragiles, aient été supprimés
lors de la fossilisation, laissant seulement le faisceau axial, de type banal chez les
Neuroporidés. Ainsi, Neuropora dont les tubes latéraux possèdent des expansions en
pointes ourlées de spicules ne les conserve que rarement, et Periomipora [9] dont les
collerettes sont très dentelées semble aussi pouvoir n'être représenté que par un faisceau
axial analogue à celui de Squamipora.
CONCLUSION.

Cette Note montre qu'une spongiofaune d'âge Tithonique/Berriasien
a jalonné la Téthys : il serait intéressant d'en retrouver d'autres représentants matérialisant
les liens isopiques entre la côte canadienne et le Languedoc, et au moins jusqu'en Slovénie.
Remise le 10 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] Y. BODEUR, Comptes rendus, 282, série D, 1976, p. 835-837.


[2] Y. BODEUR, Géobios, Mém. Spécial, 4, 1980, p. 77-83, 1 pl.
[3] F. ROMAN, Thèse, Lyon, 1897, 366 p., 9 pl.
[4] M. GOTTIS, Thèse, Montpellier, 1957, 796 p.
[5] F. ATROPS, in Synthèse géologique du Sud-Est de la France, B.R.G.M., 1984, 2 vol.
[6] Y. TSAN HSUN, Trav. Lab. Géol. Lyon, fasc. 17, mém. 14, 1931, 200 p., 18 pl,
[7] G. LE HEGARAT, Thèse, Lyon, 1973, 2 vol.
[8] L. JANSA, H. TERMIER et G. TERMIER,Rev. Micropal., 25, (3), 1982, p. 181-219, 13 pl.
[9] H. TERMIER, G. TERMIER et M. RAMALHO, Comptes rendus, 300, série II, 1985, p. 975-980.
[10] D. LE MAITRE, Notes et Mém. Serv. Mines et Carte Géol. Maroc, 34, 1935, 60 p., 12 pl.
[11] L. LAGNEAU-HERENGER, Mém. Soc. Géol. Fr., 41, (2), 1962, 252 p., 16 pl.
[12] D. TURNSEK, Razpr. Slov. Akad., 11, (9), 1968, p. 353-375, 9 pl.

Y. B. : Laboratoire de Géologie, Faculté des Sciences,


2, rue de la Houssinière, 44072 Nantes Cedex;
H. T. et G. T. : 131, avenue de Versailles, 75016 Paris.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985 455

MÉCANIQUE ANALYTIQUE. Formalisme hamiltonien symplectique sur les fibrés


-
tangents d'ordre supérieur. Note de Manuel de Léon et Paulo R. Rodrigues, présentée par
André Lichnerowicz.
On se propose de généraliserde façon intrinsèque le formalisme hamiltonien symplectique aux fibrés tangents
d'ordre supérieur à l'aide de quelques structures géométriques canoniquement définies sur ces fibrés. Cette
Note fait suite à des Notes antérieures ([2] à [7]) dont on reprend quelques résultats.

-
ANALYTICAL MECHANICS. Symplectic Hamiltonian formalism on the higher order tangent bundles.
Our purpose is to give and intrinsical generalization of symplectic Hamiltonian formalism on higher order
tangent bundles, with.the help of some geometrical structures canonically defined over such bundles. This Note
is a continuation of previous Notes ([2] to [1]) of which we keep in mind some results.

1. Une fonction (de classe C°°) lagrangienne est dite d'ordre k si elle dépend de
n-variables Xa, m-fonctions yA (xa) de classe C 00 et des dérivées partielles des yA par
rapport aux xa jusqu'à l'ordre k. Dans la présente Note nous allons considérer uniquement
les cas où n=1, x1=t (on suppose aussi que tous les lagrangiens d'ordre k sont
implicitement dépendants du temps t — cela correspond à une « mécanique analytique
autonomed'ordre k").
On se propose d'introduire un formalisme symplectique pour les hamiltoniens associés
aux lagrangiens réguliers dans le sens de la condition Cs de Helmholtz-Cartan (cf. [1]).
Cette Note fait suite à des Notes antérieures ([2] à [7]), où des situations particulières
ont été considérées. La méthode choisie est inspirée des travaux de J. Klein (voir les
dernier chapitres de Godbillon [8]). On montre que le formalisme adopté est une extension
« naturelle » aux fibrés tangents d'Ordre supérieur de la théorie développée dans le cadre
de la mécanique symplectique standard, i. e., d'ordre 1. Le point de départ du notre
formalisme hamiltonien est le théorème de Jacobi-Ostrogradsky(cf. [9], p. 261) qui assure
au niveau local l'existence d'un formalismecanonique pour tous les lagrangiens réguliers
d'ordre supérieur dépendants d'une seule variable indépendante (pour une extension
locale à plusieurs variables indépendantes voir [10]).
2. Soit M une variété différentiable de dimension et Tk M le fibré tangent d'ordre k
m
de M. Soit (U, zA) un système de coordonnées sur M; alors le k-jet sk (0) d'une courbe
s : R- M est représentélocalementpar (zA,zA1, . . ., zAk), où les zA(=ZAo) sont les coordon-
nées sA de s à l'origine de R et

Le terme (1/i!) est introduit pour des questions techniques : du point de vue de la
physique il convient de considérer les coordonnées (qA, qA1), ...,qAk)), ou
2A qA(o) sA(0)> ?a) ^A ^À(0)/^ etc. On a donc.q^ slzA, O^s^k-
= = = = =
Soit J1 la structure tangente canonique d'ordre k sur Tk M. Localement J1 prend la
forme matricielle [par rapport à (zA, zA1,
..., zAk)]:

où Ikm est la matrice identité d'ordre k x m. Par C1 on représente le champ de Liouville


d'ordre k sur Tk M qui s'exprime localement par :

0249-6305/85/03010455 $ 2.00 © Académie des Sciences


456 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985

On pose Jr = (J1)r et C^l^C^^ 2^r^k.


Un champ de vecteurs L, sur TkM est dit semi-spray (ou semi-gerbe) de type r, lgrrg/c
si J,.^ = Cr; si en plus i\ est homogène, i. e., [C1; £] = !;, alors % est dit spray (ou gerbe).
Une p-forme a sur TkM est dite semi-basique de type r si aelmJf; une forme de Pfaff
semi-basique de type r sur TkM détermine un morphisme de fibrés D :
T*M->T*(T*~rM) sur Tfc_rM telle que D*Xk_r= a, où Xk_r est la forme de Liouville
àeTk-'M(cfi[3], [4]).
Soit L : T*M -» R un lagrangien d'ordre k sur M et coL la 2-forme sur T2fc_ 1 M définie
par :

où dr est l'opérateur de Tulczyjew (cf. [11]). L'énergie E associée à L est la fonction sur
T2k- 1 M définie par :

Remarque. — La différentielle de Lagrange 5 définie par Tulczyjew dans [11] admet une
expression intrinsèque équivalente en termes de la structure tangente d'ordre supérieur. En
effet :

Puisque la variété T2fc_1.M est de dimension paire 2km on peut avoir des situations
où (T2k-1M, coL) est symplectique. Dans ce cas on dit que L est régulier, autrement L
est dite irrégulière, dégénérée ou même singulier. Un calcul direct montre qui L est régulier
si et seulement si la matrice :

est inversible, c'est-à-dire, L vérifie la condition Cs de régularité de Helmholtz-Cartan (cf.


[1])
L'étude de l'équation :

sur T2k 1M nous donne le :


THÉORÈME 1. — Soit L un lagrangien régulier d'ordre k sur M. Alors :
(i) le champ de vecteurs i^ est un semi-spray sur T2k- 1 M de type 1, i. e. 31 ^ = C1;
(ii) les chemins de i; sont des solutions de l'équation généralisée d'Euler-Lagrange :

Remarque. — On peut considérer des lagrangiens homogènes comme dans le cas


classique k = l. Dans cette situation, la fonction énergie donnée par (2) et la forme coL
son homogènes et on peut montrer qui h, est un spray.
3. Soit ocL la 1-forme sur T2k-1M définie par :
C. R. Acad. Sc, Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985 457

La formé aL s'exprime localement par :

PROPOSITION 1. — aL estune forme de Pfaffsur T2k-1M, semi-basique de type fc;'aL


est nommée la « forme de Jacobi-Ostrogradsky " associée au lagrangien L.
En tenant compte de la proposition 1, <xL déterminé une application Leg:
T2k-1M- T* (T.k-1 M), telle que;le diagramme suivant soit commutatif :

(q*k-iM et pkk_i1 sont des projections canoniques sur Tk-11M), On vérifie aisément :

et, si•.'%._!.— —d/kk_1 est la forme symplectique canonique sur T*(Tk 1 M) alors on
déduit de (1) et (4) que :

L'expression locale de « Leg » est :


THÉORÈME 2. — Les assertions suivantes sont équivalentes :
(i) L est régulier;
(ii) coL est une forme symplectique;
(iii) l'application Leg : T2k~x M-^T*(Tk_1 M) est un difféomorphismelocal.
« Leg » s'appelle la « transformation de Legendre » associée à L et l'ensemble de
coordonnées (qA,.. .,q^k_V), pA/1,: pA/k) sont les coordonnées généralisées de
..,
« Jacobi-Ostrogradsky».
En général " Leg » n'est pas un difféomorphisme. On dit que L est hyper-régulier si
cette dernière situation se vérifie. Dans ce cas le champ :

est solutionde l'équation :

Ainsi; nous avons la :

PROPOSITION 2,
— Si. 6 est une courbe intégrale de alors y = Lég°a est une courbe
intégrale de t* et qTk-iM°f—pt-T1 ç <?•
Remarque.— On appelle la fonction E, donnée par 2, [ainsi que la fonction E°Leg-1
sur T*(Ti_l M) dans le cas hyper-régulier] énergie hamiltonienne associée à L.
458 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985

4. L'introduction des coordonnées généralisées de Jacobi-Ostrogradsky permettent


d'obtenir localement les équations canoniques d'Hamilton. Soit L un lagrangien hyper-
régulier et H = EoLeg- 1 l'énergie hamiltonienne associée à L. Donc l'expression locale
de H est :

et on obtient par un procédé analogue au cas standard les équations :

Ainsi, il est manifestementclair que les équations (6) se déduisent directement de (3)
dans le cadre d'un système hamiltonien (T*(Tfc_1M), cofc_1, H) avec L hyper-régulier.
Cela nous donne un formalisme intrinsèque qui généralise la mécanique analytique aux
fibrés tangents d'odre supérieur. Le lecteur peut vérifier facilement que la transformation
de Legendre « Leg » nous donne (comme dans la situation usuelle) des moyens de passer
globalement d'un formalisme à l'autre quand L est hyper-régulier.
Dans le cas où L est dégénéré, nous sommes dans le cadre d'une « théorie avec
contraintes » et on peut s'intéresser aux études de Gotay et Nester (cf. [12]), Lichnerowicz
(cf. [13]), Pneumatikos (cf. [14]), Flato, Lichnerowicz et Sternheimer (cf. [15]), etc. pour
une extension à ce type de mécanique.
Remise le 22 avril 1985, acceptée le 3 juin 1985.

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[2] M. DE LEON et C. VILLAVERDE,Comptes rendus, 292, série I, 1981, p. 881-884.
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M. de L. : Departamento de Geometria y Topologia, Facultad de Matematicas,


Universidad de Santiago de Compostela, Espana;
P. R. R. : Departamento de Geometria, Instituto de Matematica,
Vniversidade Federal Fluminense, 24.000 Niteroi, RJ, Brasil.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985 459
MÉCANIQUE DES SOLIDES.
— Vibrothermographie infrarouge d'un béton endom-
magé. Note de Minh Phong Luong, présentée par Jean Salençon.

La vibrothermographieinfrarouge est une technique non-destructive, sans contact, utilisée pour ausculter le
comportement mécanique et physique d'un béton endommagé sous excitations vibratoires rapides. Elle permet
de détecterle seuil de fracturation instable précédant la rupture du matériau grâce au couplagethermomécanique
lors d'une microfissurationcroissante irréversible.

MECHANICS OF SOLIDS. —Infrared vibrothermography of a damaged plain concrete.


Infrared vibrothermography has been used as a non-destructive technique to detect the onset of unstable
crack propagation and/or flaw coalescence due to the thermomechanical coupling, when increasing irreversible
microcracking is generated by vibratory loading.

1. INTRODUCTION. — Il est constamment utile de connaître la qualité des bétons, soit


qu'il s'agisse d'ouvrages neufs, pour vérifier la conformité aux spécifications du béton in
situ, soit pour l'évaluation de la résistance d'ouvrages anciens.
L'essai non destructif actuellement le plus utilisé est l'auscultation dynamique qui, en
dépit de son utilité, ne paraît pas suffisante, ou donne parfois lieu à contestation à cause
de la difficulté d'étalonnage.
La vibrothermographie infrarouge proposée est un essai sans contact, non seulement
fiable et précis en laboratoire, mais permettant éventuellement d'opérer sur les ouvrages
en place, un contrôle ou une recherche des défauts locaux tels que les amorces de
fissuration instable active. L'excitation vibratoire dans cette technique est suffisamment
rapide pour solliciter, de façon adiabatique, le matériau dont la rupture est considérée
comme un processus microstructural d'activation, de croissance et de coalescence d'un
système de microfissures pu de défauts interdépendants.
2. COMPORTEMENT DU BÉTON. — Le béton est un matériau composite, résultat de
multiples associations de liants hydrauliques, granulats, ajouts et adjuvants. Les agrégats
sont baignés dans une matrice continue de mortier, composé lui-même d'un mélange de
pâte de ciment et de particules plus petites. Certains ajouts confèrent l'étanchéité aux

résistances;
bétons utilisés en atmosphère agressive. Les adjuvants fluidifiants améliorent les condi-
tions de misé en oeuvre et l'ouvrabilité du béton permettant une forte augmentation des

Ce matériau de construction est réputé fragile et fissurable, La rupture se manifeste


soit par l'extension directe d'un seul défaut préexistant, soit par la coalescence de petits
défauts. Le niveau de contrainte nécessaire pour activer ces défauts est relié à la taille du
défaut en interaction avec la microstructure environnante. Les défauts qui initient la
fracture du béton peuvent se distinguer en deux catégories : les défauts intrinsèques sont
introduits au cours de la fabrication et sont en prédominance des inclusions ou des vides,
les autres qualifiés d'extrinsèques sont des fissures induites par les contraintes.
L'occurrence de la microfissuration et des glissements conduit à la non-linéarité et au
radoucissementde la courbe de réponse contrainte-déformation.
La figure 1 décrit un essai de compression uniaxiale monotone sur un échantillon de
béton âgé de 2 ans.
La variation de volume obtenue en cours d'essai à l'aide des extensomètres collés dans
le sens longitudinal et transversal sur une éprouvette cylindrique s'est révélée un aspect
important et significatif de la déformation du béton sous charge. Elle peut être attribuée
0249-6305/85/03010459 $ 2.00 © Académie des Sciences
460 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985

Fig. 1. —
Déformations axiale (E„), radiale (sr) et volumique (E„) du béton en compression uniaxiale.
Fig. 1. —
Axial (sj, radial (sr) and volumetric (s„) strains of concrete sample under uniaxial compression.
Fig. 2. —
Excitation vibratoire sur un corps d'épreuve soumis à une compressionuniaxiale statique
et évolution du taux de croissance de la température au point le plus chaud.
Fig. 2. — Vibratory excitation on a specimen under static uniaxial compression
and evolution of the growth rate of heat on the warmest point.

(1) soit aux variations élastiques dans les minéraux, (2) soit enfin à la dilatance ou
augmentation des pores due à une fissuration croissante.
(a) Si aucune dissipation d'énergie n'est décelable, le matériau présente un comporte-
ment hyperélastique.
(b) La compaction liée à l'écrasement des pores ou fermetures des fissures stables
pourrait produire une dissipation limitée d'énergie fonction de la porosité initiale.
(c) La dilatance détermine la rupture du béton par un phénomène complexe. Cette
dernière est souvent caractérisée par le pic de la courbe contrainte-déformation : c'est le
critère de la résistance maximale. En fait, l'état instable entraînant la ruine de l'échantillon
commence dès l'apparition des premières fissures instables.
3. COUPLAGE THERMOMÉCANIQUEDU BÉTON.
— La dissipation plastique du béton est
très faible lors de la propagation d'une fissure instable sous chargement monotone. La
production de chaleur par des déformations plastiques en fond d'une fissure est négligeable
car le béton présente un faible taux de conversion thermomécanique. Ce qui entraîne,
dans les essais de comportement mécanique, une formation lente et insuffisante de l'image
des phénomènes observés à la surface de l'échantillon. Ainsi l'excitation mécanique doit
être d'une durée et d'une intensité suffisantes pour donner lieu à une distribution nette
des températures sur la surface d'observation.
L'idée d'imposer une sollicitation vibratoire rapide sur l'éprouvette de béton pour
obtenir une réponse quasi adiabatique définit ainsi la technique de vibrothermographie
infrarouge des matériaux secs fissurables comme le béton et les roches.
Dans l'hypothèse des petites perturbations, la théorie des variables internes, qui prend
en compte les deux principes de la thermodynamique et la loi de Fourier, permet d'établir

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 3. —
Cartes des températures sur l'échantillon de béton sollicité.
Fig. 3. —
Heat patterns on loaded concrete specimen.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985 463

l'équation d'évolution thermomécanique suivante [4] avec des grandeurs tensorielles k, a


et a :

où c est la chaleur spécifique volumique; T, la température ambiante absolue; k, la


conductivité calorifique; a, la dilatation thermique; a, la contrainte; D, la dissipation
intrinsèque; çp, la densité des sources de chaleur.
Le premier terme du second membre régit la diffusion thermique qui tend à uniformiser
la température dans l'éprouvette éprouvée. Le deuxième terme désigne l'effet thermoélasti-
que qui peut être prépondérant dans les cas des sollicitations isentropiques. Le troisième
terme représente la dissipation thermique d'origine visqueuse ou plastique. Le dernier
terme désigne l'existence des sources de chaleur.

4. VIDÉOTHERMOGRAPHIEINFRAROUGE. — Les applications des méthodes thermiques


infrarouges ont fait l'objet de nombreuses publications au cours de cette dernière décennie
([1], [2], [3], [5] et [6]). Elles reposent sur les mécanismes de transfert thermique.
La vidéothermographieinfrarouge utilise en temps réel un système électronique sophisti-
qué pour conditionner les signaux captés par un détecteur infrarouge à effet photonique
et les afficher sur un écran de télévision. C'est une technique sans contact, non destructive
et continue pour l'acquisition des données: ainsi les mesures ne perturbent pas les
phénomènes ou les objets étudiés.
Cette méthode d'auscultation est basée sur l'observation dans une fenêtre de transpa-
rence atmosphériqued'une cartographie thermique à la surface de l'échantillon éprouvé.
La quantité d'énergie émise par rayonnement infrarouge invisible dépend de la tempéra-
ture de l'échantillon et de son état de surface ou émissivité. Plus la température est élevée,
plus l'énergie émise est importante. Les différences d'énergie rayonnée correspondent à
des différences de température car W=aT4e où a est une constante; T, la température
absolue et e, l'émissivité du matériau.

5. RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX. — Le paramètre mis en évidence dans cette étude est


l'énergie dissipée en chaleur par le béton excité au-delà du domaine réversible stable.
Une sollicitation vibratoire rapide à la fréquence de 100 Hz sur l'éprouvette soumise à
une compression statique donnée ( fig. 2) fait apparaître de façon non destructive les
concentrations des déformations plastiques irréversibles autour des lacunes ou défauts de
fabrication et des microfissures générées par des contraintes excessives dépassant la limite
de stabilité du matériau. Le couplage thermomécaniquerend donc possible une évaluation
quantitativedu taux de croissance de la dissipationthermiquecaractérisant l'endommage-
ment du matériau souligné par les couleurs chaudes (fig. 3).

6. CONCLUSION. — La vibrothermographieinfrarouge met en évidence la dissipation


thermique lors de la fissuration irréversible précédent la rupture du béton. Exploitant le
couplage thermomécanique, elle s'est révélée très précise et fiable pour détecter le suil
d'endommagement mécanique qui, croissant sous charge, mène la matériau à la ruine.
Cette technique vibrothermographiqueinfrarouge sans contact offre la possibilité d'un
contrôle non destructif de l'endommagementet éventuellement une mesure de sa dégrada-
tion au cours de la sollicitation.

Remise le 3 juin 1985.


464 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] R. H. BLANC et E. GIACOMETTI, Int. J. Solid Structures, 11, 1981, p. 531-540.


[2] H. D. BUI, A. EHRLACHER et Q. S. NGUYEN, Comptes rendus, 293, série II, 1981, p. 1015-1018.
[3] M. P. LUONG, Comptes rendus, 295, série II, 1982, p. 87-89.
[4] Q. S. NGUYEN, Thermodynamiquedes Milieux Continus, Cours D.E.A., E.N.P.C., 1984.
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[6] K. L. REIFSNIDER, E. G. HENNEKE et W. W. STINCHCOMB, Mech. of N.D.T., W. W. STINCHCOMB éd.,
1980, p. 248-276.

Laboratoire de Mécanique des Solides, C.N.R.S. U.A., n° 317,


École Polytechnique, 91128 Palaiseau Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985 465
RÉSONANCE MAGNETIQUE. — Principe d'imagerie par résonance magnétique
nucléaire utilisant un champ de polarisation non uniforme. Note de André Briguet, Jean-
Jacques Chaillout et Maurice Goldman, présentée par Anatole Abragam.

Dans celte communication, il est montré qu'une expérience d'imagerie par résonance magnétique nucléaire,
même effectuée en présence d'un champ magnétique statique non uniforme, peut permettre de reconstruire
l'image d'un objet et cela sans nécessiter au préalable l'étude de la distribution spatiale du champ de polarisation,
en vue de corrections. La méthode permet dans le même temps d'établir la carte du champ statique sur. le
volume de l'échantillon et elle est utilisable avec des gradients de champ magnétique non uniformes pour le
codage des signaux, à condition toutefois de connaître la loi de variation spatiale de ces gradients.

MAGNETIC RESONANCE. — Principles of nuclear magnetic resonance imaging using an inhomogeneous


polarizing field.
In thispaper, it is indicated how to reconstruct nuclear magnetic resonance images acquired in an inhomogeneous
static magnetic field whithout the previous knowledge of its spatial distribution. The method provides also the
map of the static magnetic field through the sample volume; furthermore it allows the use of non uniform but
spatially controlled encoding gradients.

1. INTRODUCTION. — La qualité des images obtenues par résonance magnétique sur


des objets transparents aux ondes électromagnétiques s'améliore sans cesse [1] et la
définition des images médicales est actuellement impressionnante.Cette technique d'ima-
gerie" nécessite des gradients de champs magnétiques permettant de coder la position
spatiale par la fréquence de résonance ([2], [3]). La valeur de ces gradients détermine la
limite de résolution spatiale accessible lorsque la non-uniformité du champ magnétique
de polarisation est donnée [4]. Pour que l'image soit de qualité appréciable, cette grandeur,
mesurée en valeur relative ne doit pas habituellement dépasser quelques dizaines de partie
par million sur l'ensemble du volume à représenter. Récemment est apparue l'idée que
l'on pouvait se satisfaire de champs directeurs moins homogènes que ceux qui viennent
d'être cités ([5], [6]) : à condition de connaître à l'avance la distribution spatiale du champ
magnétique statique, il est possible de mettre en oeuvre des techniques de reconstruction
d'images fondées sur les principes de projection reconstruction ([5], [7]) ou de transforma-
tion directe de Fourier ([6], [8]). Il faut noter qu'une méthode a été proposée [9], qui
consiste à utiliser la spectroscopie par résonance magnétique nucléaire pour établir la
carte de champ. Cette méthode permettrait de réaliser des images corrigées des effets
d'inhomogénéité du champ statique. Cependant la durée des expériences serait telle que
ces dernières ne pourraient être envisagées qu'avec des échantillons inertes; de plus la
quantité d'information à recueillir serait si élevée qu'il faudrait disposer de capacités
exceptionnelles de mémorisation des données. La méthode proposée ici, tout en évitant
ces difficultés, conduit à un procédé d'imagerie de qualité en présence d'un champ
magnétique de polarisation dont l'homogénéité, a priori inconnue, est déterminée à l'issue
de l'expérience.
2. SÉQUENCES D'IMPULSIONS POUR L'IMAGERIE EN CHAMP INHOMOGÈNE. — Considérons
tout d'abord le cas d'une imagerie bidimensionnelle effectuée après l'excitation sélective
d'une tranche de l'échantillon, tranche supposée perpendiculaire à la direction Oz, Oxyz
est alors le repère fixe du laboratoire. Par commodité on utilise un repère Ox'y'z tournant
à la fréquence de précession déterminée par la valeur nominale du champ magnétique
directeur orienté selon Oz. La méthode combine deux séries d'excitation-détection, ou
séquences qui sont schématisées sur la figure 1.

0249-6305/85/03010465 $ 2.00 © Académie des Sciences


466 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985

Dans la première séquence (fig. 1 a), une impulsion de 90° autour de Ox' est suivie de
l'application d'un gradient Gy le long de la direction Oy du repère fixe, pendant une
durée x. Cette étape de préparation des aimantations nucléaires est immédiatement suivie
de l'application d'un gradient Gx le long de la direction Ox du laboratoire, pendant une
durée d'écoute au cours de laquelle la variable essentielle est le temps t. Cette séquence
est identique à celle qui a été proposée par Kumar, Welti et Ernst [8]. Si, M (x, y)
représente, à un coefficient d'amplification près, l'aimantation transversale au début de
l'enregistrementdu signal, y le rapport gyromagnétique des noyaux de l'échantillon, et
E(x, y) l'écart entre la valeur du champ magnétique au point de coordonnées x et y et
la valeur du champ à l'origine (x = 0, y = 0), le signal recueilli s'écrit :

T2 est le temps de relaxation spin-spin qui peut également dépendre de x et de y.


La deuxième séquence (fig. 1 b) diffère de la première par l'application à la date x d'une
impulsion de 180° autour de la direction Oy'. Cette impulsion entraîne le changement de
signe de la phase du signal. Par suite, le signal observé au temps t s'écrit :

EXPLICATIONS DE LA PLANCHE

Fig. 1. — Séquences d'impulsions pour imagerie par résonance magnétique nucléaire en champ inhomogène
avec reconstruction de l'image par la méthode de Fourier. L'expérience nécessitant plusieurs valeurs de Gy,
les deux séquences (a) et (b) peuvent donc être exécutées de façon imbriquée. La durée des impulsions
radiofréquence(R.F.) est très faible devant les durées d'application des gradients. L'origine du temps t se
situe à une date x après la premièreimpulsion (90°). ACQ. signifie acquisitiondu signal.
Fig. 1. — Pulses sequencesfor direct Fourier transform nuclear magnetic resonance imaging using an inhomoge-
neous field. The sequences (a) and (b) may be interlaced. The lengthes of the radiofrequency pulses (R.F.)
are substantially shorter than the gradients activation times. The duration between the first (90°.) pulse and
the origin of the acquisition time t is x. Collection of data is designed as ACQ.
Fig. 2. — Image d'une croix réalisée en présence d'un gradient de champ magnétiquede polarisation, dirigé à
60° par rapport à la branche horizontale de la croix, (a) image « réelle »; (b) image « imaginaire ». Ces deux
images sont les représentations bidimensionnelles des termes réels et imaginaires respectivement du produit
de la reconstruction par transformation de Fourier. En (c) on fait apparaître, par le calcul des phases locales,
les lignes équipotentielles du champ sous forme de fractures.En (d) image corrigée (simulation sur ordinateur).
Fig. 2. — Image of a cross obtained in a magnetic field spoiled by a residual gradient oriented at 60° by respect
with the horizontal direction, (a) "real" image; (b) "imaginary" image. Both images are bidimensional
pictures of the real and imaginary parts respectively of the Fourier transform of data. Equipotential lines of
the static field are visualized as broken lines in (c). Corrected image (d) (computer simulation).
Fig. 3. — L'origine des temps se situe cette fois à une date x+ zi après la première impulsion (90°.). L'expression
du signal enregistré s'écrit, dans le premier cas :

L'ajustage de la valeur de z1 permet ainsi d'agir sur l'argument du signal complexe, soit yE(x, y)(x—T). Il
faut noter que ces deux séquences utilisent une impulsion de 180°.
Fig. 3. — The begining of the collecting time is x+Xj after the first (90°) radiofrequency impulse. Then
yE(x, y)(x—Tj), which is the argument of the complex signal, can be adjusted by a proper choice or Xj. Notice
that both sequences (a) and (b) require a 180° radiofrequency pulse.
PLANCHE I/PLATE I ANDRÉ BRIGUET
C: R. Acad. Sc; Paris, t. 301,SérieII, n° 7,1985 469

L'expression complexe conjuguée S*2 (Gy, t) = S1 (Gy, — t) correspond ainsi à des valeurs
négatives de la variable temps. Une variante de la seconde séquence, consiste à appliquer
l'impulsion de 180° autour de la direction Ox' et dans ce cas l'angle de phase est remplacé
par son supplémentaire. Le signal analytique obtenu, S'2(Gy, t) est alors l'opposé du
signal donné par la relation [2] par suite S*2Gy, t) = — S1(Gy, — t). Le point essentielde
la méthode est qu'elle permet de disposer du signal de précession libre de l'aimantation
pour des valeurs du temps t aussi bien négatives que positives. Pour bénéficier de cet
avantage, nous devons multiplier par deux le nombre des observations.
3. OBTENTION DE LA CARTE DE CHAMP MAGNÉTIQUEET D'UNE IMAGE EXEMPTE DE DISTOR-
SIONS. — Pour simplifier l'analyse, nous négligerons l'influence de la largeur naturelle
des raies de résonance, ce qui revient à éliminer les termes de relaxation transversale
dans les expressions (1) et (2). La reconstruction de l'image M(x, y) à partir de la
fonction bidimensionnelle S1(Gy,t) s'effectue à l'aide d'une double transformation de
Fourier :

où K a les dimensions d'un champ et où x0 et ^ sont donnés par :

Il convient de noter que si, dans l'équation (3), on n'utilisait que des valeurs positives
de t, l'expression (3') serait modifiée, et comporterait un terme dit de dispersion, com-
pliqué et inexploitable.
La valeur de E(x0,y0) est obtenue en comparant les parties réelle et imaginaire de
<pi(y0, K). Reportée dans (4), elle permet de déterminer x0. Afin que la valeur de x0 soit
non ambigüe, il est impératif que Gx x+E (x, y0). soit une fonction monotone de x pour
chaque valeur de yo, ce qui nécessite un gradient de lecture Gx suffisamment élevé. La
valeur de % en chaque point est obtenue au moyen de l'équation [5] et à partir dé la
connaissance de E (x, y) en tout point du plan. Le fait que E(x, y) ne soit connu que
modulo E0 = 2n/jx sera discuté dans la section suivante. Le résultat final est une double
image : celle de M(x, y) et celle de E (x, y) aux endroits où M(x, y) est non nul.
La figure 2 illustre la correction des distorsions provoquées par une inhomogénéité
produite par un gradient de champ statique. Pour les images (a) et (b) des parties
réelle et imaginaire de '<p{ (yo, K) on a négligé le terme d'inhomogénéité E (x0, y0) dans
l'équation (4) et attribué le signal cpî (j0, K) au point d'abscisse x0 = K/Gx.
La discussion limitée ici à un modèle bidimensionnel s'étend sans difficulté au cas
tridimensionnel, et les calculs formels s'adaptent aisément au cas pratique où l'on n'opère
que sur des valeurs discrètes de Gy et t.
4. DISCUSSION. — La méthode d'imagerie proposée présente un double intérêt : elle fournit la cartographie
du champ magnétique de polarisation dans tout l'espace occupé par l'objet que l'on cherche à représenter, et
surtout, elle permet de corriger les aberrations provoquées par la non-uniformité du champ. Ceci est possible,
parce que nous disposons, grâce au jeu de deux séquences, d'un signal d'évolution de l'aimantation à la fois
pour des valeurs positives et négatives du temps. Ainsi le résultat de la transformation de Fourier comporte-t-il

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 33


470 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985

uniquement des termes d'absorption. Dans le cas où seules les valeurs positives du temps seraient explorées, des
composantes de dispersionviendraientirrémédiablementobscurcir les spectres. La méthode s'étend égalementau
cas où les champs supplémentaires imposés par la préparation de l'échantillon (application du gradient Gy de
codage de phase) et par l'enregistrement (application du gradient Gx de lecture) ne sont pas des fonctions
linéaires des variables spatiales, ici x et y. Toutefois il est nécessaire de connaître la loi de variation spatiale de
ces champs additionnels et de respecter la condition d'unicité de solution de l'équation (4), condition qui
apparaît ainsi comme essentielle, dans la réalisation d'une expérience d'imagerie par résonance magnétique
nucléaire.
Le problème posé par l'indétermination dé la valeur de l'argument yE (x, y)x du signal image complexe
peut être résolu de diverses façons, nous allons en retenir deux. La valeur de E (x, y) est habituellement prise
égale à zéro pour x et y nuls. Il n'est donc pas très difficile, à l'aide d'un programme d'analyse de l'image
complexe, de repérer les lignes selon lesquelles la phase change de détermination ainsi que le sens de cette
variation. On remarque au passage l'analogie avec les franges d'interférences localisées; ces lignes représentent
d'ailleurs des courbes équipotentielles du champ magnétique. Par suite, la détermination des valeurs E(x, y)
s'effectue par continuité si l'échantillon ne présente pas de lacunes. Dans le cas contraire, les difficultés de
détermination de la valeur de l'inhomogénéitépeuvent être importantes. On y remédierade façon expérimentale,
en choisissant la séquence d'observation de telle sorte que la plage des variations de yE.(x, y)x soit comprise
entre 0 et 2it sur toute la région d'intérêt. La figure 3 présente un jeu de deux séquences avec lesquelles il est
possible de maintenir l'argument du signal complexe (px (y0, K) dans les limites requises.
Une conséquencepratique immédiate de cette méthode d'auto-correction des images, dans le domaine médical,
est de permettre l'examen par résonance magnétique de patients possédant des prothèses ferromagnétiques et
qui produisent eux-mêmes l'inhomogénéité du champ. Une seconde conséquence, de portée économique, est
de rendre possible l'emploi de champs magnétiques de moindre qualité vis-à-vis de ceux que l'on emploie
aujourd'hui, ce qui réduirait notablement le coût des installations. Cette voie demande à être explorée pour en
fixer les limites, car l'emploi de gradients intenses conduit d'une part à des difficultés d'ordre technologiques
lorsqu'il s'agit de les commuter et, d'autre part, à une perte de la sensibilité qui est inversementproportionnelle
à la racine carrée de ces gradients.
Nous remercions Ephraïm Feig (Société I.B.M., Yorktown Heights, U.S.A.) qui nous a aimablement fait
une communication privée de l'analyse mathématique qu'il a conduite séparément [10] sur le problème de
l'imagerie en champ inhomogène et qui aboutit à des conclusionsvoisines.
Remise le 3 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] T. F. BUDINGER et P. C. LAUTERBUR, Science, 226, 1984, p. 228-238.


[2] D. B. TWIEG, Med: Phys., 11, 1983, p. 610-621.
[3] S. LJUNGREN, J. Magn. Res., 54, 1983, p. 338-343.
[4] P. MANSFIELD et P. G. MORRIS, NMR imaging in medicine, Academic Press, New York, 1982.
[5] C. M. LAI, J. Phys. E. (Sc. Instrum.), 15, 1982, p. 1093-1110; Ibid., 16, 1983, p. 34-38; Phys. Med. Biol.,
28, 1983, p. 925-938.
[6] K. SEKIHARA, M. KURODA et H. KOHNO, Phys. Med. Biol., 29, 1984, p. 15-24.
[7] R. A. BROOKS et G. I. DI CHIRO, Radiology, 117, 1975, p. 561-572; Phys. Med. Biol., 21, 1976, p. 689-732.
[8] A. KUMAR, D. WELTI et R. R. ERNST, J. Magn. Res., 18, 1975, p. 69-83.
[9] A. A. MAUDSLEY, H. E. SIMON et S. K. HILAL, J. Phys. E. (Sc. Instrum.), 17, 1984, p. 216-220.
[10] E. FEIG, Troisième meeting de la Society of Magnetic Resonance in Medicine, New York, 13-17 août
1984, résumé p. 227 des abstracts.

A. B. Université Claude-Bernard- Lyon-I,


:
43, boulevard du 11-Novembre-1918,69622 Villeurbanne Cedex;
A. B. et J.-J. C. : Laboratoire d'Électronique et de Technologiede l'Informatique (L.E.T.I.),
Centre d'Études nucléaires de Grenoble, 85 X, 38041 Grenoble Cedex;
M. G. : Commissariat à l'Énergie atomique, Orme-des-Merisiers, B.P. n° 2, 91190 Gif-sur-Yvette.
C. R. Acad, Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985 471

ACOUSTIQUE.— Diffusion acoustique en géométrie séparable : une méthode d'acqui-


sition des séries de Debye généralisées. Note de Jean-Marc Conoir, présentée par Paul
Germain.
Dans le cadre de l'acoustique linéaire et pour des problèmes de diffusion en géométrie séparable, on établit
une méthode générale pour obtenir la décompositiondes solutions en séries d'ondes multiplement réfléchies et
réfractées ou séries de Debye généralisées.

ACOUSTICS. -Diffusionproblems with separable geometry: a method to obtain generalized Debye series,
A general method, particularly useful in linear acoustics and for solutions diffusion problems with separable
geometry, is established. One obtains the decomposition of solutions into series of reflected and refracted waves,
which are in fact generalized Debye series.

INTRODUCTION. — Les diffuseurs que l'on considère, sont constitués par des solides
élastiques, homogènes, isotropes et par des fluides non dissipatifs. Toutes les interfaces
d'un même diffuseur peuvent être décrites par l'intermédiaire d'une géométrie séparable
unique, ce qui permet l'étude de la solution dans le cadre d'une théorie modale, sous
réserve que le système soit excité par des sources de type ondes planes, ondes sphériques,
et plus généralement par toute source, même impulsive, pour laquelle le dévelop-
. . .,
pement d'une telle théorie reste permis. Par cette formulation, on a accès aux résonances
du système, niais pas a une interprétation physique directe. La méthode présentée dans
[1] pour interpréter les résonances, peut être étendue au calcul effectif de la diffusion.
Des idées ont déjà été développées dans cette voie par A. Gerard [2], principalement en
géométrie sphérique. Dans la présente Note, on établit pour les géométries séparables, le
développement des solutions en séries d'ondes multiplement réfléchies et réfractées. On
obtient ces développements en utilisant la structure de l'opérateur introduit au niveau
des conditions aux limites, structure qui est indépendante de la nature de la géométrie
séparable considérée. Ceci permet d'exprimer complètement l'opérateur en fonction des
coefficients de réflexion et de réfraction intervenant aux interfaces du diffuseur, et par
suite d'écrire la solution en fonction de ces mêmes coefficients, ce qui conduit aux séries
de Debye. A titre d'exemple, on applique cette méthode à l'étude de la diffusion d'une
onde plane par un cylindre circulaire élastique sous incidence normale.
DÉCOMPOSITION EN SERIES DE DEBYE. — Pour résoudre un problème de diffusion en
géométrie séparable on est conduit à chercher la solution d'un système linéaire :

L'opérateur D a des propriétés structurelles particulières, et on se propose d'utiliser


celles-ci pour obtenir l'écriture de la solution sous une forme nouvelle que l'on développera
ensuite en série de Debye. L'intérêt de ce travail réside dans l'interprétation physique que
l'on peut alors déduire de cette représentation en séries d'ondes multiplement réfléchies et
réfractées.
Afin d'expliciter la structure de D, on introduit la base canonique [e,], l<U'<;w, par
rapport à laquelle seront exprimés tous les vecteurs et tous lés opérateurs. Dans ce cadre,
0249-6305/85/03610471 $ 2.00 © Académie des Sciences
472 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985

la structure de D est définie par les trois relations suivantes :

où, R et Ri, lrgfrgn, sont des vecteurs dont les composantes ont une signification
physique bien établie. Plus précisement, ces composantes sont les coefficients de réflexion
et de réfraction intervenant aux interfaces du diffuseur.
L'idée est alors d'introduire un opérateur R de sorte que l'on puisse écrire :

où est l'opérateur identité. Sous l'hypothèse acquise DL inversible, qui est essentielle
1
pour pouvoir calculer R et Ri, l^i^n, on a:

En appliquant le principe de la conservation de l'énergie, on montre que les coefficients


de réflexion sont en module inférieurs à l'unité (les milieux sont non dissipatifs), et la
solution s'écrit finalement sous forme d'une série de Debye généralisée :

L'interprétation physique de l'expression (9) est immédiate, c'est une série d'ondes mul-
tiples décomposées géométriquement, dont chacun des termes dépend des réflexions et
des réfractions à chaque interface ([1] à [6]). On établit de plus un résultat original par
l'intermédiaire de (8), puisque l'on exprime la somme de la série de Debye en fonction
des coefficients de réflexion et de réfraction, ce qui est illustré dans l'application suivante.
DIFFUSION D'UNE ONDE PLANE PAR UN CYLINDRE ÉLASTIQUE CIRCULAIRE sous INCIDENCE
NORMALE. - Pour la position du problème et les notations, on se réfère à D. Brill et H.
Uberall [4]. Dans cette géométrie, l'opérateur intrinsèque au diffuseur a pour expression :
C. R. Acad. Sc: Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985 473

CONCLUSION. — En ce qui concerne la décomposition en série de Debye de la solution,


on retrouvé le résultat établi dans [4] par un développementen série du binôme. Toutefois,
la démonstration présentée ici est beaucoup plus simple. On établit de plus un résultat
supplémentaireen sommant la série, et en explicitant sa somme en fonction des coefficients
de réflexion et de réfraction. Bien que les résultats ne soient pas présentés, on a effectué
les calculs pour des situations plus complexes; diffusion d'une onde plane, soit par des
coques cylindrique et sphérique élastiques sous incidence normale, soit par un cylindre
circulaire ou une plaque élastique sous incidence oblique, La méthode développée est
particulièrement adaptée pour aborder ce type de problèmes où les diffuseurs sont à la
fois multicouches et élastiques, car elle prend naturellement en compte les conversions
de modes introduites par l'élasticité et l'ordre d'apparition des interactions dues aux
différentes interfaces du diffuseur. En fait, l'intérêt du formalisme est de mettre en
évidence la logique du développement en série de Debye de la solution, indépendamment
de la géométrie séparable et de la structure du diffuseur que l'on considère.
Remisele 10 juin 1985.

RÉFÉRENCES;BIBLIOGRAPHIQUES

[1] A. GERARD,
rendus, 297, série II, 1983,
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Acoust. Soc. Amer., 73, (1), 1983, p.

Laboratoire central de Télécommunications,


18-20, rue Grange-Dame-Rose, 78140 Velizy-Villacoublay:
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985 475

CHIMIE PHYSIQUE-Détermination potentiométrique et spectrophotométrique des


constantes d'acidité de s-triazines. Note de Bernard Vandorpe, Jacques Lerivrey, Patrick
Decock et Bernard Dubois, présentée par Raymond Daudel.

Les constantes d'acidité de s-triazines ont été mesurées à 25°C en solution aqueuse 0,15M en chlorure de
sodium. Les résultats issus des techniques spectrophotométrique et potentiométrique ont été comparés.

PHYSICAL CHEMISTRY. — Potentiometric and spectrophotometric study of ionisation constants of


s-triazines.
Ionisation constants of s-triazines have been measured at 25°C in aqueous solution using sodium chloride 0.15 M
as a background electrolyte. Potentiometricand spectrophotometric results have been compared.

L'utilisation des herbicides, et en particulier des s-triazines, est de plus en plus répandue
en agriculture. Les mécanismes d'assimilation par les plantes et d'une façon plus générale
par les organismes vivants sont peu connus. Pour comprendre la synergie des s-triazines,
les scientifiques se sont intéressés à leur adsorption par les sols ([1]-[5]). Ces travaux ont
montré que les propriétés complexantes, liées au caractère acido-basique des herbicides,
sont à considérer pour appréhender le devenir de ces espèces. La connaissance des valeurs
des constantes d'acidité est un préalable à toute étude dans ce domaine.
A notre connaissance les seules données bibliographiques, pouvant être utilisées, sont
dues à des travaux en spectroscopie de J. B. Weber ([6], [7]). Dans ce travail nous
exposons les résultats potentiométriques et spectrophotométriquesrelatifs aux valeurs des
constantes d'acidité des s-triazines diversement substituées figurant dans le tableau I,
Les solutions sont préparées dans l'eau déionisée et bidistillée sous atmosphère d'argon,
La soude 0,101 3 M, exempte de carbonates, est préparée dans NaCl 0,15 M et standardi-
sée par du phtalate acide de potassium (National Bureau of Standards). Les solutions de
HCl 0,1 M, utilisées pour protoner les s-triazines (fig. 1), sont dosées par la soude
0,101 3 M. Le volume initial à titrer est de 50 ml.
Les titrages potentiométriques sont réalisés au moyen d'un pHmètre « Tacussel
Isis 20000 » à 25±0,03°C avec une électrode de verre « TB 10/HA » et une électrode au
calomel saturée en KCl comme référence. Les calculs sont effectués sur un micro-
ordinateur « Apple II ».
Sur la figure 2 sont représentées les courbes de titration des herbicides.
Les spectres d'absorption sont enregistrés sur un « Beckman Acta M7 ». Nous avons
représenté dans la figure 3 les variations du coefficient d'extinction molaire en fonction
du pH à une longueur d'onde de 220 nm pour tous les composés s-triazines étudiés.

TABLEAU I
Nomenclature des s-triazines étudiées.
Formula of s-triazines.
s-triazines R1 R2 R3
Hydroxy-2 diisopropylamino-4;6 (hydroxypropazine: PROH)..... .. CH (CH3)2 OH
Méthoxy-2 diisopropylamino-4.6
(prométone:

Chloro-2 diisopropylamino-4. 6 (propazine


PR)...........
:PZ). ...........;. .
CH (CH3)2
CH(CH3)2
CH (CH3)2 OCH3
CH(CH3)2 CH(CH3)2 Cl
Méthylthio-2 diisopropylamino-4.6 (prométryne:
PY).
Méthylthio-2éthylamino-4 isopropylamino-6(amétryne : AY)
........ CH (CH3)2
C2H5
CH (CH3)2
CH (CH3)2
SCH3
SCH3
.. . . ...
Méthylthio-2éthylamino-4terbutylamino-6(terbutryne : TY)...... C2H5 C(CH3)3 SCH3

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476 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985

Fig. 1. — Structure et réaction de protonation des s-triazines étudiées.


Fig. 1.

Protonation equilibria of s-triazines.
Fig. 2. Courbes de titration potentiométrique : (a) hydroxypropazine (1,95.10-4 mole. 1-1); (b) prométone

(1,9.5. 10-4 mole.l-1); (c) prométryne (1,14. 10- 4 mole.l-1); (d) propazine (1,96.10- 5 mole.l-1);
(e) amétryne (3,96. 10-4 mole.l-1); (f) terbutryne (1,49.10-4 mole.l-1).
Fig. 2. —
Potentiometric titration: (a) hydroxypropazine (1.95 x 10- 4 mole. l-1); (b) prométone
(1.95 x 10- 4 mole. l-1); (c) prométryne (1.14 x 10- 4 mole, l-1); (d) propazine (1.96 x 10- 5 mole. l-1);
(e) amétryne (3.96 x 10- 4 mole. l-1); (f) terbutryne (1.49 x 10- 4 mole. l-1).

Les constantes d'acidité sont calculées, à partir des données spectrophotométriques,en


utilisant la méthode préconisée par A. Albert et E. P. Serjeant [8] pour les monoacides :

Dans cette formule, s(k, AH) et e(k, A) sont les coefficients d'extinction molaire des
formes acide et basique pures mesurés à la longueur d'onde A, tandis que B(X) correspond
au mélange des deux formes au pH intermédiaire.
En potentiométrie nous utilisons l'optimisation, par la méthode du simplex, de la
formule classique donnant le volume de base ajoutée en fonction de la concentration en

TABLEAU II
Valeurs des pKa des s-triazines étudiées.
Ionisation constants of s-triazines.
PROH PR PZ PY AY TY

pKa(a)......... 5,10 4,28 1,60 3,90 4,10 4,15


pKa (b) 5,20 4,28 1,85 4,05 4,10 4,0
pKa (c) 5,37 4,39 2,00 4,29 4,21 4,0
11,16

(a)Résultats obtenus par spectrophotométrie dans l'ultraviolet. (b) Résultats obtenus par Weber.
(c) Résultats obtenus par potentiométrie.
(a) By absorption ultraviolet. (b) Weber results. (c) By potentiometry.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985 477

Fig. 3. — Courbes de titration spectrophotométrique : (<<.), hydroxypropazine; (S|§Î), prométone;


(A), prométryne; (©), propazine; (*), amétryne; (%.), terbutryne.
Fig. 3. — Spectrophotometric titration: (•<]{&•-), hydroxypropazine; (J^l), prométone; (A), prométryne;
(•), propazine; (*), amétryne; (TJC), terbutryne.

Dans cette expression X, Na et Da sont obtenus par les formules (3), (4) et (5) :

Les résultats des calculs sont reportés dans le tableau II.


Les valeurs de pKa calculées dans ce travail par spectroscopie sont systématiquement
plus faibles, mais proches de celles obtenues par J. B. Weber ([6], [7]). Toutefois, pour la
478 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985

propazine, on observe une différence plus importante. Cet écart est compréhensible, la
propazine a un pKa faible, il est donc difficile de déterminer la valeur de la forme acide
pure. Les résultats potentiométriquesconduisent à des valeurs de pKa plus élevées que
celles issues des données spectrophotométriques. On constate que la valeur du pKa de la
propazine est fortement supérieure. Par potentiométrie on peut accéder à la valeur du
second pKa de l'hydroxypropazine(pKa= 11,16).
L'acidité de ces herbicides croît dans l'ordre suivant des substituants en position 2
( —OH< OCH3< SCH3< —Cl). Les résultats potentiométriquesindiquent que pour
— —
des s-triazines thiométhylées en position 2, l'augmentation des densités électroniques
apportées par les chaînes alkyle, fixées en position 4 et 6, induit une faible augmentation
de la basicité. Les pKa évoluent de 4,21 à 4,50.
La déterminationpotentiométriquedes constantes d'acidité des s-triazines est un préala-
ble nécessaire à l'étude du comportement en solution de ces composés vis-à-vis des
métaux [11].
Là détermination spectrophotométriquedes pKa nous semble, comme le montrent les
résultats expérimentaux, sujette à une imprécision inhérente à cette méthode.
La potentiométrie permet d'obtenir des valeurs de pKa issues de chaque point de la
courbe de titration. Nous pouvons également affiner les valeurs des grandeurs mesurables
expérimentalement. Ces deux remarques nous semblent importantes pour la fiabilité des
résultats.
Remise le 13 mai 1985, acceptée le 17 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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acceptée pour publication.

Université des Sciences et Techniquesde Lille-I,


Laboratoire de Chimie minérale et Méthodologie analytique,
Bat. n° C11, 59655 Villeneuve-d'AscqCedex.
C. R. Acad. Sc,Paris,t. 301, Série II, n° 7, 1985 479

CHIMIE ORGANIQUE PHYSIQUE (CHIMIE DE COORDINATION). — Com-


plexe fer-hydroxyméthylidène : un intermédiaire dans la réduction par étape de CO. Note
de Daniel Catheline, Claude Lapinte et Didier Astruc, présentée par Raymond Calas.
La réduction de C5Me5Fe(CO)2(PMe3)}+PF6par NaBH4 dans le THF ds à -80°C permet d'observer
par RMN non seulementla formation du composé d'addition formyl —BH3 à —60°C, mais surtout celle d'un
complexe d'hydroxyméthylidène: {C5Me5Fe(CO)(PMe3)(= CHOH)}+PF6 (à -50°C).
PHYSICAL ORGANIC CHEMISTRY. — Iron hydroxymethylydenecomplex: an intermediate in the step-
wise reduction of CO.
The low temperature NaBH4 reduction of {(C5Me5)Fe(CO)2(PMe3)}+PF6, 1, in THF produces the rnethyl
complex 5. Monitoring the reaction in d8 THF by 1H NMR ( —60°C) allows observing the BH3 adduct offormyl
intermediate under both syn and anti forms. Raising the reaction temperature (—50°C) gives two doublets at
514.36 (JPH = 3.5 Hz) and 8 12.83(JPH = 1.1 Hz) with the same intensity and infrared absorption VOH3,600 and
vco 2,025 cm- 1 suggesting the formation of hydroxymethylidene complexes. Switching from the sparingly THF
soluble PMe3 complex to the PBu3 analogous affords recording a high field 13 CNMR at — 50°C after 24 hrs.of
reduction at -20°C. The signals located at S 306.46x 10- 6 (double doublet: JP-c = 26 Hz, JC-H = 131 Hz) are
a definitive evidencefor the hydroxymethylidene ligand (syn and anti forms). This is the first observation of the
formation of a metal-carbondouble bond as intermediate in the reduction of coordinated CO.

La réduction du monoxyde de carbone par le processus de Fischer-Tropsch présente


un intérêt économique potentiellement très important, car elle offre une solution de
rechange à l'épuisement des ressources mondiales de pétrole. Cette réaction a été intensi-
vement étudiée au cours de ces dernières années [1]. En particulier, Casey [2], Graham [3]
et Gladysz [4] ont, à l'aide de complexes modèles du rhénium et de l'osmium, synthétisé
par réduction du coordinat CO les intermédiaires M—CHO. M —CH2OH, M—CH3,
supposés intervenir au cours du processus industriel [5]. A ce jour, les intermédiaires
présentant une double liaison métal-carbone, également postulés dans le processus hétéro-
gène, n'ont encore jamais été mis en évidence même à l'aide de composé modèle. Nous
présentons dans cette Note la caractérisation du complexe hydroxyméthylène
{(C5Me5)Fe(CO)(PMe3)CHOH}+PF6,4, formé lors de la réduction par étape du
complexe {(C5Me5)Fe(CO)2(PMe3)}+PF6 [6], 1, avec le borohydrure de sodium.
Le cation précurseur 1 (0,1 mmol) et NaBH4 en excès sont agités 45 mn dans le THF d8
à — 80°C avant filtration à cette température dans le tube RMN 1H. Le spectre enregistré
à — 80°C indique que la réaction n'a pas encore commencé. A partir de — 60°C, le
premier stade de réduction, un complexe fer-formyle, 2, peut être caractérisé par deux
signaux à 5 13,62 et 11,66, correspondant aux deux formes syn et anti avec une intensité
relative 5:2. A cette température le caractère de double liaison Fe —C est suffisant pour
ralentir la libre rotation et indique que la forme carbénique a une contribution notable.

Schéma I

0249-6305/85/03010479 $ 2.00 © Académie des Sciences


480 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985

La conversion de l'isomère 2 anti en isomère syn thermodynamiquementplus stable


est lente à — 60°C (schéma I). Le complexe 2 est stabilisé par BH3 avec lequel il forme
un composé d'addition. En effet, l'addition d'eau au milieu réactionnel provoque l'hydro-
lyse de l'acide de Lewis et le complexe 2 évolue immédiatement à — 60°C en hydrure
{(C5Me5)Fe(CO)2H}[7], 3, avec perte spécifique du coordinat phosphoré.

A partir de —
50°C, les signaux correspondant au complexe 2 disparaissent. Le deuxième
stade de la réaction correspond à la réduction du complexe fer-formyle en complexe
fer-hydroxyméthylène 4, caractérisé par l'apparition de deux doublets à S 14,36
(JPH = 3,5 Hz) et 12,83 (JPH = 1,1 Hz), avec une intensité relative 1:1. Le produit cinétique
correspond au mélange équimoléculaire des isomères syn et anti (schéma II). La conver-
sion de l'isomère anti en isomère syn thermodynamiquementplus stable est totale" en
environ 30 mn à — 30°C. La faible solubilité du complexe 4 (en accord avec sa forme
ionique) nous a amenés à substituer le coordinat PMe3 par la phosphine solubilisante
PBu3 afin d'enregistrer le spectre RMN 13C (125,76 MHz). Le carbone du groupe CHOH
est identifié sur le spectre non découplé par un double doublet à 8 306,46 (JP-C = 26 Hz,
Jc-H=137Hz).

Schéma II

Lorsque la température atteint — 20°C, la réduction de l'intermédiaire4 conduit à la


formation du complexe stable et isolable {(C5Me5)Fe(CO)(PMe3)CH3}, 5 [6] caracté-
risé par un doublet en RMN 1H à 5 — 60 (JP-H = 7,6 Hz).
Cette étude en milieu homogène nous a permis de mettre en évidence le premier
intermédiaire de la réduction de CO possédant une double liaison métal-carbone. Le
complexe intermédiaire hydroxyméthylène 4 est le premier complexe de ce type connu
pour un métal de la première ligne des éléments de transition et il n'existe qu'un seul
précédent connu avec le rhénium. Enfin, remarquons que le complexe 4 est une forme
ionique du complexe fer-hydroxyméthyle antérieurement isolé lors de la réduction de CO
coordiné dans C5Me5Fe(CO)+3 PF-7 6.
Remise le 11 mars 1985, acceptée le 10 juin 1985.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985 481

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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D. C., C, L. et D, A.: Laboratoire de Chimie des Organométalliques, U. A. C.N.R.S. n° 415,


Université de Rennes-I, Campus de Beaulieu, 35042 Rennes Cedex;
D. A. : adresse actuelle : Laboratoire de Chimie moléculaire des Métaux de Transition,
U.A. C.N.R.S. n° 35, Université de Bordeau-I, 351, cours de la Libération, 33405 Talence Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985 483
CRISTALLOCHIMIE. — Influence d'un coordinat additionnel, la glycine, sur la dimen-
sionnalité des composés formés par l'anion Ni(S2C2O2)2 et les lanthanoïdes. Note de Jean
Christian Trombe, Catherine Frasse et Alain Gleizes, présentée par Fernand Gallais.

Une famille originale de composés, caractérisés par la présence de glycine comme coordinat assembleur, a
été mise.en évidence dans le système Ni (S2C2O2)2 -lanthanoïde(III). Cette famille comporte deux modèles
structuraux, tous deux tricliniques, en fonction de la taille du lanthanoïde. La présence de glycine, sous forme
d'ion dipolaire, modifie profondément L'architecture des composés obtenus dans ce système : il y a formation
de chaînes simples (Yb) ou doubles (La) infinies et chargées positivementau lieu des entités hétéropentanucléai-
res neutres obtenues en l'absence de glycine. Dans le dérivé du lanthane, les atomes Ln (III) sont pontés entreA
eux de façon infinie par un groupement glycine réalisant des contacts La-La respectivementégaux à 6,204 (1)
et 6,248 (1) À. Dans le dérivé de l'ytterbium par contre, deux éléments En (III) sont doublement pontés par
deux groupes glycine formant une entité dinucléaire avec un contact Yb-Yb égal à 4,734 (1) Â et ces entités
dinucléairessont reliées entre elles de façon infinie par des anions complexes Ni(S2C2O2)2.

CRYSTALCHEMISTRY: — About the influence of an additional coordinat, the glycine, on the dimensiona-
lity of compounds formed by the Ni(S2C2O2)2anion and thé lanthanoïdelements.

An original family of compound characterizedby the presence of glycine, wich acts as a bridging coordinat, has
been evidencedin the system Ni (S2C2O2)2-lanthanoïd (III). As afunction of the size of the lanthanoïd element,
two structural models, both triclinic, are observedfor thisfamily. The glycine, present as a zwitterion, drastically.
modifies the architecture of the compoundsformed in this system: infinite, positively charged, single chains (Yb)
or double chains (La) are formed, inteadof of neutral heteropentanuclear entities observed in the absence of
glycine. In the lanthanum compounds, two Ln (III) atoms are bridged, in an infinite way, by one glycine with
contacts La-La respectively equal to 6.204 (1) Â and 6.248 (1) Â, whereas in the ytterbium derivative, two Ln (III)
elements are twofold bridged by two glycine thus forming a dinuclear entity with a short Yb-Yb distance,
4.734 (1) Â, these dinuclear entities being related together in an infinite way by the complex anion, Ni(S2C2O2)2.

INTRODUCTION. — Les résultats exposés dans une précédente Note [1] avaient souligné
les difficultés rencontrées pour adjoindre un coordinat assembleur tel qu'un acide dicar-
boxylique (maléique, malonique,...) au système constitué par les lanthanoïdes (III) (repré-
sentes ultérieurement par Ln), et le bis (dithiooxalato) mckelate (II), Ni(dto)2 Cependant
une nouvelle famille de composés solides comportant simultanément deux coordinats,
dithiooxalate et oxalate, ayant été découverte, il apparaissait que la présence de l'espèce
oxalate, formée en solution aqueuse par décomposition progressive des groupes
dithiooxalate ([1], [2]), modifiait profondément l'architecture des composés Ni(dto)2-Ln.
Leur dimensionnalité n'était plus régie par le simple respect de l'électroneutralité [3]; le
pontage Ln-O2-C2-O2-Ln conférait à ces composés une stabilité accrue, et laissait présager
en plus des interactions Ni-Ln, des interactions éventuelles Ln-Ln intéressantes et variées
dans la mesure où la géométrie du pontage dépendait de là taille du lanthanoïde [1].
En prenant en considération l'intérêt des observations précédentes, la recherche d'un
coordinat assembleur supplémentaire a été poursuivie. Cette Note sera consacrée à
l'exposé des résultats obtenus au cours de l'étude du système, Ni(dto)2, Ln, aminoacide,
le choix de l'aminoacide s'étant porté sur le premier et le plus simple d'entre eux, la
glycine.

0249-6305/85/03010483 $ 2.00 © Académiedes Sciences


484 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985

Fig. Ni3[La(H2O)4(gly)]2(S2C2O2)6, gly, 7H2O. Représentation de la double chaîne infinie


1. —
formée par le lanthane, la glycine et les ions Ni(S2C2O2)2. (Ow : oxygène d'une molécule d'eau.)
Fig. 1.
-formed
Ni3[La(H2o)4(gty)]2(S2C2o2)6,gly, 7H2O. View of the infinite double chain
by the lanthanum element, glycine and the Ni(S2C2O2)\~ anions.

PARTIE EXPÉRIMENTALE. — Une solution de chlorure de terre rare et de glycine (dans un rapport molaire
glycine/terre rare voisin de 15), acidifiée par adjonction d'acide chlorhydrique (pH~3) et portée vers 50°C, a
été versée dans une solution de K2Ni(S2C2O2)2, également maintenue à 50°C. Le refroidissementprogressif
de la solution et son évaporation ont laissé déposer de petits cristaux noirs.
L'analyse par la technique EDX de ces cristaux a révélé la présence de lanthanoïde, de nickel et de soufre.
La détermination de leur contenu en carbone, azote et hydrogène a conduit aux valeurs rapportées dans le
tableau; la présence d'azote constituant un argument en faveur de l'insertion de la glycine au sein du réseau.
Cette hypothèse est confirmée par l'examen comparé des diagrammes de diffraction de rayons X de ces
composés avec ceux des dérivés exempts de glycine [3]; de plus, ils diffèrent entre eux suivant la taille de la
terre rare (La ou Yb). L'indexation ultérieure de toutes les raies observées sur ces diagrammes a permis de
démontrer qu'il s'agissaitbien de phases originales, Ni3[La(H2O)4(gly)]2(S2C2O2)6, gly, 7H2O (gly représente
la glycine qui intervient sous sa forme dipolaire, NH^CH2COO~) et Ni3[Yb(gly)2(H2O)2]2(S2C2O2)6, 8H2O
représentées par [Lagly] et [Ybgly].
DÉTERMINATIONSTRUCTURALE ET DISCUSSION. — L'étude de monocristaux à l'aide d'une
chambre de précession, montre que les composés du lanthane et de l'ytterbium cristallisent
dans le système triclinique; les constantes cristallographiques affinées par moindres carrés

TABLEAU

Pourcentages pondéraux

Formule déduite de l'analyse chimique C H N


et de la structure cristalline Système cristallin Constantes
et moléculaire Groupe spatial cristallographiques Théo. Exp. Théo. Exp. Théo. Exp.

(a= 10,381 (2) Â, a = 92,26(2)°


Ni3[La(H2O)4(gly)]2(S2C2O2)6, gly, 7H2O
P1
Triclinique
b=
24,730 (7) Â,
0 = 93,62(2)°
c= 10,180(2) Â, 7 87,53(2)°
=
12,9 12,8 2,7 2,6 2,5 2,4

(a = 11,559(2)Â, a=103,34(2)°
Triclinique
Ni3[Yb(gly)2(H2O)]2(S2C2O2)6,8H2O 11,486(3) À, (3 = 84,31(1)° 13,6 14,1 2,5 2,2 3,1 2,9
b

P1
=
(c= 9,701(2) Â, 7 92,58(2)°
=
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985 485

Fig. 2. —
Ni3[Yb(gly)2(H2O)2]2(S2C2O2)6, 8H2O. Representation de la chaîne infinie formée par l'ytterbium,
la glycine et les ions Ni(S2C2O2)2 (Ow : oxygène d'une molécule d'eau).
Fig. 2. —
Ni3 [Yb (gly)2 (H2O)2]2 (S2C2O2)6, 8 H2O. View of the infinite chain formed by the ytterbium element,
glycine and the Ni(S2C2O2)2~ anions.

à partir des positions angulaires de 25 réflexions, figurent au tableau. La détermination


structurale a été conduite dans les deux cas, dans le groupe d'espace P1.
La structure du composé [Lagly] est relativement complexe (fig. 1). Ce dérivé peut
être décrit comme une double chaîne infinie ramifiée construite à partir de deux atomes
de lanthane cristallographiquementindépendants La (1) et La(2).
Le pontage de ces atomes de lanthane par le groupement carboxylate de la glycine
selon la direction [001] donne naissance à une chaîne infinie ordonnée :

Les distances La(l)-La(2) sont égales à 6,204 (1) Â et 6,248 (1) Â.


Cette chaîne est reprise par symétrie par rapport au centre d'inversion en 1/2 1/2 1/2
et les deux chaînes ainsi définies sont pontées entre elles au niveau des atomes La (1) par
un groupement Ni(S2C2O2)2 dont le nickel Ni(1) est situé sur le centre de symétrie.
De part et d'autre du La(2) viennent se greffer deux groupements Ni(S2C2O2)2 qui
constituent des sortes de ramifications extérieures et intérieures à la double chaîne. Les
parties intérieures de ces ramifications, symétriques par rapport au centre d'inversion en
1/2 1/2 1/2, encadrent le Ni(1) situé en ce point. Compte tenu des molécules d'eau
auxquelles ils sont reliés, les deux atomes La (1) et La (2) ont neuf atomes d'oxygène
comme plus proches voisins. Ces atomes sont disposés aux sommets d'un pseudo-
antiprisme d'Archimède monocapé.
Le dérivé de l'ytterbium (fig. 2) peut être décrit comme une chaîne infinie, se dévelop-
pant suivant la direction [101], dans laquelle apparaissent deux types de pontage entre
les atomes de terre rare. Le premier fait intervenir les atomes d'oxygène des groupements
carboxylate de deux molécules de glycine, et non plus d'une comme dans le composé
précédent : chaque atome d'ytterbium est ainsi doublement relié à son symétrique,
formant une entité dinucléaire caractérisée par une distance lanthanoïde-lanthanoïde de
4,734(1) Â très nettement inférieure à celle trouvée dans la chaîne précédente. Ces entités

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 34


C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985

dinucléaires sont pontées entre elles de façon infinie par des groupements Ni(S2C2O2)2
L'environnementde l'atome d'ytterbium est constitué de huit atomes d'oxygène provenant
deux par deux du groupement dithiooxalate, des deux molécules de glycine en pont,
d'une molécule de glycine supplémentaire et de deux molécules d'eau. Le polyèdre ainsi
formé peut être assimilé à un antiprisme d'Archimède.
Ces composés renfermant de la glycine présentent des similitudes mais également des
différences. Au niveau des similitudes, notons le caractère monodimensionnel,chaînes ou
doubles chaînes qui ne sont pas neutres mais chargées positivement, des ions
Ni (S2C2O2)2 libres assurant l'électroneutralité. En ce sens, ces dérivés se différencient
des entités hétéropentanucléaires neutres [3] et se rapprochent des composés renfermant
simultanémentles deux coordinats dithiooxalate et oxalate.
L'une des principales différences entre les deux composés contenant de la glycine,
consiste en la présence d'une molécule de glycine libre dans le réseau du dérivé du
lanthane. Cette molécule de glycine, tout comme celles liées à la terre rare, doit intervenir
sous forme d'ion dipolaire NH^CH2CQQ~ qui constituela forme stable de la glycine [4] :
comme l'a montré en particulier la diffraction des neutrons, c'est sous cette forme que la
glycine est observée à l'état cristallisé ([5], [6]). Dans les composés présentés ici, les
observations de la spectrométrie infrarouge, absence de la vibration COOH vers
1700 cm- 1 et présence d'une bande large correspondant aux vibrations du groupement
NH^" entre 3000 et 3 200 cm- 1 [7], confirment d'ailleurs cette hypothèse.
Des composés analogues aux précédents ont été préparés pour l'ensemble des éléments
de terres rares; ils sont isotypes du dérivé du lanthane jusqu'à l'europium inclus et du
dérivé de l'ytterbium à partir du gadolinium. Comme dans le cas de l'adjonction
d'oxalate [1], la présence de glycine comme coordinat assembleur, donne naissance à des
architecturesnouvelles qui peuvent se révéler comme étant le siège de propriétés physiques
inédites.
Remise le 11 mars 1985, acceptée le 3 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] C. FRASSE, J. C. TROMBE, A. GLEIZES et J. GALY, Comptes rendus, 300, série II, 1985, p. 403-406.
[2] A. GLEIZES, F. MAURY, J. GALY, NOUV. J. Chim., 38, 1983, p. 521-529.
[3] J. C. TROMBE, A. GLEIZES et J. GALY, Inorganica Chimica Acta, 87(2), 1984, p. 129-141; Nouv. J. Chim.,
9, 1985, p. 55-63.
[4] R. J. TOMASI, J. Am. Chem. Soc., 106, 1984, p. 1945-1950.
BONACCORSI, P. PALLA et
[5] J. P. LEGROS et A. KVICK, Acta Cryst., B36, 1980, p. 3052-3059.
[6] P. G. JONSSON et A. KVICK, Acta Cryst., B28, 1972, p. 1827-1833.
[7] M. AVRAM et G. H. D. MATEESCU, La Spectroscopie infrarouge et ses applications en chimie organique,
Dunod, Paris, 1970.

Laboratoire de Chimie de Coordination du C.N.R.S.,


205, route de Narbonne, 31400 Toulouse.
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985 487

CRISTALLOCHIMIE. — Mise en évidence d'une forme haute-pression du pentaplomb


(II)octaoxosulfate (VI): la phase $-Pb5S08. Note de Bernard Bonnetot, Bernard F.
Mehtzen et Jean Bouix, présentée par Erwin-Félix Bertaut.

Une nouvelle phase p-Pb5SO8 a été synthétisée en traitant la phase connue 0i-Pb5SO8 sous haute pression
et haute température dans les limites 20<p<35 kbar et 773<T<943 K. Son étude radiocristallographique
montre qu'il s'agit d'une phase métastablequi se transforme par traitement à 673 K en la phase a-Pb5SO8.

CRYSTAL CHEMISTRY.— Characterization of a new species of pentalead (II) octaoxosulfate(VI): the


(3-Pb5S08 phase.
A new fi-Pb5SO8 phase has been synthesized by treating the known a.-Pb5SO8 phase at several high-pressures
and temperatures in the 20-35 kbar and 113-943K ranges. This phase, which has been characterized by X-ray
diffraction is metastable, and transforms readily into the a-Pb5SO8 form when heated up to 613K.

INTRODUCTION. — Le composé Pb5SO8 (qui peut également être formulé PbS04.4PbO


ou Pb504(S04), cristallise habituellement dans le groupe d'espace monoclinique P21/c,
avec quatre unités formulaires par maille. Une précédente étude effectuée sur monocristal
a montré que sa structure n'est pas modélisable par les voies classiques [1]. Une étude
radiocristallographiquedes phases Pb5CrO8 [2] et Pb5MoO8 [3], qui cristallisent dans le
même groupe d'espace que le composé Pb5SO8, a montré que nous sommes en présence
de phases pseudo-orthorhombiques,dont le réseau tridimensionnel peut être décrit comme
dérivant d'une surstructure 2 : 3:2 (ou 4:3:2 pour Pb5MoO8) de l'oxyde rouge a-PbO
(litharge); Dans le but d'obtenir une phase mieux ordonnée de Pb5SO8, nous l'avons
soumise à un traitement sous hautes pressions et à diverses températures.
SYNTHÈSE.

Le solide Pb5SO8 de départ est synthétisé à partir d'un mélange
4PbO+PbSO4. chauffé à la température de 973K pendant 24 h. Après refroidissement
et broyage, le composé obtenu est à nouveau traité à 973 K pendant une nuit. Un
traitement sous haute pression a été effectué ensuite dans un appareil de type Belt.
L'échantillon est placé dans une capsule en platine selon une technique expérimentale
misé au point par J. P. Bastide [4]. Après traitement pendant 8 h à 943 K sous 35 kbar,
l'échantillon est soumis à une trempe thermique de l'ordre de 400°C/s. Après diminution
lente de là pression, la phase ainsi obtenue est analysée par diffraction X en chambre à
focalisation (type Guinier, « Enraf-Nonius FR552 », radiation À.CuKa1 = l,540 562Â).
Le diffractogramme présente de nombreuses raies relativement larges, correspondant à
une nouvelle phase (tableau I). Le fait que les raies soient larges est habituel dans le cas
des phases synthétisées sous haute pression. N'ayant pu expliquer les raies observées par
analogie avec celles de phases connues, pures ou en mélange, nous avons essayé d'indexer
les vingt premières réflexions au moyen d'une version locale d'un programme écrit par
Visser [5]. Ce programme est très performant, et présente l'avantage de proposer des
solutions possibles en un temps relativement court (2-50 s), et ce pour tous les systèmes
cristallins. Dans notre cas il n'a pas été possible d'obtenir une solution satisfaisante
expliquant toutes les raies observées; Ceci peut être dû à plusieurs causes :
— le diagramme X
présenté quelques raies intenses et de nombreuses raies de très
faible intensité (ce qui est fréquent dans le cas de surstructures); il est donc possible que
nous ne détections pas certaines réflexions dont les intensités sont d'autant plus faibles
qu'elles sont larges;

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488 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985

TABLEAU I
Diagramme de difraction X de la phase (3-Pb5SO8 haute-pression.
X-ray diffraction pattern of the $-Pb5SO8 form.
Int(obs) sin29 d(k) Int (obs) sin2 0 d(k)

tf(°) 0,005 67 10,22 tf.......... 0,108 31 2,340


ttf
ttf
0,006 10
0,010 39
9,86
7,55
tf........
tf, L.........
0,109 29
0,111 07
2,330
2,311
tf+
tf
0,013 69
0,015 85
6,58
6,12
tf........
ttf
0,112 55
0,117 01
2,296
2,252
f 0,016 08 6,07 ttf........... 0,123 38 2,193
tf+ 0,019 18 5,56 ttf.......... 0,125 52 2,174
ttf- 0,021 51 5,25 tf+......... 0,134 36 2,101
tf 0,026 91 4,69 f............. 0,136 64 2,084
tf 0,028 05 4,60 tf.......... 0,142 88 2,038
tf, L 0,034 4,140 f+......... 0,147 47 2,006
tf, L
tf
0,038
61
88
0,041 96
3,906
3,760
f.........
ttf...........
0,149 74
0,155 02
1,990 5
1,956 4
tf 0,043 18 3,707 ttf........... 0,156 10 1,949 6
ttf 0,045 67 3,604 tf........... 0,158 00 1,937 8
m
ttf
0,051 26
0,053 24
3,402 F......... 0,166 97
0,171 92
1,885 1
1,857 7
3,338 m
ttf 0,053 95 3,306 m+.......... 0,173 97 1,846 7
ttf 0,054 78 3,291 f........... 0,178 33 1,824 0
tf + 0,058 77 3,177 f 0,21712 1,6531
TF 0,061 68 3,101 f.............. 0,219 39 1,644 5
TF 0,062 69 3,076 L...........
f, 0,222 15 1,634 3
TF 0,063 46 3,058 f+............. 0,229 72 1,607 1
f 0,064 27 3,038 f+............ 0,231 45 1,601
tf 0,067 90 2,956 tf........... 0,236 81 1,582 9
f 0,068 74 2,938 f+, L 0,240 17 1,571 8
S, L 0,078 57 2,748 f+........... 0,247 07 1,549 6
f+ 0,082 07 2,689 f+............. 0,251 19 1,536 9
tf 0,083 54 2,665 f+, L 0,254 12 1,528 0
tf, L 0,085 26 2,638 L...........
f, 0,314 38 1,373 8
ttf 0,087 45 2,605 f+.......... 0,394 64 1,226 2
tf 0,091 06 2,553 f+............. . 0,397 71 1,221 4
ttf, L 0,100 55 2,429 tf+, L.............. 0,404 05 1,211 8
ttf 0,101 56 2,417 m.......... 0,409 68 1,203 4
m+ 0,412 48 1,199 4

(a) T, t, très; f, faible; F, forte; L, large.


dans ce cas, nous ne pouvons pas être certains de connaître les vingt premières
raies qui doivent diffracter, et le programme d'indexation automatique ne conduit pas à
une solution satisfaisante;

il est possible que la phase haute-pression de Pb5SO8 soit un mélange, et dans ce
cas toute tentative d'indexation s'avère donc impossible.
En ce qui concerne le dernier point, une partie de la phase haute-pression, que nous
formulerons désormais pVPb5SO8, a été recuite à 673 K : elle se transforme en la phase
oc-Pb5SO8 connue, et son diagramme de diffraction X présente les raies caractéristiques
fines décrites dans [1]. La nouvelle phase P-PbsSO8 est donc métastable à la température
ambiante.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985 489

TABLEAU II
Relations structurales entre les réseaux tridimensionnels
des phases Pb5SO8, p-Pb5SO8 et l'oxyde à-PbO (litharge).
Structural relations between the crystal lattices
of the a and P forms qfPb5SÔ8 andk-PbO.

a(k)

--
Réseau b c <x° P° Y° V(Â3) Réf.

oc-Pb5SO8. .,;.........: .
7,303 11,704 11,522 - 91,00
91,006
984,69 [1]
(a)
Sous-réseau de
-3-Pb5SO8;.;.
(Xv.........
.
73,651
?
3,902 5,760 82,04
? ?
p....:...... (a)
Sous-réseau de
Sous-réseau cfc de p.
ce-PbO..........
. .. . . .
.
. . . .
3,716
5,409
3,969
4,034
5,515
3,695
5,527
5,016 1
62,22
86,12
-
61,14

-
85,02
62,53
85,73
-
40,87
163,49
79,03
(a)
(a)
. . . . . ... 3,969

(a) Ce travail.

Afin de trouver une éventuelle relation structurale entre la phase |3-Pb5SO8 et l'oxyde
rouge de plomb oc-PbO (litharge), nous avons essayé de déterminer un sous-réseau en ne
considérant que les vingt raies les plus intenses. Par indexation automatique nous avons
obtenu un sous-réseau triclinique de mode P ayant pour paramètres :
a = 3,716, 5 = 4,034, c = 3,695Â,
a= 62,22, P =61,14, y=62,53.
Dans le cas de la phase oc-Pb5SO8, cette méthode montré que son réseau est issu d'une
surstructuré 2 : 3 : 2 dont le sous-réseau 1 : 1 : 1 monocliniqueest très peu déformé par
rapport à celui de l'oxyde a-PbO (tableau II).
CONCLUSION. — Au cours du présent travail nous avons pu montrer l'existence d'une
nouvelle phase haute-pression P-Pb5SO8. En l'état actuel de nos recherches, il nous est
impossible de préciser la maille cristalline de cette phase. En tout état de cause, le
diagramme dé diffraction X (tableau I) permet la caractérisation sans ambiguïté de cette
phase P-Pb5SO8 métastable, que nous avons obtenue sous haute pression et haute
température dans les limites 773<T<943K et 20<p<35 kbar.
Remise le 17 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] B. F. MENTZEN, J. C. VIALA, A. SARTRE et J. BOUIX, Comptes rendus, 293, série II, 1981, p. 1053-1055.
[2] B. F.MENTZEN, résultats personnels.
[3] B; F. MENTZEN, A. LATRACH et J. BOUIX, Comptes rendus, 291, série II, 1983, p, 887-889.
[4] J. P. BASTIDE, résultats non publiés.
[5] J. W. VISSER, J. Appl. Cryst., 2, 1969, p 89-95.

Laboratoire de Physico-Chimieminérale-I,associé au C.N.R.S. n° 116,


Université Claude-Bernard, Lyon-I,
43, boulevard du 11-novembre 1918, 69622 Villeurbanne.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985 491

GÉOLOGIE MARINE. Évolution géologiquede la Mer Tyrrhenienne. Note de Éric



Moussat, Jean-Pierre Rehault, Augusto Fabbri et Georges Mascle, présentée par Jean
Aubouin.

La Mer Tyrrhéniennes'est ouverte sous l'effet d'une dérive de l'arc calabro-silicien vers l'ESE. La structure
du bassin résulte de ce mouvement : les principales structures distensives des marges sont orientées N 10 à
N 30; les failles transformantes suivent la direction N110-N120. Après les premiers mouvements distensifs des
le Miocène inférieur, le rifting principal a débuté au Tortonien, conduisant à la création d'un étroit espace
océanique autour du Pliocène inférieur à l'axe des rifts.

MARINE GEOLOGY.—Geological evolution of the Tyrrhenian Sea.


The Tyrrhenian Sea has been developed as a marginal basin by East-Southeastwarddrifting of the Calabrian-
Sicilian Arc system. The basin structure results of this movement. The distensive structures (normal faults) of
the margins are mainly N 10-N30; the transform faults elongated N 110-N 120. The first extensional movements
affected the Tyrrhenian area as early as Lower Miocene but the main rifting phase was initiated during Tortonian
period. The narrow central oceanic area, mainly around Early Pliocene generated, is located in the rift axe.

La Mer Tyrrhenienne est généralement interprétée comme un bassin marginal néogène


créé en arrière de l'arc calabro-silicien et de la zone de subduction associée ([1], [2], [3]).
D'après les données sismiques, gravimétriques, magnétiques, thermiques et géologiques,
le substratum du bassin est constitué de croûte continentale plus ou moins amincie, sauf
dans deux zones étroites du bassin central, où la croûte est probablement de nature
océanique ([4], [5], [6]) (fig. 1).
La Mer Tyrrhenienne a fait l'objet d'une prospection systématique par sismique
réflexion. Nous résumons dans cette Note les résultats de cette étude, menée en commun
par le Laboratoire de Géodynamique de Villefranche-sur-Mer et l'Institut de Géologie
marine de Bologne ([6], [7]).
1. GÉOMÉTRIE DES STRUCTURES SUPERFICIELLES. — Deux familles de fractures doivent
être distinguées d'après leur orientation dominante (fig. 1) : (a) des fracturesN-S à
N30, à jeu normal. La « faille centrale » appartient à ce système (fig. 2, 3); (b) des
fractures N110 à N120, à jeu apparent normal, localement N 140 à jeu inverse, mais
dont les mouvements, décrochants, décalent les structures précédentes (fig. 1).
Les failles N-S à N 30 limitent des blocs de croûte continentale basculés caractéristiques
des rifts continentaux ou des marges à croûte amincie (fig. 2, 3), Nous interprétons les
fractures N 110-N 120 qui les recoupent comme des failles transformantes (à jeu senestre
au centre et au Nord du bassin) qui ont permis la distension variable de la marge
continentale et l'ouverture de l'étroit domaine océanique central [6] (fig. 1).
2. CHRONOLOGIE DE L'OUVERTURE DU BASSIN. —
L'analyse des profils de sismique
réflexion montre une superposition de séquences sédimentaires séparées par des discor-
dances ([6], [7]) (fig. 3, 4). L'âge de ces séries est partiellement connu par les forages 132
et 373 du programme D.S.D.P. ([8], [9]) et par des prélèvements d'échantillons par draga-
ges et carottages sur les affleurements sous-marins [10]. (a) Les séries postrift, qui scellent
la plupart des structures distensives des marges et qui reposent directement sur le plancher
océanique sont d'âge Pliocène inférieur à Actuel au centre du bassin. Ces séries, toutefois
sont localement affectées par des fractures qui montrent que la tectonique est restée
vivante jusqu'à nos jours, (b) Les séries synrift, contemporaines du jeu principal des
failles normales des marges sont d'âge Tortonien supérieur à Pliocène basai. Toutefois,

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C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985

sur la marge septentrionale, au Nord de la transformante T3 (fig. 1), le rifting est actif
au Pliocène et même au Quaternaire, (c) Les séries anterift sont celles qui se sont déposées
avant cette phase de distension. La forte subsidence qui s'est produite pendant leur dépôt
sur la marge NW du bassin suggère pourtant que la distension crustale a commencé
avant le Tortonien; mais le dépôt de ces séries, vraisemblablement au Miocène inférieur
et moyen, et peut-être à l'Oligocène supérieur, résulte probablement du rifting de la
Méditerranée occidentale.
3. CINÉMATIQUE. Toutes ces données peuvent s'interpréter par une migration au

Néogène de l'arc calabro-sicilien en direction de l'ESE (N 120), autour d'un pôle de
rotation par rapport à la Sardaigne situé à une grande distance angulaire au NNE de
Salerne [6]. L'étude à terre de la néotectonique conduit également à ce résultat [6].
Le taux d'amincissement de la croûte continentale pendant le rifting peut être estimé
d'après la profondeur du Moho, en supposant que la croûte était initialementd'épaisseur
normale (30 km). Il atteint 6 dans la région la plus profonde de la marge, à la limite des
domaines océaniques. Cette valeur est en bon accord avec le flux thermique actuel mesuré
dans le bassin [11] et avec la profondeur du socle. Si l'on postule que l'amincissement de
la croûte continentale résulte de son étirement tectonique, il faut aussi admettre que
l'écartement en direction de l'ESE entre le bloc corso-sarde et l'arc calabrais a atteint
350 km pendant le rifting des marges. Au Pliocène et au Quaternaire, la dérive de l'arc
calabrais s'est poursuivie en conduisant à la création d'une surface de croûte océanique
large de 50 à 70 km environ.

EXPLICATIONSDES PLANCHES

Planche I

Fig. 1. Schéma structural du bassin et de l'arc tyrrhénien. (1) Paléozoïque, précambien. (2) Mésozoïque.

(3) Paléogène. (4) Miocène. (5) Pliocène et Quaternaire. (6) Volcanisme. (7) Nappes de glissement.
(8) Isobathes en mètres. (9) Principales structures distensives. (10) T1 à T6, principalesstructures assimilables
à des failles transformantes. (11) Limite probable entre la plaque apulo-africaine et le domaine tyrrhénien
déduite de la fosse gravimétrique et de la géométrie du front de l'allochtone. (12) Extension maximal de la
croûte océaniquedéduite des zones dépourvues de blocs basculés de croûte continentale, visibles en sismique
réflexion. Le cadre de la zone centrale indique la carte bathymétrique détaillée de la figure 2.
Fig. 1. — Structural sketch map of the Tyrrhenian Basin and Calabrian arc system. (1) Basement, Paleozoic
and Precambrian. (2) Mesozoic. (3) Paleogene. (4) Miocene. (5) Pliocene and Quaternary. (6) Volca-
nism. (7) Nappes. (8) Bathymetry in meters. (9) Main distensive structures. (10) Main transform
faults. (11) Probable limit between Apulian-African plate and Tyrrhenian plate from gravity. (12) Oceanic
crust distribution = thinnest crust area, with magnetic signature and without seismic evidence of tilted blocks.
Fig. 2. Carte bathymétrique détaillée de la plaine bathyale centrale et de ses marges (rift Vavilov-Magnaghi).

Équidistance des courbes 100 m. Les relevés Sea-Beam permettent une cartographie précise des escarpements
de faille et font apparaître très clairement la forme dissymétrique des blocs crustaux basculés jusqu'en
bordure du rift central. Noter comme les pentes abruptes des Monts de Marchi et Flavio Gioia se font face.
Les directions transformantes N110 se déduisent du décalage des blocs basculés et des segments du rift dont
le taux d'extension est plus fort vers le Sud.
Fig. 2. — Detailed Sea-Beam bathymetric map of the central bathyalplain and margins (rift Magnaghi-Vavilov),
lines each 100 m. The Sea-Beam surveys gave precise fault escarpement morphology. Tilted blocks, of
dissymetric shape are especially obvious on the central rift margins, The sharp slopes of De Marchi and Flavio
Gioia Seamounts are facing. The N 110- N 120 transform. directions are deduced from tilted blocks and rifts
segments offsets. Obviously extension rate is larger than southward.
PLANCHE I/PLATE I ERIC MOUSSAT
PLANCHE II/PLATE II
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985 495

Planche II

Fig. 3. Exemple de blocs basculés dans là partie profonde la plus amincie, à la limite continent-océan.Profil

canon à air TY 41. Noter la rotation plus accentuée des derniers blocs (Mont de Marchi). (X) Discordancedu
Pliocène moyen. (Y) Discordancede la base du Pliocène sur les évaporites messiniennes ou sur des terrains
plus anciens. (B2) Messinien. (B3) Miocène préévaporitique. Le basculement principal des blocs est situé
dans la période Tortonien supérieur à Pliocène basai comme l'attestent les séries synrift.
Fig. 3. — Exemple of tilted blocks from deep stretched margin near ocean-continent boundary, TY 41 air-gun
section. (X) Middle Pliocene unconformity. (Y) Earlier Pliocène unconformity on Messinian evaporites or
on older formations. (B2) Messinian., (B3) Preevaporite Miocene. The main tilting of the blocks occurs
during the Upper Tortonian—Early Pliocene period as attested by synrift formations. The top of Central
Fault block has been eroded during Messinian time. Tilting increases towards ocean-continent boundary (See
De Marchi Seamount).
Fig. 4. —
Deux coupes parallèles W-E du rift Magnaghi-Vavilov. (A) et (B). Profil sismique TY 57 canon à
air illustrant la distension de la marge et la rotation des blocs basculés. (X) Discordancedu Pliocène moyen,
(Y) Discordance de la base du Pliocène sur les évaporites messiniennes ou sur des terrains plus anciens.
(Z) Discordance des séries sédimentaires profondes sur le socle. (A) Pliocène supérieur et Quaternaire.
(B 1) Pliocène inférieur. (B 2) Messinien. (B 3) Miocène préévaporitique. Noter la partie du rift Vavilov
interprétée comme un centre d'accrétion embryonnaire. (C) Schéma interprétatif du profil sismique TY 55.
Même légende pour les séries sédimentaires. A ce niveau le rift Magnaghi-Vavilovest plus étendu. Le
domaine central s'est effondré principalementaprès le Messinien peu ou pas représenté dans le fossé. Le
centre du rift est occupé par des formations tholéïtiques ([9], [10]).
Fig. 4. — Two parallel W-E cross section of the Magnaghi-Vavilov rift. Sections (A) and (B). TY51 air-gun
section for illustration of the margin distension and continental blocks tilting. (X) Middle Pliocene
unconformity. (Y) Earlier Pliocene unconformity on Messinian evaporites or on older formations. (Z) Deepest
sedimentary formations on basement unconformity. (A) Quaternary and Upper Pliocene. (B) Lower
Pliocene. (B 2) Messinian. (B3) Pre-evaporite Miocene. Note the narrow central Vavilov rift where axis is
outlined by a volcanic formation assumed as an accretion axis embryo. Section (C). TY 55 interpretative
section. Same legend for the formations and unconformities. Here the Magnaghi-Vavilov rift is larger. The
central area was deepened mainly after Messinian time, formations of which Jack more or less in the rift
systems. The rift axis is occupied by tholeitic formations.

4. CONCLUSION. — L'ouverture de la Mer Tyrrhénienne a sans doute été guidée par la


configuration des continents et des océans dans la région. Entre l'Europe et l'Afrique, le
seul espace de type océanique ancien qui subsiste et qui peut encore entrer en subduction
est le domaine ionien. C'est vers ce domaine que se dirige l'arc calabrais, ce qui lui
impose sa trajectoire N120. Finalement, c'est dans ce processus qui dure au moins depuis
le Tortonien et probablement depuis 18 M.a., qu'il faut rechercher la cause de la structure
et de l'évolution de la Mer Tyrrhénienne actuelle.
Le soutien des A.T.P. G.G.O. et « internationale » du C.N.R.S. au programme Tyrrhenia a aidé au
développement d'une étroite collaboration avec l'Istituto di Geologia Marina (C.N.R.) de Bologne. Les
équipages des navires océanographiques Le Noroit (IFREMER) et Bannock (C.N.R.) ont apporté leur aide
aux auteurs.
Contribution n° 311 du Groupe d'Étude de la Marge continentale(G.E.M.C.).
Remise le 22 avril 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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1976, Intern. Symp. Struct. Hist. Medit. Basins, Split (Yougoslavie), B. BIJU-DUVAL et L. MONTADERT éd.
Technip, Paris, 1977, p. 143-164.
496 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7,1985

[4] C. MORELLI, Boll. Geof. Teor. Appl., 12, n° 48, 1970, p. 275-309.
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relation avec la néotectoniquedans l'arc calabrais, Thèse 3e Cycle, Paris, 1983, 132 p.
[7] A. FABBRI et P. CURZI, Giornale di Geologia, 2, n° 43, 1, 1979, p. 215-248.
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LitograficaArtistica Cartografica, Firenze.
[11] B. DELLA VEDOVA, G. PELLIS, J. P. FOUCHER et J. P. REHAULT, Marine Geol., 55, 1984, p. 271-289.

E. M. et J. P. R. : Laboratoire de Géodynamique sous-marine,


Université Pierre-Marie-Curie,75000 Paris
et C.N.R.S., E.R.A. 605 (G.E.M.C.), B. P. n° 48, 06230 Villefranche-sur-Mer;
A. F. : Istituto di Geologia Marina, C.N.R., Via Zamboni, 65, 40127 Bologna.
G. M. : Institut Dolomieu, Université de Grenoble
et C.N.R.S., L.A. 69 (Geologiealpine), 38031 Grenoble Cedex.
C, R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985 497

TECTONIQUE. — Les écailles antéviséennes d'Ezzheliga. Leur importance dans l'inter-


prétation structurale du Maroc Central. Note de Yves Cailleux, présentée par Georges
Millot.

La région d'Ezzheliga (Maroc Central Occidental) révèle une phase d'écaillage précédant la phase majeure
de plissement, d'âge intrawestphalien. Cet écaillage représente l'amortissement, vers l'Ouest, de la tectonique
« bretonne » des domaines orientaux du Maroc. Ceci amène à ne plus considérer le Maroc Central comme
formé de deux domaines éloignés l'un de l'autre au Dévonien Supérieur.

TECTONICS. — The ante-Visean Ezzheliga Slices. Their importance in the structural sketch of Central
Morocco.
In the Ezzheliga region (Western Central Morocco), a slicing episod occurs prior to the intrawestphalian main
folding Phase. This episod is considered as a decreasing effect of the "Breton" Orogeny which characterizesthé
Eastern part of the Meseta. Therefore, Eastern and Western Meseta were probably close of one another during
Late Devonian.

I. GÉNÉRALITÉS. Le Maroc Central (fig. A) forme l'affleurement paléozoïque le plus



vaste du Maroc mésétien. Il est classiquement subdivisé en deux domaines, selon la
présence ou l'absence d'une phase hercynienne antéviséenne. Le domaine oriental a
enregistré cette phase; plis de direction sub-méridienne, synschisteux, développés en climat
epizonal, déformant jusqu'au Dévonien, suivis par un épisode cassant [1]. Le Viséen
moyen est le premier terme connu à reposer en discordance sur ce socle relatif [2].
L'ensemble est repris par une phase intrawestphalierme, NE-SW, de niveau structural
moins profond, excepté alentour des granites intrusifs [1]. Ce premier domaine s'oppose
à la partie occidentale, englobant l'anticlimorium de Khouribga-Oulmès et la Meseta
côtière, qui ne montre qu'un seul épisode de plissement, d'âge intrawestphalien, accompa-
gné ou non de schistosité et de métamorphisme ([3], [4]). Ici encore la zonation des
niveaux structuraux est perturbée par des échines thermiques liées à la granitisation

Dans cette conception, la limite vers l'Ouest de la zone à tectonique antéviséenne ne


posait aucun problème. D'une part, la frange ouest du domaine oriental est masquée par
les flyschs viséo-namuriens du synclinorium de Fourhal (3, fig. B), d'autre part le contact
entre ces mêmes flyschs et ranticlinorium de Khouribga-Oulmès est constamment anormal
(faille des Smaala-Oulmès, (F, fig. B). Cet accident constituait ainsi une limite nette entre
deux domaines contrastés que l'on pouvait voir réunis par un rapprochement tangentiel.
Des observations récentes, étayéés par une cartographie au 1/50000, montrent qu'il
existe au sein du domaine occidental, dans le pays d'Ezzheliga, des structures d'amortisse-
ment de la phase précoce antéviséenne.
II. STRUCTUREDU PAYS D'EZZHELIGA.
— Situé à 90 km au SE de Rabat, ce pays présente
une morphologie à crêtes quartzitiques dominant de larges dépressions comblées de
Quaternaire. Le matériel lithologique comprend des pélites, gréso-pélites et quartzites,
agencés en méga-séquences négatives étagées du Llandeilo à l'Ashgill. Au-dessus, les
argilites du Silurien et du Dévonien s'arment de passées carbonatées(fig. C). La figuré D
schématise les levés effectués entre Ezzheliga et le synclinal de Chaaf. Une faille N-7-5
sépare un secteur nord d'un secteur sud.

0249-6305/85/03010497 S 2.00 © Académie des Sciences


C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985

1. Le secteur nord. — Les crêtes quartzitiques y dessinent des arcs soulignant les
terminaisons kilométriques de synclinaux dont les axes orientés N70 à N80 s'ennoient
généralement vers l'ENE. Le front de schistosité y dépasse rarement le Llandeilo. Sur le
plateau au Sud d'Ezzheliga, cette disposition révèle des répétitions et l'on compte trois
arcs emboîtés : arcs de Khaloua (I), d'Ezzheliga (II) et du Ktob-el-Abid (III).
L'arc I : le Jbel Khaloua, prolongé au Sud par le Ras-El-Mrassel, est constitué des
deux barres du Caradoc. Il surmonte les schistes en dalles du Llandeilo par l'intermédiaire
de la formation des pélites d'Ouljet-Bou-Khemis(O.B.K.) qui toutefois semblent passable-
ment amincies. L'Ashgill, avec son faciès typique de microconglomérat lié aux quartzites,
le Silurien et le Dévonien inférieur complètent à Briouiga la série de ce premier arc.
L'arc II : en aval pendage du premier arc, partie sud, on observe, se substituant à
l'Asghill, la répétition de la seconde barre du Caradoc (Sokhret-ed-Dfeyfa). Cette barre
dessine un fond de synclinal à plongement NW. Après une voussure, la série caradocienne
se retrouve au Doumate Cheh. Le faible plongement des strates caradociennes vers le
Nord rejette l'Ashgill à la hauteur d'Ezzheliga. L'arc III : les quartzites du Caradoc qui
culminent à l'Est de l'arc II constituent l'armature de Ktob-el-Abid. Des déblais de puits
et quelques affleurements permettent de préciser que l'O.B.K. assure le contact avec les
séries de l'arc précédent. L'arc III, limité au Sud par les crêtes caradociennes du Rouif
et d'Ariba, se complète vers l'Est par les couches de la fin du Caradoc, de l'Ashgill et du
Silurien.
1. Nature des contacts entre les différents arcs.
— La répétition de séries strati-
graphiques constamment normales ne peut être que le fait de failles. L'emboîtement des
différents arcs, tous régis par un axe commun N 80 qui est celui du plissement synschis-
teux, indique que les duplications se sont faites avant la phase tectonique majeure. De
plus, la correspondance entre la courbure des contacts et le tracé cartographique des arcs
implique que les failles responsables de la duplication étaient, à l'origine, plates ou fort
peu pentées. L'antériorité des failles plates par rapport au plissement se vérifie, en grand,
dans l'arc II, où la duplication s'est accompagnée d'ondulations de la série ordovicienne
dont les axes se disposent cartographiquement autour d'une direction N80 (fig. D); dans
le détail, à proximité immédiate de la Maison forestière d'Aïn Tirzi où une petite
écaille, clivage accessoire dans l'are d'Ezzheliga, suit parallèlement aux grands niveaux

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

A. Situation du Maroc Central et de la Meseta côtière dans le Maroc septentrional. B. Les domaines du
Maroc Central, 1, domaine oriental; 2, anticlinorium de Khouribga-Oulmès; 3, synclinorium de Fourhal,
F., accident des Smaala-Oulmès; M.H., Moulay Hassane; T.K., axe Et-Tnine-Kranez; croix : granités
hercyniens; tiretés : limite entre Viséen et socle; noirci : région étudiée, C. Échelle litho-stratigraphique avec :
noms de formations locales, principaux horizons fossilifères et symboles des faciès repères portés sur la
figure D. D. Carte géologique du secteur d'Ezzheliga. a, rebord du plateau quaternaire; b, quartzites ordovi-
ciens (C : Caradoc; A : Asghill); c, pendages; d, failles tardives; e, axes de la phase majeure; /, axes liés
à l'écaillage précoce; g, limite et numéro d'arc; h, coupes dans le synclinal de Chaaf. EZ., Ezzheliga;
K.N., Kef-en-Nsour; M.F., Maison forestière d'Aïn-Tirzi.
A. Central Morocco and Coastal Meseta in the Northern Morocco. B. The Central Morocco
Sectors. 1, Eastern Sector; 2, Khouribga-Oulmès Anticlinorium; 3, Fourhal Synclinorium; F, Smaala-Oulmès
Fault; M.H., Moulay Hassane; T.K., Et-Tnine-Kranezaxis; Hercynian granites : crossed; Visean-basement
boundary: dashed; field of investigation: blacked. C. Litho-stratigraphie scale with: local formation names,
main fossiliferous levels and key horizon symbolic plots used in Figure D. D. Ezzheliga's Sector geologie
map. a, Quaternary Plateau edge; b, Ordovician quartzites (C : Caradoc, A: Asghill); c, dips; d, late faults;
e, main Hercynianphase axes; f, slicing linked axes; g, arc boundary and arc number; h, sections in the Chaaf
Syncline. EZ., Ezzheliga city; KN., Kefen Nsour; M.F., Aïn Tirzi Ranger House.
PLANCHEI/PLATE I YVES CAILLEUX
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985 501

quartzitiques un mouvement anticlinal dû à la phase majeure. Les arcs sont donc des
écailles replissées.
2. Le secteur sud. — Il est caractérisé par des structures plus étroites qu'au Nord et
par un front de schistosité atteignant constamment l'Ashgill. Immédiatement au Sud de
Kef-en-N'sour (fig. D), une série de barres quartzitiques sub-méridiennes à pendage est
vient buter contre la faille N 75 limitant les deux secteurs. Une seconde faille isole au
Sud ces barres de la dépression siluro-dévonienne des Oulad-Moussa. L'existence du
faciès microconglomératiquesur plusieurs crêtes permet de les ranger dans l'Ashgill. La
colonne stratigraphique ne mentionnant qu'une seule barre de cet étage, il faut encore
voir ici une série de répétitions tectoniques. Confirmation en est donnée par la présence
de Silurien à graptolites entre deux de ces barres d'Asghill.
Au-delà de la dépression des Oulad Moussa, vient le synclinal de Chaaf. Une coupe
NW-SE, dans sa partie moyenne, montre une gouttière en apparence très simple, plissant
les terrains du Caradoc jusqu'au Silurien. Une seconde coupe, plus au SW, montre
toutefois la réapparition, au-dessus de la barre à microconglomérat, d'une deuxième
masse de pélites de l'Ashgill. Ce paquet, qui occupe la position du Silurien, est plissé et
schistosé avec les mêmes caractères que l'Asghill sous-jacent. On retrouve là un enchaîne-
ment identique à celui décrit dans le secteur nord : redoublement de série le long de
contacts plats précédant la phase de plissement majeur. L'obliquité entre les plans de
stratification et d'écaillage fait que la barre de quartzites se biseaute vers le NE et
disparaît; le plan d'écaillage devient alors invisible au sein des faciès pélitiques, ce qui
donne une fausse image de simplicité à la structure.
Notons enfin que le synclinal de Chaaf fait partie de la longue gouttière régionale
d'Et-Tnine-Kranez(fig. B). Cette structure est formée de deux tronçons répétant la même
série stratigraphique, en contact à hauteur de la plaine des Oulad Moussa. Il est probable
qu'ils continuent le système d'arcs emboîtés décrits dans le secteur nord, mais avec un
degré de serrage plus intense lors de la phase majeure.
III. DISCUSSION ET CONCLUSION. — C'est la première fois, à notre connaissance, qu'un
épisode tectonique de quelqu'ampleur, antérieur à la phase plicative intrawestphalicnne,
est décrit dans l'anticlinorium occidental. Sa place exacte dans la chronologie hercynienne
(écaillage antéviséen ou bien pénécontemporain de la phase majeure) ne peut être détermi-
née d'emblée sur place, vu l'absence de Viséen à l'affleurement; par contre, des observa-
tions faites au NE de l'anticlinorium révèlent l'existence d'une nette tectonique antévi-
séenne. A Moulay Hassane (x : 453,5; y : 320,3), c'est la transgression du Viséen supérieur
en discordance sur différents termes du Dévonien incluant le Famennien, l'ensemble étant
plissé en anticlinal (Cogney, com. or.); ailleurs (x : 472,4; y : 342,2 et x : 445,4; y : 329,4).
ce sont des discordances angulaires, pouvant atteindre 90°, du Viséen (moyen ou supé-
rieur) sur le Dévonien, qui sont reployées par la phase intracarbonifère. A une autre
échelle, l'épisode précoce se traduit cartographiquement : le Viséen, parfois inférieur J7],
repose soit sur le Silurien, soit sur le Dévonien. Rappelons enfin l'existence de phénomènes :

compressifs générateurs de voussures pu de bassins de déchirure, dans le reste du Maroc


hercynien atlantique à la limite dévono-dinantienne([3], [8], [9]).
C'est dans un tel contexte qu'il importe de situer les écàillages replissés d'Ezzheliga.
Ceux-ci constitueraient des témoins de la phase « bretonne », moins intense ici que dans
l'Est du Maroc Central, et sans qu'il soit encore possible de dire auquel des deux épisodes
(plieatif ou cassant) de cette phase ils se rapportent, Dès lors, Maroc Central oriental et

C. R ,1985, 2e Semestre (T. 301) Série


occidental ne s'opposent pas: fondamentalement: lesecond a répercuté la tectogenèse

II — 35
502 C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985

antéviséenne du premier, pour lequel il constituait probablement un avant-pays. Les deux


domaines étaient déjà voisins au Dévonien supérieur; le raccourcissementultérieur dû à
la phase « asturienne » les a encore rapprochés par l'écrasement de la zone de Fourhal.
C'est au cours de cet écrasement que sont nées les figures de tectonique tangentielle
([10], [11]), qui ne sont donc pas pour autant, la trace de phénomène d'allochtonie
majeure entre Maroc central oriental et occidental.
Remise le 10 juin 1985.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] M. RIBEYROLLES,Notes et Mém: Serv,géol, Maroc, 261, 1976, p.9-56.


[2] L. BADRA, Y. CAILLEUX, G. CHARTRY, L. JAILLARD et M. JEBRAK, Coll. P.I.C.G., Rabat,. 27,
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[3] A. PIQUE, Sa. géol. Mém., Strasbourg, 56, 1979, 243 p.
[4] Y. CAILLEUX, Sel géol. Bull., 34,.n° 2, 1981, p. 89-95.
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Faculté des Sciences, Géologie, S.P.n°1014, Rabat, Maroc


Institut de Géologie, 1, rue Blessig, 67084 Strasbourg Cedex.
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985 503
VOLCANOLOGIE. — Données sur la fracturation du champ volcanique de Cyangugu-
Bugarama (Rwanda). Note de Jean-Philippe Rançon et Jacques Demange, présentée par
Jean Wyart.

L'étude photogéologiquede la fracturation dans la province volcaniquede Cyangugu-Bugarama,au Rwanda,


a permis de mettre en évidence deux familles de failles de direction NNE-SSO à NE-SO et NO-SE qui
correspondent aux grandes directions tectoniques du fossé Lac Albert-Lac Kivu et du fossé du Tanganyika.
Une troisième famille d'accidents N-S peut être interprétée comme la résultante des failles des deux premières
familles. Le volcanisme mio-pléistocènede la région Sud-Kivu apparaît lié au contrôle tectonique régional
exercé par la branche occidentale du rift Est-Africain dans cette zone de croisement de failles, qui constitue
localement une bonne cible géothermique.

VOLCANOLOGY. — Structural conlext of the Cyangugu-Bugaramavolcanicprovince (Rwanda).


The phologeological interpretation of the volcanic province of Cyangugu-Bugarama, located South of Rwanda,
demonstrates the existence of two faull-sets oriemed NNE-SSW to NE-SW and NW-SE. The two directions
correspond to the major tectonic trends of the Lac Albert-Lac Kivu graben and Tanganyika graben. A third
fault-set oriented N-S is linked to the two former directions. The distribution of the mio-pleistocene volcanic
activity in the South Kivu area is related lo the regional teewnics of the Western branch of the East-African
rift. The structural and geological arguments make possible the evaluation of the geothermalpotential of the
Cyangugu-Bugarama area.
Le champ volcanique de Cyangugu-Bugaramasitué au Sud-Ouest du territoire Rwan-
dais appartient à la branche occidentale du rift Est-Africain qui s'étend du Lac Albert,
jusqu'au fleuve Limpopo ([1], [2]). Il occupe une position particulière à l'aplomb d'une
zone de virgation du rift, correspondant au croisement d'un système en ouverture NE-SO
actif (fossé Lac Albert-Lac Kivu, épanchementsvolcaniques quaternaires) et d'un système
plus ancien d'orientation NO-SE, jouant en coulissement et plus sporadiquement jalonné
par des manifestations volcaniques (fossé du Lac Tanganyika) (fig. 1).
Il est limité artificiellement, au Nord, par le Lac Kivu; à l'Est, par un escarpement du
socle et la forêt de Nyungwe: à l'Ouest et au Sud par la rivière Ruzizi.
Ce champ de laves, qui forme la bordure orientale de la province volcanique du Sud
Kivu située de part et d'autre de la rivère Ruzizi, au Zaïre, au Rwanda et au Burundi
([3], [4], [5]), est caractérisé par l'absence de centres éruptifs bien individualisés et ne
constitue pas, à proprement parler, une zone active.
L'épanchcment de laves alcalines et tholéiitiques d'âge miopléislocène ([3], [6]), s'est
fait à partir de fissures éruptives localisées essentiellement au Zaïre. Les laves forment
une couverture discontinue plus ou moins importante (quelques mètres à plusieurs
centaines de mètres dans la vallée de la Ruzizi) sur différents compartiments du socle
précambrien composé de formations métasédimenlaires: quartzites, micaschistes et
phyllites [7].
La carte de la fracturation du champ volcanique de Cyangugu-Bugarama (fig. 2) a
été établie à partir d'une interprétation photogéologique de la couverture aérienne de la
zone (photos I.G.N., 1/50000, 1973) confirmée dans la mesure du possible sur le terrain.
Un grand nombre d'accidents linéaires sous la forme de failles, généralement normales
et subverticales, s'interceptent en délimitant des blocs polygonaux décalés verticalement
les uns par rapport aux autres. Les structures qui en résultent sont de type « horst et
graben », généralement dissymétriques, en « touches de piano » (fig. 3).
L'époque de formation de nombreuses failles du Sud Kivu est comprise entre la fin du
Précambrien et le début du Cénozoïque [8], donc ante formation du rift sensu stricto dans
la région [9].

0249-6305/85/03010503 S 2.00 © Académie des Sciences


504 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985

Fig. 1. —
Extension de la branche occidentale du rift Est-Africain
et localisation du champ volcanique dû Sud-Ouest:du Rwanda.
Fig. l.— Extension of the Western branch of the East African rift
and location of the Cyangugu-Bugarama volcanic province. South-Westof Rwanda.

Toutefois, l'activité de ces failles s'est poursuivie jusqu'à nos jours, comme en
témoignent leurs rejeux successifs dans les empilements de laves épanchées au cours du
Tertiaire et du Quaternaire dans la province de Cyangugu-Bugarama, et comme le
montrent les études séismologiques ([10], [11]).
Trois directions principales de fracturation ont été identifiées : NNE-SSO à NE-SO;
NO-SE; N-S.
La famille NNE-SSO à NE-SO. — Elle correspond à une fracturation normale qui a
pu être induite par l'extension du rift dans la région (direction Lac Kivu-Lac Amine-Lac
EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 2. —
Carte de la fracturation du champ volcaniquede Cyangugu-Bugarama.
Fig. 2. —
Fracturation map ofthe Cyangugu-Bugarama volcanicprovince.
PLANCHE I/ PLATE I JEAN-PHILIPPE RANÇON
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985 507

Fig. 3. Coupe géologique schématique de la région



de Cyangugu-Bugarama(A-B de la figure 2).
Fig. 3. — Schematic geological cross-section
of the Cyangugu-Bugarama province (A-B of Figure 2).

Mobutu). De nombreux centres d'émissions volcaniques du Sud Kivu sont par ailleurs
alignés sur les failles et les linéaments de cette famille [4].
La famille NO-SE. — Cette direction est celle du graben du Tanganyika. Les failles
de cette famille peuvent correspondre à une composante cisaillante du rift qui a donné
naissance au fossé du Tanganyika ([8], [12]) et constituent une terminaison de ce système
de rift ancien, essentiellement tectonique.
La famille N-S. — Cette direction méridienne est bien mise en évidence par un
important effondrement du socle dans la vallée de la haute Ruzizi, dans laquelle se sont
épanchés d'importants entablements de lave. Le graben de Bugarama, vaste plaine N-S
déprimée, d'environ 25 km de long sur 1,5 à 2,5 km de large, dans la partie sud-est de la
province volcanique est, quant à lui, caractérisé par un plongement vers le Sud du socle
et un découpage en plusieurs segments transverses provoqué par une tectonique cisaillante.
Des potentialités géothermiques ont par ailleurs été mises en évidence dans les zones dé
bordure du graben de Bugarama (sources thermales, travertins, fracturationimportante..,)
(fig. 2 et 3).
Deux interprétations sont possibles pour expliquer les structures effondrées N-S :

elles résultent du relâchement des contraintes liées aux systèmes Lac Kivu (NNE-
SSO à NE-SO)-Lac Tanganyika (NO-SE);

elles constituent la résultante des failles « Kivu » et « Tanganyika », dont les
directions forment un angle droit. Dans ce cas, la composante Nord-Sud est directement
liée à la formation du rift et à l'extension de la région. Cette composante Nord-Sud est
également bien marquée dans la zone volcanique des Virunga où elle découpe le socle en
compartiments parallèles [6].
En tout état de cause, l'étude de la fracturation dans la région de Cyangugu-Bugarama,
montre que l'existence de manifestations volcaniques dans la province du Sud Kivu
(Zaïre, Rwanda) est vraisemblablement liée à un contrôle tectonique régional : cette
région apparaît comme le lieu de croisement des directions NO-SE et NNE-SSO à
NE-SO. Elle constitue un môle résistant aux mouvements d'ouverture de la branche
occidentale du rift (d'orientation NE-SO) et à la composante cisaillante du fossé du
508 C. R. Acad, Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985

Tanganyika(d'orientation NO-SE). Les accidents, probablement hérités des phases tectoni-


ques précambriennes, ont favorisé l'établissement d'un volcanisme fissural et ont rejoué
pendant et après le volcanisme. L'importante fracturation du substratùm (grabensN-S)
et la présence d'indices de surface (sources thermales, travertins) sont par ailleurs des
éléments très favorables à l'exploitation de ressources géothermiquesdans le sous-sol de
cette région du Rwanda,
Cette étude a été effectuée dans le cadre de la reconnaissancegéothermique de la République du Rwanda
menée par le B.R.G.M. en 1982.
Remise le 6 mai 1985, acceptée le 10 juin 1985.

-RÉFÉRENCÉSBIBLIOGRAPHIQUES

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Département Géothermie et Hydroénergié,


Bureau de Recherches géologiques et minières, B.P. n° 6009, 45060 Orléans Cedex.
C.R. Sc. Paris, t. 301, Série II, n°7, 1985
PALEOBOTANIQUE. — Surdenouveaux cénozoïques
gisements à végétaux fossiles
dans le Bassin de Paris : végétations et paléoclimats. Note de Jean-Claude Koeniguer,

l'Académie.
Michel Laurain, Jean Mouton, Jean-Clade Plaziat, Robert Wyns et Edouard Boureau,
Membre de

De nouveaux sites fossilifères à macro-fossiles végétaux, récemment découverts dans le Cénozoïquedu Bassin
paléo-biogégraphie
de Paris, précisent la de quelques essences fossiles et permettent d'aborder certains aspects
de l'évolution des végétations et des climats dans cette région.

PALEOBOTANY.— New cenozoic palacobotanical data of fossil plants in the Paris Basin: végétationsand
palacoclimates.
A palacobotanical analysis of recently discovercd fossiliferous localities is given. The distribution of some
arborescent fossils, the evolution offossil vegetations and palacoclimates of the hinterland are expressed.

Les recherches de cette dernière décennie, dans le bassin de Paris, notamment lors des
levés de la carte géologique au 1/50000, ont conduit à la découverte de nombreux sites
fossilifères à végétaux.
I. PALÉOCENE. Plusieurs découvertes sont à signaler dans le Thanétien: bois silicifiés

de Taxodioxylon dans les sables d'Hétéromcsnil, à 20 km au. nord de Beauvais
(A. Blondeau), et au nord de Lemé (12 km à l'ouest de Vervins) dans.les sables localement
grésifiés du bois de la Caillcusc, empreintes d'aiguilles de Pin du groupe du Pin maritime
et de liges souterraines de cf. Arundo dans des blocs de grès à l'est de Signy-l'Abbaye
(Thiérache) [1], empreintes foliaires dans les plaquettes gréseuses récoltées entre Remigny
et Vandeuil, à 15 km au sud de Saint-Quentin et parmi lesquelles l'un de nous (J. M.) a
reconnu Dryophyllum lineare Sap.
La flore du travertin thanétien de Sézanne confirme que dès cette époque, vivait dans
l'arrière-pays, une flore essentiellement tempérée (59 % des types foliaires dont 41 % à
bords dentés) accompagnée de quelques cléments actuellement subtropicaux (6 % des
feuilles) et tropicaux (nervation fermée, 9 % des feuilles) [2],
Un autre tuf, à empreintes de feuilles, fruits, mousses à Cyanophycées, contenant
également des restes de Mollusques, Limnées, Hélicidés, a récemment été redécouvert
par l'un de nous (M. L.), à Louvois « La Neuville-en-Chaillois ». Il apparaît, sans
présumer des résultats de l'étude en cours (M. Blot), faciologiquement, très semblable au
travertin de Sézanne. Il appartient à du Thanétien supérieur.
II. EOCÈNE INFÉRIEUR. Le faciès « sparnacien » a livré depuis longtemps des bois

de Piceoxylon (Arcueil), de Betulinoxylon (Paris) et de Taxodioxylon (Arcueil, Yonne,
Chatou) [3]. Des bois de ce dernier genre, ligniteux, ferruginisés ou plus rarement silicifiés,
ont été signalés à Aubergcnville, entre Mantes et Meulan (D. Fuzellier), à l'ouest de
Montereau (M. Turland) et entre Montereau et Salins; silicifiés, ils sont également
fréquents dans le Cuisien : Cuise-la-Mottc (tronc de 50 cm de diamètre), Cuisle (troncs
et souches de 70 cm de diamètre, R. W.) au nord-ouest d'Epernay, Cuis, le Mont Bernon
au nord-est de Reims, Valmondois (L. Feugueur), Banthelu, Magny-en-Vexin, ainsi que
dans des formations résiduelles (région de Ferrières) à 10 km à l'ouest d'Amiens
(Ch. Dupuis). A Cuise-la-Motte, ont aussi été recueillis des Cupressinoxylon (Cyprès), un
Palmoxylon (Palmier), des débris de bois silicifiés de feuillus, et au Mont Berru une
racine silicifiée provenant sans doute d'une Graminée (D. E. Russel).

0249-6305/85/03010509 S 2.00 © Académie des Sciences


510 C. R. Acad, Se. Paris; t. 301, Série II, n° 7, 1985

Carte des gisements fossilifères au Paléocène et à l'Eocéne moyen; 1 : sites thanétiens; 2 : travertins thanétiens;.
3, fruits et pollens de Nypa (Eocène); 4 : fossiles d'autres palmiers (Eocène); 5 : bois de Légumineuses
(Eocène inférieur); 6 : gisements à tourbes ligniteuses silicifiées(Eocène.inférieur); 7 : gisements à bois brûlés
(fusains) de l'Eocène inférieur..Limites du domaine marin au Thanétien (Th), au Cuisien moyen (Cm) et au
Lutétien inférieur (Li). La plupart de ces gisements se situent dans des milieux littoraux ou lagunaires, les
gisements continentaux sûrs ont été entourés d'un tireté.
Fossiliferous localities from the Paleocene to the Middle Eocene; 1 : thanetian localities; 2: thanetian travertines;
3: fruits and pollens of Nypa (Eocene); 4: others palm fossils (Eocene); 5: leguminous fossil woods (Lower
Eocene); 6: silicified peats (Lower Eocene); 1: fusinised debris (Lower Eocene). Shorelines during Thanetian
(Th); Middle Cuisian (Cm) and Lower Lutetian (Li). Continental localities are surrounded by a dotted Une.

Des vestiges silicifiés (quartz) d'une tourbe ligniteuse, d'une épaisseur de 20 cm environ,
éparpillée sur 5 ha, associés à des grésifieations ferrugineuses, ont été découverts par l'un
de nous (R. W.), C. Cavelier et G. Runtz, au nord de Dangu et à Beaujardin, sur les
coteaux de la vallée de l'Epte, à une dizaine de kilomètres à l'ouest et au sud de Gisors
dans des sables à galets avellanaires situés au sommet des faciès « sparnaciens ». De
nombreux fragments de bois se rencontrent dans et a proximité de ces tourbes silicifiées;
les fossiles de Conifères dominent (Taxodioxylon : trois bois sur cinq); parmi les feuillus,
ont été identifiés un Palmier (Palmoxylon cf. paniselianum), deux essences de Rubiacées
évoquant des genres tropicaux actuels africains, une Sapindacée, deux Mimosacèes-
Césalpiniaeées et une Hamamélidacée voisine de genres actuels d'Asie méridionale, du
sud de la Turquie et du sud-est des États-Unis [4]. Cette tourbe évoque certaines tourbes
récentes de Floride. De caractère faiblement allochtone, elle s'est déposée sous une faible
profondeur d'eau (1 à 2 m au plus) en milieu lagunaire ou saumâtre (Tarets, Cyrena et
Tympanotonos dans les poudingues associés). Les Cyprès-chauves (cf. Taxodium) vivaient
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985 511

sur des milieux sableux surélevés, sensibles à de courts asséchements périodiques (cernes
nets, souvent étroits et à bois dense réduit) et les feuillus dans les forêts riveraines
régulièrement humides des étendues d'eaux saumâtres (cernes peu marqués).
Entre Reims et Fismes, dans la vallée de l'Ardre, à Savigny-sur-Ardre, une autre
tourbière silicifiée, à bois (Taxodioxylon et quelques rares feuillus) et racines fossiles, a
été découverte par l'un de nous (M. L.). Bien que l'affleurementne permette pas d'établir
de coupe (labour), il est situé, cartographiquement, au sommet de faciès argilo-ligniteux,
de type sparnacien. Cette observation est à rapprocher des nombreuses traces d'émersion
connues en Montagne de Reims et aux environs d'Epernay dans la partie supérieure et
au toit des faciès sparnaciens : les argiles à lignites [5] qui contiennent des paléosols
sulfatés acides (tanne) et des horizons à traces de racines, ont également fourni des pollens
et des Wetzeliellacéesqui montrent l'importance des influences marines et l'existence d'une
végétationde type mangrove [5], La tourbe de Savigny-sur-Ardre doit être perçue comme
une autre manifestation de l'environnement mis en évidence en Montagne de Reims.
A Mailly-Champagne (Montagne de Reims), dans les argiles à lignites de faciès
sparnacien, ont été recueillis des bois ligniteux de Taxodioxylon, perforés par des tarets,
et de l'ambre (M. L.) dans celles-ci ainsi que dans les sables de même faciès.
Dans l'est du bassin, on remarque la présence de charbons de bois de feuillus et de
conifères dans plusieurs affleurements : argiles ligniteuses de la Montagne de Reims,
faluns de Pourcy, sables cuisiens de Cuisle (R. W.), Mont Berxu, base des grès de Belleu
à Vauxcastille près de Soissons. Des feux de forêts étaient donc relativementfréquents à
certaines époques de l'Yprésien, mais sans commune mesure avec ceux qui, au Crétacé
inférieur (sables wealdiens) dévastèrent, sous des climats subtropicaux méditerranéens,
des forêts entières du Bassin de Paris et du sud de l'Angleterrejusqu'à l'Aptien ([6], [7]).
Le riche gisement de Bazoches-sur-Vesles (grès de Belleu, Cuisien) a été récemment
redécouvert (MM. Dorigny et Vatinel). Des dalles révèlent de nombreuses empreintes
(Myrica, Comptonia, Flabellaria, Taxodium, ), des fruits, ; des bois silicifiés et des
témoins de paléosols à racines [8], Au sommet des bancs de grès du Cuisien terminal
de Fosses, de nombreux débris végétaux proviennent du démantèlement de matériaux
tourbeux.
10 à 15 espèces de Palmiers (fruits des argiles de Londres, bois du Panisélien de
Belgique) appartenant à quelques quatre ou cinq genres (d'après les pollens) vivaient
dans le nord-ouest de l'Europe à l'Eocène inférieur; certains étaient de grande taille
(diamètre du tronc atteignant 35 cm) et d'autres de petites espèces de sous-bois. Plusieurs
sites de l'Yprésiendu Bassin de Paris (Vexin, vallée de l'Aisne, environs de Saint-Quentin)
ont livré des bois de quatre espèces de Palmiers dont la répartition géographique
couvrait [9] les Bassins de Paris et de Belgique et le Val de Loire, L'aire de répartition
de l'une d'elle s'étendait même depuis la vallée de l'Aisne jusqu'en Afrique, tout comme
d'ailleurs celles de Légumineuses arborescentes des « perrons » de Touraine (Eocène
inférieur) connues par leurs bois, que l'on retrouve au Tinrhert (Sahara) du Paléocène à
l'Eocène supérieur, ainsi que dans le Sahara occidental [10].
Des empreintes de fruits et de graines d'Hightea (Théàcées ?) et de Wetherellia
(Euphorbiacées?), connues dans les argiles de Londres, ont été trouvées dans les sables
cuisiens de Prémontré (Aisne) [11].
III. EOCÈNE MOYEN ET SUPÉRIEUR. — Dans le calcaire grossier de Saint-Maximin-sur-
Oise, ont été recueillies (P. Durvin), dans un banc calcaire dur situé sous les caillasses,
plusieurs empreintes d'une dizaine de centimètres d'une pelessériacée Nitophylloidée
512 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985

subtropicale (Phycodrisites) intermédiaire Centre les genres actuels Phycodrys et Polyneura;


ce groupe n'était représenté jusqu'à présent, dans le Lutétien du Bassin parisien que par
des Nitophyllum beaumontanum.
Le Lutétien supérieur de la Défense à Puteaux (marnes feuilletées à Potamides, miches
calcaires et lits gypseux) a fourni de nombreux restes de Vertébrés (Propaleotherium,
Crocodiles, ) et des bois silicifiés roulés évoquant des essences de climat actuellement
méditerranéen chaud [12] : Myrtoidoxylon proche du Myrte commun, Citrusoxylon
(Citronniers), Punicoxylon (Grenadier) et une Rosacée. Au sommet de ce gisement, des
lits à empreintes (Pandanus, Poâcites, Myricacées, Rutacées, Mimosacées, ) évoquent
une végétation de milieux marécageux avec quelques apports de plantes xêrophytes [13].
Des bois ligniteux et silicifiés avaient été signalés de longue date dans certains niveaux
du calcaire grossier supérieur de Paris («banc franc », « souchet », ) ainsi que dans
divers gisements tels ceux de Vaux-sur-Seine, de Guitrancourt (Taxodioxylon sp.), de
Nucourt dans le Vexin (troncs d'Apocynoxylon [14] de 30 cm de diamètre et de Taxodioxy-
lon sp.) et de Chapet (au sud de Meulan) où un tronc silicifié a été recueilli à la surface
du Lutétien terminalkarstifié (R. Thorin).
L'Eocène supérieur a donné peu de fossiles végétaux : un tronc de Palmoxylon au
nord-est de la Ferté-Milon (M. Coutant), et une dalle de grès quartzite dans l'est du
Bassin parisien (Bartonien?) qui a permis à l'un de nous (J. M.) de reconnaître des
empreintes de Quercus cf. ilex (Chêne vert); Q. cf. sessiliflora (Chêne rouvre), Nerium cf.
oleander (Laurier rose), Salix cf. pedicellata (Saule) et de conclure à une végétation de
milieu humide et chaud sur terrain siliceux. Les formations marno-gypseuses ludiennes
ont livré, à l'est de Paris, quelques bois silicifiés de Taxodioxylon. Le climat, saisonnier,
était au Ludien moyen relativement sec et même subaride d'après les pollens [15], ce qui
s'accorde avec les importants dépôts de gypse parisien.
IV. BIOGÉOGRAPHIE ET CLIMATS AU PALÉOGÈNE INFÉRIEUR. —
Moins chaud qu'au
Dano-Montien [16], le climat du Bassin de Paris fut subtropical au Thanétien et au
Sparnacien ([16], [17]), hormis un épisode à saisons plus contrastées ([18], [19], [20]), voire
même semi-aride dans certaines régions [21], vers la limite du Thanétien et du Sparnacien.
Les saisons sèches demeurèrent assez marquées tout au long de l'Yprésien inférieur
("Sparnacien" de l'ouest et du centre du Bassin de Paris) [20]. Au Cuisien, le climat
devint plus chaud et plus humide et la végétation plus luxurianté, d'où une abondante
sédimentation phytogène (argile à lignite d'Epernay, lignite de Saint-Eme) [20], cette
évolution climatique a aussi été reconnue en Angleterre et en Belgique.
Dans le sud de l'Angleterre, les paléobotanistes ont mis en évidence une évolution
climatique qui intervint graduellement, dès l'Yprésien terminal, dans le sens d'un rafraîchis-
sement d'ensemble des températures [22], mais qui ne paraît pas perceptible dans le
Bassin de Paris [23]. Une certaine évolution de la végétation de l'hinterland semblerait
toutefois envisageable dès le début de l'Eocène supérieur, telle celle de la répartition
géographique des grandes Légumineuses de type africain de l'Eocène
tourangeau ([10], [24]).
V. OLIGOCÈNE. — Un changement climatique majeur intervint à la fin de l'Eocène et
au début de l'Oligocène [25]. Quelques fossiles (Taxodioxylon) furent récoltés ici et là
dans les sables de Fontainebleau : vallée de Chevreuse, environs d'Arbonne, Fontenay-
Saint-Père (L. Feugueur). Des troncs silicifiés furent récemment découverts dans et sous
le paléosol hydromorphe à traces de racines de Villejust dans la vallée de Chevreuse et
des bois d'une Icacinacée dans les sables du Massif des Trois Pignons [26]. Quelques
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 7, 1985 513

rares sites privilégiés des grès stampiens ont livré des empreintes et des structures silicifiées
de tiges de grandes Craminées près de Chavençon dans le Vexin (R. W.), des empreintes
de systèmes racinaires dans certains secteurs des affleurements gréseux de
Fontainebleau [27], ainsi que des moulages de tiges souterraines de grands roseaux de
milieux littoraux d'eaux douces (cf. Arundo) dans les environs de Chalo-Saint-Mars. Ces
éléments permettent de proposer l'image d'une végétation, sur les sables stampiens
nouvellement émergés, de forêts riveraines mixtes et d'un couvert végétal plus buissonnant
sur les légers reliefs. Des indices de feux sont à signaler du fait de la présence de charbons
de bois dans les paléosols de Villejust. Cette végétation évoque un climat subtropical
atténué à saisons sèches relativement accentuées d'un type méditerranéen.
VI. NÉOGÈNE ET PLÉISOTOCÈNE INFÉRIEUR. — Quelques découvertes dans le sud du Bassin
de Paris (Y. Plessis) complètentl'inventaire de la flore des meulières de Beauce [28] : bois
silicifié d'Elaeagnus (Olivier de Bohême) à Sonchamp, à 8 km au sud-est de Rambouillet,
dalles à Charophytes, véritable tuf silicifié, et à structures racinaires à Gambaiseuil.
De nombreux sites à Taxodioxylon ont été reconnus : souches et troncs autochtones
dans les meulières de Beauce des environs de Thoiry, de Neauphles et de Verrières
(M. Buisson); blocs de grès néogènes à radicules et souches à l'est de la butte de
Marines [29]; gisement de la coupe des argiles à meulière de Brie (Pliocène à Quaternaire
ancien) de Meix-Saint-Epoing, à 8 km au sud-ouest de Sézanne (R. W. et F. Ménillet);
fossiles silicifiés du Quaternaire basai (2,5 M.a.) remaniés à partir d'un paléosol ou d'une
tourbe fibreuse près de Fourmetot, à 5 km au nord-est de Pont-Audemer [29].
VII. TAXODIOXYLONET TAXODIUM FOSSILES. — La fréquence de ces fossiles (une dizaine
d'essences), voire même leur dominance (Bassin de Paris, Touraine), dans les gisements
à bois fossiles de tout le Tertiaire de l'Europe du Nord-Ouest (France septentrionale,
Belgique, Allemagne) mérite d'être soulignée.
Le genre actuel Taxodium est représenté par deux espèces vivant dans le Sud-Est de
l'Amérique du Nord (Floride, Louisiane, Mexique). Les cyprès-chauves (T.distichum,
30 m) à bois durable, vivent jusqu'à 4 à 600 ans sur les rives d'étendues d'eau permanentes
situées entre quelques kilomètres et une centaine de kilomètres du littoral, sur des sols
argileux peu épais. Les cyprès des étangs (T.ascendens), plus petits, vivent en peuplements
riverains touffus et, plus disséminés, dans des savanes où ils peuvent ne pas dépasser
2 m de hauteur.
Cette dissemblance dans l'écologie des deux espèces survivantes, explique assez bien la
variété des conditions de gisements où l'on rencontre les fossiles.
VIII. CONCLUSION. — Ces nouveaux fossiles du Bassin de Paris, dont on remarque la
grande diversité, précisent quelques points relatifs à l'histoire des végétations de cette
région et suggèrent parfois une évolution des aires de répartition de quelques essences
ou espèces, notamment au cours de l'Eocène (Palmiers, Légumineuses, cf. Arundo).
Certaines de ces découvertes sont aussi les premières qui aient été jamais faites telles
celles de tourbes silicifiées, de fossiles dans les sables et grès de Fontainebleau ou dans le
Quaternaire basai de Haute-Normandie.
Remise le 17 juin 1985.

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[13] L. GINSBURG, J. ARQUES, F. DE BROIN, Y. LE CALVEZ, J. MOUTON, D. OBERT, C. PRIVE-GILL et
J. P. ROUCAN, C.R, Somm. Soc. géol. de Fr., 6, 1977, p. 311-313.
[14] F. GAZEAU-KOENIGUER, C.R. du 100e Congr. nat. Soc. sav., Paris, II, 1975, p. 75-81.
[15] J. J. CHATEAUNEUF,Bull Inf. Géol, Bass. Paris, 16, (3), 1979, p. 128-140.
[16] J. C PLAZIAT, Palaeogeogr., Palaeoclim., Palaeoecol, 36, 1981, p. 263-320.
[17] E. ROCHE, Bull. de l'Ass. nat Prof, de Biol. de Belg., 16, (3), 1970, p. 109-154.
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[19] M. LAURAIN et R. MEYER, Comptes rendus, 289, série D,. 1979, p. 1211-1214.
[20] J. L. DUCREUX, D. MICHOUX et R. WYNS, Comptes rendus, 299, série II, 18, 1984, p. 1283-1286.
[21] G. BlGNOT, Bull. Inf Géol. Bass. Paris, 21, (4), 1984, p. 3-8.
[22] M. E. COLLINSON,K. FOWLER et M. C. BOULTER, Nature, 291, n° 5813, 1981, p. 315-317.
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[24] F. GAZEAU et J. C. KOENIGUER, Mém. Sect. Sci. du Com. Trav. hist. et scient., 2, 19.68, p. 56-71.
[25] C. CAVELIER, Sciences géologiques, 54, 1979, p. 1-280.
[26] J. C. KOENIGUER et D. OBERT, Bull Inf. Géol. Bass. Paris, 21, (2), 1984, p. 57-59.
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(à paraître).

Ed. B, et J. C. K. : Laboratoire de Paléobotanique,


Université Paris-VI, 12, rue Cuvier, 75005 Paris;
M. L. : Laboratoire des Sciences de la Terre, Faculté des Sciences,
Université, B.P. n° 347, 51062 Reims;
J. M. : Laboratoire de Phanérogamie, Muséum national d'Histoire naturelle,
57, rue Cuvier, 75005 Paris;
J. C. P. : Laboratoire de Géologie, Bât. n° 504,
Université Paris-Sud, 91405 Orsay;
R. W. : B.R.G.M., S.G.N., 10, rue Henri-Picherit,44300 Nantes.
C. R. Acad. Sc.Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985 515

MÉCANIQUE DES MILIEUX CONTINUS.


— Relation d'Hugoniot pour un diélectri-
que déformable dans l'approximation galiléenne. Note de Gérard A. Maugin et Wafa Ani,
présentée par Paul Germain.

La relation d'Hugoniotutile pour l'étude thermodynamique des chocs dans les céramiques anisotropes et
les fibres, optiques déformables est obtenue dans l'approximation galiléenne pour un diélectrique déformable
quelconque.

CONTlNUUM MECHANICS. — Bugoniot relation for a deformable dielectric at the Galilean approxi-
mation.
The Hugoniot relation useful in the thermodynamical study of shock waves in anisotropic ceramics and
deformable opticalfibers is obtained in the Galilean approximation for any deformable dielectric.

On entend par «relation d'Hugoniot » l'équation de nature thermodynamique qui


relie l'état d'un matériau avant passage d'une discontinuitéforte (choc) à la famille d'états
susceptibles d'exister après passage de cette discontinuité. Dans le cas des céramiques
déformables (corps élastiques anisotropes) ou des fibres optiques déformables, il convient
d'établir ladite relation dans un cadre dynamique suffisamment large tout en évitant le
recours à une approche relativiste. Le cadre doit être celui de approximation l'
galiléenne [1], évidemment plus complexe que le cadre quasi-électrostatique (celui de la
piézoélectricité usuelle) mais aussi, paradoxalement, plus complexe que le cadre relativiste
(en raison de la perte de symétrie entre effets électriques et magnétiques).
ÉQUATIONSDE SAUT.
— En l'absence de courants et charges surfaciques on rappelle les
équations de saut — à travers une discontinuité forte a(t) de vecteur vitesse absolue v
par rapport à un repère d'inertie fixe RG, repère du laboratoire, et de normale unitaire
Orientée n — qui correspondent respectivement aux lois de conservation de la masse, de
la quantité de mouvementet de l'énergie et aux équations de Maxwell de l'approximation
galiléenne (en unités de Lorentz-Heaviside) [1] :

Dans ces équations tous les champs subissent a priori des discontinuités finies à la
traversée de a (t) et v est la vitesse matérielle par rapport à RG, p est la densité, t le
tenseur (non symétrique) des contraintes de Cauchy, temv est le tenseur (non symétrique)
des contraintes électromagnétiques, G est la quantité de mouvement électromagnétique,
e l'énergie interne par unité de masse, S le vecteur de Poynting dans RG, E, B, H, D, P
et M sont les champs électromagnétiques usuels dans RG et E, B, H, D, D et M sont
les mêmes champs dans le repère en comouvement RG (x, t). A l'approximation galiléenne

0249-6305/85/03010515 $ 2.00 ©Académie des Sciences


C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 36
516 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985

on a [1] :

et [2] (I est le tenseur unité) :

Pour un diélectrique non magnétisable (M—0 dans Rc et non dans RG) il s'ensuit
que :

et les équations (4)2, 4, compte tenu de (1), prennent la forme (% = P/p) :

Les équations (2) et (3) peuvent être réécrites comme :

Soit <F> =(1/2)(F++F") la moyenne de F en u(t) (1). Multipliant scalairement (9)


par <v> et tenant compte du résultat obtenu dans (10), il vient :

RELATANT D'HUGONIOT.

En développant (9)2 on obtient :
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985 517
Tenant compte des expressions obtenues par produit vectoriel de (8)1 et (8)2 par <E>
et <B> respectivement, nous transformons (12) en :

Par ailleurs, compte tenu de (8)1 et (7)2 on montré que A se réduit à l'expression :

Après quelques manipulations on a donc :

Reportant (16) dans (15) et ce dernier résultat dans (11) on obtient finalement la
relation d'Hugoniot sous la forme suivante :

qui est valable à l'approximation galiléenne pour un diélectrique non magnétisable de


lois de comportement électromécaniques quelconques(par exemple, milieu fluide diélectri-
que non linéaire, céramiques anisotropes ayant des lois de comportement non linéaires
qui généralisent les cas simples de la piézoélectricité et de l'électrostriction et qui sont
utiles en traitement du signal — par exemple dans un convoluteur électromécanique de
signaux [3] du bien dans l'étude de là compression par chocs de céramiques [4]). L'expres-
sion ( 17) permettra une étude thermodynamique complète de ces phénomènes.
COMMENTAIRES. — Pour un corps rigide dans lequel on s'intéresse uniquement à la
propagation électromagnétique, (17) se réduit à (S^p e, P= pj, v-0) :

expression donnée par Maugin et Eringen [5]. Le cas élastique quasi électrostatique à une
dimension a été obtenu directement par plusieurs auteurs. On a alors [6] :

où toutes les quantités sont scalaires (p0, densité initiale; F, gradient du mouvement;
Ttotal, composante scalaire du tenseur total de Piola-Kirchhoff),
La structure de l'équation générale (17) ne saurait surprendre. En effet, (i) n et E
sont les bonnes variables électriques duales dans l'approximation galiléenne des corps
déformables (E est objectif [1]); (ii) t n'est pas symétrique puisque le couple pondéromo-
teur P x E ne peut être négligé en théorie non linéaire; (in) le facteur P ® E (abstraction
faite des sauts) dans le deuxième terme de (17) n'est autre que la contribution de la
polarisation électrique aux contraintes électromagnétiques - çf. équation (6)1; (iv) le
terme n. [(v—v) ® P ] est un courant effectif de surface dû à la polarisation (voir [1], éq.
(2.45)); enfin, (v) l'existence de produits de trois sauts et dit facteur 1/4 dans (17) rappelle,
par exemple, la relation d'Hugoniot de la magnétohydrodynamique des conducteurs
parfaits de l'électricité [7] que l'on peut écrire sous la forme (ici la loi de comportement
518 C R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985

magnétique est isotrope et linéaire; p, pression thermodynamique; x, volume spécifique) :

Une relation du même genre, mais impliquant les déformations, a été obtenue en
magnétoélasticité [8]. On notera finalement que dans les applications aux cristauxanisotro-
pes qui nous intéressent, c'est en fait la forme matérielle (en représentation de Lagrange)
de (17) qui doit être utilisée.
( 1) Dans les calculs on utilise constamment les deux identités fondamentales :

Remise le 3 juin 1985, acceptée le 10 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] G. A. MAUGIN et A. C. ERINGEN, J. Mécan., 16, 1977, p. 101-147; G. A. MAUGIN, Comptes rendus, 289,
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[2] B. COLLET et G. A. MAUGIN, Comptes rendus, 279, série B, 1974, p. 379-382 et 439-442.
[3] G. A. MAUGIN, Nonlinear électromechanical effects and applications, World Scientific, Singapour et New
York 1985 (sous presse).
[4] R. A. GRAHAM, Physical Review, 6, série B, 1972, p. 4779-4792; P. C LYSNE et L. C. BARTEL, J.
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ceramics-numerical simulation, Applied Malhematics and Mechanics (en Chinois et en Anglais, 1985 (sous
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[5] G. A. MAUGIN et A. C. ERINGEN, Electromagnetic shocks in ferroelectrics, Rapport Interne, School of
Applied Science, Princeton University, New Jersey, U.S.A., 1978.
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dans The mechanical behavior of electromagnetic solid continua, G. A. MAUGIN éd., p. 157-163, North-Holland,
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[7] A. JEFFREY etT. TANIUTI, Nonlinear wave propagation with applications to physics and magnetohydrodyna-
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[8] G. A. MAUGIN, Helv. Phys. Acta, 52, 1979, p. 151-170; Int. J. Engng. Sc., 19, 1981, p. 321-388.

Laboratoire de Mécanique théorique associé au C.N.R.S.,


Université Pierre-et-Marie-Curie,Tour n° 66, 4, place Jussieu,
75230 Paris Cedex 05.
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985 519

CHIMIE ORGANIQUE BIOLOGIQUE. — Alcaloïdes de Phelline sp. aff. P. lucida:


dihydro-1,2 comosidine et analyse aux rayons X de l'holidinine. Note de Judith Razafimbelo,
Nicole Langlois, Angèle Chiaroni et Claude Riche, présentée par Pierre Potier.

La dihydro-1,2comosidine Il a été isolée en faible quantité des feuilles de Phelline sp. aff. P. lucida et la
structure 12, attribuée à l'holidinine par comparaison avec celle de la comosivine 13, a été confirmée par
analyse aux rayons X.

BIOORGANIC CHEMISTRY. — Alkaloids from Phelline sp. aff. P. lucida: 1,2-dihydrocomosidineand


X-Ray analysis of holidinine.
Small amount of 1,2-dihydrocomosidine11 was isolatedfrom the leaves o/Phelline sp. aff. P. lucida and the
structure 12 atti'ibuted to holidinineby comparison with those of comosivine 13 was confirmed by X-Ray analysis. .

-
Phelline sp. aff. P. lucida, nouvelle espèce du genre Phelline récoltée en
Nouvelle-Calédonie [1], contient à la fois des alcaloïdes du groupe de l'homoerythroïdine
(O-méthylisophellibiline 1 [2] et phellibilidine 2 [3]), les deux premiers exemples de sque-
lette homoazaerythrinane (phellinamide 3 et holidine 4 [2]) et plusieurs alcaloïdes du
groupe de l'homoerythrinane :.. comosidine 5 ([2], [4b]), lucidinine 6 [2], épi-3
schelhammericine 7 ([4]-[ll]), dihydro-2,7 homoerysotrine 8 ([7], [8], [10], [11]), alcaloïde B
de Schelhammera pedunculata 9 [5] et S. undulata [6], isoié aussi de diverses espèces de
Cephalotaxus ([7], [11], [12]) et plus récemment, de plusieurs espèces d'Athrotaxis sous le
nom de taxbdine([13], [14]), homoerysotine 10 [3] qui pourrait être identique à l'hydroxy-2
isotaxodine [13],
L'hypothèse d'une structure dihydro-1,2 comosidine II peut être formulée pour un des
composantsminoritaires de cette nouvelle espèce [0,25 % des alcaloïdes totaux; ultraviolet,
éthanol, A.max nm (s) : 237(4 800) et 284(1700); dichroïsme circulaire, éthanol, Xmax
nm (As) : 237 ( — 0,6), 282 ( — 0,5)] essentiellement grâce à l'examen de son spectre de
masse. Ce dernier présente, en plus du pic moléculaire à m/z 331et des pics à m/z 3.16 et
300, un pic de base à m/z 258 très; caractéristique [4 b].
Cette hypothèse est confirmée par comparaison directe avec le produit d'hydrogénation
de la comosidine 5, alcaloïde majoritaire de cette espèce (32 % des A.T.).
L'analyse spectrale de l'holidinine 12 (C20H27NO4) [2] montre que cet alcaloïde diffère
.
de la comosivine 13 (premier alcaloïde du groupe homqérythrinanedont le cycle D porte

0249-6305/85/03010519 E2.00 © Académie des Sciences


520 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985

Vue en perspective de la molécule.


A perspective view of the molécule

trois substituants oxygénés) [45], uniquement par la substitution du noyau aromatique,


un des trois groupes méthoxyles étant remplacé par un groupe hydroxyle phénolique.
Ceci est confirmé par la méthylation de l'holidinine par un excès de diazométhane qui
fournit la comosivine 13. La comparaison des spectres de 13 C RMN de ces deux alcaloïdes
(tableau I) montre que le groupe méthoxyle de la comosivine absent dans l'holidinine est
celui dont le déplacement chimique est le plus faible (56,2.10-6), en oc de la position
non substituée (C16 — OCH3).
La position 15 a été proposée pour l'hydrogène aromatique de la comosivine 13 sur la
base de considérations stériques, mais n'a pas été déterminée avec certitude [4 b]. Par
ailleurs, plusieurs auteurs s'appuient sur cette hypothèse pour des études comparatives
([13]-[16]) et il nous a paru utile de la confirmer. Dans les alcaloïdes du groupe de
l'érythrinane,la position des substituants du noyau aromatique peut être définie par effet
Overhauser nucléaire [17]; ainsi, la structure de l'érythlaurine 14 trisubstituée a été mise
en évidence par l'observation d'un effet Overhausser nucléaire entre le proton aromatique
et le proton C3— H axial [18]. Cette technique a également été utilisée pour déterminer la
position non substituée de l'athrocupressine 15, alcaloïde isomère de l'holidinine 12 [13].
Pourtant, dans les alcaloïdes du groupe de l'homoérythrinane comportant une double
liaison A1 (6), la distance entre les protons C15 — H et C3 — H axial dépend de la configura-
tion de l'atome d'azote N9 et de la conformation adoptée par le cycle C à sept atomes
de carbone. L'holidinine 12 a été soumise à l'analyse aux rayons X pour déterminer sans
ambiguïté la position des substituants sur le cycle aromatique et préciser sa conformation.

TABLEAUI
RMN du 13C de l'holidinine 12 et de la comosivine 13 (CDC13, 8 10_6/TMS).
I3C NMR of holidine 12 and comosivine 13 (GDCl3, 8 10-6/TMS).

C C1 C3 C2 C5 Cs C3-OCH3 C16-OCH3 C17-OCH3


C15 C4 C10 C18 —OCH3
Alcaloïde

12 116,3 74,4 32,1 69,2 50,4 55,8 60,9


113,6 38,5 46,8 60,8
13 116,2 74,4 32,2 69,4 50,4 55,8 56,2 61,2
111,5 38,3 46,8 60,7
PLANCHE PLATE JUDITH RAZAFIMBELO

TABLEAU II
Coordonnéesatomiques ( x lO4).
Fractional atomic coordinates (x 104) for the non-H atomes
and équivalent isotropic thermalparameters (Â2).

X Y Z U

C1
C2.
... . .
4034(3)
3277(3)
5091(3)
4747(3)
7062(1)
6077(3)
48(2)
55(3)
C3 4235(2) 5534(2) 5206(2) 42(2)
C4 5645(2) 5632(2) 5326(2) 41(2)
. . .
C5.
C6.
...... 6378(2)
5400(3)
6457(2)
5890(2)
6270(2)
7163(2)
31(2)
41(2)
• • • • • • • • • • •
C7.
C8
N9.
... 6285(3)
7736(3)
7420(2)
6220(3)
6628(3)
6093(2)
8084(2)
7680(2)
6647(2)
55(3)
52(3)
39(2)
C10 8604(3) 6331(3) 6016(2) 49(2)
C11
C12
.............. .. 9594(3)
8934(3)
7817(3)
8379(3)
5667(3)
4938(2)
54(3)
49(2)
. .
8025(2) 8871(2) 5439(2)
C13.
. . ... 6926(2) 8041(2) 6103(2)
35(2)

C15
C14.
....... 6224(2) 8631(2) 6585(2)
30(2)
31(2)
C16. 6554(2) 10007(2) 6422(2) 33(2)
C17. 7589(2) 10800(2) 5730(2) 33(2)
C18. 8320(2) 10235(2) 5259(2) 34(2)
. . . .
C19.
........... 2485(4) 4866(4) 3954(4) 86(5)
C20
C21
... 9110(3)
8892(3)
13263(3)
11166(5)
5833(2)
3627(2)
56(3)
74(4)
03. 3701(2) 4877(2) 4267(2) 66(2)
016 5836(2) 10501(2) 6936(1) 45(1)
.,.
017. 7814(2) 12118(2) 5494(1) 43(1)
O18 9370(2) 11083(2) 4598(1) 44(1)
..... . . . . . . .
W 6253(3) 3134(2) 7120(2) 85(3)

TABLEAU III C2-C1-C6 124,4(2) C10-C11-C12 113,8(3)


C1-C2-C3 112,5(2) C11-C12-C13 113,8(2)
Distances interatomiques (Â) et angles de valence (°).
C2-C3-C4 111,0(2) C12-C13-C14 123,6(2)
Interatomicbond lengths (Â) and angles (°)
C2-C3-03 112,9(2) C12-C13-CI8 118,2(2)
C1-C2 1,500(4) C11-C12 1,523(5) C4-C3-03 106,1(2) C14-C13-C18 118,1(2)
C1-C6 1,322(4) C12-C13 1,517(4) C3-C4-C5 110,4(2) C5-C14-C13 123,1(2)
C2-C3 1,518(4) C13-C14 1,410(3) C4-C5-C6 110,1(2) C5-C14-C15 117,8(2)
C3-C4 1,518(4) C13-C18 1,396(3) C4-C5-N9 111,7(2) C13-C14-C15 119,0(2)
C3-O3 1,420(4) Cl4-C15 1,395(3) C4-C5-C14 110,3(2) C14-C15-C16 122,4(2)
C4-C5 1,528(3) C15-C16 1,393(3) C6-C5-N9 96,4(2) C15-C16-C17 118,5(2)
C5-C6 1,518(4) C16-C17 1,388(3) C6-C5-Cl4 111,9(2) C15-C16-016 118,4(2)
C5-N9 1,485(4) C16-016 1,354(3) N9-C5-C14 115,8(2) C17-C16-016 123,1(2)
Cs-C14 1,557(3) C17-C18 1,395(4) C1-C6-C5 122,4(2) C16-Cl7-C18 119,7(2)
C6-C7 1,497(4) C17-017 1,387(3) C1-C6-C7 129,5(3) C16-C17-0I7 118,3(2)
C7-C8 1,532(5) C18-018 1,384(3) C5-C6-C7 107,4(2) C18-C17-0I7 122,0(2)
C8-N9 1,471(4) C19-03 1,403(6) C6-C7-C8 104,1(3) C13-C18-C17 .122,2(2)
N9-C10 1,466(4) C20-O17 1,430(4) C7-C8-N9 102,0(2) C13-C18-018 120,4(2)
C10-C11 .1,522(4) C21-018 1,418(4) C5-N9-C8 105,6(2) C17-C18-018 117,5(2)
C5-N9-C10 120,1(2) C3-03-C19 114,7(3)
C8-N9-C10 117,0(2) C17-O17-C20 115,6(2)
N9-C10-C11 117,7(2) C18-O18-C21 114,3(2)
C. R. Acad. Se, Paris, t. 301, Série II, n° 8,1985 523

TABLEAU IV
Angles de torsion (°); convention de Klyne de Prelog,
Torsion angles (°), signs according Klyne and Prelog.
C2-C1-C6-C5
C1-C6-C5-C4
C6-C5-C4—C3
- - 5,3(0,2)
17?5 (0,2)
50,3(0,2)
C11-C12-C13-C14
C12-C13-C14-C5
C13-C14-C5-N9
- 53,1(0,3)
- 9,6(0,2)
59,6(0,2)
C5-C4-C3-C2 - 62,6(0,3) C18-C13-C14-C15 - 2,9(0,2°

.
C4-C3-C2-C1 39,0(0,2) C13-C14-C15-C16 1,1(0,2)
C3-C,-C1-C6 - 5,7(0,2) C14-C15-.CI6-C17 2,1(0,2)
N9-C5-C6-C7 38,1(0,2) C15-C16-C17-C18 - 3,4(0,2)
C5-C6-C7-C8 - 14,4(0,2) C16-C17-C18-C13 1,6(0,2)
C6-C7-C8-N9 16,0(0,3) C17-C18-C13-C14 1,6(0,2)
C7-C8—N9-C5 42,2(0,3)
-
C19-03-C3-C4 - 171,5 (0,4)
C8-N9-C5-C6 - 49,5(0,2) C19-O3-C3-C2 66,7(0,3)
C14-C5-N9-C10 66,4 (0,2) C20-O17-C17-C18 - 71,8(0,3)
C5-N9-C10-C11
-
59,2 (0,3) C20-O17-C17-C16 111,4 (0,3)
N9-C10-C11-C12 - 67,1(0,3) C21-O18-C18-C13 99,2(0,3)
C10-C11-C12-C13 79,1(0,3) C21-O18-C18-C17 - 81,1(0,3)

ANALYSE AUX RAYONS X. —


Le composé cristallise dans le système trigonal, groupe
Spatial P32, avec trois molécules dans la maille élémentaire de paramétres
a = 6 = 11,060(3)Â, c = 13,332(5)Â; a=(3 = 90°, y=12Ô°; V = 1412,3 Â 3; F(000)=537,
dc= 1,21.5. Les intensités ont été enregistrées sur un diffractomètre « Philips PW1100 »
avec la radiation K7n du cuivre (1=1,5418 Â), selon la technique 0-28 jusqu'à 0 —68°
Sur les 1 773 réflexions indépendantes provenant d'un ensemble de 5 023 réflexions mesu-
rées, 1717 d'entre-elles répondant au critère I>3 ô"(I) Ont été considérées comme obser-
vées. La correction d'absorption a été négligée (LI = 5,85 cm-1).
La structure a été résolue par les méthodes directes (logiciel DEVIN [19]) et affinée
par la technique des moindres carrés minimisant la fonction £w(F0-|Fc|)2. En considé-
rant les atomes vibrant de façon anisotrope, la valeur du facteur R Conventionnel s'abaisse
à 0,060 (logiciel SHELX 76 [20]).
Les atomes d'hydrogène ont tous été repérés sur des séries de Fourier différence et
introduits dans raffinement en position théorique à 1,08 A de l'atome porteur avec un
facteur de température équivalent à celui-ci, à l'exception des atomes d'hydrogène liés au
groupement hydroxyle O16-H et à la molécule d'eau de cristallisation (HB-W-HA), laissés
en position expérimentale.
Dans ces conditions, la valeur finale du facteur R. est de 0,043 (Rm = 0,044). Les
coordonnées atomiques correspondantes sont données dans le tableau II. Les distances
et les angles de valence sont regroupés dans le tableau III.
L'aspect remarquable de cette molécule réside en un agencement rigide des trois
cycles A, B, C autour du carboné spiro C5 (fig,). Les angles de torsion reportés dans le
tableau IV précisent la stéréochimie.
Cette étude confirme remplacement en 16, 17 et 18 des substituants sur le cycle
-
aromatique D(C20 à 1,01 Â, C21 à 1,28 Â du plan aromatique) et les configurations
(3 S, 5 S) attribuées à cet alcaloïde [2].
La conformation du cycle A est intermédiaire entre les formes sofa et demi-chaise, le
groupe méthoxyle en C3 étant en position équatoriale, ce qui confirme les données de la
RMN du- 1H [4b]. La déviation de 0,66 Â de l'atome C4 du plan approximatif formé
par les cinq autres atomes est identique à celle observée dans la phellibiline [21]. Les
524 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985

distances entre l'hydrogène en C15 et les hydrogènes en C1 et C3 sont respectivement de


3,33 et 2,90 Â.
Le cycle B à cinq chaînons adopte une conformation demi-chaise, les deux atomes C5
et N9 s'écartant de —0,40 et 0,36 Â respectivement du plan des trois autres atomes.
Le cycle C à sept chaînons est dans une conformation chaise, contrairement à ce qui
est observé dans le dérivé N-méthylé de l'épi-3 méthoxy-18 schelhammericine 16 [15]; les
atomes N9, C10 et CX1 étant situés respectivement à 1,05, 1,10 et 1,25 Â du plan des
quatre atomes C12, C13, C14 et C5.
Dans le cristal, une molécule d'eau de cristallisation (HB —W —HA) relie les molécules
deux à deux dans la direction de l'axe b, par l'intermédiaire de l'atome d'azote
d'une molécule et du groupe hydroxyle phénolique de l'autre (016.—H). On note en
effet deux liaisons hydrogènefortes (distances N9... HB = 1,99 Â, N9... W=2,92 Â, angle
N9...HB-W= 166,3° et distances O16-H = 0,87Â, Q16.-H... W= 1,93 Â,
016,...W = 2,72 Â, angle 016,-H...W = 151°).
Il est à noter que, malgré l'engagement du doublet de l'azote N9 dans une liaison
hydrogène avec cette molécule d'eau, la conformation de l'holidinine est très différente
de celle du dérivé N-méthylé de l'alcaloïde 16 de structure très voisine, isolé de Dysoxylum
lenticellare [15].
Des alcaloïdes du groupe de l'homoerythrinane, de structures proches ou identiques,
se retrouvent donc dans des végétaux aussi éloignés les uns des autres que les genres
Schelhammera, Phelline, Cephalotaxus, Dysoxylum et Athrotaxis et ce cas de convergence
biogénétiquemérite d'être souligné.
Remisele 3 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] n° 100 dans la série « Plantes de Nouvelle-Calédonie».


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Institut de Chimie des Substances naturelles du C.N.R.S.,


91190 Gif-sur-Yvette.
C. R. Acad. Sc, Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985 525

OCÉANOGRAPHIE DYNAMIQUE. - Sur le lâcher de tourbillons géostrophiques


dans le sillage de topographies sous-marines. Note de Jacques Verron, présentée par René
Moreau.

Un mécanisme de formation et d'advection de tourbillons cohérents dans l'océan est mis en évidence et
analysé à l'aide d'expériencesnumériques réalisées avec un modèle bicouche dans le cadre des hypothèsesquasi
géostrophiques. Ces tourbillons, qui peuvent être cycloniques et anticycloniques, sont engendrés de façon
régulière dans le sillage de reliefs sous-marins lorsque l'écoulement incident présente une composante
instationnaire.

DYNAMICALOCEANOGRAPHY.— Topographie eddy sheddingin a quasi-géostrophic océan.


A procèss of coherent-eddies génération and shedding in the ocean is pointed out by using numeriçal
simulations. The ocean model is two-layer quasigeostrophic. The shed eddies are generated in the lee of
underwater topography because of the unsteadiness effect of the impinging flow. They can be anticyclonic as
well as cyclonic.

INTRODUCTION. — La variation du relief sous-marin aux grandes échelles spatiales peut


jouer un rôleimportant sur la circulation générale océanique. Mais la topographie aux
échelles moyennes (de l'ordre du rayon interne de déformation) est aussi susceptible
d'intervenir activement dans cette dynamique. Les observations ont montrées que les
écoulements océaniques sont influencés par la topographie du fond à des échelles verticales
qui peuvent être grandes en comparaison de l'échelle verticale de la topographie elle-
même. De plus elles ont mis en évidence la réalité du piégeage de zones de vorticité sur
la topographie ainsi que de colonnes de Taylor ([1], [2]). La topographie sous-marine
peut être ainsi à l'origine d'une partie de la variabilité océanique à méso-échelle dont la
dynamique détermine grandement la circulation générale.
Dans cette Note nous examinons un mécanisme de création et d'advection de tourbil-
lons topographiques : celui associé au comportement instationnaire d'un écoulement
océanique passant sur une topographie isolée. L'outil d'analyse est un modèle numérique
de pavé d'océan à frontières ouvertes qui permet une investigation temporelle de longue
durée jusqu'à l'équilibre statistique.
LE MODÈLE. — On considère l'écoulement zonal d'un fluide stratifié bicouche dans un
pavé océanique rectangulaire délimité par deux frontières solides (Nord et Sud) et deux
frontières ouvertes (Ouest et Est).
Le modèle utilise les équations classiques issues des développements quasi
géostrophiques [3] qui expriment, à chaque instant, les champs de fonction de courant %
et de vorticité £, (E, —A\]/) pour chacune des couches. Les échelles typiques du mouvement
sont L et U respectivement pour l'échelle horizontale de longueur et la vitesse, L/U est
réchelle de temps. Le gradient de vorticitéplanétaire est pris en compte par l'intermédiaire
du paramètre P = P0L2/U. La dissipation visqueuse est modélisée par un terme en
la placien (AA^) ou par un biharmonique ( BV6 \|/), le frottement de fond est introduit

par un terme linéaire en vorticité(—r.i,).
Aux frontières ouvertes du domaine de calcul nous utilisons une condition numérique
mixte basée sur une méthode d'extrapolation associée à une condition de radiation
d'ondes.
Un écoulementuniforme stationnaire est imposé dans le domaine par le maintien d'un
gradient de pression aux parois. Pour des raisons de simplicité la composante instation-
naire est obtenue comme le résultat d'un mouvement zonal oscillant donné à la montagne
0249-6305/85/03010525 S 2.00 © Académie des Sciences
526 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985

Fig. 1. — Lâcher de tourbillons anticycloniqueet cycloniqueà l'aval d'une montagne sous-marineaxisymétrique,


visualisé par le champ de vorticité (a) et le champ de courant (b). Les paramètres de l'expériencenumérique
sont : hauteur de la topographie, li = 500m; profondeur de l'océan, D = 4000m; vitesse moyenne, U = 0,lm/s;
période du forçage, Tf=46 jours; paramètre de Coriolis, fo = 10-4s- 1 (l'effet p est négligé p = 0); nombre
de Reynolds, Re = 400.
Fig. 1. — Shedding of anticyclonic and cyclonic eddies in the lee of an axisymmetric seamount, as shown by the
vorticity field {a) and the slreamline field {b). Tlie parameters are: topographie height, h = 500 ni; océan depth,
D=4,000m; mean velocity, U = 0.1 m/s; forcing time-scale, Tf=46 days; Coriolis parameter, /0 = 10-4s_ 1
{fi-effecl is neglected P = 0); Reynolds number, Re = 400.

sur le fond. L'écoulement incident sur la topographie est alors de la forme


u = U0 + U1cos(caf). A l'instant initial le fluide est au repos. Après plusieurs périodes on
atteint un régime pseudo-stationnaire dans lequel l'énergie et l'enstrophie totales de
perturbation sont en équilibre statistique.
Le modèle numérique est un modèle aux différences finies de maille 5 km pour des
échelles horizontales typiques de 500 x 750 km pour le bassin et de 100 km pour la
topographie.
RÉSULTATS. — Dans la phase d'initiation de l'écoulementà partir du repos, la compres-
sion et l'étirement des tubes tourbillons sur les flancs amont et aval de la topographie
donnent lieu à la formation de deux tourbillons de signes opposés sur la topographie.
De plus, les fortes topographies imposent à l'écoulement un contournement de l'obstacle
qui provoque l'apparition de colonnes de Taylor.
Lorsque le forçage est stationnaire on converge vers un régime dominé par la présence
d'un seul tourbillon anticyclonique piégé sur la topographie [4]. Lorsque le forçage est
instationnaire le processus d'interaction tourbillonnaire est actif en permanence. Il se
produit alors, sous certaines conditions et pendant chaque période d'oscillation du
forçage, un déséquilibre local de vorticité potentielle qui provoque l'expulsion d'une
structure tourbillonnaire, advectée ensuite par l'écoulement. Cette structure peut être
associée à des lignes de courant fermées et le phénomène se présente comme une advection
de colonnes de Taylor (fig. 1).
Les conditions nécessaires pour l'obtention d'un tel lâcher de tourbillons dépendent de
la période du forçage 2n/co, qui doit être de l'ordre du temps advectif, et des dimensions
de la topographie. Les tourbillons ont l'échelle horizontale de la topographie et peuvent
être aussi bien anticycloniques que cycloniques. Par ailleurs ce comportement est valide
dans lef-plan (P = 0) au même titre que dans le P-plan.
C. R. Acad, Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985 527

Fig. 2. Évolution de l'échelle de temps dissipative T'v pour un écoulementuniforme stationnaire initialisé à

partir durepos (a), et pour l'écoulement défini à la figure 1 (b). La courbe (c) représente le champ de vitesse
incident sur la topographie dans le cas (b).
Fig. 2, - Evolution of the dissipative time-scale T'v in a uniform steady flow initiated from rest (a), in the unsteady
flow defined in Figure 1 (b) The curve (c) shows the incidentvelocity over the topography in case (b).

DISCUSSION.-— Ces résultats sont en contradiction avec le respect strict de la conserva-


tion de la vorticité potentielle le long des trajectoires des particules. Pour les expliquer il
est donc nécessaire de faire intervenir les mécanismes dissipatifs. Les échelles de temps
caractéristiques du mouvement sont les temps advectif Ta L/U, visqueux TC=L2/A ou

L4/B, et de forçage Tf=2n/(ù, Dans les conditions d'un lâcher de tourbillons ces échelles
respectent les critères suivants :

Comme dans le cas général d'un écoulement océaniquefaiblement visqueux, les termes
dissipatifs mesurés par Tv n'agissent pas de manière significative aux échelles caractéristi-
ques du mouvement. Ceci nous a amené à définir une dissipation « effective » mesurée
par un autre temps visqueux Tv rapportant l'enstrophie locale au flux de palinstrophie
instantané:

L'intégration, notée par une borne supérieure, est réalisée sur un domaine D centré sur
la topographie. Lorsqu'on trace cette échelle de temps Tv (fig, 2) dans un cas ou les
conditions de lâcher sont réalisées, on observe au cours de chaque période de forçage
une forte diminution transitoire de Tv, qui correspond a une accélération de la dissipation.
Nous interprétons cette accélération du flux de vorticité vers les petites échelles comme
étant le résultat d'une interaction des gradients de vitesse avec une faible viscosité. Ce
phénomène a d'abord été mis en évidence par Taylor [5] et Batchelor [6] puis, plus
récemment, interprété dans un contexte océanographiquepar Rhines et Young [7] notam-
ment.

C. R. 1985 2e Semestre (T. 301) Série II — 37


528 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985

Nous expliquons alors le lâcher de tourbillons comme le résultat d'un mécanisme à


deux phases apparaissant successivement au cours d'une même période :
— une
phase de dissipation accélérée pour les particules piégées sur la topographie
dans une région à fort gradient de vitesse (ce processus est d'autant plus actif avec des
lignes de courant fermées);
— une
phase fortement advective pendant laquelle l'écoulement est assez fort pour
balayer les particules qui viennent de subir les mécanismes précédents sur la topographie.
Cette chronologie est d'ailleurs bien observée dans les simulations numériques. Le
paramètre topographique local u(t) = hf0 L/U (t) D doit, en particulier, évoluer d'une
valeur u(t)> uc (uc correspondant à la valeur critique d'apparition d'une colonne de
Taylor) à une valeur u(t)<uc pour qu'il y ait effectivement alternance d'une phase
advective et d'une phase dissipative. On comprend ainsi que le lâcher de tourbillons
s'observe dans la gamme des hauteurs de topographies moyennes.
Dans ce contexte le rôle de l'échelle de temps du forçage peut s'analyser comme suit :

si Tf >Ta l'écoulementréagit comme à un forçage stationnaire avec un ajustement
progressif du champ de vorticité et une augmentation non significative des flux aux
petites échelles;

si Tf< Ta l'effet dissipatif est accéléré mais les particules concernées ne peuvent pas
être advectées en dehors de la zone de forts gradients car le temps advectif est trop long.
Un lâcher effectif de tourbillons n'est donc possible que lorsque Ta et Tf sont du même
ordre de grandeur.
CONCLUSION. — Nous avons montré qu'il était possible d'obtenir un lâcher de tourbil-
lons cohérents dans le sillage de topographies sous-marines grâce à l'effet d'un forçage
instatiormaire d'amplitude sinusoïdale. Ce mécanisme « régulier », par opposition à un
processus d'instabilité ou à une turbulence développée, a plusieurs conséquences océa-
nographiques.
Il permet en particulier d'expliquer certaines observations comme l'existence de tourbil-
lons anticycloniques advectés à partir de montagnes sous-marines [2], et il rejoint des
préoccupations récentes sur l'émergence de structures cohérentes dans l'océan.
Les moyens de calcul utilisés ont été attribués par le conseil scientifique du Centre de Calcul Vectoriel pour
la Recherche.
Remise le 10 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Institut de Mécanique de Grenoble, B.P. n° 68, 38402 Saint-Martin-d'Hères Cedex.


C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985 529

alcalin
PETROLOGIE.
du volcanisme
-
dévono-dinantien
Mise en évidence des caractères orogénique, tholéïtique et calco-
dans le massif du Rabodeau ( Vosges septentrionales) :

apport à la reconstitution géotectonique des Vosges. Note de Moha Ikenne et François

Baroz, présentée par Georges Millot.

Le massif du Rabodeau, dans les Vosges septentrionales,a connu pendant le Dévono-Dinantien un volcanisme
caractérisé par l'association de deux lignées magmatiques, l'une tholéitique, l'autre calco-alcaline La première
montre une cristallisation tardive des oxydes et un enrichissement fer et
en en titane, la seconde est fortement
porphyrique et a un rapport FeO*/MgO constant. Leur succession dans le temps constitue un élément commun
à l'évolution géotectoniquedes Vosges du Nord et du Sud.

PETROLOGY, — Discovery of orogenic, tholeiitic and calc-altaline characteristics in the Devono-Dinantian


volcanism of the Rabodeau Massive (Northern Vosges):contribution tothe Vosgessgeotectonic reconstruction.
The Rabodeau Massive, in Northern Vosges, displayed during the Devono-Dinantian time a volcanism with
tholeiitic and cah-alkaline trends. The first one is charaterized by the late crystallizationof oxydes and by a
marked enrichment in iron and titanium. The second one is outlinedby very porphyriticrocks with an uniform.
FeO*/MgO ratio. Their succession in the time is a common featureinthegeotectonic evolution of the South
and North parts of Vosges:

PRÉSENTATION. — Dans les Vosges septentrionales, les formations dévono-dinantiennes


affleurent suivant une bande de direction générale NE-SW correspondant au massif du
Rabodeau sur le flanc ouest des Vosges, et au massif de Schirmeck et à la vallée de la
Bruche sur leur flanc est. Dans le massif du Rabodeau, sous une couverture permo-
triasique discordante, la série dévono-dinantienneest recoupée par des plutons hercyniens
granitiques et dioritiques avec à leurs contacts des cornéennes. Ailleurs, elles présentent
toutes, mais sans modification texturale, des paragenèses du faciès schiste vert avec:
quartz, albite, épidote, chlorite, mica vert et actinote. Le volcanisme du massif du
Rabodeau a été successivement interprété comme alcalin [1] puis comme tholéïtique [2],
tandis que plus récemment la nature calco-alcaline de l'un de ses faciès, le trapp de Raon
l'Etape, a été mis en évidence [3].
DIFFÉRENTS TYPES PÉTROGRAPHIQUES.

La série magmatique dévono-dinantienne au
Rabodeau est variée. D'une part, les roches hypovolcaniques sont représentées par des
dolérites, des ophites, des microdiorites parfois quartzifères, des microgranites et des
rhyolites; d'autre part, les roches volcaniques sont distribuées en deux ensembles, l'un
formé de basaltes à pyroxène, diabases et spilites, l'autre de pyroclastites acides et de
kératophyres. Le trapp de Raon l'Etape, en raison de ses particularités, est exclu de cette
étude.
(a) Les dolérites et les ophites. Ces roches à texture intersertale ou nésophitique —
affleurent en chaos. Les plagioclases (40 à 60%) en grandes lattes (1,25 mm) ont des
compositions allant de l'oligoclase à l'andésine (An 17-48). Les pyroxènes (35 à 50 %)
sont des augites (Wo: 41 à 44, En: 40 à 46, Fs: 10 à 18) en petits cirstaux interstitiels
ou en grands cristaux xénomorphes (2,5 mm) englobant les plagioclases. Dans les ophites,
ils sont totalement transformés en hornblende actinolitique. Les oxydes ferro-titanés,
d'abord en grains rares (1 à 2%), sont, dans les dolérites plus évoluées, plus abondants
(jusqu'à 10 %) et en cristaux subautomorphes squelettiques moulant les autres phases
minérales.

0249-6305/85/03010529 S2.00 © Académie des Sciences


530 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985

Fig. 1. — Diagramme FeO*-FeO*/MgO.Distribution des roches du massif du Rabodeau en deux tendances,


l'une tholéïtique (TH) représentéepar les dolérites et les ophites (1), les basaltes à pyroxène (2), les diabases
et les spilites (3), l'autre calco-alcaline (CA) formée de microdiorites et microdiorites quartzifères(4), de
micrograniteset de rhyolites (5). Les symboles non cerclés correspondent à des données bibliographiques[1].
Fig. 1. — FeO*-FeO*/MgO diagram. Distribution of the rocks of the Rabodeau Massive in two trends. The
first one, tholeiitic (TH), is composed by dolérites and ophites (I), pyroxène bearing basalts (2), diabases and
spilites (3). The second one, calc-alkaline (CA), is formed by microdiorites and quartz-microdiorites (4),
microgranites and rhyolites (5). Uncircled symbols refer to published data [1].
Fig. 2. —
Diagramme Ti02-FeO*/MgO (mêmes symboles que pour la figure 1). Distinction des séries
tholéïtique et calco-alcaline. La position de la série tholéïtique à la limite des champs isotitané (IT) et
anisotitané (AT) indique un enrichissement modéré en titane caractéristiquedes tholéïtes « orogéniques ».
Fig. 2. — Ti02-FeO*/MgO diagram (same symbols as in Figure I). Differentiation between tholeiitic and
calc-alkaline trends. The tholeiitic trend, located on the isotitanian (IT) and anisotitanian (AT) field limit, is
indicative of low Ti-enrichment, as in the "orogenic" tholeiites.
(b) Les microdiorites et microdiorites quartzifères. — Elles appartiennent à des filons
sécants sur les faciès volcaniques ou à des filons-couches dans les roches sédimentaires et
sont riches en phénocristaux(50 %). Les plagioclases, en lattes (3 mm), sont généralement
zones et groupés en glomérophyres. L'andésine (An 38) est présente. La hornblende verte
(5 %) forme des cristaux trapus (2 mm) maclés hI. Les opaques (5 %) sont en granules
associés aux amphiboles ou dispersés dans le fond microgrenu de la roche rassemblant
des minéraux du faciès schiste vert, du feldspath et du quartz en petits cristaux (5 %).
(c) Les microgranites et rhyolites. — Dans ces roches filoniennes, le quartz éclaté et
corrodé (10 %), les feldspaths plus ou moins séricitisés (15 à 20 %) et la biotite transformée
en amas micacés se présentent en phénocristaux (2 à 5 mm), dans un fond quartzo-
feldspathique micropegmatitique, microgrenu ou microfelsitique.
(d) Les basaltes à augite. — Leur mode de gisement et leur relation avec les dolérites
et les ophites n'ont pas pu être définis. Ils ont une texture microlitique à phénocristauxpeu
nombreux de plagioclase (5 %) en cours d'albitisation (An 4-45) et d'augite partiellement
ouralitisée ayant la même composition que dans les dolérites. La mésostase est formée
de microlites de plagioclase, de grains de clinopyroxène et de granules opaques dans un
verre recristallisé en minéraux de basse température.
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985 531.

(e) Les diabases et spilites. —


Elles ont été observées à la bordure des grandes masses
de dolérite et d'ophite. Elles sont totalement dépourvues de phénocristaux et les nombreux
microlites (0,06 à 0,4 mm) de feldspath (65 %), transformés en albite (An 8), soulignent
une fluidalité de type trachytique. Des petits cristaux d'amphibole verte (30 %) et de
rares granules d'opaque sont en position interstitielle, les minéraux du faciès schiste vert
formant le fond de la roche et les amygdales.
(f) Les pyroclastiles acides et les kératophyres. — Ces roches, en masses importantes
et plus rarement en minces filons-couches, sont difficilement identifiables sans analyses
chimiques. Elles ont une texture microlitique ou microfelsitique parfois finement porphyri-
que. Les phénocristaux (1 à 2 mm) sont représentés par des feldspaths (5 à 25 %) alcalins
ou calciques, par du quartz (5 %) craquelé et corrodé et par de rares biotiles. Le fond de
la roche est constitué soit par de nombreux microlites de feldspath alcalin (0,1 mm)
enchevêtrés ou orientés suivant une fluidalité, soit par une pâte microfelsitique.
GÉOCHIMIE. — De nouvelles analyses des éléments majeurs complètent les données déjà
publiées [1]. Le développementdes faciès albitophyriques et la généralité des transforma-
tions métamorphiques sont responsables des teneurs élevées en Na20 (jusqu'à 6,3 %) et
K20 (jusqu'à 7 %). Par suite de ces évolutions, les roches du Rabodeau ont de fortes;
valeurs de Na20 + K20 et correspondent, selon les critères de Kuno [4], à une série
alcaline [1]. Mais cette caractérisation, basée sur des éléments réputés mobiles, ne rend
pas compte du comportement des éléments plus stables tels que Fe, Mg et Ti. En fait,
parmi les roches ayant moins de 60 % de Si02, les dolérites, ophites, basaltes, diabases
et spilites se distinguent par un rapport FeO*/MgO variable de 1 à 2,5 et par Un
comportement antagoniste du fer et du magnésium caractéristique des séries tholéïtiques,
alors que dans les microdiorites et microdioritesquartzifèresdont le rapport FeO*/MgO
est voisin de 2, le fer et le magnésium ont une évolution.parallèle typique des lignées
calco-alcalines (fig. 1). 11 est à noter que le caractère calco-alcalin des microdiorites
s'accorde bien avec leur nature fortement porphyrique et que l'enrichissement en fer et
en titane de la série tholéïtique s'explique par la cristallisation tardive des oxydés
ferro-titanés dans les dolérites. Cet enrichissement modéré, ainsi que le chimisme des
pyroxènes, révélateur d'un magma subalcalin orogénique, permet de comparer la série
tholéïtique du Ràbodeau aux tholéïtes d'arc. Elle s'en distingue pourtant par sa richesse
en titane qui la place à la limite des domaines isotitané et anisotitané (fig. 2) [5].
Parmi les roches acides, les microgranites et rhyolites forment un continuum avec les
microdiorites de la lignée calco-alcaline dont les termes effusifs basiques et intermédiaires
sont représentés par le trapp de Raon l'Etape. Par contre, à teneurs en SiO2 comparables,
les pyroclastiles acides et les kératophyres se distinguent des microgranites et des rhyolites
par des teneurs plus élevées en fer et en titane mais plus faibles en aluminium, ce qui ne
permet pas de les considérer comme un terme de la lignée calco-alcaline. Leur origine
pourrait être dans une fusion crustale ainsi que cela a déjà été proposé [1] car, en raison
de leur volume et de l'ampleur de la lacune existante entre eux et les tholéïtes basiques,
leur différenciation suivant cette lignée est improbable.
CONCLUSION.

L'étude pétrographique et géochimique des roches magmatiques du
massif du Rabodeau a permis de mettre en évidence, dans cette région, au Dévono-
Dinantien, un volcanisme de type orogénique. Il est caractérisé par la succession dans le
temps de deux lignées magmatiques, l'une tholéïtique d'arc trouve son prolongement
dans les séries volcaniques de la Bruche [6], l'autre calco-alcaline est à corréler avec le
532 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985

trapp de Raon l'Etape. Ce type d'association magmatique qui n'avait encore jamais été
signalé dans les Vosges septentrionales a donc l'intérêt de révéler un lien génétique entre
les différentes unités volcaniques de cet âge dans cette région. En outre, il témoigne d'une
évolution magmatique commune à l'ensemble des Vosges. En effet, dans les Vosges
méridionales, deux séries Volcaniques d'âge voisin, dites pré-orogénique et orogénique [7],
se succèdent, la première étant tholéïtique et la seconde calco-alcaline [8]. Il est donc
possible d'envisager, à cette époque, une évolution géotectoniqueidentique pour ces deux
parties du massif vosgien qui ont souvent été considérées séparément.
Remise le 17 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] T. JUTEAU, Sciences Terre, Nancy, XVI, 1971, p. 45-106.


[2] J. BEBIEN, Cl. GAGNY et G. Rocci, Mém. B.R.G.M., 108, 1980, p. 213-225.
[3] G. RASAMIMANANAet J. BEBIEN, Comptes rendus, 300, série II, 1985, p. 859-862.
[4] H. KUNO, in Basalts, POLDERVAARTet HESS éd., 2, 1968, p. 623-688.
[5] J. BEBIEN, J. Volcan. Geoth. Research, 8, 1980, p. 337-342.
[6] M. FONTEILLES, Bull. B.R.G.M., II, n° 3, 1968, p. 1-54.
[7] J. M. STUSSI, Tlièse d'Etat, Nancy, 1970, 543 p.
[8] J. BEBIEN et Cl. GAGNY, Comptes rendus, 286, série D, 1978, p. 1045-1048.

U.A. n° 735, Ophiolites et Paléosutures,


Laboratoire de Pétrologie, Université de Nancy-I,
B.P. n° 239, 54506 Vandoeuvre-lès-Nancy Cedex.
C. R. Acad. Sc.Paris,t. 301,Série II, n°8, 1985 533

STRATIGRAPHIE. — Essai de reconstitution de la paléogéographie des dépôts contem-


porains de la fin du rifting téthysien avant la transgression bathonienne sur le «Haut-fond
Occitan» (SW de la France). Note de Bernard Peybernès et Thierry Pélissié, présentée
par Michel Durand-Delga.
La reconstitution paléogéographique du «Haut-fond Occitan » pendant le Dogger révèle l'importance des
structurations anté-bathoniennes (horsts et grabens, blocs basculés, subsidence différentielle dans les séquences
synrift) liées au rifting de la marge occidentale de la Téthys ligure. Les deux seuils NE-SW, où la discordance
se marque le mieux, se rejoignent plus au Sud sur le futur domaine pyrénéen.

STRATIGRAPHY.— Attempt of paleogeographicreconstruction of the West-Tethysiansynrifting deposits


before the Bathonian transgression over the "Occitan High" (SW of France).
DuringMid-Jurassic times, the "Occitan High" (SW of France) was dotted with ante-Bathoniansynsedimentàry
structures (horsts and grabens, tilted blocks, differential subsidence in the synrifting sequences) in connection with
the rifting of the West-Tethysian margin. The two main ridges, NE-SW, where the postrifting unconformity is
well-marked by gaps, joins to the South on the future Pyrenean realm.

Défini par J. Delfaud [1] comme un microcraton NE-SW à sédimentation presque


exclusivement carbonatée pendant le Dogger, le « Haut-fond Occitan » (ou « Plate-forme
Centrale», [2] et [3]) s'étend de l'Aquitaine à la flexure cévenole et se prolonge vers le
Sud dans le domaine pyrénéen ([4], [5]) dont les paléostructures jurassiques ont pu
être oblitérées par les tectoniques ultérieures. Pour compléter vers l'Ouest les récentes
reconstitutionspalinspastiquesde la future marge européenne de la Téthys ligure pendant
ou juste après la phase de rifting [6], nous avons tenté d'affiner les schémas antérieurs
([1]. [7], [8]) en procédant à la révision détaillée du Dogger le long de quatre transversales
E-W à NW-SE recoupant l'essentiel de la paléostructure: Causses du Quercy ([2], [9],
[10]), Grands Causses [2] et Pyrénées franco-espagnoles ([5], [11]).
I. MORPHOLOGIE DU HAUT-FOND LE LONG DES QUATRE TRANSVERSALES. — 1. Transversales
A et B passant par le Quercy et les Grands Causses. Elles révèlent le morcellement du
« haut-fond » en quatre unités paléogéographiquesséparées par des faisceaux de paléofail-
les normalesNE-SW à regard tourné vers les dépôts-axes des séries synrift anté-Bathohien
supérieur: (a) la plate-forme quercynoise (Causses de Limogne, Gramat, Martel; Grési-
gne), à polarité aquitaine ([4], [9]). Les termes supérieurs (Toarcien à Bathonien inférieur/
moyen) de la série synrift constituent une lithocline de 200 m atteignant, avec la formation
de Cajarc, des environnementsmargino-littoraux (lignites de mangrove, évaporites, brè-
ches de dissolution). La transgression bathonienne s'y marque par le brusque dépôt des
calcaires de lagon du Bathonien supérieur, à Brachiopodes et Foraminifères benthiques
(Pfenderina salernitana Sart. et Cresc), ravinant faiblement les assises sous-jacentes
(discontinuité D2, [9] et [10]). La série anté-Bathonien supérieur du « Môle de
Castelsarrasin», connue en forage, semble moins épaisse (150 m) avec possible lacune
des marno-calcaires à Gryphées et des calcaires à oncolithes (limite Toarcien-Aalénien);
(b) le seuil de Villefranche-de-Rouergue,dû au rejeu synsédimentaire d'un faisceau d'acci-
dents subparallèles à la faille de Villefranche. Il correspond à un horst quasi symétrique
dont ne sont connus que les flancs effondrés (panneaux de Saint-Igest et de Muret-le-
Château). Le Dogger, réduit (100 m pour la partie post-toarcienne de la séquence synrift),
présente une lacune (ou une dolomitisation ?) identique à celle relevée sur le « Môle de
Castelsarrasin ». La proximité d'une zone haute dès le Toarcien supérieur est suggérée
par l'existence à ce niveau de minerai de fer jadis exploité; (c) le graben des Grands
0249-6305/85/030.10533 S 2.00 © Académie des Sciences
534 C. R. Acad. Sc; Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985

Reconstitution spatiale du « Haut-fond Occitan » pendant le Dogger. 1 : série dé bassin externe; 2 : série de
plate-forme admettant des faciès externes dans l'Aaléno-Bajocien: 3 : série de plate-forme externe du Pays
Basque; 4 : série de plate-forme interne/moyenne; 5 : série réduite (érosions anté-bathoniennes); 6 : lacune
du Dogger par érosion ultérieure; 7 : tendances à l'ouverture; 8 : limites d'érosion postDogger; 9 : transports
tectoniques ultérieurs; 10 : future «Faille Nord-Pyrénéenne »; F. V. : faille de Villefranche; FT : faille de
Toulouse; FCA : faille de Catalogne; FC : faille des Cévennes.
Sketch of the "Occitan High" during Mid-Jurassic times.

Causses. Le dépôt-axe de ce bassin avorté se situe au méridien de Millau avec une série
synrift post-toarcienne plus dilatée (400 m) que celle du Quercy. Les termes inférieurs de
la séquence de comblementcorrespondante sont de milieu plus ouvert, par remplacement
des calcaires à oncolithes par les calcaires à chailles (calcaires à Cancellophycus inclus)
dans l'Aaléno-Bajocien. Au sommet de la séquence, les calcaires du Bathonien
inférieur/moyen ?, de type mangrove (stipites), sans indices évaporitiquesnets, sont couron-
nés, en transgression, par les calcaires de lagon du Bathonien moyen?/ supérieur dont la
biophase (Meyendorffina bathonica Aur. et Biz., notamment) diffère de celle du Quercy [2];
(d) le seuil cévenol, dont on décèle la proximité par un amincissement général de la série
synrift, sans lacune importante mais avec dolomitisation locale, jusqu'à la faille de Visséc

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Coupes du « Haut-fond Occitan » pendant le Dogger. 1 : Lias inférieur; 2 : Lias moyen ; 3 : Toarcien (zone à
Aalensis exceptée), marnes noires à Ammonites;4 : Toarcien supérieur,minerai de fer oolithique; 5 : Toarcien
terminal (zone à Aalensis), marno-calcaires à Gryphaeà sublobata Desh.; 6 : Aalénien inférieur (zone à
Opalinum), marno-calcaires à Ammonites; 7-8 : Aalénien-Bajocienpro parte, calcaires à oncolithes [7] et
calcaires à chailles [8]; 9-10 : Bathonien inférieur/moyen?, calcaires margino-littoraux [9] et calcaires
oolithiques/subrécifaux[10]; 11 : Bathonien moyen ?/supérieur, calcaires de lagon à M. batho-
nica/P. occitanica/Pf.salernitana; 12: Toarcien à Callovien, calcaires à microfilaments; 13 : dolomitisation.
L'horizontale correspond approximativement à la limite Bathonien-Callovien.
Restored sections of the "Occitan High" during Mid-Jurassic times.
PLANCHE I PLATEI BERNARD PEYBERNES
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 8,1985 à 537

(Alzon, Les Rives, La Can de L'Hospitalet, etc.). Au-delà, vers; le SE, les calcaires et
dolomies, à M. bathonica, du Bathonien moyen ?/supérieur (âge également prouvé par
Burmirhynchia turgida Laur. à Bédarieux, B. proteiformis Laur. à Saint-Pierre-la-Fage,
dét. Y. Alméras) reposent directement soit sur l'extrême base: del'Aalénien (marno-
calcaires à Cancellophycus), soit sur le Toarcien supérieur; soit sur: des termes liasiques
plus anciens. La séquence synrift se complètede nouveau par le haut (calcaires à chailles)
au-delà de la faille de la Vacquerie, (flexure cévenole) et s'ouvre alors sur le Bassin du
Sud-Est [7].
2. Transversales B et C passant par les Pyrénées. — Les reconstitutions ici proposées
(pl.) tiennent compte autant que possible des modificationstectoniques ultérieures. Elles
révèlent une morphologie en blocs basculés (avec érosions apicales et « bassins » suspen-
dus), symétriques, s'articulant sur un horst central complexe [5], le seuil ariégeois (prolongé
eh Catalogne par le seuil du Sègre). Celui-ci sépare deux domaines subsidents, respective-
ment ouverts à l'Ouest sur le futur Atlantique (calcaires à rnicrofilaments du Pays Basque)
et à l'Est sur le Bassin du Sud-Est (calcaires à oncolithes puis à chailles). La discordance
du Bathonien correspond à deux discontinuités successives d'importance inégale: (a)
la discontinuité D1; annonciatrice; d'importantes structurations, jalonne la lacune du
Bajocien-Bathonien inférieur [11] dans les Corbières orientales. En Catalogne et dans les
Corbières méridionales, des lignites du Bathonien inférieur/moyen? peuvent directement
reposer sur le Toarcien [5]; (b) la discontinuité majeure D2, véritable discordancepostrif-
ting et expression du maximum de la transgressionbathonienne. Les calcaires et dolomies
du Bathonien supérieur [5], à Paracoskinolina occitanica Peyb., débordent alors les deux
marges du seuil et recouvrent des termes liasiques de plus eh plus anciens, érodés jusqu'au
Lias inférieur dans l'axe de la structure (Péreille). Vers l'Ouest, cette discontinuité
s'estompe par dolomitisation et ne se marque plus dans les; calcaires à microfilaments du
Pays Basque. En Catalogne, elle correspond à des lacunes décelées aux abords de la
vallée du Sègre. L'ouverture vers un bassin méridional hypothétique (car oblitéré par les
érosions ultérieures) est sensible tant dans les nappes de Pedraforca que dans les Sierras
Marginales. La simple comparaison des épaisseurs mesurées le long des transversales
A-B et C-D indique une nette atténuation de la subsidence au Sud du « Haut-fond
Occitan ».
H. EVOLUTION DU HAUT-FOND AU COURS DU DOGGER. — Prolongeant vers l'Ouest les
zones plus mobiles alpines et languedociennes, le « Haut-Fond Occitan » appartient à la
marge passive de la Téthys ligure. La succession des événements s'y avère comparable
avec, pour le Dogger, deux périodes majeures séparées par l'épisode bathonien marqué
par la discordance postrifting ; (a) une période de rifting, débutant des le Lias et s'achevant
au Bathonien inférieur/moyen? Cette phase distensive induit la morphologie en horsts et
grabens symétriques de la partie nord du haut-fond et celle en blocs basculés flanquant
un horst central de la partie sud. Ce dernier se raccorde vraisemblablement au seuil
cévenol et au seuil de Villefranche sur l'emplacement de l'actuelle zone centrale érodée
(fig.). Cette tectonique synsédimentaire provoque dans la série synrift une subsidence
différentielle nette; (b) une période postrifting qui succède au comblement des grabens et
«bassins » suspendus précités. Le début de cette période, annoncé par diverses lacunes
(D1), coïncide avec la discordance majeure D2, jalonnée par la transgressiondu Bathonien
moyen ?/ supérieur qui submerge un substratum érodé à des degrés divers (jusqu'au Lias
inférieur) sur les seuils antérieurement délimités. La très faible bathymétrie, l'uniformité
et l'étendue des dépôts pelliculaires du Bathonien postrifting traduisent un contrôle
538 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985

presque uniquement eustatique de la sédimentation. La transgression du Bathonien


moyen ?/supérieur coïncide exactement avec la subaerial unconformitydu basal late Batho-
nian de P. R. Vail et coll. [12] marquant le pic maximum d'une transgression générale
sur le globe.
Le probable prolongement des blocs crustaux NE-SW du « Haut-fond Occitan » dans
les Pyrénées françaises, et, par-delà la future Faille Nord-Pyrénéenne,dans les Pyrénées
Espagnoles peut apporter des arguments aux auteurs qui, comme H. G. Owen [13], ne
considèrent pas que l'Ibérie était au Jurassique significativement décalée vers l'Ouest par
rapport à l'Europe. Par contre, ces contraintes paléogéographiques ne paraissent pas
compatibles avec l'hypothèse récemment réactualisée [14] d'une dérive latérale de très
grande amplitude.
Remise le 17 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[10] G. DHIERSAT et T. PELISSIÉ, Strata, 1985 (à paraître).
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Paleontol. and Min. Found., 1984.
[13] H. G. OWEN, Atlas, of continental displacement, Cambridge Univ. Press, 1983, carte 22.
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CNEXO-C.O.B., Brest, 1981.

R.C.P. (C.N.R.S.) n° 663, Laboratoire de Géologie sédimentaire et Paléontologie,


Université Paul-Sabatier, 39, allées Jules-Guesde, 31062 Toulouse Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985 539

TECTONIQUE. — La fracturation du graben de Saint-Maixent, un exemple des


relations socle-couverture dans le seuil du Poitou. Note de Michelle Vergneaud et Michel
Colchen, présentée par Jean Aubouin.

L'analyse microtectoniquede la fracturation dans le graben de Saint-Maixent a permis de mettre en évidence


une tectoniquepolyphasée et de calculer les directionsprincipalesde la déformation discontinue. La fracturation
de la couverture apparaît conditionnée par celle du socle et s'organise en partie selon un système de Riedel
par rapport aux grandes failles hercyniennes N120. Plusieurs directions de compression et d'extension ont été
mises en évidence : une direction de compression subméridienne apparaît cependant prépondérante depuis la
période tardihercyniennejusqu'aux événements pyrénéo-alpins.

TECTONICS. — Microtectonics of Saint-Maixent graben, an example of the basement-coverrelations in


the Poitou ground sill.
The microtectonic analysis of the faults in the graben of Saint-Maixent allowed us the discern a polyphased
tectonics and to calculate the principal stress directions of the discontinuons deformation. The faulting of cover
seems to has been influencedby basement structures,partly organized according to the main WNW-ESE hercynian
faulting Riedel System. Several compression and distension directions were showed; however a submeridian
principal compression direction seems to be dominating since the late hercynian up to and included the pyreneo-alpin
events.

Le graben de Saint-Maixent, situé au NW du seuil du Poitou, est limité par deux failles
subverticales de direction N120, failles bien exprimées dans les formations jurassiques
constituées de roches à dominante carbonatee d'une puissance voisine de 150 m, et qui
affectent également le matériel hercynien sur lequel ces dernières reposent en discordance
(fig. 1). Le substratum hercynien, de lithologie très hétérogène, est notamment caractérisé
dans le massif vendéen, par des structures de direction NW-SE de même orientation que
les grandes structures sud-armoricaines [1]. Cette partie occidentale du seuil du Poitou
était interprétée comme une région où la fracturation devait correspondre à de simples
diaclases considérées comme typique de domaines où la couverture sédimentaire est peu
épaisse [2]. Dans le Sud du Bassin de Paris, des travaux récents révèlent cependant une
fracturation polyphasée et diversifiée et le rôle important joué par les structures du socle
([3], [4], [5]).
L'analyse microtectonique des structures cassantes du graben de Saint-Maixent a
permis de mettre en évidence une tectonique polyphasée et de calculer les directions
principales de la déformation discontinue. Elle s'est effectuée par station représentée le
plus souvent par une carrière, et s'appuie essentiellement sur la reconnaissance de la
nature des failles, leur repérage dans l'espace, et le sens des déplacements selon les
méthodes habituellement utilisées ([6], [7]). Les valeurs obtenues sont présentées pour
chacune des stations sous forme de rosaces directionnelles et reportées sur des diagrammes
(fig. 1 a). Les directions des axes principaux de la déformation discontinue sont calculées
en utilisant les méthodes d'Arthaud [8] et d'Angelier-Mechler[9].
1. LA FRACTURATIONDU SOCLE.

Les mesures ont été effectuées au NW de Souvigné
et au NE de Saint-Maixent(stations 7, 8, 9 et 10, fig. 1). Plusieurs directions de fractures
apparaissent sur les rosaces directionnelles avec des maximums à N 60-70, N120 et N180.
Il s'agit uniquement de failles de décrochement dans le secteur de Souvigné alors qu'au
Nord de Saint-Maixent on note également la présence de failles normales et inverses
(fig. la).
Les directions principales de la déformation discontinue mises en évidence sont les
suivantes : un raccourcissement horizontal selon Z à N 130-150 déterminé à partir de failles

0249-6305/85/03010539 S 2.00 © Académie des Sciences


540 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985

de décrochement (fig. 2 A, stations 8 a, 9 a, 10 a) et des failles inverses (station 10 b); un


allongement horizontal selon X à N 40 déterminé à partir des failles normales (station 10 d);
un raccourcissement horizontal selon Z à N 40-60 avec X à N 130-150 à partir des failles
de décrochement, (stations 7, 8 b, 9 b et 10 c); un raccourcissement horizontal avec Z à
N180 correspondant aux diaclases.
2. LA FRACTURATIONDE LA COUVERTURE. Le graben de Saint-Maixent est exprimé

dans la morphologie par deux escarpements opposés passant respectivement par Nanteuil,
où le rejet de la faille atteint la centaine de mètres [1], et au NE de Souvigné. Les stations
de mesures effectuées dans la couverture sont situées uniquement à proximité de la faille
de Nanteuil (fig. 1 et 2, stations 1 à 6), seul secteur où les affleurements étaient
exploitables.
Les fractures, très diversifiées (fig. 1 a), se répartissent selon plusieurs directions avec
des dominantes à N20-30, N40-50, N90, N115-125, N150 et N180, les fractures à
N 120 étant particulièrement bien développées (fig. 1 b, rosaces directionnelles).
Les directions principales de la déformation discontinue calculées font apparaître : un
raccourcissement selon Z à N 10-20 déterminé à partir des failles inverses et des stylolites
(fig. 2 B, stations 2 b, 4 c); un allongement selon X à N 40 correspondant aux systèmes de
failles normales N 120 de même direction que celles du graben (fig. 2 B, stations 1 b, 2 a,
4 b et 6 a); un raccourcissement selon Z à N 130 (fig. 2 B, stations 2 c, 5 et 6 b) et un autre
selon Z à N 150 (fig. 2 B, stations 1 a, 3 et 4 a); un raccourcissement selon Z à N 180
correspondant aux diaclases subméridiennes.
3. LES RELATIONS SOCLE-COUVERTURE.

Nulle part n'a pu être observé un contact direct
entre la couverture et le socle. L'intense fracturation qui affecte ce dernier comparée à
celle de la couverture permet cependant d'envisager qu'une grande partie des fractures
observées étaient déjà individualisées dans le matériel hercynien avant le dépôt des
formations jurassiques. Par ailleurs, les rosaces directionnelles montrent des directions
assez voisines, leur dispersion étant cependant plus grande dans la couverture ( fig. 1).
Les grandes fractures N120 sont caractérisées par des jeux en faille normale et en
faille de décrochement dextre. Les failles de même direction, mais d'ampleur moindre,
observées dans la couverture, montrent des rejeux successivement inverses, normaux et
décrochants dextres. De tels faits ont déjà été soulignés [10] et sont liés au type de

EXPLICATIONSDES FIGURES

Fig. 1. —Carte géologique simplifiée du graben de Saint-Maixent. a, diagramme montrant l'évolution relative
du pendage du plan de faille et du pitch ou du plongement de la strie; b, rosace directionnelle.
Fig. 1. — Simplified geological map of Saint-Maixent graben. a, diagram showing the relative évolution of the
fault plane dip and the pitch or plunge of the scrath; b, directionalrose.
Fig- 2. — Représentation des directions principales de la déformation discontinue. A, pour le socle; B, pour la
couverture, déterminées à partir de la méthode des dièdres droits (J. Angelier, P. Mechler, 1977), canevas
de Wulff hémisphère inférieur; 1, zone de confiance de la direction de raccourcissement Z; 2, zone de
confiance de là direction d'allongement X; 3, direction de raccourcissement;4, direction d'allongement; 5,
directions dominantes des décrochements sénestres et dextres.
Fig. 2. — The discontinuons deformation principal directions représentation: A, basement; B, cover, determined
from the "method of right dihedrons" (J. Angelier, P. Mechler, 1977),. Wulff nets, lower hemisphère : 1,
confidence area of shortening direction; 2, Confidence area of lengthening direction; 3, shortening direction; 4,
lengthening direction; 5, main direction of sinistral and dextral strike slip faults.
Fig. 3. — Système de Riedel construit à partir des décrochements N 120 dextres, R correspondant aux
décrochementsN 135 dextres, R' aux décrochements N 15 sénestres, P aux décrochementsN100 dextres.
Fig. 3. — Riedel system induced from dextral strike slip faults ( N 120); R would fit with dextral strike slips
faults (N 135); R' with sinistral strike slip faults (N 15), P with dextral strike slip faults N 100.
C. R. Acad. Sc.Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985 541
542 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985

déformation (extension ou compression) et aux relations géométriques entre les cassures


préexistantes du socle et les directions principales de la déformation.
Plusieurs directions de raccourcissementet d'allongement ont été obtenues; cependant
chacune d'elles n'est pas toujours significative d'une phase de fracturation particulière.
On constate en effet que les failles de décrochement N 15 sénestre, N 135 dextre, N 100
dextre, s'intègrent assez bien dans un système de Riedel organisé par rapport aux failles
N 120 dextres correspondant à une direction de raccourcissement globale avec Z à N 150
(fig. 3). Par ailleurs, le basculement des strates du Dogger observé à proximité de la
faille de Nanteuil à l'Est de Saint-Maixent, lié à la mise en place du graben, est postérieur à
l'individualisationdes stylolites d'azimuth N 20 et antérieur aux décrochements conjugués
N10-30 sénestre/N90-120 dextre, et N150-180 sénestre/N 50 dextre (fig. 2),
On est donc amené à envisager une fracturation polyphasée que l'on peut schématique-
ment rapporter aux cycles orogéniques hercynien et pyrénéo-alpin. La fracturation hercy-
nienne (tardi-hercynienne ?) correspondrait à la mise en place des grandes fractures N 120
et comprendrait une phase de raccourcissement selon Z à N 130-150, suivie d'une phase
d'allongementselon X à N 40. La fracturation pyrénéo-alpine comprendrait quatre phases :
une phase de raccourcissement selon Z à N 10-20 déterminée à partir des failles inverses et
des stylolites (fig. 2 B, stations 2 b et 4 c); une phase d'allongement selon X à N 40 avec
rejeu des failles N 120 en failles normales et formation du graben de Saint-Maixent; une
phase de raccourcissement selon Z à N 130-150 avec rejeu des failles N 120 en décrochement
dextre; une phase de raccourcissement selon Z à N 180 correspondant aux diaclases subméri-
diennes. En l'absence de marqueur stratigraphique, il n'est pas possible de préciser l'âge
de chacune des phases comme cela a pu être proposé ailleurs ([3], [4]).
CONCLUSION.

La fracturation du graben de Saint-Maixent est étroitement condi-
tionnée par celle du socle, notamment par les rejeux successifs des grandes failles N 120.
L'analyse microtectonique révèle une fracturation polyphasée comprenant deux phases
hercyniennes et quatre phases pyrénéo-alpines. Trois directions de raccourcissement ont
été déterminées : NW-SE (N 130-150), NNE-SSW (N 10-20) et NS, et une direction
d'allongement NE-SW (N 40). Les directions de raccourcissement subméridiennes sont
ici clairement exprimées. Ce résultat est conforme avec ceux obtenus dans le SW de
l'Europe à partir des décrochements tardihercyniens [11]; ainsi cette direction de compres-
sion apparaît prépondérante en Europe occidentale depuis la période tardi-hercynienne
jusqu'aux événements pyrnéo-alpins.
Remise le 25 mars 1985, acceptée après révision le 17 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Laboratoire de Géologie stratigraphiqueet structurale, Université de Poitiers,


40, avenue du Recteur-Pineau,86022 Poitiers Cedex.
C. R. Série II,
Acad. Sc. Paris,t. 301, n°8, 1985 543

TECTONIQUE. — Les massifs cristallins externes sur une transversale Guttanen-Val


Bedretto (Alpes Centrales) : structures et histoire cinématique. Note de Didier Marquer et
Denis Gapais, présentée par Georges Millot.

Le long de la transversale Guttanen-Val Bedretto (Alpes Suisses), les structures alpines majeures des massifs
de l'Aar et du Gothard résultent d'un seul épisode de déformation ductile par aplatissement progressif,
globalement coaxial, avec étirement principal subvertical. Un modèle cinématique est proposé, associant un
raccourcissement horizontal du domaine alpin externe au développement des structures tardives de type
rétrocharriage au niveau du front pennique plus interne.

TECTONICS. — The External Crystalline Massifs along a traverse Guttanen-Val Bedretto (Central Àlps):
structures and kinematic history.
This paper describes alpine structures and strain pattern within the Aar and Gothard Massifs (Externat
Crystalline Massifs, Central Swiss Alps) in the Guttanen-Val Bedretto area. The bulk deformation history
corresponds to a more nearly coaxial progressive flattening with a subvertical principal stretching direction. We
propose a kinematic model which relates a horizontal shortening of the external Alpine basement to the late back
folding deformation event within the more internal units at the penninic front.

T. INTRODUCTION. — Dans la région étudiée, comprise entre Guttanen et Nufenen Pass


(fig. 1), les massifs de l'Aar et du Gothard sont bordés par deux bandes de métasédiments
mésozoïques : la zone d'Urseren entre l'Aar et le Gothard, la zone de Nufenen au Sud
de ce dernier et limitrophe du domaine pennique plus interne. Constitués essentiellement
de granités hercyniens intrusifs dans des séries gneissiques, ces deux massifs ont:été
métamorphisés en faciès schistes verts (350°C et 2 kbar au Nord, 550° et 5 kbar au Sud),
lors des déformations alpines tardives ([1] à [5]). Leur structuration est classiquement
considérée comme le résultat de phases de déformation superposées ([3], [5], [6]) : une
déformation chevauchante vers le Nord et associée à la mise en place des nappes
penniques, suivie de plissements tardifs d'échelle kilométrique à vergence sud (rétrochar-
riage).
Il a été récemment montré que, dans la Vallée de l'Aar, le granité n'est cependant
affecté que par une seule déformation ductile alpine, de type aplatissement [7]. L'étude
est ici étendue à la bordure sud du massif de l'Aar et au massif du Gothard. Une carte
et des coupes structurales, ainsi qu'une analyse de la déformation finie, servent de base à
un modèle cinématique de la déformation à ce niveau de la chaîne alpine.
II. STRUCTURES.— La carte structurale et les coupes révèlent un champ de déformation
finie hétérogène (fig. 1), caractérisé par des bandes gneissiques et mylonitiquesfortement
déformées qui délimitent, à des échelles variées, des domaines lenticulaires de matériel
cristallin peu déformé [7].
Une seule schistosité régionale, de direction N 60, est présente. Elle est en général
verticale ou à fort pendage sud. Des variations locales de pendage s'observent cependant
à proximité des interfaces lithologiques et contribuent à des structures en double déverse-
ment à grande échelle (fig. 2) [8]. La linéation d'étirement est toujours proche de la ligne
de plus grande pente du plan de schistosité et indique un étirement maximal X1 subvertical.
Les bandes mylonitiques (fig. 1) correspondent à des zones de cisaillement ductile
associées au développement de la schistosité régionale en faciès schistes verts (voir
également [7]). De nombreux critères macroscopiques(trajectoires de schistosité, bandes
de cisaillement à petite échelle, rotation des porphyroclastes, dissymétrie des zones
abritées) permettent de déduire le sens de cisaillement local. Ils montrent que les zones

0249-6305 85/03010543 £2.00 © Académie des Sciences


C. R.. 1985. 2e Semestre (T. 301) Série II —38.
544 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985

Fig. 1. — Structures et trajectoires de déformation alpine; lithologie : 1, couverture mésozoïque; 2, socle


(gneiss, amphibolites et granitoïdes hercyniens); 3, schistes lustrés penniques; structures : 4, granitoïdes peu
déformés; 5, traces de la schistosité et bandes de déformation; 6, chevauchements majeurs associés à la
déformation du socle; 7, chevauchementsprécoces associés à la mise en place des nappes penniques.
Fig. — Structures and strain trajectories for alpine deformation; lithology: 1, Mesozoic cover; 2, basement
1.
rocks (gneisses, amphibolites and Hercynian granitoids); 3, penninic schistes lustrés; structures: 4, low strain
granitoids; 5, trend of schistosity and major shear zones; 6, major thrusts contemporaneous of basement
deformation; 7, early thrusts associated with emplacement of penninic nappes.
de cisaillement sont conjuguées par rapport au plan de schistosité régionale : des cisaille-
ments à dominante décrochante dextre (N 90 à N 110) ou senestre (N 0 à N 40) contribuent
à une extension subhorizontale de direction N 60; des cisaillements à dominante chevau-
chante nord ou sud sont les mieux exprimés dans le massif du Gothard et contribuent à
une extension subverticale. Les chevauchements vers le sud sont dominants au niveau
des bordures sud de l'Aar et du Gothard, tandis que les chevauchements vers le Nord
sont plutôt localisés au niveau des bordures nord de ces deux massifs (structures en
double déversement autour des noyaux de socle) (fig. 1 et 2).
A grande échelle, le pendage des interfaces socle-couverture varie longitudinalement
en fonction de la position par rapport aux domaines lenticulaires peu déformés essentielle-
ment orthogneissiques (zones plus compétentes). Du SW vers le NW, les inversions de
pendage de ces interfaces sont associées à des inversions du sens de chevauchement ( fig. 1
et 2).
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985 545

Fig. 2. — Coupes structurales; localisation et symboles sur figure 1.


Fig. 2. — Structural cross-sections; see Figure 1 for localization and symbols.

III. DÉFORMATION FINIE. — L'ellipsoïde de déformation finie associé à la schistosité et


à la linéation d'étirement régionales a été mesuré [9] à l'aide d'enclaves homéogènes dans
les granitoïdes. La forme de l'ellipsoïde de déformation est de type aplatissement (K< 0,5)
(fig. 3) ([10], [7]), avec un étirement principal A,, subvertical. Il est ainsi compatible avec
la géométrie des zones de cisaillement localisé impliquant des sens et des directions de
déplacement conjugués [7].

Fig. 3. — Mesures de déformation finie dans un diagramme de Flinn logarithmique; a = X1/X2, b = X2/X3,
Xl7£X2^Z.X3= axes principaux de l'ellipsoïde de déformation finie; points, massif du Gothard; cercles, massif
de l'Aar.
Fig. 3. — Measured strain ellipsoids in a logarithm Flinn diagramm; a = Xl/X2, b = X2/X3, X1~2.X2^Xi=principal
axes of strain ellipsoid; dots, Gothard massif; open circle, Aar massif.
Les massifs cristallins externes n'ont donc ici subi qu'une seule phase de déformation
pénétrative majeure. Dans le socle, le champ de déformation ne reflète pas un replissement
tardif de structures précoces à vergence nord, comme il existe dans la couverture à la
bordure sud du Gothard (Nufenen Pass) [6]. Il apparaît par contre compatible avec un
modèle de déformation progressive par aplatissement [7] dont l'histoire serait plutôt
coaxiale à l'échelle du domaine étudié, comme le suggère le caractère symétrique et
synchrone des familles de cisaillements conjugués d'importance globalement équivalente.
546 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985

Fig. 4. — Modèle interprétatif de la déformation progressive du socle externe; 1, domaine interne;


2, massifs cristallins externes; cercle et ellipses schématisentl'état de déformation moyen.
Fig. 4. —Sketch ofprogressive deformation of the external basement; 1, internal units;
2, external crystalline massifs; circle and ellipses represent average strain state.

Le schéma proposé (fig. 4) comprend deux étapes principales : (1) mise en place des
unités internes sans déformation du socle externe; (2) raccourcissement hétérogène du
socle externe avec forte extension verticale. Le modèle intègre en outre les données
géophysiques suggérant la présence d'un grand chevauchement crustal profond sous
l'ensemble du domaine externe [11]. Cet épisode d'épaississement crustal s'associe à
l'établissement des conditions métamorphiques maximales atteintes dans cette zone
externe ([2], [4]) et doit se situer aux alentours de 25-15 M.a. ([2], [4], [12]). Tardif dans
l'évolution de la chaîne, il rend compte du developpement de plis de grande amplitude
au niveau du front pennique (rétrocharriage) ([3], [6], [13]) et conduit à l'obtention de la
structure en double déversement caractéristiquedu socle externe à ce niveau des Alpes.
Remise le 24 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] A. ARNOLD, Eclogae Geol. Helv., 63/1, 1970, p. 29-30.


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1985 (sous presse).
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Laboratoire de Géologie structurale, Institut de Géologie,


C.A.E.S.S., C.N.R.S., Campus de Beaulieu, 35042 Rennes Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n°8, 1985 547
PALÉOÉCOLOGIE.
— Influence du développement d'un voile algaire sur la sédimenta-
tion et la taphonomie des calcaires lithographiques.Exemple du gisement de Cerin (Kimmend-
gien supérieur, Jura méridionalfrançais). Note de Jean-Claude Gall, Paul Bernier, Christian
Gaillard, Georges Barale, Jean-Paul Bourseau, Eric Buffetaut et Sylvie Wenz, présentée
par Georges Millot.

Les calcaires lithographiques du Kimméridgiensupérieur de Cerin correspondent à un dépôt de lagune au


fond accidenté de dépressions, soumis à des exondations répétées. Entre le dépôt de deux bancs successifs, des
voiles algaires, sans doute d'origine cyanobactérienne, se développaient à la surface de la boue carbonatée. Le
feutrage algaire assurait à la fois la cohésion du sédiment, la fixation des restes animaux et végétaux ainsi que
la préservation des pistes de reptiles terrestres.

PALEOECOLOGY. — Development of an algal film and its effect on sédimentation and taphonomy in
lithographie limestones. The case of the Cerin site (Upper Kimmeridgian,southern french Jura).
The Upper Kimmeridgian lithographie limestones of Cerin formed in a lagoonal environment with irregular
bottom which was repeatedly emerged. Belween two stages of lime deposit, an algal film ofpossible cyanobacterian
origin spread on the surface of the carbonatemud. This algalfelting gave cohesion to sediment, fixed animal and
plant remains, and preserved trails of terrestrial reptiles.

I. INTRODUCTION. — Le chantier de fouilles paléoécologiques de Cerin. — Depuis 10


ans, des fouilles paléoécologiques sont entreprises chaque année sur le gisement de Cerin
(Jura méridional). Le chantier est implanté dans une ancienne carrière de calcaires
lithographiques rendue célèbre par les fossiles mis à jour au siècle dernier, lors de son
exploitation. Les dépôts sont d'âge Kimméridgien supérieur et correspondent au remplis-
sage d'une lagune située au sein d'un relief faiblement émergé établi sur une ancienne
barrière corallienne [1]. Bien que sa situation géologique soit comparable à bien des
égards à celle du site jurassique mondialement connu de Solnhofen (Bavière, R.F.A.), le
gisement de Cerin s'en distingue par bon nombre de caractères sédimentologiques et
paléoécologiques.
II. UNE LAGUNE CARBONATÉE SOUMISE A DES EMERSIONS RÉPÉTÉES. — Sur les 400 strates
qui constituent le front de taille de l'ancienne exploitation, près de 200 bancs ont été
dégagés à ce jour. Chacun a pu être examiné sur une superficie de plusieurs dizaines de
mètres carrés : 70 m2 au niveau de la surface de fouille supérieure (fouille du Haut), près
de 150 m2 sur la surface de fouille inférieure (fouille du Bas). L'ensemble des observations
effectuées a conduit à modifier sensiblement les anciennes interprétations d'un environne-
ment lagunaire recouvert par une nappe d'eau permanente. Il s'est ainsi avéré que la
lagune de Cerin était soumise à des exondations fréquentes. Cette conclusion s'est imposée
à travers l'abondance des pistes de reptiles terrestres rencontrées à la surface des bancs.
Deux découvertes furent particulièrement spectaculaires : celle d'une piste de locomotion,
longue de 7 m, attribuée à une Tortue terrestre (Chelonichnium cerinense Demathieu et
Gaillard) et celle de nombreuses empreintes de pas de dinosauriens sauteurs (Saltosauropus
latus Demathieu et Gaillard). La conservation de tels documents ichnologiques nécessitait
un sédiment exondé, encore meuble.
Par ailleurs, les particularités de la piste de Tortue et la présence de figures d'écoulement
et de fluage sédimentaire associées aux traces, impliquaient, sur le site de la fouille, une
topographie en pente ([2], [3]). La surface de la lagune était vraisemblablementaccidentée
par un ensemble de dépressions.
0249-6305/85/03010547 S 2.00 © Académie des Sciences
548 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985

III. EXISTENCED'UN VOILE ALGAIREA LA SURFACE DES BANCS. — Une certaine contradiction
demeurait entre la fréquence des phases d'émersion et l'excellent état de conservation des
fossiles. En effet, au cours de la mise en place du matériau micritique qui est à l'origine
d'un banc de calcaire lithographique, on s'attendrait à ce que se produisent la réactivation
partielle des sédiments plus anciens et la désarticulation des squelettes. Or, il n'en est
rien. Les figures d'érosion sont absentes à la base des bancs et les vertébrés sont
généralement intacts, avec leurs os en connexion anatomique.
Les structures sédimentaires conservées à la surface d'un banc de la fouille du Haut
(banc n° 280) ont permis de lever l'apparente contradiction des faits (fig. 1). Un moulage
d'un secteur de cette surface (5 m2 environ) est conservé dans les Collections du Départe-
ment des Sciences de la Terre de l'Université Claude-Bernard de Lyon.
Cette surface concerne le toit de la couche affecté, sur une épaisseur de quelques-
millimètres, par un ensemble de déchirures de forme sigmoïde, orientées selon une
direction (N 150). D'abord jointives, les lèvres des déchirures s'ouvrent progressivement,
leur écartement pouvant atteindre une dizaine de centimètres. Les lanières de sédiment
ainsi délimitées mesurent jusqu'à 3 m de longueur pour une largeur de 20 à 40 cm. Leurs
bords sont francs et abrupts.
La mince pellicule sédimentaire qui les constitue peut être froissée à la manière d'un
tissu souple (fig. 2). Localement, elle se fragmente en une mosaïque de petits polyèdres
(fig. 3). Ces figures de plissement, de déchirement et de fragmentation indiquent très
clairement un glissement généralisé de la pellicule superficielle sur les flancs d'une dépres-
sion de la lagune.
Toutes ces déchirures s'interrompent assez brutalement au niveau d'un chenal d'écoule-
ment, présentant une certaine analogie avec celui qui fut décrit en 1982 [2] (fig. 5 [2];
pl.I, fig. 3).
Le chenal recoupe l'axe des déchirures suivant un angle variant de 35 à 90°. Son
orientation générale (WNW-ESE) correspond à la ligne de plus grande pente de la
dépression. Des empreintes de pas de reptiles terrestres et de nombreuses coquilles de
petits lamellibranches dont les valves, en connexion, ont leur concavité tournée vers le
haut, prouvent que la surface considérée était exondée (fig. 3).
La configuration de la surface décrite apporte des données intéressantes sur l'état
physique du sédiment. En effet, l'homogénéité et la cohésion précoce qu'implique la
réalisation de telles figures par un matériau micritique ne semblent s'expliquer que par
l'existence d'une trame organique. La surface est révélatrice d'un voile algaire probable-
ment d'origine cyanobactérienne, qui se serait développé à la surface de la couche de
boue carbonatée puis se serait décollé, déchiré et fripé lors du retrait de la nappe d'eau
en glissant sur le flanc d'une dépression.
EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 1. — Vue d'ensemble du toit du banc 280 montrant, à droite, les lanières de la pellicule sédimentaire
déchirée par le. glissement du voile algaire et, à gauche, l'emplacement du chenal qui a raviné la surface. Le
marteau au sommet du cliché donne l'échelle
Fig. 1. — General view of the top of bank 280 showing on the right the ribbons of the sedimentary skin torn by
the slipping of the algal film; to the left, the channel which scoured the surface. The scale is given by the
hammer.
Fig. 2. — Détail des lanières de la pellicule sédimentaire,déformées et plissées. Largeur du cliché 80 cm.
Fig. 2. — Detail of the warped and creased ribbons of sedimentary skin. Width of the figured surface: 80 cm.
Fig. 3. — Fragments polyédriques de la pellicule sédimentaire avec coquille de lamellibranche aux valves en
connexion, dont la concavité est tournée vers le haut (flèche). Longueur d'une valve : 1 cm.
Fig. 3: — Polyhedralfragments of the sedimentary skin with an open shell of pelecypod showing the interior of
the connected valves (arrow). Length of a valve: 1 cm.
PLANCHE I/PLATE I JEAN-CLAUDE GALL
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985 551

A la lumière des observations faites sur cette surface, il devient possible d'affirmer
l'existence de vestiges de voiles algaires identiques dans plusieurs autres niveaux répartis
dans les calcaires lithographiques de Cerin. En particulier, les déchirures observées à la
partie amont et les plissotements observés sur les parties latérales de la figure de
pente décrite et figurée antérieurement [2] (fig. 5; pl. I, fïg. 3) s'expliqueraient par le
renforcement de la cohésion du sédiment par l'activité cyanobactérienne.
IV. IMPLICATIONSTAPHONOMIQUES. — La mise en évidence de voiles algaires à la surface
des bancs fournit une explication simple de l'excellent état de conservation des fossiles
du gisement de Cerin. D'une part, le développement d'un film organique en assurant la
cohésion précoce du sédiment, protégeait celui-ci des effets de l'érosion. Ainsi étaient
préservées les empreintes de pas de reptiles. D'autre part, le voile algaire contribuait à la
fixation des cadavres d'animaux et des restes végétaux en les piégeant dans le feutrage
de ses filaments. Une précipitation de carbonates provoquée par l'activité photosyn-
thétique des algues complétait cette action.
Un mécanisme semblable a été envisagé par Keupp [4] pour interpréter le fin litage
apparent au sein des bancs des calcaires lithographiques de Solnhof en et l'excellente
conservation des fossiles. Cependant, le modèle qu'il propose ne saurait être transposé
tel quel à Cerin, où les gros bancs sont dépourvus de litage interne et où des cyanobactéries
n'ont jamais été mises en évidence. De plus, la lagune de Solnhofen diffère notablement
de celle de Cerin par l'absence de périodes d'exondation.
V. DYNAMIQUE DE LA SÉDIMENTATION. — Compte tenu de ces données nouvelles, com-
ment envisager la sédimentation dans la lagune de Cerin ? Les fouilles en cours ont
montré que tous les restes d'organismes, aussi bien animaux (Mollusques, Brachiopodes,
Échinodermes, Poissons, ...) que végétaux (Algues, Coniférales, Bennettitales, ...) étaient
localisés à la surface des bancs calcaires. Au sein des strates, les manifestations de la vie
restent exceptionnelles. La bioturbation, qui se traduit principalement par une multitude
de petits terriers simples de diamètre millimétrique, se concentre dans la partie supérieure
des bancs les plus épais. Ces faits, associés aux preuves d'émersion rappelées ci-dessus,
suggèrent une sédimentation à caractère épisodique. Chaque banc de calcaire lithographi-
que, résulterait d'un apport ininterrompu et sans doute, bref de particules micritiques :
c'est la phase active de la sédimentation. Il lui succédait un intervalle de temps plus ou
moins long, concrétisé par un joint de sédimentation, pendant lequel une faune aquatique
proliférait. Progressivement, l'exondation gagnait la lagune et les organismes aquatiques
se réfugiaient dans les aires déprimées et les flaques résiduelles où la mort les saisissait.
Durant cette phase passive de la sédimentation, un voile algaire pouvait se développer,
fixant le sédiment et.les restes organiques, tandis que les reptiles terrestres traversaient la
lagune, imprimant leurs traces dans la vase encore molle:
VI. RÔLE DES VOILES ALGAIRES DANS LA SÉDIMENTATION DES CALCAIRES LITHOGRAPHIQUES.
— Le mécanisme de piégeage et de fixation du sédiment et des restes d'organismes
envisagé pour le gisement de Cerin peut aisément être transposé à d'autres formations
de calcaires lithographiques fossilifères.
Le cas du site de Solnhofen a déjà été évoqué. Keupp [4] attribue le fin litage des
bancs calcaires à l'activité de tapis de cyanobactéries. La faune et la flore remarquable-
ment conservées des calcaires lithographiques du Montsech (Espagne) [5], tout comme
les Poissons du célèbre gisement éocène de Bolca (Italie) [6], proviennent de niveaux
feuilletés dont les lamines sont enrichies en matière organique. Le gisement berriasien de
Canjuers (Var, France), en cours d'étude, montre une disposition comparable. Les
552 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985

squelettes de vertébrés dont les os sont souvent en connexion se trouvent à la surface de


lamines calcaires [7].
Il paraît légitime de voir dans ces lamines calcaires, l'enregistrement de l'activité de
tapis d'Algues. A Cerin cependant, le fin litage d'origine algaire demeure discret, limité
au sommet de certains bancs. Ici, la croissance du voile algaire fut fréquemmentinterrom-
pue par l'exondation du milieu. Sa mise en évidence ne fut rendue possible que grâce au
décapage de grandes surfaces de bancs tel qu'il est pratiqué sur le chantier de fouilles
paléoécologiques.
Bon nombre d'environnements sédimentaires où naissent les calcaires lithographiques
correspondent à des lagunes, à des étangs côtiers ou à des estrans. Or, dans la nature
actuelle, ce sont précisément de tels milieux qui sont colonisées par des voiles de
cyanobactéries [8]. Le rôle de ceux-ci dans la sédimentation et la taphonomie, loin d'être
négligeable, doit être pris en considérationdans les interprétations paléoécologiques.
VII. CONCLUSIONS. — La mise en évidence de voiles algaires à la surface des bancs
dans le gisement de Cerin, permet de mieux comprendre le mécanisme de la sédimentation
et la taphonomie des calcaires lithographiques.
1. Pour le site de Cerin, la présence d'un voile algaire affecté par de nombreuses
déchirures, confirme l'exondation du milieu et la nature accidentée du fond de la lagune.
2. La prolifération des voiles algaires se produisait durant l'intervalle de temps séparant
deux phases actives de la sédimentation, c'est-à-dire le dépôt de deux bancs successifs.
3. Dans bon nombre de formations de calcaires lithographiques, l'activité du voile
algaire est généralement enregistrée au niveau des bancs par une succession de fines
lamines calcaires. Elle peut aussi être plus discrète et se limiter à des structures sédimentai-
res uniquement visibles à la surface des couches et qui, de ce fait, passent facilement
inaperçues.
4. Le rôle joué par le feutrage algaire lors de la sédimentation des calcaires lithographi-
ques était triple. Il assurait à la fois la cohésion du sédiment, la fixation des restes
organiques et la conservation des traces d'activité biologique.
Remise le 24 juin 1985.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] P. BERNIER, .Docum. Lab. Fac. Sci. Lyon, 92, 1984, 740 p.
[2] P. BERNIER, G. BARALE. J. P. BOURSEAU, E. BUFFETAUT, G. DEMATHIEU, C. GAILLARD et J. C. GALL,
Geobios, 15, 4, 1982, p. 447-467.
[3] P. BERNIER, G. BARALE, J. P. BOURSEAU, E. BUFFETAUT, G. DEMATHIEU, C. GAILLARD, J. C. GALL et
S. WENZ, Geobois, Mém. sp., 8, 1984, p. 177-185.
[4] H. KEUPP, Abh. Naturhist. Ges. Numberg, 37, 1977, 128 p.
[5] G. BARALE, C. BLANC-LOUVEL, E. BUFFETAUT, B. COURTINAT, B. PEYBERNES, L. VIA BOADA et
S. WENZ, Geobios, Mém. sp., 8, 1984, p. 275-283.
[6] F. MASSARI et L. SORBINI, IXe Congrès Internat. Sédim. Nice, 1975, thème 10, p. 55-61.
[7] J. FABRE, Les Rhynchocéphaleset les Ptérosauriensà crêtepariétale du Kimméridgiensupérieur-Berriasien
d'Europe occidentale, Le gisement de Canjuers (Var-France) et ses abords, Fondation Singer-Polignac, 1981,
188 p.
[8] B. H. PURSER, The Persian Gulf, Holocene carbonate sedimentation and diagenesis on a shallow epicontinen-
tal sea, Springer Verl. Berlin, 1973, 471 p.
J.-C. G. : Université Louis-Pasteur, Institut de Géologie, 1, rue Blessig, 67084 Strasbourg Cedex;
P. B., C. G. et J. P. B. : Centre de Paléontologie stratigraphique
et Paléoécologie de l'Université Claude-Bernard,
Lyon-I, associé au C.N.R.S. L.A. n° 11, 27-43, boulevard du 11-Novembre- 1918, 69622 Villeurbanne Cedex;
G. B. : Centre de Paléontologie stratigraphique et Paléoécologie de l'Université Claude-Bernard,
Lyon-I, associé au C.N.R.S., L.A. n° 11, Laboratoire de Paléobotanique,
21-43, boulevard du 11-Novembre-1918,69622 VilleurbanneCedex;
E. B. : Université Pierre-et-Marie-Curie,Paris-VI,
Laboratoire de Paléontologie des Vertébrés, place Jussieu, 75270 Paris;
S. W. : Muséum national d'Histoire naturelle, Laboratoire de Paléontologie, 8, rue de Buffon, 75005 Paris.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985 553

PALÉONTOLOGIE- Ammonites (Bouleiceratinés)a significationpaléobiogéographi-


que du Toarcien de la Zone Subbétique (Sud de l'Éspqgne). Note de Juan C. Braga,
Antonio P. Jiménez et Pascual Rivas, présentée par Michel Durand-Delga.

La présence de quelques Bouleiceratinae (Leukadiella, Frechiella et Paroniceras)dans le Toarcien delà Zone


Subbétique à la paléobiogéographie du Toarcien méditerranéen. D'autre
des éléments
apporte nouveaux part
l'existence d'Alocolytoceras, relativement abondants dans la même région, amène à discuter la valeur de ce
genre comme indicateur biogédgraphiqueadéquat.

PALEONTOLOGY. — Some ammonites of paleobidgeographicinterest (Bouleiceratinae) in the Toarcian


stage of the Subbetic zone (Southern Spain).
In the Toarcian beds of the Subbetic zone some Bouleiceratinae have been found (Leukadiella, Frechiella and
Paroniceras),this Complement the palepbiogeographic knowledge of the mediterranean Toarcian. On the other
hand the relative abundance of Alocolytoceras in the area suggest that this genus is not a precisepaleobiogeographic
index.

La zone Subbétique, par sa position paléogéographie et par les caractéristiques de sa


faune d'Ammonoïdés pendant le Toarcien, appartient au domaine méditerranéen ou
téthysien [1] au sens de Howarth [2]. Cependant la composition générale de la faune, la
présence de seulement certains genres de Bouleiceratinés (sous-famille à laquelle une
grande importance a été accordée dans les analyses paléogéographies) et de certaines
formes: considérées par quelques auteurs comme propres aux régions boréales et subboréa-
les, nous amènent aux considérations suivantes.
I. DONNÉES SUR LES BOULEICERATINES. — Sapunov [3] considère les Bouleiceratinés comme caractéristiques
de sa province méditerranéenne (M.P.), bien que Paroniçeras, Frechiella et Leukadiella puissent se trouver de
façon sporadique dans sa province euro-caucasienne (ECP). Quant à Bouleiceras, émigrant de la province
éthiopienne, il serait exclusivement méditerranéen.
Howarth [2] considère cette sous-famille comme la grande exception au caractère mondial de la distribution
des ammonites du Toarcien. Le fait est spécialement vrai pour Leukadiella, strictement limitée aux régions
alpines et méditerranéennes.Pour Ziegler [4], Bouleiceras est une forme typiquementindo-malgache,qui pénètre
cependant le long du. Nord de l'Afrique vers la péninsule Ibérique (Espagne et Portugal) et l'Amérique du
Sud, tandis que Leukadiella est restreinte à la Méditerranée.
Thierry [5] ainsi qu'Enay et Mangold [6] considèrent que les Bouleiceras (comme les Nedjia) se dispersent en
même temps que s'effectue l'expansion téthysiennetoarcienne, ce qui permet leur propagation en Amériquedu
Sud. Ils seront ultérieurement remplacés par Leukadiella, Frechiella et Paroniçeras.
Dans la Zone Subbétique, les Bouleiceratinés sont très rares par rapport au reste des
Hildocerataceae. Les genres enregistrés sont :Frechiella (cinq exemplaires), Leukadiella
(un exemplaire) et Paroniceras (un exemplaire). L'absence de Bouleiceras, de même que
dans d'autres régions (Apennins, Alpes, etc.) à faunes typiquement méditerranéennes
comme la Zone Subbétique, est remarquable tandis que ce genre se trouve, avec une
certaine abondance, dans des régions dont la composition faunistique est proche de celle
du domaine boréal ou subboréal (chaîne Ibérique, Portugal).
La distribution de Bouleiceras sur les bordures de la Méditerranée occidentale, avec de
nombreux exemplaires dans la chaîne Ibérique et au Portugal, et d'autres au Maroc
(Rides sud-rifaines [7]), semble être contrôlée par des facteurs écologiques, et limitée aux
plates-formes, sans que ce genre envahisse les domaines de bassin [8]. Ce contrôle
écologique pourrait expliquer l'absence des Bouleiceras en Méditerranée, entre leur zone
apparente d'origine (région arabo-malgache) et les régions ibériques et marocaines qu'ils
ont envahies. Nedjia aurait une comportement semblable à Bouleiceras: en Méditerranée
0249-6305/85/03010553 $ 2.00. © Académie des Sciences
554 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985

(a) Paroniçerassp., Toarcien supérieur, Colomera(Granada); {h) Frechiella sp., Toarcien moyen (Mid-Toarcian),
Cerro Méndez(Granada); (c) Leukadiella sp., Toarcien inférieur (Lower Toarcian), Sierra de Ricote (Murcia).

occidentale, on l'a seulement trouvée dans la chaîne Ibérique [9] et plus sporadiquement
dans des sédiments de bassin (un exemplaire dans le Moyen-Atlas [10]).
Leukadiella est une forme très rare et restreinte uniquement à des faciès de bassin. Le
seul exemplaire de ce genre trouvé dans la Zone Subbétique vient de la Sierra de Ricote
(province de Murcie) et il est associé à Harpoceras mediterraneum Pinna et Maconiceras
sp., à 2,5 m au-dessous du premier Hildoceras sublevisoni Fucini, dans des faciès calcaréo-
marneux où la zone à Bifrons a seulement 5 m d'épaisseur. Cette association situe
Leukadiella dans la Zone à Serpentinus ( = Falciferum) du Toarcien inférieur, au-dessous
donc de sa position dans d'autres régions de la Méditerranée. Cette découverte appuie
l'hypothèse de l'origine de Leukadiella à partir de Bouleiceras. L'exemplaire subbétique
constitue un lien biostratigraphique et biogéographique entre Bouleiceras et le reste des
représentants méditerranéens de Leukadiella [11], connus uniquement jusqu'ici dans la
Zone à Bifrons.
Frechiella et Paroniceras ont une large distribution géographique. Les deux genres ne
peuvent pas être considérés comme caractéristiques de la Téthys, étant donné qu'ils sont
connus aussi bien en Méditerranée que dans des régions boréales ou subboréales [2].
De tout ce qui précède, il résulte clairement que les Bouleiceratinés, en tant que
sous-famille, ne sont pas un groupe homogène du point de vue biogéographique et que
c'est seulement au niveau générique, et en tenant compte des facteurs écologiques, qu'ils
peuvent être utilisés en tant qu'indicateurs paléobiogéographiques. En fait Leukadiella
seulement, et avec un nombre réduit d'exemplaires, possède une distribution biogéographi-
que restreinte.
Dans d'autres groupes aussi, l'extension de certains genres (et non plus celle des
sous-familles, comme c'était le cas au Lias moyen) est limitée, soit à la région méditerra-
néenne (par exemple Renziceras, cité seulement en Méditerranée orientale) soit aux
domaines boréal/subboréal (par exemple Hudlestonia, Phlyseogrammoceras, Essericeras).
II. REMARQUES SUR LES LYTOCÉRATIDÉS. —Cependant, Ziegler [4] a considéré que la
sous-famille Alocolytoceratinae était restreinte au domaine boréal, avec une extension
locale vers le Nord du Maroc. Indépendamment de l'identité discutée de cette sous-famille,
son genre le plus typique, Alocolytoceras, est répandu en Méditerranée. Même si l'on
exclut de ce genre les formes du Toarcien moyen proprement méditerranéennes telle
A. dorcadis, des formes typiques comme A. irregulare se rencontrent dans la Zone Subbéti-
que et d'autres, comme A. ophioneum, ont été citées en Algérie et en Hongrie ([11], [12]).
Nous constatons de nouveau que des formes particulières, comme Pleurolytoceras, sont
C.R.Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 8, 1985 555

Les
sous-famille.
restreintes à des régions limitées sans que la différenciationpaléobiogéographiqueatteigne
le niveau de la
Phylloceratidae demeurent le groupe le plus typiquement méditerranéen ( bien qu'il
ne soit pas exclusif de ces régions) pendant le Toarcien. Les références à la presence de
cette famille au-delà des limites du domaine téthysien sont sporadiques.
III : CONCLUSIONS. — 1. Dans la Zone Subbétique se rencotitrent certaines
formés de

connus
2.
auparavant).
Bouleiceratinés : Leukadiella,Frechilla et Paroniceras (ces deux derniers genres, dejà

Les Bouleiceratinés ne peuvent pas, eh tant que groupe homogène, être utilisés
comme caractéristiques du domaine téthysien. Seul le genre Leukadiella a une dispersion
restreinte dans les mlieux de bassin du domaine méditerranéen. Sa découverte dans la
Zone Subbétique rend plus probable l'hypothèse de son origine à partir de Bouleiceras,
comme adaptationde cette forme de plate-forme à des milieux de bassin.
3.
Comme celà semble maintenant bien établi, avec transgression toarcienne se la
termine la grande différenciation biogéographique qui régnait au Pliensbachien. Les
différences entre les divers domaines au Toarcien se. restreignent à: des niveaux spécifiques
et, dans certains cas, génériques.
Nous remercions R. Mouterde pour ses suggestions et l'attention portée à la réalisation de ce travail [13].
Remise le 17 juin 1985.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

p.433-457.
[1]A. LINARES et R. MORTERDE, Live Prof. P. Fallot, Mém. h.-sér. Soc.géol. Fr., I, 1960-1962,
p. 183-188.
[2 M. K.
[3] I. ]
G. SAPUNO
HOWARTH, in Atlas of Palaeobiography, A. HALLAM éd., Elsevier, Amsterdam, p.275-282.

;.: [4] B, ZIEGLER, in The Ammonoidea, M. R. HOUSE et J.R. SENIOR ed, System. Assoc., spec. vol., n° 18,
1981,
[5]J.THIERRY,Bull.Sgéol.
oc.
Fr.,
24,
1982,
p.
1053-1067.
[6] R.ENAY et C.MANGOLD, Bull. Soc. géol. Fr., 24 1982, p. 951-961.

[7]J.C FAUGERES,Bull.

[8] H. TINTANT, D.MARCHANDetR.


MOUTERDE,
Bull.
Soc.
géol.
Fr., 24,1981,p.951-961.
Soc. géol. Fr., 17, 1975,p.

la Cordillena Ibérica, Tesis Doct. Univ.,


116-122.

427-
[9] A. GOY, El Lias de la mitad norte de la rama castellana de
Complutense Madrid, 1974 (inédite).
[10] J.GUEX,Bull. Lab. Géol. Univ. Lausanne, 1912, p. 201.
[11] J. GUEX, Eclogaegeol. Helv, 67, 1974, p. 430.
[12] B.GECZY, hu Geol.
[13] Travail réalisé dans l
Departamento de Paleontologia, Facultad de Ciencias,
Universidad de Granada, Espagne.
C.R.Acad. Sc.Paris, t. 301, Série II, n°9,1985 557

MÉCANIQUE DES SOLIDES.


— Critère de rupture macroscopique d'un matériau
renforcé par armatures. Note de Patrick de Buhan, présentée par Jean Salençon.

On détermine en s'appuyant sur la méthode d'homogénéisation en calcul à la rupture appliquée au modèle


de matériau multicouche bidimensionnel, le critère de rupture macroscopique d'un matériau renforcé par un
réseau périodiqued'armatures. La formulation ainsi obtenue montre clairement que la capacité de renforcement
des armatures se rattache directement à leur résistance en traction-compressionuniaxiale.

MECHANICS OF SOLIDS. — Macroscopicyield strength of a strip reinforcedmaterial.


A macroscopic yield criterion for a periodically strip reinforced material is established based upon the yield
design homogenization method. This speific class of strengthened material is investigated as a borderline case
of the two dimensional layered composite model, the macroscopic yield strength of which has been previously
determined [1].
The geometry of the considered composite, made of two homogeneous constituents, is schematically presented
on Figure 1 where Gi dénotes the convex yield domain of the ith constituent (i = 1,2) in the stress space R3, and
X;=eje ils volume fraction. Perfect bonding between layers being assumed, it can be proved that the macroscopic
yield domain Ghom of the composite is given by relation (1).
The important configuration of material No. 1 being reinforced by strips of constituent No. 2 ( Fig. 2) is then
obtained by making X2 tend to zero, while X2 G2 = G0 is kept fixed. Thus, Ghom is asymptotically determined
through expression (3), whichshows that the increase of strength is closely related to the uniaxial tensile-compressive
strenglhs o"ô and aô of the strips, as it was directly postulated by McLaughlin [2] or Sawicki [3] for fibre
reinforced materials. Representation of domains G1 and Ghom in the stress space is given on Figure 4.
Moreover, other possible failure mechanismssuch as compressive buckling of strips or interface slippage between
loyers can be handled within the framework of this theoretical approach.

On se propose de déterminer par voie théorique le critère de rupture à l'échelle


macroscopique d'un matériau homogènerenforcé par des armatures réparties en son sein
de façon périodique. L'approche adoptée consiste à étudier ce type de renforcement
comme un cas limite du modèle de matériau multicouche bidimensionnel, pour lequel on
dispose déjà d'une formulation du critère de résistance macroscopique fondée sur la
méthode d'homogénéisation en calcul à la rupture [1].
1. RAPPEL.

Critère de résistance macroscopiqued'un matériau multicouchebidimension-
nel. — Un tel matériau, repéré dans les axes Oxy, est formé à partir de deux constituants
homogènes notés i(i=l,2) disposés en couches d'épaisseurs e; parallèles à la direction
Ox (fig. 1). Les capacités de résistance de chacun des constituants i sont définies par la
donnée d'un domaine convexe G, dans l'espace M3 des contraintes bidimensionnelles. On
suppose par ailleurs dans un premier temps que les interfaces entre les couches sont à
adhérence parfaite.
Le critère de résistance macroscopique de ce matériau est caractérisé par un domaine
convexe Ghom ainsi défini :
Ghom est constitué de l'ensemble des tenseurs de contrainte bidimensionnels E tels que :

En posant pour tout couple (I?'*, ~Lxy) appartenant à ^; (projection dans le plan des;
coordonnéescorrespondantes du domaine G,-) :

0249-6305/85/03010557 $ 2.00 ©Académie des Sciences


558 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

Fig. 1.

Matériau multicouche bidimensionnel.
Fig. 1.

Two dimensional layered composite.
Fig. 2. —
Matériau renforcé par armatures.
Fig. 2. — Strip reinforced material.

la définition [1] du domaine Ghom peut s'écrire, compte tenu de la convexité des domaines
Gi, sous la forme équivalente :

2. APPLICATIONAU CAS D'UN MATÉRIAU RENFORCÉPAR ARMATURES. — En supposant que


dans le modèle précédent, le constituant n° = 2 représente le matériau de renforcement,
on s'intéresse au cas où les couches de ce dernier devenant d'épaisseur très faible sont
assimilables à des armatures (fig. 2). Cette configuration s'obtient grâce au passage à là
limite suivant : on fait tendre À.2 (et donc e2je) vers zéro tout en maintenant fixé le
domaine : K2 G2 = { X2 a2, ®2 e G2 } que l'on note G0. On établit alors le résultat suivant :
Si l'origine de l'espace des contraintes est intérieure à G0, la définition du domaine Ghom
devient lorsque "k2 tend vers zéro :

Démonstration. — Elle consiste à effectuer le passage à la limite indiqué en partant de


la définition (2) du domaine Ghom. En effet si Ç£yy, T,xy) désigne un point quelconque
appartenant au domaine #l5 on obtient :
© ÇLyy, E*J') e lim ( ^
f) (ë2), puisque le domaine @2 étant de la forme &Q/X2 contient
1.2-0
une boule centrée à l'origine dont le rayon tend vers l'infini quand X2 tend vers zéro,

Fig. 3. Domaines G2 et G0 dans l'espace des contraintes.



Fig. 3. — Domains G2 and G0 in the stress space.
C.
R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II,
n°0, 1985 559

Fig. 4. —
Domaine de résistancemacroscopique G*""" d'un matériau renforcé par armatures.
Fig. 4.—
Macroscopic yield domainGb°m for a strip reinforced material.

La définition du domaine de résistance macroscopique Ghom devient alors dans ce cas


limite :

c'est-à-dire le résultat annoncé.


Le domaine Ghom ainsi obtenu est représenté sur la figure 4. Il apparaît comme
l' enveloppe convexe de la famille de domaines G^ définis en fonction du paramètre a

3. REMARQUES ET COMMENTAIRES. — 3.1. Le raisonnement précédent permet ainsi de


retrouver une formulation du critère de rupture d'un matériau renforcé par armatures
analogue à celles postuléesdirectementpar McLaughlin [2] où Sawicki [3]. La particularité
d'une telle définition est qu'elle ne fait plus explicitement apparaître, comme dans le cas
multicouche, les conditions (1b) de continuité de la contrainte aux interfaces. Le matériau
de renforcement n'intervient donc plus qu'à travers sa résistance en traction-compression
uniaxiàle dans la direction Ox du renforcement.

C. R. ,1985-2e Semestre (T. 301) Série II — 40


560 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

3.2. La définition [3] du critère de rupture macroscopique peut être complétée afin de
tenir compte de la possibilité de flambement en compression des armatures. Il suffit pour
cela de prendre r[0"ô comme limite inférieure de a, r\ étant un paramètre sans dimension
pouvant prendre toutes les valeurs comprises entre r|=0 (pas de résistance des armatures
en compression) et TI = 1.
3.3. De même, le cadre théorique adopté permet la prise en compte d'une condition de
résistance aux interfaces autre que l'hypothèse d'adhérence parfaite. On démontre alors
aisément que le domaine de résistance correspondant, noté G'hom est tel que :

où ^ est un domaine convexe de M2 et où T=(TX, Ty)e^ exprime la condition de


résistance à l'interface.
Remise le 1er juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] P. DE BUHAN, Homogénéisation en calcul à la rupture : le cas du matériau composite multicouche,


Comptes rendus, 296, série II, 1983, p. 933-936.
[2] P. V. MCLAUGHLIN, Plastic limit behavior and failure of filament reinforced materials, Int. J. Solids
Structures, 8, 1972, p. 1299-1318.
[3] A. SAWICKI, Continuum theory of reinforcedearth, Proc. Coll. Franco-Polonais, 1979, Paris, p. 53-70.

Laboratoire de Mécanique des Solides,


École polytechnique, 91128 Palaiseau Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985 561

MÉCANIQUE DES SOLS ET MILIEUX POREUX. — Variation de volume d'un


sable dense sur chemins de contrainte axisymétrique. Note de Eric Degny et Jack Lanier,
présentée par Jean Salençon.
Nous avons réalisé sur la presse tridimensionnellede Grenoble ([1], [2]) des chemins de contraintes axisymétri-
ques sur un sable dense en compression et en extension. Nous étudions plus particulièrementdans cette Note
les variations de volumequi caractérisentla réponse cinématiquede l'échantillon.Nous proposons en conclusion
une loi d'écoulement généralisée.
SOIL MECHANICS AND POROUS MEDIA. — Volume change of a dense sand.

which can be applied for all cases. A representation of the function f (E1) for compression and extension is
given on Figure 6.

NOTATIONS :
o"l5 a2 — o"3 : contraintes principales;
sl5 e2 = s3 : déformations principales;

3P=tr(ff);
Q= ,V2/3 (o-! —o-2) : intensité du déviateur;
El=-tr(dE)/(tr(dE)2)1/2;
E1L = valeur de E1 à l'écoulementplastique.

a,-et e,-sont comptés positifs en compression.


INTRODUCTION. — Les variations de volume jouent un rôle essentiel dans le comporte-
ment des sables. Pour les caractériser on utilise classiquement en mécanique des sols, le
paramètre de dilatance de Rowe [3] D = rfs„/ds1 ou l'angle de dilatance v. Pour notre
part nous préférons définir le paramètre invariant E1 par E1= — tr(dE)j(tr(ds)2)1/z.
E1 est positif pour une dilatation, négatif pour un compactage. Les valeurs extrêmes de
ce paramètre sont atteintes pour un essai isotrope (El = +J.— /3). Dans le cas d'une
cinématique axisymétrique.E1 caractérise entièrement la « direction » de l'incrément de
déformation. La partie linéaire des courbes de variation de volume en fonction de %
correspond à une valeur constante de E1.
Nous proposons dans cette Note des résultats expérimentaux concernant des chemins
de contrainte axisymétrique qui permettent d'établir une corrélation entre E1 et le rapport
Q/3P vers lequel évolue l'état de contrainte supporté par l'échantillon. Le sable étudié est
un sable fin dense à grahulométrieserrée. Tous les échantillons sont soumis initialement à
une charge isotrope jusqu'à 2,0 MPa.
RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX. —
Trois classes de chemins sont étudiées
expérimentalement:
1. Chemins linéaires de contrainte rencontrant la surface limite (fig. 1).
Les chemins linéaires de contrainte d'équation :

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562 C. R. Acad. Sc. Paris, t 301, Série II, n° 9, 1985

Fig. 1. — Surface limite en compressionet extension.


Fig. 1. — Limit surface for compression and extension tests.

permettent de définir en première approximation la surface limite (valeur de pic) par :


Q/3 P=KC en compression (ax > a2 = a3);
Q/3P= —KE en extension (o^ < o-2 = o"3),
avec KE = 0,318 et Kc = 0,427 ce qui correspond à des angles de frottement moyens de
46° en extension et 39° en compression.
Notons que cet angle diminue lorsque P augmente, de façon plus sensible en extension
qu'en compression.
Lorsque l'état de contrainte atteint la surface limite, il y a écoulement plastique du
matériau sous état de contrainte stationnaire (pic) et l'on observe une longue phase de

EXPLICATIONSDES PLANCHES

Planche I

Fig. 2. Évolution de Q/3 P et variation de volume lorsque le chemin de contrainte atteint la surface limite.

Fig. 2. —
Evolution of Q/3 P and volume change for stress paths reaching the limit surface.
Fig. 3. —
Variation de E1 en fonction de Q au pic (loi de dilatance).
Fig. 3. —
Evolution of the dilatancy E1. versus Q (peak values).
PLANCHE I/PLATE I ERICDEGNY
PLANCHE II/PLATE II
C. R. Acad. Sc. Paris, t 301,: Série II, n° 9, 1985 565

PlancheII

Fig. 4. —
Chemin de contrainte et variation de volume lorsque P tend vers l'infini.
F/g. 4: —
Stress path and volume change for P -» infinity.
Fig. 5. - Chemin de contrainte et variation de volume lorsque P tend vers zero.
Fig.5. —Stresspath and volume change for P»->0.
Fig. 6. —
Représentationschématique de la loi d'écoulement généralisée.
Fig. 6. —
Schematicrepresentationof the generalized flow rule.

dilatation linéaire (fig. 2). Les valeurs de E1 correspondantes,notées E 1 L, sont représen-


tées sur là figure 3 en fonction du niveau de contrainte au pic, caractérisé par Q. Deux
points sont à souligner :
(a) La corrélation entre E1 L et Q est indépendante de l'inclinaison \|/ ce qui prouve
que la loi d'écoulement plastique ne dépend pas du chemin suivi pour atteindre la surface
limite.
(b) Sachant que Q/3P= r-KE ou Kc à l'écoulement, la figure 3 indique clairement
que la dilatationdu matériau diminue quand P augmente. Cette variation n'est pas prise
en compte par la loi de dilatance de Rowe [3] et la schématisation proposée par
Gudehus [4] qui supposent que la dilatation est entièrement caractérisée par le rapport
cr1/a2. Notons également que selon la théorie de l'état critique [5] cette dilatation devrait
s'atténuer pour tendre vers un écoulement à volume constant; la localisation de déforma-
tion dans l'échantillon ([2], [6]) ne nous a pas permis d'observer ce phénomène.
2, Chemins de contrainte pour lesquels P tend vers l'infini.
Ces chemins peuvent être suivis en imposant une inclinaison \|/ telle que
—3 RE <tg\|/< 3 Kc (régulation en contrainte). Dans ce cas les déformations restent
faibles mais on remarque que, pour un niveau de contrainte suffisamment élevé, Q/3 P
et El tendent encore vers une valeur limite lorsque P augmente. La figure 4 illustre ce
comportement pour \J/==30° et Po=0,5 MPa (essai n°33B) en compression et pour
\|/= — 35;°; Po = 0,0 MPa (essai n° 17) en extension. On pourra remarquer que sur l'essai
n° 17 Ei reste voisin de zéro mais varie de façon non monotone au début de l'essai. Sur
la même figure les chemins 16et 15 sont régulés cinémàtiquement: l'essai n° 16 est une
charge oedométrique (é2 = E3 = 0; ES > 0) et l'essai n° 15 un chemin tel que £^=0;
E2=E3 > 0. El est donc imposé constant (resp. El = — 1 et ET = — /2) et, dans le plan
Q—P, les chemins de contrainte correspondants sont linéaires. On vérifie donc dans ce
cas la schématisation proposée par Gudehus [4] selon laquelle un chemin linéaire de
déformation correspond à un chemin linéaire de contrainte.
3. Chemin de contrainte pour lesquels P tend vers zéro.
Ces chemins peuvent être suivis à partir d'un état de contrainte initial non nul lorsque
la dilatation est forte (trop forte pour correspondre à un écoulement plastique sur la
surface limité). La figure 5 montre deux chemins de ce type : le chemin (a) est une
décharge oedométrique (E 1 =+ 1; extension) à partir d'un état initial voisin d'un état
isotrope. Les chemins (b) et (c) sont tels que s2 = s3# — 2-. sx (El# +0,8—compression).
Seuls les états de contrainte initiaux diffèrent. Il est remarquable qu'après un régime
transitoire les deux chemins de contrainte se rejoignent et semblent glisser sur la surface
limite. En effet, El > E1L, la loi d'écoulement plastique ne peut pas être vérifiée et le
point contrainte ne peut pas se stabiliser sur la surface limite. Dans ces deux cas on peut
566 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

encore établir une corrélation entre E1 et la valeur limite de Q/3 P lorsque P tend vers
zéro.
CONCLUSION. — Les trois classes de chemins que nous avons envisagées sont susceptibles
d'une interprétation unique en terme de variation de volume :

si la cinématique est « très » compactante l'état de contrainte tend vers l'infini;

si la cinématique est « très » dilatante l'état de contrainte tend vers zéro;
— entre ces
deux extrêmes il y a écoulement plastique sous état de contrainte station-
naire. Cet état de contrainte est fixé en fonction de E1 par les relations E1 = E1L (Q)
et Q/3P=-KEouKc.
Ces résultats expérimentaux sont rassemblés sur la figure 6 qui précise la relation
obtenue entre E1 et (Q/3 P)iimite en extension et en compression.
On notera que Q/3 P en fonction de E1 est stationnaire au voisinage des valeurs —
KE
et Kc. Cette relation :

peut être appelée loi d'écoulement généralisée. Elle fixe dans tous les cas la valeur limite
de Q/3 P qui sera atteinte si E1 est maintenu constant.
Remise le 1er juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] J. LANIER, Étude expérimentaledes lois de comportement à l'aide d'une presse tridimensionnelle, Cahier
de Rhéologie, 4, n° 2, 1976, p. 53, 60.
[2] E. DEGNY, Étude du comportement d'un sable dense à l'aide d'une presse tridimensionnelle, Thèse
docteur ingénieur, Grenoble, 1984.
[3] P. W. ROWE, Theoreticalmeaning and observed values of deformation parameters for soils, Proc. Roscoe
Memorial Symposium, CambridgeUniversity,R. H. G. PARRY ed., 1971, p, 143-194.
[4] G. GUDEHUS, Materialverhaltenvon Sand: Neuere Erkenntnisse, Bauingenieur, 55, 1980, p. 57-67.
[5] A. N. SCHOFIELDet C. P. WROTH, Critical state in soils mechanics, Wiley, 1968.
[6] J. DESRUES, J. LANIER et P. STUTZ, Localization of the deformation in tests on sand sample, J. Eng.
Fract. Mechanics, 21-4, 1985.

E. D. Laboratoirecentral des Ponts et Chaussées,


:
58, boulevard Lefébvre, 75732 Paris Cedex;
J. L. : Institut de Mécanique de Grenoble,
B.P. n° 63, 38402 Saint-Martin-d'Hères Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985 567

ENDOMMAGEMENT, FATIGUE, RUPTURE.—Critère de propagation en rupture


ductile. Noté de Nguyen Quoc Son, présentée par Paul Germain.

L'analyse de la dissipation en présence de surfaces de discontinuité S mobiles avec la fissure montre que le
paramètre énergétiqueassocié à la vitesse de propagationreprésente l'intégrale Js définie à partir de ces surfaces
de discontinuité, Ce résultat permet l'utilisation de la méthode énergétique en rupture ductile.

DAMAGE, FATIGUE, FRACTURE. — Crack propagation in ductile fracture.


Dissipation analysis in the presence of surfaces of discontinuity S movingwith the crack shows that the
energetic parameter associated with the velocity of crack propagation, is the value of Js integral defined on these
surfaces. This resuit enables us to apply the energetic method in ductile fracture..

1. L'analyse mécanique de la propagation des fissures dans un milieu élastique a


permis la modélisation de la rupture fragile. En particulier, la méthode énergétique
conduit à la définition de l'intégrale J de Rice-Eshelby son interprétation comme le taux
de restitution de l'énergie — ôP/dl et son expression en terme des facteurs d'intensité de
contrainte.
En vue de la rupture ductile, il est nécessaire d'étendre ces notions à des milieux
anélastiques.Nousavons donné dans [4] une description thermodynamique valable pour
tous les matériaux usuels. Pour simplifier, les résultats obtenus peuvent être résumés dans
un cadre purement mécanique de la manière suivante :
Si W(E, pc) représente la densité d'énergie libre isotherme emmagasinée
(élastique+éçrouissage+...), T un contour fermé entourant le fond de fissure, puis Jr
rintégralé :

on obtient l' expression suivante de la dissipation globale -3) :

en notant D — CTyVjj—pW la dissipation volumique, G la force due aux singularités en


fond de fissure :

La notation F->0,signifie que le plus grand diamètre du contour R(T) -»0. D'après la
définition (3), le terme G i représente une dissipation concentrée en fond de fissure.
En plasticité, les analyses du comportement asymptotique connues dans la littérature
([3], [5], [6]) conduisent cependant à l'estimation lim Jr=0; il semble qu'il n'y a pas de
r-^ o
force due aux; singularités en fond de fissure. Pour cette raison, des auteurs comme Rice
ont introduit une distance caractéristique(?) A pour ne manipuler que des grandeurs GA
associées aux cercles de rayon A T^ 0.
Dans cette Note, nous montrons qu'en fait l'analyse de la dissipation est plus complexe
en présence des discontinuites du premier ordre. D'une manière générale, il est nécessaire
de distinguer ; trois types de dissipation: concentrée en un point A, répartie sur une
surface de discontinuité S, répartie dans un volume ^suivant la nature du matériau et
les conditions de propagation.

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568 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

L'exemple suivant illustre parfaitement la situation. Si l'on considère la propagation


d'une fissure rectiligne en mode III, suivant un régime permanent en élastodynamique,
dans le repère mobile AXY avec la fissure, les équations s'écrivent :

Si / < /u/p, l'équation est elliptique, toute la dissipation est concentrée en fond de
fissure.
Si l > /u/p, l'équation est hyperbolique, toute la dissipation est répartie sur les deux
ondes de discontinuité de pente + ((fp/u)—1)~1/2. Dans ce cas, il n'y a pas de force due
aux singularités en fond de fissure, mais des surfaces de discontinuité se propagent avec
la fissure.
Il est important de remarquer que les analyses asymptotiques de fissure en milieu
élastoplastique ([3], [5], [6]) présentent toutes des surfaces de discontinuité, ceci étant dû
à la nature hyperbolique des équations locales. Dans le même esprit, citons Sternberg
pour la synthèse des résultats du problème de fissure en élasticité non linéaire lorsqu'il y
a perte d'ellipticité [7].
2. Effectuons l'analyse de la dissipation en admettant que la solution présente à
l'instant t des surfaces de discontinuité du premier ordre S passant par le fond de
fissure A, en translation avec la fissure.
Soit T un contour fermé entourant toutes les surfaces de discontinuité, délimitant un
volume Vr en mouvement de translation avec la fissure. La notation r- S veut dire
que l'aire Vr tend vers zéro, le contour T vient se plaquer contre la surface de discontinuité
S, il sera noté Fs. Dans le volume £îr = 0—Vr, la loi fondamentale de la mécanique
donne :
C.R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985 569

la dernière égalité provient de l'intégrabilité de la vitesse. p(W+|l/2) V2) dans le repère


mobile [5], on obtient :

Dans toute la suite du texte, on se place en transformation quasi statique.


La surface S représenté une onde de choc ([Y] #0): de célérité normale lnv Si le vecteur
contrainte a. n est continu à la traversée de S, la discontinuité de vitesse [V] n'est pas
nécessairement nulle. Elle est liée à [u ,] par des relations de discontinuité de Hadamard,
le déplacement w étant supposé continu.

La relation (7) donne, après passage à la limite en quasi statique :

3. Le paramètre de force associé à la vitesse de propagation est Js, ce qui montre


l'intérêt de l'étude de l'intégrale Jr en élastoplasticité incrémentale. Dans l'expression
de Jr cependant, il ne faut pas confondre l'énergie libre W(e, oc) avec l'énergie de
déformation W* = o de qui n'est pas une fonction d'état du matériau.
Jo
Si l'on fait l'hypothèse de dissipativité normale, l'expression (10) de la dissipation
conduit au critère de propagation de fissure :

Notre discussiondonne une interprétationà l'utilisation de G^, mais il faut adopter le


contour Ts. Citons dans le même esprit la discussion de Bui-Ehrlacher basée sur le modèle
élastique-fragile [1].
Prenons par exemple le cadre de la plasticité parfaite. L'énergie libre se réduit alors à
l'anergie élastique W'=.W''(s'^-6,') avec a = ôW/ds=,— dWldep. Le calcul de Js = lim Jr
peut s'effectuer en transformation quasi statique de la manière suivante
r-s
:
L'intégrale Jr n'est pas indépendante du contour F choisi. Introduisons Gr la quantité :
570 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

On vérifie alors sans difficulté que Gr est indépendant du contour T. D'autre par
lim G = lim Jr = Js car cre^ étant de même nature que rj£p vérifie nécessairement la
,
r-»s r ^s
propriété lim CTE^ dQ = 0. Il en résulte que l'on a :
r - s Jvr
(13) Gr=J,
Le calcul de Js à partir de l'expression de Gr est intéressant à plusieurs points de vue.
En effet dans le calcul de Gr la zone de singularité n'intervient que dans l'intégrale de
f*
volume ers^ dû., on peut espérer a priori une meilleure précision concernant la déterrni-
Jvr
nation numérique de Js. D'autre part, le critère de propagation (11) fournit lorsque / > 0
l'équation Js = 0 qui permet le calcul effectif de la vitesse de propagation Z en fonction
des vitesses de données aux limites. Cette équation s'écrit explicitement sous la forme :

dans laquelle (*) désigne la dérivée par rapport au temps dans le repère mobile AXY.
L'expression (14) découle de la propriété d'invariance de G par rapport aux T, et de la

régularité des vitesses cr, u, s qu'exprime la propriété de transport de singularité [4]. On


a aussi la formule :

Reçue le 11 juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] H. D. But et A. EHRLACHER, Propagation of damage in elastic and plastic solids, I.C.F. 5, Cannes, 1981.
[2] F. H. K. CHEN et R. T. SHIELD, Conservation laws in Elasticity of the J-integral type, Z.A.M.P., 28,
n° 1, 1977.
[3] A. D. CHITALEYet F. A. MCCLINTOCK, Elastic Plastic mechanics of steady crack growth under anti-plane
shear, J. Mech. Phys. Solids, 1971.
[4] Q. S. NGUYEN, A thermodynamic description of the running crack problem, I.U.T.A.M. Symposium,
Dourdan, 1980, p. 315-330, North Holl. Publ.
[5] J. R. RlCE, W. J. DRUGAN et T. L. SHAM, Elastic plastic analysis of growing cracks, Fracture Mechanics,
ASTM-STP700, 1980.
[6] L. I. SLEPYAN, Growing crack during plane deformation of an elastic plastic body, Mek. Tver. Tela,
1974.
[7] E. STERNBERG, Loss of Elliplicity in the small scale nonlinear mode III problem: Pilot example, Ecoles
E.D.F.-C.E.A.-I.N.R.I.A.,1983, Paris.

C.N.R.S., Laboratoire de Mécanique des Solides,


École polytechnique, 91128 Palaiseau Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985 571

PHYSIQUE MOLÉCULAIRE. — Sur la recombinaison en surface de l'hydrogène


atomique polarisé. Note de Maurice Papoular, présentéepar Philippe Nozières.

En surface, la recombinaison à trois atomes HJ. est accélérée et doit rester efficace en champ modéré,
conformément à l'expérience.

MOLECULAR PHYSICS. — Three-hydrogen atom surface recombination.


Surface three-body recombination in polarized atomic hydrogen is enhanced and shpuld remain large at moderate
fields, in agreement with experiment.

1. Dans l'hydrogène atomique doublement polarisé (H!£, | b >) aux densités élevées,
la recombinaison est dominée par le mécanisme dipolaire à trois particules décrit par
Kagan et coll. [1]. Deux problèmes se présentent :
(i) la dépendance en champ magnétique du taux de recombinaison en surface, LS(B) :
expérimentalement,en champ modéré (4-8 T), Ls décroît [2], au lieu d'augmenter avec B
côffime prévu ([1], [3]);
(ii) une relation de « scaling " existe, en ordre de grandeur, entre L et L„ (taux en
volume) : L,v ss a2 Ls, où a est une longueur atomique ([1], [2]); mais un calcul récent [3]
indique que, à 7,6 T, Ls est 15 fois inférieur à la valeur mesurée ([2], [4]).
Considérons d'abord le premier point. Compte tenu de la forte énergie cinétique mise
enjeu, une fonction d'onde plane ë'V'r est assignée à la troisième particule (d'impulsion
hqf relativement à la paire recombinante (1.2). L'amplitude de recombinaison [1] est
alors proportionnelle à: :

où R—r12, r=r13—(R/2)=r23-t-(R/2) : coordonnée relative du troisième atome par rap-


port à là paire, (p : état initial (triplet), tyVtj: état singulet excité d'indices de vibration-
rotation v et j et d'énergie de liaison A„^-E. Pour le canal dipolàire dominant, à double
renversement de spin ([1], [3]), la condition de conservation d'énergie s'écrit :

[u: moment électronique, m*—(2/3) mH: masse réduite]; Pour Hf, le niveau singulet
principal est (v —14, /= 3) d'énergie —AE——70 K [5]. L'équation (1) conduit alors à une
extinction (^r=0) de ce canal de recombinaison pour un champ Bc de 24 T environ [3].
Près de Bc, le taux de recombinaison, proportionnel à j d2qf~ q2f varie comme:
Li~B^B. Bien.entendu, cette extinction affecte Ls commeLp. ;
Quand B diminue ^augmente, et le facteur oscillant e~iq/'r dans l'intégrale ci-dessus
devrait conduire également à une décroissance de L du côté des champs modérés ([1], [3]);
(pour qf rc :> 1; où rc mesure l'extension spatiale du recouvrement,\|/* çp). En l'état actuel,
l'expérience ne permet pas de conclure en ce qui concerne L^ [<5\. Pour le taux de
recombinaison en surface Ls par contre, on observe une décroissance non ambiguë
(—-10% par tesla) quand B augmente [2].
2. La clef de ce désaccord se trouve, selon nous, dans le rôle dynamique du substrat
d'hélium liquide. En surface, les atomes 1 et; 2 reeombinent toujours sous l'effet de

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572 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

l'interaction dipolaire avec 3 mais il n'est plus nécessaire que le transfert d'impulsion se
fasse exclusivement, ou même principalement, entre (1,2) et 3. Le couplage dipôle-dipôle
est de portée relativement longue et la paire recombinante (1,2) se trouve en contact
mécanique (répulsion de coeur dur) avec la surface d'hélium plutôt qu'avec le troisième
atome. Dans la limite où celui-ci reste immobile tandis que l'échange d'impulsion a lieu,
perpendiculairementà la surface, entre la paire (1, 2) et le substrat, on a :

où v12 est la vitesse de décollage perpendiculairede la paire (1,2). On a négligé l'excitation


de modes capillaires, le mouvement de point zéro perpendiculaireet l'agitation thermique
parallèle — tous modes d'énergie faible devant AE. Cette relation, comparée à
l'équation (1), indique que l'on doit prendre en compte, dans le bilan d'énergie, le
mouvement du centre de masse.
En réalité, le substrat induit une sorte d' « effet matelas dynamique » et transfère au
troisième atome une partie de l'impulsion perpendiculaire:

et l'équation (2) doit être remplacée par :

Prenant, à nouveau comme cas limite idéal, <x= 1, on voit que le mouvement relatif de
3 par rapport à (1,2) est maintenant décrit par hqf S (2/3).m (v3 v1j) (2f3)mvl2. Par
— =
rapport au calcul de la référence [3] [équation (1) ci-dessus], qf est diminué d'un facteur 3 :
le facteur oscillant e~iqfT est moins significatif et on s'attend à ce que Ls continue
d'augmenter quand B diminue, même en champ modéré, en accord avec les résultats
expérimentauxde [2].
3. En présence d'une surface, les corrélations dans l'état initial ne doivent pas être
ignorées non plus : la surface favorise la formation d'amas. Ainsi pour le deutérium, une
paire (D|)2, non liée en volume, présente, une fois adsorbée sur l'hélium liquide, un état
lié, au moins virtuel [7]. Ce n'est pas le cas pour l'hydrogène,plus léger mais nous allons

montrer que, vraisemblablement, les triplets (HJ.)3 forment à leur tour une résonance. Le
recouvrement des fonctions d'onde dans l'état initial est alors fortement augmenté par
rapport au calcul de [3], ainsi que la section de recombinaison proportionnelle au carré
de ce recouvrement [voir point (ii) de l'introduction].
Mattis et Rudin [8] ont étudié numériquement sur réseaux 2 d et 3 d, les caractéristiques
de liaison de paires et de triplets de bosons soumis à une attaction U ponctuelle. U est
exprimée en unités de (h2/2 m) (n/2 ac) 2, où ac correspond dans le problème réel à un
diamètre de coeur dur. A 3d, lès seuils de liaison sont U3(J(2)=4 et U3d(3)=2,6, pour
paires et triplets respectivement. A 2d, il n'y a pas de seuil proprement dit mais un
changementrapide de régime d'un état résonnant à un état lié vrai : les valeurs correspon-
dantes de U sont U2tJ(2)=2 et U2(i(3) = 1,3, respectivement. On remarque que la
proportionnalité (voir [81) :

ne dépend guère de la dimension d'espace. Cela nous conduit à postuler la validité de


cette relation pour l'adsorption sur la surface réelle de l'hélium, et pour les potentiels
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985 573

d'interaction réels. Pour deux atomes H (ou D), le potentiel 32+ a une profondeur de
6K, soit en unités réduites : U(D) = 3 et U(H) = 1,5. Ces valeurs, rapportées aux résultats
des références [8] et [7], indiquent que, si une paire (H|)2 n'est certainement pas liée
même en surface, un triplet (HJ.)3 adsorbé constitue probablement une résonance efficace.
On peut se poser la question d'amas de plus de trois atomes : pour des densités adsorbées
raisonnables, leur probabilité de formation est faible.
4. Un autre facteur d'augmentation de Ls peut provenir de l'advection des atomes d'H
par les modes de surface. Il se trouve que Ls n'a été mesuré jusqu'ici qu'à forte densité
superficielle;([2], [4]) : ns ~ 1012 at.cm"" 2, soit pour des distances interatomiques typiques
de iOOÂ. Or, à une température d'une fraction de degré kelvin, la longueur d'onde
%r:=2njqr du « surfon»dominant (donnée par ladispersion capillaire de l'hélium liquide),
est aussi de l'ordre de 100 Â. Un atome H situé initialement au voisinage de la crête
d'un surfon, sera attiré: vers l'abscisse;du fond par une force différentielle de van der
Waals, horizontale et proportionnelle au gradient de courbure: Fadv=qr£a (qrar)2 où
^=1 K :êst l'énergie d'adsorption et ar (quelques angströms) est l'amplitude du surfon
thermique. Cette équation conduit à un; temps d'advection, sur une distance Xr/2,de
l'ordre de 10- 10 s, un peu plus court que la demi-période du mode de surface. Le
mécanisme n'est donc pas trop fortement brouillé. (Subsiste par contre le brouillage dû
à l'agitation thermique, les vitesses thermiquesétant comparables à la vitesse d'advection.)
Dans les conditions de «résonance» géométrique que nous venons de mentionner, ce
mécanisme devrait conduire à un facteur d'amplification : Lft/'LS x \ja ~ 10. Trois
atomes situés dans une couronne de diamètre Xr et d'épaisseur a, sont focalisés vers le
centre. Compte tenu de la faible masse d'hélium déplacée par un atome H adsorbé, nous
avons négligé les effets de frottement.
En conclusion, nous avons remarqué que les corrélations dans l'état initial (amas
triplets, advection) amplifient la recombinaison en surface, et surtout que la présence
même de la surface permet de dissocier les deux «fonctions» (dipolaire magnétique, et
mécanique) du troisième atome, modifiant la dépendance en champ magnétique de la
recombinaison.
L'auteur remercie B. Hébral et-J. Walraven pour une lecture critique du manuscrit.
Remise lé 1er juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] Yu, KAGAN, I. A. VARTANYANTSet G. V. SHLYAPNTKOV, Sov. Phys. J.E.T.P., 54, 1981, p. 590-604.
[2] H. F. HESS, D. A. BELL, G. P. KOCHANSKI, D. KLEPPNER et T. J. GREYTAK, Phys. Rev. Lett., 52, 1984,
p. 1520-1523; et in Proc. 17th Conf. Low Temp. Phys., V. ECKERN et coll. éd., North Holland, 1984.
[3] L. P. GOEY, J. P. DRTESSEN, B. J. VERHAAR et J. T. WALRAVEN, Phys. Rev. Lett., 53, 1984, p. 1919-1922,
[4] M. W. REYNOLDS, I. SHINKODA, W. N. HARDY, A. J. BERLINSKY. F. BRIDGES et B. S. STATT, Phys.
Rev., B 31, 1985, p. 7503-7505.
[5] R. E. ROBERTS, R. B. BERNSTEIN et C. F. CURTISS, J. Chem. Phys., 50, 1969, p. 5163-5176; R. J. LE
ROY et R. B. BERNSTEIN, J. Chem. Phys., 54, 1971, p. 5114- 5126.
[6] R. SPRIK, J. T. WALRAVEN et I. F. SILVERA, preprint.
[7] Yu. KAGAN, G. V. SHLYAPNIKOV, I. A. VARTANYANTSet N. A. GLUKHOV, Sov.Phys. J.E.T.P. Lett., 35,
1982, p. 477-481; M. PAPOULAR, J.L.T.P., 50, 1983, p. 253-258.
[8] D. MATTIS et S. RUDIN, Phys. Rev, Lett,, 52, 1984, p. 755-758.

Centre de Recherches sur Les Très Basses Températures,


C.N.R.S,, B.P. n° 166 X, 25, avenue des Martyrs, 38042 Grenoble Cedex.
C.R. Acad. Sc, Paris, t.301, Série II, n° 9, 1985 575

CRISTALLOGRAPHIE. — Une méthode simple pour élaborer des monocristaux de


chlorure et bromure mercureux. Note de Jean-Pierre Chapelle, présentée par Erwin-Félix
Bertaut.

Nous décrivons un dispositif simple qui permet d'obtenir par sublimation des monocristaux de Hg2Cl2 et
Hg2Br2 possédant de bonnes qualités optiques.

CRYSTALLOGRAPHY.— A simple method to obtain single crystals of Hg2Cl2 and Hg2Br2.


We describe a simple device allowing to obtain by sublimation single crystals of Hg2Cl2 and Hg2Br2 with good
optical quality.

Les monocristaux de chlorure et bromure mercureux sont isomorphes et leur groupe


ponctuel à température ordinaire est D4/l. Ils sont doués de propriétés physiques très
attirantes. Leur biréfringence est très forte; par exemple, dans le cas de Hg2Cl2, n0 = 2,014
et na=2,787 pour A.=0,488 u. D'autre part leur constante élastique e66 est très faible, de
l'ordre de 1.10- 11 dynes/cm2. On pourrait donc espérer utiliser ces cristaux dans de
nombreux dispositifs optiques, ou encore réaliser avec eux des lignes à retard de faible
longueur. Malheureusement, leurs possibilités sont limitées par de mauvaises propriétés
mécaniques (ils se clivent facilement) et surtout par leur instabilité sous l'action de la
lumière qui les fait très lentement évoluer.
Les possibilités potentielles des halogénures mercureux expliquent l'effort de cristallo-
genèse qui a été faite à leur sujet. La meilleure méthode consiste à travailler par
sublimation. Les températures indiquées dans la littérature ([1], [2]) sont d'environ 450°C;
ceci implique de travailler avec des ampoules en quartz car la pression est d'au moins
10 atm.
En dehors des propriétés qui risquent de posséder un intérêt technique, ces cristaux
subissent un changement de phase continu de type displacif à 185 K pour Hg2Cl2 et
143 K pour Hg2Br2. C'est afin d'étudier ce changement de phase que nous avons été
conduits à mettre en oeuvre la méthode d'élaboration par sublimation que nous nous
proposons de décrire. Elle présente l'avantage de permettre de travailler dans ces condi-
tions beaucoup plus faciles que celles qui ont été indiquées antérieurement.
Le four est constitué par un tube de pyrex de longueur totale 38 Cm et de diamètre
extérieur 3 cm sur lequel est enroulé un fil de nichromedont la résistance totale est de
25 Q. La distance entre les spires est de 0,5 cm sur une longueur de 25 cm et de 1 cm
dans la portion supérieure du four sur une longueur de 5 cm, ce qui permet de réaliser
un gradient de température entre les deux portions de l'élément chauffant. L'expérience
nous a montré que la régulation de température est suffisante lorsque le four est connecté
à un stabilisateur de tension, à la suite duquel est placé un autotransformateur. Bien
entendu, de bons résultats ne peuvent être obtenus qu'à condition que la température
extérieure soit aussi constante que possible. C'est la raison pour laquelle le four est
entouré par une chemise d'eau, constituée par deux tubes de verre entre lesquels circule
de l'eau provenant d'une cuve de 100 1 où la température est régulée à 30°C. Après
quelques essais, nous avons trouvé que les meilleures conditions de croissance sont les
suivantes : tL^375°C (et %c=:340°C)pour Hg2Cl2, tL^390°C (et tH^360°C) pour Hg2Br2
(fig. 1). La tension appliquée au four est alors de l'ordre de 100 V.
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C. R.. 1985. 2e Semestre (T. 301) Série II — 41


576 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9,1985

Fig. 1

Fig. — Position de l'ampoule dans le four avant le début de la croissance.


1.
F, fermeture en laiton; I, isolant.
Fig. 1.— Position of the bulb in the furnace before the beginning of the growth.
F, brass closure; I, insulator; length of the broken part: 14 cm.
Fig. 2. — Ampoule utilisée.
Fig. 2. — Bulb used.

Comme la pression ne dépasse certainement pas 2 atm, l'ampoule peut être constituée
par du verre; nous avons utilisé un tube de pyrex long de 20 cm dont le diamètre
extérieur était 2,5 cm et l'épaisseur 0,1 cm. Après introduction du produit dans la partie
cylindrique de l'ampoule, les extrémités M et N (fig. 2) sont soudées; l'ampoule est
soumise à l'action d'une pompe à vide secondaire pendant 1 jour de manière à ce que
toute trace d'eau soit éliminée et le tube (C) est fermé en A. La partie supérieure de
l'ampoule est reliée par un fil d'acier fin à une poulie fixée sur l'axe d'un moteur.
Les produits commerciaux sont assez impurs. Ils contiennenten particulier des quantités
non négligeables d'halogénure mercurique. C'est la raison pour laquelle nous leur avons
fait subir, après séchage, trois sublimations successives sous vide : le produit se trouve
dans un tube scellé disposé verticalement; la partie inférieure de ce tube se trouve dans
un four qui la porte à 80°C et la partie supérieure est dans l'air à température ordinaire.
Au début de la croissance, il est nécessaire d'ajuster manuellement la position de
l'ampoule dans le four de manière à ce que l'interface cristal-vapeur se trouve au milieu
du bulbe B (fig. 2) et garde une position constante au cours du temps. Un mouvement
C. R. Acad, Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985 577

de translation de l'ampoule vers le haut avec une vitesse de 4 mm en 24 h est ensuite


réalisé à l'aide du moteur. Le cristal obtenu, en général de 5 à 6 cm de long, est refroidi
en 2 jours par diminution progressive de la tension appliquée au four.
Après le refroidissement, nous avons parfois observé de très petites gouttes de mercure
entre le cristal obtenu et la paroi intérieure de l'ampoule. Ceci montre que dans la phase
vapeur il existe un équilibre dépendant de la température entre l'halogénure mercureux,
le mercure et j'halogénure mercurique. Il ne nous est donc pas possible de savoir si dans
le procédé qui vient d?être décrit on travaille par sublimation ou par transport en phase
gazeuse.
Les monocristaux obtenus ont pu être étudiés sans difficultés par effet R aman, par
effet Brillouin [3] et par diffusion des neutrons [4]. Ceci constitue la meilleure preuve de
la qualité des matériaux élaborés.
Reçue le11 juillet 1985, remise le 5 août 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] C. BARTA, Krystall und Techhik, ;5, 1970, p. 541,


[2] C. BARTA, J. Crystal Growth, 65,1983, p. 351.
[3] X. A,. CAO, G. HAURET et L P. CHAPELLE, Solid State Comm., 24, 1977, p. 443.
[4]
I978,L 721.
J. P. BENOIT, X. A. CAO, Y. LUSPIN,J. P. CHAPELLE et I. LEFEVRE, J. Phys. C Solid State Phys., 11,

Laboratoire de Physique cristalline. Bât. n° 490, Université Paris-Sud, 91405 Orsay.


C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985 579

CHIMIEDE L'ÉTAT SOLIDE. — Composésd'insertion du graphite à couches alternées


de dichlorures d'éléments de transition et de métaux alcalins. Note de Guy Furdin, Lachdar
Hachim, Daniel Guérard et Albert Hérold, présentée par Paul Hagenmuller.

L'action ménagée d'un métal alcalin en phase vapeur sur des composés de stade 2 des dichlorures de
cadmium ou de cobalt a conduit à des phases contenant des couches alternées des deux réactifs. Parallèlement
à l'insertion se produit une réduction partielle de l'halogénure par le métal alcalin, plus marquée pour le
sodium que pour les alcalins lourds.
Le lithium a pu être inséré par compression des composés graphite chlorure pulvérulents avec du lithium en
poudre.
L'insertion comparée du sodium et du brome dans un composé de stade 4 du dichlorure de cadmium montré
que celui-ci est un accepteur d'électrons plus fort et un donneur d'électrons plus faible que le graphite.

SOLID STATE CHEMISTRY. — Graphite intercalation compounds with allernating layers of transition
metal dichloridesand alkali metals.
The reaction of an alkali metal, under mild conditions, with stage 2-graphite intercalation compounds of
cadmium or cobalt dichloride leads to new phases which contain alternating layers of the halide and the metal,
Intercalation is accompanied by a partial reduction of the halide which is more significant with sodium than
with the heavy alkali metals.
Lithium, as a powder, has been intercalated under pressure into powder graphite-chloride compounds.
The difference between sodium and bromine intercalation into a CdCl2-graphite of stage 4 shows that this
compound is a stronger electron acceptor and a lower electron donor than graphite.

Dans une Note précédente [1] a été décrite une série de nouveaux composés du graphite
à couches alternées, résultant de l'insertion de chlorures en phase vapeur dans des
composés de 2e stade de chlorures moins volatils.
Les réactions de bi-insertion décrites ici utilisent deux des structures d'accueil employées
précédemment : les composés de stade 2 des dichlorures de cadmium et de cobalt dont
les structures et les paramètres cristallins sont très proches. Mais les réactifs que l'on a
cherché à insérer dans ces phases sont des réducteurs énergiques capables de ramener les
dichlorures à l'état métallique. Seules des conditions ménagées peuvent donc privilégier
l'insertion des alcalins par rapport à la réduction des chlorures.
Les réactions sont effectuées en tube de verre scellé, l'échantillon de pyrographite
(HOPG de Union Carbide) étant déplacé à intervalles réguliers dans une partie amincie
du tube aux fins d'examen radiocristallographique(rayonnement KOE du molybdène): La
figure 1 montre l'évolution du diffractogramme 00 l d'un composé de 2e stade graphite-
CoCl2 soumis à l'action du potassium. Les pics de la structure d'accueil font progressive-
ment place à ceux du composé de bi-insertion.
Le comportement des alcalins lourds et du sodium vis-à-vis du composé graphite-CdCl2
de stade 2 est tout à fait comparable à celui observé dans le système graphite-CoCl2-K.
Nous apportons ici les preuves de la bi-insertion par les données du tableau : il montre
que la valeur expérimentale de la distance Ic séparant deux couches insérées de même
nature est sensiblement la même que celle calculée en additionnant les distances correspon-
dantes dans le composé du stade 1 de CdCl2 (0,958 nm) et dans ceux des métaux.
Dans le cas du lithium, bien moins volatil que les autres alcalins, la bi-insertion a pu
être obtenue par compression suivie de recuit d'un mélange de composé graphite-CdCl2
de stade 2 en poudre avec du lithium divisé.
Malgré l'emploi de conditions ménagées, une réduction partielle des dichlorures par
les métaux alcalins n'a pu être complètement évitée. Le diffractogramme hkO d'un ;
composé graphite-CdCl2-K, présenté sur la figure 2, montre cependant,que les produits
de réduction (chlorure de potassium et cadmium métallique) sont en proportion, faible

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580 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 9,1985

Fig. 1. — Évolution du diffractogramme 00/ du composé graphite CoCl2 2e stade soumis à l'action de la
vapeur de potassium; (a) au temps t=0 : structure d'accueil; (b) après 40 h de réaction : coexistence des
réflexions relatives à la structure d'accueil et des réflexions relatives au composé de bi-insertion; {c) après
60 h de réaction: les réflexions relatives à la structure d'accueil ont pratiquement disparu, les réflexions
principalescorrespondent à la phase bi-insérée.
Fig. 1. — Changes in 001 diffraction pattern of 2nd stage CoCl2 intercalated graphite under the action of
potassium vapour: (a) at tinte t = 0: host structure; (b) after 40 hrs.: coexistence of reflections from both the
host structure and bi-insertion compound; (c) after 60 hrs.: reflections due to host structure have practically
disappeared, the main reflections arising from the bi-intercalated phase.

par rapport au composé de bi-insertion. (Le pic large situé vers 9 = 5° correspond à la
diffusion des rayons X par le tube laboratoire.)
On observe que les pics relatifs au composé de bi-insertion se limitent à ceux des
feuillets graphitiques et du dichlorure. Les couches de métal alcalin ne donnent pas de
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II,n° 9,1985 581

TABLEAU

Distances Ic entre couches insérées de même nature dans les composés


de bi-insertiongraphite-chlorure de cadmium-métal alcalin.
c axis repeat distance between similar intercalated layers
in graphite CdCl2-Alkali metal biintercalation compounds.

lc calculée Ic mesurée
Métal alcalin (nm) (nm)

Na.. .... .
1,408 1,380
K. .
Rb..
.... ....
........:..
...
. . . . . .
1,490 1,490
... . .
1,520 1,525
Cs... . . . ... . ..... . .
1,551 1,510

réflexions hkO, ce qui suggère qu'elles ne sont pas ordonnées à grande distance dans
leur plan à la température ambiante.
Des résultats comparables à ceux du potassium ont été obtenus avec les autres alcalins
lourds. Dans le cas du sodium, la réduction est plus marquée en raison de la température
élevée nécessaire à la vaporisation du métal. Il en résulte un moins bon accord entre les
valeurs Ic mesurées et calculées figurant au tableau. Dans le cas du composé graphite-
chlorure de cobalt, les diagrammes hkO laissent également apparaître le phénomène de
réduction, qui paraît un peu plus marqué que pour le composé correspondant de CdÇl2.
La résistance électrique d'un échantillon de composé graphite-CdCl2 de stade 2 a été
suivie durant l'insertion du potassium par une méthode inductive. La résistivité augmente,
passant de 7,5 uQ cm environ à près de 30 uQ cm : les « trous » positifs créés dans la
bande de valence par l'insertion du chlorure de cadmium qui fonctionnent comme
accepteur d'électron sont progressivement neutralisés par les électrons apportés par le
métal alcalin.
La bi-insertion n'est pas limitée aux composés du graphite de stade 2. Les premiers
essais effectués sur un binaire graphite-CdCl2 de stade 4 ont porté sur l'insertion du

Fig. 2.- — Diffractogramme h k Odu composé :


de bi-insertion graphite CdCl2-potassium.
Fig. 2. — h k O diffractionpattern of bi-intercalation
compound graphite-CdClj-K.
582 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

sodium et du brome qui ont donné des phases dont les distances Ic s'accordent avec les
séquences G/G/cGkGkG/0'= CdCl2, /c = Na) et G/G2kG2/0' = CdCl2, fc = Br2). L'inser-
tion de CdCl2, en abaissant le niveau de Fermi du graphite, défavorise l'insertion
ultérieure du brome qui n'arrive à occuper qu'un intervalle interfeuillets sur 4 au lieu
de 1 sur 2 dans le graphite pur; elle favorise au contraire l'insertion du sodium qui
occupe tous les intervalles restés libres, alors qu'il ne forme avec le graphite pur que des
composés pauvres (du 6e au 8e stade). La modificationdu pouvoir accepteur et donneur
du graphite par une première insertion permet d'espérer fixer par bi-insertion des espèces
chimiques inactives vis-à-vis du graphite pur.
Remise le 20 mai 1985, acceptée après révision le 24 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] G. FURDIN, L. HACHIM, N. E. NADI, M. LELAURAIN, R. VANGELISTIet A. HÉROLD, Nouveaux composés


d'insertion du graphite contenant deux chlorures métalliques en couches alternées, Comptes rendus, 301, série II,
1985, p. 87-92.
[2] L. HACHIM, Thèse de Docteur-Ingénieur, Nancy, 1984.

Laboratoire de Chimie du Solide minéral, L.A. n° 158,


Service de Chimie minérale appliquée, B.P. n° 239,
54506 Vandoeuvre-lès-Nancy Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n°9, 1985 583

CHIMIE MÉTALLURGIQUE. — Pics de frottement intérieur dus au carbone dans


des alliages Nb-Zr. Note de Bernard Heulin, présentée par Jacques Bénard.

L'étude par frottement intérieur d'alliages Nb-2Zr-C à différentes teneurs en carbone montre l'existence de
deux pics situés à 255 et 300°C et liés à la présence du carbone en solution solide. Elle permet de plus de
confirmer la faible solubilité du carbone et la mauvaise trempabilité de ces alliages.

METALLURGICALCHEMISTRY. — Internal friction peaks due to carbon in Nb-Zr alloys.


Internai friction study of Nb-2Zr-C alloys for different carbon contents shows two peaks due to carbon at a
temperature of 225 and 300°C. The solubility of carbon is weak and the quenching ability of the alloys very
bad.

Parmi les études sur le frottement intérieur dû aux interstitiels dans des alliages binaires
à base de niobium ([1] à [4]), le carbone est l'élément qui a été le moins étudié. Sa faible
solubilité et la mauvaise trempabilité des solutions solides obtenues limitent l'intervalle
de concentration exploré et, par conséquent, l'amplitude des phénomènes observables.
Lors d'un précédent travail [5] effectué sur des alliages Nb-Ti-C, nous avions mis en
évidence trois pics liés à la présence du carbone en solution solide et situés respectivement
à 255, 315 et 350°C.
Nous donnons dans la présente Note les résultats d'une étude de l'influence du
carbone interstitiel sur le frottement intérieur à basse fréquence d'un alliage Nb-Zr et les
comparerons à ceux obtenus précédemment.
PRÉPARATION DES ALLIAGES. — L'alliage binaire Nb-Zr étudié contient 2,00+0,10% at
de zirconium. Il a été élaboré par fusion au four à bombardement électronique [6]. La
teneur globale en impuretés métalliques est inférieure à 200.10 -6 et la teneur en impuretés
non métalliques est de l'ordre de 200.10-6 (O : 100, N : 50, C : 30.10-6).
Après transformation à froid par forgeage, laminage et martelage, en fils de 0,5 mm
de diamètre, les échantillons sont carbures dans les conditions suivantes :

recuit de recristallisation sous un vide de 10- 4 Pa d'une durée de 5 mn à 1100°C;

recuit de carburation sous une pression partielle d'acétylène de 10 -2 Pa d'une durée
comprise entre 15 s et 5 mn à une température de 1500°C;

recuit d'homogénéisation sous un vide de 10- 4 Pa d'une durée de 30 s à une
température de 1 850°C, suivi d'une trempe à l'hélium.
Le diamètre moyen des grains après ces recuits, est de 100 um. Les teneurs en carbone,
comprises entre 0,015 et de 0,7 % at, ont été déterminées après combustion des échantillons
dans un courant d'oxygène ultra pur à 1200°C, par dosage par conductimétrie différent
tielle du dioxyde de carbone formé [7]. Le paramètre de maille de l'alliage, mesuré en
fonction de la teneur en carbone, ne varie pas de façon décelable : ceci indique que la
quantité de carbone susceptible d'être retenue en solution solide interstitielle par trempe
est très faible en accord avec différentes études effectuées sur le système Nb-Zr-C dans
la zone riche en niobium ([8], [9], [10]).
FROTTEMENT INTÉRIEUR : RÉSULTATS. — Le frottement intérieur a été déterminé à l'aide
d'un pendule de torsion inverse, sous un vide de 10- 3 Pa à une fréquence de 1 Hz.
L'amplitude des oscillations correspond à une déformation maximale de 5.10 -6?; la
température est repérée à + 1°C.

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584 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

Fig. 1. —
Spectres de frottement intérieur pour différentes teneurs en carbone.
Fig. 1. — Internalfriction spectrafor different carbon contents.
Fig. 2. —
Variation de la hauteur du pic en fonction de la teneur en carbone.
Fig. 2. — Variation of the peak height versus carbon content.

Les spectres de frottement intérieur obtenus sont rassemblés dans la figure 1. Leur
examen permet de constater qu'à teneur croissante en carbone les deux pics apparents,
situés à environ 225 et 300°C, passent par un maximum et semblent évoluer parallèlement;
comme on le verra, leur origine et la cause de leur décroissance sont cependant différentes.
Ces spectres ont été décomposés en pics élémentaires de Debye par une méthode de
décompositionpar soustractions et itérations successives [11]. Cette méthode a conduit à
résoudrechacun des pics apparents en trois pics simples dont les caractéristiques(tempéra-
ture et hauteur) sont données dans le tableau I.

TABLEAU

Caractéristiques des pics dus au carbone


Characteristicsof the peaks due to carbon
Pic Pic Pic Pic Pic Pic
Teneur à 155±5°C à 190±5°C à 220±5°C à 25S±5°C à 300±5°C à 340±5°C
en C (% at) <Q^. 103) (Q'i. 103) ((££. 103) (Q",1,. 103) «£i. 103) ((£i. 103)
0,05 0,4 1 1,8 0,5 1,9 0,4
0,08 0,5 1,1 2,5 0,9 1,8 0,5
0,1 0,3 0,7 1,4 0,4 1,6 0,4
0,19 0,1 0,3 0,6 0,5 0,7 0,3
0,6 0,1 0,3 0,5 0,3 0,5 0,2
0,7 0 0 0,1 0,2 0,2 0,1

DISCUSSIONET INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS. — Les hauteurs des trois pics apparaissant
aux températures les plus basses évoluent d'un échantillon à l'autre de façon sensiblement
parallèle. Ces pics sont liés à la présence d'oxygène, le premier correspondant au pic de
Snoek (155°C) et le troisième à 220°C au pic d'interaction Zr-O [12]. Bien que liée à la
présence d'oxygène, l'origine du pic à 190°C n'a pas été clairement établie. L'observation
de ces pics s'explique par une contamination par l'oxygène présent à l'état d'impureté
dans l'acétylène utilisé pour la carburation, les alliages Nb-Zr présentant au surplus
une grande aptitude à l'oxydation. Cette contamination, d'abord croissante, diminue
ultérieurementlorsque la teneur en carbone devient supérieure à 0,08% at, alors que la
durée de carburation continue d'augmenter. Cette inversion est liée à une réaction de
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985 ;585

désoxydation selon <Q>+<C>-*CO favorisée par une concentration croissante en


carbone [13].
Les deux pics suivants sont directement liés à la présence de carbone en solution solide
interstitielle. Le pic situé à 255°C est le pic de Snoek du carbone. Il a été précédemnient
signalé par Powers et Doyle [14] à une température de 258°C pour une fréquence de 0,5 Hz
et par J. L. Guille [7] à 268°C pour une fréquence de 0,6 Hz. Ces auteurs soulignent en
outre l'instabilité de ce pic dont la hauteur diminue lors de mesures effectuées à tempéra-
ture décroissante. Nous confirmons ces observations et constatons en outre que la hauteur
de ce pic passe par un maximum en fonction de la teneur en carbone (fig. 2).
Le pic localisé à 300°C doit être attribué aux interactions de type Zr-C : il apparaît à
une température supérieure à celle du pic de Snoek du carbone, en conformité avec les
résultats obtenus par ailleurs dans le cas des alliages Nb-Zr-N [15] et Nb-Ti-C [5]. La
décroissance de ce pic dès 0,05 % at-C est à rapprocher de celle observée pour le pic de
Snoek : elle illustre la difficulté de maintenir, par trempe, du carbone en solution solide
sursaturée. L'examen par microscopies optique et électronique a permis de confirmer la
présence de précipités à partir d'une teneur en carbone de 0,08 % at et l'analyse aux
rayons X des phases précipitées, après extraction par voie chimique, conduit à l'identifica-
tion des deux carbures de niobium Nb2C et Nb3C2.
Quant au pic situé à 340°C et toujours présent, sa position et sa faible amplitude; sont
compatibles avec des interactions du type Zr-N [15] résultant de l'azote contenu à l'état
d'impureté dans l'alliage.
CONCLUSION.

La confrontation de ces résultats à ceux obtenus précédemment
dans le cas des alliages Nb-4,6Ti-C permet de dégager les comparaisons et conclusions
suivantes :

le zirconium limite de façon encore plus drastique la quantité de carbone qu'il est
possible de maintenir par trempe en solution solide, à la température ambiante:
0,08 % at C pour l'alliage Nb-2 Zr, 0,14 % at C pour l'alliage Nb-4,6 Ti;
— cet
effet, compte tenu d'une teneur en zirconium comparativement plus faible,
explique l'absence d'un pic du type Zr-C-Zr tel qu'il a pu être décelé pour les alliages
contenant du titane;

la température du pic de Snoek du carbone est la même (255°C) pour les deux
alliages; elle est intermédiaire entre les températures des pics de. Snoek de l'oxygène
(155°C) et de l'azote (280°C);

les pics attribués aux interactions Zr-C et Ti-C se situent à des températures
voisines (300 et 325°C respectivement) et intermédiaires entre les températures des pics
correspondants Zr-O et Zr-N d'une part, Ti-O et Ti-N d'autre part : cette proximité est
à rapprocher de la faible différence entre les enthalpies libres de formation des carbures
ZrC ( — 179 kJ) et TiC ( — 177 kJ) et semble indiquer que c'est le facteur affinité chimique
et non le facteur dimensionnel qui est prépondérant pour la position du pic d'interaction
dans l'échelle des températures.
Remise le 6 mai 1985, acceptée le 24 juin 1985.

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C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

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École nationale supérieure de Chimie de Strasbourg,


DépartementScience des. Matériaux, 67008 Strasbourg Cedex.
C.R. Acad. Sc.Paris, t. 301, Série II, n°9, 1985 587
METALLURGIE.— Sur l'influence du manganèse sur l'élaboration d'une nouvelle
nuance d'acier « dual » ferrito-martensitiqueductile.Note de Xi Jing He, Nobuzo Terao
et Aurel Berghezan, présentée par Paul Lacombe.
En agissant sur un seul élément;d'addition,— le manganèse — à un acier à 0,1 % G, il est montré que l'on
peut obtenir un acier essentiellement constitué de deux phases : ferrite et martensite (acier « dual ») autotrem-
pant et ductile à la; température ambiante. Cette bonne ductilité est obtenue en augmentant par addition
suffisante de manganèse la trempabilité de l'acier et en affinant le grain final par plusieurs cycles de recuit en
phase (y) suivis de trempe à l'eau avant d'effectuer le dernier recuit dans le domaine (çx+y) suivi d'une trempé
à l'air.

METALLURGY. — On the influence; of manganèse in the development of a new nuance of ductile,


ferritic-martensitic"dual" phase steel.
By varying the content of a single alloying élément — manganèse —in a 0,1% wt C steel, it has been shown that
one can realize a self-quenching, ductile "dual" phase steel at room temperature. This good ductility is realized
by both varying the Mn content to increase the hardenabilityof the steel and by decreasing the final grain size by
several thermal cycles, consisting of heating into the austenitic region followed by water quenching. These cycles
are then finally followed by heating into the two phase (a+y) region and air quenching.

Dans une Note précédente [1] et deux publications ultérieures ([2], [3]), nous ayons
surtout étudié les mécanismes de déformation plastique et de rupture d'une nuance d'acier
« dual » élaborée au laboratoire qui conduisait curieusement à une rupture prématurée.;
Ces premières études avaient pour but de comprendre les raisons de cette rupture précoce
afin d'y porter remède.La composition chimique de.cet acier à rupture prématurée et
donc à faible allongement de rupture (~20%) était proche de celle.d'un acier ordinaire
(C=0,l%,;Mn=0,5%). Pour obtenir dans cet acier la structure désirée biphasée
(«dual») (ferrite+martensite) la trempe finale devait être réalisée par refroidissement
brutal dans l'eau salée depuis le domainebiphasé (oç+y), soit 840°C. Les études antérieures
sur la microstructure de cet acier ont révélé que celle-ci présentait des caractéristiques
néfastes à la ductilité, à savoir
- la présence aussitôt après trempe dans l'eau froide de tapures dues à une trop
faible trempabilité de l'acierne permettant pas un refroidissementplus lent;
— une taille moyenne du gram trop élevée (~20 um);
- presque toute la martensite provenant de la trempe de l'austénite (y) au cours de
la trempe brutale àl'eau formant un liséré plus ou moins fin et continu entourant presque
entièrement tous les grains; de la ferrite.
Ceux-ci, en dépit de leur grande ductilité intrinsèque, ne pouvaient se déformer que si
ce liséré martensitique se fissurait. Cette fissuration du liséré martensitique apparaissait
dès le début de la déformation etse poursuivait tout au long de la déformation, fissuration
accompagnéede formation de cavités de plus en plus grandes et profondes.
Ces premières observations microstructurales nous ont conduits aux remèdes suivants.
1. AUGMENTATION DE LA TREMPABILITÉ PAR L'ÉLABORATION D'UNE NUANCE
AUTO-TREMPANTE. — En maintenant constante la teneur en carbone (à 0,1 %), l'augmenta-
tion de la teneur en manganèse permet d'obtenir pour une teneur de 2,5 % Mn une nuance
auto-trempante, c'est-à-dire que la trempe à l'air, d'une part donne une microstructure où
la martensite ne forme plus un liséré encadrant les grains ferritiques, d'autre part permet
de diminuer la température de trempe à 790°C au lieu de 840°C. Ceci est dû au fait que
le manganèse a baisse la température de transformation A1et la teneur du point eutectôïde
qui se déplace vers les plus faibles teneurs en carbone.
10249-6305/85/03010587 $ 2.00 © Académiedes Sciences
588 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

TABLEAUI

Ac1 Ac3
Nuance acier (°C) (°C)

Fe-0,11% C-1,36%Mn 720 865


Fe-0,11% C-2,27% Mn 705 840
Fe-0,11% C-3,26%Mn 680 830

Le tableau I montre l'abaissement des points de transformation au chauffage : Ac1 et


Ac3.
2. AFFINEMENT DU GRAIN FINAL. Pour obtenir une microstructure à grains très fins

avant le recuit dans le domaine (oc+y), nous avons effectué plusieurs cycles de recuit et
de trempe comme ceux proposés par R. A. Grange ([4], [5]), B. Karlson [6] puis par
J. K. Koo et G. Thomas [7] sur plusieurs nuances à 1; 1,5; 2 et 2,5 %Mn. La figure 1
montre que ces traitements thermiques d'affinementdu grain comprendtrois cycles courts
de réchauffage au-dessus de Ac3 dans un bain de plomb suivis d'une trempe à l'eau
salée, à l'exception du refroidissement du dernier cycle qui est une trempe à l'air. La
microstructure finale des aciers est alors constituée d'une matrice ferritique accompagnée
suivant la teneur en Mn, d'une ou plusieurs phases telles que la perlite, de la bainite ou
de la martensite. Après ces traitements d'affinement du grains, ces aciers subissent un
dernier recuit dans le domaine (a+y) suivi d'un refroidissement à une vitesse aussi faible
que possible mais suffisante pour obtenir de la martensite. Celle-ci n'apparaît en fait que
pour l'acier à 2,5% Mn trempé à l'air.

EXPLICATIONS DE LA PLANCHE

Fig. 1. — Schéma des cycles de traitements thermiques effectués sur les aciers à 2,5% Mn en vue de diminuer
la taille du grain et produire la structure bi-phasée «dual» (F + M). Les chiffres (1) et (2) indiquent
respectivement la trempe rapide à l'eau salée et le refroidissement à l'air.
Fig. 1. — Schematic representation of the thermal treatment cycles which have been performed on an ordinary
low carbon steel containing 2,5% wt Mn, in order to obtain: firstly, a significant decrease in its grain size, and
secondly, a "dual" phase structure (F+M).
Fig. 2. — Micrographieoptique montrant plusieursphases (phases multiples) qu'on peut obtenir dans un acier
à 2,5% Mn refroidi à l'air. On observe : la martensite (en noir) au coeur des anciens grains d'austénite; la
ferrite épitaxique entourant la martensite (les zones blanches) qui indiquent bien les limites des anciens
grains austénitiquestransformés en ferrite lors du dernier refroidissementà l'eau et la ferrite présente à côté
de l'austénitelors du dernier recuit dans le domaineintercritique(a + y) et qui s'est conservée non transformée
(N.T.) lors du dernier refroidissementà l'air (fond plus gris).
Fig. 2. — Optical micrograph showing a multiple phase structure which can be obtained in a steel containing
2,5% wt Mn by air cooling after an intercritical annealing in the 2 phase region (a+y). One observes: (in
black) in the core of the former austenite grains, the martensite; surrounded by (white) zones of transformed
ferrite clearly showing the formed limits of the austenite grains andfinally, the background (in gray) shows the
retained ferrite (or non-transformed ferrite).
Fig. 3. — Micrographie en microscopieélectronique à balayage montrant à nouveau la présence de phases
multiples dans un acier à 2,5% Mn à grains très fins. M, martensite; FR, ferrite retenue; FT, ferrite
transformée.
Fig. 3. — Scanning électron micrograph showing again the presence of a multiphase structure in a 2.5%wt Mn
steel having a very small grain size. M, martensite; FR, retained ferrite ; FT, transformed ferrit.
Fig. 4. — Quatre formes typiques de courbes de traction d'aciers « dual » à différentes teneurs en Mn.
Fig. 4. — Four typical stress-strain curves of a dual phase steel containing different amounts of manganese.
PLANCHE I/PLATE I Xi JING HE
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985 591

Fig. 5. — Deux micrographies (en fond clair et en fond noir) en microscopie électronique par transmission
montrant un cristal insulaire d'austénite retenue incrusté dans une matrice ferritique. L'image en champ
noir (en bas) a été obtenue en utilisant la réflexion diffractée (200) de l'austenite (c. f. c).
Fig. 5. — Two transmission electron micrographes showing both (in bright and dark fields) an insular crystal of
retained austenite embbeded in a ferrite matrix. This insular crystal of austenite has been retained to room
temperature after air cooling and annealing in the intercritical two phase region (a + y); the dark field image
was obtained by using the (200) reflection of the f. c. c. austenite (y phase).

3. MICROSTRUCTUREDE L'ACIER A 2,5% Mn (fig. 2 et 3). — Celle-ci, révélée par attaque


au « nital » (solution alcoolique à 2 % HN03) et examen au microscope optique et
électronique à balayage, montre une taille très fine de la ferrite (3 à 4 um) avec l'absence
d'un liséré martensitique encadrant les grains de ferrite. En fait, la martensite se trouve
à l'état de grains dispersés à l'intérieur des grains ferritiques et isolés par rapport à
d'autres plages de martensite. Ainsi celles-ci forment des grains « insulaires » ([8], [9],
[10]) (fig. 3) au lieu du liséré continu aux joints des grains ferritiques. De plus, on observe
de la « ferrite transformée » et de l' austenite résiduelle.

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 42


592 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

TABLEAU II

Acier « dual »
à 2,5%Mn

Limite d'élasticité R0,2. 323 MPa


Charge à la rupture R.
. .
. 675 MPa
Allongementuniforme 20,5%
Allongementde rupture 29,8%
Rapport R0,2/R 0.48

L'examen plus approfondi de la figure 3 montre en outre :


— que la ferrite transformée (F.T.) entoure et ainsi subdivise les grains de la ferrite
non transformée (ou retenue) (F.R), ce qui suggère que cette subdivision a lieu lors du
refroidissement lent à l'air;
— que l'austénite résiduelle apparaît sous forme de « grains insulaires » très petits plus
facilementidentifiables par microscopie électronique par transmissionque par microscopie
électronique à balayage (fig. 5).
La quantité d'austénite résiduelle a pu par spectrométrie Mössbauer être estimée à une
valeur aussi élevée que 7 %, ce qui représente un tiers de la phase dispersée.
Enfin les propriétés mécaniques à la traction ont été mesurées à la température
ambiante sur éprouvettes plates de 3 mm d'épaisseur, de 25 mm de longueur utile et de
6,25 mm, de largeur. La traction s'est effectuée à la vitesse de 2 mm/mn (tableau II et
fig. 4).
En conclusion, le tableau II montre que la ductilité de la nouvelle nuance d'acier
« dual » étudiée est bien supérieure à celle de l'acier antérieurement étudié à 0,5% Mn.
Cette ductilité se manifeste par une différence sensible entre l'allongement uniforme et
l'allongement total à la rupture, celle-ci s'effectuant avec une striction non négligeable.
Ces résultats ont été acquis en agissant uniquement sur la teneur en Mn qui augmente la
trempabilité et sur raffinement du grain créé par plusieurs cycles de recuit et de trempe
avant le dernier traitement de recuit dans le domaine (a + y) et de trempé à l'air.
Remise le 1er juillet 1985.

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Laboratoire de Métallurgiephysique,
Faculté des Sciences appliquées, Université Catholique de Louvain-la-Neuve,
2, place Sainte-Barbe, Bât. 1348, Louvain-la-Neuve,Belgique.
C.R. Acad. Sc. paris, t. 301,Série II,n°9, 1985 593
GÉOTHERMIE. - Inclusions fluides et systèmes géothermiques : des relations entre
l'ébullition et la production de la Mpeur sèche. Note de Nicole Combredet, présentée par
Maurice Roques.

Deux puits distincts (A1et A 17) du champ géothermique de Los-Azufres (Mexique) ont été choisis pour
éprouver différentes approches thermométriques.L'analyse des parageneses minérales hydrothermales permet
de proposer, un ordre de grandeur des conditions géothermiques'qui se situent ici à la limite des faciès à.
àlbite-zèolite et schistes verts. Les précisions apportées par l'étude thermométrique des inclusions fluides
(températures d'homogénéisation et de fusion) s'accordent bien avec les données fournies par les couples
chimiques et parles isotopes del'oxygène. Les, caractéristiquesdes inclusionsfluides observées sous microscope

steam.
à platine,chauffante permettenten effet de reconnaître un puits alimenté par des eaux chaudes et en cours de
refroidissement (A1) d'un puits alimenté par de la vapeur sèche et donc hautement productif (A17). La
technique de la microthermométrie, aisément transportable sur le terrain, semble donc tout à fait appropriée
au suivi des forages géothermiques.

GEOTMERMICS.—.Fluid inclusions and geathermal systems: relations between ebullition and production
of dry
Two distinct wells (A1 and A17) ofthegeathermal field of Los Azufres (Mexico) have been selected to test
different thermometric technics. The description of the hydrothermal,minerais paragenesis allows us to conclude
thaï the geotherml conditions are situated here at the limit of the albite-zeoliie facies and of the greenschist
fades. The precisionsbrought by the thermometric study of the fluid inclusions (temperaturesof homogeneisation
and of fusion) are very well corroborated by the data furnished by the Chemical couples and by the oxygene
isotopes, The characteristicsof the fluid inclusions observed under microscope with heating plate let us recognize
a well supplied by hot waters and cooling (A1) from a well supplied by dry steam and thus highly producting
(A17). The technic of the microthermometry, easily transportable on the field, seems to be quite suitable to the
following of geothermal drilling.

Le champ géothermiquede Los Azufres appartient à la structure édifiée depuis l'oligo-


cène et qui constitue l'arc volcanique transmexicam essentiellement andésitique [1]. On y"
trouve cependant quelques basaltes dacites, rhyolites et ignimbrites [2]. A Los Azufres
même où affleure surtout un volcanisme acide, dacito-rhyolitique, les nombreuses frac-
tures confèrent au substratum une perméabilité secondaire qui draine à elle seule les
fluides hydrothermaux. Il s'agit d'un site de haute énergie dontl'étude a été focalisée ici
sur les puits A1 et A17 qui produisent respectivementeau chaude+ vapeur et vapeur
sèche. L'étude des déblais de forage permet de cerner l'intérêt que présentent ces deux
puits, à long terme, dans un champ qui produit actuellement 25 MW.
LES PARAGNENESESMINERALES ont été établies en fonction de la profondeur ( fig. 1) de
forage qui atteint 2000 m pour le puis A1 [3] et.650 m pour le puits A 17. Cette analyse
nous conduit à regrouper les minéraux en cinq catégories :
— dans la première se classent les minéraux magmatiques tels que les formes de haute
température de la silice-(tridymite et cristobalite), les pyroxènes (augite et hypersthène),
l'olivine et le plagioclase;

dans la seconde on trouvé les minéraux ubiquistes (calcite, hématite, quartz, pyrite
et chlorite), mauvais géothermomètres;

la troisième catégorie est faite de. minéraux dont l'existence semble liée à la profon-
deur et qui apparaissent aussi bien dans les horizons basiques (andésites) que dans les
horizons acides (dacites et rhyolites). C'est le cas del'épidote qui apparaît entre 900 et
2000 m (A1), de la wairakite et de l'analcime que l'on trouve respectivement entre 550
et 650 m (A 17) et entre 500 et 560 m (A17). Ces minéraux indiquent des circulations de
fluides à haute température;

0249-6305/85/03010593 $2.00 © Académie des Sciences


594 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985


les amphiboles et les feldspaths alcalins qui sont localisés dans les andésites pro-
fondes et que l'on trouve également dans les rhyolites de surface (feldspaths uniquement)
peuvent avoir une origine magmatique ou hydrothermale. L'ambiguïté ne peut être levée
et l'on évitera de leur attribuer une signification précise;

le cinquième groupe renferme des minéraux argileux comme la montmorillonite, la
kaolinite, et les 1 mix et 2 mix (illite-montmorillonite, expansibles respectivement à 25 et
50 %). On ne les trouvé que dans les rhyolites, tandis que Pillite est présente dans toutes
les roches. La distribution zonée de ces minéraux évoque un gradient géothermique,
cependant leur présence peut être également liée plus ou moins directement à la compo-
sition des roches hôtes. L'interférence de ces deux phénomènes rend l'application géother-
mique délicate. Il apparaît donc que ce sont des conditions épizonales, à la limite entre
le faciès à albite-zéolite (quartz+calcite+chlorite+épidote)et le faciès des schistes verts,
qui ont produit les associations hydrothermalestardives du champ de Los Azufres.
EXPLICATIONS DES PLANCHES

Planche I

Fig. 1. —
Tableau de synthèse des données pétrologiques. a, dans le puits A17; b, dans le puits A1. Les
minéraux représentés sur la figure 1 ont été observés à l'aide des techniques suivantes : O, paragenèse
primaire (observation au microscope); ©, paragenèse secondaire (observation au microscope); CZ
,
diffraction des rayons X (la largeur relative des barres est proportionnelleà l'abondance des minéraux);//////;
observationà la loupe binoculaire. P. vole, paragenèse volcanique; P. hydroth, paragenèsehydrothermale;P.
mixte, paragenèse mixte. Minéraux observés : al, alunite; am, amphibole; ana, analcime; anh, anhydrite; ar,
argiles; au, augite; ca, calcite; ch, chlorite; cr, cristobalite; ep, épidote; fk, feldspath alcalin; fo, forstérite;
hé, hématite; hy, hypersthène; ill, illite; ilm, ilménite; ka, kaolinite; mag, magnétite; mar, marcasite; mi,
mica; 1mix, illite montmorillonite (expansible à 25 %); 2mix, illite montmorillonite (expansible à 50 %); mo,
montmorillonite; pl, plagioclase; pr, prehnite; py, pyrite; qz, quartz; si, sidérite; sc, scolécite; ta, talc; tr,
tridymite; wa, wairakite(équivalent calcique de l'analcime) [11]; zé, zéolite.
Fig. 1. — Synthesis of petrological data, a, well A17; b, well A1. Mineralspresented on Figure 1 have been
studied with the following methods: O, primaryparagenesis(microscopeobservation); ©, secondaryparagenesis
(microscope observation); CZ X ray diffraction (the relative width of the stripes is proportional to the
,
abundance of minerals);//////, observation throw the binocular lens. P. volc, volcanicparagenesis; P. hydroth.,
hydrothermal paragenesis; P. mixte, mixed paragenesis. Observed minerals: al, alunite; am, amphibole; ana,
analcime; anh, anhydrite; ar, clays; au, augite; ca, calcite; ch, chlorite; cr, cristobalite; ep, epidote; fk, k
felspar; fo, forstérite; he, hematite; hy, hypersthene; ill, illite; ilm, ilménite; ka, kaolinite; mag, magnetite; mar,
marcasite; mi, mica; 1mix, illite-montmorillonite(expansible to 25%); 2mix, illite-montmorillonite(expansible to
50%); mo, montmorillonite; pl. plagioclase; pr, prehnite; py, pyrite; qz, quartz; si, siderite; sc, scolecite; ta,
talc; tr, tridymite; wa, wairakite (calcium analogue of analcite) [11]; ze, zeolite.

Fig. 2. — Évolution de la température en fonction de la profondeur, a, dans le puits A17; b, dans le puits A1.
a, courbe des valeurs mesurées dans le puits; b, géotherme(d'après les isothermes); c, courbe d'ébullition de
l'eau pure. Les températuresisotopiquesobtenues avec le couple eau/calcite sont représentées ainsi : 1, pour
8180= —0,6 7oo pour l'oxygène de l'eau; 3, pour 8 18O= —4,0 °/00; et pour le couple eau/quartz : 2, pour
8 18O= —0,6 °/00; 4, pour 8 18O= —4,0 °/°° pour l'oxygène de l'eau. Les histogrammes sont représentés par
un trait. La flèche indique un pic. ca, calcite; qz, quartz. Les mesures du puits A1 sont toutes faites sur du
quartz.
Fig. 2. — Temperature as a fonction of depth. a, in well A17; b, in well Al. a, curve of temperatures measured
in the well; b, geothermal gradient (from the isothermsy, c, ebullition curve of pure water; the isotopic
temperatures obtained with the couple water/calcite are represented as follows: 1, for 8 18O = —0,6 %„; 3, for
8 18O = -4.0 %„; and with the couple water/quartz: 2, for 8 18O= -0.6 %„; 4, for 8 18O =-4.0 °/00 (values
assumed for water oxygene). Histogramms are represented by a Une; arrows indicate peaks. ca, calcite; qz,
quartz. All inclusions of A1 have been studied on quartz.
PLANCHEI/PLATE I NICOLE COMBREDET
PLANCHE II/PLATE II

480m
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985 597

Planche II

Fig. 3. —
Photos d'inclusions (A 17-480 m). On remarque la grande hétérogénéité du rapport gaz/liquide.
Certaines inclusions homogénéisenten phase vapeur (=>), et d'autres en phase liquide (**).
Fig.3. - Inclusions photos (A 17, 480 m); notice the large heterogeneity of the ratio gaz/liquid. Some inclusions
homogeneizeas vapor (=>), and others as liquid (<=*>).

On notera deux différences importantes entre ces deux puits :



la présence de zéolites en A17 : scolécite en surface, wairakite et analcime en
profondeur;

l'absence d'épidqte en;A17, alors qu'un important gradient géothermique a été
mesuré par ailleurs.
INCLUSIONSFLUIDES. — L'étude thermométrique des inclusions fluides hydrothermales
repérées par leurs caractères morphoscopiques ([4], [5]) a porté conjointement sur les
températuresd'homogénéisationet de fusion. Les histogrammes des températuresd'homo-
généisation des différents échantillons ont été placés dans un diagrammetempérature/pro-
fondeur (fig. 2) et comparés d'une part à la courbe d'ébullition de l'eau pure (c)
et d'autre part aux températures mesurées directement dans les puits (a), ainsi qu'au
géotherme(b) tracé d'après lés isothermes. Cette représentation oppose les puits A1 et
AIT. En A1, les températures d'homogénéisation des inclusions (quartz) se placent en
grande majorité entre les courbés (a) et (c) alors qu'elles se situent à des valeurs
beaucoup plus élevées.enA17 (quartz et calcite). Ce caractère vérifie l'étude microscopique
qualitative qui conduit à estimer que les inclusions fluides du puits A1 se sont formées à
des températures inférieures au point d'ébullition [3] tandis qu'en A17, les rapports
volumiques gaz/liquide qui varient considérablement d'une inclusion à l'autre impliquent
que le point d'ébullition avait été dépassé lors du piègeage des fluides hydrothermaux
(fig. 3). Par ailleurs les salinités restent basses (de l'ordre de 1 % pdl eq NaCl), à
l'exception de quelques niveaux (10% pdl eq NaCl), qui présentent d'autre part un
étalement des histogrammes qui peut être la preuve d'arrivées d'eaux latérales (320 et
1000 m en A1, 320 m en A17).
DONNÉES ISOTOPIQUES. — Les températures isotopiques ont été calculées avec
l'équation

pour l'équilibre eau-quartz et avec l'équation :

pour l'équilibre eau-calcite [6].


Les mesures géochimiques ont porté sur les isotopes stables de l'oxygène, 180/160,
dans le puits A1.
Deux séries de résultats sont présentés ( fig. 2), la première assume une valeur de
( —0,6 °/00) du 5180 du fluide réactant alors assimilé à de l'eau chaude, la seconde assume
une valeur de (—4 °/00) du 5180, le fluide réactant étant alors assimilé à de la vapeur.
Les valeurs données par la première série sont beaucoup plus proches de celles obtenues
pour les températures d'homogénéisation des inclusions, ce qui est en accord avec les
travaux antérieurs [7] qui concluaient sur l'existence, à Los Azufres, d'un réservoir d'eau
chaude surmonté par endroits de poches de vapeur. Notons enfin que les géothermomètres
chimiques fournissent des valeurs tout à fait compatibles avec les résultats isotopiques :
598 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

DISCUSSION. — Quatre approches différentes des propriétés géothermiques des puits


Al et A17 de Los Azufres (paragenèses minérales, microthermométrie des inclusions
fluides, températuresdes équilibres isotopiques et géothermomètres chimiques) conduisent
à des résultats convergents. Les associations minérales hydrothermales se situent à la
limite des faciès à albite-zéolite et schistes verts. Les conditions géothermométriques
peuvent être précisées par l'étude des inclusions fluides dont les résultats s'accordent bien
avec les données thermométriques basées sur les isotopes de l'oxygène et sur les couples
chimiques.
Dans le puits A1 les inclusions fluides ont été piégées dans un climat thermique de
moindre intensité que celui correspondant à l'ébullition. Les inclusions primaires donnent
des températures plus élevées que les inclusions secondaires qui, elles, s'apparentent aux
valeurs mesurées actuellement dans le puits.
Dans le puits A17 on a montré que les inclusions fluides ont été piégées dans un climat
d'ébullition qui se manifeste encore puisqu'il y a production de vapeur sèche.
La thermométrie basée sur les températures d'homogénéisation des inclusions fluides
apparaît donc comme un moyen approprié et économique de suivi de forage géother-
mique. En effet, elle permet de relier le puits A1 à un réservoir d'eau chaude et le puits
A17 à une poche de vapeur, et de conclure sur le refroidissement du premier et sur
l'aspect hautement productif du second.
Travaux financés par l'Université de Californie (puits A1) et par le B.R.G.M. (puits A17).
Remise le 17 décembre 1984, acceptée le 22 juillet 1985.

RÉFÉRENCESBIBLIOGRAPHIQUES

[I] A. DEMANT, thèse doct. d'état, Université d'Aix-Marseille, 1981, 259 p.


[2] L. SILVA MORA, Thèse de doct. ing., Université d'Aix-Marseille, 1979, 146 p.
[3] N. COMBREDET, Thèse de doct. 3e cycle, Univ. P.-et-M.-Curie, Paris, 1983, 180 p.
[4] E. ROEDDER, Econ. Geol, 57, 1962, p. 1045-1061.
[5] E. ROEDDER, Econ. Geol, 58, 1963, p. 167-210.
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[7] W. GIGGENBACHY QUDANO LEON, commun, pers.
[8] A. TRUESDELLet D. WHITE, Geothermics, 2, 1973, 154 p.
[9] G. MICHARD, Geochim.-Cosmochim.Acta, 43, 1979, p. 147-156.
[10] C. FOUILLAC et G. MICHARD, Geothermics, 10, n° 1, 1981, p. 55-70.
[11] A. STEINER, Min. Mag., 30, 1955, p.. 691.

Laboratoire de Pétrologie, Université P.-et-M.-Curie,


4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985 599

PÉTROLOGIE. Les mylonites : pièges pour la tourmalinisation deutérique. L'exemple



du granité tourmalinifère de Saint-Renan (Massif armoricain, France). Note de Louis
Chauris, présentée par Michel Durand-Delga.

Dans le granité tourmalinifère de Saint-Renan, protomylonites, ultramylonites et ultracataclasites sont


souvent transformées en tourmalinites. La tourmalinisation est ici un processus post-magmatique, accompagné
par d'intenses transformations deutériques. Les mylonites, zones de perméabilité privilégiées, ont facilite la
circulation dès fluides bores et, en même temps, constitué des pièges pour la tourmalinisation.

PETROLOGY, — Mylonites: traps for the deuteric tourmalinization. The exemple of the Saint-Renan
tourmaline granité (Armorican massif, France).
In the Saint-Renan tourmaline granite, protomylonites, ultramylonites and ultracataclasites are often changed
into tourmalinites. The tourmalinization is here a post-magmatic process, with strong deuteric-
alterations. Mylonites have promotedthe circulation of the boron-rich fluids and, at the same time, formed traps
for the tourmalinization.

Les travaux récents sur la cristallisation de la tourmaline dans les granites ([1] à [5])
privilégient, selon les cas, une genèse primaire par cristallisationmagmatique (ou tout au
moins tardi-magmatique) ou une formation deutérique par remplacement métasomatique.
En vue de contribuer au débat, la Note étudie les aspects particuliers de la tourmalisation
dans les mylonites d'un pluton granitique : le massif de Saint-Renan (Finistère) (localisa-

As.
tion in [6].
Dans le granite stanno-wolframifère de Saint-Renan qui constitue l'élément occidental
de la ceinture batholitique hercynienne médio-armoricaine,la tourmaline s'est développée
au sein de divers ensembles pétrographiques : granité (en plages poecilitiques pluricentimé-
triques), aphtes et pegmatites, greisens, fissures intra-granitiques ou intra-gneissiques,
brèches hydrothermales, filons de quartz, gneiss encaissants... ([7], [8], [4], [9]).
L'abondance de la tourmaline dans toutes ces roches témoigne de leur richesse en bore. Dans le granité à
tourmaline poecilitique, les teneurs vont de 220 à 570.106; dans les aphtes, de 120 à 350; dans un endogranite,
de 330 à 690; dans les greisens, de 100 à 1.180. Dans les tourmalinites s. s. (filons-diaclases,veinules), la teneur,
en bore peut dépasser 20 000.106 (jusqu'à 24300). A l'évidence, une partie du bore contenu dans le magma
est restée dans le granite lui-même (cristallisation d'un faciès du pluton, par abaissement du solidus [5]); une
autre partie à été piégée dans les formations post-magmatiques (greisens) ou expulsée dans des fissures endo-
ou exo-granitiques où la teneur est devenue très élevée (tourmalinites avec intense remplacement métasomati-
que). Dans tous les cas, lès émanations borées ont provoqué de fortes concentrations en fer et, dans une
moindre mesure, en magnésium (tourmalines du type schorl), juxtaposées à un intense blanchiment, dû au
pompage de ces deux éléments; dans quelques cas, elles ont été suivies par le. dépôt de minéraux de Sn, W,

La tourmaline est également très abondante dans les mylonites qui jalonnent le passage
du linéament médio-armoricain. Les déplacements majeurs le long de cette puissante zone
ductile subverticale, à cisaillement dextre ([10], [9]) ont été fixés vers 330 M.a, [11] et sont
ainsi légèrement postérieurs à la mise en place du granite. L'accident linéamentaire prend
en écharpe le massif granitique, selon une direction générale E-W (N 80° à N 100° E
selon les points), sur plus de 35 km [6]; la largeur totale de la zone soumise à l'écrasement ;
dépasse localement 2 km; dans cette zone, les bandes mylonitiques se groupent en
plusieurs faisceaux très allongés. Le coulissage a entraîné la formation de deux types
principaux de roches écrasées (cf. [12] et [13]) : les mylonitesfoliées, d'aspect fluidal, avec
tous les termes de passage entre les protomylonites, les mylonites sensu stricto et les
ultramylonites; les mylonites massives, d'aspect microbréchique, avec toutes les transitions
entre les cataclasites et les ultracataclasites.
0249-6305/85/03010599 $ 2.00 ©Académie des Sciences
600 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

La tourmalinisation a pu affecter les différents types de mylonites. (1) Dans les


protomylonites (Ile de Molène, Korsenn...), la tourmaline poecilitique, subautomorphe,
n'est pas écrasée; sa formation, postérieure à la mylonitisation, a été guidée par les
surfaces de glissement; au contact des tourmalinites, le granite mylonitisé est intensément
blanchi. (2) Dans les ultramylonites d'aspect fluidal, avec débit en plaquettes (Cohars,
Lamber, Keryunan, Trégorf...), les tourmalinites se présentent en lits parallèles dans
certains feuillets de la mylonite qui ont guidé la cristallisation de la tourmaline. Dans
quelques cas, les tourmalinites ne sont pas écrasées (transition avec le type 1); dans
d'autres cas, au contraire, la poursuite des mouvements les a fortement laminées. Dans
tous les cas, les ultramylonites tourmalinisées présentent une alternance de minces bandes
noirâtres (formées de tourmalinites) et blanchâtres (dépourvues de tourmaline). (3) Dans
les ultracataclasites (Keryaouen, Lezavarn, Lesvezien, Kerionoc, Kerguillo...), de teinte
noire, à cassure subconchoïdale, les fragments bréchiques, souvent de très petite taille,
extrêmement écrasés, apparaissent cimentés par un feutrage de tourmaline : la tourmlini-
sation s'est développée après la bréchification et a été suivie par un nouvel écrasement.
Les teneurs en bore contrôlent les variations de la composition chimique, par rapport
au granite non modifié, dans les différentes mylonites tourmalinisées (tableau). Les plus
fortes teneurs en cet élément ont été observées dans les protomylonites(teneur moyenne
( = t. m.) (2 éch.) = 2,60 %; les plus faibles dans les ultramylonites fluidales (t. m.,
3 éch. =0,66 %); les ultracataclasitesbréchiques occupent une positionintermédiaire(t. m.,
6 éch. = 1,34 %). Les pourcentages en fer et en magnésium varient dans le même sens :
dans les protomylonites,les teneurs en Fe et Mg s'élèvent respectivement à 7,53 et 1,72 %;
dans les ultramylonitesfluidales à 2 et 0,57 %; dans les ultracataclasites,à 4,13 et 1,23 %.
Une chute des alcalins, liée à la destruction des feldspaths, s'observe dans tous les cas et,
tout particulièrement, dans les ultracataclasites où la potasse peut parfois disparaître

TABLEAU

1(12) 2(2) 3 4 5 6 7 8(3) 9 10 11

SiO2 73,40 75,60 41,10 40,10 70,10 73,10 71,50 70,90 65,80 64,50 67,90
Al203
Fe2O3
14,75
1,15
14,60
1,00
29,70
10,82
30,90
10,73 3,83
2,23
15,80. 14,60 15,20. 14.90 .15,90, 16,80
5,00
.

6,75 7,00
16,00
6,76
MmO 0,03 0,02 047 6,14 0,04 0,02 0,02 0,03 0,02 0,04 0,12
MgO. 0,35 0,16 3,04 2,70 0,91 1,00 0,94 1,90 2,45 3,10 1,07
CaO. 0,79 0,50 0,73 0,83 0,44 1,00 0,80 0,35 0,34 0,34 0,34
Na2O 3,32 3,43 1,90 1,34 0,82 1,80 1,55 0,94 0,94 0,99 1,01
K20 4,58 4,11 2,14 2,24 3,75 3,50 3,30 0,71 < 0,05 0,20 2,06
TiO2
. .
0,16 0,05 0,67 0,75 0,26 0,25 0,30 0,23 0,26 0,21 0,23
P2Os 0,16 0,20 0,09 0,42 0,12 0,16 0,26 0,09 < 0,05 0,05 0,13
B2O3 * ** 8,79 7,92 2,67 1,70 2,00 4,05 4,86 5,28 3,69
Analyses chimiques, B.R.G.M., Orléans. 1, Granites du pluton de Saint-Renan; 2, Granites mylonitisés sans
tourmalinite; 3 à 11, Mylonites tourmalinisées. Protomylonites : 3, Molène; 4, Korsenn. Ultramylonites :
5, Lamber; 6, Keryunan; 7, Tregorff. Ultracataclasites : 8, Lezavarn; 9 et 10, Lesvezien; 11, Kerguillo. Le
chiffre ( ) indique le nombre d'analyses. Fer total en Fe2O3. * Teneurs en bore très variable (B = 20 à
570.10-6). ** B = 70.10-6.
Chemical analysis, B.R.G.M., Orléans. 1, Saint-Renangranites; 2, Mylonites granites without tourmalinites; 3
to 11, Tourmalinizedmylonites. Protomylonites; 3, Molène; 4, Korsenn. Ultramylonites : 5, Lamber; 6, Keryunan;
7, Tregorff. Ultracataclasites: 8, Lezavarn; 9 and 10, Lesvezien; 11, Kerguillo. The figure ( ) points out the
number of analyses. Total Fe as Fe203. * 15 = 20 to 570.10- 6. ** B = 70.10-6.
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n°9, 1985 601
presque totalement; la diminution des teneurs en CaO est également sensible dans lès
ultracataclasites.
Les variations des teneurs en bore dans les différentes mylonites et, par suite, l'intensité
de la tourmalisation, paraissent en rapport avec les diverses modalités présentées par la
mylonitisation. Dans les protomylonites, le feuilletage en lits parallèles submillimétriques a
conféré au granite une perméabilité importante qui a facilité le drainage des fluides borés.
Dans les ultramylonites d'aspect fluidal, par contre, l'intensité du serrage a réduit la
perméabilité et ipso facto, restreint la circulation des fluides. Dans les ultracataclasites
enfin, la bréchification généralisée a favorisé à nouveau la migration des fluides borés.
Dans les trois cas, le drainage a dû être contrôlé par les alternances des phases de détente
et de contrainte qui ont marqué l'évolution de l'accident linéamentaire [6]. La circulation
des fluides bores a entraîné le pompage du fer et du magnésium disponibles (essentielle-
ment à partir de la biotite) dans les roches déstabilisées par la mylonitisation et, par
sirite, la cristallisationde la tourmaline [14].
En résumé, dans le massif granitique de Saint-Renan, la tourmaline, omniprésente et
manifestementapparue à divers stades (depuis la cristallisationtardi-magmatiquejusqu'au
stade hydrothermal) tend à se concentrer tout particulièrement au sein des bandes
mylonitiques. Cette localisation s'explique selon toute vraisemblance par l'accroissement
de là perméabilité du granité dans ces zones qui ont. drainé les fluides bores libérés par
la cristallisation.
Les observations effectuées sur les mylonites mettent en évidence les faits suivants :
(a) La tourmalinisation est postérieure à l'écrasement du granité. Elle est essentielle-
ment le résultat d'un processus post-magmatique et est accompagnépar d'intenses transfor-
mations deutériques métasomatiques.
(b) La source des fluides bores est sans doute à rechercher dans les parties profondes
du pluton non encore cristallisées, comme le suggère ici la richesse en bore (tourmaline)
d'un endogranite et de ses greisens.
(c) La période de formation des tourmalinites associées aux mylonites paraît relativement
précoce, comme incite à le penser la source intra-granitique probable du bore et le fort
écrasement subi par certaines tourmalinites, qui témoigne de déplacements encore très
intenses le long de l'accident linéamentaire.
(d) Les mylonites qui soulignent le passage du linéament dans le massif granitique et
ses bordures, constituent des zones de forte perméabilité. Elles permettent la circulation
des fluides bores et, en même temps, jouent le rôle de pièges pour la tourmalinisation
lorsque le fer et le magnésium des biotites du granite mylonitisé sont captés par ces
fluides [14]. Ces processus pourrait être ainsi rattaché à un métasomatisme de percolation
hydrothermale, selon le modèle de Korzinkhii précisé par Fonteilles [15].
(e) Les fluides bores ont une influence décisive sur la composition des mylonites. Il est
significatif de constater que les mylonites granitiques;non tourmalinisées (tableau,
colonne 2) ne présentent guère de modifications par rapport au granite normal (tableau,
colonne 1). Les variations dans la composition des mylonites par rapport au granite ne
sont donc pas tant dues à la mylonitisation elle-même qu'aux remaniements deutériques
entraînés par les apports bores rendus possibles par la mylonitisation.

Remise le 6 mai 1985, acceptée le 1re juillet 1985.


602 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[10] L. CHAURIS, Comptes rendus, 268, série D, 1969, p. 2859-2861.
[11] J. J. PEUCAT, B. AUVRAY, Y. HIRBEC et J. Y. CALVEZ, Bull. Soc. géol. Fr., 1, 26, 1984, p. 1365-1373.
[12] A. SPRY, Metamorphic textures, Pergamon Press, Oxford, 1969, 350 p.
[13] R. H. SIBSON, J. Geol. Soc. London, 133, 1977, p. 193-213.
[14] A. E. FERSMAN, Les pegmatitesgranitiques, traduction française, Louvain, 1952, 671 p.
[15] M. FONTEILLES, Bull. Minéral, 101, 1978, p. 166-194.

Départementdes Sciences de la Terre,


Université de Bretagne Occidentale,
G.I.S. 410012 Océanologie et Géodynamique,29287 Brest Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris,
t.301,
Série
II,n°9,
1985 603

PÉTROLOGIE.
— Le stade majeur du métamorphisme est de type moyenne pression
sur flanc sud de la Montagne Noire dans la région de Labastide-Rouairoux (Tarn,
France). Note de Michel Demange et Philippe Jamet, présentée par Maurice Roques.

La succession des isogrades et des faciès de rnétamorphisme ainsi que le chimismedes minéraux permettent
de définir sud de la zone axiale de la Montagne
un métamorphisme de moyenne pression sur le. flancmétamorphisme
Noire dans la région de Labastide-Rouairoux (Tarn, France). Ce apparaît contemporain du
métamorphisme de basse pression décrit dans le reste de la Montagne Noire et s'intègre dans des variations
régionales du type de métamorphisme depuis des types de moyenne pression au Sud à.de très basse pression
au Nord.
PETROLOGY.-The
main
metamorphic
event is of a middle pressure type in the southern slope of the
axial zone of Montagne Noire in the vicinity
The isogradepattern, facies successions and chemical compositions of minerals allows one to define a middle
of the Noire of
type of metamorphism
pressure on the southern slope Montagne in the vicinity Labastide-Rouairoux
(Tarn, France). This metamorphism appears to be contemporaneous of the low pressure type more coummonly
represented in the whole massiv. It fits very well with regional variations of metamorphism type ranging from
very lowpressure type in the nothern slope to middle pressure type in the southern slope.

La zone axiale de la Montagne Noire est classiquement décrite comme un domaine de


métamorphisme de basse pression [1] avec d'ailleurs des variations régionales mineures
du type de métamorphisme ([2] à [5]).
Néanmoins quelques indices de haute à moyenne pression (roches de faciès éclogite
[6], [7], [8]) dispersées dans la partie sud de la zone axiale et deux indices de disthène
dans le massif du Caroux [9] ont été localement signalés. Ces indices sont généralement
interprétés comme dès reliques d'un stade précoce du métamorphisme, en voie de rééqui-
libration dans le stade principal de basse pression.
Or la région de Labastide-Rouairoux, située dans la partie centrale du flanc sud de la
zone axiale, montre du disthène manifestement typomorphe, de façon assez fréquente et
même en abondance dans certains niveaux, qui s'intègre dans une succession de faciès
caractéristique d'un métamorphisme de moyenne pression.
I. LECADRE GEOLOGIQUE. — La région située au Nord de Labastide-Rouairoux appar-
tient au flanc sud du massif de l'Agout et présente une géologie très analogue à celle du
Saint-Ponais une dizaine de kilomètres plus à l'Est ([2], [4], [10]) : les formations, verticali-
sées par les phases tectoniquesrelativementtardives (phases 5 et 7) forment dans l'ensem-
ble un monoclinal de direction 70dont la base se situe au Nord :

orthogneiss de la série du Somail;
— puis série de Saint-Pons : formation schisto-gréseuse de Rieumajou (150-200m),
formation volcanique et volcano-sédimentaire de Rouvials (450 m), formation schisto-
gréseuse de Mas de Rieu caractérisée par des intercalationsde gneiss-à-silicates-calciques,
de marbres et de niveaux graphiteux (550 m), formation schisto-gréseuse très monotone
de Verdières (1600 m).
Il faut noter que, par rapport au Saint-Ponais,la série de Saint-Pons est probablement
plus épaisse, et ce, dans chacun de ses termes, et plus uniformément schisto-gréseuse. La
formation de Rouvials, très pauvre en niveaux méta-sédimentaires,à l'Est de Saint-Pons,
apparaît ici envahie par des faciès détritiques (méta)grès et (méta)pélites.
0249-6305/85/030.10603 $2.00 ©Académie les Sciences
604 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

L'étude des rapports entre la cristallisation des minéraux et les structures tectoniques
montre que le métamorphisme est syntectonique et culmine pendant ou peu après la
phase P5 [4].
II. SUCCESSION DES ISOGRADES ET DE FACIÈS DE MÉTAMORPHISME. — Les isogrades appa-
raissent concordants sur la lithostratigraphie et l'on peut définir du Sud au Nord la
succession d'isogrades et de faciès suivants :
1. Zone de la biotite : les séries situées au NE de Labastide-Rouairoux appartiennent
déjà à la zone de la biotite; l'isograde de la biotite se situe vers le sommet de la formation
de Verdière au Nord de Saint-Pons, il est tronqué vers l'Ouest, comme l'ensemble des
formations, par la faille de Mazamet;
2. Zone de la cordiérite : l'isograde se situe environ 800 m au-dessus de la base de la
formation de Verdière. La cordiérite, très rare, est totalement pinitisée; la détermination
de ce minéral n'est donc pas totalement assurée, mais compte tenu des rapports
Mg/Fe + Mg des minéraux phylliteux associés, très élevés, la présence de cordiérite à ce
stade du métamorphisme nous paraît à peu près certaine.
3. Zone du grenat : l'isograde coïncide avec le sommet de la formation de Mas-de-Rieu,
le grenat est immédiatement abondant.
4. Zone de la staurodide (+chlorite) : ce minéral apparaît environ 100 m après le grenat,
mais ne devient abondant que beaucoup plus bas.
Les faciès de métamorphisme de ces quatre zones zont analogues aux faciès des zones
correspondantes en Saint-Ponais [2]. Mais les compositions chimiques des associations
caractéristiques, et en particulier le rapport Mg/Fe + Mg, sont très différents :

Coupe Coupe
Labastide-Rouairoux Prémian-Rouvials
Bapech (Saint-Ponais)
Rapport Mg/Fe + Mg (%) (%) [2]

Biotite associée à cordiérite+ chlorite(zone de la cordié-


rite) 60 51
Biotite associée à grenat+chlorite(zone du grenat).. 50 46
.
Grenat associée à biotite + chlorite (zone du grenat). 20 12
. .

On constate ainsi un déplacement de tous les joints du diagramme de Thompson vers


le pôle magnésium, déplacement qui traduit pour des zones analogues de plus fortes
pressions à Labastide-Rouairoux que plus à l'Est [11].
5. Zone du disthène : l'isograde du disthène, qui coïncide avec celui de disparition de
la chlorite, se situe vers le sommet de la formation de Rouvials. Cet isograde est assez
mal défini faute de roches de composition favorable; mais ,1l disthène devient ensuite
fréquent dans la partie moyenne de la formation de Rouvials plus riche en faciès
pélitiques; il est même très abondant dans certains niveaux suivis sur plus de 5 km de
Bapech au NW de Labastide.
Au microscope le disthène se présente en petits critaux automorphes qui forment avec
les micas des traînées qui se moulent sur de gros plagioclases xénomorphes élastiques.
La présence de la staurotide permet de diviser cette zone en deux sous-zones :
(a) Sous-zone disthène-staurotide. — Les paragenèses rencontrées permettent de tracer
un diagramme de Thompson analogue à celui de la zone de l'andalousite en Saint-Ponais,
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985 605

en remplaçant l'andalousite par le disthène :


biotite - muscovite - grenat;
biotite - muscovite - grenat - staurotide;
biotite - muscovite - grenat - staurotide;
biotite - muscovite - grenat - staurotide-disthène.
Il nous semble que la paragenèse biotite - muscovite - cordiérite est également présente;
mais nous ne l'avons rencontrée que dans un seul échantillon, et fort altéré; de sorte que
la présence de cordiérite n'est pas totalement assurée.
Toutefois, comme dans les autres zones, on constate un glissement des joints du
diagramme de Thompson vers le pôle magnésium : le rapport Mg/Fe + Mg d'une biotite
coexistant avec staurotide et disthène est de 53-54%, alors qu'il est en Saint-Ponais de
48% pour une biotite coexistant avec staurotide et andalousite. Pour des températures
analogues et des paragenèses analogues, l'augmentation de pression se traduit donc par
un déplacement des joints vers le pôle magnésien dans le diagramme de Thompson.
La staurotide et le grenat forment des cristaux automorphes non orientés et sont
manifestementen équilibre avec le disthène. En effet, en plus des paragenèses précédentes,
se rencontre également la paragenèse biotite - muscovite - grenat - staurotide - disthène.
La stabilité du grenat dans une telle paragenèse est manifestement due à la présence
de chaux et/ou de manganèse. En effet, lés teneurs en ces deux éléments des grenats
«normaux» décroissent régulièrement à métamorphisme croissant: de 4-5% à 0,5-1%
pour le manganèse, de 4-5% à environ 2% pour la chaux. Les grenats coexistant avec
disthène et staurotide présentent des teneurs élevées soit en manganèse (6 à 9%), soit en
chaux (6 à 8,5%).
(b) Sous-zone disthène-grenat. — Cette zone se définit par la paragenèse critique
suivante :
biotite - muscovite - grenat - disthène.
Le grenat présente des teneurs «normales» en chaux et manganèse, le rapport
Mg/Fe+Mg des biotites est de l'ordre de 53%.
Cette zone correspond à l'isograde de disparition de la staurotide; mais celle-ci se
rencontre parfois en associations complexes avec le grenat manifestement réactionnelles.
Cet isograde de disparition de la staurotide se situe 100-150 m en dessous de l'isograde
du disthène.
Dans toute la zone du disthène, une rétromorphose tardive altère certaines roches:
le grenat s'altère en muscovite+biotite+chlorite, la staurotide en agrégats maillés de
muscovite + chlorite et le disthène en muscovite. Au stade le plus poussé, on n'observe
plus que des roches formées de grandes lames de muscovite flexueuse où ne subsistent
plus que des reliques des minéraux précédents. Ces faciès sont très analogues à ceux des
roches à disthène décrites dans le Caroux [9].
III. ESTIMATION DES CONDITIONS PHYSIQUES DU MÉTAMORPHISME. — Les températures
peuvent être estimées par le partage fer-magnésium entre biotite et grenat ([11], [12]).
Avec toutes les réserves que suscite l'emploi de ce géothermomètre(calibration pour 2kb,
titane des biotite, manganèse et calcium des grenats non pris en compte), les températures
peuvent être estimées à 450° environ pour la zone du grenat, 500° pour la zone de la
staurotide, 550° pour la zone du disthène.
La présence du disthène donne une estimation minimale de pression qui, compte tenu
des températures précédentes, est de 4,5 kb au moins. Étant donné l'existence de cordié-
rite, il est peu probable que la pression soit beaucoup plus élevée [13].
606 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

IV. PLACE DE CE MÉTAMORPHISME DE MOYENNE PRESSION EN MONTAGNE NOIRE. Le



disthène et le métamorphisme de moyenne pression, de la région de Labastide-Rouairoux,
ne sont pas des reliques d'un stade antérieur de métamorphisme au sein d'un domaine
du métamorphisme de basse pression largement répandu en Montagne Noire.
Au contraire, il s'agit bien du stade principal du métamorphisme, et l'on assiste
en une dizaine de kilomètres au passage du métamorphisme de moyenne pression de
Labastide-Rouairoux au métamorphisme intermédiaire de basse pression du
Saint-Ponais [2] : succession et position des isogrades faciès de métamorphisme et calage
du métamorphisme par rapport aux phases tectoniques sont extrêmement analogues; les
seules différences sont que le disthène remplace l'andalousite et que le chimisme des
minéraux varie légèrement devenant, pour des paragenèses et des températtures analogues,
plus magnésiens vers l'Ouest.
Ce métamorphisme de moyenne pression s'intègre en fait à la structure métamorphique
de l'ensemble de la Montange Noire : on met ainsi en évidence une variation continue
du type de métamorphisme du Sud vers le Nord, depuis un métamorphisme de moyenne
pression jusqu'à un métamorphisme de très basse pression dans la partie sud des Monts
de Lacaune ([3], [4]). Rappelons que toutes les occurences de roches de faciès éclogite
qui viennent d'être datées à 330 M. a. [14] se localisent dans la partie sud de la zone
axiale.
Il est remarquable que cette polarité du métamorphisme coincide justement avec le
sens de déversement des grandes nappes de style pennique qui caractérisent la zone axiale
([15], [4]) et que les zones des racines de ces nappes soient justement les zones à
métamorphisme de plus forte pression.
Remise le 1er juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] M.ROQUES, Mém. Expl. Carte géol. Fr., Paris, 1941, 527 p.
[2] M.DEMANGE et L. GATTONI, Bull. Miner., Paris, 101, 1976, p. 334-335.
[3] M.DEMANGE, Bull. B.R.G.M. (2), I, 4, 1980-1981, p. 269-291.
[4] M.DEMANGE, Thèse Doct. ès-Sc, Université Pierre-et-Marie-Curie,Paris, 1982, 408 + 648 p.
[5] P. H. THOMPSON et J. P. BARD, Canadian J. Sc, 19, n° 1, 1982, p. 129-143.
[6] M. COHEN, Comptes rendus, 280, série D, 1975, p. 537-540.
[7] M. DEMANGE et M. LEGER, Comptes rendus, 281, série D, 1980, p. 597.
[8] M. DEMANGE, Chemical geology(à paraître).
[9] J.-L. BOUCHARDONet coll., Comptes rendus, 228, 1949, p. 1067-1071,
[10] M. DEMANGE et P. JAMET (à paraître).
[11] A. B. THOMPSON, Amer, J. Sc, New Haven, I, 1976, p. 401-424; II, 1976, p. 425-454.
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[13] J. GANGULLY, J. Petrology, 13, 1972, p. 335-365.
[14] J. R. LANCELOT, Bull. Soc. Geol Fr. (à paraître).
[15] M. DEMANGE, Bull. B.R.G.M, 1 2, (2), 1975, p. 91-139.

Ecole nationale supérieure des Mines,


60, boulevard Saint-Michel, 75272 Paris Cedex 06.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985 607

PÉTROLQGIE.
— Première détermination expérimentale des relations de phases dans
le système haplogranitique en conditions de sous-saturation en H20. Note de Michel
Pichavant et Claire Ramboz, présentée par Jean Wyart.

3On a déterminé expérimentalement les relations de phases : dans le système Qz-Ab-Ôr-B203-H20


(B203=4,5% poids dans le liquide) en conditionsde sous-saturation en H20 à 1 kbar. Les résultats, comparés
aux données obtenues antérieurement en conditions de saturation en H20 dans le même système et à la même
pression permettent de préciser l'effet de la teneur en H20 du bain à pression constante sur les relations de
phases dans le système haplogranitique. Les données suggèrent un certain type d'association de H20 avec les
constituants albitiques dans le liquide silicate.

PETROLOGY:— First expérimentaldétermination of the phase relations in the haplogranite System under
H20—undersaturated conditions.
Phase relations have been determined in the System Qz-Ab-0r-B203-H20 (B203 = 4.5 wt % in the melt) under
H20 -undersaturated conditions at 1 kbar. The results, compared with the data obtained previously with excess
H20 in the same System and at the same pressure allow to détermine the effect ofthe melt H20 content at
constant pressure on the phase relations in the haplogranite System. The data suggest some type of association
between H20 and the albite-forming components in the melt.

INTRODUCTION. Les expériences classiques de l'école américaine dans le système



haplogranitique Qz-Ab-Or-H20 [1] ne permettent pas de distinguer l'effet de la pression
de celui de la concentration en H20 du liquide puisqu'elles ont toutes été menées en
conditions de saturation en HaO. En conséquence, dans ces expériences, pression et
concentration en H2Ô du liquide varient simultanément et les diagrammes de phases
obtenus reflètent l'action conjuguée de ces deux paramètres sur là structure du liquide
silicate. Nous présentons les premières déterminations expérimentales des relations de
phases dans le système haplogranitique en conditions de sous-saturation en H20. Ces
données, comparées avec celles obtenues antérieurement en conditions de sursaturation
en H20 dans le même système et à la même pression permettent de préciser l'effet de la
teneur en H20 du liquide silicate sur les relations de phases.
EXPÉRIENCES. — Toutes les expériences ont été réalisées à une pression totale de
1000 + 20 bars dans des autoclaves à trempe rapide avec la méthode de la capsule soudée.
Les températures sont connues avec une précision meilleure que +10°C pour une
sensibilité de +2°C.'Les produits de départ sont quatre verres synthétiques à teneur
constante en B2O3 de différentes compositions Qz-Ab-Or, utilisés préalablement lors de
l'étude eh conditions saturées en H20, et choisis en raison de leur proximité avec, la ligne
cotectique déterminée dans ces mêmes conditions [2J. Les verres sont préparés à 14009C
et à sec à partir de gels à concentration en B203 légèrement supérieure à la valeur désirée
(4,5% poids dans le liquide silicate) de façon à tenir compte de la légère perte de
B2O3 dans la phase fluide lors des expériences sous pression [2]. Des conditions de
sous-saturation en H20 du liquide silicate ont été obtenues en utilisant une phase fluide
mixte, de composition de départ H20-C02 en proportion de 10% poids de la charge
(n. b. les expériences en conditions de saturation en H20 sont réalisées avec une propor-
tion identique de 10% en poids de la charge d'H20 distillée, [2]). Le mélange H20-C02
est réalisé à partir de quantités appropriées d'H20 et d'Ag2C204. Sa composition;de
départ est constante dans toutes les expériences : H2O/(H2O + CO2) = 60 mole %. Pour
chaque composition, la température liquidus (déterminée par observation au microscope
0249-6305/85/03010607 $ 2.00 © Académie des Sciences

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 43


C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

Fig. 1. — Diagramme de phases du système Qz-Ab-Or-B203-H20 à 1 kbar (B203 = 4,5/-„ poids dans le
liquide) en conditions sous-saturées en H20. Courbe au trait gras : courbe cotectiquede ce système; courbe
en pointillés : cotectique du même système en conditions de saturation en H20 [2]; courbes au trait fin :
isothermes (graduées en degrés celsius) de la surface liquidus; cercles pleins : compositions des verres de
départ; m0 : minimum du système Qz-Ab-Or-H2O à 1 kbar en conditions saturées en H20 [1]; mx :
eutectique du système Qz-Ab-Or-B203-H20 à 1 kbar (B203 = 4,5% poids dans le liquide) en conditions de
sursaturation en H20 [2]; m2 : minimum du même système en sous-saturation en H20 (cette étude); droites
au trait fin : lignes de conjugaison et triangles à trois phases.
Fig. 1. — Phase diagram of the System Qz-Ab-0r-B203-H20 at 1 kbar (B203 = 4.5 wt % in the melt) under
H20 —undersaturated conditions. Heavy curve: cotectic Une of this System; dashed curve: cotectic Une ofthe
same System but under H20 —saturated conditions [2]; light curves: isotherms (labelled in degrés celsius) on
the liquidus surface; filled circles: starting compositions; mo: minimum of the System Qz-Ab-0r-H20 at 1 kbar
with excess H20 [1]; m1: eutectic ofthe System Qz-Ab-Or-B203-H20at 1 kbar (B203=4.5 wt % in the melt)
with excess H20 [2]; m2: minimum of the same System under H20-undersaturatedconditions (this work); light
lines : tie-lines and three phase-triangles.

pétrographique) est encadrée en cristallisation et en fusion (à partir d'un verre partielle-


ment recristallisé). Le bon accord entre les deux types d'expériences suggère une bonne
approche de l'équilibre.

ANALYSES. — La microsonde électronique a été utilisée pour la détermination des lignes


de conjugaison et des triangles à trois phases. Pour certaines expériences, la composition
de la phase fluide à l'équilibre avec les phases silicatées au cours de l'expérience a été
déterminée à partir des inclusions fluides piégées dans les verres. Les données montrent
que la phase fluide est homogène. La détermination de sa composition globale [3] montre
qu'elle s'est enrichie en CO2 par rapport à la composition de départ (dissolution d'une
certaine quantité d'H20 dans le liquide) et qu'elle contient une certaine proportion de
CH4 (réduction partielle du fluide H20-C02) (composition moyenne: H20=35 + 5;
C02 = 62 + 5; CH4 = 3 + 1 mole %). Ceci permet d'estimer par un calcul de bilan de masse
une teneur en H20 du liquide silicate dans ces expériences sous-saturées en H20 de
2,4-3,2% poids H20, valeurs nettement inférieures à la teneur de saturation : 6,5% poids
H20 [2].
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II n° 9, 1985 609
,

Fig. 2. —
Position des minimums et des eutectiques du système Qz-Ab-Or-H,0 à différentes pressions en
conditions de saturation H20 [1] (cercles ouverts). Carré ouvert : m1 (fig. 1);.carré plein : m2 (fig. 1); cercle
plein : position estimée [4] du minimumdu système Qz-Ab-Or à 4 kbar à sec.
Fig. 2. — Position of the minima and eutectics of the System Qz-Ab-0r-H20 for différent pressures under
H20—saturated conditions [1] (open circles). Open square: m1 (Fig. 1); filled square: m2 (Fig. 1); filled
circle: estimated position [4] of the 4 kbar dry minimum in Qz-Ab-Or.

RÉSULTATS. — Le diagramme de phases partiel obtenu est représenté sur la figure 1. A


ce diagramme est surimposée la ligne cotectique obtenue dans le système Qz-Ab-Or-B203-
H20 (H20 = 4,5% poids dans le liquide) saturé en H20, avec l'eutectique correspondant
(ml5 fig. I) qui se situe à T~630°C [2]. La position des compositions étudiées et les
triangles à trois phases tracés nous permettent de positionner correctement la ligne
cotectique du système sous-saturé Qz-Ab-Or-B203-H20 (B203=4,5% poids dans le
liquide) ainsi que son minimum (m2, fig. I) pour une T~760°C. A teneurs en H20 du
liquide décroissantes, la composition de l'eutectique m1 (Qz31Ab46Or23) se déplace vers
le minimum m2(Qz31Ab34Or35), déplacement qui va de pair avec une augmentation
importante de la température liquidus.
EFFET DE H20 SUR LES RELATIONS DE PHASES. — Le minimum déterminé dans cette étude
dans le système bore en sous-saturation en H20 est proche de celui estimé pour le
système Qz-Ab-Or à 4 kbar [4] à sec, lui-même voisin du minimum de ce même système
à 1 bar [1] ( fig. 2). La présente étude expérimentale et les estimations de la littérature [4]
s'accordent donc pour définir un déplacement du minimum à teneurs en HzO croissantes
qui s'effectue à Qz normatif approximativementconstant et à Ab normatif croissant. Ce
déplacement est transverse (particulièrement pour les points à haute pression, >5 kbar)
au déplacement des eutectiques—minimaux à pression croissante en conditions de satura-
tion en H20 (fig. 2), mouvement qui résulte lui-même de la composition des effets de
i'H20 et de la pression. On en déduit donc que la pression contrôle préférentiellement à
la teneur en H20 la position de l'eutectique pour PS; 5 kbar. Ceci peut s'expliquer si
610 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

l'on remarque qu'à partir de cette gamme de pression, un accroissement de la teneur en


H20 du liquide (en conditions de saturation) ne produit qu'un abaissement très faible
de la température de l'eutectique ce qui suggère une faible interaction à pression élevée
entre H20 et liquide silicate. Un tel effet peut également résulter d'un changement de la
structure de H20 dissoute dans le liquide silicate, TH20 moléculaire faiblement liée au
réseau étant l'espèce dominante à haute pression par rapport à l'eau hydroxylée OH,
fortement liée au réseau, espèce dominante à basse pression [5]. De plus les expériences
à sec réalisées récemment dans les systèmes binaires Qz-Ab et Qz-Or [6] montrent que
l'augmentation de pression a pour effet principal de diminuer l'activité des constituants
albite dans le liquide (a\h) ce qui se traduit par un déplacement très important de
l'eutectique du binaire Qz-Ab vers l'Ab [6].
Le déplacement des points minimaux à teneur en H20 variable montre que le méca-
nisme d'interaction entre le réseau silicate et H20 ne se réduit pas à une réaction du
type (H20 moléculaire exclue) :

réaction qui devrait conduire à un déplacement du minimum vers le pôle Qz en réponse


à un abaissement de a\z, ce qui n'est pas observé expérimentalement. En revanche le
déplacement observé à teneurs en H20 du bain croissantes suggère un abaissement
progressif de a\h qui pourrait résulter d'un certain type d'association entre H20 et les
constituants albitiques du liquide silicate, comme cela a déjà été proposé sur la base de
certaines mesures de solubilité de l'H20 [7].
APPLICATIONS PÉTROLOGIQUES. — La présente étude fournit les premières données
expérimentales permettant de découpler le rôle de l'H20 et de la pression, paramètres
indépendants, sur les équilibres cristaux-liquide qui contrôlent la cristallisation des mag-
mas granitiques. L'augmentation de la teneur en H20 des liquides silicates à pression
constante conduit à la cristallisation de magmas résiduels enrichis en albite normative.
Remise le 6 mai 1985, acceptée le 22 juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Centre de Recherchespétrographiques et géochimiques(C.R.P.G.),


B.P. n° 20, 54501 Vandoeuvre-lès-Nancy.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985 611

PÉTROLOGIÈ.
— Contribution à la connaissance pétrographique et géochimique des
îlots Marotiri, Polynésie française (Océan Pacifique Centre-Sud).Note de Jean-Michel
Liotard et Hans G. Barszus, présentée par Jean Wyart.

L'étude pétrographique et géochimique de quelques échantillons:provenant des îlots Marotiri révèle la


présence de laves fortement alcalines (basanites et hawaiites). Ces dernières particulièrement souS-Saturées(17% ;
néphéline normative) et très enrichies eh éléments incompatibles Rb, Sr et Ba secaractérisent aussi par la
présence de clinopyroxènessalitiques parmi les plus titanifères connus dans les basaltes terrestres. Ce magma-
tisme s'apparente par l'ensemblede ces caractères à celui de Tahiti.

PETROLOGY. — Contribution to the Petrography and Geochemistry of Marotiri Islets, French Polynesia
(South-Central Pacific Océan).
The study of petrography and geochemistry of some rock samples from Marotiri Mets demonstrates their
strongly alkaline character (basanites and hawaiites). The latter-which are particularly undersaturated (17% of
.

normative nepheline) and very enriched in incompatible éléments such as Rb, Sr and Ba—are characterized also
by the présence of salite pyroxenes which are among the most titaniferous reported in terrestrial basalts as
yet. Through its overall characteristicsthis magmatic type appears closely relatede to that reportedfor Tahiti.

1. INTRODUCTION. Les îlots Marotiri (ou Bass) sont situés dans l'Océan Pacifique

Centre-Sud à l'extrémité Sud-Est de l'alignement d'atolls, îles volcaniques, haut-fonds et
guyots connus sous le nom d'Archipel des Iles Tubuai ou des Iles Australes (fig.). Ils se
prolongent vers le Nord-Ouest par les Iles Cook. Ce sont les dernières terres émergées
dans l'Océan Austral entre Tahiti et l'Antarctique.
Dix rochers, en forme d'aiguille, d'une surface de quelques mètres carrés à environ:
35000 m2 et d'une altitude de 9 à 113 m émergent d'un vaste plateau d'environ 5 km de
diamètre et d'une centaine de mètres de profondeur. Ces îlots d'accès très difficiles sont
très peu connus. Néanmoins il a été possible de prélever quelques échantillons de roches
en 1979 sur l'îlot Nord-Ouest (altitude 10 m) et Sud-Est (altitude 113 m) lors d'une
mission du BCB Marara ainsi qu'en 1982 (îlot principal). L'analyse préliminaire de ces
échantillons révèle l'existence de laves alcalines ressemblant à celles du mont sous-marin
MacDonald [1]. Des datations par méthode K-Ar dans deux laboratoires différents ont
donné des résultats assez semblables compris entre 2,7 + 0,12 M.a. et
4,2+0,2 M.â.-([2]-[4]).
H. PÉTROGRAPHIE.MINÉRALOGIE. — Les laves étudiées présententtrois types pétrographi-
ques. On distingue : (a) des laves d'affinité océanitiqueà texture microlitiqueporphyrique
banale à nombreux phénocristaux d'olivine (jusqu'à 15%), (b) des tufs pyroclastiques
soudés composés de phénocristaux de clinopyroxènes et d'olivine emballés dans une
mésostase vitreuse et vacuolaire, (e) des laves à texture microlitique glomeroporphyrique
particulièrement riches en agrégats polycristallins de plagioclase à orientation radiàire.
Ces laves correspondent d'un point de vue chimique à des hawaiites.
Les phénocristaux sont représentés par l'olivine dans les océanites, par l'olivine et le
clinopyroxène dans les tufs soudés, par le plagioclase, le clinopyroxène, les oxydes
ferrotitanés et de rares olivines dans les hawaiites. Les phénocristaux d'olivine évoluent
entre Fo 87 et Fo 69 avec la différenciation, à l'exception des olivines d'un tuf soudé
nettement plus magnésien (Fo 93-89). Ils peuvent contenir dés inclusions de spinelle
chromifère (Cr203~ 19-12%) et sont présents dans toutes les layes. Les phénocristaux
de pyroxène sont des salîtes titanifères (Caff MfJ Fe^) et des diopsides (Cafg Mg*| Feg)
dans le tuf soudé. Dans les hawaiites ils sont fortement zones (zonation normale ou en
0249-6305/85/03010611 $ 2.00 © Académie des Sciences
612 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

sablier) et très colorés dans des teintes mauves traduisant leur richesse en TiO2. On
observe en effet de très fortes variations chimiques entre le coeur et la périphérie se
traduisant par une diminution de SiO2 et MgO et une augmentation de Al203 et TiO2
(voir tableau). TiO2 peut atteindre à la périphérie des teneurs de 7,6% figurant parmi les
plus élevées décrites. Ainsi ces pyroxènes se rapprochent des augites titànifères de Tahiti
décrites par Tracy et Robinson [5] (ces compositions suggèrent des substitutions de type
Ti+2Al?±(Mg, Fe)+2Si conduisant à un pôle pur de type CaTiAl2Oe) et ils sont
considérés par ces auteurs comme typique des magmas pauvres en silice, fortement
alcalins et titanes évoluant sous faible fo2, ce qui est en bon accord avec les données
géochimiques des hawaiites de Marotiti. Les oxydes ferrotitanés sont bien exprimés en
microphénocristauxde titanomagnétite (Uvspgf Magn^) souvent inclus en partie ou en
totalité dans les pyroxènes ce qui suggère l'ordre de cristallisation suivant : olivine, oxydes
ferro-titanés, pyroxène, plagioclase. Les phénocristaux de plagioclase (An77-An56) se
limitent aux termes les plus différenciés. A signaler la présence de zircons inclus dans un
plagioclase de l'hawaiite 5. Dans la mésostase on retrouve l'olivine (Fo 98-83) dans les
basanites, le clinopyroxène (Ca.%1 Mg^g Feîf), le plagioclase (An 55-51), les oxydes ferro-
titanés et des plages vitreuses secondairement altérées dans les hawaiites.
III. COMPOSITION CHIMIQUE. — Dans un diagramme alcalin/silice les points représentatifs
se répartissent en deux lots, l'un se situant dans le domaine alcalin [6], l'autre dans le
domaine fortement alcalin [7] voisin de celui défini sur les roches de Tahiti [8].
Toutes ces laves sont fortement sous-saturées en silice (4,5<Nenorm<17), elles peuvent
être séparées en deux groupes suivant leur stade de différenciation : les termes primaires
basanitiques avec des rapports [Mg] compris entre 0,74 et 0,71 pour des teneurs en
CR. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985 613

TABLEAU I TABLEAU II

Compositions chimiques des pyroxènes titànifères Compositions chimiques de laves sélectionnées de


(références 5/121, 5/120, 5/122 : analyses d'un phé- Marotiri (BSNT=basanite, TFBS = tuf soucié
nocristal de pyroxènede la hawaiite 5, respective- basanitique, HAW=hawaiite); [Mg] = Mg/
ment coeur, intermédiaire, périphérie; Mg+Fe2+, avec Fe3+/Fe2+=0,15; ID = indice
références 2, 5 et 9: analyses de Tracy et de différenciationde Thornton et Tuttle.
Robirison [5],)
Chemical compositionsof titaniferous pyroxènes(réfé- Chemical compositions of selected lavas from Maro-
rences 5/121, 5/120, 5/122: analysis of a pyroxène ' tiri (BSNT=basanite, TFBS = basanitic tuf,
phenocristalfrom hawaiite No. 5, core, interme- HAW=hawaiite); [Mg]=Mg/Mg+Fe2+, with
diate and rim, respectively; références 2, 5 and 9: -Fe3+/Fe2+=0.15; ID = différenciation index, of
: analysis taken from Tracy and Robirison [5]). Thornton and Tuttle.

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48,21
v' :5 ' '.
41,96' 37,31-.
" '9 :
MRT -
4
BSNT
203
TFBS
.
BSNT
202
HAW
1
HAW
5
HAW

-
;5,44v; 8,73 SI02 42,60 41,15 42,98 44,44 43,75 45,10
Ti02 4,62 6,27 7,66 2,36
8,92 10,92 12,10 ,1Ô,"46
Ti02 2,56 3,06 3,68 2,92 2,97 2,82
,A1203 6,38 13,64
. Al3O3 10,37 10,10 16,24 18,33 18,17 18,70
Cr203 0,84 0,02 0,06 .
Fe203T 12,71 12,63 12,06 10,40 11,44 10,32
Fe0T .7,50 7,99 8,68 5,95 8,06 9,40. 6,16 0,14
Hn0 0,16 0,18 0,14 0,16
Mn0 0,18 0,14 0,21 0,09 0,20 0,22
11,18;
Hg0 16,16 12,92 4,90 3,28 3,50 2,90
Mg0 10,14 8,28 13,79 10,13. 7,58
CaO. 22,64 22,15 21,97 22,74 .22,00 21,56
Ca0 10,55 12,40 9,95 9,50 9,91 9,75
Na20 1,82 2,25 3,50 4,98 4,88 5,07
Naz0 0,66 0,72 0,81 .0,44 .0,64: 1,13
0,81 0,75 1,60
K20 1,90 0,90 1,15
Some 100,61 100,09 99,73- 100,80 98,92 99,63 P205 0,55 1,25 0,86 1,12 0,90 1,15
Formules pour 4 cations H20T 1,97 2,31 3,59 2,11 1,66 1,81
Total 100,27 99,30 99,52 99,12 99,32 99,75
Si 1,6705.1,5699 1,5254- 1..770 ;1;596. 1,430
AT IV 0,3294 0,4300 0,4745 0,230 0,404 0,570 [Mg] 0,74 0,70 0,48 0,42 0,41 0,39

6
2,0000 2,0000 2,0000 2,000 2,000 ID 17 18 35 43 41- 44
Z 2,000
7,
Al VI
Fe3t
Cr
0,0617 0,0539 0,0692 0.046
0,0567 0,0740 0,0260 0,060
0,024
.
0,066
0;074
OiOÔO'--
0,045
0,098
'0,001
Ne norme

Rb
Li
4, 6

20
7, 5
9
5
8
9
41
14, 3
10
42
16,7

39
8
14,5
.1
41
Ti 0,1292 0,1722 0,2196' 0,065 0,155 0,252 Sr 600 545 925 1240 1215 1280
Mn 0,0056 0,0044 0,0067-0,002 0,006 0,007 Ba 492 242 669 560 535 624
-Fe2+
0,1765 0,1772 0,2506. 0,122 .0,182 .0,204 V 240
.
251 259 75 96 72
Mg 0,6198 0,5681 0,4704 0,755 0,574 0,433 Cr 660 825 45 63 9 5
99
Ca
Na
0,9024
0,0475
0,8923
0,0524
0,8974 0,895
0,0598 0,031
2,60
0,896
0,047
0,886
0,074
Co
Ni
Cu
89
497 356
76
46
38
60 25 60
32 21 64

107
X 2,0000-2,0000 2,0000 2,000 2,000 65 107 108
Zn 100 117 124 113 115 113

néphéline normative compris entre 4 et 9 %, les termes les plus différenciés (hawaiitiques)
avec [Mg] compris entre 0,48 et 0,39 et des teneurs en néphéline normative entre 14 et
17%. Notons une lacune importante tant au point de vue des valeurs du [Mg] que des
teneurs en néphéline.
Les hawaiites apparaissent classiquement enrichies en A1203, K20, Na2O et P205 (ce
dernier montre des teneurs particulièrementélevées jusqu'à 1,15 %), légèrement appauvries
en Fe203 et CaO, plus nettement en MgO. Les fortes teneurs en A1203 des hawaiites
excluent tout fractionnement important de plagioclase à un stade précoce mais au
contraire sont liées à l'abondance de ce minéral dans ces laves. Ti02 ne varie pas
sensiblement (2,92% dans les basanites, 3,12 dans les hawaiites), il tend à croître dans les
premières puis à décroître dans les secondes. Les faibles valeurs des rapports Al203/TiQ2
(3,3-4,0), les valeurs élevées des rapports Ti/V (64-85) ou K20/P205 (0,6-2,2) indiquent
un caractère fortement alcalin comparable aux basanites du MacDonald [10].
Ni et Cr diminuentfortement au passage basanite-hawâiitece qui suggère un fractionne-
ment d'olivine et clinopyroxène. V et Co diminuent également avec la différenciation.
614 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

Les chutes des teneurs de Ti et V dans les hawaiites indiquent un fractionnement de


minéraux opaques, fractionnement en bon accord avec les observations pétrographiques.
Rb, Sr et Ba montrent des concentrations particulièrement élevées dans les hawaiites
traduisant à la fois leur caractère fortement alcalin et leur stade de différenciation plus
avancé. Ces teneurs sont parmi les plus élevées des laves hawaiitiques de Polynésie ([8],
[9]). Les rapports Rb/Sr sont identiques à ceux des basanites du MacDonald [10]. Les
fortes teneurs en Sr (1000 à 1 500.10-6) peuvent s'expliquer également par l'abondance
de plagioclase dans ces laves (cf. Al2O3).
IV. CONCLUSIONS. — Nous sommes donc en présence d'un magmatisme fortement
alcalin et très sous-saturé (au moins pour les hawaiites) qui s'exprime tant du point de
vue pétrographique par la présence de pyroxène riche en titane que du point de vue
chimique par la richesse des laves en Na20, K20, P205 et en éléments en trace
incompatibles tels que Rb, Sr et Ba. Ce magmatisme présente une grande analogie avec
les termes basanitiques identifiés au MacDonald et plus encore avec les laves et roches
plutoniques décrites à Tahiti.
Reçue le 11 juillet 1985, remise le 22 juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] M. R. LAURENT, M. K. SEGUIN, H. G. BARSCZUS et B. RICHER de FORGES, E.O.S., 63, 1982, p. 474.
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[7] E. P. SAGGERSONet L. A. J. WILLIAMS, J. Petrol, 5, 1964, p. 40-81.
[8] A. R. MCBIRNEY et K. AOKI, Geol. Soc. Amer. Mem., 116, 1968, p. 523-556.
[9] R. MAURY, R. ANDRIAMBOLOLONA et C. DUPUY, Bull. Volcan., 41, 1978, p. 1-22.
[10] H. G. BARSCZUS et J.-M. LIOTARD, Comptes rendus, 300, série II, 1985, p. 915-918.

J.-M. L. : Laboratoire de Pétrologie, U.S.T.L.,


place Eugène-Bataillon, 34060 Montpellier Cedex;
H. G. B. : Centre O.R.S.T.O.M. de Papeete, B.P. n° 529, Papeete/Tahiti,
et Centre géologique et géophysique, U.S.T.L.,
place Eugène-Bataillon, 34060 Montpellier Cedex.
C. R3. Acad. Sc. Paris t. 301, Série II, n° 9,1985 615

PÉTROLOGIE. Velay
— Xénolithes peralumineux dans les dolérites du Peyron, en
(Massif central, France). Indications sur l'évolution de la croûte profonde tardihercynienne.
Note de Jean-Marc Montel, présentée par Georges Millot.
L'étude de xénolithes à Bi-Sill-Hc-Cd-Gt-Corr,enclavés dans la dolérile du Peyron, montre que ces enclaves
résultent de la rétromorphose biphasée d'une paragenèse à Gt-Di. Le premier stade (P=8-10 kbar, T—700-
800°C) est marqué par un développement de la biotite au dépend du grenat, et le second (P= 5-6 kbar,
T=700-8Ô0°C), par l'apparition de la cordiérite et du spinelle. L'évolution P, T ainsi définie caractérise
une décompression quasi isotherme, rattachée à l'événement 3 (épisode tardihercynien basse pression, haute
température).

PETROLOGY. — Peraluminous xenoliths in the Peyron dolerite (Ardèche. French Massif Central) implica-
tions for the tardihercynian deep crust of the Velay.
Study of some Bi-Sill-Cd-Gt-Hc-Corbearing xenoliths, included in the Peyron dolerite, shows that thèse enclaves
resuit from a two-stepr retromorphosis, from a Gt-Ky paragenesis. The first step (P = 8-10 kbar; T=100-800° C)
is marked by the appearance of biotite from garnel breakdown and the second one (P = 5-6 kbar; T= 700-85Ô°C)
by the appearanceofcordieriteand spinel. This evolutioncorresponds to an isothermic decompression, contempora-
neous with the low pressure, high température, lardyhercynianevent.

INTRODUCTION. — La nature du socle profond du Velay est essentiellement connue par


l'étude des enclaves remontées par les volcans néogènes. Leyréloup [1] distingue une série
paradérivée composée essentiellement de petites, de greywackes et de termes acides, et
des enclaves orthodérivées définissant une série charnockitique. Ces deux séries ont
subi un métamorphisme haute pression, accompagné de phénomènes de mobilisation
anatectique, suivi de stades rétromorphiques en faciès granulite de moyenne pression.
Récemment [2], des enclaves peralumineuses à biotite-sillimanite prismatique-grenat-
cordiéritc-spinelle-corindon, remontées par une manifestation basique hercynienne, ont;
été découvertes dans la dolerite du Peyron.
CADRE GÉOLOGIQUE. — Les xénolithes sont enclavés dans la dolerite du Peyron, près
de Burzet [3], elle-même intrusive dans le granite du Velay. Sa mise en place,, est
contemporaine de l'événement 3 [4], mais probablement postérieure aux autres manifesta-
tions basiques liées à cet événement (vaugnérites et lamprophyres).
PÉTROGRAPHIE. — Les xénolithes sont constitués d'alternances de lits quartzofelds-
pathiques pluricentimétriqueset de lits alumineux à sillimanite prismatique de teinte bleu
clair (zone alumineuse), contenant des points sombres ressemblant à des grenats plus ou
moins déformés (zones ferromagnésiennes) (fig. 1).
1. Zones quartzofeldspathiques. — Elles sont formées de gros cristaux de quartz,
plagioclase, et feldspath alcalin, associés à quelques paillettes de biotite. A proximité des
lits alumineux, on observe des grenats en voie de transformation en amas de biotite
( fig. 2) des associations micrographiques de quartz et feldspath alcalin ( fig. 3), et des
minéraux accessoires : monazite, zircon, allanite.
2. Zones alumineuses. — Elles sont essentiellement constituées de sillimanite pris-
matique et semblent se mouler autour des zones ferromagnésiennes. On y trouve un peu
de quartz, de plagioclase, de feldspath alcalin, et assez fréquemment des associations
micrographiques et de l'ilménite xénomorphe. Très exceptionnellement, on observe du
corindon. Très fréquemment, la sillimanite se présente en agrégats formés de prismes
accolés ( fig. 4) plus ou moins bien définis, de même orientation cristallographique, qui
montrent que les prismes actuels résultent de la cristallisation d'un silicate d'alunime
primaire.

0249-6305/85/03010615 $ 2.00 © Académie des Sciences


616 C R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985
La morphologie des agrégats, les teintes de polarisation anormalement basses, et
l'existence de sections à extinction oblique, suggèrent que le silicate d'alumine initial était
le disthène, mais celui-ci n'a jamais été directement observé de façon indiscutable. La
sillimanite se présente parfois en aiguilles, se développant au dépend de la sillimanite
prismatique, le plus souvent au contact de la cordiérite.
3. Zones ferromagnésiennes. — Elles sont constituées d'assemblages polycristallins
globulaires ou plus ou moins déformés contenant systématiquement :
(a) des paillettes inorientées de biotite alumineuse (A1203 20 %) et modérément magné-
sienne (Fe/Fe + Mg : 0,64-0,74),
(b) de petits cristaux de plagioclase (An 5 à 20) non zones optiquement,
(c) des grains de spinelle vert,
(d) de l'ilménite xénomorphe, ou aciculaire (ilménite 90, pyrophtanite 10 mol %). La
formule structurale de ces ilménites fait apparaître un excès de titane, correspondant à 3
à 5 % mol de Ru pour l'ilménite xénomorphe mais atteignant 17 % pour l'ilménite
aciculaire, considérée comme dérivant d'un ancien rutile. La biotite, de teinte orangée
(2 % Ti02), devient brun rouge (3 % TiO2) à proximité de l'ilménite.
Sont parfois présents dans les zones ferromagnésiennes :
(e) du grenat, soit en petits cristaux vermiculés, soit en grands cristaux contenant
parfois des aiguilles de sillimanite définissant une schistosité discordante sur la schistosité
du xénolithe. Les gros grenats sont zones avec un coeur riche en pyrope (Alm : 76,5-Pyr :
27,8-Spe : 3,25-Gro : 1,7 mol %) et une bordure plus ferrifère et manganésifère (Alm
75-79; Pyr : 8-9; Gro : 1,5-2; Spe : 10-15 mol %). Les bordures extrêmes des gros grenats
et les grenats vermiculés peuvent être très enrichis en spessartine (jusqu'à 22 % Spe);
(/) du corindon ( fig. 5), localement abondant, fréquemment associé à de l'ilménite
et isolé dans des amas biotitiques, ce qui suggère qu'il résulte de réactions de déstabilisa-
tion de la biotite du type de celles observées dans des xénolithes pélitiques subissant un
métamorphismede contact (5);
(g) des associations micrographiquesde quartz et feldspath alcalin.

EXPLICATIONS DE LA PLANCHE

Fig. 1. — Exemple de xénolithe peralumineux. [1] : zone quartzofeldspathique; [2] zone alumineuse; [3] zone
ferromàgnésienne.
Fig. 1. —
Example ofperaluminous xenolith. [1]: quartzofeldspdthic zone; [2] aluminous zone; [3] ferromâgnesian
zone.
Fig. 2. —
Transformation grenat-biotite : Gt : grenat; Bi : biotite.
Fig. 2. —
Garnet-biotite transformation:Gt: garnet; Bi: biotite.
Fig. 3. —
Associationmicrographiquequartz-feldspath alcalin.
Fig. 3. —
Micrographiequartz-alcalifeldspar association.
Fig. 4. —
Fantôme de disthène; Sill : sillimanite.
Fig. 4. —
Phantom of kyanite; sill: sillimanite.
Fig. 5. —
Co : corindon; il : ilménite; Bi : biotite.
Fig. 5. —
Co: Corundum; il: ilmenite; Bi: biotite.
Fig. 6. —
Zone ferromàgnésienne; [1] grenat relique; [2] biotite; [3] sillimanite (zone alumineuse); [4] réaction
biotite+ sillimanite-* hercynite; [5] réaction biotite+sillimanite-»cordiérite.
Fig. 6. —
Ferromagnesian zone; [1] relict garnet; [2] biotite; [3] sillimanite (aluminous zone); [4] reaction;
-
biotite+sillimanite-> hercynite; [5] reaction biotite+sillimanite cordierite.
PLANCHE I\PLATE I JEAN-MARC MONTEL
C. R, Acad. Sc. Paris, t.301, Série II, n° 9, 1985 619
4. Auréoles de réactions (fig, 6). — Le phénomène le plus spectaculaireest le développe-
ment systématique d'auréoles de réactions au contact entre zones ferromagnésiennes et
alumineuses.
On distingue :
— des franges de spihelle vert (hercynite 97-spinelles;S 9-gahnite 1,7-galaxite 2,3
mol %), parfois intimement associées à des associations micrographiques,

des auréoles monocristallines de cordiérite (Fe/Fe+Mg : 0,43 à 0,53) contenant
parfois du spineUe en proportion variable. Les deux types d'auréoles peuvent se relayer
autour des amas ferromagnésiehs montrant leur caractère simultané. Les auréoles corres-
pondent à des réactions du type : biotite + sillimanite -» cordiérite+ spinelle+phases quart?
zofeldspathiquessolides ou liquides.
La prédominance du spinelle ou de la cordiérite est probablement liée à l'effet du zinc,
Deux populations de biotites peuvent en effet être distinguées : des biotites pauvres en
zinc (ZnO 0,05 %) et des biotites zincifères (0,20<ZnO<0,30 %) plus favorables l'appari-
tion du spinelle [6].
INTERPRÉTATION. — La présence de structures surimposées, chacune marquée par
un assemblage minéralogique différent, est caractéristique d'une évolution polyphasée,
L'abondance de minéraux fortement alumineux(corindon, spinelle alumineux, sillimanite,
cordiérite, grenat, biotites alumineuses) indique que les xénolithes sont d'origine métapéli-
tique.
Dans un premier stade (stade; 1), le plus ancien qui soit clairement établi, le xénolithe
est formé de niveaux quartzofeldspathiques et de lits à silicate d'alumine primaire
(disthène), grenat riche en pyrope, rutile, et éventuellement corindon et biotite. Cette
paragenèseinitiale est identique à celle définie par Leyreloup pour les enclaves métapéliti-
ques dés volcans néogènes; elle résulte d'un premier événement prograde, de haute
pression. La structure du xénolithe (alternance de lits quartzofeldspathiques et de lits à
caractères restitiques) et la similitude avec les enclaves des volcans néogènes permettent
de supposer que le xénolithe a subi une migmatitisation antérieure ou contemporaine de
ce premier épisode. Le premier stade rétromorphique (stade 2) est marqué essentiellement
par une déstabilisation du grenat par hydratation, suivant une réaction du type :

Les conditions P, T correspondant à ce stade ont été déterminées sur des assemblages
Bi-Pl-Gt : P=8-10 kb, T=700-800°C. Ces conditions, sont identiques [7] (P=9-ll kbar ;
T=700-800°C) à celles déterminées dans la zone d'Ivrée pour le même type de réactions.
Ces estimations correspondent également à la transition disthène-sillimanite; il semble
donc logique de rattacher la déstabilisationdu disthèneprimaire à ce stade. La paragenèse
devient :

Le deuxième stade rétromorphique (stade 3) se manifeste par les auréoles de réaction à


hercyniteTCordiérite, ainsi que par la présence d'associations micrographiquesinterprétées
comme résultant de la cristallisation in situ d'un liquide anatectique. La paragenèse
devient :

Les conditions P, T correspondant à ce stade ont été déterminées d'après les assemblages
Bi-Gt, Gd-Hc, et Gt-Cd. La pression est bien définie (P= 5-6 kbar), mais il existe une
620 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

discordance entre les températures déterminées par les couples Bi-Gt et Hc-Cd d'une
part (700-85O°C) et les couples Cd-Gt (600-650°C) d'autre part. La zonation conjointe
du grenat et de la cordiérite (enrichissement en fer dans les deux minéraux à proximité
du contact) suggère l'existence de phénomènes de rééquilibrage rétromorphique, 650°C
correspondant alors à la température de « fermeture » du géothermomètre.
L'évolution des conditions P, T au cours de l'épisode rétromorphique (stade 2 et 3)
correspond à une baisse de pression isotherme, induisant un fort accroissement du
gradient géothermique (de 20°C/km à 35°C/km). L'existence de gradients élevés est
connue dans cette partie du Velay, et caractérise l'événement tectonométamorphique 3
(mise en place des granites circonscrits, migmatitisation, magmatisme vaugnéritique), daté
vers 300 M.a. Il semble donc logique d'attribuer un âge tardihercynien aux stades 2 et 3
sans pouvoir toutefois préciser l'intervalle de temps les séparant. Il n'est pas actuellement
possible de dater le stade 1 à disthène-grenat.
CONCLUSION.

Le fait que les xénolithes du Peyron aient été remontés par une
manifestation basique hercynienne, leur confère un caractère exceptionnel. Leur étude
montre que :
(a) les xénolithes sont d'origine métapélitique;
(b) le magma basique du Peyron est d'origine profonde ( >20 km);
(c) il existe un socle granulitique sous le Velay à l'époque hercynienne;
(d) ce socle a subi lors de l'événementtectonométamorphique 3 (300 M.a.) une décom-
pression pratiquement isotherme, à partir d'un stade à haute pression P>8 kbar);
(e) il existe un stade antérieur à disthène-grenat.
Les points d et e sont en accord avec les schémas proposés par Leyreloup à partir des
enclaves des volcans néogènes. Ce type d'évolution : stade granulitique haute pression,
suivi d'une décompression isotherme, est général à cette époque dans le Massif Central
français [8], et dans l'ensemble de la chaîne hercynienne [9].
Remise le 24 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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J. M. M. : Centre de Recherches Pétrographiqueset Géochimiques,


C.R.P.G., B. P. n° 20, 54501 Vandoeuvre lès Nancy Cedex.
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GÉOLOGIE STRUCTURALE.
— Chronologie des événements tectoniques dans le

Aubouin.
Nord-Ouestdu MassifCentralfrançais et le Sud du bassin de Paris du Carbonifère inférieur
au Plio-quaternaire. Note de Gilles Lerouge et Jean-Michel Quenardel,présentée par Jean

L'analyse des structures des terrains, cristallophylliensdu Nord-Ouestdu Massif Central et de sa couverture
sédimentaire septentrionale permet l'établissement d'une chronologie des événements tectoniques depuis le
Carbonifèreinférieur jusqu'au Plio-Quaternaire. Au Carbonifère se Succèdent cinq phases de raccourcissement.
Elles sont suivies par une période de distension du Permien au Crétacé. De l'Eocène au Plio-Quaternaire le
régime de déformation est compressifà l'exception de l'Oligocènequi est marqué par une période de distension.

STRUCTURAL GEOLOGY. — Lower Carboniferous to Quaternary tectonic events chronplogy of North-


western French Massif. Central and Southern Paris Basin.
Tectonic studies of north-westernmost part of the French Massif. Central and of southernmost sediments of
Paris Basin allow to propose a chronologyof tectonic events from lower Carboniferous to Plio-Quaternary. One
can recognize : five stages of shortening during Carboniferous; distensions from Permian to Cretaceous; shortening
from Eocene to Quaternary with a period of distension during Oligocène.

Les récents-travaux réalisés dans le Nord-Ouest du Massif Central français, à l'Ouest,


du Sillon Houiller et sur la couverture sédimentaire du Sud du Bassin de Paris ([1] à
[15]), ont permis de montrer que cette région a connu une histoire tectonique complexe
polyphasée. L'évolution géodynamique du Cambrien au Dévonien entraîne la formation
d'une véritable chaîne de type « collision ». Au Carbonifère, la région est soumise à un
régime de raccourcissementau cours duquel de grands faisceaux de cisaillement apparais-
sent (Zone de Cisaillement de la Marche-Combrailles, Sillon Houiller) ([5], [6], [8]). Les
structures acquises à cette époque guideront les orientations des fractures actives lors des
déformations post-hercyniennes, à la fois dans le socle et dans la couverture [8]. Nous
passerons donc plus rapidement sur ces dernières.
HISTOIREPRÉ-CARBONIFÈRE. — Le premier témoignage de l'évolution pré-carbonifère se
développe, au Paléozoïqueinférieur, avec la mise en place des roches sédimentaires et
magmatiques, à l' origine des séries cristallophylliennes.
Nous avons montrél'importancemajeure des événements tectoniques,métamorphiques
et magmatiques dévoniens qui ont affecté le Nord-Ouest du Massif Central ([1] à [4],
[13], [16] à [18])/ C'est au cours de cette période que se sont déroulés les phénomènes de
migmatisation pour les unités les plus hautes, de métamorphismes et de déformations
dans les unités moyennes à basses, de structuration tangentielle en nappes du second
genre synmétamorphes entraînant un épaississement crustal responsable de la mise en
place des granites du massif de Guéret.
HISTOIRE HERCYNIENNE. — Au cours du Carbonifère se succèdent cinq phases de
raccourcissement(pl. I).
— au
Carbonifère inférieur à moyen, la région est soumise à un régime en raccourcis-
sement orienté NW-SE. Celui-ci est caractérisé par des déformations ductiles le long des
failles de la Marche, orientée E-W et de Chambon-sur-Voueize, orientée WNW-ESE,
correspondant à des zones de cisaillement dextre (déformation rotationnelle), et le long
de la faille d'Arpheuiïlles, orientée NE-SW, chevauchante du NW vers le SE. Aucune
déformation fragile n'a pu être associée de façon certaine à cet événement ([5], [8], [9]).
Ces déformations sont à rapprocher de celles observées le long de la Zone de Cisaille-
ment Sud-Armoricaine,dans le prolongement de laquelle elles se situent [19].
0249-6305/85/03010621 $ 2.00 © Académiedes Sciences
622 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

Le Viséen est marqué par un relâchement des contraintes selon une direction ENE-
WSW, sub-perpendiculaire au raccourcissement précédent. Il est accompagné d'un épisode
volcano-sédimentaire [20]. Ces dépôts cachettent les cisaillements ductiles dextres. Au
cours de cette période les accidents orientés NW-SE ont joué en faille normale.

Au Namuro-Westphalien, le raccourcissement est orienté NE-SW à NNE-SSW. La
faille de Boussac, orientée ENE-WSW, se prolongeant vers l'Ouest par la faille de la
Marche occidentale (sensiblement E-W), présente un jeu en cisaillement ductile senestre
(déformation ratationnelle) syn- à post-mise en place des massifs leucogranitiques de la
Marche occidentale ([8], [9]). Ce raccourcissement s'accompagne aussi d'une déformation
fragile caractérisée par le développement de failles subverticales décrochantes dextres
N320° à N25° et senestres N60° à N110° ([8], [9]). Au Nord de ces accidents, le Plateau
d'Aigurande est affecté par une tectonique tangentielle (chevauchement de Chambon)
présentant un sens de déplacement du SE vers le NW [13].

A la fin du Westphalien et au début du Stéphanien, le raccourcissement est orienté
N-S à NNW-SSE. Ce raccourcissement s'accompagne principalement d'un réseau de
failles subméridiennes (A.M.B.P. et Sillon Houiller) qui décrochent les accidents de
direction armoricaine. La déformation est ductile (faille de Theneuille) et correspond à
des cisaillements senestres ([8], [21]). Le système de fractures associé est caractérisé par
des failles subverticales décrochantes dextres N110° à N160° et senestres N10° à N65°,
ainsi que par des failles inverses orientées E-W ([8], [10]).

Au Stéphanien se succèdent un raccourcissement NW-SE et un autre E-W ([8],
[10]). Ces déformations affectent les sédiments des bassins houillers [10].
Lors du raccourcissement NW-SE, le Sillon Houillerfonctionne en cisaillement senestre,
développant une zone de brèches sur la bordure est du massif granitique de Montmarault
([8], [10], [22]). Le long de cet accident s'ouvrent des bassins d'origine tectonique [10].
De façon contemporaine se développe le réseau de failles subméridiennes de la vallée du
Cher et ses satellites ([8], [10], [21]). Ce raccourcissement NW-SE s'accompagne de failles
subverticales décrochantes dextres N90° à N130° et senestres N135° à N170°, ainsi que
de failles inverses orientées N 50° ([8], [10], [21]).
Le raccourcissement E-W est marqué par un arrêt des décrochements le long du Sillon
Houiller. Il tend à rejouer en faille inverse, ainsi que toutes les failles de direction
subméridienne. Les plis formés dans les bassins stéphaniens subissent un serrage ([21],
[22]). Ce raccourcissement se caractérise aussi par des failles subverticales décrochantes
dextres N40° à N90°, et senestres N 110° à N160° ([8], [10], [21]).
HISTOIRE POST-HERCYNIENNE. — Après les événements carbonifères, les déformations
que subit la région ont pour effet de réactiver les directions d'accident du socle apparues
durant les périodes précédentes. Les failles affectant la couverture sédimentaire se locali-
sent de préférence à l'aplomb des structures cassantes du socle, et présentent sensiblement
les mêmes directions. Aucune structure souple importante (pli) n'apparaît dans ce secteur.

EXPLICATIONS DES PLANCHES

Planche I

Chronologie des déformations du Carbonifère inférieur au Trias (S.H. : Sillon Houiller; A.M.B.P. : Anomalie
Magnétiquedu Bassin de Paris; Z.C.M.C. : Zone de Cisaillement de la Marche Combrailles).
Chronology of strains from lower Carboniferous up to Triassic.
PLANCHEI/PLATE I GILLES LEROUGE

C.-R., 1985. 2e Semestre (7. 301) Série II — 44


PLANCHE II/PLATE II
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985 625

Planche II

Chronologie des déformations du Jurassiqueinférieur au Plio-Quaternaire.


Çhronology of strains from lower Jurassic up to Plio-Quaternary.

An Permien, débute dans cette région une période de distension qui se prolongejusqu'à
la fin du Crétacé (pl I et II).

Au Permien une distension N-S affecte la sédimentationdu bassin de l'Aumance et
développe des failles normales syn-sédimentaires orientées NE-SW et NW-SE [11]. C'est
au cours de cette phase tectonique que les premiers rejeux à composante verticale se
produisent sur les failles de la Marche et de Boussac ([5], [8]).

Au Trias une distension orientée NE-SW, et au Jurassique inférieur à moyen une
distension orientée NW-SE [8], réactivent les faillessubméridiennes qui jouent alors le rôle
de limites paléogéographiques lors de la sédimentationmésozoïque [23]. Ces déformations
développent des failles normales orientées NE-SW. et NW-SE pour la première, et N-S
et E-W pour la seconde [8].

Au Jurassique supérieur et au Crétacé, la distension N-S qui affecte la région est
marquée par les jeux de failles normales orientées ENE-WSWet WNW-ESE qui peuvent
être accompagnés de flexures ([8], [12], [14]).
l'Éocène est marqué par un retour à un régime tectonique de raccourcissement. Celui-ci
présente deux orientations distinctes : N-S et NNE-SSW. Il n'a pas été possible d'établir
une chronologie entré ces deux événements. Ils ont fait jouer ou rejouer en dextre les
fractures subvérticaies orientées N-S, et en senestre celles orientées E-W ([1-2], [14]; [15],
[24]). Ils s'accompagnent de failles inverses orientées E-W, dont l'une affecte les sédiments
éocènes du bassin de Chaumaillat (Creuse) [8].
À l'Oligocène se produit la dernière distension connue dans cette région. Elle est

orientée E-W et responsable des rejeux en faille normale des accidents subméridiens
tardi-hercyniens (failles de la Loire, du Chef, de la Châtre..). Cet événement est contempo-
rain de l'ouverture des Limagnes plus à l'Est ([8], [14], [15]).
— Au Miocène, la région est soumise à un raccourcissement orienté E-W. Il développe
un système de failles subverticales décrochantes dextres orientées N 40° à N65°, et
senestres orientées N100° à N120°. Cette déformation est consécutive au bombement du
Seuil de Bourgogne, lui-même lié à la tectonique alpine ([8], [14], [15]).

Au Plio-Quaternaire, le raccourcissement est orienté NW-SE à NNW-SSE. C'est le
dernier événement tectonique que l'on observe dans le Sud du Bassin de Paris et dans le
Nord-Ouest du Massif Central français. Il est responsable des jeux et rejeux des failles
méridiennes (N 340° à N 10°) en décrochement senestre, des failles orientées N100° à
N120° en décrochementdextre et des failles inverses orientées NNE-SSW ([8], [14], [15]).

CONCLUSIONS. — DU Carbonifère inférieur au Plio-Quaternaire 14 phases tectoniques,


d'importance variable, ont affecté le Nord-Ouest du Massif Central français et sa
couverture sédimentaire. Les grands traits des structures actuelles semblent acquis avant
et au cours du Carbonifère.
Durant le Carbonifère, le régime tectonique est marqué par la succession de phases de
raccourcissement dont les orientations peuvent être le résultât d'une Totation anti-horaire
de blocs intra-continentaux, comme tendent à le montrer les études du paléomagnétisme
([25], [26]).
626 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

Du Permien au Crétacé, la région correspond à un domaine en distension où se


succédent quatre phases. Ces événements tectoniques réactivent les fractures hercyniennes
et contrôlent la sédimentationmésozoïque.
Le Cénozoïque débute par un retour à un régime en raccourcissement, contemporain
des événements pyrénéens (Eocène). La dernière phase de distension connue dans cette
région est datée de l'Oligocène (ouverture des Limagnes). Le Miocène marque un retour
à un régime en raccourcissement qui se prolongejusqu'à l'Actuel, et qui reflète l'influence
des événements alpins.
Il apparaît donc que toute reconstitution paléogéodynamique, dépassant un cadre
régional étroit, doit tenir compte des événements récents. L'importance des analyses
rétrotectoniques [27] est ici une nouvelle fois soulignée.
Ce travail a bénéficié des soutiens financiers et matériels : de la Direction de la Recherche(Min. Ed. Nat.)
programme Géologie profonde de la France, du Service géologique national et du Commissariat à l'Énergie
atomique.
Contribution française n° 51 au projet n° 27 du P.I.C.G. de l'UNESCO « Orogène Calédonien ».
Remise le 1er juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[I] P. ROLIN et J.-M. QUENARDEL, Comptes rendus, 290, série II, 1980, p. 17-20.
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[3] P. ROLIN, J.-L. DUTHOU et J.-M. QUENARDEL, Comptes rendus, 294, série II, 1982, p. 799-802.
[4] J.-M. QUENARDELet P. ROLIN, Geol. Soc. London spec. pub. n° 14, 1984, p. 63-70.
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Caledonide orogen.
[6] J.-M. QUENARDEL, P. ROLIN et G. LEROUGE, C.R. 109e Congrès nat. Soc. Sav., Dijon, 1984.
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p. 131-141.
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[9] M. LESPINASSE, Thèse de 3e cycle, E.N.S.M.I.N., Nancy, Mém. n° 8, CREGU, 1984, 194 p.
[10] D. BONIJOLYet C. CASTAING, Soc. Géol. du Nord, 1983.
[II] S. BONNION, Thèse 3e cycle, Université de Dijon, 1983.
[12] S. DEBRAND-PASSARD,Mém. B.R.G.M., n° 119, 1982.
[13] P. ROLIN, Thèse de 3e cycle, Université de Paris-Sud, Orsay, 1981, 229 p.
[14] J. LORENZ, F. BERGERAT, J.-H. DELANCE, C. LORENZ et D. OBERT et coll., Document B.R.G.M., n°
81-2, Paris, 19-20 septembre 1984, p. 149-161,
[15] F. BERGERAT, Tlièse Sciences nat., Université de Paris-VI, 1985, 317 p.
[16] D. SANTALLIER, P. ROLIN, J.-M. QUENARDEL et J.-P. FLOCH, Symposium Hercynides, Rabat, 1983,
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[18] J.-M. QUENARDEL, G. LEROUGE, P. ROLTN et P. SCHMITT, C.R. 109e Congrès nat. Soc. Sav., Dijon,
1984.
[19] P. JEGOUZO, J. Struc. Geol.,-2, n° 1/2, 1980, p. 39-47.
[20] F. BERTHIER, Bull. B.R.GM., (2), I, 2, 1979.
[21] C. CASTAING, A. AUTRAN, G. DELPONT et M. TURLAN, Document B.R.G.M., n° 81-2, Paris, 19-20
septembre 1984, p. 163-183.
[22] J. GROLIER et J. LETOURNEUR, XXIII Cong. Géol Intern., I, 1968, p. 107-116.
[23] D. PHILIPPON, Thèse 3e cycle, Université de Franche-Comté, Besançon, 1982.
[24] C. LORENZ, C.R. Somm. Géol. Fr., 4, 1979, p. 173-174.
[25] J. B. EDEL et M. COULON, 9e Réun. Ann. Sc. Terre, Paris, 1982.
[26] J. B. EDEL, Document B.R.G.M., n° 81-2, Paris, 19-20 septembre 1984, p. 45-60.
[27] P. FALLOT, Ann. Soc. Géol Belg., 78, 1954, p. 147-170.

Laboratoire de Géologie structurale et appliquée,Universitéde Paris-Sud, 91405 Orsay Cedex.


C.R.Acad.Sc. Paris, t. 301, Série II, n°9, 1985 627

GÉOLOGIE MARINE.
— Résultats préliminaires de la campagne 103 du Joides
Resolution (Océan Drilling Program) au large de la Galice (Espagne) : sédimentation et
distension pendant le « rifting » d'une marge stable; hypothèse d'une dénudation tectonique
du manteau supérieur. Note de Gilbert Boillot, Edward L. Winterer, Audrey W. Meyer,
Joseph Applegate, Miriam Baltuck, James A. Bergen, Maria C. Comas, Thomas A. Davies,
Keith Dunham, Cynthia A. Evans, Jacques Girardeau, Dave Goldberg, Janet Haggerty,
Lubomir F. Jansa, Jeffrey A. Johnson, Junzo Kasahara, Jean-Paul Loreau, Emilio Luna
Sierra, Michel Moullade, James Ogg, Massimo Sarti, Jurgen Thurow et Mark W. William-
son, présentée par Jean Aubouin.

Le navire foreur Joides Resolution s'est rendu du 25 avril au 19 juin 1985 sur la marge continentale de la
Galice dans le cadre du programme international ODP. 12 forages, répartis dans 5 sites différents, ont permis :
(1) d'établir une chronologie précise de la distension crustale (rifting) entre la fin du Jurassique et la fin de
l'Aptien, (2) de mettre en évidence une épaisse série turbiditique d'âge Valanginien-Hauterivieninsoupçonnée
jusqu'à présent et, (3) de confirmer la présence d'un socle ultramafique (harzburgites) à la frontière entre.la
marge continentale et la croûte océaniquede l'Atlantique Nord.

MARINE GEOLOGY. — Preliminary results of leg 103 of the drilling vessel Joides Resolution (Ôcean
Drilling Program): sédimentation and distension during rifting of a passive margin; hypothesis of tectonic
dénudation of the upper mantle.
The drilling vessel Joides Resolution visited the Galicia margin as Leg 103 of the Océan Drilling Program,
from April 25 to June 19, 1985. The principal results from the 12 holes al 5 sites are the following: (\) the
rifting of the margin may be constrained as lasting from lalesl Jurassic to latest Aptian, (2) the discovery of a
previously unknown thick Valanginian to Hauterivian turbidite sequence and, (3) the confirmation of an ultramafic
(harzburgite) body al the contact between continental and oceanic crust.

La marge continentale située à l'Ouest de la Galice (Espagne) est une marge passive
d'âge mésozoïque [1] (pl. I). Sa couverture sédimentaire est relativement mince (0-4 km).
Les structures enfouies apparaissent clairement sur les enregistrements de sismique
réflexion [1], et se reflètent dans la morphologie actuelle [2]. Le socle continental est
fracturé et découpé en blocs étroits (10-30 km) et allongés (60-100 km) par des failles
normales orientées Nord-Sud (pl. I). Chaque bloc est basculé vers l'Est de 10 à 15° et
comporte une partie affaissée où se développe un bassin sédimentaire et une partie
soulevée où le socle et les premiers sédiments qui le recouvrent affleurent localement [3].
Ces conditions sont favorables aux forages scientifiques qui peuvent, dans les limites
actuelles des capacités techniques, traverser la totalité de la série sédimentaire et atteindre
le socle.
Une première campagne eut lieu en 1976 [4], au cours de laquelle l'intervalle
Hauterivien-Actuel (1750 m d'épaisseur) a été foré et carotté. La récente campagne 103
du programme ODP [5] a permis de continuer l'exploration de la marge en forant et
carottant l'intervalle Albien-Tithonique (1200 m; pl. II). Le socle a été atteint aux
Sites 637 et 639 [6].
1. CHRONOLOGIE ET PROGRESSION DE LA DISTENSION TECTONIQUE.

La série sédimentaire
rencontrée par les forages comprend (pl. II) : (a) une brèche ou un conglomérat peu
épais, contenant des roches sédimentaires faiblement métamorphiques (Paléozoique?) et
des roches subvolcaniques acides pouvant représenter le socle de la marge, (b) environ
400 m de dolomies et de calcaires, avec quelques bancs sableux et greseux, d'âgejurassique
supérieur (Tithonique) à Crétacé basal (? Berriasien). Les faunes et les microfaciès révèlent
que ces sédiments se sont déposés dans un environnement de plate-forme, en eau
0249-6305/85/03010627 $ 2.00 © Académie des Sciences
628 C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

relativement peu profonde, (c) environ 40 m de marnes crayeuses à Calpionelles, d'âge


valanginien inférieur; les Foraminifères associés suggèrent une sédimentation sur la
plate-forme externe ou sur la pente. L'approfondissementpar rapport au milieu de dépôt
de la série sous-jacente résulte probablement d'un début d'effondrement de la marge, (d)
une épaisse formation détritique (500 à 2000 m, selon lès endroits), comprenant des
turbidites sableuses du Valanginien supérieur-Hauterivien, riches en débris de plantes
terrestres, et des marnes et argiles du Barrémien supérieur-Aptien. Cette formation s'est
déposée en eau profonde, probablement sous la CCD (calcite compensation depth) et,
(e) des marnes noires albiennes, riches en matière organique, reposant en discordance sur
la formation précédente (discordance post-rift).
La confrontation des données de forage avec les données sismiques montre que la
distension et l'approfondissement de la marge se sont effectués en plusieurs étapes. La
subsidence qui s'est produite au Tithonique annonce peut être le début de la distension
crûstale. Mais le premier effondrement du socle s'est produit plus tard, entre la fin du
Tithonique et le début du Valanginien. Dès le Valanginien moyen, les sédiments de la
marge se sont déposés en eau profonde. Au cours du rifting, les bassins situés entre les
blocs crustaux se sont développés progressivement tandis que ces blocs subissaient une
rotation épisodique le long des failles normales. L'activité des failles normales de la
marge est donc répartie sur une durée d'au moins 25 M.a., depuis Peffrbndrement de la
plate-forme carbonatée tithonique (Site 639) jusqu'à la fin du rifting à l'Aptien supérieur
(Site 641). Les calcaires tithpniques semblent reposer directement sur le socle par l'intermé-
diaire d'une mince couche conglomératique et nous n'avons trouvé aucun indice d'une
histoire antérieure de la marge. Les données de forage suggèrent donc que la région
étudiée est restée émergée pendant la plus grande partie du Mésozoïque, ce qui implique
l'existence d'une croûte continentale normale à cette époque. L'amincissement crustal
sous la marge semble par conséquent résulter entièrement de son rifting au Crétacé
inférieur.
2. STRUCTUREDE LÀ MARGE PROFONDE. Entre 12°20' et 12°50', le socle acoustique de

la marge montre, sur tous les profils sismiques, un réflecteur profond (S) généralement
situé à 3-4 km sous le fond marin (pi. I). Ce réflecteur a été interprété comme la frontière
entre la croûte supérieure amincie par le jeu des failles normales et la Croûte inférieure
amincie par déformation ductile [1]. Le forage 640 ( fig. 2) conduit à réviser cette interpré-
tation. Le niveau supérieur du socle acoustique est en effet constitué de sédiments
(turbidites) du Crétacé inférieur. Le réflecteur S représente donc probablement le substra-
tum de ces sédiments, c'est-à-dire le toit de la plate-forme carbonatée déposée avant le
rifting ou bien le socle cristallin. Ce soubassement est affecté par les failles normales.

EXPLICATIONS DES PLANCHES

Planche I

Emplacement des sites de forage sur là marge de Galice, et coupes synthétiques à l'endroit de ces forages. Ces
coupes ont été dessinées d'après les données de forage et d'après des profils de sismique réflexion, enregistrés
par l'Institut français du Pétrole et communiqués par L. Montadert. Vitesse supposée dans les sédiments
post-rift : 2 km/s; dans les sédiments syn-rift : 2,5 km/s. Le Moho a été situé en supposant une croûte
continentale de densité 2,8 en équilibreisostatique sur une manteau supérieurde densité 3,3. P, péridotites ;
S, réflecteurprofond correspondant probablement au substratum des sédiments de la marge.
PLANCHEI/PLATE I GILBERT BOILLOT
PLANCHE II/PLATE II
Planche
C. R. Acad. Sc. Paris, t.301, Série

Colnne sédimentaire synthétique construite d'après les données


etd'argile noire très riche en matièreorganique
;2,
argilite
et
marne
noire,
riche
en
matière
II,

argilite; 4, calcaires blancs alternant avec des marnesgrises ou vertes,des


n° 9, 1985

des forages. 1, argilite brune, avec


organique; 3, argile
et des brèches.
resédimentées 5, marnes et slumps marneux; 6, grès; 7, dolomite; 8 bicoherme dolomitisé; 9, calcaire;
calcarénites
631

II

un banc

10, périodite serpentinisée,


;
11, conglomérat de base et rhyodacite appartenant peut-être au socle;
Tith,
Alb, Albien ;
Cette
UC, Crétacé supérieur.
série a été forée dans 12 piuits différents, planche I.
Tithonique, Ber, Berriasien; Val, Valanginien; Haut, Hauterivien; B, Barrémien; Apt, Aptien;

répartis
dans
les
5site
indiqués
su
la

3. LES PÉRIDOTITES : TÉMOINS D'UNE DENUDATIONTECTONIQUE


DU MANTEAU SUPÉRIEUR PEN-
DANT LE RIFTING DE LA MARGE ? — La est limitéeàl'Ouest
par une
margecontinentale

ride de socle (pl. I), orientée Nord-Sud, large d'une dizaine de kilomètres et longue d'au
moins 60 km ([1], [7]). Le forage 637 (pl. I)apénétré sur
laride une
de 75 m épaisseur
et a montré qu'elle est constituée, aumoins
en
partie,
de
péridotites serpentinisées.
confirmant ainsi les résultats d'un dragageantérieur[71]
Les péridotites prélevées par forage sont des harzburgites extrêmement serpentinisées,
contenant au maximum 10 % de phases primaires (olivine, enstatite, spinelle, et clinopy-
roxène en très faible teneur). Les péridotites montrent une foliation bien marquée, inclinée
de 30 à 45 degrés dans les 50 premiers mètres du forage et jusqu'à 65° dans les 20 derniers
mètres, et une linéation dans la ligné Èeplûs^grandev
magnétiques
effectuées à bord indiquent que cette foliation présente un pendage vers l'Est. Au
microscope la roche révèle des structures porphyroclastiques et mylonitiques, ces dernières
se situant dans des zones de cisaillement légèrement obliques à la foliation.
L'analyse de la déformation montre que la mylonitisation résulte d'un cisaillement
impliquant un déplacement vers l'Est des niveaux péridotites
supérieurs
des
par rapport
aux niveaux plus profonds. Après le cisaillement, les péridotites ont été intensément
serpentinisées, puis fracturées. Les fractures sont remplies par de la calcite ou de la
serpentine. La fracturation résulte de déplacementsle long de failles normales tardives
parallèles à la foliation et à pendage Est.
L'interprétation des données sismiques montre que la ride de péridotite est partiellement
recouverte par des sédiments du Crétacé inférieur([1], [7]), déposés avant le début juste
de l'accrétion océanique dans ce secteur de l'Atlantique Nord. Les péridotites peuvent
être interprétées comme les restes d'un lambeau d'ophiolitehercynienne appartenant à
un bloc basculé de la marge. Toutefois, leur présence à la limite continent-océan suggère
que leur mise en place résulte de l'étirement lithosphérique associé au rifting.
4. CONCLUSIONS. — Les principaux résultats de la campagne ODP 103 peuvent être
résumés de la façon suivante :
(1) établissementd'une chronologie précisé de la distensioncrustale et de la subsidence
associée (rifting) entre la fin du Jurassique et la fin del'Aptien.
(2) découverte d'une épaisse série turbiditique (0,5-2.khi) déposée principalement au
Valanginien, fracturée et basculée par la suite. Cette série a été confonduejusqu'à présent,
soit avec les sédiments jurassiques, soit avec lesocle de la marge. Ces données conduisent
donc à réviser partiellementl'interpretationde la marge Ouest-Ibérique et, probablement,
d'autres marges Ouest-Européennes ;
(3) confirmation de la présence de péridotites à lafrontière de la marge continentale
et de l'océan. Ces péridotites peuvent représenter un lambeau d'une ophiolite hercynienne
632 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

appartenant à un bloc basculé de la marge, ou bien s'être mises en place pendant le


rifting à la suite de l'étirement de la lithosphère.
Remise le 1er juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] L. MONTADERT, E. WINNOCK, J. R. DELTEIL et G. GRAU, In : The geology of continental margins,


Springer-Verlag, 1974, p. 323-342; L. MONTADERT, O. DE CHAPAL, D. ROBERT, P. GUENNOC et J. C. SIBUET,
In: Maurice Ewing Séries, 3, 1979, p. 154-186; Groupe Galice, Initial Repts. of the D.S.D.P., 47, n° 2,
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[2] A. S. LAUGHTON, D. G. ROBERTS et R. GRAVES, Deep Sea Res., 22, 1975, p. 792-810; J. R. VANNEY,
J. L. AUXIETRE et J. P. DUNAND, Ann. Inst. Oceanogr., 55, 1979, p. 5-20; F. LALLEMAND, J. P. MAZE,
F. MONTI et J. C. SIBUET, Comptes rendus, 300, série II, 1985, p. 145-149.
[3] G. BOILLOT, J. L. AUXIETTE, J. P. DUNAND, P. A. DUPEUBLE et A. MAUFFRET; In : Maurice Ewing
Séries, 3, 1979, p. 138-153; D. MOUGENOT, R. CAPDEVILA, C. PALAIN, P. A. DUPEUBLE et A. MAUFFRET,
Comptes rendus, 301, série II, 1985, p. 323-328.
[4] J. C. SIBUET et W. B. F. RYAN et coll., Initial Repts of the D.S.D.P., 47, n° 2, 787 p.
[5] Oceanic Drilling Program. La campagne 103 du navire foreur Joides Resolution a commencé le 25 avril
à Punta Delgada (Açores) et s'est achevée le 19 juin à Brehmerhaven (R.F.A.).
[6] L'exécution du programme du Leg 103 a rencontré de sérieuses difficultés techniques en raison de la
nature des terrains traversés par les forages. A plusieurs reprises, nous avons dû abandonner les puits, le trépan
étant bloqué dans des grès ou des dolomies. Pour surmonter ces difficultés, nous avons multiplié les forages
courts. Cependant, avec l'aide de la sismique, les résultats des différents forages ont pu être réunis afin d'étàblir
une série stratigraphique synthétique et nous avons finalement atteint les principaux objectifs scientifiques de
la campagne.
[7] G. BOILLOT, S. GRIMAUD, A. MAUFFRET, D. MOUGENOT, J. KORNPROBST, J. MERGOIL-DANIEL et G.
TORRENT, Earth Planet. Sc. Letters, 48, 1980, p, 23-34.

Équipe scientifique du Leg 103, Océan Drilling Program,


Texas A& M University, College Station, TX 77843-3469, U.S.A.
C. R. Acad. Sc. Paris, t.301, Série II, n° 9, 1985 633

GÉOLOGIE. - La transgressionjurassique en Vanoiseoccidentale (zone briançonnaise,


Alpes occidentalesfrançaises). Conséquences paléogéographiques. Note de Etienne Jaillard,
présentée par Reynold Barbier.

L'étude des faciès et de la répartition des sédiments jurassiques de la zone briançonnaise de Vanoise
évidence.
occidentale conduit à reconstituer une paléotopographie pentée vers l'extérieur (NW?). Une tectonique intra-
3Dogger est mise en

GEOLOGY. — The Jurassic transgression in Western Vanoise (Briançon zone, French Western
Alps), Paleogeographicconséquences.
Study of both facies and distribution of Jurassic sediments of the Briançon zone of Western Vanoise leads to
reonstruct an outward-sloping paleotopography. Intra-Dogger tectonics is recognized,

INTRODUCTION. — L'histoire mésozoïque de la zone briançonnaise est caractérisée par


Une émersion au Lias, provoquée par une tectonique distensive liée au rifting de l'océan
liguro-piémontais[1], et dont les effets sont scellés par la transgression du Dogger.
La série métamorphique de Vanoise occidentale est bien connue depuis les travaux de
F. Ellenberger [2], mais un nouvel examen des formations du Dogger conduit à y préciser
les modalités de la transgressionjurassique [3].
LA TRANSGRESSION DU JURASSIQUE MOYENEN VANOISE OCCIDENTALE. — On peut distinguer
dans les sédiments du Dogger (de bas en haut) : des niveaux continentaux, carbonatés
puis quartzo-alumineux; des calcaires lités noirs; des calcaires massifs à éléments figurés;
et des calcaires massifs homogènes [3].
A. Parmi les très minces formations continentales carbonatées (rarement préservées),
on peut reconnaître : (1) des croûtes minéralisées brunes et des microbrèches orangées,
formées sur des paléoversantsbien drainés; (2) des dolomies sombres à pâte fine, cavités,
traces de racines et nodules, qui contiennent des galets de Trias et de minces passées
de schistes hyperalumineux. Elles sont interprétées comme des paléosols de milieux
périodiquementasséchés [3]; (3) des conglomératsfluviatileschenalisés à éléments carbona-
tés polygéniques roulés et peu triés, pouvant alterner avec des calcaires noirs lithographi-
ques probablement lacustres.
B. Le détritisme quartzo-alumineuxest presque partout présent et montre trois faciès
qui passent latéralement l'un à l'autre ([2], [4], [3]) : (1) un niveau métrique argilo-
bauxitique rouge très riche en alumine; (2) un banc argilitique vert, plus pauvre en
alumine; (3) des schistes noirs à débris végétaux, très riches en matière organique, soufre
et alumine, intercalés de lentilles gréso-conglomératiques à éléments exclusivement siliceux.
Les deux premiers faciès sont interprétés comme des argilites d'altération resédimentées,
mises en place sur les versants sous forme d'une nappe boueuse, probablement à la
faveur d'une crise climatique ([2], [3]), et pour lesquelles une évolution aérienne ultérieure
plus ou moins longue est responsable des variations de teneur en alumine ([2], [4]). Le
troisième représente des dépôts de delta marécageux parcouru de chenaux divagants. Le
fort enrichissement en alumine indique la contemporanéité des trois types de dépôt [2].
Par comparaison avec les Préalpes [5], on peut leur attribuer un âge bajocien supérieur
à bathonien inférieur.
C. Les calcaires lités noirs ne sont pas partout présents et débutent, au-dessus d'un
conglomérat noir très local, par des plaquettes calcaréo-dolomitiquesà faune littorale

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634 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

Nature et répartition du Jurassique en fonction de l'érosion anté-Dogger. t, Trias ; to, Scythien; t1-2, Anisien;
t3-5, Ladinien; t6-7, Carnien; t8, Norien. Al, Croûtes calcaires; A2, Paléosols hydromorphes;
A3, Conglomérats calcaires fluviatiles; Bl, Bauxites rouges; B2, Argilites vertes; B3, Schistes, quartzites et
conglomérats siliceux deltaïques; C, Calcaires lités noirs; D, Calcaires massifs à éléments figurés (indifféren-
ciés); Dl, Calcaires massifs à gastéropodes; D2, Calcaires massifs à oncolithes; D3, Calcaires massifs à
échinodermes; E, Calcaires massifs homogènes; F, Zones siliceuses; G, Fond durci; H, Calcaires noduleux
orangés; I, Ammonites; J, Resédimentation;K, Karst.
Characteristics and distribution of Jurassic sediments in relation with ante-Bathonian érosion, t, Triassic;
t0, Scythian; ti-2, Anisian; t3-s, Ladinian; t6_7, Carnian; t8, Norian. Al, Calcareous crusts;
AI, Hydromorphic paleosoils; A3, Calcareous fluviatile conglomerates; Bl, Red bauxites; B2, Green argilites;
B3, Silicic deltaic shales, quarzites, and conglomerates; C, Black bedded limestones; D, Massive biogenic
limestones (undiffei-entiated); Dl, Massive limestones with gastropods; D2, Massive limestones with oncoliths;
D3, Massive limestones with echinoids; E, Homogeneous massive limestones; F, Cherts; G, Hard-ground;
H, Orange nodular limestones; I, Ammonites; J, Resedimentation; K, Karst.

abondante. Au-dessus, une succession de séquences métriques traduitl'évolution depuis


une ambiance confinée (calcschistes à traces charbonneuses et ferrugineuses, oncolithes)
jusqu'à un milieu plus ouvert (calcaires noduleux noirs à gastéropodes, échinodermes,
rares oolithes et intraclastes). Elles sont interprétées comme des séquences transgressives
de plate-forme interne [3], et sont datées du Bathonien [2].
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985 635

D. Les calcaires massifs à éléments figurés sont partout présents en Vanoise occidentale.
Ils reposent sur le terme C ou sur le Trias par l'intermédiaire des bauxites. Ils sont
souvent sombres et fétides, et malgré la recristallisation, un examen attentif permet d'y
reconnaître des vestiges de faune de plate-forme peu profonde. On y distingue [3] : (1)
des calcaires noirs fétides à nérinées, polypiers et échinodermes évoquant un milieu calme,
confiné et peu profond; (2) des calcaires gris à oncolithes, gros gastéropodes, oursins et
bioclastes représentant des dépôts de milieu abrité, un peu plus ouvert que 1; (3) des
calcaires gris parfois fétides, à débris d'échinodermes, lamellibranches, rares gastéropodes
et grains non identifiables, correspondant à des dépôts de plate-forme plus profonde et
plus ouverte. Ce dernier faciès peut contenir des niveaux resédimentés de calcaire à
oncolithes, et sa limite supérieure semble se situer peu au-dessus d'un horizon-repère à
zones siliceuses blanches. En effet, on trouve à ce niveau des indices de condensation-
fond durci, mince passée de calcaires noduleux orangés, ou concentration d'ammonites
du Callovien supérieur [2], matérialisant une probable discontinuité sédimentaire, voire
une lacune. L'âge de ces calcaires serait donc callovien [3].
E. Dans les calcaires homogènes sus-jacents, l'absence apparente de macrofaune sug-
gère.un milieu de sédimentation plus profond. On peut les attribuer au Malm.
RÉPARTITION DES TERMES DU DOGGEREN VANOISE OCCIDENTALE. Par comparaison avec

d'autres régions de la zone briançonnaise, on peut proposer à titre d'hypothèse de
disposer les différentes coupes de Vanoise occidentale dans un ordre d'érosion anté-
Dogger décroissante vers l'extérieur. L'image obtenue (fig.) appelle les remarques
suivantes :
1. Dans la partie interne, je Bathonien se réduit et disparaît vers l'intérieur, en même
temps que l'érosion hasique augmente, traduisant ainsi une paléotôpographie pentée vers
l'extérieur, tant au Lias qu'au moment de la transgression.
2. Dans ce même secteur, la répartition des faciès continentaux est compatible avec
cette conclusion : les formations de versants sont localisées à l'intérieur, tandis que les
dépôts fluvio-deltaïques sont cantonnés à l'extérieur.
3. Les calcaires à éléments figurés présentent des milieux de dépôt de plus en plus
ouverts en allant vers l'extérieur, disposition cohérente avec les remarques précédentes.
4. Sur la frange externe, la transgression est tardive (callovienne),malgré une érosion
ànté-Dogger très faible. Cette particularité indique que ce secteur, déprimé après la
tectonique liasique, était surélevé au Callovien. D'autre part, l'absence de détritisme
quartzo-alumineux sur ces séries est attribuable soit à l'érosion consécutive à cette
surrectiôn, soit à un soulèvement antérieur à son arrivée. Or dans les Préalpes, la marge
externe du domaine briançonnais (Plastiques internes) est soumise au Bajocien, puis au
Callovien, à des mouvements de surrection pouvant aller jusqu'à l'émersion ([5], [6]). La
forte réduction d'épaisseur observable dans les séries voisines (Saulces, Prioux) pourrait
alors s'expliquer par là création de pentes liées à cette tectonique.
CONCLUSION. - A l'issue de l'émersion liasique, le domaine briançonnais de Vanoise
occidentale est pente vers l'extérieur de la chaîne (probablement l'Ouest ou le NW). La
transgressionjurassique recouvre par étapes, en progressant vers l'intérieur, ce domaine
dont la frange externe subit une surrection scellée par les calcaires calloviens. La disposi-
tion paléogéographiqueautant que l'évolutiontectono-sédimentairede la Vanoise occiden-
tale au Dogger sont très comparables à celles des Préalpes ([5], [6]), dont la Vanoise
constituerait donc le prolongement méridional.
Remise le 17 juin 1985.
636 C R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] M. LEMOINE, in: Les marges continentales actuelles et fossiles autour de la France, Masson, Paris, 1984,
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[3] E. JAILLARD, Thèse 3e cycle, Université de Grenoble, 1984, 213 p.
[4] B. GOFFE, Mem. Sc. Terre, Université Pierre-Marie-Curie,n° 82-04, Paris, 1982, 2 vol.
[5] M. SEPTFONTATNE, Notes Labo. Paléont., Université de Genève, 5/3, 1979, p. 25-35.
[6] A. BAUD et M. SEPTFONTAINE,Eclog. Géol. Helv., 73/2, 1980, p. 651-660.

Institut Dolomieu
et Laboratoire de Géologiealpine associé au C.N.R.S.,
rue Maurice-Gignoux, 38031 Grenoble Cedex.
C R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985 037

TECTONIQUE. — Individualisation de deux unités à flysch nummulitique d'origines


paléogéographiquesdifférentes au sein de « l' Écaille ultradauphinoise des Aiguilles d'Arves »
(région de Saint-Jean-de-Maurienne, Savoie). Note de Arnaud Serre, Anne Toury. Jean-
Paul Rampnoux, Juvendno Martinez-Reyes et Marc Tardy, présentée par Jean Aubouin.

De nouvelles observations de part et d'autre de l'Arc permettent de différencierdeux unités à flysch dans la
zone « ultradauphinoise » des Aiguilles d'Arves : la première possède un substratum dauphinois oriental alors
que la seconde semble avoir une affinité briançonnaise.

TECTONICS. — Individualization of two flysch units with distinct paleogeographic origins in the " Écaille
ultradauphinoise des Aiguilles d'Arves" (area of Saint-Jean-de-Maurienne,Savoie, French Western Alps).
New data, from either banks of Arc river, conoborale the existence of two flysch units in the "ultradauphinois"
zone of the "Aiguilles d'Arves": the first one has an oriental dauphinois substatum, while the second seems to
hâve a briançonnais affinity.

I. INTRODUCTION. — Dans la région de Saint-Jean-de-Maurienne,à l'Est de Belledonne,


les études détaillées de R. Barbier ([1], [2]) avaient permis de distinguer :

la partie orientale de la zone dauphinoise, à matériel triasique, jurassique et locale-
ment nummulitique;

la zone « ultradauphinoise », caractérisée par un flysch tertiaire (dit des Aiguilles
d'Arves), transgressif, avec discordance, sur un substratum plissé et écaillé (phase
arvinche), substratum constitué par des terrains paléozoïques et mésozoïques à faciès
dauphinois;

la zone subbriançonnaise représentée à l'Ouest par les « écailles externes » (compo-
sées de Crétacé inférieur à supérieur et de flysch tertiaire) et à l'Est par les nappes de la
Grande Moenda et du Perron des Encombres (à matériel mésozoïque). De récents
travaux [3] ont montré que les « écailles externes » constituent en réalité un olistostrome
couronnant la série éocène du flysch « ultradauphinois ».
Une étude due à J. Martinez-Reyes [4] a mis en évidence l'affinité briançonnaise du
substratum du « flysch des Aiguilles d'Arves » au front du Cheval Noir. P. Antoine,
R. Barbier et coll. [5] n'y voient qu'un gros olistolite au sein des formations chaotiques
de la base de la série. Ces deux interprétations conduisent à discuter la nature de la zone
« ultradauphinoise » telle qu'elle a été classiquement définie.
Deux études structurales ([6], [7]) permettent en fait de distinguer, au sein de la zone
« ultradauphinoise », deux unités à flysch nummulitique (cf. pl. I). Ce sont d'Ouest en
Est :

l'unité dauphinoise orientale des Albiez ;

l'unité Cheval Noir-Casse Massion, d'affinité briançonnaise.
II. OBSERVATIONS (cf. pl. II). — 1. Coupe du ravin des Sétives. — Au Nord, J. Martinez-
Reyes ([4], [8]) a décrit, reposant par l'intermédiaire d'un contact anormal sur des séries
mésozoïques dauphinoises (A), une épaisse série à caractère briançonnais (B). Elle est
composée, sur 900 m d'épaisseur de schistes noirs à versicolores du Permoçarbonifère,
d'une trentaine de mètres de microconglomératset quartzites permo-triasiques puis d'une
séquence mésozoïque réduite (Malm à Crétacé supérieur en une dizaine de mètres). Les
niveaux conglomératiques du flysch reposent stratigraphiquement sur ce substratum en
le ravinant.

0249-6305/85/03010637 82.00 © Académie des Sciences


638 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

2. Coupe de la route de Montdenis [coupe 2]. A la cote 830 m, on a :



(A) l'unité des Albiez, représentée par 20 m environ de conglomérats polygéniques
(cristallin, calcaires, etc.). C'est la terminaison de la barre de flysch du pont de Vïllard
Clément, dans lequel ont été récoltées des Nummulites ([1], [9]); elle repose,sur une série
liasique à dogger à faciès dauphinois.
(B) l'unité supérieure-Cheval Noir-passe Massion, au-delà d'une petite ; dépression
encombrée d'éboulis. Elle chevauche l'Unité précédente. Nous y distinguons :
(b 1) 10 à 12 m de calcschistes à patine rougeâtre et à encroûtements (manganeux?)
noirs, qui présentent des efflorescences de gypse lemallaire déposé entre les feuillets
schisteux;
(bl) le flysch, fait d'un niveau conglomératique d'une dizaine de mètres d'épaisseur, à
éléments bien roulés, surmonté par un puissant complexe à; blocs, à galets très étirés et à
matrice schisteuse noire.
L'observation à l'affleurement de gypse soulignant le contact anormal corrobore celle
effectuée en galerie lors du percement de la chute de l'Échaillon [10].
3. Coupe du vallon du Rieubel (Sud de l'Arc) [coupe 3]. Ces deux unités à flysch se

retrouvent au Sud de la vallée de la Maurienne. Leur limite commune parcourt la falaise
qui domine à l'Est la dépressiondu torrent du Rieubel (Est d'Albiez-le-Jeune). L'escalade
de cette falaise permet d'observer de bas en haut :
(A) l'unité des Albiez constituée de :
(a l) le substratum dauphinois oriental représenté par une épaisse série de calcaires
sableux gris, en bancs décimétriques, alternant avec des calcschistes gréseux et micacés
noirs. Un Acrocoelites sp y a été récolté, permettant de dater ce niveau du Bajocien. Ceci
correspond au substratum dauphinois oriental;
(a 2) 20 m de grès feldspathiques bien lités. Ce niveau, collé stratigrapniquement sur le
précédent, se remarque aisément dans la falaise par sa teinte claire. Il nous apparaît
comme l'équivalent latéral des conglomérats du pont de Villard Clément;
une écaille ou lambeau de poussée d'une trentaine de mètres d'épaisseur constituée de
calcschistes sableux sombres à faciès delphino-helvétique assez semblables au niveau al
et présentant une déformation intense;
(B) l'unité supérieure Cheval Noir-Casse Massion chevauchant l'unité sous-jacente. Elle
est ici composée de schistes à blocs étirés, des nature variée (calcaires, calcschistes,
cristallin, etc.) et de taille pluricentimétrique à pluridécamétrique.Us constituent la haute

EXPLICATIONSDES PLANCHES

Planche I

Schéma structural du secteur de Saint-Jean-de-Maurienne.


1, alluvions quaternaires; 2 et 3, ensemble du Rocheray (2, couverture triasico-liasique; 3, socle cristallin); 4 et
5, unités ultra-Rocheray (dont unité des Albiez) (4, flysch éocène; 5, substratum mésozoïque); 6 à 8, unité
Cheval Noir-Casse Massion (6, flysch olistostromique éocêne; 7, flysch éocène; 8, substratum carbonifère à
crétacé); 9, écaille de Valbuche; 10, unités du Mont du Fût et du Niélard; 11, unité de Crève Tête; 12, zone
subbriançonnaise; 13, gypse; 14, front chevauchant des unités; 15, cisaillement local; FM, fenêtre des Monts.
Sketch map of geology in Saint-Jean-de-Mauriennearea.
1, Quaternary alluvials deposits; 2 and 3, Rocheray realm (2, Triasico-liasic strata 3, cristalline basement); 4
;
and 5, ulti-Rocheray units (with Albiez unit). (4; Eocene flysch;:5, Mesozoic strata) 6 to 8, Cheval Noir-Casse
Massion unit (6, Eocene olistostromic flysch; 7, Eocene flysch; 8, Carbonifero-cretaceous substratum); 9,
Valbuche slice; 10, Mont du Fût and Niélard units; 11, Crève Tête unit; 12, subbriançonnais zone; 13, gypsum;
14, basai thrusts of the main units; 15, local thrust; FM, window of Les Monts.
PLANCHE I/PLATE I ARNAUD SERRE

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II - 45


PLANCHE II PLATE II
C R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985 641

Planche II

Coupes sériées (localisation sur la planche I).


A, unité dauphinoise orientale dès Albiez; B, unité Cheval Noir-Casse Massion d'affinité briançonnaise; 1,
substratum mésozoïque delphino-helvétique ; 2 à 4, substratum d'affinité briançonnaise(2, Permo-carbonifère;
3, Permo-werfénien; 4, Jurassique supérieur et Crétacé supérieur); 5 à 9, séries à flysch nummulitique (5,
schistes à blocs; 6, flysch conglomératique; 7, flysch turbiditique; 8, flysch gréseux; 9, flysch olistostromique);
10, contact entre les deux unités à flysch; 11, contact chevauchant de la zone subbriançonnaise; a, flysch
conglomératiqueéocène; b 1, zone de contact, avec efflorescences de gypse; b 2, conglomérats et schistes à
blocs eocènes.
Five cross-sections (located on plate 1).
A, Albiez unit (Eastern Dauphinois); B, Cheval Noir-Casse Massion unit .(Briançonnais affinity); l, Mesozoic
delphino-helvetîcsubstratum; 2 to 4, substratum similar to briançonnais series (2, Permo-Carboniferous; 3,
Permo-Werfenian; 4, Upper Jurassic and Upper Cretaceous); 5 to 9, NummuliticFlysch series (5, block-schistes;
6, conglomeratic Flysch ; 7, turbiditic Flysch; 8, sandy Flysch; 9, olistostromic Flysch); 10, thrust between the
two flysch units; 11, basal thrust of the subbriançonnais zone; a, Eocene conglomeratic Flysch; b 1, thrust area
with gypsum; b2, Eocene conglomerates and block-schists.

falaise du Bec. Ce niveau de flysch n'est pas daté mais ceux qui le recouvrent stratigraphi-
quement sont priabonieris.
Cette coupe montre l'existence d'un contact cisaillant plat dans la zone
« ultradauphinoise » au Sud de l'Arc. Ce contact cisaillant en affecte tous les niveaux,
au point que dans la partie méridionale, le niveau de grès feldspathiques (al) disparaît,
tronqué à partir de son sommet. Nous avons alors directement le lambeau de poussée
au contact des calcaires sableux inférieurs. A la base de celui-ci, on peut observer du
gypse lamellaire.
4. Coupe de la Pointe d'Emy [coupe 4]. — Elle confirmé la précédente, on a :
(A) l'unité des Albiez : près de 1000 m de formations détritiques (schistes à blocs et
flysch conglomératique) transgressives cartographiquement sur un substratum marno-
calcaire à gréseux du Dogger à faciès dauphinois 1. s.;
(B) l'unité supérieure Cheval Noir-Casse Massion tronquée à sa base par le contact
cisaillant. Elle a tout de même conservé quelques mètres de flysch conglomératique. Puis
vient l'épaisse série turbiditique à gréseuse dans laquelle ont été recueillies quelques
Nummulites, datant ces niveaux du Priabonien [6].
Ni gypse ni lambeau de poussée n'ont été observés au contact.
5. Coupe de la Crête d'Argentière (latitude des Aiguilles d'Arves) [coupe 5]. — Vers le
Sud, le dispositif décrit ci-dessus se poursuit et le contact cisaillant plat, bien visible,
court sur toute la longueur du flanc nord de la Crête d'Argentière. Il sépare les deux
unités à flysch, à savoir de bas en haut :
(A) l'unité des Albiez, qui montre le faciès du flysch gréseux juste sous le contact mais
apparaît plus turbiditique dans le fond du vallon. Les couches pendent de quelques
dizaines de degrés vers l'Est;
(B) l'unité Cheval Noir-Casse Massion, qui constitué avec son faciès flysch gréseux
toute la Crête d'Argentière. A rencontre de l'unité inférieure, celle-ci est extrêmement
déformée, les plis étant en général déversés vers l'Est.
Là encore, ni gypse ni lambeau de poussée ne soulignent le contact. Seule la différence
de déformation entre les deux unités permet de prolonger ce chevauchement vers le Sud.
Plus au Sud encore, un contact cisaillant plat a été signalé par R. Barbier [2] en rive
gauche du lac du Goléon, entre l'Aiguille d'Argentière et le Pic des Trois Évêchés. A cet
endroit, la série; inférieure apparaît complète, un peu de l'olistostrome sommital étant
conservé sous le cisaillement. De l'unité supérieure, il ne reste là que les niveaux gréseux
et olistostromique.
642 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

III. CONCLUSIONS. — Ainsi, de part et d'autre de l'Arc, nous observons le même


dispositif : l'unité des Albiez, unité inférieure à substratumdauphinois et flysch nummuliti-
que, chevauchée par l'unité supérieure Cheval Noir-Casse Massion, essentiellement à flysch
priabonien dans ce secteur, mais qui a gardé un témoin de son substratum d'affinité
briançonnaise au Nord. Ces deux ensembles s'individualisent depuis le col du Mottet au
Nord et au moins jusqu'au Pic des Trois Évêchés vers le Sud (cf. pl. I).
Du Nord vers le Sud, on voit que la série de l'unité inférieure se complète vers le
haut : les niveaux les plus récents (flysch gréseux, flysch olistostromique) n'existent qu'au
Sud. Conjointement, la série supérieure est peu à peu amputée de ses niveaux de base.
Ainsi, au Nord dans le ravin des Sétives (coupe 1), le flysch priabonien de l'unité
supérieure Cheval Noir-Casse Massion possède son substratum à caractère
briançonnais [4]. Ce substratum disparaît à la latitude des Chalets de l'Alpettaz. Le
flysch de l'unité supérieure repose alors directement sur un substratum dauphinois par
l'intermédiaired'un contact anormal : il y a substitution de couverture.
Sur la route de Montdenis (coupe 2), le substratum dauphinois oriental est recouvert
par les premiers niveaux conglomératiques du flysch nummulitique. Ceux-ci sont chevau-
chés par les schistes à blocs et conglomérats de l'unité supérieure.
A la Pointe d'Emy (coupe 4), le flysch turbiditique de l'unité supérieur recouvre
tectoniquement les conglomérats de l'unité inférieure. Dans la Crête d'Argentière
(coupe 5), le chevauchement superpose flysch gréseux à flysch gréseux.
Plus au Sud encore, dans le vallon du Goléon, le sommet de la série inférieure est
préservé sous les niveaux gréseux de l'unité supérieure.
Ainsi, la « zone ultradauphinoisedes Aiguillesd'Arves » comporte-t-elle en réalité deux
unités tectoniques caractérisées par une origine paléogéographique mésozoïque différente :
origine dauphinoise orientale pour l'unité inférieure, origine plus interne (briançonnaise ?)
pour l'unité supérieure.
Remise le 17 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] R. BARBIER, Mém. Carte géol. Fr., 1948, 292 p.


[2] R. BARBIER, Bull. Soc. géol. Fr., (6), VI, n° 4-5, 1956, p. 355-370.
[3] C. BRAVARD, C. KERCKHOVEet R. BARBIER, Comptes rendus, 292, série II, 1981, p. 531-534.
[4] J. MARTINEZ-REYES, S. FUDRAL et coll., Comptes rendus, 288, série 1979, p. 203-206.
[5] P. ANTOINE, R. BARBIERet coll., Comptes rendus, 290, série D, 1980, p.,
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[6] A. SERRE, Trav. Dpt. Sc. Terre Chambéry, n° 1, 1983, 178 p.
[7] A. TOURY, Trav. Dpt. Sc. Terre Chambéry, n° 3, 1985, 208 p.
[8] J. MARTINEZ-REYES, Tlièse Docteur-Ingénieur, Université Pierre-et-Marie-Curie, Paris, 1980.
[9] M. GIGNOUX, Bull. Coll. Carte géol. Fr., XXII, n° 133, 1913, p. 101-105.
[10] in Notice Carte géol. Fr., 1/50000, feuille Saint-Jean-de-Maurienne,1977.

Département des Sciences de la Terre, Université de Savoie,


B. P. n° 1104, 73011 Chambéry Cedex
C R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985 643

PALÉONTOLOGIE.
— Les premières empreintes de pas de Dinosaures du Sud-Est
asiatique : pistes de Carnosaures du Crétacé inférieur de Thaïlande, Note, à langue
dominante anglaise, de Eric Buffetaut, Rucha Ingavat, Nares Sattayarak et Varavudh
Suteetorn, présentée par Yves Coppens.

Des empreintesde pas de Dinosaurestrouvées dans la Formation Phu Phan (Crétacé inférieur) à Phu Luang
(nord-est de la Thaïlande) Ont été laissées par de grands Théropodes (Carnosaures). Leur vitesse peut être
estimée à environ 8 km/h, ce qui est en accord avec des travaux récents montrant que les Dinosaures utilisaient
la marche plus fréquemment que la course. Plusieurs individus marchaient apparemment ensemble dans la
même direction, ce qui conforte des spéculations antérieures sur les comportements de groupe chez les
Carnosaures:

PALEONTOLOGY. First dinosaur;fodprints from South-East Asia: carnosaur tracks from the lower

Cretaceousof Thailand (mostly in English Language).
Dinosaurfootprintsfound in the early Cretaceous Phu Phan Formation at Phu Luang (northeastern Thailand)
have been mode by large bipedal theropods (carnosaws). Their spee can be estimated at about 8 km per hour;
thisis in agreement with recent, conclusions about the walking gait pfeferred by bipedal dinosaurs. Several
animals were apparently walking together in the same direction, which supports previous speculations about group
behaviour in carnosaurs.

Les premières empreintes de Dinosaures signalées dans le Sud-Est asiatique ont été
découvertes dans la Formation Phu Phan, attribuée au Crétacé inférieur, à Phu Luang,
dans la province de Loei (plateau de Khorat, nord-est de la Thaïlande). Il s'agit d'une
quinzaine d'empreintes, dont certaines très bien conservées, réparties sur une dalle de grès
d'une surface d'environ 8 m 2. Les empreintes sont tridactyles, avec, dans plusieurs cas la
trace de fortes griffes. Leur longueur atteint 35 cm. Elles ont certainement été laissées par
de grands Dinosaures bipèdes du groupe des Théropodes (Carnosaures), et rappellent
l'ichnogenre Irenesauripus, signalé dans le Crétacé inférieur de Colombie britannique et du
Texas. A partir des équations proposées par R. McNeill Alexander et par R. A. Thulborn,
il est possible d'estimer la hauteur et la vitesse des Dinosaures en question à partir des
empreintes. En se fondant sur l'empreinte la mieux conservée, on obtient une hauteur à la
hanche de 1,78 m. Une longueur d'enjambée observée de 2,80 m indiquerait une vitesse
d'environ S-km/h. Il semble donc que les empreintes de Phu Luang ont été laissées par des
animaux qui marchaient (ceci est en accord avec les observations de Thulborn, qui conclut
que l'allure la plus fréquemment utilisée par les Dinosaures bipèdes était la marche), La
plupart des empreintes bien conservées visibles à Phu Luang sont orientées à peu près dans
la même direction. Leur disposition et leur taille suggèrent qu'elles ont été laissées par un
groupe de Carnosaures adultes se déplaçant ensemble. Cecis'ajoute à quelques observations
plus anciennes de pistes parallèles pour conforter certaines spéculations (dues notamment à
Farlow) sur le mode de vie des Carnosaures : il est possible que ceux-ci aient pratiqué
certaines formes de comportement social, notamment lors de la poursuite de leur gibier.

Although dinosaur footprints have been reported from many parts of the world,
including such Asian countries as China and Korea, there was hitherto no record from
South East Asia. The first dinosaur footprints discovered in this part of the world are
0249-6305/85/03010643 $ 2.00 © Académie des Sciences
644 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

Fig. 1.

The best preserved footprint from Phu Luang (No. 4 on Figure 2).
Footprint length: 36 cm. Photograph of a cast, by C. Abrial.
Fig. 1. L'empreinte la mieux conservée trouvée à Phu Luang (n° 4 de la figure 2).

Longueur de l'empreinte : 36 cm. Photographie d'un moulage, par C. Abrial.

on the Khorat Plateau of northeastern Thailand, an area which has already yielded
abundant Mesozoic vertebrate bones [1]. They have been found in Phu Luang Wildlife
Sanctuary, a flat-topped mountain in Loei Province, in the northwestern part of the
plateau. They occur on the surface of a sandstone slab about 8 m2 in area. The
footprint-bearing sandstone is referred to the Phu Phan Formation, which is considered
as early Cretaceous in age [2]. About fifteen more of less distinct footprints have been
recorded at that locality (Fig. 1). Although they exhibit some variations in shape because
of differential weathering, they all seem to have been produced by the same kind of
animal, viz. a large bipedal dinosaur. The best preserved footprint (Fig. 2) shows enough
détails to allow a relatively accurate identification. The prints are three-toed, without
any impression of the hallux. The middle toe is definitely longer than the side toes,
which appear almost symmetrical. There are no indications of articular bulges or digital

EXPLICATIONS DE LA PLANCHE

Fig. 2. —
Sketch map of the footprint-bearing sandstone slab at Phu Luang, Loei Province, northeastern
Thailand. Dinosaur foôtprints are numbered 1 to 15.
Fig. 2. Plan schématique de la dalle gréseuse à empreintes découverte à Phu Luang, dans la province de Loei

(nord-est de la Thaïlande). Les empreintes de pas de Dinosaures sont numérotées de 1 à 15.
ÉRIC BUFFETAUT
PlANCHEI/PLATEI

Fig. 2.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985 : 647

pads. The toes are pointed; grooves along the bottom of the toe impressions have
probably been made by sharp claws trailing on the grouhd when the dinosaur lifted its
foot, as reconstructed in Australian dinosaur footprints by Thulborn and Wade [3]. The
prints are longer than wide (36 by 31 cm for the best preserved footprint, number 4 on
Figure 1). Similar footprints from other parts of the world hâve been referred to large
theropod dinosaurs (carnosaurs), and there is no doubt that the Phu Luang footprints
have been left by such animais. Especially close resemblances seem to exist with species
of the ichnogenusIrenesauripus Sternberg, originally describedfrom the Lower Cretaceous
of British Columbia [4], and also repbrted from the Lower Cretaceous of Texas [5].
It is possible to estimate the size and speed of the Phu Luang carnosaurs by using
equations developed by McNeill Alexander [6] and Thulborn [7], Footprint 4 is 36 cm
long; using Thulborn's equation which deduces height at the hip (h) from footprint length
(FL). h=4.15 FL + 28.52, h is found to be 1.78 m, which would indicate a relatively large
carnosaur, about the size of the late Jurassic AAllpsaurus. An estimate of the speed can
be obtained if stride length (k) can be measured. In the case of the Phu Luang footprints,
prints 4 and 13 were apparently made by the same foot (probably ,a left foot, to judge
from the proportions of the tocs), and the distance between these prints thus corresponds
to the length of the stride (the print of the right foot which should be présent between 4
and 13 is not visible because of destruction of the sandstone surface in the intervening
space). Stride length, in that case, is 2.80 m. Following Thulborn's définition of dino-
saur gaits, relative stride length (À,/ft=1.57) indicates that the animal was walking. An
estimate of its speed in kilomcters per hour can be obtained by using McNeillAlexander's
équation (M = 0.25 g0- 5 Â.167 h"1- 17, where u is the speed and g the gravitational constant),
with the resuit that the speed of the dinosaur which left footprints 4 and 13 was 2.22 m
per second, or 8 km per hour. This is similar to several previously published speed
estimâtes based on carnosaur tracks ([3], [6]), and inagreement with Thulborn's conclu-
sion that the preferred gait of bipedal dinosaurs (presumably the energetically optimal
one) was a walk.
The Phu Luang footprints also provide some information about the behaviour of
carnosaurs. All the well preserved footprints point nearly the same way, and indicate
that at least three individuals were moving in the same direction, roughly towards the
present South. A few less well preserved prints, however, show different orientations. It
is of course difficult to determine how much time elapsed between the formation of thé
various trackways, but it seems likely, from the pattern of the tracks, that the animals
were travelling together at about the same speed (footprint pairs 4 and 13, and 2 and 12
seem to have been made by two dinosaurs walking close to each other, the one behind
treading almost in the other's footsteps). The dinosaurs which were walking together
towards the South were of similar sizes, although there is some slight variation in
footprint length; there is no evidence of distinctly smaller individuals accompanyingthe
large ones. The pattern of the Phu Luang footprints thus strpngly suggests a small
group of adult carnosaurs walking together in the same direction. This, together with
previously described parallel trackways [8], lends support to Farlow's speculations [9]
about the foraging behaviour of large carnivorous dinosaurs, according to which some
carnosaurs may have hunted in packs. Group predation, with cooperation between
several individuals, has been reported in living crocodiles [10], and extinct carnivorous
archosaurs such as the carnosaurs may well have also displayed relatively developed
forms of hunting behaviour.
648 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

We thank Mr. Niphone Sornnakorn, head of Phu Luang Wildlife Sanctuary, for his
kind assistance during our field work thrre. The help of the staff of the Science Museum
(Bangkok) who came with us to the locality was also much appreciated.
Remise le 1er juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] E. BUFFETAUT et R. INGAVAT, Bull. Soc. Geol. Malaysia (in press).


[2] N. SATTAYARAK, in Proceedings of the workshop on stratigraphie correlation of Thailand and Malaysia,
Geological Society of Thailand and Geological Society of Malaysia, Bangkok, 1983, p. 127-148.
[3] R. A. THULBORN et M. WADE, Mem. Queensland Mus., 21, n° 2, 1984, p. 413-517.
[4] C. M. STERNBERG, Bull. nat. Mus. Canada, 68, 1932, p. 59-86.
[5] W. LANGSTON, Geosc. and Man, 8, 1974, p. 77-102.
[6] R. MCNEILL ALEXANDER,Nature, 261, 1976, p. 129-130.
[7] R. A. THULBORN, Alcheringa, 8, 1984, p. 243-252.
[8] A. J. CHARIG et B. H. NEWMAN, New Scientist., 14, n° 285, 1962, p. 234-235.
[9] J. O. FARLOW, Amer. Midland Nat., 95, n° 1, 1976, p. 186-191.
[10] A. C. POOLEY et C. GANS, Sc. Amer., 243, n° 4, 1976, p. 114-124.

E. B. : U. A. n° 720 du C.N.R.S., Laboratoire de Paléontologie des Vertébrés,


Université de Paris-VI, 4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05;
R. L, N. S. et V. S. : Department of MineralResources,
Rama VI Road, Bangkok 10400, Thaïlande.
C. R. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985 649

PALÉONTOLOGIE.—Découverte de Mammifères d'âge Éocène inférieur en Tunisie


Centrale. Note de Jean-LouisHartenberger,Claude Martinez et Ahmed Ben Saïd, présentée
par Yves Coppens.

Sur le môle de Kasserine (Tunisie Centrale) des calcaires lacustres ont livré des restes de Mammifères ou
Marsupiaux, Hyracoïdes, Insectivores, Macroscélidés, Chiroptères et Rongeurs sont représentés. Comparé aux
autres localités éocènes récemment,découvertes en Afrique du Nord, le gisement du Chambi s'avère plus ancien
et peut être rapporté à l'Éocène inférieur. Dès cette époque la faune africaine présente un fort degré d'endé-
misme. On doit envisager aussi qu'à la fin du Paléocène ou au tout début de l'Éocène des échanges fauniques
ont dû se produire entre cette province africaine et le territoire européen.

PALEONTOLOGY,— Discovery of Early Eocene mamals in Central Tunisia.


On Kasserine platform (Central Tunisia) lacustrine limestones have, yielded a mammalian assemblage where
Marsupials, Hyracoids, Insectivores, Elephant-shrews, Bats and Rodents are represented. Compared with ot her
Eocene mammalian recently discovered in NorthernAfrica,the new locality of Chambi must be considefed
older and of Early Eocene age. It can be deduced that from this period the.African fauna is highly endemic. But
at the end of the Paleocene or at the beginning of the Eocene, faunalexchanges becurred between this African
province und the-Europeanone.

A partir du Crétacé terminal un môle émergé s'installe en Tunisie centrale. Cette « île
dé Kasserine» [1] est entourée par les dépôts marins de la formation El Haria [2], série
argilomarneuse d'âge Crétacé supérieur à Paléocène. Bien délimitée au cours de
l'Éocène [3] son domaine s'élargira durant l'Oligocène pour être progressivement recou-
vert par la suite des formations transgressives du Miocène moyen et supérieur. On
connaît sur cette zone émergée une série continentale, en particulier autour du massif du
Chambi, près de Kassérine. Il s'agit essentiellement de couches rouges qui reposent sur
le Crétacé et sont surmontées en discordance par des grès tendres à végétaux alternant
avec des argiles noires ou vertes de la formation Beglia [2], attribuée soit au Miocène
supérieur ([2], [4]) soit au Miocène moyen [5]. Les couches rouges quant à elles, sur de
simples considérations de faciès, avaient été attribuées soit à l'Aquitanien [6] soit au
Miocène inférieur [2]. Sur le flanc Nord du Chambi où se situe le nouveau gisement de
Vertébrés, la présence du Gastéropode Melanoides nysti laissait envisager un âge oligocène
pour le sommet de ces formations [7] alors que la découverte de Bulimus sp. indet. et
Pdleocyclotus sp. indet. dans la partie médiane de la série suggérait que la sédimentation
ait débuté à l'Éocène ([8], [9]). Ce sont aujourd'hui des Mammifères situés à l'extrême
base des couches rouges qui confirment et précisent la position stratigraphique de la base
de cette formation, datée maintenant de l'Éocène inférieur, et contribuent à mieux
comprendre l'histoire du peuplementmammaliend'Afrique et ses rapports avec les autres
légions.
Liste faunique :
Reptile : Squamates indet., Batraciens indet.
Mammifères : Marsupiaux : Péradectiné, ? Peradectes.
Hyracoïdes : cf. Pachyhyrax de petite taille, cf. Saghatherium.
Macroscélidés: nov. gen. nov. sp.
Insectivores palaeoryetidés: deux espèces.
Chiroptères : deux espèces [10].
Rongeurs: : Anomaluridé, Ischyromyidé.
? Primate tarsiiforme.

0249-6305/85/03010649 S 2.00 © Académie des Sciences


650 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985

APPORT BIOCHRONOLOGIQUE. — Ces dernières années trois gisements importants d'âge


éocène ont été signalés en Algérie : Gour Lazib d'âge éocène moyen a livré des Hyracoïdes
et un Primate ([11], [12]); El Kohol d'âge voisin ou légèrement plus ancien renferme
une faune diversifiée comprenant un Marsupial, des Insectivores, des Créodontes, des
Hyracoïdes et un Proboscidien ([13], [14], [15]); Bir El Ater est d'âge éocène supérieur et
on y signale des Hyracoïdes, des Rongeurs et le proboscidien Moeritherium [16]. En
l'absence de corrélations possible avec des formations marines, les auteurs de ces découver-
tes ont situé chronologiquementces gisements à l'aide des Charophytes ([11] à [14]) ou des
Gastéropodes terrestres associés ([14], [15]), et grâce au contexte géologique général [16], le
grade évolutif des Mammifères récoltés étant bien entendu largement pris en compte
dans les discussions. On notera que tous ces gisements sont plus anciens que les localités
classiques du Fayoum. Les comparaisons que nous avons pu effectuer entre la faune
tunisienne et les faunes algériennes (Marsupial, Hyracoïdes, Rongeurs), permettent de
déduire que le gisement du Chambi est nettement plus ancien que les localités précédem-
ment découvertes et un âge Éocène inférieur peut être proposé. Ainsi le Marsupial en
première analyse serait référable au genre Peradectes [17] : ce groupe ne franchit pas
l'Éocène inférieur en Europe. Les Hyracoïdes bien que présentant des ressemblances avec
les formes récoltées dans l'Éocène moyen sont d'une part de plus petite taille, d'autre
part à un stade évolutif plus primitif. Pour les Rongeurs, l'Ischyromyidé est en tout
point comparable à certaines formes communes dans l'Éocène inférieur d'Europe et
d'Amérique du Nord (Paramys); quant à la forme rapportée aux Anomaluridés, elle est
nettement plus primitive que celle récemment signalée à Bir El Ater. Il convient aussi de
noter que le Macroscélidé, forme la plus fréquente dans le gisement, est très primitif,
très proche morphologiquementde certains condylarthres de l'Éocène inférieur d'Europe.
Pour les Gastéropodes signalés dans cette série ([7], [8], [9]) leur position stratigraphique
est plus élevée. Cet ensemble de données nous permet de déduire que le gisement de
Chambi est à ce jour le plus ancien gisement de Mammifères d'âge Éocène découvert en
Afrique. On notera que c'est la plus ancience occurence dans cette région de plusieurs
ordres : Marsupialia, Hyracoidea, Macroscelidea, Chiroptera, Rodentia.
PREMIÈRES CONCLUSIONS BIOGÉOGRAPHIQUES. — Il convient de souligner tout d'abord la
diversité faunique révélée par le gisement du Chambi : étant donné les difficultés techni-
ques soulevées par le traitement de la gangue fossilifère, une faible quantité de sédiments
a pu être traitée (200 kg environ) qui ont livré une quarantaine de spécimens étudiables.
Or pour les seuls Mammifères ce ne sont pas moins de 11 espèces réparties en 7 ordres
qui sont dores et déjà répertoriées. L'association de Mammifères de taille moyenne
représentés par les Hyracoïdes avec les micromammifères est tout aussi encourageante.
Quant aux conclusions d'ordre biogéographiqueproprement dites, elles concernent diffé-
rents aspects de l'histoire et des modalités du peuplement mammalien africain. La présence
d'Insectivores de type palaeoryctidé n'est pas surprenante : ils ont été répertoriés dans le
Paléocène du Maroc [18], mais il reste bien sûr à déterminer si ceux du Chambi en sont
les descendants ou représentent un peuplement nouveau. A ces formes euthérienne
primitives, dont la répartition paléocène presque mondiale montre l'ancienneté de la
différenciation, s'ajoute au Chambi un métathérien : peut-être ce groupe est-il en Afrique
tout aussi anciennement implanté, bien que son absence dans le Paléocène du Maroc
empêche pour le moment de s'avancer dans cette voie. Toujours est-il que ce Marsupial
représente la plus ancienne occurence du groupe sur ce continent. Force est aussi de
constater la diversité de ce peuplement métathérien africain : ce sont d'autres lignées que
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 9, 1985 651

celle présente au Chambi qui ont été signalées dans l'Éocène moyen [15] et l'Oligocène
du Fayoum [19].
La présence d'Hyracoïdes, de Macroscélidés, de Rongeurs anomaluridés ainsi que de
chiroptères à cachet africain [10] montrent que le célèbre endémisme de ce territoire [20]
est une de ses caractéristiques très ancienne. Dès l'Éocène inférieur l'isolement de cette
région favorise l'apparition de taxons originaux. Le Rongeur ischyromyidé représenterait
le seul élément certain ayant une vaste répartition géographique (Europe, Amérique du
Nord). Cependant si l'on analyse plus en profondeur certains autres taxons, on s'aperçoit
qu'à cette donnée s'ajoutent d'intéressantes indications fournies par l'Hyracoïde
cf. Saghatherium et le Macroscélidé : il est incontestable qu'au plan de la morphologie
ces formes évoquent pour l'un Hyracotherium, pour l'autre certains condylarthres du
Paléocène et de l'Éocène inférieur au Bassin de Paris. S'agit-il de convergence ou bien
est-ce le signe de relations phylogénétiques? Il conviendra d'approfondir cette hypothèse
lorsque des fossiles plus nombreux permettront des comparaisons plus précises. Mais
dans l'état actuel l'hypothèse que des échanges ont pu se produire entre faune africaine
et faune européenne à la fin du Paléocène ou au tout début de l'Éocène paraît très
vraisemblable. Ajoutons à cela deux autres arguments : 1e les plus anciens Marsupiaux
Péradectinés trouvés en Europe sont datés du Paléocène moyen de Belgique [21];
2° l'hypothèse que les Rongeurs anomaluridés africains et les théridomyidés de l'Éocène
d'Europe sont deux groupes frères s'est vu récemment réactualisée [22]. Il semble bien
donc que des échanges fauniques importants entre Europe et Afrique ont eu lieu à la fin
du Paléocène ou au tout début de l'Éocène, le rapprochement des plaques africaine et
ibérique ayant dû jouer un rôle important. Cependant d'une part cet échange fut sélectif,
d'autre part le sens de migration reste à déterminer,l'Afrique étant un centre de dispersion
possible quoique sous-estimé à ce jour dans la mesure où son peuplement éocène était
ignoré. Toujours est-il que les relations biogéographiques sur le pourtour téthysien
étaient complexes à l'Éocène. Il est toutefois difficile d'apprécier dans l'état actuel des
connaissances si les barrières qui ont existé entre les différentes régions étaient dues à
des obstacles océaniques, ou si des facteurs climatiques latitudinaux jouaient un rôle
majeur.

CONCLUSION. — La découverte de la faune du Chambi permet de situer plus précisément


dans la chronologiela « formation du Chambi » [9] : la base en est d'âge Éocène inférieur
comme le suggèrent les Mammifères, le sommet pouvant se rapporter à l'Oligocène [7].
L'endémisme de la faune africaine est remarquable dès l'Éocène inférieur. Des échanges
Europe-Afrique ont dû précéder cette période d'isolation, auxquels s'ajouteraient ceux
établis avec l'Asie ([16], [23]). Le rôle exact de l'Afrique en tant que centre de dispersion
reste à apprécier mais ne doit plus être exclus des hypothèses échafaudées par les
paléobiogéographes.

Pour ses conseils et encouragements nous remercions M. Ghozzi, Ingénieur principal à l'Office national des
Mines. Les premiers fossiles découverts sont déposés au Service de la Carte de l'O.N.M. où l'ensemble de la
collection trouvera place après étude. Nous remercionsl'Office national des Mines et la station O.R.S.T.O.M.
de Tunis pour leur soutien logistique ainsi que P. Elsass (B.R.G.M.) découvreur du gisement pour ses conseils
et suggestions sur le terrain. B. Marandat a effectué au laboratoire le traitement du sédiment et sa grande
compétence en la matière a été décisive.

Remise le 1er juillet 1985.


652 C. R. Acad. Sc. Paris, t 301, Série II, n° 9, 1985
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[9] S. SASSI, J.-M. TRIAT, G. TRUC et G. MILLOT, Comptes rendus, 299, série II, 1984, p. 357-364.
[10] B. SIGÉ, 110e Congrès Sociétés Savantes, Montpellier, 1985, p. 307.
[II] P. GEVIN, R. LAVOCAT, N. MONGEREAU et J. SUDRE, Comptes rendus, 280, série D, 1975, p. 967-998.
[12] J. SUDRE, Palaeovertebrata,Montpellier, 9, 1979, p. 83-115.
[13] M. .MAHBOUBI, R. AMEUR, J.-Y. CROCHET et J.-J. JAEGER, Géobios, Lyon, 17, 1984, p. 625-629.
[14] M. MAHBOUBI, R. AMEUR, J.-Y. CROCHET et J.-J. JAEGER, Nature, 308, 1984, p. 447-449.
[15] M. MAHBOUBI, R. AMEUR, J.-Y. CROCHET et J.-J. JAEGER, Comptes rendus, .297, série II, 1983,
p: 691-694.
[16] P.-E. COIFFAIT, B. COIFFAIT, J.-J. JAEGER et M. MAHBOUBI, Comptes rendus, 299, série II, 1984,
p. 893-898.
[17] Renseignements aimablementcommuniquéspar J.-Y. Crochet.
[18] H. CAPPETTA, J.-J. JAEGER, M. SABATIER, B. SIGÉ, J. SUDRE et M. VIANEYLIAUD, Géobios, Lyon, 11,
p. 257-263.
[19] T. M. BOWN et E. L. SIMONS, Nature, 308, 1984, p. 447-449.
[20] S. C. CORYNDON et R. J. C. SAVAGE, Special papers in paleontology, London, 12, 1973, p. 121-135.
[21] J.-Y. CROCHET et B. SIGÉ, Palaeovertebrata,Montpellier, 13, 1983, p. 52-64.
[22] P. W. LUCKETT et J.-L. HARTENBERGER, Evolutionary relationships among rodents, multidisciplinary
analysis, Plenum Press, New York, 1985, p. 685-712.
[23] N. A. WELLS et P. D. GINGERICH, Contributions from the Museum of paleontology, Univ. of Michigan,
Ann Arbor, 26, 1983, p. 117-139.

J.-L. H : Institut des Sciences de l'Évolution,


Université des Sciences et Techniquesdu Languedoc,
place Eugène-Bataillon, 34060 Montpellier;
C. M. : Office national des Mines, 24, rue d'Angleterre, Tunis, Tunisie
et O.R.S.T.O.M., 24, rue Bayard, 75008 Paris;
A. B. S. : Officie national des Mines, 24, rue d'Angleterre, Tunis, Tunisie.
CR. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 10,1985 653

COMPORTEMENT QUALITATIF DES SYSTEMES DYNAMIQUES. — Classifi-


cation analytique des germes de champs de vecteurs du type noeud-col dans C 3, 0. Note de
Julio Cesar Canille Martins, présentée par Bernard Malgrange.

Nous considérons des germes de champs de vecteurs X ;: C3, 0-+C3, 0 tel que DX(0)=diag (Xu X2, X^)
avec X1 = 0,À2/^3#K-; ^2.^3 non résonnants.
Ici nous démontrons qu'il y a une correspondancebiunivoque entre les classes d'équivalence analytiques de
« champs de vecteurs » X, avec forme normale formelle Y, et les cocycles de H1 (S 1, AY), où AY est de faisceau
sur c= Cx(O.O) de « transformations sectorielles » qui laissent Y fixe et qui sont asymptotiques à l'identité
S1
d.eOxC2.
Dans la démonstration nous utilisons les résultats et techniques de Martinet-Ramis ([1], chap. I) et aussi le
théorème de normalisation sectoriel de Malmquist.
Notre résultat est similaire à celui de Martinet-Ramis sur la classification des noeuds-col dans C2, 0, mais ici
le faisceau AY a une infinité de directions singulières.

QUALITATIVEBEHAVIOR OF DYNAMICALSYSTEMS. — Classification of germs of vector fields in


C3, Ô, of type saddle-node..
We consider the germs of vector fields X ; C.3, 0-^.C3, 0 such that DX(0)=âia.g(X1, X2, X3) with X^O,
X2/X3$U^ and X2,X3 no resonantes.
We prove that there exists a bijection between the analytic equivalence classes of vector fields X with formal
normal form Y and the cocycles in H1 (S 1, AY), where AY is the sheaf over S1 cCx (0, 0) of sectorial
transformationsthat preserve,Y and are asymptotic to the identity ofO'xC2.
In the proof we use the results and techniques of Martinet-Ramis ([1], chapt. I) and the Malmquist's sectorial
normalization Theorem [2]. This result is similar to Martinet-Ramis' classification Theorem of saddle-node in
C2, 0;but here the sheaf Ây has infinitely many singular directions.

1. LES RÉSULTATS. — Les notations sont celles de [1], chap. I.


LEMME 1 (forme normale holomorphe). — Il existe un système de coordonnéesholomor-
phes dans (C3, 0) pour lequel le champ de vecteurs X peut s'écrire

LEMME 2 (forme normale formelle). —


Il existe une transformationformelle :

Pour simplifier l'exposé on va considérer le cas particulier :

Le cas général s'en déduit aisément.


Soit U un secteur dans C x (0, 0) avec sommet à l'origine.
Soit U K> AY (U) le pré-faisceau sur S1 <= C x (0, 0) où AY (U) est le groupe des transfor-
mations holomorphes H : U xV —> C3, où V est un voisinage de OeO x C2, telles que :

où ajk et bjk sont des fonctions holomorphes dans U et asymptotiquesà 0 si x->0, x'eU:

0249-6305/85/03010653 $ 2.00 © Académie des Sciences

C. R., 1985,2e Semestre (T. 301) Série II — 49


654 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Sérié II, n° 10, 1985

Soit AY le faisceau associé. Si on résoud (1), on obtient :

Les directions 6 = 6Jf[ où cos(cpJfc— pQ) = 0 ou cos (\|/-t —p 0) = 0 s'appellent directions


singulières de AY. Si arg A,2=£arg X3 il y a une infinité de telles directions. Ce fait est
responsable pour la complexité de AY et il ne se produit pas dans le cas d'un noeud-col
dans (C 2, 0).
Soit Ey l'ensemble des classes d'équivalence analytiques de champs de vecteurs avec
forme normale formelle Y.
THÉORÈME 1. - E^H^S 1, AY).
Si arg ?^2 = arg on peut calculer H1 (S
X3, comme dans [1], et l'on obtient :
1, AY)

COROLLAIRE 1. — Si arg A.2 = arg X3 et 7'|A.2|<| A.3|<(if +1) jX.2| pour j = 0, if,
. . .,
alors EY = (C x C's? + 1)p x Gp, où G est le sous-groupe de Diff (C 2, 0) des transformations :

2. RÉSUMÉ DE LA PREUVE DU THÉORÈME 1. — lre partie : « Toute équation donne un


cocycle ». — Soit X tel que rfH(X)=Y(H). Dans [2], J. Malmquist prouve un théorème
de normalisation sectorielle pour des noeuds-cols dans C", 0 qui généralise le théorème
de M. Hukuhara dans (C 2, 0).
En utilisant ce résultat on voit que : étant donné un bon recouvrement ouvert °U = { U;}
de S1 c C x (0,0) par des secteurs U;, avec longueur assez petite, alors pour chaque U;
on peut normaliser le champ de vecteur X, c'est-à-dire, il existe H; : U; x (C2,0) holo-
^
morphe, telle que dH; (X) = Y (H,) et H; H, x -> 0, x e U,-.
Soit la cochaîne (H,). Alors le cobord ô(Hi) = (Hi"Hf+11) définit un cocycle dans
H1 (°U, AY) associé à la classe d'équivalence analytique de X.
Il est facile de voir que deux « champs de vecteurs » analytiquement équivalents
déterminent le même cocycle.
2e partie : « Construction des équations étant donné un cocycle ». — Soit ce H1 (S 1, AY).
Soit ^={U,} un bon recouvrement de S1 par des secteurs ouverts U; avec petite
longueur. On représente c dans H1^, AY) par (giji+J).
Alors, par le théorème d'isomorphisme de Martinet-Ramis ([1], chap. I, th. 2.3.1), il
existe une «classe» de cochaîne (g{) telle que d(gt) = (gt>i + 1) où gi : U,x(C2,0)±>est
holomorphe et possède comme expansion asymptotiqueg(geC{y, z}[[x]]).
Soit le champ de vecteurs formel :

Soit X,-=(dg; l) (Y(g;)), défini dans U,x(C2,0). Alors Xr est holomorphe et possède
X comme expansion asymptotique pour x -»• 0, xeU;.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985 655

Dans (UinU, + 1)x(CV0) on a X — X^ puisque (g^JeH1^, AY).


Alors on peut conclure que X est, en fait, holomorphe à (C 3, 0); et que seulement sa
classe d'équivalence analytique est bien déterminé par le cocycle c.
3. REMARQUES. — 1. Les résultats de Martinet-Ramis ([1], chap. I) et de J.
Malmquist [2] sont valables en dimension n. En utilisant les mêmes idées de cette Note,
il est possible de généraliser nos résultats pour la dimension n, si on demande que
X2, .
. .
>>.„ soient dans le domaine de Poincaré et il n'y ait pas de résonance.

2. J. Ecalle, dans [3] a obtenu un ensemble complet d'invariants analytiques en utilisant


la méthode des fonctions résurgents.
Un problème intéressant consiste à étudier la relation entre les deux ensembles d'inva-
riants analytiques.
Si la théorie d'Ecalle est plus générale, la nôtre est plus géométrique et peut servir à
une classification topologique, différentiable, etc.
Cette relation en dimension 2 (noeud-col et col résonant dans C 2) est déjà bien comprise,
d'après [4] et [5].
Remise le 13 mai 1985, acceptéele 17 juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] J. MARTINET et J. P. RAMIS, Problèmes de Modules pour des équations différentielles non linéaires du
premier ordre, Publ. Math I.H.E.S., 55, 1982, p. 63-164.
[2] J. MALMQUIST, Sur l'étude analytique des solutions d'un système d'équations différentielles dans le
voisinage d'un point singulierd'indétermination, I, Acta Math., 73, 1941, p. 87-129.
[3] J. ECALLE, Les champs de vecteurs locaux résonnants de C : classification analytique, Publication de
l'Institut de Recherche mathématique avancée, R.C.P. 25, 33, p. 63-92.
[4] B. MALGRANGE, Introduction aux travaux de J. Ecalle, Prépublication de l'Institut Fourier, Univ. scient,
et médic de Grenoble, n° 20, 1984.
[5] B. MALGRANGE, Travaux d'Ecalle et de Martinet-Ramis sur les systèmes dynamiques. Séminaire Bourbaki,
n° 582, novembre 1981.

Instituto de Matemàtica Pura e Aplicada,


Estrada Dond Castorina 110, 22.460 Rio de Janeiro, R. J.-Brasil.
et l.B.L.C.E.-U.N.E.S.P., Sào José do Rio Preto, Est. Sâo Paulo, Brasil
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985 657

MECANIQUE DES MILIEUX CONTINUS. — Emergence d'une détonation quasi


C.-J. sur le bord libre d'un domaine explosif. Note de Roger Cheret, présentée par Robert
Dautray.

On analyse l'évolution de la configuration de choc qui s'établit lors de l'émergence d'une détonation
cylindriquedivergente dans un milieu inerte séparé de l'explosif par un plan parallèle à l'axe d'amorçage. Pour
un couple explosif-inerteoù, à incidence nulle, un choc est réverbéré dans les produits de détonation, on met
en évidence l'éventualité de trois types de bifurcation; on précise la perturbation que peut apporter à
l'écoulement la présence d'un précurseur élastiquedans le milieu adjacent à l'explosif. La nature des conditions
qui règlent les diverses bifurcations autorise une généralisation à des situations géométriques plus complexes
où la détonation reste toutefois quasi C.-J.

CONTINUUM MECHANICS.
explosive domain.
- Emergence of a quasi C.-J. detonation on the free boundary of an

One deals with the evolution of the shock configuration which sets up when a cylindrically diverging detonation
emerges from an explosive medium into an inert medium along a plane boundary parallel to the axis of
ignition. For a couple explosive-inert where, at null incidence, a shock is reverberated in the detonationproducts,
one evidences the possibility of three types of bifurcations; the case when an elastic wave propagates in the inert
medium is enhanced. The nature of the conditions which controt the bifurcations allows for an extension to more
complicated geometric situations where the detonation remains however of the quasi C.-J. type.

1. INTRODUCTION. — On considère un domaine explosif S au repos pour t < 0, soumis


pour t>0 sur la fraction Bfl de son bord B à une sollicitation qui entraîne l'apparition
en son sein d'une détonation; B" est dit bord d'amorçage, le complément à W de B est
dit bord libre B'; on repère par l'indice m le milieu au contact de S sur B 1; on suppose
que les milieux concernés se comportent généralement comme des fluides parfaits.
On s'intéresse exclusivement au cas où la détonation est quasi C.-J., au sens de [1] : la
composante normale du vecteur vitesse relative à l'amont de la détonation est (en valeur
absolue) égale à la célérité D* de Chapman-Jouguet, à l'ordre zéro dans un développe-
ment asymptotique de l'écoulement par rapport à un paramètre de perturbation s mesu-
rant le rapport de la portée des effets dissipatifs thermomécaniques à l'extension de
l'onde. Soit S* la surface géométrique de normale N (orientée de l'amont vers l'aval)
associée à cette détonation considérée comme une discontinuité en fluide parfait; soit
(P* —P0) et «* les sauts de pression et de vitesse matérielle le long de N associés à la
célérité D* sur la courbe de Crussard de l'explosif.
Les théories de la détonation s'attachent, le plus souvent, à établir pour l'écoulement
dans S„ des propriétés indépendantes des conditions imposées sur B° et B 1. La présente
Note s'attache, au contraire, à analyser comment ces conditions influent sur l'écoulement
général.
2. L'ÉMERGENCE FRONTALEET L'ÉMERGENCEOBLIQUE.

On adopte les notations suivan-
tes (cf. fig. 1) : I est le point courant sur l'intersection S* C] B1 des surfaces E* et B 1,
II(I) est le plan normal en I à 2* fi B 1, B1 (I) est l'arc amont de B1 H n(I), B1 (I) est le
déformé de B1 nn(I) à l'aval de £*, t(I) est le vecteur unitaire en I de BX(I) orienté de
l'amont vers l'aval de E*, r)* est l'angle (II/2) —[N, t(I)]. Deux situations notablement
différentes se présentent selon que r)* = 0. (i. e. Nnormal à t{I), S* et B1 tangentes en I,
émergence « frontale ») ou TL*=£U (émergence « oblique »).
Dans la première situation (-q* = 0), la théorie. repose sur des idées émises par
E. Jouguet [2], développées dans divers rapports cités et ordonnés par R. Courant et
K. O. Friedrichs [3], puis clairement reprises par D. C. Pack [4] ; l'apparition d'un choc

0249-6305/85/03010657 S2.00 © Académie des Sciences

C; R., 1985. 2° Semestre (T. 301 ) Série II - 50


658 C R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

Em dans le milieu adjacent s'accompagne de la réverbération dans les produits de


détonation d'un choc E ou d'une détente centrée de Riemann selon que la pression du
choc dans « m » qui y induirait le saut de vitesse w* est supérieure ou inférieure à la
pression P*.
Dans la seconde situation (ri*#0), les bases du traitement théorique remontent aux
travaux d'aérodynamique de E. Mach [5] et ceux — bien postérieurs — des auteurs cités
dans [3], et à leur transposition à deux milieux compressibles par W. E. Drummond [6]
et H. M. Sternberg et D. Piacesi [7] qui soulèvent et discutent sans conclure le paradoxe
de« l'émergence sans solution hydrodynamique ». A partir de résultats expérimentaux
récents [8], on propose ici une nouvelle analyse, qui repose sur le raccordement local
autour de I de la situation d'émergence oblique avec celle d'émergence frontale.
Pour simplifier les aspects proprement géométriques du problème, on se borne à
considérer le cas où B1 est un plan et B° une droite parallèle à B1 et intérieure à ê : E*
est alors une détonation cylindrique divergente, donc quasi C.-J. d'après [1]. Soit H la
distance de B° à B 1, xx la distance de I au plan projetant Ba sur B 1.
3, L'ÉMERGENCE OBLIQUE AVEC CHOC RÉVERBÉRÉ. — Considérons un couple êjm tel que,
.
en situation d'émergence frontale, un choc E soit réverbéré dans les produits de détona-
tion. Pour un tel couple, les hypothèses géométriques sur B" et B1 conduisent à une
émergence frontale, suivie d'une émergence oblique avecTJ* aussi petit que l'on veut.
Dans le repère relatif lié à I, B1 nil(l) est ligne de courant aussi bien pour l'explosif
que pour le milieu adjacent (cf. fig. 2) et le vecteur-vitesse relative commun à l'amont
de E* et de Em est :

Le développement des relations de saut à travers E*E et Em au voisinage de r\*= +0


fait apparaître l'existence et l'unicité d'un état à l'aval de E et d'un état à l'aval de Em
qui respectent en I l'égalité des pressions et le parallélisme des vecteurs-vitesse relative de
part et d'autre de ËX(I). De plus, vu la dépendance de W0 et Wm en (sin r]*)- 1 et les
relations de saut, chacun de ces états aval correspond — pour t]* assez petit — à un
écoulement aval supersonique; de plus enfin, dr\*/dt>0. La configuration E* E Em est
donc stable en vertu des arguments invoqués dans [9].
Lorsque I s'éloigne de l'axe de symétrie, l'angle ri* croît comme Arctg x,/H; la
configurationà trois discontinuités T*,^*, Em existe, est unique et stable, tout en évoluant
au gré de ri*; cette situation se maintient tant que ne survient pas l'une des deux
C R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985 659

circonstances suivantes :
(a) l'écoulement à l'aval de E ou de E est sonique en I pour une valeur
ri*<II/2de r|*;
(P) le choc E se réduit en I à une onde sonore (déflexion et saut de pression nuls)
pour une valeur ii*<II/2 de r]*.
Dans la première (a), la description de l'écoulement à l'aide d'une configuration à trois
discontinuités en I peut être prolongée comme suit : lorsque x, croît à partir de H tg r\% :
— r)* conserve
la valeur r\% si bien que la configuration E*, E, E>„ reste stationnaire
en I;
— en dehors du point I, la configuration évolue en sorte que l'ensemble de l'écoulement
réponde à l'ensemble des conditions aux limites sur B1 et B". Autrement dit, il existe
deux phases successives de propagation: l'une XjG[0, H.tgr]*] où la détonation est
autonome dans la mesure où E* n'est pas modifiée par la présence de la limite B 1, l'autre
x,>H.tgr)* où B1 perturbe la forme que prendrait E* du seul fait de la condition sur B"
et entraîne une diminution progressive du domaine d'autonomie. Toutefois, cette perte
d'autonomie peut exceptionnellement ne pas apparaître sous cette forme simple si une
onde élastique peut se détacher du choc E,„ :

et si T|#^rv*. Alors la configuration E* E Em est perturbée en I dès que sa stabilité n'y


est plus assurée (i. e. dès que r)* atteint i\%) si bien que t]* continue à croître de façon
autonome en même temps que x,, et que l'écoulement relatif des produits de détonation
à l'aval de E est nécessairement sonique quel que soit T]*e[r]*,TI/2]; La transformation
qui conduit le milieu m du repos à un état identique en contraintes et déflexion à celui
des produits de détonation à l'aval de E est du ressort du comportement élasto-plastique
et sort du champ de la présente analyse. On peut toutefois noter que, en I, le précurseur
dans « m » est nécessairement incliné sur BX.(I) de l'angle :

où C^ètOjj sont les célérités des ondes transversales et longitudinalesdans « m ».


Dans la seconde (P), la description de l'écoulement à l'aide d'une configuration à trois
discontinuités en I ne peut être prolongée au-delà de r]*. La nature de la bifurcation est
commodémentétablie en considérant la structure interne de l' écoulement relatif autour
de I dans un développement asymptotique où le paramètre de perturbation est le rapport
de la vitesse d'expansion le long de B1 a la vitesse de déflexion autour de I; cet écoulement
interne est permanent et sans forcé d'inertie d'entraînement; de plus, du fait de la
condition de Chapman-Jouguet, il est supersonique, irrotationnel, et d'entropie uniforme;
660 G. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

il est donc réglé par une détente de Prandtl-Meyer c€. La relation entre pression et
déflexion dans ^(cf [3]),
jointe aux relations de saut dans E* et £ au voisinage de
r|* = r|*\+0, fait apparaître l'existence et l'unicité d'un état à l'aval de E qui respecte en
I l'égalité des pressions et le parallélisme des vecteurs-vitesse relative de part et d'autre
de B^I). Lorsque x, croît à partir de H. tgri°, la configuration à deux discontinuités
E*<^Em existe, est unique et stable, et évolue au gré de r)* = Arctg x,/H; cette situation
se maintient tant que ne survient pas la circonstance suivante :
(y) l'écoulement à l'aval de Era est sonique en I pour une valeur r|*<n/2 de r)*. Dans
l'hypothèse où (y) se produit, la description de l'écoulement à l'aide d'une configuration
du type E* <<?Em peut être prolongée comme plus haut quand (a) se produit :
— r)* conserve
la valeur jy* si bien que la configuration E*<^'Em reste stationnaire
en I;
— en dehors de I, la configuration évolue en sorte que l'ensemble de l'écoulement
réponde à l'ensemble des conditions aux limites sur B1 et B", La traversée de Htgrj*
s'accompagne donc d'une perte d'autonomie analogue à celle rencontrée plus haut à la
traversée de H tg r)*.
Remise le 1er juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES.
.

[1] R. CHERET, Thèse de doctorat ès sciences, Poitiers, 1971, Rapport C.E.A.-R 4283, Contribution à l'étude
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[2] E. JOUGUET, Mécanique des explosifs, O. DOIN éd., 1917.
[3] R. COURANT et K. O. FRIEDRICHS, Supersonicflow and shock waves, Interscience publishers, 1948.
[4] D. D. PACK, The reflection and transmission of shock waves I thé reflection of a detonation wave at a
boundary, PM. Mag., 2, n° 14, 1957, p. 182-188..
[5] E. MACH, Vienna Academy, Sitzungsberichte, 78, p. 819-1878.
[6] W. E. DRUMMOND, J. Appl.Phys., 29, 1958, p. 167.
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[8] J. BACONIN, J. AVEILLE et N.CAMARCAT, Résultats non publiés.
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collisions, J. A. P., 24, 1953, p. 349.

Centre d'Études de Vaujours, B. P. n° 7,77181 Courtry.


et
C.R Acad.
Paris,
t.3Série
01, II, n°10, 1985 661
RUPTURE
ENDOMMAGEMENT, FATIGUE,

propagation de fissureetde
déplacement
enruptureNote
fragile
ou
ductile.
- Sur le problême en vitesses de
de Nguyen
Quoc Son

La formulation du problême en vitesse de propagation de fissure et de déplacement est discutée lorsque le

critère de propagation est basé sur l'analyse de disspation : critère de Griffih en rupture fragile, critère

énergetique(3) en rupture ductile .En évolution quasi statique, une description symétrique est proposée, faisant

intervenir la vitesse de propagation de fissure et la vitesse de déplacemen définie dans le repère mobile avec la

fissure comme inconnues principales

DAMAGE FATIGUE, FRACTURE - Crack propagation velocity and displacement velocity in brittle or

ductile fracture

The formulation of the rate porblem of propagation and of displacement is discussed in fractures

mechanics when the criterion of crack propagation is based upon dissipation analysis Griffith's criterion

energitic criterion (3) in ductile fracture, In quasi transformation, a symmetric description is proposed

involving as principal unknown the crack propagation velocity and the displacement velocity defined on the moving reference

1. En rupture fragile, le materiau est consideré comme élastique. Le critère de propagation

adopté est celui de Griffith. Ce critère exprime aussi en terme de taux de restitution

de l'énergie G sous la forme G-G2 G étant une constante caractéristique eu matériaux

comme il est bien connu en Mécanique de la Rupture.


En rupture ductile, le comportement plastique du matériau doit être pris en compte.
La recherche d'un critère satisfaisant a fait l'objet de nombreuses discussions théoriques
et expérimentales. Cependant, la complexité du modèle de plasticité incrémentale soulève
beaucoup de difficultés, en particulier la détermination de la singularité des champs
mécaniques en fond de fissure reste encore un problème d'actualité non complètement
résolu [2]. On se limite ici au cas de la plasticité parfaite, en adoptant comme critère de
propagation le critère énergétique JS = GC avec :

s désigne les surfaces de discontinuité en fond de fissure. Ce critère a été discuté dans
une Note antérieure [3].
Comme on verra dans la suite, la formulation du problème en vitesses s'obtient de la
même façon, le cas de la rupture ductile est légèrement plus complexe à cause de
l'intervention des termes d'origine plastique.
2. Soit un solide élastique parfaitement plastique avec une fissure rectiligne ( fig.). Il
est soumis à des données mextes aux limites i. e. aux forces et déplacements imposés
Td (t), ud (l) définis respectivement sur une partie ST et S„ de sa frontière S.
L'état actuel étant supposé connu, u, a, sp désignent respectivement le déplacement, la
contrainte, la déformation plastique à l'instant actuel t. Le problème en vitesses consiste
à déterminer la réponse en vitesses (w, ô", sp) du solide et les vitesses de propagation de
la fissure AB aux extrémités A et B en fonction des vitesses de donnée Td (r), ùd (t). Pour
simplifier, supposons que le critère est atteint en A seulement, J5 (A) = Gc, Js (B) < Gc de

0249-6305/85/03010661 S 2.00 © Académie des Sciences


662 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

sorte que les inconnues du problème en vitesses ainsi posé sont donc (û, à, èp, t), l
désigne la distance OA.
Les équations en vitesses s'écrivent localement sous là forme :
des conditions cinématiques :


des conditions statiques :


des relations constitutives du matériau :

- des conditions de propagation:


Les relations constitutives s'écrivent aussi sous la forme habituelle :

dans laquelle E est la dérivée seconde de la densité d'énergie libre :

La propagation de la fissure entraîne d'autre part des singularités «fortes » en ce qui


concerne les vitesses matérielles w, à [2]. Par exemple, en élasticité on sait que a ~ -~3/2,.
u ~ r_1/2 de sorte que u, à sortent alors du cadre fonctionnel de l'élasticité linéaire. Par

contre, le principe de transport de singularité [2] introduit les vitesses w, J dés champs u,
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985 663

a dans le repère mobile avec la fissure AXY :

dont la singularité est moins forte et entre dans les cadres fonctionnels habituels. On va
* *
donc prendre comme inconnus principales (u, CT) au lieu de (û, à) dans un voisinage Vr
d'une extrémité de fissure en propagation, T désigne un contour quelconqueenglobant A.
Ceci conduit à introduireles vitesses u, CT, sp,
...

et de prendre comme inconnues principales du problème en vitesses (u, CT, l) associées a


un choix donné du contour.
Les équations locales que doivent vérifier les inconnues (u, B
CT, l) découlent simplement
de (3) à (6), (9) (10). On obtient :

Les conditions cinématiques :

-Les conditions statiques :

L'expression explicite de Js (14) a été calculée dans la Note antérieure [3]. Il est
important de remarquer d'autre part que rjwetu ne sont pas nécessairement continus à
la traversée de T.
Pour montrer que les équations (11)-» (14) définissent un problème symétrique en
variables (u, /), considéronsla fonctionnelle du potentiel total des vitesses :
664 C R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

et le convexe des vitesses admissibles :

Vérifions que (w, 1) est alors une solution de l'inéquation variationnelle

En effet, en posant 5/ = /—l, 8H = M— u, on a [8M] + S/wj ! = 0 et (17) s'écrit explicitement


sous là forme :

ce qui donne les équations (12), (13) avec 8/= 0, puis lorsque 8/^0 le premier membre
de (18) se réduit à :

c'est-à-dire aux équations (14),


Remise le 11 juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] P. DESTUYNDER et M. DJAOUA, Sur une interprétation mathématique de l'intégrale de Rice en théorie
de la rupture fragile, Math. Meth. Appl. Sc, 3, 1981, p. 70-87.
[2] Q. S. NGUYEN, A thermodynamic description of the running crack problem, I.U.T.A.M. Symposium,
Dourdan, Nort. Holl. Pub., 1981, p. 315-330.
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C.N.R.S.,Laboratoire de Mécanique des Solides, École polytechnique, 91128 Palaiseau Cedex.


C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10,1985 665

MÉCANIQUE DES FLUIDES. -Détermination expérimentale des effets de la houle


sur une quille élancée rapide. Note de Michel Guilbaud, présentée par Lucien Malavard,

On présente les résultats de mesures de forces et moments instationnaires autour d'une quille élancée, peu
immergée, simulant une des parois latérales d'un navire à effet de sol, en. présence de.houle régulière. Les
essais ayant été effectués dans la veine de section limitée d'un tunnel hydrodynamique, certains résultats ont
été contrôlés en bassin des carènes, sur un modèle huit fois plus grand. Les résultats obtenus ont permis de
mettre en évidence,les paramètres principaux de ce type d'écoulement.

MECHANICS OF FLUIDS. — Expérimentaldétermination of regular wave effects on a fast slender.keel.


We present results of steady and unsteady measurements of forces and moments around slender keels at weak
depth of immersion among regular waves; these keels could simulate the sidewalls of an air cushion vehicle.. As
the test section of the circulating water channel was small, some results have been checked in a towing tank with
a model eight times longer. We have put in evidence the more important parameters of this kind of flow.

1. Bien que la connaissance de l'écoulement autour d'une quille latérale élancée et peu
immergée soit nécessaire au développement des navires à effet de sol et que son approche
théorique ne puisse pas être encore considérée comme satisfaisante, les études expérimen-
tales sont assez peu courantes ([1] pour des quilles très minces). La quille étudiée à la
fois en bassin et en tunnel possède une étrave en dièdre; d'autres essais ont été effectués
sur des plaques planes, uniquement en tunnel (cf. [2] et [3]). Après avoir vérifié la fiabilité
des résultats obtenus en tunnel, nous avons cherché à mettre en évidence les influences
de la houle (fréquence et amplitude), des angles d'assiette et de dérapage, de la profondeur
d'immersion et de certains aspects de la forme des quilles sur lés six composantes,
stationnaires et instationnaires, des efforts hydrodynamiques. On trouvera dans [2] les
résultats complets de cette étude.
2. Au niveau de la maquette, l'écoulement a une section de 230x215 mm2. La houle
est produite par un volet plan, fixé au convergent amont de la veine d'essais, entraîné
par un moteur électrique à vitesse variable. Le mouvement est transmis par un système
bielle-manivelle permettant de faire varier l'amplitude du mouvement et la position
moyenne du volet (fig. 1).
Les efforts sont mesurés par un dynamomètre à jauges de contrainte. Les caractéris-
tiques de la houle sont fournies par un sondeur de houle à effet résistif. Ces deux
appareils ont été étudiés et réalisés au CE.A,T. Les mesures sont effectuées à l'aide d'un
ordinateur d'acquisitions de données qui permet de calculer, pour chaque composante
des efforts, la valeur moyenne, l'amplitude, et le retard de phase du maximum de la partie
instationnaire, sur le passage d'une crête d'onde à mi-maquette.
La maquette a une étrave de 38 mm pour une longueurtotale / = 240 mm; son épaisseur
est de 10 mm. L'angle de dérapage; varie de —6 à +6° et l'angle d'assiette a pour
valeurs ; = 0, 2 et 4°. L'immersion d à mi-longueur de la quille représente 10 et 20% de
la longueur totale. La fréquence de la houle varie de f=0,7 à 3,8 Hz; deux amplitudes
d'ondes ont été utilisées : a =9 et 18 mm. La vitesse de l'écoulement est Uoe«l,8 m/s.
Les coefficients moyens sont rapportés au produit pression dynamique par surface
mouillée (et par l pour les moments); les amplitudes instationnaires sont ramenées en
outre à a/1.
0249-6305/85/03010665 52.00 © Académie des Sciences
666 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

Fig. 1. — Montage expérimental,


Fig. 1. -— Experimental setup.

Fig. 2. — Coefficients moyens en fonction de l'angle de dérapage.


Fig. 2.—Mean coefficients versus yaw angle.

3. Pour vérifier les résultats obtenus, des essais de contrôle ont été effectués dans le
plus grand bassin du Bassin des Carènes de Paris. La quille avait une longueur 1=1,92 m;
les paramètres réduits étaient identiques à ceux en tunnel, sauf le nombre de Reynolds
qui était 20 fois plus grand. La figure 2, qui présente les coefficients moyens de force
latérale Cy et de moment de lacet à mi-corde Mz en fonction de j, montre un bon accord
entre les deux types de mesures; la dispersion est plus grande en tunnel. Les figures 3
et 4 montrent les résultats instationnaires correspondants, toujours en fonction de j (les
amplitudes Cy et M. en bas et les retards de phase (p}, et cpm, en haut) pour trois
valeurs de la fréquence réduite f=fl/U03. L'accord est bon pour les amplitudes; pour les
déphasages, la dispersion est plus élevée et les valeurs obtenues en tunnel sont plus faibles
qu'en bassin. Ceci peut être expliqué en partie par les différences sur le nombre de
Reynolds et en partie par des imperfections de la houle en tunnel. Toutefois, les variations
des déphasages sont semblables en bassin et en tunnel.

4. La houle n'a pas d'effet sur les coefficients moyens. La figure 2 montre la variation
linéaire de Cy et Mz avec j. De plus, dCy]dj augmente avec d/l et on a retrouvél'augmenta-
tion de dMJdj avec i déjà signalée par en écoulement stationnaire. Cy et Mz, figures 3
[1]
et 4, augmentent avec j alors que les déphasages restent constants à la précision des
mesures. L'autre paramètre important est la fréquence réduite, qui est le seul d'ailleurs à
avoir de l'influence sur les déphasages. Sur les figures 5 et 6, les coefficients instationnaires
C R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985 667

Fig. 3: - Influence;de l'angle d'assiette sur la force latéraleunstationnaire.


Fig: 3.—Influenceofpitch angle on unsteddy side force,
Fig, 4, — Influence de l'angle d'assiette sur le moment de lacet instationnaire.
Fig. 4. — Influence ofpitch angle on unsteady yawing moment.

sont présentés cette fois en fonction de la fréquence réduite. Quand augmenté, Cy J


augmente et M. diminue. Plus l'angle de dérapage est grand, plus ces variations sont
marquées. Les retards de phase diminuent quand la fréquence augmente, plus rapidement
pour la force latérale. Ces coefficients d'amplitude diminuent quand l'immersion aug-
mente, ce qui signifie que les effets de la houle restent limités à une mince couche de
fluide. Les autres paramètres n'ont pas, à la précision des mesures, d'influence sur les
coefficients instationnaires. La forme de la quille ne semble pas avoir d'effet sur les
coefficients moyens et instationnaires de force latérale et de moment de lacet.

5. Nous avons vérifié que les mesures, aussi bien stationnaires qu'instationnaires,
effectuées dans notre tunnel hydrodynamiqueétaient satisfaisantes, malgré les dimensions
limitées de la veine. Cela montre aussi que l'influence du nombre de Reynolds est faible,
dans la gamme rencontrée lors des deux types d'essais (bassin et tunnel). Nous avons
également mis en évidence les influences des paramètres principaux sur les efforts. La
houle n'a aucune influence sur les coefficients moyens, ce qui est conforme au principe de
découplage des problèmes stationnaires et instationnaires. Les amplitudes des coefficients
d'efforts instationnaires diminuent quand l'immersion relative des quilles augmente; ceci
signifie que l'influence de la houle est limitée à une mince couche de fluide sous la surface
libre. Les amplitudes des coefficients liés au dérapage (force.latérale et moment de lacet)
sont indépendantes de l'amplitude de la houle, et à immersion relative moyenne fixée, du
668 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

Fig. 5. — Influence de la fréquence réduite


sur la force latérale instationnaire.
Fig. 5. — Influence of reducedfrequency on unsteady sideforce.
Fig. 6. — Influence de la fréquence réduite
sur le moment de lacet instationnaire.
Fig. 6. — influence of reducedfrequency on unsteady yawing moment.

détail de la géométrie de la quille (plaque plane ou quille non mince, quille en assiette
ou non). Le caractère linéaire de l'influence de la houle, pour ces efforts, se trouve ainsi
confirmé. Par contre, les retards de phase de tous les efforts ne dépendent que de la
seule fréquence de la houle.
Travaux supportés par contrats D.R.E.T. n°s 78/561 et 80/1190 (responsablescientifique L. F. Tsen).
Remise le 17 décembre 1984, acceptée le 24 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] J. B. VAN DEN BRUG, W. BEUKELMANet G. J. PRINS, Shipbuilding Laboratory Report, Delft University
of Technology, Netherlands, 1971.
[2] M. GUILBAUD, Thèse de Doctorat es-Sciences, Université de Poitiers, 1983.
[3] M. GUILBAUD, High speed surface craft conférence, London, 1983.

C.E.A.T.-E.N.S.M.A.,Université de Poitiers, Laboratoire d'Études aérodynamiques,


Laboratoire associé au C.N.R.S. n° 191, 43, rue de l'Aérodrome, 86000 Poitiers.
C R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985 669

TURBULENCE. — Domaine d'existence de l'isotropie dans une couche de mélange


turbulente. Note de Bruno Hannart, Yves Gagne et Emil Hopfinger, présentée par René
Moreau.

Un argument expérimental nouveau est apporté en faveur de l'hypothèse d'isotropie des petites échelles dans
les écoulementsturbulents cisaillés à nombre de Reynolds modéré. Il est montré qu'une correction de bruit est
nécessaire pour accéder à la dérivée latérale de la vitesse. L'étude de la relation entre fonctions de structure
montre l'existence de l'isotropie locale même pour des échelles allant jusqu'à 25 fois l'échelle dissipative, le
nombre de Reynolds R, étant de 419.

TURBULENCE.— Domain of isotropy in a turbulent mixing layer.


New experimental results are given, supporting the hypothesis of small scales isotropy in turbulent shear flows
at moderate Reynolds number. It is shown that a correction for the noise is nécessary to obtain the lateral
velocity derivative. By considering the relationship between structure functions, local isotropy is shown to exist
even at scales as large as 25 times the dissipative scale, the Reynolds number Rx being 419.

1. INTRODUCTION. — La question de l'existence de l'isotropie à petites échelles dans les


.
écoulements turbulents fortement anisotropes est déjà ancienne, mais elle prend actuelle-
ment toute son importance. Dans la simulation numérique des grandes échelles, la
modélisation sous-maille suppose l'isotropie au niveau du nombre d'onde de coupure.
Par ailleurs, l'hypothèse d'isotropie locale est à la base des théories phénoménologiques
de la turbulence.
Une condition d'isotropie des échelles dissipatives est :

Sur l'ensemble des échelles, l'isotropie entraîne la condition plus générale [1] :

où DNN et DLL sont les fonctions de structure transversale et longitudinale.

Ceux-ci montrent que la mesure de (Au1/Ax2)


1/2 est erronée au-dessous d'une certaine
valeur de Ax2(1). Antonia et coll. [4] ont obtenu une estimation de la dérivée par
extrapolation empirique, et ils concluentà un défaut d'isotropie des structures dissipatives.
D'autre part, Mestayer[5] a étudié expérimentalement le problème de l'isotropie dans
une couché limite de nombre de Reynolds turbulent R^ = 616. En utilisant l'équivalent
spectral de la relation (2), il a montré que l'isotropie locale ne peut exister qu'à des
échelles inférieures à 20 rj. Ce résultat est qualitativement en accord avec Champagne [6].

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670 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

Ces conclusions quelque peu contradictoires, et le manque d'expérience concernant ce


problème, nous ont conduits à approfondir cette question des dérivées spatiales et de la
tendance à l'isotropie des petites structures turbulentes.
2. CONDITIONS EXPÉRIMENTALES. Nous avons choisi une couche de mélange turbu-

lente, écoulement très anisotrope à grande échelle, et qui en outre est bien connu grâce à
des études antérieures ([2], [7]). L'installation expérimentale est schématisée sur la figure 1,
La vitesse à la sortie de la soufflerie était de lOm/s, et le taux de turbulence de 0,6%.
Une tige droite de diamètre 3 mm, transversale à l'écoulement a été placée à l'origine de
la couche de mélange pour raccourcir la zone de transition [2]. Les caractéristiques de la
couche (taux de croissance, forme du profil de vitesse), ont été trouvées en accord avec
les résultats des études antérieures.
Les mesures de du1/dx2 ont été obtenues par un couple de fils chauds orientés suivant
_x3 dont l'écartement était contrôlé avec une précision de 0,05 mm. Les sondes à fil chaud
de type Wollaston de diamètre 1,2 um et de. longueur 0,3 mm étaient associés à des
anénomètres à courant constant [8], dont le niveau de bruit ramené à l'entrée est de
0,15 uV pour une bande de fréquence de 2 Hz à 30 kHz.
Les deux sondes ont été étalonnées grâce à un tube de Pitot et à un micromanomètre
Furness. Les trois signaux (vitesses, pression) ont été enregistrés sur ordinateur, et la
relation d'étalonnage a été calculée numériquement. Afin de réduire les erreurs dues à
l'étalonnage, sur la différence des signaux des deux sondes (quantité qui importe ici),
nous avons établi une relation d'étalonnage relatif en tension entre celles-ci, Une seule
des deux sondes a donc été étalonnée par rapport au tube de Pitot, Les signaux des
sondes ont été numérisés: par un convertisseur A/D Preston GMAD2 (15 bits), puis
enregistrés sur ordinateur Norsk 100. Lors de la conversion tension-vitesse la compensa-
tion d'inertie thermique à été appliquée numériquement. Les gradients ont été mesurés
en un point situé à 35 cm en aval de O, et décalé de 3 mm deTaxe afin de minimiser

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE
.

Fig. 1.

Schéma de l'installation expérimentale.
Fig. 1. —
Schematic diagram of the experimental situation.
Fig. 2. — a. Rapport des dérivées latérale et longitudinale, en fonction de l'écartement des sondes, rapporté à
l'échelle de Kolmogorov, A, résultats de l'étude présentée; +, résultats et
— extrapolation de Antonia
et coll. [4]; théorique de la courbe dans le cas de l'isotropie. V. Résultats de l'expérience
, comportement
présentée, après correction de bruit.
Fig. 2. —
of lateral and longitudinal derivatives, vs probe spacing normalized by the Kolmogorov
a. Ratio
scale. A, results of the present study; +, results and :—, extrapolation of Antonia et al. [4]; ---—,
theoretical behaviour of thecurve under isotropic conditions, b. Present measurements, after correction for
the error b (x).
Fig. 3. — Détermination de l'erreur b (x)2 à partir des mesures des différences de vitesse lorsque Ax2 -» 0. A,
valeurs mesurées de Aiij (Ax2/r\); parabole osculatrice « isotrope », translatée de b(x)2.
,
Fig. 3. — Determination of the error b (x)~ from the measured values of the velocity difference at Ax2 -> 0. A,
measured values of Au\(&x2/r\); "isotropic" shifled osculating parabola.
,
Fig. 4. Fonctions de structure latérale et longitudinale,normalisées par V|, en fonction de rjt\. Vérification

de la relation d'isotropie jusqu'à r/Ti=25. V, valeurs mesurées de DLL(''/TI)/V|; A, valeurs de
D£N(r/n)/Vj! = l/V|(DLL-K^
Fig. 4. Longitudinal and lateral structure functions, normalized by Vj, as a function of r/i\. ! Verifying the

isotropic relationship up to r/r\—25.V, measured values of DLL (r/r))/V|: A, values Of
D^(r/n)/V|=l/V|(DLL+(r/2)(S/3r)DLJ;-+ measured values of D^(r/n)/Vi\
C R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985 673

l'intermittence (voir, [2]). En ce point; l'épaisseur de vorticité de la couche de mélange 5ffl


était de 6 cm, la vitesse moyenne U1de 6,1 m/s, le taux de turbulence Ûi/Umax de 17%,
le nombre de Reynolds turbulent Rx de. 419, l'échelle de Kolmogorovn de 0,10 mm, ce
qui correspond à une fréquence fn= XJj2nr{ = 9,7kHz. Le signal a donc été filtré par un
filtre: passe-bas de fréquence de coupure 10 kHz, avant d'être échantillonné à la fréquence
de Shannon 20kHz; les enregistrements ont été effectués dans un fichier de 500 kmots
correspondant à plus de 1000 fois le temps intégral de la turbulence,
3. RÉSULTATSET DISCUSSION. La dérivée longitudinale a été calculée numériquement

en utilisant l'hypothèse de Taylor, et avec un pas de temps égal à la période d'échantillon-
nage. (La valeur obtenue étant de 25% supérieure à la valeur mesurée par voie analogi-
que). L'échelle dissipative, et l'échelle de Taylor transversale.xg en ont été déduites à
partir des relations, d'isotropie.
La dérivée latérale, donnée par (3), à été mesurée pour des valeurs? de Ax2 variant de
2 à 40
n. Les résultats sont présentés sur la figure 2a, ainsi que ceux de Antonia et
coll. [4]. On constate que, lorsque la séparation des sondes tend vers 0, la limite de
(AM1/ÂX2)Z est infinie. Ce résultat est physiquement irréaliste, puisque si tel était le
cas, la dissipation visqueuse croîtrait indéfiniment à petite échelle. L'erreur des mesures,
que l'on note b(x), est due au bruit électronique et numérique d'une part, et à l'erreur
d'étalonnage relatif des deux fils d'autre part. Lorsque Ax2 tend vers 0, le signal effectif
Au 2 (AX2)==(un (X + AX2) u1 (x)+,b(x))2 ne tend pas vers 0, mais vers b(x) 2; la figure 3

illustre ce résultat Au voisinage de Ax2 = 0, les points expérimentaux convergent vers
une valeur non nulle, selon une courbe à tangente horizontale, permettant ainsi une
détermination graphique précise de b(x) 2. Une estimation du gradient 8u1/dx2 est donc
possible par extrapolation àl'origine de la courbe expérimentale (AuJAx2)2(Ax2), On
peut définir le type d'extrapolation convenable en décrivant le comportement de
(Au1/AX2)2 àu voisinage de Ax2=0. En effet, d'après (3) :

Et, en écrivant le développement limité au quatrième ordre de R11; on déduit :

Les coefficients d'ordre impair du développement sont nuls, car la fonction R11 (0, r, 0)
est une fonction paire; d'après l'expérience, le coefficient :

est positif; en effet, la courbe représentant R11 est au-dessus de sa parabole osculafrice
à l'origine.
Dans le cas de l'isotropie; les courbes expérimentales devraient donc avoir qualitative-
ment le comportement décrit par la figure 2 a, avec tangente horizontale et parabole
osculatrice en Ax2 = 0(4'). L'extrapolation:linéaire proposée par Antonia et coll. [4] est
donc injustifiée, Elle conduit à surestimer systématiquement le rapport
(3M.1/3X2)2/(&M.1/3X1)2 et empêche de déterminer s'il atteint ou non la valeur isotrope de 2
D'autre part, quantitativement, il faut s'affranchir de l'erreur b (x), afin d'obtenir une
extrapolation fiable. Pour cela, nous avons supposé que b(x) est décorrélé du signal
utile u1 (x). Cette hypothèse, très plausible, permet de corriger les valeurs expérimentales

C.R. 1982. 2e Semestre (T. 801) Série II —51


674 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

par simple soustraction de b (x) 2, comme le montre la figure 2 b. La courbe corrigée ainsi
obtenue a le comportement décrit par(4'), et la valeur à l'origine de 2,3 constitue un
argument en faveur de l'isotropie des structures dissipatives. Cela est confirmé par la
figure 3, qui montre que la courbe expérimentale a pour parabole osculatrice la parabole
« isotrope » d'équation Au 2 = 2 (ûf/X2) Ax\, translatée de la valeur b(x). Néanmoins, cette
interprétation reste incomplète. En particulier elle ne permet pas de déterminer l'échelle
maximale des structures vérifiant l'isotropie.
Pour répondre à cette question, il faut examiner expérimentalement la validité de la
relation(2) entre fonctions de structure. Expérimentalement, la fonction DNN est obtenue
directement, à partir des mesures de Aw1 (Ax2); la fonction DLL est calculée numérique-
ment selon l'hypothèse de Taylor. La figure 4 a indique les résultats expérimentaux des
fonctions DNN(Ax2/ri) et DLL(Ax1/r)) normalisées par la vitesse de Kolmogorov VK. On
a porté sur la même figure la fonction de structure DNN « isotrope » déduite de DLL par
la relation(2). On constate que cette relation est vérifiée pour les échelles inférieures à
25 n environ, ce qui correspond à la limite inférieure de la zone inertielle. Il semble donc
que, même dans le cas d'un écoulement fortement anisotrope à grande échelle, de nombre
de Reynolds turbulent Rx modéré, l'ensemble des structures dissipatives soit isotrope.
L'application de la même analyse aux résultats obtenus par Mestayer[5], dans une
couche limite turbulente dont le nombre de Reynolds R, =616 était comparable au nôtre,
conduit à une conclusion très voisine; non seulement le domaine d'isotropie s'étend
jusqu'à des échelles de l'ordre de 25 n, mais les valeurs des fonctions de structure
normalisées par VK sont très proches des nôtres. Il apparaît ainsi que, pour des turbulences
pleinement développées, à nombre de Reynolds modéré, il existe des échelles (essentielle-
ment dissipatives) où les fonctions de structure vérifient les relations d'isotropie. L'identité
des domaines d'isotropie tend à confirmer l'hypothèse de Nelkin [9], selon laquelle pour
une turbulence pleinement développée, le domaine d'isotropie ne dépend que de Rx
Cette étude a été effectuée avec le support financier de la D.R.E.T., contrat 83/314.
( 1) Ce qui, en outre, remet en cause la mesure de la vorticitéà l'aide de fils chauds.
Remise le 1er juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[4] R. A. ANTONIA, L. W. B. BROWNE et A. J. CHAMBERS, On the spectrum of the transverse derivative of
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Institut de Mécanique de Grenoble. B. P. n° 68, 38402 Saint-Martin-d'HèresCedex.
CR. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985 675

PHYSIQUE DES SURFACES ET DES INTERFACES.


— Transitions de monocou-
ches à molécules polaires. Note de David Andelman, Françoise Brochard, Pierre-Gilles de
Gennes, Membre de l'Académie, et Jean-François Joanny.

Lors d'une transition (par ex. liquide L/gaz G) dans une monocouche de Langmuir, la phase la plus
concentrée(L) a un moment dipolaire moyen (vertical) assez élevé, et révélé par les mesures de potentiel de
contact. Nous montrons que les interactions entre dipoles (faibles, mais à longue portée) doivent bouleverser
l'interprétationdu diagramme de phase : il apparaît une phase « supereristal » avec un arrangement périodique
des régions. L et G, et des mailles très variables selon la température et laforce des dipôles.

SURFACE AND INTERPHASE PHYSICS.— Monolayer transitions:with polar molécules.


:
At a transition (e.g. liquid L/Gas in a Langmuir monolayer, the more cohcentrated phase (L) has a non
G)
zero averqge dipole moment (along the vertical direction) which is. commonly detected by measurements of the
contact potential. We show here that the weak, long range (r~ 3) interactions between dipoles change drastically
the interpretation of the phase diagram: in a significant part of the traditional coexistence region, we expect a
supercristal phase, where the L and G regions builda spatially periodic arrangment, with periods 103Â.

I. DIPÔLES ET ÉNERGIES.

Les molécules amphiphiles qui forment une monocouche à
la surface de l'eau [1] portent en général un moment dipolaire u non nul. La moyenne de

dimensions:
ces moments est dirigée verticalement (Oz) et donne une densité de polarisation à deux

Le moment dépend fortement de la concentration cp :

On détermine classiquement m (cp) par l'intermédiaire du potentiel de contact V (2).


Par exemple, si les moments u sont immergés dans la partie aqueuse, et si celle-ci a
partout la constante diélectrique macroscopiquee, on a :

Gardons ce modèle et considérons maintenant une situation ou la concentration cp


varie de point en point dans le plan de la couche :

Alors un calcul électrostatiquemontre que, à q petit, l'énergie dipolaire D est modifiée


par :

SE est négatif,et linéaire en q, ce qui caractérise une interaction répulsive en r~ 3. Le


coefficient K se relie assez directement au potentiel de contact V(cp). En général K est
petit, mais la forme singulière de (6) doit néanmoinsavoir des effets que nous analyserons
ci-dessous.
II. STATISTIQUE DES TRANSITIONS. —
liquide-gaz, à l'approximation
Pour fixer les idées, nous décrivons une transition
des solutions régulières, avec une énergie libre de mélange

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676 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

par « site » (de surface S0) F(cp) :

La facture N- 1 dans le premier terme est réminiscent de la théorie de Flory Huggins [3]
pour les systèmes polymère solvent : N(> 1) serait le nombre de sites E0 occupés par un
amphiphile couché sur l'interface. L'usage de cette forme est ici imparfait, puisque les
molécules se redressent en phase liquide, mais le facteur N permet de rendre compte, à
l'ordre 0, de la forte dissymétrie des courbes de coexistence ([4], [5]). Le paramètre x>0
décrit l'enthalpie de mélange; il incorpore les interactions attractives (dominantes) entre
molécules, et aussi l'effet moyen des répulsions dipoles-dipoles.
Plaçons-nous au voisinage du point critique (cp., %.) :

L'énergie libre (7) se développe sous la forme :

(Il n'y a pas de termes en Y3 lorsque % est indépendant de cp.) Il faut ajouter à (8) les
termes de variation spatiale Fg :

Ici L (cp) provient des interactions attractives entre proches voisins. La fonctionnelle (9)
fait apparaître un vecteur d'onde optimal :

Une équation analogue à (10) a été obtenue en premier par Garel et Doniach [6] à
propos d'un problème similaire : film ferromagnétique avec moments normaux au plan
du film, et incorporation des interactions dipolaires.
En prenant V = 0,1V, les équations (5), (6), (11) donnent (q,*)~1~1000A. La période
spatiale est donc assez grande. Ceci est lié à la faiblesse des interactions dipolaires,
mesurées par le paramètre sans dimension :

(a) Près du point critique, la monocouche tend à réaliser une phase spatialement
modulée, de maille 2ii/q*, que nous appellerons un supercristal. L'ordre peut-être smecti-
que (un seul vecteur q*) triangulaire (trois vecteurs q*), etc. La stabilité comparée des
solutions smectique et triangulaire est discutée dans la référence [6]. Près de l'axe du
domaine de coexistence(*P = 0) c'est la phase smectique qui est stable. Près de la courbe
de coexistence, c'est une phase triangulaire formée d'un réseau régulier d'îlots (à peu
près circulaires).
(b) A plus basse température, le calcul à une composante q* n'est plus valable : on
peut raisonner en termes de domaines L ou G, séparés par des interfaces minces
(d'épaisseur c;). Pour le cas d'une structure « zébrée » (smectique : bandes L et G
alternées) on trouve par sommation de Poisson sur l'équation (7), un gain d'énergie
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985 677

dipolaire par centimètre carré :

(où M est la période des zébrures, et où on a pris cp = cpc exactement).


On sacrifie par contre une énergie interfaciale :

où y est l'énergie de 1cm d'interface L/G. En optimisant (12+ 13): on arrive à :

M devient exponentiellement grand dès que :

Dans l'approximation de champ moyen des équations (8) et (9) ceci correspond à
T^A 1'2.
III. CONCLUSIONS.

Toute transition de monocouches formées avec des molécules
1.
polaires doit faire intervenir une phase supercristal, formées d'îlots qui se repoussent par
interactions dipolaires.
2. L'importance de l'effet dépend de la valeur de n\ [équation (11)] : n est sans doute
petit dans les cas usuels (n|<10- 2) mais il augmente si : (o) les dipoles sont forts (ex :
lécithines) et peu immergés; (b) le liquide support a une constante diélectrique g moins
élevée que celle de l'eau (en gros r)~8-2). Par contre, pour les surfactants non ioniques,
n doit être très faible.
3. L'échelle de taille des îlots est E0/2r|-1 près du point critique, mais augmente
exponentiellement à basse température. Il faut rapprocher ceci de certaines observations
sur les figures de croissance de films de phosphatidyl-choline à la transition
liquide-solide [7] = on y voit des structures périodiques à l'échelle de quelques dizaines de
microns. Notons toutefois qu'il ne s'agit pas d'un état d'équilibre (les tailles croissent
dans le temps) et que les anisotropies spécifiques de la phase solide peuvent peut-être
jouer aussi un rôle [8].
4. Les détails du diagramme de phase sont sûrement plus complexes que notre discus-
sion ne le suggère. Par exemple, Garel et Doniach discutent la fusion éventuelle du
supercristal [6]. Ceci n'est probablement pas observable à l'équilibre thermique à petit
(ou les îlots sont gros et leur interactions fortes, ~ r)-1). Mais des bruits non thermiques
(mécaniques...) peuvent détruire l'arrangement périodique.
5. Mais, indépendamment de ces détails, il est clair que les effets dipolaires doivent
être inclus dans la discussion de la plupart des transitions de monocouches. Il est même
peut-être possible que certaines transitions « expansé/condensé» puissent s'interpréter
par ce mécanisme : en effet, dans les régions où existe un supercristal, la dérivée de la
pression de Langmuir par rapport à la surface ôTl/ôY. n'est pas nulle.
Nous avons bénéficié de discussions sur ces questions avec D. Canell, M. W. Kim, W. Helfrich et H.
McConnell.

Remise le 17 juin 1985.


678 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série Ii, n° 10, 1985

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] Voir par exemple : G. GAINES, Insoluble monolayers at liquid gas interface, Wiley, N.Y., 1966.
[2] M. PLAISANCEet L. SARAGA, Comptes rendus, 270, série C, 1970, p. 1269-1272.
[3] P. FLORY, Principles ofpolymer chemistry, Cornell University Press, 1971.
[4] G. A. HAWKINS et G. BENEDEK, Phys. Rev. Lett., 32, 1974, p. 524.
[5] M. W. KlM et D. CANELL, Phys. Rev. Lett., 35, 1975, p. 885.
[6] T. GAREL et S. DONIACH, Phys. Rev., B 26, 1982, p. 325.
[7] R. M. WEIS et H. MCCONNELL, Nature, 310, 1984, p. 5972; H. MCCONNELL, L. TAMM et R. M. WEIS,
Proc. Nat. Acad. Sc. U.S.A., 81,1984, p. 3249.
[8] M. MARDER, H. L. FRISCH, J. S. LANGER et H. MCCONNELL, Proc. Nat. Acad. Sc, 81, 1984, p. 6559.
[9] L. LANDAU et I. M. LIFSHITZ, Statistical physics, Pergamon, 1958.

Collège de France, Laboratoire de Physique de la Matière condensée,


75231 Paris Cedex 05.
C.R. Acady Sc. Paris, t. 301, Série II, n°10, 1985 679
PHÉNOMÈNES DE TRANSPORT. — Mise en évidence d'une conduction électrique
mixte dans le rutile dopé au chrome au moyen de la spectrométrie d'impédance complexe.
Note de Jean-Louis Carpentier, André Lebrun, Francis Perdu et Pierre Tellier, présentée
par Jacques Bénard.
Par spectromélried'impédance complexe, une conduction mixte (à la fois ionique et électronique) a été mise
10- 5 et 1 atm
en évidence à T=l 273 K dans le rutile dopé au chrome dans la zone de P0 comprises entre
correspondant au domaine de composition quasi stoechiométrique. Cette double conduction est révélée par une
configuration spectrale à deux arcs de cercle. Elle se distingue de celle comportant un seul arc de cercle obtenue
pour le rutile pur.

TRANSPORT PHENOMENA. — Evidence of a mixed electrical conduction within the chromium-doped


rutile by means of complex impedance spectrometry.
Mixed conduction (both electronic and ionic) has been shown off at T= 1 273 K within the chromium-doped
rutile in the P0 range from 10- 5 to 1 atm which corresponds to the quasi-stoechiometric composition-domain by
means of complex impedance spectrometry. This double conduction is revealed by a spectral configuration with
two arcs of a circle. It is distinct from the obtained configuration for pure rutile with only one arc of a circle.

La présence d'impuretés peut, dans certaines conditions, affecter la conductivité électri-


que d'un oxyde non stoechiométrique semi-conducteuren introduisant des erreurs notables
lorqu'on étudie en particulier l'évolution de ce paramètre en fonction de la température
et de la pression partielle d'oxygène d'équilibre. En effet, la migration éventuelle de ces
impuretés peut engendrer, lorsque la structure de l'oxyde le permet, l'apparition d'une
conduction supplémentaire de type ionique se superposant à celle de nature purement
électronique habituellement rencontrée dans ce type de matériau ([1] à [7]).
La spectromélrie d'impédance complexe est une technique classique [7] susceptible de
séparer les taux de conduction ionique et électronique à partir du comportement cinétique
différent des porteurs de charges ioniques et électroniques soumis à un champ électrique
sinusoïdal. Elle permet donc de mettre en évidence une condition électrique mixte et peut
ainsi servir de test de pureté à un échantillon d'oxyde semi-conducteur, notamment au
voisinage de sa composition stoechiométrique, puisque sa conduction électronique y
devient alors minimale. De plus, cette technique offre la possibilité de différentier les
phénomènes de conduction proprement dits des phénomènes de polarisation aux électro-
des de mesures. Grâce à l'utilisation d'électrodes métalliques parfaitement passantes aux
électrons elle permet alors d'atteindre, d'une manière très précise, la conductivité électroni-
que réelle de l'oxyde étudié [9].
Ainsi, nous avons étudié la conduction électrique dans des échantillons polycristallins
de dioxyde de titane de forme cristalline rutile. Ceux-ci, de géométrie cylindrique, ont
été préparés à partir de poudre comprimée à froid sous 2000 bars dans une presse
isostatique. Un fil en platine a été implante, avant pressage, à chacune des extrémités du
cylindre pour servir d'électrode de mesure.
Le premier échantillon ne comportait aucune impureté décelable à la microsonde
électronique ni avant, ni après l'expérimentation (seuil de détection 50.10-6). Il est
constitué de rutile pur obtenu à partir de l'hydrolyse en milieu ammoniacal de chlorure
de titane [10].
Les autres échantillons ont été réalisés en dopant ce rutile avec une concentration
variable de chrome Cr3+. En se substituant au titane, ce cation hétérovalent de rayon
ionique (0,63 Â) comparable à celui de Ti4+ (0,68 Â) permet alors d'obtenir une solution
0249-6305/85/03010679 $ 2.00 © Académie des Sciences
680 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

solide Cr203-Ti02 dans un large domaine de composition conformément aux règles de


l'induction de valence [11]. De plus, il a été établi [12] que ce cation n'introduit pas de
défauts étendus pour des taux inférieurs à 5 moles % de Cr203 contrairement aux autres
dopants possibles Fe3+ ou Ga3+ [13]. Ces échantillons dopés ont été conçus à partir
d'un mélange de poudres de rutile pur (préparé comme le premier échantillon) et de
nitrate de chrome à 99,999 % de manière à obtenir après décomposition du nitrate cinq
solutions solides contenant respectivement 1, 2, 3, 4 et 5% d'atomes de chrome. L'analyse
àla microsonde a confirmé, d'une part, la teneur nominaledu chrome introduit volontaire-
ment dans le rutile et, d'autre part, l'absence d'autres impuretés éventuelles, comme par
exemple du platine qui aurait pu éventuellement diffuser à l'intérieur de l'échantillon à
partir des électrodes.
La mesure des impédances électriques Z (v) = Z' (v) +j Z" (v) a été réalisée au moyen
d'un pont d'impédance et d'un Q-mètre dans la gamme de fréquences y allant de 10 Hz
à 10 MHz. Les: spectres d'impédances ont été établis, à l'équilibre thermodynamique, à
T=T273.K pour différentes pressions partielles d'oxygène comprises entre 1 atm et
10- 12 atm. Celles-ci ont été mesurées in situ au voisinage immédiat des échantillons par
la méthode de Marion et Duquesnoy [14].
Les spectres isothermes, obtenus de manière réversible vis-à-vis de la P0 sont représen-
tés dans le plan complexe de façon typique sur les figures 1 et 2. On y observe deux
configurations spectrales distinctes, l'une à un seul arc de cercle et l'autre à deux arcs de
cercle.
Dans le cas du rutile non dopé (fig. 1), la forme classique semi-circulaire la plus
souvent rencontrée est caractéristique d'un condensateur à perte modélisé classiquement
par un dipôle parallèle (C0, Re) schématisé sur la figure . 3. La capacité
C0— Km[2 %v Z" (y)]~ 1 est la, capacité de la cellule de mesure Pt-Ti02-Pt tandis
que la
V -* 00
résistance Re= lim Z'(v) représente la résistance ohmique électronique de l'échantillon

d'oxyde. Cependant, la figure 1 montre explicitement que sous air et sous oxygène, le
demi-cercle est déformé du côté des basses fréquences. Cette particularité n'est observée
que dans les conditions expérimentales définissant la stoechiométrie du rutile

EXPLICATIONSDES PLANCHES

Planche I

Fig. 1. Spectres d'impédance complexe de la chaîne Pt-Ti02-Pt pour diverses P02 à T=1273K (les
—.
fréquences sont reportées en hertz).
Fig. 1. — Complex impedance spectra of the Pt-TiO2-Pt chain for various P02 at T=1273 K (frequencies are
reported in hertz).
Fig. .2. Spectres d'impédance complexe de la chaîne Pt-(Ti02-Cr203)-Pt pour diverses P02 à T = 1273 K et

Cr/(Cr+.Ti) = 3:10- 2 (les fréquences.sont reportées en hertz).
Fig. 2. —
Complex impedance spectra of the Pt-(Ti02-Cr203)-Pt chain for various P02 at T= 1,273 K and
Cr/(Cr+Ti)=3 xlO-2 (frequencies are reported in hertz).
Fig. 3. Circuit électrique représentatif de la chaîne Pt-Ti02 pur-Pt à T=1273K. dans la gammé de

fréquences I0-107 Hz.
Fig. 3. — Electrical équivalent circuit for Pt-pure Ti02-Pt chain atT= 1,273 K in the frequency range 10-'
107Hz.
PLANCHEi/PLATE I JEAN-LOUIS CARPENTIER
PLANCHE II/PLATF II
C. R. Acad, Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

Planche II :
Fig. 4. — Spectre d'impédance complexe résiduel de la chaîne.Pt-(Ti02-Çr203)-Pt dans les conditions:
expérimentales suivantes : T=l 273 K, PO2 = J0-2-85 atm, Cr/(Cr + Ti) = 0,03.
683

Fig. 4. — Residual complex impedance spectrum of the Pt-(Ti02-Cr203)-Pt chain in experimental following
conditions: T= 1,273 K, Po2 = 10"2-85 atm, Crl(Cr+Ti)= 0.03.
Fig. 5.- Circuit électriquereprésentatif de la chaîne Pt-(TiO,-Cr203)-Pt à T=il273 K et 10_5gPO2 (atm)^l
dans la gamme de fréquences 10-107 Hz.
Fig. 5.- Electrical equivalent circuit for Pt-(TiO2-Cr203)-Pt chain at T=l,213,K and10-5gPO2 (atm)^l in
the frequency range 10-107 Hz. :

(P02 = l atm à T=l 273 K) et atteste qu'alors une conduction de type ionique induite
par des impuretés résiduelles vient dans ce cas se superposer à la conduction électronique
de l'oxyde.
En ce qui concerne le rutile dopé (fig. 2), une configuration spectrale à deux arcs de
cercles apparaît uniquement dans le domaine des pressions partielles d'oxygène supérieures
à 10- 5 atm. La déformation induite par les impuretés dopantes correspond à l'arc de
cercle situé du côté des basses fréquences. Celle-ci est nettement plus importante que
dans le cas du rutile non dopé et dépend de la concentration de chrome. Le dépouillement
de ce type de spectre conduit alors à représenterla chaîné conductrice Pt-(Ti02-Cr203)-Pt
par un circuit électrique comprenant en plus des deux branches Re et C0 précédentes,
une troisième branche en dérivation, d'impédance Zy (y), rendant compte à la fois du
caractère mixte de la conduction et de la nature métallique des électrodes.
En retranchant de l'impédance totale mesurée Z:(v) les impédances des branches
contenant les paramètres Re et C0 déterminés, comme nous l'avons indiqué auparavant,
par extrapolations à fréquence nulle ou infinie, on obtient facilement l'impédance Z1 (v)
dont le spectre représenté sur la figure 4 constitue un exemple significatif. Ce spectre,
ayant la forme d'une demi-droite faisant un angle de 45° avec l'axe des réels, est

V -> 00 '
caractéristique d'une résistance pure R1=lim Z'1 (v) en série : avec une impédance de
diffusion de type Warburg Zw= aw(27tv)_1/2(1—j) [14] où là; constante cw s'identifie
pour chaque fréquence v au produit — Z'1((2nv)112. Cette décomposition, valable pour
toutes les concentrations de chrome étudiées, conduit à représenter, dans le domaine des
fortes P02, la chaîne Pt-(Ti02-Cr203)-Pt par le circuit électrique schématisé sur la figure
5 dans le cas d'une cellule de mesure parfaitement symétrique par construction. Avec:
cette hypothèse, la résistance globale Rx peut être décomposée en trois résistances en
série de sorte que R1=Rr + R; + R! et l'impédance de Warburg.Zw peut être divisée en
deux impédances de diffusion identiques Zd — Zw/2. La résistance Ri représente alors la:
résistance ohmique ionique du coeur de l'échantillon tandis que Rr et Zd désignent
respectivement la résistance de transfert et l'impédance de diffusion des porteurs de
charges ioniques bloqués partiellement au niveau de chaque interface oxyde-platine.
Ainsi, la spectrométrie d'impédance complexe est une méthode parfaitement adaptée
pour détecter une conduction mixte dans un oxyde semi-conducteur judicieusementdopé.
Sa mise en évidence est facilitée dans le domaine proche de la stoechiométrieoù le nombre
de transport ionique devient maximal : dans le cas du rutile non dopé, la méthode permet,
même de déceler des impuretés résiduelles en concentration extrêmement faible puisque
non détectée à la microsonde de Castaing; dans le cas de l'oxyde dopé au chrome, la
présence de la conduction de type ionique ne se manifeste que dans le domaine des
pressions partielles d'oxygène supérieures à 10- 5 atm. Dans ce domaine apparaît alors
684 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

la troisième branche d'impédance Z1 dans laquelle il est possible de différentier Zw de


R1 sans pouvoir cependantisoler Ri de Rr Dans le domaine des P02 inférieures à 10- 5
atm, la conduction ionique ne peut en revanche être mise en évidence du fait que dans
cette zone le module de Padmittance |ZX1 | _1 devient alors négligeable devant la conduc-
tance R^1- Le circuit représentatif se réduit, dans ces conditions, au dipôle à deux
paramètres (C0, Re) trouvé dans le cas du rutile non dopé.
Remise le 20 mai 1985, acceptée le 1er juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[I] J. F. BAUMARD, D. PANIS et A. M. ANTHONY, J. Solid State Chem., 20, 1977, p. 43-47.
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[II] G. G. LIBOWITZ dans Tréatise on solid state chemistry, N. B. HANNAY éd., Plenum Press, New York, 1,
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[12] O. W. FLORKE et C. W. LEE, J. Solid State Chem., 1, 1969, p. 445.
[13] L. A. BURSILL, J. Solid State Chem., 10, 1974, p. 72.
[14] A. DUQUESNOYet F. MARION, Comptes rendus, 256, 1963, p. 2862-2865.
[1.5] E. WARBURG, Ann. Physik, 6, 1901, p. 125.

Laboratoire des matériaux semi-conducteurs,U-E.R. Sciences exactes et naturelles,


33, rue Saint-Leu, 80039 Amiens Cedex.
C. R. Acad; Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985 685

CHIMIE PHYSIQUE. Interaction de soufre moléculaire S2 avec la surface (100) de



CoO. Noté de Alexis Steinbrunn et Michel Bordignon, présentée par Jacques Bénard.

La formation de couches d'adsorption de soufre à la surface (100) de l'oxyde dé Cobalt CoO a été étudiée
par diffraction d'électrons de haute énergie sous incidence rasante (DER) et spectrométrie d'électrons Auger
(SEA). Les expositions sont réalisées grâce à un faisceau moléculaire de soufre S2. A l'ambiante, différentes
structures ordonnées de typé p(2x2), c (2 x 2), p (2x1) et p (1 x 1) ont été observées par DER pour dentaux
de recouvrementcroissants..

PHYSICAL CHEMISTRY. — The interaction of molecular sulphur S2 on the cobalt oxide surface CoO
(100).
The formation of ordered adlayers of sulphur on the cobalt oxide surface CoO (100) has been studied by
Reflexion High EnergyElectronDiffraction (RHEED) and Auger Electron Spectroscopy (AES). Sulphur was
deposited from à controlled molecular flux of S2. At room temperature, various ordered structures p (2x2),
c (2 x 2), p (2 x 1) and p(l x 1) were observed by RHEED with increasing sulphur coverage.

INTRODUCTION. — L'interaction CoO ( 100)-H2S ayant été étudiée antérieurement [1],


cette étude; porte sur l'interaction du soufre moléculaire (S2) avec la surface (100) de
l'oxyde de cobalt. Le système oxyde de cobalt-soufre est particulièrement intéressant
puisqu'ilintervient dans les processus catalytiqùes d'hydrodésulfuration. En vue d'identi-
fier les sites d'adsôrption des catalyseurs Co-Mo-S nous avons entrepris l'étude des
propriétés dès couches adsorbées de soufre sur des lacés orientées de monocristaux de
CoO. A l'aide de la diffraction des électrons de hautes énergies sous incidence rasante
DER (ou RHEED) et de la spectrométrie d'électrons Auger (SEA), nous avons étudié
les structures superficielles d'àdsorption du soufre surla surface CoO(lOO).
A titre de comparaison,l'interactiqn d'H2S gazeux avec la surface1CoO (100) conduit,
à l'ambiante, à une adsorption désordonnée de soufre: aucune surstructure n'a pu être
décelée tant sur les diffractogrammes d'électrons lents DEU (ou LEED) que sur ceux
obtenus simultanément en DER (ou RHEED).
MÉTHODES EXPÉRIMENTALES. L'étude de l'évolution de la structure et de la composition de la surface

Torr.

(100) de CoO a été réalisée dans une enceinte à ultra-vide que nous avons déjà décrite [2]. Pour l'essentiel les
techniques mises en oeuvre pour cette étude ont été

la diffraction d'électrons de hautes énergies sous incidence rasante Ép= 40 ke V, lp, = 80 u A (RHEED,
VacuùmGenerator);

la spectrométried'électrons Auger SEA (V.G. HCMA),

la spectrométriede masse (Riber RXI200).
Les monocristaux de CoO, fournis par la Société «Cristal Tec» (Grenoble) de pureté 99,95% ont été
préparés selon la méthode de Verneuil. Après orientation par la méthode de Laue, ils sont découpés â la scie
diamantée de façon à obtenir des échantillonsparallélépipédiques(15 x4x4mm) dont les faces sont des plans
d'orientation (100). Les surfaces (100) sont obtenues par clivage in situ [3] dans un vide résiduel de quelques
10- 9
L'action du soufre sousbasse pression (10- 8 à 10- 7 Torr) est obtenue grâce à un jet de molécules S2 produit
par la décompositionélectrochimiquede Ag2S selon la réaction ([4], [5]) ;
2S2- (réseau Ag2S) -> S2 (gaz)+4é.
La nature des entités composant le jet moléculaireest contrôlée périodiquement par spectrométriede masse.
Il est constitué essentiellement de molécules S2.
RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX. —
SEA de l'évolution de la composition de la
1. Etude
surface C00 (100) en fonction de l'exposition au soufre S2. — Après clivage, le spectre
d'émission Auger à la surface CoO (100) montre exclusivement les pics du cobalt et de
l'oxygène. A l'ambiante, sous ultra-vide (p < 10-9Torr) la contamination de surface
essentiellement par le carbone est très lente.
0249-6305/85/03110685 $2.00© Académie des Sciences
686 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

.
Fig. 1. — Évolution isotherme (T = 293 K) du rapport de hauteur de pic Auger r—hs/hCo en fonction
de la durée déposition au soufre S2. Courbe A, intensité flux S2 : I; courbe B, intensité flux S2=1/4.
Fig. 1. — Isothermal évolution of the sulphur to cobalt Auger peak heights ratios (r = hs/hCll) against
molecular sulphur S2 exposure time at 293 K. Curve A, S2 flux intensity I; curve B, S2 flux intensity 1/4.
Fig. 2. —
Évolution du taux de recouvrement en soufre Ô en fonction de la durée d'exposition
au soufre S2 correspondant à la courbe B de la figure 1.
Fig. 2. — Evolution of the sulphur coverage 0 against molecular S2 exposure time
corresponding to curve B from Figure 1.

Les résultats obtenus sont représentés sur la figure 1 où nous avons tracé l'évolution
du rapport des hauteurs de pics Auger r du soufre (hs 150eV) et du cobalt (hco780 eV)
en fonction des durées d'exposition cumulées à la température ambiante. D'une manière
générale, les courbes obtenues tendent vers une valeur palier qui se situé aux environs de
r = hs/hCo = 6,5 ± 1. Cette valeur est atteinte plus ou moins rapidement en fonction :

de l'intensité du flux moléculaire de soufre;

de la contamination par le carbone.
Lorsque la surface est exposée directement dans le jet moléculaire et que la contamina-
tion par le carbone est faible hc/hCo = 0,l c'est la courbe (A) qui est décrite; par contre,
lorsque l'intensité est plus faible et que hc/hCo 1,5 c'est la courbe (B) que nous obtenons.
=
En vue d'interpréter les différentes structures ordonnées de soufre que nous examinerons
dans le paragraphe suivant, il est important de pouvoir estimer le taux de recouvrement
en soufre à l'aidé de l'intensité des pies Auger et notamment du rapport r = hs/hCo.
Calibration des signaux Auger. — A l'aide des données expérimentales concernant le
rapport des hauteurs de pics f=hs/hCo, il est possible de calibrer le taux de recouvrement,
0. Nous faisons l'hypothèse que le taux de recouvrement correspondant à la monoeouche
correspond à la valeur de r au palier : r = 6,5 + 1 (fig. 1). A partir de cette valeur on
déduit le facteur d'atténuation k dû à une monocouche de soufre /c=0,74 + 0,05. Ce
facteur est obtenu en divisant la hauteur du pic Co pour le recouvrement correspondant
à la monocouche, par la hauteur du pic Co pour un taux de recouvrement en soufre nul
(surface propre).
Si /rCo(0) et hs(Q) représentent les hauteurs de pic Auger du cobalt et du soufre pour
un taux de recouvrement 0, on peut écrire :
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985 687

Fig. 3. —
Modèle proposé pour les différentes structures ordonnées de soufre sur la surface CoO(100) :
P(2 x 2) S, C(2 x 2) S, P(2 x 1) S et P(l x 1) S.
Fig. 3. — Proposed model for the different ordered sulphur structures on the CoO (100) surface:
P(2x2)S, C(2x2)S, P(2xl)S and P(\x\)S.

A l'aide de ces relations et des valeurs numériques de r pour 0=1 hs(l) et k on


obtient :

Cette relation propre à notre système d'analyse permet d'obtenir des valeurs de 0 à 10%
près. La figure 2 montre les résultats obtenus dans le cas de la courbe (B) de la figure 1.
2. Etude DER (RHEED) des structures d'adsorption du soufre. — Les modifications
structurales du plan (100) de CoO, intervenant au cours des expositions de durée
croissante au soufre ont été suivies en continu par diffraction des électrons de hautes
énergies sous incidence rasante. Elles peuvent se résumer de la façon suivante :

Sous ultra-vide, la structure de surface (100) de CoO est celle attendue pour un
plan (100) de la structure cubique de l'oxyde de cobalt. La maille superficielle est une
maille carrée de paramètre a = 3Â (fig. 3).
Les premières modificationsstructuralesdépendentétroitement des variations de compo-
sition chimique et plus particulièrement du taux de recouvrement en soufre. Nous n'avons
pas observé de structure ordonnée liée à la contamination par le carbone. Par contre,
dès les premières minutes d'exposition au soufre moléculaire, à l'ambiante, celui-ci
s'adsorbe et entraîne une modification des diffractogrammesDER. Des lignes de diffrac-
tion supplémentaires situées à mi-distance des bâtonnets du substrat apparaissent et ce,
selon différents azimuts d'observation [001], [011], et [031].
Le paramètre de la maille superficielle lié au substrat reste inchangé à mesure que le
taux de recouvrement en soufre augmente. Les structures sont obtenues à l'ambiante
sans procéder à des recuits sous ultra-rapide.
Pour des taux de recouvrement voisins de 0=1, les structures d'adsorption
COO(100)-/p(2X 1)S et CoO(100)-/p(l x 1)S sont observables. Ces structures sont
remarquablement stables puisqu'elles se conservent après un chauffage à 300°C pendant
30 mn.
La structure p(2 x 1) S est toujours présente sous forme de 2 domaines : p(2 x l) S et
p(lx2)S.
688 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10,1985

Au faible taux de recouvrement 0 < 0,4, il semble que la structure p (2 x 2) soit la plus
stable. Nous avons cependant décelé l'existence concomitante de la structure C(2x2)S
dont l'intensité augmente avec le taux de recouvrement (0 ~ 0,5).
Modèles structuraux pour les couches adsorbées, — Les modèles proposés en général
dans le cas de l'adsorption du soufre sur les métaux utilisent la présence de sites
d'adsorption de haute et basse:symétrie. Pour notre part, nous avons retenu l'hypothèse
d'occupation de sites de haute symétrie (site quaternaire) qui sont séparés par une distance
de 3Â (distance entre atome Co). Dans le cas des structurés p(2x 1) S et p(l x 1)S, le
soufre ne peut être positionné ni à l'état d'ions S2- (diamètres 3,8 Â), ni à l'état de
molécules S2 (longueur totale ^4 À) pour des raisons d'encombrement stérique. Par
contre il est plus vraisemblable d'admettre que le soufre est adsorbé dans un état
compatible avec la distance minimale d'approche de 3 Â (soit S ou S- ayant pour
diamètre 2 et 2,44 Â respectivement). D'autre part, les résultats de speetroscopie Auger
obtenus au cours de cette étude [structure P(l x 1) S] et ceux concernant un arrangement
compact d'ions S2- constituant le plan basai (111) de Co9S8 [1] conduisent à des
rapports hs/hCo du même ordre de grandeur. (Conditions d'analyse identiques.) Ces
ordonnancements superficiels représentent un rapport atomique S/Co voisin de 1. Dans
l'hypothèse d'une adsorption moléculaire de S2 liée verticalement à chaque site, le rapport
atomique S/Co serait alors égal à 2 ce qui devrait se manifester par une intensité du
rapport des hauteurs de pics Auger r = hs/hCo plus importante que celle que nous observons
(rS.6,5). Dans ces conditions, nous avons représenté le soufre avec un diamètre égal à
2A positionné en site quaternaire (fig. 3).
CONCLUSIONS.

A l'ambiante, l'exposition de la surface (100) de CoO au soufre
moléculaire S2 entraîne une adsorption de soufre qui s'ordonne, avec des taux de
recouvrement croissants, selon les structures successives p(2x2)S, C(2x2)S, p(2x 1)S
et\p(lxl)S.
La nature exacte de l'entité adsorbée (S, S-...) n'a pas pu être définie à l'aide des
techniques d'investigation mises en oeuvre.
Remise le 6 mai 1985, acceptéé le 18 juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] P. DUMAS, A. STEINBRUNNet J. C. COLSON, Thin Solid Films, 79, 1981, p. 267-276.
[2] A, STEINBRUNN, P. DUMAS et J. C. COLSON, Surf Sc, 74, n°.l, 1978, p. 201-215.
[3] B. DUPOISSON, P. DUMAS, A. STEINBRUNN et J. C. COLSON, J. Phys., E, Scientific Instruments, 9, 1974,
p. 266-267.
[4] C. WAGNER, J. Chem.: Phys., 21, 1953, p. 1819-1827; H. RICKERT, Ber. Bunsen Ges, 65, 1961, p. 463-468.
[5] M. SALMERON, R. CHIANELLI et G. A. SOMORJAI, Surf. Sc, 127, (3), 1983, p. 526-540.-

Faculté des Sciences Mirande,


Laboratoire de Recherches sur la Réactivité des Solides,
B.P. n° 138, 21004 Dijon Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, v° 10, 1985 689

MÉTALLURGIE.
— Précipitation de « quasi-cristaux » par décomposition de solutions
solides du système Al-Li-Cu-Mg. Note de Pierre Sainfort, Bruno Dubost et Alain Dubus,
présentée par André Guinier,

Des. sblutions solides du système Al-Li-Cu-Mg. sont susceptibles de présenter lors de traitements thermiques
des états de décompositionanalogues à ceux décrits et appelés quasi-cristaux, par Shechtmann et coll. sur des
alliages:Al-Mn solidifiés très rapidement. L'originalité et l'intérêt de la structure observée dans le système
Al-Li-Cu-Mgrésident dans le fait qu'elle apparaît par simple traitement thermique à moyenne température
(T~0,5 Tf) de solutions solides initialementhomogènes et non par hypertrempe d'un liquide.

METALLURGY. — "Quasi-crystalline"précipitationfrom solid solutions of the Al-Li-Cu-Mg system;


The solid solutions of the Al-Li-Cu-Mg System are susceptible to precipitate, after heat-treatment,phases similar
to those described; and named quasi-crystalline by Shechtmann and his collaboratorsfor the rapidly solidified
Al-Mn alloys. The originality and interest of this structure, observed in the Al-Li-Cu-Mg, System reside in the
fact that they appear after simple héat-treatments at medium temperature-(T~0.5T)of initial homogeneous
solid solutions and not after rapid quenching of the liquid phase.

Des structures « quasi cristallines » ont récemment été mises en évidence par Shecht-
mann, Blech, ;Gratias et Cahn [1].
La trempe rapide sur rouleau d'alliages binaires Al-métal de transition (fer, chrome,
manganèse) permet à ces auteurs d'obtenir et d'observer des structures présentant des
diffraction d'électrons à symétrie d'ordre cinq et une absence de périodicité. La reconstruc-
tion à trois dimensions de l'espace réciproque définit alors le groupe ponctuel m35
représentantlesasymétries de l'icosaèdre.
Nous rapportons ici quelques résultats obtenus sur des alliages Al-Li-Cu et AI-LITCU-
Mg coulés par métallurgie du lingot selon un procédé conventionnel. Ces alliages, pour
des teneurs en cuivre, lithium et magnésium comprises respectivement entre 1 et 2,5%, 2
et 3 % et 0 et 4 % (teneurs pondérales), ont en commun une même phase en équilibre
thermodynamique avec la solution solide à haute température, appelée T2 par Hardy et
Silcock [2] : nos analyses métallographiques, de diffraction X et de microanalysechimique
montrent que cette phase possède un large domaine de composition chimique et de
stabilité thermodynamique. Sa composition pourrait être décrite par Al6CuLi3_xMgx (où
« x » est compris entre zéro et l'unité), ou plus simplement par Al6Cu(Li, Mg)3.
Nous avons étudié ces alliages dans trois cas différents par microscopie optique,
microscopie électronique à balayage ou microscopie électronique à transmission.
CAS 1. — Nous avons coulé dans des conditions de solidification lente des alliages
fortement sursaturés en lithium, cuivre et magnésium. On obtient alors une phase
interdendritique dont la taille atteint plusieurs dizaines de microns (fig. I). Cette phase
est identifiée comme la phase T2 par diffraction X (méthode Seeman-Bohlin) en accord
avec les résultats antérieurs de Hardy et Silcock [2]. Ces auteurs n'avaient pas pu proposer
d'interprétation satisfaisante de la structure cristallographique.
L'analyse par diffraction d'électrons donne un résultat complémentaire. Il est possible
d'obtenir un cliché de diffraction présentant.à peu près une symétrie quinaire (fig. 2).
On note, en effet, un écart angulaire de l'ordre de 2° et un alignement imparfait de
certaines taches de diffraction dans les cinq directions cristallographiquesprincipales.

0249-6305/85/03010689 S 2.00 © Académie des Sciences

C. R.. 1985. 2e Semestre T. 3011 Série II — 52


690 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

CAS 2. — Nous avons étudié le cas d'alliages polycristallins moins chargés. A haute
température, ces alliages sont homogènes sous forme de solution solide.
Après trempe et décomposition par traitement thermique à moyenne température
(température de l'ordre de 0,5 Tf Tf étant la température de fusion en kelvins de
l'alliage), une phase précipite et croît aux joints de grains. Toutefois, pour des traitements
isothermes prolongés, sa nucléationapparaît dans les grains. Dans ces cas, sa morphologie
est globulaire. La taille des précipités intergranulaires peut atteindre quelques dixièmes
de microns ( fig. 3).
CAS 3. — Ces mêmes alliages (cas 2) peuvent aussi être maintenus après traitement de
mise en solution à des températures légèrement inférieures à celle du solvus (0,9 Tf). On
observe alors une précipitation intergranulaire de morphologie dendritique dont la taille
atteint plusieurs microns.
Pour ces deux derniers cas, la précipitation décrite est réversible, les alliages pouvant
être remis en solution solide par traitement thermique.
Les résultats de microanalyse chimique (spectrométrie par dispersion d'énergie des
photons X) effectués en microscopie à transmission montrent que les phases observées
dans les trois cas ont la même composition en aluminium, cuivre et magnésium (le lithium
ne peut pas être dosé par cette méthode).
Les clichés de diffraction électronique en faisceau convergent (cas 2) ou en sélection
d'aire (cas 3) présententalors pour ces deux derniers cas une symétrie d'ordre 5 apparem-
ment parfaite. On note également des symétries d'ordre 3 et d'ordre 2 ( fig. 4 à 7). Ces
symétries ont été simultanémentet indépendammentobservées sur l'un des mêmes alliages
par G. Lapasset [3]. Ces diagrammes correspondent alors précisément par la distribution
et l'intensité relative des taches, aux clichés obtenus sur les quasi-cristaux Al-Mn [1]. La
distance entre taches de diffraction est toutefois plus faible d'un facteur homothétique
de 0,89 : les taches les plus intenses sur le cliché de symétrie ternaire ( fig. 6) correspondent
à une distance de 2,3 A.
Ainsi, la structure cristallographique de la phase T2Al6Cu(Li, Mg)3 obtenue par
solidification lente reste actuellement inconnue mais présente une parenté avec celle des
« quasi-cristaux ».
EXPLICATIONS DES FIGURES

Fig. 1. —Micrographie optique d'un alliage Al-Li-Cu-Mg contenant la phase T2 interdentritique dans une
matrice d'aluminium. État brut de coulée.
Fig. 1. — Optical micrograph of an Al-Li-Cu-Mg alloy containing the interdendritic T2 phase embedded in an
Aluminium matrix. As cast condition.
Fig. 2. — Diagramme de diffraction électronique en sélection d'aire (0,2 x 0,2 um2) de la phase T2 obtenue
par solidification.
Fig. 2. — Selected area electronic diffraction pattern (0.2x0.2 um 2) ofthe T2 phase obtained by solidification.
Fig. 3. —
Précipitationdans un joint de grain d'un alliage Al-Li-Cu-Mgdécomposé à moyenne température.
Fig. 3. —
Grain boundary precipitation in an Al-Li-Cu-Mg alloy beat treated at medium temperature.
Fig. 4. Diffraction d'électrons en faisceau convergent d'un précipitéintergranulaireprésenté sur la figure 3.

Fig. 4. — Convergent beam electrons diffraction pattern of an intergranularprecipitate as shown in Figure 3.
Fig. 5, 6 et 7. — Clichés de diffraction électronique en sélection d'aire (0,2 x 0,2 um2) de la précipitation
intergranulaire : symétries apparentes d'ordre 5 ( fig. 5), d'Ordre 3 ( fig. 6) et d'ordre 2 ( fig. 7).
Figs. 5, 6 et 7. — Selected area electronic diffraction patterns (0.2 x 0.2 un 2) of the intergranular
precipitation. Apparent fivefold (Fig. 5), threefold (Fig. 6) and twofold (Fig. 7) symmetries.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985 691
692 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10,1985

Par contre, une phase voisine peut être obtenue par décompositionà moyenne tempéra-
ture de solutions solides d'aluminium saturées en cuivre, lithium et magnésium, et
appartenant au domaine de stabilité thermodynamiqueà haute température de la phase
T2. Dans ce cas, l'examen des clichés de diffraction d'électrons et leurs orientations
relatives conduit alors à interpréter sa structure comme étant « quasi cristalline », apparte-
nant au groupe ponctuel m 3 5.
Remise le 1er juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] D. SHECHTMANN, I. BLECH, D. GRATIAS et J. W. CAHN, Physical Review letters, 53, n° 20, 1984,
p. 1951-1954.
[2] H. K. HARDY et J. M. SILCOCK, J. Inst. Metals, 84, 1955-1956, p. 423-428.
[3] G. LAPASSET, Office national d'Études et de Recherches aérospatiales,Communication privée, 1985.

Cegedur-Péchiney, Centre de Recherches et de Développement, B.P. n° 27, 38340 Voreppe.


C. R. Acad, Sc, Paris, t. 301, Série II, n°. 10,1985 693

SYNTHÈSE ORGANIQUE. Synthèse stéréosélectived'indanols à partir de méthyl-2



aryl-2 indanones-l. Note de Jacques Berlan, Pascale Sztajnbok, Yves Besace et Pierre
Cresson, présentée par Pierre Potier.

Certains hydrures complexes et organométalliqucss'additionnent sur les méthyl-2 aryl-2 indanones-l pour
conduire aux indanols 2 et 3 résultant respectivement d'une entrée syn ou anti par rapport au groupe aryle,
qui exerce ainsi un effet stéréodirecteurmarqué. Les alcools 2 et 3 sont facilement séparés par cristallisation
fractionnée.

ORGANICSYNTHESIS. — Stereoselective synthesis of indanols from 2-methyl 2-aryl 1-indanpnes.


Some complex hydrides and organometallic reagents add to 2-methyl 2-aryl 1-indanones to give indanols 2 and
3 resulting respectivelyfrom a syn or ananti addition versus the 2-aryl group which exerts a strong stereodirective
effect. Alcohols 2 and 3 are easily separated by crystallization.

Dolling, Davis et Grabbwski ont décrit récemment [1] la synthèse asymétrique


d'indahones-2,2 disubstituées dont l'indacrinone :

Ces composés présentent un intérêt pharmacologique certain ([1], [2]). Nous avions
également insisté [3] sur le rôle stéréodirecteurdu groupe phénylc dans l'addition d'organo-
métalliques à la méthyl-2 phényl-2 indanone-1 1 b. Les réactifs de Grignard s'additionnent
préférentiellement du côté du phényle (entrée syn) les organolithiens de l'autre côté (entrée
anti).
Nous décrivons brièvement dans cette Note [4] l'action des hydrures métalliques sur
1 b et l'influence du substituant X sur la stéréosélectivité de la réaction :

Les diastéréoisomères 2 sont obtenus facilement par cristallisation à partir du mélange


brut (pentane ou CCl4).
ACCÈS AUX INDANOLS SECONDAIRES 2 b ET (ou) 3 b. — 1. Réduction de 1 b par les métaux
et l'isopropanol. — Un mélange de 1 b (1 eq), d'isopropanol (2 eq) et de métal (2 eq), ou
d'isopropylate, conduit en 3 h, dans le toluène à reflux, à une réduction totale.
La réaction est sous contrôle cinétique dans le cas du sodium, du lithium et de
l'aluminium. Li et Na sont peu sélectifs (tableau I) tandis que Al donne un bon résultat.

0249-6305/85/03010693 $ 2.00 © Académie des Sciences


694 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

TABLEAU I
Réduction de 1 b par les métaux et l'isopropanol.

Métal 2 b (%)(a) 36(%)


Li 60 40
Na 60 40
K 30(a) 70
Al 90(6) 10
C) Après douze heures de contact les rapports 2/3 passent à : (a) : 10/90; (b) : 70/30.

L'équilibration des alcoolates (Li, Na, Al) conduisant à l'isomère 3 b thermodynamique


est très lente.
Dans les mêmes conditions, la réduction par le potassium est partiellement sous
contrôle thermodynamique et conduit à un rapport 2b/3b = 30/70. Les diastéréoisomères
2b et 3 b sont bien séparés par chromatographie sur silice, l'isomère 2 b étant le plus
retenu (éther-pentane 10/90).
G R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985 695

TABLEAU II
Réduction de 1 b par les hydrures métalliques.

6
Essai Hydrure 2b (%) 3b (%) Solvant Sel

21.. ......... LiBH4 59 41 THF

4.
3.

5.....
LiBH4
NaBH4
KBH4
64
58
57
36
42
43
THF
THF
THF (où MeOH)
LiC104

1.
8.
Zn(BH4)2
Zn(BH4)2
Zn(BH4)2
Cd(BH4)2
65
71
59

86
35
29
41

14
THF
THF
THF.
THF
LiC104
ZnCl2

10.. ......
. . THF
9. Cd(BH4)2 : 72 28 LiC104
. . .
Cd(BH4)2 79 21 THF CdCl2
11 Bu4NBH4 50 50 THF
12. Et3BHLi 15 85 THF

16.
.
13 Et3BHLi 12 88 THF LiCIO4
14. Et3BHNa 20 80 THF

17
15

18..:
...
-
Et3BHK
(s.Bu)3BHLi
LiAlH4
LiAlH4
35
12
56
71
65
88
.44
29
THF
THF
THF
THF LiC104
19.......
20
Mg(AlH4)2
Me4NAlH4 50 65 35
50
THF
THF.

TABLEAU III
Nucléophiles+indanones 1 a-d (2/3)% en fonction de X (a).

Indanone 1 (qp de X) a(-0,27) b (0) c (0,06) d (0,53)


45/55
LiAIH4
CH3MgBr ... 84/16
56/44
78/22
60/40
76/24
72/28
70/30
LiCH3 18/82 15/85 14/86 13/87
CH3 CMgBr
LiC CH3. ........ .
83/17
47/53
80/20.
40/60
81/19
48/52
85/15
60/40
C) Moyenne d'au moins 3 essais —
reproductibilité +1%.

On observe un effet de sel opposé avec les borohydrures alcalins et avec LiAlH4. La
formation de 2 b est favorisée (essais 1 et 2, 17 et 18) ce qui doit correspondre à un état
de transition avancé, en accord avec les données de la littérature.
ACCÈS AUX INDANOLS SECONDAIRESET TERTIAIRES : 2 a-d ET (OU) 3 a-d. — Réduction, alkyla-
tion et alcyhylation des indanqnes 1 a-d. Nous avons fait réagir sur les indanones 1 a-d
les réactifs LiAlH4, CH3MgBr, LiCH3, CH3C : CMgBr et LiC : CCH3.
Les résultats, correspondant à un contrôle cinétique de la réaction, sont reportés dans
le tableau III où se retrouve la stéréochimie inversée (magnésiens/hthiens) déjà décrite [3].
Avec LiAlH4 le rapport 2/3 augmente régulièrement avec <jp.
La variation : log 2/3 =/ (up) est Hnéaire. Dans l'avancement de la réaction (entrée
syn, état de transition proche des produits), se développe une charge négative, au niveau
du réactif, en répulsion avec le groupe aryle.
L'abaissement de la densité électronique du noyau (crp croissant) atténue cette répulsion
et favorise la formation de 2.
Pour CH3MgBr et LiCH3 la variation de log 2/3 est presque linéaire. La diminution
du rapport 2/3 avec up croissant va de pair avec la diminution de l'interaction attractive
aryle-métal dans un état de transition précoce.
Dans le cas des métaux propynyles, l'introduction de substituants indifféremment
donneurs ou accepteurs augmente le rapport 2/3 (par rapport à X = H). Si l'effet est peu
696 C. R. Acad.. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985
.

marqué avec le magnésien, l'action de LiC CCH3 sur 1 d est tout à fait remarquable; la
diminution de l'interaction répulsive des systèmes n : triple liaison-aryle (état de transition
précoce, entrée syn), masque la diminution de l'interaction attractive métal-aryle.
En conclusion, ce travail, qui complète et confirme nos précédents résultats, montre
clairement l'importance du rôle du contre-ionmétalliquedans la stéréochimie de l'addition
des nucléophiles aux dérivés carbonylés. Cette influence s'exerce au travers d'interactions
attractives et les résultats décrits apportent un éclairage nouveau dans un domaine
pourtant très étudié. Ainsi, l'utilisation de borohydrures de métaux lourds (Zn, Cd)
donnant des interactions attractives métal-aryle particulièrementfortes permet d'augmen-
ter sensiblement la stéréosélectivité.
Remise le 24 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1]U. H. DOLLING, P. DAVIS et E. J. GRABOWSKI, J. Amer. Chem. Soc, 106, 1984, p. 446-447.
[2] O. W. WOLTERSDORF Jr, J. Lab. Comp. Radiopharma, 17, 1980, p. 635-639; S. J. DE SALMS, O. W.
WOLTERSDORF Jr et E. J. CRAGOE, J. Med. Chem., 21, 1978, p. 437-443.
[3] J. BERLAN, P. AUVRAY, Y. BESACE, P. CRESSON, Tetrahedron (sous presse).
[4] Les représentations correspondent à la convention de Maehr : H. MAEHR, J. Chem. Educ., 62, 1985,
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[5] H. O. HOUSE, Modem Synthetic Reactions, W.A. Benjamin Inc., Merdo Park California, 1972, p. 152-160
et réf. citées.

Laboratoire de Recherches de Chimie organique, E.N.S.C.P.,


11, rue Pierre-et-Marie-Curie,75231 Paris Cedex 05.
G R. Acad. Sc, Paris, t; 301, Série II, n° 10, 1985 697

SYNTHÈSE ORGANIQUE.
— Synthèse d'indole phosphonates par cyclisation selon
Fischer, Noté de Jean-Pierre Haelters, Bernard Corbei et Georges Sturtz, présentée par
Henri Normant.

La cyclisation selon Fischer d'arylhydrazones d'oxo-1.2.3 alkylphosphonates permet d'accéder à divers


indolephosphonates.

ORGANIC SYNTHESIS. —- Fischer synthesis of indole phosphonates.


The Fischer cyclization of 1,2,3-oxoalkylphosphonatesarylhydrazones into indolephosphonates is described.

L'étude du concept de bioéquivalence fonction acide carboxylique fonction acide


phosphomque,bien que pouvant être discutée, a déjà conduit à des applicationsthérapeuti-
ques intéressantes. Citons, par exemple, les propriétés antivirales de l'acide
phosphônoacétiqueI [1], les propriétés antibiotiques de l'alaphosphine II [2].

L'extension de ce concept aux dérivés indoliques paraissait potentiellement valable dans


la mesure où l'on connaît le rôle biologique important de certains acides carboxyliques en
dérivant: l'acide indolyl-3 acétique (auxine) III, hormone végétale, est utilisé couramment
en tant que régulateur de croissance [3], l'indométacine IV est un anti-inflammatoirenon
stéroïdien très puissant [4].

Ayant constaté par ailleurs que les voies d'accès à de tels composés n'étaient que peu
développées dans la littérature [5]; certains résultats apparaissant même remis en cause
([6] par [7]), nous avons tenté de définir une approche synthétique générale.
Dans ce but nous avons tout d'abord cherché à voir s'il était possible de transposer
en sérié phosphonique la réaction bien connue de E. Fischer [8] concernant la cyclisation
d'arylhydrazones.

0249-6305/85/03010697 $ 2.00 © Académie des Sciences


698 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

C'est ainsi qu'en partant de divers cétophosphonatesde formule générale V, on pouvait


espérer atteindre différents dérivés phosphono indoliques selon la condensationen carbone
(n = 0, 1.2) et la nature de R. conformément au schéma

avec n=0, 1, 2; R = H, alkyle.


RÉSULTATSEXPÉRIMENTAUX ET DISCUSSION. — n = 0. Dans ce cas, parmi les catalyseurs

courammentutilisés dans la réaction de Fischer, HC1, HC02H, ZnCl2, acide polyphospho-
rique (PPA), seul ce dernier a permis la cyclisation: après formation des arylhydrazones
des oxo-1 alkylphosphonates de diéthyle dans le toluène, l'acide polyphosphorique est
additionné et la solution toluénique portée au reflux pendant 5 mn. Les composés 1 sont
obtenus avec de bons rendements. Cette approche nous paraît plus commode par la
simplicité d'accès aux a-cétophosphonates [9] que celle développée par Issleib [10], faisant
intervenir une réaction de Japp Klingemann sur des alkyl-1 oxo-2 propylphosphonates.
n = l. — Dans le cas des (5-aldophosphonates,la cyclisation des arylhydrazones conduit
avec le PPA (1/2 h au reflux du toluène) aux indoles 2 avec des rendements moyens qui ne
sont pas améliorés par diverses modifications des conditions expérimentales (catalyseurs,
solvants).
Dans le cas des P-cétophosphonates, la cyclisation des arylhydrazones dépend des
conditions expérimentales et du substituant R. C'est ainsi que le chauffage au reflux du
toluène de la phénylhydrazone de l'oxo-2 propylphosphonate de diéthyle en présence de
C. R. Acad. Sc, Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985 699

TABLEAU
Caractéristiquesphysiques des indoles phosphonates
Physical characteristics of indole phosphonates

RMN 31P RMN'H(CDCI3) RMN 13C (CDC13)


Formule F Rdt (CDCL) 5 (l'O- 6) 5 (lO- 6)
Indoles R X brute (°C) (%) 5(10-6) J (Hz) J (Hz)
la....... CH3 H C13H16N03P 86 80 10,5 1,32 (t, 6 H); 4,2 (qt, 4 H); 138,6 C7 (d, J : 13); 127,4 C3 a (d,
7-7,9 (m, 5H); 11,05 (s, J:15); 9 124,3 C6; 123,6 C2 (d,

1b C2H5 H C13H18N03P 80 80 11,9


IH).
1,31 (t, 6H); 2,5 (d, 3 H,
JP2); 4,14 (qt, 4H);
7-7,85 (m, 4H); 10,2 (s,
J: 220); 121,4 C; 120,4 C*; 112,4
C7; 111,4 C3(d, J: 17).
137,7 C7a (d, 1:13); 128,3 C3a (d,
J: 16); 124,4 C 6; 120,9 C3 (d,
J : 17); 119,9 C1; 119,7 C2 (d,
le CH3 CH3O C13H18N04 P 152 78 11
IH).
1,35 (t, 6 H); 3,88 (s, 3 H);
4,2 (qt, 4H); 6,8-7,6 (m,
J:216);119,6C5; .
112,1 C,
154,5 C5; 134 C70 (d, J: 13); 127,8
C3a (d, J:16); 123,8 C2 (d,
4H); 10,7 (s, I H). J: 220); 115,9 C6; 113,3 C7; 110,9
C3(d, J 17); 101,7 C4
2a...... H H C12H16N03P 98 45 18,9 1,18 (t, 6 H); 3,97 (qt, 4 H); 137,2 C7o (d, J: 15); 134,2 C2 (d,
6,9-7,8 (m, 5 H); 11,2 (s, J : 24); 127,5 C3fl (d, J: 13); 122,8
IH) C6; 121,2 C*; 120,3 C*; 112,3 C7;
99,1 C3(d, J:218).
3a 110 25 19,8 1,3 (t, 6H); 2,7 (d, 3H, 145,8 C2 (d, J:26); 136 .
C7a (d,
JP H: 1,5); .4,07 (qt, J: 15); 129,3 C3a (d, J: 14); 121,8
4H); 6,92-8,05 (m, 4H); C6 120,8 Q; 119,9 C4; 111,1 C7;
11,2 (s,TH) 95,2 C3(d, J:218).
4a : CH3 H C13H18N03P 70
87 45 24,9 1,2 (t, 6H); 3,35 (d, 2H, 136,4 C7a; 128,3 C3 a (d, J:2); 128,2
JP_H:21);4,05(qt,4 H); C2 (d, J: 10); 121,3 C6; 119,7
6,25-6,5 (m,1 H); 6,9-7,8 C|; 119,4CÏ;110,9C7;102,1 C3(d,
(m,4H);9,55 (s, IH) J: 11) 26,4 CH2P (d, J: 140).
4b C2H5 H C14H20NO3P 80 90 25,4. 1,2 (t, 6 H); 2,25 (d, 3H, 135,6 C7a; 128,7 C3a (d,J:3); 124,2
Jp H:3); 3,3 (d, 2H, C2 (d, J: 12); 121,4 C6; 118,8
Jp _H:2l); (qt, 4H); C*; 118 C|; 110,7 C7; 109 C3 (d,
6,9-7,65 (m, 4H); 9,4 (s, J: 11); 24,3 CH2P (d, J: 142).
1 H)
5a H H C13H18N03P 62 40 28,1 .
1,2 (t, 6 H); 3,32 (d, 2 H, 136,3 C7o; 127,5 C3o (d, J: 6); 124
JP_H:20);4,02(qt,4H); C2 (d, J : 7); 121,6 C6; 119,1
6,8-7,8 (m, 5H); 9,6 (s, C|; 118,5C|; lll,3C7;104,2C3(d,
5b CH3 CH3O C12H22N04P 136 85 27,8
IH).
1,22 (t, 6 H); 2,28 (d, 3 H,
JP_H:3); 3,2 (d, 2H,
J:9); 23,1 CH2P(d, J:143).
153, 8 C5; 130,3 C7 128,8 C3o (d,
J: 3); 111,1 C7; 110,7 C6; 100,4
Jp-H:19);3,87 (s, 3H); C2 (d, J : 10); 100,4 C4;
4 (qt,4H); 6,65-7,35 (m, 22,8CH2P (d, J: 145).
3H); 8,65(s, IH)
s, ,
singulet d, doublet; t, triplet; qt, quintuplet; m, multiplet; valeurs interchangeables.
S, singlet; d, doublet; t, triplet; qt, quinluplet;*, interchangeable values.

PPA conduit au mélange des indoles 3 et 4, alors que le chlorure de zinc permet d'obtenir
l'indole 4 pur, mais avec un faible rendement. Avec l'oxo-2 butylphosphonate de diéthyle,
dans des conditions plus douces (éthanol, HC1), la synthèse de l'indole 4 est sélective.
n = 2. — Dans ce cas l'indolisation a pu être obtenue par action des chlorhydrates
d'arylhydrazines sur les oxo-3 alkyl phosphonates de diéthyle dans l'éthanol à reflux.
Si les rendements sont voisins de 40 % pour l'aldophosphonate (R=H) (1), ils sont
nettement meilleurs pour les cétophosphonates (R = alkyle). C'est ainsi que le chauffage
dans l'éthanol, du chlorhydrate de la p-méthoxy phénylhydrazine avec l'oxo-3 butylphos-
phonate donne l'indole 5 b avec un rendement de 85 %. Cet indole 5 b après acylation
,
700 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

par le chlorure de p-chlorobenzoyle et hydrolyse des fonctions ester phosphonique [11],


conduit à l'analogue phosphore de l'indométacine (2).
Les indoles phosphonates obtenus ont été purifiés par chromatographie sur gel de
silice. Leurs structures et leurs puretés ont été déterminées par analyse centésimale
(C%±0,30, H.%±0,20) et par spectrométrie de RMN1H, 31P et 13C.
Le passage aux acides phosphoniquescorrespondants, plus facilement assimilables par
les systèmes biologiques, a été obtenu dans tous les cas par la méthode au bromure de
triméthylsilyle [11].
L'application de la réaction de Fischer aux arylhydrazones des oxo-1.2.3 alkylphospho-
nates de diéthyle nous a permis d'obtenir des composés indoliques du phosphore dans
de bonnes conditions. Cette approche générale est toutefois limitée par l'accès aux
arylhydrazines et par les conditions opératoires. Il semble en effet que le chauffage
prolongé des arylhydrazones en présence de PPA conduise à des réactions de décomposi-
tion des intermédiaires phosphonates. Pour ces différentes raisons, nous nous attachons
à développer une autre voie qui utilise une réaction de cyclodeshydratationd'anilinocéto-
nes, selon Bischler [12].
( 1) La RMN permet d'attribuer sans ambiguïté la structure 5 pour ce composé.
( 2) Les tests pharmacologiques ont révélé une perte d'activité par rapport à l'indométacine. Les pouvoirs
anti-inflammatoire et analgésique sont respectivement 20 et 5 fois moindre. Ces tests ont été effectués au
Centre de Recherches Sanofi-Clin Midy, rue du Professeur-Blayac, 34082 Montpellier Cedex.
Remise le 17 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Laboratoire de Chimie hétéroorganique, Faculté des Sciences de Brest,


6, avenue Victor-Le-Gorgeu,29287 Brest Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985 701

CHIMIE ANALYTIQUE. — Mise en évidence par spectrométrie de photoélectrons


(Méthode ESCA) associée à la spectrométrie de réflectance diffuse, du chrome à la
valence VI dans la couche d'oxyde développée à l'air sur le chrome métallique pur. Note
de Lucette Fève, Rémy Fontaine, Jean Arsène, Michel Lenglet et Roger Caillat, présentée
par Gaston Chariot.
Les énergies de liaison des électrons 2p du chrome ont été déterminéesdans le métal et dans ses oxydes par
spectrométrie de photoélectrons (XPS). Celte méthode n'a toutefois pas permis de confirmer la présence d'ions
Cr6- dans l'oxyde Cr203 formé par oxydation du métal. Cette confirmation a été apportée par la spectrométrie
de réflectance diffuse.

ANALYT1CAL CHEMISTRY. — Confirmation of the existence of chromium (valence VI) in oxide formed
on the metal in contact with air, results obtained by ESCA and diffused reflectance spectroscopy.
Binding energies of chromium 2p electrons have been determined, in metal and oxides by photoelectron
Cr6+ in oxide.
spectroscopy (XPS). However, this method did not allow the confirmation of the presence of ions
Cr203 formed by métal oxidation. This confirmation was brought about by diffused réflectance spectroscopy.

Il a été établi depuis longtemps que l'oxydation à l'air du chrome pur conduit à la
formation d'une couche protectrice de Cr203 ([1], [2]). La compréhensiondes phénomènes
de transfert des produits de corrosion dans les circuits primaires des réacteurs nucléaires
du type à eau pressurisée nécessite de préciser si cette couche de Cr203 contient ou non
du chrome à la valence VI. Pour répondre à cette question, nous avons étudié et comparé
les spectres de photoélectrons émis par des échantillons des matériaux suivants, soumis
au rayonnement X KKl 2 de l'aluminium : chrome métallique de haute pureté (impureté
principale Zn teneur 30 ug.g-1), Cr203 massif formé sur le chrome métallique et des
poudres d'oxydes purs : Cr203. Cr02 et Cr03.
La figure 1 reproduit les spectres obtenus pour les énergies de liaison correspondant
aux niveaux 2p 1/2 et 2/; 3/2 du chrome. Ces niveaux ont été choisis en accord avec de

Fig.f1. — Pics relatifs aux niveaux 2p 1/2 et 2p. 3/2 du chrome, a : à partir d'un échantillon métallique, b
dans un. oxyde Cr203 développé à la surface de chrome métallique à.400°C à l'atmosphère (P02 = l/5 atm);
c: dans l'oxyde Cr2O3 en poudre, d: dans l'oxyde Cr02 en poudre; e: dans l'oxydé Cr03 en poudre.
Fig. 1. — Peaks for 2pl/2 and 2p 3/2 levels of chromium. a: metallic sample; b: Cr2O3 sample formed on

powder , e: CrO3 powder:


metallic chromium surface àt 400 ° C at atmospheric pressure (PO2 = l(5 atm); c: Cr2O3 power; d: Cr02

024936305/85/03010701 $ 2.00 © Académiedes Sciences


702 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

TABLEAU

Valeurs en eV des énergies de liaison des électrons 2p 1/2 et 2p 3/2 du chrome dans le métal et ses oxydes.
Binding energies in eV for 2/) 1/2 and 2p 3/2 electrons of chromiumfor the metal and its oxides.

Niveau électronique Référence Niveau électronique Référence

Composé Cr2pl/2 Cr2p3/2 graphique Composé Cr2p1/2 Cx2p3/2 graphique

(c)(b)(c)
Cr 583,6 574,3 Ce travail Cr2O3 586,4 576,6 Ce travail
584.8 575,6
(a) (a) 3 577,0 13
574,0 4 576,5 14
586,5 576,8
574.2 5 12
573,4 6 - 576,2 6
573,6 6 - 576,3 6
574,4
C)
- 576,8
V 7
583,1 573,9 2 586,5 576,6 15
574.3 8 586,2 576,5 2
577,0 16
CrO2 587,0
586,4
577,2
576,8
Ce travail -
586,4
577,0
576,8
8

C) O 9 (a) (a) 9
586,0 576,3 10 586,7 576,8 10
575.6 11
- 577,1 11
CrO3 588,1 578,5 Ce travail (a) Corrections +1,2 eV pour Cl s 1/2 285,0eV.
de
587,0 578,3 (b) Correctionsde +1,0 eV pour C1 s 1/2 285,0 eV.
(2) 12
588.9 579,9 (c) Corrections de+1,2 eV pour Au 4f 7/2 84,0eV.
(1) (a) 9
579.7 11

nombreux auteurs ([2] à [16]) en raison de leur intensité. Le tableau résume nos résultats
comparés avec ceux des auteurs précédents.
Dans le cas particulier du chrome, la figure 2 met en évidence une corrélation linéaire
entre le déplacement chimique par rapport au métal pur des niveaux 2p 1/2 et 2p 3/2 des
oxydes et le nombre d'oxydation du chrome dans ces composés.
La figure 1 permet de remarquer un phénomène observé par de nombreux auteurs :
aussi bien dans le cas de l'oxyde Cr203 en poudre que dans celui de Cr203 développé
par oxydation sur le métal pur, la largeur de la raie 2p 3/2 du spectre est importante
(environ 4 eV à mi-hauteur). D'une part, cela peut être la conséquence d'un effet multiplet
analysé par Fadley ([17], [18]) en général et par exemple Allen et coll. [12] et Isao
Ikemoto [1] dans le cas du chrome. Pour les échantillons possédant une structure magnéti-
quement ordonnée tels que Cr203 et Cr02, deux états finals existent dans le cas des
orbitales s, selon que l'électron extrait est de spin parallèle ou antiparallèle à celui des
électrons 3 d. Dans le cas des états p, la situation est analogue mais plus complexe et
entraîne un élargissement des raies p. D'autre part, cet élargissement pourrait être dû à
la présence de traces de Chrome à la valence VI d'autant que la raie est asymétrique.
En effet, une tentative de décomposition de cette raie, en,utilisant un analyseur de
courbes dans lequel on introduit comme courbe-mère celle associée au pic 2p 3/2 du
chrome pur, permet de supposer la présence d'une raie centrée sur une énergie de liaison
de 578,7 eV, très proche de celle de la raie 2/7 3/2 du chrome dans Cr03 (578,5 eV).
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n°10, 1985 703

Fig. 2.

Corrélation entre les énergies de liaison des électrons2/71/2 et 2/)3/2 du chrome et l'état d'oxydation.:
Fig. 2. — Correlation between 2p 1/2 and 2/) 3/2 electron binding energies of chromium and state of oxidation.
Fig. 3. —
Spectre ultraviolet-visible de la couche d'oxyde développé sur le chrome.
(spectromètreBeckman M IV)
Fig. 3. — UV-visible spectrum of an oxide loyer formed on chromium.
(Beckman M IV spectrometer).

Or, Zecchina [19] a montré, par spectrométrieinfrarouge, que dans le cas des poudres
de Cr203, les propriétés superficielles sont très complexes; ceci est dû, en particulier, à
l'hydratation et à la déshydratation de la surface, entraînant finalement l'adsorption
d'oxygène par les ions Cr3+. Cette oxydation superficielle devrait se traduire, en spectromé-
trie de photoélectrons, par un élargissement des pics 2/7 3/2 du chrome. Deux causes très
différentes : l'effet multiplet et l'oxydation superficielle du Cr203, peuvent donc conduire
à l'élargissement du pic 2p 3/2.
Dans ces conditions, il nous est apparu indispensable d'utiliser une méthode indépen-
dante de l'état des spins électroniques dans les ions Cr pour mettre en évidence une
éventuelle oxydation à l'état Cr(VI) d'un certain nombre d'ions Cr de la couche de
Cr203 développée par oxydation du métal pur. Nous avons utilisé en particulier la
spectrométrie de réflectance diffuse. L'analyse du spectre dans l'ultraviolet et le visible
(fig. 3) révèle dans le domaine 250-500 hm plusieurs bandes très intenses caractéristiques
des groupements chromate.
En conclusion, on peut affirmer qu'une certaine quantité d'ions Cr6+ sont présents
dans la couche développée par oxydation à la surface du chrome métallique. Ce fait, établi
indépendammentdes conséquences de l'effet multiplet, permet également de conclure que
la composante centrée sur 578,7 eV apparue dans la décomposition d'un pic 2/7 3/2 de
Cr203 est donc en partie due à la présence d'ions Cr6+ dans cet oxyde superficiel.
Remise le 1er juillet 1985.
704 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

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L. F. et R. F. : C.E.A./CENFAR/S.E.A.,B.P. n° 6, 92265 Fontenay-aux-Roses Cedex;


J. A. et M. L. : I.N.S.C.I.R., Rouen, 76130 Mont-Saint-Aignan;
R. C. : I.U.T. d'Orsay, B.P. n° 23, 91406 Orsay.
C.R. Acad. Sc, Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985 705

PÉTROLOGIE. — La lame cratonique


— Calédonides orientales Scandinaves —
Son
évolution précambrienne. Note de Raymond Point, présentée par Jean Aubouin.

L'analyse de reliques de granulitesbasiques et intermédiairesintercalées dans les blastomylonitesà megafeld-


spaths potassiquesde la lame cratonique des Calédonides orientales Scandinaves permet de préciser leur origine.
Les données pétrographiques et géochimiques obtenues caractérisent un cortègefnangérite — farsundite, d'âge
fini svécofennien, résultant du mélange entre des termes noritiques et charnockitiques. La blastomylonitisation
primaire précambrienne, formée dans les conditions du faciès amphibolite à grenat, est apparue le long de
grands cisaillements sub-horizontauxdu socle svécofennien, dès la fin de l'évolution des granulites.

PETROLOGY. — The cratonic basement slab — Eastern ScandinavianCaledonides -Its Precambrian évolu-
tion.
The chemism nd the metamorphic évolutions of all the rocks of the cratonic basement slab of the Caledonides
(lame cratonique) characterize a mixing between noritic series and charnockitic magmas. These precambrian
granulitic rocks have been involved in garnet amphibolite facies conditions during a sialic sub-horizontal collision
at the end of the Svecofennian orogeny. This late event explains the origin of the blastomylonitic processes.

I. CONTEXTE GÉOLOGIQUE RÉGIONAL. — La lame cratonique a été définie dans les


Calédonides orientales Scandinaves ([1] à [5]). Cette unité que l'on peut suivre tout
au long de la chaîne constitué d'une manière générale, le soubassement des nappes
métasédimentaires d'âge prégrenvillien probable (anté 1100 M.a.) ([6] à [9]) de la grande
nappe de Sève définie par Törnebohm [10]. Dans la région de nos études, elle est
représentée par les biastomylonites acides ([11], [12]) de là happe des gneiss oeilles ou
du granitemylonitisé de Tännäs [13] (pl.I). L'analyse paragénétique de ces roches,
essentiellement caractérisées par des reliques de mégafeldspaths potassiques et du quartz
en ruban ([11], [12]), ainsi que la géochronologie des filons basiques sécants ([6], [7]), nous
ont permis de démontrer que les étirements mylonitiques primitifs s'étaient achevés dans
le domaine de la mésozone au Précambrien ancien ([11], [12]), Lors de l'orogenèse
calédonienne, les blastomylonites précambriennes ont été transforméesen blastomylonites
de secondé génération ([11], [12]) caractérisées par une cataclase plus ou moins
prononcée ([11], [12]) et une orientation des O.P.A. du quartz des rubans [14]. Ces roches
paraissent avoir subi des phases de plissements identiques à celles qui ont été décrites [15]
dans le complexe des nappes de l'unité de Trondheim. La mise en place de la lame
cratonique s'est achevée dans les conditions du faciès schiste vert. Dans les Calédonides,
la lame cratonique sépare les zones internes des zones externes et souligne la tracé du
cisaillement sialique calédonien([1] à [5]). La présence de cette nappe correspondrait,
selon un mécanisme déjà évoqué [5] à la réutilisation de grandes zones de cisaillement
sub-horizontales du bouclier balfique. Un tel dispositif a été décrit dans les Calédonides
de Grande-Bretagne par Ellibt et Johnson [16].
II. LES DONNÉES RÉGENTES. — Parmi les gneiss oeillés blastomylonitiques acides, nous
reconnaissons des intercalations de reliques de granulites basiques et intermédiaires. Les
observations de terrain nous ont montré l'étroite relation entre ces roches et les faciès
acides représentés par les gneiss oeillés blastomylonitiques qui ne contiennent pas de
reliques de paragenèse catazonale certaine. Cependant, les résultats que nous allons
exposer permettent d'envisager que nous sommes en présence de roches ayant subi la
même évolution.
IL a. LES BLASTOMYLONITESACIDES. On sait que les mégafeldspaths potassiques des

blastomylonites ont été interprétés ([1.7] à [22]) comme des reliques d'ovoïdes feldspathi-
ques présentant une certaine analogie de faciès avec ceux des wiborgites et pyterlites des
0249-6305/85/03010705 $ 2.00 © Académie des Sciences.

C, R., 1985. 2e Semes(T. 301). Série II — 53


706 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

rapakivis étudiés en Finlande [23]. Rappelons qu'à la suite de nos premiers résultats, nous
avions émis l'hypothèse que les blastomylonites pouvaient dériver de la mylonitisation de
granitoïdes d'âge gothien ([1]-[12]) (1600-1 300 M.a.) dont le chimisme est proche de
certains rapakivis (I). Or, dans les blastomylonites, le faciès oeillé est secondaire et tous
les minéraux ou associations de minéraux dont certains sont incontestablementissus de
phases de métamorphismerétrograde et même tous débris de roches peuvent constituer
de telles textures.
Dans quelques gneiss blastomylonitiques, on peut noter une nette corrélation entre la structuration du
feldspath potassique en amande de microcline perthitique et la transformation d'un grenat en biotite brune.
D'autre part, dans les gneiss de la Driva où le caractère granulitique est attesté par la présence de minéraux à
texture coronitique conservée (C.P.X., Plagioclase, pargasite ferrifère), on observe que ces couronnes peuvent
être englobées dans du feldspath potassique secondaire, lui-même recristallisé dans une matrice à grenat
(Al 59-64, Gr 22-30, Sp 4-10) pargasite et biotite brune.
II. b. LES RELIQUES DE GRANULITES BASIQUES. — Les reliques de granulites basiques et
intermédiaires que nous avons étudiées sont caractéristiques d'un ensemble de roches
partiellement rétromorphpsées dans la base de l'amphibolite faciès à grenat. Ce sont des
roches de mélange correspondant aux mangérites de De Waard [24]. Ces roches présentent
à l'observation des stades de rétromorphose plus ou moins avancés et, comme leur
encaissant, des caractères de blastomylonites. Dans les domaines épargnés par les recristal-
lisations tardives du faciès schiste vert dues à l'empreinte calédonienne, les clastes témoins
des associations minéralogiques des phases les plus intenses sont les suivants :
GNEISS GRANULITIQUES BASIQUES. - Paragenèse primaire.
grenat, plagioclase, feldspath potassique mésoperthitique.

C.P.X. (augite-salite), O.P.X. (hypersthène),

Paragenèses secondaires. —
(a) C.P.X., couronne de grenat (Al 49-52, Py 22-33, Gr 17-24) contenant du
rutile, microcline, plagioclase (An 32-36), clino-amphibole(pargasite ferrifère), ilménite.
(b) Microcline, plagioclase, clino-amphibole(hornblende pargasitique ferrifère, pargasite ferrifère), sphène,
grenat (almandin, grossulaireriche en spessartite : Al 57-66, Gr 26-34, Sp 5-10, Py 1-8, An 0-5).
GNEISS GRANULITIQUES INTERMÉDIAIRES. — Paragenèseprimaire. — C.P.X., plagioclase, microcline.
Paragenèse secondaire. — Clino-amphibole (hastingsite magnésienne, hornblende magnésienne, édénite),
sphène, plus ou moins grenat.
L'analyse des paragenèses reliques montre que les granulites basiques se sont formées
dans le domaine de la moyenne pression. En effet, le géothermomètre de Wells [25]
appliqué au couple C.P.X.-O.P.X. conduit à une température de 735°C. Les résultats
d'analyses préliminaires du couple C.P.X.-Gr reportés sur diagramme de Perchuck [26]
nous permettent de proposer une température de recristallisation de 640°C pour une
pression de 10 kbar correspondant à une reprise dans le faciès amphibolite de haute
pression.
III. ORIGINE DES BLASTOMYLONITES. — L'origine des gneiss oeillés blastomylonitiques
acides a été longuement discuté ([12], [13], [17] à [22], [27], [28], [29]) : rapakivis, granités,

EXPLICATIONS DE LA PLANCHE I

Schéma structural des Calédonides orientales Scandinaves [d'après R. Point 1977-1979 (1, 3, 4)] complété et
reporté dans son contexte: (1) complexe des nappes de l'unité de Trondheim zone interne; (2), (3), (4)
complexe des nappes à matériel cratonique; (2) nappes à matériel cratonique (supérieure); (3) nappe à
matériel cratonique (inférieure); (4) lame cratonique; (5) domaine du Varégien charrié et de l' Avant-pays
parautochtone.
Map of south eastern Caledonides compiled by R. Point 1977-1979: (1) Trondheim nappes complex; (2), (3), (4)
cratonic nappes; (2) upper cratonic nappes including Helag and a part of Seve-nappe; (3) lower cratonic nappes:
the Särv-nappe; (4) cratonic basement slab (lame cratonique); (5) allochtonous and parautochtonous Varégian
field.
PLANCHE I/PLATE I RAYMOND POINT
PLANCHEII/ PLATE Il

Report sur diagrammes : A.F.M., Ab. Or. An., des points représentatifs des granites rapakivis et granites
associés de Finlande (a-c) et des blastomylonitesde la lame cratonique (b-d). Diagramme de Kuno (cercles :
rapakivis, points: blastomylonites).
A.F.M. relations and distribution ofnormativefeldspar compositionofrapakivigranités ofFinland andblastomyloni-
tes of the cratonic basement slab of Caledonides. (a-c, Finland, b-d, Caledonides). Kuno's diagram (black
circles: blastomylonites, white circles: rapakivis).

TABLEAU

G.B. G.I. B.MAT. B.R.T. B. 1 B.2 B.MOY. RAP. RAP.F.


N 8,00 4,00 1,00 3,00 1,00 1,00 37,00 1,00 52,00
SiO, 52,69 65,14 51,08 61,06 56,46 70,98 66,98 72,58 72,58
A1,O3. . .
17,76 14,71 18,61 17,22 17,90 14,16 14,33 12,98 13,32
Fe203 8,92 5,42 8,92 4,96 7,90 1,98 4,30 0,86 0,76
FeO _ _ _ _ _ _ 1,83 2,14

F
MnO 0,16 0,11 0,15 0,08 0,13 0,04 0,09 0,11 0,04
MgO... 3,37 1,25 3,28 1,72 2,40 0,58 1,44 0,25 0,25
CaO 6,54 2,45 6,74 4,17 5,51 1,13 2,32 1,01 1,17
NazO 4,40 3,62 4,24 4,49 4,30 3,68 3,04 3,01 2,65
K20 3,51 4,80 3,26 3,18 2,93 5,17 4,79 5,28 5,63
Ti02 1,14 0,78 1,08 0,60 0,62 0,34 0,68 0,34 0,34
P2Os
P.F..
0,56
1,47
0,05
0,96
0,34
1,56
-
1,33
0,32
1,43
-
0,95
0,19
1,52
0,18
1,04
0,07
0,72
. .
BaO 0,20 0,09 0,09 0,15 0,11 0,15 0,15 0,10 0,07
SrO 0,09 0,02 0,10 0,10 0,05 0,03 0,03 0,00 0,08
Rb20 .
0,01 0,04 0,02 0,02 0,02 - 0,04 0,12 0,04
Zr02 - - - - - - - - 0,04
Li02 - - - - - - - 0,36 0,01
0,38

TOTAL 100,82 99,43 99,47 99,07 100,05 99,19 99,90 99,10 100,25
Gneiss blastomylonitiquesde la lame cratonique : n, nombre d'échantillons; G.B., granulites basiques; G.I.,
granulites intermédiaires; B., roches à mégacristaux de microcline; B.MAT., matrice mylonitique; B.R.T.,
roche totale; B. L, B. 2., valeurs minimum et maximum de la silice; B.MOY., moyenne; Granités rapakivis :
RAP., mélange standart, Sahama 1945 [47]. RAP.F., moyenne, rapakivis de Finlande, Vorma, 1976 [23].
Blaslomylonitic gneisses of the cratonic basement slab: G.B., basic granulites; G.I., intermediate granulites. B.,
typical Augengneisses: B.MAT, mylonitic matrix; B.R.T, complet rock. B.l, B.2., minimum and maximum of
silice values; B.MOY., Mean composition. Rapakivi granites: RAP., Sahama's standart mixture,
1945 [47]. RAP.F., rapakivis of Finland, Mean composition, Vorma, 1976 [23].
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985 709

migmatites, demeurent les hypothèses les plus couramment admises. A partir d'observamig-
matites, demeurent les hypothèses les plus couramment admises. A partir d'observa d'un
ensemble granulitique d'âge svécofennien probable. En effet, les résultats d'analyses
préliminaires donnent des âges Rb/Sr de 1737 et 1685 M.a. ([20], [30], [31]). Ces résultats
s'accordent avec l'âge :

du magmatisme caractérisant la fin de l'orogenèse svécofennienne (1800-
1700 M.a.);

de la mise en place des granités rapakivis de Finlande (1 700 M.a.) [23]. Les rapaki-
vis de Suède (1 320 M.a.) [32] ainsi que les séries anorthosite-rapakivis (1 500-1400 M.a.)
plus récents du Canada [33] ne sont pas vraiment comparables;

du métamorphisme catazonal de moyenne pression connu dans le cycle des îles
Lofoten (1830 M.a.) [34].
Les roches de la lame cratonique, reportées sur diagrammes (pl. 11) se distinguent des
rapakivis étudiés en Finlande [23]. Les points représentatifs se situent dans le domaine
des basaltes alcalins. Cependant, pour ce type de roches, comme l'a démontré Beach [35]
sur les granulites scouriennes reprises au Calédonien, la déformation dans les shear zones
se traduit par un enrichissement considérable en alcalin, essentiellement K20. C'est cet
enrichissement qui accentue sur le diagramme de Kuno [36] la proximité entre certaines
granulites acides ct le domaine des rapakivis.
Le problème est maintenant de déterminer à quel épisode tectonique on peut attribuer
la formation des blastomylonites liée à des cisaillements rapides dans les conditions du
faciès amphibolite à grenat. Des âges apparents 1100-900 M.a., grenvilliens précoces,
déjà signalés dans d'autres parties de la chaîne ([37] à [40]) apparaissent également
dans les résultats ([20], [30]). L'hypothèse d'une reprise au Grenvillien, sous régime
blastomylonitique, d'un complexe de roches éruptives avait été avancée pour expliquer
l'origine des blastomylonites ([1], [2], [3]). Cette hypothèse avait été retenue par analogie
de faciès avec l'ensemble des roches qui souligne la base de l'édifice des nappes grenvil-
liennes du Värmland de Scandinavie méridionale. Or, l'antériorité de l'âge et de la
structuration des roches de ces nappes du Vârmland vient d'être démontrée ([41], [42],
|43]). On peut alors envisager pour ces roches d'aspect et de position structurale identi-
ques, mais qui sont situées dans des orogènes d'âge différent, une structuration fin
svécofennienne commune.

CONCLUSION.

Les gneiss blastomylonitiques de la lame cratonique se sont formés à
partir d'un ensemble granulitique comprenant tous les termes allant des mangérites aux
farsundites. Comme c'est le cas dans de très nombreuses séries de ce type, les granulites
intermédiaires doivent être considérées comme des migmatites granulitiques [44] représen-
tant en volume la part la plus importante de ces complexes [45]. La texture blastomyloni-
tique formée dans les conditions du faciès amphibolite à grenat couronne la fin de
l'évolution des granulites dès la fin du Svecofennien. Cette rétromorphose a pu s'effectuer
dans des zones d'intenses déformations le long de grands cisaillements sialiques sub-
horizontaux, conduisant ainsi les roches à l'état de blastomylonites primitives [1]. L'exis-
tence de textures coronitiques témoignant d'une reprise des granulites dans le faciès
amphibolite à grenat de haute pression nous semble caractéristique d'une tectonique de
ce type [46]. Ces grandes structures linéamentaires qui datent de la fin de l'orogenèse
svécofennienne et que l'on sépare mal. en ce qui concerne nos roches, de la phase de
granitisation sub-jotnienne (gothienne) ont constitué des zones de cisaillement préférentiel
710 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

qui ont été réutilisées, au Grenvillien dans le Värmland, et au Calédonien dans la partie
plus septentrionaledu bouclier Scandinave.
J'adresse mes remerciementsà L. Latouche pour les nombreusesdiscussions et ses suggestions enrichissantes.
Remise le 29 avril 1985, acceptéele 24 juin 1985.

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C.R. Acad. Sc. Paris,
t.301, 1985
Série,II,n°10,

GÉOLOGIE (PALÉONTOLOGIE). — Découverte de Vertébrés dans le Silurien supé-


rieur de la zone de Meguma (Nouvelle Ecosse, Canada) : implications paléogéographiques.
7I1.

Note de Emmanuel Bouyx et Daniel Goujet, présentée par Jean Piveteau.

La découverte de microrestes de Vertébrés dans le Silurien supérieur de la zone de Meguma, en Nouvelle


Ecosse, conduit à réévaluer, en raison de la présence de Thelodusparvidens, Agnathe caractéristiquede l'Europe
du Nord au Silurien, les modèles de relations paléogéographiques entre la zone de Meguma, celle d'Avalon et
les principaux cratons du domaine proto-atlantique.

GEOLOGY (PALEONTOLOGY).— Discovery of Vertebrates in the Upper Silurian of the Meguma zone
(Nova Scotia. Canada): paleogeographicConséquences.
The discovery of vertebrate micro-remains, among which Thelodus parvidens, in the Upper Silurian rocks of
the Meguma zone, Nova Scotia, leads to reconsider relationships between the Meguma and Avalon zones and the
main cratonic blocks of the proto-atlantic domain.

1. INTRODUCTION ET CADRE GÉOLOGIQUE. — La zone de Meguma, en Nouvelle Ecosse,


correspond à l'une des cinq grandes zones structurales (fig. 1) distinguées [1] dans les
Appalaches septentrionales. Contrairement aux autres zones identifiées dans la chaîne,
elle ne possède pas de prolongementsreconnus ([2], [3]) dans les Calédonidesbritanniques.
Elle comporte ([4] à [9]) un Paléozoïque anté-carbonifère déformé et granitisé durant
l'orogenèse acadienne puis recouvert par le Carbonifère, ainsi qu'une série continentale
du Trias/Jurassique discordante sur les terrains précédents. Un important accident la
sépare de la zone d'Avalon, actuellement voisine et qui, durant le Cambro-Ordovicien,
était un domaine de plate-forme souvent considéré ([3], [8], [10]) comme un microcontinent
disposé dans l'océan proto-atlantique entre les cratons nord-américain, gondwanien et
nord-européens.
Elle a été successivement interprétée comme un sillon individualisé dans la plate-forme
d'Avalon [2], comme un fragment de la bordure du Gondwana détaché du Nord-Ouest
de l'Afrique [8] ou du Nord du craton latino-américain [11] et qui aurait rejoint la
plate-forme d'Avalon lors de la fermeture du Proto-atlantique, ou comme un élément de
la « plaque armorique » [12], ensemble d'origine gondwanienne, comprenant aussi la zone
d'Avalon ainsi qu'une partie de l'Europe occidentale et du Nord de l'Afrique, qui aurait
dérivé vers le Nord pour rejoindre l'Europe du Nord (Baltica) au Calédonien, après que
sa bordure occidentale se soit préalablement réunie à la Laurentia au Taconique.
Dans l'ensemble, les données stratigraphiquesjusqu'ici disponibles ne permettent pas
de faire un choix entre ces modèles d'évolution géodynamique : le Paléozoïque anté-
carbonifère de la zone de Meguma présente certes des affinités avec celui du Nord-Ouest
de l'Afrique [8], voire même avec celui de divers secteurs latino-américains [11], mais il
en présente aussi avec celui de la zone d'Avalon (à l'Ordovicien et au Silurien notamment
[13]), comme avec celui de nombreux secteurs européens [14]. Pour concilier ces affinités
apparemment contradictoires, on pourrait admettre [14] que l'ensemble des domaines
considérés (zones de Meguma et d'Avalon, Europe moyenne et méridionale) faisait partie
de la bordure septentrionale du Gondwana ou en était relativement proche durant la
période de dépôt des séries concernées. Les quelques faunes jusqu'ici signalées ([4] à [9])
en zone de Meguma — Graptolites du Trémadoc et du Ludlow; Brachiopodes et
Mollusques siluriens; Brachiopodes dévoniens inférieur d'affinités rhénanes [15], etc. —
correspondent d'ailleurs pour la plupart à des formes reconnues dans l'Ouest-européen
comme sur les pourtours septentrionaux du bouclier africain, même si l'aire de répartition
0249-6305/85/03010711 $ 2.00 © Académie des Sciences
712 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

Fig. 1. Localisation des zones d'Avalon cl de Meguma et des gisements de Thélodontes de Bear River (BR)

et du Arisaig group (A) dans les Provinces maritimes canadiennes.
Fig. 1. — Geographical situation of the Avalon and Meguma zones and of the Thelodont localities of Bear River
(BR) and Arisaig group (A), Canadian Maritime Provinces.
Fig. 2. —
Position stratigraphiquedu gisement de Vertébrés de Bear River (coupe selon [7]).
Fig. 2. —
Stratigraphicalposition of the Vertebrale locality of Bear River (section after [T]).
Fig. 3. Coupe d'écaille de Thelodus parvidens; White Rock Formation, Bear River, Nova Scotia. Lame

1985-I-I, Institut de Paléontologie du Muséum, Paris.
Fig. 3. — Thin section of a scale of Thelodus parvidens; White Rock Formation, Bear River, Nova Scotia.
Section No. 1985-I-I, Institut de Paléontologie du Muséum, Paris.
Fig. 4. —
Section sagittale d'une écaille de Thelodus parvidens du Calcaire à Beyrichia, Ludlow supérieur.
D'après [16].
Fig. 4. — Sagittal section in a Scale of Thelodus parvidens, from the upper Ludlovian Beyrichienkalk. After
[16].
b : base (base of the scale), c : couronne (crown), cd : canalicules de la dentine coronale (dentinal tubules), cp :
cavité pulpaire (pulp cavity).

de certaines recouvre aussi une partie de l'Amérique ou de l'Europe du Nord, voire de


l'Asie. D'où l'intérêt des restes de Vertébrés découverts, au Sud du bassin d'Annapolis,
dans le Silurien supérieur de la zone de Meguma, et qui nous semblent présenter une
réelle signification paléogéographique.
II. (fig. 1 et 2). — Au Sud de la baie de Fundy, les terrains
LOCALISATION DU GISEMENT
anté-carbonifères dessinent une structure synclinaleà coeur de Siluro-Dévonien. Dans cette
région, la « White Rock Formation » (niv. 2) succède aux puissantes assises détritiques
flyschoïdes du « groupe de Meguma » (niv. 1, fig. 2, Cambien/Ordovicien inférieur), avec
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985 713

des niveaux volcaniques acides et basiques, des quartzites et autres roches détritiques et,
dans sa partie supérieure à Graptolites du Ludlow [7], quelques horizons calcaréo-
détritiques. Puis la « Torbrook formation » (niv. 3) débute par des assises gréso-
quartzitiques assurant un passage continu du Silurien au Dévonien et se poursuit par un
Dévonien inférieur détritique et carbonate. Les restes de Vertébrés décrits ici proviennent
(1) d'un banc décimétrique de grès calcareux à Encrines compris dans une série à fort
pendage sud située immédiatement au Nord du village de Bear River, au bord d'une
route longeant la rive ouest de la rivière. D'après la carte géologique et les coupes
(fig. 2) de ce secteur [7], ces affleurements appartiennent à la partie sommitale de la
White Rock Formation.
III. PALÉONTOLOGIE. — Les quelques blocs de la White Rock Formation étudiés
contiennent de nombreux restes de Vertébrés qui apparaissent sous la forme de fragments
noirâtres en section. La plupart sont assez mal conservés, ayant subi une importance
épigénisation. L'assemblage succinct analysé contient des écailles et fragments de mâchoi-
res d'Acanthodiens (Gomphonchus?) et l'une des plaques minces montre une section
d'aiguillon costulé de type « Onchus ». L'élément le plus significatif consiste en écailles
d'Agnathes thélodontes dont une section correspond trait pour trait à Thelodus parvidens.
Elle se caractérise par une surface supérieure plate, un collet haut, l'avant de la couronne
formant une crête nette. La base en est massive. Sur la lame examinée, la cavité pulpaire
est réduite et la structure histologique de la dentine, traversée de tubules très nets
(fig. 3) est tout à fait identique à celle décrite chez les écailles caractéristique de l'espèce
[16].

IV. IMPLICATIONSSTRATIGRAPHIQUES ET PALÉOGÉOGRAPHIQUES. —


Thelodus parvidens est
un des éléments significatifs des assemblages de Vertébrés du Silurien terminal (Ludlow
et base du Pridoli : zone à Hemicyclaspis [17]) et a conduit Turner [18] à définir une
faune à « Thelodus parvidens » caractéristique des territoires nord-européens [19]. Cette
faune se rencontre dans la région balte, le Sud de la Suède, le Pays de Galles et s'étend
Ecosse, dans la
vers l'Ouest jusqu'au Groenland, au Nouveau Brunswick et en Nouvelle
zone d'Avalon (Moydart formation, Arisaig group [13]). Dans toutes ces régions, les
Thélodontes sont récoltés dans des environnements sédimentaires marins d'eau peu
profonde ou en faciès « saumâtre » de bordure de continent.
La découverte de Thelodus parvidens à Bear River est un élément supplémentaire pour
attribuer au Silurien supérieur la partie supérieure de la White Rock Formation. En
outre, elle pourrait contribuer à préciser l'évolution géodynamique des Appalaches septen-
trionales dans la mesure où elle permet d'envisager, pour cette période, une étroite
proximité entre la zone de Meguma et l'Europe du Nord comme entre la zone de
Meguma et celle d'Avalon.
1. Ainsi, la présence de Thelodus parvidens dans les zones d'Avalon et de Meguma
devrait conduire à préférer les modèles basés sur l'appartenance initiale de ces deux zones
à un même ensemble paléogéographique(qu'il s'agisse d"une plate-forme comportant un
sillon dans lequel se serait accumulé le « groupe de Meguma » [2] ou d'une « plaque
armorique » [12]) à ceux expliquant leur réunion par la fermeture, durant le Dévonien
moyen, d'un espace océanique pré-acadien... sauf à admettre que cet éventuel espace
océanique aurait été étroit ou pratiquement fermé dès le Silurien supérieur. En zone
d'Avalon, le « Arisaig group » [13] succède d'ailleurs, comme la partie supérieure de la
White Rock Formation ou ses équivalents latéraux (« Kentville » et « New Canaan
714 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

formations» [4] à [7]) en zone de Meguma, à des assises comportant des volcanites
acides et notamment des ignimbrites, que précédent des couches détritiques attribuées à
l'Ordovicien inférieur. Dans les deux zones, les couches à Thelodus parvidens appartien-
nent donc à des séries présentant certaines similitudes dès l'Ordovicien;
2. De même que la présence de Thélodontes dans le Silurien supérieur de la zone
d'Avalon et de Pennsylvanie est expliquée par la fermeture calédonienne du Proto-
atlantique [20], l'apparition d'une forme caractéristique de l'Europe du Nord dans la
White: Rock Formation indique vraisemblablement l'absence à cette époque de vastes
domaines océaniques entre la zone de Meguma et les domaines nord -européens. Cette
interprétation est compatible avec tous les modèles basés sur une origine gondwanienne
de la zone de Meguma et sur la fermeture d'espaces océaniques précalédoniens, comme
avec l'hypothèse d'une Pangée qui n'aurait comporté, durant le Paléozoïque ancien,
aucun espace océanique d'ampleur notable entre l'Europe du Nord et des plates-formes
périgondwaniennes auxquelles aurait appartenu, comme divers autres secteurs européens
et est-américains, la zone de Meguma.
(1)L'échantillonnage de ces affleurements a été réalisé lors d'une mission effectuée en Nouvelle Ecosse par
M. Boucarul, E. Bouyx et M. Clin, dé l'Institut de Géodynamique (Bordeaux) et T. Metcalf, de l'Université
Wesleyan (Middletown,Connecticut,U.S.A.).
Remise le 17 juin 1985,

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] H. WILLIAMS, Mémorial University of Newfoundland, 1978, Map n° 1.


[2] J. F. DEWEY, Nature, 222, 1969, p. 124-129.
[3] H. WILLIAMS et M. D. MAX, The Caledonide in the U.S.A., D. R. WONES éd., Virginia Polytechnicand
State University, Mém. 2, 1980, p. 57-62.
[4] D. G. CROSBY, Geol. Surv, Canada, Mem. 325, 1962, 67 p.
[5] F. C. TAYLOR, Geol. Surv. Canada, Paper 64-13, 1965, 24 p.
[6] F. C. TAYLOR, Geol Surv. Canada, Mem. 358, 1969,65 p.
[7] W. G. SMITHERINGALE,Geol. Surv. Canada, Mem. 375, 1973, 7.8 p.
[8] P. E.SCHENK, Can. J. Earth Sc, 8,1971, p. 1218-1251.
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Mem. 2, 1980, p. 63-66.
[11] J;D.KEPPIE, Nova Scotia Dept: Mines, 77-3, 1977, 45 p.
[12] R. VAN DER VOO, J. C. BRIDEN et B. A. DUFF, 26e Congrès Géol Intern, Paris, Ann. Soc. géol. Nord,
XCIX, 1980, p. 203-212.
[13] A. J. BOUCOT, J. F. DEWEY, D. L. DINELEY, R. FLETCHER, W. K. FYSON, J. C. GRIFFIN, C. F. HICKOX,
W, S. MCKERROW et A. M. ZIEGLER, Geol. Soc. Amer., Sp. Pap. 139, 1974, 191 p.
[14] E. BOUYX, M. BOUCARUT, M. CLIN et J. DE BOER, Ann. Soc. géol. Nord, 1985 (sous presse).
[15] A. J. BOUCOT, 21e Congrès Géol. Intern., pt. 12, 1960, p. 129-137.
.
[16] W. GROSS, Paleontographica, A, 127, (1-2), 1967, p, 1-67.
[17] V. TALIMAA. Thélodontes du Silurien et du Dévonien de l'U.R.S.S. et du Spitsberg, Mosklas, Vilnius,
1978,333p.
[18] S. TURNER, J. Geol. Soc London, 129, 1973, p. 557-584.
[19] S. TURNER et D. H. TARLING, Paleogeo., Paleoclim:, Paleoecol, 39, 1982, p. 295-311.
[20] E. GIFFIN, J. Paleontology, 53, 1979, p. 438-445.

E: B. : Institut de Géodynamiquede l'Université de Bordeaux-III,


avenue des.Facultés, -33405 Talence;
D. G. : Institut de Paléontologie, Museum national d'Histoire naturelle,
4, rue de Buffon, 75005 Paris.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985 715

GÉOLOGIE. Chronologie numérique de l'étage Burdigalien. Note de Yves Gourihard,



Jean Magné, Michel Ringeade et Marie-José Wallez, présentée par Michel Durand Delga.

Le Burdigalien de Depéret s'étend de —20,6 à —17,6 M.a. Les séries classiques de la région bordelaise
s'étendent quant à elles de —20,6 à —19,1 M.a. et sont contemporaines des « molasses sableuses à Scutella
paulensis » de la vallée du Rhône. Les séries de « molasse calcaire » qui sont superposées à ces «molasses
sableuses » se terminent à —17,6 M.a. En prolongeant le Burdigalien de Depéret (1892) jusqu'à la base du
Langhien, on lui ajoute environ 1,1 M.a. Ce prolongementcorrespond à l'Helvétiend'Imihubel.

GEOLOGY. — Numeric chronologyof the Burdigalian Stage.


The Burdigalian Stage, defined by Depéret extends from —20,6 to —17,6 M.a. The classic series of the
Bordeaux area extend from —20,6 to 19.1 M.a. and are contemporary with the "mollasses sableuses à Scuiella
paulensis" of the Rhone Valley. The series of "molasse calcaire" which are above the "molasses sableuses" end
at —17.6 M.a. The prolongation of thé Depéret Burdigalian (1892) as far as the base of the Langhian, has
added to it 1.1 M.a. Thisprolongation corresponds to the Helvetian of Imihubel

RAPPEL HISTORIQUE. — 1. LeBurdigalien défini par Depéret; — En 1892 Ch. Depéret


proposait de définir le Burdigalien " avec l'horizon des faluns de Sauçais et de Léognan
à la base, et celui de la mollasse calcaire du bassin du Rhône à Pecten praescabriusculus
au sommet » [1]. Le contexte montre qu'il employait souvent le terme « horizon » pour
désigner l'intervalle de temps correspondant au dépôt d'un ensemble sédimentaire qu'il
nommait plutôt « assise ». Pour lui un tel horizon ne pouvait être défini que par la faune
« typique » présente dans l'assise. Ainsi, dans l'horizon des faluns de Saucats, est consi-
dérée comme typique la présence de l'association à Cardium burdigalinum, Lucina colum-
bella, etc. De même l'horizon de la molasse calcaire; du bassin du Rhône est défini par
une faune dite un peu malencontreusement: « à Pecten praescabriusculus » ( = Chlamys
praescabriuscula). Depéret : n'ignorait pas que ce fossile se rencontre déjà au-dessous de
la molasse calcaire, mais il avait remarqué qu'il n'est abondant que dans cette molasse
calcaire (nous parlerions aujourd'hui d'une zone d'acmé), Quoi qu'il en soit, cette
faune comporte beaucoup d'autres formes dont l'association est réputée caractéristique :
Cardium multicoslatum, Echinolampas hemisphaericus, Clypeaster intermedius, etc.
La partie inférieure du Burdigalien de Depéret était donc définie dans la région
bordelaise (où la faune est très riche, d'où la dénomination de l'étage) et sa partie
supérieure dans la vallée du Rhône. Du fait même se posait donc la question des
corrélations chronologiques entre ces deux régions. Pour la partie supérieure, la réponse
était simple: pas de Burdigalien supérieur dans la région bordelaise. Pour la partie
inférieure, Depéret notait quela « mollasse rose de Sausset » (littoral provençal, 25 km
W de Marseille) contenait une riche faune de Gastéropodes, identiques pour la plupart à
ceux des faluns de Saucats et de Lédghan. Or Cette molasse de «a pour
équivalent probable, dans l'intérieur dubassin du Rhône, les sables à Scutella paulensis de
Saint-Paul-Trois-Châteauxavec leur faune très spéciale de Pectinidés;en effet ces sables
sont compris, de même que les faluns de Sausset, entre l'Aquitanien à la base et la
molasse calcaire à Pecten sub-benedictus et P. praescabriusculus qui les surmonte » [1].
Donc pour Depéret aux faluns du Bordelais correspond la molasse sableuse à Scutella
paulensis du Rhône.
Quant à la lithologie des sédiments burdigaliens de la vallée du Rhône, Depéret la
décrivait comme suit ([1], [2]) ::

formation des mollasses sableuses à Scutella paulensis (Burdigalien inférieur) : marnes souvent sableuses
alternant avec des bancs de sables ou de grès et des faluns à Scutella paulensis et Lithothamnies;

0249-6305/85/03010715. $ 2.00 .© Académie des Sciences


.
716 C, R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985


formation des mollasses calcaires à Pecten praescabriusculus (Burdigalien supérieur) : marnes calcaires
blanches ou grises presque dépourvues de grands fossiles (actuellement, marnes de Salles); calcaires marneux à
Bryozoaires (actuellement, faciès du Roua); au sommet dalles de calcaires blancs, massifs, formant corniche et
exploités sous le nom de « pierre du Midi ».
Cependant les deux dernières pages et le tableau récapitulatif de la seconde Note [2]
introduisent dans cette description une modification importante : au sommet de la série
burdigalienne s'ajoutent des marnes généralement bleutées, parfois micacées, que Depéret
jugeait comparables au faciès « Schlier » de Haute-Autriche. Ce faciès était en effet inclus
dans le premier étage méditerranéen de Suess, et Depéret admettait l'équivalence de cet
étage et de son Burdigalien. Depéret a confirmé explicitement ce changement en 1895 [3],
puis l'a abandonné à partir de 1900, comme en témoignent en particulier ses travaux
cartographiques [4].
2. A la recherche d'un stratotype. — Depéret n'avait donc pas fondé son étage sur la
référence à une coupe bien localisée (stratotype), mais plutôt sur la référence à deux
faunes successives, dont les types étaient d'ailleurs situés dans deux régions différentes.
Une telle définition d'étage n'était pas conforme aux règles de la nomenclature strati-
graphique. On s'efforça donc par la suite de procurer à cet étage, que l'usage avait
consacré, le stratotype qui lui faisait défaut.
Il est impossible de citer ici l'ensemble des travaux qui s'appliquèrent à établir le
stratotype du Burdigalien, tant ils sont nombreux. Ils aboutirent finalement à le situer à
la suite du stratotype de l'Aquitanien, lui-même bien défini le long du ruisseau de
Saint-Jean-d'Etampespar Mayer-Eymaren 1858 [5]. Pendant longtemps, cette coupe-type
s'est étendue du lieu-dit Le Péloua à la base, jusqu'au lieu-dit Pont-Pourquey au sommet,
et ce sommet était qualifié de « Burdigalien supérieur » [6]. Par la suite la limite fut
remontée jusqu'au lieu-dit Lassime, où les faluns constituant ainsi le sommet du Burdiga-
lien sont surmontés en discordance par des couches à Cardita jouanneti nécessairement
postburdigaliennes [7].
Le Burdigalien « supérieur » de Pont-Pourquey (et a fortiori de Lassime) était-il
l'équivalent de la partie supérieure du Burdigalien défini: dans la vallée du Rhône par
Depéret? Non, car grâce aux Foraminifères et Nanhofossiles on a pu montrer que les
niveaux de Pont-Pourquey et Lassime se situent probablement près de la base de la zone
N6 de Blow ([8], [9], [10]) tandis que, dans les régions rhodaniennes, quelques Fora-
minifères planctoniques montraient la présence de sédiments plus récents [11]. L'opinion
de Depéret était ainsi confirmée : la partie supérieure de son étage n'est pas représentée
dans la région bordelaise.
Fallait-il donc abandonner le stratotype du ruisseau de Saint-Jean-d'Etampes et le
remplacer par un néostratotype rhodanien? La question fut posée dès 1975 au Congrès
de Bratislava du Comité régional de Stratigraphie du Néogène Méditerranéen
(R.C.M.N.S.) [12]. D'ailleurs une proposition de stratotype rhodanien avait été faite
l'année précédente : reprendre la coupe classique de la colline de Saint-Restitut près de
Saint-Paul-Trois-Châteaux et lui adjoindre une coupe dite de Montbrison-Fontbonnau
où la sédimentation se poursuit au-dessus de la molasse calcaire. [13].
3.Prolongement de l'étage jusqu'au Langhien. — Le stratotype rhodanien tel qu'il fut
proposé en 1974 ne modifiait pas la limite supérieure de L'étage qui restait fixée au
sommet de la molasse calcaire de Depéret. Cependant, lors du Congrès de Lyon du
R.C.M.N.S. (1971), le Groupe de travail du Miocène inférieur avait proposé de placer la
limite Miocène inférieur-Miocène moyen à l'apparition des Praeorbulina [14]. Cette
I
PLANCHE PLATE I YVES GOURINARD

TABLEAU I

List Liste des grade-datations.


of the grade-dates.

REGION N°
Lambert III
x I Y ET
FORMATION
L1EU -DIT N I +I T ± T :

Environs 1. 369.75 3266.20 :Faluns du Péloua 30 A42.9* 0.5 20.6 ±0.15


de .
2 366.50 3265.30 Faluns de Pont-Pourquey 30 38.0.±0.6 19.4 ±0.2
Bordeaux 3 366.16 3265.50 Faluns de lassime 30. 36.6 ± 0.8 19.1 ±0.25
4 815.20 3241.20 Grès à Scutelles Montbrison 30 39.3 ±0.7 19.7 ±0.2
5 814.95 3241.00 Faciès du Roua Fontbonnau 30 31.3 * 0.7 17.8*0.2
6 798.40 322700. Calcaire de La Berche 30 30.6 ±0.5 17.7 ±0.15
Vallée 7 827.30 3221;65
Moulin
Gauthier 30.29.4 ± 0.5 17.4 ± 0.:i5::
-8 827.30 3221.65 id. 2 m sous 7 30 29.3 ±0.6 17.4 ±0.2
du 9 827.00 3213.50 Les Valettes - 21 29.4 * 0.8 17.4 + 0.25:
10 824.60 3218.82 Entrechaux 30 29.1 + 0.8 17.3+0.25
11 821.00 :
3219.40 S.t- Marcellin 19 29.1 ±0.9 17.3 +0.3
Rhône 12 819.85 3217.45 Crestet 30 28.8 ± 0.5 17.2 ± 0.15
13 825.35 3220.87 La Fongoline 30 28.1 ±0.7 17.1 ±
0.2
14 827.00 '3220.00 Bel-Air 22 27.9 ± 0.9 17.0 0.3

II
Bas- 15 717:10 .3144.45 Saint-Martin 30 29.8 ± 0.6
marne de 17.5 ±0.2
16 749.5.0 marne de la Butte des Pins 33 28.4 ±0.6
3161 40 17.2 ± 0.2
Languedoc
17 748.60 316110 marne d'Aigues-Vives 30 27.9 + 0.9 17.0+0.3

TABLEAU

Chrolonologienumérique des unités stratigraphiques


et des zonations planctoniques.
Numerical chronology of the stratigraphieunits
and of the planktonic zones.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985 719

proposition fut renouvelée au Congrès de Bratislava [12] et le stratotype rhodanien fut


complété vers le haut, la coupe-type de Montbrison-Fontbonnauenglobant dorénavant,
au-dessus de la molasse calcaire, des marnes plus ou moins sableuses dans lesquelles lé
niveau à Globigerinoides sicanus avait été reconnu ([15], [16]). De plus quelques formations
languedociennes contemporaines de ce « prolongement » du Burdigalien ont elles aussi
été rapportées à cet étage : par exemple argiles bleues d'Aigues-Vives (Gard); marnés
sableuses et calcaires marneux très riches en Bryozoaires de la butte des Pins (Mus,
Gard); marnes bleues micacées [17] de la localité dite Château Saint-Martin (10 km WSW
de Montpellier), semblables à celles que Depéret avait comparées au faciès Schlier
d'Autriche. Au Château Saint-Martin, ces marnes sont directement superposées à des
dalles calcaires à Chlamys tournali et Ch. praescabriuscula qui représentent l'équivalent
local des dalles qui couronnent la molasse calcaire de la vallée du Rhône [18].
Dans cette dernière conception stratigraphique, on aboutit à une succession directe
Burdigalien-Langhien, et l'Helvétien disparaît de la nomenclature.

OBJET DU PRÉSENT TRAVAIL. — La méthode de grade-datation permettant désormais


d'obtenir des âges numériques de sédiments d'après les indices biométriques relatifs à des
populations fossiles de lignées à évolution graduelle ([19], [20]), on a évalué 17 de ces
âges dans les diverses formations évoquées ci-dessus. Ces datations seront ensuite utilisées
à calibrer en temps les différentes unités stratigraphiques, ce qui permettra, en conclusion :

de confirmer les corrélations Aquitaine et vallée du Rhône établies par Depéret; :

de préciser les correspondances des séries sédimentaires et des zonations
planctoniques;

de montrer l'équivalencedu Burdigalien « prolongé.» et de l'Helvétien (Imihubeî).

AGES NUMÉRIQUESPAR GRADE-DATATIONS. — Le tableau I donne les éléments des data-


tions avec les abréviations suivantes : N°, numéro d'ordre; X et Y, coordonnées Lambert
zone III; N, nombre des individus de la population observée; I + i, moyenne de l'indice
paléontologique (lignée Globigerinoides trilobus), plus ou moins son écart-type; T + £, âge
correspondant en millions d'années (M.a.), plus ou moins son écart-type.
Sur le tableau II, ces datations, repérées par leur numéro d'ordre, ont été réparties
suivant l'échelle du temps absolu.

CALIBRAGEDES UNITÉS STRATIGRAPHIQUES ET CONCLUSIONS. — De la répartition précédente


on peut déduire les conséquences suivantes (partie centrale du tableau II) :

Le stratotype de la région bordelaise s'étend sur environ 1,5 M.a.

Les datations ne sont pas encore assez nombreuses pour qu'on puisse affirmer
que le Burdigalien inférieur rhodanien selon Depéret est exactement contemporain du
Burdigalien de la région bordelaise; cependant une contemporanéité approximative est
déjà acquise; en effet la datation N° 4 ( — 19,7 M.a.) concerne un banc situé 19 m
au-dessus de la base du stratotype de Montbrison-Fontbonnau et les molasses gréseuses
ont à cet endroit une épaisseur totale d'environ 33 m.

Le sommet du Burdigalien selon Depéret peut être daté à —17,6 M.a. avec une
bonne sécurité; en effet on dispose de 3 datations (N° 7, 8 et 15) dans des argiles
clairement superposées au sommet de la molasse calcaire et ces datations correspondent
à des âges respectifs de —17,4 (deux fois) et —17,5 M.a.; de plus on dispose de deux
datations dans la molasse calcaire et près de son sommet (N° 5 et 6) et elles correspondent
à des âges respectifs de —17,8 et —17,7 M.a.
720 C R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

En outre, l'étude des carottes océaniques permet, grâce aux échelles magnétiques,
d'établir un bon calibrage chronologique des zonations planctoniques; en comparant ce
calibrage à celui des unités stratigraphiques que nous venons d'établir, on peut en déduire
indirectement la corrélation des zones planctoniques et des unités stratigraphiques. La
partie droite du tableau II montre le résultat obtenu en utilisant les données du
Leg 42 A [21]. On peut ainsi préciser les relations déjà directement établies par la
micropaléontologie ([9], [11]). Comme il a été prouvé que le stratotype helvétien (Imihubeî)
contient la partie supérieure de la zone N 7 et la partie inférieure de la zorte N 8 [22], la
corrélation précédente montre que les 1,1 M.a. ajoutés au Burdigalien par le Comité du
Néogène méditerranéencorrespondent à l'Helvétien s. s. comme l'ont affirmé Rutsch et
Salaj [22].
Remise le 24 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[I] Ch. DEPÉRETY CR. somm. Soc géol Fr., 3, 20, 1892, p. 145-156.
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GARRISON, R. B. KIDD, F. MÉLIÈRES, C MULLER et R. C. WRIGHT, Leg 42 A of D.S.D.P., Part 1, Washington,
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[22] R. F. RUTSCH et J. SALAJ, Ann. Mines et Géol, Tunis, n° 28, III, 1980, p. 397-407.

Y. G. et M.-J. W. : Laboratoire de Géologie et Géochronologie,


Université Paul-Sabatier, 118, route de Narbonne, 31062 Toulouse Cedex;
J. M. : Laboratoire de Géologieméditerranéenne, associé au C.N.R.S. np 145,
Université Paul-Sabatier, 38, rue des Trente-six-Ponts, 31400 Toulouse;
M. R. : Laboratoire de Biostratigraphie,
Université de Bordeaux-I, avenue des Facultés, 33405 Talence Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985 721

TECTONIQUE. — Cisaillements ductiles varisques vers l'Est - Sud-Est dans les nappes
du Waldviertel (Sud-Est du Massif de Bohème, Autriche). Données microtectoniques et
radiomètriques 39Ar/40Ar. Note de Philippe Matte, Henri Mahiski et Helmut Echtler,
présentée par Jean Aubouin.

Divers critères de déformation non coaxiale permettent de mettre en évidence aussi bien dans les séries
paraautochtones qu'au sein des nappes de Waldviertel un régime de-cisaillementductile synmétamorphique
vers l'Est - Sud-Est. L'âge 39Ar/40Ar de 323 + 7 M.a. obtenu sur des biotites syntectoniquesdans les granulites
est interprété comme l'âge minimal du métamorphisme mésozonal contemporain des derniers stades de
chevauchement vers l'Est - Sud-Est.

TECTONICS. — Variscan eastward ductile shearing in the Waldviertel nappes (South eastern Bohemian
massif, Austria); 39Ar/40Ar data.
Various non coaxial deformation criteria evidence an eastward synmetamorphic shearing regime both in the
paraautochihonousand in the Waldviertel nappe pile. An 39Ar/40Ar age of 323 + 7 M.a. has been obtained on
syntectonic biotites of the granulites. It is interpreted as the minimum age of the metamorphism contemporaneous
of the late stages of eastward thrusting.

Le Waldviertel est classiquement connu comme un empilement de nappes profondes


calêdoniènhes et/ou hercyniennes ([1], [2]). Une des caractéristiques de ces nappes est la
présence de massifs de granulites de haute pression: reposant sur des séries moins
métamorphiques(faciès amphibolite de pression intermédiaire).
L'âge de mise en place, l'origine et le sens de déplacement de ces nappes sont encore
très discutés. Pour Fuchs [3] et Fuchs et Scharbert [4], il s'agit de nappes profondes
essentiellement calédoniennes déplacées vers l'Ouest et recharriées en bloc vers l'Est au
Carbonifère dans des conditions épimétamorphiques. Pour Thiele ([2], [5]) et
Tollmann [6], il s'agit essentiellement de nappes varisques déplacées vers l'Est - Sud-Est.
Les arguments sont d'ordre régional et géochronologique (Rb/Sr [7] et U/Pb et Rb/Sr [8]).
La microtectonique a été peu utilisée sauf par Tollmann qui déduit le sens de déplacement
des nappes du sens de déversement des plis couchés et du boudinage rotationnel dans les
séries paraautochtones.
Nous voulons présenterici d'autres observationsmicrotectoniques : linéations d'allonge-
ment et critères de déformation rotationnelle qui leur sont associés permettant de déter-
miner avec précision le sens de cisaillement. Nous avons utilisé la méthode 39Ar/40Ar
sur des biotites syntectoniques dans les granulites déformées (banded granulites) pour
déterminer l'âge du métamorphisme contemporain du cisaillement.
I. CADRE TECTONIQUE.

Les nappes cristallines du Waldviertel sont profondément
érodées avant le Permo-Carbonifère. Elles sont classiquement séparées sur la base de la
lithologie et du métamorphismeen : (1) une unité paraautochtone inférieure (Drosendor-
fer Decke) comprenant surtout des orthogneiss granitiques (Dobra gneiss) [1], des métasé-
diments pélitiques : micaschistes à muscovite, biotite, staurotide, grenat (Monotone Série)
et des intercalations de marbres et micaschistes graphiteux (Bunte Série). La présence
d'Acritarches plaide en faveur d'un âge Paléozoïque pour les fflétasédiments [6]. (2) Une
unité supérieure (Gföhler Decke) comprenant des paragneiss et micaschistes, à disthène
et sillimanite, une lame de gneiss granitiques à sillimanite (gneiss dé Gföhl) et un ensemble
basique (amphibolites, gabbros, wherlites, pyrigarnites, éclogitoïdes). La nappe de Gföhl
est séparée de l'unité de Drosendorf par un chevauchement majeur plat jalonné de
copeaux de granulites [4] et de roches ultrabasiques. La partie supérieure de la nappe de
0249-6305/85/03010721 S 2.00 © Académie des Sciences

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 54


722 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

Gföhl est constituée de granulites de haute pression [9]. Ces deux unités constituant le
Moldanubien reposent vers l'Est sur le Moravien constitué de terrains précambriens
moins métamorphiqueset moins déformés intrudés par le batholite granitique de Thaya
(550-580 M.a.) ([8], [10]) et recouverts plus au Nord en discordance par le Devono-
Carbonifère également plissé et schistosé.
II. DÉFORMATION ET CRITÈRES DE SENS DE CISAILLEMENT. — L'ensemble moldanubien est
caractérisé comme dans toutes les nappes profondes par une foliation subhorizontale.
Dans l'unité inférieure, la foliation est composite (S1-2) et S1 est souvent affectée par
des plis isoclinaux asymétriques très dispersés mais à maximum N-S à NE-SW et à
déversement systématique vers l'Est - Sud-Est [6]. Les micaschistes montrent un intense
boudinage de foliation et les filons de granitoïdes et lits à silicates calciques inclus dans
les marbres (carrières de Spitz/Donau) montrent un boudinage rotationnel [6] donnant
une direction d'allongementN 100 à N 110 et un cisaillement vers l'Est - Sud-Est (pl.).
Dans les gneiss de Gföhl la foliation est moins pénétrative et la déformation plus
hétérogène. De nombreuses zones de cisaillement à plans sigmoïdes anastomosés portant
une linéation fibreuse de sillimanite N110 à N 120 indiquent également un cisaillement
vers l'Est - Sud-Est (pl).

EXPLICATIONS DE LA PLANCHE

Schéma structural des nappes du Waldviertel. 1. Granitoïdes précambriens (550-584M.a.) et métasédiments


probablement précambriens. 2. Marbres et micaschistes Précambriens et/ou Paléozoïque inférieur.
3. Orthogneissgranitiquesde Bites (800-560 M.a.) et de Dobra. 4. Micaschistes et marbres d'âge Paléozoïque
inférieur probable. 5. Groupe leptyno-amphibolique(gneiss pélitiques, roches basiques et ultrabasiques).
6. Gneiss granitiques à sillimanite. 7. Granulites de H.P. 8. Granitoïdes varisques. 9. Couverture post-
varisque.
Structural sketch map of the Waldviertel nappes. 1. Precambrian granitoids (550-584 M.a.) and probably
Precambrian metasediments. 2. Precambrian and/or lower Paleozoic marbles and micaschists. 3. Bites
(800-560 M.a.) and Dobra orthogneisses. 4. Micaschists and marbles of probable lowe Paleozoic
age. 5. Leptyno-amphibolitic group (pelitic gneisses, mafic and ultramafic rocks. 6. Sillimanite bearing
granitic gneisses. 7. H.P. granulites. 8. Variscan granitoids. 9. Post-Variscan cover.
PLANCHE I/ PLATE I PHILIPPE MATTE
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985 725

Les grands massifs de granulite sont peu ou pas foliés. Cependant les granulites claires
à orthose, plagioclase, quartz, grenat, disthène, rutile du massif de Saint-Leonhard [11]
montrent vers la base, au contact avec les gneiss et amphibolites, sur plusieurs dizaines
de mètres, une texture planolinéaire très marquée (banded granulites des carrières de
Steinegg). La foliation à pendage 30-40° Sud montre une forte linéation N100 à N110.
En lame mince, il apparaît clairement que la linéation correspondà l'allongement maximal
avec en particulier des ombres de pression autour des disthènes et grenats bien développées
en section XZ et absentes en section YZ. Ces ombres de pression sont pour la plupart
asymétriques et indiquent un cisaillement systématique vers l'Est - Sud-Est(fig. 1) d'après
le critère de Malavieille et coll. [12]. Elles sont essentiellement constituées de biotite,
quartz et plagioclase, minéraux qui résoudent également les grenats tronçonnés. Les
disthènes sont souvent très déformés avec bandes de pliage et se transforment en silli-
manite. Certains individus sont entièrement inclus dans le grenat [13]. Les granulites
bandées de Saint-Léonhard apparaissent donc comme des blastomylonites avec une forte
recristallisation statique attestée en particulier par les quartz tabulaires (Plattenquartz)
en partie responsables de leur texture planaire. On doit noter que les granulites massives
situées au sommet du massif n'ont pas de structure planaire et sont dépourvues de biotite.
III, GÉOCHRONOLOGIE. — Nous avons analysé un échantillon de granulites planoli-
néaires de Steinegg dans lequel les biotites brunes et très fraiches se présentent exclusive-
ment dans les ombres de pression et entre les grenats tronçonnés (fig. 1). Un lot pur de
biotites a été séparé et irradié sous flux de neutrons rapides (1,3.1013n/cm2/s) au
C.E.N.G. de Grenoble pendant 24 h. Les caractéristiques de l'irradiation et les résultats
isotopiques obtenus à partir du chauffage progressif par palier de cet échantillon sont
donnés dans le tableau. Les âgés apparents ont été reportés (fig. 2) en fonction de la
quantité d'39Ar dégazé.
Le spectre d'âge obtenu à partir de 11 paliers successifs est très homogène: un âge
plateau, calculé sur 9 paliers entre 850°C et la fusion donne la valeur de 323 +7 M.a.
L'ensemble du plateau correspond à plus de 95 % de l'39Ar et de l'40Ar* dégazés. Seuls
les deux premiers paliers sont discordants et permettent de suspecter une légère perte
d'argon par diffusion lors d'un événement postérieur à la fermeture originelle du système
constitué par les biotites. Il n'est cependant pas possible de fixer un âge précis à cet
événement. On peut néanmoins retenir pour valeur minimale l'âge de 323 + 7 M.a. pour
le métamorphismequi a donné naissance à ces biotites.
CONCLUSIONS. — La direction de déplacement des nappes du Waldviertel peut être
déduite des linéations minérales et d'allongement N100 à N120 portées par la foliation
et les plans de cisaillement subhorizontaux. Les divers critères rotationnels observables
dans les plans XZ indiquent un cisaillement systématique vers l'Est - Sud-Est (pl). Cette
déformation s'est produite dans de conditions de métamorphisme élevé (stabilité de la
sillimanite). L'âge de 323+7 M.a. obtenu, sur les biotites syncinématiques dans les
granulites est interprété comme celui du métamorphismepost-granulitique accompagnant
les derniers stades de la déformation cisaillante. Cet âge est proche de celui obtenu sur
les gneiss de Gföhl sous-jacents (338-341 M.a.) par intercept inférieur U/Pb et monazite
concordante [8].
Nos résultats confirment les hypothèses proposées par Thiele ([2], [5]) Tollmann [6] et
Van Breemenet coll. [8] sur l'âge varisque et le déplacement vers l'Est - Sud-Est des
nappes du Waldviertel. Ces données radiométriques et la cohérence des critères de
cisaillement depuis la base jusqu'au sommet de la pile de nappes montre qu'il n'y a pas
726 G. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

TABLEAU
Résultats des analyses isotopiquesde l'argon. 40Ar* représentel'argon radiogénique. Les rapports sont corrigés
des blancs de ligne à chaque température de palier, ainsi que des interférences de masses obtenues lors de
l'irradiation : 39Ar/37Ar0 = 2,36. 10- 3; 36Ar/37Ar0 = 2,7.10-4; (40Ar/39Ark.= 2,4.10-4. Le minéralstandard
utilisé est la hornblende HbCp dont l'âge est 344 M.a.
Results of argon isotopic analysis. 40Ar* is the radiogenic argon. Ratios are corrected from Une furnace blank
for each step temperature and from mass interference obtained during the irradiation. 39Ar/37Ar = 2.36 x 10- 3;
36Ar/37Ar0 = 2.7x10- 4 (40Ar/9Ar)k=2.4x10-4. The standard mineral used is the hornblende HbCp
(344,5 M.a.).
37Ar/
Temps 36Ar/39Ar 39Ar 39Ar/ %39Ar Age +/-
(°C) 40Ar*/39Ar ( x 100) ( x 100) 40Ar (cumul.) (M.a.) (M.a.)
B 10 Biotite (J= .6952.10-2)
545 11,144 3,1427 9,258 0,0489 0,17 134,6 5,9
655 17,831 1,5809 6,751 0,0444 0,62 210,8 5,6
755 27,812 0,8876 0,148 0,0328 3,39 318,9 7
850 28,305 0,159 8 0 0,0347 28,11 324 6,7
935 28,513 0,081 0 0,0347 44,65 326,2 6,7
1015 28,521 0,2064 0,043 0,0343 48,95 326,3 6,7
1090 28,501 0,1711 0,603 0,0344 51,65 326,1 6,7
1160 28,014 0,1745 0 0,035 59,69 321 6,6
1225 28,163 0,0777 0 0,035 2 74,88 322,5 6,6
1290 28,205 0,0741 0 0,0351 97,46 323 6,6
1355 28,173 0,1257 0 0,035 100 322,6 6,6
.
AGE TOTAL : 322,9 +/— 6,7

lieu de distinguer des nappes calédoniennes à déplacement ouest reprises par un charriage
tardif varisque de l'ensemble vers l'Est ([1], [3]). Comme l'a proposé Tollmann ([6],
fig. 16), les racines des nappes du Waldviertel doivent être recherchées sur le flanc
Nord-Ouest du vaste antiforme de foliation sud bohémien où l'on connaît des roches
identiques à celles de la nappe de Gfôhl. Si l'âge Rb/Sr à 431 M.a. obtenu par Arnold et
Scharbert sur les granulites [7] représente réellement celui du métamorphismegranulitique,
cet âge est alors à rapprocher de ceux obtenus pour les éclogites dans le Massif Central
français [14]. Il pourrait représenter un épisode de haute pression lié à l'obduction ou
aux tous premiers stades de la collision continentale de la chaîne Varisque [15].
Remise le 24 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Laboratoire associé au C.N.R.S. n° 266,


U.S.T.L., place Eugène Bataillon, 34060 Montpellier Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985 727

TECTONIQUE. — Regard sur la géologie de la Corée à partir du Japon. Note de


Michel Faure et Jean-Paul Cadet, présentée par Jean Aubouin.

Les séries Triasico-Liasiques (groupe Daedong) et Crétacé (bassin de Gyongsang) de Corée ont leurs
équivalents au Japon, mais les séries Paléozoïquessont totalement différentes. L'orogenèseJurassique supérieur
(Daebo) en Corée a des effets mineurscomparés à l'empilementde nappes du Japon SW. Par contre l'orogenèse
Permo-Triassique(Songrin ou Akiyoshi) est responsablede la tectoniquesyninétamorphede la zone d'Ogcheon
et des écaillages de la série calcaire Cambro-Silurienne. Les trois familles de granités : Triasico-Liasique,
Jurassique supérieur et Crétacé supérieur se retrouvent des deux côtés.

TECTONICS, A glance from Japon upon the geology of Korea.



The Triasico-Liassic and Cretaceousdetrital series are well correlatedin SW Japon and Korea, but the Paleozoic
ones are quite different, so that the relative position of the two areas before the Miocene opening of the Japon
sea is not settled. The late Jurassic progeny (Daebo or early Yenshan)responsible for the stacking of nappes in
Japon has very limited effects in Korea as such as upright folds, reverse faults and gravity sliding nappes. The
Permo-Triassic orogeny Songrim or Akiyoshi) is responsible for schuppen structures in the Cambro-Silurian
limestone series and the polyphase deformation synchronous with a HT metamorphism known in the Ogcheon
zone and in some metamorphic rocks inside the Precambrian massifs whose age must be revised. The three
granite famillies: Triasico-Liassic, late Jurassic and late Cretaceous are respectively correlated with the Funatsu,
older Ryoke and late Cretaceous granites of SW Japon. Thus the E-Wtrend of the MTL and older Ryoke
granites have to be parallelized with the Sinian trend on the continental side in order to get the pre-Japan sea
time configuration.

Il est bien admis que l'archipel japonais faisait partie du continent asiatique jusqu'au
Miocène, époque à laquelle il en a été séparé par l'ouverture de la mer du Japon.
Cependant, sa position anté-Miocène déterminée soit par le paléomagnétisme [1], soit par
les modèles d'ouverture [2], n'est pas fermement établie. Une contrainte supplémentaire
est fournie par les corrélations géologiques au Japon et dans la péninsule coréenne
([3], [4]). Malgré des corrélations lithologiques ([5], [6]), aucune comparaison de l'histoire
géologique n'a encore été tentée.
LA STRUCTURE PRÉ-CRÉTACÉ DE LA CORÉE. — Elle résulte de deux orogenèses ([3], [7],
[8], [9]) : Songrim au Paléozoïque terminal et Daebo au Jurassique supérieur. L'orogenèse
Daebo considérée comme la plus importante, est scellée par les dépôts continentaux du
bassin de Gyongsang ( fig.), les roches volcaniques et les intrusions granitiques crétacées.
Elle est donc synchrone de l'orogenèse Jurassique supérieur du Japon SW ([10], [11]) elle
aussi scellée par des formations subcontinentales du Crétacé inférieur (groupe Kanrnon)
identiques à celles du bassin de Gyongsang. Nos observations en Corée du Sud [12],
nous conduisent à minimiser le rôle de l'orogenèse Daebo dans la structuration de la
Corée. En effet, les grès subcontinentaux du Trias-Lias (groupe Daedong) ne sont pas
métamorphiquessauf dans l'auréole des granites crétacés et leur déformation se caractérise
par des plis isopaques droits ou déversés au Sud et des failles inverses vers le Sud. On
doit aussi rattacher à cette phase les chevauchements de calcaire Cambro-Ordoviciensur
le groupe Daedong, observés dans le SE de la zone Ogcheon ([3], [7]), sans doute dus à
des glissements gravitaires. Ce style tectonique est semblable à celui observé dans le
domaine interne du Japon SW (zones Hida, Sangun-Maizuru et nappe d'Oga), où des
conglomérats et grès subcontinentaux du Trias-Lias [13], comparables au groupe
Daedong [14] et discordants sur un socle Paléozoïque sont aussi affectés par une tectoni-
que superficielle ([11], [15]). Cependant, une différence fondamentale entre les deux régions
est que au Japon, l'ensemble Paléozoïque et sa couverture Mésozoïque sont impliqués
dans des charriages décakilométriques au-dessus de formations chaotiques d'âge Jurassi-
que supérieur (zone Tanba, fig., [10], [11], [16]). L'existence:éventuelle de telles nappes
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728 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

Schéma structural de l'ensemble Nippo-Coréen, adapté de la carte géologique de Corée pour ce pays. La
tectonique et les granités Crétacé du Japon ne sojt pas représentés. En noir : granité Triasico-Liasiquede
Corée du Nord et granite de Funatsu dans la zone Hida. Croix : granite Jurassiques de Corée (Daebo);
dans le bassin de Gyongsang il s'agit des granites Crétacé (Bulguksa). C, calcaire Cambro-Silurien(groupe
Joseon); P, grès Paléozoïque supérieur-Trias inférieur (groupe Pyongan); J, grès Trias-Lias (groupe Dae-
dong); P-J, Paléozoïque-Liasindifférencié.
Structural map of the Nippo-Korean area, adapted from the geological map of Korea for this country, with
emphasis on the pre-Cretaceous structure. The Cretaceous granites and deformations in SW Japan are not
represented. In black: Triasico-Liasic granite of North Korea and Funatsu granite in the Hida zone. Cross:
Late Jurassic granite, Daebo, in Korea; in the Gyongsang basin they are Cretaceous Bulguksa
granites. C, Cambro-Silurian limestone (Joseon group); P, late Paleozoic-early Triasic detrital rocks (Pyongan
group); J, Trias-Lias detrital rocks (Daedong group); P-J, undifferentiated Paleozoic-Lias.

de « socle » en Corée reste encore à établir. Comme au Japon, les âges radiométriquesà
180 M.a. des roches métamorphiques [17] traduisent une réhomogénéisationisotopique
pendant la tectoniqueJurassique supérieur.
Il semble qu'il faille attribuer à l'orogenèse Songrim l'essentiel de la tectonique poly-
phasée et synmétamorphiqueconnue dans la zone Ogcheon [18], en particulier les linéa-
tions minérales et d'allongement, N 100 E, et peut être une partie des écaillages affectant
le Paléozoïque inférieur non métamorphique du NE ([3], [7]), L'orogenèse Songrim d'âge
Permien supérieur à Trias inférieur est contemporaine de l'orogenèse Akiyoshi [19] du
Japon SW. Il faut cependant noter qu'il existe très peu de points communs stratigraphi-
ques ou pétrologiques entre les deux régions, (a) Des roches métamorphiques de la zone
Hida (schistes d'Unazuki, fig.) ont été corrélées sur la base du métamorphisme avec la
zone Ogcheon et le groupe Yoncheon [5], mais ni l'âge des formations ni celui du
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985 729

métamorphisme n'est établi. (6) On ne connaît pas au Japon de socle Précambrien


comparable au massif de Ryongnam mais des galets de gneiss datés à 1700 M.a. sont
remaniés dans l'olistostromeJurassique supérieur de l'a zone Tanba [20]. (c) A l'exception
de quelques affleurements.de Siluro-Ordovicien dans la zone circum Hida [21], il n'existe
pas d'équivalent des grandes masses dé calcaire Cambro-Ordovicien. (d) Les faciès paléo-
zoïques du Japon SW ([11], [13]) : calcaire Permo-Carbonifèrede la nappe d'Oga, roches
métamorphiquesde HP de Saugun, olistostrome Permien de la zone Maizuru et ophiolites
Paléozoïques de Yakuno sont totalement inconnus en Corée.
LES GRAINITES CORÉENS ET LEUR SIGNIFICATION. — On connaît en Corée du Nord des
granites du Trias-Lias ([9], [17], fig. 1), comparables au granite de Funatsu de même âge
de la zone Hida du Japon [13]. Ils sont attribués à une subduction le long de la
marge du continent asiatique au Mésozoïque inférieur pendant le stade prétectonique de
l'orogenèse Jurassique supérieur du Japon SW [11]. Il y aurait aussi de tels granités en
Corée du Sud [22].
Les granites Daebo, d'âgé Jurassique supérieur ([9], [17]) sont de type S et ne ressem-
blent pas au granite de Funatsu [23]. Ils seraient plutôt à comparer avec les « anciens
granites » de la zone Ryoke-Abukuma mais un peu plus vieux. Au Japon les « anciens
granites » associés aux roches métamorphiques de Ryoke et d'origine anatectique sont
parfois au coeur de domes migmatitiques, leur formation liée à des mouvements trans-
currents, d'âge Crétacé, parallèle à la chaîne est proposée [30]. Une hypothèse analogue
peut être envisagée pour les granites Daebo, car ces granites passent à des mylonites liées
à des décrochements senestres, [22], orientés NE-SW (Direction sinienne).
Les granites Bulguksa, d'âge Crétacé sont de typé I comme les granites de même âge
du Japon SW ([28], [29]). Ils sont attribués à une subduction sous le Japon responsable
de l'orogenèse Shimanto au Crétacé supérieur-Paléogène. Ce magmatismeacide et intermé-
diaire est d'ailleurs un phénomène très largement répandu de Chine méridionale en
Sibérie [26].
CONCLUSION. — Ainsi, un critère géologique pour «refermer» la mer du Japon est
fourni en parallélisant les directions des « anciens granites » du Japon et des granites
Jurassique supérieur de Corée et les décrochements crétacés (MTL, faille Tanakura) avec
les failles de direction sinienne. Pour l'orogenèse Jurassique supérieur, on peut admettre
que la Corée et la partie Paléozoïque du domaine interne du Japon forment la marge
continentale contre laquelle vient s'accréter le contient de Kurosegawa produisant le
métamorphismeHP (Sanbagawa) et les nappes du Japon SW. La Corée peu affectée par
ces déformations devrait être encore plus éloignée de la zone de convergence. Une autre
possibilité serait de considérer que Corée et Japon appartenaient à deux blocs distincts
réunis au Crétacé par coulissage le long des décrochements siniens. Il s'agirait alors d'un
exemple de collage comme on en connaît sur l'autre rive du Pacifique.
Remise le 25 mars 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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symposium (in press).
[11] M. FAURE, M. CARIDROIT et J. CHARVET, Tectonics (submitted).
[12] Ces travaux ont été financés par l'A.S.P. blocs et collisions.
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[19] T. KOBAYASHI, J. Fac. Sc. Univ. Tokyo, 5, 1941, p. 219-578.
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[21] H. IGO, S. ADACHI et H. FURUTANI, Proc Japan Acad., 56, B, 1980, p. 499-503.
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[23] J.-T. IIYAMA et M. FONTEILLES, Mining Geol, 31, 1981, p. 281-295; S. ISHIHARA, D. S. LEE et S. Y.
KIM, Mining Geol, 31, 1981, p. 311-320.
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[26] M. TAKAHASHI, in Accretion tectonics in the circum-Pacific region, Terrapub, Tokyo, 1983, p. 69-88.

M. F. : Laboratoire de Géologiestructurale, Département des Sciences de la Terre,


Université d'Orléans et CN.R.S.-L.A. 215, 45046 Orléans Cedex;
J.-P. C. : Laboratoire de Géologiedynamique,
Département des Sciences de la Terre,
E.R.A. 764, Université d'Orléans, 45000 Orléans.
C..R. Acad. .Sc, Paris,t. 301, Série II, n° 10, 1985 731

TECTONIQUE, — Analyse d'un modèle de plissement par glissement (ou cisaillement) :


simulation géométrique et première application aux Pyrénées hercyniennes. Note de Jean
Delteil, présentée par Jean Aubouin.

Une simulation de pli par cisaillement de sens constant mais d'amplitude variable est à même de rendre
compte de la géométrie des plis naturels de type semblable. De plus, dans la mesure où le flanc inverse de tels
plis peut, dans certaines conditions, être aminci par rapport au flanc normal, la géométriedes plis peut fournir
un critère de sens de cisaillement ayant accompagné la genèse du plissement. L'application du modèle aux plis
hercyniensdes Pyrénées est en faveur d'une vergence méridionale de ces structures.

TECTONICS:— Analysis of a shp-folding (or shear-folding) model: geometricsimulation and first applica-
tion to hercynian Pyrénées.
A simulation of shear-fôlding of uniform-sense but of heterogeneous amplitude is able to elucidate geometry of
natural similar folds. Moreover,and as far as reverse limb of such folds may be thinned with respect to normal
limb (according to appropriate conditions), geometry of folds provides a sense of shearing criterion accompaniing
folding. Application to Pyrenean Hercynianfolds leads to a southwards vergence of these structures.

INTRODUCTION. — La forme des plis semblables : pli de type 2 de Ramsay [1] peut être
obtenue géométriquement par translation d'amplitude variable parallèllement à l'axe
géométrique a du pli, ([1], [2]). Cette caractéristique géométrique pose cependant un
problème mécanique relevé par les auteurs ([1], [2]. [3]) dans la mesure où l'on fait appel
à des sens de cisaillement opposés sur les deux flancs d'un même pli. La présente étude
a pour but de montrer qu'il est possible d'engendrer des plis respectant la géométrie
propre aux plis semblables en ne sollicitant qu'un seul sens de cisaillement sur les deux
flancs du pli considéré et d'évaluer les conséquences structurales de cette possibilité.
CARACTÉRISTIQUESDES PLIS SEMBLABLESOBSERVÉS. — Les formes de plis relevées dans la
partie supérieure de l'enveloppe schisteuse de l'édifice métamorphique hercynien des
Pyrénées permettent d'observer les tous premiers stades de ce type de déformation. Au
Sud d'Osseja, sur le flanc méridional du massif du Canigou un échantillon (pl. I, éch.
n° 19') prélevé dans la série de Jujols, définie par Guilard [4], permet de reconnaître un
anticlinal synschisteux relativement ouvert. Dans cette structure apparaissent trois types
de marqueurs structuraux, ce sont : la schistosité (S1) de plan axial, l'orientation globale
de la stratification (So) qui dessine les flancs du pli, mais également l'orientation initiale
de la stratification (So) par rapport aux deux éléments structuraux précédents. En effet
dans des microlits légèrement plus compétents de la série, la schistosité a découpé des
microlithons beaucoup plus épais (3 à 10 mm) que dans les microlits ductiles (0,1 mm).
Dans les mierolithons épais la stratification a été préservée, elle présente encore et après
le plissement une orientationrelativementstable et ceci dans les différents secteurs du pli
(flanc normal,: charnière, flanc inversé). Le dispositif géométrique qu'offre l'intersection
de la stratification préservée avec la schistosité dessine des parallélépipèdes dont les
décalages sur les plans de schistosité sont plus où moins accentués mais de même sens.
Des figures de dissolution sont localement perceptibles, elles ne sont cependant pas à
même d'expliquer les décalages des marqueurs stratigraphiques, au contraire leur interven-
tion n'a pu dans ce cas : que diminuer l'amplitude de glissements préexistants. Des
cisaillements de même sens sur la schistosité existent donc dans les deux flancs d'un
même pli synschisteux, ceci a: pu être confirmé par l'observation de queues de cristallisa-
tion (pressure shadows [5]) autour de critaux de pyrite.
0249-6305/85/03010731 $ 2.00 © Académie des Sciences
732 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

Épaississement maximal d'une strate par cisaillement simple dextre. So, stratification; txs0, orientation de la
stratification par rapport à la direction de cisaillement; e, direction de l'épaisseur; ace, orientation de la
direction de l'épaisseur par rapport à la direction de cisaillement; \|/, angle de cisaillement; C.R.D.I., champ
de raccourcissementde la déformation infinitésimale; C.R.D.F., champde raccourcissementde la déformation
finie (en pointillé : directionsde déformation linéaire nulle); 7x7, direction de l'axe d'allongement de la
déformation finie; 0, orientation de l'axe d'allongement de la déformation finie par rapport à la direction
de cisaillement.
Maximum thickening of a strata by dextral simple shear. So, stratification; a^.so, stratification orientation with
respect to shearing direction; e, thickness direction; a,e, thickness direction orientation with respect to shearing
direction; \|J, shear angle; C.R.D.I., shortening feald of infinitesimal strain; C.R.D.F., shortening feald of finite
strain (dotted lines: directions of nolongitudinal strain);J\, extension axis direction of finite strain; 0,
orientation of extension axis of finite strain with respect to shearing direction.

L'amplitude du cisaillement synschisteux n'est évidemment pas la même sur les deux
flancs du pli, elle est plus forte sur le flanc inverse que sur le flanc normal. Un échantillon
EXPLICATIONS DES PLANCHES

Planche I
Échantillon n° 19' : Pli anticlinal dans la formation de Jujols au S d'Osseja, flanc sud du massif du Canigou,
feuille de Saillagouse 1/50000, c. l. 572-11,5, flanc normal (en haut) et flanc inverse (en bas) affectés par des
cisaillements de même sens. L'amplitude des déplacements est plus forte sur le flanc inverse (y de 0,9) que
sur le flanc normal (y de 0,8).
Sample No. 19' : Anticlinal fold from Jujols formation, S of Osseja, southern flank of Canigou massif, Saillagouse
1/50,000 sheet, c. l. 572-11.5, normal limb (top) and reverse limb (bottom) with same shearing
sense. Displacement amplitude is greater on reverse limb (y = 0.9) than on normal limb (y = 0.8).
Échantillon n° 8 : Pli synclinal dans la formation de Jujols, vallon d'Evol, flanc nord du massif du Canigou,
feuille de Prades 1/50 000, c. 1. 592-32,5,le flanc normal (en bas) est épaissi par microplissementet microfailles
inverses, particulièrementbien visibles dans les microlits compétents. Le flanc inverse (en haut) est étiré au
point de devenir beaucoup moins épais que le flanc normal. La dissymétrie du plissement indique un sens
méridionalde la vergence du cisaillement.
Sample No. 8: Synclinal fold from Jujols formation, Evol valley, northern flank of Canigou massif, Prades
1/50,000 sheet, c. l. 592-32.5, normal limb (bottom) is thickened by microfolding and microfaulting particularly
obvious in competent microlayers. Reverse limb (top) is so stretched so that it became much thinner than
normal limb. Dissymmetry of folding indicates a southwards vergence of shearing.
JEAN DELTEIL
PLANCHE I/PLATE I
PLANCHE II/PLATE II
C. R. Acad. Sc, Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985 735

Planche II

Modèle de pli semblable obtenu par cisaillement simple hétérogène (pli par cisaillement ou glissement).
Similarfold type obtained by heterogeneous simple shear (shear- or slip-foldihg).

prélevé dans la même série de Jujols, au Nord d'Evol, sur le flanc nord du massif du
Canigou (pl. I, éch. nc 8) illustre cette variation. Le pli synclinal est relativement fermé,
les différences de compétence entre microlits sont très faibles, néanmoins le flanc normal
du pli apparaît nettement raccourci avec microplis et microfailles inverses, alors que le
flanc inverse fortement étiré a rejoint le champ d'allongement de la déformation rotation
nelle plane de type isovolumique.
PROPOSITIOND'UN MODÈLE DE DÉFORMATION. — La constance de l'épaisseur des strates
mesurée suivant l'axe géométrique a permet d'envisager que le plan axial puisse être le
plan de non-déformation parallèle au plan de cisaillement d'une déformation rotationnelle
([6], [7]). Dans le cas où un seul sens de cisaillement se manifeste et les joints So se situant
dans le champ de raccourcissementdu premier incrément de la déformation, les strates
seront, au cours de la déformation progressive, d'abord raccourcies (et leur épaisseur
sera augmentée) ceci tant que les valeurs de y seront insuffisantes pour les faire passer
dans le champ de raccourcissementde la déformation finie. Le raccourcissementparallèle
aux joints So et donc l'épaississement des strates atteindront leur maximum lorsque S'o
sera globalement orientée à 90° de la direction de cisaillement (fig. 1), c'est-à-dire pour
une valeur de y telle que \|/—aretg y =aSo—(TE/2)= ae, (oso et ote étant les angles que font
respectivement la stratification et l'épaisseur de la strate avant déformation avec la
direction de cisaillement). Pour cette valeur de \|/=ae, So est située à la limite des;
champs d'allongement et de raccourcissement de la déformation infinitésimale, tout nouvel
incrément fera alors basculer les strates dans le champ d'allongement ce qui aura pour
effet de les amincir. Cet amincissement peut conduire les strates à présenter à l'envers
(par rapport à la surface de cisaillement) une épaisseur égale à leur épaisseur initiale, ou
même,: si le cisaillement est accentué, une épaisseur inférieure.
Les différentes étapes de la déformation d'une strate peuvent être reconnues dans le
même objet déformé pour peu que le cisaillement, toujours stable quant à son sens,
présente une hétérogénéitédans son amplitude. Dans le cas de la planche II, des valeurs
relativement faibles de y ( = 1,7) épaississent les strates tout en respectant leur polarité
originelle (flanc normal), des valeurs plus fortes de y telles que \|/=aè = 80° conduisent à
un épaississement maximal dans la charnière du pli, enfin un flanc inverse se développe
pour des valeurs de y plus importantes (y=8,8).
Les contraintes imposées par le modèle de déformation sont de deux ordres :
champ de raccourcisse-
— d'ordre cinématique : les strates doivent être situées dans le
ment du premier incrément de cisaillement. En effet, si les strates étaient au départ situées
dans le champ d'allongement, elles ne pourraient qu'y rester quel que soit la progression
de la déformation. Nous notons à ce propos que des strates proches de l'horizontale
subissant une cinématique compressive non coaxiale répondent favorablement à cette
condition;
la
— d'ordre géométrique : l'orientation de So par rapport à direction de
cisaillement
doit être telle que aso soit inférieur à l'angle que fait, en fin de déformation, le flanc
normal du pli avec cette même direction de cisaillement. Dans le cas contraire, il
deviendrait nécessaire de faire appel à des sens de cisaillement opposés pour respecter la
736 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

géométrie du plissement, ce qui serait en contradiction avec le modèle cinématique


proposé.
CONCLUSION. — Le cisaillement pénétratif hétérogène en amplitude apparaît en même
temps que la schistosité, il est mécaniquement compatible avec un contexte compressif
rotationnel. Cette déformation conduit, pour des valeurs suffisantes de y à des plis
dissymétriques susceptibles de fournir un critère de sens de cisaillementutile à l'interpréta-
tion des édifices structuraux semi-profonds. A cet égard, nous constatons que l'amplitude
du cisaillement alternativement croissante en allant des flancs normaux vers les flancs
inverses et décroissante en allant des flancs inverses vers les flancs normaux s'accorde
avec l'hétérogénéité de la pénétrativité du débit schisteux constatée sur le terrain. La
géométrie des plis, compatible avec la simulation de plissement par glissement confortée
par les données stratigraphiques régionales, ainsi que par les observations à l'échelle de
la lame mince, conduit à proposer une vergence méridionale pour les structures hercynien-
nes des Pyrénées.
Remise le 20 mai 1985, acceptée après révision le 1er juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Laboratoire de Géologie-Structurologie,Université de Nice, parc Valrose, 06034 Nice Cedex.


C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Sérié H, n° 10, 1985 737

GÉODYNAMIQUE. — Contribution à la connaissance de l'origine du Bassin de Paris


à partir d'un graben initial. Intérêt économique, Note de André Durandau et Anthony
Koning, présentée par Jean Aubouin.

L'origine du Bassin de Paris serait due à une phase d'extension de la lithosphère ayant entraîné la formation
d'un graben initial, d'âge paléozoïque supérieur, dont la partie orientale serait représentée par le. fossé
sarro-lorrain et la partie occidentalepar la dépressionContres-Laval. La partie centrale de ce graben pourrait
être assimilée aux « fossés gravimétriques. " de la région parisienne. La disposition actuelle déhanchée de cette
guirlande de fossés peut s'expliquer par l'action de décrochementstardi-hercyniens et par la conception d'une
faille Bourgogne-Picardie,considérée comme nouvelle limite septentrionale entre blocs arverno-vosgien et
ardennais dans le soubassement hercynien. Cette nouvelle interprétation géotectonique peut intéresser, les
recherches pétrolières ainsi que les prospections minières sous couverture dans lé Bassin de Paris.

GEODYNAMICS.— Study on an initial graben origin of the Paris Basin. Economicimplications.


The origin of the Paris. Basin would have be sought in a lithospheric extension with the generation of an
initial graben of Upper Paleozoic age, likely represented in the east by the Saar-Lorraine trough and, in the west,
by the Contres-Laval depression. The graben could be assimilated in the center with the "gravity troughs" of
the Paris region. , The present configuration of this string of troughs, broken up by Late Hercynian wrench
movements, could best be explained by introducing a Burgundy-Picardie fault as a new northern boundary between
the Vosges-Arverneand Ardennes Hercynian basement blocks. Explorationfor both hydrocarbons and mineral
deposits in the Paris Basin might benefit by this new geotectonic interpretation.

Le Bassin de Paris a vraisemblablement connu, comme d'autres bassins du même type


cratonique, une phase initiale taphrogénique, par extension de la lithosphère, suivie d'une
phase de flexure, par relaxation visco-élastique de la croûte ([1], [2]). Des études récentes,
entreprises sur ce sujet dans le Bassin de Paris, ont permis de dégager l'allure des fosses
originelles du bassin en reconstruisant sa subsidence tectonique et thermique [3]. Cette
recherche de fossés tectoniques peut être complétée en tenant compte du fossé sarro-
lorrain dans l'Est. Les sondages pétroliers l'ont reconnu en France jusqu'à la Meuse,
avec un remplissage carbonifère et permien de plusieurs milliers de mètres de sédiments
et de volcanoclastites, sous la couverture mésozoïque. L'importance de ce fossé est telle
que l'on est naturellement amené à se poser la question de savoir s'il ne représenterait
pas le graben initial du Bassin de Paris et, dans ce cas, de rechercher sa prolongation
éventuelle dans le substratum vers l'Ouest.
La prolongation que nous proposons passerait par le dépocentre de Lhuitré, à remplis-
sage stéphano (?)-permien, ensuite par les « fossés gravimétriques » de la région pari-
sienne, puis par le dépocentre de Contres qui se prolonge vraisemblablement par le fossé
de Laval [4]. Le déhanchement actuel de cette guirlande de fossés serait dû aux décroche-
ments tardihercyniens.
Les « fossés gravimétriques » avaient été interprétés comme étant le reflet de la présence
de grabens en profondeur, avec un remplissage probable de plusieurs milliers de mètres
de sédiments relativement légers par rapport à la densité de l'encaissant [5]. Cette
interprétation fut ensuite abandonnée en raison des résultats du sondage pétrolier Grisy-1
qui auraient; révélé un « socle granitique » à l'emplacement du fossé gravimétrique au
Sud de Paris et avaient amené de ce fait l'interprétation d'un batholite [6] au lieu d'un
graben.
Cependant, la présence d'un massif granitique homogène en fond de trou de Grisy-1
nous paraît contestable. D'abord, un ré-examen des déblais de forage (aucune carotte

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C. R., 1985,2e Semestre (T. 301) Série II — 55


738 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985

n'existant dans la séquence dite « granitique ») laisse planer un doute sérieux sur la
présence de ce massif, compte tenu, en particulier, de l'hétérogénéité des fragments de
roches observés (calcaires, grès, quartzites, micaschistes, dolérite, granite, etc.). En outre,
le log de pendagemétrie continue, enregistré depuis le fonds du trou, révèle une physiono-
mie, à la hauteur du « socle granitique », qui ne milite pas en faveur d'un granite mais
plutôt d'un matériel sédimentaire qui pourrait être un conglomérat.
Il est à noter que certaines interprétations de la présence de socle devraient être
reconsidérées également pour d'autres sondages pétroliers, forés dans les zones des
« fossés gravimétriques ». La présence d'un volcanisme (Vulaines-1 : éléments de roches
volcaniques acides dans les déblais à 3055 m), vraisemblablement d'âge permien, comme
dans le fossé sarro-lorrain, ainsi que les effets d'altération de certains sédiments par
hydrothermalisme, voire métasomatosecarbonatée ou sodique (Nantouillet-1 : grès albiti-
que de 2442 à 2459 m), peuvent avoir amené des confusions dans l'interprétation et
laissé croire à la présence de socle cristallin.
Quant au déhanchement de la guirlande de fossés, nous connaissons déjà le fort
décrochement tardi-hercynien senestre du bloc arverno-vosgien dans le substratum du
bassin, par rapport au bloc armoricain à l'Ouest ([7], [8]). Le bloc ardennais, solidement
ancré dans le Nord au Massif de Brabant, aurait dû faire obstacle à la progression du
bloc arverno-vosgien. Ainsi, la suture entre ces blocs devrait être relativement plus
complexe que celle présentée d'habitude dans les publications. Ces dernières indiquent,
selon la région considérée, une simple faille [9], un chevauchement dans les Vosges [10],
et enfin un léger cisaillement dans le Pays de Bray [11].
L'examen des données gravimétriques nous permet de proposer une nouvelle localisa-
tion de cette suture importante. En effet, l'expression gravimétrique, relativement uni-
forme sous la partie orientale du bassin, s'estompe brusquement sur une ligne qui passe
par le confluent de l'Aube et de la Seine, par Compiègne, puis contourne Amiens par
l'Est pour enfin toucher la Manche aux environs de l'embouchure de l'Authie. On peut
envisager l'hypothèse de l'existence d'une faille importante suivant ce tracé. Celle-ci
résoudrait le problème du décrochement partiel du bloc arverno-vosgien par rapport au
bloc ardennais à condition d'admettre que, sous les contraintes tardi-hercyniennes, la
partie nord-occidentale du bloc arverno-vosgien s'est détachée du bloc-mère et a, seule,
continué sa progression en cisaillement. Cette unité, que l'on peut dénommer sous-bloc
picard, se situe ainsi entre deux décrochements, l'un correspondant à la Grande Anomalie
Magnétiquedu Bassin de Paris, à l'Ouest, l'autre à la ligne Bourgogne-Picardie que nous
venons de définir.
Dans cette hypothèse, il convient de mentionner que :
(i) la poussée du sous-bloc picard aurait provoqué, par poinçonnement tectonique, les
dislocations révélées par l'écorché du Paléozoïque du Nord de la France [12], notamment
la nette virgation du synclinorium de Dinant (Picardie);

EXPLICATIONS DE LA PLANCHE

Guirlande hypothétique de fosses d'effondrementdans le soubassementdu Bassin de Paris, déplacée par failles
décrochantes tardi-hercyniennes.
Hypothetical string of tectonic troughs in the basement of the Paris Basin, broken up by late hercynian wrench
faults.
PLANCHE I/PLATE I ANDRÉ DURANDAU
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10, 1985 741

(ii) des remontées magmatiques tardi-hercyniennes le long de la faille Bourgogne-


Picardie expliqueraient les coulées de roches éruptives observées dans les sondages de
Sarton, Orville ([13], [14]), Herbécourt [14] et Frohen-le-Petit;
(iii) un corps plutonique se serait introduit ultérieurement en profondeur dans une
ouverture de cette faille et aurait façonné le vaste dôme de Santerre en Picardie, par
bombement dès formations crétacées. La présence de ce corps serait soulignée par
l'analyse structurale de l'image thermographique,obtenue par satellite Tiros-N, ainsi que
par l'expression magnétique [15] (fortes anomalies négatives). Elle explique les tremble-
ments de terre historiques [16] dans la région et, par rejeu néotectonique, cette fameuse
boucle de la Somme qui intrigue les géographes.
La faille Bourgogne-Picardie et le sous-bloc picard, ainsi envisagés dans le soubassement
du Bassin de Paris, peuvent donc expliquer la disposition déhanchée du graben initial,
déhanchementprovoqué par les mouvements tardi-hercyniens. Les premiers résultats du
profil « Structure hercynienne du Nord de la France », par méthode sismique sur une
trentaine de kilomètres de profondeur, réalisé par le projet Ecors [17], ne semblent pas
contredire l'image structurale proposée ici. Les réflecteurs à l'aplomb du passage supposé
du décrochement Bourgogne-Picardie, indiquant un bombement anormal vers les profon-
deurs de 5 à 6 km, sous le sondage de Vermandovillers, pourraient trahir ce corps
plutonique probable sous le dôme de Santerre.
Ce schéma de l'origine du Bassin de Paris peut être ainsi comparé à celui d'un autre
bassin cratonique ouest-européen, celui de la Mer du Nord. Dans ce dernier, bien que
d'origine plus jeune (Trias), les « grabens initiaux » y ont été parfaitement reconnus,
grâce aux nombreux travaux pétroliers, couronnés de beaux succès.
Cette nouvelle interprétation géotectonique du Bassin de Paris peut donc intéresser
aussi bien les recherches pétrolières que les prospections minières sous couverture de
morts-terrains :
(i) on peut s'attendre à la présence, dans le remplissage sédimentaire des grabens, de
couches de charbon et de roches-mères de pétrole, d'âge carbonifère [18] et permien.
Ainsi, des accumulations de méthane dans des réservoirs permocarbonifèreset triasiques,
généré dans du charbon à grande profondeur, comme le gisement de Trois Fontaines le
prouverait, ne sont pas à négliger dans l'ensemble de ces fossés. D'autre part, une
migration d'hydrocarbures liquides, par failles décrochantes ou bordières de fossés, à
partir de roches-mères profondes, offre une explication, à notre avis plus satisfaisante,
des accumulations de pétrole, récemment découvertes dans le Trias (à Chaunoy et dans
les régions avoisinantes), qu'en faisant jouer une migration per descensum à partir du
Lias;
(ii) les minéralisations (uranifères ou autres) peuvent avoir été favorisées par piégage
et concentration en milieu réducteur dans les dépressions à caractère distensif créées par
la tectonique, la subsidence rapide entraînant la formation de biseaux stratigraphiques
ainsi qu'un enfouissement des sédiments avec matières organiques. Des minéralisations
uranifères permiennes similaires à celles de Lodève (Sud du Massif Central) pourraient
ainsi exister dans les fossés tectoniques du Bassin de Paris, favorisées par la présence
d'un Autunien gris, parfois bitumineux (sondage de Lhuitre).
La recherche de minéralisations peut également être orientée vers le cryptovolcanisme
des linéaments. Par le biais d'un hydrothermalisme empruntant la voie des failles et
cassures profondes, des minéralisations peuvent se développer au sein des sédiments
détritiques ou dans le socle à proximité de la discordance, liées à l'évolution des solutions
diagénétiques ([19], [20]).
742 C. R. Acad. Sc. Paris, t 301, Série II, n° 10, 1985
Il convient enfin de signaler que des études, encore en cours, entreprises à l'initiative
du C.E.A. sur les formations du Tertiaire inférieur dans la zone cisaillante de la Grande
AnomalieMagnétique(kaolinite d'Angervilliers), viennent de révéler la présence de grains
de quartz d'origine volcanique.
Remisele 24 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] D. MCKENZIE, Earth and Plant. Sc. Letters, 40, 1978, p. 25-32.
[2] Ch. BEAUMONT, Geophys. J. Royal Astr. Soc, 55, 1978, p. 471-497.
[3] M. F. BRUNET et X. LE PICHON, J. Geophys. Res., 87, 1982, p. 8547-8560.
[4] C. WEBER, Bull. B.R.G.M., (2), II, 1973, p. 219-343.
[5] A. GERARD, Bull. B.R.G.M., (2), I, 1971, p. 75-88.
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[7] G. LEROUGE, Thèse, Université d'Orléans, U.E.R., Sc. Fondam. et Appl., 10 mai 1984.
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[10] A. ALTRAN et J. COGNE, 26e Congrès Géol. Intern., Paris, Coll. C-6, p. 92-111.
[11] R. WYNS, Bull. Soc. geol. Fr., XXII, 1980, p. 681-684.
[12] C.F.P. (N), COPESEP, R.A.P., S.N.P.A., Ann. Soc géol du Nord, 85, 1965, p. .273-280; Ann. Soc.
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.
[13] A. BOUROZ, Comptes rendus, 248, 1959, p. 2611-2613.
[14] N. MORRE-BIOT, Inst..Sc. Nat., Besançon, Geol. (3), 10, 1970.
[15] P. V. SHARMA, Meddr. Dansk, Geol. Foren., 19, 1970, p. 386-377..
[16] B.R.G.M., Mémoire, 96, 1980, J. VOGT éd.
[17] ECORS, Informations, (2), décembre 1984.
[18] D. TRUMPY et B. CLAVIER. Rev. I.F.P., Hors série, 1955, p. 5-31.
[19] M. PAGEL, B. POTY et S. M. F. SHEPPARD, Uranium in the Pine Creek Geosyncline, I.A.E.A., Vienne,
1980, p. 639-654.
[20] M. PAGNEL éd., Geol. Geochim. Uranium, Mem. Nancy, 1983, 1, 380 p,

A. D. : Commissariatà l'Energie atomique,


Direction de l'Approvisionnement en Matières nucléaires,
31-33, rue de la Fédération, 75015 Pàris;
A. K. : Bureau de Géologue-conseilpétrolier, 15, rue Marguerite-de-Navarre,78540 Vernouillet.
C. R. Acad. Sc. Paris t. 301, Série II, n° 10, 1985 743

GÉODYNAMIQUE. Premiers résultats de la campagne d'essai du submersible



français « Nautile » dans la fosse de Porto-Rico (Grandes Antilles). Note de Xavier
Le Pichon, Correspondant de l'Académie, Jean Iiyama, Jacques Bourgois, Bernard
Mercier de Lepinay, Jean Tournon, Caria Müller, Jacques Butterlin et Georgette Glaçon.

Pendant les plongées d'essai du submersible Nautile sur le mur interne de la fosse de Porto-Rico, dans le
Canyon de Mona et au Nord de San Juan, à la faveur de reliefs de failles normales, des calcaires et des
gabbros ont été observés et prélevés entre 5 000 et 6 000 m de profondeur. Les calcaires, d'âge Miocène moyen
(16 à 14,5 M.a.) reposent stratigraphiquement sur les gabbros. Calcaires et gabbros sont connus à terre, en
République dominicaine et à Porto-Rico. Prenant en compte les résultats antérieurs du submersible Alvin, le
mur interne de la fosse de Porto-Rico a subi un effondrement d'environ 6000 m pendant les derniers
600000 ans, ce qui représente une vitesse moyenne de subsidence de l'ordre de 1 cm/an. Seule l'érosion
sous-crustalenous paraît capable de rendre compte d'une subsidence aussi rapide.

GEODYNAMICS.— First results of the test dives of the French submersible Nautile in the Puerto Rico
trench (Greater Antilles).
During technical test dives of the French submersible Nautile in the Mona Canyon off Puerto Rico scarps of
large normal faults have been sampled between 5,000 to 6,000 m water depth. Shallow water limestones that are
Middle Miocene in age and green schist facies metagabbro were obtained. The gabbroes are unconformably
overlain by the limestones as on shore in Puerto Rico and Hispaniola. Thus, taking into account the previous
results of the Alvin dives, the inner wall of the Puerto Rico Trench subsided by about 6,000 m since 600,000 y,
i. e. with a subsidence rate of 1 cm/y. We suggest that suhcrustal erosion is the only possible mechanism for such
a rapid subsidence.

Dans le cadre du projet franco-japonais Kaïko, la France a développé la construction


et la mise au point d'un submersible capable d'atteindre 6000 m de profondeur. Ce
submersible, d'abord appelé S M 97 en raison du fait qu'il a la possibilité d'explorer 97 %
des fonds sous-marins, a été baptisé du nom de Nautile.
Les plongées d'essai de ce nouveau sous-marin ont eu lieu aux mois de mars et avril
dans la fosse de Porto-Rico qui présente en particulier des caractéristiques suffisantes de
profondeur. Cette fosse (pl. I) atteint en effet 8 200 m au débouché du Canyon de Mona
dans lequel l'engin français a effectué ses premiers prélèvements.
La fosse de Porto-Rico est l'une des expressions morphologiques les plus spectaculaires
de la frontière septentrionale de la plaque Caraïbe. Elle se raccorde vers l'Est au front
du prisme d'accrétion de la Barbade et vers l'Ouest, à la zone d'accrétion océanique de
Caïman par l'intermédiaire de la faille transformante de Oriente dont la direction
(N 70° E) donne celle du mouvement relatif entre les plaques Amérique du Nord et
Caraïbe, en accord avec les travaux de McCann et Sykes [1]. Cette direction est plus ou
moins frontale à celle de l'arc des Petites Antilles, ce qui explique le développementdu
prisme de la Barbade dans cette région [2].
Vers le Nord, la fosse de Porto-Rico présente une direction générale E-W, proche de
celle du mouvement relatif des plaques Amérique du Nord et Caraïbe, ce qui implique la
prédominancedu décrochementdans ce secteur, compatible avec une réduction du prisme
d'accrétion à ce niveau. Les données magnétiques ([3], [4]), morphologiques([5], [6]) et
cinématiquessuggèrent d'autre part que la « Main Ridge » et la plate-forme des Bahamas
qui s'engagent sous la frontière de plaque au Nord sont respectivement le prolongement
des rides aséismiques de Barracuda et de Tiburon qui s'engagent sous le prisme d'accrétion
de la Barbade à l'Est [1].
La plate-forme des Bahamas a fait l'objet à la fois de dragages [7] et de prélèvements
effectués lors de plongées de l'Alvin [8] sur le Navidad Bank (fig. 1), situé au abords
même du contact de subduction (pl. I). Il ressort de ces travaux que la plaque plongeante

0249-6305/85/03010743 $ 2.00 © Académie des Sciences


744 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10,1985

présente dans cette région une épaisse série de plate-forme constituée de calcaires oolithi-
ques et de dolomies dont les âges s'étagent du Crétacé au Cénozoïque sur des épaisseurs
de l'ordre de 4 à 5 km [5].
Le mur interne de la fosse de Porto-Rico, entre Hispaniola à l'Ouest et les Iles Vierges
à l'Est a également fait l'objet de dragages ([7], [9]) comme de prélèvements en plongée
de l'Alvin [8]. Quatre grands types de roches ont été récoltés à ce jour. Ce sont (pl. I) :

des calcarénites qui correspondent à des dépôts de faible profondeur (moins de
200 m) et dont les âges sont compris entre 30 M.a. et l'Actuel. C'est le cas en particulier
des faciès coralliens, en place, prélevés par l'Alvin [8] à 3 680 m de profondeur;

des roches issues dé séries d'arc volcanique, calco-alcaline, comme l'ont montré
certains dragages [9] effectués dans le Canyon de Mona;

des roches faiblement métamorphiques, comportant pour l'essentiel des gabbros et
des basaltes, reconnues au Nord des Iles Vierges;
— et
enfin des roches hautement métamorphiques de faciès schiste bleu ([7], [8], [9])
situées au Nord-Est d'Hispaniola.
A terre, dans l'île de Porto-Rico, des calcaires de plate-forme d'âge oligocène à actuel
(30 M.a. à actuel) recouvrent les bordures N et S de l'île [10].
Des séries volcano-détritiques,essentiellement constituées de matériel calco-alcalin d'âge
barrémo-aptien à sénonien (110 à 70 M.a.), constituent l'ossature de l'île. On retrouve
ces mêmes séries crétacées dans la Cordillère orientale de la République dominicaine [11],
associées à des calcaires pélagiques d'âge sénonien (90 à 70 M.a.). Cet ensemble, déformé
au Sénonien supérieur, recouvert en discordance par des conglomérats rouges d'âge
paléocène puis, par endroits, par des calcaires récifaux d'âge éocène supérieur est surmonté
en discordance par la formation Cevicos, constituée pour l'essentiel de calcaires de fosse
de Porto-Rico (16 M.a. à Actuel) ([11], [12]).
Dans la presqu'île de Samana affleurent des roches métamorphisées dans le faciès
schiste bleu. Plus au Sud, dans la Cordillère centrale, on retrouve un assemblage ophioliti-
que qui présente également un métamorphisme haute-pression (formation Duarte). Cet
ensemble de roches hautement métamorphique est plus ancien que 125 M.a. ([12], [13])
(fig. 1). Dans la Cordillère centrale, la formation Duarte est recouverte par une nappe
ophiolitique plus récente dont les parties les plus profondes comportent des harzburgites.
Ce complexe ophiolitique, d'âge Crétacé, est plus faiblement déformé et plus faiblement
métamorphique que les roches de la formation Duarte.
A Porto-Rico, au SW de l'île, on retrouve sous les calcaires de plate-forme d'âge
oligocène des roches d'assemblage ophiolitique [14]. Leur âge, leur déformation, leur
métamorphisme suggèrent la présence des deux complexes reconnus en République
dominicaine, dans la Cordillère centrale.
La plongée 18 du Nautile (X. Le Pichon, 3 avril 1985) dans le Canyon de Mona (fig. 1)
a permis de reconnaître, entre 5 000 et 6000 m, une série de falaises abruptes représentant

EXPLICATIONSDES PLANCHES

Planche I

Localisation des prélèvementssur les murs interne et externe de la fosse de Porto-Rico.


Sampled site location off Puerto Rico and Hispaniola.
PLANCHE II/PLATE II
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10,1985

Planche II
747
1. Contact stratigraphique des calcarénites langhiennes (blanches) sur des gabbros (sombres) par 5765 m de
profondeur.
1. Gabbros (dark) unconformably overlain by the Langhian calcarenitic limestone (white) under 5,765 m water
depth.
. Prélèvementd'un échantillon de gabbro par 5589 m de profondeur.
2. Sampling of gabbro under 5,589 m water depth.

l'expression morphologique de failles normales. Deux types de roches, bien repérables à


leur couleur, affleurent sur ces falaises : il s'agit de gabbros, sombres, et de calcaires
blancs (pl. I, 1 et 2).
Un échantillon de gabbro a été prélevé en place. La roche a recristallisé dans le faciès
schiste vert, elle est dépourvue de pyroxène relique. Cependant sa texture magmatique
(grenue gabbroïque) est reconnaissable : plages automorphes constituées d'albite et d'épi-
dote qui remplacent le plagioclase calcique, plages xénomorphesd'amphibole qui rempla-
cent le pyroxène. La roche ne présente aucune évidence de, déformation. L'analyse
chimique suggère une origine tholéiitique d'arc.
Les amphiboles en grands cristaux vert pâle, groupés en amas, ont des compositions
de hornblende actinolitique [15]; leurs bordures, ainsi que des cristaux fibreux plus petits,
ont des compositionsd'actinote. L'albite apparaît en sections souvent à contour rectangu-
laire qui renferment de très nombreux cristaux très fins d'épidote (7 à 11,5% de Fe2O3).
On note par ailleurs la présence de quelques grands cristaux d'épidote, plus riches en
MnO (environ 1%). La chlorite est rare. Le sphène automorphe est assez abondant,
tandis que des cristaux d'apatite correspondent à des reliques magmatiques. Enfin, on
note la présence de micas peu abondants. Il s'agit de muscovite ferromagnésienne
(FeO = l
MgO = 3 %).
%;

Ce gabbro a subi un métamorphisme de relativement basse température (inférieure à


500°C). On peut reconstituer l'évolution suivante : (1) cristallisation de la hornblende
actinolitique à une température inférieure à 500° C; (2) à plus basse température, cristallisa-
tion de l'actinote, de l'albite, de l'épidote, de la chlorite et du sphène.
Ce métagabbro pourrait avoir subi un métamorphisme« statique » en milieu océanique
et correspondre à la croûte océanique de la plaque Nord-Américaine plongeante. Toute-
fois, la muscovite n'est pas connue dans les métabasites de croûte océanique où les faibles
quantités de K2O entrent dans la composition de céladonites [16]
Ce métagabbro appartiendrait plus vraisemblablement aux; ensembles gabbroïques
connus à terre, à Porto-Rico et Hispaniola. Son faible degré de métamorphisme et de
déformation suggère qu'il puisse appartenir à l'unité ophiolitique supérieure, d'âge Cré-
tacé, qui couronne l'édifice structural de la cordillère centrale, en République
dominicaine [17].
Les calcaires correspondent à des calcarénites. La microfaune qu'ils contiennent
[Sorties sp. ou Miosorites sp., Archaias angulatus (Fichtel et Moll), Amphistegina sp.
(forme épaisse indéterminée), A. sp. gr. A. lessoni, Sphaerogypsina sp. et Miliolidae] indique
leur dépôt sur une plate-forme continentale; une riche association à Sorites-Archaias-
Amphistegina correspond à une profondeur d'eau lors du dépôt inférieure à une centaine
de mètres et à un âge post-oligocène. D'autre part, ces calcarénites présentent quelques
rares Globigerinoïdes dont G. sacculifer (Brady), ce qui permet d'affirmer qu'elles ne
peuvent pas être plus anciennes que le Miocène inférieur (zone N6 de Blow [18]). Enfin,
748 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 10,1985

la nannoflore avec Cyclicargolithus abisectus (Müller), C. floridanus (Roth et Hay) et


Sphenolithus heteromorphus Deflandre indique un âge Miocène moyen (zone NN5 de
Martini [19]). Il s'agit de Langhien à Serravalien inférieur (16 à 14,5 M.a. [20]).
Par ailleurs, l'un des résultats essentiel de la plongée a été de permettre l'observation
du contact entre gabbro et calcaires (pl. II, 1). Ce contact est stratigraphique, les calcaires
reposant normalement sur les gabbros. Cela permet d'affirmer que les calcaires appartien-
nent bien à la famille de ceux connus à terre tant à Porto-Rico qu'en République
dominicaine; il ne peut s'agir d'une série issue de la plate-forme des Bahamas où ce type
de calcaire associé à des dolomies appartiennent à des séquences continues du Crétacé
au Tertiaire.
La plongée 20 (Jean liyama, 5 avril 1985) a permis d'observer et de prélever les mêmes
calcarénites à la faveur d'un réseau de failles normales, vers 5 000 m de profondeur.
Toutefois; le substratum de ces calcarénites n'a été ni clairement identifié, ni prélevé. Il
faut noter que cette seconde plongée est située à plus de 100 km à l'Est de la plongée 18.
Les observations et les prélèvements, effectuées lors des plongées d'essai du Nautile
dans la fosse de Porto-Rico, permettent d'affirmer que son mur interne, jusqu'à 6000 m
de profondeur, est constitué par les roches connues à terre en République dominicaine
et à Porto-Rico, Il s'agit en particulier de calcaires de plate-forme déposés par moins de
100 m de profondeur, d'âge Miocène moyen (16 à 14,5 M.a.), transgressifs sur des
métagabbros. Cela indique que la marge qui constitue le mur interne de la fosse s'est
affaissée d'au moins 5 900 m depuis 16 M.a. Prenant en compte les résultats antérieurs
de l'Alvin [8], il est probable que ce mouvement date, pour l'essentiel, d'une période plus
récente que 600000 ans. La vitesse d'effondrementserait donc en moyenne de l'ordre de
1 cm/an.
L'état de contrainte qui semble dominer sur la marge actuelle est l'extension, comme
en témoignent les failles normales observées tant durant les deux plongées du Nautile
que dans celles de l'Alvin. Cela suggère un découplage important de la plaque plongeante
Amérique du Nord et de la plaque supérieure Caraïbe, faisant de la marge portoricaine
un exemple de marge active extensive [21] pour la période récente.
Ces résultats contredisent donc les interprétations ([7], [1]) qui proposent de voir dans
les reliefs qui bordent le Canyon de Mona vers l'Ouest (fig. 1) un morceau de la
plate-forme des Bahamas inséré dans la marge par une tectoniqued'accrétion compressive.
Toutefois, l'extension observée, qui semble modeste, ne peut rendre compte de l'amincisse-
ment par un facteur supérieur à trois de la croûte située actuellement à 6 000 m de
profondeur. Ceci suggère une érosion sub-crustale, sans doute liée au changementcinémati-
que récent qui aurait fait passer la frontière de plaque du Sud au Nord de Porto-Rico [8].
Quoiqu'il en soit, nous pouvons affirmer qu'au Miocène Moyen, l'île de Porto-Rico
s'étendait vers le Nord, jusqu'à l'isobathe actuelle 6000 m. Sa surface était donc le double
de la surface actuelle.
Nous remercions J. R. Auzende et G. Pautot qui ont collaboré au dépouillementde la plongée 20 à bord
du Nadir, les pilotes G. Sciaronne et G. Arnoux, et le responsable de l'équipe submersible J. Roux. Le
financementétait assuré par le C.N.R.S., l'IFREMER et le M.R.E. dans le cadre du projet Kaïko.
Reçue le 9 juillet 1985, remise le 22juillet 1985.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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X. L. P. : Laboratoire de Géodynamique,
Université Paris-VI (Pierre-et-Marie-Curie),
associé au C.N.R.S. (U.A. n° 215),
Tour 25-15, 4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05;
J. I. : Geolocal Institute, University of Tokyo,
Bunkyo-Ku, Tokyo 113, Japon;
J. B., B. M. L. et G. G. : Laboratoire de Géologie structurale,
Université Paris-VI (Pierre-et-Marie-Curie),
associé au C.N.R.S. (U.A. n° 215),
Tour 26-00, 75230 Paris Cedex 05;
C. M.: 1, rue Martignon, 92500 Rueil-Malmaison;
J. B. : Laboratoire de Sciencesphysiques de la Terre,
Université Paris-VII,
2, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 751

MÉCANIQUE DES MILIEUX CONTINUS. Sur la déformation des surfaces seuils



en plasticité cyclique. Note de Marc Rousset et Didier Marquis, présentée par Georges
Duvaut.

On dégage, à partir d'une étude expérimentalesur des tubes métalliquesminces, les caractéristiquesprincipales
de la déformation des surfaces seuils lors de trajets de chargements cycliques et complexes. A partir de ces
résultats, une modélisation du comportement plastique utilisant des écrouissages cinématique et isotrope et
une équation de surface seuil modifiée par une fonction du chargement est développée,

CONTINUUMMECHANICS. —On the yield surface distorsion in cyclic plasticity.


The main features of the yield surface distorsion of metals during cyclic and complex loadingpaths are exhibited
from an experimental study on thin-walled tubes. From these results, modelization of the plastic behaviour
using kinematic and isotropic hardenings and a yield surface equation modified by a function depending upon the
loading is developed.

INTRODUCTION. — Les prévisions des modèles classiques de comportement pour des


trajets de chargement complexes cycliques ne sont généralement pas en accord avec les
observations expérimentales. Les hypothèses sur lesquelles sont fondées les modèles à
variables internes sont l'existence d'un domaine d'élasticité, la normalité de la vitesse de
déformation plastique, et les lois d'écrouissage régissant la translation et la dilatation de
la surface seuil. Dans cette étude, les distorsions de cette dernière sont étudiées pour
des trajets simples et complexes cycliques afin d'apprécier la validité des hypothèses
précédentes.
ÉTUDE EXPÉRIMENTALE.

La distorsion des surfaces seuils a été étudiée principalement sur des tubes minces
sollicités en traction-torsion. Pour des trajets monotones, la formation sur la surface seuil d'une « bosse »
dans la direction de chargement et d'un « plat » dans la direction opposée est observée sur de nombreux
matériaux métalliques ([1] à [4]). Pour une étude systématique de la forme du domaine d'élasticité, une
procédure complètement automatique, couplant une machiné hydraulique asservie de traction-torsion à un
calculateur à été misé au point [5]. Le trajet de chargement peut être à déformations imposées ou à contraintes
imposées. La détermination de la surface seuil est possible en un point quelconque du trajet de chargement.
La même éprouvette étant utilisée pour déterminer successivement au cours du chargement un ensemble de
surfaces, un critère de non-linéaritéutilisant une déformation plastique équivalentemaximalede 5.10-5 définit
un point de la surface. Dans cette étude, les éprouvettes sont des tubes minces ayant un rapport épaisseur sur
diamètre de 0,06. Le matériau utilisé est un alliage d'aluminium industriel : AU4GT4.
Pour les trajets monotones radiaux, la distorsion de la surface seuil est observée pour de faibles déformations
plastiques (2,5.10-3). Au cours du chargement, sa forme évolue peu. Elle se translaté et se dilate (fig. 1). Les
différentes surfaces de charge sont quasi homothétiques les unes des autres. La distorsion est donc un
phénomène fortement non linéaire présentant une stabilisation très rapide en fonction de la déformation
plastique.
Pour les trajets radiaux cycliques, la distorsion de la surface de charge évolue très rapidement au début des
inversions de chargement. Pour une évolution dé la déformation plastique de 5.10-4 lors de l'inversion de
chargement, la distorsion formée au cours du chargement précédent disparaît et se développe de façon
symétrique dans la nouvelle direction de chargement ( fig. 2). Puis la forme de la surface de charge évolue peu
au cours de la décharge. La distorsion est un phénomène présentant peu de mémoire, la forme de la surface
de charge évoluant très rapidement lors d'inversionsde chargements.
Pour les trajets complexes cycliques, la forme de la surface seuil évolue très rapidement, la « bosse » et le
« plat » sont atténués par les continuels changementsde direction du chargement ( fig. 3). La caractéristique
essentielle pour les trajets de chargements non proportionnels cycliques est la permanence de la distorsion en
un point du chargement. En effet, si la taille et la position du centre de la surface évoluent au cours des cycles,
en un point donné du trajet, sa forme reste semblable ( fig. 4). La déformation de la surface de charge ne
suffit donc pas à expliquer le durcissementsupplémentaireconstaté expérimentalementlors des chargements

0249-6305/85/03010751 $ 2.00 © Académie des Sciences

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série. II — 56


752 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

non proportionnels. Sur les figures 3 et 4, la direction d'écoulementplastique est reportée aux différents points
de la surface seuil. En tenant compte de la dispersion inhérente à la difficulté de mesurer précisément des
incréments très faibles, la normalité est assez bien vérifiée.

MODÉLISATION. — L'amélioration des lois de comportementde plasticité peut s'effectuer


à deux niveaux. La modélisation de la surface seuil peut être affinée et les lois d'écrouis-
sage modifiées en tenant compte des caractères non proportionnels de l'écoulement [6].
Seul le premier point est abordé ici. L'équation de la surface seuil dans les théories
classiques est issue d'une généralisation des critères de Mises ou Tresca:

s est le déviateur du tenseur des contraintes;


x est la variable d'écrouissage cinématique donnant la translation de la surface de
charge;
K est la variable d'écrouissage isotrope représentative de la taille de la surface seuil.

EXPLICATIONS DES FIGURES

Fig. 1. - Sufaces seuil déterminées après une sollicitation de traction simple. 0, initiale; 1,après traction
jusqu'au point A : 270 MPa (0,5 %); 2, après traction jusqu'au point B : 300 MPa (1,5 %); 3, après traction
jusqu'au point C : 350 MPa (3,2 %).
Fig. 1. —Yield surfaces determined on a tension loading path. 0, initial yield surface; 1, subsequentyield surface
after a loading up to A: a11 = 270 MPa; 2, subsequent yield surface after a loading up to B; an =300 MPa;
3, subsequent yield surface after a loading up to C: a11 = 350 MPa.
Fig. 2. — Surface seuil déterminées pour une sollicitation de traction suivie d'une sollicitationde compression.
0, initiale; 1, après traction jusqu'au point A : 320 MPa (EP=1,22 %); 2, après compressionjusqu'au point
B : —300 MPa (sp= 1,00 %) la plasticité vient juste de débuter en décharge; 3, après compressionjusqu'au
point C : -360 MPa (E" = 0 %).
Fig. 2. — Yied surfaces for a tension-compression loading path. 0, initial yield surface; 1, subsequent yield
surface after a loading up to A: a11 = 320 MPa (811 = 1,22 %); 2, subsequent yield surface after a loading up
to B: au = ^300 MPa (ef 1 = 1 %) (beginning ofplastic flow during the unloading); 3, subsequent yield surface
after a loading up to C: axl= —360 MPa (Sj1 = 0%).
Fig. 3. — Surfaces seuil déterminées pour une sollicitation complexe. Le chargement imposé est donné dans
l'encadré de la figure 4. Il s'agit d'un rectangledans le plan s11, s12. 0, initiale; 1, après chargementjusqu'au
point A : E11 = 0,8%, s12=0,7 %; 2, après chargement jusqu'au point B : 811 = —0,8 %, £12 = 0,7 %; 3,
après chargement jusqu'au point C : s11 = —0,8 %, s12= —0,7 %; 4, après chargement jusqu'au point D :
E11 = 0,8% s12 = -0,7 %.

Fig. 3. — Yield surfaces after a complex loading path (rectangle in the s, y plane see figure 4). 0, initial yield
surface; 1, subsequent yield surface after a loading up to A: £11 = .8%, E12 = 1%; 2, subsequent yield surface
-
after a loading up 10 B: £11 = .8%, E12 = 7%; 3, subsequent yield surface after a loading up to C:
e11 = -
8%, £12 = — .7%; 4, subsequent yield surface after a loading up to D: s11 = .8%, s12 = — .7%.
Fig. 4. Surfaces seuil déterminées au même point de chargement et lors de trois cycles successifs pour une

sollicitation complexe cyclique rectangulaire (encadré). 0, initiale; 1, après chargement au point A1, premier
cycle; 2, après chargement au point A2, deuxième cycle; 3, après chargement au point A3, troisième cycle.
Fig. 4. — Yield surfaces at the same point of a rectangle loading path for different cycles. 0, initial yield surface;
1, subsequent yield surface in A at the first cycle; 2, subsequent yield surface in A at the second cycle; 3,
subsequent yield surface in A at the third cycle.
Fig. 5. — 0, surface seuil expérimentale; 1, surface seuil simulée. Le trajet de chargement imposé apparaît en
trait plein.
Fig. 5. — 0, experimental yield surface. 1, numerical prediction of the yield surface. The loading path is in solid
line.
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 753
754 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

L'évolution de la forme de la surface peut être introduite par un opérateur du quatrième


ordre A ([7], [8]) :

Cette modélisation conduit à des formes elliptiques non représentatives des résultats
expérimentaux. L'introduction d'une fonction perturbatrice [9] permet une description
assez fine des formes constatées expérimentalement.

La loi d'évolution de la fonction R(s) est donnée par :

T, n, À sont des constantes dépendantes du matériau. La fonction (p (s) permet de


donner des évolutions différentes à, R (s) en fonction de la direction de chargement :

Pour un trajet radial, la fonction <p varie comme le cosinus de l'angle formé par la
direction d'écrouissage cinématique et la direction de s — x. Le coefficient n permet
d'ajuster la fonction de distorsion R (s) à partir des formes constatées expérimentalement.
T fixe l'évolution de R (s) par rapport à celle de x. Le terme AR (s) [tr (xx)]1/2 introduit
une non-linéarité dans l'évolution de la distorsion. Le niveau de saturation est donné
par A. Cette limitation de R (s) permet, quelle que soit l'évolution de l'écrouissage
cinématique, de borner les déformations de la surface seuil. Ainsi, si théoriquement la
formulation de l'équation de la surface seuil n'assure pas sa convexité, pour un domaine
de déformation assez large, les simulations numériques montrent que cette dernière est
vérifiée ( fig. 5).
Remise le 20 mai 1985, acceptée le 24 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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École nationale supérieure de l'Enseignementtechnique,


61, avenue du Président-Wilson, 94230 Cachan.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 755

MÉCANIQUE DES SOLIDES(PROBLEMESMATHEMATIQUESDE LA MECA-


NIQUE),— Sur un modèle élastoplastique de forte flexion des plaques minces. Note de
Alain Cimetière, présentée par Paul Germain.

Nous justifions le modèle élastoplastiquedé forte flexion des plaques minces que; nous avons introduit dans
une Note antérieure [1]. Ce modèle à été déduit du modèle tridimensionnelle plus classique d'élastoplasticité,
en grande déformation, en effectuant des hypothèses a priori sur la forme des inconnues. Nous présentonsici
une approche de type asymptûtiquequi permet de justifier les hypothèsesa priori et permet de retrouver notre
modèle.

MECHANICSOF SOLIDS (MATHEMATICALPROBLEMS IN MECHANIÇS).—On a large deforma-


tion elastoplasticthin plate model.
We justify the large deflection elastoplastic thin plate model, we introduced in a previous Note [1]. It was
derivedfrom the more classical three dimensional non linearized strain elastoplastic model by means of a priori
assumptions on the form of the unknowns. We present an asymptotic approach, which provides the a priori
assumptions and yields our model.

Nous étendons, au cas de l'elastoplasticité, la technique asymptotique de P. G. Ciarlet


et P. Destuynder [2] permettant de déduire le modèle biharmonique usuel des plaques
minces, du schéma tridimensionnel de l'élasticité linéaire. Pour la justification du modèle
de Von Karman, nous renvoyons à [3].
Pour les matériaux de type Hencky [4] (comportement élastique avec seuil sur la
contrainte), cette technique a permis de retrouver [5] le modèle de plaques introduit par
Q. S, Nguyen [6]. Ce modèle, comme celui que nous déduisons ici de l'élastoplasticité
tridimensionnelle la plus classique, est seulement bidimensionnel en déplacement.
1. FORMULATION CLASSIQUE DU PROBLÈME TRIDIMENSIONNEL DE FORTE FLEXION. — Une
plaque élastoplastique mince occupe, au repos (configuration de référence) et à l'instant
initial, le domaine Q6 = oax]—e,s[. Son feuillet moyen coïncide avec ra, domaine borné
de R 2, de frontière y régulière.
La plaque est encastrée sur Fo="y x] —e,s[. A partir de l'instant initial, elle est soumise
à des efforts transversaux, de densité volumique ./1E. Un seul type d'effort est considéré,
par souci de simplicité, L'évolution est supposée quasi-statique. Le déplacement est
U = (U,) [7]. La déformation r\ de Green-Lagrange[8] et sa variation §r (V), dans la
direction V = (Y£), sont définies par :

Le comportement du matériau est du type standard généralisé [9]; I'écrouissage est


isotrope et le critère de plasticité est celui de Von Mises :

où s = (sij) est la contrainte de Piola-Kirchhoff, sd le déviateur de s, x un paramètre


traduisant le niveau actuel d'écrouissage, XE un paramètre caractéristique du matériau,
donnant la limite élastique en contrainte avant écrouissage, De manière systématique, les
données sont affectées de l'indice ^
Les relations de comportement s'écrivent :
(3) (i) dans la zone élastique Q|: f) = A s ou encore TJ^Ay^s^,
(4) (ii) dans la zone plastique Q|: fi = A s + yn avec n = 3F/ôs et

0249-6305/85/03010755 $ 2.00 © Académie des Sciences


756 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

où h > 0 est un module d'écrouissage et Aijlm sont les compliances élastiques.


Compte tenu du caractère incrémental du comportement, la variante incrémentale du
principe des puissances virtuelles est bien adaptée pour traduire l'équilibre :

où Ve est l'ensemble des vitesses virtuelles V nulles sur FQ et x le point générique de QE.
On introduit le repos, à t= 0, par les conditions initiales :

L'évolution de la plaque est caractérisée par celle des quatre inconnues U = (Ui),
s = (sij), y, x, solutions du problème d'évolution (1) à (7).
2. UN PRINCIPE VARIATIONNEL POUR L'ÉLASTOPLASTICITÉ. — On construit un principe
variationnel, pour les quatre champs U, s, y, x, analogue au principe à deux champs
(déplacement et contrainte) de Hellinger et Reissner en Élasticité.
On introduit les ensembles :

et les formes bilinéaires A, B, C, H, J, N, respectivement définies sur SE x SE, SE x Ve,


VE X VE, L2 (QE) x L2 (QE), L2 (QE) x L2 (QE), SE x L2 (QE) par :

Le problème (1) à (7) est équivalent au principe variationnel à quatre champs:

Remarque. —
Pour U et s assez petits, respectivement dans les espaces [W1' oe (QE)]3 et
[L°°(QE)]9, le problème en vitesse (8) à (12) possède une solution unique [10].
3. PASSAGE A L'OUVERT DE RÉFÉRENCEET CHANGEMENT D'ÉCHELLES. — On pose Q= £2*,
r0 r0, V
= = V\
S = SVr=rl.Pour X=(X\
X 2, X3)eQ,on définit Oe(X)eQE, par
<DE(X)=(.X\ X2,eX3). Avec <SE, on transporte le problème (8) à (14) sur l'ouvert fi, qui
ne dépend pas de 8. Le changement de variables fait apparaître des singularités, en
puissances entières de 1/e, dans les expressions transportées de B et C.
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 757

Nous introduisons le changement d'échelles suivant:

Il satisfait aux deux conditions (et c'est le seul) :


(i) les transformées des formes bilinéaires A, B, C, H, I sont des polynômes en s-
(disparition des singularités en 1/e), de même plus bas degré r;
(ii) la partie linéaire de B se transforme en un monôme en s, de degré r.
Remarques. — 1. Le calcul donne r = 5.
2. Les conditions (i) et (ii) font intervenir seulement le problème en vitesse.
Sur la charge fz, on effectue le changement d'échelle /=£-3/E°cDE. Les nouvelles
inconnues UE, sE, yc et %z sont solutions du problème:

4. LE PROBLÈME LIMITE D'ÉVOLUTION. —


Soit Q° la zone plastique (dans Q) au sens du
critère F0. On introduit la forme bilinéaire N° suivante, qu'il semble raisonnable de
considérer comme une « bonne approximation» de Mc pour s petit :
758 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

Nous appelons problème limite, pour e = 0, le problème (16) à (22), dans lequel AE,
BE, CE, HE, 8E, NE, FE sont remplacés par A 0, B°, C°, H°, 1°, l\l0, F0. Ce problème
peut être regardé comme celui qui caractériserait le premier terme d'un développement
asymptotique [11], en puissance de 8, de la solution du problème (16) à (22).
Nous passons à l'énoncé du résultat principal.
THÉORÈME. — Toute solution (U°, U°, y 0, s0, x°) du problème limite vérifie :
(i) La cinématique est du type plaque, en grands déplacements:
U° = (U°,U°)6VKL = {V = (V0;3^EHo((fl),3t;3eH2(a))a^CV= (I;tl-X3t;3,tI,î;3)},

où L = (Lapyg) sont des raideurs élastiques (leur expression figure dans [1]), 5f|°(V) est la
variation de r\° dans la direction Ve VKL.
(iii) La donnée de °il0 permet de calculer %°, s°p, s°3 et s%3.
Le retour à l'ouvert physique s'effectue sans problème. La justification du modèle de
flambage, utilisé dans [12], relève d'une technique analogue.
Remise le 1er juillet 1985.

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[7] Notations: les indices latins prennent les valeurs 1 à 3, les indices grecs les valeurs 1 et 2. Le symbole
(p„- désigne la dérivée partielle 3<p/&cf.. La répétition d'un indice indique la sommation sur l'indice. Le point
surmontant les symboles désigne la dérivation par rapport au paramètre d'évolution.
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Laboratoire de Mécanique théorique,


40, avenue du Recteur-Pineau,86022 Poitiers Cedex.
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 759

MÉCANIQUE DES FLUIDES.


— Propriétés des champs univoques conservatifs déri-
vant d'un potentiel superficiel sur un domaine compact nivelé. Note de Georges Bouligand,
présentée par Charles Marie.

Nous indiquons les propriétés des champs de vecteurs univoques conservatifs qui dérivent d'un potentiel
superficiel sur des surfaces de niveau toriques d'un domaine compact en vue d'envisager ultérieurement leur
construction approchée.

MECHANICS OF FLUIDS. — Properties of single-valued conservalive vector fields derived from a surface
potential on a compact levelled domain.
We give the properties of single-valued conservative vector fields derived from a surface potential on toroidal
level surfaces of a compact domain in view of their approximale construction.

Selon le théorème de Stokes, les champs de vecteurs considérés obéissent au système


d'équations vectorielles :

sur un domaine compact Q de l'espace euclidien E 3, oùf et cp sont deux fonctions sur Q;-.
avec les conditions : Vcp#0 presque partout et cp = Cte sur ÔQ.
Lorsque /: Q -» {0, —1}, les solutions cp-nivelées de (if) représentent des équilibres
hydromagnétiques à pression scalaire P, ayant complété (Sf) par VP=Vcp si /= et : -!
VP=0 si/=0. Ils définissent des semi-groupes de cp.
NOTATIONS ET DÉFINITIONS. — Pour tout champ de vecteurs V, sv désigne l'abscisse
curviligne d'un point M d'une ligne de champ V orientée dans le sens de V ; et V^:0, son
module. D'où la valeur V (M) = V (M) (dM/dsv) du champ au point M.
Champ de vecteurs régulier. — Champ qui n'a pas de valeur nulle.
Surface de champ. — Surface formée localement de lignes de champ.
Bichamp de vecteurs. — Couple de champs de vecteurs.
Bichamp de vecteurs régulier. — Bichamp dont le produit vectoriel est régulier.
Surface de bichamp. — Surface des champs du bichamp.
Potentiel superficiel local d'un champ. — Fonction définie localement sur une surface
de champ dont le gradient superficiel est égal au champ.
Lorsqu'aucune confusion n'est à craindre, nous dirons le potentiel du champ. Q sera
rapporté à un système biorthogonal de coordonnées curvilignes x, y, (p. Les deux
premières formes quadratiques fondamentales d'une surface de niveau cp, dites formes
interne et externe seront notées respectivement :

Dès lors, la métrique dans Q se réduit à dl2 = ds2 + K rfcp2, où K est dit le coefficient
métrique normal sur la surface de niveau cp. Évidemment, KVcp2 = 1
I. Toute surface du bichamp (B, rot B)
PROPRIÉTÉSDES SOLUTIONS cp NIVELÉES DE (£f). —
supporte un potentiel superficiel local Q du champ B. Inversement, si B dérivé d'un
potentiel local superficiel sur une famille de surfaces cp-nivelées, celles-ci appartiennent
aux surfaces du bichamp (B, rot B).
0249-6305/85/03010759 $ 2.00 © Académiedes Sciences
760 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

II. La dérivée dans la direction 'V cp du potentiel Q, notée Q^, suit sur les lignes du
champ B l'équation différentielle (magnétique) :

La conjonction (I et II) est équivalente aux deux dernières équations de (S?).


III. Le champ B étant conservatif, son potentiel superficiel Q suit l'équation elliptique
homogène [de Beltrami pour K constant : voir (p) ci-après] :

et qui, sur les lignes du champ B, est équivalente à l'équation différentielle (magnétique) :

où divs B est la divergence superficielle de B sur la surface de niveau cp.


Précisément, sur une surface de niveau d(p = 0, on a dM=e, dx+e2 dy, puis :

puis, le module B et divs B sont donnés par les paramètres différentiels du premier ordre
et du second ordre de Beltrami :

Les lignes du champ conservatif B sont définies par les intégrales du système,

dont l'intégrale première M (X, y, cp) vérifie l'équation elliptique :

IV. Lorsque B est univoque dans Q, Q et M ont des expressions canoniques :

où I (cp), I (cp), q (x, y, cp), F (cp), F (cp), m (x, y, cp) sont des fonctions périodiques des
variables mentionnées.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 761

Remarque. — Il existe des bichamps univoques. (V, rot V) complètement intégrables


dans des domaines bornés Q. dont les surfaces du bichamp comprenant la frontière dQ.
du domaine et des surfaces non toriques dans celui-ci.
En effet, il est loisible de se donner une famille de surface de niveau cp où cp est
multivoque dans Si, tel qu'une variable angulaire autour d'un axe gauche fermé dans Q;
et poser V = VsQ, où Q est une expression canonique [1].
V. Sur une surface torique S d'un bichamp univoque (V, rot V), les coefficients I et I
du potentiel de V s'interprètent comme les circulations de V suivant les boucles orientées
de S qui enlacent les domaines intérieur D et extérieur D à S après avoir choisi les
coordonnées x, y sur S conformément à l'orientation directe de S, et comme suit : Les
abscisses x et ordonnées y varient de l'unité respectivement sur des boucles qui enlacent
D et D dans le sens direct.
Ainsi, et dorénavant la variété affine de S est le tore T2 = {(x, y) mod. 1}. I et T, flux
de rot V, sont appelés courants interne et externe à S.
De plus, lorsque le bichamp est conservatif (V = B), selon (e) les coefficients de
l'expression canonique (2) de M sont les invariants intégraux :

F (cp) et désignant les flux du champ B à travers les sections de D et D.


F (cp)
VI. Le système (y) est équivalent aux deux équations intégrales :

VII. Les surfaces d'un champ B conservatif étant rapportées à leurs lignes de champ
et trajectoires orthogonales (B* 2 = B* 3 = 0, F* = 0, B = B* 1 /E*), le produit B /KG*
est constant sur toute ligne de champ. D'où VIII et IX:
VIII. Les surfaces cp-nivelées du système (£f) qui supportent un champ B univoque
fini dans un domaine borné D sont toriques sur Q (Euler-Poincaré).
IX. Le champ VsQ lié par (1) et (e) est régulier sur une surface torique S ordinaire
-
(EG F2 >0) lorsque K > 0, (I, I)^0 et Q est analytique sur S.
LEMME. La condition nécessaire et suffisantepour que les lignes d'un bichamp univoque

conservatif (B, C) -nivelé par des surfaces toriques sur un domaine Q se transforment par
un difféomorphisme en un réseau statifié de droites parallèles est qu'il soit régulier sur
«::[!]•
X. Il existe un difféomorphisme qui transforme les lignes du champ Vs Q en des droites
parallèles d'équations x'F9-r-y'F^Cte sur le tore T'2=T2.
Preuve. — L'équation (e) du potentiel Q exprime l'identification deVsQàVcpÀV J4.
Par suite,,le bichamp <p-nivelé (V9 A V Jî, Vcp A VQ) satisfait aux conditions du lemme
car BAC=(B.VQ)Vcp = (B.VsOJVcp = |B|2Vcp est régulier,vu IX.

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 57


762 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

Ce difféomorphisme s'écrit :

conformément à :

XL Dans tout système biorthogonal de coordonnées curvilignes x, y, cp, les coefficients


des deux formes quadratiques fondamentales des surfaces de niveau cp sont reliés par le
système d'équations différentielles :

où, dans les trois derniers membres, figurent les coefficients de —


(dN) 2 :

dans lesquels II et Pm représentent les courbures totale et moyenne de la surface de


niveau c.
Remise le 24 juin 1985, acceptée le 14 août 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] J. M. GREENE et J. L. JOHNSON, Phys. of Fluids, 5, n° 5, mai 1962, p. 510-517.

R.B.P., Association Euratom C.E.A.,


Centre d'Etudes nucléaires, 92260 Fontenay-aux-Roses.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 763

PHYSIQUE THÉORIQUE,— Intégrales de trois fonctions de Bessel. Note de Annie


Gervois et Henri Navelet, présentée par Roger Balian.

Pour certaines valeurs des indices, les intégrales r1 1 ZM(at)Zy(&î)Zp(ct)dt, où Z désigne n'importe quelle
fonction de Bessel, sont effectivement calculables en utilisant les propriétés de factorisation de la fonction F4
d'Appell et la méthode de dérivation par rapport aux paramètres.

THEORETICALPHYSICS. Integralsinvolvingthree Bessel functions.



For certain values of the indices, the integrals iK 1Zll(af)Zv(bt)Zl>(ct)dt, where Z denotes any Bessel
function may be calculatedfrom thefactorizationproperties ofthe Appellfunction F4 and derivation with respect
to parameters ,b, c.

Dans cette Note, nous présentons un certain nombre de résultats concernant des
intégrales de la forme tK"xZll{at)Zv(bt)Z(,(ctydt, où les Zc sont des fonctions de

Bessel —
modifiées ou non. De telles intégrales apparaissent dans de nombreux domaines.
En physique, par exemple, citons les problèmes d'absorption en formalisme de Regge [1],
les problèmes de voies couplées en physique nucléaire [2], ou certains calculs sur les
polymères au voisinage de la dimension critique [3].
.
Le point de départ est le résultat de Bailey [4] :

avec les conditions de convergence Re (c±fa±ifo)>0, Re(X + |x+v+p)>0.


La fonction F4 est la fonction d'Appell [5] qui s'écrit sous la forme d'une série double
dans le domaine | a | +1 b | < | c |. En utilisant les relations qui lient les différentes fonctions
de Bessel, combinaisons linéaires ou multiplication par exp {i7i/2j de l'argument; on
peut — au moins formellement — écrire toutes ces intégrales.
Ce résultat est peu utilisable, pour deux raisons : d'une part, la fonction F4 est mal
connue, même à l'intérieur du domaine de convergence de la série; d'autre parti les
conditions sont trop restrictives dans la plupart des problèmes effectivement rencontrés.
Les seuls cas accessibles pratiquemeht sont ceux pour lesquels il existe une (ou des)
relations supplémentaires entre les indices X, u., v, p; les exemples cités plus haut entrent
heureusement dans cette catégorie. La fonction F4 se présenté alors comme la somme
finie de produits de deux fonctions d'une variable, en fait d'hypergéométriques 2F1.
Puisque l'intégrale est une fonction analytique de a, b (au facteur a^b" près) et que la
fonction 2F1 est analytique partout, sauf au plus sur une coupure le long de l'axe réel,
on peut prolonger les résultats obtenus avec la restriction (4) dans tout le domaine où
l'intégrale a un sens. Ce ne serait pas possible avec les seules relations de prolongement
de la fonction F4 [5],
Ce sont ces cas que nous répertorions ici, ainsi que quelques résultats caractéristiques.
L'ensemble des formules se trouve dans plusieurs articles ([6]-[10]). Les indices X, \i, v, p
et les paramètres a, b, c sont supposés réels mais les résultats sont généralisables grâce à
0249-6305/85/03010763 $ 2.00 © Académie des Sciences
764 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

l'analyticité. Il est commode de présenter les formules en utilisant :



soit des angles (configuration triangle : | a — b |< c < a + b) :


soit des angles hyperboliques (c > a + b, formules voisines si c < | a — b |) :

Nous distinguons successivementdeux cas.


1. CAS DE FACTORISATION PURE. — Ils sont indiqués dans [4], [5] et [6]. On peut les
séparer en deux classes :
1.1. Les intégrales ([6]-[8]) :

correspondent aux cas ou les indices de la fonction F4 vérifient l'une ou l' autre des trois
conditions : P = Y = Y'> Y=l+a —P; Y' = P (OU j'=l + ^— P, Y=P)> Y = a> Y' = P (OU 1' = %
Y = P). Par exemple [6],

dent au cas X = 1 et à la factorisation remarquable :

avec a+p+l=Y + Y'> qui est un cas particulier de la décomposition finie de Burchnall et
Chaundy [12] :

cas plus général mais elle serait peu différente.


Les formules sont particulièrement simples lorsque u = v et a = b (ou v = p et b = c).
Par exemple [9] :

et P" est la fonction de Legendre sur la coupure.


C. R. Acad, Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 765

2. MÉTHODE DE DÉRIVATION. —
Les formules :

où s= ± 1 suivant la nature de la fonction Z permettent d'obtenir de nouvelles intégrales


en dérivant par rapport à l'un des paramètres a, b, c les formules obtenues précédemment.
Chacune de ces opérations implique des relations de contiguïté entre trois fonctions F4
et revient à accroître d'une unité la quantité oc+P + 1 —Y—J\ reliée aux indices de la
fonction F4.
Si l'intégrale qui intervient dans le membre de droite est factorisée, la fonction F4
correspondante est somme finie de produits de fonctions d'une variable. Nous citerons
trois exemples d'application :
2. 1. Les intégrales [2] :

sont calculées a partir de l' intégrale :

où D est l'opérateur différentiel du second ordre : =((djda)— [(u—l)/a]) ((d/da) + (\i/a)).


D
2.3. Les fonctions F4 pour lesquelles a + P + l = Y+Y' + n s'obtiennent à partir de celle
pour laquelle a+P-r-î=Y + Y' comme une somme finie de produits d'hypergéométriques.
Il est vraisemblable qu'une formule analogue à celle de Burchnall et Chaundy [12] existe.
Dans le cas simple n = 1(X = 2) on obtient la relation fonctionnelle pour a+P = Y+Y':

Ceci permet de calculer :

Un cas particulier intéressant est celui ou p = u+v car alors oc=l et la fonction F4 n'est
plus qu'une somme de deux 2F1 :
766 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

en particulier, on a le résultat non trivial [9] :

Annie Gervois, chercheurC.N.R.S.


Remise le 17 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] G. COHEN-TANNOUDJI, A. MOREL et H. NAVELET, Nuovo Cimento, 48, 1967, p. 1075-1110; F. HENYEY,
G. L. KANE, J. PUMPLIN et M. H. Ross, Phys. Rev., 182, 1969, p. 1579-1594.
[2] A. BAEZA, B. BILWES, R. BILWES, J. DIAZ, J. L. FERRERO et J. RAYNAL, Nucl. Phys., A 437, 1985,
p. 93-116; A. GERVOIS et H. NAVELET, Preprint, Saclay, 1985.
[3] B. DUPLANTIER, en préparation.
[4] W. N. BAILEY, Proc. Lond. Math. Soc, 40, 1936, p. 37-48.
[5] P. APPELL et J. KAMPÉ DE FERIET, Fonctions hypergéométriques et hypersphériques, Gauthier-Villars,
Paris, 1926.
[6] A. GERVOIS et H. NAVELET, J. Math. Phys., 26, 1985, p. 633-644.
[7] A. GERVOIS et H. NAVELET, J. Math. Phys., 26, 1985, p. 645-655.
[8] A. GERVOIS et H. NAVELET, Some integrals involving three modified Bessel functions, I, Preprint-Saclay,
1985.
[9] A. GERVOIS et H. NAVELET, Some integrals involving three modified Besselfunctions, II, Preprint-Saclay,
1985.
[10] A. GERVOIS et H. NAVELET, J. Math. Phys., 25, 1984, p. 3350-3356.
[11] Par exemple dans W. MAGNUS, F. OBERHETTINGERet R. P. SONI, Formulas and theorems for the special
functions of mathematicalPhysics, Springer Verlag, 1966.
[12] J. L. BURCHNALL et T. W. CHAUNDY, Q. J. Math., 11, 1940, p. 249-270, equation (54); A. W.
NIUKKANEN, J. Phys. A (à paraître).

Service de Physique théorique, C.E.N.-Saclay, 91191 Gif-sur-Yvette Cedex.


C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 767

PHYSIQUE DES BASSES TEMPERATURES. — Conductance de Kapitza entre


Gd3Ga5O12 et hélium superfluide. Note de Alain Lacaze, présentée par Erwin-Félix
Bertaut.

La conductance thermique à l'interface entre du Gd3Ga5O12 et l'hélium superfluide (conductance de


Kapitza), est une donnée essentielle en vue de l'utilisation de ce matériau pour la réfrigération magnétique. Il
est observé qu'une grande rugosité de surface peut diminuer de moitié le flux de chaleur à l'interface par
rapport à un échantillon poli.

LOW TEMPERATUREPHYSICS. — Kapitza conductance between Gd3Ga5O12 and superfluid helium.


The thermal conductance at the interface between Gd3Ga5O12 and superfluid helium (Kapitza conductance), is
a fundamentaldata for magnetic cooling applications using this material. It has been observed that the heat flux
over the interface can be increased by a factor of 2 when the surface in polished.

Le grenat de gadolinium gallium,Gd3Ga5O12 ou GGG, apparaît actuellement comme


le meilleur matériau actif pour là réfrigération magnétique avec une température de
source froide comprise entre 1,8 et 2,1 K ([1]-[3]). Un des paramètres majeurs influant
sur le rendement de ce type de réfrigérateur est la qualité de l'échange de chaleur à la
source froide, échange limité par la conductance de Kapitza entre le GGG et l'hélium
liquide.
Une publication récente [4] de Y. Hakuraku, travaillant chez Hitachi au Japon, montre
des valeurs de conductance de Kapitza pour du GGG soumis à des champs magnétiques
de 0, 2,5 et 5 T. Pour notre part, nous nous sommes intéressés à l'influence de l'état de
surface sur la conductance de Kapitza, hors champ magnétique. Les états de surface qui
nous intéressent sont ceux obtenus par simple usinage. En effet, le GGG est disponible
en grands monocristaux ( 1) et par usinage on peut obtenir de grandes surfaces d'échanges
tout en préservant une grande diffusivité thermique et une bonne tenue mécanique face
aux forces magnétiques.
Nous avons fait usiner trois échantillons de GGG avec des états de surface différents.
L'échantillon A a reçu un poli mécanique de rugosité apparente Ra = 0,007. L'échan-
tillon B a été rodé avec Ra= 0,25. Enfin, l'échantillon C est brut de sciage.
Les mesures ont été effectuées dans l'hélium superfluide non saturé sous pression
atmosphérique (cryostat double bain [5]) à cinq températures de 1,626 à 2 K. Deux
résistances de carbone, fixées par des colliers sur l'échantillon, permettent de déterminer
la conductivité thermique réelle et d'en déduire par extrapolation la température du GGG
à la surface de contact avec l'hélium. La figure 1 montre que nos mesures de conductivité
thermique sont un facteur 2 au-dessus de celtes de Daudin [6]. Ceci est dû au fait que les
températures tes plus élevées au cours de nos mesures étant inférieures à 4 K, le libre
parcours moyen des phonons, et par suite, la conduction thermique, n'est limité que par
les dimensions de l'échantillon qui est un parallélépipède de 20 x 4 x 4 mm3 pour Daudin
et un cylindre de 20 mm de long et de diamètre 11,28 pour nous.
La conductançe de Kapitza hk est définie comme là limite, quand AT tend vers zéro,
du rapport P/S. AT, où AT est l'écart de température qui apparaît entre le solide et le
liquide quand le flux de chaleur P traverse la surface de séparation S. Quand AT tend
vers zéro, la précision de mesure devient médiocre. Dans notre cas pour AT/T<0,02,
l'erreur sur P/S.AT peut dépasser 10%. La valeur de hk est donc déterminée par
extrapolation des courbes P/S.AT en fonction de AT.
0249-6305/85/03010767 $ 2.00 © Académie des Sciences
768 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

Fig. Conductivité thermique réelle de nos échantillons (+) comparée à la courbe de Daudin [6]. La
1. —
conductivitéthermique plus forte, s'explique par l'effet des dimensions des échantillons.
Fig. 1. Actual thermal conductivity of our samples ( + ) compared with Daudin's curve [6].

The increase in
thermal conductivity is due to size effect.
Fig. 2. —
Conductances de Kapitza. 1.Limite du rayonnement de phonon pour GGG: hk = 1850 T3.
2. A = hk = 532 T4,04; B = hk = 445T3, 76;C = hk = 358 T3, 68. 3. Conductance de Kapitza du GGG d'après
Y. Hakuraku [4] : hk. = 670 T3, 15. 4. Conductance de Kapitza du cuivre d'après Wey Yen [7] : hk = 480 T2, 06.
Fig. 2. -
Kapitza conductances. 1. Phonon radiation limit for GGG = hk = 1,850 T3. 2. A = hk = 532 T4.04;
B=hk = 445 T3. 76; C = hk = 358 T3. 68. 3. Kapitza conductance of GGG following Y. Hakuraku [4]:
hk 670 T3. 15. 4. Kapitza conductance of copper following Wey Yen [7]: hk 480 T2.06.
= =

Nous avons reporté à la figure 2 les valeurs de hk déterminées expérimentalement en


fonction de la température du bain pour nos trois échantillons A, B et C. Les courbes
en, traits pleins correspondent aux meilleures lois de la forme hk = aTn. De plus, nous
avons;porté la courbe de Y. Hakuraku [4] pour le GGG, soit hk = 670T3, 15 W.m- 2 K- 1,
celle de Wey Yen [7].pour le cuivre, soit hk = 480 ainsi que la courbe hk = 1850 T3
T2, 6,
correspondant à la limite supérieure donnée par la théorie du rayonnement de phonon.
La limite inférieure prédite par la théorie du désaccord acoustique de Khalatnikov, soit
pour le GGG [4] : hk 10 T 3, est trop faible pour être représentée à la figure 2.
Pour un écart de température AT non nul entre liquide et solide, le flux de chaleur
P/S s'écrit [7] :

En utilisant cette expression, nous avons tracé en traits pleins (fig. 3) le flux de chaleur
déduit des lois en aTn pour nos échantillons A et C en plus des valeurs mesurées.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985. 769

Fig. 3. —
pour les échantillons A etC.
Valeurs expérimentalesde flux de chaleur comparées aux valeurs déduites des lois

Fig. 3. — Experimentalpoints and computed curves


hk = a Tn

of heat fluxes for samples A and C.


Précisons que des lois de la forme bT3 avec 6 = 982 (A), 695 (B) et 532 (C), permettent
de prédire les flux de chaleurs correspondant à nos points de mesures avec une erreur
relative moyenne de 6,2% au lieu de 4,8% pour les lois en a Tn.
Il ressort de nos mesures que la conductance de Kapitza du GGG est supérieure a
celle d'un cuivre ordinaire, alors que la limite de phonon pour te cuivre est environ
2,4 fois supérieure à celle pour le GGG Nos trois échantillons A, B et C, présentent des
conductances de Kapitza nettement différentes, valant respectivement environ 50,40 et
30 % de là limite supérieure donnée
par la théorie de la limite de radiation de phonon,
ou encore respectivement 100, 70 et 50 fois la limite inférieure prédite par la théorie du
désaccord acoustique de Khalatnikov.
Notons que la valeur de la conductance de Kapitza du GGG donnée par Y. Hakuraku,
est en accord avec nos résultats pour l'échantillon B.
On voit donc l'attention qu'il faut porter dans les applications technologiques telles
que la réfrigérationmagnétique, au polissage des surfaces d'échange, qui permet de
doubler le flux de chaleur comme c'est le cas pour notre échantillon A par rapport à
l'échantillon C.
(1) Crismatec, rue des Essarts, 38160 Gières.
Reçue le 24 juillet, acceptée le 5 août 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] A. F. LACAZE, R. BERANGER, G. BON MARDION, G. CLAUDET, A. A. LACAZE et J. VERDIER, Advances
in Cryo. Engr., 27, Plenum Press, New York, 1982, p. 703-709.
[2] A. F. LACAZE, R. BERANGER, G. BON MARDION, G. CLAUDET et A. A. LACAZE, Cryogenies, 23, 1983,
p. 427-432.
770 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

[3] J. A. BARCLAY et W. A. STEYERT, Cryogenics, 22, 1982, p. 73-80.


[4] Y. HAKURAKU, Cryogenics, 24, 1984, p. 156-158.
[5] G. BON MARDION, G. CLAUDET, P. SEYFERT et J. VERDIER, Advances in Cryo. Engr., 23, Plenum Press,
New York, 1978, p. 358-362.
[6] B. DAUDIN et B. SALCE, Comptes rendus, 293, série II, 1981, p. 885-888.
[7] N. S. SNYDER, N.B.S. Technical, Note n° 385, décembre 1969.

Centre d'Études nucléaires de Grenoble,


Laboratoire de Cryophysique, Service des Basses Températures, 85X, 38041 Grenoble Cedex.
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 771

OPTIQUE.— Le rubis : un matériau modèle pour l'étude des concentrateurs solaires


fluorescents. Note de Jacques Mugnier, Yves Dordet et Jacques Pouget, présentée par
Jean-François Denisse.

Les propriétés de fluorescence d'une lame de rubis et d'une lame de polyméthaçrylatede méthyle (PMMA)
contenant du 4-dicyanométhylène-2-méthyl-6-p-diméthylaminostyryl-4H-pyran (DCM) sont comparées. Ces
lames sont utilisées dans des concentrateurs solaires fluorescents (CSF). Le facteur de concentration de 15,4
obtenu avec la lame de rubis est trois fois plus élevé que celui obtenu avec la lame de PMMA. L'ensemble dés
propriétés du rubis permet de considérer ce matériau comme un matériau modèle. Il est en outre possible de
coupler un CSF équipé d'une lame de rubis à un autre système de concentration solaire.

OPTICS. Ruby: a model material for the study of fluorescentsolar concentrators.



The fluorescenceproperties of a ruby plate are compared to those of a polymethylmethacrylate(PMMA) plate
doped with 4-dicyano-methylene-2-methyl-6-p-dimethylaminostyryl-4H-pyran (DCM). These plates can be used
for fluorescent solar concentrators (FSC). The concentration factor is 15.4 for the ruby plate; this value is
three times higher than that of the doped PMMA plate. All the properties of ruby lead us to consider it as a
model material. Moreover, a FSC equipped with a ruby plate can be connected to another System of solar
concentration.

I. INTRODUCTION. — Les concentrateurs solaires fluorescents [1] CSF sont schématique-


ment constitués d'une lame rectangulaire, transparente dans le domaine visible, contenant
des fluorophores. La face S (S=Lxl) (fig. 1 A) reçoit te rayonnement solaire incident,
laSection s (s = l x d) porte la cellule photovoltaïque. Les autres faces du CSF sont
couplées par l'intermédiaired'une lame d'air avec des diffuseurs dont le rôle est d'augmen-
ter l'efficacité du système.
Une partie fa du flux solaire incident tombant sur la face S est absorbée par les
fluorophores et réémise isotropiquementdans la lame à des longueurs d'onde supérieures
à celles du rayonnement incident. Les photons de fluorescence sont partiellement piégés
dans la lame, d'autant mieux que l'indice de réfraction est élevé, et guidés vers la
photopile par réflexion totale (fig. 1 B).
Dans la majorité des CSF étudiés on utilise des lames de polyméthacrylatede méthyle
(PMMA) contenant des colorants organiques. Il s'ensuit une limitation de l'efficacité du
système inhérente à la nature des matériaux utilisés, dont les causes principales sont les
suivantes :
— tes spectres d'absorption et d'émission des colorants organiques
possèdent un recou-
vrement spectral important. Une partie des photons de fluorescence seront donc réabsor-
bés avant d'atteindre la photopile;

les fluorophores organiques sont photodégradables, ce qui entraîne une limitation
dans le temps de l'efficacité des CSF;

les qualités optiques et mécaniques (dureté 2 en échelle MOHS) du PMMA sont
souvent insuffisantes.
Afin de pallier ces inconvénients et de rechercher les meilleures performances du
système, nous avons utilisé des lames de rubis, matériau que nous proposons comme
modèle pour les CSF. Le rubis est parfaitement stable photochimiquementet ses proprié-
tés mécaniques (dureté 9, échelle MOHS) et optiques (transparence jusqu'à 5 p:m) sont
très satisfaisantes. Son emploi dans des applications solaires à été envisagé pour là
première fois par Hovel et coll. [2] pour l'encapsulation des photopiles. Les résultats
obtenus avec une lame de rubis seront comparés à ceux obtenus avec une lame de
PMMA contenant du DCM (4-dicyanométhylène-2-méthyl-6-p-diméthylaminostyryl-4-
H-pyran) [3], colorant qui s'est avéré très efficace pour ses applications aux CSF [4].

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772 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

Fig. 1.

Schéma d'un concentrateur solaire fluorescent. (A) Éléments constituant un CSF : 1, lame; 2,
photopile; 3, liant optique; 4, diffuseur latéral; 5, diffuseur arrière; 6, diffuseur inférieur. (B) Principe de
fonctionnement d'un CSF (en coupe) : (p,-, flux incident; 0c angle critique de réflexion totale.
Fig. 1. — Schematic illustration of a fluorescentsolar concentrator. (A) Parts of a FSC : 1, plate; 2, photovoltaic
cell ; 3, liquid for optical matching; 4, lateral diffuse reflector; 5, back diffuse reflector; 6, lower diffuse
reflector. (B) Principle of FSC operation (cross-section): tpf, incident flux; 0c, critical angle for total internal
reflection.

II. PARTIE EXPÉRIMENTALE. — Les spectres d'absorption ont été enregistrés sur un spectrophotomètre
« Kontron Uvikon 820 » et les spectres d'émission corrigés de fluorescence sur un spectrofluorimètre
« AmincoSPF 500 ».
Une lampe « HMI 575 W » étalonnée permet d'obtenir une simulation satisfaisante du spectre solaire AMO.
La géométrie des lames (100 x 10 x 1 mm) est déterminée par les contraintes de fabrication des lames de
rubis; le gain géométrique (G = S/s) des lames est de 100. Les lames possèdent toutes leurs faces polies.
La concentration en poids de Cr2O3 de la lame de rubis retenue, déterminée par absorption atomique, est
de 0,56 + 0,02%. L'orientation par diffraction X montre que l'axe ternaire fait un angle voisin de 60° par
rapport à l'arête de longueur L et qu'il est pratiquement contenu dans le plan de la face S.
La lame de PMMA est dopée uniformément avec du DCM de pureté laser (société Exciton) à la concentration
de 5,2.10-4 mol. 1- 1.
La cellule photovoltaïque utilisée est du type SAT 302 (Société anonyme de Télécommunication) et le
couplage optique est réalisé avec du diiodométhane (nD= 1,745) dans le cas de la lame de rubis et du glycérôl
(nD= 1,475) avec la lame de PMMA.
Les diffuseurs sont réalisés par dépôt sur des miroirs aluminium (Cegedur Pechiney) d'un revêtement de
peinture diffusante (Eastman Kodak-White reflectance coating) [5].
III. Sur la figure 2, la courbe 2 a représente le spectre d'absorption (en
RÉSULTATS.

densité optique) de la lame de PMMA contenant du DCM pour un trajet optique
d = 1 mm. Les courbes 2b et 2 c représentent, normés au même maximum, les spectres
d'émission corrigés du DCM dans une matrice de PMMA à faible concentration

TABLEAU
Comparaison des caractéristiques d'une lame de PMMA dopé avec du DCM et d'une lame de rubis utilisées
dans un CSF. G : gain géométrique (G = S/s). nD : indice de réfraction. 0c : angle critique de réflexion totale
(0c = arc sin 1/n)./o : fraction du flux énergétique incident absorbé dans le domaine de sensibilité spectrale de
la photopile. q> : rendement quantique issu de la littérature. C : facteur de concentration.
Comparison between characteristics of a PMMA plate doped with DCM and a ruby plate used in FSC. G :
geométric gain (G = S/s). nD: refractive index. 0c: critical angle of reflection (0c = arc sin 1/n)./o: fraction
of incident energetic flux absorbed in the spectral region ofphotocell sensitivity. <p: quantum yield given in the
literature. C: concentration factor.
G nD 0c (°) x <p C
PMMA dopé avec du DCM 100 1,49 42,2 0,403 0,81 [6] 5,1
Rubis 100 1,76 34,6 0,424 0,90 [7] 15,4
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Fig. 2. Spectre d'absorption et d'émission des lames, (a) spectre d'absorption du DCM. dans la lame de
PMMA utilisée dans le CSF; (b) spectre d'émission corrigé du DCM dans du PMMA (c= 10-6 mol. l-1),

excination= 461 nm; (c) spectre d'émission corrigé du CSF utilisant une lame de PMMA dopé avec du DCM
(c = 5.2.10-4 mol. l-1), excitée par la lampeHMI; (d) spectre d'absorption du rubis: (e) spectre d'émission
corrigé du rubis faiblement dopé, "excitation= 461 nm; (f) spectre d'émission corrigé du CSF utilisant une
lame de rubis (0,56% en poids de Cr2O3) excitée par une lampe HMI; (g) sensibilité spectrale relative de la
cellule photovoltaïque SAT 302.
Fig. 2. — Absorption and emission spectra of the plates, (a) absorption spectrum of DCM in the PMMA plate
used in the CSF ; (b) corrected emission spectrum of DCM in PMMA (c = 10- 6 mol. l-1).
'"excitation = 461 nm; (c) corrected emission spectrum of a FSC using a PMMA plate doped with DCM
(c = 5.2 x 10-4 mol. l- 1) excited by the HMI lamp; (d) absorption spectrum of ruby; (e) corrected emission
spectrum of weakly doped ruby, '.«excitation= 461 nm; (f) corrected emission spectrum of the FSC using a ruby
plate (0.56% in weight of fCr2 O3) excited by the HMI lamp; (g) relative spectral sensitivity of the photovoltaic
cell SAT 302.
(10- 6 mol. l-1), et à forte concentration (5,2. 10- 4 mol. l- 1) dans la lame utilisée dans le
CSF entièrement soumise au flux incident de la source HMI. Le déplacement du maxi-
mum d'émission entre les courbes 2 b et 2 c de 50 nm est dû au phénomène de réabsorption;
important dans la lame de PMMA possédant la concentration en DCM la plus élevée.
La courbe 2d représente le spectre d'absorption obtenu en lumière naturelle de la lame
de rubis utilisée dans le CSF. Il comporte deux larges bandes dont le maximum d'absorp-
lion est à 405 et à 546 nm respectivement. L'allure générale de ces bandes d'absorption
est comparable à celle des colorants organiques. On observe également au voisinage de
694 nm une bande d'absorption appelée bande R, de faible densité optique (0,012), qui
est responsable de la réabsorption dans ce matériau. La courbe 2 e illustre l'émission du
rubis faiblement dopé à environ 0,1 % en poids de Cr2O3. On observe la présence des
raies caractéristiques R1 (Â.max~694 nm) et R2 (Xmax~693nm). La courbe 2 f normée au
même maximum que la précédente montre l'émission corrigée de la lame utilisée dans le
CSF excitée uniformément par la source HMI. On constate que les raies R ont diminué
par rapport aux raies centrées à environ 708 et 715 nm. Le spectre d'émission de la lame
de rubis est situé vers 694 nm alors que le maximum d'émission de la lame PMMA DCM
se trouve à 599 nm. L'émission du rubis est donc mieux adaptée à la sensibilité spectrale
relative de la cellule photovoltaïque (courbe 2 g).
Sur le tableau sont reportées les performances comparées des lames de PMMA dopé
et de rubis utilisées dans le CSF exposé au flux de la source HMI. Le facteur de
concentration C des CSF est défini comme le rapport de la puissance électrique fournie
par la cellule photovoltaïque dans le CSF à la puissance de la même cellule exposée
774 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

directement au rayonnement de la source simulant le rayonnement solaire. La valeur de


C obtenue avec la lame de rubis est de 15,4 alors qu'elle n'est que de 5,1 avec la lame de
PMMA dopé. Ce résultat, ainsi que l'indice de réfraction, la fraction du flux absorbé, le
rendement quantique et le faible recouvrement des spectres, justifie le choix du rubis
comme modèle pour les CSF.
En outre la concentration importante obtenue avec un CSF équipé d'une lame de rubis
permet d'envisagerl'utilisation de ce concentrateur en tant que second étage d'un système
à concentration. Le premier étage serait constitué d'une lentille de Fresnel (ou d'un
miroir) concentrant le flux solaire sur la lame de rubis. L'émission du rubis étant bien
adaptée à la sensibilité spectrale de la photopile (au silicium ou à l'arséniure de gallium),
cette dernière ne subira qu'une élévation de température modérée et il sera possible de
diminuer l'importance du système de refroidissement de la cellule.
IV. CONCLUSION. La concentration de 15,4 obtenue avec une lame de rubis dans

un CSF pour un gain géométrique de 100, est à notre connaissance la plus élevée mesurée
à ce jour. Le rubis peut donc être utilisé comme matériau modèle pour les CSF du fait
de ses larges bandes d'absorption, de sa faible réabsorption, de son indice de réfraction
élevé et de son émission au voisinage de 700 nm bien adaptée à la sensibilité spectrale de
la photopile.
Il peut être utilisé comme second étage d'un système à concentration lorsque le CSF
est couplé à un système utilisant une lentille de Fresnel ou un miroir.
Remise le 1er juillet 1985, acceptéele 26 juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Laboratoire de Chimie générale.


Unité associée au C.N.R.S. n° 1103. Physico-Chimie organique appliquée.
Conservatoire national des Arts et Métiers,
292, rue Saint-Martin, 75141 Paris Cedex 03.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 775
OPTIQUE. — Etude expérimentale du multiplexage optique en longueur d'onde à l'aide
de guides planaires monomodaux. Note de Mohamed Lotfi Gomaa et Germain Chartier,
présentée par Pierre Grivet.

On présente une étude expérimentale d'un démultiplexeur optique basé sur le principe du couplage réparti
entre deux guides d'onde planaires monomodaux, élaborés par échange ionique dans le verre. L'accord entre
l'étude théorique et résultats expérimentauxest démontré dans la zone visible du spectre électromagnétique.

OPTICS. — Experimentalstudy on wavelengthoptical multiplexingusing monomode planar optical wavegui-


des
We present the experimental results of a study on an optical demultiplexer based on the distributed coupling
between two monomode planar optical waveguides fabricaled by the ion exchange technique in glass. The
agreement between the theoretical study and the experimental results is reasonable in the visible range of the
electromagnetic spectrum.

1. INTRODUCTION. Dans une Note précédente [1] on a présenté une étude théorique

sur le multiplexage optique en longueur d'onde à l'aide des guides d'onde planaires
monomodaux; ici on vérifie expérimentalement ces prévisions en conservant les mêmes
notations. Les calculs ont été faits dans le cas de guides à saut d'indice. La méthode
d'élaboration utilisée conduit à des guides à gradient d'indices, mais on peut montrer
([2], [3]) qu'il est toujours possible de définir un guide à saut d'indice équivalent à un
guide à gradient d'indice donné, les deux guides ayant même constante de propagation.
Les deux guides peuvent avoir des structures optogéomélriques différentes ou identi-
ques. Si les deux guides sont différents, leur couplage ne peut se faire efficacement qu'à
une seule longueur d'onde pour laquelle les deux guides, considérés isolés l'un de l'autre,
ont même constante de propagation. Par contre lorsque les deux guides sont identiques,
les constantes de propagation sont égales, et le couplage peut avoir lieu pour toute
longueur d'onde.
Pour multiplexer ou démultiplexer deux longeurs d'onde X1 et X2 on choisira une
longueur de surperposition L de telle sorte que l'on ait L = 2.lc(X2) = lc (Xi), où lc(X2) et
l(X1) désignent les longueurs de couplage relatives aux deux longueurs d'onde X2 et À1.
La présence de la gaine de silice qui entoure le coeur de la fibre entraîne évidemment
des difficultés pratiques pour rapprocher tes coeurs des deux fibres. On peut procéder à
un polissage tangentiel des deux fibres [4], on peut également fondre ensemble les deux
fibres préalablement torsadées [5]. Ces deux méthodes peuvent convenir pour faire des
coupleurs ou des diviseurs de signaux; elles sont mal adaptées à la réalisation de
multiplexeur, dans ce dernier cas il faut en effet un très bon contrôle de la distance entre
les deux coeurs et des valeurs des indices de réfraction du coeur et de la gaine.
On propose ici de réaliser les deux guides à coupler par des méthodes d'optique
planaire : on a ainsi un contrôle plus aisé des valeurs des indices et du positionnement
des deux guides.
2. TECHNOLOGIE DES GUIDES. — Les guides utilisés sont fabriqués par échange ionique
entre une lame de verre sodo-calcique et un bain d'électrolytefondu M+ A- [6]. L'accrois-
sement superficiel d'indice de réfraction qui est nécessaire pour obtenir un guide optique,
est consécutif à un échange qui se produit entre les ions M+ du bain fondu et les ions
Na+ du verre.
Cette technique est d'abord très simple de mise en oeuvre, elle permet de plus de régler
l'épaisseur du guide (en jouant sur la durée et la température de l'échange) ainsi que la

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776 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

valeur de l'indice de réfraction du guide (en diluant te sel M+ A- dans un sel de sodium
fondu). Les lames de verre utilisées sont des lames « porte-objet » de microscope; te bain
d'électrolyte a la composition suivante : 0,45 mole de AgNO3 pour 99,55 moles de
NaNO3; les échanges ioniques se font à la température de 380°C et ont une durée de
1 mn. Les guides obtenus sont à gradient d'indice de réfraction et la loi de variation de
l'indice de réfraction n (x), en fonction de la profondeur x dans le verre prend la forme :
(1) n (x) ns +An. erfc (x/$).
=
Où ns est l'indice du substrat et vaut 1,51; An est l'accroissement superficiel d'indice
dû à l'échange d'ion et vaut 0,04; 5 qui est l'épaisseur du guide est de l'ordre de 2\i.
Dans ces conditions, le guide est monomodal pour les longueurs d'onde utilisées (0,488
à 0,6328 n).
3. STRUCTURE ET CARACTÉRISATION DU COUPLEUR.

La figure 1 a montre le principe du
dispositif : deux guides sont disposés parallèlement l'un à l'autre. On couple la lumière à
l'un des deux guides à l'aide d'un prisme de couplage. Alors la lumière passe dans l'autre
guide, et l'on peut découpler par un autre prisme.
Deux bandes d'aluminium parallèles et d'épaisseur do bien calibrée sont intercalées
entre les deux guides (fig. 1 b) et servent à régler l'épaisseur de l'interstice, c'est-à-dire à
régler le couplage. Une goutte d'un liquide d'indice no est infiltrée par capillarité entre
les deux guides. On a utilisé des bandes d'aluminium d'épaisseurs respectivement égales
à 1,5, 3 et 6 n; l'indice no est réglable de 1,51 à 1,52 en jouant sur la composition d'un
mélange qui sert de liquide d'indice. Les deux lames sont fortement pressées l'une contre
l'autre par l'intermédiaire d'une vis et d'une cale piézoélectrique qui les plaquent sur un
bloc de verre bien plan.
Enfin la longueur de superposition L est réglable en faisant coulisser avant d'appliquer
la pression, les deux guides le long l'un de l'autre.
Grâce au prisme de couplage Pa de la figure 1 a on excite le guide Ga dans lequel on
envoie un faisceau lumineux de puissance Ia Pour mesurer Ia, on découple le faisceau se
propageant dans te guide Ga avec un prisme amovible Pm placé juste derrière le prisme
de couplage Pa. Le couplage réparti [7] fait passer dans le guide Gb de la lumière que le
prisme Pb découple vers l'extérieur, soit Ib l'intensité de la lumière dans le guide Gb. Les
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 777

pertes de couplage mesurées sont de l'ordre de 11 dB, elles proviennent des imperfections
du montage expérimental, l'énergie correspondante étant rayonnée dans te substrat.
On mesure le rapport Y = Ib/Ia en fonction de la longueur de superposition L, de
l'indice du liquide no, de la séparation do entre les deux guidés, et enfin de la longueur
d'onde X. On a utilisé comme source de lumière un laser He-Ne(Â. = 6328 A) et un laser
à argon (À, = 4880 ou 5 145 A). On a mesuré, par la méthode des lignes « m » [8], l'indice
effectif Neff du mode guidé. Des mesures de champs proches conduisent à attribuer au
guide une épaisseur e = 1,5 \i. Pour les applicationsnumériques nous avons considéré un
guide d'épaisseur e, d'indice constant Neff et reposant sur un substrat d'indice ns [3]. Les
figures 2, 3; 4 et 5 indiquent le rapport Y mesuré (points expérimentaux) et calculé
théoriquement (courbes continues). Les mesures sont normalisées par rapport à la valeur
maximale du Y.
Pour déterminer la longueur de couplage (à X=6328 Â, do = 1,5 u, et no = 1,5) on a
essayé plusieurs valeurs de là longueur de superposition L. La puissance découplée est

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II —58


778 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

maximale lorsque L vaut 4 mm (+0,5 mm), la longueur de couplage lc vaut donc 4 mm.
La figure 2 montre la variation du rapport Y quand L varie au voisinage de lc.
Pour étudier la variation de Y en fonction de l'interstice do on a utilisé des cales
découpées dans des feuilles d'aluminium d'épaisseur 1,5 et 6 u. Sur la figure 3 on montre
la variation du rapport Y en fonction de l'interstice do pour 1 = 6 328 A, no = l,5 et
L = 4 mm.
La figure 4 montre la variation du rapport Y en fonction de no qu'on a fait varier
entre 1,5 et 1,52.
Enfin, la figure 5 montre la variation du rapport Y en fonction de la longueur d'onde X
du faisceau lumineux incident en gardant toujours la longueur de superposition L égale
à la longueur de couplage qui correspond à 1 = 6328 Â, no = 1,5 et do = 1,5.
CONCLUSIONS. — Les résultats précédents démontrent la validité de la description
théoriquedu couplage réparti entre guides planaires monomodaux. Ils prouvent également
que les ordres de grandeurs des paramètres optogéométriques de guides élaborés par
échange d'ions permettent de concevoir, à partir de cette technologie, des dispositifs
multiplexeurs en longueur d'onde.
Remise le 20 mai 1985, acceptée le 26 juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Laboratoire d'Optoélectronique, GRECO Ondes Optiques guidées,


E.N.S.I.E.G., B.P. n° 46, 38402, Saint-Martin-d'Hères.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11,1985 779

TRANSFERTS THERMIQUES.— Sur une méthode numérique d'étude de stabilité


non linéaire d'écoulement bidimensionnel de convection naturelle vis-à-vis de perturbations
tridimensionnelles d'amplitude finie. Note de Djamel Kalache, François Penot et Patrick
Le Quéré, présentée par Michel Combarnous.

On examine la pertinencedu postulat de bidimensionnalitédes écoulements de convectionnaturelle en cavité.


La méthode consiste à effectuer une analyse de stabilité non linéaire d'une solution numérique bidimensionnelle
sous l'effet de perturbations d'amplitude finie en supposant la solution tridimensionnelle périodique dans la
direction normale au plan de l'écoulement de base; L'évolution temporelle des solutions 3-D met en évidence
une condition suffisanted'instabilitéde la solution 2-D.

THERMALTRANSPORTS.— On a numericalmethod to study thé non-linearstability of two-dimensional


natural convectionflow in cavities to finite amplitude three-dimensionalperturbations.
We investigate the validity of the two-dimensional assumption of natural convection flows in cavities. The
method consists of performing a non-linear stability analysis of a two-dimensionalnumerical solution under the
effect of finite amplitude perturbations, assuming periodicity of the three-dimensional solution in the direction
orthogonal to the base flow plane. The behaviour of the 3-D solution allows us to establish sufficient conditions
for instability of the 2-D solution.

1.Lorsqu'on se propose de résoudre numériquement nn problème de convection


naturelle en cavité, là bidimensionnalité de l'écoulement est souvent admise a priori
comme hypothèse simplificatrice. Cette hypothèse n'est évidemment jamais vérifiée dans
la réalité.
Dans des géométries cubiques par exemple, même en se donnant des conditions aux
limites thermiques favorables à l'établissement d'un écoulement bidimensionnel, la pré-
sence de parois latérales où adhère le fluide induit inéluctablement la formation de
structures tridimensionnelles. Cependant, lorsque la taille de la cavité ou les écarts de
température augmentent, l'épaisseur relative de la zone perturbée diminue; ceci justifie
alors l'hypothèse de bidimensionnalité et permet donc d'attribuer une signification physi-
que aux résultats du calcul numérique bidimensionnel.
Il n'en est pas de même si, en l'absence même de toute condition dynamique aux
frontières susceptible de créer un écoulement dans les trois directions, la stabilité intrinsè-
que de l'écoulement dans te plan n'est pas réalisée. Les nouvelles structures résultant de
l'instabilité peuvent entraîner des modifications profondes des transferts thermiques
convectifs et donc des erreurs notables sur l'évaluation des coefficients d'échange.
Le problème se pose donc en terme d'étude de stabilité globale d'un écoulement
bidimensionnel vis-à-vis de perturbations tridimensionnelles. On ne considère que le cas
laminaire, on exclut les études d'instabilités locales conduisant à l'apparition de la
turbulence.
2. Notre démarche reste classique dans son principe : on effectue une étude de stabilité
non linéaire en regardant l'évolution temporelle d'une solution de base stationnaire sous
l'effet d'une perturbation d'amplitude finie [1]. La méthode d'analyse est originale car
elle s'effectue de façon purement numérique. Elle permet, en particulier, de travailler sur
un écoulement de base qui ne possède pas de représentationanalytique simple.
On a choisi une cavité de très grand allongement dans une direction horizontale, z, et
de section droite verticale trapézoïdale (fig. 1). Sa paroi inférieure horizontale est portée
à une température Tc, sa paroi supérieure inclinée à Tf (Tc > Tf). Les deux parois latérales,
dans la direction z, sont supposées adiabatiques.

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780 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

Configuration géométrique.
Geometrical configuration.

Bien que cette configuration soit proche de celle de la convection de Rayleigh-Bénard,


l'inclinaison de la paroi supérieure provoque un mouvement convectif au moindre écart
de température; il n'existe donc pas d'état de repos pouvant servir de solution de base.
On peut penser rencontrer d'abord un écoulement bidimensionnel unicellulaire pour
les petites valeurs du nombre de Rayleigh, puis un écoulement tridimensionnel résultant
de l'instabilité, pour des nombres de Rayleigh de l'ordre de ceux mis en évidence en
convection de Bénard. Ces deux structures de mouvement sont accessibles uniquement
par le calcul numérique, la première constituant la solution de base, la seconde la solution
perturbée. Ces phénomènes se produisant à des valeurs faibles du nombre de Rayleigh,
on pourra utiliser des schémas numériques simples.
3. Les solutions de l'écoulement de base sont obtenues à l'aide d'un algorithme de
calcul qui résoud les équations bidimensionnelles et instationnaires du fluide de Boussi-
nesq, formulées en termes de vorticité et de fonction de courant en coordonnées
cylindriques [2].
Mises sous forme sans dimension, ces équations dépendent du nombre de Rayleigh,
Ra = gPH 3 (Tc—Tf)/av, du nombre de Prandtl, Pr = v/a, avec les notations classiques
et de deux paramètres géométriques : un facteur de forme F = (R2 — R1)/H où H repré-
sente la hauteur médiane de la section droite, R2 et R1 tes rayons externe et interne de
la couronne et, par exemple, un angle d'inclinaison de la paroi supérieure, 0 La section
m.

EXPLICATIONS DE LA PLANCHE

Planche I

L'évolution temporelle des densités spectrales énergétiques EJ, E|, E3, correspondant aux trois modes de
longueur d'onde L, L/2, L/3, montre clairement que pour Ra=3000 (courbes en trait plein) la perturbation
initiale s'amortit complètement. Pour Ra = 5000, chaque mode est, excité et le reste. Le niveau continu El,
retrouve sa valeur initiale dans le cas stable (Ra=3000), il chute de 6/1000 dans le cas instable (Ra = 5000).
The time evolution of the density power spectra F.\, F\, E3 corresponding to the modes of wavelengthL, L/2, L/3
clearly shows that for Ra = 3,000 (solid curves) the initial perturbation goes back to zero. For Ra = 5,000
each mode is excited and remains excited. The mean level EQ evolves back to its initial value in the stable
situation (Ra = 3,000) while it drops of 6/1,000 in the unstable situation (Ra=5,000).
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 783

Planche II

Une vue de biais et une vue de face de la surface isotherme T = 0,5 sont montrées dans les deux cas Ra = 3000 (a)
et Ra = 5000 (b). L'angle d'ouverture du trapèze a été exagéré ( x 2 environ) pour mieux montrerles structures
tridimensionnelles résultant de l'instabilité.
Perspective and front views of the isothermal surface T = 0.5 are shown for the two cases Ra = 3,000 (a) and
Ra = 5,000 (b). In order to visualize more clearly the three-dimensional structures resulting from the instability,
the drawings have been made with an inclination angle about two times larger thon the actual value.

droite de la cavité est alors assimilée à un secteur de couronne circulaire. La condition


initiale est de type choc thermique.
La discrétisation est faite sur un maillage de différences finies. Le schéma relatif aux
équations de température et de vorticité est explicite en temps, l'équation de Poisson de
la fonction de courant est résolue par une méthode de relaxation.
Cet algorithme élémentaire est suffisamment performant pour obtenir des solutions
stationnaires dans la gamme des paramètres utilisés (Ra^5000; Pr = 0,71; F = 3;
0m = 0,39 rd); il s'adapte de plus parfaitement à la méthode de perturbation mise au
point.
4. Celle-ci consiste à superposer à la solution bidimensionnelle stationnaire TB (r, 0),
une perturbation spatiale monochromatique de la température de la forme :
Tp (r, 0, z) = <x.TB (r, 0). sin (2nz/L), d'amplitude finie a de l'ordre de 5 % et de longueur
d'onde L. Cette condition initiale est complétée en considérant que les composantes du
rotationnel de vitesse et du potentiel vecteur (variables d'état considérées ici) sont, en
chaque plan z, identiques à la solution stationnaire bidimensionnelle. On suppose alors
que les champs tridimensionnels de température T(r, 0, z, t), du rotationnel de vitesse et
du potentiel vecteur sont périodiques, de même longueur d'onde L et donc développables
en série de Fourier.
En se limitant aux N premiers termes du développement, on peut écrire à chaque pas
de temps et dans chaque plan zl = Ll//N (l = 0,
. . .,
N-1) toutes ces grandeurs sous la
forme :

où les facteurs Tk (r, 0, t) sont les coefficients de Fourier.


Les équations évolutives, explicites en temps, de la température et des trois composantes
du rotationnel sont traitées dans l'espace physique de façon analogue à celles de l'écoule-
ment de base. Les dérivées successives, dans la direction z, sont évaluées dans l'espace
spectral.
Les trois équations elliptiques du potentiel vecteur sont résolues dans l'espace mixte
(r, 0, k), ce qui conduit à une équation d'Helmholtz plane pour chaque nombre d'onde
k dont la résolution par la méthode de relaxation converge d'autant plus vite que k est
grand.
5. A titre d'illustration, nous avons effectué un essai sur des cavités maillées suivant
8 plans verticaux (N = 8) de 11 x 11 points chacun et pour deux valeurs de Ra (3 000;
5 000). La solution stationnaire bidimensionnelle est perturbée par un signal de longueur
d'onde L. On subodore, par analogie à la convection de Bénard que la longueur d'onde
L = F/2 est certainement une des moins stables.
De plus, sous l'effet du choc thermique dû à la perturbation, on obtient dans tes
premiers instants une évolution temporelle apériodique, on excite donc en même temps
784 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

qu'une longueur d'onde spatiale un grand nombre de fréquences temporelles. Il est à


noter que les perturbations dans le plan (r, 0) ont été excitées lors du calcul de la solution
stationnaire bidimensionnelle.
Un des critères choisis pour déterminer l'instabilité de l'écoulement a consisté à suivre
l'évolution temporelle des densités spectrales énergétiques Ef associées à chaque nombre
d'onde k. Elles sont définies comme étant la norme L2 de la température, soit :

Il s'avère que pour Ra = 3000, l'énergie initialementcontenue dans te mode fondamental


de longueur d'onde L se dissipe complètement, le niveau continu EQ revient de même à
la valeur de la solution bidimensionnelle (pl. I). On peut donc en déduire que cette
solution, représentée par la surface isotherme T = 0,5 sur la planche II, a de réelles
possibilités d'existence. Une conclusion définitive ne pourrait être apportée qu'en exami-
nant toutes les longueurs d'onde.
Par contre, on observe un comportement complètement différent à Ra = 5 000. Le
mode fondamental et ses harmoniques L/2, L/3, sont excités de façon significative (pl. I).
On tend asymptotiquement vers une solution tridimensionnelle dont le niveau continu
EQ diffère du niveau initial (pl. I). La surface isotherme T 0,5 (pl. II) suggère la présence
=
de deux systèmes de rouleaux orthogonaux contrarotatifs dans la cavité. La solution
bidimensionnelle est donc instable pour Ra = 5000, elle n'a aucune chance d'être rencon-
trée dans la réalité.
Nous avons ainsi montré, sur cet exemple, que la méthode présentée pouvait mettre
en évidence une condition suffisante d'instabilitéintrinsèque d'un écoulement bidimension-
nel de convection. Cette démarche peut se révéler pertinente en déterminant des domaines
de validité de lois d'échanges convectifs obtenues lors de simulations numériques dans
des domaines plans.
Reçue le 25 juillet 1985, acceptée le 12 août 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] G. Z. GERSHUNI, Convective stability.of incompressiblefluids, I.P.S.T., 1976.


[2] H. OZOE, T. OKAMOTO et S. W. CHURCHILL, Natural convectionin a vertical annular space heated from
below, Heat Transfer-Jap. Res., 8, 1979, p. 82-93.

D. K. : Institut de physique, U.S.T.H.B, B.P. n° 9, Dar El Beida, Algérie;


F. P., P. Le Q. : Laboratoire d'Étude des Systèmes thermiques et énergétiques, U.A. C.N.R.S. n° 1098,
40, avenue du Recteur-Pineau,86022 Poitiers Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

CHIMIE ORGANOMINERALE. -Surla nature et la réactivité de la liaison phospha-


zène de quelques benzophénone-hydrazinophosphoranesR3P = N-N=C (C6H5)2. Note de
Marre-Mazières,
Jacques Bellan,Marie-Rose Michel Sanchez et Jon Songstad, présentée

par Fernand Gallais.


L'action du diphényldiazométhanesur quatre dérivés du phosphore tricoordonné conduit aux benzophénone-
hydrazinophosphoranes correspondantesprésentant une liaison P = H. Le caractère fortement polaire de cette
liaison est démontré par RMN de 31 P, de 13C et le comportement chimique de ces dérivés. L'addition de
l'acétylèné dicarboxylate de méthyleconduit
suivant
la
nature
des
substituants R sur le phosphore à un
phosphoylure (R étant NMe2) et àun phosphonate (R étant OEt).

OEt).
HETEROORGANIC CHEMISTRY.- Nature and reactivity of phosphazene bond in some benzophenone-
hydrazinophosphoranes R3P=N-N=C(C6H5)2.
Diphenyldiazomethane reacts on four tricoordinated phosphorus derivatives to gives the corresponding
benzophenone-hydrazinophosphoranes bearing a P = N bond. The polar structure of this phosphazene bond has
been well established by 31 P and 13 CNMR and by the reactivite of the derivatives which is depending of the
group R bonded to the phosphorus atom. Addition of dimethylcarboxylate acetylene gives a phosphoylide(R
being NMe2) or leads to a phosphonate(R being

Les azotures organiques (R—N3) et les diazoalcanes (R2C = N2) présentent dans leur
réactivité chimique de grandes similitudes; c'est ainsi qu'ils donnent lieu à :

des réactions d'addition dipolaire 1.3 [1],

des réactions d'addition électrophiles [2].
Parmi celles-ci, nous nous sommes intéressés à la réaction de Staudinger et Meyer [3] :
action d'un azoture où d'un diazoalcane sur un composé du phosphore tricoordonné.
Dans le premier cas, l'addition d'un azoture conduit à un intermédiaire triazène, le plus
souvent labile, qui par perte d'une mole d'azote se transforme en iminophosphorane (I) :

Par contre, l'addition d'un diazoalcane conduit à des hydrazinophosphoranes, compo-


sés d'addition stables. plus communémentappelés phosphazines
(II)

Dans les deux cas, les composés tétracoordonnés du phosphore obtenus possèdent une
liaison phosphazène; sur les iminophosphoranes (I), nous avons antérieurement abordé

l'étude de la nature [4] et de la réactivité [5] de cette liaison ( P = N — ).


Poursuivant sur ce même thème, nous avons synthétisé quatre phosphazines (1 à 4)


différemment substituées sur l'atome de phosphore (tableau) dans le but de comparer te

comportement de la liaison —
P = N — dans les deux familles de dérivés

iminophosphoranes (I) et phosphazines (II). Cette Note a pour objet d'exposer nos
premiers résultats concernant les caractéristiques physico-chimiques de ces composés et
leur réactivité vis-à-vis de l'acétylènedicarboxylatede méthyle (ADM).
— La synthèse des phosphazines (1 à 4) a été
1. NATURE DE LA LIAISON PHOSPHAZENE.
réalisée par action du diphényldiazométhane[6] sur le composé adéquat du phosphore

0249-6305/85/03010785 $ 2.00 © Académie des Sciences


786 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

tricoordonné, suivant un mode opératoire décrit dans la littérature pour les dérivés 1 [3]
et 3 [7].
La résonance magnétique du phosphore permet une approche sommaire mais néan-
moins significative de la nature de la liaison P = N. Ainsi, le remplacement sur l'atome
de phosphore des iminophosphoranes (I) du groupe =NPh par le motif
Ph
= N —N—C<^ dans les phosphazines (II) se traduit par un déblindage important
Ph
(A8~ +20.10- 6) du signal des phosphazines (fig.). Cette variation du ô31P constitue

une preuve du caractère P de l'atome de phosphore, plus marqué dans les

phosphazines (II) que dans les iminophosphoranes (I). En outre, la présence de la double
liaison C = N dans (II) permet l'écriture de deux formes limites (A) et (B) :

En RMN du 13C, les déplacements chimiques du carbone C (1) du motif


Ph

P = N -N = C sont compris entre 150 et 155.10- 6 (tableau). Ces valeurs, caracté-
Ph
ristiques d'un carbone sp 2, sont comparables à celles déterminées dans la diphényl hydra-

Il en résulte que 5C(1) est peu modifie par la présence de l'atome de phosphore. La
charge négative serait donc plus localisée sur l'atome d'azote (forme limite A) que sur
l'atome de carbone (B).
D'autre part, la non équivalence des carbones aromatiques, bien visible sur les carbones
en ipso (tableau) et le fait de n'observer qu'un seul doublet pour le carbone C (l) sont
des arguments en faveur d'une configuration bloquée (cisoïde ou transoïde). Les valeurs
élevées pour les 3JC-P (41 Hz<3Jc-p<51,7 Hz) et des considérations d'ordre stérique
nous amènent à proposer une configuration s-trans pour ces dérivés, analogue à celle de
la littérature [8] et confirmée pour le composé 2 par diffraction X (Jôn Songstad,
résultat non encore publié).
2. REACTIVITÉ DES PHOSPHAZINES.

L'action sur la phosphazine 1 de l'iodure de
méthyle [9] ou de l'acétylène dicarboxylate de méthyle [10] confirme le caractère fortement

polaire de la liaison —
P = N- et montre bien qu'elle constitue le site réactif de cette

molécule.
EXPLICATIONSDE LA PLANCHE
Déplacements chimiques comparés en RMN de 31P dans les iminophosphoranes I (R3P=NC6H5) et les
phosphazines II (R3P=N-N = C(C6H5)2) dans trois groupes homogènes.
Comparison of 31P NMR chemical shifts in iminophosphoranes I(R3P = NC6H5) and phosphazines II
(R3P = N-N=C(C6H5)2).
PLANCHE I/PLATE I I JACQUES BELLAN

TABLEAU

Valeurs caractéristiquesen RMN de 31 P, de 1H et de 13C des phosphazines 1 à 4.


NMR (31 1H, 13C) spectroscopic data ofphosphazines 1 to 4.
P,

(a) Déplacement chimique (S en 10-6) du phosphore par rapport à H3PO4, pris comme référenceinterne.
(b) Déplacement chimique (S en 10- 6) du proton et du carbone par rapport à Me4Si; solvant CDCl3.
788 C. R. Acad. Se. Paris, t 301, Série II, n° 11, 1985
Dans le cas de la trisdiméthylaminophosphazine2, l'alkylation par l'iodure de méthyle
s'effectue également sur l'atome d'azote en ce de P (et non sur l'atome de carbone) :

Notons que le passage de la phosphazine 2 à son sel de phosphonium 2 a se traduit


par une très faible variation de 8 31 P (de 37,7 à 42,4), ce qui confirme la polarité marquée
de P dans la phosphazine 2.
L'acétylène-dicarboxylatede méthyle (ADM) ne réagit pas à la température ambiante
sur 2 en solution dans CH2Cl2 ou C6H6. Par contre, après chauffage (1 h) au reflux du
benzène, nous constatons la formation d'un composé nouveau 2 b qui présente un signal
unique en RMN de 31P à 8= +54,5. Cette valeur est compatible avec une structure de
phosphoylure P carbonylé comparable à celte que nous avons décrite [5 a] lors de l'action
de l'ADM sur l'iminophosphorane (Me2N)3 P=NPh(8 = +58) :

Purifié par chromatographie sur gel de silice, le phosphoylure 2 b est un composé stable
dont l'étude par RMN de 1H et de 13C confirme la structure proposée. En particulier
les paramètres de l'atome de carbone directement lié à P(S = 62.10- 6, 1JC_P = 170 Hz),
sont en faveur d'une délocalisation de la charge négative de l'ylure sur le
-
squelette = N N'= C (Ph)2.
Cette structure quasi-phosphonium 2 b, présente une grande stabilité et une réactivité
chimique nulle.
Contrairement à 2, la triéthoxyphosphazine 3, (tableau), en solution dans Féther de
pétrole, réagit à la température ambiante avec l'acétylène-dicarboxylatede méthyle. Le
produit principal de cette réaction présente en RMN de 31P un signal à 8=+45,5.
Cette valeur est également compatible avec une structure de phosphoylure P carbonylé
comparable à celle que nous avons obtenue lors de l'action de l'ADM sur l'iminophospho-
rane (EtO)3P=NC6H5(8=+47,7) [5c].

Nos tentatives pour isoler cet ylure 3 b, soit par cristallisationsoit par chromatographie,
n'ont pas abouti. Cet ylure est en effet peu stable et se transforme en phpsphonate 3c
qui, à la température ordinaire, existe sous tes deux configurations Z et E, chacune de
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série n, n° 11, 1985 789
ces configurations étant stabilisée par liaison hydrogène. Ces deux isomères sont ainsi
bien identifiables en RMN de 31P où l'on observe deux signaux distincts ( + 19,5 et
+ 15,9). Nous avons attribué le signal le plus positif à l'isomère de configuration Z, car
comme cela a déjà été observé dans le cas d'un mélange en équilibre de cis et trans
aminovinylphosphonates [11], l'existence d'une relation cis entre le phosphoryle et le
groupement N —H se traduit par un déplacement vers les champs faibles de S31P.

En portant au reflux du toluène le mélange des deux isomères, on ne décèle plus au


bout de 2 h que la présence du diastéréoisomèrede configuration Z.
En conclusion, ce premier travail sur les phosphazines (II) a montré un comportement
identique à celui des iminophosphoranes (1) :

dans le caractère fortement polaire de la liaison P = N,

dans la réactivité avec l'A DM par l'obtention de phosphoylure (2 b) ou de phospho-
nate (3 c). Il semble donc que l'existence formelle de deux doubles liaisons conjuguées
Ph
dans le système P=N—N=C< n'entraîne aucune modification dans la réactivité de
Ph
ces dérivés, mais permette l'accès à de nouveaux ylure et phosphonate fonctionnalisés
par un groupe imine.
Remise le 11 mars 1985, acceptée le 10 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] M. S. OUALI. M. VAULTIER et R. CARRIÉ, Teirahedron, 36, 1980. p. 1821-1828; F. S. GURNIEC Jr. et
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[4] G. J. MARTIN, M. SANCHEZ et M. R. MARRE, Tetrahedron Letters, 24 (45), 1983, p. 4989-4992;
M. R. MARRE, M. SANCHEZ, R. WOLF, J. JAUD et J. GALY, Canad. J. Chem., 62, 1984, p. 2186-2191.
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(b) M. R. MARRE, M. SANCHÈZ, J. F. BRAZIER, R. WOLF et J. BELLAN, Canad. J. Chem., 60, 4, 1982,
p. 456-468: (c) J. BELLAN, M. SANCHEZ, M. R. MARRE-MAZIÈRES et A. MURILLO BHLTRAN, Bull. Soc. chim.
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[6] H. STAUDINGER, ANTHER et PFENNINGER, Ber., 49, 1916, p. 1928-1941.
[7] M. 1. KABACHNICK V. A. GILYAROV, Dokl. Akad. Nauk. S.S.S.R., 106, 1956,
et p. 473-475.
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[9] G. SINGH et H. Zl.MMER, J. Org. Chem., 30, 1965, p. 417-420.
[10] G. W. BROWN, J. Chem. Soc, C, 1967, p. 2018-2021.
[11] F. SAUVEUR, N. COLLIGNON, A. GUY et Ph. SAVIGNAC, Phosphorus and Sulfur, 14, 1983, p. 341-346.

M. R. M. M. et M. S. : Unité de Recherches du C.N.R.S., n° 454 Associée à l'U.P.S.,


Université Paul-Sabatier, 118, route de Narbonne, 31062 Toulouse Cedex;
J. B. : Laboratoire de Chimie pharmaceutiqueet U.A. n° 454, Université Paul-Sabatier,
118, route de Narbonne. 31062 Toulouse Cedex;
J. S. : Department of Chemistry, University of Bergen, Norvège.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 791

MINÉRALOGIE.
— Les concrétions minéralisées des Terres Noires du Sud-Est de la
France : diagenèse ou hydrothermalisme? Note de Jean-Luc Gaidon, Serge Martin-Calle
et Micheline Boudeulle, présentée par Jean Wyart.

Une étude minéralogique et géochimique de concrétions calcaires minéralisées, insérées dans les marnes
callovo-oxfordiennesdu Sud-Est de la France, montre leur caractère anomalique. Des hypothèses génétiques
sont esquissées en liaison avec le contexte géodynamique.

MINERALOGY.— Mineralized concrétionsin the "Terres Noires" formation of the Southeastern France:
diagenese or hydrothermalism?
A mineralogical and geochemical study of mineralized calcareous concretions, occuring in the callovo-oxfordian
marls of southeastern France, shows their anomalous character. Some genetic hypothèses are proposed in relation
wilh the geodynamical context.

Le Sud-Est de la France (Drôme) offre du Lias au Crétacé inférieur un exemple de


marge continentale passive. La sédimentation des Terres Noires est de type
« black-shale ». Le membre supérieur (callovo-oxfordien), dont l'épaisseur peut atteindre
700 m à l'Ouest du chevauchement de Digne ([1], [2]) contient de nombreuses concrétions
minéralisées (calcite, baryte, célestite, pyrite, quartz, strontianite, dolomite). Celles-ci
étaient interprétées comme le simple témoin de terriers d'organismes fouisseurs appelés
« Incertae sedis » [2]. De nouvelles données ont conduit à reconsidérer cette interprétation:,
I. MORPHOLOGIE ET MINÉRALOGIEDES CONCRÉTIONS. — Les concrétions calcaires (photo 1)
recouvrent un large éventail morphologique allant d'un ensemble columnaire à axe
minéralisé jusqu'à une nuée pluridécimétrique de nodules. La géométrie des concrétions
se résume le plus souvent à une colonne tortueuse ou droite, rarement diverticulée
latéralement, insérée fréquemment dans un manchon noduleux qui peut être plus déve-
loppé à la base et au sommet. Elles présentent un allongement sécant à la stratification
avec pénétration des marnes et moulage lié à la compaction différentielle. La concrétion
type montre une organisation concentrique. Elle se compose de l'extérieur vers
l'intérieur [3] :

d'un cortex calcaire qui comprend des carbonates (calcite et un peu de dolomite),
une phase argileuse à illite-chlorite parfois interstratifiés-kaolinite, quartz, albité néo-
formée. Cet assemblage ne diffère de celui des marnes encaissantes que par les quantités
respectives;

de pyrite disséminée dans le cortex dont l'abondance augmente vers le centre de la
concrétion;

de pyrite massive (FP), en couronne externe de l'axe ou en filets anastomosés
quand l'axe est absent. Elle est automorphe du côté interne, en grains agglomérés du
côté du cortex;

d'un carbonate brun (FC) montrant des figures de croissance rapide (photo 2),
apparemment centripètes;

d'une zone centrale comprenant :
une calcite (CC) souvent recristallisée et déformée, qui s'exprime en scalénoèdres
quand elle n'emplit pas toute la lumière de l'axe,
• une baryte (s. 1.) en grandes plages,
• une célestite (s. 1.) en lamelles courbes entremêlées à CC et en association avec le
cortex brêchifié;

0249-6305/85/03010791 S2.00 © Académie des Sciences


792 C R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série H, n°. 11, 1985
TABLEAU

Analyses chimiques à partir de roches totales.


Ba Sr Na Fe Mg Mn Zn
Si/Ca (10- 6) (HT 6) (HT 6) (%) (%) (HT 6) (10- 6)

Marnes (fract. argil.) 40 échantillons [2]


... 440 285 - - - - 105
Marnes de Beauvoisin 8. échantillons [4]
Marne de référence Buis-les-Baronnies...
... -
1,53
1.06
1000
328
200 4600
2,7
2,4
0,85
0,71
217
400
82
.
Nodules de Beauvoisin (a) 8 échantillons [4], - 40 314 - 0,78 0,9 129 48
600
Concrétions de Buis-B. 4 échantillons.
... .
0,2 4175 275 3900 1,74 0,72 1775 à 3500
(a) Il semble, à la vue des analyses, qu'il faille faire une distinction entre les nodules de type septaria de Beauvoisin et les
concrétions minéralisées.

— et enfin dans des fentes de type septarien, liées à la compaction et parfois présentes
au coeur des concrétions, du quartz automorphe et calcite, de la dolomite en selle et des
sphérules de strontianite, associés ou non à de la célestite dans les concrétions sommitales
des Terres Noires (100 m supérieur).
L'étude des relations entre phases minérales est compliquée par des phénomènes de
dissolution-recristallisation,induits par les déformations postérieures, et d'épigénie mar-
quée des sulfates par les carbonates (FC, CC, cortex). Cependant, il faut signaler certains
points. La présence de reliques de baryte au sein de FC, témoigne de sa postériorité.
Localement, la baryte centrale passe à une célestite au cours de sa croissance (cf.
géochimie). Il existe, par ailleurs, plus de deux générations de sulfates. FP est antérieure
à FC car cette dernière pousse à partir de germes au contact de FC, ou ancrée dans le
cortex si la pyrite est absente.
II. GÉOCHIMIE. Roche totale. — Le rapport Si/Ca (Si étant lié principalement à

1.
la phase argileuse), différencie nettement les concrétions de leur encaissant. Les teneurs
en Ba et à un moindre degré en Mn des marnes (tableau) sont élevées par rapport aux
données antérieures et peuvent correspondre à une anomalie géographique. Le cortex des
concrétions se caractérise par une augmentation significative en ces éléments, par rapport

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Photo 1. — Concrétion dans les Terres Noires.


Photo 1. — Concrétion in the "Terres Noires"formation.
Photo 2. Aspect des associations minérales (1, FP; 2, FC; 3, plage barytique; 4, CC entremêlée avec de la

célestite en baguettes courbes). Coupe transversale d'une concrétion; lame mince ( x 7).
Photo 2. — Feature of mineral association (1, FP; 2, FC; 3, barytic area; 4, intergrowth of bent celestite laths
and CC). Thin section in a concretion ( x 7).
Fig. 1.

Diagramme Ca-Fe-Mg discriminant FC-CC.
Fig. 1.

FC-CC discrimination by Ca-Fe-Mg diagram.
Fig. 2. —
Traversée à la microsonde de FC (pas : 50 um environ).
Fig. 2. —
Electron microprobe transect in FC (step: 50 um approx.).
Fig. 3. —
Répartition dès termes observés de la solution solide BaSO4-SrSO4.
Fig. 3. —
Frequency distribution of observed barite-celestite composition.
Fig. 4. Évolution chimique d'un passage baryte (Ba)-célestite dans CC.

Fig. 4. —
Chemical évolution ofbarite (Ba)-celestite transition in CC.
PLANCHE I/PLATE I JEAN-LUC GAIDON
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 795

à leur encaissant. Il est important de souligner, malgré un petit nombre d'analyses, les
teneurs en Zn anomaliques : 600 à 3 500.10- 6 (100.10- 6 environ dans les marnes).
Quant au sodium, la présence d'albite dans le cortex peut rendre compte des teneurs.
2. Minéraux. — Les données chimiques de la microsonde confirment la distinction
morphologique entré FC et CC (fig. 1). La calcite FC a une composition magnésienne
(0,1 à 0,2 atome de Mg pour deux cations) avec des teneurs en Fe faibles (moins de
0,01 atome). Une traversée centripète dans cette frange ( fig. 2) montre une rythmicité
de Mg2+ en substitution avec Ca2+. Le comportement de Mn2+ paraît plus anarchique
avec une périodicité différente que la cathodoluminescence confirme. Les autres éléments
ne varient pas significativement. FC, malgré ce caractère chimique alternant, montre des
figures de croissance rapide uniformes.
La calcite CC est, quant à elle, plus ferreuse (fig. 1). On note la présence de Mn :
3 600.10- 6, Ba : 600.10- 6 et des teneurs anomaliques en Zn : 700.10-6. Les fortes
teneurs en Na (1800.10_ 6) peuvent indiquer une salinité importante des solutions mais
aussi un taux de croissance rapide [5] mis en évidence par la présence de sphérulites.
Les sulfates de Ba-Sr forment théoriquement dés solutions solides continues entre les
pôles purs : baryte et célestite, mais les termes intermédiaires sont assez rares dans la
nature. Hanor [6] précise même qu'il existe moins de 7 mole % (5,7 atome %) de SrS04
dans BaS04 et moins de 4 mole % (4,9 atome %) de BaS04 dans SrS04. Aussi, il est
intéressant de constater que les échantillons constituent tous des termes intermédiaires
(fig. 3), les variations chimiques étant associées à un changement morphologique des
cristaux (fig. 4).
III. CONCLUSION. — L'établissement d'un modèle de genèse des concrétions exige la
détermination de l'ordre d'apparition des phases minérales ainsi que la caractérisation
des directions de croissance (centripète ou centrifuge). Il est classique de considérer, dans
une hypothèse diagénétique [7], que la pyrite est postérieure aux sulfates. La comparaison
des teneurs en Fe des marnes et du cortex (s. s.) Suggère davantage une remobilisation
locale de cet élément. Par contre, l'enrichissement notable, à différentes échelles, en Ba
(et Mn) ne semble compatible qu'avec un apport par des fluides. En effet, un fluide salé
(Ba, Na, Mn, Zn...) peut s'être exprimé, au cours d'un processus diagénétique (précoce)
et/ou par le biais d'un drain tectonique, induisant, éventuellement sur une amorce
biologique, le mécanisme du concrétionnementcalcaire. La fréquence, stratigraphique et
géographique, des concrétions plaide apparemment en faveur d'une hypothèse diagénéti-
que pure mais n'exclut pas une interventionhydrothermale,utilisant de manière répétitive
les mêmes drains tectoniques. La présence de saumures minéralisatrices pourraient être
associée à la genèse des diapirs triasiques proches, exprimés ou non à l'affleurement.
La possibilité d'interventionshydrothermales a déjà été envisagée par Lemoine et coll.
[8] et Gaillard et coll. [4] pour d'autres indices dans les mêmes zones : La sédimentation
des Terres Noires s'est effectuée, en contexte extensif et transformant [9], dans un bassin
en cours de structuration avec des failles synsédimentaires affectant le socle [10] et déjà
délimité en sous-bassins. Ce contexte est couramment favorable à la formation de gites
synsédimentaires exhalatifs à Pb-Zn-Ba [11] connus dans des terrains paléozoïques et a
au moins permis d'importantes circulations de fluides lessivants, potentiellementminérali-
sateurS. Parallèlement, Paull et coll. [12] signalent, en bordure de l'escarpement de
Floride, des minéralisationsà barytocélestite, non économiques, liées à un hydrotherma-
lisme « froid ». En conséquence, une relation génétique entre tes concrétions et un
hydrothermalismelocal (s. 1.) ne saurait être écartée.
Reçue le 11 juillet 1985. acceptée le 22 juillet 1985.
796 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série H, n° 11,1985

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Laboratoire de Minéralogie-Cristallographie, Université Lyon-I, U. A. n° 805,


43, boulevard du 11-Novembre-1918,69622 VilleurbanneCedex.
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 797
MINERALOGIE. -
La conservation de microorganismes dans une magnésitite spa-
thique et ses incidences cristallogénétiques et sédimentblôgiques. Note de Micheline
Chaye d'AIbissin et Jean-Jacques Guillou, présentée par Jean Wyart.

La fossilisation de basidiospores dans des magnésitites spathiques du Népal implique un sédiment originel
très fin et de même minéralogie.Leur conservationdans la mésozone sous la « Main Central Thrust » confirme
la résistance de la magnésite aux contraintes. Ces faits s'accordent avec l'existence de dépôts carbonates
magnésiens en milieu non évaporitiquejusqu'au début du Mésozoïque.

MINERALOGY. — The microorganisms preservation in sparry magnesite and its crystallogenetic and
sedimentplpgicrepercussion..
The presence of paleobasidiospores in sparry magnesites from Nepal implies that the original sediment was a
very fine grained magnésite. The conservation of these fossils in amphibolite facies conditions under the Main
Central Thrust confirms the high stress resistance of this carbonate. These facts agree with the hypothesis of
anteliasic magnesian carbonates in non evaporitic conditions.

La découverte de Paléobâsidiosporesdans une maghésitite spathique du Népal située


sous la « Main Central Thrust » ([1], [2]) repose le problème de la sédimentation carbona-
tée magnésienne dans les milieux marginaux-littoraux anciens. On sait, en effet, que les
dépôts de magnésite fine et spathique sont assez fréquents dans ces milieux avant le Lias
et qu'ils illustrent une évolution en cinq étapes [3] :

apparition des magnésitites marines littorales à la fin de l'Archéen;

coexistence des faciès fins et grossiers au Protérozoïque

large prédominance du faciès grossier au Paléozoïque;

diminution brutale d'importance de ces dépôts au Permo-Trias;

disparition de ce type de magnésitites à partir de cette époque.
Cette distribution dans le temps s'explique par l'action de facteurs supergènes où la
pressionpartielle du dioxyde de carbonejoue un rôle important. De nombreuses données
sédimehtologiques, géochimiques et paléogéographiqués précisent cas par cas ou de
manière plus générale la genèse de ces dépôts [4]. Mais elles n'explicitaient pas jusqu'ici
la nature minéralogique du sédiment d'origine ni la dimension de sa première cristallisa-
tion. Or il existe d'une part plusieurs carbonates magnésiens hydratés ou anhydres; on
connaît d'autre part des, magnesites spathiques dont certains cristaux peuvent atteindre
20 cm, taille qui n'est guère compatible avec une croissance syngénétique.
Les arguments tirés de la découverte de ces microorganismescomblent cette lacune et
permettent de proposer une reconstitution en trois étapes de la genèse de ces magnésitites
népalaises:
1. Le premier stade est représenté par les restes parfaitement conservés de microorganis-
mes de forme ovoïde, de quelques 300 um de diamètre (fig. a), dont tes parois sont
formées de membranes d'origine organique simples, doubles ou triples; ils présentent
parfois des détails tels qu'apicutes, hyphes, filaments externes qui ont été en quelque
sorte momifiés au cours de la fossilisation. Certains de ces organismes sont ceinturés
d'une coque d'une dizaine de microns d'épaisseur, d'autres, au cours du métamorphisme
ultérieur de faciès amphibolite, ont été entourés de minéraux qui ont formé autour d'eux
un blindage protecteur. Ce sont de tels organismes qui ont pu être isolés et observés au
microscopeélectronique à balayage (fig. b).
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Type d'organisme découvertdans la magnésite spathique du Népal, a. organisme avec apicule et hyphe conservé
dans la magnésite; LM recouverte; L.P. (d'après [1]). b. organisme isolé entouré de grandes plaques de talc,
de magnésite ou d'apatite et présentant un apicule dont l'entourage est pavé de cristaux d'apatite (MEB)
(d'après [1]).
Type organism discovered in the sparry magnesite from Nepal a. organism with apiculus and hyphe preserved
in the magnesite; covered slide; crossed nicols (after [1]). b. single organism surrounded with great sheets of
talc, magnésite or apatite. The apiculus of this organism is partly paved with apatite crystals (SEM) (after [1]).

Des traces de polysaccharides ont été repérées par coloration à l'intérieur de ces
organismes [5].
La matrice initiale de ces organismes a donc conservé les Paléobasidiosporesavec une
grande abondance de détails. En dehors des dépôts organiques ces possibilités ne se
trouvent guère que dans les gels siliceux. Dans te cas ici décrit, les carbonates originels
devaient présenter un grain particulièrement fin qui a permis la conservation de détails
de quelques microns et le remplacement de la matière organique intracellulaire sans
déformation des parois.
Les différences de volume spécifique entre les divers carbonates magnésiens, calciques
ou mixtes impliquent que le minéral originel n'a pas été remplacé. En d'autres termes la
magnésite est ici primaire.
2. Le deuxième stade est représenté par des sections losangiques de quelques 50 um
apparaissant localement dans la magnésite par cathodoluminescence. L'apparition de
ces structures ne modifie pas la composition locale des cristaux de magnésite qui les
renferment.
Il peut s'agir de fantômes de carbonates rhomboédriques calcomagnésiens comme la
dolomite ou la huntite. Ces minéraux auraient matérialisé de manière transitoire l'excès
en calcium du milieu.
3. Au cours du troisième stade, le matériel magnésitique fin se réorganise en masse et
forme des mégacristaux de 2 à 3 mm qui englobent les organismes fossilisés sans destruc-
tion ni déformation sensibles.
Ce phénomène implique une réorganisation simple du matériel microcristallin originel
dont les individus se sont associés pour donner des édifices cristallins de grande taille
C. R, Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 799

sans que ce processus entraîne un remaniement complet de la structure et sans que


la formation des mégacristaux soit en aucune façon perturbée par la présence des
microorganismes qui peuvent être traversés sans modification par un joint de grain. En
d'autres termes, il faut exclure l'intervention d'une recristallisation destructrice à partir
de domaines privilégiés.
La conservation des microorganismes exclut aussi toute réorganisationmétamorphique
importante. En dehors du cas étudié l'acquisition antémétamorphique de la structure
spathique est démontrée par la simple existence de nombreux amas spathiques non
métamorphisés [4]. On sait que la magnésite est un minéral qui résiste de manière
remarquable aux déformations [4] grâce à sa structure compacte et à l'inversion de son
coefficient de dissolution sous pression [6]. Parfaitement blindées dans ces cristaux peu
où pas déformables dans les conditions subies, les structures microorganiques sont
conservées bien qu'une partie du carbone organique ait été minéralisée ([1], [2]).
CONCLUSION. — Les faits relevés dans les magnésitites spathiques du Népal montrent
que ces roches peuvent provenir de la réorganisation d'un dépôt primaire de magnésite
fine. Dans ces conditions, il est possible que les magnésites fines correspondent à des
dépôts de milieux arides dans des bassins épisodiquement asséchés ([7], [8]), ce qui a pu
perturber tes phénomènes de recristallisation dans une boue partiellement déshydratée.
Les magnésitites spathiques se seraient par contre formées dans des bassins de salinité
proche de la normale [4]. L'évolution diagénétique se serait alors effectuée dans des
conditions beaucoup plus stables que celles du faciès fin.
Reçue le11 juillet 1985, acceptée,le 22 juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] M. BRUNEL, M. CHAYÉD'ALBISSINet M. LOCQUIN, Geobios, 17, n° 5, 1984, p. 595-602.


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[6] M. ARNOLD, Sci. de la Terre Mém., 40, 1981, 405 p.
[7] B. G. FORBES, Trans. roy. Soc. S. Aust, 83, 1960, p. 1-9,
[8] B. G. FORBES, Trans. roy. Soc. S. Aust., 85, 1961, p. 217-222.

M. C. : Département de Géologie dynamique, L.A. C.N.R.S. n° 317,


Université Pierre-et-Marie-Curie,4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05;
J. J. G. : E.N.S.G. Nancy, B.P. n° 452, 54001 Nancy Cedex.
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

GÉOCHIMIE. Les acides fulviques dissous dans les eaux du procheplateau continent

tal. Relation avec la situation estuairienne. Note de Pierrette Berger, Colette Belin, Marie-
Pierre Marniesse et Marc Ewald, présentée par Jacques Joussot-Dubien.
L'intensité de fluorescence associée aux acides fulviques dissous décroît quand on s'éloigne de la côte, ainsi
que la densité optique et la concentration en carbone organique dissous. Les très faiblesintensitésde fluorescence
enregistrées sur les échantillonsles plus marins empêchent de déterminer avec précision un maximum d'émission.
La concentration des acides fulviques par ultrafiltration à 1000 en masse molaire montre que ceux-ci présentent
dans les eaux du proche plateau continental un spectre similaire à celui des acides fulviques terrigènes,

GEOÇHEMISTRY.— Dissolved fulvic acids from the hear continental shelf. Relation with the estuarine
situation.
The fluorescence intensities associated with dissolvedfulvic acids decreasefrom the coast to the sea, as well as
the absorbances and the concentrations of dissolvedorganic carbon. The very lowfluorescenceintensities recorded.
for the marine samples prevent to determine with precision the position of the emission maximum. When they
are concentrated over an ultrafiltrationmembrane of threshold 1,000 in molecular weight, fulvic acids from the
near continental shelf emit fluorescence spectra similar to that of terrigenic fulvic acids.

INTRODUCTION. Les substances humiques constituent une fraction importante de la



matière organique dissoute dans les eaux naturelles. En effet, d'une part elles forment
l'espèce quantitativement majoritaire, puisque les estimations varient de 50 à 90 %
du carbone organique dissous selon les auteurs ([l]-[2]). D'autre part, leurs propriétés
complexantes pour certains métaux lourds et pour certains polluants organiques leur
confèrent un rôle important dans les processus écotoxicologiques des systèmes
aquatiques [3].
Les substances humiques sont classiquement séparées en deux grandes classes, en
fonction de leur solubilité en milieu acide : les acides humiques (AH) et les acides
fulviques (AF) [3]. Les AH, de masse molaire plus élevée, sont peu abondants a l'état
dissous dans les eaux naturelles [4].
La spectrofluorimétrie a été employée depuis plusieurs années pour étudier les acides
fulviques dissous dans les eaux ([5] à [8]). Nous avons pu montrer que le spectre de
fluorescence enregistré directement sur les eaux filtrées de l'estuaire de la Gironde pouvait
être attribué à dés acides fulviques dissous [8]. L'étude du comportement de la fluorescence
associée aux AF dissous à l'interface eau douce-eau salée dans quatre estuaires européens
nous à permis de montrer que le spectre de fluorescence ne change pas d'un bout à
l'autre de chaque estuaire, tandis que l'intensité mesurée au maximum d'émission décroît
linéairement quand la salinité augmente [7]. Ce comportement, déjà observé dans d'autres
environnements [9], semble indiquer qu'il y a un apport d'AF dissous d'origine continen-
tale à la zone côtière des océans. Il était donc intéressant d'examiner la fluorescence
émise par les eaux prélevées sur le proche plateau continental et de la comparer avec ce
qu'on observe dans la zone interface.
MATÉRIELSET MÉTHODES. — Les eaux ont été prélevées lors de la missionPlacar [10] le long de trois radiales
perpendiculaires à la côte aquitaine, à l'aplomb des trois principaux émissaires de matériel continental; le
Bassin d'Arcachon, l'estuaire de la Gironde et la baie de Marennes-Oléron (fig. 1). Les prélèvements ont été
réalisés à environ 50 cm sous la surface à l'aide d'une bouteille en verre bouchée lors de l'introduction dans
l'eau pour limiter une éventuelle interférence de la matière organique du film de surface. Les eaux ont été
filtrées le plus rapidement possible après le prélèvement sur des filtres Whatman GF/C préalablementpyrolyses
à 450°C pendant 2 h.
Les concentrations en Carbone Organique Dissous (COD) ont été mesurées sur les eaux filtrées à l'aide
d'un appareil Kontron Oceanography International, basé sur la méthode décrite par Menzel et Vaccaro [11]
(oxydation à chaud en ampoules scellées et mesure du C02 résultant par détection infrarouge). Un dispositif
supplémentaire a été ajouté pour éliminer le chlore moléculaire formé lors de l'oxydation de la matière
organique [11].

0249-6305/85/03010801 $ 2.00 © Académie des Sciences


802 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

L'absorption électronique des eaux a été mesurée par un spectrophotomètre « Beckman Acta MVI ». Les
très faibles densités optiques (DO) enregistrées pour les eaux marines ont nécessité l'emploi de cellules en
quartz de 10 cm de chemin optique. Les DO ont été mesurées à 370 nm, qui est la longueur d'onde utilisée
pour exciter la fluorescence des eaux.
Les mesures de fluorescence ont été effectuées avec un spectrofluorimètre« Hitachi-Perkin-ElmerMPF-3 »,
muni d'un photomultiplicateur R-106, dans des cellules de quartz de 1 cm x 1 cm thermostatées à 20°C. Les
fentes à l'excitation étaient de 16 nm, à l'observation de 4 nm. Les spectres d'émission obtenus pour une
longueur d'onde d'excitation de 370 nm ont été corrigés pour les effets de diffusion de la lumière (diffusion
Rayleigh, Raman et Tyndall) selon une méthode précédemmentdécrite ([7]-[12]). Les intensités de fluorescence
mesurées sur les spectres ont été corrigées pour les fluctuations d'intensité de la lampe en utilisant l'intensité
de la bande Raman de l'eau pure mesurée à 423 nm comme étalon interne. L'eau utilisée pour cette mesure,
ainsi que pour toutes les manipulations, était de l'eau ultrapure « Milli-Q » (Millipore).
Les eaux prélevées à la station B 12 ont été étudiées en ultrafiltration sur un appareil « Amicon » à flux
tangentiel, à l'aide de membranes YM2 à seuil de coupure théorique 1000 g en masse molaire.
Tous les récipients employés, ainsi que les filtres et les membranes d'ultrafiltration ont été examinés pour
leur taux résiduel d'impuretés fluorescentestransférées à l'eau ultrapure, en utilisant une excitation à 250 nm.
RÉSULTATS ET DISCUSSION. Le tableau fournit pour les six stations étudiées tes valeurs

du Carbone Organique Dissous (COD), de la densité optique (DO), de l'intensité de
fluorescence mesurée à 460 nm (If), ainsi que du rapport entre 1f et l'intensité de la
bande Raman de l'eau pure.
Le COD constitue une mesure globale, puisqu'elle prend en compte à la fois les
substances humiques fluorescentes et d'autres molécules organiques non fluorescentes.
Les valeurs de COD obtenues lors de cette mission sont en bon accord avec les valeurs
publiées dans la littérature pour les eaux côtières [6]. Elles sont toujours plus faibles pour
le point marin que pour te point correspondant situé plus près de la côte. Les concentra-
tions en COD mesurées ici sont plus faibles que celles obtenues par la même méthode
sur des eaux de l'estuaire de la Gironde : sur des mesures effectuées pendant 3 années
consécutives (1981 à 1983), le COD varie dans la Gironde de 0,9 à 6,1 mg/l tout te long
de l'estuaire. Les valeurs obtenues pour la zone aval se situent entre 0,9 et 2,1 mg/l. Ces
résultats montrent qu'il y a une dilution de la matière organique dissoute provenant de
l'estuaire dans les eaux marines.
La mesure de la DO est un paramètre moins global que te COD, puisqu'elle ne tient
compte que des espèces qui absorbent à la longueur d'onde considérée. Il convient de
noter que l'examen du spectre d'absorption des eaux étudiées n'a mis en évidence aucun
composé à spectre structuré. De la même façon que pour le COD, on constate que les
valeurs de DO obtenues lors de la mission Placar sont comparables à celles de la zone
aval de l'estuaire (0,0014 à 0,0054), et restent inférieures à ce qu'on observe dans la
zone amont (DO pouvant aller jusqu'à 0,048).
L'intensité de fluorescence émise par les échantillons étudiés est très faible, au plus
égale à l'intensité de la bande Raman de l'eau pure à 423 nm.

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 1.

Stations de prélèvement.
Fig. 1.

Sampling locations.
Fig. 2. — Spectres de fluorescence non corrigés de l'eau de la station B12 avant (2) et après (3) ultrafiltration
à 1000 g en masse molaire, par comparaison avec le spectre de l'eau pure (1) (^,. = 370 nm).
Fig. 2. — Raw spectra of the water from the station B 12 before (2) and after (3) ultrafiltration at 1,000 in
molecular weight, by comparison with the spectrum ofpure water (1) (Xex= 370 nm).
Fig. 3. Spectres de fluorescence corrigés et normalisés au maximum de l'eau de la station B 9 et du rétentât

de l'eau de la station B 12 (^cx = 370 nm) (voir le texte)..
Fig. 3. — Correctedfluorescence spectra of the water from station B 9 and of the retentate of the water from
station B 12 (spectra normalized in intensity) (A,ex = 370 nm) (see the text).
PLANCHE I/PLATEI PIERRETTE BERGER
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 805

TABLEAU.. 7
Teneurs en carbone organique dissous, densités optiques, intensités de fluorescenceet rapport entre les intensités
de fluorescenceet l'intensité de la bande Raman de l'eau pure, pour les six stations étudiées.
Concentrations of dissolved organic carbon, absorbames, fluorescence intensities and ratio fluorescence/Roman
bandofwater, for the six stations,

Carbone
organique
Densité
optique
à 370 nm
7.

dissous sous lf
Site Station (mg/l) 1cm
.
(°) IF/lRaman eau

. Al 1,1 0,0024 0,92 0,20;


Sortie Pertuis d'Arcachon.

Sortie Pertuis d'Antioche.

Sortie estuaire Gironde.


.. .
........
A4
A6
A10
B12
B9
1,2
1,2
1,8
1,3
1,7
0,0013
0,0009
0,0024
0,0026
0,0080
1,12
3,40
1,62
8,74
1,97 0,447 7
0,25
0,75
0,36 V
1,94
V

(°) lf, intensité de fluorescence mesurée à 460 nm, ramenée à la même sensibilité du spectrofluorimètre
corrigée pour la diffusion et pour les fluctuations d'intensité de la lampe (Xex = 370 nm).
(") If, fluorescence intensity measured at 460 nm, for the same sensitivity of the spectroftuorometer, corrected
for scattering and for fluctuations of the lamp intensity (Aex = 370 nm).

Il est possible d'effectuer une mesure de l'intensité de la fluorescence émise à 460 nm,
longueur d'onde qui n'est pas trop éloignée du maximum d'émission, mais pour laquelle
les effets de diffusion sont relativement peu importants. Le tableau indique que l'eau du
large est toujours moins fluorescente que l'eau cotière pour chaque radiale. Ce résultat
est en bon accord avec te comportement conservatif de la fluorescence avec la salinité
observé dans plusieurs estuaires [7]. Des niveaux de fluorescence similaires avaient été
détectés dans les eaux dé fond des campagnes Orgon ([12]-[13]). La diminution de
l'intensité de fluorescence est en accord avec l'origine continentale supposée des AF
dissous qui se diluent dans la masse d'eau océanique.
Toutefois les très faibles intensités enregistrées pour les échantillons provenant du large
rendent difficile la mise en oeuvre de la correction de diffusion. En effet, la bande
Raman de l'eau pure peut être jusqu'à 5 fois plus intense que l'émission de fluorescence
proprement dite (station A1). La soustraction point par point du bruit de fond introduit
donc des barres d'erreurs trop grandes. Il est donc impossible, au moins pour les
stations A 1, A 6 et B12, de déterminer avec précision la position du maximum d'émission,
et donc de savoir s'il s'agit d'un AF d'origine continentale.
L'ultrafiltration sur membrane à seuil de coupure théorique 1000 g en masse molaire
permet de concentrer les AF dans le rétentat [8]. La figure 2 montre l'aspect du spectre
de fluorescence de l'eau provenant de la station B12 avant ultrafiltration et après avoir
été concentrée environ 5 fois (volume initial 500 cm3, volume final 90 cm3). L'émission
de fluorescence peut être alors aisément corrigée. Dans ce cas, il est possible dé déterminer
la position du maximum d'émission et de le comparer avec celui du point B9 situé juste
à l'embouchure de la Gironde. La figure 3 montre que les spectres normalisés sont très
proches,
La position du maximum d'émission enregistré à la station B 9, ainsi que pour te
rétentat de la station B12 (445 nm), est la même que celle mesurée sur les eaux de
l'estuaire de la Gironde, jusqu'en amont [7]. Ceci confirme l'hypothèse de l'origine
806 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

continentale du matériel fluorescent dissous recueilli sur le proche plateau continental. Il


semblerait donc que les AF dissous terrigènes se retrouvent à une distance relativement
grande des côtes, plus loin en tout état de cause que te matériel particulaire
continental [10].
Cependant, il faut noter que le spectre d'AF d'origine marine autochtone n'est pas
connu. L'absence de référence réellement marine pour les AF ne permet donc pas de
trancher avec certitude en ce qui concerne l'origine du matériel fluorescent au vu de son
spectre d'émission.
CONCLUSION. Cette étude a montré que les eaux côtières émettent une fluorescence

de très faible intensité, mais dont tes caractéristiques sont proches de celles des eaux
estuairiennes. La diminution d'intensité observée quand on s'éloigne de la côte laisse
supposer une origine continentale du matériel. Pour aller plus loin, il serait nécessaire
d'une part de disposer des techniques analytiques plus sensibles (spetrofluorimétrie à
excitation laser par exempte), et d'autre part d'avoir une référence réellement marine.
Reçue le 12 juillet, acceptée le 24 juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Groupe d'Océanographiephysicochimique du L.A. n° 348 du C.N.R.S.,


Université de Bordeaux-I, 351, cours de la Libération, 33405 Talence Cedex.
C. E. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 807

GÉOCHIMIE. hydrothermal de la ride Est-


— Les hydrocarbures dans le système
Pacifique, à 13° Noté de Martine Brault, Bernd R. T. Simoneit, Jean-Claude Marty et
N.
Alain Saliot, présentée par Guy Qurisson.

Les hydrocarbures non aromatiques ont été analysés dans du sédiment hydrothermal, le contenu d'une
trappe à sédiment et l'eau prélevée dans le maximum du panache au niveau de la ride de l'océan Pacifique
Est, à 13° N. Les. hydrocarbures du sédiment hydrothermal ont les caractéristiques d'un sédiment immature,
dont la matière organique est fraîchement biosynthétisée et dégradée par les microorganismes. Ce même type
de matériel est présent dans le contenu de la trappe à sédiment qui contient, de plus, des molécules organiques
[17-<x(H)-liopanes] portant la trace, d'une maturation thermique liée à l'hydrothermalisme. Ces composés
matures et des intermédiaires de la maturation thermique sont également présents dans l'eau prélevée dans le
maximum du panache hydrothermal.

-
GEOCHEMISTRY. Hydrocarbons from the hydrothermal System at 13°N, East-Pacific rise.
Non aromatic hydrocarbonshave been analysed in a hydrothermalmêtalliferous sediment sampled at the bottom
of an inactive chimney, close to active sources, in the content of à sediment trap deployed at 50 m above the
active zone and in water collected in themaximum of the hydrothermalplume, from the East-Pacifiç rise, near
13°N. Hydrocarbonsfrom the hydrothermalsedimentpresent characteristics of immature organic matter, freshly
biosynthesized and microbiologically degrqded, as indicated by the importance of low molecular weight n-alkanes.
and phyiane, and a Contribution of ubiquitous higher continental plant inputs shown by the predominance of odd
Carbon qtom number high molecular weight n-alkanes. The immature character of organic matter. is also
shown by the présence of coprostane and cholestane, and the predominance of 17p(H), 21 §(H)-hopanes over
na(H)-hopdnes. The sediment trap content is characterized by the same type of biologically-derived matetial
and also by the presence of compounds such. as 17 a (H)-hopanes and intermediatesof thermal alteration, stérenes,
triterpenoid and isoprenoid ketones, which confirm the importance of thermal d"gradation of the organic matter
near hydrothermal Systems. Mature - substances and intermediates from the thermal alteration process are also
present in the water collected in the maximum of the hydrothermalplume.

INTRODUCTION. — Des sources hydrothermales sous-marines actives ont été découvertes


sur Je site de 13°N, au niveau de l'axe de la dorsale du Pacifique Oriental, au cours des
campagnes Clipperton (N/O Jean-Charcot, mai-juin 1981), Cyatherm (N/O Suroit et
Cyana, février 1982), Cyarise (N/O Nadir, et Cyana, janvier-mars 1984) ([1]-[2]). Ces sites
sont colonisés par d'abondantes communautés animales [3] qui utilisent une source de
production primaire non photosynthétique [4], Dans cet environnement hydrothermal, la
matière organique synthétisée ou déposée près des évents peut être altérée par le fort
gradient thermique, comme cela a été montré pour le site du bassin de Guaymas [5]. Il
est possible également que de la matière organique maturée soit émise par les évents
hydrothermaux eux-mêmes dont la température peut dépasser 350°C, Dans la famille des
hydrocarbures, certaines molécules spécifiques permettent de mettre en évidence ces
phénomènes, en particulier les n-alcanes, et les composés de type hopanique abondants
dans le règne bactérien qui peuvent subir des changements de structure en fonction du
degré de maturation. Cette étude préliminaire présente les premiers résultats de l'analyse
des hydrocarbures d'un sédiment métallifère, du contenu d'une trappe à sédimentet de
l'eau de cet environnement très particulier.
:
MATÉRIEL ET MÉTHODES. — Le sédiment métallifère hydrothermal (SMH) a été prélevé au pied d'une
cheminée non active à l'aide d'un carottier conçu et réalisé dans notre laboratoire et actionné par la soucoupe
Cyana.
Une trappe a sédiment (TS) de type Parflux [6] à été ancrée sur l'axe de la dorsale à 50m au-dessus d'une
zone active et laissée 222 jours en empoisonnant régulièrement son contenu par de Tazoture de sodium.
L'eau, de mer (EDM.), située à l'axe de la dorsale à 180m au-dessus du fond à la profondeur d'extension
maximale du panache hydrothermal, a été prélevée à l'aide de bouteilles hydrologiques de type GOELO ([8],
[10]).
Les lipides sont extraits de l'eau et des sédiments par des solvants organiques. L'extrait organique est
désoufré. Apres ajout d'un étalon interne (n-docosane), l'extrait est saponifié et séparé en classes de lipides, par

0249-6305/85/03010807 $ 2.00 © Académie des Sciences


808 C. R. Acad. Se. Paris, t 301, Série II, n° 11, 1985
passage sur une microcolonne remplie de 300 mg de silice Merck G, type 60 [7]. Une première fraction éluée
par 6ml d'hexane contient les hydrocarbures non aromatiques (HNA), sujets de cette Note. Ceux-ci ont été
analysés par chromatographie en phase gazeuse (CG) sur une colonne capillaire de 25m de longueur, de
0,32 mm de diamètre intérieur, recouverte d'un film de SE 52. Les n-alcanes ont été identifiés en CG par
comparaison de leurs temps de rétention avec ceux de standards analysés dans les mêmes conditions. Les
structures des composés identifiés ont été déterminéespar CG coupléeà la spectrométriede masse en comparant
leurs spectres de masse à ceux d'étalons authentifiés [8].
RÉSULTATS ET DISCUSSION.

Sur la figure 1 sont reportés les chromatogrammes des
hydrocarbures non aromatiques (HNA) des trois échantillons sélectionnés. Sur la figure 2
sont indiquées tes intensités relatives de l'ion m/z —191, normées par rapport au composé
le plus abondant des formes p et a des hydrocarbures hopaniques de 27 à 32 atomes de
carbone. La comparaison des formes p et a est un critère d'évaluation du degré d'évolution
de la matière organique. En effet, les hopanes de configuration 17 P (H), 21 P(H) (voir la
structure, fig. 3), prédominent dans les sédiments immatures, alors que la configuration
17 a (H), thermodynamiquement stable, est rencontrée dans la matière organique maturée
([5], [9]-[14]).
Le sédiment métallifère hydrothremal est constitué par des débris de cheminée et de
particules déposées où s'accumulent les colonies bactériennes [4]. Ses teneurs en carbone
organique, 0,42 % en poids sec et en HNA, 1,02 ug. g- 1 sont faibles. Le chromatogramme
des HNA se caractérise par de nombreux pics résolus (incluant les n-alcanes) qui dominent
une enveloppe de pics non résolus correspondant à des hydrocarbures ramifiés et cycli-
ques. Dans ce chromatogramme on distingue deux modes :
— un
mode « léger » constitué par des hydrocarbures de faible poids moléculaire
centré autour des alcanes linéaires à 17 et 18 atomes de carbone, notés n-C17 et n-C18
(on remarque également la présence de phytane), qui sont caractéristiques d'une matière
organique récemmentbiosynthétisée et dégradée par les bactéries [14];
— un
mode « lourd » du n-C25 au n-C35 dans lequel on reconnait la présence d'hydro-
carbures issus d'apports continentaux (cires cuticulaires de végétaux supérieurs) amenés
à ce site par les apports éoliens, se traduisant par la prédominance des n-alcanes à
nombre impair d'atomes de carbone sur les n-alcanes à nombre pair d'atomes de carbone.

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 1. Chromatogrammes des hydrocarbures non aromatiques du sédimentmétallifèrehydrothermal (SMH),



de la trappe à sédiment (TS) et de l'eau de mer (EDM). La température de la colonne est indiquée en
abscisse. Les n-alcanes sont repérés par leur nombre d'atomes de carbone. SI, standard interne (n-C22); Pr,
pristane; Ph, phytane.
Fig. 1. — Chromatogramsof non aromatic hydrocarbonsof hydrothermal metalliferous sediment (SMH), sediment
trap (TS) and surrounding water (EDM). The temperatureof the column is indicated on x-axis. The n-alkanes
are shown by their number of carbon atoms. SI, internai standard (n-C22); Pr, pristane; Ph, phytane.
Fig. 2. —
Distributions relatives (normalisées par rapport au composé le plus abondant= 100 %) de l'ion
m/z=191 des hydrocarbures hopaniques de 29 à 32 atomes de carbone du sédiment métallifèrehydrothermal
(SMH), de la trappe à sédiment (TS) et de l'eau de mer (EDM). 17a(H)-hopanes;
, ,
17p(H)-hopanes; 17p(H), 21tx(H)-hopanes. Les configurations 22S/R sont précisées pour les
,
composés à 31 et 32 atomes de carbone.
Fig. 2. — Relative distributions (normalized to the more abundant compound as 100%) for hopanic hydrocarbons
from 29 to 32 carbon atoms of hydrothermalmetalliferous sediment (SMH), sediment trap (TS) and surrounding
water (EDM) based on m/z = 191 mass chromatograms. 17a.(H)-hopanes;
,
17P(H)-hopanes;
17p(H), 21 a.(H)-hopanes. 22S/R configurations are indicated for compounds with 31 and 32 carbon
. ..,
atoms.
PLANCHEI/PLATE I MARTINE BRAULT

C. R., 1985, 2e Semestre(T. 301) Série II — 60


C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 811

Fig, 3. —
Structure des hydrocarbures hopaniques à 31 atomes de carbone 17 p (H), 21 p (H).
Deux configurationspossibles (S ou R) en position C-22.
Fig. 3. — Structure ofhopanic hydrocarbons 17P(H), 21 ^(H) with 31 carbon atoms.
Two possible configurations(S or R) in C-22 position.

On note la présence de coprostane et de chotestane, produits habituellement rencontrés


dans des sédiments immatures [14]. La richesse de ce sédiment en matière organique
fraîche est confirmée par la prédominancedes hydrocarbures hopaniques en C27, C29, C31
de configuration 17p par rapport aux hydrocarbures de configuration 17a (fig. 2). La
matière organique de ce sédiment, très proche d'une zone active, possède donc un
caractère immature et une forte empreinte bactérienne, comme cela a été montré par la
distribution des acides gras [15].
Plusieurs contributions peuvent être identifiées en examinant la distribution des hydro-
carbures du contenu de la trappe à sédiment (fig. 1) :
— un apport
de composés d'origine continentale, caractérisé par la prédominance des
alcanes à nombre impair d'atomes de carbone en C27, C29 et C31 sur les alcanes à
nombre pair d'atomes de carbone;
— une
contribution des microorganismes se traduisant par la présence de composés
«légers» de C15 à C23 et l'abondance du pristane et du phytane, Cette contribution
doit être reliée aux communautés: vivant près des évents hydrothermaux, puisque la
colonisation du contenu de la trappe par les bactéries est interdite par l'adjonction de
produits; antibactériens pendant la collecte. Cependant l'examen des distributions des
hydrocarbures hopaniques montre que seules les formes 17 a (H) sont présentes, indiquant
un apport de composés matures, entraînés jusqu'à la trappe par la circulation liée à
l'activité hydrothermale. Ceci est confirmé par la présence dans là; trappe de composés
intermédiaires produits au Vcours de la maturation thermique : stérènes, stéradiènes,
oléfines, n-méthylcétones, cétones triterpénoïdes et isoprénoïdes.
Nous avons confirmation de cette exportation de matière organique dégradée et
maturéé dans l'eau de mer en examinant le chromatogramme des HNA de l'échantillon
d'eau prélevée dans le maximum du panache hydrothermal (fig. 1). On note dans le
mode « léger » la présence de nombreux composés résolus (dont lé pristane et le phytane)
preuve d'une forte empreinte bactérienne. Celle-ci est confirmée par l'extrême abondance
des composés non résolus dans cette partie du spectre. Le mode lourd (de C23 à C33) ne
présente pas de caractéristiquesparticulières et est analogue à la répartition habituellement
rencontrée dans les eaux de mer, constituant une sorte de « bruit de fond » des océans [16].
La maturation thermique de cette matière organique est clairement indiquée par la
présence des hydrocarbures hopaniques de forme 17a(H) uniquement (fig. 2) et l'identifi-
cation de composés intermédiaires; dans la maturation thermique, en particulier des
hopènes, dès stérènes et des cétohes divers, et des composés précurseurs tel que le
diploptène.
812 C R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

CONCLUSION. — L'analyse des fractions hydrocarbures de divers échantillons dans les


environnements hydrothermaux indique la présence de matière organique fraîchement
biosynthétisée par les organismes et microorganismes vivant auprès des évents dans le
sédiment métallifère provenant d'une cheminée non active et dans une trappe à sédiments
placée à 50 m au-dessus d'une zone active. Des molécules organiques portant la trace
d'une maturation liée à l'hydrothermalismesont retrouvées dans l'eau du panache hydro-
thermal, à 180 m au-dessus des sources et dans la trappe à sédiments. Ces résultats
soulignent l'intérêt de l'étude des environnements hydrothermaux par l'approche des
marqueurs organiques.
B. R. T. S. thanks the U.S. National Science Foundation, Division of Ocean Sciences (Grant OCE-8312036)
for financial support and Mr. O. E. Kawka for technical assistance and GC-MS data.
M. B., J.-C. M. et A. S. remercient l'IFREMER pour le support financier accordé pour ce travail (contrats
n°s 82/6964 et 83/7269).
Reçue le 4 juillet 1985, acceptée le 24 juillet 1985.

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M. B., J.-Cl. M. et A. S. : Laboratoire de Physique et Chimie marines, U.A. C.N.R.S. 353,


Université Pierre-et-Marie-Curie,Tour 24-25,
4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05;
B. R. T. S. : Petroleum Research Group, College of Oceanography,
Oregon State University, Corvallis, OR 97331, U.S.A.
C.R. Acad.
Sc. Série
Paris,
t.301, II,
PÉTROLOGIE (MINÉRALOGIE). — Composition chimique des biotites et typologie
magmatique des granitoïdes. Note de Hassane Nachit, Narison Razafimahefa, Jean-Mare
Stussi et Jean-Paul Carron, présentée par Jean Wyart.
11,1185 813

En opposant les variations des nombres d'atomes Mg et Al dans leur formule structurale, les biotites des
granitoïdes se répartissent dans des populations distinctes suivant qu'elles appartiennent aux associations
magmatiques de type alumino-potassique,calco-alcalin, subalcalin, alcalin et peralcalin. Cette répartition peut
s'expliquer par des considérations cristallochimiques,thermométriques et génétiques.

PETROLOGY (MINERALOGY).— Biotite chemical compositions and magmatic typology of the granitoids.
When plotted in a Mg us Al diagram, granitic biotites are located in distinct areas according to the host-rock
magmatic type (aluminopotassic, alcalkaline, subalkalic, alkalic and peralkalic). This distribution may be related
to cristallochemical, thermometricand geneticfeatures.

INTRODUCTION. — Dans tous les granitoïdes, la biotite constitue par rapport au stock
quartzo-feldspathique — qui joue un rôle essentiel en systématique des roches plutoniques
[1] — la fraction la plus fréquente et la plus abondante du « reste », dont certains
minéraux ont déjà été pris en compte à des fins de discrimination ([2], [3], [4]). On
pouvait s'attendre à ce que la composition chimique des biotites varie de manière sensible
suivant les différents types de roches. Des travaux relativement anciens ont montré que
les variations de composition portent essentiellement sur les teneurs en Al, Fe et Mg, et
qu'on observe globalement une augmentation de Al et Fe quand on passe des granodiori-
tes à biotite et amphibole aux granites à biotite seule, puis aux granités à biotite et
muscovite ([5], [6], [7]). Nous montrerons ici, en extension de travaux préliminaires [8],
qu'on obtient une discrimination plus précise et plus satisfaisante quand on prend en
compte la typologie magmatique des granitoïdes [9], et quand on considère les biotites
comme des solutions solides entre les pôles annite (K2Fe6+(Si6Al2)O20(OH)4),phlogo-
pite (K2Mg6 (Si6Al2) O20 (OH)4), sidérophyllite (K2F^+Al2(Si4Al4)O20(OH)4)et easto-
nite (K2Mg5Al(SisAl3) O20 (OH)4) ([10], [11]).
1. SÉLECTION DES DONNÉES. —
Les analyses à la microsonde ont montré que des
1.
biotites brunes, qui semblent optiquement « fraîches », peuvent avoir subi cependant des
variations importantes dans leurs teneurs en K, Mg, Al, Ti, notamment par chloritisation
et muscovitisation [12]. C'est pourquoi nous n'avons retenu que les analyses correspondant
au coeur des cristaux dans la mesure où te total des oxydes dosés est voisin de 96%, et
où la formule structurale est équilibrée. On en trouvera dans le tableau quelques exemples
représentatifs, analysés pour la plupart à la microsonde « Ouest » (conditions analytiques
15 kV, 10 nA, 6 s). Nous avons utilisé également des analyses obtenues par voie chimique
sur des fractions minérales séparées [13], à condition que les teneurs pondérales en K2O
et TiO2 soient respectivement supérieures à 7,5 et 2%, conformément aux remarques
précédentes. Dans quelques cas où les biotites ont été analysées par les deux méthodes,
on observe une concordance satisfaisante; les écarts portent essentiellement sur K et Ca,
les inclusions d'apatite et les lamelles chloritisées étant très difficiles à éliminer par les
méthodes physiques de séparation.
2. Les granitoïdes sélectionnés correspondent à des massifs bien étudiés géologique-
ment, et se rapportant sans ambiguïté aux lignées magmatiques évoquées plus haut [9] :

lignées alcaline et peralcaline (complexes anorogéniques) : Corse, Hoggar, Nigeria,
Kerguelen, Oslo;

0249-6305/85/03010813 S 2.00 © Académiedes Sciences


814 C. R. Acad. Se. Paris, t 301, Série II, n° 11, 1985

lignée subalcaline (associations monzonitiques) : Aber-Ildut, Ballons, Crêtes, Fla-
manville, Montagne bourbonnaise, Ploumanach, Quintin, Baie de Morlaix;

lignée calcoalcaline (associations granodioritiques) : Adamello, Gauterets, Corse-
Sardaigne, Querigut, Sanih, Sidobre, Sierra Nevada, Zaër;

lignée alumino-potassique(à minéraux alumineux) : Brignogan, Commana, Guéret,
Huelgoat, Kersaint, Lizio, Locronan, Marches, Margeride, Millevaches, Mortagne, Ros-
trenen, Saint-Sylvestre.
II. PRÉSENTATIONDES RÉSULTATS. — Des diverses relations exprimant les substitutions
entre Al, Mg et Fe, la plus discriminante est celle qui oppose le nombre de cations Mg
et Al (AlIV+AlVI) de la formule structurale correspondant à 22 atomes d'oxygène. Les
points de la figure correspondent chacun à un échantillon de granite et représentent soit
une analyse par voie humide, soit la moyenne d'une dizaine d'analyses à la microsonde.
A l'exception des cinq points représentatifs des granites peralcalins [14], toutes les
biotites étudiées se situent dans le quadrilatèrecorrespondant aux compositionsthéoriques
extrèmes, et d'une manière plus précise dans te domaine ABC, la ligne AB étant pratique-
ment parallèle à la droite sidérophyllite-eastonite.
Des limites sensiblement parallèles à AB définissent des domaines où se répartissent
de manière très sélective les biotites des différentes lignées. Celles qui correspondent aux
granitoïdes alumino-potassiquessont situées à 94% dans te domaine correspondant aux
teneurs tes plus élevées en Al. Il apparaît une séparation assez nette entre les biotites
associées à la muscovite (les plus ferrifères), et celles qui sont seules ou associées à
la cordiérite et aux silicates d'alumine; la limite entre les deux domaines correspond
approximativementà une direction parallèle à AC. Pour des teneurs plus faibles en Al,
on définit les domaines des biotites de la lignée calco-alcaline et de la lignée subalcaline,
avec respectivement 93 et 96% des échantillons étudiés. Lorsque, dans ces deux groupes,
tes biotites sont les seuls silicates ferromagnésiensprésents, elles sont moins magnésiennes
que lorsqu'elles sont associées à l'amphibole ou au pyroxène. Dans les associations
subalcalines, la dualité entre associations ferreuses (Ploumanac'h, Quintin) et associations
magnésiennes (Ballons, Montagne bourbonnaise) est stritement contrôlée par la composi-
tion des biotites : à index de coloration équivalent, celles-ci sont plus magnésiennes dans
les granitoïdes du second type. Quant aux biotites des associations anorogéniquesalcalines
ou peralcalines, elles occupent en quasi-totalité le domaine correspondant aux plus basses
teneurs en Al, souvent proches du pôle annite. Si dans chacun des domaines principaux

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Position des biotites des différentes lignées magmatiques dans un diagramme opposant les nombres de cations
Mg et Al de leurs formules structurales, établies sur la base de 22 atomes d'oxygène. Lignée alumino-
potassique. Étoiles : granités à biotite + muscovite; cercles pleins : granités à biotite + cordiérite. Lignée
calco-alcaline. Croix cerclées : granitoïdes à biotite seule; cercles vides : granitoïdes à biotite ± amphibole
+ pyroxène. Lignée subalcaline. Triangles pointe en bas : granitoïdes à biotite seule; triangles pointe en
haut : granitoïdes à biotite + amphibole + pyroxène. Lignée alcaline. Carrés obliques : granites à biotite
seule; carrés droits : granitoïdes à biotite + amphibole + pyroxène. Lignée peralcaline. Losanges pleins.
Location of granitic biotites in a Mg vs Al diagram (number of cations on the basis of 22
oxygen). Aluminopotassic series. Stars: biotite+muscovite granites; filled circles: biotite ± cordiérite
granites. Calcalkaline series. Cross-in-circles: biotite granites; open circles: biotite + hb + px
granitoïds. Subalkalicseries. Upward pointing triangles: biotite granités; downwardpointing triangles: biotite
± hb + px granitoïds. Alkalic series. Oblic squares: biotite granites; right squares: biotite ± hb ± px
biotites. Peralkalic series. Filled rhombs.
PLANCHE I/PLANTE I HASSANE NACHIT
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 817

TABLEAU

Composition chimique des principaux types de biotites

12 3 4 5 6 7 8

SiO2 36,04 35,58 35,56 37,17 34,78 37,94 35,80 39,18


Ti02 2,80 3,77 3,48 2,89 3,67 3,71 2,57 3,09
A1203.
FeO
.................. .
19,80
21,53
19,07
19,90
17,45
23,03
16,11
19,74
16,11
27,76
13,41
16,35
11,20
33,84
11,70
14,99
MnO 0,23 0,21 0,40 0,17 0,50 0,19 0,80 0,66
MgO 6,76 7,67 7,03 10,58 3,73 14,43 1,75 14,89
Na2O 0,12 0,12 0,07 0,04 0,06 0,09 0,38 0,56
K2O 9,70 9,92 9,54 9,79 9,46 9,85 9,08 9,26

TOTAL 96,98 96,24 96,56 96,49 96,20 95,97 95,42 94,33


Si 5,435 5,389 5,454 5,606 5,502 5,683 5,921 5,927
A1IV 2,565 2,611 2,546 2,394 2,498 2,317 2.079 2,073
A1VI 0,954 0,794 0,609 0,470 0,530 0,050 0,104 0,013
Ti 0,318 0,429 0,401 0,328 0,437 0,418 0,320 0,352
Fe 2,715 2,521 2,954 2,490 3,672 2,048 4,681 1,896
Mn 0,029 0,027 0,052 0,022 0,067 0,024 0,112 0,085
Mg 1,520 1,732 1,607' 2,378 0,879 3,222 0,431 3,357
Na 0,035 0,035 0,021 0,012 0,018 0,026 0,122 0,164
K 1,866 1,917 1,967 1,884 1,909 1,882 1,916 1,787

TOTAL 15,438 15,455 15,511 15,582 15,512 15,670 15,686 15,654

Granite alumino-potassique à biotite+muscovitede Pontivy. 2. Granite alumino-potassique à biotite + cor-


1.
diérite de Commana. 3. Granite calco-alcalinà biotite du Sidobre. 4. Granodiorite caico-calalcalineà biotite
et amphibole de Cauterets. 5. Granite subalcalin à biotite de la baie de Morlaix. 6. Granodiorite subalcaline à
biotite et amphibole de Flamanville. 7. Granite alcalin à biotite du Nigeria. 8. Syénite quartzique à biotite et
amphibole des îles Kerguelen. Analyses 1 à 7 : H. Nachit; analyse 8 : A. Marot. Les formules structurales
sont calculées sur la base de 22 atomes d'oxygène.
1. Aluminopotassic biotite + muscovite granite. Pontivy (France). 2. Aluminopotassic biotite + cordierite
granité. Commana (France). 3. Calcalkaline biotite granite. Sidobre (France). 4. Calcalkalinebiotite+ horn-
blende granodiorite. Cauterets (France). 5. Subalkalicbiotitegranite. Morlaix (France). 6. Subalkalic biotite
+ hornblende granodiorite. Flamanville (France). 7. Alkalic biotite granite. Shira (Nigeria). 8. Amphibole
biotite quartzic syenite. Kerguelen islands (Indian Ocean). Analyses 1 to 7: H. Nachit; 8: A. Marot. Numbers
of ions on the basis of 22 oxygen atoms.

ainsi définis, les variations en Al et Mg paraissent continues et parallèles à AB, nous


montrerons ultérieurement par une étude détaillée de massifs composites que tes variations
de ces deux éléments sont en fait obliques par rapport aux limites principales, et plutôt
parallèles à AC dans une même séquence magmatique.
III. CONCLUSIONS ET INTERPRÉTATIONS. — 1. D'un point de vue typologique, le dia-
gramme présenté ici s'avère beaucoup plus précis que les diagrammes antérieurs, avec
lesquels il n'est d'ailleurs pas en contradiction. L'analyse à la microsonde d'une dizaine
de biotites peut permettre sur ces bases de préciser de manière rapide et simple tes
affinités magmatiques d'un granitoïde. Ceci est particulièrement intéressant dans les
termes évolués, où la biotite est souvent peu abondante, et où il n'existe pas d'autre
minéral symptomatique [15].
2. D'un point de vue physicochimique, ces résultats peuvent être discutés en fonction
de données expérimentales récentes [16], qui montrent que l'incorporation d'Al dans le
818 C. R. Acad. Se. Paris,t. 301, Série II, n° 11, 1985

réseau d'un mica trioctaédrique est sous la dépendance principalement de sa teneur en


Fe et Mg et de la température. La substitution est d'autant plus forte que la température
est plus basse et la composition initiale plus riche en fer. Comme ces deux paramètres
évoluent de manière concomittante dans tes processus de cristallisation fractionnée, on
comprend aisément que les compositions des biotites évoluentdans une même association
de manière oblique, parallèle en première approximation à la direction AC. Par ailleurs,
l'anatexie de roches métamorphiques alumineuses peut produire des liquides riches en
Al3+ (à corindon normatif), alors que dans les liquides résiduels des magmas mantéliques
cet élément est en général compensé par des cations Na+, K+, Ca2 + La teneur décrois-
.
sante en Al des biotites depuis les séries alumino-potassiquesjusqu'aux séries alcalines et
peralcalines pourrait être une marque du taux de participation de la croûte continentale
à la genèse des magmas granitiques considérés.
Reçue le 11 juillet 1985, acceptée le 22 juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[16] J. L. ROBERT, Études cristallochimiquessut les micas et les amphiboles : applications à la pétrographie
et à la géochimie, Thèse, Univ. Paris-Sud, Orsay, 1981, 206 p.

H. N. et J.-P. C. : Laboratoire de Pétrologie, G.I.S. « Océanologie,etGéodynamique »,


Université de Bretagne occidentale, 6, avenue Le-Gorgeu, 29287 Brest Cedex;
N. R. et J.-M. S. : Centre national de la Recherche scientifique,
Centre de Recherches pétrographiqueset géochimiques,
15, rue Notre-Dame-dés-Pauvres,B.P. n° 20, 54501 Vandoeuvre-les-Nancy.
C. R. Acad. Sc. Paris,t.301,

PÉTROLOGIE.

II,n°
Série
1
1895

Évolution du chimisme des biotites et des muscovites dans une série


de granitoïdes (Nord Portugal); implications pétrologiques et métallogéniques. Note de
Daniel Garcia et Michel Fonteilles, présentée par Jean Wyart.
819

Dans une série de granitoïdes hercyniens de la région de Vila Real (Nord Portugal), la composition chimique
des muscovites est liée à celle des biotites en ce qui concerne le rapport Fe/Mg mais présente des variations
importantes du total Fe + Mg, impliquant l'existence de compositions non magmatiques. Les teneurs en TiO2
dans la muscovite évoluent successivement selon deux tendances différentes : l'une, parallèle à celle observée
dans la biotite (TiO2 constant) peut être magmatique; l'autre est certainement post-magmatique et peut être
accompagnée d'un départ de Fe en solution.

PETROLOGY. — Chemical évolution of biotites and muscovites in a granitic rock series from Northern
Portugal; petrological and metallogenicalimplications.
In a series of hercynian granitoïdsfrom the Vila Real region in Northern Portugal, the chemistry of muscovites
shows a progressive variation of Fe/Mg ratio correlated to a similar variation in biotites. Nevertheless, theese
muscovites show important variations of Fe+Mg, which means they where not equilibrated with a magma. TiO2
content in muscovites follows successively two différent trends: the first one, similar to the biotite trend (TiO 2
constant) may be magmatic; the second one is clearly post-magmatic and is possibly associated with iron release
in aqueous fluids.

Le problème de la cristallisation au stade magmatique de la muscovite dans les granites


a été l'objet de nombreuses discussions. Dans certains de ces granites, la muscovite
montre une taille et un idiomorphisme des coeurs des cristaux comparables à ceux de la
biotite et il a paru naturel d'interpréter ces relations texturales comme indiquant une
cristallisationmagmatique simultanéedes deux micas. Cependant, des données expérimen-
tales dans le système SiO2-Al2O3-K2O-H2O ([1], [2]) indiquent que la muscovite n'est
stable en présence de magma que si la pression d'eau atteint 3 kbars [3], ce qui paraît élevé
pour certains des granites en question. Les muscovites naturelles s'écartent notablement de
la composition idéale [4], ce qui complique l'utilisation des données expérimentales.
Dans les granitoîdes de la chaîne hercynienne, la composition chimique des muscovites
est abondamment discutée ([5] à [8]); certains auteurs distinguent dans un même faciès
plusieurs générations de muscovites dont l'une (relativement riche en Ti, Na, Mg) est
considérée comme primaire. Nous proposons de voir dans quelle mesure la composition
chimique des muscovites présumées primaires et des biotites peut représenter un équilibre
avec un bain silicaté par un examen comparatif de la composition de ces minéraux et
des roches correspondantes.
Les granités d'âge hercynien de la région de Vila Real (Nord Portugal) montrent une
gamme de variation géochimique particulièrement étendue pour des granites à deux
micas [9]; cinq des faciès cartographiés dans la région sont choisis pour représenter cette
évolution et numérotés par ordre de Fe/Mg croissant. Nous observons de II à V une
évolution très simple des teneurs en constituants majeurs et traces qui se traduit pour
certains d'entre eux (Mg, Fe, Ti, Co, Hf, Th, La, Hf...) par des corrélations linéaires en
diagramme bilogarithmique [9], tous ces éléments décroissant simultanément lorsque
Fe/Mg croît; I représente une enclave présumée homéogènedans un faciès semblable à IV.
Ce type de distribution est compatible avec une origine comme liquides comagmatiques
(liquide+cristaux dans te cas de I), par exemple dérivés d'une même source par une
cristallisation fractionnée plus ou moins poussée. Dans une telle évolution, tous les
paramètres intensifs étant corrélés avec le stade d'évolution, il en est de même des
compositions de toutes les phases précipitées. En conséquence, sur tout diagramme

0249-6305/85/03010819 S2.00 © Académie des Sciences


820, C. R. Acad, Sc. Paris, t. 301, Série II, n°. 11, 1985

Diagrammes d'évolution pour les roches et les micas des granites


de la région de Vila Real (Nord Portugal). Données dans [9].
Evolution diagramsfor whole rock and micas compositions
in the granites of the Vila Real zone (Northern Portugal).
Fig. 1. FeO (fer total): MgO en coordonnées bilogarithmiques;

la construction graphique permettant le calcul de K est indiquée.
Fig. 1. - FeO (total iron): MgO.
Fig. 2. - TiO2 MgO.
:

Fig. 2. - TiO2: MgO.


C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 821

binaire, les compositions de ces phases doivent décrire une courbe, de la même manière
que la composition des liquides successifs. Cette propriété va nous servir de test pour
discuter du caractère magmatique ou post-magmatique des compositions des biotites
et des muscovites analysées à la microsonde sur les cristaux millimétriques d'aspect
« primaire ».
Des contraintes cristallochimiques conditionnent la forme des courbes d'évolution pour
les minéraux; par exemple, sur te diagramme (FeO total : MgO) les compositions des
biotites montrent une substitution progressive de Mg par Fe de I à V (alors que FeO
décroît dans tes roches) : ainsi, le parallélismeavec l'évolution des compositions des roches
n'adopte une forme simple que pour le rapport Fe/Mg. Du fait de la constance du
contenu en Al octaédrique [9], les compositions des biotites décrivent effectivement une
courbe sur ce diagramme et sont donc compatibles avec une origine magmatique. Par
contre, les compositions des muscovites se distribuent dans des domaines de forme plus
ou moins allongée (grossièrement à Fe/Mg constant) et dont la succession dessine une
ligne brisée : leurs compositions ne sauraient donc être considérées comme fossilisant un
stade de cristallisation magmatique.
Il existe une relation entre le rapport Fe/Mg dans la muscovite et dans la biotite de la
même roche, relation qui peut s'exprimer sous la forme :

K = 2,5, 2,5, 2,5, 2,7 pour les faciès II à V (estimation graphique).


Nous en concluons qu'un certain état d'équilibre s'est instauré entre biotite et muscovite
dans des conditions post-magmatiques, ou plus précisément que par l'intermédiaire de la
biotite un certain rapport Fe/Mg se trouve imposé à la muscovite. Pétrographiquement,
ceci peut être mis en relation avec un remplacementpartiel de la biotite par la musçovite.
Reste-t-il parmi tes compositions des muscovites des témoins non modifiés du stade
magmatique ? Si nous admettons que les substitutions qui interviennent dans la muscovite
sont essentiellement de même type que celles qui interviennent dans la biotite nous
pouvons escompter au stade magmatique un certain parallélisme dans l'évolution des
teneurs des mêmes éléments dans les deux minéraux.
Dans la biotite, TiO2 est pratiquement constant de I à V; cette observation paraît en
accord avec l'idée d'une saturation en TiO2 imposée par la présence d'ilménite [10],
malgré la chute en TiO2 dans tes roches.
Les teneurs en TiO2 dans la muscovite décroissent rapidement entre le faciès I et les
faciès IV et V. II et III présentent deux sortes de compositions; les plus riches en titane
sont au même niveau de teneur que celles de I : cette évolution à TiO2 constant, par
analogie avec ce qui est observé dans le cas de la biotite, peut suggérer une origine
magmatique ou tout au moins un équilibre avec la biotite dans des conditions de
température élevée, proches des conditions magmatiques. Les compositions des muscovites
plus pauvres en TiO2 dans II, III, IV et V correspondraient dans cette hypothèse aux
muscovites post-magmatiques, ce qui s'accorde avec l'idée d'une chute en température
sous la contrainte de la saturation en TiO2 par l'ilménite. Dans cette optique, il apparaît
que les faciès IV et V sont, dans leur état actuel, dépourvus de muscovites de composition
primaire.
Dans l'hypothèse où elle se produit aux dépens d'une partie de la biotite sous un
rapport Fe/Mg étroitement contrôlé, la croissance de la muscovite dans les conditions
post-magmatiques s'accompagne d'une redistribution de Fe, Mg et Ti de la biotite entre
822 C, R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série H, n° 11,1985

muscovite, ilménite et solution. Comme le rapport Mg/Ti est du même ordre dans la
biotite et la muscovite et que au contraire le rapport Fe/Mg est au minimum le double
dans la biotite, cette transformation s'accompagne nécessairement soit de l'évacuation
du fer excédentaire par lé biais de la phase fluide, soit de sa précipitation in situ sous
une nouvelle forme minérale, par exemple un sulfure. Si la deuxième éventualité paraît
assez peu fréquente dans la nature, la première peut correspondre à un processus
générateur de solutions riches en fer, dont l'existence est par ailleurs bien attestée par la
métallogénie liée à ce type de granitoïdes.
Remise le 6 mai 1985, acceptéele 22 juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[10] C V. GUIDOTTI, J. T. CHENEY et S. GUGGENHEIM, Amer. Miner., 62, 1974, p. 438-448.

D. G. : Département de Géologie, École des Mines de Saint-Étienne,


158, cours Fauriel, 42023 Saint-Étienne Cedex
et U.A. n° 384, Métallogénie et Pétrologie;
M. F. : Laboratoire de Géologie appliquée, Université de Paris-VI,
Tour 26-25, 4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05
et U.A. n° 384, Métallogénieet Pétrologie.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 823
STRATIGRAPHIE. — Découverte de Trias supérieur fluviatile en domaine péloritain
(Arc calabrais, Sant Angelo di Brolo, NE Sicile). Note de Jean-Michel Thery, Bernard
Balusseau et Éric Voisenet, présentée par Jean Aubouin.

Une abondante microflore a permis de dater du Norien-Rhélien dans des alternances argilo-gréseuses du
« lambeau mésozoïque » de Sant Angelo di Brolo. Ce faciès fluviatile est à rapprocher des environnements
connus à la même époque sur le bloc corso-sarde; il constitue le terme le plus continental de la paléogéographie
du Norien-Rhétien sicilien.

STRATIGRAPHY. — Discovery of Upper Triasic fluviatile facies in the Peloritan zone of the Calabrian
arc (Sant Angelo di Brolo, NE Sicily).
A continentalfacies has been identified for the first lime in the Norian-Rhaelianseries of Sicily. The alternating
sands and shales, which have been dated by an abondant microflore, occur in the Sant Angelo di Brolo Mesozoic
unit and have been interpreted as having a fluviatile facies. Similar paleogeographiccontinental environments
have been proposed in the Corso-Sard region during the same period.

Le petit affleurement triasique de Sant Angelo di Brolo est situé à environ 1 km au


NW du village du même nom, sur la rive gauche du Fumiara Sant Angelo, dans la
terminaison orientale de la chaîne Nebrodi (Province de Messine).
La série stratigraphique présente quatre termes principaux en position renversée, déjà
décrits par G. Duée [1] : schistes lie de vin, conglomérat, alternances grès-argiles et
calcaires.

Les schistes micacés lie de vin sont azoïques, ils pourraient être rapprochés du
substratum paléozoïque métamorphisé, daté Dévonien à une vingtaine de kilomètres au
sud de Sant Angelo par la présence de Tentaculites [2].

Le conglomérat, épais d'une vingtaine de mètres et non stratifié à matrice rouge
sombre est de type continental.

Les alternances de grès et argiles grises à ocres à débris de végétaux qui font suite
n'avaient jamais pu être datées; elles avaient été attribuées à un « lambeau mésozoïque »,
infra jurassique [1].

Enfin, la série se termine par quelques mètres de calcaire massif à Textulariidae et
Lagenidae rapportés au Bajocien [1].
Le terme argilo-gréseux épais de 60 à 80 m est constitué d'alternances pluridéci-
métriques de grès microsparitiques micacés généralement fins (60 à 160 u), à grains de
quartz anguleux à subanguleux et d'argiles gréseuses micacées.
Les argiles et grès sont très riches en débris de végétaux (fragments de tiges de plantes).
Le lavage de plusieurs intercalations argileuses a fourni une abondante microflore en
particulier à deux niveaux qui apparaissent légèrement diachrones [déterminations
M. Poumot, S.N.E.A. (P), Pau].
Le niveau inférieur a donné : Triadispora staplini (Jansonius 1962), Klaus 1964, Alis-
porites loralis (Leschik 1955), Ovalipollispseudoalatus (Thiergart 1949), Schuurman 1976,
Concavisporites loralis (Leschik 1956) Nilsson 1958, Camarozonotriletes rudis (Leschik
1955) Klaus 1960, Cingulizonates rhaeticus (Reinhardt 1962), E, Schulz 1967, Den-
sosporites fissus (Rheinhardt 1964), E. Schulz 1967, Lycopodiacidites rugulatus (Couper
1958), E. Schulz 1967, Cingulizonates cf inaequalis, Classopollis torosus (Reissinger 1958),
Couper 1958, Duplicisporites mancus in Madler 1964.
La présence de quelques Classopollis torosus avec Triadispora staplini, Ovalipollis ovalis
et Duplicisporites mancus détermine un chevauchement d'espèces ne pouvant se situer
que dans le Norien supérieur.
0249-6305/85/03010823 $ 2.00 © Académie des Sciences
824 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

Position de la coupe de terrain de Sant Angelo di Brolo, NE Sicile.


Location of the field section in Sant Angelo di Brolo, NE Sicily.

A quelques mètres au-dessus dans la série, la présence de Granuloperculatipollis rudis


Venkatachala et Goczan 1964 et de Cerebropollenites macroverrucosus (Thiergart 1949),
E. Schulz 1967 peut indiquer le Rhétien, mais les formes les plus classiques du Rhétien
ne sont pas présentes. On y retrouve l'espèce Classopollis torosus trouvée dans te Norien
supérieur. On peut donc penser qu'il s'agit de la base du Rhétien.
Le faciès continental du Trias supérieur de l'arc calabro-péloritain est à rapprocher
des environnements connus à la même époque sur le bloc corso-sarde au Keuper et au
Rhétien, au Sud et à l'Est de la Sardaigne, et à la Cima Pedani en Corse ([3], [4], [5], [6]).
Il faut enfin noter que la comparaison palinspastïque dé cet environnement avec le
Norien-Rhétien de Sicile s'inscrit dans une « logique » paléogéographique, avec du centre
de la Sicile vers le Nord : l'ensemble pélagique centro-sicilien (bassin de Cammarata-
Campofiorito, Mte Judica ([7], [8], [9]), zone haute de Vicari et bassin de Sclafani), la
bordure récifale du Monte Mufara [10] et la plate-forme interne tidale panormide.
Remise le 22 avril 1985.

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J.-M. T. 17, rue Guénégaud, 75006 Paris;


B. B. : Elf Italiana, Largo Lorenzo Mossa, Via Aurelia 619, 00165 Roma;
E, V. : Laboratoire de Géologie méditerranéenne,
38, rue des Trente-Six-Ponts,31400 Toulouse.

G R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 61


C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 827

TECTONIQUE. — Ductilité du plagioclase et déformation des métagabbros dans le


faciès amphibolite. Note de Jean-Marc Lardeaux, présentée par Georges Millot.

Des métagabbros, localement mylonitisés, ont été échantillonnés dans le Rouergue (M.C.F.). Pour des
températures de 650 à 550°C et des pressions de 5 à 6 kb, les plagioclases sont les minéraux les plus ductiles.
Ils s'organisent en rubans polycristallins et sont responsables de l'accommodation de la déformation par la
roche. L'intérêt des métagabbros pour l'étude de la déformation ductile des plagioclases est souligné.

TECTONICS. — Plagioclaseductility and the deformation of amphibolitizedmetagabbros.


Mylonitized metagabbros have been sampled in the Rouergue area (M.C.F.). Under metamorphic conditions
of about 650-550°C and 5-6 kb, the plagioclases have suffered an intense plastic deformation resulting in
polycrystalline ribbons. The intefest of metagabbrosfor studying plagioclase ductility is emphasized.

Dans la plupart des roches métamorphiques, l'intensité de la déformation finie varie


de telle sorte qu'il est possible d'y définir des gradients de déformation (bandes myloniti-
ques, zones de transposition tectonique, « kink-bands »,...) ([1] à [3]). De telles bandes
de déformation permettent l'étude du développement progressif des microstructures dans
les roches. A cet égard, les métagranites ont fait l'objet de nombreuses études ([4] à [8])
qui ont démontré la ductilité du quartz et des phyllosilicates. Dans cette Note, nous
présentons le comportement de métagabbros dans un gradient de déformation en insistant
sur la ductilité du plagioclase entre 650 et 550°C.
CONTEXTE GÉOLOGIQUE7 — Les métagabbros étudiés font partie des terrains anté-
stéphaniens de la « ceinture basique du Lévezou » (Rouergue, Massif Central français)
[9]. Géochimiquement[10], il s'agit de roches à affinité tholéitique, plus rarement calcoalca-
line. Les roches basiques du Rouergue ont subi une évolution tectono-métamorphique
polyphasée [11] : un stade précoce de haute pression et haute température (phase éohercy-
nienne) est suivi d'une évolution vers des pressions et des températures plus faibles
(rééquilibratibn barrovienne liée à la tectonique hercynienne s. s.). Cependant, certains
métagabbros ont été transformés directement dans les; conditions de moyenne pression.
Ce sont ces dernières roches qui font l'objet de cette étude.
MESOSTRUCTURES DES METAGABBROS. La gradation des structures à l'échelle de l'échan-

tillon ou de l'affleurement résulte de l'hétérogénéitédans la distribution de la déformation
finie des gabbros. On y reconnaît, en effet, des zones peu ou pas déformées, des zones
foliées et des zones mylonitiques ( fig. 1).
Les volumes, préservés sont de dimensions variables (10 cm à 2-3 m). Des textures
magniatiques reliques y sont encore observables.
Les zones foliées sont caractérisées par la présence d'une double anisotropie. D'une
part, une foliation principale est définie par l'alternance de domaines à plagioclases et de
domaines à amphiboles et biotites. D'autre part, un clivage discontinu est souligné par
ralignement d'amphiboles et de phyllites. L'angle entre ces clivages est toujours inférieur
à 40° et il est pratiquement nul à proximité des zones mylonitiques.
Les zones mylonitiques montrent des orientations variées; elles se relaient, forment un
réseau anastomosé et isolent des zones peu déformées.
CONDITIONS PRESSION-TEMPÉRATURE DURANT LA DÉFORMATION. — Dans les zones
déformées sont présents, sous la forme de grains recristallisés ou néocristallsés, les

0249-6305/85/03010827 $2.00 © Académie des Sciences


828 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

Fig. 1. — Mésostructuresà l'échelle de l'échantillon. Le comportement des plagioclases


est situé au sein des différents sites structuraux.
Fig. 1. —
Mesostructuresat the sample scale. Plagioclasebehaviour is underlined
within the various structural sites.
Fig. 2. Évolution des minéraux dans le gradient de déformation.

0 représente l'angle entre les deux clivages.
Fig. 2. — Behaviour of minerais under the strain gradient.
8 is the angle between the two cleavages.

minéraux typomorphes suivants :


plagioclase, hornblende verte et bleu-vert, biotite, +zoïsite, +clinozoïsite, + quartz.
Cette paragenèse est caractéristique, pour des chimismes basiques, des conditions du
faciès amphibolite.
Si l'on considère l'équilibre hornblende-plagioclase [12] d'une part, les teneurs en Ti,
AlIV et Na(M4) des amphiboles d'autre part ([12] à [14]), les conditions « P-T » contemporai-
nes de la déformation peuvent être estimées aux environs de 650 à 550° pour la tempéra-
ture et de 5 à 6 kb pour la pression.
Cette transformation se déroule parallèlementà une partie au moins de l'évolution qui
est enregistrée sous forme de coronites dans les volumes tectoniquement préservés [15].
ÉVOLUTION MICROSTRUCTURALE DES MÉTAGABBROS DANS UN GRADIENTDE DÉFORMATION.

Depuis les zones non déformées jusqu'aux zones mylonitiques, c'est-à-dire dans un
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 829

gradient de déformation, on observe le développement progressif des microstructures


suivantes ( fig. 2).
Amphibole : c'est te minéral qui montre le comportement te plus fragile. On observe
des signes de déformation intracristalline, mais surtout des exemptes de comportement
rupturel. les manifestations de plasticité intracristalline sont des extinctions onduleuses,
des « kink-bands » aux limites finement suturées et quelques recristallisations. De telles
microstructures sont connues dans les amphiboles déformées naturellement ou expérimen-
talement et sont compatibles avec des températures de 500 à 600°C [16]. Cependant, les
amphiboles se présentent le plus souvent sous l'aspect de porphyroclastes dont certains
ont subi une rotation passive, comme le suggère le développementd'ombres de pression
à biotite néocristallisée. Ces porphyroclastes peuvent être fracturés et boudinés dans le
plan de foliation.
Biotite : dans tes zones foliées, les biotites montrent des extinctions onduleuses, le
développement de « kink-bands » et de sous-grains. Les limites de « kink-bands », fine-
ment suturées, et les bordures de grains sont tes sites tes plus favorables à la recristallisa-
tion de ces micas. Dans les zones mylonitiques, les biotites ont, en général, complètement
recristallisé.
Plagioclase : au sein des roches foliées, les plagioclases montrent de nombreuses
sous-structurestelles que macles de déformation, extinctions onduleuses et « kink-bands ».
De plus, une recristallisation partielle apparaît spécialement aux bordures des cristaux
déformés. Dans les zones mylonitiques, tes plagioclases s'organisent en rubans polycristal-
lins où les grains sont de dimensions uniformément réduites. Ces rubans de plagioclases
granulés et engrenés sont similaires aux rubans de quartz liés à la recristallisation
syntectoniquedans les mylonites à quartz ([17], [18]). Ces figures démontrent te comporte-
ment très ductile du plagioclase dans ce type de matériel.
L'évolution microstructurale des gabbros se traduit donc d'une part par une réduction
progressive de la taille des grains et d'autre part par un contraste dans le comportement
des minéraux. Les cristaux d'amphibole montrent un comportement le plus souvent
rupturel, alors que les plagioclases forment des rubans de cristaux recristallisés.
Dans ces conditions, c'est la ductilité du plagioclase qui est principalement responsable
de l'accommodation de la déformation par la roche. Ce comportement du plagioclase
est différent de celui qu'il présente au sein des granités déformés dans les mêmes
conditions ([7] et [8]). En effet, dans ces roches, les minéraux les plus ductiles sont le
quartz et tes phyllosilicates, alors que les plus rigides sont les feldspaths. Par ailleurs,
dans des climats métamorphiques différents, te comportement rupturel ou
« plastique-rupturel » du plagioclase au sein de mylonites quartzo-feldspathiques a été
souligné ([4], [6] et [19] à [21]).

CONCLUSIONS.

La déformation des métagabbros amphibolitisés du Rouergue est-
1.
hétérogène. Le gradient de déformation se traduit par une réduction progressive de la
taille des grains, des zones préservées vers les zones mylonitiques.
2. Cette déformation s'est accomplie sur une gamme de température de 650 à 550°C
et pour des pressions de 5 à 6 kb.
3. Dans cette gamine de températures et de pressions, l'amphibole se comporte en
général comme un objet rigide. Par contre, les cristaux de plagioclases évoluent continû-
ment pour former des rubans polycrystallins de minéraux granulés. Cette ductilité du
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

plagioclase dans les métagabbros contraste avec son comportement plus rupturel dans
les métagranites.

du plagioclase

:.....
4. Les métagabbros sont un matériel privilégié pour l'étude de la déformation ductile

le plagioclase peut y réagir dès les premiers incréments de la déformation et y


évoluer jusqu'à granulation complète;

la diversité et la sensibilité thermodynamique des paragenèses des métagabbros
permet de bien cerner les conditions de pression et de température contemporaine de la
déformation.
Remise le 24 juin ,1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Département des Sciences de la Terre, Université Lyon-I, U.A. n° 726,


27-43, boulevard du 11-Novembre-1918,69622 Villeurbanne Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11,1985 831
TECTONIQUE. — Rôle des couloirs de cisaillement de Gafsa et de Negrine-Tozeur
dans la structuration du faisceau des plis des Chott, éléments de l'accident sud-atlasique.
Note de Fouad Zargouni, Mohamed Chedli Rabia et Chedli Abbès, présentée par Michel
Durand-Delga.

La chaîne des Chott est constituée par deux mégastructures anticlinales de direction N80 disposées en
échelon dextre. L'analyse tectonique des éléments structuraux de ce faisceau de plis montre que la partie
occidentale forme une structure anticlinale allongée dont les enveloppes les plus internes sont intensément
déformées et présentent des ennoyages successifs en N 50-60 vers le SW, obliques à la direction générale E-W.
Cette configuration résulte des rotations senestres de 20 à 30° liées aux jeux relatifs des deux importants
couloirs de coulissementdextre de direction moyenne N 120-130 : l'accident de Negrine-Tozeur à l'Ouest et la
faille de Gafsa à l'Est, éléments moteurs de l'édification de ce segment de l'accident sud-atlasique.

TECTONICS. — Part of the Negrine-Tozeur and Gafsa strike-slip faulling cloughs in the folding structura-
tion of the Chott area, South-Atlasic accident.
The Chott chain is constituted by two mega-anticlines in N80 direction, disposed in dextral echelon. The
tectonic analysis of the structural elements of this fold belt shows that the occidental part forms a long anticlinal
structure which has the interns jackets greatly deformed, with a successive dipping of the axis offolding N 50-60
to the SW. Tins direction is oblique to the general direction E-W. This configuration is resulting from senestral
rotation of 20-30° associated with the relative activity of two important dextral strike-slipfaulting of N 120-130
direction: the accident of Negrine-Tozeurto the West and the Gafsa fault to the East factors of the structuration
ofthis part of the South-Atlasicaccident.

La chaîne des Chott correspond à un alignement morphostructural de direction globale


E-W, s'étendant de Zemlet et Beida à l'Est jusqu'au Jebel Sidi Bouhlel à l'Ouest. Elle
correspond au faisceau de plis te plus méridional de l'Atlas tunisien [1]. D'Ouest en Est,
se distinguent tes éléments structuraux suivants (fig. 1) : les anticlinaux de Sidi Bouhlel,
de Torrich, d'El Hamra puis les plis serrés de Hachichina compris entre la faille de Bir
Oum Ali et le couloir de Hadifa, tes plis serrés de Bou Loufa-Haidoudi, te couloir de
Fejij, enfin l'anticlinal tournant de Zemlet el Beida ([2], [3]). Les flancs méridionaux de
ces plis sont toujours déjetés à déversés, laminés et jalonnés par des failles directionnelles
inverses. Plus au Sud s'étend une mégastructure anticlinale appelée « dôme de Fejej »
par tes auteurs ([4], [5]), disposée en relais droit par rapport à l'alignement structural
précédent.
I. GRANDES UNITÉSSTRUCTURALES. L'examen des photos aériennes au 1/90000, appuyé

par un contrôle sur le terrain, montre que tes premiers anticlinaux cités, à l'Ouest de la
faille de Bir Oum Ali, constituent en fait une seule grande structure de direction N80,
de 90 km de long et 7,5 km de large, affectée par une importante torsion N 50 à partir de
Khanguet el Askcr. En effet cette longue structure (fig. 1) présente une seule terminaison
périanticlinale, à l'Ouest, au niveau du Jebel Sidi Bouhlel : ici s'observe un net infléchisse-
ment du pli vers le SW.
Près de Tozeur, la direction de cette terminaison occidentale passe progressivement à
N 80 (fig. 1) : ceci semble être lié au jeu dextre à dextre inverse du prolongement
sud-est du couloir de décrochement de Chebika, de direction moyenne N 120 [6], rameau
synthétique de l'accident Negrine-Tozeur ([1], [6], [7]).
L'extrémité orientale de la grande structure anticlinale est tronquée par la faille de Bir
Oum Ali, de direction N 130-140 et à jeu dextre. En revanche, les différentes enveloppes
de cette grande structure anticlinale présentent des ennoyages de direction N 30-60
plongeant de 20 à 40e vers l'Ouest, induisant des disharmonies dans les niveaux de
0249-6305/85/03010831 S 2.00 © Académiedes Sciences
832 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série n, n° 11, 1985

Fig. 1. —
Carte structurale du faisceau des plis des Chotts. 1, faille majeure; 2, décrochement dextre; 3,
chevauchement;4, accident probable; 5, axe de structure anticlinale avec le sens du déversement; 6, axe de
structure synclinale; 7, axe de structure périanticlinale des différentes enveloppes internes des mégastructures;
8, trace des couches de l'enveloppe externe des structures.
Fig. 1. — Structural map of the fold bundle ofthe Chott chain.

décollement. Ainsi tes fermetures de ces différentes enveloppes se disposent en relais


apparents dextres. De plus, à une autre échelle, la barre aptienne, formant le coeur de la
structure d'El Hamra, est découpée par des systèmes de diaclases, longitudinales et
transversales, bien marquées à toutes les échelles et disposées en zone d'axe perpendicu-
laire aux couches porteuses, basculées autour d'un axe N 80, 05°W réorienté par les
torsions N 40-50 aux deux terminaisons périanticlinales (fig. 1).
Par ailleurs, sur le flanc nord de la grande structure anticlinale, la barre cénomanienne
présente des bourrelets anticlinaux décamétriques de direction N60, disposés en relais
dextre; les flancs sud-est, déversés; sont parfois déchirés par des failles directionnelles
inverses à inverses-dextres.
Au-delà à l'Est, au niveau de Bir Rekeb (fig. 1), cette structure de la chaîne des Chott
occidentale est séparée de la mégastructure de Fejej par une gouttière synclinale dont les
pendages du flanc sud ne dépassent pas 8 à 10°. La mégastructure de Fejej est un pli
anticlinal: de 80 km de long et 50 km de large dont le flanc sud, correspondant au
monoclinal du J. Tebaga, passe progressivement à la plate-formesaharienne. En revanche
la chaîne nord des Chotts, à l'Est de la faille de Bir Oum Ali, présente des plis
hectométriques à kilométriques serrés de direction axiale N 40-60, oblique à celle de la
structure majeure, et généralement déjetés à déversés au Sud.
II. ANALYSE DE LA FRACTURATION. Une fracturation majeure de direction N 120-140

découpe des prismes d'orientation quelconque par rapport à la stratification. Elle joue
essentiellement en décrochement dextre à dextre-inverse, avec localement réajustements
senestres moyens à mineurs de direction N 40-60. Cette fracturation majeure prolonge le
couloir de la faille de Gafsa vers le SE [1]. Elle correspond d'Ouest en Est (fig. 2) à la
faille 130-140 de Bir Oum Ali, à la faille de Hadifa et au couloir de Fejej, l'un et l'autre
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 833

N 120-130; ces fractures tournent progressivement vers le SE en prenant la direction


N 90-100 et montrent là un jeu inverse prédominant. Ces couloirs de décrochement
induisent des torsions et des tronçonnements des plis de longueur d'ordre kilométrique,
préexistants, des virgations à axe subvertical de leurs flancs redressés, et engendrent des
plis d'entraînement hectométriques à kilométriques disposés en relais droit. Ces plis
d'entraînement sont régis par des axes d'orientationN 60, 10 à 30°SW ou NE, présentant
des terminaisons coniques (fig. 2).
Cette analyse des éléments structuraux de cette partie de la chaîne des Chott, située
au Nord de la structure anticlinale de Fejej, aboutit donc à la mise en évidence de deux
types de plis hectométriques à kilométriques de nature différente. Certains plis cofnmè;
ceux de Hachichina, de Beïda et de Zemlet el Beïda correspondraient à des bourrelets
anticlinauxinduits par serrage; tes autres seraient des plis d'entraînement liés aux couloirs
de décrochement.
De plus l'ensemble de la fracturation majeure correspondrait à la terminaison sud-est
en « queue de cheval » du couloir de la faille de Gafsa.
Vers le Sud, ce dernier se prolonge par les failles d'El Hamma qui affectent les plateaux
des monts de Matmata et la chaîne du Dahar, éléments de la plate-forme saharienne, et
sont responsables de l'effondrement à l'Est de la plaine de Jeffara (fig. 1).
III. MÉCANISME DE LA DÉFORMATION. — Ces structures du faisceau des Chott ont été
interprétées par N. Ben Ayed [8] comme des plis en échelon dextre sur un décrochement
potentiel moteur dénommé « D9 », de direction moyenne E-W. En réalité elles nous
offrent un bel exemple de plis disposés en relais apparent droit, induits par des rotations
axiales de 20 à 30° favoriséespar les décollementsau niveau des formationsincompétentes.
834 C. R. Acad. Sc. Paris, t, 301, Série H, n° 11, 1985
En effet, sur plus de 70 km, depuis le J. Bouhlel (cf. fig. 1) jusqu'au J. El Hamra, la
seule terminaison véritable de la mégastructure anticlinale est la fermeture occidentale,
matérialisée par les calcaires maestrichtiens qui forment l'enveloppe externe de toute la
structure de ce segment du faisceau. L'extrémité orientale de cette mégastructure est
découpée par la faille de Bir Oum Ali-Hachichina, rameau synthétique de la faille de
Gafsa. La direction moyenne N 80 du pli cylindrique est réorientée en N 60 à N 50 au
J. Morra — correspondant à la fermeture de la barre campanienne
—, au J. Torrich —
correspondant aux enveloppes constituées successivement par les barres turoniennes et
cénomaniennes —, et enfin au J. El Hamra, correspondant à la terminaison occidentale
de l'enveloppe la plus interne représentée par la barre aptienne.
Ainsi donc l'ensemble de « plis » ne forme en réalité qu'une seule structure anticlinale
dont les enveloppes les plus internes sont intensément déformées et présentent des
ennoyages successifs de direction N 50 à 60 vers le SW, obliques à la direction générale
N 80 et donnant lieu à des pseudoterminaisons anticlinales.
Cette configuration résulte des rotations senestres de 20 à 30° liées aux jeux relatifs
des deux importants couloirs de cisaillement dextres de direction N 120-130 : l'accident
de Negrine-Tozeur à l'Ouest et la faille de Bir Oum Ali-Hachichina, rameau synthétique
de la faille de Gafsa, à l'Est. Ces rotations conduisent à un raccourcissement suivant
l'axe de la ftexure initiale pouvant atteindre 8 à 12%. De plus, à une autre échelle, cette
flexure Bouhlel-El Hamra et la mégastructure anticlinale de Fejej sont disposées en
échelon dextre sur l'accident de Negrine-Tozeur, qui se prolonge vers te SE au-delà de
Kebili ([2], [9]).
CONCLUSION. Cette analyse tectonique du faisceau des Chotts, segment de l'accident

sud-atlasique, montre que la formation et la déformation ultime des structures atlasiques,
à toutes les échelles, sont contrôlées par le mouvement dextre exprimé suivant la direction
N 120-140. Ces couloirs de décrochement, éléments moteurs de l'édification des faisceaux
de plis de l'Atlas méridional, pourraient être induits par activation en cisaillement du
socle, prédécoupé suivant cette direction, activation en liaison avec un raccourcissement
subméridien.
Reçue le 22 juillet 1985.

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Paris, 1976, 107 p.

Centre des Sciences de la Terre,


I.N.R.S. T., B.P. n° 95, Hammam-Lif 2050, Tunisie.
C.R.AcadSc. Paris, t. 301, Série II n°11, 1985 835

TECTONIQUE. — Failles synsédimentaires et structure de la plaine de la Rusizi


(Nord-Tanganyika). Note de Jean Chorowicz et Catherine Thouin, présentée par jean
Aubouin.

La plaine de la Rusizi correspond à la partie nord du fossé Nord-Tanganyika, comblée par des sédiments
sableux lacustres puis, après le retrait progressif récent du lac souligné par des barrières littorales successives,
par des dépôts fluvialiles à dominante argileuse. Des escarpements discrets de quelques mètres de hauteur mais
de longueur pluri-kilométrique, plus ou moins linéaires, révèlent la présence de failles sub-méridiennes. La
sismique réflexion démontre qu'il s'agit de la partie superficielle de grandes failles normales synsédimentaires,
dont seuls les rejeux les plus récents sont visibles. L'activité tectonique la plus importante est actuelle et elle
s'effectue sur la bordure occidentale de la plaine, déterminant le cours de la Rusizi et mettant en évidence la
structure dissymétriquedu rift est-africain dans cette région.

TECTONICS. — Synsedimentaryfaults and structure of the Rusizi Plain (Northern-Tanganyika).


The Rusizi Plain corresponds to the northern part of the Northern-Tanganyikatrough, filled up with lacustrine
sandy sédiments and, following the graduai withdraw of the lake underlined by successive barrier beaches,:bythe
deposition offluviatile argilaceoussédiments. Several discreet escarpments, some meters high but pluri-kilometric
in length, more or less rectilinear, reveal the occurence of sub-meridian faults. Sismic reflection profiling
demonstrates that they are the surficial part of large synsedimentary normalfaults, whose only the more recent
movements are visible. The most important tectonic activity is the present and it occurs along the western border
ofthe plain, causing the emplacement ofthe Rusizi watercourse and showing the asymmetric structure of the
East-African Rift in this area.

INTRODUCTION.. — La plaine de la Rusizi (Burundi) s'étend au nord du lac Tanganyika


qui appartient à la branche occidentale du Rift Est-Africain. Cette région est comprise
entre l'altitude 775 m (niveau moyen actuel du lac) et l'isohypse de 1000 m. Elle est
dominée par les crêtes Zaïre-Nil avec, à l'ouest les escarpements zaïrois du plateau de
l'Itombwe (culminant à 3 200 m) et, à l'est, le massif burundais de Tesa (2665 m) [1],
Elle est fermée au nord par les coulées basaltiques mio-pliocènes [2] du Sud-Kivu.
Des levés de terrain, les photographies aériennes et des données géophysiques, nous
ont permis de dégager des premiers résultats sédimentologiqueset tectoniques.
SÉDIMENTOLOGIE. — La plaine de la Rusizi correspond au « fond » du Rift, comblé
par une sédimentation de type continental, d'âge plio-quaternaire [3]. Les formations
sédimentaires ( fig. 1), progradantes vers le sud, sont principalement issues du démantèle-
ment de la dorsale Zaïre-Nil, à matérielprécambrien [4], constituéede roches métamorphi-
ques (schistes cristallins, gneiss, amphibolites, pyroxénites, quartzites feldspathiques): [5].
Les dépôts lacustres. — A l'affleurement, ils sont à dominante sableuse. Il s'agit de
sables moyens à fins, bien classés, de composition minéralogique constante quelle que
soit la granulométrie (quartz, feldspaths, muscovite et minéraux noirs moins abondants).
Les plus récents sont des sables moyens à grossiers, de teinte dominante grise, localisés
entre la côte et le confluent des rivières Rusizi et Mpanda. Les plus anciens, situés plus
au nord, sont fins, de teinte ocre à rouge brique.
L'ensemble des dépôts lacustres constitue, au centre de la plaine, un corps épais
homogène, dont l'épaisseur maximale est supérieure à 1500 m ([6], [7]), limité par de
petits escarpements ou des ruptures de pentes à regards opposés, oriental vers l'est,
occidental vers l'ouest. Cet ensemble a valeur de horst, situé entre les dépôts fluviatiles
liés aux cours de la Rusizi et de la Mpanda. Se superpose localement à ces formations,
un faciès de barrières littorales constitué de sables hétérométriques gris (quartz, feldspaths,
peu de micas, sans minéraux noirs), liés à l'action conjuguée des courants lacustres, des
vagues et du vent.
0249-6305/85/03010835 $2.00 © Académiedes Sciences
836 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

Fig. 1. — Ébauche sédimentologiqueet tectonique de la plaine de la Rusizi.


Fig. 1. — Sedimentologic and tectonic sketch of the Rusizi Plain. 1, fluviatilefaciès, dominantly silto-argilaceous;
2, fluviatilefacies, dominantly argilaceous; 3, lacustrine facies, dominantly sandy; 4, littoral barrier facies; 5,
lacustrine and fluviatilefacies, undifferenciated; 6, alluvial fan facies; 7, majorfaults.

Les dépôts fluviatiles. — Ce sont des dépôts à dominante silto-argileuse, localisés


surtout le long du cours de la Rusizi et de son delta. Vers l'est, ils s'intercalent ou se
mélangent avec des sédiments lacustres, lesquels sont partiellement repris par les rivières.

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 2. —
Isochrones du toit du socle, obtenus par sismique réflexion (d'après Solaini [6]).
Fig. 2. —
Top of the basement's isochrones, obtained by seismic profiling (from Solaini [6]).
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 839

Un faciès fluviatile à dominante argileuse particulier se développe vers le nord et à


l'est de la plaine. Ce sont des argiles noires de type montmorillonite, dont la formation
est liée à l'existence de larges dépressions à fond plat, limitées sur leur bordure occidentale
par des talus contrôlant la direction des principales rivières.
Ces « bassins » sont temporairement inondés par le débordement saisonnier de ces
cours d'eau, en climat tropical chaud et humide, ce qui favorise la formation de ces
argiles.
Des cônes alluviaux sont reconnaissables sur la bordure orientale de la plaine (ne
figurant pas sur la carte), et vers te nord, en direction de Cibitoke.
Les dépôts lacustres et certains cônes alluviaux sont les formations les plus anciennes
visibles à l'affleurement. Ils sont recouverts partiellement, ainsi que les paléo-barrières
littorales, par les faciès lacustres et fluviatiles indifférenciés. Les faciès fluviatiles sont
sub-actuels et s'appuient sur toutes les autres formations. La plaine de la Rusizi est donc
essentiellement un fond ancien du lac Tanganyika d'âge peut-être pléistocène. Le retrait
de celui-ci vers le sud au cours de l'Holocène, jalonné par des barrières littorales
successives, a permis le dépôt du faciès lacustre et fluviatile indifférencié puis des faciès
fluviatiles.
TECTONIQUE. — L'observation des photographies aériennes montre de petits escarpe-
ments, talus et ruptures de pente à regard vers l'est ou vers l'ouest, délimitant tes grands
ensembles sédimentaires cités précédemment. Ce sont des structures linéaires s'étirant sur
plusieurs kilomètres, grossièrement parallèles entre elles et parallèles aux bordures du
Rift, de direction nord-sud. Ce sont en fait des failles à faible rejet (quelques mètres),
difficiles à saisir au sol mais bien visibles sur les photographies aériennes. Les miroirs
ont été recherchés sur le terrain, dans les sables au pied de ces escarpements, mais n'ont
pu être observés. Cependant, la linéarité de ces escarpements, la constance de leur
orientation sub-méridienne et le fait qu'ils délimitent le plus souvent deux formations
différentes, ne nous laissent aucun doute sur leur interprétation.
Plus précisément, la trace de ces failles n'est pas rigoureusement rectiligne mais ondule
légèrement, et elles s'amortissent ou disparaissent toutes longitudinalement.Leur longueur
est comprise entre 1 et 5 km, mais certaines d'entre elles se relaient. Ce style particulier
convient parfaitement à des failles de faible rejet affectant des formations superficielles
sableuses et argileuses. La faille la plus orientale, passant à l'intérieur même de la ville
de Bujumbura, est au contraire plus rectiligne et plus continue, mais elle se situe entre
les sédiments récents et le Précambrien. L'emplacement exact de son tracé est un peu
douteux car elle est recouverte de dépôts alluviaux de bas de pente (non représentés sur
la figure 1).
Les accidents situés au centre de la plaine et qui affectent les paléo-barrières littorales,
paraissent un peu plus anciens que les autres car certains d'entre-eux, situés au sud, sont
recouverts par les dépôts fluviatiles. Les failles visibles dans les alluvions actuelles de la
Rusizi sont les plus récentes.
DONNÉES GÉOPHYSIQUES. — Les résultats d'une ancienne campagne de sismique
réflexion [6] montrent que certaines de ces failles sont la partie visible de grands accidents
affectant profondément la plaine de la Rusizi. La figure 2 représente le tracé des iso-
chrones du réflecteur le plus profond, correspondant au toit du socle précambrien
métamorphique. Ce dernier est affecté par un grand accident passant à la verticale de
Bujumbura, avec un rejet vertical pouvant atteindre 110 m. Un second accident, plus au
nord, traverse la route Bujumbura-Cibitoke.
840 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série , n° 11, 1985

A chacun de ces accidents correspondent des lignes de faille visibles en surface ( fig. 1).
A l'aplomb de l'accident oriental se relaient plusieurs escarpements situés au NW immé-
diat de Bujumbura et te long de la Muzenyi. L'accident situé plus au nord se trouve
sous la faille de la Kajeke et ses relais méridionaux. Nous pouvons en conclure que les
failles visibles en surface sont dues aux jeux les plus récents de ces grandes failles. Puisque
les rejets verticaux récents visibles sont de l'ordre de quelques mètres et que les décalages
profonds sont plus importants, il s'agit de failles normales synsédimentaires.
Les cartes d'épicentres de séismes [8] montrent que l'activité tectonique est plus forte à
l'ouest du fossé Nord-Tanganyika qu'à l'est. C'est là aussi que se trouvent les dépôts les
plus récents, que coule la Rusizi et qu'apparaissent les failles actuelles. La subsidence
semble donc actuellement se poursuivre dans la partie ouest de la plaine, au niveau des
alluvions de la Rusizi. Celles-ci remplissent au fur et à mesure la partie la plus active du
fossé, plus particulièrement entre tes failles qui se regardent de part et d'autre de la
rivière. La vallée de la Rusizi correspond sensiblement au compartiment le plus subsident
du fossé Nord-Tanganyika. Cette constatation est confirmée par la réponse acoustique
des sédiments traversés par les ondes sismiques. Ces sédiments, plus épais à l'ouest et au
centre de la plaine, ont une composante principale de sable et d'argile. De nombreuses
discordances angulaires y témoignent d'une subsidence tente et d'intensité variable, plus
forte à l'ouest que sur la bordure orientale. Ces faits montrent bien la dissymétrie du
Rift Est-Africain dans ce secteur, plus profond à l'ouest qu'à l'est.
CONCLUSION.

La plaine de la Rusizi est un ancien fond du lac Tanganyika, comblé
par des sédiments lacustres récents [Miocène (?) à Actuel], exondé depuis peu sans que
l'on puisse préciser d'âge pour l'instant, peut-être depuis l'Holocène. Au retrait progressif
du lac, souligné par des barrières littorales, succède le dépôt de sédiments fluviatiles.
Ceux-ci sont plus épais dans la vallée dé la Rusizi, située dans la partie la plus occidentale
du fossé qui est aussi la plus subsidente.
Cette subsidence dissymétrique s'accompagne du jeu de failles normales synsédimen-
taires de direction méridienne, dont les rejets les plus récents, assez modestes, sont visibles
à la surface. Les petits escarpements formés par ces accidents donnent une idée du type
de géomorphologierévélateur de failles que l'on pourrait s'attendre à rencontrer s'il était
possible d'explorer le fond du Lac Tanganyika par submersible.
Nous remercions la Société nationale Elf Aquitaine (Production), qui a bien voulu nous donner accès à sa
documentation.
Remise le 29 avril 1985, acceptée après révision le 22 juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] M. REEKMANS, Bull Jard. Bot. Nat. Belg., 50, 1980, p. 401-444.
[2] G. P. BAGDASARYAN, V. I. GERASIMOVSKIY, A. I. POLYAKOV et R. K. H. GUKASAYAN, Geochem.
internation. U.S.A., 10, (1), 1983, p. 66-71.
[3] S. C. D. SAH, Ann. Mus. roy, Afr, centr., Belg., Sc. géol., 57, 1967, 173 p.
[4] L. CAHEN et J. LEPERSONNE, In The Géologic Systems. The Precambrian, 3, Interscience Publishers,
London, 1967.
[5] R. P. FRANKART et A. J. HERBILLON, Ann. Mus. roy. Afr. centr., Sci. Geol., 71, 1971, 125 p..
[6] L. SOLAINI, Fondation Ing. C. M. Lerici del Politecnico, Milan, 1968, 37 p.
[7] J. L. YZQUIERDO, Serv. Géol Rwanda-Urundi, rapp. ann., 9, 1960, p. 31-36.
[8] J. WOHLENBERG, Tectonophysics, 8, n° 4/6, 1969, p. 567-577.

J. C. : Université Pierre-et-Marie-Curie,Département de Géotectonique,


4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05;
C. T. : Université de Bujumbura, Laboratoire de Géologie, Bujumbura, Burundi.
C.H. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 841

TECTONIQUE. — Déformation naturelle, du quartz : coexistence des systèmes de


glissement de. direction <a> et [c] à haute, température (migmatites de la nappe d'Ojén,
Espagne). Note de Jean-Luc Bouchez, José Maria Tubià et Dave Mainprice, présentée
par Xavier Le Pichon. 7

La déformation plastique du quartz à très haute température (750-800°C) dans les migmatites de la happe
d'Ojén, Synchrone de la mise en place des péridotites de la nappe de Los Reales, s'accomplit, au moins dans
certains niveaux, par l'activité conjuguée des systèmes de glissement de direction < a > et [c] ainsi qu'en
témoignent lessous-joints prismatiques et basaux visibles au microscope optique. Au microscope électronique,
les sous-joints basaux caractérisent les systèmes de glissement {1010} [c], jamais encore décrits dans le quartz
naturellement déformé. L'interprétation, en terme de sens de cisaillement, de l'orientation préférentielle des
âxes[c] est conforme avec les données.structuralesde la région:

TECTONICS. —: Natural plasticity of quartz: coexisting <a> and [c] slip directions at high température
(migmatites from the Ojén nappe, Spain).
Optically visible prismatic and basal subbouhdaries, and Original TEM observations of basai tilt watts due to
{1010}[c] slip, indicate the activity of both <a> and [c] slip directions in quartz during high temperature
(750-800°C) deformation of the. migmatites of the Ojén nappe, related to the emplacement of the peridotites of
Los Reales. The sense of shear deducedfrom tins analysis is compatible with the régional structural data:

GLISSEMENT <a> DANS LE QUARTZ. Depuis Christie et coll. [1] on sait que le système

de glissement de plan basai (0001) et de direction <a> = < 1120> est facilement activé
lors de la déformation intracristalline du quartz. De fait, le glissement <a> est très
commun dans les tectonites, s'exprimant au microscope optique par la présence quasi
exclusive de sous-joints prismatiques, c'est-à-dire contenant l'axe [c] = [0001]. Ces sous-
joints, perpendiculaires à <a> [2] sont donc des parois de flexion (fig. l a) pour des
systèmes de glissement de direction < a >, dont les plans peuvent être non seulement (0001)
mais aussi {1010} et/ou {10ll} ([3] [4]). Dans un diagramme d'Orientation Préférentielle
des axes <a> (OP< a>) ([2], [5], [6] [7]) le glissement selon <a> se traduit par une forte

Fig. 1. —
Glissementintracristallin. (d): géométrie d'un sous-joint de flexion (SIF). La direction de glissement
DG contenue dans le plan PG est perpendiculaire à SJF. ARE : axe de rotation externe, (b) : cisaillement
dextre. (c) : cisaillement sénestre. :(d): diagramme d'OP [c] du quartz en couronne unique (cisaillement
dextre) avec ses principales concentrations attribuées à l'activité des plans (000l)-basal-, { 1010 }-prism.- et
{1011}-rhomb- ayant l'axe < a > en commun. X = linéation;Z=perpendiculaireau plan de foliation. Origine :
Népal (4). (e) : diagramme en couronnes croisées inégalement peuplées. Même origine que (d).
Fig. 1. —Intracristalline slip, (a): geometry of à tilt subbouhdary (SJF).. The slip direction DG within the slip
plane PG is perpendicular to SJF. ARE: external rotation axis: (b): dextral shear. (c): sinistral shear. (d) :
inclined single girdle (dextral shear) of quartz [c]. axes with its main submaxima attributed to (0001)-basal-,
{1010}-prism and {1011}-rhomb- slip planes having in common an <a> axis as the slip direction. Origin:
Népal(4). (e): Inequally popùlatéd (dextral shear) crossed-girdles.of[c] axes. Same origin as (d).

0249-6305/85/03010841 $2.00
© Académie des Sciences:

C.R., 1985, 2e Semestre (T-301) Série II — 62


842 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

concentration de ces axes à proximité de la direction d'extension maximale (axeX de la


déformation finie=linéation). En effet, si la déformation est homogène, la direction de
glissement de chaque grain tend à se placer parallèlement à la direction du cisaillement
que subit la roche. Cette direction sera donc matérialisée par le maximum statistique des
axes <a> individuels, et son sens sera dextre (fig. 1b) ou senestre (fig. le) selon la
position du maximum de < a > par rapport à X. Dans un diagramme d'OP [c], le
glissement < a > se traduit corrélativement par un angle élevé entre [c] et X. [c] se place le
long de couronnes simples (fig. d) ou doubles mais souvent inégalement peuplées,
résultat de la composante de cisaillement simple (fig. 1 e).
GLISSEMENT [C], — La géométrie précédente est banale dans les roches déformées à
température « basse » (faciès schistes verts) et « moyenne » (faciès amphibolite). Parmi
les nombreux écarts à cette géométrie, le cas le plus fréquent est celui des tectonites de
très haut degré métamorphique (faciès amphibolite H. T. et granulite) : les axes [c] se
rapprochent de X ou se disposent le long de couronnes formant entre elles un angle qui
peut dépasser 90°C [8]. Ceci suggère que les systèmes de direction[c] deviennent actifs, en
accord avec les données expérimentales dans le quartz ([9], [10], [11]) et la simulation
numérique des OP[c] [12].
L'étude détaillée des orientations des axes[c] et des sous-joints du quartz dans une
tectonite de très haute température confirme l'activité dii glissement [c] et suggère une
interprétation qui permet de déduire le sens de cisaillement subi par la roche.
SITUATION GÉOLOGIQUE. — Le matériel provient de la zone de contact entre les nappes
de Los Reales et d'Ojén (Alpujarrides, Chaînes bétiques, Espagne du Sud). Le chevauche-
ment des péridotites de Los Reaies a déformé les paragneiss de la nappe d'Ojén sous-
jacente et, en même temps, les a transformé en migmatites par fusion partielle [13]. La
microstructure porphyroclastique à mylonitique des péridotites témoigne d'une déforma-
tion à température voisine de 800°C[14]. Dans les gneiss migmatitiques, les conditions
P=4kb et T~750°C[15] placent cette déformation dans le domaine (3 du quartz.
EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 2. —
Diagrammes d'OP [c] du quartz dans les migmatites déformées de la nappe d'Ojén. Foliation (XY)
et linéation(X) en EW des diagrammes. Indications : référentiel géographique, sens de cisaillement régional
et distance au contact vers le haut avec les péridotites. 150 mesures par diagramme.
Fig. 2. — Quartz [c]-axis orientationdiagrams within the deformed migmatites of the Ojén nappe. Foliation(XY)
and lineation (X) in EW of the diagrams. Indications: geographical frame, sense of regional shear (top
towards NE) and distance (in meters) to the overlying peridotites. 150 measurements per diagram. Note the
tendency for-Y-maximum concentrations ({1010} <a> slip) and for clustering away from Z in the XZ
plane. Patterns g, h and i, very similar in shape, are specially considered in this paper.
Fig. 3. — Étude de l'échantillon TB402 (fig. 2h). (A): orientation des axes[c]. (B) : axes [c] des grains
montrant des sous-joints(36%). (C) : axes [c] des grains à SJB seuls, position MAX; (C1) : pôles des SJB.
(D 1) : axes [c] des grains à SJP seuls, position COUR; (D 1) : pôles des SJP. (E) : histogramme des angles
entre la normale aux sous-joints et l'axe [c] correspondant, montrant qu'il existe deux familles distinctes,
SJB et SJP.
Fig. 3. — Specimen TB 402 (fig. 2h). (A): total diagram of the [c] axes. (B): [c] axes of grains with optically
visible subgrain boundaries (SB; 36%). (C): [c] of grains with basal SB or SJB (50%); (Cl): pôles to SJBs;
(D): [c] of grains with prismatic SB or SJP (20%); (D 1): poles to SJPs. (E): histogram of the angle between
the normal to SBs and the corresponding[c] axis, showing the two families of SBs, the basal (SJB) and the
prismatic (SJP) one.
Fig. 4. — Sous-joint basai (0001) au microscope électronique (éch. TB402), contenant une seule famille de
dislocationsparallèle à [1120], glissantdans le plan (1010) matérialisé par la boucle (flèche), selon la direction
[0001] (vecteur de Burgers). C'est un sous-joint de flexion car un sous-joint (0001) de torsion contiendrait
trois familles de dislocations < a > (3).
Fig. 4. — TEM micrograph of a basai tilt-wall (3) from specimen TB 402, containing a single set of dislocations
with a line direction [1120] gliding on the (1010) plane (arrowed loop) with a Burgers vector [0001].
PLANCHE 1/PLATE I JEAN-LUC BOUCHEZ
C. R. Acad. Sc. Paris, t 301, Série II, n° 11, 1985 845

Fig. 5. — Diagramme d'OP [c] de TB402 éclaté en deux composantes MAX et COUR indiquant un cisaillement
dextre avec un glissement [c] prédominant en (a), et un glissement < a > prédominant en (b).
Fig. 5. — [c] axis diagram for TB402. Maximum MAX is populated by grains having mostly basal SBs, girdle
COUR by grains having mostly prismatic SBs. The SBs being normal to the slip direction (tilt walls), diagram
(a) indicates a dextral sensebfshear (Fig, 1b) for dominant [c] slip, and diagram (b) indicates the same sense
for dominant <a> slip.

OP DES AXES [C]. — Les OP[c] des échantillons les plus riches en quartz (qtz~50%)
de ces migmatites déformées montrent la tendance au goupement de[c] autour de Y
(système de glissement { 1010 } < a >; fig. 2 a à f) ainsi que le rapprochement de [c] vers
X (fig, 2 a, d, e, g, h, i). Les diagrammes g, h et i de la figure 2 retiennent ici notre
attention : ils sont formés d'une couronne unique inclinée sur te plan XY (COUR) et
d'un maximum (MAX) à environ 30° de X, à peu près perpendiculaireà COUR (fig. 3 A).
LES SOUS-JOINTS EN MICROSCOPIE OPTIQUE ET ÉLECTRONIQUE. — Optiquement, le quartz se
présente en grains millimétriques plus ou moins allongés, ou en grains et sous-grains
rectangulaires dont l'aspect en damier est déjà décrit dans les roches de haut grade [16].
Le fait le plus remarquable est la présence de sous-joints basaux (SJB) ou très proches
du plan basai (fig. 3 E), souvent bien formés, dont le nombre est subordonné ou au plus
égal à celui des sous-joints prismatiques(SJP) habituels. Dans un grain donné, les SJB
forment une famille unique où bien sont associés aux SJP. Souvent fixés aux points
triples des joints de grains, ou parfois recoupés par des nouveaux grains de croissance
tardive, ces sous-joints apparaissent comme contemporains de la déformation principale
de la roche. Les SJB sont des parois de flexion ou à composante de flexion [3] car dès
sous-joints basaux de torsion pure seraient invisibles au microscope optique (axe de
rotation parallèle à [c]). Au microscope électronique (Jeol 120 kV, Nantes) l'étude d'un
grain à SJB optiquement visible confirme l'existence de sous-joints de flexion(000l)
contenant des dislocations coin de direction parallèle à [1120] et glissant selon [c] dans le
plan (1010) ( fig. 4 et légende). L'observation de macles du Dauphiné confirme le passage
quartz-P vers quartz-a à l'état solide. On remarque que les systèmes de glissement ici
mis en évidence sont { 0110} [c] et non { 1120 } [c] comme dans [11].
OP DES SOUS-JOINTS. — Dans l'échantillon TB 402 (fig, 3). 36% des grains présente des
Sous-joints optiquement visibles (fig. 3 B). Parmi eux, 50% présente une seule famille
basale et 20% une seule famille prismatique. L'examen de la nature SJB ou SJP des
sous-joints en fonction de l'a position de l'axe [c] du grain correspondant montre que :
(a) 80 % dés SJB formant une famille unique (pôles en fig. 3 C1) correspond à des axes [c]
en position MAX (fig. 3C), et (b) 90% des SJP formant une famille unique (fig. 3D1)
correspond à des axes [G] en position COUR (fig. 3D) proche du plan XZ (les sous-joints
faiblement inclinés sur ce plan, « intérieurs » à la couronne, n'ont pas été étudiés). Enfin,
lorsqu'il existe deux familles de sous-joints dans un même grain, les axes [c] correspon-
dants se distribuent naturellement entre MAX et COUR.
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

CONCLUSION.

Nous avons montré que les systèmes de glissement de direction [c],
dont l'activité est déjà connue dans le quartz synthétique[11], sont aussi présents dans le
quartz déformé à haute température ( ~ 800°C) des gneiss migmatitiques de la nappe
d'Ojén. Ils sont responsables des sous-joints de flexion basaux visibles en microscopie
optique et électronique. Ces systèmes de glissement coexistent avec les systèmes
« habituels » de direction < a >, ainsi que le montre la persistance des sous-joints prismati-
ques.
La géométrie des OP[c] ainsi que l'analyse de la nature prismatique ou basale des
sous-joints en fonction de la position de [c] dans le diagramme (fig. 3) se prête bien à la
schématisationsuivante : le maximum MAX est peuplé de grains se déformant essentielle-
mentselon [c] et accessoirement selon <a>; c'est le contraire pour les grains peuplant la
couronne COUR. On peut donc éclater le diagramme d'OPfc] en deux sous-diagrammes
indiquant tous deux un cisaillement dextre (fig. 1b), l'un (fig. 5 a) pour une direction
de glissement [c] prédominante, l'autre (fig. 5 b) pour Une direction<a> prédominante.
Rapporté au contexte cinématique régional, ce sens est compatible avec celui qu'indiquent
les orthopyroxènes et les olivines des péridotites sous-jacentes, déformées pendant le
même épisode [17].
Reçue le 10 juillet 1985, acceptée le 26 août 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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J. L. B. et D. M. : Laboratoire de Tectonophysique,
Université de Nantes, 2, rue de la Houssinière, 44072 Nantes;
J. M. T. : Depart, de Geomorphologia y Geotectônica,
Universidad del Pais Vasco, Apart, 644, Bilbao, Espagne.
C. R. Acad Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 847

TECTONIQUE. — Structure et évolution récente de la région de la jonction triple du


Japon central. Note de Pierre Labaume et Philippe Huchon, présentée par Xavier Le
Pichon.

A partir des données acquises lors de la campagne franco-japonaise Kaiko de 1984 et de considérations
géométriques en trois dimensions, nous proposons une interprétation des structures observées dans la régioe
de la jonction triple fosse-fosse-fosse située au large du Japon central. Prenant en compte les données dé la
cinématique,nous discutons également sa stabilité et présentons un modèle de son évolution récente. L'impor-
tance des déformations compressives intraplaques et l'instabilité de la jonction triple sont soulignées; elles
rendent inadaptée, à l'échelle envisagée ici, l'expression souvent employée de « point triple ».

TECTONICS.—Structureand recent evolution of the trench triple junction off central Japan.
From data obtained during the French-Japanese1984 Kaiko cruise and 3-D geometrical considerations, we give
an interpretation of the structures observed in the trench triple junction area off central Japan. Taking into
accouni kinematic data, we also discuss its stability and present a model of its recent evolution. Importance of
compressional intraplate deformation and instability of the triplejunction are emphasized.

Une partie du programme franco-japonais Kaiko [1] a été consacrée, en 1984, à l'étude
de la jonction triple du Japon central ([2], [3]), seul exemple actuel de type fosse-fosse-
fosse. Alors que sa stabilité n'avait été discutée qu'en plan par McKenzie et Morgan; [4],
Le Pichon et Huchon [5] ont récemment pris en compte l'aspect tridimensionnel. Dans
la présente Note, les données acquises lors de la campagne Kaiko sont interprétées en
tenant compte des conséquences de cette analyse.
LES DONNÉES. — La jonction triple réunit trois frontières de plaques convergentes (pl. I,
fig. 1) : la plaque océanique Pacifique (PAC) est subduite vers l'Ouest [6], au Nord sous
la plaque continentale Eurasie (EUR) dans la fosse du Japon et au Sud sous la plaque
océanique Philippine (PHS): dans la fosse d'Izu-Bonin tandis que la plaque PHS est
subduite vers le Nord-Ouest sous la plaque EUR [7] le long de la frontière convergente
oblique de la fosse de Sagami ([2], [8]); la plaque PHS est ici constituée par l'arc
volcanique d'Izu-Bonin qui, à son extrémité nord, entre en collision avec le Japon central
depuis environ 1 M.a. ([9], [10]).
Deux traits spécifiques de la région de la, jonction triple sont (pl. I, fig. 1) : (1) un
ensemble de bassins de pente déformés, sur le mur interne de la fosse d'Izu-Bonin et (2)
la profondeur élevée de la fosse d'Izu-Bonin par rapport à celle de la fosse du Japon.
Une zone de bassins de petite se développe entre 6700 et 8200 m de profondeur sur le
coin nord-est de la plaque PHS (pl. II). Le plus septentrional, et le plus grand, de ces
bassins est limité au Nord par la frontière de plaques EUR/PHS. Sur un profil Nord/Sud
(pl. IF), le socle acoustique de ce bassin plonge vers le Nord et son remplissage sédirhen-
taire présente une : configuration divergente, également vers le Nord (jusqu'à plus
de 2 s. t. d. de sédiments); la structure est donc bien celle d'une fosse de subduction PHS
sous EUR. Dans la pente de la plaque chevauchante EUR, la morphologie en escalier
est vraisemblablementcontrôlée par des failles inverses associées à la convergence. Sur
un profil ESt-Ouest (pl. II), ce bassin constitue un synclinal synsédimentaire, d'axe
NOrd-Sud, A l'Ouest (et au Sud),: les sédiments reposent en « onlap » sur la couverture
sédimentaire de l'arc d'Izu-Bonin. A l'Est, au contraire, le bassin est limité par un
escarpementde faille; au pied de l'escarpement,les sédiments présentent une configuration
divergente et un basculement vers l'Ouest et sont localement affectés par un anticlinal
synsédimentaire. Ces observations suggèrent que la faille bordière est inverse et que

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848 G R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

l'évolution du bassin résulte aussi d'un serrage syn et post-sédimentaire est-ouest. Un


canyon contrôlé par un accident rectiligne ONO-ESE permet te transit des courants
turbiditiques traversant le bassin vers la fosse d'Izu-Bonin ([2], [3]). Vers le Sud, la
zone des bassins diminue progressivement de largeur mais devient structuralement plus
complexe, découpée par des accidents rectilignes transverses ONO-ESE. On y retrouve
néanmoins une structure synclinale d'axe nord-sud et, tout à fait au Sud, un basculement
vers le Nord du substratum: Ces structures individualisent deux points bas (à 7 200 et
8 200 m), cette zone sud constituant un bassin fermé.
A l'est des bassins, le mur interne de la fosse présente une morphologie en escalier
vraisemblablementcontrôlée par des failles inverses à faible pendage ouest; l'activité des
contacts de subduction EUR/PAC et PHS/PAC et celle de ces failles provoquent un
basculement vers l'Ouest du socle acoustique (contribuant localement à contrôler la
structure des bassins de pente). Ici aussi, on recontre des failles transverses rectilignes
ONO-ESE. Le long du mur interne, les turbidites de la fosse sont déformées par un
anticlinal syn-sédimentaire: il est possible qu'une accrétion limitée se développe à la base
du mur interne.
Le coin nord-est de la plaque PHS est donc affecté par une importante déformation
compressive intraplaque; en outre, certaines failles passent aussi dans la plaque EUR.
La complexité de ces structures, qui s'explique par le fait que la jonction triple correspond
à l'intersection de deux zones déformées d'une vingtaine de kilomètres de largeur, ne
permet pas d'individualiser la limite de plaque EUR/PHS à l'est du grand bassin de
pente septentrional; il en résulte l'impossibilité de définir la jonction triple en tant que
lieu géométrique précis.
La fosse d'Izu-Bonin est plus profonde que celle du Japon : le toit de la plaque PAC
est, à l'aplomb du contact de subduction, à environ 8 500 m dans la fosse du Japon et
environ 11000 m dans la fosse d'Izu-Bonin (pl. I, fig. 1); ceci explique que cette dernière
constitue te piège des sédiments élastiques issus du Japon central, qui remplissentla fosse
jusqu'à 9000 m de profondeur. Cette géométrie résulte du fait que le changement de
direction fosse d'Izu-Bonin (N-S)/fosse du Japon (NNE-SSO) se fait pour la plaque PAC
sensiblement plus au Nord que pour le mur interne des fosses ([3], [5]) (pl. I, fig. 1). Sur

EXPLICATION DES PLANCHES

Planche I

Fig. 1. —Contexte géographique et géodynamique de la jonction triple du Japon central. Flèches chiffrées :
direction et vitesse (cm/an) du. mouvement relatif des plaques (Eurasie fixe). Tiretés simples chiffrés
:
isobathes (km) du toit de la plaque Philippine. Tiretés doubles chiffrés: id. plaque Pacifique. Pointillés:
remplissagesédimentaire de la fosse d'Izu-Bonin et des bassins de pente. Quelques mécanismes au foyer de
séismes superficieles ( < 30 km) sont indiqués (dièdres noirs en extension).
Fig. 1. — Geographical and geodynamicalsituation of the trench triple junction off central Japan. Arrows with
numbers: direction and velocity (cm/y) of plate relative motion (Eurasia fixed), Simple broken Unes with
numbers: isobaths (km) of the Philippine plate top. Double broken lines with numbers: id. Pacific
plate. Stippled areas: Izu-Bonin trench and slope basin sedimentary fill. Some focal mechanisms of superficial
(<30 km) earthquakes are indicated (black diedrals are in extension).
Fig. 2. — Géométrie en trois dimensions des plaques lithosphériques dans la région de jonction triple du
Japon central.
Fig. 2. — 3-D geometry of the lithospheric plates in the central Japan triple junction area.
;PLANÇHE I/PLATE I PIERRE LABAUME
PLANCHE II/PLATE II
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 851

Planche II

Morphologie et structure de la région de la jonction triple; établi à partir de l'analyse dès données de la
campagne Kaiko 1984 (coupes d'après profils de sismique reflection). 1, isobathes (G x 1000); 2, limites de
plaque (contacts de subduction); 3. failles inverses; 4, autres escarpements de faille; 5, loupes de glissement;
6, basculementdu socle acoustique; 7, remplissagessédimentaires; 8, dépressionsfermées.
Morphology and structure of the triple junction area; established from analysis of 1984 Kaiko cruise data
(cross-sections from seismic reflection profiles). 1, isobaths (M x 1,000); 2, subduction plate boundaries; 3,
reverse faults; 4, other fault-scarps; 5, slump-scars; 6, acoustic basement tilt; 7, sedimentaryfllls; 8, closed
dépression.

la plaque PAC ne se rencontrent que des failles normales associées à son plongement
vers l'Ouest ou héritées de la zone d'accrétion ([2], [3]); nous ne les détaillerons pas ici.
INTERPRÉTATIONTRIDIMENSIONNELLE. — Dans la configuration de la jonction triple du
Japon, Le Pichon et Huchon [5] ont montré qu'un problème d'espace se pose en ce qui
concerne le plongement de la plaque PHS et démontré quantitativement les conditions
cinématiques et géométriques requises. Qualitativement, le bloc diagramme de la figure 2
(pl. I) montre que (1) la bordure est de la plaque PHS ne peut pas plonger vers le Nord
en raison du plongement vers l'Ouest de la plaque PAC et (2) à proximité immédiate de
la jonction triple, la plaque PHS qui devrait s'intercaler entre les plaques EUR et PAC
ne le peut pas puisque ces deux plaques sont en contact. Il y a donc nécessité géométrique
d'une déformation de la plaque PHS.
Sous la région de Tokyo, cette déformation, mise en évidence par la géométrie des
plans de Wadati-Benioff déduite des données de la microséismicité [11] (pl. I, fig. 1), se
traduit par un plissement de la plaque PHS, qui doit se ployer pour glisser vers le
Nord-Ouest sur le toit de la plaque PAC. La déformation de la zone des bassins de
pente, également caractérisée par un serrage est-ouest, correspond vraisemblablement à
l'amorce de cette déformation au sud du contact EUR/PHS.
STABILITÉET ÉVOLUTION. — L'évolution dans le temps de la région de la jonction triple
est compliquée par le changement récent de direction de mouvement de la plaque PHS :
jusqu'à il y a 1 à 2 M.a., ce mouvement était sensiblement N-S ([10], [12]). Avec la
composante très oblique du mouvement actuel [7] (pl. I, fig. 1) la nécessité d'une déforma-
tion de la plaque PHS est moins grande et une bonne partie de la structure actuelle est
vraisemblablementhéritée de la cinématique ancienne (en particulier la déformation de
la partie subduite de la plaque). Néanmoins, la séismicité superficielle (=intra plaque
PHS) est compatible avec un raccourcissement actuel NO-SE dans la zone des bassins
de pente (13) (pl. I, fig. 1); ceci y suggère la persistance de déformations compressives.
La cinématique actuelle implique une migration vers l'Ouest de la jonction triple et de
la frontière de plaque PHS/PAC ([2], [3], [7], [10], [12]). En ramenant cette frontière dans
sa position initiale d'il y a 2 M.a., on remarque que la fosse d'Izu-Bonin avait alors la
même profondeur que la fosse du Japon (pl. I, fig. 1). La profondeur actuelle plus
importante de la fosse d'Izu-Bonin par rapport à celle du Japon est alors expliquée par
le fait que la plaque PAC, bloquée au Nord par la plaque EUR, n'a pas pu accompagner
la bordure de la plaque PHS lors de sa migration vers l'Ouest. D'autre part, l'absence
de décalage des murs internes des fosses indique que le coin sud-est de la plaque EUR a
accompagné la plaque PHS lors de cette migration. Ceci correspond à un raccourcisse-
ment est-ouest intraplaque EUR et contribuerait à expliquer la persistance de déforma-
tions compressives dans la zone des bassins de pente. Dans ce contexte de déformation
852 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985

intraplaque, les failles rectilignes transverses (ONO-ESE) subparallèles à la frontière de


plaque EUR/PHS pourraient être des décrochements dextres inverses synthétiques de
cette frontière de plaque.
CONCLUSION. La complexité des structures de la région de la jonction triple du

Japon central résulte d'une déformation interne des plaques PHS et EUR que l'on peut
expliquer : (1) d'un point de vue géométrique par l'interaction en profondeur des plaques
plongeantes et (2) d'un point de vue cinématique, par l'instabilité de la jonction triple et le
couplage des plaques PHS et EUR lors de sa migration vers l'Ouest. Cette déformation
intraplaque est facilitée par la faible résistance mécanique des bordures des deux plaques
concernées, due à leur forme en coin; la déformation de la plaque PHS pourrait en outre
être facilitée par le fait que le Bassin de Shikoku, à l'ouest de l'arc d'Izu-Bonin, est
constitué par une plaque océaniquejeune (Oligo-Miocène) [14], probablement encore peu
rigide et peu épaisse; la plaque PAC, vieille plaque océanique (Crétacé inférieur) [14],
froide, épaisse et rigide et dont le toit constitue te substratum de cet édifice structural
n'est pas affectée. L'importance de la déformation intraplaque et l'instabilité de la jonction
triple montrent que l'expression « point triple », souvent utilisée, est inadaptée, surtout à
l'échelle envisagée ici.
Outre l'acquis des discussions avec nos collègues de la campagne Kaiko, notre travail a bénéficié des
remarques de MM. X. Le Pichon, M. Mattauer et M. Séguret. Le programme Kaiko a bénéficié du soutien
financier du C.N.R.S., de l'IFREMER et du Ministère des Relations extérieures.
Remise le 1er juillet 1985.

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P. L, : Laboratoire de Tectonique, U.A.-C.N.R.S. n° 266,


U.S.T.L., place Eugène-Bataillon, 34060 Montpellier Cedex;
Ph. H. : Département de Géotectonique, U.A.-C.N.R.S. n° 215,
Université Pierre-et-Marie-Curie,4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05.
C. R.Acad. Sc. Paris,t 301, Série II, n° 11, 1985 853

PALÉOBOTANIQUE.
— Découverte de plantes d'âge Viséen supérieur-Namurien A
dans les volcanoclastites de la base du complexe volcanique du Tazekka (Maroc oriental).
Approchepaléogéographique. Note de Françoise Chalot-Prat et Catherine Roy-Dias, présen-
tée par Edouard Boureau.

La découverte d'empreintes de végétaux du genre Mesocalamites dans les dépôts pyro et épiclastiquesde la
base du complexe volcanique du massif du Tazekka, permet de dater du Viséen supérieur-Namurien A la
première période du cycle éruptif. L'accumulation de ces volcanoclastites est envisageable dans un environne-
ment de delta fluviatile à proximité des centres émissifs.

PALEOBOTANY. — Upper Visean-Namurian A plants discovery in volcanoclastits of Tazekka volcanic


complex base (Eastern Morocco). Paleogeographicapprocah.
Within pyro and epiclastic deposits of Tazekka volcanic complex base, were found Mesocalamites stems marks
daled as Upper Visean-Namurian A, the age of the eruptive period beginning. Deltaicfluviatile paleoenvironment
near emissive centers is a possibilitefor this fossil-bearingpiling.

Dans le complexe éruptif du massif montagneux du Tazekka situé à l'extrémité septen-


trionale de la chaîne du Moyen-Atlas, la lithostratigraphie, établie à partir d'une analyse
cartographique au 25 000 (carte au 50 000 en élaboration), a permis d'individualiser des
dépôts pyro et épiclastiques aux faciès très variés et en association étroite avec des
épanchements successifs de laves et d'ignimbrites ([1], [2], [3]).
I. CONDITIONS DE GISEMENT. — Les accumulationsvolcanosédimentairestes plus impor-
tantes (100m d'épaisseur maximum) et qui ont livré la totalité du matériel végétal
déterminé ici, sont liées aux manifestations explosives du volcanisme « andésitique »
(andésite basique à dacite), en début du cycle éruptif. Elles résultent de l'empilement
d'horizons lenticulaires (de 10 à 500 m d'extension latérale) de projections directes à sec
(tufs de brèches, lapillis et cendres), de projections directes mêlées à des sédiments
arénacés (roches tuffitiques ou tufacées selon le pourcentage de pyroclastites), de sédi-
ments arénacés fins ou grossiers avec principalementdes lentilles conglomératiques rhono-
géniques (galets de socle ordovicien), parfois très grossières et de 1 à 2m d'épaisseuren
moyenne (10m maximum). La distribution des plantes y est assez inégale et fonction du
faciès pétrographique de la roche-hôte. Ce sont le plus souvent des fragments de tige
épars dans les pyroclastites (cinérites : éch. 126a et 126b) ou dans les niveaux tufacés ou
tuffitiques (conglomérat tufacé : éch. 130; tuffite de lapillis fins : éch. 139). Parfois elles
constituent de véritables horizons d'accumulation sur 10 à 20 cm d'épaisseur dans une
matrice silto-argileuse grisâtre ou blanchâtre. Mais là, l'enchevêtrement des tiges et la
fragilité de la roche ont rendu tes déterminations précises impossibles.
Les affleurements fossilifères sont localisés dans la partie sud du secteur volcanisé,
à l'WNW de Bab-bou-Idir, sur un versant escarpé, entre les points de coordonnées
(x = 615,5/y = 387,2) et (x = 615,6/y = 387,6) sur la carte topographique de Taza au 50000.
II. DESCRIPTION PALÉOBOTANIQUE. — Ces empreintes de plantes, mal conservées en
général, sont des moulages de la cavité médullaire que l'on peut rattacher à l'ordre des
Equisetales et plus précisément, en nous basant sur la classification de Boureau [4], à la
famille des Archaeocalamitaceae et des Calamilaceae :

Famille des Archaeocalamitaceae : elle est basée sur un genre, Archaeocalamites
Stur, 1877. Ce genre, connu dès le Dévonien supérieur, abonde au carbonifère inférieur
et persiste rarement dans les couches de la base du Namurien A. Il possède des caractéristi-
ques propres, en particulier la non alternance des côtes au passage du noeud.
0249-6305/85/03010853 $ 2.00 © Académie des Sciences
C. R. Acad, Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985


Famille des Calamitaceae : elle est représentée par plusieurs genres parmi lesquels
Boureau [4] distingue le sous-genre Mesocalamites Hirmer, 1927. Celui-ci est connu du
sommet du Carbonifère inférieur jusqu'au Westphalien A (très rare). Les Mesocalamites
occupent du point de vue morphologique (côtes opposées et alternées) et du point de
vue stratigraphique une position intermédiaire entre les Archaeocalamites et les Calamites
vraies. Bien qu'il ne s'agisse pas là d'une véritable unité systématique, on peut parler de
genre Mesocalamites.
Certains échantillons ne sont pas sans rappeler le genre Archaeocalamites, mais
l'absence de noeud nous empêche de te confirmer. Quatre échantillons présentent des
noeuds qui, selon l'état de conservation du matériel, nous permettent de les rapporter au
genre Mesocalamites avec plus ou moins de certitude. Il s'agit des numéros 126a, 126b,
130, 139 (Collection F. Chalot-Prat, Faculté des Sciences, Fès, Maroc).
Échantillon 126a : l'entre-noeud mesure 5 cm de long et au moins 4 cm de large. Les
côtes plus ou moins ftexueuses ont de 1,5 à 2mm de large et sont finement striées
longitudinalement. Les sillons sont épais et flexueux. La costulation paraît mixte; la
terminaison des côtes est arrondie à pointue. Il semble y avoir des traces de tubercules
sur la ligne nodale. Il n'y a pas de cicatrice raméale visible. Cet échantillon rappelle en
certains points Mesocalamites ramifier décrit par Stur en 1877, dans le Namurien A de
Haute-Silésie. Il est connu également dans le Viséen supérieur-NamurienA du Bassin de
Laval [5], dans le Namurien B et C de Grande-Bretagne et de la Ruhr.
Échantillon 126b : l'entre-noeud mesure au moins 4,5
cm de long et au moins 4,5 cm
de large. Les côtes ont de 1,5 à 2 mm de large; les sillons sont larges, droits et très bien
délimités. Le noeud est visible mais le passage des côtes est très mal conservé. Toutefois,
par son allure générale, on peut rattacher cet échantillon au genre Mesocalamites sp.
Échantillon 130 : l'entre-noeud mesure au moins 2,5 cm de long et a une largeur de
1 cm. Les côtes de 0,5 mm de large, serrées, sont séparées par des sillons fuis, droits, bien
délimités par 2 lignes distinctes. Le noeud présente nettement des côtes en concordance
et des côtes (peu visibles) en alternance à terminaison pointue. On peut également voir
des tubercules sur la ligne nodale, mais il n'y a pas de cicatrice raméale visible. Par son
aspect général grêle, son entre-noeud plus long que large, ses faisceaux vasculaires serrés,
nous rapportons cet échantillon à Mesocalamites cistiiformis décrit par Stur en 1877,
dans le Namurien A de Haute-Silésie. Connue également dans le Viséen
supérieur-Namurien A du Bassin de Laval [5], dans le Namurien B de Hollande,
Namurien B et C de Belgique, Namurien C de la Ruhr et d'Asie Mineure, cette plante
est considérée comme typique du Namurien.
Échantillon 139 : cette tige cylindrique a une longueur d'au moins (21 cm) et
une
largeur de 1cm; elle présente 2 noeuds mal conservés mais soulignés par une contraction
de la tige à leurs niveaux. L'entre-noeud mesure 11,5 cm de long. Les côtes ont de 1 à
1,5 mm de large, à surface striée longitudinalement, séparées par des sillons bien marqués
de 0,5 mm de large. Il y a une alternance des côtes, ce qui exclut te genre Archaeocalamites.
La concordance des côtes n'étant pas visible, nous rapprochons avec quelques réserves
notre échantillon de : Mesocalamites sp.
III. CONCLUSIONS ET DISCUSSIONS. — Ces empreintes d'Equisetales, les premières de ce
groupe de végétaux découvertes dans le Tazekka, permettent de donner un âge Carboni-
fère inférieur à ces volcanoclastitesde la base du complexe éruptif. La présence du genre
Mesocalamites conduit à préciser qu'il s'agit du sommet du Carbonifère inférieur : Viséen
supérieur-NamurienA. Cette datation confirme celle donnée par l'analyse palynologique
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 11, 1985 855

(extrême fin du Viséen supérieur) [6] d'un horizon décimétriqued'argilites noires, certaine-
ment interstratifié entre les coulées andésitiques. Clariond [7] avait trouvé dans ce même
affleurement (x = 615,5/y = 385,l) des empreintes de végétaux attribuées à Lepidodendron
et datées du Culm. Signalons que, dans un autre affleurement d'argilites noires,
(x=615,5/y= 386) en enclave métrique dans ces mêmes laves, nous avons récolte dès
empreintes de végétaux et d'écaillés de poisson. Mais l'insuffisance et l'état friable du
matériel n'ont pas permis une détermination plus précise.
Du point de vue paléogéographique, compte tenu de la présence de ces végétaux
typiques de zones humides et marécageuses (et de l'absence de fossiles marins), d'une
part dans des dépôts pyroclastiques révélant parfois des indices d'explosion à l'air libre
(pisolithes volcaniques) [1 ] et d'autre part dans des sédiments pyro-épiclastiques formés
sous faible tranche d'eau, il est probable que cet ensemble volcanosédimentaire s'est
constitué dans un environnement de delta fluviatile à proximité des appareils éruptifs.
Un essai de synthèse des observations macro et microscopiques des faciès sur l'ensemble
du complexe cartographie est en cours d'élaboration et permettra une approche plus
fiable encore dans la reconstitution du paléoenvironnementde cette région au Carbonifère.
Remise le 17 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] F. CHALOT-PRAT et R. CHALOT, 10e R.A.S.T., Bordeaux, Soc. Géol. Fr. éd., Paris, 1984.
[2] F. CHALOT-PRAT et J. LE GALL, Bull B.R.G.M., sect. I, n° 3, 1978.
[3] F. CHALOT-PRAT, Les complexes volcaniques acides de la cicatrice Multorine-Ecouves(Est du Massif
armoricain) au Paléozoïque inférieur : cartographie et pétrographie, Thèse 3e cycle, Faculté des Sciences de
Caen, 1976, 104 p. (inédit).
[4] E. BOUREAU, Traité de Paléobotanique, Sphenophyta, Noeggerathiophyta,Masson Paris, 3, 1964, 544 p.
[5] C. Roy, Contributionà la connaissance de la flore du Carbonifère inférieur du Bassin de Laval (Ouest
de la France), Thèse 3e cycle, Faculté des Sciences de Lyon, n° 839, 1979, 133 p. (inédit).
[6] M. R. MARHOUMI, Etudes palynologiques des séries dinantiennes de la Meseta Marocaone. Conséquences
stratigraphiques et structurales, Thèse 3e cycle, Faculté des Sciences de Strasbourg, 1984, 111 p. (inédit),
[7] CLARIOND in P. MORIN, Comptes rendus, 227, 1948, p. 560-562.

F. C, P. : Département de Géologie,
Faculté des Sciences, B. P. n° 1796, Fes-Atlas, Maroc.
Laboratoire de Pétrologie, Faculté des Sciences Montpellier-II,
34060 Montpellier.Cedex;
C. R. D. .Département de Géologie,
Faculté des Sciences, Marrakech, Maroc;
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 12, 19857 857
MÉCANIQUE DES SOLS ET MILIEUX POREUX.
— Solution approximative de
la zone plastique autour d'une galerie souterraine soumise à un champ de contrainte non
hydrostatique. Note de Emmanuel Detournay, présentée par Jean Salençon.

Une solution explicite de l'étendue de la zone plastique autour d'une galerie souterraine, soumise à un champ
de contrainte in situ non hydrostatique, est proposée pour les roches obéissant au critère de Mohr-Coulomb.

SOIL MECHANICS AND POROUS MEDIA. An approximative solution of the plastic zone around a
circular tunnel subject to a non-hydrostatic far field—stress loading condition.
An explicit solution giving the exlent of the plastic zone around a circular tunnel subject to a non-hydrostatic
far-field stress loading condition is proposedfor rocks obeing the Mohr-Coulomb yield criterion.

1. INTRODUCTION. — Les solutions élastoplastiques du problème d'une cavité circulaire


dans un milieu plan infini peuvent être utilisées afin d'estimer la propagation des zones
de rupture induites par la redistribution des contraintes qui accompagne le creusement
d'une galerie souterraine. Les solutions théoriques disponibles sont cependant toutes
basées sur l'hypothèse d'un champ de contrainte isotrope à l'infini [1]. Dans cette Note,
on propose une formule explicite pour la géométrie de la zone plastique, dans le cas d'un
champ de contrainte in situ uniforme mais non hydrostatique et pour une pression
uniforme de soutènement dans la galerie.
2. DÉFINITION DU PROBLÈME.
— Considérons une cavité circulaire de rayon a, située
dans un milieu élàstoplastique soumis à un état plan de déformation. Une pression
uniforme p est appliquée aux parois de la galerie et un champ de contrainte non
hydrostatique T° est exercé à l'infini (fig.). Les contraintes principales de compression à
l'infini, dans le plan de déformation, sont données par P° + S° et par P° S0 (les

symboles P et S désignent respectivement la pression moyenne et le déviateur de contrainte
dans le plan, l'exposant 0 quant à lui dénote la valeur d'une quantité à l'infini).
Considérons d'autre part le milieu constitué d'un matériau élastoplastique obéissant
au critère de plasticité de Mohr-Coulomb. Afin de s'assurer que les contraintes extrêmes
dans la zone plastique soient contenues dans te plan de déformation, on admet que le
coefficient de Poisson v et l'angle de friction cp obéissent à l'inégalité (1 —2v)<sincp. On
peut en effet démontrer [2] que, si la règle d'écoulement plastique dérive d'un potentiel
de Mohr-Coulomb (pas nécessairement identique au critère de plasticité) cette inégalité
représente une condition suffisante pour que le critère de Mohr-Coulomb soit équivalent
au critère plan S = Si; la valeur limite S, étant donnée par :

où Kp est te coefficient passif égal à (1 +sincp)/(l— sincp) et q est la résistance à la


compression simple du matériau.
Les conditions aux limites p, P°, S0 pour lesquelles une zone plastique existe peuvent
être obtenues en considérant l'histoire de chargement suivante : partant d'un état initial
correspondant à un état de contrainte x° uniforme dans te plan, les forces de traction à
la frontière de la cavité sont progressivement modifiées jusqu'à ce qu'une pression
uniforme p* soit appliquée aux parois de la cavité. Cette étape de l'histoire de chargement
est admise comme étant purement élastique, ce qui est possible pourvu que l'obliquité m
des contraintes à l'infini, définie comme le rapport S°/Si°, soit plus petite que 1/2. En

0249-6305/85/03010857 $ 2.00 © Académie des Sciences

C. R.. 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 63


858 C. R. Acad. Sec Paris, t 301, Série 11, n° 12,1985

Description du problème (cas actif).


Problem definition (active case).

effet, si m < 1/2, il existe un intervalle élastique (pea, pep) pour la pression interne p*
(pea<pep). A la limite élastique pea, les points 1 de la frontière (fig.) sont en état
d'équilibre limite actif tandis qu'à la limite élastique Pep, ce sont les points 2 qui sont en
état d'équilibre limite passif. Les valeurs des deux limites élastiques sont données par la
formule :

où la convention est prise, ainsi que dans la suite du texte, de prendre le signe supérieur
et K = Kp pour le mode actif et le signe inférieur et K = Ka pour le mode passif.
Une diminution monotone de la pression interne p* au-delà de la limite élastique pea
ou une augmentation de p* au-delà de pep conduit à une plastification progressive du
matériau autour de la cavité. L'objectif de cette Note est de déterminer la géométrie de
la zone plastique, correspondant à des valeurs de p pour lesquelles le critère de plasticité
est atteint sur tout le périmètre de la galerie.

admissible de
3. SOLUTION STATIQUE. — Afin de construire une solution statiquement
la frontière élastoplastique, il est postulé que pendant le trajet de charge : (1) le problème
reste statiquement déterminé, et (2) la plastification du matériau n'est nulle part suivie
d'un déchargement élastique. Sur la base de ces hypothèses, le champ de contrainte dans
la zone plastique est caractérisé par une symétrie cylindrique. Deux solutions existent,
une correspondant à un mode d'équilibre limite actif et l'autre à un mode passif ([3], [4]).
Dans tes cas où la galerie est complètemententourée par une zone plastique, l'interface T
correspond à la courbe pour laquelle tes contraintes dans le domaine élastique extérieur
à T satisfont d'une part les conditions aux limites à l'infini et d'autre part la continuité
avec les contraintes de la zone plastique sur T.
L'équation de T peut être déterminée par la méthode de Muskhelishvili [5]. Le problème
consiste alors à trouver la fonction analytique co (Q) transformant te domaine extérieur
au cercle unitaire y, centré à l'origine du plan paramétrique Ç, sur le domaine élastique
infini borné par la frontière T; les conditions sur les contraintes étant exprimées à l'aide
de deux potentiels complexes <B1(Q et VP1(Q. Les trois fonctions a>(Q, (^(Q et ^(Q
analytiques dans le domaine j Ç | > 1 — doivent répondre sur la frontière y aux conditions
j0BÇ::4'i)
C.R. Acad Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 12, 1985 859

2/(K+l)
Comparaison entre les coefficients binoniaux 2j=(+m)3

Mode
corresponding to the apporximation n=5

10*m2
(second
TABLEAU
numériques correspondent à l'approximation n=5 (secondeligne) pour le cas m=0,1, <p = 30°.
Comparison between thé binomial coefficients m2j=(±.m)'
row)

102*M4
:
for the

104*M6
case m=0,1
(première ligne) et les coefficients

(first row) and the numerical coefficients

105*m8
µ=30°.

106*M10

Actif .,,.,....,, ..,,.,


0,500
0,502
-0,125
-6,127
6,625 -0,391 0,273
-0,406
Passif ...... ,..,..
-l,500
-l,493
0,375 70,642
-0,642
0,614
0,243
0,287
0,117
0,373 0,228 0,113

suivantes[2]:

où a R0 est le rayon de la zone plastique dans le cas où l'état de contrainte à l'infini est
hydrostatique (S° = 0). A l'infini, les deux potentiels O1(Q et X^1(Q sont de l'ordre
0(Ç-2), tandis que ro(Q se comporte comme A.R0Ç où ^ esi un coefficient réel. Les
conditions aux limites à l'infini et sur le cercle y permettent donc, en principe, de
déterminer les trois fonctions analytiques co(Q, <!>! (Q et (Q.
Une méthode permettant de calculer une solution approximative co*"* (Ç) de la fonction
^
inconnue co(Ç) a été décrite précédemment [2]. L'estimation OE>('° (Q se présente sous la
forme d'une série tronquée :

où les coefficients réels À.("), m^), j = l, n représentent des approximations d'ordre n des
premiers coefficients de la série de Laurent de co(Q par rapport à Ç = 0. Les coefficients
de forme ro(2n,j sont les racines d'un système d'équations algébriques non linéaires, tandis
que A.(n) est une fonction algébrique des coefficients de forme.
Une analyse paramétrique montre que les coefficients m2j peuvent en fait être apprôxi-
més par les coefficients d'une série binomiale (cf. tableau), la fonction analytique co(Ç)
correspondante étant donnée par :

où% peut être eprimé à l'aide de la série hypergéométrique [6] :

L'équation de l'interface, donnée par (6) où Ç =1, est asymptotiquement correcte


lorsque l'obliquité m ou l'angle de friction (p tend vers zéro. Pour un matériau de Tresca
(K=l), (6) dégénère en l'ellipse obtenue par Galin [7]. L'équation (6) montre que la
frontière élastoplastique est une ovale de rayon moyen R0(A,~1), dont te grand axe est
perpendiculaire à la plus grande contrainte de compression P° + S° à l'infini pour le
mode d'équilibre limite actif (K = Kp) et parallèle à celle-ci pour le mode passif (K = Ka).
860 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 12, 1985

L'excentricité de l'interface augmente avec l'obliquité des contraintes à l'infini.


4. DISCUSSION. —
Pourêtre admissible, la solution (6) doit satisfaire les propriétés
postulées a priori. Soit px la pression interne pour laquelle l'interface devient tangent au
périmètre de la galerie. Oh déduit de (6) que la galerie est entièrement entourée d'une
zone plastique pourvu que p>pip pour K = Ka, ou p<pla pour K = Kp, la pression px
pour les deux cas d'équilibre limite étant donnée par :

Puisque ptp>pep et Pla<pea, la valeur de la pression pl, déduite de l'équation de


l'interface, est compatible avec l'histoire de chargement décrite plus haut. Au-delà de la
pression pl, la frontière élastoplastique s'agrandit de manière semblable (R0 croît dé
manière monotone avec p si K—Ka, décroît avec p si K=Kp)); il n'y a donc pas dé
déchargement élastique.
Le problème élastoplastique est statiquement déterminé si chaque point de l'interface
peut être relié a la frontière r = a par deux lignes de rupture. A la limite d'indétermination
statique, une ligne de rupture devient tangente à T. Cette condition de tangence est en
fait contrôlée par la forme de l'interface et des lignes de ruptures, en d'autres mots la
condition d'indétermination statique né dépend que des valeurs de m et K. Le problème
est statiquement déterminé si m est plus petit qu'une valeur critique m*(K), fonction
uniquement de l'angle de friction et du mode de rupture. Une analyse numérique montre
que pour un angle de friction égal à 10, 20, et 30°, la valeur critique m* correspondante
est donnée par 0,438, 0,466, et 0,500 pour le cas actif et par 0,395, 0,379, et 0,366 pour
le cas passif.
Pourvu que certaines conditions sur p, P°, S° soient remplies, la solution (6) de
l'interface élàstoplastique est donc statiquement admissible. Il n'a toutefois pas été prouvé
que cette solution est celle du problème élastoplastique décrit plus haut. Pour cela, il
faudrait résoudre te problème d'évolution élàstoplastique depuis la limite élastique, avec
calcul du champ de déformation plastique.
Cette Note rend compte de certains résultats obtenus au cours d'un programme de recherche entrepris à
l'université du Minnesota et financé par la National Science Foundation.. L'auteur exprime ses vifs remercie-
ments à l'égard du Professeur C. Fairhurst pour ses conseils et son support tout au long de cette étude.
Remise le 6 mai 1985, acceptée le 1er juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] BROWN et coll., J. Geotech. Engng Div., A.S.C.E., 109, 1983, p. 15-39.
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[3] J. SALENÇON, Annales des Ponts et Chaussées, 1966, p. 175-187.
[4] J. SALENÇON, Annales des Ponts et Chaussées, 1969, p. 231-236,.
[5] N. I. MUSKHELISHVILI,Some basic problems of the mathematicaltheory of élasticity, Groningen, 1962.
[6] M. ABRAMOWITZet I. A. STEGUN, Handbook of mathematicalfunctions, Dover, 1965.
[7] GALIN, P.MM., U.S.S.R., 10, 1946, p. 365-366.

Dowell.Schlumberger, Technology Center, P.O. Box 2710, Tulsa, Oklahoma 74101.


C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n°. 12, 1985 861

MÉCANIQUE DES FLUIDES.


— Sur la nature des instationnarités des écoulements
de convection naturelle en cavité verticale. Note de Patrick Le Quéré et Thierry Alziary
de Roquefort, présentée par Michel Combarnous.

Les équations de Navier-Stokes d'un fluide de Boussinesq contenu dans une cavité verticaledifférentiellement
chauffée admettent pour certaines valeurs du nombre de Rayleigh une solution numérique instationnaire
quasi-périodiquedont oh explicite la nature.

MECHANICS OF FLUIDS. —: On the nature of unsteady natural convection flows in vertical cavities.
The Navier-Stokes equations of a Boussinesq fluid enclosed in a differentially heated vertical cavity show for:
some values of the Rayleigh number a quasi-periodic time-dependent solution, the nature of which is explained.

1. On considère les mouvements de convection naturelle dans te champ de gravitation


terrestre g, d'un fluide de Boussinesq de nombre de Prandtl Pr. Ce fluide est contenu
dans une cavité bidimensionnelle occupant dans le plan xQz (Ox horizontal, Qz
verticale ascendante) la région 0<x<L, 0<z<H et soumise aux conditions aux limites de
température: T = Tc en x = 0, 0<z<H; T = Tf en x = L, 0<z<H avec Tc>Ty et dT/dz = 0
en z = 0,H, 0<x<L. Dans une Note précédente [1], nous présentions, pour un fluide
correspondant à l'air (Pr = 0,71), une délimitation entre solutions stationnaires et instation-
naires aux équations de Boussinesq dans des cavités de différents rapports de formé
A = H/L (3<A<10) correspondant à des écoulements de base de type couches limites
séparées (A<8) ou de transition (A>8) [2]. Le but de cette Note est de mettre en garde
contre ces résultats, (certaines instationnarités observées étaient en effet dues à une
résolution spatiale insuffisante; une correction sera apportée ultérieurement), et surtout
d'évoquer la possibilité d'un régime instationnaire quasi-périodique dont on explicite la
nature.
2. Identification d'un oscillateur potentiel. On constate, tant dans le régime de couches
limites séparées que dans le régime de transition, la présence d'une région centrale
stratifiée en température. Cette région étant par conséquent stratifiée en densité, elle peut
donc être te siège de mouvements oscillatoires dus à la propagation d'ondes de gravité
internes. Dans le cas idéal d'une cavité contenant un fluide globalement au repos et
présentant une stratification thermique linéaire [3], ces ondes peuvent former, par suite
des réflexions sur les parois verticales, un système d'ondes stationnaires. Au premier
ordre, la période de ces oscillations est P=2n (A(l+ n2/p2 A2)/(Ra.Pr))0, 5 ( 1) en unités
de temps de diffusion thermique T = L2/k- 1 où k est la diffusivité thermique du fluide; n
et p représentent respectivement le nombre de demi-longueurs d'onde dans la hauteur et
la largeur de la cavité et sont déterminés par la nature de l'excitation extérieure imposée.
Pour les régions d'écoulement dont il est question ici, il a été montré [4] que le régime
stationnaire, quand il existe, n'est obtenu qu'au terme de l'amortissement de ces ondes
de gravité par diffusion visqueuse et thermique. Cet amortissement se fait de façon
oscillatoire et la période proposée P=27t(A(l + A2)/(Ra.Pr)) 0' 5 (en tenant compte d'une
probable faute de frappe corrigée récemment [5]) est une restriction de la formule précé-
dente au cas n=p=1. Une confirmation numérique a été obtenue ([6], [7]) pour des
écoulements d'air dans une cavité carrée et des valeurs de Ra supérieures à 106.
3. Un mécanisme d'excitation. Dans une cavité verticale différentiellement chauffée à
parois horizontales adiabatiques, tes premières instationnarités qui se manifestent sont
0249-6305/85/03010861 $ 2.00 © Académie des Sciences
862 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 12, 1985

dues à des instabilités des couches limites sous la forme d'ondes progressives se propageant
dans la direction de l'écoulement. Ces ondes progressives sont mises en évidence par
l'étude de la stabilité linéaire de la solution analytique mono-dimensionnelle qui existe
dans une cavité verticale d'extension infinie lorsque le fluide et les parois sont soumis à
une stratification thermique stable et constante. L'analyse de Gill et Davey [8] s'applique
plus particulièrementau régime de couches limites séparées tandis que celle de Bergholz [9]
prend en compte une possible interaction hydrodynamique des couches limites montante
et descendante et couvre donc le régime de transition. Il a été confirmé [10] que ces ondes
progressives transverses sont effectivement les plus instables selon les critères de la stabilité
linéaire, ce qui justifie l'approximation bidimensionnelle faite ici.
4. Couplage des deux mécanismes. Les couches limites verticales enserrant la région
centrale stratifiée verticalement en température, il paraît dès lors logique de supposer que
lorsque des instationnarités apparaissent dans ces couches limites verticales, elles peuvent
constituer une sollicitation suffisante pour exciter et entretenir l'oscillateur dissipatif que
constitue le système des ondes de gravité. On doit donc pouvoir trouver sur la route de
la transition vers la turbulence des écoulements de convection naturelle en cavité verticale
différentiellement chauffée, un régime quasi-périodique caractérisé par deux fréquences
fi et f2, f1 étant la fréquence des instabilités apparaissant dans les couches limites et f2
la fréquence propre des ondes de gravité internes; les deux phénomènes physiques
(instabilités dans la couche limite ou oscillations dues aux ondes de gravité) doivent se
manifester avec des amplitudes inégales suivant la région concernée de la cavité. Ce
régime semble correspondre à celui que nous avons obtenu par intégration numérique
des équations bidimensionnelles d'un fluide de Boussinesq dans une cavité de rapport de
forme 4 et pour un nombre de Rayleigh de 2.106. Le modèle numérique [7] comporte
59 (résp. 41) polynômes de Tchebychev dans la direction verticale (resp. horizontale). La
figure 1 présente l'évolution temporelle de la température réduite en un point situé dans
le haut de la couche limite montante et marqué d'une croix sur le synoptiquefigurant la
cavité. On constate que l'évolution temporelle présente une fréquence élevée dominante
modulée par un phénomène de période environ six fois plus longue et de moindre
amplitude. Dans la région centrale de la cavité c'est au contraire le phénomène de période
longue qui présente la plus forte amplitude ainsi que te montre la figure 2 qui présente
les évolutions temporelles autour de leurs valeurs moyennes des températures des points
repérés par les indices 1 et 2. La figure 3 présente la densité spectrale énergétique

EXPLICATIONSDES PLANCHES

Planche I
Fig. 1. — Évolution temporellede la température au point de coordonnées: x=0,146, z/A=0,898, Ra = 2.106,
A=4.
Fig. 1. —
Time evolution of the temperature at the point of coordinates: x = 0.146, z/A = 0.898; Ra = 2xl06;
A = 4.
Fig. 2. —
Evolution temporelle des fluctuations de température aux points 1 et 2 de coordonnées respectives
(x = 0,383, z/A = 0,634) (x = 0,825, z/A = 0,634).
Fig. 2. — Time évolution of the temperaturefluctuations at points 1 and 2 of respective coordinates. x=0.383,
z/A = 0.634; x=0.825, z/A = 0.634.
Fig. 3. — Densité spectrale énergétiquedu signal de la figure 1. Échantillon de 1024 points sur 0,138 T.
Fig. 3. — Power spectral density of the signal of Figure 1. Sampling of 1.024 points over 0.138 T.
Fig. 4. — Évolution temporellede la température au point de coordonnées(x=0.183; z/A = 0.886); Ra = 1,8.106,
A = 4. Résolution 51 x 33.
Fig. 4. — Time évolution of the temperature at the point of coordinates: x = 0.183; z/A= 0.886; Ra=1.8xl06,
A = 4. Résolution 51x33.
PLANCHE II/PLATE II
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 12, 1985 865

Planche II
Fig. a. —
Instantané de la fonction de courant: Ra=2.106, A = 4. Lignes iso-valeur (0, 5, 15, 30, 37, 40, 45,
50, 53, 55).
Fig. a. —
Instantaneousplot of the stream function field: Ro = 2xl06; A=4. Isovalue lines are 0, 5, 15, 30,
37,40,45,50,53,55.
Fig. b. —
Instantané du champ de température: Ra=2.106, A=4. Courbes isothermes +0,4, +0,3,7+0,2,
±0.1,0.
Fig. b. —
Instantaneous plot of the temperature field: Ra=2xl06, A = 4. Isotherm lines are +0.4, +0.3,
±0.2, +0.1, 0.
Fig. c. — Instantané des fluctuations de température Ra=2.106, A=4. La valeur seuil a été fixée à +6,0005,
et les zones où la perturbation est de signe positif (resp. négatif) ont été grisées (resp. laissées en blanc), Les
autres lignes iso-valeur sont +0,001. +0,005, +0,01, ±0,02.
Fig. c. —
Instantaneousplot of the flucluating temperaturefield: Ra = 2x 106; A=4. The threshold value is set
to ±0.005 and the areas where the perturbation is g 0.005 (respectively g—0.005) are shaded in grey (resp:
left in white). Other isovalue lines are +0.001, +0.005, ±0.01, +0.02.
Fig. d. — Instantané du champ filtré des fluctuations de température. Les zones de signe alterné ont été laissées:
en blanc ou grisées.
Fig. d. — Instantaneousplot of the filtered flucluating temperature field. Areas of opposite sign are shaded in.
grey or left in while.

de l'évolution temporelle de la figure 1. On distingue nettement les deux fréquences


fondamentales f1 et f2 ainsi que quelques battements dus aux interactions non linéaires.
5. Structure spatio-temporelledes fluctuations de température. Il est possible de visuali-
ser, à partir des données fournies par le calcul numérique, la structure spatio-temporelle
de la solution instationnaire. Ceci demande de disposer d'un matériel adapté [11] qui
permette, à partir des données du calcul numérique sur support magnétique, de restituer
soit directementà cadence rapide sur l'écran d'un moniteur video, soit par l'intermédiaire
d'un film 16 mm, l'impression d'animation. La planche II tente de pallier les insuffisances
du texte imprimé en présentant quelques instantanés typiques de champs instationnaires.
Les figures (a) et (b) présentent sous forme de lignes iso-valeur les champs de fonction
de courant et de température. Bien que la solution soit instationnaire, l'amplitude des
fluctuations est encore très faible et l'aspect de ces champs change peu au cours du temps.
La figure (c) présente un exemple typique du champ des fluctuations de température, dont
l'amplitude est approximativementcomprise entre —0,02 et 0,02 alors que la température
réduite varie entre —0,5 et 0,5. On constate que ces fluctuations de température sont
principalement confinées dans les couches limites et qu'elles possèdent la propriété de
centro-symétriecommune aux solutions stationnaires. La méthode de visualisation montre
que ces perturbations sont transportées par la circulation primaire et que, en ce qui
concerne la couche limite montante par exemple, tes perturbationsprovenant de la couche
limite descendante sont d'abord amorties dans la moitié inférieure avant d'être fortement
amplifiées dans la moitié supérieure.
Nous avons essayé de déterminer la structure spatiale du phénomène basse-fréquence
en filtrant à l'aide d'un filtre passe-bas de Fourier où la fréquence de coupure a été fixée
juste au-dessus de la fréquencef2, un échantillonnagetemporel du champ des fluctuations
de température. Un instantané typique de la structure spatiale de ce champ filtré est
fourni sur la figure (d) sous forme de lignes iso-valeur. On constate que tes zones
d'amplitude maximale affectent cette fois la région centrale de la cavité sous forme de
zones d'amplitude de signe opposé disposées en quinconce. La visualisation animée révèle
que ces structures ne sont pas transportées mais fluctuent approximativement sur place,
et le rapprochement avec la figure 2 montre que les structures de signe opposé fluctuent
en opposition de phase. L'ensemble de ces éléments confirme l'hypothèse de l'existence
C. R. Acad. Sc. Paris, t 301, Série II, n° 12,1985
d'oscillations dues aux ondes de gravité internes. Une confirmation irréfutable de leur
existence consisterait en l'identification du mode (p, n) d'oscillation du système station-
naire. Il n'est cependant pas certain que l'on puisse identifier avec précision le mode en
question. En effet ces ondes de gravité internes se produisent dans une configuration très
éloignée de la configuration idéale étudiée dans [3]; on est en effet en présence d'une
circulation globale du fluide de vitesse élevée et de structure spatiale complexe; la
stratification en température n'est pas uniforme sur toute la hauteur; la largeur de la
région animée des mouvements dus aux ondes de gravité est mal définie car ces ondes ne
peuvent se propager au travers des couches limites qui ne sont pas stratifiées verticalement,
et elles voient donc une cavité fictive de largeur variable et légèrement inférieure à celle
de la cavité physique.
6. Conditions du couplage des deux mécanismes. Il reste évidemment à préciser les
conditions dans lesquelles l'oscillateur des ondes de gravité est susceptible d'être excité
de façon permanente par le défilement des ondes progressives dans les couches limites
verticales. En effet, d'une part cet oscillateur s'amortit sous l'effet des forces de dissipation
visqueuse et thermique, et d'autre part il présente selon [3] une quantification de ses
modes d'oscillation: il ne peut donc subsister de façon permanente que pour des valeurs
particulières (fréquence, amplitude, phase) de son mécanisme d'excitation. Ainsi, toujours
pour une cavité de rapport de forme égal à 4, on peut en intégrant les équations sur un
temps suffisammentlong (environ 0.4 x) pour une valeur de Ra de 1,8.106 à partir de la
condition initiale correspondant à la solution pour Ra égal à 1,6.106 obtenir un régime
instationnaire caractérisé par la seule fréquence f1 Ceci est montré sur la figure 4 de la
planche I qui présente la fin de l'évolution temporelle de la température en un point
voisin de celui montré sur la figure 1. On constate que la modulation de période longue
encore discernable au tout début de la séquence montrée s'estompe progressivementpour
laisser la place à un régime sinusoïdal de fréquence de base f1 De même, si l'on intègre
les équations avec une valeur de Ra égale à 2,2.106 à partir d'une condition initiale
correspondant à une solution pour une valeur de Ra égale à 2.106, on observe un
amortissement presque complet des ondes de gravité au bout de 0,15 T. Ceci tend à
confirmer l'hypothèse selon laquelle le régime quasi-périodique trouvé pour une valeur
de Ra égale à 2.106 consiste bien en une résonance de l'oscillateur des ondes de gravité
internes sous l'action du défilement des instabilités dans les couches limites.
(l) Le nombre de Rayleigh (Ra) est défini par g|B(Tc—Tf)L3/vk où p et v sont respectivementle coefficient
de dilatation volumique et la viscosité cinématique du fluide.
Reçue le 25 juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[I] P. LE QUÉRÉ et T. ALZIARY DE ROQUEFORT, Comptes rendus 297, série II, 1983, p. 795-798.
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[3] S. A. THORPE, X Fluid Mech, 32, 1968, p. 489-528.
[4] J. PATTERSON et J. IMBERGER, J. Fluid Mech, 100, 1980, p. 65-86.
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[6] G. LAURIAT, A.S.M.E. Paper, 82-WA/HT-71.
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[9] A. E. GILL et A. DAVEY, J.,Fluid Mech., 35, 1969, p. 775-798.
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[II] M. BOURIOT et P. LE QUÉRÉ, Colloque national de visualisation et de traitement d'images, Nancy, 15-17
janvier 1985, p. 133-140.

P. Le Q.: L.E.S.T.E., U.A. n° 1098;


T. A. de R.: L.E.A.,U.A. n° 191, 40, avenue du Recteur-Pineau, 86022 Poitiers Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 12,1985 867

MÉCANIQUE DES FLUIDES. Construction des équilibres hydromagnétiques tori-



ques à pression scalairepar la méthode des accroissementsfinis. Note de Georges Bouligand,
présentée par Charles Marie.

Après avoir exposé dans une première Note [1] les propriétés des équilibres qui laissent entrevoir leur
construction approchée, nous indiquons et examinons les différentes étapes d'un processus répétitif mis en
oeuvre pour obtenir des surfaces cp-nivelées du système (ff) au voisinage d'une surface torique initiale ordinaire
initiale S0 munie de son coefficientmétrique normal K0 > 0.

MECHANICS OF FLUIDS. — Construction of toroidal hydromagnetic equilibria with a scalar pressure


using the step by step method.
Having in a first Note [1] the properties which enable the approximate construction of equilibria, we indicate
and examine the different steps of a repetitive process developpedfor obtaining level-tp surfaces of the System (Sf)
in the neighboorhood oj a given initial ordinary toroidal surface S0 with its normal metric coefficient K0 > 0.

Rappelant que le couple (x, y) des paramètres des cp-surfaces varie sur le tore
T2 = {(x, j)mod. 1}, on dispose initialement des sept coefficients métriques E0, F0, G0,
K0, Ȥf0, J(Q, Ar0 de S0 = S(cp0), applications de T2 dans U. Se donnant les courants
totaux I0 et T0 délimités par S0, l'équation (e) détermine <j(cp0) sur T2, donc le potentiel
superficiel canonique Q(cp0) sur S0.
A ce stade, la suite de la construction met en oeuvre le processus suivant :
(a) Calcul des paramètres différentiels de Beltrami [1] sur la surface S(cp).
(b) Calcul du coefficient métrique normal K sur S(cp). Si K n'est pas déjà connu, il
résulte d'une analyse de Fourier de son expression (|3)' sur une ligne de champ.
(c) Détermination des lignes du champ B sur S(cp). Elles s'obtiennent par résolution
de l'équation (°e) dont les coefficients Fr F,, sont explicités par les relations (3) et (4) de
la Note [1]. Précisément, ( e°) détermine m (cp) sur T2.
(d) Construction de la surface voisine S(cp + 5cp). Pour une variation 5cp de la variable
indépendante cp, on porte en chaque point MeS(cp) un vecteur MM' normal à S(cp) tel
que MM' = NÔ5N où 5sN = /KScp et N2 = l.
(e) Décomposition canonique de Q,, sur S(cp). Elle est obtenue par une analyse de
Fourier de son expression (a)' sur une ligne de champ livrant q et une relation linéaire
entre tes dérivées des courants.
(/') Calcul des coefficients E, F, G, if, Jf, Ar sur la surface S(cp + 5cp). Ils sont
déterminés par l'intégration du système différentiel entre K et ces coefficients pour un
accroissement 5cp de la variable cp.
Les répétitions de ce processus par variation de cp en 9 +Sep engendrent l'« équilibre »
au voisinage de la surface initiale S(cp0) donnée.
Les rubriques de ce processus suscitent quelques réflexions :
1° Vue l'équivalence de (e) à ((3), on ne résout (e) qu'une seule fois.
2° Il serait abusif de vouloir intégrer directement divsB/B le long des lignes du
champ B, une fois son potentiel Q défini sur S(cp), en vue d'obtenir K sur celles-ci. Ce
serait commettre l'impasse sur leur équation Jï = Cte, où M est solution de (e) aux
coefficients ( ) dépendants de K.
3° Les rubriques (b) et (e) sont indépendantes. Elles se rapportent aux développements
en séries de Fourier de K et q^ après la transformation (5) de T2 en T'2 par laquelle,
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© Académie des Sciences
868 C.R. Acad. Sc. Paris, 1301,. Série II, n° 12, 1985

selon X, les lignes du champ B admettent la représentation paramétrique :

Dans ces nouvelles coordonnées, les coefficients E, F, G de la métrique ds2 sont liés
aux anciens par les relations :

Par suite, sous la représentation paramétrique (6) résulte le carré de l'élément de


longueur de la ligne du champ B :

et, pour le choix arbitraire suivant dt2 = dx' 2 + dy' 2, on posera :

Conséquemment au difféomorphisme (5), si une surface de niveau torique S (cp) a une


ligne de champ B fermée, toutes ses lignes de champ sont fermées et le rapport des
dérivées de ses flux est rationnel, et réciproquement. On dit que S (cp) est rationnelle.
Sinon, les lignes de champ ne se referment pas et passent arbitrairement" près de tout
point de S(cp); en bref, il n'y a qu'une seule ligne de champ ergodique infiniment longue
sur S(cp). Or, généralementles dérivées Q^ et q^ n'existent pas sur les surfaces rationnelles
car, lorsqu'elles;existent :

implique Q) (f/B) dsB = Cte sur S (cp) rationnelle [2] ce qui est très particulier ou
exceptionnel : f=0; f= 1 et symétrie de révolution, etc.
Par contre, dans un système dé coordonnées rapporté aux lignes d'un champ V :

d'où:

Par conséquent, Q aura une derivée Q,, sur les surfaces S(cp) irrationnelles, seules
considérées par la suite. Sa partie périodique qv s'obtient par résolution de (8) une fois
l'intégrale développée grâce au difféomorphisme(5),
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 12, 1985 869

où x' et y' varient linéairement en M selon (6). Ici, B est déterminé par le paramètre
différentiel du premier ordre de Beltrami une fois q déterminé sur S(cp). Développant
l'intégrant r en série de Fourier : :

elle s'intègre immédiatement, et l'on obtient :

t
Vue la périodicité du premier membre de (8), les termes en de son second membre se
compensent; d'où se dégagent d'une part la relation linéaire entre les dérivées des courants
totaux:

et d'autre part la dérivée de q par rapport à cp

où là constante d'intégration ne joue aucun rôle sur le champ B. Evidemment, le premier

:
terme de q^ est à transformer compte tenu de la relation (10) dans laquelle r00 est donné
par

et l'on obtient immédiatement:

où la constante d'intégration ne joue aucun rôle sur K/K0.

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 64


870 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 12, 1985

A la nullité du coefficient k00 correspond la relation :

due à ()(divsB/B) dsB=0 sur les surfaces rationnelles.


4° La présence des petits diviseurs dans les expressions (11) et (13) de qv et Log /K
ne constitue pas une difficulté majeure; ce sujet ayant été traité sous diverses hypothèses
(analyticité; dérivabilité d'ordre élevé...).
5° Rien ne s'oppose à ce que q soit l'intégrale de Lebesgue de sa dérivée qr Sous cette
hypothèse, on pose q (cp + ôcp) = q (cp) + qv 5cp; et l'on a tous les éléments voulus pour
reprendre le processus en (a) une fois changé cp en cp + 5cp.
6e Le processus s'arrête sur toute surface singulière (ayant au moins un point singulier :
EG—F2 = 0); donc, à la rencontre d'une surface séparatrice, car la ligne d'intersection de
ses deux nappes est singulière lorsque cette séparatrice revêt la représentation paramétri-
que limite des surfaces cp-nivelées.
7° Une surface rationnelle S(cp) est surface de branchement sous la condition

Q) (f/B) dsB = Cte. Dès lors, Q,, peut être modifié à partir de nouvelles valeurs initiales

sur un contour fermé coupant une fois et une fois seulement les lignes de champ B
fermées de S(cp). Par contre, il ne serait pas possible de modifier les valeurs initiales de
K sur ce même contour sans altérer le champ B de cette surface.
Remise le 24 juin 1985, acceptée le 14 août 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] G. M. BOULIGAND, Comptes rendus, 301, série II, 1985, p. 759-762.


[2] W. A. NEWCOMB, Physics of Fluids,2, n° 4, 1959, p. 362-365.

R.B.P. : Association Euratom CE.A.,


Centre d'Études nucléaires, 92260 Fontenay-aux-Roses.
C.R. Acad.Sc. Paris, t. 301, SérieII, n°12,1985 871

CRISTALLOGRAPHIE. — Mise en évidence (par diffraction des rayons X) de l'interdi-


gitation des chaînes aliphatiques dans des films de Langmuir-Blodgett. Nouvelle méthode
expérimentale de mesure. Note de Bella Belbéoch, Monique Roulliay et Max Tournarie,
présentée par André Guinier.

Les résultats de diffraction des rayons X sur un nouveau conducteur obtenu par la technique de Langmuir-
Blodgett (N-docosylpyridinium tétracyanoquinodiméthane et iodé in situ) ne peuvent s'expliquer par l'arrange-
ment classique des chaînes aliphatiques.
La fonction de Patterson obtenue à partir des intensités corrigées par une nouvelleméthode donne l'emplace-
ment des ions iode. L'analyse de Fourier fournit un court plateau de densité électronique projetée constante
qui ne peut être expliqué que par l'interdigitation des chaînes.
Une structure idéalisée est proposée.

CRYSTALLOGRAPHY.— Chain interdigitation in Langmuir-Blodgett films. New X-ray method with its
special corrections.
X-ray results on a novel conduclor in L. B. film (N-docosylpyridinium tetracyanoquinodimethane after iodation
in situ) cannot be explained with the classical packing of aliphatic chains.
Pattersonfunction obtainedj'rom intensities corrected by a new method gives the location of iodine ions. Fourier
analysisgives a short plateau of constant projected electron density which can be explainedonly with interdigitation
of chains.
An idealized structure is proposed.

Par la technique de Langmuir-Blodgett (L. B.), il est possible d'obtenir sur substrat
solide un réseau lamellairede multicouchesde N-docosylpyridiniumtetracyanoquinodimé-
thane qui est un complexe à transfert de charge. Cette possibilité résulte de l'existence
d'une partie hydrophobe (la chaîne aliphatique à 22 carbones) et d'une partie polaire
hydrophile (le cycle pyridinium chargé positivement et le TCNQ chargé négativement).
Les plans polaires (00l) sont parallèles au substrat.
Le film L. B. ainsi obtenu est assez mal ordonné selon la normale au substrat. Il est
isolant. L'iodation in situ le transforme, après passage par un état intermédiaire, en un
état conducteur assez bien ordonné [1]. C'est la structure de ce dernier état qui est étudiée
ici sur film L. B. de 64 couches.
La détermination de la structure de tels films de L. B. par diffraction X présente
certaines difficultés spécifiques : faible quantité de matière et petits angles de diffraction.
Il a donc été nécessaire de mettre au point une technique nouvelle de mesure X; et
d'utiliser des méthodes de traitement des données permettant l'utilisation d'informations
a priori, que nous allons décrire succinctement.
GRANDE PÉRIODE. — La grande période du réseau cristallin est normale au substrat et
donne la distance entre plans polaires. Elle vaut 48,7 Â. Cette valeur est trop grande
pour résulter d'un empilement de molécules tête polaire contre extrémité CH3, avec une
molécule par période. En effet le complexe sous sa forme la plus étendue ne mesurerait
que 40 Â. La projection de la maille sur la normale au substrat comporte donc au moins
un groupe de deux molécules. La question se pose alors de savoir quel est leur type
d'arrangement.
MESURE DES INTENSITÉS DES RÉFLEXIONS LAMELLAIRES 00l. — Les films L. B. présentent
des distorsions avec dispersion angulaire des normales aux plans réflecteurs autour de la
perpendiculaire au substrat (désorientation). Il est donc nécessaire d'obtenir les intensités
par intégration (cristal oscillant). Le domaine d'oscillation est choisi plus grand que la
désorientation. Toutefois l'intégration n'est pas complète pour toutes les réflexions; car

0249-6305/85/03010871 $ 2.00 © Académie des Sciences


872 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 12, 1985

Fig. Densité électronique linéaire (avec son incertitude) en électrons par angstrôm, déduite des FF* et
1. —
son approximation à cinq échelons. Pour cette fonction les 20 signes des amplitudes sont + ++
Fig. 1. —
++ ++ - +.
Linear electron density function (with its uncertainties; in électrons
per angstrôm derived from FF*
values). Profile is approximated by a five step function. For this function the 20 signs of the scattering
amplitudes are + ++ - ++ — ++ — +.

pour celles de bas indice tantôt le faisceau incident est occulté par le bord antérieur de
l'échantillon, tantôt le bord postérieur vient occulter le faisceau réfléchi. De plus selon la
géométrie du faisceau incident et de l'échantillon, ce dernier tantôt est totalement baigné
dans le faisceau incident, tantôt l'intercepte complètement au cours de l'intégration.
La désorientation des plans réflecteurs est caractérisée par la fonction; de répartition
angulaire de leurs normales. Cette répartition est d'abord déterminée expérimentalement
par variation de l'intensité réfléchie pour quelques réflexions en fonction de l'inclinaison
de l'échantillon. Suit une régression statistique linéaire sur l'ensemble des mesures. La
fonction ainsi obtenue est introduite dans un programme d'intégration numérique simulée,
ce qui fournit les facteurs K; permettant d'écrire pour chaque réflexion 00l:
Ii::Lp(®I)KiFiFi*,
où : Ii est l'intensité intégrée observée; ©,, l'angle de Bragg; Lp (©;), le facteur de Lorentz
et de polarisation; Fi, le facteur de structure pour la réflexion 00l; Ki est appelé facteur
de désorientation-intégration.
On peut ainsi obtenir les quantités Fi Fi* au facteur d'échelle près.
DIAGRAMME DE PATTERSON.

Le diagramme de Patterson s'obtient par transformation
de Fourier des FF*. Il présente deux pics symétriques à ±18,4 Â du pic central. Comme
l'iode joue le rôle d'atome lourd, ces deux pics signifient qu'il y a deux sites iode dans la
période de 48,7 Â. Dans le cas d'un assemblage non centrosymétrique (molécules toutes
parallèles), il n'est pas possible de trouver deux sites iode séparés de 18,4 Â en gardant
voisines les fractions moléculaires de même affinité. Ceci est aisé dans le cas centrosymétri-
que. On en conclut que la projection de la structure sur la normale au substrat est
centrosymétrique. Le problème de la recherche des phases des réflexions 00l est ainsi
limité à celui de la recherche des signes (phase 0 ou %).
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 12, 1985

Fig. 2. Structure. (a) Vue selon l'axe y ; en blanc : Py et chaînes correspondantes au niveau y = 0, en noir :
Py, ...au
indiqués.
—;
niveau y=l/2. (b) Vue selon l'axe X (direction de conduction), les canaux iode sont indiqués
par (g), les limites des créneaux: de le figure l sont
Fig.2. — Calculated structure. (a) Viewed along y axis: white Py (and correspondingehainsat level y = 0 dark
Py at level y = 1/2. (b) Viewed along x axis (the conducting direction), channels of iodine ions are indicated
by ®, steps limits of Figure 1 are shown.

DENSITÉ ÉLECTRONIQUE PROJETÉE. — Le nombre de combinaisons de signes est de


219 = 524288. Pour déterminer les combinaisons les plus satisfaisantes, le critère de choix
est d'obtenir le plus long plateau de densité électronique dans la demi-période (chaînes
aliphatiques). Les 24 meilleures combinaisons présentent toutes des profils similaires:
deux pics intenses et étroits séparés par une petite cuvette d'un grand plateau unique
(22,6 Â : réunion des deux plateaux de chacune des demi-périodes) (fig. 1).
Ce plateau contient deux chaînes aliphatiques par raison de centrosymétrie. Elles ne
pourraient être bout à bout que si elles étaient inclinées d'un angle de 60° avec la normale
au substrat, ce qui est contredit par le dichroïsme linéaire [2] qui trouve un angle inférieur
ou égal à 30°.
On en conclut que les chaînes aliphatiques s'interpénètrent (interdigitation) et sont
inclinées de 26°. Le groupe CH3 terminal d'une chaîne s'approche du pyridinium d'une
chaîne voisine {fig. 2). Ainsi le plateau (1) de la figure 1 correspond à la région d'interdigi-
tation de deux chaînes et chaque cuvette (2) à la région non interdigitéede chaque chaîné.
Le pic (3) est dû à l'iode et à une partie du pyridinium. Les niveaux (4) et (5) sont dus
au reste du pyridinium et au recouvrement des TCNQ.
Avant iodation il apparaît parfois une phase à période plus grande (environ 66 Â) qui
pourrait ne pas correspondre à une structure interdigitée.
STRUCTURE. — Une structure idéalisée résultante est présentée sur la figure 2. La maille
monoclinique la plus simple a pour paramètres :
a = 6,36Â, b = 7,9Â, c = 98,26 Â, p = 97°6.
Le paramètre a traduit l'empilement des TCNQ classique de l'état conducteur [3]. Le
paramètre b traduit les distances entre les canaux iode; il a été confirmé à partir de la
874 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 12, 1985

strate 01 l observée par oscillation de l'échantillon autour de b*. Les paramètres a et b


sont en accord avec les anneaux D. S. observés par transmission sur diagrammes de
diffraction électronique [4] et de rayons X [5]. Perpendiculairementaux chaînes aliphati-
ques, chacune d'elles occupe une surface de 22,6 Â2, ce qui est une valeur raisonnable.
CONCLUSION. — La désorientation des couches L. B. est un phénomène fréquent. Sa
prise en compte quantitative est indispensable pour obtenir les intensités exactes. L'emploi
de la correction de désorientation-intégration et l'utilisation du critère du plus long
plateau est caractéristique de cette nouvelle méthode expérimentale qui permet également
l'accrétion des informations venant d'autres techniques.
L'interdigitation des chaînes aliphatiques se trouve dans d'autres composés ([6], [7], [8]),
mais n'avait pas été signalée à notre connaissancedans les films de Langmuir-Blodgett.
Reçue le 1er août 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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temperature phases of dipalmitodyl phosphatidyl-glycerol,Biochim. Biophys. Acta, 488, 1977, p. 432-441.
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Service de Physique du Solide et de Résonance magnétique,


C.E.N.-Saclay, 91191 Gif-sur-Yvette Cedex.
C.R. Acad.
Sc, 12
Paris,
t.301,
Série
II,
n° 1985 875

ÉLECTRONIQUE. Corrélation entre les processus de piégeage et la mobilité effective



des porteurs dans les transistors MOS. Note de Gabriel Blasquez et Ali Boukabache,
présentée par Pierre Grivet.

La capture et l'émission des porteurs par les états d'interface contribuent significativementà la réduction de
la mobilité dans les transistors MOS.

ELECTRONICS. — Correlation between trapping processes and the effective mobilily of carriers in MOS
transistors.
Capture and emission of carriers through interface states contribute significantly to the reduction of rhobility in
MOSFET's.

La mobilité effective des porteurs dans le canal des transistors MOS est fréquemment
inférieure à celle dans le volume du silicium monocristallin. Les études antérieures
([1], [2]), attribuent cette réduction à trois causes principales :
(a) la rugosité de l'interface Si-Si02;
(b) les interactions coulombiennes avec les centres chargés situés dans la silice près de
l'interface
et:
(c) l'influence du champ électrique transversal induit par le potentiel V appliqué sur
la grille des transistors [3].
Intuitivement, la capture et l'émission de porteurs par les pièges situés dans l'oxyde de
silicium près de l'interface peut également contribuer à la réduction de la mobilité: En
effet, les porteurs temporairement piégés ne participent plus à la conduction du courant.
Aux bornes du transistor, tout se passe comme si leur vitesse moyenne diminuait Ce
phénomène présente une certaine analogie avec un flux d'automobiles temporairement
arrêté par des feux de circulation fonctionnant d'une manière aléatoire et répartis au
hasard sur un parcours donné. Au plan de la physique, ce mécanisme de base est
identique à celui donnant naissance au bruit en l//[4]. Il met en jeu les pièges situés
dans une bande d'énergie de l'ordre d'une centaine de milliélectrons-volts, centrée sur le
niveau de Fermi à l'interface. Il se distingue des interactions coulombiennes en ce qu'il
est indépendant de la charge électrique fixe Qf située près de l'interface et/ou de la
charge emmagasinéedans les pièges situés en dehors de la bande d'énergie considérée.
Dans ce compte rendu, nous présentons les résultats d'une étude expérimentalevisant
à prouver l'existence et à préciser l'importance de ce mécanisme.
Les transistors ont été fabriqués au L.A.A.S. sur un substrat de type p doht'là
concentration en impuretés de dopage est voisine de 2.1016 cm- 3 et dont F orientation
cristallographique est (100). L'oxyde de grille a été obtenu thermiquement à 1150°C. Son
épaisseur est de 2 000 Â. La métallisation de grille a été effectuée avec du chrome évaporé
thermiquement. Ces transistors ont une géométrie rectangulaire. La longueur L et la
largeur Z du canal sont respectivement égales à 120 et à 700 um.
Dans le but de rendre prépondérants les mécanismes de piégeage, les dispositifs MOS
ont été soumis, pendant des intervalles de temps de durées variables, à un rayonnement
ionisant produit par un générateur de rayons X du type CGR Aequivolt fonctionnant à
150 kV et 10 mA. Pendant l'irradiation, les électrodes du transistor étaient court-circuitées.
La mobilité effective µ des électrons dans le canal a été déterminée à partir de la mesure
de la pente gm du transistor pour une tension drain-source VDS faible (VDS as 50mV) et

0249-6305/85/03010875 $ 2.00 © Académie des Sciences


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.
C. R. Acad. Sc,Paris, t 301, Série II, n° 12, 1985
dans la partie linéaire de la caractéristique statique du courant drain ID en fonction de la
tension de grille VG :

où Cox est la capacité de l'oxyde par unité de surface. Ces conditions de polarisation
ont été choisies pour minimiserl'influence du champ électrique transversal sur la mobilité.
Pour discriminer les mécanismes de piégeage des interactions coulombiennes, il faut,
en théorie, estimer d'une part la densité des pièges situés au voisinage du niveau de
Fermi et d'autre part, la densité totale des centres chargés interagissant avec les porteurs.
En pratique, ces opérations ne sont pas réalisables directement à cause de la présence de
la couche d'inversion et parce qu'on n'a pas accès d'une manière simple à la distribution
spatiale des centres chargés dans l'oxyde. Pour contourner ces difficultés, nous avons,
dans une première étape, mesuré la densité spectrale SVD (f) du bruit de fond en l/f aux
bornes du transistor polarisé à faible niveau dans la partie linéaire de la caractéristique
ID (VDS). On a vu dans ce qui précède que si la mobilité est influencée par les processus
de capture et d'émission des porteurs, la réduction de la mobilité doit être corrélée à la
valeur du bruit de fond.
Par ailleurs, en comparant le comportement du transistor monté en diode à grille de
commande [5], et en capacité MOS [5], on peut procéder d'une manière simple à une
évaluation approchée des densités de pièges et des centres chargés.
En effet, si VT désigne la tension de seuil du transistor et si VGM représente la tension
de grille correspondant au maximum du courant de génération recombinaison dans le
montage en grille de commande [5], on montre sans difficultés à partir de l'équation de
neutralité [2] que :

où |Qot(VT)—Qot(VGM)| est la densité de charges emmagasinée dans les pièges situés


entre le niveau de Fermi à l'inversion et le milieu de la bande interdite. En faisant
l'hypothèse que la densité des pièges est relativement constante dans cette gamme d'énergie
et en admettant que chaque piège ne peut capturer ou émettre qu'un seul électron, on
peut admettre que le produit Cox(VT—VGM) est un bon indicateur de la densité des
pièges au niveau de Fermi.
En ce qui concerne l'image de la densité des centres chargés Qf + Q0£(VG) dans la
silice, elle est déduite d'une manière classique [6], à partir de la différence entre la courbe
théorique de la capacité MOS et la courbe effectivement mesurée en hautes fréquences
en fonction du potentiel de grille.

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 1.

Corrélation entre les variations de la mobilité des électrons et les accroissements du bruit de
scintillationprovoqués par des rayons ionisants.
Fig. 1. — Correlation between électron mobility variations and 1/f noise increases due to ionizing radiations.
Fig. 2. — Correlation entre les variations de la mobilité des électron et les accroissements de la densité des
charges induites.
Fig. 2. — Correlation between electron mobility variationsand the increases of the induced charge density.
Fig. 3. — Corrélation entre les variations de la mobilité des électrons et l'accroissementde la densité de charge
contenue dans les pièges situés entre le milieu de la bande interdite et le niveau de Fermi.
Fig. 3. — Correlation between electron mobility variations and to increases of the trapped charge density situated
between midgap and the Fermi level.
PLANCHE I/PLATE I GABRIEL BLASQUEZ
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 304, Série II, n° 12, 1985 879

La figure 1 donne les variations de la mobilité en fonction;des;variations du bruit en


1/f (induites par exposition à des doses croissantes de rayons X); On voit que ces
variations sont fortement corrélées. Physiquement, de nombreuses études [5] ont montré
que les rayons X créent dans l'oxyde près de l'interface Si-Si02 des charges fixes positives
et des pièges. Dans ce qui suit les densités de charges emmagasinées dans ces centres
induits seront désignées respectivement par Qfx et QOtX. Compte tenu du fait que
l'accroissement du bruit en 1/f ne peut être attribuée qu'aux pièges induits, la corrélation
existant entre les variations de la mobilité et du bruit prouve que les mécanismes de
piégeage temporaire des porteurs peuvent avoir un effet non négligeable sur la mobilité.
La figure 2 représenteles variations de la mobilité en fonctiondes variations de la
densité des centres chargés mesurés en régime de faible dépletion. On voit deux comporte-
ments bien distincts : (a) la mobilité est constante alors que la densité des centres
chargés croît et (b) la mobilité décroît tandis que: la densité dès centres chargés reste
approximativement constante. Parallèlement le bruit eh 1/f est pratiquement constant
dans la phase (a) et augmente rapidement dans la phase (b).Il s'ensuit que l'augmentation
de la densité des centres chargés dans la phase (a) résulte pour l'essentiel d'un accroisse-
ment de la charge fixe positive Qfx. Contrairement aux interprétations antérieures
([1], [2]), on voit que l'interaction coulombienne des charges fixes avec les électrons à
peu d'influence sur la mobilité. Dans la phase (b) la croissance du bruit indique que la
densité de pièges a notablement augmentée. Le fait que la densité totale de centre chargés
mesurée en faible dépletion n'évolue quasiment pas montre que la croissance de QOtX
compense en partie celle de Qfx et donc que la charge QOtX est négative quelle que soit
la dose de rayonnement reçue pair les transistors. Ce phénomène de saturation a été
observé par d'autres auteurs [5].
La figure 3 donne les variations de la mobilité en fonction des variations de la charge
emmagasinée dans les pièges situés entre le milieu de la bande interdite et le niveau de
Fermi. On voit clairement que la diminution de la mobilité est fortement corrélée à
l'accroissement de la densité de pièges situés dans cette gamme d'énergie. Ce résultat
montre la prépondérance des mécanismes de piégeage pour la réduction de la mobilité
des porteurs à la surface. Il confirme totalement les conclusions déduites de l'analyse du
comportement en bruit de fond: Empiriquement, les résultats de la figure 3 peuvent être
simulés par la relation :

où Àµ (cm/V .s); et AQ0tX (C/cm2).


Enfin, si on admet que les pièges sont uniformément répartis en énergie, la figure 3
indique que la réduction de mobilité due au piégeage est nettement observable dès que
la densité des pièges induits dépasse 3.1010 cm- 2. eV_ 1. Ceci suggère que des densités
dix fois plus faibles peuvent avoir un effet non négligeable bien qu'il soit difficile de le
discriminer au plan expérimental.
A titre de complément, M est intéressant de souligner que l'examen des enregistrements
des courants de recombinaison en surface dans le montage en diode à grille de commande
montre que la composante générée dans le silicium près de l'interface reste approximative-
ment constante quelle que soit la dose reçue. Ces observations prouvent que les rayons
X n'ont pas d'influence sur le silicium et que les pièges créés à l'interface sont situés
dans l'oxyde.
880 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 12, 1985

Après avoir démontré l'influence du piégeage temporaire des porteurs sur la mobilité
effective, il reste à discuter son importance en fonction des conditions de fonctionnement
du transistor. A priori, il est évident que pour une densité de pièges donnée, l'effet est
d'autant plus important que la proportion des porteurs temporairement piégés est grande
vis-à-vis de la densité moyenne des porteurs dans le canal. L'effet doit donc être
considérable en faible et moyenne inversions. De plus, notons qu'un champ transversal
élevé favorise non seulement les collisions des porteurs avec l'interface Si-SiOz, mais
aussi les mécanismes de piégeage. La réduction de mobilité due au piégeage peut donc
être significative en forte inversion.
Enfin, les résultats expérimentauxprésentés dans ce qui précèdefournissent de nouvelles
interprétations aux observations rapportées dans [1]. Plus précisément, il a été constaté
que la réduction de mobilité en présence d'un fort champ électrique transversal dépend
de l'orientation cristallographique du substrat et des attaques chimiques effectuées à la
surface du silicium avant oxydation. Dans [1], ces effets sont attribués à la rugosité de
l'interface. Nos expériences suggèrent plutôt des différences de densités de pièges : il est
bien connu que les traitements chimiques peuvent polluer la surface et que par ailleurs,
la densité d'états d'interface dépend de l'orientation cristallographique du substrat [5].
Remise le 20 mai 1985, acceptée le 26 juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] S. C. SUN et D. PLUMMER, I.E.E.E. Trans. on Electron Devices, ED27, n° 8, 1980, p. 1497-1508.
[2] S. M. SZE, Physics of semiconductor devices, J. Wiley, New York, 1981.
[3] H. MARTINOT, P. ROSSEL et G. VASSILIEFF, Electron. Lett., 8, n° 24, 1972, p. 599-600.
[4] G. BLASQUEZ dans Instabilities in Modern Silicon Devices, G. BARBOTTIN et A. VAPAILLE éd., North-
Holland, 1985, Chap. 7.
[5] A. S. GROVE, Physics and technology of semiconductor devices, J. Wiley, 1967.
[6] L. M. TERMAN, Solid State Electron., 5, 1962, p. 285.

C.N.R.S., Laboratoire d'Automatiqueet d'Analyse des Systèmes,


7, avenue du Colonel Roche, 31077 Toulouse Cedex.
C:R. Acad. Sc, Paris, t. 301, Série II, n° 12, 1985

CHIMIE PHYSIQUE. — Mise en évidence du chrome (V) lors de la photo-


oxydoréduction du système chrome (VI)-glycine. Note de Béatrice Robert, Michèle Boite
et Jacques Lemaire, présentée par Jacques Joussot-Dubien.

Il n'apparaît pas de complexation à l'état fondamental entre [HCrO4-] et la glycine en solution aqueuse.
Cependant, une irradiation de cette solution à 365 nm, qui correspond à une transition à caractère de transfert
de charge de [HCrO4-], entraîne la réduction du chrome (VI) en chrome (III). Le rendement quantique de
réduction reste constant lorsque le pH varie dans le domaine d'existencede [HCrO4-]. il augmente proportionnel-
lement à la concentration en glycine. L'étude en spectroscopie RPE sous irradiation continue à basse tempéra-
ture permet de mettre en évidence la participation du chrome (V) au processus de photoréduction.

PHYSICAL CHEMISTRY. — Role of chromium (V) in the Cr(VI)-glycinephotoredox System.


No complexation in the ground state is detected between [HCrO4-] and glycine. However, the charge transfer
irradiation (CTTM) of [HCrO4-] in presence of glycine induces the redox decomposition of Cr(VI) into
Cr (III). The reduction quantum yield is pH independent when [HCrO4-] is the absorbing species, it increases
linearly with increasingglycine concentration. By ESR spectroscopy, it was possible to detect two intense signais
assigned to chromium (V).

Dans le domaine de la photographie, la photoréduction du chrome (VI) par les


terminaisons réductrices de la gélatine est un phénomène connu depuis longtemps [1].
Par ailleurs, l'oxydation thermique ou photochimique des alcools par CrO3 est largement
décrite dans la littérature [2]. Malgré des divergences concernant l'origine et l'intervention
du chrome (V) dans le mécanisme, les auteurs s'accordent à reconnaître l'ester chrornique
[R —CH2 —O—CrO3-] formé à l'état fondamental comme l'espèce active. Nous nous
sommes, dans notre cas, intéressés à la photoréduction du chrome (VI) par des réducteurs
tels que des monomères vinyliques [3] ou des acides aminés comme la glycine, l'alânihe,
l'hydroxyproline ou la méthionine, pour lesquels il n'apparaît pas de données dans la
littérature. Les acides aminés choisis sont ceux qui constituent les principales terminaisons
acides ou basiques de la gélatine et qui interviennent donc dans le processus de réticulation
de la gélatine bichromatée. Nous présentons dans cette Note les résultats concernant la
glycine NH2 —CH2 —COOH, qui représente la presque totalité des terminaisons aminé
de la gélatine.
RÉSULTATSEXPÉRIMENTAUX.— Les irradiations ont été réalisées dans un système cyhndri-
que composé de six tubes fluorescents émettant à 365 nm avec une largeur de bande de
50 nm. Les solutions sont placées dans un réacteur cylindrique de « Pyrex » occupant
l'axe du système d'irradiation. L'intensité incidente déterminée par actinométrie au fer-
rioxalate est I0 = 2,86.1015 photons/cm2 s.
.
Les irradiations à 365 nm ont également été réalisées en faisceau parallèle avec une
lampe à vapeur de mercure moyenne pression équipée d'un monochromateur, dont
l'intensité incidente I0 est 5.1014 photons/cm2. s. Nous avons pu vérifier que dans le
domaine de I0 utilisé, il n'y a pas d'influence de l'intensité incidente sur les rendements
quantiques de réduction <p°red. Ayant de plus établi que (p°red n'est pas affecté par la
présence d'oxygène, nous avons réalisé les irradiations sur des solutions non dégazées.
Lors de la mise en solution du bichromate de potassium dans l'eau, deux équilibres
successifs interviennent:

0249-6305/85/03010881 $2.00 © Académiedes Sciences


882 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 12, 1985

Fig. Variation du spectre ultraviolet au cours d'une irradiationà 365 nm,


1. —
d'une solution de bichromate (6.10-4M) et de glycine (1 M) à pH = 4,l.
Fig. 1. — Ultraviolet spectrum evolution of a solution of [HCrO4-] (6x 10-4M)
and glycine (1 M) upon irradiation at 365 nm, pH=4.1.
Fig. 2. —
Variation du rendement quantique de réduction en fonction du pH :
(A) cp apparent, (B) cp corrigé de l'effet thermique (glycine = 1 M).
Fig. 2. — pH dependence of the reduction quantum yield. (f^lrJ)
- cr {iiiy
(A) apparent cpred, (B) cpred correctedfor thermal reduction (glycine= 1 M).

Dans nos conditions de travail (concentration initiale de bichromate égale à 5.10_4M


et pH de la solution ajusté à 4 par addition de HC1), la forme monomère [HCrO4-]
représente 85 % des espèces présentes en solution. L'introduction, dans une solution de
bichromate, de glycine à des concentrations croissantes a pour conséquence d'élever
progressivement le pH du milieu. Il passe de 4,95 en l'absence de glycine à 5,81 pour
une concentrationmolaire en glycine. Simultanément,le spectre d'absorption ultraviolette-
visible est modifié, l'intensité de la bande d'absorption à 350 nm augmente et son
maximum est déplacé vers 370 nm. Cette évolution spectrale ne traduit en fait que
l'apparition de [CrO4- ] aux dépens de [HCrO4-] lorsque le pH augmente. Si on maintient
le pH de la solution égal à 4, le spectre d'absorptionn'est pas modifié par la présence de
glycine.
Il n'existe donc pas de preuve spectrale de l'établissement à l'état fondamental d'un
complexe entre [HCrO4-] et la glycine. Ce résultat est à opposer à ceux obtenus pour les
systèmes chrome (Vl)-alcools.
COMPORTEMENTPHOTOCHIMIQUE.

L'étude en spectroscopie ultraviolette-visiblemontre
que par irradiation à 365 nm le chrome (VI) se transforme quantitativement en
chrome (III) complexé par la glycine avec l'apparition d'un point isosbestique à 500 nm
(fig. 1). Les spectres RPE de solutions irradiées montrent, à température ambiante, la
seule apparition du signal du chrome (III). Nous avons donc suivi la disparition du
chrome (VI) par analyse spectrale à 350 nm, le coefficient d'extinction molaire du chrome
(III) étant négligeable devant celui du chrome (VI) à cette longueur d'onde.
La figure 2 A montre la variation du rendement quantique de réduction du chrome
(VI) en fonction du pH. Ce rendement est pratiquement nul lorsque l'espèce absorbante
est [CrO4- -](pH6,5); il augmente pour un pH correspondant au pK de l'équilibre
HCrO4-+ ?± CrO4- - +H+, puis un pseudo-plateau apparaît jusqu'à pH égal à 3. Au-delà
de cette valeur, un phénomène de réduction thermique perturbe fortement les mesures.
L'ampleur de ce phénomène augmente lorsque la concentration en glycine augmente ou
lorsque le pH diminue; nulle à pH égal à 4, la vitesse de disparition thermique du chrome
G; R. Acad: Sc. Paris, t. 301, Série II, N° 12, 1985 883

Fig. 3. Variation du rendement quantique de réduction



en fonction de la concentration en glycine à pH 4.
Fig. 3. —
<pred versus glycine concentrationat pH = 4.
Fig. 4. Évolution du spectre RPE d'une solution de bichromate (0,05 M) et de glycine (c 0,5M)
— =
à pH 4,9 sous irradiation continue et à basse température (X> 290 nm, T= — 30°C).
Fig. 4. — ESR spectrum evolution of a solution of [HCrO4-] = 5 x 10-2M and [glycine]= 0.5M
at pH 4.9 upon irradiation at X>290 nm and T= -30°C.

(VI) est analogue, à pH 2,5, à celle de la réduction photochimique dans notre installation.
Les valeurs de q>£r(VI) sont donc systématiquement corrigées de la valeur de l'effet
-+ cr(III)
thermique. La courbe B (fig. 2) ainsi obtenue montre l'indépendance de q>°red en fonction
du pH dans tout le domaine d'existence de [HCrO4-](1).
La variation du rendement quantique de réduction à pH 4 en fonction de la concentra-
tion en glycine est représentée sur la figure 3. On note que q>°red augmente linéairement
avec la concentration en réducteur.
ÉTUDE EN SPECTROSCOPIE RPE. Sous excitation continue (À,>320nm) de solutions

-
aqueuses congelées (T= 30CC) de bichromate de potassium (0,05 M) en présence de
glycine (0,5 M), il apparaît deux signaux intenses de largeur de bande 22 et 30 Gs (fig. 4).
Le signal (1) préalablement formé disparaît en cours d'irradiation, tandis que l'intensité
du signal (2) augmente pour atteindre un maximum.
Un signal beaucoup plus faible et de largeur de bande 160 Gs apparaît pour des
irradiations prolongées de la solution à température ordinaire.
DISCUSSION. — Par excitation à 365 nm de [HCrO4-], on provoque un transfert de
charge du coordinat oxygène vers le chrome (VI) (d°). L'espèce excitée ainsi formée est
ensuite piégée par la glycine présente dans la solution, conduisant, après séparation des
charges, à l'acide aminé oxydé et au chrome (V).
L'étude en spectroscopie RPE permet de mettre en évidence la présence de chrome
(V). En effet, parmi les états de valence du chrome, seul le chrome (V) en d1 présente un
signal intense et de faible largeur de bande. Le chrome (IV), possédant deux électrons
non appariés, ne présente un signal qu'à très faible température. Le signal du chrome
(III) en matrice solide est faible et de largeur de bande bien supérieure. Les deux signaux
observés correspondent à deux environnements différents du chrome (V). Srinivasan et
Rocek [4] ont décrit ces mêmes signaux lors de la réduction du chrome (VI) par des
alcools.
884 C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 12, 1985

A température ordinaire, on n'observe que le signal du chrome (III).


On peut schématiser la photoréduction du chrome (VI) par la glycine selon le méca-
nisme suivant :


réduction successive du chrome (V) en chrome (IV) et chrome (III) par la glycine.
La concentration en glycine étant dans tous les cas supérieure à celle de HCrO^, la
formation de Cr (V) selon la réaction :

est négligeable. De plus, le degré d'avancement faible auquel nous travaillons (<5%)
élimine la possibilité de l'absorption de la lumière par le chrome (V) qui conduirait à la
formation de chrome (IV) et à un produit d'oxydation.
L'extension de ce travail à d'autres acides aminés et notamment à la méthionine, dont
le caractère réducteur est plus marqué, fera l'objet d'un mémoire publié ultérieurement.
(') En dessous de pH 1, l'espèce présente n'est plus [HCrO4-] mais le produit de la réaction de [HCrO4-]
avec l'acide utilisé pour acidifierle milieu.
Reçue le 9 juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] P. GLAFKIDES, Chimie et physiquephotographique,P. Montel, Paris, 1976, p. 786-798.


[2] K. B. WIBERG et H. SCHAFER, J. Am. Chem. Soc, 91, 1969, p. 933-936; J. ROCEK et A. RADKOWSKI, J.
Am. Chem. Soc, 90, 1968, p. 2986-2988; M. RAHMAN et J. ROCEK, J. Am. Chem. Soc., 93, 1971, p. 5455-5462;
U. KLANING, Bull. Soc. chim. belg.,11, 1962, p. 819-820; V.P. CHERSTIOUK et L. E. MAZOUR, Oukrain. Khimi.
Zh., 48, 1982, p. 818-822.
[3] B. ROBERT, M. BOLTE et J. LEMAIRE, J. Chim. Phys., 82, 1985, p. 361-367.
[4] V. SRINTVASAN et J. ROCEK, J. Am. Chem. Soc, 96, 1974, p. 127-133.

Laboratoire de Photochimie moléculaire et macromoléculaire,


Unité associée au C.N.R.S. n° 433, Université de Clermont-II,
B.P. n° 45, 63170 Aubière.
C.R. Acad. Sc. Paris, t. n°13,
301,
Série
II, 1985 885

MÉCANIQUE DES SOLIDES. l'anisotropie sur l'intervalle d'instabilité


— Influence de
de l'effort au cours du biétirage des films de polymère. Note de Dominique Cotto, Frank
Montheillet et Jean-Marc Haudin, présentée par Paul Lacombe.

Le critère de force maximale (Swift) est appliqué au cas du biétirage dé films de polymère anisotropes. A
partir du Critère de plasticité orthotrope de Hill, en supposant l'écrouissageisotrope et la vitesse de déformation
constante,l'évolution de l'intervalle de décroissancede l'effort d'étirage est déterminée en fonction du chemin
- de déformationMes coefficients,d'anistotropie. L'amplitudede cet intervalle, et par suite, le rapport d'amincisse-
ment limite, du film, passent par un maximum (resp. minimum) pour dès chemins(de déformation proches de-
la traction uniaxiale (resp. du biétirage équilibré).

MECHANICS OF SOLIDS.
stretchingofpolymer films. — influence of anisotropy on the
load instability interval during biaxial

The maximum load. criterion (Swift) is applied to the case of biaxial Stretching of anisotropie polyemr
films Startingfrom the Hill orthotropicplasticity criterion, and assuming isotropic strain hardeningand constant
strain rate, the variation of the instability interval during stretching is. determined as a function of the strain path
and the anisotropy parameters. The extension of the interval, and thus the limit thinhing ratio of the film, go
through a maximum (resp. minimum),for strain paths close to uniaxial tension (resp. to balanced stretching).

Dans une précédente Note [1], le critère de Swift ([2], [3]) a été appliqué à l'étude
théorique de l'instabilité de l'effort au cours du biétirage des films de polymère isotropes.
La courbe contrainte-déformation particulière des polymères, caractérisée par une pente
do/de successivement décroissante puis croissante [4], induit un intervalle de décroissance
de l'effort de traction au cours du biétirage, correspondant à une phase instable de la
déformation. Nous étudions ici l'influence de l'anisotropie du polymère sur cet intervalle
d'instabilité qui, d'un point de vue pratique, conditionne l'amincissement limite du film.
Le critère de Swift s'applique au biétirage d'une tôle sous l'action de forces F1 et F2
exercées suivant deux directions orthogonales (fig. 1). Il exprime que la force résultante
F=F1+F2 est stationnaire, ce qui s'écrit :

où s désigne une déformation équivalente qui sera définie ci-dessous. Le film est considéré
comme orthotrope, ce qui correspond au processus de fabrication des films [5]. Les axes
d'étirage sont les axes principaux d'anisotropie. Le critère de plasticité de Hill et la loi
d'écoulement associée au moyen du principe de normalité [6] sont supposés décrire,
en première approximation, le comportement du matériau, dont on admet en outre
l'incompressibilité. De nombreux auteurs ont utilisé le même critère en tenant éventuelle-
ment compte de l'influence de la pression hydrostatique ([7]-[9]). Il apparaît que cette
dernière peut être considérée comme faible dans le cas d'une sollicitation en traction [10].
Dans le cas du biétirage, le film est soumis à un état de contraintes planes et le critère
s'écrit, dans le système des axes principaux d'anisotropie :

où a désigne la contrainte d'écoulement en traction uniaxiale suivant la direction 1. Les


coefficients d'anisotropie F et H sont des nombres sans dimension, considérés comme
constants au cours du biétirage, ce qui correspond à l'hypothèse d'écrouissage isotrope.
Pour F = H = l/2, on retrouve l'expression du critère de von Mises en contraintes planes,
qui décrit le comportement d'un matériau isotrope.

0249-6305/85/03010885 $ 2.00 © Académie des Sciences

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 65


886 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985

L'état d'anisotropie du film est plus commodémentdécrit par le coefficient de Lankford


R(9) qui caractérise la résistance à l'amincissement d'une éprouvette de traction découpée
dans une direction faisant un angle 8 avec la direction 1 du film (fig. 1) :

Dans la suite, on utilisera les trois coefficients :

dont les expressions en fonction de F et H se déduisent simplement du critère (2) et de


la loi d'écoulement associée.
L'étude est limitée aux trajets de chargement linéaires définis par a. = cy2/a1 qui varie
entre 0 (traction en contrainte uniaxiale suivant 1) et + oo (traction en contrainte uniaxiale
suivant 2). Les chemins de déformationcorrespondants, également linéaires, sont caractéri-
sés par À. = e2/s1 = /*2/1//112 (h et l2 sont définis sur la figure 1); A. varie entre —R1/(l+R1)
et -(S + R^/Ri.

Dans l'équation (5), la déformation équivalente s est définie par dW = GijdEij = cyde. Elle
est reliée à la déformation s1 suivant la direction 1 par la relation :

La loi de comportement du polymère peut s'exprimer sous une forme multiplicative et


s'écrit dans le cas du polyéthylène haute densité, actuellement le mieux connu ([11], [12]) :

Dans cette relation, a et s sont exprimés en pascals et s- 1, respectivement, w caractérise

la rigidité viscoèlastique du matériau et croît de 22,6 à 51 lorsque s augmente de 3.10- 5

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 1. — Représentation schématique du biétirage.


Fig. 1. — Schematic représentationof biaxial stretching.
Fig. 2. Evolution avec l'état d'anisotropie : a-c du lieu des points de force maximale, b-d du lieu des points

de force minimale.
Fig. 2. — Variations with the plastic strain ratios of: a-c the maximum load loci. b-d the minimum load loci.
Fig. 3. Évolution de l'intervalle d'instabilité de l'effort avec l'état d'anisotropie.

Fig. 3. —
Variation of the load instability interval with the plastic strain ratios.
PLANCHE I/PLATE I DOMINIQUE COTTO
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985 889

à 10-2s- 1. Le même type de comportement est observé dans une large classe de
polymères ([13]-[15]) ce qui donne à cette étude un caractère général.
Compte tenu de cette loi de comportement, la résolution numérique de l'équation (5)
permet de déterminer deux valeurs ia et ss de la déformation équivalente, correspondant
respectivement à un maximum et à un minimum de | F |. Ces deux valeurs déterminent
ainsi un intervalle de décroissance de l'effort et par conséquent d'instabilité du processus
de biétirage. A l'aide de la relation (7), et en remarquant que e2=A.Si, il est facile d'en
déduire dans le plan (sls s2) les lieux des points correspondant au début et à la fin du
domaine d'instabilité (fig. 2). On notera qu'en traction uniaxiale suivant la direction 1,
sal et esl ne dépendent pas des coefficients d'anisotropie tandis que sa2 et 8s2 sont
fonctions du seul paramètre Rl9 ce qui résulte du choix conventionnel des grandeurs
équivalentes â et s. Pour déterminer l'influence des coefficients d'anisotropie sur le
domaine d'instabilité, nous avons fait varier les paramètres Ri et R2 dans un large
domaine. La comparaison des figures 2 a à 2 d montre que :

lorsque la résistance à l'amincissement suivant l'une des directions de traction est
faible (R1 =0,7, fig. 2 a et 2 b), une diminution de la résistance à l'amincissement suivant
l'autre direction provoque un déplacement des courbes limites vers les déformations
croissantes, et retarde donc l'apparition de l'intervalle d'instabilité;

lorsque la résistance à l'amincissement suivant l'une des directions de traction est
élevée (R1 = 5, fig. 2 c et 2d), le même effet est observé, mais avec une amplitude plus
faible, pour le lieu des points d'apparition de l'instabilité. En ce qui concerne le lieu des
points de force minimale, l'influence du rapport S = R1/R2 est égalementfaible mais plus
complexe (fig. 2d).
Les figures 3 a et 3 b montrent les variations des déformations équivalentes sa et Is
délimitantl'intervalle d'instabilité en fonction de l'angle <£ déterminé par tan<S> = ^ = é2/è1.
Elles permettent de confirmer les résultats précédents et de faire les observations
suivantes :


l'intervalle d'instabilité est minimal au voisinage de 0=45° (biétirage équilibré), et
maximal au voisinage des extrémités de l'intervalle étudié, correspondant aux cas de
traction uniaxiale suivant les directions 1 et 2;

les variations d'amplitude de l'intervalle d'instabilité avec le chemin de
déformation (O) sont plus importantes lorsque R1 est élevé (fig. 3 b).
En conclusion, la présente étude permet de faire une première estimation du domaine
d'apparition et de l'étendue de l'intervalle d'instabilité (effort décroissant) au cours du
biétirage de films de polymère anisotropes. La simplicité de la formulation obtenue
[équations (5) à (7)] résulte des différentes hypothèses : validité des notions de contrainte
et vitesse de déformation équivalentes, écrouissage isotrope (pas d'anisotropie induite),

chemins de déformation linéaires et vitesse de déformation E constante. L'importance


pratique de ces résultats réside dans le fait que le rapport d'amincissement limite est une
fonction croissante de l'amplitude de l'intervalle d'instabilité. Des vérifications expérimen-
tales sont en cours.
Reçue le 24 juillet 1985, remise le 2 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Ecole nationale supérieure des Mines de Paris,


Centre de Mise en Forme des Matériaux,
Unité associée au C.N.R.S. n° 852, Sophia Antipolis, 06565 Valbonne Cedex.
C, R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n°13, 1985 891

MÉCANIQUE DES SOLIDES. — Plasticité et viscoplasticité sous chargement


cyclique : propriétés et calcul du cycle limite. Note de Pierre Ladevèze et Paul Rougée,
présentée par Georges Duvaut.

On étudie l'évolution asymptotique d'une structure plastique ou viscoplaslique sous charge périodique. La
convergencevers un cycle limite est établie. Un nouvel algorithme de calcul direct du cycle limite est proposé
et sa convergenceest démontrée pour une large classe de matériaux.

MECHANICS OF SOLIDS. — Plasticityand viscoplasticityunder periodic loading. Properties and Cômpu-


tation of the limit cycle.
The asymptotic evolution of a plastic and viscoplastic structure under periodic loading is studied. The conver-
gence towards a limit cycle is established. A new algorithm is proposed to calculate directly the limit cycle and
ils convergence is proved for a large class of materials.

I. INTRODUCTION. On étudie, en petits déplacements et dans l'approximation quasi



statique et isotherme, le comportement asymptotique d'une structure élastoplastique ou
élastoviscoplastique sollicitée par des efforts et des vitesses imposés périodiques. La
méthode suivie est adaptable à tout matériau standard qui en régime périodique vérifie
l'inégalité de Drucker sur une période. Elle est illustrée ici avec les modèles de comporte-
ment présentés en [1] et qui sont des variantes des modèles de J. L. Chaboche [2] et D.
Marquis [3].
La démonstration des résultats énoncés dans cette Note est donnée dans [4].
On montre la convergence asymptotique de la réponse de la structure vers une réponse
périodique dont l'essentiel ne dépend que du cycle sollicitation et pas de l'histoire
antérieure.
Un nouvel algorithme, de calcul direct du cycle limite sans détermination de l'histoire
totale, est proposé et sa convergence est démontrée. Cet algorithme, qui diffère des
approches plus ou moins heuristiques ([6] et [7]), est apparenté à la famille d'algorithmes
pour le calcul de l'histoire totale présentée en [1], [8] et [9], et dont la mise en oeuvre est
donnée dans [10]. Il en possède les caractéristiques essentielles : présentation indépendante
des discrétisations en espaces et en temps, itérations non associées au paramètre temps,
traitement local des non-linéarités physiques par un problème dont la structure est
appropriée à un mode de calcul vectoriel.
Les diverses convergences sont établies au sens d'une pseudo-métrique 5 liée à l'erreur
en loi d'écoulement plastique.
IL PRÉSENTATIONDU PROBLÈME. — Le milieu étudié occupe un domaine Q. de l'espace
£,. Sont imposés : le déplacement U,j sur une partie 5Q1 de la frontière, les forces FD sur
le complément BQ.2 et les forces de masses fd. Les données Cd = (ÏJd, Fd, fd) sont fonctions
T-périodiques du temps à partir d'un instant initial.
On note E l'espace vectoriel associé à E,, LS(E) l'espace vectoriel des endomorphismes
symétriques de E, et et || || le produit scalaire canonique dans LS(E) et la norme
.
associée.
Les modèles de comportement considérés ici dérivent de l'énergie libre :

avec %e, déformation élastique; K, opérateur d'élasticité; àeLs(E) et PeR+ variables


d'éccrouissage, CeLs+(Ls(E)) et G application R+ -*. R+ dont la dérivée est supposée

0249-6305/85/03010891 $ 2.00 ©Académiedes Sciences


892 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985

positive, concave et égale à Ro>0 pour P^P0>0. Notant a et S les contraintes et les
déformations,la dissipation est égale à y.x, avec :

Le domaine d'élasticité Ye est défini par :

où s est le déviateur de a, beR+ est le seuil initial et a est une constante scalaire positive.
La loi d'écoulement s'écrit alors classiquement x e 3cp (y) avec pour pseudo-potentiel
des dissipations cp la fonction indicatrice du convexe Ye. en plasticité, et en viscoplasticité :

Pour P<P0, G' est inversible et on peut par transformation de Legendre entre P et R
écrire la loi d'écoulement sous la forme équivalente :

et défini comme cp mais à partir de z fonction de y. Pour P2rP0 cette relation reste
cp
vérifiée (mais n'exprime plus que partiellement la loi d'écoulement). Nous appellerons
processus admissible (p. a.) toute solution du système différentiel en temps que constitue
l'ensemble des lois de comportement. Un tel p. a. est par exemple représenté par le
groupe de variables S=(a, X, R, P, ~Lp) fonction du temps. Il sera dit T-périodique si
V = (cj, X, R, P, tp) est T-pêriodique.
La réponse de la structure est constituée par un champ de p. a. Cd-admissibleà chaque
instant et vérifiant les conditions initiales. Nous appellerons solution périodique tout
champ de p. a. T-périodique et Q-admissible à chaque instant.
III. PSEUDO-DISTANCEDE DEUX p. A. — On pose pour toute paire de champs de p. a. Sj
et S2 définis sur un même intervalle (t0, t1) :

où est la fonction convexe duale de


cp* cp, et ê défini de même à partir de cp. Il résulte
des propriétés de convexité que l'on a :

PROPOSITION 1. — Si ^(S1 S2) est nul S1 et S2 sont plastiquement équivalents en ce


sens que en tout point de Q., ou bien S1 et S2 sont tous deux constamment élastiques, ou
bien aucun d'eux ne l'est et ils vérifient alors :

à tout instant, ce qui implique en particulier que leurs phases élastiques et plastiques
coïncident :
2 S1=S2,
pendant les phases plastiques communes.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985 893

Pour des p. a. T-périodiques la pseudo-distance 8 est calculée sur un intervalle d'une


période et elle ne dépend alors plus que des variables V1 et V2.

IV. CONVERGENCE VERS UNE SOLUTION PÉRIODIQUE.

PROPOSITION 2. — La réponse S de lastructure à la sollicitation Cd exercée à partir


d'un état initial quelconque converge vers toute solution périodique associée à Cd, S, en ce
sens que la distance S (S, S) sur l'intervalle (t, t + T) tend vers zéro quand t tend vers l'infini.
Plus généralement, ce résultat s'étend au cas où S et S seraient deux réponses associées
à un même Cd, non nécessairement périodique, et à des états initiaux différents.
La réponse de la structure présente donc asymptotiquement les caractères qui sont
communs aux solutions périodiques associées au Cd donné, et en particulier ceux réperto-
ries dans la proposition ci-dessous (QE désigne l'ensemble des points de Q où l'évolution
est constamment élastique, et £p = Q — Qe).

PROPOSITION 3. — Pour toute paire (S1, S2) de solutions périodiques associées à un même
Cd, on a :

(d) sur toute partie connexe de Q9 ne débouchant pas sur o£2, al et a2 différent d'une
pression hydrostatique uniforme et constante;
(e) sur le reste de DP, a1 et G2 sont identiques.
Il en résulte en particulier que S1 et S2 sont plastiquement équivalents et que çj1 et è2
sont égaux partout.

V. ALGORITHME DE CALCUL DU CYCLE LIMITE. — L'algorithme proposé permet le calcul


d'une suite n
de champs de p. a. T-périodiques qui converge vers une solution
T-périodique donc vers le cycle limite de la réponse de la structure.
En plus d'être périodique et de vérifier les lois de comportement Sn est défini par la
récurenec :

La mise en oeuvre de cet algorithme nécessite la résolution de deux problèmes.


D'abord, £„n-1 et Cn-1 étant connus, le calcul de Sn par résolution des lois de
comportement et de (i) : ce problème est local et consiste en la recherche de solutions
périodiques d'un système différentiel en temps dépendant périodiquement du temps.
894 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985

Ensuite, pour la détermination de Èn et de rjn par (ii) et (iii), le calcul de n Ên est


effectué par la résolution du problème linéaire et classique :

pour tout champ E* C.A. pour Ud nul, dans lequel le temps n'intervient que comme
paramètre.
Il ne manque à S„, pour être une solution périodique, que d'être Cd-admissible. Aussi,
l'erreur commise en prenant S„ comme cycle limite approché peut être mesurée par :

La convergence de Sn vers le cycle limite se fait au double sens de la proposition


suivante.
PROPOSITION 4. — Si les paramètres µ et µ' sont à tout instant compris entre les valeurs
<x et 2 —ce, avec 0<a<l, l'algorithme converge en ce sens que E(Sn) et la distance 5(Sn, S)
de §n à toute solutionpériodique exacte S tendent vers zéro quand n tend vers l'infini.
Reçue le 17 juillet 1985, remise le 13 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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E.N.S.E.T., Laboratoire de Mécanique et Technologie,


Université Paris-VI, 61, avenue du Président-Wilson, 94230 Cachan.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985 895

PHYSIQUE DES PLASMAS. — Première utilisation d'un bolomèlre pour la calorimé-


trie du rayonnement X émis par un plasma créé par laser. Note de Jean-Luc Bourgade,
Jean-Luc Rocher, Jean de Mascureau et Alain Sàleres, présentée par Robert Dautray,

Les plasmas denses et chauds, créés lors de l'interaction d'un faisceau laser de puissance avec une cible
solide réémettent une part importante de l'énergie qu'ils absorbent sous forme de rayonnement X mou. Pojjir
la première fois dans ce type d'expérience, un bolomètre a été mis au point et utilisé pour mesurer cette énergie
rayonnée. Ce calorimètre X présente pour ces mesures de bilan d'énergie de nombreux avantagés : absence
d'influence des pertes thermiques, temps de réponse rapide de 20 ns, insensibilité aux pilotons laser et aux ions
produits, sensibilité élevée de (3,7±0,2). 10 -3 V.J-1.m2 et seuil de détection faible de 1 J.m-+ 2, possibilité
d'étalonnage électrique direct. Les résultats obtenus avec ce bolomètre sont en bon accord avec ceux mesurés
dans les mêmes conditions expérimentalesavec un spectrometre à large bande.

PLASMA PHYSICS. — First use of a bolometer for X-ray calorimetry of a laser plasma.
Dense and hot plasmas, crealed by interaction of a laser beam with a metallic target, radiale an importantpart
of the absorbed energy in soft X-ray range. For the first time in this type of experiment a bolometer have been
studied and used to measure this X-ray emission. This X-ray calorimeter presents many advantages: no effect
due to thermal losses, fast response (20 ns), insensibility to the laser light and ions emission, high sensitivity
(3.7 + 0.2) x 10- 3 V.J-i .m 2 and low threshold I J.m-2, possibility of direct electrical calibration. The results
obtained wilh this bolometer are in good agreement with those given by a broad hand spectrometer used in the
same experimentalcondition.

Dans une expérience d'interaction laser-matière ou d'implosion par laser, l'établissement


du bilan d'énergie — c'est-à-dire l'ensemble des mesures permettant d'évaluer les diffé-
rentes composantes significatives sous lesquelles réapparaît l'énergie laser incidente —
constitue l'un des diagnostics de base nécessaire à l'interprétation des expériences.
Une fraction très importante de l'énergie absorbée, peut être réémise par le plasma
créé, sous forme de photons X ([1] à [5]) dont l'énergie est principalement comprise entre
100 eV et quelques kiloélectrons-volts.
La mesure nécessite une intégration spectrale, temporelle et spatiale du rayonnement X
émis. Comme il est peu commode d'entourer complètement le plasma émissif d'un seul
détecteur, on doit en disposer un grand nombre tout autour de la cible afin de mesurer
la distribution angulaire du rayonnement. Les intégrations spectrales et temporelles
peuvent être réalisées intrinsèquement au niveau de chaque capteur par transformation
du rayonnement X eu chaleur au sein d'un corps absorbant. On se ramène ainsi à la
mesure d'une élévation de température.
Cette mesure est habituellement réalisée sur les expériences laser par l'utilisation d'une
thermopile transformant l'élévation de température en une différencede potentiel qui lui
est proportionnelle. Il en est ainsi des calorimètres mesurant l'énergie laser diffusée par
le plasma où l'absorption a lieu dans tout le volume d'un verre absorbant [6]. Par contre
dans le cas des rayons X de faible énergie, émis par un plasma laser, l'absorption est
réalisée sur une profondeur de quelques microns au maximum. Cela oblige à limiter
fortement le flux d'énergie incident, afin de ne pas dépasser les températures de surface
conduisant à l'endommagement de l'absorbant. Leur sensibilité est alors faible et cette
méthode n'a pas encore donné de résultats satisfaisants dans les expériences laser [7].
La mesure de cette énergie rayonnée est effectuée à l'heure actuelle à l'aide de diodes
à vide sensibles au rayonnement X ([7], [4]). En interposant des filtres de différents
matériaux on réalise des détecteurs à réponse spectrale quasi plate [8] ou bien des
spectromètres à large bande ([4], [9]). Mais ces diagnostics, par ailleurs fort utiles pour

0249-6305/85/03010895 $ 2.00 © Académie des Sciences


896 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985

caractériser l'émission X du plasma, ne sont pas parfaitement adaptés à l'établissement


d'un bilan d'énergie :

La réponse spectrale des diodes dites à réponse plate ne l'est qu'à ±20 % et de
plus uniquement dans le domaine d'énergie compris entre 100 eV et 1,5. keV.

L'encombrement et la complexité des spectromètres à large bande utilisant les
discontinuités d'absorption photoélectrique sont tels que l'on peut difficilement multiplier
les emplacements de mesure. De plus leur intégration spectrale n'est qu'indirecte et
approchée.
Nous avons donc recherché une autre méthode de calorimétrie X mieux adaptée à
l'établissement d'un bilan d'énergie. Notre choix s'est porté sur le bolomètre, type de
capteur largement utilisé pour la calorimétrie X des plasmas ([10] à [14]) mais jamais
encore mis en oeuvre autour des expériences laser.
Le principe du bolomètre repose sur la variation de résistivité d'un métal en fonction
de la température.
Dans le bolomètre X que nous utilisons et dont le schéma est représenté sur la figure 1,
l'élément sensible est composé d'une feuille de platine de 5 µm d'épaisseur, découpée
industriellement [15] suivant un motif à la grecque pour présenter une résistance de 50 Q.
à 20°C. Le platine a été choisi car il présente d'excellentes caractéristiques thermo-
électriques (il sert à établir l'Échelle Internationale Pratique de Température entre 13,81
et 903,74 K) et de plus, sous cette épaisseur, il absorbe totalement le rayonnement X
jusqu'à 6 keV — limite convenant bien pour l'émission X des plasmas laser.
Par suite de la brièveté du dépôt d'énergie X on peut limiter à 30 us la durée d'alimenta-
tion du pont de Wheatstone dans lequel est insérée la sonde bolométrique. L'échauffement
de celle-ci par effet Joule est ainsi limité et l'on peut augmenter la sensibilité de la mesure
en utilisant une tension d'alimentation élevée (117 V). Le pont et l'alimentation puisée
que nous utilisons ont été mis au point au Centre d'Études de Valduc du C.E.A. pour des
expériences similaires [13].. Relié à la sonde de platine dont le coefficient de température est
égal à +3,9.10- 3 K- 1, il fournit une variation de la tension de sortie de 55 mV pour
une élévation de la température de la sonde de 1°.
Nous allons montrer que le bolomètre possède les propriétés qui en font un bon
calorimètre pour le rayonnement X des plasmas laser. Il se caractérise en effet par une
absence d'influence des pertes thermiques, une insensibilité aux autres vecteurs énergéti-
ques présents inévitablement lors de l'interaction (photons laser et ions principalement),
une sensibilité et une dynamique adaptées à l'expérience.
Trois raisons principales concourent à négliger l'influence des pertes thermiques :

la mesure de réchauffement a lieu dans la sonde elle-même où l'énergie X est
transformée en chaleur;

la partie active de la feuille de platine, constituée des 24 brins verticaux (voir fîg. 1

détail de la sonde), est àutosupportée et placée dans le vide de la chambre d'expérience.
Un échauffement peut ainsi persister sans pertes notables pendant plusieurs millisecondes.

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 1. Schéma du montage expérimental du bolomètre.



Fig. 1.—
Schematic of the expérimental arrangement of the bolometer.
Fig. 2. - Réponse du bolomètre sur expérience laser : laser (0,35 µm; 1 ns; 12,3 J), cible Au 20 µm, distance
plasma-bolomètre : 0,23 m.
Fig. 2. — Bolometer response on laser experiment: laser (0.35 µm; 1 ns; 12.3 J), gold target 20 µm thick,
distanceplasma-bolometer:0.23 m.
PLANCHE I/PLATE I JEAN-LUC BOURGADE
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985 899


le temps de réponse du bolomètre est tel (20 ns) que la mesure peut être quasi
simultanée avec le dépôt d'énergie. Néanmoins dans notre expérience, la présence d'un
phénomène parasite impose d'attendre environ 300 ns.
L'insensibilité du bolomètre à la lumière laser non absorbée par la cible est due au
pouvoir réflecteur élevé du platine pour la longueur d'onde considérée (0,35 µm). On a
vérifié expérimentalement qu'aucun échauffement n'était mesurable quand le bolomètre
était protégé par une lame de quartz transparente au rayonnement laser diffusé à
X = 0,35 µm mais opaque aux rayons X et aux ions.
La discrimination énergétique vis-à-vis des ions est obtenue par temps de vol. Cepen-
dant lorsque la distance cible-bolomètre est trop faible (inférieure à 1 m) la séparation
temporelle reste insuffisante pour les ions les plus rapides qui doivent alors être défléchis
à l'aide d'aimants permanents.
La sensibilité énergétique du bolomètre est déterminée par un étalonnage électrique
particulièrement fiable car le dépôt d'énergie électrique est effectué dans la sonde de
platine qui sert à la mesure. La valeur mesurée est (1250+100) V.J- 1. Cette grande
sensibilité provient de la faible capacité thermique de la sonde (4,2.10- 3 J.K-1), de la
valeur élevée de la tension d'alimentation du pont de Wheatstone, mais aussi de la
faible surface de la sonde (2,93.10- 6 m2). En effet la réponse du bolomètre ne dépend
intrinsèquement que de la quantité d'énergie reçue par unité de surface et sa sensibilité
exprimée ainsi devient indépendante de la surface et vaut (3,7 + 0,2). 10- 3 V.J.- 1 .m 2.
La dynamique du bolomètre n'a pas été mesurée expérimentalementcar la limite haute
dépend de la tenue au flux de rayonnement X de la surface de platine. Mais là aussi le
choix du platine est heureux car sa température de fusion est élevée (2045 K). Cette
limite est de toute façon environ mille fois plus importante que celle obtenue avec une
diode à vide due à des considérations de saturation du courant électronique du type
Child-Langmuir [11]. Du côté de sa limite basse le bolomètre présente un seuil de
détection aussi faible que 1 J.m- 2.
La réponse de ce bolomètre a été éprouvée sur une expérience laser. Le faisceau d'un
laser à verre dopé au néodyme est triplé en fréquence à l'aide de deux cristaux de
phosphate diacide dé potassium [16]. L'impulsion lumineuse de longueur d'onde 0,35 um
délivre en 1 ns, 10 à 15 J. Elle est focalisée à l'aide d'une lentille convergente sur une
cible plane qui reçoit alors un éclairement compris entre 1017 et 1018 W.m- 2. Le
bolomètre est placé dans la chambre à vide à 0,25 m de la cible et à 35° de l'axe laser.
La figure 2 présente un signal typique obtenu sur un oscilloscope numérique rapide,
pour une cible d'or de 20 µm d'épaisseur et une énergie laser incidente de 12 J. Le
premier pic est d'origine photoélectrique. Il marque l'instant d'arrivée des photons X sur
la sonde de platine. La partie du signal apparaissant immédiatement après et s'étendant
sur environ 300 ns est un phénomène parasite. Il provient d'une baisse transitoire de la
résistivité de la sonde bolométrique. Il peut être totalement éliminé par filtrage du
rayonnement incident à l'aide d'un film de mylar de 1,5 µm d'épaisseur. Sa durée et son
instant d'apparition ne dépendent pas de la distance plasma-bolomètre. Il provient donc
de rayonnements électromagnétiques (X-U.V.) émis par la recombinaison des ions du
plasma lors de son refroidissement. Ces rayonnements par leur grande aptitude d'ionisa-
tion peuvent provoquer même à faible flux une photoconduction et/ou une photoionisa-
tion importante de la surface de la sonde. Ce phénomène a déjà été observé et attribué à
ce même type de rayonnement lors de l'utilisation de bolomètres pour la mesure du
rayonnement X émis par un plasma créé par implosion de tubes métalliques [11]. La

C. R., 1985. 2e Semestre (T. 301) Série II — 66


900 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985

solution retenue par ces auteurs (emploi de films minces de formvar filtrant ces radiations
parasites) ne peut être utilisée pour la calorimétrie X des expériences laser, car ceux-ci
absorbent une part trop importante du rayonnement X mou émis par le plasma. II faut
donc attendre 300 ns pour effectuer une mesure de réchauffement résultant du dépôt de
l'énergie X. Cet échauffementse manifeste sur le signal présenté par le plateau de tension
s'établissant ensuite et se maintenant jusqu'à l'extinction de l'alimentation du pont du
fait de l'isolement thermique de la sonde.
La mesure de la variation de tension due a réchauffement par les photons X est
réalisée en soustrayant la tension présente avant le pic photoélectrique de celle du plateau
300 ns environ après. Dans le cas présenté cette variation de tension est de l'ordre de
50 mV. Le bruit de fond électronique ne dépasse pas par ailleurs quelques millivolts.
Nos résultats expérimentaux ont été obtenus avec des cibles d'or (25 tirs) et des cibles
d'aluminium (11 tirs) dans diverses conditions d'irradiation et de configuration de cibles.
Ils ont été comparés à ceux obtenus par un spectromètreà large bande [4] pour les mêmes
tirs. Pour chaque tir le rapport des mesures par bolomètre sur celles du spectromètre à
large bande a été calculé. La valeur moyenne de ces rapports s'établit à 1,10 pour l'or et
0,81 pour l'aluminium, l'écart type étant égal respectivement à 0,17 et 0,23. L'accord
entre ces deux diagnostics est bon compte tenu des erreurs expérimentales estimées à
±30%.
Ces essais nous ont permis de démontrer l'intérêt des bolomètres pour la calorimétrie X
des expériences laser. Les enseignements tirés de ce premier prototype nous servent à
développer actuellement une nouvelle génération de bolomètres parfaitement adaptés à
la mesure de la part de l'émission X pour l'établissementdu bilan d'énergie des expériences
d'interaction laser-matière conduites au Centre d'Études de Limeil-Valenton.
Reçue le 5 juillet 1985, remise le 8 juillet 1985.

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Centre d'Études de Limeil, B. P. n° 27, 94190 Villeneuve-Saint-Georges.


C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985 901

MAGNÉTISME.
— Simulation des courbes de susceptibilité paramagnétique au voisi-
nage d'une transition haut spin <± bas spin pour Co 2 + (d 7). Note de Paul Caro, Correspon-
dant de l'Académie, JacquelineDerouet et Pierre Porcher.
La susceptibilitéparamagnétique du cobalt d7 est calculée pour un champ cristallin de symétrie C4i, sur la
base | SLJMj > complète. Les valeurs des paramètres de champ cristallin Bqk sont corrigées selon l'état despin
par l'emploi d'un opérateur effectif du champ cristallin à deux électrons. Dans le B£ cas des composés qui
présentent des transitions haut spin <± bas spin, il faut tenir compte de l'évolution des avec la température
pour simuler les résultats expérimentaux, notamment si l'inverse de la susceptibilitéprésente un maximum lors
de l'abaissement de température.

MAGNETISM. — Simulation of paramagnetic susceptibilitycurves in the neighborhood of a high spin *±-low


spin transition for Co2+ (d7).
The paramagnetic susceptibility of cobalt d7 is computed jor a crystal field of C4v symmetry on the complete
|SLJMj> basis. The values of the crystal field parameters B, are corrected for the spin state through a
two-electron effective crystal field operator. For compounds which exhibit high spint^low spin transitions, it is
necessary for a good simulation of expérimental results to take into account the change in the Bqk with température,
especially if the inverse oj the susceptibility exhibits a maximum when the temperature decreases.

La technique de calcul utilisée pour simuler les propriétés optiques et paramagnétiques


des éléments 4fN en phase solide [1] peut être intégralement transférée aux éléments dN
avec l'avantage que les matrices de l'hamiltonien construites sur les bases |SLJMj) sont
de dimensions plus petites (252 x 252 au maximum dans le cas de d5) et que le nombre
de paramètres de champ cristallin (coefficients Bq des opérateurs tensoriels dans le
développement sous cette forme du potentiel du champ cristallin) est plus faible puisque
limité aux valeurs pour lesquelles k = 2 et 4 [2]. Les valeurs de Bqk sont environ 20 fois
plus élevées pour les configurations 3 dK que pour les configurations 4 fN. Il en résulte
que si S reste un bon nombre quantique (le couplage spin-orbite est faible), les fonction
d'onde sont une somme normalisée de kets | SLJMj > avec un éventail de valeur de J très
différentes. Le mélange J (J-mixing) est tel que la règle pour les transitions optiques
hypersensibles (AJ = 2), qui s'applique assez rarement pour les éléments 4 fN, est presque
toujours vérifiée pour les transitions entre états dN avec comme conséquence la présence
d'un important cortège de raies vibroniques ([3], [4]). Les données optiques ne sont dans
ces conditions pas très faciles à utiliser pour déterminer expérimentalement les valeurs
des paramètres de champ cristallin.
Nous proposons ici une méthode pour évaluer ces paramètres à partir de mesures en
fonction de la température de la susceptibilité paramagnétique. Le calcul effectué sur la
base complète des états | SLJMj > de la configuration dN, au moyen d'un hamiltqnien
comportant les opérateurs « atome libre » et l'opérateur du champ cristallin, fournit pour
chaque jeu de paramètres les valeurs propres et les fonctions propres des états de la
configuration. La susceptibilité paramagnétique est calculée au moyen de la formulé de
Van Vleck :

formule dans laquelle N est le nombre d'Avogadro (6,02.1023 atomes/moles), [3 est le


magnéton de Bohr (0,927 3.10- 20 C.G.S. erg/Gs), k la constante de Bolt-
zmann = (l,38.10- 16 C.G.S.), En°, en cm- 1 (1 cm- 1 = 1,9855.10- 16 erg/mole), représente
les valeurs propres des énergies des niveaux calculées par la résolution de l'équation

0249-6305/85/03010901 $ 2.00 © Académie des Sciences


902 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985

Fig. 1. —Abaque du champ cristallin pour d7(Co2+) en fonction des seuls paramètres BQ et.B£ (cm -1).
On a représenté le lieu des points pour lesquels la valeur de µeff est constante à 300 K.
Fig. 1. — Crystalfield abacus for d7 (Co2+) for parameters Bj and Bj(cm-1) only.
Tlie lines are the locus ofpoints for which ueff is constant at 300 K.
Fig. 2. — Abaque identique à celle de la figure 1 mais pour T=5K.
Fig. 2. —
Abacus identical with Figure 1 for T=5K.

séculaire de la matrice de l'hamiltonien total (atome libre et champ cristallin), T est la


température en kelvins, HM est l'opérateur moment magnétique L +2 S, et les \|n,p
représentent les fonctions propres de la matrice c'est-à-dire une somme normalisée de
kets | SLJMj >. L'indice tient compte de la dégénérescence éventuelle de l'état. Dans les
cas de basse symétrie, pour un nombre impair d'électrons, les niveaux sont des doublets
de Kramers et il faut prendre quelques précautions dans l'application de la formule de
Van Vleck [5]. % est obtenu en u.e.m. C.G.S. Les éléments de matrice de l'opérateur
magnétique sont calculés par les formules usuelles [1].
Nous avons calculé les valeurs de % pour des jeux de paramètres du champ cristallin
couvrant un large intervalle de valeurs possibles et à toutes températures. Le calcul a été
fait avec des paramètres atome libre représentant les valeurs probables pour une configu-
ration d7 (Co2+):F2 = 63 525cm- 1, F4 = 41 580 cm- 1, Ç= -515 cm- 1 [6] (spit
B = 825 cm- 1, C=4B) et pour un opérateur de champ cristallin C4v :

donc pour un opérateur qui présente trois paramètres de champ cristallin. Il y a 120 kets
| SLJMj > dans la configuration d7/d3. Comme le nombre d'électrons
est impair, les
niveaux pour une symétrie basse sont des doublets de Kramers, et on peut se contenter
de travailler avec la moitié seulement des kets soit 60 (la deuxième moitié des fonctions
d'onde des doublets étant obtenue par renversement du temps).
Pour représenter facilement lés résultats, nous avons choisi le cas BQ = 0 (B02 qui est
presque uniquementd'origineélectrostatiquesemble beaucoup plus faible pour les configu-
rations dN que les paramètres de rang 4). On peut alors tracer une abaque qui représente
les valeurs prises par la susceptibilité pour le couple de variables BQ et B4. On sait que si
le rapport Bâ/B^= yp/5 la symétrie est octaédrique et que dans ce cas Bj = 21Dq.
Nous avons représenté sur l'abaque le lieu des points pour lesquels là quantité
µeff=2,8,%/XMT, fréquemment utilisée par les expérimentateurs, est constante.
Nous calculons donc le moment magnétique en fonction des valeurs prises par les
paramètres de champ cristallin dans une symétrie C4„. Les chimistes ont pris l'habitude
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985 903

B4=
Fig.4.

Fig. 4.
3,5
H2O
Fig. 3.

Fig.

superimposed
on
the
bundle ofcurves

Fig. 5
(B0=

representing

CO(H2(fsa),en)Py2
the
theoretical
evolution
- Influence du paramètre
spin» (Bo— 32000 cm-1,B4.=

3. of
-20,350
-
33750.cm- 1; B4= c-20350cm-1):
Influence
of
the
C4
parameters
on
the
product
WMT
for

apoint
on
the
abacus
(B0= — 32,000 cm-1,B4= —18,300 cm-1) and for a point of "low spin" coordinates (B0= —33,750 cm- 1,

Inverse de la susceptibilité paramagnétique expérimentale (points) (réf. [12]) du composé:


[Co(terpy)2]Cl23,5 H2O superposée jau faisceau de courbes représentant l'avolution théorique en fonction
de la température de l'inverse de la susceptibilité aux points fixesmarqués 1 à 8 sur la gauche de l'abaque
du
champ cristallin, fig.
-
Inverse expériemental paramagnétic susceptibility (point) (réf. [12] for thecompound
versus

.
inverse of the susceptibiluforfixedfor fixde points 1 to 8 on the left of the crystal fiels abacus, Fig. 6.

suspeptibilitéén fonction de température aux points fixes marqués. 1 à 11 sur l'abaque du champ cristallin,
fig.6. Les courbes marquées A et B représententles limites respectivement «haut spin » et « bas spin » des
courbes dans le prolongement de la
Fig.

composés du
A
magnétiqueest
élevé
(correspondant
àlmultiplicité
a4)
et
par
le

fort".
and
5.
terme
Inverse expérimental paramagnetic susceptibility (points) (ref. [13]) for the compound
CO(H2(fsa)2en)Py2

B represent, respectively, the limits, pure "high spin" and "low spin", on the line 11-1
of the inverse of

de désigner par le terme "haut spin" les composés du cobalt pour lesquels le moment

Notreapproche
cobalt
pour lesquels le moment magnétique est faible(correspond à la
multiplicité 2). En toute rigueur ces termes s'appliquent au remplissage des états à un
électron dans le cadre de la théorie ditu du"champ ne fait pas
de distiction dans la méthode de cacul entre le champ faible et champ fort, elle tient
compte de tous les opérateurs importants (atome libre et champ cristallinsimultanément) :
[Co(terpy)2] Cl2
temperature of the

- Inverse de la susceptibilité paramagnétique expérimentale (points) (réf. [13] du composé

superposée

supposed

the susceptility
6 to
au

la

the
faisceau
C4

bundle

for
"high
sur le produit XMT pour

droite
fixed
point de l'abaquede coordonnée "haut
18300.cm-1.) et pour un point de coordonnées « bas spin »

cm-1).

of
de

curves
courbes

points
representing

1
représentant

to 11 on
un

the
the
11-1
l'évolution

rigyt
theorical

of
.

the
evolution
théorique

crystal
versus

fiel

"bas
spin" coordinates

de

abacus,
l'inverse

temperature

spin" les
Fig.
de

6
la

on sera dans la limite champfaible


si
les
Bq
sont
faibles
dans
lalimite
champ fort si les

spin».
Bq sont très élevés. Pour nous conformer à l'usage nous désignerons par "haut spin"

les zones des abaques pour lesquelles le moment magnétique est élevé, par « bas spin »
les zones des abaques pour lesquelles le moment magnétiquesest fiable, et nous focaliserons
notre attention sur les zones intermédiaires où les variations du moment magnétique
correspondentaux
mesures

haut spin^^bas
qui expérimentales
"transitions
permettent
de
repérer les

Les figures 1 et 2 présentent un échantillopn des résultats à 300 et à 5K. On voit que

l'on peut considérer ces figurescomme des "cartes


géographiques"
avec
des
courbes
904 C.R. Acad, Sc. Paris, t. 301, Série II, n°: 13, 1985

Fig. 6. —
Parcours sur l'abaque du champ cristallin représentant révolution des paramètres B0 et B4 en
fonction de la température (les chiffres décroissent avec la température) pour plusieurs composés du cobalt
présentant des transitions de spin (les figures 4 et 5 donnent deux exemples).
Fig. 6. — Lines on the crystalfield abacus showing the evolution of the parameters B0 and B4 versus temperature
(the numbers decrease with temperature)for several cobalt compounds exhibiting spin transitions (the Figures 4
and 5 give two examples).

niveau. On distingue, surtout à basse température, un « plateau haut spin » et une


« plaine bas spin » séparés par une sorte de « falaise » plus ou moins abrupte.
Nous avons tenté de trouver en utilisant ces abaques les coordonnées BQ-B4 qui
permettent de simuler au mieux par le calcul les courbes de susceptibilité paramagnétiques
expérimentales mesurées pour des composés du cobalt qui présentent une « transition de
spin ».
Cette étude a montré que pour reproduire la forme des courbes expérimentales, il était
d'abord nécessaire d'introduire un opérateur effectif du champ, cristallin à deux électrons
proposé pour les lanthanidespar B. R. Judd ([7], [8]) et qui consiste à faire la substitution :

donc à introduire un nouveau paramètre, qui, dans notre cas, est un C4. L'influence de
ce paramètre est assez considérable; (fig. 3). La valeur c4= —0,1 cm- 1 nous a paru la
plus convenable. L'introductionde ce paramètre revient à corriger les valeurs des paramè-
tres de champ cristallin selon l'état de spin. En effet, les éléments de matrice réduits
habituels deviennent [9] :

Cet opérateur effectif permet de tenir compte des modifications bien connues du rayon
d'ion du cobalt divalent selon qu'il est dans l'état haut spin ou bas spin [10]. Nous avons
également découvert qu'il était nécessaire de tenir compte, pour l'interprétation, de la
fluctuation des paramètres Bk avec la température. Dans le cas des éléments 4fN des
mesures montrent [11] que cette variation est de l'ordre de 5 % (les paramètres augmentent
avec l'abaissement de la température en raison de la contraction thermique). Avec les
valeurs notables des B* pour les éléments dN une telle variation n'est plus négligeable.
Nous avons déterminé par essais et erreurs, en comparant avec des résultats expérimen-
taux, des parcours possibles sur l'abaque représentant une évolution assez faible des
paramètres de champ cristallin entre haute et basse température. Entre un point simulant
bien les valeurs expérimentales à haute température et un point simulant bien les valeurs
à basse température, nous avons tracé un segment de droite. Nous avons représenté sur
les figures 4 et 5, l'évolution de l'inverse de la susceptibilité en fonction de la température
pour des points fixes intermédiaires dont la position sur le segment de droite est donnée
sur la figure 6. Sur ces faisceauxde courbes nous avons superposé des résultats expérimen-
taux qui s'encadrent entre la courbe haute température et la courbe basse température.
On voit que si les paramètres augmentent lors de l'abaissement de température, la courbe
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985

expérimentale de variation de l'inverse de la susceptibilité doit présenter un maximum,


car dans la zone intermédiaire correspondant aux « transitions de spin » on évolue assez
rapidement entre deux courbes limites « haut spin » pur et « bas spin » pur (marquées
A et B, fig. 5).
L'exemple de la figure 4 correspond assez bien à l'évolution de la susceptibi-
lité du composé Co(terpy)2Cl2, 3,5 H20 ([10], [12]). Les valeurs trouvées sont
Br}= -33800 cm- 1, B4 =-19 700 cm- 1 à haute température et Bj= -35500 cm-1
B4 = -20750 cm- 1 à basse température. La variation du moment effectif du cobalt dans
ce composé est relativement «douce» (il se situe sur l'abaque «au pied» de la
« falaise »). Mais pour d'autres composés du cobalt, on peut simuler des courbes dont la
fluctuation est beaucoup plus brutale car ils se situent à haute température plus près du
« bord » de la falaise, et le parcours d'évolution des Bq en fonction de la température est
plus anisotrope (c'est-à-dire moins parallèle à la « ligne cubique »). C'est le cas par
exemple du composé Co(H2(fsa)2) Py2 [13] pour lequel nous avons pu représenter
l'évolution de la susceptibilité (fig. 5) au moyen du parcours
sur l'abaque indiqué sur la figure 6. On voit que la « transition de spin » se produit
alors pour un intervalle de température étroit. Les valeurs trouvées sont
B£=-31583 cm- 1, B4=-18600 cm- 1 à haute température et Bj= -32666 cm-4,
B4= -20083 cm- 1 à basse température.
La simulation que nous avons effectuée montre qu'il est possible à partir des mesures
de susceptibilité paramagnétique de déterminer des jeux probables de paramètres de
champ cristallin pour les éléments dN. Elle montre aussi que l'existence des « transitions
de spin » dépend de la position sur l'abaque du champ cristallin du composé étudié.
Rappelons que les Bk représentent une mesure quantitative globale des formes de liaison
chimique (électrostatique et covalente) supportées par l'ion de transition.
Pour les complexes de Co 2 + pour lesquels une variation importante du moment effectif
est observée il y a dans l'intervalle d'énergie 0-2000 cm- 1 huit doublets de Kramers
résultant de l'hamiltonien total : atome libre et champ cristallin (soit un niveau 2E et
deux niveaux 4T orbitaux en symétrie cubique) dont quatre sont de symétrie D1/2 (qui
seuls contiennent des kets pour lesquels Mj=l/2) et quatre de symétrie 2S dans les
représentations irréductibles du groupe double C4v (notation de Prather [14]). Les termes
principaux en jeu sont AF, 4P, 2G, et 2H. Dans les vecteurs propres les valeurs de J dès
kets | SLJMj > sont très variées (selon les valeurs permises par le couplage L-S), mais,
lorsque la différence d'énergie entre des doublets de spin différents diminue on observe
un important mélange des valeurs de S (à partir d'une différence de l'ordre de 50 cm- 1
environ).
La situation est assez comparable à celle que l'on rencontre pour les niveaux Stark du
niveau de base des lanthanides (dont l'éclatement moyen est de 500 cm- 1) mais dans le
cas des lanthanides toutes les composantes Stark du niveau de base ont en général en
commun la même valeur de S (et la même valeur de J) pour les kets |SLJMj) de leurs
fonctions d'onde, alors que dans le cas des « transitions de spin » de d7, d'un doublet à
un autre très proche, les valeurs de S des composantes SLJMj > seront différentes, avec
de plus des valeurs de J très variées. Dans la zone de « falaise » de l'abaque de champ
cristallin, la position respective de ces doublets dans l'échelle d'énergie change au cours
du refroidissementde l'échantillon. La forme des courbes de susceptibilité paramagnétique
est alors complexe puisqu'elle va dépendre du peuplement thermique variable d'états
représentés par des doublets de Kramers de spin différents, des valeurs des éléments de
906 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985

matrice diagonaux et non diagonaux de l'opérateur magnétique, et de la fluctuation des


écarts énergétiques entre les doublets; seul un calcul précis peut simuler l'expérience.
Dans notre approche, à toute température, tous les atomes de cobalt sont équivalents
et ont donc la même séquence de niveaux d'énergie et les mêmes fonctions d'onde : il n'y
a pas d'interactions particulières entre eux et il n'y a pas dans le matériau de populations
d'atomes « haut spin » et « bas spin ». Cette distinction ne peut intervenir que par le
biais de la distribution de Boltzmann entre les différents doublets de Kramers excités
dans des intervalles d'énergie comparables à k T.
Ce travail fera l'objet d'une publication plus étendue dans laquelle seront discutées, ce
qui ne permet pas la brièveté de cette Note, les nombreux modèles théoriques proposés
pour les transitions « haut spin *± bas spin ».
Les auteurs remercientJacqueline Zarembovitchdu Laboratoire de Spectrochimiedes Éléments de Transition
de l'Université Paris-Sud, Orsay, pour l'intérêt qu'elle a pris à ce travail et pour la communication avant
publication de ses résultats expérimentaux.
Remise le 18 février 1985, acceptée le 29 août 1985.

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E.R. n° 210 du C.N.R.S., Laboratoire de Bellevue,


1, place A.-Briand, 92195 Meudon Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985 907

CHIMIE THÉORIQUE. — De la qualité des fonctions d'onde approchées de l'ion


moléculaire H2 : calcul des écarts-types sur l'hamiltonien. Note de Paul Blaise et Olivier
Henri-Rousseau, présentée par Raymond Daudel.

La qualité des fonctions d'onde moléculaires usuelles de l'étal fondamental de l'ion moléculaire hydrogène
est étudiée à l'aide du calcul des écarts-types sur l'hamiltonien. Les intégrales sont calculées numériquement
par la méthode de Gauss-Legendre. Il apparaît qu'il n'y a pas de parallélisme absolu entre l'abaissement de
l'énergie et la diminution de l'écart-type.

THEORET1CALCHEMISTRY. — On the accuracy of H2+ wavefunctions: calculation of standard deviation


on the Hamiltonian in the '£" state.
The accuracy of usual H2+ ground state wavefunctions is studied through the standard deviation of the
Hamillonian. Integration are numerically performed by the Gaus's-Legendre method. It appears that there is
no parallelism between the lowering of the mean Hamillonian and the decrease of its standard deviation.

Il est bien connu que le calcul de la valeur moyenne de l'hamiltonien d'un système se
rapproche de plus en plus de la valeur exacte lorsqu'on augmente la qualité de la fonction
d'onde par optimisation des paramètres variationnels. Lorsque l'écart entre l'énergie
théorique et l'énergie expérimentale est inférieur à une certaine quantité aussi petite que
l'on veut et définie conventionnellement,on se considère satisfait. On peut cependant se
poser la question de savoir quel est le rapport entre l'écart-type sur l'hamiltonien et
l'écart entre les énergies théoriques et expérimentales.
L'objet de cette Note est d'étudier et de calculer l'écart-type sur l'hamiltonien du
système H2+ pour les fonctions d'onde variationnelles les plus connues concernant l'état
fondamental de ce système. Comme le calcul du coefficient de corrélation entre l'énergie
cinétique et l'énergie potentielle fait intervenir les mêmes valeurs moyennes intermédiaires
que précédemment, nous nous sommes égalementintéressés dans cette Note à la détermina-
tion de cette grandeur qui est d'un intérêt non négligeable.
EXPOSÉ DE LA MÉTHODE. — L'écart-type sur la valeur de l'hamiltonien H est donné par
la relation bien connue :

Bien évidemment on a :

où T et V sont les opérateurs cinétique et potentiel.


Par ailleurs on a :

Précisons que dans cette dernière relation il apparaît le terme 2 < TV > car, pour une
fonction d'onde et des opérateurs réels, ce qui est le cas pour l'état fondamental de H2,
on a <TV> = <VT>.
Le calcul des intégrales intervenant dans les valeurs moyennes des opérateurs T2, V2
et TV présente quelques difficultés notamment dans le cas de V2 et de TV, lorsque les
fonctions d'onde deviennent quelque peu compliquées [1]. C'est pourquoi nous avons
choisi d'intégrer ces valeurs moyennes numériquement en utilisant la méthode de
Gauss-Legendre[2].

0249-6305/85/03010907 $ 2.00 © Académie des Sciences


908 C. R. Acad.: Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985

Les différentes zones d'intégration.


The four integration areas.

A une constante près, correspondant â l'intégration dé la variable cp, ces valeurs


moyennes peuvent se mettre sous la forme :

où % et sont les coordonnées elliptiques confocales et où a=l, b=co, c= — 1 et d=l.


r)
Du fait que f(£, Ti) tende vers zéro quel, que soit la valeur moyenne considérée quand
t\ devient important, on peut faire l'approximation d'arrêter la borne b à une valeur finie.
Par un changement de variable approprié ces intégrales peuvent être transformées en :

ces dernières intégrales peuvent être assimilées à des doubles sommes :

où et vj sont les racines du polynôme de Legendre de degré n tandis que les W(i) sont
ui
les poids correspondant.
Nous avons pris n —96 [3] et avons partage l'espace d'intégration en quatre zones,
compte tenu de la symétrie de cet espace, suivant la figure.
Nous avons arrêté la borne supérieure de l\ pour les zones 3 et 4 à la valeur de 8
(voir fig.).
Les détails de cette méthode ont été choisis de manière à ce que les résultats des
intégrations numériques des; valeurs moyennes <T2>, <V2> et <TV> correspondent au
moins à 10-4 près aux résultats des intégrations directes [1] pour les quelques cas où la
fonction d'onde est suffisamment simple pour nous permettre de réaliser ces intégrations
sans difficulté (fonction deFinkelstein et Horowitz [4] pour tous les opérateurs, fonction
de Shull-Ebbing[5] pour<T2>.
RÉSULTATS. Nous avons calculé les valeurs moyennes des différents opérateurs sur

les fonctions d'onde figurant dans le tableau I.
Dans le tableau II nous ayons reporté les valeurs moyennes obtenues pour les différents
opérateurs qui nous intéressent.
Bien évidemment les valeurs moyennes < T2 >, < V2 >, <( TV > qui nous ont servi à
calculer <T>, <V>, <H> et CT peuvent à leur tour être déduites de ces dernières.
v
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985 909

TABLEAU I

Re
Auteurs Expression Paramètres (u.a)

2,5
L;C.A.O). simple [6] V|»LCAO
= A (e-r 1 + e-r2)
\l;FH=A(Ê'"°ri+e~*rï) a=l,2379 2,0
Finkelstein-Horowitz[4]
«=1,245 5 \
Shull-Ebbing [5] ^SL=A(e~ari+e-"r2) x=0,093
a= 1,2459
P= 1,4826 2,0
)
Dickinson[7] \|/D = A{(e-a'i + e-"2)+ c(r1cos01c"pri+r2cos02e"!i,2)} a = 0,2624
« = 1,353 9 )
Guillemin-Zener[8] x|/GZ = Ae_lE(e-'W| + eP'') 0 = 0,9191
«=1,4815
:Rothslein[9] 'l'R-A(l -i-ç)<R*">->e-*5(e-Pn+ ei"i) P=0,9192
DISCUSSION DES RÉSULTATS. — Écart-typeAH sur l'hamiltonien. — Le résultat le plus
saillant est que l'écart-type ÀH ne décroît que lentement lorsque la qualité de la fonction
d'onde s'améliore. En particulier on peut remarquer que pour l'excellente fonction de
Rothstein étudiée par Wcinhold et Chilien [9], l'erreur sur l'énergie de liaison est inférieure
à 1 °/ooo alors que l'écart-type sur l'hamiltonien est supérieur à 10% de l'énergie de
liaison.
Il peut être également intéressant de noter qu'il n'y a pas de parallélisme stricte entre
l'abaissement de l'énergie et la diminution de l'écart-type sur l'hamiltonien; par exemple
l'énergie de la fonction de Shull-Ebbing qui est au-dessous de l'énergie de la fonction de
Finkelstein-Horowitz, se trouve avoir un AH supérieur; l'explication provient de ce que
la fonction de Shull-Ebbingfait intervenir des orbitales flottantes qui introduisent quatre
singularités dans l'énergie locale au lieu de deux pour les autres fonctions d'onde, ce qui
entraîne de part et d'autre de ces singularités un plus grand nombre de fluctuations de
l'énergie locale.
Egalité entre AT et AV. Il peut être prouvé facilement que l'écart-type AT sur

l'opérateur T et l'écart-type AV sur l'opérateur V doivent être égaux [1] quand la fonction
d'onde sur laquelle on les calcule est exacte. L'examen du tableau II montre que lorsque
la fonction d'onde s'améliore la valeur trouvée pour AT se rapproche de celle trouvée
pour AV en tendant vers une limite légèrement supérieure à 1 pour la distance d'équilibre
ce qui montre que AT et AV sont supérieurs dans l'état fondamental de H2+ à Ce Qu'ils
sont dans l'état fondamental de l'atome d'hydrogène où leur valeur est égale à 1.

Le coefficient de corrélation, qui est dans tous les cas négatif comme on peut s'y
attendre, tend vers une limite qui est inférieure en valeur absolue à la valeur du coefficient
de corrélation dans l'état fondamental de l'atome d'hydrogène [11] (CT v= —0,63245).
Ce résultat n'a d'ailleurs rien de surprenant puisque la liaison chimique résultant d'un
phénomène d'interférence quantique, il est normal que le coefficient de corrélation entre
l'énergie cinétique et l'énergie potentielle qui, classiquement, devrait être égal à — 1 soit,
en valeur absolue, inférieur à celui de l'atome d'hydrogène où intervient déjà un aspect
quantique, mais non une interférence quantique.
910 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 01, Série II, n° 13, 1985

TABLEAU II

Valeurs moyennes, en unités atomiques, de quelques opérateurs,


calculées sur les fonctions d'onde du tableau I
Méan values of operators (in atomic units)
averaged on the wave functions of Table I
Fonction <H> AH AT AV <T> <V> CT,V <HF>

L.C.A.O -0,5648 0,1607 0,8395 0,9465 0,3827 -0,9476 -0,6372 -0,0547


F.H -0,5865 0,1998 1,2837 1,1729 0,5864 -1,1729 -0,6373 -0,0868
S.E -0,5941 0,7125 1,2725 1,1387 0,5942 -1,1883 -0,5209 -0,00013
D -0,6004 0,1296 1,2430 1,1487 0,6004 -1,2008 -0,6207 +0,00046
G.Z. -0,6024, 0,0287 1,1285 1,1158 0,6019 -1,2044 -0,5995 +0,00513
. .
R -0,6026 0,0124 1,1044 1,1089 0,6020 -1,2046 -0,5946 +0,00143
Exacte -0.602 6

Théorème du viriel et théorème de Hellmann-Feynman. — Il peut être intéressant de


remarquer;que pour qu'une fonction d'onde satisfasse le théorème du viriel ou celui de
Hellmann-Feynman,il y a chaque fois un coût à payer au niveau de AH lorsqu'on passe
de la fonction d'onde qui ne satisfait pas l'un ou l'autre de ces théorèmes à celle qui le
satisfait : AH est plus grand pour la fonction d'onde de Finkelstein-Horowitzqui satisfait
le théorème du viriel que pour la fonction d'onde L.C.A.O. simple qui ne le satisfait
pas; de même AH est plus grand pour la fonction de Shull-Ebbing qui satisfait le théorème
de Hellmann-Feynman(<HF>) que pour celle de Finkélstein-Horowitzqui ne le satisfait
pas (voir tableau II).
Remise le 23 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[I] P. BLAISE, J. C. DUPIN et O. HENRI-ROUSSEAU, Comptes rendus, 299, série II, 1984, p. 183-186.
[2] P. PELLETIER, Techniquesnumériques appliquées au calcul scientifique, Masson, Paris, 1971.
[3] P. DAVIS et P. RABINOWITZ, Abcsissas and weights for gaussian quadratures of high order, J. Research
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[5] H. SHULL et D. EBBING, J. Chem. Phys., 28, 1958, p. 866-870.
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[9] F. WEINHOLD et A. B. CHINEN, J. Chem. Phys., 56, 1972, p. 3798
[10] D. BOHM, Quantum Theory, Prentice Hall Inc., Englewood Cliffs, N.J., 1951, p. 102.
[11] P. BLAISE, O. HENRI-ROUSSEAU et N. MERAD, J. Chem. Educ (sous presse).
[12] A. C.HURLEY, Proc. Roy. Soc London, A 226, 1954, p. 179-192.

P. B. : U.E.R. de Sciences exactes,


Université de Valenciennes,59326 ValenciennesCedex;
O. H.-R. : Laboratoire de Chimie organique,
Université de Perpignan, 66025 Perpignan Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985 911

électroniquedu
CHIMIE
THEORIQUE.-
Etude
de
la
structure système triatomique
(Fe+CO)

dette Barbier, présentée par Bernard


intervenant en chimisorption;

Pullman. Note de Abdelalai Daoudi, Michèle Suard et Clau-

On présente un traitement d'interaction de configuration (IC) assez complet, inclulant des états E II A 0

de diverses multiplicités de spin, pour le système (Fe+CO). Alors que FeOCne présente pas d'état lié, les
molécule FeCO, 3Z- et 5Z-, ont des énergies de liaison 1,5 et
deux états les plus
respectives.
processes.
bas
trouvés
pourla
0,5 environ par rapportàlelur asymptotes
eV

THEORETICAL CHEMISTRY. - Electronic structure of the triatomic system (Fe+CO) involved in


chemisortption
A
for
rather
the (Fe+CO)
completeCtIreatment
including
A,
II,
system.
A
O
states of various spin
Whereas FeOC is not at all bound,
multiplicities has
the lowest states of the FeCO molecule
been carried out
are found

to be 3S- an 5S-, with binding energies of about 1,5 and 0,5 eV respectivelu,compared to the corresponding
asymptotes;

As a preliminary to the study of the chemisorption of CO on an iron surface using


Quantum Chemistry methods, we have studied the triatomic (Fe + CO) system.
Experimentally, the Mössbauer and infrared spectra of the FeCO molecule in inert gas
motrices have been recorded [2]. Theoretically,few ab initio calculations have been devoted
to this compound ([3], [4], [5]). Here, we give results for both species FeCO and FeOC in
their linear form. We limit ourselves to the outer electrons of Fe, C and O using ab initio
Gaussian pseudo-polenlials [6] and construct the occupied and virtual valence MO's from
Gaussian expansions of double-zeta forms for s and p orbitals and of triple zeta form for d
orbitals of Fe. The MO set is oblained by RHF closed-shell calculations, from which it is
easy to rehybridize the Fe atom in a (3 d7 4 s 1) configuration by lowest-energy
diexcitations. Configuration interaction is introduced by the variation-perturbationCIPSI
method [8].
Our results are summarized in Figure 1 for standard interatomic distances
(FeC = FeO = 3.48 u.a., CO=2.17 u.a.): Whereas FeOC is found to be unbounded, FeCO
shows a definite minimum for its 3Z- and 5Z- lowest states (binding energies: 1.55 or
0.69 eV with respect to their triplet or quintet asymptotes). The equilibrium bond distances
and binding energy of the 3Z- ground state of FeCO, as compared to available results for
FeN2 [9] suggest a rather strong chemisorption bond between CO and Fe.

La recherche de modèles réalistes pour représenter la chimisorption du monoxyde de


carbone sur le fer, nous a conduits à l'étude de la structure électronique du système
triatomique (Fe + CO). De fait, le spectre infrarouge de CO chimisorbé fait penser à
celui d'une espèce FeCO linéaire [1]. Expérimentalement, la molécule FeCO, piégée dans
les matrices de gaz rare, a été observée par spectroscopieMössbauer et infrarouge [2]. A
la différence de système comme NiCO, CuCO, etc., la structure électronique de FeCO a
été assez peu étudiée : on trouve quelques travaux ponctuels, portant sur l'évaluation de
l'effet de rétrocoordination K -> CO [3] et du spectre d'énergie des orbitales moléculaires
par une méthode de fonctionnelle-densité[4], ainsi que sur la courbe de potentiel de l'étal
quintet 5Z par des calculs MC-SCF avec corrélation 7i [5].

0249-6305/85/03010911 $ 2.00 © Académie des Sciences


912 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985

Fig. 1. —
Comparaison des étais de plus basse énergie pour FeCO et FeOC.
Fig. I. — Comparison of the lowest energy states for FeCO and FeOC.
Fig. 2. Molécule FeCO : Variation de l'énergie des trois états les plus bas en fonction de la distance FeC.

(Le calcul des fragments a été. fait pour la distance Fe-C = 15 u.a., les énergies sont par rapport à l'état
5D + 1£"i" de 0,073 u.a. pour.;;sF.+ 1S+ et de 0,086 u.a. pour 3F+1Z+; les valeurs déduites des tables de
C. E. Moore [Nat. Bur. Stand. Circ, n° 467, U.S. G.P.O., Washington D.C. 1952, II] sont respectivement
de 0,035 u.a. et 0,057 u.a.)
Fig. 2. — Molécule FeCO: Variation, with the FeC distance, of the energy of the three lowest energy states. (Tlte
fragments calculations have been performed for Fe-C= 15 a.u., the énergies, from 5D +1£,+ state are 0.073 au
for ?F+lS:t and. 0.086 au for 3P+1S+; the valuesfrom C. E. Moore's tables [Nat: Bur. Stand: Circ, No. 467,
U.S. G.P.O., Washington D.C. 1952, II] are 0M5 and 0.057 a.u. respectively)

Pour les deux structures linéaires possibles FeCO et FeOC nous avons étudié les
différents états de symétrie £, n, A, $ de plus basse énergie qui correspondent aux
configurations d6 As 2 et d1 As 1 de l'atome Fe, Les distances interatomiques utilisées sont,
sauf mention particulière, pour FeC (et FeO) 3,48 u.a. (1,84 Â), et pour CO 2,17 u.a.
(1,15 Â). Ces valeurs sont celles admises expérimentalement pour les rnétaux-carbonyle
et le monoxyde de carbone. Dans chaque atome, les électrons des couches internes ne
sont pas considérés explicitement, mais leur effet est inclus dans un pseudo-potentiel
ajusté sur un calcul SCF de l'atome libre [6]; les électrons externes sont représentés par
des orbitales gaussiennes déterminées en même temps que le pseudo-potentiel. Ces derniè-
res sont contractées de manière à former une base bizéta pour les orbitales s et p et une
base trizêta pour les orbitales d du fer. L'orbitale gaussiehne la plus diffuse est laissée
libre dans chaque couche ou sous-couche atomique : Fe[d (3, 2, 1); s (2, 1); p (2, 1)]; C
et O[5 (3, 1); p(3,1)].
Étant donnée l'insaturation de l'atome de fer dans les composés étudiés ici (12 électrons
autour du fer au lieu de 18 dans un complexe de coordination normal), les configurations
singulets et triplets que nous avons calculées au stade SCF (voir: tableau) ne sauraient
représenter des états liés du système par rapport aux fragments Fe et CO. Elles fournissent
seulement un jeu d'orbitales moléculaires orthonormées pour la mise en oeuvre d'un calcul
d'IC ultérieur. Nous avons choisi pour cela la configuration notée dans le tableau, (27t) 4
(4 a) 2 (5 CT)2, parce que c'est celle qui permet d'obtenir par une seule diexcitation de
faible énergie une configuration du type (2n) 4 (4a) 1 (5 a) 1 (1§) 2 dans laquelle le fer est
dans un état proche de Ja configuration 3d7 As 1. Cette structure atomique semble, en
effet, nécessaire [7] à la formation d'une liaison de chimisorptibn sur ce métal:
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985 913
TABLEAU

Résultats SCF pour quelques états de multiplicité singulet et triplet


SCF resultsfor some singulet and triplet states
Charges atomiques :

Énergies en u.a. Fe C O
FeCO (FeC=l,84Â, CO=U5 Â) :
Y-SY
JS 2ir° 4o-2 5cr 2 1 8* -42,005672 8,21 3,76 6,02
'E 2JC4 4U° 5G° 1 5* -41,998370 7,98 3,786,24
1S 27t4 4o-2 5cr2 15° -41,892 890 8,12 3,79 6,09
3Z 2jt*4o-2 5o-° 152 -42,217543 8,24 3,63 6,13
3E 2n2 4a2 5a° 15* -42.093059 8.34 3,56 6,09

FeOC (FeO= 1,84 Â, CO= 1,15 Â) : Fe O C


1Z 2TÎ* 4cr2 5 a2 1 S0 -41,931 569 8,09 6,28 3;63
N.B. Les quatre orbitales les plus profondes (1 a2 2 cr2 1 TU* 3 a 2) des diverses configurations électroniques
ne sont pas indiquées; elles restent essentiellement localisées sur les deux atomes C et O.
N.B. The four lowest orbitals (la22cr2 l7T*3cy2) of all ihese electronic configurations are not written; they
are mainly localised on the two atoms C and O.

Une interaction des configurations relativement complète incluant les états de


symétrie S, n, A, <D a été réalisée par la méthode CIPSI [8]. On obtient ainsi une
fonction d'onde multiconfigurationnellequi comprend pour chaque état les déterminants
multiexcités les plus importants du type 2 nm A a" 5 a" 1 5'J avec m + n +p + <? = 8. La
contribution des excitations restantes à l'énergie est évaluée par perturbation du second
ordre sur cette fonction d'onde d'ordre zéro. Les résultats obtenus avec les distances
interatomiques précédentes sont représentés sur le schéma de la figure 1 pour les deux
molécules étudiées FeCO et FeOC. On remarque que ces états sont tous de multiplicité
élevée, quintet et triplet. Au centre de la figure, sont indiqués les trois niveaux correspon-
dant aux énergies, des fragments CO et Fe, évaluées avec les mêmes approximations
pour les divers états de spin de la configuration fondamentale. Les états électroniques
des deux molécules se disposent très différemmentdans l'échelle des énergies, et, pour la
molécule FeOC, aucun des états étudiés n'est liant. Par contre pour FeCO, les deux
états les plus bas 3S" et DS- sont liants par rapport à leur asymptote de même multiplicité
( fig. 2); à longueur de liaison dc-0 constante, on trouve respectivement comme énergies
de liaison 1,55 eV (35,9 kcal/mol) et 0,69 eV (15,9 kcal/mol). Tout en remarquant que
l'état fondamental de FeCO est un triplet 3E-, notons que ces valeurs ne sont pas
suffisantes pour avoir une énergie plus basse que celles des produits de dissociation
gazeux Fe(5D) + CO(1E). En utilisant la même base de configurations, nous avons
déterminé le minimum d'énergie des deux états liés; les distances internucléairesd'équilibre
sont :
R(Fe-C) R(C-O)

5S" 3,322 u.a. (1,758 Â) 2,336 u.a. (1,236 Â)


3£" 3,191 u.a.(l,689 Â) 2,296 u.a.(1,215 Â)

Des résultats très semblables ont été trouvés pour la molécule isoélectronique FeN2
dans un calcul CAS-SCF suivi d'une interaction de configuration contractée [9]. L'état
914 C. R, Acad, Sc Paris, X. 301, Série II, n° 13, 1985

fondamental est aussi un triplet 3X"; mais celui-ci, avec une énergie de liaison de
11 kcal.mole- 1 par rapport à son asymptote de multiplicité triplet et une distance Fe-N
de 3,48 u.a. apparaît moins lié. Notre résultat pour FeCO est en accord avec l'hypothèse
d'une véritable liaison de chimisorption entre le monoxyde de carbone et le fer [10]; la
liaison C—O y est plus longue que celle de CO seul et la distance Fe-C plus courte que
celle observée dans les métaux carbonyle.
La molécule FeCO a une structure électronique assez complexe, difficile à décrire
qualitativement par une seule configuration. Les trois principales composantes de la
fonction multiconfiguratiphnelled'ordre zéro relative à l'état fondamental 3E- sont :

avec des coefficients de 0,79-0,36-0,25 respectivement (et au plus 0,1 pour les configura-
tions restantes). La richesse des états de la molécule FeCO et la multiplicité élevée des états
les plus stables laissent supposer que cette molécule pourrait avoir une physico-chimietrès
particulière, mais conduisent en même temps à chercher des agrégats moins spécifiques
et des méthodes plus simples [11] pour modéhser la chimisorption de CO sur une surface
de fer.
Ce travail a bénéficié de moyens de calcul sur Cray-1 grâce à une attribution du Conseil scientifique du
C.C.V.R.
Reçue le 9 août 1985, acceptée le 16 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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A. D. et M. S. : Laboratoire de Chimie, E.N.S.,


I, rue Maurice-Arnoux,92120 Montrouge;
C. B. Laboratoire de Chimie physique moléculaire,, Université de Lyon-I,
43, boulevard du 11-Novembre-1918, 69621 Villeurbanne.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985 915
SPECTROCHIMIE.
..d'.ytirium l^^;Note:de
- Luminescence du cérium trivalent dans le
par Paul Caro.
fluorure.

Le fluorute
émettant le proche ultraviolet. La fluorescence
de forte intensité,
obtenue pour une concentration x voisine
d'yttriumactivé
cérium
par
le trivalent(Y1-xCexF3)
est
un
limunophore

dans maximalest

de 0,06. Le spectre d'émissiondeCe3+ est


une
bande
largenm
présentant
vers
298
et
216 les deux maximums
correspondantauxtransitions radiatives
entrele niveau 2D plus bas de la configuration excitée 5 d1 et le
le
doubles 2F5/2-2F7/2 de la configuration de base 4f1. Le spectre d'excitation met en évidence les cinq composan-

de Ce.
tes attendues pour la décomposition des niveaux 2D3/2 et 2D5/2 par un champ cristallin non cubique. La bande

de pompage principale est centrée pratiquement sur la raie 254 nm de la lampe à vapeur de mercure, ce qui
explique
comparées à celles
de
ce
luminophore
sous
ce
mode l'efficacité d'excitation.
LaF3 Les propriétés spectrales
Ce.
de YF3. Ce sont
:

SPECTROCHEMISTRY.-
activated
Luminescence of trivalent cerium in yttrium fluoride YF3

Trivalent cerium intensitu phosphor, emitting in the near Yttrium


fluoride
(Y1-xCexF3)
ilastrong

ultraviolet. Maximum: fluorescence occurs at X concentration roughly0.06. Émission spectrum of Ce3+ is a


large band wuth two maxima at 298 an 316 nm, corresponding to the radiative transitions between the lower 2D

Ce
level of the excited configuration 5d1 and the doublet 2F5/2-F7/2 of ground state 4f1. Excitation spectrum

show the five peaks expectedfor


the
spitting
of
the2D3/2 and D5/2 levels by a non cubic crystal field. The
main pumping band is practicallycentered on the 254 nm Hg-emission line, what explains the efficiency of this
phosphor under excitatio by the short-ultravioletlamp. The spectral properties of YF3: Ce are compared with
those of LaF3 : Ce and LuF3:
L'émission de luminescene du cérium trivalent dans les matrices cristallines donne
généralement un spectredebande maximums, qui se situe, suivant les composés, à deux

dans le proche ultravioletoulevisible à[5]; les bandes d'excitation ont également ([1]

des positions variables.


Dans les matrices de fluorures de terres rares optiquement neutres (La, Y, Lu), la

luminescence de Ce3+ est excitée par les ultraviolets courts (lampe au mercure 2 537 Â)
monocristaux
et l'émission se localise de LaF3 ou YF3 activés par Ce3+ pour réaliser

d'utiliser des de LuF3 ouYF3


LaF3, ativés par Ce3+ pour réaliser
des lasers accordables dans l'ultraviolet; mais aucune publication n'a été faite à notre

connaissance sur ce dernier luminophore.

Nous avons préparé une série de composés de formule Y1 xCexF dans la phase

préliminaire d'une étude d'ensemble des mécanismes de transferts d'énergie entre les ions

Ce3+. Tb3+ et d'autres lanthanides Ln3+. Nos résultats permettent de compléter les

travaux antérieurs et de comparer les caracteristiques spectrales de l'ion Ce3+ dans les

trois matrices LaF3, YF3 et LuF3.

PREPARATION ET CARACTERISATION. -Les échantillons ont été préparés à partir d'oxydes

d'yttrium et de cérium de pureté supérieure à 99,99%. La méthode utilisée, dérivée de

celle décrite par Markowski et coll. [4], consiste à traiter à 400°C, en creuset de platine à

l'abri de l'air, un mélange intime des oxides en proportions convenables avec un excès

de fluorure d'ammonium (deux à trois la masse d'oxyde). Pour les faibles teneurs en

cérium, le mélange d'oxydes peut être avantageusement réalisé par coprécipitation à

partir de solutions titrées. Les fluorures obtenus après quelques heures de chauffage sont

assez bien cristallisés, ils sont homogénéisés par broyage et recuits à 600°C dans l'argon,

se second traitement améliorant la fluorescence.

La pureté des composés Y1-xCexF3 ainsi préparés a été contrôlée par diffraction

de rayons X (méthodes Debye-Scherrer et Guinier); les produits paraissent exempts

d'oxyfluorures. La structure de YF3 est orthorhombique [9], donc différente de celle de

CeF3 qui est hexagonale ou plutôt rhomboedrique [10]; mais les composés forment des

0249-6305/85/03010915 $ 2.00 Académie des Sciences

C. R. 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II - 67


916 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985

solutions solides dans un domaine très étendu : aucune modification n'est décelée dans
les diagrammes aux rayons X par rapport à celui de YF3 — si ce n'est une légère
dilatation de la maille cristalline — jusqu'à des substitutions de plus de 10 atomes % de
Y par Ce; les raies ultimes de la structure de CeF3 apparaissent au-delà de cette
concentration, qui est largement supérieure à la teneur optimale pour la luminescence.
ÉTUDE SPECTROSCOPIQUE.

Pour l'étude des propriétés de luminescence, les échantillons
en poudre ont été collés en couche mince et uniforme sur des lames de quartz à l'aide
d'un vernis non absorbant et non luminescent dans les régions spectrales explorées.
Les spectres d'émission ont été obtenus en irradiant les échantillons par une lampe à
vapeur de mercure munie d'un filtre dont la bande passante est centrée sur la raie
Hg 2 537 Â, et enregistrés sur un spectrographe « Cary 17 » équipé d'un réseau à
600 traits par millimètre. Les spectres d'excitation ont été relevés sur le même spectrogra-
phe, le monochromateur étant associé à une lampe au deutérium pour constituer la
source d'excitation de longueur d'onde variable; un filtre à bande passante centrée sur
320 nm coupait les ultraviolets en dehors de la région d'émission du luminophore avant
la fente d'entrée du P. M. Tous les spectres ont été relevés à température ordinaire.
Le spectre de photoluminescence de YF3 : Ce forme une bande relativementpeu étendue
(fig. 1) avec deux maximums culminant à 298 et 316 nm. La concentration optimale en
cérium se situe vers 6 %; l'effet de « quenching » devient déjà sensible dans la zone
« monophasique » entre 6 et 10% de cérium; le problème des impuretés apparaissant
au-delà de cette dernière concentration n'est donc pas à considérer pour l'optimisation
du luminophore.
Le spectre d'excitation ( fig. 2) se compose de deux groupes de bandes, le premier avec
trois composantes culminant à 196, 204 et 218 nm, le second s'étendant de 230 à 290 nm
avec un maximum à 263 nm et un point d'inflexion indiquant une deuxième bande
centrée sur 240 nm environ; cette deuxième bande se détache d'ailleurs mieux avec les
composés à faible teneur en cérium.
DISCUSSION. — On sait que le mécanisme de luminescence du cérium diffère de celui
f
des autres lanthanides trivalents à couche 4 incomplète, qui donnent tous des spectres
de raies bien localisés, résultant de transitions électroniques internes à la configuration
4f". Le cérium ne possède qu'un seul électron A f, l'excitation le fait passer sur l'orbite
de valence 5d et les transitions optiques ont donc lieu entre les configurations 4f 1 et
5 d 1. Dans l'ion libre, ces deux configurations comportent chacune deux « niveaux J »
48
Excitation..

Émission:..
.
t
C.R. Acad. Sc. Paris, 301, Série II, n° 13,1985

.;.;;

...
Éclatement terme 2F.
Éclatement terme 2D.:
.
.

Déplacement Stokes........ : ,...;..


:
. ....
Barycentresniveaux 2D...........
;
.

......:. ... :
...... ....
.:;....
.
TABLEAU
Données spectrales (cm- 1) de Ce3+ dans les fluorures LaF3, YF3 et LuF3.

.....
.

Y
LaF3 : Ce
51

45 660
42 740
40 160
34 700
33 333
5 200

11
1

48 540
410
560

370
250
.
YF3: Ce
51 020
49 000
45 870
41 490
38 170
33
31 640
4

12

48
560
610
1920
850
630
LuF3 : Ce
52 220
49 260
46 510
42 740
Y 38 460
33 500
31 640
4 700
1860
13 750
49 330
917

41 450 39 830 40 600


...........
A(champ cubique)..
Centre de gravité 5d. . ,
A niveau triplet
A niveau doublet.
.:.:..;... ..
.... .....:
.;.. .
..
;.. : ;
. . .
..
.
. :.
. . 5
7 090
~ 45 000
750
2 580
44
5
3
8 800
200
150
320
8 730
44 650
5170
4 280

résultant de l'interaction spin-orbite: 2F5/2 et 2F7/2 séparés de 2 253 cm- 1 pour l'état
fondamental, 2D3/2 et 2D5/2 à 49 737 et 52 226 cm- 1 respectivement au-dessus du niveau
de base pour l'état excité 5d1; mais dans le solide, du fait de la forte interaction du
réseau avec l'électron les niveaux d'énergie de la configuration 5d 1 sont beaucoup
5d,

plus élargis et déplacés par. rapport aux niveaux de l'ion libre que ne le sont les niveaux
de la couche 4f, bien protégée par les couches électroniques périphériques; d'où les
spectres de bande de localisation variable observés avec Ce3+.
Les résultats de l'étude spectroscopique de YF3 : Ce illustrent ces remarques.
Le spectre de luminescence à deux maximums résulte des transitions radiatives entre
là composante de plus basse énergie de la configuration 5d 1 et le doublet 2F5/2-2F7/2 de
l'état fondamental 4f 1; il s'agit de transitions dipolaires électriques permises, donc de
forte intensité. Les centres de gravité des deux niveaux 2Fj sont séparés d'environ
1 920 cm- 1, soit un abaissement de 333 cm- 1 par rapport au niveau 2F7/2 de l'ion
libre; les composantes Stark dues à l'action du champ cristallin sur ces niveaux ne sont
pas discernables, en raison de leurs faibles différences d'énergie et du peu de résolution
de la composante 5 d d'où proviennent les transitions.
Le spectre d'excitation, par contre, met en évidence la forte action du champ cristallin
sur la configuration ed1 : l'éclatement du niveau 2D. est important (13000 cm- 1 entre
les composantes extrêmes), de même que l'abaissement de sa composante inférieure par
rapport au niveau 2D5/2 de l'ion libre : 11500 cm- 1. Cet abaissement a pour résultat
de placer la principale bande d'excitation de Ce3+ dans YF3 en coïncidence presque
parfaite avec la raie d'émission du mercure à.2 537 Â (soit 39 400 cm- 1) de la lampe à
ultraviolets, ce qui explique l'efficacité du luminophore sous ce mode d'excitation: La
situation est aussi favorable dans LuF3, mais un peu moins dans LaF3, où le niveau de
résonance de Ce3+ est situé à 40 160 cm- 1, légèrement au-dessus de celui de la raie de
Hg. De fait, nous ayons constaté qu'à concentration en cérium égale, LaF3:Ce était
sensiblement moins luminescent que YF3 : Ce.
Il est également intéressant de comparer les trois luminophores du point de vue
fondamental, en confrontant les données spectrales de Ce 3 + dans les trois matrices (voir
tableau) aux caractéristiques structurales et chimiques de celles-ci; les niveaux d'énergie
ont été calculés à partir des maximums des bandes relevés sur nos spectres et ceux de
Yang et DeLuca [7].
918 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985

La différence de structure entre LaF3 rhomboédrique d'une part, LuF3 et YF3


orthorhombique d'autre part, se traduit dans l'éclatement plus faible du terme 2F (effet
du couplage spin-orbite) et du terme 2D (champ cristallin principalement); il faut noter
toutefois que l'écart entre les composantes extrêmes de 2D varie aussi comme l'inverse
du volume ionique de la terre rare. Pour préciser le rôle de ces différents paramètres,
une analyse plus poussée des niveaux de la configuration 5d de Ce3+ est nécessaire. En
symétrie cubique, le terme 2D donne naissance à deux niveaux, l'un doublet (eg), l'autre
triplet (t2 g); les composantes « non cubiques » du champ cristallin (et l'interaction
spin-orbite) lèvent la dégénérescence de ces niveaux ([2], [12]). Pour un site de basse
symétrie, les cinq composants apparaissent : c'est le cas des trois fluorures étudiés, la
symétrie du site occupé par la terre rare étant C1h ou Cs dans LuF3 et YF3, et Cs ou C2
dans LaF3, suivant les auteurs [11]. Les spectres montrent que les sous-niveaux du triplet
sont situés au-dessus de ceux du doublet. En adoptant ce diagramme on peut, comme
l'ont fait Blasse et Bril [2], calculer approximativementles barycentres des deux « niveaux
cubiques » théoriques, puis en déduire l'éclatement (splitting A) en champ cubique et le
centre de gravité du niveau 5 d (2D). Les valeurs trouvées pour A différencient de nouveau
la matrice LaF3 de YF3 et LuF3 tandis que celles du niveau 2D montrent peu de
variation, avec une énergie élevée conforme à celles observées pour Ce3+ dans d'autres
fluorures [13] où la répulsion interélectronique est forte. Le « splitting » A exprimant
l'effet du champ cristallin cubique, celui des deux composantes A doublet et A triplet
doit renseigner sur l'action des autres perturbations : abaissement de symétrie, volume
ionique, etc. On peut noter de ce point de vue que l'éclatement du triplet différencie le
fluorure d'yttrium de ceux des lanthanides, tandis que celui du doublet varie comme
l'inverse du volume ionique de la terre rare.
Une autre donnée fréquemment considérée pour Ce3+ est le déplacement de Stokes,
c'est-à-dire l'écart d'énergie observée entre les spectres d'excitation et de luminescence
([2], [5], [7], [14]), qui s'interprète par le décalage des courbes de potentiel des
f
configurations 4 et 5 d. Dans ce cas encore, les valeurs expérimentales différencient
LaF3 de YF3 et LuF3; ce résultat est à rapprocher de celui obtenu par Yokono et coll.
[5] sur les oxysulfures Ln2O2S: Ce3+.
En conclusion, les observations précédentes mettent en évidence les possibilités de l'ion
Ce3 + non seulement pour la mise au point de nouveaux luminophores de forte intensité,
mais aussi comme sonde ponctuelle pour l'étude du champ cristallin dans le solide.
Remise le 16 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] F. A. KROGER et J. BAKKER, Physica, VIII, n° 7, 1941, p. 628-646.
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[3] G. BLASSE et A. BRIL, Appl. Phys. Letters, 11. n° 2, 1967, p. 53-54.
[4] J. P. BRIFFAUT et J. P. DENIS, Phys. Stat. Sol., 41, 1970, p. 781-787.
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[14] M. J. WEBER, J. Appl. Phys., 44, n° 7, 1973, p. 3205-3208.

Laboratoire de Physicochimie des Matériaux par Techniquesavancées,


C.N.R.S., 1, place Aristide-Briand, 92190 Meudon-Bellevue.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985 919

CHIMIEDE L'ÉTAT SOLIDE. — Structure magnétique du siliciure ternaire équiatomi-


que HoRhSi. Note de Simone Quezel, Jean Rossat-Mignod, Bernard Chevalier, Wang
Xian Zhong et Jean Étourneau, présentée par.Paul Hagenmuller.

Le siliciureternaire
structure
HoRhSi
qui
possède
une cristalline de symétrieorthorhombiqueet dé type
TiNiSi (Pnma) s'ordonneantiférromagnétiquement à TN= 8,4+0,1 K. Sa structure magnétique de type
C (+ -) est colinéaire,lesmoments
magnétiques
des
atomes
de
holmium
sont
parallèles à l'axe b.
+ -

SOLID STATE CHEMISTRY. — Magnetic structure of the equiatomic thernary silicide HoRhSi.

-)
HoRhSi with orthorhombic symmetry and TiNiSi-type structure (P n m a) orders antiferromagnetically at
TN=8.4±0.1 K. The magnetic structure is colinear with a C( + +-
of the holmium atoms are parallel to the b-axis.
configuration, the magnetic moments

Les siliciures ternaires équiatomiques MRhSi préparés dans les systèmes terre rare (ou
thorium) — rhodium — silicium cristallisentdans trois types structuraux :

ThSi c de symétrie quadratique (I41/a m d) pour M = Th [1];

SrSi2 ou ZrOS de symétrie cubique (P21 3) pour M = La [2];

TiNiSi de symétrie orthorhombique (P n m a) pour M = Y, Gd, Tb, Dy, Ho,
Er ([3], [4]).
Les composés de type TiNiSi comportant des terres rares magnétiques possèdent un
ordre magnétique plus ou moins complexe à basse température [3]. Dans cette Note nous
rapportons la structure magnétique de HoRhSi qui s'ordonne antiferromagnétiquement
à TN ^ 8 K selon les mesures de susceptibilité magnétique [3].
PARTIE EXPÉRIMENTALE. — Un échantillon polycristallin de HoRhSi a été étudié par
diffraction de neutrons en fonction de la température auprès du réacteur « Siloe " du
C.E.N. de Grenoble. Les diagrammes de diffraction ont été obtenus avec un multidétec-
teur linéaire pour la longueur d'onde 2,483 Â.
ANALYSE STRUCTURALE ET STRUCTURE MAGNÉTIQUE DE HoRhSi. L'analyse du dia-

gramme de diffraction neutronique obtenu à 18 K confirme que HoRhSi cristallise avec
la symétrie orthorhombique dans une structure de type TiNiSi, les paramètres sont
les suivants : a = 6,826 (10) Â, b = 4,200 (10) A et c = 7,377 (10) Â. Le tableau I donne les
coordonnées réduites après affinement des divers atomes, tous en position 4c(x, 1/4, z;
x, 3/4, z; 1/2-x, 3/4, 1/2 + z; 1/2 + x, 1/4, 1/2-z).
Le spectre de diffraction neutronique obtenu à 4,2 K montre l'existence de raies
magnétiques, caractéristiques d'une structure antiferromagnétique, qui s'indexent dans
une maille magnétique de volume 2 a x b x 2 c avec un vecteur de propagation k = [l/2, 0,
1/2]. Le diagramme différence (4,2—18K) représenté sur la figure 1 révèle quelques raies
supplémentairesqui résultent de la présence de traces de la phase HoRh2Si2 qui s'ordonne
à TN = 27K[5].
La variation thermique de l'intensité de la raie magnétique (1/2, 0, 1/2) montre que
l'ordre antiferromagnétique s'établit à TN = 8,4±0,1 K, valeur proche de celle déterminée
0249-6305/85/03010919 $ 2.00 © Académiedes Sciences
920 C. R. Acad. Sc. Paris,; t. 301, Série II, n° 13, 1985

TABLEAU I
Coordonnées réduites de HpRhSi déterminées à 18 K par diffraction de neutrons
(facteur de confiance R= 4,8 %).
Atomic positions deduced from neutron diffraction data at 18 K
(R factor: 4.8%)

Facteur
de
diffusion
nucléaire
Atomes Positions x y z (10- 12 cm)

Ho 4c 0,019 1/4 0,1975 0,815


Rh. 4c 0,152 1/4 0,5620 0,591
Si
.
4c 0,825 1/4 0,6440 0,415

par les mesures de suceptibilité magnétique (TN~8 K). Par ailleurs la valeur du moment
magnétique m = 9,07 uB/Ho obtenue à 4,2 K est voisine de celle de l'ion libre Ho 3 +
(gJ=10 uB). Signalons également que le moment magnétique effectif calculé pour l'ion
libre Ho3+ (jj,cff= 10,60 irB/Ho) est proche de celui déduit des mesures de susceptibilité
magnétique [|i^'(obs.) = 10,71 UB/HO] [3].
Ces résultats montrent que seuls les atomes de holmium sont porteurs d'un moment
magnétique; Si nous considérons les moments magnétiquesm1, m2, m3 et m4 des ions

Fig. 1. — Diagramme de diffraction neutronique différence (4,2-18 K) de HoRhSi.


Fig. 1. — Neutron difraction difference pattern (4.2-18 K) of HoRhSi.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985 921

Ho3+ situés respectivementdans les sites de coordonnées (x, 1/4, z), (x, 314, z), (1/2 — x,
3/4, 1/2 + z), (1/2 + x, 1/4, 1/2—z), le facteur de structure magnétique correspond à
l'expression :

Puisque la maille magnétique de HoRhSi est doublée suivant a et c, h et 1 sont impairs


et le facteur de structure magnétique dépendra de la parité de k :

Pour k=2n :

La théorie macroscopique de Bertaut montre que, pour une structure colinéaire et


pour le groupe d'espace P n m a, il n'y a que quatre combinaisons possibles des moments
magnétiques. Celles-ci se notent: F(+ + + +), G (+ +—), C( + +-- ) et
A(+--+)[6].
La comparaison des intensités des raies magnétiques observées à 4,2 K avec celles
calculées pour les quatre combinaisons indiquées ci-dessus montre que seule la structure
C(+ + - -) est compatible avec nos résultats expérimentaux.
Pour le groupe d'espace P n m a de HoRhSi, la théorie des groupes indique que les
moments magnétiques sont, soit parallèles, soit perpendiculaires à l'axe b. Comme le
montre le tableau II, le meilleur affinement entre les intensités observées et calculées a
été obtenu pour des moments magnétiques dirigés suivant l'axe b. Les atomes de holmium
forment des chaînes en zig-zag, parallèles à l'axe a, dans lesquelles les moments magnéti-
ques sont couplés ferromagnétiquement deux à deux suivant la séquence
+ +- -+ + - -
CONCLUSIONS. — La structure magnétique de HoRhSi est la première structure connue
de tous les siliciures équiatomiques de type TiNiSi comportant une terre rare magnétique
et un élément de transition. Les moments magnétiques, portés seulement par le holmium,

TABLEAU II

Intensités des raies magnétiques observées à 4.2 K pour HoRhSi.


Observed magnetic lines intensities of HoRhSi at 4.2 K.
Intensités Intensités
(barn/Ho3+) (barn/Ho3+)

h k l
Obs. Calc. h k l Obs. Calc.

1/2 0 1/2 4,54 4,24 5/2 0 3/2


1/2 0 3/2 0,28 0,45 1/2 1 5/2
3/2 0 1/2 3,41 4,48 5/2 1 1/2 2,12 1,79
1/2 1 1/2 0,66 0,53 3/2 1 5/2 0,12 0,11
3/2 0 3/2 0,28 0,38 5/2 1 3/2
1/2 1 3/2 5,03 4,08 1/2 0 7/2
3/2 1 1/2 1.70 1.53 5/2 0 5/2 4,52 3,31
1/2 0 5/2 4,63 4,67 7/2 0 1/2
5/2 0 1/2 3,29 2,77 3/2 0 7/2
3/2 1 3/2 6,40 5,48 1/2 1 7/2 4,68 4,77
3/2 0 5/2 4,29 4.24
922 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985

Fig. 2. —
Structure magnétique de HoRhSi (+moments vers le haut, — moments vers le bas).
Fig. 2. —
Magnetic structure of HoRhSi (+ and — indicate the direction of the magnetic moments along B
and opposite to b respectively).

s'ordonnent suivant une structure de type C( + +-- ) en dessous de TN = 8,4±0,4 K.


HoRhSi se différencie du composé isotype TbRhSi qui s'ordonne antiferromagnétique-
ment à TN = 29 K et présente trois structures magnétiques entre 4,2 et 29 K. A 4,2 K les
structures magnétiques de TbRhSi et de HoRhSi sont isotypes. L'ensemble des résultats
concernant TbRhSi sera publié très prochainement.
Remise le 10 juin 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] P. LEJAY, B. CHEVALIER, J. ÉTOURNEAU, J. M. TARASCON et P. HAGENMULLER, Mat. Res. Bull., 18,
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[3] B. CHEVALIER, A. COLE, P. LEJAY, M. VLASSE, J. ÉTOURNEAU, P. HAGENMULLER et R. GEORGES, Mat.
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S. Q. et J. R.-M. : Magnétisme et diffraction neutronique DRF/SPh,


Centre d'Études nucléaires, 85 X, 38041 Grenoble Cedex;
B.C., W. X. Z. et J. É. : Laboratoire de Chimie du Solide du C.N.R.S.,
Université de Bordeaux-I, 351, cours de la Libération, 33405 Talence Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985 923

MÉTALLURGIE.
— Rôle du potentiel électrochimique dans le mécanisme de la corro-
sion caverneuse de l'acier inoxydable 18%Cr-10% Ni. Note de Louis Kerherve et Georges
Daufin, présentée par Paul Lacombe.

Un processus de micropiqûres est impliqué dans le mécanisme de la corrosion caverneuse des aciers
inoxydables 18%Cr-10%Ni. Il permet d'expliquer l'existence d'un potentiel électrochimiquecritique de corro-
sion caverneuse.

METALLURGY. - The role of the electrochemicalpotential in the mechanism of 18%Cr-10%Ni stainless


steel crevice corrosion.
Micropitting is involved during 304 type stainless steel crevice corrosion process. It could accountfor a crevice
corrosion critical electrochemical potential.

La durée d'incubationde la corrosion caverneuse d'un acier inoxydable 18%Cr-10%Ni


dépend de la géométrie de la caverne (e = épaisseur), de la densité de courant à l'état
passif (ip) et du pH de dépassivation (pHd) de l'acier considéré [1]; elle ne paraît donc
pas être affectée par le potentiel électrochimique de l'alliage. Or la notion de potentiel
de corrosion caverneuse (Ecav) a été avancée ([2], [3], [4]), celui-ci étant généralement
inférieur au potentiel de piqûres (Ep) ([2], [5], [6]). Cependant Ecav ne serait en réalité
qu'un potentiel de piqûres en milieu confiné [7], ce qui serait en accord avec l'hypothèse
de la formation, dans la caverne, de micropiqûres ([3], [5]) qui auraient pour origine la
dissolution préférentielle d'inclusions de MnS ([5], [8], [9]).
Compte tenu de ces différents éléments, il nous a paru intéressant de préciser la forme
de l'attaque lors des premiers stades de la corrosion caverneuse et d'étudier l'influence
du potentiel électrochimique sur la durée avant corrosion caverneuse (tcav).
Les échantillons d'acier inoxydable Z6 CN 18-10, hypertrempé, laminé à froid, sont
polis mécaniquement, sous courant d'eau, au papier abrasif de granulométrie 12 um puis
passivés à l'air pendant 30 mn. Les cavernes sont réalisées par application sur l'échantil-
lon, immédiatement après polissage, d'un joint de caoutchouc solidaire d'un dispositif
muni d'une vis micrométrique permettant de fixer l'épaisseur (1) à +5 um [6]. Les aires
anodique (A) et cathodique (C) sont choisies de manière à respecter la cinétique de la
phase d'incubation (la durée avant corrosion est indépendante de C/A pour des valeurs
variant de 10 à 100) et à capter, par voie électrochimique, les premiers stades de la
corrosion caverneuse. Le milieu corrosif est une solution de chlorure de sodium à
1,68 g. 1- 1, à 20°C, non agitée et naturellement aérée (en équilibre avec l'atmosphère).
Au fur et à mesure que la durée augmente, l'évolution du potentiel électrochimique
de l'alliage, mesuré par rapport à une électrode au calomel saturé, présente certaines
discontinuités (fig. 1). Ainsi, après 30 mn environ, on observe une petite chute (ou une
légère stabilisation) qui correspond à la formation d'une micropiqûre (micrographie A);
par la suite le potentiel se stabilise puis chute définitivement, conduisant à une attaque
de plus en plus prononcée qui se propage à partir de la piqûre initiale (micrographies B
et C). On observe systématiquement, à l'extérieur de la caverne, une zone légèrement
colorée où s'est vraisemblablementlocalisée la réduction de l'oxygène dissous. Un phéno-
mène de micropiqûres, observé quelques instants après son apparition, est donc nettement
impliqué au cours de la corrosion caverneuse, ce qui confirme les observations de
Eklund [8] et de Oldfield et Sutton [3] effectuées à un stade plus avancé du développement
des piqûres. Ainsi s'expliquerait la résistance limitée à cette forme de corrosion des aciers

0249-6305/85/03010923 $ 2.00 © Académie des Sciences


924 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985

Fig. 1. — Évolution, en fonction du temps, du potentiel électrochimiquede l'acier inoxydable 18%Cr-10%Ni


et de l'aspect de la corrosion caverneuse (micrographies A, B et C; Gx 16). NaCl 1,68g.l- 1, 20°C, non
agité et naturellement aéré.
Fig. 1. — 304 type stainless steel free potential versus time and crevice corrosion micrographs (A, B,
C: Mx 16). NaCl 1,68g.l-1, 20°C, not agitated and naturally aerated.

inoxydables sensibles à la corrosion par piqûres [10]. On sait qu'en cours d'incubation le
pH de la solution confinée dans la caverne diminue et la teneur en C1- augmente [1].
Ces variations abaissent la valeur de Ep [11], entraînant la formation de piqûres dans la
caverne. Le courant produit, supérieur à ip, contrôle dès lors la cinétique de l'évolution
du pH et de la teneur en chlorures dans la caverne jusqu'à obtention du pHd auquel
l'alliage se dépassive et se dissout.
Dans l'expérience précédente le potentiel de l'échantillon évoluait au cours du temps et
l'on pouvait s'interroger sur l'influence respective de ces deux facteurs sur les phénomènes
observés. Pour contourner cette difficulté nous avons réalisé des essais chronopotentiostati-
ques pour trois épaisseurs de caverne (0,20 et 50 um) : dès l'immersion de l'échantillon
le potentiel choisi est imposé à l'aide d'un potentiostat et d'un système à trois électrodes.
L'intensité du courant est alors enregistrée en fonction du temps pendant une durée
pouvant atteindre 360 h. En l'absence de corrosion l'intensité demeure inférieure à
0,1 uA.cm- 2; par contre, lorsque la corrosion apparaît, après une durée tcav, on note
une augmentation très sensible de l'intensité.
La figure 2 montre qu'aucune corrosion ne se manifeste pour le potentiel le plus négatif
étudié ( —100 mV) même après une durée de 360 h. A — 50 mV, seuls certains essais
conduisent à l'apparition de la corrosion caverneuse après des durées très dispersées et
longues (plusieurs heures). Dans d'autres essais prolongés jusqu'à plus de 24 h, aucune
corrosion n'est apparue. Pour des valeurs plus élevées de potentiel, les durées avant
C.
R. Acad. Sc. Paris, t. Série II, n° 13,
301, 1985 925

Fig. 2. Durée avant corrosion, en fonction du potentiel imposé, pour trois épaisseurs de la caverne (acier

inoxydable 18%Cr-10%Ni; polissagemécanique 12 um; NaCl 1,68g.l- 1, 20°C, non agité et naturellement
aéré).
Fig. 2. Time to crevice corrosion versus applied potential for 3 crevice thickness values (304 stainless steel;

12 um grade mechanicallypolished;NaCl 1,68 g-l- 1. 20°C, not agitated and naturally aerated).

corrosion caverneuse sont d'autant plus courtes (mais jamais nulles) que le potentiel
imposé est plus élevé. La corrosion est toujours localisée dans la caverne, aucune corrosion
n'ayant jamais été observée sur la surface extérieure, même à +200 mV.
Ces résultats confirment ceux de Susuki et Katamura [2] qui avaient montré que
l'amorçage de la corrosion caverneuse était impossible en dessous d'un potentiel critique.
Cependant notre travail ne permet pas de montrer l'indépendance de la valeur de ce
potentiel vis-à-vis de l'épaisseur de la caverne en raison de la dispersion des résultats au
voisinage de ce potentiel et de la durée extrêmementlongue des essais (la durée d'incuba-
tion pouvant atteindre plusieurs semaines à plusieurs mois [1]). Il est possible qu'une
926 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985

sorte de protection cathodique empêche la formation de piqûres dans la caverne, En


conséquence, si la corrosion caverneuse peut encore se produire dans cette zone de
potentiel, les durées avant corrosion seraient considérablement rallongées.
CONCLUSION. — Au cours de la phase d'incubation de la corrosion caverneuse, il se
forme des piqûres lorsque le milieu confiné dans la caverne a suffisamment évolué (pH
et teneur en Cl-). Dès lors le courant de corrosion par piqûres contrôle la modification
ultérieure de la compositiondu milieu jusqu'à la dépassivationgénéralisée dans la caverne.
La formation de ces piqûres explique que la durée avant corrosion caverneuse est sous
la dépendance du potentiel électrochimique. Cependant l'existence d'un potentiel critique
caractéristiquede l'acier et donc indépendant de l'épaisseur de la caverne est expérimentale-
ment très difficile à démontrer en raison des durées avant corrosion très dispersées et
très longues au voisinage et en dessous de ce potentiel critique.
(1)L'épaisseur est en fait la largeur de l'interstice créé entre le métal et le joint de caoutchouc.
Reçue le 5 juillet 1985, acceptée le 16 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Institut national de la Recherche agronomique,


Laboratoire de Recherches de Technologielaitière,
65, rue de Saint-Brieuc, 35042 Rennes Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985 927
CRISTALLOCHIMIE. — Étude structurale du chlorhydrate de pipéroxane
C14.H18NO2, HCl et considérations conformationnelles. Note de Abdesiam H'Naïfi, Michel
Saux et Alain Carpy, présentée par Raymond Daudel.

Système monoclinique, groupe spatial P21/c avec: a = 10,861 (3) Â, b = 11.862 (2) Â, c = 11,753 (2) À,
P = 109,63 (3)°, V=1 426,08 (2) Â 3, Dx = l,29g.cm-3, Z=4:
2 418 réflexions indépendantes mesurées (S g 60°) dont 2 024 observées.
Résolution de la structure par les méthodes directes avec un facteur de confiance R = 0,055. La conformation
a été comparée à celles d'autres antagonistes a-adrénergiques et confirmée par calcul théorique.

CRYSTAL CHEMISTRY. — Conformational study of piperoxan hydrochloride (C14H18NO2, HCl).


Monoclinic system, space group P21/c with: a = 10.861 (3)A. b= 11.862 (2) Â, c = 11.753 (2) Â, (3=109.63(3)°,
V= 1,426.08 (2) Â 3, Dx= 1.29g.cm-3 Z = 4.
2,418 independent measured reflections (S g 60°), 2,024 observed.
Structure solved by the direct methods with a veracity factor R = 0.055. The conformation was compared to
that of other a-adrenergic antagonists and confirmed by theoretical calculations.

INTRODUCTION. — Ce travail entre dans le cadre général d'une étude des facteurs de
discrimination conformationnels entre les agonistes et les antagonistes <xj&2-
adrénergiques. Parmi les substances qui possèdent une activité antagoniste sur les récep-
teurs a-adrénergiques figurent les alkylamino-2-benzodioxanes-1.4, dont le pipéroxane
(pipéridinométhy1-2-benzodioxane-1 .4) est l'un des plus anciens représentants [1]. A. la
suite de la différenciation des récepteurs a en deux sous-types ax et a2 [2], il a été montré
que le pipéroxane était un antagoniste compétitif des adrénorécepteurs o^ et oc2 ([3], [4]).
ÉTUDE RADIOCRISTALLOGRAPHIQUE. Le chlorhydrate de pipéroxane cristallise par

évaporation lente d'une solution saturée d'isopropanol. Le monocristal sélectionné était
un prisme incolore de dimension 1 x 0,37 x 0,25 mm. Les paramètres de la maille et les
intensités diffractées ont été mesurés sur un diffractomètre automatique « Enraf-Nonius
CAD-4 » (radiation CuKa, H = 1,54178 Â, monochromateur en graphite). Les dimensions
du réseau ont été affinées par moindres carrés à partir des valeurs de S de 25 réflexions
de l'espace. Aucune dérive d'intensité de deux réflexions standard contrôlées toutes les
5400 s n'a été observée. 2418±hkl réflexions indépendantes ont été collectées (h de —12
à +12, k de 0 à 13, l de 0 à 13) jusqu'à 0^60°; parmi elles 2024 satisfaisant à l'inégalité
I ^ 3 cr (I) ont été utilisées dans les affinements ultérieurs. Les intensités ont été corrigées
par le facteur de Lorentz-polarisation; l'absorption a été négligée (u = 23,26 cm-1). Les
facteurs de diffusion des atomes non hydrogène ont été tirés des Tables internationales
de Radiocristallographie [5] quant à ceux des atomes d'hydrogène, ils proviennent de
Stewart et coll. [6]. Un test statistique a montré une distribution centrosymétrique des
intensités. La structure a été résolue par les méthodes directes grâce au programme
MULTAN 80 [7] et par les méthodes classiques de Fourier. Les atomes d'hydrogène ont
été localisés par Fourier-différence. L'affinement par moindres carrés (matrice diagonale)
à l'aide des facteurs de structure observés a été conduit avec le schéma de pondération
suivant: w=1 si |F0|<P,P= (F^max/10)1/2, w = (P/F0) 2 si |F0|>P. Les atomes non
hydrogène ont été affectés des paramètres p^ d'agitation thermique anisotrope tandis que
les hydrogènes ont été affectés des paramètres Bi d'agitation thermique isotrope. Le
facteur de confiance final était R = 0,055 [Rw = 0,075, S = 1,381 (2024 réflexions,
243 paramètres)]. Tous les calculs ont été effectués sur un ordinateur « Mini 6-92,
CII-Honeywell-Bull ».

0249-6305/85/03010927 $ 2.00 © Académie des Sciences


928 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13,1985

Vue en projection de la molécule.


Projected view of the molecule.

Une vue en projection de la molécule montrant la numérotation atomique est représen-


tée sur la figure. Les coordonnées atomiques sont consignées dans le tableau I, les
distances, les angles interatomiques et les angles de torsion sont rassemblés dans le
tableau II (1). Les valeurs obtenues pour le cycle benzodioxane sont voisines de celles déjà
trouvées pour des composés voisins à activitéantagoniste a-adrénergique ex : WB-4101 [8],
Imiloxan [9] ou Idazoxan [10], C(l) et C(10) étant situés respectivement dessus
[0,375 (2) Â] et dessous [—0,348 (3) Â] le plan moyen contenant les huit autres atomes. Le

TABLEAU I

Coordonnées atomiques des atomes non hydrogène (104)


et facteurs d'agitation thermique isotrope équivalents
Atomic coordinates for the non-H atoms (104)
and equivalent isotropic temperaturefactors

Atomes x (es) y (a) z (a) (Â2) (a)

C (1) 6353 (2) 4770 (2) 13 005 (2) 4,4 (1)


0 (2) 6 465 (1) 4 202 (1) 11 (1)
884 4,6 (1)

(4)............
C (3).. 7 587 (2) 3 735 (2) 12 092 (2) 4,2 (1)
.
C 7 691 (2) 2 934 (2) 11 224 (2) 4,8 (1)
C (5) 8 816 (3) 2 452 (2) 11 384 (3) 5,9 (1)
C (6) 6,9 (1)
C (7)
... 9 805 (3)
9 695 (3)
2 780 (3)
3 563 (3)
12 428 (3)
13 296 (3) 7,1 (1)
C (8) 8 588 (2) 4 063 (2) 13 135 (3) 5,6 (1)
0 (9) 8 518 (2) 4 851 (2) 14 023 (2) 7,3 (1)
C

C
(10).
(11)
.......... 7 440 (3)
5 236 (2)
5 509 (3)
5 503 (2)
13 602 (3)
12 568 (2)
6,4 (1)
4,6 (1)
N (12) 4 079 (2) 4 862 (1) 12 225 (2) 3,8 (1)
C (13) 3 080 (3) 5 647 (2) 12 250 (3) 6,1 (1)
C (14) 1 897 (3) 5 030 (3) 11 941 (3) 7,0 (1)
C (15) 1 553 (2) 4 454 (3) 10 623 (3) 6,2 (1)
C (16)... 2 567 (2) 3 659 (2) 10 632 (3) 5,6 (1)
C (17) 3 762 (2) 4 276 (2) 10 935 (2) 4,8 (1)
C1 (18) 4 433 (1) 1 924 (0) 9 311 (1) 5,0 (0)
.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301,

TABLEAU
Série II, n° 13, 1985

Distances(A) et angles (°) interatomiques; angles detorsion (°)


II 929

Interatomicdistances(A) and angles (°); torsion angles (°):

1
2 3 4 1-2 1-2-3
1-2-3-4

O (2) (1) C (10) - 1,435 (2) 109,4(2) -


C
C
C(11) C (1)
- 1,512 (3) 108,7 (2)
O(10) C (1) (11)
C
O (2)
N (12) 1,505 (3) 108,7 (2) 193 (1)
(3)O (2)
C (10) (2) 113,9 (1) 46 (1)

-
C 1,377
C (4) (3) (1) 1,372 117,8 (2) 163 (1)
C C
O(2)
O (1) 1,386 (3)
(3)
121,6 (2) -18 (1)
C
(8)
(8)
C (3)

C
C
(3)C
(4) (4) (2) C
C (5)
(3)
120,6 (2) - (1)
119,8 (2)
1

Y C (5) C (2) 1;396 179 (1)


C
C (3)

(6) (5) C (3) 1,380 (4) 119,2 (2) (1)


C C

C C (5) C (4)
C(
4)
120,8 (3)
1
(1)
(7) C (6)

C (8) (6) (5) 1,360(4) 0

--
1,386 (4) 120,6 (3)
C
C (8)
(7)
(7)
C

(3)
O (2)
C

119,1 (2)
-180 (1)(1)
1

O
(9) C(8) C
C
(3) O (2) 1,366 (3) 122,2 (2) 1 (1)
(9) (7) (6) 118,7(2) 180 (1)
Y
Y C (10)
C (8)
C (8)
C C

(2) -16 (1)


(1)
O
O
(9) C (3) 1,426 (3) 114,0
C C(10) (9) C (8) 110,6 (2) 45 (1)
N (12) C (11) C (1) O
1,492(3) 114,0 (2)
-(1) 1,506
C (13) N ( 12) C (11) C (3) 109,3 (2) 161 (1)
C (17) (12) (11) (1) 1,494 (3) 113,0 (1) 75 (1)

-(11) 1,506110,7
C C
N
C (13) N (12) C (17) (2) -
C (14) C (13) N (12) C (4) 111,2(2) 181 (1)
C (15) C (14) C (13) C(12) 1,514 (4) 111,3 (2) -58 (1)
C (16) C (15) C (14) - 1,518 (4) 108,3 (2)
C
N
(17)
(12) C
C (16)
(17)
C
C (16)
(l5) C

C
(14)
(15) -
1,518 (3) 111,7 (2)
110;4 (2)
-58 (1)
58 (1)

cycle pipéridine possède une conformation chaise, N (12) et C (15) étant respectivement
au-dessus [0,662 (2) Â] et au-dessous [ — 0,696 (3) Â] du plan contenant
les quatre autres atomes. La protonation se fait sur l'azote N (12). Les angles de
torsion définissant la position respective des deux cycles sont
C(2)-C(1)-C(11)-N(12) = 73(1)° et C(1)-C(11)-N(12)-C(13)= 161 (1)°. La posi-
tion de l'azote par rapport au cycle aromatique (ces deux sites sont classiquement admis
comme étant les sites de fixation des coordinats a-adrénergiques sur leurs récepteurs) est
défini par la distance N-7t (TU centre du cycle benzénique) = 5,74 Â et par la hauteur h
(distance de l'azote au plan du cycle benzénique)=0,70 Â. La distance N-TC est voisine
de celles trouvées pour la conformation commune de l'imiloxan et de l'idazoxan (5,68 et
5,57 Â) alors que la hauteur h s'écarte de ^0,40 À (0,70 Â au lieu de 0,27 Â) [10].
La cohésion cristalline est assurée par une liaison hydrogène entre l'ion Cl- (18)
et l'azote protoné N+ (12): Cl (18). . , N (12) (x, l/2-y, z-1/2) = 3,026 (2) Â,
Cl (18). .H (112) = 2,05(2)Â, Cl(18). .H (112)-N (12) = 179,6 (4)° et par de nombreux
. .
contacts de van der Waals <3,5 Â. [Les coordonnées x, y, z de l'atome H(112) sont
respectivement 0,419 (2), 0,428 (2) et 1,290 (2).]
ÉTUDE THÉORIQUEPAR MÉCANIQUE QUANTIQUE.

Dans le but de voir si la conformation
cristalline se retrouve pour la molécule prise à l'état isolé, un calcul conformationnel à
été mené sur la molécule neutre à l'aide du programme PCILO [11]. L'étude consistait
930 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985

à faire varier en même temps les angles de torsion C(2)—C (1) — C (11)—N (12) et
C (1)-C (11)-N (12)-C (13), de 30°
en 30° à partir des valeurs trouvées dans le cristal
et de tracer la carte d'énergie conformationnelle correspondante. La conformation de
plus basse énergie correspondait effectivement à la conformation cristalline. Trois autres
minimums tels que AE<1 kcal/mole ont été observés; la position spatiale de l'azote par
rapport au noyau benzénique dans les trois conformations correspondantes ne changeait
pas de façon significative.
(1) Les paramètres d'agitationthermique anisotrope Py des atomes non hydrogène, les coordonnéesatomiques
et les paramètres d'agitation thermique isotrope Bi des atomes d'hydrogène ainsi que les facteurs de structure
observés et calculés peuvent être obtenus auprès des auteurs.
Remise le 17 juin 1985, acceptéele 16 septembre 1985.

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Université de Bordeaux-II, place de la Victoire, 33076 Bordeaux Cedex.
C.R. Acad, Sc. Paris, t. 301, SérieII, n° 13, 1985 931

Millot.
GÉOCHIMIE.
— Oxydation du fer dans les skarns et les schistes à graphite des Jebilet
Centrales, Maroc : un indicateur de transfert de matière par les fluides dans une zone de
cisaillement ductile. Note de Claire Ramboz et Abdelmajid Bastoul, présentée par Georges

A l'aide des mesures du taux d'oxydation du fer.des roches (7< O, R. .<74 mole %), on montre que des
fluides oxydants ont circulé dans le cisaillement ductile: des Jebilet Centrales lors du métamorphisme prograde.
Puis, le fer a été réduit sur 100 m autour de la granodiorite de Ouled Ouaslani, Les roches les plus oxydées
sont associées aux mines de graphite, suggérant que du graphite a pu précipiter à partir du fluide par
oxydoréduction.

GEOCHEMISTRY.— Oxidation of iron in graphite-bearingskarns and schists in Central Jebilet, Morocco:


an evidence for mass transfer by fluid flow in a ductile shear zone.
Based on measured oxidation ratios of iron in the rocks (7< O.R. <74 mole %), it is shown that a flux of
oxidizing fluids took place during prograde metamorphism in the shear zone of Central Jebilet. Reduction of
iron occurred later 100 m around the Ouled Ouaslamgranodiorite. The rocks the most oxidized are associated
with the graphite concentrations, suggesting that graphitemay partly have precipitatedfrom the fluid by oxidoreduc-
tion.

INTRODUCTIONET CADRE GÉOLOGIQUE. - Dans l'écorce terrestre, les pressions partielles


d'oxygène sont en général maintenues à des valeurs très faibles du fait des assemblages
minéraux, oxydes ou composés carbonés qui tamponnent ces espèces [1]. Pour cette
raison, le rapport Fe2+/Fe3+ des roches n'est susceptible d'être modifié à une échelle
régionale que lors de processus métasomatiques impliquant des rapports eau/roche
élevés ([2], [3]). Les exemples géologiques où a été démontrée soit l'oxydation, soit la
réduction du fer concernent des zones à perméabilité élevée : par exemple des roches de
degré de métamorphisme faible à moyen en contexte océanique [2], ayant subi une
fracturation importante [4]; ou bien des roches de haut degré de métamorphisme engagées
dans un cisaillement ductile ([3], [5]).
Le chaînon des Jebilet (Sud de la Meseta Marocaine, fig. 1) est constitué à l'Ouest
d'un socle cambro-ordoviciensurmonté en discordance vers l'Est par des terrains d'âge
Viséen supérieur-Namurien, peu métamorphiques dans leur ensemble : les Jebilet Centra-
les et Orientales ([6], [7]). Dans un couloir de 10 km autour de l'axe N-S Sidi Bou
Othmane-Marrakech, les Jebilet Centrales sont engagées dans un cisaillement ductile et
sont recoupées par des granites syntectoniques post-viséens ([6], [8]). De façon quasi
synchrone se développe un métamorphisme thermique marqué par des associations â
cordiérite - andalousite - sillimanite - muscovite - biotite - clinopyroxène - grenat -
wollastonite-idocrase([9], [10]). Des concentrations économiques de graphite sont locali-
sées autour de Sidi Bou Othmane ([6], [10], [11]).
L'objet de cette Note est de présenter une étude de l'état d'oxydation du fer des
schistes, des calcaires et des skarns graphiteux de cette zone. Une étude minéralogique
incluant des mesures à la microsondeélectronique a révélé que les grenats et les pyroxènes
dans l'encaissant et dans les veines des zones minéralisées en graphite contenaient du
Fe2O3 en quantité > 2 % poids [12]. Il importait donc de vérifier si le développement de
ces minéraux ferriques impliquait un enrichissement en oxygène de la série dans sa masse.
MÉTHODOLOGIE. — 32 échantillons ont été prélevés dans les Jebilet Centrales (29) et
dans les Jebilet Orientales (3) (fig. 1). Dans les Jebilet Centrales, l'échantillonnage
concerne principalement les alentours des concentrations de graphite (17 échantillons) et
l'encaissant immédiat de la granodiorite de Ouled Ouaslam (9 échantillons). Les éléments

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C. R.. 1985. 2e Semestre (T. 301) Série II — 68


932 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13,1985

majeurs des roches de cet échantillonnage ont été dosés par spectrométrie d'émission
avec torche à plasma [13]. Certaines roches riches en grenat ont dû être analysées par
voie humide, par absorption atomique ou par colorimétrie [14]. Pour le fer total, en
particulier, les deux méthodes donnent des résultats comparables à 4% près pour les
argilites et à 8% près pour les calcaires. Le fer divalent a été dosé par titrage volumétrique
avec K2Cr2O7 avec une précision relative de 0,5% poids [14]. Dans l'ensemble des
échantillons, le carbone organique (Corg = carbone total —carbone des carbonates) a été
dosé par coulométrie à impulsion avec une précision relative de 5.10-3% poids.
RÉSULTATS.

Les figures 2 à 4 illustrent les variations de certains pourcentages en
poids d'oxydes des roches (FeO, Fe2O3, MnO, Corg,...) en fonction du taux d'oxydation
du fer :

Les taux d'oxydation du fer de l'ensemble des échantillons varient largement et de


façon continue : 12 à 56 pour les cornéennes autour de la granodiorite, 10 à 75 pour les
argilites, 7 à 72 pour les calcaires de la région de Sidi Bou Othmane fig. 2 et 3). Par (
ailleurs, tous: les échantillons contiennent du graphite (>0,07% poids Corg), le plus
souvent à des teneurs élevées (M = 0,61% poids Corg, a=0,92 pour 29 échantillons loin
des zones minéralisées, fig. 4), Chinner [15] a montré que les séries pélitiques graphiteuses

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 1.

A, carte géologique des Jebilet et localisation des échantillons étudiés (d'après [6], [8]). La série
volcano-sédimentaire des Jebilet Occidentales et le flysch des Jebilet Orientales ne.sont que partiellement
représentés. B, détail de la région autour de Sidi Bou Othmane : 1, recouvrement plio-quaternaire; 2,
formation d'âge Viséen supérieur-Namurien; 3, calcaires d'âge Viséen supérieur; 4, granodiorite. Échantillons
analysés : 5, argilites et 6, calcaires; 7, mine (Gph = graphite); 8, zone d'échantillonnage autour de la
granodiorite. Le taux d'oxydation du fer est indiqué,entre parenthèses, après le numéro d'échantillon.
Fig. 1. — A. Location of the studied samples on the geological map of the Jebilet (after [6], [8]). The
volcano-sedimentary unit of Western Jebilet and the flysch of Eastern Jebilet are partly shown. B, detailed
map of the area around Sidi Bou Othmane: 1, Plio-Quaternary alluvium; 2, upper Visean-Namurian terranes;
3, upper Visean limestones; 4, granodiorite. Samples andlyzed; 5, shales and 6, carbonates; 1, mine
(Gph=graphite); 8, sampling area around the granodiorite. The oxidation ratio of iron is indicated between
brackets after the sample number.
Fig. 2. — Argilites ( = cercles) et calcaires (=étoiles). 2 a à 2 e, variations de FeO, Fe2O3, Fe2O3 total en
fonction du taux d'oxydation du fer. 2 f, variations du taux d'oxydation du fer en fonction de la distance à
l'axe de déformation maximale (d'Ouest en Est, échantillons 88, 83-84, 69-70-71).
Fig. 2. — Shales (=circles) and limestones (=stars). Variations of the oxidation ratio of iron as a function of
FeO, Fe2O3, Fe total as Fe2,O3 (2a to 2e) and as a function of the distance to the axis of major deformation
(2 f; from West to East, samples 88, 83-84, 69-70-71).
Fig. 3. — Échantillons proches de la granodiorite = variations de FeO, Fe2O3, Fe2O3 total, CaO, MnO en
fonction du taux d'oxydation du fer. 3 c, variation du taux d'oxydation du fer en fonction de la distance à
la granodiorite.
Fig. 3. — Samples close to the granodiorite=correlation between FeO, Fe2O3, Fe total as Fe2O3, CaO, MnO
and the oxidation ratio of iron. 3 c, Correlation between the oxidation ratio of iron and the distance to the
granodiorite.
Fig. 4. — Variations de la teneur en carbone organique en fonction du taux d'oxydation du fer (symboles, cf.
fig. 2). Zone hachurée= schistes noirs ayant évolué en système fermé pour l'oxygène (d'après [15]).
Fig. 4. — Variations of the content in organic carbon as a function of the oxidation ratio of iron (symbols as in
Figure 2). Hatched area=graphite-bearing schists having evolved as systems closed to oxygen (after [15]),
Fig. 5. — Composition chimique de calcaires et d'argilites de la série des Jebilet (fer total comme Fe2O3, P.F.
perte au feu). Les échantillons; choisis, bien que de composition chimiquetrès voisine, ont un taux d'oxydation
du fer très différent en fonction de leur localisation.
Fig. 5. — Chemical composition of shales and limestones from the Jebilet series (Fe total as Fe2O3, P.F. ignition
loss). The samples selected have very contrasted oxidation ratios of iron, depending on their location, although
they are chemically similar.
I
PLANCHEI/PLATE CLAIRE RAMBOZ
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985 935

qui ont évolué en système clos dans le métamorphisme régional conservent un caractère
réducteur marqué, avec un taux d'oxydation du fer < 14 compatible avec la présence
d'ilménite, de magnétite et l'absence d'hématite. Il apparaît donc (fig. 4) que le contenu
en oxygène des échantillons étudiés n'est pas représentatif du contenu en oxygène originel,
diagénétique, mais résulte plutôt de processus métasomatiques surimposés et qui ont
transféré de l'oxygène à toute la série. Les pourcentages en poids de Fe2O3 et FeO de
tous les échantillons sont respectivement corrélés positivement et négativement avec le
taux d'oxydation du fer de la roche, en bon accord avec l'interprétationd'une oxydation
massive de la série. Alors qu'apparaît une corrélation négative entre le fer total et le taux
d'oxydation du fer des échantillons prélevés autour de la granodiorite (fig. 3d), ces
paramètres varient de façon aléatoire dans tous les autres échantillons (fig. 2e).
Schistes et calcaires autour de Sidi Bou Othmane. — Dans ces échantillons prélevés
loin de la granodiorite, on n'a observé aucune corrélation entre le taux d'oxydation du
fer et l'un quelconque des éléments majeurs dosés (cf. fig. 2 e), y compris le carbone
(fig. 4). Le taux d'oxydation du fer de ces roches est donc bien indépendant de l'histoire
sédimentologique précoce de la série, telle qu'elle se marque dans la composition: en
éléments majeurs (voir par exemple [15]). En revanche, le taux d'oxydation du fer est
dépendant de la localisation géographique (fig. 1) : (1) Les échantillons anormalement
oxydés sont tous situés dans la zone déformée. Ceci prouve que le cisaillement ductile a
constitué un drain privilégié pour les fluides ([3], [5]). Les échantillons 101 et 123 sont
éloignés des droites de corrélation entre FeO et O.R. et Fe2O3 et O.R., parce qu'ils sont
moins oxydés que les autres échantillons. Ce sont des quartzites qui ont été probablement
moins affectés par les circulationshydrothermales, parce qu'ils sont devenus imperméables
lors de la recristallisation dynamique. (2) Les échantillons prélevés en un même endroit
ont un taux d'oxydation voisin, quelle que soit leur composition chimique (fig. 1). Les
échantillonschimiquement voisins sont différemment oxydés selon leur origine géographi-
que (fig. 5). (3) Le taux d'oxydation du fer des roches décroît lorsque l'on s'éloigne de
la zone déformée (fig. 2f). (4) On remarque enfin que les droites de corrélation entre
Fe2O3 et O.R. et entre FeO et O.R. ont des pentes distinctes pour les argilites et pour
les calcaires seulement du fait de la moindre teneur en fer des calcaires (fig. 2a à 2 d).
Les droites de corrélation entre FeO et O.R. pour les argilites et pour les calcaires
convergent pour les échantillons dont le fer a subi l'oxydation la plus forte, c'est-à-dire
pour les schistes et les calcaires directement en contact dans les zones riches en graphite.
Les cornéennes autour de la granodiorite. — On observe des corrélations négatives entre
le taux d'oxydation du fer et certains éléments majeurs de ces roches : Fe2O3 total,
MnO, CaO (fig. 3d à 3 f), Na2O (non représenté). Ces données ne sauraient traduire que
l'état d'oxydation du fer de ces roches est directement hérité de l'histoire sédimentaire : les
cornéennes à graphite ont un taux d'oxydation du fer anormalement haut (12<O.R. <55;
fig. 4) et ont donc, elles aussi, subi une métasomatose importante. Au reste, en raison
du comportement de Mn3+ et Fe3+ lors de la sédimentation, les corrélations entre Fe2O3
total et O.R. et MnO et O.R., quand elles sont héritées de l'histoire sédimentaire précoce,
sont positives [15] à l'inverse de ce qui est observé ici (fig. 3d, 3 f). La figure 3 c montre
qu'à l'échelle de la centaine de mètres, les échantillons sont d'autant plus réduits qu'ils
sont proches de la granodiorite. Ces données illustrent une réduction du fer qui est
classique dans les auréoles thermiques [15]. Il faut conclure que les cornéennes ont subi
à l'instar des autres échantillons, une métasomatose ayant oxydé le fer avant la mise en
place de l'intrusion, c'est-à-dire au cours du métamorphisme prograde. Puis elles ont été
936 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985

réduites de façon inversementproportionnelle à leur distance à l'intrusion. Les corrélations


observées résultent simplement du fait que les échantillons ont été prélevés en deux
points, et qu'en chacun des points, ils étaient géochimiquementvoisins.
CONCLUSIONS.

(1) Dans les Jebilet Centrales, les calcaires et les schistes graphiteux
dans la zone de cisaillement ductile n'ont pu évoluer en système clos pour l'oxygène, en
raison de leurs taux d'oxydation du fer anormalement élevés. (2) Un flux de fluides
oxydants s'est donc produit dans cette zone à la faveur du gradient thermique important
et de la forte perméabilité créée par la déformation ductile. (3) La circulation hydrother-
male est contemporaine de la phase prograde du métamorphisme qui accompagne la
mise en place des granites post-viséens, conclusion que confirme l'étude de la zonation
chimique des grenats des skarns de Sidi Bou Othmane [12]. (4) Les roches les plus
oxydées sont de part et d'autre du contact entre schistes et calcaires, loin des zones de
déformation maximale. Cette discontinuitélithologique a donc joué un rôle prépondérant
pour favoriser les réactions chimiques libérant l'oxygène fixé par la roche : elle a pu
constituer un drain naturel pour les fluides [10] et surtout elle a permis de générer
localement des gradients de potentiel chimique élevés [16]. (5) Les zones les plus riches
en graphite sont aussi les plus oxydées. Ceci pourrait suggérer qu'une partie du graphite
des roches a pu précipiter directement à partir d'un fluide par réaction entre espèces
moléculaires CO, CO2, CH4 impliquant la libération d'oxygène (cf. [17]). Dans l'encais-
sant des mines de graphite, Fe3+ se trouve dans les grenats titanifères et dans les
clinopyronènes [12]. En se basant sur l'étude des inclusions fluides dans les quartz
sécants [10] et sur les conditions de stabilité des titandradites [18], on peut préciser que,
dans le cas étudié, les roches oxydées et riches en graphite se sont formées à des fugacités
d'oxygène globalement très faibles (fo2 = 10- 30 bar, T=500°C).
Remise le 16 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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1982, p. 229-231.

C. R. Centre de Recherches pétrogrqphiqueset géochimiques (C.R.P.G.),


:
B.P. n° 20, 54501 Vandoeuvre-lès-NancyCedex;
A. B. : Département de Géologie, Faculté des Sciences de Marrakech,
boulevard de Safi, Marrakech, Maroc.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985 937
STRATIGRAPHIE(MICROPALÉONTOLOGIE). — Age paléocène de la Formation
des Madeleines de la région de Dakar (Sénégal). Note de Yves Bellion, Josiane Ausseil,
Jean-Paul Colin, Roger Jan du Chêne, Ramsy Khatib, Ivan de Klasz, Sandrine de Klasz,
Katharina Perch-Nielsen, Pierre Saint-Marc et Raphaël Sarr, présentée par Michel
Durand-Delga.

La Formation des Madeleines de Dakar (Sénégal) est attribuée au Paléocènedepuis les travaux de recherche
pétrolière effectués au Sénégal à partir des années 50. Dans la nouvelle édition du Lexique stratigraphique
international, publiée en 1983, Reyment [1] lui prête cependant un âge maastrichtien. Une étude récente des
microfaunes, nannoflores et palynomorphes permet de lui assigner en fait un âge paléocène inférieur et moyen.

STRATIGRAPHY (MICROPALEONTOLOGY).— On the Palaeocene age of the Madeleines Formation


of Dakar (Senegal).
The Madeleines Formation of Dakar (Senegal) is generally considered as Palaeocenesince petroleum exploration
programmes carried out in the 1950 s. In the Lexique stratigraphique international, new series (published in
1983), Reyment [1] assigns a Maastrichtian age to these rocks. A recent study of the microfauna, palynomorphs
and calcareousnannoplanktonallows as a matter of fact to attribute them a lower to middle Paleocene age.

I. INTRODUCTION. Le bassin sédimentaire sénégalais est largement masqué par des



recouvrements quaternaires. Le Paléocène est cependant connu dans diverses zones et en
particulier dans la ville de Dakar. Depuis le début du siècle, il a donné lieu à de
nombreuses recherches et publications ayant elles-mêmes fait l'objet d'un inventaire
historique auquel nous renvoyons [2].
Les premières déterminations spécifiques de petits Foraminifères datent des années 50
dans des rapports inédits de diverses sociétés (S.A.P., S.P.S., B.R.G.M., etc.). Les travaux
micropaléontologiques publiés ne paraissent que dans les années 60 ([2] à [7]) ou plus
tard [8].
Dans les falaises côtières de Dakar s'individualisent différentes formations sédimentaires
qui, à la suite des travaux d'exploration pétrolière des années 50 et 60 ([2], [4] à [6]) ont
été attribuées au Paléogène. On distingue ainsi classiquement: les Formations de la Plage
de l'Anse Bernard et de la Poudrière (Éocène moyen); les Formations de la Prison et de
l'Hôpital (Éocène inférieur) enfin la Formation des Madeleines (Paléocène).
En 1983, Reyment [1] confère aux trois formations inférieures des âges maastrichtien
(F. de la Prison), crétacé terminal (F. de l'Hôpital) et paléocène (F. des Madeleines),
sans fournir d'arguments stratigraphiques.
La Formation des Madeleines, qui nous intéresse plus particulièrement ici, est essentielle-
ment constituée d'argiles à rares intercalations silteuses ou calcaires; discordante sur le
Maastrichtien, elle est surmontée, également en discordance, par la Formation de l'Hôpital
([5] et [9]). Son épaisseur atteint 75 à 100 m dans les sondages et elle affleure principale-
ment à l'Ouest, dans l'Anse des Madeleines, sur une vingtaine de mètres de puissance.
II. OBSERVATIONS MICROPALÉONTOLOGIQUES RÉCENTES. En mars 1983 et mai 1984,

nous avons échantillonné dans l'Anse des Madeleines, près du « Club des Antillais »,
des niveaux subhorizontaux affleurant à la base d'un versant presque entièrement masqué
par des éboulis. Ces niveaux consistent en 5 à 6 m d'argiles gris-noir feuilletées. En juin
1984, une seconde coupe a été levée à la Pointe Diop, sur le bord méridional de la plage
des Madeleines : elle comporte 16 m d'alternances de marnes bariolées et de marnes gris
jaunâtre.

0249-6305/85/03010937 $ 2.00 © Académie des Sciences


938 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985

TABLEAU

(1) Foraminifères (J. A.-B., I. K., S. K., P, S.-M., R. S.).


-
(a) Coupe du « Club des
Antillais ». — La microfaune planctonique, abondante et bien conservée, est largement
dominée par Globigerina triloculinoides Plummer et Globorotalia pseudobulloides (Plum-
mer). A l'extrême base de la coupe nous avons également identifié: Globigerina fringa
Subbotina, Globorotalia compressa (Plummer). Au-dessus Ga. fringa disparaît et Globorota-
lia inconstans (Subbotina),Gt. trinidadensis (Bolli), Clavatorella n. sp., Chiloguembelina
midwayensismidwayensis(Cushman), Chg. morsei (Kline), Chg. subtriangularis Beckmann
et Bifarina nodosaria White font leur apparition.
(b) Coupe de la Pointe Diop. — Les Foraminifères planctoniques sont très rares sauf à
la base de la coupe. Dans les premiers mètres, la microfaune planctonique comprend :
Globorotalia pseudobulloides, Gt. trinidadensis, Gt. cf. inconstans, Gt, uncinata Bolli, Globi-
gerina triloculinoides. Dans les deux tiers supérieurs ont été identifiés: Globorotalia
angulata (White), Gt. cf. pseudobulloides et Ga. triloculinoides.
La distribution stratigraphique des espèces les plus significatives dans les coupes
étudiées est indiquée dans le tableau, établi d'après les travaux de divers auteurs ([10] à
[14]).
A la base de la coupe du « Club des Antillais », la coexistence de Ga, fringa et Gt.
compressa indique la partie moyenne de la zone P 1 de Blow [12]. Au-dessus l'apparition
de Gt. trinidadensis est significative du sommet de P 1. La coupe du « Club des Antillais »
correspondrait donc au Danien moyen.
Avec la présence simultanée de Gt. trinidadensis et de Gt. uncinata, la base de la section
de la Pointe Diop représente le début du Paléocène moyen (zone P2 de Blow, Danien
supérieur) et constitue donc la suite de la série du « Club des Antillais ». Quand aux
deux tiers supérieurs de cette coupe l'association Gt. angulata-Gt. uncinata les situe dans
la zone P3 de Blow (partie supérieure du Paléocène moyen).
Les nombreuses espèces benthiques (près de 180) comprennent, comme l'ont noté les
auteurs précédents ([2], [4] à [6]), beaucoup de formes de la « Lizard Springs Formation »
de Trinidad (Paléocène à Eocène inférieur: P 1-P 10), mais aussi de la « Velasco
Formation » du Mexique (Paléocène) et du « Midway Group » (Danien à Thanétien
basai: P1-P3) de la « Gulf Coast » des États-Unis. Toutefois l'association benthique
donne une impression d'ensemble fort différente d'une population du Midway basai de
l'Arkansas que nous avons pu examiner; les similitudes sont beaucoup plus marquées
avec les échantillons de la « Lizard Springs Formation » que nous avons vus et avec les
faunes des sondages D.S.D.P. de l'Atlantique Sud étudiés par Proto-Decima et Bolli [15].
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13,1985 939

(2) Ostracodes (J. P. C.). — La plupart des échantillons étudiés (coupe du « Club des
Antillais ») ont livré une faune d'Ostracodes bien conservée, relativement riche et diversi-
fiée, caractérisant un milieu nettement bathyal. La microfaune est dominée par des genres
lisses présentant peu de valeur du point de vue biostratigraphique : Krithe spp., Cytherella
spp., Bairdioppilata sp., Argilloecia sp., Macrocypris sp., Cardobairdia sp., Pontocyprella
sp.
Il est important de noter pour la première fois en Afrique de l'Ouest la présence de
représentants des genres Abyssocythere Benson, avec une espèce présentant des affinités
avec Ab. trinidadensis (Bold) [16] de l'Éocène de Trinidad, Atlanticythere Benson,
« Hyphalocythere » Benson ainsi qu'Echinocythereis dont il s'agirait de la plus ancienne
espèce connue, le genre Echinocythereis s. s. n'étant connu jusqu'à présent qu'à partir du
Paléocène supérieur en Europe méridionale et aux États-Unis. Il faut aussi mentionner
la présence du genre Hermanites avec une espèce lisse, fortement apparentée à Hermanites
gibsoni Hazel du Danien des États-Unis [17]: Phacorhabdotussangalkamensis Apostolescu,
espèce décrite dans le Danien du Sénégal (Zone à Globigérines dès auteurs) [3], est bien
représentée dans la plupart des échantillons.
(3) Nannofossiles calcaires (K. P.-N.). — Les nannofossiles calcaires sont rares dans
l'échantillon le plus bas, mais communs à abondants dans les autres prélèvements de la
coupe du « Club des Antillais ». La préservation des coceolithes est médiocre. La présence
de très rares Chiasmolithus danicus et de Cruciplacolithus edwardsiinous permet d'assigner
ces échantillons à là zone à C. danicus (NP 3 de Martini) [18] d'âge Danien moyen
à supérieur. L'assemblage contient aussi Biantholithus sparsus, Chiastozygus ultimus,
Cruciplacolithus primus, Neochiastozygus sp. et Placozygus sigmoides. Les assemblages
sont dominés en nombre par Ericsonia cava. Ils contiennent aussi des fragments de
Thoracosphaera operculata, assez communs, et d'E. subpertusa, présents en nombre varia-
ble, tandis que Braarudosphaerabigelowii est très rare et absente dans plusieurs échantil-
lons. Cet assemblage correspondrait donc à l'association à E. subpertusa que Haq et
Lohmann [19] ont trouvée dans la zone NP3, dans l'Atlantique Sud et dans la mer des
Caraïbes.
(4) Palyno-plancton (R. J. du G.). — Les échantillons étudiés ont révélé une microflore
relativement mal préservée, dominée par les kystes de Dinoflagellés. Certaines formes sont
dominantes: Operculodinium sp., Impagidinium spp. La plupart des espèces rencontrées
caractérisent le Paléocène ou l'Éocène inférieur : Fibrocysta bipolare, Aeroligera senonensis,
A. volata, Cordosphaeridium inodes, Muratodinium fimbriatum, Ceratiopsis diebeli,
C. striata, Deflandrea bolonensis, Senegalinium sp. Seul Danea mutabilis (rare) possède
une extension stratigraphique restreinte au Danien. D'autres espèces,caractéristiques du
Paléocène inférieur, telles que Palaeoperidinium pyrophorum, Alisocysta circumtabulata,
A. reticulata, Duosphaeridium sp,, n'Ont pas été rencontrées dans les échantillons étudiés.
De même, les formes caractéristiques du Maastrichtien (Dinogymnium sp., Palynodinium
gralator,etc.) sont absentes.
Les pollens et spores sont rares, seules quelques formes attribuables aux Proteacées
ayant été recentrées.
III. CONCLUSION. Ainsi les arguments tirés des divers groupes inventoriés(Foramini-

fères, planctoniques et benthiques; Ostracodes; nannoplancton, palyno-plancton) concor-
dent pour attribuer un âge palépcène inférieur et moyen à là Formation des Madeleines.
L'âge maastrichtien proposé sans argumentation par Reyment est à rejeter.
Reçue le 3 septembre 1985, acceptée le 16 septembre 1985.
940 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985

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Y. B., R. K. et R. S. : Département de Géologie,


Faculté des Sciences, Dakar-Fann, Sénégal;
J. A. : Laboratoire de Recherches de Sédimentologie marine,
avenue de Villeneuve, 66025 Perpignan;
J. P. C. et R. J. du C. : ESSO-EPRE, 213, cours Victor-Hugo, 33321 Bègles;
I. de K. et S. de K. : Départementdes Sciences de la Terre,
B. P. n° 322, Abidjan 04, Côte-d'Ivoire;
K. P.-N. : Geologisches Institut,
E.T.H. Zentrum, CH8092 Zürich, Suisse;
P. S.-M. : Centre de Recherches micropaléontologiquesJean-Cuvillier,
Université de Nice, parc Valrose, 06034 Nice Cedex.
C. R, Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985 941

CLIMATOLOGIE. Sur la sécheresse au Sahel d'Afrique de l'Ouest. Une rupture



climatique dans les séries pluviométriques du Burkina Faso (ex Haute-Volta). Note de
Jean-Pierre Carbonnel et Pierre Hubert, présentée par Georges Millot.

La sécheresse actuelle du Sahel correspond à une phase climatique nouvelle d'après l'analyse statistique des
séries pluviométriques de longue durée (depuis 1920) du Burkina Faso. La date de 1971 peut être proposée
comme le début de cette phase nouvelle. Les conséquencesde cette rupture sur les équilibres biologiques, la
désertification et les aménagements sont envisagés. Méthode d'étude et succession des phases climatiques
doivent être révisées.

CLIMATOLOGY. — About drought in. West African Sahel. A climatic shift in pluviometric series in
Burkina Faso (formerly Upper Volta).
The présent drought in Sahel corresponds to a new climatic phase in the statistical context of long time

revisited.
rains-series (from 1920) of Burkina Faso. 1971 can be suggested for the beginning of this new period. The
consequences of this jump on biological equilibrium, desertification and waterprojects are discussed. Statistical
methods and climatologicalphaseshave to be

I. INTRODUCTION LES VARIATIONS CLIMATIQUES AU SAHEL. Les pays africains du Sahel



sont caractérisés par une extrême variation de leurs paramètres climatiques dans l'espace
et dans le temps [1]. L'existence, en un site donné; de périodes de sécheresse est donc
normale [2]; Il s'agit de périodes où les précipitations sont inférieures aux précipitations
moyennes de la station. C'est cette pluviométrie moyenne qui permet de caractériser
l'aridité locale. De nombreux travaux ont été entrepris pour bâtir des modèles à partir
des fréquences et de la durée de ces périodes de sécheresse. De nombreux chercheurs [3]
ont tenté de mettre en évidence des périodicités, à partir desquelles on puisse faire des
prévisions. Mais il n'a pas pu être démontré que ces fluctuations cycliques expliquaient
l'évolution des précipitations [4]. Les modèles, ne faisant pas intervenir de périodicité,
soit purement aléatoires, soit faisant appel à une mémoire à court terme ([5], [6]) ne
peuvent pas rendre compte de la persistance de la période sèche actuelle [7] qui diffère des
périodes sèches antérieures, aussi bien par sa durée que par son extension géographique.
On est donc amené à s'interroger sur l'éventualité d'une modification plus importante
du climat dans le sens d'une augmentation de l'aridité. Cette hypothèse est d'ailleurs
confortéepar une modification de la structure de la saison des pluies. Les travaux récents
de l'un d'entre nous ([6], [8], [9]) ont, en effet, permis de mettre en évidence que la
sécheresse des 15 dernières années était à mettre en relation avec la raréfaction, voire la
disparition des pluies journalières supérieures à 40 mm, que l'on peut relier aux amas
nuageux mobiles ou lignes de grains formant 80 % de la pluviométrie sahélienne [10].
Cette constatation suggère que les mécanismes de contrôle de la convection profonde
seraient à la base de révolution climatique actuelle. Quelles que soient les causes de cette
perturbation dans la genèse des lignes de grains, elles dépassent largement les facteurs
locaux et on peut envisager un changement profond dans l'équilibregénéral des masses
d'air intéressant la zone intertropicale.
H. MÉTHODE D'ÉTUDE. Pour éprouver cette-hypothèse d'une rupture climatique, nous

avons appliqué une méthode bayesienne de détection de changement de moyenne dans
Une série chronologique,méthode définie par Lee et Heghinian [11].
III. RÉSULTATS.— Nous avons appliqué le test de Lee et Heghinian à des séries
pluviométriques du Burkina Faso (ex Haute-Volta).

0249-6305/85/03010941$2.00 ©Académie des Sciences


942 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985

TENKODOGO ( BURKINA FASO )

Fig. 1. — Station de Tenkodogo (Burkina Faso). Probabilité de rupture dans la série des pluies annuelles. La
première colonne contient la probabilité que la rupture ait lieu entre l'année correspondante (3e colonne) et
l'année suivante. Cette probabilité est visualisée à droite à raison d'un astérisque par point de probabilité.
La secondé colonne contient les précipitations annuelles exprimées en millimètres, qui sont visualisées à
droite par une ligne brisée.
Fig. 1. — Tenkodogo station (Burkina Faso). Probability of a jump in the annual rain series, The first column
contains the probability that the jump takes place between the corresponding year (third column) and the next
one. This probability is displayed on the right, with one asterisk for one percent of probability. The second
column contains annual precipitation in millimeters, which are displayed on the right by a broken line.

Avec la station de Tenkodogo (11°46N-00°23W),nous possédons une des plus longues


séries (1922-1983, la moyenne sur cette période est de 927 mm) (fig. 1). Le test montre
C. R. Acad, Sc. Paris; t.301,Série II, n° 13, 1985 943

Fig. 2. — Probabilité de rupture dans les séries pluviométriques annuelles de dix stations du Burkina Faso de
1940 à 1983. La dernière colonne contient la probabilité moyenne calculée à partir des dix stations. Cette
probabilité est visualisée à droite par un diagramme en bâtons.
Fig. 2. — Probability of a jump in the annual rain series of ten stations of Burkina Faso from 1940 to 1983. The
last column contains the mean probability computed from the ten stations. This probability is displayed on
the right chart.

que la probabilité de cassure dans la série est maximale en 1972 (0,25) et qu'elle se
concentre presque complètement entre 1967 et 1978 (0,87).
Nous avons étendu ce travail à dix stations représentatives des différentes zones
climatiques du Burkina Faso, en ne considérant que la période de 1940-1983 commune à
toutes les séries. La figure 2 présente ces dix stations et la moyenne des probabilités de
cassure de l'ensemble des séries. Le spectre est ici plus étendu qu'à Tenkodogo, mais
présente néanmoins un maximum bien accentué vers 1970 et 1971.
Le test utilisé recherche une cassure localisée dans le temps et il est bien évident que le
phénomène de modification climatique envisagé ne s'est pas installé instantanément. Ceci
explique la répartition de la probabilité de cassure de la fin des années 1960 aux
années 1970.
IV. CONCLUSIONS ET CONSÉQUENCES : UNE RUPTURE CLIMATIQUE AU SAHEL. — 1. La pre-
mière conclusion de ce travail est la mise en évidence d'une rupture climatique qui serait
944 C R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985
intervenue entre 1966 et, 1972. Cette rupture apparaît à partir de tests statistiques, mais
elle est corroborée par d'autres faits d'observations. Tout d'abord, c'est au cours de cette
période que les pluies journalières supérieures à 40 mm se raréfient ([8], [9]). C'est aussi
aux alentours de 1966-1970 que l'on observe une modification de la structure temporelle
de la mousson (travail en cours). A l'échelle du Burkina Faso dont la superficie est de
274 200 km2, il est raisonnable de distinguer deux périodes distinctes dans les séries
pluviométriques. Nos travaux permettent d'opposer la période se terminant en 1970 à la
période débutant en 1971.
2. Il n'est plus possible de considérer les séries pluviométriques comme stationnaires
(statistiquementhomogènes), susceptibles d'un traitement statistique unique; c'est certaine-
ment ce qui explique les difficultés auxquelles se heurtent toutes les tentatives de modélisa-
tion de ces séries. On devra maintenant tenir compte de l'existence de périodes sèches
prolongées, comme celle qui sévit depuis 15 ans et pour laquelle la chute globale de la
pluviométrie atteint 30% en moyenne sur cette zone sahélo-soudanienne. Cette réalité
statistique est décelable à différentes échelles : annuelle, saisonnière et journalière.
3. Les conséquences de cette phase climatique nouvelle intéressent les équilibres biologi-
ques et la vie des hommes. En effet, cette nouvelle zonalité climatique (l'isohyète 500 mm
s'est déplacé vers le Sud de 2° de latitude entre les décennies 1950 et 1970) contrôle les
potentialités biologiques et les aires de répartition végétales et animales; ceci affecte les
ressources alimentaires. De plus, les phénomènes de désertification doivent être l'objet
d'un nouveau regard : si le rôle de l'homme est indéniable, il se superpose à un phénomène
« naturel » sur lequel l'homme n'a aucune prise. Enfin, la politique des aménagements
(barrages, ponts, irrigation...) devrait être fondée sur de nouvelles normes. En effet, nous
nous trouvons, non pas devant des années de sécheresse exceptionnelles mais, à la suite
d'une rupture, dans une nouvelle phase climatique éventuellement durable, et caractérisée
par une plus grande aridité.
Remise le 16 septembre 1985.

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J.-P. C. : Départementde Géologiedynamique, U.A. n° 387,


Université Pierre-et-Marie-Curie,4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05;
P. H. : Centre d'Informatiquegéologique,
École des Mines de Paris, 35, rue Saint-Honoré, 77305 Fontainebleau.
C. R. Acad; Sc. Paris,t.3Série
01,
II,

13,Série
301, II, n° 13, 1985 945I, n° 2

PALÉONTOLOGIE. modifications de l'environne-


— Des Lingulafossiles, indicateurs de
ment dans un gisement du Dévonien inférieur du Spitsberg. Note de Daniel Goujet et
Christian C. Emig, présentée par Jean Piveteau.

Les conditions de fossilisation des Lingula ont permis de confirmer l'origine marine du paléoenvironnement
d'un gisement dévonien du sommet de la Formation de Wood-Bay au Nord du Mont Garborg (Ekmanfjord,
Spitsberg), contrairement aux interprétations classiquementavancées. Ce gisement à Lingula (en valves séparées),
situé dans la zone littorale, a probablement subi une forte déssalure, due à de fortes pluies et/ou une crue de
fleuve, avec un fort apport sédimentaire ayant permis la fossilisation des valves. Ce phénomène catastrophique
s'est produit vraisemblablement en quelquesjours.

PALEONTOLOGY.— Fossil Lingula, as indicator of environmental changes in a Lower Devonian locality


in Spitsbergen.
The marine origin of the paleoenvironment in a Devonian locality of the top of the Wood-Bay Formation, north
of Mount Garborg (Ekmanfjord, Spitsbergen), is corroborated by the analysis of Lingula fossilization. This
Lingula bed (in flat-laying valves) occured in the littoral zone through effect of low salinity waters, probably due
to strong rain and/or river swelling, with high rate offine-sand sedimentation leading to valve preservation. This
catastrophic event is likely to have occured only in few days.

INTRODUCTION ET CADRE GÉOLOGIQUE. — Les conditions de fossilisation des Lingules,


Brachiopodes inarticulés suspensivores endobiontes, sont un élément important dans les
analyses paléoécologiques; elles permettent en particulier de reconnaitre les modifications
subies par l'environnement [1]. A partir de ces conditions de fossilisation et en supposant
que le mode de vie des Lingules actuelles est un modèle transposable dans le passé, nous
essaierons de préciser l'origine marine ou dulçaquicole du paléoenvironnement du gise-
ment Dévonien du Nord du Mont Garborg dans l'Ekmanfjord(Spitsberg).
Ce gisement, qui correspond stratigraphiquement au sommet de la Formation de Wood
Bay, a livré une faune de Poissons et d'Agnathes caractéristiquede la Division faunistique
de Stjçirdalen, définie initialement dans la région du Woodfjord (fig.). A la différence
des affleurements du Nord, la localité considérée ici a livré en outre des valves éparses
de Lingula, abondantes et relativement bien conservées dans leur forme [2], malgré une
altération superficielle du phosphate de calcium qui les constitue.
CADRE STRATIGRAPHIQUEET SÉDIMENTOLOGIQUE. — La Formation de Wood Bay, dans
laquelle est situé notre gisement ( fig.), correspond à la molasse post-calédonienne([3], [4]).
Elle s'est déposée entre le Dittonien et le sommet de l'Emsien. Les sédiments détritiques
qui la composent exclusivement se sont accumulés sur plus de 3 000 m du Sud vers le
Nord et de l'Ouest vers l'Est dans un fossé d'effondrement qui fonctionna vraisemblable-
ment comme un rift actif durant tout le Dévonien inférieur.
La nature alluviale (ou deltaïque) de ces dépôts de type « Vieux Grès Rouges » et
surtout l'absence d'Invertébrés marins avérés ont conduit Friend et Moody-Stuart [5], à
la suite d'autres auteurs [6], à considérer que la Formation de Wood Bay s'est déposée
en eau douce dans un bassin intermontagneux. Cette interprétationest celle classiquement
avancée pour les sédiments du Vieux Grès Rouge inférieur britannique qui sont utilisés
implicitement comme référence dans tout le domaine calédonien ([7], [4]).
Dans la localité à Lingules, la roche fossilifère consiste en un grès micacé assez fin, de
couleur rouge brique, alternant avec du verdâtre clair, selon l'état d'oxydation du fer
qu'il contient. Les grains anguleux de quartz et les nombreux micas non altérés qui
composent ce grès traduisent un remaniement faible et un taux de sédimentation rapide.
La rubéfaction est interprétée comme le résultat de l'action des agents atmosphériques

0249-6305/85/03010945 $ 2.00 © Académie des Sciences


946 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985

Carte géologique schématique de la région de l'Ekmanfjord. La localité fossilifère a Lingula est indiquée par
une étoile. 1, Carbonifère; 2, Dévonien, Formation de Wood Bay (Division de Stj0rdalen); 3, Moraines,
cailloutis et alluvions.
Geological sketch map of the Ekmanfjord area. The fossiliferous locality with Lingula is marked with a
star. 1, Carboniferous; 2, Devonian, Wood-Bay Formation (Stji/irdalen Division); 3, Moraines, gravels and
alluvial deposits.

dans un régime climatique alterné chaud, comme dans les régions tropicales
il en existe
ou tempérées chaudes actuelles [8]. Les effets climatiques sont d'autant plus marquants
que le couvert végétal au Dévonien inférieur était sinon existant, du moins peu dense :
seules les Psilophytales, guère plus hautes que des plantes herbacées actuelles, croissaient
à proximité des zones inondées.
La découverte de Lingules a conduit l'un d'entre nous [2] à rejeter l'interprétation d'un
dépôt d'eau douce et à proposer de considérer la Formation de Wood Bay comme un
sédiment marin, compte tenu non seulement de la présence des Brachiopodes (découverts
pour l'heure en une localité unique), mais aussi de celle de traces fossiles attribuables à
des Trilobites, qui sont d'ailleurs fréquentes au sein de l'ensemble de la Formation.
Cette conclusion méritait cependant d'être revue à la lumière de nos connaissances des
Lingules actuelles, car, si ces dernières ne vivent qu'en milieu marin [9], la nature des
sédiments du Spitsberg, en particulier la haute énergie cinétique qui a présidé à leur
dépôt, montre que des cours d'eau n'étaient pas étrangers à de telles accumulations de
sable et de conglomérats fins. C'est ici que le mode de fossilisation des Lingules prend
toute son importance.
MODE DE FOSSILISATION ET PALÉOENVIRONNEMENT DES LINGULES. — De nos jours, même
dans les endroits où les Lingules sont en forte densité, il est rare de retrouver dans le
sédiment environnant des coquilles ou des valves isolées; très fragiles, celles-ci subissent
une désagrégation rapide dans les conditions naturelles ([10], [11]).
Dans les blocs de grès du Mont Garborg, les coquilles sont fossilisées en valves
séparées, à plat dans les plans de stratification obliques marquant le sens dominant du
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985 947

courant de sédimentation. Ce mode de fossilisationimplique une sortie du terrier prélable


à l'ensevelissement des coquilles. De nos jours, ce phénomène peut être provoqué par les

facteurs suivants ([1], [10], [11]) :


(1) baisse prolongée de la salinité en dessous de 25 à.20 0/00;

supérieur à 0,5 mm);


(2) apport sédimentaire en particules grossières non colmatées (diamètre des grains

(3) démantèlement du substrat par une tempête exceptionnelle ou un cyclone. Le


substrat fossile est ici assimilable à un sable fin : c'est l'un des sédiments préférentiels
desLingules actuelles [12] et nous pouvons supposer que ces conditions prévalaient aussi
au Dévonien [1], ce qui nous conduit à éliminer le deuxième facteur envisagé ci-dessus.
Les effets des deux autres facteurs, parfois conjugués, ne se font sentir que dans la zone
littorale, près de la côte.
CONCLUSIONS.

L'analyse du gisement fossile montre que celui-ci a subi des apports
successifs de sédiments sableux fins de nature alluviale, confirmée par la présence de
Psilophytales, d'origine terrestre, brisées et arrachées lors de brusques décharges sédimen-
taires: On peut donc penser que ce biotope à Lingules, situé en zone littorale, a subi une
forte déssalure, due à de fortes pluies ou/et une crue de fleuve, prolongée pendant
plusieurs jours pour provoquer la mort des Lingules. De tels phénomènes se produisent
actuellementen zone intertidale ou sous faible hauteur d'eau dans les régions intertropica-
les, phénomènes observés récemment dans des localités à Lingules à Hawaï ou en
Nouvelle-Calédonie, par exemple. Les apports sédimentaires successifs ont assuré la
protection des valves et leur fossilisation sur place, peut-être sous eau douce ou après
émersion du substrat.
Les Lingules sont donc, dans ce gisement, indicatrices d'une modification du biotope,
passant d'une eau marine, peut-être avec une salinité relativement; fluctuante, à une eau
fortement déssalée, responsable de la mort des Lingules, ce qui implique que les couches
sous-jacentes au gisement étaient nécessairement « marines ». Le gisement fossile ne peut
être interprété comme le biotope naturel des Lingules, car la fossilisation est ici le fait
d'un événement brutal, en quelques jours, qui a bouleversé ce biotope. Au contraire,
l'absence de Lingules fossiles dans les couches plus profondes de cette localité n'exclut
pas leur présence, à l'époque du dépôt, car les valves des Lingules ne sont pas fossilisées
dans des conditions normales d'existence. On peut ainsi admettre que l'influence de l'eau
douce était longtemps faible ou sporadique, lors de crues ou de pluies, d'autant que les
conditions sédimentaires semblent avoir été constantes pendant le dépôt des sédiments
dévoniens du Nord du Mont Garborg.
Des changementstectoniques ou une régression de la mer dans la partie supérieure de
ce gisement ont aussi pu « remonter ». le biotope à Lingules dans la zone intertidale ou
sous faible couche d'eau en zone deltaïque.
Remise le 23 septembre 1985.

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[12] C. C. EMIG, Lethaia, 17, 1984, p. 115-123.

D. G. : Institut de Paléontologiedu Muséum, L.A. n° 12, C.N.R.S.,


8, rue de Buffon, 75005 Paris;
Ch. C. E. : Station marine d'Endoume et Centre d'Océanographie,R.C.P, n° 728, C.N.R.S.,
rue de la Batterie-des-Lions, 13007 Marseille.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985 949

PALÉOBOTANIQUE. —Méthode nouvelle pour l'examen histologique des végétaux


fossiles à structure anatomique conservée. Note de John Holmes et Joëlle Lopez, présentée
par Edouard Boureau.

De nouvelles techniques sont présentées pour la préparation des.coupes de végétaux.à structure conservée à
partir de la méthode des peels (dépelliculations). Elles sont destinées à améliorer l'analyse histologique de
parois de cellules conductrices après déminéralisationde la coupe, éliminant ainsi des artéfacts minéraux qui
simulent l'ornementation de la paroi. Cette méthode permet notamment l'observation des mêmes cellules a la
fois au microscope optique puis au MEB et au MET. Les observations peuvent ainsi être confirmées selon
trois modes d'examen différents.

PALEOBOTANY.— A new method for histologicalstudies of permineralizedfossil plants.


New techniques are described for the preparation of sections of structurallypreservedfossil plants starting from
the well known cellulose acetate peel method. Designed for histological observation of the walls of conducting
cells, this method includes complète demineralisation of sections of carbonatepreservedplants and thus eliminates
artifacts that simulate wall sculpturing in peels. They also allow SEM and TEM observation of the same cells
previously examined optically thus enabling confirmation of cell wall patterns in three different modes.

L'étude en cours du phloème d'une Fougère à structure conservée renfermée dans les
coal balls carbonatés du Carbonifère moyen, Psalixochlaena cylindrica (Will.) Holden
([1], [2], [3]) a mis en évidence un certain nombre d'artefacts imitant des parois criblées
et a donc nécessité l'élaboration de techniques qui non seulement éliminent ces artéfacts
mais permettent également d'obtenir des résultats concordants suivant trois modes
d'examen : microscopie optique à lumière transmise, microscopie électronique à balayage
(MEB) et à transmission (MET).
Depuis près de 30 ans la technique des « peels » ou dépelliculations sériés est largement
employée par les paléobotanistes pour l'examen des structures anatomiques conservées [4].
Son succès est,dû à sa rapidité et à la possibilité d'obtention de coupes sériées selon une
orientation choisie à travers un organe avec une perte minimale de matériel. Rappelons
d'abord qu'elle consiste en une attaque acide légère (HF pour la silice, HCl pour le
carbonate) d'une surface polie. Après séchage la surface est imbibée d'acétone et une
feuille d'acétate de cellulose y est appliquée. Cette feuille ainsi ramollie enrobe et enchasse
la matière organique laissée en saillie par l'attaque, Elle peut être facilement enlevée
après quelques heures de séchage.
Loirs de l'examen du phloème de Psalixochlaena cylindrica le premier artéfact découvert
est dû à une poudre blanche qui remplit les cellules après l'attaque acide et qui est
probablement du CaCO3 ayant perdu sa structure cristalline. Cette poudre se retrouve
enfermée par l'acétate et produit l'effet d'une ornementation des parois latérales (pl. I,
fig. 4; pl...II, fig. 4) et terminales (pl. I, fig. 1). Un autre artéfact est visible (pl. I, fig, 7),
il provoque dans une: cellule phloémienne une ornementation qui ressemble à s'y mépren-
dre à celle d'un leptoïde de mousse (pl. I, fig. 6). Cet aspect est probablement dû au
chevauchement d'anneaux de diffraction autour de particules de calcite.
Les techniques décrites ci-dessous ont été élaborées de façon à éliminer ces artéfacts
optiques et à permettre des préparations MEB et MET a partir d'une série de peels sur
lesquels un repérage optique des tissus a été préalablement effectué. Ceci permet d'avoir
une confirmation des observations en trois modes d'examen différents.
0249-6305/85/03010949 $ 2.00 © Académie des Sciences
950 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985

1. PRÉPARATIONSPRÉLIMINAIRES. Le peel est collé sur une lame de verre avec de



l'Araldite commerciale et subit ensuite un bain agité de 15 mn dans l'acétone. L'acétate
est dissout laissant l'Araldite qui sert de support à la matière organique. Celle-ci ne subit
aucune modification. La lame est ensuite soumise à un nouveau bain d'acide pour enlever
le résidu carbonaté mis à découvert par la dissolution du peel. Le creux laissé par la
disparition du peel est rempli d'huile à immersion et l'examen optique peut suivre, les
objectifs à immersion trempant directement dans l'huile. Ainsi est résolu le problème de
l'épaisseur du peel qui, ajoutée à celle du couvre-objet, empêche parfois la mise au point
à certains forts grossissements lors du montage traditionnel des préparations.
La coupe est donc complètement déminéralisée et les ornementations artificielles de la
figure 1 (pl. I) ont disparu sur la figure 2 (pl. II). De même que des plages de calcite
imitant des parois perforées ont disparu sur la figure 5 (pl. II). Une véritable cartographie
optique peut être réalisée au moyen de photographies chevauchantes ce qui permet le
repérage de cellules intéressantes avant d'examiner le même spécimen soit au MEB soit
au MET.
2. PRÉPARATIONPOUR LE MEB. — L'huile à immersion est enlevée par simple lavage à
l'acétone et la préparation pour le MEB se réalise en coupant l'extrémité de la lame qui
porte le spécimen et en la collant sur un plot. Un pontage de colle conductrice est réalisé
entre le plot et la surface supérieure de la lame avant la métallisation. Les cellules à
examiner sont facilement repérées grâce à la cartographie optique et à des flèches gravées
dans l'Araldite.
La figure 3 (pl. I) montre, vue au MEB, la même paroi terminale que les figures 1 et 2
(pl. I). Quelques perforations de la paroi, de 1 um de diamètre, apparaissent qui ne sont
pas visibles en microscopie optique. La figure 6 (pl. II) confirme la présence, dans une

EXPLICATIONDES PLANCHES

Planche I

Psalixochlaenacylindrica sauf la figure 6.


Fig. 1. — Paroi terminale de cellule phloémienne montrant de faux cribles (comparer avec la figure 6) dues au
contenu calcitique CA de la coupe (false sieve areas on phloem cell end wall caused by calcite content) B31
lame n° 40 (G x 1 000).
Fig. 2. — Même cellule que la figure 1 après déminéralisation.Notez la disparition des faux cribles (same cell
as Figure 1, dissappearance offalse sieve areas after demineralisation) B31 lame n° 40 (G x 1000).
Fig. 3. — Même paroi terminale que la figure 2 vue au MEB. Notez les pores (flèches) de 1 um de large (same
end wall as Figure 2 viewed by SEM. Note 1 um pores) B31 lame n° 40 (G x 3 000).
Fig. 4. — Coupe tangentielle dans une cellule phloémienne montrant une fausse plage criblée et de nombreux
faux pores (flèches) dus au contenu calcitique du peel (tangential section ofphloem cell with false sieve area
and pores due to calcite content of peel) B31 lame n° 25 (G x 600).
Fig. 5. — Même coupe que la figure 4 après attaque acide, les faux pores ont disparu (same view as Figure 4
after acid treatment,false pores have dissappeared) B31 lame n° 25 (G x 600).
Fig. 6. — Leptoïde de Polytrichum commune. Cribles de la paroi (zones sombres) mis en évidence par la
lumière polarisée (leptoid of P. commune, sieve areas viewed by polarised light) Colin. C. Hébant, boîte 2,
n°76 (G x 2 000).
Fig. 7. Peel avec une cellule phloémiennemontrant un faux aspect criblé probablement dû au chevauchement

d'anneaux de diffraction autour de particules de calcite. Comparer avec la figure 6 (false sieve areas in peel
of phloem cell probably due to overlapping diffraction patterns, compare with Figure 6) B31 lame n° 31
(G x 2 000).
PLANCHE I/PLATE I JOHN HOLMES
PLANCHE II/PLATE II
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985 953
Psalixochlaena

Fig, 2. Coupe radiale dans



cylindrica:
Coupe dans une paroi tangentiellede parenchyme phloémien montrant;despores de 0,02 à 0,27 um,
Fig. 1.
MET (TEM section through phloemparenchyma wall) (Gx54000).
zone phloémienne.E= endoderme, CC=cellule criblée, XY xylème. Une la
Planche II

— =
coupe longitudinale de la cellule criblée fléchée est visible sur la figure 3. B117 lame n° 7-24 (longitudinal

TEM section of arrowed sieve


cell
isseen
inFigure
3)(G
x200)

800).
- Coupe au microtome dansla paroi de la cellule criblée fléchée sur la figure 2. Notez les pores P de
Fig. 3.
1 um de large et les nombreuses dépressions D dans la paroi, MET (longitudinal TEM section of sieve cell
arrowed in Figure 2) (G x 2

paroi
criblée
(radial
wall
of
sieve
cell
-
Fig. 4. Paroi radial d'une cellule criblée montrant de nombreux pores de 1 a 1,5 um. Notez la zone de
calcite CA imitantune with 1.0-1.5 um pores, note patch of calcite
700).
imitating perforated wall)B117 lame n° 7-15 (G x
-

000).
Fig. 5, Même paroi que la figure 4 après complète: Notez la zone de taches noires T et la déminéralisation
disparitionde la zone de calcite field as Figure 4 after complete demineralisation, dissappearance (same note
of patch of calcite. Compare area T with Figure 6) B117 lame n° 7-15 (Gx800).

Fig. 6. — Même paroi que les figures 4 et 5 vue au MEB. On aperçoit certains pores (flèches) qui ne sont pas
visibles au microscopeoptique. La zone taches noires (T,fig. 5) est composée de particules et non de de
is pores. Le pore P est agrandi sur la gauchede la figure 8 (same field as Figure 4, 5 viewed by SEM. Area T
particulate and not perforated) B117 7-15MEB
(G
x n°

800).
Araldite)
Fig: 7; Vue en coupe au MEB d'une paroi de cellule phloémienne traversée par un pore de 1 um (flèche).

Technique de fin polissage de la roche avant confection du peel et son transfert sur Araldite pore in (1 um
phloem cell wall, B117 lame n° 10-15
(G techniqueoffine
polishing
ofrock
before
peel
and
its
transfer
to

000).
P:
x4
Fig. 8.
petits
- Grossissement d'une partie de la figure 6 où le pore de gauche y est fléché P. Notez le groupe de
couche d'or
pores de 0,05 à 0,25um.
(flèche) Leurs
dimensions
risquent
d'avoir été modifiées par la
de 0,04 um (enlargementof arrowed pore on Figure 6) B117 lame n° 7-15'. MEB (G x 9 000).
Fig: 9.
resemblance
-
Contenu d'une cellule deparenchyme phloémien. Notez la ressemblanceavec une paroi criblée
to sieve area
(contents ofphloem parenchymacnote
ell, B31 lame n° 43 (G x 400).
-
Fig. 10. Contenu cellulairevu au MEB montrant son volume et son caractère spongieux (cell contents
viewed by SEM) (G x 2
paroi radiale de cellule phloémienne, de pores de 1 um visibles sur la figure 5 (pl. II) et

encore d'autres qui ne sont pas visibles (pl. II, fig. 6, petites flèches). Les taches noires
fléchées (T) sur la figure 5 (pl. II) pourraient être interprétées comme des petites perfora-
tions mais s'avèrent être des particules lorsqu'elles sont observées au MEB (T, pl. II,
fig:6).Parailleurs des perforations de 0,2 um, invisibles en examen optique, deviennent
apparentes dans le même champ; vu au MEB (pl. II, fig.-8) à plus fort grossissement à
côté des pores
En outre untrès fin polissage de la roche avant la confection du peel permet d'observer
au MEB les parois et leurs pores sectionnés nettement (pl. II, fig. 7) et l'on combine les
avantages de la coupe et de la profondeur de champ.
Le MEB faitapparaître
une
autre
confusion
paraître
une
autre
confusion

tation des parois duphloème.


La
figure
6
dans l'identification de l'ornemen-
pourrait s'interpréter comme une paroi
perforée de pores de faible diamètre. Il s'agit en fait d'un contenu cellulaire qui apparaît
(pl. II)
possible
(pl.
non pas dans les cellules criblées mais dans le parenchyme adjacent. Vu au MEB on

perçoitle volume et le caractère spongieux de cecontenu II,fig.10).


3.
PREPARATION POURLE Elle
MET.
-MET. s'effectue après l'examen optique, la photogra-
phie et le repérage des cellules à observer. La coupe est recouverte d'une goutte d'Araldite
954 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985

M (qualité inclusion), mise sous vide à — 1 bar pour 12 h et durcie à l'étuve 2 jours et
demi. L'inclusion d'une seule paroi cellulaire est rapide et supprime les nombreux bains
d'araldite progressivementmoins dilués.
Les parties intéressantes sont découpées au scalpel et montées sur gélule pour le passage
au microtome. L'installation d'un microscope horizontal permet de repérer le moment
où l'on coupe la cellule choisie par comparaison avec les photographies optiques déjà
prises. Ainsi la figure 3 (pl. II), représente une coupe dans la cellule criblée fléchée sur la
figure 2 (pl. II). Dans les deux figures on observe des pores de 1 um espacés de 6 à
10 um. Les dépressions D de la figure 3 ressemblent à celles de la paroi de certaines
Bryophytes [5]. La figure 1 (pl. II) montre une micrographie à transmission d'une coupe
dans une paroi tangentielle de parenchyme phloémien. On y observe des pores de 0,27 à
0,02 nm. Ces derniers risquent d'être masqués ou d'avoir leur aspect déformé par la
couche d'or (0,01 à 0,06 um) lors de l'examen au MEB.
-
4. CONCLUSIONS. Les nouvelles techniques décrites ci-dessus doivent permettre d'amé-
liorer sensiblement le domaine de l'analyse histologique fossile. Nos premières tentatives
d'études histologiques comportaient l'examen optique de peels montés dans le baume
avec les artéfacts calcitiques qu'ils renferment. Nos premières observations au MEB
s'effectuaient sur une section de tige exposée à la surface de la roche. L'identification
des tissus était difficile et l'on ne distinguait pas toujours la matière organique de la
matière minérale. Pour l'examen MET nous avions inclu des fragments de tige isolés
par macération. Ceux-ci se;fragmentaient facilement perdant souvent écorce et zone
phloémienne. Leur orientation précise sur la gélule était impossible et l'identification des
tissus très difficile. Ainsi alors que nous figurons ici (pl. I, fig. 1, 4, 7 et pl. II, fig. 9, 10)
des artéfacts précédemment susceptibles d'être interprétés comme des parois criblées,
nous démontrons également la vraie nature de la paroi criblée de cette Fougère fossile
en image optique, en électronique à balayage et à transmission (pl. II, fig. 1 à 8).
Remise le 16 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] J. HOLMES et J. GALTIER, Comptes rendus, 280, série D, 1975, p. 1071-1074.


[2] J. HOLMES, Palaeontographica:164B, 1977, p. 33-75.
[3] J. HOLMES, Palaeontographica, 176B, 1981, p. 147-173.
[4] K. JOY, A. WILLIS et W. LACEY, Ann. Bot. (Lond.), N.S. 20, 1956, p. 635-637.
[5] Figure 8 dans R. BURR, B. BUTTERFIELD et C. HEBANT, The Bryolpgist, 77, n° 4, 1974, p. 612-617.

Laboratoire de Paléobotanique,
Institut des Sciences de l'Évolution, U.A. 327 du C.N.R.S.,
U.S.T.L.,place Eugène-Bataillon, 34060 Montpellier.
C.R. Acad. Sc. Paris, t, 301, Série II, n° 13, 1985 955
MICROPALÉONTOLOGIE. primitifs
— Récapitulation ontogénique des caractères
chez Globotruncana (Foraminifère). Note de Jean-Pierre Bellier et Georgette Glaçon,
présentée par Jean Aubouin.

Mise en évidence d'un phénomène de récapitulation des caractères primitifs : forme des loges, bandeau
carénai, convexité du profil. Une étude du développement ontogénique de quelques morphotypes du genre
Globotruncana permet de déceler une succession de stades comparables à ceux qui ont déjà été décrits chez
Globorotalia.

MICROPALEONTOLOGY.— Ontogenicrecapitulation of ancestral characteristicsby Globotruncana (Fora-


minifer).
Ontogenetic recapitulation of the ancestral characteristics can be recognized: chamber shape, keel band, profile
convexity. Ontogenic development analysis of some Globotruncana morphotypes reveals a succession of steps
similar to those which have been described before within Globorotalia.

Le développement de Globotruncana area du Maastrichtien supérieur révèle un phéno-


mène de récapitulation des caratères primitifs [1] qui est mis en évidence par une étude
graphique de l'évolution de la forme des loges sur la face spirale, suivant une méthode
déjà appliquée aux Globorotalia ([2], [3] et [4]).
RAPPEL DE LA MÉTHODE. — Le contour apparent des loges de chaque test est reproduit
en observant la face spirale dans la direction de l'axe d'enroulement. Les dessins sont
ordonnés de telle sorte que les points de rencontre a et b (a', b'..) des sutures septales
et de la suture spirale des loges consécutives (fig. 1) se trouvent alignés sur une même
droite D (fig. 1-11, 15). Ne sont prises en compte ni la dernière loge N dont la forme
est souvent particulière, ni les loges internes dont les limites disparaissent sous l'ornementa-
tion. Pour chaque loge on définit également un point c à la rencontre du contour
marginal de la loge avec le septe de la loge précédente sans tenir compte de la carène
(fig. 7).
RÉSULTATS. — Dans le genre Globotruncana sensu stricto [5], les loges se classent,
d'après le dessin du contour, en deux catégories de formes P et R, susceptibles d'être
subdivisées en différents types tenant compte de la variation des paramètres ab, bc et de
l'angle â (fig. 7).
Forme P. — Loges en croissant, le contour marginal de la loge proprement dite, sans
sa carène, touche ou recoupe la droite D, les angles en a sont aigus : Type P1 : ab<bc;
type P1-2 : ab = bc; Type P2: ab > bc (fig. 6).
Forme R. — Loges pétaloïdes, le contour marginal (sans la carène) ne rencontre plus
la droite D. Si l'angle en a est aigu, on distingue, comme précédemment, les types ; R1 :
ab < bc; R1-2 : ab = bc; R2 : ab > bc (fig. 2); si l'angle â est voisin de 90°, le type R1-2-3
avec ab = bc (fig. 2) et le type R2-3 avec ab > bc (fig. 3-4); enfin si â est obtus, le type
R2-4 avec ab > bc (fig. 15).
Chez Globotruncana area, des individus du Maastrichtien terminal (fig. 5) à loges du
type R2 récapitulent des étapes de type P1 et R1 trouvées chez des formes du Campanien
supérieur (fig. 1). Mais, tant au Campanien qu'au Maastrichtien, bien des individus ne
parviennent pas à fixer les caractères R1 et R2 et retournent, en fin de croissance, a des
loges plus « primitives » (fig. 1, 6). La fixation du type R2 s'accompagne d'une augmenta-
tion du nombre de loges par tour : ainsi G. area (fig. 5) possède sept loges au dernier

0249-6305/85/03010955 $ 2.00 © Académie des Sciences


956 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985

tour au lieu de six (fig. Il en est de même pour G. falsostuarti et G. dupeublei qui
1, 6).
réalisent en fin de croissance un nouveau type R2-3, timidement annoncé en cours
de croissance chez G. orientalis (loge N-4) et par le type intermédiaire R1-2-3 de son
avant-dernière loge.
Chez Globotruncana linneiana, certains individus du Campanien supérieur (fig. 8)
présentent, en cours de croissance, la succession des types P1, R1, R2; il semble que le
type R1 se fixe aisément (fig. 9) et devienne la règle chez les individus du Maastrichtien
inférieur (fig. 11); mais, comme pour G. area, tous les individus ne présentent pas la
succession simple P1, R1 (fig. 10).
Appliquée à une espèce d'un genre différent de fin de phylum et de durée restreinte, la
méthode permet de déceler chez Abathomphalus mayaroensis du Maastrichtien supérieur
une succession spectaculaire d'étapes très courtes (fig. 15) : R1, R1-2, R2-3 et R2-4.
Quatre étapes sont représentées par une suite de cinq loges. A la récapitulation s'ajoute
une condensation [1] tendant à maintenir un petit nombre de loges.
AUTRES ASPECTS DE LA RÉCAPITULATION.

Dans le groupe G. area le phénomène de
récapitulation se traduit aussi par l' évolution de la marge. Par exemple, chez G. falsostuarti
du Maastrichtien, on trouve, aux stades juvéniles, un bandeau bicaréné rappelant celui
de G. area (fig. 13 A); il tend à disparaître au stade adulte (fig. 13 B). Au cours du
Campanien et du Maastrichtien, on peut suivre l'évolution de ce bandeau : d'abord large

EXPLICATIONSDES FIGURES

Fig. 1-11, 15. Étude graphique du développementontogénique de quelques Globotruncana et d'un Abathom-

phalus.
Fig. 1. — G. area, topotype, Campanien supérieur du Texas (fide F. Robaszynski et coll. [4], pl. 4, fig. 1).
Fig. 2. — G. orientalis, Campanien supérieur d'Espagne (id., pl. 16, fig. 2).
Fig. 3. — G. falsostuarti, holotype,. Maastrichtien inférieur d'Algérie (id., pl. 10, fig. 1).
Fig. 4. — G. dupeublei, holotype, Maastrichtien supérieur du SW de la France (id., pl. 7, fig. 1).
Fig. 5-6. — G. arca, Maastrichtien supérieur de l'Atlantique sud, D.S.D.P., Leg 3 (id., pl. 4, respectivement
fig. 3 et 2).
Fig. 7. — Schémas explicatifs des termes utilisés dans la méthode graphique.
Fig. 8. — G. linneiana, Campanien supérieur du N.E. des Bahamas, D.S.D.P., Leg 11 (fide F. Robaszynski
et coll. [4], p. 13, fig. 2).
Fig. 9-10. — G. linneiana, Campanien supérieur du Texas (id., respectivementpl. 14, fig. 2 et pl. 13, fig. 4).
Fig. 11. — G. linneiana, Maastrichtien inférieur du Pacifique, D.S.D.P., Leg 62 (id., pl. 14, fig. 4).
Fig. 12. — Profils des individus des figures 5 (A) et 6(B).
Fig. 13. — Sections axiales de G. arca (A) et G. falsostuarti (B) (fide J. A. Postuma [7], pl. 19 et 37).
Fig. 14. — Évolution du système carénai dans le groupe de G. arca; A, B et D : profils respectifs des individus
des figures 1, 3 et 4; C : forme intermédiaire du Maastrichtien supérieur de Tunisie (fide F. Robaszynski
et coll. [4], pl. 8, fig. 3).
Fig. 15. — A. mayaroensis, Maastrichtien supérieur du SW de la France (id., pl. 46, fig. 5).
Figs. 1-11, 15. — Graphical study of ontogeny of some Globotruncana and an Abathomphalus.
Fig. 7. —
Graphical exploitation of the method.
Fig. 12. —
Profilesfrom the specimens illustrated Figures 5 (A) and 6 (B).
Fig. 13. — Axial sections in G. arca (A) and G. falsostuarti (B).
Fig. 14. — Evolution of the keels and the imperforated band in G. arca group. A, B and D are the profiles of
the specimens illustrated Figures 1, 3 and 4. C is an intermediate form from the Upper Maastrichtian of
Tunisia.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985 957
958 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13, 1985

et bicaréné, ceinturant la totalité du test chez G. arca (fig. 14 A), il devient plus étroit
chez G. falsostuarti (fig. 14B), puis la bande imperforée et la carène située du côté
ombilical s'estompent (fig. 14C), enfin on ne retrouve plus qu'une seule carène périphéri-
que chez G. dupeublei (fig. 14D).
Dans ce même groupe, le processus récapitulatif se manifeste également par l' évolution
du profil du test dont la convexité ombilicale augmente tandis que l'ombilic devient de
plus en plus superficiel, chez des formes qui réalisent le stade R2-3 comme G. falsostuarti
ou G. dupeublei (fig. 13-14). G. arca conserve par contre au Maastrichtien une convexité
spirale accentuée (fig. 12), mais il apparaît que l'individu qui réalise le stade R2
(fig. 5, 12 A) possède une convexité ombilicale relativementplus forte que les autres.
CONCLUSION.

Chez Globotruncana, que la forme des loges soit en croissant (P) ou
pétaloïde (R), la modification du contour s'opère toujours selon le même processus : par
accroissement du rapport ab/bc. Le passage du type P au type R correspond à un
basculement de la loge vers l'avant, basculement accentué dans le type R par l'augmenta-
tion de l'angle en a. Un tel basculement a été décrit chez Globorotalia s. str. [6], mais il
s'accompagne d'une diminution du rapport ab/bc, diminution encore plus rapide chez les
Fohsella.
Les tests trochospiralés de Foraminifères planctoniquespossèdent donc plusieurs straté-
gies évolutives. Dans le cas des Globotruncana, l'histoire est malheureusement tronquée
brutalement par la catastrophé cosmique qui marque la fin des temps crétacés.
Remise le 16 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] S. J. GOULD, The Belknap Press of Harvard University Press, Univ. of Cambridge, U.S.A., 1977, 501 p.
[2] G. BIZON et G. GLAÇON, Deep Sea Drilling Proj. Initial Repts, Washington, U.S. Govt Printing Office,
42, n° 1, 1978, p. 687-707.
[3] G. BIZON et G. GLAÇON, Bull. Soc. géol. Fr., 7, 20, n° 4, 1978, p. 547-551.
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[5] F. ROBASZYNSKI, M. CARON, J. M. GONZALES DONOSO, A. H. WONDERS et the European Working
Group on Planktonic Foraminifera, Rev. Micropal., 26, n° 3/4, 1984, p. 145-305.
[6] R, C, TJALSMA, Utrecht Micropal. Bull., 4, 1971, 161 p.
[7] J. A. POSTUMA, Elsevier Publ. Comp. London, 1971, 420 p.

J.-P. B. : Département de Géologie sédimentaire;


G. G. : Département de Géologie structurale;
Unité associée au C.N.R.S. n° 319,
Université Pierre-et-Marie-Curie,4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05.
:
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 13,1985 959

CHIMIE ORGANIQUE PHYSIQUE


(CHIMIE DE COORDINATION)
(ERRATUM)

( Comptes rendus, tome 301, du 15 août 1985)

Note remise le 11 mars 1985, acceptée le 10 juin 1985, de Daniel Catheline, Claude
Lapinte et Didier Astruc, intitulée: Complexe fer-hydroxyméthylidène: un intermédiaire
dans la réduction par étape de CO.
Les schémas des pages 479 et 480 sont inversés.
Page 480, 24e ligne :
au lieu de :
risé par un doublet en RMN1H a 8-60 (Jp-H 7,6 Hz).
=
lire
risé par un doublet en RMN1H à 5-0,60 (JP-H = 7,6 Hz).
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985 961

MÉCANIQUEDESMILIEUX
CONTINUS.
— Extinction ou bifurcation d'une
détona-
tion autonome. Note de RogerCheret,présentée par Robert Dautray.

On s'intéresse à la détonation autonome à caractère permanent dans un cylindre explosif de section droite
circulaire. Une analyse asymptotique fait apparaître la célérité d'une telle propagation comme la valeur propre
du système qui exprime la compatibilité de l'écoulement à l'aval immédiat du choc de Von Neumann avec les
relations de saut sur ce choc et sur le bord libre. Ce système explique l'extinction et la bifurcation vers la
détonation hélicoïdale; il ouvre la voie à l'interprétation de l'influence des paramètres physico-chimiquesde
l'explosif sur la propagation elle-même.

CONTINUUMMECHANICS. autonomous detonation.


— Extinction or bifurcation of an
One deals with the steady autonomous detonationin a circular-cross-sectioned explosive cylinder. An asymptotic
analysis sets forward the velocity of such a propagation as the eigenvalue of the system which ensures the
compatibility of the flow downstream Von Neumann's shock with the jump relations on this shock and on the free
boundary: This system supplies an explanation for the extinction phenomenon and the bifurcation towards the
spinning detonation; it gives way to a possible interpretation of the influence of the physico-chemical parameters
of the explosive on the propagation itself.

1. INTRODUCTION. — On considère un domaine explosif S de forme cylindrique dans


un. état uniforme de repos pour fc'SO, sollicité pour t>0 sur l'une de ses extrémités Ba;
on repère par l'indice m le milieu au contact de S sur son bord libre B', et par l'indice o
l'explosif lui-même; on suppose que les milieux concernés se comportent comme des
fluides parfaits [masse volumique p=v- 1, entropie massique s, pression p (v, s)].
Pour une.sollicitation convenable et pour une aire assez grande du bord d'amorçage Ba,
une détonation peut apparaître dans <f. L'expérience montre en outre que, dans un repère
lié à l'onde, le proche écoulement aval devient permanent lorsque l'onde a parcouru le
long des génératrices une distance grande devant la dimension moyenne de Ba.
Pour simplifier les aspects proprement géométriques du problème, on se borne à
considérer le cas usuel où ë est un cylindre d'axe i et de section droite circulaire de
diamètre 0. Dans cette configuration, l'expérience atteste l'existence d'une célérité D(0)
0
pour assez grand. A la suite de H. Jones [1], de H. Eyring et coll. [2], de W. W. Wood
et J. G. Kirkwood [3], de nombreux auteurs ont tenté de donner une base théorique à
cette loi expérimentale, sans toutefois atteindre un niveau qui rendrait compte de la
corrélation constatée entre D (0) et des paramètres de l'état agrégataire pour un explosif
solide composite, ou avec la bifurcation vers la détonation hélicoïdale pour un explosif
liquide ou gazeux. La présente Note s'attache à faire progresser cette question, en
étendant la méthode développée dans [4]; en particulier, on adopte pour le degré de
décomposition m une loi d'évolution du type dm/dt = (1—m) S (s, m), où la fonction S est
nulle pour srgs", et positive croissante de s > sa.
2. MOUVEMENT A L'AVAL IMMÉDIATDU CHOC DE VON NEUMANN. — L'écoulement réactif
avec détonation est dominé par trois longueurs caractéristiques : L qui mesure la portée
des effets dissipatifs thermomécaniques, L qui mesure l'extension de l'onde, L' associée
au temps qui mesure l'accession à l'équilibre chimique. A l'aval immédiat du choc de
Von Neumann (représenté par une surface axisymétrique S0, de sommet A et de
normale N orientée de l'amont vers l'aval), l'ordre de ces trois longueurs est : L<L<L'.
La méthode des développements asymptotiques appliquée au paramètre de perturbation
s = L/L' (tout comme dans [4] à s=L/L) montre que l'écoulement peut être approché, à
l'ordre o en e, par les équations du mouvement isentropique de fluide parfait complétées
par la loi de décomposition chimique.
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962 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

Pour décrire cet écoulement dans un repère relatif entraîné avec la vitesse W0 = | W01 i
dans le repère absolu, on recourt à l'usage des coordonnées curvilignes orthogonales
associées aux lignes de courant, en introduisant les notations suivantes :

distance à l'axe du cylindre : r;
— vecteur
unitaire orienté par le vecteur-vitesse relative W : 1;
— vecteur
unitaire n sur la trajectoire orthogonale : (1, n) = + II/2;
— vecteur
unitaire x sur S0 : (N, x) = +n/2;

angle de la ligne de courant à l'amont avec E0 : (i, x) = r\;

déflexion de W au regard de l'amont : (i, 1) = 8.
Au sein de l'écoulement, on repère l'état aval de S0 par le superscript ; ainsi la
déflexion de W au regard de l'amont vaut 0 au point de S0 dont la distance à l'axe
est r; par extension on note f| l'angle (1, T)=II — 0\ Enfin la courbure smr\(dr\/df) de la
méridienne de E0 est notée 1/R£ tandis que la courbure de la ligne de courant est
notée 1/R.
Compte tenu de l'analyse asymptotique et des notations ci-dessus, les équations du
mouvement relatif à proximité de E0 conduisent, à l'aval-même de E0, aux relations :

Par ailleurs, on dispose sur E0 des trois relations :

où c>0 est la célérité du son dans l'explosif non décomposé, porté dans l'état réalisé à
l'aval du choc de Von Neumann.
C. R. Acad. Sc. Paris,t. 301, Série II, n° 14, 1985 963

Y
équations linéaires (a) à (h), conduit aux expressions :
L'élimination des six dérivées dd/dn, êp(dn,-dpl:dti:^pjdlz0^dliydmldl entre les huit

où les quantités chapeautées — autres que <3LogjW|/c/ — ainsi que leurs dérivées en ri
sont parfaitement définies à partir de | W01 et de ri par les relations de saut à travers S0.
3. L'HYPOTHÈSE D'AUTONOMIEET SES CONSÉQUENCES. — On poursuit l'analyse en considé-
rant le cas très généralement réalisé (cf. [4]) où la détonation est autonome en ce sens
que les conditions sur les bords Ba et Bl sont telles que W, après avoir diminué en module
de | W01 à | W | à travers Z0, croît à nouveau en s'éloignant de X0 sur la ligne de
courant, si bien que 5Log[ W|/c/ = 0. Les relations (1) et (2) conduisant alors à l'équation
différentielle en r|(!-) :

à intégrer sur le segment [o, 0/2].


Au point A (f = 0), les incidences,riA et fiA valent H/2 si bien que :

Au point I (f= 0/2), les relations de saut à travers S0r:et à travers le choc Em induit
dans le milieu adjacent font ressortir l'existence et l'unicité d'états à l'aval de T,0 et de Em
qui assurent l'égalité des pressions et le parallélisme des vecteurs-vitesse de part et d'autre
du bord libre; cette solution n'est toutefois admissible que si et seulement si l'état à l'aval
de Eô ainsi déterminé possède une entropie massique supérieure à l'entropie
d'amorçage sa,
Dans ces conditions, la discussion de l'existence d'une solution de (3) sur [o, 0/2]
introduit pour j W01 deux valeurs critiques autres que la célérité D* de Chapman-Jouguet :

l'une Dc indépendante de 0, mais dépendante du milieu adjacent telle que
]DC, D*] est l'intervalle de variation de |W0| pour lequel le couple E0£m satisfait la
condition d'amorçage; soit riT (JWQ|, m) l'incidence en I résultant de cette interaction;
— l'autre
D'c dépendante de 0, mais indépendante du milieu adjacent telle que
]D'ç, D*j est l'intervalle de variation de |W0| pour lequelle (4) est intégrable de 0 à 0/2;
soit riî ( j W01, 0) l'incidence en I résultant de cette intégration. Alors pour un cylindre
de diamètre 0
entouré par un milieu « m », deux situations se,présentent, selon que
r|j(|W0|, m) et T|J(|WQ|, 0) ont ou n'ont pas de point commun.
Dans l'affirmative, il existe une valeur de |W0| associée au diamètre 0
du cylindre
plongé dans « m ». Dans la négative :
- si la plus grande valeur possible de 0
est 0C tel que lim | W01 (0) = Dc (m), alors
d'impossibilité de propagation pour 0^0C résulte de l' inexistence sur Bl d'un état de
choc assurant l'amorçage (extinction);
964 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985


si la plus grande valeur possible de 0 est 0'c tel que lim | W01 (0) = D^ (0), alors
l'impossibilitéde propagationpour 0^0'c résulte de l'inexistence dans S d'un écoulement
régulier (bifurcation vers la détonation hélicoïdale).
La nature du second membre de (3) explique que |WO|(0) puisse dépendre des
paramètres physico-chimiques de l'explosif.
Remise le 16 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] H. JONES, Proc. Roy. Soc., Séries A, 189, 1947, p. 415-426.


[2] H. EYRING, R. E. POWELL, G. H. DUFFEY et R. B. PARLIN, Chem. Rev., 45, 1949, p. 69-181.
[3] W. W. WOOD et J. G. KIRKWOOD, J. Chem. Phys., 22, n° 11, 1954, p. 1920-1924.
[4] R. CHERET, Thèse de doctorat ès sciences, Poitiers, 1971, C.E.A.-R-4283.

Centre d'Etudes de Vaujours,


B.P. n° 7, 77181 Courtry.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985 965

MÉCANIQUE DES SOLIDES (MÉCANIQUE DES MILIEUX CONTINUS). —


Méthodes autocohérentes adaptées à la traction de matériaux biphasés à grains allongés.
Note de Lise Durand, présentée par Yves Quéré.

Nous développons une solution du problème de l'inclusion ellipsoïdalede révolution dans une matrice infinie
et nous l'appliquons à la déformation plastique des barres biphasées sollicitées en traction dans leur direction
de filage ou de tréfilage.

MECHANICS OF SOLIDS (CONTINUUM MECHANICS). — Self consistent method for the drawing of
two phase materials with elongated grains.
We develop a solution of the problem of an axisymmetric ellipsoïdal inclusion in an infinite matrix and we
apply it to the plastic deformation of two-phase rods drawn along their extrusion direction.

1. INTRODUCTION. — Grâce aux méthodes autocohérentes, on peut essayer de déduire


le comportement d'un milieu hétérogèneà partir de celui de ses constituants. Ces méthodes
reposent sur l'hypothèse suivante : les interactions mécaniques entre chaque élément d'un
agrégat hétérogène et l'ensemble de tous les autres sont assimilées à l'interaction entre
cet élément et le milieu homogène équivalent de comportement inconnu par lequel on
essaie de représenterl'agrégat hétérogène. On se ramène donc au problème d'une inclusion
dans une matrice infinie; cette solution étant appliquée à chaque élément de l'agrégat.
En utilisant les résultats d'Eshelby [1] sur les inclusions et de Berveiller et Zaoui [2] sur
les méthodes autocohérentes, nous avons essayé de traiter le problème de la traction
uniaxialede biphasés ayant été filés bu tréfilés préalablement dans la direction de traction.
Nos notations sont celles de ces deux articles (par exemple Sijkl, p. 384 de [1] et s?*,
p. 179 de [2]).
Remarquons toutefois qu'il n'est pas cohérent de considérer les formes d'inclusions
étudiées dans la Note et de traiter la matrice comme de comportement isotrope. Dans
une première approche nous nous contenterons cependant de cette approximation.
2. INCLUSION D'ESHELBY. — Pour un milieu infini, non chargé, homogène, élastique et
isotrope de module de cisaillement u et de coefficient de Poisson v, Eshelby a calculé les
champs élastiques associés à une déformation plastique sp* uniforme limitée à une région
ellipsoïdale d'axes 2 a, 2 b et 2 c. La déformation totale sT est uniforme dans l'inclusion
et s'écrit :

Les composantes du tenseur S sont données par Eshelby pour un ellipsoïde quelconque.
Cas particulier. — Dans le pas d'un ellipsoïde 2a, 2b, 2c=2b et pour une inclusion
incompressible nous avons obtenu les relations suivantes:

et en posant

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301)


0249-6305/85/03010965 $ 2.00 © Académiedes Sciences

Série II — 70
966 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

3. INCLUSION HÉTÉROGÈNE.

Berveiller et Zaoui ont appliqué les résultats d'Eshelby à
un milieu élastique infini isotrope de coefficients de Lamé X° et u° et soumis à une
contrainte uniforme à l'infini Ey créant une déformation élastique uniforme à l'infini Ey.
Ce milieu contient une inclusion ellipsoïdale hétérogène à élasticité isotrope caractérisée
par les constantes X' et \i' (ou v'). Pour un ellipsoïde quelconque ces auteurs aboutissent
à la relation :

Us ont appliqué cette relation à une sphère.


Ellipsoïde de révolution. — Nous allons appliquer cette même relation à un ellipsoïde
d'axes 2a, 2b, 2c = 2b, compte tenu des particularités des Sijkl (voir Eshelby [1], p. 384
et le paragraphe précédent).
Dans le cas d'une traction uniaxiale E11 = S1 est la seule composante de contrainte
non nulle; les formules classiques d'élasticité nous donnent Eij=0 pour i #j. Les équations
C. R. Acad. Sc, Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985 967

précédentes donnent alors sfj*=0 pour i # j. On a d'autre part E11 +


E22 + E33 = 0 si l'on
suppose la matrice incompressible; on peut alors écrire :

On en tire finalement :

4. PLASTICITÉ DES BIPHASÉS. — Selon le schéma autocohérent exposé par Berveiller et


Zaoui [2] pour des inclusions sphériques, chaque phase est considérée successivement
comme inclusion dans une matrice infinie en écoulement plastique, dont le comportement
est celui recherché : £=3u (E). E. En traction uniaxiale et en supposant que chaque
phase a un comportement élastoplastique isotrope, représenté par une loi d'écoulement
sous forme finie, sans variation de volume, on a (voir fig. 1) pour chacune des phases 1
et 2 : <Ji — 3 u^(Sj). s1 et a2 = 3 |i2 (e2). e2. D'après la relation (3) on a :

c1, c2 désignant les fractions volumiques des phases 1et 2 on a :

ce qui permet, avec les relations précédentes, de déduire pour chaque valeur de E, en
fonction de (ii,ir2 et c1 la valeur de |i et donc la courbe de traction du biphasé (S, E).
Application. En adaptant a1, b1, a2, b2 aux dimensions respectives des grains des

phases 1 et 2 on peut ainsi tenir compte de leur forme plus ou moins allongée dans la
direction de traction (structure de filage ou de tréfilage). En ce qui concerne nos biphasés
Cu-Ag et Cd-Zn équivolumiques, les deux phases étant de tailles semblables [3] on aura
a1 — a2, b1=b2 et donc a1 = a2 ce qui simplifie le problème. Nous donnons sur la
figure 2 les courbes expérimentales rj1(81) pour la phase a, g2(82) pour la phase |3, ?(E)
expérimentale pour le biphasé Ag-Cu équivolumique, ainsi que les courbes £(E) théori-
ques d'après le modèle de Berveiller et Zaoui (à inclusions sphériques) et notre modèle
(à inclusions ellipsoïdales de révolution). Nous constatons que pour notre alliage Cu-Ag
968 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

équivolumique (2a1 = 2a2=0,2mm, 2b1=2b2=0,007 mm) il n'y a pas de grande diffé-


rence entre le modèle à inclusion sphérique et celui à inclusion ellipsoïdale. Les écarts
des courbes théoriques et de la courbe expérimentale sont certainement dus à d'autres
effets que le filage (voir [3]). Nous ne devons pas oublier entre autres l'approximation
que nous avons faite sur la « cohérence ».
Il est bien évident aussi que pour des raisons pratiques (fabrication de notre matériau
biphasé) nous nous sommes limités à un type d'inclusion donné (ellipticité fixée et
constante). Il serait certainement intéressant de considérer dans l'essai de traction des
inclusions à ellipticité croissante et de tenir compte de la modification de l'ellipticité au
cours de la déformation.
5. CONCLUSION. — Nous avons expérimenté de nombreux essais de modélisation des
biphasés : « Loi des mélanges », modèles à partir des méthodes des éléments finis [4],
modèle de Berveiller et Zaoui à inclusions sphériques. Le modèle que nous présentons
dérive du modèle de Berveiller et Zaoui. Sa mise en oeuvre en est simple, la comparaison
avec le modèle de Berveiller et Zaoui donne une indication intéressante sur l'effet de la
forme des grains de chaque phase.
Nous comptons appliquer notre modèle à nos biphasés équivolumiques Cd-Zn qui ont
été tréfilés avant d'être recuits.
Je tiens à remercier le professeur Zaoui de m'avoir suggéré ce travail et le professeur Coulomb d'avoir
critiqué le manuscrit.
Remise le 3 juin 1985, acceptée après révision le 30 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] J. D. ESHELBY, Proc. Roy. Soc., A 241, 1957, p. 376-396.


[2] M. BERVEILLERet A. ZAOUI, C.R. 15e Coll. G.F.R., 1980, p. 175-199.
[3] L. DURAND, Déformation plastique d'un alliage biphasé argent-cuivreéquivolumique, Thèse de Docteur-
Ingénieur, Université Paul-Sabatier, Toulouse, 1981.
[4] C. THOMAS DE MONTPREVILLE,Res. Mechanica, 6, 1983, p. 1-20.

Laboratoire de Microscopie et Structure des Matériaux,


Équipe de Recherche associée au C.N.R.S. n° 301, Université Paul-Sabatier,
118, route de Narbonne, 31062 Toulouse Cedex.
C. R. Acad.Sc.
Paris,
t.301,
Série
II,

14,
1985 969
ENDOMMAGEMENT, FATIGUE, RUPTURE. — Sur le critère donnant la direction
de propagation des fissures dans la théorie de Griffith. Note de Michel Amestoy et
Jean-Baptiste Leblond, présentée par Jean Salençon.

On montre que le critère donnantla direction de propagation des fissures dans la théorie de Griffith présente
une incohérenceinterne. La preuve repose sur un calcul du développementdes fonctions Fij reliant les facteurs
d'intensité de contrainte d'une fissurejuste avant et juste après un changement de direction.

DAMAGE, FATIGUE, FRACTURE. — On the criterion giving the direction of propagation of cracks in
the Griffith theory.
It is shown that the criterion giving the direction of propagation of cracks in the Griffith theory is not
self-consistent. The proof is based on a calculation of the expansion of the functions Fij's connecting the stress
intensity factors of a crack just before and just after a change of direction.
1. INTRODUCTION. — L'expérience suggère qu'un critèredonnant la direction de propaga-
tion des fissures dans un corps élastique en situation plane, devrait vérifier la propriété
(P) suivante :

k1, k2 désignant les facteurs d'intensité de contrainte juste avant branchement et nm


l'angle de branchement.
On montre [1] qu'un critère vérifiant (P) doit nécessairement, pour être logiquement
cohérent, prédire dans le cas général où k2#0, un angle de branchement identique à
celui issu de la relation k*2 (k1, k2, m) = 0 (k*1, k*2 désignant les facteurs d'intensité juste
après branchement). En effet, dans sa partie régulière à tangente continue (après le
branchement initial), une fissure répondant à un critère vérifiant (P) se propage en mode
1 pur : Vs>0, k2 (s) = 0, k1 (s) et k2 (s) désignant les facteurs d'intensité pour une longueur
de branche égale à s; en faisant tendre s vers zéro, on en déduit par continuité que k*2|
est nul; par conséquent l'angle de branchement nm prévu par le critère doit vérifier la
relation k^(kx, k2, m)=0.
Ceci permet d'établir immédiatement(voir [1]) l'incohérencede certains critères fréquem-
ment cités dans la littérature ([2], [3]), qui vérifient (P) sans être cependant équivalents
au critère [k*2 (k1, k2, m) = 0].
L'objet de la présente Note est d'examiner le cas du critère de Griffith [propagation
dans la direction maximisant le taux de relaxation d'énergie G = [(1— v2)/E](k*12 + k*^)]-
Il a déjà été établi en [1] qu'il est lui aussi en accord avec la propriété (P) : nous allons
montrer ici qu'il ne coïncide cependant pas non plus avec le critère [k^(ku k2, m)=0],
résultat inattendu a priori (et contraire à ce que nous avions annoncé en [1]) : en effet il
entraîne une incohérence logique dans la théorie communément admise de Griffith, dont
nous analyserons les conséquences.
2. PROBLÈME Â RÉSOUDRE. — Supposons le critère de Griffith équivalent au critère
[k*2 (k1, k2, m) = 0]. Nous avons montré dans [1] que k*1 et k*2 s'expriment en fonction de
k1, k2 et m sous la forme universelle (valable en toutes circonstances) suivante :

Par conséquent, pour k1 et k2 donnés, l'angle de; branchement défini par la relation

0249-6305/85/03010969 $ 2.00 © Académie des Sciences


970 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

Le taux de relaxation d'énergie G doit être maximal pour cet angle de branchement, ce
qui s'écrit k*1 dk*/dm + k% dk2/dm = 0, soit compte tenu de ce que fc* = 0 pour cette valeur
de m :

Ainsi, pour f1 et k2 donnés, si (2) est vérifié pour un certain m, (3) doit être également
vérifié. Inversement, pour tout m donné, si k1 et k2 vérifient (2), %m est l'angle de
branchement prévu par la relation k%(kx, k2, m) = 0 pour ces facteurs d'intensité, donc
(3) doit être vérifié. Ainsi, les formes linéaires (en k1 et k2) F'11(m) k1 + F'12 (m) k2 et
F21(m) k1+F22 (m) k2 devant s'annuler simultanément pour tout m, on doit avoir :

Cette relation constitue donc une condition nécessaire et suffisante pour que le critère de
Griffith soit identique au critère [k*2(k1 k2, m) = 0] (et par suite cohérent) : le problème
est de déterminer si elle est vérifiée ou non, ce qui nécessite de connaître les Fij.
3. EXPRESSIONSEMI-ANALYTIQUE DES Fij. — Nous mettons à profit le caractère universel
des Fij en les évaluant grâce à la considération du problème particulier d'une fissure
droite placée dans un milieu infini soumis à des forces uniformes à l'infini, prolongée
par une branche droite de longueur s -> 0 dans la direction n m. On montre aisément à
partir de [4] que k*1 et k*2 sont donnés par :

les X^} étant des fonctions définies sur C —C+ [C+ demi-cercle \z\ =1, lm(z)^0, orienté
positivement de — 1 vers +1] par :

Lorsqu'on utilise (cf. [A], [5]) ce type de formules pour calculer numériquement [en
discrétisant l'intégrale de (7)] k*1 et k*2 en fonction de k1 et k2, et donc les Fij, il apparaît
que les rapports F'11/F21 et F'12/F22 sont extrêmement proches dans la plage de valeurs
de m où le calcul numérique offre une bonne précision, sans que l'on puisse dire si le
faible écart est réel ou d'origine numérique. L'objet des formules données ci-après est de
permettre d'expliciter le développement limité exact des Fij en fonction de m à un ordre
arbitraire, et par suite de répondre à cette question.
On peut montrer par récurrence que les X^ s'expriment par les formules suivantes :
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985 971

où log désigne la fonction logarithme définie sur C — i U+ par log z=log (pe!°)=ln p-H'0
avec — 3nj2<Q<n/2, et où les coefficients a™(m) et les polynômes Pj' sont donnés par
les formules de récurrence suivantes :

(Bi : i-èmenombre
de
Bernoulli
[6]);

4. DÉVELOPPEMENT LIMITÉ DES Fij. — Pour évaluer le développement limité des Fij à
l'ordre n0, il suffit d'appliquer les formules (5), (6), (9)-(16) en ne faisant varier n que de
0 à n0 [puisque xn = 0 (m"0" 1) pour n^.nQ + 1 d'après (6)], et en traitant toutes les
fonctions de m intervenant dans ces formules comme des polynômes de degré convenable.
Un calcul élémentaire mais extrêmement long fournit ainsi le développement des Fij à
l'ordre 6 d'où l'on déduit ceux de F'11/F21 et F'12/F22 à l'ordre 5 :

Ainsi ces développements diffèrent à partir du terme en m4 (1).


L'éventualité d'une erreur dans les formules (17)-( 18) peut être écartée pour les raisons
suivantes:
972 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985


le développement limité des Fij au quatrième ordre obtenu à partir de (5), (6),
(9)-(16) coïncide avec celui obtenu par une autre méthode n'utilisant pas ces formules;
ainsi, ces dernières ne sauraient être inexactes;

le calcul à la main du développement limité des Fij au sixième ordre à partir des
formules (5), (6), (9)-(16) a été doublé par un calcul informatique, ce qui exclut toute
possibilité d'erreur dans l'application de ces formules.
5. COMMENTAIRES. — Pour analyser les conséquences de l'incohérence du critère de
Griffith entraînée par la non-coincidence de F'11/F21 et F'12/F22, il convient de rappeler
l'origine de ce critère. Lors de l'amorçage d'une branche déviée, le premier principe de la
thermodynamique s'écrit, en négligeant les effets thermiques :

où dWel représente la variation d'énergie élastique; dWen, la variation d'énergie potentielle


des forces extérieures; dWsep, le travail de séparation et dWcin, la variation d'énergie
cinétique. La somme des deux premiers termes s'écrit — G ds où G est le taux de relaxation
d'énergie et ds la variation de longueur de la fissure. Le troisième, si l'on adopte l'hypothèse
de base de la théorie de Griffith, s'écrit Gc ds où Gc est une énergie de rupture par unité
de longueur ( 2) fracturée, caractéristique du matériau (indépendante en particulier de
l'angle de branchement). Le quatrième est ^0 ( = 0 pour une propagation quasi statique).
On obtient donc l'inégalité suivante, qui constitue la condition d'amorçage :
(20) GgGc ( = GC dans le cas quasi statique).
Par conséquent, le chargement étant progressivement augmenté, l'amorçage se produit
dans la première direction où G atteint Gc : G est alors maximal pour cet angle de
branchement.
Le critère de Griffith est donc une conséquence directe (par l'intermédiaire du premier
principe de la thermodynamique)de l'hypothèse d'une énergie de rupture proportionnelle
à la longueur fracturée et ne dépendant que du matériau. L'incohérence de ce critère
implique par conséquent que cette hypothèse, bien que très naturelle et couramment admise,
est logiquement incompatible avec celle d'un comportement élastique (sur laquelle repose le
calcul de F'11/F21 et F'12/F22 présenté ci-dessus).
Il résulte de ce qui précède que le critère [k*2(k1, k2, m) = 0] est le seul qui vérifie la
propriété (P) suggérée par l'expérience tout en étant logiquement cohérent : c'est donc le
seul admissible.
( 1) Lors de la rédaction de [1], ces développementsn'avaient été menés que jusqu'à l'ordre 2 et coïncidaient
donc jusque-là, ce qui n'infirmait pas la présomption (raisonnable) d'équivalence du critère de Griffith et du
critère [k*2 (k1, k2, m) = 0].
( 2) Longueur et non surface puisque les situations considérées ici sont planes.
Remise le 16 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Laboratoire de Mécanique des Solides, École polytechnique, 91128 Palaiseau Cedex.


C.R. Acad. Sc, Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985 973

MÉCANIQUE DES FLUIDES. Analyse en perturbation des effets bidimensionnels



dans unplasma chaud en écoulement stationnaire : application à l'uniformisation des défauts
dans une expérience d'interaction laser-matière. Note de Bernard Meyer et Alain Salères,
présentée par Robert Dautray.

Les perturbations transversales de température et d'écoulement dans un plasma.chaud inhomogène sont


décrites à l'aide d'un modèle analytique stationnaire qui tient compte de la conduction thermique. Nous
montrons que, si les perturbations sont imposées par une source extérieure, l'introduction de conditions aux
limites adéquates et le traitement du couplage entre les perturbations conduit à des conclusions différentes de
celles qui sont habituellement admises.: La comparaison avec les résultats d'une expérience d'uniformisation
des défauts d'éclairement imposés à une cible solide par une source laser à la longueur d'onde de 350nm
montre un très bon accord avec ce modèle.

MECHANICS OF FLUIDS. — Two-dimensional perturbation analysis in hot steady-state plasma flow:


application to irradiance non-uniformity smoothing in laser-matter interaction experiment.
Flow and temperature transverse perturbations in a hot inhomogeneousplasma are described by means of an
analytical model taking into account the electron thermal conduction. In the context of laser-matter interaction,
we show that perturbation coupling and adequate boundary conditions lead to results different from the usual
models. Comparison is done with irradiance smoothing experiment at 0.35 um laser wavelength, a quite good
agreement is obtained.

([1]-[3]).
Le problème de la symétrie et de la stabilité des écoulements hydrodynamiques dans
les plasmas chauds fortement inhomogènes se rencontre particulièrement lors des expé-
riences de fusion thermonucléaire: Dans le cas du confinement inertiel par laser la
symétrie de l'implosion résultant de la détente du plasma chauffé doit être réalisée à
mieux que 1%
Les modèles analytiques qui tentent d'établir des lois d'échelle entre les pressions
appliquées et les caractéristiquesde la source sont en général monodimensionnelsstation-
naires ([4]-[7]). Les études d'uniformisation transversale des défautsimposés par la source
sont alors abordées soit à l'aide de simulations numériques complexes ([3], [8]), soit à
l'aide d'un modèle simple [1] dit du « cloudy day » qui prévoit que les défauts imprimés
dans la région d'absorption sont atténués jusqu'à la région où la pression est maximale
en suivant la loi exp( — k D) ([1]-[3])? où D est la distance entre les deux régions, k=2n/l
le nombre d'onde et l la longueur d'onde des perturbations transversales.
Une première tentative pour analyser l'importance des effets bidimensionnels à été
réalisée en superposant une petite perturbation transversale supposée stationnaire aux
données du modèle monodimensionnelet stationnaire [6]. Nous reprenons cette étude en
y apportant certaines corrections. Nous montrons que la solution du problème passe par
la recherche de toutes les conditions aux limites dans la région d'absorption. La prise en
compte du couplage entre les perturbations de température et les perturbations d'écoule-
ment hydrodynamique conduit alors à des résultats différents : l'uniformisation ne suit
pas une loi exponentielle, elle est encore moins efficace que prévu.
Dans le plasma chauffé par la source et en détente vers le laser les équations de
conservation concernent : le flux de masse J, le tenseur de pression cinétique totale S et
le flux d'énergie totale W; elles s'écrivent successivement :(3p/ôt)+V.J= 0 avec J=pv;
(5J/3t)+y:S=0 où S = pyv + Pl et (5H/St) + V.¥ = I:§(x-xc) àyec:H=l/2pt;2-|-3/2;P
et ^V— v (H + P) + Q. I est l'éclairement de la source extérieure, v la vitesse de l'élément
fluide et p sa densité. La pression scalaire,P s'écrit en fonction de la vitesse du son
isotherme Cj:;P=pc2 avec c2 = /cTe(Z+l)/A7Hp, où T^ est la température électronique.

0249-6305/85/03010973 $ 2.00 ©Académie des Sciences


974 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

Fig. 1. —Evolution de la perturbation de pression cinétique; profils de densité, de température et de vitesse


dans la zone de conduction.
Fig. 1. — Kinetic pressure perturbation, density, temperature and velocityprofiles in the conduction region.
r
Fig. 2. — Facteur de lissage = sA/sc déduit du modèle de perturbation en fonction de kx0. Les points sont
les résultats des expériences pour des ciblés d'or (triangles) et d'aluminium (cercles). La droite représente le
modèle simple.
Fig. 2. — Smoothing factor T deduced from the perturbation model versus kx0. Experimentalresults for gold
and aluminium targets (full triangles and circles respectively). The straight line represents the "cloudy day"
model

Les quantités A, Z, mp, k sont respectivement la masse molaire, le degré de charge


effectif, la masse du proton et la constante de Boltzmann. Q est le flux de chaleur qui
s'écrit: Q= — K0Tf/2VTe, où K0 est la conductivité de Spitzer corrigée[7] qui vaut
approximativement, en fonction de Ln A : K0 = (0,133.10lo'(Z+ 4) LnA)- 1 en
W(°K)-7/2m_1. Par souci de simplification on suppose que toute l'énergie incidente est
déposée sur une surface parallèle à celle du solide en x = xc où la densité p = pc est la
densité critique qui relie le milieu à la source. Dans le cas d'un laser à la longueur
d'onde XL, elle s'écrit: pc=1027(AmJ,/Z)(lL/l,06. ÎO-6)"2 en MKSA. On a également
négligé les termes qui pourraient être dus à la gravité, à l'inertie, au préchauffage, aux
pertes, à la limitation du flux de chaleur ou aux effets électromagnétiques.
En l'absence de perturbation, les équations sont résolues sur l'axe perpendiculaire au
solide. On montre que le milieu se décompose en trois zones ([5]-[7]) : 1e la zone où la
détente du plasma est supersonique, du type auto-semblable isotherme; 2° la zone de
conduction où l'écoulement est subsonique et supposé stationnaire, elle est séparée de la
première par la surface critique qui marque la transition sonique et où peuvent avoir
lieu les discontinuités; 3° enfin la partie dense soumise aux forces de pression et dans
laquelle le choc se propage; elle est séparée de la seconde par la surface d'ablation. Nous
nous intéressons à la zone de conduction, on remplace les grandeurs physiques par les
variables réduites 9 = p/pc, vx = vx/vc, T = Te/Tec = c2/i>2, % = x/x0. La vitesse fluide vc à la
densité critique est égale à la vitesse du son; x0 est une longueur caractéristique telle
que : x0=(A7?îp//c(Z+ l))3/2K0T2c/pc. Des équations du flux de masse et de quantité de
mouvement on déduit : 6vx=l et vx = l —(1-x)1'2. L'équation d'énergie est résolue à
partir de %c — s (on suppose que la source est du côté des % positifs). On réalise une
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985 975

simplification considérable en supposant que le terme cinétique 1/2 pvx est négligeable
par rapport à 5/2 P; Elle se réduit à: 5/2T —T5/25T/^X= 0. On en déduit :
%=(lfH25/4x)2'5- Les solutions 9, vx et T sont représentées figure 1: En XA> à la surface
d'ablation, on a xA = vA=0 et 0A->oo. La longueur de la zone de conduction vaut :
D =\xA—xc\ =0,16xo. Dans la réalité le raccordement doit se faire:avec la partie dense,
mais on a XD#XA puisque: pD^pc; et TD^TC- Si on tient compte du terme cinétique
1/2 pz;x on montre que la distance D est peu modifiée, celle-ci devient 0,15 x0. L'équation
del'énergie intégrée sur l'axe de la détente se réduit à : 1 = 4pcu3, on en déduit l'ensemble
des autres grandeurs. On obtient: la pression cinétique à l'ablation : SA = 2Pc = aI2/3
À-L"2^ 3 où 'oc est
un coefficient numérique ([6]; [7]).
On introduit maintenant la dimension transversale en écrivant les grandeurs sous la
forme : a(x, y) = a(x) + 'Enàn(x) coskny, où a(x) sont les grandeurs non perturbées
précédemment décrites et an (x) les perturbations transversales. On se limite à l'étude du
régime permanent pour les perturbations. On écrit les équations pour un mode k en
posant K = fcpc0. On remarque que.la vitesse sur l'axe y doit s'écrire, en valeur réduite,
v.Axt y) = vy (x) sin ky. On obtient le système couplé :

avec j^Gv^ + Sv^, et sx = 2Q/Q + 2yx+Qx. On veut conserver s,,. qui représente la perturba-
tion de pression totale; on doit donc expliciter p, soit : ?'=?{?;—v%y~-:(sx 2vxjx vxî;'/T):
— —
Le terme K2X représente la conduction thermique latérale traitée en perturbation. Notons
que si on ne tenait pas compte de la perturbation d'écoulement transversal (v3, = 0), la
perturbation de pression cinétique serait constante de la coupure à l'ablation c'est-à-dire
qu'il ne pourrait y avoir d'uniformisation des défauts. L'approximation WKB n'est pas
justifiée ici. On cherche les valeurs sc, jc, vyc, (dx/d%)c à la densité critique en fonction de
la perturbation de température xc que l'on déduira de la perturbation imposée par la
source T. Toute l'énergie, même perturbée, est toujours déposée à p = pc (éventuellement
en X^Xc)' on suppose que la transition sonique est toujours en ce point. On obtient
£ = 0,5TC et sc = 2xc. En intégrant l'équation d'énergie sur le volume de la région station-
naire délimitée par XA XSXC—£ et—Z/4^jrgZ/4.(les variables sont indépendantes de z)
=
on obtient la puissance totale sortante qui doit être nulle puisque la région ne comporte

quantités non perturbées, on en déduit, en fonction des variables réduites :


-f*A
x[rx|^_(.-i-K vj/j.rfx^O- Comme pour les grandeurs non perturbées, le flux entrant
en deçà de la surface critique îj/|Zc_E et le flux sortant à la surface d'ablation ^1^
sont nuls. Si on néglige toujours les termes cinétiques, on en tire :(dxjd%)c = — 2,5ïxc et
((5/2) Qxvy + K?l2-z)d% = 0. Cette équation peut être résolue numériquement en même
Jxc-s
temps que l'ensemble du système par itérations successives. On obtient finalement :
VyC=— 0,1 KXC, à 10% près si on se limite à K<10. On a représenté la solution sx(%) sur
la figure 1 pour xc=l et K=5. L'intégration du flux d'énergie à travers la coupure
conduit, au premier ordre, à : xc = 2/31/1. La grandeur intéressante est la pression totale à
976 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

la surface d'ablation c'est elle qui transmet au solide les défauts imposés par
sA = sx(xA),
la source. On définit ainsi un facteur de lissage F = sA/sc qui est indépendant de xc, il est
représenté figure 2 en fonction de K = /CX0. La comparaison avec la droite déduite du
modèle du « cloudy day » montre que pour K<8 l'uniformisation des défauts est moins
efficace que celle que l'on pouvait prévoir. Elle est également très inférieure aux valeurs
erronées précédemment déduites du modèle de perturbation [6]. Pour K > 8, la perturba-
tion de température devient importante et le modèle linéaire n'est plus valable.
Des expériences d'uniformisation des perturbations géométriques dues à la source ont
été réalisées dans le cadre de l'interaction laser matière ([9]-[11]). Elles consistent à
mesurer la vitesse acquise par les différentes parties d'une cible mince éclairée avec un
faisceau laser dont la surface d'onde a été perturbée à l'aide de différentes séries de
masques parallèles. Il faut noter que, pour conduire à des valeurs mesurables, les
modulations d'éclairement sont généralement importantes, par exemple dans un rapport
de 1 à 5. De plus, le facteur de lissage déduit des mesures doit être calculé en tenant
compte de la loi d'échelle expérimentale qui est un peu différente de SA [11]. Le modèle
donne x0 = (l,54/Ln A)(A/2Z)7/6(Z+ 4)-1(I/1018)4/3(Vl>06.10~6)14/3MKSA. Dans
nos conditions expérimentales[11] nous avons: 1 = 0,5.1018W.m-2, A,L = 0,35 um,
Ln A = 6. Nous déduisons, pour l'aluminium, avec Z=10, xo = 60um et pour l'or, avec
Z = 40, x0 = 40um. Les points expérimentaux obtenus pour des cibles d'aluminium de
25 um d'épaisseur et pour des cibles d'or de 4 um sont regroupés sur la figure 2. On
constate un excellent accord du modèle de perturbation avec ces résultats et avec des
simulations numériques et des expériences effectuées à l'étranger ([8], [9]).
Une recherche rigoureuse des conditions aux limites nous a permis de résoudre le
système d'équations hydrodynamiques couplant les perturbations de pression cinétique
aux perturbations de température et d'écoulement latéral. Dans son domaine de validité
le modèle présenté est en parfait accord avec l'expérience et montre que l'uniformisation
des défauts est moins efficace que prévu.
Reçue le 8 juillet 1985, remise le 15 juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Centre d'Études de Limeil, B. P. n° 27, 94190 Villeneuve-Saint-Georges.


C. R. Acad; Sc. Paris, t; 301, Série II, n° 14, 1985 977

PHYSIQUE DE LA MATIÈRE CONDENSÉE. — Conductivité dans l'espace des


pores d'un empilement de sphères. Effets de la distribution de taille des grains. Note de
Jacques Lemaître, Jean-PaulTroadec,Daniel Bideau et Jean Sarrazin, présentée par
Pierre-Gilles de Gennes.

Nous avons mesuré la conductivité d'un électrolyte dans un mélange binaire de sphères de verre, en fonction
de la composition de ce mélange. Nous constatons que la conductivité ne dépend que de la porosité. Les
résultats sont analysés à partir de la loi d'Archie.

CONDENSED MATTER PHYSICS. — Conductivity in the pore;space of a sphères packing. Effect of


grain size distribution.
The conductivity of an electrolyte in a binary mixture of glass spheres has been measured, as a function of the
mixture composition. The conductivity depends only on the porosity. The results are analyzed from Archie's
law.

INTRODUCTION. — La conductivité électrique est une propriété qui a été très utilisée
pour caractériser la structure d'un milieu poreux isolant saturé d'un liquide conducteur.
Archie [1] a proposé une relation générale, basée sur des résultats obtenus sur un grand
nombre d'échantillons de roches poreuses consolidées saturées d'eau salée :

rj est la conductivité du poreux, o;/la conductivité du fluide, la porosité, F est appelé


cp
facteur de formation; A est une constante qu'Archie a prise égale à 1 et m est une autre
constante dont la valeur dépend du degré de consolidation des grains.
La loi d'Archie est toujours; à la base de l'interprétation des résultats de mesures
électriques sur les matériaux poreux. Elle est remarquablement vérifiée pour les roches
non argileuses, avec une valeur de À proche de 1 et une valeur de m comprise entre
l,3 et 4.
Le comportement en loi en puissance de là conductivité d'un poreux [relation(1)]
rappelle celui du problème de percolation, mais avec un exposant m qui dépend en
particulier de la géométrie du poreux et un seuil de conduction 0C = 0. Cette dernière
valeur implique que la phase fluide reste continue jusqu'à de très faibles valeurs de
porosité et que l'espace des pores soit fortement corrélé [2]. Les modèles physiques utilisés
pour rendre compte de la loi d'Archie prennent pour base une représentation géométrique
plus ou moins adaptée à la description du milieu concerné.
Nous avons étudié la conductivité dans l'espace des pores de mélanges binaires de
sphères de verre. Ces systèmes présentent l'avantage d'avoir une porosité variable en
fonction de la composition du mélange[3] tout en restant constitués de grains bien
individualisés.
CONDITIONS EXPÉRIMENTALES. — Les sphères utilisées, de diamètres respectifs 81+7um et 325 + 29 um ont
été préalablement nettoyées à l'acide, abondamment rincées à l'eau distillée, puis soigneusement séchées.
Les mesures ont été effectuées dans une cellule cylindrique de 20mm de diamètre. Cette cellule comporte
une électrode de cuivre inférieure fixé et une électrode de cuivre supérieure coulissant dans un corps de PVC.
Cette disposition permet d'appliquer une pression uni-axiale sur l'échantillon. La hauteur de celui-ci est de
l'ordre de 16 mm. Les dimensions de la cellule sont suffisamment grandes devant celle des grains pour que
l'on puisse négliger les effets de paroi.
La concentration voulue du mélange de sphères est obtenue par pesée, les deux types de sphères ayant la
même masse volumique (2,42g/cm3). Le mélange est versé par très petites quantités dans le liquide conducteur,

0249-6305/85/03010977 $ 2.00 © Académiedés Sciences


978 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

Fig. 1. Évolution de la porosité(cp)



en fonction du pourcentage volumique (x1) de petites sphères.
Fig. 1. — Variations of the porosity ç
with the volumefraction (x1) of small spheres.

du sulfate de cuivre à 0,5 mole/1, préalablement placé dans la cellule, afin d'éviter au maximum la ségrégation
et la formation de poches d'air.
Les mesures sont réalisées à l'aide d'un détecteur synchrone qui permet d'obtenir successivement le courant
traversant le poreux et la composante de la tension aux bornes de la cellule en phase avec ce courant.
La fréquencede travail est de 5 kHz. Nous avons déterminéla conductivité af de l'électrolyte que nous avons
trouvé indépendante de la hauteur h de séparation des deux électrodes dans le domaine utilisé (7<h<18mm) :

(la littérature donne af=25,71.10-3Ci' 1 .cm"1 à 18°C).


Avant mesure, l'échantillon est soumis à une série de cycles de pression uniaxiale selon la technique
antérieurement mise au point au laboratoire [4] : ces cycles, au cours desquels la pression varie entre 0 et
180 kg/cm2 permettent de compacter l'échantillon et d'en stabiliserla géométrie.
Nous déterminons alors la conductivitéde l'échantillon et sa porosité (le volume des sphères étant connu, il
suffit pour avoir cette dernière de mesurer la hauteur du récipient), puis la conductivité de l'électrolyte pour
prendre en compte les variations de température ambiante.
RÉSULTATS ET DISCUSSION. — présente les variations de la porosité cp en
La figure 1
fonction de la concentration volumique en petites sphères. L'allure de la courbe est
comparable à celle obtenue par Ben Aïm [3]. On notera cependant que la porosité d'un
échantillon de petites sphères est sensiblement plus grande que celle d'un échantillon de
grosses sphères (0,39 au lieu de 0,36). Ceci tient sans doute au fait que pour une même
pression, la force qui s'exerce sur les grosses sphères est beaucoup plus grande que celle
qui s'exerce sur les petites sphères : l'utilisation d'une pression deux fois plus forte sur
un empilement de petites sphères permet effectivement de descendre la porosité à 0,37.
La figure 2 donne, en échelle logarithmique, les variations de conductivité du poreux,
normalisée à la conductivité de l'électrolyte, en fonction de la porosité. Elle appelle
plusieurs remarques :
(a) Bien que chaque valeur de porosité corresponde à deux valeurs de concentration
du mélange, les variations de conductivité observées dépendent de façon biunivoque de
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985 979

Fig. 2 Fig. 3
Fig. 2. — Évolution de la conductivitérelative (cr/Of) en fonction de la porosité (<p)
d'un mélange de sphères à deux tailles (o=conductivité de l'échantillon; o"/r=conductivitédu fluide).
Fig. 2. — Variations of the relative conductivity (a/of) asafunction of the porosity (q>)
of a binary mixture, (a=conductivity of the sample; (jf—conductivity of the flind).
Fig. 3. —Dépendance de la conductivité en fonction de la porosité dans trois domaines différents.
Fig. 3. — Variationsof the conductivity with the porosity in three différent domains.

la porosité; elles sont linéaires dans la représentation utilisée. On peut alors utiliser la loi
d'Archie pour rendre compte de ces résultats. Dans cette optique, A vaudrait 1,26 et
l'exposant m serait 1,15 — Jackson et coll. [5] trouvent m = 1,2 pour des empilements de
sphères avec distribution monomodale de diamètres.
(b) Les points expérimentaux sont en assez bon accord avec les résultats théoriques
donnés par Sangani et Acrivos [6] pour les empilements CFC et CCC et un empilement
désordonné de sphères identiques de porosité 0,38. Les valeurs ne sont pas très éloignées
de la borne supérieure de Hashin-Shtrikman [7] qui est la meilleure représentation possible
pour un matériau caractérisé simplement par son isotropie et sa composition.
(c) Le modèle théorique qui rend le mieux compte des variations observées est celui
de Berryman[8] qui, dans la représentation utilisée, donne un exposant m légèrement
plus élevé. L'expression proposée par Berryman, basée sur la théorie phénoménologique
de Biot [9] sur la propagation d'une onde acoustique dans un milieu poreux saturé de
fluide, est de la forme :
(2)
L'utilisation de mélanges binaires de sphères nous a permis d'obtenir des valeurs de
porosité comprises entre 0,26 et 0,39. Pour situer nos résultats dans un cadre plus général,
nous proposons une classification des systèmes de particules sphériques en trois catégories
selon la valeur de la porosité (fig. 3):
T. Les suspensions diluées dont lès variations de conductivité sont bien représentées
par; la loi d'Archie avec un exposant 3/2 [10] conforme à la théorie du milieu effectif de
Bruggeman[11] et Sen et coll. [12]. Ce résultat est indépendant de toute distribution de
taille. La longueur caractéristique est la distance moyenne entre sphères.
980 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

2. Les empilements denses dans lesquels il existe de fortes interactions entre sphères
dont les modèles de milieu effectif ne peuvent rendre compte. Pour obtenir une variation
notable de porosité dans ces systèmes, il est nécessaire de réaliser des mélanges binaires
par exemple. La faible valeur de m que nous observons peut être rattachée à une
distribution étroite de la taille des pores [13] (du moins par rapport à celle de la zone
diluée). Il est alors probable que pour des rapports de diamètre plus grand que celui que
nous avons utilisé, pour lesquels une petite sphère peut se loger dans la cavité d'un
arrangement local de grosses sphères, on observerait des valeurs de m plus importantes,
la distribution de taille des pores présentant dans ce cas deux modes bien marqués et
bien séparés.
3. A l'autre extrémité de l'échelle de porosité, on peut placer les systèmes résultant du
frittage thermique de sphères de verres empilées de façon compacte, qui ont été utilisés
comme modèles de roches sédimentaires (modèle de Ridgefield). La structure de l'espace
des pores de ces systèmes peut être considérée comme formée de cavités plus ou moins
importantes, reliées par d'étroits canaux. Ce sont les canaux qui conditionnentla conducti-
vité, tandis que la plus grande partie de la porosité provient de la présence des cavités
([13], [14]). L'exposant m de la loi d'Archie est de l'ordre de 2 dans ces systèmes.
Cette représentation des systèmes poreux en trois domaines différents fait apparaître
l'intérêt de futures études expérimentales aux deux frontières.
Ce travail a bénéficié d'utiles discussions avec J. A. Dodds et E. Guyon. Il a été effectué en partie grâce à
un contrat A.T.P. C.N.R.S. n° 9.83.90.
Reçue le 28 août 1985, acceptée le 16 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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J. L., J.-P. T. et D. B. : Université de Rennes-I,


Groupe de Physique cristalline (U.A. au C.N.R.S. n° 040804),
Campus de Beaulieu, 35042 Rennes Cedex;
J. S. : Université de Rennes-I,
Laboratoire d'Électrochimie (U.A. au C.N.R.S. n° 896),
Campus de Beaulieu, 35042 Rennes Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985 981

CRISTALLOGRAPHIE. — Détermination complète d'un tenseur de diffusion dans un


cristal monoclinique: cas de l'hétérodiffusion du $-naphtol dans le naphtalène à 343 K.
Note de Alain Dautant, Louis Bonpunt, Abdel Loumaïd et Yvette Haget, présentée par
Erwin-Félix Bertaut.

La diffusion dans les cristaux de basse symétrie est très rarement étudiée car elle nécessite des mesures dans
différentes directions cristallographiques.Dans cette étude, le coefficient d'hétérodiffusion du P-naphtol dans
le naphtalène a été mesuré par la méthodede sectionnement comptage dans quatre directions cristallographiques
différentes.
Directionx1, Dx1 = (12,3±0,4). 10-17m2.s-1;
direction x2,pX2=(8,S±0,3):iO-11m2.s-1;
direction x3, Dx3 = (4,3+0,3). 10- 17m2. s-1;
direction xe, DXB =(7,8+0,2). 10""m2.s-- 1.
Ces mesures ont permis de déterminer complètementle tenseur de diffusion ce qui est à notre connaissance
la première mesure d'une telle grandeur. De plus, ce résultat apporte la preuve de l'existence d'une anisotropie
de diffusionmoléculaire.Nous attribuons celle-ci à une mobilité plus forte à l'intérieur d'un feuillet moléculaire
qu'entre deux feuillets voisins.

CRYSTALLOGRAPHY,— Complete determination of diffusion tensor in a monoclinic crystal: case of the


heterodiffusionof P-naphthol in the naphthalene al 343 K.
By means of a microtome sectioning technique, heterodiffusion coefficient of fi-naphthol into naphthalene has
been measured in four directions.
Direction x1, Dx1 = (12.3+0.4) x 10-17m2.s- 1;
direction x2, Dx2 = (8.8 + 0.3) x 10-17m2.s- 1;
direction x3, DX3 = (4.3±0.3)xlO'1'!m2.s'1;
direction xs,'Dxe =(7.8 + 0.2) xl0_17m2.s"1.
These results have permitted the completedetermination of the diffusion tensor in this low symmetry structure and
reveal the existence of a molecular diffusion anisotropy. At our knowledge it is the first complete determination of
such a tensor. This anisotropy is due to a high mobility in the molecular loyer than between near neighbour
molecular loyers.

1. INTRODUCTION. — L'étude de la diffusion dans des cristaux ioniques, métalliques


ou organiques de haute symétrie (c. f. c., c. s., h. c.) a fait l'objet d'études très nombreuses.
Par contre, celles portant sur des cristaux de très basse symétrie (monoclinique ou
triclinique) restent rares et toujours fragmentaires car la détermination complète d'un
tenseur de diffusion nécessite de surmonter de nombreuses difficultés telle que l'orienta-
tion, la taille du cristal et la mesure du coefficient de diffusion selon plusieurs plans
cristallographiques.Les molécules organiques cristallisent généralement dans des structu-
res de basse symétrie lorsqu'elles ne possèdent pas de symétrie sphérique. Des études
récentes ont montré que certains cristaux organiques présentent des propriétés physiques
intéressantes (conductivité électrique importante et parfois supraconductivité, propriétés
spectroscopiques originales). Généralement,l'interprétation fine de ces propriétés nécessite
de connaître la structure et les propriétés des défauts, ponctuels et étendus, présents dans
le cristal. Dans ce cas, une étude de diffusion peut être un moyen pertinent pour répondre
à ce type de problème. Dans un premier temps, nous avons choisi de prendre pour
support de notre étude le naphtalène lequel peut être considéré comme matériau modèle
pour la physique moléculaire [1].
Le tenseur de diffusion D est défini par la première loi de Fick:

0249-6305/85/03010981 $ 2.00 © Académie des Sciences


C. R.,
1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 71
982 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

Le flux et le gradient ne sont en général pas colinéaires. D est un tenseur de rang 2.


L'équation E. 1 peut s'exprimer en notation tensorielle [2] :

La diffusion de matière est une propriété décrite par la thermodynamique des processus
irréversibles. Donc, en vertu du principe d'Onsager qui affirme l'égalité des coefficients
croisés des équations phénoménologiqueslinéaires :

Le tenseur de diffusion est donc symétrique. En général, la détermination complète


d'un tenseur de diffusion dans un cristal suppose la connaissance de six paramètres, trois
pour fixer ses axes principaux (X1, X2, X3) par rapport aux trois axes du référentiel
d'étude orthonormé (x1,x2, x3) et trois pour calculer ses trois coefficients principaux D1;
D2 et D3.
Des considérations de symétrie permettent de diminuer ce nombre de paramètres car,
d'après le principe de Curie, nous savons que l'effet (propriété physique) a une symétrie
égale ou supérieure à celle de la cause (structure cristalline). Par exemple, dans une
structure monoclinique telle que celle du naphtalène (P21/a; Z = 2, a=8,319, b = 5,997,
c = 8,269 Â; [3 = 116,92° à T = 343 K [3]) l'axe b, axe binaire de symétrie, sera nécessaire-
ment un des axes principaux du tenseur et les deux autres axes principaux seront contenus
dans le plan ac du référentiel monoclinique. Si l'on nomme x2 l'axe confondu avec b,
alors les coefficients non diagonaux du tenseur, pour lesquels i 2 ou j = 2, seront nuls.
=
Dans ce cas, le tenseur devient en notation matricielle :

Le choix des axes x1 et x3 étant arbitraires, fixons-les respectivement dans les directions
a et c*, car ce sont précisément là, deux directions d'étude expérimentale de la diffusion
conduisant à une simplification du traitement mathématique, c* est la direction cristal-
lographique perpendiculaire au plan ab. La mesure du coefficient de diffusion dans les
trois directions a, b et c* conduira directement à la détermination de D11, D22 et D33.

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 1. — Plans choisis pour les dépôts de traceur repérés par rapport à la maille cristalline.
Fig. 1. — The radiotracer deposition planes in relation to the unit cell.
Fig. 2. — Profils moyens de diffusion réticulaire: (a) direction x1 (ou axe a); (b) direction x2 (ou axe b);
(c) direction x3 (ou axe c*); (d) direction xe (définiedans le texte).
Fig. 2. — Lattice diffusion mean profiles: (a) x1 direction (or axis a); (b) x2 direction (or axis b); (c) x3 direction
(or axis c*); (d) xe direction (defined in the text).
Fig. 3. — Représentation géométrique du tenseur de diffusion: l'ellipsoïde des grandeurs (variation dans
l'espace de l'extrémité du vecteur flux de molécules diffusantes correspondant à un gradient de composition
unitaire et isotrope).
Fig. 3. — Geometrical representationof the diffusion tensor: flux ellipsoid.
Fig. 4. — (a) projection de la structure du naphtalène selon b [sur le plan (010)]; (b) section de l'ellipsoïde des
grandeurs par le plan (010).
Fig. 4. — (a) naphthalene structure projection along b axis [upon the plane (010)]; (b) section parallel to plane
(010) of the flux ellipsoid.
PLANCHE I/PLATE I ALAIN DAUTANT
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

Une quatrième série de mesure De, effectuée dans une direction xe, contenue dans le
plan ac*, permettra de calculer D13, grâce aux formules déduites de la construction de
Mohr [2]. Ce coefficient non diagonal permet en fait de connaître la position relative des
axes principaux X1 et X3 par rapport à a et c*.
2. PROCÉDUREEXPÉRIMENTALE.— Le monocristal de naphtalène nous a été fourni par le professeur Karl [4]
(Physikalisches Institut de l'Université de Stuttgart, R.F.A.) La procédure expérimentale et la méthode de
calcul du coefficient de diffusion lacunaire ont été décrites précédemment [5]. Nous préciserons ici la méthode
d'orientationet de taille des cristaux ainsi que le choix de la direction x0. Le repérage des axes cristallographiques
a et b est réalisé par des méthodes optiques (observation sous polariseurs croisés-biréfringence),puis la position
de l'axe c* est déterminée par diffraction d'un faisceau monochromatique ou polychromatique de rayons X,
La direction xe doit être, sachant que la précision relative sur les coefficients de diffusion est d'environ 10 %,
aussi éloignée que possible des directions x1 et x3 afin de bien déterminer la direction de l'axe principal X1 ou
X3. La meilleure solution serait donc la bissectrice des axes x1 et x3. Mais le plan (001) est un plan de clivage
donc, plus un sciage (et à plus forte raison un planage à l'aide d'un microtome) se fera sous une incidence
faible par rapport à ce plan, plus le risque de rupture sera grand. L'angle de 52° entre les directions x3 et xe
que nous avons choisi s'est avéré être un bon compromis.
Le cristal a été taillé de façon à obtenir des échantillons dont les faces soient parallèles aux quatre plans
cristallographiques précédemment définis et qui sont représentés sur la figure 1. La méthode très classique,
dite de sectionnement-comptage que nous avons mise en oeuvre, nécessite de déposer une couche infiniment
mince de traceur radioactif sur la face d'étude perpendiculaire à la direction de diffusion considérée. Après le
traitement de diffusion, le cristal est découpé parallèlement au plan de dépôt en tranches de 4 u. L'activité A
de chaque tranché est proportionnelle à sa concentration c en, molécules diffusantes.
Afin d'obtenir une précision satisfaisante pour chacun des quatre coefficients de diffusion, plusieurs expé-
riences (de 2 à 4) ont dû être effectuées avec des temps de diffusion allant de 190 à 473 h.
3. RÉSULTATS. - Si la diffusion réticulaire est seule en jeu, un profil de diffusion,
Log c=f(x2), doit être une droite car c=c0 exp(—x2/4Dt) est la solution de l'équation
de Fick (E. 1) projetée sur une direction quelconque. En pratique, nous traçons les profils
Log A=f(x2) ce qui est, comme nous l'avons dit précédemment, équivalent à une
constante près.
L'existence sur les profils expérimentaux [5] de « queues » de courbes linéaires en x (et
non en x2), dues à une mobilité plus rapide le long des lignes de dislocations, montre la
nécessité d'une correction mathématique afin de soustraire cette contribution Ad. Nous
avons, pour cela, utilisé la méthode de Le Claire et Rabinovitch ([6], [7], [8]). Pour
pouvoir comparer entre eux l'ensemble des profils obtenus pour des temps de diffusion
et des activités initiales variables, une normalisation a été réalisée pour s'affranchir de
ces paramètres. Finalement, l'observation des quatre profils moyens relatifs aux quatre
directions d'étude, corrigés de l'influence des dislocations Log (A—Ad)=f(x2), donc
caractéristiques de la seule diffusion réticulaire (fig. 2), confirme la remarque faite lors
d'une étude précédente [5], à savoir que cette propriété est anisotrope.
Les valeurs des coefficients, dans les quatre;directions étudiées, sont les suivantes:
direction x1, DX1=(12,3 ±0,4) .10-7 m2.s- 1;
direction x2, DX2=(8,8±0,3).10-17m2.s- 1;
direction x3, DX3 = (4,3±0,3). 10-17m 2. s-1;
direction xe, DXfj =(7,8±0,2).TO^m^iT 1.
Le tenseur de diffusion obtenu dans le référentiel (a, b, c*) peut être ramené à ses axes
principaux par une rotation autour de l'axe b d'un angle de 10 ±6° dans le sens x1 vers

Tenseur de diffusion Tenseurramené


dans le référentiel à ses axes principaux
(a,b,c*). (X1.X2.X3).
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

Une représentation géométrique de ce tenseur est donnée au moyen d'une vue, en


perspective cavalière, de l'ellipsoïde des grandeurs (fig. 3).
4. DISCUSSION. CONCLUSION. — Un de nos résultats d'hétérodiffusion peut éventuelle-
ment être comparé à celui obtenu par Hampton et Sherwood [9] concernant l'autodiffu-
sion du naphtalène dans la direction c*. Leur valeur, calculée à 343 K,
15.10- 17 m2. s- 1 est du même ordre de grandeur que la nôtre. Il ne serait pas raisonnable
de pousser plus loin les comparaisons avec ce résultat car, d'une part, la correction de
l'influence des dislocations n'a pas été effectuée dans leur cas par la méthode de Le
Claire et Rabinovitch et d'autre part, il serait surtout délicat, dans l'état actuel de nos
connaissances, de comparer des données d'hétérodiffusion et d'autodiffusion.
En revanche, à titre de première interprétation, nous pouvons d'ores et déjà tenter une
analyse de nos résultats en termes d'environnement structural. Il est classique de présenter
la structure du naphtalène comme étant constituée d'un empilement de feuillets compacts
de molécules, ces feuillets étant parallèles au plan (001). L'aspect en feuillets peut très
bien être vu grâce à une projection de la structure sur le plan (010) (fig. 4). En comparant
cette projection avec la coupe de l'ellipsoïde des grandeurs par ce même plan, il apparaît
aussi clairement que la mobilité interfeuillet est nettement inférieure à celle intrafeuillet
(près de trois fois plus faible). La diffusion à l'intérieur d'un même feuillet est, quant à
elle, relativementhomogène (D1/D2 voisin de 1,4).
Cette première détermination complète d'un tenseur d'hétérodiffusion dans une struc-
ture de basse symétrie a permis de confirmer l'existence d'une anisotropie de diffusion
bien marquée. Nous essaierons de voir dans notre travail à venir si cette anisotropie peut
se retrouver dans le cas de l'autodiffusion du naphtalène, ce qui permettra également de
comparer nos résultats avec ceux de Hampton et Sherwood [9] et de Sherwood et
White [10].
Nous tenons à remercier le professeur N. Karl pour les monocristaux de naphtalène qu'il a bien voulu
préparer à notre intention.
Reçue le 22 juillet 1985, remise le 16 septembre 1985.

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Laboratoire de Cristallographieet de Physique cristalline,


U.A. n° 144, C.N.R.S., Université de Bordeaux-I, 351, cours de la Libération, 33405 Talence Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985 987

ÉLECTRICITÉ.
— Dynamo unipolaire en régime impulsionnel: Note de Jean-Pierre
Brancher, présentée par Pierre Grivet.

Nous étudions un modèle applicable à une dynamo unipolaire fonctionnant en régimeimpulsionnel,compati-


ble avec le cas limite où les matériaux sont parfaitement conducteurs d'électricité.Quelques exemples d'évolution
de courants et de vitesses de rotation sont donnés pour des fonctionnementsinstables de la génératrice.

ELECTRICITY. — Current impulse of an homopolar dynamo.


We study an homopolar dynamo model which is usable even in the limit of perfect conductivity. Some examples
of current and angular velocity evolutions are given for unstable workings of the generator.

1. INTRODUCTION. — En 1964, C. Rioux [1] étudia une dynamo unipolaire entraînée


par un volant en rotation accumulant de l'énergie cinétique susceptible d'être transformée
pendant un temps très bref en énergie électrique.
Le principe de fonctionnement d'une telle génératrice est basé sur l'effet dynamo
comme pour le disque dynamo de Bullard discuté par H. K. Moffatt dans [2]. Un premier
modèle utilisé par C. Rioux est correct pour des vitesses de fonctionnement légèrement
supérieures à la vitesse critique d'apparition de l'effet dynamo. Cela correspond à la
plage de fonctionnement que l'on peut raisonnablement espérer pour des génératrices
construites avec les moyens technologiques courants dont on dispose actuellement.
Si on se place dans le cas limite obtenu lorsque les matériaux non ferromagnétiques
sont des conducteurs parfaits. Il faut modifier le modèle comme dans [2] pour qu'il
satisfasse au théorème d'Alfven [3], Ce deuxième modèle sera utilisable dans les cas où
les vitesses de fonctionnement deviennent très grandes par rapport à la vitesse critique.

2. LE PREMIER MODÈLE ET Pour une description précise de la machine,


SES LIMITES. —
nous renvoyons à [1]. La dynamo est constituée d'un anneau de cuivre mobile autour
d'un axe ZZ' et d'un stator feuilleté, de telle sorte que les courants inducteurs soient
pratiquement azimutaux au voisinage de l'anneau mobile. Il y a donc n circuits qui sont
fermés sur le rotor par des contacts à mercure. Si n est suffisammentgrand, le problème
est axisymétrique. On note alors I l'intensité totale et N la vitesse de rotation en tours
par seconde. Le rayon du rotor est Ro, les deux cercles (extrémités de l'anneau) de rayon
Ro, sont notés ^et ^2, la surface latérale de l'anneau est appelée EL, k est le vecteur
unitaire dans la direction Z'Z. a est la hauteur de l'anneau et e son épaisseur. Le champ
électrique induit dans l'anneau est E = 2rïNRoBrk où Br est la composante radiale
du champ magnétique. Ainsi la différence de potentiel entre <ë1 et c62 est donnée par :

Le théorème de Thévenindonne l'équation du courant :

où L est le coefficient de self-induction du circuit fermé #, R la résistance.


On a ici <62 = MI où M est la mutuelle entre %> et la réunion de <^1 et <€2, compte tenu
de la conservation du flux de B.
0249-6305/85/03010987 $ 2.00 © Académiedes Sciences
988 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

Le couple électromagnétique est : Tem= R0e, A (J A Ti) dxdydz, où er est le


JJJrûtor
vecteur radial unitaire, j le vecteur densité de courant. On a alors :

L'équation du mouvement du rotor se réduit à (2), puisqu'ici il n'y a pas de couple


moteur :

où C est le moment d'inertie du rotor.


Les équations (1) et (2) sont celles utilisées par Rioux. Elles admettent une intégrale
première évidente: (M/C)I2+(M/L)N2-2N(R/L)=Cte,I = 0 et N = Cte est solution
du système. Cette solution est stable si R > MN, instable si R < MN. Dans le cas où
I=0 est instable le flux à travers 2L va augmenter. Si l'anneau est un conducteur parfait
le théorème d'Alfven a pour conséquence le maintient d'un flux constant dans le temps
(donc nul dans ce cas).
Ce paradoxe tient essentiellement au fait que le vecteur densité de courant est supposé
dirigé suivant ZZ' et que ce sont les courants azimutaux qui s'opposent à la variation de
flux.
3. MODÈLE COMPATIBLE.

Pour sortir de la situation paradoxale précédente, il est
nécessaire d'introduire des courants azimutaux créant un champ magnétique opposé à
celui induit par le circuit cê. Aussi nous proposons d'étudier le modèle à rotor segmenté
comme l'indique la figure 2. Les segments conducteurs verticaux séparés par un matériau
isolant, permettent le passage du courant I. Les deux circuits conducteurs correspondant
aux boucles <ël et "^ permettent le passage des courants J1 et J2. On suppose que le
nombre de segment est grand pour conserver la symétrie de révolution. cêx et <^2
présentent respectivement les résistances R'1 et R'2 et les selfs L'1 et L'2.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985 989

où <D0y 3>o sont les flux créés par <€ à travers ^ et <§£ <D2 est le flux créé par cê2 à
travers ^ et $2 est le flux créé par ^x à travers #2.
En ajoutant membre à membre les deux équations de (3) on obtient, en supposant cê1

L' est la self de la réunion de <{g1 et de "g^, la mutuelle entre ces deux circuits est incluse
dans L'. La conservation du flux donne là encore : L' J + Q)\ + $)$ = <&2.
Le système complet des équations des courants s'écrit alors :

L'équation du mouvement est toujours donnée par (2).


On peut mettre (4) et (2) sous forme adimensionnelle; on obtient :

4. REMARQUES ET CONCLUSION. —
Signalons tout d'abord que le premier modèle s'ob-
tient à partir de (4) en posant R' -»+ co et J-»0. L'intégrale première obtenue peut
s'écrire : X2+(Z —1)2=K2, où K est une constante. Ainsi la trajectoire dans le plan des
X et Z est un cercle de rayon /Xo+(Z0 — l) 2 où l'indice 0 indique les conditions initiales.
Dans ce cas si Z0 > 1, Xo = 0, l'instabilité apparaît, le rotor perd une partie de son
énergie cinétique et admet comme vitesse limite réduite 2—Zo. La perte d'énergie cinétique
correspond à la dissipation par effet Joule puisque la génératrice s'amorce. Le courant
maximal obtenu est alors Xm=Zo — 1. Cette valeur est atteinte lorsque Z = 1 au bout
d'un temps xm de l'ordre de : l,57t/(Z0 —1) en accord avec [1].
Le modèle que nous avons développé dans le paragraphe précédent est plus complexe.
Cette fois les trajectoires ne sont plus des cercles comme on peut le voir sur la figure 3.
La résolution de (5) a été faite numériquement avec a = 2, (3 = 1, y = 2.
Le courant X peut atteindre plusieurs extremums locaux pour différentes valeurs de la
vitesse données d'après (5) par : Z=(X-(3Y)/(X+Y).
La valeur de Z à l'instant x ne peut se déduire de manière immédiate de celle de X et
Y toutefois le bilan d'énergie permet d'écrire :
990 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

L'intervention du courant Y modifie la solution obtenue avec le premier modèle. Pour


Zo légèrement supérieur à 1, il n'y a pas de différence fondamentale entre les solutions.
Quand Zo croît, il apparaît des oscillations de courant et de vitesse de plus en plus
irrégulières avec changement de signe (fig. 4) ce qui diminue les performances de la
génératrice.

Le système (5) admet comme solution stationnaire le point X = 0, Y = 0, Z = Cte. Une


étude du système linéarisé en ce point montre que les valeurs propres X sont solutions
de:

est à divergence négative. Dans le cas limite où l'anneau est parfaitement conducteur, R'
est nul et p = y=0. (6) devient X2 (X +1) = 0. Les valeurs propres sont réelles et non
positives. Le modèle que nous avons proposé reste donc consistant pour le cas limite
d'une résistivité nulle.
Ce type de problème peut aussi se rencontrer en magnétohydrodynamiqueoù certains
modèles permettent une croissance exponentielle du champ magnétique même dans le
cas limite où le fluide est parfaitement conducteur.
Remise le 15 avril 1985, acceptée le 23 septembre 1985.

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C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14,1985 991

ÉLECTROCHIMIE. Étude électrochimique de la catalase à l'électrode à pâte de



graphite. I. Comportement électrochimique de l'hème. Note de Christine Jakubowicz, Roger
Vallot et René Buvet, présentée par Gaston Chariot.

Le comportement électrochimiquedes hèmes de la catalase de foie de Boeuf à l'électrode à pâte de graphite


en fonction du pH en milieu acide et neutre est décrit. Il est étroitement lié aux conditions de dénaturation de
celle-ci et à la nature du tampon utilisé. En milieux citrate et acétate, la catalase catalyse la réduction de
l'oxygène chimisorbé.

ELECTROCHEMISTRY. — Electrochemistry of bovine liver catalase on graphite paste electrode.


I. Electrochemicalbehaviour of heme.
The electrochemical behaviour of hemes of beef liver catalase on graphite paste electrode is studied. These
propertiesare closely dependent upon denaturing conditions and buffers composition. The reduction of chemisorbed
oxygen in acetate and citrate buffers is catalysed in the presence of catalase.

La catalase, associée à la superoxyde dismutase, assure la protection in vivo des tissus


contre les effets toxiques de l'ion superoxyde (02 et de l'eau oxygénée se formant
naturellement ou accessoirement au cours du métabolisme de l'oxygène [1], [2], [3]).
Actuellement, l'étude très complète de Rossmann et coll. [4] a permis d'en élucider la
structure. Aux pH physiologiques, cette enzyme de 240 000 daltons est constituée de
quatre sous-unités identiques, formée chacune d'une ferriprotoporphyrine IX, liée à une
chaîne de 505 amino-acides. À pH 3, il y a dissociation en dimère; des conditions plus
dénaturantes conduisent au monomère avec possibilité d'extraction de l'hème [5].
La présente Note sera consacrée au comportement électrochimique de l'hème, étudié
par voltampérométriecyclique à l'électrode à pâte de graphite (E.P.G.) vers les potentiels
cathodiques à partir du potentiel à courant nul. L'E.P.G. utilisée a été décrite par
ailleurs [6]. Les mesures ont été effectuées à 25°C sur des solutions dégazées et sous
atmosphère inerte. Les potentiels mesurés par rapport à l'électrode au calomel saturé
seront retranscrits par rapport à l'électrode normale à hydrogène.
En tampon phosphate pH 7, la catalase ne présente aucun système électrochimique
observable dans nos conditions expérimentales, contrairement à la chloro-
ferriprotoporphyrine IX (hémine) qui possède un système monoélectronique stable à
— 0,09 V. A
ce pH, la catalase est sous forme tétramètre, les hèmes sont profondément
enfouis; au sein de la molécule [4] et, par conséquent, dans l'impossibilité de transférer
un électron au graphite. En milieu faiblement acide, on voit apparaître un système
monoélectroniqueréversible, stable au cours du temps, correspondant à l'oxydoréduction
de l'hème, dont la dépendance vis-à-vis du pH diffère selon la nature du tampon, comme
le montre la figure 1.
Tampon citrate 1 M + NaCl 1 M (2^pH^6,5). — On observe un système réversible
Rcit dont le potentiel E^°, varie de 60 mV par unité de pH dans tout le domaine étudié.
Aux pH inférieurs à 3, Rcit évolue lentement et donne naissance à deux systèmes situés
de part et d'autre du système initial (points a, b, c et d de la figure 1).
Tampon acétate 1 M + NaCl 1 M (3-^pH^5). — Comme l'indique la figure 1, le
potentiel E^° du système observé Rac est confondu avec E^° entre pH 3 et 3,5. Aux pH
supérieurs à E'° devient indépendant du pH et sa valeur est de 0,15 V.

0249-6305/85/03010991 $ 2.00 © Académiedes Sciences


992 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

Fig. 1. —Diagrammepotentiel apparent, pH pour les systèmes réversibles de la catalase. B en milieu H2SO4
1 N; A en tampon acétate 1 M + NaCl 1 M; A en tampon acétate 1 M + NaCl 1 M, après transfert; ® en

tampon citrate 1 M+NaCl 1 M; points a, b, c, d, : explications dans le texte.


Fig. 1. — Dependence of formal potentials on pH for the reversible systems of catalase: B H2SO4; A acetate
buffer 1 M + NaCl 1 M; A acetate buffer 1 M + NaCl 1 M after transfer; © citrate buffer 1 M + NaCl 1 M;
points a, b, c, d; see the text for explanantions.

Le voltampérogramme obtenu en milieu H2SO4 1 N met en évidence un comportement


très différent. Dès le premier balayage, on observe deux systèmes monoélectroniques
réversibles, stables au cours du temps, R1 et R2 de potentiels normaux apparents
respectifs E;° = 0,65 V et E2° = 0,130 V. La figure 1 montre que Ei° et E'2° sont situés de
part et d'autre de l'extrapolation à pH=0 de Eé° (ou E'°). Afin de déterminer la
dépendance de E'" et E2° vis-à-vis du pH, nous avons opéré de la manière suivante :
tracé du voltampérogramme stable en milieu H2SO4 1 N, rinçage de l'électrode, puis
transfert dans le tampon d'étude. Là encore, on constate une différence du comportement
selon la nature des tampons. Le transfert en milieu acétate ( fig. 1) montre que (E'°)ac
varie de 60 mV par unité de pH alors que (E2°)flC ne varie que de 30 mV, chacune de ces
droites n'ayant aucun point commun avec les droites Rac représentant la variation de
E'a°c. Par contre, le transfert en tampon citrate pH 4 montre que (E'1°)cU vient se placer

sur la droite du potentiel Ecit (point e, fig. 1).


Lors de cette étude, nous avons mis en évidence un comportement particulier de la
catalase en tampons acétate (3^pH^5) et citrate (2^pH<[5). En effet, au cours du
premier cycle, nous avons observé que le premier pic cathodique est toujours bien plus
important que le pic anodique et que, dès le cycle suivant, le pic cathodique devient
symétrique au pic anodique ( fig. 2, A). Kuwana [7] a observé le même type de comporte-
ment lors de la réduction de l'oxygène en présence de tétraméthylpyridylporphinede fer
(III). Le mécanisme simplifié qu'il propose peut être transposé à la catalase et le pic
cathodique du premier tracé correspondrait à :
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985 993

Fig. 2. — A. Voltampérogrammeobtenu sur une électrode contenant 20 mg de catalase dispersée dans 100 mg
de graphite en milieu acétate 1 M + NaCl 1 M, pH 3,5, v = 3 mV.s-1. (a) premier balayage; (b) second
balayage. B. Voltampérogrammeobtenu sur une électrode contenant 14 mg d'hémine dispersée dans 100 mg
de graphite en tampon citrate, 1 M+NaCl 1 M, pH 2, v=3mV.s-1.(a) premier balayage; (b) second
balayage. C. Voltampérogrammeobtenu sur une électrode contenant 100 mg de graphite immergé dans une
solution de FeCl3 10- 3 M en milieu acétate 1 M+NaCl 1 M, pH 5, v=3 mV.s-1. (a) premier balayage;
(b) second balayage.
Fig. 2. — A. Cyclic voltammogram obtained with a mixture of 10 mg of catalase and 100 mg of graphite in
acetate buffer 1 M + NaCl 1 M, pH 3.5; y=3 mV.s- 1. B. Cyclic voltammogram obtained with a mixture of
14 mg of hemin and 100 mg of graphite in citrate buffer 1 M + NaCl 1 M, pH2, v = 3 mV.s- 1. (a) first
scan; (b) second scan. C. Cyclic voltammogram of a 10- 3 M FeCl3 solution in acetate buffer 1 M+NaCl
1 M on graphite paste electrode, pH 5, v=3 mV. s- 1, (a) first scan; (b) second scan.

L'oxygène se réduit par un mécanisme monoélectroniqueau potentiel des systèmes Rcit


ou Rac, alors qu'en présence d'hémine ou de FeCl3 la réduction a lieu à un potentiel
inférieur à celui du système réversible ( fig. 2, B, C). Nous devons toutefois préciser que
nous n'avons pas pu retrouver cette propriété par enrichissement de la solution en
oxygène, ce qui semblerait indiquer que cette réduction catalytique n'interviendrait que
pour de l'oxygène lié initialement a la catalase.
Cette première étude met en évidence que le comportement électrochimiquede l'hème
dépend de la nature du tampon utilisé comme le montre la variation de E'c°t ou E'a°. Aux
pH inférieurs à 3, l'évolution de Rcit en deux systèmes, dont les potentiels se rapprochent
de ceux de R1 et R2, indique qu'il se produit une dénaturation progressive puisqu'en
milieu sulfurique normal, réputé dénaturant, on obtient directement R1 et R2.
Remise le 1er juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] G. R. SCHONBAUMet B. CHANCE, The Enzymes, 13, 1976, p. 163, 3e éd., P. BOYER éd., New York Acad.
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[2] R. BUVET et L. LE PORT, Bioelectrochem. and Bioenerg., 12, 1984, p. 167-172.
[3] M. VUILLAUME, Y. DECROK, R. CALVAYRAC,R. VALLOT et M. BEST-BELPOMME, Comptes rendus, 296,
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[4] M. R. N. MURTHY, T. J. RED III, A. SICIGNANO, N. TANAKA et M. G. ROSSMANN, J. Mol. Biol., 152,
1981, p. 465-499.
[5] H. SUND, K. WEBER et E. MOLBERT, European J. Biochem., 1, 1967, p. 410-410.
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p. 1501.
[7] P. A. FORSHEY et T. KUWANA, Electrochemical and spectrochemical studies of biological redox components,
1982, KADISH éd., Am. Chem. Soc.

Laboratoire d'Énergétique électrochimique,


U.E.R. de Sciences, Université Paris- Val-de-Marne,
avenue du Général-de-Gaulle, 94010 Creteil Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris t. 301, Série II, n° 14, 1985 995

ELECTROCHIMIE. — Contrôle de la corrosion par la mesure de l'impédance


électrochimique : problème des structures de grandes dimensions. Note de Jianguo Zhang,
François Wenger, Michel Jérome et Jacques Galland, présentée par Paul Lacombe.

Les diagrammes d'impédance électrochimique obtenus sur électrodes de grandes,dimensions présentent des
distorsions dues à la taille des éléments éprouvés, qui peuvent conduire des erreurs d'interprétation. Un
à

modèle de circuit électrique équivalent est proposé pour l'interprétation et la simulation des diagrammes, dans
le cas simple d'une barre métallique de grande longueur.

ELECTROCHEMISTRY. — Corrosion control by electrochemicalimpedance measurements: problem of


structures with large dimensions.
The electrochemical impedance diagrams obtained with large working electrodes are distorded, because of the
dimensions of these tested elements. The distorsions may induce misinterpretations. An electrical circuit, equiva-
lent to the electrochemical system, is set up as a model in order to interpret and simulate the experimental
diagrams, in the case of a long bar.

INTRODUCTION, — Le suivi de la corrosion sur les structures métalliques ou en béton


armé des installations industrielles ou de génie civil, au moyen de mesures d'impédance
électrochimique, est de plus en plus à l'ordre du jour ([1], [2]), De nombreux problèmes
d'ordre technique et d'ordre théorique restent a résoudre avant que cette méthodologie,
utilisée jusqu'à présent presque exclusivement pour des recherches fondamentales, ne soit
au point pour ces applications technologiques. Un des problèmes théoriques essentiels
est celui posé par la grande taille des éléments étudiés; contrairement au cas des études
de laboratoire, dans le montage classique à trois électrodes utilisé pour ce type de
mesures, l'électrode auxiliaire, pour des raisons d'encombrement, a généralement des
dimensions très inférieures à celles de l'électrode de travail (structure éprouvée). Dans
cette Note, nous avons cherché à préciser quelles étaient les conséquences de ces conditions
inhabituelles, sur les diagrammes d'impédance.
ANALYSE DU PROBLÈMEET MODÉLISATION. — Le problème peut être analysé à partir de
la figure 1 a, où un cas très simple a été schématisé. L'élément éprouvé est une barre de
grande longueur L. L'électrode auxiliaire, de petites dimensions devant L, et l'électrode
de référence sont placées au point A dans l'électrolyte, à la distance y de la barre. La
tension sinusoïdale de mesure ÀV, appliquée entre le point A et la barre, crée en tout
point de celle-ci une perturbation sinusoïdale ÀE du potentiel électrochimiquedu métal.
Au point I, l'amplitude de AE est atténuée par rapport à celle de AV, du fait de la chute
ohmique, qui vaut donc AV — ÀE. Celle-ci est due au passage de la perturbation AIi du
courant traversant le i-ième petit élément de barre Ax contenant I, à travers la longueur
li d'électrolyte, entre I et A. Contrairement au cas des petites électrodes de travail,
l'amplitude de AE n'est pas la même en tout point de la barre.
Pour traiter ce problème du point de vue théorique, on peut donc considérer la barre
divisée en N tronçons de longueur identique Ax = L/N. Au i-ième tronçon on associe
une impédance d'interface métal-électrolyte Zi en série avec une résistance d'électrolyte
Ri. Le schéma équivalent de la barre est représenté à la figure 1 b. L'impédance totale
s'écrit :

0249-6305/85/03010995 $ 2.00 © Académiedes Sciences


996 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

Fig. (a) Mesures d'impédance d'une barre de grande longueur. Géométrie du montage de mesure, (b)
1. —
Circuit électrique équivalent au système de la figure 1 a.
Fig. 1. — (a) Impédance measurements for a long bar. Geometry of the measurement cell. (b) Electrical circuit
equivalent to the electrochemical system of the Figure 1 a.
Fig. 2. — (a) Diagrammesd'impédance expérimentaux. Influence de la longueur de la barre et de la distance
barre-électrode,(b) Diagrammes simulés correspondant aux diagrammesexpérimentauxde la figure 2 a.
Fig. 2. — (a) Experimental impedance diagrams. Effect of the bar length and of the bar-electrode distance, (b)
Calculated diagrams in relation with experimental results of the Figure 2 a.

On peut considérer en première approximation que Ri ne dépend que de la distance li


et lui est proportionnelle.Nous avons plus particulièrementétudié le cas où, d'une part,
l'état de la barre est homogène, c'est-à-dire qu'il n'existe pas de couplages galvaniques
entre différentes zones de la surface et où, de plus, le potentiel, en tout point de la barre,
est égal au potentiel d'abandon du métal, c'est-à-dire que le courant continu global qui
traverse le système est nul. Dans ces conditions tous les Zi sont identiques. L'impédance
Z de la barre peut être obtenue à l'aide de la formule (1), mais il est également possible,
dans ce cas particulier, de passer de ce modèle discontinu à un modèle continu (Ax = dx,
tend vers zéro); on a alors, pour un élément dx de la barre :

L'impédance de la barre s'obtient par intégration :

p est la résistivité de l'électrolyte, p le périmètre de la section droite de la barre, et l'on


a :

Zo est l'impédance de l'interface métal-électrolyte par unité de surface.


C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985 997

et:

Les diagrammes ont été tracés sur des barres en acier inoxydable à 18 % de chrome et
10% de nickel, à l'état passif, au potentiel d'abandon, en solution d'acide sulfurique
décinormale. L'électrode auxiliaire est un disque de platine de 1 cm de diamètre disposé
tout à côté de l'électrode de référence.
Le modèle fondé sur la formule (2) a été ainsi éprouvé pour 10 longueurs de barre
différentes comprises entre 10 et 100 cm et des distances barre électrode de référence
comprises entre 0,5 et 5 cm.
La simulation des diagrammes expérimentauxà partir de l'expression (2) a été effectuée
à partir des valeurs expérimentales de L et y et d'une expression de Zo de la forme :

avec j2= — 1 et 0^a<l. co est la pulsation du signal, x0 la constante de temps de


relaxation.
Cette expression (3) correspond à un diagramme d'impédance constitué par un demi-
cercle capacitif dans le plan complexe, dont le centre est situé sous l'axe des réels, dans
le demi-plan inductif. Cette expression empirique est plus générale que celle de l'impédance
d'un circuit R —C parallèles, dont le diagramme est un demi-cercle centré sur l'axe des
réels, et elle commence à être utilisée pour décrire les arcs dont le centre est sous cet axe
([2], [3]).
Nous avons vérifié expérimentalement la validité du choix de cette expression en
traçant le diagramme d'impédance d'une électrode d'acier inoxydable de petite taille.
Les diagrammes relatifs à la barre sont des arcs de cercles de grande taille dont la
partie « hautes fréquences » subit une distorsion due à la grande longueur de celle-ci,
Nous n'avons représenté que cette partie des diagrammes sur les figures 2a et 2b, pour
la clarté de celles-ci. Les valeurs introduites dans la simulation sont données dans le
tableau.

TABLEAU
L y p A

1.
2...
3
....
Courbes

:......
(cm)

60
60
10
(cm)

10
0,5
1,0
(Q.cm)

68
95
45
(fi. cm2)

3,0.107
6,2.107
8,1.107
x0(s)

1050
930
600
çt

0,093
0,05
0,078

On constate que la distorsion de la partie « hautes fréquences» est d'autant plus


importante que le rapport L/y est grand. Cette distorsion ne doit pas être confondue
avec un arc dû à un deuxième processus de relaxation.
L'évolution des paramètres A, x0, et a d'un cas à l'autre peut être reliée au fait que le
potentiel d'abandon diffère d'une centaine de millivolts d'un essai à l'autre. Les différences
dans les valeurs de p introduites dans les trois cas, indiquent que le modèle choisi
constitue une approximation, un calcul rigoureux de Z devant tenir compte de la
répartition réelle de la densité de courant dansl'électrolyte. La valeur de p mesurée avec
la solution utilisée est de 31,5 Q.cm. Cependant l'effet de la taillé de la barre sur les
diagrammes d'impédance est correctement représenté.

C. R.. 1985. 2e Semestre (T. 301) Série II —72


998 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

CONCLUSION. Une atténuation locale du signal de mesure de l'impédance peut donc



apparaître sur des éléments de grande taille et créer une distorsion des diagrammes dans
la partie « hautes fréquences ». Cette distorsion ne doit pas être confondue avec un arc
dû à un processus de relaxation supplémentaire. Le modèle simple de circuit équivalent
proposé permet de rendre compte de manière satisfaisante de cet effet de. taille. Remar-
quons que, même au cours d'essais de laboratoire, ce type de distorsion des diagrammes
peut apparaître si l'on choisit mal la taille de l'électrode auxiliaire ou les conditions de
symétrie dans la cellule (formes et positions relatives des électrodes).
Remise le 23 septembre 1985.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] M. KENDIG, F. MANSFELD et S. TSAÏ, Corrosion Science, 23, 1983, p. 317.


[2] F. WENGER, L. LEMOINE et J. GALLAND, 9th International Congress on Metallic Corrosion, 3-7 juin 1984,
Toronto, Canada.
[3] M. W. KENDIG, E, M. MEYER, G. LINDBERG et F. MANSFELD, Corrosion Science, 23, 1983, 1007.

Laboratoire CF.H.,
Ecole centrale des Arts et Manufactures, 92290 Châtenay-Malabry.
C; M. Acad. Sc. Paris, t, 301, Série II, n° 14, 1985

CHIMIE DE COORDINATION.— Nouveaux composés de type donneur-accepteur,


,
dérivés de complexes du coordinat dmit, CsSl présentant une haute conductivitéélectrique.
Note de Lydie Valade et Patrick Cassoux, présentée par Fernand Gallais.

Sont décrites la synthèse et les propriétés électriques de nouveaux composésdonneur-accepteur(DA) du


type D [M (dmit)2])y dans lesquels M=Ni ou Pd et D=TMTTF ou BEDT-TTF ou TMTSF. Les composés
DA obtenus présentent des conductivité élevées allant jusqu'à 50 Q_1.cm-1. Pour tous ces composés, la
présence de nombreux atomes de soufre ou de sélénium favorise l'existence d'interactions moléculaires qui
jouent un rôle important au niveau de leurs propriétés électriques.

COORDINATION CHEMISTRY. New highly conductive donor-acceptor compounds derived from



transition metal complexes of the dmit ligand.
The synthesis and electricalproperties of new D[M(dmit)2]y donor-acceptor compounds (M=Ni or Pd and
D = TMTTF or BEDT-TTF or TMTSF) are described. These compounds present high electrical conductivities
up to 50 Cl' 1 cm- 1 In every case, the existence of several sulfur or selenium atoms enhance molecular
interactions whick play .an importantpart in their conductivity behaviour.

INTRODUCTION. — Nous avons rendu compte de la synthèse et de la caractérisation


structurale de composés donneur-accepteurdans lesquels le donneur est le tétrathiofulva-
lène (TTF) et l'accepteur est un complexe que forme le nickel, le palladium ou le platine
avec le coordinat dmit (dmit2- = 1.3-dithio-2-thione-4. 5-dithiolate) ([1], [2]) ( fig. 1). Ces
composés présentent des propriétés électriques tout à fait remarquables : ainsi, en particu-
lier, TTF [Ni (dmit)2]2 a une conductivité déjà très élevée à la température ambiante
(300 Q- 1. cm-1), qui conserve son caractère métallique jusqu'à 4 K, température à
laquelle elle dépasse 10+5Q- 1 .cm- 1. Ces remarquablespropriétés ont été reliées, comme
dans le cas de sels conducteurs, et même supraconducteurs, d'ions radicalaires dérivés du
tétraméthyltétraséléno-fulvalène(TMTSF) ou du biséthylènedithiolène-tétrathio-fulvalène
(BEDT-TTF) ( fig. 2), à une caractéristiquestructurale particulière : dans tous ces compo-
sés en effet, outre l'arrangement monodimensionnel qui résulte de l'empilement des
molécules le long d'une direction privilégiée, sont observées des interactions entre empile-
ments mises en évidence par des distances Se... Se ou S... S inférieures à la somme
des rayons de Van der Waals entre des molécules appartenant à des empilements
adjacents ([1], [2]).
Des résultats du même genre avaient déjà été observés pour des dérivés du TMTSF [3]
et, depuis lors, ont plus récemment été signalés pour certains complexes du coordinat
dmit par Kobayashi et coll. [4].
La stratégie adoptée dans le choix des complexes accepteur M(dmit)2 avait pour but
la promotion de telles interactions électroniques S... S entre empilements, en multipliant
le nombre d'atomes de soufre à la périphérie des molécules. La même stratégie pouvait
être mise en oeuvre dans le cas des molécules donneur et, dans cette Note, nous présentons
des premiers résultats sur l'électrosynthèse et les propriétés électriques de composés
D [M(dmit)2]y dans lesquels les donneurs D sont des molécules riches en atomes de soufre
périphériques, comme TMTTF et surtout BEDT-TTF, ou des atomes de sélénium,
comme TMTSF ( fig. 2).
PARTIE EXPÉRIMENTALE. — Le coordinat dmit2- et les complexes (n-Bu4N)[M(dmil)2] ont été synthétisés
selon un procédé combinant ceux décrits par Steimecke et coll. et par Hartke et coll. [5].
Le BEDT-TTF a été synthétisé selon le mode opératoire décrit par Mizuno et coll. [6].

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1000 C. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

Par ailleurs, le TMTTF et le TMTSF nous ont été fournis par J. M. Fabre du Laboratoire de Chimie
organique structurale de l'Université des Sciences et Techniques du Languedoc à Montpellier que nous tenons
à remercierbien vivement.
Les composés D[M(dmit)2]y ont été synthétisés par électrolyse à intensité constante d'une solution des
donneurs et des complexes [M (dmit)2]NBu4 dans le 1.1.2-trichloroéthane.
Les mesures de conductivité sur poudre ont été effectuées sur des pastilles compactées (P=7,500 bars) à
l'aide d'un pont de mesure de résistance « Wayne Kerr », modèle B 605. La détermination des conductivités
sur monocristaux a été réalisée au laboratoire par la méthode à quatre pointes et à l'aide des appareillages
décrits par ailleurs [7].
RÉSULTATS. —
La synthèse par électrocristallisation d'une solution de.
(n-Bu4N) [Ni(dmit)2] dans le 1.1. 2-trichloréthane en présence de BEDT-TTF permet
d'obtenir des échantillonspolycristallinsde couleur noire et présentant un éclat métallique.
L'analyse élémentaire des aiguilles ainsi isolées montre que ce composé (BEDT-TTF)
[Ni (dmit) 2]y a une stoechiométrie intermédiaire entre y=1 et y =2. La conductivité
mesurée sur poudre compactée est moyenne (3.10-2Q-1.cm- 1 à 300 K) mais toutefois
supérieure à la conductivité mesurée sur monocristaux en utilisant la méthode à quatre
pointes (6.10-3Q-1.cm- 1 à 300 K). Ce dernier résultat bien qu'il soit en accord avec
la valeur déterminée sur monocristaux pour ce même composé par Kobayashi et coll. [8]
(2.1Q~3Û-I.cm- 1) conduit à une interrogation : en effet, dans les composés de ce type
pour lesquels la conductivité peut présenter des valeurs très différentes selon la direction
le long de laquelle elle est déterminée, on observe que la conductivité mesurée sur
monocristaux le long de la direction privilégiée d'interaction est en général supérieure à
celle obtenue sur poudre compactée. Ainsi, dansles composés monodimensionnels très
anisotropes comme le TTF.TCNQ [9], le rapport de ces conductivités peut atteindre des
valeurs très élevées comme 100 ou 1000 alors que dans des composés à caractère bi- ou
tridimensionnelplus prononcé, ce rapport devient,plus faible [7]. L'inversion inattendue
de l'ordre de ces conductivités observée dans le cas de BEDT-TTF [Ni(dmit)2] peut être
expliquée par trois raisons : (i) il est possible que la direction de mesure de la conductivité
sur monocristaux (vraisemblablement [001] [8]) ne soit pas la direction de plus grande
conductivité, bien que Kobayashi et coll. [8] aient souligné que c'était le long de [001]
que le nombre d'interactions électroniques S. . .S était le plus grand comparativement
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985 1001

aux autres directions du cristal, (ii) La mesure de conductivité sur monocristal est
fortement influencée par la qualité de ces derniers et il est donc possible que la valeur
déterminée par nous-mêmes et par Kobayashi l'ait été sur des cristaux présentant des
imperfections (macles, agrégats de monocristaux, défauts,...). (iii) Enfin, la nature poly-
morphique de ce type de matériaux étant bien connue, il est également possible que les
échantillons obtenus renferment plusieurs phases, celle ayant fait l'objet des mesures
sur monocristaux n'étant pas la plus conductrice; l'existence de plusieurs phases de
stoechiométries différentes expliquerait également la composition intermédiaire entre 1-1
et 1-2 observée pour ce composé.
L'électrosynthèse du composé donneur-accepteurTMTSF [Ni (dmit)2] fournit des échan-
tillons plus homogènes composés d'aiguilles (2,5 x 0,1 x 0,04 mm) noires d'aspect métalli-
que. Les valeurs de conductivité mesurées sur poudre et sur monocristaux sont, contraire-
ment au cas précédent, dans un ordre plus habituel, et respectivement égales à 0,2 et à
50 Q-1.cm- 1. La détermination du comportement électrique en fonction de la tempéra-
ture et celle de la structure cristalline sont actuellement en cours. Un travail sur ce même
composé vient de paraître dans le dernier numéro de Chemical Letters [10]. Selon les
auteurs, la conductivité de TMTSF [Ni(dmit)2] serait supérieure (300 Q-1.cm- 1) à celle
que nous avons mesurée (50 LY 1. cm-1). En dépit de cette valeur élevée, le comportement
de ce composé serait semi-conducteurbien que la structure consiste en des empilements
uniformes et séparés de TMTSF et Ni (dmit)2.
Les résultats obtenus sur le complexe analogue du palladium TMTSF [Pd (dmit)2] se
révèlent encore plus prometteurs. En effet, si les échantillons obtenus jusqu'à ce jour ne
contiennent pas de cristaux de taille et de qualité suffisantes pour une détermination
significative de la conductivité, en revanche, la valeur observée pour la conductivité sur
poudre est remarquablement élevée (2 fi- 1, cm-1), dix fois plus grande que celle de
TMTSF [Ni(dmit) 2]. Par ailleurs, la comparaison des diagrammes de poudre indique
clairement que ces deux complexes analogues, TMTSF [Ni (dmit) 2] et
TMTSF [Pd (dmit) 2], ne sont pas isostructuraux ce qui laisse envisager des comportements
électriques très différents pour ces deux composés.
Les électrosynthèses des dérivés du TMTTF ont également fourni des cristaux des
deux composés suivants: TMTTF [Ni (dmit) 2]y et TMTTF [Pd (dmit) 2]y Ces donneurs-
accepteurs se présentent comme les précédents sous la forme d'aiguilles noires brillantes.
L'analyse élémentaire de TMTTF [Ni (dmit) 2]y indique une non-homogénéité du com-
posé obtenu, la valeur de y pouvant être 1 ou/et 2 selon l'échantillon analysé. Ceci rejoint
tout à fait l'observation que nous faisions au sujet du composé BEDT-TTF.[Ni(dmit)2]
selon laquelle les échantillons obtenus lors des synthèses de ce type de matériaux sont
souvent de nature polyphasique. Toutefois, dans le cas de TMTTF [Ni (dmit)2]y cette
observation n'a pas un retentissementaussi importantau niveau des propriétés électriques.
En effet, les valeurs des conductivités sur poudre et sur monocristaux sont du même
ordre de grandeur (5.10-4Q-1.cm ] à température ambiante), ce qui indiquerait que
ce matériau présente une faible anisotropie.
Dans le cas du composé analogue du palladium, les résultats de l'analyse élémentaire
indiquent comme formule TMTTF [Pd (dmit) 2]. La conductivité sur monocristal est plus
élevée que celle du dérivé du nickel (l,5.10-3Q-1.cm-1).
Toutefois on constate que les composés dérivés du TMTTF présentent des conductivités
moins élevées que celles des composés dérivés du TMTSF. Ceci peut en partie s'expliquer
par la comparaison des potentiels de demi-vague d'oxydation du donneur et de réduction
1002 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985
de l'accepteur à l'aide de la relation de Wheland [11] (pour obtenir un composéconducteur
AE1/2=É° —Efi2 doit être compris entre 0,1 et 0;4 V). Dans le de
2 cas
TMTTF [Ni (dmit)2]y, ÀEiy2 = 0,04 V (1), ce qui permet d'expliquer la conductivité
moyenne de ce composé alors que pour TMTSF [Ni(dmit)2], AE1/2=0,22 V, valeur qui
est bien comprise dans le domaine préconisé par Wheland et d'ailleurs ce composé
présente une conductivité élevée. Pour TMTTF [Pd (dmit)2], bien que AE1/2=0,14 V, la
conductivité du composé reste moyenne, mais nous n'avons pas, pour le moment,
d'indications structurales nous permettant de savoir si ce composé présente des empile-
ments uniformes. Par contre, dans le cas de TMTSF [Pd (dmit)2LAEi/2=0,32V et la
valeur de là conductivité sur poudre de ce matériau laisse supposer que les monocristaux
présenteront une conductivité élevée.
CONCLUSION. — Ces premiers résultats confirment que les composés donneur-accepteur
entre les complexes accepteurs M (dmit) 2 et divers donneurs soufrés ou séléniés constituent
une nouvelle famille importante et variée de matériaux présentant des propriétés électri-
ques très intéressantes.
(1) Les potentiels de demi-vague des couples D+/D° et A°/A- ont été déterminés sur électrode de platine
dans les 1.1.2-trichloréthane avec NB^CIOJ1 du NBu^BF^' comme sel de fond à la concentration de 10-1M.

3-6.
Ils sont donnés par rapport à une électrode de référence à Ag/AgCl, KCl 10-1M. Les valeurs obtenues sont :
[Ni(dmit)JNBu^, E1/2=0,275 V; [Pd (dmit)2]NBula', EI/2 = 0,175 V; TMTTF(b), E1/2 0,315 V; TMTSF(b),
=
E1/2 = 0,495 V.

Reçue le 22 juillet 1985, acceptéele 16 septembre 1985;

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Laboratoire de Chimie de Coordination du C.N.R.S., Unité n° 8241,


Université Paul-Sabatier, 205, route de Narbonne, 31400 Toulouse.
C. R, Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985 1003

CHIMIE DE L'ÉTAT SOLIDE. — Préparation, caractérisation et mesures électriques


des phases MM'Nb2Se10-xSx avec x<2. Note de Azzedine Ben Salem, Shinichi Kikkawa,
Philippe Molinié, Alain Meerschaut et Jean Rouxel, présentée par Paul Hagenmuller.

Des essais de substitution du sélénium par lé soufre ont été tentés sur les dérivés du type MM'Nb2Se10,M
et M' = V, Cr, Fe, Nb, Ta. La substitution complète est impossible. Une limite est en effet atteinte pour x=2
en considérant la formulation MM'Nb2Se10-xSx. Des mesures de résistanceélectrique sur monocristal montrent
le déplacement de la température de transition métal-isolant vers les hautes températures (quand x croît). Il y
a par ailleurs augmentation de la valeur de la résistance. Ces faits s'accordent avec l'accroissement d'ionicité
des composés et avec le renforcement,consécutifau désordre, du caractère aléatoire du potentiel qui est ressenti
par les chaînes du type [NbSe3].
SOLID STATE CHEMISTRY. — Preparation, characterization and resistivity measurements of
MM'Nb2Se10-xSxphases with x<2.
Attempts to substitute selenium for sulphur have been made on some derivatives exhibiting the MM'Nb2Se10
structural type (M, M' — V, Cr, Fe, Nb, Ta). A complete substitution, leading to MM'Nb2S10phases cannot be
achieved. However partial replacement of selenium is possible up to x = 2 in the formulation
MM'Nb2Se10-xSx. Resistivity measurements on single crystals show a displacement of the temperature of the
metal-insulator transition towards higher values (when x increases) and an increasing of the resistivity
values. These features are in agreement with a more ionic character of the compounds, and a reinforcement of
the random potential due to disorder, which is experienced by the [NbSe3] chains.

INTRODUCTION. — Les composés (MM')Nb2Se10 avec M, M'=V, Cr, Fe, Nb, Ta


([1], [2]) sont des conducteurs de basse dimensionalitéprésentant une transition de type
métal-isolant à basse température (T^ 150 K).
Le caractère de basse dimensionalité (fig. 1 a, b) résulte de la présence de chaînes infinies;
qui se développent parallèlementà l'axe b d'une structure de symétrie monoclinique. On
distingue des chaînes trigonales prismatiques [NbSe3] avec présence d'une paire Se-Se
dans leur base triangulaire (dSe-Se. = 2,348 Â), et des doubles chaînes octaédriques
(M —M') Se6. Les chaînes trigonales prismatiques sont semblables aux chaînes du type III
observées dans NbSe3 [3] lesquelles se caractérisent par la plus courte distance Se-Se
(2,374 Â) pour la paire (Se2)2-.
On a pu démontrer que la formation d'ondes de densité de charge (O.D.C.) pour
NbSe3 à basse température, était associée à ce type de chaîne. Tout naturellement; on

Fig. 1. —
(a) Projection de la structure de FeNb3Se10 sur le plan xOz.
(b) Vue schématique de la structure de FeNb3Se10.
Fig. 1:—(a)Projection of the FeNb3Se10 structure type on to the xOz plane.
(b) Schematic view of the FeNb3Se10 structure.
....

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1004 C. R. Acad. Se-Paris, t. 301, Série II, n° 14,1985

TABLEAUI
MM'NbjSejQ.^S, : variation des paramètres de maille
MM'Nb2Se10_xSx: unit cell parameters
x— 0 x = 0,5 x=l x=2
Fe1,33Nb2,67Sè10-S;e-'• "(À)' 9,201(5) 9,184(7) 9,177(3). 9,179(5)
b(k) 3,479(1) 3,472(2) 3,463(1) 3,457(1)
c(Â) 10,292(4) 10,211(6) 10,190(2) 10,167(3)
P(°) 114,43(4) 114,13 (6) 114,11 (2); 114,06 (4)
V(Â 3) 299,97 297,26 .
.295,65 294,60
FeV05Nb25Se10_;(Sa(Â) 9,21.6(2) .9,198.(5) 9,172(4) 9,178(3)
b(Â) 3,469(7) 3,466(2) 3,461(1) 3,447(1)
c(Â) 10,219(2) 10,194(4) 10,162(3) 10,106(2)
V(A3)
pn 114,13(2) 114,09(4)
296,69
113,99(3) 113,89(2)
298,19 294,74 292,41
Cr14Nb2 6Seio^A-'- a (Â) 9,190(9) 9,164(9) 9,141(9) 9,116(9)
fc(Â) 3,512(5) 3,511(6) 3,505(6) - 3,511(9)
c(Â) 10,405(8) 10,382(9) 10,336(9) 10,287<9)
(3Q 115,62 (9) 115,37 (9) 115,21 (9) 115,12 <9)
V(A3) 302,84 301,89 299,69 298,16

peut supposer qu'il en est ainsi pour la manifestation d'O.D.C. à T<140K pour
FeNb3Se10.
Les doubles chaînes octaédriquestémoignent d'un désordre complet dans la répartition
des atomes métalliques M et M'.. Ce désordre crée un potentiel aléatoire qui est à l'origine
d'une localisationd'Anderson se traduisant par une remontéebrusque delà résistaneeaux
basses températures (9 ordres de grandeur entre 140 et 2 K pour l'exemple FeNbgSejo).
On sait qu'une substitution du sélénium par le soufré accroît les effets de basse
dimensionalité en relation avec une ionicité accrue des édifices. Le présent travail a
précisément porté à la fois sur des tentatives de préparations de phases MM'Nb2S10 et
sur l'étude de phases mixtes MM'Nb2Se10_;cS;c.
EXPÉRIMENTAL. — Les composés MM'Nb2Se1o_,S:c sont obtenus par réaction directe des éléments. Le
mélange est chauffé à 650°C en tube de silice scellé sous vide, pendant 2 semaines environ.
Les paramètres de maille (tableau I) ont été affinés par une méthode de moindres carrés à partir d'un
diffractogramme obtenu sur une chambre de Guinier (KCuKa! = 1,54056 Â, étalon interne: silicium). Les
figures 2, 3 et 4 en font apparaître les variations pour chaque composé, eh fonction de là teneur en soufre.
. Ces courbés indiquent x=2 comme valeur limite de substitution du sélénium par le soufre. Pour x>2, le
diffractogramme X témoigne de la présence d'une phase supplémentaire qui s'avère être un dichalcogénure
mixte NbSe-j.S,..
Les mesures de résistance électrique ont été faites sur monocristal en utilisant la technique des 4 points. La
résistance est mesurée le long de l'axe b (axe de croissance dès chaînes) en courant continu de 10 )lA pour
Fei,33Nb2>67Se10_,SJ.et de 100 p.A pour FeV0i5Nb2 sSejo^S^. Les contacts sont faits à la peinture d'argent.
La dimension typique de nos échantillons est d'environ 0,002x0,01 x 0,7 mm3. Les températures sont détermi-
nées par un thermocouple [Au-Fe 7 %0 (At)/Chromel P] entre 10 et 300 K. La vitesse de refroidissement est
de0,6K/mn.

EXPLICATIONSDES PLANCHES

Planche I

Fig. 2, 3, 4. —
Variation des paramètres de maille en fonction de la teneur en soufre pour lès 3 dérivés
suivants: Fei>33Nb2,67Se10_;cS;c,FeV0,5Nb2i5Se10_xS^CrI,4Nb26Se10_:cS;c.
Figs. 2, 3, 4. — Lattice parameter of Fe133Nb2,67Se10_xSx,Fey05Nb25Se10_lcSx, Crr4Nb2 ^Se^^^S^ as a
fuhction of sulphur content.
Fig. 5. Variation du volume en fonction de la teneur en soufre pour les 3 dérivés suivants : ¥t1 33Nb2 61
:
: Se10_^ FeV0,5Nb2,5Se10_,S,, Cr^b^Se^A.

.'; '
Fig. 5. — Volume variation of Fei:33Nb2,61Sel0_xSx,FeV0SNb2.5Se10_xSx>Cr1ANb2iSe10-xSx as a function
of sulphur content.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985 1007

Planche II

Fig. 6, 7. Logarithme dé la résistance normalisée en fonction de 103/T pour Fe] 33Nb2 67SeI0_IS;c et

FeV0,5Nb,,5Se10_A-
Figs. 6, 7. — Logarithm of normalized résistance versus 103/7" for Fes,33Nb267Se10_;cSJ. and FeV0 5Nb2 5
Seio-xSx
Fig. 8.
et FeV0,5Nb2,5Se10_A-

Variation de la température de transition en fonction de la teneur en soufre pour Fex 33Nb2 67St{0^xSx

Fig. S.

Transition température as a function of sulphur content for Fei 33Nb261Se1Q-xSxand FeVQSNb25
Seio-xSx.
Fig. 9. — Variation de l'énergie d'aclivation en fonction de la teneur en soufrepour Fet 33Nb2 67Se,(,_;tSt et
FeV0,5Nb2,5SeI0_A-
Fig. 9. — Aclivation energy as a function of sulphur content for Fe133Nb261Se10_xSx and FeVQ,5Nb2 5Se10_xSx.

RÉSULTATSET DISCUSSION. — Nous avons tracé LnR/R0 en fonction de 103/T entre 3ÔÔ
et 4 K (fig. 6,7). Ces courbes indiquent que la température de transition T0 au-dessous
de laquelle la résistance croît brutalement, et la remontée de la résistance elle-même,
augmentent avec la teneur en soufre (tableau II). Le déplacement de T0 vers les hautes
températures (fig. 8) est conforme à ce que l'on observe quand on passe de NbSe3
(T0 = 145 K) à NbS3 (To = 323 K) [4]. L'élévation de la résistance avec la teneur croissante
en soufre correspond par ailleurs à l'évolution de l'ionicité de la structure.
Comme il a déjà été mentionné [5], le désordre dans la chaîne octaédrique crée-un
potentiel aléatoire qui est responsable de la localisation des électrons de conduction dans
les phases MM'Nb2SeJ0. Tous les états électroniques situés sous le seuil de mobilité (Ec)
seront localisés dans l'espace. Si le niveau de Fermi (EF) tombe en deçà du seuil de
mobilité, la conduction se fera par un processus d'activation thermique; la conductivité
s'exprime alors par ]a relation :

L'énergie d'activation EtJ, déduite des mesures de résistance entre 300 et 30 K ("fig. 9),
correspond à la différence entre le niveau de Fermi EF et le seuil de mobilité.
Eg( = |Ec —EF|) croît avec la teneur en soufre. Ceci n'est guère surprenant, la substitution
soufre-sélénium, outre une ionicité accrue, introduit le long des chaînes un désordre
supplémentairedans la variation de potentiel.

TABLEAUII
Évolution de l'énergie d'activation avec la teneur en soufre
Variation of energy gap as a function of sulphur content

X 0 0,5 1 2
:

Fe133Nb2,67Se10_;cS;c:
-- TM_,(K).. .......:..
AE (eV) 0,032
140
0.039
150
0,048
160
0,056
170
FeV^Nb^Se^A:
-- AE (eV).
TM_, (K)
..:..... 0,019
133
0,022
143
0,027
154
0,040
166
.
1008 C. ,R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

En préparant des phases MM'Nb2S10 on pouvait s'attendre à observer d'importants


effets prétransitionnelsen relation avec une augmentation du caractère de basse dimension-
nalité. Ces effets, bien connus dans TaS3 (et non dans NbSe3), se manifestent par des
lignes diffuses qui, sur les clichés de diffraction électronique, précèdent la transition. Ils
signifient que l'O.D.C. existe avant la transition, mais de manière dynamique, sans
couplage entre les chaînes. Le Caractère très limité de la substitution qu'il a été possible
de réaliser n'a pas permis de renouveler ici ces observations.
L'impossibilité de substituer plus de 20 % du sélénium témoigne d'une grande rigidité
de la structure, les deux chaînes étant fortement imbriquées l'une dans l'autre. On
pourrait tenter de relier la valeur x=2 à la substitution préférentielle de tel ou tel type
de sélénium, par exemple Se2 et Se 2 c, Se 3 et Se 3 c, dont le degré de liberté, en bordure
de la lacune de Van der Waals, est le plus grand. L'absence de surstructure indique en
tout cas que cette substitution, qui toucherait la moitié de ces atomes de sélénium, se
fait de manière aléatoire. Ce résultat est conforme à toutes les expériences dé substitutions
similaires faites sur les trichalcogénures MX eux-mêmes.
3
Reçue le 19 juillet 1985, acceptée le 16 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
.

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p. 169.

Laboratoire de Chimie des Solides, U.A. n" 279,

S. 2, rue'de la Houssinière, 44072 Nantes Cedex;


K. : The Institute of Scientific and Industrial Research,
Osaka Uhiversity, Suita^ Osaka 565, Japan.
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 14, Ï985 1009

CHIMIE DE L'ÉTAT SOLIDE. — Élude comparative de nouveaux tantalates de type


!

« bronzes quadratiques de tungstène » contenant des ions Ce4+, 77i4+ ou UAr+. Note de
Jean Thoret, présentée par Jean Wyart.

Les substitutions thorium-plomb et uranium-plomb dans Pb2 3Ta50J5(PbTa206) et Pb2KTa5015 avaient


permis de préparer des solutions solides de structure « bronzes quadratiques de tungstène » ([7] et [8]). Le
remplacement progressif du plomb par le cérium dans les mêmes composés conduit à de nouvelles solutions
solides non-stoechiométriquesde même structure. Tous ces matériaux Pb2 5_2iMITa50,s (OgxgO,5) et
Pb2(1_;[)MIKTa;015(0^x^0,5) avec M = Ce, Th ou U appartiennent au système quadratique, possèdent des
propriétés piézoélectriqueset ferroélectriques.Le remplacementdu plomb par le cérium, le thorium ou l'uranium
diminue les paramètres cristallins de la maille et la température de Curie ferroélectrique.

SOLID STATE CHEM1STRY. — Comparative study of tantalates with the "tetragonal tungsten bronze"
structureincluding Ce4"1", Th4- or U4- ions.
The thorium lead and uranium-lead substitutions in Pb7 5Ta50,5(PbTa206)and Pb2KTasOi5 had allowed to
prépare new solid solutions with "tetragonal tungsten bronze" structure ([7] and [8]). Tlie progressivereplacement
oflead by cérium in the same compounds has lead us to the new solid solutions with the identical structure. AU
thèse materials Pb25_2xMxTa?015 (OgxSO.5) and Pfc2(i-x)MxKTa5015(0gxg0.5)with M = Ce, Th or U
belong to quadratic System having piezoelectric and ferroelectricproperties. The substitution oflead by cérium,
thorium, or uranium is responsible oj the decrease of the crystalline parameters and of the ferroelectric Curie
température.

Les matériaux de type « bronzes quadratiques de tungstène » présentent des propriétés


non linéaires intéressantes ([1] à [3]); des substitutions appropriées dans les sites de
coordinences 15 et 12 du réseau cristallin ont permis de faire varier diverses grandeurs
physiques : cristallographiques et diélectriques notamment ([4] à [11]). Nous nous prppo-.
sons dans ce travail la préparation de nouvelles phases existant au sein des systèmes
Pb25TasO15-Ce025TaO3 et Pb2KTa5O15-Ce025TaO3. L'influence de la taille du
cation M4+ (M = Ce, Th ou U) sur les propriétés cristallographiques et diélectriques est
déterminée.
I. ÉTUDE CRISTALLOCHIMIQUE. — De nouveaux matériaux de structure « bronzes quadra-
tiques de tungstène » ont été obtenus selon les schémas réactionnelssuivants :

Ces réactions ont lieu à 1150°C durant 18 h, à l'air. Ces deux solutions solides
présentent une non-stoechiométrie cationique dans les sites de coordinences 15 et 12
du réseau, le nombre de lacunes évoluant de 0,50 (Pb2>5rj0,5Ta5OjS) à
l(Pba 5Ce0srJiTa5O15) dans la première solution solide et de 0(Pb2KTa5015) à
0,5(PbCe05no,5KTa5015) dans la seconde, ces résultats sont en parfait accord avec les
travaux antérieurs. Le tableau donne les valeurs à température ambiante, des paramètres,
du volume de la maille et de la distorsion du réseau donnée par l'expression /lÔc/a en
fonction de la composition. Le remplacement du plomb par le cérium provoque la
décroissance des paramètres en liaison avec la diminution de taille de l'ion Pb2+ à l'ion
Ce4+?vb2+[12] = l,63 Â, rCo4.+[12]=l,28 Â [12]. Le tableau permet la comparaison des
paramètres des diverses compositions de chaque solution solide et ce pour chacun des
substituants M = Ce, Th ou U. Une légère anomalie apparaît : bien que la taille de
l'ion Th4+ soit la plus élevée (rTh4+ [12] = 1,35 Â); ce sont les solutions solides contenant
du cérium qui possèdent les plus grands paramètres : ce résultat inattendu a été justifié
grâce à une étude fine effectuée à l'aide de spectres de Guinier juxtaposés.

0249-6305/85/03011009 S 2.00 © Académie des Sciences


1010 C. M, Acad. Se. Paris, * 301, Série n,n° 14, 1985

TABLEAU

Hi2,s-2XM:cTa5015 Pb2(1_I)MJKTa5015

0 '"-.0,125 0,250 0,375 0,500 0 0,250 0,500

( Ce 12,51 12,507 12,493 12,492 12,489 12,55 ; 12,535 12,529 '

a(A) < Th 12,51 12,503 12,487 12,487 12,485 12,55 12,523 12,521
(
U. 12,51 12,505 12,487 12,485 12,484 12,55 1.2,509 12,504
( Ce. 12,51 12,507 12,493 12,492 12,489 12,55 12,535 12,529
fc(Â) j
Th 12,51 .12,503 12,487 12,487 12,485 12,55 12,523 12,521
(U 12,505
.... .12,504
, 12,51 12,487 12,485 12,484 12,55 12,509
.
I Ce. 3,878 3,878 3,869 3,867 3,863 3,92 3,926 3,921
]
c(Â) Th 3,878 3,867 3,859 3,859 3,857 3,92 3,913 3,910
(
U 3,878 3,865 3,860 3,858 3,857 3,92 3,910 3,902
/ Ce 606,91 606,61 603,85 603,44 602,53 617,41 616,87 615,50
V(Â3) ]
(U.... ...
Th 606,91 604,21 601,77 601,71 601,24 617,41 613,42 612,91
606,91 605,92 601,93 601,36 601,25 617,41 612,07 611,32
/ÏÔcla
v-
( Ce'
< Th.
•••••••- °>980
0,980
°> 980
0,978
°»979
0,977
0,979
0,977
0,978
0,976
0,989
0,989
0,989
0,987
0,988
0,987
{
U..
(Ce. ...... .. 0,980 0,977 0,977 0,976 0,975 0,989 0,987 0,986

TC(K) j ........
Th......... .
528
528
357
335
246 ;
223
219
202
195
143
225 "
225
181.
173
142
125
(
U 528 278 190 183 110 225 165 133

IL ÉTUDE DIÉLECTRIQUE. — Des mesures diélectriques ont été effectuées sur céramiques
de compacité voisine de 0,75, se présentant sous forme de pastilles de 13 mm de diamètre
et de 1,5 mm d'épaisseur environ; des électrodes de platine sont déposées sur les faces
circulaires à l'aide d'une laque. L'étude de la variation thermique des constantes diélectri-
ques relatives réelle 8/et imaginaire e" à été effectuée sous hélium de 100 à 800 K à
plusieurs fréquences (102, 104 et 106Hz). Pour chaque composition de la solution solide
apparaît un maximum, autant pour z'r que pour s", présentant un caractère de réversibilité,
se manifestant tant à la chauffe qu'au refroidissement, variant peu avec la fréquence,
provenant de la transition ferro-paraélectrique.La température correspondant à ce maxi-
mum est la température de Curie Tc, elle diminue quand le plomb est remplacé par le
cérium : le tableau rassemble les températures de Curie, pour les différentes compositions
des deux solutions solides avec chacun des trois substituants (M —Ce, Th où U).

CONCLUSION. — Deux nouvelles solutions solides non-stoechiomètriques, ferroélectri-


ques, de structure « bronzes quadratiques de tungstène » ont été synthétisées par substitu-
tion du plomb par le cérium dans les matériaux Pb2 5Ta5015 et Pb2KTa5015. En général,
l'introduction d'un élément tétravalent (Ce, Th ou U) dans les sites à coordinences 15 et
12 rend les octaèdres TaOe plus réguliers, provoquant ainsi simultanémentune diminution
de la polarisation spontanée et de la température de Curie ferroélectrique. Comparative-
ment aux niobates doubles de plomb avec le cérium, le thorium ou l'uranium ([4], [5] et
[9]), présentent une distorsion orthorhombique leur conférant des propriétés
ferroélectriques-ferroélastiques couplées, les tantalates quant à eux, tous quadratiques,
:
sont seulement ferroélectriques, avec une température de Curie beaucoup-plus basse que
celle observée avec les niobates, expliquée par l'affaiblissement du degré de covalence des
liaisons (Ta — O). [1]..
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985 1011

Tous ces composés sont doubleurs de fréquence même pour les taux de substitution
limite; l'insertion de cérium, thorium ou uranium régularise géométriquement les
octaèdres Ta06 provoquant simultanémentune chute de Tc et du rendement harmonique.
Remise le 30 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES -
.

[1] J. RAVEZ, A. SIMON et P. HAGENMULLER, Ann. Chim., 1, 1976, p. 251-268.


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[8] J. THORET, Comptes rendus, 299, série II, 1984, p. 621-623. :
[9] J. THORET et D. MERCIER, Rev, Chim. min., 22, 1985, p. 293-296.
[10] J. THORET et D. MERCIER, Comptes rendus, 301, série II, 1985, p/263-265.
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[12] R. D. SHANNON, Acta Cryst., A 32, 1976, p. 751-767. V v

Université,Pierre-ét-Marie-Cûrie,E.R. n° 9, C.N.R.S.,
Physico-Chimie des Composés d'Éléments de Transition,
Laboratoire de Chimie minérale. Tout a° 54, 4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05.
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14,1985, 1012
v

MÉTALLURGIE.
— Diffusion du soufre dans quelques alliages argent-or.
Note de
Mathilde Delhoume-Dcbreu et Nisso Barbouth, présentée par Jacques Bénard.

Les coefficients de diffusion en volume du soufre dans les alliages Ag-2 % Au, Ag-10 % Au, Ag-18 % Au et
Ag-26 % Au ont été déterminés entre 600 et 900"C par une méthode de traceur radioactif. Les énergies
d'activation trouvées, 146 k.T pour l'alliage Ag-26 % Au et 163 kJ pour l'alliage Ag-2 % Au avec D, coefficient
de diffusion d'autant plus élevé que l'alliage est faible en Au, permettent d'envisager un mécanismede diffusion
mixte.

METALLURGY.— Sulphur diffusion in some silver gold alloys.


The diffusion in bulk coefficients of sulphur in silver-gold 2 %, silver-gold 10 %, silver-gold 18 % and silver-gold
26 % alloys hâve been delermined in a 600 to 900°C température range by a radioisotopic method. The values
of the aclivation energy which hâve been experimenlally found equal to 146 kJ for silver-gold 26 % alloy ahdtp.
163 kJ for silver-gold 2 % alloy, with a diffusion coefficient which is higlier for low Au concentration alloys, allow
us to consider a mixl diffusion mechanism.

Dans une étude antérieure, l'un de nous a étudié la solubilité et la diffusion du soufre
dans l'argent et l'or ([1], [2]). Il avait été constaté une absence complète de solubilité et,
par conséquent, de diffusion du soufre dans l'or. C'est pourquoi la présente étude
concerne la diffusion du soufre en volume dans quatre alliages argent-or de composition
différente : Ag-Au 2 %, Ag-Au 10 % Ag-Au 18 % et Ag-Au 26 %
Elle a été réalisée grâce à l'utilisation de 35S émetteur de rayonnement p~, couramment
employé dans ce laboratoire pour suivre la diffusion de cet clément dans divers métaux
et alliages ([3] à [6]). Les alliages ont été préparés à partir d'argent et d'or de pureté
99,999 % dans un moule en graphite de pureté nucléaire et se présentaient sous forme de
pastilles de 8 mm de diamètre et de 2 mm d'épaisseur. Avant chaque expérience de
diffusion, les échantillons étaient polis mécaniquement sur papier abrasif humide de
grosseur de grain décroissante, puis sur toile abrasive, avant d'être introduits dans un
réacteur chimiquedécrit par ailleurs [7] et dans lequel à l'aide de l'équilibre Cu-Cu2S*-H2-
H2S*, on pouvait faire varier le rapport pH2S*/pH2 entre 10~ 5 et 10~ 3. De plus, une
méthode d'enrichissementde la phase gazeuse en H2S décrite précédemment [8] permettait
d'obtenir des rapports de pression pH2S*/pH2 entre 10~ 3 et 10_ 1. Les expériences ont
donc été faites entre 600 et 900CC pour des rapports de pression compris entre 10~ 3 et
10~ 2, les durées de diffusion variant de quelques heures (900°C) à quelques semaines
(600CC). La méthode de Gruzin généralisée [9] a été utilisée afin de déterminer la
concentration en 35S dans l'échantillon. En enlevant par abrasion sur papier humide des
épaisseurs de 10 à 50 u et en les mesurant par pesée sur une balance de précision
(0,05 mg), la radioactivité pour chaque profondeur était mesurée en surface à l'aide d'un
compteur à scintillation.

TABLEAU

Alliage ou métal D TS(K)

Ag 1,65 exp-167,2/RT 1233


Ag-2 % Au " 0,65 exp-163,600/RT 1237
Ag-10 % Au 0,45 exp-162,9/RT 1247
Ag-18 % Au 0,19 exp-157,6/RT 1254
Ag-26 % Au 0,03 exp-146,3/RT 1264

0249-6305 8503011013 $2.00 © Académiedes Sciences

C R.. 1985, 2' Semestre (T. 301) Série II — 73


1014 C. R. Acadv.Sc. Paris, t. 301, Série H, n° 14, 1985

Fig. 1. Courbes permettant d'obtenir l'énergie d'activation.



Fig. 1. — Curves from which the values of the activation energy hâve been deduced.

Les courbes donnant la valeur de la radioactivité en fonction de la profondeur de


pénétration suivaient conformément à la théorie [10] la relation A/A0=erfc x/2/Dt- (x,
profondeur de pénétration; A, radioactivité mesurée à la profondeur x; A0, radioactivité
mesurée pour x = 0, t, temps de diffusion; D, coefficient de diffusion en volume). Ainsi,
pour une température donnée et quelle que soit la durée de diffusion, on trouve la même
valeur de A0 correspondant, dans tous les cas, à la limite de solubilité du soufre dans
l'alliage à la température considérée [11]. En adoptant pour chaque température la
moyenne des valeurs trouvées pour D, on porte log D en fonction de 1/T. Les graphes
obtenus sont des droites (fig. 1) et là variation du coefficient de diffusion avec la
température peut être représentée par les relations indiquées dans le tableau (les valeurs
obtenues pour l'argent pur y figurent à titre de comparaison).
D est ici exprimé en cm'2, .s- 1 et l'énergie d'activation Q, pour laquelle Terreur relative
est estimée à 3 %, est en kJ.mole-1. Elle est obtenue par la méthode de régression
linéaire des moindres carrés, les coefficients de corrélation étant de l'ordre de 0,99.
A la vue des résultats obtenus, on peut suggérer plusieurs remarques. Tout d'abord,
les valeurs obtenues pour l'énergie d'activation décroissent en fonction de la teneur en
or de l'alliage tout comme le facteur préexponentiel, D0, et les valeurs de D.
D'autre part, on constate que les valeurs de l'énergie d'activation précédemment
obtenues sont relativement proches de l'énergie d'activation de F autodiffusion de l'argent
pur [12] qui est de 184,3 kJ. On peut donc admettre que le mécanisme prépondérant de
diffusion du soufre, dans ces alliages, est de nature lacunaire. Cependant, les écarts
observés ne nous permettent pas d'exclure a priori un mécanisme de diffusion interstitiel.
C. R. Acad. Sc
, Paris, t 301, Série II, ri° 14, 1985 1015

Fig. 2. —
Variation de log DÔ en fonction de Q/Ts.
Fig. 2. — Variations of log D0 against Q/Ts.

Ainsi, la décroissance simultanée et inhabituelle constatée pour D0 et Q en fonction


de la composition n'a pas à notre connaissance reçu d'explications satisfaisantes. Elle ne
peut être en tout cas associée à la variation de la température de fusion de l'alliage Ts en
fonction de la composition. On obtient par contre une remarquable variation linéaire
entre D0 et Q lorsque que l'on porte log D0 en fonction de Q/Ts. On a alors une relation
du type D0 = DS exp Q/RTS(DS, valeur du coefficient de diffusion supposé constant à la
température Ts). L'existence de cette corrélation linéaire a déjà été signalée pour d'autres
systèmes comme pour les alliages fer-chrome ([1.3] et [14]) et fer-nickel [15]; elle serait,
selon certains auteurs [17], l'indication qu'un même mécanisme régit le processus de
diffusion du soufre dans les métaux et alliages se plaçant sur la même droite. Cependant,
la valeur de la pente de la figure 2 devrait alors être égale à 1/R Loge 10 = 0,052. Or la
valeur trouvée est 0,074. Ceci confirme donc l'hypothèse d'un mécanisme mixte de
diffusion, c'est-à-dire essentiellement de nature lacunaire mais avec une participationdu
mécanisme interstitiel pour tous les alliages argent-or considérés. Une telle hypothèse;
avait déjà été émise dans le cas du système molybdène soufre [17].
Remise le 16 septembre 1985, acceptée le 30 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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1016 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

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Laboratoire de Physico-Chimie des Surfaces, associé au C.N.R.S., U. A. n" 425,


Université Pierre-et-Marie-Curie,E.N.S.C.P.,
11, rue Pierre-et-Marie-Curie,75231 Paris Cedex 05.
C. R. Acad. Se. Paris,t. 301, Série II,n° 14, 1985 1017

:'. CRISTÀLLOCHIMIE. ---Phases cristallines de zéolithes pentasilforméespar adsorpr


tïon :;de: n-hexàne et de p-xylèné. /Note.deBernard E. Méntzèn et-Jacques C. Vedririè,'-.
présentée par Erwin-FélixBertaut

Une analyseprécise des diagrammesde diffraction sur poudres dezéolithes de type pentasil (ZSM-5, silicàlite,
boralite) montre que par âdsorption de p-xylène il se forme deux phases cristallinesdistinctes de type pentasil.
"Un tel.-effet n'est pas observe par Tadsor'ptibn.d'autresmolecul

CRYSTAL ÇHEMISTRY. —: Crystàlline phases of pentasil zeoljtes fprmbd upon n-hexane and /i-xylene
- adsorption.

Précise.:X ray powder diffraction anqlysis has.been çarried out on.pentasil type zeolites {ZSM-5, boralite,
silicàlite) aft^Vailcinution aM dftér âdsorption of n-hexanë or p-xylene at room température under vapor
pressure. Some Xray difftaction steps scanswerërefinedusing the DBW-3 2 programmé [10] and a Guinier type
caméra was used with a monochromatised Cuk 01 radiation. It was observed that n-hexane adsorption resulted
in the formation; of âne pentasil type phase while p-xylène adsorption resulted in thé formation of two distinct
pentasil type phases. This observation is compared to adsorption data by Olson et al. and discussed in terms of
physical-ïhieractionimolecularfiiting
La détermination de la position et de la configuration de molécules chimisorbéesdans
les cavités ou canaux d'un réseau zéolithique présente un grand intérêt, particulièrement
pour les échantillons en poudre d'utilisations industrielles ([l]-[8]). Plusieurs données de
diffraction des rayons X et des neutrons sur poudres ont été affinées pour fournir des
informations de type structural; Baerlocher a pu ainsi récemmentdéterminer la configura-
tion du cation tétrapropylammonium dans une matrice de silicàlite à partir de données
de diffraction des rayons X.
Dans le présent travail nous montrons que l'adsorption de n-hexane et de/7-xylène sur
des zéolithes de type pentasil conduit respectivement à la formation d'une et de deux
phases zéolithiques différentes.
Les zéolithes de type pentasil ont été synthétisées dans le laboratoire du professeur
R. Wey [9] selon une méthode originale dans un milieu fluorhydrique avec le bromure
de tétrapropylammonium (TPA) comme agent structurant.
Des cristaux de dimensions 30 à 200 um ont été obtenus avec la composition chimique
suivante :
A = H3i2B32Âl0 02Si928Oî92, borosilicale ou boralite;

C=
^H48B0
3 = 4Bli36Al002Si94 60192, borosilicate ou boralite;
03A14 8Si920192, ZSM-5.
\
Les formes TPA ont été broyées et chauffées à 5Q0°C sous flux d'azote, puis calcinées
à 500°C sous oxygène pendant 16 h pour éliminer les résidus aminés et organiques et
obtenir la forme CAL. Après rehydratation sous air ambiant, les échantillons sont dégazés
à 400°C et mis en contact à la température ambiante de n-hexane (forme HEX) sous
160 Torr ou de /?-xylène (forme XYL) sous 8 à 10 Torr. Les échantillons sont alors remis
sous air et analysés par rayons X.
Les collectes de données ont été effectuées au moyen du dispositif pas à pas mis au
point au laboratoire de Chimie minérale-I de l'Université de Lyon. Pour vérifier la qualité
des données collectées, un affinement de structure a été effectué sur une forme CAL à
l'aide du programme DBW 3.2 [10], sur l'ensemble du spectre expérimental. A la fin de
raffinement, les facteurs R ont convergé vers 11,26-14,68-10,35 et 8,65 pour Rp (profil),

0249-6305/85/03011017 S 2.00 © Académie des Sciences


1018 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série H, e° 14, 1985

Domaines angulaires 21-26 et 43-48° (2 0) des spectres pas. à pas


effectués sur les formes HEX, XYL et CAL de l'échantillon B.
Two détails fo X-ray powder diffraction step-scans
on the HEX-, XYL- and CAL-forms of sample B.

Rw (pondéré), Rcx (statistique) et R6 (Bragg) respectivement. Ces facteurs R sont sembla-


bles à ceux publiés récemment ([1], [6]-[7]) et montrent que nos échantillons ne présentent
pas d'effets importants de texture ou d'orientation.
On peut comparer sur la figure deux domaines choisis, de diffraction des rayons X
pour les formes HEX, XYL et CAL de l'échantillon B. Habituellement le second domaine
(20=43-48°) présente seulement deux réflexions fortes ([11], [12]) correspondant aux
triplets («fe/) : (10,0,0)+(8,0,4) et (0,10,0). Dans notre cas la forme XYL présente trois
pics distincts.
Pour essayer d'interpréter cette observation inhabituelle, on a étudié les échantillons
avec une source monochromatique (X CuKa1 = 1,540 562 Â) et une chambre de type
Guinier (Enraf Nonius FR552). Pour toutes les formes XYL étudiées, les réflexions
observées étaient des doublets. On a donc été amené à conclure que l'on a un mélange
de deux phases pentasil orthorhombiques XYL (I) et XYL (II) comme on le reporte
dans le tableau.
TABLEAU
C. R. Acad.
cParis
,t.301,
Série
II,n°
10

Paramètres de maille pour les formés TPA, CAL, XYL.et HEX


des échàntillpns A,et B (voir texte);
,
1019

Unit-cell parameters for the TPA-, CAL-, XJL^andHÉX-forms


of samples A and B (see text)

B.
Forme; """-..'"'. 6 ;(Â) '. \C:(Â)-"". f/ a-(°) Volume (A3)
Echantillon a (Â) '
...
5286,8
20,040(5) 19,904 (3) 13,377.(3) - 5335,8
CAL A
B 19;971(1)
20,081(6)
19,789 (4) 13,317;(3)
(4) — 5263,0
-
19,854(3) 13,36 90,581(l) 5328,6
XYL (I)
.
A 19,959 (4) 19,83 (1) ;
(2)
13,373
13,377(6)
5292,9
B .20,027(2) 19,828(3) 5311,9
XYL(II) 20,05(1) (2) 5338,7

XYL (II), ....


B
A

A
.
....
.
20,118 (1);
19,980(2);
19,856(6)
19,921(6)
19,859X4)
13,41
13,38(3)
13;349(6)
5385,6
5296,7
.:
.
20,040(4) :
19;9098{4) 13,3781(7) 5337,2
HEX B
A 20,037 (1) 19,891(14) 13;353(6)
13^400 (S)
5321,9
B 20,128(5) 19,881(2) 90,436 (5) 5362,1

(a) ForméXYL chauffée sous air à 80°C pendant 1 h.


Si l'on chauffe une forme XYL à l'air à 80°C, on obtient une seule phase XYL (I')
dont la maille cristalline est proche de celle de XYL (1). Notons bien que les mêmes
observations ont été faites avec l'échantillon B (type boralite) pour lequel les formes
CAL et HEX ont une symétrie monoclinique P21/n, alors que l'échantillon A cristallise
en symétrie Pnma orthorhombique. D'autres échantillons de ZSM-5 (échantillon C) ou
de boralite à différentes teneurs en Al et B donnent des résultats analogues. On peut
donc conclure que l'adsorption de p-xylène à saturation donne un mélange de deux
phases pentasil orthorhombiques XYL (I) et (II) alors que d'autres hydrocarbures comme
le n-hexane n'en donnent qu'une seule.
On peut comparer nos résultats à ceux de Oison et coll. [13] qui ont étudié l'adsorption
de plusieurs hydrocarbures. Ces auteurs ont observé que lorsque la pression en p-xylène
croît on a un premier palier d'âdsorption pour environ 4 mole/maille suivi d'un second
palier pour 6,5 mole/maille, alors que pour d'autres hydrocarbures comme le n-hexane
on n'a qu'un seul palier de plus grande amplitude. Cette affinité élevée pour les
n-paraffines conduit à une âdsorption double par rapport aux hydrocarbures aromatiques.
Il est tentant de comparer nos résultats à ceux d'Oison et coll. [13]. On peut alors
suggérer que la forme XYL (I) et (I') correspond à 4 moles de p-xylène par maille et la
forme XYL (II) à la phase à pores complètement remplis. Cette interprétation est en
accord avec la quantité relative des formes XYL (I) et (II) et de la forme XYL (I')
comparée aux données de chimisorption d'Oison et coll. [13]. Il s'agirait ainsi de deux
arrangements spécifiques du p-xylène dans le réseau zéolithique. Il n'est malheureusement
pas possible d'aller plus loin dans l'interprétation. Nous noterons qu'il s'agit d'un
phénomène physique et non chimique puisqu'on ne l'a observé que pour ces zéolithes et
quels que soient les atomes T du réseau : Al, B ou Si.
Les auteurs tiennent à remercier J. L. Gulh, H. Kessler et R. Wey (Laboratoire des Matériaux minéraux,
E.N.S.C.M., Mulhouse) pour le don d'échantillons bien cristallisés et V. Ducarme (I.R.C., C.N.R.S.) pour les
expériences d'adsorption.
Remise le 16. septembre 1985.
1020 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[2] J. B. NAGY, Z. GABELICA et E. G. DEROUANE, Zeolites, 3, 1983, p. 43-49.
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B. F. M. Laboratoire de Physico-Chimie minérale-l, LA. n" 116 du C.N.R.S.,


:
Université Claude-Bernard - Lyon-I, 43, boulevard du \l-Novembre-l9\8, 69622 Villeurbanne;
J. C. V. : Institut de Recherches sur la Catalyse,
L.P. n° 5401 du C.N.R.S. associé à l'Université Claude-Bernard - Lyon-I,
2, avenue Albert-Einstein, 69626 Villeurbanne.
C. R. Acad. Sc. Paris, t; 301, Série II, n° 14, 1985 1021

PHYSIQUE DE L'ATMOSPHÈRE. — Granulométrie des aérosols hygroscopiques:


nouvelle méthode semi-expérimentale permettant l'extension du domaine des mesurée dû.;
spectrogranulomètre vers les petites dimensions par couplage avec une chambre isotherme à
diffusion de vapeur et à flux continu. Note de Michel Garmy et Roger Serpolay, présentée
par Henri Lacombe.
L'emploi d'une chambre isotherme à: diffusion de vapeur et à flux continu permet d'étendre vers les petites
dimensions la granulométrie des aérosols hygroscopiques fournie par ies spectrogranulomètres. Dans cette
chambre, les particules donnent lieu à des gouttelettes atteignant leur rayon d'équilibre pour une humidité
relative de 100 %. Certaine de ces gouttelettes deviennent alors détectables au spectrogranulomètre et la théorie
permet de remonter au rayon sec des particules qui leur ont donné naissance.

ATMOSPHERIC PHYSICS. — Size speclrum of hygroscopic aérosols: a new method for èxtèhding towards
the small sizes the range of measurements given by optical counters, through the use of an isothermal water
vapour diffusion chamber.
The use of an isothermal water vapour diffusion chamber extends towards the small sizes the détermination
range ofllie hygroscopic aérosol speclrum. In the chamber, thèse aérosolparticles induce droplets reachingtheir
equilibrium size al 100% relative humidity. A fraction of thèse can then be detected by the counter and, with the
help of theory. it is possible to trace back the size of the original particles.

INTRODUCTIONET BASE THÉORIQUE. — Pour mieux appréhender les processus de condensa-


tion nuageuse dans l'atmosphère, il est important de connaître la nature, la concentration
numérique et, si possible, le spectre dimensionnel des particules ou noyaux à l'origine de
la formation des nuages, des brouillards et des brumes. Ces noyaux sont en général
constitués en totalité ou partie de substances hygroscopiques.
Pour déterminer ce spectre, on dispose, pour la gamme des dimensions supérieures a
0,5 um, de compteurs optiques dont certains types sont actuellement commercialisés. Il
est rare, cependant, que ces compteurs — ou spectrogranulomètres — fournissent des
mesures fiables pour des dimensions inférieures à 0,5 um (r<0,25 um). Pour analyser la
partie fine du spectre de l'aérosol, on doit recourir à d'autres dispositifs plaçant les
noyaux secs en condition de sursaturationde manière à les remplacer par des gouttelettes
de solution plus grosses, devenant détectables après avoir atteint ou dépassé le rayon
critique rc correspondant à l'extremum de S dans l'équation simplifiée de Kôhler.(l)
reliant la sursaturation S au rayon r de la gouttelette:

On reconnaît dans l'équation (1), valable pour un sel donné, le terme de Kelvin (a/r)
et le terme (fo/r3) caractérisant le sel.
Mais, sans atteindre la sursaturation critique, on peut également placer les particules
hygroscopiques dans des conditions telles qu'elles atteignent le rayon d'équilibre r100

0249-6305/85/03011021 S 2.00 © Académiedes Sciences


1022 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

correspondant à l'humidité relative 100 %, c'est-à-dire la valeur prise par r pour S = 0


dans l'équation (1).
On a alors r100 = ( fbfa), soit, en se reportant aux valeurs de a et b :

A l'aide de la relation (2), il est donc possible de déduire le spectre dimensionnel de


l'aérosol sec à partir du spectre de gouttelettes ayant grossi jusqu'à saturation sur les
mêmes noyaux secs.
Les noyaux secs trop petits pour être détectés par le spectrogranulomètre sont donc
envoyés à travers une chambre leur permettant de condenser de la vapeur d'eau jusqu'à
former des gouttelettes qui, après avoir atteint le rayon d'équilibre r100, peuvent alors
être mesurées par le spectrogranulomètre à la sortie de la chambre. Cette chambre est
dite isotherme à diffusion de vapeur et à flux continu.

DISPOSITIFS DE MESURE ET DE CONDITIONNEMENTDES PARTICULES D'AÉROSOL. — Le spec-


trogranulomètre utilisé dans nos mesures est une sonde Polytec-HC-15 conçue pour
l'obtention des spectres dans la gamme de dimensions (0,45-40 um). Son principe est
basé sur la mesure de l'intensité de la lumière diffusée à 90° par les particules, ce qui
permet d'avoir des courbes de réponses monotones. Cependant, certaines caractéristiques
de cette sonde, telles que les dimensions du volume d'échantillonnage et le débit d'air à
travers ce volume, font que les chambres isothermes à flux continu jusqu'ici élaborées [1]
ne sont pas utilisables pour les spectres d'aérosols. Il a donc fallu définir et réaliser une
nouvelle chambre s'adaptant aux conditions géométriques et dynamiques de la sonde
Polytec [2].
Cette chambre isotherme est constituée d'un cylindre métallique vertical de 2 m de
hauteur et de 125 mm de diamètre dont la paroi interne est revêtue d'une texture
synthétique maintenue constamment mouillée pendant les mesures. Dans ces conditions,
il a pu être vérifié théoriquement et expérimentalement que de l'air extérieur à 60 %
d'humidité relative, aspiré au haut du tube à une vitesse de 12cm.mn_ 1, est humidifié
et maintenu saturé à 100% d'humidité relative dès le premier tiers du parcours dans le
tube, et tous les noyaux hygroscopiques de dimension inférieure à 0,3 um forment des
gouttelettes atteignant le rayon d'équilibre en moins de 15 mn, donc avant de sortir du
tube pour pénétrer dans la sonde de mesure.

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 1. —Spectres de dimension d'un aérosol de NaCl obtenu par pétillement d'une solution saline à 30 g/1 :
1, spectre sec; 2, spectre de gouttelettes en sortie de chambre isotherme.
Fig. 1. — Size spectra of an NaCl aérosol produced by bubbling from a saline solution: 1, dry spectrum; 2,
spectrum of droplets measured at the exit of the isothermal haze chamber.
Fig. 2. Variation de K„ = r100i„/(r0i„)3/2 en fonction de r100 „; Kp correspond au palier de la courbe.

Fig. 2. — Variation of K„ = r100 „/(7-0 „)3/2 as a function ofr100n. Kp corresponds to the plateau.
Fig. 3. — Prolongement du spectre de l'aérosol sec de NaCl obtenu par pétillement (cf. fig. 1) par le spectre
sec déduit du spectre de gouttelettes par la relation (2).
Fig. 3. — Size spectrum of the same dry NaCl aérosol as in Figure 1 extended towards the small sizes by the
spectrum calculated from the droplet spectrum.
PLANCHE IJPLATEI MICHEL GARMY
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 14, J985 1025

MÉTHODE EXPÉRIMENTALE. — Intéressons-nous aux particules de rayon inférieur à 0,25 um qui, à seç, ne
sont pas détectables par la sonde Polytec mais constituent cependant la fraction la plus importante, des
particules d'un aérosol.
La méthode proposée consiste à effectuer simultanément — si l'on dispose de deux spectrogranulomètres —
sinon successivement:
1° un spectre dimensionnel sur l'aérosol sec avec le spectrogranulomètre seul;
2° un spectre dimensionnel sur les gouttelettes en sortie de la chambre à diffusion thermique à flux continu.
On porte les deux spectres sur un même graphique. Pour une même concentration C„ il correspond un
rayon r0 sur le spectre sec (1) et un rayon r100 r_ sur le spectre de gouttelettes (2) (fig. 1).
Pour les diverses concentrations C„, on calcule un coefficient K„ défini par K„ = fr100i„/(j-0,„)3'2] et on établit
la courbe K„ en fonction de ?-j 00 pour des valeurs décroissantes de ce rayon.

On constate qu'au-dessous d'une certaine valeur r100 du rayon, K prend la valeur palier Kp. C'est cette
p
valeur qui représente le coefficient K expérimental recherché (fig. 2). Toutes les gouttelettes du spectre (2) de
rayon r tel que r>r100 p correspondent à des noyaux ayant induit des gouttelettes qui n'ont pas eu le temps
d'atteindre le rayon d'équilibre r100. Pour tous les rayons r,00<r100 p on établit le spectre sec à partir: des
valeurs du spectre de gouttelettes en appliquant la relation (2) dans laquelle on donne à K la valeur Kp.
Il est important de remarquer que, découlant de résultats expérimentaux,la valeur trouvée du coefficient Kp
prend en compte:

les écarts par rapport à la théorie qui peuvent être dus à l'état de pureté du sel, à la forme et à l'état dé
surface des noyaux secs;

les sources d'erreur liées au compteur optique.
II ne faut donc pas compter que Kj, soit égal à sa valeur théorique pour un sel déterminé. Mais l'important
est qu'on puisse accéder à une valeur expérimentale K.p du facteur K théorique.
-
Si l'on est en présence de particules constituées d'un mélange de sels hygroscopiques, il y a tout lieu de
penser que la même relation, du type r100 = Krl12, entre les valeurs de r0 mesurées au compteur optique seul
et les valeurs r100 mesurées avec l'ensemble chambre isotherme-compteur optique, est applicable dans toute la
gamme de dimensions où le compteur est utilisable. Mais dans ce cas, le coefficient Kp qui sera déterminé
expérimentalement intègre alors toutes les caractéristiques de chacun des sels constituants et la méthode
proposée pour les particules ne comprenant qu'un seul sel reste applicable pour les particules comprenant
plusieurs sels.

APPLICATIONS. — La méthode a été appliquée en particulier à deux différentes sortes


d'aérosols hygroscopiques secs :
— un
aérosol artificiel de NaCl provenant d'une solution saline superficiellement
propre que l'on fait pétiller;
— un
aérosol médicamenteux provenant de l'évaporationd'un brouillard produit par
pulvérisation d'une eau de source thermale.
Dans les deux cas on a pu constater qu'à partir du rayon 7'0> le spectre sec déduit du
p
spectre de gouttelettes était bien dans la continuité du spectre de noyaux secs mesuré
directement au spectrogranulomètre. La figure 3, déduite des figures 1 et 2, montré le
résultat relatif à l'aérosol provenant du pétillement de la solution de NaCl à 30 g/1. On
constate ainsi que le coefficient expérimental Kp est trouvé égal à 18 (fig. 2), alors que
sa valeur théorique, calculée à partir de la relation (2) est égale à 31.
CONCLUSIONSET LIMITEDE LA MÉTHODE. — Cette méthode semi-expérimentale de détenrnT
nation du spectre sec d'un aérosol est donc applicable que l'aérosol soit composé d'un
seul ou de plusieurs sels hygroscopiques. Elle présente un intérêt réel puisqu'elle permet
d'obtenir le spectre sec d'un aérosol dans une région extérieure au domaine d'utilisation
du granulomètre où les particules sont généralement les plus nombreuses. On peut en
particulier l'appliquer à l'étude de l'aérosol atmosphérique d'origine marine. Il convient
toutefois de s'assurer que, dans la détermination du spectre sec mesuré au granulomètre,
l'humidité relative ambiante de l'air contenant ces particules hygroscopiques est inférieure
à la valeur critique pour laquelle ces mêmes particules entrent en déliquescence.
1026 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série H, n° 14, 1985

L'extension du spectre sec obtenue par cette méthode se rapporte à des particules
hygroscopiquesqui, dans la chambre isotherme, ont produit des gouttelettes ayant atteint
leur rayon d'équilibre et détectables au granulomètre, c'est-à-dire de rayon supérieur à
0,45 um.
Si l'on veut poursuivre l'étude spectrale de l'aérosol dans le domaine des rayons secs
inférieurs à 0,1 um, il faut alors faire appel aux chambres créant des sursaturations pour
activer ces noyaux. Mais alors ces rayons secs né seront bien déterminés par la théorie
que pour un aérosol constitué d'une seule substance hygroscopique.
Remise le 10 juin 1985, acceptée le 23 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Institut et Observatoire de Physique du Globe du Puy-de-Dôme, L.A. C.N.R.S. n" 267,


12, avenue des Landais, 63000 Clermont-Ferrand.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, 14
Série,n° 1985 1027

GÉOPHYSIQUE. électriquement
— Mise en évidence et interprétation d'une zone
conductrice en profondeur dans le nord d'Israël. Note de Régis Ballestracci, présentée par
Jean Coulomb.

Un ensemble de sondages audiomagnctotelluriques a été effectué dans la partie nord d'Israël. La plupart
d'entre eux mettent en évidence une zone conductrice en profondeur. Les profils réalisés de part et d'autre de
la vallée du Jourdain et sur les hauteurs du Golan montrent que l'interface qui sépare les terrains de résistivité
élevée des terrains de résistivité plus faible dessine une courbe qui est celle de la limite supérieure d'un aquifère.
Une interprétation de cette zone conductrice est donnée en tenant compte des caractéristiques géologiquesde
la région et des précédentes études géophysiques : les terrains perméables ont gardé la trace de l'envahisseaiënt
du rift par les eaux de la Méditerranée et il est probable que des aquifères salés soient encore en place sous les
aquifères d'eau douce.

GEOPHYSICS. — Existence and interprétation of an electrically conducting zone at depth in ndrthern


Israël.
A séries of audiomagnetoielluricsoundings were carried oui in Northern Israël. Most ofthem are characierized
by a conduclive zone al depth. Profiles mode on the two sides of the Jordan valley and on the Golan heights
show that the interface between high and low resistivity grounds has the shape of an aquifer upper limit. Takirig
into account the geological salienl features of the country and the previous geophysical works, an interprétation
of the conduclive zone is proposed: pervious grounds kept marks of the rift intrusion by mediterraneanseaiyater
and probably salted aquifers are entrapped under fresh groundwater aquifers.
CONTEXTE GÉOLOGIQUE. — La partie nord d'Israël comprend trois provincesgéomorpho-
logiques différentes [1] (fig. 1). A l'ouest, la haute Galilée est une région montagneuse
qui culmine à 1200 m, elle est entaillée de vallées associées à des failles normales
particulièrement nombreuses dans la direction est-ouest. Par ces vallées la Méditerranée
envahit le rift de la Mer Morte au Pliocène [2]. Ces vallées sont limitées au sud par le ;
Mont Carmel.
A l'est, les hauteurs du Golan constituent un plateau recouvert de coulées basaltiques.
Ce basalte est daté du tertiaire et a probablement son origine dans une série de cônes :
volcaniques et de fissures situés près de la frontière syro-israelienne. L'épaisseur des :
coulées volcaniques est importante et la nature des roches sédimentaires sur lesquelles
elles reposent n'est pas connue à l'exception d'un affleurement de roches carbonatèes à
l'ouest du plateau.
Entre les hauteurs du Golan et la haute Galilée, la vallée de Hula, la vallée du Jourdain
et le lac de Tibériade (ou lac de Kinneret, ou mer de Galilée) sont les éléments lés plus
au nord du graben caractérisant le rift de la Mer Morte qui s'étend vers le sud jusqu'au
golfe d'Eilat [3]. Ce rift probablement formé à la fin du tertiaire et au début du quaternaire
est lui-même considéré comme une partie du rift syro-africain. La différence d'altitude
entre le rift et les deux régions qui le bordent à l'est et à l'ouest est de l'ordre de plusieurs
centaines de mètres. Au lac de Tibériade, le rift a une altitude voisine de — 200 iù alors
que les zones voisines de part et d'autre atteignent 500 m au-dessus du niveau de la nier.
Au nord la vallée de Hula est un élargissement de la vallée du rift rempli de sédiments
élastiques, elle se rétrécit vers le sud où elle devient la vallée très étroite du Jourdain
pour s'élargir à nouveau 15 km plus au sud au niveau du lac de Tibériade.
De nombreuses sources chaudes et salées se trouventautour et dans le lac de Tibériade :
Tabigha, Fulya, Tibérias sur la rive est, Barbutin dans le lac lui même, El Hammà 4 km
à l'intérieur de la rive sud, En Gofra et En Noqiv sur la rive est. En général la température
de ces sources est voisine de 30-32cC à l'exception des sources d'El Hamma qui ont une
température de 52°C et celle de Tibérias qui sont à 60CC. La salinité de l'eau varie de
1000 à 3000 mg Cl/1 sauf celle de Tibérias qui atteint une salinité de 18000 mg Cl/i.

0249-6305/85/03011027 S2.00 © Académie des Sciences


1028 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

TABLEAU!
N° 3 9 10 11 12 13 14

Altitude 650 1140 900 900 590 425 330


Profondeur interface 355 700 603 786 394 445 379
Résistivité élevée 150 150 170 300 250 170 70
Faible résistivité 5 3 55 7 2 5 25

TABLEAU II
N° 17 18 19 20 21

Altitude 210 190 50 25 110


Profondeur interface 262 262 168 212 295
Résistivité élevée 140 45 70 100 100
.
Faible résistivité 15 8 1 5 5

Au cours du mois de juin 1984 une mission d'étude par sondages magnétotelluriques
(A.M.T.) a été organisée par les services du Ministère des Relations extérieures en
coopération avec FInstitute for Petroleum Research, and Geophysics de Tel-Aviv et le
Geological Survey de Jérusalem. Cette campagne .-avait pour objectif d'apporter des
informations complémentaires sur les structures géologiques intermédiaires ayant des
signatures électriques bien caractérisées. Trois provinces géomorphologiques ont été
étudiées : les hauteurs du Golan, le rift de la Mer Morte (vallée de Hula, vallée du
Jourdain, proximité du lac de Tibériade) et le Mont Carmel.
PROCÉDURE EXPÉRIMENTALE. —
L'équipement A.M.T. utilisé est du type ECA et opère selon neuf bandes
de fréquencesétroites centrées sur les fréquences : 7,3; 13; 23; 41; 73; 130; 230; 410 et 1 300 Hz. Cet appareillage
a été décrit précédemment[4]. Les possibilitésde la méthode ont été évaluées par Strangway et coll. [5]. Elle a
été appliquée avec succès dans des conditions très diverses ([6], [7], [8]) à la détection des zones de faible
résistivité.
24 stations ont été effectuées dans le nord d'Israël : 14 sur les hauteurs du Golan, 9 dans le rift au nord du
lac de Tibériade, 3 sur le mont Carmel. Pour tous ces sondages deux facteurs ont été très favorables : la
situation électrique est en général celle d'une zone relativement conductrice située sous une couverture plus
résistive, cette situation est propice aux mesures électromagnétiques;le contact électrique entre les électrodes
et le sol a toujours été très bon.
La principale difficulté a eu pour origine la présence de lignes électriques de forte puissance qui traversent
le pays et qui produisent des parasites importants sur les capteurs. Ce phénomène â été particulièrementgênant
dans le nord du Golan au voisinage des zones militaires et sur le mont Carmel à proximité des principaux
villages.
Dans la suite de ce travail n'ont été retenus que les « bons » sondages, c'est-à-dire ceux pour lesquels
l'information géophysiquen'est pas perturbée par les parasites, dans la mesure où une grande pratique de la
méthode permet de séparer les deux (l'appareillage supprime par sélection électronique les parasites les plus
importants, mais une part subjective subsiste de la part de l'opérateur pour les parasites faibles). L'inversion
des données expérimentales a été précisée et discutée précédemment[9].
RÉSULTATS. — 1. Les hauteurs du Golan. — Neuf sondages ont été retenus : 3, 5, 6, 9,
10, 11, 12, 13 et 14. Ils montrent tous le même type de courbe de résitivité caractérisée
par un terrain conducteur en surface, d'épaisseur faible, recouvrant un terrain plus résistif
sous lequel on détecte bien une zone plus conductrice qui sera l'objet d'étude essentiel de
EXPLICATIONSDES PLANCHES

Planche I
.__

Fig. 1. — Localisation des sondages A.M.T.


Fig. I. — Localisation of A.T.M. soundings.
Fig. 2. — Courbes de résistivité apparente en fonction de la racine carrée de la période. Les croix représentent
les moyennes d'une vingtainede mesures pour chaque fréquence. La courbe continue est celle de la résistivité
apparente calculée à partir du modèle établi par minimisation des moindres carrés.
Fig. 2. — Apparent resistivity against square root of the period. Crosses represent means of about 20
measurements for each frequency. Continuous curves are those of apparent resistivities calculated from least
squares optimized model.
PLANCHE 1/PLATEI RÉGIS BALLESTRACCI

C, R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 74


PLANCHE II PLATE II
CR Acad. Se. t
Paris, 301, Série II, n° 14, 1985 1031

Planche II
-

Fig. 3. —..Section approximative du Golan selon le profil 11-14. Pour chaque station on a reporté l'altitude
de la station et celle du toit de la zone conductrice.
Fig. 3. —^Approximative section of the Golan Heights along the 11-14profile. Foreach station altitudes of the
station and of the roof of the cqnductive zone are reported.
Fig. 4. —^Section approximative de la vallée du Jourdain selon le profil 17-21,
Fig. 4. -.— Approximative section of the Jordan valley along the 17-21profile.
.

ce travail. Les sondages 5 et 6 ont un comportement différent : la résistivité croît avec la


profondeur. Le tableau I résume les caractéristiquesdes autres sondages. On a représenté
à titre d'exemple sur la figure 2 les courbes de résistivité apparente en fonction de la
racine barrée de la période (mesurées et calculées à partir dés modèles du tableau I) pour
les sondages 3,5, 9.
Sur là figure 3 on a considérélà ligne 11, 12, 13, 14 et ;bn a tracé une section
approximative du Golan. Pour chaque station on a reporté F altitude de la station et la
profondeur de l'interface qui sépare la zone de résistivité la plus élevée de la zone de
résistivité la moins élevée.
2 Le rift de la Mer Morte au nord du lac de Tibériade. — ;IJn seul sondage a été
retenu;(n° 2) pour la vallée de Hula. Les cinq sondages de la vallée du Jourdain (17, 18, :
19, 20, 21) ont été conservés; Les résultats de l'inversion des données sont résumés dans

24).
le tableau IL Un de ces sondages est représenté sur la figure 2 (n° 21). On a reporté
sur là figure 4 l'altitude des stations et la profondeur des interfaces le long du profil
approximatif 17-21
Les sondages 15 et 16 effectués respectivement à 500 m ( — 125 m d'altitude) et 1,2 km
( 75 m d'altitude) au nord du lac de Tibériade sont très similaires ( fig. 2, sondage 15).

3. Mçnt Carmel. — Trois sondages ont été effectués, ils montrent tous (fig. 2,
Sondage 23) une zone cbnductive s'intercalant entre deux zones de plus haute résistivité,
le toit dé la zone conductrice se trouvant respectivement à 240, 160 et 550 m (sondages 22,
23,
RAPPEL DE TRAVAUX PRÉCÉDENTS. — Si la géologie du rift de la. Mer Morte a donné
lieu à dé très nombreux travaux [10], les mesures géophysiques dans la région que nous
étudions ici ont été relativement peu nombreuses. Rotstein et coll. [11] ont réalisé une
série dé sondages électriques profonds dans une zone comprise entre celle que nous
étudions sur le Golan et la frontière syro-israëlienne. Leurs résultats montrent que selon
les stations, il existe une zone conductrice à 350-500 m de profondeur mais que dans
certains cas, la zone'conductrice n'est pas observée. Les auteurs concluent que l'interface
détecté est celui qui' sépare les séries volcaniques superficielles -dés terrains sur lesquels
elles reposent, Rotstein et coll. [12] ont utilisé différentes méthodes électriques pour mettre
en évidence, entre autres choses, là réduction de la résistivité apparente avec la profondeur
à l'est du lac de Tibériade. Ils concluent que la résistivité plus importante en surface est
due à la présence des séries volcaniques,
Plusieurs auteurs ([13], [14]) expliquent, parailleurs, la présence d'eau salée dans le
nord du rift de la Mer Morte par l'existence d'infiltrations d'eau de mer à travers les
structures perméables de subsurface de la plaine de Zevulum et de la vallée de Yizreel
ainsi qu'à travers le Mont Carmel -{.fig-. 1).
INTERPRÉTATIONDES RÉSULTATS. Les résultats les plus importants apportés par les

sondages A.M.T. sont résumés sur les figures 2 et 3. L'allure générale de ces courbes
1032 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

indique que l'on détecte en profondeur un aquifère de basse résistivité et non la superposi-
tion de conducteurs horizontaux de résistivités différentes. De plus, la résistivité du
conducteur sous-jacent semble trop faible pour être interprétée comme conséquence de
la dissociation d'une roche substratum. Il est probable que les valeurs mesurées résultent
d'une superpositiond'eau douce météoritique et d'anciennes eaux salées piégées dans des
structures plus ou moins perméables, l'interface entre les deux pouvant être bien défini
ou flou (la méthode A.M.T. ne permet pas de séparer les deux modèles).
Il n'y a pas affaiblissement de la résistivité avec la profondeur dans le cas où les
terrains ne sont pas perméables (sondages 5 et 6), ou lorsque les stations sont trop
éloignées de l'axe du rift [11].
Les sondages effectués près du lac de Tibériade (sondages 15 et 16) montrent que ce
que nous interprétons comme un aquifère salé est présent dans cette zone; ceci conduit à
expliquer la présence de sources salées au voisinage du lac par la remontée d'eau de
F aquifère détecté le long de failles ouvertes présentes dans cette région active du rift. La
diversité des salinités des sources s'explique par l'existence le long de ces failles de zones
de mélange des deux aquifères.
La présence d'une zone conductrice sous le Mont Carmel a été confirmée par les
sondages 22, 23, 24. Elle est expliquée par l'intrusion d'eau de mer dans le massif,
phénomène que nous considérons, en attendant de nouveaux sondages, comme une
explication alternative ou complémentairede la salinité des eaux dans la vallée du rift.
D'une façon plus générale, la présence de massifs calcaires imperméables, de nappes
d'eau douce dans les terrains susjacents, de différences de niveau importantes, de failles
ouvertes dans la vallée du rift et peut-être l'apport permanent d'eau salée de la Méditerra-
née à travers le Mont Carmel et les vallées internes, conditionnent la salinité des eaux
du rift de la Mer Morte.
Ces premières mesures A.M.T. ont ainsi permis de proposer un modèle simple qui
rend compte des diverses observations effectuées. Il reste à multiplier les mesures électro-
magnétiques et électriques pour confirmer ce modèle et contribuer ainsi à une meilleure
compréhension du mécanisme d'association de l'eau douce et de l'eau salée, mécanisme
qui est d'une grande importance lorsque l'on sait que les seules ressources en eau douce
d'Israël proviennent de cette partie du pays.
Adresses des organismes cités dans le texte : The Institute for Petroleum and Geophysics, P.O. Box 1717,
Holon 58117; Geological Survey of Israël, 30, Malkhe Ysrael Street, Jérusalem 95501; Inversion des données
réalisée en collaboration avec Y. Benderitter,C.N.R.S., Centre géophysique de Garchy, 58150 Pouilly.
Remise le 2 septembre 1985, acceptée Je 16 septembre 1985.
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Université de Toulon, U.E.R. de Sciences et Techniques, 83130 La Garde.
C.R. Acad. t. 301, Série II, n° 14, 1985 1033

MINÉRALOGIE.
— Mise en évidence, au moyen de la speclroscopie RMN, des sites
tétraédriques et octaédriques de Valuminium-21 dans des gels silicoalumineux. Note de René
Couty, Francis Taulelle et Hélène Theveneau, présentée par Jean Wyart.

Des gels silicoalumineuxamorphes ont été étudiés au moyen de la spectroscopie de résonance magnétique
nucléaire (RMN). Ce travail a été entrepris dans le but de développer une méthode spectroscopique permettant
de déterminer l'organisation à courte distance qui existe dans ces gels et d'en suivre l'évolution lorsqu'ils sont
chauffes. Dans une première étape nous nous sommes intéressés à l'aluminium car c'est un élément difficile à
étudier au moyen des méthodes classiques de spectroscopie. Les échantillons ont été obtenus en mélangeant
des solutions de silicate de sodium et de sulfate d'aluminium selon diverses proportions. Les spectres RMN
enregistrésà partir d'échantillons séchés à l'air, montrent que lorsque la concentration de la solution de silicate
de sodium augmente, les gels obtenus sont plus riches en aluminium tétraédrique. Cette augmentation des sites
cristallochimiquesde configuration tétraédrique débute lorsque les solutions mises en présence sont telles que
le rapport (Si/Ai) est S 0,9, soit: (Al)/(A1+ Si)ê0,52.

MINERALOGY. — Characlerization of tetrahedrally and octahedrally coordinated 27A1 in aluminosilicate


gels by NMR spectroscopy.
To investigale the structure of aluminosilicate gels and w demonslrate the ability of solid-state MAS.NMR
spectroscopy to directly examine the structural évolution of non-crystalline products, we hâve investigated the
aluminium-21 NMR behaviour of co-precipaled gels. Suitable volumes of an sodium silicate solution where added
to sulfate aluminium solutions to give Si/Ai atomic ratios of 0.25, 0.5, 0.9, 1.1. and 1.25. Measurement of
speclra was carried out on sample afler they were air dried. The aluminium-21 spectra contain two peaks. One
is from tetrahedrally-coordinatedAl (56xl0-6), the other is from oclahedrally-coordinatedAl (2xl0~6). The
relative intensity of the peak for tetrahedrally Al increase when the Si/Al ratio is jg 0.9 and the sodium content
decrease from 0.9 to 0.1%.

INTRODUCTION. — Nous avons utilisé la spectroscopie RMN pour mieux définir la


structure à courte distance dans les gels silicoalumineux et suivre son évolution au cours
des traitements thermiques. De nombreux travaux ont été réalisés sur ces composés, ils
firent appel à la diffusion et à la fluorescence des rayons X, ainsi qu'à la spectroscopie
infrarouge ([1], [2], [3]).
Malheureusement ces méthodes présentent des limitations techniques qui ne permettent
pas de résoudre tous les problèmescristallochimiquesinhérents à ces produits inorganisés.
Cela nous a conduits à utiliser la RMN, car cette spectroscopie atteint un niveau de
perfectionnement qui permet d'analyser la structure des solides avec un pouvoir de
résolution inconnu jusqu'ici. Ainsi il est devenu possible d'étudier les atomes présentant

îD249-6305/85/030Ïl033 :$ 2.00 © Académie des Sciences ; :


1034 C. R. Acad. Se. Paris, t 301, Série II, n° 14, 1985

un spin nucléaire et de distinguer leur environnement, par cette méthode on peut mettre
en évidence les divers sites cristallochimiques de l'aluminium. Ce noyau possède un spin
nucléaire 1 = 5/2, en irradiant sélectivement la transition M( —1/2)«-M(1/2) et en faisant
tourner l'échantillon sous un angle 0 = 54°44' ou 54,7°, à une vitesse de 3 kHz
(~ 180 000 tr/mn) on obtient des spectres de « haute résolution du solide ». Ceci permet
de résoudre des signaux de résonance séparés de quelques parties par million en fréquence.
Dans ces conditions on trouve [4] que le déplacement de fréquence est dominé dans le
cas de l'aluminium par la coordinence de ce dernier. Après une étude extensivê des
composés chimiques dans lesquels la coordinence de l'aluminium est connue ([5], [6], [7]),
il apparaît qu'en rapportant les résonances de Al à celle de Al(H20)g+ dont le signal
sert de référence (0.10~6), on peut affirmer que les sites tétraédriques se situent entre 50
et 80.10- 6, tandis que pour les sites octaédriques, les déplacements chimiques sont
compris entre -20 et +20.10 ~ 6.
Ce sont ces résultats que nous utilisons pour étudier les gels aluminosilicatés.
PROTOCOLEEXPÉRIMENTAL. — Les échantillons de gels sont préparés par addition de X centimètres cubes
d'une solution de métasilicatede sodium SiOz, Na20 0,04 M à Y centimètres cubes d'une solution de sulfate
d'aluminium A12(S04)3 0,04 M. Il précipiteimmédiatementun gel, dont la composition est fonction du rapport
Si/Ai des solutions mises en présence. Ces gels sont séparés par filtratioh, puis séchés à température ambiante.
La quantité de Na contenu dans le solide est dosée par spectroscopie d'émission. Les spectres RMN de
raluminium-27 sont enregistrés au moyen d'un spectromètre « Brucker CXP300 » qui effectue une transformée
de Fourier d'un signal spectral obtenu à partir de 1000 accumulations. La fréquence de résonance de
l'aluminium est de 78,3 MHz dans un champ magnétique dé 7 T. L'échantillon est inséré dans une turbine
tournant entre 2,5 et 3 kHz.
Selon la convention classique, les déplacements chimiques de l'aluminium, induits par les changements de
voisinage sont exprimés en parties par million. Ils sont rapportés à la fréquence standard correspondant à une
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985 1035

solution Al(H20)g+, dans cette molécule l'aluminium occupe un site de symétrie octaédrique qui sert de
référence. L'erreur commise sur les mesures de fréquence est estimée à 0,2.10-6.
Nous avons éprouvé cette méthode d'analyse sur une alumine n, le spectre obtenu est représenté sur la
figure 1. Les pics situés à 5,46 et 74,6.10~ 6 correspondent respectivement aux aluminium octaédrique (O) et
tétraédrique (T). On note à la base de ces pics des bandes satellites qui résultent de la rotation de l'échantillon.
Nous avons reporté sur la figure 2, les spectres obtenus à partir de nos gels silico-alumineux.Ceux-ci avaient
été obtenus par mélange de solutions dont les rapports Si/Al étaient de 0,25, 0,5, 0,9, 1,1 et 1,25. Les quantités
de sodium contenues dans le solide sont très faibles, elles décroissent de 0,9 % en masse pour le gel 0,25 à
0,1 % pour le gel 1,25. Sur ces spectres les sites octaédriques O et tétraédriques T correspondent aux pics
situés à 2 et 56.10-6. La présence des bandes satellites de rotation ne permettant pas, en l'état actuel, une
analysequantitative précise, nous avons déterminé une valeur approchée du rapport Al (T)/A1(0) en comparant
les hauteursdes pics correspondant à ces coordinences.Sur la figure 3 nous avons reporté la courbe A1(T)/A1(0)
en fonction du rapport Si/Ai. Celle-ci montre que l'accroissement du nombre de sites tétraédriques ne débute
que lorsque Si/Ai est S 0,9, soit (Al/Al+ Si) è 0,52.
CONCLUSION. — On peut déduire de ces observations que pour des rapports de Si/Ai
en solution supérieurs à 0,9, l'aluminium ne se substitue pas à des silicium en sites
tétraédriques, mais est stabilisé en coordinence quatre dans une nouvelle phase. Ceci
s'accompagne d'une diminution de la quantité de Na dans la phase solide. Ces résultats
permettent de supposer qu'il y a une coprécipitation qui s'effectue lorsque le rapport
Si/Ai i&0,9. La seconde phase présente un rapport Na/Si plus faible que la première.
La RMN apparaît comme une technique très puissante permettant d'analyser la
structure à courte distance dans les gels. Son utilisation plus systématique comme moyen
de caractérisation de la stoechiométrie va permettre de résoudre les problèmes inhérents
aux processus de cristallisation de ces produits.
Remisele 23 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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R. C. : Laboratoire de Géologie, E.R. n° 224,


E.N.S., 46, rue d'Ulm, 75230 Paris;
F. T. et H. T. : Laboratoire de Dispositifs infrarouges et Physique thermique E.R.A. n° 365,
E.S.P.C.I., 10, rue Vauquelin, 75231 Paris.
C. R. Acad.Sc. Paris, t. 301, Série II, n°
14 1985
1037

PÉTROLOGIE. l'allochtonie du
— Nouveaux arguments pélrologiques en faveur de
Lévézou (Massif Central français) : les enclaves basiques des granités calco-alcalins et les
métacornéennes associées. Note de Claude Delor, André Leyreloup et Jean-Pierre Burg,
présentée par Jean Aubouin.

Nous rappelons que la structure en dôme du Lévézou a été discutée en termes d'antiforme ou de synforme.
Nous présentons ensuite deux nouvelles observations qui démontrent à notre sens que l'hypothèse synforme
est la plus plausible.

PETROLOGY. — New petrological arguments for the Lévézou massif being allochthonous: basic enclaves
in calc-alkaline granitoids and associated metahornfcls.
We have recently shown that the sub-annular Lévézou structure which has been interpreteduntil now as a dôme
can be also discussed in lerms of a synform. The synform hypothesis is hère supporled by two new métamorphic
data: (i) pressure-températureestimâtes in metapelitic hornfels and (ii) distribution of High-Pressure basic lensës
in calc-alkaline melagraniles. Consequently the Lévézou structure is believed to be a downward-fàcing synform:

INTRODUCTION. — La ceinture leptyno-amphibolique du Lévézou (Rouergue oriental)


dessine l'une des structures les plus remarquables du Massif Central français ([1] à [4]).
Cette structure fermée vers l'Ouest (fig.) disparaît à l'Est sous la couverture sédimeritàirè
des Causses. Cependant une étude géophysique récente (Bayer, comm. pers.) révèle que
cette ceinture induit des anomalies magnétiques et gravimétriques qui tendent à boucler
une forme annulaire. Le tracé de chacune de ces anomalies sous les sédiments se raccorde
avec les contours géologiques que nous avons précisés ([4], et fig.). Nous avons montré
récemment que les sens de cisaillement dans les orthogneiss calco-alcalins autour et à
l'intérieur du Lévézou indiquent que le coeur du massif est descendu par rapport aux
régions environnantes [5]. Nous avons remarqué aussi qu'à l'extérieur du Lévézou lés
pélites ont subi un métamorphisme de pression intermédiaire dont les isogrades sont
indépendants des limites de ce massif. A l'intérieur du Lévézou, par contre, un métamor-
phisme barrovien se superpose à un métamorphisme granulitique dans la ceinture
leptyno-amphibolique [6]. Ce métamorphisme barrovien semble prograde vers le centre
du massif où l'on atteint le domaine des métatexites à sillimanite sans retrouver les
diatexites et les granités d'anatexie caractéristiques des dômes thermiques ([4], [5]). Rappe-
lons enfin que l'opposition entre les domaines intérieurs et extérieurs de cette structure
se retrouve dans les relations cristallisation-déformation[5] : le métamorphismebarrovien
du Lévézou est ante à syn-folial alors qu'à l'extérieur, le métamorphisme de pression
intermédiaire est tardif par rapport à la même foliation régionale. L'ensemble dé ces
données étant incompatible avec la structure en dôme longtemps admise avant nous ([1],
[2], [3], [6], [7]), nous avons envisagé deux types d'hypothèse structurale : l'une en aiiti^
forme, l'autre en synforme [5]. La présence d'enclaves basiques dans les granitoïdes
calco-alcalins du massif du Lévézou et l'histoire polymétamorphique de cornéennés
démontrent à notre avis que l'hypothèse synforme est la plus plausible.
LES ENCLAVES BASIQUES. — Plusieurs prospections systématiques dans les granitoïdes
calco-alcalins ont révélé que des enclaves basiques n'existent qu'à l'intérieur du Lévézou.
Les assemblages minéralogiques sont :

amphibolites banales : oligoclase +amphibole brune + grenat-l-ilménite;

amphibolites à corindon : amphibole brun-vert + grenat + épidote + spinelle
+ corindon H- ru tile + zircon ;
0249-6305/85/03011037 S 2.00 © Académie des Sciences
1038 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série H, n° 14, 1985


pyriclasites : bytownite + hypersthène + augite + biotite + quartz+rutile. En dépit
d'une texture magmatique encore bien conservée cet assemblage primaire n'est pas
indemne de toute recristallisation comme en témoignent les liserés d'actinote et de
hornblende actinolitique respectivement aux contacts orthopyroxène-plagioclase et
clinopyroxène-plagioclase. Plus rarement, des chaînettes de petits grenats idiomorphés se
développent entre amphibole secondaire et plagioclase;

éclogites rétromorphosées : grenat + rutile-f- épidote + disthène + quartz. Ces miné-
raux primaires sont conservés dans un kélyphitoïde à clinopyroxène, amphibole et plagio-
clase qui seul atteste de la présence de clinopyroxène primaire.
Du point de vue géochimique, certaines de ces enclaves ont comme les roches basiques
de la ceinture leptyno-amphiboliquedes spectres de tholeiites abyssales [8], ce qui exclut
qu'elles puissent être les précurseurs basiques des orthogneiss alcalins ou calco-alcalins
du Lévézou. Régionalement, de telles roches n'étaient connues jusqu'alors que comme
constituants caractéristiques de la ceinture leptyno-amphibolique([3], [6]). Cette décou-
verte est en conséquence fondamentale pour nous. Ces enclaves, dont certaines de
haute pression, remontées par les granitoïdes calco-alcalins démontrent que l'horizon
leptyno-amphibolique existe sous le Lévézou et non sous les séries environnantes. Le
Lévézou est donc une synforme.
LES CORNÉENNÉS.

Dispersées dans les séries et en enclaves dans les granitoïdes
calco-alcalins de type Pinet, il existe des cornéennés et des schistes tachetés à l'intérieur
comme â l'extérieur du massif du Lévézou (fig.). Ces roches, d'abord signalées par
Bergeron [1], ont été également décrites dans les travaux ultérieurs ([2], [6], [9], [10]), et
nous mêmes en avons découvert quelques gisements. Pétrographiquement les cornéennés
qui affleurent à l'extérieur du Lévézou diffèrent de celles de l'intérieur de ce massif.

A l'extérieur du Lévézou les schistes tachetés et cornéennés sont des roches sombres
à stratification préservée. Des nodules millimétriques à pluricentimétriquesde cordiérite
(Rd 510-1) ou de muscovite (Rai 30, Ré 36) ont une forme aplatie qui définit une foliation
oblique par rapport à la stratification. Ces nodules sont auréolés d'une couronne à
« grenat + sillimanite » puis de muscovite naissante dans une roche à quartz, plagioclase
et biotite. Dans les cornéennés à nodules de muscovite, la sillimanite envahit toute la
matrice à biotite, plagioclase et feldspath potassique, sans muscovite. Lés couronnes à
grenat et sillimanite sont dues à la réaction :
cordiérite -> grenat + sillimanite + quartz ([11], [12]),
Les ocelles de muscovite peuvent être reliés à la rétromorphose de la cordiérite par la
réaction :
cordiérite+feldspath potassique+ H20 -» muscovite+biotite + quartz [13].
Des surcroissances de grenat recoupent ces ocelles de muscovite.

EXPLICATIONS DE LA PLANCHE

Schéma structural du massifdu Lévézou : 1, faille; 2, chevauchement;3, chevauchementsupposé; 4, couverture


sédimentaire; 5, paragneiss; 6, schiste; 7, orthogneiss alcalin; 8, orthogneiss calco-alcalin; 9, métatexites à
sillimanite; 10, groupe leptyno-amphibolique; 11, localisation des échantillonsmentionnés dans le texte; 12,
trace et pendage de foliation.
Sketch map of the Lévézou massif: 1, fault; 2, main thrust; 3, possible thrust; 4, sedimentary cover; 5,
paragneiss; 6, schists; 1, alkaline orthogneiss; 8, calc-alkaline orthogneiss; 9, sillimanite-bëaring metatexite; 10,
leptyno-amphiboliticgroup; 11, sample location as mentioned in the text; 12, trace and depth offoliation.
PLANCHE I/PLATE I CLAUDE DELOR.

TABLEAU

(T)
demande.
Estimations pression-température basées sur les équilibres minéralogiques grenat-biotitè (Gt-Bi), grenat-cordiérité.(Gt-Gd),
rplagiôclase-biotite-muscovite-grenat(PBMG) et vgrenat-plagioclase (Gt-Pl) d'après les calibratiôns de Thompson (T;) [11],
Holdawayrst.:Lee (H& L) [12],: Hodges et Spear (H & S) [16],Ghent: et Stout (G:& S) [18], Newton et Hasélton
(N&%J[l7] ety> coordonnées Lambert, Les analyses microsonde des phases minérales sont à la disposition des lecteurs
qui x
en feront; la

(H £
Pressure-températureconditions estimatedfrom the following mineralogicalequilibrium garnet-biotite (Gt-Bi), gàrnet-cofdierite
(Gt-Gd) plagioclase-biotite-muscovite-garnet(PBMG)
[11] Holdawayand Lee
and garnet-plagioclase (Gt-Pl), with the calibration of Thompson
S)[16],
Ghent and Stout (G £ S) [18], Newton and
Hasélton:(f$,&:Ê^\yT\. x and y, Lambert cobrdihqte projection. Microprobe data are available upon request:

Réf.
Tempêrature.PC) Pression (kb)
Gi-Bi. Gî-Cd
PBMG ...
Gt-Cd PBMG gt-Pl
x

y
T H§S H&S T

H&L G&S T H&L GffS N§H


Rd510 626,4 216,6 560 580
605 560 555 510 6,1 6,9 5,6 5,9
Rd512 627,9. 216 565 585 .
- 6;2
520 -
610

Ral130 623,5 205,8 540 555 560 - 4,5 4;8


Re36 634,2 590 620
Rd599 629,3
195,7
2133 590
590
600 620
575 4,1
-
-

- - 3,6
4,7
- 3,5
Rd587 628,5 210,9 580 600 -
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985 1041


A l'intérieur du Lévézou, les cornéennés et schistes tachetés existent à la périphérie
et en enclaves dans les granitoïdes calco-alcalins. Les cornéennés sans ocelle visible et à
stratification préservée peuvent localement montrer des textures de restite d'anatexie. Les
schistes tachetés ressemblent à ceux décrits à l'extérieur du Lévézou. Minéralogiquement
nous séparons les cornéennés à « quartz + andalousite-fsmimanite fibrolite et prismatique
+feldspath potassique » et les cornéennés à « corindon + andalousite + sillimanite prisma-
tique + feldspath potassique ». Dans ce dernier cas la sillimanite prismatique pousse sur
les blastes d'andalousite à coeur de corindon. Localement de la muscovite rétrograde se
développe à partir de l'assemblage « biotite + silicate d'alumine ». La sillimanite fibrolite
cristallise à partir de la sillimanite prismatique. Dans l'échantillon Rd599, des petits
disthènes ont cristallisé dans les agrégats de sillimanite prismatique.
ESTIMATIONSPRESSION-TEMPÉRATUREDES CORNÉENNÉS. — Si l'on considère la transition
polymorphique « andalousite-sillimanite» de Holdaway [14], l'association « sillima-
nite + feldspath potassique » rencontrée à l'extérieur du Lévézou traduit des températures
minimales de 600°C [15] et l'association « corindon + andalousite + sillimanite prismatique
+feldspath potassique » des températures minimales de 650°C [15]. Une estimation des
pressions à partir des phases reconnues à l'extérieur du Lévézou est impossible. Par
contre l'évolution prograde avec déstabilisation de muscovite en corindon, andalousite,
sillimanite et feldspath potassique permet d'estimer une pression de l'ordre de 2 kb pour
l'intérieur du Lévézou ([14], [15]). L'analyse thermobarométrique (tableau) des couples
grenat-biotite ([11], [12], [16]), grenat-plagioclase[17], grenat-cordiérite ([11], [12]), plagio-
clase-biotite-muscovite-grenat[18] montre que les roches de l'extérieur du Lévézou se
sont rééquilibrées à « 5-6 kb, 560°C » (conditions pression-température équivalentes à
celles estimées dans les séries paradérivées encaissantes [19]) et celles de l'intérieur à
« 3-5 kb, 580°C ».
DISCUSSION DES ANALYSES THERMOBAROMÉTRIQUES. — L'observation microscopique des
cornéennés et des schistes tachetés montre que leurs textures se sont développées dans
des roches peu ou pas métamorphiques et peu ou pas déformées. Elles reflètent donc un
-métamorphisme « basse pression-haute température » précoce dans l'histoire tectonique
de la région.
Deux scénarios doivent être envisagés quant à leur histoire :
(a) une histoire discontinue : ces cornéennés sont dues au métamorphisme de contact
des granitoïdes alcalins anciens (par exemple l'orthogneiss Cambrien des Palanges [20])
et ont été reprises par les événements tectono-métamorphiques hercyniens ([21], [22]). La
présence de telles cornéennésdans la klippe du Vibal [4] semble accréditer cette hypothèse;
(b) une histoire continue : ces cornéennés représentent le premier stade basse pression
du métamorphisme de contact des granitoïdes calco-alcalins hercyniens [23] comme pour-
rait le suggérer leur étroite proximité avec les orthogneiss de ce type. Ces conditions de
basse pression auraient ensuite évolué vers des conditions de pression intermédiaire
pendant la mise en place syn-métamorphique de ces orthogneiss.
Remarquons cependant qu'aucune de ces cornéennés n'a été trouvée au contact des
orthogneiss granodioritiques dont le solidus est à plus haute température que celui des
orthogneiss granitiques de cette suite calco-alcaline. Aussi le scénario (a) nous semble
plus tentant. Quelle que soit cette histoire, cornéennés et schistes tachetés de l'intérieur
comme de l'extérieur du Lévézou sont polymétamorphiques mais les métacornéennes de
l'extérieur ont été rééquilibrées dans des conditions de pression plus importantes que
celles de l'intérieur. Il est alors logique de penser que le domaine extérieur avec ses
1042 G. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série H, n° 14, 1985

cornéennés a été porté à une plus grande profondeur que le domaine intérieur. Un niveau
plus élevé au coeur d'une structure cartographiquement fermée et entourée par des
roches plus profondes est un dispositif caractéristique d'une synforme. Nos mesures
thermobarométriques apportent donc un argument supplémentaire pour écarter l'hypo-
thèse antiforme du Lévézou:
CONCLUSION. L'étude pétrostructurale des séries qui affleurent de part et d'autre

de la ceinture du Lévézou a permis de montrer que ces deux domaines ont subi des
histoires tectonométamorphiques différentes ([4], [5]). En particulier l'histoire granulitique
de haute pression reconnue dans la ceinture leptyno-amphibolique [6] n'existe pas autour
du massif du Lévézou. Les enclaves et les méta-cornêennesdécrites dans cette communica-
tion montrent que la structure est une synforme, argument qui permet aussi de supposer
que le Lévézou est une klippe (question que se posait Lameyre [24]) ou une tête plon-
geante, les roches granulitiques de la ceinture du Lévézou reposant sur des roches moins
métamorphiques de l'extérieur. L'augmentation de pression et donc l'enfouissement des
schistes tachetés de l'extérieur du Lévézou peut être reliée à la mise en place de cette
synforme.
Remise le 3 juin 1985, acceptéele 16 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] J. BERGERON, Bull. Serv. Carte géol. Fr., XVI, 1905, p. 362-363.
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-
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[24] J. LAMEYRE, Comptes rendus, 294, série IL 1982, p. 1237-1240.

Cl. D. : Laboratoire de Pétrologie des Zonesprofondes,


U.S.T.L.,place Bataillon, 34060 MontpellierCedex;
A. L. : Laboratoire de Pétrologie, U.S.T.L.,place Bataillon, 34060 Montpellier Cedex;
J. P. B. : Melbourne University, Department of Geology, Parkville, Victoria 3052, Australie.
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 14,1985; \ 1043: :

GÉOLOGIE STRUCTURALE. -L'échantillonnage des spacements entre fractures :


une distributionexponentielle présentée par
Miche Durand-Delga.
négative
tronqué.
Note
AnnyePineau
de

: Les espacements entre fractures s'ajustent à. une. .loi exponentielle iégatiyé dé densité de probabilité
f</x)=^m-p(^X:X).. pne bonne estimation .du, paramètre Vde cette loi à partir d'un échantillonnage utilisé là

STRUCTURALGEOLOGY. — Fracturés spacings: An exponential négative truncated distribution.


The description ofrock mass fracturing consist of three géométrieproperties: density (spacing, frequency), size
(trace length and width of trace) and orientation. Tlte fracture spacings can be measured along a Une thrôugh
the rock mass: Thèse spacings are exponentially distributed, with the exponential density fonction
f(x) = X exp (—^.x). The paramëter X is the inverse of the mean spacing. The estimation ofX is obtained by
the maximum likelïhood method (we give.an example: Mayet-de-Montagne,Allier). Tire distribution is truncated
at thepreassigned length X. The paramëter X is calculatedfrom the following équation:

xlt x2, .,
. .
xm are the length of spacings 1, 2, . . ., m with X bigger lhan xit x2. . . and so on and r is the
number of spacings of which the length is bigger lhan X.

1. INTRODUCTION. — L'analyse statistique de la fracturation des massifs rocheux


concerne des propriétés géométriques telles que densités (fréquence de fracturation,
espacements), dimension (longueur des traces, épaisseur), orientation (pendage et azimut)
et consiste à ajuster les données relevées sur le terrain à des lois théoriques. Si l'ajustement
est vérifié par les tests statistiques, alors ces données de terrain sont synthétisées par les
paramètres de la loi (tels que moyenne et variance).
L'ajustement classique à une loi se fait par le test du chi-deux de Pearson [1]. Les
espacements entre fractures suivent, selon Priest et Hudson [2], une loi exponentielle
négative. Ils sont mesurés suivant une ligne de balayage perpendiculaire au plan moyen
des fractures appartenant à une famille de fractures d'orientation donnée.
Ce résultat de loi exponentielle étant acquis, nous formulerons donc, a priori, l'hypo-
thèse suivante : pour une même famille de fracturation, chaque espacement a la même
distribution avec la densité de probabilité de la loi exponentielle négative :

Le paramètre X de cette loi est estimé par l'inverse de la valeur moyenne e des espacements.
Il caractérise une famille donnée de fractures, L'estimation % Se:% se fait par mesures
directes d'espacements.
2. LA DISTRIBUTIONEXPONENTIELLE TRONQUÉE. — Lors du relevé des espacements le long
de la ligne de balayage (fig. 1), un certain nombre dé ces espacements et sont enregistrés,
à l'exclusion de ceux de dimension supérieure.àla taille des affleurements.La distribution
exponentielle sera une distribution tronquée : lé paramètre I/.A,; estimé à partir des seules
mesures de e;, est en fait sous-estimé puisque calculé à partir des plus petites valeurs
d'espacements.

0249-6305/85/03011043 S 2.00 © Académie des Sciences


1044 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série H, n° 14, 1985

Fig. 1. — Échantillonnage:des espacementsentre fractures le long d'une ligne de balayage


et mesure de longueurs lp et lh inférieures aux espacements correspondants.
Fig. Sampling offracture spacings along scan Une
1. —
and measure of lengths lp and lk lower than corresponding spacings.

L'observateur relève cependant des longueurs lp, le long de la ligne de balayage, en


bordure des affleurements ou des longueurs lk sur les affleurements ne présentant aucune
fracture. Ces longueurs lp et lk, inférieures aux espacements ep et ek entre les fractures
correspondantes, peuvent intervenir dans le calcul de l'estimation de X au même titre que
les espacements mesurés ev
Les affleurements étant toujours de taille limitée, les espacements de dimension supé-
rieure à X, X fixé à l'avance, ont peu de chance d'être mesurés : la distribution exponen-
tielle négative sera tronquée à la valeur particulière de x égale à X.
Soit m le nombre d'espacements e; mesurés et tels que et<X (i varie de 1 à m). Ces et
particuliers seront notés x- et nommés « les plus petits xt ». Parmi les autres et et parmi
les lp et les lk, il existe des mesures telles que et>X ou lp>X ou encore lk>X. Toutes ces
mesures, au nombre de r, seront notées Xj- (j varie de 1 à r); elles seront nommées « les
Xj supérieures à X » et dans la suite, l'important sera leur nombre r.
Sous l'hypothèse de distribution tronquée, l'estimation du paramètre X à partir de
l'ensemble des x; et des Xj ainsi définis est alors meilleure que l'estimation ne tenant
compte que des seules mesures d'espacements le long de la ligne de balayage avec
hypothèse de distribution non tronquée.
Ce problème est analogue à celui de l'estimation de la durée de vie des matériels en
recherche opérationnelle : une prévision du renouvellement des équipements se fait à
partir de la durée de vie des matériels hors d'usage (analogue aux plus petits x;) et à
partir du temps de bon fonctionnement des matériels encore en service (analogue aux X,-
supérieurs à X) ([1], [3], [4]j,
3. L'ESTIMATION DU PARAMÈTRE.

L'estimation du paramètre X de la fonction (1) à
l'aide d'un N échantillon dé mesures selon la terminologie utilisée en statistique :

est donnée par la méthode du maximum de vraisemblance présentée par B. Epstein et


M. Sobel ([3], [4]) dans le cadre de la recherche opérationnelle :
.

Elle consiste à additionner les m plus petits xt ainsi que r fois la longueur X et à diviser
par le nombre m. Le choix de X reste libre (X est analogue au temps d'expérimentation
pour les problèmes de prévision du renouvellement des équipements). Dans le cas des
roches, dès lors que l'on ne relève pas une vingtaine d'espacements entre fractures sur
chaque affleurement, la distribution des espacements est tronquée. En conséquence, le
C.R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série H, n° 14, 1985 1045

Fig. 2. —
Histogramme des espacemehts(Mayet-de-Montagne).Ajustement à la loi exponentiellenégative :,

Ajustement à la loi exponentiellenégativetronquée :

Fitting of thé exponential négative truncated distribution:


-

Fig. 3. ' — Histogramme des longueurs d'affleurements(Mayet-de-Montagne)(N = taille de l'échantillon= 68).


Fig. 3. — Outcrop'length histogram (Mayet-de-Montagne)>(N=numbej- ôf'observations=6%).

choix de X devrait, tout de même, tenir compte de la dimension des affleurements et de


l'espacement moyen espéré.
À la limite, si l'on ne peut mesurer aucun espacement entre fractures mais seulement
des longueurs ?fc, alors une; estimation théorique de l'espacement entre fractures est encore
possible; elle est donnée par :

où r est le nombre total de mesures lk.


4. RÉSULTATS. — La solution apportée au problème de l'estimation du paramètre X
est illustrée à partir de données acquises sur le site de Mayet-de-Montagne (Allier). Le
granité, dont la structure géologique a été précisée récemment par Jean Didier et Jean-
Yves Peyrel [5], est affecté d'une tectonique hercynienne avec reprise des accidents
hercyniens lors de la phase alpine. Les affleurements étudiés, petits (0,1 à 20 m de
longueur) mais nombreux (une centaine), s'étendent sur un secteur d'environ 1km2,
centré au lieu-dit La Croix Baptier à 2,5 km à l'ouest de Mayet-de-Montagne, à 25 km
au Sud-Est de Vichy. Claude Drogue [6] distingue sur ce même site quatre familles de
joints de directions : N000 à N040E; N050 à N070 E; N090 à N160E; N150 à N 160E.
L'histogramme des espacements (fig. 2) pour une famille de fractures observées d'orien-
tation N70 à N80 et de pendage proche de la verticale, ne montre pas d'espacement de
taille importante, supérieure à 380 cm; les affleurements de cette taille sont peu fréquents.
.

-C. R., 1985,2° Semestre (T. 301) \- Série II — 75


1046 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série IL- n° 14, 1985

L'histogramme des longueurs des affleurements (fig. 3) indique, par exemple, une probabi-
lité de rencontrer un affleurement de taille supérieure à 380 cm égale à 0,18. Alors que
la probabilité observée, calculée à partir de l'histogramme est de 0,09, l'ajustement de
l'histogramme des espacements à une loi exponentielle négative, dont le paramètre X est
estimé à partir des seuls espacements mesurés eb montre une probabilité théorique d'avoir
un espacement supérieur à 208 cm de 0,03. On peut donc affirmer que les trop rares
mesures d'espacements de taille supérieure à 208 cm sont, de plus, mal représentés par
l'ajustement théorique.
Un ajustement réalisé en tenant compte de l'estimation de la moyenne des espacements
par la méthode du maximum de vraisemblance semble, a priori, plus objectif; il tient
mieux compte de la possibilité d'avoir des espaces importants et conduit à la probabilité
théorique d'avoir un espacement supérieur à 208 cm d'environ 0,10. Il montre aussi que
les espacements de petites dimensions sont trop souvent relevés par rapport à ceux de
grandes dimensions, ceci étant dû, dans le cas du Mayet-de-Montagne, à la dimension
toujours «très limitée des affleurements.
L'histogramme des espacements n'est donc pas directement comparable à la courbe
d'ajustement à la loi exponentielle tronquée puisque sur cet histogramme ne peuvent
figurer les espacements de grande dimension non mesurés, remplacés par un certain
nombre de petits espacements figurant sur l'histogramme.
5. CONCLUSION. — La méthode exposée est particulièrement adaptée à l'estimation de
l'espacement moyen entre fractures dans les zones ne présentant que des affleurements
rocheux 'de faible dimension.
Remise le 16 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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C. DROGUE, d'après Étude sur la propagation des fractures hydrauliques dans les roches de F. H. CORNET,
[6]
Université Paris-VI, Rapport final Contrat EGF 564-78, 1981.

Laboratoire de Tectonophysiquefondamentale et appliquée,


(Laboratoire associé au C.N.R.S. n" 235),
I.N.P.L.-E.N.S. Géologie, rue du Doyen-Marcel-Roubault,
B.P. n° 40, 54501 Vandoeuvre-les-Nancy Cedex.
C R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985 1047

GÉOLOGIE. — Identification d'un complexé leptyno-amphiboliqueau sein des «gneiss


de Belgodère» (Corse Occidentale). Note de Paolo Pàlagi, Didier Laporte, Jean M.
Lardeaux, René P. Menot et Jean B. Orsini, présentée par Maurice Roques.

L'étude des terrains cristâllophylliens du Nord-Ouest de la Corse a permis l'identification d'un complexe
leptynoramphibolique. Cette découverte, associée au caractère syntectonique des granitoïdes carbonifères de
Balagne, permet d'envisager un âge paléozoïqueinférieur pour les formations métamorphiques de Belgodère.

GEOLOGY,— On the occurrence of leptyno-amphibolitic complex withih the "gneisses of Belgodère"


(Western Corsicâ).
Accordingto récent field works, the metamorphic basement of North Western Corsica (gneisses of Belgodère)
includes a leptyno-amphibolitic complex. The présence of a such formation, comparable with the "leptyno-
amphibolitic group" of the variscan.belt, and the syniectonic featuresofthe surroùndihg çarboniferous granités of
Balagne suggest a lower palaeozoic âge for this basement.

INTRODUCTIONET CONTEXTE GÉOLOGIQUE. — Au sein de la Corse Occidentale, essentielle-


ment granitique, des terrains métamorphiques constituent de petits panneaux de gneiss
et migmatites indifférenciés ([1], [2]). Ces formations sont rapportées, sans argument
décisif, au Précambrien ([1], [3]).
A l'occasion des levers cartographiques des feuilles de Calvi et de Santo-Pietro au
1/50000, une association du type «complexe leptyno-amphibolique» a été reconnue. Le
principal objet de cette communication est de préciser les caractéristiques majeures
de cette unité. Cette découverte, associée aux relations structurales entre les roches
métamorphiques et les granités carbonifères, suggère l'existence d'une activité tectono-
métamorphique Paléozoïqueinférieur en Corse Occidentale. Elle confirme les similitudes
entre les segments hercyniens des Maures et du bloc Corso-Sarde [4].
LE COMPLEXE LEPTYNO-AMPHIBOLIQUE DE BELGODÈRE. — Lithologie et structure. — Le
socle métamorphiquedé Belgodère forme une bande, orientée N-S, longue d'une trentaine
dé kilomètres pour une largeur n'excédant pas 7 km (fig.). Différentes formations compo-
sent cette bande de socle : brthogneiss oeillés, migmatites, gneiss migmatitiques, leucograni-
tes, gneiss micaschisteux, quartzites, gneiss fins à chlorite et épidote et complexe leptyno-
amphibolique. Ce dernier affleure entre Vallica et Castifax), à l'extrémité Est de la bande
de Belgodère. Il est profondément entaillé par la vallée de la Tartagine.
Le complexe leptyno-amphibolique de Belgodère est constitué par l'association, à
toutes les échelles, de leptynites, parfois oeillées, de gneiss fins, de quartzites, de gneiss
amphibolitiquèset de métabasites (amphibohtes pour l'essentiel).
Les relations géométriques entre ces différents termes sont complexes: alternances
millimêtriqueâià décamétriques des différents faciès: lentilles ou boudins sans continuité
latérale/ : ;.
Cette géométrie résulte pour une part de l'hétérogénéité initiale de cette formation,
mais également d'une déformation syn-métamorphiqueintense (et polyphasée) au cours
de laquelle il y a transposition complète de tous les marqueurs initiaux.
Caractères pétrographiques. — Dans les roches basiques les moins déformées, des
reliques texturales magmatiques sont encore observables. Elles témoignent de l'origine
gabbroïque, vraisemblablementcumulative, de certaines amphibolites.

0249-6305/85/03011047 $ 2,00 © Académiedes Sciences


1048 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

Les recristallisations ultérieures sont polyphasées comme l'attestent de nombreuses


structures réactionnelles et la zonation des minéraux. Les paragenèses successives suivan-
tes peuvent être distinguées :
1° grenat+zoïsite-r-rutile.+hornblende brune;
2° hornblende verte et bleu-vert+ plagioclase (oligoclase-andésine)+ clinozoïsite
+ sphène + pistache+ quartz;
3° actinote+plagioclase + chlorite + calcite+sphène + pistacite + séricite + quartz.
On y rencontre de plus, accessoirement, de la magnétite, de Filménite, de Fapatite, du
zircon et des sulfures.
La paragenèse métamorphique la plus ancienne, dépourvue de plagioclase en équilibre
avec le grenat, représenterait un stade éclogitique précoce. Le grenat phénoclastique est,
en effet, auréolé d'une symplectite secondaire à plagioclase-amphibole-épidote, contempo-
raine de la matrice némato-granoblastique et amphibolo-feldspathique.D'autre part, le
rutile est également instable et frangé de sphène. Enfin l'existence d'anciens pyroxènes
est suggérée par l'habitus poeciloblastique d'amphiboles à inclusions amiboïdales de
quartz.
Les leptynites, oeillées ou non, montrent une minéralogie où quartz, plagioclase, orthose,
biotite et/ou muscovite sont les minéraux typomorphes prépondérants. Du grenat et de
la sillimanite sont souvent présents à l'état de reliques minéralogiques.
Les quartzites sont à grains très fins (quartz recristallisé) et contiennent souvent de la
muscovite et de la chlorite.
Les gneiss fins présentent des aspects variés, parfois micaschisteux, et sont riches
en quartz, en plagioclase et en phyllites (biotite, muscovite, chlorite). Les effets du
métamorphismealpin [5] se traduisent, dans l'ensemble des roches décrites précédemment,
par la cristallisation de stilpnomélane, de pumpellyite, et de phengites.
A la suite des observations précédentes il est clair que les roches métamorphiques du
complexe leptyno-amphiboliquede Belgodère ont subi une évolution anté-alpinepolypha-
sée. Les minéraux reliques suggèrent l'existence d'un stade précoce à haute pression et
haute température (faciès éclogite ou granulite), qui est déjà connu dans les panneaux
métamorphiquesde Favone et Porto-Vecchio (éclogites,pyrigarnites, pyroxénites à plagio-
clase et grenat) ([6], [7], [3]). Les rééquilibrations minéralogiques successives traduisent
une rétromorphose des assemblages précoces dans les conditions du faciès amphibolite
puis schistes verts.
L'association«acide-basique» du socle de Belgodère présentedonc toutes les caractéris-
tiques des complexes leptyno-amphiboliquesde l'Europe moyenne : association étroite, à

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Carte géologique schématique de la région de Belgodère (la) et localisation (16). Légende: (1), groupe
leptyno-amphibolique;(2), gneiss micaschisteux; (3), migmatites et gneiss migmatitiques; (4), gneiss fins à
chlorite et épidote; (5), orthogneiss oeillés; (6), leucogranites; (7), granité à biotite; (8), granité porphyroïde
à biotite-hornblende; (9), volcano-plutonisme permien et ring-dyke alcalin du Cinto; (10), formations
post-permiennes; (11), socle ancien de la Corse cristalline; (12), granités permo-carbonifères; (13), Corse
alpine.
Sketch map (la) and location (Ib) of the Belgodère area: caption (1), leptyno-amphibolitic (formation); (2),
micaschists; (3), migmatites and migmatitic gneiss; (4), fine chlorit-epidote gneisses; (5), augen gneisses; (6),
leucogranites; (7), biotite granité; (8), porphyroid biotite-hornblende granité; (9), permian volcano-plutonism
and alkalic ring dyke; (10), post-permian terranes; (11), old basement of the crystalline Corsica; (12),
permo-carboniferous granités; (13), Alpine Corsica.
PLANCHE I/PLATE I PAOLO PALAGI
C. R. Acad. Sc Paris, t. 301, Série II,n° 14, 1985 .
1051

toutes les échelles, de termes leptynitiques et amphibolitiques, reliques de formations


orthodérivées, évolution métamorphique plurifaciale.

[10]).
SIGNIFICATIONDES COMPLEXESiEPTYNO-AMPHiBOLiQUEs,DANSLA CHAÎNÉ PALÉOZOÏQUED'EU-
ROPE MOYENNE. Depuis les travaux de Forestier [8], lés complexes leptyno-

âmphiboliqués ont été reconnus dans toutes les zones profondes de la; chaîne Paléozoïque
de l'Europe moyenne, et constituent donc une (ou dés) unité(s) lithologique(s) repère(s)
dans cette chaîne ([9] et
Ces formations sont situées essentiellement dans les zones internés de la chaîne Paléozoï-
que (Zone Moldanubienne) et renferment des roches métamorphiques de haut degré.
Des études gèochronologiqûesrécentes [10], indiquent que le métaniorphisme de haute
pression et haute température est Paléozoïque inférieur (440-380 TVLaj). C'est le premier
événement têûtono-métaniorphique majeur (subduction, collision continentale, cf. Korn-
probst et coll. [11], Pinet Vielzeuf, [12]) dans l'évolution de la chaînéiPaléozoïque.
Sur la basé de ces résultats il est; difficile d'attribuer:un:âge Précambrien aux formations
métamorphiques de Belgodère. Un âge Paléozoïquèrinférieufest beaucoup plus probable;
il est d'ailleurs corroboré par les relations existant entre les granités potassiques du
batholite Corse et les roches métamorphiques de Belgodère: les études structurales en
: cours [13] indiquent que les granités carbonifères datés 308 + 4 M.a. [14] se sont mis en
place dans un socle encore téctoniquement actif. Cette tectonique, hercynienne s. s.,
marquerait la fin de l'évolution'd'un socle actif dès le Paléozoïque inférieur.
CONCLUSIONS. — Au sein des formations métamorphiques de Belgodère (Corse du
Nord-Ouest), une association leptyno-amphiboliquea été identifiée, Sa lithologie, comme
son évolution métamorphique piûrifaciale sont caractéristiques de: la zone interne de la
chaîne varisque de l'Europe moyenne.
Cette découverte, associée aux résultats obtenus sur la mise en place des granitoïdes
carbonifères ne rend pas plausible l'hypothèse d'un âge précambrien pour les terrains
«anciens» de la Corse Nord--Occidentale. Un âge paléozoïque inférieur semble plus
probable. Dés datations en cours permettront dé tester la validité démette hypothèse [15].
Si nôtre hypothèse est valable,; deux conséquences sont à retenir pour ce qui concerne
l'évolution géologique anté-mésozoïque du Sud de la France.
Les terrains métamorphiques de Corse Occidentale sont à rattacher aux ensembles
connus dans lès Maures, en Corse du Sud, et en Sardaigne septentrionale ([6], [16]).
La position des formations paléozoïques non métamorphiques de; FArgentella et celle
de leur soubassement micaschisteux, dont la structurationtectono-métamorphique semble
devoir être rattachée au cycle Cadomien, ([1], [3]) est à reconsidérer. V.
Remise le 23 septembre 1985.

RÉFÉRENCES.BIBLIOGRAPHIQUES.
.

[1] M, DURAND-DELGAet coll., Corse, Guides géologiques régionaux, Masson, Paris, 1978.
[2] J. M. ÇÂRON et B. BoNIN, Géologie dés pays européens, Dunod, Paris, 1980. "'''..
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1052 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

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[10] C. PIN, Thèse, Universitéde Montpellier, 1979, 204 p.; Ph. VIDAL, J. J. PEUCAT et B. LASNIER, Contrib.
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J. MARCHAND, E.P.S.L., 62, 1983, p. 385-394; B. POSTAIRE, Bull. Soc. Géol Minéral, Bretagne, 15-1, 1983,
p. 29-72.
[11] J. KORNPROBSTet coll., 26\Ç.G.I. Coll. Cl, 1980, p. 161-190.
[12] C. PIN et D. VIELZEUF, Tectonophysics, 93, 1983, p. 47-74.
[13] D. LAPORTE, Tlièse 3" cycle (en cours); D. LAPORTE, F. FUMEY-HUMBERT, G. MICHON et J. B. ORSINI,
Comptes rendus (à paraître).
[14] A. COCHERIE, Tlièse d'État, 1985, Rennes.
[15] J. J. PEUCAT, R. P. MENOT et P. PALAGI (en préparation).
[16] L. CARMIGNANI, T. COCOZZA, C. GHESSO, P. C. PERTUSATI et C. A. RICCL, Guide GéologicheRégionali.
Soc. Geol. IL, 1982, p. 11-23.

P. P., D. L., R.-P. M. et J.-B. O. : Laboratoire de Géologie-Pétrologie,


Université de Saint-Étienne, U.A. n" 726, 23, rue du Docteur-Paul-Michelon, 42023 Saint-Etienne Cedex 2;
J.-M. L. : Laboratoire de Géologie structurale, Université Claude-Bernard, U.A. n" 726,
27, boulevard du H-Novembre-l9lS, 69622 Villeurbanne Cedex.
C. R Acad; Sc. Paris, t. 301, Série II, n9 14, 1985 1053
.

TECTONIQUE. — Le bassin du lac Tanganyika : évolution tectonique et sédimentàirè.


Note de Jacques Le Fournier, Jean Chorowicz, Catherine Thouin, Frédéric Baker, Pierre-
Yves Chenet, Jean-Pierre Henriet, Didier Masson, André Mondeguer, Bruce Rosendâhl,
France-Lucie Spy-Anderson et Jean-Jacques Tiercelin, présentée par Jean Aubouin. :

.Trois stades successifs d'évolution tectonique et sédimentàirè sont mis en évidence dans la genèse du bassin
du lac Tanganyika. Le stade initial d'étirement est contrôlé par un jeu serré d'accidents décrochants à faible
rejet vertical, associés à une sédimentation fluviatile peu épaisse. Dans le second stade, le mouvement se
concentre dans un plus petit nombre de failles normales délimitant des blocs basculés. Le rift est alors une
mosaïque de bassins élémentaires asymétriques, séparés par des seuils. La sédimentation devient franchement
lacustre, à matériel détritique très immature. Au stade suivant, l'effondrement s'accentue beaucoup, situé entre
d'importantes surélévations des épaulements. La sédimentation est d'abord sapropélique, puis elle devient
détritique profonde. La séquence sédimentàirè est ainsi étroitement associée aux événements tectoniques,
modulée cependant par les variations climatiques.

TECTONICS. — The lake Tanganyika basin: tectonic and sedimentary évolution.


In the tectonic and sedimentary évolution of the Lake Tanganyika basin, three successive stages are pointed
out. The initial exlensional siage is controlled by a dense set of slrike-slip j'aults with a small vertical throw,
associaled with thin fluviatile sédimentation. In the second stage, the movement is concentrated into a smaller
number of normal faulls, delimitating lilted blocks. The rift is then a mosaic of asymmetric simple basins,
separated by shoals. The sédimentation becomes lacustrinc, with detrital immature materials being
deposited. During the following stage, the rifiing process becomes much more pronounced, located between
important uplift ofthe edges ofthe rift. Sédimentation is firsl sapropelic, then becoming detrital and deep. The
sedimentary séquence is then closely associaled with the tectonic evenls, changea only by variations in the climatic
conditions.-

INTRODUCTION. — Depuis 1981, le bassin du lac Tanganyika fait l'objet d'une investiga-
tion recouvrant un large éventail de techniques analytiques : gravimétrie, télédétection
appuyée par des observations au sol, sismique réflexion de type classique, sismique
haute résolution, analyses sédimentologiques. Ces dernières ont été effectuées sur un
échantillonnagesystématiquereprésentatif des différents domaines pouvant être reconnus,
tant dans le milieu sous-lacustre que dans le milieu sub-aérien.
Les principales conclusions qui se dégagent des travaux déjà effectués s'intègrent bien
dans le cadre des modèles d'ouverture du Rift Est Africain faisant intervenir une tectoni-
que de blocs préfigurant des plaques en cours d'individualisation ([1] à [4]).
ORIGINE DU HASSIN. — La genèse du bassin du lac Tanganyika est liée à l'existence
d'un système de contraintes régionales qui semble s'être instauré au Néogène. Il admet
une composante principale en extension dont l'orientation est sensiblement NO-SE [4].
Cette composante en extension induit une dynamique d'étirement crustal qui affecte la
zone mobile s'étendant entre le Craton Tanzanien et le Craton Congolais et caractérisée
par un amincissement crustal se manifestant en particulier par une anomalie gravimétrique
majeure [5]. Cette zone mobile a permis la formation de plusieurs systèmes de fossés
successifs, résultant de différents épisodes de tension. Un premier système remonte à
l'Infracambrien terminal [6], un second au Mésozoïque inférieur (Karoo), un troisième
est actuellement en cours d'évolution.
ÉVOLUTION TECTONIQUE.

La dynamique d'étirement crustal s'est développée en trois
stades successifs.
1. Un stade initial d'étirement. — Au cours de cette première phase, le mouvement: a
été contrôlé par le jeu d'un réseau serré d'accidents décrochants à faible rejet vertical, il
semble qu'il ait induit la formation de vastes zones dépressionnaires,faiblement subsidén-
tes, dont le bassin de l'Okavango au Botswana constitue peut-être un équivalent actuel.

0249-6305/85/03011053 $2.00 © Académie des Sciences


1054 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985
.

L'extension latérale de ces zones dépressionnairesétait très largement supérieure à celle


du fossé correspondant au lac actuel, et le soulèvement des épaulements du rift n'était
pas encore commencé de manière notable. Ce fait fondamental est confirmé :
— par
l'érosion manifeste des dépôts de base de la série sédimentàirè, qui peut être
observée sur certaines coupés sismiques en bordure du fossé (ex. : coupe du bassin de
Rumonge, fig. 1), témoignant de leur faible profondeur;
— par
la préservation de lambeaux de formations lacustres et palustres sur des secteurs
ayant fait partie de la zone subsidente initiale et aujourd'hui portés en altitude de part et
d'autre du rift lui-même (ex. : région de Bujumbura).
2. Un stade d'étirement avec basculement de blocs. A ce second stade, la plupart des

accidents précédents ont cessé d'être actifs. Le mouvement s'est alors concentré au niveau
d'un nombre plus limité de failles normales d'espacementplurikilométrique. Ces dernières
présentent probablement une certaine courbure en profondeur, qui a induit une dynami-
que de basculement de blocs. Leur (gpmposante verticale est alors plus importante que
précédemment et là composante horizontale est variable en fonction de l'angle qu'elles
font avec la direction d'extension locale. Il en a résulté une fragmentation de la zone
dépressionnaireinitiale en une mosaïque de bassins asymétriquesorientés soit NNE-SSO,
soit NO-SE, ces deux directions étant commandées par la fracturation ancienne du socle.
Dans la partie nord de la zone subsidente, orientée Nord-Sud, ces bassins sont agencés
en « touches de piano » principalement orientées NNE-SSO. D'Ouest en Est se succèdent
ainsi les bassins de Fizi, de Bujumbura, de Rumonge, de Nyanza-Lac et de Kigoma
(fig. 2). Dans la partie Sud, où la direction prédominante est NO-SE, les bassins sont
disposés en échelons; ce sont les bassins de Kabimba, Kalemie, Moba et Mpulungu
(fig. 2). La différence de style entre les deux zones peut s'expliquer par leur orientation
différente par rapport à la composante générale d'extension :

système en extension simple au Nord de la « zone transformante » Tanganyika-
Rukwa [1];

système en transtension au sein même de cette zone ([1], [2]).
Les failles normales majeures qui limitent les bassins orientés NNE-SSO présentent
une composante horizontale de déplacement dextre. Celles qui sont orientées NO-SE,
subparallèlement à là direction d'extension dans la zone transformante, sont essentielle-
ment des décrochementsdextres, présentant aussi une composante verticale du rejet.
A ce stade, comme en témoigne l'importance du matériel détritique déposé, la suréléva-
tion des bordures du rift est sensible.
3. Un stade d'étirement avec effondrement. C'est seulement à ce stade que la zone

subsidente a progressivement acquis sa morphologie actuelle de fossé d'effondrement
limité par des épaulements engendrant un important relief. Ce fossé est en fait constitué
par une succession de demi-grabens présentant typiquement un profil asymétrique. Le

EXPLICATIONSDES PLANCHES

Planche I

Fig. 1.

Interprétation d'un profil sismique dans le bassin de Rumonge (d'après B. Rosendahl).
Fig. 1.

Interprétation of a seismic profile across the Rumonge Basin (from B. Rosendahl).
Fig. 2. —
Les grands traits structuraux du lac Tanganyika.
Fig. 2. —
The large structural features of Lake Tanganyika.
PLANCHE I/PLATÉ I JACQUES LE FOURNIES.

Fig. 1

Fig. 2
PLANCHE II/PLATE II
C.R. Acad. Sc.Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985 1057:

Planche-II
Fig. 3
Modèle tectonique et sédimentaire du rift au niveau du lac.Tangahyika interprétation d'un,profil
sismiquedans le Sud du bassin de Rumonge.
Fig. 3. — Tectonic and sedimentologic modél of the .rift in Lake Tanganyika: interprétation of a seismiç profile
in the Sauth Rumonge Basin.

sens de cette asymétrie tend à s'inverser régulièrement tous les 100 km environ, au
passage d'accidents décrochants NO-SE, auxquels correspondent des seuils topographi-
ques.
Cette évolution résulte d'une nouvelle concentration du mouvement au niveau de
quelques accidents majeurs constituant les failles bordières qui contrôlent la subsidence
de chacun des demi-grabens successifs. Le jeu de ces accidents est principalement vertical
et leur rejet peut atteindre plusieurs milliers de mètres.
A l'intérieur du domaine effondré, les bassins engendrés au cours de la phase 2 hé
restent perceptibles qu'en tant que structures « palimseste » progressivement drapées par
la sédimentation actuelle (fig. 3). A l'extérieur, dans le domaine émergé et surélevé, les
mêmes anciens bassins restent bien visibles dans la morphologie, sous forme de dépres-
sions intra-montagneuses. Sur les bordures « flexurées » des demi-grabens, ils rendent
compte par ailleurs, du détail du tracé actuel de la ligne de rivage du lac.
ÉVOLUTION SÉDIMENTAIRE. Trois phases différentes d'évolution sédimentàirè sont la

conséquence des trois stades successifs d'étirement crustal décrits ci-dessus.
1. Au cours de la phase 1, la sédimentation commençante, peu épaisse, a un caractère;
fluviatile, puis les dépôts passent verticalement et latéralement à des sédiments de maréca-
ges avec l'accentuation de la subsidence.
2. Au cours de la phase 2, le paysage se transforme en un assemblage de petits lacs
correspondant à la mosaïque des bassins limités par les arêtes des blocs basculés.
Dans ces lacs, la sédimentation de marais, caractéristique de la phase précédente, cède
progressivementle pas à une sédimentationlacustre franche dominée par des écoulements
en masse en milieu plus ou moins confiné. Cette sédimentation est richement alimentée
en matériel détritique très immature par l'érosion des blocs basculés et des bordures du
rift.
3. La phase 3 de l'élirement crustal est à l'origine de deux épisodes de sédimentation
au moins. Au cours du premier, du fait de l'accélération de la subsidence, le bassin
s'approfondit rapidement et la sédimentation détritique est déficitaire; la sédimentation
est alors nettement dominée par des apports organiques autochtones de type sapropéliqué.
Cette sédimentation autochtone passe latéralement a une sédimentation détritique alloçh-
tone, de caractère principalementturbiditique, en milieu sous-aquatique confiné profond.
Au cours du second épisode, on observe un rattrapage sédimentàirèqui est essentiellement
le fait de la mise en place de dépôts deltaïques.
Des changements climatiquesmodulent largement cette évolution sédimentàirè, même
si le contrôle principal revient à la tectonique. Les changements climatiques agissent en
particulier à travers les variations du niveau lacustre qu'ils induisent. Cette action
entraîne des conséquencesanalôgues à celles des variations eustatiques en milieu marin :
déplacement des aires de sédimentation, sédimentation détritique très active en période
d'abaissement, reconstitution;des: zones deltaïques en période de hautes eaux.
1058 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série H, n° 14, 1985

Les éléments de datation disponibles actuellement sont peu nombreux. Il semble


néanmoins que le déroulement des phases 1 et 2 ait pu s'étendre sur une très longue
période, de l'ordre de 20 M.a. Par contre, la phase 3 (effondrement central et surélévation
des épaulements) semble correspondre à une période de 3 à 4 M. a. seulement. Deux
indices confortent cette hypothèse :

le début des mouvements pouvant être rapportés à l'actuel épisode du Rift paraît
remonter au Miocène inférieur, d'après l'âge du volcanisme du Lac Mobutu [10] accompa-
gnant la phase initiale;

le taux moyen de sédimentation correspondant à la phase 3 avoisinerait l'ordre du
mètre pour 1000 ans ([7], [8], [9]). Il paraît confirmer que les sédiments de la phase 3 ait
pu se déposer en quelques millions d'années seulement.
CONCLUSION.

La morphologie du « fossé d'effondrement », qui paraît fondamentale-
ment attachée au Rift, est un caractère récemment acquis. Elle se superpose à une
morphologie très différente caractéristique d'une période désormaisrévolue : zone dépres-
sive faiblement subsidente à grand rayon de courbure, fragmentée en une mosaïque de
sous-bassins diversement orientés et agencés.
Cette morphologie ancienne reste identifiabledans les couches profondes du lac Tanga-
nyika, bien qu'elle soit cachetée par la sédimentation récente. Elle peut être directement
observée sur le pourtour de ce dernier où elle présente un caractère fossile : la sédimenta-
tion de cette époque subsiste à l'état de lambeaux. L'étude d'ensemble de cette sédimenta-
tion ancienne ou plus récente montre qu'une succession sédimentàirè logique peut-être
associée à la séquence tectonique. La relation doit être cependant très largement modulée
pour tenir compte dés variations climatiques.
Remise le 16 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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J. L. F. et F. L. S. A. : S.N.E.A (P), Laboratoire de Géologie, Boussens 31360 Saint-Martory;


J. C. : Université Pierre-et-Marie-Curie,
Département de Géotectonique, 4, place Jussieu, 75230 Paris;
C. T. et A. M. : Université du Burundi, Département dé Géologie, Bujumbura, Burundi;
F. B. et D. M. : Université Paris-Sud,
Laboratoire de Pétrologie sédimentàirè et Paléontologie, 91405 Orsay;
P. Y. C. : Institut français du Pétrole, B.P. n° 18, 92502 Rueil-Malmaison;
J. P. H. : Ryksuniversiteil-Gènt Laboratorium voor Aaardkunde, Belgique;
B. R. : Duke University, Durham, U.S.A.;
J. J. T. : Université de Bretagne occidentale,
G.I.S. « Océanologie et Géodynamique », 29287 Brest Cedex.
C.
R. Acad. Sc. Paris,t. 301, Série II, 14,1985 1059

TECTONIQUE. - La limite Maures occidentales-Mauriesorientales (Var, France):pin


décrochement ductile senestre majeur entre deux provinces structurales très contrastées.
Note de Alain Vauchez et Maurice Bufalo, présentée/par: Miehef Durand-Delga.

L'étude de la déformation le long de la limite entre Maiir.es occidentales et orientales montre que la faille
posl-sléphaniennede Grimaud-Ramatuelle se surimpose à une zone de décrochement ductile senestre subméri-
dien dont la largeur initiale peut être estimée à 4 km au moins.. Cette structure majeure, jalonnée.-jpâr des
mylonites mésozonales dérivant d'intrusions anatectiques, est antérieure au granité de Plan de la Tour; elle:
met en contact deux domaines structuraux caractérisés par des directions de fluagë très différentes. Elle paraît
se prolonger au Nord dans le Tanneron qui appartient au domaine oriental, et au Sud dans le bloc corso-sarde.

TECTONICS. — The boundary between the eastern and the. western Maures (Var, France): a sinistral
ductile strike-slip fault between two very différent structural domains.: : :
A kinematic analysis of strain along the limit between the eastern and the western domains of the varisçan
"massifdes Maures" shows thaï the post-stephanianfault of Grimaud-Ramatuelle is.siïperimposed to ahearlier
sinislral ductile strike-slipfault trending N-S, whose minimum initialthickness maybe evaluated at 4 km.. This
main ductile fault, marked by anatectic intrusions mylonitized under' mesozohal.cbhdiiions, predates the Plan.de-
la Tour granité intrusion. It is a major boundary between two structural domains characterized by very différent
ftow directions. Il may be prolongea norlhward in the Tanneron massif and. southward in the çorso-sardinian
basement. --':

Le massif des Maures est divisé en deux parties: par la faille; sub-méridienne de
Grimaud-Ramatuelle (fig. 1). Les Maures occidentales montrent successivement d'Ouest;
en Est: une série métasédimentairedont certains termes ont été datés du Llandovery [1],
une série gneissique orthodérivéc (gneiss de Bôrmes) et une unité léptyno-amphiboliqué
intercalée avec des gneiss et des micaschistes. L'ensemble, à pendage ouest, a subi un
métamorphisme croissant vers l'Est; la vergence des déformations n'est pas clairement
établie, elle pourrait être vers l'Ouest [2]. Dans la partie orientales affleurent essentielle-
ment des anatexites et des gneiss migmatitiques d'origines diverses; des faciès skarnoïdes
et des amphibolites, résultant pour la plupart de; larêtrômorjphose d'éclogites [3], s'y
trouvent aussi sous forme de lentilles emballées dans les. gneissi Cet ensemble oriental a
subi un métamorphisme plurifacial [3] débutant par un épisode éclogitique subsistant à
l'état de relique, suivi d'un épisode de haut grade (T>650°,r P=7 kb), puis d'une rétromor-
phose mésozonale. ' *

I. L'ACCIDENT DE GRIMAUD-RAMATUELLE ^ ; Dans son tracé -actuel, jalonné par des


brèches, la faille de Grimaud-Ramatuelle affecte tin bassin d'âge stéphânien allongé sur
sa bordure ouest et le granité de Plan de la Tour: (320-340 M.a. ?) sur sa bordure est.
Son importance structurale est discutée. Pour Bàrd et Caruba [2], il s'agit d'un décroche-
ment dextre, développé tardivement en bordure d'une zone de suture océanique; -lors de
la collision initiale, les gneiss catazonaux orientaux seraient venus chevaucher la série
leptyno-amphiboliqueà l'Ouest. Seyler et Cremona [4] ine lui attribuent par contre qu'un
rejet modéré permettant une remontée des gneiss orientaux, sans perturbation profonde
de la structure antiforme antérieurement acquise.
L'analyse cinématique détaillée de la déformation dans les gneiss orientaux hôiïsa
conduits à la conclusion que la faille de Grimaud-Ramatuelle se surimpose à une zone
de décrochement ductile senestre sub-méridienneantérieure '('fig'- 2), dont elle marque la
limite occidentale actuelle. Cette dernière structure ;se suit vers le Nord jusqu'au granité
de Plan de la Tour qui l'a recoupée, et de ç.e fait la masque. Quelques traces de
décrochement ductile se retrouvent toutefois à l'Est de; ce plutph jusque dans là^rêgiôn

0249-6305/85/03011059 S 2.00 © Académiedes'Sciences


1060 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

de Roquebrune-sur-Argens.Au Sud du granité, un décrochement ductile conjugué dextre


N 70 se détache de l'accident principal.
II. FABRIQUE ET CINÉMATIQUEDES MYLONITES DANS LE DÉCROCHEMENTDUCTILE.
— La zone
affectée par le décrochementductile majeur N-S est marquée par la présence de mylonites
mésozonales. Nous avons étudié plus particulièrement celles dérivant de filons et de petits
stocks magmatiques (leucogranites, granôdiorite et diorite quartzifère)mis en place après
la phase principale d'anatexie et de structuration des gneiss encaissants; ces mylonites
ont une histoire plus simple que ces derniers car elles n'ont pu enregistrer que les
événements, postérieurs à l'intrusion. Ces corps magmatiques montrent une déformation
croissante vers l'Ouest, se traduisant à l'échelle macroscopique par l'acquisition d'une
foliation mylonitique sub-verticale ( fig. 2) portant une linéation minérale d'étirement
sub-horizontale ( fig. 4), et par le développement d'une fabrique planaire composite
« S — C » ou « (S — C) — C » [5]. L'angle entre la foliation (S) et les plans de cisaillement
(C et C) permet de déterminer le sens, systématiquement senestre, du décrochement; il
permet en outre de calculer l'intensité locale de cisaillement [6], qui atteint dans la partie
la plus déformée des valeurs supérieures à 5.
Le caractère mylonitique de la déformation se traduit dans l'ensemble de la roche par
une diminution importante de la taille des grains, liée à la recristallisation dynamique du
quartz, à la fracturation des feldspaths et à des néoformations de micas. Dans la plupart
des échantillons étudiés, les zones de cisaillement (C et C) sont marquées par des bandes
à bordures nettes, constituées d'une matrice à grain très fin provenant pour l'essentiel de
la recristallisationdynamique des feldspaths (potassiques en particulier); elles ont pu être
le siège d'une concentration importante de déformation liée à l'intervention dû glissement
au joint de grain [7].
Une étude préliminairede la fabrique cristallographiquedu quartz confirmela déforma-
tion en cisaillement décrochant senestre des mylonites (fig. 3). Les motifs obtenus sur
les diagrammes d'orientation préférentielle de l'axe-c indiquent en outre une déformation
intracristalline par glissement basai <a> dominant dans les échantillonsles moins déformés
et par glissement prismatique <a> dominant dans les plus déformés.
A l'échelle régionale, la tectonique en décrochement ductile est contemporaine de plis
postschisteux formés au cours du deuxième épisode de métamorphisme, mésozonal, mis
en évidence [3]. Ces plis, de direction N-S, sont généralement faiblement déversés vers
l'Ouest; leur plan axial est souligné par une nouvelle schistosité. Dans la zone de
décrochement, les plis montrent fréquemment de forts plongements axiaux et des axes

EXPLICATIONSDES FIGURES

Fig. 1. —
Carte géologique simplifiée des Maures et du Tanneron (d'après C. Tempier [9]).
Fig. 1. — Schematic geological map from the variscan Maures and Tanneron areas.
Fig. 2. — Carte des trajectoires de déformation dans les granités d'anatexie (s.l) mylonitisés des Maures
orientales.
Fig. 2. — Strain trajectories in the anatectic granités (s.l.) ofthe eastern Maures massive.
Fig. 3. — Diagramme d'orientation de l'axe-c du quartz dans des granités peu (A), moyennement (B) ou
intensément mylonitisés(C). Canevas de Schmidt.
Fig. 3. — Quartz c-axisprefered orientation in low (A), moderately (B) or strongly (C) mylonitized granités. Equal
area net.
Fig. 4. — Schéma montrant un exemple de relations entre la diorite quartzique de l'Avelan mylonitisée et les
gneiss encaissants (S = schistosité, C = cisaillement).
Fig. 4. — Cartoon showing an example of relations between the mylonitized quartzitic diorite of l'Avelan and the
surrounding gneisses (S =foliation, C=shear surfaces).
'
1062 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

courbes; dans tous les cas, ils portent sur les flancs une linéation d'étirement subhorizon-
tale (fig. 4).
III. UNE LIMITE STRUCTURALE MAJEURE. — Le rejet de ce décrochement ductile n'a, pour
l'instant, pas pu être estimé de manière rigoureuse. Malgré cela, un déplacement relatif
important doit être envisagé. Deux séries d'arguments conduisent à cette conclusion:
1. La largeur actuelle de la zone de cisaillement excède 2 km. La déformation croît
d'Est en Ouest et culmine au niveau de la faille tardive de Grimaud-Ramatuelle,laissant
supposer une épaisseur initiale d'environ le double de celle visible aujourd'hui, soit 4 km.
Dans la zone de cisaillement, la déformation a atteint une intensité élevée puisque des
valeurs supérieures à 5 sont fréquentes. Les caractéristiques microstructurales et la
fabrique cristallographiquedes mylonites plaident dans le même sens.
2. Ce décrochement profond est une Limite majeure entre deux domaines structuraux
bien distincts, dans lesquels la direction de translation de la matière, marquée par
l'étirement enregistré par les gneiss mylonitiques et les mylonites, a été radicalement
différente (fig. 1). En effet, les Maures occidentales sont caractérisées par une linéation
d'étirement de direction E-W à N120, compatible avec une tectonique en chevauchement
ductile vers l'Ouest [2], tandis que la structure des Maures orientales [8] correspond à une
pile largementmylonitique, charriée vers le NNE, et montrant une linéation d'étirement de
direction N10 à N40 généralement très bien marquée (sauf dans les anatexites s. s.).
IV. EXTENSION DU DÉCROCHEMENT DUCTILE. — La tectonique en décrochement mise en
évidence paraît être un des événements tectonométamorphiquesprincipaux de l'histoire
du segment varisque liguro-provençal. Le Tanneron, dont les faciès mylonitiques montrent
une linéation sub-horizontale sur une foliation verticale N-S, a probablement subi cet
épisode et appartient au domaine"oriental. Un contraste structural semblable à celui
observé dans les Maures existe entre la Corse hercynienne et la Sardaigne centrale,
conduisant à envisager l'existence d'une limite majeure qui pourrait passer dans ou à la
limite des gneiss catazonaux du Nord de la Sardaigne. Enfin, le parallélisme des structures
durant la totalité de l'évolution tectonique de la partie orientale des Maures, lié aux
caractéristiques de l'évolution métamorphique qui sont celles d'un continuum [3], pourrait
signifier un fonctionnementdu décrochement ductile de Grimaud-Ramatuelledès la phase
de charriage ductile vers le NNE en climat catazonal, mise en évidence dans le comparti-
ment oriental.
Remise le 16 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[7] A. VAUCHEZ, Tectonophysics (à paraître).
[8] A. VAUCHEZ,
en préparation:
[9] C TEMPIER, Geol. Surv. Canada, Paper 78-13, 1978, p. 177-181.

Laboratoire de Géologie dynamique et U.A. n° 132 du C.N.R.S.,


Faculté des Sciences et des TechniquesSaint-Jérôme, 13397 Marseille Cedex 16.
C.R. Acad;Se: Paris, t. 301v SérieH, n° 14, 1985 1063

TECTONIQUE. — L'île de Zabargad (Saint-Jean) : témoin-clé de l'expansion précoce


en Mer Rouge. Note de Adolphe Nicolas, Françoise Boudier, Nikos Lyberis, Raymond
Montigny et Pol Guennoc, présentée par Xavier Le Pichon.

Une étude structurale de l'île de Zabargad montre que dans les péridotites les foliations sont orientées
NO-SE verticalement et que la linéation d'écoulement plastique plonge à Nord 50. Ces directions témoignent
d'une montée asthénosphérique compatible avec l'expansion de la Mer Rouge et non avec celle d'une faille
transformante. Celle montée s'achève après un épisode de contamination hydrolhermalc du manteau. Les
péridotites produisent un métamorphisme de contact dynamique daté par K/Ar dans des amphibolites à
23 + 7 M.a.

TECTONICS. — Zabargad (Saint-John) Island: a key-vvitness of early rifting in the Red Sea.
A structural study in the island of Zabargad shows that in the péridotites the foliations are oriented NW-SE
with a vertical dip and the flow lineations plunge al 50° Norlh. Thèse attitudes are compatible with an
aslhenospheric uprise relaled to the Red Sea expansion and noi to a nansform fault activity. The uprise is
slopped after an épisode of hydrothermal contamination of mantle rocks. The péridotites develop a dynamic -
melamorphism dated by KjAr in amphibolites at 23 ±7 M.a.

INTRODUCTION. — La petite île de Saint-Jean en Mer Rouge (fig.), célèbre depuis


l'antiquité pour ses péridots gemme, a fait depuis la première reconnaissance moderne
[1] l'objet de plusieurs travaux récents ([2] à [7]). On y connaît en particulier des péridotites
remarquablement fraîches et des métamorphites. Bien que El Shazli et coll. [5] aient
rapporté cette association aux ophiolites et à leur environnement cratonique d'âge Précam-
brien ou Paléozoïque précoce connus en Egypte [8] et en Arabie Saoudite ([9], [10]), de
solides arguments géologiques, géochimiques et géophysiques militent en faveur d'une
origine des péridotites en liaison avec un épisode précoce d'ouverture de la Mer Rouge
([6], [7], [11]). Les modèles gravimétriques et magnétiques montrent en particulier un
enracinement au moins jusqu'à 8 km et une extension considérable du corps ultrabasique
sous l'île, suggérant une montée du manteau le long d'une déchirure marginale de la
croûte continentale, ici représentée par les métamorphites [11]. On explique la surrection
de l'île par sa situation dans une région de faille transformante ([7], [11]).
L'étude de l'île Saint-Jean présente un intérêt exceptionnel tant pour la connaissance
des modalités de la montée asthénosphérique dans un environnement de rift que pour
l'histoire précoce de la Mer Rouge elle-même. En effet, la première phase d'ouverture et
ses modalités sont très discutées : amincissement de la croûte continentale et/ou création
de croûte océanique dès l'Oligocène, le Miocène inférieur [12] ou plus tard, nature de
cette nouvelle croûte [13]. Les différents modèles s'appuient sur des évidences indirectes
puisque le socle des régions marginales est enfoui sous d'épaisses séries évaporitiques du
Miocène moyen à supérieur.
Aucune des études antérieures de l'île Saint-Jean n'a abordé la structure des diverses
formations et en particulier des péridotites. Dans celles-ci l'orientation et la nature du
fluage permettent de distinguer une intrusion liée à l'activité d'une faille transformante
de celle qui résulte d'une montée asthénosphérique sous un rift : dans le premier cas la
TABLEAU

K20
i0°xi!i-.4!Ar "Arrad. Age
Faciès
N° d'échantillon Localisation métamorphique Minéral (poids %) Total 40Ar (10 " mol/g) (±lo)(M:a.)
85ZA67B Zabargad Amphibolite Amphibole 0,060 18 0,20034 23,0 + 7

1 0249-6305/85/03011063 S 2.00 © Académie des Sciences


1064 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

direction est transverse et la déformation de basse température-haute contrainte ([14],


[15]), dans le second cas, la direction est longitudinale et la déformation, d'hypersolidus
[16]. Enfin l'étude structurale conjointe des métamorphites peut permettre d'éclairer leur
relation avec les péridotites.
Trois d'entre nous (F.B., A.N., NX.) ont ainsi séjourné sur l'île Saint-Jean au cours
de la mission Geomerouad (avril 1985). Bien que des études plus exhaustives soient
engagées, ce compte rendu présente les principaux résultats d'ores et déjà acquis.
STRUCTURE DE L'ÎLE. — La carte (fig.) et le profil sont des documents synthétiques
.
établis à partir de 97 stations de mesure, surtout dans les péridotites et les métamorphites.
Ont été systématiquement relevés les foliations, les linéations minérales et d'agrégat, les
axes de plis et les zones de cisaillement postérieures à l'écoulement plastique principal
ainsi que les divers filons, surtout des diabases, qui recoupent ces formations. Nos
contours géologiques s'écartent peu de ceux de Bonatti et coll. [6]. En raison de l'exiguité
de l'île (4,5 km2) la densité de mesure est telle que les directions structurales de la figure
correspondent à un minimum d'extra- ou d'interpolation.
1. Péridotites.

La continuité structurale des trois massifs de péridotites est en accord
avec le modèle d'une puissante et unique intrusion ultrabasique [11]. Comme l'ont proposé
Bonatti et coll. [7] ces formations constituent donc le soubassement unique de l'île. Le
plan moyen de foliation calculé est 120 E 85 (sur 88 mesures), la linéation moyenne
calculée 125 W 55 (sur 47 mesures). Ces structures de déformation plastique s'impriment
de façon pénétrative indifféremment dans des lherzolites feldspathiques présentant des
traces de fusion partielle et dans des péridotites à amphibole ce qui montre que l'écoule-
ment plastique a conservé la même géométrie depuis les conditions de la fusion sèche
dans le faciès des lherzolites feldspathiques ( <30 km et environ 1350°C) jusqu'à celle de
la contamination hydrothermale près de la surface, à une profondeur <6 km [16] et
pour une température < 1000°C (limite de stabilité de l'amphibole).
La déformation ultérieure se localise au contact avec les métamorphites et dans des
zones de cisaillement internes aux massifs, qui sont parallèles aux contacts avec les
métamorphites. Elle s'accomplit dans le domaine de stabilité de l'amphibole,
2. Formations métamorphiques. — Ces formations de faciès granulite-amphibolite sont
composées de niveaux quartzo-feldspathiques et amphibolitiques. Une datation par la
méthode K/Ar effectuée sur les amphibolesd'une amphibolitedonne un âge de 23 ±7 M.a.
(tableau), qui pourrait représenter un maximum (amphibole très fraîche pouvant contenir
un excès d'argon). L'origine de leur encaissant est incertaine : ancien socle continental
ou sédiments récents. En se rapprochant des péridotites, la foliation et la linéation
d'étirement deviennent très marquées. Les plans de foliation se moulent sur le contact
avec les péridotites (fig.); dans les premiers mètres sous le contact, les structures de la
péridotite elle-même s'accordent suivant le même plan et la même direction Est-Ouest.

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Carte synthétique et profil des foliations et linéations dans les péridotites (traits épais) et les gneiss (traits fins).
En pointillés serrés, la Formation de Zabargad et en pointillésplus lâches, les évaporites. Dans les péridotites
les symboles plus fins (tirets sur le profil) représentent les zones de cisaillement. Sur le profil, les linéations
sont représentéesavec leur plongement vrai.
Foliations and linéations in the péridotites (thick Unes) and in the gneiss (thin Unes) on synthetic map and
crosssection. Closed dots, the Zabargad formation; spaced dots, the évaporites. In the péridotites the light
lines (doted Unes on the cross-section)correspond to shear zones. On the cross section, linéations are represented
with their true dip.
PLANCHE I/PLATE I ADOLPHE NICOLAS
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985 1067

La rotation entre la structure mantellaire et celle du contact est progressive mais très
rapide s'effectuant sur moins de 5 m. Au contraire, les plans de foliation des métamorphi-
tes sont réglés par l'orientation du contact sur une distance de 50 à 100 m; au-delà, ils
sont désorganisés par des plis tardifs.
3. Formation de Zabargad. — Composée de calcaires silicifiés, de quartzites et de
pélites noires, cette formation n'est pas foliée mais plissée en "plis droits ouverts d'axe
20° à 70° E subhorizontaux. Au contact avec le massif du Sud, se développe un beau pli
couché dont le plan axial s'appuie sur ce contact. Cette formation est transgressive sur
les métamorphites.
A. Évaporites.,

La tectonique souple de cette formation n'a pas été étudiée en détail.
Elle est plissée suivant un axe E-O avec des pendages atteignant 45°.
5. Filons et intrusions basiques. — Deux directions d'injection sont clairement séparées.
La principale correspond à des filons décimétriques à métriques de diabase à grain fin;
le plan moyen calculé est 15E70. Ces diabases ne pénètrent que les massifs de péridotites
et les métamorphites. Elles sont affectées par les plis post-foliaires des métamorphites.
Leur injection est donc postérieure au dynamo-métamorphisme mais antérieure à la
déformation plicative des métamorphites ainsi qu'au dépôt de la Formation de Zabargad
et des évaporites.
L'autre génération consiste en filons d'azimut E-O à pendage Nord moyen, inlrusifs
dans le massif du Sud et en lentilles injectées dans son contact Nord avec la Formation
de Zabargad, développant dans celle-ci un léger métamorphisme de contact [1]. On
rattache à cette génération les deux intrusions situées au Sud-Ouest et au Nord-Est de
l'île, en raison de la similitude des faciès. L'intrusion du Nord-Est se débite localement
en-boules, ce qui a entraîné une confusion avec des basaltes en pillow-lawas. En raison de
son intrusion dans la Formation de Zabargad, cette génération de diabase est postérieure à
celle des filons N 15.

DISCUSSION. — L'âge de l'intrusion des péridotites de Saint-Jean est fixé par celui du
métamorphisme qu'il induit dans les amphibolites. L'intrusion s'effectue donc lors d'un
stade précoce de l'ouverture de la Mer Rouge. Les relations structurales entre les diverses
formations déterminent la succession suivante d'événements :

intrusion d'un diapir d'asthénosphère dont les témoins les plus profonds sont les
lherzolites feldspathiquesdu centre et de l'Est du Massif du Sud. La déformation plastique
liée à la montée opère en présence du liquide magmatique c'est-à-dire à une température
de.l 300-1 350°C entre environ 30 et 6 km. La montée se fait par cisaillement suivant un
plan 120 E 85 et suivant une direction inclinée au Nord-Ouest de 55°;

poursuite de l'intrusion suivant la même cinématique à moins de 6 km de profondeur
après que le diapir ait été contaminé par de l'eau de mer [17]. La pêridotite se déforme
avec recristallisation des pyroxènes en amphibole à moins de 1000°C [17]. Les cristallisa-
tions d'olivine gemme, de cancrinite et de scapolite se produisent dans des fentes d'exten-
sion;

pénétration à travers les gneiss du socle continental ou les -formations volcano-
détritiques d'un petit bassin et développement d'un dynamo-métamorphisme lié aux
derniers mouvements plastiques de l'intrusion suivant des plans variables (toit et parois
du diapir) et une direction d'écoulement Est-Ouest.

injection des filons de diabase à 15E70 dans le sommet de l'intrusion mantellaire
et dans sa couverture de métamorphites;
1068 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

— mouvements verticaux différentiels permettant l'érosion partielle des métamorphites


et le dépôt de la Formation de Zabargad. Les péridotites doivent être exondées pour
rendre compte de l'absence de serpentinisation;

injection des filons et des sills E-O dans le toit du massif du Sud et dans la base de
la Formation de Zabargad;

poursuite des mouvements différentiels avec dépôt local d'évaporites et plissement
(tectonique gravitaire?) des diverses formations de couverture.
Il existe une datation Crétacé supérieur-Paléocène de la Formation de Zabargad [7].
Or l'intrusion mantellaire datée du Miocène inférieur par son métamorphisme précède le
recouvrement par cette formation.
Cette contradiction impose un choix entre deux hypothèses : (1) recouvrement tectoni-
que tardif, d'origine gravitaire par la Formation de Zabargad dont l'âge peut être ancien,
(2) remise en cause de la datation proposée pour cette formation qui ne peut être plus
ancienne que l'Oligocène Supérieur (et qui pourrait correspondre à des dépôts sous
évaporitiques jusqu'ici inconnus).
CONCLUSION. — L'intrusion mantellaire de Zabargad correspond à un segment d'asthé-
nosphère indépendant de toute faille transformante comme le montrent les structures de
déformation plastique et l'orientation du plan d'écoulement asthénosphérique, parallèle
à l'axe de la Mer Rouge. La géométrie de cet écoulement, en particulier la direction
d'intrusion non verticale est conforme aux modèles géologique [16] et géophysique [18].
On admet que cette intrusion correspond à une ouverture avortée après déchirure de
la croûte continentale et peut-être création d'un petit bassin. Les métamorphites résultent
de Faction mécaniqueet thermique de l'intrusion s'exerçant soit sur les gneiss continentaux
des parois du bassin largement injectées de diabases, soit sur les formations volcano-
détritiques accumulées dans le bassin [13]. Lors de l'ouverture axiale de la Mer Rouge,
l'amincissement de la croûte continentale, suivie de sa subsidence, n'affectent pas le diapir
mantellaire de Zabargad qui pourrait ainsi émerger de son encaissant effondré.
Nous souhaitons remercier le Pr E. M. El Shazly, le Commandant G. Goasguen et l'Équipage du N.O.
Le-Noroît. La mission Geomerouad a été soutenue par le B.R.G.M. et par le Pirocean du C.N.R.S.
Remise le 23 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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A. N. et F. B. : Laboratoire de Tectonophysique, 2, rue de la Houssinière, 44072 Nantes Cedex;
N. L. ; Département de Géotectonique, Université de Paris-VI, 75000 Paris;
R. M. : Institut de Physique du Globe, 5, rue Descartes, 67000 Strasbourg;
P. G. : B.R.G.M.-C.O.B.,29000 Brest.
CR. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985 1069

VOLCANOLOGIE. — Découverte d'une caldéra majeure associée ait champ géothermi-


que Los Azufres (Mexique). Note de Evelyne Pradal et Claude Robin, présentée par
Maurice Roques.

La Sierra Los Azufres ( ~ 140 km 2) domine un massif volcanique d'environ 700 km2, composé de dômes
dàcitiques et rhyôlitiques, de coulées de nature calco-alcaliheet de formations pyroçlastiques acides, reposant
sur un soubassement andésitique. Quatre séries de coulées pyroçlastiques à cendres et ponces, intercalées de
laves basiques,:ont été reconnues. Leur émission est à l'origine d'un effondrement sub-circulaire de plusieurs
centaines.de mètres, suivi d'autres moins importants, qui affectent la zone centrale du complexe. La caldéra
formée a environ 20 km de largeur; elle est cernée par un système de fractures concentriques plus larges
délimitant des zones d'effondrements dans le soubassement. Des dépôts lacustres occupent l'intérieur de la
:câldéra et. ces dépressions externes. Dans ce contexte structural, le champ géothermique est la conséemence
d'une résurgence qui affecte la sierra.Los Azufres.

VOLCANOLOGY.— Evidence of a major caldéra structure relafed to the Los Azufres geothermal centre
(Mexico).
The. Sierra Los Azufres (~ 140 km 2) iowers bver à volcanic complex (c^lOO km 2) consisting of dacitic to
rhyolitic domes, calc-alkaline lava-flowsand siliceouspyroclasticproducts, bverlying an andesitic basement..:Four
séries of ash and pumice flows, alternating with lava-flows, were recognized inside and outside the massif. Théir
successive outpourings induced the collapse of the centralpart of the complex,followed by minorfaulting, reachingr
several hundreds meters. The Caldera, about 20 km wide, is surroundedby concentric fracture zones which affect
the basement. Volcanoclastic. deposits (cinerites) were observed inside the caldera and in basins around the
complex: In tliis context, [the Sierra Los Azufres, where the active géothermal center is lying, appears as the
résurgent zone. .;:T[hus, this geothermalfield is relaled to a caldéra of résurgent type,

Le champ;,géothermique Los Azufres (19o47'N.100o38'W) se situe à 200 km à l'Ouest


de Mexico. Eh raison de son importance, le gouvernement mexicain en a décidé l'étude-,
et l'exploitation depuis 10 ans. Une cinquantaine de puits ont été forés, dont la moitié sont
producteurs:avec une capacité d'environ 100 MW. La zone présentant des manifestations
hydrothermâles de surface émission de vapeur,; solfatares, sources chaudes — couvre

40 km2 entre 2 800 et 3 100 m d'altitude. Elle correspond à la partie haute de laSierra
Los Azufres^de 10;km sur 14, orientée W-E. Cette sierra domine un complexe volcanique
quaternaire essentiellement composé de dômes de rhyolitës et de dacites, de formations
basiques caleo-alcalines et de produits pyroçlastiques acides, reposant sur un soubasse-
ment andésitique plus ancien ([1], [2]). Cet ensemble d'environ 700 km2 occupe le centré
de la zone d'effondrement tectonique W-E Cuitzeo-Maravatio de 2000 m d'altitude
moyenne (fig. 1). Les bordures nord et sud dé cette dépression sont constituées par
d'épaisses séries calço-alcalines miocènes.
Outre des études régionales ([1], [2]), de nombreux levers de surface et des travaux
concernant la mise en valeur du champ géothermique ont été effectués ([3] à [8]).
En ce qui concerne la Sierra Los Azufres sensu stricto, 6 datations des andésites
montrent des âges compris entre 14 et 1 M.a. ([4], [7\; [8]). Deux phases rhyoUtiques
majeures, responsables de la mise en place de deux séries de dômes, auraient eu lieu vers
0,8-1 M.a. {3 datations entre 1,03 + 0,02 et 0,84+0,02 M.a.) et vers 0,2-0,15 M.a. [7].
Une mesure K-Ar sur le complexe de dômes et coulées dàcitiques de San Andres, qui
constitue le rebord est de la sierra, a donné 0,33 + 0,07 M.a. [7]. Contrairement aux
dômes les plus jeûnes, les dômes anciens et le Cerro San Andres sont recoupés par des
failles, normales. Les plus importantes, orientées E-W; mettent la sierra en relief par
rapport au reste du massif.
Le contexte volcanologique dans lequel se place de champ géothermique n'était pas
connu, et aucune explication satisfaisante n'était apportée à la présence de cet important
0249-6305/85/03011069 S 2.00 © Académiedes Sciences
1070 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

gisement hé à des dômes sur un soubassement andésitique surélevé. L'ensemble des


pyroclastites avait été interprété comme d'épaisses séries de retombées aériennes associées
à la mise en place des dômes [2]. Dobson signale toutefois l'existence de coulées pyroçlasti-
ques cendreuses autour de la sierra, dont le lieu d'origine serait la région de Los
Azufres [7].
MISE EN ÉVIDENCE D'UNE STRUCTURE CALDÉRIQUE COMPLEXE. — La structure de type
caldéra de Los Azufres a été mise en évidence par : (a) L'observation d'un rempart interne
globalement circulaire et d'un système discontinu de fractures affectant les andésites de
base sur le pourtour du massif, (b) La découverte de plusieurs unités de nappes de
cendres et ponces, (c) L'étude de dépôts volcano-sédimentaires.
1. Les zones d'effondrement. — Un accident volcano-tectoniqueborde en demi-cercle
la plaine de Valle de Juarez. Au Nord-Est, au Nord et à l'Ouest, cette limite lobée
intersecte les formations andésitiques de base dont les pendages sont centrifuges. Le
dénivelé entre le sommet des andésites (2 600-2 750 m) et la plaine est généralement
compris entre 150 et 250 m. Dans le secteur ouest de la dépression, les andésites affleurent
vers 2250 m. Compte tenu de l'accumulation de coulées pyroçlastiques et du dépôt de
séries volcano-sédimentaires à l'intérieur de la structure, l'effondrement doit dépasser
400 m. La partie non visible du rempart pour former une cuvette grossièrement elliptique
d'environ 15 km sur 20, correspond au secteur sud-ouest occupé par des dômes, et au
versant nord de la Sierra Los Azufres, surélevée par le jeu des failles Est-Ouest.
Autour du massif, des fractures concentriqueset quelques accidents radiaires s'associent
à l'effondrement central : au Nord, ils affectent les andésites de la sierra Santa Ines avec
des rejets de 150-200 m. Au Sud-Ouest, un accident comparable est à l'origine d'un
rempart courbe de 250 à 300 m de hauteur et de 7 km de long, que suit le rio El Real,
dans les formations miocènes de Mil Cumbres. Au Sud, le contact entre ces dernières et
des andésites plus jeunes de la base du complexe se fait par l'intermédiaire de la zone de
fractures normales de La Venta. Le rempart formé par l'accident de La Venta est
partiellement ennoyé par une série volcano-sédimentaire. Les sédiments ont eux-mêmes
été décalés par des réajustements de cette zone sensible lors de phases volcano-tectoniques
postérieures (rejets de plusieurs dizaines de mètres). Ce dernier point est corroboré par
l'intersection de coulées provenant du Cerro San Andres par une autre faille courbe au

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Carte schématique de la structure caldérique de Los Azufres. 1, andésites de base; 2, coulées pyroçlastiques
anciennes : 2 a, zones d'affleurement des écoulements à cendres, ponces et obsidienne « anciennes » au Nord,
au Nord-Est et au Sud; 2b, écoulements à ponces renfermant des scories basaltiques (versant ouest); 3,
dômes antérieurs à la dernière période de volcanisme ignimbritique, dacites et rhyolites; 4, volcanisme
basique indifférencié; 5, coulées pyroçlastiques récentes : Formations Cieneguillas (au Sud) et Acambaro (au
Nord); 6, affleurementsde cinérites.
Géologie sketch map ofthe Los Azufres Caldera Structure. 1, andésite lava-flowsfrom the base ofthe complex;
2, "ancient" pyroclastic flow deposits: 2a, areas in the North, North-east and South, showing outerops of
pyroclastic deposits (ash deposits with pumices and obsidian); 2 b, ash and pumice flows containing basaltic
scoria-blocks, from the western side; 3, dacite and rhyolite dômes emplaced prior to the làst ignimbritic séries
(Cieneguillas and Acambaro séries); 4, basaltic and andesitic séries (lava-flows associaled with cônes and
maars); 5, younger pyroclastic-flows and dômes: Cieneguillas (South) and Acambaro (North) Formations; 6,
outerops of cinérites.
PLANCHÉ I/PLATE I EVELYNE PRADAL,
C. R. Acad. Se. Paris, t. 3015 Série II, n° 14, 1985 1073

Nord-Ouest de Ciudad Hidalgo. Les accidents de La Venta et Cd Hidalgo délimitent


une dépression circulaire dans laquelle se sont accumulés les derniers épanchements de
cendres et ponces émis au niveau du rebord sud de la caldéra.
2. Les coulées pyroçlastiques de cendres et ponces. — Quatre formations de coulées de
cendres et ponces ont été reconnues : (a) Deux formations dites « anciennes » — surmon-
tées d'une épaisse série sédimentàirè continentale qui les remanie, sont rattachées aux
phases rhyolitiques qui ont donné les dômes anciens. Elles sont toutefois séparées l'une
de l'autre par des coulées basiques et la mise en place de petits appareils basaltiques, de
sorte que la deuxième formation est peut-être nettement plus jeune que les épanchements
de base, (b) Deux unités « récentes » reposent sur les sédiments continentaux.
Les coulées de cendres les plus anciennes se sont principalement épanchées sur les
flancs nord, nord-est et est du complexe, ainsi que vers le Sud ( fig. 1). Les cendres fines,
renferment des ponces (2 à 6 cm en moyenne) et de petits blocs d'obsidienne noire. Sur
le flanc Sud de la Sierra Los Azufres les blocs d'obsidienne, les ponces et les fragments
d'une roche vitreuse flammée composent pour 25 % une coulée de plus de 15 m d'épais-
seur. Un autre épanchement présente 20 à 30 % de ponces décimétriques (jusqu'à 40 cm
de diamètre). L'épaisseur des formations du Nord est difficile à estimer car on n'observe
en général que le toit des écoulements cendreux sous des retombées aériennes de ponces
qui leur sont associées. Des dépôts identiques ont été reconnus dans le secteur sud-est de
la caldéra entre 2 500 et 2 700 m en direction de la zone soulevée de la Sierra Los Azufres.
La deuxième série de nappes s'est mise en place à l'Ouest et au Nord-OueSt, tant à
l'extérieur qu'à l'intérieur de la structure. Il s'agit de coulées cendreuses à ponces et blocs
expansés de rhyolites, renfermant en quantité des scories basaltiques. Elles affleurent sous
les dépôts continentaux et sous de nouvelles formations de basaltes émises près de la
zone des fractures bordières.
Les unités pyroçlastiques récentes sont également au nombre de deux. Les écoulements
les plus importants par leur volume constituent la formation Cieneguillas qui a en partie
comblé la dépression de La Venta. Elle est constituée de coulées de cendres de 6 à 10 m
d'épaisseur moyenne qui peuvent totaliser 80 m en certains endroits (contact avec les
andésites observé). Associée à de nombreux niveaux de retombées aériennes, cette forma-
tion s'étend sur environ 150 km 2. Son lieu d'émission est la bordure sud et sud-ouest de
la caldéra, recouverte ensuite par les dômes de rhyolitc postérieurs à la fracturation E-W.
Les dômes correspondent à d'épaisses extrusions visqueuses de 100 à 200 m de hauteur,
formant des collines aplaties. La région au sud d'Acambaro est nappée par de vastes
épanchements rhyolitiques de cendres, ponces et obsidiennes, dont l'épaisseur dépasse
20 m dans une carrière au Sud de la Ville. On peut suivre ces formations sur les pentes
nord-ouest du massif jusqu'à un zone proche du rebord de la caldéra et parallèle à
celui-ci, jalonnée de filons d'obsidienne. Ces écoulements montrent une réactivation de
la bordure nord-ouest de la structure, il y a probablement peu de temps.
3. Les dépôts lacustres. — En plus des dépôts lacustres reconnus à l'extérieur dans les
dépressions formées par les failles externes, plusieurs affleurements ont été étudiés en
divers points de la caldéra. Ces séries recouvrent la majeure partie de la plaine de Valle
de Juarez. L'affleurement le plus représentatif est celui de San Ildefonso ou les 16 premiers
mètres du remplissage volcano-sédimenlaireont été observés dans une barranca perpendi-
culaire à la faille bordière de la caldéra.
En suivant le ravin en direction du centre de la plaine, on constate un épaississement
des couches, associé à des variations de pendage et au biseautage des bancs de cinérites
1074 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série n, n° 14, 1985
du côté du rempart. Les pendages diminuent progressivement (de 17 à 0°) vers l'intérieur
de la caldéra et du bas vers le haut de la série, de sorte qu'en s'éloignant du village,
seuls les niveaux supérieurs horizontaux affleurent. Cela montre que la subsidence du
plancher s'est poursuivie pendant la sédimentation.
CONCLUSION. — Il reste à préciser les relations entre les unités pyroçlastiquesreconnues
et les différents groupes de dômes. Les relations dans le temps entre le volcanisme acide
explosif et les formations basaltiques posent aussi de nombreuses questions d'ordre
stratigraphique et magmatologique.Un échantillonnagea été réalisé dans ce sens.
Après cette étude préliminaireil est toutefois possible de définir le contexte volcanologi-
que dans lequel est situé le champ géothermique Los Azufres et de proposer une solution
quant à son origine :
1. Il est inclus dans une caldéra (environ 20x15 lem) qui est la conséquence de
grandes phases de volcanisme ignimbritique. Celles-ci sont au moins au nombre de deux,
probablement trois (nappes de ponces anciennes, coulées du versant ouest renfermant
des scories basaltiques, et formations beaucoup plus jeunes de Cieneguillas et Acambaro).
Cette structure est comparable aux grandes caldéras américaines ou au complexe de Los
Humeros-Teziutlan, à l'Est de Mexico ([9], [10]). Comme à Los Humeros [9] et comme à
Timber Mountains dans le Nevada [11], on observe un système de fractures externes
affectant une région plus étendue.
2. Cette structure fait partie des caldéras résurgentes [12]. Le bombement qui affecte
la Sierra Los Azufres est à l'origine du champ géothermique. Il s'est essentiellement
produit avant la mise en place des derniers dômes; toutefois, les nombreuses manifesta-
tions en surface — et la forte crise sismique qu'a connue cette zone en 1872? — font
penser que la résurgence n'est peut être pas terminée.
Les résultats de terrain ont été obtenus au cours d'une mission financée par le P.I.R.P.S.E.V. (C.N.R.S.-
I.N.A.G.). Notre mission a été grandement facilitée par les chercheurs du département Géothermie de la
ComisionFédéral de Electricidadà Morelia, et particulièrementles ingénieurs H. Alonso, A. Razo et A. Negrin.
Remise le 23 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] L. SILVA MORA, Thèse Doctorat Ingénieur, Univ. Aix-Marseille-III,1979, 145 p.


[2] A. DEMANT, Tlièse Doctorat d'État, Univ. Aix-Marseille-III,1981, 259 p.
[3] A. GARFIAS et A. GONZALEZ, Rapport interne, Comision Fédéral de Electricidad, Morelia, 1978, 42 p.
[4] F. AUMENTO et A. GUTIERREZ, Rapport interne, n° 3-80, Comision Fédéral de Electricidad, Morelia,
1980, 66 p.
[5] S. DE LA CRUZ, J. AGUILA, D. ORTEGA et J. M. SANDOVAL, Rapport interne, n° 9-82, Comision Fédéral
de Electricidad, Morelia, 1982, 41 p.
[6] N. COMBREDET, Tlièse Doctorat 3e Cycle, Univ. Paris-VI, 1983, 180 p.
[7] P. F. DOBSON, Tliesis Master of Science, Univ. Stanford, 1984, 58 p.
[8] F. CAMACHO, Rapport interne, n° 6-79, Comision Fédéral de Electricidad,Morelia, 1979, 18 p.
[9] C. ROBIN, Thèse Doctorat d'État; Ann. Se. Univ. Clermont-II, n° 70, fasc. 31, 1981, 503 p.
[10] H. FERRIZ et G. MAHOOD, J. Geophys. Res., 89-B10, 1984, p. 8511-8524.
[II] R. L. CHRISTIANSEN, P. W. LIPMAN, P. P. ORKILD et F. M. BYERS, Geological Survey Prof. Paper
525-B, p. 43-48.
[12] R. L. SMITH et R. A. BAILEY, Geol. Soc. Amer. Memoir, 116, p. 613-662.

Centre de Recherches volcanologiques,Université de Clermont-II-C.N.R.S.,


5, rue Kessler, 63038 Clermont-Ferrand.
C. R. Acad. Sc. Paris., t. 301, Série II, n° 14, 1985 1075

PALÉONTOLOGIE.
— Systématique et évolution du genre miocène Palaeomeryx
(Artiodactyla Giraffoidea) en Europe. Note de Léonard Ginsburg, présentée par Jean
Piveteau.

L'analyse cladistique amène à considérer les Giraffoidea (Palaeomerycidae+ Giraffidae) comme plus primitifs
que les Bovidae. qui leur sont dérivés. Au cours du Miocène d'Europe, Palaeomeryx évolue par simple
accroissement de taille, dont les étapes sont marquées par des espèces différentes : P. kaupi Meyer à la base
(MN 3 supérieur et MN 4), P. lalhanensis nov. sp. au MN 5, et enfin P. magnus (Larlel) (MN 6 à MN 8).
Palaeomeryx est précédé par un genre plus primitif, Oriomcryx gen. nov., lui-même subdivisé en deux espèces :
O. major (Vire!) de Saint-Gérand-le-Puv(MN 2) et O. willii nov. sp. de Wintershof-West en Bavière (base de
MN 3).

PALEONTOLOGY.— Systematicand évolution of the Miocène genus Palaeomeryx(Artiodactyla, Giraffoi-


dea) in Europa.
The cladistical analysis leads to consider the Giraffoidea (Palaeomerycidae+ Giraffidae) as a paraphyletic group,
sisler group of the more evolualed Bovidae. During the upper part ofthe Lower Miocène and Middle Miocène,
Palaeomeryx increased in size. We mark the steps with three species: P. kaupi Meyer in the top of MN 3 and
MN 4, P. lalhanensis nov. sp. in the MN 5. P. magnus (Lartet) in the MN 6-8. It is preceeded by a little more
primitive animal, Oriomeryx nov. gen., with two sleps: O. major (Viret) from the MN 2 (Saint-Gérand-le-Puy)
and O. willii nov. sp. for the basis of the MN 3 (Wintershof-West).

Palaeomeryx est un Ruminant de grande taille dont on retrouve fréquemment des


restes dans les gisements du Miocène inférieur et moyen d'Europe. Longtemps considéré
comme inerme, il fut logiquement placé parmi les « Cervidés sans bois », aux côtés de
Dremotherium, Amphitragulus et non loin de Blaslomeryx ([8], [10]). La découverte à
Artenay d'appendices frontaux se rapportant indubitablement à Palaeomeryx [4] â rendu
ce point de vue caduc. Ces appendices frontaux non seulement ressemblentextraordinaire-
ment aux ossicônes principaux des Girafes (tant par leur forme que par leur texture) mais
leur face inférieure est très irrégulière et sillonnée transversalement de rides grossières, de
creux et de cavernes. Cet os ne faisait pas partie de l'os frontal mais, comme les ossicônes
des girafes et la cheville osseuse des Bovidae, est un os d'origine dermique et qui ne se
soude que tardivement au frontal. Cet appendice frontal de Palaeomeryx se termine
parfois (d'après des restes retrouvés à Artenay et à Sansan) par un petit renflement en
boule comme chez Triceromeryx et certains Dromomerycidae (Dromomeryx, Alêtomeryx).
La denture rappelle aussi beaucoup Triceromeryx. J'incluerai donc les deux genres dans
la même famille des Palaeomerycidae que je placerai près des Giraffidae comme l'a déjà
fait Crusafont [1] pour les Triceromerycidae.
Les Palaeomerycidae représentent à l'intérieur des Giraffoidea une famille encore
primitive, possédant un certain nombre de caractères hérités, plésiomorphes, que l'on
retrouve chez les Ruminants sans bois du Miocène tels que Dremotherium et
Amphitragulus : brachyodontie, présence d'un pli "palaeomeryx, gorge de la face antérieure
du métatarsien fermée distalement par un petit pont osseux, radius et cubitus non soudés.
Ces quatre caractères sont communs aussi aux Ruminants à bois (Cervidés) miocènes
Procervulus et Dicrocerus. Ce sont donc des symplésiomorphies qu'ils partagent avec les
Cervidac.
Par l'extraordinaire ressemblance de leurs appendices frontaux (que l'on peut appeler
ossicônes dans les deux familles) les Palaeomerycidae sont très proches des Giraffidae et
l'on ne peut placer entre les deux une famille qui ne porterait pas d'ossicônes. Les
Bovidae, qui possèdent des appendices frontaux différents et partagent avec les Giraffidae
quelques caractères apomorphes inconnus chez les Palaeomerycidae (ouverture de la

0249-6305/85/03011075 S 2.00 © Académie des Sciences


1076 C. R. Acad. Se, Paris, t. 301, Série H, n° 14, 1985

Fig. 1. — Palaeomeryx lathanensis nov. sp. M3 droite, de Savigné-sur-Lathan.


a, face labiale; b, face occlusale. G.N.
Fig. 1. — Palaeomeryxlathanensis nov. sp. right M3, from Savigné-sur-Lathan.
a, labial view; b, occlusal view. x 1.

gorge de la face antérieure du métatarsien, absence de pli palaeomeryx, soudure du


radius et du cubitus) apparaissent donc comme plus dérivés, plus évolués que l'ensemble
Palaeomerycidae-Giraffidae, contrairement à l'idée traditionnelle d'une dérivation des
Giraffidae à partir des Bovidae [3]. La. structure des appendices frontaux paraît d'ailleurs
bien refléter le sens de cette évolution : la formation d'un étui corné complet, enserrant
une cheville bien soudée au crâne (et dès le jeune âge) n'a pas pu précéder un « velours »
dans lequel apparaît occasionnellement de petits éléments de formation cornée et qui
recouvre un os corné spongieux et non soudé (ou soudé très tardivement) à l'os frontal.
C'est le contraire qui est le plus logique.
Palaeomeryx est représenté par une seule lignée en Europe [4]. L'accroissement progres-
sif de la taille au cours du Miocène permet de distinguer plusieurs stades, qui correspon-
dent à des âges bien délimités et qu'il est pour cela possible de caractériser par des
désignations spécifiques différentes. Viret [9] a tenté d'enraciner Palaeomeryx dans le plus
grand des Amphitragulus de Saint-Gérand-le-Puy. Outre là taille, cet A. major possède
une P4 très large, au bord lingual bien arrondi et souligné d'un cingulum net, comme
chez Palaeomeryx et à la différence des Amphitragulus.- A Wintershof-West, les pièces
décrites sous le nom de Palaeomeryx aff. kaupi par Obergfell [7] comblent bien, par
leur taille intermédiaire et la présence d'une Pl5 le hiatus existant entre la forme de
Saint-Gérand-le-Puy et le Palaeomeryx kaupi de Neuville, Chilleurs, Georgensmund et
Artenay. Je placerai donc aussi l'espèce de Saint-Gérand-le-Puyà la racine des Palaeome-
ryx d'Europe, tout en la laissant dans un genre différent.
Systématique
Genre Oriomeryx nov.
Espèce-type : O. major (Viret).
Diagnose : Palaeomerycidae de petite taille, à Pt biradiculée conservée. P2 et P3 plus étroites que chez
Palaeomeryx; P4 large, à contour lingual bien arrondi et souligné d'un net cingulum basai, comme chez
Palaeomeryx.
Oriomeryx major (Viret 1929)
( = Amphitragulus major Viret 1929)
Diagnose : Oriomeryx de petite taille (longueur M3 = 21,5 mm) et à barre très courte en avant des prémolaires.
Type : Hémimandibule gauche avec P3 — M-! et alvéoles de V1 P2, figurée par Viret (1929, pi. XXIII, fig. 9).

Locus typicus : Montaigu-le-Blinprès Saint-Gérand-le-Puy (Allier). MN 2a.
Oriomeryx willii nov. sp;
Diagnose : Oriomeryx de plus grande taille que le précédent (longueur M2=18,2 mm, M3 estimée à 23 mm)
et à barre beaucoup plus allongée.
Type : Fragment d'héminandibule gauche avec P1-2 figurée par Obergfell (1957, pl. 1, fig. 2-3).
Locus typicus : Wintershof-West (Bavière). MN 3 a.
Derivatio nominis : En l'honneur de Willi Hennig, dont les travaux ont permis un renouvellement de
l'approche paléontologique.
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985 1077

Fig. 2. —; Diagramme longueur-largeur des M3 des différentes espèces de Palaeomeryx et Oriomeryx. Les
ellipses regroupent des gisements ou des ensembles de gisements de même âge. Les chiffres représentent les
pièces types des espèces retenues et nonretenues de Palaeomeryx.
Fig.2: lenght width scatter diagram for several Palaeomeryx and. Oriomeryx speicies. Ellipses includé
M3
localities or localities grqups from the sàme âge. Numbers indicaie type spécimens[for tlté species from the
genus Palaeomeryxhere accepted or hop as valid ones.

Répartition:: : L'espèce est: aussi représentée par une M3 de Pontigné, une ;M3 des sables continentaux
(MN 3a)..dé là Brosse et. par trois-Câlcanéùms d'une taille plus réduite que ceux d'Artenay et provenant
respectivement d'Estrepouy, de Çhitenay et de Pontigné; .Ce dernier provient manifestementdes sables continen-
taux d'âge MN-3 à situés sous le falun et livrant les pièces remaniées dans le falun.
Genre Palaeomeryx H.v. Meyer 1834 [6]
Espèce type: Pqlqeomeryx kaupi H. v. Mèyér 1834

Type
(=P.
Diagnose : Palaeomerycidae de grande taille, à barre allongée et sans P1.

: Hémimandibule
Palaeomeryx kaupi H. v. Meyer 1834

avec
bojani
H. v, Meyer 1834=P, gasonnini Mayet 1908)
Diagnose Palaeomeryx de petite taille (longueur M3=23 à 24,5 mm).
P3-M3, figurée par H. v. Mayer 1834 (pl. X, fig. 77) et Mayer 1908 (fig. 51)

Locus typicus Georgensmund.


Répartitionstrdtigraphique: MN 3 6+MN4. -Les principaux gisements sont Cliilleurs-aux-Bôis,Neuville-aux-
.Bôis,Artenay, Baigneaûx-en-Beauce,:Chévilly,sables continentaux d'âgé MN 4 sommital de Pontlevoy-Thenay,
La Rqmieu,
Palaeomeryx tathanensis nov. sp.
Diagnose : Palaeomeryxdetailleintermédiaire
entre le P. [kaupi d'Artenay-Baigneaux et le P. magnus de
Sansan.
Type et locus[typicus: M3 droite de Savigné-sur-Lathan(MN 5L don de M. Sinturet,
Répartition sfi-ati^a^içtie:: Cette espèce est connue dans les faluns et dans le bassin de Lisbonne où elle a
été récoltée dans, les couches du; V 6 qui Correspondentdans la classification du bassin de Lisbonne à la MN 5.
Palaeomeryx
(=P
eminens Meyer 1852= P.r mcoïettï Meyer 1846)
magnus(Lattet 185.1)

Diagnose: Palaeomeryx degrande taille: (longueur M3 = 33 à 40 min).1:

C. R. 1885, 2e Semestre (T, 3011) Série II —77


1078 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

Lectotype : Hémimandibuledroite de Sansan (Sa 10160) figurée par Filhol [2] (pi. 26, fig. 1-2).
Répartition stratigraphique: Cette forme est caractéristique de la MN 6 (Sansan, Gôriach). Elle débute
peut-être à la fin de la MN 5 (Neudorf-Spalte).Dans le niveau supérieur (MN 7), la taille semble s'accroître
légèrement (Steinheim).
Puis les trois M3 que nous avons du niveau MN 8 (La Grive-Saint-Alban et Oeningen) sont un peu plus
petites. Ou il y a une réduction de taille en fin de lignée, ou notre échantillon, trop petit, ne rend pas compte
de la réalité évolutive, ce qui est vraisemblable.En tout cas, prendre pour type de l'ensemble MN 6-8 la pièce
d'Oeningen (type de P. eminens) serait maladroit.
Remise le 23 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[10] J. VIRET, Traité de Paléontologie, Masson, Paris, 6, (1), 1961, p. 887-1020.

Institut de Paléontologie, U.A., n° 12, C.N.R.S.,


Muséum national d'Histoire naturelle, 8, rue Buffon, 75005 Paris.
C.R. Acad. Se. Pariât. 301, Série II, n° 14, 1985 1079

PALÉONTOLOGIE
— Nouvelle découverte de Radiolaires d'âge Oxfordien supérieur-
Kimmeridgieninférieur, à la base d'une série supra-ophiolitique des Schistes Lustréspiémon-
tqis (Massif de Travèrsiera, Haut Val Maïra, Italie). Note de André Schaaf, Ricçardo
Polino et Yves Lagabrièlle, présentée par Jean Aubouin:

Une nouvelle faune de Radiolaires, bien,conservée, a été découverte à la base d'une série océanique de typé
ligure déposée à; la fois sur des serpentinites et des laves en coussin, dans les Schistes Lustrés du Haut Val
Maïra, Italie. L'association faunistique est d'âge Oxfordien supérieur-Kimmeridgieninférieur. Cet âge est
identique,à celui déjà obtenu sur un massif similaire situé plus au Nord (Pic Cascavelier, de Wever et Caby,
1981).

PALËONTOLOGY.— New.Radiolarianâge (Upper Oxfordian-LowerKimmeridgian) from an ophiolôtic


sedimentary coyer in the Schistes Lustrés Nappe (Italiàn Southern Alps, Travèrsiera Massif).
A new Radiolarianfauna lias been discùvërèdwithin the basai strata of the sedimentary cover of an ophiolitic
massif in the Schistes Lustrés (High Maïra Valley, Italy):: The faimal assemblage' is of Upper Oxfordian-Lower
Kimmeridgian age .Tins confirms theprevious data obtainedon similar faUnas from.a Northern ophiolitic massif
(Cascavelier Pedk, de Wever'andCaby, 1981). -.'.. '"'.-..

La découverte récente d'une faune de Radiolaires remarquablement bien conservée


dans les Schistes Lustrés du Queyras par de Wever et Caby [1] a permis de confirnier,
après les premières attributions de Squinabol [2], l'âge Jurassique supérieur et plus
précisément Oxfordien supérieur-Kimmeridgieninférieur de la base des couvertures sédi-
irientaires supra-ophiolitiques dé ces régions.
Cette découverte a, en outre, fortement incité à examiner et parfois à réexaminer avec
une attention nouvelle certains iriveaux méta-radiolaritiques dés séries sédimentaifès
océaniques piémôntaises.
Ce réexamen nous a ainsi permis de découvrir, dans la couverture des ophiolites du
petit massif italien de Traversierâ;(localisation,fig. 1), une nouvelle faune de Radiolaires
d'âge Oxfordien supérieur-Kimmeridgieninférieur se présentant; dans un bon état de
conservation, si l'on tient compte de l'intensité des déformations et des recristallisations
qui ont affecté les roches environnantes. Ce nouveau jalon chronologiquedans les Schistes
Lustrés s'ajoute aux récentes découvertes de Foraminifères [3]. Il permet de confirmer :—
comme le prétendaient de Wever et Caby [1] — que les radiolaritès directement liées aux
ophiolites peuvent être considérées comme un repère ehronostratigraphique.
I. LE MASSIF DE TRAVÈRSIERA. POSITION DES RADIOLARITES DANS LA SÉRIE SUPRA-
OPHIOLITIQUE. IMPLICATIONS. — Le massif ophiolitiqué de Travèrsiera constitue un dés
nombreux affleurements de roches vertes, d'extension kilométrique, répartis de façon
apparemment aléatoire au sein des calcschistes piémontais. Situé sur le versant italien
des Alpes Cottiennes, au Nord du village d'Acceglio, il apparaît au sein d'une bande de
calcschistes d'allongement Nord-Sud comprise entre les zones d'Acceglio et du Roufe
(briançonnais interne) dans le prolongement des massifs de Roche Noire, du Pelvat de
Chabrière et du Mont Gabel,
L'intérêt de ce massif, du point de vue lithostratigrâphique, a déjà été souligné dans
deux précédentes publications ([4], [5]): Les ophiolites, constituées par des serpentinites
et des lavésen coussins métamorphiques (faciès schistes bleus) sont en position renversée.
En contact stratigraphique avec celles-ci, et reposant à là fois sur les serpentinites et les
basaltes, se trouve un niveau continu de marbres clairs, d'épaisseur plurimétrique, attribué
au Malm comme dans là série de Chabrière [6].
.0249-6305/85/03011079 S 2.00 ©Académie des Sciences
1080 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

Apparaissant, sporadiquement sous les marbres, les radiolarites se présentent sous la


forme de lentilles dont l'épaisseur atteint localement 3 m. On les rencontre également, en
minces niveaux, au sommet des laves, interstratifiés avec des brèches de basaltes à
éléments variolitiques (anciennes brèches autoclastiquesprobables).
Au-dessus des marbres, viennent des calcschistes et calcaires évoquant fortement la
formation de la Replatte (Crétacé inférieur probable).
Outre l'intérêt purement paléontologique de ce massif, il paraît important de souligner
ici la contribution qu'apporte son étude à l'évolution du paléo-domaine océanique
piémontais. Deux apports essentiels méritent d'être développés.
Ils concernent :
1. Les rapports entre serpentinites et basaltes (fig. 2 A, pl. I). — Le contact direct entre
les marbres et les serpentinites montre que ces dernières ont constitué, à un moment
donné, le fond du domaine océanique téthysien. C'est sur ce substratum ultrabasique
que se sont épanchés les basaltes en coussins. Serpentinites et basaltes sont en effet
séparés par des brèches ultrabasiques à matrice carbonatée. Ensuite, les radiolarites se
sont déposées, probablement dans de petites dépressions, à la fois sur les laves dont la
mise en place s'achevait et sur les serpentinites. L'ensemble des trois termes lithologiques,
serpentinites, basaltes et radiolarites fut alors recouvert uniformément par les calcaires
(futurs marbres clairs).
2. La tectonique océanique synsédimentaire (fig. 2B, pi. I). Le niveau de marbre,

d'âge Kimmeridgienmoyen-Portlandienprobable contient, vers son sommet, de nombreu-
ses intercalations de brèches et microbrèches d'origine basaltique et serpentineuse. Deux
olistolites, l'un d'ophicalcites, l'autre de laves en coussins, de taille décamétrique, existent
également au sein de cette formation ( pi. I). Ces faits témoignent de l'activité tectonique
du substratum océanique au cours du dépôt des calcaires. Les niveaux détritiques et les
olistolites proviennent du démantèlement de reliefs sous-marins proches, probablement
inactifs ou localement inexistants lors du dépôt des radiolarites puis, ennoyés durant le
début de la sédimentation carbonatée et réactivés par la suite. Ici, cette activité tectonique
se serait achevée au début du Crétacé, puisque les calcschites et calcaires sus-jacents ne
contiennent pas de débris ophiolitiques.
Il est important de rapporter l'existence, au sein des niveaux détritiques ophiolitiques,
de fragments centimétriques anguleux de radiolarites. Cela confirme d'une part, qu'un
épisode d'activité tectonique conduisant à leur mobilisation est bien intervenu après le
dépôt de ces roches et d'autre part, que ces dernières étaient consolidées avant la mise
en place des carbonates.

EXPLICATIONSDES PLANCHÉS

Planche I

Fig. 1. Localisation du massif de Travèrsiera et situation des localités fossilifères découvertesantérieurement.



— Location map of the Travèrsiera massif. Position of other fossiliferous locatities.
Fig. 1.
Fig. 2. —
A. Panorama sur le massif de Travèrsiera. B. Reconstitution de l'allure du substratum océanique et
de sa couverture sédimentàirèd'âge Jurassique supérieur (Radiolaires et calcaires).
Fig. 2. — A. View on the Travèrsiera massif. B. Synthetic reconstruction of the oceanic floor and its Upper
Jurassic sedimentary cover.
PLANCHE I/PLATE I ANDRÉ SCHAAF
PLANCHE II/PLATE II
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n" 14, 1985 1083

Planche II

A. Illustration de quelques Radiolaires recueillis : 1, Hsuum sp. aff. H. maxwelli (Gx 150); 2, Triactoma[biàkei
(G x 100); 3, Ditrabs sp. (G x 45); 4, Triactomahlakei (G x 170); 5, Hsuum sp. (G x 200); 6, Triactomajônesi
(Gxl40); 7, Crucella theokaftensis (Gxl40); 8, Andromeda podbielensis (GxlOO); 9, AngulobracKià.sp.
(Gxl40); 10, Napora deweveri (Gx200); 11, Crucella theokaftensis(Gxl20); 12, Napora bukryi (Gx 180);
13, Achaeospongoprunum imlayi (Gxl50); 14, Panlanellium lanceola (Gxl50); 15, Podobursa triacantha
(G x 110); 16, Tritrabs casmaliaensis (G x90); 17, Pseudocrucella sanfilippoae (G x 80). B. Tableau biochronb^
logique des Radiolaires calé sur l'échelle de Baumgarlner [9J, établie à l'aide de l'analyse séquentielle [12],
A. Some microscopic views ofthe mosl important radiolarians. B. Biochronological Table established àfiterthe.
Baumgarlner scale ([9], L12]).

II. LES RADIOLARITES. —


Les radiolarites de couleur lie-de-vin sont régulièrementstrati-
fiées en banc d'épaisseur décimétrique alternant avec des lits de cherts clairs fortement
plissés et cisaillés. Les Radiolaires ont été dégagés de nodules phosphatés de 1 à lScnj
de diamètre, de forme ovoïde et de couleur claire que l'on rencontre çà et là au sèihdes
radiolarites lie-de-vin. Certains de ces nodules auraient pu constituer initialement un ou
plusieurs niveaux de plus grande extension.
La matrice englobant les Radiolaires est toujours cryptocristalline. Les diagrammes de
poudre [7] indiquent qu'elle est constituée d'un assemblage d'hydroxyl-àpatite
(Ca5(P04)3OH) et de quartz.
L'étonnantepréservation de la faune amène à s'interroger sur son mode de fossilisation.
Il est tentant de penser, comme de Wever et Caby [1], qu'il s'agit d'une fossilisation très
précoce, diagénétique, intervenant immédiatement après le dépôt des boues radiôlàriti-
ques, par imprégnation à partir d'un fluide dont la composition et l'origine restent à
déterminer. Cette consolidation précoce expliquerait l'absence de toute trace de corhpàc-
tion et de déformations tectoniques dans les nodules : ces derniers se comportant Comme
des noyaux durs dans la tectogenèse alpine. A l'appui de cette hypothèse,faisant intervenir
une fossilisation immédiate, rappelons que des fragments radiolaritiques anguleux (donc
consolidés lors de la resédimentation)se rencontrent dans les niveaux carbonates irnmédia-
tement sus-jacents.
III. LES RADIOLAIRES : ATTRIBUTION BIOCHRONOLOGIQUE. — Deux nodules, riches en
Radiolaires, ont été attaqués à l'acide chlorhydrique. Ils ont livré les espèces suivantes [8] :
Andromeda podbielensis (Ozvoldova); Angulobrachia sp. : Archaespongoprunum imlayi
(Pessagno); Crucella theokaftensis (Baumgarlner); Ditrabs sp. : Emiluvia antiqua (Rust);
Emiluviasalensis (Pessagno); Hsuum maxwelli (Pessagno) « group »; Napora bukryi (Pessa-
gno); Napora deweveri (Baumgartner); Pantanellium lanceola (Parona) « forme ancienne »;
Parvicingula boesii (Parona); Podobursa helvetica (Rust); Podobursa triacantha (Fischli);
Pseudocrucella sanfilippoae (Pessagno); Triactoma blakei (Pessagno); Triactoma jonési
(Pessagno); Tritrabs casmaliaensis (Pessagno); Tritrabs exotica (Pessagno); Tripoçyclia
trigonum (Rust).
1.Résultats biochronologiques. — Comparé à la zonation à Radiolaires là plus
récente [9], le spectre faunistique de nos échantillons appartient aux associations unitaires
(A.U.) nos 7 et 8 (pi. II, B) : zone B de l'échelle de Baumgartner [9].
2. Les travaux antérieurs. — Trois études précédentes relatent l'existence de faunes
à Radiolaires dans les Schistes Lustrés "au sein de niveaux directement associés aux
ophiolites.
(a) En 1892, Parona [10] décrit 32 espèces de Polycystines découvertes dans des lames
minces taillées dans des schistes siliceux à Radiolaires de Cesana (Montgenèvre),: Lés
C. 'R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

faunes sont illustrées mais non décrites. Elles seront longtemps considérées comme d'âge
friasique.
(b) En 1913, Squinabol [2] décrit et illustre 14 espèces de Radiolaires provenant de la
même région qu'il attribue au Jurassique terminal. Cette étude, elle aussi, a été faite sur
lames minces.
(c) La troisième étude de De Wever et Câby [1] bien plus récente (1981) a été effectuée
sur des. faunes dégagées et observées au microscopeélectronique à balayage.
IV. CONCLUSIONS. —
Découverts par Parona en 1892, les Radiolaires des Schistes
1.
Lustrés ont été attribués au Jurassique terminal par Squinabol en 1912. Cet âge, confirmé
et affiné par de Wever et Caby en 1981/ se trouve donc aujourd'hui conforté par l'étude
de ce nouveau gisement. De ce fait, la proposition d'ériger les rnéta-radiolârites comme
repère chronostratigraphique trouve ici un nouveau fondement ([11] et [1]).
2. La position particulière des radiolarites de Travèrsiera, qui reposent à la fois sur
des serpentinites et des basaltes en coussins, apporte de nouvelles contraintes pour tout
modèle d'évolution du bassin océanique piémontais. On confirme en effet ici que la mise
en place des laves s'est effectuée certainement avant l'Oxfordien supérieur-Kimmeridgien
inférieur (avant le dépôt des radiolarites) et probablement pendant le début de cette
période, puisque des horizons radiolaritiques existent entre des niveaux de brèches basalti-
ques, au sommet des coulées. Cette phase d'émission basaltique succède à une période
de déformation et d'érosion intra-ocêanique ayant conduit à la mise à l'affleurement et
au démantèlement des serpentinites, mais également de gabbros comme l'indique l'étude
d'autres massifs liguro-piémontais [5]. L'âge de cette première tectogenèse n'est pas prouvé
par la biochroriologie. L'existence de faunes identifiables dans,les Schistes Lustrés nous
incite à poursuivre les recherches, dans le but de découvrir des indices paléontologiques
(niveaux fossilifères éventuels sous les coulées basaltiques) permettant de la dater avec
certitude.
Remisele 16 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] P. DE WEVER et R. CABY, Comptes rendus, 292, série II, 1981, p. 467-472.
[2] S. SQUINABOL,Boll. Reale Ufficio Geol. Ital, 43, n° 23, 1913, p. 281-289.
[3] M. LEMOINE, M. MARTHALER, M. CARON, M. SARTORI, S. AMAUDRIC DU CHAFFAUT, T. DUMONT,
A. ESCHER, H: MASSON, R. POLINO et P. TRICART, Comptes rendus, 298, série II, 1984, p. 727-732.
[4] Y. LAGABRIELLE, R. NERVO, R. POLINO et F. Durro, Ofioliti, 2, (3), 1982, p. 339-350.
[5] Y. LAGABRIELLE, R. POLINO, J. M. AUZENDE, R. BLANCHET, R. CABY, S. FUDRAL, M. LEMOINE,
C. MEVEL, M. OHNENSTETTER,D. ROBERT et P. TRICART, Ofioliti, 9, (1), 1984, p. 67-88.
[6] M. LEMOINE, D. STEEN et M. VUAGNAT, CR. Soc. Phys. Hist. Nat. Genève, 5, 1970, p. 44-59.
[7] Les interprétations des diagrammes de poudre nous ont été aimablement communiquées
. par M. Hoffert.
[8] Le montage des spécimens et les clichés au microscope électronique à balayage ont été réalisés
par
F. Gourmelon. Nous tenons à la remercier pour l'aide efficace qu'elle a apportée dans ce travail.
[9] P. O. BAUMGARTNER, Eclog. Geol Helv.,11, (3), 1984, p. 729-837.
[10] C. F. PARONA, Atti. Accad. Sci. Torino, 27, 1982, p. 305.
[11] M. BOURBON, J. M. CARON, M. LEMOINE et P. TRICART, C.R., Somm. Soc. Geol. Fr., 1979, p. 180-182.
[12] J. GUEX et E. DAVAUD, Computer Geoscl, 10, (1), 1984, p. 64-96.

A. S. et Y. L. : G.I.S. « Océanologie et Géodynamique »,


Faculté des Sciences, avenue Le-Gorgeu, 29287 Brest Cedex;
R. P. : CN.R. Centra di Studio sui problemi dell'orogeno délie Alpi Occidentali,
Istituto di Geologica, Palazzo Carignano, Via Açademia dette Scienze, Torino, Italie.
C. R. Acad. Paris, t.301, Série II, n° 14, 1985 1085

PALYNOLOGIE. — La couverture steppique en Tunisie au Quaternaire supérieur.


Note de Annik Bruns présentée par Edouard Boureau.

Certains végétaux de la couverture steppique tels l'Armoise, les autres ComposésTubuliflores, les Liguliflores
et les Graminéesconstituent avec les Cypéracées des taxons-guidesdont les variations de pourcentage permettent
de préciserla biostratigraphie sur les 20 derniers millénaires et de proposer des interprétations paléoclimatiques.

PALYNOLOGY.— The steppe végétation in Tunisia during the Upper Quaternary.


Some steppe plants as Artemisia, the other Composilae Tidmlifiorae. Ligulifiorae and Graminèae conslilute,
along with Cyperaceae, guide-laxa the percentage variations of which allow to define the biostratigraphy during
the last 20 thousand years and to proposepaleoclimaticassumplions.

Les premières études réalisées sur les carottes marines de la radiale de Gabès et du
secteur des îles Kneiss et Kerkcnnah permirent dans un premier temps de dégager
quelques traits originaux de la végétation tunisienne au cours d'une période allant de
27 000B.P. à l'actuel ([1], [2] et [3]). Des données polliniques complémentaires nous
conduisent à envisager une nouvelle approche stratigraphique et paléoclimatique basée
notamment sur les modifications de la composition de la couverture steppique.
A l'exception de la période de 27000 B.P. riche en éléments forestiers — Pin (Pinus),
Chêne (Quercus) à feuillage caduc et essences mésophiles en particulier — et des derniers
siècles qui voient l'explosion de l'Olivier (Olea), les constituants des formations herbacées
sont largement représentésdans les diagrammes. Ce sont principalement des Chénopodia-
cées, des Composées Liguliflores et Tubuliflores dont l'Armoise (Artemisia), des Grami-
nées, des Cypéracées, du Plantain (Plantago) et Ephedra. Parmi ces taxons, deux retien-
dront notre attention par leur évolution particulière: l'Armoise et les Cypéracées.
L'ARMOISE. — Il nous a paru intéressant d'établir le rapport A/D entre les pourcentages
de l'Armoise (A) et ceux des autres Composées plus Graminées (avec Lygeum sparfum)
et Cypéracées (D). Il ressort ainsi de la flore pollinique trois types de steppe selon la
valeur de A/D: steppe d'Armoise (A/D>1), steppe diversifiée (0,10<A/D<1), steppe
pauvre en Armoise où l'Armoise n'apparaît pas ou est rare (A/D <0,10).
Ainsi, à partir du Tardiglaciaire s'observe une succession cohérente dans l'alternance
de ces trois types de steppe. La mise en évidence de nouvelles coupures biostratigraphiques
permet de proposer certaines corrélations (fig.).
Le Tardiglaciaire (TG) est caractérisé par une steppe diversifiée (sites 19, 102 et 103).
Le début de l'Holocène (zone Z) voit l'établissementd'une steppe pauvre en Armoise (sites
17, 19, 102 et 103) qui persiste dans la sous-zonc A 1 caractérisée par la mise en place de
l'Oleo-lenliscetum (sites 10, 17 et 19). A cette steppe se substitue à nouveau aux environs
de 5000B.P. une steppe diversifiée qui se maintient dans la sous-zone A 2 (sites 10, 15,
17 et 103) et évolue vers une steppe d'Armoise durant la période historique (zone B).
Dans le Pléniglaciaire (PG). l'alternance est beaucoup moins évidente. En effet, les
données y sont plus fragmentaires. Dans les sites 10 et 19, les sédiments lagunairés à
Hemicystodiniumzoharyi (Hz) [4] sont pauvres en pollen. Aussi, la succession dés paysages
botaniques nous échappe rendant impossibles les corrélations dans l'état actuel de nos
recherches. Les carottes 102 et 103 révèlent une steppe d'Armoise de 24000 à un peu
moins de 20 000 B.P. alors qu'en 19 la végétation qui prévaut un peu avant 18000B.P.
est une steppe diversifiée et en 10, à 21 240 B.P., une steppe pauvre en Armoise.

0249-6305/85/03011085 $2.00 © Académie des Sciences


1086 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série n, n° 14, 1985

LES CYPÉRACÉES. — A côté de l'Armoise qui présente les pourcentages les plus fluctuants
parmi les Herbacées, les Cypéracées offrent également une évolution singulière. D'une
présence discrète au cours des phases à Armoise du Pléniglaciaire, elles prennent leur
essor au Tardiglaciaireet surtout au début de l'Holocène où on les trouve en pourcentages
remarquablesjusque dans la zone A où elles atteignent 20 à 30 % dans les sites 17 et 19.
Elles amorcent leur déclin au sommet de cette zone pour prendre en zones B et C des
valeurs minimes à l'image de leur représentation pollinique dans les sédiments subactuels
et à la surface du sol [5].
Au vu de ces premières analyses, il apparaît que l'Armoise évolue à l'inverse des autres
Composées et Graminées réunies ainsi que des Cypéracées. L'opposition est plus marquée
vis-à-vis de ces dernières. Ceci a trait vraisemblablement au fait que les Composées et les
Graminées riches en espèces appartiennent à des systèmes écologiques beaucoup plus
diversifiés et à plus large répartition que les Cypéracées qui à l'exception de Cyperus
conglomeratus fréquentent aujourd'hui les lieux humides.
IMPLICATIONSPHYTOGÉOGRAPHIQUES. — Actuellement, Artemisia herba alba et A. campes-
tris occupent une superficie comprise sensiblement entre les isohyètes de 100 et 400 mm
correspondant aux étages bioclimatiques semi-aride et aride [6]. Dans les prélèvements
de poussières du sol, la représentation pollinique de l'Armoise augmente dû nord au sud
de la Tunisie pour devenir maximale aux latitudes de Gabès et Médenine. Puis elle
s'affaisse plus au sud à Remada à la limite de l'étage saharien [5]. Le rapport A/D illustre
également cette progression: compris entre 0,10 et 1 dans Faire de répartition de l'Ar-
moise, il est inférieur à 0,10 au nord et au sud de cette zone. La représentation pollinique
actuelle à la latitude de Gabès est donc celle d'une steppe diversifiée. De même, la majorité
des échantillons marins subactuels au voisinage des îles Kerkennah est représentative de
ce type de steppe avec un rapport A/D compris entre 0,10 et 1. Cette valeur théorique
peut donc être utilisée comme modèle pour l'étude du passé.
Ainsi, toute valeur de A/D supérieure à 1 correspondrait à une densité plus forte des
systèmes écologiques avec l'Armoise comme espèce dominante. C'est le cas de la période
comprise entre 24000 et 20000B.P. On peut supposer également que les steppes riches
en Armoise s'étendirent vers le nord sur l'actuel domaine des forêts de Pin et de Genévrier
(Juniperus) des djebels de la Dorsale, peut-être plus au nord encore sur celui des forêts
et maquis à feuillage xérophile. Inversement, une valeur du rapport A/D inférieure à
0,10 équivaudrait, soit à un morcellement de Faire climatique de l'Armoise, soit à un
déplacement de cette aire vers le nord ou vers le sud par rapport à sa position actuelle.
C'est ce que l'on observe dans la première moitié de l'Holocène.
IMPLICATIONS CLIMATIQUES. — La difficulté d'utiliser les limites phytogéographiques
actuelles comme repère bibelimatique pour reconstituer les paléoclimats réside dans le
fait que ces limites ont été induites par l'action humaine depuis des temps relativement

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

1, Oleo-lentiscetum; 2, steppe pauvre en Armoise; 3, steppe diversifiée; 4, steppe d'Armoise; 5, épisodeforestier


à taxons nord tunisiens et européens; 6, lacune sédimentàirè liée au maximum de régression wurmienne; 7,
transgression versilienne; 8, épisode lagunaire à Hemicystodinium zoharyi; 9, pauvre en pollen; I, chronostra-
tigraphie et zonation pollinique. Les datations sont données B.P.
1, Oleo-lentiscetum;2, steppe poor in Artemisia; 3, diversified steppe; 4, Artemisia steppe; 5, épisode with north
Tunisia and european tree pollen, 6, sedimentary break linked to wurmian recession; 1, versilian transgression;
8, lagoon with Hemicystodinium zoharyi; 9, poor in pollen; I, chronostratigraphyand pollen zones. Tlie
datations are B.P.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985 1089

reculés de l'Holocène. Aussi, pour traduire en termes de climat les événements botaniques
que nous venons d'énumérer, nous sommes amenés, dans l'état actuel de nos connais-
sances, à formuler plusieurs hypothèses.
La première s'inscrit dans le schéma classique reconnu en domaine méditerranéen
d'un climat sec avec steppes d'Armoise et Chénopodiacées au Pléniglaciaire suivi d'une
amélioration climatique entraînant le reboisement à la fin du Tardiglaciaire ou au début
de l'Holocène ([7] et [8]). Durant la période de 24 000-20000B.P., dernière phase du
Pléniglaciaire enregistrée dans nos séries avant le maximum de régression wurmienne,
l'aridité aurait provoqué une extension de l'Armoise (A/D>1). Des refuges arboréens de
Pin, Chêne et quelques éléments méditerranéens subsistèrent cependant. Dans ces condi-
tions extrêmes de sécheresse, les steppes méditerranéennes auraient été relayées aux
latitudes européennes par les formations herbacées de climat froid et sec.
Au cours du Tardiglaciaire où la steppe se diversifie (0,10<A/D<1) et surtout durant
la première moitié de l'Holocène où la présence de l'Armoise s'amenuise (A/D <0,10),
l'augmentation d'humidité et (ou) le réchauffement auraient entraîné un morcellement
progressif du domaine steppique à Armoise ou un déplacement vers le sud de sa limite
septentrionale à une latitude plus basse que l'actuelle, mettant une partie de la Tunisie
sous l'influence d'un climat méditerranéenplus humide. La meilleure perception des arbres

du Pin d'abord ensuite du Chêne — dès la fin du Tardiglaciaire, le développement des
Cypéracées — indices de biotopes humides — au moment où l'Armoise régresse, peut-être
même la présence plus affirmée des Ptéridophytes pourraient corroborer cette première
interprétation de l'évolution paléoclimatique.
La seconde hypothèse fait intervenir le rôle du régime pluviométrique sur la dynamique
des systèmes écologiques. En effet, en Tunisie présaharienne, la floraison des plantes
pérennes (arido-actives) n'a pas lieu tous les ans et dépend probablement d'un stress
hydrique. Au contraire, celle des annuelles se produit presque dans tous les cas et ne
serait pas sous la dépendance d'un manque d'eau [9]. Au premier groupe appartient
Artemisia campestris et plus particulièrement A. herba alba qui exige une succession
d'événementspluviométriquesfavorables pour le développement des plantules et pour la
réalisation de son cycle végétatif. La plupart des autres Composées et des Graminées
rencontrées dans les analyses polliniques sont au contraires des annuelles. La prépondé-
rance des Armoises dans les spectres polliniques du Pléniglaciaire supérieur indiquerait
alors des conditions de pluviosité propices à leur développement. La couverture de ces
espèces aurait été dense et peut-être plus étendue qu'aujourd'hui. Au contraire au
Tardiglaciaire et jusqu'à l'Holocène inférieur, une modification défavorable de la réparti-
tion saisonnière des pluies aurait presqu'éliminé l'Armoise de la végétation steppique
pendant plusieursmillénaires. Les annuelles moins sensibles à ce nouveau régime pluviomé-
trique se seraient alors étendues aux dépens de la steppe d'Armoise.
Cette hypothèse serait plus conforme aux reconstitutions paléoclimatiquesfaites sur la
bordure nord-est du Sahara à partir des données sédimentologiques, géomorphologiques
et paléohydrologiques ([10] et [11]). Jusque vers 18-20 000B.P., le climat était humide. Le
régime des oueds était plus régulier qu'aujourd'hui en relation probable avec des pluies
plus régulièrement distribuées. Ce régime se dégrade progressivementensuite avec appari-
tion de crues violentes et espacées. Mais jusque vers 12000 B.P, le couvert végétal
d'espèces pérennes notamment reste assez dense pour piéger les poussières qui se déposent
sous forme de loess de moins en moins altérés. Entre 12000 et .6000B.R, l'aridité
s'installe, l'irrégularité des pluies devient maximale et les versants mal protégés sont
soumis à l'érosion torrentielle.
1090 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 14, 1985

Cette succession climatique n'explique cependant pas le développement du Pin et


surtout du Chêne, d'une part, des Cypéracées et peut-être même des Ptéridophytes, de
l'autre, à la hmite Tardiglaciaire-Holocène,au moment où l'aridité aurait été maximale.
Pour expliquer cette apparente contradiction, on peut proposer l'existence d'un fort
gradient pluviométrique entre le nord et le sud de la Tunisie. Le nord aurait été sous un
climat méditerranéen relativement humide expliquant l'apport non négligeable de pollens
de taxons nord tunisiens (en particulier du Chêne à feuillage caduc) dans les sédiments
du golfe de Gabès. Pendant le même temps, le sud aurait connu un climat plus aride à
pluies irrégulièrementréparties. Cette opposition se retrouve, semble-t-il, dans la pédoge-
nèse qui se traduit par l'existence de paléosols dès 9 000 B.P. dans le nord et plus
tardivement dans le sud [12].
Cette nouvelle approche biostratigraphique basée sur les variations de la composition
des steppes en concomitance avec celles de certains végétaux des forêts et maquis nous
amène à proposer deux solutions au problème des paléoclimatsdans le Maghreb oriental
durant les 20 derniers millénaires. Au Pléniglaciaire supérieur, l'extension de l'Armoise
au détriment des autres Composées et des Graminées peut être la conséquence, soit de
conditions d'aridité extrême, soit au contraire, d'un régime pluviométrique à distribution
des pluies régulière favorisant le développement des espèces. Deux particularités doivent
cependant être soulignées: dans l'une ou l'autre de ces hypothèses, la part du facteur
thermique est difficile à établir au sein des oscillations climatiques. D'autre part, dans
cette région située à la charnière des domaines méditerranéens aride et saharien, des
modifications même de faible amplitude du régime des pluies comme du bilan hydrique
ont pu entraîner des modifications notables des structures de végétation très inféodées
au substrat et au sol.
Remise le 23 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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ans, Cahiers
du Quaternaire, n° sp., C.N.R.S. (à paraître).

Laboratoire de Géodynamiquedes Milieux continentaux, U.A. n" 722,


Université Pierre-et-Marie-Curie,4, place Jussieu 75230 Paris Cedex 05.
G R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série H, n° 15, 1985 1091

ENDOMMAGEMENT, FATIGUE, RXJFTUKE. — Applicationsllufrottement inté-


;

rieur au suivi de l'endommagement des matériaux composites sous charges cycliques. Note
de Alain Vautrin, présentée par Paul Germain. '.'•
Le frottement intérieur est un paramètre mécanique dont les variations peuvent être reliées à l'endommage-,
ment miçrostructural des matériaux. Il semble particulier relativementbien adapté suivi de la dégradation
en au
des propriétés mécaniques des composites à fibres longues et matrice polymère. On présente l'évolution du
frottement intérieur d'éprouvettés unidirectionnellesfibres aramides/matrice résine époxyde en flexion ondulée
de basse fréquence.

DAMAGE, FATIGUE, FRACTURE.—-Thedamping ratio increase as an indication of damage in composite-


materials under cyclic loadings.
An increase in the damping ratio can.be related to an increase in miçrostructuraldamage of materials. It is
interesting to notice that tins paramëter would be well suited to mohitor the mechànical properti.es of fiber
reinforced and polymer matrix composites. We présent the évolution of the damping ratio of unidirectional
àramid fiberslépoxy matrix laminâtes sûbjected to cyclic ondulated loadings in three points bending.

-
1. INTRODUCTION. Quelques auteurs ont précédemment abordé la corrélation entre
—-
ehdommagementet variations dé frottement intérieur pour les composites à fibres longues
et matrice polymère et ont proposé d'utiliser la mesure du frottement intérieur pour le
suivi de la dégradation des structures composites par fatigue ([1] à [5]).
Nous constatons cependant que cette voie d'analyse et dé modélisation de l'endommage-
ment par fatigue de cette famille de composites est actuellement peu développée. La
caractérisâtion est pféféréntiéilement abordée par le biais de la décroissance des rigidités
apparentes ([6], [7]). Cette situation est liée à la complexité des mécanismes de dissipation
de cette catégorie de matériaux et donc à la difficulté de la modélisation mécanique [8],
Il est indéniable que les caractéristiquesdynamiques du comportement, en particulier
le frottement intérieur [9], sont des paramètres mécaniques privilégiés. Notre objectif
est ici de souligner l'intérêt du suivi du frottement intérieur sur le plan strictement
phénoménologique, notamment par rapport au suivi de la raideur apparente.
2. CONDITIONSEXPÉRIMENTALES. —
L'étude porte sur un stratifié unidirectionnel de huit couches à fibres
aramides (Kevlar49) et matrice résine époxyde (R 98 SNPE) fabriquée par la Société nationale des Poudres et
Explosifs. Le choix d'un matériau unidirectionnelrésulte de ce qu'il s'agit de l'élément constitutif de base des
plaques stratifiées. Le choix du renfort est justifié par le fait que les fibres aramides:possèdent un frottement
intérieur in situ élevé [10]; par suite une précision raisonnable sur l'évolution du frottement intérieur pouvait
:être raisonnablement attendue compte tenu des conditions expérimentales.
Il est à noter que la plus grande partie des travaux publiés concerne la corrélation entre frottement intérieur
et densité de fissures des couches transverses de stratifiés croisés [8] et n'aborde pas la contribution de
l'endommagement des couches longitudinales à l'évolution du frottement intérieur global. Cette contribution
est importante dans le cas de la fibre aramide étudiée.
; Les tests de-fatigùe sont réalisés en flexion trois points ondulée. Cet essai réalise un compromis entre une
sollicitation complexe endommageanteà laquelle peut être soumis un matériau et une configuration appropriée
à la caractérisâtion mécanique, Les avantages par rapport à la flexion alternée sont de limiter l'abrasion à
l'aplomb des appuis et de permettre une première analyse des causes de l'endommagementmacroscopique. La
localisation de l'endommagementliée à la non-homogénéitéet à la nature (compression ou traction) du champ
des contraintes est un élément favorable à la modélisation mécanique ultérieure.
:"-."'Les'éprduvéttes ont pour dimensions moyennes 80x 10x2 mm; le taux des fibres volumique est 0,68 + 0,03,
lé module d'Young déterminé en flexion statique est 60,0 + 3,0 GPa et là contrainte de rupture en flexion
560+30 MPa. Elles sont fatiguées à flèche sinusoïdaleimposée à la fréquence 1,66 Hz constante, à température
et humidité ambiantes. L'élancement est égal à 32 (norme ASTMD 790 71). Pendant l'essai l'éprouvette est
périodiquementéprouvée sur un pendule de flexion composé (1 Hz) qui permet le calcul de la rigidité en flexion
et du frottement intérieur [11]. Les tests de caractérisâtion sont donc réalisés dans une configuration

,0249-6305/85/03011091 S 2.0Ô © Académie des Sciences


C. R., 1985,2e Semestre(T.301) Série H — 78
1092 C. R. Acad. Se.-Paris, t. 301, Série H, n° 15, 1985

Fig. 1. — il fonction de N
pour différentes flèches maximales :
1 mm (V), 2 mm (Y), 3 mm (A), 4 mm (A).
Fig. 1. — r| versus N for différent maximal deflections:
1 mm (V), 2 mm (If), 3 mm (A), 4 mm (A).

Fig. 2. — ri en fonction de l'amplitude de la flèche imposée pour N = 102.


Fig. 2. — r\ versus the amplitude ofthe deflectionfor N=102.

mécanique cohérente avec celle des essais de fatigue; la procédure nécessite le démontage et le remontage de
l'échantillonpériodiquement tout au long de l'essai de fatigue.
Quatre séries d'expériences correspondant respectivement aux flèches maximales 1, 2, 3 et 4 mm ont été
menées. Chaque série comprend trois éprouvettes. La flèche 2 mm correspond à 60 % de la charge initiale de
rupture, et 4 mm à 90 % environ de cette même charge initiale; pendant les essais se produit une relaxation de
l'effort qu'il ne nous a pas été possibled'évaluer de façon significative.
3. RÉSULTATS. — La figure 1 présente l'évolution de t], accroissement du frottement
intérieur à partir de la valeur initiale mesurée dans les mêmes conditions, en fonction du
nombre de cycles N.
Malgré une dispersion importante (mais couramment obtenue lors de tests de composi-
tes) de l'ordre de 15 % il apparaît que r\ est une fonction croissante de N à flèche
maximale fixée. Le niveau initial de frottement intérieur est (20 + 5). 10 ~ 3; ce domaine
comprend la valeur 17.10- 3 donnée par le fournisseur. L'accroissement irréversible du
frottement intérieur est lié à l'endommagement des échantillons; il croît de façon impor-
tante pendant les premiers cycles ce qui indiquequ'il s'agit d'un paramètre phénoménologi-
que a priori susceptible d'être introduit dans un calcul prévisionnel de durée de vie.
L'évolution de la raideur en flexion n'est pas significative pour N^IO2 et une flèche
maximale inférieure ou égale à 3 mm; une décroissance de 20 % est enregistrée entre 104
et 105 cycles pour une flèche de 3 mm.
L'analysestatistique de l'ensemble des valeurs expérimentales montre que la dépendance
r\ (N) pour N ^ 102 peut être approchée par une fonction linéaire de log N de pente
indépendante de la flèche maximale de façon significative. Une telle description constitue
une base particulièrementintéressante en vue de fonder ultérieurement un modèle prévi-
sionnel du calcul du nombre des cycles à la rupture.
L'évolution de ri avec l'amplitude de la flèche maximale ( fig. 2) met clairement en
évidence la sensibilité très importante de ce paramètre; il paraît raisonnable d'approcher
tales.

:
C. R, Acad. Se. Paris, t. 301^ Série H, n° 15, 1985 1093

cette évolution par une droite passant par l'origine comptetenu des incertitudes expérimen-

Il est indispensable de caractériser les mécanismes d'endommagement et de rechercher


leur signature dynamique en vue de cerner le champ d'applications potentielles de la
méthode. Lés difficultés rencontrées à propos d'autres techniques attestent de la com-
plexité de là tâche.
Dans le cas présent aucune caractérisâtion des modifications structurales du matériau
n'a été effectuée. Ce que nous savons du comportement de la fibre de Kevlar 49 in situ
nous permet néanmoins de penser que l'accroissementdu frottement intérieur serait dû à
l'endommagement des fibres, puis de la matrice, dans la zone en compression au voisinage
de l'appui central [12]. L'observation visuelle a permis de détecter la fissuration transver-
sale de l'intradosà proximité de la zone centrale pour TSf> 102, c'est-à-dire après l'accroisse-
ment initial de frottement.
4. CONCLUSION. — Dans la configuration étudiée, le frottement intérieur global apparaît
comme un paramètre mécaniqueparticulièrement sensible à la dégradation microstructu-
rale du matériau. Il est vraisemblable que l'accroissementdu frottement soit caractéristi-
que de la médiocre résistance en compression de la fibre aramide.
A notre connaissance aucune; modélisation de l'endommagement des stratifiés ne
s'appuie sur le frottement intérieur, ou, de façon plus générale, sur les caractéristiques
dynamiques. Il est essentiel qu'une telle modélisation se fonde sur une bonne représenta-
tion du comportement viscoélastique non vieillissant et rende compte de façon satisfai-
sante de l'ahisotropie de comportement.
Remise le 5 novembre 1984, acceptée après révision le 4 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Ecole nationale supérieure des Mines de Saint-Étienné,
cours Fauriel, 52023 Saint-ÉtienneCedex.
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985 1095

MÉCANIQUE DES FLUIDES.


— Chaos lagrangien pour une classe d'écoulements de
Beltrami. Note de Jean-Luc Gautero, présentée par Jean Leray.

On applique la technique de Melnikov pour établir l'existence de solutions chaotiques du système


x=Asinz+ Ccosj'; >> = Bsinx+ Acosz; z = Csin^+ Bcosx, qui régit le mouvement de particules fluides dans
les écoulementsde Beltrami dits ABC introduits par Arnold (1965).

MECHANICS OF FLUIDS. — Lagrangian chaos for a class of Beltrami flows.


Melnikovs technique is applied to establish the existence ofchaotic solutions for the System x = Asinz+ Ccosj;
j>=Bsinx + Acosz; z = Csin y +Bcosx, which controls the motion of fluid particles in Beltrami flows named
ABC introduced by Arnold (1965).

Sans être turbulents dans le sens traditionnel, il arrive que certains écoulements
stationnaires tridimensionnels présentent une « turbulence lagrangienne » : en suivant
les lignes de courant, des particules de fluide initialement proches peuvent s'éloigner
exponentiellementau cours du temps; toute prédiction sur la position de telles particules
pour des temps longs est ainsi rendue impossible. Une telle situation peut considérable-
ment accroître le transport : Aref a montré que des écoulements bidimensionnelspériodi-
que en temps de structure très simple peuvent avoir des trajectoires lagrangienneschaoti-
ques et, de ce fait peuvent diffuser très efficacement un scalaire passif [1]. Arnold,
Zel'dovich et Ruzmaikin signalent que le chaos dans les lignes de courant d'un écoulement
tridimensionnelinfiniment conducteur conduit à une croissance exponentielled'un champ
magnétique [2].
Cette « turbulence lagrangienne» peut intervenir alors même que la représentation en
coordonnées eulériennes de l'écoulement est très simple. Arnold [3] a introduit une
classe d'écoulements pour laquelle il conjecturait des trajectoires chaotiques; il s'agit des
écoulements donnés par :

qui possèdent la propriété de Beltrami et sont des solutions exactes de l'équation d'Euler.
Des expériences numériques de Hénon [4] ont en effet montré la présence de chaos dans
le cas particulier A= /3; B = 2; C=l. Indépendamment, Childress [5] a introduit le cas
particulier A=B = C=1, comme modèle pour l'effet dynamo cinématique. Plus récem-
ment, Dombre et coll. [6] ont présenté un panorama des connaissances actuelles sur cette
classe d'écoulements, qu'ils ont proposé d'appeler ABC (Arnold-Beltrami-Childress).Ils
ont montré par des expériences numériques et par la technique du test de méromorphie
de Painlevé que ces écoulements ne sont sans doute intégrables que lorsque l'un au moins
des coefficients A, B ou C s'annule.
Nous nous proposons ici de démontrer que ces écoulements présentent effectivement
de la turbulencelagrangiennelorsque l'un des coefficients est petit. En raison des symétries
présentées par le système, on peut se ramener au cas 0 ^ C < B < A, et donc prendre C
comme petit paramètre.
Lorsque C s'annule, on est ramené à un système intégrable en (x, z), dont l'hamiltonien
est :

0249-6305/85/03011095 S 2.00 © Académie des Sciences


1096 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n" .15, 1985

dont les solutions peuvent être obtenues par quadrature à l'aide d'intégrales elliptiques;
la composante v de la vitesse est alors constante sur les trajectoires. En projection sur le
plan (x, z), ce système présente un réseau de centres, aux points de coordonnées :

et de points fixes hyperboliques, de coordonnées :

Les orbites issues de ces points fixes hyperboliques sont des orbites homoclines dès lors
que l'on identifie deux points distants d'une période suivant l'axe des x-.'
On va étudier ce qui se passe lorsque C, au lieu d'être nul, est un petit paramètre s
tendant vers zéro. Cette étude va être menée à l'aide de la méthode de Melnikov.
Introduite par Melnikov [7], développée par Holmes et Marsden [8], décrite en détail par
Guckenheimer et Holmes [9], cette méthode permet de rendre compte du comportement
d'un système dynamique dépendant d'un paramètre à proximité d'une valeur de ce
paramètre pour laquelle le système est intégrable et présente des orbites homoclines. Elle
a été récemment utilisée, notamment, par Koiller, pour l'étude de la stabilité de systèmes
de pendules couplés [10].
Étant donné un système bidimensionnelpériodique en temps :

possédant pour 8 = 0 une orbite homocline q°(t) issue d'un point fixe hyperbolique p°,
on définit ce qu'on appelle la fonction de Melnikov du système par :

La distance de séparation des variétés stable et instable de la section de Poincàré à t au


voisinage de q° (0) admet pour s tendant vers zéro un développement dont le terme
principal est d'ordre 8 fois M (t), le terme suivant étant d'ordre s2; si donc, pour epsilon
suffisamment petit, M présente un zéro simple à t = t*, cette distance présente également
un zéro simple pour une valeur proche de t* : les variétés stable et instable se coupent
alors transversalement pour toutes les valeurs de t, toutes les sections de Poincaré étant
équivalentes. Ceci impose à la variété instable de se replier indéfiniment sur elle-même,
d'où l'apparition de chaos dans les lignes de courant.
Le problème que nous considérons n'est pas exactement sous la forme (3), Pour l'y
ramener, il suffit de prendre;^ comme temps, et d'exprimer x et z en-fonction de y, ce
qui donne le système :

où l'on a noté ' les dérivées par rapport à y pour les distinguer des dérivées d'origine par
rapport à t.
Pour le système non perturbé (s=0), Fhamiltonien est maintenant :
C. R. Acad. Se. Paris, (. 301, Série II, n° 15, 1985 1097

l'expression B sin x + A cos z reste ainsi constante sur les trajectoires. Le réseau;de
centres et de points fixes hyperboliques reste inchangé; les orbites homoclines subsistent.
On peut donc appliquer la méthode de Melnikov. La fonction de Melnikov d'une orbite
homocline est donnée par :

où (x° (x), zQ:(?c)) décrit l'orbite hombeliné considérée.


Plus suriplementjOnpeutécrire:

d'où, à l'aide de formulés de trigonométrie élémentaires : x:::r:.'x:

La fonction de Melhikbv présente donc toujours un zéro simple, quelles que soient les
valeurs des paramétrés:A et B, comme combinaison linéaire sans terme constant du
cosinus et du sinus d'une même variable.
Considérons plus particulièrement une orbite qui joint ( — n/2, 0) à (37t/2, 0). Soit
(0) =n[2; lesasymétries du problème impliquent :

La fonction de MeMikov se réécrit alors :

Elle s'annule donc toujours indépendamment des valeurs des paramètres A et B pour
y—0, On obtient le même résultat pour une orbite qui joint::

Les résultats pour les autres orbites s'en déduisent par symétrie et périodicité.
On a ainsi montré que dans le système ABC lorsque l'un des paramètres est petit les
variétés stable et instable présentent une intersection transverse et donc une infinité
d'intersections. Le chaos qui apparaît ainsi fournit un mécanisme efficace de mixion des:
particules de fluide.
Je remercie U. Frisch, dont les conseils m'ont été d'une aide précieuse.
Reçue le 12 août 1985, acceptée le 16 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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1098 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 15,1985

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, y

Observatoire de Nice, B.P. n° 139, 06003 Nice Cedex.


C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985 1099

PHYSIQUE STATISTIQUE. — Élude expérimentale et modélisation du comportement


mécanique d'un réseau percolant réel. Note de Laurent Limât, présentée par Pierre-Gilles
de Gennes.

Cette Note présente un modèle permettant d'interpréter quantitativement les propriétés mécaniques d'un
grillage dont les sites sont aléatoirement retirés. La comparaison de ce modèle avec des travaux théoriques
récents est également discutée.

STATISTICAL PHYS1CS. — Expérimental study and modeling of the mechanical behaviour of a real
percolating grid.
This Note présents a model which predicts quanlilatively the mechanical properties of i grid whose sites are
removed at random. The comparison between this model and récent theorelical works is discussed.

L'étude des propriétés mécaniques en percolation a fait récemment l'objet de nombreux


travaux théoriques ([1] à [4]). En confrontant ces modèles théoriques aux résultats expéri-
mentaux que nous avons obtenus sur un grillage en nid d'abeille [5], il est apparu qu'aucun
d'eux ne permettait de rendre compte précisément des variations observées. J'ai donc
développé un nouveau modèle qui, décrivant différemmentla propagation des moments
fléchissant, conduit à une très bonne prédiction du comportement observé expérimentale-
ment. Le grillage utilisé et le dispositif nous permettant de mesurer le module d'Young
sont schématisés sur la figure 1. La variation du module lorsque les sites sont supprimés
de manière aléatoire est comparée à la variation de la conductanceG. Celle-ci est simulée
par un programme informatique dont je rappelle tout d'abord le principe.
L'état de chaque site existant du réseau est caractérisé par son potentiel électrique V;
(imposé pour les sites du sommet et de la base). Ces potentiels sont solution des
équations :

où gii désigne la conductance du lien(z", j) entre deux sites proches voisins. Ces équations
s'obtiennent en minimisant l'énergie: U=(l/2) Y^Sui^t— Y;)2 Par rapport à V;. La
(ij)
méthode classique de surrelaxation consiste à recalculer par itérations successives les
potentiels à l'aide de la relation (1) jusqu'à stabilisation de la jconductance G déduite de
l'énergie par la relation U=(l/2) GV2 où V est la d.d.p. imposée.
Une démarche analogue peut être suivie pour résoudre le problème mécanique. Cepen-
dant l'expression de l'énergie n'est pas aussi triviale que dans le cas électrique et passe
par une modélisation. Par exemple, Y. Kantor et I. Webman [3] puis D. J. Bergmann [4]
ont utilisé le modèle schématisé sur la figure 2d. Dans celui-ci, la cohésion du réseau
hexagonal est assurée par des rappels élastiques symbolisés par des ressorts longitudinaux
et angulaires. En vue de décrire notre système expérimental, il m'est apparu plus adapté
de faire une modélisation prenant en compte la mécanique des plaques liant les différents
sites. Comme suggéré sur la figure 2 a, l'état d'un site est représenté par trois coordonnées
(Sx,-, 8y;, ôOf) respectivement déplacements et rotation du noeud i (qui traduisent la conti-
nuité des déformations aux raccords entre plaques). Les faibles déformations de la
plaque (i, j) reliant les sites i et j voisins se décompose en un allongement 5r^- et une
flexion, sous l'action des efforts normaux et des moments.fléchissants exercés aux
extrémités.

0249-6305/85/03011099 S 2.00 © Académiedes Sciences


1100 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série LT, n° 15, 1985

Fig. 1. — (a) Schéma de l'expérience. Le déplacement5>< imposé à l'armature haute se traduit par une force F
exercée et mesurée sur l'armature basse asservie. La pente de la droite de charge K=<?F/dv, raideur du
grillage, est proportionnelle à son module d'Young effectif, les déplacementssuivant x étant libres au contact
des armatures. (6) Les caractéristiques géométriques de la structure utilisée sont les suivantes : 60~50°;
Lj=:2,9mm; L2c=2,4mm; 6 = 15mm; /i2 = 2/i,=0,lmm.
ïïg-l- (") Schematic diagràm of the experiment: The displacement 5v imposed to the upside armature,

produces a force F exerted and measured on the other one. The quantity K=dF/dy is proportional to the
Young modulus of the grid because the x-displacements are free on the armatures, (b) The geometrical
characteristicof the grid are: 90^50°; L,^2.9mm; h2^2.4mm; h = \5mm; h2 = 2hx=0.\mm.

Essayons tout d'abord de modéliser ces déformations par des ressorts longitudinaux et
angulaires, comme suggéré figure 2b. Avec les notations utilisées sur celle-ci, l'énergie
élastique se met sous la forme :

La minimisation de cette expression (principe des travaux virtuels) par rapport aux
variables xt, yt, G;, notées a,, conduit à trois équations de la forme :

Les coefficients Jjj nuls lorsque le voisin j est absent, dépendent des paramètres géométri-
ques de la grille, Ll5 L2 et 0O (fig. 1), et des raideurs Kl5 Cu K2, C2 associées aux liens
obliques et horizontaux. L'invariance par translation impose Jp= £
Jp.. pour $ = x et
j <.P"i)
y. Les équations (3) permettent le calcul itératif des (ôx;, ô>;, 88;) jusqu'à stabilisation de
la raideur K du grillage (proportionnelle à son module d'Young), déduite de l'énergie
par la relation U = (l/2)Kô>2, où 8y est le déplacement de compression imposé. Ces

EXPLICATIONS DE LA PLANCHE

Fig. 2. Les différents modèles évoqués dans cette Note. Les équivalences (a<s-c) et (b<*>d) sont démontrées

sous réserve des relations C^ = CyCa./(C,,.+Ctt+ Ca); Ky=E6fcy/Ly; C^B*bhffih^ E*=E/(l-rt2) (E,
module d'Young du métal; r\, coefficient de Poisson).
o
Fig. 2. — Différent models presented in this Note. We show the équivalences(a<s-c) and (b d) provided thaf
Cji^CyC^Cy+C^+ Q,); K0.=E«!y/L0.; C„=E*6*^/2L„, where E* = E/(l-r|2) (E is the Young modulus
and r\ the Poisson ratio of the métal).
Fig. 3. — La variation du module d'Youngmesuré(O), en fonction du nombre n de sites retirés à la structure
de la figure 1, est comparée à la conductance simulée (.
(— © —) et (b) et (d) (-- © --), pour un tirage donné.
..©...) et aux prévisions des modèles(a) et (c)
Fig. 3. -The variation of the measured Young modulus (O) versus the number n of sites removed from the
structure of the Figure 1, is compared to the simulated conductance (. ® . . .) and to the prédictions ofthe
models (a) and (c) (- -)
© and (b) and (d)(— © --). . .
PLANCHEI/PLATE I LAURENT LIMAT
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985 1103

trois équations établies pour a = x, y et 9, expriment en fait l'équilibre mécanique des


sites sous Faction des forces et des moments transmis par les liens. Intéressons-nous plus
particulièrement à la dernière qui exprime l'équilibre du noeud i du point de vue des
moments. Avec les notations de la figure 2 b, elle s'écrit :

Cette relation permet l'élimination des variables50,- qui s'expriment en fonction des
déplacements ôx;j- = 5x; — Sx,- et 5v,J = 8>!;—8jy. Ceci est dû à l'absence de couplages avec
les rotations 59,- des noeuds voisins. L'expression du moment exercé en i sur la barre (i,j)
devient alors : . , :

Cette expression est identique à celle donnée par le modèle de la figure 2 d, sous réserve
des relations Cjik = CjjCik/(CiJ + Cik + Cil). Le modèle proposé n'est donc autre que celui
de Y. Kantor et coll. Cependant, l'intérêt de cette présentation vient de ce que Fhamilto-
nien utilisé ne fait intervenir que les plus proches voisins, ce qui simplifie considérablement
le programme de simulation numérique(x).
Revenons au problème de plaques élastiques. Dans une approche simplifiée, analogue
à celle utilisée usuellement pour les poutres [6], l'énergie se répartit entre une traction
uniforme, et une flexion associée à une variation linéaire du moment fléchissant le long
de(W):

E désigne le module d'Young du métal, Iy le moment d'inertie Iy=6/i?-/12 et cp:(s)Ua


rotation locale de la plaque dans le plan (xy). La flexion dans l'autre direction est bloquée
de sorte que E est remplacé [7] dans le terme de flexion par E* = E/(1 — r\ 2) où T] est: le
coefficient de Poisson du métal. Après calcul de la déformée, avec 5ry-, 59,- et 89^ comme
paramètres, l'énergie du grillage se met sous la forme :

;Les deux premiers termes réprésentent une énergie typé ressorts déjà rencontrée, avec

introduit un couplage répulsif entre les rotations de noeuds voisins qui tend à les faire
^tourner en sens contraire comme suggéré sur la figure 2 a. Il peut être symbolisé (fig. 2c)
par uû ressort fictif dé raideur négative. Les équations d'équilibre déduites de cette
expression sont identiques pour a—x etj>. Par contre le couplage répulsif modifie légère-
ment l'équation en a=9, rendant impossible l'élimination de la variable 89;, qui conduit
au modèle de Y. Kantor et coll. Ceci signifie que la propagation des forces dans la
structure s'effectue de manière: identique dans les deux modèles mais que la propagation
dès moriiehtsfléchissants est différente^
Il existe un cas trivial où fes deux modèles donnent cependant le même résultat. Dans
le cas de la compression uniforme de la structure intacte schématisée figure 1, on a
1104 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985

89; = 89=0. On peut montrer que la raideur du grillage se met sous la forme :

où K1; L1 et C1 sont associés aux liens obliques (K1 = EbhJL1 et C1 = E*bhl/2L1) qui
sont répartis en Nx colonnes de Ny liens (ci. fig. 1). Dans le cas de notre expérience, le
rapport sans dimension p=K1L2/C1=2(l—rj 2) (LJ/ijJ2 est de l'ordre de 104, de sorte
que le grillage ne travaille qu'en flexion (2).
Des résultats expérimentauxobtenus sur un échantillon réduit (Nx=Nj.= 10), pour un
tirage aléatoire donné sont portés sur la figure 3. Ces résultats sont comparés avec des
simulations de la conductance et du module d'Young prévu par les deux modèles, pour
le même tirage. On observe, en bon accord avec les travaux théoriques cités ([3], [4]),
une décroissance du module élastique plus rapide que celle de la conductance. Les
comportements prévus par les deux modèles sont voisins, ce qui n'est pas surprenant
compte tenu de leur parenté, mais seul le modèle de flexion de plaque rend parfaitement
compte de l'expérience.
Cette étude a été réalisée sur un échantillon de taille assez réduite. Elle suffit cependant
pour illustrer un point très important en mécanique des systèmes aléatoires : chaque
système réel est caractérisé par un modèle particulier différent, et il apparaît fondamental
de pouvoir mettre eh évidence lés similitudes et les différences entre chacun d'eux.
Cette Note doit beaucoup aux conseils de C. Allain et de J. C. Charmet.
(*) Les expressionsdes Cjik à partir des Cy contiennent implicitementla contribution de Ckij et Cja à Ck!l en
cas de coupure du lien(i, j).
( 2) La situation est différente en géométrie carrée, pour laquelle une étude complémentaire de l'influence de
ce rapport est en cours [8].
Remise le 23 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
.

S. FENG et P. N. SEN, Phys. Rev. Lett., 52, 1984, p. 216-219.


[1]
S. FENG, P. N. SEN, B. I. HALPERTN et C. J. LOBB, Phys.'Riev.B, 30, 1984, p. 5386-5389.
[2]
Y. KANTOR et I. WEBMAN, Phys. Rev. Lett., 52, 1984, p. .1891-1894.
[3]
D. J. BERGMAN, Phys. Rev.B,3\, 1985, p. 1696-1698.
[4] .'' .:
C. ALLAIN, 3.C. CHARMET, M. CLÉMENT et L. LIMÂT, Phys. Rev.B
[5] ... (à paraître).
[6] S. TIMOSHENKO et D. H. YOUNG, Théorie des constructions, Paris et Liège, Librairie polytechnique
Ch. Bérangerj 1945, par. 37.
[7] S. TIMOSHENKO, Théorie de l'élasticité,Paris et Liège, Librairie polytechnique Ch. Béranger, 1949, par. 71.
[8] S. Roux et E. GUYON (à paraître).

L.H.M.P., E.S.P.C.I. Équipe de Recherche associée au C.N.R.S., n° 857,


10, rue Vauquelin, 75231 Paris Cedex 05.
C. R. Acad. Sc Paris t 301, Sérié II, n° 15, 1985 1105

PHÉNOMÈNES DE TRANSPORT.
x.- — Un nouveau dispositifd'observation holographi-
que eh temps réel. Noté de Yves Bernard, Marie-Claire Robert e Lefaucheux,:
présentée par Jean Wyart. : "

-'TJn dispositif, compact permettantTbbsèrvationdans deux directions perpendiculaires-,a été réalisé; il a permis
l'étude de la nùcléatîon et la croïssahcéde cristaux en milieux convectif et diffusif, "...

TRANSPORT PHENOMÈNA: ^-- À new simple device for holographie observation in real time.
HolographieInterferometryallows onetofollowtransparent média sûrrouhding a çrysial.during itsgrowth.. The
device which lias been developped lets one to visualize in two pérpëndicular directions either the crystal or the
surroundihgMédium, With this àpparatus, nucleation and growth hâve been followed in two cases: solution,
growth with.possible conveçtion movements and gel growth where mass transfer occurs[only by diffusion, so strohg
différences are. observed. [
-

L'holographie interférentielle en temps réel permet de suivre l'évolution de milieux


transparents tels que ceux utilisés en croissance cristalline. Les variations d'indice qu'on
met en évidence correspondent aux variations de concentration dues à un transfert de
matière vers le cristal. Ce transfert dépend du type de croissance envisagé même si on se
limite à la croissance en solution : si cette croissance a lieu en solution libre, des
mouvements convectifs sont possibles alors que, si on opère une croissance en gel,
c'est-à-dire dans laquelle la solution est bloquée par un gel, la croissance s'effectue
obligatoirement par diffusion [1]. La croissance en gel présente d'autres caractéristiques
intéressantes, notamment le fait que le gel soutient le cristal en croissance, ainsi celui-ci
pousse là où il a nucléé sans contrainte, sans variation brusque de sursaturation; dé tels
sauts de concentration pouvant être à l'origine de dislocations, il est intéressant de
pouvoir les supprimer. :
L'holographie interférentielle classique ne permet qu'une vue à deux dimensions du
milieu de croissance. Pour reconstituer point par point des variations d'indice, il faut
recourir à l'holographie multidirectionnelle[2], ce qui suppose des temps de calcul assez
longs, un dispositif d'observation complexe et ne permet, jusqu'à maintenant, d'explorer
qu'un domaine angulaire limité (de l'ordre de 60°). C'est pourquoi nous proposons un
dispositif qui, en fournissant des vues simultanées du milieu de croissance dans deux
directions perpendiculaires, permet d'obtenir des informations à trois dimensions.
HOLIDDO. — La figure 1 présente un schéma de ce dispositif holographi-'.,
DISPOSITIF
que. Le faisceau laser est divisé grâce à un cube séparateur S en deux faisceaux tombant
perpendiculairement sur la cellule de croissance. La séparation entre faisceau objet O et
faisceau de référence R se fait seulement au niveau de la cellule, ce qui confère à
l'ensemble une très bonne stabilité. Les hologrammes HA, HB enregistrés aux temps tl5 t2
sur films holographiques 35 mm conduisent à un volume observable de 24 x 24 x 36 mm3.
L'encombrement de cet appareil est minime ( fig. 1) comparé aux montages classiques. Il
est possible de faire de l'holographie en temps réel en prenant deux hologrammes de
référence HA et HB; après développement et replacement de ceux-ci l'évolution du milieu
est suivie en prenant des interférogrammes au travers de ces deux hologrammes. On
obtient ainsi des vues par HOLographie Interférentielle dans Deux Directions d'Observa-
tion (d'où le nom du dispositif HOLIDDO).

0249-6305/85/03011105 S 2.00 © Académie des Sciences


C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série n, n° 15, 1985

Fig. 1. Le dispositif HOLIDDO : S, cube séparateur; A et B, les deux faisceaux perpendiculaires;



O et R, faisceau objet et faisceau de référence; C, cellule de croissance; HA, HB, hologrammes.
Fig. 1. — HOLIDDO System; S, beam splitter; A and B, the two perpendicular beams;
O and R: object and référence beams: C. growth cell; HA. H,s. holograms.

OBSERVATION D'UNE CROISSANCE A LAIDE DU MONTAGE HOLIDDO. — Ce montage a


permis de suivre la croissance de cristaux d'ADP (NH4H2PQ4), d'une part en solution
libre, d'autre part en gel. Dans les deux cas, la croissance a eu lieu en solution par
abaissement de température. Dans le cas d'une solution libre, on opère en présence d'un
germe, à faible sursaturation pour éviter les nucléations parasites. En gel, la croissance a
lieu à partir d'une nucléation spontanée, celle-ci restant en place. Le gel utilisé est le gel
de silice (TMS), obtenu en ajoutant 5 % de tétraméthoxysilaneà la solution de croissance.
La figure 2 montre des interférogrammes obtenus dans les deux cas. En solution
( fig. 2 c, d) le germe a été choisi asymétrique de façon à bien mettre en évidence la forme
des courants de convection (P). En effet, quand le cristal pousse, la solution à son contact
s'appauvrit, donc devient plus légère; il s'installe alors des courants convectifs entre le

EXPLICATIONSDE LA FIGURE 2

Fig. 2. — Cristaux d'ADP observés par le dispositif HOLIDDO dans deux directions perpendiculaires : (à) et
(b) cristaux en gel; (c) et (d) cristaux en solution.
Fig. 2. — ADP crystals seen through HOLIDDO in two perpendicular directions: (a) and (b) gel grown crystals;
(c) and (d) solution grown crystals.
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985 1107

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II —79


1108 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série H, n° 15, 1985

cristal et le haut du récipient [3]. Les variations de concentration, dues à la croissance,


entraînent la formation des franges à là partie supérieure du liquide. De plus, on remarque
des franges plus nombreuses au voisinage des faces pyramidales. Ceci est dû à la différence
de vitesse de croissance entre les faces pyramidales (plus rapides) et les faces prismatiques.
La situation est complètement différente en gel: chaque cristal est entouré par une
coquille à peu près sphérique comme on peut le voir sur les deux vues perpendiculaires
(fig, 2a, b). Le transfert de matière se fait localement autour de chaque noyau, car il
s'effectue uniquement par diffusion; Il n'intéresse pas tout le liquide comme dans le cas
précédent. Tant qu'on peut considérer ces coquilles comme sphériques, il est possible
&d'en déduire les variations de concentration induites. Ce calcul est en cours. Il est à noter
que ces deux vues perpendiculaires permettent de localiser un cristal dans la cellule de
croissance (cristaux t, r, s, fig, 2 a, b).
CONCLUSION.

Ce dispositifd'interférométrie holographique à la fois stable et compact
a permis de suivre selon deux directions perpendiculaires, nucléation et croissance, dans
des milieux transparents. On a ainsi pu montrer l'existence de sphères de diffusion autour
de cristaux en croissance, dans le cas des milieux purement diffusifs. De tels milieux
diffusifs existent dans un environnement de microgravité pour lequel un tel dispositif
apporterait des renseignements précieux.
Remise le "23 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] Y. BERNARD, F. LEFAUCHEUX, S. GITS et M. C. ROBERT, Comptes rendus, 295, série II, 1982,
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[2] F. BEDARIDA, P. BOCCACCI, L. ZEFIRO et C. PONTIGGIA, Physicochemical Hydrodynamics, 4, n° 2, 1981,
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[3] P. S. CHEN, P. J. SHLICHTA,.W, R. WILCOX et R. A. LEEEVER, J. Cryst:Growth, 47, 1979, p. 43-60.

Laboratoire de Minéralogie-Cristallographieassocié au C.N.R.S.,


Universités Pierre-et-Marie-Curieet Paris-VII,
Tour ri° 16, 4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05,
CR. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985 1109

RESONANCE MAGNETIQUE. -^ Imagerie de diffusion in vivo par résonance magnéti-


que nucléaire, Note de Denis Le Bihan et Éric Breton, présentée par Anatole Abragam.

Les auteurs présentent un.procédé original d'imagerie par résonance magnétique nucléaire donnant là
distribution spatiale calculée, des coefficients de diffusion moléculaire, à partir de deux séquences d'acquisition.
L'une est très peu sensible à la diffusion, l'autre y est sensibilisée à l'aide d'impulsions de gradients de champ
magnétique appropriées.

MAGNETICRESONANCE.— In vivo magnetic résonance imaging of diffusion,


The authors présent an original nuclear. [magnetic résonance imaging method to obtain a calculated spatial
distribution of molecular self-diffusion coefficients, using two acquisition séquences. The diffusion has very Utile
effect on thé first one, whtte the second one is sensitized to it by using appropriate magnetic field gradient pulsesj

Dans leur travail de référence[1], Stejskal et Tanner, reprenant un formalisme dû à


Abragam [2], ont établi la loi d'atténuation du signal d'écho A (TE)/À (0) due à la diffusion
des spins en présence d'un gradient de champ magnétique variable G (t) au cours d'une
séquence d'échos de spins de temps d'échoTE :

avec y=rapport gyromagnétique, D=coefficient de diffusion :

Ces auteurs ont appliqué(1) au cas particulier de deux impulsions de gradient identi-
ques, symétriques par rapport à l'impulsion 180° de durée 8 et séparées par un intervalle
de temps (A —8). En négligeant les gradients résiduels par rapport à l'intensité G de ces
impulsions, on obtient :

Des mesures précises dès coefficientsde diffusion ont ainsi pu être faites. Les impulsions
de gradients utilisées en Imagerie selonTe procédé 2 DFT de Kumar; Welti et Ernst[3]
(gradient de sélection G s, gradient de lecture G/, gradient de codage de phase Gç)
induisent aussi une atténuation des échos du fait de la diffusion [4]. Toutefois leur nombre
et leur structure ne permettent pas d'utiliser la relation (2).
Récemment, Wesbey et coll. [4] ont proposé une mesure des coefficients de diffusion
en imagerie, déterminés relativement à une référence(r) présente sur l'image. En effet,
d'après(2) :

Le rapportD/Dr est obtenu par régression linéaire entre Log À (TE) et Log A (TE) J" â
partir de N images pour lesquelles le gradient G s usuel est incrémenté de 0 à sa valeur
nominale. Ce-procédé n'est pas simple à mettre en oeuvre en vue d'une application
biomédicale (influence de Gs sur l'épaisseur de coupe, temps d'acquisition, coefficients
connus en valeur relative seulement).
0249-6305/85/03011109 $2.00 © Académie des Sciences .'-"" '../'
1110 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985

Il nous a semblé intéressant de tenter la résolution directe de(l) pour l'ensemble des
impulsions de gradients utilisées en imagerie afin d'obtenir une détermination absolue et
directe des coefficients de diffusion en chaque point de l'image, les paramètres, p (densité
de spins), T1 et T 2 étant éliminés.
PRINCIPE DE LA MÉTHODE. — Les gradients G s, G/ et G,,, étant deux à deux orthogonaux,
leur contribution à (1) peut être calculée isolément selon le schéma de la figure :
gradient de sélection :

impulsions G s et G s' (G s. ds = G s'. ds');

deux impulsions Gp et Gp' (dp = dp') :

gradient de lecture :
- impulsions G / et G /' (G l. dl = G Y. dY) :

gradient de codage de phase :



impulsion G9 :

La relation (1) appliquée à cette séquence d'impulsions peut donc être généralisée en
sommant sur m paires d'impulsions de gradients homologues compensées (Gj, dj et G';,
d'j telles que Gj. dj — G'j. d'j) et pour une séquence multi-écho, le rephasageétant obtenu
C. R. Acad. Sc, Paris t. 301, Série II, n° 15, 1985 1111

à chaque écho :

k=nombre d'échos.
La constante bkm est entièrement déterminée par le calcul. Le problème posé par G^
qui est incrémenté à chaque cycle et n'est pas compensé est résolu si sa contribution à b
est rendue négligeable.
Nous éliminons les effets des paramètres p et T1 et T2 sur le contraste de l'image en
faisant le rapport A(TE')/A(nTE) des signaux de deux images acquises successivement
avec une séquence mono-écho et une séquence an échos à temps de répétition TR
identiques et telles que TE'==nTE.
L'effet de la diffusion est accentué sur la séquencemono-écho par l'utilisation d'impuV
«ions de gradient homologues plus: intenses, plus longues et plus espacées que dans la
séquence muîti-écho. Ces impulsions peuvent être sur un ou plusieurs des axes Gs,. GZ,
Gç, en fonction de la chrection de là diffusion à privilégier.
Sur l'image calculée donnant en chaque point L6g_A(TE')/A(n.TE)xyz, le contraste
ne dépend alors que de la distribution spatiale D(x,v,z): du coefficient de diffusion :

Les coefficients blm et b„m sont calculés par (3).


RÉSULTATS. — La vérification expérimentale de (4) a été établie sur un fantôme
constitué de tubes de 2 cm de diamètre contenant de l'eau et de l'acétone à 25°C. Lès
images protons ont été acquises avec un imageur de 0,35 T avec une matrice de résolution
de 256x256.
Les paramètres de séquence étaient les suivants :

Temps Nombre Temps

Séquence
d'écho
(TE)
d'échos
(n) : TR)
...
de répétition

S1 112ms ; 1 :
1000ms
Sn = S4 ....... .
28ms 4 1000ms

Nous avons choisi d'augmenter les effets de la diffusion sur la séquence S1 par
l'intermédiarré du seul gradient de lecture (G 1=2571Hz/cm, Hz=41ms, d/' = 50,5ms,
17=16,8ms)rLes contributions calculées des différents gradients à l'atténuation du signal
sont les suivantes :

Gradient 6^=2,08.10ss.m- 2 / fc4ra^=l,59.106s.m-2


- -

Lecture........... 99,9% 81,0%

....... ...
Sélection.. 0,3% 4,6%
Phase: 0,8°/00 <14,4%

La contribution de la séquence S 4 est donc négligeable pour la détermination des


coefficients de diffusion.
1112 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série H, n° 15, 1985

Les résultats de cette expérience sont les suivants :

Sn/S1
(mesure D x 109 m2/s D x 109 m2/s
Substance sur image) mesure littérature

Eau :. . 1,62 2,34±10 2,25-2,51(5)


.

Acétone 2,36 4,16+15 -...4,47 (6)

Cette méthode a ensuite été appliquée chez l'Homme (volontaires et patients).


CONCLUSION.

Nous avons présenté un procédé original d'imagerie de diffusion par
RMN. Sa rapidité et sa simplicité de mise en oeuvre nous permettent d'espérer son
application biomédicale dans un grand nombre de cas. La maîtrise des contributions de
chaque impulsion de gradient autorise une détermination quantitative absolue des coeffi-
cients de diffusion en chaque point de l'image.
Brevet n° 85 09824.
Remise le 30 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] E. O. STEJSKAL et J. E. TANNER, /. Chem. Phys., 242, 1965, p. 288-292.


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D. Le B. : Service hospitalierFrédéric-Joliot,
Départementde Biologie du C.E.A.,
Hôpital d'Orsay, 91406 Orsay;
E. B. : Tliomson-CG.R, Département de RMN,
551, rue de la Minière, 78530 Bue.
Ci R. Acad, Se. Paris,-t. SOl^SérieH,>n° 15, 1985 '
:-:l-W3

CHIMIE PHYSIQUE. — Étude vibrationnelle des associations ioniques dans les solvants
aprotiques 8. Télramérisation du thiocyanate de lithium et relation entre associatipn et
désolvatation. Note de Yoo Hang Kirn, Danielle Paoli et Martial Chabanel, présentée par
Jean Barriol.

La spectroscopie infrarouge montre, que les éthers stériquement encombrés figurent parmi les solvants lès
plus associants vis-à-vis de LiSCN. Le terme ultime est le tétramère (LiNCS)4 de structure cubane ainsi que
d'autres agrégats de taille voisine comportant des liaisons Li —S. La formation de (LiNCS)4 à partir de
(LiNCS)2 est fortement endothermique. Les trois étapes qui, dans des solvants de polarité décroissante, font
passer des ions Li+ et SCN" aux différents agrégats (paire d"ions. dimère, tétramère) sont toutes contrôlées
Chaque étape correspond au remplacement
par un terme entropique de l'ordre de (3,5 + 1) R par motif LiSCN.Li'
d'une moléculede solvant de la première couche de solvatation de 1" par un ion SCN-.

PHYSICALCHEMISTRY.— Vibrational study of ionic association in aprotic solvents. 8. The tetrameriza-


tion of lithium thiocyanate and the relation between association and desolvalion.
It lias been shown by infrared spectroscopy thaï slerically hindered ethers are among the most associating
solvents towards LiSCN. The highest associaled species are the cubane like tetramer (LiNCS)A and other
agreggates of similar size which hâve Li—S bonds. The formation of (LiNCS)* from (LiNCS)2 is strongly
endothermic. In solvents of decreasing polarity association between Li* and SCNr gives first the ion pair, then
the aimer and finally the tetramer. Each slep is conlrolled by an entropie term of aboul (3,5+ 1)R per SCN
unit and it corresponds to the replacement of one solvenl molécule by one SCN~ ion in the firsi coordination
shell of Li+.

Les sels en solution dans les solvants peu polaires ne sont pas sous forme d'ions libres,
mais d'agrégats plus ou moins importants. L'étude de ces agrégats permet de combler le
vide qui existe entre la chimie des solutions ioniques et celle des cristaux ioniques et de
leurs solvates. Le rôle joué par les agrégats ioniques en catalyse organique et en électro-
chimie ne peut être ignoré, qu'il soit perçu comme positif ou au contraire gênant selon
les cas. Dans ce travail le thiocyanate de lithium sert de composé modèle pour l'étude
des agrégats ioniques
Dans les solvants de polarité décroissante l'association du thiocyanate de lithium [1]
passe par trois stades principaux successifs :

la paire d'ions LiNCS, (p), qui est un dipôle;

le dimère (LiNCS)2, (d), ou quadrupôle;

le tétramère (LiNCS)4, (t), ou octupôle.
Cette association est d'autant plus avancée que la polarité du solvant est plus basse.
Dans un solvant donné on rencontre au plus deux de ces espèces en équilibre, qui
correspondent à deux stades successifs ci-dessus. Ainsi, en solution diluée, le stade (p)
est observé dans l'acétone, le stade (d) dans les éthers non ramifiés et le stade (t) dans
l'éther isopropylique où LiSCN est très peu soluble. Le passage du stade (d) au stade (t)
dépend dé façon critique de l'encombrement stérique du solvant au voisinage de l'atome
donneur, comme on l'a constaté en modifiant les résidus alkyle des éthers. Si aucun des
résidus alkyle n'est ramifié (éther butylique), c'est Je stade (d) qui est observé; par contre,
si les deux le sont (éther isopropylique), c'est le stade (l). L'équilibre entre les espèces
correspondant aux stades (d) et (r) est observé dans des éthers où un seul des résidus
alkyle est ramifié : Fisopropylpropyl éther (i-PrPrO) et le sec-butyl éth'yl éther (s-BuEtO).
Ces solvants, dont l'encombrement stérique est intermédiaire entre ceux des éthers qui
donnent les espèces à l'état pur, ont donc été utilisés pour l'étude thermodynamique de
la tétramérisation en solution, La solubilité de LiSCN varie en sens inverse de l'encombre-
ment stérique et reste suffisante dans les solvants choisis (~0,4 M).
0249-6305/85/03011113 S 2.00 © Académiedes Sciences
1114 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985

L'étude de l'équilibre d'association de LiSCN a été faite par spectrométrie infrarouge


dans la région v (CN) du groupement SCN. Comme la largeur Av1/2 des bandes varie en
fonction des conditions de concentration et de température l'étude de l'équilibre a été
faite à partir du produit s Av1/2 où s est le coefficient d'extinction molaire. Ceci suppose
que, contrairement à s, l'intensité intégrée molaire reste constante, ce qui se vérifie avec
une bonne précision dans la pratique. Les valeurs de s Av1/2 du dimère et de la paire ont
été obtenues dans des solvants chimiquement voisins, mais où l'une seulement des deux
espèces est présente. Il s'agit de Féther butylique, du diéthoxyéthane et du tertio-butyï
méthyl éther pour le dimère, et de la triéthylamine pour le tétramère. Les valeurs des
fréquences de vibration et de sAv1/2 en mol-1.1.cm- 2 (entre parenthèses) sont indiquées
ci-dessous :

Enfin il existe une proportion non négligeable ( ~ 15 %) d'autres agrégats dont la nature
sera discutée dans la suite. Le domaine de concentration étudié s'étend entre 0,01 et
0,2 M environ et le domaine de température entre 5 et 45°C. Les résultats sont reportés
sur le tableau. Les marges d'erreur tiennent compte de la dispersion statistique et des
erreurs systématiques sur les paramètres spectroscopiques des bandes.
Contrairement au cas de l'équilibre de dimérisation, on n'a pas observé de variation
systématique delà constante de tétramérisation apparente Ken fonction de la concentra-
tion. L'équilibre de tétramérisation est donc plus proche de l'idéalité que celui de
dimérisation, ce qui est probablement dû à l'absence de moment dipolaire des espèces en
présence. Cet équilibre est fortement endothermique, alors que les équilibres de formation
de paire d'ions ou de dimérisation [2] le sont faiblement ou sont même athermiques.
Comme l'indiquent les résultats, la tétramérisation est donc contrôlée par un terme
entropique très important qui provient de la désolvatation, Jackman et Debrosse [3] ont
obtenu des résultats similaires (AH = 43 kJ.mol- 1 et AS = i62.J.K_1.moI_ 1) dans
l'étude par RMN de la désolvatation du tétramère de la lithioisobutyrophénone dans le
dioxolane. Ces valeurs sont très voisines de celles que nous observons pour l'association-
désolvatation de (LiNCS)4,
Les nombres de solvatation spectroscopiques[4] indiquent que les étapes successives
du processus d'association résultent de la compétition entre anion et solvant dans la
première couche de coordination du lithium. Le nombre de coordination de cet ion reste
toujours voisin de 4, et chaque étape du processus d'association libère donc une molécule
de solvant S, notée entre parenthèses sur le schéma ci-dessous où X~ désigne l'ion

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 1. - Corrélation entre logfDEC] et R=log([Li2X2,mDEC]2/[Li4XJ) dans s-BuEtO (X = SCN).


Fig. 1.
- Corrélationbetween \og[DEC] and R=log([Li2X2, mDECfl[LiAXA)in s-BuEtO (X=SCN).
Fig. 2. —' Spectre infrarouge de LiSCN en solution dans s-BuEtO (c = 0,2 M, épaisseur=56 um, rf=dimère,
t=tétramère).
Fig. 2. —
Infrared spectrum of LiSCN in s-BuEtO solution (c=0,2 M, thickness 56 um, d=dimer, t = tetramer).

PLANCHE IPLATE I YOO HANG KIM

TABLEAU

Grandeurs thermodynamiquesde formation de (LiNCS)4


: à partir de (LiNCS)2 à 298K.

The thermodynamic functions offormation of (LiNCS)^


from (LiNCS)2at 298 K.

Solvant

s-BuEtO i-PrPrO

K-(mol_1.I) .:...; .. 60; 17


.:,
AG(kJ.-mpl_ 1)
. .
-10+1 -7+1
AH(kJ.mor 29+6 41+8
...,.,
1)
ASy.mor^K^1)... . :.
.
130+25 165+25
, . .
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985 1117

Les équilibres Correspondant aux étapes (a) et (b) ont été étudiés précédemment,
respectivement dans le diméthylformamide[5] et dans le carbonate de diéthyle (DEC) [2].
Les valeurs de AS notées ci-dessus montrent que chaque processusd'association s'accompa-
gne d'un accroissement d'errtropie d'environ (3,5+1)R par molécule de solvant libéré.
Cette variation d'entropie peut être comparée à l'entropie de fusion du solvant qui est
de l'ordre de 6 R. Elle lui est: sensiblement inférieure, ce qui peut s'expliquer par le fait
que les molécules de solvatation conservent une partie de leur mobilité.
Le degré de tétramérisation de LiSCN dans s-BuEtO diminue si l'on ajoute de petites
quantités d'un solvant de polarité voisine mais moins encombré stériquemerit. Des
informations intéressantes concernant la solvatation du lithium:peuvent être obtenues si
le solvant ajouté possède une bande sensible à la solvatation par: Ifehthium. C'est le cas
du DEC dont la bande libre v(CO) située à 1750 cm-1 se déplace à 1720 cm- 1 par
association avec, le lithium dans les solutions mixtes LiSCN-s-BuEtO. On a donc pu
suivre, au fur et àmesure déFaddition de DEC aux solutions, à là fois la tétramérisation
de LiSCN et là solvatation préférentielle dé Li* pas lé DEC., Comme la stabilité du
tétramère provient de l'encombrement stérique du solvant, on a fait l'hypothèse que
^introduction de DEC dans:;la première couché de solvatation du;lithium s'accompagne
de la désassoçiatiori du tétramère en dimère. Dans ces conditions^ si m est le nombre de
molécules de DEC qui solvatent le dimère, cette réaction s'écrit :... y

L'étude a été faite dans des conditions où la proportion de DEC sous forme libre est
assez faible (<50 %), pour être:mesurée avec une bonne précision. La valeur de m a été
obtenue en portant le rapport :

en fonction de log-[DEC] (fig. 1). La pente de la droite obtenue donne la valeur de m,


qui est égale à 1 +0,1. On en déduit également la constante d'équilibre de la réaction (3)
qui est égale à 300 moi-1,! A partir de cette valeur et de la constante de tétramérisation
et en; tenant cornpte du; solyàht S on calcule facilement la coïistante de l'équilibre (4) qui ;
apqur expression [S] /KKf : :

Cette constante est égale à 1000. La solvatation préférentielle: par le DEC est très
marquée, puisqu'elle correspond à une variation d'enthalpie libre d'environ 17 kJ/mol.
Comme les deux solvants ont des polarités voisines selon les critères habituels (constante
diélectrique, basicité), c'est l'encombrement stérique qui fait la différence.
En plus des bandes caractéristiques du dimère et du tétramère, les spectres de LiSCN
en solution dans s-BuEtO font apparaître ( fig. 2) un.certain hornbre de bandes faibles
situées entre 2065 et 2125; cm" 1, plus une bande située à 2008 cm-1- La nature exacte
1118 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série H, n° 15, 1985

et la structure des agrégats correspondant à ces bandes ne semble pas facile à établir.
On peut cependant tirer un certain nombre d'informations de la position des bandes et
de leur évolution en fonction de la température et de la concentration. Dans la région
au-delà de 2065 cm- 1 les trois bandes qui sont de loin les plus intenses sont situées
respectivement à 2068, 2077 et 2123 cm- 1. Dans le domaine 0,01-0,2 M de concentra-
tion en tétramère, leur hauteur varie de façon sensiblement proportionnelle à la concentra-
tion en tétramère. Seule la hauteur de la bande à 2123 cm- 1 varie un peu plus vite et
pourrait donc correspondre à une espèce Li„X„ plus associée que le tétramère (n = 5 +1).
La variation de leur hauteur en fonction de la température est également parallèle à celle
du tétramère. Ces bandes n'appartiennent donc pas à de gros agrégats, eii chaîne par
exemple, mais plutôt à de petits agrégats fermés, probablement des tétramères aussi peu
solvatés que le tétramère principal. On doit souligner le déplacement positif considérable
de la fréquencev(CN) par rapport à l'ion SCN- libre (2051 cm-1). À titre de comparai-
son le déplacement dû à l'association isothiocyanate LiNCS ne dépasse pas 14 cm" 1 et
les déplacements consécutifs à la fixation de plusieurs ions Li+ sur l'azote sont négatifs.
Seule la fixation d'un ou plusieurs ions Li+ sur l'atome de soufre de SÇN peut donner
lieu à des déplacements aussi considérables. Ainsi CuSCN solide [6], dans lequel les
groupements SCN sont liés par le soufre à trois ions Cu+ et par l'azote à un seul,
possède une bande à 2173 cm" 1, alors que l'ion Cu+ est un peu plus polarisant que
Li+. Les agrégats mineurs ont donc des structures très différentes de celle du tétramère,
sauf peut-être ceux qui sont responsables de la bande à 2008 cm" 1. L'étude quantitative
de cette bande est difficile car elle est située entre le dimère et le tétramère.
En conclusion, les solvants donneurs stériquement encombrés favorisent la formation
des agrégats les plus importants. Cependant la taille de ces agrégats ne paraît guère
devoir dépasser 4, au moins pour LiSCN. Les agrégats les plus gros correspondent au
nombre minimal indispensable de molécule de solvant (une seule molécule) pour contri-
buer à la solvatation de l'ion Li+.
Reçue le 5 juillet 1985, acceptéele 30 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] M. CHABANEL, M. LUCON et D. PAOLL J. Phys. Chem., 85, 1981, p. 1058-1061.


[2] M. CHABANEL et D. PAOLI, J. Chim. Phys. Chim. Biol, 11, 1980, p. 913-918.
[3] L. M. JACKMAN et C. W. DEBROSSE, J. Amer. Chem. Soc, 105, 1983, p. 4177-4181.
[4] M. CHABANEL et Z. WANG, Can. J. Chem., 62, 1984, p. 2320-2324.
[5] D. PAOLI, Thèse d'État, Nantes, 1982, p. 16-23.
[6] M. KABESOVA, M. DUNAJ-JURCO, M. SERATOR, J. GAZO et J. GARAJ, Inorg. Chim. Acta, 17, 1976,
p. 161-165.

Laboratoire de Spectrochimie des Ions, U.E.R. de Chimie,


2, rue de la Houssinière, 44072 Nantes Cedex.
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985 :. 1119:

ÉLECTROCHIMIE. Étude électrochimique de la catalase à l'électrode à pâte de



graphite. II Oxydation des chaînes protéiques en milieu acide. Note de Christine Jakubo-
wiez, Roger Vallot et René Buvet, présentée par Gaston Chariot.

On étudie le comportement électrochimiqueen milieu acide de la lyrosine et du tryplophane inclus dans les
chaînesprotéiques de la catalase de foie de Boeuf. Ces composés s'oxydent irréversiblement selon un mécanisme
E.C. Le tryplophane qui n'est présent qu'en position interne peut servir de marqueurpour déterminer le degré
d'association de l'enzyme en ses sous-unités.

ELECTROCHEMISTRY. — Electrochemistry of bovine liver catalase on graphite paste électrode.


IL Oxidation of proteic chaihs in acidic médium.
Tyrosine and tryplophan included in the proteic chains of beef liver catalase are irreversibly ùxidized in acidic
médium according to an E.C. process. Tryptophan, only présent in internai position, can be used to measure the
dissociation of the letrameric catalase inlo its subunits.

Dans une précédente Note, nous avons décrit le comportement électroçhimiquedans


différents tampons des hèmes de la catalase de foie de Boeuf à l'électrode à pâte de graphite
(E.P.G.) [1]. Dans la présente Note, nous décrirons le comportement électrochimique des
chaînes protéiques de la catalase déterminé par analyse voltampérométrique aux mêmes
électrodes. Le mode opératoire est identique à celui décrit précédemment; tous les
potentiels sont donnés par rapport à l'électrode normale à hydrogène (E.N.H.).
Lorsque la quantité de catalase est inférieure à 10 mg/200 mg de graphite, le voltampé-
rogramme présente trois pics : lu I2 et I3 correspondant à des oxydations irréversibles
(courbe 1, fig.) dont les potentiels normaux apparents en milieu H2S04, 1N sont
respectivement :

pour une vitesse de balayage de 3mV. s- 1.


L'analyse des voltampérogrammëscorrespondant à un transfert irréversible sur E.P.G.
a été développée par L. T. Yu [2] pour divers mécanismes E-C. L'influence de la vitesse
de balayage et de la quantité de matière électrolysée sur le potentiel de pic de chaque
transfert irréversible, ainsi que la transformée semi-logarithmiquedu voltampérogramme,
permettent de déterminer le nombre d'électrons échangés w (ou apparent np) ainsi que
l'ordre p de la réaction chimique consécutive au transfert. Tiautes ces déterminations ont
été effectuées à partir de courbes intensité-potentiel corrigées du courant résiduel et de la
chute ohmique (courbe 3 de la figure). Les résultats essentiels sont les suivants :
— pic I1 : la courbe (3) faisant apparaître un recbuvreihént partiel des pics 1^ et I2, il
n'a été possible d'effectuer l'analyse semi-logarithmique que sur la partie initiale de Ij.
Celle-ci indique que le nombre apparentd'électrons mis en jeu est égal à 1, L'absence
d'influence de la quantité de mâtière électrolysée et l'influence de la vitesse de balayage
sur les: potentiels de pic conduit à proposer le mécanisnie E.C. suivant :


pic I2 le potentiel du pic I1 ne dépendant pas de la quantité de matière électrolysée,
oh a pu reconstituer la forme de ce pic (courbe 4) en traçant la courbe symétrique de sa
partie ascendante par rapport à la droite parallèle à l'axe des intensités passant par Ep1.
La courbe (5) obtenue par soustraction de (4) à (3) donne la forme générale du pic I2 en
l'absence du pic 11 On peut alors tenter de déterminérles paramétrés n et p du pic I2 de

0249-6305/85/03011119 S 2.00 © Académie des Sciences


1120 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985

Oxydation des chaînes protéiques de la catalase. 5,1 mg de catalase dans 200 mg de graphite, milieu H2S04
IN, i)=3mV.s"'. (1) premier balayage; (2) courant résiduel; (3)=courbe (1)—courbe (2); (4) explications
dans le texte; (5) = courbe (3)—courbe(4).
Voltammogram showing the oxidation ofthe proteic chains of catalase: 5.1 mg of catalase mixed with 200 mg of
graphite; ff2S04 1 A?, v = 3mV.s~1. (I) flrst scan; (2) background; (3) curve (1) after substraction of
curve (2); (4) see the text for exploitations; (5) curve (3) after substraction of curve (4).

manière identique à celles du pic lv Ce pic correspondrait à un mécanisme analogue :

— pic I3 : cette étape doit correspondre à un mécanisme plus complexe, puisque


l'influence de la vitesse de balayage conduit à une valeur de np voisine de 4 et que
l'influence de la quantité de matière électrolysée montre que p est compris entre zéro et
un.
Des études antérieures sur E.P.G. ont montré que le N-acétyl L-tryptophane amide
s'oxyde irréversiblement vers 1,07 V en milieu sulfurique normal selon un mécanisme
impliquant la dimérisation du radical cation formé [3] et que la N-acétyl-L-tyrosinamide
s'oxyde également irréversiblementvers 1,15 V avec régénération partielle du produit de
départ et polymérisation du carbocation radicalaire formé [4]. Il semble donc plausible
que I1 corresponde à l'oxydation des résidus tryptophanyles puisque dans les mêmes
conditions expérimentales son potentiel est compris entre 1,06 et 1,09 V pour des vitesses
de balayage identiques. Le pic I2 correspondrait de même à l'oxydation des résidus
tyrosinyles puisque son potentiel, selon la quantité de catalase présente dans l'électrode,
est compris entre 1,14 et 1,17 V. Pour une molécule de catalase, le pourcentage en
amino-acides électroactifs à l'E.P.G. est donné par le tableau.
Pour les plus faibles quantités de catalase, les concentrations superficielles de chacun
de ces résidus sont comparables à celles utilisées dans [3] et [4] avec comme différence
essentielle le fait que ces derniers n'ont pas la possibilité de se dimériser ou de se
polymériser. En effet, de tels mécanismes ne sauraient intervenir entre motifs présents
dans une protéine pour laquelle les résidus tryptophanyles ou tyrosinyles sont très éloignés
les uns des autres sans possibilité de migration, ce qui peut expliquer que l'étape chimique
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985 1121

TABLEAU

Pourcentage d'amino-acides électro-actifsde la chaîne protéique,


situés en position externe ou interne à la pelote, d'après Murthy et coll. [5].
Fraction of electroactive aminoacides in the pfotein chain
located in externat or internai position relatively to the globular conformation. From Murthy et al. [5].
Position

Résidus Externe Interne TOTAL

Cys
.... ... 0,4 0,2 0,6
Trp
Tyr
... 0
2,4
1,2
1,4
1,2
3,8

observée au cours de notre étude diffère de celle publiée pour les dérivés N-acétylés. La
valeur p = \ que nous avons déterminée pour les étapes I± et I2 doit correspondre à
l'attaque par le solvant du radical cation formé lors de l'étape électrochimique, avec
production de dérivés hydroxylés.
La quantité d'électricité mise en jeu pour l'oxydation des résidus tryptophanyles peut
enfin servir d'indicateur du degré de dissociation de la catalase en ses sous-unités, puisque
ces résidus sont en position interne au sein du tétramère. En milieu H2S04 1N, la
présence du pic Ix indique que la catalase est dissociée en ses sous-unités à pH0,3 ce qui
est en accord avec nos résultats antérieurs [1].
En conclusion, l'étude des hémoprotéines à l'E.P.G. semble très prometteuse. En effet,
il paraît possible d'étudier à la fois le comportement électrochimique des hèmes aux
potentiels inférieurs au potentiel à courant nul et la conformation de la protéine ou son
degré de dissociation en ses sous-unités, aux potentiels supérieurs, à partir des pourcenta-
ges de résidus électro-actifs en position externe ou interne.
Remise le 1er juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] Voir première partie, Comptes rendus, 301, série II, 1985, p. 991-994.
[2] L. T. Yu, Electrochimica Acta, 28, n° 1, 1983, p. 63-77. rf
[3] C. JAKUBOWICZ,R. VALLOT, L. T. Yu et J. REYNAUD, Comptes rendus, 290, série C, 1980, p. 377-380. .
[4] C. JAKUBOWICZet L. T. Yu, Electrochimica Acta, 28, n° 1, 1983, p, 57-62. ;
[5] M. R. N. MURTHY, T. J. REID III, A. SICIGNANO, N. TANAKA et M. G. ROSSMANN, J. Mol. Biol., 152,
1981, p. 465-499.

Laboratoire d'Énergétiqueélectrochimiquèj
U.E.R. de Sciences, Université Paris - Val-de-Marne,
avenue du Général-de-Gaulle, 94010 Créteil Cedex,
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985 1123

CHIMIE DE L'ÉTAT SOLIDE. — L'autoextinction de l'émission du néodyme dans


les verres de compositions proches; de LiLa1_xNdxP4.012- Note de Christian Lurin, Claude
Parent, Michel Couzi, Gilles Le Hem et Paul Hagenmuller^Correspondant de l'Académie.

Dans les verres de compositions proches.de LiLaj.^Nd^P^O^, l'autoextihction de la luminescence du


néodyme est corrélée à la distribution des distancesminimales Nd-Nd.
.

SOLID STATE CHEMlSTRY, -^Concentration quenching pf .neodyrnjum luminescence in glasses with.


compositions close to LiLa]_;(Nd;cP40:12.
In glasses with compositions close to LiLa1_xNdxP4012, the neodymiumluminescence concentration quenching
-
is correlatedtojthe distribution,ofthe minimum Nd-Nd distances.

:=1
L'autoextinction par effet de concentration limite l'efficacité de la plupart des
matériaux destinés à servir de sources laser au néodyme. Cette autoextinction est remar-
quablement faible, toutefois, pour certains phosphates tels que La1_xNd;cP5014. ou
LiLa1 xNd^P^O^, en raison de là faiblesse du champ cristallin au site de la terre rare
et de distances minimales relativement importantes entre ions Ln?+ (~5 Â) [1]. Ces
propriétés se retrouvent dans un certain nombre de matériaux vitreux de compositions
voisines. Cependant les quelques résultats publiés illustrent la diversité des performances
obtenues pour de faibles variations de composition ([2], [3]).
Dans cette Note sont comparées les propriétés structurales et optiques de plusieurs
verres de composition proche de MLa,1_x'Ndx~P4012- On montre que l'autoextinction de
la luminescence du néodyme est liée à la distribution des distances minimales Nd-Nd.
PROCÉDURE EXPÉRIMENTALE.

Par convention la composition des verres phosphatés peut s'écrire sous la
formel

avec

Les verres étudiés avaient ainsi pour compositions nominales :

Les pertes en P205 lors de la synthèse entraînent cependant des fluctuations,de composition se traduisant
par des variations de R comprises respectivement dans les intervalles 0,88-0,92 et 0,97-1,02.
L'indice de réfraction de ces verres est voisin de 1,57 et leur masse volumiquede 3,1 g/cm 3. Le taux maximal
de néodyme substitué au lanthane correspondait à des concentrations respectives de 3,9.1021 ions Nd3+/cm3 +
pour R=0,9 et:4,5.1021 ions/cm3 pour R
L'analyse thermique différentielle met en évidence une transition vitreuse à 476°C et deux pics exothermiques
à 540 et 600°C correspondant à différentes étapes de la cristallisation. ;
Les paramètres Q,=2 4.6 de Judd-Ofelt ont été déterminés à partir des spectres d'absorption de; verres
faiblement dopés (Jr^+=9.1019ions.cm-3) enregistrés.à l'aide; d'un spectromètre « Cary 17 » [5]. La
probabilité des pertes non radiatives était déduite de l'enregistrement du déclin de l'émission 4F3/2^4I11/2
après excitation large et non sélective du néodyme dans les niveaux 4G572 et 2G7/2. Les spectres F.L.N. ont été
-
obtenus à 4,2 E après excitation sélective de Nd3+ par l'intermédiaire de la transition *I9/2 2P1/2 au moyen
d'un laser à colorant (coumarine 440) et sur des échantillonsfaiblement dopés (^/Nd3-|-=9.1019 ions.cm-3).
-

0249-6305/85/03011123 $ 2.00 © Académie des Sciences


C;R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 80
.
1124 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985

Fig. 1. —
Variations de la durée de vie x du niveau 4F3/2 de Nd3+ en fonction de la longueur d'onde de
l'excitation sélective 4I9/2 -> 2P1/2 dans les verres R = 1,0 ( O ) et R = 0,9 ( © ) à 4,2 K.
Fig. 1. Ndi+ lifetimes for the AF1>lï^il9l2 transition in R = 1.0 (O) and R=0.9 (©) glasses as a function

ofthe 4J9/2 -> 2P1/2 sélective excitation wavelength (T=4.2 K).
Fig. 2. Évolution de la probabilité des pertes non radiatives W en fonction de la concentration en néodyme

pour les verres R = 1,0 ( O ) et R = 0,9 ( © ) à T=300 K.
Fig. 2. — Dependence of the W parameter on neodymium concentration for R = 1.0 (O) and i? = 0.9 (®), at
T= 300K

Pour l'étude par spectroscopieRaman, les échantillonsvitreux ont été taillés sous forme de parallélépipèdes
de quelques millimètres d'arêtes et leurs faces ont été soigneusement polies. Les composés cristallisés ont été
étudiés sous forme de poudres..

RÉSULTATS. — Étude optique.


Les paramètres de Judd-Ofelt varient peu d'un verre

à l'autre. Pour R=0,9, Q2 = 4,4.HT 20 cm2, Q4=4,l. HT 20 cm 2 et Q6=4,9. HT 20 cm2.
Pour R = 1,0, Q2=4,3.10"2° cm2, Q4=4.10-20 cm2 et Q6=4,3.10"20 cm2. Les durées
de vie radiatives calculées correspondantes sont égales à 370 et 395 us.
La figure 1 représente les variations des durées de vie du niveau 4F3/2 en fonction de
la longueur d'onde de l'excitation sélective 4I9/2 -» 2P1/2. Proches des valeurs théoriques
citées ci-dessus, elles varient dans un plus grand intervalle pour le verre R = l, ce qui
traduit une plus grande diversité de sites pour les ions terre rare. Elles sont comparées à
celles des phosphates cristallisés de compositions voisines.
La figure 2 représente en échelle logarithmique l'évolution de la probabilité W des
pertes non radiatives en fonction de la concentration en néodyme : la variation est linéaire
pour R = 0,9 et approximativement quadratique pour R = l. Une faible variation de
compositionentraîne donc un accroissement très net des pertes non radiatives et provoque
le passage d'une faible à une forte autoexcitation.
ÉTUDE STRUCTURALE. La recristallisation totale des verres R = 1,0 donne naissance

aux phases La1 Nd^Og et LiLai^Nd^O^. Pour R = 0,9 s'ajoute l'ultraphosphate
La1_xNdxP5014. Dans ces composés cristallisés les distances minimales Nd-Nd sont
respectivement égales à 4,23, 5,62 et 5,19 Â. Leurs structures comportent toutes des
chaînes de tétraèdres P04 liés par des sommets communs, mais la structure du dernier
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II n° 15, 1985 1125

Fig. 3.; Répartition des distances entre ions Nd3 + premiers voisins après recristallisation totale des verres

R = 1,0 et R=0,9 ( \ ). Les courbes en trait continu mpdélisent cette répartition dans les verres avant
.recristallisation.
Fig. 3. -
Distribution of the distances bétween Ln3+ nearest neighbours, aftertotal recrystallizationfor R = 1.Ô
and R—0.9 glasses (•'). The preexisting distribution in the glasses is given by sëlid Unes.
.

est singularisée par l'existence de ponts reliant les chaînes phosphatées par l'intermédiaire
de groupements P04, donnant naissance à des cycles.
L'étude par diffusion Rarnan a été étendue à un domaine plus large de compositions
correspondant à dès valeurs de R comprises entre 0,6 et 1,3, et également aux phosphates
cristallisés qui se forment lors de la recristallisation. Les verres R = 1,0 sont constitués de
chaînes de longueur quasi infinie puisque le taux de groupements P03 terminaux est
très faible. Lorsque R>1, la proportion de ceux-ci s'accroît, ce qui correspond à un
raccourcissement des chaînes. Lorsque R<1 l'apparition d'une bande vP fortement
=0
polarisée témoigne dé la jonction des chaînes par l'intermédiaire de groupements PQ4
avec formation des cycles. Ainsi semble-t-il exister une étroite corrélation entre les motifs
structuraux contenus dans les verres et dans leurs produits de recristallisation.
Après cette dernière, si l'on admet que tous les ions lithium entrent dans la phase
LiLnP4012, les compositions dés mélanges seraient formellement les suivantes :
R=0,9 : 75 LiLa^^Nd^O^O La^Nd^O^-S La^Nd^Oç,,
R = 1,0:: 75 LiLà1^;cNdxP4012-25La^Nd^Og.
En tenant compte des données structurales, on peut schématiser la répartition des
distances terre rare-terre rare entre premiers voisins dans les deux matériaux une fois
recristallisès. Celle-ci peut être considérée comme représentativede la situation préexistant
dans les verres ( 'fig. 3).
DISCUSSION. L'autoextinction des composés du néodyme résulte essentiellement de

la relaxation croisée d'un couple donneur-accepteur liée au transfert (4F3/2 —> 4I13/2,
4Ii5/2; :%/2 -* 4Ii3/2> 4Ii5/2). Sa probabilité dépend du champ cristallin au site de la terre
rare et de la distance entre ions activateurs plus proches voisins. Les paramètres £\ sont
voisins pour R = 0,9 et R = 1,0, ce qui implique un environnementoxygéné des ions Nd3 +
et une covalence des liaisons Nd—O en moyenne très voisins [5]. En revanche, les verres
à forte autoextinction sont caractérisés par l'existence d'un pic de distribution des
distancés minimales Ln-Ln autour de la valeur 4,2 Â. Il est dû à l'augmentation de la
proportion des motifs structuraux proches de ceux de Laf _xNdxP309. Cette conclusion
s'accorde parfaitement avec la figure 1 qui illustre l'existence de tels motifs pour les sites
de haute énergie.
Une étude détaillée de la cinétique dû déclin de l'émission de Nd3+ dans le verre
R = Ô,9 confirme ce résultat [6], Le formalisme utilisé a été introduit en [7]. A partir de
la détermination des microparamètres CDA caractérisant la relaxation croisée d'un couple
1126 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série H, n° 15, 1985

donneur-accepteur(CDA = 0;6.10~ 40 cm6, s- 1) et CDD qui caractérise le transfert d'énergie


entre ions donneurs (CDD=40.10~40 cm6.s-1), il est possible d'évaluer la distance la
plus probable entre ions Nd3+ premiers voisins. Celle-ci s'avère égale à 5,5 Â, valeur en
très bon accord avec celle déduite de l'étude structurale.
La société Rhône-Poulenc a apporté une aide financière à l'un d'entre nous (C. L.).
Remise le 23 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[2] B. I. DENKER, G. V. MAKSIMOVA, V. V. OSIKO, A. M. PROKHOROV et I. V. TANANAEV, Sov. Phys.
Dokl, 23, (3), 1978, p. 197-198.
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C. L., C. P., G. L. F. et P. H. : Laboratoire de Chimie du Solide du C.N.R.S.,


351, cours de la Libération, 33405 Talence Cedex;
M. C. : Laboratoire de Spectroscopie infrarouge,
U. A. n° 124 du C.N.R.S., 351, cours de la Libération, 33405 Talence Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985 1127

SYNTHÈSE ORGANIQUE.
— Sur une nouvelle voie d'accès aux a-cétols
y-éthyléniques au moyen d'organozinciques allyliques. Note de Amina Toagani et René
Couffignal, présentée par Henri Normant.

Les organozinciques allyliques réagissent avec les dicétones-a pour donner des cétones a-hydroxylées
'/-éthyléniques.De très bons rendements peuvent être obtenus lorsqu'un équivalent de dicétone-a est condensé
avec deux équivalents d'organométallique.

ORGANJC SYNTHESIS. — Synthesis 6î y-ethylenic ot-hydroxy ketones from allylzinc reagénts.

Allyhinc reagents react with a-diketones to give the tille compounàs. Very good yields can be obtained when
one équivalent of a-diketone is condensed with two équivalents of organometallic.

La littérature fait mention de nombreux travaux concernant l'action des


organométalliquesRM (M = Li, MgX, ZnX, Cd, Al, Ni), saturés ou non, sur les dérivés
dicarbonylés-a. Le plus souvent, la réaction a été réalisée afin de préparer les glycolsl
correspondants. La synthèse nécessite alors un large excès d'organométallique. L'arrêt
au stade cétol, lorsqu'il a été recherché, donne des résultats très variables suivant la
nature des organométalliques et les conditions réactionnelles utilisées (6 à 83% de
rendement).

En série allylique, nous avons constaté qu'une seule synthèse organométalliqué décrit
l'obtention des cétols de type II; le travail est basé sur l'emploi de complexes 7t-allyfiques
du nickel, moins réactifs que les organométalliques allyliques classiques (ôrganomâgné-
siens, organozinciques, organoaluminiques)[1 ]. Cependant, si cette méthode a le mérite
de souligner les qualités de moindre réactivité de tels complexes, on était en droit de se
demander si, dans le cas particulier qui nous intéresse, les organozinciques allyliques,
beaucoup plus aisés à préparer [2], ne pouvaient pas rendre le même service, ceci plus
rapidement et dans de meilleures conditions.
Il est en effet possible de reprocher aux complexes Ti-allyliques du nickel, d'une part;
leur préparation à partir du nickel carbonyle, produit toxique, d'autre part leur faible
réactivité vis-à-vis des dérivés dicarbonylés-a qui exige un temps de contact prolongé des
réactifs (20 à 30 h, selon les cas).
Ayant besoin, pour des travaux ultérieurs, des cétols de type II, nous ayons
opposé, à basse température, divers organozinciques allyliques, soit au diacétyle

0249-6305/85/03011127 S 2.00 © Académie des Sciences


1128 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985

TABLEAU

É
(°C/mmHg) Infrarouge
ou Rdt :
O RMN
R4 R3 R2 R1 (*) F(°C) (%) (cm" 1) (")
v
H C6H5 H H 2 F = 90-91 93 3 475-3080 2,51-3,32 (m, 2 H); 3,84 (s, 1 H); 4,76-6,12 (m, 3 H);
1675-1650-1640 7,03-8,10 (m, 10 H).
1598-1580
H C6H5 CH3 H 2 F=96-97 97 3440-3078-1675 (') 0,82 (d, 3 H); 1,04 (d, 3 H); 3,40 (s, 1 H); 3,22-3,98
1641-1600-1580 (m, 1H); 4,86-6,42 (m, 3H); 7,09-8,18 (m, 10H).
H C6H5 H CH3 2 F=98-99 97 3 440-3 078-1675 (-0 1,60 (s, 3 H); (syst. AB; vA = 197,lHz soit
(") 1650-1602-1582 5A = 3,29.10" 6, vB=179,1Hz soit 8E = 2,98. ÎO" 6
JAB = 13,8 Hz); 4,10 (s, 1 H); 4,71 (s, 1 H); 4,94 (s, 1 H).
H CH3 H H 1 80-81/35 60 3478-3080 1,31 (s, 3 H); 2,18 (s, 3 H); 2,41 (d, 2H); 3,69 (s, 1H);
1710-1642 4,88-6,20 (m, 3 H).
H CH3 CH3 H 1 70-71/13 72 3480-3082 (e)0,84 (d, 3 H); 1,09 (d, 3 H); 1,23-'{s, 3 H), 1,28 (s,
1710-1641 3 H); 2,15 (s, 3 H); 2,21 (s, 3 H), 2,20-2,80 (m, 1 H);
3,70 (s, 1 H); 4,85-6,25 (m, 3 H).
H CH3 H CH3 1 66-67/13 75 3480-3082 1,30 (s, 3H); 1,75 (s, 3H); 2,20 (s, 3H); 2,41 (s, 2H);
(b) 1710-1648 3,62 (s, 1 H); 4,73 (s, 1 H); 4,84 (s, 1 H).
.
CH3 CH3 CH3 H 1 77-78/13 37 3480-3098 0,98 (s, 3 H); 1,07 (s, 3H); 1,28 (s, 3H), 2,17 (s, 3H);
1705-1642 3,64 (s, 1 H); 4,88-6,42 (m, 3 H).
Les analyses carbone-hydrogène des composes décrits sont correctes. (*) Rapport organozinraque/denve dicarbonyle. (")Litt.
F — 94°5-95°5(1). (b)Litt. 40/0,l(1). (c) Spectrographie infrarouge : les spectres ont été enregistrés sur un appareil « Philips PYE Unicam
SP3-100 ». C) Spectrographie de RMN : les déplacements chimiques sont exprimés en parties par million. Les spectres ont été enregistrés
sur un appareil « Perkin-ElmerR 12 ». Solvant : CC14, référence interne TMS. (e) Mélange de deux diastéréo-isomères. Proportions :
R3 = C6H5 : 66/34; R3 = CH360/40. (f) Solvant : CDC13.

CH3CO-CO-CH3, soit au benzile C6H5-CO-CO-C6H5. Avec ce dernier, les meil-


leurs résultats correspondent au schéma :

Les comportements des organozinciques issus des bromures d'allyle, de méthallylë, de


crotyle et du bromo-1 méthyl-3 butène-2 sont similaires. Lorsque la transposition allylique
peut être observée (bromure de crotyle, bromo-1 méthyl-3 butène-2), celle-ci est totale.
En particulier, l'organozincique obtenu à partir du bromo-1 méthyl-3 butène-2 conduit à
H2C = CH-C(CH3)2-C(OH)CH3-CO-CH3 uniquement. Ce résultat est fondamen-
talement différent de celui obtenu avec les complexes 7r-allyliques du nickel et le benzile [1].
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985 1129

Aussi curieux que cela puisse paraître, l'emploi de deux équivalents d'organométallique
pour un équivalent de benzile semble bien conduire uniquement au cétol. Nous avons
vérifié que, dans nos conditions opératoires (voir schéma), le spectre de RMN du produit
brut de la réaction ne montre pas la présence en quantité décelable ( < 5 %) de l'a-glycolHt
qui aurait pu être présent. Cependant, le réchauffement du milieu réactionnél, puis son
hydrolyse, conduit néanmoins au diol III.
Par ailleurs, les condensations réalisées à partir du diacétyle n'ont donné aisément
les a-cétols y-éthyléniques qu'avec un équivalent d'organozincique. L'emploi de deux
équivalents d'organométallique fournit le mélange cétol-diol, même en abaissant la tempé-
rature réactionnelle. Ce résultat est différent de ceux obtenus à partir des complexes
u-allyliques du nickel. En effet, dans la publication [1] concernant ces organométalliques,
il est précisé que le benzile est plus réactif que le diacétyle puisque ce dernier nécessite
des conditions réactionnelles plus sévères. Or, nous observons le résultat inverse. Aussi
dans notre cas, il semble que la différence de comportement de la réaction dans chacune
des condensations benzile-diacétyle doive être attribuée, non pas à la réactivité intrinsèque
de la fonction carbonyle relative à chaque exemple, mais plutôt à l'existence d'un
complexe d'addition de stabilité variable. Cet intermédiaire réactionne] serait relativement
stable à basse température, et cette stabilité serait fonction de la nature des groupes
alkyle présents, un groupe phényle étant plus stabilisant qu'un groupe méthyle. Une telle
remarque a déjà été formulée à propos de complexes d'addition similaires dans une autre
série [3].
Les cétolsII pour lesquels R3 = CH3 (et dont le groupe hydroxyle est protégé:.
OH -> OSiMe3) ont été déprotonés au moyen du diisopropylamidure de lithium. L'ànion
lithien qui en résulte se condense normalement avec les dérivés carbonylés pour conduire
à des composés plurifonctionnelsIV du type

Les dérivés nouveaux IV pour lesquels RS = H sont a priori oxydables en milieu âcidè et
susceptibles d'être cyclisés en furanones, comme cela ;a été réalisé à partir de
(CH3)2C(OSiMe3)-COCH2CHOH-R'[4]. Nos composésII;(RX=eH3) et IV doivent
donc être considérés comme des produits de départ ouvrant l'accès à de nouvelles
furanones, hétérocycles que l'on. retrouve dans divers composés à propriétés
antitumorales [4]. "
Par ailleurs, nous n'avons pas observé au cours de la synthèse des cétols II de migration
des groupes alkyle, alors que cela a été cependant constaté dansle cas de certains autres
a-cétols tertiaires ([5], [6]). Nous n'avons pas non plus hôte de réaction de réduction
de la fonction carbonyle du dérivé dicarbonylé : aucùne^présencede benzoïne C6H5 — ;
CHOH —CO—C6H5 n'a été décelée, contrairement à ce qui a été décrit lors de l'action-;
de divers autres organométalliques sur le benzile[7].
Les caractéristiques des a-cétols allyliques que nous avons préparés sont rassemblées
dans le tableau.
Nous poursuivons actuellement l'étude de cette réaction afin de mieux cerner son
déroulement. Son extension à d'autres fonctions vicinales est en cours.
Remise le 18 février 1985, acceptée le 13 mai 1985.
1130 -V ' C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série M, n° 15, 1985

-RÉFÉRENCES BiBLioGRAPHiQUEs

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SHERMAN Jr. et K. SCHWARZENBERG,J. Organometal. Chem., 10, 1967, p. 521-523; (c) A. HABASHI, W. TADROS
et H. Z. SHAMS, Indian J. Chem., 19B, 1980, p. 659-662.

Laboratoire de Synthèse organométallique,


Université Pierre-et-Marie-Curie, Bât. F, 4, placé Jussieu, 75230 Paris Cedex 05.
C, R. Acad. Se Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985 1131

CHIMIE ANALYTIQUE. —Protocole pour une analyse qualitative des métaux dans
les produits dé combustionpar microscopie électronique dans la surveillance de l'environne-:
ment. Note de Roland Capron et Pierre Haymann, présentée par Gaston Chariot.

L'observation;par microscopieélectroniquedes suies formées lors de la combustion.de fiouls lourds a montré


des particules dé carbone âciniforme, des particules formées par coagulation, par recondensation ainsi que des
particule^ de type colloïdal. '
a permis de mettre en évidence dés cristâllites d'oxydes de vanadium soit
.
L'observation en champ sombre
dispersés soit regroupés en amas.

ANALYTICALCHEMISTRY. — Qualitativeanalysis of metals in combustionproducts by électron micros-


çopy in environmental survey.
The observation by électron microscopy. of soals formed by combustion of heavy fuel oils shows aciniform
carbon, coagulated particules, condensing particules and a colloïdal and inêmbranous particules. The dark field
observation permitedto show cristals of vanadium oxyde, disseminated or grouped microcristales.

INTRODUCTION. --L'étude des suies formées lors de la: pyrolyse des matériaux pose lé
problème de la recherché et du dosage des métaux qui se trouvent le plus souvent à
l'état de tracé dans le combustible.
De nombreux travauxétendentà aborder le problème de la toxicité des fumées soit par
l'étude de paramètres physiques (opacité, température de la flamme, perte de poids [1]),
soit par l'étude de pàramètres chimiques (analyse élémentaire, dosage des métaux, etc. [2]).
Ce tyjpè d'étude né permet pas de répondre aux problèmes liés à l'empoussiérage pulmo-
naire. L'analyse pondérale seule de ce type de polluant est peu représentative du risqué
de toxicité du fait de la très grande dispersion en taillé des particules émises. Enfin
l'analyse chimique qualitative ou quantitative des métaux présents ne permet pas de
rattacher la présence des métaux à la taille des particules de suie qui en sont les vecteurs
privilégiés.
:.
La microscopie; électronique par transmission, complétée par la microdiffractionélectro-
nique et l'observation en champ sombre, permet de suivre le devenir des métaux et de
les relier aux types de particules formées lors de la combustion des matériaux.

Fig. 1. — Microscopie électroniquechamp sombré et champ clair.


Fig. I. — Transmission électron microscopy and dark field.

0249-6305/85/03011131 S 2.00 © Académie des Sciences


1132 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985

Fig. 2. — Types morphologiquesobservés; (a) particules aciniformes;


(b) ultrastructure des particules aciniformes; (c) particules de recondensation; (d) matrice colloïdale.
Fig. 2. — Kinds ofobserved morphologies;(a) aciniform carbon;
(b) ultrastructureof aciniform carbon; (c) recondensationparticule; (d) colhidal membrane.

Fig. 3 Fig. 4

Fig. 3. - Microdiffractiondiagram (vanadium oxide).


(oxyde de vanadium).
Fig. 3. —
Diagramme de microdiffraction
Fig. 4. —
Observation d'un microcristal en champ sombre.
Fig. 4. —
Microcristal (dark field).
PLANCHE I/PLATE I ROLAND CAPRON

Fig. 5. —
Microcristaux dispersés sur une membrane colloïdale : (a) champ clair; (b) champ sombre.
Fig. 5. —
Microcristals disseminated on colloidal membrane: (a) transmission microscopy; (b) dark field.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985 1135

Nous avons pris comme exemple pour celte étude la recherche des métaux présents
dans les suies formées lors de la combustion de fiouls lourds. Les coupes pétrolières
lourdes contiennent à l'état de traces des métaux liés à des asphaltènes que l'on peut
considérer comme des composés organo-métalliques contenant S, N, O, associés à un
mélange de naphtènes paraffiniques et d'hydrocarbures aromatiques, qui précipitent dans
un solvant du type éthane. Il s'agit principalement de fer, vanadium, nickel et cuivre.
Ces composés sont capables de produire par déshydrogénation des oléfines et dioléîines
qui, par cyclisation, conduisent à des produits, comme le pyrène, que l'on sait éminemment
toxiques.
1. PRÉPARATION DE L'ÉCHANTILLON. — Nous avons étudié un fioul lourd qui a été brûlé
dans un four semi-industriel afin de se rapprocher des conditions rencontrées dans la
pratique industrielle. Les suies formées ont été collectées sur un impacteur type
Andersen [3]. Le transfert des particules sur grille de microscope électronique munies
d'une membrane de carbone support a fait appel à une ultracentrifugation [4].
2. TRANSMISSION D'OBSERVATION. — L'utilisation de la microscopie électronique par
transmission doit utiliser, conjointement,champ clair et champ sombre.
Dans le premier cas, c'est-à-dire en champ clair, l'échantillon est illuminé par un
faisceau d'électrons cohérents presque parallèle et présentant de ce fait un très petit,
angle de convergence p. Les électrons transmis sans perte d'énergie, après traversée dé
l'échantillon et faisant avec l'axe optique un angle inférieur à la demi-ouverture de
l'objectif, contribueront pour 80% à la formation de l'image qui sera donc une image
d'interférences localisées dans l'échantillon; 20 % des électrons seront diffusés inélastique-
ment, c'est-à-dire auront perdu de l'énergie.
Dans le deuxième cas, c'est-à-dire en champ sombre, l'axe d'illumination est basculé
d'un angle Pc de telle sorte que le faisceau direct soit arrêté par le diaphragme d'objectif:
La microdiffraction dont le schéma de principe est rappelé ci-dessus n'est rien d'autre
que l'image d'interférence à l'infini de l'échantillon, c'est-à-dire contient Finformâtion
concernant la distribution des directions des électrons au sein de l'échantillon. Quand on;
l'utilise conjointement à une platine goniométrique, on peut obtenir lés informations
structurales, c'est-à-dire la cristallographie des corps cristallisés ou les textures des corps
polycristallins.
Conjuguée à la microscopie par transmission en champ sombre, elle fournit l'image
des plages qui diffusent ou diffractent dans une direction donnée. Elle sera ainsi extrême-
ment utile quand on cherche à caractériser une classe de morphologie ou des produits de
réaction spécifique, qu'il s'agisse de physisorption, chimisôrption ou attaque chimique.
3. RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX. — L'observation en microscopie électronique champ
clair nous a permis de différencier quatre types morphplogiqùes : des cénosphèrës de
taille supérieure à 100nm, des particules aciniformes formées par nucléation-croissànce
(fig. 2 a) dont l'ultrastructure (fig. 2b) montre que le phénomène dé croissance se pour-
suit après la coagulation, des particules formées par rèconçiensation des fractions lourdes
(fig. 2c), des particules constituant une matrice colloïdale (fig. 2d), ces trois derniers
types pouvant être associés en amas (fig. 2a, d).
L'analyse par diffraction électronique des cristallites présents sur la trame colloïdale
(fig. 3) a permis de mettre en évidence la présence d'oxyde dé vanadium et l'observation
en M.E.T. champ sombre (fig. 4) permet une meilleure localisation des structures riches
en composés oxydés du vanadium.
1136 C. S. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, m° 15, 1985

La recherche systématique de tels composés au niveau des particules recueillies sur


grille de microscopie électronique montre trois types morphologiques distincts que l'on
peut résumer en une série de clichés -(fig. 5, 6, 7) comparant les images obtenues par
microscopie électronique fond clair (a); fond sombre (b) (les microcristaux apparaissant
brillants sur fond noir).
Les cristaux observés sont soit dispersés sur une matrice fine colloïdale (fig. 5 a et b),
soit uniques et de taille plus importante (fig. 6 a et b), soit regroupés au sein d'une
matrice dé recondensation (fig. la et b).
Dans la flamme, le vanadium est essentiellement présent sous forme de V205. Il faut
considérer V204, V203, V3Q5 comme des étapes intermédiaires vers cet oxyde qui n'est
formé qu'après la disparition des molécules organiques. Ces observations vont dans le
sens d'une présence du vanadium essentiellement sous forme de complexes moléculaires
(complexes de transition %) formés par les nombreux dérivés insaturés (aliphatiques ou
aromatiques) présents dans les fiouls.
CONCLUSION. — Le devenir de ces asphaltènes dépend de l'évolution de la combustion;
une fraction légère brûle de façon plus complète livrant des cristaux plus petits et
dispersés (fig. 5) à l'inverse des fractions lourdes, plus riches en composés aromatiques
polycycliques thermodynamiquement très stables, ayant tendance à se recondenser après
passage dans la flamme ( fig. 7).
Cette méthode d'observation des microcristaux au niveau des suies permet donc de
suivre et d'optimiser les différents processus de combustion.
Remise le 3 mai 1985, acceptée le 16 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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U.E.R. Médecine-Pharmacie, 76800 Saint-Étienne-du-Rouvray;
P. H. : Laboratoire de Microscopie électronique, E.R.A. n° 258,
U.E.R. Sciences et Techniques, 76130 Mont-Saint-Aignan.
C. R. Acad. Sc.Paris,

STRATTGRÀPHIE
t.301,
Série 15,
II,n°

-
Précisions sur l'évolution climatique de l'interstade würmien
M du début du Würm récent : les dépôts du gisement castelperronien dés Tambourets
(Haute-Garonne): et leur Contenu pollinique. Note de Henri Lavillé, Marie-Madeleine
1137,

confirme
Paquereau et Harvey Bricker, présentée par Jean Piveteau.

la division tripartite de l'interstade wiirmien.


L'amélioration des Cottes a été précédée d'un épisode de froid modéré. Ce dernier succède à une phase de très
net réchauffement, bien caractériséé pour la première fois par la palynologie, et pour laquelle la dénomination
«amélioration des Tambourets " est proposée.

STRATXGRAPHY- Clarifications of the climatic evolution of the Würm interstadial and the beginriing
of the late Wûrm the deposits of the Castelperronian locality at Les Tambourets (Haute-Garonne) and their.
pollenic content.
The analysis of a continoussédimentaryséquence confirms the subdivision of the Wùrm interstadial into three
parts.- The warmer "Les Cottes" phase was preceeded byra cotder event that took placé after an important
warming that is here characterizedfor thefirsi time bypalynojogy. The terfn "Tambourets warming" is pfoposed
for thisphase.

Une synthèse récente a montré que le seul épisode wùrmien ayant rang de coupure
intcrstadiaire était l'interstade Würm II-III du système chronologique traditionnel [1]. Il
est désormais dénomméinterstade wûrmien [2], Trois étapes ont été identifiées à l'intérieur
de cet interstade : pédogenèse, érosion, colluvionnement [3]. SeuleSj les caractéristiques
polliniques de la dernière étape ont été jusque-là décrites avec précision; ce sont celles de
P« interstade » des Cottes ([1], [4], [5]). Compté tenu dé ses manifestations (pédogenèse),
l'assimilation de la première étape à la faible amélioration climatique de F « interstadê »
de Hengelo, que suggèrent des publications récentes ([6], (7]) pose problème.
Les débuts du Wùrm récent ont par ailleurs été «décrits comme correspondant à
la succession de deux phases rigoureuses précédant l'« interstadê » d'Arcy : phase I
modérément froide et humide, entrecoupée de deux pulsations plus clémentes et plus
humides; phase 11 froide et sèche ([1], [3], [8]). Bien que cette succession semble avoir été
confirmée ([7], [10]), ses caractéristiquesdevaient être précisées.
Du fait de conditions particulières, ces différentes étapes se sont traduites, dans le
gisement des Tambourets, par une sédimentation continue. L'étude pluridisciplinaire des
dépôts correspondants fournit les éléments d'appréciation qui manquaient jusque-là sur
l'évolution climatique de cette période de transition.
Le gisement : localisation et historique des recherchés: —-Il est situé près de Coulàdère,
sur la rive gauche du Volp, près de sa confluence avec la Garonne. Le niveau castelperro-
nien qu'il contient a fait l'objet de fouilles systématiquesentre 1973 et 1980 (H. B.) [9] (x).

été réalisées à la faveur de sondages profonds ( 1)


Les études stratigraphiques, sédimentologiques (H. L.) et palynologiques (M.-M. P.) ont

Les dépôts et leur contenu pollinique: signification climatique: — Sur près de 2 m


d'épaisseur, des formations argilo-limoneuses d'origine colluviale s'ètagent sur la terrassé
de 30 m du Volp. Quatre horizons chargés en corpuscules ferromanganiques dans un
contexte plus argileux et de coloration plus vive interrompent ces dépôts. La palynologie
confirme que ces manifestations d'hydromorphie marquent le terme ultime d'autant

éolienne.
d'étapes de plus forte humidité et d'élévation thermique. Un épandage de galets soliflués
forme la base de la séquence; elle est scellée au sommet par un dépôt limoneux d'origine

0249-6305/85/03011137 S 2.00 © Académie des Sciences


1138 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série H, ri° 15, 1985

TABLEAU

Zones polliniques et phases climatiques identifiées aux Tambourets : corrélations.


Le signe * indique la position chronologique de l'occupation castelperronienne,
Pollenic zones and climatic phases identified at Les Tambourets. : corrélations.
The signe * indicates the chronologie position of the Castelperroniùn occupation.

LES TAMBOURETS Chronologie Sud-OuestFRANCE


1
—— Zonation
.
zones phases :
phases ....
pollinique
polliniques climatiques climatiques
X 9 II
IX 8 Début d Episode
VIII 7* Wùrm c Inter
VII 6 récent b Les Cottés-Arcy
VI 5 a
V 4 Interstade 3 Améliorationdes Cottes
IV 3 wiirmien 2 Episode inter les Tambourets- Les Cottes
III b

II I
a
2

1
(ex-Würm II-III) 1

FIN WURM ANCIEN


Amélioration des Tambourets

Parmi les neuf phases climatiques mises en évidence par l'analyse, deux indiquent des
conditionsfroides et sèches. Phase I : coulée de solifluxion. Zone pollinique I : A. P. (taux
de boisement) = 9-13 %. Pin sylvestre dominant, rares Bouleaux. Nombreuses herbacées
xérophiles (surtout Composées cichoriées) et steppiques (Heliànthemum, Galium, Ephedra).
Phase 9 : sédimentation éolienne. Zone pollinique X : A. P. = 14-11%. Pin sylvestre,
Saules et rares Bouleaux. Nombreuses héliophiles, Composées cichoriées très nombreuses
et Chénopôdiacées, Crucifères, Plantains.
Les zones polliniques II et III caractérisent deux moments d'un même épisode climati-
que à tendance tempérée et humide. Phase 2 a : sédimentation colluviale, processus de
ruissellement (lits de sables et graviers) et manifestationsd'hydromorphie; A. P. atteignant
63%. Présence de nombreux feuillus, Chênaie mixte et Noisetiers, Aulnes, Frênes.
Présence de quelques pourcentages de Chêne vert (Quercus ilex) dans la Chênaie. Nom-
breuses hygrophiles (Cypêracées, Typhacées, Nymphéacées) et de nombreuses spores de
Fougères des lieux humides et des sous-bois, ainsi que des arbustes (Hedera, Rhamnus,
Evonymus). Phase 2 b : sédimentation colluviale; A. P. diminuant à 42 %, avec raréfaction
des feuilles thermophiles. Nombreuses hygrophiles, mais légère progression des héliophi-
les.
La phase 3, plus froide mais humide, est peu différentiable par la sédimentologie. Zone
pollinique IV : A. P. =29-26.%. Disparition de la Chênaie. Persistance du Noisetier, de
l'Aulne et du Saule. Pin sylvestre dominant. Nombreuses Graminées, et hygrophiles
toujours bien représentées.
La phase 4 marque le retour de conditions douces et très humides, moins tempérées
que lors de la phase 2. Sédimentation colluviale et processus d'hydromorphie. Zone
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985 1139

pollinique V : A. P. =42 puis 47 %. Retour de tous les éléments arbustifs thermophiles.


Noisetier et Pin en pourcentages équivalents. Développementdes hygrophiles.
Les phases 5 à 8 correspondent à la succession de conditions alternativement froides
et plus douces dans un contexte général humide. Phases 5 et 7 : légère augmentation de
la sédimentation limoneuse. Zones polliniques VI et VIII : A. P. voisin de 20 %. Dispari-
tion de la Chênaie, Pin sylvestre plus nettement dominant et développementdes compo-
sées cichoriées et des héliophiles lors de la phase 7 (conditions plus sèches). Phases 6
et 8 : processus de ruissellement (sédiment plus sableux) et manifestations d'hydromor-
phie. Zones polliniques VII et IX : A. P. = 34 et 24 %. Cortège pollinique traduisant des
conditions plus douces lors de la phase 6, avec Noisetiers plus nombreux, présence de
feuillus thermophilessporadiques et herbacées hygrophiles mieux représentées.

DISCUSSION. — L'occupation castelperronienne des Tambourets est contemporaine de


la septième phase d'une séquence climatique continue (tableau). La comparaison avecles
données acquises en d'autres secteurs du sud-ouest de la France indique que cette
phase correspond en fait au troisième terme (terme G) d'un épisode climatique complexe,
globalement froid et humide (phase I du Wùrm récent) dans lequel deux pulsations plus
clémentes ont été identifiées, les phases 5, 6 et 8 des Tambourets représentant les termes a,
b et d de cet épisode. Cette interprétation est confortée par le fait que l'épisode climatique
que représentent les phases 5, 6, 7 et 8 des Tambourets se place, comme la phase I du
Würm récent, entre un épisode d'élévation thermique et un épisode froid, qui ont été
respectivement corfélés avec F « interstade » des Cottes et la deuxième partie de l'épisode
inter-Les Cottés/Arcy (phase II du Wùrm récent). La phase 4 des Tambourets doit donc
être interprêtée comme une manifestation locale du troisième terme de l'interstâdê wùr-
mien, c'est-à-dire F «interstadê » des Cottes. Compté tenu du caractère continu de la
séquence étudiée, on est en droit d'assimiler l'importante amélioration climatique que
présente la phase 2 des Tambourets à l'optimum climatique de l'interstâdê wùrmien qui,
ailleurs, s'est traduit par des processus de pédôgenèse (2). Les processus d'érosion
(terme 2) qui, ailleurs, se placent entre les manifestations des termes 1 (optimum climati-
que) et 3 (amélioration des Cottes) de l'interstâdê wùrmien apparaissent comme consécu-
tifs à la diminution du couvert végétal lors des conditions plus froides qu'indique la
phase 3 des Tambourets.

CONCLUSIONS. — Outre une meilleure carâctérisation des premiers moments du Wùrm


récent, les résultats obtenus aux Tambourets précisent l'évolution climatique interne de
l'interstâdê wùrmien et confirment sa division tripartite. L' « interstade » des Cottes
n'apparaît que comme le dernier terme d'une période climatique complexe; l'amélioration
qui Fa précédé et dont il est séparé par une faible pulsation plus rigoureuse, se révèle
plus nettement tempérée et représente l'optimum climatique de cet interstade. Son assimila-
tion à F « interstade » de Hengelo ne peut, en conséquence, être retenue et nous proposons
d'introduire la dénomination : amélioration des Tambourets, pour caractériser cette phase
climatique bien individualisée par la palynologie, et dont le début pourrait se situer aux
environsde 43000 B.P.[11].
( 1) Travaux subventionnés par la National Science Foundation.
( 2) Un cortège pollinique évoquant les premiers moments et l'instauration de l'optimum de cet épisode a
été récemmentdécrit dans le Massif Centra!sous une coulée basaltique datée par thermoluminescence[11].

Remise le 30 septembre 1985.

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 81


1140 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série H, m° 15, 1985

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[10] A. LEROI-GOURHAN, Bull. Soc. préhist. Fr., 81, n° 7, 1984, p. 196-198.
[11] J. P. RAYNAL, M.-M. PAQUEREAU, J. P. DAUGAS, D. MIALLIER, J. FAIN et S. SANZELLE, Bull. Assoc.
franc. Et. Quat. (sous presse).

H. L. et M.-M. P. : Institut du Quaternaire, U. A. n° 133 C.N.R.S.,


Université de Bordeaux-I, 33405 Talence;
H. B. : Department of Anthropology and Center for Archaeology,
Tulane University, Nevj Orléans, Louisiana 70118, U.S.A.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1981 1141

GÉOLOGIE MARINE; -
Apports du Leg M)l QDP (OcéanJ)rilling Programma la
connaissance des pentes et bassins bahamiens. Note: dé Wolfgang ScMager, James Austin,
Paul Comet, André Droxler, Gregor Eberli, Eric Fourcade, Râytriond Freeman-Lynde,
Graig Fùlthorpè, GUI Harwôod, Gerhard Euhn, Dawn Lavoie, Mark Leckie, Âllan Melillo,
Arthur; Moore, Henry Mullins, Amanda Palmer, Christian Ravenne, William Sager, Peter
Swart, Joost Verbeek, David Watkiris et Colin Williams, présentée par Jean Aubouin. ;

logy.
Les ,11 sites explorés par le Joides-Resolution (SÈDCO BP 471) aux Bahamas permettent de mieuxcomprendre
l'origine de ses bassins profonds, la sédimentation sur les pentes carbonatées et 4e montrer qu'au contraire
des marges continentales terrigènes, la.sédimentation est importantelorsque le niveau marin est élevé. ...-':
MARINÉ GEOLOGY—Datafrom ODP Leg 101 on understanding of Bahamiàn slope and basin sedimento-

The 11 sites drilled by the Joides-Resolution in the Bahamas enablê better-understandingofthe origin ofits.
deep bassins and the:sédimentation of carbonate_platform flanks. They demonstrate that; contrary to terrigenous
continental margins the sédimentation ratés in the basins increase during high sea level stands.

I, INTRODUCTION. — Les dépôts des plates-formescarbonatées de Little Bahama Bank


ou des Great Bahama Bank sont bien connus par de nombreuses recherches universitaires
et les forages pétroliers. En revanche, malgré les importantes études géophysiques, les
dragages [1] et les carrotages à piston effectués sur les pentes et bassins profonds qui
entaillent et ceinturent la plate-forme carbonatée des Bahamas, nous ne possédons encore
[2].
que peu de données sur les séries profondes à l'exception de celles du Leg 44 site 98
C'est afin de combler cette lacune qu'a été programmé le Leg 101 durant lequel 19 trous
ont été forés sous une profondeur d'eau comprise entre 807 et 3459 m.
II. OBJECTIFS ET RÉSULTATS. — Les objectifs de cette mission étaient : d'une part
d'expliquer la configuration (pl.) actuelle des plates-formes carbonatées peu profondes et
des bassins profonds qui les découpent tels le Détroit de Floride, Providence Channel,
Tongue of the Océan, Exuma Sound... D'autre part, d'étudier la sédimentation sur les
pentes carbonatées et leur réponse aux variations du niveau marin.
1. Origine des bassins profonds. — Pour expliquer les bassins profonds bahamiens deux
hypothèses ont été proposées : celle du Megabanc et celle des Grabens. Selon l'hypothèse
du Megabanc ou de la Megaplate-forme [3], les Bahamas appartenaient jusqu'au Crétacé
moyen à une mégaplate-formereliée à la Floride, qui n'a été découpée en bassins profonds
et plates-formes insulaires qu'au cours du Crétacé moyen, par suite de l'effondrement de
certaines portions de la plate-forme au moment où l'on observe un déficit en oxygène:
dans l'océan mondial [4]. Les études de sismique montrent sur les lignes sismiqùes
réalisées dans les bassins une vélocité discontinue de 2,5-3,2 km/s à plus de 5 km/s. Cette :
discontinuité qui a été interprétée par Sheridan et coll. comme la limite entre les faciès
peu profonds de FAlbo-Aptien et les faciès profonds du Cénomanien, a été l'objectif des
sites 626 dans le Détroit de Floride, 627 au Nord de Little Bahama Bank sur le Blâke
Plateau, 632 à Exuma Sound et 634, 635 et 636 dans North-east ProvidenceChannel (pZ.),
En revanche, dans l'hypothèse Graben [5], les plates-formes et bassins qui définissent
la configuration topographique actuelle sont un héritage d'une structure en horsts et
grabens liés au rifting de l'Amérique et de l'Afrique. Selon cette hypothèse, les bassins
profonds, qui séparent les plates-formes seraient d'âge jurassique. Nous donnerons suecin-
tement les principaux résultats de ces forages.
0249-6305/85/03011141 S 2.00 © Académiedes Sciences
1142 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série H, n° 15, 1985

(a) Détroit de Floride. — Le site 626 avait pour objectif d'atteindre vers 1200 m la
discontinuité de vélocité sismique mais le forage a dû être interrompu à 447 m dans
l'Oligocène supérieur après avoir traversé des sables non consolidés à contourites riches
en débris flows et turbidites. La comparaison de ce site avec le sondage pétrolier de
Great Isaac I (pi.) montre une progradation de la plate-forme de Great Bahama Bank
de 10 km vers le NW à partir du Miocène supérieur. De plus, les corrélations lithologi-
ques, pour le Miocène et l'Oligocène, et sismiques entre ces deux puits permettent de
penser que la discontinuité de vélocité sismique correspond au contact des séries de
plate-forme de l'Albien-Cénomanien avec les séries profondes du Cénomanien.
(b) Pente nord de Little Bahama Bank. — Le site 627 implanté dans le Sud de Blake
Plateau a atteint des carbonates de plate-forme de l'Albien et des gypses entre 468 et
536 m. Il est important de souligner que la discontinuité de vélocité sismique correspond
ici au changement lithologique entre les séries carbonatées de FAlbien et les formations
terrigènes sus-jacentes du Cénomanien qui supportent elles-mêmes des séries de type
plateau océanique marginales du Campanien à l'Oligocène; ces dernières sont entrecou-
pées de nombreuses lacunes.
(c) Exuma Sound. —
L'objectif du site 632 était aussi d'atteindre vers 1300 m le même
objectif sismique, mais le forage a dû être interrompu à 283 m, dans le Miocène supérieur,
du fait de la présence de bitume.
(d) Northeast Providence Channel. — Ces sites furent les dernières tentatives pour
atteindre la discontinuité sismique de vélocité. Le premier essai (site 634) implanté sur la
pente orientale du Canyon fut une réoccupation du site 98 D.S.D.P. [2] et a dû être
abandonné pour des raisons techniques à 480 m dans des turbidites bioclastiques et
débris flows du Campanien inférieur. Un deuxième forage (site 635) fut implanté sur la
pente occidentale du Canyon pour atteindre l'objectif vers environ 200 m. Mais il fallut
aussi l'interrompre pour raisons techniques à 118 m après avoir traversé des calcaires
marneux riches en carbone organique de l'Albien supérieur-Cénomanien. Enfin, la der-
nière tentative (site 636) dans le centre du Canyon foré sur 21 m n'a ramené que quelques
galets resédimentés de calcaires néogènes de plate-forme peu profonde.
2. Étude de pentes carbonatées. — L'objectif de ce Leg était aussi d'étudier l'évolution
de deux types de pentes dans le temps et l'espace et leur réponse aux variations eustatiques.
Pour ce faire deux profils ont été analysés.
(a) Pente nord de Little Bahama Bank (type pente d'accrétion [6]). — Trois sites ont
été implantés sur ce modèle de pente faible (2 à 3°). Le site 627, situé sur la partie distale
de la pente, montre à partir du Miocène la progradation de la plate-forme de Little
Bahama Bank. La sédimentation est constituée de boues de périplate-forme, de turbidites,
débris flows et slumps entrecoupés de nombreuses lacunes. Le site 628, présente du
Miocène à l'Actuel une sédimentationcomparable à celle du site précédent, mais on note
ici, dès l'Oligocène inférieur, l'arrivée de turbidites. Enfin, le site 630, situé sur la partie
haute de la pente entre deux chenaux, montre une sédimentation, très sensible aux
variations du niveau marin, constituée depuis le Miocène supérieur essentiellement par

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Carte de localisation schématique des Sites ODP du Leg 101 forés aux Bahamas.
Location of Sites ODP Leg 101 in the Bahamas.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985 1145

des boues de périplate-forme riches en aragonite. Tant dans le Tertiaire que dans le
Quaternaire la cimentation est faible.
(b) Pente sud-est d'Exuma Sound (type pente de transit [6]). — L'étude de cette pente
relativement forte a été réalisée dans trois sites allant du Miocène supérieur au Quater-
naire. Le site 632 situé à 1996 m de profondeur a traversé 283m deboues de périplate-
forme, craies et calcaires avec des intercalations de turbidites. La vitesse de sédimentation
est rapide et atteint 120 m/M.a. Le site 633 à 1681 m est composé de boues, turbidites
et slûmps. Enfin, le site 631 situé à 1081 m sur une pente de 10 à 12° renferme des
sédiments constitués aussi de boues de périplate-forme et de craie mais apparemment
sans turbidites.
in. CONCLUSIONS. — Bien que la plate-forme de FAlbien n'ait été atteinte qu'au Nord
de Little Bahama Bank, dans le Blake Plateau (627) les résultats du Leg 101 laissent
penser qu'à FAlbien la plate-forme carbonatée s'étendait sur F emplacement actuel du
Sud de Blake Plateau et le Détroit de Floride, ce qui confirme l'hypothèse du Mégabank
pour le Nord-Ouest des Bahamas. Ces résultats s'appuient aussi sur les corrélations,
entre le Leg 626 du Détroit de Floride et le sondage de Great Isaàc, et sur les données
sismiques. Nous avons aussi noté une différence de faciès entre FAlbien terminal-
Cénomanien des sites 627 et 635. Par ailleurs la fracturation a probablement joué un
rôle dans là segmentation et la subsidence de la plate-forme puisqu'il y a un peu plus de
2 km de différence entre la profondeur de la plate-forme au site 627 et celle, déterminée
par sismique, aux sites 635 et 636.
Par ailleurs, l'étude des pentes carbonatées montre que les phénomènes de transit
(by-pass) sont importants tant sur les pentes fortes que sur les pentes faibles et que
contrairement à ce que l'on observe sur les marges terrigènes la sédimentation est
importante lorsque le niveau de la mer est élevé. Cette étude a aussi permis de montrer
qu'un paléd-Gulf-Streama joué un rôle important dès l'Oligocène dans la sédimentation
tant dans le Détroit de Floride qu'au pied de la pente de Little Bahama Bank.
Ainsi, le Leg 101 permet de compléter et d'enrichir les données sur les séries profondes
des Bahamas et de mieux connaître un des modèles actuels qui a été le plus utilisé dans
les comparaisons avec les reconstitutions géologiques, en particulier celles du Mésozoïque
téthysien.
Remisele 7 octobre 1985.

RÉFÉRENCES;BIBLIOGRAPHIQUES

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J. A. : Institutefor Geophysics, University of Texas, Austin, U.S.A.;
P; C. et G. H. : Department of Geology, Newcastle, Grande-Bretagne;
G. E. : GeologischesInstitut E.T.H.-Zurich, Suisse;
1146 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985

E. F. : Laboratoire de Stratigraphie,
U.A. n° 319-C.JV.R.S., Université Pierre-et-Marie-Curie,75005 Paris;
R. F. L. : Department of Geology, University of Georgia, Athens, U.S.A.;
C. F. : Department of Geological Sciences, N.W. University Evanston, U.S.A.;
G. K. : Geologishes Institute Goldschidtstrasse 3 Gottingen, R.F.A.;
D. L. : N.O.R.D.A. Seafloor GeosciencesDivision, N.S.T.L., U.S.A.;
M. L. : Department of Geology and Geophysics,
Woods Hole Océanographie Institution, Woods Hole, U.S.A.;
A. M. :Department of Geological Sciences, Rutgers University, U.S.A.;
A. M. : Marathon OU Company, Littleton, U.S.A.;
H. M. : Heroy Geology Laboratory, Syracuse University, U.S.A.;
A. P. : Océan Drilling Program. Texas A and M. University, Collège Station, U.S.A.;
C. R. : Institutfrançais du Pétrole, 92500 Rueil-Malmaison;
W. S. : Department of Oceanography,
Texas.A and M University, Collège Station, U.S.A.;
P. S. : Fisher Island Station, University of Miami, U.S.A.;
J. V. : Dutch Geological Survey, Haarlem, Hollande.
D. W. : Department of Geology, University of Nebraska, U.S.A.;
C. W. : Lamonl Doherty Geological Observatory Palissades, New York, U.S.A.
C R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985 1147

GÉOLOGIE. L'héritage hercynien dans la paléogéographie récifale du Jurassique



supérieur nord-aquitain (France). Note de Pierre Hantzpergue, présentée par Michel
Durand-Delga.

Les récifs oxfordiens et kimméridgiens des Charentes sont localisés le long d'alignements WNW-ESE, limités
par des fractures à jeu tertiaire. Celles-ci correspondent probablement à des structures profondes du socle
hercynien dont le rejeu a déterminé la paléogéographiedu Jurassique supérieur.
.

GEOLOGY. — Hercynian influence in the coralline paleogeography of the upper Jurassic of northern
Aquitaine (France).
The distribution of oxfordian and kimmérïdgian reefs of Charentes is limited by south armoricanfaults probably
corresponding with structures of the hercynian base. Tlieir renewed activity has fixed the paleogeography of
upper Jurassien

Successivement, à l'Oxfordien moyen et supérieur, au Kimméridgien inférieur et au


Kimméridgien terminal (Portlandien auct.), trois épisodes coralliens se succèdent dans le
Jurassique supérieur charentais. Les levers cartographiques au 1/50 000 ont permis de
détailler l'extension géographique des faciès récifaux et périrécifaux, et de préciser les
-grandes lignes structurales de la bordure nord-aquitaine. H apparaît ainsi que les aires
récifâles sont, soit limitées à leur bordure sud-ouest par des accidents d'orientation
armoricaine, soit liées à des flexures de même orientation (fig. 1).
Cette relation entre structure et sédimentation récifale est accompagnée par une migra-
tion évidente des faciès coralliens du Nord-Est vers le Sud-Ouest. Ceci pourrait traduire
un déplacement, dans le temps, du jeu des paléostructures: si les limites d'érosion ne
permettent pas d'observer dès faciès d'arrière-récif au Nord-Est de ces axes, les données
de sondage montrent en revanche que, respectivement pour chaque épisode récifal,
l'extension des aires coralliennes vers le Sud coïncide à la position des affleurements
actuels,
I. A L'OXFORDIEN MOYEN ET SUPÉRIEUR. — Une auréolé de calcaires polithiques, bioçlasti-
ques, localement récifaux, se développe autour dé la terminaison nord-ouest du Massif
Central. Du Berry à l'Angoumois, en particulier dans la région de La Rochefoucauld
(vallées de la Bonnieure et de la Tardoire), l'abondance des édifices coralliens indique
l'existence de hauts-fonds qui persisteront jusqu'à l'Oxfordien supérieur [1].
A l'Ouest, sur la bordure méridionale du Massif vendéen, une seconde plate-forme
récifale s'individualise à l'Oxfordien supérieur, comme en témoignent les dépôts oolithi-
ques et bioelastiquesà stratification entrecroisée de la Pointe du Lisay (Ile de Ré).
Entre ces deux hauts-fonds,la transition entre les faciès construits et les dépôts marneux
à Spongiaires et à Céphalopodes [2] se réalise très rapidement.
La répartition des faciès organogènes présente une relation directe avec la structure
régionale. Ainsi, les récifs de la Vallée de la Bonnieure et des environs de La Rochefou-
cauld sont limités vers le Sud-Ouest par la faille de Saint-Ciers et par ses accidents
satellites. Le sondage de Saint-Ciers (683-3-36) permet d'estimer le rejet de cette faille à
une quarantaine de mètres. De part et d'autre de la faille, les variations de faciès se
réalisent sur une distance inférieure à 500 m [3]. Le caractère synsédimentaire de cet
accident s'exprime par une modification rapide de la morphologie du fond : dans le
compartiment effondré, les niveaux bioconstruits sont remplacés par des bancs conglomé-
ratiqùes correspondant à l'épandage du matériel corallien,

0249-6305/85/03011147 S 2.00 © Académie des Sciences


1148 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985

Fig. 1. — Répartition cartographique des formations coralliennes à l'Oxfordien moyen et supérieur (A), au
Kimméridgien inférieur (B) et au Kimméridgien terminal (C) et relation avec la structure. 1, faille de
Saint-Ciers; 2, faille de l'Echelle; 3, failles d'Aulnay; 4, failles de Surgères; 5, failles de Niort; 6, failles de
l'Ile de Ré; 7, faille de Rouillac; D, failles; E, axe de Muron à Cognac. Abréviations des figures 1 et 2 :
Ai, Aigrefeuille; An, Angoulême; Au, Aulnay; Co, Cognac; LR, La Rochelle; LRd, La Rochefoucauld;
Ml, Mansle; Ma, Matha; MM, Mauzé-sur-le-Mignon;Mu, Muron; Ni, Niort; Ro, Rochefort; Ru, Ruffec;
S, Saintes; SJ, Saiht-Jean-d'Angély;Su, Surgères.
Fig. 1. — Cartographical distribution of coral formations during the middle and upper Oxfordian, during the
lower and terminal Kimmeridgian and relation with the structure.

De même, sur la plate-forme rochelaise, l'oolithe de la Pointe du Lisay paraît également


localisée sur le compartiment relevé de la faille majeure de l'Ile de Ré.
II AU KIMMÉRIDGIEN INFÉRIEUR. — Durant la zone à Cymodoce, les dépôts indiquent
une tendance régressive sur toute la bordure nord-aquitaine. Cette époque est par ailleurs
marquée par l'émersion du Massif armoricain et du Massif Central [4].
A l'Est, dans l'Angoumois, des faciès bioelastiques sub-récifaux de forte énergie tradui-
sent une faible profondeur de dépôt. Une abondante faune à Diceras et Nerinea confirme
ce caractère [5].
A l'Ouest, des faciès micritiques à faune benthique (Nerinella et Montlivaltia) précèdent
l'implantation de constructions coralliennes, particulièrement importantes en Aunis
(Angoulins, Pointe du Chay, Surgères) [6].
Ces deux hauts-fonds sont reliés par un alignement WNW-ESEd'îlots récifaux (région
d'Aulnay), tandis que le passage aux faciès plus marneux de plate-forme externe se réalise
plus au Sud, à la latitude de Saintes [7].
Au Kimméridgien inférieur, la relation entre structure et sédimentation récifale est
illustrée de deux façons (fig. 2) : les platures coralliennes sont localisées soit en bordure
d'un compartiment relevé, soit sur l'axe d'une flexure ou d'un bombement anticlinal
d'orientation sud-armoricaine. Ainsi, le haut-fond angoumoisin est limité au Sud-Ouest
par la faille de la vallée de l'Échelle; les récifs de la région d'Aulnay s'alignent également
le long d'une flexure faillée d'orientation sud-armoricaine. Sur la plate-forme rochelaise,
C. R; Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II n° 15, 1985 1149

Fig. 2. — Écorché de la surface intra-Kimméridgieninférieur à la fin de l'épisode corallien. Abréviations des,


localités.(cf.fig. 1) : 1, couverture sédimehtâire antê-kimméridgienne;; 2, faciès coralliens; 3, socle hercynien.
Fig. 2. — Séctional view ofthe surface under the lower kimmeridgien beâs.at the end of the coralline épisode, ' -

entre La Rochelle et Surgères, les dépôts bioconstruits s'étalent plus largement. Les coraux
présentent cependant une plus forte concentration sur l'axe anticlinal Muron-Cognac.
III. Au KIMMÉRIDGIEN SUPÉRIEUR. — Un haut-fond d'orientation NW-SE s'étend sur;
l'Angoumois, au Kimméridgien terminal (zone à Autissiodorehsis, Portlandien inférieur
auct. [&]). H est marqué par le dépôt de calcaires oolithiques à Nérinées avec, localement,
dés édifices coralliens peu développés (vallée de La Noùère) [9]; Ce liaut-fond est limité,
lui aussi au Sud-Ouest, par la faille de Rouillac (fig. 1) : le passage à la plate-forme;
externe se réalise très rapidement, au Sud de cet axe, avec l'apparition des faciès marneux
à Nahôgyra et à Céphalopodes.
V CÔNGLUSÎON. — Au Jurassique supérieur, la sédimentation
corallienne sur la bordure
nôrd-aqùitaine est contrôlée par la dynamique d'une marge en distension. Si les structures
actuelles résultent dé mouvements pyrénéo-provençaux, elles dérivent d'une fracturation
du bâti hercynien. Ces accidents du socle semblent avoir joué un rôle essentiel dans la
répartition et l'orientation des hauts-fonds récifaux. La locaMsatioh des bioconstructiôns
sur la bordure sud-ouest des compartiments suggère un mouvement distensif par jeu
d'une série de blocs basculés [10].
Reçue le 23 juillet 1985, acceptée le 7 octobre 1985.

.RÉFlpNCES BIBLIOGRAPHIQUES ;
[1] P. HANTZPERGUE et RMAIRE, Buïï. SOC. geol. Fr., (7), XXIII, 5,1981, P^ 493-500.
[2] E. CARIOU, P. HANTZPERGUE et J.: F: TOURNEPICHE, 7e R,A.S,T,, Lyon, 1979, p. 102.
[3] J. F. TOURNEPICHE, Là plate-formerécifale oxfordiénne de Charente, D.E.P.S.U.P., Poitiers, 1981, 74 p.
[4] R..ENAY, Docum. Lab. GéoZ., H.S.,;Lyon, 1980, 210p.
[5] P. MAIRE, Le Jurassique supérieur charentais : plate-forme carbonatée. et faciès de bassin, Thèse Doct.
3e cycle, Poitiers, 151 p.
1150 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série n, n° 15, 1985

[6] P. HANTZPERGUE, Bull Soc. géol. Fr., (7), XXI, 6, 1979, p. 715-726.
[7] P. HANTZPERGUE, 7e R.A.S.T., Lyon, 1979, p. 246.
[8] P. HANTZPERGUE, Comptes rendus, 296, série n, 1983, p. 1803-1805.
[9] J. DELFAUD et M. SERVANT, Bull. Soc. linnéenne, Bordeaux, I, n° 1, 1971, p. 7-23.
[10] J. GABILLY, E. CARIOU et P. HANTZPERGUE, Comité des Trav. Hist. et Scient,, 1985, 19 p.

Laboratoire de Géologie stratigraphiqueet structurale,


Unité associée au C.N.R.S., n°157, 21000 Dijon,
Faculté des Sciences, 40, avenue du Recteur-Pineau, 86022 Poitiers Cedex.
C.R Acad. Sc, Paris, t. 301, Série II, n° 15 1985 1151

GÉOLOGIE.
— Sédimenlologie et diagenèsè de la matière organique contenue
dans le
niveau Paquier, couche repère de l'Albien inférieur vpcontien. Note; de Jean-G. Bréherct,
présentée par Jean A ubouin.

Le niveau Pàguier, couche repère dans l'Albien inférieur pélagique vôcontien, présente une matière organique
de typé marin. La distribution géographique de celle-ci pâraîLirifluèncéepar les apports détritiques et ledêgré:
de confinement, tributaires de la morphologie du bassin. Sa maturation résulte d'une diagenèsè thertnique
croissante vers l'est, compliquée par une légère anomalie axiale dans le secteur occidental.

GEOLOGY.— Sedimentologyand diagènesis of orgariicjmattérfrom^the Paquier Level, a lowermost Albian


key bed of. the voçontian basin.
The. Paquier Level, a key bed in the lowermost Albian pelagic:sédiments of the voçontian basin (SE France),
displays a marine organic mditer. The. geographical distribution of this orgànic maiter is influenced by detritql
influx and the degree of anoxia, depending of the basin morphology. This; maturation is affected by a therrnal
diagenesis increasingeastward, complicated by aweak axialqnomaly in the western zone.

1. INTRODUCTION. — Au sein de la série pélagique vocontienne, s'individualise un


niveau repère de schistes carton riches en matière organique (MO), daté de l'Albien
basai, le niveau Paquier [1], de 0,5 à 5 m d'épaisseur. Il serait le témoin d'un épisode
anoxique étendu à la Téthys alpine [2]. Provenant de 25 sites répartis sur 10000 km2 en
surface palinspastique, 250 échantillons ont subi la pyrolyse sur l'appareil Rock eval (1).
La méthode [3] permet, lors d'une montée programmée de température dans un four, la caractérisation
quantitative des hydrocarbures libres (pic S 1; kg/t de roche), des composés hydrocarbonés (pic S2 = potentiel
pétrolier; kg/t) et oxygénés (CO2 pic S 3) produits lors du cracking du kérogène, ainsi que du carbone
organique total (COT; % pondéral). L'indice d'hydrogène (IH), tiré du rapport S2/COT (mg/g COT), et
l'indice d'oxygène (IO) issu du rapport S 3/COT, renseignent sur le type de matière organique. La température
au sommet du pic S 2 (Tmax) est fonction de l'évolution thermique subie par la MO in situ.
2. CARACTÉRISATIONDE LA MATIÈRE ORGANIQUE. 2.1. Teneurs en carbone organique

total (COT). — De façon caractéristique, les passées laminées présentent une teneur
élevée en COT, généralementsupérieure à 2 %. par rapport aux marnes encaissantes (0,7
à 1,5 %). Les corrélations, établies pour la lithologie entre les différents sites, se retrouvent
pour l'évolution verticale du COT, et pour les autres paramètres. La correspondance
entre ceux-ci et la lithologie est étroite ( fig. 1). Ainsi, les marnes massives de l'unité II
offrent de faibles teneurs, proches de 1 %, alors qu'un maximum de 5,7 % s'observe pour
l'horizon a nettement laminé (unité V). La moyenne, établie pour l'ensemble des sites,
est de l'ordre de 2,7 %. Les plus fortes valeurs avoisinent 9 % (Salignac, SE Sisteron). Il
n'y a de corrélation ni entre le COT et la puissance du niveau, ni entre le COT et la
teneur en calcaire.
2.2. Potentielpétrolier, indice d'hydrogène (IH). — Dans l'ensemble, le niveau Paquier
présente un bon potentiel pétrolier, supérieur à 5 kg d'hydrocarbures potentiels par tonne
de roche. L'horizon a montre un très bon potentiel (>20 kg/t). Des valeurs dépassant
50 kg/t ont été enregistrées à Salignac. Étant donné le caractère immature de la MO
(excepté près des nappes), la quantité d'hydrocarbures formés est très faible et, habituelle-
ment, de l'ordre de 0,5 kg/t.

0249-6305/85/03011151 S2.00 © Académiedes Sciences


1152 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, e° 15, 1985

Limité à des valeurs inférieures à 50 pour les passées marneuses homogènes, IH s'élève
nettement pour les horizons laminés, et suit des tendances parallèles à celles du COT
( fig. 1). L'indice moyen est de l'ordre de 350; les valeurs maximales (>600) caractérisent
les passées où la lamination est la plus nette (horizon a). Des valeurs proches de 800 ont
été enregistrées à Salignac ( fig. 2). Les quelques valeurs de l'indice d'oxygène acquises
pour le site de Pré-Guittard ( fig. 3), sont comprises entre 30 et 70. La MO montre donc
une nette tendance marine. Une certaine partie pourrait provenir du nannoplancton
calcaire, dont les tests constituent une masse importante de la roche, et parmi eux,
essentiellement les Nannoconus. Les Dinoflagellés sont rares [4].
3. DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUEDE LA MO DU NIVEAU PAQUIER. — L'extension de ce
niveau à toute la partie pélagique du bassin vocontien offrait l'excellente opportunité
d'étudier les variations spatiales des caractéristiques de sa MO. Deux paramètres, IH et
Tmax, vont nous permettre d'en souligner ici quelques aspects.
3.1. Indice d'hydrogène. — Pour chaque site, la valeur considérée est la moyenne des
indices (passées laminées). Une carte en iso-IH en est tirée ( fig. 4). L'aspect lacunaire de
cette carte (et de la suivante) est causé par l'absence d'affleurements dans le secteur de
Gap-Digne. On y voit que la partie occidentale du bassin présente une zone centrale à
faibles valeurs : 300 à 350, voire inférieures à 300. Des indices plus élevés s'observent au
nord du bassin (400-450), ainsi qu'au SE de Sisteron où la moyenne est de 480. A FESE
du bassin, les valeurs sont faibles de nouveau. Examinons comment on peut expliquer
cette disposition.
L'hypothèse d'une altération de la MO à l'affleurement ne semble pas devoir être
retenue du fait : (1) du caractère continu de l'évolution du paramètre, (2) de la disposition
structurale quelconque des affleurements eu égard aux valeurs observées (de forts penda-
ges n'impliquent pas un abaissementde l'indice), (3) les affleurementsont été systématique-
ment « raffraichis » pour la prise d'échantillons.
Des essais ont été pratiqués afin d'apprécier l'effet de la matrice minérale (dû à l'activité
d'argiles comme l'illite et la smectite) sur la rétention des composés hydrocarbonés. Ils
ont montré que la chute de IH est de l'ordre de 100 mg/g COT pour un échantillon de
1,5 % COT. Bien qu'important, cet effet ne peut rendre compte à lui seul de la différence
d'indice entre des horizons de cette teneur et des horizons plus riches, la différence à
combler étant de l'ordre de 400 à 500 mg/g COT. Cette remarque semble pouvoir
s'appliquer à l'échelle du bassin, car le cortège argileux ne varie que dans des proportions
somme toute modestes.

EXPLICATIONSDES PLANCHES

Planche I

Fig. 1. —
Distribution verticale des paramètres de pyrolyse de la matière organique. Col de Pâlluel.
Fig. 1. — Vertical trends of organic matter pyrolysisparameters. Palluel.
Fig. 2. — État d'évolution de la matière organique (TmM : température maximale de pyrolyse), pour Salignac
et Glaise.
Fig. 2. —
Organic matter évolution stage (Tmm: maximum température ofpyrolysis), for Salignac and Glaise.
Fig. 3. - Diagramme IO/IH. IO (mgC02/g COT); IH (mgHC/g COT). Pré-Guittard.
Fig.i.-IO/IHdiagram. IO (mg COJgCOT), IH (mgHC/gCOT). Pré-Guittard.
PLANCHE I/PLATE I JEAN-G. BREHERET
PLANCHI II / PLATE II
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985 1155

Planche II

Fig. 4. —
Distribution du paramètre IH. Iso-teneurs (mgHC/g COT). 1, 2 et 3, voir légendes de la figure 5.
Fig. 4. —
IH distribution. Iso-grades(mgHCIg COT). 1, 2 and 3, see legend of Figure 5.
Fig. 5. Maturation de la matière organique. Courbes d'iso-maturation (Tmax en degrés celsius), pour

IH = 350. 1, extension des marnes bleues (faciès de bassin); 2. turbidites détritiques; 3, marnes à débit en
baguettes prismatiques.
Fig. 5. — Organic matter maturation. Iso-maturation curves expressed(Tm„ in degrés celsius), for IH=350. 1,
"marnes bleues" extension; 2, detrital turbidites; 3, maris with prismatic stick splitting.

Il apparaît aussi que l'indice est peu affecté par la maturation thermique, le Tmax étant
au plus de 435°C pour les points considérés. La différence entre le potentiel pétrolier
(pic S2) et le potentiel d'origine (pics S1+S2) est en effet comparable pour tous les
sites.
Relier ces variations à la production même de la MO apparaît conjectural, et si l'on
peut penser à quelque rôle du nannoplancton calcaire dans cette production, il ne
s'esquisse cependant pas de corrélation entre COT et teneur en calcaire.
En revanche, le bassin, bordé de terres émergées dans sa partie occidentale, a nécessaire-
ment subi des apports de matériel végétal continental. Les traces d'une telle composante
peuvent s'observer par exemple sur le diagramme IO/IH ( fig. 3) où IO s'élève jusqu'à
environ 65, et IH s'abaisse vers 100. A l'appui de cette remarque, l'examen pétrographique
(en microscopie par réflexion) de surfaces polies de roche brute et de résidus organiques,
laisse apparaître effectivement une certaine quantité de particules de vitrinite (2). On peut
y voir ainsi une certaine dilution du matériel organique autochtone par les organoclastes
continentaux.
D'autre part, l'altération de la MO lors de son dépôt sur le fond pourrait fournir un
autre élément de réponse. En effet, le dessin des courbes iso-IH n'est pas sans rappeler
la disposition des corps turbiditiques albiens [5]. La paléotopographie qui guida ces
épandages régit sans doute aussi le flux des eaux oxygénées issues du continent tout
proche. Celles-ci, induisant des modifications dans la physico-chimie des eaux de fond,
auraient alors provoqué de ce fait une légère oxydation de la MO.
A l'est du bassin, les valeurs voisines de celles de la zone axiale occidentale suggèrent
aussi une certaine altération primaire de la MO.
3.2. Degré de maturation (Tmax). — Du fait de leur structure moléculaire, les différents
types de MO ne subissent pas de la même façon les effets de la diagenèsè. Ainsi, avec
l'évolution thermique, l'accroissementdu Tm.,x est plus faible pour le type I que pour les
types II et III, la différence étant moins marquée entre ces deux derniers. D'autre part,
les effets de matrice minérale sont d'autant plus importants que la concentration en MO
est faible. Pour le matériel étudié, qui est un mélange des types II et TU, avec des teneurs
variables en COT, ces faits apparaissent effectivement comme le montre le diagramme
IH/Tm.ix ( fig. 2), où les Tmax élevés correspondent à de faibles IH et de faibles COT.
Une forte corrélation négative existe entre ces deux paramètres, pour l'intervalle de
températures rencontrées. Les valeurs de Tmax considérées ici ont été calculées pour
IH = 350, selon l'équation de la droite de régression établie pour chaque site. De cette
façon, l'incidence de : (1) la nature de la MO, (2) des effets de matrice minérale, (3) de
l'altération de la MO, (4) de l'altération à l'affleurement, est ainsi minimisée. Une carte
en iso-Tmax en est tirée ( fig. 5).

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II —82


1156 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série H, n° 15, 1985

Dans la partie NW du bassin, une zone aux Tmax supérieurs à 420°C, voire à 425,
sépare les secteurs nord et sud aux valeurs plus faibles. Une légère augmentation,
s'esquisse d'autre part d'ouest en est. L'un des sites, localisé au NE, présente une
température plus élevée que le contexte (435°C). Dans le secteur ESE du bassin, les Tmax,
caractérisant une MO encore immature, sont de l'ordre de 430°C. Au voisinage des
nappes, ils augmentent très brutalement au-dessus de 530°C (zone à gaz); le plus souvent,
en fait, ils ne peuvent être caractérisés par suite de la disparition des hydrocarbures
potentiels (pic S 2). Ceci traduit une importante surchauffe dont l'origine tectonique est
attestée entre autre par le débit de la roche en baguettes prismatiques. Comment la
distribution de ces valeurs peut-elle s'interpréter ?
En fait, la distribution des Tmax semble bien résulter des effets de la diagenèsè thermique.
Comme quelques auteurs l'ont montré, pour le Jurassique [6], ou le Crétacé inférieur [7],
l'influence thermique due à l'orogenèse alpine s'est exercée de façon croissante vers l'est.
La figure 5 en fournit un nouveau témoignage grâce à l'évolution de la MO, mettant
aussi en relief une anomalie axiale dans la partie occidentale du bassin, en coïncidence
avec une très légère augmentation de chlorite, rappelant celle caractérisée au
Valanginien [7]. Ceci laisse penser que postérieurementau dépôt, cette zone sensible subit,
un léger accroissement du flux thermique par rapport aux alentours, probablement au
cours d'un paroxysme de l'orogenèse alpine. L'autre anomalie, observée dans le NE,
pourrait s'expliquer par une augmentation très localisée du flux thermique dans cette
zone tectoniquement complexe, par la structuration du seuil dauphinois. Elle se traduit
ici par une nette recrudescence de la chlorite.
4. CONCLUSIONS. — Du fait que le niveau repère considéré est étendu à tout le bassin
pélagique vocontien, qu'il est isochrone et présente un faciès lithologique et organique
assez homogène, il était possible de cartographier les variations,des caractères de sa MO.
Celle-ci, présentant un net cachet marin, la répartition de l'indice IH paraît modulée par
les apports organoclastiquescontinentaux et le degré de confinement, subordonnés à la
structure du bassin. La distribution du degré de maturation (Tmax) montre une évolution
sensible d'ouest en est dans la zone immature, trahie par une très brutale augmentation
au voisinage des nappes (métagénétique). Une zone axiale à Tmax modérément élevé se
différencie dans la partie occidentale du bassin, due sans doute à une élévation locale du
flux thermique au cours de la tectogenèse alpine.
C) Mesures effectuées à 1T.F.P. et à la C.F.P., grâce à l'obligeancede J. Espitalie et J. L. Oudin.
( 2) Observations faites à l'Université d'Orléans, grâce à l'obligeancede B. Alpern.

Remise le 17 juin 1985, acceptée le 16 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[2] J.-G. BREHERET, Comptes rendus, 300, série II, 1985, p. 355-358.
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[5] J. L. RUBINO, in Synthèse géologique du SE de la France, Mém. B.R.G.M., 1, n° 125, 1984, p. 334.
[6] P. ARTRU, Thèse de doctorat d'état, Lyon, 1972, 173 p.
[7] S. FERRY, P. COTILLON et M. Rio, Comptes rendus, 297, série II, 1983, p. 51-56.

G.R.E.C.O. 52, Laboratoire de Géologie, Faculté des sciences. Parc de Grandmont, 37200 Tours.
R. Acad. Sc. Paris, t. 301 Série II, n° 15, 1985
C.
1157

TECTONIQUE. — Sur la tectonique précoce hercynienne et le rôle des accidents


anléschisteux dans le Haut Atlas occidental paléozoïque au Sud d'Imi-n-Tanoule (Maroc).
Relations avec les Jebilel occidentales. Note de Jean-Jacques Cornée et Jean Ferrandini,
présentée par Jean Aubouin.

L'étude de la faille des Ait Lahscn dans le Haut-Atlas occidental montre; le rôle fondamental des failles
normales antéschisteusessubméridiennesdans la structuration hercyniennedes boutonnières de l'Ouest maro-
cain. Les chevauchementsantéschisleuxdu Haut-Atlas et des Jebileloccidentales(Skhirats) pourraient correspon-
dre à de telles failles normales remobilisées au début du serrage hercynien. Ces failles normales ont pu
commencer à fonctionner au Dévonien inférieur.

TECTONICS. — About early Variscan tectonics and the importance of precleavagefaults in the Paleozoic
of the Western High-Atlas (South of Imi-n-Tanoute, Morocco). Relations with Western Jebilets.
Field investigations in the Aït Lahsen faulted zone (Western High Atlas) show that precleavage normal faulting
existed in Western Paleozoic of Morocco and clearly influenced Variscan structuration. Precleavage thrustings
in the High-Atlas and in the Jebilét (Skhirat unit) mighl be such normal faults remobilized at the beginning of
Variscan orogeny. These normal faults might exist since lower Devonian.

I. INTRODUCTION. Les corrélations structurales entre les boutonnières paléozoïques



de la Meseta ouest-marocaine montrent l'existence d'une zone complexe d'accidents
majeurs s'étendant sur plus de 250 km en direction N20°E, depuis la région de. Rabat
jusqu'aux Jebilet occidentales (fig. 1). Cette zone, diversement interprétée, est dénommée
« contact frontal » [1] ou « Western Moroccan Shear Zone » (W.M.S.Z.) [2]. Plus au Sud,
dans le Haut Atlas occidental, se trouve la faille des Aït Lahscn [3] en prolongation
cartographique de la W.M.S.Z. (fig. 2). Cette région, moins déformée que les autres
tronçons hercyniens permet d'appréhender le rôle majeur de failles normales antéschisteu-
ses et leur évolution au cours du serrage hercynien (post-Viséen supérieur, anté-
Stéphanien). Ces nouvelles données pourraient être intégrées pour la compréhension de
la structure fort complexe de l'unité des Skhirats dans les Jebilet occidentales.
II LE HAUT ATLAS OCCIDENTAL. L'extrémitéNW du Haut Atlas occidental paléozoï-

que est constituée, au Sud d'Imi-n-Tanoute, par une série de plus de 6800 m d'épaisseur,
datée dans ses 3 000 m supérieurs du Cambrien moyen au Dévonien inférieur ([4], [3],
[5], [6]). Cette série est déformée en anticlinal N30°E légèrement déversé au NW et
synchrone d'une schistosité naissante en éventail. Les terrains ordovico-dévoniensn'affleu-
rent que sur le flanc E de cet anticlinal et selon une bandeN-S dans les Aït Lahsen
(fig. 2). On y trouve, séparés par de puissantes vires argilo-gréseuses, des quartzites de
l'Ordovicien supérieur, des conglomérats rouges du Dévonien inférieur (fig. 3) et parfois
des calcaires du Dévonien moyen à supérieur. Les conglomérats rouges, associés à des
grès et des siltstones (200 m d'épaisseur), manifestent une tendance continentale (plantes)
et rappellent le faciès « vieux grès rouge » [7].
Toute la série paléozoïque est recoupée à l'Est par la faille des Aït Lahsen, subméri-
dienne (fig. 3), amenant l'Ordovico-Dévonien contre du Cambro-Ordovicicn à l'Est.
Dans sa partie N (Aït Lahsen), cette faille a un fort pendage W. Elle a joué en faille
normale avec effondrement de son compartiment ouest (Dévonien inférieur contre Cam-
brien moyen). Vers le Sud, cette même faille passe à une faille-pli (Adrar Iliikri, fig. 3).
L'ordovico-Dévonien en série inverse, tronqué à la base, repose en demi-klippe sur le
Cambrien moyen. Cette demi-klippe est plissée en synforme méridien P1, tout comme le
Cambrien sous-jacent. La schistosité S 1, très fruste, conserve une direction identique de

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1158 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série H, n° 15, 1985

part et d'autre de l'accident. Elle est postérieureà la mise en place finale du compartiment
chevauchant.
La structure de l'Adrar Iliikri implique l'emboutissage[8] du Cambrien moyen homo-
gène (compartimentE) dans FOrdovico-Dévonienà forts contrastes lithologiques (Aït
Lahsen). Le dépliage de cette structure permet de mettre en évidence, après le jeu normal
de la faille et au cours du serrage hercynien : 1° une érosion du compartiment oriental
jusqu'au Cambrien moyen (en partie synchrone du jeu normal précoce?); 2° un renverse-
ment de FOrdovico-Dévonien; 3° une reprise en faille inverse vers FE ou le SE de
l'ancienne faille normale (troncature de l'allochtone); le rejet vertical du mouvement
inverse ne compense pas le rejet initial normal, le chevauchement s'effectuant sur une
surface abaissée par érosion; 4° des décollements disharmoniques dans l'allochtone; 5° le
plissement et la schistosité méridiens. 2°, 3°, 4° et 5° sont nécessairement synchrones,
5° fonctionnant plus longtemps. Plus au Sud encore, la faille des Aït Lahsen est relayée
par des décrochements dextres synschisteux (fig. 2)N30°E. Elle s'est réouverte au
Stéphano-Permien(?) puisqu'on y trouve des filons de microdiprite non déformés.
III. LES JEBILET OCCIDENTALES (fig. 2 et 4). — La W.M.S.Z! y délimite deux grandes
unités structurales : à l'Ouest, c'est l'anticlinorium N-S synschisteux PI du Bou Gader,
constitué par la « Série du Bou Gader » (grès, arkoses, calschistes) attribuée au Cambrien
inférieur [9]; à l'Est et au-dessus, se trouve l'unité des Skhirats, surmontée en continuité
apparente par l'ensemble volcano-sédimentairedu Sarhlef daté au sommet du Viséen
supérieur[9]. L'unité des Skhirats forme un ensemble disloqué de terrains de FOrdovicien
supérieur(quartzites, grès, pélites), du Dévonieninférieurprobable (conglomératsrouges),
du Dévonien moyen (calcaires) et très localement du Viséen supérieur ([9], [10], [11]). Le
mode de mise en place de cette unité et la nature de son contact avec le Bou Gader ont
été controversés ([9], [13], [10], [14], [15], [16], [12], [17]). [11] ont cependant montré que
la mise en place de l'unité dans sa partie nord était anté-schistosité S 1 et proposent qu'il
s'agisse d'un olistostrome déformé.
Dans la partie sud de l'unité (fig. 4), FOrdovicien du douar Suiguia, ici en série inverse,
repose à l'Ouest sur les grès verts du Bou Gader. Le contact, fortement pente à l'Est, est

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 1. — Situation du secteur étudié.


Fig. 1. — Place of the studied area.
Fig. 2. — Schéma structural du secteur étudié. 1, série du Bou Gader, Cambrien inférieur probable; 2,
Cambro-Ordovicien indifférencié; 3, Ordovico-Dévonien; 4, unité des Skhirats; 5, formation du Sarhlef,
Dinantien; 6, formations post-viséennes; 7, accident majeur; 8, faille; 9, synclinal hercynien; 10, anticlinal
hercynien; AA', coupe, fig. 3.
Fig. 2. — Structural map ofthe studied area. 1, Bou Gader Séries, probable Lower Cambrian;2, undifferentiated
Cambro-Ordovician; 3, Ordovician to Devonian; 4, Skhirats Unit; 5, Sarhlefformation, Dinantian; 6, Post-
Visean formations; 7, main fault; 8, fault; 9, variscan syncline; 10, variscan anticline; AA', cross section Fig. 3.
Fig. 3. — Structure de l'Adrar Iliikri.
Fig. 3. — Structure of Adrar Iliikri.
Fig. 4. —
Schéma structural de l'extrémité sud de l'unité des Skhirats, d'après [12], modifié.
Fig. 4. —
Structural map of the Southernpart of the Skhirat Unit, from [12] modified.
Fig. 5. —
Coupe à 2 km au NNW du Douar Suiguia montrant le contact précoce replissé de l'unité des
Skhirats sur la série du Bou Gader.
Fig. 5. — Cross-section 2 km NNW from Douar Suiguia showing réfolded early thrusting ofthe Skhirat Unit on
the Bou Gader Séries.
MANCHE I/PLATE I JEAN-JACQUES CORNÉE
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985 1161

souligné par des écailles conglomératiqueset/ou calcaires à chailles du Dévonien ([9], [12]).
La schistosité S 1 conserve une même orientation (N 170°E) dans FOrdovicien et dans le
Cambrien sous-jacent. Les calcaires sont affectés d'un fluage parallèle à S 1 tandis que
les conglomérats à galets de quartzite montrent un régime de fractures conjuguées
cohérent avec SI. A 2km au NNW du Doaar Suiguia, des lambeaux de Dévonien
(calcaires, conglomérats) et d'Ordovicien (grès, quarzites) affleurent isolément sur divers
faciès du Bou Gader et sans liaisons apparentes les uns avec les autres. Ils sont enchâssés
dans le Cambrien, traversés par la schistosité S 1 [18] et certains correspondent à des
charnières de plis PI serrés (fig. 5). Aucune cicatrice tectonique n'est visible, ni au
contact des lambeaux, ni dans leur encaissant qui n'est pas écaillé.
Les observations précédentes permettent donc de montrer : 1 ° que l'unité des Skhirats
est composée dans sa partie sud de deux sous-unités structurales séparées par un contact
anormal : à la base ce sont les conglomérats et les calcaires dévoniens, au-dessus ce sont
les grès et les quartzites de FOrdovicien supérieur (fig. 5); 2° que le contact basai de
l'unité des Skhirats correspond à un chevauchement précoce replié par les plis PI et
traversé par la schistosité régionale S 1 (fig. 5). Cette observation s'étend à toute la
partie sud des Skhirats (fig. 4); 3° que la désorganisation de l'unité en lambeaux est
antéschisteuse, probablement accentuée par les plis P1 et des écaillages tardifs ([14],
[12], [13], [11]).
Ces résultats confirment donc ceux de [11] plus au Nord.
IV. CONCLUSION. — Le contact basai de l'unité des Skhirats et la faille des Aït Lahsen
montrent tous deux des recouvrements anormaux de terrains plus jeunes sur des terrains
plus anciens avec des inversions stratigraphiques dans l'allochtone. Ces recouvrements
sont antérieurs à la schistosité régionale S 1 et supposent une érosion préalable. Dans le
Haut Atlas, leur origine se trouve dans le jeu d'anciennes failles normales subméridiennes.
Il est possible d'envisager une origine semblable pour le contact de base de l'unité des
Skhirats, avec un système de failles normales initiales grossièrementN-S et situées plus à
l'Est dans le Sarhlef. Cependant, deux grandes différences existent par rapport à l'Atlas :
1° l'unité des Skhirats a été profondément désorganisée, et ceci pendant ou après le
Viséen supérieur [11]; 2e l'effondrementinitial est celui du compartiment oriental (Sarhlef).
guidant la formation d'un bassin carbonifère [14] qui n'existe pas plus au Sud. La
dilacération des Skhirats a donc pu commencer pendant ce mouvement normal
(olistostrome[11] ? — brèches le long des paléofailles ?). Commedans l'Atlas, lés anciennes
failles normales ont pu être remobilisées en chevauchementau début du serrage hercynien
et l'ensemble Skhirats-bassin carbonifère chevauche le Bou Gader légèrement ployé [11].
Le sens de ce déplacement précoce n'est pas connu avec certitude mais le recouvrement
anormal cartographique est de 6 km au moins [9].
L'association systématiqueconglomérats rouges du Dévonien inférieur/W.M.S.Z.-faille
des Aït Lahsen (soulignée par de nombreux auteurs), depuis les Rehamnâ du Nord
jusqu'au Haut Atlas occidental (fig. 1) sur plus de 350km, suggère l'existence de cette
zone de faiblesse depuis cette époque. Les différences de structuration observées entre
chaque boutonnière peuvent alors être expliquées par deux phénomènes : 1° le développe-
ment ou l'absence de bassins carbonifères en bordure de certaines parties de la W.M.S.Z.;
2° selon l'orientation initiale des divers tronçons en relais de la W.M.S.Z. par rapport à
la contrainte hercynienne régionale, ils seront repris en décrochements et/ou chevauche-
ment anté à postschisteux.
Les auteurs remercient S. Mayol, J. Muller et C. Tempicr pour leurs critiques.
Remise le 16 septembre 1985.
1162 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[12] A. TAHIRI, Thèse 3e cycle, Université Aix-Marseille-III, 1982, 171 p.
[13] J. SOUGY, Trav. Lab. Sci. Terre Saint-Jérôme, Marseille, sér. B, n°12, 1976, 41 p.
[14] M. BORDONARO, J. L. GAiLLETet A. MICHARD, Comptes rendus, 288, série D, 1979, p. 1371-1374.
[15] J. MULLER, D. RAMSAY, J. SOUGY et B. STURT, 10e Coll. Géol afr., Montpellier, 1979, p.; 121-122.
[16] J. L. GAILLET et M. BORDONARO, SCI. Géol. Bull, 34, n°2, Strasbourg, 1981, p. 117-122.
[17] J. MULLERet coll., Colloque P.I.C.G., projet n° 27, 1983 (à paraître).
[18] Observation faite avec J.-P. Petit, Montpellier.

J.-J. C. : L.A- n" 132 « Etudes géologiques ouést-africaines », 13397 Marseille Cedex 13;
J. F. : Faculté des Sciences, Département de Géologie,
boulevard de Safi, B. P. n° SI5, Marrakech, Maroc.
C; R. Acad; Sc Paris, t. 301, Série II n° 15,1985 1163

TECTONIQUE. — Esquisse néotectonique des pays limousin, marchois et bourbonnais


(Nord du Massif Central français). Note de Pierre Freytet, Gilles Lerouge, Jean-Michel
Quenardel, Serge Bogdanoff, Pierre Bouvier, Myriam Cohen-Julien, Dominique ternaire^
Patrick Rolin et Pierre Schmitt, présentée par Jean Aubouin.

L'analyse géologique et géomorphologique d'un vaste domaine du Nord du Massif Central montre que le
modelé des paysages actuels est contrôlé par des déformations récentes. La cartographie géomorphologique
détaillée permet la mise en évidence de ces déformations. Cette activité néotectonique résulté, pour l'essentiel,
du rejeu d'accidents hercyniens.

TECTONICS. — Neolectonic outline of Limousin, Marche and Bourbonnais régions (Northern French
Massif Central).
Bolli geological and geomorphological studies of a large domain from Northern French Massif Central show
that the surface relief of the landscape is conlroled by récent déformations. Evidence of thèse déformations can
be obtained by delailed geomorphological mapping. The main pari of the neotectonic activity results of the
reaction of hercynian accidents.

INTRODUCTION. —
La confrontation de travaux effectués dans deux optiques
différentes : études des déformations souples et cassantes affectant les surfaces d'aplanis-
sement (géomorphologie), d'une part; levé cartographique et les études géologiques
connexes (structurales, pétrologiques, géochronologiques...)dans le cadre de l'établisse-
ment des cartes au 1/50000, d'autre part, permettent de présenter une esquisse néotecloni-
que du Nord du Massif Central (pl). Après avoir précisé rapidement les méthodes
utilisées et les résultats obtenus par chacune de ces approches, nous brosserons l'esquisse
néotectonique de cette région qui s'étend sur 30 feuilles au 1/50000 et dont l'activité
tectonique, enregistrée dans la morphologie, est, pour la plus grande partie, contrôlée
par le rejeu d'accidents anciens, paléozoïques.
L MÉTHODES UTILISÉES. — 1. Méthodes géomorphologiques. — Il existe sur le Massif
Central français plusieurs surfaces d'érosion à des altitudes différentes. Deux écoles
s'affrontent depuis plus d'un siècle sur leur interprétation : emboîtements, correspondant
à des cycles successifs, ou facturation d'une surface unique [1]. La démarche employée
ici, consiste à reporter sur une carte au 1/50000 l'extension de ces surfaces, à partir
d'observations de terrain.
2. Méthodes géologiques. — Ce sont les études classiques effectuées lors des levés
géologiques. Elles comprennent la télédétection (photographies aériennes et imagerie
spatiale...), les observations réalisées au cours des levés proprement dits (analyses lithologi-
ques, structurales, métallogéniques...), les analyses de laboratoire (pétrographiques, miné-
ralogiques, géochimiques, pétrostructurales, structurologiques, géochronologiques...), la
gravimétrie, le magnétisme, et la sismologie éventuellement.
II. RÉSULTATS OBTENUS. — 1. En géomorphologie. — Nous avons mis en évidence
quatre surfaces (pi). Une très haute surface, vers 700-900 m, qui comprend le Plateau de
Millevaches et le soubassement de la chaîne des Puys. La haute surface, vers 650 m,
couronne la partie Est des Monts d'Ambazac, le massif de Saint-Goussaud, les Monts
au Sud de Guéret (Forêt de Chabrières) et la « surface de La Pouge » (Feuille de
Saint-Sulpice-les-Champs). Ailleurs, les témoins de cette surface donnent des reliefs
résiduels posés sur la surface moyenne. Cette surface moyenne, en contrebas d'environ
100 à 200 m, est bien marquée dans la partie occidentale des Monts d'Ambazac et au

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1164 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série H, n° 15, 1985

Nord des Monts de Guéret. Ailleurs, c'est un volume rocheux très accidenté, parsemé
d'incisions plus récentes et de reliefs résiduels antérieurs. La basse surface dessine des
vallées en V très ouvert, de 4 à 20 km de large, avec des pentes régulières de 2 à 6%, et
dont le fond a été occupé par un drain longitudinal, actuellement encaissé de 10 à 50 m,
parfois beaucoup plus (la Sioule : 400 m). Les leucogranites n'ont en aucun cas le rôle
orographique privilégié qu'on leur attribue habituellement..Par contre, les filons de
quartz, parfois ceux de microgranite (feuille d'Evaux-les-Bains), donnent des reliefs
hectométriques à pluri-kilométriquestrès prononcés.
Les relations entre ces surfaces ne sont pas toujours simples à établir. Les travaux que
nous avons effectués nous permettent d'avancer que : (a) la très haute surface du Plateau
de Millevaches est probablement la haute surface d'Ambazac - Saint-Goussaud- Guéret
soulevée par failles (failles d'Argentat et du Taurion); (b) entré la vallée du Cher et la
faille de la Limagne d'Allier (bordure Est), les rejeux ont totalement bouleversé la
disposition initiale, et on ne peut plus reconnaître que la basse surface et une surface
plus élevée, sans pouvoir préciser laquelle; (c) la haute surface et la surface moyenne
sont emboîtées dans les Monts d'Ambazac et de Guéret. On leur a attribué des âges
variés, allant du Jurassique à l'Oligocène [1]. Nous ne disposons pas d'argument pour
proposer une solution; (d) la basse surface, en V très ouvert, n'est pas datée et peut
correspondre au Pliocène. Elle a pu commencer à se façonner plus tôt, mais c'est à partir
de cette surface que se sont encaissées, sur place, les vallées quaternaires et actuelles,
avec très rarement des terrasses sur le Massif Central. Par contré, ces terrasses sont bien
développées dans le Bassin de Paris.
La basse surface est tantôt une surface d'érosion, tantôt une surface d'accumulation
(0 à 4 m). Elle porte localement, comme les autres surfaces, des altérites rouges (feuilles
de Bourganeuf, Saint-Sulpice-les-Champs, etc.). Les dépôts du bassin de Gouzon, datés
Eocène inférieur-moyen [2]'et le sidérolithique éocène [3] sont toujours logés dans des
panneaux effondrés, recoupés par la basse surface. Nulle part, actuellement, nous ne
pouvons relier les formations éocènes à un niveau déterminé (moyen ou haut). Si lès
hautes et moyenne surfaces sont très mal conservées, la basse surface n'est que peu
affectée par l'érosion et ses déformations, souples (anticlinaux, synclinaux) et cassantes
(failles, fossés d'effondrement) sont parfaitement identifiables.
2. En géologie.

Quelques grands traits lithologiques, stratigraphiques et structuraux
ont été acquis dès la première édition des feuilles au 1/80000 (Limagne d'Allier, faille
d'Argentat, faille de la Marche). Les travaux récents, réalisés au cours du levé des feuilles
au 1/50000 [3], les dernières éditions des 1/80000 [4] et les études de télédétection [5],
montrent une bien plus grande complexité de détail. C'est ainsi qu'ont pu être mis en
évidence d'importantes structures dans le bâti cristallophyllién : chevauchements [6], plis
[7], zones de cisaillement [8] qui se prolongent au Nord dans le domaine sédimentaire :
failles secondaires et tertiaires à rôle déterminant dans le contrôle dé la paléôgéographie
du bassin parisien ([9], [10], [11]).

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Schéma néotectonique du Nord-Ouest du Massif Central français.


Neotectonic sketch map of North-western French Massif Central.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985 1167

III. ESQUISSE NÉOTECTONIQUEPLIO-QUATERNAIRE. — Dans l'état actuel des recherches,


nous pouvons donner les grandes lignes néotectoniques du domaine Nord Massif Central
(pl) :
Ce domaine est incliné assez régulièrementdu Sud-Est (environ 1000 m) au Nord-Ouest
(de l'ordre de 120 m), ce qui semble résulter d'un soulèvement général postérieur aux
dépôts des Limagnes (oligo-miocènes).
Le tracé des drains majeurs (Vienne, Taurion, Gartempe, Anglin, Creuse, Petite Creuse,
Indre, haute vallée du Cher) et de quelques-uns de leurs affluents importants, coïncide
avec des fractures majeures du socle, de directions constantes sur tout le territoire (N-S,
E-O, NO-SE...) qui accidentent la moyenne surface et déterminent l'emplacement des
fonds des vallées en V très ouvert de la basse surface. Cette basse surface s'est établie
progressivementaux dépens du matériel sous-jacentde la surface moyenne. Les interfluves
de deux vallées en V ouvert adjacentes peuvent se raccorder directement (région nord-
ouest); ou bien la basse surface est encaissée dans des reliefs résiduels plus ou moins
importants (surfaces planes conservées ou simples monticules) (vaste diagonale Sud-Oucst-
Nord-Est); ou encore, les cours actuels drainent la « haute »-« très haute » surface (partie
sud). Sur la bordure est, les surfaces sont complexes, localement emboîtées, ce qui
pourrait indiquer des déformations pendant leur édification.
A la fin du façonnement de la basse surface et au moment de son incision quaternaire,
à des périodes actuellement non précisables, mais qui peuvent être récentes [12], de
nombreuses déformations se sont produites. Ce sont souvent des rejeux très localisés
de traits structuraux anciens, mais pas forcément majeurs (pl) : (a) des anticlinaux,
probablement nouveaux [anticlinal des Puys (2)] ou hercyniens reconnus [anticlinal de
Crozant (1) soulevant le glacis de la Sédelle d'au moins 30 m et traversé en gorge étroite
par la Creuse]; (b) des synclinaux, actuellement sans antécédent hercynien connu [étangs
de Noth (3)] dans la basse surface, ou dans la haute surface [Saint-Sulpice-les-Champs
(4)]; (c) des fossés d'effondrement triangulaires, au nombre de dix, rarement simples
.[Huriel (12), Toretebesse (14)], le plus souvent liés à des failles se relayant [Saint-Gervais-
Beaupré (5), Tournessac (6), Bourganeuf (7), Limoges (8), Cosnes-d'Allier (9), Gouzon
(10), Chambon-sur-Voueize(11), Landogne (13)]. Les dénivellées vont de 30 à 80 m; (d)
des fossés à bords parallèles : Chalard (15), Vallon-en-Sully (16), Villosanges (17); (e)
des demi-fossés qui abaissent de 20 à 40 m la basse surface : Pont-à-la-Dauge (18),
Sainte-Sévère-sur-Indre(25), Culan (20), la Miouze (21), Saint-Bonnet-de-Rochefort(23),
Felletin (19), Blomard (22), Saint-Sulpice-Laurière(24); (/) des failles normales, parallèles
aux courbes de niveau de la basse surface, abaissent de 10 à 30 m une partie de celle-ci :
Tersannes (26), Saint-Yriex-la-Montagne,Domérot (28), Charron (29), La Celle-Dunoise
(31), Ladapeyre (32). Dans un seul cas [Clugnat (30)] on a une indication d'un rejeu
polyphasé de la faille, car le petit bassin versant situé en amont présente des terrasses
étagées, chacune d'elles correspondant à un niveau de base transitoire.
Nous avons d'autres indications relatives à des mouvements récents : d'une part
l'exceptionnellecomplexité du Taurion, résultant peut-être d'une remontée de la terminai-
son septentrionale du Plateau de Millevaches [avec effondrements annexes : fossés de
Chalard-Ladrat(15), Bourganeuf (7), Felletin (19), et faille de Saint-Yriex-La-Montagne];
d'autre part le tracé extraordinaire de la Sioule, coulant en sens inverse de la pente de
la haute. surface (feuilles de Saint-Gervais-d'Auvergne et Aigueperse), puis traversant
successivement un demi-fossé d'effondrement (23) et un horst (feuille de Gannat). La
surface initiale devait descendre lentement du Sillon Houiller vers la vallée de l'Allier, les
déformations sont postérieuresà l'établissement de la Sioule et de ses principaux affluents.
1168 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985

Tous les accidents cassants affectant la basse surface indiquent une distension.
D'une manière générale, nos observations confirment ce que l'on sait par ailleurs sur
cette période en Europe occidentale [5]. Les plis, indiquant une compression, sont

p.
probablement plus récents. Remarquons que les failles bordières de la Limagne, dans la
zone étudiée, sont inactives pendant toute cette période.
CONCLUSIONS.

Cette Note préliminaire permet d'attirer l'attention sur un certain
nombre de points appelés à des développements ultérieurs :
1° la coïncidence quasi systématique des déformations récentes et des accidents hercy-
niens permet d'affirmer une continuité permanente de l'activité tectonique de la région.
Les escarpements majeurs correspondent à des failles exhumées ou des raccords entre
surfaces, mais jamais à des décalages d'une même surface. La stabilité légendaire du
Massif Central doit être abandonnée;
2° les bassins sédimentaires ne sont plus le lieu privilégié de l'enregistrement des
déformations par la répartition des faciès, des lacunes, des sur-épaisseurs ([10], [13]);
3° en milieu terrestre, domaine de l'érosion, les méthodes de la cartographie géomorpho-
logique détaillée permettent de mettre en évidence les déformations récentes d'une manière
satisfaisante.
Ce travail a bénéficié des soutiens financiers et matériels de la Direction de la Recherche du Ministère de
l'Éducation nationale, programme G^P.F. (géologie profonde: de la France),.du Service géologique national et
du Commissariat à l'Energie Atomique. Contribution française n° 52, au projet n° 27 du P.I.C.G. de
L'UNESCO « Orogène calédonien ».
Remise le 3 mai 1985, acceptée après révision le 30 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] Les travaux ont été particulièrement nombreux : H. BAULIG, Tlièse doctorat es Lettres, Paris, Armand
Colin, 1928, 592 p.; A. PERPILLOU, Thèse es Lettres, Paris, 1940, 258 p.; M... DERRUAU, Symposium Jung,
Clermont-Ferrand, 1971, P- 33-44; jrC. FLAGEOLLET, Sciences de la Terre, Mém. n° 35, Nancy, 1977, 461 p.;
B. VALADAS, Thèse doctorat es Lettres, Paris-I, 2 vol., 1984, 927 p.; J.-L. NOLF, Thèse de 3e cycle, Limoges,
1980, 184
[2] J.-J. CHATEAUNEUF, in G CROSS, Thèse de 3e cycle, Strasbourg, 1984, 131 p.
[3] Cartes géologiques au 1/50000. Feuilles publiées de Limoges, Ainbazac, Bourganeuf, Montaigut-en-
Combrailles, Gannat, Clermont-Ferrandet les minutes déposées au S.G.N. B.R.G.M. de Hérisson, Bourbon-
l'Archambault, Montluçon, Montmarault(coordonnateurTurland), Guéret (F. Berthier),La Châtre (coordonna-
teurs C. Lorenz et A. Prost), Saint-Sulpice-les-Feuilles (coordonnateur S. Bogdanoff),Aigurande, Argenton-sur-
Creuse, Dun-le-Palestel,Bélâbre (coordonnateur J.-M. Quenàrdel).
[4] Cartes géologiques au 1/80;00.0. Feuilles de Aigurande, Montluçon, Moulins, Guéret, Aubiisson, Gannat,

P.
Limoges, Ussel, Clermont-Ferrand.
[5] G. LEROUGE, Thèse de 3e cycle, Université d'Orléans, 2 vol., 1984, 394 p.
[6] P. ROLIN et J.-M. QUENÀRDEL, Comptes rendus, 290, série D, 1980, p. .17-20.
[7] P. ROLIN, Thèse de 3e cycle, Université de Paris-Sud, Orsay, 1981, 229 p.
. [S] J.-M. QUENÀRDEL, P. ROLIN
et G. LEROUGE, C.R. 109e Congrès Soc. Sav., Dijon, 1984.
[9] D. PHILIPPON, Thèse 3e cycle, Université de France-Conté, Besançon, 1982.
[10] S. DEBRAND-PASSARD, Mem. B.R.G.M., n°. 119, 1982.
[11] J. LORËNZ, F. BERGERAT, J:-H. DELANCE, C. LORENZ et D. OBERT et coll., Document.B.R.G.M.,
n° 81-2, Paris 19-20 septembre 1984, p. 149-161.
[12] J. VOGT, Mém. B.R.G.M., n° 111, 1981, 36 p.
[13] C. et J. LORENZ, Bull. B.R.G.M-, III, 3, 1983, p. 255-260.

F. : Laboratoire de Pétrologie sédimentaire,


Université Paris-Sud, Bât. 504, 91405 Orsay Cedex;
G. L., J.-M. Q., S. B., P. B,, M. C.-J., D. L., P. R. et P. S. :
Laboratoire de Géologie structurale et appliquée,
Université Paris-Sud, Bât. 504, 91405 Orsay Cedex.
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 15, 1985 1169

PETROLOGIE
(ERRATUM)

(Comptes rendus, tome 301, du 30 septembre 1985)

Note remise le 29 avril 1985, acceptée le 24 juin 1985, de Raymond Point, intitulée : La
lame cratonique — Calédonides Orientales; Scandinaves — Son évolution précambrienne.
Page 709, 1re et 2e lignes :

au lieu de :
migmatites, demeurent les hypothèses les plus couramment admises. A partir d'observamig-
matités, demeurent les hypothèses les plus couramment admises. A partir d'observad'un
lire :
migmatites, demeurent les hypothèses les plus couramment admises. A partir d'observa-
tions récentes, nous pouvons démontrer que les roches de la lame cratonique dérivent
d'un
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 16, 1985 1171

MÉCANIQUE DES SOLIDES.


— Une méthode mixte coniràinte-déplacement-pression
pour la résolution de problèmes de viscoéasticité incompressible en déformations planes.
Note de Vitoriano Ruas, présentée par Georges Duvaut.
On introduit une méthode d'éléments finis mixtes de type contrainte-déplacement-pressionparticulièrement
adaptée à l'étude numérique de milieux viscoélastiques incompressibles, dont les coefficients physiquesdépendent
du temps. À; la différence dé la plupart des méthodes connues, les conditions de compatibilité entre lès trois
espacés d'éléments finis sont satisfaites, en prenant le même type de représentation pour la pression et le
tenseur de. contraintes.

(2)
MECHÀNICS OF SOLIDS. — A mixed, method of the stress-displacëment pressure type for solving
incompressibleplane strain viscoelasticity problems.
A mixed finite élément method of the stress-displacement-pressure type is introduced for the numerical study of
incompressibleviscoetastic média, whosë physicalcoefficients dépend ontime. Thé compatibility condition betwéen
.
theihree discrètespaces.arel fulfilléd, tliough the samè kind ofshapefunctionisusedforboth stresses and pressure.

avec en plus la condition d'incompressibilité:

où : I est le tenseur unité ; v est la vitesse d'écoulementdu milieu (taux de déplacement);


CTD est le tenseur déviatëur de contraintes 2
x 2 symétrique, avec a°t + CTJ 2 = Q s Çv) est le
tenseur de déformations supposées planes, avec :

Les coefficients visçoélastiques positifs a, P et dépendent à la fois de x et de t, et -F


co
est une bijection de Rfy^2 sur Rfyy, à dérivée de Fréchet bornée sur tout bornée avec
"F1:t-f-F22 = 0. Ici V^,*N dénote l'espace des tenseurs NxN symétriques dont chaque
composante appartientà un espace vectorielV donné.
Par exemple, si <x==2G, p=0 et F(aD) = aD|crD]Xr:1, où 1 est un paramètre réel
supérieur ou égal à 1, nous avons un milieu de Maxwell-Norton, G étant le module 'de
relaxation au cisaillement. Si on prend F=0 avec a=2G+2:(d\i/di) et P = 2 u; jx étant
la viscosité cinématique du milieu, alors nous avons un milieu de Kelvin-Voigt où G ne
dépend pas du temps (voir par exemple [3] et [4]). //
On remarquera que le tenseur de contraintes dans le cas présent, est dé la formé:

Étant données des forcés volumiques f et surfaciques g sur la partie libre Tt du bord
-'T^T'x U Fo> les équations de l'équilibre s'écrivent:

0249-6305/85/63011171 S 2.00 © Académie des Sciences


Ç.R., 1985,2e S:eméstrë.(T.. 301) Série II — 83
1172 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 16, 1985

p0 étant la densité du milieu supposée constante, et n étant le vecteur unitaire normal


extérieur à r\. En outre, on suppose qu'à l'instant t=0 on a v=0 et a=0.
2. DISCRÉTISATIONEN TEMPS ET ALGORITHMEITÉRATIF. —
Soit At un intervalle de temps
donné. Pour toute fonction G(x, t) on pose:

De façon tout à fait classique, nous pouvons calculer CT°, pn et y„, approximations de
o"D", p" et v", par semi-discrétisation en temps de (l)-(2)-(3)-(4) à l'aide du schéma implicite
suivant :

n — 1, 2, M, avec v0=v° et a0 = o-°, M étant choisi pour qu'on ait MAt=T, T


. . .,
étant un temps fixé a priori.
Compte tenu du fait que a, P et co dépendent du temps, au lieu d'éliminer CT° du
système (5)-(6)-(7)-(8), on va conserver la variable contrainte, en résolvant le problème
par un algorithme itératif de type lagrangien augmenté [2], qu'on décrit ci-après à titre
d'exemple:
Soient d'abord im_1, um-1 et qm-1 des approximations de a°, v„ et p„ respectivement,
avec x0 = a°_ l5 u0=v„_ x et q0 =p„ _ x. Ensuite pour m = 1,2,3, . . ., on calcule de nouvelles
approximations im, um et qm de ces trois inconnues à l'instant n At en résolvant
successivement:
C. R. Acad. Sc. Paris,

avec en plus :
t 301, Série II, n° 16, 1985 1173
Ci-dessus (u, u) dénote le produit scalaire standard de [L2(Q)]N, NeM, et ((u, v))jf est
donné par :

où R est un paramètre réel positif donné avec de préférence R>>1, et C est une constante
liée à la valeur maximale de la fonction qui exprimé la dépendance de xm en g(um_1)
dans (9), pour 0gn^M.sn est un paramètre déterminé à chaque pas de temps pour que
l'algorithme convergé.
_
[12]:
On calcule um et
suit
On
^dans (lO)-(ll), à l'aidé d'un algorithme de type Uzawa comme

pose ù^0 = a,^i et qm,0-<im-i> et, û^^ et gm>s_1 étàiit connus, on calcule um>s
M'^^Pi^.^=i'^&->'^-'j':;Or

Si b est la constante qui satisfait (15) ci-dessous lorsque Ph et Vh sont remplacés par
L2(Q) et V respectivement, alors ums->n^ dans [H1 (Cl)]?, et%„tS-^qm dans L2(Q), si
0<p„<2R/fa„[6]. Ensuite, on prouve que um-»vn dans -fH^(n)] 2, xm->a° dans
[L2 (f2)] 2542 et qm -»/?„ dans L2(Q), si la valeur de C est fixée convenablement en fonction
d'un pas de temps Ai, celui-ci et puis s^ étaht choisis suffisamment petits. Par exemple,
si F(aD) = aD, c'est-à-dire, si on a un milieu de Maxwell-Norton avec X=l, ou encore
un modèle de Maxwell linéaire, en prenant C= max (2G"co"Ar)/(ra"+ At,) l'algorithme
converge si 0^s„< (oe"+At)/(Gnoe" At ), le choix de At dans ce cas pouvant être arbitraire.
3. APPROXIMATION PAR ÉLÉMENTS FINIS. — On procède ensuite à la discrétisation en
espace par la méthode des éléments finis, des problèmes engendrés par (9)-(12)-(13). Pour
; ce
faire, on définitçhissiquementunespace/VA/cry pour -chaque"composante de la vitesse,
et deux sous-espaces ?,, et Pft de L2(Q) pour chaque composante de aD, et la pression,
respectivement, ces/-.trois espaces étant associés à une partition donnée ZTh de O en
triangles ou en quadrilatères de diamètre maximal égal kh. : r
/Dans ce cadre, on peut voir qu'un algorithme comme (9)^(13) permet de résoudre
notre problème en vitesse-pression avec une matrice fixe associée au produit scalaire
((., .))R, tout au moins pour un grand nombre de pas de temps, avec en outre une
résolution locale du problème en contraintes, soit l'équation (9).
Évidemment, encore faut-il satisfaire les conditions de compatibilité classiques entre
Jes espaces V,„ ~Lh et/PA, dites les conditions inf-sup discrètes pour les méthodes mixtes [1].
Dans le cas présent elles s'écrivent:;
1174 C; R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série H, n° 16, 1985

||
.
et || . ||JL dénotant respectivementles normes standards de L2(Q) et H1^).
|j0
Compte tenu que le choix naturel sur le plan physique et optimal sur le plan numérique,
consiste à prendre SA=P^, les conditions (14) et (15) apparaissent dès lors comme
contradictoires. Le choix suivant fournit une alternative des plus simples pour vérifier
(14)-(15) tout en travaillant avec contraintes et pression discrètes de même nature. Sa
mise en oeuvre numérique ne présente aucune limitation particulière. On remarquera que
cet élément fini est apparenté à un autre étudié dans [5], pour une autre Catégorie de
problèmes.
Tout d'abord; on considère que ,S~h est un maillage de Q en quadrilatères convexes,
qui ont été subdivisés en deux triangles chacun, par une quelconque de ses diagonales.
Vh est défini comme étant l'espace des fonctions continues qui s'annulent sur F0, dont la
restriction à chaque triangle ainsi construit est une fonction quadratique, et dont la trace
sur les côtés des quadrilatères est linéaire affine. Les degrés de liberté utilisés pour
engendrer cet espace, sont les valeurs fonctionnelles aux sommets des quadrilatères de
J^,,, ainsi qu'aux milieux des diagonales choisies (voir fig. 1). L'espace Ph (ou 2fc) à son
tour est un sous-espace de l'espace des fonctions constantes sur chacun des quatre
triangles engendrés par la nouvelle subdivision de chaque quadrilatère de obtenue
en joignant le milieu de la diagonale choisie aux deux sommets qui n'appartiennent pas
,
à celle-ci. On se réfère à la figure 2 pour une illustration de la particularité de ce
sous-espace, à savoir: les sommes des constantes sur chaque paire de triangles n'ayant
pas un côté commun sont égales.
Des résultats numériques obtenus pour un milieu de Maxwell linéaire traduisent bien
le fait que(14)-(15) sont satisfaites, tout en mettant en évidence l'économie de l'approche
adoptée, sur le plan du calcul.
Remise le 4 mars 1985, acceptée le 16 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[1]
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l'approximation des problèmes aux limites, Thèse Doc: d'État, Université Pierre-ët-Marie-Curie, 1982.
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Departamento de Informatica, Pontificia Universidade Catolica, 22453 Rio de: Janeiro, Brésil.
C. R. Acad. Sc Paris, t. 301, Sérié II, n° 16, 1985 1175
MÉCANIQUE DES FLUIDES. — Modélisation et étude d'écoulements régis par les
équations de Navier-Stokes posées en domaine non borné et présentant une pointe. Note de
Marc Pogu et Georges Tournemine, présentée par Paul Germain.

Nous élaborons un modèle non linéaire des écoulements régis par les équations de Navier-Stokes posées
dans un domaine non borné qui présente une pointe. La viscosité cinématique est fixée. Les équations de
Navier-Stokes sont traitées dans un cercle de rayon suffisant, en dehors elles sont approchées par l'équation
d'Oseen. Nous démontrons l'existence et l'unicité de la fonction de courant de sorte que les vitesses soient
continues partout. La solution trouvée présente un sillage tourbillonnaire et a un champ des vitesses uniforme
à l'infini; de plus, la pression et le tourbillon sont bornés à la pointe (condition de Kutta-Joukowski généralisée).
Enfin, un algorithme convergent permet de calculer la solution.

MECHANICS OF FLUIDS. — Model and study of flows governed by the Navier-Stokes équationsposed
in an unbounded domain which presents a corner.
We elaborate a non-linear model of streams governed by the Navier-Stokes équations posed in an unbounded
domain which présents a corner. The kinemalic viscosity is fixed. We deal with the Navier-Stokes équations in
a circle of radius large enough, outside they are approached by the Oseen équations. We prove uniqueness and
existence of the stream function in such a way the velocity is continuons anywhere. The found solution présents
a wake, the corresponding velocity is uniform at infinity, further the ftow vorticity and the pressure remain bounded
at the corner (generalized Kutta-Joukowskicondition). We give at least a converging algorithm which allows to
compute the solution.

1. INTRODUCTION. — Nous nous intéressons aux écoulements plans stationnaires d'un


fluide visqueux incompressible qui s'établissent dans un domaine non borné, non simple-
ment connexe (9 de frontière F régulière sauf au point T où elle présente une pointe
(fig.). La vitesse est prise uniforme à l'infini et les forces volumiques sont supposées
dériver d'une fonction de forces. L'étude des équations de Navier-Stokes conduit alors à
des difficultés fondamentales. En effet, l'unicité de la solution est un problème ouvert
dans sa généralité; il en est de même de l'existence du développement asymptotique au
voisinage de l'infini (voir par exemple [J], [2] et [3]). Par ailleurs, l'étude d'une solution
au voisinage de T montre que la pression et le tourbillon deviennentinfinis en ce point [4];
physiquement cette situation n'est pas acceptable. Dans cette Note, nous proposons un
modèle pour représenter de tels écoulements; de plus, nous donnons une méthode
constructive qui sous certaines hypothèses permet de borner la pression et le tourbillon
en T. Ainsi nous imposons la condition de Kutta-Joukowski généralisée, c'est-à-dire au
gradient des vitesses d'être "borné en T; cette condition a déjà été introduite en [5] pour
les écoulements de Stokes en domaine non borné et en [6] pour les équations de
Navier-Stokes en domaine borné.
2. DESCRIPTION DU MODÈLE. — L'origine du repère de référence (0; x1} x2) est prise à
l'intérieur de T (fig.). Soit R >0, un réel fixé mais quelconque de sorte que le cercle F'
de centre 0, de rayon R entourer. Dans le domaine borné Q: limité par T et T',
l'écoulement est régi par les équations de Navier-Stokes; on impose sur F la condition
d'adhérence. Dans le domaine non borné Q': extérieur à T', les équations de Navier-
Stokes sont approchées par l'équation d'Oseen ([1], [7]) dont on cherche une solution
explicite afin de mettre en évidence la vitesse uniforme à l'infini, ainsi qu'un sillage
tourbillonnaire. Les solutions de ces deux équations sont choisies de sorte que la fonction
de courant et le champ des vitesses de l'écoulement soient continues dans (9. De plus, la
solution de l'équation d'Oseen construite dépend de deux paramètres arbitraires ôls 52
afin de satisfaire la condition de Kutta-Joukowski généralisée.

0249-6305/85/03011175 S 2.00 © Académiedes Sciences


1176 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 16, 1 985

2.1. Équation de Navier-Stokes dans Cl. — La fonction de courant \j/ est cherchée pour
satisfaire au problème aux limites et aux conditions suivantes :

On désigne par v le coefficient de viscosité cinématique, par n la normale unitaire à T


etr. On a posé: Q(\|/) =(V\jf A V) V\|/, C=(C, 0).
Pour toute fonction v définie sur Ci à valeurs réelles, on note yv = (v,dvjôn) sa trace
ainsi que celle de sa dérivée normale sur T et T'.
La condition (2) est imposée pour assurer l'équivalence des formulations en \|/ ou en
vitesse-pression. La constante C et la fonction g (à valeurs dans M2) sont à déterminer
pour réaliser les conditions (2) et (3) [6].
2.2. Équation d'Oseen dans Cl'. — La fonction de courant \(r est cherchée pour satisfaire
à l'équation et aux conditions suivantes :

(4) est l'équation d'Oseen exprimée en fonction de courant; (5) traduit l'uniformité à
l'infini du champ des vitesses. Comme en (2) la relation (6) assure l'équivalence des
formulations en \j/ et en vitesse-pression. Dans toute la suite (r, 9) désigne les coordonnées
polaires.
(a) On construit \j/ sous la forme :
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° Î6, 1985 1177

où % est solution de l'équation:

Pour résoudre le système (8), il résulte de (9) que % doit satisfaire la condition:

On notera que si L/2 est une longueur caractéristique, le nombre de Reynolds est
donné par LÀ,
(b) La fonction % est prise sous la forme :

où K0 est la fonction de Bessel modifiée, d'ordre zéro, de deuxième espèce. A l'aide des
propriétés des fonctions de Bessel, on montre que (10) est satisfaite pour oc=I; ainsi on
obtient: ; ^

Dans ces conditions, la fonction \|/ donnée en (7) est solution de l'équation (4) et
satisfait aux conditions (5) et (6); de plus, il résulte de (12) que le tourbillon est non
identiquement nul.
2.3. Continuité dans (9, choix de g. — Ce qui précède montre que si g est de là forme
^=^0 + 81^1 + 82^2= où go = (Moorsin0,Moosin8), gx = (Logr, 1/r), g2 = (%,dydr), la fone-5
tion de courant et le champ des vitesses sont continues dans G, pour tout Sl5 Ô2.
3. UN ALGORITHME DE RÉSOLUTION DU PROBLÈME (l)-(3).

On part de \|/°EH4(0) et
on passe de l'étape k à l'étape (/c+1) en considérant la solution \|/fc+1eH2(£2) du/
problème:

là/cphstante C^^t â detérahiiiei de sorte que l'on ait;; / > v ^

On a noté : gk+1=g0 + &'i+1gi + 82+1g-2; les paramètres 8i+1,52+ 1 sont à ajuster pour
que \J/k+ 1 satisfasse la condition (3).
3.1. Phase préparatoire. — Nous introduisons :
(a) pour i = l, 2; la solution (uh C,) du problème (l)-(2) lorsqu'on y remplace successive-'
ment (Q(v|/), g) par (0, gx), (0, g2);
(b) pour z = l, 2; les fonctions \|/j-, Wj données par:

où Q est un ouvert polygonal entourant le point T (fig.)- On pose :

La fonction \|/^ est donnée en [4], la construction de mj s'inspire de celle exposée en [8]
pour le laplacien.
1178 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 16, 1985

3,2. Résolution de l'étape (k +1) à k fixé. — Nous introduisons:


(a) la solution (u0, C0) du problème (1)-(2) lorsqu'on y remplace (Q(\|/),g) par
(Q(V),'«). On note:

(b) pour i = l, 2; la solution Sî+1,82+ 1 du système:


(15) / ' .:$l+lFu=--F*t
Afin de résoudre (15), nous sommes conduits à supposer que:

A l'aide des espaces de Sobolev fractionnaires nous comptons étendre la méthode pour
e [<D2, 2 n[.
co
3.3. Convergence de l'algorithme. — Introduisons la solution u2 analogue à u2 lors-
qu'on remplace la donnée aux limites g2 par g2 définie par :

On note alors Fy la matrice obtenue à partir de Fy lorsqu'on y change F2i en


F(M2, mj). Pour A assez petit on montre que (17) est satisfait si:

on établit ainsi le résultat suivant de convergence:


THÉORÈME. — Sous les hypothèses (16) et (19), il existe v0>0 tel que pour v>v0, la
suite \(/k converge fortement dans H4(Q) vers la solution Unique \J/ de (l)-(3) dans un convexe
borné de B*(Cl).
L'hypothèse (19) permet de se placer dans les hypothèses du théorème d'existence et
d'unicité établi en [6].
Remarque. — A chaque étape de l'algorithme le choix de la constante C11"1"1 assure
l'équivalence des formulations en fonction de courant et en vitesse-pression. Le problème
(13)-(14) peut être alors discrétisé au choix en termes de v|/ ou dé vitesse-pression (voir
par exemple [9] et [10]). Le problème étudié en [6] ne fait intervenir la viscosité cinématique
que dans l'équation posée dans Cl. Ici la donnée sur F' dépend de v par g2, ce qui est
une difficulté supplémentaire.
Remise le 3 mai 1985, acceptée le 30 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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M. P. : Laboratoire d'Analyse numérique, I.N.S.A. de Rennes


20, avenue des Buites-de-Cpëmes,3,5043 Rennes Cedex;
G. T. : Laboratoire d'Analyse numérique et mécanique,
Université de Rennes-I, Campus de Beaulieu, 35042 Rennes Cedex':
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série n,n° 16, 1985 1179

CHIMIE THÉORIQUE. — Force de corrélation dans lès molécules diatomiques. Note


de AlexandreLaforgue et Omar Jbara, présentée par Raymond Daudel.

On montré les avantages d'un « modèle moléculaire des forces » pour discuter l'influence de l'environnement
et la nature de la liaison chimique. Le système des forces de corrélation {[1], [2]) appliquées aux noyaux se
ramène à deux forcés opposées dans le cas d'un diatome. Le graphe de leur intensité comme fonction de la
distancé internucléairë est révélateur de la « vaporisation électroniqueintramoléculaire ». La force de corrélation
à l'équilibre est en relation avec « l'énergie de déformation de corrélation »;

THEORETICALCHEMISTRY.— Corrélation forces in the diatomic molécules.


We show the advantages bf the so called "forces molecularmodel" to discuss the environmental effects as well
as the nature of thé chemical bond. The System of the corrélation forces ([1], [2]) for a diatomic molécule
becomes two antagonisticforces. The common value F (R) as a function of the internuclear séparation R appears
to be in close connection with the electronic structure. We consider the corrélationphenomena as a conséquence
of an "intramolecular electronic vaporisation". This electronic transfer is controlled by the value of the energy
gap between oeçupied and unocuppied levels. This permits to interpret thé sign and perhaps the inversion for a
given length ofthe corrélation effects; other détails remain to be interpreted in the future.
The equilibrium corrélation forces permits to détermine the so called "corrélation déformation energy" which
canbe an important part of the corrélation energy, we suggest this equilibrium force corresponds to a dilatation
(F < 0) for the molécules and molecularfragments and to a contractionfor the aggregates.

LE MODÈLE MOLÉCULAIRE DES FORCES: — La chimie quantique a été essentiellement


énergétique dans ses méthodes comme dans ses résultats. Or l'énergie d'une molécule se
décompose, souvent sans ambiguïté, en termes dont chacun représente un phénomène
intelligible. Par rapport aux coordonnées nucléaires prises comme variables, il dérive de
chaque terme d'énergie un système de forces. L'addition de ces systèmes de forces
détermine l'équilibre ou la dynamique moléculaire.
Chaque système correspondant à une cause particulière, leur ensemble permet de
discuter les effets de l'environnement moléculaire. Par exemple, nous avons donné [4]
une analyse de la conductibilité de l'eau reposant sur un « principe d'autodissolution» :
la réduction des forces électrostatiques au sein de l'eau liquide. Plus fondamentalement
encore, ces systèmes de forces permettent de discuter en termes concrets la structure de
la liaison chimique. Nous avons défini et calculé sur un exemple un système de forces de
corrélation [1].
Le système évoque la situation d'un fluide qui en s'évaporant tend à s'épancher et à
équilibrer ses parties. Or à l'intérieur d'une molécule les électrons se « vaporisent » depuis
les spin-orbitalesautocohérentes, où ils laissent des lacunes partiellesjusqu'à des orbitales
de niveau plus élevé ([3], fig. 2), ce qui constitue le phénomène de corrélation. Cette
vaporisation est fonction de la longueur R de la molécule.
A l'opposé Sinanoglu avait prédit des forces intramoléculaires d'attraction [41].
Pour explorer les forces qui en résultent, nous nous bornons ici, au cas diatomique (la
séparation du mouvement des électrons de celui des noyaux étant supposés rigoureuse).
Le système se réduit alors à deux forces opposées de valeur commune F, appliquées aux
noyaux :

Enr, énergie non relativiste; Escf; énergie de Hartree Fock; AE(R), gain d'énergie dû à
la corrélation pour une distance internucléaire R. Cette notion ne se confond pas avec
l'énergie de corrélation différence des deux minimums.

0249-6305/85/03011179 S2.00 © Académiedes Sciences

C. R., 1985, T Semestre (T. 301) Série II — 84


1180 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 16, 1985

La force F de corrélation est en équilibre avec la force de champ autocohérent


(elle-même décomposableen force de répulsion des noyaux et force de liaison électronique)
et la force relativiste; F<0 tend à dilater la molécule, F>0 tend à la contracter.
FORCE DE CORRÉLATIONFONCTIONDE LA DISTANCE INTERNUCLÉAIRE. — Utilisant les don-
nées de la littérature ([5] à [41]), nous avons tracé (fig.) les graphes F(R) pour les 18
molécules : H2, He2, He++, Li2, B2, C2, N2, 02, F2, LiH, BeH, BH, CH, NH, OH,
FH, NaLi, BeO. L'ensemble s'inscrit entre les ordonnées+0,03 u. a. et —0,15 u. a. Les
forces de corrélation sont donc petites par rapport aux deux forces antagonistes de
répulsion des noyaux et d'attraction interatomique d'échange; elles peuvent agir dans
l'un ou l'autre sens avec une préférence pour la dilatation [1] : ce principe correspond à
la modération du lien moléculaire. Quatre aspects apparaissent sur la figure.
Pour F2, 02, N2, C2, BeO, BH, CH, OH, NH, FH on trouve à toute distance R une
force de dilatation, pour Li2, He2 de contraction. Dans le cas de H2, de He^ + (pour des
valeurs R < 1 u. a,), de B2, LiH, de NaLi, on a une inversion de l'effet avec force de
contraction aux faibles distances internucléaires, de dilatation aux distances plus fortes;
la distance d'inversion est plus grande que la distance d'équilibre sauf dans les cas de
H2; He^ +. Enfin, pour BeH il y a dilatation aux faibles distances, contraction aux fortes.
Pour des distances R suffisamment élevées ESCF(R) moléculaire est supérieur à £ ESCF
des atomes constituants. Nous avons représenté cette partie de la courbe en pointillé (la
totalité dans le cas de F2).
Reste à expliquer les exceptions au principe de dilatation.
On conçoit que la modération de la répulsion électronique par occupation d'orbitales
plus diluées a lieu surtout quand la densité électronique est la plus grande. Lorsque cette
densité diminue par suite de l'écartement des noyaux, cette vaporisation intramoléculaire
régresse et l'effet de contraction disparaît. Ceci explique les graphes du groupe de LiH.
Le cas de Li2 qui n'est pas une molécule vraie mais le plus simple des agrégats est
particulier. Le champ autocohérent décrit deux coeurs transparents jouant le rôle de
noyaux avec des charges effectives comprises entre 1 et 2. Or on n'a pas trouvé un
graphe intermédiaire entre ceux de He2+ et H2. Le dépeuplement des coeurs tend à
augmenter les charges nucléaires effectives donc à rendre plus importants les puits de
potentiel et à renforcer le lien moléculaire; l'effet est donc de même sens, mais pour des
raisons différentes aux faibles distances et dans la région d'équilibre. La contraction peut
se manifester dans le cas de Li2, parce que la couche de valence est peu peuplée
(contrairement aux molécules stables). NaLi qui est un agrégat métallique comme Li2,
appelle des commentaires analogues. Toutefois aux distances supérieures à la distance
d'équilibre particulièrement élevée, l'affaiblissement du lien moléculaire par corrélation
devient finalement dominant, sans doute parce que le niveau de liaison est peu distant
des orbitales inoccupées. B2 se trouve rapproché de Li2.

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Graphe de la force de corrélation F, fonction de la distance R internucléaire pour 18 diatomes. La région des
équilibres (autocohérent, non relativiste, expérimental) est signalée par une bande hachurée. L'abscisse du
.
est déterminée par l'égalité des énergies autocohérentes atomique et moléculaire (non figuré pour He2). La
ligne tiretée pour LiH correspond à une estimation.
Corrélation force F with respect to the internuclear séparation of IS diatoms. The région of the equilibria
(namely SCF, non relativistic, expérimental) is signalized by an hashed band. The corresponds to the R
.
value in the crossing ofthe SCF atomic (separated atoms) and molecular energy; at higher R the dashed Une
corresponds to the antibonding région (not figurated for He^). For LiH the dashed Une corresponds to an
estimation.
PLANCHE I/PLATE I ALEXANDRE LAFORGUE

TABLEAU
Propriétés moléculaires et forces de corrélation à l'équilibre.
Molecular properties and equilibrium corrélationforces.
5E/E0
Molécules RSCF R„r E„„ 6E E0 FeQ (%)

NH 1,7 1,9614 -0,2317 -0,0162 -0,0457 -0,06 35


.
N2 1,996 2,098 -0,535 -0,0178 -0,165 -0,15 11
F2
BeO ...... .

.
2,491
2,4
2,637
2,5
-0,7297
-0,14
-0,0064
-0,002
-0,059
-0,028
-0,074
-0,016
10,8
7
C2 2,3 2,35 -0,5115 -0,00001 -0,1755 -0,0045 5,7
H2 1,3875 1,4009 -0,041 -0,00005 ^0,001 -0,005 5
.
B2 3,1 3,003 -0,3231 -0,0015 -0,0431 +0,024 3,5
.
FH .
1,693 1,737 -0,3776 -0,0013 -0,041 -0,029 3
-0,6470 -0,0017 -0,087 -0,084
02
OH.. . ...
......... .
2,28
1,8
2,30
1,834 -0,31 -0,001 -0,05 -0,04
2
2
Li2 :':.: 5,2 5,1 -0,1248 -0,0002 -0,0308 +0,002 0,7
CH 2,086 2,124 -0,1967 -0,0017 -0,0287 -0,008 0,6
HeJ*
.......
BeH... ...h, .
1,26
2,538
1,32
2,54
-0,043
-0,1051
-0,0005
-0,000004
-0,001
-0,011
-0,008
-0,002
0,5
0,04
BH.. .:. ! 2,336 2,34 -0,1522 -0,0000018 -0,0122 -0,0052 0,02
LiH v.. 3,015 3 -0,0826 -0,0000002 -0,0406 +0,0015 0,0005
Rsc/, Hartree fock length; Rnr, non relativistic length; F.cor, corrélation energy; E0, bond corrélation energy; 5E, corrélation déformation
energy; Fcq, corrélationforce near the equilibrium; 5E/E0, percent of déformation energy in bond corrélation energy.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 16, 1985 1183

Enfin dans le cas de He2 qui n'est pas non plus une molécule vraie, c'est l'évaporatioh;
intramoléculaire qui est la seule cause d'une occupation de la couche de valence, elle
conduit à une force d'échange entre les deux puits. On obtint une force de contraction
très faible passant par un minimum de l'ordre de 0,002.
TRAVAIL DES FORCES DE CORRÉLATION. — On peut donner, d'après les équations (1) et
(2), l'expression de l'énergie de corrélation :

L'énergie de déformation dé corrélation est le travail de F(R) entre. Rsçf et Rnr.


Le tableau donne pour seize des diatomes, selon les valeurs de la littérature : Rsc/, R„r,
-
E^ ainsi que : E0 = Ecor —Ecdr (atomes constituants) et SE ce qui permet de calculer :

On a vérifié que la région d'équilibre est peu étendue (F varie peu autour de Feq) et
/que la valeur trouvée se place bien sur les graphes précédents. Finalement, on donne le
iapport : 5E/E0;
CONCLUSION.—- La simplicité des effets de corrélation, comparée à la complexité de
leur détermination est apparue depuis longtemps [23] et a parfois .conduit à estimer
/Fénergie de corrélation comme une fonction de la structure autocohèrénte ([25], [26]).
-
Pourtant on ne peut négliger la déformation de corrélation [27] et l'énergie qui en
résulte comme le souligne le tableau, ce qui suffirait à poser le problème d'une estimation,
de la forcé de corrélation.
D'autre part/les graphes F(R) apparaissent ici comme des révélateurs de la nature de
la liaison chimique. Un effet global de dilatation moléculaire a pour antagonistes deux
/effets de contraction : aux petites distances, une modération; de répulsion interélectroni-
que, aux grandes distances, une exaltation des charges nucléaires effectives et du lien de
: valence. L'un et l'autre correspondant au dépeuplement des coeurs par «
vaporisation
intramoléculaire » et leur apparition est sous la dépendance des niveaux d'énergie des
orbitales. Beaucoup de détails de la forme des graphes doivent encore être discutés.
A l'équilibre, il est suggéré que la force de corrélation tend à dilater les molécules
vraies (et les fragments) et à contracter les agrégats, et que les forces de corrélation les
plus élevées apparaissent dans les molécules stables.
Les auteurs remercient MM. C. Ludena et P. Guérin pour de fructueuses discussions.
Remiséle 23 septembre 1985.
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Laboratoire de Mécaniqueondulatoire appliquée.


Université de Reims, B.P. n° 347, 51062 Reims Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série H, n° 16, 1985 1185

CHIMIE ORGANIQUE BIOLOGIQUE. — Efatine et ambrimine, deux représentants


d'un nouveau type d'alcaloïdes bisbenzylisoquinoléiques.Note de Marie-ChristineChalandre,
Hélène Guinaudeau et Jean Bruneton, présentée par Pierre Potier.

Efatine et ambrimine représentent un nouveau type de bisbenzylisoquinoléines impliquant un couplage


oxydâtif « tête-à-queue » de deux unités réticuline.

BÏOORGANIC CHEMISTRY. — Efatine and ambrimine, two alkaloids of a new bisbenzylisoquinoline


type.
Efatine and ambrimine isolated from Hernandia peltata are new bisbenzylisoquinolines of the bisreticuline
type. The linkagebetween the two moieties is "head-to-tail".

A partir des écorces de tronc d'une Hernandiacée des Nouvelles Hébrides: Hernandia
peltata Meissner, de nombreux alcaloïdes isoquinoléiques ont été isolés, La présente Note
est consacrée à la détermination de la structure de deux d'entre-eux, F efatine et l'ambri-
mine, qui constituent les deux premiers représentants d'un type nouveau d'alcaloïdes
bisbenzylisoquinoléiques.
L'éfatine 1, [a]D=+70° (CHCl3,/c=0,86), et F ambrimine 2, [a]D=+ 128° (CHC13,
.
c—0,78), obtenues amorphes, répondent à la même formule brute C38H44N208
(PM = 656) et l'analyse de leurs diverses caractéristiques spectrales montre que ces deux
alcaloïdes appartiennent à la nouvelle classe des bis-réticulines qui ne comporte jusqu'à
présent que trois représentants [1]. Leurs spectres de masse présentent, outre un pic
moléculaire très faible (0,1 %), un pic de base à m/z 192 qui révèle leur nature de dimère
à un seul pont éther [2]. Un autre pic important (8 %) apparaît à m/z 519, résultant de
la perte du cycle C : cette fragmentation implique que le pont éther soit de type
« tête-à-queue » et non « queue-à-queue » [1].
Les spectres ultraviolets (A.max 227 et 282 nm) présentent un effet bathochrome impli-
quant la présence de fonctions phénoliques, présence confirmée par l'obtention de dérivés
triacétylés. La O-méthylation de 1 et de 2 (CH2N2, éther/méthanol) conduit à la tri-O-
méthylefatine et à la tri-O-méthylambriminerespectivement: ces deux dérivés sont stricte-
ment identiques, leurs spectres de masse montrant un pic moléculaire à m/z 698 (0,1 %),
un pic de base à m/z 206 et un pic à m/z 548 (18 %) correspondant à la perte du cycle
C. Ce spectre de masse est identique à celui obtenu pour la 0,0-diméthylmalékulatine[1].
Les spectres de RMN1]!, enregistrés à 360 MHz dans CDC13, montrent une très
étroite analogie entre le dérivé O-triméthylé de 1 et de 2 et la 0,0-diméthylmalékulatine:
deux singulets de trois protons à 52,40 et 2,43.10~6 attribuables aux deux N —CH3,

0249-6305/85/03011185 S 2.00 © Académie des Sciences


1186 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 16, 1985

TABLEAU

RMN 'H de 1 et de 2 (CDC13, 360 MHz, transformée de Fourier).


lH NMR of 1 and 2 (CDCl3, 360 MHz, FT).
2-NMe 2'-NMe H-5 H-5' H-8 H-8' H-10' H-13' H-14' H-13 H-14

Efatine 1 2,46 2,38 6,53 6,68 5,98 6,13 6,42 6,62 6,49 6,52 6,57
Ambrimine! 2,46 2,39 6,53 6,63 5,93 6,05 6,42 6,60 6,51 6,47 6,66

sept singulets de trois protons dus aux méthoxyles [5 3,59 (OMe 7), 3,71, 3,73, 3,80, 3,83,
3,90 (OMe 6, 6', 11, 12, 11' et 12')] ainsi que quatre singulets d'un proton attribuables
aux protons aromatiques [5 6,51 et 6,53 (H-5 et H-6), 5,96 et 6,10 (H-8 et H-8')]. La
différence la plus nette est l'absence, dans le spectre des dérivés O-triméthylés de 1 et de
2, des deux singulets des protons 11 et 14 que l'on observe dans le cas de la malékulatine
et de son dérivé 0,0-diméthylé et qui sont ici remplacés par un système AB: deux
doublets de un proton chacun à 5 6,58 et 6,60 (JAB = 8,2 Hz). L'existence de ce système
AB implique une substitution en C-ll et en C-12 pour Fefatine et l'ambrimine au lieu de
C-12 et C-13 comme pour la malékulatine. Afin de déterminer complètement les structures
de 1 et de 2, la position des fonctions phénoliques a été précisée par une analyse
approfondie des spectres de RMN (360 MHz, transformée de Fourier) de 1 et de 2 ainsi
que par une étude des effets Overhauser. Les spectres de RMN de 1 et de 2 (voir tableau)
réalisés dans différents solvants (CDC13, CD3CN) sont pratiquement identiques et l'ab-
sence de signal dû à un méthoxyle vers 5 3,5.10~6 permet de placer l'une des fonctions
phénoliques en 7 pour les deux composés. Le deuxième hydroxyle est, pour 1 comme
pour 2 en 11': dans les deux cas l'irradiation du doublet donné par le proton en 13'
provoque une augmentation du signal dû au méthoxyle en 12' et inversement, alors que
l'irradiation du doublet dû au proton en 10' ne provoque aucun effet Overhauser sur les
signaux donnés par les méthoxyles. La différence entre les deux alcaloïdes se situe donc
au niveau des substituants du cycle C en 11 et 12. L'irradiation du signal dû au proton
en 13 (5 6,47. IO- 6) de l'ambrimine 2 provoque une augmentation du signal du méthoxyle
en 12 (S 6,52.10-6) et donc l'hydroxyle est en 11 alors qu'il est en 12 dans Fefatine 1
(absence d'effet Overhauser entre le proton en 13 (8 6,52.10~6) et le méthoxyle en 11
(S 3,87.10-6). La confirmation de ces deux structures est apportée par les spectres de
RMN 1H enregistrés dans le DMSO d6, puis dans ce même solvant additionné de NaOD.
Dans le cas de l'ambrimine 2 le déplacement vers les champs forts, après addition de
NaOD, du doublet dû au proton en 14 est supérieur à 0,50. IO- 6 (0,54) alors qu'il n'est
que de 0,40.10~6 dans le cas de Fefatine 1. Ceci implique que dans le premier cas le
proton en 14 est en para de la fonction phénolique et que dans le second il est en meta [3].
La configuration absolue de ces deux alcaloïdes est identique à celle de la malékulatine
(1 S, 1'S), la valeur absolue et le signe de leur pouvoir rotatoire étant similaires à celui
de la malékulatine [4].
Après la vateamine [1], la vanuatine [1] et la malékulatine [1], Fefatine et l'ambrimine
constituent deux nouveaux exemples de bis-réticulines. Les trois premières bis-réticulines
représentaient chacune un type particulier de pontage, Fefatine et l'ambrimine en représen-
tent un quatrième. En effet, si ces deux alcaloïdes résultent d'un couplage oxydatif de
type « tête-à-queue » comme la malékulatine, ils diffèrent de cette dernière par le fait
que le couplage s'est effectué non pas en para de la fonction phénolique du cycle
benzylique mais en ortho. La mise en évidence de ces deux alcaloïdes montre donc que
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série n, n° 16, 1985 1187

les règles observées pour la formation de bisbenzyhsoquinoléinesà partir de deux unités


coclaurine ainsi que celles observées pour la formation des dimères benzylisoquinoléine-
/aporphine à partir de deux unités réticuline [5] semblent également s'appliquer à la
formation des bis-réticulines.
Reçue le 5 août 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] J. BRUNETON, M. SHAMMA, R. D. MTNARD, A. J. FREYER et H. GUINAUDEAU, J. Org. Chem., 48, 1983,
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[2] J. BALDAS, I. R, C. BICK, T. IBUKA, R. S. KAPIL et Q. N. PORTER, J. Chem. Soc, 1972, p. 592-596.
[3] R. J. HIGHET et P. F. HIGHET, J. Org. Chem., 30, 1965, p. 902-906; K. G. R. BACHLER, R. R. ARNDT et
VW. H. BAARSCHBKS,Tetrahedron, 21, 1965, p. 2159-2167.
[4] B. K. CASSÉES et M. SHAMMA, Heterocycles, 14, 1980, p. 211-230; ;.
[5] M. SHAMMA et H. GUINAUDEAU, Tetrahedron, 40, 1984, p. 4795-4822.

Laboratoire de Pharmacognosie,C.E.P.M., Faculté de Pharmacie,


16, boulevard Daviers, 49000 Angers.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 16, 1985 1189

PÉTROLOGIE.
— Les zircons des plagiogranites du complexe ophiolitique de
Chamrousse-Tabor et des granités sodiques du groupe de Rioupéroux-Livet (Massifs Cristal-
lins Externes, Alpes françaises) : morphologie, typologie et implications pétrogénétiques.
Note de Denis Scarenzi, Daniel Hermitte, René-Pierre Ménot et Michel Pibonie, présentée
par Maurice Roques.
Les zircons des plagiogranites de l'ophiolite de Chamrousse-Tabor et des granités sodiques du groupe de
Rioupéroux-Livet présentent des répartitions typologiques qui diffèrent sensiblementde celles qui caractérisent
habituellement ce type de matériaux. Diverses hypothèses sont avancées pour expliquer ces dérives de la
répartition typologique.

PETROLOGY. — The zircons of the Chamrousse-Tabor ophiolitic plagiogranites and of the Rioupêroux-
Livéttrondhjemites (External CrystallineMassifs,french Alps) : typology, môrphology and petrogenetic implica-
tions.
Zirconsfrom plagiogranites of the Chamrousse-Taborcomplex and from soda-granites ofthe Rioupéroux-Livet
formation présents a typology which rather differs from those investigated in such rocks. They are particularly
caracterised by Iow values of the 1T index and by a broad dispersion of the IA index. Several hypothesis are
prêsented to explain thèse déviations of the typologie repartition.

Le complexe ultrabasique et basique de Chamrousse et les formations à dominante


leptynique de Rioupéroux et de Livet constituent l'extrémité sud-occidentale du rameau
interne de la chaîne de Belledonné (Massifs Cristallins Externes, Alpes françaises). Ces
deux unités affleurent de part et d'autre de la vallée dé la Romanche, en amont de
Séchilienne (Isère).
Le complexe de Chamrousse chevauche en position inverse ([1], [2]) les formations de
Rioupéroux et de Livet.
(A) LES ZIRCONS DES PLAGIOGRANITESDU COMPLEXE UB-B DE CHAMROUSSE-TABOR. — Le
complexe de Chamrousse-Tabor, cambro-ordovicien[3] montre la superposition d'une
séquence métamorphisée de cumulats ultramafiques et mafiques puis d'une zone compo-
site de gabbros isotropes et dolérites, accompagnés de métavolcanites acides et basiques,
et enfin d'une série stratifiée à caractère volcano-détritique (groupe de Séchilienne) ([1],
[2], [3], [5], [6]). Le caractère ophiolitique de cet ensemble différencié, de chimisme
tholéitique ([7],; [8]), est couramment admis ([1], [2], [3], [5] à [9]), Des ortholeptynites à
affinité de plagiogranites y ont été identifiées [9]. Cette détermination a été confirmée par
une étude récente [10].
Une étude morphologique et typologique des zircons a été réalisée sur quatre échantil-
lons (I, II, III, IV; fig.).
Al. Les échantillonsI et II appartiennent au sommet de la séquence stratifiée du
massif ophiolitique. Us proviennent de sills et de filons intrusifs, étroitement associés aux
cumulats gabbroïques et aux ferro-gabbros ([9], [10], [12], [13]).
Ce sont des leucotonalités dont les textures magmatiques sont totalement oblitérées en
une trame quàrtzo-feldspathique protomylonitique. Leurs zircons, sub-automorphes ou
arrondis (55% d'arrondis dans l'échantillon I, 73% dans l'échantillon II), sont générale-
ment incolores, mais une minorité présente une teinte brun-sombre. La limpidité dépend
beaucoup de là densité des inclusions qui peuvent opacifier totalement le cristal. Ces
inclusions sont globuleuses et sombres, plus rarement en baguettes et gouttelettes incolo-
res. La fréquence des surcroissancesest variable (3,5%: éc'h. I; 7%: éch. II). La répartition
typologique, large et continue (et. fig.), se caractérise par une dominance du prisme 110

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1190 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série H, n° 16, 1985

Typologie des échantillons I, II, III, IV, V; F, position des échantillons sur le diagrammeIA-IT;
H, fréquence des divers types et sous-types.
Typology of samplesl, II, III, IV, V; F, distribution of the samples on the IA-IT diagram;
H, frequency of the various types and sub-type.

et une légère dominance de la pyramide 211 (éch. I) ou de la pyramide 101 (éch. II), et
elle est clairement distincte du champ de référence des plagiogranites ([14], [15], [16]).
Nos zircons se répartissent plutôt dans le champ des granités d'anatexie et des granodiori-
tes, avec des indices IT faibles (360 et 370). Ces cristaux sont le plus souvent incolores,
de cristallinité moyenne et à faces arrondies, comme dans les stocks 1, 2 et 3 décrits par
J. P. Pupin ([17], p. 212-214). D'autre part l'étalement du champ de répartition est
similaire à celui de la granodiorite de Pattada (Corse) [18], et des enclaves granodioritiques
del'Estérel[19].
Cependant les échantillons étudiés à Chamrousse sont exempts de toute trace d'anatexie
et de migmatisation; ce sont des plagiogranites bien typés par leur pétrographie, leur
gisement, et leur chimisme [10].
A 2. Les échantillons III et IV appartiennent à des filons intrusifs dans le groupe
leptyno-amphibolique de Séchilienne. L'échantillon III est une métaleucotonalite,
l'échantillonIV a une composition modale proche de celle des tonalités. Ici encore
l'évolution tectonométamorphique a oblitéré les textures magmatiques primaires.
Les zircons de l'échantillon III sont automorphes à sub-automorphes, très corrodés
(45%), extrêmement dissymétriques. Ils sont par contre fréquemment arrondis (52%)
dans l'échantillon IV. Dans les deux populations les inclusions sont rares et constituent
C. R. Acadi Sc. Paris, t 301, Série II, n° 16, 1985
..
1191

des gouttelettes sombres et/ou des baguettes trappues inclores. On n'observe ni zonage,
ni surcroissance, ni noyaux.
La typologie montre encore un large étalement sans maximum bien marqué de fré-

[16]).
.
quence. Elle est caractérisée par une nette dominance du prisme 100, une légère dominante
des pyramides 101 qui peuvent exister seules et la présence dé types U (2%) et P.
La répartition typologique des zircons des plagiogranites du groupe de Séchilienne,
/avec un large étalement de l'indice IA diffère sensiblement de celle admise pour ce type
de matériel ([14], [15],
A3. Par rapport aux grilles de référence, l'ensemble'des zircons étudiés offre une
grande variabilité des indices IT (éch, I et II) et des indicesIA (éch. III et IV) qui
témoigné de la complexité des relations existant entre la typologie et les conditions
physico-chimiques qui président lors de leur cristallisation. Des modalités particulières
de la magmatogenèse des plagiogranites considérés [10] peuvent expliquer les variations
observées,/.
(B) LES ZÏRCONS DES GRANITÉS SODIQUES DU GROUPE DE RioUPÉROUX-LrvET. Les forma-

tions de Rioupéroux et de Livét constituent une succession de gneiss leptyniques et
de leptynites albitiques, d'amphibolites et de micaschistes dans lesquels des reliques
minéralogiques. et texturales permettent, dans certains cas de reconnaître une série
ancienne volcanique et volçanoclastique, kératophyriquë ([5], [6], [10], [11], [13]). Dans
cet ensemble lité s'intercalent des horizons stratiformes et des stocks hèctométriques de
granité sodiques, d'âge dévono-carbonifère [20]. Ce magmatisme serait de type
calco-alcalin[7].
L'échantillon V (granité de Livet) est une leucotonalite à amphibole, on les recristallisa-
tions métamorphiques peu développées (déformation protoclastique) laissent intactes des
textures grânophyriques encore fréquentes.
Les zircons sont incolores, limpides, automorphes à sub-automôrphes, et parfois
corrodés (5%). Les rares inclusions forment des baguettes incolores, plus ou moins
trappues, ou des gouttelettes sombres. La typologie est caractérisée par une dispersion
modérée, les types D étant les plus fréquents. On constate également :
— un pourcentage
élevé de cristaux monoprismés;
— une
forte dominance des prismes 100;
— une
fréquente dominance des pyramides 101;

l'existence de nombreuses faces 301 (3%; types U,N, et K).
La répartition typologique (fig.) est comparable à celle des zircons des albitites corses
([14], [15]) qui sont pétrographiquementproches de nos matériaux.
Par la répartition typologique de ces zircons, le granité de Livet devrait être assimilé
aux trondhjémites des associations ophiolitiques. Ce résultat est en contradiction avec le
gisement et l'environnement qui sont totalement étrangers à un assemblage ophiolitique
([13], [20]). La relation entré la typologie des zircons et les sites gêotectoniques semble
ainsi moins stricte qu'on l'avait envisagé, comme l'est d'ailleurs la relation entre lès
granités sodiques et leur contexte de mise en place.
(C) CONCLUSION. — Trois populations distinctes de zircons sont déterminées dans les
granités sodiques du Sud de Belledonne (Chamrousse et Rioupéroux-Livet) :
— deux populations dans le complexéde Chamrousse-Tabor dont l'une appartient aux
plagiogranites associés au sommet de la pile des cumulats ophiolitiques et dont l'autre
caractérise les plagiogranites localisés dans la série volcano-sédimentaire sus-jacente
(groupe de Séchilienne);
1192 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 16, 1985

— une population correspond aux granités sodiques des formations de Rioupéroux et


de Livet.
Ces distinctions confirment la diversité pétrogénétique des trondhjémites de ce
secteur [12].
Les grilles typologiques obtenues posent le problème d'un éventuel élargissement des
champs de répartition des zircons des granités sodiques vers des indices IA et IT plus
faibles que ceux reconnus jusqu'à présent. Des conditions particulièresde magmatogenèse
pourraient entraîner cette diversité.
Ainsi l'étalement de l'indiceIA vers des valeurs faibles s'expliquerait par des variations
des conditions physico-chimiquesdu milieu de cristallisation des zircons. Ces variations
peuvent résulter de télescopages magmatiques, tels que ceux observés dans la vallée de la
Brévenne, où certains des plagiogranites présentent une répartition typologique proche
de celle des zircons des plagiogranites du groupe de Séchilienne ([21], [22]).
D'autre part, les faibles valeurs observées pour l'indice IT sont plus difficiles à interpré-
ter. La typologie particulière des zircons des plagiogranites du sommet de la séquence
ophiolitique du groupe de Chamrousse-Tabor reflète-t-elle le cachet plus alcalin du
matériel basique tholéïtique (T-MORB) à partir duquel se différencientles plagiogranites?
Remise le 23 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[2] R. P. MENOT, Géologie alpine, 55, 1979, p. 93-110.
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[18] D. HERMITTE, Thèse, Aix-Marseille-III,1975.
[19] J. D. GIRAUD, Comptes rendus, 296, série II, 1983, p. 635-638.
[20] R. P. MENOT et coll., Ophioliti, 1984, suppl. V9, p. 43.
[21] P. JOUCHOUX, Tlièse, Lyon-I, 1983.
[22] M. PIBOULE (à paraître); P. GIRAULT, D.E.A., Grenoble-I, 1984.

D. S. et M. P. : Institut Dolomieu, L.A. n° 69 C.N.R.S.,


Université Grenoble-I, 38031 Grenoble Cedex;
D. H. : Laboratoire de Pétrographie,
Université Aix-Marseille-III,13397 Marseille Cedex 4;
R.-P. M. : Département de Géologie, U.A. n° 726 C.N.R.S.,
Laboratoire de Pétrographie, Université, 42023 Saint-Etienne Cedex.
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 16,1985 1193/

SÉDIMENTOLOGIE. — Genèse de corps carbonates âiagénétiquës par réduction de


sulfates dans le Miocène évaporitique du Golfe de Suez et de la Mer Rouge. Note de
Jean-Marie Rouctiy, Claude Monty*/Catherine Pierre, Marie-Claire Bërnet-Rolïande,André
Maurin et Jean-Pierre Perthoisot, présentée par Jean AuboTuin.

Plusieurs types de corps carbonates s'individualisent directement à L'intérieur des formations gypso-
anhydritiquesd'âge .miocène moyen du Golfe de Suez et de la Mer Rouge : 1, massés irïégulières ou dômes '.
isolés dans les sulfates souvent mis en Telief par l'érosion différentielle de ces derniers; 2, corps stratoïdes
développés, dans les parties inférieure et supérieure des bancs sulfatés en contact avec des jaminites; 3, lentilles
calcaires sur les flancs de structures diapiriques où elles peuvent être associées à,du soufré et même à des
hydrocarbures. La plus grande partie de ces .carbonates, caractérisés par une forte porosité, est interprétée.
Comme le résultat dé mécanismes diagénétiques liés à la réduction bactérienne des sulfates en présence de
matière organique.

SEDIMENTOLOGY, — Sulfate réduction and formation of diagenétic carbonate bodies in the Middle
Miocène of the Gulf of Suez and of the Red Séa.
The Middle Miocène gypso-anhydriticformations from the GulfofSûéz and Red Seà margins comprise several
morphological types of carbonates: 1, irregular bodies and dômes standing outin sulfats as isolated buttes after
sélective weathering of sulfates; 2, stratoïd carbonates bodies developedin the lower or the uppei- part of sulfate.
beds in contact with laminites; 3, carbonate Jenses resting on the flànks of diapiric structures, associated with;
sulfur and pil or bitumen. The formation ofthe most of thèse highly pqrous carbonates, is interpreted as resulting. •
from diagenéticprocesses related to bacterial sulfate reduction in presence of Organic rich sediments:

INTRODUCTION. .— De puissantes formations évaporitiques atteignant localement jusqu'à


3600 m d'épaisseur [1] se sont déposées à partir dii Langhieh [2] dans le rift de la Mer
Rouge et du Golfe de Suez où elles succèdent généralement à des marnes marines;
(Globigeriha maris), elles-mêmes recouvrant des dépôts continentaux ôligo-miocènes; le
dispositif structural en horsts et grabens orientés principalement selon les directions
NNW-SSE imposela paléogéographie et la répartition des principaux corps sédimentaires
(sel, gypse et annydrite, carbonates, silici-clastiques...) ainsi que de rapides et amples
variations de faciès. Différents types de corps carbonates sont associés aux dépôts
évaporitiques ([3] a [6]) : lés calcaires récifaux implantés sur les marges et les hauts fonds;
les calcairesi strbmatôlithiques, contemporains de phases de confinemént/ët qui recouvrent
les récifs oii s'intercalententre les bancs évaporitiques. L'étude de leurs relations géométri-
ques et génétiques a déjà permis de'reconstituerl'évolution hydrodynamique du confinè-
rent ([4], [6]). D'autres types enfin de corps carbonates dont il sera principalement
question dans ce texte ont une importance volumétrique très variable (de quelques
décimètres à plus d'une dizaine de mètres de hauteur); ils se distinguent des précédents
par une répartition apparemment très irrégulière à l'intérieur même des sulfates massifs/
(anhydrite, gypse), localement, ils sont associés à des gisements de soufré natif (Guemsah)
([7], {8j, [9]), voire même d'hydrocarbures [10]. Des études détaillées(terrain, sédimentolo-
gie et géùçhimie isotopique) permettent de considérer qu'ils résultent de mécanismes
diagénétiques de transformation du sulfate de calcium dont l'intérêt à la fois théorique
et appliqué est très important. ,
GÉOMÉTRIE TJES CORPS CARBONATES DIAGÉNÉTIQUES ET RELATIONS AVEC LENCAISSANT SUL-
FATÉ. — Ces corps carbonates dont la diversité des structures et l'irrégularité de distribu-
tion soulèvent parfois des problèmes d'interprétation et des difficultés de corrélation
strâtigraphiquë, peuvent être regroupés, très schématiqùément, en trois ensembles princi-
paux.
O249-6305/85/03011193 S2.00 © Académie des Sciences
1194 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série n, n° 16, 1985

1. Des masses calcaires (de quelques décimètres à plus d'une dizaine de mètres d'épais-
seur) présentent des formes très variées parmi lesquelles dominent les coupoles ou les
cônes; la surface de base est conforme au litage de l'encaissant sulfaté (pl. I, photo A), mais
elles peuvent parfois acquérir des configurations très irrégulières. Ces masses carbonatées
incluses dans les sulfates massifs (pl. I, photo B) ont été souvent mises en relief par
l'érosion sélective des matériaux sulfatés encaissants et apparaissent alors comme autant
de buttes irrégulièrement réparties à la surface du gypse (pl. I, photo A); ce dispositif est
comparable à celui que Kirkland et Evans [11] ont décrit dans la formation Castile
(Permien) du Texas et du Nouveau Mexique. Ce type de structure, bien représenté sur le
bord SW du Golfe de Suez au Gebel Zeit (Ras Dîb, Centre Zeit et Little Zeit), et d'une
façon encore plus spectaculaire au Sharm el Bahari, au sud de Quseir, au bord de la
Mer Rouge, présente une convergence de forme parfaite avec des pinacles récifaux. Dans
de nombreux cas, on observe aisément la préservation des structures sédimentaires des
sulfates (laminations, structures nodulaires) dans les carbonates (pl. I, photo C) sans autre
modification qu'un tassement à la limite entre les deux types de sédiments.
2. Des placages carbonates plus ou moins stratoïdes se développent irrégulièrement
aux dépens des bancs sulfatés dans les parties en contact avec des intercalations de
laminites marneuses ou marno-diatomitiques très fréquemment observées dans les séries
du Gebel Zeit et de Guemsah; de tels phénomènes sont connus dans le Messinien de
Sicile, de Chypre, des îles ioniennes et d'Espagne.
3. Des lentilles carbonatées d'épaisseur métrique se développent dans la partie apicale
de la structure diapirique de Guemsah [14] où elles sont associées au soufre natif; les
sondages anciens de recherche et d'exploitation d'un petit gisement d'hydrocarbures
montrent la discontinuité de ces masses carbonatées sur les flancs de la structure diapiri-
que. II est intéressant de noter que la base des exploitations de soufre ainsi que celle des
principaux bancs carbonates s'alignent au-dessus d'un important banc de diatomites (à
microflore marine) dont ils sont séparés par un niveau argilo-sulfaté intensément déformé
(collapse); les bancs carbonates sus-jacents apparaissent bréchifiés. Des structures bréchi-
ques de ce type sont également observables dans certains dômes du Gebel Zeit.
MINÉRALOGIEET MICROSTRUCTURE. Les composants majeurs, en proportions variables

selon les sites de prélèvement, sont la calcite, Faragonite, la dolomite et accessoirement
la magnésite dans les corps carbonates, ainsi que le gypse et l'anhydrite dans les niveaux
sulfatés; les structures originelles de dépôts des sédiments sulfatés ont été oblitérées,

EXPLICATIONS DES PLANCHES

Planche I

A. Buttes constituées par une « coiffe » calcaire recouvrant des sulfates; ces corps carbonates, initialement
isolés dans la formation sulfatée, ont été dégagés par l'érosion sélective de l'encaissant; ce dispositif
sédimentologique est identique à celui qui a été décrit dans la formation Castile par Kirkland et Evans.
Hauteur approximative de la masse calcaire située à gauche du cliché : 5 m. B. Corps carbonates très
irréguliers ou en dômes (C), isolés dans la masse sulfatée (S). Petit Zeit, Golfe de Suez. C. Détail dé la
partie gauche de la photo B montrant le prolongement des structures sédimentaires du précurseur sulfaté
(laminations, 1; nodules, n) à l'intérieur des carbonates. Petit Zeit, Golfe de Suez.
A. Calcareous diagenétic bodies (C) protruding from sulfate layers after sélective érosion of the latter; the
sedimentological position is very reminiscent of Kirkland and Evan's Castile formation anomalies. Height of
the left calcareous body: 5 m. B. Irregular and domal carbonate bodies isolated into one sulfate bed. Little
Zeit, Gulf of Suez. C. Close-up of left part of B showing the préservation by the carbonates of sedimentary
structuresprésent laterally within sulfates.
PLANCHE I/PLATE I JEAN-MARIE ROUCHY

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 85


PLANCHE II/PLATE II
C. R. Acad, Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 16, 1985 1197

Planche II

A. Détail d'un corps carbonate illustrant la structure caverneuse typique. Petit Zeit, Golfe de Suez. B. Surface
polie d'aragonite fibreuse gerbes localement remplacée par de la calcite (flèches). Guemsah, Golfe de
Suez. C. Pseudomorphose en calcaire d'un nodule sulfaté; noter la présence de vides centimétriques dont la
forme évoque parfois des fenestrae (flèches). Petit Zeit, Golfe de Suez. D. Aspect microscopique d'un calcaire
de remplacement de sulfate à l'intérieur duquel on reconnaît encore la structure micronodulaire. Petit Zeit,
Golfe de Suez.
A. Typical cdrvernous structure of a carbonate diagenétic body at Little Zeit, Gulf of Suez. B. Polished slab of
fibrous aragpnite pârtially replaCed by calcite (arrows). Guemsah, GulfofSuez. C. Calcareouspseudomorph
after one sulfate nodule; notice the vuggy porosity like vugs. Little Zeit, Gulf of Suez. D. Microstructure of
limestone after nodular sulfates with:préservation of original micronpdular structures. -Little Zeit, Gulf of
Suez.
parfois effacées par une altération de surface due au climat aride et chaud qui provoque
la transformationdu gypseven anhydrite microcristalline [15].
La grande variabilité des microstructures révèle la complexité des remplacements
diagénétiques, Les calcaires qui ont préservé les structures primaires des sulfates (nodules,
laminations, pl. I, C; p.l II, C) sont généralement composés de calcite sparitique à
microsparitiqué souvent chargée en impuretés micritiques et forment des assemblages en
mosaïque de type drusique ainsi que le montre la photo "D^ pi. II La taille des cristaux
de calcite de remplacement apparaît souvent proportionnelle à celle des composants du
sédiment sulfaté précurseur (cristaux de gypse, nodules); elle est généralement comprise
entre 80 et 200 um et peut atteindre 500 à 800 um. Les liserés séparant ces éléments
demeurent à l'état de micrite. L'aragonite s'observe dans la partie supérieure des dômes
ou bien à l'intérieur dés masses bréchifiées sous forme de franges à structure fibreuse ou
fibroradiairé (pl. II, B) (cristaux de quelques dizaines de micromètres à plus de 1 dm de

calcite de remplacement.
longueur), parfois seulement identifiables à l'état de fantômes dans des mosaïques de

Les carbonates présentent en général un aspect vacuolaire à caverneux caractéristique


(pl. II., A); il s'agit de cavités millimétriques à pluridécimétriques, globuleuses, linéaires,
ou de type laminoïde fenestral; elles sont parfois ourlées de ciments fibreux de nature
calcitique ou aragbnitique et recèlent, dans certains cas, des restes de gypse ou d'anhydrité.
Les premiers résultats des études isotopiques démontrent, par les valeurs de 513C
généralementtrès basses (-^ 31,3 <ô13C<+3,3), l'origine organique du carbone du CO2
diagénétiqûe. Cela implique que la transformation sulfate-carbonate correspond à une
réduction sulfato-bactérienne en présence de matière organique dont l'état de maturation
pouvait être déjà avancé (début de méthanogenèse notamment, études en cours).
INTERPRÉTATION. — Le soufre et par conséquent les carbonates associés dans la
péninsule de Guemsah ont/déjà fait l'objet d'interprétationsdifférentes : soufre épigénéti-
que véhiculé par les hydrocarbures et accumulé dans les carbonates jouant le rôle
de réceptacle [7], réduction inorganique des sulfates contribuant à la formation des
carbpnates,[8]. Les observations présentées dans cette Note établissent que la plus grande
partie des carbonates de Guemsah mais aussi des autres sites examinés (Ras Dîb, Gebel
Zeit, Sharm el Bahari) résulte d'une transformation diagénétique des matériaux sulfatés
encaissants : prolongement des structures sédimentaires des sulfates à l'intérieur des
masses carbonatées; préservation de microstructures de ces mêmes sulfates ou des contours
cristallins du gypse; reliques d'anhydrite... Les calcaires déposés pendant la sédimentation
des Sulfates (intèrcalatioHs, plages internodulaires,...) peuvent également se retrouver à
l'intérieur des corps carbonates diagénétiques. La relation spatiale évidente avec des
sédiments laminés, habituellement riches en matière organique — et localement avec des
1198 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série H, n° 16, 1985

concentrations d'hydrocarbures comme à Guemsah — ainsi que l'association avec du


soufre natif dans la partie apicale de la structure diapirique de Guemsah, confirment le
lien avec des phénomènes de réduction bactérienne des sulfates en présence de matière
organique. Les données de la géochimie isotopique montrent également le rôle de ces
phénomènes de réduction sulfato-bactériennedans la genèse de ces carbonates [16]. Des
phénomènescomparables au niveau sédimentologique et isotopique ont été observés dans
le Messinien de Méditerranée ([4], [12], [13]), dans le Permien du Texas et du Nouveau
Mexique [11]. Des études pétrographiques et géochimiques fines sont en cours pour
préciser les mécanismes de cette diagenèse ainsi que les relations entre certains compo-
sants, notamment les ciments aragonitiques et la dolomite.
Cette transformation minérale implique souvent une importante réduction de volume
(50 % dans le cas du remplacement gypse/calcite, 20 % dans le cas du remplacement
anhydrite/calcite...)qui détermine une porosité secondaire importante [17] — qui pourrait
expliquer, avec la dissolution de vestiges sulfatés, le caractère caverneux des carbonates
étudiés — et des phénomènes de bréchificationet de collapse; les bréchificationsobservées
pourraient résulter de ce mécanisme mais également, dans le cas de Guemsah et de
certains dômes de Ras Dîb, de la dissolution et du fluage de niveaux salifères.
Il convient d'insister sur l'importance de l'identification de ces faciès carbonates dont
l'intérêt appliqué peut être considérable : création de réservoirs carbonates pour les
hydrocarbures, genèse de concentrations de soufre et même, éventuellement, de minéralisa-
tions sulfurées...
Remise le 16 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[15] J. M. ROUCHY, M. C. BERNET-ROLLANDE et A. F. MAURIN, Technip (sous presse).
[16] C. PIERRE et J. M. ROUCHY; 6 th European I.A.S. Meeting, Lerida, 15-17 avril 1985, résumé, 2 p.
[17] D. J. SHEARMAN, Univ. of Calgary, Canada, unpublished Report, 1971.

J. M. R. : GREDOPAR-GRECO52, Laboratoire de Géologie,


Muséum national d'Histoire naturelle, 43, rue Buffon, 75005 Paris;
C. M. : C.A.P.S., Université de Liège, 7, place du 20-Août, 4000 Liège, Belgique;
C. P. : U.A. n° 388, GRECO 52, Département de Géologie dynamique,
Université P.-et-M.-Curie, 4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05;
M. C. B. R. et A. F. M. : Total, Compagnie française des Pétroles,
39/43, quai A.-Citroën, 75739 Paris Cedex 15;
J. P. P. : GREDOPAR-GRECO52, Université de Nantes,
Département des Sciences de la Terre, 2, rué de la Houssinière, 44072 Nantes Cedex.
C. R; Acad. Sc. Paris, t 301, Série II, n° 16, 1985 1199

GÉOLOGIE. — Interprétation paléo-océanique d'une série pélagique à matériel


ophiolitique : la série de Chabrière, complexe de base du massifophiolitique du Montgenèvre
{Alpes Occidentales). Note de Jean Bertrand, Peter Nievergelt et Marc Vuagnat, présentée
par Georges Millot.
yDès blocs et brèches ophiolitiques apparaissent à plusieurs niveaux et de manière discontinue dans les
sédiments pélagiques supra-ophiolitîques de la série de Chabrière. La diversité'du matériel incorporé démontre
la contribution d'un plancher-pcéanique hétérogène en pleine évolution tectonique. Ces sédiments constituent
des imités tectoniques indépendantes sous l'Ophiolitë du Montgenèvre sensu stricto.
.

GEOLOGY, — Paleo-oceanic interprétation of a pelagic séquence with detritàl ophiolitic material: the
Chabrière Séries, basai complex of the Montgenèvre ophiolitic Massif (western Alps).
Ophiolitic blocks and brecciasfomi discontinuous intercalations in the pelagic.sédiments ofthe supra-ophiolitic
Chabrière Séries. The diversiiy of the incorporated material demàhstraies the contribution of a heterogeneous
and téctonically activeocéanfloor. .Thèse sédiments occur as independent tectonic tinits below the Montgenèvre
Ophiplite Sensu stricto.
I. INTRODUCTION.

Situé à l'Est de Briançon, le massif: ophiolitique du Montgenèvre
comprend les principaux termes d'un Ophiolite classique ([1], [2]). Chevauchant vers
l'Ouest la zone prépiémontaise, il est limité à l'Est par des contacts tangentiels et
subverticaux avec les schistes lustrés de la zone piémontaise. Au Nord et au Sud, des
failles majeures jalonnent ses limites [3]. Ce massif peut être subdivisé en deux parties [4]
(fig,, esquisse tectonique).
1. L'Ophiolite du Montgenèvre sensu.stricto montre une faible empreinte des déforma-
tions et du métamorphisme alpins. Cet ensemble comprend des unités en positions
horizontales, inclinées et renversées, avec des chevauchements principaux de direction
ENÈ-WSW bien exprimés à sa partie occidentale.
2: La zone spus-jacerite ou complexe de base est surtout constituée de sédiments
pélagiques, d'âgé jurassico-erétacé, de la série de Chabrière ([5], [6]) à matériel ophiolitique
associé. Ce complexe est caractérisé par des déformations alpines marquées et polyphasées,
une forte spilitisation des roches volcaniques et des croissances fréquentes de pyroxène
et amphibole sodiques et de lawsonite [4]. Ce soubassement de l'Ophiolitë s. s. s'observe
à sa partie frontale, à sa limite interne et dans la fenêtre du Val Gimont.
II. LA SÉRIE DE CHABRIÈRE À MATÉRIEL OPHIOLITIQUE. — Au Mont Cruzeau, à l'Est de
Sagna Longa, au Mont Corbiôuh et dans la fenêtre du ¥al/ Gimont, les sédiments
pélagiques surmontent un substratum ophiohtique. Ils apparaissent en tant qu'unités
tectoniquesindépendantes de l'Opliiolite du Montgenèvre s.s. [4]. La séquence stratigraphi-
que classique ([5], [6]) n'a pas été observée dans le secteur étudié. Dans la zone frontale
(fig. A), la formation de Roche Noire semble faire défaut [7], bien que récemment les
«schistes noirs du Gondran » [8] aient été considérés comme tels ([9], [10]). Une série
très plissée, formée de calcaire gréseux et micacé finement plaqueté paraît surmonter la
formation de la Replatte ([4], [9]). Sur l'esquisse tectonique, le « complexe sédimentaire
de^ prés du Gondran » rassemble divers faciès d'attribution encore non définitive, notam-
ment des termes flyschoïdes [8]. A la limite interné du massif, d'autres séries flyschoïdes,
également d'attribution encore incertaine, ne sont pas distinguées des schistes lustrés.
Dans l'unité du Mont Corbioun cependant, une telle série a été récemment envisagée
comme la continuation stratigraphique d'âge crétacé supérieur des sédiments suprâ-
ophiolitiqùes [11]. La série de Chabrière décrite ici ne comporte que trois termes:
radiolaritës, calcaires marmoréens et formation de la Replatte. Dans la région considérée

0249-6305/85/03011199 $ 2.00 © Académie des Sciences


1200 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 16, 1985

([1], [2], [4]) comme en d'autres secteurs ([5], [6], [12], [13]), la présence de blocs et autres
débris ophiolitiques a été relevée dans ces trois termes. Par ailleurs, un détritisme mixte,
continental et océanique, a été mis en évidence au Mont Corbioun [11].
1. La zone frontale. C'est à l'Ouest de la Cabane de Douaniers que la série de

Chabrière est la mieux préservée. Au Nord et au Sud, la séquence n'est plus continue.
De plus, son degré de démembrement et sa teneur en matériel ophiolitique sont très
variables, évoquant une incorporation tectonique du matériel ophiolitique. Cependant,
une mise en place sédimentaire semble démontrée au vu de l'association quasi stratiforme
de blocs à des niveaux d'ophiolites finement remaniées et du fait de l'absénçe d'un tel
matériel au contact tectonique immédiat avec l'Ophiolitë s. s.
Dans les radiolarites (fig. A), on observe de rares intercalations centimétriquesd'ophical-
cites et des microbrèches ophiolitiques calcitiques, pouvant atteindre quelques décimètres
d'épaisseur, à éléments de serpentinites, de gabbros et peut-être dé volcanites. Spinelle
chromifère, de même que zircon, ilménite et apatite provenant de Fe-Ti gabbros, sont
caractéristiques. La matrice calcitique est riche en hématite. Une partie de ce matériel
pourrait représenter les reliques d'une surface de décollement [8].
Dans les calcaires marmoréens à l'Ouest du lac des Sarailles (fig. B en haut), des blocs
et des horizons discontinus de brèches à éléments de tailles diverses sont visibles à
plusieurs niveaux. Les blocs ou olistolites, le plus souvent métriques à plurimétriques,
certains composites, sont principalement constitués de Fe-Ti gabbros, massifs ou bréchi-
fiés, fortement chloritisés. Des dolérites, des brèches d'albitites et des serpentinites souvent
hématitisées, s'observent aussi. Un bloc plurimétrique d'arénite siliceuse fine (figuré
comme radiolarite avec astérisque), rubanée et versicolore, riche en albite et amphibole
bleue, est particulièrement remarquable. Les brèches ophiolitiques calcitiques, les brèches
de gabbros, les brèches de calcaire marmoréen, les schistes chloriteux et les ophicalcites
qui forment la matrice de ces dépôts, évoquant des mégabrèches chaotiques, s'amincissent
à partir des olistolites. L'existence d'horizons riches en spinelles chromifères détritiques
dans certaines microbrèches renforce l'idée d'une origine sédimentaire, de même que la
présence de rares intercalations centimétriques de brèches ophiolitiques dans le calcaire
bien lité. Une partie du matériel ophiolitique inclus dans.la série sédimentaire à l'Ouest
du lac des Sarailles, surtout celui observé à proximité des radiolarites, pourrait correspon-
dre aux reliques d'un horizon à blocs et brèches déposé à l'interface substratum
ophiolitique-sédirnentspélagiques. Le bloc d'arénite précédemment cité est un autre indice
en faveur d'une telle interprétation, car Ce matériel se rencontre souvent près de cet
interface ([12], [13], [14]). A l'Ouest de Peyre Moutte (fig. B en bas), des blocs de gabbros,
plurimétriques à décamétriques, prédominent sur les niveaux de brèches ophiolitiques
calcitiques. Souvent ces brèches et des ophicalcites forment un plaquage d'un côté
seulement des blocs. La présence d'olistolites composites, d'éléments de brèches d'albitites
et des plaquages précités attestent une sédimentation polyphasée du matériel incorporé
dans les calcaires marmoréens.
Aucun débris ophiolitique ne semble associé à la formation de la Replatte dans la zone
frontale qui est chevauchée directement par l'Ophiolitë du Montgenèvre s. s.

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Colonnes stratigraphiquesdans la série de Chabrière et esquisse tectonique du massif ophiolitique du Montge-


nèvre.
Stratigraphie successions of the Chabrière Séries and tectonic map ofthe Montgenèvreophiolitic massif.
Montgenevre)
Colonnes stratigraphiques dans ta série de Chabriere(Massifophiolitique
du
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 16, 1985 1203

Le matériel incorporéest affecté par d'importants processus de remplacement et recristal-


lisation. La croissance d'amphibole bleue et de pyroxène aegyrinique est pour ainsi dire
généralisée. La formation de ces minéraux est très certainement liée à l'influence d'altéra-
tions superficielles précoces et de processus métasomatiques et hydrothermaux, responsa-
bles d'une distribution plus homogène du sodium et du fer et de l'établissement de
conditions oxydantes. L'échantillon de gabbro bréchifié à riébeckite et aegyrine déjà
signalé [15] provient probablement de cette zone.
2. La zone interne. — Dans la zone sous-jacente au SE, des blocs ophiolitiques,
plurimétriques surtout, sont localement associés à la formation de la Replatte ([4], [11]).
Au Rocher Renard (fig. C), où le matériel incorporé est particulièrement abondant, les
blocs de brèches de pillow l'emportent sur les éléments gabbroïques et serpentineux.
L'allure chaotique de cet affleurement est soulignée par la découpe en losange des
bancs de calcaire, héritage possible de perturbations synsédimentaires [11], et par le
développement d'une schistosité secondaire dans les schistes. Par analogie avec l'affleure-
ment du Lago Nero mentionné ci-après, une mise en place sédimentaire pour les divers
blocs observés est avancée comme hypothèse de travail. Sur la rive occidentale du Lago.
Ncro, une longue falaise de laves sous-marines spilitiques est surmontée stratigraphique-
ment par la formation de la Replatte (fig. D). Latéralement vers le SW, cette même
formation renferme des blocs métriques de gabbro. Cette masse de lave est interprétée:
comme un très gros olistolite ([4], [11]). La présence, dans l'unité du Mont Corbioun,
d'autres débris ophiolitiques associés à la formation de la Replatte renforce une telle
interprétation.
Au NE, entre Bousson et Sagna Longa, deux séquences sédimentaires peuvent être
distinguées. La première correspond à la continuation de l'unité du Mont Corbioun

s.
(fig. E en bas). Elle est caractérisée surtout par des brèches de serpentinite et des
ophicalcites, et par un calcaire clair fortement marmorisé épais de quelques dizaines de
mètres. La seconde séquence, bien développée à l'Est de Sagna Longa à partir de la
Cava di Marmo, se poursuit vers le Nord. Des radiolarites, localement enrichies en fer
et manganèse, surmontent un ensemble constitué d'ophicalcites, de brèches de pillow et
d'horizons d'arénite fine, riches en albite et en amphibole et pyroxène sodiques. Dans
ces deux séquences sédimentaires, ophicalcites et brèches de serpentinite sont considérées
comme le reflet d'un remaniement in situ d'un substratum serpentineux ([4]), [11]). Ces
deux séries distinctes appartiennent manifestement au complexe de base. La seconde se
retrouve probablement au Mont Cruzeau. Ce petit massif, avec ses laves spilitiques et
son degré de métamorphisme plus élevé [14], ne correspond donc vraisemblablement pas
à une prolongation de l'Ophiolitë du Montgenèvre s.
3. Le val Gimont. — Dans la fenêtre du val Gimont, dans des conditions d'affleurement
précaires (fig. F), calcaires marmoréens et formation de la Replatte surmontent des lavés
sous-marines hématitiques fortement spilitisées et déformées avec croissance d'amphibole
et pyroxène sodiques et de lawsonite. L'attribution d'autres faciès de type calcschiste est
difficile.
111. CONCLUSIONS. — 1.Considérations structurales. — La présence de la série de
Chabrière à matériel ophiolitique associé, aux emplacements considérés, autorise la
distinction d'un complexe de base. Plusieurs séquences pélagiques peuvent surmonter leur
propre substratum ophiolitique. De plus, les remaniements et les transformations chimi-
ques ayant affecté le matériel incorporé, de même que le degré de métamorphisme et dé
déformation de ces séquences, déterminent la différence avec l'Ophiolitë du Montgenèvre
1204 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 16, 1985

Malgré ses particularités, l'ensemble du massif peut s'intégrer dans le schéma


s. s. [4].
structural régional. Une partie de l'unité du Gondran et le massif du Montgenèvre
sus-jacent déterminent une structure d'ensemble de type klippe ([4], fig. 3) qui pourrait
être parallélisée, au Sud, à celle de l'unité de Rochebrune ([16], [17]). De plus, les failles
qui, au Nord et au Sud, jalonnent le massif du Montgenèvre ne décalent pas ([10], [16])
la limite externe de la zone prépiémontaise (fig., esquisse tectonique). En conséquence,
dans cette optique, l'Ophiolite du Montgenèvre devrait être considéré comme n'ayant
pas échappé au rétrodéversement.
2. Le matériel ophiolitique. — La nature du matériel ophiolitique associé à la série de
Chabrière, de même que les arénites et brèches dans l'Ophiolite s. s. [4], démontrent
clairement l'existence d'un paléo-plancherocéaniquehétérogène et dynamique. La topogra-
phie variée qui en résulte, contrôle, de manière prépondérante, les processus et les
environnementsd'érosion et d'accumulation. Sur le fond de l'océan, en plus des processus
de désagrégation et d'autres démantèlements, imprégnation d'hématite, spilitisation et
calcitisation ont affecté les roches. Dans les gabbros, par exemple, les zones hydrothermali-
sées, souvent liées à des termes ferro-titanés, jalonnent des zones de faiblesse. Cette
disposition, bien connue dans les océans actuels [18], pourrait expliquer la prédominance
de tels fragments dans les sédiments de la zone frontale. Au vu de ces divers arguments,
il n'est pas surprenant que les débris associés aux sédiments pélagiques présentent des
différences par rapport aux faciès pétrographiques de l'Ophiolite du Montgenèvre s. s.
3. Processus impliqués. — D'autres études sont nécessaires pour tenter de mieux
comprendre les mécanismes de remaniement, transport et dépôt épisodique du matériel
détritique considéré. En suivant le principe de l'actualisme, les zones faillées des océans
actuels peuvent être considérées comme favorables à une telle approche. Dans ce contexte,
escarpements de faille, falaises en voie de nivellement et bassins contigus doivent être
envisagés ([19], [20]). Ainsi pourrait être expliqué le dépôt local, de type avalanche ou
débris de pente, non classé et intermittent, de blocs et de brèches, de même que les
évidences d'une sédimentation polyphasée.
Remise le 7 octobre 1985.

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J. B. et M. V. : Département de Minéralogie,
Université de Genève, 13, rue des Maraîchers, 1211 Genève 4, Suisse;
P. N. : Geologisches Institut, E.T.H. Zentrum, 8092 Zurich, Suisse.
CvR. Acad. Sc. Paris, t. 301,SérieII n° 16,
1985 1205.

GÉOLOGIE. dans l'île de


— Découverte d'un affleurement de terrains paléozoïques
Majorque (Baléares, Espagne). Note de Emilio Ramos et Antonio Rodriguez-Perea, présenV
tée par Michel Durand-Delga.

Jusqu'à présent, dans les Baléares, le seul Paléozoïque connu à l'affleurement était celui de Minorque. Nous
venons de reconnaître dans un site de la côte nord de Majorque une successionde pélites avec des intercalations
de grès quartzeux que l'on peut considérer, par comparaison avec le Paléozoïque de Minorque, comme d'âge
dévonien ou carbonifère. Ces assises se trouvent dans les structures les plus basses visibles de la Serra de
Tramuntana. Ces matériaux ont subi des déformations d'âge hercynien ainsi que des déformations alpines du
Miocène moyen.

GEOLOGY. — First data of Paleozoic deposits of Majorca (The Baléares, Spain).


No paleozoic deposits hâve been described until today in the Balearic Islands except those of Minôrca. Tlie
Paleozoic beds of Majorca crops out in the lower leclonic units ofthe Serra de Tramontanq. It consists of a
séquence of shalcs with intercalations of sandstones, that can be correlaied with the Upper Devonian or Lower
Carboniferousof Minorca. Hercynian déformationsplus alpinian ones can be observed on thèse deposits.

INTRODUCTION. Dans les îles Baléares, c'est seulement à Minorque que des affleure-

ments paléozoïques étaient connus [1]. Ils consistent en turbidites (s. 1.) d'âge dévonien et
carbonifère. A Majorque l'on avait d'autre part reconnu la présence de galets attribuables
au Paléozoïque dans le Burdigalien de la région centrale de l'île ([2], [3]), mais aucun
affleurement de telles roches n'y avait jamais été trouvé.
Or, au cours de la reconnaissance systématique des affleurements de Trias dans la
Serra de Tramuntana de Mallorca (ex-« Sierra Norte » des auteurs), nous avons découvert
un affleurement attribuable au Paléozoïque.
DESCRIPTION. — Les matériaux paléozoïques dont il est ici question affleurent sur la
falaise côtière entre Es Port d'es Canonge et Es Port de Valldemossa, à 2 km au SW-.'de-
cette dernière localité (fîg. 1).
Ils forment une succession de 33 m d'épaisseur avec un pendage presque vertical. Il
s'agit d'une alternance de bancs de pélites sombres d'épaisseur d'ordre métrique, et dé
niveaux gréseux d'épaisseur décimétrique ou centimétrique. Les pélites sont homogènes,
avec peu de traces de bioturbation. Les niveaux gréseux montrent des bases légèrement
érosives et, quelquefois, des laminations planes. Ils sont plus abondants à la partie
inférieure de la série où ils forment souvent des corps à allure lenticulaire peu accusée.
Dans celte partie inférieure on note aussi quelques niveaux de microconglomérats.
Nous avons récolté quelques débris végétaux dans les pélites, mais jusqu'à présent, ils
se sont avérés sans aucune valeur stratigraphique.
Malgré l'absence, pour le moment, d'arguments paléontologiques, les caractères litholo-
giques de ces matériaux suggèrent à eux seuls un âge dévonien supérieur ou carbonifère.
En effet, leur nature lithologique, les caractères de l'alternance et également l'absence
presque totale de structures de bioturbation permettent une bonne corrélation avec les
roches dont l'âge dévonien supérieur-carbonifère inférieur est bien établi à Minorque [1],
D'après leur aspect, ces matériaux ne paraissent pas avoir été affectés par le métamor-
phisme proprement dit; seulement l'anchimétamorphisme y semble évident. De la mala-
chite est disséminée dans les pélites. En outre des fentes sont remplies par de la barytine;
DISPOSITION STRUCTURALE. — Les matériaux paléozoïques sont environnés par le Buht-
sandstein (fig. 2).

0249-6305/85/03011205 S 2.00 © Académie des Sciences


1206 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 16, 1985

Fig. 1. — Situation de l'affleurement paléozoïque de Majorque.


Fig. 1. — Location of Paleozoic outerop of Majorca.
Fig. 2. —
Disposition structurale schématique de l'affleurement étudié.
PZ, paléozoïque; TB, faciès Buntsandstein; E, éboulis.
Fig. 2. —
Structural setting of paleozoic deposits of Majorca.
PZ, Paleozoic; TB, Buntsandsteinfaciès; E, récent.

A sa limite sud-ouest, le Paléozoïque est en contact anormal par faille inverse avec le
Trias. Ce contact très incliné, avec une direction N-S et un pendage de 75° vers l'E,
montre des stries presque verticales. Le compartiment chevauché est constitué par des
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 16, 1985 1207

pélites, des grès et des conglomérats du Buntsandstein qui montrent des plis d'êntfarnéV
ment déversés à l'W.
Vers le Nord-Est, l'affleurement paléozoïque est surplombé par des couches attribuables
à un Buntsandstein assez haut, mais le contact est recouvert par d'assez épais éboulis/
L'âge relativement jeune des couches triasiques s'accorderait avec la nature tectonique
du contact, mais les données d'observation ne permettent pas de préciser s'il s'agit d'une ;
faille plus ou moins parallèle à la côte, comme on en connaît de fort nombreuses dans là;
région, ou bien d'un accident d'une autre espèce, par exemple en rapport avec lâ;
tectonique de chevauchement de la Serra de Tramuntana ([4], [5]).
Dans le détail, la structure est caractérisée par des plis semblables, ou presque sembla-
bles, d'axes subverticaux bien visibles dans les niveaux gréseux et dans les pélites les plus
gréseuses. Une schistosité de plan axial est bien développée, et par suite du caractère
semblable des plis, elle reste sub-parallèle à la stratification, sauf dans les charnières. La
direction de cette schistosité est NW-SE. Des plans de cisaillement N-S, à pendage 50°
vers l'E, recoupent la schistosité et donnent lieu à des replissements sigmoïdes de celle-ci.
CONCLUSION.

La comparaison des faciès de l'affleurement étudié avec ceux du
Paléozoïque de Minorque permet une attribution au Dévonien supérieur ou au Carboni-
fère. Ces assises représenteraient donc le socle anté-mésozoïque, jusqu'ici non observé à
Majorque. On peut donc envisager que les galets de grès paléozoïques carottés sur un
haut-fond situé à 70 km au Nord de la côte de la Serra de Tramuntana [6] proviennent
du substratum de cette Serra. Pour l'instant il n'est pas possible de préciser si cet
affleurement de la Serra de Tramuntana appartient à l'Autochtone, ou encore à une
écaille ou nappe du système de cette Serra.
Les Professeurs M. Durand-Delga et J. M. Fontboté ont aimablement fait des suggestions sur le manuscrit;
original.
Remise le 7 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1]R. BOURROUILLH, Stratigraphie, Sédimentologie et Tectonique de l'Ile de Minorque et du NE de .


Majorque (Baléares), Tlièse Doct. Étal, Université Pierre-et-Marie-Curie, Paris-VI, 1973, 516 p.
[2] B. DARDER, Bull Soc. géol. Fr., (4), 25, 1925, p. 245-278.
[3] J. S. HOLLISTER, Publ. Alem. Geol. Esp., C.S.I.C, Inst. José Acosta, Madrid, 1942, p. 71-102.
[4] P. FALLOT, Étude géologique de la Sierra de Majorque. Thèse Doct., Libr. Pol. Cli. Rérangêr, Paris ëi
Liège, 1922, 480 p.
[5] L. POMAR, A. RODRIGUEZet P. SANTANACH, Comptes rendus, 297, série 11, 1983, p. 607.
[6] R. BOURROUILLH et A. MAUFFRET, Bull. Soc. géol. Fr., (7), 17, 1975, p. 1125-1130.

E. R. : Lignitos, S.A., c/Juan Maragall 16/


Palma de Maïlorca, Baléares, Espagne;
A. R.-P. : Departament de Geologia, Universitat de les Mes Baleqrs,
Palma de Mallorca 07071, Baléares, Espagne.,
C. R. Acad. Sc. Paris,
t.3Série
01,
II,

16,
1985 1209

GÉOLOGIE,

Géologie et métallogénïe de la « Série des minés " au Shaba (EX-
Katanga)méridinal(Zaire), Métaèvaporiteset reprises hydrothermales. Note de Dominique.
Cluzel, présentée par Georges Mulot.

Les pseudomorphbses de minéraux et nodules évaporitiques, les slunips et figures de compaction, décrits
plusieurs niveaux de la «Série des mines » au Shaba, soulignent l'existence d'un contexte évaporitique dontà

étaient déjà établies les signatures tectonique et géochimique.


Toutefois, les paragenèses hydrothermales liées à la minéralisation suifurée,caractérisent une contamination
sodique, puis et surtout magnésp-potassique, dont l'origine doit être recherchée hors de la série minéralisée,
proprement dite,
Ces faits apportent un nouvel éclairage à l'ensemble dès phénomènes, notamment hydrothermaux, qui
accompagnent la mise en place des gisements urano-cupro-cobaltifères stratiforrnes de cette région.

GEOLOGY. — Geology. and metallogeny of the "Série des mines", in the Southern Shaba
(Zaïre) Metaevaporitesand hydrothermàlremobilizations.
Crystalline and nodular evaporitic pseudomorphs, slumps and compaction structures are described at several

tion, indicate evaporitic contaminationof external


Thèse
origin.
levels of the "Série des mines" in Southern Shaba (Zaïre). They emphasize the evaporitic character of this
formation whose tectonic and geochemical aspects were previously estqblished.
However, soda then, dbove all, magneso-potashbearing hydrothermalparagenesis, linked with sulfide mineralisa-
facts bring a new sightto the ore-forming processes, especially hydrothermàl ones, leading to the
stratiform Cu-Co-U deposits of the Zaïrian Copperbelt. :._,::''

I. INTRODUCTION. SITUATION
ET DONNÉES DU PROBLÈME. — la pointe méridionale du
A
Zâïre,: au Sud de la Région du Shaba (ex-Kantaga), se situe l'une des plus importantes
provincesminières,du glôbé. Chevauchantsur plus de 500 kmla frôntière du Zaïre et de la
Zambie, la Ceinture du cuivre » est d'age Protérozpïque Supérieur/(systèmeKatangien,
1 100-600 ,M.a.)v[l]. Les gîtes stratiformes de Cu-Ço-IJ-Ni du Shaba (ex-Katanga) méridio-
nal sont logés dans le Katangien inférieur ( = super-rgroupe de Roan) et, plus particulière-
ment, dans la " Série des mines. » (Roan moyen = R 2 de À. François) [2]. Contrairement
au « Mines; group » de Zambie à caractère principalement littoral et terrigène, la « Série

stérile.
des mines >>, vraisemblablement déposée dans un contexte dé rift intra-continental post-
orogénique, est essentiellement carbonatèe. La minéralisation sulfurée y est localisée en
deux corps lenticulaires étroitement liés à des pélites carbonées (blaek shales), séparés
par un massif stromatolitique
Dans
cette
disposition
d'ensembe, les faciès varient latéralement de façon rapide, en.
relation probable avec des fonds irrégulièrement mobiles (failles actives ou halocinèse
précoce).
La tectonique des gisements cuprifères est extrêmement complexe erteffet, la série est
doublement décollée dé son socle et de son toit. Ce Rôân moyen constitue une brèche
cyclopéenne aux éléments hectpmétriques disjoints et désordonnés qui se trouvent au
coeur d'anticlinaux à noyau extrusif PU en klippes dans, les zones synclinales. Cette
disposition a suscité une interprétation halocinétique pour l'ensemble des structures
Katangiennes [3], Mais, alors que dans les gisements zambiens, l'anhydrite est ubiquiste

subsiste.
en dépit du métamorphismeépi à mésozonal [4], au Shaba, aucun mineral évaporitique
ne
Le présent travail proposé de prendre en compte dans l'histoire des gîtes du Shaba, le

(diapirs ?) aujourd'hui
0249-6305/85/03011209
disparus.
caractère évaporitique initial et l'influence qu'ont pu avoir sur la mise en place des
concentrations métalliques,les phénomènes hydrothérrnaux liés à des amas évaporitiques

$2.00v© Académie des Sciences


1210 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 16, 1985

II LES RELIQUESÉVAPORITIQUESDE LA « SÉRIE DES MINES ».



Outre les anomalies géochi-
miques indicatrices de sursalure (Ba, Sr, Li, B, Br...) ([3], [5], [6]), la « Série des mines »
présente un grand nombre de structures sédimentaires et diagénétiques typiques de
sédiments évaporitiques. Les pseudomorphoses cristallines de sulfates sont particulière-
ment abondantes dans les niveaux carbonés; il s'agit de cristaux aux faces souvent
dentelées s'associant en édifices dendritiques ou squelettiques à symétrie de type quadrati-
que. Ces cristaux sont sécants sur la stratification et totalement épigénisés par de la
séricite-muscoviteou dé la silice (chert ou chert quartzeux) avec de nombreuses inclusions
solides (dolomite, calcite, dravite, séricite, chalcopyrite) et des inclusionsfluides monopha-
sées. Il s'agit d'évaporites primaires se développant peu après la sédimentation. La nature
du minéral initial n'est pas clairement établie en l'absence d'inclusions reliques; toutefois,
les formes cristallines ne sont pas incompatibles avec celles du gypse.
Des niveaux à nodules sont localisés à la partie supérieure de certains cyclothèmes ([2],
[3], [5]); ils ne sont jamais directement associés à des pseudomorphoses de cristaux, mais
le plus souvent à des structures entérolitiques ou des laminations irrégulières. Leur
remplissageactuel est le plus souvent siliceux (chert ou quartz, rares agrégats de lutécite),
parfois dolomitique ou silico-dolomitique, plus rarement barytique. On y rencontre les
mêmes inclusions que dans les pseudomorphoses cristallines. Nodules et laminations
associées ont un caractère assez nettement diagénétique et par leur disposition et leur
structure interne sont très semblables aux nodules et laminations anhydritiques des séries
évaporitiques récentes ([7], [8]).
Un grand nombre de figures de compaction (boudinages de bancs, figures de charge,
replis ptygmatiques) indiquent la disparition de grandes quantités de matériel (jusqu'à
70 %) par dissolution diagénétique ou post-diagénétique. Ces figures de dissolution sont
très semblables à celles que l'on rencontre dans les séries évaporitiques reconnues ([7], [8]).
Plus hasardeuse, mais séduisante, est l'interprétation en termes évaporitiques de structu-
res rencontrées dans les dolomies siliceuses et magnésitifères du sommet et de la base de
la série, telles que laminations entérolitiques, structures en mosaïque (chicken wire)
très fréquemment associées à des slumps. Ainsi, certaines formations essentiellement
dolosparitiques seraient d'anciennes dolomies « salifères » [9]. Sur la base de ces observa-
tions, on peut être assuré de la nature pré-évaporitique d'une partie de la « Série des
mines » (black shales), voire de la totalité de celle-ci.
III. EFFET DES MANIFESTATIONSHYDROTHERMALES. — L'abondance des indices de sursa-
lure et, a contrario, l'absence totale de minéraux évaporitiques exprimés, impliquent un
changement drastique des conditions post-sédimentaires. Cette évolution est à mettre au
compte de l'importante activité hydrothermale localisée au droit des zones minéralisées.
L'étude de la succession des paragenèses permet de reconstituer l'évolution suivante :
après la phase évaporitique s. s. synsédimentaire, vient la cristallisation des sulfates (gypse-
anhydrite) par diagenèsè précoce. Ensuite, la progradation thermique provoque mobilisa-
tion et épigénie des sulfatés. Il apparaît clairement que ces épigénies, phylliteuses, siliceuses
ou carbonatées résultent de l'interaction du matériel encaissant et de fluides assez peu
magnésiens (Mg/Mg + Ca^0,5) et à pH élevé (cherts, association calcite+ dolomite).
L'époque de mise en place de la barytine n'est pas évidente; toutefois, il semble qu'elle
pourrait également résulter de la pseudomorphose des sulfates tôt formés. Dans une
phase ultérieure, apparaissent des minéraux et textures de thermo-métamorphisme (méta-
morphisme hydrothermal s.l) marquant une alcalinisation d'abord sodique (paragonite
=Na/Na+K^0,9, scapolite), puis magnéso-potassique (dolomite+magnésite= Mg/
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 16, 1985 1211

Mg + Ca^0,5, clinochlore, phlogopite, séricite) en conditions per-alumineuses (disthène,


florencite) ([10], [11]).
Ces transformations qui comprennent également la propylitisation des volcanites asso-
ciées ([10], [12]) s'effectuent en ; présence de fluides hyper-salins, chlorurés alcalins
([13, [14]) à des températures modérées (250-350°C max.). Les stades tardifs sont marqués
par le caractère lessivant et oxydant des solutions liées à l'extinction thermique du système
(kaolinisation, chloritisation).

IV". REMARQUES.

La « Série des mines » possède donc un net caractère évaporitique;
ou pré-évaporitique. Mais elle est essentiellement sulfatée (Ca et Ba), alors que les-
saumures hydrothermales hypersalines sont chlorurées; leur origine doit donc être recher-
chée dans les séries sus ou sous-jacentes. Ces formations « incompétentes » sont d'ailleurs
les niveaux de décollement de la série et la matrice de la mégabrèche que constitue le
Rpan moyen. A l'origine, la « Série des mines » pourrait donc avoir été encadrée par de
puissantes formations salifères, maintenant rendues méconnaissables sous l'effet conjugué
de la tectonique et de l'hydrothermalisme, Malheureusement, les mauvaises conditions
d'affleurement et le manque d'intérêt économique de ces formations en limitent considéra-
blement les possibilités d'étude.
— Le disthène est, dans ces gisements, un indicateur de la chimie particulière des
fluides hydrothermauxplutôt qu'un minéral de haute pression ([15], [16]).
— Les paragenèses hydrothermales progrades sont étroitement associées aux sulfures
(chalcopyrite,bornite, carolite) [10] sous forme de « mouches », d'amas ou de ségrégations
filoniennes.

Le métamorphisme régional ne dépasse pas, dans les secteurs étudiés, le stade de
l'anchizone, sauf à proximité des zones minéralisées où les manifestations hydrothermales
augmentent localement le degré de métamorphisme [10].

Il est à noter que la schistosité est systématiquement absente de la «Série des
mines », alors que les formations sus-jacentes (Kundelungu) en sont porteuses [2] (régime
de type hydrostatiquelié à la présence des évaporites?).
En définitive, la confrontation de l'ensemble des observations structurales, sédimentolo-
giques et géochimiques montre une corrélation, dans la « Série des mines » de la Région
du Shaba, entre évaporites, hydrothermalisme et minéralisation.
V. CONCLUSIONS. MÉTA-ÉVAPORITES ET MINÉRALISATIONAU SHABA MÉRIDIONAL. — Il est
bien établi ([6], [8], [17]) qu'il existe une relation constante entre évaporites, matière
organique et minéralisations stratiformes U-Cu-Co. Toutefois, chaque sous-province
métallifère possède ses caractères propres et ils ne peuvent tous ressortir d'un modèle
unique. En particulier, les modèles « pan-sédimentaires » séduisants pour les gisements
de Zambie [4], ne peuvent convenir pour la « Série des mines » du Shaba. Au Shaba,
alors que la protominéralisationsynsédimentaire n'est pas connue, on constate une série
de remobilisations successives, d'autant plus récentes et complètes que l'élément considéré
est mobile, comme l'uranium par exemple [18]. Comme les traces d'un stade synsédimen-
taire, lié au contexte évaporitique sont manifestes, il est vraisemblable que ces remobilisa-
tions sont l'effet de phases hydrothermales agissant successivement sur un même
« capital » métallique. La pérennité des phénomènes hydrôthermaux semble liée à l'exis-
tence d'amas évaporitiques [19]; amas que l'on peut, à titre d'hypothèse de travail,
attribuer à une halocinèse précoce, plus ou moins profondément remaniée par la tectoni^
que ultérieure.

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 86


-
1212 C. R. Acad. Sc. Paris, t.-301, Série II, n° 16, 1985

Par l'ensemble de leurs caractères, les gisements du Shaba méridional pourraient se


rapporter au « Creede type » proposé par Eugster [21]. Ce type de gisements, hypothéti-
que selon cet auteur, se définit par la présence de sédiments évaporitiques ou pré-
évaporitiques riches en matière organique, le caractère alcalin des fluides, des températures
modérément élevées et l'existence de remobilisations de type diagénétique (zonations à
toutes les échelles) [20] et épigénétique (ségrégations filoniennes). Tous ces caractères sont
ceux de la province minière du Shaba méridional.
Deux voies de recherche seront fructueuses pour vérifier ce shéma de reprises hydrother-
males successives en contexte évaporitique : la reconstitution des paléosaumures par les
inclusions fluides des minéraux hydrothermaux et l'étude de la matière organique aux
divers stades de transformation.
Remise le 16 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] L. CAHEN et N. J. SNELLING, The geochronology and évolution of Africa, Clarendon Press, Oxford, 1984,
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[12] D. CLUZEL, en préparation.
[13] D. AUDÉOUD, B. MOINE et B. POTY, in Concentrations métalliques en milieu confiné, S.G.A.-GRECO
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[14] J. PIRMOLIN, Ann. Soc. Géol. Belg., 93, 1970, p. 397-406.
[15] B. MOINE et coll., Contr. Minerai Peti-ol, 76, 1981, p. 401-412.
[16] D. CLUZEL, en préparation.
[17] P. LAGNY, Bull. Cent. Rech. Explor-prod. Elf-Aquitaine, 4-1, 1980, p. 445-477.
[18] L. MENEGHEL, Econ. Geol, 76, 1981, p. 56-68.
[19] H. KULKE, Se de la Terre, 28, n° 2, 1979, p. 39-74.
[20] P. BARTHOLOMÉ, Cent. Soc. Géol. Belg., 1974, p. 203-213.
[21] H. P. EUGSTER, Geochim. et Cosmochim. Acta, 49, 1985, p. 619-635.

Université d'Orléans, Laboratoire de Géologie dynamique, 45046 Orléans Cedex.


G R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 16, 1985 1213

TECTONIQUE. — Nouveau modèle de la chaîne des Pyrénées. Note de Joachim


Déramond, Rodney H. Graham, John R. Hossack, Patrice Baby et Gilles Crouzet, présentée
par Michel Durand-Delgâ.
On montre l'importance de chevauchements profonds responsables de l'épaississement crustal de la zone
axiale pyrénéenne et la réactivation de failles extènsives dans la zone nord-pyrénéenne lors d'une tectonique en
compression.

TECTONICS.—A new model of the Pyrenean range.


The importance, of deep thrusts in the crustal thickening of the axial Zone and the réactivation of extensional
faults in the northem Pyrenean Zone are emphasized.

Dans un modèle lithosphériqùe récent [1], les Pyrénées sont décrites comme une chaîne
en éventail résultant de l'écrasement d'une lithosphère amincie pour sa partie nord et
d'une subduction continentale pour sa partie axiale. A partir des mêmes données mais
avec un raisonnement différent nous proposons un modèle géométrique d'une chaîne
dissymétrique présentant des structures complexes, variables suivant le niveau considéré,
lui dormant une apparence non cylindrique. Ces structures résultent de chevauchements
vers le Sud et vers le Nord descendant jusqu'au manteau qui affectent une croûte
continentale d'épaisseur variable déjà déformée par des failles antérieures.
LES DONNÉESOBJECTIVES ( fig. 1). — Elles sont de deux ordres :
Données de surface. — Du Nord vers le Sud, le versant aquitain (zone nord-pyrénéenne)
de la chaîne permet d'observer des chevauchements ou des failles inverses à vergence
nord s'accompagnant éventuellement de chevauchements antithétiques. Ces accidents,
parfois; soulignés par des pointements de lherzolite, limitent dés bassins de flysch albien
ou des bassins de flyschs crétacé supérieur. Il apparaît donc que la sédimentation dans
cette zone [2] a été en grande partie guidée par la présence de failles normales, d'orienta-
tion générale E-W, le plus souvent;à plongement S, suivant lesquelles se produit à partir
du Crétacé supérieur un jeu inverse pouvant conduire à des chevauchementsrelativement
importants (nappe de Sainte-Suzanne, par exemple). La, zone nord-pyrénéenne peut donc
être interprétée comme une zone de chevauchements vers le Nord utilisant des failles
normales antérieures. Si l'on adopte pour ces failles extènsives la disposition classique
(failles listriques avec « roll-over » et grand décollementà la base) ([4], [5]), le chevauche-
ment de la zone nord-pyrénéenne utilise ces structures qui, d'initialement extènsives,
deviennent alors compressives. Suivant le plongement initial de ces failles on observera,
soit des chevauchements relativement redressés, soit des failles à mpuvement apparent
inverselié à leur renversement.de sens lors de la tectonique compressive. Les mouvements
le long de ces accidents peuvent amener en affleurement les parties profondes de la croûte
amincie ([6], [7]) qui vient alors chevaucher les bassins mésozoïques.
Cette zone nord-pyrénéenne est limitée vers le Sud par la faille nord-pyrénéenne,
verticale ou sub-verticale, bien individualisée dans la partie centrale et orientale de la
chaîne. Vers l'Ouest elle peut; être prolongée par des accidents beaucoup moins nets
(chevauchement du Mailh d'Arrouy, des Arbailles).
Au Sud de la zone nord-pyrénéenne, la zone axiale apparaît comme un empilement
d'écaillés d'un vaste duplex (empilement antiformal) constitué par la superposition de
nappes ; des Eaux-Chaudes, de Gavarnie, de Pineta ([8], [9], [10]). Ces écailles sont
0249-6305/85/03011213 $2.00 © Académie dés Sciences
1214 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 16, 1985

Fig. 1. Coupe N-S schématique de la partie occidentales des Pyrénées centrales, (a) sédiments mésozoïques

post-Crétacé moyen et cénozoïques; (b) sédiments mésozoïques anté-Crétacé moyen; (c) croûte; (d) manteau.
1, décollement sud-pyrénéen; 2, chevauchements de la zone axiale (Eaux-Chaudes, Gavarnie, Pineta);
3, écailles dans le bassin de flysch tertiaire sud-pyrénéen (écailles de Roncal); 4, zone axiale en affleurement;
5, bassin Crétacé sup. de la bordure nord de la zone axiale décollé à sa base; 6, faille nord-pyrénéenne;
7, massif nord-pyrénéen; 8, faille antithétique pouvant évoluer en rétrochevauchement (chaînons béarnais);
9, chevauchement à déplacement nord (nappe de Sainte-Suzanne); 10, failles normales non affectées par la
tectonique compressive; 11, décalage du Moho.
Fig. 1. — N-S schematic cross-section of the western part of the central Pyrénées, (a) post-middle Cretaceous
and Tertiary sédiments; (b) mesozoic pre-middleCretaceous sédiments; (c) crust; (d) mande. 1, south-pyrenean
décollement; 2, thrusts ofthe axial Zone (Eaux-Chaudes, Gavarnie, Pineta); 3, imbricates in the south-pyrenean
tertiary flysch basin (Roncal); 4, axial zone outeropping; 5, upper Cretaceous basin of the norther border of
the axial Zone; 6, north pyrenean fault; 7, north-pyreneansatellite massif; 8, antithelic fault evolving into back
thrusts (chaînons béarnais); 9, thrust with nordward displacement (Sainte-Suzanne nappe); 10, normal faults
unaffected by the shortening; 11, Moho offset.

limitées à la partie supérieure par un grand décollement (chevauchement supérieur du


duplex) qui se développe dans le bassin flysch cénozoïque d'avant-pays [11] dont la
formation est due au réajustement isostatique en avant de l'empilement anticlinal qui va
former par épaississement crustal antiformal la future zone axiale. C'est sous ce bassin
que se situe l'extrémité antérieure (« leading-edge » des auteurs anglo-saxons) du duplex.
Le chevauchement supérieur se poursuit loin en avant sous le bassin flysch puisqu'il vient
émerger dans les Sierras Marginales à environ 50 km du bord sud de la zone axiale; il
peut être affecté par l'écaillage et les chevauchements constituant le duplex de la zone
axiale. Latéralement, ce chevauchement ne se limite pas au même niveau puisqu'il peut
également se situer dans les formations paléozoïques, qu'il amène en recouvrement E-W
sur le Cénozoïque, ce recouvrement pouvant se traduire par des structures anticlinales
dans les formations supérieures (anticlinaux de Mediano et de Boltana) [3]. L'extrémité
postérieure (trailing-edge) du duplex, reconstruite en respectant la géométrie des surfaces
de chevauchements, se situe grossièrement à la verticale de la faille nord-pyrénéenne, à
une profondeur d'environ 30 à 40 km. Si l'on adopte les modèles classiques de formation
et d'évolution des zones chevauchantes ([12] à [16]), on doit prolonger cette extrémité
postérieure par une surface de décollement horizontale (palier) qui se poursuit vers le
Nord où elle s'amortit progressivement. Cette surface de décollement pourrait se localiser
le long du Moho qui représente effectivement la limite entre deux milieux de viscosité,
donc de compétence, différente.
Les déplacements vers le N dans la zone nord-pyrénéenne apparaissent donc dus à
un rétrochevauchement dont on peut déterminer en Aquitaine occidentale la position
approximative du front au niveau de la nappe de Sainte-Suzanne, car en avant de cette
structure existent des failles normales affectant le Crétacé inférieur, qui n'ont pas été
réactivées lors de la tectonique en compression.
Données profondes. — 1° Décalage du Moho : des données récentes de géophysique
profonde montrent à la verticale de la faille nord-pyrénéenne un décalage vertical du
.€> R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, h° 16, 1985 1215

Fig. 2. —
Reconstitutionschématique,de l'état initial avant la compression du Crétacé supérieur
(1, tracé des futurs chevauchements; 2, accidents antérieurs).
Fig. 2. — Schematic restoration of the initial stage before the upper Crecaceousshorténing
(1, future thrusts; 2, earlierfaults).

Moho. Il est à une profondeur de l'ordre de 30 km dans la zone nord-pyrénéenne alors


que sous la zone axiale le même réflecteur est situé à environ 50 km [17].
2° Métamorphisme : les sédiments de la zone nord-pyrénéenne ont subi un métamor-
phisme de basse pression-haute température [18] indiquant un flux de chaleur important,
en relation donc avec un amincissement crustal. Cet amincissement est confirmé par les
remontées de granulitès à la faveur des chevauchements dans la la zone nord-pyrénéenne,
ces roches d'origine profonde constituant certains massifs nord-pyrénéens (Saint-
Barthélemy, Castillon, Agly) ([6], [19]).
3° Anomalies gravimétriques : une série d'anomalies gravimétriques allongées E-W et
se situant essentiellement au Nord de la faille nord-pyrénéenne montrent l'existence à
faible profondeur du manteau, confirmant ainsi les données de sismique profonde.
LE MODÈLE, —
(a) Datation des mouvements. — La phase extensive responsable de la
formation de failles normales peut être datée par des arguments sédimentologiquescomme
se terminant au Crétacé supérieur. Pour ce qui est de la phase compressive responsable
de la formation des chevauchements et rétrochevauchements on peut la faire débuter âù
plus tôt après le Sénoniën (chevauchement de Gavarnie) et se terminer au Miocène dans
les Sierras Marginales ([20], [21]):
(b) Cinématique de la formation de la chaîne. — La chaîne résulte donc d'une extensiPn
dans une zone ayant déjà subi un décrochement important ([20], [22]), se traduisant par
l'apparition d'un grand accident, la future faille nord-pyrénéenne! Comme nous le verrons
plus loin, cet accident devait avoir initialement un plongement nord relativement fort
(fig. 2). L'extension horizontale N-S qui suit ce cisaillement horizontal ou subhorizontal
est responsable d'une part d'un amincissement crustal lié à la remontée du manteau en
profondeur et à la formation en surface de profonds bassins sédimentaires et d'autre
part de failles normales à regard généralement sud et donc se poursuivant en profondeur
paT un niveau de décollement faiblement pente vers le Sud, si l'on adopte le modèle de
Wernicke et Burehfiel [5] pour les failles extensives (fig. 2). On peut donc considérer que
la croûte dans cette partie de la chaîne a eu à la fois un comportementductile (boudinage
:
à l'échelle de la chaîne) et un comportement fragile (failles extènsives).
Lors du raccourcissement qui suit l'extension, il se produit un décollement à l'interface
croûte-manteau qui va se propager vers le Sud jusqu'à atteindre la base de la faille
nord-pyrénéenne le long de laquelle se produit un chevauchement. Pour que cette faille
puisse être réactivée lors de la tectonique compressive alpine, il est nécessaire qu'elle
possède initialement un pendage nord. Cependant, ce pendage relativement fort, rend le
1216 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 16, 1985

glissement le long de cet accident peu aisé et c'est la raison pour laquelle il apparaît en
avant de nouvelles surfaces de chevauchement qui, en constituant un duplex, sont
responsables de la verticalisation de la faille nord-pyrénéenne et de Féaississement crustal
tels qu'on les observe actuellement. Lors des premiers mouvements de raccourcissement,
la croûte et le manteau vont remonter le long de cette faille et constituer un anticlinal de
rampe; mais pour les raisons envisagées ci-dessus, le déplacement reste relativement faible.
Autrement dit, en ce qui concerne la faille nord-pyrénéenne et son jeu chevauchant, la
seule différence notable avec le modèle de Rich [12] est la forte inclinaison de la rampe
due à la réutilisation d'une faille fortement inclinée lors du raccourcissement. A ce
même moment apparaît et se développe, dans la partie septentrionale de la chaîne, un
rétrochevauchement qui utilise les failles normales pré-existantes de la même manière que
la faille nord-pyrénéenne guide les premiers chevauchements vers le Sud.
Ce modèle apparaît donc comme la combinaison d'un duplex et d'un coin extrusif
(pop-up) lié à un rétrochevauchement. Cependant, le modèle ici est plus compliqué que
celui proposé par Butler [23] du fait de la présence des accidents antérieurs rejouant lors
du raccourcissement.
Grâce à un tel modèle on explique très bien la disposition dissymétrique de la chaîne
et également les structures, apparemment dissemblables dans lès diverses sections de la
chaîne, dues en fait à des niveaux d'érosion différents recoupant ce dispositif complexe.
Ce travail a bénéficié des remarques de J. M. Flament et A. Villien [S.N.E.A. (P), Mission France, Explo-
ration].
Remise le 7 octobre 1985.

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J. D., P. B. et G. C. : Laboratoire de Géologie structurale et Tectonophysique,


Université Paul-Sabatier, 38, rue des Trente-Six-Ponts, 31400 Toulouse;
R. H. G. et J. R. H. : B.P. Ltd, Moor Lane, London EC2Y 9BU, G.B.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 16, 1985 1217

GÉODYNAMIQUE.
— Prévision des tremblements de terre dans la région de Tokai
(Japon). Note de Jacques Boulègue, Xavier Le Pichon, Membre de l'Académie et Jean T.
Iiyama.

Des sorties de fluide, résultant d'une surpression le long du plan de chevauchement, ont été découvertes
durant la mission submersible Kaiko sur le fond de la fosse de Nankai. Nous, proposons d'y mesurer les
variations de température et du potentiel électrique pour améliorer la prévision du futur grand séisme prévu
dans la région de Tokai. La mise en place d'un réseau de surveillance pourrait être faite avec l'aide d'un
submersiblede type Nautile.

GEODYNAMICS.— Earthquake prédiction in Tokai area (Japon).


Fluid vents, related to overpressure along the thrustingplane, liavè been discovered during the Kaiko submersible
cruise on the bottom of Nankai trough. We propose to measurë the-variations of température and electric
potential at and near the vents to improve the prévision of the next great Tokai earthquake. The instrument
network could be installed with the help of a submersible similar to the French 6,000 m Nautile.

La région de Tokai au Japon est caractérisée géologiquement par l'extrême proximité


de la fosse de subduction de Nankai et de sa prolongation orientale dans la Baie de
Suruga. Les ^conséquences des sêismes dus à la subduction y sont donc particulièrement
graves. Or cette portion de la zone dé subduction n'a pas été rompue depuis le grand
séisme d'Ansei Tokai de 1854 (M = 8,4). En effet, le séisme de Tonankai de 1944 (M = 8,0)
ne semble pas avoir (fig.) atteint cette portion ([1], [2]). Des observations géodésiques,
géochimiques et géophysiquès intensives ont conduit le Comité pouf la Coordination de
la Prévision des Seismes du Japon à la désigner comme << Zone de mesures intensives
pour la prévention d'un désastte sismique ». Le séisme envisagé pourrait avoir les
caractéristiques, suivantes {1]: ; magnitude, 8,3, chute de contrainte/ 49 bar; longueur
115 km. Des estimations officieuses faites en 1980 parlent de pertes en vies humaines
pouvant atteindre 100 000 morts [î].
Les plongées effectuées lors de la campagne Kaiko du submersible Nautile en juin
1985 ont en partie été faites au large de Tokai le long du fossé de subduction. Elles ont
permis de confirmer l'existence d'une tectonique active dans la zone de chevauchement
au pied du prisme d'accrétion. Dés communautés benthiques (principalement de Calypto-
gena) ont été découvertes par 3 830 m de profondeur dans cette zone [3], à la sortie du
canyon sous-marin de Tenryu qui pourrait correspondre à la limite occidentale du futur
grand séisme. Les communautés sont installées autour de sorties d'eau liées à l'état de
surpression de fluide existant le long du plan de chevauchement. Les caractéristiques
géochimiques des eaux montrent que les Càlyptogena se nourrissent à partir de processus
de chimiosynthèsedu méthane transporté à l'état dissous dans les eaux interstitielles. Les
plongées effectuées ultérieurement en juillet et août ont montré la généralitédu phénomène
le long du plan de chevauchementdans la fosse du Japon.
Nous proposons d'utiliser ces sites de sortie de fluide pour améliorer la prévision du
futur grand séisme de Tokai et, éventuellement, de tout autre grand séisme dû à là
subduction. En effet, d'importantes variations de circulation de fluide peuvent annoncer
et accompagner un séisme. Ces variations peuvent être détectées à partir de deux types
de mesure, la température et le potentiel électrique ([4], [5]). Un réseau de surveillance de
température des eaux de puits et de source existe d'ailleurs à terre, sur la côte Pacifique
de Tokai [4]. Nous proposons une extension du réseau de surveillance en mer. Dans ce

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1218 C. R. Acad. Sc. Paris, t 301, Série II, n° 16, 1985

Emplacementdu site de sortie de fluides découvert dans la région de la fosse de Nankai (étoile). Les localisations
A, B, C, correspondent au réseau de surveillance géochimique et thermométrique des eaux à terre [4]. Les
sites OBI à OB4 sont les observations sismologiqùes sous-màrins reliés par câble à terre. Le pointillé est
une zone possible de rupture du futur séisme.
Location of water seepage in the Nankai trough area (star). A, B and C correspond to stations for geochemical
and thermometric monitoring of aquifers for earthquake prédiction [4]. Sites OBI to OB4 are underwater
seismic stations connected to land by cable. Dotted Une is a possiblerupturezone for future earthquake.

qui suit, nous examinons brièvement les mesures possibles et les résultats prévisibles,
ainsi que les conditions technologiques de mise en place.
MESURES DE TEMPÉRATURE. — Les mesures de température sur le réseau hydrogéologique
ont été utilisées avec succès pour la prévision des tremblements de terre, tant au Japon
qu'en Chine [6]. La qualité des mesures dépend beaucoup des facteurs. climatiques exté-
rieurs affectant la circulation des eaux souterraines : température de l'air, vent, pluie. Un
des avantages de mesures faites sur des sources sous-marines est de s'affranchir de ces
causes aléatoires de fluctuation. En effet, à 3 800 m la température de l'eau océanique
est très stable et les variations dues aux interfaces terre-air n'existent pas. Il est actuelle-
ment possible de mesurer en mer les températures avec une résolution de 0,0001°C sur
de longues périodes de temps. L'avantage des mesures en mer est que l'on peut y espérer
une précision proche de la résolution maximale, alors qu'à terre on n'obtient guère mieux
que ±0,01°C [4]. Il faudrait sans doute mesurer la température à faible profondeur dans
le sédiment, sous les sites de sortie du fluide et, pour référence, dans l'eau de mer, à
faible distance au-dessus des sources.
POTENTIEL D'ÉCOULEMENT. — L'écoulement d'un fluide à travers un milieu poreux crée
un gradient de potentiel électrique, appelé potentiel d'écoulement, du fait d'un couplage
électrocinétique [7]. Le gradient de potentiel électrique grad E est donné par :
grad E = [eÇ/r|rj] grad P=C grad P,
où s est la constante diélectrique, Ç le potentiel électrocinétique, ri la viscosité du fluide
Ç. R? Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 16, 1985 1219

et ci la conductivitéélectrique ([8], [9]). On appelle C le coefficient de couplage électrociné-


tique. Sa valeur est de l'ordre de 1 à 70 mV/bar dans les roches et des valeurs de l'ordre
de 1000 mV/bar ont été obtenues dans des sables non consolidés ([±10], [11], [12]). Sur
ces basés, Mizutani et coll. [9] ont montré qu'un séisme pouvait donner lieu à une
variation détectable du potentiel électrique à cause de l'effet de dilatance. Et Corwin et
Morrison [10] ont montré que des variations anormales du potentiel électrique ayant
précédé deux séismes californiens pouvaient être dus à un tel phénomène.
Le coefficient de couplage élêctrocinétiqueC dans les sédiments semi-consolidés du
prisme d'accrétion pourrait être de l'ordre de 100 à 1000mV/bar. Supposons une
variatip&n de pression interstitielle de l'ordre de la chute de contrainte prédite pour le
séisme, soit 50 bars. On peut estimer grad P de la manière suivante [9].
Prenons gra&d P^AP/L où L est la dimension linéaire caractéristique du séisme, soit
100 km. Des électrodes éloignées de 500 m pourraient alors enregistrer des variations de
potentiel associées au séisme et pouvant le précéder de 25 à 250 mV.
Le fait de faire de telles mesures sur le fond des océans présente également des
avantages du fait de l'absence de phénomènes perturbateurs comme là pluie, le vent, ...
Il pourrait toutefois se poser des problèmes de polarisation d'électrode de mesure du fait
de l'échelle de temps de la variation de pression associée au séisme et de la nécessité
d'effectuer la surveillance sur plusieurs années.
MISE EN PLACE D'UN RÉSEAU DE SURVEILLANCE. — Un site possible démise en place d'un
réseau de surveillance serait la région du fossé où nous avons repéré des sorties d'eau
par 3 830 m de profondeur grâce à leur association avec les communautés biologiques
(voir fig.). D'autres sites pourraient certainement être découverts le long de la base du
prisme d'accrétion plus à l'est. La découverte de nouveaux sites et leur instrumentation
pourraient être grandement facilitées par l'utilisation d'un submersible du type Nautile.
Il faudrait sans doute, pour s'affranchir des causes de perturbations à l'interface eau-
sédiment, placer les instruments à environ 1 m à l'intérieur du sédiment.
Cette méthode de surveillance pourrait évidemment être utilisée sur une grande partie
des 35000 km de zones de subduction, en particulier sur les côtes du Pacifique.
Nous remercions J. L. Le Mouel pour des remarques constructives.
Remise le 7 octobre 1985.

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J. B. : Laboratoire de Géochimie et Métallogénie,


C.N.R.S.-U.A. n" 196, U.P.M.C, 4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05;
X. L. P. : Département de Géotectonique,
C.N.R.S.-U.A. n° 215, U.R.M.C., 4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05;
J.T.I.: Laboratoire de Géologie,
Université de Tokyo, Bunkyo-ku, Tokyo 113, Japon.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 16, 1985 1221

PALÉONTOLOGIE.
— Présence de Trematochampsidae (Crocôdylia, Mesosuchid)
dans le Crétacé supérieur du Brésil. Implications paléobiogéographiques. Note de Eric
Buffetaut, présentée par Yves Coppens.

Le Crocodilién mésosuchien Itasuchus jesuinoi Price, du Groupe Bauru (Crétacé supérieur du Brésil) est
placé dans la famille des Trematochampsidae, jusqu'ici connue seulement en Afrique et à Madagascar. Les
ressemblances entre Itasuchus et Trematochampsaconfirment la persistance d'éléments étroitement apparentés
dans les faunes continentales d'Afrique et d'Amérique du Sud au Crétacé supérieur, après la séparation des
deux continents. Les Trematochampsidae ont eu une vaste répartition géographique et ont peut-être donné
naissance à divers groupes de Mésosuchiensziphodontes.

PALEONTOLOGY. — Occurrence of the Trematochampsidae (Crocôdylia, Mesosuchia) in the Upper


Cretaceous of BraziL Paleobiogeographical implications.
The mesosuchian çrocodilianItasuchus jesuinoi Price, from the Bauru Group (Upper Cretaceous of Brazil) is
placed in the family Trematochampsidae,hitherto known only from Africa and Madagascar. The resemblances
between Itasuchus and Trematochampsaconfirm the persistence of closely related éléments in the continental
faunas of Africa and South America in the late Cretaceous, after thèse continents had become separated. The
Trematochampsidae have had a wide geographical distribution and may kave given riseio various groups of
ziphodontmesosuchians.

La famille des Trematochampsidae a été fondée par l'auteur en 1974 pour le Crocodilién
mésosuchien Trematochampsa tqqueti Buffetaut, 1974 [1], représenté dans le gisement
Sénonien inférieur d'In Beceten (Niger) par de nombreux ossements [2]. En 1979, une
nouvelle espèce de Trematochampsa, T. oblita Buffetaut et Taquet, fut décrite du Campa-
nien de Madagascar [3]. Enfin, en 1982, j'ai suggéré [4] qu'un Crocodilién ziphodonte (à
dents comprimées et crénelées, et à museau élevé) de F Éocène inférieur d'Algérie pourrait
aussi être rapproché de cette famille. Jusqu'à maintenant, les Trematochampsidae sem-
blaient donc n'avoir vécu que dans la région africano-malgâçhe, et leur absence apparente
sur d'autres continents faisait penser qu'il pouvait s'agir d'un groupe africain endémique.
Un doute pouvait néanmoins subsister au sujet d'un Crocodilién du Crétacé supérieur
d'Amérique du Sud décrit par Price en 1955 sous le nom d'Itasuchus jesuinoi, et rapporté
par lui avec doute à la famille des Goniopholididae [5]. En 1976, j'écrivais ([2], p. 165) à
propos de cet animal, « il serait intéressant, par ailleurs, de comparer.de façon précise
Itasuchus à Trematochampsa; il n'est pas exclu qu'il puisse y avoir des affinités entre ces
deux genres ». Une mission en Amérique du Sud au printemps 1985 m'a permis d'étudier
le matériel-type décrit par Pricè (appartenant au Departamento National da Produçâo
Minerai, Rio de Janeiro), ainsi que d'observer d'autres restes encore inédits attribuables
h Itasuchus (appartenant au Museu Paulista de Sâo Paulo et à l'Université de Présidente
Prudente, dans l'état de Sâo Paulo). L'examen de ce matériel indique clairement qu'Itasu-
chus est un Trematochampsidé très proche de Trematochampsa. Le but de la présenté
Note est d'indiquer brièvement les ressemblances les plus significatives entre les deux
genres, et de discuter des principales implications biogéographiques de la présence de
Trematochampsidae en Amérique du Sud.
Le type d'Itasuchus jesuinoi se compose de divers restes d'un même individu : débris
de maxillaire, jugal, quadratojugal et carré gauches, dentaires, articulaires, plusieurs
vertèbres et des éléments des ceintures et des membres [5]. Ces fossiles ont été trouvés
près de Peiropolis, dans l'état de Minas Gérais; ils proviennent du Groupe Bauru,
ensemble de couches continentales attribuées au Crétacé supérieur [6], sans qu'il soit
possible à l'heure actuelle de donner beaucoup plus de précisions stratigraphiques. Les
restes encore inédits ont été trouvés également dans le Groupe Bauru, mais dans l'état

0249-6305/85/03011221 S 2.00 © Académie des Sciences


1222 C. R. Acad. Sc. Paris,-1-301-, Série II, n° 16, 1985

de Sâo Paulo. La comparaison de ce matériel avec les restes connus de Trematochampsa


révèle de nombreuses ressemblances.
La mandibule du type d'Itasuchus jesuinoi paraît au premier abord très particulière,
car sa partie antérieure est édentée. Un examen attentif révèle cependant un aspect
pathologique de cette région, qui présente une surface osseuse rugueuse correspondant
peut-être à une cicatrisation après ablation de l'extrémité antérieure de la symphyse
mandibulaire (une telle amputation peut survenir lors de combats entre Crocodiliens [7]).
Il paraît clair que les deux alvéoles les plus antérieurs de chaque dentaire ont ainsi
disparu. Le dentaire reconstitué en conséquence montre que les alvéoles les plus grands
sont le quatrième et le onzième; chez Trematochampsa taqueti et T. oblita, il s'agit du
quatrième et du dixième. Le point de ressemblance le plus important est le fait que les
alvéoles cinq à neuf sont nettement plus petits que ceux qui les précèdent et qui les
suivent; la réduction de ces alvéoles est toutefois plus poussée chez Trematochampsa que
chez Itasuchus. Latéralement à la rangée dentaire, dans une partie concave du bord
dorsolatéral du dentaire, on voit chez Itasuchus comme chez Trematochampsa de nettes
cupules où se plaçaient, en occlusion, les pointes de dents de la mâchoire supérieure.
Les dents antérieures d'Itasuchus jesuinoi, comme celles de Trematochampsa taqueti,
sont coniques et pointues, leur émail est orné de côtes. Les dents plus postérieures (à
partir de la dixième) ont un apex arrondi et une dense ornementation de nombreuses
côtes irrégulières, qui se décomposent à la partie apicale en granules d'émail; ceux-ci
couvrent aussi les carènes, leur donnant un aspect crénelé. Ce type particulier de dents
postérieures est aussi présent chez Trematochampsa taqueti.
L'articulaire d'Itasuchus a la même forme que celui de Trematochampsa. Une encoche
dans le bord postérolatéral de la surface glénoïde suggère que le surangulaire participait
à l'articulation cranio-mandibulaire, comme chez Trematochampsa [8].
Le jugal d'Itasuchus jesuinoi, comme celui de Trematochampsa taqueti, montre un pilier
postorbitaire fort peu déplacé vers l'intérieur, séparant une haute plaque antérieure d'une
tige postérieure beaucoup moins élevée. Dans les deux cas, un vaste foramen s'ouvre à
la base du pilier postorbitaire, sur son flanc postérolatéral.
Le carré du type d'Itasuchus jesuinoi est presque identique à celui de Trematochampsa
taqueti, avec notamment la même crête dorsale.
Les vertèbres (de type amphicoele) d'Itasuchusjesuinoi ressemblentà celles de Tremato-
champsa taqueti. En particulier, les vertèbres caudales présentent dans les deux cas une
nette compression latérale du centre vertébral.
Les spécimens inédits attribuables à Itasuchus permettent de compléter cette liste de
caractères communs. Le spécimen du Museu Paulista est constitué d'une partie du museau
(sans l'extrémité antérieure) et d'un tronçon de mandibule. La hauteur du museau
augmente régulièrement d'avant en arrière. La ressemblance la plus notable avec Tremato-
champsa taqueti est la présence d'une petite fenêtre antéorbitaire, qui consiste en une
dépression à fond plat, perforée antérieurement, creusée dans le lacrymal. Comme chez
Trematochampsa taqueti, le bord orbitaire du lacrymal est épaissi en bourrelet.
L'un des spécimens conservés à l'Université de Présidente Prudente (examiné sur
photographies) montre bien le toit crânien. Les ressemblances avec celui de Trematocham-
psa taqueti, tel que je l'ai reconstitué [2], sont considérables, tant en ce qui concerne la
forme et les relations des différents os que pour ce qui est des proportions des ouvertures
crâniennes. Le quadratojugal possède apparemment un condyle pour l'articulation avec
le surangulaire, comme chez Trematochampsa taqueti (la partie postérieure du quadratoju-
gal est endommagée sur le type d'Itasuchus jesuinoi). On peut signaler qu'un autre
C;R. Acad. Sc. Paris, t; 301, Série II, n° 16, 1985 1223/

spécimen de la même collection/montré des choanès en position méspsuchienne (à la


limite entre les palatins et les ptéygoïdes); la position des choanes n'était pas encore
connue chez les Trematochampsidae.
Les nombreuses ressemblances énumérées plus haut montrent qu!'Itasuchus jesuinoi est
très proche de Trematochampsataqueti et T. oblita. Sans doute peut-on classer la forme
sud-amériçaine d'une part, lés espèces africaine et malgache d'autre part, dans des genres/
différents, en raison de la robustesse plus grande de la mandibule, de la réduction plus;
poussée des dents 5 à 9, et du moindre développement de la onzième dent mandibulaire
chez Trematochampsa.La famille des Trematochampsidae cPmprendfait ainsi deux genres,
crétacés, F un africain et malgache, Trematochampsa, l'autre sud-américain, Itasuchus.
Cette famille n'était dpnc pas restreinte à la région afrieano-malgache. Il faut plutôt y:
voir un groupe répandu, au Crétacé supérieur, dans plusieurs parties de ce qui avait été;
le Gohdwana. Les raisons paléobipgéographiques de la présence de deux genres très
proches dé Trematochampsidae en Afrique et en Amérique du Sud au Crétacé supérieur,
alors que les deux continents étaient séparés par une barrière marine depuis l'Albien
supérieur [9], méritent d'être discutées. On peut penser à l'existence intermittente de
connexions terrestres (probablement sous forme de «filtres ») à travers le proto-
Atlantiqùe, peut-être à l'emplacement des rides actuellement sbus-marines de Walvis et
Rio Grande, comme l'a suggéré Ragé [10]. On peut aussi supposer que la faible largeur
du protp-Atlantique au Crétacé supérieur n'opposait pas une barrière infranchissable à
des Reptil&es nageurs tels que les Tremaochampsidae (même si leur habitat normal était
l'eau douce). Enfin, on peut considérer Itasuchus et Trematochampsacomme deux formes
ayant évolué lentement et séparément à partir d'un ancêtre commun présent dans l'ensem-
ble Afrique-Amérique du Sud avant la séparation des deux continents. Il est difficile de
faire un choix entre ces diverses hypothèses, d'autant plus qu'on ne connaît pas dans lé
drétaçé inférieur, ni en Afrique, ni en Amérique du Sud, ni ailleurs, de Crocodilién
pouvant être considéré comme un ancêtre plausible des Trematochampsidae du Crétacé
supérieur^ ce qui fait qu'on ne peut guère apprécier le degré d'une éventuelle divergence
morphologique consécutive à la séparation des aires de répartition d'Itasuchus et Tremattih
champsa.Le plus ancien reste connu âttribuable à un Trernatpchampsidé semble être une
dent isolée du Cénomanien de Baharija, en Egypte [3], qui n'apporte évidemment pas-
beaucoup d'informations.
Quoi qu'il en Spit, l'appartenance d'Itasuchus jesuinoi aux Trematochampsidae confirme
qu'il existait encore au Crétacé supérieur des ressemblances notables entre certains
éléments des faunes continentales africaines et sud-âméricaineS, que cela ait été dû à des
survivances d'unancien stock commun gpndwanien, antérieur à l'ouverture de l'Atlanti-
que Sud, ou à la persistance d'échanges fauniques entre les deux continents. Dans le cas
particulier des Trematochampsidae, ce fait est important pour la compréhension dé
l'histoire biogéographiquë des Mésôsuchiens ziphodontes, qui pose des problèmes que
j'ai exposés ailleurs en détail [4]. En effet, les comparaisons que j'ai récemment effectuées-
entre les Trematochampsidae (notamment Itasuchus jesuinoi, qui est l'espèce la mieux
représentée par les fossiles) et divers Mésosuchiens ziphodontes relativement primitifs,
comme les Peirpsauridae du Crétacé supérieur sud-américain TU] et les formes éocènes
d'Europe et d'Afrique ([4], [12]),; mèrient à penser que les Trematochampsidae, qui ont
une denture en quelque sorte « pré-ziphodonte », ont pu être à l'origine de ces Croçodi-
liens terrestres spécialisés. L'acquisition des caractères particuliers (comme l'élévation et
la compression du museau) de ces derniers a d'ailleurs pu se faire en partie parallèlement?
1224 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série H, n° 16, 1985

dans diverses lignées issues d'une souche commune. Si les Trematochampsidae sont bien
à l'origine de divers groupes de Mésosuchiens ziphodontes, leur vaste répartition au
Crétacé supérieur aide ainsi à comprendre comment, par le jeu combiné d'une origine
commune et de phénomènes d'évolution parallèle, ces formes ziphodontes plus ou moins
étroitement apparentées ont pu se développer, à la fin du Crétacé et au début du Tertiaire,
dans des régions aussi éloignées les unes des autres que l'Amérique du Sud, l'Afrique et
l'Europe.
Mes observations sur Itasuchus au Departamento Nacional da Produçao Minerai (Rio de Janeiro) ont été
rendues possible par l'aimable assistance de Diogenes et Déa Campos. Recherches effectuées dans le cadre de
l'A.T.P. « Évolution » du C.N.R.S.
Remise le 7 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] E. BUFFETAUT, Comptes rendus, 279, série D, 1974, p. 1749-1752.


[2] E. BUFFETAUT, Géobios, 9, n° 2, 1976, p. 143-198.
[3] E. BUFFETAUT et P. TAQUET, Bull. Soc. géol. Fr., 21, n° 2, 1979, p. 183-188.
[4] E. BUFFETAUT, Bull. Soc. géol. Fr., 24, n° 5-6, 1982, p. 1101-1107.
[5] L. L PRICE, An. Acad. Brasil. Ciêne, 27, n° 4, 1955, p. 487-498.
[6] M. B. BAPTISTA, O. P. BRAUN et D. A. CAMPOS, Lèxico estratigrafico do Brasil, Companhiade Pesquisa
de Recursos Minerais, Brasilia, 1984.
[7] H. B. COTT, Trans. Zool. Soc. London, 29, n° 4, 1961, p. 211-357.
[8] E. BUFFETAUT, Comptes rendus, 280, série D, 1975, p. 2741-2743.
[9] R. FÔRSTER, Nature, 272, n° 5649, 1978, p. 158-159.
[10] J. C RAGE, CretaceousResearch, 2, 1981, p. 65-84.
[II] Z. B. DE GASPARINI, Act. V Congr. LatinoamericanoGeol, Buenos Aires, 4, 1982, p. 317-329.
[12] E. BUFFETAUT, Nature, 300, n° 5888, 1982, p. 176-178.

U.A. n° 720 du C.N.R.S., Laboratoire de Paléontologie des Vertébrés,


Université Paris-VI, 4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05.
C.R. Acad.Sc. Paris, t. 301, Série II, n°47, 1985 1225

MÉCANIQUE DES MILIEUX CONTINUS. —. Surfaces de rupture et de limite de


dilatance du marbre de Thassos soumis a des efforts de compression multiaxiaux. Note de
Constantin A. Derniris, présentée par Jean Salençon.
Les surfaces de rupture et de limite de dilatance sont les plus caractéristiques pour estimer le comportement
mécanique d'une roche soumise à des efforts de compression multiaxiaux:.Pour déterminer ces deux surfaces,
des essais bi et triaxaux ont été effectués sur des éprouvettes prismatiques de marbré de Thassos, de dimensions
5 x 5 x 10 cm. Les résultats obtenus sont les suivants :
1. Les.sections de la surface de.rupture par des plans perpendiculaires à l'axe hydrostatique ont la forme
d'un quasi-hexagone et se dilatteht.isotrôpiquement quand la somme des contraintes principales augmente.
2- La surfacedé limite de dilatance se déforme ahisotrôpiquement quand la somme des contraintes principales
augmente. Dans ce cas-là, sur les plans perpendiculairesà l'axe hydrostatique, les courbes se dilatent et passent
d'une forme de triangle arrondi à une forme circulaire.
3. Les parties des surfaces de rupture et de limite de dilatance qui correspondent ; au domaine ductile
s'éloignent entre elles quand la; somme des contraintes principales augmente tandis que, dans les parties qui
correspondent au domaine fragile, les deux surfaces conservent à peu près la même distancé entre elles.

CONTINUVM MECHANICS. — Failure envelope and envelope of dilatation limits of Thassos marble
under multiaxial compressive stresses.
The failure envelope and the envelope of dilatation limits are the more characteristic surfaces to estimate the
strength beliaviour of a rock under multiaxial compressive stresses. For thé déterminationof thèse two envelopes
biaxial and triaxial tests have been carried out, by using prismatic specimens of Thassos marble (5 x 5 x 10 cm),
yielding the following results:
1. The failure envelope expands isotropically wlien the sum of the principal stresses increases and deviat'oric
cross sections exhibit the shape of a quasi-exagon:
2. The envelope of the limits of dilatations changes anisotropically when the sum of the principal stresses

distance.
increases. In that case the shape of deviatoric cross sections alters progressivelyfrom a slightly bulge equilateral
triangle to that of a circle.
3.. The parts of the surfaces ofthe failure envelope and of the envelope of dilatation limits corresponding to the
ductile range divergefrom each other when the sum ofprincipal stresses increases, while the parts corresponding
to the britile range keep nearly within.the same

I. INTRODUCTION. Les recherches expérimentales pour définir la résistance et les



coefficients des déformations des roches soumises à des efforts triaxiaux, effectuées par
la méthode courante ont fourni un nombre très important d'informations ([1], [2]).
Cependant, il reste beaucoup de lacunes dans la connaissance du comportement mécani-
que des roches sollicitées par des efforts multiaxiaux vrais (a1^a2^a3). Le but de cette
Noté est de présenter les résultats d'essais triaxiaux vrais, qui ont pour objet de déterminer
la forme des surfaces limites de rupture et de dilatance. Entre ces deux limites, ont lieu
tous les phénomènes qui caractérisent la fragilité et la ductilité des roches.
II. ESSAIS ET MATÉRIAU. — 1. Appareil utilisé. Éprouvettes. — L'appareil utilisé pour
les essais triaxiaux est simple et sa cellule a été dessinée et construite au Laboratoire de
Géologie de l'Ingénieur de l'Université Aristote de Thessalpnique. Les détails techniques
en ont été publiés antérieurement [3]. Dans cette cellule les contraintes principales CT2 et
a3 sont appliquées sur l'éprouvette par deux couples de sacs en PVÇ, enfermés entre
l'éprouvette et l'intérieur de la cellule, remplis d'huile comprimée à haute pression par
deux pompes indépendantes. Les valeurs différentes des contraintes a2 et a3 (O"2#CT3)
sont exercées en interposant entre Féprouvette et l'un des couples de sacs en PVC
(c'est-à-dire sur les deux surfaces opposées d'application de la contrainte principale a2)
des petits prismes en acier, placés dans des enfoncements en retrait prévus à l'intérieur
dé la cellule et qui séparent les sacs entre eux. Les deux pompes qui compriment l'huile
dans la cellule fonctionnent de telle façon qu'il soit possible de contrôler l'huile injectée
ou retirée de la cellule, ce qui permet de déterminer indirectement les variations de
volume de l'éprouvette (AV/V).

0249-6305/85/03011225 S 2.00 © Académie des Sciences


1 C R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 87
1226 C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 17, 1985

Les éprouvettes utilisées pour cette recherche étaient en marbre de Thassos de dimen-
sions 5 x 5 x 10 cm. Il s'agit d'un marbre à grains grossier (taille des grains 2-3 mm
environ) dont la masse volumique est égale à 2,71 g/cm3.
2. Évaluation des efforts de frottement latéraux. Pour éliminer les effets des frotte-

ments qui se développent sur les surfaces latérales des éprouvettes pendant les essais, on
a essayé un grand nombre de réducteurs de frottement sur les surfaces latérales des
éprouvettes dans la cellule. Le réducteur de frottement le plus efficace a consisté en deux
feuilles de téflon (0,05 mm d'épaisseur) graissées à la graisse de silicone et une mince
tôle d'acier placée entre Féprouvette et les petits prismes d'acier ou les sacs en PVC. Il
résulte des essais correspondants que ce réducteur assure un coefficient apparent [4] de
frottement p (rapport de la charge axiale à la charge latérale totale qui correspond à
l'application des contraintes cr2 et CT3) compris entre 0,02 et 0,03.
3. Essais effectués. Des essais de compression biaxiale ont été effectués avec la

cellule triaxiale décrite plus haut. Au cours de ces essais, l'application des contraintes
principales at et a2 a été faite sous les conditions suivantes : cr1/a2 = 8/8; 8/5; 8/2,5; 8/1.
Pendant les essais triaxiaux, on a suivi quatre programmes de chargement pour
l'application des contraintes au cr2, cr3. Dans les trois premiers programmes, la contrainte
principale a3 reste constante et les autres contraintes principales o^ et o"2 augmentent
sous les conditions :
(a) o"! = cr2 (cas 1);
(b) a1 = l,72 a2 (cas 2);
(c) a1 = 3,70 cr2 (cas 3);
dans le quatrième programme, la contrainte principale o1 augmente et les autres contrain-
tes principales cr2 et a3 restent constantes et égales les unes aux autres (cas 4). Il faut
noter dans tous les cas le chargement jusqu'au niveau de la contrainte principale a3 a
été fait en suivant l'axe hydrostatique (u1 = o2 = rj3) ( fig. 1).
Avec les données expérimentales tirées des quatre programmes de chargement, il est
possible de construire, dans l'espace des contraintes principales (en supposant l'isotropie
du matériau), les surfaces de rupture et de limite de dilatance des éprouvettes. En ce qui
concerne la limite de dilatance, elle a été déterminée sur les diagrammes qui donnent la
variation du volume AV/V de l'éprouvette en fonction de la déformation axiale sl5 et elle
se caractérise par le point où le volume est minimal, c'est-à-dire où se termine la
contractance et où commence la dilatance de l'éprouvette. Il s'agit d'une limite qui se
confond à peu près avec la limite élastique du matériau ( fig. 2).

EXPLICATIONS DES PLANCHES

Planche I

Fig. 1. — Mode d'application des contraintes pendant les essais.


Fig. 1.

Stress path during the test.
Fig. 2. —
Essai triaxial sur éprouvette en marbre de Thassos (cas ar1 = cr2 et c3 = 10,5 MPa) : relations entre
o-1; Ej et AV/V.
Fig. 2. — Triaxial test, Tliassos marble (case a1 = a2 and a3 = 10,5 MPa): relationship between alt EX and
AV/V.
Fig. 3. —
Courbes de rupture du marbre de Thassos soumis à des compressions biaxiales et triaxiajes.
Fig. 3. —
Failure envelopes for biaxial and triaxial compression of Tliassos marble.
PLANCHE I/PLATE I. CONSTANTIN A. DEMIRIS
PLANCHE II/PLATE II
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301 Série II, n° 17, 1985 1229

Planché II

Thassos).
Fig. 4. —
Courbés des limites de dilatance du marbre de Thassos .soumis à des compressions triaxiales.
Mg. 4. —
Envelopes of dilatation limits for triaxial. compression of Thassos marble.
Fig. 5. Coupés de la surface de rupture par des plans perpendiculaires a l'axe hydrostatique (marbre de

Thassos)
Fig. 5.
Fig.

Fig. 6.

Deviatoriccross sections of the failure envelope of Thassos marbte.
6. — Coupes de
(marbre de

la surface des limites de dilatance par des plans perpendiculaires à l'axe hydrostatique

Deviatoric cross sections of the envelope of dilatation limits of Thassos marble,


.

III. RÉSULTAIS OBTENUS. — Des essais préalables, sur des éprouvettes semblables de
contraintes principales ont montré que la résistance en compression simple ac est égale à
68,1 MPa et que la résistance en traction simple est égale à 6,1 MPa.
Pour déterminer les limites de rupture et les limites de dilatance, on a effectué un
grand nombre d'essais de façon que le rapport I/ac (I : somme des contraintes principales)
varie entre 1 et 8.
Dans la figure 3, où est représentée une partie des résultats obtenus, la courbe (a) est
la courbe de rupture des éprouvettes ayant subi une compression biaxiale, tandis que les
courbes (b), (c) et (d) sont les courbes de rupture des éprouvettes ayant subi une
compression triaxialc sous des contraintes principales CT3 = 3,5; 7,0 et 14,0 MPa respective-
ment. La figure 4 donne les limites de dilatance qui correspondent aux courbes (b), (c) et
(d) de la figure 3.
De la comparaison des courbes des figures 3 et 4, il résulte que la relation entre les
limites de rupture et de dilatance est fonction de la contrainte principale a3 et du rapport
o1/a2 des autres contraintes principales.
A partir de ces résultats, on a tracé les courbes des limites de rupture et des limites de
dilatance dans des plaps perpendiculaires à l'axe hydrostatique et on les a représentées
sur les figures 5 et 6 respectivement, où les positions des plans perpendiculaires correspon-
dent à des valeurs entières du rapport I/ar
Grâce à ces courbes, il est possible de concevoir la façon dont s'emboîtent les deux
surfaces dans l'espace quand la somme des contraintes principales I augmente, et aussi
d'établir les différences qui existent entre elles.
IV. CONCLUSIONS. — Les essais en compression biaxiale et triaxiale, qui ont été faits
sur des éprouvettes de marbre de Thassos dans les conditions décrites pour étudier les
surfaces de rupture et de limite de dilatance, conduisent aux conclusions suivantes :
1. Les surfaces de rupture et de limite de dilatance, dans l'espace des contraintes
normées par la résistance à la compression uniaxiale sont de formes différentes.
2. Les sections de la surface de rupture par des plans perpendiculaires à l'axe hydrostati-
que ont la forme d'un quasi-hexagone et se dilatent isotropiquement quand la somme
des contraintes principales augmente.
3. La surface de limite de la dilatance se déforme anisotropiquementquand la somme
des contraintes principales augmente. Dans ce cas là, sur les plans perpendiculaires à
l'axe hydrostatique, les courbes se dilatent et passent d'une forme de triangle arrondi à
une forme circulaire.
4. Sous des conditions a2 = a3 et pour les grandes Valeurs dû rapport oJa2 (p. e.
o-j/a2 = 3,7) — c'est-à-dire dans le domaine ductile.— les parties respectives des deux
1230 C R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 17, 1985
surfaces de rupture et de limite de dilatance s'écartent quand la somme des contraintes
principales augmente.
5. Sous des conditions a1 = c2 et pour les petites valeurs du rapport GJG2
(p. e. CT1/a2 = l,7) — c'est-à-dire dans le domaine fragile — les parties respectives des
deux surfaces de rupture et de limite de dilatance conservent à peu près la même distance
entre elles pour toutes les valeurs de la somme des contraintes principales.
Remise le 23 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1]R. AVET FLANCART, J, BERGUES, D. COSTES et P. HABIB, Déterminationde la limite élastique d'écrouis-
sage d'un béton humide soumis à ses sollicitations triaxiales, Colloque international, RILEM, Cannes, 1972,
p. 7-22.
[2] K. KERSTLE et coll., Behaviour of concrète under multiaxial stress states, Duglas McHenry Int. Symp. on
Concrète and Concrète Structure, SP-SS, A.G.J. Détroit, 1978, p. 103-131.
[3] P. MICHELIS et C. DEMIRIS, Conception et construction d'une vraie cellule triaxiak, Comptes rendus,
299, série II, 1984, p. 375-378.
[4] Y. NOJIRI, K. KOTANI et Y. ABE, Failure envelope of concrète subjected to multiaxial compressive
stresses, Colloque international (Réponse du béton aux sollicitationsmultiaxiales),mai 1982, Toulouse, p. 141-148.

Laboratoire de Géologie de VIngénieur,


Faculté de Technologie, Université Aristote, Thessalonique, Grèce.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II n° 1985 1231

CHIMIE ORGANIQUE PHYSIQUE. — Influence de la stéréochimie sur la formation


de complexes moléculaires cristallins : cas des diasléréoisomères du diol diacétylénique dé
Toda et de différentes cétones. Note de Martine Leclercq et Jean Jacques, présentée par
Jean-Marie Lehn.

On décrit l'obtention du 1.6-bis(o-dichlorophényl) î 6-diphénylhexa-2.4-diyne 1.6-diol sous ses formés


.
racémique, méso et dédoublée et on étudie l'aptitude de ces différentes espèces à donner des complexés
cristallisés (1:2) avec diverses cétones. La stabilité de ces composés d'addition varie suivant l'ordre : méso>D
(ou L)>DL.

PHYSICAL ORGANIC CHEMISTRY. — Influence of the stereochemistry on the formation of crystalline


molecular complexes: example of the Toda's diacetylenic diol with scveral ketones.
Racemic, meso and resolved 1,6-bis(o-chlorophenyl)-],6-diphenylhexa-2,4-diyne-],6-diols were prepared. The
abilily of thèse various species to give crystalline 1,2 complexes with several ketones lias been studied The
addition compounds stability decreased in the order meso>D (or L)>DL.

Certaines molécules, en s'associant de façon particulière à l'état solide, peuvent donner


des complexes où la molécule invitée est emprisonnée dans des cavités soit lamellaires,
soit tubulaires, soit en forme de cages. La formation de ces complexes pose le problème
général des conditions structurales qui les rendent possibles et éventuellement prévisibles.
Étant donné que ces complexes cristallisés peuvent offrir des possibilités nouvelles pour
le dédoublement des racémiques, l'étude de l'influence de la chiralité des divers partenaires
associés est spécialement intéressante.
Toda et coll. [1] ont montré que des diols acétyléniques optiquement actifs tels que 1
forment des composés d'addition avec un grand nombre de petites molécules polaires ou
apolaires, chiralcs ou non chiralcs. Curieusement cependant, on ne sait pas si les isomères
de ces diols (racémique ou dérivé méso) sont également capables de fournir des complexes :
la question mérite d'être posée si l'on se souvient que le corps de Dianine racémique,
par exemple [2], forme des composés d'inclusion alors que le corps dédoublé a perdu
cette propriété.

Leéàrbinol 2 (huile),:prêparé classiquement par étliynylation delà ehloro-2 benzophé-


nohe, peut être purifié par distillation (ËGi2 = 152-î54°C) et séparé du diol 3 qui le souille
(E=115?CV. /Le dédoublement de l'aleool acétylénique 2 par la spaftéiné selon [3] permet
(après deux cristalhsations du composé d'addition et décomposition acide de ce dernier)
d'obtenir Ténantiomère 2 lévogyre pur, [oc]578=-^149° (éthanol, G = 1); par traitement
des eaux mères venant/de la préparation du composé d'addition avec la spartéine,, oh
récolte le carbinol 2 dextrogyre possédant une puretéënantiomérique d'environ 70%. :

0249-6305/85/03011231 $2,00 © Académie des'Sciences


1232 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 17, 1985

La duplication oxydative de (—)2 pur (3 h d'agitation sous atmosphère d'oxygène, en


solution dans un mélange acétone-éthanol et en présence de CuCl et de tétraméthyléthy-
lène diamine) fournit presque quantitativementle diol diacétylénique (—) 1.
La même opération conduite avec le carbinol ( + )2 partiellement dédoublé fournit un
mélange de (+) 1 pur et de son isomère méso. Le traitement de ce mélange par l'éthanol
permet de séparer un complexe peu soluble formé entre l'éthanol et le diol méso.
Les eaux-mères de ce complexe, évaporées à sec et reprises par l'acétone, donnent
accès à leur tour au diol (+)1 optiquement pur (après recristallisation de son solvate
avec l'acétone). Enfin le mélange des deux antipodes de 1 conduit au composé racémique.
En possession des trois espèces pures (dont les propriétés sont résumées dans le
tableau I), nous avons étudié leur aptitude à former des complexes avec diverses molécu-
les.
TABLEAU I
Propriétés [4] des isomères cristallisés du diol 1.

F(°C) AHf

Méso 185 9,0


DL 194 13,9
L ou D 131 8,7

Ces combinaisons cristallines ont été préparées par dissolution dans l'hexane (à chaud)
des diols isomères précédemment obtenus, en présence d'un excès des différentes cétones.
Ces complexes contiennent tous deux molécules de dérivé carbonyle par molécule de
diols, ainsi que le montrent l'analyse élémentaire (C, H) et la RMN. Alors que les dérivés
méso et optiquement actif fournissent des composés d'addition dans tous les cas que
nous avons étudiés, dans trois cas sur cinq le diol racémique n'en donne pas (tableau II),

TABLEAU II
Propriétés [4] des complexesformés par les isomères du diol 1.

1 méso 1 racémique 1 L ou D

Cétone F(°C) AH£ F(°C) AH£ F(°C) AH£

Acétone 103 14,1 95 Polym. 71,5 12,95


C) n
Acétophénone
1-Indanone
84
121
17,55
17,95
-
105
-
Polym.
64
80
14,8
13,0
. . .
n
1-Tétralone
Adamantanone
112 16,65 - - 105 13,15
158 Polym.
V)
- - 120 Polym.
C)
C) Cette indication signifie que le polymorphisme rend impossible une mesure de l'enthalpiê de fusion.
(') Avec désolvatation simultanée.
Il ressort du tableau I et des différences entre les températures et enthalpies de fusion
des diverses espèces du diol 1 que le racémate est, par rapport aux énantiomères
cristallisés, d'une grande stabilité [5].
En considérant le cycle isotherme ci-dessous(à une température où la cétone « invitée »
est liquide), on peut essayer d'accéder aux énergies libres de formation de ces complexes
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301 Série II, n° 17, 1985 1233

et de comparer leur stabilité :

Dans l'équation qui résume ce cycle .


la chaleur de mélange des constituants fondus nous reste inconnue (sa mesure demanderait
un appareillage et des quantités de matière dont nous ne disposons pas), mais on peut
supposer que cette grandeur diffère peu, pour une cétone donnée, avec les hôtes isomères
mis en jeu.
A titre d'exemple, l'énergie libre de formation à 330 K des complexes de l'a-tétralpne
et des diols méso et D (ou L) a été calculée à partir des mesures thermochimiques
rassemblées dans les différents tableaux.
Nos résultats sont résumés dans le tableau III.
TABLEAU III
Composé ACp[4] AH{30 AG{30 AG^r'™

méso..,..::.:.. ../.
.
106-0,17T 4,3 2,85
-1,38
méso + 2 tétralones.
D (ou L) '
. ............ .... 154-0,22T
146-0,2T
.
13,5
5,2
4,23
1,38
+ AG mélange

-0,1
D (ou L) +2 tétralones. 129-0,14T 9,4 1,48 + AG'mélange -
Les températures (F) et les cnthalpies de fusion [AH£ (kcal .mol-1)] ont été déterminées à l'aide d'un
microcalorimètredifférentiel(Perkin Elmer DSC 2) couplé avec un micro-ordinateur (Hewlett Packard HP 86).
Les différences de capacité calorifique entre les phases solide et liquide (à pression constante) [ACp
(cal.K- 1 .mol-1)] ont été mesurées directement avec le même dispositif pour dès températures T comprises
entre 330 et 400 K. Les mêmes mesures fournissent AHf à la température choisie (avec une précision d'environ
10%).

Ces différences dans la « stabilité » des complexes formés entre l'ex-tétralone et les
isomères de 1 (rappelons que le racémique n'en donne pas) confirment à leur façon les
remarques de Hart et coll. [6] : la formation de liaisons hydrogène et les interactions n
entre phénylesqui déterminent l'existence de ce type d'association à l'état cristallin sont
elles-mêmes dépendantes de la géométrie et de la symétrie des molécules en jeu.
Remise le 14 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] F. TODA et K. AKAGI, TetrahedronLett., 1968, p. 3695-3698.


[2] M. J. BRIENNE et J. JACQUES, TetrahedronLett., 1975, p. 2349-2352.
[3] F. TODA, K. TANAKA, H. UEDA et T. OSHIMA. J. Chem. Soc. Chem. Comm., 1983, p. 743-744.
[4] M. LECLERCQ, A. COLLET et J. JACQUES, Tetrahedron, 32, 1976, p. 821-828.
[5] H. HART, LONG-TAN, W. LIN et D. L. WARD, J. Amer. Chem. Soc. 106, 1984, p. 4043-4045.

Laboratoire de Chimie des Interactions moléculaires,


Collège de France, 11, place Marcelin-Berthelot,75231 Paris Cedex 05.

C. R., 1985; T/Semestre(T. 301) ; Série II —88


C R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 17, 1985 1235

CRISTALLOCHIMIE. — Étude cristallochimique d'une série de composés fluorés de


terres rares de formule LiNaLn2F8, et mise en évidence de la participation des orbitales A f
à la liaison. Note de Daniel Zamhon, Jacques Metin, Bernard Picaud et Daniel AvignanÇ.
présentée par Paul Hagenmuller.

Une série de composés fluorés de terres rares de formule LiNaLn2F8 (Ln = Ho, Er, Tm, Yb, Lu) a été
préparée. Leurs caractéristiques cristallochimiquesont été déterminées par isotypie avec le fluorure LiNaY^Ég
qui cristallisedans le systèmemonoclinique avec le groupe spatial 721/m et les paramètres démaille a = 6,622Â,
b = 6,995À, c = 6,632Â et B = 103°14. La position de l'yllrium par rapport à la famille des lanthanides a été
déterminée à partir de l'évolution du volume de la maille dans la série. Ces résultats montrent qu'un certain.;
degré de covalence lié à la participation des orbitales 4 fà la liaison est présent dans ces composés à caractère
ionique prédominant.

CRYSTAL CHEMISTRY. —. Crystal chemical study of a séries of rare earth fluorinated compounds with
formula LiNaLn2F8 and évidence for the participationof 4/orbitals in bonding.
A number of rare earth fluorides with formula LiNaLn2Fs (Ln = Ho, Er, Tm, Yb, Lu) hâve been
synthesized. Their crystal chemical characleristicshâve been determined by analogy with the isostructuralfluoridé
LiNaY2Fs which crystàllizes in the monoclinic System with P21/m space group and unit cell parametërs:
û = 6.622A, fc = 6.995Â, c = 6.632Â and p = 103°14. The position of yttrium in comparison with the lanthanides1
family lias been determined from the variation ofthe unit cell volume in the séries. Thèse results indicate that a
f
certain degree of covalency due to the participation of 4 orbitals to bonding is présent in thèse compounds with
prédominant ionic character.

Une étude récente du système ternaire LiF-NaF-YF3 réalisée au laboratoire avait


permis de mettre en évidence un composé inédit LiNàY2Fg--dont"la structure cristalline a
été'déterminée à partir des données dé la diffractionX sur un monocristal [1].
;
Les premières études de luminescence effectuées sur ce composé dopé par des ions
lanthanidiquesluminogènes sur le/site de l'yttrium;ayant laissé entrevoir pour ce matériau
des performances intéressantes en/ tarit que luminophore [2], nous ayons entrepris la
recherche systématique de phasesîisptypes avec les terrés rares de faible rayon ionique.
L^étude cristallochimiquede ces phases constitue l'objet"'de la présente Note.
Les échantillons étudies ont été obtenus par synthèse directe dans l'état solide à partir
du mélangé stoechiométrique des fluorures alcalins LiF et NaF et; du trifluorure de terre
taré placé en tubes de nickel scellés sous argon après, dégazage. Les températures de

0249-6305/85/03011235 S 2.00 © Académie des Sciences


1236 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301;' Série II, n° 17, 1985

TABLEAU I

Composés a (À) b(A) c(Â) P(Â) V(Â 3)

LiNaY2F8.
LiNaHo2F8..
:..:.. 6,645+0,003
6,647 + 0,003
7,010±0,004
7,015 + 0,004
6;638+0,004
6,642+0,004
i03,19±0,03
103,20 + 0,04
301,03
301,52
.
LiNaEr2F8 . . . . . .
6,628+0,002 6,992±0,003 6,620±0,003 103,21+0,03 298,64
LiNaTm2F8. . 6,600+0,004 6,963 + 0,006 6,595+0,005 103,14+0,05 295,17
LiNaYb2F8 . . . . .
6,582+0,003 6,940+0,004 6,564+0,004 103,22+ 0,04 291,85
LiNaLu2F8 6,564±0,002 6,911 ±0,003 6,550±0,003 103,14±0,03 289,33

réaction s'échelonnent entre 620 et 680°C, et des recuits dé 24 h entrecoupés dé broyages


sont nécessaires pour obtenir des produits parfaitement purs.
Nous avons pu remarquer au cours de ces préparations que l'obtention de ces phases
dépendait fortement de la réactivité du trifluoruré, laquelle semble étroitement liée au
traitement préalable de celui-ci par le fluor (les trifluorures employés avaient été préparés
par attaque de l'oxyde correspondant par une solution aqueuse d'acide fluorhydriqUe à
40%). Nous avons ainsi constaté une augmentation très sensible et très nette de la
réactivité du trifluoruré après passage sous courant de fluor pur à 500°C pendant 8 h.

TABLEAU II

LiNaHo2F8 LiNaEr2F8

dexp
(A)
^calc
(Â) hkl I/I0
"exp
(Â)
"cale
(Â) h k ll/l0
5,20 5,21 10Î 47 5,18 5,19 10 1 52
4,75 '"4,75 110 25 4,73 4,74- 110:: 33
4,12 4,13 10 1 65 4,11 4,11 101 100
3,50 3,51 0 20 35 3,49 3,50 020
'2-0 45
3,23 3,23 20 0 -35 3,22 3,23 0 38
3,08 3,08 12 0 8 3,07 3,07 12 0 5
2,910 2,911 2 1 1 100 2,901 2,903 2 11 96
3,672 2,673 12 1 9 2,'665 2,664 12 1/ 16
2,490 2,487 2 11 6 2,482 2,480 -2 1 1 ' 6
2,376 2;378 0 2 2 20 2,370 2,369 02 2 27
2,199 2,199 130 12 2,192 2,192 13 0' 23
2,159 2,155 300 5 2,114 2,113 22 1 6
2,122 2,120 22 1 4 2,081 2,084 222 10
2,083 2,090 2 2 2 22 2,056 2,054 0 13 77
2,062 2,062 013 -
63 2,015 2,014 3 02 5
2,020 2,019 3 0 2 6 1,973 1,973 2 12 7
1,981 1,980 2 12 9 1,935 1,935 3 12 45

.
1,940 1,940 3 12 48 1,912 1,913 30 1 24
1,918 1,918 3 0 1 13 1,880 1,882 2 3 1 58
1,888 1,888 2 3 1 20 1,846 1,845 3 11 6
1,853 1,850 .311 8 1,773 1,773 222 9
1,779 1,779 22 2 11 1,748 1,748 0 40. 14
1,754 1,754 0 4 0 9 1,730 1,730 3 0 3 10
15684 1
1,685 3 1 3
L683 3 2 1
| 1
0,
24 , 619
X> X
1,680
t678
3 13
3 2 1
}1 '_,
26
1,662 ; 141 ) f 1,657 1 4 1
1, 663 1
1,661 104/ 7 1, 656 l 1,655 10 4
1
1 8„

1,615 1,618 004


4. 1
19 1,611 1
1,612 41 1 1
20
1,603 12 1,611 0 0 4
411

13 3 1,597 133-1. 10
1, 601
1,600 402 12 1, 596 1
1,596 40 2 10
1,587 1,586 0 3 3 13 1,582 1,580 0 3 3 31
1557
1,557
560
1 1,556
2141 1
7 1552 1, 554 214 11

3 2 3 1,552

1,551 3 2 3 11

1,542 1,542 2 40 8 1,537 1,537 240 10


1,530
1,457
{1,459 1,528
3 3 2
114
13
8
1,524
1,476
1,478
1,524 3 3 2
133
13
6
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 17, 1985 1237

TABLEAU II (suite)

LiNaTm2F8 LiNaYb2F8 LiNaLu2F8.'/

exp "cale "exp "cale ^*exp cale


(Â) (Â) h k l I/I0
-
(Â) (Â) h k 1 I/I0 (Â) (Â) h k 1 / I/Ip
'5,18 5,17 1 0 I 15 5,15 -5,15 ÎOT 63 5,13 5,14 1 0 T : 32
4,72 4,72 .110 26 4,69 4,71 110 26 4,69 4,69 1 1 0 41
4,10 4,10 10 1 28 4,09 4.08 10 1 89 4,07 4,08 1 0 1 -57
3.47
3,21
3,48
3,21
0 20
2 00
15
14
3,46
3,20
3,47
3,20
020
200
77
27
3,46
3.19
3,46
3,20
0 2
2 0
0/34.
0/52
2,893 2,891 211 100 3,05-3,05 120 4 3,04 3,04 120 5
2,655 2,654 121 15 2,882 2,882 211 97 2,870 2,873 2 1 1 100
2,466 2,471 2 11 7 2,642 2,644 121 24 2,636 .2,636 121 27
2,358 2,360 0 2 2 12 2,462 2,462 2 11 8 2,455 2,457 2 118
2,184 2,183 130 12 2,350 2.350 022 .
25 .
2,345 2,344 0 2 2-33
3 0/
2,145 2,143 3 0 0 14 2,177 2,176 13 0 14 2,167 2.167 1 17
2,106 2,106 22 7 2,095 2,097 22 1 5 2.035 2,032 0 3 160
3 02/
1
2,047 2,046 013 51 2,068 2,068 222 8 1,993 1,993 4
1,963 1,967 212 21 2,038 2,036 013 100 1,956 1,955 2 12 7
1,932 1,927 312 71 1,961 1,958 2 12 5 1,917 1,915 3 1 2 -70
1,873 1,874 23 1 20 1,919 1,921 312 59 1,896 1,896 3 0 1 18
1,837 1.839 311 27 1,900 1,899 301 41 1,860 1,861 23 1 43
1.764 1,767 2 2 2 7 1,867 1,868 2 3 1 43 1,827 1,828 3 11 7
040 2 22
1,741 1,741
{ ^ }
10 1,832 1,832 2 22
040
8 1,755 1,755
40/13
: 9

416
1,671 1,672
3
13 1,734 1,735 56 1,728 1,728 0
1,649
1,650 141 34 1- 719 1, 717 3 3 n 1' 713 1' 712 3 ° 3 7

1,604
1,606 004 23
1,667 1,667 313 18 1,662 1,662
{ 3 2 1 } 19

1,577 1,574 0 3 3, 15 1,637 1,640 104 18 1,636 1,637


141

35
1,548 2 1,601 411 ( 1,596 4 11
14
1
1,545 27 1
20
1,580004
043 l 1,544 3 2 3 1,600

1 1,597 0 0 4 29 1,595 1,595 J 20

1,585 ,133
1,530 2 4 0 7 1,584 1,579
133

1,531 11
1,517 1,517 3 32 8 1,570 1,567 03 3 .26
2 14,
1,564 1,562 0 3 3
9 29

1
1,446
1, 446 1, 448 114 16 1, 541 1
1,542
1,539 6,
1,535

1, 535
1.538
1,534 2 4.1
9
1,445 422 3 23 3 2 3
1,423 1,423 413 12 1,525 1,526 2 40 16 1,519 1,520 2 40 8
1,367 1,367 30 3 10 1,513
1,465
1,513 3 32 13 1,507' 1,507
1,462
3 3 2/11
1, 465
1,466
1,463 1 3 3
32 2 3 1,461 1 3 3 4 2 4.
1,442
1

1,441
422 13 1,439
1, 439 114
3 2
15
1,419 1,419 4 13.3
Les caractéristiques cristallographiques de ces phases rassemblées dans le tableau I ont
été déterminées par isotypie.
Les paramètres de maille ont été affinés par moindres carrés à partir des données des
diffractogrammesX de poudre présentés dans le tableau II.
La figure montre la variation du volume molaire en fonction du numéro atomique de
l'élément lanthanidique. Celle-ci est parfaitement linéaire et conforme au modèle de
R. D. Shannon [3].
A partir de cette droite, le numéro atomique fictif de l'yltrium replacé dans la série
des lanthanides ZY(V) a pu être calculé à l'aide de la relation donnée par S. Siekierski [4]

où Ln' et Ln" sont les deux terres rares encadrant l'yttrium; VLn et Vy étant les volumes
molaires respectifs. La valeur ainsi obtenue, 67,2, se situe parmi les valeurs les plus
1238 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série H, n° 17, 1985

élevées, en parfait accord avec celles déjà rencontrées parmi les composés fluorés et
oxygénés [4].
Une valeur très voisine, 67,6, a également été obtenue à partir de l'équation établie
par S. Siekierski [4], faisant intervenir la différence d'électronégativité AEx_M :

Les électronégativités utilisées dans ce calcul sont tirées de l'échelle de Batsanov [5].
Conformément à ceux obtenus antérieurement par S. Siekierski [4], nos résultats
montrent que la position de l'yttrium dans la série des terres rares ainsi que le raccourcisse-
ment des distances Ln-F (Ln = Ho, Er, Tm, Yb, Lu) qui peuvent être pris comme une
mesure du degré de covalence sont corrélés à la participation des orbitales/à la liaison.
L'application de la théorie des groupes à la recherche du schéma d'hybridation des
orbitales directionnellesparticipant aux recouvrements cr dans le polyèdre de coordination
de l'élément lanthanidique de symétrie ponctuelle Cs [1] conduit alors aux deux combinai-
sons possibles sp3d4 et sp2d5 en utilisant la table de caractères conventionnelle pour
réduire la représentation de dimensionnalité 8. En utilisant les résultats établis par
Z.Z. Hugus[6] qui stipulent que trois orbitales/? peuvent toujours être substituées par
f
trois orbitales sans que les clauses requises par la symétrie ne soient affectées et à
condition toutefois que cette substitution s'accompagne d'une stabilisation énergétique,
,
ce qui semble être le cas ici, nous pouvons proposer les deux combinaisons possibles
sf3d4 et sf2d 5. Le résultat ainsi obtenu a l'avantage de constituer une justification de
l'assertion émise par J. C. Eisenstein[7] selon laquelle il existe une contribution des
/
ofbitales à la partie covalente de la liaison dans beaucoup de composés ioniques et
corrobore également le fait que les orbitales 6 s peuvent participer à la covalencè dans
les composés lanthanidiques comme cela fut évoqué à plusieurs reprises par différents
auteurs ([8], [9]).
Remise le 14 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Laboratoire de Chimie des Solides, U.A. n° 444,


Université de Clermont-Ferrand-II, B.P. n° 45, 63170 Aubière.
C. R. Sc. Paris, t. 301, Série II, n°
17,1985 1239.

PHYSIQUE DE L'ATMOSPHÈRE. — Spectropluviométrie : existence de distributions


exponentielles à double pente pouvant provenir de couches nuageuses strato-convectivès:
Note de Georges Bonnadieu,présentée par Jean Coulomb/

A partir de l'analyse des variations temporelles des paramètres N0 et X caractérisant une distribution/des
gouttes de pluie de type exponentiel n(D) = rl0e~'n, on montre, lors de deux averses, des distributions
présentant des ruptures de pente: ces spectres «à double pente» seraient la signature.d'un état particulier/et
transitoire d'une pluie de nuages slrato-convectifs. On note dé plus que, pour Jes exemples cités, ils se situent
sur les flancs descendants des pointes d'intensité de pluie.

ATMOSPHERICPHYSICS. — Exponenlial raindrop distributions with double slppe being able to corne
from strato-convective cloud layers.
By analyzing the lime variations of parameters N0 and X which chdracterize an exponentialraindrop distribution.
«(D) = N0e_/D, size spectra showing slope breaks are preséhieà for two examplés ôf shower: thèse spectra would
be the sign of a parlicular and transitory state of a rain from strato-convective clouds. It must be noticed thaï
in the above examples thèse spectra are localized on the getting dowhjlanksofthe peaks ofrainfall rate.

1. INTRODUCTION. Les appareils relativement récents qui permettent de connaître



d'une manière automatique et continue les spectres/de distribution des diamètres des
gouttes de pluie au sol ont rendu possible l'étude systématique de leur évolution en
fonction du temps. De nombreux travaux, tarit théoriques qu'expérimentaux, montrent
que ces spectres peuvent être approximés, dans la plupart des cas, par la loi exponentielle
n(D) = N0e"'D, où «(D) est la concentration des gouttes de diamètre D. Waldvogeltï]
a proposé une paramétrisationpour déterminer les deux paramètres NQ et X caractérisant
cette loi : ils sont obtenus en considérant la distribution exponentiellequi aurait la même/
réflectivité Z et.la même teneur en eau W que celle observée. Cette méthode n'est pas un
ajustement, mais elle rend bien compte, dans là plupart des cas, des spectres expérimen-
taux.
Dans de précédents travaux nous avons appliqué; cette paramétrisation à l'étude des
variations temporelles des deux paramètres N0 et -^ et nous les avons comparées à
celles des intensités de précipitation R dans le cas d'une pluie de nuages stratiformes
(Donnadieu [2]) et dans celui d'une pluie de nuages convectifs (Dqnnadieu [3]). Ces
résultats ont été obtenus à l'aide du spectropluviomètré « Vidiaz » (conçu et réalisé au
laboratoire) et d'un disdromètre de Joss-Waldvogel[A] lors des 2e-et 3e Campagnes
internationales P.A.P. (Projet d'Augmentation des Précipitations) à Valladolid (Espagne),
L'objet de cette Note est de montrer qu'à certains Moments on/observe des sauts
rapides et importants des deux paramètres N0 et X: ils caractérisent/des distributions.,
exponentielles à « double pente » que l'on confirme à-partir dès spectres expérimentaux.
Des hypothèses sur les causes de cette modification transitoire de la forme des spectres
sont formulées.
2. DEUX EXEMPLES DE SPECTRES A « DOUBLE PENTE »./ — Les résultats/que nous allons
présenter ont été obtenus au cours de la journée du 11 mai 1981 de la 3e Campagne
P.A.P. La figure 1 montre, en fonction du temps, dans leurs unités courantes, l'intensité
de précipitation R et les paramètres N0 et À, déduits de la paramétrisation de WaldvogèL
en trait continu pour le disdromètre et en pointillés pour lé spectropluviomètré; chaque
point correspond à une durée d'échantillonnage de 1 mn. Outre le fait que ces deux
appareils, basés sur des principes de détection différents, « voient » d'une manière tout à
fait comparable des variations de ces trois paramètres, on note, à certains moments, sur

0249-6305/85/03011239 S 2.00 © Académie des Sciences /


1240 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 17, 1985

Fig. 1. — Paramètres R, N0 et5v. obtenus au cours de deux averses de la journée du 11 mai 1981
de 3e Campagne P.A.P. (eh trait continu avec le disdromètre, en pointillés avec le spectropluviomètré).
la
Fig. 1. — The parameters R, N0 and X measured during twoshowers on U May 1985
(third P.E.P. Experiment): the solid Une represents the disdrometer, the dotted Une the spectropluviomëter.

des durées très, brèves, des diminutions ou des augmentations importantes à la fois de N0
et de X; ceci est particulièrement visible pour les périodes 14 h 38 mn-14 h 40 mn (diminu-
tion de N0 et de X) et 15 h 05 mn-15 h 07 mn (augmentation de N0 et de X).
Dans une représentation log-normale des concentrations n(D) en fonction du diamètre
D, des diminutions rapides et importantes de l'ordonnée à l'origine N0 et de la pente X

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 2. Spectres des gouttes de pluie moyennes sur 2 mn pour la première averse : au moment (©
— —®),
avant (O O) et après (A A) les sauts de N0 et de X ;[les droites en tiretés représentent les
distributions n(D)=N0e_>Ddéduites de la paramétrisation de Waldvogel].
Fig. 2. — Mean raindrop spectra obtainedfor the first shower: during the N0 andXjumps (©——-#), before
(O -O) and after (A A) thèse jumps [the dashed Unes represent the distributions n (D) = N0e~1D
calculatedby Waldvogeïsparametrizdtion].
.
PLANCHE I/PLATE I GEORGES DONNADIEU
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 17, 1985 1243

Fig. 3. —
Même légende que la figure 2 pour la deuxième averse.
Fig. 3. — As in Figure 2 except for the second shower.

traduisent le passage rapide d'un spectre plutôt très monodispersé (toutes choses égales
par ailleurs) à un spectre plutôt très polydispersé. (La correspondance sera inverse pour
des augmentations de N0 et de X) : si l'on détermine alors les spectres moyens sur 2 mn,
à 14h 39mn pour la première averse et à 15h06mn pour la seconde (voir fig. 1),-on
doit s'attendre à ce qu'ils présentent une rupture de pente. La figure 2 représente, pour
la première averse, les spectres moyens sur 2 mn obtenus avec le spectropluviomètré, à
14 h 39 mn, avant et après les diminutions de N0 et de X. D'une manière semblable, là
figure 3 représente, pour la deuxième averse, les spectres moyens à 15h06mn, avant et
après les augmentations de N0 et de À.. Comme attendu, on observe bien, lors des sauts
de N0 et de X, des spectres moyens à « double pente », tandis qu'ils sont exponentiels à
simple pente de part et d'autre de ces sauts. On note que les ruptures de pente se
produisent pour des diamètres de goutte de l'ordre de 1,5 mm et surtout que les pentes
de la première partie des spectres (gamme de diamètre : 0,8 à 1,4 mm) sont très semblables
à celles des spectres suivant les sauts. Or nous avons montré (Donnadieu [5]) que les
1244 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 17, 1985

variations d'intensité de précipitation sont plutôt dues à des translations des spectres des
gouttes pour les pluies dé nuages stratiformes. On peut donc penser que les premières
parties des spectres à « double pente» sont caractéristiques d'une pluie stratiforme et
que leurs secondes parties sont, quant à elles, par les gammes étendues des diamètres des
gouttes observées, caractéristiques d'une pluie convective. Ces hypothèses s'appuient sur
les observations effectuées au cours du vol n° 16 de l'avion instrumenté CESSNA-206 de
FE.E.R.M. effectué entre 12 h 30 mh et 15 h à proximité de notre site de mesure :

présence de cumulus, cumulus congestus et cumulonimbus dans une couche de
strato-cumulus d'épaisseur moyenne 600 m dont la base est à environ 700 m au-dessus du
sol;
— vent de secteur NW de 40 km/h environ.
Un autre point qui conforte aussi l'hypothèse que ces averses sont issues en partie de
couches nuageuses strato-convectives est le fait qu'au début de la deuxième averse
(de 14h53mn à 15 h environ, fig, 1) l'augmentation de l'intensité de précipitation est
due à une augmentation de N0 à A. pratiquement constant (ce qui est, comme nous
l'avons dit précédemment, caractéristique des pluies de type stratiforme) et qu'ensuite;
elle est due à une diminution à la fois de N0 et de X (ce qui est caractéristique des
pluies de type conyeetif, Donnadieu [5]). Il apparaît donc logique de mettre en évidence
l'existertee, à certains moments, de spectres à « double pente » dont la première/partie
caractériserait l'aspect stratiforme de la pluie et la seconde, l'aspect convectif. On note que
pour les deux exemples, ces spectres à double pente se situent sur les flancs descendants des
pointes d'intensité de précipitation : ceci traduit l'amorce de la disparition de là pluie dé
type convectif caractérisée par la présence de grosses gouttes responsables des fortes:
valeurs de R.
3. CONCLUSION. — Une analyse fine des variations temporelles des paramètres R, N0
et X déterminés par des mesures au sol nous a permis de mettre en évidence des spectres
à « double pente » des gouttes de pluie pouvant être d'origine strato-convective; ils
traduiraient la présencesimultanéemais transitoire d'élémentsprécipitants pouvant prove-
nir des mécanismes de formation des gouttes de pluie, à l'intérieur de la couche de
strato-cumulus et à Fintérieur des cumulus. Les premières, analyses des résultats obtenus
avec le spectropluviomètré << Vidiaz » au cours de la Campagne nationale
Landes-Front 84 montrent aussi l'existence au sol; de tels spectres : les données des radars
«Ronsard» (restitution des champs de vent) devraient permettre d'évaluer l'activité
convective à différents niveaux dans les zones nuageuses et de confirmer ces résultats.
Notons enfin, que dans toute analyse des variations temporelles de R, N0 et X basée sur
la paramétrisation de Waldvogel, il sera prudent de bien regarder la forme des spectres,
lors de périodes où N0 et X présenteront des variations brusques et importantes: ils
pourraient rie pas être de type exponentiel.
Remise le 24 juin 1985, acceptée le 14 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] A. WALDVOGEL, J. atmos. Sc, 31, 1974, p. 1067-1078.


[2] G. DONNADIEU, J. Rech. Atmos., 16, 1982, p. 35-45.
[3] G. DONNADIEU, J. Rech. Atmos., 17, 1983, p. 53-65.
[4] J. Joss et A. WALDVOGEL, Pure Appl. Geophys., 68, 1967, p. 240-246.
[5] G. DONNADIEU, La Houille Blanche, n" 5-6, 1983, p. 359-365.
Université de Clermont-Ferrand-II,
Institut et Observatoirede Physiquedu Globe du Puy-de-Dôme, L.A.M.P.,
12, avenue des Landais, 63000 Clermont-Ferrand.
C. R. Acad. Sc. Paris t. 301, Série. II, n° 17, 1985 1245

GÉOPHYSIQUE.
— Structures très diverses de la croûte et du manteau supérieur dans
la moitié Nord de l'Argentine, avec découverte d'une zone géothermale. Note de Bruno
Baldis, José Miguel Febrer, Hugo Gustave Fournier, Juan Carlos Gasco, Marta Ghidella,
Manuel Jésus Mamani, Maria Cristina Pomposiello et Âiejandro Vaca, présentée par Jean
Wyart.

Un profil magnétotellurique discontinu de 1200 km, de Buenos Aires à San Miguel de Tucumân, montre
une grande complexité des structures profondes. A l'extrémité Nord-Ouest du profil un nouveau processus
géodynamique est associé à la subduction de la plaque de Nazca, générant une zone géothermale d'environ
100 km de diamètre.

GEOPHYSICS. — Diversified structures of the crus! and the upper manlle in.the Northern half part of
Argentina, including the discovery of one geothermal area.
A 1,200 km discominuous magnetotelluricprofile, from Buenos Aires lo San Miguel de Tucumân, shows a
gréai complexity of the deep structures. At the North-Weslern end of the profile appears a new geodynamic
process associated with the Nazca subduction plate, generating one geothermal area aboul 100 km in diameter.

1. INTRODUCTION. La figure 1 présente la position géographique des sondages



magnétotelluriques groupés en trois régions structuralement très différentes. La zone 1
est le prolongement en Argentine du craton brésilien; la zone 2 est la plongée, à pente
faible, de la plaque de Nazca sous l'Argentine; la zone 3 est située au Sud-Est immédiat
du massif montagneux de la Puna (bordure Sud de l'Altiplano) faisant partie de la
Cordillère des Andes. '
2. DISCUSSION. — (A) Zone 1 : Région cratonique de Buenos Aires. — Deux sondages
ont été faits dans la zone de Buenos Aires sur le craton d'âge 2 M.a. [1]. Celui de Zarate.
est le plus intéressant, le craton n'y étant recouvert que par 250 m de terrains récents,:
conducteurs (fig. 2). L'interprétation est simple (tableau I) : sous la couverture sédimeii-
taire peu épaisse apparaît une seule couche résistante (au moins 10000 Q. m), puis une
couche conductrice « ultime » pour ce qui concerne les ondes électromagnétiques d'origine
externe. La figure 2 donne la courbe de Zarate avec un tracé rectiligne et une asymptote
de résistance forte (18 mV/km/nT). La conjonction de ces deux caractéristiques n'est
guère favorable à l'existence d'une Couche conductrice intercalaire.

TABLEAU T
Zarate Chivilcoy
Situation géographique
Latitude Sud 34°05' 34°56'
Longitude Ouest.
........ 59°10'
Coupes d'interprétation
60°06'

0,001
Zarate Chivilcoy
6 couches : 2 couches
.

Épaisseurs ' Résistivité Épaisseurs Résistivité


(km) (n.m) (km): : . (H.m)
3 0,7
0,008 1,5 &400 §500
0,140 10
0,100 3,3:
400 S10000
.oo ... g9
0249-6305/85/03011245 $2.00 © Académie.des Sciences
1246 Ç. S. Acad. Sc, Paris, t. 301, Série II, n° 17, 1985

TABLEAU II
San Juan (SJ) Chamical (Ch) Pilar (P)
Situation géographique
Latitude Sud.. 31°33' 30°27' 31°40'
Longitude Ouest.
............. ,. .
68°34'
Coupes d'interprétation
66°i9' 63°53'

SanJuan(SJ) ; Chamical (Ch) ; Pilàr (P)


5 couches 5 couches 5 couches

Épaisseurs Résistivité Epaisseurs Résistivité Épaisseurs Résistivité


(km) v: (ni;m) (km), (fi,m) (km), (fi.m)
0,3 3 0,3 3 0,75 10
120 3 000 150 3000 80 3000
110 240 100 75 30 10
470 4000 500 4000 100 4000
oo 30 oo 30 bo 1

Conductivité intégrée en siemensde la première couche conductrice intercalaire : fc/p=460; 1330; 3000 fi 1

(B) Zone 2 : Région du 32e parallèle Sud « San Juan-Pilar ». — Cette zone comprend
les sondages de Pilar, Chamical et San Juan (Pocito) alignés approximativement selon le
32e parallèle Sud. Les résultats sont donnés dans le tableau JJ. La figure 3 présente en
hachuré dans sa partie supérieure les couches conductrices intercalaires obtenues, ainsi
que, dans sa partie inférieure, les foyers de séismes d'après [2]. Il y a un bon accord entre
les résultats des deux méthodes indépendantes, en admettant que la plaque plongeante soit
rigide et que les séismes soient engendrés par sa fragmentation dans la descente dans le
manteau supérieur.
(C) Zone 3 : Région de Taco Ralo-Belén. — On a réalisé six sondages. Ils montrent
une couche conductrice dans la partie supérieure de la croûte. Le tableau III donne la

de suggérer que cette couche très conductrice (de 0,3 ,


coupe de ces six sondages MX. Les résultats donnés dans la revue [3] nous permettent
m sous Taco Ralo) située dans
la partie supérieure de la croûte est composée de roches partiellement fondues ayant une
température de 900 à 1000°C. Cette couche chaude plonge autour de Taco Ralo jusqu'à
Une profondeur de 25 km; pour son début, formant un dôme de 250 km dé diamètre. La
carte de la figure 4 indique la position des sondages; le tracé des isocotes du toit de la
couche très conductrice intercalaire formant le dôme, ainsi que la position d'un triangle
de silence sismique d'après [2] et [4]. Au-delà du bord Est de ce triangle les foyers des

EXPLICATIONSDES PLANCHES

Planche I

Fig. 1. — Carte de l'Argentine délimitant les trois régions étudiées de "1976 à 1981. — Zone 1 : Région
cratonique. Les 400 premiers kilomètres du manteau supérieur sont très résistants. — Zone 2 : Régions
Primaire et Tertiaire perturbées. Subduction de la plaque de Nazca en dessous de la partie Ouest du
continent sud-américain. — Zone 3 : Région structuralement très complexe dans sa partie Ouest. Découverte
d'un champ géothermal dans la partie Est.
Fig. 1. — Map of Argentina delimiting thé three régions under study from 1976 to 1981. — Area 1: Cratonic
Région. The first 400 km of the upper mande are very résistive. — Area 2." Primary and Tertiary perturbed
régions. Subduction of the Nazca plate below the western part of the south-american continent. — Area 3:
Région tectonically very complex-in the western part. Discovery of a geothermalfield in the eàstern part.
Fig. 2. — Z : courbe de sondage MT pour le site de Zarate; Ch : courbe de sondage MT pour le site de
Chivilcoy.
Fig. 2. — Z: MT sounding curve for the station ofZarate. Ch: MT sounding curve for the station of Chivilcoy.
PLANCHE II/PLATE II
C R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 17, 1985 1249

PlancheII
Fig, 3 — En haut : coupe de 800 km de longueur suivant le 32e parallèle Sud, depuis la fosse du Chili jusqu'à
Pilar, au Centre de l'Argentine. En bas : même coupe avec notre interprétation des résultats précédents.
L'asthénosphère est figurée par des hachures et les points noirs représentent les foyers des séismes.
Fig. 3 — Top; cross section along about 800 km of the 32th south parallel from the chilean trench to Pilar, in
the centre of Argentina. Bottom: same cross section withourinterprétationàfthe précèdent MT results. The
asthenosphere is described by dashed Unes and the black dots répresenl the earthquakefoci.
Fig. 4. — Carte d'une partie du.Nord-Ouest de l'Argentine montrant les sites des six sondages MT : TR,

[2]et[4].
Taco Ralo; L, Leales; B, Belén; M, -Mazân; F, Frias; Mt, Monteagudo; et donnant également la position
J des villes principales-: SJ, San Salvador de Jujuy; S, Salta; ST, San Miguel de Tucumân; SE, Santiago del
Estero; C,:San Fernando del Valle de Catamarca; LR, La Rioja; À, Antofagasta. QV est le volcanisme
quaternaire situé au NordrÔuest de Belén. La carte indique un tracé.provisoire des isocotes du toit de la
couche très conductrice située dans la croûte supérieure et la position dû triangle de silence sismique, d'après

Fig. [4. —Map of a part of North-West Argentina showing the six M T -sounding stations TR, Taco Ralo; L,
Leales; B, Belén; M, Mazan; F, Frias; Mt, Monteagudo and also giving the position of the main régional
towns: SJ, San Salvador de Jujuy; S, Salta; ST, San Miguel de Tucumân; SE, Santiago del Estero; C,.Sân
''-.'.'. Fernando del Valle de Catamarca; LR, La Rioja; A, Antofagasta; QV is a quaternary vplcanic région situated
at the North-West of Belén. The map indicates the provisionary isodepths.of the top of the very conductive
layer situated in the upper crust and the seismic silent triangle, afier [2] and [4].
Fig. 5. — Coupé de direction Nord-Sud passant par les sites de Leales, Monteagudo, Taco Ralo et Frias.
Fig. 5. — Cross section in the North-Sputh direction passing through Leales, Monteagudo, Taco Ralo and Frias
MT stations.

séismes sont situés à des profondeurs de 500 à 600 km. La figure 5 représente la coupe
Nord-Sud de ce dôme.
L'origine de cette chaleur est probablement située dans là flexure de la plaque de
Nazca en deux parties ayant des angles de plongée différents, proposés dans [2]. Dans
cette flexure, les forces de friction sont supposées avoir produit de la chaleur provoquant

TABLEAU III
Pour la position des sites MT voir la carte de la figure 4.
Frias Taco Ralo Monteagudo
Coupes d'interprétation
4 couches 7 couches 6 couches
Épaisseurs Résistivité Épaisseurs Résistivité Épaisseurs Résistivité
(km) (fi.m) (km) (fi.m): (km) (fi-m)
0,6 14,5 0,3 15 0,7. .
12
- - 1,20,1 0,8 : 2 80

12,5 700 3,5 1,7


10
0,8
ê50 0,9

4,5
: 0,5

S15
4 50 4,8 0,3 4,2 1
oe 600 50 oo 50
Leales Mazân Belén

Coupes d'interprétation

0,6
6 couches 4 couches 4 couches
..
Épaisseurs Résistivité Épaisseurs Résistivité Épaisseurs Résistivité
(km)

0,18
4
0,65
4,7
4,5
-
"'; (fi.m)

S20
5
2,2

2,
100
(km)

0,15

12
(fi.m)
1

600
5
(km)

0,18

8,7
4,5
(fi.m)
2,2

200
3
oo 50: oo 200 oo 200
.

C. R., 1985, 2e Semestre(T. 301) / ._; Série II—89


1250 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 17, 1985

une fusion partielle de cette partie de la plaque de Nazca d'où le silence sismique. Cette
chaleur libérée, en montant, aurait permis la fusion partielle des roches acides constituant
la croûte supérieure et donné ce fort gradient géothermique.
Il semble que nous ayons trouvé sous la région de Taco Ralo un nouveau phénomène
géodynamique que nous avons appelé « dôme chaud » (étant donné son résultat au
voisinage de la surface). Il est possible que ce phénomène de dôme chaud existe sous le
triangle de silence sismique du Pérou, du fait de la variation symétrique de la pente de
la plaque de Nazca [2].
Remisele 23 septembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] E. LINARES, Communication personnelle, Buenos Aires, 1979.


[2] M. BARAZANGI et B. L. ISACKS, Geology, 4, 1976, p. 686-692.
[3] V. HAAK, Geophysical Surveys, (4), 1980, p. 57-69.
[4] W. CASTANON, Distribuciôn espacial y liberaciôn de energia sismica en la costa central del Pacifico
Sudamericano, Observatorio de San Calixto, public. n° 9, La Paz, Bolivia, 1970.

B. B. et A. V. : Comisiôn Nacional de Investigaciones Cientificas y Tecnicas,


Universidad de San Juan, Argentine;
J. M. F., J. C. G., M. G et M. C. P. : Comisiôn Nacional de Investigaciones espaciales,
Av. Mitre 3100, San Miguel, Argentine;
H. G. F. : Instituto de Investigaciones Aplicadas de Ciencias Espaciales,
Dpto. de Geofisica, Mendoza, 5500, Argentine
et Institut de Physique du Globe de Paris,
Université Pierre-et-Marie-Curie,place Jussieu, 75000 Paris;
M. J. M. : Instituto de Investigaciones Aplicadas de Ciencias Espaciales,
Dpto. de Geofisica, Mendoza, 5500, Argentine.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 17, 1985 1251

PALEONTOLOGIE. Les Bovidés (Artiodactyla, Mammalia) du. gisement atérien


des Phacochères {Alger, Algérie). Interprétationspaléoécologiques et phylogénétiques. Note
de Djillali Hadjouis, présentée par Yves Çoppens.

Le gisement des Phacochères situé sur. les hauteurs d'Alger, a livré une faune de grands Mammifères
caractéristiques du Pléistocène;supérieur maghrébin. La denture et les segments des membres des grands
Bovidés, notamment ceux de Bos primigenius et de" Pelorovis antiquus, suggèrent de nouvelles interprétations
paléoêcologiqùëset phylogénétiques. La position du site des Phacochères, situé en rétrait de la côte, donné un;
cachet particulier à sa faune, en comparaison avec les autres sites avoisinants plus littoraux.

PALEONTQLOGY. — Bovidae (Artiodactyla, Mammàlia) of the àteriàn site "Les Phacochères" (Alger,
Algérie). Palioecodogical and phylogenïtic interprétations.
The site "Les Phacochères" (Warthogs), situated on the heights ofAlgiêrs, has yielded a fauna of large mammals
typical of the Upper Pleistocehe of Maghreb. The dentition and the segments of members of large Bovidae,
; éspecially thbseof Bos primigenius and Pelorovis antiquus, suggési new paleoècôlogic and phylogenetic
interprétations. The position of the site "Lés Phacochères", standing pack from the coast, gives a particular
character tô its fauna, in comparison wîth the other nearby sites, more littoral.

Le gisement dit des Phacochères de la cité Melki, plus connu sous le nom des
Allobroges, est situé dans le quartier d'Hydra qui se trouvé dans la banlieue Ouest d'Alger,
à 240 m d'altitude. Il fut trouvé accidentellementlors de constructions d'immeubles en
1961. La fouille de sauvetage conduite par le professeur Balout et l'équipe du Centre de
Recherches anthropologiques, préhistoriques et ethnographiques d'Alger livra une faune
considérable de grands Mammifères en association avec des industries atériennes [1]. La
stratigraphie de ce site est très complexe, cependant deux niveaux fossilifères retiennent
l'attention : un niveau formé par des formations rouges argilo-sableuses et un niveau
bréchiquë. La faune recueillie, ainsi que les outils pédoncules proviennent des deux
niveaux [2].
La composition de la faune est la suivante : Hippopotamus amphibius, Dicerorhinus
hémitoechus, Equus algericus, Equus melkiensis, Phacochoerus aethiopicus, Sus scrofà,
Camelus dromaderius, Cervus algericus, Taurotragus oryx, Bos primigenius, Pelorovis
antiquus, Kobus sp, Hippotragus equinus, Oryx cf. dammah, Connocliqetesprognu, Alcela-
phus buselaphus, Gazella atlantiça, Gazella sp. A, Gazella sp, B, Canis aureus, Panihera
leo, PantJiera pardus, Hyaena crocuta, Hystrix cristata, Meriones cf. shawi, Crocidura sp.,
Erinaceus sp., Chiroptera, Colubridae, Serpentes, Lacertidae. La détermination de tous
les restes fauniques a été établie par B. Bagtache (Hippopotamidae, Rhinocerotidae,
Suidae, Carnivores) [3], C. Denys" (micro-vertébrés), B. Bagtache, D. Hadjouis et
V. Eisenrnann (Equidae) [4] et D. Hadjouis (Bovidae, Cervidae, Camelidae) [5].
Une première étude faite sur les Equus de ce site montra l'importance de cette faune
puisque deux nouvelles espèces furent découvertes : Equus melkiensis et Equus algericus.
Les révisions faites sur l'ensemble des Equus du Pléistocène moyen et supérieur du
Maghreb et du Moyen-Orient laissent penser que Equus algericus n'est contemporain
que de la période atérienne [6]. Les Bovidés du gisement des Phacochères représentent
par ailleurs le plus grand nombre de taxons recueillis (9 genres et llespèces); parmi eux
les Bovini sont les mieux représentés (70 %).
BOVINI — L'étude du port de tête, de la denture et du squelette des membres de Bos
primigenius et de Pelorovis antiquus a révélé le lien qui existait entre les caractères
dentaires et appendiculaires, le régime alimentaire et les conditions d'habitat.

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1252 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série H, n° 17, 1985

Denture et port de tête. — Les molaires supérieures et inférieures de Pelorovis antiquus


du gisement des Phacochères sont plus larges que celles de Bos primigenius. L'indice de
robustesse est souvent plus élevé sur les dents jugales du Buffle antique. La surface
masticatrice, plus large que sur la denture du Buffle antique, est à notre avis liée à un
régime alimentaire constitué de végétaux plus coriaces. Le port bas de la tête de Pelorovis
antiquus semble bien indiquer qu'il s'agit d'un paisseur; au contraire, le port de tête élevé
de Bos primigenius semble davantage lié à une alimentation de type brouteur. La position
de la tête de ces Bovini est influencée par le poids et l'envergure des chevilles osseuses,
comme c'est le cas chez Pelorovis antiquus, entraînant un port de tête bas. La musculature
ventrale des premières vertèbres cervicales (atlas et axis) a dû être puissante, permettant
des mouvements latéraux de la tête plus prononcés chez l'Aurochs que chez le Buffle
antique.
Le squelette des membres. — Les différences de taille observées sur les os des membres
de Bovini, notamment sur les métapodes, dimorphisme sexuel exclu, sont également liées
en partie aux conditions d'habitat. En effet la forme élancée des segments distaux des
Aurochs indiquerait un type plutôt coureur et propre à des paysages ouverts. D'autre
part la largeur des extrémités distales des métapodes d'Aurochs (moins larges que celles
du Buffle antique) ainsi que l'étroitesse de la surface plantaire des phalanges unguéales
indiqueraient une adaptation à un sol plat et dur.
Quant aux Buffles antiques, la grande différence qui existe entre leurs membres
antérieurs et postérieurs (notammentles métapodes) est due en grande partie à l'influence
du port de la tête et à là plus grande massivité du train-avant. En effet l'élargissement
des segments distaux du Buffle antique, en particulier les extrémités distales des métapo-
des, ainsi que la plus grande largeur de la face plantaire de la phalange unguéale,
pourraient indiquer une adaptation à des terrains meubles (sols marécageux par exemple).
Quoiqu'il en soit, Buffles antiques et Aurochs n'ont pas la même significationpaléoéco-
logique, bien que nous les retrouvions associés dans un même site. La présence de diverses
niches écologiques est par ailleurs illustrée par les autres grands Mammifères du gisement.
Du point de vue taxinomique, le genre Pelorovis, classé auparavant dans la sous-famille
des Caprinae, est en réalité un Bovini ([7] et [8]) comprenant deux espèces, P. oldowayensis
et P. antiquus, P. oldowayensis étant l'ancêtre de P. antiquus [8]. Sur la base des différents
caractères dentaires et squelettiques (essentiellement les métapodes) étudiés sur les divers
Buffles fossiles et actuels, il apparaît toutefois que P. antiquus possède des caractères qui
Fapparentent à Syncerus caffer (à l'exception de la morphologie du métastyle des molaires
supérieures); il se peut donc que P. antiquus trouve son origine dans le groupe des
Syncerini et qu'il soit même en réalité un Syncerus. Si l'on considère à la suite de Gentry
et Gentry [8] que P. oldowayensis est l'ancêtre de P. antiquus, on s'aperçoit que la
morphologie du crâne s'est modifiée assez rapidement : changement d'orientation des
chevilles osseuses, passage d'un crâne long et étroit à un crâne court et large, orbites se
situant plus près de la base des chevilles osseuses, diminution de la longueur des
métapodes, etc.
TRAGELAPHINI. — Ils sont représentés par des dents isolées et des os des membres
(5 %). L'appartenance des restes du Tragelaphini d'Alger au genre Taurotragus ne fait
aucun doute. Le genre Taurotragus a été maintes fois cité en Afrique du Nord ([9] à
[15]); Arambourg en a d'ailleurs à plusieurs reprises discuté les espèces. L'anatomie du
squelette des membres a montré des affinités avec T. oryx révélant ainsi peut-être une
plus grande aire de répartition de ce genre pendant le Quaternaire, aire différente de
C. R. Acad, Sc Paris,t.3Série
1985
II,
01

17 1253

toute façon de l'actuelle. La présence de T. oryx (ainsi que P. antiquus) en Afrique du


Sud comme en Afrique du Nord montre que le Sahara ne constituait pas à l'époque
atérienne une barrière écologique,
REDUNCINI. —; Ils sont représentes par le genre Kobus (un crâne et deux molaires
inférieures). Hormis les restes dentaires livrés par le gisement du Plêistocène moyen de
Tighennif (ex-Ternifine) [16], ce taxon est par ailleurs inconnu au Maghreb. Les autres
Reduncini du Pléistocène supérieur maghrébin sont rapportables à Redunca redunca.
HIPPOTRAGINL 7

Ils sont représentés dans le gisement des Phacochères par deux
espèces : Hippotragus equinuus et Oryx cf dammah. Les restes d'Hippotragini sont rares
dans les gisements quaternaires du Maghreb. Les chevilles osseuses et le matériel dentaire
de: l'Antilope:chevaline et de F Oryx algazelle ne se distinguent en rien des représentants
actuels. :;

ÀLGELAPHINI. Ils sont représentés par Alcelaphus busetaphus et Connochaetes prognt%



la distinction des genres Alcelaphus: et Connochaetes d'après le seul matériel dentaire et
appendiculaire est particulièrement difficile du fait de l'homogénéité anatomique; seule
la taille diffère,
ANTILOPINL -- Les restes de Gazelles sont assez abondants (30.%) au gisement dés
Phacochères. Trois espèces de Gazelles sont présentes. La plus fréquente est G. atlanticà-
Les deux autres ressemblent peu aux formes fossiles et actuelles; nous les avons dénommés
provisoirementGazella sp. A et Gazella sp. B. Dans l'ensemble les longueurs des segments
dentaires de Gazelles fossiles (Plêistocène) et actuelles d'Afrique du Nord se répartissent:
en,trois groupes : G. atlantica et G. tingitana sont caractérisées par dés rangées dentaires;
longues, leur segment prémolaire étant bien développé; en revanche G. dorcas présente
Une rangée dentaire plus courte, le segment prémolaire étant raccourci. G. cuvieri constitue
à cet égard un groupe intermédiaire.
CONCLUSIONS.

Le gisement atérien des Phacochères, situé près d'Alger, renfermé
donc une association faunique tout à fait originale. La présence abondante des Suidae
(Phacochoerus qethiopicus), dés Bovidae, à tout le moins de Bos primigenius et Pelorovis
jantiquus, des Eqùidae et des Carnivores en association avec les outils pédoncules de,
l'atérien, fait du site des Phacochères un des rares gisements de chasse du Maghreb.
Remise le 14. octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] L. BALOUT, Revue africaine, XVI,1962, p, 470-471.


[2] L. BÀLOUT, Informationsorales.
[3] B. BAGTACHE, Thèse de 3e cycle (en préparation).
[4] B. BAGTACHE, D. HADJOUIS et V. ËISENMANN, Comptes rendus, 298, série H, 1984, p. 609-612. •":;.

[5] D. HADJOUIS, Thèse de doctorat de 3e cycle, Paris-VI, 1985, 329 p., 71 tabl., 65 fig., 13 pi.
[6] D. HADJOUIS, in : XIe Congrès U.I.S.P.P., Southampton, 1986 (à paraître).

[8]
[9]
1-83.
-[7] A. W. GENTRY, Bull. Br. Mus. Nat. Hist. (Geol), 14, 1967, p. 243-299, 6 pi. '',y,
A. W. GENTRY et A. GENTRY, Bull. Br. Mus. Nat. HisL (Geol), Pt. I,29,: 1978, p. 286-446, 41 pi., Pt, II,
30,1978, p.
À. POMEL, Paleont. Monogr: Carte Geol. Algérie, 4, 1894, p. 1-106, 20 pi.
[10] C. ARAMBOURG, M. BOULE, H. VALLOIS, et R. VERNEAU, Archives de l'Institut de Paléontologie humaine,_
Paris,.Mémoiren° 13, 1934, in 4°, 243 p., 48 fig.,^22 pi.
[11] C. ARAMBOURG, Mèm. Soc. Nat- Maroc, Rabat-Paris, n° XLVI, 1938; 72 p., 15 fig., 9 pi. -f
[12] C. ARAMBOURG, Bull. S.G.F., Paris, 5e série, XVII, 1947, in 4b, p. 301-310. ;
1254 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série H, ra° 17, 1985

[13] C. ARAMBOURG, Les Vertébrésvillafranchiensde l'Afrique du Nord, Fondation Singer-Polignac, 1979.


[14] E. SCHWARZ, Wiss. Ergbn. Oldoway Exped., 1913, N.F.H. 4, 1937, p. 7-90, 4 fig., 3 pi.
[15] H. THOMAS, Mémoire du C.R.A.P.E., 27, 1977, 122 p., 23 fig., 6 tabl., 3 pi.
[16] D. GERAADS, Bull. Mus. Hist. Nat., Paris, 4e série (3), section C, n° 1, 1981, p. 47-86.

Institut de Paléontologie humaine,


1, rue Rènè-Panhard, 75013 Paris.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série H, n° 17, 1985 1255

PALÉONTOLOGIE.
— Essai de phylogénie des Eupecora (Ruminantia, Artiodactyla,
Mammalia). Note de Léonard Ginsburg, présentée par Jean Piveteau.

L'étude des Lagomerycidae montre leur très forte ressemblance avec les formes primitives d'Antilocapridae.
Lagomeryx est aussi proche de Procervulus, genre qui est à la souche des Cèrvidae. Toutes ces formes ont des
bois caducs, par opposition au groupe Bovidae-Giraffidae-Palàeomerycidae-Dromomerycidaechez qui les
appendices frontaux sont persistants.

PALEÔNTOLOGY.
— A cladistic phylogeny of the Eupecora (Ruminantia, Artiodactyla, Mammalia).
The miocène european small deers Lagomerycids appear as very closed to the primitive pronghorns. On the
other hand, Lagomerycids are also very closed to Procervulus and Moschinae, the most primitive subfamily of
the Cèrvidae. Ail thèse animais wore decideous horns. The Bovids, Giraffids, Palaeomerycidsand Dromomery-
cids have permanent horns and I class theth together. The gully of the meiatarsial is closed in ail the Pecora
except in Giraffids and Bovids; it is an apomorphic caracter in this group.

Les Eupecora regroupent les Artiodactyles sélénodontes porteurs d'appendices fron-


taux. Dans la nature actuelle, ce sont les Cervidae, les Antilocapridae, les Giraffidae et
les Bovidae. Traditionnellement, les Giraffidae et les Bovidae, porteurs d'appendices non
caducs, sont regroupés ensemble par apposition aux Cervidàe, munis de bois caducs.
Entre les deux, les Antilocapridae ont été longtemps considérés comme intermédiaires,
car ils portent des cornes comme les Bovidae, mais l'étui tombe périodiquement, comme
les bois des Cervidae.
POSITION SYSTÉMATIQUE DES ANTILOCAPRIDAE.— Parmi les rares caractères qui permet-
tent de distinguer sur le squelette postcrânien les Bovidae des Cèrvidae est la présence,
chez ces derniers, d'un pont osseux recouvrant la partie distale de la gouttière de la face
antérieure du métatarse. Or chez les Antilocapridae la gouttière est fermée comme chez
les Cèrvidae. Leinders [1] s'est récemment appuyé sur ce caractère pour rapprocher les
deux groupes. On peut ajouter que la caducité des bois est liée au métabolisme du
calcium et a sans doute autant de valeur taxonomique qu'un trait de pure anatomie.
Enfin la structure de l'étui corné n'est pas identique chez les Bovidae et les Antilocapridae;
annelé chez les Bovidae, cet étui est formé chez les Antilocapridae de petites baguettes
longitudinales accolées. Les deux formations ne sont donc pas totalement homologues.
Elles dérivent toutes deux cependant des phanères que portent naturellement, comme
toute peau de Mammifère, les velours des bois de Cèrvidae ou la peau qui recouvre les
ossicônes des Giraffidae. Nous sommes donc tentés de placer les Antilocapridae près des
Cèrvidae.
LES LAGOMERYCIDAEET L'ORIGINE DES ANTILOCAPRIDAE. — Les Lagomerycidae apparais-
sent vers le milieu du Miocène inférieur (MN 3), en Europe. Leurs bois étaient caducs
comme le montre clairement la diversité morphologique des spécimens de bois trouvés
chez la seule espèce Lagomeryx praestans. Le bois juvénile de la figure 12 de Stehlin [2]
montré en plus une base en cupule creuse qui ne peut pas correspondre à une cassure
accidentelle mais que j'interpréterai comme la surface de dissolution ayant provoque la
chute dû bois. J'ai récolté des terminaisons de bois de Lagomeryx minimus présentantla
même base en cupule. Les bois étaient aussi fortement divergeant.
Or les bois des Lagomeryx ressemblent de très près à ceux des Merycodontinae, qui
sont des Antilocapridae primitifs. Chez Ramoceros et chez plusieurs: formes de Merycodus
les bois sont longs, fortement divergeant, sans rose, polymorphes et terminés par trois

0249-6305/85/03011255 $2.00 © Académiedes Sciences


1256 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série H, n° 17, 1985

Relations phylogénétiques des différentes familles de Pecora.


Les chiffres indiqués correspondent à ceux du texte.
Phylogeneticrelationshipsof the various Pecora familles.
The meaning of the numbers is explained in the text.

longs andouillers minces, lisses, non rectilignes. La ressemblance avec Lagomeryx praes-
tans est frappante. Il apparaît aussi que les bois des Merycodontinae étaient aussi caducs.
La série des bois de Ramoceros des figures 33-34 de Frick [3] est assez démonstrative.
Outre la formation d'une rose, on constate sur chaque bois de fortes différences dans la
longueur du pivot, en même temps que les pivots les plus courts sont les plus épais. J'ai
signalé [4] le même phénomène chez Heteroprox larteti et en ai conclu que les bois
tombaient périodiquement, emportant une partie du pivot et repoussaient ensuite au ras
du pivot, lequel s'épaississait avec l'âge. Enfin le dernier stade des bois de Lagomeryx
praestans est en forme de large empaumure à bord dentelé comme les bois de Ramoceros
coronatus, qui ne sont manifestement que le stade ultime dans la série des bois de
Ramoceros brevicornis.
Les Lagomerycidae et les Merycodontinae ont aussi en commun le métatarsien à
gouttière fermée et l'absence de pli protoconal aux molaires supérieures. Les Merycodonti-
nae se distinguent des Lagomerycidae par l'apparition de l'hypsodontie et l'absence du
pli palaeomeryx chez le groupe américain. Les deux caractères pourraient être liés. Il
apparaît une différence importante entre les Merycodontinae dont les bois tombaient et
les Antilocapridae chez qui seul l'étui corné tombe. Il est probable qu'au moins certains
Merycodontinae et peut être même certains Lagomerycidae portaient aussi des étuis
cornés, qui tombaient avec l'os.
LES PROCERVULIDAEET LES CÈRVIDAE. — Les genres Lagomeryx et Procervulus sont très
proches. On les a d'ailleurs longtemps classés dans la même famille des Lagomerycidae
([5], [6]). En particulier leurs bois, quoique dépourvus de rose, étaient caducs. J'ai en
effet observé sur de nombreux bois de Procervulus la même terminaison inférieure en
cupule que chez Lagomeryx. Leurs bois différent par le nombre d'andouillers et la surface
de la partie supérieure (caduque) du bois, qui est lisse chez Lagomeryx et parcourue de
rainures et de crêtes chez Procervulus. Une peau devait recouvrir le bois de Lagomeryx,
tandis que le velours devait tomber comme chez les Cerfs actuels et laisser le bois nu
chez Procervulus. La présence du pli protoconal sur les molaires supérieures rapproche
C. R. Acad. Sc, Paris, t. 301, Série II, n° 17, 1985 1257

aussi ce dernier genre des Cervidae du Miocène inférieur et moyen (Dicrocerus, Euprox)
et l'éloigné de Lagomeryx. Le bois de ces Cervidae se termine par une simple fourche, à
deux pointes.
LES PALAEOMERYCIDAEET L'ORIGINE DES BOVOIDEA. — La découverte d'ossicônes isolés,
attribués en vertu de leur taille à Palaeomeryx, a fait rapprocher ce genre des Giraffidae
([7], [8]). La découverte récente en Chine [9] de squelettes complets de Palaeomeryx a
non seulement confirmé l'attribution de ces ossicônes à Palaeomeryx, mais montré
l'existence d'une corne occipitale et donc avalisé le rapprochement fait par Crusafont
[10] entre Triceromeryx et les Dromomerycidae.
CLASSIFICATIONPHYLOGÉNÉTIQÙEDES EUPECORA.

L'arbre cladistiqueprésenté ici reflète
les grandes lignes de l'évolution des Eupecora, avec apparitions successives des apomor-
phies suivantes :
1. Pli palaeomeryx.
2. Eupecora : apparition d'appendices frontaux.
3. Cervoidea : appendices frontaux caducs.
4. Pli protoconal aux molaires supérieures,bois formé d'un merrain terminé par une fourche simple.
5. Cervidae : cercle de pierrure (=rose), bois cannelé. Puis au cours de l'évolution de la famille : complication
progressive des bois, tendance au déplacement vers l'arrière de la base du pivot osseux non caduc ( = pédicule),
perte des canines supérieures, perte du pli protoconal.
6. Bois à plusieurs pointes, pédicules divergeant vers l'extérieur. Étui corné?
7. Antilocapridae : hypsodontie. Formation d'un étui corné (?), puis chute du seul étui corné.
8. Bovoidea : formation d'ossicônes (non caducs).
9. Ossicônes frontaux terminés en bouton. Tendance à la formationd'un appendice osseux occipital.
10. Allongement des ossicônes.
11. Ouverture de la gouttière antérieure du métatarsien. Réduction des canines supérieures.
12. Giraffidae : canine inférieure bilobée.
13. Bovidae : chevilles osseuses terminées en pointe, formation d'un étui corné (persistant) à structure
concentrique. Hypsodontie.
Remise le 21 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] J. J.M. LEINDERS, Zeitsch. f. SSugetierkùnde, Hambourg, 5, 1979, p. 305-318. :


[2] H. G. STEHLIN, Verh. Naturf. Gesell, Basel, 48, 1937, p, 193-214,
[3] C. FRICK, Bull. Amer. Mus. nat.History, New York, 69, 1937, p. 1-669.
[4] L. GINSBURG et F. CROUZEL, Bull. Mus. nat. Hist. Nat., Paris, 3e sér., 399, 1976, p. 345-357.
[5] G- G. SIMPSON, Bull. Amer. Mus. Nat. Hist, New York, 85, 1945, p. 1-350.
[6] J. VIRET, Traité de Paléontologie,Paris, 6, (1), 1961, p. 887-1021.
[7] L. GINSBURG et E. HEINTZ, Comptes rendus, 262, série D, 1966, p: 979-982.
[8] L. GINSBURG, Comptes rendus, 301, série II, 1985, p. 1075-1078.
[9] QIU ZHANXIANG, Y AN DEFA, IIA HANG et SUN Bo, Vert. Palasiatica, 23, (3), 1985, p. 173-195.
[10] M. CRUSÂEONT-PAIRO, Traite de Paléontologie,Paris, 6, (1) 1961, p. 1022-1037.

Institut de Paléontologie du. Muséum National d'Histoire naturelle,


8, rue Buffon, Paris 750Q5.
OR. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 17, 1985 1259

MICROPALÉONTOLOGÏE.
— Inventaire préliminaire des Radiolaires des nodules
phosphatés des lydiennes dinantiennes de la Montagne Noire (Hérault, France). Note de
Françoise Gourmelon, présentée par Jean Aubouin.

L'auteur dresse un nouvel inventaire dés Radiolaires des nodules phosphatés des lydiennes tournaisiennes
(Carbonifère inférieur) de deux coupes du versant méridional de la Montagne Noire. L'utilisation du microscope
électronique à balayage permet une actualisation de la taxinomie élaborée par G. Deflandre.

MlCROPALEONTOLOGY. — Radiolariafrom phosphaticnodules of Lower Carboniferous lydites (Monta-


gne Noire, Hérault, France).
The author draws up the inventory of Radiolariafrom phosphatic nodules of Tournaisian (Lower Carboniferous)
lydites. collected on two sections belonging to the south side of the Montagne Noire. The use of the scanning
electron microscope allows a best regard on this exceptiondl fauna, previôusly described by G. Deflandre.

INTRODUCTION.

En Montagne Noire, les premiers Radiolaires des nodules phosphatés
ont été décrits par Rust[l]. De 1944 à 1973 ([2]-[19]), G. Deflandre en établit l'inventaire
non plus à partir de tests en section mais extraits de leur gangue. Le regain d'intérêt
porté aux Radiolaires paléozoïques dans le monde ainsi que le progrès des techniques
optiques m'ont incité à reprendre l'étude des Radiolaires dinantiens du Sud de la France.
Cette Note s'intègre dans le cadre d'une thèse en préparation traitant particulièrement
de la comparaison des microfaunes siliceuses de la Montagne Noire et des Pyrénées
centrales. Seuls les Radiolaires de la Montagne Noire seront évoqués ici, les Radiolaires
d'une des localités pyrénéennes étudiées ayant fait l'objet d'une publication antérieure [20].
CADRE D'ÉTUDE. — Deux coupes situées sur le versant méridional de la Montagne
Noire servent de support à cette étude : la coupe du Puech dé La Suque (unité structurale
du Mont Peyroux) et celle de la colline de Là Serre (unité structurale des « écailles de
Cabrières ») [21] (pi. I).
La coupe du Puech de La Suque; Cette coupe discontinue a fait l'objet d'études
antérieures ([22]-[26]). La portion de coupe échantillonnée est localisée sur le versant
sud-est du Puech de La Suque, à 2,2km au Sud-Est de Saint-Nazaire-de-Ladarez par la
route des «vignes» (D136) (carte 1/50000 Saint-Chinian; X = 661,15; Y = 134,8). Les
lydiennes (jaspes charbonneux), puissantes d'environ 25 in, sont intercalées entre les
calcaires noduleux « supragriottes » d'âge dévono-carbonifère à la base, et les calcaires
intermédiaires tôurnaisiens égalementnoduleux au sommet. Lés lydiennes, de teinte noire,
se présentent en bancs décimétriques qui alternent avec des inter-bancs schisteux. Les
nodules phosphatés sont de formé ellipsoïdale à subsphériqUe (diamètre compris entre 1
et 10 cm) et inclus indifféremment soit dans les bancs siliceux soit dans les inter-bancs
schisteux. Les lydiennes.ont été attribuées successivement au Dévonien [27], au Silurien
([28], [1]), au Tournaisien [29], au Viséen inférieur ([30], [22]), puis Coudray et coll. [23]
ont démontré à l'aide des Conodontes que la sédimentation siliceuse du Mont Peyroux
était comprise entre la base du Tournaisien moyen (Tn 2 a) et le Tournaisien supérieur
(Tn3c) soit de la partie inférieure de la Zone à Siphonodella crenulata à la partie
supérieure de la Zone à Scaliognathus anchoralis (datations effectuées dans les bancs
sous- et sus-jacents aux lydiennes). La découverte par Stoppel[25] des Conodontes
Gnathodus sp.juv. et Pseudopoiygnathodus triangulus pinnatus à la base des calcaires
intermédiaires remet en cause l'âge du sommet des lydiennes (Tn 2-3 au lieu de Tn3c).

0249-6305/85/03011259 S2.00 © Académie des Sciences


1260 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 17, 1985

La coupe de la colline de La Serre, tranchée D (pî. I) : La coupe échantillonnée est


une des tranchées réalisées par Michel [26], Elle est localisée sur le versant sud de la
colline de La Serre, à 550 m environ de la ferme « La Rouquette » et à 2,2 km au Sud
de Cabrières par la route menant à Néffiès (D 15) (carte 1/50000 Pézenas; X = 683,15;
Y = 3 140,25). Dans l'ensemble, la coupe de la colline de La Serre est beaucoup plus
réduite que celle du Puech de La Suque. Ainsi les lydiennes dont la puissance n'excède
pas 8 m, toujours intercalées entre les calcaires supragriottes à la base et les calcaires
sus-jacents à conglomérats de lydiennes remaniées. Les lydiennes gréseuses et carbonates
alternent avec des petits lits de shale charbonneux et sont pauvres en nodules phosphatés.
L'analyse des Conodontes réalisée par Stoppel[25] dans les bancs sous- et sus-jacents
révèle que la sédimentation siliceuse de la colline de La Serre est à rapporter entièrement
au Tournaisien supérieur, de la partie supérieure de la Zone à Siphonodella crenulata
(Tn 2-Tn 3 c inférieur) à la partie supérieure de la Zone à Scaliognathus anchoralis (base
du Tn 3 c supérieur).
Les Radiolaires des nodules phosphatés dinantiens de la Montagne Noire; inventaire
préliminaire. — Au Puech de La Suque, les nodules phosphatés de 13 niveaux successifs
et sur la colline de La Serre ceux de 4 niveaux ont fourni des Radiolaires identifiables.
Après l'extraction par voie chimique de leur gangue phosphatée (traitement à l'acide
chlorydrique puis à l'eau oxygénée), les tests siliceux ont été observés conjointement au
microscopeélectronique à balayage et au microscopephotonique, ceci afin d'obtenir deux
images différentes d'une même espèce, voire d'un même individu. A ce jour, 55 espèces
dont 14 inédites ont été identifiées. Ces dernières, appartenant aux genres Entactinia,
Astroentactinia, Helioentactinia, Polyentactinia, Spongentactinia, Çenosphaera, Triaenos-
phaera, Archocyrtium, Cerarchocyrtium, Ceratoïkiscum et Palaeoscenidium feront l'objet
d'une étude ultérieure.
Liste (non exhaustive) des Radiolaires, à l'exception des formes inédites : Entactinia
herculea[3l]; E. comeles[31]; E. crustescens[31]; E. micula [31] (=C. significans) [pi. II,
fig. 2 (Gx370)]; E. tortispina [32]; E. vulgaris [33] ( = H. ferox) [pi. II, fig. 1 (Gxl80)];
Entactinosphaeraechinata [31]; E. palimbola [31] [pi. II, fig. 4 (Gx 150)]; E. variacanthina
[31] [pl. Il, fig. 3 (G x 110)]; Polyentactiniapolygonia [31] [pi. 11,.%. 6 (G x 230)]; Spongen-
tactinia exilispina ([31], [20]) [pl. II, fig. 5 (Gx90)]; Helioentactinia polyacanthina
([31], [34]); Spongentactinella windjanensis [35] [pi. II, fig. 7 (Gxl80)]; Thecentactinia
riedeli ([31], [34]); Tetrentactinia quadrispinosa [31] [pi. II, fig. 8 (G x 210)]; Triaenosphaera
sicarius ([18], [20]); Pylentonema antiqua [13]; P. cibdelosphaera [31]; P. mendax [15];
P. prudentigerum [15]; P. serrensis [36]; Archocyrtium riedeli [15] [pi. II, fig. 9 (Gx 170)];

EXPLICATIONSDES PLANCHES

Planche I

Fig. 1. — Localisation géographique des coupes du Puech de La Suque (Mont Peyroux) et de la colline de La
Serre (écailles de Cabrières).
Fig. 1. — Location of Puech de La Suque (Mont Peyroux area) and Serre hill (écailles de Cabrières area)
sections.
Fig. 2. —
Profils stratigraphiques des séries dévonodinantiennes au Puech de La Suque et à La Serre, d'après
[24].
Fig. 2. —
Stratigraphie sections through Devono-Carboniferous séquences of Puech de La Suque and Serre hill,
after [24].
PLANCHE I/PLATE I FRANÇOISE GOURMELON
PLANCHE II/PLATE II
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 17, 1985 1263

Planche II

La légende de la planche II est dans le texte.


Plate II captions are in the text.

A. angulosum [15] [pl. II, fig. 13 (Gx230)]; A. casluligerum [19] [pi. Il, fig. 10 (Gx 170)];
A. diductum [19] [pl. II, fig. 11 (Gx310)]; A. dilatipes [19] [pi. Il, fig. 12 (Gx23Ô)];
A. ludicrum [19] [pl. II, fig. 14 (G x 270)]; A. slrictum [19] [pi. II, fig. 15 (G x 250)]; Palaeo-
scenidium cladophorum [6] [pl. II, fig. 24 (Gxl30)]; P. bicorne [10] [pi. II, fig.-25
(Gx 170)]; Popofskyellum pulchrum [13] [pl. Il, fig. 16 (G x 230)]; P. annulation [13] [pi, II,
fig. 17 (Gx210)]; P. undulatum [13] [pi. II, fig. 18 (Gx210)]; P. imilatum [15] [pi. Il,
fig. 19 (Gx210)]; Cenosphaera cabrierensis [18]; Albaillella paradoxa [6] [pi. II, fig. 20
(Gxl50)];A cornula [6] [pi. Il, fig. 22 (G x 170)]; A. undulala [6] [pi. Il, fig. 21 (G x 140)];
Ceratoïkiscum avimexpeclans [6]; C. planistellare [31]; Lapidopiscum piveteaui [9] [pi. II,
fig. 23 (G x 310)].
CONCLUSION. Le regain d'intérêt suscité dans le monde par les Radiolaires paléozoï-

ques a nécessité la révision de la microfaune de la Montagne Noire. 55 espèces de
Radiolaires ont été répertoriées dans les nodules phosphatés du Dinantien. 14 d'entre
elles sont inédites et de nombreuses autres sont recombinées ou redécrites grâce à de
nouveaux éléments morphologiques fournis par la microscopie électronique. D'un point
de vue paléogéographique, il semble que, globalement, les microfaunes à Radiolaires des
nodules phosphatés des lydiennes de la Montagne Noire, des Pyrénées centrales (coupes
du Pont de Saubette et de Peyresourde Balestas) et de Turquie (Formation de Baltalimaiu)
soient similaires. D'un point de vue biostratigraphique, certaines fluctuations de la
composition de la microfaune de la base au sommet de la série semblent significatives
d'une évolution chronologique. Cette brève étude n'est que le stade préliminaire d'un
travail plus complet dont l'objectif est d'élaborer une systématique logique des Radiolaires
tournaisiens afin de pouvoir utiliser ceux-ci à des fins paléogéographiques et biostratigra1-
phiques.
Remise le 14 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] D. RUST, Palaeontographica, 38, 1892, p. 107-192.


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1264 C. R. Acad. Sc. Paris, t 301, Série II, n° 17, 1985
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Laboratoire de Paléontologie et Stratigraphie du Paléozoïque,


U.E.R. Sciences, U.B.O., 6, avenue Le-Gorgeu, 29287 Brest Cedex,
GRECO 130007 C.N.R.S,
C. R. Acad. Sc; Paris, t. 301, Série II 3° 18, 1985 1265

MECANIQUE DES MILIEUX CONTINUS (PROBLEMES MATHEMATIQUES


DE LA MÉCANIQUE). — Dissipation dans le changement de phase. Surfusion. Change-
ment de phase irréversible. Noté de Michel Fréinond et Augusto Visintin, présentée par
Paul Germain.

On décrit certains phénomènes de retard au changement de phase, de surfusion et de changement de phase


irréversible. Les modèles décrivent, par exemple, le comportement de la prise thermique des colles, la cuisson
de certaines matières alimentaires... On donne un théorème d'existence et d'unicité pour les problèmes
mathématiques obtenus.

CONTINUUM MECHANICS (MÀTHEMATICAL PROBLEMS IN MECHANICS). — Dissipatioriviii


phase change. Surfusion, Irreversible phase change.
Phenomena of superheating and supercooling and irréversible phase change are déscribed. Models are given
for the thermal hardéning behaviour of glues, the cooking of certainJoods and for other applications. An existence
and uniquehess theorem for the resulting màthematicalproblemsis given.

Alors que la congélation de l'eau est parfaitement réversible, celle d'autres matériaux
peut présenter des irréversibilités. Après cuisson un oeuf ne redevient pas liquide lors du
refroidissement. La prise des colles thermo-durcissantes est un autre exemple de change-
ment dé phase irréversible. Dans cette Note nous donnons un modèle de ces phénomènes
dissipatifs incluant la surfusiom Le modèle est basé sur la thermodynamique des milieux
continus. Sa cohérence est assurée par des résultats mathématiques d'existence et d'unicité.
Soit un matériau se présentant sous les formes I et II au voisinage de la température
absolue de changement de phase T0. On appelle % la proportion volumique de la phase II

;e=T-T0). i
qui existe préférentiellemènt aux températures absolues T supérieures à T0 (on pose
._
1. ENERGIE LIBRE.

On suppose que l'énergie libre W est fonction des deux variables x
et T ayant l'expression suivante au voisinage de T0 :

où C est la capacité calorifique et u une constante dont on donnera la signification


physique; La fonction g(%) assure que % est compris entre 0 et 1; on peut choisir :

où.1! est l'indicatrice duvsegmenttO, 1] ,(li(%) = 0 si %E[0, 1], Ii(x) = + 00 si X^[0> 1]);''.' ;;
g2(%), fonction convexe, régulière^ positive dont le domaine est (0, 1).
2. CONSERVATIONDE L'ÉNERGIE. —. L'expression de l'énergie spécifique :

montre que iiTo — L est la chaleur latente spécifique de changement de phase. En


utilisant la loi de Fourier et en négligeant tout effet mécanique (convection, puissance
^mécanique,...) la conservation de l'énergie donne :

(p est la masse volumique, k la conductivité thermique, r le taux de production de chaleur


volumique).

-0249-6305/85/03011265 S 2.00 © Académie des Sciences

C R., 1985, 2e Semestre (T. 301) /Série II—90


1266 C R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série H, n° 18, 1985
3. SECOND PRINCIPE DE LA THERMODYNAMIQUE.

Il exprime que la dissipation
intrinsèque [5] :

est positive pour toute évolution %. Cette relation (3) est assurée par la loi de comporte-
ment complémentaire :

où <fr est un pseudo-potentiel de dissipation convexe, positif, nul à l'origine, dépendant


éventuellement de 9 ou %. On peut faire les choix suivants.
3.1. Comportement non dissipatifs= 0). — On a alors avec les deux choix de g :

qui exprime que tout le changement de phase a lieu à 0=0 :

en assimilant T à T0 dans T (dgz/d%), qui exprime qu'une partie'du changement de phase


a lieu à 0=0, le reste se faisant autour de 0 comme c'est le cas pour la congélation des
sols fins humides [2].
3.2. Comportement dissipatif. — 3.2.1. Retard au changement de phase. — On choisit :

qui donne d'après (3) avec les deux choix de g :

La fonction positive r](0) décroît lorsque |0j croît pour représenter l'accélération du
changement de phase lorsqu'on s'éloigne de 0. On décrit ainsi les phénomènes de retard
au changement de phase et de surfusion déjà abordés ([4], [8], [9]).
3.2.2. Changement de phase irréversible. — On choisit :

où I2 est l'indicatrice de l'ensemble convexe [0, + oo). La vitesse % est alors toujours
positive et le changement de phase irréversible. On décrit ainsi l'effet de la chaleur sur
certaines matières alimentaires et sur des produits thermo-durcissants comme certaines
colles. Les deux choix de g donnent :
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 18, 1985 1267

Les équations décrivant l'évolution de la température 0 et de la teneur x en la phase II,


dans un domaine rempli d'un tel matériau, sont l'équation (2) et l'une des équations (5)
à (10) complétées par des conditions aux limites et initiales. Le choix de (5) ou (6) donne
un problème de Stefan maintenant classique [1], [3].
Les choix (7) à (10) donnent des formulations variationnelles pour lesquelles on donne
des théorèmes d'existence déjà donnés pour certains modèles dans [7] et [9].
4. RÉSULTATS MATHÉMATIQUES. — Soit O un domaine borné et régulier de R3 et
l'intervalle de temps ]0, f[(Q=Qx]0, T[). On pose :

Soit encore :
(11) M : M -» IRU { +oo}, une fonction convexe, semi-côntinùe inférieurement dé
domaine [0,1],

On veut résoudre le proMème P : : 0^ ;'V-

Remarques.
limite de Neuman classique (flux de chaleur imposé).
(1) L'équation (13) est équivalente à (2) complétée par une condition à

(2) L'équation (14), dont (7) et (9) sont des Cas particuliers, est équivalente à l'inéqua-
tion variatiorinelle :

alors vie problème P a au moins une solution telle que :

Si $ est lipschitzienne la solution de P est unique et dépend continûment des données 0°,

La démonstrationdu théorème se fait par régularisation et passage à la limite par des


méthodes de monotonie et compacité utilisant des résultats de [6] et [7]:
1268 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 18, 1985

Le théorème s'applique aux choix (7) et (9). On démontre des théorèmes analogues
pour les choix (8) et (10).
Les équations (5), (7), (9) et (10) peuvent être approchées par des équations plus
régulières adaptées au calcul numérique. C'est le cas de l'équation (9) que l'on peut
approcher par :

On peut démontrer la convergence des solutions approchées. Les équations (6) et (8)
peuvent aussi s'interpréter comme des approximations de (5) et (7).
Remise le 14 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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paraître).

M. F. : Laboratoire central des Ponts et Chaussées,


58, boulevard Lefebvre, 75732 Paris Cedex 15;
A. V. : Istituto ai Analisi Numerica del Consiglio Nazionale délie Ricerche,
Palazzo dell'Université, Corso Carlo Alberto, 5, 27100 Pavia, Italie.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 18, 1985 1269

MÉCANIQUE DES,. FLUIDES. Champ aérodynamique moyen tridimensionnel à



l'intérieur d'un assemblage d'aiguilles de réacteur nucléaire à neutrons rapides. Note de
Jean-ÇIaudeRodet et Georges Charnay, présentée par Robert Dautray.

A l'intérieur d'assemblages constitués de 19ou aiguilles espacées par des fils enroulés hélicoïdalement, les
3
champs des composantes transversales et longitudinales de la vitesse sont relevés. L'analyse porte
moyenne sur
les déviations de l'écoulement et 1a reconnaissancede zones caractéristiques.

MECHANICS OF FLUIDS. — Three-dimensionalflow inside wirewrapped bundles of a liquid-metal fast


breeder reactbr.
The axial and crossflow compônents of the mean velocity are measured within a 19 or 3-rod wire wrapped
bundle. Flow deviations and recognition of characieristic areas are afterwards analysed.
_

La connaissance duchamp cinématique moyen à L'intérieur des réacteurs nucléaires


refroidis au sodium liquide est d'intérêt pour divers aspects énergétiques et thermiques.
La présence de fils espaceurs enroulés hélicoïdalement autour des aiguilles constituant
un faisceau de réacteur génère un champ de vitesse typiquement tridimensionnel.
L'étude présentée porte sur un modèle utilisant l'air: comme fluide et vérifiant la
similitude de Reynolds vis-à-vis de l'installation réelle. Un assemblage de 19 éléments est
essentiellement éprouvé avec des aiguilles d'un diamètre D=100mm, de longueur L = 6m

1)
équipées de fils espaceurs d'un diamètre d=-15mm avec un pas hélicoïdal P = l,5m.
L'ensemblejointif, d'un pas a=D+d= 115mm est disposé dans un boîtier hexagonal de
306mm de côté(fig.

Fig. J. Représentation de la section droite du faisceau de 19 aiguilles



et du champ moyen des composantes transversales de vitesse,

of
Fig. 1. Scheme of the bundle crossflow section and of the mean field
the velocity crossflow components.

0249-6305/85703011269 $2.00; © AcadémièdesSciences

C.R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II —91


1270 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 18, 1985

Fig. 2. —.
Représentation de la section droite du faisceau de 19 aiguilles
et du champ moyen des composantes longitudinales de vitesse.
Fig. 2. — Scheme of the bundle cross section and of the mean field
of the axial velocities components.

Fig. 3. (a) Champ moyen des composantes transversales de vitesse dans un sous-canal intérieur au faisceau

de 19 aiguilles. (6) Champ moyen des composantes longitudinales de vitesse dans un sous-canal intérieur au
faisceau de 19 aiguilles.
Fig. 3. —
(a) Meanfield of the velocity crossflow components in a subchannel inside the 19-rod bundle. (b) Mean
field of the velocity axial components in a subchannel inside the 19-rod bundle.

Avec un débit total de 1,05 m3/s et un diamètre équivalent de 41,1mm, la vitesse


débitante et le nombre de Reynolds s'établissent respectivementà ll,8m/s et 32200. Le
paramètre géométrique V = (a/D)1/2 + [C1 (a/p)(a/D)2]c2 (C1; C2 = Cte), défini par
Rehme [1], prenant en compte la composante transversale, vis-à-vis d'une loi de perte de
charge sans fil espaceur, égal à 1,63, introduit un nombre de Reynolds corrigé par un
facteur 1,28.
Ç. R. Aéad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 18, 1985 1271

Fig, 4. —
Représentation de la section droite du faisceau de trois aiguilles et des champs moyens
des composantes longitudinales et transversales de vitesse dans cette section.
Fig. 4. — Schemè of the 3-rodbundle cross section and of the meaif fîelds ofthe velocity axial
and crossflow compônents within this section.

Les mesures sont effectuées dans une section droite située à 25 cm soit 1/6 de pas en
amont de la section de sortie afin de s'affranchir des perturbations avales. Compte tenu
d'une double périodicité, celle du pas .p du fil dans le sens longitudinal et celle à 60° de
la position relative fil-boîtier dans le sens transversal, l'écoulement moj'én est périodique-
ment invariant tous les 1/6 de pas.
La particularité de l'écoulernent consiste en l'existeqce de composantes transversales
de vitesses dans une section droite. Détectées par anémométrie à fils chauds avec Une
sonde orientable à deux capteurs [2], elles sont représentées sur la figuré 1. Il apparaît un
écoulementpériphérique dont l'importance est liée à la position des fils ([3], [4], [5]) avec
des, modules pouvant atteindre 0,6 fois la vitesse débitante et des mouvements internes
reproductibles d'un sous-carial à un autre (par exemple ;19,21.23.25), D'importants trans-
ferts existent entre sous-canaux de la périphérie vers l'intérieur (n° 18 vers n° 19) ainsi
qu'à l'intérieur (n° 19 vers 20 et 30). L'obstruction des cols par le fil provoque une
déviation brusque de l'écoulement transversal avec mise en évidence d'un tourbillon
(exemple sous-canal n° 19 et figure 3 a).
La carte des composantes longitudinales (fig. 2) révèle, sur la périphérie, des modules
de vitesse variant en sens inverse de ceux des composantes transversales, ceci en relation,
entre autres, avec les positions relatives du fil espaceur et du boîtier. La reproductivité
des écoulements dans les canaux internés se trouve confirmée.
Au niveau des cols intérieurs situés à +60° par rapport; aux cols obstrués par les fils,
les composantes longitudinales U et transversales V deviennentsimultanément maximâles
avec des valeurs typiques de 12,5 et 4'm/s (fig. 3 a et b). La composante V est tangente à
l'aiguille, mais la vitesse résultante a une inclinaison de 18° sur l'axe du faisceau soit 6°
de plus; que l'angle de l'hélice d'enroulement [3]. L'écoulement est donc caractérisé par
une rotation plus rapide que celles des fils [4] qui contribue ainsi à augmenter les vitesses
transversales sur la périphérie.
Les informations expérimentales obtenues avec un assemblage à trois aiguilles, avec
des caractéristiques géométriques a/D et a/p identiques (fig. 4) tendent à confirmer
l'idée [1] selon laquelle le nombre d'aiguilles n'influe que faiblement sur les évolutions
respectives des composantes longitudinales et transversalesde vitesse. "„
1272 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° .18, 1985

Ces résultats obtenus et présentés dans un repère lié au boîtier et aux aiguilles décrivent
un écoulement tridimensionnelstructuré, avec une zone périphérique et Une zone centrale
divisée en sous-canaux semblables.
Remise le 22 octobre 1984, acceptée le 14 octobre 1984.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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École centrale de Lyon, Laboratoire de Mécanique des Fluides,


Laboratoire associé au C.N.R.S. n" 263,
36, avenue Guy-de-Collongue,B. P. n° 163, 69131 Écully Cedex.
C. R; Acad. Sc; Paris, t.. 301; Série II, n° 18,1985 1273

ONDES ET VIBRATIONS. —Mouvement d'une corde vibrante qui oscille en présence


d'un obstacle voisin de la position.d'équilibre. Note de Henri Cabannes, Correspondant de
l'Académie,

Une corde vibrante oscille dans un. plan en présence d'un obstacle voisin de la position d'équilibre delà.
corde.: La corde étant initialement au repos dans une position dite.«corde pincée» on démontre que, si
l'obstacle est suffisamment voisin de la position d'équilibre, le mouvement est périodique.

WAVES AND VIBRATIONS,— Motion of a vibrating string which;oscillâtes in présence of an obstacle;,


close to the equilibriumposition.
A vibrating string oscillâtes in a plane in prèsence of an obstacle close la the equilibrium position of the
string. The string being. initially at resi in et position of the so called spinched string we prove that if the
obstacleis sufficiently close to the equilibrium position, then the motion is périodic.

L ÉNONCÉ DU PROBLÈME. - Une Corde vibrante oscillé dans un plan rapporté à un


repère orthonormé x, M. La cqrdeest fixée à ses deux extrémités (x=+0,5, w = 0) et la
position à l'instant t du point d'abscisse x est désigné par u (x, t). En l'absence d'obstacle
le mouvement de la cordé, l'oscillation libre, est déterminé par les conditions suivantes ::

Les fonctions a (x) et P(x), conditions initiales sont données, et on a


-a(±;0,5) = P(±0,5) = 0.
Nous supposons que la corde oscille au-dessus d'un obstacle u=%q> (x) passant par les
extrémités de la corde (tp(±0,5)=0); la dérivée cp'(x) est supposée bornée : |cp'(x)|^B,
et X désigne un paramètre.
La cprde rebondit sur l'obstacle suivant les lois de la réflexion parfaite :

Dans un travail antérieur (1), itous avions constaté que pour les obstacles u = A.sin2nx,
et les conditions initiales et(x) = cosnx, p(x) = 0, le mouvement de la corde [solution du
problème (1)-(4)] est périodique dès que le paramètre X est suffisamment petit (6|A.|:SÏ)1
L'objet du présent travail est une généralisation de ce résultat; les conditions initiales
sont celles de la corde pincée :

2. ÉTUDE DU MOUVEMENTDE LA CORDE. Aussi longtemps que la corde n'a pas heurté

l'obstacle son mouvement est l'oscillation libre u(x, t) = w(x, t). Nous étudierons la
fonction u (x, t) dans la bande (3d) ( —0,5=x^0,5, r 0) du plan x, l (fig. 1), et nous
=
;0249-6305/85/03011273 $2.00 © Académie des Sciences
1274 G R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 18, 1985

introduisons les variables caractéristiques Ç = r + x, ri=r—x. Pour ^_aour| = —cona


w (x, t) = à (x), et dans le rectangle a ^ ^ 1 — a, — a ^ r) ^ 1 + a :
_

Le premier contact de la corde avec l'obstacle a lieu suivant la courbe w(x, t) = A,<p(x),
soit :

Choisissant |À,|B^1, on a, quel que soit a, \x'1(x)\ = \dx1fdx\^l, et la courbe (7)


représente la première « ligne d'influence » ([2], [3]).
Dans la région (Rx) [Ç_l—a, r) l +a, t'^x1 (x)], le mouvement de la corde, mouve-
= forme
ment après le premier rebond, est de la u (x, t) = u% (x, t) =f (£,) +g (ti); les fonctions
f(Q et g(r|) sont déterminées par les conditions de rebond :

les droites ri=Cte et £,


= Cte issues d'un point M de la région (R2) coupent la courbe de
contact ' t=t1(x) en P et Q respectivement. Oh a alors les relations (9); on obtient
ensuite par dérivation de la première relation (8), des relations (9), puis intégration, les
/
relations (10) qui, avec les relations (9), définissent les fonctions (£,) et g (r\) :

L'oscillation libre qui suit le premier rebond se trouve entièrement déterminée. Dans
la région (Rj) on calcule :

Comme on a déjà choisi |A,|B_-1, du1/dt est positif et la corde ne rencontre pas
l'obstacle en dehors de la courbe t = x1 (x) dans la région (Rx).
Dans la région (R2) (!;< 1 — a, r\ g l +a) de la bande (3§) on a

La caractéristique ri = Cte issue d'un point M de la région (R2) coupe la droite x= —0,5
en un point R. Comme u2 (R) =0 et riM = r)R on a :
C. P. Acad. Sc, Paris, t. 301, Série II, n° 18,1985 1275

Fig. et 2. — Mouvement périodique de; la corde.


1
Figs. 1 and 2. — Periodic motion of the string.

£,!, XJL, x2 désignant,des; valeurs particulières de £,R et x. Oh en déduit :

/ Ainsi, si on choisit X.telque l'on ait 3 [A,|B_1, la corde ne rencontre pas l'obstacle
-dans la région : (îf2), ni dans;; la région (R3) i(|_l—a, r\:g 1 +a), où
:u(x;t^-u3(x,t)=g(rfy-g(^--i)
.: 3. :CÀS DES OBSTACLES SYMÉTRIQUES, :ft On déduit des résultats1 précédents que si l'obs-
tacle admet un centre de symétrie (cp(—x)=—cp(x)) la vitesse de tous les points de la
corde s'annule à l'instant t=l. En effet, dans les formules (9) et (10) le changement de
XQ en —xQ entraîne le changement de % en 1 —i; et de/en —/; donc/(l — ^)= —/(E) et
J' (l-ïÙ=f (g). Demêmeg(l-Ti)= -g(ri)etg-'(l-ri)=g(ri), on à :

/Puisque la corde est au repos à l'instant t=1 et que l'équation (1) ne comporte que la
dérivée seconde d2u]dt2,. on a u(x, 2—r) = w(x, f); le second contact a lieu à l'instant
rt=t2(x)==2^i;i(x) et à l'instant -r=2 on est ramené aux conditions initiales.
THÉORÈME. — Une corde vibrante, fixée à ses deux extrémités, initialement au repos
dans la position, dite « corde pincée», oscille en présence de l'obstacle w = A.cp(x) passant
par les extrémités de la corde. Si la fonction cp(x) est impaire et si \X\ est assez petit le
mouvement est périodique et la période possède la même valeur que dans l'oscillation libre.
4. REMARQUES. —
En imposant des restrictions à l'obstacle et aux conditions initiales,
on peut obtenir des propriétés supplémentaires. Sans entrer dans le détail de calculs qui
1276 C R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 18, 1985

Fig. 3 Fig. -
4
Fig. 3 et 4. — Cas des obstacles (p (x) = — cp (—x) = (p (. 5 x).
Figs. 4 and 5. — Case of obstacles <p(x)= — cp(—x)= (p(. 5—x).

seront donnés dans une publication ultérieure nous indiquerons deux résultats relatifs au
cas a = 0 (corde pincée symétrique).
(a) Si on a cp(0,5 — x) = cp(x) (demi-obstacles x>0 et x<0 admettant un axe de
symétrie), à l'instant f = 0,75 la position de la corde est symétrique par rapport à l'axe
x = 0 et l'arc — 0,25 _x:g 0,25 est rectiligne parallèle à la position d'équilibré ( fig. 3 et
4).
(b) Si xcp"(x) a un signe constant (obstacle n'ayant pas de point d'inflexion autre
que l'origine) la valeur maximale de |X\ pour laquelle le mouvement est périodique est :

Remise le 28 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] H. CABANNES, Comptes rendus, 301, série II, 1985, p. 125-129.


[2] L. AMERIO et G. PROUSE, Rend. Matematica, 8, 1975, p. 563-585.
[3] A. HARAUX et H. CABANNES, Nonlinear analysis, Th., Meth. and Appl, 7, 1983, p. 129-141.

Laboratoire de Mécanique théorique associé au C.N.R.S., U.A. n° 229,


Université Pierre-et-Marie-Curie, 4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05.
C. R. Acad. Sc.
Paris,
t.301,
Série 1985
II,n°18, 1277

METODES
NUMERIQUES
APPLIQUEEES
A
LA
MECANIQUE -
numériquepour l'étude des singularités de bord dans les composites. Norz sz Dominique
Leguillon et Enrique Sanchez-Palencia, présentée par Maurice Roseau.
Une méthode

L'étude
de l'initiationdudélaminage
les plisd'un
àl'interface
entre matériau lamifié est abordée par l'étude
des solutions singulières du problème de l'élasticité. Une méthode de calcul peu coûteuse est présentée,

permettant d'obtenir ces solutions. Un résultat d'existence est également proposé dans un cas particulier.

materials
COMPUTATIONNAL MECHANICS

Initiation of delamination

study of singularsolutionof the elasticity problem. A rather


along the interface
- A numerical method to study the edge singularities in comppsite

between the components of a lamifield material is approched by

the cheap computation method is proposed to


obtain these solutions. An existence theorem is also given in a special case

1. INTRODUCTION. - La première, manifestation de


l'endommagement des matériaux;
statifiési apparaît, notamment en fatigue, sous forme de délaminage, sur les surfaces
externes du matériau, aux interfaces entre les plis. Comme pour là mécanique de la
rupture, l'approche mathématique d'un tel problème peut se faire par l'étude des solutions
singulières du problème de l'élasticité linéaire bidimensionnelle dans, un voisinage, des
pointe mentionnés ci-dessus (c^];i]/[2i pour la théorie de telles solutions singulières).
Plus précisément, si on considère leRomaine défini en coordonnées polaires (r, 0) par

o est limité
i0| séparés par une (ou plusieurs) interface rectiligneT. La rectitude des frontières et

forme
et
des interfaces s'entend: dans un voisinage de Torigine O. Le problème revient à trouver
des solutions de la
::(^ ;\ ;::;'-^ _':-^ëc''^p^<;R^afcl^-^vv\:.-î;'
>
au problème dêfini par les équations

les fonctions aijkll définissant la rigidité élastique sont supposées ne dépendre que de 8
dans un voisinage de 0.
Il convient d'ajouter les conditions de transmission sur F :

(5) [M;]=0; [aynj] = 0; i,j=l,2,


où n' est défini sur la figure 1 et [.] désigne le saut à travers r, et des conditions de bord
libre sur E, et £2 :
(6) o-0.J7J = 0; i,j=l,2.
Remarque.L'exposé suivant demeure valable pour d'autres conditions aux bords

homogènes (Dirichlet, Périodicité).
0249-6305/85/03011277 $2.00 © Académie des Sciences
1278 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série H, n° 18, 1985

La solution (2) est telle que la contrainte a-> H-co lorsque 7'->0 et est de classe H1
dans un voisinage de 0.
Différents travaux ont déjà été menés par des méthodes analytiques pour déterminer a
et M(6) dans un certain nombre de cas simples, citons par exemple [3], Ils s'avèrent
cependant d'une complexité insurmontable dès que l'on s?écarte de ces cas simples.
Nous proposonsici une méthode numérique peu coûteuse pour obtenir oc et u (9) dans
des situations inabordables par lés méthodes analytiques (plus de deux; milieux, milieux
non isotropes).
Les résultats présentés ne concernent que le cas où a est réel mais la généralisation au
cas a complexe est immédiate et la programmation est actuellement en cours.
2. MISE EN OEUVRE DE LA MÉTHODE. — Classiquement, sont associés au problème de
l'élasticité l'espace de Sobolev H1 (Q) 2 et la forme bilinéaire :

Pour rechercher des solutions de la forme (2) on pose :

où 2> (0, +oo) désigne l'espace des fonctions indéfiniment différentiables à support
compact dans ]0, + oo[. M défini par (8) n'appartient pas à H1 (Q)2:mais (7) a cependant
un sens.
La substitution de (8) et (9) dans (7) conduit à :

F et <D sont des formés bilinéaires continues sur H (0, w) qui dépendent linéairement
du paramètre <x.
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 18,1985 1279

a(u, v)

0,Vv défini par (9) équivaut alors à :

Ce problème est donc ramené à un problème aux valeurs propres implicites pour (10),
Après discrétisation H,' (0, ro) 2 de l'espace H1 (0, co) 2 par éléments finis unidimensibn-
nels, le problème du calcul de a se réduit à résoudre :

où {i;1 },-=liN désigne la base élément fini de H,*(0, OÙ)2.


La valeur du déterminant de la matrice non symétrique (11) est obtenue par factorisa-
tion LU avec échanges. La méthode de régula falsi fournit la valeur du zéro.
Des précautions importantes doivent être apportées tout au long des calculs menés en
double précision : normalisation des termes diagonaux de U, initialisation correcte: de
l'algorithme de recherche du zéro. Le vecteur propre M (0) est obtenu ensuite par itérations
inverses.
Des calculs ont été menés pour deux matériaux renforcés par des fibres longues ^
unidirectionnelles en fonction de l'angle entre la direction d'orthotropie de chacun de ces
1280 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301,;Série II,.n° 18, 1985

matériaux et montrant l'évolution de la singularité lorsque cet angle varie de 0 à TC/2 [4].
3. DÉPENDANCE PAR RAPPORTAUX COEFFICIENTS [5].

Seul le cas réel a été abordé dans
ce qui précède. Mais la généralisation au cas complexe est immédiate. Les formes a et a
étant sesquilinéaires, il faut rechercher oc dans la bande du plan complexe définie dans (2).
Dans ces conditions, la forme sesquilinéaire a forme une famille holomorphe de type B
à résolvante compacte. (11) se ramène à une variante du théorème de Smulyan
([6], p. 370). Les exposants a forment un ensemble discret du plan complexe. On renvoie
à [7] pour l'étude de la dépendance de a par rapport aux coefficients d'élasticité dans
des cas analogues. Il apparaît que les valeurs de a sont des fonctions localement
algébriques des coefficients.
En application, considérons le problème de l'élasticité dans un milieu homogène
isotrope avec co = 7r/2, la condition (6) pour 0 = 0 et la condition de Dirichlet u = 0 pour
6 = 7t/2. Ce problème possède une solution singulière connue [2]oc°. Considérons mainte-
nant deux milieux occupant les régions :

dont les modules d'Young sont dans un rapport s. Lorsque e -» 0 (le milieu 2 devient
infiniment rigide par rapport au milieu 1), l'étude de a est un problème de perturbation
raide aux valeurs propres implicites et l'on établit qu'il existe oc holomorphe de s pour s
suffisamment petit prenant la valeur a0 pour s = 0.
Ce résultat peut être illustré par la figure 2 où on a porté l'évolution de a en fonction
de 8 pour v = 0,2 et v = 0,35. A l'extrémité de chaque courbe sont portées les valeurs de
oc calculé (s =
10~ 4) et cx° connu [2].
Remise le 7 pctpbre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] P. GRISVARD, Elliptic équations in non smooth domains, Pitman, Londres, 1985.
[2] P. GRISVARD, Prépublicatipns mathématiques, Université de Nice, n° 45, 1984.
[3] J. P. DEMPSEY et G. B. SINCLAIR, J. Elasticity, 11, 1981, p, 317-327.
[4] D. LEGUILLON et E. SANCHEZ-PALENCIA (à paraître).
[5] E. SANCHEZ-PALENCIA, Sur l'homogénéisation,Cours Ç.I.S.M., 1985 (à paraître).
[6] T. KATO, Perturbation theory for linear operators, Springer, Berlin, 1966.
[7] R. OHAYON et E. SANCHEZ-PALENCIA, R.A.I.R.O., Analys. Num., 17, 1983, p. 311-326.
, -

Laboratoire de Mécanique théorique associé au C.N.R.S. (U.A. n° 229),


Université Pierre-et-Marie-Curie, Tour 66,
4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05.
C.
R. Paris, t 301,
Acad.
Sc Série II, n° 18,1985 1281

Lacombe.
présentée
ÉLECTROCHIMIE. —- Étude des diagrammes d'impédance électrochimique dans le cas
d'une distribution des constantes de temps de relaxation ; application au cas d'armatues de
béton. Note de FrançoisWenger,

Les diagrammesd'impédance
Jacque
Galland
et
Lionel
Lemoine,

électrochimiquesont
ed
souvent
formés
par Paul

plusieurs arcs de cercles se superposant.


En désaccord avec les prévisions théoriques, les centres deces arcs ne sont pas surl'axe réëldu plan complexe.
Afin de caractériser et de comparer quantitativement les diagrammes d'impédance expérimentaux. nous propo-
mesures de cpnstante

time constants, case of steel in concrete.


diélectrique.
sons d'utiliser une formule empirique, semblable à la relation,proposée 5#';'Ki..S.:.;-gt/JR..-;H.CPle ppiir rendre
compte des
ELECTROCHEMISTRY- Electrochemical impedance diagrams in

The electrocchemicalimpédance diagrams are often


the case of a distribution of relaxation

mode up of several overlapping sèmicircles. In opposition


to theoretical expectation the centers of the semicircles are not on the real axis.of the complex plane. In order
to characterize and compare experimentalimpedancemeasurements quantitatively, propose to use an empirical.
formula, similar to the relation given by K. S R. H. Cale account for dielectric constants measurements.
and

INTRODUCTION L'étude de la littérature montre que la plupart des diagrammes



d'impedance êleçtrochirnique, notamment dans le cas de la corrosion, sont constitués
d'arcs de cercles dont les centres contrairement ce que prévoient théoriques;
habituellement utilisés, ne sont pas situés
sur
l'axe
des
réel
:lcentrés
esdesarcs capacitifs,
dans le demi-plan supérieur,ssous
ont
l'axe.
Ceux
ces
arcs
inductifs
dans le demi-plan
inférieur, sont au-dessus de cet axe. Si cet écart parrapportàlathéorie est trop
important, l'analyse et la simulation des diagrammes expérimentauxne peuvent être

des diagrammes.
réalisées a l'aîde de modèles des mécanismes réactionnelsoudceircuts
lents, et l'on doit alors se contenter d'une interprétationincertaineetpurement

-
DESCRIPTIONDU MODELE Un phénomène comparable à celui que
équiva-
électriques

qualitative

nous venons de
décrire affecte les diagrammes en arcs de cercles donnant l'évolution de la constante
diélectrique complexe des solides et liquides en fonction de la fréquence du signal
harmonique de mesure. Par analogie avec l'expression empirique proposée par K. S. Cole

Fig. L —. Arc de cercle capacitifde centre,situé sous l'axe réel.


Fig. 1. Capacitive arc of a circle wiih center below the real axis.
Fig. Circuit électrique équivalent utilisé
2, —

pour simuler les diagrammes d'impédance à deux arcs capacitifs.


Fig. 2-Equivalent electrical circuit used
to calculate impedance diagrams with two capacitive arcs.
p249-!6305j(85/03Q11281 $2.00;;© Académie des: Sciences
282 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 18, 1985

Fig. 3. —
Diagramme d'impédanceélectrochimique de l'armature dépassivée d'une éprouvette de mortier,
au pptentiel de cprrosipn ( —700mV/ECS).Fréquences en hertz, (a) expérimental; (b) simulé.
Fig. 3. — Electrochemicalimpédance diagram of a depassivatedmild-steel bar in a mortar sample,
at the corrosionjpotential{—lOOmV/S.C.E.). Frequencies in hertz, (a) expérimental; (b) calculated.

et R. H. Cole [1] pour rendre compte de ces mesures, nous avons utilisé pour décrire
chaque arc capacitif dés diagrammes d'impédance électrochimique,l'expression suivante :

avec;'2=—1 et 0<oc<l.
eo est la pulsation du signalde mesure et x0 la constante de temps moyenne du
processus de relaxation à l'origine de l'arc (relaxation due à la capacité dé double couche,
ou relaxation de la concentration superficielle d'une espèce intermédiaire de réaction
adsorbée sur l'électrode). R„ est la limite réelle « haute fréquence » de l'arc (co -» oo) et
Roe + A la limite réelle « basse fréquence » (oe-vO). (1 a)7i est l'angle au centre sous-

tendu par l'arc ( fig. 1).
Des diagrammes constitués de deux arcs capacitifs centrés sur l'axe réel peuvent être
simulés à partir du circuit électrique de la figure 2, dont l'impédance s'écrit :

Si les centres des arcs sont sous l'axe réel, il n'est plus possible de définir un circuit
électrique équivalent, tel celui de la figure 2, mais les diagrammes peuvent être simulés à
partir de l'expression (2). En identifiant (3) et (1), on déduit qu'un arc capacitif centré
sous l'axe réel se calcule à partir de (3) en prenant :

avec : R1=Roe; R2=A; 0<a2<l.


Un diagramme à deux arcs capacitifs centrés sous l'axe réel peut être calculé par la
formule (2), en prenant pour Cx une expression semblable à (4), faisant intervenir
respectivement Rls T01, a1 au lieu de R2, x02 et a2.
ANALYSE D'UN CAS EXPÉRIMENTAL.

Un tel modèle nous a permis d'exploiter et de
simuler de manière très satisfaisante la partie « basses fréquences » des diagrammes
obtenus sur un tronçon d'armature en acier doux noyé dans du mortier [3]. La figure 3
CM Acad. Si:Paris, t. 301, SérieU, n° 18, 1985 1283

Fig. 4. —
Fonction de distribution de là constante de temps T d'après [1],
calculée, par l'expression (5). ppur a=0,23.
Fig. 4. —
Distributionfunction of the time constanti (from [1]),
calculated with relation (5) and a=0.23.

représente les diagrammes expérimental et simulé d'un tel type d'éprouvette au potentiel
de corrosion. Dans le mortier l'àcièrést partiellement au contact du liquide interstitiel,
électrolyle alcalin provenant de l'excès d'eau de gâchage. Des chlorures ont été introduits
dans le mortier, et l'acier, dépassivé, se corrode. A l'aide de l'expression (3) et d'une
méthode de moindres carrés, nous calculons, pour chaque arc du diagramme expérimental,
les valeurs de Rw A, x0 et a. Le diagramme simulé a été obtenu à partir des valeurs
suivantes, ainsi déterminées V

Sur là figure 3* les diagrammes ont été représentés après décalage de—-Roe parallèlement
à l'axé des réels. En ce qui concerne la qualité de l'ajustement ainsi effectué, on peut
préciser que les; paramètres caractéristiques des deux arcs de cercle capacitifs du dia-
gramme expérimental ont été obtenus à partir des domaines de fréquences 1-0,016 Hz
(lOïpoints de mesure) et 0,0016-0,00016Hz (6 points de mesure). Les erreurs relatives
moyennes sur les rayons des arcs ainsi déterminés sont respectivement de 0,35 et 1,2.%..
Leserreurs relatives maximales commises sont respectivement0,5 et 2,5 %. Après simula-
tipn de tout le domaine de fréquences; exploré, l'erreur relative maximale commise sur, la
partie réelle et la partie imaginaire de l'impédance Z — R^ atteint 20 %. Cependant cette
valeur élevée est essentiellement due au domaine 0,001-0,00016 Hz dans lequel apparaît
une importante dispersion dès points expérimentaux.Dans le domaine 1-0,001 Hz, l'erreur
ne dépasse pas ;6%.
IJ existence d'une distribution de; la constante de temps x de chaque processus de
relaxation, est l'hypothèse la plus vraisemblable, parmi celles proposées par K. S. Cole
etR.H. Cole pour expliquer le phénomène que nous venons de décrire. D'après [1] la
fonction de distribution; déduite du modèle empirique, s'écrit ;

La fonction/est symétrique. x0 est la constante de temps moyenne correspondant au


maximum de E(s). Nous avons représenté à la figure 4 la fonction calculée pour a = 0,23.
Cependant, l'expression (5) n'a pas reçu à ce jour de justification théorique satisfaisante
1284 Cl. Acad. Sc, Paris, t.301,/Série H, H° 18, 1985;:
et la fonction ne peut être assimilée à un type de fonction de distribution classique
(gaussiehne par exemple).
La justification physique d'un tel modèle résulte du fait qUe sur une électrode tous les
sites actifs de la surface ne sont pas identiques, et l'on peut concevoir que les valeurs des
constantes de vitesses de réactions électrochimiques dépendent du site sur lequel elles se
produisent. De même la structure de la double couche et donc la vitesse, de transfert de
charge peuvent également être variables suivant le site considéré. Ceci; traduirait alors
une distribution des constantes de temps des différents processus de relaxation correspon-
dants, Dans le cas où l'impédance de l'interface est représentée comme sur la figure 2,
cette distribution peut conduire aux effets observés sur les diagrammes expérimentaux.
CONCLUSION.

L'utilisation d'un modèle empirique, développé pour décrire les résul-
tats des mesures de constante diélectrique, permet donc de caractériser et de comparer
entre eux des diagrammes d'impédance électrochimique comportant des arcs de cercles
dont le centre n'est pas situé sur l'arc réel.
Les arcs de ces diagrammes avaient parfois été analysés par les circuits électriques
équivalents classiques et attribués au couplage de plusieurs arcs, de centres situés sur
l'axe des réels. L'interprétation est alors complètement différente puisqu'elle implique
l'existence de plusieurs processus de relaxation pour chaque arc [4]. Dans le Cas expérimen-
tal que nous avons présenté, comme dans beaucoup d'autres cas, le modèle que nous
proposons rend compte, avec une précision bien meilleure des diagrammes obtenus, ce
qui confirme sa validité.
Remise le 7 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] K. S. COLE et R. H. COLE, J. Chem. Phys., 9, 1941, p. 341-351.


[2] I. EPELBÔIN et M. KEDDAM, J. Electrochem. Soc, 117, 1970, p. 1052-1057.
[3] F..WENGER, L. LEMOINE et J. GALLÀND, 9th International Congress on Metallic Corrosion, 3-7 juin 1984,
Toronto, Canada; Comptés rendus, 2, p. 349-356.
[4] W. I. LORENZ et F. MANSFELD, SZ/J International Congress on Metallic Corrosion, 6-11 septembre. 1981,
Mayence, R:F.A., Proceedings, 3, p. 2081-2109.

F. W. et I. G. : Laboratoire C.F.H., École centrale des Arts et Manufactures,


92290 Châtenay-Malabry;
L. L. : Direction de l'Ingénierie et de la Technologie,
IFREMER, Centre de Brest, 29273 Brest.
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 18, 1985 1285

ÉLECTRÔCHIMIE. Comportement électrochimique dans le noir et sous éclairement


—-
des monocristaux de Zr^^Ti^^Sz en milieu aqueux. Note de Bahmàn Fotouhi, Kurt
Sieber et OuriGorochov, présentée par Paul Càro.

Le comportement électrochimique de Zr093Ti007S3 a été étudié dans le noir et sous éclairement en milieu
acide et basique et .en;présence découplésredpxcomme Ce3"1"'4"1" etFe(ÇN)6^/3~. Un déplacement du pctentiél
de bandes plates à.-/été-observé'' en présence de ces couples. Le courant cathodique dû à la réduction de
Fe(CN)!~ et Ce*"""apparaît à des potentiels plus positifs que le pptentiel de bandes plates. Zr0 93Ti0 07S3 est
instable en milieu basique dans le noir

ELECTROCHEMISTRY. .— Electrpchemiçalbehavipurpf Zr0 93Ti0 g7S3 singlecryslals in aquepus splutipns


in the dark and under illuminatipn.
Electrochemical behaviour of Zr0g3Ti0Q7S3 has been studied in the dark and under illumination in acidic and
basiç média and in the présence of r.edox couples such as Ce3+'*+ and Fe(CN)ç~,?~. A flat. bandpotential shift
Vis observed in the-présence of thèse couples. The cathodic dark current pnsei in the présence of Fe(CN)\~ and
Çë4+ is at potèntials more positive offlat band position. Zrog3Ti001S3is unstable in basic médium in the dark. '

Zr0 93Ti007S3 est iln semi-conducteurlamellaire de type « h» qui présente une largeur
de bandé interdite de 1,8 eV"[l] et la transition électronique Correspondante est interdite.
Il a été élaboré par la méthode-de transport chimique avec le brome comme agent de
transport..Leséchantillons étudiés ont un nombre de porteurs de 5.1017 cm- 3.
PARTIE EXPÉRIMENTALE, — Les mesures électrcchimiques ont été réalisées; à l'aide d'un montage classique
potentiostatique une cellule à trois électrodes, une source lumineuse et un monochromateur. Les détails du
montage expérimental ont été décrits par ailleurs [2]. Les potentiels étaient mesurés par rapport à l'électrode
au calomel: La surface de van der Waals, surface parallèle aux. axes a et b de la structure monoclinique, a'été
exposée à l'électrolyte. Cette surface est essentiellement constituée de soufres dimères(S|~).

RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUXET DISCUSSION. — La figure 1 montre le comportement de


Zroj93Tio;o7S3 dànsle noir et sous éclairement dans îïjSÔ^ 0,5M. Le potentiel de bandes
plates déterminé à partir des droites; de Mott-Schottky [1/G2 = /(E)] vaut —0,4 V dans
ce milieu. L'électrode présente:un comportement redresseur dans le noir sous polarisation
anodique. Uh courant cathodique correspondant au dégagement d'hydrogène apparaît à
—0,3 V. Le départ de photocqûrânt est à — 0,25 V.
La figure 2 montre le comportement de l'électrode dans KOH molaire. Le potentiel
de bandes plates dans ce milieu vaut —0,9 V. Il y a donc un déplacement négatif du
potentiel de bandes plates avec le pH. Zr0 93Ti0 07S3 n'est pas stable en miheu alcalin
dans le noir et une polarisation prolongée dans le noir conduit à une décomposition
attodique, la suiface de l'électrode après un tel traitement est couverte par une couche
blanche [probablement Zr (OH)4]. Ce phénomène a été déjà observé dans le cas de ZrS3
et SnSSe ([3]v-[4]). Cette réaction dé décomposition anodique est accompagnée par un
courant anodique dans le noir (20 uA/cm2 à +0,5V). L'immersion des échantillons à
circuit ouvert dans KOH conduit aussi à une réaction de Corrosion. La réaction de
corrosion ; à donc un caractère chimique dans KOH. Il convient de noter que
;Zr0.93Ti0ig7S3;;secorrode en milieu acide et basiqUe sous éclairement et que le produit
de corrosion est toujours Zr(OH)4. Le mécanisme de corrosion sous éclairement est ainsi
identique à celui dans le noir en milieu alcaUn.

0249-6305/85/03011285 S 2.00 © Académie des Sciences "..


C. R.,1985,-2. Semestre (T. 301):. ,: Série II—92
1286 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série H, n° 18, 1985

Fig. 1. — Caractéristique epurant-tensipn


(a) dans le npir et (b) SPUS éclairementdans H2S04 0,5 M.
Fig. 1. —Current-potentialçharacteristics
(a) in the dark and (b) under illumination in 0.5 M H2SOA.
Fig. 2. — Caractéristique epurant-tensipn
(a) dans le npir et (b) SPUS éclairement dans KOH M.
Fig. 2. — Current-potentialçharacteristics
(a) in the dark and (b) under illumination in 1 M KOH.

L'adjonction de couplés redox comme Fe(CN)6_/3~ et Ce3+/4+ en milieu acide modifie


le comportement de l'électrode dans le noir ( fig. 3) et entraîne un déplacement positif
du potentiel de bandes plates, tandis que la forme de photocourant n'est guère modifiée
si l'on excepte un léger déplacementpositif du départ de photocourant.
Le courant cathodique dans le noir apparaît dans le cas de Fe(CN)£~/3~ (0,01 M), à
0,4 V et dans le cas de Ce3+/4+ (0,01 M) à 0,55 V; les deux couples étant dissous dans"
H2SO40,5M.
Le potentiel de bandes plates est respectivement —0,28 et —0,14 V. Le déplacement
du potentiel de bandes plates dépend aussi de la concentration du couple en question. A
titre d'exemple, le potentiel de bandes plates dans une solution acide qui renferme
0,1 M Fe(CN)è"/3"" vaut-0,18 V. -..>...-
Étant donnée la valeur du potentiel de bandes plates, le départ du courant cathodique
s'effectue à un potentiel qui est approximativement 0,7 V plus positif que le potentiel de
bandes plates. Le courant de réduction à ces potentiels nécessite l'hypothèse de l'existence
d'états de surface dans la bande interdite. Nous pouvons calculer à titre d'exemple le
nombre d'électrons à une courbure de 0,55 eV à l'aide de la relation suivante :
C. R. Acàd. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 18, 1985 1287

Fig: 3. '— Cpmpprtement de Zr093Ti0i07S3 dans le npir dans H?S04 0,5 M renfermant
" (a) Fe(CN)t"/3~ d,01Met(b).Ce3^'4+ 0,01 M. .:
Fig. 3. —
Behqviour ofZr0_93Ti0o7S3 in the dàrk in HzSO^.containing
(a)0.01 M Fe(CN)i-'3-,(b)0.01 M Ce*-<-ii+.
.

''-':' Fig. 4. — Représentatipn schématique des bandes


et du transfert de charge par le biais d'états dé surface:
.; Fig. .4. — Schematic représentation of the bands y
,.
and charge trdnsfer via bandgapsurface states.
-

ns,densité d'électrons par centimètrecube en surface; nd, densité d'électrons par centimètre
cube dans le volume du matériau; Vs, courbure en électronvolts. ;
Comme; «d —5.1017 cm" 3, on trouve ws = 2.10? cm- 3. La figure 3 montre que dans
une solution de H2SQ4 qui renferme Ce3 +/4+ ou Fe(ÇN)4;~/3_ le courant cathodique à
cette courbure correspond à 5.10 5 A.cm- 2. Si le transfert s'effectue par le biais d'états
de surface se trouvant en bas de la bande de conduction (fig. 4), nous pouvons calculer
la vitesse de capture des électrons de la bande de conduction par ces états à l'aide de la
relation-suivante [5] :

K, constante de vitesse (10~8cm3.s-1); K = crc; c, vitesse moyenne thermique des élec-


trons (107 cm. s"1); Q, section de capture des états dé surface (~i0_ls cm2); ns, densité
d'électrons par unité de volume en surface; nt, densité d'électrons (par unité de surface)
dans les états de surface; N„ densité totale d'états de surface; n1? constante qui dépend
de la température et peut être déterminée si on pose à l'équilibre:'
1288 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 18, 1985

Si nous considérons une densité totale d'états de surface égale à 1013 cm- 2, nous
pouvons calculer le courant correspondant à 0,55 eV de courbure dans le cas de la
réduction de Ce4+ et Fe(CN)6-. On peut considérer (N, —jît)~N, et comme ILn^n,
correspond à l'échange dans le sens inverse (qlLn^n^l^ par conséquent le deuxième
terme dans la relation (2) est négligeable devant le premier à une courbure de 0,55 eV. A
l'aide de la relation (2), nous trouvons donc un courant de 3.10~ 6 A.cm- 2, ce qui est
en accord avec les résultats expérimentaux. On peut aussi remarquer sur la figure 3 que
le courant anodique à forte polarisation anodique dans le cas de Fe(CN)g_/3^ est plus
grand si on le compare à celui obtenu en milieu acide pur. Ceci peut être dû au fait qu'à
partir d'une certaine courbure, la barrière devient suffisamment transparente et l'oxyda-
tion de Fe(CN)g~ devient possible par « tunneling ». On peut penser que dans les deux
cas, le transfert d'électrons entre l'électrolyte et le volume du semi-conduçteur a lieu par
tunneling (les courbures de bande étant suffisantes). Dans le cas du milieu acide, c'est la
nature de la réaction électrochimique(oxydation du matériau ou oxydation de l'eau) qui
limite le courant de transfert. Celui-ci est par contre rapide dans le cas de Fe(CN)g~.
En conclusion, il convient d'ajouter que le déplacement du potentiel de bandes plates
en présence de couples redox a été déjà observé dans le cas de CdSe [6], SnS2 [2] et
SnSSe [4].
Il apparaît que ce déplacement de potentiel de bandes plates en présence d'un couple
redox est lié à une modification de la surface consécutive à une réaction de corrosion.
Remise le 16 septembre 1985, acceptée le 21 petebre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] K. SIEBER, B. FOTOUHI et O. GOROCHOV, Mat. Res. Bull, 18, 1983, p. 1477-1484.
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[4] B. FOTOUHI, A. KATTY et O. GOROCHOV, J. Electrochem. Soc, 1985 (à paraître).
[5] S. ROY MORRISON, Electrochemistryat semiconduclor and oxidized métal électrodes, Plénum Press, 1980,
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[6] K. W. FRESE Jr, J. Appl. Phys., 53, 1982, p. 1571-1576.

Laboratoire de Physique des Solides, C.N.R.S.,


1, place Aristide-Briand, 92195 Meudon Principal Cedex.
C.R. Acad; Se. Paris, t. 301, Série II, n° 18, 1985 i 1289

SYNTHÈSE;ORGANIQUE.
— Sur la substitution électrophilerégioséiective des arylsi-
lanes et ses limitations. Note de Raymond Calas, Correspondant de l'Académie et Jacque-
line Gerval.

Dans les triméthylsilylbenzènessubstitués, le groupe SiMe3 peut dans certains cas permettre une substitutipn
électrophilerégipsélectiyemais, dans d'autres cas, il n'est pas réactif.. L'actipn du chlprure d'acétyle, en présence
de chlprure d'aluminium, sur le diméthpxy-2.6-bis triméthylsilyl-1'."4 benzène permet de se rendre cpmptê de
ces deux aspects et d'en appprter une explicatipn;lpgique. Une .synthèse de la diméthpxy-2.6 acétpphénphe
.par l'intermédiaire du dérivé.ci-dessusest preppsée.:

ORGÀNIC SYNTHESIS.
— Cpncernihg the regipselectiveelectrephiliç substitutipn frpm arylsilanes.
Electrophilic substitution in the substiiuted trimetUylsilylbenzeneséries can be governed or not by the triniethylsi-
Jyl group -açcording to thé nature of the substitueras. The behaviour of 2,6-dimethoxy' 1,4-feis (triméthylsilyl)
benzène in acetylation. under Friedel and Grafts conditions': illustrâtes the iwo logically explaihëd .
aspects. A convenient synthesîs of 2,6-dimethoxyacetophenone isproposed.."''

Il est bien connu que dans lé triméthylsilylbehzène,lé site de beaucoup le plus réactif
pour la substitution électrophile est la liaison phényl-silicium. Avec Certains électrophiles
(Br2 dans CH3Ç02H) la différence de réactivité entre C6H5-;SiMe3 et C6H6 est de l'ordre
dé 108,avec MeCOCl-AlCl3 dans CS2; 103-104[1].
Cette propriété a été souvent mise à profit pour effectuer la synthèse régiosélective de
dérivés disubstitués. Ainsi le méthoxy-3 triméthylsilylbenzènedonne avec PhCOCl, dans
:CS2, en présence de. A1C13, là cétone ?^-MeOC6H4COPh avec 61% de rendement,
exempte des isomères oriho et para [2].
Mais la substitutiond'un groupe triméthylsilylen'est pas toujours possible. Le modèle
que nous avons choisi est-'.le diméthoxy-2.6-bis (triméthylsilyl)-î.;4;;berizène, I, que nous
avons fait réagir avec MeCOCl en présence de A1C13.
.; I est préparé de la manière suivante: l'éther méthylique du résorcihol est traité par
Me3SiCl--Li dans le THF. On obtient principalement le diméthoxy-2.6 bis
(triméthylsilyl)-1.4 cyçlohexadiène-2..5[3] qui est aromatisé par le soufre.

0249-6305/85/03011289 S 2.00 ©Académiedes Sciences


1290 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 18, 1985

I réagit à basse température avec MeCOCl—A1C13 en donnant après hydrolyse la


cétoneTT:

Mais il faut opérer avec de très grandes précautions, sinon la cétone précédente est
mélangée avec plus ou moins de l'isomère III : ceci s'explique par une protodésilylation
partielle en 1 suivie d'une réaction de Friedel et Crafts en 3.
D'ailleurs, si l'on traite I par du méthanol et quelques gouttes de HC1, on obtient
quantitativement le diméthoxy-3. 5 triméthylsilylbenzène IV. Cette protodésilylation est
très facile car, même sans envisager d'autres facteurs tel que l'effet stérique, la liaison
Si!—C aromatique est très fortement activée par les deux méthoxy en ortho.
IV réagit avec MeCOCl —A1C13, uniquement en position 2, ce qui s'explique par
l'activation de la liaison C —H qui est en ortho et para des groupes méthoxy.

Il y a donc eu substitution d'un atome d'hydrogène, la liaison Si —C aromatique


n'étant rigoureusement pas touchée.

Bien entendu, lorsque le groupe COMe a été introduit dans la molécule, celle-ci est
inactivée vis-à-vis des substituants électrophiles : même les électrophilesles plus vigoureux
comme F3C —C02H dans l'acide acétique au reflux n'amènent à la longue qu'une certaine
désilylation de II, accompagnée de la dégradation de la molécule. Cette désilylation a pu
C. R. Acad. Sc Paris, t. 301, SérieII, n° 18, 1985 1291

être réalisée avec des nucléophiles puissants (CsF ou KF dans DMF). On arrive au:
dérivé V, la diméthoxy-2.6 acétophénone, produit naturel que l'on rencontre dans un
Champignon, Daldinia concentrica [4].
La dihydroxy-2.6 acétophénone est généralement préparée en quatre étapes à partir
du résorcinol et de l'acétoacétate d'éthyle par l'intermédiaire de coumarines [5].
En conclusion, à côté de son éventuel intérêt en synthèse de la diméthoxy-2.6 acétophé-
none, l'étude du diméthoxy-2.6 bis (triméthylsilyl)-l,4 benzène met en évidence à la fois;
la régiosélectivité de la substitution électrophile en 1 et l'incapacité de la réaliser en 4.
PARTIE EXPÉRIMENTALE. — 1. Silylalion du diméihoxy-l .3 benzène par Me3SiCl— Li dans le THF. —
NPUS
avpns effectué la réactipn suivant le mpde ppératpire déjà décrit [3]. On pbtient en fait un mélange :

:2. Àroniàiisàtiôn du mélangé obtenu en 1. :---'.28,4'g du mélange précédent sont chauffés ,au reflux avec 7g de::
spuîre dans SQml dé tpluène:pendant 161i. Le toluène est évaporé; oh reprend avec .100ml de pentane et essore
/sùrvèrrë fritte-afin d'éKminer le soufre en excès. Après distillation du.spjvantierésidu est rectifié SPUS pression
réduite et la fractiph É0_5 = 105oC est cristallisée dans le méthanPl :"F 88°, Rdt72%. La structure de I est
cpnfirmée pàrRMN, V
.''][ Ahpter-.que.-la'.cristallisationdansleméthanplpermet d'Obtenir Un prpdùitpur, .inpdpre, ce qui n'est pasle-
.cas,après la distillatipn.
3., Désilylation partielle de I.. '— 5,6g (0;Ô2M) de I spnt chauffés au reflux pendant lh dans 25ml de;
.
méthanpl et six gputtes d'àcidé chiprydrique cpneentré. Le méthanùl est évaporé sous vide et le résidu lavé à;
l'eau; extrait à 1-éther et séché sur Na2S©". Après éyappratipn du splvant,; n reste; IV, dont la structure: est
çphfirmèè::parRMN: Rdt96%.
,

-4. Préparation de II: —.La;réactipn s'effectue en deux phases, sous atmosphère d'argon séché par passage
Sur H2SO^;concentré.
MeCOCl—AICÏ3 dans CH2C12;-:. dans un ballon muni d'une amppule à brpme
:. ; (à) Prépa'râtipn du complexe
;
ispbare et à'ùne tubulurelatérale reliée a une rampe à vide spus faible pressiph d'ârgôh, .on introduit 1,5 g de
ÀÏCl^ çt 30ml de ÇH2C12.: Le bàîlbn: est rëfrpidi â 0° et l'on ajoute 1 g (Ô,Ô12M) de MeCOCl; le milieu devient
ntièrement; .liquide, cplpré: enjaiïrie pâle, et pn; le maintient entre,0 et 5°Ç.':-. ;"
(i).Additiph du cpmplèxe sur ledérivé disitylé: 2,82 g (0,01 M) de I spntilisspus dans20 ml de CH2C12. On
refroidit ;â.^80°C. et ajpute lentement la /solution' du complexe précédent: .tè milieu devient jaune vif ,et
; l'agitation est maintenue environ 2ii après là fin de
l'addition puis pn laisse réchauffer à température ambiante;
On hydrolyse dans. l'éther avec de la glace; la sclutipn élhérée.-'est lavée; àyec;uiie:solution de NaHCÔ3, puis à.
l'eau, etVèsjt5secnée, sur NaiSO^. Après élimiflàtion du solvant U reste 2,g. qui sont recristallisés dans l'alcool et
donnentl,9.g de II, F90°C,-M^
5.; Préparation de III. Elle s'effectue en'dettx temps comme pour la réaction précédente mais en partant

idë IV.-" îjS;.'.après purification1 par passage ..sur silice, fond à 38°, .;-.'. A ;
. ,,
.
1292 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Sérié II, n° 18, 1985

Remarque. — Certains essais sur l'acétylation de I nous ont donné un mélange de JI avec une petite
proportion de III qui Ont été séparés par chromatographieliquide sur çplpnne de silice avec, comme éluant,
une splutjpn de tpluène dans le pentane (25% vol.).
.6. Désilylation de H.
- 2,24g (0,01 M) sont dissous dans 30ml de DMF. On ajoute CsF ou KF (0,015M)
et chauffe à 100° pendant 8jours; pn hydrolyse, extrait à l'éther et sèche sur Na2SÔ4. Après éliminatipn de
l'éther le résidu se prend en masse. Il est recristallisé dans le méthanpj : aiguilles F 71-72° (litt. de 68 à 73-74°).
Reçue le 29 juillet 1985, acceptée le 7 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] C. EABORN, J. Organometal. Chem., 100, 1975, p. 47.


[2] K. DEY, C. EABORN et D. R. M. WALTON, Organometallics in Chemical Synthesis, 1, 1970-1971,
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Laboratoire de Chimie organique du Silicium et de TÉtain,


Université de Bordeaux-I, 351, Cours de la Libération, 33405 Talence Cedex.
C. R. Acad. Se,. Paris, t. 301, Série II, n° 18, 1985 1293

PÉTROLOGJE.
— L'association volcanique plip-quaternaire basanite-néphélinite-
phoholite du Maroc Central. Note dé Hayat E.-N. Rachdi, Danielle Vëlde et Jean Hernani
dez, présentée par Jean Aubouin.

L'asspciatipn vpïcanique du.MarccCentralccmporte essentiellementdes basanites, néphélinites et phonolites.;


: Les caractères minéralogiques originaux de ces laves sont l'abondance du clinôpyroxène et la rareté de l'olivinè'
dans l'ensemble delà série. La composition:chimique montre la.présence de types hyperalcalins et des teneurs;
en fer supérieures; à celles trouvées dans, les séries alcalines, en général. Ces caractères, joints à l'absence.
; d?enclaves ultrabasiques, distinguent nettement cette province de la province voisine du Moyen Atlas, mais la
: rapprochent d'asspciatipns décrites dans le Sud du continent africain, au Kenya PU en Ouganda.

PËTROLOGY:.-T7- The plip-quaternary bàsanite nephelinitephoholitèassociatipn,from Central Mprpccp.


. ...
The central Morôcçan volcanïc associationis comprised mostly of basanites, néphélinites and phonolites. Thé-_
; modal abundance oj clinôpyroxène, the présence of nepheline and poséan and -the scarcity of olivine are the major ;
pétrographie çharacteristics of the province; 'The chemical composition ofthe lavas indicates that peralkqlinè
. typés are
fréquent^ and that total iron is ùsually higher than in typicalalkali basait provinces. Thèse çharacteristics
together with the absence of. ultrabasic inclusions easily distinguish ihii:' association from the neighbouring
.
contemporaneoûs basaltic Middle Atlas province. On the other hand ihey clearly ïndicate similarities with the
nephelinite-phonoliteprovincesdescribed in Kenya and Uganda. -y-

Le volcanisme du Maroc Central ([1], [2], [3]) est représenté par une vingtaine d'appa-
reils dispersés sur un plateau hercynien constitué pour l'essentiel de schistes et dé
quartzites cambro-ordoviciehs recouverts par un flysch viséen. Cette meseta est limitée
au Nord par le sillon Sud Rifàin, à l'Est par le Moyen Atlas, au Sud par le plateau des
phosphates et à l'Ouest par la Meseta çôtière. Les principaux affleurements sont situés
sur une aire géographique limitée par les villages de Tiddas, Oulmès, Aguelmous et Souk
El Had DiarBouhsoussen. Une étude des linéaments sur photos satellite et aériennes de
la région [4] a montré que les appareils s'alignent sur la direction hercynienne majeure
N-NE (N35 a N70) et secondairement sur une direction qui lui est sûb-perpendiculàire
(N110à^N120).
Les produits émis sont essentiellement des basaltes, basanites et néphélinites à olivinei
Des néphélinites à mélanite avec ou sans mélihte, des téphrites et dés phonolites forment
des affleurements plus réduits en nombre et en dimension. Basaltes et basanites forment
des cônes de scories.auxquels sont associées des coulées (d'une longueur variant entré-1.
et 8 km). .Les phonolites forment des intrusions et une coulée.
Un âgé récent proposé par Termier [2] pour ces laves a été confirmé par six datations
K/Ar effectuées sur roches totales (résultats communiquéspar J. M. Cantagrel, Université
de Clermont-Ferrand). Les âges obtenus varient entre 2,8 et 0,31 M.a., les plus jeunes
correspondant à des laves basaltiques. Ces âges sont comparables à ceux publiés récem-
ment pour le plus récent des trois groupes définis au sein des roches du Moyen Atlas [5],
le groupe 3, qui comporte surtout des basaltes et des basanites.
CARACTÈRES PÉTROGRAPHIQUÉS.

Uhe caractéristique importante dés laves du Maroc
Central est là rareté de l'olivinè qui est toujours eh proportion subordonnée à celle du
çUnopyroxène.:Contrairement à ce: qui est connu dans les roches d'âge comparable du
Moyen Atlas où les enclaves ultrabasiques sont extrêmementfréquentes et abondantes [6],
nous n'avons recueilh de nodules dans aucun des affleurementsexaminés; des xénocristaux
évidents, d'orthopyroxènepar exemple, témoignent cependant de leur existence.
1. Les basanites. — Ces rpchesise distinguent des néphélinites examinées ci-dessous
par la présence et l'abondance des phénocristaux de kaersutite mesurant jusqu'à 4 mm
6249-6305/85/03611293 $2.00 © Académie des Sciences
1294 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 18, 1985

dans leur plus grande dimension. Ces cristaux montrent le plus souvent une bordure de
décomposition constituée par un assemblage de rhônite, plagioclase, clinôpyroxène et
oxydes. Les clinopyroxènes sont des salites ou augites titanifères. La pâte comporte du
plagioclase (labrador), de l'olivinè (Fo 78-85), du clinôpyroxène, de Fanalcime et parfois
du verre.
2. Les néphélinites à olivine. — Largement représentées sur le terrain ce type de roche
est caractérisé par de fortes teneurs en néphéline normative (15 à 22 %), ainsi que de
fortes proportions de néphéline modale. De rares phénocristaux d'olivine sont présents;
ces cristaux sont peu magnésiens (Fo 77-79), en accord avec la composition globale de
la roche et contiennent des inclusions de spinelle. Les clinopyroxènes qui forment l'essen-
tiel des phénocristaux sont des salites qui entourent parfois des xénocristaux vivement
colorés en vert et montrant divers stades de décomposition. De tels xénocristaux ont été
fréquemment décrits dans les séries alcalines ([7], [8], [9]). Certaines néphélinites contien-
nent d'abondants phénocristaux de kaersutite, remplacés par une association d'oxydes,
de clinôpyroxène de rhônite et de plagioclase.
L'apatite peut également former des phénocristaux, parfois associés en glomérules à
des clinopyroxènes riches en fer. Ce type d'association est connu dans d'autres séries
alcalines [10].
La pâte de ces roches comporte de l'olivinè, de la néphéline en plages xénomorphes,
de rares cristaux de phlogopite ainsi que quelques grains de pérovskite.
Certaines néphélinites ne comportent pas d'olivine, mais contiennent de la leucite, de
la mélanite, un clinôpyroxène sodique, parfois de la mélilite et du feldspath potassique.
La minéralogie de ces roches exceptionnelles, décrite en détail par ailleurs, n'est men-
tionnée ici que pour mémoire.
3. Les phonolites. — Ces roches comportent de grands cristaux de haûyne, de grands
mais rares cristaux d'amphibole brune entourés d'une gaine polyphasée riche en oxydes,
ainsi que des microlites de clinôpyroxène sodique, de sanidine de l'analcime et du sphène.

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. Variatipns de Na20 et K20 en fpnctipn du rappprt Fe* Fer (tPtal)/Fer (total) +MgO dans les laves
1. —
du Maroc Central.
Fig. 1. — Distribution of Na,0 (solid circles) and K20 as function of Fe* (total iron to the sum of total iron and
magnésium).
Fig. 2. —
Diagramme AFM pour les laves du Maroc Central. Carrés pleins, Maroc Central; carrés vides,
basaltes du Moyen Atlas, in [6].
Fig. 2. — AFM diagram for the Central MorOcco lavas (solid squares). The composition of the Middle Atlas
basalts [6] is representedfor comparison (open squares).
Fig. 3. —
Variations de MnO en fonctipn du rappprt Fe* Fer tPtal/Fer (total) + MgO dans les laves du Maroc
Central.
Fig. 3. —
Distribution of MnO as a function of Fe* (total iron/total iron + MgO) in the Central Morocco lavas.
Fig. 4. — Composition de la néphéline (cercles pleins) et du feldspath alcalin (losanges pleins) dans la phpnplite
riche en néphéline R41. Le cercle vide représente la prpjectipn de la cpmppsitipn glpbale de la roche dans
le diagramme quartz-nepheline-kalsilite.
Fig. 4. — Composition of coexisting nephelines (solid circles) and feldspar (solid diamonds) in nepheline-rich
phonolite (iî 41) from central Morocco. The open circle represents the bulk composition of the phonôlite in
ternis of normative quartz, néphéline and kalsilile.
PLANCHE1/P'LATË]ÏV HAYAT E.-N. RACHDI

;. ; : TABLEAU -
Vy
-.'. 1 2:3 4 5

Composition chimique de quelques laves du Maroc Cen- Si02 43,30 42,21 36,70 55,17 47,-3.7

tral, i, basalte (H 13); 2, basanite (H31); 3, néphé- A1203 12,95 13,66 -


11,73 20,93 19,35:;:
linite à olivine (H6); 4, phonohte (R 49); 5, phonplite Fe.O. 4,37 7,14; .6,56 3,93 4,36.:
riche en néphéline (R 41). FeO 8,43 ,5,69: : 7,62 0,65 0,75;;
^
Chefhical composition of représentative lavas,from Cen- MgO 8,92 8,43: '7,75 0,70 1,18 :

tral Morocco. J, basait (H13); 2, basanite (H 31); CaO .11,81 11,65 13,15 2,86 5,64
3, olivine nephelinite (H 6); 4, phonolitè (R 49); Na-0 .;2i78 3,57 2,95 9,64 6,30'.
5, nephéline-rich phonolite (R 41). K20. 1,56 0,55 : 1,95 5,25 5,78;.
MnO 0,19 0,18/0,26 0,25 0,44
-
.'j

TiO 3,84 4,1.9 3,86 0,92 0,75'.


.
P,0 0,84 0,85 .2,06 0,26 0,20-.,--.
.

H-0 1
i 18 2,02'; : 4,42 0,05 7,91
.

TOTAL 100,17 100,11 99,01 100,27 100,03.


C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 18, 1985 1297

Certaines phonolites ont été distinguées sous le terme de phonolites riches en néphéline.
Dépourvues de plagioclase, elles montrent une grande abondance de cristaux automorphes
de néphéline, qui coexistent dans la pâte avec du feldspath potassique.
Le reste de la composition minéralogique est similaire à celle trouvée dans les autres
phonolites; elle rappelle plus encore celle des néphélinites sans olivine dont elles ne
s'éloignent que par la présence de rares oxydes et l'absence de mélanite et de mélilite.
COMPOSITION CHIMIQUE. — Des analyses représentatives des principaux types de laves
trouvés dans cette province sont rapportées dans le tableau. Toutes les roches de cette
province montrent un déficit important de silice qui se traduit par la présence de néphéline
dans la norme CIPW. Par ailleurs la teneur en anorthite normative, qui représente
l'évolution du rapport Al/Na + K, tend à diminuer avec l'augmentation du rapport
Fe/Fe + Mg. Les roches au rapport Fe/Fe + Mg élevé sont aussi les plus riches en alcalins
( fig. 1), et montrent parfois une composition nettement hyperalcaline. Ces teneurs en fer
élevées pour une série alcaline apparaissent nettement sur le diagramme AFM (fig,.2),
Ces fortes teneurs en fer s'accompagnent de fortes teneurs en manganèse, par exemple
dans les roches phonolitiques, qui sont les plus pauvres en magnésium de cette sérié
{fig. 3).
MINÉRALOGIE. — La plupart des minéraux ont été analysés à la microsonde électroni-
que, et seuls quelques traits essentiels de leur composition seront résumés ici:
Les amphiboles varient depuis des kaersutites, dans les basanites, jusqu'à des ferro-
kaersutites dans les phonolites. L'évolution de la composition de ces minéraux est régulière
depuis les basanites jusqu'aux phonolites, indiquant une parenté entre ces minéraux et
les liquides dans lesquels ils se trouvent. C'est ainsi que des éléments comme Ti, Mn,
Na + K ou Ca varient régulièrement en fonction du rapport Fe/Fe + Mg depuis les
basanites jusqu'aux phonolites, ce rapport augmentant lui-même des basanites (0,25-0,30)
aux phonolites (0,40-0,50).
Les clinopyroxènes montrent également une évolution régulière depuis les augitès et
salites des roches basanitiques jusqu'aux augites riches en aegyrine des phonolites et
néphélinites. Néphéline et feldspalhs alcalins coexistent dans l'ensemble de la série, sauf
dans quelques néphélinites à olivine. L'association trouvée dans une phonolite montre là
coexistence rare d'un feldspath pauvre en sodium avec une néphéline dont la composition
est proche de la composition de Buerger KNa3Al4Si4016. Cette ligne de conjugaison
exceptionnelle dans les roches volcaniques correspond au « Juvet trend » défini par Tilléy
[11]. La figure 4 montre que cette association est compatible avec la composition globale
de la roche exprimée en termes des constituants normatifs Ne + Ks + Qz.
Les oxydes de fer et titane sont présents dans toutes les laves hormis la néphélinite à
mélilite. Ce sont pour l'essentiel des titanomagnétiles accompagnées dans les basariites
d'ilménites riches en magnésium (de 4 à 6 % MgO). Dans les néphélinites la pérovskitè
est la phase titanée habituelle.
CONCLUSION. — La série volcanique du Maroc Central présente un certain nombre de
caractères originaux. Par rapport à la province voisine du Moyen Atlas, on note une
grande variété de types pétrographiques qui vont de basaltes, relativement pauvres en
magnésium, jusqu'à des phonolites. Les termes hyperalcalins sont représentés par "des
néphélinites (avec ou sans mélilite) et des phonolites. Les enclaves ultrabasiques, remarqua-
blement abondantes dans la province du Moyen Atlas, ne sont pas connues, mais des
reliques de clinopyroxénites, ainsi que de péridotites à orthopyroxène ont été trouvées.
1298 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série H, n° 18, 1985

Par leurs caractères minéralogiques et chimiques les roches qui forment cette association
sont très voisines des séries magmatiques décrites au Kenya, par exemple, par divers
auteurs, c'est-à-dire des séries formées par des néphélinites(ou mélanéphélinites),phonoli-
tes et trachytes ([12, [13]). Elles rappellent aussi les laves du volcan Etinde, au
Cameroun [14], ainsi que les provinces néphélinitiques d'Ouganda [15].
Remise le 14 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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H. R. : École normale supérieure, Takkadoum, Rabat, Maroc;


D. V. et I. H. : Laboratoire de Pétrdlogie minéralogique,
Unité associée au C.N.R.S. n° 736,
Université Pierre-et-Marie-Curie, 4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05.
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 18, 1985 1299

GÉOLOGIE.;;^-Le pluton granitique, hercynien d'Oulmés (Mafocyçentral) : schémas de


Mfç^matioiix fifm en place; Note: -de Saâd Aîtpmar, présentée par
Georges. Milloti/^ ;, : <::'\'.":-::};:'::y^i.yy'V::.

;L'analyse de la 4éfprmatipn dansPénçaissantdugranité hercynien d'Oulmés précise les mpdalités de la mise


en place syntectpnique de ce massif. L'etude de la répartitipn des structures, et la cartpgraphie des trajeetpires

Morocco.
de déformation au sein et autour du granité, permet de présenter un. modèle cinématique de mise en place
intégrant la montée au pluton, son gonflement et le raccourcissement régional.
GEOLOGY - Structure and kinematic model of emplacement of the Oulme Hereynian plutpn (Central

Strain analysis in the surrounding rocks of the Hereynian Oulmes, graniteé allows to show the syntectonic
emplacementof this mzssif Strain trajectories and small structure évolution in the granité and the country rocks
hâve been ystuàiedyin order to finâ': a kinematic model of the emplacement of the'granité^ It shows that the
'asçending and bdllôoning ofthé granité are contemporaneousof the régional déformation;: :

INTRODUCTION.

Dans le cadre du Maroc hercynien central, le granité d'Oulmés
constitue une ellipse allongée suivant une direction NE-SW, et inlrusif dans les séries
cambro-ordoviciennes du NE de l'Anticlonirium Khouribga-Oulmes ( fig. 1 a). Des gra-
dients de métamorphisme et de déformation liés au granité ont été mis en évidence: le
premier par l'augmentation de la cristallinité d'illite [1] et la néogenèse des micas [2] en
allant vers le granité, le deuxième par l'évolution du plissement et de la schistôsité [3].
Des observations microstructurales dans l'encaissant ont permis à &A. Piqué [3] de
proposer un modèle de déformation s'articulant sur une montée syntectonique du front
thermique et une mise en place du granité vers la fin de la compression régionale.
L'observation du granité et de ces filons satellites a, par contre, conduit P. Huvelin [4] à
proposer une mise en place strictement syntectonique.
Sur la base d'une étude microtectonique détaillée et de l'analyse du champ de déforma-
tion finie, on propose un modèle cinématique de mise en place du pluton granitique
d'Oulmés en accord avec cette dernière hypothèse.
LE GRANITÉ D'OULMÉS. —
A la suite de Termier et coll. [2], il est possible de reconnaître
tous les faciès pétrographiques du granité d'Oulmés. En fonction de la parenté et de la
chronologie relative de mise en place de ces faciès, on a retenu trois principaux ensembles :
le premier est le granité principal à deux micas, sa mise en place s'accompagne par
l'individualisation de plusieurs faciès avec des passages progressifs entre eux; le deuxième
regroupe, des granités à grain fin à biotite, des granités aplitiques et des aplites; le
troisième ensemble englobe toutes les variétés filoniennes.
La déformation du granité est généralement modérée. Elle est surtout marquée à la
périphérie du pluton ( fig. 1 c). Dans ces zones le granité principal — peu structuré —
présente une schistôsité (S) définie par l'orientation des grands cristaux de muscovite-
biotite et parfois du feldspath potassique. Une deuxième famille, de structure planaire,
se développe en liaison avec les plans de schistôsité. Cette deuxième famille correspond à
des plans de cisaillement (plan « C »). Il est à noter que l'acquisition d'une fabrique
planaire macroscopique marquée par les orientations des micas ne se traduit pas à l'échelle
intracristalline par une orientation préférentielle marquée des axes cristallographiques du
quartz.

0249-6305/85/03011299 S 2.00 © Académie des Sciences


1300 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 18, 1985

Fig. 1. —(a) Situatipn du granité d'Oulmés (croix) dans l'anticlincrium khpuribga-Oulmes (pointillé). En
hachuré, les autres massifs palépzp'iquesde la meseta. (b) Schéma de défprmatipn finie. Lignes : trajeetpires
de schistpsité; flèches ; linéatipn d'étirement; 1, point triple de schistpsité; 2, schistpsité à pendage faible PU
mpyen; 3, schistpsité à pendage fprt. (c) Carte structurale. 1, stratificatipn (S0); 2, schistpsité (Si); 3, linéatipn
d'étirement (Le); 4, types de schistpsité.
Fig. 1. (a) Location of Ouïmes pluton. Stipping: khouribga-Oulmesanticlinorium; Draw: paleozoic massifs

of central Morocco. (b) Finite strain pattern. Lines: foliation trajectories, arrows: stretching lineation; 1,
isotopic point; 2, low dipping foliation; 3, steep dipping foliation, (c) Structural map. 1, stratification (S0);
foliation (SJ; 3, streething lineation (Le); 4, foliation types.

SCHÉMAS DE DÉFORMATION FINIE.



(a) Les gradients de déformation. — Des coupes
transversales autour du granité permettent de mettre en évidence un gradient de déforma-
tion (voir également [3]). Ce gradient est particulièrement bien visible au niveau de
l'évolution typologique de la schistôsité, qu'on peut classer suivant les stades :

schistôsité grossière (type A), marquée par la dissolution et la rotation des micas
détritiques;
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 18, 1985 1301

Fig. 2. —
BIPC diagramme illustrant lafprme du pluton. Les flèches indiquent
les cpmppsantes de mpuvement dans l'encaissant liées à la mpntée et au gpnflement du pluton.
Fig. 2. — A three dimensional model of pluton. Arrows: sensé
of movement in the intruded rocks related to the ascending and ballooning ofplutonic mass.


schistôsité de crénulation (type B), résultat du microflambage des plans de stratifica-
tion, définissant des microlithons séparés par des plans Si assez continus. La dissolution
et les rotations des micas s'intensifient et s'accompagnent de recristallisation en zones
abritées et dans les plans Si pour les stades les plus évolués;

foliation (type C), c'est un litage tectono-métamorphique accentué par la porphyro-
blastèse.
L'évolution des microstructures observées dans les domaines A, B et C (correspondant
aux types A, B et C) montre des passages progressifs entre les trois types de schistôsité;
les secteurs affectés par une foliation préservent des microstructures du type crénulation
indiquant leur passage par le stade B. La répartition cartographique des différents types
de schistôsité, centrés sur le granité montre le rôle déterminant du facteur thermique
dans le développement de la schistôsité ([5], [6]).
(b) Les trajectoiresprincipales de déformation. — Les plans de stratification (S0) moulent
l'interface granitique et montrent une allure en dôme; ceci se voit principalement dans
les parties sud, est et nord, à proximité du pluton. A plus grande échelle, et dans la
partie ouest, le dôme de stratification autour du granité apparaît comme une perturbation
du plissement régional, décalée par rapport à l'axe anticlinal majeur ( fig. 1 c).
Les trajectoires de schistôsité ( fig. 1 fe et c) montrent une adaptation de S, au contour
du granité. Les plans de schistôsité à fort pendage et de direction régionale NE-SW,
changent progressivementde direction et de pendage pour mouler le pluton et s'adapter
à l'interface pluton-encaissant. Les extrémités NE et SW montrent trois directions de
schistôsité NO, N 30 et N 130 qui délimitent un point triple de schistôsité [7]. La schistôsité
N 130 correspond à un plan d'aplatissement parallèle à l'interface du granité (ce plan est
parallèle aussi à S0 au NE); elle est recoupée par une schistôsité de crénulation (S2)
attribuable au raccourcissement régional.
En plusieurs points du contact, la schistôsité de l'encaissant passe en continuité avec
la fabrique planaire du granité. Ceci montre l'unicité de la schistôsité sur l'ensemble du
secteur.
La lineation d'étirement (Le) de direction NE-SW est soulignée par l'orientation des
fibres de quartz dans les filonnets et les zones abritées; l'étirement et le tronçonnement
des minéraux sont par contre très nets dans l'auréole interne. Cette lineation de direction
subméridienne a un plongement faible vers le Sud ou vers le Nord en fonction de la
position par rapport au pluton : elle est orientée NE-SW et suit le tracé cartographique
du granité sur le bord ouest, alors que dans les parties sud et nord, elle est franchement
oblique sur l'interface granité encaissant ( fig. \b et c).

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 93


1302 C. R. Acad. Se. Paris, t 301, Série H, n° 18, 1985
CINÉMATIQUE DE MISE EN PLACE DU GRANITÉ. — La reconstitution de la cinématique de
mise en place passe par la reconnaissance de critères caractéristiques d'un régime de
déformation non coaxial, tels que les structures C/S ([8], [9]) et les zones abritées
dissymétriques.
Ces critères présents dans l'ensemble des formations orthogneissifiées ont un développe-
ment maximal au SE et surtout au NW du pluton, où l'orthogneissification du granité
s'accompagne d'une intense mylonitisation le long d'une bande de cisaillement ductile
décamétrique affectant les deux faciès granitiques (groupes I et II).
Les mouvements cisaillants mis en évidence traduisent le déplacement relatif du pluton
par rapport à son encaissant, lors de la période de gonflement en fin de mise en place
([10], [7]); ils sefont suivant une direction sub-méridienne parallèlement aux structures
régionales, ils montrent un jeu normal attribuable au mouvement ascendant du pluton
et une inversion des sens de cisaillement en fonction de la géométrie de l'interface
pluton-encaissant ( fig. 2). La cartographie de ces différents mouvements cisaillants
montre que le gonflement du pluton. se fait vers le Sud dans la moitié nord et est, et vers
le Nord dans les parties ouest et sud.
Par ailleurs, l'allongement du pluton parallèlement aux structures régionales, l'absence
de disposition radiale de la lineation d'étirement, la continuité géométrique entre la
schistôsité régionale et la fabrique planaire du granité, ainsi que l'existence de points triples
de schistôsité, confirment que le gonflement du pluton interfère avec un raccourcissement
régional ([6], [7]).
CONCLUSION. — L'analyse des schémas de déformation finie montre le synchronisme
entre la mise en place du pluton granitique d'Oulmés et la déformation régionale
hercynienne, elle-même attribuable à un raccourcissement crustal de direction NW-SE
[11]. La mise en place du pluton granitique d'Oulmés peut donc être considéré comme
syncinématique au sens strict.
La reconstitution de la cinématique de mise en place et la mise en évidence d'un
gonflement du pluton suivant une direction sub-méridienne, parallèle aux structures
régionales, confirme l'existence d'une interférence entre diapirisme et déformation régio-
nale.
Remise le 14 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Département de Géologie,
Faculté des Sciences, Marrakech, Maroc
et Centre armoricain d'Etude structurale des Socles, C.N.R.S.,
Université de Rennes, 35042 Rennes Cedex.
G. R, Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 18, 1985 1303

TECTONIQUE. — Glissement de direction [c] dominant dans le quartz de filons de


granité, cisaillés en conditions sub-sdlidus (Vosges, France). Note de Philippe Blumenfeld,
Dave Mainprice et Jean-Luc Bouchez, présentée par Xavier Le Pichôn.

Les orientations préférentielles d'axes [c] du quartz de filons de granité (Vosges, France), cisaillés pendant
leur mise en place, présentent un maximum principal parallèle à la directiPn de cisaillement, impliquant un
ghssementintracristallin dé direction [c] dominant. Outrela présence dé sous-joints basaûx optiquement visibles,
le glissement [c] est confirmé, au microscope électronique à transmission par l'existence de dislocatipns de
vecteur de Burgers 6 = [0001], libres, PU asspeiés à des spus-jpints de flexion d'Orientatipn basale. Ce glissement,
pratiquement mcpnnu dans les tectpnites naturelles, semble cantpnnè aux températures très élevées, ici sub^
splidus du granité (^700°C), en présence peut-être d'une phase fluide sous pression, démixée au cours de la
cristallisation.

TËCTONICS. — Dominant [c] slip in quartz from subsolidus sheared granitic veins (Vosges, France).
Quartz [c] axis preferred orientations of sheared granitic veins (Vosges massif, France) display strong maximà
parallel to the sheàr direction, involving dominant intracrystalline slip parallel to the [c] direction. In addition to
.the existence of optically visible basai (0001) subgrain boundaries in many grains, [c] slip is confirmed by TEM
investigations revealing dislocations with a Burgers Decror=[0001], either free or associated with tilt walls parallel
to (0001). Slip parallel to [c] is almost unknown in natural quartz-tectonites;it seems to be active at very high
températures, hère under conditions near the granitic solidus (~700°C), possiblyfavoured by water-richfluids
released under hydrostaticpressure (350 MPa) during magma crystallization.

GLISSEMENT [c] DANS LE QUARTZ.



Il est établi que les axes <a> = < 1120 > sont des
directions faciles pour le glissement intracristallin du quartz des tectonites naturelles. Par
contre, bien que démontré expérimentalementdans du quartz synthétique «humide» [1],
le glissement [e] y semble rare [2]. Il devrait se révéler au niveau des Orientations
Préférentielles de Réseau (OPR) par des concentrations d'axes [c] au voisinage de la
direction de la lineation d'étirement (direction X de la déformation finie) et dans la
sous-structure des grains de quartz, par des sous-joints de flexion d'orientation basalè
(0001) formés de dislocations-coin de vecteur de Burgers; [0001].

Fig. 1. —
Bloc diagramme d'un filpn de granité cisaillé 1ers du mpuvement relatif de ses éppntes (VW) -*'
fracturatipn en cisaillement. La défprmatipn s'est ppursuivie à l'état splide (microstructure de classe C). Les
plans de microcisaillement, parallèles aux épontes, et les stries associées, parallèles à la prpjectipn de la
linéatipn X, matérialisant respectivement Ps (=plan du cisaillement) et Ls ( = directipn du cisaillement). Ps
'est'tourne de 9 autour de Y, par rapport au plan XY de la déformation finie. X, Y et Z sont définis par
.-.-" l'orientationpréférentielle déforme des minéraux. En l'absence de plansde microcisaillement(microstructures
de Classes A et B), 8 est pris comme angle dièdre entre XY et VW.
Fig. 1. —Sketch of a typical granitic vein, sheared during emplacement by relative movement of its wàlls
(VW). The X,:Y andlZ finite strain axes are defined by the shape preferred orientation ofthe crystals. Shear
strain is. depicted for the màgmatic staté (Class A microstructures) or ai the solid state (Class C). In the
latter case, the présence of microshearplanes parallel to the walls, associated with an aggregate lineation
(parallel to the projection of X) help to define the kinematicframe (Ps, Ls) at an angle 8 (around Y) With the
finite strain frame.

0249-6305/85/03011303 $2.00 © Académie des Sciences


1304 C. R. Acad. Se. Paris, t 301, Série II, n° 18, 1985
Une Note très récente [3] démontre la coexistence du glissement <a> et [c] dans le
quartz de migmatites déformées à très haute température (Chaînes Bétiques-Espagne).
Ce présent travail, basé sur une étude des OP d'axes [c] et < m > et sur l'examen au
microscope optique et électronique (MET) de la sous-structure du quartz de filons
granitiques cisaillés, présente un cas de glissement de direction [c] dominant.
SITUATION GÉOLOGIQUE. — Il s'agit de filons d'épaisseur centimétrique à décimétrique
de granité fin, intrusifs dans la formation des «granités syncinématiques» de la Zone
Occidentale des Vosges Moyennes [4]. Cette dernière constitue la semelle d'une pile de
migmatites de basse pression, dont la déformation, par cisaillement plat (chevauchement)
débute avant leur cristallisation complète [5]. Les filons sont injectés dans des plans de
fracture active, se développant dès la consolidation du granité encaissant. Ils présentent
généralement une structure interne marquée (foliation et lineation) liée à la déformation
en cisaillement due au mouvement relatif des épontes.
Une collection d'une dizaine de filons a été échantillonnéedans les rebuts des « carrières
des Tronces » (commune de Barbey-Seroux).
UNE DÉFORMATIONPROGRESSIVE DE L'ÉTAT MAGMATIQUEA SOLIDE. — Au sein de la collec-
tion de filons, il existe une transition progressive allant de microstructures dues à
l'écoulement magmatique (classe A), à des microstructures dues à l'écoulement à l'état
solide s. str. (classe C).
A l'état magmatique (classe A), la foliation (XY) et la lineation (X) sont marquées
par une Orientation Préférentielle de Forme (OPF) des micas, plagioclases et feldspaths
potassiques. Le quartz, en agrégats subsphériques, ne présente pas d'OPR. A l'état solide
(classe C), apparaissent des plans de microcisaillementstriés [6]. Les agrégats de quartz,
fréquemment en rubans, présentent une OPR prononcée.
Des filons possédant des agrégats ellipsoïdauxde quartz, mais sans OPR nette ni plans
de microcisaillement, définissent une classe B intermédiaire.
La paragenèseminérale associée aux plans de microcisaillement ; K-feldspath — plagio-
clase myrmékitique — magnétite — sillimanite — biotite recristallisée
(0,58 S Fe/Fe + Mg ^0,67), permet également de déduire une température voisine du
solidus granitique soit 650-700°C [7]. La présence de cordiérite stable (Fe/Fe + Mg ^0,48)
conduit à estimer la pression à 350 MPa [8].
Les plans de microcisaillement(parallèles aux épontes) et les stries associées (projection
de la lineation d'étirement) permettent de définir le plan de cisaillement moyen (Ps) et la

EXPLICATIONSDES PLANCHES

Planche I

Fig. 2. —
Diagrammes d'OPR du quartz dans la ccllecticn dé filpns. Classe A : microstructure de défprmation
à l'état magmatique; Classe B: intermédiaire; Classe C: déformation à l'état solide s.str. Référentiel: voir
fig. 1. Axes C (platine universelle); en haut à gauche: npmbre de mesures, densité maximale. Cpntpurs à
0,5, 1,5, 2,5, 3,5 et 5 % ppur 1 %. Axes <m > (gpnipmètre de texture), avec valeurs des cpntpurs par rappprt
à la densité mpyenne.
Fig. 2. — Quartz lattice preferred orientations of the veins. Class A: déformation as a crystal-melt System
(magmatic staté). Class B: intermediate. Class C: solid state déformation sensu strictp (présence of micro-
shear planes). Structural framework: see Fig. 1. C-axis diagrams (U-stagé); labels (from top): number of
measurements; maximum density, shear strain (y, 6). Contours: 0.5, 1.5, 2.5, 3.5 and 5% per 1% ofthe
hémisphère area. < m >-axes diagrams (X-Ray texture goniometer); contours in multiples of the average
density.
"'•HANCHE:ÏJPLATË I :
PHILIPPE BLUMENFELD
HANCHE II/PLATE II

Fig. 3
C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série 11, n° 18, Ï985 1307

Planche II

Fig. 3. — Quartz du filpn F2 Pbservé au microseppe électronique à transmission (échelle=1 u). A: Dislocations
libres avec 6 = 1/3 [1210] en a, et /; = [0001] en c. Noter les boucles en 1, allongées suivant [0001], ainsi que la
longueur des segments coin, et ceci pour chaque vecteur de Burgers. Les dislocations en a et 1 ont un faible
contraste; l'analyse montre que leurs vecteurs de Burgers glissent dans le plan (1010). B: Sous-joint basai,
(0001). de flexion, composé de dislocations b = |0001]. En a, l'interaction avec une dislocatipn b—1/3 [2110]
provoque l'ondulation du sous-joint.
Fig. 3. — TEM micrographs of quartz in vein F2 (scale bar: 1 um). A: Free dislocations with 6 =1/3 [T2T2] at
a and 1, and b = [0001] al c. Note loops at 1 elongated in the [0001]-rfirecî!'o;i and long edge segments ofboth
Burgers vector types. Dislocations ai a and 1 are in weak contrast. Trace analysis reveals that bolh Burgers
vectors are gliding on the (1010) plane. B: (0001) tilt boundary composed of /j = [0001]
dislocations. Interactions with dislocation at a (6= 1/3 [2110]) cause an ondulation ofthe boundaryplane.

direction de cisaillement (Ls) (fig. 1). Ce repère cinématique est légèrement oblique
sur le repère XYZ de la déformation finie d'un angle 0, fonction de la quantité de
déformation [9].
OPR DU QUARTZ. — On Fa étudié à la platine universelle pour les axes [c], et au
goniomètre de texture à rayons X (F. Lhote et J. P. Uriot, C.R.P.G., Nancy) [T0] poul-
ies axes <77J > = < 10Ï0>.
Pour les filons de classe A et B, les diagrammes d'axes [c] sont mal définis, présentant
de nombreux sous-maximums dispersés (fig. 2a,b,c). Au contraire, dans les filons de
classe C, les axes [c] se concentrent en un maximum principal net, éloigné des axes Y et
Z. Par déformation croissante (y), mesurée par la diminution de l'angle 8, le maximum
d'axes [c] devient de plus en plus prononcé et se localise préférentiellement autour de la
direction de cisaillement Ls (fig. 2d, e, g).
Les axes < m > déterminés pour y = 2,0 (fig. 2/) tendent à se concentrer perpendiculaire-
ment à Ls, avec de forts maximums autour de Y et Z; pour y = 3,5 (fig. 2 h), ils dessinent
une couronne perpendiculaire à Ls, avec un sous-maximum voisin de Z.
SOUS-STRUCTURE EN MICROSCOP1E OPTIQUE ET ÉLECTRONIQUE (MET). — La SOUS-StrUCtUre
du filon F2 dont on.montre le diagramme d'axes [c] en figure 2a, et qui n'a connu
qu'une déformation à très haute température (classe A), a retenu notre attention.
Optiquement, elle est caractérisée par une proportion importante (30 %) de sous-joints
basaux (ou très proches du plan basai). De forme irrégulière, ces sous-joints peuvent être
seuls ou plus souvent associés à des sous-joints prismatiques très réguliers (aspects de
damier).
Au MET (Jeol, 120 kV, Nantes), plusieurs grains contenant des sous-joints basaux ont
été analysés. On a pu observer de nombreuses dislocations — coin de vecteur de Burgers
ï>
= [0001], libres (fig. 3 a) ou associées en sous-joints de flexion d'orientation basale
(fig. 3b). Des interactions avec des dislocations <o> toujours présentes, expliquent
l'irrégularité des sous-joints basaux visibles optiquement. Par ailleurs, le plan de glissement
associé à la direction [c] est (1010).
CONCLUSION. — Au cours de la déformationprogressive des filons, de l'état magmatique
à l'étal solide, on observe le développement d'une OPR du quartz où les axes [c] se
concentrent autour de la direction de cisaillement. Cette relation géométrique est compati-
ble avec un glissement intracristallin du quartz selon une direction [c] ([11], [12], [13]).
L'obliquité de l'OPR sur le repère XYZ est toujours conforme au cisaillement de sens
déterminé par la microstructure (critère C-S en particulier; sens sénestre dans tous les
dessins) [14]. Ce glissement [c] est enfin observé sans équivoque au MET, avec, comme
plan associé {10Ï0} contrairement à [1] et conformément à [3], et sans contradiction
1308 C. R. Acad. Se. Paris, t 301, Série II, n° 18, 1985
avec les diagrammes obtenus sur les axes <m> (fig. 2/et h). Nous attribuons donc le
développement de ces OPR du quartz à un glissement de direction [c] dominant dans des
conditions sub-solidus.
Ce contexte de déformation ne semble pas fortuit = régionalement, nous retrouvons
aussi ces OPR dans la pile de migmatites et granités déformés par chevauchement au
cours de leur consolidation; le quartz analysé par Bouchez et coll. [3] appartient à des
migmatites déformées à très haute température. L'originalité de ce contexte tient, en
dehors de la température élevée, à la présence probable d'une phase fluide, démixée en
fin de cristallisation du matériel granitique. Rappelons que le glissement [c] est démontré
dans le quartz synthétique à forte «teneur» en OH", pour des températures variées
(400-800°C) [1]. De telles OPR du quartz dans les orthogneiss seraient-elles le marqueur
d'une déformation de l'état fini magmatique (T et PH20 élevées) ?
Remise le 21 petobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[14] J. L. BOUCHEZ, G. S. LISTER et A. NICOLAS, Geologische Rundschau, 72, n° 2, 1983, p. 401-419,

Ph. B. : CREGU, B.P. n° 23, 54501 Vandoeuvre-lès-NancyCedex;


D. M. et I.-L. B. : Laboratoire de Tectonophysique, U.A C.N.R.S. n" 732,
Université de Nantes, 44072 Nantes Cedex.
CR. Acad. Sc^ Paris, t 301, Série IL n° 18, 1985 1309

Wyart.
VOLCANOLOGIE. — Mise en évidence d'une .activité'hydroniagmaûqueholocène sur
T île de Flores (Açores). Note de Michel Morisseau et Hervé Traîneau, présentée par Jean

Un volcanismerécent a été reconnu au centre et au sud de l'île de Flores (Açcres) et daté à 3 000 ans B.P.
par la méthpde dufcarbprie-14. Deux centres éruptifs pnt été identifiés.. L'activité initiale de type strombplien
(cône de sepries eteouléés de laves) passé brutalement à une activité hydfpexplbsiveviolente, créant d'importants
cratères d'explosions.

VOLCANOLOGY.— Occurrence of hplpcene hydremagmaticactivityin Flpres Island(Açpres).


A récent basaltic vôlcqnism occurs in the central and southern part gf Flores Islàhd (Açores). Two eruptive,
centèrs hâve been recognized and daied by carbon-lA method around 3,000 years B.P. Both show a similar
eruptive paitern, with initial strombolian type àctivity (scoria cône and lava flows) follpwed by a violent explosive
' hydromagmatictype activity and the formation .of large explosive craters.
.

L'archipel dès Açores, situé dans l'Atlantique nord au large du Portugal, est formé de;
neuf îles volcaniques réparties en;trois groupes entre les longitudes 25 et 31° ouest et les;
latitudes 37 et; 40° nord. D'un point de vue géodynamique, le plateau des Açores a la
particularité, d'être situé à la limite de trois plaques'européenne, africaine et
nord-américàine ([1], [2]). Seules les îles de Florès et de,Cprvo, distantes entre elles de
17; km sur une direction : NNE-SSW, ainsi qu'un guyqt situé à ;50 km à l'Ouest de
Flores [3] appartiennent à la plaque nord-américaine. Des éruptions ont eu lieu durant
la période historique (depuis le xve siècle, début de là colonisation des Açores) sur
Saq-Miguel, Terceira, Sao-Jorge, Faial et Pico [4].
Dans le cadre de ses activités de recherches, le groupé Volcanologie de l'Institut
mixte de Recherches;géothermiques(B.R.G.M.-A.F.M.Ë.) s'est intéressé aux dynamismes
éruptifs résultant de l'interaction eau-magma. L'étude de ce type de dynamisme à Florès
a permis de mettre en évidence un volcanisme récent établi sur d'importantes structures
tectoniques'(fig. 1).
APERÇU GÉOLOGIQUEDE FLORES. - Avec une superficie d'environ 140 km Flores est 2,
une île de formé monolithique culminant à 915 m (Morro Alto) et dont la partie centrale
est constituée d'un plateau d'altitude comprise entre 550 et 590 m. Elle s'est édifiée au
cours de plusieurs stades successifs ([5] et travaux en cours) que l'on peut résumer ainsi :
— un
volcanisme ancien, parcouru de nombreux dykés N 30°, et dont l'activité s'est
ternrméè par la mise en place de produits différenciés (Benmoreite-Trachyte);
— un
volcan central dont le dernier cycle différencié aurait un âge d'environ
600000 ans [6]; la phase terminale est basaltique;
.
— une
phase basaltique à tendance ankaramitique contrôlée par d'importantes structu-
res tectoniques de direction N120°:à N150° et N20° à N50Q; 'v
— une
activité basaltique effusiye très localisée (coulées de vallées subactuelles) ;
— un
épisode récent daté à environ 3000 ans fi-P, objet de cette étude et reconnu
dans les parties centrale et sud de Uîle.

0249-6305/85/03011309 S 2.00 © Académiedes Sciences


1310 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série H, n° 18, 1985

LE VOLCANISME RÉCENT DE FLORES. — 1. Localisation et datation. —


Deux centres
éruptifs récents ont été reconnus et datés, sur le plateau central ou en bordure de celui-ci,
constitué d'un empilement de coulées peu épaisses de basalte à tendance ankaramitique.
Sur le plateau central : l'ensemble des Caldeiras Comprida, Funda nord (ou Negra) et
Seca, auquel semblent être associées les coulées de Faja Grande; la Caldeira Branca est
un maar d'origine plus ancienne.
En bordure du plateau central : la Caldeira Funda de Lajes d'où semble provenir la
coulée de Lajes.
Des fragments de troncs d'arbres carbonisés prélevés à la base des dépôts stromboliens
des Caldeiras Comprida et Funda de Lajes ont permis de dater ces événements par la
méthode du carbone-14 (analyses Bosch, B.R.G.M., 1984) :

Caldeira Comprida : 2900+100 ans B.P;

Caldeira Funda de Lajes : 3 150 +100 ans B.P.
De plus, deux autres indices d'activité volcanique contemporaine de ces événements
ou plus récente ont été reconnus :
—.
la présence de hyaloclastites à l'îlot Monchique suggère la mise en place d'un centre
éruptif en mer non loin de la côte ouest;

de même, un niveau strombolien recouvre partiellement les produits d'explosions
issus de la Caldeira Funda de Lajes; il pourrait résulter de l'activité du Pico do Touro
dont la morphologie suggère en effet un âge récent.
2. Texture des dépôts et dynamisme de mise en place. — Pour chacun des deux centres
éruptifs, l'activité volcanique s'est manifestée et a évolué suivant le même processus. Elle
débute par une phase strombolienne puis passe brutalement à une activité explosive
violente d'origine hydromagmatique.
L'activité strombolienne est marquée par l'édification d'un petit cône de scories noires
peu élevé, 50 m environ, accompagnéde coulées. En raison de leurs caractères pétrographi-
ques et morphologiques, les coulées de Faja Grande proviendraient du volcan de la
Caldeira Comprida où la lave, un basalte alcalin, est très fluide. De même, la coulée de
Lajes aurait pour origine le point d'émission situé sur l'actuelle Caldeira Funda de Lajes.
Le changement de régime de l'activité volcanique se traduit par une nette modification
dans les dépôts :

Caldeira Comprida : passage rapide de lapilli stromboliens scoriacés de plus en
plus fins à une succession de bancs pluridécimétriquesde brèche grossière à éléments du
substratum et matrice cendreuse de même nature.

Caldeira Funda de Lajes : un niveau de 0,30 m composé de blocs et lapilli denses
de magma juvénile marque la transition entre les dépôts stromboliens et hydro-explosifs;
une fraction cendreuse grossière apparaît dans ce niveau. Puis se superposent directement
les premiers bancs décimétriquesà métriques de brèche grossière à éléments du substratum
et matrice cendreuse, pauvres en magma juvénile,

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 1. — Flpres (Açpres) : localisatipn des cratères d'prigine hydromagmatique (Caldeiras) par rappprt aux
accidents majeurs.
Fig. 1. — Flores (Açores): location of hydromagmaticcraters (Caldeiras) in relation with main tectonicfeatures.
Fig. 2. —
Flpres (Açpres) : cpurbes isppaques (m) des brèches d'explpsions hydromagmatiques datées à
3 000 ans B.P.
Fig. 2. — Flores (Açores): isopach map (m) of 3,000 years B.P. hydromagmaticexplosion breccias.
C. R. Acad. Sç, Paris, t. 301, Série IL/n° 18, 1985 1313

Dans les deux cas, la brèche d'explosion est un ensemble de: niveaux meubles de
grânulométrie très variable où la phase cendreuse est généralement importante et due à
une fragmentation poussée des éléments du substratum. L'épaisseur des bancs varie de
quelques centimètres à plus de 1 m pour les niveaux les plus grossiers. Des stratifications
obliques sont fréquentes dans les faciès proximaux et résultent d'une mise en place par
déferlantes basâles. Les retombées de nuages sont marquées par la présence de lapilli
acerétionnés.
Ces brèches sont le résultat d'hydro-explosions contrôlées par la tectonique :

Caldeira Comprida : hydro-explosions à l'aplomb du cône strombolien, détruis.ant
en partie celui-ci suivant une fracture de direction N25°, et en deux points décentrés : la
Caldeira Funda nord (Negra) et la Caldeira Seca;
— Caldeira Funda de Lajes : nydro-explosions à l' aplomb du cône strombolien, à
l'intersection de structures tectoniques N130° et N45° et le long de cette dernière.
D'après la morphologie des dépôts et leurs épaisseurs maximâles, 8 m environ pour
la Caldeira Comprida, 25 m pour la Caldeira Funda de Lajes (fig. 2), ces appareils
s'apparenteraientaux édifices de type tuff-ring ([7], [8]). Cependant, d'après la morpholo-
gie et le type des dépôts observés, il apparaît que l'origine dès explosions est plus profonde
dans le cas dé la Caldeira Funda de Lajes.
3. Pétrographie et géochimie du magma juvénile. — Aux deux points d'émission, la lave
émise est un basalte alcalin à néphéline normative.
-—
Caldeira Comprida : basalte porphyrique composé de phénocristaux d'olivine
Fog9_90 fréquents, de quelques phénocristaux de plagioclase et d'une mésostase à plagio-
clase An69_70, olivine Fo72_83, clinopyroxène (salite) et titanomagnétite. Le magma
juvénile enrobe très fréquemment des blocs de basalte ankaramitique du plateau sous-
jacent et de rares nodules centimétriques de péridotites.
r- Caldeira Funda de Lajes : basalte peu porphyrique à grands phénocristaux limpides
de plagioclase, où l'olivinè est rarement en phénocristaux, avec une mésostase composée
de plagioclaseAn63_65,d'olivine Fo73_82, de clinôpyroxène(salite-augite) et de titanoma-
gnétite).
Les analyses chimiques présentées (tableau) sont des analyses nouvelles (R. Coquet,
Orsay, 1985) de blocs de laves prélevés dans les édifices stromboliens, en complément
d'analyses de produits des éruptions récentes déjà publiées ([9], [10], [11]).
TABLEAU
.

Si02 Ti02 A1203 Fe203 FeO MnO MgO CaO Na20 K20 P205 H20+ H20"T TOTAL

Caldeira Cpmprida (FLM


63-1A).
....... ...
Caldeira Funda de Lajes
46,23 2,51 13,81 0,71 10,40 0,22 9,84 10,53 2,86 1,16 0,73 0,30 0,06 99,36

(FLM 62-1)... 48,42 2,54 15,99 2,05 9,01 0,23 6,56 9,43 3,63 1,77 0,78 0,48 0,11 101,00

4. Brèche d'explosionde la CaldeiraFunda de Lajes. —La brèche grossière est composée


presque exclusivement de fragments du substratum et d'une fraction cendreuse. Ces
fragments, de taille parfois pluridécimétrique dans les faciès proximaux, sont de nature
très variable et représentent l'ensemble des formations sous-jacentes à l'édifice actuel.
Dans certains niveaux, les blocs montrent des surfaces oxydées.
Une des séquences est marquée par la présence de xénolites épimétamorphisés, le plus
souvent métabasaltes (étude en cours).
1314 C. R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série H, n° 18, 1985

Des enclaves grenues, représentant une série complète de différenciation depuis des
gabbros jusqu'à des syénites alcalines quartzifères [10], sont fréquentes dans cette brèche.
Leur enrobage quasi systématique par le magma juvénile suggère qu'elles ont été prélevées
en profondeur par le magma en cours d'ascension avant fragmentation lors des explosions.
CONCLUSION.

La mise en évidence d'une activité volcanique subactuelle (3 000 ans
B.P.) à Flores est un fait nouveau dont il faudra tenir compte dans l'histoire géologique
de l'archipel des Açores. Par ailleurs, ces événements sont un exemple supplémentaire
d'interactions eau-magma ayant provoqué un changement radical d'activité au cours
d'une éruption ([8], [12]) : activité strombolienne ponctuelle passant à une activité explo-
sive violente contrôlée par des fractures. Les études en cours devraient permettre de
mieux comprendre ce genre de phénomène dont la violence doit susciter l'intérêt en
raison des risques potentiels qu'elle peut présenter.
Les auteurs remercient les autorités açoréennes et plus particulièrement celles de Flpres pour leur meilleur
accueil lors de la mission de terrain, ainsi que les autorités militaires françaises. Que M. Joao Gomes soit
personnellement remercié peur l'aide précieuse qu'il nous a apportée pendant ces quelques semaines passées à
Flores. Ils remercient également J. Demange et D. Westercamp pour les remarques et suggestions qu'ils ont
apportées à ce travail.
Remise le 14 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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M. M. et H. T. : Département Institut mixte de Recherches géothermiques,


Laboratoire de Volcanologie,
Bureau de Recherches géologiques et minières, B.P. n° 6009, 45060 Orléans Cedex.
C R. Acad; Sc, Paris, t. 301, Série n,n° 19, 1985 1315

COMPORTEMENT QUALITATIF DES SYSTEMES DYNAMIQUES. — Sur le


comportement asymptotique de systèmesdifférentiels non linéaires. Note de Zfaivko Atfaanas-
sov, présentée par Maurice Roseau.

Utilisant tarie famille 1-paramétriqué de fonctions de Liapounov oh obtient des nouvelles conditions nécessai-
res et suffisantes pour la stabilité asymptotique uniforme des solutions des équatipris différentiellesprdinaires
non linéaires. Les résultats obtenus générahseht et améliorent les résultats classiques;deMalkin et Massera.,

QUALITATIVE BEHAVIOR OF DYNAMICAL SYSTEMS, — On the âsymptotic behavior pf nonlinear


differential Systems.
A one-parameter family ofLiapunov functions is used to prove new necessary and sufficient conditions of
uniform asymptotic stability for. solutions ôf nonlinear ordinary differential équations. '; The obtained results
generalize and improve the çlassic resùltsoj"Malkin and Massera.

1. INTRODUCTION. — On sait que la stabilité des solutions des équations différentielles


ordinaires peut être étudiée a l'aide des fonctions de Liapounov, à savoir, des applications
non croissantes le long de solutions. La semi-définissabilité négative de la dérivée d'une
fonction de Liapounov n'est pas suffisante pour la stabilité asymptotique ou asymptotique
uniforme. La dérivée définie négative dans une région appropriée suffit. Mais cette
condition est assez restrictive et beaucoup d'efforts ont été consacrés à sa relaxation.
Danscette Note, on obtient desnquvëlles conditions nécessaires et suffisantes pour la
stabilité asymptotique uniforme (désormais appelée UAS) des systèmes différentiels non
linéaires.; L'importance de ÙAS dans l'étude de la stabilité des mouvements perturbés
n'a pas besoin d'être soulignée. Les théorèmes inverses de Malkin [4] et Massera [5] qui
résultent de UAS ont été utilisés largement dans la théorie des systèmes perturbés. Une
famille 1-paramétrique de fonctions de Liapounov joue un rôle majeur dans ce travail.
.2. NOTATIONS ET DÉFINITIONS. — On considère le système d'équations différentielles
ordinaires:

où/eÇ[R+ xG,R"], R+ = {teR:r;>0} et G est un ensemble ouvert de Rn qui contient


l'origine,; Pouf tout (r0i x0) e R+ x G on notera E(r,t0,x0) une solution de (E) telle que
F(r0,r0,;x0)=x0. On suppose que/(r,0)=0 pour tout teR+, La boule de rayon r et de
centré à l'origine est notée par Sr et sa fermeture par Sr. Pour e1>e2>0, on définit

La solution x = 0 de (E) est dite :


(à) stable, si pour tout £>0 et pour tout foeR^ il existe un;8(E,f0)>0 tel que si
|x0|<5 alors F(t, tQ,x0) est définie sur [ta, oo) et |F(r,r0,x0) |<s pour tout £^r0;
(i>) uniformément stable si (a) a Heu avec un 5=5(s);
r
(c) uniformément asymptotiquement stable (UAS) si (b) a lieu et s'il existe un ô0>0 tel
que pour tout e >0, t0Ê-R* et |x0|<ô0 il existe un T(s)>0tel 4ue t^t0 + T implique
,|F(t,£0,;3c0)|<e. .-">:
On supposera r > 0 suffisamment petit pour que | x | <r impliqué x e G. On dit qu'une
fonction VèC [R+xSr,R+] est une fonction de Liapounov pour (E) si Y(t,x) est
localement Hpschitzienne en x sur R+ x Sr. Relativement à V(t, x) oh définit (voir [8]) :

0249-6305/85/03011315 $2.00 © Académie des Sciences

C. R;, 1985, 2e Semestre (T. 301) •'. Série H — 94


1316 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série H, n° 19, 1985

La fonction k e C [R+, R +] est dite de classe K (au sens de Hahn [2]) si elle est strictement
croissante et k (0) = 0. •

3. PRINCIPAUX RÉSULTATS. — Ici on montre comment à l'aide d'une famille de fonctions


de Liapounov on peut prouver des conditions nécessaires et suffisantes pour que la
solution x = 0 de (E) soit UAS. Cette famille est non dénombrable: à chaque choix de s
dans la définition de UAS il correspond une fonction de Liapounov.

THÉORÈME 1. — Soit la solution x = 0 de (E) uniformémentstable. On supposera que


pour tout s, 0 <£<?•, il existe une fonction (peC[R+ x Sr, R"] et une fonction de Liapounov
VE (t, x) pour (E), telles que :

Preuve. — Comme la solution x = 0 de (E) est uniformément stable, il existe un sx>0


tel que, si Ixol^Ei et t0£R+ on au: \F(t,io,x0) \<r pour tout t~2:t0. En fixant un tel sx
on prend 8 tel que 0<s<e1. Pour cet e il y a 5(s)>0 tel que, si £0eR+ et |xo|< 0 on
ait \F(t, t0, x0) j<e pour tout f2:t0. On montrera que chaque solution F(t,t0,x0) de (E)
avec |x0[<£, £0ER+, satisfait \F(t,t0,x0) |<5 pour certain t^t0. En effet, supposons
que 5^|F(£, t0,x0) \<r pour tout t^.t0. Après l'intégration de D(E)V5(£,x) le long de
solutions de (E) de t0 à t, où t > t0 + T, T = (bs (sx) + ah (S) c8 (8) | P |) /a ab (8) cB (5) et utilisant
les hypothèses du théorème, on arrive à une contradiction. Ainsi pour certain tu
t0StiSt0+T, on doit avoir |F(tl5 t0,x0) |<8(s). Alors, si t^t0 + T, on a \F(t,t0,x0) |<e.
Comme T dépend seulement de e cela implique la solution x = 0 de (E) est UAS et le
théorème est démontré.

THÉORÈME 2. — Soit la solution x = 0 de (E) UAS. On suppose que, pour certain p>0,
f(t,x) dans (E) est localement lipschitzienne en x sur R+ xSp\{0}. On suppose de plus
qu'il existe une fonction fr:R+xSp->R" telle que \h(t,x)\^\i(t)v(\x\) sur R+xSp, où
u e C [R+, R +] et v : Sp -» R + est localement lipschitzienne sur Sp\{ 0 }. Alors, pour chaque
s, 0<2e<r, il existe une fonction de Liapounov Vs(t,x) pour (E) sur R+ xSr telle que:
(1) Vc ( t, 0) = 0 pour tout te R + ;
(2) D(E, VE (t, x) ^ — | h (t, x) | pour tout (t, x) e R + x Ar_ £;
(3) D(E) VE (t, x)S 0 pour tout (t, x) e R + x Sr.
Preuve. —
On choisit r de façon que 0<r^p et, pour un s avec 0<2E<r, on construit
vc (s) sur [0, r) comme il suit : vc (s) = 0 sur [0, s], vE (s) est linéaire sur [e, 2 e] et vE (s) — v (s)
sur [2s, r). Il est facile de voir que ve(s) est localement lipschitzienne sur [0, r). On définit
V£(t,x) sur R+xSr:
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985 1317

Comme la solution x = 0 de (E) est UAS il suit qu'on a un.T(c)>0 tel que, si
(t,x)eR+ xSr, alors on a |F(T,£,X)|<C pour tout x>t + T(e). Donc:

Les hypothèses du théorème impliquent que les solutions de (E) sont uniques. Ainsi
VE(t, x) admet seulement une valeur qui signifie que Vc(£. x) est bien définie. D'après le
théorème de Peano on a que F(i,t,x) est localement lipschitzienne en x sur
R+ x R+ x Sr\{ 0}. Maintenant il est facile de montrer que VE(£, x) est continue en (i, x)
et localement lipschitzienne en x sur R+ x Sr. Donc Yc(t, x) est une fonction de Liapounov
pour (E) sur R+ x Sr.
Les définitions de vc et Vc permettent de déduire que VC(Z,0)=0 pour tout teR+.\
Pour démontrer (2) et (3) on prend un point (t0, X0)ER+ xSr\{0}. De l'unicité des
solutions on a F(x, l0,x0)=F(r, t, F(f,£0,x0)), donc:

qui est une fonction continûment différentiable en t. Mais comme ;

on: déduit que :

pour tout (t0, x0)eR+ xSr et t}zt0. Un résultat de Okamura et Yoshizawa (voir [8], p. 3)
donne D^V^t, x) = VE(f,x) et par conséquence on a D(E)VE(r,x)= — |i(t)i>E(|x|). La
définition de vz permet de déduire que (2) et (3) sont donc vérifiées. On finit la démonstra-
tion du théorème 2.
4. OBSERVATIONSFINALES. — (i) Morgan et Narendra [6] sont probablementles premiers
qui emploient la condition (1) du théorème 1 avec <p=/dans l'étude de UAS de (E). On
peut donner des exemples simples qui montrent que les conditions suffisantes de Morgan
et Narendra ne sont pas impliquées par les nôtres et inversement: ces auteurs travaillent
dans une direction différente.
(ii) Si cp=/et si les conditions du théorème 1 sont vérifiées pour une seule fonction de
Liapounov alors, à l'aide de l'extension de la seconde méthode de Liapounov donnée
par Burton [1], on peut montrer que cette fonction doit être définie positive.
(iii) Si <p=falors les conditions (l)-(5) du théorème 1 impliquent que la solution x—0
de (E) est uniformément stable.
(iv) Les conditions suffisantes pour UAS de (E) obtenus par Malkin [4] et Massera [5]
à l'aide d'une seule fonction de Liapounov requièrent que sa dérivée calculée le long des
solutions de (E) doit être définie négative. Les conditions sur D(E,VC dans le théorème 1
sont considérablement plus faibles, même si on fait l'usage d'une seule fonction de
Liapounov.
(v) Dans les théorèmes inverses pour UAS de (E), prouvés par Malkin [4] et Massera
[5], il est essentiel de supposer que le second membre/de (E) est lipschitzienne à l'origine:
On voit que l'hypothèse faite sur/dans le théorème 2 est moins forte.
(vi) Divers auteurs (voir [2], [3], [7], [8]) étudient les perturbations des systèmes non
linéaires à l'aide d'une fonction de Liapounov pour le système correspondant non
perturbé. Cette fonction doit être uniformément lipschitzienne dans le voisinage de
1318 C. ». Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985

l'origine. Si chaque fonction de la famille VE(£, x) dans les théorèmes 1 et 2 est uniformé-
ment lipschitzienne en x sur R + x Ar> alors, on peut utiliser cette famille pour l'étude de la
E
stabilité de (E) sous des perturbations qui dépendent de cp et ceci mérite une investigation
ultérieure. Remarquons que si la fonction u dans le théorème 2 est bornée sur R+ alors,
sous quelques conditions additionnelles concernant les propriétés lipschitziennes des
solutions de (E), VE(t,x) est uniformément lipschitzienne en x sur R+ x Ari'e.
Remise le 21 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] T. A. BURTON, J. Math:Anal. Appl., 28, 1969, p. 545-552; 32, 1970, p. 689-691.
[2] W. HAHN, Stability of motion, Springer, Berlin, 1967.
[3] N. N. KRASOVSKII, Stability of Motion, Stanford Univ. Press, Stanford, California, 1963.
[4] I. G. MALKIN, Prikl. Mat. Meh., 18, 1954, p. 129-138.
[5] J. L. MASSERA, Ann. Math., 64, 1956, p. 182-206.
[6] A. P. MORGAN et K. S. NARENDRA,S.I.A.M. J. Control, 15, 1977, p. 5-24.
[7] A. STRAUSS et J. A. YORKE, J. Diff. Eqs., 3, 1967, p. 15-30.
[8] T. YOSHIZAWA, Stability Theory by Liapunov's Second Method, Math. Soc. Japan, Tokyo, 1966.

Institut de Mathématiques, Académie Polonaise des Sciences, Sniadeckich 8, 00-950 Varsovie, Pologne.
C. R. Acad, Sc. Paris, t. 301, Série II, n°19, 1985 1319

MÉCANIQUE DES MILIEUX CONTINUS.


— Sur le principe du minimum de
l'énergie en statique des fils sans raideur. Note de José Eduardo Souza de Cursi, présentée
par Paul Germain.
Les fils présentent la particularité que seuls des efforts intérieurs de traction dans la direction tangentielle à
la fibre moyenne sont possibles. Le propos de cette Note est de prendre en compte cette caractéristique des
milieux unidimensionnels sans raideur, élastiques ou inextensibles, dans le cadre d'un problème statique. On
montre que le problème est bien posé en tensions, mal posé en déplacements et que des solutions non tendues
sont possibles. On obtient enfin le résultat physiquement souhaitable que toutes les configurations engendrant
le même champ de tensions que celui de l'équilibre réalisent ce dernier.

CONTINUUM MECHANICS. — On the principle of the minimum of the energy in the statics of a string.
Strings are unidimensional continuons media with the particularitythat their internal efforts are always traction
efforts in the tangent direction. The purpose of tins Note is to take in account such a specificity in elastic or
inextensible statics. We show well-posedness in tension, non-well-posedness in configurations and possibility of
untight solutions. Finally, we obtain the physical property that all the configurationwhich realize the equilibrium's
field of tensions are solutions of the static problem.

1. CARACTÉRISATION LOCALE DE L'ÉQUILIBRED'UN FIL. — Les fils, milieux continus unidi-


mensionnels sans raideur, présentent la particularité que seuls des efforts intérieurs de
traction dans la direction tangentielle à la fibre moyenne sont possibles : la réaction du
milieu à la sollicitation d'une force dont la composante tangentielle est compressive est
un changement de géométrie, transformant la compression en traction. C'est dans ce sens
qu'on dit couramment qu'une corde ne « sait » pas pousser. II en est de même pour les
efforts appliqués aux extrémités : la géométrie du solide se transforme de sorte que ces
forces deviennent des efforts de traction tangentiels [1]. Pour décrire de tels milieux, on
introduit une abscisse curviligne ae[0, Z] — la longueur d'arc naturelle du câble. La
position de ce dernier sera alors donnée par une fonction X : [0, Z] -* (%à, associant à la
particule a le vecteur-position X(a). La longueur d'arc sur la configuration déformée
sera notée s et reliée à la variable de Lagrange a par

formulé traduisant la déformation d'un élément de câble da en un autre élément ds (pour


le cas inextensible, cf. les remarques la fin de ce paragraphe). Nous avons :
à

Pour simplifier l'exposé, on supposera que le milieu est soumis à un chargement


extérieur massique de la forme p g (X), dérivant d'un potentiel [i.e., g (X)= — DG(X), où
G est une fonctionnelle — le potentiel — et DG est la; différentielle de G]. Toutefois,
nous avons des résultats analogues pour des forces linéiques et les théorèmes seront
énoncés pour dès efforts extérieurs plus généraux, de: façon à être applicables à des
problèmes avec frottement à force normale donnée. Dans cette formulation, p est la
masse linéique du fil dans sa configuration déformée, reliée à la masse linéique naturelle
0249-6305/85/03011319 12.00 © Académie des Sciences
1320 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985

Po Par

On considère aussi des conditions unilatérales dont la forme générale est

La tangente unitaire à la configuration X est

En écrivant R = réaction convexe parfaite associée à C (cf. [3]) et T = Tt, l'équation


d'équilibre s'écrit :

D'autre part, comme des conditions aux limites cinématiques ayant pour forme générale
f(X((3))=0 (P=0 ou p = Z) peuvent être prises en compte dans la définition de C [pour f
affine, i. e. pour le cas de conditions cinématiques du type X(p) = donnée] ou par des
méthodes de recherche de point-selle (pour f convexe et positive), nous considèrons ici
des conditions de la forme
(9) ao(T(0)+fo(X((0)))=0; a1(T(/)-f1(X(0))= 0,
avec f, dérivant d'un potentiel F; :
(10) fi(y=-gradFi(y.
Pour a0#0, la première des égalités (9) équivaut à T(0) = — fo(X(0)) et nous avons
une condition du type « force = fonction de la position ». En revanche, si a0 = 0, cette
même égalité est satisfaite quelles que soient f0 et la valeur de T(0). Dans ce cas, nous
n'avons pas de condition portant sur la tension en a = 0. Bien évidemment, les cas a1=0
et cq #0 sont entièrement analogues, de sorte que cette formulation comprend aussi bien
des conditions aux limites du type X(P) = donnée que du type T(P)= donnée [ou, plus
généralement, T(p)= fonction de X(p)].
Remarques. — (1) Nous ne supposons pas que le fil est toujours tendu. Cela est la
difficulté majeure du problème : (4) doit être vérifiée sans mettre en jeu un effort de
liaison, car un multiplicateur de Lagrange non nul associé à (4) entraîne que (8) n'est
pas vérifiée.
(2) Le cas d'un fil inextensible est contenu dans la formulation présentée : il suffit de
prendre C comme étant le convexe des fonctions X telles que | X' | g 1. Cette condition
combinée à (2) et (4) entraîne l'inextensibilité. Dans ce cas, la tension n'est pas donnée
par (3), mais par la réaction associée à C, laquelle engendre un champ de tractions
tangentielles.
2. LE CRITÈRE DU MINIMUM DE L'ÉNERGIE. —
On considère V=[H1(0, I)]3 muni du

L'ensemble des configurations satisfaisant (4) est V+ = {veV| |v'|^l}.


La fonctionnelle d'énergie est de la forme :

où W est l'énergie de déformation élastique et U est le potentiel des efforts imposés :


C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985 1321

Toutefois, les résultats restent valables même si U n'est pas de cette dernière forme :
nous supposerons simplement que l'énergie est définie par (11) et nous ferons des
hypothèses de convexité et semi-continuité inférieure (s.c.i.). Le critère du minimum de
l'énergie est P: XeKin = V+ HC et J(X)= inf J(Y). Notre propos est d'établir que,
YsKin
sous certaines conditions, (l)-( 10) <s>P et P admet une solution.
Nous montrerons aussi certaines propriétés physiques du système d'équations (1)-(10),
notamment : (i) l'unicité du champ de tensions T; (ii) toute configuration admissible
engendrant ce champ de tensions est solution de (1)-(10); (iii) la longueur d'arc sur la
configuration déformée est la même pour toutes les solutions de (1)-(10). En outre, on
montrera que le champ T peut être déterminé de manière équivalente à l'aide du problème
relaxé associé à P (J** est la convexifiée de J), PR : XeC et J**(X) = inf J**(Y).
YeC
3. RELAXATION DU PROBLÈME P. — On supposera désormais que C est un convexe fermé
de V et que les applications X->F,-(X(P,)) et X->U(X) sont convexes, propres et s.c.i.
sur C. Soit \|/ : 3k x ,^ 3 -» m définie par \|/ (a, 4) = + oo si | % \ < 1: \j/ (a, Ç) = 0 si [ £ | ^ 1.
De [2], p..217-218, nous avons que :
LEMME 1. — \j/ est une intégrande normale positive.
Nous avons encore ([2], p. 249 et 255) :
LEMME 2. — Lorsque V est muni de la topologie faible, W, la régularisée s.c.i. de W et

W**, la biconjuguée de W, coïncident. Déplus W(X)=W**(X)= K/2 [( | X' j -1) +fv).


Jo
Ce résultat montre que Xn -» X faiblement dans V entraîne que
W(Xn) -»-W(X)=W**(X). On pose alors cp = indicatrice du convexe C et :

Cette fonctionnelle est de la forme F + G, où G est; convexe, propre, s.c.i. et F est non
convexe mais définie par une intégrande normale positive, ce qui permet de conclure que
(cf. [2], p. 248-256) : ': '
'^pl^
En effet,l'application -^'[L'^Ô,-. T)f, définie par :

Ainsi, les suites minimisantes du problème P. (donc, de la fonctionnelle J) convergent


vers des points de minimum de J**, i.e., des points de nrimmum du problème PR et :
THÉORÈME 3.- (i) Inf: P=I nf PR;
(ii) si X est solution de P, alors X est solution de PR;

C. R, 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II —95


1322 G R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985

(iii) si X est solution de PR, alors X est limite faible dans V d'une suite minimisante
de P ;
(iv) si X est solution de PR, alors X satisfait (1), (3)-(10) et s = (|X'| —1)+;
(v) la valeur de s est la même pour toutes les solutions de P (et coïncide avec la valeur
unique de s);
(vi) si X et X sont deux solutions de P, alors T = T;
(vii) compte tenu de (i), le système (1)-(10) équivaut à P;
(viii) si s>0 ^.jp. (i. e. si Je câble est entièrement tendu), alors la fonction X' est unique
et, dans ce cas, X est solution de P.
Remarques. — (i), (iv) et (vii) montrent que l'effort de liaison associé à (4) est nul.
D'autre part, l'existence de X peut être obtenue à partir d'éventuelles conditions de
croissance de J à l'infini, telles la coercivité de J sur C. Cette dernière propriété est liée à
l'amarrage du fil ou, plus généralement, à l'action de la fonctionnelle J sur des fonctions
engendrant un même champ de tensions.
A partir de X, nous pouvons construire une solution du problème P en prenant :

i. e. Xengendre le même champ de tensions que X. En effet, à partir de la caractérisation


locale de X, on vérifie aisément que, pour q e3U(X) : (X, q) est un point-selle sur V x V
de L (Y, q) = 9 (Y) + W**fY) + < q, Y > U* (q). -
Ainsi, L(X, q) ^L(X, q). Or, si X engendre le même champ de tension que X :

et (X, q) est un point-selle de L sur C x V (et sur V x V), d'où :

THÉORÈME 4. — X est solution de P si et seulement si X vérifie (12).


Remarque. — Le problème est, donc, bien posé en tension et mal posé en configuration
(sauf si le câble est entièrement tendu et une de ses particules est attachée).
Travail partiellement supporté par le C.N.R.S. dans le cadre de l'A.T.P. Mathématiques et Physique de
Base.
Reçue le 11 juillet 1985, acceptéele 21 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] J. SALENÇON, Mécanique des Milieux Continus, 2, École Polytechnique, Palaiseau, 1983.
[2] I. EKELAND et R. TEMAM, Analyse convexe et problèmes variationnels, Dunod et Gauthier-Villars, Paris,
1974.
[3] J. J. MOREAU, La notion de sur-potentiel et les liaisons unilatérales en élastostatique, Comptes rendus,
267, série A, 1968, p. 954-957.

Université de Nantes (E.N.S.M.), Laboratoire de Mathématiques,


1, rue de la Noë, 44072 Nantes Cedex.
C.R. Acard. Sc. Paris, t. 301, Série II, n°19, 1985 1323

MÉCANIQUE DES FLUIDES. —Dispersion dans un écoulement en présence de zones


de recirculation. Note de Yves Pomeau, présentée par Pierre-Gilles de Gennes.

On montre l'importance des zones de recirculation sur la dispersion dans un écoulement dans un poreux, à
la limite d'un grand nombre de Peclet Pe. Dans un écoulement cellulaire, entièrement constitué de telles zones,
le coefficient de diffusion effectif est multiplié par Pe1/2. Par contre, lorsque ces zones occupent une proportion
finie, mais inférieure à 1, de l'écoulement, le coefficientde diffusion effectif est multiplié par P|'2.

MECHANICS OF FLUIDS. — Dispersion in flows with recirculation zones.


One shows the importance of recirculation zones-for dispersion in a flow in a porous medium, in the limit of
large Peclet number Pe. In a cellular flow, mode of these recirculqtion zones only, the effective diffusion
coefficient is multiplied by P*'2. On the contrary, this diffusion coefficient is multiplied by Pf'2 when those zones
occupy a finite part of the flow, althoughnot all of it.

Quand un fluide visqueux s'écoule dans un milieu poreux, une particule convectée suit
une trajectoire plus ou moins erratique à grande échelle, autour d'un mouvement de
dérive moyen. Ces fluctuations naissent du caractère aléatoire des lignes de courant
ouvertes (c'est-à-dire passant d'un côté à l'autre de l'échantillon poreux), et constituent
le phénomène de dispersion. Divers travaux récents concluent ([1], [2]) qu'à un logarithme
près, sans doute difficilement décelable dans la plupart des situations expérimentales
concevables, cette dispersion se présenté comme une simple diffusion, avec un coefficient
de diffusion d'ordre (HA) où u(/A) est la vitesse hydrodynamique (/l'échelle spatiale)
typique,notation qui sera conservée par la suite. Ceci néglige toutefois les zones de
recirculation c'est-à-dire les régions uniformément bornées où les lignes de courant restent
confinées. Comme le montre cette Note, ces zones jouent un rôle important dans la
dispersion lorsque le coefficient de diffusion moléculaire D des particules convectées tend
vers zéro, c'est-à-dire que le nombre de Peclet Pe = M X/D est grand.
Le rôle des régions de recirculation peut se comprendre de la façon suivante : dans ces
zones, la dispersion est évidemment nulle, si D=0, alors que la diffusion moléculaire
permet l'échange de l'impureté entre zones de recirculation et lignes de courant ouvertes
et doit conduire à une sorte de moyenne entre ces zones. La limite D-»0 est donc
singulière comme va le montrer l'étude qui suit. Les raisonnements présentés étant ceux
de l'analyse dimensionnelle, nous éviterons d'user de façon répétée de locutions telles
que « de l'ordre de grandeur dé » ou « de l'ordre de » et dirons que deux quantités sont
égales si elles ne diffèrent que par une constante multiplicativeindépendante de la vitesse,
la longueur ou le nombre de Peclet, mais dépendant éventuellement de la géométrie; du
poreux.
Nos considérations se développeront en deux étapes. Nous examinerons d'abord le cas
modèle d'une structure cellulaire bidimensionnelle et stationnaire, telle des rouleaux de
Rayleigh-Bénard [3] ou de Taylor-Couette entre plaques rigides. Ceci constitue un cas
limite d'écoulement entièrement formé de zones de recirculation. Nous utiliserons ensuite
certains des résultats alors obtenus pour montrer que dans la limite Pe->- co, le coefficient
de diffusion effectif vaut Pj/2 (u K), en présence de recirculation et sous certaines conditions
qui seront précisées.
Soient donc des rouleaux dé convection créant un champ de vitesse stationnaireplan
de période spatiale X,. L'incompressibilité et la stationnaritéfont que les lignes de courant
d'un tel écoulement sont des courbes fermées, sur lesquelles la période de rotation
moyenne vaut A/H. Si Pe>l cette période est beaucoup plus courte que le temps de
0249-6305/85/03011323 $2.00 © Académie des Sciences
1324 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985

Écoulement cellulaireà deux dimensions entre plaques parallèles rigides. Les lignes de courant sont fermées et
la période de rotation diverge lorsque ces lignes se rapprochant de la ligne de courant singulière et
rectangulaire faite des séparatrices verticales et les lignes passant exactement sur les plaques.
Two dimensionnal cellular flow between rigid parallel. The lines are closed and their rotation period diverges as
this Une gets closer to the rectangular and singularflow line made of the vertical separations and of their flow
lines exactely on thin solid plates.

diffusion X2/D dans une longueur d'onde de la structure. Il semble donc naturel de faire
une approximation adiabatique qui conduirait pratiquement à ce que sur les échelles de
temps d'ordre À.2/D ( |> Xju) et plus, la diffusion moléculaire est seule importante et donc,
que le coefficient de diffusion effectif est d'ordre D. En effet, l'advection ne peut entraîner
une particule qu'à une distance bornée, lorsque les lignes de courant sont fermées et ne
contribue donc pas vraiment à la diffusion à temps long. En réalité, ce raisonnement est
inexact, puisque deux cellules élémentaires voisines sont séparées par une ligne de courant
singulière, la « séparatrice », pour laquelle le temps de rotation d'une particule est infini
(voir fig.).
Lorsque la particule atteint par diffusion le voisinage de cette séparatrice, on ne peut
plus faire l'approximation adiabatique évoquée plus haut. Nous allons calculer le coeffi-
cient de diffusion effectif (=pour les temps longs) dans la structure cellulaire en tenant
compte de l'existence de ces lignes de courant singulières. Lorsqu'une particule entre
dans une nouvelle cellule, elle le fait le long de la séparatrice verticale. Le temps de
parcours le long de cette séparatrice vaut (Xju) et pendant ce temps la particule pénètre
par diffusionmoléculaire, de (DX/u) 112 dans la nouvelle cellule. Mais les lignes de courant
proches de la séparatrice courrent ensuite au voisinage des parois solides où la vitesse
hydrodynamique est faible. A une distance z ( <$ X) de la paroi, le temps de parcours
horizontal dans une cellule vaut X2/uz et, pendant ce temps là, la diffusion moléculaire
étale (verticalement) la probabilité de présence sur l'épaisseur (DX2/uz) 112. Égalant à z
cette épaisseur on obtient z = X P~1/3 qui est l'épaisseur de la couche de diffusion lorsque
la particule revient sur une séparatrice. Lors du nouveau transit vertical la particule
diffusera vers l'autre cellule avec une probabilité égale au rapport de l'élargissement
XP~ 112 dû à la diffusion pendant le transit à l'épaisseur z calculée plus haut, soit une
probabilité faible en P" 1'6. Il faudra donc un grand nombre de rotations pour que la
particule, une fois entrée dans une cellule, en ressorte.
Nous allons estimer maintenantle temps de séjour moyen T d'une particule dans une
cellule, une fois qu'elle y a pénétré en traversant la séparatrice. Nous nous placerons
dans l'hypothèse où T est très inférieur au temps X2/D nécessaire pour atteindre par
diffusionmoléculairele centre de la cellule, en partant de cette séparatrice. Cette hypothèse
est confirmée a posteriori par le résultat trouvé pour T(=(À,/")Pe/2), et elle implique que
la particule ne diffuse en moyenne que sur une épaisseur e = (DT)1/2 -4 X vers l'intérieur
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985 1325

de la cellule, avant d'en ressortir. A cette épaisseur est associé un temps de rotation
tr = X2/ue et pendant la durée T( |> t,. par hypothèse) il y aura donc N = T/t,. rotations.
À
chaque tour, la particule sort de la cellule avec une probabilité (supposée
faible) p — (DXIu)il2 1/e, et cette probabilité de sortie deviendra notable au bout d'un
nombre de tours tel que Nj?=l. Cette dernière relation donne
T=(X/u)P1e'2,e = XP-ll4;tl.= (Xlu)l:>ll4-etN = ~PllA. On en déduit le coefficient de diffu-
sion effectif Deff, mesurable sur les durées très supérieures à T, qui vaut
Derr = >v2/T = MÀ,PJ 1'4 = DP,y 2. Ce coefficient est plus grand, d'un facteur P*/2 que le
coefficient de diffusion moléculaire. Cet accroissement est dû à l'effet des séparatrices.
Elles induisent une dichotomie entre les trajectoires se dirigeant vers l'une ou l'autre des
cellules séparées, ce qui amplifie l'effet des fluctuations moléculaires. Remarquons que
les résultats ci-dessus pourraient être modifiés par des effets logarithmiques. En effet,
l'égalité tr = X2jue implique en fait une proportionnalité des valeurs moyennes sur la
région de diffusion: < tr)>~A2/w< l/e>. Or le calcul de la probabilité p suppose une
répartition de densité dans cette région à peu près uniforme jusqu'à la séparatrice, ce qui
entraîne la divergence logarithmique d'une moyenne telle <l/eX à cause des petites
valeurs de e. Ce qui donne à penser qu'il y a des facteurs ln Pe dans les lois de similitude
proposées. Dans la réalité, ces facteurs logarithmiques sont sans doute difficiles à distin-
guer de simples constantes et nous les omettrons donc, renvoyant le lecteur à une
publication à venir plus détaillée.
Notre discussion de la dispersion en présence de recirculation va considérer maintenant
les situations satisfaisant aux conditions suivantes : (1) le poreux est caractérisé par une
échelle de longueur (/ de vitesse) unique X(lu): (2) les zones de recirculation occupent
une proportion finie de l'écoulement et sont réparties uniformément à grande échelle; (3)
dans ces zones, les lignes de courant se bobinent [4] sur des tores emboîtés, éventuellement
séparés par des petites régions chaotiques; (4) les zones de recirculation et le volume
(supposé connexe) où les lignes de courant sont ouvertes sont séparés par des surfaces
lisses intersectant « génériquement » la surface du solide. Cette dernière hypothèse permet
une analogie avec la situation bidimensionnellediscutée plus haut et ces surfaces joueront
le même rôle que les lignes séparatrices du cas précédent. On pourrait imaginer que cette
surface séparatrice soit un « tore moustachu » (dans la terminologie d'Arnold et Avez [5])
plutôt qu'une surface lisse. Ceci semble quand même exclu par la remarque suivante :
les lignes de courant longeant la surface séparatrice restent ensuite proches de la surface
solide, et il paraît raisonnable de supposer que si cette dernière surface solide est lisse à
petite échelle, il en ira de même de la surface séparatrice qui s'en déduit par une
transformation continue (c'est-à-dire en suivant les lignes de courant). Alors on peut
utiliser certaines des estimations faites précédemment. En effet, la surface séparatrice est
bordée, du côté de la zone de recirculation par des tores longeant le solide et — sur ces
tores — on peut estimer le temps moyen de rotation comme on l'a fait pour les lignes de
courant fermées dans le cas précédent. Ceci conduit à un temps de séjour dans la zone
de recirculation de même ordre que le temps T considéré plus haut. La probabilité P de
tomber dans une zone de recirculation pendant un temps caractéristique X/u est le rapport
de la distance d'approche de la séparatrice par diffusion, soit (DA/H)1/2 au diamètre du
pore, soit X, ce qui donne P' = P~1/2. Le mouvement moyen d'une particule convectéè et
diffusante sera donc fait de morceaux de trajectoires dans l'écoulement ouvert, séparés
par des arrêts dans les zones de piégeage pendant un temps d'ordre (X/u)Pl12. Comme
l'intervalle entre deux piégeages dure aussi (Xju)Pl!2, une distance l = XP\12 est parcourue
1326 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985

en moyenne entre deux arrêts. Les deux temps (de piégeage et entre piégeages) étant du
même ordre dé grandeur, la vitesse moyenne d'advection reste d'ordre u. Le coefficient
de diffusion effectif, quant à lui, vaut Deff = (/2/T) =(Xu)Pl12. Dans cette limite Pe-» oo,
Deff est supérieur d'un facteur P|/2 au coefficient de diffusion moléculaire (D) et d'un
facteur P*'2 au coefficient de dispersion « naturel » (uX). Ceci provient encore de l'amplifi-
cation par les séparatrices du bruit thermique responsable de la diffusion moléculaire.
Remarquons aussi que ceci suppose qu'au cours d'une trajectoire. « moyenne » une
particule donnée aura été piégée de nombreuses fois. Ceci signifie que la longueur totale
d'une ligne de courant ouverte est toujours très supérieure à A.P*/2 dans l'échantillon
poreux. Ceci est d'autant plus restrictif qu'une plus faible proportion de l'écoulement est
occupée par les zones de recirculation. Toute notre discussion implique aussi que la
surface du solide est lisse à la plus petite des échelles de longueur introduite, soit
XP~ 112. S'il n'en était pas ainsi, il faudrait tenir compte du piégeage par la recirculation
dans les rugosités de la surface du solide.
le tiens à remercier Etienne Guypn qui, par ses questions et ses remarques, m'a fait réaliser tout l'intérêt
qu'il y avait à considérer l'effet des zones d'eaux mortes dans la dispersion.
Remise le 21 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] C. BAUDET, E. GUYON et Y. POMEAU, Dispersion dans un écoulement de Stokes, J. Phys. lettres, E.
GUYON, in Proceedings of the Nato meeting, Scaling effects in disordered matter, Geilo, 1985, Plenum (à
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[2] D. L. KOCH et J. F. BRADY, J. Fluid Mech, 154, 1985, p. 399.
[3] C. NORMAND, Y. POMEAU et M. G. VELARDE, Rev. Mod. Physics, 49, 1977, p. 581.
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S. Ph. T., C.E.N., Saclay, 91191 Gif-sur-Yvette Cedex.


C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985 1327

MÉCANIQUE DES FLUIDES.


— Sur une, méthode pseudo-spectrale de résolution de
l'équation de Helmholtz en coordonnées curvilignes non orthogonales. Note de Alain Farcy
et Thierry Alziary de Roquefort, présentée par Michel Combarnous,
On présente une méthode pseudo-spectrale préconditionnée pour la résolution numérique de l'équation de
Helmholtz provenant de la discrétisation temporelledes équations de Navier-Stokes dans un domaine de forme
quelconque.

MECHANICS OF FLUIDS.— On a preconditionned pseudospectral method for the solution of thé


Helrnholtz equation in à non-orthogonal boundary-fitted coordinates system.
We present a precpnditionnedpseudospectral method for the numerical solution of the Helmholtz equation
arising from a time discretization of the Navier-Stokes equations in a complex geometry.

1. INTRODUCTION. — La discrétisation temporelle des équations de Navier-Stokes de


façon semi-implicite pour les termes linéaires et explicite pour les termes non linéaires se
ramène à la résolution de plusieurs problèmes de Helmholtz dans le domaine de calcul
considéré [1]. D'un point de vue pratique, la résolution de ce problème par une méthode
pseudo-spectrale utilisant un développement de la solution sur une base de polynômes
de Tchebytchev, tout comme par une méthode de différences finies, nécessite que les
frontières du domaine de calcul soient lignes de coordonnées. Dans le cas d'un domaine
simplementconnexe de forme quelconque, des procédés de transformationde coordonnées
ont été récemment développés, afin de se ramener à un domaine de calcul rectangulaire
([2], [3]). Le système de coordonnées curvilignes ainsi; obtenu n'est généralement pas
orthogonal et son orthogonalisation présente de grandes difficultés dans le maintien de
la précision et le contrôle de l'espacement des lignes de coordonnées. Cette Note expose
une méthode pseudo-spectrale préconditionnée de résolution du problème de Helmholtz
(ou de Poisson) bidimensionner en coordonnées curvilignes non orthogonales et présente
les résultats de quelques tests numériques.
2. RÉSOLUTION DU PROBLÈME DE HELMHOLTZ. — Soit O le domaine de calcul, dQ. sa
frontière, u la variable dépendante, A l'opérateur laplacien. Le problème de Helmholtz
est défini par le système suivant :

où l'opérateur B correspond suivant le cas à des conditions aux limites de Dirichlet, de


Neumann, ou mixtes. Soit x, y et r|, cj les variables indépendantes respectivementdans le
domaine physique Q, et dans le domaine transformé Q.*. La transformationde coordonnées
est définie par les relations :

La décomposition spectrale se fait sur une basé de polynômes de Tchebytchev des


variables r\, "t, :

En méthode pseudo-spectrale [4], le système (1) se traduit par un système d'équations


linéaires H u=s dont la matrice H, d'ordre NM, est mal conditionnée et pleine si le

0249-6305/85/03011327 $2.00 © Académie des Sciences


1328 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985

système de coordonnées n'est pas orthogonal. L'application efficace d'une méthode de


résolution itérative au système linéaire ( 1) nécessite de lui substituer le système équivalent :

où H6 est une approximation « facilement inversible » de l'opérateur H. Nous avons


adopté comme opérateur de préconditionnement H8 une approximation factorisée de
l'opérateur obtenu en discrétisant (1) par une méthode de différences finies [4].
2.1. Préconditionnement. — Le schéma aux différences finies permettant de construire
la matrice de préconditionnement H8 a été choisi de façon à préserver la possibilité d'une
factorisation incomplète de cette matrice sous forme d'un produit LU, où L et U sont
des matrices triangulaires respectivementinférieure et supérieure à trois diagonales non
nulles, et ceci sans trop dégrader la vitesse de convergence de la résolution de (2). Parmi
les différents algorithmes de factorisation incomplète, Phillips et coll. [6] ont montré que
la méthode de Stone [5] se révélait efficace en coordonnées cartésiennes. Cette méthode
consiste à ajouter à la matrice H5 une matrice R obtenue par développement limité telle
que Ru=0+Q(h2) et que H5 + R soit factorisable exactement. L'adaptation à un système
de coordonnées curvilignes non orthogonales, où des dérivées croisées apparaissent dans
le calcul du laplacien, est facilement réalisable si la matrice H6 possède la même structure
que le produit matriciel LU, c'est-à-dire sept diagonales non nulles. Si l'on écrit A sous
la forme A=div (grad), cette condition est satisfaite en construisant H8 à partir de
schémas aux différences finies du premier ordre de type « forward » pour le gradient et
« backward » pour la divergence.
2.2. Méthode de résolution itérative. — Le système linéaire préconditionné (2) a tout
d'abord été résolu par la méthode de Richardson :

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 1. — Domaine de calcul (33 x 33 noeuds).


Fig. 1. — Computationaldomain (33 x 33 nodes).
Fig. 2. Convergence de la méthode de Richardson avec conditions aux limites de Dirichlet (
— ,
1=0;
,
1=1; 1 10;
, = -.-,1 = 100).
Fig. 2. — Rate of convergence of the Richardson's method with Dirichlet boundary conditions ( 1=0;
1=1; ---, 1=10 ; -.-, 1= 100).
,
,
Fig. 3. —
Convergence de la méthode du résidu minimal avec conditions aux limites de Dirichlet (—
,
1=0; ,1=1; 1 10;
, = - .-,
1=100).
Fig. 3. —
Rate of convergence of the minimal residual method with Dirichlet boundary conditions (
,
1=0;
,1=1; ,1=10; -.-,1=100).
Fig. 4. —
Convergence de la méthode du résidu minimal avec conditions aux limites mixtes (
,
1=0;
,
1=1;
,
1=10; -. -, 1=100).
Fig. 4. —
Rate of convergence of the minimal residual method with Dirichlet-Neumannboundary conditions
(
,
1=0; ,
1=1; ,
1=10; - -, 1=100).
.
Fig. 5. —
Comparaison entre méthode spectrale (MS) et méthode de différences finies (DF) ( MS
,
17x17; -.-, MS 33x33; ,
DF 17x17; -----, DF 33x33).
Fig. 5. —
Comparison between spectral method (MS) and finite difference method (DF) ( MS 17 x 17;
,
-.-,MS 33x33; ,
DF 11 x 17; -----, DF 33x33).
PLANCHE I/PLATE I ALAIN FARCY
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985 1331

où n est l'indice d'itération. Siet Xt sont les valeurs propres extrêmes de l'opérateur
X0
H5_1H, la valeur optimale du paramètre oe est :

On peut tenter d'accélérer ce schéma itératif en ajustant le paramètre a à chaque itération


afin de minimiser |( r" || = || s—H u" jj. Cette méthode dénommée méthode du résidu minimal;
([7], [8]) est définie par :

où u° est le vecteur initial et (., .) le produit scalaire euclidien. Cette méthode peut
malheureusement dégénérer dans le cas où la partie symétrique de H5_1H n'est pas
définie positive, typiquement lorsque :

3. RÉSULTATSNUMÉRIQUES; Nous avons testé cette méthode sur un domaine de calcul



schématisant un canal bidimensionnel de section variable défini par :

Le maillage non orthogonal représenté sur la figure 1 est défini par interpolation entre
les points situés sur la frontière.
Le problème résolu est Au — Xu = s avec des conditions aux limites de Dirichlet ou
mixtes (conditions de Neumann pour x = 0 et x = l,5 et conditions de Dirichlet sur les
deux autres côtés). Le terme s correspond à la solution exacte w = cos (;i x) cos(ny).
La figure 2 illustre la convergence de la méthode de Richardson dans le cas de
conditions de Dirichlet. La quantité s„ désigne la norme euclidienne de la différence entre
la solution exacte des équations discrètes et la solution après n itérations. On constate
que s„ qui tend vers zéro quand n tend vers l'infini est multipliée à chaque itération par
un facteur de 0,72 pour le problème de Poisson (À- = 0) et de 0,53 pour le problème de
Helmholtz avec A.= 100.
La méthode du résidu minimal est légèrement plus rapide avec des facteurs respectifs
de 0,61 et 0,48 (fig. 3). Dans le cas de conditions aux limites de type mixte (fig. 4) on
constate une légère dégradation de la vitesse de convergence qui reste néanmoins accepta-
ble. Un autre avantage de la méthode du résidu minimal est que la détermination du
paramètre a*, nécessaire dans le cas de conditions aux limites de type mixte, est beaucoup
moins critique que celle du paramètre optimal de la méthode de Richardson.
1332 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985

La figure 5 permet de comparer les résultats obtenus par méthode spectrale et ceux
d'une méthode de différences finies sur le même maillage. La quantité en désigne la norme
euclidienne de l'erreur entre la solution analytique exacte et la solution numérique après
n itérations. On constate que la très grande précision des méthodes spectrales est
effectivement conservée en maillage non orthogonal. On remarque que le fait de précondi-
tionner un opérateur de différences finies par le même opérateur factorisé n'améliore pas
la vitesse de convergence. C'est donc essentiellement la factorisation qu'il convient de
modifier si l'on souhaite augmenter la vitesse de convergence.
4. CONCLUSION. —
Les résultats présentés ci-dessus de quelques tests numériques
montrent la possibilité de résoudre une équation aux dérivées partielles elliptique dans
un système de coordonnées curvilignes non orthogonales en utilisant une formulation
pseudo-spectrale. Une condition nécessaire au bon fonctionnement de cette méthode est
la régularité de la transformation de coordonnées. Les domaines à frontières présentant
un ou plusieurs angles vifs sont exclus; la décomposition d'un domaine de ce type en
sous-domainesréguliers doit alors être envisagée. Appliquée au système linéaire provenant
de la discrétisation temporelle des équations de Navier-Stokes, la méthode itérative que
nous avons utilisée ici permet, sans surcoût de calcul, la prise en compte implicite ou
semi-implicite des termes de convection, ce qui devrait notablement améliorer la stabilité
du schéma d'intégration.
Remise le 28 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] P. LE QUERE et T. ALZIARY DE ROQUEFORT, Comptes rendus, 294, série II, 1982, p. 941-944.
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[3] H. J. HAUSSLING, J.C.P., 30, 1979, p. 107-124.
[4] D. GOTTLIEB et S. A. ORSZAG, Numerical analysis of spectral methods: theory and applications, S.I.A.M.,
1911.
[5] H. L. STONE, S.I.A.M. J. Num. Anal, 5, n° 3, 1968.
[6] T. N. PHILLIPS, T. A. ZANG et M. Y. HUSSAINI, Rappprt ICASE, n° 83-48.
[7] P. JOLY, Résolution de systèmes linéaires non symétriques par des méthodes de gradient conjugué, Université
Pierre-et-Marie-Curie, Rapport n° 82 045.
[8] C. CANUTO et A. QUARTERONI, J.C.P., 60, 1985, p. 315-337.

Laboratoire d'Études aérodynamiques, U.A. n° 191 associé au C.N.R.S.,


43, route de l'aérodrome, 86000 Poitiers.
R. Acard. Sc. Paris, t. 301,
C. Série II, n°19, 1985 1333

RELATIVITÉ, — Couches simplesde matière à symétrie sphérique en cosmologie. Note


de Bernard Linet, présentée par André Xichnerowicz.

Nous déterminons une classé d'espaces-tempsqui contiennent une hypersurface de discontinuités décrivant
une couche simple de matière à symétrie sphérique de tension égalé à la densité surfacique d'énergie et qui, en
dehors de cette hypersurface, sont des espaces temps de Robertson-Walker.

RELATIVITY. cosmology.
— Surface layers with spherical symmetry in .
. We determine a set of space-times having an hypersurface of discontinuitiesdescribing a surface layer with
spherical symmetry whose the tension equals the surface energy density and which, outside this hypersurface, are
Robertson-Walker's space-times.

En relativité générale, l'évolution d'une couche simple de matière est décrite par
1.
une hypersurface (E) de discontinuités séparant l'espace-temps en deux parties V+ et
V- [1]. Les métriques induites sur (E) par le plongement soit dans V+ soit dans V-
coïncident; par contre les secondes formes fondamentales Ky et Ky ne sont pas identi-
ques. L'évolution d'une couche simple de matière est caractérisée par la métrique gyet
le tenseur impulsion-énergiesurfacique Sy qui a pour expression :

dans les unités dans lesquelles G = c= 1. Par convention le vecteur normal à (Z) est dirigé
de V" vers V"1".
Il existe un intérêt [2] pour l'étude des couches simples de matière à symétrie sphérique
dans le cas où les espaces-temps V+ et V~ sont ceux de Robertson-Walker. Dans ce

:
cadre là, nous examinons le cas particulier où:

Relativement à un vecteur vitesse unitaire v1, la forme (2) de Sy décrit une couche
simple de matière dont la tension est égale à la densité surfacique d'énergie a. C'est un
modèle utilisé pour représenter des cloisons séparant des vides dans les théories à brisure
spontanée de symétrie; dé jauge [3]. Cependant, nous nous limiterons à considérer des
hypersurfaces (£) pour lesquelles :

L' hypothèse. (3) assure la forme (2) de S avec :

Dans le système de coordonnées (r\, r, 0, cp) dans lequel la métrique des espaces-temps
2.
V+et V- s'écrit sous la forme

nous définissons une hypersurface (Z) par des équations paramétriques (r| (T), r(t),9,çp)
où;(i;,0,(p) constituent un système de coordonnées de (S).
La coordonnée t est choisie de telle sorte que:

0249-6305/85/03011333 ; $2,00. ©AcadémiedesSciences


1334 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985

Ainsi (ri(x),r(x), 0,0) seront les composantes du vecteur vitesse v1 de la couche simple
de matière. La métrique induite sur (E) a pour expression:

A partir des expressions des composantes de la seconde forme fondamentale de (E),


nous avons montré que celle-ci est de la forme (3) si et seulement si l'équation suivante
est satisfaite :

qui s'intègre sous la forme :

où r|0 est une constante. La dépendance en x est obtenue par l'équation (8). Posons
e= ± 1 suivant le signe de dr/dr\. Si x0 est la valeur de T pour laquelle r=r0, nous notons
que s=— 1 pour x<x0 et s=l pour x>x0.
De plus nous avons l'expression de K sous la forme :

3. Supposons qu'il existe une hypersurfacé (E) satisfaisant (3) séparant des espaces-
temps V+ et V- de métrique (5) avec respectivement a+ (r\+) et a" (r\~). Pour simplifier
mais ce n'est pas essentiel, nous considérons la partie de (E) définie par
T^TQ (r~ (TO ) =0). Il est aisé de montrer que r+ doit s'annuler pour une valeur XQ
strictement plus grande que XQ et nous notons r*, r\f les valeurs de r+ et r)+ en XQ La
coïncidence des métriques induites (7) sur (E) peut s'exprimer en tenant compte . des
équations (8) et (9) sous la forme suivante

qui s'intègre par rapport a x pour donner la relation suivante :

où E est une constante telle que 7i>E>7i/2, reliée à XQ par la relation


cosE= — fo/rô (XQ) et déterminant r;+ et T|(+ :

De la relation (13), nous déduisons deux formules utiles:


C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985 1335

Les conditions nécessaires (15) suggèrent le résultat suivant:


Soit un espace-temps V" de facteur d'échelle cosmique a" (r\~) et soit une hypersurface
(E) de V~ caractérisée par r„~ et r\ô.
Soit trois constantes fo, r(o et E (7c>E>7i72).
Alors il existe un espace-temps V+ défini pour r|+ >Tij+ [r\* ayant l'expression (14)]
de facteur d'échelle cosmique:

avec l'hypersurface (E) de V+ caractérisée par TQ et r|o> tel que I'espace-temps obtenu
par raccordement le long de (E) de V+ et V~ soit celui dans lequel (E) décrit une couche
simple de matière satisfaisant (2).
Nous avons démontré ce résultat par une vérification directe.
Avec la formule (16) nous pouvons alors calculer K+ et déterminer la densité surfacique
d'énergie donnée par (4). Nous avons trouvé l'expression suivante:

qui ne dépend que de quantités calculées sur (E) dans V" et de E.


Appliqué au cas particulier où V- est l'espace-temps de Minkowski, le résultat général
(16) donne que V+ est l'espace-temps de De Sitter. Nous retrouvons le cas connu [4]
mais décrit dans un autre système de coordonnées.
Remise le 7 octobre 1985, acceptée le 28 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] K. LANCZOS, Ann. d. Phys., 74, 1924, p. 518-540; W. ISRAEL, Nuov. Cim., 44 B, 1966, p. 1-14; A,
PAPAPETROU et A. HAMOUI, Ann. Inst. Henri-Poincaré, 9 A, 1968, p, 179-211.
[2] V. A. BEREZIN, V. A. KUZMIN et I. I. TKACHEV, Phys. Lett., 130 B, 1983, p. 23-27; K. MAEDA et H.
SATO, Prog. Theor. Phys., 70, 1983, p. 772-782.
[3] T. W. B. KIBBLE, J. Phys. A: Math. Gen., 9, 1976, p. 1387-1398.
[4] S. COLEMAN et F. DE LUCCIA, Phys. Rev., D 21, 1980, p. 3305-3315.

Unité associée au C.N.R.S. n° 769, Université Pierre-et-Marie-Curie,


Institut Henri-Poincaré, 11, rue Pierre-et-Marie-Curie, 75231 Paris Cedex 05.
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985 1337

PHYSIQUE DES SURFACES ET DES INTERFACES. — Dynamique de l'étalement


de gouttes sur une surface. Loi de Tanner et effet de la gravité. Note de Anne-Marie
Cazabat et Martinus A. Cohen Stuart, présentée par Pierre-Gilles de Gennes.

Nous avons mesuré en fonction du temps le rayon R(t) de gouttes d'huile de silicone s'étalant sur le verre,
pour diverses valeurs du volume V de la goutte et de la viscosité-p du liquide,
Lorsque les gouttes sont petites, la loi R ~ V3/1°(yt/r\)1/10 proposée par Tanner en l'absence d'effets de
gravité est bien vérifiée. Pour des gouttes plus grandes, les effets de gravité sont dominants et l'on obtient un
bon accord avec la loi R ~.V3/8 ((pg/rOr)1'8 proposée par Lopez, Miller et Rückenstein.
Un résultat inattendu est que la transition entre ces deux régimes s'effectue pour une valeur R* du rayon de
la goutte qui n'est pas. simplement proportionnelle à la longueur capillaire K-1= /y/p g,

- SURFACE AND INTERPHASE PHYSICS. — Rate pf spreading of silicone oil drops on glass : Tanner's
law and gravity effects.
For silicone oil droplets on glass we measured the rate of spreading R (t) (where R is the radius of the wetted
circulai-spot) as a function of drop volume V.and liquid viscosity r\. For small droplets we found that the scaling
AqwR ^.V3'10(yt/Tl)1/10, proposed by Tanner for the case of negligible gravity effects, is well obeyed. We refer
to this, regime, as the "Tanner"-regime. For larger drops, the effects ofgravity become dominatingand a slightly
different scaling law, R~ V3/8((pg/ri)r)1/8, appears. This latter relation agrees with the theoretical result of
Lopez, Miller and Rückenstein for the case of negligible capillary forces and mil be denoted the "gravity"
regime. Not only the time dependence, but also the volume and viscosity effects were tested and found to agree
with the. theoretical predictions. An: interesting, however presently unexplained feature is that the cross-over
between both regimes occurs at a value of R* which is not a constant multiple of the capillary length, but decreases
with increasing time. We find that a dynamic condition of the form R*(dRldt)*~2,î describes the cross-over
rather-well

I. RAPPEL ET OBIEÇTIES. — Divers modèles ont été proposés pour décrire l'étalement
sec de gouttes liquides sur une surface solide, et; une mise au point a été effectuée
récemment par de Gennes [1] et Joanny [2].
Pour de petites gouttes, les forces; de capillarité sont dominantes. Dans ce régime,
étudié par Tanner [3], le rayon R de la goutte est de la forme R~ V3/i0 (y î/r))1/ 10, V est
le volume de la goutte, r la viscosité du liquide, y sa tension superficielle, t le temps.
Pour de grosses gouttes, les effets de gravité sont dominants. ; Lopez, Miller et
Rückenstein [4] ont établi la relation R ~ V3''8 (pg(r/n))1/8(p est la densité du liquide, g
l'accélération de la pesanteur). Elle est compatible avec certains résultats de la littérature
([5], [6]) mais n'a pas fait l'objet d'étude particulière.
Nous avons donc effectué une étude systématique de ces deux régimes et de la transition
entre eux.
IL ETUDE EXPÉRIMENTALE. — Nous avons étudié la dynamique dé l'étalement de gouttes
d'huile de silicone (non volatile) sur des lames de verre (lamelles de microscope).
Deux huiles ont été utilisées, de même densité et tension interfaciale, mais de viscosité
différente, rj=20 et 1 000 cp. Une sérié de gouttes de poids variable a été étudiée dans
chaque cas.
Les résultats obtenus sont présentés sur la figure 1 a pour l'huile de faible viscosité et
sur la figure 1b pour l'huile de viscosité élevée: En portant Ln R en fonction de Ln t on
observe nettement deux régimes. Dans le premier régime, la droite de pente 1/10 corres-
pond aux prévisions dé Tanner lorsque les effets capillaires sont dominants. Dans le
second régime, la pente de la droite passe à 1/8, valeur attendue [4] lorsque les effets de
gravité sont dominants.
Dans chacun de ces régimes, nous avons étudié la d en V et r à un
instant:donné (après 1 mn dans le premier cas, après 7mn dans le second cas).
0249-6305/85/03011337 $2. 00 ©Académie des Sciences
C. R., .1985,2e Semestre (T. 301). Série II — 96
338 C. R. Acad. Sc Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985

Sur la figure 2, on a porté R en fonction de Ln P où P est le poids de la goutte,


proportionnel à son volume, dans les deux régimes. Les points se placent bien sur des
droites de pente 3/10 dans le régime de Tanner et 3/8 dans le régime de gravité.
Si maintenant nous comparons sur cette figure les droites correspondant aux deux
types d'huile, on voit que les rayons mesurés à t et V donnés sont dans le rapport 1,50
dans le régime de Tanner et 1,61 dans le régime de gravité. Ces valeurs se comparent
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985 1339

Nos mesures sont donc en parfait accord avec les prévisions théoriques. La dispersion
observée dans la littérature [2] semblé due essentiellement à la non-séparation des deux
régimes qui se succèdent lors de l'étalement. Dans d'autres cas, la contamination du
solide ou du liquide en étalement est probablement en cause. C'est pourquoi nous avons
utilisé l'huile de silicone qui est peu sensible à cet effet,
En revanche, on pouvait s'attendre [2] à ce que le passage d'un régime à l'autre soit
contrôlé par le rapport du rayon R de la goutte à la longueur capillaire K_1= /yfpg.
Ici K~* est égal à 1,49 mm.
De toute évidence, les phénomènes sont plus complexes. On a tracé sur la figure 1 la
frontière entre le régime de Tanner et le régime de gravité.
Elle se situe entre des droites de pente —0,5 et — 1 (on a tracé sur la figure 1 la droite
de pente —.0,6) et est comparable pour les deux huiles donc peu dépendante de la
viscosité.
Dans le régime de Tanner, la goutte est une calotte sphérique d'angle de
raccordement 0. Si l'on note par des étoiles les valeurs des divers paramètres à la
transition entre les deux régimes, on observe que le produit R*0*_2r)2/3 est constant à
15% près pour tous les points, ce qui montre que la transition s'effectue au voisinage
d'une valeur constante du produit R*(dRJdt)*~213.
Ceci suggère que la dynamique du bord de la goutte, dominée par la capillarité, joue
un rôle non négligeable dans le domaine de transition entre le régime de gravité et le
régime de Tanner. L'analyse quantitative de cet effet: requiert des expériences plus
détaillées.
Remise le 4.novembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[4] J. LOPEZ, C. A. MILLER et E. RÜCKENSTEIN, J. Coll. Int. Sc, 56, 1976, p. 460-468.
[5] E. C. CHEN, J. C. K, OVERALL et C. R. PHILLIPS, Can. J. Chem. Eng., 52, 1974, p. 71-77.
[6] V. A.OGAREV, T. N. IVANOVA, V. V. ARSLANOV et. A. A. TRAPEZNIKOV, Izv, Akad. Nauk. S.S.S.R. Ser.
Khim., 7, 1973, p.1467-1477.

Collège de France,
Laboratoire de Physique de la Matière condensée, 75231 Paris Cedex 05-
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985 1341

SYNTHÈSE ORGANIQUE. Sur la stéréochimie de la réaction de la benzalaniline



avec divers organométalliques issus de f acide phénylacétique. Note de Moncef Bellassoued,
Radhouane Arous-Chtara, Margarita MIadenova, Bogdan Kurtev et Marcel Gaudemar,
présentée par Henri Normant.

La réaction de la benzalaniline avec les prganométalliques dérivés de l'acide phénylacétique conduit, générale-
ment, à deux anilinacides isomères érythro et thréo. Dans tous les cas étudiés, l'isomère érythro obtenu
représente le produit. cinétique de la réaction. L'influence du métal, sur la stéréosélectivité et la réversibilité de
la réaction est étudiée.

ORGANICSYNTHESIS. — Stereochemistryof the reaction of the benzalanilinewith various organometallic


reagents derived from phenylacetic acid.
The condensation between the organometallic reagents derived from phenylacetic acid and the benzalaniline
yields to a mixture of two anilinoacids (erythro and threo). The erythro isomer represents the kinetic product
of the reaction. The influence of the metal on the stereoselectivity and reversibility of the reaction is studied.

Dans un travail précédent [1], nous avons montré que l'action des oc-bromosels des
acides carboxyliques sur les bases de Schiff, en présence de zinc, constituait une bonne
méthode de synthèse des P-aminoacides. Cependant, la stéréochimie de la réaction n'avait
pas été étudiée,
Dans cette Note, nous rapportons nos résultats stéréochimiques relatifs à la réaction
de divers organométalliques issus de l'acide phénylacétique avec la benzalaniline :

Schéma réactionnel

La configuration des produits obtenus est connue [2] et le dosage des diastéréoisomères
se fait aisément à l'aide de la RMN du proton [3].
En opposant le réactif d'Ivanov à la benzalaniline, Kurtv et Robev [4] obtenaient, en
1951, un seul p-anilinoacide dont la configuration, thréo, à été établie beaucoup plus
tard [2]; le rendement de cette réaction, qui était assez faible, a été amélioré en utilisant
le réactif disodique [5] ou dilithien [6].
Cependant, en faisant réagir le dilithien, obtenu par action du diisopropylamidure de
lithium sur l'acide phénylacétique, avec la benzalaniline à - 60°C pendant 20 mn, nous
obtenons un mélange d'anilinoacides dans lequel l'isomère érythro domine largement :
Ë/T=76/24 (essai 1 du tableau). Si le mélange réactionnel est abandonné à température
ambiante, nous n'isolons, après hydrolyse, que le composé thréo (essai 2). Ceci montre
clairement que ce dernier isomère représente le produit thermodynamique de la réaction,
ce qui est d'ailleurs en accord avec Marekov et coll. [6] qui ont obtenu, à reflux du
solvant, le même isomère.
0249-6305/85/03011341 $2.00 ©Académiedes Sciences
1342 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985

TABLEAU

(a) En plus des aminoacides, nous isolons un p-lactame trans provenant de la cyclisation du sel intermédiaire
(essai 9 : Rdt 30%; essai 10 : Rdt 33%).

L'équilibration semble être plus rapide dans le cas du dérivé disodique puisque, à

60°C, nous obtenons déjà un mélange contenant des proportions pratiquement égales
des deux anilinoacides (essai 4). Avec le dimagnésien, la réversibilité de la réaction reste
assez importante; en effet, lorsque l'intermédiaire magnésien 3 (M = M' = MgCl) érythro
(préparé par action de deux équivalents de chlorure d'isopropylmagnésien sur l'anilino-
acide érythro 4) est abandonné pendant 1 h à température ambiante, nous isolons après
hydrolyse un mélange équimoléculaire des deux isomères. Par contre, avec le zinc, il a
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985 1343

fallu un chauffage à reflux durant 20 h pour atteindre ce pourcentage (essai 6). Ce


comportement des réactifs organozinciques a déjà été signalé à propos d'autres réactions
aldoliques [7].
A —60°C, le réactif d'Ivanov ne réagit pas; à plus haute température (essai 7), nous
retrouvons le résultats de Kurtev et Robev cité plus haut [4].
L'addition d'acides de Lewis au dilithien (essai 3) ou au réactif d'Ivanov (essai 8)
ralentit l'équilibration et favorise donc la formation du produit cinétique.
Opposé à la benzalaniline, le réactif de Reformatsky issu du bromophénylacétate de
triméthylsilyle conduit aux anilinoacides avec une faible stéréosélectivité (essais 9 et 10) ;
on isole aussi un P-lactame trans qui provient, sans doute, de la cyclisation in situ du sel
intermédiaire 3 (M = SiMe3, M'==ZnBr), comme cela a été montré dans le cas des
bromesters d'alkyle [8].
Outre leurs intérêts théoriques, ces travaux nous permettent de synthétiser, au choix,
l'un ou l'autre des deux anilinoacidesisomères.
Remise le 28 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] M. BELLASSOUED,R. AROUS-CHTARA et M. GAUDEMAR, J. Organometal. Chem., 213, 1982, p. 185-189,


[2] (a) B. KURTEV, N. MOLLOV, E. SIMOVA et J. STEFANOVSKY, C.R. Acad. Bulg. Sc, 13, (2), 1960,
p. 167-170; (6) B. KURTEV, E. SIMOVA, M. VICTOROVA, N. BEROVA et S. CHRISTOSKOVA, Monatsh. Chem.,
112, (5), 1981, p. 669-673.
[3] S. SPASSOV, Tetrahedron, 25, 1969, p. 3631-3638.
[4] B. KURTEV et S. ROBEV, C.R. Acad. Bulg. Sc, 4, 1951, p. 37-40.
[5] A. SPASSOV et S. ROBEV, Commun. Dept. Chem. Bulg. Acad. Sc, 2, 1953, p. 37-52.
[6] N. MAREKOV, G. VASILEV et V. ALEXIÈVA, C.R. Acad. Bulg. Sc, 10, (3), 1957, p. 217-220.
[7] (a) M. MLADENOVA, B. BLAGOEVet B. KURTEV, Bull Soc chim.Fr., 1974, p. 1464-1468; (b) B. BLAGOEV,
M. MLADENOVA et B. KURTEV, Comptes rendus, 219, série C, 1974, p. 1065-1068.
[8] F. DARDOIZE, Doctorat ès Sciences, Paris, 1975, et références citées.

Laboratoire de Synthèse organomètallique,


Université Pierre-et-Marie-Curie, 4, place Jussieu, Bât. F, 75230 Paris Cedex 05
et Institut de Chimie organique, Académie bulgare des Sciences, Sofia 1113, Bulgarie.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Sérié II, n° 19, 1985 1345

CHIMIE ORGANIQUE BIOLOGIQUE. — Accès à de nouveaux cyclitols et amino-


cyclitols à partir du D-glucose et de la D-glucosamine. Note de Georges Vass, Pierre
Krausz, Béatrice Quiclet-Sire, Jeanne-Marie Delaumeny, Jeannine Cleophax et Stephan
D. Gero, présentée par Edgar Lederer.

La réaction de Ferrier (transformationd'hexopyrannoses en cyclohexanones)a été exploitée pour la synthèse


des nouvelles cyclohexanones polysubstituées 1 et 2 (Rdt 75 %) à partir des hexène-5 pyranosides 10 et 11
dérivés de la D-glucosamine. La préparation des cyclohexènones 3 et 4, des époxydes 6 et 7 et: des
cyclohexènetétrols8 et 9 (conduritols) est décrite.

BIOORGANIC CHEMISTRY. — A new approach to the synthesis of cyclitols and aminocyclitols from
B-glucose and D-glucosamine..
The ring-opening ring-closure Ferrier reaction was exploited for the synthesis of new cyclohexanoid building
blocks 1 and 2 from hex-5-eno-pyranosides 10 and 11 derived from D-glucosamine in 75% yield. The preparation
of cyclohexenones 3 and 4, epoxides 6 and 7 and cyclohexenetetrols(conduritols) is described.

Depuis la première contribution de Grosheintz et Fischer [1] un effort considérable a


été déployé pour transformer les hydrates de carbone en cyclohexanepolyols. Cependant,
la transformation de sucres en cyclitols, jusqu'aux travaux de Ferrier [2], était loin de
Constituer; une voie d'accès aisée à ce type de composés. Par ailleurs, ces 15 dernières
années, de nouvelles classes de produits naturels contenant des aminocyclitols et des
« pseudo-sucres » ont été isolées : des antibiotiques tels que les fortimicines [3], les
validamycines [4], ainsi que des inhibiteurs de glycosidase tels que l'acarbose ([5], [6]) et
la valiolamine [7], etc. Là présence d'unités cyclitols confère aux substances des propriétés
sensiblementdifférentes de celles de leurs analogues oxygénés.
Dans le cadre de notre programme visant à obtenir de telles molécules et tout
particulièrement des analogues carbocycliques de sucres, nous décrivons dans cette Note
la synthèse des aminocyclohexanoneschirales 1 et 2 et des cyclohexènones3 et 4 correspon-
dantes, ainsi que des composés époxydés 6 et 7 et des dérivés du type tétrahydroxycyclo-
hexanes (conduritols) 8 et 9.
La synthèse des composés cycliques 1 et 2 utilise le réarrangement de Ferrier [2] à
partir des méthylènes exocycliques 10 et 11 ; ces derniers ont été préparés à partir de
l'amino-2 a-D-glucopyrannoside de méthyle [8].
En traitant 10 et 11 par du sulfate mercurique en quantité catalytique dans le mélange
1:1 dioxanne-acide sulfurique aqueux (5 mM) à 80°C: pendant 2 h, on obtient avec un
rendement de l'ordre de 75 % les composés 1 [a]r3°=- 23° (c: 1,52; CHC13) et
2 Mo°= -35° (c : 1,0, CHC13) qui sont facilement transformés en énone 3 [a\l°= +128°
(c : 1,56; CHa3) et 4 ta]r30=+i08° (c 1,0; CHC13)
: par mésylation suivie d'une
élimination [9].
Les époxydo-cyclitols([10] [11]) et les conduritols [12] sont des inhibiteurs potentiels
de différents glycosidasés; aussi; il nous a semblé intéressant de préparer à partir des
cétones conjuguées 3 et 5 [l3] les composés 6, 7, 8 et 9. .
L'époxydation des cétones conjuguées 3 et 5 a été explorée dans différentes conditions;
seul le système tBuOOH/NaOH en milieu hétérogène [14] dans le toluène a donné les
résultats escomptés. Le traitement de ces composés dans de telles conditions conduit
avec une stéréosélectivité remarquable aux époxydes 6 [oc]^0 = — 7°. (c : 0,9; CHCI3) et
7 [a]è°=-f45°-(c-:. 1,43; CHC13) avec des rendements respectifs de 96 et de 25 %. Le
faible rendement en composé 7 est dû à l'aromatisation de la cétone de départ.

0249-6305/85/03011345 $ 2:00 © Académie des Sciences


1346 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985

Les deux dérivés des cyclohexènetétrols 8 et 9 ont été obtenus par réduction du
groupement carbonyle du composé 5 en présence de différents agents réducteurs (AlLiH4,
hydrure de diisobutylaluminium, hydrure de tritertiobutoxyde d'aluminium et de lithium).
La proportion des deux diastéréo-isomères 8 [OC]D°=+ 114,6° (c : 0,87;. CHCl3) et 9
[a]jy = +23,6° (c : 0,87; CHCl3) est sensiblementidentique (6:4) dans tous les cas.
L'utilisation de ces substances pour des synthèses ultérieures est en cours dans notre
laboratoire [15].
Remise le 4 novembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] M. GROSHEINTZ et H. O. L. FISCHER, J. Amer. Chem. Soc, 70, 1948, p. 1479-1484.


[2] R. J. FERRIER, JChem. Soc, Perkin Trans I, 1979, p. 1455-1458.
[3] Voir la revue Aminocyclitol Antibiotics, K. L. RINEHART et T. SUAMI éd., 1980, American Chemical
Society.
[4] T. IWASA, Y. YAMAMOTO et M. SHIBATA, J. Antibiot., 23, 1970, p. 595-602.
[5] Voir la revue Proceeding of VIIIth International Symposium on Medicinal Chemistry E. TRUSCHEIT éd.,
Swedish Pharmaceutical Press Editeur, 1, 1985, p. 358-378.
[6] Voir la revue Enzyme Inhibitors, B. JUNGE, H. BOSHAGEN J. STOLTEFUSSet L. MULLER éd., Verlag Chimie
Editeur, 1980, p. 123-137.
[7] Y. KAMEDA, N. ASANO, M. YOSHIKAWA, M. TAKEUCHI, T. YAMAGUCHI et M. MATSUL. J. Antibiot., 37,
1984, p. 1301-1307.
[8] P. KRAUSZ, B. QUICLET-SIRE, G. VASS, J.-M. DELAUMENY, J. CLEOPHAX et S. D. GERO (à paraître).
[9] La présence du groupement protecteur paraméthoxybenzyl sur les composés 2, 4 et ll facilite le déblocage
sélectif du grpupe hydroxy afin de permettre les transformationsultérieures:
[10] J. E. G. BARNETT, D. MERCIER et S. D. GERO, F.E.B.S. Lett., 16, 1971, p. 37-38.
[11] G. LEGLER, Hoppe Seyler's Z. physiol. Chem., 349, 1968, p. 161-114.
[12] G. E. McCASLAND et S. M. REEVES, J. Amer. Chem. Soc, 77, 1955, p. 1812-1814.
[13] Pour la synthèse de ce composé, voir D. SEMERIA, M. PHILIPPE, J.-M. DELAUMENY, A.-M. SEPULCHRE
et S. D. GERO, Synthesis, 9, 1983, p. 710-713.
[14] H. WYNBERG et B. MARSMAN, J. Org. Chem., 45, 1980, p. 158-161.
[15] Tous les composés décrits dans cette Note ont des microanalyses et des spectres de RMN conformes
aux structures proposées.

Centre national de la Recherche scientifique,


Institut de Chimie des Substances naturelles, 91190 Gif-sur-Yvette.
C. R. Acard. Sc. Paris t.
301, Série II, n°19, 1985 1347

CRISTALLOCHIMIE. - Préparations chimiques et données cristallographiques sur


quatre nouveaux tricyclophosphates de nickel et de cations monovalents
NiMI4.(P309)2.xH20(MI = Na, Ag, NH4, Cs). Note de Amor Jouini et Mongi Dabbabi,
présentée par Erwin-Félix Bertaut.

Les préparations chimiques et les caractéristiques cristallographiques de quatre nouveaux tricyclophosphates


de nickel et de cations monovalents : NiNa4(P309)2.6H20, NiAg4(P?09)2.6H20,
Ni(NH4)4(P309)2.4H2Ô
et NiCs4(P309)2.6H20sont signalés. Les sels de nickel-sodium et nickel-argent sont isotypes et cristallisent
dans le système triclinique avec les paramètres de maille : a = 9,186(2); 6 = 8,020(2): c = 6.838 (1) Â; a= 89,17(1);
p = 102,89 (1) ; 7 = 98,03(1)° pour le sel de sodium; et, a = 9,209(3); 6 = 8,053(3); c = 6,841(2)Â; a = 89,15(2);
P = 102,94(1); y = 97,24(1)° pour le sel d'argent. Les sels de nickel-ammonium et de nickel-césium cristallisent
respectivement dans les systèmes monpclinique et orthorhombique avec les mailles : a = 8,648 (2): 6=14,698(3);
c = 8,774(2)À; p = 95,89°; V2Jc pour le sel d'ammonium, et a=19,992(4); b = 6,500(2); c = 18,448
(4) A,
groupes spatiaux possibles Pc a m ou P c a 21 pour le sel de césium.

CRYSTAL CHEMISTRY. — Chemical preparation and crystal data for four new tricyclophosphates
NiM4(P309)2.xH20(M' = Na, Ag. NH4, Cs).
Chemical preparation and main crystallographic features are given for four new tricyclophosphates:
NiM'4.(P309)2.xH20(x = 6 for M' = Na, Ag, Cs and x = 4 for MJ=NH^. The triclinic Ag and Na salts
are isotypic, Z=l, Dm = 2.438 Mg.m'3 with the following unit cell dimensions: a = 9.186(2), b = Mg.m- 8.020(2),
c = 6.838(l)Â, a=89.17(l), p= 102.89(1), y=98.03(l)° for the sodium salt; Z = l, Dm = 3.596
3,

a = 9.209(3). 6 = 8.053(3), 6.841(2)Â. a = 89.15(2), (5=102.94(1), y = 97.24(1)"for the silver salt. The ammo-
nium salt is monoclinic P2Jc with: a = 8.648(2), 6 = 14.698(3), c = 8.774(2)Â, (5 = 95.89(2)°, Z=2,
Dm = 2.026M#.m~3. The caesium salt is orthorhombic P c a m or P c a 21 with a= 19.992(4), 6 = 6.500(2),
c=18.445Â, z = 4, Dm
= 3.248Mg.m-3.

I
1. INTRODUCTION. — Dans le cadre d'une étude systématique des tricyclophosphates
de nickel et de cations monovalents, nous avons mis en évidence l'existence de quatre
nouveaux tricyclophosphates NiM)4(P309)2.xH20 (avec x = 6 pour M'=Na, Ag, Cs et
x=4 pour M'=NH4). Dans le présent travail nous décrivons les préparations chimiques
de ces composés et leurs caractéristiques cristallographiques.
2. PRÉPARATIONS CHIMIQUES. (a) La préparation du tricyclophosphate de

nickel-sodium : NiNa4(P309)2.6H20 se fait par mélange, dans les proportions stoechio-
métriques, d'une solution de tricyclophosphate de sodium et d'une solution de chlorure
de nickel hexahydraté :

TABLEAU
Caractéristiques cristallographiques des composés de type NiM4(P^09)2.:x:H20. Mailles, groupe d'espace et densités mesurées pour
y^0^^3Og^2..xlH.^ avec x=6 pour MI=Na, Ag, Cs et x=4 pour. M1—NH4. Les mailles données dans ce tableau ont été affinées par
une méthodede moindres carrés utilisant les données angulaires des diffractogrammes rapportés,dans les tableaux II à V.
Main cristallographic features. Unit cell dimensions, space group and measured densities for NiM1 ...4 (P3O9)2. xH2O, with x=6 for M 1= Na,

Ag, Cs and. x=4 for M1=NH4. Unit cell dimensions reported in ihis Table have been obtained from a least squares refinement using the
angular data of the powder diffractogramsreported in Tables III to VI.
r:^ïî-\-ci(^.f-''''-^m<'-
Composés '.(^ .;-0i
vcm ,fa(à)/ly:.
':.;. .0 '
.(A)
Plcr):: l y(d)
-C) :,C) Z Dm.Mg.m- 3
-;..,:
89,17(1)
NiNa4(P3O9)2
6H2O
...9,186(2)
8,020(2)
6,838(1) 102,89(1) 98,03(1) 1 P1 2,438
NiAg4(P309)2.6H2O. 9,209(3) 8,053(3) 6,841(2) 8915 (2) 102,4(1) 97,24(1) PI .3,595
Ni(NH4)4 (P3O9)2.
NiCs4(P309)2.6H20.:..:....
4H2O . 8,645(2) 14,698 (3)
;
8,774 (2) 90 95,89 (2) 90
1
2 P 2 1/c 2,026
19,992(4) 6,500(2) 18,445(4) 90 90 90 4 P ca2
1
3,248
. .
ou
P c a

m
0249-6305/85/03011347 $2.00 © Académie des Sciences
1348 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19,1985

TABLEAU II
Diagramme de poudre de NiNa4(P309)2.6H20. Les mesures ont été effectuées à la longueur d'onde du
cuivre IC01 à l'aide d'un diffractomètre automatique à deux cercles « STOE/CSS » avec une largeur de
„2
pas de 0,04° en 20 et un temps de comptage de 30 s sur chaque pas. Les intensités reportées dans ce tableau
sont les hauteurs relatives des pics au-dessus du fond continu.
Indexedpowder diagram for NiNai(P3Og)2.6H20. Data have been recorded with a two circle diffractometer
"STOE/CSS" using copper Knn radiation, with a step width 0.04°(26) and scan time of 30 sec. on every
step. Intensitiesreported in this Table are relative peak heights above the background.
h k l dobs dcalc Iobs h k l dobs dcalc Iobs h k l dobs dcalc Iobs

8,87
13 0
10 0 8,87 6 2 0 1 3,361 3,361 33 0 3 0 2,643

2,646
0 1 0 7,94 7,94 15 0 0 2 3,332 3,332 4 2,639
11 0 5,54 5,54 39 2 1 1 3,229 3,231 25 3 2 11 2,538
01
1 5,15 5,15 32 1 1 2 3,148 3,149 17 0 2 2 2, 531 2,531
0 1 1 5,06 12 3 0
1 1 1
5,05
4,98 4,98
15
100
0
2 2 1 3,093 3,092
3,055
67
3 0 1 2,506 2,506
2
2,503
4,83 43 0 2 3,055 (3,054 27 1 3 l ( 2,496
1 0 1
2 0 0 4,42
4,83
4,43 3 2
1
0 2 (3,005 2 2 2 2,493 2,493 15
1 1 1 4,30 4,30 5 2 1 1 3,003 (2,975 1 3 1 1 2,478 2,477
2 0 1 4,14 0 1 1 2,478
(3,975
4,14 52
3 0 0
3 ( 2,957 0 3 2,475
1 1
0 2
2 1 1
1 2
0
2 1 1
11 2,729

0 3,972 (3,970 4
3,866
3,831
3,868
3,829
15
31 2 1 2
2, 956
1 0 2 2,911
3 1 0 2, 911
2,888
2,955/
2,912
2,906
2,888
96
32
2
2
1
2
2
3
2
0 2
21
1 2,431
0 2,431 2,427
2,420
2,420 2,417
2,414
12

20
3,504 3,504 29 2 2 0 2,771 2,771 44 13
1 2
2
01 3,44
3,447
3,448
3,441 11 2
1
2,682 2,682
2,659
13
3 1
1
0 1
2
2 3,385
3, 383 3,378 16
3 1 0 2,659 2,651 9
1 0
TABLEAU III
Diagramme de poudre de Ni(NH4)4(P309)2.4H20.
Les conditions expérimentales sont identiques à celles décrites pour le sel de nickel-sodium(tableau II).
Indexedpowder diagram for Ni(NH4)4(P309)2.4H20.
Experimental conditions are similar to those discribed in Table II.
h k l dobs dcalc lobs h k l dobs dcalc Iobs h k l dobs dcalc lobs

1 0 0
11 0
0 2 0
8,62
7,43
7,35
8,60
7,42
7,35 52
25
5 1
2
2
2
0
3
202 3,333
3, 231
3,333
3,233
3,232
10
20
11 3
1
3 2
5 11 2,630
2,622 2,625\
2, 622 2,624
2,621
17
0 2 1
11 1
5,62
5,42
5,62
5,42
100
60
1
2
4 1
121 1
3,195
3,157
3,195
3,157
3,110
617 214 3
2
2
2, 502
2,506 1
1 2 1
0 0 2
4,85
4,37
4,85
4,36
4,27
9
8
2
1 4 1
3
1 3 2 2,970
3, 109 3,109 51 0 3 3
3 2 1 1
2 2,482 2,481
2,501
2,488
19
9
0 3 1 4,27 20 2,972 13 3 1
0 1 2 4,19 4,18 4 2 11 2 2, 855 2,861 2 4 2 2,427
4,06 3 2,854 8 2 5 0 2, 427 2,426 10
1 0
02 2,811 2,813 \
0 2 4,06 19
1 1 2 3,914 3,916 30 3 1 15 2 2,382 Y
811 2,810 4 2] 2, 381 12,381 11
2 3,880 3,881 13 0 4 3 2
0 2 21
1 1
(3,752 11
0 2,794)
3 1 3 3 2,347 2,347 4
1
1 0
3

2 2 0
0 4 0
2 1 1
2
3, 751
3,737
3,708
3,673
3,595
13,751
3,739
3,711
3,674
3,596
42
5
6
3
52
2 4
0 5
2 2
0 2 3
2 3
22
2,786 2,793
1

2,705
(
(
2,786
2,711
2,698
2,705
)
3

11
2
1 5 2 2,311 2,311

2
4 2
0 4
1
3 4 0
3
3
2,284
2,280 2,281
2,275
2,260
)
3

10

1 2 2 3,555 3,556 20 1 6 1
2,258 2.258 14
14

(b) le tricyclophosphate de nickel-argent : NiAg4(P309)2.6H20 est obtenu à l'aide


de la méthode de Boulle [1] : l'introduction de chlorure de nickel dans une suspension de
tricyclophosphate d'argent Ag3P3Og. H20 dans l'eau, provoque la précipitation de chlo-
rure d'argent et la libération des ions P3O3 9 dans la solution suivant la réaction de
métathèse :
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985

Les conditions
TABLEAU
Diagramme de poudre de NiCs4.(P309)2.6,H20.
expérimentales sont identiques à celles décrites pour le sel de nickel-sodium (tableau II).
IV 1349

Experimental lndexed powder diagram f or s4(P3Ô9)2.6:H^0.


conditions are similar to those discribed in Table II.
l dobs
h k h kl dcalc dobs dcalc Iobs h kl dobs dcalc Iobs

02 0 2 9,21 9,22
8,78 8,79
3 6 0
34 4
1 3,279
3,277 0 2 4
40 6
2,656
2,618 2,656 39

176 4 3,065
010 0 1 15
6 0 2 0 3,250 3,250
5

2,612 \ 2,615
2 1 5,24 3 2 3,074 2 6,49
5,30
6,50
2 6 2 50
4.22 2,613
71 0 44

5,00 2 2
01 5,31 3,133

2
3,134
03 5,24 0
3,074 2 217 2,567
5,23
0 0

424 3,055 0 2

3,005 4
2,476
4,82 5 3,048
2
0 0 4,99 5 2,476
1

8 0 1

4,61 6
2 22,472
7
4,81
4,69 4 4 1 4
5
28

41
12
1

0
1 0
2

1 1 4,69 3,005 2,433


1

42 01 4,39 30 4,08
1

5
4 2,429
0
2 19 1 4,61 206 2,938 4 2,429 20

4 3 3,878 021 6 2,7612 2 620 2,325


6
0 4,39 22 2,938
25

2,931 2,424
4,08 11 2
1
2,929 1 2,333

3,873 3 2,331 0
6

10 3
963 3,962 2,779 2,779 2,332
0 2 8

1 8 4 0 7
3,

3,761 2,753 2 3
4

401

100 2,700
1 3,760
0
2,314 3,874
18

1
1 6
8 0 2,315

sont
3,520 1 2,699 5 2,311 8 1

3,404 5 2 1 6
94 6 0 4

3,640 2,699 2, 314


2,695
4

14 2,308
1

4 5
11

6 1
51 3,519
2

2
6 13 6 2 1
4

0 3,406 4 2 1

2,677
6 0.0 3,331 3,332 15 2,677 2,670 4

(c) les tricyclophosphatesde


nickel-ammonium
et
de
nickel-césiumpréparés en
utilisant des résines échangeuses d'ions de type «Amberlite IR 120 » [2] : On fait écouler
à travers une colonne de cette résine une solution concentrée de tricyclophosphate de
:
sodium Na3P309v L'acide tricyclophosphorique ainsi obtenu est immédiatement neutra-
lisé par un mélange en quantités stoechiométriques de carbonate de nickel et de carbonate
d'ammonium ou de césium selon la réaction :

Les solutions obtenues par l'une ou l'autre de ces trois méthodes sont abandonnées
quelques jours à la température ambiante et donnent naissance à des monocristaux de
teinte verte, de formes prismatiques et de taille suffisante pour une étude structurale. Les
formules chimiques des composés obtenus ont été confirmées par analyse chimique.
La perte au feu à 300°C, jusqu'à poids constant, effectuée sur les sels obtenus conduit
à six molécules d'eau pour les composés NiNa4(P309)2.6H20, NiAg4(P309)2.6H20
et NiCs4(P309)2.6H20, el à quatre molécules d'eau pour Ni(NH4)4(P309)2.4H20.

3. ÉTUDE CRISTALLOGRAPHIQUE. L'étude des monocristaux par la méthode de Weissen-



berg conduit à reconnaître l'isotypie des sels de nickel-sodium et de nickel-argent,
tous deux tricliniques. Les tricyclophosphates de nickel-ammonium et de nickel-césium
cristallisent respectivement dans les systèmes monoclinique et orthorhombique.
Les extinctions observées sur les cristaux de Ni(NH4)4(P309)2.4H20:
0k0 n'existe qu'avec k = 2n,
h 0l n'existe qu'avec 1 = 2 n,
conduisent sans ambiguïté au groupe spatial P2,/c.
1350 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985

Lors de l'explorationdu réseau réciproque des cristaux de NiCs4(P309)2.6H20nous


observons les extinctions :
0kl n'existe qu'avec /=2n,
hOl n'existe qu'avec h=2n,
hOO n'existe qu'avec (h = 2n),
00Z n'existe qu'avec (l = 2n),
qui conduisent au groupe spatial Pca21 ou Pcam. Les diagrammes de Weissenberg
montrent que les cristaux de ce sel présentent une pseudo-maille moitié suivant la
direction a.
La mesure des densités rapportées sur le tableau I est effectuée à la température
ambiante à l'aide d'un pycnomètre, le liquide utilisé étant le bromobenzène. Les paramè-
tres des mailles et le nombre d'unités formulaires par maille sont consignés sur ce même
tableau. Les tableaux II, III et IV fournissent les diagrammes de diffraction indexés de
ces composés.
Remise le 28 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] A. BOULLE, Comptes rendus, 206, 1938, p. 517-518.


[2] A. JOUINI et A. DURIF.Comptes rendus, 297, série II, 1983, p. 573-575.

Faculté des Sciences et Techniques, 5000 Monastir, Tunisie.


C. R. Acad Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19,1985 1351

STRATIGRAPHIE.— Révision chronostratigraphiquede la série marinepliocène traver-


sée par le sondage Canet 1 (Pyrénées-Orientales): apports à la connaissance du Néogène
du Roussillon. Note de Georges Clauzon et Jacques Cravatte, présentée par Georges
Millot.

La série marine pliocène du Roussillon appartient intégralement au Tabianien. La transgression est intervenue
dès la base de cet étage et le comblement de la ria était achevé avant qu'il ne soit révolu. Dans le puits Canet 1,
le Pliocène est superpesé à des dépôts marins miocènes qui ont livré Globigerinoides sicanus. La discordance
de ravinement messinienne s'interpose entre les unités miocène et pliocène.

STRATIGRAPHY. — Chronostratigraphic revision of the Pliocene marine series traversed by the drill
Canet 1 (Pyrénées-Orientales): contribution to the knowledge of the Neogene of Roussillon.
The Pliocene marine series of Roussillon belongs entirely to the Tabianian. The transgression occurred early
at the beginning of this stage and the filling up of the ria was ended before it was completed. In the well Canet 1,
the Pliocene is overlying Miocenemarine deposits which yieldedGlobigerinoides sicanus. The Messinian erosional
surface takes place between the Miocene and Pliocene units.

De récents travaux attribuent à la série pliocène du Roussillon des âges et des durées
de mise en place en parfaite contradiction. Selon les uns, cette série se serait déposée au
milieu de l'époque pliocène : « dans la partie inférieure du Pliocène moyen »[1], « au
début du Plaisancien » ([2] à [5]), « à cheval sur le Tabianien final et le Plaisancien
inférieur » [6] et cette mise en place n'aurait exigé qu'un bref ([7], [1], [2]) voire très bref
(puisqu'estimé à 200000 ans) laps de temps ([3], [4], [6]). Selon d'autres, au contraire, il
conviendrait de décupler cette estimation et de vieillir l'âge du remblaiement qui correspon-
drait assez exactement avec le seul étage Tabianien[8]. Cette double contradiction — tant
sur la durée que sur l'opportunité du phénomène considéré — nous a conduit à un
réexamen exhaustif des déblais de sondage du puits Canet 1, site d'ancrage de la stratigra-
phie pliocène en Roussillon.
I. LE SONDAGE CANET 1. — Proche de la côte méditerranéenne du Golfe du Lion, ce
puits fut implanté à l'extrémité orientale du bassin néogène du Roussillon, en bordure
de l'étang de Canet (X = 654,425; Y = 44,528; Z = 3,72NGF). Il a traversé une série
tertiaire, épaisse de 1 712 m, avant de pénétrer dans le substratum paléozoïque. La
publication initiale des résultats du forage [9] divulgait cette coupe résumée :

0-9 m : Quaternaire;

9-782 m : épaisse accumulation de sables jaunes continentaux (9-165 m), rapportés à l'Astien et d'argiles
bleues fpssilifères marines (165-782m), attribuées au Plaisancien;

782-802 m : épisodique passée continentale d'argiles rouge brique et bariolées réputées pontiennes;

802-1015m: alternance d'argiles plastiques et de niveaux détritiques molassiques, occasionnellement
fossilifères, représentantle Miocène marin;

1 séquences répétitives de faciès continentaux (grès, argiles rouges, niveaux ligniteux)
015-1 712/1 785 m :
d'âge incertain, hypothétiquement rattachées à l'Aquitanien, au Paléocène et, pour l'extrême base
(1712-1785 m), au Permo-Trias.
II. RÉVISION STRATIGRAPHIQUEDE LA SÉRIE NÉOGÈNE DU SONDAGE CANET 1.

(a) Position
de la discontinuité Miocène/Pliocène dans la coupe du sondage. — Jusqu'à présent et bien
que des doutes aient été exprimés à cet égard [6], cette discontinuité repère restait fixée à
la profondeur 782 m [9]. Cette détermination découlait du changement de faciès enregistré
à cette cote : passage des argiles rouges, réputées continentales, aux silts bleus sus-jacents,
marins et fossilifères. Elle se produit en réalité plus bas, à la profondeur 825 m. En effet,
à la cote 826, une carotte latérale (carotte n° 2) a récupéré un spécimen de Globigerinoides
0249-6305/85/03011351 $ 2.00 © Académie des Sciences
1352 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19,1985

sicanus tandis que, 1 m plus haut (cote 825), les déblais ordinaires livraient une association
composée de : Globorotalia margaritae, Globigerina nepenthes et Sphaeroidinellopsis subde-
hiscens subdehiscens. La discordance intermédiaire concrétise donc un laps de temps de
l'ordre de 10 M.a., correspondant à la lacune séparant : au mur, les zones N8/N9 de
Blow [10] et, au toit, les zones N18/N19.
Cet abaissement de 43 m de la limite Miocène/Pliocène a pour incidence d'incorporer
les 20 m d'argiles rouges « pontiennes » dans le Tabianien marin (dont elles recèlent la
microfaune) et de leur ôter ipso facto la signification continentale associée à ce faciès
rubéfié. Une observation similaire — argiles rouges à foraminifères planctoniques rencon-
trées à l'extrême base de la série marine pliocène — a été décrite sur le site 132 (mer
Tyrrhénienne) du leg 13[ll].
(b) Age des termes inférieurs de la série pliocène. — Sur le témoignage préférentiel des
pollens et de la nannoflore, la précédente révision [6] concluait : « Les couches inférieures
traversées par le forage Canet 1 appartiendraient au Tabianien. final ». Nos nouvelles
récoltes révèlent qu'il s'agit en fait de Tabianien basal. En effet, en plus de la présence
.
de Globorotalia margaritae — déjà signalée dans cette étude [6] entre 720 et 418 m et que
nous avons retrouvée entre 825 et 418 m — on relève, entre 825 et 380m, celle de
Globigerina nepenthes et, entre 825 et 780m, celle de Sphaeroidinellopsis.
L'extinction de Globigerina nepenthes intervenant : pour les uns, Vers 3,9 M.a.
([12] à [15]) et pour d'autres, vers 3,6 M.a. [16], les 445: premiers mètres (entre —825 et

380) de cette série pliocène sont donc nécessairement plus anciens. Cette section
concrétise par conséquent la biozone Pl 1 de Berggren et Amdurer [17], ses termes les
plus élevés pouvant correspondre, au plus récent, à l'extrême base des biozones MP 13

de Cita [18] ou « interval 3 » de Spaak [14]. Dans l'éventualité où le premier spécimen de


Globorotalia margaritae, recueilli à 825 m, proviendraitd'une retombée (éventualité d'au-
tant plus probable qu'il s'agit d'un prélèvement isolément fécond, puisque ce taxon ne
deviendra systématiquement présent qu'à partir de 750m : aucun des sept prélèvements
échelonnés entre 825 et 750 m ne l'ayant récupérée), l'intervalle stratigraphique compris
entre les cotes — 825 et — 750 représenterait la biozone MP 1 1 [18] ou « interval 1 »[14],.
c'est-à-dire l'extrême base du Tabianien.
(c) Age des termes supérieurs de la série marinepliocène. — Dans ce puits, la disparition
de Globorotalia margaritae, à la cote 418, précède paradoxalement celle de Globigerina
nepenthes qui n'intervient qu'à la cote 380 : ce qui n'est pas conforme à leur ordre
d'extinction reconnu ([12],à [15], [17]; [16]). Au-dessus de 418m, l'absence de Globorotalia
margaritae est donc dépourvue de signification chronostratigraphique,ce que confirme,
par ailleurs, une ultime manifestation de ce taxon, à la cote 262 [6] dans le sondage
EIne 1 [9]. Entre les cotes 380 (occurrence du dernier planctonique) et 160 (transition
marin/continental), si l'environnementmarin est bien attesté par la faune benthique,
aucun marqueur, en revanche, ne permet de dater cette tranche de sédiments.
Deux puits proches : ceux d'Elne 1 (X = 652,475; Y = 32,899; Z=14,5NGF) ([9], [6]) et
de la Mutualité agricole (X = 645,15; Y = 41,35; Z = 70,0 NGF) [6] peuvent servir de relais
pour cette investigation. Sous ces trois sites, disposés en triangle, on remarque en effet
que l'altitude (NGF) du niveau d'émersion s'approfondit régulièrement d'Ouest en Est
avec, respectivement : — 105 à la Mutualité, — 115 à Elne et — 160 à Canet. Compte
tenu de la proximité des trois implantations et de la disposition planaire de la discontinuité
marin/continental[19], on peut la tenir pour isochrone à l'intérieur, du triangle qu'elles
délimitent et établir un log de synthèse intégrant les données des trois puits.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985 1353

Dans ce log de synthèse, l'ultime spécimen de Globorotaliamargaritae témoigne qu'à


la cote — 248 NGF (soit à 128 m du toit de la série marine), on se trouve toujours dans
le Tabianien. Où se trouve donc le sommet de cet étage? A la Mutualité agricole, la
présence conjointe[6], à;..— 126NGF (soit à 20m à peine du toit de la série marine), de
Reticulofenestra pseudoumbilica et de Sphenolithus abies atteste un âge antérieur à
3,5M.a. [16], c'est-à-dire encore tabianien. De surcroît, le célèbre gisement de Vertébrés
du Serrat d'en Vacquer [20] , — localisé, dans l'espace, à 1km au NW du sondage de la
Mutualité et, stratigraphiquement, 200m au-dessus des derniers niveaux marins de ce
puits — étant lui-même: attribué au Tabianien ([8], [21]), c'est l'intégralité de la sérié ;
pliocène du Roussillon qui appartient à cet étage.

III. IMPLICATIONSGÉOLOGIQUES. — (a) Implications stratigràphiquesà l'échelle du bassin.



Les trois sondages étudiés occupent dans le bassin une position orientale et distale.
Dès lors que leurs termes marins ressortissent au seul étage Tabianien, il est bien
évident que les formations marines proximales de la bordure occidentale du bassin

subordonnées, elles aussi, à un recouvrement continental tabianien; de surcroît plus
ancien ([22], [8], [23]) — ne peuvent, en aucune manière, être plus récentes, c'est-à-dire
plaisanciennes. Le sondage Canet livre ainsi la clé stratigraphique du Roussillon pliocène :
l'ingression marine n'y fut ni tardive, ni brève mais, tout au contraire, précoce et durable,
(b) Implications paléogéographiques. — Le recalage chronostratigraphique
du colmatage
de cette ria pliocène permet; incidemment, de replacer son évolution paléogéographique
en concomitance avec celles du Rhône ([24], [25]) et du Var [26]. Dans ces trois secteurs,
la chronologie des paléogéographies successives est sensiblement la même : faisant suite
à la crise de salinité messinienne et au creusement contemporain des canyons dans les
marges exondées du bassin, l'ingression pliocène les transforme en rias dès la base du
Tabianien. On observe néanmoins;que l'exondation terminale paraît être diachrone, plus
tardive dans le cas du Var [26].
(c) Implications géodynamiques. —
La série pliocène repose en discordance sur la série
miocène. Du point de vue géométrique, cette discontinuité fossilisé une topographie de
ravinement : en section méridienne, l'épaisseur totale de Pliocène passe de 825m à Canet
à 366m à Elne ([9], [6]) tandis que, selon une direction orthogonale, la série marine
tabianienne s'accroît de quelques mètres, au Boulou [27], à 665 m, dans le sondage Canet
distant dé 25km. En parfaite continuité géométrique, cette discordance de ravinement
prolonge, à terre, la « surface d'érosion messinienne » omniprésente sur les profils sismi-
ques du Golfe du Lion[28], comme d'ailleurs dans l'ensemble du bassin méditerranéen
([29], [30]). La configuration de cette discordance avec, en particulier, l'emboîtement du
Pliocène dans le Miocène (disposition facile à observer dans la partie sud-occidentale du
bassin), réfute l'interprétation tectonique de ce ravinement qui résulte, fondamentalement,
du jeu de l'érosion régressive messinienne.

IV. CONCLUSIONS. De ce réexamen du sondage de référence Canet 1 découlent les



nouveaux apports suivants :
(1) La série marine pliocène du Roussillon, ainsi que la série continentale qui la
surmonte, appartiennent au seul étage Tabianien.
(2) L'ingression marine y fut précoce (extrême base du Tabianien) et le colmatage de
la ria beaucoup plus long (2 M.a.) qu'il n'était admis jusqu'ici.

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 97


1354 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985

(3) Cet épisode géodynamique —tant dans ses modalités sédimentaires que dans son
déroulement chronologique — s'apparente désormais étroitement à ceux décrits dans les
rias du Rhône, de la Durance et du Var.
(4) A la verticale du littoral actuel, la série miocène sous-jacente au Pliocène est, au
moins épisodiquement, une série marine. Elle se trouve tronquée, par la discordance
intermédiaire,jusqu'au Langhien.
(5) La discordance de ravinement qui sépare les séries miocène et pliocène, prolonge,
à terre, la « surface d'érosion messinienne » de Méditerranée.
Remise le 21 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] J. MAGNÉ, Thèse Sc, Toulouse, C.N.R.S. éd., 1, 1978, 259 p.


[2] J. P. Suc, Ann. Géol. Pays Hellén., h. s., III, 1979, p. 1181-1187.
[3] J. P. Suc, Thèse Sc., Montpellier, 1980, 198 p.
[4] J. P. Suc, Comptes rendus, 294, série II, 1982, p. 1003-1008.
[5] J. MARTINELL et R. DOMENECH, Géol. France, 1-2, 1984, p. 165-174.
[6] J. CRAVATTE, I. MATIAS et J. P. Suc, Géol. France, 1-2, 1984, p. 149-163.
[7] J. P. Suc, Géobios, 9, n° 6, 1976, p. 741-771.
[8] J. P. AGUILAR et J. MICHAUX, Paléobiol cont., 14, n° 2, 1984, p. 19-31.
[9] M. GOTTIS, Bull. Soc. géol. Fr., (6), 8, n°8, 1958, p. 881-883.
[10] W. H. BLOW, Proc Ist Int. Conf. Planktonic Microfossils, Geneva, 1967, E. J. BRILL éd., 1969, Leiden,
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[11] W. B. F. RYAN et coll., Initial Reports D.S.D.P., 13, n° 1, 1973, p. 403-464.
[12] J. D. HAYS, T. SAITO, N. D. OPDYKE et L. H. BURCKLE, Bull. Geol. Soc Amer., 1969, p. 1481-1514.
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[23] G. CLAUZON, J. P. AGUILAR, J. MICHAUX et J. P. Suc, Colloque Depéret, Perpignan, 1985 (à paraître).
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[28] M. GENNESSEAUXet D. LEFEBVRE, Géol. Méditer., VII, n° 1, 1980, p. 71-80.
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[30] L. MONTADERT, J. LETOUZEY et A. MAUFFRET, Initial Reports D.S.D.P., 42, n° 1, 1978, p. 1037-1050.

G. C. : Laboratoire de Géographiephysique, Université d'Aix - Marseille-II,


29, avenue Robert-Schuman, 13621 Aix-en-Provence Cedex;
J. C. : Laboratoiresd'Exploitation, Total-C.F.P.,
218-228, avenue du Haut-Lévêque, 33605 Pessac Cedex.
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985 1355

GÉOLOGIE.
— Le volcanisme ignimbritique birrimien et ses mécanismes
de mise en
place dans le bassin du Yaouré, centre de la Côte-d'Ivoire. Note de Richard Fabre, présentée
par Reynold Barbier.
L'étude des faciès pétrographiques de la série ignimbritique birrimienne du Yaouré a permis d'établir une
classification génétique en trois types, et d'en déduire pour chacun d'eux leur mécanisme de mise en place au
sein de plusieurs ensembles de coulées pyroclastiques aériennes ou/et sous-marines.

GEOLOGY.— The Birrimian ignimbritic volcanisme and ils formation-mecanism in Yaoure Basin of Central
Ivory Coast.
Petrologic facies studies of the Birrimian ignimbritic series of the Yaoure region of Central Ivory Coast allows
subaerial
a genetic classification into three types, and to deduce of these the formation-mecanism within several
or/and submarinepyroclastic emissions.

INTRODUCTION. — L'étude récente [1] des roches pyroclastiques acides du Yaouré a


montré que leur caractère pétrographique particulier les assimilait à de véritables nappes
ignimbritiques aux faciès évolutifs variés. En fait un examen complet d'une plus grande
variété d'ignimbrites a permis d'établir le caractère hybride de celles-ci, avec à la fois
l'apparence de véritables laves par leur texture fluidale, et de roches pyroclastiques par
leur texture vitroclastique encore reconnaissable.
Ces observations nous conduisent à définir, suivant la nomenclature de P. M- Vincent
(1963) et en accord avec elle, trois types principaux d'ignimbrites.
Toutes ces observations pétrographiques, alliées aux récents travaux cartographiques
et lithostratigraphiquesrégionaux ([2], [3]), concrétisent l'existence d'une importante série
ignimbritique dans le bassin birrimien du Yaouré que nous proposons d'appeler « série
ignimbritique du Yaouré ». Cette série ignimbritique ne représente que la partie moyenne
et supérieure de « l'Unité du Yaouré » définie par M. Jaujou (1970); l'étude de son
complexe doléritique basai régional n'est pas abordée ici [3], pas plus que celle des
intrusions basiques et ultrabasiques.
CLASSIFICATIONGÉNÉTIQUEDES IGNIMBRITESBIRRIMIENNESDU YAOURÉ. — Malgré l'extraor-
dinaire variété des faciès ignimbritiques rencontrés dans notre région, on reconnaît trois
types pétrographiques et génétiques d'ignimbrites suivant le degré de vésiculation et
d'éclatement de la inésostase [4]; ce sont :
Les ignimbrites-laves. — Elles montrent toujours une mésostase à texture pseudo-
fluidale finement recristallisée mimant la fluidalité d'une lave, mais dans laquelle on ne
reconnaît pas de microlites comme dans les vraies laves, fig. Al, B1, C1. La mésostase
est en fait constituée d'une alternance du dixième de millimètre de filets ou rubans de
quartz finement recristallisés et de niveaux quartzo-sériciteux ou chloriteux. Ces rubans
de quartz de rapport épaisseur/longueur 1/50 à 1/200 ou plus, donnant l'aspect d'un
écoulement laminaire, correspondent au phénomène de microponcification commun aux
ignimbrites-laves ([4], [5]), ici entièrement recristallisées en quartz et séricite. Ces
ignimbrites-laves contiennent fréquemment des niveaux millimétriques plus évolués en
cours d'éclatement vitroclastique, soulignés par une concentration d'opaques, fig. B1, et
parallèles au plan d'écoulement de la mésostase. Ces zones traduisent ([6], [7]) l'existence
d'une rupture mécanique précoce entre deux feuillets à vitesses d'écoulement différentes.
A la base des coulées pyroclastiques du Yaouré s'individualise des ignimbrites-laves
noires qui sont de véritables vitrophyres encore bien conservés.

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1356 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985

Un autre type d'ignimbrite-lave est représenté par des brêches ignimbrites monogéni-
ques dacitiques, fig. C1, C2, dans lesquelles la lave porphyrique à phénocristaux d'oli-
goclase est en cours de vésiculation suivant des bandes parallèles sombres soulignées par
des opaques. Ce faciès lavique autobréchifié en fragments centimétriquesà décimétriques
anguleux, est généralementinterprété par les auteurs ([6], [7]) comme proche d'un centre
d'émission. La rupture s'effectue presque toujours selon les plans de faiblesse (zones
vésiculéessombres, fig; C2) avec ségrégation minéralogiquepar concentration des opaques
en bordures des fragments et enrichissement en silice de la mésostase.
Précisons encore que ce faciès traduit [7] surtout une rupture mécanique brutale
consécutive à des contraintes cisaillantes entre feuillets, et ou un effet de trempe sous-
aquatique pourrait expliquer la ségrégationminéralogique observée entre les blocs et leur
mésostase.
Les ignimbritesflammées. — Ce sont les faciès les plus caractéristiquesde notre région,
et déjà décrits [1]. Les flammes quartzo-sériciteuseset felsitiques sont soit vésiculées avec
un rapport volumétrique bulles/lave faible, soit non vésiculées avec un faciès identique
aux ignimbrites laves. Ici les flammes correspondent à des fragments de laves primaires
du faciès précédent, conservés dans une mésostase discontinue éclatée. La particularité
de ces ignimbrites est de montrer un passage progressif entre la flamme huileuse (avant
éclatement) et le faciès vitroclastique constitué d'échardes (après éclatement), fig. B2. La
proximité immédiate de ces deux faciès ne permet plus ici d'envisager un mécanisme de
rupture brutale comme précédemment, mais plutôt une rupture ménagée [6] : l'éclatement
est contrôlé sous l'effet de la pression lithostatique (faciès ignimbritiquemédian ou basai
d'une coulée pyroclastique). Les ignimbrites flammées permettent de vérifier dans tous

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Corrélations pétrographiques entre les principaux faciès ignimbritiques de la série du Yaouré, et leur mécanisme
d'évolution depuis une lave (A1, B1, C1, C2) vers un tuf (A2-3-4, B2-3-4, C3). On distingue trois ensembles
dans la série ignimbritique du Yaouré qui sont : A et B, ensembles moyens rhyolitiques; C, ensemble
supérieur dacitique; l'ensemble inférieur est représenté par des tufs rhyodacitiques. AT, Bl, Cl, ignimbrites-
laves respectivement rhyolitiques à texture pseudo-fluidale et rubanée (M) (A1), rhyolitique à mésostase
rubanée avec un niveau (N) à rupture mécanique brutale consécutive à des variations dans les vitesses
d'écoulement (B1), dacitique à bandes de vésiculation parallèles (C1); C2, ignimbrite-lave autobréchifiée
monogénique, op = opaques; A2, A3, A4, ignimbrites tuffacées montrant dans une mésostase à vitroclastes
(vi) des zones vésiculées (bu) (A2), d'autres granoclasséesà vitroclastes non tassés (A3), en évoluant vers des
faciès à mésostase vitroclastiqueconstituée de macro-échardesaxiolitiqueset de vitroclastesquartzo-sériciteux
anguleux (A4); B2, ignimbrite flammée montrant une flamme-ponce qui libère des échardes par rupture
mécanique « ménagée », et à mésostase vitroclastique; B3 : ignimbrite tuffacée cinéritique montrant un
niveau à écoulement laminaire (faciès interstratifié), ft = figures de tassement; B4, ignimbrite tuffacée type
« sillar »; C3, ignimbriteflamméebréchique polygéniqueà faciès d'agglomérat volcanique, a, carte géologique
simplifiée de la Côte-d'Ivoire avec localisation du secteur d'étude : 3, bassin sédimentaire côtier; 4, birrimien
indifférencié; 5, granitoïdes éburnéens; 6, archéen du « Bouclier de Man ».
Petrographie correlations between the principal ignimbritic faciès of the Birrimian series of the Yaouré region,
and their evolution mecanism from a lava loward a tuf; three major lithological ensembles are recognised.within
the "Yaouré series": A and B, middle rhyolitic ensembles; C, upper dacitic ensemble; lower ensemble is
represented by rhyodacitic pyroclastic tufs. A1, B1, C1, lava-ignimbrites with, rhyolitic facies with fluidal and
lithoidal structure (M) (A1), rhyolitic cinerite facies with lithoidal pumice structure and a vitrclastic layer (N)
(B1), dacitic facies with paralles vacuole bands; C2, monogénic lava-ignimbrite breccias, op-opaque; A2, A3,
A4, tuffaceous ignimbrites with vitroclastic groundmass (welded tuff) (A4) and vacuolitic zones (A2); A3,
gradedbedding within non welded tuff; B2, tuffaceous ignimbrite with a "flame-pumice" showing a progressive
bursting of the vitric glass vacuoles; B3, cineritic tuffaceous ignimbrite with a central zone showing a fluidal
structure (lava-ignimbrite); B4, tuffaceous ignimbrite, "sillar" type (non weldeftuff); C3, ignimbrite polygenic
breccias within "flame-pumice and flame type", a, simplified geological map in the Ivory Coast, with study
zone localization; 3, coast sedimentary basin; 4, undifferentiated Birrimian, 5, eburneen granitoids; 6, archeen
of "Man Shield".
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C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985 1359

les cas que les flammes ont toujours un stade évolutif de retard par rapport à la mésostase
plus avancée [4]. Les ignimbrites flammées du Yaouré ont des flammes discrètes et
généralement d'aspect macroscopique fort différent des ignimbrites flammées types d'au-
tres régions du monde.
Les ignimbrites tuffacées. — Elles sont prédominantes et représentent plus de 75 % des
ignimbrites, avec deux faciès principaux :
Les ignimbrites tuffacées du premier faciès ont une mésostase vitroclastique constituée
par des échardes fines et flexueuses en X, Y. De couleur rouge violacé à grise, légères et
poreuses, on peut les assimiler aux ignimbrites « sillar » des auteurs [4], fig. B4.
Les ignimbrites tuffacées du deuxième faciès ont aussi une mésostase vitroclastique,
mais qui diffère de la précédente par le fait que les échardes toujours énormes sont
de véritables vitroclastes macroscopiques parfois millimétriques aux formes complexes,
hémisphériques,en bâtonnets, avec des fragments ou blocs bréchiques anguleux centimétri-
ques à décimétriques (1). A l'affleurement ce sont des brèches monogéniques autobréchi-
fiées pour certaines, denses et compactes, dont les fragments, contenus dans une mésostase ;
fine violacée à blanche ou grise, sont faiblement déplacés les uns des autres et forment
un puzzle que l'on peut facilement reconstituer par simple translation. La mésostase
montre toujours une texture pseudo-fluidale bien recristallisée.
Les ignimbrites tuffacées de ce deuxième faciès présentent elles aussi de nombreux
faciès interstratifié dont les plus caractéristiques matérialisent deux types de mécanisme
de rupture comme précédemment : l'une « ménagée » à partir d'une poncification avancée
et ou les fragments de ponce centimétriques en cours d'éclatement libèrent des macroéchar-
des aux formes flexueuses complexes, fig. A2, A3, A4; l'autre mécanique brutale et
précoce. Dans ce cas les échardes et les blocs, peu ou pas vésiculés, ont des formes
anguleuses simples avec une rupture analogue à une autobréchification orientée et sans
ségrégationminéralogique (contrairement au faciès lavique des ignimbrites-laves précéden-
tes), ce qui permet de penser que ce dernier faciès bréchique serait plutôt lié à des
différences de vitesse d'écoulement entre des feuillets successifs d'une même nappe ignim-
britique, entraînant l'apparition d'une zone autobréchifiée centimétrique à décimétrique
interstratifiée (observation de terrain).
Les deux types de mécanisme de rupture peuvent se trouver fréquemment dans le
même échantillon. Dans d'autres cas la vésiculation est si faible que l'on doit aussi
considérer les ignimbrites tuffacées comme proches du point d'émission de la coulée.
En fait les ignimbrites tuffacées du deuxième faciès montrent à la fois le caractère
lavique, fig. A1, mais surtout le caractère vitroclastique bréchique, fig. A2, A3, A4, et à
ce titre (et vu leur nature rhyolitique) ces ignimbrites constituent un véritable ensemble
ignimbritique de la série birrimienne du Yaouré. Enfin l'abondance des formes variées et
complexes des échardes, l'absence de dévitrification à cristallisation axiolitique des échar-
des (sauf le cas de la lame mince A4, fig.), et l'abondance des tufs à vitroclastiques lités
granoclassés identiques aux tufs lités sous aquatiques de certains auteurs [8], s'accordent
avec les observations de nombreux auteurs [7] pour suggérer une mise en place sous-
marine de ces faciès.
Précisons que les trois faciès types d'ignimbrites ainsi définis dans ce qui précède (lave,
flammé, tuffacé) se trouvent représentés dans une même coulée pyroclastique ou un
ensemble de nappes que nous appelerons « ensemble ignimbritique » [3]. Celui-ci se
reconnaît par sa nature pétrographique propre, rhyolitique, rhyodacitique ou dacitique,
et par ses caractères de terrain (couleur, lithologie, cartographie, densité, coupe géologi-
que, etc.).
1360 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985

Ainsi dans la série ignimbritique du Yaouré trois grands ensembles ont pu être
individualisés (ensembles A, B, C, fig.) dans une succession considérable de coulées
pyroclastiques de plus de 750 m d'épaisseur au total. Chacun de ces ensembles est
représenté par les principaux faciès ignimbritiques de la figure, en évoluant dans le sens
laves -» tufs [4].
CONCLUSION.

L'ensemble des caractères pétrographiques des ignimbritesbirrimiennes
du Yaouré s'accorde avec un dynamisme de mise en place par écoulement laminaire dans
lequel le moteur de la coulée ([5], [6], [7], [9]) est dû à la force d'expansion des gaz, et
ceci par vésiculation (poncification) d'une lave primaire au point d'émission (ignimbrite-
lave), qui évolue vers un faciès plus ou moins éclaté (ignimbrite flammée et tuffacée). Ce
mécanismeévolutif se fait donc dans le sens lave -» tuf, en accord avec la théorie lavique
de P. M. Vincent.
Au cours de la poncification trois types de rupture sont possibles : 1° une rupture par
gonflement et éclatement total des bulles au sommet d'une nappe sans que la pression
lithostatique s'oppose à la pression interne des gaz [7] (ignimbrite tuffacée), 2° une rupture
« ménagée » par éclatement progressif en liaison avec une forte pression lithostatique
dans la partie basale et médiane d'une nappe (ignimbrite flammée), 3° une rupture
mécanique brutale précoce proche des points d'émission et entre les feuillets à vitesses
d'écoulement différentes (faciès autobréchifiés).
Enfin beaucoup de caractères pétrographiques et génétiques des ignimbrites permettent
d'envisager, tout au moins pour certaines coulées pyroclastiques, une mise en place
sous-marine.
Je remercie tout particulièrement MM. les professeurs J. Fabre, M. Gidon, R. Michel, J. Sarrot Reynault,
ainsi que MM. les professeurs J. Camil, I. de Klasz, Ph. Guibert, et M. le professeur P. Tempier, respectivement
des Universités de Grenoble, d'Abidjan et de Clermont-Ferrand, pour leur aide et leurs conseils indispensables
depuis 2 ans.
( 1) Ces roches massives généralement très acides et fortement recristallisées, ont longtemps été appelé à tord

« quartzite blanc, noir, gris » ou « quartzite bréchique » par les anciens auteurs.
Remise le 14 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[2] R. FABRE, Comptes rendus, 300, série II, 1985, p. 955-960.
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[4] P. M. VINCENT, Thèse d'État, 1963.
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[7] C. CAILLAT, P. DEHLAVI et B. MARTEL-JANTIN, Thèse 3e cycle, Grenoble, 1978.
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[9] P. VELLUTINI, Thèse d'État, 1977.

Laboratoire de Géologie, Université d'Abidjan,


B.P. n° 322, Abidjan 04, Côte-d'Ivoire.
R.
C. Acad. Sc. Paris,t.301,
Série
II,n°19, 1985 1361

TECTONIQUE.— Dispositif sédimentaire et évolution tectonique hercynienne du Paléo-


zoïque de Mechra ben Abbou, Rehanma (Maroc). Note de Fouad El Kamel, Jacques Muller
et Jean Sougy, présentée par Jean Aubouin.
Les terrains d'âge ordovicien supérieur à frasnien de Mechra ben Abbou disloqués, lors de l'ouverture d'un
bassin qui a pu débuter au Famennien et s'est poursuivi jusqu'au Viséen supérieur, ont été plissés et partiellement
schistosés puis repris par des cisaillementsdextres postérieurement au Viséen terminal. Ils sont surmontés en
contact tangentiel sub-horizontal par la nappe de matériel dévonien inférieur et viséen supérieur de la Gada
Jennabia vers la fin de l'orogenèse hercynienne.

TECTONICS. — Paleozoic sedimentation and Hercynian tectonic evolution of Mechra ben Abbou area,
Rehamna, Marocco.
Upper Ordovician to Frasnian series of Mechra ben Abbou are dislocated during the Famennian to Upper
Visean opening of an eastern trench (Oued Kibane). Folding with clivage, dextral shearing and later thrusting
characterize the Hercynian evolution of this area.

INTRODUCTION. — L'âge des terrains des Rehamna septentrionales va de l' Ordovicien


supérieur au Carbonifère inférieur. Tous les terrains du Viséen supérieur y ont été
jusqu'ici considérés comme autochtones, transgressifs sur ceux du Dévonien et déformés
ensemble pendant l'orogenèse hercynienne ([1], [3]). L'existence de contacts anormaux à
faible pendage qui tronquent les structures plissées hercyniennes, a donné lieu à diverses
interprétations : chevauchement de faible ampleur s'enraçinant rapidement [3] ou nappes
tardi-hercyniennes impliquant une partie [4] ou l'ensemble du matériel dévono-carbonifère
du Mechra ben Abbou [5]. De nouveaux travaux montrent que la désorganisation de ces
terrains est liée à deux événements importants successifs : une déformation précoce en
partie synsédimentaire d'âge dévonien inférieur à anté-viséen supérieur et une tectonique
tangentielle tardi-hercynienne. Eu égard au style des déformations, la région a été divisée
en un substratum (autochtone relatif) surmonté de la nappe de la Gada Jennabia.
LE SUBSTRATUM. — Il comprend trois ensembles limités par des failles importantes :
L'ensemble occidental, de Mechra ben Abbou, dont les terrains anté-viséens présentent
un caractère chaotique : des coupes partielles ont permis d'y déceler des quartzites
ordoviciens(?), des pélites, gréso-pélites caractériséespar la présence de figures synsédimen-
taires de type slump et calcaires à entroques d'âge silurien-dévonieninférieur, des calcaires
récifaux et péri-récifaux du Dévonien moyen à Frasnien et des grèso-quartzites du
Strunien transgressifs à la fois sur le Dévonien inférieur et le Dévonien moyen. Sur ces
terrains profondément morcelés, localement réduits à l'état de blocs de taille métrique à
kilométrique sans relations structurales évidentes entre eux, se déposent transgressivement
les terrains viséen supérieur V3by constitués de conglomérats, de calcaires bioclastiques
à Productus et de tufs volcaniques ( fig.) et peut-être le Viséen terminal V3c [6] représenté
par des calcaires jaunes qui constituent les écailles de Draa Mills (2 km NNE de
S. Abdallah).
Cette transgressivité des couches d'âge viséen supérieur sur le matériel disloqué est
nettement observable de part et d'autre de la route du barrage el Massira à l'est du
grand méandre de l'oued Oum er Rbia.
L'ensemble oriental de l'oued Kibane, caractérisé par l'état peu ou pas chaotique de ses
terrains, montre la succession stratigraphique : pélites, grès et quartzites [2] (Llanvirn à
Ashgill) corrélables à ceux des Rehamna orientales ([8], [9]), pélites et calcaires à entroques
(Dévonieninférieur), calcairesrécifaux (Dévonien moyen), flysch (Famennien) puis calcaré-
nites gréseuses (Strunien).

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1362 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985

Carte structurale de Mechra ben Abbou. Coupes AA' et BB' montrant : (a) la dislocation importante de la
série sous la discordance viséenne essentiellementdans la partie occidentale du substratum; (b) le plissement
synschisteux affectant toute la série et (c) la troncature des structures par les contacts tangentiels tardi-
hercyniens O^
Structural map of Mechra ben Abbou area. Cross-sections AA' et BB' showing: (a) disrupted bedding under the
Visean unconformity only in the Western area; (b) later folding of the whole series; (c) structural troncation of
the folds by late hercynian thrustings.

L'ensemble sud-oriental, qui comprend deux unités structurales limités par des contacts
de chevauchement les superposant à l'ensemble oriental ( fig.) : L'unité de l'Aïn-el-Melah,
jusque-là interprétée comme un synclinal viséen coincé entre deux failles verticales [3],
est constituée en réalité de deux écailles ( fig., coupe AA') dont le matériel (pélites à
nodules calcaires et calcaires à interlits silteux) est, par analogie de faciès, à nouveau
attribué au Silurien comme proposé initialement [1]. L'unité de Koudiat-el-Adam, surmon-
tant la précédente, est constituée d'une série cambro-ordovicienne ([8], [9]). Coincé dans
le contact basai de cette unité, affleure une écaille formée d'ampélites noires d'âge
Llandovery [13].
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985 1363

LA NAPPE DE LA GADA JENNABIA. — Elle est constituée de quatre écailles qui surmontent
le substratum suivant un contact anormal sub-horizontal ( fig.) :
L'écaille e1, au Nord d'el Gara, met des calcaires et des pélites du Dévonien inférieur
surmontés transgressivement par des calcaires bioclastiques et siltstones du Viséen supé-
rieur V3by [6] en contact anormal sur les volcanites viséen supérieur du substratum.
L'écaillé e2, qui chevauche l'écaillé e 1, est formée de grès, siltstones et volcanites du
Viséen supérieur.
L'écaille e3, qui repose à la fois sur les écailles précédentes et, plus au Sud, directement
sur le substratum, est constituée, à sa base, de pélites du Siegénien [7], surmontées sans
discordance visible, par des calcaires, siltstones et volcanites du Viséen supérieur V3
indifférencié [6].
L'écaille e4 surmonte à la fois l'écaille e3 et le substratum. Son matériel peut être
corrélé avec celui de l'écaille e3.

ÉVOLUTION TECTONIQUE.

Déformation précoce dans l'intervalle Dévonien inférieur à
Viséen supérieur. — Elle n'est bien évidente que dans le substratum (ensemble de Mechra
ben Abbou). La déformation, qui commence par être synsédimentaire, débute au Dévo-
nien inférieur : les slumps et les figures d'arrachement dans les couches basales des bancs
compétents indiquent une certaine instabilité dans la zone de dépôt (talus). Cette instabilité
se poursuit sans doute après le Frasnien : la transgressivité des grès chenalisés du Strunien
tant sur le Dévonien inférieur que sur le Dévonien moyen-Frasnien plaide en faveur
d'une profonde érosion de la plate-forme calcaire du Dévonien moyen-Frasnien. La
dislocation la plus importante se place avant le dépôt du Viséen supérieur : on propose
de l'interpréter comme un mégaglissementde toute la série anté-viséenne en bordure d'un
bassin (Oued Kibane) dont l'ouverture aurait débuté au Famennien (on préfère ce terme
à celui d'olistostrome en l'absence de toute observation de sédimentation synchrone de
ce glissement). La bordure de ce bassin, où ont dû s'empiler les masses glissées, semble
se retrouver partout à l'Est du môle côtier : elle pourrait englober les séries discontinues
de quartzites ordoviciens des Skhour, de Draa-Guessa et de Biadna [4] ainsi que les
conglomérats polygéniques Dévonien inférieur de Skhirat-es-Slimane,dans les Rehamna.
Elle se prolongerait dans la zone de mélange des Skhirat des Jebilet [11]. Les conglomérats
monogéniques de Kef-el-Mouned et de Sidi Abdallah (Rehamna) pourraient correspondre
à une unité à blocs associée à ce mégaglissement [12].
Déformations hercyniennes. — Nous avons individualisé trois épisodes principaux :
Plissement P1 : Dans les deux ensembles occidental et oriental du substratum, ce
plissement est d'intensité variable, associé ou non à une schistosité. La direction moyenne
des plis, Nord-Sud à N30°, passe à N55° en allant vers le Sud-Est. Dans l'ensemble
sud-oriental chevauchant, la schistosité liée au grand anticlinal arqué de Koudiat-el-Adam,
est de direction N70°. Dans la nappe de la Gada Jannabia, les plis, ouverts, sont
essentiellementmarqués dans l'écaille e3, où ils sont orientés N 20°; dans l'écaille e4, plis
et schistosité sont tordus, passant de N20° à N 120°. Cette torsion est peut-être liée au
déplacement tangentiel tardi-hercynien de cette écaille du Sud-Est vers le Nord-Ouest.
Cisaillement à composante décrochante dextre : Reprise des plis P1 par des décroche-
ments sub-parallèles à la schistosité, existence de plis à axes courbes et à axes sub-verticaux
et localement d'un clivage S2 sub-vertical. L'effet de cisaillement le plus prononcé
s'observe dans la partie orientale du substratum.
1364 G. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985

Déplacements tangentiels : ils sont marqués par :



le découpage du substratum par des plans 0ls peu pentes (30 à 40° au Sud), à stries
de friction indiquant un transport du Sud-Est vers le Nord-Ouest. Les chevauchements
s'observent dans la partie sud-orientale et la partie nord du substratum ( fig.);

la mise en place des écailles de la nappe de la Gada Jennabia dont les plis sont
tronqués par un plan de contact sub-horizontal ( fig., coupes AA' et BB'). Les stries de
friction comme le déversement des plis P1 dans la zone de contact indiquent un transport
du Sud-Est vers le Nord-Ouest.
La nature des roches qui constituent la nappe de la Gada Jennabia indique que celle-ci
doit provenir d'un domaine paléogéographique caractérisé au Viséen supérieur par des
calcaires de plate-forme transgressifs sur des pélites siegénien non disloquées. Compte
tenu de la direction de transport, la patrie pourrait correspondre soit à la couverture de
l'anticlinal de Koudiat-el-Adam soit à une zone située plus au Sud-Est. Dans ce cas
l'ampleur du déplacement serait d'au moins 10 km. Cet épisode tectonique est encore
mal daté. Il est postérieur au Viséen terminal V3c et antérieur aux filons de microdiorite
(non datés) qui se sont introduits dans les plans de chevauchement.
Des observations nouvelles montrent que les conglomérats molassiques de Mechra ben
Abbou attribués au Westphalo-Autunien ([1], [14]) sont impliqués dans cette tectonique
tangentielle. Il est difficile de dire pour l'instant si le renversement des couches des
conglomérats est dû à la mise en place de la nappe ou à une réactivation tardive de
celle-ci.
Des indices d'autres chevauchements, du Nord vers le Sud, ont été relevés dans la partie
sud-ouest du substratum. Ils paraissent correspondre à ceux déjà signalés dans d'autres
secteurs des Rehamna ([4], [9]) où ils sont postérieurs à ceux de l'épisode <&! [9].
CONCLUSION.

La structure chaotique du matériel anté-viséen supérieur de Mechra
ben Abbou paraît liée à un mégaglissementen bordure d'un bassin dont l'individualisation
a pu commencer dès le Dévonien inférieur le long de la bordure orientale du môle côtier.
Aux phénomènes de compression NW-SE (plis avec ou sans schistosité) procédant du
serrage du bassin, s'est ajouté un glissement latéral décrochant, suivi de déplacements
tangentiels dont les plus importants se sont produits du Sud-Est vers le Nord-Ouest.
Remise le 14 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] M. GIGOUT, Notes Mém. Serv. géol. Maroc, 86, 1951.


[2] P. JENNY, Thèse 3e cycle, Université de Strasbourg, 1974.
[3] A. MICHARD et coll., Notes Mém. Serv. géol. Maroc, 303, 1982.
[4] R. RAIS-ASSA, J.-J. CORNÉE, J. MULLER et J. SOUGY, Comptes rendus, 296, série II, 1983, p. 783-786.
[5] J. SOUGY, J. MULLER et A, POUTCHKOVSKY, 6e Réun. ann. Sc. Terre, Orsay, 25-27 avril, 1978,
p. 371.
[6] D. VACHARD, Institut géologique A. de Lapparent, Paris, Comm. écrite, mars 1985.
[7] H. BAECKER et P. NEGRONI, Bur. Rech. Particip. min., Rabat, Rapp. inéd.
[8] C. HOEPFFNER, P. JENNY et A.. PIQUE, Sc. géol. Bull, Strasbourg, 28, 1975, p, 197-203.
[9] J.-J. CORNÉE, J. MULLER et J. SOUGY, Comptes rendus, 294, série II, 1982, p. 453-455.
[10] S. MAYOL et J. MULLER, Comptes rendus, 300, série II, 1985, p. 369.
[11] D. TISSERAND, Thèse 3e cycle, Université de Strasbourg, 1977.
[12] J. RODGERS et P. SAINT-JULIEN, Hypothèse envisagéelors de l'excursion P.I.C.G. projet 27, 1983.
[13] S. WILLEFERT, Ministère Energie et Mines, Rabat, comm. écrite, mai 1985.
[14] Une microfaune découverte dans la formation conglomératique de Mechra ben Abbou par-M. Houfaïri
et J. Muller est actuellement en cours d'étude.

Laboratoire de Géologie dynamique,


Faculté des Sciences Saint-Jérôme, 13397 Marseille Cedex 13.
C. R. Paris,t. 301,
Acad.
Sc.

PALÉONTOLOGIE.
II,
Série n° 19,

— Découverte de Mammifères et Dinosaures dans le Crétacé


supérieur de Pui (Roumanie). Note de Dan Grigorescu, Jean-Louis Hartenberger, Costin
1365

Radulescu, Petre Samson et Jean Sudre, présentée par Yves Coppens.

En Transylvanie une petite lentille sableuse a livré une faune diversifiée de Vertébrés comprenant des
Téléostéens(Characidés), des Squamates, des Amphibiens, des Crocodiliens, des Dinosaures et des Mammifères
Multituberculés. En ce qui concerne les Characidés, il s'agit de leur plus ancienne occurence en Europe. Les
Multituberculés présentent des affinités avec le groupe primitif et largement répandu de Paracimexomys.

PALEONTOLOGY. — Discovery of Mammals and Dinosaurs in the upper Cretaccous of Pui (Romania).
In Transylvaniaa small sandy quarry has yielded a diversified vertebrate fauna including Teleosteans (Characids), :
Squamates, Amphibians, Crocodilians, Dinosaurs and Mammals (Multituberculates). About Characids it is
their oldest occurrence in Europe. Multituberculates have affinities with the primitive widespread. group of
Paracimexomys.

Dans la région de Hateg, le Campanien marin est surmonté d'une épaisse série
continentale développée sur 2 500 m de puissance au moins. Les nombreux restes de
Dinosauriens recueillis près du village de Sinpetru (vallée du Sibisel) ont permis d'identifier
dans la partie inférieure de la formation, une faune riche et variée d'âge crétacé supérieur
([1] à [4]). Récemment la découverte d'une incisive de Mammifères dans ces niveaux
permettait à l'un de nous de reconnaître un représentant des Multituberculés [5].
A une quinzaine de kilomètres au Sud-Est, près du village de Pui, les affleurements
situés dans le lit de la rivière Barbat, constitués de bancs de grès et de conglomérats
rouges, rappellent certains des faciès de base des couches de Hateg; la série, ennoyée à
sa base et à son sommet sous des alluvions quaternaires, n'est révélée ici que sur une
épaisseur d'environ 200 m. La présence de restes de Dinosauriens [6] et de végétaux
fossiles dans ce complexe gréso-détritique avait permis de rapporter celui-ci au Danien
sensu Crétacé supérieur [7]. Aucun élément de continuité ne permet cependant de relier
directement cette série aux niveaux de Hateg. La découverte, au sein d'une lentille
sableuse, d'une faune de Vertébrés où se côtoient Dinosaures et Mammifères fait l'objet
de la présente Note.
COMPOSITION DE LA FAUNE :


Gasteropoda: cf. Bauxia, cf. Cyclophorus, Lychnus;

Osteichtyes;

Chondrostei:
Acipenseriformes;

Teleostei:
Characiformes, Characidae [8];
.

Amphibia indet.;

Reptilia: Testudinata indet.;

Sauria :
Squamata indet.;
Crocodilia indet.;
.
Saurischia:
.
+ Coelurosauria (? Coeluridae);
-t- Sauropoda (? Titanosauridae);

0249-6305/85/03011365 $ 2.00 © Académie des Sciences


1366 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985

Mammifères et Dinosaures du Crétacé supérieur de Pui (Roumanie), (a) cf. Paracimexomys sp. M 1 supérieure
gauche; vue occlusale et vue latérale (échelle = 1 mm); (b) multituberculata indet. M 2 inférieure droite
(échelle= 1 mm); (c) Iguanodontidae cf. Rhabdodon. Dent isolée (échelle x 3); (d) Iguanodontidae cf. Rhabdo-
don. Dent isolée (échelle x 6); (e) Coelurosaurien. Dent isolée (échelle x 6); (/) Hypsilophodontidae. Dent
isolée (échelle x 6); (g) ? Titanosauridae. Dent isolée (échelle x 6).
Mammals and Dinosaursfrom the Upper Cretaceous of Pui (Romania). (a) cf. Paracimexomys sp.; left upper
MI; occlusal and lateral views (scale=1 mm); (b) Multituberculata indet. Right lower M 2 (scale =1 mm);
(c) Iguanodontidae cf. Rhabdodon. Isolated tooth (scale x 3); (d) Iguanodontidaecf. Rhabdodon. Isolated
tooth (scale x 6); (e) Coelurosaurian. Isolated tooth (scale x 6); (/) Hypsilophodontidae. Isolated tooth
(scale x 6); (g) ? Titanosauridae. Isolated tooth (scale x 6).

Ornitischia :
+ Ornithopoda:
Iguanodontidae (cf. Rhabdobon);
.
Hypsilophodontidae;
.

Mammalia:
Multituberculata :
.
cf. Paracimexomys;
.
Multituberculata indet.
.
Le premier élément remarquable de cette faune est constitué par les Characidae
précédemment connus dans l'Éocène inférieur d'Europe [17], dans le Paléocène du Maroc
[19] et dont les plus anciens représentants indubitables ont été signalés dans le Sénonien
d'Amérique du Sud [18]. La présence de ces animaux dans le Crétacé supérieur de
Roumanie montre que, dès cette époque, le groupe avait une très large répartition
géographique et suggère que celle-ci était peut-être même mondiale. Dès lors, les fossiles
de l'Éocène inférieur d'Europe doivent être considérés comme des vicariants.
L'assemblage de Dinosauriens, qui confirme l'âge crétacé supérieur du nouveau gise-
ment, évoque sans conteste celui rencontré dans le Bassin de Hateg; alors qu'à Hateg ces
Dinosauriens sont représentés par de nombreux éléments squelettiques, le matériel récolté
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985 1367

à Pui est constitué essentiellementpar des dents isolées; à défaut d'éléments de comparai-
son directe, la détermination des dents de Pui reste donc entachée d'une part d'incertitude,
et ne permet pas de savoir en particulier si ces gisements sont ou non chronologiquement
distincts.
L'Iguanodontidé rapproché du genre Rhabdodon, qui est représenté par plusieurs dents
(fig. c, d) est la forme la plus abondante du gisement. Trois dents seulement peuvent
être rapportées à une forme de la famille des Hypsilophodontidae (fig. f), alors que la
présence d'un Coelurosaurien (fig. e) et celle d'un Sauropode (fig. g) ne sont attestées
que par des spécimens uniques.
Dans cette faune, le seul élément un tant soit peu remarquableparaît être le Coelurosau-
rien, la découverte de Pui venant confirmer la présence de ce groupe déjà signalée par
l'un de nous [5], dans le Crétacé supérieur de Roumanie.
A propos de la faune de Dinosaures d'Hateg, Lapparent [9] avait insisté sur les
similitudes permettant de rapprocher cette faune roumaine de celles récoltées dans le
Crétacé du Midi de la France; cet auteur envisageait qu'au Crétacé supérieur, une certaine
continuité territoriale, représentée par un chapelet d'îles, assurait les échanges fauniques
entre ces deux domaines. Ceci paraît confirmé par les récentes reconstitutions paléogéogra-
phiques [10] et nous souscrivons à cette interprétation en faisant tout de même remarquer
que la connaissance des Dinosaures de ces régions est fondée sur un matériel encore trop
fragmentaire pour permettre d'échafauder des hypothèses biogéographiques précises.
Pour les Mammifères, deux formes appartenant aux Multituberculés ont été trouvées
à Pui:

la première peut être rapprochée du genre Paracimexomys; l'unique dent attribuée
ne mérite pas que l'on crée pour l'instant un taxon nouveau (fig. a). Sur cette dent qui
est probablement une M1 supérieure, la formule cuspidaire réduite, l'allure massive des
tubercules, qui sont de forme conique à l'avant et à l'arrière alors que les cuspides
médianes sont crescentiformes,la présence d'un court cingulum, sont autant de caractères
permettant de la rapprocher de quelques genres de Multituberculés primitifs, fréquents
dans le Crétacé supérieur d'Amérique du Nord, mais beaucoup plus rares dans celui de
Mongolie. En effet les genres Cimexomys et Paracimexomys sont connus par de nombreux
restes dans la Lance Formation, l'Oldman Formation et la Judith Formation
.
([11], [12], [13]) alors que Kryptobaatar ( = Gobibaatar) n'est représenté que par quelques
spécimens de la Djadokhta Formation dans le désert de Gobi ([14], [15]). Le principal
intérêt de la découverte de Pui est donc de mettre en évidence la vaste répartition de ce
groupe;

la deuxième forme, de plus petite taille, est identifié d'après une M/2 inférieure
(fig. b); bien que ses caractères évoquent son appartenance au même groupe que la forme
précédente, il est difficile d'en préciser les affinités.
Les Mammifères d'âge crétacé supérieur connus sur le territoire européen sont particuliè-
rement rares; en France, le gisement de Champ Garimond a livré un Mammifère [20]
dont les relations ne sont pas encore clairement établies (in [21], p. 31 et 223); un
Palaeoryctidé est connu, associé à un Symmétrodonte, dans la localité d'Aveiro au
Portugal [16]; à ces données fragmentaires, s'ajoute le Multituberculé récemment identifié
d'après une incisive dans la région de Hateg [5]. La découverte de Pui qui complémente
ces données éparses revêt donc un intérêt certain. Il est toutefois regrettable que la
paucité du matériel recueilli dans ces différents gisements interdise toute étude approfondie
permettant de préciser le statut taxonomique de ces quelques fossiles. Ajoutons d'ailleurs
1368 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II ,n° 19, 1985

que la période du Campano-Maestrichtien dans laquelle s'inscrivent ces données est


importante, puisqu'elle couvre une vingtaine de millions d'années.
Ces nouvelles découvertes dans le Bassin de Pui qui contribuent à élargir l'aire de
répartition connue de certains groupes primitifs, montrent en tout cas les potentialités
paléontologiques offertes par le Crétacé supérieur de cette région. La poursuite des
recherches dans ces niveaux devrait, à court terme, nous fournir de précieuses informa-
tions sur l'histoire des Mammifères de cette période.
Ce travail a été réalisé dans le cadre de la Convention d'échanges Académie des Sciences de Roumanie-Centre
national de la Recherche scientifique.Il nous est agréable à cette occasion de remercier les autorités administrati-
ves des deux pays, ainsi que le géologue G. Iliescu pour ses indications de terrain.
Remise le 21 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] F. NOPCSA,.Enkschr.k.k. Akad. Wissensch., Vienne, 68, n° 2, 1901, p, 555-591.


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[3] F. NOPCSA, C.-B. Min. Paläont., 1914, p. 564-574.
[4] F. NOPCSA, Quater. J. Geol. Soc, 79, 1923; p. 100-116.
[5] D. GRIGORESCU,Third symposium on Mesozoic terrestriat ecosystems, Tubingen, 1984, p. 99-104.
[6] A. M. MAMULEA, Anuar. Com. Geol, XXV, 1953, p. 211-274.
[7] H. SAVU, M. PAVELESCU, J. STENCU et D. LUPU, Carte géologique 1/200000, Orastie, Institut de Géologie,
Bucarest, 1968, p. 99-104.
[8] DéterminationH. Cappetta que nous remercions.
[9] F. DE LAPPARENT, Mém. Soc géol. Fr., n° 56, 1947, p. 1-54.
[10] J. DERCOURT et coll., Bull. Soc. géol. Fr,, 8, I, 1985, p. 635-652, 9 cartes,
[11] J. D. ARCHIBALD, Geological Sciences, Univ. Calif. Press, 122, 1982, p. 1-286.
[12] A. SAHNI, Bull. Amer. Mus. Nat. Hist., 147, 1972, p. 321-412.
[13] J. A. LILLEGRAVEN, Paleohtological Contributions, art. 50, 1969, p. 1-122, Univ. Kansas.
[14] Z. KIELAN-JAWOROWSKA, Palaeontologica Polonica, n° 21, 1970, p. 35-49.
[15] Z. KIELAN-JAWOROWSKA,Lethaia, 13, n° 2, 1980, p. 169-173, 4 fig.
[16] M. T. ANTUNES et J. PAIS, Ciencias; da Terra, Lisbonne, 4, 1978, p. 109-128.
[17] H. CAPPETTA, D. E. RUSSELL et J. BRAILLON, Bull Sc. de la Terre, Mus. nat, Hist: nat., 3e série, n° 51,
1972; p. 37-52.
[18] M. GAYET, Comptes rendus, 294, série II, 1982, p. 1037-1040.
[19] H. CAPPETTA, J.-J. JAEGER, M. SABATIER, B. SIGE, J. SUDRE et M. VIANEY-LIAUD, Géobios, Lyon,
n° 11, 1978, p. 257-263.
[20] J.-C. LEDOUX, J.-L. HARTENBERGER, J. MICHAUX,J. SUDRE et L. THALER, Comptes rendus, 262, série D,
1966, p. 1925-1928.
[21] J. A. LILLEGRAVEN et coll. éd., Mesozoic Mammals, University of California press, 1979, p. 1-311.

D. G. : Université de Géographie et de Géologie,


boulevard Balcescu, Bucarest, Roumanie;
J.-L. H. : C.N.R.S., L.A. n° 327,
U.S. T.L., place Eugène-Bataillon,34060 Montpellier Cedex;
C. R. et P. S. : Institut de Spéléologie « Emil Racovita»,
Saint-Mihail Moxa, Bucarest, Roumanie;
J. S. : École pratique des Hautes Études,
L.A. n° 327, U.S.T.L., place Eugène-Bataillon,34060 Montpellier Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985 1369

PALÉONTOLOGIE.
— Les Rongeurs miocènes de Li (Thailande). Note de Pierre
Mein et Léonard Ginsburg, présentée par Jean Piveteau.

Les argiles miocènes de Li (Thailande) ont livré le (?) Muridae Antemus thailandicus, deux Cricetodontinae :
Spanocricetodonkhani et Spanocricetodonsp., un Rhizomyinae : Kanisamys benjavuni nov. sp., un Sciuridae :
? Atlantoxerus et un Pedetidae : Diatomys liensis nov. sp. Cette faune est plus ancienne que celle de Shanwang
(Chine) et plus récente que celle de la MurreeFormation (Pakistan) ? Un âge Kamlial inférieur (plus précisement
MN 3 b, dans l'Orléanien inférieur) est proposé.

PALEONTOLOGY. — The miocene rodehts of Li (Thailand).


The miocene clay of the Li basin (Northern Thailand) yielded in six Rodents: the (?) Murid: Antemus
thailandicus, two cricetodontida: Spanocricetodon khani and Spanocricetodon sp., one Rhizomyid: Kanisamys
benjavuni, one Sciurid: ? Atlantoxerus and one Pedetid: Diatomys liensis. This fauna is older that Shanwang
one in China and younger than Murree Formation one in Pakistan. A lower Kamlial age (moreprecisely MN 3b,.
in the lower Orleanian) is proposed.

Le Miocène du bassin de Li dans le Sud de la Province de Lampoon (Thailande) a été


identifié par L. Ginsburg sur quelques restes de Cervidé récolté par Y. Ukkakimapan [1].
Une première visite sur le terrain a livré en surface des restes d'Oiseaux [2] et de
Squamates. Au cours de l'automne 1984, les deux auteurs de la présente Note ont
entrepris une campagne sur le terrain, au cours de laquelle ils ont lavé et tamisé près de
2 t de sédiment, grâce à l'aide du Department of Mineral Ressources (D.M.R.) de
Thailand et de l'Université de Chiang Mai. Nous donnons ici des résultats préliminaires :
? Muridae Gray 1821.

Antemus thailandicus Jaeger et coll. 1985 (fig. 1 à 8).
Matériel : environ 300 dents. A. thailandicus montre des caractères nettement archaïques
par rapport à A. chinjiensis Jacobs 1978 et A. primitivus Wessels et coll. 1982 : vestiges
des crêtes longitudinales, grandes crêtes cingulaires très peu renflées en tubercules, M3 et
M3 comparativement moins réduites. Cette forme peut constituer un ancêtre plausible
pour les deux espèces du Chinji. De Bruijn et Hussain [3] mentionnent un Antemus sp.
dans le site 81.14 de la Lower Manchar Formation dont la description succincte semble
bien correspondre avec celle de A. thailandicus.
Jacobs [4] et Wessels et coll. [5] ont souligné les affinités d'Antemus avec les Muridae.
Jaeger et coll. [6] ont montré les affinités d'Antemus avec les Dendromurinae. Il est en
effet très vraisemblable que les Dendromurinaeproviennent d'Antemus archaïques ayant
gagné l'Afrique tandis qu'Antemus chinjiensis ayant acquis un t 1 xeste le meilleur ancêtre
possible pour les Muridae. On pourra alors envisager la subdivision du genre Antemus
pour faire entrer ses représentants dans l'une ou l'autre des Catégories nommées, ou bien,
créer pour ce genre Antemus une catégorie taxonomique plus élevée.
Cricetodontinae Stehlin et Schaub 1951. — Spanocricetodon khani de Bruijn, Hussain
et Leinders 1981 (fig. 16). Matériel : 1 M2g (1,23 x 1,12); 1 M2d/(1,21 x 1,12). Compte
tenu de la pauvreté du matériel, aucune différence ne peut être observée avec S. khani de
la Murée Formation.
? Spanocricetodon
sp. Un fragment de M1- 2 gauche de Cricetodontinae diffère de la
forme précédente par l'absence totale de mésolophe et la position plus reculée du
métalophule qui aboutit sur le métacône. C'est l'indicationd'un deuxième Cricetodontinae
qui pourrait être plus petit que le précédent.
Rhizomyinae Thomas 1897. — Kanisamys benjavuni nov. sp. [7] (fig. 10-15). Cette
espèce semble constituer un intermédiairemorphologique satisfaisant reliant Prokanisamys
arifi à Kanisamys indicus.

0249-6305/85/03011369 $ 2.00 ©Académie des Sciences

C. R.. 1985. 2e Semestre (T. 301) Série II —98


1370 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985

TABLEAU

Essai de corrélation stratigraphique


entre les différentes formations à Mammifères miocènes d'Asie sud-orientale.
Stratigraphie correlation chart
between the different mammals miocene formations of the Southeastern Asia.

Sciuridae Gray 1821. —


? Atlantoxerus sp.
(fig. 9). Le seul reste de Sciuridae consiste
en une prémolaire droite assez corrodée mesurant 1,75 x 1,9. Cette dent d'Écureuil
terrestre ressemble beaucoup à la dent du niveau de Chinji figurée par Wessels et coll. [5]
(pl.. 4, fig. 10) et attribuée à un Marmotini. De Bruijn et coll. [3] proposent d'attribuer
cette forme reconnue dans la Lower Manchar Formation à un ? Atlantoxerus. Nous
adoptons cette désignation bien qu'aucune espèce actuellement connue d'Atlantoxerus ne
présente de mésostylide.
Pedetidae Owen 1847. — Diatomys liensis nov. sp. [8] (fig. 17-24). Cette espèce se
distingue de D. shantungensis Li 1974 par sa taille plus faible, par ses prémolaires
supérieures au contour asymétrique dont l'angle mesio-labial est projeté en avant, par la

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Antemus thailandicusJaeger et coll., 1985, fig. 1 : M1g; fig. 2 : M2g; fig. 3 :


M3d; fig. 4 : fragment de Md en
vue labiale; fig. 5 : M1g; fig. 6 : M1g; fig. 7 : M2g; fig. 8 : M3g.
Antemus thailandicus Jaeger et al., 1985, Fig. 1 : M1g; Fig. 2 : M2g; Fig. 3 : M3d; Fig. 4 : fragment of jaw,
in labial view, Fig. 5 : M1g; Fig. 6 : M1g; Fig. 7 : M2g; Fig. 8 : M3g.
? Atlantoxerus sp., fig. 9 : P4d.
Rhizomys benjavuni nov. sp., fig. 10 : M1g; fig. 11 :
M2g; fig. 12 : M3g; fig. 13 : M1g; fig. 14 : M2g; fig. 15 :
M3g (holotype).
Spanocricetodon khani de Bruijn et coll., 1981, fig. 16 : M2g.
Diatomys liensis nov. sp., fig. 17 : M3d; fig. 18 : M2d; fig. 19 : M1d; fig. 20 : P4g (holotype); fig. 21 : P4g;
fig. 22 : M1g, 22a profil lingual, 22b profil labial; fig. 23 : M2g; fig. 24 : M3g.
Diatomys liensis nov. sp., Fig. 17 : M3d; Fig. 18 : M2d; Fig. 19 : M1d; Fig. 20 : P4g (holotype); Fig. 21 :
P4g; Fig. 22 : M1g, 22a lingual view, 22b labial view; Fig. 23 : M2g; Fig. 24 : M3g.
PIERRE MEIN
PLANCHE I/PLATE I
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985 1373

présence fréquente de mésostylide. Elle se distingue de la forme non nommée de la


Murree Formation [9], forme que ses auteurs ont hésité à placer chez les Chapattimyidae
ou les Cricetidae, par l'absence de mésostylide et de postéroconide aux P4. Elle diffère
enfin de Megapedetes Macinnes 1957 par une taille plus faible, par la grande profondeur
de la vallée transversale aussi bien du côté labial que du côté lingual, par ses cuspides et
ses racines mieux individualisées.
D. liensis offre des ressemblances importantesavec D. shantungensis, ressemblances qui
doivent traduire une parenté phylétique. La plus petite taille et la conservation des
cuspides dans les stades d'usure modérée, sont des caractères archaïques présents chez
P. liensis, considéré ici comme l'ancêtre de D. shantungensis. De Bruijn et Hussein [3]
mentionnent la présence d'un Pedetidae dans la Lower Manchar Formation (niveau
81-l4 a); il s'agit vraisemblablement d'un représentant de la lignée Diatomys.
La ressemblance des dents peu usées de D. liensis : avec les germes dentaires de
Megapedetes [10] dépasse sûrement la simple convergence et traduit également une
parenté. Diatomys et Megapedetes peuvent tous deux, dériver de formés encore inédites
du Bugti. La famille africaine des Pedetidae a donc probablement une origine asiatique
et dérive des Chapattimyidae paléogènes.
Age de la faune. — Jaeger et coll: [6] ont donné un âge «milieu du Miocène moyen»
plus récent que Shanwang daté de l'early middle Miocene [11]. Il semble aujourd'hui que
le gisement de Li soit plus ancien que celui de Shanwang. Shanwang est à peine plus
ancien que le site de Xiacaowang et ce dernier, avec ses nombreux Cricetidae de type
européen, peut être corrété avec l'Orléanien supérieur (Mn5).
De Bruijn et coll. [3] donnent une succession de gisements de la Lower Manchar
Formation, mise en parallèle avec les formations de Chinji et de Kamlial. Antemus sp. et
? Atlantoxerus apparaissent, dans les niveaux moyens (Kamlial. supérieur). Kanisantys
apparaît dès la base de la formation, dernier niveau où le Spanocricetodon est présent
(Spanocricetodon khani n'est même connu que dans la Murree Formation, qui est plus
ancienne). Le gisement de Li peut donc être considéré comme d'âge Kamlial inférieur,
mis en correspondance avec l'Orléanien inférieur : (Mn 3). La présence de
Mastodontidae [1] dans le gisementindique un âge élevé: dans Cette zone, c'est-à-dire une
équivalence avec la MN 3 b au sens de Mein 1979 [12]. Une datation de —19 à —18 M.a.
est plausible;
Essai de reconstitution du paléoenvironnement. — L'absence dans le gisement de Li des
Ctenodactylidae et des Myocricetodontinae abondants au Pakistan pendant la même
période est l'indicateur d'un climat bien plus humide. Cette faune est dominée par
Antemus dont les exigences écologiques sont totalement inconnues mais qui est très rare
dans les autres gisements. Le Rhizomyidae et le Pedetidae présents à Li sont bien moins;
hypsodontes que les formes Modernes inféodées, à la prairie et devaient vivre sous; un
couvert végétal différent. Une zone de bosquets marécageux, humides et chauds?
Remise le 4 novembre 1985.

REFÉRÈNCESBIBLIOGRAPHIQUES

[1] L. GINSBURG et Y. UKKAKIMAPAN, Comptes rendus, 297, série II, 1983, p. 297-300.
[2] J. CHENEVAL, L. GINSBURG et C. MOURER, ibid., 299, série II, 1984, p. 1369-1372,
[3] H. DE BRUIJN et S. T. HUSSAIN, Paleobiol. continent, Montpellier, 14, (2), 1984, p. 191-204.
[4] L. H. JACOBS, Mus. north. Arizona Press., série 52, 1978, p. 1-103.
1374 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985

[5] W. WESSELS, H. DE BRUIJN, S. T. HUSSAIN et J. J. LEINDERS, Proc. Koninkl. Nederl. Akad. Wetens.,
série B, Amsterdam, 85, (3), 1982, p. 337-364.
[6] J. J. JAEGER, H. TONG, E. BUFFETAUT et R. INGAVAT, Rev. Paléobiol, Genève, 4, (1),
p. 1-7.
[7] Kanisamys benjavuni n. sp. Holotype : M3g (1,87 x 1,68 mm), fig. 15, Hypodigme : 23 dents. Derivatio
nominis : en l'honneur de Mme Benjavun Ratanasthien, professeur à l'Université de Chiang-Mai. Diagnose :
la plus petite et la plus brachyodonte des espèces du genre Kanisamys. Mésolophes et mésolophides courts.
M3 de longueur semblable à M1 mais plus large. Diffère de Prokanisamys par des M3 plus grosses, dépourvues
d'antérolophide labial ou lingual, une hypsodontie plus forte et des hypolophulides jamais obliques vers
l'arrière.
[8] Diatomys liensis nov. sp. Holotype: P4g(l,82x 1,42), fig. 20. Paratypes figurés: M1d (1,87x1,63);
M2d(2,12x2,15); M3d(2,36 x2,19); P4g (l,91 x 1,52); M1g(1,97 x 1,80); M2g(2,10x2,23). Hypodigme:
91 dents. Derivatio nominis : du nom de la localité du gisement. Diagnose : émail de l'incisive supérieure de
type multisérié. Quatre dents jugales par demi-mâchoires à couronnes relativement hautes, munies de quatre
racines (sauf P4 qui n'en a que trois). Cuspides reconnaissables sur les dents peu usées, fusionnant par usure
en deux crêtes transversales. Présence occasionnellede mésostylide. Absence ou extrême réduction de cingulum
postérieur aux P4; absence ou extrême réduction de cingulum antérieur aux P4.
[9] H. DE BRUIJN, S. T. HUSSAIN et J. J. LEINDERS, Proc. Koninkl. Nederl. Akad. Wetens., sér. 1981-1984,
(1), p. 71-99, cf. pl. Il, fig. 7.
[10] R. LAVOCAT et J. MICHAUX, Comptes rendus, 262, série D, 1966, p. 1677-1679.
[11] Li CHUANG-KUEI, WU WENYU et QIU ZHUDING, Vert. Palasiatica, 22, (3), 1984, p. 163-178.
[12] P. MEIN, Ann. Geol. Pays, hell., Athènes, t. HS, 1979, p. 1367-1372.

P. M. : Département des Sciences de la Terre,


Université Lyon-I et U.A. n° 11 du C.N.R.S.,
27-42 boulevard du 11-Novembre-1918, 69622 Villeurbanne;
L. G. : Institut de Paléontologie du Muséum national d'Histoire naturelle
et U.A. n° 12 du C.N.R.S., 8, rue Buffon, 75005 Paris.
C, R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985 1375

MICROPALÉONTOLOGIE.— Sur la présence d'un Collosphaeridae dans les sédi-


ments Éocène supérieur du Plateau de Kerguelen-Heard.Note, à langue dominante anglaise,
de Robert M. Goll et Jean-Pierre Caulet, présentée par Jean Aubouin.

MICROPALEONTOLOGY.
(mostly in English Language). —A
collosphaerid in late Eocene sediments from the Kerguelen-HeardPlateau

A Collosphaeridae(Radiolaria), referred to as Acrosphaerasp.- A, was discovered in Upper Eocene sediments


of the Kerguelen-Heard,Plateau. This occurrence confirms an earlier indication that the range of the family
extends back to the Late Eocene. Moreover, it suggests that this group, which is well adapted to warm-water
high-upwelling regions of the modem ocean, probably had its origin in mid-to-high Southern latitudes. The
skeletons of this new morph differ front younger collosphaerids in terms of structural details and show thats the
lattice shells of modern collosphaeridshave evolved by a process offusion of loose spicules.

Les Collosphaeridae (Radiolaires coloniaux) sont abondants et diversifiés dans le plancton


des eaux équatoriales. Moinsfréquents dans le domaine océanique tempéré, ils disparaissent
complètement dans le plancton polaire. Bien que sédimentés sous forme de coques isolées,
on peut néanmoins distinguer les Collosphaeridae des autres Radiolaires Polycystines par
leurs tests sphériques constitués d'une seule coque perforée de tubes et de pores disposés en
désordre. Des épines forment un feutrage siliceux secondaire sûr certaines coques. Très
abondants dans les sédiments d'âge Miocène supérieur à Quaternaire de la zone tropicale,
les Collosphaeridae sont très rares dans les boues siliceuses d'âge Oligocène supérieur de la
même région. Jusqu'à présent, ils n'ont pas d'ancêtre désigné et leur évolution est très mal
localisés
connue. De rares spécimens non identifiés ont été retrouvés dans des sédiments non
d'age Eocène supérieur. Leur découverte dans les sédiments Éocène supérieur (NP19) du
Plateau de Kerguelen (carotte MD 83481, mission MD 35.au Marion-Dufresne) est donc
importante pour trois raisons :

les coques de ce nouveau morphotype laissé en dénomination ouverte (Acrosphaera
sp.. A) ont une structure différente de celle des autres représentants du groupe;
—.
leur existence permet de situer avec précision les premières apparitions connues d'un
représentant de ce groupe;

l'originedes Collosphaeridae semble devoir être recherchée dans les dépôts des latitudes
moyennes à élevées.

The Collosphaeridae and Sphaerozoidae are unique among the Polycystinea for their
colonial organization. Collosphaerids are a major componentof polycystine assemblages
of equatorial waters, and they are common in temperate regions, Diversity and abun-
dance declines rapidly in cold water realms, and very limited occurrences of these
organisms have been reported in subpolar regions. No truely polar collosphaerids are
known. The entire Holocene subfauna consists of 27 species [1];
Even on the basis of skeletal morphology alone, collosphaerids are easily distinguished
from other Polycystinea (radiolaria with skeletons composed of almost pure opal). They
0249-6305/85/03011375 $2.00 © Académie des Sciences
1376 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985

construct thin-walled essentially spherical skeletons consisting of a single lattice shell


perforated by tubes and pores, which lack radial symmetry. Rarely, a secondary mesh-
work is present, but numerous chaotically disposed spines project from the lattice shells
of many species. A few species bear internal spines [2].
Collosphaerid skeletons are very abundant in Pleistocene deep-sea sediments from
equatorial regions. They are also abundant in thé late Tertiary, but their frequency of
occurrence drops markedly in the Early Miocene. Collosphaerids are very rare and
sporadically present in Upper Oligocene siliceous oozes of this region. There is no
obvious precursor, and the early evolutionary history of these organisms is poorly
known. Because deep-sea sediments underlying the surface current gyres of central
water masses are characterized almost invariably by non-siliceousred clays, we have very
scant knowledge of the Cenozoic history of collosphaerids from temperate regions.
Published reports of Paleogene and older collosphaerids are suspect on various
grounds. Acrosphaerahirsuta described by Perner [3] from the Cretaceous of Ceskolova-
kia, is almost certainly improperly identified as a collosphaerid [2]. A report of Polysole-
nia sp. from the Theocyrtis tuberosa Biozone, (lower Oligocene) of the Gulf of Mexico
[4], is suspicious because this single specimen has strong affinities to Neogene species
and may be a contaminant. Consequently, the oldest confident age that could be
assigned to the family up to this time was basal Miocene or perhaps uppermost Oligocene,
although a somewhat older unknown history has been reported [5].
The discovery of a collosphaerid (hereafter referred to as Acrosphaera sp. A) from
Upper Eocene sediments of the Kerguelen-Head Plateau is, therefore, of interest for
three reasons. First, the skeletons of this new morph differ in terms of structural details
from younger collosphaerids and may provide a hint as to the origin of the
group. Second, this occurrence confirms an earlier indication that the range of the
family extends back to the Late Eocene [5]. Third, it suggests that this group, which is
so well adapted to warm-water high-upwelling regions of the modem oceans, probably
had its origin in mid-to-high southern latitudes.
At present, our knowledge of PaleocenePolycystineafrom the Antarctic and Subantarc-
tic is very incomplete. Sediments of this age have been cored on DSDP Legs 28, 29, and
71, but difficulties with low-diversity restricted faunas and floras of calcareous microfossils
have lead to considerable biostratigraphic imprecision. Polycystine-bearing sediments
of uncontestably Oligocene age have not yet been recovered from this region. Eocene
sediments containing Polycystinea were cored at Sites 264, 280, 281, 511 and 512, but
reports on Polycystinea in these sediments (6, 7 and 8) are preliminary in nature and
make no reference to collosphaerids.
Piston cores collected on cruise MD 35 [9], have made an important contribution to
this sparce number of Paleocene localities in high southern latitudes [10]. Five piston
cores collected on this cruise penetrated Eocene foraminiferal-nannofossil ooze cropping
out on the northeast flank of the Kerguelen-Heard Plateau.

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Acrosphaera sp. A: Figs. 1-8, 10, 11. Orosphaerid: Figs. 9, 12. Enlargements: Figs. 1, 2, 4, 5x200; Figs. 3,
6, 9, 12 x 500; Figs. 7, 8, 10, 11 x 300.
Acrosphaera sp. A : fig. 1-8, 10, 11. Orosphaerid: fig. 9, 12. Agrandissements: fig. 1, 2, 4, 5x200; fig. 3, 6, 9,
12x500; fig. 7, .8, 10, 11x300.
PLANCHE I/PLATE I ROBERT M. GOLL
C.R. Acad, Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985 1379

Nannofossil assemblages have been used to date these sediments, which range from
NP13 to NP19 (Middle to Late Eocene [9]).
The Eocene intervals in these cores are short and do not permit the construction of a
complete composite section. Radiolaria are minor constituents of these sediments
(visually estimated to be 5% by weight or less), but preparations yield abundant material,
and the Polycystinea are reasonably well preserved. The entire Eocene polycystine
assemblage in these cores is the subject of a Comprehensive investigation, of which the
present paper is only a preliminary note.
Acrosphaera sp. A is present only in core 83481 (45°49'S, 66°34'E, and -2,390 m
depth): the youngest Eocene core in the collection (NP 19), Other Polycystineaidentified
in this core include: Astrophacus linckiaphormis, Calocyclas semipolita, Calocyclettaparva,
* Cyclampterium logiventer, * Dictyoprora eos, Lithomitrella acephala, L. minuta, *
Lophocyrtis jacchia, * Lychnocanoma babylonis, * Periphaena decora, Stylosphaera
corohata coronata, * Stylosphaera minor, Theocorys anapographa. Species in the above
list that provide verification of the Late Eocene age of this core are preceded by asterices.
Acrosphaera sp. A is very rare in core 83481. We have chosen not to describe it as a
new species until additional specimens from other localities are found. Nevertheless,
this morph has a persistent occurrence in this core, and we conclude that it is not a
contaminant. This decision is based on three considerations.
Oligocene sediments or any trace of Oligocene Polycystinea have not been found
on the Rerguelen-Heard Plateau. Although the lattice shell of Acrosphaera sp. A is
distinctively collosphaerid in structure, the details of its morphplogy are sufficiently
distinctive to distinguish it from Neogene species of this family. Subtropical assemblages
of Pleistocene Polycystine are characterized by high diversity, with many species having
very rare frequencies of occurrence. Thus, the rarity of Acrosphaera sp. A is not regar-
ded as anomalous.
The definition of the Collosphaeridae is based in part on the development of colonies
[5]. Consequently, assignment of extinct species to this family is unavoidably tenuous,
because their life mode will always remain unknown. We are unable to determine
whether Acrosphaera sp. A was colonial, but its placement in this family is based on the
similarity of skeletal morphology to modem collosphaerids. We surmise, therefore, that
Acrosphaera sp. A was very probably the precursor to many Neogene collosphaerids,
although this ancestry cannot be traced continuously.
Four specimens of Acrosphaera sp. A are shown in Plate I, Figures 1-8, 10 and
11. These skeletons are composed of very thin, flat lattice bars 2-6 um wide that have
beveled edges on external surfaces (Figs. 3 and 6). Lattice shells are perforated by a
profusion of densely-spaced, subpolygonal pores 2-30 |jm in diameter that display no
regularity in size, shape, symmetry or position. Skeletons have the gross appearance of
a very confused spider web, and individual lattice bars can be thought of as segments of
long threads that extend over broad areas of lattice hemispheres. The extremely fragile
nature of this construction is believed to be responsiblein part for the very rare occurrence
of Acrosphaera sp. A. Simple spines 1-10 um long project randomly from the exterior
of the lattice shell (Figs. 2 and 5).
Occasionally, these spines are 8-15 um long (Fig. 8) and form reticulate cone-like
structures that impart a thick, spongy aspect. to the skeleton. We detect no evidence of
internai structure. Whole specimens (Figs. 1-6) are 180-195 um in diameter. Some
incomplete specimens (Figs. 1, 8, 10, and 11) indicate diameters as small as 135 |xm.
1380 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985

Skeletons of Acrosphaera sp. A have certain similarities to the Orosphaeridae. Oros-


phaerids become increasingly abundant towards the top of the Eocene section of core
MD 83481. Unfortunately, however, no whole specimens have been observed, and only
small lattice fragments occur in our residues (Figs. 9 and 12). Although irregular in
general design, the skeletons of these unidentified orosphaerids are more systematic than
those of Acrosphaera sp. A, and they are composed of robust, sometimes hollow, lattice
bars that are round in cross section and form lattice shells several times the size of
collosphaerids. For these reasons, we conclude that specimens of Acrosphaera sp. A are
not simply anomalously small orosphaerids.
Intriguing as the occurrence of Acrosphaera sp. A is, it nevertheless leaves us with
many unanswered questions about the early history of the Collosphaeridae. Regardless
of these problem, however, it appears that Acrosphaera sp. A occupied high-to-middle
southern latitudes during the Late Eocene, when temperature oceans were considerably
warmer than today. Presently, we know nothing of the post-Eocene history of
Acrosphaera sp. A, but the ancestral collosphaerid lineage must have originated during
the phase of oceaniccooling resultingfrom the commencementof thermohaline circulation
at the Eocene/Oligocene boundary. Acrosphaera sp. A or its precursor species must
have survived the graduai but essentially total turnover of the polycystine subfauna that
is associated with this epoch boundary.
As yet, we do not have a precise age for the first appearance of Acrosphaera sp. A,
and we have no reliable information on its origin. The next older core in the MD35
collection is 83513, which has been assignated to NP16 [9]. Conceivably, the first
appearance of collosphaeridsin Kerguelen Plateau sediments may be as old as 44.5 M.a.
Interestingly, Strelkov and Reshetnyak [1] postulated that the lattice shells of modem
collosphaerids evolved by a process of fusion of loose spicules. Although spicule-bearing
collosphaerids have a rather late appearance in the fossil record (probably no older than
Late Miocene), the morphology of Acrosphaera sp. A is suggestive of such an aggregation
of linear spines. Thus, the hypothesis of these authors may be correct, but resolution
of this problem must await acquisition of more continuous sections.
Remise le 21 octobre 1985.

REFERENCES

[1] A. A. STRELKOV and V. V. RECHETNJAK, Exploration of the Fauna of the Seas, Nauka, IX, (XVII),
1972, pp. 295-373.
[2] K. R. BJORKLUND and R. M. GOLL, J. Paleontology, 53, (6), 1979, pp. 1293-1326.
[3] J. PERNER, Vestnik kral. ceskè spolccnosti nauk, 1891, pp. 255-269.
[4] A. SANFILIPPO and W. R. RIEDEL, D.S.D.P., 10, 1973, pp. 475-611.
[5] W. R. RIEDEL and A. SANFILIPPO, Oceanic Micropal, 2, 1977, pp. 847-912.
[6] P.-H. CHEN, D.S.D.P., 28, 1975, pp. 437-513.
[7] M. G. PETRUSHEVSKAYA,D.S.D.P., 29, 1975, pp. 541-675.
[8] F. M. WEAVER, D.S.D.P., 71, 1983, pp. 636-667.
[9] F. FROHLICH Ed., MD 35/D.R.A.KA.R., 36e campagne du Marion-Dufresne, Publ. T.A.A.F. 83-02, 1983,
97 p.
[10] F. FROHLICH et al, Comptes rendus, 297, Serie II, 1983, pp. 153-156.

R. M. G. : Geologisk Department, Universiteteti Bergen, Norvège;


J.-P. C. : Laboratoire de Géologie du Muséum, 43, rue Buffon, 75000 Paris,
et L.A. n° 319 du C.N.R.S.
C.R.: Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 19, 1985 1381

CHIMIE ORGANIQUE BIOLOGIQUE


(ERRATUM)

(Comptes rendus, tome 301, du 21 novembre 1985)

Note reçue le. 5 août 1985, de Marie-Christine Chalandre, Hélène Guinaudeau et


Jean Bruneton, intitulée : Efatine et ambrimine, deux représentants d'un nouveau type
d'alcaloïdes bisbenzylisoquinoléiques.
Page 1185, en bas, les formules 1 et 2 doivent être inversées.
Page 1186, ligne 3 :
au lieu de :
...86,51 et 6,53 (H-5 et H-6)...

:
lire
... 8 6,51 et 6,53 (H-5 et H-5')...
Page 1186, lignes 21 et 22 :

au lieu de
.augmentation du signal du méthoxyle en 12 (6,52.10-6). . .
. .
lire :
...augmentation du signal du méthoxyle en 12 (3,8.10-6)..
.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985 1383

MÉCANIQUE DES FLUIDES.


— Une méthode asymptotique pour l'étude de la
convection naturelle dans une couche poreuse horizontale. Note de Marie-ChristineVincourt,
présentée par Michel Combarnous.

On étudie un écoulement de base bidimensionnel, de convection naturelle, existant dans une couche non
uniformément chauffée par dessous. Nous Utilisons une méthode de perturbationdont le paramètre est lié aux
écarts de température imposés, supposés faibles.

MECHANICS OF FLUIDS. — An asymptotical method. to study natural convection in an horizontal


porous layer.
A bidimensional primaryflow is studied, which exists in a porous layer, non uniformly heated from below. A
perturbation method is used whose parameter is related to the imposed differences of temperature, which are
supposed small.

1. Ce travail concerne un écoulement de base, stationnaire et bidimensionnel, d'un


fluide au sein d'un milieu poreux isotrope, homogène et saturé, dans une couche parallélé-
pipédique horizontale d'épaisseur H. Les parois verticales sont adiabatiques et la paroi
supérieure est à la température T0. Le fond est partagé en deux parties de même longueur
lH, maintenuesrespectivement aux températures Tt et T2, de moyenne Tm = T0+AT, sauf
peut-être au voisinage immédiat de leur séparation; dans une expérience correspondant à
cette configuration existe en effet une petite zone de raccordement entre T1 et T2.
Dans le domaine Q de frontière T, schématisé par la figure 1 et rapporté au repère
xOz, et sous forme adimensionnelle, ce problème est régi par les équations :

\|/ est une fonction de courant et 6 est défini par :

La formulation adimensionnelle a été obtenue en choisissant respectivement pour


échelles de longueur, de température et de vitesse H, AT et À*/[H(pc)^], avec X* conducti-
vité thermique équivalente du milieu poreux, K sa perméabilité, a, v et (pc)f étant le
coefficient d'expansion thermique du fluide saturant, sa viscosité cinématique et sa chaleur
volumique.
Le nombre de Rayleigh de filtration [1] est défini par :

Nous étudions le problème P obtenu en adjoignant au système (1) les conditions aux
limites générales indiquées sur la figure 1, et complétées par :

G, troncature de la série de Fourier de la fonction valant —1/2 si x<0, 1/2 si x>0, et 0


en x = 0, est représentée sur la figure 1 pour Ni = 80.
Le problème P faisant intervenir les paramètres Ra, dans le système (1), et
s^tTi—T2]/AT, dans les conditions aux limites, il est naturel de développer ses solutions
par rapport à ceux-ci.
0249-6305/85/03011383 $2.00 © Académie des Sciences.

C. R.. 1985. 2e Semestre (T. 301) : Série II —99


1384 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985

(a) Domaine Q (v|f=0 sur tout le contour).


(a) Domain fî (\|/ = 0 on the-whole boundary).

(b) Représentation graphique de la fonction G (N1 =80).


(b) Graphic representation of function G (N1 =80).
Fig. 1

2. MÉTHODE ASYMPTOTIQUE. —
Cherchons (\|/, 0) sous la forme d'un couple de séries
formelles :

solution de P si et seulement si chaque (\|/„, 9„) vérifie un système linéaire qui a


(\j/, 0) est
une solution unique pour Ra< 4 n2.
Détaillons l'expression des systèmes obtenus aux ordres 1 et 2 en 8 :

3. SOLUTION AU PREMIER ORDRE EN E.



La condition en z=0 pour Q1 conduit à
chercher une solution du système (3) à variables séparées [2] :
C. R. Acad. Sc Paris, t. 30l, Sèrie II, 20, 1985 1385

(a)
d'après la méthode asymptotique au premier ordre.
Isotherme T=25,5°C pour Ra=28,7 et 8=0,24 (T0 = 18; l=4; Tm=36,15). Le trait continu représente
l'isotherme obtenu expérimentalement [3], Les cercles (Q) représentent les points en lesquels T=25,5°C

(a) Isotherme T=Ï5.9Cy for Ra-2%1 and :s=0:24 (7^ = 18;. 7^,=.36;15|, The continuous Une represents an.
T=25.5°C.
expérimentalisotherme T=25.5°C [3]; circles (Q) represent points at which our asyniptotic first order solution
tells that

Fig.
(b) Quelques lignes de courant pour l=4 et R a=28,7.
(b) Some streamlinesfor l=4; Ra=28.7.

Les expressions obtenues pour 0 et \|/ à partir de cette troncature ont été confrontées à
des résultats expérimentaux concernant les champs de température [3]. Pour Ra S 30, les
deux approches donnent des isothermes superposables si s 5^0,15, et voisins aux dixième
près si c = 0,7. Dans les mêmes conditions les renseignements que nous obtenons pour \|/
mettent en évidence un mouvement du fluide, important surtout au voisinage de Oz et
illustré par la figure 2. Lorsque Ra est plus grand, cette description est insuffisante.
4. APPROXIMATION AU SECOND ORDRE EN E. — Projetons la solution du système (4) : sur
les fonctions propres de L*, adjoint de l'opérateur L défini par le premier membre et les
conditions aux limites du système (4). On rappelle que L* admet pour fonctions propres
les Ft>J- associées aux valeurs propres ?%J- définies par :
1386 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985

Chacun de ces systèmes est facile à résoudre, dès qu'on connaît les IfcJ-, qui sont
obtenus par un calcul exact.
5. La méthode présentée a permis une description suffisante, par une solution au
premier ordre, des champs de température et de vitesse dans la couche poreuse soumise
aux conditions aux limites indiquées lorsque les écarts de température sont faibles.
Solution au second ordre et développements ultérieurs seront utilisés dans une étude de
stabilité visant à préciser les conditions d'apparition d'écoulements convectifs secondaires.
Remise le 21 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] M. COMBARNOUS et S. A. BORIES, Hydrothermal convection in saturated porous media, Avances in


Hydroscience, Academic Press, 10, 1975, p. 231-308.
[2] J. P. WALCH et B. DULIEU, International journal of heat and mass transfer, 22, n° 12, 1979 p. 1607-1612.
[3] S. HOLLARD, Application de l'effet Christiansen à l'étude de la thermoconvection en milieu poreux :
couche plane bidimensionnellenon uniformément chauffée, cellule inclinée, Thèse, I.N.P. de Toulouse, 1985.

Laboratoire de Mécanique, U.E.R.-M.I.G., Bât. n° IR2,


Université Paul-Sabatier, 118, route de Narbonne, 31062 Toulouse Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985 1387

MÉCANIQUE DES FLUIDES. — Écoulement de Couette-Taylor stationnaire pour


une solution de polymères. Note de Karl Roesner, présentée par Henri Cabannes.
L'objet de cette Note est de trouver le champ de vitesse d'une solution de polymères dans un écoulement
entre deux cylindres coaxiaux tournants. Pour le modèle retenu dans [5], le champ de vitesse s'obtient sous
forme paramétrique et se caractérise par de très forts gradients au voisinage du cylindre intérieur.

MECHANICS OF FLUIDS. — Couette-Taylor stationary flow of a polymer solution.


We look for the velocity field of a polymer solution in the cylindrical gap between two coaxial cylinders rotating
with different angutar velocities. For the model proposed in [5], the velocity field is got in parametricform and
is characterized by large gradients near the inner cylinder.

1. INTRODUCTION. — On sait que les solutions de polymères ont la propriété de réduire


le frottement en régime turbulent [1]. Dans une configuration comme l'écoulement entre
cylindres coaxiaux (écoulement de Couette-Taylor) où le passage à la turbulence se fait
de manière progressive, il serait intéressant de voir comment les polymères influent sur
l'apparition des instabilités successives. En ce domaine, l'expérience possède encore de
l'avance sur là théorie [2]. Le problème est que les modèles très généraux de fluides non
newtoniens (tel celui de Coleman et Noll [3]), même s'ils sont à même; de reproduire bon
nombre de résultats expérimentaux, ne permettent pas de remonter facilement aux
caractéristiques des molécules de polymères. Au contraire, les modèles dits
« moléculaires » (présentés en [4]) insistent plus particulièrement sur la déformation des
molécules comme source du comportement non newtonien. S'il est vraisemblable que ces
modèles soient tous des cas particuliers du modèle de Coleman et Noll, ils ont pour eux
l'avantage d'introduire explicitement le rôle des polymères. Pour pouvoir les utiliser dans
l'étude des instabilités de Couette-Taylor, il faudrait d'abord connaître l'expression
explicite du champ de vitesse stationnaire prévu pour ce type d'écoulement. C'est précisé-
ment l'objet de cette Note qui détermine ce champ de vitesse dans le cadre du modèle
moléculaire proposé en [5]. Ce résultat devrait permettre d'étendre l'étude des instabilités
dans une géométrie plus générale que celle des cylindres très rapprochés [6], en utilisant
une nouvelle méthode de détermination des courbes de stabilité, récemment mise au point
par l'auteur [7].
2. LE CHAMP DE VITESSE : SOLUTION ANALYTIQUE. — On utilise les coordonnées
cylindriques r, <p, z. Le champ de vitesse est supposé de la forme f^Çr) ce qui satisfait à
l'équation de continuité. La conservation de la quantité de mouvement permet de
déterminer vv (r) par l'mtermédiaire de l'équation

où f est le tenseur des contraintes et K une constante d'intégration.


Dans un modèle de fluide non newtonien proposé par Lhuillier et Ouibrahim [5], la
relation entre xr(p et «ç apparaît sous la forme :

0249-6305/85/03011387 $ 2.00 ©Académiedes Sciences


1388 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985

est le cisaillement, adimensionalisé par le temps de relaxation 9 des polymères. Les


paramètres a, B, c et d sont des constantes tirées du modèle. En particulier, B est
proportionnel à la concentration en polymères et on retrouve pour B = 0 le cas des fluides
newtoniens.
On introduit des quantités sans dimensions en prenant comme référence : (i) pour les
longueurs, l'espace 5 = R2—Rx entre les cylindres; (ii) pour les vitesses, la différence
AV=co2R2—o1R1 entre les vitesses des cylindres intérieurs et extérieurs. Les paramètres
qui interviennent dans le problème sont en définitive au nombre de trois :

et il s'agit de résoudre l'équation différentielle non linéaire du cinquième degré obtenue


à partir de (1) et (2) :

Vç et R étant les quantités adimensionalisées correspondant à v et r.


C. R. Acad.Sc. Paris, t. 301 Série II, n° 20, 1985 1389

Le fait que V n'apparaisse que par l'intermédiaire de X suggère une transformation


de Legendre dans laquelle on pose ;

ce qui entraîne :

Cette transformation permet en fait d'éliminer la présence de R et en posant ensuite


Y=Log 7 on aboutit finalement à une équation de la forme

Si g(X) est une fonction monotone et continûment dérivable dans l'intervalle (À^,^),
la solution Y(Z) de (4) s'écrit sous la forme paramétrique:

où XQ est un point quelconque de l'intervalle (Xf, X2). -V:-


Remontant les transformations en sens inverse on obtient :

ce qui donné la solution pour le champ de vitesse sous formé paramétrique :


1390 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985

avec:

Les deux constantes d'intégrations K et L, ainsi que les extrémités Xt et À,2- de l'intervalle
que parcourt X sont déterminées par les conditions aux limites sur les cylindres intérieurs
et extérieurs. La solution en fluide newtonien est bien connue et on la retrouve effective-
ment pour B = 0.
3. LE CHAMP DE VITESSE : RÉSULTATS NUMÉRIQUES.

La figure reproduit le profil de
vitesse pour deux valeurs du temps de relaxation et plusieurs valeurs du rapport co2/a>1
des vitesses de rotation.
La géométrie est fixée par le rapport R2/Ri que l'on a pris égal à 2. Les écarts par
rapport au champ de vitesse newtonien sont d'autant plus marqués que la quantité :

a un ordre de grandeur proche de l'unité. Dans ce cas le champ de vitesse fait penser à
celui d'une couche limite avec de très forts gradients sur le cylindre intérieur.
Remise le 4 novembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] J. W. HOYT, Trans. A.S.M.E., J. Basic Eng., 94 D, 1972, p. 258-285; J. L. LUMLEY, Macrolecular Review,
7, 1973, p. 263-290; C. DESLOUIS,.Pour la Science, édition française de Scientific American, n° 7, 1978, p. 54-65.
[2] H. GIESERUS, Prog. in Beat and Mass Transfer, 5, 1972, p. 195; W. H.. JONES, D. H. DAVIES et
M. C. THOMAS, J. Fluid Mech., 60, 1973, p. 19; M. DOUAYA et G. COGNET, 4e rencontres « Taylor Vortex
Flow », Karlsrude, 1985.
[3] B. D. COLEMAN, H. MARKOVITZ et W. NOLL, Viscometric flows of non newtonian fluids, Springer, Berlin,
1966.
[4] R. B. BIRD, O. HASSAGER, R. C. ARMSTRONG et C. F. CURTIS, Dunamics of Polymer Liquids, Wiley,
New York, II, 1977, chap. 10.
[5] D. LHUILLIER et A. OUIBRAHIM, J. Mécan., 19, 1980, p. 725-741.
[6] D. LHUILLIER, J. Non Newt. Fluid Mech., 9, 1981, p. 329-337.
[7] K. G. ROESNER, in Recent developments in theoretical and experimentalfluid mechanics, Müller, Roesner
et Schmidt, Springer, 1979.

Institutfür Mechanik,
Technische HochschuleDarmstadt, Hochschulstrasse 1, 6100 Darmstadt, R.F.A.
C. R.Acad. Sc. Paris, t. n°
301,Série
II, 20,
1985 1391

MÉCANIQUE DES FLUIDES. Simulation d'allées de Von Karman bidimensionnel-



les à l'aide d'un gaz sur réseau. Note de Dominique d'Humières, Yves Pomeau et Pierre
Lallemand, présentée par Henri Cabannes.

On introduit un modèle de gaz sur un réseau plan composé de triangles équilatéraux, sur lequel se déplacent
à vitesse constante des particules synchronisées pour qu'elles se rencontrent aux noeuds du réseau. On présente
ensuite le comportement macroscopique de ce gaz lorsqu'il est animé d'une vitesse initiale normale à un
obstacle, montrant la formation de tourbillons alternés.

MECHANICS OF FLUIDS. — Simulation of two-dimensional Von Karman street using a lattice gas.
A lattice gas model is introduced in which partiales travel along the links of a planar triangular lattice, with
constant speed and being synchronized to collide at the vortices of the lattice. The macroscopic behaviour of the
gas is shown when its initial velocity is normal to a plate, leading to the creation of non stationary eddies.

1. INTRODUCTION. Il est maintenant classique de simplifier l'étude des systèmes



désordonnés ([1]-[4]) en quantifiant la position des particules du système sur un réseau
régulier de symétrie adéquate. Cette quantification simplifie la description des phénomènes
microscopiques tout en conservant les propriétés du système à grande échelle. Cette
méthode est abondamment utilisée pour le calcul des propriétés statistiques des systèmes
désordonnés, telles que les phases des verres de spins [1], la dimension des structures
dans un alliage métallique [2], la percolation dans un milieu poreux [3] ou la taille d'amas
dans les phénomènes d'agrégation [4].
Parallèlement à la quantification de la position, la quantification des directions de
l'espace a aussi été utilisée dans le cadre de la théorie cinétique des gaz et de l'équation
de Boltzmann [5]. Il a ainsi été montré qu'un gaz de particules se déplaçant avec des
vitesses choisies dans un ensemble fini, peut satisfaire aux équations de Navier-Slokes à
grande échelle et aux temps longs, lorsque l'ensemble des vitesses autorisées permet la
conservation de l'impulsion et de l'énergie au cours des collisions.
Une première tentative pour utiliser en même temps ces deux quantifications avait été
faite par Hardy, de Pazzis et Pomeau [6] qui considéraient un gaz de particules se
déplaçant sur un réseau carré. Seulement quatre vitesses de mêmes modules et orientées
suivant les directions principales du réseau carré sont autorisées dans ce modèle et il y a
au plus une particule par site dans chacune des directions permises. Le mouvement de
toutes les particules est synchronisé de telle sorte qu'elles se rencontrent périodiquement
aux noeuds du réseau où se font les collisions éventuelles.
Chaque période de temps élémentaire se décompose en deux étapes :
— une
étape « collision » dans laquelle les particules modifient leurs vitesses suivant
des règles définies par un certain nombre de lois de collisions déterministes et réversibles
qui conservent le nombre de particules et l'impulsion (et donc l'énergie puisque toutes
les vitesses ont même module) ;
— une
étape « déplacement » dans laquelle les particules se déplacent vers le site voisin
dans la direction définie par leur nouvelle vitesse.
En raison des symétries du réseau carré, les équations hydrodynamiques de ce modèle
présentent des différences qualitatives avec les équations de Navier-Stokes. De plus,
comme il n'existe que deux lois de collisions, il en résulte des propriétés de conservation
parasites conduisant dans certains cas défavorables à des comportements pathologiques.
2. PRINCIPEDE LA MÉTHODE. — Nous présentons ici les résultats obtenus avec un modèle
analogue mais pour lequel le réseau sous-jacent est formé de triangles équilatéraux, réseau

0249-6305/85/03011391 $ 2.00 © Académie des Sciences


1392 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985

Fig. 1. — Écoulement autour d'une plaque mince pour un nombre de Reynolds de l'ordre de 70, après
5000 pas de temps. Les flèches représentent la direction et le module du flux aux noeuds d'un maillage
64x32.
Fig. 1. dimensional low around a lat plate or a Reynolds number of order 70 after 5,000 time steps.
— Two The
directionand modulus o arrows are proportional to the mass lux on a 64 x 32 grid.

pour lequel les problèmes évoqués ci-dessus n'existent plus [7]. Dans ce réseau, Six
directions d'indices ie{l, ...,6} convergent vers chaque noeud du réseau, soit six
particules incidentes possibles dont la présence sera représentée par l'indice i correspon-
dant, défini modulo 6. En outre, nous avons introduit une population de particules
immobiles représentées au noeud considéré par un indice k. Les propriétés de ce gaz sont
complètement définies par la donnée dès lois de collisions entre particules qui sont les
suivantes :
(i, i + 3) -y (i +1, i + 4) ou (i— 1, i+2) collisions frontales;
(i, k) ->-(i + 2, i + 4) collisions sur un centre immobile;
(i + 2, i+4) -+ {i, k) collisions à 120°;
(i, i + 2, i + 4) -»(i+l, i + 3, i + 5) collisions à trois particules.
Une analyse théorique du système montre que les quantités moyennes p et j = pv
satisfont les équations de continuité et de Navier-Stokes (bidimensionnelles dans le cas
considéré) sous leur forme habituelle [7].
En théorie, la présence du réseau fixe supprime l'invariance galiléenne, ce qui se traduit
par des corrections à l'équation de Navier-Stokes. Cependant, celles-ci restent de faible
importance lorsque les vitesses moyennes ne sont pas trop grandes (il est à noter que ce
problème est commun à toutes les méthodes numériques utilisées pour résoudre l'équation
de Navier-Stokes qui passent toutes par une discrétisation de l'espace et du temps). En
outre, l'équilibre local étant défini par seulement deux grandeurs (p et p v), il n'y a pas
d'équivalent de la température, ce que l'on peut traduire en écrivant que Y==CP/.C„=1.
Les propriétés hydrodynamiques linéaires ont été étudiées par ailleurs [8] par simulation
numérique. Elles ont permis de confirmer la vitesse du son théorique ( /3/7), ainsi que
son isotropie, et de mesurer les viscosités parallèle et perpendiculaire en fonction de la
densité.
3. MISE EN OEUVRE.

Nous décrirons ici les résultats obtenus pour des écoulements
autour d'un obstacle. Pour cela, deux lois d'interaction particules-parois ont été utilisées :
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985 1393

Fig. 2. Écoulement obtenu dans les conditions:de la figuré 1 au temps F=5500.



Fig. 2..— Flow under same conditions as in Figure 1, 500 time steps later.

les particules subissant soit des réflexions spéculairès, Soit un renversement de vitesse.
L'examen des résultats ne montre aucune différence qualitative entre ces deux lois. :
Les simulations décrites ici, ont été faites sur un calculateur vectoriel FPS 164 dont
les mots de 64 bits ont été utilisés pour stocker 8 sites codés sur 8 bits (6 directions, 1.
centre et 1 bit pour choisir l'un des deux types de collisions frontales). Durant létape
« collisions », les 8 bits d'état d'un site sont utilisés comme adressé pour chercher leurs
nouvelles valeurs dans une table à 256 entrées déterminant les lois de collisions. L'étape
« propagation » est ensuite effectuée par une manipulation:adéquate des 6 bits d'états
correspondants aux 6 directions possibles. Ces simulations étant faites sur un réseau de
taille finie (MxN sites, M=1024, N = 512), il est nécessaire de définir le comportement
sur les bords du réseau. Les résultats qui vont suivre ont été obtenus avec des conditions
aux limites périodiques dans la direction verticale, tandis que des particules sont injectées
sur le bord gauche avec une densité moyenne p'^ et une vitesse moyenne v0 constantes et
que les particules qui arrivent sur le bord droit sont absorbées. Ceci revient à envoyer
un gaz à la vitesse v„ sur une grille périodique. A l'instant initial, nous prenons des
particules ayant toutes en moyenne la même vitesse v0, et il est donc nécessaire de laisser
à l'écoulement un certain temps pour se mettre en place : séparation des filets en avant
de l'obstacle, création des tourbillons sur les bords droit et gauche, etc. Lorsque la vitesse
v0 est suffisamment élevée (pour les densités utilisées le nombre de Reynolds vaut environ
144||v0||), il se produit un détachement alterné des tourbillons créés par l'obstacle qui
sont ensuite entraînés par l'écoulement.
4. RÉSULTATS ET CONCLUSION. — Afin de diminuer les fluctuations statistiques liées au
faible nombre de particules par site, il est nécessaire de faire des moyennes sur plusieurs
sites, ce qui limite le rapport des échelles que l'on peut étudier. Pour visualiser la forme
de l'écoulement, le réseau est subdivisé en cellules de 16 x 16 sites dans lesquelles nous
calculons le flux <j> moyen correspondant; ce flux rnoyen local est alors représenté par
le tracé d'un vecteur proportionnel pour chacune des cellules recouvrant le réseau. Les
figures 1 et 2 montrent cinq tourbillons pour une vitesse v0 = 0,5 (Re~70) aux instants
t1 = 5 000 et t2 = 5 500. La comparaison des deux champs de vitesse montre un changement
1394 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985

de sens de rotation du grand tourbillon situé derrière la plaque, illustrant de manière


irréfutable le caractère instationnaire de l'écoulement (le nombre de Strouhal correspon-
dant est de l'ordre de 0,2).
Les résultats qualitatifs présentés ici devront être complétés par des mesures quantita-
tives des propriétés de l'écoulement, calculées en fonction des populations locales des
sept degrés de liberté indiqués plus haut.
L'étude de la dynamique d'un gaz sur réseau hexagonal permet donc de calculer des
écoulements pour des nombres de Reynolds de l'ordre de 102 (il augmente linéairement
avec la taille du réseau), avec une résolution de l'ordre de 10~ 2 fois la taille du système.
L'intérêt de la méthode succinctement décrite ici est double :

le caractère extrêmement simple des opérations réalisées sur chaque site du réseau
(recherche dans une table et échange de bits entre plus proches voisins) permet d'envisager
dans un avenir très proche, la construction d'un ordinateur spécialisé à degré de parallé-
lisme très élevé (à la limite un opérateur par site), permettant des vitesses de calcul très
élevées pour la résolution des équations de Navier-Stokes;

la nature microscopique des collisions avec les parois permet de placer des obstacles
de formes quelconques sans aucune difficulté (contrairement à ce qui se passe pour les
méthodes d'éléments finis et a fortiori pour les méthodes spectrales).
Nous remercions le GRECO 70 « Expérimentation numérique » pour son soutien.
Remise le 18 novembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] J. L. VAN HEMMEN et I. MORGENSTERN éd, Heidelberg Colloquium on Spin Glasses, Lecture Notes in
Physics, Springer-Verlag, Berlin, 1983.
[2] N. F. MOTT et H. JONES, The theory of the properties of metals and alloys, Dover, N. Y., 1958, p. 30.
[3] G. DEUTCHER, R. ZALLEN et J. ADLER éd., Percolation Structures and Processes, Hilger, Bristol, 1983.
[4] P. MEAKIN, Phys. Rev., A 27, 1983, p.1495.
[5] R. GATIGNOL, Théorie cinétique des gaz à répartition discrète de vitesses, Springer-Verlag, Lecture Notes
in Phys., Berlin, 1975 et références.
[6] J. HARDY, O. DE PAZZIS et Y. POMEAU, Phys. Rev., A 13, 1976, p. 1949.
[7] U. FRISCH, B. HASSLACHÈR et Y. POMEAU, Phys. Rev. Lett. (sous presse).
.
[8] D. d'HUMIÈRES, P. LALLEMAND et T. SHIMOMURA, Phys. Rev. Lett. (sous presse).

D. d'H et Y. P. : Groupe de Physique des Solides de l'École normale supérieure,


24, rue Lhomond, 75231 Paris Cedex 05;
P. L. : Laboratoire de Spectroscopiehertzienne,
24, rue Lhomond, 75231 Paris Cedex 05.
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Sérié II, n° 20, 1985 1395

PHYSIQUE THÉORIQUE.— La superalgèbre de Lorentz inhomogène. Note de Pierre


Minnaert, présentée par Louis Michel.

Après avoir défini la superalgèbre des rotations (SR), nous construisons la superalgèbre de Lorentz (SL) et
ses représentations de dimension finie. Puis nous définissons le super espace-temps et nous construisons la
superalgèbre de Lorentz inhomogène (SLI).

THEOKETICAL PHYSICS. — The inhomogeneous Lorentz superalgebra.


After defining the rotation superalgebra(SR), the Lorentz superalgebra(SL) and its finite dimensional representa-
tions are built. Then the super space-time is defined and the inhomogeneous Lorentz superalgebra (SLI) is built.

1. LA SUPERALGÈBREDES ROTATIONS (SR). — Nous appelons superalgèbre des rotations


la superalgèbre orthosymplectique osp (1/2). Rappelons [1] que cette superalgèbre est
engendrée par cinq générateurs JA, A=(i=l, 2, 3; m ==+1/2) qui satisfont les relations
de supercommutation :

r
où les a,- sont les matrices de Pauli et = iCT2. Les représentations irréductibles de cette
superalgèbre ([1], [2]) sont caractérisées par un superspin J, J —0, 1/2, 1, Nous les
. . .
noterons JSR. Pour J=^0 la décomposition de JSR en représentations de la sous-algèbre
des rotations (R) engendrée par les J;, contient les deux représentations irréductibles JR
et,(J—l/2)R;de spin J et J—1/2. Nous notons cette décomposition :

Pour J=0, on a 0SR==0R: Pour tout J la dimension de JSR est 4J + 1. L'algèbre (1) a
un opérateur de Casimir quadratique :

Dans la représentation JSR cet opérateur est proportionnel à la matrice identité à 4J + 1


dimensions, K2=J (J+( 1/2)) I.
Rappelons aussi la formule de réduction du produit dé Kronecker de deux
représentations :

En utilisant cette formule de réduction toutes les représentations peuvent être construi-
tes à partir de la représentation fondamentale à trois dimensions, 1/2SR, qui s'écrit, dans
la base standard des rotations, sous la forme JA=( 1/2)1;A, où les £A=(E,-, E±1/2) sont
des matrices 3 x 3 que nous appelons super matrices de Pauli :

0249-6305/85/03011395 $2.00 © Académie des Sciences


1396 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20,1985

2. LA SUPERALGÈBREDE LORENTZ (SL).



Il est bien connu que l'algèbre de Lorentz,
sl (2, C), est la complexifiée de l'algèbre des rotations, su (2). On la constuit en ajoutant
aux trois générateurs!; les trois générateurs K,- définis formellement par K, = iJ£. De la
même façon, la superalgèbre de Lorentz est obtenue en complexifiant la superalgèbre des
rotations. On ajoute aux cinq générateurs JA les cinq générateurs KA définis formellement
par KA = i JA. Si on écrit les relations de supercommutation (1) sous la forme concise :

Les trois relations de supercommutation (6) définissent la superalgèbre de Lorentz.


La structure de ces relations suggère la définition des combinaisons complexes des
générateurs :

qui satisfont les relations de supercommutation

C'est-à-dire que les générateurs MA et NA forment la superalgèbre osp(1/2) ® osp(1/2).


Cette remarque nous permet de construire les représentations de la superalgèbre de
Lorentz à l'aide de produits tensoriels de représentations de la superalgèbre des rotations.
La superalgèbre (SL) a deux opérateurs de Casimir quadratiques : l'un K|L pour la
superalgèbre des MA, l'autre K2SL pour la superalgèbre des NA. Une représentation
irréductible de dimension finie sera donc caractérisée par deux superspins J et J'. On la
notera (J, J')SL. Sa dimension est (4 J+1) (4 J' +1).
La formule de réduction du produit de Kronecker de deux représentations se déduit
de la formule (4) :

En utilisant cette formule de réduction toutes les représentations peuvent être déduites
des deux représentations fondamentales (1/2, 0)SL et (0, 1/2)SL de dimension 3. Dans la
base standard des rotations ces représentations s'écrivent à l'aide des supermatrices de
Pauli (5) :

Dans la référence [3] certaines représentations de la superalgèbre de Lorentz sont


discutées, mais les représentations fondamentales ne sont pas mentionnées.
3. FORME COVARIANTE DE LA SUPERALGÈBREDE LORENTZ.

Les générateurs (JA, KJ
appartiennent à la représentation adjointe (1, 0)SL©(0, 1)SL dont la réduction sur la
sous-algèbre de Lorentz contient un tenseur antisymétrique et un spineur à quatre
composantes. En effet les six générateurs de l'algèbre de Lorentz (J;, K;) peuvent être
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985 1397

rassemblés dans le tenseur L(1V= —LV(1, u, v = 0, 1, 2, 3, défini par :


(Ha) Ly^=SijtLt, Lio-K;=
et les quatre générateurs fermioniques (J±1/2, K±1/2) peuvent être rassemblés dans le
spineur ifa, a=1, 2, 3, 4, défini par..:

Alors, en utilisant pour les matrices; de Dirac la représentation de Weyl, les relations de
supercommutation (6) s'écrivent :

La matrice C est la matrice de conjugaison de charge de Dirac telle que CYVC_ 1 = — yvT
et ri^ —diag(.l, — 1, —1,-1) est le tenseur métrique de l'espace de Minkowski.
Les deux opérateurs de Casimir KfL et K'2SL peuvent aussi être écrits sous forme
covariante de Lorentz. Si on définit Jf2=2 (Kf-+K2SL) et Jf 2=2(RlL-K2SL), on a :

où;*LMV=l/2s1ivp;JLptt est le tenseur dual de L^v.


4. LE SUPER ESPACE-TEMPS. — Il est bien connu que l'espace de la représentation
vectorielle (1/2, 1/2)L de l'algèbre de Lorentz est identifié à l'espace-temps de Minkowski,
à quatre dimensions, dont les éléments sont les quadrivecteurs x?—{x°, x). L'action du
groupe de Lorentz dans cet espace laisse invariantela forme quadratique x2 = (x°)2—xf.
De la même façon nous appellerons super espace-temps l'espace à neuf dimensions de la
représentation vectorielle (1/2, 1/2)s^ de la superalgèbre de Lorentz. La décomposition
de cet espace en covariants de Lorentz contient un quadrivecteur, un scalaire et un
spineur à quatre composantes. Un élément de cet espace est noté XM=(xM, x 5, Ç"). Les
cinq coordonnées xM, x5 Sont bosoniques tandis que les quatre coordonnées Ça sont
fermioniques (éléments pairs et impairs d'une algèbre de Grassmann) :

De plus nous supposerons que les -^ forment un spineur de Majorana, c'est-à-dire que
ses composantes sont £"=?(£?, t?/'^:!*2*, £lx) où (x) signifie conjugaison complexe dans
l'algèbre de Grassmann, cf. [4]. Le supergroupe de Lorentz est défini en exponentiant la
forme réelle de l'enveloppe grassmannienne de la superalgèbre de Lorentz, cf. [4], [5]. On
montré que son action dans le super espace-temps laisse invariante la forme quadratique :

La composante x5 apparaît ici comme une dimension de genre espace. L'étude des
représentations de la superalgèbre; de Lorentz conduit donc de façon naturelle à une
cinquièmedimension à la Kaluza-Klein. Notons cependant qu'il n'existe aucune transfor-
mation du supergroupe de Lorentz qui mélange cette composante avec les composantes
xu de l'espace de Minkowski. Seules les transformations fermioniques agissent sur cette
composante et la mélangent avec les composantes i;a.
Le supergroupe de Lorentz n'est pas le supergroupe le plus général qui laisse invariante
la forme quadratique (15). On montre que son action dans le super espace-temps possède

C. R., 1985, 2e Semestre (T. 301); 1 Série II — 100


1398 C R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985

un autre invariant non polynomial Y, défini par :

et qui, avec X caractérise les orbites de cette action.


,
5. LA SUPERALGÈBRE DE LORENTZ INHOMOGÈNE (SLI). — Les translations dans le super
espace-temps sont engendrées par les opérateurs PM = (P(I, P5, njoù les TLU forment un
spineur de Majorana. Ils supercommutent entre-eux [PM, PN}=0, c'est-à-dire :
(i?) [P,, pv]=o={P„. PS]=PV nJ=[ps> nJ = (n«> nP}
Les PM constituent la superalgèbre des translations. Ils forment un opérateur vectoriel
de l'algèbre SL. Leurs relations de supercommutation avec L^ et S£a s'écrivent :

Les relations de supercommutation (12), (17) et (18) constituent la superalgèbre de


Lorentz inhomogène (SLI). Cette superalgèbrecontient l'algèbre de Poincaré & constituée
par les premières équations de chaque groupe de relations (12), (17) et (18). Il serait très
utile d'avoir une classification complète des représentations de SLI et ne connaître leur
décomposition en représentations irréductibles de SP. En effet, les invariants P2 = PpPtl
et W2=WtlWM, (W(1=*L(IVPV) ne sont pas des invariants de SLI. En particulier on a
\ié\, P2]^0 et par conséquent une représentation de SLI contient plusieurs représenta-
tions de SP, de masses différentes, connectées entre elles par les transformations
fermioniques jSfK.
Remise le 28 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] A. PAIS et V. RITTENBERG, J. Math. Phys., 16, 1975, p. 2062-2073.


[2] M. SCHEUNERT, W; NAHM.et V. RITTENBERG, J. Math: Phys., 18, 1977, p. 155-162. :
[3] B. DE WITT, Supermanifolds, Cambridge University Press, 1984, Cambridge, p. 213-216.
[4] V. RITTENBERG et M. SCHEUNERT, J. Math. Phys., 19, 1978, p. 709-713.
[5] F. A. BEREZIN et V. N. TOLSTOY, Comm. Math. Phys, 78, 1981, p. 409-428.

Laboratoire de Physique théorique, Unité associée au C.N.R.S., U.A. n° 764,


Université de Bordeaux-I, rue du Solarium, 33170 Gradignan.
C.R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985 1399

PHYSIQUE DES SURFACES ETDES INTERFACES. —Pénétration d'une chaîne


dans une couche adsorbée : échanges solution/adsorbat:et pontage de grains colloïdaux.
Note de Pierre-Gilles de Gennes, Membre de l'Académie.

L'entrée d'une chaîne (neutre, flexible), venue d'un bon solvant, vers une couche adsorbée de chaînes
identiques, est contrôlée par une amplitude d'effet tunnel ff~, dans l'analogie chaîne/trajectoire développée par
Edwards. Nous trouvons :^=\|/(z=R)/\J/(z=a) ou \]r2 (s) est le profil de concentration dans la couche, R est
la taille d'une chaîne libre, et a la taille du monomère. ^ décroît lentement avec la masse moléculaire
M(^~~M" 0, 5 en champ moyen; ^~M"°'3 si on utilise les exposants critiques du champ \[f). Nous appliquons
des idées dans deux cas : (a) échangede chaînesadsorbées marquées avec une solution dé chaînes non marquées
(de concentration c). Le temps caractéristiquex* doit varier comme c- 1 en régime dilué, et un peu plus
rapidement en régime semi-dilué. Ceci n'est pas trop éloigné de certains résultats,Expérimentaux récents de
Varoqui et coll.; (b) pontage entre deux plaques rapprochées (distance entre plaques H<2R). Nous attendons
un temps caractéristique de pontage xp~H~v6_

SURFACE AND INTERPHASE PHYSICS. — Penetration of a coil into an adsorbed layer: Application
to the kinetics. of exchange and to bridging processes between colloïdal particles.
The entry of a (neutral, flexible) coil into an adsorbed layer is controled (within the coil/trajectory analogy
invented by S.F.Edwards) by a certain tunneling amplitude S~. Wefind ,?r = v|/(z;=R;)/i]j(z= a) where \|/2(z) is
the concentration profile in the adsorbed layer, R is the size of one coil in solution, and a is the monomer
size. Theamplitude 3~"is a slowly decreasing function of the molecular weight M. (&~~M~ 0, 5 in mean field ;
ffr~M.~ 0:3 with improved critical exponents).
Weapply these ideas to two practical situations: (a) exchange between labeled chains which are adsorbed, and
a non labeled solution of concentration c. The resulting characteristic time x* should decrease like c- 1 in the
dilute regime, and slightly faster in the semi-dilute regime. This is not too far from recent data taken by Varoqui
et. al.; (b) bridging between two adsorbing plates, separated by a gap H<2R: here we expect a bridging
time TP~.H"1/6,

I. INTRODUCTION. — Une couche adsorbée de polymère né désorbe pas par lavage avec
du solvant pur [1]. Par contre, elle peut s'échanger avec un polymère chimiquement
identique, mais de plus grande masse, présent en solution [2]. Ces échanges conduisent à
des rééquilibrations dans les systèmes polydispersés [3]. Entre polymères de même niasse,
dont certains sont marqués (radioactifs), la durée de présencedans la couche a été trouvée
inversement proportionnelle à la concentration extérieure [4]. La présente Note discute le
mécanisme de pénétration d'une chaîne dans là région (hostile) formée par les chaînes
adsorbées, jusqu'à ce que le contact avec le solide soit obtenu (fig. a) —ainsi que le
processus inverse par lequel une chaîne initialement liée au solide, s'évade (fig. b). Dans
les deux cas, le mécanisme « à un brin » des figures (a, b) doit dominer sur les mécanismes
« à deux brins » (fig. c) pour des raisons que nous préciserons plus loin.
Les cinétiques d'échange sont de toute façon lentes : très souvent, la partie de la couche
adsorbée qui est en contact direct avec le substrat a un caractère vitreux (manifesté par
un comportement dé gel quand l'adsorption se fait à la surface libre du solvant [5]). Dans
la présente Note, ce ralentissement est incorporé dans les préfacteurs : nous sommes
surtout intéressés aux dépendances en masse moléculaire, concentration, etc. Nous suppo-
sons (conformément à l'habitude, mais sans justification très Sérieuse) que la couche
adsorbée est proche de l'équilibre thermodynamique.
II. AMPLITUDE TUNNEL. — Partons de l'approximation de champ moyen pour la couche

:
adsorbée où le profil de concentration i|/2 (z) s'obtient très simplement [6] à partir d'une
équation d'Edwards [7]

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1400 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985

Mécanismes d'entrée et de sortie d'une chaîne dans une couche adsorbée (région hachurée). Le potentiel vu
par la chaîne est répulsif dans cette région, mais attractif au contact du substratP. (a) pénétration d'un brin
simple; (b) sortie d'un brin simple; (c) pénétration en double brin (rare).
Entry and exit processes for a coil near an adsorbing layer (hatched region). The coil experiences a repulsive
potential in the hatched region, and an attraction upon contact with the substrateP. (a) penetration of a single
thread; (b) exit of a single thread; (c) hairpin process (exceptional).

U (z) est un potentiel self consistant U = v \j/2 (z), et s une valeur propre ajustée par la
condition à z->oo (\|/2-^î>a-3 concentration en masse, donc s = «a'_30). La paroi
àdsorbante est décrite par une condition aux limites [8] : —dlwty/dz\0= K. Nous sommes
intéressés ici au cas de l'adsorption forte (KA~1), en bon solvant (ra3~l) et (pour le
moment) dans la limite <£> -*• 0(e=0). La structure de la solution est :

Cherchons maintenant le poids statistique pour la conformation de la figure a, où une


chaîne part du point extérieur z = R, et atteint le voisinage de la région adsorbante (z = a).
Dans la formulation quantique équivalente, ceci revient à chercher l'amplitude tunnel :

La formule (3) est l'approximation WKBJ[9] pour ST. En fait, nous n'avons pas besoin
de cette approximation, car nous connaissons l'amplitude inverse <^~a_>R qui est décrite
précisément par le champ \|/ de l'équation(2), lequel décroît dans la barrière quand on se
déplace à z croissant.
Les amplitudes tunnel de a vers R et de R vers a (à même s) sont égales :

En champ moyen ST ~a{R d'après (2) et R ~N1/2 a (où N est le nombre de monomères/
chaîne), donc ^~~N_1/2. Hors du champ moyen nous postulons que (4) reste valable.
La fraction en volume <ï> (z) = < \j/2 (z) > varie comme {ajz)A'3 {voir [10]). Mais <\[r> n'est
pas tout à fait égal à <\|/2>1/2. Par analogie avec les transitions de phase ([10], [11]) on
attend :

où P^0,30 et v^0,60 sont deux exposants critiques. Donc &~~{a/RF)112 où RF est


maintenant le rayon de Flory (RF = aN3/5) :
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985 1401

Notons que 2T n'est pas de la forme e~kN : les couches adsorbées, très inhomogènes,
sont relativement peu opaques. Mais ,9~<^1 donc ,T2<H7~ ce qui justifie F omission des
processus à deux brins de la figure c.
Citons différentes généralisations de l'équation (6) :
(a) si la concentration extérieure c = 4>a- 3 est supérieure à la valeur de
recouvrement c*, le point de raccord extérieur ne se situe plus à z = R, mais plutôt à
z = ^(<l)), longueur de corrélation[10] : Ç(<D) = a<D"3/4. Dans ce régime l'équation(6) est
remplacée par :

(b) si la chaîne étudiée a P chaînons, et est plus courte que les chaînes adsorbées
(N chaînons), la barrière n'apparaît que à z = RF(P) = aP3/5. Donc ,^(P)^P"0>3 pour
P<N. Par contre, pour P>N on garde toujours l'équation(6);
(c) si le solvant est un solvant 9[12], on a \|f(z)~z"1/2 et l'équation(6) est remplacée
par ^(N)=(a/R)1/2 ^N"0-25.
III. ÉCHANGES ENTRE SOLUTION ET COUCHE ADSORBÉE. — Prenons, pour fixer les idées,
une solution diluée (<J><0*) de potentiel chimique (par monomère) j.is = us0 + kTN"-ln$.
Dans la couche adsorbée, nous postulons un équilibre interne avec un potentiel chimique
u;(r), fonction croissante du nombre de monomères adsorbés par centimètre carré (F).
Dans la région utile, on pourra écrire :

où re(<D) est la quantité adsorbée à l'équilibre; en adsorption forte Te~a~ 2 et |x'~fcTd2,


Le courant solution -> couche Jsi (nombre de monomères/cm2/s) est contrôlé par la
barrière &~ et par la concentration en solution c = 4>o~ 3 :

où D est un coefficient de diffusion, incluant les effets de transition vitreuse dans la


couche dense près de la paroi. Le courant sortant Jis est.

La dernière équation contient l'effet du bilan détaillé. En égalant (9) et (10) on obtient
une formule pourl'adsorption;a l'équilibre : si rQ est tel que fJL;(F0) = 1^0 le résultat est :

Les équations cinétiques (9), (10) linéarisées au voisinage de r = re, donnent :

Notons que Bx(c --* 0)'-rf, oe : ceci permet peut-être de comprendre la des adsorbats
en présence de solvant pur.
1402 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985

Analysons maintenant l'expérience de Strasbourg, où une certaine fraction (F*/r) de


l'adsorbat est formée de molécules marquées (radioactives), alors que la solution extérieure
est non marquée. La durée de séjour (T*) d'une molécule marquée dans la couche va
s'avérer très supérieure au temps d'équilibration T de l'équation(12). Donc, pour r~t*
les courants totaux se sont déjà équilibrés Jls = Js;, et l'on peut écrire :

d'où une fréquence de relaxation :

La distinction entre 1/x* et 1/T est réminiscente de celle qui existe entre les coefficients
de diffusion Dse!f et Dcoop dans une solution [10].
L'équation(14) donne x*~c_ 1 (comme l'observe le groupe de Strasbourg [4]) lorsque
c<c*. L'interprétation naturelle de cette forme, donnée dans [4], s'écrit en termes d'une
réaction du second ordre :
N* (ads) +N(libre) -+ N(ads) +N* (libre).
Notre conclusion est similaire : à cause des interactions (décrites par u;) toute entrée
de chaînes libres dans la couche doit être rapidement compensée par une sortie de chaînes
adsorbées.
Pour c>c*, l'amplitude £T doit dépendre de <D = ca 3, comme nous l'avons expliqué en
fin de section II. L'équation(14) donne alors T*~C~11/8.
IV. PROBLÈMES DE PONTAGE. —
Dans les expériences de J. Klein [13], deux plaques
portant des couches adsorbées sont rapprochées, et leur distance H est rendue inférieure
à 2RF, de façon à ce que les couches adsorbées se recouvrent nettement. Certaines
chaînes vont établir des ponts entre les deux plaques (v ponts/cm2). Nous voulons obtenir
une description qualitative de l'évolution en temps à H fixé. Pour simplifier, nous restons
dans une situation de bon solvant, avec des taux de couverture F qui sont supposés figés
r(H)=re(H=oo).
D'après la structure self similaire de la couche [14], chaque boucle, de taille H/2, établit
de l'ordre d'un pont à l'équilibre, c'est-à-dire que la valeur finale d'équilibre sera ve~H~ 2.
Mais à quelle vitesse s'établirait cet équilibre?
Il est naturel de penser que l'établissement d'un pont est analogue à la pénétration
d'une chaîne depuis la région centrale, de concentration c(H) = a~ 3 Î>(H) =a~ 3 (a/H)4/3.
Ceci conduit à une équation cinétique :

d'où l'on tire une fréquence de relaxation :

Ces fréquences sont basses pour plusieurs raisons : (a) la partie dense de la couche a
souvent une température de vitrification T3 élevée, donc D est très faible; (b) le mouvement
détaillé de la chaîne est peut-être du type reptation, donc D décroît vite avec N; (c) le
préfacteur en 1/R introduit dans l'équation(9) est très qualitatif, et peut-être incorrect,
mais il va dans le même sens.
C.R. Acad. Se. Paris, t. 301, Série II, n° 20,1985 1403

Au total, notre analyse de l'échange et du pontage est très approximative, mais


contient deux effets sûrs : (1) des amplitudes tunnel plus grandes que exp( —feN); (2) des
interactions fortes dans la couche qui imposent des flux entrants et sortants presque
compensés.
Remise le18 novembre 1985.

RÉFÉRENCESBIBLIOGRAPHIQUES .

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[10] P.-G. DE GENNES, Scaling concept in polymerphysics, Cornell University Press, 2nd printing, 1985.
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Collège de France, Laboratoire de Physique théorique, 11, place Marcelin-Berthelot, 75231 Paris Cedex 05.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985 1405
CHIMIE THÉORIQUE. — Résolution numérique, dans l'espace des impulsions, des
équations donnant les orbitales cristallines relatives à une chaîne infinie d'atomes d'hydro-
gène. Note de Mireille Defranceschiet Joseph Delhalle, présentée par Bernard Pullman.

On montre par un calcul numérique prototype sur une chaîne infinie d'atomes d'hydrogènesportant chacun
une orbitale gaussienne 1 s, la faisabilité de calculs HF purement numériques, dans l'espace des impulsions, de
la structure électronique des chaînes infinies.

THEORETICAL CHEMISTRY. — Numerical solution in momentum space of the equations givirig the
crystal orbitals for an infinite chain of hydrogen atoms.
Purely numerical calculations for an infinite chain of hydrogens with one 1 s gaussian on each atom point to
the feasibility in momentum space of numerical HF calculations of electronic structure for infinite chains.

According to a method previously used to solve numerically the Hartree-Fock equations


for diatomic and triatomic molecules ([1], [2]), the equations giving the one-electron wavefunc-
tions for infinite periodic chains are obtained (3) by a Fourier transformation of the
corresponding equations in position space (2).
Preliminary test calculations on an infinite chain of hydrogen atoms using a single LCAO
one-electron wavefunction [(1) where the atomic functiony) (q) is one 1 s gaussian] are
compared to the previously reported results on the same System obtained analytically
(tableau, Fig. 2).
An excellent agreement between both sels of values[4] is noticed. The simplicity of the
approach and the relatively light computationaleffort are promisingfor future developments,
in momentum space, of numerical HF calculations of electronic structure for infinite chains:

Le système étudié est une chaîne linéaire infinie d'atomes d'hydrogène régulièrement
disposés. Bien que ce système ne soit pas accessible expérimentalement, son étude
prototype est un préalable utile à la résolution numérique des équations de
Hartree-Fock(HF) relatives à un polymère périodique suivant une direction.
La méthode utilisée pour déterminer directement les solutions des équations dans
l'espace des impulsions a déjà été appliquée à H2 et H3 ([1], [2]). Elle est applicable au
cas des polymères puisque les méthodes quantiques usuelles permettent de déduire la
structure des polymères ou des cristaux. L'approximation monoélectronique définit des
orbitales cristallines (OC) pour représenter la fonction d'onde d'un électron. En employant
l'approximation LCAO et en accord avec la symérie de translation du système, une
orbitale délocalisée du polymère s'écrit dans l'espace de configuration :

où n et p sont respectivement les indices de la fonction monoélectronique et de l'OA yp


centrée sur chaque proton (repéré par sp) v(v = 0, +1, +2. .) est l'indice du réseau (de
.
dimension a0) périodique selon la direction z de vecteur unité ez, k est le nombre d'onde
(en unité 2ir.a0~ 1) défini dans l'intervalle [—1/2, 1/2] correspondant à la zone de Brillouin.

0249-6305/85/03011405 $ 2.00 © Académie des Sciences


1406 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301; Série II, n° 20, 1985

Fig. 1. — Représentation graphique de la fonction monoélectronique $ (k, q)


suivant la direction de périodicité. a0 = l,915u.a., p = 7,433u.a. 2.
Fig. 1. —
Graph of the one-electronfunction q>(k, q) as a function of q.. a0— 1.915 a.u.., p = 7.433 a.u.2.

Les calculs présentés dans ce travail reposent sur les équations HF restreintes où les
niveaux monoélectroniques de plus basse énergie sont doublement occupés limitant la
partie utile de la zone de Brillouin à | k |^ 1/4. Par symétrie, les fonctions de Bloch sont
orthogonales en k. La transformée de Fourier d'une fonction de Bloch est :

qui donne après changement de variable r en r—(sp+v ez) a0 :

Xp(q) est la transformée de Fourier de F QA xp(r).


La fonction d'onde dans l'espace des impulsions CSI ULV -" ' ~- ''' -atinue à symétrie
radiale dans les deux directions perpendiculaires a la direction z de périodicité, elle est
discrète selon la direction z où elle s'identifie à un peigne de Dirac (fig. 1).
Les équations vérifiées dans l'espace de configuration par les cp„(k, r) sont [3] :
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985 1407

Fig. 2. —
Partie occupée de la structure de bande de la chaîne infinie d'atomes d'hydrogène(u.a.).:
Fig. 2. —
0ccupiedportion of the energy bond of the infinite chain of hydrogen atoms.

Dans un systèmepériodique selon une direction, les niveaux électroniques sont représen-
tés par une fonction du nombre d'onde k : l'ensemble de ces valeurs E„(/C) pour k
appartenant à la première zone de Brillouin est la structure de la bande n du polymère.
Les équations à résoudre dans l'espace des impulsions sont celles obtenues par transfor-';.-
mation de Fourier des équations (2). La divergence des termes d'attraction nucléaire et
coulombienne pour q = 0[4] est supprimée par regroupement de ces deux termes au cours
de la transformation. On obtient :

Comme dans le cas moléculaire de telles équations ne sont en général solubles que par
un processus itératif. Dans ce travail p = n= 1 la fonction d'essai à été choisie de la forme
(1) avec %T{q) fonction gaussienne :

(|3 estl'exposant de la gaussienne dans l'espace des impulsions) ce qui permet d'obtenir
directement la solution numérique de (2). Dans ce cas particulier, les Wkk. sont réels.
L'algorithme numérique utilisé est proche de celui mis en oeuvre dans le cas moléculaire :
l'intégration sur les deux variables continues est réalisée par une intégration de Gauss-
Legendre sur une grille de points à l'intérieur d'un disque centré à l'origine de l'espace
1408 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985

TABLEAU
Valeurs des énergies monoélectroniques, cinétique, de Coulomb, d'échange et de bande en fonction de k.
Les données, en u.a., correspondent aux paramètres définis dans le texte.
Energy band values and their kinetic, coulombic and exchange contributionswith respect to k.
The data, in a.u., have been obtained according to the methodology described in the text.
k Cinétique Coulomb Échange z(k)
0,000 0,3618 -0,3594 -0,6546 -0,6550
0,046 0,3733 -0,3623 -0,648 9 -0,637 8
0,131 0,4550 -0,3629 -0,6078 -0,5158
0,199 0,5759 -0,3646 -0,5332 -0,3218
0,240 0,6734 -0,366 8 -0,4472 -0,1405

des impulsions et sur quelques points asymptotiques hors du disque; l'intégration sur la
variable discrète se réduit à une somme de valeurs de fonctions aux différents points du
peigne de Dirac. Les interpolations sont réalisées par fonction spline.
Les termes d'échange font apparaître des singularités en q = 0 qui sont traitées analyti-
quement par un développement de l'intégrande en série de Taylor.
La méthode a ainsi permis de déterminer numériquement la structure de bande pour
la chaîne linéaire infinie d'atomes d'hydrogène. Le calcul a été effectué sur une grille de
31 points à l'intérieur d'un disque de rayon 1 u.a. et pour 5 points extérieurs. La somme
discrète a été étendue à 7 points, 8 valeurs de k sur l'intervalle [—1/4, 1/4] ont été
utilisées. Les valeurs des paramètres P et a0 sont celles obtenues variationnellement par
une méthode analytique[4] a0 = 1,915u.a., p = 7,433u.a.2. Les résultats sont donnés dans
le tableau et la structure de bandé est représentée sur la figure 2.
On constate un accord excellent entre nos valeurs et celles obtenues précédemment[4]
par une méthode analytique, malgré la relative simplicité du traitement et le faible effort
numérique. Ces résultats montrent la faisabilité de calculs HF purement numériques,
dans l'espace des impulsions, pour la structure électronique des chaînes infinies en faisant
abstraction de toute base.
Les moyens de calcul sur Crayl utilisés dans ce travail ont été attribués par le Conseil scientifique du
C.C.V.R. (École polytechnique, Palaiseau).
Remise le 21 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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M. D. Laboratoire de Chimie, Ecole normale supérieure,


:
1, rue Maurice-Arnoux,92120 Montrouge;
J. D. : Laboratoire de Chimie théorique appliquée,
Facultés universitaires Notre-Dame-de-la-Paix,61, rue de Bruxelles, B-5000 Namur, Belgique.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985 1409

GÉOCHIMIE. —
de Raivavae (Polynésiefrançaise,Océan
Pacifique
Centre
Sud).
Note

et Jean-Michel Liotard, présentée par Jean


de Wyart. Hans
Contribution à la connaissance pétrogrdphique et géochimique de l'île
G. Barsezus

Marquises.
L'étude pétrograpliiqueet géochimique de quelques échantillons de .l'île de Raivavae révèle la coexistence de
laves d'affinité tholeiitique, transitiormelle et alcaline, ce qui n'est pas sans rappeler le volcanisme du mont
sous-marin MacDonald. En revanche le caractère tholeiitique semble ici moins marqué qu'à Hawaii ou aux

Ocean).
GEOCHEMISTRY. — Contribution to the petrography and geochemistry of Raivavae Island, French
Polynesia (South Central Pacific
The petrographie and geochemicalstudy of some samplesfrom Raivavae island reveals presence of coexisting
olivine tholeiites,transitional and alkali basalts that recalls the volcanismof MacDonald Seamount. However
lavas.
the tholeiitic character seams here less obvious than in Hawaiian or Marquesas

I. INTRODUCTION. L'île de Raivavae est située par 24° de latitude Sud et 148° de

longitude Ouest, approximativement au centre de l'alignement d'atolls, îles volcaniques,
hauts-fonds et guyots connus sous le nom d'Archipel des îles Tubuai ou Australes
( fig.). Les rares notes publiées concernant cette île ([1]-[3]) y mentionnent la présence
d'ankaramites, basaltes, basanites ainsi que leurs produits de différenciation trachytes et
phonolites. Plus récemment de nouvelles études ont confirmé cette diversité ([4], [5]). Les
datations par méthode K/Ar indiquent des âges variant de 5,5 à 7,6 M.a. ([6], [7]) à peine
supérieurs à ceux obtenus pour l'île de Rapa située à une distance d'environ 600 km au
Sud-Est de Raivavae. Cette observation [5] serait en défaveur de l'hypothèse d'un « point
chaud » unique pour expliquer l'alignement de ces îles et laisse envisager l'existence de
deux alignements parallèles dans l'archipel des Australes ([8], [9]) qui se distinguent
également du point de vue des rapports isotopiques du strontium 87Sr/86Sr ([10]-[l2]) ;
MacDonald et Rapa (alignement Sud) prennent des valeurs comprises entre
0,703 8-0,7040 contre 0,702 8-0,7031 pour Raivavae, Tubuai et Rurutu (alignement
Nord).
PÉTROGRAPHIE, MINÉRALOGIE.

Les laves de notre échantillonnage sont toutes de
nature basaltique à l'exception de deux termes plus différenciés trachytiques ne faisant
pas l'objet de ce travail. Les principales caractéristiques pétrographiques et minéralogiques
de nos échantillons sont présentées dans le tableau I. Toutes les laves présentent des
textures microlitiques porphyriques parfois vacuolaires (éch. 108, 124). La quantité de
phénocristaux varie de 5 à 15 %. La phase phénocristalline est représentée par l'olivine,
le clinopyroxène associé dans les termes tholeiitiques au plagioclase qui peut être le
phénocristal le mieux représenté (éch. 108). Les olivines contiennent fréquemment des
spinelles chromifères (jusqu'à 37 % de Cr203) que l'on rencontre parfois isolés dans la
mésostase.
Le clinopyroxène est de nature variable. Dans les laves d'affinité alcaline il s'agit
de diopside et de salite alors que dans les laves d'affinité tholeiitique on rencontre
préférentiellement des endiopsides, des augites parfois pauvres en calcium (CaO~i2:%)
voire dans un échantillon des augites subcalciques (éch. 108). Les teneurs en titane sont
faibles, en règle générale de 1 à 2 %, parfois inférieures à 1 % dans les laves tholeiitiques.
Dans la mésostase on retrouve les minéraux précédents accompagnés des oxydes ferro-
titanés et de plages interstitielles feldspathiques ou vitreuses.

0249-6305/85/03011409 $ 2.00 © Académie des Sciences


1410 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985

GÉOCHIMIE. — Dans un diagramme alcalins/silice [13] les points représentatifs se situent


dans le domaine alcalin à l'exception des échantillons 124, 123 et 108 qui se placent dans
le domaine tholeiitique. Les normes C.I.P.W. font apparaître pour ces trois échantillons
des teneurs en hypersthène comprises entre 11 et 18% (2 % de quartz dans
l'échantillon 108) ce qui permet de les définir comme des tholeiites à olivines. Les autres
échantillons plus alcalins montrent soit de l'hypersthène normatif (entre 5 et 10 %) soit

TABLEAU I

Compositions minéralogiques de laves sélectionnées(analyse des minéraux effectuées à la microsonde Camebax


Service commun U.S.T.L., conditions d'utilisation : 15kV, 10nA).
Mineralogical compositions of selected lavas (mineralogicalanalysis by Camebax microprobe,
Service commun U.S.T.L., conditions of utilization: 15kV, 10 nA).

RVV 139 RVV 124 RVV 123 RVV 130 RVV 108.

(<P „F°K Fol* Fo87£ Folf Fo75


olivine

Clinopyroxène
opyroxène

Plagioclase
u u
(">
Fo85
eOlgîîFeïî
Absent
Fo82

Absent
...
Cà|lMg«Feî° CaJfMgSFeïS

Ab^An^Org?
...
Ca^Mg^Fe^
Absent
Ca«Mg4|Fe09 cajiMgjjFeji CafiMgJÏFeiï CaJSMgSFeîi Ca^Mg^Fe"
Absent
Absent

Ab^An|JOrgJ
r tp
Ab|2An67Or01 AbJ3An|5Or02 .^p^Q^ Ab«An«0rgI Ab«An||Or02
Miner, opaques u Usp79 Mag21 Usp63 Mag37 Usp66Mag34
Spinelle. ucp Absent Absent Absent Absent
, . . ...
q>, phénocristaux, n<p, microphénocristaux, u, microcristaux, traces.
...
C. R. Acad. Sc. Paris, t, 301, Série II, n° 20, 1985
TABLEAU
Compositions
THOL
RVV.
SiO2
.124 123 108
THOL THOL
II
chimiques de laves sélectionnées de Raivavae.
Chemical compositions of selected lavas from Raivavae.
130
BTRS
05
BTRS BTRS
01 139
BALC
02
BALC
1411

Fe2O3
A12O3
MnO.
MgO
47,37
11,30
12,64
47,57
11,63
12,86
50,86
14,73
12,25
47,37
11,57
12,10
0,14
48,15
14,55
13,05
47,18
11,57
15,61
44,86
10,27
13,44
0,1.6
46,80
14.00
1,.33

Li
0,13 0,15 0,15 0,16
0,18 0,15

Na2O.
CaO 14,04 13,15 5,22 12,52 6,37 4,44 15,73 7,67

TiO2
8,10.
K2O
P2O5
2,39
0,63
l,96
8,90
2,35
0,46
2,19.
.
9,38
3,00
0,55
9,13
2,34 .
,10,13
2,96
0,55 0,70 0,65
0,66
2,48 2,13
9,08
3,30
: 9,98
2,20
10,60
2,94
0,87

H2O11,19 0.34
5
2,26.. 2,16 2,93 2.80
0,32 0,33 0,36 0,39 0,43 0,37

Co
Rb
0,31 0,48
0,58 1,12 1,35 1,18 0,42 0,99

4
Ba
V.
Cr.
Ni
Sr
TOIAL 100,08 99,91

145
604
206
10
321

63 564
59
359
110

246
65
5


99,31

9
303
92
266
99,57

13
395
193
224
100,29 99,83

368
130
277
16 5 517 5
457
196
342
100,21

249
5

478
234
7

18
99,63

23
565
257
269

Zn
574 758

2,6
202

Cu 74
23

Nenor 376 316 54 284 56 26


69 73

75

79 45

437
74 68 118

[Mg] 0,71 114 123 134 109 120 134 77 81 114

Qznor
121 111
0,49 0,70 0,52
Hynor - — 11,0 12,0
0,70

18,4 10,6 8,4 —

5,4

0,39 0,73
— 3,2
0,58
0,9


Éléments,majeurs (%), éléments en traces (parties par million). THOL, tholeiites à olivine; BTRS, basaltes
transitionnels; BALC, basaltes alcalins. [Mg].= Mg/Fe2++Mg, avec Fe2Ti"/Fe3 +=0,l;5.

de la néphéline. Nous avons donc affaire à des basaltes transitionnels pour les premiers,
alcalins pour les seconds suivant la classification de Feigenson et coll. [14].
groupes magmatiquespdonc
Trois euvent
être tholeiites
discriminés
:
à olivine (ou
quartz), basaltes transitionnels basaltes alcalins. Le rapport Na20/K20 de l'ordre de
: 3,4 dans les laves primaires transitipnnelles ou alcalines tend à être plus élevé dans les
laves tholeiitiques de l'ordre de 4,4 en moyenne. Le rapport [Mg] évolue de 0,73 à 0,39
et indique qu'un processus de différenciation a affecté un certain nombre de laves. On
note en effet dans chacun des groupes une légère évolution des éléments au cours de la
différenciation Âl203,^ N^ augmentent regulièrement de même que Ti02, V et
Zn dans une moindre mesure. Fe2O3 reste sensiblement constant. Sr et Ba tendent à
croître, sauf dans les tholeiites du ils évoluent peu, ce qui peut traduire un fractionnement
de plagiociase par ailleurs abondant dans ces laves. Cu tend à croître avec la différencia-
tion dans le laves alcalines et transitionnelles, à décroître dans les-tholeiites. Ni et Cr
diminuent rapidement avec le rapport [Mg] suggérant un fractionnement d'olivine et de
clinopyroxène, Pour desvaleurs de
[Mg]
comparables
les
trois
groupes
se distinguent
essentiellementpar dés teneurs différente en éléments incompatibles. Les basaltes alcalins

(Rr
se caractérisent par les fortes teneurs en Rb, Sr et Bà'|Rb — 18,;Sr=478, Ba = 249), les
tholeiitgs par les plus faibles Sr=340, Ba ===3.27,5). Les basaltes transitionnels
=340,

ont des teneurs soit intermédiaires soit voisines, de celles des tholeiites. En revanche,
contrairement au cas des laves du MacDonald [15], nous n'observons pas de variations
significatives de TiO2, K2O ou P2O5 ni de certains rapports comme K2O/P2O5,
1412 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985

Al203/Ti02 ou Ti/V ce qui suggère des liens pétrogénétiques étroits entre ces divers
groupes. Si l'on compare les tholeiites de Raivavae à des laves de même nature décrites
en Polynésie, on constate que les teneurs en Rb, Sr, Ba sont tout à fait analogues à
celles des tholeiites du MacDonald et légèrement plus faibles que celles des tholeiites des
Marquises [16]. De même le caractère titané est moins marqué à Raivavae. En ce qui
concerne les laves alcalines, elles sont légèrement enrichies en Sb, Sr et Ba par rapport
aux basaltes alcalins du MacDonald mais relativement appauvries en K, Ti et Sr par
rapport à ceux de Rapa [17].
CONCLUSION.

L'étude pétrographique et géochimique de quelques échantillons de
laves basaltiques de l'île de Raivavae permet de mettre en évidence trois types
magmatiques : tholeiites à olivine, basaltes transitionnels et basaltes alcalins. Les tholeiites
se caractérisent du point de vue minéralogique par la présence de clinopyroxène de type
augite pauvre en calcium et du point de vue géochimique par de faibles teneurs en
éléments incompatibles quoique largement supérieures à certaines tholeiites d'Hawaii [14].
Ces laves d'affinité tholeiitique n'ont été que rarement décrites en Polynésie ([18], [16]).
Elles pourraient correspondre comme à Ua Pou [19] à un volcanisme précoce antérieur
au volcanisme alcalin éventuellement présent sur toutes les îles mais dont les produits
seraient recouverts par ceux de l'épisode alcalin. Elle peuvent aussi correspondre au
même épisode volcanique que les laves alcalines, leur association constituant les produits
classiques de fonctionnement d'un hot spot actif comme cela semble le cas sur les monts
sous-marins MacDonald [15] aux Australes ou Loihi dans l'archipel d'Hawaii [20].
Nous remercions M. Roperch qui nous a fourni certains échantillons. Cette étude a été financée par
l'O.R.S.T.O.M. et l'A.T.P. Pirocéan n° 0693.
Remise le 14 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[20] F. A. FREY et D. A. CLAGUE, Earth Planet. Sc. Lett, 66, 1983, p. 337-355.

H. G. B. : Centre O.R.S.T.O,M, de Papeete/Tahiti


et Centre géologique et géophysique, U.S.T.L., place E.-Bataillon, 34060 Montpellier Cedex;
J.-M. L. : Laboratoire de Petrologie, U.S.T.L:,
place E.-Bataillon, 34060 Montpellier Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985 .
1413

Millot.
PETROLOGIE.
— Classification pétrogfaphique et structurale des ophiolites, écho de
la dynamique des zones de transition croûte-manteau. Incidence sur la nature et la disposition
des corps de chromite associés. Note de Maryse Ohnenstetter, présentée par Georges

Les ophiolites de type I dépourvues de gisement de chromite s'opposent aux ophiolites de type II à zones à
haute potentialité en chromite. Les gisements de chromite réfractaire sont associés à des suites magmatiques
caractériséespar des cumulats riches en plagioclase précoce, alors que les chromitites métallurgiques sont liées
à des cumulats riches en pyroxènes précoces. L'importance des structures diapiriques relictuelles pour la
recherche de zones riches en gisements est soulignée.

PETROLOGY. — Structural and pétrological classification of ophiolites.derived from the dynamics and
nature of,the crust-mantle transition zone. Their importance on the genesis and disposition of associated
podiform chromite deposits.

Type I Ophiolites with no chromite deposit contrast with type II ophiolites having zones of high chromite
potential. Refractory chromitedeposits are associated with magmaticsuites characterized by early plagioclase-rich
cumulates, whereas metallurgicalchromite deposits are linked with earlypyroxene-rich cumulates. Relict diapiric
structures are important in prospectingfor deposit-rich zones.

INTRODUCTION. Les ophiolites apparaissent hétérogènes d'un point de vue pétrologi-



que et structural ([1] à [5]). Il en va de même des gisements de chromitites associés ([6],
[7]). On confronte dans cette Note les différentes classifications des ophiolites et des
chromitites afin de définir des guides de prospection,

I. LES OPHIOLITES. — Une première classificationpétrographique des ophiolites en deux


types [8] oppose les assemblages de Méditerranée occidentale (type I) à ceux de Méditerra-
née orientale (type II) ([1], [8]). Elle rejoint celle de Thayer [9] qui distingue dans les
péridotites alpinotypes, un type Iherzolitique, à l'Ouest du bassin méditerranéen, et un
type harzburgitique, àl'Est [10].
Les ophiolites de type I ont des affinités pétrologiques très étroites avec le manteau
supérieur et la croûte océanique, tandis que le chimisme des ophiolites de type II
s'apparente à celui des ares insulaires immatures et bassins marginaux associés ([2], [8],
[11], [12]) (fig-). Dans les ophiolites de type II, au-dessus du manteau, trois suites
magmatiques A, B et C peuvent être distinguées (tableau I) selon la nature et l'ordre de
cristallisation des minéraux des cumulats ([3], [13]) ou la teneur en Ti02 des liquides
([14], [1]). Là suite plagioclasique (A) est constituée de cumulats à plagioclase précoce
associés à des liquides riches en Ti02. La suite clinopyroxénitique (B) est formée de
xumulats riches en clinopyroxène précoce accompagnés de liquides pauvres en TiOz [3].
La suite orthopyroxénitique (C) comprend des cumulats riches en orthopyroxène précoce
liés à des liquides très pauvres en ti02. La suite plagioclasique serait issue de bassins
marginaux [15], .A les magmas parentaux étant voisins de ceux des basaltes
médio-océaniques [16]. Elle se distingue du magmatisme des dorsales océaniques et des
ophiolites de type I par renriçhissement ou l' appauvrissement sélectif en certains éléments
0249-6305/8'5/0301143 $ 2.00 ©Académie des Sciences

C. R., 1985, 2e. Semestre. (T. 301) Série II — 101


1414 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985
.

traces, dû à l'influence des zones de subduction [12]. Les suites pyroxénitiques (B et C)


seraient liées au développement d'un arc immature [15]. La suite clinopyroxénitique
proviendrait de liquides plus picritiques [17] à rapport CaO/Al203 plus élevé que ceux
de la suite plagioclasique [18]. La suite orthopyroxénitique serait liée à une forte activité
en Si02 des magmas. La mise en place souvent tardive de ce type de suite lors de la
formation des ophiolites [2] est en accord avec l'usage de modèles de fusion à deux stades
[19] qui rend compte de l'appauvrissement progressif du manteau, des lherzolites aux
dunites.
Dans les ophiolites de type II, deux grands groupes structuraux ont été reconnus. Ils
peuvent coexister le long d'une même ceinture de roches vertes ([4], [20]). Dans le premier
groupe (zone centrale de l'Oman, Terre-Neuve) qui présente une organisation relativement
simple [21], les plans remarquables lithologiques et structuraux du manteau et des
cumulats sont subparallèles et peu inclinés. Ce dispositif qui dérive d'un système en
extension serait caractéristique de la structure de la croûte à l'écart de la zone
d'accrétion [22]. Dans le second groupe (Troodos, Acoje aux Philippines), qui a une
organisation plus complexe, le contact manteau-cumulat et le rubanement des cumulats
est oblique sur la structuration du manteau. Celle-ci, subverticale, a été acquise lors de
la remontée diapirique des péridotites au droit d'une zone d'accrétion ([4], [20]). En
s'éloignant de cette dernière, l'organisation interne du dispositif manteau-croûte évolue
et se rapproche de celui du premier groupe structural par suite de la rotation continue
des marqueurs du manteau.
De plus, des ouvertures plus ou moins obliques où se sont superposées, dans le temps
et dans l'espace, des tectoniques en distension et en coulissement ([4], [5], [21]) rendraient
compte de l'orientation extrèmementvariable des marqueurs dans certains massifs ophioli-
tiques.
II. LES CHROMITITES. — Les gisements de chromite sont absents dans le type I des
ophiolites ([1], [8]) de même que dans les péridotites lherzolitiques alpinotypes [9]. Ils
sont restreints au type II des ophiolites dont les liquides sont pauvres en chrome à la
différence de ceux des ophiolites de type I ou des océans [3].
On peut distinguer (tableau II) : (1) des gisements stratiformes au-dessus du Moho
[23]; (2) des gisements de la zone de transition (de 0 à 1 km) sous le Moho et (3) des
gisements intramantelliques profonds ou situés à la limite de lherzolites et de
harzburgites [24]. Ces gisements sont concentrés dans des zones à haute potentialité

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Répartition des différents types pétrographiques d'ophiolites dans un schéma géodynamique. Al et Cr, gisement
ou indice respectivementréfractaire ou métallurgique. 1, ride médio-océanique;ex: Méditerranée occidentale.
2, bassin marginal péri-continental; ex: Pinde, Othrys. 3, bassin intra-arc encadré de deux zones de
subduction ayant la même polarité; ex : ceinture occidentale de Terre-Neuve, Oman, ceinture taurique
médiane. 4, arc immature (a) et bassin intra-arc (6) avec zones de subduction convergentes. Les gisements
nombreux et volumineux sont métallurgiques à proximité de l'arc et réfractaires vers le bassin; ex: a,
Vourinos, Chalkidiki, Troodos, Betts Cove, Josephine; b, Coto, Cuba, Canyon Mountain.
Distribution of the different petrographie types of ophiolite according to geotectonic setting. Al and Cr:
respectively refractory and metallurgical ore deposits or mineral occurrences. 1, mid-oceanic ridge; e.g.: west
Mediterranean area. 2, peri-continental marginal basin; e.g.: Pindos, Othrys. 3, inter-arc basin bordered
by two subduction zones of similar polarity; e.g.: western belt of Newfoundland, Oman, median Taurus belt.
4, immature arc (a) and inter-arc basin (b) with converging subduction zones. Numerous large deposits are
of metallurgicalgrade near the arc and of refractory grade near the basin; e. g.: (a), Vourinos, Chalkidiki,
Troodos, Betts Cove, Josephine; (b), Coto, Cuba, Canyon Mountain.
PLANCHE I/PLATE I MARYSE OHNENSTETTER

Type
I.
Classification pétrographique des

olivine
ophiolites.

ferrogabbronorite; DR, diorite CPX, clinopyroxénite; WEBS, webstérite; ORPYR-orthoyroxénité.


troctolite ; Ol-GAB, gabbro à ; GAB,
Ol,

gabbro

Petrographical classification of ophiolites. 0l, olivine; Opx, orthopyroxene; Cpx, .clinopyroxene;. Pl, plagioclase; DUN,
troctolite; Ol-GAB, olivine gabbro;
olivine

GAB, gabbro, Fe-GAB, ferrogabbro, Pl-WEHR, plagioclase-rich wehrlite; GN gabbronorite, Fe-GN,


ferrogabbronorite; DR, diorite ; CPX, clinopyroxenite ; WEBS, websterite ; ORPYR

Suite
;

Fe-GAB
Opx,
TABLEAU
orthopyroxène,

ferrogabbro ;
Cpx,

Pl-WEHR,

orthopyroxenite.
I

A
Type
clinopyroxène

wehrlite
Pl,

plagifère,
plagioclase,

B
GN gabbronorite
DUN, dunite

dunite; TROCT,
;

;
TROCT

Fe-GN

II

%)
Suite

A1
Suite C

riches TïO
Liquides

(>1,2
Basaltes
en

Ol-Pl.
Basaltes riches
en TiO2 (ï>L2 %)

Ol-Pl-Cpx-Opx
.
A A
Basaltes
pauvres en
.-:.T2''%>TiQi>Ô:6,%
TiO2

(<0,6
Basaltes
très pauvres ;

OI-Opx
Aen Ti02
%)
Cpx-Opx OI-Cpx-Pl-Opx
Opx-Pl Ol-Cpx-

A1 A2 B1 B2 B3 Cpx-Pl

DR C3

GAB
TROCT Cumulats
Fe-GAB Fe-
GAB
GAB Fe-GN
GN OI-GAB
DR Fe-GN
DR
GN DR GN
OI-GN
GN DR

DUN
Ol-GAB Ol-GAB Ol-GAB TROCT Ol-GN WEBS
CPX ORPYR
WEBS
TROCT TROCT. Pl-WEHR
DUN DUN
CPX
DUN CPX
WEHR
DUN WEHR

Kellaki
appauvrie
Manteau. Lherzolite Lherzolite appauvrie à Hârzburgite
Cpx appauvrie à
DUN
Harzburgite

Oman
Métasomatisme
Métasornatisme Pl + Cpx Dunite

Alpes
:

Exemples Corse Terre Neuve Canyon Terre Neuve Vourinos Ceinture Nlle
Calédonie
Long Range . Mountain Point Sal Mings Bight taurique Tasmanie
Apennins Coto Coto Canyon Preston Peak médiane Fidalgo
Othrys Mountain Oman. Mings Bight
Trinity
Oman
Oman
Trinity
Troodos
Acoje
Vourinos
Troodos
Chalkidiki
Thetford
Chalkidiki
Sud
Oman Josephine Vourions Vourinos
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, 1417

La
n° 20,. 1985,

TABLEAU II
The
Caractéristiques pétrographiquesprincipalesides ophiolites et des gisements de chromite associés.

Main
nature des cumulats est indiquée dans le tableau I.
petrographiccharacteristics of ophiolites and associate d'chromite deposits.
nature 0f cumulates is indicated in Table I.

métallogénique allongées parallèlement aux ceintures et qui sont interrompues par des
massifs ophiolitiques pauvres en gisement.
Les gisements intramantelliques sont très riches en Cr203 [24]. Les gisements de la
zone de transition peuvent être réfractaires ou métallurgiques, ces derniers étant les plus
abondants. Les gisements réfractaires (Terre-Neuve, Oman, Canyon Mountain, Coto)
sont associés spatialement à la suite magmatique A et accessoirement à la suite B. Les
gisements métallurgiques sont associés aux suites B et C. Cette répartition implique un
contrôle du rapport A1/Cr des gisements par les magmas ophiolitiques [25] qui vont
alimenter les chambres magmatiques supra-Moho. L'environnement géotectonique des
gisements de composition différente peut être alors précisé compte tenu des caractéristi-
ques géochimiques des suites définies (fig.).
Les gisements sont rares dans le premier groupe structural d'ophiolites et systématique-
ment présents dans le second, les gisements réfractaires étant plus fréquemment associés
au premier (tableau II). Dans chaque massif ophiolitique, l'attitude des gisements dépen-
dra de la superposition des tectoniques liées au diapirisme et à l'ouverture plus ou moins
oblique des bassins.
III. CONCLUSION. — Les guides pétrographiques et structuraux peuvent être employés
tour à tour et quelquefois simultanément lors de la prospection des gisements de chromi-
tes. Les critères pétrographiques portant sur la nature des suites magmatiques apparaissent
1418 CAR. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985

fondamentaux. Ils permettent:


(1) de négliger les ophiolites de type I ayant des affinités avec le magmatisme des
dorsales médio-océaniques pour la recherche des gisements;
(2) inversement, de rechercher les ophiolites de type II qui seraient issues d'un contexte
arc - bassin inter-arc;
(3) d'expliquer la présence de zones à haute potentialité métallogénique;
(4) de suspecter, compte tenu de la nature des suites magmatiques, le domaine de
composition des chromites et l'importance relative des gisements réfractaires par rapport
aux métallurgiques.
Les critères structuraux peuvent aider:
(1) à la délimitation des zones à haute potentialité métallogénique;
(2) compte tenu de la stratigraphie des gisements, à la recherche de structures diapiri-
ques au voisinage desquelles les gisements sont concentrés;
(3) à définir localement la géométrie et l'extension possible des gisements.
Remise le 15 avril 1985, acceptée après révision le 4 novembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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G.I.S., C.N.R.S.-B.R.G.M., Centre de Recherches sur la Synthèse et la Chimie des Minéraux,


1 A, rue de la Férollerie, 45045 Orléans Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985 1419

STRATIGRAPHIE.— Découverte d'Oligocène marin fossilifèreprès de Saint-Jean-de-


Monls (Vendée). Note de Viviane Borne et Jean-Pierre Margerel, présentée par Jean
Aubouin.

Un sondage réalisé près de Saint-Jean-de-Monts (Vendée) a traversé, sous les sables et graviers quaternaires,
fossilifères à
une formation à dominante argileuse comprenant des intercalations de calcaires marneux medicaginula.
« Archiacines ». La partie supérieure des dépôts est caractérisée par la présence de Gyrogona
L'association de foraminifères permet d'attribuer celte formation au Stampien et d'établir une corrélation avec
les dépôts de même type observés dans les bassins de Nort-sur-Erdre et de Saffré (Loire-Atlantique). La
présence, dans le voisinage immédiat, de calcaires éocènes sous les sables et graviers quaternaires, permet de
penser que l'Oligocène de Saint-Jean-de-Monts a été conservé dans un petit graben.

STRATIGRAPHY. — Discovery of fossiliferous marine Oligocene near Saint-Jean-de-Monts (Vendée).


Under Quaternary sands and gravels, clay formation interbedded with "Archiacina'' fossiliferousmarly limestone
had been encounteredin a boring located near Saint-Jean-de-Monts (Vendée). The top of deposits is characterized
by occurrence of Gyrogona medicaginula. The foraminiferal assemblage being Stampien, this formation can be
correlated with the Stampien formations at Nort-sur-Erdre and Saffré (Loire-Atlantique). Proximity of Eocene
limestone underlying the Qualernary sands and gravels suggests a preservation of Oligocene in a smallgraben.

Des dépôts d'âge oligocène sont connus dans l'Ouest de la France, au Nord de la
Loire, la plupart conservés dans de petits grabens. S. Durand [1] a étudié ces bassins où
le Stampien est représenté par des calcaires marneux très riches en Archiacina armonica.
Des calcaires gréseux tendres à Operculina complanata. Nummulites boullei et Miogypsinoi-
des complanatus ont été signalés en Baie de Concarneau [2] et des biomicrites à Peneroplis
armoricus, Discorinopsis et Planulina zigzag au large de Belle-Ile-en-Mer[3]. En revanche,
aucune trace d'Oligocène fossilifère n'avait été décelée jusqu'à présent au Sud de la Loire,
soit en Loire-Atlantique, soit en Vendée, si ce n'est sous forme de petits débris calcaires
très usés à Archiacines remaniés dans des sables redoniens à Falleron (Vendée).
C'est en vue de rejeter les eaux résiduelles d'une piscine dans la nappe salée des
calcaires éocènes, qu'un forage a été réalisé au marteau fond de trou au lieu dit les
Quatre Ails, au Sud-Sud-Est de Saint-Jean-de-Monts (x: 573,75, y: 5.182,45, z:4m;
feuille de Saint-Gilles-Croix-de-Vieà 1/50000) (fig. 1). La présence d'argiles a conduit à
l'arrêter à une profondeur de 40 m. La technique utilisée pour ce forage ne permet pas
de donner une coupe géologiqueprécise d'autant plus que les prélèvements ont été pollués
par des éboulements constants de la couverture sableuse quaternaire. Une coupe sommaire
a pu néanmoins être levée ( fig. 2) :

à la base, de —36 à —32 m. NGF : sable argileux gris beige à quartz blancs mal
classés, moyens à fins, entièrement R M, muscovites et tourmalines;

de —32 m à —29 m. NGF : argile gris vert à intercalations de calcaire marneux
fossilifère. Les minéraux sont représentés par des quartz moins nombreux que précédem-
ment, mieux classés, plus fins et en majorité EM et EL, de la sidérite très abondante, de
la muscovite, de la pyrite et de rares grenats. Les organismes contenus dans le calcaire
marneux sont des fragments de bryozoaires, d'échinides, de gastéropodes, de tubes
calcaires de vers, de lamellibranches, des foraminifères, des ostracodes et des oogones de
Charophytes;

de —29 à —25 m. NGF : argile beige sableuse à intercalations de calcaire marneux
fossilifère. Par rapport au niveau précédent la fraction sableuse est plus importante et
les quartz sont mal classés et plus grossiers avec des E et RM. La tourmaline et la
muscovite sont très abondantes, alors que la pyrite et la sidérite sont plus rares. Il n'y a

0249-6305/85/03011419 $ 2.00 © Académie des Sciences


1420 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985

Fig. 1. — Localisation géographique du sondage.


Fig. 1. — Location map of the boring.

pas de changement notable dans le contenu biologique, si ce n'est une moins grande
diversité;

de —25 à —21 m. NGF : argile verte à intercalations de calcaire beige et de marne
grise fossilifères. Les quartz sont relativement grossiers et mal classés et sont représentés
par des EM. La pyrite et la sidérite sont abondantes et la glauconie en quantité notable.
Les fossiles sont nombreux;

de —21 à —18,50 m. NGF : argile verte et marne grise à intercalations de calcaire
marneux gris fossilifère plus développées que dans le niveau sous-jacent. La pyrite, la
glauconie et la sidérite sont abondantes. La sidérite se présente sous la forme de plaques
concrétionnées;

de —18,50 à —17 m. NGF : argile noire compacte. La fraction quartzeuse est assez
semblable à celle des deux niveaux précédents. La sidérite est moins abondante et se
présente en cristaux fins associés à la pyrite. La glauconie est rare. En revanche, les
tourmalines sont nombreuses. Aucune trace d'organisme n'a été observée si ce n'est des
débris végétaux indéterminables;

de —17 m à la surface : sables et graviers quaternaires.
L'attribution stratigraphique des dépôts fossilifères des Quatre Ails est aisée en raison
de la présence de Peneroplis armoricus d'Arch. qui permet de les rapporter au Stampien.
La faune de foraminifères est constituée par une association bien caractéristique que l'on
retrouve dans tous les sédiments de même âge en Bretagne. Cette faune est encore mal
connue et aucune étude exhaustive ne lui a encore été consacrée. Une analyse sommaire
permet de distinguer deux composantes principales : des Agglutinés de grande taille et
des formes calcaires perforées de petite dimension. Les Agglutinés comprennent peu
d'espèces et parmi elles Discorinopsis kerfornei (Allix) et Clavulina cf. tricarinata d'Orb.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985
1421

Fig. 2. —
Coupe lithologique du sondage.
Fig. 2. —
Lithological description of the boring.

Les autres espèces appartiennent au genre Valvulammina. Les genres les mieux représentés
chez les formes calcaires perforées sont les suivants : Glabratella, Buliminella, Elphidium,
Baggina et Bolivinella. La diversité spécifique est faible et le nombre d'individus très
grand. Ces caractères semblent montrer que les conditions de milieu étaient bien particuliè-
res. L'étude des variations verticales de l'association montre un développement plus grand
des Agglutinés à la partie supérieure de la coupe.
Les ostracodes ne sont représentés que par quelques carapaces à valves jointives dont
la détermination (effectuée par C. Guernet) est difficile. La présence de Hammatocythere
sp = H. trituberculata Ducasse et Rousselle, de Pokornyella cf. pennata Delteil et de Ind.
gen. C sp. Delteil indique un âge oligocène et de nettes affinités paléogéographiques avec
l'Aquitaine.
Si les oogones de Charophytes ont été observés dans tous les" dépôts fossilifères, ce
n'est qu'au sommet qu'ils deviennent abondants avec une très nette domination de
Gyrogona medicaginula Lam.
La comparaison de cette série avec celle reconnue dans un sondage réalisé près dé
Saffré (Loire-Atlantique) [4] met en évidence de grandes similitudes en ce qui concerne
les faciès, mais à Saint-Jean-de-Monts les puissances sont nettement inférieures, et les
dépôts calcaires sont moins importants que les dépôts détritiques.
1422 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série n, n° 20, 1985

CONCLUSION. — La découverte d'Oligocène dans la région de Saint-Jean-de-Monts est


tout à fait exceptionnelle dans la mesure où les nombreux sondages effectués ont toujours
traversé dés calcaires ou des sables de l'Éocène et des dépôts du Crétacé. D'ailleurs, un
forage situé à une distance de 150 m à l'Est a révélé la présence de calcaires fracturés de
l'Eocène sous 13 m de sables et graviers quaternaires. Il faut donc envisager la présence
d'un graben dont il n'est pas possible de préciser l'extension et l'orientation. On peut
toutefois penser que l'orientation est semblable à celle des petits bassins oligocènes de
Bretagne, c'est-à-dire Nord-Ouest - Sud-Est.
L'occurrence de l'Oligocène en Vendée sous des faciès analogues à ceux observés en
Bretagne montre que la mer du Stampien s'est également étendue sur une partie de la
Vendée et a donc eu une extension plus importante que celle qui lui était accordée jusqu'à
présent.
Remise le 4 novembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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géol. min. Bretagne, Rennes, 12, 1960, 389 p.
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phie, Paléoécologie, D.E.A. de Géologie appliquée, Nantes.

Laboratoire de Biogéologie et de Biostratigraphie,


Ensemble Sciences, Université de Nantes,
2, rue de la Houssinière, 44072 Nantes Cedex.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985 1423

GEOLOGIE. — Les dépôts, carbonatés lacustre et palustres du Permien provençal :


A
-
différences et significations, Note de Nadège Toutin-Morin, présentée par Jean Piveteau.
Dans les bassins permiens du Sud-Est de la France, les dépots continentaux détritiques sont variés. Les
carbonates sont rares ; leurs caractères permettent d'opposerles carbone lacustres (bancs, lentilles, septaria).
parfois à restes de microfaune ou d'Algues, aux dépôts palustres, noduleux ou en galettes aplaties, à traces de
racines et analcime authigène. Les premiers s'effectuent dans des plans d'eau calmes et peu profonds, les
seconds indiquent un assèchement en rapport avec un changement climatique. Les uns et les autres sont peu
épais et d'extension réduite dans le temps et dans l'espace.
GEOLOGY. — Palustrine and lacustrine carbonates in the Permian of Provence.

In the permian basins of the Southern of France , continental deposits are varied and detritic material is

predominant. The carbonate facies are rare. Their characteristics oppose the lacustrine carbonates (beds, lens,

septaria), generally wellcristallised


and
sometimes with microfauna or algad debris, and the palustrine deposits,
With nodules, flattened limestones, root traces and authigenic analcite. The firsts are deposited in calm water,
under a thin depth ; the seconds indicate fluctuating lake margins with a climatic change. One another are thin
and their extension is reduced in the time and in the space.

Les dépôts permiens du Sud-Est de la France se sont mis en place dans des milieux
continentaux variés [1].
Les sédiments s'ordonnent en une succession de séquences sédimentaires [1]. En fin de
séquence et/ou dans le centre des bassins, loin des apports grossiers en provenance des
reliefs bordiers, des produits fins se déposent : argiles de plaines d'inondation, argiles,
laminites et psammites de plans d'eau calmes et peu profonds, carbonates lacustres et
palustres. Sur les bords de ces zones humides, les traces de vie et les figures sédimentaires
sont nombreuses [2].
Les dépôts carbonates lacustres et palustres sont envisagés ici, en raison de leur rareté
dans les milieux permiens provençaux où il n'existe d'ailleurs pas de vrais sols calcaires
(caliches).
L'histoire paléogéographique des bassins, entre Can-
I. LES CARBONATES LACUSTRES. —
nes et Toulon, a mis en évidence la présence de lacs, à plusieurs reprises au cours du
Permien.
L'existence de ces plans d'eau se répercute sur l'aspect des produits volcaniques,
abondants dans toute la région : débit en boules de certaines coulées basiques, présence
locale de rétinites, lithophyses ou sphérolites à la base de coulées acides.
Ces lacs, peu profonds, ont permis le dépôt :

de carbonates, en bancs gris plus ou moins foncé, bien cristallisés et pauvres en
quartz détritiques. Peu épais, ils se débitent parfois en plaquettes mais ne présentent pas
de laminations;

de lentilles calcaires gris-noir, à organismes : débris de microfaune indéterminables,
Ostracodes nombreux (fig. 1), dont les deux valves sont parfois en connection (dépôt
sur place), rares fragments de filaments algaires;

de septaria carbonatées dans des argiles ou de concrétions calcaires lorsque le
caractère confiné du milieu s'accentue et que la teneur en carbonates est trop faible pour
permettre la formation de bancs ou même de lentilles.
Tous ces carbonates apparaissentdans des argiles rouges de fin de séquence sédimen-
taire, plus rarement dans des argiles vertes ou dans des grès gris-vert, fins et micacés.

0249-6305/85/03011423 $ 2.00 © Académie des Sciences


1424 C. R. Acad. Sc. Paris, t, 301, Série II, n° 20, 1985

L'installation de lacs, dans la plaine, loin des reliefs, est fréquente dans les bassins
continentaux. La vie se développe dans ces milieux calmes dont les sédiments s'opposent
au matériel détritique déposé par le système fluviatile ([3], [4], [5]).
II. LES DÉPÔTS PALUSTRES. — Entre Fréjus et Vidauban, les dépôts carbonates présentent
des aspects très particuliers.
A l'Est, au sommet des calcaires à Ostracodes, apparaissent des nodules blanchâtres,
de 1 à 2 cm, aux contours irréguliers, que l'on peut expliquer de la manière suivante :
l'existence, pendant un certain temps, d'un lac où vivaient des organismes a permis la
formation de lentilles calcaires à Ostracodes; lorsque le lac a commencé à s'assécher, les
nodules qui correspondentà l'accumulation de carbonates autour de racines de végétaux
se sont formés. La sécheresse se poursuivant, les dépôts carbonatés ont cessé totalement.
A plusieurs reprises s'individualisent des galettes calcaires, de ,3 à 15 cm, dans des
niveaux argileux bruns, ou dans des bancs de grès gris-vert. Ces galettes aplaties présentent
des fentes radiales sur le côté bombé; à partir de ces fentes, on observe parfois des zones
concentriques, dé 1 à 2 cm, qui correspondent à l'emplacement de tiges de végétaux, sans
doute des Roseaux (fig. 2). Par endroits, et seulement dans les grès, les galettes sont
corrodées et plus ou moins creuses (corrosion en milieu réducteur, postérieure à leur
formation) mais leurs contours restent très nets (fig. 3). Dans le fond de calcite fine qui
les constitue se distinguent des fissures remplies de calcite plus largement cristallisée,
associée à de l'analcime authigène, en trapézoèdres de 50 à 200 u. (fig. 4). Ce silicate
sodique apparenté aux zéolites est ici néoformé. Plusieurs processus peuvent conduire à
sa formation (épigenèse, réaction des sels dissous dans les eaux du lac, etc.), mais tous
sont en rapport avec la présence de cendres ou de verres volcaniques ([6], [7], [8]). Les
épisodes volcaniques sont fréquents au Permien dans toute la région provençale, en
particulier dans l'Estérel et le Bas-Argens : coulées volcaniques acides et basiques, cendres,
cinérites, tufs, tuffites, quartz corrodés, échardes et billes de verre. La présence d'analcime
n'est donc pas surprenante ici.
Nodules et galettes calcaires à analcime sont caractéristiques des milieux palustres bien
distincts du domaine lacustre ([4], [5], [9]). Ils correspondent à la frange bordière de plans
d'eau soumise à l'assèchement en raison de la baisse du niveau lors des phases de
sécheresse qui alternent avec les périodes humides et les pluviosités violentes de ce climat
chaud qui règne au Permien dans le Sud-Est de la France [10].

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Fig. 1.

Ostracode dans un calcaire microcristallin à plages plus largement cristallisées et quartz épars
(Gx200).
Fig. 1. — Ostracode in a micritic limestone with large crystallized zones and some quartz (M x 200).
Fig. 2. —
Galettes calcaires à traces de tiges de Roseaux.
Fig. 2. —
Flattened limestones with traces of stems (reeds).
Fig. 3. —
Galettes calcaires corrodées dans des grès gris-vert.
Fig. 3. —
Corroded and flattened limestones in green sandstones.
Fig. 4. - Cristaux d'analcime authigène dans un fond de calcite (G x 150).
Fig. 4. —
Crystalsofauthigenic analcite in fine calcite (M x150).
PLANCHF I/PLATE I NADÈGE TOUTIN-MORIN
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985 1427

III. ORIGINE DES CARBONATES. — Dans une sédimentation détritique comme celle du
Permien provencal, les carbonates sont rares. Leur apparition constitue un événement
dont les causes peuvent être dues à plusieurs facteurs.
1. Le volcanisme. Il ne semble pas que les émissions de coulées basiques soient

suffisantes pour expliquer l'enrichissement des eaux en ions Ca++ et CQ^~. Elles y ont
contribué mais le plus souvent, l'apparition des carbonates ne coïncide pas avec ces
émissions. En revanche, le volcanisme peut jouer un rôle non négligeable en influant sur
la température.
2. La température. — Dans les lacs, le calcaire précipite par différence de température
entre les eaux des lacs, plus chaudes, et les eaux plus froides des cours d'eau parfois
torrentiels qui s'yjettent; le phénomène s'effectue d'autant plus facilement que la tempéra-
ture est plus élevée [11]. Le réchauffement des eaux du lac peut être provoqué par les
éruptions volcaniques, basiques et surtout acides, nombreuses à cette époque.
3. Les organismes. — Trois types jouent un rôle ici :

les fermentations bactériennes entrent en jeu dans la précipitation des carbonates
dans les lacs riches en matière organique et dans lesquels les teneurs en C02 et SH2 sont
fortes (marécages); elles conduisent alors au dépôt de calcaires noirs ou de dolomies et
la dolomitisation, pénécontemporaine de la sédimentation, sera d'autant plus facile que
les eaux seront plus chaudes et le milieu plus confiné;

les Algues se développent dans les lacs et leur prolifération à la surface de l'eau, à
certaines périodes de l'année, provoque l'apparition des « fleurs d'eau »; l'absence de
laminations dans les carbonates permiens montre qu'elles n'ont jamais été très abondantes
ici;

les organismesfixent le carbonate de chaux dans leur squelette; les mieux représentés
dans la région sont les Ostracodes.
4. Le confinement. — Le caractère confiné du milieu augmente au cours du développe-
ment d'une formation sédimentaire et tout au long du Permien, et, avec lui, la basicité
au fur et à mesure que les bassins se comblent pour atteindre leur stade de maturité, en
fin de cycle sédimentaire. Ainsi, les teneurs en CaO, en baryum et en strontium s'élèvent
tandis que les indices d'assèchement se multiplient et que les apports s'affinent à cause
de l'abaissement des reliefs bordiers.
5. Le climat.

Relativement chaud et à saisons contrastées au début du Permien, il
devient franchement aride au début du Trias avec l'installation de regs à dreikanters.
Cette évolution progressive se traduit par l'assèchement des lacs et la formation de
nodules et de galettes calcaires autour des tiges de végétaux aquatiques.
CONCLUSIONS.

Le Permien provençal présente de rares intercalations carbonatées
qui sont des accidents dans la sédimentation détritique prédominante dans la région. Les
unes sont des dépôts lacustres, les autres correspondent à des milieux palustres installés
en bordure des précédents.
La précipitation des carbonates semble favorisée ici par l'augmentation de la tempéra-
ture des eaux, due en partie aux éruptions volcaniques, par la présence de certains
organismes (Bactéries, Algues, Ostracodes) et par l'augmentation du confinement du
milieu, donc de la basicité.
Le passage des niveaux lacustres aux dépôts palustres montre ainsi la réduction et
l'assèchement des lacs en raison de l'aridification progressive du climat au cours du
Permien.
Remise le 4 novembre 1985.
1428 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] N. TOUTIN-MORIN et J. DELFAUD, Évolution du remplissage continental du bassin tardi-orogéniquedu


Bas-Argens (Provence, France), 5e congrès européen de Sédimentologie, Marseille, 1984, p: 439-440.
12] N. TOUTIN, Traces, figures et empreintes dans un milieu sédimentaire continental : l'exemple du Permien
du Sud-Est. de la France, Arch. des Sciences Genève, 35, fasc. 2, 1982, p. 117-126..
[3] I. ARMENTEROS, The Miocene of the Southeastern Duero basin (Spain): a model of continentalfluvio —la-
custrine sedimentation, 6th European regional meeting of sedimentology, Lleida, 1985, p. 22-25.
[4] P. FREYTET et J.-Cl. PLAZIAT, Les redistributions carbonatées pédogénétiques (nodules, croûtes,
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Bull Centre Rech. et Exploration Elf-Aquitaine, 8, n° 1, 1984, p. 223-247.
[6] M. DONSIMONI et D. GlOT, Les calcaires concrétionnés lacustres de l'Oligocène supérieur et de l'Aquita-
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[7] D. GIOT et C. JACOB, Présence: d'analcime et de clinoptilolite (zéolites) dans les formations sédimentaires
oligocènes de la Limagne de Clermont-Ferrand(Puy-de-Dôme), Comptesrendus, 274, série D, 1972, p. 166-169.
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[9] P. FREYTET, Caractères distinctifs et essai de classification des carbonates fluviatiles,lacustres et palustres,
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[10] N. TOUTIN-MORIN, Le contexte climatique du Sud-Est de la France pendant le Permien, Géochronique,
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[11] A. CAROZZI, Pétrographie des roches sédimentaires,Griffon, Neuchâtel, Suisse, 1953, 250 p.

Laboratoire de Géologie-Géôchimie, U.A.-C.N.R.S., n° 725,


parc Valrose, 06034 Nice Cedex.
C. R. Acad, Sc.-Paris, t. 301, Série II, n° 20,-1985 1429

GÉOLOGIE. — La transgression du Cénomanien supérieur-Turonien inférieur dans la


région de Jaén (Nord du Pérou) ; données sédimentologiques et stratigraphiques; découverte
du premier saurien marin du Pérou. Note de Etienne Jaillard, Arturo Cordova, Jean-Michel
Mazin et Thomas Mourier, présentée par Jean Aubouin.

Dans la région de Jaén, la transgression du Cénomanien terminal est marquée d'abord par la progradation
vers l'Ouest du delta oriental, puis par un approfondissement relatif en deux étapes principales. Elle atteint
sonmaximum au Turonien inférieur. Des restes de Plésiosaurien ont été découverts à la limite Cénomanien-
Turonien.

GEOLOGY- — The upper Cenomanian-Lower Turonian transgression in the Jaén area (Northern Peru):
Sedimentological and stratigraphical data, and discovery of the first marine Saurien reported in Peru.

In the Jaén the uppermost Cenomanian transgression.is characterized,first by the westwardprogradation


of the easternarea,
delta, then by two major stages of relative deepening. Its maximum occurs in the lower
Turonian. Remains of Plesiosaurian were discovered at the Cenomanian-Turonianlimit.

INTRODUCTION. On considère classiquement ([1], [2]) que la paléogéographie crétacée



des Andes péruviennes est régie par des structures subparallèles à l'axe actuel de la
chaîne. La partie orientale du Bassin ouest-péruvien est constituée par une plate-forme
peu profonde bordée par le géanticlinal du Maranon, haut-fond qui le sépare du bassin
est-péruvien à sédimentation essentiellementdeltaïque,
Dans le Nord de la plate-forme ouest-péruvienne, la stratigraphie du Crétacé a été
établie par Benavides [1] (fig.). La série crétacée commence par un Néocomien gréseux
et se poursuit par les termes carbonatés de la transgression albienne, A partir de l'Albien
supérieur et au cours du Cénomanien s'installe une plate-forme carbonatée à algues dont
les séquences régressives sont souvent émersives et soumises à l'influence deltaïque du
bassin est-péruvien. Le Cénomanien terminal et le Turonien inférieur sont représentés
par une série marneuse : le groupe Quillquinan, divisé en une formation Romiron
(Cénomanien terminal) et une formation Conor (Turonien inférieur) [1]. Vers le Turonien
moyen s'installe une deuxième plate-forme carbonatée (formation Cajamarca, [1], [3], que
surmontent les marnes transgressives coniaciennes et santonniennes de la formation
Celendin [1], [4]).
Dans la région de Jaén (fig.), la série crétacée était mal connue. La coupe du Pongo
de Rentema, où le groupe Quillquinan est particulièrement bien exposé et a fourni des
restes de plésiosaurien, permet d'apporter des précisions sédimentologiqueset stratigraphi-
ques sur la transgression du Cénomanien supérieur-Turonien inférieur.
LE GROUPE QUILLQUINAN surmonte les dépôts intertidaux de la plate-forme cénoma-
nienne. Trois mégaséquences y sont reconnues (fig.),
LA PREMIÈRE SÉQUENCE (50 à 80 m) débuté par des marnes gréseuses à bivalves et gros
gastéropodes, riches en glauconie, traces charbonneuses, soufre, pyrite et gypse secondai-
res, intercalées de calcaires argilo-gréseux lumachelliques à huîtres. Elle se termine par
un niveau de grès peu ou pas calcaire montrant de gros terriers à traces de fuite, des
traces de racines et des fentes de dessiccation. En allant vers le SW, ce banc montre des
figures de milieu medio- à supralittoral (chenaux, flaser-beddings, croûtes calcaréo-
gréseuses) puis infralittorales (stratifications obliques de progradation vers l'Ouest) (fig.).
Il s'agit d'une séquence de comblement dont la base, transgressive, marque l'ennoiement
de la plate-forme cénomanienne et le retour à des conditions franchement marines, tandis

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C. R.. 1985, 2e Semestre (T. 301) Série II — 102


1430 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985

que le sommet traduit la progradation du delta Agua Caliente qui occupe alors le bassin
est-péruvien [5].
LA DEUXIÈMEMEGASÉQUENCE(300 à 350 m) commence par des séquences marno-calcaires
finement gréseuses contenant du gypse secondaire, mais où le soufre, la glauconie et le
charbon sont absents. Elles reflètent un milieu circalittoral assez profond, confiné, soumis
à de sensibles apports terrigènes. Plus haut, le quartz détritique, les lumachelles à huîtres
et localement le gypse diminuent progressivement, tandis que les calcaires noduleux
(wackestones clairs à fins bioclastes) sont moins argileux, l'ensemble traduisant un milieu
circalittoral plus distal et ouvert. Le sommet de la séquence est marqué par le retour à
un milieu de vasière très confinée et peu profonde : des marnes brunes, noires puis bleues
riches en soufre et gypse secondaires, traces charbonneuses et lumachelles alternent avec
des calcaires marneux affectés de fentes de dessiccation. Il s'agit donc d'une séquence de
comblement dans laquelle les apports terrigènes fins sont encore très abondants.
Outre la fréquence de plusieurs espèces d'Acanthoceras dans toute la séquence, la
présence à son sommet de Broggiceras sp (det. Ingemmet), et celle, plus au Sud [1], de
Neolobites vibrayeanus (=N. kummeli (Benavides)) de la zone à M. geslinianum indiquent
un âge cénomanien terminal pour cette séquence [1]).
LA TROISIÈMESÉQUENCE (250 m) débute par des marnes de milieu calme, ouvert et assez
profond qui marquent le maximum de la transgression. A la base abondent les ammonites,
les gros bivalves et les oursins, qui font place progressivement aux gastéropodes, pectens
et huîtres. La séquence se poursuit par la progradation de la plate-forme carbonatée très
calme, ouverte et peu profonde de la partie inférieure de la formation Cajamarca
(mudstones, quelquefois wackestones à petites gastéropodes, fins bivalves, algues et
foraminifères planctoniques).
La présence de Mammites nodosoides, de Coilopoceras jenksi, et de Inoceramus labiatus
(det. Ingemmet) dans le tiers médian de cette séquence, indique un âge turonien inférieur.
DÉCOUVERTE DE RESTES DE PLÉSIOSAURIEN. — On peut donc situer le sommet de la
deuxième mégaséquenceà la limite Cénomanien-Turonien. C'est sur la surface craquelée
par dessication d'un des derniers bancs de cette séquence, le long de la route Jaén-
Nazareth à 1,5 km au Nord de Rentema, qu'ont été trouvées, côte à côte mais déconnec-
tées, cinq vertèbres de Plésiosaure (Reptilia, Sauroptérygia) qui constituent les premiers
restes de reptile marin crétacé découverts au Pérou. Ces vertèbres sont conservées au
Musée Javier Prado de Lima, mais l'une d'elle a été envoyée à Paris pour étude.
Elles peuvent être attribuées à un élasmosauridé (Sauroptérygia, Plésiosauria). Il s'agit
de vertèbres cervicales, probablement de la région antérieure du cou. Le centrum est
encore assez court (L = 53 mm, 1 = 79 mm, H = 63 mm) et ses faces antérieure et postérieure

EXPLICATIONSDE LA FIGURE

Coupes du groupe Quillquinan dans la région de Jaén. En cartouche : A, plan de situation; B, stratigraphie
du Crétacé d'après la coupe du Pongo de Rentema. Légende : 1, calcaires massifs; 2, calcaires en bancs; 3,
marnes; 4, grès; 5, structures de dessiccation; 6, birdseyes et structures fenestrées; 7, laminations intertidales;
8, stratifications obliques; 9, lumachelles; 10, glauconie; 11, gypse secondaire; 12, vertèbres de Plésiosaure.
Quillquinan group sections in the Jaén area. Inset: A, location map; B, cretaceousstratigraphy, after the Pongo de
Rentema section. Legend: 1, massive limestones; 2, bedded limestones; 3, marls; 4, sandstones; 5, dessiccation
structures; 6, birdseyes and fenestrae; 7, intertidal laminations; 8, cross-bedding; 9, shell beds; 10, glauconite;
11, secondarygypsum; 12, plesiosaurs vertebrae.
CR. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985 1431
1432 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985

sont presque planes. Les zones articulaires pour les côtes sont massives, très proéminentes
et uniques.
Au Crétacé, les plésiosaures sont abondants et ubiquistes puisqu'on les trouve en
Europe, Amérique, Asie, Nouvelle-Zélande, Australie. Au sein des Plésiosaures, des
élasmosaures se caractérisent par un très fort allongement du cou et une réduction de la
tête. Ce sont des animaux de haute-mer. Il s'agit donc ici vraisemblablementd'un individu
échoué en zone littorale ou sur un haut-fond. Bien que disloqué, le spécimen ne présente
aucune trace de transport (roulage) ni de prédation.
Les restes de Sauroptérygiens ne sont pas rares dans le Crétacé sud-américain, mais ils
sont le plus souvent très fragmentaires. L'espèce la mieux connue est Alzadasaurus
colombiensis Welles, 1962, provenant de l'Aptien inférieur de Loma de Catalina (Colom-
bie) [6]. D'autres restes, souvent des vertèbres isolées, ont été signalées dans le Turonien
d'Altagracia de Orituco (Monagas, Venezuela), dans le Maastrichtien d'Algarrobo et de
l'île de Quiriquina (Chili), ainsi que dans le Campanien moyen des îles Vega et James
Ross (Antarctique) [7].
CONCLUSION. — Dans la région de Jaén, l'ennoyage de la plate-forme cénomanienne
par la transgression du Cénomanien terminal, est suivi d'abord par la progradation du
delta oriental, puis par un nouvel approfondissement.Après un comblement rapide dû à
l'importance des apports terrigènes dans cette région, le maximum transgressif est atteint
au Turonien basai et précède l'installation d'une nouvelle plate-forme carbonatée au
Turonien moyen-supérieur. La découverte d'un Sauroptérygien à la limite Cénomanien-
Turonien confirme d'une part l'ouverture du milieu vers la mer, et d'autre part la grande
extension géographique de ces animaux.
Remise le 1er juillet 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] V. BENAVIDES,Amer. Mus. Nat. Hist. Bull, New York, 108, 1956, p. 252-494.
[2] J. J. WILSON, Amer. Ass. Petrol Geol. Bull, 47, n° 1, 1963, p. 1-34.
[3] E. JAILLARD, Bull. Inst. Fr. Et. And., Lima, XIV, n° 1-2, 1985, p. 49-56.
[4] T. MOURIER et coll., Bull. Soc. Geol. Fr., Paris (sous presse).
[5] A. RODRIGUEZ et A. CHALCO, Bol. Soc. Geol. Peru, Lima, 45, 1975, p. 187-212.
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[7] R. A. DEL VALLE et coll., Inst. Antartico Argentino, Contribution 212, p. 1-13.

E. J. :Laboratoire de Géologie alpine associé au C.N.R.S.,


Institut Dolomieu, 38031 Grenoble Cedex;
A. C. et T. M. : Institut français d'Études andines, Casilla 278, Lima 18, Pérou;
J.-M. M. : Laboratoire de Paléontologiedes Vertébrés et de Paléontologiehumaine,
Université Paris-Vl, 4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05.
C. R. Acad. Sc. Paris, t, 301, Série II, n° 20, 1985 1433

VOLCANOLOGIE.— Émission de microparticulessilicalées dans l'atmosphère méditer-


ranéenne par le panache permanent de l'Etna en activité modérée. Note de Roger Lefèvre,
Annie Gaudichet et Marie-Annick Billon-Gailand, présentée par Jean Aubouin.

L'activité permanente de l'Etna met en circulation atmosphérique des particules minérales dont certaines de
granulométrie très fine (0,1 à 20 um) peuvent être largement dispersées sur le bassin méditerranéen. A côté de
particules non silicatées, on observe des silicates cristallisés (feldspaths) ou amorphes. Ces derniers sont soit
des microesquilles ou des filaments étirés, soit des microsphérules que leur morphologie et leur granulométrie
rapprochent des cendres volantes industrielles (fly-ash) et de certaines microparticules recueillies dans la
stratosphère. Les verres esquilleux sont hypersiliceux, les microsphérules sont de composition chimique variée,
ce qui nous amène à discuter leur genèse à partir d'un magma basique.

VOLCANOLOGY.— Emission of silicatemicroparticles in the mediterranean atmosphere by the permanent


plume of Mount Etna in moderate activity.
The permanent activity of Mount Etna gets in atmospheric circulation mineral particles, their granulometry
allowing extended dispersion onto mediterranean bassin. In addition of non-silicate particles, we observed in the
filtered plume, crystallizedfeldspars or amorphoussilicates. Silicate glasses are shards or filaments, or microsphe-
rules with a morphology and a granulometry like industrialfly-ash or stratospheric microparticles. Shards are
hypersiliceous, microspheruleshave various compositions. Their genesis from basaltic magma is discussed-

La composition chimique élémentaire et le flux des émissions de matière minérale par


le panache permanent de l'Etna en activité modérée ont été étudiés à plusieurs reprises
([1] [2]). Ces études ont bien démontré que l'Etna.est une source majeure d'aérosols pour
l'atmosphère méditerranéenne.
L'évaluation de la contribution minérale des volcans à l'atmosphère suppose la détec-
tion d'objets suffisamment fins pour avoir un temps de résidence atmosphérique assez
long, de façon à y jouer un rôle significatif. Les plus gros objets, émis par les manifesta-
tions explosives, retombent rapidement en pluies de cendres sur le volcan ou alentour [3].
Par contre, nous montrons que l'activité permanente de l'Etna, sans explosion spectacu-
laire, met en circulation atmosphérique à plus de 3000 m d'altitude des particules minéra-
les dont la granulométrie très fine permet une large dispersion sur le bassin méditerranéen.
Cette fine granulométrie (de 0,1 à 20 um) suppose des techniques de prélèvement et
d'analyse spécialement adaptées.
1. CONDITIONS ET TECHNIQUESDE PRÉLÈVEMENT. — Des prélèvements ont été effectués
dans le panache du cratère central de l'Etna (Bocca Nuova, 3 300 m environ) en octobre
1984. Les conditions météorologiques étaient normales pour la saison : vents d'W rabat-
tant faiblement le panache, absence de nuages. Le panache a été capté à sa sortie du
cratère au moyen d'une canne souple avançant de 4m dans le vide et y plongeant de 1 à
2m. La canne portait à son extrémité une tête de prélèvement équipée d'un filtre
« Nuclépore » de porosité 0,4 um. Un tuyau souple, conduit par la canne, reliait la tête
de prélèvement à une pompe électrique débitant 1 m3/h.
2. MÉTHODES DÉTUDE DES PRÉLÈVEMENTS. — Le contenu de secteurs découpés dans les
filtres « Nuclépore » est transféré sur grilles en or, selon une technique mise au point au
Laboratoire d'Étude des Particules inhalées [4].
Notre méthode d'étude principale est la Microscopie électronique en transmission (mor-
phologie, granulométrie et comptage des particules sur microscope « Jeol 100 C »), couplée
à la sélection des Énergies des rayons X émis (analyse chimique élémentaire par détecteur
« Edax 711 ») et à la Microdiffractionélectronique ([5], [6]). Cette dernière permet de plus
la discrimination immédiate entre particules amorphes et cristallisées.

0249-6305/85/03011433 $ 2.00 © Académie des Sciences


1434 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20,1985

Nous avons complété nos études par des observations directes des filtres au Microscope
électronique à balayage (microscope « Jeol-Jem 840 ») [7] elles-mêmes couplées à des
microanalyses par sélection des Energies des rayons X (détecteur « Tracor 5 500 ») [8].
3. RÉSULTATS. — La microscopie électronique en transmission analytique montre la

de
prédominance des composés non silicatés sur les silicates. Parmi les premiers se trouvent

TABLEAU
Microanalyse par sonde électronique (« Jeol 100C » et « Edax 711 ») de trois verres volcaniques esquilleux (A,
B, C) et de cinq verres volcaniques microsphériques (D à H) dans le panache permanent de l'Etna. La
composition chimique moyenne (m) de laves et téphras récents de l'Etna [18] est donnée à titre de comparai-
son. L'analyse B correspond au verre de la figure 2, planche, C et D au verre lamellaire et à la microsphérule
de la figure 3, planche, et E à la microsphérule de la figure 4, planche.
Electron microprobe analysis ("Jeol 100C" and "Edax 711") of three shards of volcanic glass (A, B, C) and of
five microspherules of volcanic glass (D to H) filtered in the permanent plume of Mount Etna. The mean
chemical composition (m) of recent lavas and tephras of Mount Etna [18] is given for comparison.. Analysis B
corresponds to the glass of Figure 2, Plate; C and D to the lamellar glass and the microspherule of Figure 3,
Plate and E to the microspherule of Figure 4, Plate.
Laves
Verres volcaniques et
esquilleux Microsphérulesvolcaniques vitreux téphras
l'Etna
A B C D E F G H m
SiO2 92,5 92,8 94,2 90 88,5 86,1 64,1 48,3 47,8
A12O3 3,4 2,8 3,7 3,4 2,4 1,5 3,6 14,5 17,3
FeO + Fe203 1,3 1,6 0,7 2,6 2,5 6,1 9,5 11,3 10,8
MgO 1 0,1 0 0 1,5 0 2,9 2,6 5,2
CaO 0,1 2 0 0 0 1 6,3 6,4 10,4
Na,0 0 0,5 0 0 0 0 3,9 2,2 4,0
K2O 1 1,7 1,2 2,5 1,9 2,1 5,5 11,5 1,7
Ti02 0,2 0 0 1,2 2,6 2,5 3,9 2,6 1,7
MnO 0,1 0 0 0 0,3 0 0 0

TOTAL 99,6 101,5 99,8 99,7 99,7 99,3 99,7 99,4 99,1

EXPLICATIONSDE LA PLANCHE

Microscopie électronique en transmission (MET) et à balayage (MEB) des microparticules captées dans le
panache permanent de l'Etna.
Transmission electron microscopy (TEM) and scanning electron microscopy (SEM) of microparticlesfiltered in
the permanent plume of Mount Etna.
Fig. 1. — Verre volcanique filamenteux sur fond de microparticules de condensation. Filtre « Nuclépore » non
lavé (MEB).
Fig. 1. — Filament of volcanic glass and condensation microparticles. Not washed "Nucleopore"filter (SEM).
Fig. 2. — Esquille de verre volcanique hypersiliceuxen lamelle dentelée (analyse B du tableau) (MET).
Fig. 2. — Hypersiliceous shard of volcanic glass (analysis B, Table) (TEM).
Fig. 3. — Verre lamellaire et microsphérule hypersiliceux(analyses C et D du tableau) (MET).
Fig. 3. — Hypersiliceous lamellarglass and microspherule (analysis C and D, Table) (TEM).
Fig. 4. — Microsphérule hypersiliceuse(analyse E du tableau), feldspaths (I et J) et particule ferro-titanée(K)
(MET).
Fig. 4. — Hypersiliceous microspherule (analysis E, Table), felspars (1 and J) and Fe-Ti particle(K) (TEM).
Fig. 5. — Microsphérule (MEB).
Fig. 5. — Microsphérule(SEM).
Fig. 6. — Microsphérules (MET),
Fig. 6. — Microspherules(TEM).
Fig. 7. — Spectre des énergies des rayons X (EDAX), cliché au MET et diagramme de microdiffraction
électronique de particules ferrifères cristallisées(hématite?).
Fig. 7. — X-ray energy dispersive spectrum (EDAX), TEM micrographand electron microdiffractionpattern of
crystallizedFe microparticles(haemalite?).
PLANCHE I/PLATE 1 ROGER LEFÈVRE
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985 1437

des oxydes, sulfates, chlorures de Fe, Ti, Cu, Na, K, etc. (fig. 1, 4K et 7, pl.) dont
l'étude n'était pas notre propos, mais que d'autres auteurs ont décrits à l'Etna sur les
parois de tubes en silice utilisés comme condensateurs des produits volatils [9]. Parmi les:
silicates, les minéraux cristallisés sont des feldspaths (fig. 41 et J, pl.) surtout des plagiocla-
ses, accessoirement des feldspaths sodi-potassiques. Les phases silicatées amorphes, quant x
à elles, se présentent sous deux formes : esquilles et filaments étirés (verres volcaniques A:
classiques) (fig. 1, 2 et 3C, pl.) et microsphérules (fig. 3D, 4E, 5 et 6, pl.) que: leurs A
caractéristiques morphologiques et granulométriques rendent tout à fait comparables aux
cendres volantes industrielles (fly-ash) [10] ou encore à certaines particules recueillies dans:
la stratosphère [11]. La taille de ces microsphérules du panache de l'Etna est généralement
comprise entre 0,1 et 5um.
Les compositions chimiques des microesquilles et des microsphérules ne varientpas de
la même manière. Les premières sont toujours hypersiliceuses, par contre, les secondes
ont des compositions extrêmement variées (98 à 48% de Si02). Le tableau donné trois
compositions typiques des microesquilles volcaniques choisies parmi 20 analysées et
5 compositions typiques de microsphérules choisies parmi 68 analysées.

4. DISCUSSION. —
Les conditions-mêmes et les précautions entourant nos prélèvements
(flux ascendant important capté dans le panache sous les bords internes du cratère)
excluent le recueil de produits anciens variés accumulés sur les flancs externes du volcan
et remobilisés par le vent. Par contre, une remobilisation à partir des parois internes du
cratère n'est pas exclue; cependant, la fraîcheur de nos verres contraste avec l'aspect
altéré et jaunâtre macroscopiquement de ceux que mobilisent les explosions violentes et
dont on sait qu'elles projettent, à côté de verres juvéniles, des matériaux anciens de
l'édifice volcanique effondrés sur le magma ou arrachés au passage des projections
d'origine plus profonde[3]. De plus, les granulométries des produits sont radicalement:
différentes : 120 um en moyenne pour les produits d'émissions violentes recueillis à 12km
du cratère central [3], 10 um en moyenne pour nos produits, captés dans le panache
permanent. La variété des compositions chimiques des microsphérules vitreuses et leur ;
tendance hypersiliceuse contrastent avec la monotonie chimique et minéralogique des
laves et des verres inter et intracristallins de type basaltique alcalin émis par l'Etna dans
ses coulées latérales récentes ([3], [12], [18]).
Trois processus pourraient tout de même expliquer les hétérogénéités chimiques obser-
vées. Premièrement, l'arrivée dans les laves du cratère de xénolithes siliceux pris au
substratum sédimentaire du volcan et non assimilés par le magma basique; c'est le
processus invoqué pour expliquer la présence d'enclaves rhyolitiques dans certaines
manifestations etnéennes [13]. Deuxièmement, un début de démixion du magma précédant
ou accompagnant la cristallisation des premiers minéraux des laves. Un tel processus a;
déjà été invoqué à propos des verres basaltiques de l'Etna pour expliquer la libération:
de microsphérules hypersiliceuses par altération hydrothermale expérimentale
prolongée [14]. De telles microsphérules seraient, par conséquent, préexistantes dans le
magma et seraient émises lors du dégazage de sa surface. Quant aux microesquilles
vitreuses, on sait qu'elles sont classiquement interprétées comme des fragments provenant
de la paroi de bulles éclatées et trempées à l'air. Enfin, troisième processus possible, la
similitude morphologique qui existe entre nos microsphérules et les cendres volantes
industrielles émises par les panaches des cheminées des centrales thermiques peut faire
envisager l'hypothèse d'une surélévation importante de température à l'interface magma-
atmosphère, par combustion des gaz volcaniques dans l'air, entraînant une évaporation
1438 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II,. n° 20, 1985

ou une sublimation différentielles des silicates, suivies d'une condensation par conversion
gaz-particules, la granulométrie de nos microsphérules étant compatible avec ce qui est
communément admis pour les produits d'une telle conversion. Cette dernière hypothèse
semble la plus plausible.
5. CONCLUSION. — Une possible origine volcanique pour des microsphérules ressem-
blant aux cendres volantes industrielles et recueillies dans les glaces antarctiques a déjà
été évoquée sans être démontrée [15]. La fraction magnétique de sphérules recueillies sur
les flancs de volcans péripacifiques a été étudiée en grand détail [16] mais ne présente pas
d'analogies morphologiques ou chimiques avec ceux que nous décrivons ici. Par contre,
de telles microsphérules ont été observées dans les dépôts de cendres émises par le Mont
St. Helens lors de son éruption du 18 mai 1980 mais ont été attribuées à une contamina-
tion industrielle [17]. D'autre part, des microsphérules ont aussi été décrites dans les
téphras d'Hawai[19]. Nous apportons la démonstration directe de l'émission de microsphé-
rules volcaniques dans l'atmosphère, susceptibles, du fait de leur fine granulométrie,
d'être dispersées très largement. Nous pensons ainsi tenir avec elles les traceurs atmosphéri-
ques de l'activité de l'Etna que nous recherchions, à condition de pouvoir les distinguer
sans ambiguïté — par exemple par leurs éléments traces — des fly-ash industrielles dont
l'Europe est un grand pourvoyeur sur le bassin méditerranéen.
Remise le 21 octobre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] P. BUAT-MENARDet M. ARNOLD, Geophys. Res. Lett, 5, 1978, p. 245-248.


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R. L. et A. G. : Laboratoire de Microscopieanalytique appliquée aux Sciences de la Terre,


associé au C.N.R.S. (U.A. 717), Université Paris-XIl, 94010 Créteil;
A. G. et M. A. B. G. : Laboratoire d'Étude des Particules inhalées,
44, rue Charles-Moureu, 75013 Paris.
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985 1439

PÉDOLOGIE. Sur l'hydrodynamique d'une solution idéale dans un milieu poreux



non saturé. Analyse de la loi de Darcy et de la loi de Fick par la thermodynamique des
processus irréversibles. Note de Jean-Claude Bénet et Eric Mignard, présentée par Georges
Millot.

En utilisant la thermodynamique des processus irréversibles, on analyse l'hydrodynamiqued'une solution


idéale dans un milieu poreux non saturé. On montre que les relations phénoménologiques obtenues généralisent
la loi de Darcy et la loi de Fick.

PEDOLOGY. — On the hydrodynamics of an ideal solution in an unsaturated porous medium. Analysis


of Darcy's law and Fick's law by thermodynamics of irreversible processes.
The hydrodynamics of an ideal solution in unsaturated porous medium is analyzed using thermodynamicsof
irreversible processes. It is shown that phenomenologicalrelations obtained generalize Darcy's law and Fick's
law.

1. INTRODUCTION. — Pour décrire les transferts de matière dans un milieu poreux non
saturé, deux approches peuvent être utilisées : 1° une approche à caractère expérimental,
généralement utilisée en Science du Sol, qui base la description des transferts sur la loi
de Darcy et la loi de Fick; 2° la Thermodynamique des Processus Irréversibles linéaires
(T.P.I.). qui par un raisonnement théorique donne une description de l'hydrodynamique
des phases et constituants sous forme de relations phénoménologiques.
Dans le cas d'un milieu poreux saturé [1] et d'un milieu partiellement saturé par de
l'eau pure [2], il a été possible de faire la liaison entre les deux approches. On se propose,
ici, d'analyser l'hydrodynamiqued'une solution idéale dans un milieu poreux non saturé
par la T.P.I. et de confronter les relations phénoménologiques obtenues à la loi de Darcy
et à la loi de Fick.
On considère un milieu poreux non saturé, constitué par un squelette solide chimique-
ment inerte, macroscopiquement uniforme et isotrope dont les vides sont occupés par A
une phase liquide et une phase gazeuse. La phase liquide est une solution d'une espèce
chimique u, la phase gazeuse est supposée homogène. On pose les hypothèses suivantes :
(a) la température est supposée uniforme, constante et identique pour toutes les phases;
(b) on considère que les accélérations des phases sont faibles (mouvements quasi stati-
ques); (c) les seules forces à distance sont les forces de pesanteur; (d) les phénomènes de
changement de phase ne sont pas pris en compte; (e) la phase liquide est une solution
idéale de l'espèce chimique u; (f) la phase gazeuse se comporte comme un gaz parfait.
2. SOURCE D'ENTROPIE. — On adopte un point de vue phénoménologique ([3], p. 227) :
on admet que le milieu poreux peut être modélisé par une superposition de trois phases
occupant tout l'espace géométrique, caractérisées par des champs continus de variables
phénoménologiques. Les variables d'état qui caractérisent les trois phases fictives sont :
Ps-, Pe> PK> P/; : niasses volumiques apparentes respectivement de la phase
solide, de l'eau,,
du constituant u, de la phase gazeuse. La masse volumique apparente de la phase liquide
est donnée par :

0249-6305/85/03011439 $ 2.00 © Académie des Sciences


1440 C R. Acad. Sc. Paris, t, 301, Série II, n° 20, 1985

Schéma du dispositif expérimental.


Schematicexperimentalsetting.

où T est la température, v\ et vkg sont les vitesses phénoménologiques des phases liquide
et gazeuse; v\ est définie par :

où v\ et v* sont les vitesses phénoménologiques de l'eau et du constituant u; jie et \iu sont


les potentiels chimiques massiques de l'eau et du constituant u; J* est le flux de diffusion
de M par rapport au mouvement de la phase liquide :

X\ et sont les termes de source des bilans de quantité de mouvement des phases liquide
Xkg

et gazeuse. Compte tenu des hypothèses (a) et (d), ces termes de source sont de nature
mécanique et représentent les forces volumiques exercées respectivement sur la phase
liquide et gazeuse par les autres phases. D'après les hypothèses (b) et (c), X\ et Xkg sont
donnés par ([3], p. 567) :

où gk est l'accélération de la pesanteur et pa est la pression phénoménologique de la


phase a. Compte tenu de l'hypothèse (a), la relation de Gibbs-Duhem ([5], p. 28) devient :
(6) Pi,k=Pe-V-e,k+Pu-V„,k> pour la phase liquide,
(7) pBf k = pg. |i9, b pour la phase gazeuse.
En combinant (3) à (7) et en reportant dans (2), la source d'entropie devient :

3. POTENTIELS CHIMIQUES MASSIQUES DES CONSTITUANTS. Compte tenu de



l'hypothèse (e), le potentiel chimique massique du constituant u dissous s'écrit ([5],
p. 220) :

u°(T) ne dépend que de la température, R est la constante des gaz parfaits, Mu est la
masse molaire de u et Nu est la fraction molaire de u.
Pour évaluer le potentiel chimique de l'eau dans le milieu poreux, considérons trois
compartiments A, B, C, à la température T disposés comme sur la figure.
Le compartiment A contient le milieu poreux partiellement saturé par la solution de u;
B contient la solution de u; C contient de l'eau pure. Une pierre poreuse assure la
AOÙ'.|X*'(T) ne

:
C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985

continuité de la phase liquide entre A et B; B et C sont séparés par une membrane

de pression entre B et C est égale à la pression osmotique, notée II ([5], p. 216) :

A
Le potentiel capillaire dans A, noté \)/, est défini par ([6], p. 57)

D'après l'hypothèse (/), le potentiel chimique de la phase gazeuse s'écrit

où M9 est la masse molaire de la phase gazeuse et ua(T) ne dépend que de T.

:
4. RELATIONS PHÉNOMÉNOLOGIQUES,LOI DE DARCY, LOI
:

thèse de linéarité de la thermodynamique des processus irréversibles linéaire et les


1441
semi-perméable à l'eau. A l'équilibre, la pression dans C est notée p°e, la pression de la
solution dans B est notée p'f, la pression de la phase gazeuse dans A est notée p*.
Le potentiel chimique de l'eau est le même dans les trois compartiments ([5], p. 35); en
négligeant la compressibilité de l'eau, ce potentiel s'écrit ([5], p. 123) :

dépend que de T et p;^ est la masse volumique réelle de l'eau. La différence

En combinant (10), (11) et (12), le potentiel chimiquemassique de l'eau dans la solution


du compartiment A s'écrit

En utilisant l'hypo-
DE FICK.

relations de Onsager, les relations phénoménologiques s'écrivent, à partir de la source


d'entropie (8)

où Lgë,

:
sont les coefficients phénoménologiques propres et Le„ est un coefficient
Luu, Lgg
de couplage. D'après (3), (9), (13), (15) et (16), en prenant l'axe vertical opposé à la
pesanteur, le flux en masse de filtration de la phase liquide s'écrit

Cette relation généralise la loi de Darcy dans le cas où la phase liquide est une solution
idéale. En tenant compté de (14) et de l'hypothèse (J), la relation phénoménologique de
filtration de la phase gazeuse (17) devient :

Cette relation est conforme à la loi de Darcy pour la phase gazeuse p. 248).
Pour compléter la description de rhydrodynamique du système, on peut établir là
relation phénoménologique de diffusion du constituant u par rapport au mouvement de
la phase liquidé. D'après (4), (16), (18), en utilisant (1), (9) et(13) :
1442 C. R. Acad. Sc. Paris, t. 301, Série II, n° 20, 1985

Cas d'une solution diluée. — Dans le cas où la solution est diluée : p„<^pe; p„/Pi —0;
Pe/Pi 1- De plus si u« est du même ordre que v\: p„. v\ <^ pe.'-i>*.

Compte tenu de ces approximations, (15) et (20) s'écrivent :

En Science du Sol, les termes de couplage et l'action de la pesanteur sur la diffusion


sont généralement négligés; (21) et (22) s'écrivent alors :

La relation (23) coïncide exactement avec la loi de Darcy utilisée en Science du Sol.
Les potentiels de transports qui apparaissent dans cette relation : potentiel gravitaire,
potentiel capillaire, potentiel dû à la pression de la phase gazeuse, potentiel osmotique
ont pu être calculés par d'autres méthodes [7]. La relation (24) est conforme à la loi de
Fick ([8], p. 69).
6. CONCLUSION. — La loi de Darcy et la loi de Fick apparaissent comme des formes
simplifiées des relations phénoménologiques qui régissent l'hydrodynamique d'une solu-
tion idéale dans un milieu poreux partiellement saturé, obtenues par la thermodynamique
des processus irréversibles. Il est remarquable que l'analyse phénoménologique basée sur
la T.P.I., conduise, par un raisonnement purement théorique, à des lois dont l'élaboration
a suivi un cheminement expérimental.
Remise le 4 novembre 1985.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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London, 1977, 342 p.

J.-C. B. : Laboratoire de Génie civil, U.A.-C.N.R.S., n° 859,


Universitéde Montpellier-II,place Eugène-Bataillon,34060 Montpellier Cedex;
E. M. : Laboratoire de Science du Sol, I.N.R.A., 45, boulevard du Cap, B. P. n° 78, 06602 Antibes.
FIN DU TOME 301
COMPTES RENDUS

DES SEANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES

JUIN-DÉCEMBRE 1985

SERIE II- MECANIQUE PHYSIQUE, CHIMIE

SCIENCES DE L'UNIVERS, SCIENCES DE LA TERRE

I. -
PARTIE SCIENTIFIQUE

Pages Pages
Mécaniqueanalytique Surfaces de rupture et de limite de dilatance marbre
du

Formalisme hamiltonien symplectique sur les fibres tan- de Thassos soumis a des efforts de compression mul-
tiaxiaux, par Constantin A. Demiris 1225
gents d'ordre supérieur, par Manuel de Léon et Paulo
R. Rodrigues 455 Dissipation dans le changement de phase, Surfusion.
Changement de phase irréversible, par Michel Frémond
et Augusto Visintin 1265
Comportementqualitatif des systèmes dynamiques
Sur le principe du minimum de l'énergie en statique des
Classification analytique des germes de champs de vec- fils sans raideur, par José Eduardo Souza de Cursi 1319
teurs du type noeud-col dans C 3, 0. par Julio César
Canille Martins 653
Sur le comportement asymptotique de systèmes différen-
tiels non linéaires, par Zhivko Athanassov. 1335 Mécanique des solides

Mécaniquedes milieux continus Vibrothermographieinfrarouge d'un béton endommagé,


Relation d'Hugoniot pour un diélectrique déformable par Minh Phong Luong ,. . .
459
dans l'approximationgaliléenne. par Gérard A. Maugin Critère de rupture macroscopique d'un matériau renforcé
et Wafa Ani 515
par armatures, par Patrick de Buhan 557
Émergence d'une détonationquasi C.-J. sur le bord libre
Sur un modèle élastoplastique de forte flexion des plaques
d'un domaine explosif, par Roger Cheret 657 minces, par Alain Cimetière 755
Sur la déformation des surfaces seuils en plasticité cycli- Influence de l'anisotropie sur l'intervalle d'instabilité de
que, par Marc. Rousset et Didier Marquis 751
l'effort au cours du biétirage des films de polymère,
Extinction ou bifurcation d'une détonation autonome, par Dominique Cotto, Frank Montheillet et Jean-Marc
par Roger Cheret. . . .... . . ...... 961 Haudin.. 885
2
— Série II Table des Matières

Pages Pages
Plasticitéet viscoplasticitésous chargement cyclique : pro- Champ aérodynamique moyen tridimensionnel à l'inté-
priétés et calcul du cycle limite, par Pierre Ladevèze et rieur d'un assemblage d'aiguilles de réacteur nucléaire
Paul Rougée
.....
. ....
Méthodes autocohérentes adaptées à la traction de maté-
891 à neutrons rapides, par Jean-Claude Rodet et Georges
Charnay 1269
riaux biphasés à grains allongés, par Lise Durand. 965 Dispersion dans un écoulement en présence de zones de
. . .
Une méthode mixte contrainte-déplacement-pressionpour recirculation, par Yves Pomeau. A 1323
la résolution de problèmes de viscoélasticité incompres- Sur une méthode pseudo-spectralede résolution de l'équa-
sible en déformations planes, par Vitoriano Ruas..
... 1171 tion de Hëlmholtz en coordonnées curvilignes non
orthogonales, par Alain Farcy et Thierry
Mécanique des sols et milieux poreux Alziary de Roquefort 1327
Variation de volume d'un sable dense sur chemins de Une méthode asymptotique pour l'étude de la convection
contrainte axisymétrique, par Eric Degny et Jack naturelle dans une couche poreuse horizontale, par
Lanier. .
561 Marie-Christine Vincourt 1383
Solution approximative de la zone plastique autour d'une Écoulementde Couette-Taylor stationnaire pour une solu-
galerie souterraine soumise à un champ de contrainte tion de polymères, par Karl Roesner 1387
non hydrostatique, par Emmanuel Detournay .
857
Simulation d'allées de Von Karman bidimensionnellesà
Endommagement, fatigue, rupture l'aide d'un gaz sur réseau, par Dominique d Humières,
Yves Pomeau et Pierre Lallemand. 1391
Critère de propagation en rupture ductile, par Nguyen
Quoc Son. 567
Turbulence
Sur le problème en vitesses de propagation de fissure et de
déplacement en rupture fragile ou ductile, par Nguyen Application des harmoniques sphériques à la représenta-
Quoc Son et Claude Stolz 661 tion et au calcul des grandeurs cinématiques en turbu-
lence homogène anisotrope, par Claude Cambon et
Sur le critère donnant la direction de propagation des Claude Teissedre. 65
fissures dans la théorie de Griffith, par Michel Amestoy
et Jean-Baptiste Leblond. 969 Domaine d'existence de l'isotropie dans une couche de
mélange turbulente, par Bruno Hannart, Yves Gagne et
Applications du frottement intérieur au suivi de l'endom-
magement des matériaux composites sous charges cycli-
Emil Hopfinger 669

ques, par Alain Vautrin 1091


. Ondes et vibrations
Mécaniquedes fluides Mouvement d'une corde vibrante en présence d'un obs-
Sur les changements de régime dans l'écoulement entre tacle convexe : un problème à frontière libre, par Henri
un disque fixe et un disque tournant, par Luis A, Cabannes 125
Oliveira, Jean-Louis Bousgarbiès et Jean Pêcheux 1 Mouvement d'une corde vibrante qui oscille en présence
Différents mécanismesde déplacementsvisqueux et capil- d'un obstacle voisin de la position d'équilibre, par
laires en milieu poreux : Diagramme de phase, par Henri Cabannes 1273
Roland Lenormand 247
Optimisation d'une éolienne à cylindres tournants, par Méthodes numériques appliquées à la mécanique
Aude Bono, Philippe Fraunie et Claude Beguier 363 Approximation numérique du cisaillement transverse dans
Détermination expérimentale des effets de la houle sur
une quille élancéerapide, par Michel Guilbaud. 665 Claude Nedelec
les plaques composites, par Philippe Destuynderet Jean-
5
Propriétés des champs univoques conservatifs dérivant Modélisation et calcul de l'écoulement de Couette. Déter-
d'un potentiel superficiel sur un domaine compact mination d'un modèle approché et application à la
nivelé,
par Georges Bouligand 759 détermination de la loi de comportement de certains
Sur la nature des instationnarités des écoulements de fluides, par Gérard Maurice et Michel Lucius. 217
convection naturelle en cavité verticale, par Patrick Le Une méthode numérique pour l'étude des singularités de
Quéré et Thierry Alziary de Roquefort 861 bord dans les composites, par Dominique Leguillon et
Construction des équilibres hydromagnétiques toriques à Enrique Sanchez-Palencia. 1277
pression scalaire par la méthode des accroissements
finis, par Georges Bouligand 867 Relativité
Analyse en perturbation des effets bidimensionnels dans
un plasma chaud en écoulement stationnaire : applica-
tion à l'uniformisation des défauts dans une expérience
mologie, par Bernard Linet
Couches simples de matière à symétrie sphérique en cos-
1333

d'interaction laser-matière, par Bernard Meyer et Alain Physique théorique


Salères 973
Chaos lagrangien pour une classe d'écoulements de Bel- Une description hamiltonienne du frottement et de la
trami, par Jean-Luc Gautero 1095 viscosité, par Jacek Jézierski et Jerzy Kijowski 221

Modélisation et étude d'écoulements régis par les équa- Intégrales de trois fonctions de Bessel, par Annie Gervois
et Henri Navelet

naert
tions de Navier-Stokes posées en domaine non borné 763
et présentant une pointe, par Marc Pogu et Georges La superalgèbrede Lorentz inhomogène, par Pierre Min-
Tournemine 1175 1395
Pages Pages
Physique statistique
Bornes supérieures pour les exposants critiques de
port en percolation, par Stéphane Roux
Table des Matières

tran-
367
Physique de basses tempéeratures
Conductance de Kapitza entre Gd3Ga5Û12 et hélium
superfluide, par Alain Lacaze
Série II -
767
3

Etude expérimentale et modélisation du comportement Phénomènes de transport


Limat
mécanique d'un réseau percolant réel, par Laurent Mise en évidence d'une conduction électrique mixte dans
1099
Physique moléculaire
recombinaison en surface de l'hydrogène atomique
Sur la
le rutile dopé au chrome au moyen de la spectrométrie
d'impédancecomplexe, par Jean-Louis Carpentier,
André Lebrun, Francis Perdu et Pierre Tellier 679

polarisé, par Maurice Papoular Un nouveau. dispositif d'observation holographique en


571
temps réel, par Yves Bernard, Marie-Claire Robert et
Physique des plasmas Françoise Lefaucheux....
Électricité
..... 1105.

Première utilisation d'un bolomètre pour la calorimétrie


du rayonnement X émis par un plasma créé par laser,

cureau et Alain Saleres


par Jean-Luc Bourgade, Jean-Luc
895
Dynamo,unipolaire en régime impulsionnel, par Jean-
Pierre Brancher
........
... ...
Magnétisme
... .....
Simulation des courbes de susceptibilité paramagnétique
....
987

Physiquede la matière condensée


Déformation plastique d'un monocristal soumis à des
déformations et des contraintes imposées. Expression
du travail des contraintes non-imposées pendant la
déformation, par Roland Fortunier, Julian Haworth Dri-
Porcher
au voisinage d'une transition haut spin ?* bas spin pour
Coi+(d-)",, par Paul Caro, Jacqueline Derouet et Pierre
901

ver et Michel Wintenberger 69


Résonancemagnétique
Principe d'imagerie par résonance magnétique nucléaire
Tendanceà la vitrification et propriétés physiques d'allia- utilisant un champ de polarisation non uniforme, par
ges amorphes à base d'aluminium, par Jean-Marie André Briguet, Jean-Jacques Chaillout et Maurice Gold-
Dubois et Gérard Le Caer 73
man. 465
Etude des ions moléculaires Gepn+ (n/p<25; 1<p<4) pro- Imagerie de. diffusion in vivo par résonance magnétique
duits par émission de champ à partir de pointes liqui- A
des, par Jean Van de Walle et Pierre Joyes 251
nucléaire, par Denis Le Bihan et Eric Breton 1109

Conductivité dans l'espace des pores d'un empilement de Phénomènesd'impact et collissions


sphères. Effets de la distributionde taille des grains, par Première expérience de collisions réactives du carbone
Jacques Lemaître,Jean-PaulTroadec, Daniel Bideau et atomique en faisceaux moléculaires supersoniques pui-
Jean Sarrazin 977 sés, par Gérard Dorthe, Michel Costes, Christian Naulin,
Claude Vaucamps, Guy Nouchi et Jacques Joussot-
Physique des surfaces et des interfaces Dubien .......
.............. . . ... .... 9
Transitions de monocouches à molécules polaires, par Electronique
David Adelman, Françoise Brochard, Pierre-Gilles de
Gennes et Jean-François Joanny 675 Impédance mutuelle et couplage entre deux doublets
repliés plans parallèles en fonction de leur éçartement,
Dynamique de l'étalement de gouttes sur une surface. Loi par Gérard Dubost et Serge Gueho .. ....
79
de Tanner et effet de la gravité, par Anne-Marie Caza- . .
Corrélationentre les processus de piégeage et la mobilité
bat et Martinus A. Cohen Stuart 1337
effective, des porteurs dans les transistors MOS, par
Pénétration d'une, chaîne dans une couche adsorbée: Gabriel Blasquez et Ali Boukabache
échanges solution/adsorbatet pontage de grain colloï- ... . .
875

daux, par Pierre-Gilles de Gennes 1399 Optique

Cristallographie Le rubis : un matériau modèle pour l'étude des concentra-


teurs solaires fluorescents, par Jacques Mugnier, Yves
la
Etude demacle présentée: par les sels de la famille
TMTTF2X, par Bernard Liautard, Serge Peytavin et
Dordet et Jacques Pouget...
........
Étude expérimentale du multiplexage optique. en longueur
771

Gerard Brun 131 d'onde à l'aide de guides planaires monomodaux, par


Une méthode simple pour élaborer des monocristaux de Mohamed Lotfi Gomoa et Germain Chartier 775

pelle
chlorure et bromure mercureux, par Jean-Pierre Cha-
575 Acoustique
Diffusion acoustique en géométrie séparable : une
Mise en évidence (par diffraction des rayons X) de l'intér-
digitation des chaînes aliphatiques dans des film de
Langmuir-Blodgett. Nouvelle méthode expérimentale
de mesure, par Bella Belbéoch, Monique Roulliay et
par Conoir
méthode d'acquisitiondes séries de Debye généralisées,
Jean-Marc
Transferts thermiques
471

Max Tournarie 871 Sur une méthode numérique d'étude de stabilité


Détermination complète d'un tenseur: de diffusion dans non linéaire d'écoulement bidimensionnel de convec-
un cristal monoclinique: cas de l'hétérodiffusion du tion naturelle vis-à-visde perturbationstridimensionnel-
B-naphtol dans le naphtalène à 343 K, par Alain Dau- les d'amplitude, finie, par Djamel Kalache, François
tant, Louis Bonpunt, Abdel Loumaïd et Yvette Haget 981 Penot et Patrick Le Quéré ..... 779
4 — Série II Table des Matières

Pages
Âérothermochimie Étude électrochimique de la catalase à l'électrode à pâte
Détonation des mélanges stricts hydrogène-oxygène et de graphite. II. Oxydation des chaînes protéiques en
éthylène-oxygène contenant en suspension des particu- milieu acide, par ChristineJakubowicz,Roger Vallot et
René Buvet. 1119
les fines d'amidon, par Olivier Peraldi et Numa Manson. 371
Étude des diagrammes d'impédance électrochimique dans
Physico-chimie le cas d'une distribution des constantes de temps de
Apport de l'analyse thermomécanique dynamique à relaxation; application au cas d'armatures de béton, par
l'étude de l'influence des propriétés superficielles du François Wenger, Jacques Galland et Lionel Lemoine. 1281
renfort dans les compositesfibres/polyépoxyde,par Ber- Comportement électrochimiquedans le noir et sous éclai-
nard Chabert, Jacques Chauchard et Gilbert Lachenal. 13 rement des monocristaux de Zr093Ti007S3 en milieu
aqueux, par Bahman Fotouhi, Kurt Sieber et Ouri Goro-
Chimie théorique chov 1285
De la qualité des fonctions d'onde approchées de l'ion
moléculaire HJ : calcul des écarts-types sur Phamilto- Photochimie
nien, par Paul Biaise et Olivier Henri-Rousseau 907 Étude photochimique de dimères modèles de lignine de
Étude de la structure électronique du système triatomique type oi-O-4 et (i-O-4 « O-méthylés », par Alain Castel-
(Fe + CO) intervenant en chimisorption, par Abdelali lan, Corinne Vanucci, Jean-Pierre Desvergne, Henri
Daoudi, Michèle Suard et Claudette Barbier 911 Bouas-Laurent,Marcelle Hauteville et Michèle Chaden-
son 21
Force de corrélation dans les molécules diatomiques, par
Alexandre Laforgue et Omar Jbara 1179 Spectrochimie
Résolution numérique, dans l'espace des impulsions, des Luminescence du cérium trivalent dans le fluorure
équations donnant les orbitales cristallines relatives à d'yttrium YF3, par Marthe Dominé-Berges et Jean
une chaîne infinie d'atomes d'hydrogène, par Mireille Loriers
Defranceschi et Joseph Delhalle 1405
915

Chimie minérale
Chimie physique
Prévision par ordinateurde la composition et des proprié-
Influence de très faibles teneurs d'ajouts (CaO et Y203) tés physico-chimiques des halogéno-chalcogénures des
sur la densification du nitrure d'aluminium par frittage éléments des groupes km et A^A^B^C™,
B*'
kl^CÎ 11

sous charge entre 1650 et 1750°C, par Gérard Gauthier, avec Am = Ga, In; Av = As, Sb, Bi; = 0, S,Sergej
Se,
C^F,
Kyong Sop Han, Didier Bernache-Assolant et Jacques
Mexmain
Détermination potentiométrique et spectrophotométrique
135 Koutolin
Te; Cl, Br, I), par Sardar Gadjiev et
... 255

des constantes d'acidité de s-triazines, par Bernard Van- Chimie de coordination


dorpe, Jacques Lerivrey, Patrick Decock et Bernard Stéréochimie dynamique de la substitution
Dubois 475 S9
TiBr —» TiS <p dans les complexes thiocyaniques déri-
Interaction de soufre moléculaire S2 avec la surface (100) vés du titanocène. Support cristallochimique, par Jack
de CoO, par Alexis Steinbrunn et Michel Bordignon. 685 Besançon, Dimitri Camboli, Bernard Trimaille et Yves
. .
Mise en évidence du chrome (V) lors de la photo- Dusausoy 83
oxydoréduction du système chrome (VI)-glycine, par Réaction de l'iode avec les dithiocarbamates de fer (III),
Béatrice Robert, Michèle Boite et Jacques Lemaire.... 881 par Benjamin Mve Ondo, Jean-Pierre Barbier et René P.
Étude vibrationnelle des associations ioniques dans les Hugel 225
solvants aprotiques 8. Tetramérisation du thiocyanate Erratum concernant la note intitulée : Complexe
de lithium et relation entre association et désolvatation, fer-hydroxyméthylidène: un intermédiaire dans la
par Yoo Hang Kim, DaniellePaoli et Martial Chabanel 1113 réduction par étape de CO, par Daniel Catheline,
Claude Lapinte et Didier Astruc 959
Catalyse Nouveaux composés de type donneur-accepteur, dérivés
Étude de l'adsorption du soufre sur la face (110) du de complexes du coordinat dmit, C3S|~, présentant
platine au cours de l'hydrogénation du butadiène, par une haute conductivité électrique, par Lydie Valade et
Salvador Pinol, Yves Berthier et Jacques Oudar 17 Patrick Cassoux 999
Utilisation de thiomélallates comme précurseurs de cataly-
seurs mixtes d'hydrotraitement, par Werner Eltzner, Chimie de l'état solide
Michel Lacroix, Michel Vrinat et Michèle Breysse. . 139 Nouveaux composés d'insertion du graphite contenant
. .
deux chlorures métalliques en couches alternées, par
Electrochimie Guy Furdin, Lakhdar Hachim, Nour Eddine Nadi,
Étude électrochimique de la catalase à l'électrode à pâte Michèle Lelaurain, René Vangelisti et Albert Hérold.
. .
87
de graphite. I. Comportement électrochimique de Étude structurale d'un oxysulfure lacunaire de lanthane
Thème, par Christine Jakubowicz, Roger Vallot et René et de gallium (LaO)4Gali72S4t58, par Sylvie Jaulmes,
Buvet 991 Daniel Carré, Marcel Palazzi et Micheline Guittard. 259
. .
Contrôle de la corrosion par la mesure de l'impédance Caractérisation et propriétés diélectriques de nouvelles
électrochimique : problème des structures de grandes solutions solides de type « bronzes de tungstène
dimensions, par Jianguo Zhang, François Wenger, quadratiques » contenanturanium et éléments alcalino-
Michel Jérôme et Jacques Galland 995 terreux, par Jean Thoret et Daniel Mercier 263
Pages
Diagramme de phases partiel du système TiO2-TiO2O3-
Al2O3 à 1 223 K; préparation d'un nouvel oxyde dou-
ble de formule Al2Ti7O15, par Odile Monnereau,
Francis Remy et André Casalot..
. ....... ... .......
375
Table des Matières

Guérin
Série II

Préparation de méthylène cétals par transacétalation à


partir du diméthoxyméthane, par Jean-Louis Gras et
Anne
Synthèse stéréosélective d'indanols à partir de méthyl-2
-5
Pages

379

Composés d'insertion du graphite à couches alternées aryl-2 indanones-1, par Jacques Berlan, Pascale Sztajn-
de dichlorures d'éléments de transition et de métaux bok, Yves Besace et Pierre Cresson 693
. . . .
alcalins, par Guy Furdin, Lachdar Hachim, Daniel Gué- Synthèse d'indole phosphonates par cyclisation selon Fis-
rard et Albert Hérold 579
cher, par Jean-Pierre Haelters, Bernard Corbel et Geor-
... ... . . . .
Structure magnétique du siliciure ternaire équiatomique ges Sturtz. 697
HoRhSi, par Simone Quezel, Jean Rossat- Mignod, Ber- . . . .
nard Chevalier, Wang Xian Zhong et Jean Etourneau 919 Sur une nouvelle voie d'accès aux a-cétols y-éthyléniques
au moyen d'organozinciques allyliques, par Amina Tou-
Préparation, caractérisation et mesures électrique des gani et René Couffignal. 1127
phases MM'Nb2Se10-xSxavec x<2, par Azzedine Sur la substitution électrophile régiosélective des arylsila-
Meerschaut et Jean Rouxel
Ben Salem, Shinichi Kikkawa, Philippe Molinié, Alain
Étude comparative de nouveaux tantalates dé type
1003 nes et ses limitations, par Raymond Calas et Jacqueline
Gerval : ........ 1289
«bronzes quadratiques de tungstène » contenant des Sur la stéréochimie de la réaction de la benzalaniline avec
ions Ce4+, Th4+ ou U4+, par Jean Thoret.. . . 1009 divers organométalliques issus de l'acide phéhylacéti-
L'autoextinction de l'émission du néodyme dans les verres
que, Moncef Bellassoued, Radhouane Arous-Chtara,
de compositions proches de LiLa1-xNdxP4O12, par
Chistian
Margarita Mladenova, Bogdan Kurtev et Marcel Gaude-
mar 1341
Lurin, Claude Parent, Michel Couzi, Gilles
Flem et Paul Hagenmuller
Le
1123
Chimie organique physique
Complexe fer-hydroxyméthylidène : un intermédiaire
Chimie métallurgique
Pics de frottement intérieur dus au carbone dans des
alliages, Nb-Zr, par Bernard Heulin....
. ... . . ..
.
583
line, Claude Lapinte et Didier Astruc
dans la réduction par étape de CO, par Daniel Cathe-

Influence de la stéréochimiesur la formation de complexes


479

Métallurgie moléculaires cristallins : cas des diastéréoisomères du


diol diacétylénique de Toda et de différentes cétones,
Calorimétrie par analyse des déplacements de niveaux de
coeur. Application au cas des alliages palladium argent, par Martine Leclercq et Jean Jacques 1231

..... .... . ... ...


par Jean-Claude Gachon, Abdelmajid Abou El Aoualim
et Jean-Jacques Ehrhardt. 267 Chimie organique biologique
...
Sur l'influence du manganèse sur l'élaborationd'une nou- Alcaloïdes de Phelline sp. aff. P. lucida: dihydro-1,2
velle nuance d'acier « dual » ferrito-martensitique duc- comosidine et analyse aux rayons X de l'holidinine, par
tile, par Xi Jing He, Nobuzo Terao et Aurel Berghezan. 587 Judith Razafimbelo, Nicole Langlois, Angèle Chiaroni et
Précipitation de « quasi-cristaux » par décomposition de Claude Riche 519
solutions solides du système Al-Li-Cu-Mg, par Pierre Efatine et ambrimine, deux représentants d'un nouveau
Sainfort, Bruno Dubost et Alain Dubus,
..... ... 689 type d'alcaloïdes bisbenzylisoquinoléiques,par Marie-
. .
Rôle du potentiel électrochimique dans le mécanisme de
la corrosion caverneuse de l'acier inoxydable ton
Christine Chalandre, Hélène Guinaudeau et Jean Brune-
1185
l8%Cr-10%Ni, par Louis Kerherve et Georges Daufin. 923 Accès à de nouveaux cyclitols et aminocyclitols à partir
Diffusion du soufre dans quelques alliages argent-or, par du D-glucoseet de la D-glucosamine, par Georges Vass,
Mathilde Delhoume-Debreu et Nisso Barbouth.. 1013 Pierre Krausz, Béatrice Quiclet-Sire, Jeanne-Marie
. . Delaumeny, Jeannine Cleophax et Stephan D.Gero.... 1345
Chimie organominérale
Sur la nature et la réactivité de la liaison phosphazène Chimie macromoléculaire
de quelques benzophénone - hydrazinophosphoranes Mode d'insertion du styrène dans des copolymères
R3P=N—N=C(C6H5)2, par Jacques Bellan, Marie- styrène-hexène-1, obtenus à l'aide d'un catalyseur
Rose Marre-Mazières, Michel Sanchez et Jôn Songs- « Ziegler » : caractérisation des unités styrène isolées,
tad.
.
.. .... ........... A. ....... . .
785 par Ahmed Bénaboura, Alain Deffieux et Pierre Sigwalt. 229

Synthèse organique Chimie analytique


Réactions en milieu hétérogène : Sélectivité dans l'alkyla- Mise en évidence par spectrométrie de photoélectrons
tion d'anions ambidents, par Bernard Kirschleger et (Méthode ESCA) associée à la spectrométrie de réflec-
René Queignec
Carbamoylation
....................
et thiocarbamoylation des benzami-
143 tance diffuse, du chrome à la valence VI dans la couche
d'oxydé développée à l'air sur le chrome métallique
dines : formation d'oxo et de thioxotriazines-1.3.5, pur, par Lucette Fève, Rémy Fontaine, Jean Arsène,
par André Etienne, Georges Lonchambon, Jacques Michel Lenglet et Roger Caillat 701
.
Roques et Jean-Pierre Rivoallan..
. . . ....
. .
Stéréosélectivitéde la transposition de Claisen des orthoes-
145 Protocole pour une analyse qualitative des métaux dans
les produits de combustion par microscopie électroni-
ters dans le système du bicyclo [2.2.1]heptadiène, par que dans la surveillancede l'environnement, par Roland
Honoré Monti et Christian Corriol.
. . . .... . . .
271 Capron et Pierre Haymann. 1131
6 — Série II Table des Matières

Pages Pages
Cristallochimie Géomagnétisme
Étude cristallochimique de deux phosphates de zinc : Sur l'excitation possible de l'oscillation chandlerienne par
Zn3(P04)2, 1H20 et Zn3(HP04)3, 3H20, par Yan- les mouvements à la surface du noyau, par Jean-Louis
nick Cudennec, André Lecerf, Amédée Riou et Yves Le Mouël, Camille Gire et Jacques Hinderer. ...... 27
Gérault. 93
Influence d'un coordinat additionnel, la glycine, sur la Géothermie
dimensionnalité des composés formés par l'anion Inclusions fluides et systèmes géothermiques : des rela-
Ni(S2C202)2 et les lanthanoïdes, par Jean Christian tions entre l'ébullition et la production de la vapeur
Trombe, Catherine Frasse et Alain Gleizes 483 sèche, par Nicole Combredet. 593
Mise en évidence d'une forme haute-pression du pen- Océanographiedynamique
taplomb (II) octaoxosulfate (VI) ; la phase P-Pb5SO8,
La subduction du bassin de Shikoku et de ses marges le
par Bernard Bonnetot, Bernard F. Mentzen et Jean long du fossé de Nankaï (Japon méridional) : résultats
Bouix. 487
. . . .... .
Étude structurale du chlorhydrate de pipéroxane préliminaires du programme Kaïko (Leg I), par Xavier
Le Pichon, Toshimichi liyama, Hervé Chamley, Jacques
C14Hi8N02, HC1 et considérations conformationnel- Charvet, MichelFaure, Hiromi Fujimoto, Toshio Furuta,
les, par Abdeslam H'Naïfi, Michel Saux et Alain Carpy. 927 Yoshiaki Ida, Hideo Kagami, Siegfried Lallemant,
Phases cristallinesde zéolithespentasil formées par adsor- Jeremy Leggett, Akihiro Murata, Hakuyu Okada,
ption de n-hexane et de p-xylène, par Bernard F. Ment- Claude Rangin, Vincent Renard, Asahiko Taira et Hide-
zen et Jacques C. Védrine 1017 kazu Tokuyama 273
Étude cristallochimique d'une série de composés fluorés La collision de l'arc volcanique d'Izu-Bonin avec le Japon
de terres rares de formule LiNaLn2F8, et mise en évi- central et la jonction triple au large de Tokyo : premiers
dence de la participation des orbitales 4f à la liaison, résultats de la campagne franco-japonaise Kaiko (Leg
par Daniel Zambon, Jacques Metin, Bernard Picaud et II), par Vincent Renard, Kazuaki Nakamura, Jacques
Daniel Avignant. 1235 Angelier, Jacques Azema, Jacques Bourgois, Christine
.
Préparations chimiques et données cristallographiques sur Deplus, Kantaro Fujioka, Yozo Hamano, Philippe
quatre nouveaux tricyclophosphates de nickel et de Huchon, Hajimu Kinoshita, Pierre Labaume, Yujiro
cations monovalents NiM4(P309)2.xH20 (M1 = Na, Ogawa, Tetsuzo Seno, Akira Takeuchi, Manabu Tanaha-
Ag, NH4, Cs), par Amor Jouini et Mongi Dabbabi.. 1347 shi, Akinori Uchiyama et Jean-Louis Vigneresse 281
. .
De la fosse du Japon à la fosse dés Kouriles : Premiers
Soleil résultats de la campagne océanographique franco-
Sur la variabilité de la constante solaire, par Christophe japonaise Kaïko (Leg III), par Jean-Paul Cadet, Kazuo
Kobayashi, Jean Aubouin, Jacques Boulègue, Jacques
de Charentenay et Serge Koutchmy 151
Dubois, Roland Von Huene, Laurent Jolivet, Toshihiko
Sur la mesure du diamètre du Soleil obtenue à l'astrolabe Kanazawa, Junzo Kasahara, Kinichiro Koizumi, Serge
solaire du C.E.R.G.A, par Francis Laclare, Alain Jour- Lallemand, Yasuo Nakamura, Guy Paulot, Kiyoshi Suye-
net et Hamid Sadsaoud 383 hiro, Shin Tani, Hidekazu Tokuyama et Toshitsugu
Yamazaki.. 287
.
Systèmes extra-galactiques L'eustatisme lié à la réduction mésozoïque des cuvettes
Galaxies à la périphérie du Superamas Local, par Edmond océaniquesen relation avec l'extension des bassins intra-
Giraud 387 continentaux, par Dominique Bureau 391
Influence des apports rhodaniens sur la structure du sys-
Physique de l'atmosphère tème particulaire dans le Golfe du Lion, par Christian
Granulométrie des aérosols hygroscopiques: nouvelle Loeillet et Michel Leveau 397
méthode semi-expérimentalepermettant l'extension du Sur le lâcher de tourbillons géostrophiques dans le sillage
domaine des mesures du spectrogranulomètre vers les de topographies sous-marines, par Jacques Verrou.. 525
. .
petites dimensions par couplage avec une chambre iso-
therme à diffusion de vapeur et à flux continu, par Minéralogie
Michel Garmy et Roger Serpolay. 1021 Vers hydrothermaux fossiles dans une minéralisationsulfu-
. .
Spectropluviométrie: existence de distributions exponen- rée des ophiolites de Nouvelle-Calédonie,par Elisabeth
tielles à double pente pouvant provenir de couches Oudin, Jean Bouladon et Jean-Pierre Paris 157
.
nuageuses strato-convectives, par Georges Donnadieu. . 1239 Les concrétionsminéraliséesdes Terres Noires du Sud-Est
de la France : diagenèse ou hydrothermalisme?, par
Géophysique Jean-Luc Gaidon, Serge Martin-Calle et Micheline Bou-
Mise en évidence et interprétation d'une zone électrique- deulle 791
ment conductrice en profondeur dans le nord d'Israël, La conservation de microorganismesdans une magnésitite
par Régis Ballestiacci 1027 spathique et ses incidences cristallogénétiques et sédi-
Structures très diverses de la croûte et du manteau supé- mentologiques, par Micheline Chayé d'Albissin et Jean-
rieur dans la moitié Nord de l'Argentine, avec décou- Jacques Guillou 797
verte d'une zone géothermale, par Bruno Baldis, José Mise en évidence, au moyen de la spectroscopie RMN,
Miguel Febrer, Hugo Gustave Fournier, Juan Carlos des sites tétraédriques et octaédriquesde l'aluminium-
Gasco, Marta Ghidella, Manuel Jésus Mamani, Maria 27 dans des gels silicoalumineux,par René Couty, Fran-
Cristina Pomposiello et Alejandro Vaca. 1245 cis Taulelle et Hélène Theveneau 1033
Table
Pages Pages
Géochimie
des Matières

Mise en évidence des caractères orogénique, tholéïtique


et calco-alcalin du volcanismedévono-dinantien dans le
Série II -7

Sur une altérationparticulière du kérogène de séries carbo- massif du Rabodeau (Vosges septentrionales) : apport à
natées dolomitisées et minéralisées : exemple du gîte
Zn-Pb de Trèves. Implications génétiques, par Bernard la reconstitution géotectonique des Vosges, par Moha

Jean-Trichet
Gauthier,Jean-RobertDisnar, Jean-Claude Macquar et
Argumentsisotopiques et hydrochimiques en faveur d'une
33
Ikenne et François Baroz
Les mylonites: pièges pour la tourmalinisation de
que. L'exemple du granite tourmalinifère de Saint-
529

venue hydrothermale dans la nappe du Trias Inférieur Renan( Massif armoricain, France), par Louis Chauris. 599
(région de Vittel, Vosges), par Jean-Jacques Royer, Le stade majeur du métamorphisme est de type moyènne
Annie Michard, Michel Danis et Francis Albarède 163 pression sur le flanc sud de la Montagne Noire dans
Les acides fulviques dissous dans les eaux du proche la région de Labastide-Rouiaroux(Tarn, France), par
plateau continental. Relation avec la situation estuai- Michel Démange et Philippe Jamet 603

Saliot
rienne,par Pierrette Bergern Colette Berlin, Marie-Pierre Première détermination expérimentale des relations de
Marniesse et Marc Ewald801 phases dans le système, haplogranitique en conditions
Les hydrocarbures dans le système hydrothermal la de sous-saturation en H2O2, par Michel Pichavant et
ride Est-Pacifique, à 13°N, par Martine Brault, Claire Ramboz
de

607
Bernd R. T. Simoneit, Jean-Claude Marty et Alain
807 Contribution à la connaissance pétrographique et géochi-
mique des îlots Marotiri, Polynésie française ( Océan
Oxydation du fer dans les skarns et les schistes à graphite Pacifique Centre-Sud), par Jean-Michel Liotard et Hans
des Jebilet Centrales, Maroc un indicateurde transfert G. Barsczus 611
de matière par les fluides dans une zone de cisaillement
ductile,par ClaireRamboz et Abdelmajid Bastoul. 931 Xénolithes peralumineux dans les dolérites du Peyron, en
Velay (Massif central, France) Indicantions sur l'évolu-

Michel
Contribution à la connaissance pétrographique et géochi- tion de la croûte profonde tardihercynienne, par Jen-

mique de l'île de Raivavae (Polynésie française, Océan


Pacifique Centre Sud), par Hans G. Barsczus et Jean-
Marc Montel 615

Liotard. 1409 La lame cratonique - Calédonites orientales scandinaves

- Son évolution précamorienne, par Raymond

Géochimie et géochronologie isotopiques Point 705,1169

Age du magmatisme fissural tardi-Hercynien à l'extrémité Composition chimique des biotites et typologie magmati-

occidentale du Massif armoricain (France), par Hervé que des granitoïdes, par Hassane Nachit, Narison Raza-

et Pierre Thonon
Bellon, Louis Chauris, André Fabre, Bernard Hallegouet
297
fimahefa,

Evolution

une serie
Jean-Marc

chimisme

granitoïde
des
Stussi

(Nord
biotites
et

Portugal)
Jean-Paul

et des muscovites

;
Carron

implications
dans
813

Pétrologie pétrologiques et métallogéniques, par Daniel Garcia et

Les orthomicaschstes du massif des Maures (France) : Michel Fonteilles 819

produits ultimes du tectonométamorphisme métasoma-


tique d'anciens granites, par Gilbert Crevola
Nouveaux arguments pétrologiques en faveur de l'alloch-

99 tonie du Lévézou (Massif Central français): les encla-

Origine des amphibolites à saphirine, corindon et grenat ves basiques des granites calco-alcalins et les méta-

de la formation précambrienne du Vohibory ( SW de


Nicollet
concéennes associées, par Claude Delor, André Levre-

Madagascar), par Christian 167 loup et Jean-Pierre Burg 1067

Caractères et signification géotectonique des formations Les zicons des plagiogranites du complexe ophilitique

magmatiques basiques affleurant à Kibambale (Shaba, de Chamrousse-Tabor et des granites sodiques du

Zaïre), par Binsamba Manteka, Ruananza T. Lubala, groupe de Rioupéroux-Livet ( Massifs Cristallins Exter-

Dumba Kapenda, Jean-Paul H. Caron et Ali B. Kam- nes, Alpes françaises) : morphologie, typologie et impli-

punzu. 171 cations pétrogénétiques, par Denis Scarenzi, Daniel Her-

La cordiérite dans le domaineanatectique du Velay (Mas-


mitte, Réné-Pierre Ménot et Michel Piboule 1189

sif-Central Français) : Un marquer de l'anatexie, du


màgmatisme et de l'hydrothermalisme, par Catherine
L'association volcanique pho-quaterinaire basanite-

Weber, Michel Pichavant et Pierre Barbey 303


néphélinite-phonolite

N. Rachdi, Danielle Velde


du

et
Maroc

Jean
Central,

Hernandez
par Hayat E-

1293

Volcanismes tholéiitique et calco-alcalin dans les forma-


tions du Birrimien supérieur de Bouroum (N. E. du
Classification pétrographique et structurale des ophiolites,

Burkina-Faso), par Siaka Zonou, Jean-Paul Karche,


écho de la dynamique des zones de transition croûte-

:impli-
Henriette Lapierre, Serge Lemoine et Michel Rossy.
menteau. Incidence sur la nature et la disposition des

309 corps de chromite associés, par Maryse Ohnenstetter 1413

Caractérisation pétrographique et géochimique des grani-


cadomiensdu
toides domaine nord-armoricain
cation géodynamiques,par Pierrick Graviou et Bernard Métâllogénie
Auvray 315 Le gisement de Malines (Gard) Zn-Pb: contribution
Le massif alcalin du Peloso (Corse) : un complexe lité isotopiqué (P/H) au rattachement de la minéralisation
associé à des monzosyénites, par Bernard Platevoet et karstique Kn, à la minéralisation hydrothermale F, par .

Bernard Bonin. 403 Abdelkrim Charef et Simon M. F. Sheppard. 39


Série II Table des Matières

Pages Pages
Sédimentologie. Chronologie des événements tectoniques dans lé Nord-
L'origine des injections sableuses : les sills et les dykes. Ouest du Massif Central français et le Sud du bassin
albiens du Ravin de la Baume, Bevons(Alpes de Haute- de Paris du Carbonifère inférieur au Plio-quaternaire,
Provence), par Bernard Beaudoin, Gérard Friès, Olivier par Gilles Lerouge et Jean-Michel Quenardel 621
Parize et Michel Pinault ...
. . . .... ...
.
Genèse de corps carbonates diagénétiques par réduction
407
L'échantillonnage des espacements entre fractures : une.
distributionexponentiellenégative tronquée, par Annye
de sulfates dans le Miocène évaporitique du Golfe de Pineau 1043
Suez et de la Mer: Rouge, par Jean-Marie Rouchy,
Claude Monty, Catherine Pierre, Marie-Claire Bernet-
Géologie marine
Rollande, André Maurin et Jean-Pierre Perthuisot. 1193
... La « verdine », faciès granulaire vert, marin et côtier,
distinct de la glauconie : distributionactuelle et compo-
Stratigraphie
Biozones de nannoplancton calcaire dans les craies strato- sition, par GillesSerge Odin. 105
typiques du Campanien et du Séhonien. Implications Nouvelles données sur les sédiments ante-rift et le socle de
biostratigraphiques, par BernardPomerpl,Bernard Lam- la marge continentale de Galice, par Denis Mougenot,
bert et Hélène Manivit. 177 Raymond Capdevila, Christian Talain, Pierre-Alain
...
Nouvelles propositions pour un cadre chronologique rai-
sonné du Quaternaire marocain, par Jean-Pierre
Dupeuble et Alain Mauffret..
Évolution géologique de la Mer . ...... ......
Tyrrhénienne, . . .Éric
par
323

Texier, Jean-Paul Raynal et David Lefevre. 183 Moussat, Jean-Pierre Renault, Augusto Fabbri et Geor-
Sur la présence d'une série carbonatée continue de type ges Mascle. 491
Bassin Caraïbe du Crétacé terminal au Miocène dans Résultats préliminaires de la campagne 103 du Joides
la Presqu'île du Sud d'Haïti, Grandes Antilles, par Resolution (Océan Drilling Program) au large de la
Christian Desreumaux 319 Galice (Espagne) : sédimentation et distension pendant
Essai de reconstitutionde la paléogéogrâphie des dépôts le « rifting » d'une marge stable; hypothèse d'une dénu-
contemporains de la fin du rifting téthysien avant la dation tectonique du manteau supérieur, par Gilbert
transgression bathonienne sur le « Haut-fond Occitan» Boillot, Edward L. Winterer, Audrey W. Meyer, Joseph
(SW de la France), par Bernard Peybernès et Thierry Applegate, Miriam Baltuck, James A. Bergen, Maria C.
Pélissié, 533 Comas, Thomas A. Davies, Keith Dunham, Cynthia A.
Découverte de Trias supérieur fluviatile en domaine pélori- Evans, Jacques Girardeau, Dave Goldberg, Janet Hag-

net
tain (Arc calabrais, Sant Angelo di Brolo, NE Sicile),
par Jean-Michel Thery, Bernard Balusseau et Éric Voise-
Age paléocène de la Formation des Madeleines de la
région de Dakar (Sénégal), par Yves Bellion, Josiane
823
gerty, Lubomir F. Jansa, Jeffrey A. Johnson, Junzo
Kasahara, Jean-Paul Loreau, Emilip Luna Sierra,
Michel Moullade, James Ogg, Massimo Sorti, Jurgen
Thurow et Mark W. Williamson..
Apports du Leg 101 ODP (Océan Drilling Program) à
627

Ausseil, Jean-Paul Colin, Roger Jan du Chêne, Ramsy la connaissance des pentes et bassins bahamiens, par
Khatib, Ivan de Klasz, Sandrine de Klasz, Katharina Wolfgang Schlager, James Austin, Paul Cornet, André
Perch-Nielsen, Pierre Saint-Marc et Raphaël Sarr. 937 Droxler, Gregor Eberli, Eric Fourcade, Raymond
. . . Freeman-Lynde, Craig Fulthorpe, Harwood,
Gill
Précisions sur l'évolution climatique de l'interstade wür- Gerhard Kuhn, Dawn Lavoie, Mark Leckie, Allan
mien et du début du Würm récent : les dépôts du Melillo, Arthur Moore, Henry Mullins, Amanda Paimer,
gisement castelperronien des Tambourets (Haute- Christian Ravenne, William Sager, Peter Swart, Joost
Garonne) et leur contenu pollinique, par Henri Laville, Verbeek, David Watkins et Colin Williams 1141
Marie-Madeleine Paquereau et Harvey Bricker 1137
Révision chronpstratigraphique de la série marine plio- Géologie
cène A traversée par le sondage Canet 1
(Pyrénées-Orientales): apports à la connaissance du Comparaison de l'évolution sédimentaire dés séquences
Néogène du Roussillon, par Georges Clauzon et Jacques du Cambrien inférieur et moyen (p. p.) dans les ver-
Cravatte. 1351 sants sud et nord (unité de Brusque) de la Montagne
Noire (Massif Central), par Pierre Courjault-Radé. 43.
Découverte d'Oligocène marin fossilifère près de Saint- . . .
Jean-de-Monts (Vendée), par Viviane Borne et Jean- Lithostratigraphieet structure de la partie inférieure de
Pierre Margerel. la série de Canaveilles dans le secteur de Costabonne
... 1419
(Sud du Canigou, Pyrénées Orientales franco-
Géologie structurale espagnoles) : conséquences métallogéniques, par
Michel Perrin et Bernard Guy. 109
Mise en évidence de cisaillements ductiles tangentiel et ,
décrochantdans le sud Livradois (Massif Central Fran- Mise en évidence d'une structuration en blocs basculés
çais). Conséquences pour le « métamorphisme de direction sud-armoricaine au cours du Jurassique
Livradois », par Konë Mouctar. 189 dans le Sud-Ouest du Bassin de Paris (Berry), par
Mise en évidence d'une tectonique tangentielle Claude Lorenz et Jacqueline Lorenz. 239
éburnéenne dans la synforme birrimienne de Fétékro Témoins de la sédimentation aptienne et albienne à la
(Côte-d'Ivoire), implications possibles pour l'orogenèse bordure des Zones internes bético-rifaines (Arc de
éburnéenne, par Serge Lemoine 195 Gibraltar), par Philippe Olivier et Jean Magné 329
Sur la morphogenèse karstique et glacio-nivale du Pélopo- Les rapports structuraux entre les domaines cordillérain
nèse septentrional (Grèce), par Guilhem Fabre et et mésogéen dans la partie centrale du Mexique, par
Richard Maire 235 Pierre Chauve, Éric Fourcade et Miguel Carillo 335
La
Pages
position structurale du Houiller des abords NE de
Sisteron(Alpes-de-Haute-Provence,France) : à propos
Table des Matières

Tectonique
Série II

Champs de déformation anisoaire dans les zones de cisail-


Pages

d'une interprétation nouvelle, par Maurice Gidon et lement, par Jacques Inglès et Pierre Sirieys 49
. ....
Jean Louis Pairis... .
411
Mise en évidence de coulissages dextres syn-rift (miocène)
Transgression de l'Oligocène inférieur (formation de et post-rift (pliocène) le long du Golfe de Suez, par
Palizzi) sur un karst à remplissage bauxitique dans les Patrick Gigot, Mohamed E. Habib, Marcel Lanteaume
zones internes calabro-péloritaines (Italie), par Jean- et Mustapha M. Yussef. . . ... . 53
Pierre Bouillin, Claude Majesté-Menjoulas, Marie- Tectonique en compression sur là marge est de la mer du
Françoise Ollivier-Pierre, Yvette Tambareau et Juliette Japon : mise en évidencede chevauchements à vergence
Villatte. 415
orientale, par Serge Lallemand, Hakuyu Okada, Kenichi
La sédimentation phosphatée d'âge Crétacé supérieur- Otsuka et Laurent Labeyrie 201
Éocène des bassins côtiers àfricano-atlanliques :
réflexions et hypothèse sur une interprétation globale, Sur l'existence de jeux décrochants transpressifs dans la
structuration précoce du Golfe de Suez et de la Mer
par Georges Busson et Annie Cornée 421
Rouge. L'exemple de la région de Port Safaga (Egypte),
Évolution séquentielleet cadre paléographique du Jurassi-
par Jean-Paul Thiriet, Pierre Burollet, René Guiraud,
Monleau.. ............
que inférieur et moyen de Sardaigne (Italie), par Claude
. . . .
La transgressionjurassique en Vanoise occidentale (zone
... 425
Jean-Claude Icart, Jean-Jacques Jarrige, Christian
Montenat et Philippe Ott d'Estevou.. 207
Coupes balancées d'échelle crustale des Pyrénées, par
briançonnaise, Alpes occidentales françaises). Consé- Michel Segurel, Marc Daignières et équipe profil
quences paléogéographiques, par Etienne Jaillard 633
ECORS Pyrénées. 341
Découverte de Vertébrés dans le Silurien supérieur de la Les écailles antéviséennes d'Ezzheliga. Leur importance
zone de Meguma (Nouvelle Ecosse, Canada) : implica- dans l'interprétationstructurale du Maroc Central, par
tions paléogéographiques, par Emmanuel Bouyx et
Daniel Goujat. 711
Yves Cailleux.
. . .
. 497

Chronologie numérique de l'étage Burdigalien, par Yves Là fracturation du graben de Saint-Maixent, un exemple
des relations socle-couverture dans le seuil du Poitou,
Gourinard, Jean Magné, Michel Ringeade et Marie-José
Wallez. 715 par MichelleVergneaud et Michel Colchen 539

Identification d'un complexé leptyno-amphibolique au Les massifs cristallins externes sur une transversale
sein des «gneiss de Belgodère » (Corse Occidentale),
Guttanen-Val Bedretto (Alpes Centrales) : structures
et histoire cinématique, par Didier Marquer et Denis
René p. Menot et Jean B. Orsini.
par Paolo Palagi, Didier Laporte, Jean M. Lardeaux,
L'héritage hercynien dans la paléogéographie récifale du
1047
Gapais..
.... . . .... . .
Individualisation de deux unités à flysch nummulitique
543

d'origines paléogéographiques différentes au sein de


Jurassique supérieur nord-aquitain (France), par Pierre « l'Écailie ultradauphinoise des Aiguilles d'Arves
Hantzpergue. A. .
.... .... ......
Sédimentologieet diagenèse de la matièreorganiqueconte-
1147
(région de Saint-Jean-de-Maurienne, Savoie), par
ArnaudSerre, Anne Toury, Jean-PaulRampnoux,Juven-
»

nue dans le niveau Paquier; couche repère de l'Albien tino Martinez-Reyes et MarcTardy. 637
...
inférieur vocontien; par Jean-G. Bréheret.
. . . .
Interprétation paléo-océanique d'une série pélagique à
... .
1151
Cisaillements ductiles varisques vers l'Est - Sud-Est dans
les nappes du Waldviertel (Sud-Est du Massif de
matériel ophiolitique : la série de Chabrière, complexé Bohème, Autriche). Données microtectoniques et radip-
de base du massif ophiolitique du Montgenèvre (Alpes métriques 39Ar/40 Ar, par Philippe Matte, Henri
Marc Vuagnat..
. . .
.
occidentales), par Jean Bertrand, Peter Nievergelt et
.......
... ... . . . . . .
Découverte d'un affleurement de terrains paléozoïques
.
.
1199
Maluski et Helmut Echtler.
Regard sur la géologie de la Corée à partir du Japon,
721

dans l'île de Majorque (Baléares, Espagne), par Emilio par Michel Faure et Jean-Paul Cadet .
727

Ramos et Antonio Rodriguez-Perea, 1205 Analyse d'un modèle de plissement par glissement (ou
cisaillement) : simulation géométrique et premièreappli-
Géologie et métallogénie de la « Série des mines » au
Shaba (Ex-Katanga) méridional (Zaïre). Métaévapori- cation aux Pyrénées hercyniennes, par Jean Delteil. . . 731
tes et reprises hydrothermales, par Dominique Cluzel. 1209 Ductilité du plagioclase et déformation des métagabbros
Le pluton granitique hercynien d'Oulmes (Maroc
dans le faciès amphibolite, par Jean-Marc Lardeaux,. . 827
central) : schémas de déformationfinie et cinématique Rôle des couloirs de cisaillementde Gafsa et de Negrine-
de mise en place, par Saâd Aïtomar. Tozeur dans la structuration du faisceau des plis des
... ... .....
.
1299
Chott, éléments de l'accident sud-atlasique, par Fouad
Le volcanisme ignimbritique birrimien et ses mécanismes
de mise en place dans le bassin du Yaouré, centre de Zargouni, Mohamed Chedli Rabia et Chedli Abbès. . . . 831
la Côte-d'lvoire, par Richard Fabre.
.........
Les dépôts carbonates lacustres et palustres du Permien
1355 Failles synsédimentaires et structure de la plaine dé la
Rusizi (Nord-Tanganyika), par Jean Chorowicz et
provençal : différences et significations, par Nadège Catherine Thouin. 835
Toutin-Morin..
. . . .....
.
La fransgression du Cénomanien supérieur-Turonien infé-
1423 Déformation naturelle du quartz : coexistence des systè-
mes de glissementde direction <a> et [C] à haute tempé-
rieur dans la région de Jaén (Nord du Pérou) : données rature (migmatites de la nappe d'Ojén, Espagne), par
sédimentologiques et stratigraphiques; découverte du Jean-Luc Bouchez, José Maria Tubià et Dave Mainprice. 841

rier.. ...........
premier saurien marin du Pérou, par Etienne Jaillard,
Arturo Cordova, Jean-Michel Mazin et Thomas Mou-
... . . .
1429
Structure et évolution récente de la région de la jonction
triple du Japon central, par Pierre Labaume et Philippe
Huchon 847
10 — Série II Table des Matières

Pages Pages
Le bassin du lac Tanganyika : évolution tectonique et L'archipel des Grenadines (Petites Antilles) : Volcanisme
sédimentaire, par Jacques Le Fournier, Jean Chorowicz, mio-pliocène de l'île d'Union, par Martine
Catherine Thouin, Frédéric Balzer, Pierre-Yves Chenet, Le Guen de Kerneizon et Hervé Bellon 431
Jean-Pierre Henriet, Didier Masson, André Mondeguer, Données sur la fracturation du champ volcanique de
Bruce Rosendahl, France-Lucie Spy-Anderson et Jean- Cyangugu-Bugarama(Rwahda), par Jean-PhilippeRan-
Jacques Tiercelin . ....... .
1053
çon et Jacques Demange.. 503
La limite Maures occidentales-Maures orientales (Var, Découverte d'une caldéra majeure associée au champ géo-
France) : un décrochementductile senestre. majeur entre thermique Los Azufres (Mexique), par Evelyne Pradal
deux provinces structurales très contrastées, par Alain et Claude Robin 1069
Vauchez et Maurice Bufalo. 1059
Mise en évidence d'une activité hydromagmatique holo-
L'île de Zabargad (Saint-Jean) : témoin-cléde l'expansion cène sur l'île de Flores (Açores), par Michel Morisseau
précoce en Mer Rouge, par Adolphe Nicolas, Françoise et Hervé Traineau. 1309
Boudier, Nikos Lyberis, RaymondMontigny et Pol Guen- Émission de microparticules silicatées dans l'atmosphère
noc 1063
méditerranéenne par le panache permanent de l'Etna
Sur la tectonique précoce hercynienne et le rôle des acci- en activitémodérée, par Roger Lefèvre, Annie Gaudichet
dents antéschisteux dans le Haut Atlas occidentalpaléo- et Marie-AnnickBillon-Galland 1433
zoïque au Sud d'Imi-n-Tanoute (Maroc). Relations
avec les Jebilet occidentales, par Jean-Jacques Cornée Pédologie
et Jean Ferrandini 1157
Diminution du point de charge nulle d'un sol ferrallitique
Esquisse néotectonique des pays limousin, marchois et
bourbonnais (Nord du Massif Central français), par par apports de composésorganiques. Éventuellesconsé-
Pierre Freytet, Gilles Lerouge, Jean-Michel Quenardel, quences d'une telle diminution sur la nutrition des
végétaux en zone tropicale humide, par Emmanuel Fros-
Serge Bogdanoff, Pierre Bouvier, Myriam Cohen-Julien,
Dominique Lemaire, Patrick Rolin et Pierre Schmitt.
. .
1163
sard, Fernand Jacquin et Gabriel de Araujo Santos.
Sur l'hydrodynamique d'une solution idéale dans un
... 213

Nouveau modèle de la chaîne des Pyrénées, par Joachim milieu poreux non saturé. Analyse de la loi de Darcy et
Déramond, Rodney H. Graham, John R. Hossack, de la loi de Fick par la thermodynamique des processus
Patrice Baby et Gilles Crouzet 1213 irréversibles,par Jean-Claude Bénet et Eric Mignard.. 1439
.
Glissement de direction [c] dominant dans le quartz de
filons de granite, cisaillés en conditions sub-solidus Climatologie
(Vosges, France), par Philippe Blumenfeld, Dave Main-
Sur la sécheresse au Sahel d'Afrique de l'Ouest. Une
price et Jean-Luc Bouchez 1303
rupture climatique dans les séries pluvipmétriques du
Dispositif sédimentaire et évolution tectonique hercy-
nienne du Paléozoïque de Mechra ben Abbou,
Rehamna (Maroc), par Fouad El Kamel, Jacques Muller
bonnel et Pierre Hubert
Burkina Faso (ex Haute-Volta), par Jean-Pierre Car-
941

et Jean Sougy 1361 Paléoécologie


Géodynamique
Une nouvelle conception de l'origine énigmatique des
Cerastoderma glaucum quaternaires du Sahara, par
Chenaux sous-marins profonds et chenaux martiens, par Alain Lévy 437
Gilbert Bellaiche, Vincent Coutellier, Laurence Droz et L'intérêt paléoécologiquedu remplissage sédimentairedes
PhilippeMasson 347
Contribution à la connaissance de l'origine du Bassin de
Paris à partir d'un graben initial. Intérêt économique,
lieu et Maurice Reille
maars du Velay occidental, par Jacques-Louisde Beau-

Influence du développement d'un voile algaire sur la sédi-


443

par André Durandau et Anthony Koning 737 mentation et la taphonpmie des calcaires lithpgraphi-
Premiers résultats de la campagne d'essai du submersible ques. Exemple du gisement de Cerin (Kimmeridgien
français « Nautile » dans la fosse de Porto-Rico supérieur, Jura méridional français), par Jean-Claude
(Grandes Antilles), par Xavier Le Pichon, Jean liyama, Gall, Paul Bernier, Christian Gaillard, Georges Barale,
Jacques Bourgois, Bernard Mercier de Lepinay, Jean Jean-Paul Bpurseau, Eric Buffetaut et Sylvie Wenz.. 547
. .
Tournait, Caria Muller, Jacques Butterlin et Georgette
Glaçon. 743 Préhistoire
Prévision des tremblements de terre dans la région de Données minéralogiques sur les colprants rouges préhisto-
Tokai (Japon), par Jacques Boulègue, Xavier Le Pichon riques de Provence : démonstration que certains d'entre
et Jean T. liyama 1217
eux ont été obtenus par calcination de goethite, par
Volcanologie
Gérard Onoratini et Guy Périnet 119
Du Solutréen en Ile-de-Erance : le gisement de Saint-
Raiatea dans l'archipel de la Société (Polynésiefrançaise), Sulpice-de-Favières(Essonne), par Charles Sacchi, Béa-
par Robert Brousse et Emmanuel Berger 115 trice Schmider et Francis Chantret 243
Risques volcaniques et circulation aéronautique : causes Reconnaissance d'une chaîne opératoire, expliquant l'ob-
dès perturbations provoquées par l'éruption de 1982- tention des formes polyédriques et subsphériques,dans
1983 du Galunggung (Java, Indonésie), par Alain Gour- l'industrie sur galets du gisement villafranchiende Aïn
gaud, Wimpy Tjetjep, Lili Ramli, Adjat Sudradjat,
Pierre M. Vincent et Guy Camus 351 nouni
Hanech (Sétif, Algérie Orientale), par Mohamed Sah-
355
Paléontologie

Reproduction

faces

morphoscopique
dentaires
expérimentale

et
des

exoscopiques
Hominides
de
Pages

processus

fossiles:

avec
humaine

d'usure

application
conséquences
Table

des sur-

à
des

Découverte

supérieur

Jean-Louis

son
Matières

Pages et
de

de

Hartenberger,
Mammifères

Pui

Jean
(Roumanie),

Sudre
et

Costin
Dinosaures

par

Radulescu,
Série

Dan
dans

Grigorescu,

Petre
le
II

1364
Crétacé

Sam-
-11

Les Rongeurs miocènes de Li (Thailande), par Pierre

l'Homonidé I de Garusi, par Pierre-François Puech,

Mein et Léonard Ginsburg. 1369

André Prone, Helga Roch et François Clanfarani. 59

Paléontologie

Paléobotanique

Nouvelles données sur le diphylétisme des Dauphins de

rivières ( Odontoceti, Cetacea, Mammalia), par Chistian

Sur de nouveaux gisements cénozoïques à végétaux fossi-

de Muizon 359

les dans le Bassin de Paris: vegétations et paléoclimats,


La Spongiofaune des sédiments peu profonds du Kimérid-

par Jean-Claude Koeniguer, Michel Laurain, Jean Mou-

gien supérieur-Portlandien du Languedoc (France), par

ton, Jean-Claude Plaziat, Robert Wyns et Eduard Bou-

Yves Bodeur, Henri Termier et Geneviève Termier 449

reau. 509

Ammonites ( Bouleiceratinés) à signification paléobiogéo-

graphique du Toarcien de la Zone Subbétique (Sud de

Découverte de plantes d'âge Viséen supérieur-Namu-

l'Espagne), par Juan C. Braga, Antonio P. Jiménez et

rien A dans les volcanoclastites de la base du complexe

Pascual Rivas 553

volcanique du Tezekka (Maroc oriental). Approche

Les premières empreintes de pas de Dinosaures du Sud-

paléogéographique, par Françoise Chalot-Prat et Cathe-

Est asiatique: pistes de Carnosaures du Crétacé infé-

rine Roy-Dias.

rieur de Thaïlande, par Eric Buffetaut, Rucha Ingavat,

Nares Sattayarak et Varavudh Suteetorn 643

Méthode nouvelle pour l'examen histologique des végé-

Découverte de Mammifères d'âge Eocène inférieur en

taux fossiles à structure anatomique conservée, par

Tunisie Centrale, par Jean-Louis Hartenberger, Claude

John Holmes et Joëlle Lopez. 949

Martinez et Ahmed Ben Said 649

Des Lingula fossiles, indicateurs de modifications de l'envi-

ronnement dans un gisement du Dévonien inférieur du

Micropaléontologie

Spitsberg, par Daniel Goujet et Christian C. Emig 945

Systématique et évolution du genre miocène Palaeomerèyx

Récapitulation ontogénique des caractères primitifs chez

(Artiodactyla Giraffoidea) en Europe, par Léonard Gins-

Globotruncana (Foraminifère), par Jean-Pierre Bellier

burg. 1075

et Georgette Glaçon. 955

Nouvelle découverte de Radiolaires d'âge Oxfordien

supérieur-Kimmeridgien inférieur, à la base d'une série

Inventaire préliminaire des Radiolaires des nodules phos-

supra-ophiolitique des Schistes Lustrés piémontais

phatés des lydiennes dinantiennes de la Montagne

(Massif de Traversiera, Haut Val Maïra, Italie), par

Noire (Hérault, France), par Françoise Gourmelon. 1259

André Schaaf, Riccardo Polino et Yves Lagabrielle 1079

Présence de Trematochampsidae (Crocodylia, Mesosu-

Sur la présence d'un Collosphaeridae dans les sédiments

chia) dans le Crétacé supérieur du Brésil. Implications

Eocène supérieur du Plateau de Kerguelen-Heard ,par

paléobiogéographiques, par Eric Buffetaut 1221

Robert M. Goll et Jean-Pierre Caulet. 1375

Les Bovidés (Artiodactyla, Mammalia) du gisement até-

rien desPhacochères (Alger, Algérie). Interpétations

Palynologie

paléoécologiques et phylogénetiques, par Djillali Had-

jouis. 1251

La couverture steppique en Tunisie au Quaternaire supé-

Essai de phylogénie des Eupecora (Ruminantia, Artiodac-

rieur, par Annilk Brun. 1085

tyla, Mammalia) par Léonard Ginsburg. 1252


II — AUTEURS

MM. Pages MM Pages


BALDIS (Bruno), José Miguel FEBRER, Hugo Gustave
FOURNIER, Juan Carlos GASCO, Marta GHI-
DELLA, Manuel Jesus MAMANI, Maria Cristina
ABBES (Chedli). Voir Zargouni (Fouad) et divers. 831 POMPOSIELLO et Alejandro VACA. — Structures
- très diverses de la croûte et du manteau supérieur dans
ABOU EL AQUALIM (Abdelmajid).
- Voir Gachon la moitié Nord de l'Argentine, avec découverte d'une
(Jean-Claude) et divers 267 zone géothermale 1245
AÏTOMAR (Saâd). Le pluton granitique hercynien BALLESTRACCI (Régis). — Mise en évidence et inter-A
d'Oulmes (Maroc central) : schémas de déformation prétation d'une zone électriquement conductrice en pro-
finie et cinématique de mise en place fondeur dans le nord d'Israël
ALBAREDE (Francis). - Voir Royer (Jean-Jacques) et
1299
BALTUCK (Miriam). — Voir Boillot (Gilbert) et divers
et
1027
627

(Alain)
divers
ALZIARY DE ROQUEFORT (Thierry). - Voir Farcy
le861
163 BALUSSEAU (Bernard). — Voir Thery (Jean-Michel)
divers

1053
823

Quéré (Patrick).-
ALZIARY DE ROQUEFORT (Thierry)

AMESTOY (Michel ) et Jean-Baptiste


Voir
BALZER (Frédéric). — Voir Le Fournier (Jacques) et
divers ......
BARALE (Georges). Voir Gall (Jean-Claude) et divers,
— 547
divers.
Sur
fissures dans la théoriede Griffith
LEBLOND.

le critère donnant la direction de propagation des


969
BARBEY (Pierre). — Voir Weber (Catherine) et
BARBIER (Claudette). — Voir Daoudi (Abdelali)
divers...
et 303

911
JOANNY.
ANDELMAN (David), Françoise BROCHARD, Pierre- BARBIER (Jean-Pierre). — Voir Mve Ondo (Benjamin)

Voir-
Gillesde GENNESetJean-François

B
- et divers 225
Transitionsde monocouches à molécules polaires 675
BARBOUTH (Nisso). .— Voir Delhoume-Debreu
ANGELIER (Jacques). - Voir Renard (Vincent) et divers 281 (Mathilde) 1013
ANI (Wafa) - Maugin (CorardA.).. 515 BAROZ (François). — Voir Ikenne (Moha). 529
APPLEGATE(Joseph). - Voir Boillot (Gilbert) et divers 627 BARSCZUS (Hans G.). — Voir Liotard (Jean-Michel) 611

(Emmanuel) et divers-
ARAUJO SANTOS (Gabriel de).

AROUS-CHTARA (Radhouane).
Voir Frossard

Voir Bellassoued
213
BARSCZUS (Hans G.) et Jean-Michel LIOTARD
Contributionà la connaissance pétrographiqueet géo-
chimique de l'île de Raivavae (Polynésie française,
(Moncef) et divers 1341 Océan Pacifique Centre Sud) 1409
ARSENE (JEAN).- Voir Fève (Lucette) et divers 701 BASTOUL (Abdelmajid),
— Voir Ramboz
(Claire). 931
ASTRUC (Didier). - Voir Catheline (Daniel)
divers
et
479,
BEAUDOIN(Bernard), Gérard FRIÈS, Olivier PARIZE
et Michel PINAULT. — L'origine des injections
959
ATHANASSOV ( Zhivko) -
Sur le comportement
sableuses : les sills et les dykes albiens du Ravin de/la
Baume, Bevons (Alpes de Haute-Provence). 407
asymptotiquede systèmesdifférentiels non linéaires 1315
AUBOUIN (Jean). Voir Cadet (Jean-Paul) et divers 287
BEAULIEU (Jacques-Louis de) et Maurice REILLE. -
L'intérêt paléoécologique du remplissage sédiméntaire
AUSSEIL(Josiane). Voir Bellion (Yves) et divers
AUSTIN (James). - Voir Schlager (Wolfgang) et divers
937
1141
des maars du Velay occidental
BEGUIER (Claude); — Voir Bono (Aude) et divers
... 443
363
AVIGNANT (Daniel). - Voir Zambon (Daniel) et divers 1235 BELBÉOCH (Bella), Monique ROULLIAY et Max A
-
AUVRAY (Bernard). Voir Graviou (Pierrick) 315 TOURNARIE. — Mise en évidence (par diffraction.
AZEMA (Jacques). -
Voir Renard ( Vincent) et divers 281
des rayons X) de l'interdigitation des chaînes aliphati-
ques dans des films de Langmuir-Blodgett. Nouvelle
méthode expérimentale de mesure 871
BELIN (Colette). — Voir Berger (Pierrette) et divers 801
BELLAICHE (Gilbert), Vincent COUTELLIER, Lau-
rence DROZ et Philippe MASSON. — Chenaux sous-
BABY (Patrice). - Voir Déramond (Joachim) et divers 1213 marins profonds et chenaux martiens 347
14 — Série II Table des Auteurs

MM. Pages MM. Pages


BELLAN (Jacques), Marie-Rose MARRE-MAZIÈRES, BERTRAND(Jean), Peter NIEVERGELTet Marc VUA-
Michel SANCHEZ et Jon SONGSTAD. — Sur la GNAT. — Interprétation paléo-océanique d'une série
nature et la réactivité de la liaison phosphazène de pélagiqueà matériel ophiolitique : la série de Chabrière,
quelques benzpphénone-hydrazinophposphoranes complexe de base du massif ophiolitique du Montge-
R3P=N-N=C(C6H5)2 ,; 785 nèvre (Alpes occidentales) 1199
BELLASSOUED (Moncef), Radhouane AROUS- BESACE (Yves). — Voir Berlan (Jacques) et divers.. 693
.
CHTARA, Margarita MLADENOVA, Bogdan KUR- BESANÇON (Jack), Dimitri CAMBOLI, Bernard TRI-
TEV et Marcel GAUDEMAR.— Sur la stéréochimie MAILLEet Yves DUSAUSOY — Stéréochimiedyna-
de la réaction de la benzalaniline avec divers organomé- mique de la substitution TiBr —— TiS (p dans les com-
talliques issus de l'acide phénylacétique. 1341 plexes thiocyaniques dérivés du titanocène. Suppprt
BELLIER (Jean-Pierre) et Georgette GLAÇON. — Réca- cristallochimique 83
.
pitulation ontogénique des caractèresprimitifschezGlo- BIDEAU (Daniel). — Voir Lemaître (Jacques) et divers. 977
botruncana (Foraminifère). . . . .... ....'
BELLION (Yves), Josiane AUSSEIL, Jean-Paul COLIN,
.
955 BILLON-GALLAND (Marie-Annick). — Voir Lefèvre
(Roger) et divers 1433
Roger Jan du CHÊNE, Ramsy KHATIB, Ivan de BLAISE (Paul) et Olivier HENRI-ROUSSEAU. — De
KLASZ, Sandrine de KLASZ, Katharina PERCH- la qualité des fonctions d'onde approchées de l'ion
NIELSEN, Pierre SAINT-MARC et Raphaël SARR. moléculaire H2 : calcul des écarts-types sur l'hamilto-
— Age paléocène de la Formation des Madeleines de nien:
. . .
907
la région de Dakar (Sénégal) 937 BLASQUEZ (Gabriel) et Ali BOUKABACHE. — Corré-
BELLON (Hervé). — Voir Le Guen de Kerneizon (Mar- lation entre les processus de piégeage et la mobilité
tine). 431 effective des porteurs dans les transistors MOS..
BLUMENFELD(Philippe),Dave MAINPRICEet Jean-
. ... 875
BELLON (Hervé), Louis CHAURIS, André FABRE,
Bernard HALLEGOUETet Pierre THONON. — Age Luc BOUCHEZ. — Glissement de direction [c] domi-
du magmatisme fissurai tardi-Hercynien à l'extrémité nant dans le quartz de filons de granité, cisaillés en
occidentale du Massif armoricain (France) 297 conditipns sub-solidus (Vosges, France).. 1303
BENABOURA (Ahmed), Alain DEFFIEUX et Pierre BOCHER (Jean-Luc). — Voir Bourgade (Jean-Luc) et
SIGWALT.— Mode d'insertion du styrène dans des divers 895
copolymères styrène-hexène-1, obtenus à l'aide d'un BODEUR (Yves), Henri TERMIER et Geneviève TER-
catalyseur « Ziegler » : caractérisation des unités sty- MIER. — La Spongiofaune des sédiments peu pro-
rène iscolées. 229 fonds du Kiméridgiensupérieur-Portlandiendu Langue-
BENET (Jean-Claude) et Eric MIGNARD. — Sur doc (France) 449
. ... .
l'hydrodynamique d'une solution idéale dans un milieu BOGDANOFF(Serge). — Voir Freytet (Pierre) et divers. 1163
poreux non saturé. Analyse de la loi de Darcy et de la BOILLOT (Gilbert), Edward L. WINTERER, Audrey
irréversibles .
loi de Fick par la thermodynamique des processus
.
1439
W. MEYER, Joseph APPLEGATE, Miriam BAL-
TUCK, James A. BERGEN, Maria C. COMAS,
Thomas A. DAVIES, Keith DUNHAM, Cynthia A.
BEN SALEM (Azzedine), Shinichi KIKKAWA, Philippe EVANS, Jacques GIRARDEAU, Dave GOLDBERG,
MOLINIÉ, Alain MEERSCHAUTet Jean ROUXEL.
Janet HAGGERTY, Lubomir F. JANSA, Jeffrey A;
— Préparation, caractérisation et mesures électriques JOHNSON, Junzo KASAHARA, Jean-Paul
des phases MM'Nb2SeI0_xSï avec xg2. 1003
LOREAU, Emilio LUNA SIERRA, Michel MOUL-
BERGEN (James A.). — Voir Boillot (Gilbert) et divers. 627 LADE, James OGG, Massimo SARTI, Jurgen THU-
ROW et Mark W. WILLIAMSON. — Résultats préli-
BERGER (Emmanuel). — Voir Brousse (Robert).
BERGER (Pierrette),Colette BELIN, Marie-Pierre MAR-
..... 115
minaires de la campagne 103 du Joides Resolution
(Océan Drilling Program) au large de la Galice
NIESSE et Marc EWALD. — Les acides fulviques (Espagne): sédimentation et distension pendant le
dissous dans les eaux du proche plateau continental. « rifting » d'une marge stable; hypothèse d'une dénuda-
Relation avec la situation estuairienne.. 801 tion tectonique du manteau supérieur 627
BERGHEZAN(Aurel). — Voir He (Xi Jing) et divers.. 587 BOLTE (Michèle). — Voir Robert (Béatrice) et divers. 881
. . .
BERLAN (Jacques), Pascale SZTAJNBOK, Yves
BESACE et Pierre CRESSON..— Synthèse stéréosélec-
BONIN (Bernard). — Voir Platevoet (Bernard).
BONNETOT(Bernard), Bernard F. MENTZEN et Jean
...... 403

tive d'indanols à partir de méthyl-2 aryl-2 indanones-1. 693 BOUIX. — Mise en évidence d'une forme haute-
BERNACHE-ASSOLANT (Didier). — Voir Gauthier pression du pentaplomb (II) octaoxosulfate (VI) : la
(Gérard) et divers 135 phase P-Pb5SOg 487
BERNARD (Yves), Marie-Claire ROBERT et Françoise BONO (Aude), Philippe FRAUNIE et Claude
LEFAUCHEUX. — Un nouveau dispositif d'observa- BEGUIER. — Optimisation d'une éolienne à cylindres
tion holographique en temps réel. 1105 tournants 363
BONPUNT (Louis). — Voir Doutant (Alain) et divers. 981
BERNET-ROLLANDE(Marie-Claire). — Voir Rouchy . .
(Jean-Marie) et divers 1193 BORDIGNON(Michel). — Voir Steinbrunn (Alexis). , 685
.
BORNE (Viviane) et Jean-Pierre MARGEREL. —
BERNIER (Paul). — Voir Gall (Jean-Claude) et divers. . 547 Découverte d'Oligocène marin fossilifère près de Saint-
BERTHIER(Yves). — Voir Pinol (Salvador) et divers.. 17 Jean-de-Monts (Vendée)
.
1419
.
Table des Auteurs Série II —15

MM. .Pages MM. Pages


BOUAS-LAURENT (Henri). BRAULT (Martine), Bernd R. T. SIMONEIT, Jean-
— Voir Castellan (Alain) .
et divers.. , . ........ ..... ...:.....
. . .
:.
. .
21 Claude MARTY et Alain SALIOT. — Les hydrocarbu-
res dans le système hydrothermal de la ride Est-
BOUCHEZ (Jean-Luc). — Voir Blumenfeld (Philippe) et
................................
divers. 1303 Pacifique, à 13°N.
BRÉHERET (Jean-G,).
.- . .
807
BOUCHEZ (Jean-Luc), José Maria TUBIA et Dave Sédimentologie et diagenèse
MAINPRICE. A— Déformation naturelle du quartz
coexistence des systèmes de glissementde direction <a>..
....
de la matière organique contenue dans le niveau
Paquier, couche repère de l'Albien inférieur vocontien.
BRETON (Eric). —Voir Le Bihan (Denis).
1151

.
et [c] à haute, température (migmatites de là nappe 1109
d'Ojén,.Espagne).
.... ... ....
.
841 BREYSSE (Michèle). —. Voir Eltzner (Wemer) et divers. 139

divers.... .........
BOUDEULLE (Micheline). —Voir Gaidon (Jean-Luc) et

BOUDIER (Françoise). — Voir Nicolas (Adolphe) et


.... . . . . .
. 791
BRICKER (Harvey). —. Voir Laville (Henri) et divers. . .
BRIGUET(André), Jean-Jacques CHAILLOUTet Mau-
rice GOLDMAN. — Principe d'imagerie par résonance
1137

divers.: 1063 magnétique nucléaire utilisant un champ de polarisa-


BOUILLIN
. . .
(Jean-Pierre), Claude MAJESTÉ- tion non uniforme. .....:
BROCHARD (Françoise):— Voir Andelman (David) et
465
MENJOULAS Marie-Françoise OLLIVIER-.
PIERRE, Yvette TAMBAREAU et Juliette VIL- divers.. 675
LATTE. — Transgression de l'Oligocèneinférieur (for-
mation de Palizzi) sur un karst à remplissagebauxitique
BROUSSE (Robert) et Emmanuel BERGER. — Ràiatea
dans l'archipel de la Société (Polynésie française). ...115
dans les zones internes calabro-péloritaines (Italie).. 415 BRUN (Annik). — La couverture steppique en Tunisie
BOUIX (Jean). — Voir Bonnetot (Bernard) et divers.
. .
487 au Quaternaire supérieur. . .
1085
BOUKABACHE (Ali). — Voir Blasquez (Gabriel), BRUN (Gérard). — Voir Liautard (Bernard) et divers. . . 131
BOULADON (Jean). — Voir Oudin (Elisabeth) et divers.
... 875
157 BRUNETON(Jean). — Voir Chalandre (Marie-Christine)
BOULÈGUE (Jacques).
— Voir Cadet (Jean-Paul) et.
et divers,.... . ....
BUFALO (Maurice). — Voir Vauchez (Alain). ...
1185
1059
divers.. 287 . . . .
BOULÈGUE (Jacques), Xavier LE PICHON et Jean T. BUFFETAUT (Eric). — Voir Gall (Jean-Claude) et
IIYAMA. — Prévision des tremblements de terre dans .. ... ..... ... ,
divers.. 547
la région de Tokai (Japon)..
... ............ ... 1217 BUFFETAUT(Eric). Présencede Trematochampsidae

BOULIGAND (Georges): — Propriétés des champs uni-,
voques conservatifs dérivant d'un potentiel superficiel
(Crocodylia, Mesosuchia) dans le Crétacé supérieur du
Brésil. Implications paléobiogéographiques..
BUFFETAUT (Eric), Rucha INGAVAT, Nares SAT-
. . . . .
. 1221

sur un domaine compact nivelé . . : ... .


BOULIGAND. (Georges). Construction des équilibres
....759 TAYARAK et Varavudh SUTEETORN.
— Les pre-
mières empreintes de pas de Dinosaures du Sud-Est

hydromagnétiques toriques à pression, scalaire par la asiatique : pistes de Carnosaures du Crétacé inférieur
méthode des accroissementsfinis.
BOUREAU (Edouard). - .............
Voir Koeniguer (Jean-Claude)
. .
867 de Thaïlande
.
BUHAN (Patrick de). — Critère de rupture macroscopi-
.... 643

et divers.,
BOURGADE(Jean-Luc), Jean-Luc BOCHER,Jean DE
509 que d'un matériau renforcé par armatures. ........
BUREAU (Dominique). —L'eustatismelié à la réduction
557

MASGUREAU:et Alain SALERES. — Première utili- mésozoïque des cuvettes océaniques en relation avec
sation d'un bolomètre pour la calorimétrie du l'extension des bassins intracontinentaux 391
rayonnement.X émis par un plasma créé par laser.
BOURGOIS (Jacques). — Voir Le Pichon (Xavier) et
...
895 BURG (Jean-Pierre). — Voir Delor (Claude) et divers.
BUROLLET (Pierre). — Voir Thiriet (Jean-Paul) et
. .
1037

divers..
.. . . . .
BOURGOIS (Jacques).
...
. . . .
743 divers..
BUSSON(Georges) et Annie CORNÉE. — La sédimenta-
. . .
207
— Voir Renard (Vincent) et

.
....(Jean-Paul).
divers.:
BOURSEAU
281 tion phosphatée d'âge Crétacé supérieur-Éocène des
bassins côtiers africano-atlantiques : réflexions et hypo-
divers., ........... ........ .........
— Voir Gall (Jean-Claude) et
BOUSGARBIÈS (Jean-Louis). Voir Oliveira (Luis A.)
547 thèse sur une interprétationglobale
BUTTERLIN (Jacques), — Voir Le Pichon (Xavier) et
. .
421

— divers.. 743
et divers.. ...
. .
BOUVIER (Pierre). — Voir Freytet (Pierre) et divers.
BUVET (René). — Voir Jakubowicz (Christine) et
..
1163 divers,:. .... . 991, 1119
. . .
BOUYX (Emmanuel) et Daniel GOUJET. — Découverte
de Vertébrés dans le Silurien supérieur de la zone de
Meguma (Nouvelle Ecosse, Canada) : implications C
paléogéographiques.
..... 711
. . . . . . . .
BRAGA. (JuanC.), Antonio P. JIMÈNEZ et Pascual
.... . . .

RIVAS.:— Ammonites (Bouleiceratinés)à signification


paléobiogéographiquedu Toarcien de la Zone Subbéti-
libre
CABANNES. (Henri). : — Mouvement d'une corde
vibrante en présence d'un obstacle convexe : un. pro-
blême à frontière
CABANNES (Henri). — Mouvement d'une corde
. . .
125

que (Sud de l'Espagne). . . . ...-.......... ... . .


553 vibrante qui oscille en présence d'un obstacle voisin de
la position d'équilibre.
BRANCHER (Jean-Pierre). — Dynamo unipolaire en
régime impulsionnel. 987 CADET (Jean-Paul). — Voir Faure (Michel)..
. . . ... 1273
727
. . .
16 — Série II Table des Auteurs

MM. Pages MM. Pages


CADET (Jean-Paul), Kazuo KOBAYASHI, Jean CAZABAT (Anne-Marie) et Martinus
AUBOUIN, Jacques BOULÈGUE, Jacques DUBOIS, COHEN STUART. — Dynamique de l'étalement de
Roland VON HUENE, Laurent JOLIVET, Toshihiko gouttes sur une surface. Loi de Tanner et effet de la
KANAZAWA, Junzo KASAHARA, Kinichiro KOI- gravité 1337
ZUMI, Serge LALLEMAND, Yasuo NAKAMURA, CHABANEL (Martial). — Voir Kim (Yoo Hang) et
Guy PAUTOT, Kiyoshi SUYEHIRO, Shin TANI, divers 1113
Hidekazu TOKUYAMA et Toshitsugu YAMAZAKI.
CHABERT (Bernard), Jacques CHAUCHARD et Gil-
— De la fosse du Japon à la fosse des Kouriles : bert LACHENAL. — Apport de l'analyse thermoméca-
Premiers résultats de la campagne océanographique
franco-japonaise Kaïko (Leg III) 287
nique dynamique à l'étude de l'influence des propriétés
superficielles du renfort dans les composites fibres/po-
CAILLAT (Roger). — Voir Fève (Lucelte) et divers.
CAILLEUX (Yves). — Les écailles antéviséennesd'Ezzhe-
... 701 lyépoxyde
CHADENSON (Michèle). — Voir Castellan (Alain) et
13

liga. Leur importance dans l'interprétation structurale divers 21


du Maroc Central 497
CHAILLOUT(Jean-Jacques). — Voir Briguet (André) et
CALAS (Raymond) et Jacqueline GERVAL. — Sur la divers 465
substitution électrophile régiosélective des arylsilanes et
CHALANDRE (Marie-Christine), Hélène GUINAU-
ses limitations 1289
DEAU et Jean BRUNETON. — Efatine et ambrimine,
CAMBOLI (Dimitri). — Voir Besançon (Jack) et divers. 83 deux représentants d'un nouveau type d'alcaloïdes bis-
CAMBON (Claude) et Claude TEISSEDRE. — Applica- benzylisoquinoléiques 1185
tion des harmoniques sphériques à la représentation et CHALOT-PRAT (Françoise) et Catherine ROY-DIAS.
au calcul des grandeurs cinématiques en turbulence Découverte de plantes d'âge Viséen
homogène anisotrope 65 —
supérieur-Namurien A dans les volcanoclastites de la
CAMUS (Guy). — Voir Gourgaud (Alain) et divers 351 base du complexevolcaniquedu Tazekka (Maroc orien-
CAPDEVILA (Raymond). — Voir Mougenot (Denis) et tal). Approche paléogéographique 853
divers 323 CHAMLEY (Hervé). — Voir Le Pichon (Xavier) et divers. 273
CAPRON (Roland) et Pierre HAYMANN. — Protocole CHANTRET(Francis). — Voir Sacchi(Charles) et divers. 243
pour une analyse qualitative des métaux dans les pro- CHAPELLE(Jean-Pierre). — Une méthode simple pour
duits de combustion par microscopie électronique dans élaborer des monocristaux de chlorure et bromure mer-
la surveillancede l'environnement 1131
cureux 575
CARBONNEL(Jean-Pierre) et Pierre HUBERT. — Sur CHAPELLE (Jean-Pierre). — Une méthode simple pour
la sécheresse au Sahel d'Afrique de l'Ouest. Une rup-
élaborer des monocristaux de chlorure et bromure mer-
ture climatique dans les séries pluviométriques du Bur- 645
kina Faso (ex Haute-Volta) 941 cureux
CARILLO (Miguel). — Voir Chauve (Pierre) et divers.. 335
CHAREF (Abdelkrim) et Simon M. F. SHEPPARD. —
. Le gisement des Malines (Gard) Zn-Pb : contribution
CARO (Paul), Jacqueline DEROUET et Pierre POR- isotopique (D/H) au rattachementde la minéralisation
CHER. — Simulation des courbes de susceptibilité karstique KII à la minéralisation hydrothermale F. 39
paramagnétique au voisinage d'une transition haut . . .
spin <± bas spin pour Co2+ (d7) 901
CHARENTENAY (Christophe de) et Serge KOUT-
CHMY. — Sur la variabilité de la constante solaire.. 151
CARON (Jean-Paul H.). — Voir Manteka (Binsamba) et .
divers 171
CHARNAY (Georges). — Voir Rodet (Jean-Claude).. 1269
. .
CARPENTIER (Jean-Louis), André LEBRUN, Francis CHARTIER (Germain). — Voir Lotfi Gomaa (Moha-
PERDU et Pierre TELLIER. — Mise en évidence med) 775
d'une conduction électrique mixte dans le rutile dopé CHARVET (Jacques). — Voir Le Pichon (Xavier) et
au chrome au moyen de la spectrométrie d'impédance divers 273
complexe 679 CHAUCHARD (Jacques). — Voir Chabert (Bernard) et
CARPY (Alain). — Voir H'Naïfi (Abdeslam) et divers. 927 divers 13
CARRÉ (Daniel). Voir Jaulmes (Sylvie) et divers. .

CARRON (Jean-Paul). — Voir Nachit (Hassane) et
... 259 CHAURIS (Louis). — Voir Bellon (Hervé) et divers.
CHAURIS (Louis). — Les mylonites : pièges pour la
. . .
297

divers 813 tourmalinisation deutérique. L'exemple du granite tour-


CASALOT (André). — Voir Monnereau (Odile) et divers. 375 malinifère de Saint-Renan (Massif armoricain, France). 599
CASSOUX (Patrick). — Voir Valade (Lydie) 999 CHAUVE (Pierre), Éric FOURCADE et Miguel
CASTELLAN (Alain), Corinne VANUCCI, Jean-Pierre CARILLO. — Les rapports structuraux entre les
DESVERGNE, Henri BOUAS-LAURENT, Marcelle domaines cordillérain et mésogéen dans la partie cen-
HAUTEVILLE et Michèle CHADENSON. — Étude trale du Mexique. 335
.
photochimique de dimères modèles de lignine de type CHAYÉ D'ALBISSIN (Micheline) et Jean-Jacques
a-O-4 et p-O-4 « O-méthylés » 21 GUILLOU. — La conservation de microorganismes
CATHELINE (Daniel), Claude LAPINTE et Didier dans une magnésitite spathique et ses incidencescristal-
ASTRUC. — Complexe fer-hydroxyméthylidène: logénétiques et sédimentologiques 797
un intermédiaire dans la réduction par étape CHÊNE (Roger Jan du). Voir Bellion (Yves) et divers. 937

de CO 479, 959 CHENET (Pierre-Yves).— Voir Le Fournier (Jacques) et
.
CAULET (Jean-Pierre). — Voir Goll (Robert M.) 1375 divers 1053
Table des Auteurs Série II — 17

MM. Pages MM. Pages


CHERET (Roger). — Émergence d'une détonation quasi COUTELLIER (Vincent). — Voir Bellaiche (Gilbert) et
C.-J. sur le bord libre d'un domaine explosif. 657 divers.. 347
CHERET (Roger). — Extinction ou bifurcation d'une
... . ... .
COUTY (René),- Francis TAULELLEet HélèneTHEVE-
détonation autonome. 961 NEAU. — Mise en évidence, au moyen de la spectrosco-
.
CHEVALIER (Bernard). — Voir Quezel (Simone) et pie RMN, des sites tétraédriques et octaédriques de
divers.. 919 l'aluminium-27 dans des gels silicoalumineux.
. . .
COUZI (Michel).-—Voir Lurin (Christian) et divers. ...
... 1033
1123
.................
CHIARONI (Angèle). — Voir Razafimbelo (Judith) et

....
A
......
divers..
. . .
519 CRAVATTE (Jacques). — Voir Clauzon (Georges)..... 1351
.
CHOROWICZ (Jean). — Voir Le Fournier (Jacques) et CRESSON (Pierre). — Voir Berlan (Jacques) et divers. 693
...
divers..
CHOROWICZ (Jean) et Catherine THOUIN.
.
1053 CREVOLA (Gilbert). — Les orthomicaschistes du massif
:

— Failles des Maures (France) : produits ultimes du tectonométa-


synsédimentaireset structure de la plaine de la Rusizi morphisme métasomatique d'anciens granités.
(Nord-Tanganyika) 835 CROUZET (Gilles). — Voir Déramond (Joachim) et
... .. 99

CIANFARANI (François). — Voir Puech (Pierre- divers. 1213


François) etdivers..
CIMETIÈRE (Alain). . . ... ......
.
Sur un modèle élastoplastique
59 CUDENNEC (Yannick), André LECERF, Amédée
-
RIOU et Yves GERAULT. Étude cristallochimique

de forte flexion des,plaques minces. 755
CLAUZON (Georges) et Jacques CRAVATTE. — Révi-
sion chronostratigraphique de la série marine pliocène
Zn3(HPOJ3, 3H20. .
de deux phosphates de zinc : Zn3(P04)2, 1H20 et
. . .
93

traversée par le sondage Cahet 1 (Pyrénées-Orientales)


apports à la connaissancedu Néogène du Roussillon 1351 D
CLEOPHAX (Jeannine). —Voir Vass (Georges) et divers. 1345
DABBABI (Mongi). — Voir Jouini (Amor) 1347
CLUZEL (Dominique): — Géologie et métallogénie de la DAIGNIERES(Marc). Voir Seguret (Michel) et divers. 341
« Série des mines » au Shaba (Ex-Katanga) méridional —
(Zaïre). Métaévaporites et reprises hydrothermales. 1209 DANIS (Michel). — Voir Royer (Jean-Jacques) et divers. 163
.
COHEN-JULIEN (Myriam). — Voir Freytet (Pierre) et DAOUDI (Abdelali),MichèleSUARD et Claudette BAR-
BIER..— Étude de la structure électronique du système
divers..
COHEN STUART
. ... .
(Martinus A.).
— Voir
....
Cozabat
.
1163
triatomique (Fe+CO) intervenant en chimisorption.
.
911
(Anne-Marie).-
....
COLCHEN (Michel). — Voir Vergneaud (Michelle),
.
1337
539
DAUFIN (Georges). — Voir Kerherve (Louis)'.
DAUTANT (Alain), Louis BONPUNT, Abdel LOU-
923
. . . MAÏD et Yvette HAGET. — Détermination complète
COLIN (Jean-Paul). — Voir Bellion (Yves) et divers.
COMAS (Maria C). — Voir Boillot (Gilbert) et divers.. A
... 937
627 d'un tenseur de diffusion dans un cristal monoclinique:
cas de l'hétérodiffusion du p-naphtol dans le naphta-
COMBREDET (Nicole). —Inclusions fluides et systèmes lène à 343 K. 981
géothermiques : des relations entre l'ébullition et la . . .
DAVIES (Thomas A.).— Voir Boillot (Gilbert) et divers. 627
production de la vapeur sèche..
...... ....
COMET (Paul). — Voir Schlager (Wolfgang) et divers.
. . .
593
1141 DECOCK(Patrick). — Voir Vandorpe (Bernard)et divers. 475
. DEFFIEUX (Alain).
CONOIR (Jean-Marc). — Diffusion acoustique,en géomé- — Voir Benaboura (Ahmed) et
divers.. 229
Debye généralisées.
CORBEL (Bernard). — Voir Haelters (Jean-Pierre) et
.......
trie séparable : une méthode d'acquisition des séries de
471 DEFRANCESCHI(Mireille) et Joseph DELHALLE. —
Résolution numérique, dans l'espace des impulsions,
divers.. 697 des équations donnant les orbitales cristallinesrelatives
CORDOVA (Arturo). — Voir Jaillard (Etienne) et divers. 1429 à une chaîne infinie d'atomes d'hydrogène 1405
DEGNY (Eric) et Jack LANIER. — Variation de volume
CORNÉE (Annie).
— Voir Busson (Georges).. .
CORNÉE (Jean-Jacques) et Jean FERRANDINI. Sur

.....
.
421
d'un sable dense sur chemins de contrainte axisymétri-
561
la tectonique précoce hercynienne et le rôle des acci- que.
dents antéschisteuxdans le Haut Atlas occidentalpaléo- DELAUMENY (Jeanne-Marie). — Voir Vass (Georges)
zoïque au Sud d'Imi-n-Tanoute (Maroc). Relations et divers. 1345
avec les Jebilet occidentales 1157 DELHALLE(Joseph). — Voir Defranceschi(Mireille).. . 1405
CORRIOL (Christian). — Voir Monti (Honoré).
COSTES (Michel). — Voir Dorthe (Gérard) et divers.
...
271
9
DELHOUME-DEBREU (Mathilde) et Nisso BAR-
BOUTH. — Diffusion du soufre dans quelques alliages
COTTO (Dominique), Frank MONTHEILLETet Jean-
Marc HAUDIN. — Influence de l'anisotropiesur l'in-
. argent-or. .... ...
. . .
DELOR (Claude), André LEYRELOUP et Jean-Pierre
... ... .
1013

tervalle d'instabilité de l'effort au cours du biétirage BURG. — Nouveaux arguments pétrologiques en


des films de polymère. 885 faveur de l'allochtonie du Lévézou (Massif Central
-
COUFFIGNAL(René). Voir Tougani (Amina). ..
1127 français) : les enclaves basiques des granites calco-
alcalins et les métacornéennes associées 1037
COURJAULT-RADÉ(Pierre). Comparaison de l'évo-
— DELTEIL (Jean). — Analyse d'un modèle de plissement
lution sédimentaire des séquences du Cambrien infé-

tral). .......
rieur et moyen (p. p.) dans les versants sud et nord .
(unité de Brusque) de la Montagne Noire (Massif Cen-
43
par glissement (ou cisaillement) : simulation géométri-
que et première application aux Pyrénéeshercyniennes. 731
DEMANGE (Jacques). — Voir Rançon (Jean-Philippe).
.
503
Série II Table des Auteurs

MM. Pages MM. Pages


DEMANGE (Michel) et Philippe JAMET. — Le stade DURANDAU(André) et Anthony KONING. — Contri-
majeur du métamorphisme est de type moyenne pres- bution à la connaissancede l'origine du Bassin de Paris
sion sur le flanc sud de la Montagne Noire dans la à partir d'un graben initial. Intérêt économique 737
région de Labastide-Rouairoux (Tarn, France) 603 DUSAUSOY (Yves). — Voir Besançon (Jack) et divers. 83
DEMIRIS (Constantin A.). — Surfaces de rupture et de
limite de dilatance du marbre de Thassos soumis a des
efforts de compressionmultiaxiaux 1225 E
DEPLUS (Christine). — Voir Renard (Vincent) et divers. 281
DÉRAMOND (Joachim), Rodney H. GRAHAM, John EBERLI (Gregor). — Voir Schlager (Wolfgang) et divers. 1141
R. HOSSACK, Patrice BABY et Gilles CROUZET. ECHTLER (Helmut). — Voir Matte (Philippe) et divers. 721
— Nouveau modèle de la chaîne des Pyrénées 1213 ECORS (Équipe profil Pyrénées). — Voir Seguret
DEROUET (Jacqueline). — Voir Caro (Paul) et divers. 901 (Michel) et divers 341
DESREUMAUX (Christian). — Sur la présence d'une EHRHARDT (Jean-Jacques). — Voir Gachon (Jean-
série carbonatée continue de type Bassin Caraïbe du Claude) et divers 267
Crétacé terminal au Miocène dans la Presqu'île du Sud EL KAMEL (Fouad), Jacques MULLER et Jean
d'Haïti, Grandes Antilles 319 SOUGY. — Dispositif sédimentaire et évolution tecto-
.
DESTUYNDER (Philippe) et Jean-Claude NEDELEC. nique hercynienne du Paléozoïque de Mechra ben
— Approximation numérique du cisaillement trans- Abbou, Rehamna (Maroc) 1361
verse dans les plaques composites 5 ELTZNER (Werner), Michel LACROIX, Michel VRI-
DESVERGNE (Jean-Pierre). — Voir Castellan (Alain) et NAT et MichèleBREYSSE.— Utilisation de thiométal-
divers 21 lates comme précurseurs de catalyseursmixtes d'hydro-
DETOURNAY (Emmanuel). — Solution approximative traitement.. 139
de la zone plastique autour d'une galerie souterraine EMIG (Christian G). — Voir Goujet (Daniel) 945
soumise à un champ de contrainte non hydrostatique. 857 ETIENNE (André), Georges LONCHAMBON, Jacques
DISNAR (Jean-Robert). — Voir Gauthier (Bernard) et ROQUES et Jean-Pierre RIVOALLAN. — Carbamoy-
divers 33 lation et thiocarbamoylation des benzamidines : forma-
DOMINÉ-BERGÈS (Marthe) et Jean LORIERS. tion d'oxo et de thioxotriazines-1.3.5 145
— ÉTOURNEAU(Jean). Voir Quezel (Simone) et divers. 919
Luminescence du cérium trivalent dans le fluorure —
d'yttrium YF3. 915 EVANS (Cynthia A.). — Voir Boillot (Gilbert) et divers. 627
DONNADIEU (Georges). — Spectropluviométrie: exis- EWALD (Marc). — Voir Berger (Pierrette) et divers.... 801
tence de distributions exponentielles à double pente
pouvant provenir de couches nuageuses strato-
convectives 1239
F
DORDET (Yves). — Voir Mugnier (Jacques) et divers.. 771
.
DORTHE (Gérard), Michel COSTES, Christian NAU- FABBRI (Augusto). — Voir Moussat (Éric) et divers. 491
. .
LIN, Claude VAUCAMPS, Guy NOUCHI et Jacques FABRE (André). — Voir Bellon (Hervé) et divers 297
JOUSSOT-DUBIEN. — Première expérience de colli-
sions réactives du carbone atomique en faisceaux molé- FABRE (Guilhem) et Richard MAIRE. — Sur la morpho-
culaires supersoniques puisés 9 genèse karstique et glacio-nivaledu Péloponèse septen-
trional (Grèce) 235
DRIVER (Julian Haworth). — Voir Fortunier (Roland)
et divers 69 FABRE (Richard). — Le volcanismeignimbritique birri-
mien et ses mécanismes de mise en place dans le bassin
DROXLER (André). — Voir Schlager (Wolfgang) et du Yaouré, centre de la Côte-dTvoire 1355
divers 1141
FARCY (Alain) et Thierry ALZIARY DE ROQUE-
DROZ (Laurence). — Voir Bellaiche (Gilbert) et divers. 347 FORT. — Sur une méthode pseudo-spectralede résolu-
.
DUBOIS (Bernard). — Voir Vandorpe (Bernard) et divers. 475 tion de l'équatipnde Helmholtz en coordonnées curvili-
DUBOIS (Jacques). — Voir Cadet (Jean-Paul) et divers. 287 gnes non orthogonales 1327
DUBOIS (Jean-Marie) et Gérard LE CAER. — Tendance FAURE (Michel). — Voir Le Pichon (Xavier) et divers. 273
.
à la vitrification et propriétés physiquesd'alliages amor- FAURE (Michel) et Jean-Paul CADET. — Regard sur
phes à base d'aluminium 73 la géplogie de la Corée à partir du Japon 727
DUBOST (Bruno). — Voir Sainfort (Pierre) et divers. 689 FEBRER (José Miguel). — Voir Baldis (Bruno) et divers. 1245
. .
DUBOST (Gérard) et Serge GUEHO. — Impédance FERRANDINI (Jean). — Voir Cornée (Jean-Jacques).. 1157
mutuelle et couplage entre deux doublets repliés plans FÈVE (Lucette), Rémy FONTAINE, Jean ARSÈNE,
.
parallèles en fonction de leur écartement 79
Michel LENGLET et Roger CAILLAT. — Mise en
DUBUS (Alain). — Voir Sainfort (Pierre) et divers 689 évidence par spectrométrie de photoélectrons (Méthode
DUNHAM (Keith). — Voir Boillot (Gilbert) et divers. 627 ESCA) associée à la spectrométrie de réflectance dif-
. .
DUPEUBLE(Pierre-Alain). — Voir Mougenot (Denis) et fuse, du chrome à la valence VI dans la couche d'oxyde
divers 323 développéeà l'air sur le chrome métallique pur 701
DURAND (Lise). — Méthodes autocohérentes adaptées FONTAINE (Rémy). — Voir Fève (Lucette) et divers. 701
. .
à la traction de matériaux biphasés à grains allongés. 965 FONTEILLES (Michel). — Voir Garcia (Daniel) 819
Tables
MM.
FORTUNIER (Roland), .Julian Haworth DRIVER et
Pages
des auteurs

MM.
Série

GADJIEV (Sardar) et Sergei KOUTOLIN. — Prévision


- 19

Pages

Michel WINTENBBRGER.— Déformationplastique par ordinateur de la composition et des propriétés


physico-chimiquesdes halogéno-chalcogénures des élé-
contraintes imposées. Expression du travail des ments des groupes AIII etAAV(AX'C™ Â^B^C AA
d'un monocristal soumis à des déformations et des

contraintes non-imposées pendant la déformation. 69 avec Â,n=Ga, In;-.Av=As,ASb, Bi; BV, 0, S,ASe;/Te;-
=
FOTOUHI (Bahman), Kurt SIEBER et Ouri GORO-
CHOV.Comportementélectrochimique dans lenoir
C™=F,-C1, Br, I). .:..,, ,.
GAGNE (Yves) Voir HannarT (Bruno) et divers., ,
.255
et sous éclàirement. des monocristaux de Zr0t93Ti0i07S3
-
GAIDON (Jeean-Luc), Serge MARTIN-CALLE et Miche-
. .
669

en milieu aqueux. 1285 line BOUDEULLE, - Les concrétions minéralisées....


FOUCARDE ( Eric). - Voir Chauve (Pierre) et divers..
.
335 des Terres Noires du Sud-Est de la France : diagenèse
FOURCADE (Eric)
divers
- Voir. Schlager (Wolfgang) et
1141
ou hydrothermalisme?
GAILLARD (Christian) -Voir Gall (Jean-Claude) et
791

divers 547
divers
FOURNIES. (Hugo Gustave). — Voir Baldis (Bruno) et

FRASSÉ (Catherine); Voir Trombe (Jean Christian) et


1245
GALL (Jean-Claude), Paul BERNIER, Christian GAIL-
LARD, Georges BARALE,: Jean-Paul BOURSEAU,
Eric BUFFETAUT et Sylvie WENZ.
A
— Influence du
divers —
483 développement d'un voile algaire sur la sédimentation
FRAUNIE(Philippe), — Voir Bono (Aude) et divers., 363 et la.taphonomie des calcaires lithographiques. Exem-
FREEMAN-LYNDE (Raymond). - Voir. Schlager
ple du gisement de Cerin (Kimmeridgien supérieur,
Jura méridional français). , 547
(Wolfgang)et divers 1141 .
GALLAND (Jacques). — Voir Wenger (François) et
FREMOND (Michel) et AugusteVISINTIN. — Dissipa- divers 1281
tion dans le changement de. phase. Surfusion. Change-
ment de phase irréversible. -
GALLAND, (Jacques). Voir Zhang (Jianguo) et divers: 995

.
1265 .
GAPAIS (Denis). — Voir Marquer (Didier). 543
FREYTET (Pierre), Gilles LEROUGE, A Jean-Michel
QUENARDEL, Serge BOGDANOFF, Pierre BOU- GARCIA (Daniel) et Mièhel FONTEILLES. Évolu- -
VIER, Myriam COHEN-JULIEN, Dominique tion du chimisme des. biotites et des muscovites dans
LEMAIRE, Patriek ROLIN et Pierre SCHMITT. — une série de granitoïdes (Nord Portugal); implications
Esquisse néotéctonique,des pays limousin, marchois et pétrologiques et métallogéniques 819
bourbonnais(Nord du Massif Central français). .1.163 GARMY (Michel) et Roger SERPOLAY. — Granulomé-
FRIÈS (Gérard). Voir Beaudoin (Bernard) et divers...

407 . trie des aérosols hygroscopiques : nouvelle méthode
semi-expérimentalepermettant l'extension du domaine
FROSSARD (Emmanuel) Fernand JACQUIN et dès mesures du spectrpgranulomètre vers les: petites
Gabriel de ARAUJO SANTOS. — Diminution du dimensions par couplage avec une chambre isotherme
point, de charge nulle d'un sol ferrallitique par apports à diffusion de vapeur et à flux continu, 1021
de composés organiques. Éventuelles conséquences GASCO (Juan Carlos), — Vpir Baldis (Bruno) et divers. 1245
zone tropicale humide..
d'une telle diminution sur la nutrition des végétaux en
.213 -
GAUDEMAR(Marcel) Voir Bellassoued (Moncef) et
FUJIMOTO (Hiromi).
divers -
Voir Le Pichon (Xavier) et
273
divers
GAUDICHET (Annie). Voir Lefèvre (Roger) et divers
1341
1433
-
FUJIOKA (Kantaro) Voir Renard (Vincent) et divers. 281
GAUTERO (Jean-Luc). — Chaos lagrangien pour une
classe d'écoulements de Beltrami 1095
FULTHORPE (Craig) — Voir Schlager (Wolfgang) et GAUTHIER (Bernard); Jean-Robert DISNAR, Jean-
divers 1141 Claude MACQUAR et Jean TRICHET. — Sur une
FURDIN (Guy), Lachdar HACHIM, Daniel GUÉ- altération particulière du kérogène de séries carbona-
RARD et Albert HÉROLD.-Composés d'insertion tées dolomitisées et minéralisées : exemple du gîte Zn-.
du graphite à couches alternées de dichlorures d'élé- Pb de Trêves. Implications génétiques 33
ments de transition et de métaux alcalins 579 GAUTHIER (Gérard), A Kyong Sop HAN, Didier
FURDIN (Guy), Lakhdar HACHIM, Nour Eddine BERNACHE-ASSOLANTet Jacques MEXMAIN.—
NADI, Michèle LELAURAlN, René VANGELISTI Influence de très faibles teneurs d'ajouts (CaO et Y203)/
sur la densification du nitrure d'aluminiumpar frittage

G
et Albert HEROLD. — Nouveaux composés d'inser-
tion du graphite contenant deux chlorures métalliques
en couches alternées 87
sous charge entre 1650 et 1750°C
GENNES (Pierre-Gilles de). — Voir Andelman (David)
....
.
135

FURUTA-(Toshio) - Voir Le Pichon (Xavier) et divers. 273 et divers 675


GENNES (Pierre-Gilles de). — Pénétrationd'une chaîne,
.
dans une couche adsorbée : échanges solution/adsorbat
et pontâge de grains colloïdaux .
GÉRAULT (Yvës).— Voir Cudennec (Yannick) et divers,
1399
93
GERO (Stephan D.) — Voir Vass (Georges) et divers: 1345
GACHON (Jean-Claude), Abdelmajid ABOU EL
AOUALIM et Jean-Jacques EHRHARDT. — Calori- -
GERVAL( Jacqueline): Voir Calas (Raymond).. 1289
métrie par analyse des déplacements de niveaux de GERVOIS (Annie) et Henri NAVELET. Intégrales de

coeur, Application au cas des alliages palladium argent 267 trois fonctions de Bessel... 763
20 — Série. II Table des Auteurs

MM. Pages MM. Pages


GHIDELLA(Marta). — Voir Baldis (Bruno) et divers.. 1245 GRIGORESCU (Dan), Jean-Louis HARTENBERGER,
.
GIDON (Maurice) et Jean Louis PAIRIS..—La position Costin RADULESCU, Petre SAMSON et Jean
structurale du Houiller des abords NE de Sisteron SUDRE. — Découverte de Mammifères et Dinosaures
(Alpes-de-Haute-Provence, France) : à propos d'une dans le Crétacé supérieur de Pui (Roumanie). 1365
interprétation nouvelle.. : 411 GUEHO (Serge). — Voir Dubost (Gérard). 79
GIGOT (Patrick), Mohamed E. HABIB, Marcel LAN- GUENNOC (Pol). — Voir Nicolas (Adolphe) et divers.. 1063
TEAUME et Mustapha M. YUSSEF. — Mise en évi- GUÉRARD (Daniel). Voir Furdin (Guy) et divers..... 579
dence de coulissagesdextres syn-rift (miocène) et post- —
GUÉRIN (Anne). Voir Gras (Jean-Louis) 379
rift (pliocène) le long du Golfe de Suez. 53 —
GINSBURG (Léonard). — Voir Mein (Pierre) GUILBAUD (Michel). — Détermination expérimentale
1369 des effets de la houle sur une quille élancée rapide. 665
GINSBURG (Léonard). — Systématique et évolution du GUILLOU (Jean-Jacques). — Voir Chayé d'Albissin
. .
genre miocène Palaeomeryx (Artiodactyla Giraffoidea) (Micheline) 797
en Europe 1075
GUINAUDEAU (Hélène). — Voir Chalandre (Marie-
GINSBURG (Léonard). — Essai de phylogénie des Eupe- Christine) et divers 1185
cora (Ruminantia, Artiodactyla, Mammalia) 1255
GUIRAUD (René). — Voir Thiriet (Jean-Paul) et divers. 207
GIRARDEAU (Jacques). — Voir Boillot (Gilbert) et
divers 627
GUITTARD (Micheline). — Voir Jaulmes (Sylvie) et
divers 259
GIRAUD (Edmond). — Galaxies à la périphérie du Supe- GUY (Bernard). — Voir Perrin (Michel)
ramas Local .. 387
109

GIRE (Camille). — Voix Le Mouël (Jean-Louis) et divers. 27

divers.
GLAÇON (Georgette). — Voir Bellier (Jean-Pierre).
GLAÇON (Georgette).— Voir Le Pichon (Xavier) et

GLEIZES (Alain). — Voir Trombe (Jean Christian) et


divers
... 955

743

483
H
HABIB (Mohamed E.). — Voir Gigot (Patrick) et divers.
HACHIM (Lachdar). — Voir Furdin (Guy) et divers. 87,
HADJOUIS (Djillali). — Les Bovidés (Artiodactyla,
53
579

Mammalia) du gisement atérien des Phacochères


GOLDBERG(Dave). — Voir Boillot (Gilbert) et divers. 627 (Alger, Algérie). Interprétations paléoécologiques et

..
GOLDMAN (Maurice). — Voir Briguet (André) et divers. 465 phylogénétiques 1251
GOLL (Robert M.) et Jean-Pierre CAULET. — Sur la HAELTERS (Jean-Pierre), Bernard CORBEL et Georges
présence d'un Collosphaeridae dans les sédiments STURTZ. — Synthèsed'indole phosphonatespar cycli-
Éocène supérieur du Plateau de Kerguelen-Heard. 1375 sation selon Fischer 697
. .
GOROCHOV(Ouri). — Voir Fotouhi (Bahman) et divers. .1285 HAGENMULLER (Paul). — Voir Lurin (Christian) et
GOUJET (Daniel). — Voir Bouyx (Emmanuel). divers.. 1123
711
HAGET (Yvette). — Voir Dautant (Alain) et divers.
GOUJET (Daniel) et Christian C. EMIG. — Des Lingula
fossiles, indicateurs de modifications de l'environne- HAGGERTY (Janet). — Voir Boillot (Gilbert) et divers.
... 981
627
ment dans un gisement du Dévonien inférieur du Spits- HALLEGOUET (Bernard). — Voir Bellon (Hervé) et
berg 945 divers 297
GOURGAUD (Alain), Wimpy TJETJEP, Lili RAMLI, HAMANO (Yozo). — Voir Renard (Vincent) et divers.. 281
Adjat SUDRADJAT, Pierre M. VINCENT et Guy HAN (Kyong Sop). — Voir Gauthier (Gérard) et divers.
.
135
CAMUS. — Risques volcaniques et circulation
aéronautique: causes des perturbationsprovoquées par HANNART (Bruno), Yves GAGNE et Emil HOPFIN-
l'éruption de 1982-1983 du Galunggung (Java, Indoné- GER. — Domaine d'existence de l'isotropie dans une
sie). 351 couche de mélange turbulente. 669
. .
GOURINARD (Yves), Jean MAGNÉ, Michel RIN- HANTZPERGUE (Pierre). — L'héritage hercynien dans
GEADE et Marie-José WALLEZ. la paléogéographie récifale du Jurassique supérieur
numérique
— Chronologie nord-aquitain (France) 1147
de l'étage Burdigalien 715
GOURMELON (Françoise). — Inventaire préliminaire HARTENBERGER (Jean-Louis). — Voir Grigorescu
des Radiolaires des nodules phosphatés des lydiennes (Dan) et divers 1365
dinantiennes de la MontagneNoire (Hérault, France). 1259 HARTENBERGER (Jean-Louis), Claude MARTINEZ
GRAHAM (Rodney H.). — Voir Déramond(Joachim) et et Ahmed Ben SAID. — Découverte de Mammifères
divers 1213
d'âge Éocène inférieur en Tunisie Centrale 649
GRAS (Jean-Louis) et Anne GUÉRIN. — Préparation HARWOOD (Gill). — Voir Schlager (Wolfgang) et
de méthylène cétals par transacétalation à partir du divers 1141
diméthoxyméthane 379 HAUDIN (Jean-Marc). — Voir Cotto (Dominique) et
divers 885
GRAVIOU(Pierrick) et Bernard AUVRAY. — Caractéri-
sation pétrographique et géochimique des granitoides HAUTEVILLE (Marcelle). — Voir Castellan (Alain) et
cadomiens du domaine nord-armoricain: implications divers 21
géodynamiques 315 HAYMANN (Pierre). — Voir Capron (Roland) 1131
Table des Auteurs Série II 21

MM Pages MM. Pages

-
HE:(Xi/|fing)/NobuzoTERAO et Aurel BERGHEZAN.
Sur l'influence du manganèse sur l'élaborationd'une
nouvelle nuance d'acier « dual » ferrito-martensitique
JAILLARD,(Étienne),Arturo CORDOVA, Jean-Michel-
MAZIN et. Thomas MOURIER. — La transgression
du Cénomanien supêrieur-Turonien inférieur dans la
ductile
HENRI-ROUSSEAU(Olivier).
HENRIET (Jean-Pierre).
— Voir Blaise (Paul).
-
Voir Le Fournier (Jacques),
. 587
907
région de jaén (Nord du Pérou) : données sédimentolo

rien marin du Pérou, 1429


giques et stratigraphiques; découverte du premier sau-

et divers 1053 JAKAUBOWICZ. (Christine), Roger VALLOT et René


BUVET. Étude électrochimique de la catalase à
HERMITTE (Daniel). — Voir Scarenzi (Denis) et divers, 1189 —
l'électropode à pâte de graphite. I. Comportement électro-
HERNANDEZ (Jean),— Voir Rachdi (Hayat E.-N.) et chimique de l'hème. 991
divers 1293 ...
JAKUBOWICZ (Christine), Roger VALLOT et René
HEROLD (Albert). —Voir Furdin (Guy) et divers. 87, 579 BUVET.- Étude électrochimique de la. catalase à
HEULlN (Bernard). — Pics dé frottement intérieur dus l'électrode à.pâte de graphité. II. Oxydation des chaînes
au carboné dans des alliages Nb-Zr. ....
. . . . . , . .
HINDERER"(Jacques).— Voir Le Mouël (Jean-Louis)
583 protéiques en milieu acide.
JAMET (Philippe). — Voir Demange (Michel)... , .
..... 1119
603
et divers 27 JANSA (Lubomir F.), — Voir Boillot (Gilbert) et divers. .627
H'NAIFI (Abdeslam), Michel SAUX et Alain CARPY. JARRIGE (Jean-Jacques). Voir Thiriet (Jean-Paul) et
-. Étude Structurale du chlorhydrate de pipéroxane divers
— 207
C1^.Hj8N02,HC1 et considérations conformationnel- JAULMES (Sylvie), Daniel CARRÉ, Marcel PALAZZI
les 927
et Micheline GUITTARD. — Étude structurale d'un
HOLMES. (John) et Joëlle LOPEZ. — Méthodenouvelle oxysulfure lacunaire de lanthane et de gallium.
pour l'examen histologique des végétaux fossiles à struc- (LaO)4Ga1>72S4,58 259
ture anatomique consrvée. 949 JBARA (Omar). Voir Laforgue (Alexandre)

J
1179
HOPFINGER (Emil),— Voir Hannart (Bruno) et divers. 669 —
JÉROME (Michel), — Voir Zhang (Jianguo) et divers. 995

I
HOSSACK (John.R.), —.Voir Déramond (joachim) et JEZIERSKI (Jacek) et Jerzy KIJOWSKI.— Une descrip-
...divers 1213 tion hamiltonienne du frottement et de la viscosité 221
HUBERT (Pierre), Voir Carbonnel(Jean-Pieire):: 941 JIMÉNEZ (Antonio P.). — Voir Braga (Juan C.) et
. —
HUCHON(Philippe).— Voir Labaume (Pierre).
.....
HUCHON (Philippe). —Voir Renard (Vincent) et divers.
847 divers 553

HUGEL (René P.).


divers. — Voir
Mve Ondo (Benjamin) et
28,1

225
divers
JOANNY (Jean-François) .— Voir Andelman (David) et

JOHNSON (Jeffrey A.). — Voir Boillot (Gilbert) et divers.


6675

627
HUMIERES (Dominique d'), Yves POMEAU et Pierre JOLIVET (Laurent). — Voir Cadet (Jean-Paul) et divers. 287
LALLEMAND. — Simulation d'allées, de Von Kar- JOUINI (Amor) et Mongi DABBABI. — Préparations,
man bidimensionnellesà l'aide d'un gaz sur réseau. 1391 chimiques et données cristallographiques sur quatre
nouveaux tricyclophosphates de nickel et de cations
monovalents NiM^(P309)2.xH20 (M'^Na, Ag,
NH4,Cs),. 1347
ICART(Jean-Claude). — Voir Thiriet (Jem-Paul) et JOURNET (Alain), — Voir Laclare (Francis) et divers, -, 383
divers 207 JOUSSOT-DUBIEN(Jacques),— Voir Dorthe (Gérard).
IDA (Yoshiaki). — Voir Le Pichon (Xavier) et divers 273 et divers. 9
IIYAMA (Jean T.). — Voir Boulègue (Jacques)et divers. .1217 JOYES (Pierre). — Voir Van de Walle (Jean). 251
IIYAMA (Toshimichi) - Voir Le Pichon (Xavier) et
divers 273,274 E
IKENNE (Moha) et François BAROZ. — Mise en évi-
dence des caractères orogénique, tholéïtique et calco- KAGAMI (Hideo). — Voir Le Pichon (Xavier) et divers, 273
alcalin du volcanisme dévono-dinantien dans le massif KALACHE (Djamel), François PENOT et Patrick
du Rabodeau (Vosges septentrionales): apport à la . LE QUÉRE— Sur une méthode numérique d'étude
reconstitution géotectonique des Vosges. 529 de stabilité non linéaire d'écoulement bidimensionnel
de convection naturelle vis-à-vis de perturbationstridi--
INGAVAT (Rucha). — Voir Buffetaut (Eric) et divers.. 643
INGLES (Jacques) et Pierre SIRIEYS, Champs de
. mensionnelles d'amplitudefinie 779

déformation anisoaire dans: les zones de cisaillement,. KAMPUNZU (Ali B.) — Voir Manteka (Binsamba) et
49
. divers 171
KANAZAWA(Toshihiko). — Voir Cadet (Jean-Paul) et
divers 287
JACQUES.(Jean). — Voir Leclercq (Martine). 1231 KAPENDA (Dumba).—Voir Manteka (Binsamba) et
JÀCQUIN (Fernand). Voir Frossard (Emmanuel) et divers 171
— .
divers. 213 KARCHE (Jean-Paul). — Voir Zonou (Siaka) et divers. 309
JAILLARD (Etienne). — La transgression jurassique en KASAHARA (Junzo),— Voir Boillot (Gilbert) et divers,; 627
Vanoiseoccidentale (zone briançonnaise, Alpes occiden- KASAHARA; (Junzo) — Voir Cadet (Jean-Paul) et
tales françaises). conséquences paléogéographiques,. 633 divers 287
22 — Série II Table des Auteurs

MM. Pages MM. Pages


KERHERVE (Louis) et Georges DAUFIN. — Rôle du LALLEMAND (Pierre). — Voir Humières (Dominique
potentiel électrochimiquedans le mécanismede la corro- d') et divers 1391
sion caverneuse de l'acier inoxydable 18%Cr-10%Ni. 923 LALLEMAND (Serge). — Voir Cadet (Jean-Paul) et
KHATIB (Ramsy). — Voir Bellion (Yves) et divers 937 divers 287
KIJOWSKI (Jerzy). — Voir Jezierski (Jacek) 221 LALLEMAND (Serge), Hakuyu OKADA, Kenichi
KIKKAWA (Shinichi). — Voir Ben Salem (Azzedine) et OTSUKA et Laurent LABEYRIE. — Tectonique en
divers 1003 compression sur la marge est de la mer du Japon : mise
KIM (Yoo Hang), Danielle PAOLI et Martial CHABA- en évidence de chevauchements à vergence orientale.. . 201
NEL. — Étude vibrationnelle des associations ioniques LALLEMANT (Siegfried). — Voir Le Pichon (Xavier) et
dans les solvants aprotiques 8. Tetramérisation du thio- divers 273
cyanate de lithium et relation entre association et désol-
vatation 1113 LAMBERT (Bernard). — Voir Pomerol (Bernard) et
KINOSHITA (Hajimu). — Voir Renard (Vincent) et divers 177
divers 281 LANGLOIS (Nicole). — Voir Razafimbelo (Judith) et
KIRSCHLEGER (Bernard) et René QUEIGNEC. — divers 519
Réactions en milieu hétérogène : Sélectivité dans l'alky- LANIER (Jack). — Voir Pegny (Eric) 561
lation d'anions ambidents 143
LANTEAUME (Marcel). — Voir Gigot (Patrick) et
KLASZ (Ivan de). — Voir Bellion (Yves) et divers 937 divers 53
KLASZ (Sandrine de). — Voir Bellion (Yves) et divers.. 937
. LAPIERRE (Henriette). — Voir Zonou (Siaka) et divers. 309
KOBAYASHI (Kazuo). — Voir Cadet (Jean-Paul) et
divers 287 LAPINTE (Claude). — Voir Catheline (Paniel) et
KOENIGUER (Jean-Claude), Michel LAURAIN, Jean divers 479, 959
MOUTON, Jean-Claude PLAZIAT, Robert WYNS et LAPORTE (Didier). — Voir Palagi (Paolo) et divers.. 1047
Edouard BOUREAU. — Sur de nouveaux gisements . .
cénozoïques à végétaux fossiles dans le Bassin de Paris : LARDEAUX (Jean M.). — Voir Palagi (Paolo) et divers. 1047
végétations et paléoclimats 509 LARDEAUX (Jean-Marc). — Ductilité du plagioclase et
KOIZUMI (Kinichiro). — Voir Cadet (Jean-Paul) et déformation des métagabbros dans le faciès amphibo-
divers 287 lite 827
KONING (Anthony). — Voir Durandau (André) 737 LAURAIN (Michel). — Voir Koeniguer (Jean-Claude) et
KOUTCHMY (Serge). — Voir Charentenay (Christophe divers 509
de) 151 LA VILLE (Henri), Marie-Madeleine PAQUEREAU et
KOUTOLIN (Sergej). — Voir Gadjiev (Sardar) 255 Harvey BRICKÉR. — Précisions sur l'évolution clima-
KRAUSZ (Pierre). — Voir Vass (Georges) et divers. 1345 tique de l'interstade würmien et du début du Würm
. . . récent : les dépôts du gisementcastelperronien des Tam-
KUHN (Gerhard). — Voir Schlager (Wolfgang) et divers. 1141 bourets (Haute-Garonne) et leur contenu pollinique.. 1137
KURTEV (Bogdan). — Voir Bellassoued (Moncef) et .

divers 1341 LAVOIE (Dawn). — Voir Schlager (Wolfgang) et divers. 1141


LE BIHAN (Denis) et Éric BRETON. — Imagerie de
diffusion in vivo par résonance magnétique nucléaire. 1109
L
LEBLOND (Jean-Baptiste). — Voir Amestoy (Michel).. 969
LABAUME (Pierre). — Voir Renard (Vincent) et divers. 281 .
LEBRUN (André). — Voir Carpentier (Jean-Louis) et
LABAUME (Pierre) et Philippe HUCHON. — Structure divers 679
et évolution récente de la région de la jonction triple
du Japon central 847 LE CAER (Gérard). — Voir Pubois (Jean-Marie) 73
LABEYRIE (Laurent). — Voir Lallemand (Serge) et LECERF (André). — Voir Cudennec (Yannick) et divers. 93
divers 201 LECKIE (Mark). — Voir Schlager (Wolfgang) et divers. 1141
LACAZE (Alain). — Conductance de Kapitza entre
Gd3Ga5Ô12 et hélium superfluide 767 LECLERCQ(Martine) et Jean JACQUES. — Influence
de la stéréochimie sur la formation de complexes molé-
LACHENAL (Gilbert). — Voir Chabert (Bernard) et culaires cristallins : cas des diastéréoisomères du diol
divers 13 diacétylénique de Toda et de différentes cétones 1231
LACLARE(Francis), Alain JOURNET et Hamid SAD-
SAOUD. — Sur la mesure du diamètre du Soleil obte- LEFAUCHEUX (Françoise). — Voir Bernard (Yves) et
divers 1105
nue à l'astrolabe solaire du C.E.R.G.A 383
LACROIX (Michel). — Voir Eltzner (Wemer) et divers. 139 LEFEVRE (David). — Voir Texier(Jean-Pierre) et divers. 183
LADEVÈZE (Pierre) et Paul ROUGÉE. LEFÈVRE (Roger), Annie GAUDICHET et Marie-
— Plasticité et
viscoplasticité sous chargement cyclique : propriétés et Annick BILLON-GALLAND. — Émission de micro-
calcul du cycle limite 891 particules silicatées dans l'atmosphèreméditerranéenne
LAFORGUE (Alexandre) et Omar JBARA. — Force de par le panache permanent de l'Etna en activité modé-
corrélation dans les molécules diatomiques 1179 rée 1433
LAGABRIELLE(Yves). — Voir Schaaf(André) et divers. 1079 LE FLEM (Gilles). — Voir Lurin (Christian) et divers. 1123
. .
Table des Auteurs Série. II — 23

MM. Pages MM. Pages


LE FOURNIER (Jacques), Jean CHOROWICZ, Cathe- LERIVREY (Jacques) — Voir Vandorpe (Bernard) et
rine THOUIN, Frédéric BALZER, Pierre-Yves CHE- divers.. 475

.
NET, Jean-Pierre HENRIET, Didier MASSON, LEROUGE (Gilles). — Voir Freytet (Pierre) et divers. 1163
André A MONDEGUER, Bruce ROSENDAHL, LEROUGE (Gilles) et Jean-Michel QUENARDEL.
France-Lucie SPY-ANDÉRSON et Jean-Jacques Chronologie des événements tectoniques dans le Nord-
TIERCELIN. — Le bassin du lac Tanganyika : évolu- Ouest du Massif Central français et le Sud du bassin
tion tectonique et sédimentaire.
. , . ............
LEGGETT (Jeremy). — Voir Le Pichon (Xavier) et divers.
1053
273
de Paris du Carbonifère inférieur au Plio-quaternaire. 621
LEVEAU (Michel). — Voir Loeillet (Christian), ..397
LE GUEN DE KERNEIZON (Martine) et Hervé BEL-
LON.— L'archipel des Grenadines (Petites Antilles) :
Volcanisme mio-pliocène de l'île d'Union..
LEGUILLON (Dominique) et Enrique SANCHEZ-
PALENCIA. Une méthode numérique pour l'étude

...... 431
du Sahara.
LÉVY (Alain). — Une nouvelle conception de l'origine
énigmatique des Cerastoderma glaucum quaternaires
437
LEYRELOUP(André). — Voir Delor (Claude) et divers. 1037
LIAUTARD (Bernard), Serge PEYTAVIN et; Gérard
des singularités de bord dans les composites........ 1277
131
BRUN. — Étude de la macle présentée par les sels de

LEMAIRE (Jacques). —
.
...
LELAURAIN(Michèle). — Voir Furdin (Guy) et divers.
LEMAIRE (Dominique). — Voir Freytet (Pierre) et
divers.
LEMAÎTRE (Jacques), Jean.Paul TROADEC, Daniel
. .
87

... ......
Voir Robert (Béatrice) et divers.
1163
881
la famille

réel
TMTTF2 X. A

....... . .
.
LIMAT (Laurent). — Étude expérimentale et modélisa-
1099
tion du comportement mécanique d'un réseau percolant

LINET (Bernard). — Couches simples de matière a symé-


BIDEAU et Jean SARRAZIN. — Conductivité dans trie sphérique en cosmologie. 1333
l'espace des pores d'un empilement de. sphères; Effets LIOTARD,(Jean-Michel),— Voir Barsczus (Hans G.) 1409
de ladistribution de taille des grains.. 977
LIOTARD (Jean-Michel) et Hans G. BARSCZUS. —
LEMOINE (Lionel). — Voir Wenger (François) et divers. 1281 Contribution à la connaissance pétrographique et géo-
LEMOINE(Serge). — Mise en évidence d'une tectonique chimique des îlots Marotiri, Polynésie française (Océan
tangentielle éburnéenne dans la synforme birrimienne Pacifique Centre-Sud). 611
de Fétékro (Côte-d'Ivoire), implications possibles pour .
LOEILLET (Christian) et Michel LEVEAU. — Influence
l'orogenèse éburnéenne. 195 des apports rhodaniens sur la structure du système...
LEMOINE (Serge). — Voir Zonou (Siaka) et divers. .... 309 particulairedans le Golfe du Lion 397
LE MOUËL(Jean-Louis), Camille GIRE et Jacques HIN- LONCHAMBON(Georges). — Voir Etienne (André) et
DERER.
— Sur l'excitation
(John).

.
possible de l'oscillation divers 145
les
chandlerienne par à surface du
mouvements la LOPEZ (Joëlle). — Voir Holmes 949
noyau. 27
LOREAU (Jean-Paul). — Voir Boillot (Gilbert) et divers. 627
LENGLET (Michel) .— Voir Fève (Lucette) et divers.. . 701
. LORENZ (Claude) et JacquelineLORENZ. — Mise en
LENORMAND. (Roland). — Différents mécanismes de évidence d'une structuration en blocs basculés de direc-
déplacements visqueux et capillaires en milieu poreux : tion sud-armoricaine au cours du Jurassique dans le
Diagramme de phase.. ..............
LEON(Manuel de) et Paulo R. RODRIGUES. — For-
. , ... 247 Sud-Ouest du Bassin de Paris (Berry)
LORENZ (Jacqueline). — Voir Lorenz (Claude).....
239
239
malisme hamiltonien symplectique sur les fibrés tan- LORIERS (Jean). — Voir Pominé-Bergès (Marthe).
gents d'ordre supérieur. . . . ... ...
455
LOTFI GOMAA (Mohamed) et Germain CHARTIER.
915
LE PICHON (Xavier). — Voir Boulègue (Jacques) et Étude expérimentale du multiplexage optique en
divers. , . . . . . . , .
LE PICHON (Xavier), Jean IIYAMA, Jacques BOUR-
....... ... 1217 —
longueur d'onde à l'aide de guides planaires monomo-
daux. 775
GOIS, Bernard MERCIER DE LEPINAY, Jean 981
TOURN0N, Carla MÜULLER, Jacques BUTTERLIN
et Georgette GLAÇON. — Premiers résultats de la
campagne d'essai du submersible français « Nautile »
dans la fosse de Porto-Rico(Grandes Antilles).
...
743
et divers.
LOUMAÏD (Abdel). — Voir Dautant (Alain) et divers
LUBALA (Ruananza T.).

Voir Manteka (Binsamba)

LUCIUS (Michel). — Voir Maurice (Gérard).. . 217


171

LE PICHON (Xavier), Toshimichi IIYAMA, Hervé LUNA SIERRA (Emilio). — Voir Boillot (Gilbert) et
CHAMLEY, Jacques CHARVET, Michel FAURE, divers.. 627
Hiromi FUJIMOTO, Toshio FURUTA, Yoshiaki LURIN (Christian), Claude PARENT, Michel COUZI,
IDA, Hideo KAGAMI, Siegfried LALLEMANT, Gilles LE FLEM et Paul HAGENMULLER, — L'au-
Jeremy LEGGETT, Akihiro MURATA, Hakuyu toextinction de l'émission du néodyme dans les verres
OKADA, Claude RANGIN, Vincent RENARD, Asa- de compositions proches de LiLa1 _xNdxP4O12. 1123
hiko TAIRA et Hidekazu TOKUYAMA. — La sub-
duction du bassin de Shikoku et de ses marges le LYBERIS (Nikos).— Voir Nicolas (Adolphe) et divers. 1063

divers..
long du fosse de Nankaï (Japon méridional) : résultats
préliminaires du programme Kaïko (Leg I), 273 M
.
LE QUÈRÉ (Patrick). — Voir Kalache (Djamel) et divers. 779
LE QUÉRÉ (Patrick) et Thierry ALZIARYDE ROQUE- MACQUAR (Jean-Claude).— Voir Gauthier (Bernard)
FORT. — Sur la nature des instationnaritésdes écoule- et 33
ments de convection naturelle en cavité verticale. . 861 MAGNÉ (Jean).— Voir Gourinard (Yves) et divers. 715
.
— Série II Table des Auteurs

MM. Pages MM. Pages


MAGNÉ (Jean). Voir Olivier (Philippe) 329 MAURIN (André). — Voir Rouchy (Jean-Marie) et

MAINPRICE (Dave). — Voir Blumenfeld (Philippe) et divers 1193
divers 1303 MAZIN (Jean-Michel). — Voir Jaillard (Etienne) et
MAINPRICE (Dave). — Voir Bouchez (Jean-Luc) et divers 1429
divers 841 MEERSCHAUT (Alain). — Voir Ben Salem (Azzedine)
MAIRE (Richard). — Voir Fabre (Guilhem) 235 et divers 1003
MAJESTÉ-MENJOULAS (Claude). MEIN (Pierre) et LéonardGINSBURG.— Les Rongeurs
— Voir Bouillin miocènes Li
de (Thailande) 1369
(Jean-Pierre) et divers 415
MALUSKI (Henri). — Voir Matte (Philippe) et divers.. 721
MELILLO(Allan). — Voir Schlager (Wolfgang) et divers. 1141
. MÉNOT (René P.). Voir Palagi (Paolo) et divers. 1047
MAMANI (Manuel Jesus). — Voir Baldis (Bruno) et — . . .
divers 1245 MÉNOT (René-Piérre). Voir Scarenzi (Denis) et divers. 1189

MANIVIT (Hélène). — Voir Pomerol (Bernard) et divers. 177 MENTZEN (Bernard F.). — Voir Bonnetot (Bernard) et
divers 487
MANSON (Numa). — Voir Peraldi (Olivier) 371
MANTEKA (Binsamba), Ruananza T. LUBALA, MENTZEN (Bernard F.) et Jacques C. VEDRINE. —
Phases cristallines de zéolithes pentasil formées par
Dumba KAPENDA, Jean-Paul H. CARON et Ali B. adsorptionde n-hexane et de p-xylène 1017
KAMPUNZU. — Caractères et signification géotecto-
nique des formations magmatiques basiques affleurant" MERCIER (Daniel). — Voir Thoret (Jean) 263
à Kibambale (Shaba, Zaïre) 171 MERCIER DE LEPINAY (Bernard). — Voir Le Pichon
MARGEREL (Jean-Pierre). — Voir Borne (Viviane). 1419 (Xavier) et divers 743
. . . METIN (Jacques). — Voir Zambon (Paniel) et divers.
MARNIESSE (Marie-Pierre). — Voir Berger (Pierrette) 1235
. .
et divers... 801 MEXMAIN (Jacques). — Voir Gauthier (Gérard) et
MARQUER (Didier) et Denis GAPAIS. — Les massifs divers 135
cristallins externes sur une transversale Guttanen-Val MEYER (Audrey W. ). — Voir Boillot (Gilbert) et divers. 627
Bedretto (Alpes Centrales) : structures et histoire ciné- MEYER (Bernard) et Alain SALÈRES. — Analyse en
matique 543 perturbation des effets bidimensionnels dans un plasma
.
MARQUIS (Didier). — Voir Rousset (Marc) 751 chaud en écoulement stationnaire : application à l'uni-
MARRE-MAZIÈRES(Marie-Rose). Voir Bellan (Jac- formisation des défauts dans une expérience d'interac-
— tion laser-matière 973
ques) et divers. 785
MICHARD (Annie). — Voir Royer (Jean-Jacques) et
MARTIN-CALLE(Serge). — Voir Gaidon (Jean-Luc) et divers..
divers 163
791
MIGNARD (Eric). — Voir Bénet (Jean-Claude) 1439
MARTINEZ (Claude). — Voir Hartenberger (Jean-Louis)
et divers 649 MINH PHONG LUONG. — Vibrothermographie infra-
MARTINEZ-REYES(Juventino). — Voir Serre (Arnaud) rouge d'un béton endommagé 459
et divers 637 MINNAERT (Pierre). — La superalgèbre de Lorentz
inhomogène 1395
MARTINS (Julio César Canille). — Classification ana-
lytique des germes de champs de vecteurs du type MLADENOVA (Margarita). — Voir Bellassoued
noeud-col dans C 3, 0 653 (Moncef) et divers 1341
MOLINIÉ (Philippe).
MARTY (Jean-Claude). — Voir Brault (Martine) et — Voir Ben Salem (Azzedine) et
divers divers 1003
807
MASCLE (Georges). — Voir Moussat (Éric) et divers. 491
MONDEGUER (André). — Voir Le Fournier (Jacques)
. . et divers 1053
MASCUREAU (Jean de). — Voir Bourgade (Jean-Luc)
et divers 895
MONLEAU (Claude). — Évolution séquentielle et cadre
paléographique du Jurassique inférieur et moyen de
MASSON (Didier). — Voir Le Fournier (Jacques) et Sardaigne (Italie) 425
divers 1053 MONNEREAU (Odile), Francis REMY et André
MASSON (Philippe). — Voir Bellaiche (Gilbert) et divers. 347 CASALOT. — Diagramme de phases partiel du sys-
MATTE (Philippe), Henri MALUSKI et Helmut ECHT- tème TiO2-Ti2O3-Al2O3 à 1223 K; préparation d'un
LER. — Cisaillements ductiles varisques vers l'Est - nouvel oxyde double de formule Al2Ti7O15. 375
Sud-Est dans les nappes du Waldviertel (Sud-Est du MONTEL(Jean-Marc). — Xénolithes peralumineux dans
Massif de Bohème, Autriche), Données microtectoni- les dolérites du Peyron, en Velay (Massif central,
ques et radiométriques 39Ar/40Ar 721 France). Indications sur l'évolution de la croûte pro-
MAUFFRET (Alain). — Voir Mougenot (Denis) et divers. 323 fonde tardihercynienne 615
MAUGIN(Gérard A.) et WafaANI. — Relationd'Hugo- MONTENAT (Christian). — Voir Thiriet (Jean-Paul) et
niot pour un diélectriquedéformable dans l'approxima- divers 207
tion galiléenne 515 MONTHEILLET(Frank). — Voir Cotto (Dominique) et
MAURICE (Gérard) et Michel LUCIUS. — Modélisa- divers, 885
tion et calcul de l'écoulement de Couette. Détermina- MONTI (Honoré) et Christian CORRIOL.— Stéréosélec-
tion d'un modèle approché et application à la détermi- tivité de la transposition de Claisen des orthoesters
nation de la loi de comportement de certains fluides. 217 dans le système du bicyclo [2.2.1] heptadiène 271
MM.
MONTIGNY (Raymond). — Voir Nicolas (Adolphe) et
divers
divers.
MONTY (Claude) — VOIT Rouchy (Jean-Marie) et

MOORE (Arthur). — Voir Schlager (Wolfgang) et divers.


MORISSEAU (Michel) et Hervé TRAINEAU.

MOUCTAR(Koné). — Mise en évidencede cisaillements


...
— Mise
en évidence d'une activité hydromagmatiqueholocène
sur l'île de Flores (Açores).
ductiles tangentiel et décrochantdans le sud Livradois
(Massif Central Français). Conséquences pour le
« métamorphisme Livradois »..
Pages

1309

189
1063

1193
1141
O
Table des Auteurs

MM.
NOUCH (Guy).

ODIN (Gilles Serge). —


tion actuelle et composition
Série

NIEVERGELT (Peter) — Voir Bertrand (Jean) et divers.


Voir Dorthe (Gérard) et divers..

« verdine », faciès granulaire


La
vert, marin et côtier, distinct de la glauconie : distribu-
OGAWA (Yujiro). — Voir Renard (Vincent) et
...
divers.
OGG (James). — Voir Boillot (Gilbert) et divers.. .
OHNENSTETTER(Maryse). — Classification pétrogra-
II

.....
— 25

Pages
1199
9

105
281
627

phique et structuraledes ophiolites, écho de la dynami-


MOUGESOT(Denis), Raymond CAPDEVILA, Chris-
que des zones de transition croûte-manteau. Incidence
tian PALAIN, Pierre-Alain DUPEUBLE et Alain sur la nature et la disposition des corps de chromite
MAUFFRET. — Nouvelles données sur les sédiments associés. 1413
ante-rift et le socle de la marge continentalede Galice. 323 ....
OKADA (Hakuyu). — Voir Lallemand (Serge) et divers. 201
MOULLADE(Michel). — Voir Boillot (Gilbert) et divers. 627 OKADA (Hakuyu). — Voir. Le Pichon (Xavier) et divers, 273
MOURIER (Thomas). — Voir Jaillard (Etienne) et divers. 1429 OLIVEIRA (Luis A.), Jean-Louis BOUSGARBIES et
MOUSSAT (Éric), Jean-Pierre REHAULT, Augusto Jean PÉGHEUX. — Sur les changements de régime
FABBRI et Georges MASCLE. — Évolution géologi- dans l'écoulement entre un disque fixe et un disque
que de la Mer Tyrrhénienne 491 tournant. 1
.... ...
MOUTON:(Jean). — Voir Koeniguer (Jean-Claude) et OLIVIER (Philippe) et Jean MAGNÉ. — Témoins de la
divers. 509 sédimentation aptienne et albienne à la bordure des
MUGNIER (Jacques), Yves DORDET et Jacques POU- Zones internés bético-rifaines (Arc de Gibraltar). 329
GET : un matériau
modèle pour l'étude OLLIVIER-PIERRE(Marie-Françoise). — Voir Bouillin
— Le rubis solaires
des concentrateurs fluorescents.
.
771 (Pierre) et divers. ...
.
415
MUIZON (Christian de). — Nouvelles données sur le ONORATINI (Gérard) et Guy PERINET. — Données
diphylétismedes Dauphinsde rivière (Odontoceti, Ceta- minéralogiques sur les colorants rouges préhistoriques
cea, Mammalia). 359 de Provence : démonstration que certains d'entre eux
MÜLLER (Carla) — Voir Le Pichon (Xavier) et divers. 743 ont été obtenus par calcination de goethite . . .
119
MULLER (Jacques), — Voir El Kamel (Fouad) et divers, 1361
MULLINS (Henry). — Voir Schlager (Wolfgang) et
ORSINI (Jean B.). — Voir Palagi (Paolo) et divers.
OTSUKA (Kenichi). — Voir Lallemand (Serge) et divers.
1047
201
...
divers. 1141 OTT D'ESTEVOU (Philippe). Thiriet (Jean-
— Voir 207
MURATA (Akihiro). — Voir Le Pichon (Xavier) et Paul) et divers.
... ......
divers.
MVE ONDO (Benjamin), Jean-Pierre BARBIER et
273 .
OUDAR (Jacques), — Voir Pinol (Salvador) et divers. 17 .
OUDIN (Elisabeth), Jean ABOULADON et Jean-Pierre
René P. HUGEL.— Réaction de l'iode avec les dithio- PARIS. — Vers hydrothermauxfossiles dans une miné-
carbamates de fer (III). ... .
225 ralisation sulfurée des ophiolites de Nouvelle-
Calédonie 157
N

...
NACHIT (Hassane), Narison RAZAFIMAHEFA, Jean- P
Marc STUSSI et Jean-Paul CARRON. — Composi- PAIRIS (Jean Louis). — Voir Gidon (Maurice). 411
tionchimique des biotites et typologie magmatique des PALAGI (Paolo), Didier LAPORTE, Jean M. LAR-
granitoïdes 813
NADI
. .
(Nour Eddine). — Voir Furdin (Guy) et divers DEAUX, René P. MENOT et Jean B. ORSINI. —
87 Identification d'un complexe leptyno-amphibolique au
NAKAMURA (Yasuo). —. Voir Cadet (Jean-Paul) et sein des « gneiss de Belgodère » (Corse Occidentale).. . 1047
divers.. 287 PALAIN (Christian). — Voir Mougenot (Denis) et divers. 323
NAKAMURA (Kazuaki). — Voir Renard (Vincent) et PALAZZI (Marcel), — Voir Jaulmes (Sylvie) et divers., . 259
divers
........ ... . ... ...
NAULlN (Christian). — Voir Dorthe (Gérard) et divers.
281
9
PALMER (Amanda). — Voir Schlager (Wolfgang) et
NAVELET(Henri). — Voir Gervois (Annie). 763
divers.;,;
PAOLI (Danielle). —
. . ....
Voir Kim (Yoo Hong) et divers.
1141
1113
.
NEDELEC (Jean-Claude). — Voir Destuynder (Philippe). 5
PAPOULAR(Maurice) — Sur la recombinaison en sur-
NICOLAS (Adolphe), Françoise BOUDIER, Nikos face de l'hydrogène atomique polarisé,. 571
LYBERIS, Raymond MONTIGNY et Pol GUEN- PAQUEREAU (Marie-Madeleine). — Voir Laville
de l'expansion précoce en Mer Rouge.. ...
NOC. — L'île de Zabargad (Saint-Jean) : témoin-clé
.. 1063
(Henri) et divers.,
PARENT (Claude) — Voir Turin (Christian) et divers
1137
1123
NICOLLET (Christian). — Origine des amphibolites à PARIS (Jean-Pierre). — Voir Oudin (Elisabeth) et divers. 157
saphirine, corindon et grenat de la formation précam-
brienne du Vohibory (SW de Madagascar) 167 PARIZE (Olivier). — Voir Beaudoin (Bernard) et divers. 407
26 — Série II Table des Auteurs

MM. Pages MM. Pages


PAUTOT (Guy). — Voir Cadet (Jean-Paul) et divers. 287 POMEAU (Yves). — Voir Humières (Dominique d') et
. .
PÉCHEUX (Jean). Voir Oliveira (Luis A.) et divers.. 1 divers 1391
— .
PÉLISSIÉ (Thierry). Voir Peybernès (Bernard) 533 POMEROL (Bernard), Bernard LAMBERT et Hélène
— MANIVIT. — Biozones de nannoplancton calcaire
PENOT (François). — Voir Kalache (Djamel) et divers. 779
. dans les craies stratotypiques du Campanien et du
PERALDI (Olivier) et Numa MANSON. — Détonation Sénonien. Implications biostratigraphiques 177
des mélanges stricts hydrogène-oxygène et éthylène-
oxygène contenant en suspension des particules fines POMPOSIELLO (Maria Cristina). — Voir Baldis
d'amidon (Bruno) et divers 1245
371
PERCH-NIELSEN (Katharina). — Voir Bellion (Yves) PORCHER (Pierre). — Voir Caro (Paul) et divers 901
et divers 937 POUGET (Jacques). — Voir Mugnier (Jacques) et divers. 771
PERDU (Francis). — Voir Carpentier (Jean-Louis) et PRADAL (Evelyne) et Claude ROBIN. — Découverte
divers 679 d'une caldéra majeure associée au champ géothermique
PÉRINET (Guy). Voir Onoratini (Gérard) 119
Los Azufres (Mexique) 1069
— PROFIL ECORS PYRÉNÉES (équipe). — Voir Seguret
PERRIN (Michel) et Bernard GUY. — Lithostratigra- (Michel) et divers
phie et structure de la partie inférieure de la série de 341
Canaveilles dans le secteur de Costabonne (Sud du PRONE (André). — Voir Puech (Pierre-François) et
Canigou, Pyrénées Orientales franco-espagnoles) : divers 59
conséquencesmétallogéniques 109 PUECH (Pierre-François), André PRONE, Helga ROTH
PERTHUISOT (Jean-Pierre). — Voir Rouchy (Jean- et François CIANFARANI. — Reproduction expéri-
Marie) et divers 1193 mentale de processus d'usure des surfaces dentaires des
PEYBERNÈS (Bernard) et Thierry PÉLISSIÉ. Hominidés fossiles : conséquences morphoscopiques et
— Essai exoscopiques avec application à l'Hominidé I de
de reconstitution de la paléogéographie des dépôts
contemporains de la fin du rifting téthysien avant la Garusi 59
transgression bathonienne sur le « Haut-fond Occitan »
(SW de la France) 533
Q
PEYTAVIN (Serge). — Voir Liautard (Bernard) et divers. 131
PIBOULE (Michel). — Voir Scarenzi (Denis) et divers. 1189 QUEIGNEC (René). — Voir Kirschleger (Bernard) 143
.
PICAUD (Bernard). — Voir Zambon (Daniel) et divers. 1235 QUENARDEL(Jean-Michel). — Voir Freytet (Pierre) et
PICHAVANT (Michel). — Voir Weher (Catherine) et divers 1163
divers 303 QUENARDEL(Jean-Michel). — Voir Lerouge (Gilles). 621
PICHAVANT (Michel) et Claire RAMBOZ. — Première QUEZEL (Simone), Jean ROSSAT-MIGNOD, Bernard
détermination expérimentale des relations de phases CHEVALIER, Wang Xian ZHONG et Jean
ÉTOURNEAU.
dans le système haplogranitique en conditions de sous- — Structure magnétique du siliciure
saturation en H2O 607 ternaire équiatomique HoRhSi 919
PIERRE (Catherine). — Voir Rouchy (Jean-Marie) et QUICLET-SIRE (Béatrice). — Voir Vass (Georges) et
divers 1193 divers 1345
PINAULT(Michel). — Voir Beaudoin (Bernard) et divers. 407 QUOC SON (Nguyen). — Critère de propagation en
PINEAU (Annye). — L'échantillonnage des espacements rupture ductile 567
entre fractures : une distribution exponentiellenégative QUOC SON (Nguyen) et Claude STOLZ. — Sur le pro-
tronquée 1043 blème en vitesses de propagation de fissure et de dépla-
PINOL (Salvador), Yves BERTHIER et Jacques cement en rupture fragile ou ductile 661
OUDAR. — Étude de l'adsorption du soufre sur la
face (110) du platine au cours de l'hydrogénation du R
butadiène 17
PLATEVOET (Bernard) et Bernard BONIN. — Le mas- RABIA (Mohamed Chedli). — Voir Zargouni (Fouad) et
sif alcalin du Peloso (Corse) : un complexe lité associé divers 831
à des monzosyénites 403 RACHDI (Hayat E.-N.), Danielle VELDE et Jean HER-
PLAZIAT (Jean-Claude). — Voir Koeniguer (Jean- NANDEZ. — L'association volcanique plio-
Claude) et divers 509 quaternaire basanite-néphélinite-phonolite du Maroc
POGU (Marc) et Georges TOURNEMINE.— Modélisa- Central 1293
tion et étude d'écoulements régis par les équations de RADULESCU (Costin). — Voir Grigorescu (Dan) et
Navier-Stokes posées en domaine non borné et présen- divers 1365
tant une pointe 1175 RAMBOZ (Claire). — Voir Pichavant (Michel) 607
POINT (Raymond). — La lame cratonique — Calédoni- RAMBOZ (Claire) et Abdelmajid BASTOUL. — Oxyda-
des orientales scandinaves — Son évolution précam- tion du fer dans les skarns et les schistes à graphite
brienne 705, 1169 des Jebilet Centrales, Maroc : un indicateur de transfert
POLINO (Riccardp). — Voir Schaaf (André) et divers. 1079 de matière par les fluides dans une zone de cisaillement
. .
POMEAU (Yves). — Dispersion dans un écoulement en ductile 931
présence de zones de recirculation 1323 RAMLI (Lili). — Voir Gourgaud (Alain) et divers 351
MM.

divers- :
..
RAMOS. (Emilio)etAntonio RODRIGUEZ-PEREA.
Découverte d'un affleurement de terrains paléozoïques.
dansl' île de Majorque (Baléares, Espagne)..

. ...
RAMPNOUX (Jean-Paul). — Voir. Serre (Arnaud) et

.... . ... .

RANGIN (Claude). — Voir Le Pichon (Xavier) et divers,


RANÇON (Jean-Philippe) et Jacques DEMANGE.

Table des Auteurs

Pages

1205

637
273
MM,

. . Pages
1053
SérieII— 27

ROSENDAHL (Bruce). — Voir Le Fournier (Jacques) et


divers..

...,
ROSSATr-MIGNOD.(Jean), — Voir Quezel (Simone) et
divers..
ROSSY (Michel). —Voir Zonou (Siaka) et divers.
ROTH (Helga). — Voir Puech (Pierre-François) et. divers,
ROUCHY (Jean-Marie), Claude MONTY, A Catherine
919
309
59

divers:.
RÀYNAL (Jean-Paul),
divers
........
Données sur la fracturation du champ volcanique de
Cyangugu-Bugarama (Rwanda)..
.
..
RAVENNE (Christian).— Voir Schlager (Wolfgang) et
.

- Voir Texir (Jean-Pierre) et 183.


503

1141
PIERRE, Marie-Claire BERNET-ROLLANDE,
André MAURIN et Jean-Pierre PERTHUISOT.
Genèse de corps carbonates diagénétiques par réduc-
de Suez et de la Mer Rouge
ROUGEE (Paul). Voir Ladevèze (Pierre).

-
tion de sulfates dans le Miocène évaporitique du Golfe .
..
.
1193
891
RAZAFIMAHEFA(Narison). Nachit (Hassane) ROULLIAY (Monique). — Voir Belbéoch (Bella) et
— Voir
.............................
et divers,. .
RAZAFIMBELO (Judith), Nicole LANGLOIS, Angèle
813 divers..
ROUSSET (Marc) et DidierMARQUIS. — Sur la défor-
871

CHIARONI et Claude RICHE. — Alcaloïdes de Phel- mation des surfaces seuils en plasticité cyclique. 751
line sp. aff, P. lucida : dihydro-1,2 comosidine et ana- ROUX (Stéphane). — Bornes supérieures pour les expo-
lyse, aux rayons X de Tholidinine,
.
.. ... ... A
..... 519 sants critiques de transport en percolation. 367
REHAULT (Jean-Pierre), — Voir Moussat (Éric) et
divers
.
. .......
REILLE (Maurice). — Voir Beaulieu (Jacques-Louisde).
491
443
ROUXÈL.(Jean). — Voir Ben Salem (Azzedine) et divers. 1003
ROY-DIAS (Catherine):—Voir Chalot-Prat(Françoise), 853
ROYER (Jean-Jacqués), Annie MICHARD, .Michel
REMY ( Francis). — Voir. Monnereau (Odile) et divers. . DANIS et Francis ALBARÈDE.— Arguments isotopi-

Vosges
375
-
RENARD (Vincent): Voir Le Pichon (Xavier) et divers. 273 ques et hydrochimiques en faveur d'une venue hydro-
RENARD (Vincent), Kazuaki NAKAMURA, Jacques thermale dans la nappe du Trias Inférieur (région de
ANGELIER, Jacques AZEMA, Jacques BOURGOIS, Vittel, 163
Christine DEPLUS, Kantaro FUJIOKA, Y ozo RUAS (Vitoriano). — Une méthode mixte contrainte-
HAMANO, Philippe HUCHON, Hajimu KINO- déplacement-pression pour la résolution dé problèmes
SHlTA, Pierre LABAUME, Yujiro OGAWA, Tetsuzo de viscoélasticité incompressible en déformations pla-

.
SENO, Akira TAKEUCHI, Manabu TANAHASHI, nes. 1171
Akinori UCHIYAMÀ et Jean-Louis VIGNERESSE.
—La collision de l'arc volcanique d'Izu-Bonin avec le S
Japon central et la jonction triple au large de Tokyo :
premiers résultats de la campagne franco-japonaise SACCHI (Charles), Béatrice SCHMIDER et Francis
Kaiko (Leg II).. . 281 CHANTRET. —Du Solutréen en Ile-de-Francé : le
RICHE (Claude); — Voir Razafimbelo (Judith) et divers.
RINGEADE (Michel). — Voir Gourinard (Yves) et divers.
RlOU (Amédée).—Voir Gudennec (Yannick) et divers.
RIVAS (Pascual). — Voir Braga (Juan C.) et divers.
RIVOALLAN (Jean-Pierre). . .
. .
519
715
93
553
divers
gisement de Saint-Sulpice-de-Favières(Essonne).
SADSAOUD (Hamid). A— Voir Laclare (Francis): et
.. .

SAGER (William). — Voir Schlager (Wolfgang)et divers. 1141


SAHNOUNI .(Mohamed). — Reconnaissance d' une
243

383

Voir Etienne (André) et


.
divers.. ...... . . . .
.—
... ....... 145 chaîne opératoire,
. exipliquant l'obtention des formes
polyédriques et subsphériques, dans l'industrie sur
ROBERT (Béatrice), Michèle BOLTE et Jacques
LEMAIRE- - Mise en évidence du chrome (V) lors
. galets du gisement villafranchien de Aïn Hanech (Sétif,
Algérie Orientale).... 355
de la photo-oxydoréductiondu système chrome (VI)-

divers
glycine. 881 SAÏD (Ahmed Ben),— Voir Hartenberger (Jean-Louis)
ROBERT (Marie-Claire). — Voir Bernard (Yves) et et divers,........ .
649
1105 SAINFORT (Pierre), Bruno DUBOST et Alain DUBUS.
ROBIN (Claude). — Voir Pradal (Evelyne). — Précipitation de « quasi-cristaux » par décomposi-
RODET (Jean-Claude) et Georges CHARNAY. . ...
. .
1069 tion de solutions solides du système Al-Li-Cu-Mg. 689
SAINT-MARC(Pierre).- Voir Bellion (Yves) et divers. 937
, .

Champ aérodynamique moyen tridimensionnel à l'inté-
rieur d'un assemblage d'aiguilles de réacteur nucléaire
à neutrons rapides....,
. ... ...... ....
RODRIGUES (Paulo R,),— Voir Leon (Manuel de).
1269
455
SALÈRÈS (Alain) — Voir Meyer (Bernard). ...
SALERES (Alain).— Voir Bourgade (Jean-Luc) et..divers,

SALIOT (Alain). — Voir Brault (Martine) et divers.


895
973
807
. . .
RODRIGUEZ-PEREA(Antonio). Voir Ramos (Emi- SAMSON (Petre). — Voir Grigorescu (Dan) et divers: 1365
lio). X,. ,: '. A. .;:-. ...A —
ROESNER-(Karl).-Écoulement
.
/...,..
. ,-. , . . , . .
deCouette-Taylor:sta-
1205 SANCHEZ (Michel). — Voir Bellan (Jacques) et divers.
....
785
SANCHEZ-PALENCIA (Enrique). — Voir Leguillon
tionnaire pour une solution de polymères.
. .
ROLIN (Patrick). Voir Freytet (Pierre) et divers.. . .....
.
1387
1163
...
(Dominique).
SARR (Raphaël). Voir Bellion (Yves) et divers..
1277
937
— —
ROQUES (Jacques). — Voir Etienne (André) et divers.
. .
145 SARRAZIN (Jean). - Voir Lemaître (Jacques) et divers, 977
Série II Table des Auteurs

MM. Pages MM. Pages


SARTI (Massimo).
— Voir Boillot (Gilbert) et divers.... 627 STURTZ (Georges). — Voir Haelters (Jean-Pierre) et
SATTAYARAK (Nares). — Voir Buffetaut (Eric) et divers 697
divers 643 STUSSI (Jean-Marc). — Voir Nachit (Hassane) et divers. 813
SAUX (Michel). — Voir H'Naïfi (Abdeslam) et divers. 927 SUARD (Michèle). — Voir Daoudi (Abdelali) et divers. 911
. . .
SCARENZI (Denis), Daniel HERMITTE, René-Pierre SUDRADJAT (Adjat). — Voir Gourgaud (Alain) et
MÉNOT et Michel PIBOULE. divers
— Les zircons des 351
plagiogranites du complexe ophiolitique de SUDRE (Jean). — Voir Grigorescu (Dan) et divers 1365
Chamrousse-Tabor et des granites sodiques du groupe SUTEETORN (Varavudh). — Voir Buffetaut (Eric) et
de Rioupéroux-Livet (Massifs Cristallins Externes, divers 643
Alpes françaises) : morphologie, typologie et implica-
tions pétrogénétiques 1189
SUYEHIRO (Kiyoshi). — Voir Cadet (Jean-Paul) et
divers 287
SCHAAF (André), Riccardo POLINO et Yves
LAGABRIELLE. — Nouvelle découverte de Radiolai- SWART (Peter). — Voir Schlager (Wolfgang) et divers. 1141
.
res d'âge Oxfordien supérieur-Kimmeridgien inférieur, SZTAJNBOK (Pascale). — Voir Berlan (Jacques) et
à la base d'une série supra-ophiolitique des Schistes divers 693
Lustrés piémontais (Massif de Traversiera, Haut Val
Maïra, Italie) 1079
SCHLAGER (Wolfgang), James AUSTIN, Paul T
COMET, André DROXLER, Gregor EBERLI, Eric TAIRA (Asahiko). — Voir Le Pichon (Xavier) et divers. 273
FOURCADE, Raymond FREEMAN-LYNDE, Craig TAKEUCHI (Akira). — Voir Renard (Vincent) et divers. 281
FULTHORPE, Gill HARWOOD, Gerhard KUHN,
Dawn LAVOIE, Mark LECKlE, Allan MELILLO, TAMBAREAU (Yvette). — Voir Bouillin (Jean-Pierre)
Arthur MOORE, Henry MULLINS, Amanda PAL- et divers 415
MER, Christian RAVENNE, William SAGER, Peter TANAHASHI (Manabu). — Voir Renard (Vincent) et
SWART, Joost VERBEEK, David WATKINS et divers 281
Colin WILLIAMS. — Apports du Leg 101 ODP TANI (Shin). — Voir Cadet (Jean-Paul) et divers 287
(Ocean Drilling Program) à la connaissance des pentes
TARDY (Marc). — Voir Serre (Arnaud) et divers...... 637
et bassins bahamiens 1141
SCHMIDER (Béatrice). — Voir Sacchi (Charles) et TAULELLE(Francis). — Voir Couty (René) et divers.. 1033
.
divers 243 TEISSEDRE(Claude). — Voir Cambon (Claude) 65
SCHMITT (Pierre). — Voir Freytet (Pierre) et divers. 1163 TELLIER (Pierre). — Voir Carpentier (Jean-Louis) et
. . divers 679
SEGURET (Michel), Marc DAIGNIÈRES et équipe
PROFIL ECORS PYRÉNÉES. — Coupes balancées TERAO (Nobuzo). — Voir He (Xi Jing) et divers 587
d'échelle crustale des Pyrénées 341 TERMIER (Geneviève).— Voir Bodeur (Yves) et divers. 449
TERMIER (Henri). — Voir Bodeur (Yves) et divers.
SENO (Tetsuzo). — Voir Renard (Vincent) et divers.
SERPOLAY (Roger). — Voir Garmy (Michel)
... 281
1021 TÈXIER (Jean-Pierre), Jean-Paul RAYNAL et David
... 449

. LEFEVRE. — Nouvelles propositions pour un cadre


SERRE (Arnaud), Anne TOURY, Jean-Paul RAMP- chronologique raisonnédu Quaternairemarocain.
NOUX, Juventino MARTINEZ-REYES et Marc
TARDY. Individualisation de deux unités à flysch THERY (Jean-Michel), Bernard BALUSSEAU et Éric
... 183

— VOISENET. — Découverte de Trias supérieur fluvia-


nummulitique d'origines paléogéographiques différen-
tes au sein de « l'Écaille ultradauphinoise des Aiguilles tile en domaine péloritain (Arc calabrais, Sant Angelo
d'Arves » (région de Saint-Jean-de-Maurienne, Savoie). 637 di Brolo, NE Sicile). 823
SHEPPARD(Simon M. F.). — Voir Charef(Abdelkrim). 39 THEVENEAU(Hélène). — Voir Couty (René) et divers. 1033
SIEBER (Kurt). — Voir Fotouhi (Bahman) et divers. 1285 THIRIET (Jean-Paul), Pierre BUROLLET, René GUI-
. . . RAUD, Jean-Claude ICART, Jean-Jacques JAR-
SIGWALT (Pierre). — Voir Benaboura (Ahmed) et divers. 229 RIGE, Christian MONTENAT et Philippe
SIMONEIT (Bernd R. T.). — Voir Brault (Martine) et OTT D'ESTEVOU. — Sur l'existence de jeux décro-
divers.. 807 chants transpressifs dans la structuration précoce du
SIRIEYS (Pierre). — Voir Inglès (Jacques) 49 Golfe de Suez et de la Mer Rouge. L'exemple de la
région de Port Safaga (Egypte) 207
SONGSTAD (Jôn). — Voir Bellan (Jacques) et divers. 785
THONON (Pierre). — Voir Bellon (Hervé) et divers.
SOUGY (Jean). — Voir El Kamel (Fouad) et divers.
. . .
1361
THORET (Jean). — Étude comparative de nouveaux
... 297

SOUZA DE CURSI (José Eduardo). — Sur le principe tantalates de type « bronzes quadratiques de
du minimum de l'énergie en statique des fils sans rai- tungstène » contenant des ions Ce4+, Th4+ ou U4+. 1009
deur 1319
THORET (Jean) et Daniel MERCIER. — Caractérisa-
.

SPY-ANDERSON(France-Lucie). — Voir Le Fournier tion et propriétés diélectriques de nouvelles solutions


(Jacques) et divers 1053 solides de type « bronzes de tungstène quadratiques »
STEINBRUNN (Alexis) et Michel BORDIGNON. — contenant uranium et éléments alcalino-terreux 263
Interaction de soufre moléculaire S2 avec la surface THOUIN (Catherine). — Voir Chorowicz (Jean) 835
(100) de CoO 685 THOUIN (Catherine). — Voir Le Fournier (Jacques) et
STOLZ (Claude). — Voir Quoc Son (Nguyen) 661 divers 1053
Table des Auteurs Série II —29
MM. Pages MM. Pages
THUROW (Jurgen). — Voir Boillot (Gilbert) et divers.. 627 VAUCAMPS (Claude). — Voir Dorthe (Gérard) et divers. 9

.....
TIERCELIN (Jean-Jacques). — Voir Le Fournier (Jac-
......
.
VAUCHEZ (Alain) et Maurice BUFALO. — La limite

....
ques) et divers. 1053 Maures occidentales-Maures orientales (Var, France) :
. . .
TJETJEP(Wimpy). Voir Gourgaud (Alain) et divers.
— 351 un décrochement ductile senestre majeur entre deux
TOKUYAMA (Hidekazu); — Voir Cadet (Jean-Paul) et provinces structurales très contrastées 1059
divers.. . 287 VAUTRIN (Alain). — Applications du frottement inté-
TOKUYAMA
divers..
. .
(Hidekazu). - Voir Le Pichon (Xavier) et
.
273
rieur au suivi de l' endommagement des matériaux com-
posites sous charges cycliques
VEDRINE (Jacques C). — Voir Mentzen (Bernard F.).
. .
. 1091
1017
TOUGANI (Amina) et René COUFFIGNAL. — Sur .
une nouvelle voie d'accès aux ot-cétols y-éthyléniques VELDE (Danielle). — Voir Rachdi (Hayat E.-N.) et
au moyen d'organozinciques allyliques. . 1127 divers.. : A 1293
. .
TOURNARIE (Max). —Voir Belbéoch (Bella) et divers. 871 VERBEEK(Joost). — Voir Schlager (Wolfgang) et divers. 1141
VERGNEAUD (Michelle) et Michel COLCHEN, — La
TOURNEMINE(Georges). — Voir Pogu (Marc).
TOURNON (Jean). — Voir Le Pichon (Xavier) et divers.
.... 1175
743
fracturation du graben de Saint-Maixent, un exemple
des relations socle-couverturedans le seuil du Poitou. 539
TOURY (Anne). — Voir Serre (Arnaud)et divers.. 637 VÈRRON (Jacques). —- Sur le lâcher de tourbillons géos-
. ... .
TOUTIN-MORIN (Nadège). — Les dépôts carbonates trophiques dans le sillage de topographies sous-
lacustres et palustres du Permien provençal : diffé- marines.
. .... . . . . ... 525
rences et significations.. 1423
...... . .

..
VIGNERESSE (Jean-Louis). — Voir Renard (Vincent) et
TRAINEAU(Hervé). — Voir Morisseau (Michel). 1309
TRICHET (Jean). — Voir Gauthier (Bernard) et divers.
..... 33
divers.. : ... 281

TRIMAILLE (Bernard). — Voir Besançon (Jack) et. .


VILLATTE (Juliette). —
divers..
Voir Bouillin (Jean-Pierre) et
415
divers..
..... ....
. .
83 VINCENT
.
(Pierre M.). — Voir Gourgaud (Alain) et
. .

...
TROADEC (Jean-Paul). — Voir Lemaître (Jacques) et
divers..
, 977
divers.,
VINCOURT (Marie-Christine). —
...
Une méthode asymp-
. .
351

TROMBE (Jean Christian), Catherine FRASSE et Alain totique pour l'étude de la convection naturelle dans
GLEIZES. —- Influence d'un coordinat additionnel, la une couche poreuse horizontale 1383
glycine, sur la dimensionnalité des composés formés
par l'anion Ni (S2C2O2)2 et les lanthanoïdes.
TUBlA (José Maria). ...... 483
VISINTTN(Augusto). — Voir Frémond (Michel).
VOISENET (Éric). — Voir Thery (Jean-Michel) et divers.
..... 1265
823
—. Voir Bouchez (Jean-Luc) et VON HUENE (Roland). — Voir Cadet (Jean-Paul) et
divers 841
divers.. 287
VRINAT (Michel). — Voir Eltzner (Werner) et divers. 139
U . .
VUAGNAT(Marc). — Voir Bertrand (Jean) et divers. 1199
.
UCHIYAMA (Akinori). — Voir Renard (Vincent) et
divers.. 281 W
WALLEZ (Marie-José). — Voir Gourinard (Yves) et
V divers 715
VACA (Àlejandro). — Voir Baldis (Bruno) et divers.
VALADE (Lydie) et Patrick CASSOUX. — Nouveaux
. , .
1245
divers..
.
.
WATKINS (David). — Voir Schlager (Wolfgang) et,

WEBER (Catherine), Michel PICHAVANT et Pierre


. . .
1141
composés de type donneur-accepteur, dérivés de com-
plexes du coordinat dmit, C3S§~, présentant une haute BARBEY. -— La cordiérite dans le domaine anatecti-
conductivité électrique.. 999 que du Velay (Massif Central Français) : un marqueur
VALLOT (Roger). — Voir Jakubowicz (Christine) et de l'anatexie, du magmatisme et de l'hydrothermalisme. 303
..........
divers.. . A991, 1119 WENGER (François). —Voir Zhang (Jianguo) et divers.
WENGER (François), Jacques GALLAND et Lionel
995
VAN DE WALLE (Jean) et Pierre JOYES. — Étude
des ions moléculaires GeJ * (n/p < 25; 1 g p g 4) produits LEMOINE. — Étude des diagrammes d'impédance
par émission de champ à partir de pointes liquides. 251 électrochimiquedans le cas d'une distributiondes cons-
VANDORPE (Bernard), Jacques LERIVREY,
..
Patrick tantes de temps de relaxation; application au cas d'ar-
DECOCK et Bernard DUBOIS. — Détermination
potentiométrique et spectrophotométrique des constan-
matures de béton
WENZ (Sylvie). — Voir Gall (Jean-Claude) et divers.
....
1281
547
tes d'acidité de s-triazines.
VANGELISTI (René). — Voir Furdin (Guy) et divers.
VANUCCI (Corinne). — Voir Castellan (Alain) et divers.. .
475
87
21
....
WILLIAMS (Colin). — Voir Schlager (Wolfgang) et
divers..
WILLIAMSON (Mark W.). — Voir Boillot (Gilbert) et
. . .

1141

VASS (Georges), Pierre KRAUSZ, Béatrice QUICLET-


SIRE, Jeanne-Marie DELAUMENY,Jeannine CLEO-
divers..
. . : ....
WINTENBERGER(Michel). — Voir Fortunier (Roland)
627

PHAX et Stephan D. GERO. — Accès à de nouveaux et divers.. 69


cyclitols et aminocyclitols à partir du D-glucose et de WINTERER (Edward L.). — Voir Boillot (Gilbert) et
la D-glucosamine 1345 divers.. 627
. .
30 — Série II Table des Auteurs

MM. Pages MM. Pages


WYNS (Robert). — Voir Koeniguer (Jean-Claude) et ZARGOUNI (Fouad), Mohamed Chedli RABIA et
divers 509 Chedli ABBÈS. — Rôle des couloirs de cisaillementde
Gafsa et de Negrine-Tozeur dans la structuration du
faisceau des plis des Chott, éléments de l'accident sud-
Y-
atlasique 831
YAMAZAKI (Toshitsugu). — Voir Cadet (Jean-Paul) et ZHANG (Jianguo), François WENGER, Michel
divers 287 JÉROME et Jacques GALLAND. Contrôle de la
YUSSEF (Mustapha M.). — Voir Gigot (Patrick) et —
corrosion par la mesure de l'impédance
divers 53 électrochimique : problème des structures de grandes
dimensions 995
Z ZHONG (Wang Xian). — Voir Quezel (Simone) et divers. 919
ZAMBON (Daniel), Jacques METIN, Bernard PICAUD ZONOU (Siaka), Jean-Paul KARCHE, Henriette
et Daniel AVIGNANT. — Étude cristallochimique LAPIERRE, Serge LEMOINE et Michel ROSSY. —
d'une série de composés fluorés de terres rares de for- Volcanismestholéiitique et calco-alcalindans les forma-
mule LiNaLn2F8, et mise en évidence de la participa- tions du Birrimien supérieur de Bouroum (N.E. du
tion des orbitales 4 f à la liaison 1235 Burkina-Faso) 309

Imprimerie GAUTHIER-VILLARS
3017-85

Imprimé en France

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