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LE MONDE

DU GEnie Civil
Décembre
N°3 | 2007

Dans cette edition


Les sols gonflants p12
Tunnel à ciel ouvert p17
OsCAR NEIMEYER p28
Calcul Par element finis p31
GRATTE CIEL p35

DOssier du mois
L’effet P-DELTA p04

Le magazine officiel WWW.GENIECIVIL.ORG


EDITORIAL
Dans l’état actuel des choses les développements
durables doivent non seulement intégrer tous les
secteurs mais ouvrir avec une étude pointue dans
LE MONDE DU GENIE CIVIL
toute ambition de production économiques.
Le développement durable doit répondre à trois
“Le magazine offciel du forum
points, l’économie, le social et l’environnement …
francophone du genie civil”
Nous devons permettre aux générations futures en
leur laissant la possibilité de répondre à leur besoins
www.geniecivil.org de telle façon à ce qu’eux aussi répondent un jour à
d’autres générations.
les développements durables doivent en somme
maintenir ces capacités et ressources actuelles et
être transmises à ceux qui nous succéderont.
Redaction & mise en page Le développement durable est un réel projet de
société qui doit être introduit partout ,il y va de
K. MOHAMED - Ingénieur notre survie et celle de nos enfants .
S. Imane - Ingénieur La construction est un secteur gigantesque repensé
désormais liée aux questions environnementales
tributaire de l’industrie doit se mettre au diapason
et l’envisager afin de ne pas nuire à l’environnement
et garantir aux générations futures une existence
Auteurs aussi confortable que la notre.
Le secteur de la construction doit se mobiliser
G. Hicham - Etudiant et accéder à toutes les technologies qui lui
A. Yakouben - Ingenieur permettraient de se débarrasser de tous les procédés
T. Aimad - Ingenieur de production archaïques qui tuent la planète et cela
Sitayeb - Ingenieur de la fabrications des matériaux, à leur transport et
T. Salim - Chercheur leur mise en œuvre.
Amira - Etudiante Calculer pour Construire Durablement doit signifier
T. Rafik - Chercheur dorénavant : préserver durablement, il y’a urgence.
A. Djilali - Etudiant Le bâtiment écologique existe, il doit offrir un
environnement sain, un espace confortable profiter
des énergies renouvelables et pourquoi pas une
bio-climatisation et ceci je suis persuadée même si
certains observateurs et détracteurs trouvent cela
Pour plus d’INFORMATION trop coûteux, à terme l’économie s’en trouvera
relancée et vu et recorrigée même.
Magazine@Geniecivil.org
S. Imane

LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 01


Sommaire

GIGA P 03
Une machine d’essais unique au monde
pour tester la résistance du béton

L’EFFET P-DELTA P 04

LES SOLS GONFLANTS P 12

TUNNEL A CIEL OUVERT P 17

SEISME D’ALGER P 22
INVESTIGATION SUR LE SEISME
DE BOUMERDES

Oscar Neimeyer P 28
Fêtera ses 100 ans ...

MEF P 31
Calcul par élément finis d’une
sphère sous pression interne

GRATTE CIEL P 35

LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 02


Actualités

GIGA
Une machine d’essais unique au monde pour tester la résistance du béton

GIGA, une installation unique au monde, est


inaugurée le 13 mai 2004 par la Délégation
Générale pour l’Armement (DGA), le Centre
National de la Recherche Scientifique (CNRS),
l’Institut National Polytechnique de Grenoble
(INPG) et l’Université Joseph Fourier (UJF).
Cette machine est conçue pour étudier le com-
portement du béton soumis à des impacts
ou des pressions extrêmes, par exemple lors
d’avalanches, de chutes de blocs, de séismes,
d’explosions ou d’impacts balistiques. Pour la GIGA est l’une des machines de la plate-forme
Délégation générale pour l’armement (DGA – d’essais “Géomatériaux et Risques” au sein de
Centre d’études de Gramat), GIGA sert à établir laquelle sont conduites des expérimentations
des modèles de comportement du béton utilisés qui viennent en appui des modélisations sur les
ensuite dans les codes de calcul pour les besoins sols, les roches et les bétons. Elle est installée
des armées. GIGA est installée à Saint Mar- dans le laboratoire 3S, l’un des neuf laboratoires
tin d’Hères, dans le laboratoire Sols, Solides, Rhône-Alpins regroupés au sein de la fédération
Structures (3S), unité mixte de recherche CNRS, de recherche “Risques Naturels et Vulnérabilité
INPG, UJF des Ouvrages”qui se préoccupe de la vulnérabilité
physique des infrastructures.
Avec une production de 1m3 par an et par habi-
tant, le béton est aujourd’hui le matériau le plus
utilisé, notamment pour les barrages, les ponts,
les tunnels, les bâtiments, les complexes indus-
triels, les centrales productrices d’énergie et de
nombreux ouvrages de protection. Son compor-
tement mécanique, très complexe, reste toute-
fois mal connu, en particulier dans les situations
violentes de chocs, d’impacts, de vibrations, de
souffles...
L’objectif de GIGA est de mieux comprendre la
réponse de ce matériau lorsqu’il est soumis à Notes :
des contraintes extrêmes. Cette machine expéri- 1kN : kiloNewton. 13 000 kN équivalent à l’effet
mentale est unique au monde en raison de ses d’une masse de 1 300 T
dimensions hors normes (4,6m x 4,6m x 4,2m – 29 2Pascal : unité mécanique de contrainte et de
tonnes) pression. 1 GigaPascal = 109 pascals = 10 000 fois
la pression atmosphérique
et de ses performances lui permettant de sou-
mettre des échantillons de taille décimétrique à
un effort axial de 13.000 kN1 et à des pressions G.HICHEM
de confinement de l’ordre du GigaPascal2, équiva-
lentes à l’effet d’une colonne d’eau de 100 km de
hauteur.

LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 03


DOSSIER

L’EFFET P-DELTA
En général, de grands déplacements et des ef-
Objectif : forts internes importants sont produits quand les
bâtiments sont soumis à de forts tremblements
L’objectif de ce chapitre est de fournir une petite de terre. L’augmentation des efforts internes et
introduction aux ingénieurs sur les différentes mé- des déplacements dus aux effets du deuxième
thodes d’analyse concernant les effets , actuelle- ordre des chargements verticaux agissants sur
ment disponible afin d’apporter une idée générale une structure transversalement déplacée sont
et une vue d’ensemble de ce que sont les effets . désignés généralement sous le nom des effets .
Les effets peuvent réduire la résistance sismique
1. Introduction : des bâtiments. Par conséquent, la capacité de
déformation et des capacités supplémentaires de
Il y a 30 ans, les ingénieurs avaient l’habitude des résistance devraient être fournies pour empêcher
calculs simples exécutés à la main pour détermin- l’effondrement sous les tremblements de terre.
er des forces et des moments de conception ; dans Une approche de facteur de stabilité a été ainsi
beaucoup de cas l’analyse des effets n’a pas été présentée par le NBCC en 1995 (National Building
mentionnée quoiqu’elle ait été exécutée intrin- Code of Canada) pour considérer les effets . Cette
sèquement. approche augmente la résistance des ossatures de
Les ingénieurs emploient aujourd’hui typiquement bâtiments, réduisant de ce fait l’incidence des ef-
l’analyse statique élastique linéaire (de premier fets .
ordre) pour déterminer des forces de conception
et moments résultants des charges qui agissent sur L’utilisation de facteurs de stabilité s’est avérée
une structure. conservatrice pour les cadres résistants aux mo-
L’analyse du premier ordre assume le petit com- ments démontrant un mode de déformation de
portement de débattement; les moments et les cisaillement lors des séismes.
forces résultantes ne tiennent pas compte de Toutefois l’utilisation des facteurs de stabilité
l’effet additionnel dû à la déformation de la struc- pour contrecarrer les effets dans la structure dé-
ture sous chargement. montrant un mode de déformation en flexion, n’a
L’analyse du second ordre combine deux effets pas été correctement abordée dans la littérature.
pour atteindre une solution: Quelques études sur des structures simplifiées de
murs indiquent que ceux-ci sont relativement peu
•La théorie de grand déplacement; les forces et sensibles aux effets . Par conséquent, la nécessité
les moments résultants tiennent compte des effets d’augmenter la résistance, et le coût associé, des
dus à la forme déformée de la structure et de ses structures contreventées à l’aide de murs peut
membres. être sérieusement remise en cause [2].
•Les efforts raidissant ; l’effet des charges axiales Il devient de ce fait important d’étudier les effets
d’élément sur la rigidité de la structure, charges sur une structure réaliste avec un contrevente-
de tension de raidissement d’un élément et des ment mixte avec justification de l’interaction
charges compressives de ramollissement d’un élé- conçue selon le RPA99/version2003.
ment. Le but de ce chapitre est ainsi d’étudier
Comme les structures deviennent toujours plus l’influence des effets sur le comportement d’un
minces et moins résistantes à la déformation, il y bâtiment en béton armé de 15 étages.
a nécessité de considérer les effets du deuxième
ordre, et pour être plus spécifique, les effets [1].

LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 04


2. Définition : Ce qui se produit vraiment lors de la déflexion,
c’est que les caractéristiques flexionnelles de la
L’effet P-Delta est un effet non linéaire (de sec- structure changent en présence de la charge axiale
ond ordre) qui se produit en chaque structure et ceci en s’accroissant.
où les éléments sont sujets à une charge axiale. Tout ça se produit au même temps au niveau de la
C’est un “ effet “ véritable qui est associé à structure globale, qu’au niveau des éléments.
l’importance de l’application de la charge axiale Pour obtenir les véritables forces et moments
(P) et du déplacement (Delta) [1]. L’importance de de conception, qui s’adaptent à tous les effets
l’effet P-Delta est liée à : P-Delta, puis la méthode d’analyse employée
devrait expliquer le grand effet et le petit effet
•L’importance de la charge axiale P. . En effet tout accroissement de l’un engendre
•La rigidité ou la souplesse de la structure dans l’accroissement de l’autre.
l’ensemble. Il faut noter aussi que l’effet est géré dans la
•La souplesse des différents éléments de la struc- structure au point où il peut être ignoré, car
ture. l’effet est pris en compte dans la vérification au
En commandant la souplesse, l’importance de flambement.
l’effet de P-Delta “ est souvent contrôlée “ telle
qu’elle peut être considérée négligeable et “ puis 4. Analyse de l’effet P-Delta dans les
ignorée “ dans la conception. bâtiments :

3. Différents types des effets P-Delta : L’utilisation de la matrice géométrique de rigidité


est une approche générale pour inclure les effets
Il y’a deux types d’effets P-Delta : secondaires en analyse statique et dynamique de
tous les types de systèmes structuraux.
a) Le grand effet P-Delta ( P − ∆ ) : Cependant, dans la technologie structurale civile,
Cependant, cet effet illustre seulement une partie elle est désignée généralement sous le nom de P-
de l’effet du second degré et il correspond à la Delta.
structure prise globalement dans son ensemble.
L’analyse qui est basée sur une approche plus
physique, par exemple, dans le bâtiment l’analyse
d’un mouvement latéral d’une masse d’un niveau
à une position déformée produit un moment de
second ordre de renversement. Ce comporte-
ment de second ordre s’est nommé effet P-Delta,
depuis, les moments additionnels de renversement
sur le bâtiment sont égaux à la somme des charges
“ P “ et les déplacements latéraux “ Delta “.
Fig V.3.1 Le grand effet P − ∆ On a proposé beaucoup de techniques pour évaluer
ce comportement de second ordre [3].
b)Le petit effet P-Delta ( P − d ) : Rutenberg a récapitulé les publications sur ce
Il se produit au niveau des éléments de la struc- phénomène et a présenté une méthode simplifiée
ture. pour inclure ces effets de second ordre. Quelques
méthodes considèrent le problème en tant que
problème de non-linéarité géométrique et propose
les techniques de solution itératives qui peuvent
être numériquement inefficaces. En outre, ces
méthodes itératives ne sont pas appropriées pour
l’analyse dynamique, d’où l’effet P-Delta cause
le rallongement des périodes de vibration. Les
équations présentées dans ce qui suit ne sont pas
nouvelles. Cependant, la simple approche utilisée
dans leur dérivation devrait ajouter la perspicacité
physique à la compréhension du comportement de
l’effet P-Delta dans les bâtiments [4].

LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 05


Le problème de l’effet P-Delta peut être linéaire, été conduite avec et sans effets P-Delta. La con-
et la solution au problème peut être obtenue di- struction de base était en armature entretoisée et
rectement et exactement sans itération, en struc- en mur acier soudé.
tures de type bâtiment où le poids de la structure Le bâtiment a été construit dans une région où le
est constant pendant des mouvements latéraux, chargement latéral principal est le vent.
on peut assumer que les déplacements sont petits
comparés aux dimensions structurales. Des résultats sont récapitulés dans le tableau suiv-
En outre, l’effort numérique additionnel exigé est ant :
négligeable.

La méthode n’exige pas une itération puisque


toute la force axiale à un niveau donné est égale
au poids du bâtiment au-dessus de ce niveau et
ne change pas pendant l’application des charges
latérales. Par conséquent, la somme de la rigidité
géométrique est associée aux annulations latérales
Puisque le bâtiment est relativement raide, les
de charges et seulement aux forces axiales dues
effets P-Delta sont minimaux. En outre, il est évi-
au poids de la structure et doit être inclus dans
dent que les effets P-Delta sont moins importants
l’évaluation de la rigidité géométrique pour le
pour des fréquences plus élevées [5].
bâtiment complet.

Les effets P-Delta sont mis en application dans la 6. Les différentes méthodes pratiques
formulation analytique de base. Ils peuvent être d’analyse de l’effet du second ordre:
inclus dans des analyses statiques et dynamiques.
Les déplacements structuraux, les formes et les 6.1. La méthode du facteur de la longueur effec-
fréquences de mode obtenues ainsi indiquées tive :
se ramollissent automatiquement. Les forces de
membre satisfont la charge statique et l’équilibre Cette méthode a pour rôle de réduire le problème
dynamique et reflètent les moments additionnels complexe de la stabilité globale d’une structure,
de l’effet P-Delta conforme aux déplacements à un simple problème de stabilité locale des
calculés directement. poteaux. Le rôle du facteur de la longueur ef-
fective K, est de remplacer la longueur réelle L
5. L’importance des effets P-Delta : des poteaux avec des conditions aux limites com-
plexes, par une longueur équivalente articulée
La comparaison entre des résultats de deux aux deux extrémités. Cette transformation permet
analyses avec et sans effets P-Delta illustre l’utilisation de l’équation classique, pour vérifier
l’importance des effets P-Delta. Un bâtiment bien la stabilité des poteaux.
projeté et bien conditionné de niveau par des Il est supposé que si la stabilité au fluage de
rapports du niveau rigidité/poids. Pour de telles chaque poteau a été vérifiée par cette méthode,
structures, les effets P-Delta ne sont habituelle- alors l’instabilité du système global ne se produit
ment pas très significatifs. Les changements des pas.
déplacements et les forces sont moins de 10% [3]. P P
Cependant, si le poids de la structure est propor-
B B
tionnellement grand à la rigidité latérale de la
structure, les contributions des effets de P-Delta
sont fortement amplifiées et, dans certaines cir-
constances, peuvent changer les déplacements et A
A
les forces et aller jusqu’à 25% ou plus. Les effets
P P
excessifs de l’effet P-Delta présenteront par la
(a) Déplacement latéral non permis (b) Déplacement latéral permis
suite des singularités dans la solution, indiquant
l’instabilité physique de structure. Un tel compor- Fig V.6.1 Les modèles poteau-poutre utilisés dans le développement des équations de la méthode
du facteur de la longueur effective.
tement est clairement indicatif d’une structure
mal conçue qui a besoin de rigidité additionnelle.
Une analyse d’un bâtiment de 41niveaux en acier a

LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 06


Les équations générales pour la méthode du facteur varie selon le cas existant :
facteur de la longueur effective, sont dérivées
de l’analyse élastique de la stabilité du modèle
poteau-poutre simple (voir fig V.3.2). Elles sont
comme suit :

Pour le cas des déplacements latéraux permis on


a:

 p   2 
( )
2
 G A × GB   p   G A + GB   K +  p
×  +   × 1 −   p  × tan 2 K = 1

 4  K  2   tan p

( )K   K
Le facteur de la longueur effective a été introduit dans le
Pour le cas des déplacements latéraux bloqués calcul des poteaux, de plusieurs règlements techniques à
nous avons : travers le monde.
La principale critique de la méthode du facteur de la
longueur effective, c’est quelle n’est pas très crédible
( )
 p 2 ×G ×G
 K A B

  p   G + GB   p 
− 1 tan  −  A
pour donner une estimation raisonnable pour une
 ×  =1 structure. De plus, différentes études ont montrées que
 36  K  6  K la stabilité d’un portique ou d’un niveau d’étage, est
 
contrôlée par le comportement global de tous les poteaux
Avec : pris individuellement, et s’il y a ruine par instabilité, tout
G A et G B : Les rigidités rotationelles relatives des l’étage s’effondre.
poutres par rapport aux poteaux, mesurées aux limites de
A et B du poteau considéré (voir fig V.6.1). 6.2. La méthode par analyse approximative au
flambement :

Tous les efforts dans la structure sont multipliés par


I un facteur qui est fonction du rapport des charges
∑ Lc gravitaires sur la charge de flambement d’où, le calcul
G= c
Ig des éléments est effectué en prenant un facteur de la
∑L longueur effective égal à 1.
g

6.3. La méthode par analyse de l’effet P-Delta


I c ; I g : Inertie de la poutre et du poteau respectivement. approximative :
Lc ; L g : Longueur de la poutre et du poteau
respectivement. Trois méthodes d’analyses sont exposées dans ce qui suit
; la méthode itérative, la méthode directe et la méthode
Des solutions graphiques de ces équations sont données des diagonales négatives.
par les chartes d’alignement SSRC (Structural Stability
Research Council). Le guide SSRC, recommande de 6.3.1. La méthode itérative :
prendre G égal à 10 pour un poteau articulé à la base, et à
la valeur unité pour le cas d’une base encastrée. Elle est basée sur la simple idée de correction des
déplacements de premier ordre, en rajoutant l’effort
Des solutions graphiques de ces équations sont données tranchant du à l’effet P-Delta à l’étage considéré.
par les chartes d’alignement SSRC (Structural Stability Puisque les effets P-Delta sont de nature cumulative,
Research Council). Le guide SSRC, recommande de cette correction et l’analyse correspondant doivent être
prendre G égal à 10 pour un poteau articulé à la base, et à effectuées jusqu’à convergence vers la solution.
la valeur unité pour le cas d’une base encastrée. A chaque cycle d’itération, l’effort tranchant modifié à
chaque étage est donné par :

De plus, quand les conditions aux limites au niveau des ∑V = ∑V + (∑ p )∆


i 1 i −1 /h
poutres sont connues, les termes des rigidités dans les
équations précédentes sont multipliés par un facteur . Ce

LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 07


Avec :
F
converge si  (∑ P )×  < 1 à la valeur ∆ final

∑V : Effort tranchant modifié à la fin du cycle
i
 h
donnée
d’itération. par :

∑V 1 : Effort tranchant de premier ordre.


F × ∑ V1
∆ final =
∑p : La somme de toutes les forces de gravité agissant 1 − F1 × (∑ P )/ P
au dessus du niveau considéré.
∆ i −1 : Déplacement latéral de l’étage obtenu par une Mais si F × ∑ V1 = ∆ 1 , alors la flexion finale du second
analyse de premier ordre dans les cycles d’itération ordre sera :
précédents.
h : Hauteur d’étage considéré. ∆1
∆ final = = m× ∆ 1
1 − (∑ P )× ∆ 1 / (∑ V1 )× h
L’itération peut être arrêtée quand . Avec :
∑V ≅∑V
i i +1 ou ∆ i ≅ ∆ i +1
1
m=
Généralement pour les structures élastiques de rigidité 1 − (∑ P )× ∆ 1 / (∑ V1 )× h
raisonnable, la convergence s’obtient au bout de deux
Étant un facteur d’amplification par lequel les effets du
à trois cycles d’itération. Mais aussi il faut noter que
premier ordre sont multipliés, pour inclure l’effet du
puisque les forces latérales sont modifiées pour tenir
second ordre.
compte de l’effet P-Delta, l’effort tranchant obtenu pour
chaque poteau est généralement en erreur, ceci reste vrai
Tous les efforts internes doivent être également
pour toutes les méthodes approximatives qui utilisent les
multipliés par ce facteur, et le calcul des éléments peut se
forces latérales pour trouver la valeur de l’effet P-Delta.
faire en considérant un facteur de la longueur effective
égal à 1.
6.3.2. La méthode directe :

Cette méthode est en fait une simplification de la Si on a (∑ P )× ∆ 1 / (∑ V1 )× h = 1 , le déplacement


méthode itérative. En utilisant cette méthode, une du second ordre tend vers l’infini. Par conséquent,
estimation des déflexions définitives est obtenue
directement à partir de l’analyse de premier ordre. Cette ∑ P = (∑V1 )× h / ∆1 peut être considéré comme étant la
charge critique du système.
simplification est basée sur l’hypothèse que la déflexion
au niveau i, est uniquement proportionnelle à l’effort
Le terme (∑ P )× ∆ 1 / (∑ V1 )× h est appelé indice
tranchant appliqué à ce niveau ( ∑ Vi ).
de stabilité. En général il est admis que si l’indice de
Cette hypothèse permet de traiter chaque niveau
stabilité est inférieur à 0.0475 pour les trois axes du
indépendamment des autres niveaux. Si F est la déflexion
bâtiment, alors l’effet du second ordre peut être négligé.
causée par une charge unitaire latérale au niveau i, alors
De plus, il est mentionné que pour les valeurs de l’indice
la déflexion de premier ordre ∆ 1 est : de stabilité compris entre 0.0475 et 0.20, la méthode
∆ 1 = F × ∑ V1 directe d’analyse P-Delta donne une bonne estimation
des effets du second ordre.
Après le premier cycle d’itération, on aura : Les calculs pour lesquels l’indice de stabilité dépasse
0.20 doivent être évités et ça selon le RPA99/version
F 2003, si l’indice est inférieur à 0.10 alors l’effet
∆ 2 = F × ∑ V2 = F × (∑ V1 )× 1 + (∑ P )× 

P-Delta peut être négligé et s’il est compris entre 0.10
 h
et 0.20, on peut appliquer la méthode directe exposée
Après la itération, on aura : précédemment.

 F  F
2
F 
i
6.3.3. La méthode des diagonales négatives :
∆ i +1 = F × ∑ V1 × 1 + (∑ P )× +  (∑ P )×  + ......... +  (∑ P )×  

 h  h  h  

L’équation ci-dessus est une série géométrique qui Cette méthode permet une estimation directe de l’effet
P-Delta à travers n’importe quelle analyse de 1er ordre.
Des éléments diagonaux fictifs avec une section négative

LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 08


sont insérés (voir fig V.6.2) pour simuler la réduction de
la rigidité suite à l’effet P-Delta. Avec : q t , q b sont les déplacements rotationnels.
La section des éléments diagonaux fictifs peut être : ∆ t , ∆ b sont les déplacements transversaux.
alors obtenue par simple analogie à la loi de Hooke ( En considérant l’équilibre du système, on trouve :
s = E × z ).
M t + M b + P × (∆ t − ∆ b )
Le cisaillement additionnel du à l’effet P-Delta est Ft =
L
(∑ P )× ∆ 1 / h avec ∑ P étant la somme des forces de Ft = − Fb

gravité et est la hauteur d’étage. Le terme


∑ P est un Après transformation, on obtient :
h
terme de rigidité mais au lieu de résister au déplacement, 6E
I 12 × EI P
il le provoque. Par conséquent, il peut être considéré Ft = × (q t + qb ) − ( − ) × (∆ t − ∆ b )
L2
L3
L
comme une rigidité négative.
Cette équation est dérivée de l’équilibre du système à
Il est évident qu’à cause des forces horizontales et l’état déformé, il s’agit donc d’une matrice du second
verticales dans la diagonale, les forces axiales et les ordre. La matrice de rigidité peut être écrite sous la
efforts tranchant dans les poteaux seront légèrement forme compacte suivante :
erronés. Ces erreurs peuvent être réduites en prenant les
diagonales aussi longues que possible. [K ]= [K f ]− [K g ]
[K ] : Matrice standard du premier ordre (rigidité
f
Diagonale négative
matérielle)
[ ]
Kg
: Matrice de rigidité géométrique.
L’analyse de la matrice du second ordre est par nature
itérative, en effet la matrice de rigidité inclue des termes

P
. Mais l’effort axial P n’est connu qu’après que
L
l’analyse a été effectuée. Pour le premier cycle de la
procédure de calcul, la force axiale peut être prise égale
Fig V.6.2 Portique modélisé par des diagonales négatives.
à zéro, ce qui revient à une analyse standard de premier
ordre.
7. Analyse de l’effet P-Delta « Dans toutes les itérations, qui seront effectuées, les
exacte » : efforts obtenus seront utilisés pour l’analyse jusqu’à
convergence vers la solution. Si le comportement non-
linéaire du matériau est considéré, la matrice de rigidité
La formation des matrices de rigidité géométrique est
matérielle doit également être révisée à chaque étape de
la base de toute analyse dite « exacte » de second ordre.
l’analyse.
La même matrice reste essentielle pour toute procédure
Plusieurs travaux de recherche ont été effectués sur la
d’analyse au flambement par la méthode des éléments
formulation de la matrice de rigidité géométrique et
finis.
l’analyse de la stabilité des structures par la méthode des
Dans ce paragraphe nous considérons un poteau
éléments finis.
déformé, en négligeant l’effet des déformations axiales
de l’élément, les équations de la rotation pour ce poteau Pour un bâtiment tridimensionnel à N étages, K g [ ]
peuvent s’écrire comme suit : est une matrice 3 N × 3 N . Pour des portiques plans,
la matrice se réduit à une matrice tri-diagonale de
dimension N × N
E
I  ∆ ∆  .
Mt = ×  4q t + 2q b − 6 t + 6 b  En supposant que les charges permanentes sont
L  L L 
uniformément réparties sur le plancher, et que le
E
I  ∆ ∆ 
Mb = ×  2q t + 4q b − 6 t + 6 b  plancher dispose d’un système globalement uniforme
L  L L  pour reprendre les charges verticales, on obtient une
formulation simplifiée de la matrice de rigidité.

LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 09


L’approximation admise dans ce cas est généralement 9. Utilisation de la méthode itérative pour la
négligeable et elle est utilisée dans la plupart des cas vérification de l’effet P-Delta avec le logiciel
pratiques. Elle permet d’inclure directement l’effet
SAP2000.
P-Delta dans une analyse tridimensionnelle de la

structure.
a)L’influence des effets P-Delta sur les périodes :

8. Justification vis-à-vis de l’effet


P-Delta selon le RPA99/version 2003 :

Les effets du deuxième ordre peuvent être négligés dans


le cas des bâtiments si la condition suivante est satisfaite
pour tous les niveaux :

PK × ∆ K
qK = ≤ 0.10
V K × hK

PK : Poids total de la structure et des charges


d’exploitation associées au dessus du niveau K.
VK : Effort tranchant d’étage au niveau K.
∆ K : Déplacement relatif du niveau K par rapport au
niveau K-1.
hK : Hauteur de l’étage K.
Si : q K < 0.10 les effets de second ordre sont négligés.
Si : 0.10 < q K < 0.20 il faut augmenter les effets
de l’action sismique calculés par an facteur égale à

1
(1 − q K )
D’après le tableau ci-dessus on peut constater que la plus
Si q K > 0.20 la structure est potentiellement instable et grande différence entre les périodes avec ou sans prise en
doit être redimensionnée. compte des effets P-Delta est de l’ordre de 10-2. Donc
l’effet P-Delta n’a aucune influence sur les périodes de
Application numérique : vibration.

b)L’influence de l’effet P-Delta sur les déplacements :

D’après le tableau ci-dessus nous constatons que l’effet


P − ∆ est négligeable selon la condition (q K < 0.10 )
exigée par le RPA99, et cela pour tous les étages du
bâtiment. On remarque que le taux d’influence avec la prise
en compte de l’effet P-Delta sur l’évaluation des
déplacements des différents étages est insignifiant.
LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 10
Ceci nous conforte dans le choix de négliger l’effet
P-Delta dans le cas de cette structure.

10. Conclusion :

Pendant plusieurs années, les ingénieurs et les recueils


d’instructions ont mis en évidence les effets P-Delta
dans les structures. Dans le passé cette considération a
été simple et limitée dans l’application, mais les temps
ont changé, des recueils d’instructions et les outils de
conception se sont évolués récemment .En conséquence,
les ingénieurs peuvent prendre des décisions sur le choix
de l’analyse de second ordre à employer, ce qui est le cas
dans notre étude et cela en utilisant le logiciel SAP2000.
Le logiciel SAP2000 nous indique qu’une analyse
itérative est requise pour déterminer les forces axiales de
l’effet P-Delta dans l’élément du portique. Il explique
aussi que la force axiale dans chacun des éléments du
portique est estimée par une analyse préliminaire de la
structure.

Après l’obtention des forces axiales, les équations


d’équilibre du système seront résolues, et peuvent créer
de différentes forces axiales au sein de la structure. Si
la rigidité de la structure est modifiée elle va causer une
redistribution des forces.
On conclue que les résultats de l’analyse dynamique
non élastique détaillée sans augmentation de résistance
pour contrecarrer les effets P-Delta, indiquent que
cette augmentation de force n’est pas nécessaire tant
que les valeurs de l’effet P-Delta ont étaient trouvées
insignifiantes dans toutes les analyses effectuées.
Cependant, les déplacements résiduels pourraient
être augmentés par les effets P-Delta en cas où les
tremblements de terre se produisent avec de longues
périodes de vibration, et aussi que la différence entre la
méthode itérative et la méthode non itérative n’est pas
très significative, donc on peut utiliser la méthode non
itérative pour la simulation de l’effet P-Delta avec tout ce
que cela offre comme avantage en gain de temps dans le
calcul.

En fin, il faut signaler que les méthodes empiriques


utilisées pour l’estimation des effets P-Delta dans le
passé étaient justifiées à cause de la complexité du calcul
de second ordre, ceci n’étant plus le cas actuellement
et cela avec la disponibilité des différents logiciels
existants, entre autre dans le domaine du Génie Civil.

A. Yakouben

LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 11


ETUDES

Les Sols Gonflants


L’identification des sols gonflants peut s’effectuer
à l’échelle microscopique, les formes et les as-
semblages de la structure de ces matériaux étant
très particuliers. Seulement, cette reconnais-
sance est très coûteuse et n’informe pas sur les
paramètres mécaniques du retrait-gonflement.
Une identification primaire, à partir des résultats Figure -1 : a) Unité tétraédrique à coeur de sili-
d’essais simples, peut présenter un intérêt consi- cium; b) Schéma d’une couche de
dérable puisqu’elle permettra de gagner en temps tétraèdre avec arrangement hexagonal
et en coût. En effet, le fait de soupçonner qu’un
sol puisse être gonflant dès la campagne de recon- L’octaèdre d’alumine Al2(OH)6 et éventuelle-
naissance préliminaire permet d’anticiper sur les ment de magnésium Mg3(OH)6 (OC) : 6 ions hy-
campagnes de reconnaissance de confirmation en droxydes enserrent un atome d’aluminium ou de
les adaptant à la nature du site. magnésium. Les octaèdres se combinent égale-
ment pour former des couches planes dites couch-
es octaédriques (Figure IV-2).
I NATURE ET STRUCTURE DES ARGILES :

Avant d’analyser le phénomène de gonflement pro-


prement dit, il est essentiel de rappeler certaines
notions minéralogiques et physico-chimiques rela-
tives aux interactions entre l’eau et les particules
argileuses. Figure -2 : a) Unité octaédrique b) Structure en
couche à base d’octaèdre de
1 Minéralogie des argiles : Brucite Mg(OH)2 ou de Gibbsite Al(OH)3
Les argiles sont les produits de décomposition
des roches siliceuses, par désagrégation physique 2 Structure moléculaire microscopique des arg-
et mécanique, puis par altération chimique. La iles:
famille des minéraux argileux regroupe tous les
silicates hydratés appartenant au groupe des phyl- Le feuillet élémentaire idéal se compose d’un
losillicates. Les minéraux argileux ont une struc- empilement de 2 ou 3 unités de base. Les liens de
ture ionique telle qu’ils interagissent fortement covalence et les liaisons ioniques assurent la struc-
avec les molécules polaires de l’eau. Une particuleture rigide du feuillet élémentaire ; des liaisons
d’argile est formée d’un empilement de feuillets moins fortes mais essentielles telles que les forces
élémentaires constitués par l’association de deux d’attraction moléculaires, les liaisons hydrogène,
unités structurales de base : assurent l’assemblage des feuillets élémentaires.
Malgré la simplicité apparente de la structure des
Le tétraèdre de silice SiO4 (Te) : atomes argiles, on en dénombre un très grand nombre
d’oxygène disposés au sommet d’un tétraèdre d’espèces, qui se distinguent par les défauts liés
régulier enserrent un atome de silicium. Les té- aux substitutions isomorphes au moment de la for-
traèdres se combinent entre eux pour former des mation. L’arrangement des particules des terrains
couches planes dites couches tétraédriques (Figure argileux, qui interagissent avec l’eau et les ions
-1). qu’elle transporte, dépend beaucoup du milieu de
déposition (notamment de sa salinité).
LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 12
Les trois types d’argile (minéraux gonflants) les leurs propriétés se rapprochent de celles des
plus couramment rencontrés sont la kaolinite, argiles. Leur structure est cependant plus com-
l’illite et la montmorillonite. Nous les décrivons plexe, et se compose de deux feuillets de micas
dans la suite. entre lesquels s’insère un feuillet de brucite. En
fait, le déficit du feuillet de mica est rarement
La kaolinite (Si4O10) Al4 (OH)8 : comblé par le feuillet de brucite et des cations
Le feuillet élémentaire est composé d’une couche interchangeables se logent dans les espaces créés
de silice et d’une couche d’alumine. Entre dif- au sein du feuillet de mica. De l’eau peut alors
férents feuillets de kaolinite, le contact se fait en- pénétrer entre les feuillets, provoquant ainsi
tre un plan contenant les ions hydroxyles OH - de un accroissement de l’interdistance et donc un
l’octaèdre, et celui contenant les ions d’oxygène gonflement. Cependant, les édifices de brucite
O2-du tétraèdre ; dans ce cas, les liaisons inter- tendent à coller les feuillets les uns aux autres et
foliaires résultent de l’effet composé de liaisons donnent ainsi aux chlorites une certaine cohésion,
hydrogène et de forces de Van der Waals ; ce qui contrairement aux feuillets des minéraux argileux,
se traduit par un lien assez fort. Les particules de qui sont libres de glisser les uns par rapport aux
la Kaolinite sont stables et leur structure élémen- autres (Figure -5).
taire n’est pas affectée par la présence d’eau.
(Figure -3)

Figure -3: Structure particulaire de la Kaolinite,


(Mouroux et al. 1987) Figure -5: Structure particulaire de la chlorite,
(Mouroux et al. 1987)
L’illite K,H2O)2 Si8 (Al,Fe,Mg)4,6 O20 (OH)4 :
La montmorillonite (OH)4 Si8 (Al ,Mg ) O20 ,n
Le feuillet élémentaire est composé d’une couche H2O :
d’alumine comprise entre deux couches de
silice. Dans les couches de silice, un ion Si4+ sur Le feuillet élémentaire est composé comme pour
quatre est remplacé par un ion Al3+. Le déficit de l’illite, d’une couche d’alumine comprise entre
charge qui en résulte est compensé par les ions deux couches de silice. Un ion Al3+ est remplacé
potassium K+ qui assurent des liaisons assez fortes par un ion Mg2+ dans les couches d’alumine (Fig-
entre les feuillets. (Figure -4). ure -6). Le déficit de charge qui en résulte est
compensé par des ions Ca2+ (montmorillonite
calcique) ou par des ions Na+ (montmorillo-
nite sodique). Liaisons entre feuillets étant très
faibles, ces argiles sont très sensibles à la teneur
en eau et ont un fort potentiel de gonflement.
L’épaisseur d’une particule de montmorillonite
peut-être très faible puisque, contrairement aux
autres argiles, on peut isoler un feuillet élémen-
taire. La montmorillonite fait partie de la famille
plus générale des smectites définies comme les
Figure - 4: Structure particulaire de l’illite, argiles gonflantes.
(Mouroux et al. 1987)

Les chlorites (OH)4 (Si,Al)8 (Mg,Fe)6 O20 :

Il est nécessaire de citer les chlorites du fait que

LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 13


Un matériau argileux voit sa consistance se
modifier en fonction de sa teneur en eau : dur
et cassant lorsqu’il est desséché, il devient plas-
tique et malléable à partir d’un certain niveau
d’humidité. En revanche, ces modifications de
consistance s’accompagnent des variations de vol-
ume, dont l’amplitude peut être parfois spectacu-
laire. (Delpont et al, 2005).
Figure -6 : Structure particulaire de la montmoril-
lonite, (Mouroux et al. 1987) La tranche la plus superficielle du sol, est
alors soumise à l’évaporation. Il en résulte un
Les caractéristiques de ces argiles sont résumées retrait des argiles, qui se manifeste verticale-
dans le tableau -1. La figure -7 présente des imag- ment par un tassement et horizontalement par
es de ces argiles prises au microscope électronique l’ouverture des fissures. L’amplitude de ce tasse-
à balayage. ment est d’autant plus importante que la couche
du sol argileux concernée est épaisse et qu’elle
est riche en minéraux gonflants. Par ailleurs, la
présence de drains et surtout d’arbres (dont les
racines pompent l’eau du sol jusqu’à 3 voire 5
mètres de profondeur) accentue l’ampleur du phé-
nomène en augmentant l’épaisseur du sol asséché.

Le sol situé sous une maison est protégé de


l’évaporation en période estivale et il se maintient
Tableau -1: Caractéristiques des argiles dans un équilibre hydrique qui varie peu au cours
de l’année.

De fortes différences de teneur en eau vont


donc apparaître dans le sol au droit des façades,
au niveau de la zone de transition entre le sol
exposé à l’évaporation et celui qui en est protégé.
Ceci se manifeste par des mouvements différen-
tiels, concentrés à proximité des murs porteurs et
particulièrement aux angles de la maison.

Figure -7: Photographies au Microscope Electron- Ces tassements différentiels sont évidem-
ique à Balayage des argiles, ment amplifiés en cas d’hétérogénéité du sol ou
(Source : http://www.interp3.com/PetroTech/ lorsque les fondations présentent des différences
prod01.htm) d’ancrage d’un point à un autre de la maison (cas
des sous-sols partiels notamment, ou des pavillons
construits sur terrain en pente).
II- DU PHENOMENE DE RETRAIT-GONFLE-
(Delpont et al, 2005).
MENT :

LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 14


- Les fondations sur semelles doivent être contin-
ues, armées et bétonnées à pleine fouille, aussitôt
après ouverture, selon les préconisations de la
norme DTU 13-12 : Règles pour le calcul des fonda-
tions superficielles.

- Toutes parties de bâtiment fondées différemment


et susceptibles d’être soumises à de tassements ou
des soulèvements différentiels, doivent être dé-
solidarisées et séparées par un joint de rupture sur
toute la hauteur de la construction ;

- Les murs porteurs doivent comporter un chaînage


horizontal et vertical liaisonné selon les préconisa-
Figure -8 :Mécanisme de gonflement et son effet tions de la norme DTU 20-1 : Règles de calcul et
sur la structure. dispositions constructives minimales.

III Les précautions pour la construction sur - La réalisation d’un plancher porteur sur vide
un sol gonflant : sanitaire ou sur sous-sol total, voire d’un radier
général, est recommandée. A défaut, le dallage
1. Mesures structurales contre le phénomène de sur terre-plein doit faire l’objet de dispositions
gonflement : assurant l’atténuation du risque de mouvements
différentiels vis-à-vis de l’ossature de la construc-
L’exécution d’un sous-sol partiel est interdite. tion et de leurs conséquences, notamment sur les
refends, cloisons, doublages et canalisations ;
- La profondeur minimale des fondations est fixée
à 1.5 m. conseillée 2 m ou même plus (≥ 2.5 m)
dans les endroits présentant une capacité portante
faible (≤ 0.8 bars).

- Les fondations doivent être ancrées de manière


homogène sur tout le pourtour du bâtiment (ceci
vaut notamment pour les terrains en pente (où
l’ancrage aval doit être au moins aussi important
que l’ancrage amont) ou à sous-sol hétérogène. En
- Rigidifier la structure : Prévoir des chaînages
particulier, les sous-sols partiels qui induisent des
horizontaux (hauts et bas) et verticaux (poteaux
hétérogénéités d’ancrage sont à éviter à tout prix.
d’angle) pour les murs porteurs
LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 15
tif lorsqu’il existe. A défaut, les éventuels rejets
doivent être situés à une distance minimale de 15
m de toute construction ;
- La mise en place de dispositifs assurant
l’étanchéité des canalisations d’évacuation des
Eaux usées et pluviales (joints souples…)
- La mise en place, sur toute la périphérie de la
construction, d’un dispositif d’une largeur mini-
male de 1,50 m s’opposant à l’évaporation, sous
2. Mesures applicables à l’environnement immé- la forme d’un écran imperméable sous terre végé-
diat : tale (géomembrane) ou d’un revêtement étanche
(terrasse), dont les eaux de ruissellement seront
- Toute plantation d’arbres ou d’arbustes avides récupérées par un dispositif d’évacuation de type
d’eau à une distance de la construction inférieure caniveau ;
à leur hauteur à maturité (1,5 fois en cas de - le captage des écoulements de faible profondeur,
rideau d’arbres ou d’arbustes) sauf mise en place lorsqu’ils existent, par un dispositif de drainage
d’écran anti-racines d’une profondeur minimale de périphérique situé à une distance minimale de 2 m
2m; de toute construction.
- Toute réalisation de nouveau puits à moins de 10 (Mouroux et al, 1988).
m d’une construction est interdite.

Figure 10 : Mésures à éviter lors de la construc- Figure 11 : Prescriptions pour l’évacuation des
tion sur les sols gonflants. eaux de pluie.

- Le rejet des eaux pluviales doit être limité Récapitulation


par la mise en place de mesures compensatoires
à l’imperméabilisation des sols. Ces mesures
reposent sur le contrôle du débit des rejets à la
parcelle, à l’unité foncière ou au lotissement.

Ces mesures doivent permettre d’assurer :

- Soit la rétention des eaux de pluie et de ruissel-


lement, avec un effet de temporisation et de régu-
lation avant rejet vers le réseau collectif ou vers
le milieu superficiel (cours d’eau, fossé. etc.).
- Soit l’infiltration (en fonction de la nature du Des règles constructives simples permettent de
sol, de sa perméabilité, ..). limiter considérablement les désordres.
- Tout système d’infiltration (puits d’infiltration,
tranchée drainant, noue d’infiltration) devra être
situé à une distance minimale de 15 m. de toute T. Aimad
construction.
- Le rejet des eaux usées dans le réseau collec-
LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 16
ETUDES

TUNNEL A CIEL OUVERT


Travaux de realisation

Cas de la ligne n°1 du lot n°5 du métro d’Alger nologique de réalisation on a prévu la mise en
œuvre de joints de construction étanche repartis à
Préambule intervalle régulier de 12.5 m

Les travaux souterrains ont toujours été dif- II) CARACTERISTIQUES GEOTECHNIQUES
ficiles et périlleux. Les dangers qui font encourir,
sont bien connus : éboulement, enfouissement, II. 1. Contexte géologique
inondation des chantiers, etc... Les techniques L’examen des cartes géologiques existantes associé
présentes, aussi bonnes soient- elles , ne constitu- à l’analyse des résultats découlant de la campagne
ent en fait que l’amorce des techniques qui rest- préliminaire d’investigations géotechniques opérée
ent à être mise au point. Il faut donc souligner dans le cadre de l’avant projet détaillé indique
que, les travaux de construire un tunnel et son que l’ouvrage projeté s’inscrit essentiellement
exécution relève encore parfois de tour de force dans un banc de marne bleue grisâtre identifié par
et il faut savoir qu’il s’agit là de l’un des rares les paramètres physico-mécaniques définies ci-
secteurs actuels où l’hypothèse d’un échec n ‘est après :
jamais à écarter.
L’importance que revêt la méthode de réalisation teneur en eau W = 26.7 %
de soutènement par parois moulées pour la réali- densité humide y h = 2.01 t/m3
sation d’un tunnel à ciel ouvert et le caractère densité sèche yd = 1.6 t/m3
récent de cette activité en Algérie, où de nom- module d’élasticité E = 23553 KPa
breux progrès techniques restent en conséquent à résistance à la compression a = 646.7 KPa.
accomplir, nous a incités à réalisés ce modeste tra-
vail pour apporter notre contribution et un savoir Le toit du tunnel traverse une couche de sable
faire qui est le fruit des connaissances acquises saturée en eau. La faible profondeur d’ancrage du
durant les différentes phases de réalisation. tunnel nous a permis de contourner cette difficulté
Le large développement prévisible de l’utilisation en prenant option de choisir le procédé de con-
du sous sol et l’importance primordiale du facteur struction à ciel ouvert.
humain dans le succès de l’entreprise, font du
domaine des travaux souterrains l’un des plus pas- II.2. Conditions hydrogéologiques
sionnant pour un ingénieur. Les marnes couvrant le profil de l’ouvrage sur une
grande partie du tronçon constituent un milieu
I) DESCRIPTION DE L’OUVRAGE étanche vis à vis de tout gradient hydraulique,
cependant quelques lentilles de sable pourraient
Passant à proximité du centre hospitalier universi- donner naissance à des petites sources d’eau. Les
taire de Mustapha Bâcha et du marché Ali Mellah mollasses surmontant les marnes sont composées
(1er mai), le linéaire du tunnel considéré allant du d’une mixture de sable, d’argile, de gré et de
PK 3.100.000 au PK 3.184.000 est conçu en mono- calcaire simple avec un degré de saturation en
tube de section transversale en forme caquoïde. eau lié à la porosité et au pourcentage de frac-
Son gabarit, d’espace libre assurant le passage de turation. Pour mieux cerner leur comportement
deux voies de circulation, est caractérisé par une sous l’aspect hydraulique souterrain, des essais in
ouverture horizontale de 8.92 m et l’épaisseur situ ont été exécutés selon la technique du pro-
moyenne de la voûte est de l’ordre de 60 cm. cédé LEFRANC. La mollasse aquifère renferme une
Pour des contraintes liées au procédé tech- nappe d’eau libre localisée à une profondeur oscil-

LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 17


lant de 4.60 à 12.60 m.

II.3. Sismicité du terrain


Le site du champ de l’ouvrage est classé en zone
2, conformément à la carte géosismique de la
région algéroise, élaborée conjointement par les Fig. 1 murettes guides
services compétents du CGS et du CRAAG dont
les caractéristiques à la surface du sol sont prises 3. Exécution de la tranchée sur une profondeur
comme ci-dessous : supérieure à celle du tunnel afin de réaliser un
a/ Composante horizontale du séisme encastrement de la paroi lors du creusement. La
y = 0.2G stabilité des parois de la tranchée était assurée
V= 0.2 m/s par une boue, qui est une solution de bentonite à
M=6.5 RICHTER raison de 50 kg de bentonite pour un mètre cube
b/ La composante verticale est déduite de la com- d’eau et d’une densité d’environ 1.03 à 1.05, dont
posante horizontale par une réduction de 2/3 c/ la pression hydrostatique équilibre la poussée des
Le coefficient d’amortissement varie de 7 à 10 % terres, et qui présente l’avantage de colmater les
pores du terrain en y déposant ce que l’on nomme
III. TECHNIQUE D’EXECUTION un cake qui contribue à la stabilité de la tranchée.
La tranchée était en permanence remplie de la
III.1. Choix de la paroi moulée boue de bentonite.

L’ouvrage est ancré dans les marnes plaisancié- Le creusement des tranchées s’est opéré par pan-
nnes, son toit est surmonté d’un complexe sablo- neaux de 6 m de longueur et chaque panneaux
gréseux avec un degré de saturation en eau, lié à était creusé en trois étapes. Le creusement en
la porosité et à son pourcentage de fracturation, terrain meuble s’est fait à l’aide d’une benne
variant de 80 à 100 % pour les sables. Les essais preneuse, mais à la traversée des terrains rocheux
LEFRANC ont révélé une perméabilité de 0.3 à (bancs gréseux et calcaires ), la benne était inef-
2.8 10-6 m/s dans les sables et de 0.3 à 3.2 10-6 ficace et lui était substituée un trépan qui par son
m/s dans les calcaires gréseux, ce qui montre poids désagrège les bancs gréseux -calcaires au
l’existence d’une nappe phréatique à faible pro- prix, toutefois, d’une baisse de rendement. Les
fondeur. panneaux dits primaires ont été creusés en pre-
Compte tenu du contexte géologique difficile mier lieu et après les avoir bétonnés il a été pro-
et de la faible profondeur d’ancrage du tunnel, cédé au creusement des panneaux dits secondaires
l’utilisation de la paroi moulée s’est avérée néces- (fig.2 et fig.3).
saire afin de contourner les difficultés qui peuvent
survenir lors des travaux de creusement.

III.2. Réalisation de la paroi moulée


L ‘opération de réalisation de la paroi moulée
consiste, dans son principe, à réaliser dans le sol
avant toute excavation des panneaux juxtaposés,
de 6 m de longueur et de 80 cm d’épaisseur sur
une profondeur allant de 18.77 m à 23.6 m, des-
tinés à servir de mur de soutènement et d’écran
d’étanchéité. La réalisation a comporté les phases
suivantes :

1. Exécution d’une préfouille jusqu’à la côte


4. Après creusement de chaque panneaux, il a été
16.00 NGA afin de détecter les obstacles (réseaux
procédé à la mise en place d’une cage d’armature.
concessionnaires). La cage d’armature était munie d’anses de levage
2. Exécution d’une part et d’autre de la fu-
et elle a était fixé par l’intermédiaire de profilés
ture paroi moulée de murettes en béton armé HEB 220 espacés tous les 2 m. ( fig. 4)
de dimensions 1.20 x 0.80 m afin de matérialiser
Avant la mise en place des cages d’armatures
l’implantation et de guider le creusement, d’où
dans les panneaux primaires deux tubes joints, de
leur nom de murettes guides (fig.l). 800 mm de diamètre, ont été disposés de part et
LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 18
d’autre du panneau. Ces tubes joints étaient reti- preneuse ;
rés avant la prise du béton -Approfondissement de la fouille au bulldozer à
2.5 m tout en laissant des bernes de 1.5 m de lar-
geur le long des parois ;
-Montage du premier lit de butons et des bracons
(éléments de soutènement des parois pignons) au
fur et à mesure de l’excavation du sol ;
-Excavation des bernes au bulldozer et manuelle-
ment, (voir fig.5)

5. Le bétonnage de la paroi s’est fait à


l’aveuglette à partir de la surface, c’était la rai-
son pour laquelle et afin de lui assurer une bonne
qualité, le béton était dosé à 400 kg de ciment par
m3. La mise en place du béton s’est fait à l’aide
de deux tubes plongeurs de 300 mm de diamètre,
suspendus à une grue, ceux-ci descendent jusqu’à
la base de la tranchée et sont progressivement re-
montés à mesure que le béton la remplit. La base
des tubes était toujours plongée dans le béton . Le
bétonnage s’est fait par des panneaux parallèles
(voir fig.5.)

4ème phase
-Excavation du sol par couche au bulldozer jusqu’à
la côte 1.00 m au-dessous de l’axe du buton sur
toute la longueur de la fouille avec déplacement
des déblais à l’endroit de chargement de la benne
preneuse ;
-Approfondissement de la fouille au bulldozer à
2.5 m tout en laissant des bernes de 1.5 m de lar-
geur le long des parois ;
-Montage du quatrième lit de butons et des bra-
cons (éléments de soutènement des parois pi-
III.3. Creusement et soutènement du tunnel gnons) au fur et à mesure de l’excavation du sol ;
-Excavation des bernes au bulldozer et manuelle-
Le creusement du tunnel a été exécuté en quatre ment.
phases successives, l’opération avait commen- -Excavation de la partie du radier au bulldozer et
cée une fois que le bétonnage de la paroi moulée manuellement tout en laissant une couche de pro-
était terminé et son béton durci. Le phasage tection de 20 cm dont le finissage a été fait avant
d’exécution des travaux été comme suit : la mise en place du béton de propreté, (voir fig.7)
1ère phase
-Excavation du sol par couche au bulldozer jusqu’à
la côte 1.00 m au-dessous de l’axe du buton sur
toute la longueur de la fouille avec déplacement
des déblais à l’endroit de chargement de la benne

LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 19


A/ Radier
-Pose du géotextile pour protéger la géomembrane
de la perforation par les éléments anguleux de son
support ;
-Pose de la géomembrane, qui est une feuille
en PVC translucide d’une épaisseur 2mm.
L’assemblage des lés de géomembrane a été ré-
alisé par soudure à l’air chaud ;
-Pose d’une chape de béton pour éliminer tout
risque de déchirure de la géomembrane lors de la
mise en place de la cage d’armature du radier.
Pour les parois pignons, de la hauteur de la
B/ Voûte
couche de marne au fond de fouille, le phasage
-Réagreage et lissage des aspérités de la face de la
d’exécution été comme suit (voir fig.8) :
paroi moulée ;
-Pose du géotextile pour protéger la géomembrane
de la perforation par les éléments anguleux de son
support ;
-Pose de la géomembrane, qui est une feuille
en PVC translucide d’une épaisseur 2mm
L’assemblage des lés de géomembrane a été ré-
alisé par soudure à l’air chaud ;
-Mise en place d’une couche de protection de
l’étanchéité en clé de voûte.
La fixation de la géomembrane sur les parois s’est
fait à l’aide de tôles colaminés.

III.5.Bétonnage du tunnel

En général le bétonnage du radier se faisait en une


seule phase, mais dans le cas présent, il s’est fait
en deux phases pour ne pas perforer la géome-
brane car le coffrage des banquettes du radier
Il est à signaler que lors de l’excavation de la nécessite l’ancrage de barres d’aciers pour son
fouille des venues d’eau ont été repérés sur les calage.
murs pignons (côté hôpital) avec des suintements
plus ou moins importantes sur les parois moulées.
Donc la solution était de bétonner le radier sans
Le traitement de ces venues d’eau a été fait par banquettes et fixer les barres d’ancrages du cof-
injection d’un coulis (ciment/bentonite/eau), frage de banquettes dans le radier, (la reprise de
l’eau a été stoppée au niveau des parois pignons bétonnage avec les banquettes s’est faite avec
mais elles s’est frayée un chemin entre certains une résine à base de latex) puis couler les ban-
joints des parois moulées. La solution adoptée quettes une fois que le béton du radier fera prise
était le drainage de cette eau vers un puisard puis (voir fig.9)
son pompage à l’extérieur de la fouille.

III.4. Etanchement du tunnel


Les conditions hydrogéologiques ont montrées que
la partie du tunnel à tranchée ouvert se trouve
dans la zone à degré de saturation la plus élevée,
ce qui à amener à prendre un choix rigoureux con-
cernant l’étanchement. L’étanchéité du tunnel à
été réalisée comme suit :
LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 20
Une fois que le radier avec banquettes fût bétonné
, le quatrième lit des butons a été démonté et il a
été procédé à la mise en place de l’étanchéité, du
ferraillage et du bétonnage de la voûte.

SITAYEB

LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 21


Actualités

Seisme d’alger
INVESTIGATION SUR LE SEISME DE BOUMERDES

Introduction

Les investigations post-sismiques dans le monde et


notamment en Algérie représentent une
source d’information très importante pour remédi-
er aux insuffisances en matière de
comportements sismiques des ouvrages et de
développer les méthodes parasismiques. Dans
cette optique, cet article expose le contexte sis-
mologique global du dernier séisme majeur de
Boumerdes du 21 mai 2003 et expose en détail les
Figure : Localisation du séisme de Boumerdes
aboutissements d’une mission postsismique
21/05/03 [1]
ainsi qu’une synthèse de résultats de d’autres
chercheurs. Une attention particulière
Accélérations et spectres de réponse mesures en
a été accordée au comportement des structures en
surface
portiques de béton armé et à leurs
Le séisme du 21 mai 2003, de magnitude égale à
mécanismes de ruine.
6.8 ainsi que les nombreuses répliques de
Séisme de Boumerdes du 21 mai 2003
magnitudes élevées allant jusqu’à 5.8, ont généré
Le 21 Mai 2003, à 19h44 (heures locales), toute la
des niveaux d’accélérations assez
région centre du pays se mit à vibrer
importants, donnés par le réseau national
fortement sous le coup d’un séisme de forte am-
d’accélérographes (CGS : Centre National de
pleur d’une magnitude locale de 6.8 sur
Recherche Appliquée en Génie Parasismique)
l’échelle de Richter. Son épicentre a été localisé
comme le montre le tableau suivant :
en mer en face des villes de Zemmouri et de
Boumerdes.

La zone touchée par ce tremblement de terre


comprend entre 3 et 4 millions d’habitant,
entraînant la mort de milliers de personnes et cau-
sant des dégâts matériels extrêmement
importants estimés à 5 Milliard de dollars.
Dans les autres Wilayas environnantes (Alger, Tizi
Ouzou) les dégâts étaient moindres mais
néanmoins importants. Par exemple à Alger des
milliers d’immeubles ont été touchés. Bordj-
Ménaiel dans la Wilaya de Tizi Ouzou a compté de Tableau : Accélérations maximales enregistrées
nombreux morts et des centaines de par le réseau national d’accélérographes
blessés. Ce séisme devient ainsi le plus meurtrier (CGS)
qu’ait connu la région algéroise depuis
plusieurs siècles. Après le séisme d’El Asnam du La différence remarquée dans les enregistrements
10.10.1980 (Mw :7.3), il est le second effectués dans la station de Kaddara (1,2)
événement majeur qui affecte l’Algérie du Nord. est probablement due à la nature du sol. De plus
l’analyse des accélérogrammes enregistrés a

LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 22


montré que le plus importants d’eux présente un
temps de 10 s et une fréquence variante de 4
à 10 HZ.
Comme exemple, les figures suivantes présentent
les accélérogrammes ainsi que leurs
contenus fréquentiels enregistrés par la station de
Kaddara 1 :

Figure : Comparaison entre le spectre


de réponse réglementaire (---)
avec celui produit durant le séisme (---)

Investigation géotechnique

Plusieurs désordres liés relativement aux


problèmes géotechniques ont été observés lors de
ce séisme, tels que l’effet du talus, rupture des
roches, liquéfaction du sol, ainsi que un ras de
marée et retirement de la mer.

Effet des talus

Quelques structures construites sur des sites en


pentes ont été sévèrement endommagées,
comme le présente les figures suivantes :

Sidi Daoued Dellys

Rupture des roches

La figure suivante montre quelques cas de ruptures


ainsi que des glissements des roches dans
certains villages.

Figure : Enregistrements (E-W ; N-S ; V) de la


station Kaddara 1 [3]

LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 23


de pêche. D’autant, qu’un ras de marée a été
enregistré dans les côtes des îles Baléares
Espagnoles :

Région de Bordj Menail

Liquéfaction et fissuration du sol

Quelques cas de liquéfaction du sol ont été


observés dans la terre agricole proche du pont des
Issers et Oued Seabaou :

Les effets sur les constructions

Les systèmes de constructions en portiques auto-


stables (poutres – poteaux), représentent les
plus grands pourcentages du parc d’habitation, ce
type de structure, généralement des bâtiments
destiné à usage d’habitation et administratif,
ont dans la plupart des cas moins que dix (10)
niveaux, leur remplissage est assuré avec de la
brique creuse sous forme de panneaux. Pour les
structures réalisées en murs porteurs avec de la
pierre dans leurs majorités,
représentent les anciennes bâtissent généralement
Région des Issers construites à l’époque coloniale.
A partir des expertises et des investigations
D’autres désordres comme la fissuration du sol ont effectuées sur les zones les plus touchées dans les
été aussi repéré dans cette région : willayas de Boumerdes et celle d’Alger, il a
été remarqué que les dégâts sont d’intensités
différentes. Ces dégâts sont très disparates allant
de simples fissurations non structurelles jusqu’à
l’effondrement total ou partiel.
Un aperçu global des désordres observés par type
d’usage est présenté en ce qui suit :
Dégâts observés sur les structures à usage
d’habitation
Les ouvrages en maçonneries non chaînées sont
réputés très vulnérables aux sollicitations
sismiques. La plupart des ouvrages réalisés avec se
type de construction ont donc subit des
dégâts importants dans la zone affectée.
Ras de marée et retirement de la mer

Un retirement de la mer des côtes algériennes


situant dans les zones affectées a été clairement
remarqué par la population surtout dans les ports

LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 24


a) Bâtiments scolaires

Après les bâtiments à usage d’habitation, les


bâtiments scolaires se classent en seconde
position parmi les types de structures
endommagées. Les dégâts ont été d’une ampleur
telle que les cours et les examens de fin d’année
ont été reportés.
Parmi les causes engendrant l’effondrement des
Cependant, les constructions en voiles de béton écoles figurent la mauvaise conception « poteau
armé se sont bien comportées par rapport à faible – poutre forte » ce qui favorise la formation
d’autres types de construction, où les cas les de rotules plastiques aux niveaux des poteaux.
dommages se sont limités à des fissurations
dans les remplissages en maçonneries, bien que
certains voiles dans les étages inférieurs ont subit
des dommages sévères sans pour autant rompre
complètement.
Ce comportement est dû à leurs rigidités latérales
qui limitent les déformations et par conséquent
allègent les autres éléments structuraux (poutres
et poteaux) ce qui élimine le problème de la
formation de rotules plastique dans les portiques
[5]. b) Les mosquées

Pour ce type de structure le principal problème est


lié à leurs conceptions, où les minarets sont
dans la plupart des cas conçus en un seul bloc avec
l’ensemble de la structure, ce qui
provoque un changement de rigidité brutal entre
la structure et le minaret (phénomène du
coup de fouet), une autre cause qui a entraîné la
destruction des mosquées est celle de la
réalisation des extensions sans tenir compte du
comportement de l’existant ou parfois sans
joint sismique suffisant.

Contrairement aux ouvrages réalisés avec des


voiles en béton armé, les bâtiments en portiques
auto-stables en béton armé ont subit
des dommages très sévères, sachant qu’ils
représentent plus de 80% de structures bâtis dans
les zones touchées.

c) Bâtiments industriels

Les constructions industrielles sont généralement


réputées par avoir un bon comportement
sismique. Parmi les complexes industriels dans la
région se trouve la centrale thermique de
Cap Djinet. Les quelques dégâts observés sont
légers tels que la détérioration du carrelage au
niveau des joints, et quelques déplacements
LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 25
Les ouvrages d’arts n’on pas pu échappés à
minimes de la tuyauterie et des réservoirs.
l’ampleur de ce séisme majeur, causés par
Contrairement aux silos de Corso réalisés en voile
l’important mouvement vertical du tablier et du
de béton armé dont une batterie a été
sol. Ces désordres se résument dans les points
sévèrement endommagée.
suivants :
€ Affaissement de la chaussée par rapport aux
accès du pont.
€ Ouvertures des joints sismiques.
€ Endommagements des appuis.
€ Translation des poutres.

d) Les châteaux d’eau

Pour ce type de structure, il n’a pas été enregistré


de dégâts considérables sauf quelques
fissurations structurelles peu importantes.
Conclusion

Le nord de l’Algérie est une zone fortement


sismique. Le séisme du 21 Mai 2003 qui a secoué
la région de Boumerdes et celle d’Alger faisant
état de plus de 2000 morts et des milliers de
blessés ainsi que des dizaines de milliers
de structures endommagées laissant leurs
propriétaires sans abris, est malheureusement un
avertissement de plus pour mettre en oeuvre
une vraie politique de mitigation du risque
sismique.
e) Les routes et les ouvrages d’arts
Pour ce séisme en particulier, les accélérations
De nombreux désordres sur les routes ont été
enregistrées dans la plupart des stations
enregistrés dans la région proche de l’épicentre,
proches de la zone épicentrale ont été très
ses désordres se présentent sous formes de fissures
élevées, ce qui classe ce séisme comme un séisme
de largeurs différentes dans les sens
majeur. On signale aussi la forte composante
transversaux et longitudinaux comme le montrent
verticale enregistrée sur la plupart des stations.
les figures suivantes :
Les conséquences de ce séisme étaient très
lourdes en termes de perte humaine et matérielle.
Il est à noter que les structures réalisées en
portiques auto stables (Poutres – Poteaux) en
béton armé ont été la catégorie la plus touchée,
contrairement aux structures contreventées
par des voiles et les structures en charpente
métallique. Les investigations effectuées sur sites

LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 26


ont révélées que le taux d’effondrement des
bâtiments était particulièrement élevé. Par
conséquent, certains cas d’effondrement ont été
relevées pour être étudiés analytiquement afin
d’identifier et de comprendre les mécanismes de
ruine subits dans ces conditions.

REFERENCES

1. Bouhadad, Y., Behlali, D. « La tectonique


active: Exemple de l’Algérie du nord »,
Colloque International, Risque, vulnérabilité et
fiabilité dans la construction - vers une
réduction des désastres, paper 6, Alger
(Octobre2003).

2. Yelles-Chaouche, A.K., Djellit, H., « Le seisme


de Boumerdes 21 Mai 2003,
mw:6.8 », Colloque International, (Risque,
vulnérabilité et fiabilité dans la
construction - vers une réduction des désastres),
paper 83, Alger (Octobre2003).

3. Ousalem, H., Bechtoula, H., « Repport on the


damage investigation and post seismic
compaign of the 2003 Zemmouri earthequake in
Algeria », The University of Tokyo
Department of Architecture; Kyoto University
Department of Architecture and
architectural Systems, (Aout 2003).

4. Afra, H., « Performance parasismique des


systèmes structurels durant le séisme de
Zemmouri », Colloque International, (Risque,
vulnérabilité et fiabilité dans la
construction - vers une réduction des désastres),
paper 76, Alger (Octobre2003).

5. Victor, D., « Séisme de Boumerdes le 21 mai


2003 », Rapport préliminaire Ministère
de l’habitat, Dynamique concept (Juin 2003).

T. SALIM

LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 27


ARCHITECTURE

Oscar Neimeyer
Fêtera ses 100 ans ...

porte, avec Le Corbusier, le concours du siège de


Le plus grand mythe vivant du l’Organisation des Nations Unies à New York, et
brésil l’architecte de la plus l’année suivante, conçoit les pavillons d’exposition
grande université d’Algérie usthb du parc d’Ibirapuera à Sao Paulo : les palais des
, de Brasilia (et du siège du Parti Nations, des Etats, des Industries, des Arts, de
communiste français) fêtera l’Agriculture…
ses... 100 ans! Un vieil homme, En 1956 Lucio Costa a gagné le concours pub-
donc ? lic du plan d’urbanisme de la nouvelle capitale,
organisé. Le président Juscelino Kubitschek fait
Pas vraiment: veuf, Dom Oscar s’est remarié alors appel à Niemeyer, qui a déjà participé avec
l’année dernière avec Vera, son assistante sexa- Le Corbusier à la réalisation du siège de l’ONU à
génaire. Et il travaille encore tous les jours à son New York en 1952, pour concevoir les principaux
bureau de Rio de Janeiro. équipements publics de la ville, Brasilia. La forme
courbe – à la fois sensuelle, libre et éloignée des
Biographie : préoccupations fonctionnalistes – ainsi que le
béton armé lui apparaissent particulièrement bien
Née à Rio de Janeiro le 15 décembre 1907, est le adaptés pour retranscrire l’intention du gouverne-
plus célèbre des architectes brésiliens. Son œuvre, ment : produire un « choc architectural » symbol-
qui s’inscrit étroitement dans le mouvement du isant l’entrée du Brésil dans l’ère de la modernité.
style international, tient une place majeure dans En moins de dix ans, une cité futuriste émerge du
l’histoire de l’architecture moderne. sol. Successivement apparaissent : la résidence du
Début de carrière au Brésil chef d’Etat dite Palais d’Alvorada (1957), la Place
Après des études à l’Ecole nationale des beaux- des Trois Pouvoirs avec le Congrès National (1958),
arts de Rio de Janeiro (Brésil), Oscar Niemeyer le Palais du Planalto (1958), le Tribunal Suprême,
débute sa carrière, en 1934, dans l’agence de Lu- les sièges des différents ministères, le théâtre
cio Costa. Grâce à ce précurseur de l’architecture national, l’aéroport (1965) et la Cathédrale. , le
brésilienne moderne, il a l’occasion de participer Pantheon et l’Itamaraty Palace. Il participe égale-
à la construction du ministère de l’éducation et de ment avec Le Corbusier à la réalisation du siège
la santé, à Rio de Janeiro pour le gouvernement de l’ONU à New York en 1952. Entre 1991 et 1996,
de Getúlio Vargas, en 1936( un bâtiment en béton il réalise le musée d’art contemporain de Rio de
armé fortement inspiré des préceptes de Le Cor- Janeiro.
busier). Avec sa participation à la création de la nouvelle
capitale administrative du Brésil, Brasilia, inaugu-
Dès 1940, Oscar Niemeyer répond à d’importantes rée le 21 avril 1960, la notoriété de l’architecte
commandes. Le maire de Belo Horizonte, Juselino brésilien devient mondiale.
Kubitschek, lui confie l’aménagement du nouveau
district de Pampulha. En réponse, le jeune archi-
tecte imagine un ensemble composé d’une église
(avec quatre voûtes de béton mises bord à bord),
d’un yacht club, d’une salle de bal et d’un casino.
A la même période, il voit également accorder
la construction du pavillon brésilien pour la New
York World’s Fair (1939-1940). En 1946, il rem-
LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 28
En France : Période actuelle

Oscar Niemeyer est le concepteur de plusieurs Entre 1991 et 1996, il réalise le musée d’art
édifices publics, tels le siège du parti contemporain de Niterói (Museu de Arte
communiste français, place du Colonel Fabien Contemporânea de Niterói).
à Paris (1965-1980), le siège du journal ‘L’ Il conçoit en 2003 l’auditorium de Sao Paulo,
Humanité’ à Saint-Denis (1989), ou le centre inauguré en 2005 et recouverte d’une toiture
culturel Le Volcan du Havre. Revendiquant ondulante en béton de près de 27 000 m².
lui-même son attachement aux idéaux Peu satisfait de cette dernière, il a demandé la
communistes, il cherche à ne contribuer destruction d’un fragment, ce qui a été refusé
à l’étranger qu’avec des maîtres d’ouvrage par la municipalité.
communistes ou apparentés. La dictature Début janvier 2007, après avoir rencontré
brésilienne vient définitivement briser ses Hugo Chavez à Rio de Janeiro, il a décidé de
illusions. Après avoir résisté, Niemeyer, en faire les plans d’un monument en hommage à
1967, est contraint à l’exil et se réfugie en Bolivar, qui sera érigé à Caracas et mesurera
France. Il ne retourne vivre dans son pays 100 mètres de haut.
qu’après le rétablissement de la démocratie Niemeyer a une seule fille, cinq petits-enfants
et plusieurs arrière-petits-enfants. Il y a même
une cinquième génération.
Quand je dessine, seul le béton me permettra
de maîtriser une courbe d’une portée
aussi ample. Le béton suggère des formes
souples, des contrastes de formes, par une
modulation continue de l’espace qui s’oppose
à l’uniformisation des systèmes répétitifs du
fonctionnalisme international.
En décembre 2006, il épouse en secondes
noces sa secrétaire Vera Lucia Cabrera, âgée
de 60 ans, et affirme se sentir à nouveau
comme un jeune homme de 30 ans.[1]

Réalisations

Il construit aussi la Bourse du travail à


Bobigny.
Les lignes de ce dernier bâtiment reprennent
le style de la Maison de la culture au Havre
en de nombreux points. Construit entre 1976
et 1978, il se compose de deux ensembles
distincts. On trouve un auditorium de 465
places entouré de salles de réunions et un
bâtiment élevé sur pilotis comprenant quatre
étages accueillant diverses organisations
syndicales. Inaugurée le 2 mai 1978, cette Vue générale de Brasilia. Au premier plan, la
structure compte en fait deux bâtiments gare routière, à l’emplacement de la croisée
différents qui ne font qu’un bloc que des deux axes routiers principaux de la ville ;
l’impression d’élévation et de légèreté soude au fond, le Congrès national avec à gauche le
durablement. La courbe, partie intégrante des Sénat et à droite la Chambre des députés ; de
œuvres de Niemeyer, est une fois de plus à part et d’autre, les divers ministères ; à droite,
l’honneur. Tantôt vague, tantôt montagne, elle en avant des ministères, la cathédrale ; tout au
trouve une finesse que seul le béton pouvait fond, au pied de la colline, le lac artificiel du
lui fournir. Paranoá.

LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 29


•Torre Charles de Gaulle I et II (logements), 1994 (Rio
de Janeiro)
•Hotel Horsa Nacional 1972 (Rio de Janeiro)
•Museu de Arte Contemporanea 1991 (Rio de Janeiro)
•Auditorium 2005 (São Paulo)
•Memorial da América Latina (São Paulo)
•Edificio Italia 1965 avec F. Heep (São Paulo)
•Résidence Copan 1957 (São Paulo)
•Logements Eiffel (São Paulo)
•Logements Montreal (São Paulo)
•Parque do Ibirapuera 1954 (avec B. Marx pour le
paysage) (São Paulo)
La cathédrale de Brasilia •Résidence Niemeyer 1954 (Belo Horizonte)
•Église St François d’Assise 1940-1943 (Belo Horizonte)
Réalisations à Brasilia (Brésil) Réalisations en France
•Bureaux Niemeyer I, II, restaurant inter entreprises
•Siège du Procureur général de la République (Sede da offices (Fontenay-sous-Bois).
Procuradoria Geral da Republica) 2002 •Siège du quotidien L’Humanité Saint-Denis (Seine-
•Tribunal suprême (Supremo Tribunal Federal) 2001 Saint-Denis) 1989.
•Association du Barreau du Brésil (Ordem dos
Advogados do Brasilia) 1997 Autres réalisations dans le monde
•Cour supérieure de justice (Superior tribunal de Justiça)
1989
•Musée de Brasilia (Museu de Brasilia) 1988
•Espaço Oscar Niemeyer 1988
•Pantheon (Panteão) 1985
•Memorial Juscelino Kubitschek 1981
•Teatro Nacional Cláudio Santoro 1966-1981
•Pont Costa e Silva 1973
•Institut central des sciences (Instituto Central de
Ciências) 1963-1971
Siège des Nations unies, New York
•Cathédrale de Brasilia (Cathédral Metropolitana Nossa
Senhora Aparecida) 1970
•Logements Hansaviertel 1957 (Berlin, Allemagne)
•Siège des armées (Quartel-General do Exército) 1968
•Maison Strick 1964 (Los Angeles, États-Unis)
•Ministère des Affaires étrangères (Palácio dos Arcos-
•Siège des Éditions Mondadori 1968 (Milan, Italie)
Itamaraty) 1962
•Siège des Nations unies 1952 (avec Le Corbusier,
•Palais présidentiel (Palácio do Planalto) 1960
Wallace Kirkman Harrison, S. Markelius, Taylor,
•Congrès national (Congresso Nacional) 1958-1960
Soilleux & Overend, G. Brunfaut, Studio E. Cormier,
•Résidence présidentielle (Palácio da Alvorada) 1958
Ssu-Ch’eng Liang, N. D. Bassov, Sir H. Robertson, J.
•Chapelle Notre-Dame de Fatima (Igreja Nossa Senhora
Vilamajo) (New York, États-Unis)
de Fátima-Igrejinha) 1958
•Université Mentouri 1971-1977 (Constantine, Algérie)
•Bâtiment universitaire Eshkol Tower 1976 (Haifa,
Autres réalisations au Brésil Israël)
•Université Houari-Boumédienne 1974 USTHB ,(Alger,
Algérie)
•Foire internationale 1968-1974 (Tripoli, Liban)
•Salle omnisport « coupole » du complexe olympique
(Alger, Algérie)
•École polytechnique d’architecture et d’urbanisme
Theater in city center, Duque de Caxias, RJ, Brasil (Alger, Algérie)

AMIRA

LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 30


ETUDES

MEF
Calcul par élément finis d’une sphère sous pression interne

1. Introduction 
3. Principe de modélisation
La méthode des éléments finis est un des outils les plus
efficaces et les plus généraux de la simulation numérique. Compte tenu de la symétrie le modèle se ramène finalement
Elle s’applique aux problèmes de mécanique des milieux à l’étude d’un quart de cercle. Limité par le contour ABCD
continus comprenant : et de centre O et qui est représente dans le plan ROZ (Fig
o les problèmes de mécanique des solides: élasticité, 2)
plasticité, mise en forme ;
o les problèmes de mécanique des fluides, C
d’hydraulique ;
o les problèmes d’électromagnétisme ;
Ce travail consiste a effectué une analyse élément finis
sous le code de calcul CAST3M d’un solide sphérique sous D
pression interne, et comparé les résultats en contraintes
et en déplacement trouvés par les résultats théoriques Z
présente sur l’exemple de référence SSNA 03/89 du Guide P
de validation des logiciels de calcul de structure (Fig 8).
O R A B
2. Description du modèle

La structure est un solide sphérique évidé soumis à une


pression interne. La géométrie est à symétrie de révolution, Fig 2 - Géométrie de base du modèle
le rayon interne et externe sont respectivement 1mm et 2
mm.
Comme le modèle de la sphère est à symétrie de révolution,
les conditions aux limites sont à symétrie de révolution Du fait de la symétrie sphérique du problème, les
ainsi que le chargement, on se ramène donc à un problème déplacements se réduisent à la composante radiale ur
plan  en représentant seulement un quart d’anneau, la fonction uniquement de r ; les contraintes se réduisent à
réponse du solide peut donc être déduite à n’importe quel σr et σθ en coordonnées cylindriques r, θ, z :
point.
La pression évolue progressivement de 0 MPa jusqu’à
358,9 MPa, puis un déchargement jusqu’à 0MPa. D’après s r 0 0 
la solution théorique du problème (Fig 8), cette évolution  
de la pression entraîne un comportement plastique jusqu’en 0 sq 0 
0 0 s z = s q 
R=1,5 mm. 

4. Conditions aux limites

Du fait des conditions d’axisymétrie, on fait un blocage


Pression
interne
en déplacement UZ selon l’axe OZ de la ligne CD, et un
P blocage en déplacement UR selon l’axe OR de la ligne AB.
(Fig 3)

Fig 1 - Description du problème analysé

LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 31


Fig 3 – Conditions aux limites
Fig 5 - Loi d’evolution de la pression interne

(la variation est progressive, donc pas des forces d’inertie)

5. Caractéristiques du matériau et loi de 7. Maillage de la structure


comportement
L’objet du maillage est de discrétiser géométriquement le
Le matériau est élastique parfaitement plastique (Von domaine d’analyse de manière à pouvoir ultérieurement
Mises) (Fig 4) : associer une formulation éléments finis au support
E = 200 000 MPa n = 0,3 géométrique.

Limite d’élasticité : s y = 300 MPa

Fig 4 – Modèle élastique parfaitement plastique


Figure 6 - Géométrie et maillage du modèle

Pour un matériau parfaitement plastique, le domaine


d’élasticité n’est pas modifié par l’apparition des 8. Définition des conditions aux limites
déformations plastiques. On a un domaine fixe : le point de
charge σ ne peut sortir de ce domaine ; les déformations En axisymétrie UR et UZ dépendent uniquement de r et
plastiques ne se produisent que si σ est sur la frontière z, c’est le cas d’une structure de révolution soumise à un
d’élasticité et y demeure. chargement de révolution  ; les chargements ponctuels
possibles sont donc FR, FZ et éventuellement MT. Si le
matériau est isotrope, cette hypothèse entraîne εtz = 0, εrt =

6. Chargement appliqué E (1 −n )
0, εtt = UR/r et s tt = ett
A titre de comparaison (1 + n )(1
on− 2utilise
n) plusieurs types
Pression interne P est appliquée progressivement en
chargeant de 0 MPa à Pm = 358,9 MPa puis un déchargement d’éléments : élément linéaire à 4 nœuds QUA4, élément
jusqu’à 0 MPa, la figure 5 présente la loi d’évolution de la quadratique à 8 nœuds QUA8, élément triangulaire à 3
pression appliquée. nœuds TRI3, élément triangulaire à 6 nœuds TRI6, la
configuration de ces éléments est représentée sur la figure
7 ci-dessous.

LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 32


On donne aussi la pression de début et de fin de plastification
définie par les formules :

2  a3 
Py = s y 1 − 3  = 175, 0 MPa
3  b 
b
Fig 7- Types d’éléments utilisés Plim = 2s y ln = 415,89 MPa
a

a et b sont respectivement le rayon intérieur et extérieur


9. Contraintes et des déplacements théoriques de la sphère.
Py correspond à la plastification du la ligne de rayon r =
On dispose des solutions analytiques du problème données a.
par (J. Maudel, mécanique des milieux continus, paris, Plim correspond à la plastification jusqu’au rayon r=b
Gauthier -Villars 1966). Ces résultats sont valables pour (plastification totale de la sphère).
Tresca ou Von Mises. L’organigramme suivant (fig 8)
présente ces formules analytiques 10. Comparaison entre résultats numérique et
résultats théoriques

La comparaison entre résultats de Castem et résultats


théoriques s’appui sur les paramètres suivants : degré de
serrage du maillage et types d’élément utilisés.

On donne ci-après une représentation graphique de


Fig 8 - Organigramme de la solution analytique ur, deRésultats
l’évolution des déplacements radiale ____ théorique
la contrainte
____ Résultats
radiale σr et de la contrainte circonférentielle σθ avecCastem
en
Comme on peut le constaté de l’organigramme, dans le fonction de l’évolution de la pression interne au point
cas où P > Py le problème est de déterminer la valeur C du A (r =1.0mm, z = 0.0mm), cela pour les differents type
rayon de transition entre plasticité, cette valeur C est liée d’élément. On ne présente ici que le cas d’un maillage
à la pression appliquée par la formule suivante : 10x10, ou on peut s’apercevoir graphiquement de la
qualité des résultats.
 c 1  c3  
P = 2s y  ln −  1 − 3  
 a 3  b 

Cette équation non linéaire en C qui ne peut être résolue


analytiquement pour avoir la valeur de C en fonction de
P. on à procédée dont à une résolution numérique utilisant
la méthode de dichotomie on limitant l’erreur sur C à un
pourcentage très minimal pour que cette erreur n’affecte
par les résultats théoriques.
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Dans la phase de chargement on peut voir la différence de
performance entre le modèle à base d’élément Q4 et celui
à base de Q8 d’un coté, et d’autre coté entre le modèle a
base d’élément T3 et celui à T6. le modèle en Q8 démontre
une grande performance en qualité de résultats à part pour
le maillage de 10x10, par contre le modèle en Q4 et de
qualité moindre même pour un maillage 40x40,

surtouts pour les résultats des contraintes. Le même


constat peut être remarquée en comparant la performance
entre les éléments T3 et T6. Le tableau ci-dessous donne le
pourcentage d’erreur maximale commise par CASTEM

Fig 11 - Evolution du déplacement radiale en A


(Modèle en QUA4 10x10)

Tab 1- Pourcentage d’erreur selon le maillage et le type d’élément


utilisée

11. Conclusion

On a vérifié principales la qualité des éléments proposée


pour traité de type de problème, ainsi que l’influence du
maillage. Il s’avère que l’élément Q8 est le mieux adaptée,
cela démontrée par la qualité des résultats présentés.
Avec ce type d’élément un maillage de 20x20 s’avère
très satisfaisant. Le modèle a base d’élément T6 présente
aussi de bonne résultat plus au moins comparable à celle
trouvés en utilisons des éléments Q8, mais cela ne fait que
alourdir la taille du système à résoudre, et augmenté ainsi
Fig 12 - Evolution de la contrainte radiale en A
(Modèle en QUA4 10x10) le temps de calcul.

Le déplacement radiale progresse linéairement jusqu’à


la pression de début de plastification Py suivis par une
progression non linéairement puis un déchargement 12. Références
linéaire. La contrainte radiale au point A suit pratiquement
la loi d’évolution de la pression interne appliquée, car le 1. D. Combescure, « Modélisation des structures de
point A appartient au contour intérieur de la sphère. La génie civil sous chargement sismique à l’aide de
contrainte circonférentielle quand à elle augmente en CASTEM 2000 », Direction de l’énergie nucléaire
traction jusqu’à la valeur correspondant a la pression de CEA, Rapport DM2S, SEMT/EMSI/RT/01-008/A,
début de plastification puis diminue et entre légèrement en Mar 2001
compression après déchargement. 2. E. Le Fichoux,  «  Présentation et utilisation de
CASTEM 2000 », ENSTA – LME, Jan 98
Dans tout les cas de figure la qualité de résultats en 3. M. Lemaire, J. M. Reynouard, J. Kestens, G. Warzee
déplacement était mieux que celle des contraintes, car et I. Cormeau «  Introduction à la méthode des
Castem utilise une formulation en déplacement et les éléments finis », INSA Lyon et ULB Bruxelles.
contraintes sont ensuite calculées par dérivation du 4. http://www-cast3m.cea.fr
champ de déplacement.
T. RAFIK

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Actualités

Gratte ciel
choix et solutions

Ce qui ne fait aucun doute en revanche est le grand


mouvement de construction de gratte-ciel à New York
dès la fin du XIXe siècle mais surtout au début du XXe.
Avec la construction du New York World Building
(94 mètres), New York commence son incroyable
développement en matière de gratte-ciel. C’est une vraie
course au plus haut building qui commence : Manhattan
Life Insurance Building (1894, 106 mètres), le Park
1. historique: Row Building (1899, 119 mètres), puis la Metropolitan
Life Tower franchit la barre des 200 mètres en 1909
Le gratte-ciel, proprement dit, naît aux États-Unis vers la mais est finalement dépassée par le Woolworth Building
fin du XIXe siècle. La reconstruction de Chicago après (1913, 241 mètres). Le mouvement se poursuit après la
le grand incendie a permis l’émergence d’une nouvelle Première Guerre Mondiale par le 40 Wall Street mais
approche de la construction d’immeubles afin de réduire surtout par le Chrysler Building puis l’Empire State
les coûts liés à l’augmentation du prix des terrains. Il Building qui atteint 381 mètres, en 1931.
fallait trouver un moyen pour se protéger en même temps Arrêté par la crise économique des années 1930, le
de l’eau (surélévation) et du feu (ossature d’acier et non mouvement de construction de gratte-ciel reprend dans
plus de bois), ce moyen devait être rapide, solide, facile les années 1960, à New York et à Chicago et, à un
d’assemblage. C’est ainsi que le Baron Jenney fut amené moindre niveau, dans d’autres villes du monde. Le World
à élaborer un système de structure interne sur laquelle Trade Center (New York) devient le plus haut gratte-ciel
repose tout l’édifice, le mur extérieur n’ayant plus rien à du Monde en 1973 avec 417 mètres, il est dépassé en
porter. Les premiers architectes de ce que l’on a appelé 1974 par la Seras Tower qui mesure 442.3 mètres. C’est
plus tard l’école de Chicago ont créé par leurs œuvres et une véritable bataille entre ces deux villes.
par leur influence un modèle de développement urbain Dans les années 1990, et surtout 2000, la construction
qui a caractérisé toutes les villes américaines au XXe de gratte-ciel reprend très fortement. C’est en Asie, dans
siècle. des régions à forte croissance que le développement est
le plus spectaculaire. De nombreuses tours ont vu le jour
En fait, un gratte-ciel est un édifice d’une hauteur très ou sont en construction dans le monde chinois. La Taipei
supérieure à la moyenne, comprenant de nombreux 101, inaugurée en 2004 à Taiwan est actuellement le plus
étages utilisables et une charpente autoportante. Il n’y haut gratte-ciel achevé du monde. Les pays du Golfe,
a pas de hauteur déterminée à partir de laquelle les et spectaculairement l’émirat de Dubaï ont également
édifices méritent ce qualificatif, mais ceux ayant moins multiplié les constructions. Le Burdj Dubaï, actuellement
de 40 m (130 pi) de haut ou moins de 10 étages ne (2007) en construction devrait dépasser les 800 mètres.
sont traditionnellement pas considérés comme tels. Le
premier édifice beaucoup plus haut que la moyenne,
comportant des étages utilisables et une charpente
autoportante, est celui de la compagnie d’assurances
Equitable Life, à New York, d’une altitude de 40 m
(130 pi), terminé en 1870. Selon certains, le premier

vrai gratte-ciel serait plutôt l’immeuble de la compagnie John Hancock center world trade center Woolworth building
d’assurances Home Life, à Chicago, d’une hauteur de 55
m (180 pi), terminé en 1885

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2. conception : Mais malheureusement la nature du terrain est
parfois surestimée, et la forte croissance du nombre
En tout premier lieu, c’est d’abord aux spécialistes de buildings dans certaines villes engendre d’autant
d’intervenir .Compte tenu de certains facteurs plus de problèmes. C’est ainsi que le sol de Shanghai
économiques et managériaux les dimensions optimales en Chine s’affaisse sous la masse de ses bâtiments.
de la tour sont arrêtées. La hauteur est déterminée en Plus de 3000 immeubles de plus de 17 étages y sont
toute première priorité,puis vient le coefficient d’emprise construits engendrant un affaissement du terrain de
au sol ainsi que le coefficient d’occupation au sol,du 1.5cm par an en moyenne, allant jusqu’à 3cm par an
programme d’occupation par niveau,la taille des bureaux dans le quartier financier. Les environs du gratte-ciel Jin
ou des pièces, le nombre d’ascenseurs, leur destination, Mao de 421m connaissent un affaissement annuel de
ainsi que leur vitesse etc.… 6.3cm. La structure du métro et de certains bâtiments
En second lieu ,on passe le relais à l’architecte et son est déjà affectée, ce qui ne devrait pas s’arranger avec
équipe constituée de spécialistes , parmi lesquels les la construction ou planification actuelle de 3000 autres
incontournables ingénieurs en génie civil et structure, un immeubles et également du plus haut centre financier
ingénieur en mécanique , un aménageur paysagiste, un mondial,
décorateur etc. …
Les principales prérogatives de cette équipe sont
l’intégration du projet dans l’environnement, la
maximisation de l’espace intérieur, la circulation dans le
building et le respect des règles de sécurité .Le bâtiment
doit par exemple posséder une particularité esthétique,
permettre une rentabilité maximale, être suffisamment
confortable et résisté aux forts vents, aux incendies et
aux séismes.

3. les fondations :

Un gratte-ciel pèse plusieurs centaines de milliers Le sous-sol de Shanghai est composé de terre molle
de tonnes réparties sur une petite surface au sol. Les sur une épaisseur de 300m, formée de sable et de limon
fondations du bâtiment doivent pouvoir le soutenir et accumulés par le fleuve Yangtsé depuis plus d’un
lui permettre de résister au vent et aux tremblements de millénaire. L’affaissement non homogène du terrain a
terre. déjà causé l’effondrement de plusieurs immeubles, et
En générale, et a moins de construire sur un rocher, les au rythme actuel Shanghai passera sous le niveau de
fondations d’un gratte _ciel doivent aller chercher le bon la mer dans 50 ans. Des mesures limitant entre autre la
sol, à de grandes profondeurs, pour supporter les charges construction des gratte-ciel sont en cours d’élaboration,
verticales, colossles qui s’ y appliquent. visant à faire passer le rythme moyen d’affaissement
L’encastrement des fondations dans tous annuel à 0.5cm.
les cas de figures doit être proportionnel
à la hauteur de l’édifice au moins dans un 4. structure :
rapport de 1/10 iéme sur un terrain jugé bon.
La tour traditionnelle :
A titre d’exemple les fondations de «l’Empire state
Building « ont été réalisées à plus de 17 mètres en contre Les gratte-ciel sont traditionnellement construits
bas de la cinquième avenue. Reste que pour les sols plus sous forme d’une tour monolithique organisée autour
meubles, l’utilisation des pieux en acier ou en béton armé d’un noyau central comprenant notamment les
s’avère indispensable. voies de circulation verticale (escaliers, ascenseurs)
On peut conclure, sans risque de se tremper, qu’une et les conduites (eau, réseaux électriques et de
bonne nature de sol représente un gage de succès communication…). La structure porteuse peut être
indéniable pour l’économie d’une tour ce qui explique concentrée dans ce noyau central, ou répartie sur piliers.
en partie, l’incroyable prolifération des tours a Certains édifices ont également bénéficié d’une armature
Manhattan, île «rocher» entre toutes .Aujourd’hui, entièrement métallique.
grâce aux nouvelles techniques, on peut construire La concentration des circulations en un point du bâtiment
des immeubles très hauts, même sur des sols moins pose le problème de son évacuation en cas d’urgence si
favorables. ces circulations sont rendues impraticables (notamment
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à cause d’un incendie). De la même manière, la approche constructive a permis de proposer un projet
concentration des structures porteuses peut rendre le économiquement très avantageux qui, secondé par la
bâtiment vulnérable si elles sont endommagées. Un autre configuration morphologique de l’ouvrage, supprime
problème rencontré est l’éclairage des zones les plus l’usage des échafaudages pour sa construction.
centrales : au-delà d’une certaine distance, la lumière Il s’agit là, d’une révolution dans les technologies
naturelle n’est plus suffisante pour qu’on puisse se passer constructives des gratte-ciel.
d’éclairage artificiel.
Les façades
Nouvelles perspectives :
Les façades d’un building sont les reflets du style du
La tour polycentrique : bâtiment. Au début du 20ème siècle les architectes
préféraient laisser bien visibles les poteaux ou autres
Une approche plus récente cherche à rompre avec cette structures fonctionnelles, montrant la maîtrise de la
conception monolithique, et propose d’organiser le technique. Des poteaux puissants et espacés montraient
bâtiment sous forme de modules constitués autour de par exemple le contrôle d’énormes efforts. La couleur
plusieurs noyaux de circulations verticales. Chaque était aussi employée pour mettre en valeur certaines
noyau deviendrait le point central d’une plus petite parties du bâtiment au détriment d’autres.
entité tout en constituant une sorte de « super_pilier » de
l’ensemble. Les promoteurs de ce type de construction A cette époque le métal et la pierre étaient les principaux
indiquent qu’un tel édifice serait moins susceptible matériaux utilisés pour le revêtement des façades, puit
de s’effondrer si l’un de ces piliers était endommagé, vinrent la céramique pour des teintes plus claires et des
tout en vantant une capacité d’évacuation largement alliages de bronze (utilisés par exemple sur le Seagram
améliorée. Les espaces utiles du bâtiment sont répartis construit en 1958 à New York) permettant des effets de
sous forme de « grappes » sur les piliers pour bénéficier miroitement. Par la suite les éléments structuraux ont été
au maximum de la lumière naturelle. De plus un incendie cachés et les façades furent recouvertes de revêtements
survenant dans l’un des modules aurait peu de chances lisses et uniformes, constitués de verre et d’aluminium,
de se propager à d’autres zones de l’immeuble. La conçus par feuilletage pour être de bons isolants et allant
principale limitation de cette approche devient alors jusqu’à créer des effets de lumière suivant la position du
une occupation plus faible du volume total alloué au Soleil.
bâtiment.
Ce concept n’a cependant pas encore été appliqué.

L’exosquelette :

Enfin, les nouvelles technologies ont permis à certains


architectes et bureaux d’études de développer des
principes structurels très novateurs inspirés des bio_
organismes.
L’exosquelette conçu par l’architecte français Hervé
Tordjman et les ingénieurs de SETEC TPI (Jean-Marc 5. La Construction :
Jaeger) pour le projet des tours jumelles de Canton est
une vraie révolution pour la construction d’ouvrages de La construction d’un building sort de l’ordinaire. Les
grande hauteur. techniques de construction ne sont pas les même que
Il garantit une résistance de l’ouvrage à des efforts celles employées pour des bâtiments plus modestes: le
mécaniques particulièrement importants (typhons, matériel est fixé sur le building et monte avec lui, on
tremblements de terre) tout en intégrant une réelle a donc un déplacement en hauteur du chantier. Ainsi
protection face aux agressions extérieures (avions, les grues sont fixées soit sur le noyau central, soit à
missiles). l’extérieur sur des échafaudages. De plus les matériaux
Cet exosquelette est secondé par un double noyau de de construction doivent être acheminés en haut du
béton, qui offre une réelle stabilité dynamique et une bâtiment au fur et à mesure.
résistance exceptionnelle aux incendies.
Ce principe structurel permet une flexibilité des
espaces intérieurs (démontages de 60% des planchers
internes) qui garantit une exploitation programmatique
et économique à long terme. Cette nouvelle
LE MONDE DU GENIE CIVIL | EDITION 03 | DECEMBRE 2007 Page 37
Construction du World Trade Center: Taipei 101 et sa boule anti-sec ousses:

Plus hauts gratte-ciel du Monde:

•Taipei 101 à Taipei, Taiwan, (2004), 448 m (508 m avec


le mât)
•Sears Tower à Chicago, États-Unis, (1974), 442 m
(527,3 m. avec l’antenne)
•Petronas Twin Towers 1 et 2 à Kuala Lumpur, Malaisie,
Dans le cas d’un bâtiment à noyau en béton, un coffrage
(1998), 410 m (452 m avec les antennes)
itinérant est installé, s’appuyant au fur et a mesure
•Jin Mao Tower à Shanghai, Chine, (1999), 421 m.
de l’avancement sur ce qui est déjà réalisé. Le béton
•Two International Finance Center, Hong-Kong, Chine,
est ensuite coulé à l’intérieur du coffrage. La vitesse
(2003), 412 m.
d’avancement est d’au maximum un étage par jour.
•Citic Plaza, ( pinyin : zhōngxìn guǎngchǎng)
Guangzhou (Canton), Chine, (1996), 391 m.
6. Les mesures anti-sismiques : •Shun Hing Square, Shenzhen, Chine, (1996), 384 m.
•Empire State Building, New York, États-Unis, (1931),
Les gratte-ciel les plus hauts ne possèdent pas de noyau 381 m (449 m avec l’antenne).
central en béton armé, la raison vient du manque de •Central Plaza, Hong-Kong, Chine, (1992), 374 m.
souplesse de ce type de matériau. Il est nécessaire d’avoir •Tour de la Banque de Chine, Hong-Kong, (1989), 369
un minimum d’élasticité permettant aux buildings de m.
cette dimension d’absorber les vibrations sans casser, ce •Baiyoke Tower II, Bangkok, Thaïlande, 343, 35 m.
qui est fourni entre autre par les matériaux métalliques. •Burj Al Arab, Dubaï, Émirats arabes unis, (1999), 321
Des tests sismiques sont réalisés lors de la construction m.
pour valider le choix de la structure. Un des tests Détruits :
principaux est la création d’une maquette pouvant •World Trade Center (tour 1), New York, États-Unis,
atteindre 10m de hauteur et subissant toutes sortes de (1972→2001), 417 m. (527 m. avec l’antenne)
simulations sismiques. •World Trade Center (tour 2), New York, États-Unis,
(1973→2001), 415 m.
Le plus surprenant système anti-sismique actuellement
installé sur un gratte-ciel est certainement celui de la
tour Taipei 101 à Taiwan (508 mètres pour 101 étages).
Il s’agit d’une boule d’acier de 6m de diamètre et 800
tonnes suspendue entre le 88ème étage et le 92ème
étage. Sa masse et son amplitude maximale de 1.5m
permettront de contrebalancer les effets des oscillations
dues aux vents violents des ouragans et aux séismes,
l’amortissement prévu étant de 30 à 40%. Le dispositif
est installé de manière à être visible par les visiteurs,
il sera possible d’observer par une verrière vitrée les
mouvements de la boule, mise en valeur par une couleur
dorée.
Burj bubai Shanghai Financial center

ALI DJILALI

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