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JNGG 2016

Nancy
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’ingénieur


Analyser
concevoir
et aménager
dans la durée „
JNGG 2016
Nancy
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’ingénieur

Analyser, concevoir
et aménager dans la durée

Sous l’égide des Comités Français de Géologie


de l’Ingénieur et de l’Environnement (CFGI), de
Mécanique des Sols et de Géotechnique (CFMS)
et de Mécanique des Roches (CFMR), l’Univer-
sité de Lorraine accueille à Nancy les huitièmes
JNGG. Ces journées sont organisées par le la-
boratoire LEMTA en collaboration avec le labora-
toire Géoressources.

Dans les travaux d’aménagement et de construc-


tion, le contexte sociétal et économique actuel
demande de prendre en compte l’environnement,
ses aléas et risques associés, le changement cli-
matique, la préservation des ressources et des
patrimoines. La réalisation des ouvrages doit donc
s’inscrire dans une perspective de performance,
d’adaptabilité et de durabilité.

Tels sont les enjeux qui s’imposent aux ingénieurs,


aux entreprises, aux bureaux d’études, aux ins-
titutions et aux chercheurs. La mise en commun
des savoir-faire, leur transfert et leur transmis-
sion sont l’objet des huitièmes JNGG.
Table des matières

Conférence invitée 1

LE GLISSEMENT DU CHAMBON : ÉVOLUTION DU PHÉNOMÈNE ET GES-


TION DE CRISE, Dubois Laurent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1

Sournoiseries de l’eau dans le sol sur le site de la 4ème écluse de Lanaye à Visé
(Belgique), Welter Philippe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

Conception et durabilité des ouvrages géotechniques 27

Concéption d’un dispositif de réfection durable pour remédier à un glissement de


terrain, Ayadat Tahar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

Méthode observationnelle pour le préchargement des futures voiries IKEA-IICB à


Bayonne (64), Binda Jonathan [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36

Stockage de chaleur dans les sols compactés, Boukelia Ahmed [et al.] . . . . . . . 44

SUIVI DU VIEILLISSEMENT D’UN REMBLAI TRAITÉ À LA CHAUX ET/OU


AU CIMENT À HÉRICOURT (70) : QUELS ENSEIGNEMENTS SUR LA DURA-
BILITÉ ?, Boussafir Yasmina [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52

Évaluation du procédé géotechnique VSoL R au regard des dispositions du cadre


normatif français & étranger, Chikaras Michalis [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . 62

Autoroute A150 – viaduc de l’Austreberthe : confortement d’une anomalie kars-


tique par jet grouting, Curtil Stéphane [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70

Progrès dans l’estimation du taux de réemploi des sols de déblai et dans celle de
la portance des sols de fondation en remblai, Cuinet J.-M. [et al.] . . . . . . . . . 77

1
Amélioration pour le calcul des tassements sous des remblais ou des radiers de
grandes dimensions, Cuinet J.-M. [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83

Apports de l’interaction sol-structure dans la conception des fondations, Cuira


Fahd [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90

Apports du calcul à la rupture dans la conception des soutènements, Cuira Fahd [et
al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98

Effect of fine particles on the hydraulic behavior of interlayer soil, Duong Trong
Vinh [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106

Le Grizzly 3
R à énergie variable : Nouveaux développements de l’essai de péné-
tration dynamique DPSH, Escobar Esteban [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . 114

Étude de la variation de la pénétration dynamique de pointe en fonction de l’état


hydrique dans les limons peu plastiques du plateau Normand et corrélations nou-
velles, Ferreira Matthias [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122

Recommandations pour l’étude de la formulation du matériau Deep Mixing, Guimond-


Barrett Antoine [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130

Procédés constructifs innovants dans la réalisation du tramway T6, en région


parisienne, Gutjahr Ira [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138

Contribution à l’étude du comportement des couches d’assises renforcées par des


matériaux recyclés, Hadidane Hocine [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147

Éléments de justification des écrans de soutènement énergétiques, Habert Julien [et


al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155

Une nouvelle méthode d’estimation du chargement des piliers de mine et les per-
spectives envisageables, Hauquin Thomas [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163

Le caissonnage en deep soil mixing ou en jet-grouting en zone sismique, Lambert


Serge [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171

Etude sur modèle physique du frottement sol-inclusion en soil-mix sous chargement


monotone et cyclique, Le Van Cuong [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180

AccuTher : Un stockage géothermique piloté dans un sol reconstitué et struc-


turé, Le Borgne Tangi [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188

Projet RUFEX – Détermination des propriétés mécaniques des matériaux traités


par la technique du Deep soil mixing, Le Kouby Alain [et al.] . . . . . . . . . . . 197
Approche multi-échelle du traitement des argiles par la méthode du deep soil
mixing., Le Kouby Alain [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205

Argile des Flandres : Influence du mode d’installation sur la réponse des pieux, Le
Kouby Alain [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213

Projet RUFEX - Contribution à l’étude de la durabilité du matériau Deep Mix-


ing, Le Kouby Alain [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221

RENFORCEMENT DES DIGUES DE LOIRE PAR LA TECHNIQUE DU DEEP


SOIL MIXING ; DEUX METHODES PROPOSEES - SUIVI SUR DEUX ANS, Le
Kouby Alain [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229

Projet SOLCYP : Programme et objectifs des essais de chargement axiaux sur des
pieux in situ, en centrifugeuse et en chambre d’étalonnage, Le Kouby Alain [et al.] 237

Ouvrages d’accès au second pont sur le Wouri : fiabilisation du projet grâce à un


remblai d’essai, Lefèvre Céline [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245

Benchmark aléa chute de blocs (cas de de la déviation d’Ax-les-Thermes), Merrien-


Soukatchoff Véronique [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253

Dimensionnement d’inclusions rigides soumises à des poussées latérales, Meyer


Elodie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 261

Impact du comportement des argiles gonflantes sur les soutènements, Meyer Gré-
gory [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 270

Requalification des berges de la Seine - Conception et suivi de travaux d’ouvrages


de protection des berges, Ouvry Jean-Frédéric [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . 279

Fondations profondes exceptionnelles pour le projet Skyligth, Reboul Michaël [et


al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 287

OPTIMISATION D’UN CONFORTEMENT PAR CLOUAGE VERTICAL SUITE


A RETOUR D’EXPERIENCE, Talfumiere Vincent [et al.] . . . . . . . . . . . . . 295

AMELIORATION DE SOLS PAR ADJONCTION DE LIANT HYDRAULIQUE


ROUTIER, Tankpinou Yvette [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 303

Etude en chambre d’étalonnage du frottement sol-pieu sous grands nombres de


cycles dans une argile saturée, Muhammed Rawaz Dlawar [et al.] . . . . . . . . . 312

SOLUTION TERRE ARMEE DANS UN PROJET DE SOUTENEMENT SUR


LA LIGNE FERROVIAIRE FIANARANTSOA COTE EST MADAGASCAR, Ra-
masiarinoro Voahanginirina . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 320
Matériaux et géomatériaux 328

Analyse de l’évolution du réseau de fissures de sol proches de la saturation sur un


chemin de drainage, Andrianatrehina Rinah [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . 328

Étude et valorisation des sédiments de dragage, cas du barrage de Kherrata dans


la région de Bejaia dans le nord de l’Algérie, Banoune Brahim [et al.] . . . . . . . 338

Valorisation des sols urbains : contraintes géotechniques et environnementales, Bel-


lagh Katia [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 346

VALORISATION DES SEDIMENTS DU BARRAGE TAKSEBT (ALGERIE)


DANS LES CORPS DE CHAUSSEES, Boudlal Omar [et al.] . . . . . . . . . . . 354

Essais geotechnique de terrassement et succion : quelques enseignements pra-


tiques, Boutonnier Luc [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 362

Description rhéologique du gonflement des bentonites naturelles et calcique ac-


tivée, Djeran-Maigre Irini [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 370

COMPORTEMENT DES BETONS DE SOL SOUMIS AUX CYCLES HUMID-


IFICATION/SECHAGE, Helson Olivier [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 378

Identification des propriétés élastiques d’une argile remaniée par propagation d’ondes
ultrasonores sur chemins triaxiaux complexes, Ighil Ameur Lamine [et al.] . . . . 386

APPORTS DES ARGILES DANS L’ETUDE DES RESSOURCES POTENTIELLES


D’HYDROCARBURES DU BASSIN DU MARKSTEIN (VOSGES), Maison Ta-
tiana [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 394

Relations entre les paramètres hydromécaniques et la résistance à l’érosion interne


des sols fins traités, Mehenni Abdelwadoud [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . 402

Développement d’un nouvel essai de caractérisation de l’érodabilité des sols - Le


” Wheel Erosion Test ” (WET), Ndoye Ousseynou [et al.] . . . . . . . . . . . . . 410

planche de compactage expérimentale – impact de différents paramètres sur le bon


compactage des sols fins, Pelizzari Benjamin [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . 418

ANALYSE PHYSICO MECANIQUE ET STABILISATION DES DEBLAIS IS-


SUS DES SOLS LATERITIQUES NICKELIFERES D’AMBATOVY MADAGAS-
CAR, Ravokatra Fidiniavo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 426

Influence d’un compacteur roulant de laboratoire sur le compactage des sols fins, Sediki
Ouardia [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 434
MESURES DES PROPRIETES CYCLIQUES DES SOLS LIMONEUX OU ARGILEUX
AU LABORATOIRE, Serratrice Jean François . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 442

MESURES DES PROPRIETES MECANIQUES D’UNE ARGILE SURCONSOLIDEE


AU LABORATOIRE, Serratrice Jean François . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 450

Modélisation de la fissuration hydrique du sol argileux par la méthode fissure


cohésive, Vo Thi Dong [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 458

Développement d’un modèle théorique permettant de reproduire le comportement


des sols proches de la saturation – application à des essais de laboratoire de ter-
rassement, Mahmutovic Dino [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 466

Etude des propriétés hydromécaniques des matériaux granulaires soumis à des


essais œdométrique sous forte contraintes, Salhi Aymen Seyf Eddine [et al.] . . . 474

Comportement au fluage de l’argile sur chemin œdométrique, Zhao Dan [et al.] . 485

Géosynthétiques 493

Dimensionnement d’un géosynthétique de renforcement pour la rehausse d’une


ISDND, Abdelouhab Abdelkader [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 493

Interactions physico-chimique bentonite/ciment dans le cas des ouvrages enter-


rés, Couradin Alain [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 502

Échange cationique par transfert hydrique en phase vapeur et imbibition, Couradin


Alain [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 510

Le management des connaissances en géotechnique : trente années d’essais et


perspectives., Faure René-Michel [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 518

Mise en évidence de l’évolution de la perméabilité d’un GSB par sondages élec-


triques, Riss Joëlle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 526

Méthode de dimensionnement des plateformes renforcées par géosynthétique sur


cavités, Villard Pascal [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 534

Massifs rocheux, géothermie, stockage de déchets en surface et souterrain. 542

SUIVI GEOLOGIQUE DU CREUSEMENT DES GALERIES DU CMHM : DE


L’OBSERVATION A LA MODELISATION 3D, Arnould Apolline [et al.] . . . . 542
Première approche d’une stratégie opérationnelle combinant architecture de puits
et stimulation hydraulique pour le développement des EGS, Blaisonneau Arnold [et
al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 552

Modélisation de la microsismicité induite lors des processus de soft stimulation en


géothermie EGS, Guillon Théophile [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 560

Relations entre la microstructure et les propriétés de rétention d’eau de l’argilite


du Callovo-Oxfordien, Menaceur Hamza [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 568

Mise en sécurité d’un dépôt de résidus de traitement de minerai de plomb-argentifère,


Pontgibaud, Auvergne, Pidon Arnaud [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 578

Etude expérimentale de la tenue de puits d’injection dans le cadre du stockage


géologique de CO2, Randi Aurélien [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 586

Stockages souterrains et REX miniers, Méthodologie pour l’application des notions


de taux de défruitement., You Thierry [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 594

Prospection, exploitation des ressources naturelles et enjeux économiques 602

Recyclage des sédiments marins issus de l’activité de dragage dans la formulation


d’un remblai de béton allégé, Zambon Agnes [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . 602

Reconnaissance et auscultation des sites et des ouvrages 611

Etude des paramètres influant sur les pertes de béton projeté par voie sèche, Ar-
mengaud Julie [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 611

INSPECTION D’OUVRAGE D’ART ET DIAGNOSTIC DE PAROIS ROCHEUSES


PAR LASERGRAMMETIE ET PHOTOGRAMMETRIE, Barbier Quentin [et al.] 620

Retour d’expérience de 40 ans d’instrumentation inclinométrique sur le Réseau


Ferré National, Belut Florence [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 628

Essais Cross Hole : Nouveaux développements pour la réalisation et l’interprétation, Bo-


dard Christophe [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 636

ETUDE GEOPHYSIQUE, GEOTECHNIQUE ET HISTORIQUE D’UNE VOIE


FERREE SUR SOL TOURBEUX, Boisson Joséphine [et al.] . . . . . . . . . . . 644

Projet d’ouvrage d’art : justification du programme des reconnaissances complé-


mentaires, Brach Aurore [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 652
Semelles sur inclusions rigides : validation du nouveau cahier des charges de Mé-
nard, Baroni Maud [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 659

Apport de l’essai cyclique à la classification pressiométrique des sols. Improvement


in pressuremeter soil classification with one cyclic test., Baud Jean-Pierre . . . . 667

CARACTERISATION ET COMPORTEMENT DE L’ARGILE DE MERVILLE


SOUS CHARGEMENTS MONOTONE ET CYCLIQUE, Dano Christophe [et al.] 676

Prise en compte du fluage dans l’analyse des mesures pour la prévision de tasse-
ments résiduels, Favre Marc [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 684

RENFORCEMENT DES DIGUES DE LOIRE PAR LA METHODE DU DEEP


SOIL MIXING : APPORT DES TECHNIQUES GEOPHYSIQUES POUR LE
CONTROLE, Fargier Yannick [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 691

Etude du comportement anisotrope d’une paroi de galerie par suivi des déforma-
tions d’un front de galerie du site expérimental de Tournemire (IRSN), Hedan
Stephen [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 699

Suivi des déformations mécaniques par extensométrie optique en paroi d’une ga-
lerie située à -445m du laboratoire souterrain de Meuse/Haute-Marne, Hedan
Stephen [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 707

CORRELATIONS A PARTIR DU PENETROMETRE STATIQUE, Jacquard


Catherine [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 715

L’apport du dimensionnement de cavités par méthode laser 3D en forage, Riviere


Franck [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 722

ETUDES GÉOSTRUCTURALES DE PAROIS ROCHEUSES PAR PHOTOGRAM-


METRIE ET LASERGRAMMETRIE, Roche François [et al.] . . . . . . . . . . . 730

Mise en place d’un paramètre composé facilitant l’interprétation des paramètres


de forage, Reboul Michaël [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 738

Proposition d’une méthode de classification basée sur les paramètres de forage


Application and validation of soil behavior classification chart based on drilling
parameter, Reiffsteck Philippe [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 746

Prédiction automatique de la nature du profil géotechnique à partir d’essai de


pénétration dynamique Panda2 et de la méthode des réseaux de neurones artifi-
ciels, Sastre Carlos [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 754

Reconnaissance et auscultation aérienne par LiDAR et drone : actualisation du


comportement du versant au niveau de la station de ski de Formigal (Vallée de la
Tena, Pyrénées, Espagne), Thomas Amélie [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . 762
Analyse expérimentale de l’effet du confinement sur l’arrachement des boulons de
front, Thénevin Isabelle [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 770

instrumentation d’un déblai dans une marne – évolution des déplacements et de la


pression interstitielle suite à un déchargement mécanique, Mahmutovic Dino [et al.]778

Modélisation numérique, physique, simulation, effet d’échelle 786

SIMULATION NUMERIQUE 3D Du FOUDROYAGE d’UNE exploitation PAR


PANNEAUX A grande echelle, Ahmed Samar [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . 786

Réalisation d’un déblai de grande hauteur dans la cadre d’un marché de conception-
réalisation, Antoinet Eric [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 795

Diamètre équivalent d’un drain plat et suivi de la consolidation sur un cas de


préchargement, Baguelin François [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 803

Détermination des paramètres des modèles empiriques des propriétés hydrauliques


des sols non saturés, Bouchemella Salima [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 811

Modélisation 3D d’un système d’interaction sol-pieu-structure pour un groupe de


pieux géothermiques, Borely Cyril [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 819

Mud pumping and interlayer creation in railway sub-structure, Duong Trong


Vinh [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 827

Transfert couplé de chaleur et d’eau dans le sol environnant les câbles électriques
haute tension, Eslami Hossein [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 837

CHUTE DE BLOCS ROCHEUX PAR APPROCHE DEM DE TYPE NSCD, Fer-


ellec Jean-Francois [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 845

Utilisation du modèle Hardening Soil Model dans l’étude du creusement de tunnels


superficiels., Gilleron Nicolas [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 853

Lois anisotropes pour la prévision des tassements dus au creusement de tunnels


superficiels., Gilleron Nicolas [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 861

Simulation de la rupture en mode I avec la méthode aux éléments discrets, Hamdi


Jabrane [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 869

Identification des sols liquéfiables par pénétromètre statique: mesures in-situ et


modélisation numérique., Hosseini Sadrabadi Hamid [et al.] . . . . . . . . . . . . 877

MODELE REDUIT D’UN MASSIF DE SOL RENFORCE PAR INCLUSIONS


RIGIDES SOUS CHARGEMENT CYCLIQUE, Houda Moustafa [et al.] . . . . . 885
Interaction butée des rideaux en vis-à-vis, Jassionnesse Christophe [et al.] . . . . 893

ANALYSE ADAPTATIVE DE LA RÉPONSE DYNAMIQUE DES POUTRES


INFINIES, Mezeh Reda [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 901

Répliques virtuelles de joints rocheux : simulation par éléments discrets du com-


portement en cisaillement, Marache Antoine [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . 908

UN MODELE THEORIQUE DE COURBE DE RETENTION POUR LES SOLS


NON SATURES A GRANULOMETRIE ETENDUE, Monnet Jacques [et al.] . . 916

Analyse et rétro-analyse du comportement des fondations d’un ouvrage d’art de


la LGV SEA, Nguyen Khoa Van [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 924

Capacité portante d’une semelle filante sur un sol frottant soumise à une charge
inclinée, Ouahab Mohamed Younes [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 932

Prise en compte l’écoulement hydraulique sur la performance thermique des parois


moulées géothermiques, Rammal Dina [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 940

Estimations analytique et numérique de la chaleur extraite d’une galerie de mine


noyée, Suryatriyastuti Maria [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 948

Prémices du dimensionnement géotechnique, Vernhes Jean-David [et al.] . . . . . 956

Préprocesseur de découpage des massifs rocheux et effet du degré de fracturation


sur l’effondrement des toits de carrières souterraines, Yaghkob Ikezouhene [et al.] 964

ÉTUDE NUMERIQUE DES ÉCOULEMENTS HYDRAULIQUES AUTOUR DES


TUNNELS EN RÉGIME TRANSITOIRE., Zadjaoui Abdeldjalil . . . . . . . . . 972

Analyse stochastique des paramètres relatifs aux sols gonflants, Dounane Nawal [et
al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 980

Simulation du déchargement mécanique d’un déblai avec un modèle quasi sat-


uré, Mahmutovic Dino [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 987

Grands ouvrages 995

Conception et dimensionnement des fondations d’un Immeuble de Grande Hauteur


en milieu karstique - Le futur palais de justice de Paris, Beaussier Alexandre [et al.]995

FONDATION D’UN IGH EN ENVIRONNEMENT CONTRAINT, Cazes Emi-


lie [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1004
CONSIDERATIONS PRATIQUES AUTOUR DE MODELES NUMERIQUES
DE CERTAINES GARES DU FUTUR GRAND PARIS, Chapron Gilles [et al.] . 1012

Calcul des tunnels au tunnelier sans taux de déconfinement: est-ce possible, voire
souhaitable ?, Demay Bruno . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1020

Mise en œuvre et suivi de remblai de préchargement pour la réalisation de voiries


et parking d’un grand centre commercial, Folliard Damien . . . . . . . . . . . . . 1028

ANALYSE DE LA CONVERGENCE A LONG TERME DES GALERIES DANS


L’ARGILITE DU CALLOVO-OXFORDIAN, Guayacán-Carrillo Lina-María [et al.]1036

Simulation numérique avec CESAR d’essais en centrifugeuse sur des modèles


de front de taille renforcés par boulonnage, Hounyevou Klotoe Mawudo Eirel
Cedric [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1044

PARADE CONTRE UNE CATASTROPHE NATURELLE ANNONCEE DANS


LA VALLEE DE L’OISANS, A SECHILIENNE (38), Nicolini Alban [et al.] . . . 1052

Échelles de temps et démarche de conception du projet Cigéo, Ozanam Odile [et al.]1060

Apport des modèles d’endommagement sur la géométrie de la zone de rupture


autour des ouvrages profonds dans des roches quasi-fragiles, Pouya Ahmad [et al.] 1068

ETUDE DE STABILITE D’UN TALUS – TERRIL AU SEIN DE LA C.C.B. A


TOURNAI (B), Vaillant Jean-Michel [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1077

Conception et dimensionnement du puits d’accès et de la station de pompage du


terminal méthanier de Dunkerque, Vidil Paul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1085

IMPACT DU CREUSEMENT D’UN TUNNEL SUR DES FONDATIONS PRO-


FONDES : ETUDE SUR MODELE REDUIT DE TUNNELIER EPB, Bel Justin [et
al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1093

PONT JJ. BOSC A BORDEAUX, CARACTERISTIQUES PRINCIPALES ET


PROBLEMES GEOTECHNIQUES, Vincent Savatier [et al.] . . . . . . . . . . . . 1101

EMPLOI D’AJUSTEMENTS STATISTIQUES POUR LA CONSTRUCTION D’UN


MODELE GEOTECHNIQUE POUR UN GRAND PONT, Vincent Savatier [et al.]1109

Dynamique des sols, chargement cyclique, fondations d’éoliennes et offshore,


etc. 1117

Développement d’un macroélément 3D pour l’analyse du comportement sismique


des fondations superficielles, Abboud Youssef [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . 1117
Estimation de la dégradation de la résistance de l’interface sol-pieu sous charge-
ment cyclique à partir d’essais de laboratoire, Abchir Zineb [et al.] . . . . . . . . 1126

UTILISATION D’UNE LOI T-Z CYCLIQUE POUR LE CALCUL D’UN PIEU


ISOLE SOUMIS A UN CHARGEMENT AXIAL CYCLIQUE, Abchir Zineb [et al.]1134

Modélisation éléments finis du comportement des pieux à l’arrachement cyclique, Boulon


Marc [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1142

Sols structurés sous sollicitations sismiques, Brule Stephane [et al.] . . . . . . . . 1150

Calibration du programme SCARP de calcul des pieux sous chargements cycliques


axiaux, Delimi Zine [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1158

Renforcement de sol par jet-grouting sous diesels d’ultime secours de la centrale


nucléaire de Chooz, Depinois Simon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1166

Offshore cable burial depth using a risk based approach, Doan Dinh-Hong [et al.] 1174

Comportement des sols sous les fondations d’éolienne de grande hauteur, Iman-
zadeh Saber . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1182

Nouvelles procédures pour le dimensionnement d’un pieu sous charge latérale cy-
clique dans une argile, Khemakhem - Ben Amor Meriam [et al.] . . . . . . . . . . 1190

Cisaillement direct cyclique sol-structure en vue du calcul des pieux, Pra-Ai Suriyavut [et
al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1198

Préparation de recommandations pour le dimensionnement des fondations d’éoliennes


offshore, Puech Alain [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1207

Recommandations SOLCYP pour le dimensionnement des pieux sous chargements


cycliques, Puech Alain [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1215

Nouvelle procédure pour le dimensionnement d’un pieu sous charge latérale cy-
clique dans un sable, Rosquoet Frédéric [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1223

Processus biogéochimiques 1231

Evolution de la structure d’une kaolinite et d’un mélange kaolinite+carbonate sous


l’effet d’un traitement électrocinétique, Ben Hassine Abdelkader [et al.] . . . . . . 1231

Potentiel de réutilisation des sols excavés par TBM et traités par additifs, Djeran-
Maigre Irini [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1240
Gestion des risques 1248

Phénomènes de liquéfaction et stabilité par colonnes ballastées dans le site de


Heraoua (Alger), Balla Nabila [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1248

Surveillance du risque d’instabilité dans les cavités superficielles par méthode


acoustique, Bouffier Christian [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1256

Elaboration d’une carte de vulnérabilité du sol aux effets induits par le séisme.
Application à la ville de Chlef (ex El Asnam- Algérie), Boutaraa Zohra [et al.] . . 1265

RETROACTION SUR LE DIMENSIONNEMENT DES FONDATIONS ET DES


EFFORTS SISMIQUES APPLIQUES AUX BATIMENTS A RISQUE NORMAL
APRES DENSIFICATION DES SOLS, Brule Stephane [et al.] . . . . . . . . . . 1272

Microsismicité en contexte minier - Le Bassin houiller de Gardanne (Bouches-du-


Rhône, Provence), Dominique Pascal [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1280

Suivi expérimental d’une maison instrumentée sinistrée par la sécheresse à Langon


(33), David Mathon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1288

Guide méthodologique : le diagnostic de stabilité des carrières souterraines aban-


données, David Mathon [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1299

Tramway de Valenciennes : une solution innovante de traitement du risque ”


cavités souterraines anthropiques ”., Guerin Pierre [et al.] . . . . . . . . . . . . . 1312

Aléa rocheux diffus : du qualitatif au quantitatif, Hantz Didier [et al.] . . . . . . 1320

Mise en œuvre de l’approche graduée dans les études de liquéfaction., Javelaud


Emmanuel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1326

Un nouvel outil de prévention des risques du sous-sol en Wallonie (Belgique) - Ap-


plication au cas des anciennes carrières souterraines de la Malogne (Mons), Kheffi
Ali [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1334

Analyse et interrogations liées à l’effondrement de la carrière souterraine de craie


de Lorroy en 1910, Kreziak Charles [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1342

Gestion du littoral face aux risques : application de la méthode VSC, Lienard


Isabelle [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1350

Les fontis du val d’Orléans : étude des mécanismes de formation afin d’améliorer
la prévision, Perrin Jérôme [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1358
Retour d’expérience sur le confortement des coteaux sous-cavés de Touraine par
les technologies de clouage et de boulonnage, Philippe Alexandre . . . . . . . . . 1366

ANALYSE SYSTEMIQUE D’ANOMALIES DANS LA CRAIE LIEES AU BAT-


TEMENT DE LA NAPPE – METROPOLE LILLOISE (59), Pluquet Adrien [et
al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1374

Modèle de compréhension d’une coulée boueuse en site urbain, cas du conservatoire


de Lyon, Pothier Catherine [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1382

Titre : Suivi de l’érosion par imagerie satellite et fouille de données spatio-


temporelles, Pothier Catherine [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1390

Etude de l’influence du degré de saturation sur le comportement des sols à la


liquéfaction, Vernay Mathilde [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1398

APPROCHE ANALYTIQUE DE L’INFLUENCE DE LA PLASTICITÉ POUR


LA PRÉVISION DES TASSEMENTS DIFFÉRENTIELS D’UNE STRUCTURE, Bas-
maji Bakri [et al.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1406

SURVEILLANCE DU RISQUE D’EFFONDREMENT LOCALISE DANS UNE


EXPLOITATION DE SEL PAR DISSOLUTION, Coccia Stella [et al.] . . . . . . 1416

Liste des auteurs 1424


Conférence invitée

1
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l'Ingénieur - Nancy 2016

LE GLISSEMENT DU CHAMBON : ÉVOLUTION DU PHÉNOMÈNE ET


GESTION DE CRISE

THE CHAMBON LANDSLIDE : UNDERSTANDING OF THE PHENOMENON


AND RISK MANAGEMENT

Laurent DUBOIS1, Samuel DAUPHIN1, Geneviève RUL1


1
Cerema Centre-Est, Bron, France

RÉSUMÉ - Le déclenchement d'un grand glissement de terrain a entraîné la fermeture


totale à la circulation du grand tunnel du Chambon le 10 avril 2015 et, par conséquent, de
la route RD1091, reliant Grenoble et Briançon par la vallée de la Romanche dans les
Alpes françaises (département de l'Isère). La coupure de cet axe routier, unique en fond
de vallée et sans déviation possible, pour une longue période, a eu et a toujours de
lourdes conséquences sur la vie quotidienne des habitants et sur l'économie de la haute
vallée de la Romanche. Au mois de juillet 2015, les mesures de sécurité supplémentaires
adoptées lors de deux phases de grands déplacements du glissement de terrain, pendant
lesquelles une rupture brutale était redoutée, ont rendu encore plus difficiles les
communications entre les deux parties de la vallée, malgré le déploiement de mesures
exceptionnelles pour rétablir la continuité des déplacements locaux. Le présent article fait
le point sur la compréhension actuelle du phénomène et de son évolution temporelle, et
présente notamment une interprétation des désordres géologiques comme les
manifestations d'une rupture progressive du versant.

ABSTRACT - The triggering of a large landslide caused the complete closure of the
Chambon tunnel and, therefore, of the major road RD1091 between Grenoble and
Briançon by the Romanche valley in the French Alps (Isère department). This road was the
only one in the valley and there was no possible short bypass. Its closure had and still has
serious consequences on the inhabitants daily lives and the local economy. In July 2015,
additional safety measures were adopted during two periods of large displacements of the
landslide, during which catastrophic failure was feared, and made communications
between the two parts of the valley even more difficult. This article contributes to the
understanding of the phenomenon and its temporal evolution, and presents an
interpretation of geological disorders as manifestations of a progressive failure of the
slope.

1. Introduction

Un tronçon d'un linéaire d'environ 30 mètres du grand tunnel du Chambon (ouvrage d'une
longueur de 780 mètres situé sur la route RD1091 reliant Grenoble et Briançon par la
vallée de la Romanche dans le département de l'Isère et traversant une partie du versant
nord de la retenue du barrage hydroélectrique du Chambon) connaissait depuis de très
nombreuses années des désordres structurels notables. Le 10 avril 2015, le Conseil
Départemental de l'Isère (CD38), maître d'ouvrage, a été contraint de fermer le tunnel à la
circulation compte tenu de l'aggravation de ces désordres. En surface, à l'aplomb de la
zone des désordres dans le tunnel, ont été observés le développement et la propagation
dans le versant de fractures délimitant un volume en mouvement estimé entre 600 000 m³
(hypothèse raisonnable) et 800 000 m³ (hypothèse haute).

2
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l'Ingénieur - Nancy 2016

Les vitesses de déformation en profondeur et de déplacement en surface ont continué à


régulièrement augmenter jusqu'à début juillet 2015 et ont contribué à l'abandon des
travaux de réparation du tunnel lancés en urgence par le CD38 (réalisation d'une contre-
voûte en béton). Au cours du mois de juillet 2015, le glissement de terrain, dont le pied est
situé au fond de la retenue, a connu deux périodes de grands déplacements, pendant
lesquelles une rupture brutale a été redoutée :
- la première du 4 au 6 juillet 2015 s'est produite alors que le niveau d'eau de la retenue
était maintenu à un niveau constant depuis le 10 avril 2015,
- et la seconde du 25 au 27 juillet 2015 a été volontairement déclenchée par une élévation
de 8,5 mètres du niveau d'eau de la retenue.

Les risques associés à une éventuelle rupture brutale (formation de vagues sur la retenue,
phénomènes de run-up, nuage de poussières, etc.) ont nécessité une gestion de crise
mobilisant de nombreux acteurs et l'adoption par le Préfet de l'Isère de mesures
spécifiques pour assurer la sécurité des personnes et des ouvrages lors de ces deux
« crises ».

Depuis fin juillet 2015, les déplacements en surface du glissement se poursuivent, en


étroite relation avec les variations du niveau d'eau de la retenue et la pluviosité.

Le présent article expose, dans une première partie, une description du site complétée par
celle du glissement, puis, dans une dernière partie, une interprétation de ces désordres
comme les manifestations d'une rupture progressive du versant.

2. Description du site

Le glissement de terrain affecte un versant de la vallée de la Romanche dans le massif de


l'Oisans, au niveau de la falaise de la Berche surplombant la retenue du barrage
hydroélectrique du Chambon à Mizoën.

2.1 Contexte géomorphologique

Le glissement de terrain concerne la partie inférieure du versant nord de la vallée, qui


présente une direction générale est-ouest, quasi-orthogonale à la direction des grandes
structures géologiques du fait d'un processus d'antécédence. Entre les cotes NGF +985
(fond supposé de la retenue) et +1165 (escarpement principal du glissement marqué par
une rupture de pente naturelle), le versant présente une pente moyenne de l'ordre de 40°.
La vallée glaciaire de la Romanche présente un profil typique en auge : le glissement s'est
développé au niveau du flanc légèrement plus raide de l'auge, immédiatement en deçà du
niveau supposé du rebord d'auge (existence probable d'un épaulement glaciaire au
dessus de la cote NGF +1170).

Le mouvement de versant est situé au pied d'un vaste cirque d'érosion, dominé par des
sommets culminant à près de 2000 mètres d'altitude et marquant la bordure méridoniale
du plateau d'Emparis. Cette forme d'érosion est profondément incisée par quatre cours
d'eau de direction parallèle (nord-nord-est – sud-sud-ouest). La partie occidentale du
cirque, où se sont installés les hameaux de Singuigneret et des Aymes (à 200 mètres en
amont de l'escarpement principal du glissement), présentant des pentes plus faibles, est
soumise à des phénomènes érosifs moins intenses et est recouverte par la végétation.

3
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La consultation d'anciennes cartes disponibles (notamment l'atlas des routes de France du


milieu du XVIIIe siècle et la carte de l'état-major du milieu du XIXe siècle) indique qu'avant
la mise en eau du barrage, l'ancienne route passait en fond de vallée sur la rive gauche de
la Romanche et que le site de l'actuel glissement occupait une partie de la rive concave
d'un coude de la rivière (cf. figure 1).

site du
glissement

Grenoble
Briançon
Bourg-d'Oisans
La Grave

Figure 1. Extrait de l'atlas des routes de France concernant la petite route de l'Oisans
reliant Grenoble à Briançon, établi vers 1750 (source : www.culture.gouv.fr).

Le pied du versant baigne en permanence dans la retenue du barrage hydroélectrique du


Chambon, dont le niveau varie entre les cotes NGF +990 (cote minimale d'exploitation) et
+1040 (cote maximale historique d'exploitation). La dernière vidange totale a été réalisée
en 1993. Le barrage du Chambon a subi en 2013 et 2014 des travaux lourds de
confortement, concentrés en partie supérieure de l'ouvrage entre la cote NGF +1010 et le
sommet à la cote NGF +1042. Le niveau d'eau de la retenue a été maintenu à une cote
inférieure à NGF +1010 pendant toute cette période. Le 10 avril 2015, au moment de la
décision de fermeture du tunnel, la procédure de requalification du barrage allait débuter.
Le niveau d'eau se situait à la cote NGF +1006, soit 36 mètres en deçà de la crête du
barrage, et a été maintenu à cette cote jusqu'à début juillet 2015 par décision préfectorale,
afin de ne pas interagir avec le phénomène de glissement en cours.

2.2 Contexte géologique

Le versant instable est constitué de schistes relativement homogènes (marnes


métamorphisées) d'âge Aalénien, faisant partie du flanc oriental du synclinal du Praouat
de direction nord-nord-est - sud-sud-ouest. Le coeur du synclinal du Praouat, constitué par
les marno-calcaires du Bajocien, plus résistants à l'érosion et armant la falaise de la
Berche, est situé à l'ouest du glissement. À l'est, au niveau de la tête du grand tunnel du
Chambon côté La Grave, les schistes sont en contact avec le Toarcien schisteux, de
couleur plus sombre.

4
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l'Ingénieur - Nancy 2016

Le synclinal du Praouat fait partie de la série de plis affectant la couverture jurassique du


bloc cristallin d'Emparis au niveau de l'hémigraben du Ferrand (cf. figure 2.a). Le contact
entre le bloc cristallin des Grandes Rousses et celui d'Emparis se fait par l'intermédiaire
d'un accident tectonique majeur, appelé faille du Chambon, situé à l'ouest du secteur.
Au niveau de la partie inférieure du versant, les anciens terrains sédimentaires ont été
intensément plissés et déformés. En surface, les schistes présentent un débit feuilleté,
sont très altérés et peu résistants (cf. figure 2.b)). On note une constance de l'orientation
de la schistosité (S1 : N10°E à N35°E - 50°SE à 70°SE), rentrante dans le massif, de
même direction et quasi-orthogonale à la stratification qui a été quasi totalement effacée
(S0 : N0°E à N10°E - 45°NW à 55°NW). En profondeur, les schistes sont plus sains et
compacts. La majeure partie du linéaire du tunnel est d'ailleurs non revêtue.

S0 S1
site du glissement
a) b)
Figure 2. a) Coupe géologique le long de la vallée de la Romanche (Gidon 2001).
b) Affleurement de schistes altérés à proximité du glissement.

2.3 Contexte sismique

Une dizaine de séismes ont été enregistrés dans le secteur de La Grave entre juillet 2014
et juin 2015, tous de magnitude locale ML relativement faible, comprise entre 1,1 et 2,8
(source : Sismalp). Le dernier séisme notable dans la région (ML = 4,8) remonte au
7 avril 2014 ; son épicentre était situé près de Jausiers (04), à environ 80 km au sud-est
de la retenue du Chambon. Le glissement de terrain a montré une légère sensibilité aux
vivrations engendrées par des tirs de mines réalisés à proximité.

2.4 Contexte météorologique

D'après les relevés de la station météorologique de EDF de La Grave, les mois précédant
l'aggravation des désordres dans le tunnel début 2015 ont été caractérisés par une
pluviosité inférieure à la normale (cf. figure 3.a)). Une fonte de la neige due à un
radoucissement soudain des températures a été observée sur les sommets fin mars 2015.
La première « crise » de juillet 2015 a été précédée par une période sèche d'une durée de
17 jours, la seconde « crise » de juillet 2015 par quelques épisodes pluvio-orageux
d'intensité faible à moyenne (cf. figure 3.b)).

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a) b)
Figure 3. a) Précipitations mensuelles à La Grave entre avril 2014 et juillet 2015.
b) Précipitations journalières à La Grave en juin et juillet 2015 (source : EDF).

2.5 Contexte hydrogéologique

En pied de versant, il existe très probablement dans les schistes relativement perméables
une nappe d'accompagnement en équilibre avec le niveau d'eau de la retenue. De plus,
les fissures du massif rocheux sont les sièges de circulations d'eau préférentielles, dont
une partie est interceptée par le tunnel. Ces venues d'eau, ainsi que l'eau de la source des
Aymes, la plus proche du glissement de terrain en surface, sont basiques (pH entre 7,5 et
8,3). Elles présentent une minéralisation élevée (conductivité supérieure à 600 µS/cm),
voire, pour certains points de mesures, une minéralisation très élevée (conductivité entre
1000 et 1250 µS/cm) (cf. figure 4). Ces hautes valeurs de conductivité pourraient révéler
de longs trajets ou de longs temps de séjour de l'eau dans les fissures des formations
carbonatées de la couverture jurassique.

a) b)
Figure 4.a) Conductivité des venues d'eau dans le tunnel (repérées par leurs points
métriques notés PM). b) Conductivité de l'eau de la source des Aymes.

2.6 Historique des désordres affectant le grand tunnel du Chambon

Le percement du grand tunnel du Chambon (visant à rétablir la route nationale RN91


déplacée par la construction du barrage) a débuté en 1931 et a été achevé au début de
l'année 1933, avant le premier remplissage de la retenue entre avril 1935 et octobre 1935.
Le tunnel a été creusé à l'explosif en sections divisées et selon deux attaques, avec
galerie d'abattage en clef (1931), puis élargissement à la section définitive (1932).

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Les travaux côté La Grave ont été rendus délicats par la découverte en novembre 1931
d'une fracture longue de 130 m et large de 0,5 m (entre les PM40 et PM160), remplie de
matériaux « plus terreux et instables », de même direction que la galerie d'avancement.
Au cours de l'année 1932, la mise à la section définitive dans cette même zone a
également été problématique (importants travaux de purge, éboulement d'un volume de
200 m3 de la voûte, comblement des zones purgées ou éboulées avec du béton maigre).

Par la suite, le secteur situé entre les PM60 à PM90, très humide, n'a cessé de subir des
désordres (chutes d'écailles détachées du toit, fissuration de la voûte, etc.) (cf. figure 5) et
a fait l'objet de travaux lourds de réparation, notamment à la fin des années 1970
(renforcement de la voûte maçonnée originelle par une voûte en béton armé, clouage de
blocs de béton instables, etc.). Un profil de mesures extensométriques a été mis en place
au PM69 en juillet 1979 et ausculté jusqu'en avril 2015 (cf. figure 6).

Figure 5. Relevé des désordres affectant le grand tunnel du Chambon lors de l'inspection
détaillée de 2005 avant transfert au CD38 (source : DDE38/CETU).

Figure 6. Mesures extensométriques réalisées au niveau du profil du PM69 entre


juillet 1979 et avril 2015 (source : DDE38/CD38).

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Des déformations, d'amplitude relativement faible mais de vitesse croissante par paliers,
étaient mesurées depuis 1979, avec une composante transversale légèrement déjetée
vers l'aval et une tendance à l'aplanissement de la voûte. On note une première
augmentation de la vitesse des déformations à la fin de l'année 1999, puis une seconde
plus brutale à partir de la fin de l'année 2014. Début avril 2015, les désordres évolutifs
(notamment la fissuration et le décollement d'un bloc de plusieurs m3 de la voûte en béton)
ont conduit le CD38 à fermer préventivement le tunnel à la circulation.

3. Description du glissement de terrain

3.1 Mécanisme

Le CD38 a observé dès le 12 avril 2015 des fractures en surface dans le versant à
l'aplomb de la zone des désordres dans le tunnel (futur escarpement principal). Les
observations de terrain réalisées par les géologues du CD38, du bureau d'études SAGE et
de EDF ont mis en évidence une propagation des fractures latérales du glissement du
haut vers le bas à une vitesse moyenne de l'ordre de 3 m/j (soit 10 à 15 cm/h), jusqu'à
atteindre la cote NGF +1006 (niveau d'eau de la retenue) le 26 mai 2015. Par ailleurs, les
vitesses des déplacements en surface, suivis par géodésie par le CD38 depuis fin mai
2015, ont augmenté de manière continue jusqu'à début juillet 2015.

Les observations de terrain et l'analyse des résultats des reconnaissances engagées par
le CD38 (relevés LiDAR, reconnaissances géophysiques, sondages destructifs et mesures
des déplacements) révèlent un glissement de terrain bien délimité, avec une surface en
forme de cuillère, un escarpement principal en vaste arc de cercle et des déplacements
présentant une double composante translationnelle et rotationnelle (cf. figures 7.a) et 8).
Le glissement a un dénivelé d'environ 180 mètres et une largeur d'environ 100 mètres.
L'épaisseur maximale des terrains en mouvement est de l'ordre de 25 à 30 mètres. Le
bourrelet de pied est situé au fond de la retenue sous le niveau d'eau (cf. figure 9).

Le contrôle structural du glissement de terrain n'est pas évident, même si le flanc ouest
semble être conforme à la schistosité. Au cours des mois de juin et de juillet 2015, la
masse en mouvement s'est fracturée en trois grands compartiments, présentant chacun
sa propre cinématique, le plus volumineux et le plus actif étant le compartiment basal n°1.

a) b)
Figure 7.a) Coupe transversale schématique du versant instable.
b) Variation du coefficient de sécurité en fonction du niveau d'eau dans la retenue.

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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l'Ingénieur - Nancy 2016

NGF +1006 NGF +1014,5

Figure 8. Différents stades d'évolution du glissement de terrain fin juin 2015 à gauche,
début juillet 2015 au centre et fin juillet 2015 à droite (avec compartiments numérotés,
arbre repère sur le glissement et cote NGF du niveau d'eau).

NGF +988

Figure 9. Bourrelet de pied dans la retenue le 24 mars 2016.

La variation relative du coefficient de sécurité calculé pour la surface de la figure 7.a) ci-
avant, en fonction de la variation du niveau d'eau de la retenue et par rapport à la situation
de référence avec un niveau d'eau à la cote NGF +1006, est illustrée par la figure 7.b).
Les calculs ont été réalisés par la méthode de Carter au moyen du logiciel Geostab, en
considérant une nappe dans le versant en équilibre avec le niveau de la retenue. À
géométrie du versant constante, une montée du niveau de l'eau au dessus de cette cote
de référence entraîne une diminution du coefficient de sécurité (environ -6 % à la cote
maximale d'exploitation), alors qu'une baisse du niveau d'eau entraîne une augmentation
du coefficient de sécurité (environ +5 % en cas de vidange totale).

3.2 Première « crise » de juillet 2015

Les vitesses maximales de déplacement atteintes en pied ont été de l'ordre de 50 à 65


cm/j et les déplacements totaux en tête ont été de l'ordre de 4 à 5 mètres.

9
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l'Ingénieur - Nancy 2016

La figure 10.a) représente l'allure des courbes (1/Vm24) en fonction du temps obtenues
pour des cibles topographiques représentatives en surface du glissement, auscultées
toutes les heures par le CD38. Vm24 désigne la vitesse moyenne sur 24 heures.

Quatre phases peuvent être distinguées :


- une tendance globalement linéaire et convergente jusqu'à la nuit du 4 au 5 juillet 2015,
- le maintien de vitesses élevées sans accélération notable pendant environ 24 heures,
- une accélération brutale, limitée dans le temps (environ quatre heures) et selon une
tendance asymptotique, dans la nuit du 5 au 6 juillet 2015,
- puis un nouveau palier de vitesses constantes d'environ 24 heures, suivi d'une
diminution des vitesses.

a) b)
Figure 10.a) Évolution des courbes (1/Vm24) début juillet 2015.
b) Évolution des vitesses Vm24 pour des cibles en pied de glissement en juin et
juillet 2015 (source des données brutes : CD38).

Quelques jours avant cette première « crise », une rupture brutale étant redoutée, EDF
avait réalisé des calculs de hauteur de vagues basés sur des hypothèses conservatives
(méthode empirique de Heller, volume glissé d'un million de m³, vitesses d'entrée dans
l'eau égales à 10 m/s et à 30 m/s). Les résultats de ces calculs étaient les suivants :
- hauteur maximale des vagues sur le lac : 18 à 40 m,
- hauteur du phénomène de run-up sur le versant opposé : 50 à 140 m,
- hauteur maximale des vagues au niveau du barrage : 2 à 4 m (sans incidence sur la
structure de l'ouvrage).

Compte tenu de la tendance d'évolution du glissement et des résultats des calculs de


hauteur de vagues, le Préfet de l'Isère a décidé la mise en œuvre des mesures de sécurité
suivantes : suspension des navettes lacustres (en fonctionnement dès le 27 avril 2015 et
remplacées par des navettes héliportées), interdiction d'accès aux berges de la retenue et
aux sentiers de randonnée sur les versants sud et nord, et confinement des habitants des
hameaux des Aymes et de Singuigneret quelques heures avant une éventuelle rupture
brutale. Ces mesures ont été maintenues jusqu'à mi-août 2015.

La rupture brutale n'étant pas intervenue, il a été décidé dans les jours suivants :
- d'examiner la faisabilité technique d'une purge au moins partielle du glissement par
terrassement et minage. Cette solution présente de nombreuses incertitudes,
- et d'évaluer la sensibilité du glissement aux variations du niveau d'eau de la retenue.

10
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l'Ingénieur - Nancy 2016

Un protocole de montée par paliers suivie d'une descente brutale du niveau d'eau a ainsi
été mis en œuvre sur quelques jours par EDF. Les résultats sont présentés sur le
graphique de la figure 10.b) et sont concordants avec les calculs présentés à la figure 7.b)
ci-avant : une élévation de 3,5 m du niveau d'eau a conduit à une augmentation des
vitesses (après un délai de réaction du massif d'environ 24 heures), une diminution du
niveau d'eau à une vitesse de 1 m/j (vitesse maximale possible) a conduit à une
diminution des vitesses et ne permet pas d'atteindre des conditions de vidange rapide.

3.3 Seconde « crise » de juillet 2015

Compte tenu des résultats du protocole exposés ci-avant et dans le but d'accélérer le
glissement, le Préfet de l'Isère a décidé d'élever le niveau d'eau de la retenue à partir du
20 juillet 2015 pour atteindre la plus haute cote possible (NGF +1014,5), en débutant en
parallèle la procédure de requalification du barrage.

Dans la nuit du 26 au 27 juillet 2015, les vitesses de déplacement ont dépassé 750 cm/j,
avec une tendance nette à l'accélération (cf. figure 11, la dernière cible disponible, C10, a
été perdue en milieu de nuit). La rupture brutale n'est cependant pas intervenue, les
déplacements totaux du compartiment 1 ont été estimés de l'ordre de 15 à 20 mètres.

Cote NGF du niveau d'eau

(délai avant probable évènement : moins de 24 h)

Figure 11. Évolution de la courbe (1/Vm24) de la cible C10 fin juillet 2015.

Comme pour la première « crise » de juillet 2015, le ralentissement des vitesses résulte
très certainement de la modification de la géométrie du glissement induite par les grands
déplacements. Le volume total de matériaux glissés et/ou éboulés au fond de la retenue
au cours du mois de juillet 2015 a été estimé de l'ordre de 100 000 m³ à partir de relevés
LiDAR, ce qui représente environ un sixième du volume total initial du glissement.

4. Interprétation

Le déclenchement du glissement s'est produit 80 ans après le premier remplissage du


barrage. Il existe de nombreux cas historiques de réactivation d'anciens mouvements de
terrain au cours ou dans les mois suivant le premier remplissage d'un barrage : Grand
Coulée aux USA, Pontesei (1959) et Vajont (1963) en Italie, Grand'Maison (1986) et
Puylaurent (1996) en France (Thomaïdis et al. 2001), Trois-Gorges en Chine, etc.

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Le contexte du site, les observations et mesures, le comportement du glissement de


terrain nous conduisent à proposer la succession de phases décrites ci-après.

4.1 Phase de pré-rupture jusqu'à début avril 2015

Les désordres affectant le tunnel, similaires à certains analysés par Causse (2015),
étaient compatibles avec l'existence d'un mouvement de versant, très lent, selon une
direction principale oblique par rapport à la direction de l'ouvrage. Cette direction
principale correspond approximativement à celle de la ligne de plus grande pente du
versant (cf. figure 5). Ce dernier se trouvait très certainement dans un état proche de
l'équilibre avant le début du percement du tunnel en 1931 (forte pente, érosion en pied par
la Romanche, contraintes de cisaillement élevées mais inférieures à la résistance au
cisaillement instantanée de pic de la matrice des schistes) et était affecté par des
déformations très lentes de fluage sous cisaillement selon des mécanismes analogues à
ceux décrits par Vyalov et Maksimyak (1976) : réarrangement de la structure et
développement progressif de défauts (microfissuration et coalescence des fissures).

En effet, les schistes du massif, du fait de leurs principales caractéristiques physiques et


mécaniques (marnes métamorphisées, fortement anisotropes, très altérables et peu
résistantes), peuvent être rattachés à la famille des Sols Indurés Roches Tendres (SIRT),
présentant un comportement mécanique intermédiaire entre sols et roches. Ces schistes
sont doués de fluage.

Ter-Stepanian (1996) a montré que l'intensité des déformations de fluage dépendait, en


particulier, du rapport de contraintes q/p', où q la contrainte déviatorique et p' désigne la
contrainte effective moyenne régnant dans le versant. La présence d'eau dans le massif,
en lien avec la retenue du barrage, a pu modifier l'état initial des contraintes (diminution de
p' en pied de versant avec q constant), ce qui a pu créer les conditions d'une
augmentation de la vitesse des déformations de fluage. Au cours de cette phase de pré-
rupture (« fluage profond »), les déformations se sont produites dans de larges zones du
massif. Du fait du phénomène de concentration du fluage avec le temps, ces zones ont eu
tendance à s'amincir graduellement jusqu'à former des bandes étroites et devenir le siège
d’un fluage non amorti (« accéIéré » ou « désordonné »). Le processus a conduit à une
rupture totale en cisaillement selon une unique surface située au voisinage de la voûte du
tunnel dans la zone des désordres historiques.

4.2 Phase de rupture entre début avril 2015 et début juillet 2015

Les observations de terrain nous permettent de formuler l'hypothèse du développement de


la surface de glissement à travers le massif encore peu remanié selon un mécanisme de
rupture progressive, du haut vers le bas, favorisé par certaines conditions (champ de
contraintes non homogène, comportement supposé dilatant radoucissant de la matrice
des schistes, faible confinement, hautes contraintes de cisaillement).

Peu d'observations sont disponibles quant à la progression en profondeur des surfaces de


glissement dans le cadre de phénomènes de type "first time failure". Petley (2004) a par
exemple réinterprété la rupture d'un talus d'une hauteur d'environ 20 mètres dans les
Argiles du Gault à Selborne en Grande-Bretagne en 1989. La rupture progressive a été
déclenchée artificiellement par une élévation lente et contrôlée des pressions d'eau dans
le massif pendant une période de 180 jours.

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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l'Ingénieur - Nancy 2016

L'allure des courbes (1/V) en fonction du temps obtenues à Selborne est similaire à celle
présentée sur le graphique de la figure 10.a) et peut donc renseigner sur le mode de
rupture du massif :
- une tendance linéaire traduirait l'initiation et la propagation de fractures,
- et une tendance asymptotique un glissement le long d'une unique surface bien définie.

4.3 Phase de post-rupture après début juillet 2015

La phase de post-rupture à partir du 6 juillet 2015 jusqu'à aujourd'hui est caractérisée par
l'existence de phases de réactivation du glissement de terrain en relation avec des
épisodes d'élévation du niveau de la retenue (requalification en deux étapes : au cours de
la seconde quinzaine de juillet 2015 et lors du mois de mai 2016) ou des périodes
d'augmentation des circulations d'eau naturelles dans le massif en lien direct avec la
pluviosité (hiver 2015). Les déplacements totaux du compartiment 1 depuis le
1er août 2015 ont ainsi atteint au moins 2 à 3 mètres.

5. Conclusions

Le déclenchement du glissement du Chambon en 2015, selon un mécanisme de rupture


progressive, fait suite à une longue phase de pré-rupture, s'étalant sur plusieurs dizaines
d'années au minimum et mettant en jeu le comportement mécanique particulier des
schistes armant le versant.

Le cas du glissement du Chambon illustre les difficultés parfois rencontrées pour identifier
et interpréter les phénomènes en jeu (fluage, influence de la viscosité, etc.), prévoir leur
évolution et anticiper la survenue d'évènements brutaux susceptibles d'impacter certains
axes de communication sensibles. Au cours de la gestion des « crises », l'analyse en
quasi temps réel des mesures disponibles a cependant apporté des renseignements
précis sur le stade d'évolution du glissement aux géologues mobilisés (CD38, SAGE, EDF,
RTM38 et Cerema). Elle a permis de réactualiser régulièrement la connaissance du
phénomène, et ainsi de rendre l'appui technique au Préfet le plus pertinent possible.

6. Références bibliographiques

Causse L. (2015). Analyse et modélisation des interactions géomécaniques entre tunnels


et versants instables. Thèse de doctorat, École Nationale Supérieure des Mines de
Paris, France.
Gidon M. (2001). Les massifs cristallins externes des Alpes occidentales françaises sont-
ils charriés ?. Géologie alpine, n°77, 23-38.
Petley D.N. (2004). The evolution of slope failures : mechanisms of rupture propagation.
European Geosciences Union, Natural Hazards and Earth System Sciences, Volume 4,
147-152.
Ter-Stepanian G. (1996). Concentration du fluage avec le temps. Revue Française de
Géotechnique, n°74, 31-43.
Thomaïdis C., Devèze G., Dubie J.Y. (2001). Mouvements de versants des retenues
hydroélectriques - Retour d'expérience et gestion du risque. Revue Française de
Géotechnique, n°95-96, 165-176.
Vyalov S.S. Maksimyak R.V. (1976). Étude du mécanisme de déformation et de rupture
des sols argileux. Bulletin de liaison des laboratoires des Ponts et Chaussées, n°86,
61-74.

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Journées nationales de Géotechniques et de Géologie de l'Ingénieur – Nancy 2016

SOURNOISERIES DE L'EAU DANS LE SOL SUR LE SITE DE LA


4ÈME ÉCLUSE DE LANAYE À VISÉ (BELGIQUE)

SLYNESSES OF WATER INTO THE SOIL AROUND THE 4TH LOCK OF


LANAYE IN VISÉ (BELGIUM)

Philippe Welter1
1
Service Public de Wallonie, Direction Générale Opérationnelle des Routes et des
Bâtiments, Département des Expertises Techniques, Direction de la Géotechnique,
B – 4000 Liège, Belgique

RESUME - Le Canal Albert, à vocation essentiellement économique, relie le bassin


industriel de Liège à la zone portuaire d'Anvers. Inauguré en 1939 au gabarit de
2000 tonnes, il a fait l'objet de nombreux aménagements ultérieurs pour le porter au
gabarit de 9000 tonnes. Tout au long de son histoire, des travaux de drainage et de
canalisation des eaux souterraines autour et sous le canal ont été menés.
Au travers de différents épisodes rencontrés ces dernières années, au "Bouchon de
Lanaye" et liés aux sournoiseries des écoulements souterrains, l'article illustre le
combat souvent délicat et permanent que nos infrastructures hydrauliques
nécessitent pour tenter de réguler les effets de l'eau dans le sol.

ABSTRACT - The Albert Canal is a link between the industrial zone of Liège and the
harbour of Anvers. Unveiled in 1939, with a weight clearance for barges of 2000
tons, it has been redesigned up to a weight clearance of 9000 tons. Along its life, a
lot of drainage and canalizing works of underground waters around and below the
canal have been carried on.
Through some problems encountered the last years, due to slynesses of
underground waters, the paper illustrates the fastidious and permanent battle against
the effects of the water into the soil.

1. Le Canal Albert dans sa section mosane

Le Canal Albert est un canal à vocation essentiellement économique. Il relie le bassin


industriel de Liège à la zone portuaire d'Anvers et traverse le bassin houiller de la
Campine (Figure 1). Partant de Liège vers le nord, il double le cours sinueux et étalé
de la Basse Meuse qui est difficilement navigable. Arrivé à la hauteur du village de
Lanaye (Commune de Visé – Province de Liège), son tracé s'oriente vers le nord-
ouest et la Campine pour rejoindre l'Escaut au niveau du Port d'Anvers.
Inauguré en 1939, après 9 ans de travaux, le Canal Albert a été conçu, dès le départ,
pour un gabarit de barges de 2000 tonnes. Il augmentait, dans le secteur mosan, les
capacités de transport fluvial de l'ancien Canal Liège-Maastricht.
Durant les années 1960-1970, des travaux d'aménagement sont entamés pour le
porter au gabarit actuel de 9000 tonnes.

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Journées nationales de Géotechniques et de Géologie de l'Ingénieur – Nancy 2016

Figure 1. Tracé du Canal Albert entre Liège et Anvers

2. Le site de Lanaye

2.1. Contexte fluvial

Le complexe éclusier de Lanaye (souvent dénommé "Bouchon de Lanaye") est situé


dans la commune de Visé à 25 km au Nord de Liège, à cheval sur la frontière belgo-
néerlandaise. Il relie le Canal Albert à la Meuse néerlandaise via le Canal de Lanaye
(bief de l'ancien Canal Liège-Maastricht).
Les écluses permettent la connexion fluviale entre la Wallonie et les Pays-Bas. Elles
sont empruntées également par des bateaux en provenance des zones industrielles
campinoise et anversoise de la Région flamande. Par extension, ce carrefour fluvial
stratégique donne aussi accès aux réseaux des voies navigables belge et français,
d’une part, et néerlandais, allemand et centre européen, d’autre part, via le Rhin et le
Danube.

Le complexe éclusier, composé aujourd'hui de 4 écluses (Figure 2), permet à la


navigation commerciale et de plaisance de franchir une chute de près de 14 mètres
pour rejoindre l'ancien canal Liège-Maastricht (actuellement Canal de Lanaye) et le
réseau fluvial hollandais:
• deux écluses construites en 1934-1936 au gabarit de 600 tonnes,
• une écluse construite à la fin des années 1950 au gabarit de 2000 tonnes
(136m x 16m),
• une écluse, inaugurée en 2015, au gabarit de 9000 tonnes (225m x 25m).

15
Journées nationales de Géotechniques et de Géologie de l'Ingénieur – Nancy 2016

Figure 2. Vue perspective du complexe éclusier de Lanaye

Entre Liège et le Bouchon de Lanaye, le Canal Albert est réalisé entre le pied du
versant ouest de la vallée de la Basse Meuse et le fleuve.
Les relèvements de son plan d'eau au cours des aménagements successifs qui ont
suivi sa construction pour le porter au gabarit de 9000 tonnes, ont conduit à un profil
transversal mixte déblai (rive gauche) – remblai (rive droite) et à la réalisation
d'importants murs-digues en rive droite, notamment pour l'aménagement de zones
portuaires et la protection des villages situés entre le Canal Albert et la rive gauche
de la Basse Meuse.

2.2. Contextes géologique et géotechnique

A l'approche du "Bouchon de Lanaye" en venant de Liège, le Canal Albert court au


pied du versant ouest de la vallée de la Meuse. Ce versant très abrupt qui atteint
plus de 40 mètres de hauteur à proximité du complexe éclusier de Lanaye, offre un
affleurement géologique particulièrement détaillé. Une coupe lithostratigraphique est
présentée à la Figure 3.

Sous les remblais et autres modifications anthropiques, la couverture cénozoïque est


constituée du haut vers le bas :
• de loess (LIM) : limon éolien dont l'épaisseur peut atteindre plus de 10 mètres
sur les plateaux,
• de dépôts sablo-argileux (SBL) : sable comprenant des lentilles d’argile
sableuse. Ils sont localisés, dans les poches de dissolution de la craie sous-
jacente ou sont mélangés avec le conglomérat à silex qui est le résidu
d'altération des couches de craie,
• d'alluvions anciennes (ALA) : ce sont d’anciennes terrasses de la Meuse,
constituées de limon sableux à galets, de sable et d’argile.

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Journées nationales de Géotechniques et de Géologie de l'Ingénieur – Nancy 2016

Figure 3. Coupe lithostratigraphique à Lanaye

Les dépôts sédimentaires mésozoïques, datant du Crétacé, sont constitués du haut


vers le bas :
• du conglomérat à silex (Sx); résidus de la dissolution et du lessivage des
formations carbonatées mésozoïques. Son épaisseur peut atteindre 10
mètres,
• de la Formation de Maastricht (MAA) : calcaire bioclastique poreux (tuffeau),
brun crème à blanc crème avec des bancs continus de silex à la base,
• de la Formation de Gulpen (GUL) : craie blanche et grossière à niveaux
continus de silex noirs qui surmonte une craie grise, plus argileuse,
• de la Formation de Vaals (VAA) : argile et siltite, glauconifères, gris-vert. La
glauconie est une association de minéraux argileux, dont la smectite qui
possède un comportement de gonflement-retrait très marqué, en relation avec
son état hydrique.

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Journées nationales de Géotechniques et de Géologie de l'Ingénieur – Nancy 2016

Plusieurs niveaux sont encore ou ont été exploités : les silex dont la taille permet la
réalisation de pierres ornementales ou de pavés, les bancs de tuffeaux pour la
réalisation de pierres de construction et la craie pour la fabrication du ciment.
Ainsi, au cœur de la Montagne Saint-Pierre, entre la Tranchée de Caster (début de la
branche campinoise du Canal Albert) et le Canal de Lanaye, un important réseau
d'anciennes exploitations souterraines, encore circulable aujourd'hui, parcourt le
massif.
Les dépôts mésozoïques sont localement altérés et présentent des traces de
phénomènes karstiques, bien visibles sur les flancs de la vallée et dans les
anciennes exploitations souterraines.

Dans la vallée, au pied des parois crayeuses, sous les remblais éventuels, les
alluvions modernes (AMO) composent les dépôts récents de la plaine alluviale de la
Meuse. Elles sont constituées d’un horizon sablo-graveleux, surmonté d’un niveau
limono-argileux, pouvant être tourbeux. Ces alluvions ont une épaisseur qui peut
dépasser les 10 mètres. Elles reposent directement sur les craies blanches de la
Formation de Gulpen.

Au droit du site éclusier de Lanaye, la nouvelle Carte Géologique de Wallonie


indique que le socle paléozoïque est constitué de roches calcaires de la Formation
de Visé (VIS, Tournaisien-Viséen, Carbonifère) (Figure 4).
Selon les nouvelles données, les dépôts houillers, très présents dans la région
liégeoise, ont été complètement érodés aux environs de la frontière avec les Pays-
Bas.

Montagne
Saint-Pierre

Figure 4. Extrait de la Nouvelle Carte Géologique de Wallonie

18
Journées nationales de Géotechniques et de Géologie de l'Ingénieur – Nancy 2016

Sur le plan géotechnique, de nombreux sondages et essais sur site, complétés par
des essais de laboratoire ont été exécutés au fil des travaux de creusement et
d'aménagement du Canal Albert. Au "Bouchon de Lanaye", les études
géotechniques pour la construction de la 4ème écluse ont débuté en 1985 et se sont
échelonnées jusqu'en 1997 (Tableau 1).

29 essais de pénétration statique 200kN


24 forages de reconnaissance d'une profondeur moyenne de 20m dont
certains sont équipés de piézomètres
1986-1987
10 sondages avec essais pressiométriques
4 forages de reconnaissance avec essais de perméabilité type
LEFRANC et diagraphies différées (gamma-gamma, gamma-ray)
des essais de laboratoire sur les échantillons prélevés dans les
1988-1989
forages de reconnaissance
la régénération des piézomètres 1993
des essais de pompage 1997

Tableau 1. Synthèse de la campagne géotechnique pour la 4ème écluse

Par ailleurs, des essais géotechniques sur site ont été réalisés pour des
aménagements et travaux périphériques (Tableau 2).

3 essais de pénétration statique 200kN pour l'étude des fuites du


Canal Albert
3 forages de reconnaissance avec diagraphies différées (gamma-
1986
gamma, gamma-ray) pour l'étude des fuites du Canal Albert
6 forages de reconnaissance d'une profondeur moyenne de 15m pour
la création d'une zone de remblais

Tableau 2. Etudes géotechniques annexes

A l'issue de la première phase de l'étude géotechnique (1986-1989), le rapport de


synthèse présentait les conclusions suivantes :

• Une géologie générale assez simple avec les caractéristiques géotechniques


décrites ci-après :
 Remblais : ils sont localement présents et de nature fort hétérogène. Les
résistances à la pointe (essais CPT) varient entre 2 et 6 MPa. On observe
toutefois localement des pointes entre 10 et 30 MPa, liées à la présence
d'hétérogénéités locales telles que des pierres et des blocs. Peu de
mesures pressiométriques sont disponibles dans cet horizon. Les modules
pressiométriques EM varient entre 2 et 5 MPa. Localement, ils dépassent
50 MPa,
 Alluvions limono-argileuses : elles sont généralement présentes sur
plusieurs mètres d'épaisseur. Les résistances à la pointe sont souvent
inférieures à 2 MPa, voire à 1 MPa. Les modules pressiométriques EM
varient entre 1 et 2 MPa. Localement, ils atteignent 5 à 6 MPa. Leur
perméabilité k (déterminée sur site par essai type Lefranc) est de l'ordre de
10-7 m/s,

19
Journées nationales de Géotechniques et de Géologie de l'Ingénieur – Nancy 2016

 Alluvions sablo-graveleuses : On observe de fortes teneurs en limon et en


argile. Leur niveau de base qui surmonte les craies est très irrégulier. Les
résistances à la pointe sont généralement comprises entre 20 et 30 MPa,
avec localement des pointes jusqu'à 50 MPa. Certains essais révèlent des
valeurs proches de 10 MPa. Les modules pressiométriques EM varient
entre 5 et 20 MPa. Localement, ils dépassent 70 MPa. Leur perméabilité k
(déterminée sur site par essai type Lefranc) est de l'ordre de 10-5 m/s,
parfois de l'ordre de 10-6 m/s,
 Substratum crayeux : La partie supérieure de cet horizon est généralement
très déconsolidé, parfois sur près de 10 mètres d'épaisseur. Les
résistances à la pointe sont généralement comprises entre 6 et 10 MPa,
avec localement des pointes jusqu'à 14 MPa. Les modules
pressiométriques EM varient entre 20 et 50 MPa. Dans les zones
particulièrement déconsolidées, on mesure des modules pressiométriques
EM de l'ordre de 6 MPa. Dans les zones très compactes, ils atteignent 200
à 300 MPa. La perméabilité k (déterminée sur site par essai type Lefranc)
est de l'ordre de 5x10-4 m/s.

Selon l’endroit, certaines entités sont absentes. La figure 5 montre une coupe
géotechnique schématique à l'entrée du site éclusier de Lanaye.

Figure 5. Coupe géotechnique schématique à l'entrée du site éclusier de Lanaye.


Niveau du Canal Albert : +61m – Niveau de la Meuse : +46,32

• Beaucoup de variations lithologiques et topographiques des différents sols :


 hétérogénéités des remblais liées aux phases successives
d’aménagement du site,
 hétérogénéités des alluvions liées à leurs modes de dépôt (anciens cours
de la Meuse) et/ou d’extraction (exploitations des graviers),
 hétérogénéités du substratum crayeux liées à l’érosion et aux phénomènes
d’altération (ex: conduits karstiques, altération du toit, fissuration).

• D'autres problèmes géotechniques :


 hétérogénéités des nappes et écoulements souterrains (hydrogéologie),

20
Journées nationales de Géotechniques et de Géologie de l'Ingénieur – Nancy 2016

 difficultés d'accès à certains endroits (anciens bras de Meuse et présence


d'ouvrages existants).

Alors que les essais de perméabilité de type Lefranc indiquaient que le substratum
crayeux était plus perméable que les alluvions sablo-graveleuses, des essais de
pompage, réalisés en 1997 sur une période de 40 jours, avec 2 puits de pompage
(un puits dans les alluvions sablo-graveleuses et un puits dans la craie) entourés de
7 piézomètres ont révélé un comportement très différent des aquifères :

• l'aquifère des graviers est libre, avec une transmissivité T élevée :


T gravier = 0.5 à 3x10-1m²/s,
• l'aquifère des graviers peut être considéré comme un réservoir permanent et
infini. L'alimentation des graviers est supérieure à ce qui est transmis vers la
craie,
• l'aquifère des graviers alimente en permanence les craies,
• l'aquifère des craies est semi-captif, avec une transmissivité T assez faible:
T craie = 4x10-4m²/s,
• un rabattement dans la craie n'induit pratiquement pas de rabattement dans
les graviers,
• l’aquifère crayeux doit être considéré:
 comme semi perméable,
 en communication avec une nappe à niveau constant (celle des
graviers),
 avec une éponte de transfert semi-perméable à emmagasinement
négligeable,
 durant un pompage, avec un écoulement dans les craies augmenté
d'un débit venant des graviers,
 avec un écoulement de l'eau à travers un réseau de fissures plus ou
moins développé.
• un pompage dans les graviers induit une réaction (diminution de la pression
hydraulique) similaire et immédiate dans les craies.

Pour caractériser l'hydrogéologie et le comportement des aquifères dans un contexte


géotechnique complexe, il est toujours recommandé de privilégier les essais sur site
qui intéressent un grand volume de sol. Les essais de pompage à grande échelle
permettent ainsi de spécifier les types d'écoulement d'eau souterraine : perméabilité
volumique ou de fissures, écoulement laminaire ou turbulent, aquifère libre, captif ou
semi-captif.

3. Les circulations d'eau souterraine

3.1. Le drainage derrière les murs de rive

Depuis la construction du canal dans les années 1930, les ingénieurs ont été
confrontés à des problèmes de fuite, particulièrement le long de la rive droite du
Canal Albert entre Liège et Visé. En effet, sur une grande partie de son tracé, le
Canal Albert est localisé dans la partie haute de la plaine alluviale et son niveau de
flottaison est plus élevé que le niveau de la Meuse qui franchit deux chutes aux

21
Journées nationales de Géotechniques et de Géologie de l'Ingénieur – Nancy 2016

barrages de Monsin (sortie de Liège) et de Lixhe (un peu à l'amont de Lanaye), avant
de faire sa jonction avec le Canal de Lanaye, à l'aval du "Bouchon de Lanaye".
Lors des travaux de mise au gabarit de 9000 tonnes, les nouveaux murs-digues en
rive droite du canal (Figure 6), qui sont pour la plupart fondés sur des pieux battus et
moulés dans le sol (type FRANKI) verticaux ou inclinés et traversant les alluvions
compressibles de la vallée de la Meuse, ont été équipés d'un parafouille du côté
canal, constitués d'un rideau oblique de palplanches en bois, en béton ou en métal,
selon l'époque des travaux. Ces structures ont vieilli et nécessité régulièrement des
travaux de réfection.

Figure 6. Mur de quai existant à l'amont

En rive gauche, entre Lixhe et Lanaye, le canal est creusé à la base du flanc ouest
de la vallée (Figure 5). Il est pourvu d'un perré incliné ou de murs de quai en béton.
Un parafouille incliné, du même type que celui de la rive droite, empêche la
communication des eaux entre le canal et le sol.
Derrière les structures de rive, un drain-pertuis récolte toutes les eaux, en particulier
celles des ruisseaux et rivières venant du plateau, e.a. le ruisseau de La Loën. Ce
pertuis de rive gauche passe sous la branche campinoise du canal à l'entrée de la
Tranchée de Caster pour aboutir dans le Canal de Lanaye, quelques dizaines de
mètres à l'aval des deux petites écluses.

3.2. Les circulations d'eau souterraine entre le Canal Albert et le Canal de


Lanaye

Entre la branche campinoise du Canal Albert et le Canal de Lanaye, sous le


promontoire de la Montagne Saint-Pierre qui a été progressivement entaillé au cours

22
Journées nationales de Géotechniques et de Géologie de l'Ingénieur – Nancy 2016

des travaux d'aménagement de la confluence et autour du complexe des deux


petites écluses de 600 tonnes, des circulations d'eau dans le sol se sont très vite
manifestées.
Les raisons essentielles de ces circulations sont les suivantes :
• le relèvement du plan d'eau à l'amont des deux écluses a accentué le gradient
hydraulique de l'eau dans le sol entre l'amont et l'aval,
• l'étanchéité du fond du canal, en section courante, est constituée par un corroi
en limon, qui peut s'avérer sensible à l'érosion.
• sous le corroi, les niveaux de craie, essentiellement subhorizontaux, facilitent
les circulations d'eau souterraine,
• la craie plus ou moins altérée renferme un important réseau de fissures liées
e.a. au développement de phénomènes karstiques,
• la présence du pertuis de la Loën, sous le Canal Albert, constitue un axe de
drainage préférentiel des eaux souterraines.

D'importants désordres sont apparus :


• des tassements différentiels de plusieurs centimètres du sol et du dallage en
surface aux abords des écluses,
• des déformations et des venues d'eau au travers des bajoyers des écluses,
observées lorsqu'elles étaient en position basse,
• la formation périodique de trous au fond du Canal Albert, avec érosion du
corroi, nécessitant des comblements par apport de béton pompé
• des venues d'eau au travers de l'imposant mur de berge aval, au pied de la
Montagne Saint-Pierre.

Après une étude géotechnique détaillée comprenant des sondages géotechniques et


de la prospection géophysique, d'importants travaux d'étanchéité ont été menés à
l'amont du site éclusier (Figure 7).

Figure 7. Travaux d'étanchéité

23
Journées nationales de Géotechniques et de Géologie de l'Ingénieur – Nancy 2016

Une fois la zone concernée mise à sec, sous la protection de batardeaux en


palplanches, on a procédé successivement :
• à l'enlèvement du corroi existant,
• au remaniement du tuffeau et à l'enlèvement des silex apparents au fond du
terrassement,
• à la pose d'une couche de sable,
• à la pose d'une membrane d'étanchéité,
• au bétonnage d'une dalle en béton au fond et sur les berges du canal,
• au confortement du sol autour des écluses,

Tous ces travaux ont été menés avec la contrainte d'assurer la navigation en
permanence.
Ces travaux ont permis de solutionner durablement les phénomènes intempestifs de
circulation d'eau souterraine à la confluence du Canal Albert et du Canal de Lanaye.

3.3. Les circulations d'eau souterraine entre le Canal Albert et la plaine


alluviale

Les travaux de construction de la 4ème écluse de Lanaye (2012-2015) ont été réalisés
à l'abri d'enceintes étanches permanentes ou temporaires, fichées jusque dans la
craie :
• rideaux provisoires ou définitifs (servant alors comme parafouille) de
palplanches métalliques dans le bief amont et dans le bief aval,
• parois moulées dans le sol et tirantées pour le sas de la nouvelle écluse et la
CHSP (Centrale Hhydroélectrique et Station de Pompage) réalisée entre les
3ème et 4ème écluses.

L'épuisement des fouilles a été réalisé par un réseau de puits de pompage recoupant
l'entièreté de la couche d'alluvions sablo-graveleuses. Ce dispositif était placé à
l'intérieur des enceintes étanches.

Si le rabattement dans les fouilles s'est déroulé correctement par rapport aux
prévisions, des venues d'eau localisées, parfois importantes, ont été observées :
• lors de la réalisation de plusieurs tirants d'ancrage, il a été nécessaire
d'injecter le sol au niveau des têtes d'ancrage pour arrêter les venues d'eau
dont les débits atteignaient parfois, plusieurs litres par seconde. Ces
phénomènes ont particulièrement été marqués en rive gauche, dans la paroi
moulée la plus proche de la 3ème écluse.
• lors de la réalisation de la CHSP, des venues d'eau ont été observées au fond
de la fouille réalisée à l'abri de la paroi moulée d'enceinte. Pour réaliser le
bétonnage correct du radier de l'ouvrage, il a été nécessaire de réaliser
quelques puits de décharge, en fond de fouille.

Beaucoup de ces venues d'eau étaient localisées à proximité de la 3ème écluse dont
l'étanchéité des ouvrages (bajoyers, drains périphériques, parafouilles) s'était sans
doute détériorée avec le temps, malgré des travaux réguliers de rénovation.

Durant tout le chantier, plusieurs piézomètres équipés de sondes automatiques de


mesures à télétransmission, principalement localisés entre les ouvrages préexistants

24
Journées nationales de Géotechniques et de Géologie de l'Ingénieur – Nancy 2016

et la 4ème écluse, ont permis aux différents intervenants (Maître d'Oeuvre, Bureaux
d'Etudes internes et externes et de Contrôle technique, Entreprises) de suivre en
temps réel les évolutions des niveaux piézométriques et des écoulements d'eau
souterraine et de prendre les mesures nécessaires pour la sécurité des travaux et
des ouvrages. Le suivi piézométrique fut particulièrement utile et nécessaire pendant
la phase de terrassement et de construction du bajoyer gauche de la 4è écluse au
droit de la CHSP déjà réalisée, alors soumise à des poussées horizontales
dissymétriques.

Immédiatement après la mise sous eau de la zone du Canal Albert à l'amont de la


4ème écluse (juin 2015), des mouvements verticaux et horizontaux du sol se sont
manifestés sous la nouvelle voirie longeant le mur de quai en rive droite à l'approche
de l'écluse (Figure 8).

déformations du sol

Figure 8 – Zone de déformations du sol observées depuis juin 2015

Ces mouvements ont atteint assez rapidement plusieurs centimètres d'amplitude. En


mai 2016, ils atteignaient localement plus de 10cm, tant horizontalement que
verticalement.

Des inspections par plongeurs ont révélé l'apparition de trous dans le corroi
d'étanchéité et des écoulements d'eau du canal vers le substratum sablo-graveleux
alluvionnaire avec érosion du sol. Dans le dernier trou observé (avril 2016), le
comblement du trou a nécessité l'apport de plusieurs m³ de béton. Des essais de
traçage au départ des trous ont indiqué une vitesse de circulation du traceur
comprise entre 0,4 et 1,0 m/min, entre les trous dans le canal et le drain et le remblai
situés derrière le mur de quai.

Plusieurs piézomètres et inclinomètres ont rapidement été installés dans la zone et


relevés de manière hebdomadaire. Ils ont montré que ce sont les circulations d'eau
dans les graviers et les remblais situés sous et derrière le mur de quai, induites par
les affouillements au fond du canal, qui sont à l'origine des désordres observés au

25
Journées nationales de Géotechniques et de Géologie de l'Ingénieur – Nancy 2016

niveau de la voirie. La localisation de ces désordres, à proximité immédiate de la


jonction entre le nouveau mur de quai conduisant à la 4ème écluse et un ancien mur
de quai, construit lors de la réalisation de la 3ème écluse, en prévision déjà de la 4ème,
laisse supposer un point de faiblesse dans l'étanchéité du corroi et/ou des ouvrages
de berge dans cette zone. Les solutions durables à apporter sont en cours d'étude.

4. Conclusion et remerciements

Dans un environnement complexe, en présence d'une géologie assez hétérogène et


sur un site profondément remanié par l'homme au cours du temps, la modélisation
précise des écoulements d'eau dans le sol est rendue très difficile.
Dans le cas présenté, les études géotechniques préliminaires ont été complétées par
un suivi instrumental particulièrement adapté avant, pendant et après les travaux, en
suivant les principes de la méthode observationnelle préconisée dans l'Eurocode 7.

Je remercie tous les intervenants sur ce projet, au niveau des travaux du génie civil :
• la Direction des Voies hydrauliques de Liège
• le Bureau d'Etudes Greisch s.a.
• l'Entreprise Besix s.a.
• le Bureau de Contrôle technique Semaco

et bien sûr mes collègues de la Direction de la Géotechnique pour m'avoir permis de


rassembler ici les principaux éléments liés aux "sournoiseries de l'eau dans le sol sur
le site de la 4ème écluse de Lanaye à Visé (Belgique)".

26
Conception et durabilité des ouvrages
géotechniques

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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

CONCÉPTION D’UN DISPOSITIF DE RÉFECTION DURABLE POUR


REMÉDIER À UN GLISSEMENT DE TERRAIN

DESIGN OF A SUSTAINABLE REPAIR DEVISE TO REMEDY SLOPE FAILURE

Tahar Ayadat,
Université de Prince Mohammad Bin Fahd, Al-Khobar, Arabie Saoudite

RÉSUMÉ – La construction est un domaine périlleux. Parmi ces périls on peut citer par
exemple les dommages et les désordres survenus dans les propriétés à cause des
glissements de terrains. Le glissement d’une pente se produit lorsque les sollicitations
déstabilisantes des matériaux du talus, dû à la gravité et les contraintes de cisaillement,
dépassent la résistance au cisaillement. Plusieurs facteurs peuvent conduire à
l’augmentation des contraintes de cisaillement ou à la diminution de la résistance au
cisaillement, incluant l’érosion et altération de la géométrie du talus.
Cette communication représente le cas d’un glissement de terrain sur un tronçon d’une
route régionale. Il discute la vérification de la stabilité dudit talus, les causes des
désordres observés au niveau du terrain, ainsi que le dispositif de réfection durable et la
méthode de sa mise en place. Les mesures correctives ont été conçues selon une
perspective de performance, d’adaptabilité et de durabilité .

ABSTRACT – The domain of construction is a perilous area. These perils include for
example the damages and disorders occurring in the properties due to slope failure and
landslides. Slope failure occurs when destabilizing forces or solicitations acting on slope
materials, caused by gravity and shear stresses, exceed the materials’ shear strength.
Many factors might driving the increase in shear stresses and reducing material shear
strength, including erosion and alteration of slope geometry.
This communication represents the case of a slope failure on a section of a regional
road. It discusses the slope stability verification, the causes of the disorders observed in
the section of the road, and also the sustainable repair method and its implementation.
The remedial measures were designed according to a perspective of performance,
adaptability and sustainability.

1. Introduction

Le glissement des talus (la rupture des pentes) peut se produire rapidement ou
progresser graduellement sur une période de plusieurs années. Les modes de rupture
des pentes comprennent : 1- un mouvement de rotation le long d'une surface courbe qui
donne un effet d’affaissement, 2- des cales ou des blocs qui se déplacent le long d'une
surface plane généralement le long d'une base inclinée, ou 3- une combinaison des deux.
Le développement de pressions interstitielles positives, perte de résistance du matériau à
cause des intempéries, la déclivité excessive, et la faiblesse des matériaux de fondation
contribuent tous à des conditions d’instabilité des pentes.
Dans le présent article une étude de cas d’un glissement de terrain sur un tronçon
d’une route régionale d’environ 40,0 m a été menée. L’étude comprenne une analyse de
la stabilité du talus, le diagnostic des causes du glissement, la proposition de la méthode
de réflexion, ainsi que la méthode de mise en place de la solution proposée. Les mesures
correctives ont été conçues selon une perspective de performance, d’adaptabilité et de
durabilité.

1
28
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2. Description du problème et du site

Un glissement de terrain s’est produit le 21 avril 2008 sur un tronçon d’une route
régionale, reliant deux petites villes ayant une population d’environ 6000 habitants. Le
glissement s’est produit dans la partie concave d’un méandre prononcé sur la rive gauche
de la rivière adjacente à la route. Il s’agit d’un glissement rotationnel dans un talus
argileux de 4 m de hauteur. L’escarpement arrière de la cicatrice a une hauteur de 1,5 m
suivant une inclinaison de 52°. La distance minimale entre cet escarpement et la route est
d’environ 3 m. Une fissure avec un rejet de 0,25 m n’est située qu’à 0,80 m de la route
alors qu’une microfissure a été observée dans l’accotement de la route à 0,30 m de la
surface pavée.
La cicatrice du glissement a une largeur de 17 m mesurés parallèlement à la route.
Une accumulation de blocs et de cailloux provenant de l’épierrage des champs a été
notée en surface du talus et dans les débris. Ceux-ci ont envahi partiellement le lit de la
rivière réduisant sa largeur à 1,5 m. On aperçoit à l’avant-plan de cette figure
d’importantes marques d’érosion jusqu’à 2 m de hauteur en aval du glissement. L’érosion
est moins sévère en amont du glissement jusqu’à l’enrochement qui a été mise en face
en 2007 pour réparer un glissement de terrain. Ainsi, 31 m de rive ont été empierrés en
2007. La pente frontale de l’enrochement varie localement entre 31 et 38°. Les marques
d’érosion visibles de part et d’autre de la cicatrice du glissement de terrain prouvent que
l’action érosive de la rivière a joué un rôle prépondérant dans la survenance du
glissement de terrain. La pluie abondante et la fonte de la neige ont aussi contribué à la
rupture du talus. Le talus instable s’étend sur une longueur d’une quarantaine de mètres,
soit de la fin de l’enrochement en amont de la cicatrice du glissement jusqu’à une
distance de 10 m en aval de celle-ci.
Il n’est pas nécessaire de rétablir à court terme l’ancien lit de la rivière malgré le
rétrécissement provoqué par les débris du glissement de terrain. La berge droite de la
rivière est suffisamment base pour permettre le libre écoulement de l’eau même si le
niveau d’eau de la rivière s’élève momentanément avec les précipitations.
Même si le talus n’est pas très haut (4 à 5 mètres), le glissement, les affaissements et
les fissures observés montrent qu’il s’agit d’une rupture de talus de forme circulaire
relativement profonde, impliquant une perte de terrain au sommet et émergeant
probablement au niveau du lit du cours d’eau.
Le glissement de terrain ayant fait l’objet d’une intervention en 2008 n’avait toujours
pas été réparé. La situation s’est même aggravée au fil du temps. Le 17 mai 2011, un
autre glissement s’est amorcé au même endroit. Cette amorce s’est développée entre
l’enrochement effectué en 2007 et le glissement de terrain qui s’est déclenché en 2008.
La mobilisation de la masse de sol a provoqué un déplacement vertical directement dans
l’accotement de la route. Ce rejet mesurait jusqu’à 0,5 m sur environ 11,5 m de longueur
(Figure 1). Plusieurs autres fissures ponctuelles avec des déplacements verticaux ont été
observées dans l’alignement de la fissure principale, en arrière de la cicatrice du
glissement qui s’est produit en 2008. L’asphalte se trouve à une distance variant entre 0,3
et 1,3 m de la principale fissure délimitant le début d’un glissement de terrain.
Une compagne de reconnaissance du site du talus (incluant des forages, des essais au
laboratoire et une série d’arpentage) a été effectuée en 2011 dans le but d’étudier la
stabilité dudit talus. En se basant sur les résultats des forages et du labo, la stratigraphie
du terrain a été regroupée en trois horizons :
 Remblai compact à dense de 0,7 m d’épaisseur,
 Argile silteuse ferme de 11,3 m d’épaisseur,
 Till argileux ferme à raide d’une épaisseur ≥ 1,5 m (rencontré à partir de la
profondeur de 12,0 m).

2
29
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 1. Vue de la fissure avec rejet, apparue le 17 mai 2011.

En se basant sur les résultats des travaux in-situ et au laboratoire, les paramètres
physiques et mécaniques à l’état drainé (comportement à long terme) des sols sur place
ont été estimé à partir de deux sources, en l’occurrence :
 La littérature technique d’ordre général (parmi d’autres, Das, 1983 ; Bowles.
1997): les paramètres retenus pour les matériaux en place sont généralement
admises pour ce type de matériaux dans la littérature technique (Tableau 1).
 Les travaux de Lefebvre (1981) (scenario 2): Ces valeurs (Tableau 1) ont été
adoptées en se basant sur la corrélation présentée dans le Tableau 6 de
Lefebvre proposée pour paramétrer les dépôts argileux.

Tableau 1: Les caractéristiques utilisées dans les calculs de stabilité du talus

Caractéristiques des sols en place


Type de sol c’ (kN/m2) ’ (o)
 (kN/m3)
Scenario 1 Scenario 2 Scenario 1 Scenario 2
Remblai 18,0 0 35
Argile silteuse 17,0 5 7,5 25 31,5
Till 19,0 0 35

Selon les indications et les conditions d’eau souterraine mesurées dans les
piézomètres, l’écoulement semble être hydrostatique. En outre, étant donné que la
crépine du tube d’observation dans l’un des forages a été placée dans du till, il est sensé
de croire que le niveau d’eau dans le talus est stable à une profondeur d’environ 3,0 m.
Cette profondeur a été considérée lors des simulations effectuées pour les analyses de
stabilité du talus.
Tel que mentionné, des relevés d’arpentage ont été effectués en 2011 pour établir la
géométrie du talus existant. Ainsi, deux (2) coupes types ont été définies afin de bien
représenter l’ensemble du talus à l’étude. Les deux coupes (notées sections A et B) sont
illustrée sur les Figures 2 et 3.

3
30
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3. Vérification de la stabilité du talus

Dans le cas de stabilité de talus, il est souvent difficile d’effectuer un calcul à rebours. En
effet, il n’est pas évident de modéliser le glissement de terrain qui s’est produit sur place.
Il est difficile de s’assurer que le cercle de rupture obtenu par modélisation soit semblable
à celui observé sur le terrain.
En se basant sur les paramètres physiques et mécaniques des sols et la géométrie du
talus définis précédemment et en tenant compte de la fissure importante apparue le 17
mai 2011 et la partie érodée du talus, une analyse de stabilité du talus a été effectuée.
Les calculs de la stabilité du talus ont été réalisés à l’aide du logiciel de calcul
SLOPE/W (Géo-Studio 2012) développé par GEO-SLOPE International Ltd, Calgary,
Canada. Il est à noter que la vérification de stabilité du talus a été effectuée selon ces
deux scenarios.
Aux fins d’analyses, la méthode Morgenstern-Price pour les surfaces générales de
glissement a été utilisée. La méthode consiste à déterminer la surface de rupture par
glissement rotationnel la plus probable compte tenu de la stratigraphie, de la géométrie
de la pente locale et des conditions de l’eau souterraine et d’évaluer le facteur de sécurité
associé à ce glissement. Il faut rappeler que dans le cas d’analyses de stabilité, un talus
présentant un facteur de sécurité supérieur à 1,3 est jugé stable, en absence du séisme,
et 1,15 en cas de séisme. La stabilité à long terme a été vérifiée en conditions drainées
sans séisme.
D’après les résultats obtenus, le coefficient de sécurité du talus est près de 1,
notamment au niveau de la section A et selon le scénario 1 (Tableau 2). Par conséquent,
il est confirmé que le talus est instable nécessitant des remèdes. Il est donc préconiser de
procéder à des mesures de stabilisation.

Figure 2. Géométrie du talus au niveau de la section A

Tableau 2 : Valeurs des coefficients de sécurité obtenus

Avec perré
Sans perré
Section Sans clé Avec clé
Scénario 1 Scénario 2 Scénario 1 Scénario 2 Scénario 1 Scénario 2
Section A 0,93 1,29 1,20 1,63 1,44 1,91
Section B 1,13 1,53 1,37 1,88 1,69 2,25

4
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 3. Géométrie du talus au niveau de la section B

Il est important de souligner que le talus étudié était toujours stable pendant plusieurs
années. Il était stable même sous l’effet des intempéries et du séisme. En effet, malgré
les trois séismes qui se sont produits en 2008 dans un rayon de 1000 kilomètres autour
du site à l’étude, le talus n’a subi aucun glissement ou désordre. En outre, ces trois
séismes avaient une magnitude inférieure à 2,3 MN, ce qui n’est pas suffisamment élevé
pour déclencher un glissement de terrain. En fait, le glissement ne s’est déclenché
qu’après l’érosion du terrain au niveau du pied du talus (l’érosion a atteint jusqu’à 2 m de
hauteur). En général, deux aspects d'érosion doivent être considérés du point de vue de
la stabilité des pentes. Le premier est l’érosion à grande échelle, tel qu'une érosion
fluviale se produisant à la base d'une pente (notre cas). Le second est une érosion
relativement localisée causée par les eaux souterraines ou les eaux de ruissellement.
Dans le premier type, l'érosion peut modifie carrément la géométrie du terrain qui devient
potentiellement instable.

4. Solutions proposées et méthodes de mise en place

La prévention principale consiste à empêcher la rupture d’une berge au pied du talus en


évitant l’érosion des sols et prévoir une protection globale contre l’érosion afin de garantir
la pérennité de l’ouvrage.
Les travaux proposés consistent en la réalisation :
 D’un empierrement à la base de la berge (stabilisation par enrochement par
la mise en place d’un contre poids d’enrochement),
 D’un perré en enrochement le long du talus. Il s’agit d’un perré constitué de
pierres d’enrochement de calibre 300-400 mm (ayant D50  350 mm et une
épaisseur minimale de 700 mm), placé selon une pente de 2,0
horizontalement sur 1,0 verticalement (2H : 1V) dans les parties
d’accotement de type II. L’enrochement reposera sur une membrane de
géotextile (Type III, 60 m max.) mise en place à la surface du terrain
naturel intact, non remanié, afin de limiter l’érosion du sol à travers les vides
des matériaux granulaires d’enrochement.
 D’une clé en enrochement, mise en place à la base de l’empierrement, pour
s’assurer d’ancrer le système empierrement-perré sous le plan de rupture.

L’emplacement et la géométrie du perré d’enrochement sont schématisés sur les


Figures 4 à 6. Ces figures montrent la géométrie du perré au niveau des sections

5
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

d’arpentage réalisés, en l’occurrence sections A et B. Il est important de noter que les


coordonnées utilisées pour schématiser ce perré sont les suivantes :
- les élévations du haut et du bas de la face frontale du perré;
- l’inclination de la face frontale;
- les dimensions des extrémités du perré et de la clé.

Similairement à l’étude décrite dans précédente, une analyse de stabilité de talus a été
réalisée à l’aide du logiciel de calcul SLOPE/W (Géo-Studio 2012) en considérant la
stabilisation du talus avec un perré. Deux cas ont été analysés : talus avec perré sans clé
et talus avec perré ayant une clé de 1,2 m de hauteur. Le poids volumique et l’angle de
résistance au cisaillement (angle de frottement) du perré ont été évaluées à  = 19,0
kN/m3 et ’ = 40o.
Les résultats de l’analyse de stabilité de talus avec perré sans clé montrent que le
coefficient de sécurité a été légèrement amélioré, mais qu’il reste toujours inférieur à 1,3.
Il a été constaté que des cercles de glissement passent légèrement sous l’extrémité
inférieure du perré, indiquant la nécessité d’une clé. Les résultats de l’analyse de stabilité
de talus avec perré ayant une clé montrent que le coefficient de sécurité est supérieur à
1,3, et ce, même pour le scénario 1 (Tableau 2). Finalement, il est important de noté que
si le matériau constituant le perré est modelé ou simulé à un matériau de haute
résistance, les valeurs des coefficients de sécurité pour les sections A et B (perré avec
clé, scénario 1) sont respectivement de l’ordre de 2,6 et 3,8. Rappelons que, le modèle de
haute résistance est utilisé pour simuler un matériau très solide qu'aucune surface de
glissement ne se développe à travers le matériau (c'est-à-dire que la clé est modelée
comme un mur de soutènement poids).

Figure 4. Géométrie du perré au niveau de la section A

6
33
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 5. Géométrie du perré au niveau de la section B

Figure 6. Vue en plan de l’emplacement du perré

Les étapes de construction (de mise en place) sont les suivantes.


1- Préparation de la surface et enlèvement des débris de glissement existants.
2- Décapage ou reprofilage du la surface du talus, si nécessaire, et préparation du
fond de profil pour la mise en place d’une membrane géotextile. La surface
préparée du terrain doit être uniforme avant la mise en place de la membrane et
du perré d’enrochement.
3- La pente de la surface préparée du talus doit être inférieure ou égale aux
valeurs indiquées sur Les figures 4 et 5.
4- Mise en place d’une membrane de géotextile (type III, 60 m max.) compatible
avec le fond préparé. La méthode d’installation de la membrane de géotextile
doit prévoir une largeur suffisante de chevauchement pour la membrane sur le
talus. Prévoir d’ancrer la membrane géotextile. Dans le cas de la stabilisation

7
34
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

au niveau de la section A, vu que l’angle de la face inférieure du perré est de


l’ordre de 2H : 1V, il est conseillé de prévoir un filtre naturel en sable au lieu
d’une membrane de géotextile pour éviter toute possibilité de glissement
enrochement-membrane.
5- Mise en place d’un coussin de protection en enrochement sur la surface de la
membrane géotextile en évitant toute déchirure de cette dernière. La protection
d’enrochement doit être placée en moins de deux semaines après la mise en
place de la membrane géotextile. La mise en place d’enrochement débute à
partir de la base du talus pour avancer vers le haut jusqu’au niveau désiré.
6- Le perré doit être constitué de pierres d’enrochement de calibre 300-400 mm
(ayant D50  350 mm et d’une épaisseur minimale de 1000 mm).
7- La construction de la clé en enrochement doit être réalisée par sections de
longueurs limitées (par tronçon de 4,0 à 5,0 m). À noter que, pour les
excavations réalisées dans le dépôt argileux, les pentes temporaires des
excavations ouvertes durant moins de 24 heures pourront être profilées avec
des inclinaisons de 1,0 verticalement sur 1,5 horizontalement (1,0V : 1,5H) ou
moins abruptement, le tout dépendant de la consistance des matériaux
rencontrés localement.
Il faut noter les éléments suivants.
- Il faut prévoir la dérivation du ruisseau existant, si nécessaire, en vue de réaliser
les travaux projetés dans des conditions sèches.
- Pendant les travaux de construction durant la période de gel, les sols d’assise
exposés doivent être convenablement protégés contre le gel au moyen de
matériaux isolants (paille, chauffage ou tout autre moyen adéquat).

5. Conclusion

Un glissement de terrain s’est produit le 21 avril 2008 sur un tronçon d’une route
régionale, reliant deux petites villes d’une population d’environ 6000 habitants. Le 17 mai
2011, un autre glissement s’est amorcé au même endroit. Le talus instable s’étend sur
une longueur d’une quarantaine de mètres. Les calculs de vérification de la stabilité
effectués ont montrés que le coefficient de sécurité du talus est de l’ordre de 1. Par
conséquent, il est confirmé que le talus est instable nécessitant des remèdes. Il a été
constaté que le glissement s’est déclenché après l’érosion du terrain au niveau du pied du
talus (l’érosion a atteint jusqu’à 2 m de hauteur). La prévention principale consiste donc à
empêcher la rupture d’une berge au pied du talus en évitant l’érosion des sols et prévoir
une protection globale contre l’érosion afin de garantir la pérennité de l’ouvrage. Les
travaux proposés consistent en la réalisation d’un empierrement à la base de la berge,
d’un perré en enrochement le long du talus, et d’une clé en enrochement, mise en place à
la base de l’empierrement, pour s’assurer d’ancrer le système empierrement-perré sous le
plan de rupture.

5. Références bibliographiques

Bowles, Joseph E., 1997. Foundation Analysis and Design, 5th Edition, McGraw-Hill, New
York.
Das, Braja M., 1983. Principles of Foundation Engineering, 7th Edition, Publisher Global
Engineering.
Lefebvre, G, 1981. Fourth Canadian Geotechnical Colloquium: Strength and slope
stability in Canadian soft clay deposits, Canadian Geotech. Journal, 18(3), 420-442.

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MÉTHODE OBSERVATIONNELLE POUR LE PRÉCHARGEMENT


DES FUTURES VOIRIES IKEA-IICB À BAYONNE (64)

Jonathan BINDA1, François BAGUELIN2, Christian MANSUY1, Jean-Baptiste SERRE3


1 COLAS Sud-Ouest, Bordeaux, France
2 Consultant FONDASOL, Paris, France
3 GEOLITHE, Crolles, France

RÉSUMÉ - Le site de 8ha, proche de Bayonne, comporte un remplissage alluvionnaire sur


une épaisseur de 20 à 60 m. Afin de répondre aux exigences de deux projets différés d’un
an environ, une consolidation par préchargement sur les futurs parkings et voiries a été
envisagée. Au fil des chantiers, la méthode observationnelle a évolué afin de fiabiliser et
valider le pourcentage de consolidation et l’estimation du fluage à 10 ans.

ABSTRACT – The site, nearly 8 hectares, is located near Bayonne, and includes alluvial
deposits, 20m to 60m thick. To fulfill the needs of two construction projects, one year
apart, soil consolidation by preloading has been planned over the future parking areas and
roads. In the course of the works the observational method has evolved in order to
ascertain the consolidation percentage and the estimate of creep at 10 years.

Introduction

Ce document présente l’instrumentation et le dimensionnement interactif de la méthode


observationnelle des préchargements réalisés de septembre 2013 à août 2015, dans le
cadre des travaux de voiries et réseaux divers des nouveaux magasins IKEA et du forum
commercial Ikea Centre Bayonne (IICB). Ce complexe commercial se situe à l’entrée Est
de Bayonne dans les marais d’Ametzondo au sud de l’Adour. Les constructions des deux
projets se sont succédé avec un décalage d’un an. Après une présentation générale des
chantiers, nous détaillerons les instruments mis en place pour le suivi des pré-
chargements, avec notamment le bénéfice apporté par le retour d’expérience du premier
projet. Puis nous terminerons par l’exploitation et l’interprétation des mesures réalisées.

1. Présentation générale du chantier

1.1. Description du chantier

L’entreprise COLAS Sud-Ouest, en groupement avec Franki et Botte Fondations, puis


avec Solétanche Bachy et Franki Fondations, s’est vu attribuer en 2013 puis 2014 les lots
« voiries et réseaux divers » et « fondations spéciales et traitement du sol », pour les
constructions successives du magasin IKEA, de février 2013 à août 2015, et du forum
commercial IICB, de février 2014 à août 2016.
Pour les travaux de voiries, réseaux divers et traitement du sol, COLAS Sud-Ouest aura
réalisé au total 54 000m² d’enrobés, posé 4,2km de réseaux pluviaux et utilisé 550 000
tonnes de matériaux de préchargement. Par ailleurs 2000 km de drains verticaux ont été
foncés, certains jusqu’à 55m de profondeur, ce qui constitue une particularité unique en
France.

1
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1.2. Contexte Géologique

Ancien marais, le site était remblayé en partie par des matériaux externes inconnus et par
des apports en matériaux de concassé calcaire provenant du comblement du Charre. Sur
l’ensemble du site, les alluvions, d’une épaisseur de 20 à 50m, proviennent du
remplissage d’un ancien affluent de l’Adour. Ces alluvions sont de nature argilo-sableuse
vasarde, très compressibles, présentant parfois de la matière organique. En s’approchant
du lit de l’Adour, au Nord du site, des lentilles sableuses d’épaisseur métrique à quelques
dizaines de mètres sont aussi présentes. Enfin le substratum est variable et correspond à
des marnes argileuses et sableuses mais aussi à des calcaires et brèches d’argile rouge à
inclusions de gypse. Ce dernier se trouve entre 20 à 60m de profondeur.

Figure 1. Vue générale des deux projets

1.3. Aspects contractuel et objectifs

En ce qui concerne les travaux de voiries et réseaux divers, les marchés et les études
de sols prévoyaient une technique de préchargement sur une durée de 10 mois.

DRAINS
HORIZONTAUX

DRAINS VERTICAUX

Figure 2. Principe de la technique de préchargement.

La figure°2 représente le préchargement à t 0 (gauche) et à t 0 + 6mois (droite)


L’objectif principal était de limiter les tassements différentiels, entre les voiries et les
bâtiments, à 10 cm après dix ans de mise en service des magasins. Les objectifs
secondaires étaient d’obtenir une consolidation de 95% à 6 mois et d’observer le fluage
pendant 4 mois. COLAS Sud-Ouest s’est associée à Fondasol afin d’optimiser les
surcharges et le drainage vertical des préchargements. Ils ont pu être ainsi réduits à une
durée moyenne de 6 mois avec une consolidation de 90% atteinte au bout de 4 mois et 2
mois d’observation du fluage. Pour respecter les objectifs, la méthode observationnelle
était prescrite. Une lourde instrumentation a été mise en place. COLAS Sud-Ouest a fait
appel à Géolithe afin de fiabiliser la pose et le suivi régulier de cette instrumentation.

2
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2. Instrumentation IKEA et IKEA Centre – Méthode observationnelle

2.1 Présentation générale

La méthode observationnelle ainsi mise en place a dû s’adapter au fil des chantiers,


notamment aux contraintes liées à l'interférence des activités des différents intervenants et
surtout à l’évolution des résultats observés.
L’instrumentation a été établie suivant plusieurs profils de mesures : 8 sur IKEA et 5 sur
IKEA Centre. Chacun de ces profils comportaient au minimum :
• 1 profilomètre hydrostatique
• 2 ou 3 capteurs de pression interstitielle (CPI)
• 2 boules tassométriques (BT)
• 1 tassomètre de profondeur pour certains profils
• 1 inclinomètre flottant ou ancré
• 1 essai CPTu avec essais de dissipation avant chargement et après déchargement
• plusieurs plots topographiques
• 1 piézomètre
• parfois, 1 pige topographique remontant d’une plaque posée au niveau du TN
La figure n°3 montre un profil instrumenté type.
Boules Tassomètriques

Pz CPTu

CPTu

Inclinomètre
t0 et t0+18s CPI Profilomètre

Figure n°3. Récapitulatif des essais et de l’instrumentation d’un profil.

2.2 Intérêt et retour d’expérience

L’objectif de cette instrumentation très fournie était de pouvoir corréler les mesures de
tassements des différents instruments, afin d’obtenir des valeurs précises et sûres.
Il a été par exemple possible pour les profilomètres, qui donnent en fonction du temps
le tassement suivant un profil donné, avec une précision de l’ordre de 2 cm, de vérifier et
d’améliorer leur précision en plusieurs points. Ceci en les recoupant avec les plots
topographiques posés en tête du remblai de préchargement. En revanche les mesures
des plots topo ont l’inconvénient de démarrer seulement quand le remblai est terminé.
C’est une des raisons pour lesquelles sur le deuxième chantier d’IICB des piges
topographiques ont été mises en œuvre à la base des remblais de préchargement. Celles-
ci se sont révélées très fiables et présentent l’avantage de fournir le tassement absolu
pendant toute la durée du chantier, y compris lors de la phase de la montée des remblais.

3
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En ce qui concerne les boules tassométriques (BT), il a été remarqué sur le premier
chantier d’IKEA que les résultats étaient irréguliers sur le long terme. Elles n’ont donc
servi que de référence au démarrage pour le chantier d’IICB.
Les résultats des tassomètres magnétiques ont quant à eux permis d’évaluer la
répartition des tassements en fonction de la profondeur.

Figure n°4 : IICB – Mesures de tassement en fonction du temps en deux points d’un profil

La figure n°4 de gauche, qui représente l’ensemble de l’instrumentation sur un point


précis, montre la concordance des mesures entre profilomètre et plot topographique ainsi
que la dérive des mesures de la BT. La figure de droite met en évidence l’accord entre un
profilomètre, la pige topographique et la tête du tassomètre magnétique de profondeur.
Un des autres objectifs de cette instrumentation était de pouvoir recouper les méthodes
d’appréciation de la consolidation. Le suivi des tassements a donc été complété par des
mesures de pression interstitielle, au moyen :
• des CPI et Pz en continu : valeur moyenne dépendant de la longueur de la cavité.
• des essais de dissipation à t 100 au CPTu : valeur ponctuelle à un instant donné.
Concernant les CPI, on a constaté sur IKEA une discordance des résultats des cellules
(électriques et à corde vibrante), vraisemblablement à cause d’une déformation trop
importante de la cavité. On a donc utilisé sur IICB une mise en place par fonçage et une
automatisation des relevés. Ces modifications ont amélioré significativement les résultats.

Les inclinomètres ont permis d’évaluer les déplacements latéraux engendrés par le
remblai de préchargement. Deux types d’instruments ont été installés : flottant (profondeur
20 m) et ancré dans le substratum (de 3 m minimum).

2.3 Le suivi des mesures dans le temps

Outre l’instrumentation très fournie, la bonne interprétation des mesures dépendait


également d’un suivi régulier. Pour chaque mesure d’instrumentation effectuée, un
nivellement de l’ensemble des plots béton de référence a été réalisé par un géomètre.
Le nombre de relevés de mesures a pu être optimisé sur l’ensemble de
l’instrumentation pendant les phases de consolidation entre les chantiers IKEA et IICB au
vu de la concordance des résultats obtenus.
Toutes les semaines, les mesures de chaque profil étaient compilées, triées et
représentées sur tableur suivant un intervalle de confiance. L’ensemble des mesures
brutes était synthétisé dans un compte rendu bimensuel. Celui-ci était diffusé à l’ensemble
des intervenants, Maitre d’Ouvrage, Maitrise d’Œuvre et bureaux de contrôles, afin d’être
interprété et de lever les points d’arrêts à l’avancement du chantier.

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Tableau n°1 : récapitulatif des fréquences de mesures de l’ensemble de l’instrumentation.


IKEA IICB
Mesure T0 (1) 1 1
Phase de montée des remblais (1) 1 / sem 1 / sem
Phase de consolidation primaire (*) (2) 2 / sem 1 / sem
Phase de consolidation secondaire (**) 2 / sem 1 / sem
Phase de déchargement 1 / sem 1 / sem
Après déchargement (2) 1 1

(*) La phase de consolidation primaire a été limitée à t 0 +4mois


(**) La phase de consolidation secondaire a duré en moyenne jusqu’à t 0 +6mois afin
d’observer le début du fluage et l’estimer à 10ans.
(1) Lors de cette phase, l’accent a été mis sur la surveillance des mesures de
pressions interstitielles (CPI) afin de vérifier la non-liquéfaction des sols lors de la mise en
place du préchargement.
(2) Des essais CPTu avec essai de dissipation à t 100 ont aussi été effectués durant ces
phases de préchargement.

3 Exploitation et Interprétation des mesures

3.1 Phase de consolidation primaire

Cette phase a duré jusqu‘à t 0 +4 mois. Elle a permis l’observation de l’augmentation de la


pression interstitielle et sa dissipation à 90%, ainsi que l’obtention de 95% de la
consolidation primaire définie par la méthode ASAOKA.
La méthode d’Asaoka permet d’obtenir un pourcentage de consolidation par rapport au
tassement total. Celui-ci n’est pas immédiatement disponible pour certains types de
mesure. Par ailleurs s’il l’est, la consolidation est surestimée en ce qui concerne la
dissipation des pressions interstitielles.
La figure 5 présente deux graphes Asaoka au profil P4, point A, zone 3 d’Ikéa à 4 mois :
moyenne de 5 points du profilomètre encadrant le point A pour ‘profilo’, et BT15. Noter
qu’en général la dispersion des BT produit une estimation du tassement incertaine : à la
BT 16, proche du point B, on a obtenu 3m de tassement, résultat manifestement erroné.

Figure n°5. Graphes d’Asaoka, en mm. En abscisse : s (i). En ordonnée : s (i+1)

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Une méthode alternative à la méthode d’Asaoka (Baguelin, 1999) est d’ajuster d’une
courbe de consolidation radiale (tableur FINCONSOLRAD), ce qui permet de :
• combiner plusieurs types de mesures (profilo, topo, voire pige).
• séparer la contribution des strates argileuses et des strates sableuses,
• donner l’avancement de la consolidation non seulement en proportion du tassement
total final, mais aussi en termes de vitesse de consolidation des strates argileuses.
Les figures 6 et 7 montrent un exemple des données au point A de la zone 3 d’IKEA.
En figure 6, les mesures brutes (marqueurs vides) ont été décalées d’une même
quantité pour un appareil donné, de manière à former un faisceau aussi étroit que possible
(marqueurs pleins). Cependant on voit que la BT15 diverge après la phase initiale.
La figure 7 montre les points pris en compte dans l’ajustement de FINCONSOLRAD
(cercles pleins), et les points ignorés (cercles vides) : il s’agit du tassement produit lors de
la montée des remblais, car la charge n’est pas constante ; et des mesures de la BT, non
fiables. Cette prise en compte augmenterait significativement l’écart-type de l’ajustement.

Figure n°6. Mesures au point A du profil 4, zone 3 du projet Ikéa.

Figure n°7. Mesures au point A du profil 4, zone 3 du projet Ikéa

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La courbe ajustée sur les points retenus (s total) est de la forme :


s = a [1 − exp(−t / c)] + b (1)
La consolidation concerne le terme ‘a’, qui représente le tassement des strates
argileuses (courbe ‘s argile’). Le terme ‘b’ est acquis à la fin de la montée des remblais
(environ 20 jours) et représente celui des strates sableuses ou limoneuses. Le graphique
montre aussi le tassement résiduel de consolidation en fonction du temps postérieur aux
mesures. La vitesse de consolidation est exprimée par la constante de temps ‘c’. Pour un
taux de consolidation de 90% en 4 mois, sa valeur doit être au plus de 53 jours. Dans
l’ensemble ce critère a été respecté (Baguelin et al., 2016). Quelques valeurs de ‘c’
dépassent ce seuil, mais il faut remarquer que le critère sur le taux de consolidation des
strates argileuses est plus sévère que celui portant sur le taux du tassement total.

3.2 Phase de consolidation secondaire – Phase 3

Au bout de 4 mois, on commence à voir se manifester le fluage. Dans l’ajustement sur les
points de mesure, on remplace la courbe de consolidation par une courbe de fluage de la
forme :

t − t0
s = s0 + d . Ln (1 + ) (2)
tF 0
Le raccord se fait au point de coordonnées (t 0 ; s 0 ), le paramètre t F0 caractérise une
courbe ‘isotache’ (même vitesse) dans le diagramme de type œdométrique (log σ’ ; e),
courbe parallèle à la droite C c . Cette interprétation est une application du modèle de
fluage de Bjerrum (1967). Pour une valeur donnée du paramètre ‘d’ , qui caractérise
l’intensité du fluage, on détermine le temps t 0 du point de raccord et le paramètre de
l’isotache t F0 de manière à ce que les courbes de consolidation et de fluage aient même
pente et même courbure. Il en découle la valeur de s 0 . La valeur de ‘d’ est ajustée afin de
minimiser la somme des écarts quadratiques entre mesures et valeurs théoriques. Le
paramètre ‘d’ est lié à la valeur moyenne de Cα , coefficient de fluage habituel, et à
l’épaisseur cumulée H des couches soumises à fluage, selon la relation : d =H.Cα / Ln(10)
= 0,434 H.Cα .
Au final, sont calés sur l’ensemble des points de mesure de tassement les paramètres
moyens : paramètres (a, b ,c) sur la partie consolidation (4 mois), paramètre ‘d’ sur la
partie fluage.

Figure n°8. Calage d’une courbe consolidation-fluage


(point A du profil 4, zone 3 du projet Ikéa)

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L’étape suivante de l’interprétation est de prévoir ce qui se passe après le


déchargement des remblais, notamment pendant la période de service de l’ouvrage. Le
modèle de fluage de Bjerrum fournit les éléments nécessaires pour répondre à cette
question. Un tableur spécifique “multicouches” a été mis au point, qui tient compte du
niveau des contraintes aux différentes profondeurs, que ce soit pour la contrainte initiale
du sol en place, ou pour les charges apportées par les remblais. Ceci est indispensable
car l’effet bénéfique du préchargement diminue rapidement avec la profondeur, suivant le
rapport (σ’ 1 / σ’ 2 ) entre la contrainte verticale effective σ’ 1 imposée au préchargement et la
contrainte verticale effective σ’ 2 obtenue après déchargement.

3.3 Corrections apportées

Le critère de fluage imposé était que le tassement pendant les 10 premières années de
service des parkings et des voiries soit d’au plus 10 cm. Cette exigence a pu être
respectée sans modification du planning de préchargement sur presque toutes les zones.
Fait exception une zone sur IKEA (zone 3), qui a nécessité un rechargement de 1,20 m au
bout de 6 mois, avec maintien de la charge ainsi majorée jusqu’au huitième mois. L’étude
a été menée toujours selon le modèle de Bjerrum, avec les aménagements nécessaires
pour tenir compte notamment de la mise en place différée de la charge supplémentaire.

4. Conclusion

La méthode observationnelle et l’instrumentation très fournie ont permis de fiabiliser et


optimiser les mesures des tassements observées lors des préchargements. Nous avons
pu en effet réduire le nombre de prise de mesures par semaine sans détériorer
l’interprétation de ces dernières. Nous avons également pu constater que les boules
tassométriques n’étaient fiables que sur une très courte durée et que les CPI mises en
place par fonçage étaient plus fiables que celles posés en cavité par tubage. Par ailleurs,
les piges topographiques se sont révélées d’un grand intérêt.
Pour que l’interprétation des valeurs brutes soit la plus concordante possible, la prise de
mesure a été systématiquement faite par intervalles de temps réguliers. La diversification
des instruments a permis de recouper les résultats fournis par les différents dispositifs.
Ces comparaisons ont permis d’écarter avec certitude les instruments de mesures dont
les résultats présentaient des incohérences.
Enfin, la densité et la fiabilité des mesures ont permis d’identifier très rapidement les
dérives potentielles sur les objectifs de fluage. Il a donc été possible d’anticiper la mise en
place d’actions correctives maitrisées, sans pénaliser les dates de livraison des différentes
plateformes.

5 Références bibliographiques

Baguelin F. (1999). La détermination des tassements finaux de consolidation : une


alternative à la méthode d’Asaoka. Revue Française de Géotechnique n°86, 9 pages.
Baguelin F., Finiasz A. (2016). Diamètre équivalent d’un drain plat et suivi de la
consolidation sur un cas de préchargement. JNGG 2016, 8 pages.
Bjerrum L. (1967). Engineering geology of Norvegian normally-consolidated marine clays as
related to settlements of buildings. Géotechnique, 17, pp.81-118.

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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

STOCKAGE DE CHALEUR DANS LES SOLS COMPACTES

HEAT STORAGE IN THE COMPACTED SOILS

A. Boukelia1,2, S. Rosin-Paumier,1 F. Masrouri1, T. Leborgne3


1
LEMTA (CNRS, UMR 7563), Université de Lorraine, Vandœuvre-lès-Nancy, France
2
ESITC de Metz, Metz, France
3
Bouygues TP, Paris, France

RESUME - L’effet de la teneur en eau, de la densité sèche et de la température sur


les paramètres thermiques est étudié sur quatre sols compactés. Les résultats
montrent que la conductivité, la capacité thermique et la diffusivité des matériaux
atteignent un maximum aux alentours de l’optimum Proctor. L’augmentation de la
température provoque une légère augmentation des paramètres thermiques.

ABSTRACT - The coupled effect of the water content, dry density and temperature
on the thermal parameters is studied. The results showed that thermal conductivity
and diffusivity reached a maximal value near to the optimum water content, whereas
the volumetric heat capacity reached a plateau on the wet side of the compaction
curve. Thermal properties of soils increased with temperature.

Mots clefs : sols compactés, température, paramètres thermiques.


Keywords: compacted soils, temperature, thermal parameters.

1. Introduction

La connaissance des propriétés thermiques des sols est nécessaire dans de


nombreux projets géotechniques tels que le stockage des déchets radioactifs
(Rutqvist et al, 2002) , l’enfouissement des câbles de haute tension (De Lieto Vollaro
et al, 2011), la géothermie de surface (Brandl, 2006). Les paramètres thermiques qui
gouvernent le transfert de chaleur dans le sol sont : la conductivité thermique () qui
caractérise l’habilité du sol à conduire de la chaleur sous un gradient de température,
la capacité thermique (C) qui représente la capacité à emmagasiner la chaleur et la
diffusivité thermique () qui caractérise le rayon d’influence autour de la source de
chaleur. Ces caractéristiques thermiques (, C et ) dépendent des paramètres
physiques du sol : la densité, la teneur en eau, la minéralogie, la taille et
l’arrangement des grains. Plusieurs études ont montré que la conductivité thermique
augmente avec la densité sèche et la teneur en eau du matériau (Abu-Hamdeh
2001 ; Brandl 2006), tout comme la capacité thermique (Abu-Hamdeh 2003). La
composition minéralogique et la méthode de préparation de matériau influencent
également les propriétés thermiques des sols (Tang 2005 ). Par ailleurs, quelques
rares études se sont intéressées à l’effet de la température sur les propriétés
thermiques des sols (Smits et al. 2013, Hiraiwa et Kasubuchi 2000). Les résultats de
ces études montrent que les paramètres thermiques changent légèrement pour des
températures entre 30°C et 50 °C et de façon plus prononcée au delà de 50°C.

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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Les études couplant l’effet combiné de la teneur en eau initiale et de la densité


sur les paramètres thermiques sont également rares. Ekwue et al. (2006) ont étudié
l’effet de la teneur en eau et de la densité sur la conductivité thermique de trois types
de sols compactés. Les résultats ont montré que la conductivité thermique présente
un maximum aux alentours de l’optimum Proctor.
L’objectif de cette étude est de quantifier l’effet couplé de la teneur en eau, de la
densité sèche initiales et de la température sur les trois paramètres thermiques (, C
et ) des sols compactés.

2. Matériaux et méthodes

Quatre différents types de sols sont étudiés : un limon (L1), 2 mélanges sable-
limon (SL2 et SL3) et un mélange sable-illite (SI). Les matériaux sont préparés à
différentes teneurs en eau et compactés à l’énergie Proctor normal. Les
caractéristiques thermiques des sols : la conductivité thermique (), la capacité
thermique volumique (C) et la diffusivité thermique (α) sont ensuite mesurées avec
un conductimètre thermique KD2 Pro.

2.1. Propriétés des matériaux

Les propriétés des matériaux étudiés sont présentées dans cette partie. Le
Tableau 1 résume la minéralogie des matériaux utilisés. Le matériau illitique utilisé,
nommé Arginotech©, provient de l’est de l’Allemagne. Les limons utilisés dans cette
étude nommés, limon de Plaisir, limon de Jossigny et limon de Xeuilley proviennent
du bassin parisien.

Tableau 1 : Caractéristiques minéralogiques des matériaux.


Matériau Ref. Quartz Calcium/carbonate Feldspath Minéraux argileux
Illite I traces 12% calcite traces 77% Illite
10% Kaolinite
Limon de Plaisir L1 81% 5% calcite 3% 5%
7% Dolomite
Limon de Jossigny L2 98% traces 1% 1%
Limon de Xeuilley L3 83% 2% 3% 11%
Sable d’Hostun S 97,4% traces

Les caractéristiques des matériaux comprenant, la distribution de la taille des


grains, les limites d’Atterberg (AFNOR, 1993), la surface spécifique, la teneur en
carbonate sont résumées dans le Tableau 2. La distribution de la taille des grains de
l’illite est déterminée à l’aide d’un granulomètre laser Mastersizer 2000© (Eslami,
2014). La distribution de la taille des grains du limon de Plaisir est réalisée par
sédimentométrie (AFNOR, 1992) et par tamisage par voie humide (AFNOR, 1995)
sur le limon initialement broyé et tamisé à 2mm. Pour les limons de Xeuilley et de
Jossigny, la distribution de la taille des grains est issue de la bibliographie (Fleureau
& Inderto (1993) et Blanck et al. (2011)).
A partir des résultats d’identification et selon le GTR (2000), I et L2 sont des
matériaux plastiques de classe respectivement, A3 et A2, tandis que L1 et L3 sont
des matériaux peu plastiques de classe A1 et A2.

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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Tableau 2 : Caractéristiques des matériaux : I, L1 déterminées dans cette étude ; L2


selon Fleureau & Inderto (1993), et L3 selon Blanck et al. (2011).
Propriétés I L1 L2 L3
Distribution de la taille des grains
Passant à 80 m 100 41 80 95
Passant à 2 m 85 20 28 25
Limites d’Atterberg
Limite de plasticité (%) 34 20,6 16 - 19 28
Limite de liquidité (%) 65 27,3 37 37
Indice de plasticité 31 6,7 18 - 21 9
Surface spécifique
VBS (g/100g) 5,41 1,85 - 3,1

La teneur en eau optimale et la densité sèche maximale des matériaux sont


déterminées à partir des courbes de compactage réalisées à l’aide de l’essai Proctor
normal (AFNOR, 1999). Dans cette étude, les matériaux sont utilisés seuls ou en
mélange avec 50 % du sable d’Hostun. Les masses volumiques maximales des
matériaux et les teneurs en eau à l’optimum des différents matériaux sont présentés
dans le Tableau 3. Les courbes de compactage pour les matériaux L1, SL2, SI et
SL3 utilisés dans la suite de l’étude sont présentées en Figure 1.

2,0
Tableau 3 : Compactage
1,9
Proctor.
d (Mg/m )
3
1,8 sol wOPN(%)
I 1,42 31,5
1,7 L1 1,81 16,0
L2 1,75 15,5
1,6 L3 1,66 19,2
SI 1,73 17,9
1,5 SL2 1,89 16,6
SL3 1,88 13,7
1,4

Figure 1: Courbes de compactage des matériaux L1, SL2, SI et SL3.

Les masses volumiques maximales des limons L2 et L3 et de l’illite I sont


respectivement de 1,75 - 1,66 et 1,42 Mg/m3 (Tableau 3). Le mélange avec du sable
a permis une translation des courbes de compactage des sols vers les densités plus
élevées, pour atteindre 1,89 – 1,88 et 1,73 Mg/m3 pour SL2 – SL3 et SI
respectivement.

2.2. Préparation des éprouvettes

Pour préparer les éprouvettes à des teneurs en eau et densités voulues, les
matériaux secs et broyés sont initialement humidifiés et conservés dans des sacs
hermétiques pendant 24h afin d’homogénéiser la teneur en eau. Puis les éprouvettes
de 116 mm de hauteur et 152 mm de diamètre sont préparées par compactage

46
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

dynamique dans un moule CBR. Pour étudier l’effet d’une variation de température
sur les propriétés thermiques des deux matériaux SI et L1, les éprouvettes préparées
à différentes teneurs en eau et densités sont isolées avec du papier aluminium et
placées dans des boites hermétiques afin de limiter la variation de la teneur en eau.
Les éprouvettes sont ensuite portées à des températures de 1 à 50°C dans une
enceinte climatique thermorégulée.

2.3. Mesure des propriétés thermiques

Les propriétés thermiques des éprouvettes sont mesurées à l’aide d’un


conductimètre thermique KD2 Pro Decagon©. Deux sondes sont utilisées : une
double sonde nommée SH1 et une sonde simple nommée TR1. La sonde SH1 est
composée de deux tiges de 30 mm de longueur et de 1,3 mm de diamètre espacées
de 6 mm. L’une des tiges porte l’élément de chauffe et la seconde mesure la
température. Cette sonde permet de mesurer les conductivités thermiques () allant
de 0,2 à 2 W/m.K, la capacité thermique volumique (C) allant de 0,2 à 4 MJ/m3.K et
la diffusivité thermique () allant de 0,1 à 1 mm2/s. La sonde TR1 (2,4 mm de
diamètre et 100 mm de longueur) est utilisée pour mesurer la conductivité thermique
lorsqu’elle est supérieure à 2 W/m.K. Toutes les mesures ont une précision de ±10%.
Le Tableau 4 résume les paramètres thermiques des matériaux seuls ou mélangés
avec du sable et compactés à l’optimum Proctor normal.

Tableau 4 : Mesure des caractéristiques thermiques à l’optimum des matériaux et le


sable à l’état dense saturé à 20°C.
3 2
Matériaux λ (W/m K) C (MJ/m K) α (mm /s)
S 2,38 3,05 0,78
I 0,92 3,25 0,28
L1 2,48 3,25 0,76
L3 1,26 2,80 0,45
SI 1,92 2,44 0,79
SL2 2,95 2,88 1,02
SL3 2,84 3,13 0,91

Pour améliorer les paramètres thermiques des limons, l’ajout de 50% de sable qui
a une conductivité thermique et une capacité thermique volumique plus élevées a été
effectué. On constate qu’avec la même énergie de compactage, par exemple pour le
mélange SL3, une densité plus importante est obtenue et des paramètres
thermiques du mélange sont à la fois plus élevés que ceux du sable ou du limon L3
(Tableau 4). Ceci peut être dû à une forte augmentation de la densité du mélange.
La variation de la minéralogie a également modifié les paramètres thermiques. Par
exemple dans le cas de l’illite I, la conductivité thermique est passée de I = 0,920
W/m.K à SI = 1,915 W/m.K pour le mélange SI.

3. Résultats obtenus

3.1. Effet couplé de la teneur en eau et de la densité initiales sur les paramètres
thermiques

Les paramètres thermiques , C et  mesurés pour différents points des courbes


de compactage seront étudiés successivement dans cette partie.

47
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.1.1. Effet sur la conductivité thermique


Les résultats des mesures présentés en Figure 2 montrent que la conductivité
thermique des matériaux augmente du côté sec de la courbe de compactage jusqu'à
atteindre un maximum aux alentours de l’optimum Proctor. Cette augmentation est
due à l’augmentation de la masse volumique sèche et de la teneur en eau des
éprouvettes. En dépassant l’optimum, la conductivité thermique diminue sur le côté
humide de la courbe de compactage. Cela peut s’expliquer par la diminution de la
masse volumique sèche. La comparaison de la conductivité thermique des quatre
matériaux (L1, SI, SL2 et SL3) montre que les conductivités thermiques des
mélanges SL2 et SL3 sont très proches et nettement plus importante que celles des
éprouvettes L1 et SI (Figure 2a). La valeur élevée de la conductivité thermique de
ces mélanges serait liée à la masse volumique sèche et la teneur en quartz.

3,5 1,2

3,0 1,0

2,5 0,8

2,0 0,6

1,5 0,4

1,0 0,2

0,5 0,0

a) c)

3,5

3,0

2,5

2,0

1,5
b)
Figure 2 : Effet couplé de la densité et de la teneur en eau sur : (a) la conductivité
thermique, (b) la capacité thermique volumique et (c) la diffusivité thermique.

3.1.2. Effet sur la capacité thermique volumique


La capacité thermique volumique des matériaux augmente du côté sec de la
courbe de compactage jusqu'à atteindre un plateau en dépassant l’optimum Proctor
pour les trois matériaux à l’exception de SI (Figure 2b). Cette augmentation est due à
l’augmentation de la masse volumique sèche et de la teneur en eau. En dépassant
l’optimum Proctor l’effet de la diminution de la masse volumique sèche est compensé
par l’augmentation de la teneur en eau permettant de limiter la variation de la
capacité thermique volumique. Contrairement à la conductivité thermique, la capacité
thermique de ces sols apparait moins sensible à des variations de la densité et de la
teneur en eau. En comparant avec l’eau pure qui a une capacité thermique de 4,2
MJ/m3.K, les matériaux étudiés ont une bonne aptitude à stocker de la chaleur. Par
exemple le limon de Plaisir L1 permet d’atteindre une capacité thermique de 3,25
MJ/m3.K soit 77% de la capacité thermique de l’eau.

48
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.1.3. Effet sur la diffusivité thermique


La diffusivité thermique étant directement reliée à la conductivité thermique, elle
suit le même type de variation que la conductivité thermique. Elle augmente du côté
sec de la courbe de compactage et diminue après avoir atteint une valeur maximale
aux alentours de l’optimum Proctor (Figure 2c). Les mélanges SL2 et SL3 ont une
diffusivité plus importante que les autres matériaux étudiés.

3.2. Effet de la température et des cycles thermiques sur les paramètres


thermiques des sols

L’effet de la température est étudié entre 1°et 50 °C pour le matériau SI et entre


20°et 50 °C pour L1. L’effet des cycles de chauffage-refroidissement entre 20°et
50°C est étudié pour L1.

3.2.1. Effet de la température sur les paramètres thermiques


La Figure 3 montre que le refroidissement de 20 à 1 °C des éprouvettes a un effet
négligeable sur les propriétés thermiques, quelles que soient la densité et la teneur
en eau initiales des éprouvettes.

Masse volumique sèche (Mg/m3 )


Conductivité thermique (W/m.K)

Masse volumique sèche (Mg/m3 )

2,5 2,0 3,0 2,0


Capacité thermique volumique

2,0 1,8 2,6 1,8


(MJ/m3 K)

1,5 1,6 2,2 1,6


Courbe de Courbe de
compactage compactage
1,0 1,4 1,8 1,4

0,5 1,4
1,2 1,2
a)
Teneur en eau (%) b) Teneur en eau (%)

1,0 2,0
Diffusivité thermique (mm2 /s)

Masse volumique sèche (Mg/m3 )

0,8 1,8

0,6 1,6

Courbe de
0,4 compactage 1,4

0,2 1,2
c) Teneur en eau (%)

Figure 3 : Effet de la température sur : (a) conductivité thermique, (b) capacité


thermique volumique et (c) diffusivité thermique de SI.

En revanche, une augmentation de la température de 20 à 50 °C provoque une


augmentation visible de  du côté sec de la courbe de compactage (Figure 3a). Pour
ces éprouvettes, le degré de saturation (Sr) est faible et le chauffage du sol provoque
un transfert de vapeur à travers la porosité ouverte ce qui provoque une
augmentation de la conductivité thermique. Après l’optimum, Sr est de l’ordre de 90%
pour toutes les éprouvettes et  n’est plus modifiée par le changement de la
température car la porosité du sol n’est pas ouverte.
Une légère augmentation de la capacité thermique en fonction de la température
est constatée pour le matériau L1 (Figure 4).

49
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Le comportement de α est le même que . Une augmentation de la diffusivité


thermique du sol SI est observée du coté sec de l’optimum Proctor (Figure 3c). Cette
augmentation est due à l’augmentation de la conductivité thermique.

3.2.2. Effet des cycles sur les paramètres thermiques


Des éprouvettes de limon L1 compactées à l’optimum Proctor sont soumises aux
cycles P1 et P2 de température.  est mesuré à la fin des 2 premiers paliers (T1i et
T2) et en fin de l’essai T1f (Tableau 5).
La conductivité thermique de L1 augmente légèrement à 50 °C. Le même résultat
est obtenu pour SI.  diminue à la fin de l’essai (T1f), mais reste légèrement
supérieur à la valeur mesurée initialement (T1i) malgré la diminution de la teneur en
eau des éprouvettes.

Tableau 5 : Programme thermique appliqué aux éprouvettes et résultats obtenus


pour des éprouvettes L1 compactées à l’optimum.
T1 T2 NB (W/m.K)
Programme cycle
T°C Temps T°C Temps T1i T2 T1f
P1 20 9h 50 9h 60 2,36 2,60 2,54
P2 20 2h 50 4h 60 - - 2,49
P3 20 9h 50 9h 4 - - -

Des mesures de la capacité thermique sont effectuées sur trois éprouvettes l’une
compactée du coté sec de la courbe de compactage, la seconde à l’optimum Proctor
et la troisième du coté humide. Les résultats des mesures réalisées lors des premiers
paliers (T1i et T2) et à la fin du programme (T1f) sont comparés avec les données
obtenues à 20 °C en Figure 4.
(T1i) (T2) (T1f)
Capacité thermique volumique (MJ/m3 K)

3,8 1,9
Masse volumique sèche (Mg/m 3)

3,5
1,8
3,2

2,9 1,7
Courbe de
2,6 compactage
1,6
2,3
1,5
2,0

Teneur en eau (%)

Figure 4 : Effet du programme thermique P3 sur la capacité thermique volumique


d’éprouvettes L1 préparées à diverses densités et teneurs en eau.

Une augmentation de C à 50 °C est obtenue. Les mesures finales de C à 20 °C


(T1f) donnent les mêmes résultats qu’au début des cycles (T1i). La quasi réversibilité
du comportement est donc observée.

50
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4. Conclusion

L’effet couplé de la teneur en eau, de la densité et la variation de la température


sur les paramètres thermiques des sols ont été étudiés. Les résultats montrent que
dans les sols limoneux étudiés, la conductivité et la diffusivité augmentent jusqu’à
atteindre une valeur maximale aux alentours de l’optimum Proctor, ensuite elle
diminue du coté humide de la courbe de compactage. La capacité thermique
augmente du côté sec de la courbe de compactage jusqu’à atteindre un plateau en
dépassant l’optimum Proctor. L’ajout du sable a permis d’augmenter la densité et
d’améliorer les paramètres thermiques des sols. La variation de la température entre
20 et 50°C provoque une légère augmentation des paramètres thermiques. L’effet de
la température sur la conductivité thermique et la diffusivité thermique est réversible
après application de cycles thermiques.
Les sols compactés du côté humide de l’optimum Proctor ont une bonne habilité
à stocker de la chaleur : une capacité thermique maximale et conductivité thermique
optimale assurant un bon échange entre le sol et la géo-structure.

5. Références bibliographiques

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and Clay Loam Soils using Single and Dual Probes. Journal of Agricultural
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Water Content. Biosystems Engineering, 86(1), 97–102.
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Temperature Dependence of Thermal Properties of Sands across a Wide Range of
Temperatures (30 - 70°C). Vadose Zone Journal, 12(1).

51
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

SUIVI DU VIEILLISSEMENT D'UN REMBLAI TRAITÉ À HÉRICOURT


(70) : QUELS ENSEIGNEMENTS SUR LA DURABILITÉ ?

MONITORING OF A LIME AND CEMENT-TREATED EMBANKMENT IN


HÉRICOURT (70): WHAT LESSONS ON SUSTAINABILITY?

Yasmina BOUSSAFIR , Dimitri MERCADIER , Yu-Jun CUI 3


1 2
1
Ifsttar, GERS, SRO, F-77447 Marne-la-Vallée, France
2
Cerema, Direction Territoriale Normandie-Centre, DERDI, CER, 76 Rouen, France
3
Ecole des Ponts ParisTech, Laboratoire Navier, France

RÉSUMÉ – Dans le cadre du projet ANR TerDOUEST, un remblai réalisé en argile très
plastique et en limon, tous deux traités à la chaux, ainsi qu’à la chaux et au ciment, a été
construit à Héricourt (70) dans le cadre de la mise à 2x2 voies de la RD438. Ce remblai
(H = 5 mètres) a été instrumenté afin de suivre l’évolution des propriétés des matériaux
en talus et sous l’influence des remontées de nappe. L’article présente les données
acquises pendant 4 ans et propose quelques interprétations.

ABSTRACT – In the ANR project TerDOUEST, an embankment made of highly plastic


clay and silt, both treated with lime and lime and cement, was built in Héricourt (70) during
the construction of RD438 road. This embankment (H = 5 m) was instrumented so as to
monitor the properties of the treated soils on the slope and at the base under the
variations of the watertable. The data acquired for 4 years are presented and some
interpretations are given.

1. Introduction

Le projet ANR TerDOUEST (2008-2012) a été l’occasion de réaliser un remblai


expérimental en partenariat avec le Conseil Départemental de Haute-Saône (70). Pour
a
cela de l’argile très plastique (IP =40) et des limons (IP=18) ont été mis en œuvre par
traitement à la chaux et chaux + ciment selon un cahier des charges très précis, élaboré
sous le pilotage du Céréma et de l’Ifsttar.
L’objectif de ce remblai est de démontrer la faisabilité d’un réemploi d’argiles de forte
plasticité, considérées habituellement comme non-utilisables selon les référentiels actuels
français (LCPC, Sétra, 1992), pour réaliser des ouvrages en terre dans des contextes
réalistes d’utilisation. Dans le cas présent, le remblai est situé dans un climat continental
relativement rigoureux, et la base du remblai est sollicitée par les remontées de nappe
phréatique, dans la zone d’inondation de La Lizaine, sur la commune de Héricourt (70).

2. Description des matériaux et de l’ouvrage

2.1. Les matériaux utilisés en remblai

2.1.1. Les limons


Ce sont des dépôts récents d’âge Quaternaire provenant des déblais de l’infrastructure.
Leurs indices de plasticité (IP) varient entre 18 et 23 ce qui permet de les classer A2 selon

a IP Indice de plasticité

1
52
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la norme NF P11-300 (Afnor, 1992). D’un point de vue minéralogique, on trouve


essentiellement du quartz et des feldspaths sur la fraction grossière et de la kaolinite,
montmorillonite, chlorite et illite sur la fraction < 2µm.

2.1.2. Les argiles


Les argiles utilisées dans le projet proviennent de zones purgées en base de remblai de
la RD.438. Il s’agit d’un horizon d’argiles et marnes grises de la fin du Trias – début du
Lias. Ces argiles ont des indices de plasticité (IP) compris entre 35 et 49, ce qui permet de
les classer A3 / A4 selon la norme NF P11-300 (Afnor, 1992). D’un point de vue
minéralogique, on trouve essentiellement du quartz sur la fraction grossière et de la
smectite, muscovite et chlorite sur la fraction < 2µm. Il n’a pas été trouvé de pyrite,
d’éléments soufrés ou de matière organique.

2.1.3. Le traitement à la chaux


Les limons et les argiles ont été traités respectivement à 2 et 4-5% de chaux vive (CaO).
La chaux a été fournie par une usine du groupe Lhoist.

2.1.4. Le traitement au ciment


C’est un ciment CEM II/A-LL 42,5 N en provenance d’une usine Holcim qui a été utilisé
pour le chantier. Les limons ont été traités à 3% de ciment et les argiles ont subi un
traitement mixte combinant 2% de chaux vive et 3%de ciment.

2.2. Constitution du remblai

2.2.1. Positions des différentes modalités de traitement


Le remblai expérimental a été réalisé de mars à avril 2010. Dès la conception de
l’ouvrage il a été prévu de créer différents casiers (présentés sur la Figure 1) afin
d’observer dans des conditions identiques, le comportement des limons et des argiles
avec leurs différentes modalités de traitement.
Le remblai a une hauteur construite de 5 m. Afin de solliciter au maximum la base du
remblai par des variations de niveau de la nappe phréatique, il a été décidé d’enterrer la
base de remblai de 1 m. Ceci a conduit à réduire la hauteur libre au-dessus du sol
support à 4 m.

Les modalités de constructions et les performances obtenues sur remblai sont


rappelées dans Froumentin et Boussafir (2013), Hung et al. (2012a) , Hung et al. (2012b).
Chaque modalité a été construite indépendamment, sans influence l’une sur l’autre.

Les différentes observations concernaient :


- l’observation des matériaux en talus sur 1 m d’épaisseur ;
- l’observation des matériaux dans le mètre inférieur du remblai (base du remblai).
Le remblai a donc été équipé de capteurs permettant l’observation de ces parties
d’ouvrages. La position des capteurs est rappelée en Figure 2.

2
53
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Figure 1. Constitution du remblai expérimental : position des différents casiers et de leurs


modalités de traitement sur un profil en long.

2.2.2. Instrumentation mise en œuvre


Des sondes tensiométriques de marque Watermark (gamme de mesure 0-200 cbar) ont
été installées après la réalisation du remblai dans la partie superficielle du talus. Pour cela
des avant-trous ont été forés à la tarière à main (ø 25 mm), puis les sondes sont
enfoncées manuellement dans la réservation à la profondeur souhaitée.
44 sondes de succion ont été installées à 0,25 m de profondeur dans les couches de
remblais numérotées (de bas en haut) R4, R5, R6 et R8 des casiers d’argiles et de limons
traités chaux et ciment (Figures 2 et 3). Ces sondes permettent de suivre l’évolution en
peau des quatre profils (P1 pour les matériaux traités ciment et P2 pour les matériaux
traités chaux) à 0,60 – 0,90 – 1,20 et 1,80 m de hauteur par rapport au terrain naturel.
43 sondes de succion ont été installées à 0,25 – 0,50 et 0,75 m de profondeur dans la
couche R8 des quatre casiers en matériaux traités, afin d’observer la répartition des
mesures sur une horizontale située à 1,80 m par rapport au terrain naturel, dans chacune
des modalités de traitement (Figures 2 et 3).
0.25m 0.3m

0.25m 0.3m
ASS0 GNT 0/31.5 ASS0
CDF0 1%CaO + 5%CEM II CDF0
0.3m

0.3m
PST2 PST2
0.3m

0.3m
PST1 3%CEM II PST1
0.3m

0.3m
PST0 PST0
0.3m

0.3m

R11 R11
0.3m

0.3m

R10 R10
0.3m

0.3m

R9 R9
0.3m

0.3m

R8 R8
0.3m

0.3m

R7 R7
0.3m

0.3m

R6 2%CaO R6
0.3m

0.3m

R5 R5
0.3m

0.3m

R4 R4
0.3m

0.3m

R3 R3
0.3m

0.3m

R2 R2
TN TN
0.3m

0.3m

R1 R1
0.4m

0.4m

R0 R0

Figure 2. Position schématique des sondes tensiométriques dans le profil en travers du


remblai à gauche pour l’acquisition en peau (0,25 m de profondeur) et à droite sur une
horizontale (0,25 – 0,50 et 0,75 m de profondeur)

3
54
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P2 P1
P2 P1

Figure 3. Position des profils instrumentés P1 et P2 dans les différents casiers (à gauche
dans l’argile et à droite dans le limon)

Des sondes TDR (Time Domain Reflectometry) modèle Trime Pico 64 ont été
installées dans le remblai. Ces sondes mesurent la teneur en eau volumétrique des sols
ensemble avec la température. Les sondes Mes 6 et 5, Mes 9 et 8 et Mes 10 ont été plus
particulièrement observées car elles reflètent les variations de teneur en eau volumique
dans le talus du remblai (Figure 4). Ces sondes sont installées respectivement au sein
des couches R5, R8 et R10. Chaque sonde a été introduite horizontalement dans le sol.
Deux avants trous sont réalisés au moyen d’un gabarit équipé de pointes en acier d’un
diamètre légèrement inférieur aux électrodes, afin de favoriser la pénétration des
électrodes lors de la pose du capteur. Pour chaque sonde posée, un prélèvement de sol
est réalisé afin de "caler" la mesure réalisée par la sonde à une valeur exacte de teneur
en eau.

Figure 4. Position des sondes TDR dans les différents casiers

2.2.3. Propriétés des matériaux après construction de l’ouvrage


La réalisation du remblai a fait l’objet d’un suivi méthodique. L’ensemble des informations
acquises a été compilé dans les livrables du projet TerDOUEST. On récapitule dans le
Tableau 4 les informations relatives aux couches R4, R5, R6 et R8.

Tableau 4. Données géotechniques mesurées in situ sur les couches R4 à R8


Argile A3/A4 traitée 4% chaux traitée 2% chaux et 3% ciment
 s = 27,4 d compacité saturation d compacité saturation
kg/m3 w% (kg/m3) (%) (%) w% (kg/m3) (%) (%)
Couche R4 33,5 35,1
Couche R5 30,7 14,15 113,7 89,8 37,9 13,2 98,7 96,5
Couche R6 33,6 35,6
Couche R8 36,0 34,8 13,95 104,3 98,9
moyenne 33,4 13,7 110,2 91,7 35,8 13,88 103,7 100,8

4
55
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Limon A2 traité 2% chaux traité 3% ciment


 s = 27,0 d compacité d saturation
kg/m3 w% (kg/m3) (%) saturation(%) w% (kg/m3) compacité (%) (%)
Couche R4 23,2 23,5
Couche R5 24,1 15,69 93,4 90,3 22,7 16,19 92 91,8
Couche R6 22,9 22,7
Couche R8 23,7 23,9
moyenne 23,5 15,87 94,5 90,4 23,2 16,05 91,2 91,8

Pour ce qui concerne l’argile, la référence de l’optimum Proctor normal a été évaluée
comme étant la valeur de masse volumique à 85% de degré de saturation. Ceci explique
que les argiles traitées à la chaux ont été compactées dans des états hydriques plutôt
secs. Toutes les autres modalités ont été compactées dans des états hydriques moyens à
humides.

3. Les données acquises

Les données acquises sur le remblai ont été riches. Il a été fait le choix de ne présenter
que les mesures reflétant le comportement en talus des matériaux traités. Le talus est la
partie de l’ouvrage la plus exposée aux intempéries et pouvant présenter des pathologies
de type rupture. C’est la partie de l’ouvrage où la connaissance des sollicitations est la
plus intéressante pour évaluer la stabilité en lien avec la connaissance de la cohésion du
matériau et ce qui peut l’affecter.

3.1. Évolution des succions le long du talus

Les mesures de succion permettent d’observer le comportement des matériaux (Figure 5


sur les matériaux traités au ciment, Figure 6 sur les matériaux traités à la chaux) soumis
notamment aux effets conjugués de la pluviométrie et de la dessiccation à 0,25 m de
profondeur. L’observation des valeurs de succion est intéressante car elle permet
d’évaluer le risque de fissuration du matériau et d’extrapoler la sollicitation pouvant
affecter la cohésion du matériau. C’est un élément d’évaluation de la durabilité du
traitement.
Evolution de la succion dans le Limon sur le profil 1 en peau (25 cm de profondeur) Evolution de la succion dans l'Argile sur le profil 1 en peau (25 cm de profondeur)

300 300
0.25m 0.3m
0.25m 0.3m

ASS0 ASS0
CDF0 CDF0
0.3m

PST2
0.3m

PST2
0.3m

PST1
0.3m

PST1
0.3m

PST0
0.3m

PST0
0.3m

R11
0.3m

R11
0.3m

R10
0.3m

R10
0.3m

R9
0.3m

R9

250 250
0.3m

R8
0.3m

R8
0.3m

R7
0.3m

R7
0.3m

R6
0.3m

R6
0.3m

R5
0.3m

R5
0.3m

R4
0.3m

R4
0.3m

R3
0.3m

R3
0.3m

R2
0.3m

TN R2 TN
0.3m

R1
0.3m

R1
0.4m

R0
0.4m

R0
200 200
succion (cbar)
succion (cbar)

150 150

100 100

50 50

0 0

07/2010 07/2012 07/2014 07/2010 07/2012 07/2014


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7/2

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1/2

4/2

7/2

0/2

2/2

4/2

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0/2

2/2

4/2

7/2

0/2

2/2
7/2

0/2

1/2

4/2

7/2

0/2

1/2

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7/2

0/2

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0/2

2/2

4/2

7/2

0/2

2/2

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01

02

01

31

couche R4 couche R5 couche R6 couche R8 (25cm) couche R4 couche R5 couche R6 couche R8 (25cm)

Figure 5. Relevé des mesures de succion en talus (-0,25 m de profondeur) à gauche sur
les limons traités à 3% de ciment et à droite sur les argiles traitées à 2% de chaux vive et
3% de ciment (juillet 2010 à décembre 2014). En pointillé les valeurs de résistance en
compression diamétrale (Rtb) mesurées en laboratoire.

5
56
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Evolution de la succion dans le Limon sur le profil 2 en peau (25 cm de profondeur) Evolution de la succion dans l'Argile sur le profil 2 en peau (25 cm de profondeur)

300 300

0.25m 0.3m
0.25m 0.3m
ASS0 ASS0
CDF0 CDF0

0.3m
PST2

0.3m
PST2

0.3m
PST1

0.3m
PST1

0.3m
PST0

0.3m
PST0

0.3m
R11

0.3m
R11

0.3m
R10

0.3m
R10

0.3m
R9

0.3m
R9

250 250

0.3m
R8

0.3m
R8

0.3m
R7

0.3m
R7

0.3m
R6

0.3m
R6

0.3m
R5

0.3m
R5

0.3m
R4

0.3m
R4

0.3m
R3

0.3m
R3

0.3m
R2

0.3m
TN R2 TN

0.3m
R1

0.3m
R1

0.4m
R0

0.4m
R0
200 200

succion (cbar)
succion (cbar)

150 150

100 100

50 50

0 0

07/2010 07/2012 07/2014 07/2010 07/2012 07/2014

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1/2

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31
couche R4 couche R5 couche R6 couche R8 (25cm) couche R5 couche R6 couche R8 (25cm)

Figure 6. Relevé des mesures de succion en talus (-0,25 m de profondeur) à gauche sur
les limons traitées à 2% de chaux vive et à droite sur les argiles traitées à 4-5% de chaux
vive (juillet 2010 à décembre 2014).

Les graphiques présentant les relevés sur 4 ans montrent que la succion se développe
par à-coups au sein des matériaux. Pendant les périodes hivernales, les succions sont
quasi nulles. Pendant les périodes estivales les succions se développent jusqu’à
plafonner aux valeurs maximales d’acquisition des sondes (250 kPa), avec des
évènements très ponctuels au printemps (2012, 2014). La pluviométrie (non reportées sur
les graphiques pour des raisons de lisibilité) atténue la succion mais l’observation fine des
données montrent que ce n’est pas le seul paramètre qui influence la mesure : il semble
que l’évaporation joue un rôle et que ce soit le bilan hydrique qui influence le résultat final.
La position dans le talus ne semble pas être un critère déterminant dans la hiérarchie
des succions : les valeurs les plus fortes peuvent se trouver indistinctement sur les
couches en pied de remblai ou sur les couches les plus hautes.
On peut constater que les succions ne reviennent plus à 0 kPa deux ans après la
construction, ceci de manière plus nette dans les matériaux traités à la chaux, et qu’une
succion de 5 à 10 kPa persiste dans le temps, au moins en peau.
Les valeurs de succion sont plus importantes sur les limons traités que sur l’argile
traitée que ce soit à la chaux ou ciment. Bien que les capteurs soient limités à 250 kPa on
peut constater que les valeurs semblent rarement dépasser ce seuil pour les argiles, ce
qui est moins le cas dans les limons. Pour ces derniers, c’est la modalité de traitement au
ciment qui semble présenter les valeurs de succion les plus fortes (>250 kPa) sur de
relativement longues périodes (environ 2 mois) et paradoxalement, en surface de la
couche la plus proche du terrain naturel (R4). À évènement climatique identique (fin d’été
2013), le limon traité chaux développe moins de succion que celui traité ciment. Dans le
cas de l’argile, les succions observées sont dans les mêmes gammes de valeur que ce
soit dans le casier traité ciment ou celui traité chaux, sans excéder 250 kPa (sauf
exception ponctuelle en été 2014).

Evolution de la succion dans le Limon sur le profil 1 en profondeur (25, 50 et 75 cm de profondeur) Evolution de la succion dans l'Argile sur le profil 1 en profondeur (25, 50 et 75 cm de profondeur)

300 300
0.25m 0.3m
0.25m 0.3m

GNT 0/31.5 ASS0 GNT 0/31.5 ASS0


1%CaO + 5%CEM II CDF0 1%CaO + 5%CEM II CDF0
0.3m
0.3m

PST2 PST2
0.3m
0.3m

3%CEM II PST1 3%CEM II PST1


0.3m
0.3m

PST0 PST0
0.3m
0.3m

R11 R11
0.3m
0.3m

R10 R10
0.3m
0.3m

R9 R9

250 250
0.3m
0.3m

R8 R8
0.3m
0.3m

R7 R7
0.3m
0.3m

2%CaO R6 2%CaO R6
0.3m
0.3m

R5 R5
0.3m
0.3m

R4 R4
0.3m
0.3m

R3 R3
0.3m
0.3m

TN R2 TN R2
0.3m
0.3m

R1 R1

200 200
0.4m
0.4m

R0 R0
succion (cbar)

succion (cbar)

150 150

100 100

50 50

0 0

07/2010 07/2012 07/2014 07/2014


0

07/2010 07/2012
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7/2

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1/2

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7/2

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2/2

4/2

7/2

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couche R8 (25cm) couche R8 (50cm) couche R8 (75cm) couche R8 (25cm) couche R8 (50cm) couche R8 (75cm)

Figure 7. Évolution en profondeur des succions (-0,25, -0,50 et -0,75 m de profondeur) à


gauche sur les limons traités à 3% de ciment et à droite sur les argiles traitées à 2% de

6
57
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

chaux vive et 3% de ciment (juillet 2010 à décembre 2014). En pointillé les valeurs de Rtb
mesurées en laboratoire.
Evolution de la succion dans le Limon sur le profil 2 en profondeur (25, 50 et 75 cm de profondeur) Evolution de la succion dans l'Argile sur le profil 2 en profondeur (25, 50 et 75 cm de profondeur)

300 300

0.25m 0.3m
GNT 0/31.5 ASS0

0.25m 0.3m
GNT 0/31.5 ASS0
1%CaO + 5%CEM II CDF0
1%CaO + 5%CEM II CDF0

0.3m
PST2

0.3m
PST2

0.3m
3%CEM II PST1

0.3m
3%CEM II PST1

0.3m
PST0

0.3m
PST0

0.3m
R11

0.3m
R11

0.3m
R10

0.3m
R10

0.3m
R9

0.3m
R9

250 250

0.3m
R8

0.3m
R8

0.3m
R7

0.3m
R7

0.3m
2%CaO R6

0.3m
2%CaO R6

0.3m
R5

0.3m
R5

0.3m
R4

0.3m
R4

0.3m
R3

0.3m
R3

0.3m
TN R2

0.3m
TN R2

0.3m
R1

0.3m
R1

200

0.4m
200 R0

0.4m
R0
succion (cbar)

succion (cbar)
150 150

100 100

50 50

0 0

07/2010
0

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07/2012 07/2014 07/2014
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07/2012

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2/2

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7/2

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4/2

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31
couche R8 (25cm) couche R8 (50cm) couche R8 (75cm) couche R8 (25cm) couche R8 (50cm) couche R8 (75cm)

Figure 8. Évolution en profondeur des succions (-0,25, -0,50 et -0,75 m de profondeur) à


gauche sur les limons traitées à 2% de chaux vive et à droite sur les argiles traitées à 4-
5% de chaux vive (juillet 2010 à décembre 2014).

Les valeurs de résistance à la traction (mesurée par des essais brésiliens en


laboratoire sur les matériaux traités au ciment) sont indiquées sur les graphiques de la
Figure 5 et 7. Les succions dans le limon sont supérieures aux valeurs de Rtb obtenues
en laboratoire dès le printemps 2011 soit à peine 1 an après la mise en œuvre. Dans le
cas de l’argile, les succions deviennent supérieures à la résistance en traction (Rtb) au
bout de deux ans (printemps 2012).
L’analyse des valeurs de succion en profondeur (Figures 7 et 8) montre une
hétérogénéité de succions entre 0,25, 0,50 et 0,75 m de profondeur. Dans l’argile, les
succions diminuent logiquement avec la profondeur. Dans le limon, aucune tendance
logique ne semble se dégager.

3.2. Évolution des teneurs en eau le long du talus

Les mesures de teneurs en eau volumiques permettent d’observer le comportement des


matériaux soumis aux influences climatiques. Il est intéressant d’observer sur les Figures
9 et 10 que l’évolution des teneurs en eau en surface fluctue dans le temps de manière
cyclique. On constate que les cycles semblent se répéter sans entraîner de dérive dans
les valeurs dans les valeurs minimales et maximales après 4 années d’observation (à
l’exception de l’argile traitée ciment). Ce point amène des commentaires spécifiques au
§4.2.

évolution des teneurs en eau en talus sur le limon traité 3% ciment

45,0 20,0 évolution


45,0 des teneurs en eau en talus sur l'argile traitée 2% Chaux et 3% 20,0
ciment
18,0 18,0

40,0 16,0 40,0 16,0


teneurs en eau volumiques (%)

w initiale moyenne = 35,8 %


teneur en eau volumique (%)

14,0 14,0
pluviométrie (mm)
pluviométrie (mm)

35,0 12,0 Mes10 35,0 12,0


Mes6
10,0 Mes5 10,0
Mes8
30,0 8,0 30,0 8,0
pluviométrie

6,0 Mes10
6,0
Mes6
25,0 4,0
25,0 4,0
Mes8
w initiale moyenne = 23,2 %
2,0 pluviométrie
2,0

20,0 0,0
20,0 0,0
01-févr-12

09-févr-13
11-avr-11

20-avr-12

04-nov-12

29-avr-13

13-nov-13

31-janv-14

20-avr-14
07-juil-10
04-oct-10
02-mars-11

20-mai-11
29-juin-11
07-août-11
16-sept-11
25-oct-11

22-déc-13
11-mars-12

29-mai-12
08-juil-12
17-août-12

13-déc-12
25-sept-12

21-mars-13

08-juin-13
17-juil-13
26-août-13
04-oct-13

11-mars-14

07/2012
27-févr-14

07/2010 07/2010
24-avr-11

26-janv-12

23-avr-12

28-nov-12
11-janv-13

27-avr-13

14-janv-14

12-avr-14

07/2012 07/2013
07-juil-10
08-oct-10
11-mars-11

06-juin-11
20-juil-11
02-sept-11
16-oct-11

10-mars-12

06-juin-12
20-juil-12
01-sept-12
15-oct-12

14-mars-13

10-juin-13
23-juil-13
05-sept-13
19-oct-13
02-déc-13

07/2013
date des mesures
date des mesures

Figure 9. Évolution des teneurs en eau volumique en peau de remblai (-0,25 m de


profondeur) à gauche sur les limons traités à 3% de ciment et à droite sur les argiles
traitées à 2% de chaux vive et 3% de ciment (juillet 2010 à décembre 2014).

7
58
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

évolution des teneurs en eau en talus sur le limon traité 2% chaux évolution des teneurs en eau en talus sur l'argile traitée à 4% Chaux

45,0 20,0 45,0 20,0

18,0 18,0

40,0 16,0 40,0 16,0


teneur en eau volumique (%)

teneur en eau volumique (%)


14,0 14,0

pluviométrie (mm)

pluviométrie (mm)
35,0 12,0 35,0 12,0
Mes10 Mes10
10,0 Mes6 w initiale moyenne = 33,5 % 10,0 Mes8
Mes5 pluviométrie
30,0 8,0 pluviométrie 30,0 8,0

6,0 6,0

25,0 4,0 25,0 4,0


w initiale moyenne = 23,4
% 2,0 2,0

20,0 0,0 20,0 0,0

01-févr-12

09-févr-13
07/2010

11-avr-11

20-avr-12

04-nov-12

29-avr-13

13-nov-13

31-janv-14

20-avr-14
07-juil-10
04-oct-10

22-déc-13
02-mars-11

20-mai-11
29-juin-11
07-août-11
16-sept-11
25-oct-11

11-mars-12

29-mai-12
08-juil-12
17-août-12

13-déc-12
25-sept-12

21-mars-13

08-juin-13
17-juil-13
26-août-13
04-oct-13

11-mars-14
28-févr-11

29-févr-12

27-févr-13

08-févr-14
08-avr-11

08-avr-12

24-nov-12

07-avr-13

23-nov-13

26-avr-14
22-janv-12

02-janv-13
07/2013
07-juil-10
03-oct-10

16-mai-11
23-juin-11
01-août-11
08-sept-11
16-oct-11

16-mai-12
23-juin-12
01-août-12
08-sept-12
17-oct-12

15-mai-13
23-juin-13
31-juil-13
07-sept-13
16-oct-13

31-déc-13

18-mars-14
07/2010 07/2012 07/2013 07/2012
date des mesures date mesure

Figure 10. Évolution des teneurs en eau volumique en peau de remblai (-0,25 m de
profondeur) à gauche sur les limons traitées à 2% de chaux vive et à droite sur les argiles
traitées à 4-5% de chaux vive (juillet 2010 à décembre 2014).

L’amplitude des teneurs en eau est beaucoup plus prononcée dans les modalités
traitées au ciment que dans celles traitées à la chaux, et surtout sur la couche la plus
proche du terrain naturel. Bien que ne disposant pas de la totalité des enregistrements de
la pluviométrie, il semble que les variations de teneur en eau soient corrélées comme
pour la succion au bilan hydrique plus qu’au simple paramètre pluviométrie, et peut-être
également à la présence d’eau libre en base de remblai (celui-ci étant dans la zone
inondable de la Lizaine, les hivers 2012 et 2013 étant marqués par une forte remontée de
la nappe et des inondations). Dans les limons traités, les pics de succion intensifient la
réduction des teneurs en eau en période estivale.
Les variations de teneur en eau volumique sont très nettement atténuées en
profondeur (Mes 5) soit à environ 1,80 m du talus.

4. Enseignements utiles pour les études de durabilité des effets du traitement

4.1. Bilan des observations

Les observations capitalisées grâce au projet TerDOUEST permettent d’apporter des


commentaires qualitatifs :
- les matériaux limoneux sont plus sensibles aux variations de teneur en eau que
l’argile, ce qui peut être mis en relation avec les perméabilités de ces matériaux ;
- les modalités de traitement au ciment semblent plus réagir aux effets météoriques
que celles à la chaux vive : cela peut également être un effet d’une porosité plus
importante ;
- les succions auxquelles sont soumis les matériaux traités à la chaux sont très souvent
plafonnées à 250 kPa à la très proche surface (-0,25 m) sur quatre années d’observation ;
- les succions ne sont pas réparties de manière homogène à la surface du talus et
s’atténuent d’au moins de moitié entre 0,25 et 0,75 m de profondeur. Dans le cas du
limon et de l’argile l’atténuation semble plus forte dans la modalité traitée au ciment ;
- les valeurs fortes de succion sont ponctuelles, par contre on observe fréquemment un
développement continu de la succion sur des périodes de 3 mois et une fin brutale avec
un retour à des valeurs inférieures à 5 kPa ; en 2014 les succions se sont nettement
accentuées sur un des 3 capteurs (R6) sans pour autant que cela ait d’effet sur les
teneurs en eau ;
- les succions auxquelles sont soumis les matériaux traités au ciment peuvent selon
qu’il s’agit de texture limoneuse dépasser 250 kPa sur plusieurs jours cumulés (1 à 3
mois) ;

8
59
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

- les teneurs en eau évoluent de manière cyclique et réversible en talus avec une
légère tendance à l’accentuation des valeurs hautes après 2 années de vie du remblai
dans le cas de l’argile traitée ciment (sans que l’on puisse faire le lien avec les succions)
et avec un retour aux valeurs basses en période estivale. Les pics de teneur en eau
s’observent entre février et avril. Cette observation n’est pas sans intérêt lorsque l’on sait
que la teneur en eau des sols non saturés a une influence sur les propriétés des remblais
(tassement, cohésion) et peut entraîner des désordres soit par humidification soit par
dessication (Mieussens,1997). En contexte de changement climatique, l’appréciation des
variations réelles de teneur en eau permet d’appréhender le temps nécessaire à la
modification des performances et de répondre au problème spécifique de la durabilité
d’un ouvrage à savoir : quelle performance reste acquise pendant la durée de vie
attendue par le maître d’ouvrage ?

4.2. Synthèse des enseignements et commentaires

Les résultats obtenus peuvent permettre de dégager les enseignements suivants :


1- Les cycles de succion annuels se composent à peu près comme suit : 3 mois de
succion (période estivale) et 9 mois de succion quasi nulle (ou très faibles après quelques
années). Cela correspond à ce qui est observé sur les quatre dernières années à
Héricourt, bien que quelques printemps soient aussi marquants que les étés sur des
durées plus courtes.
2- La durée de cure avant réalisation d’essai de durabilité sur matériau traité peut être
supérieure à 90 jours car immédiatement après les travaux, surtout en conditions de
réalisation des remblais maîtrisées, les succions sont relativement faibles (à l’exception
du limon traité au ciment où les valeurs approchent 125 kPa) et ne se manifestent ensuite
qu’au premier évènement météorologique chaud et sec qui suit les travaux.
3- La succion affecte la partie superficielle du remblai et s’atténue rapidement avec la
profondeur, et d’autant plus rapidement que le matériau est argileux.
4- les valeurs de succion mesurées sur les matériaux traités au ciment sont
supérieures à leur résistance en traction (mode brésilien) : ceci peut influencer la
formation de fissures en surface.
5- les teneurs en eau évoluent de manière cyclique dans l’année. Les amplitudes sont
élevées en surface et s’atténuent fortement en profondeur (dès 1 mètre). Les amplitudes
ont tendance à dériver assez nettement dans les modalités de traitement au ciment alors
que pratiquement pas dans les modalités de traitement à la chaux.

5. Conclusions

Les matériaux traités réagissent différemment aux mêmes conditions environnementales


selon qu’ils sont composés de limon ou d’argile et selon qu’ils sont traités à la chaux ou
au ciment.
L’enregistrement sur de longues durées de caractéristiques telles que la teneur en eau
ou la succion permettent de dégager des informations concernant les sollicitations
auxquelles sont soumis les matériaux. Ces enregistrements sont précieux car ils
permettent de comprendre les comportements des ouvrages sous sollicitation
météorologique (notamment) et d’évaluer les phénomènes affectant la durabilité du
traitement.
Ainsi, un dimensionnement performantiel répondant aux objectifs de durabilité tels que
définit dans l’Eurocode 0 (Afnor, 2003), nécessiterait de savoir au bout de combien
d’années, la saturation du matériau sera susceptible d’entraîner une diminution
significative de la performance attendue. En mécanique des sols, il est d’usage de

9
60
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

dimensionner par rapport à un état ultime correspondant à la rupture et pouvant s’appuyer


sur des essais menés à la saturation. Il y a peu d’études permettant de définir au bout de
combien de temps la saturation est effectivement acquise ; or, la durée de maintien d’une
performance dans le temps est une condition indispensable pour évaluer la durabilité d’un
ouvrage, à savoir, pour combien de temps est dimensionné cet ouvrage (Afnor, 2003) ?
Les informations acquises montrent que dans les conditions environnementales
d’Héricourt, l’évolution des teneurs en eau et des succions au bout de 5 années
d’enregistrement, est acceptable pour le bon comportement de l’ouvrage. En terme
prédictif, il sera donc très intéressant de poursuivre l’instrumentation pour évaluer au bout
de combien de temps, ces paramètres seront préjudiciables à la tenue mécanique et au
bout de combien de temps, la baisse de la performance n’est plus admissible.
Aujourd’hui, on peut conclure que dans des conditions maîtrisées de réalisation du
remblai (condition hydrique initiale, compacité, respect des règles de l’art), les matériaux
traités montrent un très bon comportement dans l’environnement météorologique de la
Haute-Saône. Après 5 années de service, aucune pathologie n’est visible en surface et
démontre que le traitement même sur des argiles A3/A4 autorise la réalisation d’ouvrages
routiers classiques de hauteur inférieure à 5 mètres.
Les études en laboratoire peuvent s’appuyer sur les résultats acquis pour améliorer les
protocoles visant à évaluer la durabilité sur éprouvette.

6. Références bibliographiques

Froumentin M., Boussafir Y. (2013). La construction d’un remblai expérimental en sol non
conventionnel. TerDOUEST 2013. Colloque « Le traitement des sols pour un
terrassement durable ». Marne-la-Vallée, France, 18-19 juin 2013. Actes du colloque,
pp.351-365.
Hung C., Bessafi K., Froumentin M., Boussafir Y. (2012a). Contribution de l’entreprise
Roger Martin au projet de recherche TerDOUEST. 3rd International Seminar on
Earthworks in Europe. Berlin, Germany, 19 – 20 March 2012. Actes du colloque.
Hung C., Froumentin M., Boussafir Y. (2012b). Durabilité des effets du traitement sur une
argile très plastique. 3rd International Seminar on Earthworks in Europe. Berlin,
Germany, 19 – 20 March 2012. Actes du colloque.
LCPC, Sétra (1992). Réalisation des remblais et des couches de forme. Fascicules 1 et 2.
Guide Technique. Editions LCPC, Sétra, réf. D9233-1.
LCPC, Sétra (2000). Traitement des sols à la chaux et/ou aux liants hydrauliques.
Application à la réalisation des remblais et des couches de forme. Guide Technique.
Editions LCPC, Sétra, réf. D9924.
Mieussens C. (1997). Les remblais en marne – Etudes, pathologie et techniques de
réparation. Lisboa, 23 septembre 1997. Actes du colloque.
Afnor (1992). NF P11-300. Exécution des terrassements. Classification des matériaux
utilisables dans la construction des remblais et des couches de forme d’infrastructures
routières. Edition Afnor.
Afnor (2003). NF EN1990. Eurocode structuraux (eurocode 0). Bases de calcul des
structures. Edition Afnor.

10
61
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

ÉVALUATION DU PROCÉDÉ GÉOTECHNIQUE VSOL® AU REGARD


DES DISPOSITIONS DU CADRE NORMATIF FRANÇAIS & ÉTRANGER

ASSESSMENT OF VSOL® GEOTECHNICAL SYSTEM IN REGARD OF FRENCH


& FOREIGN DISPOSITION NORMATIVE FRAMEWORK
1 2
Michalis CHIKARAS , Benoit CHANTEPERDRIX
1
Consultant Indépendant, Athènes, Grèce
2
Europe Fondations SA, Paris, France

®
RÉSUMÉ – Cet article évalue le procédé géotechnique VSoL dans le cadre normatif
français et étranger fixé par les principaux standards nationaux existants concernant les
ouvrages en sol renforcé. Les points suivants ont été particulièrement examinés : la
majoration des efforts de traction due à la configuration en treillis, la mobilisation des
efforts d'interaction avec le remblai et la durabilité des treillis métalliques soudés enterrés.

ABSTRACT – This article assesses the VSoL® geotechnical system within the French and
foreign normative framework set by the principal national existent standards concerning
reinforced soil structures. The following points were examined in particular: the increase of
tensile forces due to mesh configuration, the mobilization of soil-reinforcement interaction
resistance and the durability of buried welded metallic meshes.

1. Introduction

Cette étude ne concerne que les ouvrages de soutènement en remblai renforcé par des
®
treillis métalliques soudés VSoL . Ce procédé est constitué d'armatures peu extensibles
(module d’Young équivalent du renforcement supérieur à 20 MPa) et souples (une
inclusion est considérée comme souple si son matériau constitutif est ductile et si les
efforts de flexion induits par les déformations du massif armé sont négligeables, par
rapport aux efforts de la traction).
Les lits de treillis sont placés horizontalement dans le massif de remblai à intervalles
régulièrs et forment une succession de lits parallèles généralement équidistants inclus
dans le remblai, depuis la base de l’ouvrage jusqu’à son sommet. Un treillis comprend
usuellement deux à quatre barres longitudinales liées entre elles par soudage de barres
transversales du même diamètre nominal. La Figure 1 illustre ce type de renforcement
unidimensionnel de sol dont les résistances font l’objet de cet article.

Figure 1. Renforcement de sol sous forme de treillis soudé.

1
62
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2. Méthodologie & hypothèses

A propos de chacun des trois sujets majeurs de l'étude on compare les règles fixées par
les principaux standards nationaux existants (présentés au Tableau 1), afin d'en discerner
les points de convergence ou de divergence. On fait ensuite le point des connaissances
et des données dont on dispose.

Tableau 1. Standards des pays utilisés dans cet article


Pays Norme de référence pour les ouvrages en sol renforcé Année
France (FRA) NF P 94-270 2009
Royaume-Uni (UK) BS 8006-1 2010
Etats-Unis (USA) AASHTO LRFD 2012
Australie (AUS) AS 4678 2002
Hong Kong (HK) Geoguide 6 2002

®
L’idée principale de ce travail est de comparer une armature VSoL constituée de deux
barres longitudinales, placée dans un remblai de classe de matériau 1 (NF EN 14475 du
janvier 2007) d’un coefficient d’uniformité Cu ≥ 4, mis en œuvre et compacté de la même
manière (énergie de compactage moyenne), respectant les critères chimiques et
électrochimiques caractérisant un milieu comme modérément agressif, dans des cadres
normatifs différents. Prenons le cas d'un ouvrage dont les hypothèses de calcul sont
présentées au Tableau 2 et comparons des barres de diamètre Ø8, Ø10, Ø12 et Ø14.

Tableau 2. Hypothèses de calcul


Description Notation Valeur Unité
Diamètre nominal de la barre ronde Ø = dx = dy 8-10-12-14 mm
Nombre des barres longitudinales ny 2 -
Résistance limite ultime de l'acier en traction fu;k 520 MPa
Résistance limite élastique de l'acier en traction fy;k 450 MPa
Epaisseur de la galvanisation ez 70 µm
Pas du motif du treillis (longitudinal) sx 300 mm
Pas du motif du treillis (transversal) sy 150 mm
Longueur des barres transversales b 200 mm
Durée d'utilisation de projet t 70 ans
Milieu Modérément agressif
Environnement Structure hors d'eau

3. Analyses comparatives de trois sujets spécifiques traités par les différentes


normes internationales

3.1. Majoration des efforts de traction due à la configuration en treillis

Dans la grande majorité de ces normes, la valeur du coefficient de poussée interne K(z) en
fonction de la profondeur z est fixée par les équations (1 & 2) suivantes (z0 = 6m) :

z  z
Si z ≤ z0 K( z )  A  (1  )  B    (1)
z0  z0 

Si z > z0 K( z)  B   a (2)

Où A & B sont des paramètres variables d’un Standard à l’autre permettant la


comparaison (Tableau 3), Ka est le coefficient de poussée active du remblai du massif, K0

2
63
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

le coefficient de poussée des terres au repos et K(z) est un coefficient de proportionnalité


déterminé empiriquement à partir des résultats expérimentaux. Dans certaines normes
(FRA & USA), les efforts de traction calculés dans les renforcements métalliques en
forme de treillis font l’objet d’une majoration sous conditions.

3.1.1. NF P 94-270
Dans la norme française (§E.2.3.3), cette majoration correspond au coefficient Ω1 qui est
censé couvrir le risque de surtension localisée qui peut être causée par l’introduction des
plus gros éléments du remblai dans les mailles des renforcements en forme de treillis
soudé. Si le matériau de remblai peut comporter des éléments supérieurs à sx / 2 ou sy / 2
il convient de prendre Ω1=1,25 dans les calculs qui concernent la vérification de la
résistance structurelle (l’application du coefficient Ω1 ne concerne pas la vérification de la
résistance d’interaction).

3.1.2. BS 8006-1
Bien que la norme britannique mentionne les treillis soudés comme étant l’une des formes
possibles de renforcements métalliques (§2.1, §2.11, §3.2.1, etc.) le fait est qu’elle ne
préconise aucune majoration des efforts de traction due à la configuration en treillis. Pour
les renforcements métalliques inextensibles, indépendamment de leur forme, quand on
dimensionne l’ouvrage en sol renforcé selon la « Coherent Gravity Method », en tenant
compte de l’effet du moment de renversement dû à la poussée des terres à l’arrière de
l’ouvrage sur les contraintes développées à l’intérieur du massif, la valeur de K est fixée
par les équations données dans le paragraphe §6.6.4.1.

3.1.3. AASHTO LRFD


Les spécifications AASHTO LRFD (Load and Resistance Factored Design) proposent
deux méthodes différentes : la méthode « Coherent Gravity Method » et la méthode
« Simplifiée ». La 1ère méthode est la même que celle de la BS 8006-1. La 2ème méthode
néglige le moment de renversement et considère qu’en tout état de cause la contrainte
verticale σv dans un ouvrage simple courant ne dépasse pas γ*z (γ est le poids volumique
du sol renforcé). Hors, pour des ouvrages courants (L/H≈0,7), le rapport σv / γ*z croît de
1,0 en haut de l’ouvrage à une valeur de l’ordre de 1,3 au niveau de la base. La valeur
K(z)=1,2*Ka préconisée (§11.10.6.2.1, Figure 11.10.6.2.1-3) au-delà d’une profondeur de
6m, quel que soit le type de renforcement métallique est censée traduire dans une
certaine mesure cette augmentation de contrainte verticale puis horizontale, qui résulte du
moment de renversement.

3.1.4. AS 4678
La norme australienne donne peu d’indications sur le modèle de dimensionnement à
utiliser. Néanmoins, la méthode classique (mais atypique pour les ouvrages en sol
renforcé) d’Ingold (Ingold, 1979) pour le calcul de K(z) en fonction de l’énergie de
compactage est proposée (§J9, Figure J5).

3.1.5. Geoguide 6
Le guide de dimensionnement des structures en sol renforcé de Hong Kong ne se
distingue pas (§7.5.2, Figure 36), pour le présent sujet, du Code of Practice Britannique.

Tableau 3. Calcul du coefficient K(z) suivant les standards différents


Norme A B
NF P 94-270 1,6 * Ω1 * Ka Ω1
AASHTO LRFD (Simplified Method) 2,5 * Ka 1,2
AASHTO LRFD (Coherent Gravity Method) K0 1,0
BS 8006-1 & Geoguide 6 K0 1,0

3
64
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.2. Mobilisation des efforts d’interaction avec le remblai

Dans presque toutes ces normes, la valeur du coefficient d’interaction µ* en fonction de la


profondeur moyenne ha sur la longueur considérée et les paramètres C & D (variables
d’une Norme à l’autre), est définie par les équations (3 & 4) suivantes (h0 = 6m) :

ha h 
Si ha ≤ h0 µ*  C  (1  )  D   a  (3)
h0  h0 

Si ha > h0 µ*  D (4)

3.2.1. NF P 94-270
S’agissant de l’interaction sol-renforcement, la NF P 94-270 souligne l’influence de la
granulométrie du remblai sur le coefficient d’interaction µ* en associant ce dernier au
rapport D50 / dx. Les valeurs du coefficient d’interaction proposées sont valables tant que
Cu > 2 (§G.3, Tableau G.3.1) et que Dmax ≤ min {sx/2,sy/2}. La longueur d’interaction est
liée au nombre de barres transversales situées dans la zone résistante.

3.2.2. BS 8006-1
Le BS 8006-1 ne traite pas de façon explicite des renforcements en treillis. Il ne donne
d’ailleurs aucune indication sur les coefficients d’interaction (µ*) à utiliser, si ce n’est qu’ils
doivent provenir d’essais (§2.12, §4.3.3). Le Code of Practice renvoie en fait pour cela
aux Certificats d’Agrément propres à chaque produit.

3.2.3. AASHTO LRFD


Le principe des vérifications demandées par les Spécifications AASHTO LRFD est
sensiblement le même que celui de la NF P 94-270 mais avec des notations différentes.
Les valeurs du coefficient d’interaction sont valables tant que Cu ≥ 4 (Figure 11.10.6.3.2-1)
et la longueur d’interaction n’est pas explicitement limitée à un nombre entier de sx.

3.2.4. AS 4678
Sur ce sujet, le standard australien prend le même parti que la norme britannique.

3.2.5. Geoguide 6
À défaut d’un Certificat d’Agrément, le guide recommande, en tenant compte de la
granulométrie du remblai, une méthode analytique (§3.4.2, Figure 20) qui décompose
l’interaction sol-renforcement à l’effet du frottement sur les barres (longitudinales &
transversales) et celui de la mise en butée des barres transversales. A part le supplément
apporté par la prise en compte du frottement (≈20%), on retrouve l’ordre de grandeur des
valeurs de µ* dont nous avons déjà fait état au-delà de 6m de profondeur (contrairement
à tous les autres codes, le Geoguide 6 ignore l’effet de la dilatance empêchée sur le 6m
supérieurs). L’analyse proposée suppose à priori qu’on mobilise toute la butée disponible
alors que les valeurs de µ* correspondent à une mobilisation partielle de cette butée
(déplacement limité à 15mm en France et à ≈20mm aux USA).

Tableau 4. Calcul du coefficient µ* suivant les standards différents


Norme C D
NF P 94-270 (D50 ≤ dx) 17,5*(dx/sx) 7,5*(dx/sx)
NF P 94-270 (D50 > dx) 35*(dx/sx) 15*(dx/sx)
AASHTO LRFD 20*(dx/sx) 10*(dx/sx)
Geoguide 6 µ* ≈ 0,11*tanδs + 7,7*(dx/sx)

4
65
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.3. Durabilité des treillis métalliques soudés enterrés

L'idée principale est de trouver à quel point les efforts de traction admissibles de design
(tous coefficients de sécurité confondus) varient d'une norme à l'autre. En premier lieu, il
faudra calculer les données communes de la comparaison: la section initiale d’acier S0 et
sa résistance (équation 1). Puis, on calcule pour chaque norme la section résiduelle
(après corrosion) ainsi que la résistance admissible.

 2 
R0  S 0 f u ;k     f u ;k (5)
 4 

Tableau 5. Données de calcul suivant les différents standards


Norme Description Notation Valeur Unité
ère
Diminution moyenne pendant la 1 année (§F.2.2.3) A 25 µm
Paramètre lié au ralentissement avec le temps (§F.2.2.3) n 0,65 -
Perte maxi / Perte moyenne de section d'acier (§F.2.2.3) K 2,00 -
Coeff. sur les incertitudes sur la perte ΔS (§F.2.2.3) y 1,10 -
NF P 94-270 Coeff. sur les incertitudes sur la perte KΔS (§F.2.2.3) r 1,25 -
Coeff. "matériau" sur limite élastique (§F.2.1.2) M0 1,00 -
Coeff. "matériau" sur limite de rupture (§F.2.1.2) M2 1,25 -
Coeff. pour les actions permanentes défavorables (§C.2)  G ,sup 1,35 -
Epaisseur sacrifiée (§3.2.1.2) es 0,45 mm
Coefficient "matériau" (Annexe A, §A.2) fm 1,50 -
BS 8006-1
Coefficient sur les charges permanentes (§6.2.2.2, Table 12) f fs 1,50 -
Coefficient sur la ramification de la rupture (§5.2, Table 9) fn 1,00 -
Epaisseur sacrifiée (§11.10.6.4.2a) Es 0,692 mm
AASHTO
Coefficient "matériau" (Table 11.5.7-1) t 0,65 -
LRFD
Coefficient sur les charges permanentes (Table 3.4.1-2) p 1,35 -
Coefficient de sécurité d’incertitude (§K5.7)  ud 0,80 -
AS 4678
Coefficient sur les charges permanentes (Table J1) g 1,25 -
Coefficient "conséquences" (§6.6.1, Table 3) n 1,00 -
Geoguide 6 Coefficient "matériau" (§6.6.1, Table 6) m 1,50 -
Coefficient sur les charges permanentes (§6.5.3, Table 8) f 1,00 -

3.3.1. NF P 94-270
La norme française, étant le standard le plus récent en ce qui concerne le calcul de la
corrosion, propose une méthode assez détaillée pour le calcul de la résistance à la
traction à long terme des renforcements en acier.
Elle est aussi la seule norme à s'occuper de l'effet d'entaille, qui est susceptible de
générer des concentrations de contraintes au voisinage des piqûres, uniquement sur les
barres rondes de petit diamètre. D'après des mesures effectuées par Romanoff (1957)
sur des pièces en acier galvanisé enterrées, les piqûres sont au maximum 7 fois plus
profondes que la pénétration moyenne (Δα=A*tn-ez) de la corrosion. Un examen plus
attentif montre que cette profondeur maximale dépend aussi dans une certaine mesure
du périmètre de la section transversale de la pièce. Comme la forme et la profondeur des

5
66
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

piqûres éventuelles peuvent à priori dépendre des dimensions et de la forme de la pièce,


on comprend que la résistance de celui-ci puisse être d'autant plus affectée que sa
section transversale est plus petite. Néanmoins, la norme ne définit pas le terme "petit
diamètre" et propose une formule erronée pour le calcul de la profondeur d'une piqûre
semi-hémisphérique éventuelle qui donne des résultats irréalistes bien loin de la valeur
proposée par Romanoff. Par conséquence, on n'a pas pris en compte de l'effet des
piqûres dans le cadre de cette étude.

     f
2


Rt ;dy  1   y
S  S 0 f y ;k


 1   y
  
   At n  e z At n  e z 
  4  y ;k
 (6)
 S 0   M 0  2   M0
  
4

     f
2


Rt ;dr  1   r
KS  S 0 f u ;k


 1   r
 
K   At n  e z At n  e z  
  4  u ;k
 (7)
 S 0   M 2  2   M2
  
4

Rt ;d minRt ;dy ; Rt ;dr 


 
FRA
Rf (8)
 G ,sup  G ,sup

3.3.2. BS 8006-1
Au Royaume-Uni, le principe est le même qu'en France avant l'apparition de la NF P 94-
270. Les épaisseurs sacrifiées à la corrosion sont spécifiées au §3.2.1.2. L'épaisseur
minimale de galvanisation est fixée, dans l'état actuel du BS 8006-1, à 70µm (ou
500kg/m²) comme en France.

 Tu   S f f r ;k    - 2es 2 
UK

    f r ;k
TD  f m   f m 
  4 
  
UK
Rf (9)
f fs f n f fs f n f fs f m f n f fs

3.3.3. AASHTO LRFD


Dans leur principe, les calculs LRFD se rapprochent des calculs aux Etats Limites
courants en Europe, avec coefficients de sécurité partiels sur les actions d'une part, les
matériaux d'autre part. Néanmoins, il est important de souligner que les spécifications
AASHTO se réfèrent à la limite élastique, alors que tous les autres standards se réfèrent
à juste titre à la limite de rupture (à l'exception de la NF P 94-270 qui se réfère aux deux).
Hors, quand les renforcements métalliques commencent à être sérieusement corrodés, la
notion de limite élastique n'a plus vraiment de sens. A cause des irrégularités de la
corrosion, des concentrations de contrainte dans les éléments dont la forme n'est plus
régulière, la pièce corrodée devient fragile: elle se rompt sans atteindre aucun palier
plastique. L'épaisseur minimale de galvanisation est fixée à 86µm.

  - 2E c 2 
t   f y ;k
T T  t S f f y ;k USA
 4 
 D  t u  
USA
Rf (10)
f fs p p p

6
67
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.3.4. AS 4678
Le standard australien adopte (§5.5.1.6 & K5) une approche des effets de la corrosion
originale à l'époque de son apparition dont on constate qu'elle s'inspire de l'analyse qui en
a été faite par Darbin, Jailloux et Montuelle (Darbin et al., 1988).

   
  
  2 At n  ez  
2
 2 
1  K ud S f AUS f u ;k 1  K
2   4  f u ;k
ud 
*
  T 0   
  
 rt rs ud u   
TD
 
AUS
Rf (11)
g g g g

3.3.5. Geoguide 6
Le guide de dimensionnement de Hong Kong est identique sur ce point du "Code of
Practice" Britannique BS 8006-1, sauf pour ce qui concerne les coefficients de sécurité
partiels. De ce fait les efforts de traction admissibles, tous coefficients de sécurité
confondus, deviennent beaucoup plus élevés.

 Tu   S f fu ;k    - 2e 2 
HK

     f u ;k
s

TD   m n    m n  4 
  
HK
Rf (12)
f f f  m n f

3.3.6. Synthèse
La revue que nous venons d'effectuer, et dont les résultats sont illustrés à la Figure 2,
montre un écart qui est pratiquement de 1 à 2 entre les USA et Hong Kong. On en a
identifié les raisons principales au passage. Elles tiennent surtout à des niveaux de
sécurité radicalement différents d'un pays à l'autre. Mais aussi, aux USA, à un
malentendu sur le comportement des renforcements corrodés.

Figure 2. Rapport de tractions admissible/initiale suivant les différents standards.

7
68
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4. Conclusions

Sont passées en revue dans cet article successivement les questions liées à la majoration
des efforts de traction due à la configuration en treillis, puis la mobilisation des efforts
d’interaction avec les remblais et enfin la durabilité des treillis métalliques soudés
enterrés.
En ce qui concerne le calcul du coefficient K, on peut constater que les normes fixent
sa valeur à partir du rapport K/Ka. Néanmoins, il s’avère que la résistance au cisaillement
du sol vierge n’est pas toujours complètement mobilisée, ce phénomène étant plus
sensible pour les sols très frottants. Afin de s’affranchir de ce problème qui peut conduire
à une sous-évaluation des efforts à reprendre par les renforcements, un seuil maximal
pourrait être fixé pour l’angle de frottement interne (φ ≤ 34°). En réalité, les valeurs
expérimentales du coefficient K dépendent très fortement du taux de compactage adopté
et les normes devraient donner des valeurs de K en fonction de l’énergie de compactage
ou tout au moins fixer un seuil de compactage pour son application. Toutes les normes, à
l’exception de la NF P 94-270 (particularité surprenante), préconisent K/Ka=1 au-delà de
6m supérieurs d’un ouvrage.
En ce qui concerne la mobilisation de l’effort d’interaction, dans leur grande majorité,
les règles en vigueur proposent des formules pour le calcul de l’interaction mobilisée et
non pas de l’interaction mobilisable. Néanmoins, il semble plus logique pour un
dimensionnement aux ELU de baser le calcul sur le pic de mobilisation de l’interaction et
de réserver aux ELS le calcul basé sur l’interaction mobilisée pour un déplacement relatif
sol-armature donné.
En ce qui concerne la durabilité des treillis métalliques, il est intéressant de constater à
quel point les efforts de traction admissibles de design varient encore d'une norme à
l'autre. Ce constat suggère évidemment de n'examiner qu'avec la plus grande prudence
les comparaisons qui pourraient être faites entre des ouvrages à priori semblables,
utilisant la même technologie, mais construits dans des pays différents.
L’analyse faite ici met clairement en évidence que la norme française NF P 94-270
nécessiterait d’être revue en ce qui concerne le procédé géotechnique utilisant des
armatures sous forme de treillis afin d’exploiter au mieux les performances réelles de
cette technique d’ouvrages en sol renforcé.

5. Références bibliographiques

American Association of State Highway and Transportation Officials (2012). LRFD Bridge
Design Specifications. Washington, DC: AASHTO, LRFD.
Association Française de Normalisation (2009). Calcul Géotechnique. Ouvrages de
Soutènement, Remblais Renforcés et Massifs en Sols Cloués. Paris: AFNOR, NF P 94-
270.
British Standards Institution (2010). Code of Practise for Strengthened/Reinforced Soils
and Other Fills. Londres : BSI, BS 8006-1.
Darbin M., Jailloux J.M., Montuelle J. (1988). Durability of Reinforced Earth Structures: the
results of a long-term study conducted on galvanized steel.
Geotechnical Engineering Office (2002). Guide to Reinforced Fill Structure and Fill
Design. Hong Kong: GEO, Geoguide 6.
INGOLD T.S. (1979). The effects of compaction on retaining walls. Wiley, New York,
534pages.
Romanoff M., (1957). Underground Corrosion. NBS Circular 579, U.S. Dept. of
Commerce.
Standards Australia (2002). Earth Retaining Structures. Sydney: SA, AS 4678-2002.

8
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

AUTOROUTE A150 – VIADUC DE L’AUSTREBERTHE : CONFORTEMENT


D’UNE ANOMALIE KARSTIQUE PAR JET GROUTING

HIGHWAY A150 - VIADUCT OF THE AUSTREBERTHE: CONFORTEMENT OF A


KARSTIC ANOMALY BY JET GROUTING

Arnaud JUIGNET et Stéphane CURTIL1,


1
GEOS Ingénieurs Conseils, Rueil-Malmaison, France

RÉSUMÉ – Lors de la construction du viaduc l’Austreberthe sur l’A150, une anomalie


karstique a été mise en évidence par des sondages de contrôle sous les pieux de
fondation. Après une phase de diagnostic et d’analyses géologiques et structurales une
solution de confortement par jet grouting a été conçue et mise en œuvre.

ABSTRACT – During the construction of the viaduct Austreberthe on A150, a karstic


anomaly was found underneath of one of the pier foundation during the defects survey by
the Contractor. After further geotechnical testing and analysis, the proposed solution to
remediate the soil is to use jet grouting.

1. Présentation générale du projet

Dans le cadre de la construction de l’autoroute A150, en Normandie, une anomalie de


type karstique a été mise en évidence lors de sondages de contrôle au droit de l’une des
piles du viaduc de l’Austreberthe, sous les pieux de fondation. Cette situation ne
permettant pas de garantir la pérennité des fondations de l’ouvrage, l’aléa découvert se
devait d’être traité : une solution de confortement au moyen de colonnes de jet grouting a
donc été mise en œuvre.
Le projet autoroutier, constitué d’un linéaire de 18 km entre Barentin et Yvetot, relie les
deux tronçons existants de l’A150 et assure la jonction entre les autoroutes A28 et A29
(bouclage de la liaison entre Rouen et le Havre par le nord de la Seine). Quatorze
ouvrages d’art sont construit dont le plus considérable est le viaduc de l’Austreberthe.
Ce viaduc, long de 480 m pour une hauteur au-dessus du sol atteignant 40 m, traverse
la vallée de l’Austreberthe, un affluent de la Seine, sur la commune de Villers-Ecalles. Il
s’agit d’un ouvrage en structure mixte (charpente métallique et béton armé) sur sept
appuis : deux culées (C0 et C6) et cinq piles (P1 à P5). Il est lancé depuis la culée C6 en
trois phases durant l’année 2014.

Figure 1. viaduc de l’Austreberthe (© GIE A150)

1
70
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

La pile P5, implantée sur le versant sud-est de la vallée, est fondée superficiellement.
Les autres appuis sont fondés sur des pieux, ancrés dans la craie (quatre pieux Ø 1400
pour les culées et six pieux Ø 1800 pour les piles).

2. Contexte géotechnique et anomalie karstique

Le projet s’inscrit dans le contexte du plateau de Caux, qui forme un vaste entablement
crayeux, recouvert en surface par des limons. Le substratum est constitué par la craie à
silex du Crétacé supérieur (épaisseur maximale voisine de 250 m) présentant une
altération plus ou moins marquée (craie altérée à fracturée), généralement en tête de la
formation. La craie est surmontée par des formations résiduelles à silex (argiles à silex)
qui affleurent en bord de plateau, tandis que le substratum apparaît sur les versants.
Le plateau crayeux est profondément entaillé par la vallée de l’Austreberthe,
qu’enjambe le viaduc. Des alluvions, déposées par la rivière, en tapissent le fond.
Dans ce contexte géologique, des poches de dissolution et cavités karstiques peuvent
être rencontrées au sein de la craie. Elles sont généralement remplies, partiellement ou
totalement, par des formations résiduelles à silex, accompagnées parfois de sables et de
limons argileux. L’altération karstique peut également prendre la forme d’une dissolution
partielle de la craie accompagnée d’une réduction de ses caractéristiques mécaniques.
Ces phénomènes constituent un aléa important pour la construction.
De plus, le risque d’interférence du projet avec des puits et des chambres souterraines
anciennement utilisées pour l'extraction de la craie est également présent. Ces anciennes
marnières, dont l'orifice est généralement comblé, provoquent parfois des effondrements
localisés.
La découverte d’anomalies karstiques préalablement à la réalisation de la culée C0 a
conduit le GIE A150 (Groupement Intérêt Economique) à réaliser une campagne
approfondie de sondages de contrôle sur les autres appuis de l’ouvrage, dont les
fondations étaient déjà réalisées.
Ces sondages complémentaires (forages de type destructif) ont mis en évidence la
présence d’une anomalie dans la craie au niveau de la pile P1. L’examen des
enregistrements des paramètres de forage et de leurs variations (augmentation de la
vitesse d’avance et de la pression de retenue de l’outil, diminution de la pression
d’injection et du couple de rotation) ont en effet permis d’identifier une zone fortement
décomprimée, ne correspondant cependant pas à un vide franc. Ces observations ont été
confirmées par des essais pressiométriques et par un sondage carotté qui a montré la
présence, au sein de la craie, d’un matériau de remplissage silteux à limoneux contenant
des débris de silex.

Figure 2a. Carotte des argiles de Figure 2b. Carotte de craie saine sous le
remplissage de l’anomalie karst
karstique

2
71
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

L’anomalie a été localisée environ 2 m sous la base des fondations de la pile (pieux de
14,5 m de longueur) sur une épaisseur comprise entre 0,5 m et 2 m.
Compte tenu de la faible distance entre le toit de l’anomalie et la base des pieux, une
solution de confortement se devait donc d’être mise en œuvre afin d’assurer la pérennité
de l’ouvrage.

3. Solution technique envisagées et présentation du chantier

Les efforts étant particulièrement importants en pointe des pieux, le principe de


confortement qui a été retenu était de reporter l’application de ces efforts en profondeur,
dans la craie saine. Pour cela, différentes solutions techniques ont été envisagées :
micropieux, injections classiques, injections solides ou jet grouting.
C’est finalement la dernière solution, le jet grouting, qui a été choisie car elle
apparaissait comme la plus adaptée au contexte tant géologique que technique. Il s’agit
d’un procédé d’injection à haute pression d’un coulis de ciment qui permet de réaliser des
colonnes de sol-ciment par la déstructuration du terrain. Le diamètre et la résistance à la
compression des colonnes pouvant être obtenus par cette méthode sont compatibles
avec les contraintes à faire transiter à travers l’anomalie sans poinçonner la craie.
En l’occurrence, les études ont démontré que la réalisation de quatre colonnes de
1,2 m de diamètre sous chaque pieu, avec une résistance à la compression de 5 MPa,
permettait de justifier la stabilité de la pile, malgré la présence de l’anomalie.

Figure 3. Principe de confortement par jet grouting

La réalisation des travaux de confortement a été confiée à SEFI INTRAFOR. Le


programme initial du chantier était donc de réaliser 24 colonnes de jet grouting de 4 m de
hauteur (recouvrement de 1 m minimum de part et d’autre de l’anomalie afin d’assurer
son traitement complet).

3
72
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

L’installation de chantier de l’entreprise a pris place à côté de la pile : atelier de forage


(foreuse Beretta T41), centrale à coulis, pompes, bacs,…
La technique employée est celle du jet double à l’air. Un filet d’air concentrique au jet
de coulis améliore l’action de celui-ci. Une partie du sol traité remonte en surface sous
forme d’un mélange de sol déstructuré et de coulis de ciment (appelé « spoils ») et la
partie résiduelle se mélange au coulis pour former la colonne. Le coulis de ciment utilisé a
été dosé avec un rapport C/E égal à 1 pour 750 kg/m3 de ciment.
Les travaux doivent commencer par une phase de forages, inclinés entre 5 et 8°
(colonnes positionnées sous les pieux), de part et d’autre de la pile. Dans un premier
temps, les forages seront descendus jusqu’à 17 m de profondeur (base des pieux) en
diamètre Ø 200 et équipés de tubes PVC Ø 160, scellés par un coulis de gaine, pour
faciliter la remontée des spoils.

Figure 4a. Tête de forage avec tricône et Figure 4b. Forages inclinés équipés avec
buse de pour jet grouting un tubage pour facilité la
remonté des spoils

Dans un second temps, les forages seront poursuivis en diamètre plus petit (Ø 114)
jusqu’à 27 m de profondeur. Ils serviront de sondages de reconnaissance pour confirmer
la position de l’anomalie par l’analyse des paramètres de forage.
Enfin, le jet grouting sera réalisé. Le moniteur de jet (pièce tubulaire placée à
l’extrémité des tiges de forage et comportant les buses d’injection) est descendu dans le
forage, à la base de la zone à traiter. Le traitement par jet rotatif de coulis sous haute
pression se fait ensuite en remontant pas à pas avec un temps de station à chacun
d’entre eux. Le processus de traitement est exécuté automatiquement avec un réglage
contrôlé des différents paramètres : débits et pressions des fluides, pas de remontée,
temps de station et vitesse de rotation de la tête de jet grouting.

4. Plot d’essai

Avant d’entamer les travaux, un plot d’essai a été réalisé afin de vérifier la validité des
paramètres de Jet Grouting choisis vis-à-vis des objectifs à atteindre :
- Pression de coulis : 450 bars
- Débit de coulis : 280 L/min
- Pression d’air : 9 bars

4
73
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

- Temps de station : 10 s
- Pas de remontée : 3 cm
- Vitesse de rotation : 55 tr/min
L’analyse des paramètres du forage de reconnaissance a permis de confirmer la
position de l’anomalie vers 21 m de profondeur.
Les contrôles qui ont été effectués afin de vérifier le respect des objectifs fixés sont les
suivants : contrôles sur le coulis et sur les spoils et contrôle du diamètre de la colonne.
Les contrôles sur le coulis et les spoils consistent en des essais de compression à 7, 14
et 28 jours sur des échantillons prélevés en sortie de centrale pour le coulis et lors du Jet
Grouting pour les spoils. Des mesures de densité sont également effectuées sur le coulis
et les spoils.

Figure 5a. Réalisation du plot d’essais de Figure 5b. Prélèvements d’éprouvettes


jet grouting de spoils pour mesures de Rc

Le diamètre de la colonne a été contrôlé par la méthode du cylindre électrique. Cette


méthode permet de déterminer le diamètre d’une colonne de jet grouting avec une
précision de 10 % en utilisant la différence de résistivité entre une colonne et le sol.
Un profil de résistivité du sol vierge est réalisé avant l’exécution de la colonne : la
sonde de mesure est introduite dans le forage de reconnaissance tubé et rempli d’eau.
Après réalisation de la colonne, le forage de reconnaissance est exécuté à nouveau, cette
fois, à travers la colonne, et un nouveau profil de résistivité est mesuré. Cette mesure est
effectuée lorsque la colonne est fraîche car sa résistivité étant alors faible, le contraste
avec la résistivité plus élevée du sol va permettre de déterminer le diamètre de la
colonne.
Les résultats du plot d’essai se sont avérés satisfaisants. L’objectif de résistance à la
compression de 5 MPa a été atteint sur les spoils dès 7 jours (résistance obtenue à 28
jours supérieure à 20 MPa). La densité des spoils a augmenté de façon significative au
niveau de l’anomalie : valeurs mesurées supérieures à 1,6 (densité du coulis : 1,5), ce qui
montre que le mélange sol-ciment s’est effectivement fait. Ce mélange était d’ailleurs
aisément visualisable (spoils plus épais). Enfin, la mesure de cylindre électrique a montré
que le diamètre de la colonne atteint 1,2 m au niveau de l’anomalie.

5
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 6a. Mesure de cylindre électrique Figure 6b. Mesure de cylindre électrique
en forage avant jet grouting en forage après jet grouting

5. Déroulement du chantier et bilan des travaux

La technique du jet grouting connait de nombreuses applications pour le renforcement


des sols, mais il n’existait que très peu de retour d’expérience sur l’efficience de la
technique dans un contexte karstique. Ainsi, il a été décidé de mettre en place un suivi
géotechnique de l’exécution renforcé associé et des procédures de contrôle stricts lors de
l’exécution de manière à garantir la parfaite stabilité de la fondation de l’ouvrage.
Le succès du plot d’essai a validé les différents paramètres utilisés et les travaux de
confortement ont alors été lancés. Le chantier s’est déroulé suivant le phasage présenté
plus haut avec tout d’abord la phase de forages (équipement et reconnaissance). Les
paramètres de forage ont été analysés pour déterminer les cotes définitives de réalisation
des colonnes de jet grouting. La hauteur des colonnes a été portée à 4,5 m avec un
positionnement en altitude homogène afin d’assurer un traitement complet de l’anomalie
et un fonctionnement mécanique efficace.

Figure 7a. Colonne de jet grouting avec Figure 7b. Contrôle de densité des spoils
pompage des spoils à la balance baroïde

6
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

La réalisation des 24 colonnes a ensuite nécessité huit jours de travail, avec un


phasage pour permettre la prise du ciment de chaque colonne avant la réalisation des
colonnes adjacentes.
Les contrôles des paramètres de l’exécution et des coulis et spoils (résistance à la
compression et densité) ont été réalisés de manière systématique sur l’ensemble des
colonnes. Un contrôle de diamètre par la méthode du cylindre électrique a été effectué
sur les trois premières colonnes.
En complément, un contrôle topographique régulier de la pile a été mené par le GIE,
afin de détecter d’éventuels tassements ou déformations induits par les travaux
d’injection. Cette mesure a été doublée avec la mise en place de dispositifs de contrôle
visuel immédiat (niveaux et pendules) pour permettre à l’entreprise un contrôle continu
des éventuels déplacements.

Figure 8a. Instrumentation de suivi de Figure 8b. Pile P1 achevée


verticalité de la pile P1

6. Conclusion

La découverte d’une anomalie karstique, remplie d’argile, dans le massif crayeux, à moins
de 2 m sous la pointe des pieux de la pile P1 du viaduc de l’Austreberthe a imposé la
mise en œuvre d’une solution technique inédite en matière de traitement de karsts : des
colonnes de jet grouting. Les études de la géométrie de l’anomalie et de la nature du
remplissage (argile de décalcification à forte teneur en eau) ont en effet montré que les
autres solutions de confortement qui ont pu être envisagées (injection de coulis de ciment
ou injection solide) n’étaient pas en mesure d’apporter la sécurité nécessaire à la
fondation de l’ouvrage.
Les résultats de l’ensemble des procédures et essais de contrôle ont tous été
satisfaisants. Le jet grouting a ainsi apporté une réponse technique totalement adaptée
au contexte géologique et aux contraintes techniques pour le confortement des fondations
profonde de la pile du viaduc en interaction avec une anomalie karstique.

7
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

PROGRES DANS L'ESTIMATION DU TAUX DE REEMPLOI DES SOLS


DE DEBLAI ET DANS CELLE DE LA PORTANCE DES SOLS DE
FONDATION EN REMBLAI

Jean-Michel CUINET1, Jean-Claude GRESS2,


1
Directeur Technique Hydrogéotechnique. jm.cuinet@hydrogeotechnique.com
2
Conseiller Technique d'Hydrogéotechnique, gérant de ACE Géotechnique.
jc.gress@hydrogeotechnique.com

RESUME – l'estimation du taux de réemploi des sols de déblai en remblai est un


challenge majeur pour le géotechnicien en charge d'études géotechniques
d'infrastructures. Nous développons ici des progrès récents dans cette approche, progrès
également applicables à la caractérisation de la portance des sols de fondation en
remblai.

ABSTRACT – the assessment of re-use rate of soils coming from cuts is a major
challenge for geotechnical engineers, working on geotechnical studies of roads or railways
projects. We develop here recent improvements in this approach. These improvements
are also interesting in the assessment of soil stiffness of the different layers of
embankments.

1. Introduction

Pour le géotechnicien en charge de l'étude géotechnique d'infrastructures, il est


important qu'il soit en mesure d'évaluer le taux de réemploi des couches de sols extraites
des zones de déblai et pour ces sols mis en remblai, d'évaluer ensuite la portance
attendue de chaque couche de remblai.
Nous procédons d'abord à une revue de l'état de l'art avant la présentation de progrès
récents que nous développons ensuite.

2. Etat de l'art antérieur

Le géotechnicien s'appuie sur le guide pour les terrassements routiers, pour dans un
ouvrage élémentaire de déblai, découper le déblai en couches ayant un comportement
homogène au sens du GTR 92.
Ce travail, il le fait à partir de l'analyse des résultats de laboratoire : analyses
granulométriques, limites d'Atterberg et essais au bleu de méthylène essentiellement.
Ensuite, pour une période de prélèvement donnée, de préférence caractéristique d'une
saison type, comme les mois de Mars-Avril et Septembre-Octobre en France, il recense
toutes les teneurs en eau (de la fraction 0/20 mm), dont il dispose, pour dresser un
histogramme des teneurs en eau de chaque couche caractéristique, cet histogramme
étant alors rattaché à une situation météorologique de saison défavorable de teneurs en
eau élevées, ou de teneurs en eau de saison favorable. L'idéal évidemment est de
disposer des deux histogrammes, pour se rendre compte, comme sur l'exemple Figure n°
1 de la région de BOURG-EN-BRESSE, sur des sols A2, que les histogrammes favorables
et défavorables sont très différents, les valeurs moyennes présentant un écart de 4 points.

1
77
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure n° 1 – Histogrammes de teneurs en eau fin hi ver et fin été.

Chaque histogramme se doit aussi d'être analysé en géographie des valeurs mesurées.
Il est important de constater, soit que la dispersion est aléatoire, soit que le constat est fait
que les valeurs de teneurs en eau les plus faibles sont localisées à la surface du déblai et
que plus on progresse à coeur de déblai, plus elles augmentent, ou toute autre
configuration.
Cette analyse est évidemment importante et est à comparer aux moyens d'extraction :
le scraper va peler le déblai comme un fruit, alors que la pelle en rétro va avoir tendance à
homogénéiser les couches sur la hauteur de travail.
Si l'histogramme des teneurs en eau est aléatoire, le géotechnicien va raisonner sur la
valeur moyenne et la considérer comme représentative. Si l'histogramme est très orienté
géographiquement, le géotechnicien va plutôt raisonner sur des groupes de teneurs en
eau, et les considérer un à un comme représentatifs.
Enfin, et c'est là que l'état de l'art a été longtemps insuffisant, sur chaque famille
homogène était réalisé un essai Proctor normal avec IPI, et ce couple d'essais était
considéré comme représentatif de la couche étudiée.
Le géotechnicien faisait alors la projection de ces histogrammes sur la courbe IPI
représentative, comme sur la figure n° 2 :
IPI

Nov. Mars

Juillet-
Septembre

18 20 22 24 26 28 30 32 34 WN 0/20
W5

Figure n° 2 –Difficulté de la courbe IPI dite de ré férence.

Il déduisait, sur ce cas spécifique, les taux de réemploi suivant, pour une extraction
homogénéisant les teneurs en eau autour de la moyenne :
- taux de réemploi Novembre Mars 0%
- taux de réemploi Juillet Septembre 100 %

2
78
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Par contre pour une distribution orientée des valeurs les plus faibles en surface vers
des valeurs les plus élevées en profondeur, il considérait :
- taux de réemploi Novembre Mars 41 %
- taux de réemploi Juillet Septembre 79 %
en faisant les rapports entre le nombre de teneurs en eau correspondant à un IPI
supérieur à 5 (pour des A2) au nombre total de teneurs en eau mesurées et en appliquant
une marge de sécurité.
Cette démarche, déjà relativement pertinente, se heurtait à une difficulté, à savoir que
la courbe IPI de chaque couche présente également une dispersion, ce que l'on avait
rarement l'occasion de vérifier, faute de moyens, ne disposant que d'une courbe par
famille, au stade des études.
Par contre, en contrôle sur le terrain par les entreprises, celles-ci faisant une série de
courbes IPI par couche, il apparaissait clairement que cette dispersion devait être
intégrée.

3. Etat de l'art pour la portance des plateformes en remblai

Concernant les plateformes, le géotechnicien a compris qu'il devait faire la différence


entre les plateformes en déblai et les plateformes en remblai.
Pour les plateformes en déblai, le terrassier doit s'attacher à préserver la portance
naturelle des couches qu'il terrasse et ce sont les essais in situ qui vont caractériser cette
portance : éventuellement essais au pénétromètre dynamique, éventuellement IPI in situ.
Pour les plateformes en remblai, c'est l'IPI après essai Proctor qui va caractériser la
plateforme attendue, la réalisation d'essais IPI au Proctor normal et au Proctor modifié
permettant de sentir les effets pouvant être néfastes d'un surcompactage et les IPI après
immersion permettant d'anticiper les évolutions de la portance en fonction de l'immersion
éventuelle (voir Figure n° 3).
γd

2.0

1.9 γd OPM

95 % OPM
1.8
γd OPN
Sr=1
1.7
Sr=0.9
95 % OPN
1.6 Sr=0.8
Sr=0.7
1.5
W%
5 10 W OPM 15 W OPN 20

IPI

Immédiat PM
30

20 Immediat PN

Immersion PM
10

Immersion PN
W%
0 5 10 15 20

Figure n° 3 – Courbes Proctor et IPI de référence.

3
79
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Le géotechnicien retrouvait ici la difficulté précitée, d'une valeur d'IPI qui semblait
unique, pour une couche donnée, à une teneur en eau donnée, alors que la courbe dite de
référence n'était pas unique, mais qu'il fallait l'intégrer dans un ensemble de courbes,
caractérisé par une tendance moyenne et une dispersion.
La valeur de l'IPI en tant que telle caractérisait une traficabilité. En dessous de 5, pour
les A2, la traficabilité des engins à pneus est impossible. Au niveau de la PST, la valeur
d'IPI était transformée en module Ev22 de deuxième chargement à la plaque du sol de
fondation, par la relation :
Ev22 ≈ 3 IPI en MPa (1)
IPI en valeur de pourcentage.
Cette valeur lui permettait ensuite de déterminer l'épaisseur h en centimètres d'une
couche de forme de module intrinsèque Ev12, pour un objectif de plateforme caractérisée
par un Ev32 du bicouche (couche de forme ; sol de fondation) par la relation de J.C.
GRESS :
 1 
 Ev 22 − 1 
 + 0,6  Ev 2 − 1
Ev12 2
h = 30 LN   3 
 1   Ev 2 
 Ev32 − 1 1 
 Ev 2 
(2)
La démarche nouvelle proposée va s'appuyer sur les mêmes développements, en
cherchant à évaluer IPI d'une manière plus pertinente.

4. Avancées récentes

Dans un article récent, DUBREUCQ (2015) présente des corrélations intéressantes


pour les sols fins, en relation avec leur identification.
Ce travail porte à ce stade sur les sols A1, A2, A3 et A4. Nous avons analysé ses
propositions.
Il ressort que pour un sol 0,400µ, la connaissance de la limite de liquidité, permet celle
de la teneur en eau optimale Proctor normal, la densité sèche à notre teneur en eau la
valeur de l'IPI et l'évolution de l'IPI fonction de la teneur en eau dans sa partie rectiligne.
Dans les relations ci-dessous, W L est exprimé par sa valeur vraie et non en pourcentage :

0,045 + 0,52 WL
WOPT =
1 + 0,959 WL
(3)

1 + 0,959 WL
૪d OPT en T / m 3 = (4)
0,447 + 0,905 WL

1,046 − WL
IPI OPT = 22,73
1 + 2,322 WL
(5)

 1 
IPI = IPI OPT + 7,5 (1 − WL ) 
1
− 
 (6)
W
 N W OPT 

IPI étant exprimé en valeur de pour cent.

4
80
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure n° 4 – Dispersion statistique de WL

L'intérêt de ces relations est bien de montrer que les valeurs d'IPI sont dispersées
aléatoirement dans le déblai, puisque comme le montre la figure n° 4, issue de l'étude du
déblai de TANVOL de l'autoroute A40, les valeurs de W L sont dispersées.
L'application de la relation (5) aux limons de TANVOL, conduit à l'histogramme attendu
de la variation de l'IPI dans le déblai pour une population de 14 couples de valeurs (W L ;
WN). L'idéal est de disposer d'une trentaine de valeurs (figure n° 5).
TANVOL : Limons ocres et gris A2 m ou h

N Fréquence

10

9 Juillet Septembre
8

7 Novembre Mars
6

2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 IPI

Figure n° 5 – Variabilité de l'IPI attendu à OPN.

Evidemment cette variabilité de l'IPI est ainsi à analyser géographiquement, les valeurs
étant comparées aux valeurs seuils de chaque famille de sols Ai.

5. Conclusion

Il ressort de cette analyse que l'approche suggérée consiste, pour chaque couche
caractéristique, à réaliser des points d'IPI à la teneur en eau de prélèvement, à l'énergie
Proctor normal.

5
81
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Ces valeurs étant placées dans un histogramme, de préférence hiver, puis été, elles
sont analysées géographiquement et comparées aux valeurs seuils. Le taux de réemploi
est déduit du mode d'extraction. Au niveau de la plateforme de remblai, cette analyse
permet d'appréhender la dispersion attendue des IPI et déduire l'épaisseur de couche de
forme à envisager.
L'avantage de l'approche IPI est que pour des sols de fraction granulométrique 0,20
mm, les mesures en laboratoire sont pertinentes. Pour les sols OD, avec D > 20 mm, des
progrès restent à faire dans l'analyse.
Pour les sols 0-400µ, la mesure de la limite de liquidité en parallèle est intéressante et
les relations déduites du travail de Mr DUBREUCQ permettent de compléter la série de
mesures directes des valeurs d'IPI.

Références bibliographiques

DUBREUCQ T., 2015. Quelques corrélations relatives aux sols fins compactés dans les
travaux de terrassement. SEC2015. IFSTAR. Pages 361-371.
GRESS J.C., 1983. Méthode rationnelle de dimensionnement des couches de forme
granulaire. Revue Générale des Routes et Aérodromes. Pages 27-43.
GTR 1992. Réalisation des remblais et des couches de forme. GTR 92. SETRA. LCPC.

6
82
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

AMELIORATION POUR LE CALCUL DES TASSEMENTS SOUS DES


REMBLAIS OU DES RADIERS DE GRANDES DIMENSIONS

Jean-Claude GRESS1, Jean-Michel CUINET2,


1
Conseiller Technique d'Hydrogéotechnique, gérant de ACE Géotechnique.
jc.gress@hydrogeotechnique.com
2
Directeur Technique Hydrogéotechnique. jm.cuinet@hydrogeotechnique.com

RESUME – l'estimation des tassements sous des remblais ou des radiers de grandes
dimensions est un challenge important pour le géotechnicien confronté à des études
d'infrastructures linéaires ou à celle de plateformes logistiques par exemple. Nous
présentons ci-après l'utilisation de résultats connus en géodynamique afin de parfaire nos
estimations.

ABSTRACT – the assessment of settlements of embankments or mat foundations, having


great dimensions, is an important problem for geotechnical engineers, working on
geotechnical studies of roads, railways or of logistical platforms, for example. We present
here the use of results known by soil dynamic's engineers, in order to improve our
settlements estimations.

1. Introduction

L'ingénieur géotechnicien confronté à un calcul de tassements sous des remblais ou


des radiers de grandes dimensions constate souvent que la réalité des mesures des suivis
profilométriques ou tassométriques conduit à des valeurs inférieures aux résultats des
estimations.
Le travail fait par les géodynamiciens, constatant en particuliers que le module de
cisaillement G évolue significativement avec la distorsion, nous ouvre une porte pour
corriger nos estimations et obtenir des résultats plus pertinents.
Nous allons montrer comment.

2. Etat de l'art actuel dans le calcul des tassements sous remblais ou radiers

Pour les ouvrages d'impact au sol important, comme des remblais larges, des dallages,
radiers, ou par l'effet de groupe de semelles, se pose toujours la pertinence de la méthode
de calcul des tassements.
On observe une tendance fâcheuse à privilégier les calculs de tassements en méthode
élastique :
pihi
W = ∑i + (1)
Ei
pi : contrainte induite au milieu de la ième couche
hi : son épaisseur
E Mi
Ei+ : module estimé par : où EMi module pressiométrique de MENARD et αi
coefficient rhéologique de la αi ième couche.

1
83
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Quand le résultat de ce calcul est cohérent avec l'observation, c'est soit le hasard des
calculs, soit que le contexte du sol est désaturé ou saturé surconsolidé, sablograveleux ou
rocheux et que la méthode est effectivement applicable.

La relation (1) pose plusieurs problèmes :


- jusqu'à quelle profondeur faut-il réaliser le calcul : 1.5 B, où B est la largeur de
l'impact de la fondation ?
- elle ne prend pas en compte le comportement œdométrique du sol avec
compression primaire et compression secondaire, quand le sol comporte une
matrice argileuse et qu'il est saturé.
- la relation (1) est absolument à prohiber pour les sols compressibles organiques.

Par contre, elle semble effectivement pouvoir s'appliquer aux sols fins désaturés ou
saturés surconsolidés, aux niveaux sablograveleux et aux roches.
L'idéal pour les conditions particulières de ces ouvrages, est de considérer que la
meilleure approche est une approche couplant :
- l'approche œdométrique pour les sols dont la matrice 0.400µ détermine le
comportement (supérieure à 30 % en poids),
- l'approche élastique pour les niveaux sablograveleux et rocheux.

On remarque que concernant les niveaux fortement surconsolidés, dans l'approche


œdométrique, les tassements de chaque couche sont donnés par :
Cs σ ' vo + ∆σ
∆H = H log (2)
1 + eo σ ' vo
∆σ
A grande profondeur, ∆σ diminue sensiblement, σ'vo lui augmente, donc est faible,
σ ' vo
(2) devient :
Cs 1 ∆σ
∆H = H (3)
1 + eo LN10 σ ' vo

On retrouve bien la proportionnalité de ∆H avec ∆σ, avec :


1 + eo
E+ = LN10 σ ' vo (4)
CS

3. Apport de la dynamique des sols


E
La dynamique des sols explicite clairement l'évolution de G = 2(1 + υ ) avec la distorsion ૪.(5)

Nous présentons d'abord le travail de SEED (1970) sur les sables, caractérisé par les
résultats de la figure n° 1 :

2
84
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

G
Figure n° 1 – Variation de avec ૪ pour les sables.
G max
F' étant le rapport G/Gmax.

Puis celui de VUCETIC et DOBRY (1991) pour des sols fins, caractérisés par la valeur
de PI, indice de plasticité en pourcent et pour des niveaux de surconsolidation variant de 1
à 15.

G
Figure n° 2 – Variation de avec ૪ pour les sols 0.400µ.
G max
Ces travaux montrent que quand la distorsion diminue, la valeur de G augmente pour
tendre vers une valeur maximale Gmax pour une distorsion que nous appellerons γε en
pour cent.
Nous résumons dans le tableau n° 1, les valeurs con statées pour γε en %, en valeurs de
log(10+6γε).
Tableau n° 1 –Variation de log10 6γε avec Ip.
Sols
Sols Sables 0,1 0,3 0,5 1 2
Ip=0
log(10+6γε) 2,51 2,59 2,9 3,19 3,51 3,78 4,02

Les valeurs de γε en pour cent pour les sables et les sols à PI = 0 sont les mêmes. PI
est exprimé en valeur vraie.

3
85
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Les valeurs de log(10+6γε) varie avec PI comme :

( )
log 10 6 × γε ≈
4,2 PI + 0,55
PI + 0,25
sauf en PI = 0 (6)

Ayant déterminé les valeurs de γεnous analysons ensuite comment varie log100F, avec
γ
γ ε , F étant le rapport de G/Gmax.

Il ressort le tableau n° 2 suivant :

γ
Tableau n° 2 – Variation de log 100F avec log γ ε
γ
log γ ε 0 0,7 1,7 2,7 3,7

Sables 2 1,974 1,818 1,477 0,85


Ip = 0 2 1,964 1,768 1,176 0,7
0,15 2 1,96 1,77 1,255 0,78
Sol
0,3 2 1,97 1,77 1,32 0,73
s
0,5 2 1,97 1,77 1,22 0,68
1 2 1,97 1,8 1,12 0,7

Nous constatons pour les sols que l'évolution est indépendante de la valeur de PI.
Pour les sables, nous notons des valeurs légèrement différentes, mais assez voisines.
En recherchant une formulation pour caractériser ces évolutions, il semble que les
meilleures approches soient du type :
2,172
2,172
x
y=4 1−   −2 (7)
5

pour les sols


1,715
1,715
x
et y=2 1−   (8)
5
γ
pour les sables, avec y = log(100 F) et x = log ( )
γε

4. Application aux calculs des tassements

Les tassements sont estimés à partir de résultats d'essais correspondant au distorsion


γe d'essais de laboratoire ou d'essais in situ.
∆h
Le calcul des tassements, couche par couche, conduit à une distorsion γ i = de
h
chaque couche élémentaire plus faible.

4
86
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

F(γ e )
La proposition est de corriger le résultat du calcul par la valeur du rapport (9)
F(γ i )

F étant estimé par les relations (7) et (8).

5. Distorsions des essais œdométriques et des essais pressiométriques comparées


à celles de calcul

5.1. Distorsion des essais œdométriques

Au cours d'un essai œdométrique, la variation relative de volume V ou celle de hauteur


H de l'échantillon peut s'écrire, partir du module d'Young E et du coefficient de POISSON :
∆V ∆h σ Z (1 + υ )(1 − 2υ )
= = (9)
V h E 1−υ
où σZ est la contrainte appliquée sur l'échantillon.
La valeur du cisaillement maximal τmax est donnée par :
1 υ  σ 1 − 2υ
τ max = σZ − σZ = Z (10)
2 1−υ  2 1−υ

en regardant la figure : τ

τ max

σv

0 ν σz 0' σz
1 −ν

Figure n° 3 – Estimation de τ max


E
Sachant que : G= (11)
2(1 + υ )

(9) peut s'écrire :


∆h σ Z 1 − 2υ
= (12)
h 2G 1 − υ
et la distorsion maximale max peut s'écrire à partir de (10) :
σ Z 1 − 2υ
γ max = (13)
2G 1 − υ
∆h
Nous avons donc : γ max = (14)
h

5
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

5.2. Distorsion au cours d'essais pressiométriques

Dans l'ouvrage de JEZEQUEL (1978) sur l'essai pressiométrique, BAGUELIN démontre


que la distorsion à la paroi du forage est donnée par :
∆R
૪= 2 (15)
R
R rayon d'une section de la cavité, ∆R déformation.
V1 + V2
En prenant la valeur à , V1 et V2 étant les augmentations de volume de la sonde
2
aux pressions p1 et p2 encadrant la phase pseudoélastique, nous pouvons écrire, avec Vs
volume de la sonde au repos :
 Vs + V2 
૪=  − 1 (16)
 Vs + V1 

5.3. Distorsion de calcul par un calcul œdométrique

En considérant ici un fluage négligeable, le calcul du tassement œdométrique d'une


couche d'épaisseur H, d'indice des vides initial eo, chargée à une contrainte verticale
effective σ'vo, de contrainte de préconsolidation σp et soumise à ∆σ est donnée
classiquement par :
CS σ ' vo + ∆σ ' vo
si σ ' vo + ∆σ < σ ' p ∆H = H log (17)
1 + eo σ ' vo
CS σ 'p Cc σ ' vo + ∆σ
et si σ ' vo + ∆σ ≥ σ ' p ∆H = H log + H log (18)
1 + eo σ ' vo 1 + eo σ 'p

Cs indice de décharge, Cc indice de charge.


Pour ce calcul, σ'vo est la contrainte verticale effective au milieu de couche.
Au laboratoire, σ'vo est la contrainte verticale effective au milieu de l'échantillon pour les
termes en Cs.
∆H
Les valeurs de la distorsion au laboratoire en phase d'essai vont donc être
H
différentes des distorsions de calcul par les méthodes classiques et c'est cette correction
qu'il faut réaliser.

5.4. Distorsion du calcul pour un calcul pressiométrique

Au pressiomètre, quand le calcul est possible pour les sols pulvérulents par exemple, le
tassement est estimé par :
α∆σ H
∆H = (18)
EM

α coefficient rhéologique de 0,33.

6
88
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Em module pressiométrique de Menard et donc ici la distorsion de calcul est :


∆H ∆σ
= 0,33 (19)
H EM

C'est cette distorsion qu'il va falloir comparer à celle en phase d'essai comme estimé en
5.2.

6. CONCLUSION

L'évolution de G en fonction de la distorsion est donc une donnée sur laquelle les
géotechniciens se doivent de travailler dans le futur. Outre l'intérêt que présente cette
évolution pour les géodynamiciens, nous avons montré ici comment elle permettrait de
corriger les amplitudes de déformation calculées classiquement sous un remblai ou un
radier, pour coller plus finement à la réalité des observations faites sur des ouvrages réels.

Références bibliographiques

Baguélin F., Jezequel J.F., Shielb D.H. (1978). The pressuremeter foundation engineering.
Transtech Publications.
Seed H.B., Idriss I.M. (1970). Soil modules and damping factors for dynamic response
analyses. Report EERC 75–29. Berkely. California.
Vucetic M., Dobry R. (1991). Effect of Soil Plasticity on Cyclic Response. ASCE. Vol.117
n° 1. Pp. 89-107.

7
89
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

APPORTS DE L’INTERACTION SOL-STRUCTURE DANS LA


CONCEPTION DES FONDATIONS

BENEFITS OF SOIL STRUCTURE INTERACTION TO THE DESIGN OF


FOUNDATION STRUCTURES

Fahd Cuira1, Bruno Simon1


1
Terrasol (Groupe Setec), Paris, France

RÉSUMÉ – L’interaction sol-structure est un passage obligé pour appréhender d’une


manière réaliste le comportement des ouvrages en relation avec le sol qui les supporte.
Cette communication s’attache à présenter quelques éléments d’ordre pratique pour
mettre en œuvre une démarche d’interaction sol-structure éprouvée. Les enjeux
conceptuels liés à cette démarche sont mis en évidence à travers des cas concrets.

ABSTRACT – Soil Structure Interaction is an indispensable tool for understanding in a


realistic way the behaviour of structures in relation with the ground. This paper attempts to
present some practical considerations enabling to implement a proven soil-structure
interaction approach. Conceptual issues in this process are highlighted through real case
studies.

1. Introduction

De quelles méthodes dispose-t-on pour traiter l’interaction sol-structure (ISS) ? Un


passage obligé pour appréhender d’une manière réaliste le comportement des ouvrages.
Pour l’ingénieur en charge de dimensionner la structure, l’ISS implique que les
« paramètres » couramment considérés pour représenter la réponse du sol ne sont pas
des propriétés intrinsèques. Pour le géotechnicien, l’ISS signifie que la réponse du sol est
modifiée par la présence de la structure qu’il supporte.

Modèle structures

Ouvrage à
concevoir

Modèle géotechnique

Figure 1. Découplage usuel entre les modèles « géotechnique » et « structure ».

En dehors des projets de grande envergure pour lesquels l’ingénieur dispose de


« moyens » suffisants pour aborder le comportement du système « sol + structure » dans
son ensemble, la réalité des études « courantes » est un découplage systématique des
modèles de calcul « géotechnique » et « structure » particulièrement quand il s’agit de

1
90
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

problématiques de « fondation » (Figure 1). Les études de soutènement sont, le plus


souvent, traitées par des modèles de calcul qui intègrent de manière plus ou moins
poussée les effets d’ISS.
L’ISS vise donc à corriger les limitations implicitement introduites par ce découplage.
Sa mise en œuvre en pratique se heurte néanmoins à de nombreuses difficultés
principalement liées au caractère faible des représentations utilisées pour décrire la
réponse du sol dans le modèle structure (le fameux « ressort de sol »). Nous nous
attachons dans ce qui suit à présenter, à travers une série d’exemples concrets, des
propositions de schémas concrets permettant de pallier à ces difficultés.

2. Ouvrages fondés sur appuis isolés

2.1 Le schéma classique : exemple d’une dalle sur appuis

L’ouvrage étudié est une dalle de couverture de voies ferroviaires existantes dont la
construction s’inscrit dans le cadre de l’opération dite ATM (Paris 13e). La dalle est
amenée à supporter à terme des immeubles et des voiries avec une charge de service
estimée à 170 kPa environ. Le mode de fondation retenu est celui d’un groupe de 2 à 4
barrettes par point d’appui descendues au toit du Calcaire Grossier qui constitue ici
l’horizon porteur. Sous cet horizon, on rencontre une couche d’argiles (fausses glaises)
d’une épaisseur allant de 10 à 20 m selon les zones (Figure 2 – gauche). Ces conditions
ont justifié le recours à une modélisation numérique en éléments finis visant à apprécier
les tassements absolus et différentiels de la dalle, à court et à long terme. Les tassements
estimés sont de l’ordre de 2 cm pour un appui isolé dont 1,5 cm sont attribués à la couche
de fausses glaises. Les effets d’interaction entre fondations (propagation des tassements
au sein de la couche déformable) amplifient ce tassement d’un facteur pouvant atteindre
2,2. Le niveau de tassement global obtenu est en réalité proche de celui que l’on
obtiendrait en transférant la charge de 170 kPa directement au toit des fausses glaises.
Ces résultats ont ensuite été convertis en « raideur » équivalente par appui en écrivant
le rapport entre la charge appliquée et le tassement résultant. Les raideurs ainsi obtenues
ont permis d’alimenter le modèle traitant du comportement de la superstructure. La figure
2 (droite) présente la distorsion dans la dalle de couverture pour différentes situations.

~ 1/300
0.30%
Sans ISS (appuis rigides)

0.25% Avec ISS (sans raidisseurs)


Avec ISS + raidisseurs
Distorsion relative (%)

0.20% 1/500

0.15%

0.10% 1/1000

0.05%

0.00%
0 10 20 30 40 50 60 Distance (m)

Figure 2. Distorsion de la dalle de couverture pour différentes configurations

La première situation (trait discontinu) est celle d’un modèle sans ISS mené en
négligeant la souplesse des fondations (appuis rigides), cela conduit à des distorsions

2
91
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

exagérément optimistes en comparaison avec le résultat de la deuxième configuration


(trait continu) qui se base sur les raideurs issues du modèle géotechnique (calcul de type
dalle sur ressorts ponctuels). La prise en compte des effets d’ISS met en évidence la
nécessité de renforcer localement la structure de la dalle (moyennant des raidisseurs –
marqueurs triangulaires) afin de limiter les distorsions à 1/500e.
L’augmentation de la rigidité de la superstructure implique une redistribution de la
descente de charge par appui. La « boucle » d’interaction sol-structure prend ainsi forme
en relançant le calcul géotechnique sur la base de la nouvelle descente de charge en vue
d’actualiser les tassements et les raideurs. Le schéma ainsi mis en œuvre est un schéma
ISS classique qui peut être résumé par la figure 3.

Modèle géotechnique Réactions des appuis

Raideurs équivalentes Modèle « structure »

Figure 3. Schéma ISS classique

2.2 La question des interactions

La poursuite du processus itératif présenté dans l’exemple précédent mettrait très vite en
évidence un lien de dépendance « apparente » entre la descente de charge et les
raideurs : les raideurs évoluent avec la descente de charge et ce en l’absence de toute
forme de non-linéarité propre au comportement du sol. Ce constat s’explique en réalité
par les effets d’interaction (ou effets de groupe) entre les fondations qui conduisent
mathématiquement à des raideurs apparentes dépendantes de la charge comme le
montre l’exemple schématisé dans la figure 4.
V1 V2

u1 = α11.V1 + α12.V2
L
u2 = α21.V1 + α22.V2
Milieu élastique

1 u V 1 u V
 1  α11  α12 2  2  α 22  α 21 1
K1 V1 V1 K 2 V2 V2

Figure 4. Raideurs apparentes pour deux fondations en interaction

Ainsi, représenter une fondation en groupe par un ressort isolé implique


nécessairement une dépendance de la raideur de ce ressort avec la charge et ce malgré
le caractère élastique supposé pour le comportement du sol. Une représentation
alternative et « intrinsèque » de la réponse d’un groupe de fondations consisterait à
recourir à la notion de « matrice de souplesse » (Figure 5), c’est-à-dire un jeu de raideurs
traduisant à la fois la souplesse propre de chaque fondation mais également les effets
d’interaction liés à la propagation des tassements dans le sol support. Cette matrice de
souplesse, dont il convient de rappeler le caractère « intrinsèque » peut, si le logiciel
« structure » le permet, être intégrée directement au modèle structure sous la forme d’un
« macro » ou « super » élément. Dans la pratique, cette matrice de souplesse est plutôt
utilisée comme une représentation du modèle géotechnique et permet ainsi au spécialiste

3
92
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

structure d’être autonome dans la poursuite du processus itératif visant à ajuster les
raideurs au niveau de chaque point d’appui.

Modèle
géotechnique

1  u1   11 12  1n   F1 


     
2  u2    21  22   F2 
       .  

     
i  un 1       Fn 1 
 u   F 
 n   n1   nn   n 

n-1 n

Fi
Ki  Modèle
ui structure

Figure 5. Notion de matrice de souplesse pour un groupe de n fondations en interaction.

2.3 Exemple d’un IGH sur micropieux

L’exemple qu’on propose de regarder à présent est celui d’un R+30 implanté dans un
environnement urbain dense et restreint. Ces conditions ont privilégié le choix d’un
système de fondation par micropieux au stade projet. La superstructure repose ainsi sur
quatre files de piédroits longitudinaux reposant chacune sur 3 à 5 files de micropieux.
L’emprise en plan de ces piédroits a été décomposée en 13 zones caractéristiques
comme le schématise la figure 6 ci-dessous.

Décomposition des massifs d’appui en


13 zones caractéristiques

Figure 6. Exemple d’un IGH sur micropieux - zonage sur le système de fondation.

La modélisation du comportement des fondations a été menée à l’aide d’un modèle


éléments finis 3D bâti sous le logiciel PLAXIS. Ce modèle intègre implicitement les effets
d’interaction entre micropieux et ce qui en résulte en matière de rigidité/souplesse
apparente. Après avoir justifié la validité d’un domaine de pseudo-élasticité pour le
comportement du sol (choix d’un module de déformation sécant compatible avec les
niveaux de chargement amenés par l’ouvrage), le modèle a ensuite servi d’outil pour
élaborer une matrice de souplesse 13 x 13 représentant la réponse du système « sol +
micropieux + semelles de liaison ».
Le principe du schéma d’interaction sol-structure qui a été ensuite mis en œuvre, en
collaboration avec le bureau d’études structure, est résumé par la figure 7. Ce schéma a
permis au « structuriste » d’être autonome dans le processus itératif visant à ajuster les
raideurs pour chaque zone d’appui (1 à 13). Dans ce schéma, la sollicitation du modèle

4
93
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

« géotechnique » est limitée à deux itérations : définition de la matrice de souplesse et


vérifications de stabilité et de portance sur la base de la descente de charge définitive. A
la fin du processus, la cohérence de la démarche a pu être démontrée en confrontant les
cuvettes de tassements issues des modèles géotechnique et structure.

Modèle géotechnique Vérifications géotechniques


(numérique ou analytique) (stabilité et portance)

Réactions définitives des appuis

Matrice de souplesse
Modèle « super-structure »
« sol + fondation »

Figure 7. Schéma ISS recommandé pour un groupe de fondations en interaction.

2.4 La question des termes couplés

Une autre question souvent source de difficulté dans les échanges entre les bureaux
d’études géotechnique et structure est celle des termes couplés : couplage entre les
degrés de liberté d’un même point d’appui. L’exemple type est celui d’un pieu isolé sous
chargement transversal en tête (figure 8) : l’application d’une force provoque à la fois une
translation et une rotation en tête du pieu. De même pour l’application d’un couple. Il y a
donc couplage entre le degré de liberté en rotation et celui en translation. Assimiler la
réponse en tête d’un pieu à celle d’un couple de ressorts indépendants en
translation/rotation conduira nécessairement à une raideur apparente dépendante du
couple (T, M) et ce en dehors de toute non linéarité propre au comportement du sol. La
question se complique bien évidemment quand il s’agit non pas d’un pieu isolé, mais d’un
groupe de pieux ou de micropieux, éventuellement inclinés dans des directions variables,
et liaisonnés en tête par une semelle de répartition. Le problème est tridimensionnel, il y a
6 degrés de liberté et autant de termes couplés.
θ θ
y y
T M

Application Application
d’un effort d’un couple

T  ρ1y  ρ2θ
M  ρ2y  ρ3θ

Figure 8. Problématique des termes couplés – cas d’un pieu chargé transversalement.

L’exemple qui suit est une parfaite illustration de la problématique évoquée. L’ouvrage
étudié est un pont arc biais à structure mixte sur le canal de Saint-Denis dans le nord de
Paris (Figure 9). La structure du pont est amenée à supporter à terme deux voies
ferroviaires supplémentaires en élargissement d’un pont rail existant (pont arc en
maçonnerie). L’ensemble de l’opération s’inscrit dans le cadre du projet EOLE
(prolongement du RER E à l’Ouest de Paris). Le principe de fondation qui a été retenu est

5
94
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

celui d’un groupe de plusieurs dizaines de micropieux injectés permettant la reprise d’une
résultante de charge inclinée à 45° par rapport à l’horizontale.

Modèle
Groupie+

Figure 9. Elargissement d’un pont rail existant – modélisation du massif de fondation

Le caractère extrêmement exigeant des critères de tassement imposés à l’ouvrage (liés


notamment à une nouvelle voie placée à cheval entre les ponts existant et futur) a conduit
à préconiser une conception tenant compte des effets d’interaction sol-micropieux-
structure afin de garantir une cohérence stricte entre la raideur des appuis et les charges
transmises par la superstructure. L’évaluation de la matrice de raideurs de chaque appui a
été menée à l’aide du module Groupie+ du logiciel Foxta. La figure 10 présente la matrice
de raideurs obtenue : il s’agit d’une matrice 6 x 6, non diagonale et comportant plusieurs
termes couplés non nuls liés notamment au caractère dissymétrique de la répartition
imposée aux éléments de fondation.
Le modèle élaboré par le structuriste ne permettant pas le traitement des termes
couplés, un changement de « repère » a donc été calculé pour ré-exprimer sous forme
« diagonale » la matrice de raideurs à prendre en compte dans le modèle structure. La
figure 10 présente la démarche retenue pour mener ce changement de « repère », qui est
en réalité un changement du point d’application : la présence de termes couplés a été
simulée par des « bras de levier » dx, dy et dz artificiels (barres rigides) introduits à la base
de la superstructure et qui permettent de se ramener à la définition d’un jeu de ressorts
classiques en rotation/translation.
ux θy uy θx uz θz
Fx 0
My 0
Fy 0 0 0
Mx
Fz 0
Mz

dx dy dy
dz dz dx
CY CX CZ
KX KY KY

KZ KZ Kx
OXZ OYZ OXY

Figure 10. Matrice de rigidité d’un groupe de pieux – élimination des raideurs couplées par
un changement de repère (ou du point d’application).

6
95
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3. Ouvrages sur fondations étendues : l’écueil du choix d’un coefficient de réaction

Pour des ouvrages reposant sur un système de fondation composé de longrines, radier ou
dallage, le géotechnicien est systématiquement confronté à la question du coefficient de
réaction à donner au structuriste. La problématique peut être illustrée à travers l’exemple
simple d’une poutre de roulement (figure 11), soumise à une charge mobile pouvant être
exercée en partie courante (situation 1) ou à proximité du bord (situation 2). L’exercice est
traité à l’aide d’un modèle Tasplaq (Cuira et al, 2008) qui permet de mener et de comparer
les deux types de modélisation : une, de référence, de type «radier sur sol multicouche »,
face à une autre de type « radier sur ressorts ».

Poutre en BA Q
E = 11 000 MPa

0,7 m Q L/2
Charge
0,5 m
répartie sur
1mx1m Situation 1
1m 1m 1m

50 m Sol homogène
E = 50 MPa
ν = 0,35 Situation 2

3m
Figure 11. Poutre de roulement – quel coefficient de réaction donner au « structuriste » ?

Le but de l’exercice est de caler un coefficient de réaction permettant de reproduire le


résultat du calcul de référence (sur sol multicouche). Pour la situation 1, l’équivalence des
moments fléchissants est obtenue avec un coefficient de réaction de 18 MPa/m (figure 12
– gauche). Pour la situation 2 (figure 12 – droite), l’obtention d’un calage satisfaisant a
nécessité l’introduction d’un zonage dans la définition du coefficient de réaction : 40
MPa/m au bord (sur 2 m) et 10 MPa/m en partie courante. Il est à noter que ce résultat
serait différent si le critère de calage avait été l’amplitude des tassements.

2000 200
Calcul sur massif X (m)
élastique E = 50 MPa 0
1500 0 10 20 30
Moment Mx (kNm/ml)
Moment Mx (kNm/ml)

Calcul sur ressorts -


-200
kz = 18 MPa/m
1000 -400

-600 Calcul sur massif élastique


500 E = 50 MPa
X (m) -800
0 Calcul sur ressorts - kz = 40
-1000 MPa/m au bord - kz = 10
0 10 20 30 40 50
MPa/m en partie courante
-500 -1200

Figure 11. Moment fléchissant Mx dans la poutre pour les situations 1 et 2.

Cet exemple simple rappelle le défaut d’unicité du coefficient de réaction et la


dépendance de celui-ci avec la manière dont les charges sont distribuées. Il met
également en évidence l’intérêt, pour le géotechnicien, d’avoir à disposition un outil lui
permettant de juger de la pertinence du coefficient de réaction donné à l’ingénieur
structure. Un tel outil ouvre la voie à un autre schéma d’analyse possible où le
géotechnicien apparaît « autonome » dans les allers/retours nécessaires à la mise en
œuvre du processus d’interaction sol-structure. La figure 12 résume le principe de ce
schéma ISS. Celui-ci a notamment été utilisé dans les études de conception de la Tour
Majunga sur le site de la Défense dont la construction s’est achevée en 2014. La tour est
haute de 204 m et fondée sur un radier général exécuté au fond d’une excavation de 13 m
de profondeur. La figure 13 présente une vue de la Tour en fin de construction (à droite) et

7
96
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

le résultat auquel a abouti le processus d’interaction sol-structure en phase de conception


(à gauche) : un coefficient de réaction de 4,5 MPa/m en partie centrale (sous le noyau), 10
MPa/m en partie périphérique. Ce résultat tient compte de l’effet de rigidité apparente due
à la présence de la superstructure au-dessus du radier (intégration, au droit du noyau,
d’une inertie « additionnelle » à la plaque représentative du radier).

Modèle radier sur multicouche Vérifications géotechniques


(TASPLAQ) (stabilité et portance)

Modèle radier sur ressorts


Modèle « super-structure »
(TASPLAQ)

Figure 12. Schéma ISS pour système de fondation étendu

Figure 13. Tour Majunga – vue de la Tour en cours de construction (à droite) – répartition
des coefficients de réaction sous le radier issue d’un modèle Tasplaq (à gauche)

4 Conclusions

L’interaction sol-structure permet une approche réaliste du comportement des ouvrages.


Plusieurs schémas types ont été présentés qui, tous ont pu être éprouvés à l’occasion de
projets réels. Le principe de ces schémas, pensés pour un cadre d’application
(pseudo)statique, peut être étendu au cas « dynamique » (ou sismique) en intégrant les
effets fréquentiels dans la caractérisation des réponses du sol et de la superstructure.

5 Références bibliographiques

Cuira F., Simon B. 2008, Modélisation 3D simplifiée d’une plaque sur sol multicouche
élastique, Revue Française de Géotechnique n° 124
Cuira F., Poulain J., Some practical considerations about Soil Structure Interaction, World
Nuclear Exhibition, le Bourget 2014
Lefevre C., Simon B. 2010, Tassements sous un IGH fondé sur radier, Colloque sur les
Immeubles de Grande Hauteur et Ouvrages Souterrains (CIGOS), Paris
Simon B., 1995, Commentaires sur le choix des coefficients de réaction pour le calcul des
écrans de soutènement, Revue Française de Géotechnique n°124
Vezole P. 1986, Interaction Sol-Structure, Méthode de calcul des pressions normales à
l’interface dans quelques cas courants. Annales de l’ITBTP, N°44

8
97
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

APPORTS DE LA METHODE CINEMATIQUE DU CALCUL A LA


RUPTURE POUR LA CONCEPTION DES SOUTENEMENTS

BENEFITS OF THE YIELD DESIGN KINEMATICAL APPROACH TO THE


DESIGN OF EARTH RETAINING STRUCTURES

Fahd CUIRA1, Bruno SIMON1


1
Terrasol, Paris, France

RÉSUMÉ – L'approche cinématique du calcul à la rupture est le cadre théorique rigoureux


en référence duquel peuvent être évalués certains schémas de calcul couramment
adoptés pour évaluer les états limites de poussée ou butée contre les écrans de
soutènement. Les exemples traités dans cette communication illustrent que certaines
approximations sont pessimistes et d'autres peu sécuritaires.

RÉSUMÉ – The kinematical approach of yield design theory is one rigorous framework to
use for assessing reliability of some widely used schemes of active or passive pressure
limit states against earth-retaining structures. Examples are given where some of those
approximations are quite pessimistic and others lie quite on the unsafe side.

1. A propos de la méthode cinématique du calcul à la rupture

1.1 Cadre particulier d’application

Le calcul à la rupture, formalisé et développé par Jean Salençon (Salençon,


1983), constitue le cadre théorique pour examiner les chargements limites applicables à
des systèmes (ou ouvrages), dans une géométrie donnée, en référence aux capacités de
résistance des matériaux qui les constituent. Elle permet d’établir des bornes,
respectivement inférieure et supérieure, des chargements extrêmes par deux approches
distinctes : l’approche statique par l’intérieur et l’approche cinématique par l’extérieur.
L’approche cinématique par l’extérieur est une des méthodes de calcul proposées par
le logiciel Talren consacré à la détermination des charges de rupture des ouvrages
géotechniques. Elle est appliquée, dans le cadre spécifique du seul critère de rupture de
Mohr-Coulomb, à des rotations de blocs rigides dont les frontières sont des successions
d’arcs de spirales logarithmiques de même pôle r() = r0etanoù  représente l’angle de
frottement de la couche où se développe chaque arc (Simon, 2006). Il faut noter que les
vitesses, perpendiculaires au rayon vecteur, ne sont pas tangentes à la frontière du bloc ;
cette frontière ne peut donc pas être assimilée à une surface de glissement.
Salençon (1983) a établi que, dans ce cadre particulier, les mouvements de tels blocs
rigides fournissaient une majoration optimale du moment Mrm des efforts résistants liés
au sol sur la frontière du bloc en mouvement. En appelant Me le moment des efforts
extérieurs appliqués au bloc, lorsque le rapport F = Mrm/Me est inférieur à 1, l’instabilité
est certaine. Coussy (1979) a proposé d’appeler ce rapport F « coefficient de rupture ».
Chaque bloc est entièrement défini par ses points d’entrée et de sortie sur le contour du
talus et l’angle au centre max. Une valeur nulle max caractérise des arcs de spirale dont le
pôle est rejeté à l’infini, soit une chaîne de segments : la comparaison des moments Mrm
et Me s’identifie alors à celle des projections des efforts appliqués au bloc sur une
direction unique et particulière, inclinée à i par rapport à chacun des segments.

1
98
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

L’approche cinématique associée à ce cadre restreint d’hypothèses est celle à laquelle


il est fait référence dans ce papier sous la dénomination de « calcul à la rupture ».

Figure 1. Frontière d’un bloc - succession d’arcs de spirale logarithmique de même pôle.

1.2. Intérêts de la méthode

Le calcul à la rupture s’inscrit dans un cadre théorique rigoureux :


- La sécurité est évaluée sans autre hypothèse que celle exprimant que le critère de
Mohr-Coulomb est pertinent pour les sols ;
- La charge de rupture est toujours définie par excès, ce qui caractérise de manière
forte cette approche par rapport aux méthodes des tranches (Fellenius, Bishop, ..) qui du
fait de l'introduction d'hypothèses complémentaires ne permettent pas de conclure sur le
caractère par excès ou par défaut de la charge de rupture estimée. La méthode du calcul
à la rupture offre l’avantage de pouvoir considérer autant des équilibres de poussée
(gravité motrice) que des équilibres de butée (gravité résistante) ; à la différence des
méthodes des tranches (Fellenius, Bishop) qui ne traitent que d’équilibres où la gravité est
motrice. Elle a également la capacité de prendre en compte des surcharges réparties de
directions quelconques, au contour du modèle, sans qu’aucune hypothèse
complémentaire concernant leur diffusion au sein du massif de sol n’ait à être posée. Tous
types de conditions hydrauliques peuvent être introduits dans l’analyse (conditions
hydrostatiques, réseau d’écoulement). Les conditions sismiques peuvent être traitées
selon une approche pseudo-statique.
Ces spécificités sont particulièrement intéressantes vis-à-vis du dimensionnement des
ouvrages de soutènement et notamment la définition des états d’équilibre limite du massif
de sol de part et d’autre des écrans. Ces états sont précisément ceux pouvant être
associés aux valeurs du coefficient de rupture F = 1. Ceci est illustré par les différents
exemples décrits dans ce papier.

2. Evaluation des états d’équilibre limite de part et d’autre des écrans

2.1. Comparaison aux résultats des tables de poussée et butée

Pour une inclinaison  fixée par rapport à la normale au parement, le profil limite de
pression dans un massif frottant est obtenu en recherchant la valeur maximale max d’une
surcharge triangulaire à appliquer dans un équilibre de poussée (Figure 2a, force de
gravité motrice) ou de butée (Figure 2b, force de gravité résistante) pour atteindre un
coefficient de rupture égal à 1. Les valeurs max peuvent être comparées aux valeurs
issues des tables de Kerisel et Absi (2003) pour les mêmes conditions limites. Le tableau
1, établi pour un angle de frottement  = 30°, montre que les valeurs obtenues avec la
méthode du calcul à la rupture diffèrent de quelques pourcents seulement des valeurs
exactes établies numériquement. Les valeurs du coefficient de poussée sont toujours

2
99
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

inférieures à celles des tables, alors que celles du coefficient de butée sont toujours
supérieures. Ceci est conforme au caractère « par l’extérieur » de l’approche mise en
œuvre (surestimation de la charge de rupture du système).

Tableau 1. Comparaison des valeurs ka ou kp calculées aux valeurs des tables ( = 30°).
Poussée  = 0  = +2/3  = +1 Butée  = 0  = -2/3  = -1
ka (table) 0,333 0,300 0,308 kp (table) 3,00 5,30 6,50
ka (calcul) 0,333 0,300 0,305 kp (calcul) 3,00 5,34 6,93
Rapport 1,00 1,00 0,99 Rapport 1,00 1,01 1,07

L’écart relatif augmente avec la valeur absolue de l’inclinaison. Pour des inclinaisons 
significatives, les mécanismes critiques s’écartent sensiblement du mécanisme plan ( =
0) associé au modèle de Rankine (applicable pour  = 0) ou de celui résultant de la
juxtaposition d’un équilibre de Rankine et d’un équilibre de Boussinesq dans la solution
des tables (correspondant à  ≠ 0 dans le cas particulier examiné).

Figure 2. Détermination des profils limites de poussée et butée ( = 30°, /= +1 et -1).

2.2. Poussée dans un milieu purement cohérent

On s’intéresse aux états de poussée dans un milieu purement cohérent, ce qui est le cas
lorsque le sol concerné révèle un comportement non drainé, caractérisé par un couple de
valeurs cu ≠ 0 et u = 0. Dans le modèle de Rankine, la résistance au cisaillement du sol
est mobilisée dans deux familles de plans conjugués inclinés à 45° par rapport à la
verticale. La hauteur maximale d’un talus vertical non soutenu est alors Hc,Rankine = 4cu/(,
poids volumique du sol). Tout talus vertical de hauteur supérieure doit être soutenu en
exerçant un effort Pa = ½ H2 – 2cuH. Ce résultat peut être retrouvé par le calcul à la
rupture en limitant la recherche à des blocs délimités par un segment de droite (θmax = 0).
En étendant la recherche à des arcs de spirale quelconque, le calcul à la rupture conduit à
une valeur plus faible de la hauteur critique Hc,rupture = 3,83 cu/γ pour un arc de spirale
d’angle au centre (θmax = 30°).
Si on construit le diagramme des contraintes normales p à exercer sur le talus vertical,
sous la profondeur Hc,rupture pour obtenir en tout point F = 1 on obtient une distribution qui
dépend à la fois du découpage et du choix de la valeur p adoptée en Hc. Cette distribution
s’écarte de celle, triangulaire, fournie par le modèle de Rankine : pRankine = H – 2cu qui
n’est retrouvée que sous la double condition consistant à limiter la recherche à des
spirales max = 0 d’une part et à conduire une recherche algébrique de p depuis le sommet
du talus d’autre part. Alors la pression p qui donne F = 1 pour H < Hc est négative et
représente un effort de « déconfinement du talus ». La pression p devient positive pour H
> Hc. Ceci illustre le caractère peu physique et réducteur de la démarche par laquelle le
modèle de Rankine peut être retrouvé. A l’inverse la démarche appuyée sur le calcul à la
rupture, permettant de construire pas à pas, un profil de contrainte p tel que p soit nul

3
100
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

entre le sommet et Hc puis p = p(F=1) sous Hc paraît mieux pouvoir représenter le


comportement du massif derrière le soutènement (Figure 3). On remarquera que la
résultante P de la distribution complète obtenue est très proche de celle associée au
modèle de Rankine. Ce résultat s’explique par le fait que les blocs critiques en pied du
talus révèlent des valeurs max qui tendent vers 0, l’équilibre des moments devient un
équilibre d’efforts et la résultante P tend vers la solution de Rankine.

Figure 3. Mécanismes critiques et diagramme de poussée correspondant.

2.3. Prise en compte des talus

La norme écrans (NF-P 94-282) exclut l’utilisation des modèles élastiques pour
représenter l’action d’un talus et suggère la méthode de Houy comme alternative (Figure 4
- gauche). Celle-ci consiste à définir les profondeurs z1 et z2 entre lesquelles la poussée
(inclinaison ) est interpolée linéairement entre la poussée d’inclinaison  sous un sol
horizontal placé en pied du talus et celle sous un sol horizontal placé au sommet du talus.
Dans le cas d’un sol frottant (angle ) et d’un écran situé directement au pied (d1 = 0) d’un
talus de grande largeur (d2 très grand) et de pente uniforme , la construction du
diagramme de poussée implique implicitement que le coefficient de poussée apparent
ka*(, ) est relié à celui sous une surface horizontale ka() par la relation suivante :

ka,houy() = ka ( = 0) (1 + tan/tan) (1)

Cette géométrie particulière permet de comparer les valeurs ka* obtenues selon la
méthode de Houy aux valeurs exactes trouvées dans les tables et également à celles
qu’établit le calcul à la rupture selon la démarche déjà décrite (Figure 4 – droite).

d 1 d 2
H

aq = kaZ

Z 1 

Z 2
aq = ka(Z + H)

Figure 4. Coefficients de poussée sous un talus – Modèle de Houy (gauche), comparaison


avec calcul à la rupture et les tables (à droite) –sol frottant (φ = 30°).

4
101
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Il apparaît que la composante horizontale du coefficient de poussée estimée selon


Houy surestime de 20% les valeurs des tables jusqu’à des angles de talus représentant
0,8 fois l’angle  (la méthode est donc conservative) mais sous-estime la valeur exacte
d’environ 30% au pied d’un talus en équilibre limite  = . Par contraste, le calcul à rupture
fournit des valeurs qui ne s’écartent pas de plus de 1 à 2% des valeurs des tables jusqu’à
 = 0,8et de 15% maximum dans le cas extrême  =  et  = 0. Les valeurs du calcul à
la rupture sont toutes par défaut, en accord avec l’approche par l’extérieur.

2.4. Effet d’une surcharge localisée sur le terrain

Le calcul à la rupture peut également servir d’outil pour intégrer l’effet d’une surcharge
localisée sur le terrain aux diagrammes limites de poussée/butée. La puissance du calcul
à la rupture réside dans sa capacité à traiter aisément de configurations quelconques de
stratigraphie et de chargement sur le terrain. La figure 5 propose une comparaison avec
les approches analytiques fournies dans la norme écrans (NF P 94 282 – Annexe D) et
dérivées des théories d’élasticité et de plasticité (pour le cas d’un sol homogène).
Le calcul à la rupture établit un diagramme de poussée limite additionnelle Δp
d‘amplitude (~ 0,31q) et de résultante (~ 0,58qB) très voisines de celles issues de la
théorie de plasticité. Il montre en revanche que l’effet de la surcharge intervient à partir
d’une profondeur plus importante de la surface. On note par ailleurs que le recours à la
théorie d’élasticité dans le cas étudié conduit à des résultats exagérément optimistes.

poussée additionnelle Δp/q
0.00 0.05 0.10 0.15 0.20 0.25 0.30 0.35
0
Approche élastique
2 Approche plastique
calcul à la rupture
4

6
profondeur (m)

10

12

14

Approche Approche 16
élastique plastique B = d = 5 m, φ’ = 30°, δ/φ=0
18

Figure 5. Butée sous une risberme – mécanismes critiques - comparaison au cas d’un sol

2.5. Butée sous une risberme

Des risbermes sont souvent aménagées au pied d’un soutènement dans l’objectif
d’améliorer la butée mobilisable. Le calcul à la rupture permet d’évaluer la valeur limite de
la butée, comme les valeurs p(zi) d’une surcharge polygonale appliquée dans le plan de
l’écran, telle que le coefficient de rupture soit égal à 1 à chacune des profondeurs zi.
L’exemple de la Figure 6 montre que le profil de butée issu du calcul à la rupture s’inscrit
entre ceux associés à un sol horizontal placé au sommet ou au pied de la risberme.
Dans le cas particulier étudié, le diagramme est proche de celui qui serait obtenu en
considérant le talus unique de même pente moyenne que la risberme ( = 16°) ; il se situe
nettement sous celui calculé par l’approche élastique en assimilant la risberme à une
surcharge négative de Boussinesq appliquée au niveau supérieur de la risberme. Le

5
102
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

calcul à la rupture constitue bien une méthode plus adaptée qui surmonte les
insuffisances des modélisations de type élastique lorsque celles-ci sont utilisées pour
représenter des talus ou des risbermes.

Figure 6. Butée sous une risberme – mécanismes critiques - comparaison au cas d’un sol
horizontal, d’un sol incliné (pente moyenne) ou d’un calcul élastique.

2.6. Fouille renforcée par inclusions

On étudie le cas d’un écran de palplanches fiché dans un sol limoneux renforcé par
inclusions métalliques. Les inclusions sont supposées travailler exclusivement en
cisaillement. La démarche présentée précédemment pour l’évaluation de la butée limite à
l’aide du calcul à la rupture peut être reconduite ici en intégrant les termes résistants
apportés par les inclusions. L’évaluation de ces termes résistants pour chaque
mécanisme examiné se base sur la méthode dite du « multi-critère » (Schlosser, 1982).
La Figure 7 présente le résultat obtenu et illustre l’effet bénéfique du renforcement par
inclusions qui se reflète dans l’augmentation de la butée limite disponible sur la hauteur de
la fiche. L’amélioration de la butée limite a une conséquence directe sur la limitation des
déformations et des sollicitations comme l’illustre l’analyse de l’équilibre local de l’écran
par un modèle aux coefficients de réaction (Figure 7 – centre et droite).

Fond de fouille Z = -10.00


Sans renforcement
Sans renforcement
Avec renforcement
2,0 m 1,5 m
Avec renforcement
1,5 m

Inclusions Moment 
Φ500 mm déformée 0,6M0 M0
fléchissant
e = 6 mm
S235 MPa
Z = ‐10.00 Z = ‐10.00

Butée avec γ‘ = 10 kN/m3


renforcement c‘ = 0, φ’ = 25°
δ/φ=-2/3 Z = ‐15.00 Z = ‐15.00
Sans
renforcement

Figure 7. Calcul d’une fouille renforcée par inclusions rigides – Calage de la butée limite
(gauche) – déformée de l’écran (centre) – sollicitations dans l’écran (droite)

2.7. Influence de conditions hydrauliques spécifiques

La situation est celle d’un rideau de palplanche situé sous un quai de type danois. Le
talus surmontant l’écran est soumis au marnage : il est découvert à marée basse et
immergé à marée haute (Figure 8). Dans le sol peu perméable et déformable (alluvions
argileuses) les pressions interstitielles ne peuvent pas suivre les variations du niveau
imposées par le marnage. Ces conditions transitoires peuvent être décrites en écrivant
que la variation de pression u par rapport à la situation haute est égale en tout point du

6
103
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

massif à la variation de la contrainte verticale sur la même verticale. Le calage par un


calcul à la rupture du coefficient de poussée effective conduit aux résultats de la figure 8.
Le coefficient de poussée effective associé à la situation de marnage (ka* = 0,84) est
nettement plus élevé que celui obtenu en supposant le talus complétement immergé dans
une nappe au repos (ka* = 0,40) ou le talus complétement dégagé jusqu’au sommet de
l’écran (ka* = 0,51). Cet exemple montre que le régime de pressions transitoires à marée
basse dans le talus surmontant l’écran peut majorer par un facteur 2 le diagramme de
poussée sur l’écran, par rapport aux situations où la nappe est supposée statique.

ka*= 0,84 ka*= 0,40 ka*= 0,51

Figure 8. Coefficients de poussée effective sur un écran placé en pied d’un talus soumis à
la marée (Sol c’ = 0, ’ = 30°, ’ = 2/3, hauteur talus 3,3 m, hauteur écran 9 m).

2.8. Poussées des terres dynamiques

La démarche de calage des diagrammes de poussée/butée par le calcul à la rupture


peut être menée en conditions sismiques quand celles-ci sont traitées d’une manière
pseudo-statique (Figure 9 – droite). Cela permet d’aller bien au-delà du domaine de
validité des modèles analytiques usuels tels que celui de Mononobe-Okabe (Okabe,
1924), qui n’est autre que la généralisation du coin de Coulomb tenant compte de forces
d’inertie FH et FV (Figure 9 – gauche). Bien que la formulation courante de ce modèle soit
restreinte au cas d’un sol frottant, il est aisé de réintégrer le problème tenant compte du
terme de cohésion comme cela a avait été présenté dans la publication originale d’Okabe
(1924). Le tableau 2 présente le résultat d’une comparaison menée dans le cas d’un
terrain homogène soumis à un séisme caractérisé par kh = ah/g = 0,3 et kv = 0.

θmax
1 
P  K ad    * H 2   K ac  cH  β
2 

H ϕ1, c1 FH

2c
W + FV

δ
ϕ2, c2
P
Mononobe-Okabe Calcul à la rupture

Figure 9. Principe du modèle de Mononobe-Okabe (gauche) vs Calcul à la rupture (droite)

Tableau 2. Comparaison entre Mononobe-Okabe et Calcul à la rupture – sol homogène

φ’ pente cohésion Mononobe- Calcul à la rupture Calcul à la rupture


(°) talus (°) (kPa) Okabe cinématique plane arcs de spirale
30 0 0 570 kN/ml 570 kN/ml 575 kN/ml (+01%)
30 0 20 305 kN/ml 305 kN/ml 310 kN/ml (+02%)
30 16 20 450 kN/ml 450 kN/ml 500 kN/ml (+11%)
0 0 50 368 kN/ml 368 kN/ml 450 kN/ml (+22%)

7
104
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Le tableau 2 montre que le modèle de Mononobe-Okabe conduit à des résultats


strictement identiques à ceux d’un calcul à la rupture restreint à des cinématiques planes
(θmax = 0), ce qui correspond à l’hypothèse implicitement introduite dans le problème de
Coulomb. Une telle hypothèse conduit en revanche à des résultats exagérément
optimistes lorsque le terme de cohésion devient prédominant avec une sous-estimation de
la poussée dynamique de plus de 20% par rapport à un modèle plus élaboré explorant
des cinématiques en arcs de spirale. Ce constat est corroboré par l’exemple de la figure
10 où l’on s’intéresse à la poussée dynamique à l’arrière d’un mur soutenant un terrain
hétérogène. La formation superficielle du site est supposée obéir à un comportement non
drainé sous séisme. La mise en œuvre du calcul à la rupture avec des mécanismes en
arcs de spirale conduit à une poussée dynamique résultante de l’ordre de 980 kN/ml, une
valeur 1,50 fois supérieure à celle issue d’un calcul restreint à des cinématiques planes.

Mécanisme en arcs
de spirale (θ = 35°)
340.00 NGF
Mur en sol renforcé
Mécanisme
Sables argileux plan (θ = 0°)
334.00
cu = 30 + 3z
φ’ = 35° kh = 0,15
c‘ = 5 kPa
kv = ±0,075

φ’ = 35°
c‘ = 10 kPa Pad = 980 kN/ml / θ = 35 °
320.00 Pad = 660 kN/ml / θ = 0 °
Substratum
molassique Calcul mené
Poussée avec 1,25 à
dynamique sur
tan(φ’) etdu
l’arrière 1,40 sur cucloué
massif

Figure 10. Poussée dynamique à l’arrière d’un mur soutenant un terrain hétérogène

3. Conclusions

L'approche cinématique du calcul à la rupture établit le caractère parfois pessimiste, mais


aussi parfois non sécuritaire de certains schémas de calcul des états limites de poussée
et butée, couramment utilisés pour le calcul des écrans. Au-delà d'être une référence
solide pour juger de la validité de ces schémas, la méthode a vocation à pouvoir élaborer
les solutions applicables lorsque les sols ne sont pas homogènes.

4. Références bibliographiques

Coussy O., Salençon J. (1979) Analyse de la stabilité des ouvrages en terre par le calcul à
la rupture Annales des Ponts et Chaussées, 4e trimestre 1979.
Cuira F. (2015) Apports de l’ingénierie géotechnique dans la conception parasismique des
ouvrages – 9e Colloque national de l’AFPS – Marne-la-Vallée.
Kerisel J., Absi E. (2003) Tables de poussée et de butée des terres. Presses de l’Ecole
Nationale des Ponts et Chaussées, Paris.
Okabe, S. (1924): General theory on earth pressure and seismic stability of retaining wall
and dam. Journal of the Japan Society of Civil Engineering 10:6, 1277-1323.
Salençon J. (1983) Calcul à la rupture et analyse limite. Presses de l’Ecole Nationale des
Ponts et Chaussées, Paris.
Schlosser F. (1982) Behavior and design of soil nailing. Proc. of Symposium on Recent
Developments in Ground Improvement Techniques, Bangkok, pp. 399-413.
Simon B. (2006) Applications du calcul à la rupture aux ouvrages de soutènements.
Compte-rendu Symposium international ELU – ULS, LCPC, Paris.

8
105
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

EFFET DES PARTICULES FINES SUR LE COMPORTEMENT


HYDRAULIQUE DU SOL DE LA COUCHE INTERMEDIAIRE

EFFECT OF FINE PARTICLES ON THE HYDRAULIC BEHAVIOR OF


INTERLAYER SOIL

1 1 1 1
Trong Vinh DUONG , Yu-Jun CUI , Anh Minh TANG , Jean-Claude DUPLA , Nicolas
2
CALON
1
Ecole des Ponts ParisTech, U.R. Navier/CERMES, France
2
French railway company (SNCF), France

RÉSUMÉ – Le comportement hydraulique d’un sol de la couche intermédiaire prélevé à


Sénissiat a été étudié. Différentes teneurs en fines ont été considérées. Les résultats
montrent que la conductivité hydraulique à l’état non saturé est principalement gouvernée
par les fines via l’effet de la succion. En revanche, la conductivité hydraulique à l’état
saturé est gouvernée par le transfert d’eau dans des macro-pores.

ABSTRACT – The hydraulic behavior of an interlayer soil taken from Sénissiat was
investigated. Different fines contents were considered and wetting-drying cycles were
applied to the soil specimens. Results suggest that the unsaturated hydraulic conductivity
is mainly governed by fine particles through suction effect. By contrast, in saturated state,
the hydraulic conductivity is mainly governed by the water transfer through macro-pores.

1. Introduction

Many railway lines over the world have been in operation for more than one hundred
years. In France, the conventional lines represent 94% of the whole railway network. As
opposed to the new lines, the conventional ones were constructed by direct installation of
ballast onto sub-grade without any separation layer. Over years of operation and with the
increasing traffic, load, and speed of train, there are more and more problems related to
loss of stability and strength of substructure. A number of studies have been conducted to
assess the state of substructure and to develop adequate maintenance methods (Trinh
2011; Duong et al. 2013; Cui et al. 2013). It was found that one of the particularities of
conventional substructure is the presence of a soil layer namely interlayer that has been
created mainly by inter-penetration of ballast and fine particles of sub-grade.
In France, it has been decided recently to renew the conventional railway network.
During the renewal, the interlayer will be kept as part of the substructure thanks to its high
3
mechanical resistance related to its high dry unit mass (2.4 Mg/m at the Sénissiat site,
according to Trinh et al. 2011) reached by natural dynamic compaction corresponding to
the circulation of trains. However, the mechanical behavior of interlayer soil can show
large variability, depending on the proportion of fine particles contained in it. A number of
studies (Babic et al. 2000; Pedro 2004; Naeini and Baziar 2004; Kim et al. 2005; Verdugo
and Hoz 2007; Cabalar 2008; Seif El Dine et al. 2010; Ebrahimi 2011; Anbazhagan et al.
2011; Trinh et al. 2012) showed that the mechanical behavior of soil containing a large
proportion of fines is strongly influenced by the water content. As the water content
changes are governed by the hydraulic behavior of soil, it appears important to assess the
influence of fine particles content on the hydraulic behavior of interlayer soil.

1
106
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

In this study, laboratory tests were performed using a large-scale infiltration column
(300 mm in diameter) and a small-scale infiltration column (50 mm in diameter), and the
instantaneous profile method was used to determine the hydraulic conductivity of soil.
Both wetting and drying paths were performed and different fines contents were
considered: natural interlayer soil (ITL0), natural interlayer soil with 10% sub-grade added
(ITL10), fine-grained soil prepared by passing ITL10 through a 2 mm sieve (Fines). The
results enable the assessment of the effects of fine particles and wetting/drying cycles.

2. Materials and methods

The soils (both the interlayer soil and sub-grade) were taken from the railway site
Sénissiat (North-West of Lyon, France). Mineralogy analysis reveals that the interlayer soil
is a mixture of materials that come from the construction and maintenance (broken
stones, gravel, sand, etc) of tracks, the aging process of track components and the sub-
grade. It also showed that the fine particles in the interlayer soil mainly come from the
sub-grade. The main geotechnical properties of interlayer soil and sub-grade are
presented in Table 1. The results show that the sub-grade is high-plasticity silt. More
details about the characterization of the interlayer soil can be found in Trinh et al. (2011).
Table 1: Properties of the soil studied
Soil Properties Value
3
Interlayer soil (ITL0) s (particles smaller than 2 mm) 2.67 Mg/m
3
s (particles larger than 2 mm) 2.68 Mg/m
d10 0.01 mm
d30 5 mm
d60 30 mm
liquid limit wL (smaller than 100 μm) 40.2%
plasticity index Ip (smaller than 100 μm) 11.3%
Subgrade (Fines to liquid limit wL 57.8%
create ITL10) plasticity index Ip 24.1%

In order to study the effect of fines contents on the hydraulic behavior of interlayer soil,
a quantity of sub-grade representing 10% interlayer soil by dry mass was added into the
interlayer soil to form a soil with a higher content of fines: ITL10. The grain size distribution
curves of the natural interlayer soil (ITL0) and ITL10 are presented in Figure 1.

100

90 ITL10
80 ITL0
Fines
70
Percentage finer (%)

60

50

40

30

20

10

0
10-3 10-2 10-1 1 10 102
Figure 1: Grain size distribution curves
Grain sizeof ITL0, ITL10 and Fines
(mm)

2
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

To better evaluate the effect of fines on the hydraulic behavior of interlayer soil, the
hydraulic conductivity of pure fine particles was also determined. For this purpose, ITL10
was sieved at 2 mm to obtain the fine part (namely Fines). The grain size distribution
curve of Fines is also presented in Figure 1.
The interlayer soil was tested in a large-scale infiltration column (Figure 2). The column
(300 mm in diameter and 600 mm in height) is equipped with five water content sensors
(TDR1 to TDR5) and five tensiometers for measuring pore-water pressure (T1 to T5)
arranged at various elevations along the column (h = 100, 200, 300, 400 and 500 mm
from the bottom of the soil specimen). The working pressure range of the tensiometers is
from 100 kPa to -85 kPa. The accuracy of the TDR used is ± 2% and that of the
tensiometer is ± 0.5 kPa. At each instrumented height, as the area occupied by the
sensors is just 6.8% of the total apparatus section area, the influence of the sensors
installation on water transfer is expected to be insignificant.

Figure 2: Schematic view of the large-scale infiltration column

For the ITL10 specimen preparation, water and fine particles were added to the dry
natural interlayer soil to reach the target water content and fine particles content, and a
large mixer was used to homogenize the material. For the ITL0 specimen preparation, only
desired quantity of water was added to the dry natural interlayer soil. After mixing, the wet
materials were stored in hermetic containers for at least 24 h for moisture
homogenization. Soil compaction was conducted using a vibrating hammer in six layers of
0.10 m each at a dry unit mass of 2.01 Mg/m 3. Prior to compacting the subsequent layer,
a TDR probe and a metal rod of 25 mm diameter were placed on the compacted layer.
Once the soil specimen was prepared, water was injected from the bottom and it flowed
out from the outlet after about half an hour. After saturation of the sample, the metal rods
were removed and the tensiometers were installed. This protocol was adopted to avoid
damaging the tensiometers during the compaction and also any cavitation due to possible
high suction in the column. More details about the large-scale infiltration column can be
found in Duong et al. (2013).
The infiltration tests were conducted in two wetting/drying cycles. After installation of
the tensiometers, the saturation of soil column was completed (Saturation 1). This wetting
stage was followed by a draining stage (Drainage 1). Water was allowed to drain out
through the bottom valves by keeping a constant water level at the bottom of soil sample

3
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

using an external water source. The first wetting/drying cycle ended by a stage of
evaporation (Evaporation 1) where the top cover of the column was removed to allow soil
water evaporation. A fan was used to accelerate the evaporation process. The
evaporation stage ended when the suction value indicated by tensiometer T5 (h = 500
mm) was about 60 kPa (higher suction would lead to cavitation). A second wetting-drying
cycle was applied following the same procedure (Saturation 2, Drainage 2 and
Evaporation 2). Before the second drainage, the hydraulic conductivity in saturated state
was also measured by applying a constant water head of 0.61 m. The hydraulic gradient
was equal to 1. According to Tennakoon et al. (2012), any hydraulic gradient smaller than
4 can be considered as being low enough to ensure the Darcy’s flow. Note that the
experimental procedure with saturation from the bottom and evaporation from the top is
also recommended in an ASTM standard (ASTM 2010). During the measurement of
hydraulic conductivity under saturated condition, the volume of water injected increased
3
linearly with a rate of 50 cm per minute.
The unsaturated hydraulic conductivity of Fines was determined using a small-scale
infiltration column of 50 mm in diameter and 200 mm in height (Munoz et al. 2008).
Suction measurements were performed by four high-capacity tensiometers (Cui et al.
2008) installed at 40, 80, 120 and 160 mm height from the base of the sample. The
accuracy of this tensiometer is ± 1 kPa. The soil was statically compacted in the column in
four layers of 50 mm each. Once the compaction was completed, the tensiometers were
installed.
The dry unit mass and water content of Fines were taken equal to those of fine
particles contained in the sample of interlayer soil. These two parameters can be
calculated as follows:
M s, f M s  M s ,b (1  m) dV (1  m) d s ,b
d , f     (1)
Vf V  Vs ,b V
m
 dV  s ,b  m  d
 s ,b

Mw M sw w
wf    (2)
M s , f M s  M s ,b 1  m

where M, Mw, Ms are the total mass, mass of water and mass of solid particles,
respectively; V, Vw, Vs are the total volume, volume of water and volume of solid particles
respectively; ρd, ρs are the dry unit mass of the specimen and unit mass of solid particles,
respectively; the subscripts f and b stand for particles smaller and larger than 2 mm,
respectively; m is the percentage of particles larger than 2 mm.
Based on the grain size distribution curve, a value m = 0.67 was obtained. From Eqs
(1) and (2), a value of 1.33 Mg/m3 was obtained for the dry unit mass of Fines.
The test procedure followed for the small-scale infiltration column was akin to that for
the large-scale one. After the suction stabilization, the sample was saturated from the
bottom (Saturation 1). After completion of saturation, an external water source was
connected to the bottom in order to ensure a constant water level after the drainage. The
top cover was then removed allowing water evaporation from the soil surface (Evaporation
1). When suction at 160 mm reached about 400 kPa, Evaporation 1 was stopped to avoid
cavitation of the tensiometers. A second wetting-drying cycle was applied by following the
same procedure as in the first cycle (Saturation 2 and Evaporation 2).
Unlike the large-scale column where both suction and water content were monitored,
the small-scale column has only suction monitored. To obtain the water content changes
during infiltration, the soil-water retention curve (SWRC) was needed. This was done

4
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separately by suction measurement using high-capacity tensiometers (see more details in


Le et al. 2011 and Munoz-Castelblanco et al. 2012).
For the large-scale column, both suction and water content profiles were obtained
directly. For the small-scale column, the suction profiles were obtained directly while the
water content profiles were determined through the SWRC. The instantaneous profile
method (Daniel 1982; Ye et al. 2009) was then applied for the determination of hydraulic
conductivity for each soil. Note that this method is based on the generalized Darcy’s law.
The hydraulic gradient is determined by considering the slope of suction isochrones and
the water volume passing through a given section between times t and t+dt is used for
calculating the water flux.

3. Results and Discussions

The obtained hydraulic conductivities of ITL0 and ITL10 are presented in Figure 3. In the
-5
saturated state, the two soils have almost the same value: 1.6710 m/s for ITL10 and
1.7510-5 m/s for ITL0. Both values are lower than the critical value proposed by Selig and
Waters (1994) for the railway substructures. In unsaturated state, even the data are
scattered for the two soils, an identical trend can be identified: the hydraulic conductivity is
decreasing with the increase of suction. Moreover, the average value for ITL10 is slightly
higher than that for ITL0, suggesting a slightly greater hydraulic conductivity for ITL10.

1E-4
ITL0 - Saturated state

1E-5
Hydaulic conductivity (m/s)

1E-6 ITL10 - Saturated state

1E-7

1E-8

1E-9

ITL0 - Unsaturated state


1E-10
ITL10 - Unsaturated state

1E-11
0.1 1 10 100
Figure 3: Comparison of hydraulic conductivity
Matric suctionbetween
(kPa) ITL0 and ITL10

The results of hydraulic conductivity of Fines are shown in Figure 4, including the
hydraulic conductivity measured at saturated state by applying a constant water pressure
of 0.7 kPa: 2.610-6 m/s. Albeit the large data scatter, a clear trend can be observed: as
for the natural interlayer soil, the hydraulic conductivity increased when the suction
decreased.
It is worth noting that the results obtained for the two drying paths are quite similar. The
same conclusion can be drawn for the two wetting paths.

5
110
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

1E-5
Saturated state van Genuchten's model

wetting path
1E-6

Brooks-Corey's model

Hydaulic conductivity (m/s)


1E-7
wetting path
van Genuchten's model
1E-8
drying path

1E-9

1E-10 1. Wetting 1
2. Drying 1
3. Wetting 2
1E-11 4. Drying 2 Brooks-Corey's model

drying path
1E-12
0.1 1 10 100 1000

Figure 4: Hydraulic conductivity of Fines,Suction (kPa)


obtained with drying/wetting cycles

In Figure 5, the hydraulic conductivity of ITL10 and Fines is plotted versus suction. It can
be observed that in unsaturated state the wetting and drying curves of the interlayer soil
are quite close to those of Fines, suggesting that the hydraulic conductivity of the
interlayer soil is mainly governed by the hydraulic conductivity of the fines contained in it.
In other words, in unsaturated state, water transfer in the interlayer soil takes place mainly
through the network of pores between fine particles, coarse elements like ballast behaving
as inert materials. By contrast, in saturated state, a value of 1.67×10 -5 m/s was obtained
for ITL10, higher than the value for Fines (2.6×10-6 m/s). This difference is considered as
being significant because as opposed to the determination of unsaturated hydraulic
conductivity, the determination of saturated hydraulic conductivity can be deemed
accurate. The higher value for ITL10 can be explained as follows: the macro-pores in ITL10
are larger than those in Fines and water flow in saturated state took place mainly through
macro-pores. Thereby, the water flow mechanism in saturated state is different from that
in unsaturated state.

1E-4
ITL10 - Saturated state
van Genuchten's model
1E-5 Fines - Saturated state wetting path

1E-6
Hydaulic conductivity (m/s)

Brooks-Corey's model
1E-7 drying path
van Genuchten's model
1E-8 drying path

1E-9

1E-10 Fines - Wetting


Fines - Drying
1E-11 ITL10 - Drying Brooks-Corey's model
ITL10 - Wetting drying path

1E-12
0.1 1 10 100 1000

Figure 5: Comparison of hydraulic conductivity


Matric suctionbetween
(kPa) ITL10 and Fines

6
111
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

From a practical point of view, Figure 5 shows that to determine the unsaturated
hydraulic conductivity of interlayer soils, it is not necessary to use large-scale
experimental devices to match the soil grain size; smaller devices can be used to
determine their hydraulic conductivity by testing the fine particles only, provided that
equivalent dry density is accounted for. This is however not valid for saturated state.

4. Conclusions

Infiltration tests were performed on the interlayer soil (ITL0) and its derived soils - adding
10% of sub-grade to form ITL10 and sieving ITL10 at 2 mm to form Fines. Two
wetting/drying cycles were applied for each test. The obtained results allowed the effect of
fine particles on the water retention capacity and hydraulic conductivity of interlayer soil to
be analyzed.
The effect of wetting/drying cycles on hydraulic conductivity was found negligible - the
results of the first cycle are quite similar to those of the second cycle, suggesting an
insignificant microstructure change by wetting/drying cycles.
Hysteresis exists for both the soil water retention curve and the hydraulic conductivity
changes with suction. The wetting process was found to be much faster than the drying
process, and the hydraulic conductivity during wetting is always higher than that during
drying. This can be explained by the effect of ink-bottle and the difference between the
water transfer through the network of macro-pores and micro-pores.
Adding 10% fine particles does not induce significant changes in hydraulic conductivity.
In saturated state, the hydraulic conductivity of natural interlayer soil is 1.7510-5 m/s,
while the value of the soil with 10% fines added is 1.67×10 -6 m/s. In unsaturated state,
even though the results are little scattered, the results of ITL10 are within the variation
range of the results of ITL0. However, it is worth noting that the mean value of ITL10 is
slightly greater than that of ITL0.
The results of unsaturated hydraulic conductivity curves of ITL10 and Fines showed a
good agreement, regardless of the drying or wetting paths. This suggests that water
transfer in the unsaturated interlayer soil takes place mainly through the network of pores
between fine particles, coarse elements like ballast behaving as inert materials. On the
contrary, in saturated state, a higher value was obtained for ITL 10, suggesting that in this
case the hydraulic conductivity is mainly governed by the water flow through macro-pores.
Thereby, the water flow mechanism in saturated state is different from that in unsaturated
state. From a practical point of view, this finding shows that to determine the unsaturated
hydraulic conductivity of interlayer soils, a device as small as the small-scale infiltration
cell can be employed by testing the fine particles only, provided that equivalent dry density
is taken into account. However, this is not valid for the determination of saturated
hydraulic conductivity.

5. References

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unsaturated soils. D7664-10.
Babic, B., Prager, A., and Rukavina, T. 2000. Effect of fine particles on some
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Investigation of the hydro-mechanical behaviour of fouled ballast. Journal of Zhejiang
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

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8
113
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

LE GRIZZLY 3® A ÉNERGIE VARIABLE : NOUVEAUX


DÉVELOPPEMENTS DE L'ESSAI DE PÉNÉTRATION DYNAMIQUE

THE GRIZZLY 3® VARIABLE ENERGY: NEW DEVELOPMENTS OF DYNAMIC


CONE PENETRATION TESTING (DPSH)

Esteban ESCOBAR1, Miguel BENZ1, Roland GOURVÈS1, Pierre BREUL2, Bastien


CHEVALIER2.
1 Sol-Solution Géotechnique Réseaux, 63204 Riom Cedex, France
2 Institut Pascal, 63170 Aubière Cedex, France

RÉSUMÉ – Dans cet article nous présentons le Grizzly 3®, pénétromètre dynamique
DPSH à énergie variable assisté par ordinateur et permettant de mesurer une courbe
charge-enfoncement en pointe pour chaque impact du mouton. L'application des
méthodes d'analyse développées à partir du Panda 3® permet de déterminer la
résistance en pointe dynamique (q d ) et pseudo statique (q s ), le module d'élasticité (E kd P3)
pénétrométrique, la vitesse des ondes de compression (V p P3) et le coefficient
d'amortissement du sol (J s ). L'asservissement de l'énergie de battage, permet d'adapter
automatiquement l'énergie de battage en fonction de la raideur du sol rencontré et
d'améliorer ainsi la sensibilité de mesures réalisées en sols meubles.

ABSTRACT – In this article, we are presenting the Grizzly3®, a computer-assisted


dynamic DPSH cone penetrometer with variable energy which allows the measure a load-
penetration curve for each impact of the anvil. The implementation of the Panda3®
analysis method enables to determine the dynamic (q d ) and pseudo-static (q s ) cone
resistances, the penetrometric elasticity modulus (E kd P3), the wave compression velocity
(V p P3) and the damping coefficient of the soil (J s ). Adjusting the driving force allows to
adapt the hammering energy according to the stiffness of the soil and therefore improve
the accuracy of the measurement of soft soils.

1. Introduction

Bien qu'en France, environ 75% des fondations soient dimensionnées sur la base du
pressiomètre et le reste à partir du CPT, l'essai de pénétration dynamique n'en est pas
moins intéressant. En effet, à l'exception des quelques pays d'Europe, cet essai est la
technique d'auscultation la plus utilisée à travers le monde. Son usage concerne non
seulement la reconnaissance géotechnique, mais aussi le contrôle d'ouvrages en terre et
le dimensionnement de fondations.
Toutefois, les pénétromètres dynamiques présentent différents inconvénients. En effet,
on peut constater qu'il s'agit d'une technique qui n'a pas su intégrer les avancées
technologiques des capteurs et des chaînes d'acquisition associées. De même,
l'interprétation et l'exploitation de la valeur la plus significative, la résistance de pointe q d ,
demeurent largement empiriques.
Par ailleurs, le caractère fortement dynamique des pénétromètres lourds est considéré
comme un désavantage important pour l'auscultation de sols meubles ou saturés.
Depuis plus d'une vingtaine d'années maintenant, Sol Solution et l'Institut Pascal de
Clermont-Ferrand travaillent ensemble afin d'améliorer la technologie, l'interprétation et
l'exploitation du pénétromètre dynamique. Les travaux réalisés autour du pénétromètre

1
114
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Panda® (Gourvès, 1991) et du Panda 3® (Benz, 2009) ont permis de montrer que l'on
peut aller beaucoup plus loin dans l'interprétation d'un tel essai.
Dans cet article nous présentons le Grizzly 3®, pénétromètre dynamique DPSH à
énergie variable assisté par ordinateur et permettant de mesurer une courbe charge-
enfoncement en pointe pour chaque impact du mouton. L'application des méthodes
d'analyse développées à partir du Panda 3® permet de déterminer les résistances en
pointe dynamique (q d ) et pseudo statique (q s ), le module d'élasticité pénétrométrique
(E kd P3), la vitesse des ondes de compression (V p P3) et le coefficient d'amortissement du
sol (J s ). L'asservissement de l'énergie de battage, permet d'adapter automatiquement
l'énergie de battage en fonction de la raideur du sol rencontré et d'améliorer ainsi la
sensibilité des mesures réalisées en sols meubles.

2. Le Grizzly 3® à énergie variable

Ce modèle propose une option, sur le pénétromètre dynamique lourd Grizzly® (Benz et
al. 2012), qui permet d’adapter automatiquement l’énergie de battage du marteau en
fonction de la compacité du sol lors de la réalisation d’un sondage.

H4

H3
H2
H1

Figure 1 : Séquence du système de battage à énergie variable selon les 4 nivaux de


hauteur de chute Hi

2.1. Principe

La solution technologique proposée repose sur le fait de conserver en permanence la


même masse de battage M mais de faire varier uniquement la hauteur de chute H de
cette dernière. 4 hauteurs de chute sont disponibles : H1, H2, H3 et H4. Tout cela étant
automatiquement piloté et asservi par l’ordinateur embarqué sur le Grizzly® (Figure 1).
En fonction de l’importance de l’enfoncement mesuré au dernier coup de battage,
l’ordinateur, paramétré au préalable, décide instantanément la hauteur de chute pour le
coup d’après, de manière à s’adapter en temps réel à la résistance du sol rencontré et
obtenir des enfoncements compris entre 2mm et 20 mm/coup par exemple. Plus le sol
présentera des variations de résistances, plus les changements de hauteurs de chute
seront fréquents. Cela, sans aucune intervention de la part de l’opérateur sur la machine
et sans interruption du battage. L’opérateur doit ainsi sélectionner le mode de battage en
début d’essai :
• soit le battage classique à énergie constante (DPSH-B),
• soit l’option à énergie variable asservie (4 énergies disponibles).

2
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Comme le montre le tableau 1, les 4 hauteurs de chute disponibles ont été calculées pour
correspondre aux énergies de battage ramenées à la surface de la pointe selon la norme
européenne (ISO 22476-2), des pénétromètres DPL, DPM, DPH, DPSH (respectivement
Dynamic Penetrometer Light, Medium, Heavy, Super Heavy).

Tableau 1. Hauteurs de chute du mouton Grizzly selon la norme NF EN ISO 22476-2


Caractéristiques du battage pénétrométrique DPL DPM DPH DPSH-B
Masse du mouton, M [kg] 10 30 50 63.5
Hauteur de chute, H [m] 0.5 0.5 0.5 0.76
Energie de battage, Eb [J] 49 147 245 473
Aire de la pointe, Ap [cm²] 10 15 15 20
Energie sur la pointe, Ep [KJ/m²] 49 98 163 236
Hauteurs du battage Grizzly à énergie variable [m] 0.16 0.32 0.54 0.76

2.2. Tête de mesure Grizzly 3® et interprétation de l’essai

Par ailleurs, nous avons conçu une tête de mesure équipée des différents capteurs
permettant d'adapter la technologie et le principe de mesure du Panda 3® (Benz, 2009)
au cas des pénétromètres lourds. L’ensemble ainsi constitué est le pénétromètre
Grizzly 3®, permettant d'ausculter des formations superficielles jusqu'à des profondeurs
de 10 à 15m.
Le principe de l'essai Grizzly 3® consiste à mesurer, dans la tête de mesure la
variation de déformation ε(t) et d'accélération a(t) entraînée par le passage de l'onde de
compression créée par l'impact. Pour chaque coup de marteau, après découplage des
ondes descendantes et remontantes ε d et ε r , on calcul l'enfoncement s p (t) et la force F p (t)
résultante en pointe lors de l'enfoncement de la pointe. En faisant certaines hypothèses
simplificatrices (Escobar, 2015), il est possible de tracer la courbe charge-enfoncement
dynamique (σ p -s p ) pour chaque impact du mouton (figure 2).

4.5

4.0
Contrainte en pointe, σp (MPa)

Rs
3.5 A
3.0

2.5

2.0

1.5
PC Grizzly 1.0

0.5
se B smax
0.0
0 5 10 15 20
Tête de mesure -0.5
Grizzly 3® Enfoncement en pointe, Sp (mm)

Figure 2 : Tête de mesure Grizzly 3® sur le terrain et exemple de courbe charge-


enfoncement (σ p -s p ) réalisées à l’aide de la tête de mesure Grizzly 3®.

Une méthodologie analytique d'exploitation de cette courbe permet de déterminer


différents paramètres du sol tels que : la résistance à la pénétration dynamique (q d ) et
pseudo statique (q s ), le module de déformation dynamique (E kd P3), la vitesse d'ondes de
compression (V p P3) (Benz, 2009).

3
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Une synthèse des paramètres exploités à partir de l’analyse des signaux enregistrés lors
du battage est présentée dans ce qui suit.

2.2.1. Paramètres de résistance et déformation


Pour l’interprétation de la courbe σ p -s p il a été proposé une méthodologie analytique
fondée sur les travaux de (Smith, 1960). En supposant que la contrainte en pointe q d (t)
est la résultante de :
• une composante statique R s (obéissant à une loi élastoplastique parfaite), et
• une composante dynamiques R d (t) (proportionnelle à la vitesse d’enfoncement
v p (t));
On détermine la valeur de R s en admettant que lorsque v p (t) est nulle la composante
dynamique R d (t) s’annule et R s est donc égale à q d (t). Les valeurs de R d (t) et du
coefficient d’amortissement de Smith J s sont ainsi déterminés dans l’intervalle
d’enfoncement [s e ; s max ], avec s e et s max les enfoncements élastique et maximal, en
écrivant que R d (t) = q d (t)-R s et J s =R d (t)/(R s v p (t)) (Fig. 2.b).
Une fois l’enfoncement maximal s max atteint, nous admettons que le sol et le
pénétromètre se mettent à vibrer ensemble dans un régime pseudo-élastique. Dans cette
partie de la courbe σ p -s p , un module de déchargement E d P3 (droite AB) est ainsi défini
(Fig.2.b). En assimilant la pointe à une petite plaque encastrée à l’intérieur d’un massif
élastique semi-infini, nous calculons la valeur de E d P3 en appliquant l’équation de
Boussinesq (1) modifiée et proposée par (Arbaoui, 2006).

∆qd π d p 1
= (1 − µ 2 )
p3
Ed ' (1)
∆s p 4 k M

Avec µ est le coefficient de poisson supposé égal à 0,33, d p le diamètre de la pointe et k M


le coefficient d’encastrement de Mindlin.

2.2.2 Raideur dynamique en basse fréquence


Une autre méthode permettant d’exploiter les signaux enregistrés lors du battage
pénétromètrique Grizzly 3® est celle proposée par (Benz et al, 2014) et inspirée des
travaux de (Paquet, 1968). En effet, l’onde de choc entraînée par l’impact du marteau et
les vibrations du système pénétromètre/sol peuvent être décrites par les fonctions
d’impédance, obtenus par les méthodes classiques de transformée Fourier permettant
d’obtenir les fonctions de transfert et de tracer ainsi les courbes d’accélérance et de
mobilité. A partir de ces courbes, il est possible d’obtenir la raideur dynamique K d P3 pour
la gamme de fréquences comprises entre 0 et 100 Hz. En supposant la pointe
pénétrométrique comme plaque encastrée dans un milieu élastique semi-infini, il est
possible, par le biais des expressions proposées par Boussinesq de calculer le module de
déformation E kd P3 en basse fréquence d’après les expressions (2) et (3).

∆ω
K dP 3 = 2π (2)
∆M

P3
E Kd =
(1 − µ ) K
2
P3
(3)
φp d

Avec K d P3 la raideur dynamique déterminée à partir des courbes de transfert, Δω la


variation de fréquence et ΔM variation de mobilité dans la plage 0-100 Hz, µ le coefficient
de poisson (0,33) et ϕ p le diamètre du pénétromètre.

4
117
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2.2.3. Vitesse d’ondes


La vitesse des ondes de compression V p P3 dans le sol est calculée par le biais des
polaires de choc préconisées par (Aussedat, 1970). Pour chaque impact nous mesurons
les pics des ondes descendantes et remontantes dans un espace de temps t o +2L t /c t où
L t est la longueur de tige et c t la vitesse de propagation d’ondes dans l’acier. La valeur de
la vitesse d’ondes de cisaillement V s P3 est calculée d’après l’expression (4) en supposant
la valeur de µ égale à 0,45 en compression dynamique.

1 − 2µ P3
VsP 3 = Vp (4)
2(1 − µ )

A la fin d'un sondage réalisé au Grizzly 3®, les résultats obtenus pour chaque impact, et
donc pour chaque courbe σ p -s p obtenue, sont présentés en fonction de la profondeur (z)
sous forme de pénétrogrammes tel que présenté dans la Figure 4.

3. Campagne expérimentale in situ

Afin de montrer l’intérêt de cette nouvelle technique d’auscultation, nous avons réalisé
des essais in situ, permettant de tester la sensibilité du système de battage à énergie
variable et d’obtenir ainsi la courbe charge-enfoncement et son exploitation.
Dans ce cadre, nous avons eu la possibilité de réaliser des essais expérimentaux sur la
commune de Cournon-d'Auvergne (63). L’intérêt de ce site pour notre étude est lié
principalement aux caractéristiques géomécanique variables des sols rencontrés. En
effet, des études géotechniques préalables ont révélé trois horizons géotechniques:
Formation « 1 » - Remblais et terre noires moyennement fermes (z = 0 - 3m)
Formation « 2 » - Colluvions argileuses, localement sableuses peu fermes (z = 3 - 11m)
Formation « 3 » - Marnes et marnes argileuses, compactes (z > 11m)

3.1. Sensibilité de l’énergie variable

Nous avons réalisé un sondage Grizzly 3® à énergie variable dont la profondeur


d’investigation était d’environ 12 m. Au total, 829 mesures ont été acquises au cours du
sondage dont l’énergie de battage a été ajustée automatiquement par l’ordinateur en
fonction de la raideur du sol rencontré. Sur la Figure 3.a, on montre l’histogramme de
fréquence du nombre d’impacts effectués selon les 4 niveaux d’énergies.
Il est possible de constater que la plupart des impacts ont été réalisés avec le niveau
d’énergie le plus faible (658 impacts). Cela permet de remarquer la sensibilité du système
de battage pour s’adapter aux conditions du terrain car sur la majorité du sondage la
résistance de pointe est de l’ordre de quelques MPa (sols de faible portance). De même,
la Figure 3.b permet de constater la finesse de l’acquisition des mesures en comparant
les pénétrogrammes de la résistance de pointe dynamique du Grizzly à énergie variable à
celui obtenu par un essai de pénétration dynamique DCP (Masse du mouton:20 kg ,
Hauteur de chute : 0,53m, Section pointe : 9,6 cm2). On peut également noter la bonne
correspondance avec le pénétrogramme obtenu avec le DCP (dont qd a été calculé avec
la formule des Hollandais).

3.2. Résultats Grizzly 3®

Les mesures acquises par la tête de mesure ont été enregistrées en continu. Pour
chaque impact, nous avons calculé la courbe charge-enfoncement ainsi que les
paramètres extraits de cette courbe.

5
118
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Sur la Figure 4, on présente les résultats obtenus à l’aide du Grizzly 3® où on trace en


fonction de la profondeur la résistance de pointe, le module de déformation, la vitesse
d'onde de cisaillement et de compression. De même, une représentation graphique des
divers horizons (couches de sols) est présentée à droite de la figure.

Figure 3 : (a) Histogramme de fréquence du nombre d'impacts effectués selon les 4


niveaux d'énergie et (b) comparatif des pénétrogrammes qd(z) Grizzly 3® à énergie
variable et DCP.

Résistance de pointe, (MPa) Module d'élasticité, (MPa) Vitesse d'ondes, (m/s)


0 5 10 15 20 1 21 41 61 81 0 500 1000 1500 2000
0.0 0.0 0.0
Remblais
et terre
2.0 2.0 2.0 noires

4.0 4.0 4.0


Profondeur, z (m)

6.0 6.0 6.0 Colluvion


argileux

8.0 8.0 8.0

10.0 10.0 10.0

Marnes
12.0 12.0 12.0

qd qs Ekd Vp Vs
14.0 14.0 14.0

Figure 4 : Résultats du sondage Grizzly 3® à énergie variable – Site Cournon-


d'Auvergne: (a)Résistance de pointe dynamique q d et pseudo-statique q s , (b) Module
pénétrométrique E kd P3, (c) Vitesse d'ondes de cisaillement V s P3 et de compression V p P3

6
119
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

La sensibilité des mesures obtenues en fonction du sol rencontré permet de confirmer


les horizons de couches géotechniques obtenus lors de l’étude réalisée au préalable. Une
synthèse de ces résultats est présentée pour chacun des horizons dans le tableau 2. Les
résultats présentés correspondent aux valeurs moyennes pour chaque paramètre et pour
chaque horizon.

Tableau 2. Synthèse des résultats obtenus in-situ. Site Cournon-d'Auvergne.


Couche 1 Couche 2 Couche 3
Remblais et Colluvions argileuses Marnes et marnes
Nature
terre noires localement sableuses argileuses
Profondeur, z (m) (0,0 – 3,0) (3,0 – 10,0) (z > 10,0)
q d (MPa) 6,0 3,4 8,3
q s (MPa) 4,7 2,4 4,9
P3
E kd (MPa) 38 19 57
P3
V s (m/s) 408 209 491
V p P3(m/s) 1354 695 1629

4. Conclusions

Cet article a présenté un nouveau type de pénétromètre dynamique lourd intégrant deux
aspects novateurs. Tout d’abord un système de battage à énergie variable s’adaptant
automatiquement à la résistance du sol rencontré et permettant ainsi d’obtenir un plus
grand échantillonnage de mesures notamment dans les sols de faible portance et une
meilleure sensibilité du signal enregistré aux variations du sol. Par ailleurs, cet essai
intègre une tête de battage équipée de capteurs permettant de mesurer la variation de
déformation ε(t) et d'accélération a(t) entraînée par le passage de l'onde de compression
créée par l'impact. Ce système permet d’obtenir une courbe charge-enfoncement
dynamique (σ p -s p ) du sol pour chaque impact du mouton. A partir de cette courbe,
plusieurs paramètres caractéristiques du sol traversé peuvent être analysés et leur
évolution en fonction de la profondeur mesurée.
Le présent travail a fait l’objet du dépôt des brevets WO 124426 du 29 Aout 2013 et EP
2963184 du 03 juillet 2015.

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8
121
VARIATION DE LA PÉNÉTRATION DYNAMIQUE EN FONCTION DE
L'ÉTAT HYDRIQUE ET CORRÉLATIONS NOUVELLES
VARIATION OF THE DYNAMIC CONE PENETRATION DUE TO A VARIATION
OF THE MOISTURE CONTENT AND NEW CORRELATIONS
Matthias FERREIRA1, Benoît GIUDICELLI2

1 - HYDROGEOTECHNIQUE, directeur grande région Normandie-Bretagne-Pays de


Loire, Rouen, France.
2 - HYDROGEOTECHNIQUE – ingénieur géotechnicien, Rouen, France.

RÉSUMÉ - Cette étude a pour objectif de caractériser la variation de la pénétration


dynamique de pointe en fonction de l'état hydrique des limons peu à moyennement
plastiques du Nord de la France (classe A1/A2 au sens du GTR). Nous proposons dans
cette étude deux approches pour aborder des lois empiriques du type qd,sat=f(wn, wn,sat, qd) :
approche inspirée de travaux de Freitag (1987) et de Gress (2015 et 2016).

ABSTRACT - This study deals with the influence of the moisture content on the dynamic
cone penetration on the loam of the Nothern France. We propound to define two empirical
laws of the form qd,sat=f(wn, wn,sat, qd) inspired by the work of Freitag (1987) and Gress
(2015 and 2016).

1. Introduction

D'une manière générale, la plupart des régions du monde présente des cycles de
variations hydriques au cours du temps rendant impératif aux géotechniciens de se poser
la question de savoir ce que vaut le paramètre mesuré in situ : est-il dans des conditions
de saturation ? La valeur mesurée est-elle constante dans le temps ? A partir de quelle
profondeur les cycles de précipitations n'impactent plus l'état hydrique du sol ? L'objectif
de cette étude est de donner de nouveaux outils pour anticiper les effets de la saturation
et d'anticiper la dégradation de certaines valeurs mécaniques mesurées in situ. Nous
proposerons ici deux approches :
• approche inspirée des travaux de Freitag (Freitag, 1987) issus d'une étude
agronomique sur la circulabilité des champs cultivés,
• approche issue des travaux de Gress (Gress, 2015 et 2016).

2. Présentation de la population étudiée

J.Leplat définit le limon, d'un point de vue géotechnique, comme un matériau


présentant « une fraction granulométrique intermédiaire entre sable et argile, et par
extension une famille de sols où cette fraction prédomine, et à laquelle se rattachent un
certain nombre de propriétés physiques et mécaniques ». Nous essayons à travers cette
étude, de dégager une loi de comportement mécanique de ces matériaux très présents
dans le Nord de la France. Le secteur d'étude est situé à Saint Jacques sur Darnétal (76).
L'expérimentation a consisté à réaliser dans un premier temps une caractérisation
précise des matériaux objet de l'étude via des essais en laboratoire. La courbe
granulométrique a été établie, ainsi que la détermination de l'argilosité et de la
perméabilité des matériaux. Notre retour d'expérience sur la région a permis d'identifier le

122
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

site comme étant représentatif des limons des plateaux normands et de manière plus
générale des limons loessiques du nord de la France. On retient les paramètres principaux
suivants (Tableau 1) :

Tableau 1 : caractérisation des matériaux testés


%400µm %80µm VBS IP wL Classe GTR K (m/s)
99,00% 97,50% 2,6 11 34,00% A1/A2 2,08.10-6

L'expérimentation sur le terrain a consisté à réaliser, pendant 2 années consécutives, et


de manière aussi régulière que possible (fréquence hebdomadaire dans le meilleur des
cas) le protocole suivant :
• réalisation d'un sondage pénétrométrique à 2,0m de profondeur, avec mesure de la
résistance dynamique de pointe tous les 0,10m, suivant la norme NF EN ISO
22476-2,
• en parallèle, un sondage de reconnaissance géologique à la tarière manuelle à
2,0m de profondeur en diamètre 64mm avec mesure de la teneur en eau tous les
0,25m.

Ainsi, le protocole a été répété 32 fois sur les deux années d'expérience. Celui-ci a permis
d'établir les données brutes suivantes (Figure 1) :

Figure 1 : synthèse des données récoltées pendant la phase expérimentale


Les limites de cette expérimentation sont rapidement ressorties dans la mesure où les
conditions naturelles (cycle de précipitations, sécheresse, conditions de site,...) n'ont
permis d'explorer qu'une frange trop restreinte de l'état hydrique des matériaux. En effet,
sur les deux années de suivi, nous observons une variation des teneurs en eau de 20,0 à
26,0%.
A ce stade de l'étude, nous avons donc fait appel au retour d'expérience de notre
société sur la région pour étoffer notre base de données d'autres couples (wn ; qd) en
s'appuyant notamment sur 4 études complémentaires :
• tracé routier entre Dieppe et Penly (76),
• aménagement d'une zone d'activité majeure sur Saint Romain de Colbosc (76),
• création d'un barreau routier sur la commune de Glicourt (76),
• création d'une plate-forme logistique sur Cauverville en Roumois (27).

123
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Sur ces quatre études, le contexte géologique est le même avec un limon en tête
comparable au limon de Saint Jacques Sur Darnetal (Tableau 2) :

Tableau 2 : caractérisation des limons sur la population étudiée


Analyse %400µm moyenne %80µm moyenne VBS moyenne Classe GTR
St Jacques Sur D. 99,00% 97,50% 2,6 A1/A2
Glicourt 95,78% 92,89% 2,5 A1/A2
9 analyses GTR
Dieppe-Penly 97,50% 83,16% 1,7 A1/A2
20 analyses GTR
Saint Romain de C. 99,00% 96,20% 2,2 A1/A2
27 analyses GTR
Cauverville en Roumois 97,00% 95,00% 2,3 A1
1 analyse GTR

Cela rejoint par ailleurs les caractéristiques établies par Leplat (Leplat, 1965) définissant
les limons loessiques du Nord de la France comme suit :
• %80µm compris entre 85 et 95%
• wL comprise entre 27 et 35% et IP compris entre 9 et 15.

Cela nous a permis de travailler sur la base de données suivantes dont la variation de
teneur en eau s'étale de 12,0% à 30,0% (Figure 2 et 3) :

Figure 2 : population étudiée (abscisse wn(%) ; ordonnée qd(MPa))

124
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 3 : superposition de l'ensemble des individus de la population étudiée (abscisse


wn(%) ; ordonnée qd(MPa))

3. Modèle de comportement inspiré des travaux de Freitag


3.1. Relation empirique qd = f(wn)

On établit ici une relation empirique reliant la résistance en pointe dynamique à la


teneur en eau dont la forme générale est issue du modèle empirique de Freitag (Freitag,
1987) (Figure 4) :

qd = e a +b×wn [qd en kPa, wn en pourcentage] (1)

Figure 4 : lois empiriques (abscisse wn(%) ; ordonnée qd(MPa))

125
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Le paramètre b apparaît ici constant alors que le paramètre a varie de 9,0 à 10,0 :

[
qd = e 9,0−0,09×wn ; e10, 0−0, 09×wn ] [qd en kPa, wn en pourcentage] (2)

Afin d'appréhender le paramètre a sur la population étudiée, nous proposons ci-après une
approche par statistiques inférentielles. Cela consiste à déterminer, pour un intervalle de
confiance donné, l'écart acceptable à la moyenne suivant les relations suivantes :

s
• IC = x ± t α . si n < 30, (3)
 n −1;1− 
 2 n −1

Avec :
• IC : intervalle de confiance
• x : moyenne de la résistance en pointe dynamique pour une teneur en eau
donnée,
• s : écart-type,
• n : nombre d'éléments de la population,
• tn-1 : table de statistiques, nombre de Student

En prenant ici un intervalle de confiance de 90%, nous obtenons le traitement suivant


(Figure 5) :

Figure 5 : approche statistique de la population étudiée (abscisse wn(%) ; ordonnée


qd(MPa))

Nous proposons la relation suivante :

qd = e 9,7 −0,09×wn [qd en kPa, wn en pourcentage] (4)

126
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.2. Relation empirique qd,sat = f(wn,sat, wn, qd)

De la relation (3) découle une relation permettant d'approcher la résistance en pointe


dynamique à saturation :

qd = e 9, 7 −0,09×( wn ) 0, 09×(wn − wn ,sat )


 9, 7 − 0, 09×( wn , sat )
⇒ qd , sat = qd × e
qd , sat = e

0 , 09×(wn − wn ,sat )
qd , sat = qd × e [qd en kPa, wn en pourcentage] (5)

On voit ici que le paramètre a variable n'intervient plus dans la relation (5).

3.3. Corrélations nouvelles

Enfin en suivant les corrélations reliant la résistance en pointe dynamique avec d'une
part la pression limite et d'autre part la résistance au pénétromètre statique (Gress, 2012
et 2015) :

Pl = qd
* 0,8
(6)
Avec qd : résistance en pointe dynamique [kPa]
et Pl* : pression limite

qc = 0,83 × qd (7)
Avec qc : résistance en pointe statique
et qd : résistance en pointe dynamique

Nous obtenons les corrélations suivantes pour estimer les paramètres à saturation dans
des matériaux peu à moyennement plastiques :

0 , 072×( wn − wn ,sat )
Pl *,wn ,sat = Pl*,wn × e [Pl*en kPa, wn en pourcentage] (8)
0 , 09×( wn − wn ,sat )
qc , wn ,sat = 0,83 × qc , wn × e (9)

4. Modèle de comportement inspiré des travaux de Gress

Les travaux de Gress (Gress, 2016) proposent une relation comme suit :
n
X 1  wn , 2 
= (10)
X 2  wn ,1 

Où X1 et X2 correspondent à des valeurs mécaniques de type pression limite, résistance


en pointe,... A rebours sur la population étudiée et sur les bornes définies précédemment,

127
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

nous recalons le paramètre n (Figure 6).

Figure 6 : loi de comportement inspiré des travaux de Gress, 2016 (abscisse wn(%) ;
ordonnée qd(MPa))

Nous obtenons un modèle satisfaisant pour n = 2,2 en calant le modèle sur la base des
bornes définies en (2) et en comparaison de la forme empirique retenue en (4), soit :

2, 2
qd ,1 w  (11)
=  n , 2 
qd , 2  wn ,1 

5. Analyse critique des modèles empiriques

Les deux modèles présentés ci-avant dépendent d'un paramètre b et n que l'on peut
relier à l'argilosité du sol.

Freitag propose de faire varier b (relation (1)), comme suit (Tableau 3) :

Tableau 3 : paramètres issus des travaux de Freitag


Type de sol Argile Argile silteuse Silt Silt sableux
Valeur de b 0,1 0,2 0,3 0,4

L'approche de Gress (Gress, 2016) propose :

× Arc tan (VBS − 4,4)


3
n = 2,5 − (12)
π

Pour les limons du Nord de la France, pour une VBS variant de 1,5 à 3,0, on calcule un
paramètre n variant de 3,4 à 3,7. Les deux modèles proposés précédemment convergent

128
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

vers des paramètres qualifiant un sol plastique à très plastique pour caractériser le
comportement des limons du Nord de la France.
Cela nous amène à conclure que seule l'argilosité ne saurait définir le comportement
des sols et que des paramètres tels que la densité et la granulométrie influent également
sur celui-ci. Notamment, les limons du Nord de la France ont la particularité d'avoir une
fraction à 2µm importante (20 à 30%) pour une argilosité faible à moyenne.

6. Conclusions

L'expérimentation est toujours en cours, l'incrément de mesure permet ainsi d'affiner


toujours plus le modèle empirique. Ces premiers résultats ont permis de définir deux
modèles empiriques permettant d'estimer le comportement du sol à saturation pour les
limons du Nord de la France. Par corrélation, ces résultats ont été étendus aux
paramètres géotechniques usuellement utilisés en France telles que la pression limite et la
résistance en pointe statique.

Un axe de développement complémentaire associé à ces premiers résultats consiste à


relier l'impact de la pluviométrie sur les variations de teneur en eau et d'affiner la notion de
garde hydrique.

L'intérêt de cette étude est de donner aux géotechniciens des outils pour anticiper l'effet
de la saturation sur un paramètre mécanique que l'on aurait mesuré à un instant t. Cela
permettra, entre autre, d'assurer la pérennité des ouvrages géotechniques.

6. Références bibliographiques

• FREITAG, D.R., 1987. A proposed strength classification test for fine-grained soils.
Journal of Terramechanics, volume 24, n° 1. p. 25-39.
• GRESS JC, 2012. Corrélations nouvelles pour améliorer la pertinence du
diagnostic géotechnique – Journées Nationales de Géotechniques et de Géologie
de l'Ingénieur 2012, Bordeaux.
• GRESS JC, 2015. Caractérisation en laboratoire et in situ des sols – 1er séminaire
international sur les routes et les matériaux routiers (RMR' 2015), USTHB Alger.
• GRESS JC, 2016. Avancées dans la caractérisation du comportement prévisible
des sols à risques de retrait gonflement par les essais en laboratoire et par les
mesures in situ – symposium géotechnique de Dakar.
• LERAT J., 1965, Limons et loess – exposé présenté aux journées de la géologie
Appliquée aux problèmes des Ponts et chaussées, organisées à Rouen les 12, 13
et 14 mai 1965.
• NF EN ISO 22476-2 , juillet 2005: reconnaissance et essais géotechniques – essais
en place – partie 2 - essai de pénétration dynamique dynamique.

129
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

PROJET RUFEX – RECOMMANDATIONS POUR L’ETUDE DE LA


FORMULATION DU MATERIAU DEEP MIXING

RUFEX PROJECT – RECOMMANDATIONS FOR THE STUDY OF THE DEEP


MIXING MATERIAL FORMULATION

Antoine Guimond-Barrett1, Fabien Szymkiewicz2, Alain Le Kouby2, Philippe Reiffsteck2,


Jean-François Mosser3, Fabrice Matthieu3
1
SNCF, Paris, France
2
IFSTTAR, 14-20 boulevard Newton, 77447 Champs-sur-Marne - Marne-la-Vallée cedex
3
Solétanche-Bachy, 280 avenue Napoléon Bonaparte, 92506 Rueil Malmaison

RÉSUMÉ – Cette communication donne des recommandations, établies dans le cadre du


projet de recherche RUFEX, pour la réalisation d’études de formulation du matériau Deep
Mixing, en complément de la norme NF EN 14 679. Son objectif n’est pas d’interpréter les
règlementations et recommandations existantes, mais de préciser certains points
concernant l’estimation et la vérification des performances d’un sol traité.

ABSTRACT – This communication provides guidelines, established under the RUFEX


research project, for the elaboration of the Deep Mixing material formulation studies, in
addition to the standard NF EN 14 679. Its aim is not to interpret existing regulations and
recommendations, but to clarify certain points regarding the estimation and verification of
performance of a treated soil.

1. Objectifs

Le Deep Soil Mixing est une technique permettant d’améliorer les caractéristiques
mécaniques ou hydrauliques d’un sol en le malaxant avec un liant hydraulique. Cette
opération de malaxage s’effectue in situ. Cette technique est applicable de manière
courante pour une large gamme de sols, allant des sables et graviers denses jusqu’aux
argiles molles et ce quel que soit leur degré de saturation mais doit faire l’objet d’études
spécifiques détaillées.
La technique du Deep Soil Mixing peut être subdivisée en deux méthodes : sèche et
humide.
La technique du Deep Soil Mixing peut être utilisée pour plusieurs types d’applications :
- Amélioration des caractéristiques mécaniques du sol, par la construction de
colonnes ou de panneaux permettant d’assurer des fonctions de reprise de charges
verticales, de reprise d’efforts de cisaillement ou encore de limitation de
tassements. Des fonctions de soutènement peuvent également être assurées, dans
certains cas ;
- Amélioration des caractéristiques hydrauliques des sols ou des ouvrages
géotechniques, par exemple par construction d’écrans de faible perméabilité
constitués de sol traité en place ;
- Traitement in situ des zones contaminées ou polluées.
Cette communication, issue des travaux entrepris au sein du Projet RUFEX, traite
spécifiquement des techniques de traitement visant à améliorer les caractéristiques
mécaniques ou hydrauliques des sols en place, qu’ils soient pollués ou non. Le sujet du
traitement des sols en vue d’une décontamination ou d’un confinement de la pollution
n’est pas abordé.

1
130
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Pour évaluer la faisabilité du traitement, il est systématiquement nécessaire de


procéder à des essais préliminaires en laboratoire. Ce document résume les
recommandations pour la réalisation de ces études de formulation des mélanges sol-liant,
telle que décrite dans RUFEX (2014).

2. Données géotechniques nécessaires

2.1. Caractéristiques géotechniques à considérer

L'utilisation des sols en tant que matériaux constitutifs des ouvrages exécutés par la
technique du Soil Mixing implique une bonne connaissance des conditions géologiques et
géotechniques des sites. Cette connaissance est obtenue à l’aide d’investigations
géotechniques préliminaires adaptées au procédé.
Les investigations géotechniques doivent permettre entre autres :
- de caractériser géométriquement et physiquement les différentes couches des sols
en place,
- d’identifier le(s) niveau(x) des eaux souterraines,
- d’obtenir des échantillons de sols de chacune des couches traitées pour la
réalisation d’une étude de formulation en laboratoire.
Le rapport de sols doit contenir les informations permettant la classification des sols
suivant la norme NF P 11-300 (1992) :
- la teneur en eau massique des différentes couches de terrain (ISO/TS 17892-1),
- la répartition granulométrique (ISO/TS 17892-4),
- les limites d’Atterberg (ISO/TS 17892-12) (et plus particulièrement la limite de
liquidité (Szymkiewicz et al., 2013)) ou les valeurs au bleu VBS (NF P94-068),
- les informations sur la compacité (par exemple la masse volumique suivant la
norme ISO/TS 17892-2).
La connaissance de ces informations est importante pour la détermination des
quantités d’eau et de liant à incorporer notamment.
La réalisation d’essais de formulation en laboratoire nécessite d’avoir des échantillons
représentatifs des sols en place. En particulier, les prélèvements doivent concerner
séparément toutes les couches impactées par le traitement. Ces échantillons peuvent être
intacts ou remaniés.
Les échantillons de terrain doivent être :
- extraits dans l’emprise du projet (et identifiés par emplacement de prélèvement) ;
- représentatifs des couches de terrain à traiter ou à défaut de la couche définie pour
l’étude ;
- conditionnés après prélèvement dans des sacs ou récipients étanches et
conservés de manière à garder intactes les conditions hydriques du sol.

2.2. Présence de polluants

Les sols de nombreux sites ayant accueilli par le passé des activités industrielles sont
potentiellement contaminés par une grande variété de polluants (hydrocarbures,
composés organiques volatils, métaux lourds …). L’influence sur les caractéristiques des
sols après traitement est différente si les polluants sont intégrés directement aux
mélanges ou si la pollution affecte les sols traités après la mise en œuvre.
Compte tenu du nombre considérable de polluants, une reconnaissance de sols
poussée avec des analyses chimiques des sols et des eaux souterraines est nécessaire
lorsque le contexte suggère la présence d’une pollution sur un site.
Une étude spécifique du traitement en laboratoire s’impose pour chaque cas particulier.

2
131
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

L’agressivité des sols et des eaux souterraines peut être évaluée par rapport aux
valeurs limites définies dans la norme NF EN 206-1 (2004) pour les classes d'exposition
correspondant aux attaques chimiques sur les bétons.

3. Etudes de formulation en laboratoire

La réalisation d’une étude de formulation est impérative dès lors qu’il existe un doute soit
sur le déroulement de la prise du mélange sol-liant, soit sur sa durabilité. Cette
recommandation s’applique notamment dès que l’on est amené à traiter des sols :
- partiellement ou totalement contaminés (hydrocarbures, sulfates, chlorures,
nitrates, COV…),
- contenant de la matière organique (limon ou argile organique, tourbes),
- en présence de conditions salines (eau de mer..).
Une étude de formulation est également nécessaire si le degré d’exigence en termes
de caractéristiques du matériau sol-ciment est très élevé. Par exemple, si on recherche
une résistance à la compression spécifique à un âge donné ou encore une perméabilité
très basse (k<10-8 m/s).
L’étude de formulation peut être facultative si l’entreprise peut justifier de suffisamment
d’expérience dans le même type de sols avec la même méthode de traitement, avec le
même liant.
Il est impossible de reproduire en laboratoire une technique de malaxage in situ
(Terashi 1997 ; Larsson 2005). La cinématique de malaxage et les conditions de cure sont
en effet très difficiles à simuler, et reproduire les deux en même temps en laboratoire
serait trop coûteux, surtout qu’il existe de nombreuses techniques et outils différents.
La réalisation de l’étude de formulation permet d’appréhender les effets et la
compatibilité de différents liants avec le sol à traiter et d’estimer les indices d’incorporation
pour atteindre le niveau de performance requis pour le projet.
Une étude de formulation consiste à :
- déterminer un dosage préliminaire correspondant à une formule choisie à priori
d’après l’expérience, sans étude de laboratoire spécifique ;
- ou à étudier en laboratoire les variations des performances mécaniques et/ou
hydrauliques du sol traité en fonction du dosage en liant hydraulique. Ce type
d’étude est réalisé en l’absence d’expériences dans des conditions géotechniques
et géologiques similaires. Pour ce faire, il y a lieu de retenir au minimum deux
valeurs de dosage encadrant un dosage préliminaire jugé le plus pertinent a priori ;
- dans certain cas, une étude de l’incidence des dispersions d’exécution sur les
performances mécaniques du sol traité est nécessaire. Dans ce cas, des
éprouvettes spécifiques sont confectionnées suivant les modalités supposées
reproduire les dispersions d’exécution généralement observées sur les chantiers.
Ces éprouvettes sont ensuite soumises aux essais de caractérisation utilisés pour
déterminer leurs performances mécanique et/ou hydraulique.
Les résultats de ces études permettent de retenir un dosage minimal et le cas échéant
de déterminer le surdosage permettant de compenser les dispersions d’exécution.
Il existe de nombreuses méthodes plus ou moins similaires pour la préparation
d’éprouvettes de sol traité en laboratoire. Ces différentes méthodes ont été recensées par
Terashi et Kitazume (2009).
Le protocole proposé ci-dessous s’inspire de ces protocoles et résulte des travaux
menés par Szymkiewicz (2011) et Guimond-Barrett (2013) dans le cadre du projet RUFEX
(2010-2014).

3
132
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.1. Matériaux

3.1.1. Sols

Les essais de laboratoire sont réalisés avec un ou plusieurs échantillons de sol prélevés
sur le site du projet. Une fois arrivé au laboratoire, l’échantillon de terrain doit être analysé.
Puis il doit être préparé : on sélectionne les échantillons adéquats pour l’essai en visant
à obtenir le sol le plus représentatif possible. Souvent, il s’agit soit de la couche de sol
pouvant poser le plus de problèmes potentiels ou soit de la couche de sol la plus
dimensionnante pour le projet.
Le matériau est homogénéisé et éventuellement écrêté de manière à être compatible
avec les moyens de malaxage utilisés et la dimension des éprouvettes choisies.

3.1.2. Liants

Le choix du liant dépend de la nature des terrains à traiter et des caractéristiques visées.
Généralement, la méthode du Deep Mixing est compatible avec de nombreux liants
comme les ciments, la chaux, le laitier, les cendres volantes ou les pouzzolanes.
Pour choisir le type de liant, on peut s’appuyer par exemple sur le tableau du SETRA /
LCPC (2000) qui donne l'adéquation des ciments courants avec différents sols désignés
conformément à la classification de la norme NF P 11-300 (1992).
Le guide EuroSoilStab (2002) donne également quelques indications sur le choix du
liant en fonction de la teneur en matière organique présente dans le sol.
Lors des essais laboratoire, le type de liant utilisé ainsi que sa provenance (usine de
fabrication) doivent être identiques à ceux qui seront utilisés pendant l’exécution.
Le dosage en liant (indice d’incorporation) est à définir en fonction de l’objectif visé, des
conditions hydriques et de la nature du sol à traiter.

3.1.3. Eau

L’eau utilisée pour les mélanges en laboratoire doit être similaire à celle disponible sur
chantier. Il peut s’agir d’eau du réseau ou d’une autre provenance, comme par exemple
de l’eau pompée dans une rivière, un étang ou un lac. Dans ce cas, il faut réaliser une
analyse chimique préliminaire avant utilisation sur site. Sur chantier, des précautions
doivent être prises pour maintenir l’eau de gâchage à une température correcte (ni trop
froide en hiver, ni trop chaude en été).

3.2. Matériels

3.2.1 Malaxeurs

Les mélanges sont réalisés à l’aide d’un malaxeur à mortier d'une capacité suffisante pour
mélanger un lot de sol avec le ou les liants considérés (5 litres minimum).

3.2.2 Moules

En général, les éprouvettes sont confectionnées dans des moules cylindriques,


d’élancement égal à 2 de préférence. Si ce n’est pas le cas, il faut respecter les règles de
correction indiquées dans la norme ASTM C 42-90 (1992).
Le diamètre minimal des moules est fonction du Dmax du sol à traiter. On admet en
général que le diamètre intérieur des moules doit être au moins 6 fois plus grand que la
taille du plus gros grain.

4
133
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.3. Protocoles de préparation et de conservation du mélange

Les quantités de sol, de liant et d’eau nécessaires sont préalablement calculées à partir
de la masse volumique sèche du sol à traiter et de l’indice d’incorporation visé. Les
masses requises pour chaque constituant sont pesées.

3.3.1. Préparation du liant

Le protocole de préparation du mélange sol-liant en laboratoire doit, si possible, se


rapprocher au mieux de la méthode d’incorporation utilisée sur chantier.
Pour reproduire un traitement en voie sèche, le liant sec (sous forme de poudre) est
directement ajouté au sol.
Pour un traitement en voie sèche modifiée, on pourra incorporer séparément le liant et
l’eau ; tandis que pour un traitement en voie humide, on incorporera plutôt un coulis.
Lorsqu’un mélange de différents liants est utilisé, ceux-ci sont mélangés dans les
proportions requises avant d’être ajoutés au sol.
Pour une simulation de traitement par voie humide, le coulis est préparé
indépendamment puis mélangé avec le sol. On utilise un malaxeur à turbine haute
turbulence, avec un temps de malaxage suffisant. Le coulis est caractérisé par le rapport
C/E : la masse de ciment sec divisé par la masse d’eau.
La densité du coulis doit être mesurée à la balance Baroïd. La viscosité Marsh du coulis
est mesurée à l’aide d'un cône normalisé.

3.3.2. Procédure de réalisation du mélange

Le sol puis le liant (sous forme sèche ou humide) sont placés dans le malaxeur et
mélangés jusqu’à l’obtention d’un matériau visuellement homogène afin de limiter la
dispersion des résultats finaux. En général, un temps de malaxage de 10 minutes est
suffisant.

3.3.3. Confection et conservations des éprouvettes

Le mélange sol-liant fluide est ensuite coulé dans des moules en 3 couches successives à
l’aide d’une main écope.
Après la mise en place de chaque couche, le matériau est piqué avec une tige en acier
ainsi que vibré manuellement en tapant légèrement le moule contre une surface
horizontale. La combinaison de ces 2 méthodes assure en effet les meilleurs résultats
((Kitazume et Nishimura, 2009) et (Marzano et al., 2009)). La réalisation du mélange et
des éprouvettes doit être complétée en moins de 30 minutes. Les éprouvettes sont
remplies jusqu’en haut, puis refermées, identifiées et stockées au laboratoire dans des
conditions thermiques et hydriques constantes.

4. Etude / Validation de la formulation en place

Il est nécessaire en phase préliminaire d’exécution d’étudier convenablement le


comportement du matériau en place afin de valider et/ou d’ajuster le dosage retenu suite à
l’étude de formulation.
4.1. Réalisation

Lors de la réalisation d’ouvrages en sols traités par Deep Mixing, il est indispensable de
mesurer et contrôler les paramètres opératoires sur la machine : en effet, les paramètres

5
134
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

d’exécution permettent d’obtenir une estimation des quantités de ciment et d’eau


réellement incorporées.
Des essais de laboratoire sont réalisés pour contrôler les caractéristiques des sols
traités in situ. Sur chantier, les résultats obtenus sur éprouvettes dépendent fortement des
caractéristiques du sol en place à l’endroit où est effectuée la mesure. Suivant la nature
du sol (plus ou moins sableux, limoneux ou argileux), sa teneur en eau naturelle, son
degré de saturation et sa courbe granulométrique, la résistance à la compression du
matériau peut varier de manière significative, en atteignant un certain degré de dispersion.

4.2. Prélèvements

Les essais de laboratoire sont effectués sur des éprouvettes prélevées sur chantier dans
le matériau à l’état frais ou par carottage à l’état durci.
Les échantillons sont prélevés à l’état frais (« wet-grab ») immédiatement après
l'exécution du traitement. Un dispositif d'échantillonnage est utilisé pour extraire le
mélange sol-liant à la profondeur visée. Le matériau frais est généralement versé dans
des moules cylindriques suivant une procédure identique à celle décrite au paragraphe
3.3.3. Les éprouvettes sont conservées à température constante (généralement 20°C)
dans l’eau ou dans une chambre humide à l’abri de la lumière.
Le prélèvement des rejets remontés en surface (spoil) lors du malaxage ne permet pas
d’obtenir d’échantillons représentatifs du matériau constituant le massif de sol traité. De
même, le prélèvement d’échantillons à l’état frais à faible profondeur n’est pas conseillé.

5. Détermination des caractéristiques mécaniques et hydrauliques du matériau

5.1. Résistances à la compression simple et à la traction par fendage

La résistance à la compression simple qu est déterminée conformément à la norme EN


13286-41 (AFNOR 2003). Les essais de résistance à la traction par fendage qut doivent
être réalisés suivant la norme EN 13286-42 (AFNOR, 2003).

5.2. Module de déformation statique

Le dispositif expérimental requis pour déterminer le module de déformation statique est


décrit dans la norme EN 13286-43 (2003). Les déformations longitudinales de la partie
centrale des éprouvettes sont mesurées localement à l’aide de capteurs ou jauges de
déformation. Le module utilisé pour le dimensionnement d’ouvrages en Soil Mixing est le
module sécant E50.

5.3. Caractéristiques mesurables avec un appareil triaxial et avec un appareil triaxial


cyclique

Pour les sols, il existe trois principaux types d’essais (NF P94-070) :
- non consolidé non drainé (UU),
- consolidé non drainé avec mesures de la pression interstitielle u (CU+u),
- consolidé drainé (CD).
Les essais UU permettent de mesurer des caractéristiques qui décrivent le
comportement mécanique à court terme des sols traités (Cu - u - Eu) tandis que les
essais CD permettent de déterminer des paramètres liés au comportement à long terme
(c’ - ’ - E’). L’interprétation des essais CU+u en contraintes totales et effectives permet
d’obtenir les deux types de caractéristiques (court et long terme).

6
135
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Deux types d’essais peuvent être effectués à l’aide d’un appareil triaxial cyclique (NF
EN 13286-7) :
- essai CCP : la contrainte axiale est cyclique sous une pression de confinement
constante,
- essai VCP : la contrainte axiale et la pression de confinement sont cycliques.
Les études de matériaux sous charges cycliques portent sur le comportement
réversible et sur les déformations permanentes.

5.4. Perméabilité et porosité

La perméabilité k en m/s des échantillons est déterminée en se basant sur la loi de Darcy.
La porosité accessible n à l’eau est obtenue par pesage hydrostatique après saturation
sous vide pendant 24 heures et par la mesure de la perte d’eau après séchage de
l’échantillon dans une étuve à 105°C.

5.5. Mesures de vitesses de propagation d’onde

Les modules dynamiques de compression E0 et de cisaillement G0 sont obtenus à partir


de mesures des vitesses de propagation des ondes de compression V p et de cisaillement
Vs au travers des échantillons.

6. Discussion et perspectives

Ces recommandations non contraignantes doivent être vues comme un guide de bonne
conduite à suivre lors de tout chantier de Soil-Mixing, afin d’approfondir la connaissance
du matériau et de la méthode, notamment en matière de pollution et de durabilité. Les
perspectives du projet RUFEX sont l’élaboration de formulations de mélanges pour un
grand nombre de type de matériaux naturels et la rédaction de guides techniques sur le
renforcement par mélanges en place.

7. Références bibliographiques

AFNOR. (1992).NF P 11-300. Exécution des terrassements Classification des matériaux


utilisables dans la construction des remblais et des couches de forme d´infrastructures
routières.
AFNOR. (1994). NF P94-070 Sols: reconnaissance et essais - Essais à l'appareil triaxial
de révolution Généralités – Définitions.
AFNOR. (1998). NF P94-068 Soils: investigation and testing. Mesure de la capacité
d'adsorption de bleu de méthylène d'un sol ou d'un matériau rocheux. Détermination de
la valeur de bleu de méthylène d'un sol ou d'un matériau rocheux par l'essai à la tâche.
AFNOR. (1999). NF P94-100 Sols : reconnaissance et essais - Matériaux traités à la
chaux et/ou aux liants hydrauliques - Essai d'évaluation de l'aptitude d'un sol au
traitement.
AFNOR. (2001). NF EN 197-1 - Ciment - Partie 1 : composition, spécifications et critères
de conformité des ciments courants.
AFNOR. (2003). NF EN 13286-41: Mélanges traités et mélanges non traités aux liants
hydrauliques - Partie 41 : méthode d'essai pour la détermination de la résistance à la
compression des mélanges traités aux liants hydrauliques.
AFNOR. (2003). NF EN 13286-42: Mélanges traités et mélanges non traités aux liants
hydrauliques - Partie 42 : méthode d'essai pour la détermination de la résistance à
traction indirecte des mélanges traités aux liants hydrauliques.

7
136
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

AFNOR. (2003). EN 13286-43: Mélanges traités et mélanges non traités aux liants
hydrauliques - Partie 43 : méthode d'essai pour la détermination du module d'élasticité
des mélanges traités aux liants hydrauliques.
AFNOR. (2004). NF EN 13286-7. Mélanges avec ou sans liant hydraulique - Partie 7 :
essai triaxial sous charge cyclique pour mélanges sans liant hydraulique.
AFNOR. (2004). NF EN 206-1 Béton - Partie 1 : spécification, performances, production et
conformité.
AFNOR. (2005). NF EN 14679 :2005-09 Exécution de travaux géotechniques spéciaux –
Colonnes de sol traité.
ASTM. (1992). C 42-90. Standard test method for obtaining and testing drilled cores and
sawed beams of concrete, ASTM, U.S.A.
European-Standard 2005. Execution of special geotechnical works - Deep Mixing.
European Committee for Standardization (CEN) Brussels. Standard. NF EN 14679
EuroSoilStab. (2002). Development of Design and Construction Methods to Stabilise Soft
Organic Soils. Design Guide Soft Soil Stabilisation. European Commission, 95 pages.
Guimond-Barrett, A. (2013). Influence of mixing and curing conditions on the
characteristics and durability of soils stabilised by deep mixing. Thèse de doctorat
Université Paris Est.
ISO/TS 17892-2 (2004). Reconnaissance et essais géotechniques -- Essais de laboratoire
sur les sols -- Partie 2: Détermination de la masse volumique d'un sol fin.
ISO/TS 17892-1 (2005). Reconnaissance et essais géotechniques -- Essais de laboratoire
sur les sols -- Partie 1: Détermination de la teneur en eau.
ISO/TS 17892-4 (2005). Reconnaissance et essais géotechniques -- Essais de laboratoire
sur les sols -- Partie 4: Détermination de la granulométrie.
ISO/TS 17892-12 (2005). Reconnaissance et essais géotechniques -- Essais de
laboratoire sur les sols -- Partie 12: Détermination des limites d'Atterberg.
Kitazume, M. and S. Nishimura (2009). Influence of specimen preparation and curing
conditions on unconfined compression behaviour of cement-treated clay. Deep
Mixing'09, Okinawa.
Larsson, S. (2005). State of Practice Report – Execution, monitoring and quality control.
Deep Mixing '05, Stockholm, Sweden, 732-786.
Marzano, I. P., A. Al-Tabbaa and M. Grisolia (2009). Influence of sample préparation on
the strength of cement-stabilised clays. Deep Mixing’09, Okinawa.
RUFEX (2014). Deep Soil Mixing : Recommandations pour l’étude de formulation du
mélange, 17 pages (non encore publié)
SETRA / LCPC. (2000). Guide Technique Traitement des sols à la chaux et/ou aux liants
hydrauliques - Application en remblais et couches de forme.
Szymkiewicz, F. (2011). Evaluation des propriétés mécaniques du matériau Soil-Mixing.
Thèse de doctorat Université Paris-Est.
Szymkiewicz, F., Tamga, F-S., Le Kouby, A. & Reiffsteck, P. (2013), Optimization of the
strength and homogeneity of the deep mixing material by mean of the determination of
the workability limit and optimum water content, Canadian Geotechnical Journal 50,
1034-1043.
Terashi, M. (1997). Theme lecture: Deep mixing method - Brief state of the art. 14th
ICSMFE, Hamburg, 2475-2478.
Terashi, M., & Kitazume, M. (2009). Keynote lecture : Current Practice and future
perspective of QA/QC for Deep-Mixed ground. Proceedings of the Internation
Symposium on Deep Mixing and Admixture Stabilisation, May 19-21, Okinawa.

8
137
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

PROCEDES CONSTRUCTIFS INNOVANTS DANS LA REALISATION


DE STATIONS DU TRAMWAY T6, EN REGION PARISIENNE

INNOVATIVE METHODS WITHIN CONSTRUCTION OF THE UNDERGROUND


SECTION OF TRAMWAY T6, IN THE PARIS REGION

Ira GUTJAHR , Nicolas FRATTINI1, Jéroni BOUDE1


1
1
Solétanche Bachy, Rueil-Malmaison, France

RÉSUMÉ – Dans le cadre de la réalisation du tramway T6, qui relie Chatillon à Viroflay en
région parisienne, une section souterraine a été réalisée compte tenu de la forte densité
urbaine de Viroflay. Ce chantier a été l’occasion de mettre en place deux procédés
innovants : d’une part un pavé au coulis non-armé auto-stable pour l’attaque du tunnelier,
et d’autre part des liernes métalliques cintrées dans les stations réalisées en taupe.

ABSTRACT – As part of the tramway T6 Project, connecting Chatillon to Viroflay in the


Paris region, an underground section was realized in the Viroflay area due to the high
urban density. During the design and construction two innovative methods were
developed: a self-supporting grout slab for the TBM attack and arched metallic waling
beams for the stations realized using the top - down technique.

1. Introduction

Dans le cadre de la réalisation du tramway T6, qui relie Chatillon à Viroflay en banlieue
parisienne, compte tenu de la forte densité urbaine de Viroflay, une section souterraine a
été réalisée sous la ville.
Cette section comporte 2 stations ainsi qu’un puits d’entrée, et est réalisée avec un
tunnelier à pression de terre. Ce chantier a été l’occasion de mettre en œuvre deux
procédés constructifs innovants : un pavé au coulis auto-stable pour l’attaque du
tunnelier, et des liernes cintrées dans les stations.

2. Front d’entrée du tunnelier réalisé en pavé au coulis

Le puits d’entrée du tunnelier se situe dans la forêt de Meudon, dans les Sables de
Fontainebleau. Le front d’attaque doit répondre à 2 objectifs : offrir une surface plane
d’attaque pour le tunnelier, et permettre sa mise en pression progressive, la couverture de
terrains sur les premiers mètres étant très mince.
Le tunnelier ayant un diamètre de 9.20 m, il s’agit donc de réaliser un soutènement
d’une hauteur de 11.00 m, dans les sables de Fontainebleau, et dans le même temps
d’améliorer les caractéristiques de la couche de terrain située au-dessus du passage du
tunnelier, afin que celui-ci puisse entrer en pression.
La solution initialement prévue consistait en la réalisation d’une paroi moulée pour le
soutènement, armée en fibres de verre afin de permettre le passage du tunnelier. Il était
également prévu un traitement de terrain par injections en surface pour améliorer les
caractéristiques des sables de Fontainebleau.
La solution alternative retenue était la réalisation, par substitution complète du terrain,
d’un pavé au coulis sans armature et auto-stable de 6m d’épaisseur et 11.00 m de
hauteur, qui présentait l’avantage de répondre aux 2 objectifs.

1
138
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

La paroi moulée qui borde l’entrée du tunnelier a été conservée car elle constitue le
soutènement latéral définitif du puits d’entrée.
Notons qu’à l’arrière du pavé de coulis un maillage au coulis a été réalisé afin de
permettre la mise en pression progressive du tunnelier.

2.1. Principe du pavé au coulis

Le principe de fonctionnement du pavé au coulis est le suivant : des voûtes de


compression se développent dans le pavé au coulis et retransmettent la poussée des
terres de part et d’autres du front d’attaque du tunnelier.
La justification suit alors les étapes suivantes :
 Détermination de la résistance caractéristique à la compression (R C) minimale à
obtenir pour le coulis ;
 Vérification du non-poinçonnement du terrain suite à la contrainte de compression
apportée par la voûte dans le pavé au coulis ;
 Vérification de la reprise de la poussée par le massif de terrain située autour de la
paroi moulée, devant le bloc de coulis.
Cette méthode permet en outre de recréer, sur les 6 premiers mètres d’attaque du
tunnelier, des caractéristiques de terrains suffisamment bonnes pour la montée en
pression.
Afin d’éviter une dégradation du coulis entre la période du terrassement et le passage
du tunnelier, une protection anti-dessiccation (béton projeté) a été mise en œuvre sur la
face terrassée du bloc.

Figure 1. Vue en plan de la solution « pavé au coulis ».

2.2. Justification du pavé au coulis

La justification du pavé au coulis est menée en 3 étapes qui sont détaillées par la suite.

2.2.1. Détermination du RC minimal


La poussée « p » due au poids des terres est transmise de part et d’autre du front
d’attaque du tunnelier par l’intermédiaire d’une voûte de compression se développant
dans le pavé au coulis (voir figure 2).

2
139
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 2. Vue en plan de la voûte de compression dans le coulis.

La poussée des terres maximale que devra reprendre le bloc de coulis est calculée à
l’aide du logiciel PARIS, logiciel de calcul interne Solétanche-Bachy pour les calculs aux
coefficients de réaction.
Le terrain est constitué des Sables de Fontainebleau dont les caractéristiques sont
indiquées dans le tableau 1. On considère une inclinaison de la poussée de 2/3.

Tableau 1. Caractéristiques des Sables de Fontainebleau


 ’ ’ c’ EM pLM*
3 3 
(kN/m ) (kN/m ) (°) (kPa) (MPa) (MPa)
19 10 35 5 30 2.0 1/3

Le profil considéré est détaillé dans la figure 3, avec notamment la présence d’un
important talus en tête et une nappe hydrostatique à 8m de profondeur par rapport à la
plateforme.
La poussée maximale pmax calculée avec les hypothèses exposées précédemment est
égale à 133 kPa. En considérant les caractéristiques géométriques du pavé, D = 14.2m et
H = 6.0m, on calcule les contraintes maximales de compression et de cisaillement dans la
voûte à partir des formules des tubes épais (1) et (2).

Figure 3. Profil pour la détermination de la poussée maximale.

3
140
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

max = 2·pmax·(1+D²/4H²) (1)


max = pmax·D/2H (2)

On obtient alors les contraintes maximales suivantes : max = 640 kPa et max = 160
kPa.
On recherche une résistance caractéristique à la compression RC avec une sécurité
telle que :
 RC > 2 max = 1.3 MPa
 RC > 10 max = 1.6 MPa
Le coulis doit donc avoir une résistance caractéristique à la compression RC ≥ 1.6 MPa.
L’état limite ultime de compression du coulis est vérifié avec le même niveau de sécurité
que s’il s’agissait d’un béton. En effet conformément à l’Eurocode 2 Partie 1-1 et en
considérant comme permanente la pression des terres « p » on doit vérifier l’inégalité (3).
1.35· < RC / 1.5 (3)

Conventionnellement et de façon très sécuritaire la contrainte de cisaillement est


comparée à la résistance au cisaillement pur, ou « cohésion » c, du coulis, en négligeant
donc l’effet bénéfique de la compression exercée par la voûte. Le rapport RC / c est de
l’ordre de 5, ce qui conduit à vérifier l’état ultime de cisaillement au moyen de la relation
(4).
1.35· < RC / (1.5·5) (4)

2.2.2. Non-poinçonnement du terrain


On vérifie que la contrainte de compression se développant dans la voûte peut être
reprise par le terrain de part et d’autre du bloc de coulis.
On considère pour cela la pression moyenne sur le bloc de coulis, en se limitant de
manière sécuritaire aux 5 derniers mètres en base du bloc de coulis, présentant une
pression quasi uniforme, soit pmoy ≈ 100 kPa.
La contrainte de compression moyenne dans la voûte est calculée à l’aide de la
relation (1). Elle vaut pied,moy = 603 kPa.
On doit alors vérifier qu’elle est inférieure à la contrainte admissible dans le terrain,
estimé selon l’usage à adm = pLM*/3 = 667 kPa.
On a bien pied,moy = 603 kPa < adm = 667 kPa.

2.2.3. Reprise des efforts par le massif de terrain autour de la paroi moulée
On doit vérifier que le terrain situé autour de la paroi moulée, devant le pavé de coulis,
peut reprendre les efforts de poussée ramenés par la voûte inscrite dans le pavé au
coulis.
L’intégrale de la poussée sur toute la hauteur du pavé de coulis est calculée à l’aide du
logiciel PARIS, elle vaut P = 760 kN/ml.
On peut donc déterminer l’effort global R apporté par la voûte, indiqué sur la figure 2. Il
vient R = P·Rmoyen avec Rmoyen = 12.7m. On obtient donc R = 760·12.7 = 9650 kN.
Cet effort global R se décompose en un effort normal N repris par compression dans le
terrain et un effort tangentiel T pour lequel on considère de manière sécuritaire qu’il est
repris uniquement par le frottement latéral du terrain sur la paroi moulée (voir figure 2).
On calcule , l’inclinaison de l’effort global par rapport à l’axe de la paroi moulée
comme indiqué sur la figure 2, au moyen de la relation (5). Il s’agit là de l’angle le plus
défavorable car il maximise l’effort tangentiel T.
On obtient  = 56°. On en déduit les valeurs de l’effort normal N = R·sin = 9650·sin(56°)
= 8000 kN ainsi que de l’effort tangentiel T = R·cos = 9650·cos(56°) = 5400 kN.

4
141
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

 = 90° - arcsin [2 / (a + b + c)] (5)

Où les paramètres a, b, et c sont calculés comme suit :


 a = 2H / D
 b = D / 2H
 c = (1 + D² / 4H²)
0.5

La reprise de l’effort normal N par compression dans le terrain est justifié de facto par la
vérification du non-poinçonnement du terrain, voir §2.2.2.
On détermine l’effort tangentiel maximal pouvant être repris par frottement latéral le
long de la paroi moulée, Q, en considérant un linéaire de 10m de paroi, une fiche paroi à
la cote 114.00 NGF, un frottement limite qs = 80 kPa, estimé selon les règles en vigueur,
et une diffusion à un angle de 35° dans le sol (= angle de frottement du terrain), comme
indiqué sur la figure 4. On calcule Q = 5540 kN. On vérifie bien que Q = 5540 kN > T =
5400 kN.

2.3. Conclusion

En termes de coût cette innovation a permis de s’affranchir d’un pan entier de paroi
moulée, et notamment de son ferraillage en fibres de verre. Ce dispositif auto-stable a par
ailleurs permis d’éviter la mise en place d’un système d’appuis provisoires ce qui permet
de réaliser une économie non négligeable.
Cette absence d’appuis est également un atout car elle permet de s’affranchir des
problématiques d’encombrement au niveau du front d’attaque du tunnelier.

Figure 4. Zone mobilisée pour reprise frottement tangentiel.

En termes de délai la réalisation d’un pavé au coulis est beaucoup plus rapide que la
réalisation de la paroi moulée (moins profond, pas d’équipement, etc…).
On économise par ailleurs la démolition de la paroi moulée, le coulis étant beaucoup
plus facile et rapide à démolir que le béton armé de fibres de verre.
Des injections initialement prévues étant remplacées par le traitement du terrain au
coulis, on réalise un seul ouvrage au lieu de deux, ce qui permet une large optimisation
du projet initial, tant en coût qu’en délai.

5
142
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 5. Vue de l’intérieur du puits d’entrée.

3. Liernes métalliques cintrées dans les stations

Les travaux de terrassement des stations ont été réalisés sous dalle afin de maintenir la
circulation en surface. En phases travaux les parois moulées des stations étaient
appuyées au fur et à mesure des terrassements par la dalle de couverture en tête ainsi
que deux lits d’appuis provisoires inférieurs.
Les appuis provisoires sont constitués de butons métalliques traversant associés à des
liernes métalliques devant la paroi afin de garantir l’appui sur l’ensemble des cages
d’armature.

3.1. Problématique

Les travaux de terrassement étant réalisés en taupe, la présence d’une ouverture dans la
dalle de couverture est nécessaire. La traversée de cette trémie par un buton étant
interdite, ses dimensions importantes ont pour conséquence d’augmenter l’espacement
entre les deux butons adjacents à la trémie, comme on peut le voir sur la figure 6.
La mise en place d’une lierne droite s’est avérée impossible en raison du type et du
nombre de profilés qu’il aurait fallu mettre en place. Il a donc été décidé de réaliser une
lierne cintrée, en forme d’arc. Notons que les butons appuyant la lierne cintrée ont été
précontraints afin de permettre leur décharge avant la dépose.

Figure 6. Vue en plan de la zone trémie.

6
143
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.2. Fonctionnement

Le fonctionnement de l’arc est le suivant :


 sous l’effort Rh (kN/ml), déterminé par le calcul en élasto-plasticité de la paroi-moulée,
appliqué au soutènement et transmis par le coulis entre la paroi et l’arc, l’arc se met
en compression  Farc
 A la jonction entre l’arc, le tirant et le buton traversant cet effort de compression dans
l’arc se décompose en un effort tangentiel F tangentiel repris par le « tirant » et un effort
normal Fnormal repris par le buton traversant
Notons que deux ensembles (arc + tirant) superposés ont été mis en place.

3.3. Justification de la lierne cintrée

Afin de justifier la lierne cintrée il fallait vérifier :


 la résistance au flambement de l’arc métallique sous l’effet de la variation de la
température
 la résistance de ses éléments constitutifs vis-à-vis des efforts auxquels ils sont
soumis

Figure 7. Vue en plan de la lierne cintrée.

3.3.1. Caractéristiques géométriques et efforts


Les caractéristiques géométriques sont les suivants :
 Arc : rayon extérieur Rext = 10.4m / demi-ouverture  = 35° / longueur arc de cercle s
= 12.7m
 « Tirant » : longueur L = 11.94m / inclinaison entre axe tirant et axe arc = 39°
L’effort de compression dans l’arc Farc est calculé en considérant le rayon extérieur : Farc =
Rh x Rext, soit 313 x 10.4 = 3255 kN.
On en déduit l’effort de compression par arc : 3255 / 2  Farc = 1628 kN ainsi que l’effort
de traction dans le « tirant » : 1628 x cos(39°)  Ftangentiel = 1265 kN

3.3.2. Vérification au flambement


L’arc métallique est soumis à un effort axial de compression Farc et à un moment de
flexion dû à son poids propre. Il est calculé au flambement, avec prise en compte de la
flexion apportée par son poids propre, conformément aux règles de l’Eurocode 3, en
considérant une variation de température ΔT = 8 °C.

7
144
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

La longueur de flambement d’un arc circulaire de rayon « a », de demi-ouverture «  »


et d’une longueur d’arc de cercle « s », est donnée par les expressions suivantes
(Courbon, 1971) :
 cas d’un arc bi-articulé :
Lf = a/(²/²-1) = s/[2(1-²²) ]
1/2 1/2
(6)
 cas d’un arc semi-encastré :
Lf = a/(k²-1) = s..(k²-1) ]
1/2 1/2
(7)
avec k²-1 fonction de  selon le tableau 2.

Tableau 2. Valeurs de k²-1 (Courbon, 1971)


 (°) 10 20 30 40 50 60
k²-1 662.49 165.38 73.328 41.118 26.220 18.138

De manière sécuritaire une longueur de flambement égale à 0.51 x s, correspondant à


un arc bi-articulé (cas le plus défavorable), soit Lf = 0.51 x 12.7 = 6.50m a été considérée.

3.3.3. Profilés métalliques mis en place


La vérification vis-à-vis du flambement dimensionne le type de profilés à mettre en place
pour les arcs : profilés de type HEA 400 de nuance S355.
De manière forfaitaire les « tirants » ont été constitués du même type de profilés que
les arcs.
On vérifie ensuite que les arcs ainsi que les « tirants » reprennent bien les efforts de
compression et de traction s’y appliquant au moyen de la relation (8).
 = max (Farc ; Ftangentiel) / SHEA400 < 0.75·fe (8)

On a bien  = 1. 628 / 159·10-4 = 105 MPa < 0.75·355 = 265 MPa.

3.4. Conclusion

Cette innovation a permis de respecter la contrainte imposée concernant le dégagement


de la trémie. Par ailleurs le fonctionnement en voûte de la lierne cintrée qui fait travailler
les profilés métalliques en compression-traction plutôt qu’en flexion a pour conséquence
d’alléger considérablement le poids de la lierne et ainsi faciliter sa manipulation.
Notons que les déformées mesurées lors des terrassements ont été inférieures aux
prévisions, confirmant ainsi que la lierne cintrée a bien rempli son rôle d’appui pour le
soutènement.

Figure 8. Vue d’en dessous de la lierne cintrée.

8
145
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4. Références bibliographiques

Timoshenko, S. 1947. Résistance des Matériaux (Tome I et II), Librairie Polytechnique


Ch. Béranger, Paris.
Timoshenko, S. 1951. Théories des Plaques et des Coques, Librairie Polytechnique Ch.
Béranger, Paris.
Courbon, J. 1971. Résistance des Matériaux Tome 1, Dunod, Paris.

9
146
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

CONTRIBUTION A L'ETUDE DU COMPORTEMENT DES COUCHES


D'ASSISES RENFORCEES PAR DES MATERIAUX RECYCLES

IMPROVING THE BEHAVIOR OF BODY ROADS BY THE USE OF RECYCLED


MATERIALS

Hocine HADIDANE1, Hocine OUCIEF2, Mouloud MERZOUD3, Ayachi BERREDJEM4


1. 2.3.4
Laboratoire MGE, Université Badji Mokhtar-Annaba, BP 12 Annaba 23000, Algérie

RÉSUMÉ – L’activité de construction génère d’une part, l’épuisement des gisements


naturels de granulats, d’autre part, l’accumulation de la quantité des déchets de
construction, qui peuvent être estimée à des millions de tonnes par an dans les pays du
monde notamment en Algérie. Le recyclage de l’ancien matériau offre de multiples
avantages sur le plan environnemental : une économie de matériaux naturels, une forte
diminution du trafic de poids lourds qui transportent ces matériaux et ainsi une grande
économie d’énergie.
Ce travail constitue une contribution expérimentale à l’étude de la durabilité des
différents matériaux provenant de la démolition du bâtiment (béton, brique et parpaing) en
vue de leur utilisation dans les infrastructures des chaussées souples.
Les résultats obtenus sont extrêmement encourageants pour l’incorporation de ces
matériaux recyclés dans le corps de chaussée.

ABSTRACT – The activity of construction generates on the one hand, the exhaustion of
the natural aggregate layers which force to seek new sources of provisioning, on the other
hand, the accumulation of the quantity of waste of construction, which can be estimated at
million tons per annum in the countries of the world in particular in Algeria, the recycling of
these materials already engaged in the sector of public works is the most promising
solution.
Using recycled materials, beyond the economic interest that it provides, presents other
advantage such as the preservation of natural resources.
This work constitutes an experimental contribution to the study of the durability of
various materials coming from the demolition of the building (concrete, brick and breeze
block) for their use in the infrastructures of the flexible pavements.
The primary results obtained are extremely encouraging for maximum incorporation of
recycled materials, in the body roads

1. Introduction

Chaque année les activités du Bâtiment et des Travaux Publics produisent plus de 100
millions de tonnes de matériaux de démolition et de déblais, qui dans le cas général sont
des déchets inertes. Leur réutilisation dans un contexte d’économie de la ressource
naturelle a vite été considérée comme une priorité pour les acteurs des Travaux Publics :
maîtrises d’ouvrage, maîtrises d’oeuvre, entreprises de BTP, carriers…. l’utilisation de tels
matériaux dits recyclés offre plusieurs avantages :
Ces matériaux granulaires recyclés sont issus de chantiers de démolition de BTP, dits
« bétons et produits de démolition recyclés » ou « grave recyclée ». Ils peuvent se
substituer aux matériaux naturels en techniques routières à l’issue d’un processus
d’élaboration spécifique.
Les matériaux issus du recyclage peuvent, selon leurs caractéristiques, être considérés
comme des matériaux de terrassement, ou comme des granulats pour chaussée. Pour

1
147
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

cela ils doivent satisfaire aux exigences d’élaboration et de définition de leur « gisement
», terme originellement utilisé pour les matériaux naturels. [1]
L’objectif Cette étude expérimentale est d’étudier le comportement mécanique et la
durabilité des matériaux recyclés utilisés en couches d’assises des chaussées souples, et
d’analyser les phénomènes et les mécanismes qui se produisent à travers :
- La nature des granulats de recyclage, la granulométrie, l’état de compacité des
matériaux.

2. Catégories de granulats de recyclage

Les produits de recyclage sont de natures différentes allant de graves non calibrées aux
granulats classés tels que sables et gravillons.
On peut définir cinq Graves de Recyclage, GR0 à GR4 (tableau1). Leur caractérisation
est faite à partir des normes NF P 11-300, XP P 18-545, NF EN 13242 et NF EN 13285.
[2] [3] [4] [5].
Tableau 1 . Caractéristique des graves de recyclage. [1][6]
Référence à la NF P 11-300 XP P 18-540 et NF P 98-129 (GNT A)
norme F 72 F 71
Catégories de GR0 GR1 GR2 GR3 GR4
graves de
recyclage.
Granularité Non calibré 0/D 0/D 0/D 0/D
D≤ 80 mm D≤ 31,5 mm D≤ 20 mm D≤ 20 mm
Dureté Non spécifié LA≤ 45 LA≤ 45 LA≤ 40 LA≤ 35
MDE≤ 45 MDE≤ 45 MDE≤ 35 MDE≤ 30
LA+MDE≤ 80 LA+MDE≤ 65 LA+MDE≤ 55
Propreté Non spécifié ES non ES ≥ 50 ES ≥ 50 ES ≥ 50
spécifié
Teneur en Selon ≤ 0,7% ≤ 0,7% ≤ 0,7% ≤ 0,7%
Sulfate utilisation

3. Domaines d’emploi

Les matériaux définis ci-dessus peuvent être utilisés en constructions routières pour
réaliser les remblayages divers, les couches de forme et les assises de chaussées.

3.1- Les graves GR0

Ces graves peuvent contenir une petite proportion de plâtre qui vise à limiter la
fragmentabilité du matériau. Elles sont inutilisables en couche de forme mais leur emploi
est possible en remblai.

3.2- Les graves GR1

Comme les graves GR0 cette catégorie peut être employée dans les remblais et les
couches de forme en particulier lorsque les graves GR0 ne peuvent pas être utilisées.

3.3- Les graves GR2, GR3 et GR4

Leur emploi en assises de chaussées est possible, soit sous forme de graves non
traitées soit après traitement aux liants hydrauliques. Les spécifications relatives aux
possibilités ou aux conditions d’emploi de ces graves sous forme brute sont données

2
148
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

dans le tableau 2 en fonction de la position de la couche dans l’assise (fondation ou base)


et de l’intensité du trafic selon les classes de trafic.

Tableau 2. Domaine d’emploi des graves de recyclage non traités. [1][6]


Usages Classes de trafic
≤ T4 ≤ T3+ ≤ T3-
Couche de fondation GR2 GR3 GR3
Couche de base GR2 (D ≤ 20) GR3 GR4

4. METHODOLOGIES EXPERIMENTALES

Dans cette partie expérimentale nous avons procédé à une identification complète des
matériaux pour la détermination de leurs caractéristiques physiques et géotechniques
puis nous avons procédé à la réalisation des essais destinés à étudier les
caractéristiques mécaniques des granulats.

4.1. Description des échantillons

Nous avons ramené des blocs de béton, de brique et de parpaings issus d’une
démolition d’une vieille construction.
Ces blocs, en leur état initial, contiennent des impuretés de toute nature (le fer, le bois,
le plastique, le sol). Nous avons donc procédé à l’enlèvement de toutes les substances
non désirées qui peuvent polluer et affecter les caractéristiques des granulats produits.
Les blocs ont été soumis au concassage afin d’obtenir les différentes classes
granulaires dont la dimension maximale des gros grains est de 31,5 mm.
Après le concassage des blocs, les granulats produits ont été soumis au séchage à
l’étuve à la température de 105 °C, ensuite nous avons réalisé une série d’essais
d’identification.

4.2 .Propriétés physiques des matériaux utilisés

Conformément a la norme (NF EN 1097-6 + A1) [7], les propriétés physiques


essentielles obtenus pour les trois matériaux sont donnés dans le tableau 3.

Tableau 3. Propriétés physiques des trois échantillons.


Débris de : béton brique parpaing

Masse volumique du 2,56 2,21 2,39


solide γ s (g/cm3)
Masse volumique 1,73 1,45 1,73
humide γ h (g/cm3)
Masse volumique 1,50 1,01 1,49
sèche γ d (g/cm3)
L’indice des vides 67 89 74
e (%)
Teneur en eau W (%) 0,91 0,18 1,36

Degré de saturation Sr 3,18 0,51 5,16


(%)
La porosité n (%) 42,03 49,2 40,33

3
149
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

La densité relative Dr 56,74 26.2 52,41


(%)

4.3. Analyse granulométrique : (NF EN 933-1) [8]

Les résultats obtenus sont donnés par la courbe granulométrique de la figure 1, et le


tableau 4.

Figure 1. Courbes granulométriques des trois échantillons

Les caractéristiques granulométriques obtenues montrent que les trois échantillons ont
une granulométrie étalée, cela nous a permis de choisir toutes les classes
granulométriques que nous avons utilisé par la suite.

4.4. Equivalent de sable : NF EN 933-8 [9]

Les résultats obtenus pour les trois matériaux donnés par le tableau 4.

Tableau 4. Caractéristiques granulométrique et équivalent de sable des trois échantillons.


débris de : béton brique parpaing
Coefficient 187,5 120 150
d’uniformité Cu
Coefficient de 2,13 1,4 9,38
courbure Cc
Equivalent de 90,9 94,44 87,83
sable ES

Les résultats Nous permis de dire que les matériaux étudiés sont dits non plastiques et
ne contiennent pas de fines argileuses.

5. ESSAIS MECANIQUES

5.1. Essai PROCTOR : NF P94 093[10]

Cet essai consiste à déterminer, pour un compactage normalisé d'intensité donnée, la


teneur en eau optimale et la densité sèche maximale. Les essais sont réalisés au moule
CBR et la dame du Proctor modifié, Les résultats de ces essais sont donnés par la figure
2.

4
150
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 2. Courbe Proctor modifié.

5.2. Essai C.B.R (CALIFORNIAN BEARING RATIO) (NFP 94-078) [11]

L’indice CBR est le résultat d’un essai mécanique permettant de caractériser la


portance d’un sol. Il est déterminé à partir de la mesure de l’enfoncement d’une pointe
normalisée dans un échantillon compacté à l’énergie Proctor. Plus cet indice est élevé,
meilleur est le comportement du sol. Les résultats de ces essais sont donnés par la figure
3.

Figure 3 : Courbes forces-enfoncements (CBR).

5.3. Interprétation des résultats

Dans notre étude, les courbes Proctor obtenues (figure 2) ont une allure aplatie, cela
s’explique par le fait que nos matériaux sont peu sensibles à l’eau.
Les trois échantillons présentent des valeurs de densité humide maximales
rapprochées et avoisinante de 2 % (valeur recommandée par le guide des terrassements
routier GTR) ce qui caractérise une bonne compacité, néanmoins l’échantillon de brique
présente une densité légèrement petite par rapport à celle des deux autres échantillons,
cela s’explique par le poids léger de ce matériau, ainsi que la forme particulière de ses
grains.

5
151
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Quant à la teneur en eau optimale, elle est plus élevée pour cet échantillon, ce qui
montre que les débris de brique absorbent une quantité importante d’eau pour obtenir une
meilleure compacité de ce matériau. Il est clair que les débris de béton présentent les
meilleures caractéristiques au compactage.
L’indice CBR est une caractéristique qui dépend de l’énergie de compactage, de la
nature du matériau et de sa teneur en eau. De nombreuses recherches ont montré que
l’indice CBR croit avec l’augmentation de l’énergie de compactage Il est d’autant meilleur
que la teneur en eau est optimale. [12]
Les résultats trouvés indiquent une portance satisfaisante de nos matériaux, pour leur
utilisation dans le corps de chaussée. Il est évident que les débris de brique présenteront
une portance moins élevée par rapport aux deux autres échantillons, du fait qu’ils
présentent une mauvaise compacité.

6. ESSAIS DE DURETE ET DE DURABILITE

Pour étudier la dureté et la durabilité des granulats et déterminer leurs caractéristiques


mécaniques nous avons procédé à la réalisation d’une série d’essais qui contient :

6.1. Essai Los Angeles : (NF EN1097-2 §5) [13]

Cet essai permet de mesurer les résistances combinées à la fragmentation par chocs
des boulets et à l’usure par frottements réciproques des éléments d’un granulat.
6.2. Essai Micro Deval : (NF EN 1097-1) [14]

Cet essai permet de mesurer la résistance des granulats à l’usure par frottement.
Les résultats des deux essais sont donnés dans le tableau.

Tableau 5. Essais Los – Angeles, et Micro – Deval

Essai Los Angeles(%) Micro Deval (%)


Débris de béton 32 29
Débris de brique 18 17
Débris de parpaing 37 31

6.3. Essai de fragmentabilité

L’essai de fragmentabilité selon la norme NF P 94-066 [15] permet d’apprécier et de


mesurer la sensibilité d’un matériau rocheux à se fragmenter sous la sollicitation des
engins de terrassements. L’essai se traduit par le coefficient de fragmentabilité FR.

6.4. Essai de dégradabilité

L’essai consiste à déterminer la réduction du D10 d’un échantillon de 2 kg d’une fraction


de 10/20, soumis à quatre cycles imbibition- séchages (cycle climatique) conventionnels
(Norme NF P 94-067) [16]. Les durées de séchage et d’immersion sont respectivement
8h et 16h. Après les quatre cycles de 24h, L’échantillon est soumis à une analyse
granulométrique complète. D’après la norme NF P18-576 [17]: L’essai se traduit par le
coefficient de dégradabilité DG

6.5. Essai d’altérabilité

6
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

L’essai selon la norme NF EN 1367-1[18], consiste à déterminer la réduction du D10


d’un échantillon de 1 kg d’une fraction de 10/20, soumis à cinq cycles imbibition-
séchages conventionnels. Les durées de séchage et d’immersion sont respectivement 8h
et 16h. L’essai se traduit par le coefficient d’altérabilité AL.
Les résultats obtenus pour ces trois essais sont regroupés dans le tableau 6.

Tableau 6 : Tableau récapitulatif des différents essais de dégradation.


Essai Fragmentabilité Dégradabilité Altérabilité
Débris de béton 6,53 1,25 1,1
Débris de brique 2,9 1,15 1.03
Débris de parpaing 7,48 1,31 1,27

6.6. Interprétation des résultats

On constate une corrélation d’un aspect particulier entre les essais de dureté et de
durabilité, en effet les matériaux présentant les résistances mécaniques les plus élevées
sont les matériaux les plus résistants à l’action de l’eau, ce sont les matériaux ayant la
compacité la plus forte.

L’échantillon de brique est caractérisé par une forte résistance au choc, à l’usure et à
la fragmentation dynamique, cela est du à la dureté de ce matériau sachant qu’il est
produit à des pressions et des températures très élevées.
La résistance mécanique des granulats dépend essentiellement des forces de liaisons
interparticulaires et assez peu de la dureté des particules. Le parpaing est caractérisé par
une résistance médiocre au choc et à la fragmentation dynamique, ces essais font donc
intervenir la notion de fragilité qui caractérise ce matériau, elle est due à sa structure très
poreuse et à son hétérogénéité. [12]

7. Conclusion

A travers tous les essais effectués on constate un lien direct entre la résistance
mécanique, la dureté et la durabilité des matériaux étudiés. En effet, les débris de brique
dont les granulats sont relativement durs présentent une meilleure réponse aux cycles du
point de vue résistance mécanique et durabilité. De même, les débris de parpaing dont
les granulats sont relativement tendres, présentent la plus faible résistance et des taux
d’écrasement les plus importants, c’est donc le matériau le moins durable.
Les résultats obtenus sur ces matériaux dont les performances sont considérables par
rapport aux granulats naturels de point de vu de dureté et durabilité, résistances et
épaisseurs des couches, dont son utilisation dans le domaine routier permis de recycler
ces déchets industriels, de diminuer la pollution et d’utiliser un minimum de produits
nobles nécessitant une énergie d'exploitation importante et une économie sur les couches
de surface réalisées avec des matériaux onéreux (bétons bitumineux).

5. Références bibliographiques

[1] IDRRIM Institut Des Routes, des Rues et des Infrastructures pour la Mobilité N°22 -
CLASSIFICATION ET AIDE AU CHOIX DES MATERIAUX GRANULAIRES RECYCLES -
FEVRIER 2011 PAGE 3 ET 8.
[2] Guides Techniques et Études Générales Élaborés par le CTTP, Ministère des travaux
publics Algérie.

7
153
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

[3] A. Boudjelli, “Utilisation du Laitier en Technique Routière,” Séminaire de Génie Civil,


Annaba, 1998, pp. 56- 60.
[4] AFNOR – NF EN 13242+A1 – Granulats pour matériaux traités aux liants hydrauliques
et matériaux non traités utilisés pour les travaux de génie civil et pour la construction
des chaussées – mars 2008
[5] RIZZI (National Directorate of coproduces steel "COPROSID") Valuation and
marketing of by-products of the steel complex of EL-HADJAR 2014
[6] SERIFOU MAMERY. Thèse de doctorat Le 23 DECEMBRE 2013 .page 26. Béton à
base de recyclats : influence du type de recyclats et rôle de la formulation
L‟UNIVERSITE BORDEAUX 1. 191p
[7] NF EN 1097-6 + A1 2006 Mesure des masses volumiques, porosité, coefficient
d’absorption et teneur en eau des gravillons et cailloux
[8] BOUDJEMIA F., MELBOUCI B., « Etude des déformations permanentes sous
chargements répétés des matériaux granulaires non traites », Premier Symposium
Méditerranéen de Géoengineering SMGE09, Alger, 20-21 juin 2009, Algérie , p. 334-
341.
[9] NF EN 933-8 Mars 2012 Essais pour déterminer les caractéristiques géométriques
des granulats - Partie 8 : évaluation des fines - Équivalent de sable -
[10] NF P94-093 Octobre 2014 : Sols : reconnaissance et essais - Détermination des
références de compactage d'un matériau - Essai Proctor Normal - Essai Proctor
modifié -
[11] NFP 94-078 Mai1997, Graves traités Indice CBR après immersion – indice CBR
immédiat – indice portant immédiat. Mesure sur échantillon compacté dans le moule
CBR. - Essais CBR,
[12] Fazia BOUDJEMIA.memoire de magister .ETUDE DE LA DURABILITE DES
MATERIAUX RECYCLES
[13] NF EN1097-2 §5 2010 Essais pour déterminer les caractéristiques mécaniques et
physiques des granulats Partie 2 : Méthodes pour la détermination de la résistance à la
fragmentation (Los Angeles)
[14] NGUYEN V., H., Effects of laboratory mixing methods and RAP materials on
performance of hot recycled asphalt mixtures, 2009, Nottingham.
[15] NF P 94-066 Décembre 1992 Sols - reconnaissance et essais Coefficient de
fragmentabilité des matériaux rocheux
[16] NF P94-067 Décembre 1992 Sols : reconnaissance et essais - Coefficient de
dégradabilité des matériaux rocheux
[17] NF P18-576 Février 2013 Granulats - Détermination du coefficient de friabilité du
sable
[18] NF EN 1367-1 Août 2007Essais de détermination des propriétés thermiques et de
l'altérabilité des granulats - Partie 1 : détermination de la résistance au gel-dégel -

8
154
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

ELEMENTS DE JUSTIFICATION MECANIQUE DES ECRANS DE


SOUTENEMENT ENERGETIQUES

SOME ELEMENTS FOR THE MECHANICAL DESIGN OF ENERGY RETAINING


WALLS
1 2
Julien HABERT , Sébastien BURLON
1
Cerema, Lille, France
2
IFSTTAR, Champs sur Marne, France

RÉSUMÉ – Les écrans de soutènement énergétiques sont soumis à des variations de


température conduisant à i) des déplacements complémentaires, ii) des efforts structurels
additionnels et iii) une modification de la résistance géotechnique. En se basant sur la
modélisation numérique d’une configuration type, le comportement caractéristique de ces
ouvrages est appréhendé, puis des règles de justification sont proposées.

ABSTRACT – Energy retaining walls are subjected to temperature changes that can lead
to i) additional displacements, ii) additional structural forces and iii) and evolving of
geotechnical resistances. After modelling of a typical configuration to assess the specific
behaviour of theses structures, design rules are proposed.

1. Introduction

Les géostructures énergétiques sont des ouvrages géotechniques assurant initialement


une fonction mécanique (fondations profondes, écrans de soutènement, etc.) et étant
également utilisés comme échangeurs géothermiques. Pouvant satisfaire les besoins
énergétiques des constructions en termes de chauffage et de climatisation, elles
présentent un intérêt économique et environnemental certain. Les géostructures
énergétiques sont mises en oeuvre depuis bientôt 35 ans en Europe. Les projets de
fondations profondes énergétiques sont de plus en plus nombreux. Par ailleurs, la
technique a été étendue à des parois moulées énergétiques, et notamment sur les
stations enterrées du métro de Vienne (Brandl, 2006). En France, le développement de la
technique est plus tardif, mais son intégration à des parois moulées peut être notée sur
les stations du métro de Rennes ainsi que sur les prolongements actuels des lignes 12 et
14 du métro parisien (Bardoneschi et al., 2014).
Néanmoins, les changements de température imposés associés au fonctionnement de
ces ouvrages, affectent l'écran de soutènement énergétique mais également les sols
environnants. Ils se traduisent notamment, dans les plages de température considérées,
par des phénomènes de dilatation et de contraction. Ces variations volumiques
spécifiques susceptibles de conduire, en première approche, à i) des déplacements
complémentaires, ii) des efforts structurels additionnels et iii) une modification de la
résistance géotechnique. Ces différents effets doivent être évidemment pris en compte
dans la justification mécanique des géostructures.

1
155
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2. Problématique

2.1 Réglementation

Les variations de température et leur conséquence sur le comportement (et donc la


justification) des structures de génie-civil constituent des problématiques connues. Ainsi,
les règlements de calculs permettent par exemple i) de tenir compte des variations de
température liées à l'ensoleillement sur un tablier d'ouvrage d'art ou ii) de dimensionner
les parois d'un réservoir permettant le stockage d'un contenant présentant une
température sensiblement différente des conditions moyennes extérieures.
Cependant, concernant les géostructures énergétiques, il n'existe ni normes de calcul ni
règles de l'art à proprement parler permettant de traiter de la justification mécanique. Cela
peut s'expliquer i) d'une part du fait de l'association récente des fonctions géothermique et
mécanique des structures en contact avec le sol, et ii) d'autre part du fait du chargement
spécifique induit par la variation "interne" de température de la structure elle-même.

2.2. Première approche


Avant de s'intéresser aux écrans de soutènements énergétiques, il est intéressant
d'étudier la problématique des fondations profondes énergétiques. Pour ces
géostructures, des approches fondées sur un calcul mécanique d’interaction sol-structure
(en utilisant par exemple la méthode aux courbes de transfert t-z, Laloui et al., 2004,
Laloui et al., 2011, Burlon et al., 2013) permettent de rendre compte des différents
résultats expérimentaux (essais de chargement en vraie grandeur, suivis d’ouvrages
réels, Bourne-Webb et al., 2011) et des modélisations numériques plus complexes. Les
déplacements verticaux, les efforts normaux additionnels, mais aussi l’évolution de la
sécurité vis-à-vis de la portance, peuvent être ainsi correctement appréhendés.

2.3. Application aux écrans de soutènement énergétiques


Pour les écrans de soutènement énergétiques, du fait de l’interaction entre les équilibres
verticaux et horizontaux, mais également de leur association à des dispositifs d’appui
(radier, butons, etc.), des problématiques complémentaires apparaissent. Il convient, en
particulier, de s’intéresser à l’évolution des moments fléchissants, efforts tranchants et
déplacements horizontaux, ainsi qu’à l’éventuelle modification de la sécurité vis-à-vis du
défaut de butée qui est spécifique à ces ouvrages.

3. Modélisation mise en oeuvre

3.1. Présentation du cas de calcul


Afin d'étudier cette problématique, une configuration simple mais néanmoins jugée
représentative d'un écran de soutènement susceptible d’être énergétique a été retenue.
Ainsi une paroi moulée énergétique permettant de soutenir une hauteur de 10 m environ
a été étudiée, appuyée sur deux niveaux d'appuis (le niveau appui d'inférieur est constitué
d'un radier butonnant). Le détail des caractéristiques géométriques (épaisseurs, cotes
d'application) est reporté sur la Figure 1.

2
156
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 1. Paroi moulée énergétique étudiée

Le modèle géotechnique envisagé est le suivant :


 sable homogène présentant des caractéristiques mécaniques moyennes : angle de
frottement effectif φ' égal à 35° et cohésion effective c' négligeable,
 il est supposé que le niveau d’eau est initialement situé au niveau du terrain
naturel, puis rabattu en permanence en phase définitive sous le niveau du radier
entre les parois moulées énergétiques.
En absence de géothermie, la justification de la stabilité provisoire de l'écran passe par
la réalisation d'une fiche mécanique et hydraulique d'environ 10 m de longueur, qui sera
donc retenue dans le calcul.
Dans un second temps l'idée est d'appliquer des variations de température allant de -
20 à +20°C, uniquement sur la fiche de l'ouvrage. Ces variations vont au-delà des plages
de température couramment et actuellement appliquées (dans la réalité, la température
au sein de la paroi reste positive, et il n'y a pas lieu de tenir compte d'éventuels
phénomènes de gel). Elles permettent cependant d'apprécier et de caractériser les
évolutions liées à la température.

3.2. Détails de la modélisation mécanique

Une modélisation numérique bidimensionnelle en déformations planes est réalisée, en


utilisant la méthode des éléments finis (logiciel PLAXIS). Les éléments structuraux sont
modélisés par des éléments massifs, afin de permettre l'injection des déformations
thermiques. Les lois de comportement suivantes sont retenues :
 le sol est élastoplastique et présente un critère de rupture de Mohr-Coulomb,
avec une loi d'écoulement non associée. Par ailleurs, il est supposé que les
variations de température restent faibles dans le sol. En conséquence, aucune
déformation volumique d'origine thermique du sol n’est considérée ;
 le béton-armé est modélisé en ne considérant que le béton, qui est supposé
thermo-élastique et le module de déformation à moyen terme est retenu ;
 des interfaces sont introduites entre la paroi et le sol ;
 les lois de comportement des matériaux ne sont pas modifiées dans ces plages
de variations de température (Cekerevac C. et Laloui L, 2004).
Le détail des propriétés mécaniques utilisées est reporté dans le Tableau 1.

Tableau 1. Propriétés mécaniques


-3
γ.(kN.m ) E (MPa) ν φ' (°) ψ' (°) c' (kPa) Rinter
Béton armé 25 20000 0,25 - - - -
Sol 20 20 0,25 35 5 1 0,67

3
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

L'état de contraintes initiales est généré en utilisant le coefficient de pression des terres
au repos fourni par la formule de Jaky (procédure K0). Une représentation globale du
modèle (de dimensions 50 x 100 m) et du maillage (éléments triangulaires à 15 nœuds,
1043 éléments, 8796 nœuds et 12516 points de Gauss) est reportée sur la Figure 2.

Figure 2. Maillage utilisé

Le projet est ensuite modélisé en considérant le phasage suivant : 1) excavation à 2,5


m de profondeur et pose du niveau de buton supérieur, 2) excavation jusqu'au niveau
définitif, 3) mise en place du radier butonnant et finalement 4) application du chargement
thermique.

3.3. Application du chargement thermique


Comme un simple calcul mécanique soit réalisé, il s'agit ici d'introduire le chargement
spécifique thermique interne à la paroi moulée, se traduisant par des déformations
volumiques. Cette étape est réalisée en décomposant la déformation globale ε en deux
composantes distinctes, i) une composante "élastique" (liée uniquement à l'état de
contrainte) et notée εe ainsi ii) qu'une composante thermique εth (liée uniquement à la
variation de température imposée) (Equation 1)

e th
ε = ε +ε (1)

Les variations de température sont supposées homogènes au sein de la fiche de la


paroi moulée. Les déformations thermiques dans les autres éléments structurels et dans
le sol sont supposées nulles : ce point revient à considérer par exemple que les
écoulements sont suffisamment importants pour limiter la diffusion thermique dans les
terrains par ailleurs moins bons conducteurs thermiques. Du fait de l'utilisation d'éléments
massifs pour modéliser la structure, la composante thermique de la déformation
longitudinale induite par la variation de température ΔT est donnée par l'Equation 2.

εlth = αT ΔT (2)

où αT est le coefficient d'expansion (longitudinale) thermique du matériau constitutif de la


paroi moulée (béton et acier), généralement pris égal à 1,2 10-5 °C-1. L'utilisation de
certains logiciels ne permettent que la saisie de la déformation volumétrique εVth
(thermique), qui peut alors être défini par l'Equation 3.

εVth = 3α T ΔT (3)

4
158
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4. Résultats et analyse

Les résultats caractéristiques obtenus sont ensuite présentés, en s'intéressant


successivement aux déplacements, aux efforts structuraux et à la résistance mobilisée.

4.1. Déplacements horizontaux


Les déplacements horizontaux absolus u et leur variation sous chargement thermique Du
sont présentés sur la Figure 3. Ainsi les déplacements horizontaux additionnels sont
quantifiables mais restent très faibles. En particulier, une diminution de température
conduit à un très léger déplacement horizontal vers l'aval.

Figure 3. Déplacements horizontaux

4.2. Efforts structuraux


Les moments fléchissants et efforts tranchants sont ensuite étudiés. Du fait de l'utilisation
d'éléments massifs, le moment fléchissant peut notamment être obtenu à partir des
variations de contrainte verticale σv dans une section horizontale en utilisant l'Equation 4.

B3  σ v (x1 )  σ v (x2 ) 
M=   (4)
12  x1  x2 

où B est la largeur de la paroi moulée, et x1 et x2 deux abscisses distinctes.


Par ailleurs les efforts tranchants peuvent être directement obtenus à partir de la
contrainte du cisaillement.

4.2.1 Efforts normaux


Les efforts normaux N et leurs variations sont présentés sur la hauteur de fiche sur la
Figure 4 (effort de compression positif). Le comportement caractéristique des
géostructures énergétiques est retrouvé: lors du réchauffement de la structure, la
dilatation empêchée conduit à une augmentation de l'effort normal. A l'inverse, lors du
refroidissement de la structure, la contraction empêchée conduit à une réduction de
l'effort normal. En marge de cette analyse, il peut être constaté que les variations d'effort
normal restent très faibles, ce qui peut être expliqué par les propriétés d'interface
utilisées, déterminées à partir de la seule résistance au cisaillement du sol.

5
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 4. Efforts normaux

4.2.2 Efforts tranchants


Les efforts tranchants T et leurs variations sont présentés sur la Figure 5. Au niveau du
radier butonnant, une diminution de température se traduit par une augmentation de
l'effort tranchant. L'effort tranchant maximal reste peu affecté par le chargement
thermique.

Figure 5. Efforts tranchants

4.2.3 Moments fléchissants


Les moments fléchissants M et leurs variations sont présentés sur la Figure 6 (un moment
fléchissant positif correspondant à une fibre comprimée côté terre).

Figure 6. Moments fléchissants

Les variations de moments évoluent de façon monotone avec la température. Au


niveau du moment fléchissant maxima, la variation de moment fléchissant maximal
augmente est égale à environ 5 % pour une différence de température de 20°C.

6
160
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4.3 Mobilisation de la résistance géotechnique


La contrainte de butée mobilisée et sa variation sur la hauteur de fiche sont présentées
sur la Figure 7.

Figure 7. Contrainte de butée mobilisée

La butée globale mobilisée est finalement reportée dans le Tableau 2 et indique la


faible mobilisation complémentaire de l'effort de butée.

Tableau 1. Propriétés mécaniques


DT (°C) -20 -10 0 10 20
Rp,mob (kN/ml) 1774 1778 1782 1781 1779
D (%) -0,44% -0,22% - -0,04% -0,15%

5. Proposition de règles de justifications

Le processus de justification doit s'appuyer sur deux étapes distinctes : i) la capacité à


reproduire le comportement des écrans de soutènements énergétiques et ii) la mise en
oeuvre de justifications spécifiques.

5.1 Modélisation pratique des écrans de soutènements énergétiques


Il apparaît ainsi que l’effet des chargements thermiques sur le comportement horizontal
des écrans est quantifiable. Il affecte cependant de façon limitée le dimensionnement
mécanique. Une approche concentrée sur l'étude du comportement vertical de la paroi
apparaît donc dans un premier temps suffisant pour appréhender le comportement de ces
ouvrages. A ce sujet, la connaissance du champ de température réel (supposé homogène
dans l'approche présentée, simplifiée mais conservative) permettrait un certain
raffinement des calculs. Par ailleurs, cela légitime une démarche similaire à celle formulée
pour les fondations profondes énergétiques.
En parallèle, il apparaît délicat d'étudier les comportements vertical et horizontal de
l'ouvrage dans un unique calcul. En effet les hypothèses retenues pour étudier le
comportement horizontal de la paroi conduisent à des valeurs de frottement paroi-sol
axial très faibles. Cela se traduit par une sous-estimation des efforts structuraux
additionnels générés par les variations de température.

7
161
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

5.2 Justification
Dans un second temps, les résultats de la modélisation permettent de justifier l'ouvrage
sous chargement thermique. L'idée est ici de suivre les même règles (même vérifications
- en apportant une attention particulière aux problématiques d'étanchéité le cas échéant -,
même facteurs partiels de sécurité, etc.) que pour les écrans de soutènement classiques.
Afin de justifier l'ouvrage, les résultats obtenus lors de la phase de modélisation
précédente peuvent être considérés comme les valeurs caractéristiques de l'effort
thermique et introduites dans les diverses justifications (Habert et Burlon, 2012).

5.3 Points divers


Dans le cas d'écran travaillant en traction (radier étanche sous la nappe), et afin de ne
pas surestimer les efforts, il peut être tenu compte dans la modélisation de la limitation de
la résistance en traction du béton.
Par ailleurs, dans le cas de parois équipées toute hauteur, les tubes caloporteurs sont
généralement installés uniquement sur la face côté terre : cela induit des gradients de
température horizontaux. Dans ce cas, le torseur moyen des efforts peut être obtenu
comme décrit précédemment, en considérant l'évolution de température moyenne dans
les différentes sections horizontales. Les justifications de la structure peuvent être
réalisées en introduisant a posteriori les efforts spécifiques induits par le gradient
thermique (ce qui constitue la démarche courante pour les structures non thermoactives).

6. Conclusion

Le comportement des écrans de soutènement énergétiques a été étudié avec une


modélisation numérique d'une configuration type. Après analyse des résultats obtenus et
des ordres de grandeur i) des déplacements complémentaires, ii) des efforts structurels
additionnels et iii) de la modification de la résistance géotechnique, des recommandations
pour la modélisation ainsi la justification de ces ouvrages ont été proposées.

7. Références bibliographiques

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stations de métro, http://conseils.xpair.com.
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8
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

UNE NOUVELLE METHODE D’ESTIMATION DU CHARGEMENT DES


PILIERS DE MINES ET LES PERSPECTIVES ENVISAGEABLES

A NEW METHOD FOR DETERMINING MINE PILLAR LOADING AND THE


CONCEIVABLE PROSPECTS

Thomas HAUQUIN, Olivier DECK, Yann GUNZBURGER


Laboratoire GeoRessources, Université de Lorraine, CNRS, CREGU. École des Mines de
Nancy, Campus ARTEM, CS14234, 54042 Nancy, France

RÉSUMÉ – Cet article présente une récente méthode d’estimation de la contrainte


verticale moyenne de piliers de mines aux dimensions irrégulières. Par comparaison aux
résultats issus de la méthode traditionnelle de l’aire tributaire, nous montrons les
avantages de cette nouvelle méthode aussi bien du point de vue de l’évaluation de la
stabilité des mines existantes que de celui du dimensionnement de futures exploitations.

ABSTRACT – This study presents a new method for determining the loading of irregular
mine pillars. We show, through a comparison with the results obtained by using the
traditional tributary area method, the advantages of using this method regarding the
stability assessment of existing mines and the design of future underground exploitations.

1. Introduction

La stabilité des mines souterraines exploitées par la méthode des chambres et piliers
représente un enjeu majeur pour les exploitants de minerai mais également pour les
communes situées à l’aplomb d’exploitations abandonnées. En effet, la détérioration
progressive de la roche située à proximité des zones exploitées peut mener à un
affaissement, parfois rapide, de la surface topographique.
La stabilité des mines repose majoritairement sur la capacité des piliers laissés en
place à soutenir la sollicitation verticale à laquelle ils sont soumis sous l'effet du poids du
recouvrement. Traditionnellement, les piliers sont considérés comme stables lorsque le
rapport résistance/contrainte verticale moyenne (Facteur de Sécurité : FS) est
significativement supérieur à 1. De nombreux travaux ont été consacrés à l'étude de la
résistance des piliers mais beaucoup moins l'ont été à l'étude de leur chargement rendant
la détermination du dénominateur du FS relativement incertaine. Encore récemment, la
principale méthode de détermination du chargement vertical des piliers (théorie de l’aire
tributaire) n'était valable que dans le cas de piliers de dimensions uniformes. Afin de
maitriser les performances des piliers, les exploitations modernes se font donc
généralement par panneaux constitués de piliers de production de géométrie régulière.
Cependant, les panneaux sont souvent séparés les uns des autres par des piliers
barrières de plus grandes dimensions dont l’effet sur le chargement des piliers de
production est difficilement déterminable à partir des méthodes traditionnelles.
Tout d’abord, nous évoquerons succinctement deux méthodes générales permettant
d’estimer le chargement des piliers, puis nous présenterons une méthode plus récente qui
est avantageuse pour des piliers aux dimensions irrégulières. Nous rappellerons ensuite
brièvement comment peut être estimée la capacité portante d’un pilier. Enfin, nous
verrons dans quelles mesures la nouvelle méthode du calcul du chargement des piliers
peut être utile pour estimer l’état de stabilité d’une mine abandonnée ou pour
dimensionner de nouvelles exploitations à partir du facteur de sécurité FS.

1
163
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2. État de contrainte et capacité portante des piliers

2.1. Facteur de sécurité et probabilité de rupture

L’état de contrainte à l’intérieur d’un pilier provient de la modification locale de l’état de


contrainte in situ induite par le creusement de la mine. En dessous de certains seuils de
l’état de contrainte, on considère généralement que les piliers se comportent de manière
élastique linéaire. Si on fait l’hypothèse d’un tel comportement, le champ de contrainte est
fortement hétérogène et difficile à quantifier analytiquement à l’intérieur des piliers. En
pratique, la détermination de leur état de contrainte se résume souvent à une contrainte
axiale moyenne qu’il est possible d’estimer à partir de considérations simplifiées.
Les piliers sont le plus souvent verticaux. La comparaison de la contrainte verticale
moyenne qu’ils subissent à leur capacité portante, estimées à partir d’équations
empiriques, permet d’évaluer leur état de stabilité à partir du Facteur de Sécurité (FS) :

(1)

En théorie, une valeur de FS > 1 doit garantir la stabilité des piliers. Cependant, il
existe en pratique des piliers auxquels une valeur élevée du facteur de sécurité est
attribuée et qui s’effondrent tout de même. Il est donc plus pertinent d’évaluer la stabilité
des piliers selon une approche basée sur le risque (Salamon et al., 2005).
À partir des FS attribués à aux piliers d’une base de données, la probabilité de rupture
associée à chaque valeur de FS peut être estimée à partir de la distribution cumulée des
FS attribués aux piliers instables d’une base de données (Salamon et al., 1998).
Appliquée à la base de données de piliers de charbon utilisée par Salamon et Munro
(1967), cette méthode attribue une probabilité de rupture inférieure à 1 % à un FS = 1,6,
c’est pourquoi il avait été suggéré qu’une valeur de 1,6 devait être recherchée dans le
cadre d’un bon dimensionnement. Les valeurs recommandées dans la littérature sont
variables en fonction des bases de données et du degré de sécurité recherché mais
restent assez cohérentes dans différents contextes. Elles varient souvent entre 1,5 et 2.

2.2. Méthodes de détermination de la contrainte verticale moyenne

La méthode quasiment universellement utilisée pour estimer la contrainte verticale


moyenne (chargement) des piliers de mine est la théorie de l’aire tributaire. Elle a été
utilisée dans un contexte minier pour la première fois par Salamon et Munro (1967) dans
le cadre de la rétro-analyse de l’effondrement de la mine de Coalbrook (1960, Afrique du
Sud). Elle consiste à calculer le poids d’une colonne de terrain située au-dessus de la
section d’un pilier et de la moitié de la section le séparant des piliers adjacents (Section
totale = Aire tributaire), puis à diviser ce poids par la section horizontale du pilier pour
obtenir sa contrainte verticale moyenne.
C’est une méthode extrêmement simple d’utilisation pouvant s’appliquer aussi bien en
deux qu’en trois dimensions, ce qui explique, notamment, qu’elle ait été privilégiée par
rapport à d’autres méthodes plus complexes issues de la théorie des poutres et de
l’élasticité linéaire uniquement valables en deux dimensions. Cependant, elle est
purement statique et ne prend donc pas en compte la déformabilité de la roche. Son
application est théoriquement limitée à des mines infiniment grandes et de géométrie
parfaitement régulières présentant un motif invariable par translation. Appliquée à des
géométries irrégulières, la méthode de l’aire tributaire surestime significativement la
contrainte des piliers les plus chargés.

2
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Poulsen (2010) a proposé une modification de la théorie de l’aire tributaire afin de


prendre en compte les variations géométriques d’une mine pour estimer le chargement
des piliers qui la constituent. Sa méthode doit tenir compte du fait que la contrainte
verticale moyenne d’un pilier dépend non seulement de la géométrie locale de la mine,
mais également de l’interaction du pilier considéré avec les autres piliers situés dans son
environnement proche. Elle présente l’avantage d’être simple d’utilisation, mais s’avère
n’être valide que dans certaines configurations spécifiques, notamment en présence d’un
recouvrement beaucoup plus rigide que les piliers sur lesquels il repose (Hauquin et al.,
2016). Dans le cas général et en conditions élastique linéaires, la méthode de Poulsen
sous-estime significativement le chargement des piliers.
Les deux méthodes évoquées ci-dessus utilisent une forme d’expression commune
pour calculer la contrainte verticale moyenne d’un pilier dépendant de la masse volumique
moyenne du recouvrement , de l’accélération de la pesanteur g et de la profondeur H :

(2)

Le taux de défruitement r correspond au rapport d’une section excavée par une section
totale (excavée + piliers) calculé sur une certaine surface horizontale. Dans le cas de la
théorie de l’aire tributaire initiale, cette surface correspond à l’aire tributaire (définie
précédemment) du pilier considéré. Dans le cas de la méthode de Poulsen (2010) r se
calcule à l’intérieur d’une surface d’influence circulaire centrée sur le pilier considéré et
dont le rayon est une fonction quadratique de la profondeur à laquelle il se trouve (voir
Abel, 1988). Plus le pilier considéré est profond, plus sa surface d’influence est grande et
plus le nombre de piliers enveloppés dans le calcul du taux de défruitement est important.
On parle d’un taux de défruitement en « champ proche ».
À l’échelle d’une mine, r indique le pourcentage d’extraction de minerai dans le
gisement. Cet indice est donc à la fois un indicateur du chargement des piliers et de la
productivité d’une mine. C’est la raison pour laquelle il est presque universellement utilisé.
Une nouvelle méthode analytique de calcul du chargement de piliers irréguliers vient
d’être proposée par Hauquin et al. (2016). Elle prend en compte à la fois le taux de
défruitement local rL autour d’un pilier et le taux de défruitement total rt de la mine. Pour
ce faire, le concept de taux de défruitement relatif rrel a été introduit :

(3)

Des résultats de modélisation numérique en milieu élastique et continu ont permis de


montrer qu’une fonction quadratique de rrel de la forme :

(4)

permettait de décrire adéquatement la contrainte verticale moyenne des piliers dans des
configurations géométriques aléatoires et pour des profondeurs et des largeurs
d’exploitation variées. Il a été suggéré que les coefficients B et C devaient être
décomposés de la manière suivante :

(5)

Une étude numérique de sensibilité a permis de montrer que, dans des configurations
minières courantes avec des taux de défruitement totaux compris entre 30% et 75%, des

3
165
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

profondeurs d’exploitation comprises entre 50 et 500 mètres et des largeurs d’exploitation


variables, b et c pouvaient être approchés par les fonctions suivantes de rt :

(6)

Avec une erreur commise par rapport aux résultats numériques d’environ 1,5% en
moyenne avec un écart type de l’ordre de 3,5% la fonction quadratique du taux de
défruitement relatif s’avère être plus précise que les deux méthodes préexistantes dans le
cas d’un milieu aux propriétés mécaniques homogènes mais également lorsque le rapport
de module d’Young entre les piliers et la roche encaissante est compris entre 0,16 et 6.

2.3. Capacité portante des piliers

Après l’effondrement de la mine de charbon de Coalbrook (1960, Afrique du Sud) de


nombreux auteurs, sous l’impulsion de Salamon et Munro (1967), ont tenté d’estimer la
capacité portante (résistance) des piliers de charbon sur la base de rétro-analyses
statistiques de bases de données contenant des informations sur des piliers stables et
instables dans des zones ayant subi des effondrements. La plupart d’entre eux a
considéré que le chargement des piliers pouvait être estimé à partir de la méthode de
l’aire tributaire puis a cherché à ajuster une équation de résistance des piliers permettant
de faire en sorte que la répartition des FS (Eq. 1) attribués aux piliers des bases de
données maximise la vraisemblance avec une distribution théorique où 50 % des piliers
ayant un FS = 1 devaient être stables ou instables. Un peu plus tard et dans d’autres
contextes, certains chercheurs, parmi lesquels on peut citer Hedley et Grant (1972) ont
travaillé sur les piliers de roche « dure » (quartzites, conglomérats, calcaires etc.) à partir
des mêmes méthodes. Il ressort communément à toutes les études qui ont été menées à
ce sujet que la capacité portante des piliers peut s’approcher par des fonctions du rapport
largeur/hauteur (l/h) et de la résistance en compression de la roche UCS de la forme :

(7)

Pour des piliers « côtes » infiniment longs, Hedley et Grant (1972) utilisent les
coefficients : K = 1,  = 0,5 et  = 0,75. Pour des piliers carrés de calcaire de bonne
qualité, Roberts et al. (2007) utilisent les valeurs: K = 0,65,  = 0,30 et  = 0,59.

3. Conséquences de l’utilisation de la fonction quadratique

3.1. Conséquences sur l’évaluation de la stabilité d’une mine irrégulière

Considérons une géométrie fictive de mine à 400 m de profondeur, contenant 19 piliers et


20 chambres de largeur aléatoire (entre 6 et 15 m) et de hauteur constante (5 m), en deux
dimensions suivant l’hypothèse des déformations planes (piliers et chambres infiniment
longs hors du plan), et analysons cette géométrie du point de vue de la contrainte
verticale moyenne agissant le long de la section centrale de chaque pilier.
La géométrie est tout d’abord construite à l’aide d’un code de modélisation par
différences finies (FLAC, Itasca) à l’intérieur d’un modèle rectangulaire soumis à un
chargement gravitaire et à des conditions aux limites œdométriques. La répartition des
contraintes obtenues numériquement en faisant l’hypothèse d’un milieu continu,
homogène et au comportement élastique linéaire (E = 10 GPa,  = 0,25) permet d’avoir
une première détermination des contraintes verticales moyennes au centre de chaque

4
166
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

pilier. Ces contraintes moyennes sont comparées à celles obtenues par les méthodes de
l’aire tributaire ainsi que par la fonction quadratique du taux de défruitement relatif
récemment développée. Les résultats sont présentés en Figure 2a.
Les résultats issus des deux méthodes de calcul suivent une même tendance. En effet,
les piliers les plus chargés le sont quelle que soit la méthode utilisée (idem pour les piliers
les moins chargés). Cependant, la méthode de l’aire tributaire surestime les fortes valeurs
de contrainte par rapport aux résultats numériques. Si on admet que ces derniers sont les
plus représentatifs, la fonction quadratique offre une meilleure estimation du chargement
des piliers et ne présente pas de tendance à surestimer ou à sous-estimer les contraintes.
Connaissant la largeur et la hauteur des piliers, et en admettant que la résistance en
compression de la roche UCS = 100 MPa, on peut estimer la capacité portante des piliers
modélisés à partir d’une équation empirique de résistance. Utilisons à titre d’exemple
l’Eq. 7, avec les coefficients appropriés, dont le modèle réalisé respecte les conditions
d’application (l/h < 3). À partir des capacités portantes, deux FS sont estimés pour chaque
pilier en utilisant respectivement la méthode de l’aire tributaire et la fonction quadratique
pour estimer leur chargement (résultats en Figure 2b). En admettant qu’un facteur de
sécurité de 1,8 doit être recherché, interprétons les résultats suivant deux indicateurs : le
nombre de piliers ayant un FS <= 1,8 et le FS moyen de tous les piliers.

Gravité
(9,81 m/s2)

200 m
Chambres
n°1 … n°19

50 m Piliers

Figure 1. Géométrie du modèle numérique réalisé.

-50
-50 6,0
(a) -45 5,5
(b)
-45
5,0
-40
-40 4,5
-35
4,0
-35 Résultats numériques
-30 3,5 Aire tributaire
Fonction quadratique
Aire tributaire
3,0
Résultats numériques
Fonction quadratique
-25 -30
Fonction quadratique
2,5
-20 Aire tributaire
-25 2,0
-15
1,5
-10 -20 1,0
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20

-15

-10
Figure 2. Chargement (a) et facteur de sécurité FS (b) des piliers modélisés.
0 5 10 15 20

Bien que les deux méthodes produisent des résultats significativement différents en
termes de contraintes pour les piliers les plus chargés, les différences sont assez peu
marquées en termes de facteur de sécurité (dans les conditions du modèle réalisé). Les

5
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

deux méthodes prévoient un panneau globalement stable avec un FS moyen de 3,3 en


utilisant l’aire tributaire et 3,5 avec la fonction quadratique. Cependant, l’aire tributaire est
significativement plus pessimiste puisqu’elle prévoit que 3 piliers soient potentiellement
instables alors qu’aucun n’est censé l’être du point de vue de la fonction quadratique.
La méthode de l’aire tributaire est donc plus sécuritaire que la fonction quadratique.
Cependant, l’aspect sécuritaire est déjà intégré dans la recherche d’un FS > 1,8.
L’utilisation de l’aire tributaire ne permet donc pas une gestion optimale du risque
puisqu’elle peut entraîner des coûts de remédiation (confortement de piliers par exemple)
inutiles à court terme. La fonction quadratique, quant à elle, bénéficie d’une précision
identique pour tous les piliers du panneau. Elle permet donc une meilleure identification
des piliers sensibles et une optimisation des éventuelles mesures de remédiation.

3.2. Conséquences sur le dimensionnement d’une nouvelle exploitation

Le choix de la méthode utilisée pour estimer le chargement des piliers peut également
avoir une influence significative sur le dimensionnement d’une future exploitation. Afin de
mettre ce point en évidence, considérons un projet de mine fictif, en trois dimensions,
contraint par certaines limites de nature géométrique, comme cela pourrait être le cas
d’un véritable projet :
On souhaite exploiter une mine, à une profondeur H, constituée de m panneaux
identiques et séparés par des piliers barrières de largeur B afin d’isoler mécaniquement et
de protéger les différents panneaux. Chaque panneau comprend de petits piliers de
production de largeur p, de hauteur h fixée et de section carrée. On fixe la longueur totale
d’un panneau et du pilier barrière adjacent L, la largeur d’un panneau L1 ainsi que la
largeur des chambres c à l’intérieur desquelles doivent circuler les engins (Figure 4).
En raison de la géométrie imposée, on peut montrer que le nombre de chambres dans
la longueur de la mine n s’obtient par la résolution de :

(8)

où rt est le taux de défruitement total de la mine et n1 est le nombre de chambres dans la


largeur du panneau. Comme les piliers sont carrés, n1 peut s’écrire en fonction de n et on
peut déduire la largeur p que doivent avoir les piliers de production :

(9)

(10)

Connaissant l’ensemble des caractéristiques géométriques de la mine, la masse


volumique moyenne du recouvrement  et la résistance en compression UCS de la roche
constituant les piliers, on peut estimer le chargement des piliers avec la méthode de l’aire
tributaire et la fonction quadratique, ainsi que la résistance des piliers avec l’Eq. 7 et les
coefficients appropriés (cf. section 2.3.). Il est possible d’en déduire le FS des piliers de
production (dépendant de la méthode d’estimation du chargement).
Considérons que les variables du problème sont la largeur des piliers barrières B et le
taux de défruitement rt, les autres paramètres étant fixés ou déduits des équations
précédentes (voir Tableau 1). Il s’agit de déterminer quel est la valeur maximale de rt que
l’on peut atteindre dans cette mine, en fonction de B, sachant que l’on souhaite que

6
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

FS > 1,8 pour les piliers de production. Une étude de sensibilité sur B et rt, dont les
résultats sont présentés en Figure 3, a été effectuée afin de répondre à cette question.

Tableau 1. Paramètres et variables de l’étude de sensibilité.


B rt L L1 c m  H UCS n n1 p
2500
variable variable 400 m 100 m 10 m 3 3 400 m 90 MPa déduit déduit déduit
kg/m

(a) (b)

Figure 3. Résultats de l’étude de sensibilité.

Conception optimale L = 500 m


Aire tributaire

L1 = 100 m
rt = 0,53 B = 200 m

c = 10 m p = 13 m

Conception optimale
Fonction p = 11 m
quadratique

rt = 0,58

Figure 4. Vue de haut sur les panneaux, à l’échelle, permettant d’obtenir un facteur de
sécurité de 1,8 pour les piliers de production, en fonction de la méthode utilisée.

Les résultats de l’étude de sensibilité sont influencés par une interaction complexe
entre tous les effets que peut avoir la variation de géométrie de la mine sur la résistance
et le chargement des piliers. Il est donc difficile de les interpréter exhaustivement.
Cependant quelques tendances importantes peuvent être mises en évidence.
La Figure 3a montre que, toutes choses étant égales par ailleurs, plus la largeur des
piliers barrières est importante plus le facteur de sécurité est faible pour un taux de
défruitement donné car la largeur des piliers diminue. On voit également que plus le taux
de défruitement est élevé, plus le nombre de piliers augmente mais plus ils sont petits
(Figure 3b). Ceci entraîne globalement une diminution du facteur de sécurité à mesure
que rt augmente indépendamment de la méthode d’estimation du chargement utilisée.
Cependant, pour une largeur donnée B des piliers barrières, la méthode de l’aire
tributaire, qui a tendance à surestimer les contraintes (cf. Section 3.1.), est plus
pessimiste que la fonction quadratique en termes de facteur de sécurité. Elle prévoit, par

7
169
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

exemple, que FS = 1,8 soit atteint pour un taux de défruitement rt = 0,53 contre rt = 0,58
pour la fonction quadratique. Les plans de mines fictifs correspondant à ces deux
situations sont représentés en Figure 4. On déduit de ces résultats que l’aire tributaire
entraînerait potentiellement un abandon inutile de 5% du minerai, ce qui représente un
volume considérable à l’échelle d’une exploitation.

4. Conclusion

Deux grandeurs sont particulièrement importantes vis-à-vis du dimensionnement d’une


mine en chambres et piliers : le taux de défruitement, qui a une grande influence sur la
rentabilité économique de la mine, et le facteur de sécurité des piliers par l’intermédiaire
duquel on assure la stabilité du chantier et la sécurité des mineurs. Le dimensionnement
d’une exploitation consiste à trouver le compromis idéal entre un taux de défruitement
total élevé et un facteur de sécurité garantissant un niveau de sécurité acceptable.
La fonction quadratique du taux de défruitement relatif, récemment développée par
Hauquin et al. (2016), offre, si la roche peut être considérée comme globalement
élastique, et tant qu’il n’y a pas un contraste trop important de module d’Young entre les
piliers et la roche encaissante, une meilleure estimation de la contrainte verticale
moyenne des piliers que la méthode traditionnelle de l’aire tributaire, lorsque les piliers
sont de taille hétérogène. Alors, l’utilisation de la nouvelle fonction présente des
avantages en termes d’évaluation de la stabilité des mines existantes, puisqu’elle permet
de mieux cibler les piliers sensibles. Elle permet aussi d’optimiser le dimensionnement de
nouvelles exploitations en prenant en compte des interactions mécaniques entre les
piliers barrières et les piliers de production ignorées par la méthode de l’aire tributaire.
Globalement, on peut voir une double utilité à l’utilisation de la fonction quadratique du
taux de défruitement relatif plutôt qu’à celle de la méthode de l’aire tributaire : augmenter
le facteur de sécurité à taux de défruitement fixé, ou bien augmenter le taux de
défruitement à facteur de sécurité fixé. Cependant, il est évident que d’autres études
comparatives ainsi que d’éventuelles mesures de contraintes dans des piliers réels
seraient utiles à la validation définitive de la méthode proposée.

5. Références bibliographiques

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Salamon MDG, Munro AH. (1967). A Study of Strength of Coal Pillars. J S Afr Inst Min
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8
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Le caissonage en Deep Soil Mixing ou en jet grouting en zone sismique

LE CAISSONNAGE EN DEEP SOIL MIXING OU EN JET-GROUTING


EN ZONE SISMIQUE

GRID OF IN-GROUND SHEAR WALLS BY DEEP SOIL MIXING OR JET


GROUTING AGAINST LIQUEFACTION

Léo Quirin1, Serge Lambert1,


1 Keller Fondations Spéciales, Duttlenheim, France

RÉSUMÉ – Le caissonnage en Deep Soil Mixing (DSM) ou en jet grouting est utilisé
principalement pour remédier aux effets potentiels de la liquéfaction lors d’un séisme. Le
caisson constitué de tranchées en sol-ciment agit comme une boite de cisaillement
confiné qui apporte une forte augmentation de la rigidité au cisaillement face à des
sollicitations horizontales. Ce type de renforcement permet de réduire la distorsion dans
le sol ralentissant de ce fait la génération des pressions interstitielles à l’origine de la
liquéfaction et crée une barrière avec les zones extérieures non traitées. Le principe en
vigueur de conception du caissonnage vis-à-vis de la liquéfaction se fonde sur la
réduction de la distorsion du sol.
Le sol renforcé par caissonnage peut être classé dans une nouvelle catégorie de sol dont
les caractéristiques entrainent une réduction des sollicitations sismiques au sein de la
structure. Il est même possible d’envisager un coût du renforcement de sol compensé par
une diminution des coûts globaux de la construction.
Cet article récapitule les résultats des dernières recherches sur le sujet et présente une
application sur deux cas concrets.

ABSTRACT – Grid of In-Ground Shear Wall by Deep Soil Mixing or jet grouting is mainly
used to rectify potential effects of liquefaction during a seism. The Shear Wall is
constituted of soil mixed trenches and acts like a confined shear box which brings a huge
increase of shearing stiffness against horizontal stress. Such that reinforcement allows to
reduce the distortion in the soil. Consequently it slows down the generation of interstitial
stress which is behind liquefaction and it creates border with untreated exterior area. The
design principle in use for Shear Wall regarding liquefaction is based on reduction of soil
distortion.
Reinforced soil by Shear Wall may be ranged in a new category of soil whose
characteristics lead to a reduction of seismic stress inside the structure. It is also possible
to consider a compensation of soil reinforcement cost by a diminution of construction
global cost.
This article sums up the results of last researches on the subject and shows an
application on two real cases.

1 Introduction

Le principe du caissonnage consiste à réaliser un maillage perpendiculaire de voiles de


colonnes sécantes réalisées par le procédé Deep Soil Mixing ou jet grouting.

1
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Le caissonage en Deep Soil Mixing ou en jet grouting en zone sismique

L'efficacité de ce procédé en ce qui concerne l'élimination ou la réduction de


liquéfaction a été confirmée pendant le tremblement de terre à Kobe en l'année 1995
(Topolnicki, 2004). Un hôtel fondé sur pieux entourés de caissons de DSM a pu être ainsi
protégé des sollicitations horizontales très élevées d’un glissement (latéral spreading)
vers la mer qui a endommagé les ouvrages voisins non traité. Le caissonnage seul ou
combiné avec des pieux a de nombreux avantages. Sous sollicitations statiques, il réduit
fortement les tassements et augmente la portance. Sous les sollicitations sismiques Il
évite la liquéfaction des sols et le problème de latéral spreading (Topolnicki, 2004).
Babasaki und Suzuki (1996) ont également recensé d’autres exemples dans les environs
de Tokyo.
Cet article a pour objet de reprendre ces différents aspects et de les compléter par
l’étude de l’incidence de ce type de renforcement de sol sur la catégorie de site.

Figure 1: exemples d’application (Topolnicki, 2004).

Méthode de dimensionnement du caissonnage

Le procédé de caissonnage a fait l’objet de plusieurs études dont les résultats sont
devenus une aide précieuse pour l’ingénieur chargé du dimensionnement. Les principaux
résultats de ces études sont récapitulés ci-après et portent essentiellement sur la
détermination du module de cisaillement équivalent du massif de sol renforcé et sur
l’estimation du risque potentiel de la liquéfaction après traitement.

1.1 Caractéristique du sol amélioré

Se plaçant dans l’hypothèse du comportement élastique linéaire des constituants du sol


renforcé et de l’adhérence parfaite (ce qui est légitime compte tenu du faible niveau des
déformations engendrées par l’onde sismique), une étude analytique, complétée et
validée par des simulations numériques (Guéguin et al., 2012), permet de définir un
module horizontal équivalent du sol renforcé à partir des modules de cisaillement du
renfort (DSM ou jet grouting), du sol et du taux d’incorporation.

• Limite inférieure du module horizontal équivalent :

(1)

2
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Le caissonage en Deep Soil Mixing ou en jet grouting en zone sismique

• Limite supérieure du module horizontal équivalent :

(2)

- η, taux de substitution, estimé par la formule suivante :


- t, diamètre voiles en colonnes de Deep Soil Mixing,
- m, largeur des caissons de Deep Soil Mixing,
- Gr, module dynamique des colonnes de Deep Soil Mixing, estimé à 2000 MPa (du
même ordre de grandeur que la grave-ciment),
- Gs, module dynamique du sol, pris égal au module des Remblais et Formations
superficielles estimés à 37 MPa.
- GL, module horizontal équivalent du sol renforcé.

1.2 Traitement du risque de liquéfaction

La liquéfaction du sol est un processus dans lequel les sols situés sous nappes perdent
temporairement la totalité ou partiellement leur résistance lorsqu’ils sont soumis à une
sollicitation sismique. Typiquement, les formations géologiques sableuses lâches
saturées de granulométrie uniforme sont les sols les plus susceptibles de se liquéfier.
L’étude du risque de liquéfaction débute par une évaluation de la situation initiale à
partir de la méthode NCEER (2001), par laquelle est estimé un facteur de sécurité à la
liquéfaction F Sinitial avant renforcement.
Si cette étude met en évidence des sols potentiellement liquéfiables, un renforcement
de sol par caissonnage peut permettre d’augmenter le coefficient de sécurité vis-à-vis du
risque potentiel de liquéfaction à une valeur supérieure ou égale à 1,25.
À partir de la méthode simplifiée de Seed et Idriss (1971) pour la détermination du
CSR, N’Guyen et al. 2012 propose de déterminer l’augmentation du coefficient de
sécurité du sol renforcé en introduisant un coefficient de réduction de CSR nommé R CSR
tel que :

F CSRi  a max,i   rd , i 
= .  = R a max . R rd
s ,initial
F s final = (3) avec R CSR = (4)
RCSR CSRU  a max,u   rd , u 

u = sol non renforcé, i = sol renforcé, r d = coefficient de profondeur,


R rd = rapport de réduction des contraintes de cisaillement entre le cas de sol renforcé
et non renforcé, R a max = rapport d’accélération de pic entre un sol renforcé et non
renforcé. Ce rapport sans étude particulière est considéré égal à 1.

Les modélisions aux éléments finis effectuées par ce programme de recherche ont
permis de constater que les caissons développent des distorsions plus faibles et des
contraintes de cisaillement plus grandes que le sol en place confiné et que le voile
parallèle à la direction de la sollicitation sismique se déforme moins que le voile
perpendiculaire qui développe de la flexion. Le sol adjacent au voile parallèle développe

3
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Le caissonage en Deep Soil Mixing ou en jet grouting en zone sismique

les plus faibles distorsions et les plus faibles contraintes puis augmentent en s’en
éloignant. A partir de ces résultats, N’Guyen et al. 2012 proposent une relation pour
estimer R CSR qui inclue des facteurs d’ajustement liés à la flexion du voile perpendiculaire
et la différence de déformation entre le sol et le caisson. Les facteurs d’ajustement
modifient la relation proposée par Baez (1995) pour les colonnes ballastées et
Durgunoglu et al (2006) pour des colonnes de sol malaxé, et permet d’estimer la
réduction de contrainte de cisaillement par la présence du sol renforcé.

1
Rrd = (5)
 1 
Gr  Ar C G γ r + (1 − Ar )
 Gr 

C G : facteur équivalent de cisaillement de l’élément de renforcement de sol qui dépend de


sa géométrie ( CG = 1 − 0,5 1 − Ar ),
G r : rapport du module de cisaillement de la colonne sur celui du sol,
A r : taux de substitution soit A col /A maille ,
γ r : rapport de déformation de cisaillement entre la colonne et la déformation du sol
environnant. Sur la base de plusieurs études paramétriques pour des A r et G r
 Gr − 1 
0, 4

différents, γ r = 1 − (1 − Ar )²   . γ r est égale à 1 si le sol et les caissons se


 240 
déforme de la même façon en cisaillement pur.

Modification de la classe de sol

Pour chaque projet, il convient de classer le site selon tableau 3.1 du paragraphe 3.1.2 de
l’EN 1998-1 à partir de la valeur moyenne de la vitesse des ondes de cisaillement V s30 sur
les 30 premiers mètres conformément à l’expression suivante [EC8-5 / § 3.1.2. (3)] :

(6)

expression dans laquelle h i et v i désignent l’épaisseur (en mètres) et la célérité des ondes
de cisaillement (à un niveau de distorsion inférieur ou égal à 10-5) de la i-ème formation
ou couche, sur un total de N existant sur les 30 m supérieurs.
Le renforcement de sol concerne en général les sols superficiels pour lesquels il est
alors nécessaire de définir la nouvelle vitesse des ondes de cisaillement. Celle-ci peut
être estimée à partir de la quantification de la rigidification du système caissons/sol en
estimant le module de cisaillement G équivalent du sol renforcé. La vitesse de
propagation des ondes de cisaillement au sein de la couche traitée peut ensuite être
définie par la relation : G = ρ. Vs² avec ρ le poids volumique du sol. (7)
L’exemple ci-dessous traite du traitement d’un sol de classe D par caissonnage en
DSM sous un bâtiment. Les données d’entrée sont récapitulées au tableau 1.

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Le caissonage en Deep Soil Mixing ou en jet grouting en zone sismique

Tableau 1 : Hypothèses d’un exemple de caissonnage


Profondeur
Sol γ pl Em α Eoedo ν stat Gstat
de la base
13 Argiles 19 0.2 2 2/3 3 0.3 0.86
20 Marno calcaire 20 2.5 25 1/2 50 0.3 14.29
30 Marno calcaire 21 5 50 1/2 100 0.3 28.57
- Zone 4 cat II sol D soit α.S = 0,405 ; Bâtiment de largeur 40 m
Profondeur
ν dyn Gmax = 7 EM G dyn / G max * G dyn Vs Rapport G dyn /G stat
de la base
13 0.43 14 0.12 1.68 30 2.0
20 0.43 175 0.3 52.5 162 3.7
30 0.43 350 0.48 168 283 5.9
* : déterminé à partir du tableau 4.1 de la norme NF EN 1998-5

Dans son état initial le sol présente une V s,30 = 145 m/s ce qui correspond bien à un sol
de classe D. Le traitement envisagé consiste en la mise en place de colonnes de DSM de
60 cm de diamètre espacées de 45 cm ce qui permet de former un voile d’épaisseur
équivalente 54 cm. Un matelas de 1 m est mis en place entre les caissons de dimensions
5 x 5 m d’axe en axe et le radier du bâtiment. La résistance caractéristique en
compression du mélange sol-coulis du DSM considérée est au minimum égale à 2,5 MPa
pour cet exemple.
Pour des argiles, le module de déformation minimale à long terme du DSM est de
l’ordre de 200 à 300.fck. Nous proposons de retenir la valeur de 300.fc soit 750 MPa. Le
module court terme pour le calcul sismique est pris égal à 2 fois le long terme pour tenir
compte des microfissures qui apparaitront certainement lors du séisme. Compte tenu de
la magnitude du séisme, la dégradation du module de cisaillement G considérée est de :
G/Gmax = 0,9 se rapprochant des valeurs usuellement utilisées pour les sols très
compacts ou le rocher. Les caractéristiques du DSM sont récapitulées dans le tableau 2.

Tableau 2 : Caractéristiques du matériau DSM.


E béton long E béton court ν Béton de
Fc 28 DSM Gmax Béton de sol Gd / Gd,max Gdyn DSM
terme terme sol
Mpa Mpa Mpa - Mpa - Mpa
2.5 750 1500 0.25 600 0.9 540

Le module de cisaillement équivalent est obtenu en effectuant 2 modèles de calcul.


L’un modélisant le caissonnage et l’autre en le remplaçant par un sol homogénéisé de
caractéristique G amélioré permettant d’obtenir en surface la même déplacement
horizontal de la fondation.
Après plusieurs itérations, la déformée obtenue avec un sol homogénéisé de module G
= 33,7 MPa est la même que celle obtenue avec le caissonnage (figure 3). Le G du sol
traité a donc été fortement augmenté d’un facteur de 20. (G initial=1,68 MPa) soit un
rapport de 4,4 pour les Vs. Le calcul du V s,30 du sol amélioré donne un V s,30 = 188 m/s ce
qui correspond à un site de classe C. Le traitement par caissonnage a donc permis de
modifier la classe du site en passant d’un sol de type D à C.

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Le caissonage en Deep Soil Mixing ou en jet grouting en zone sismique

Avec le caissonage Avec le sol homogénéisé

Figure 3 : résultats des déformations des 2 modèles avec caissons et sol homogéisé.

Par comparaison, l’application des formules (1) et (2) permettent de trouver un module
équivalent du sol traité par caissonnage compris entre 60 et 66 MPa ce qui conduit à une
vitesse V s,30 > 206 m/s soit le même ordre de grandeur que Plaxis 3D.

Exemples de projets

1.3 Chantier jet grouting de Chooz

Suite à l’accident de Fukushima, EDF a décidé d’augmenter la sécurité des sites


nucléaires vis-à-vis des événements naturels extrêmes. Sur le site de Chooz, le projet
consiste à construire 2 bâtiments diesel de secours ultime (DUS). La campagne de
reconnaissance a mis en évidence sous une couche de remblai d’un mètre environ, des
limons sableux-graveleux très hétérogènes jusqu’à 6-7 m de profondeur et comportant
des passages de sable fin potentiellement liquéfiables. Cette formation recouvre des
sables et graviers compacts et enfin le substratum schisteux à une profondeur variable de
5,8 à 11,6 m. Les niveaux d’eau évalués dans les terrains peuvent varier entre 3,7 m et
6,7 m de profondeur.
Compte tenu des charges très élevées de l’ouvrage aussi bien statiques que sismiques
(moment de renversement et efforts horizontaux notamment) et de la complexité
géologique (sols hétérogènes avec lentilles liquéfiables et pente du substratum marqué),
le procédé de renforcement de sol par caissonnage en colonnes de jet grouting sécantes
a été choisi par EDF comme le procédé le mieux adapté pour répondre à toutes ces
problématiques.
Le dimensionnement a été réalisé à l’aide du logiciel Plaxis 3D pour vérifier la portance
du sol renforcé et estimer les tassements sous les sollicitations ELS ELU et ELU
sismique. La maille du caisson a été de 5,35 x 5,00 m de colonnes de jet grouting de 1 m
de diamètre espacée de 80 cm aboutissant à un taux de substitution de 31 % du volume
global de sol sous les 2 DUS accolés.

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Le caissonage en Deep Soil Mixing ou en jet grouting en zone sismique

Figure 4: Dégarnissage d’un caisson de jet grouting.

1.4 Projet: Christchurch Town Hal

Dans le cadre d’une réhabilitation d’une église aux Etats-Unis, la reconnaissance de sol a
mis en évidence un risque important de liquéfaction entre 3,2 et 8,5 m de profondeur par
rapport au TN. L’étude du confortement s’est orientée vers un confortement par
caissonnage en jet grouting. Ce procédé a l’avantage d’être réalisé par l’intermédiaire de
petites foreuses pouvant accéder facilement à l’intérieur des ouvrages et de travailler
sous des hauteurs limitées. Le dimensionnement a permis de définir une taille de caisson
de 8,8 m x 8,4 m correspondant à un taux de substitution de 37,2 %.

Tableau 3 : Hypothèses du projet.


Profondeur du toit
de la couche Profondeur de la
MW PGA Gsoil H liquéfiable / TN nappe / TN

7,50 0,44 g 0,92 MPa 5,3 m 3,2 m 2m

γr Asoilcrete A S Ar CG

0,467 27,73 m² 74,50 m² 8,43 m 0,37 0,604

Pa n Req. SF Gsoilcrete Gr Rrd

0,1013 Mpa 0,50 1,10 3125 Mpa 30,00 0,265

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Le caissonage en Deep Soil Mixing ou en jet grouting en zone sismique

Figure 5 : Plan d’implantation des colonnes de jet grouting.

Conclusion

Le caissonnage en Deep Soil Mixing (DSM) ou en jet grouting est un procédé de


renforcement de sol qui présente de nombreux avantages :
- Augmentation de la portance des sols en place ;
- Réduction des tassements ;
- Réduction du potentiel de liquéfaction ;
- Amélioration de la classe de sol sismique permettant ainsi une réduction des efforts
appliqués sur la structure.

Ce procédé est particulièrement bien adapté pour des projets lourds en zone sismique
situés dans des contextes géotechniques particulièrement complexes. Sa réalisation est
possible au sein d’une grande variété de sols y compris lorsque les conditions de
réalisation sont difficiles (réhabilitation de bâtiments existants…) grâce à des outils de
réalisation variés sachant s’adapter à quasiment toutes les situations.

Références bibliographiques

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8
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Le caissonage en Deep Soil Mixing ou en jet grouting en zone sismique

Topolnicki, M., (2004). “In situ soil mixing, liquefaction mitigation”, in Ground
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conference proceedings, p.151-156.
Youd, Idriss, Andrus, Arango, Castro, Christian, Dobry, Finn, Harder, Hynes, Ishihara,
Koester, Liao, Marcuson, Martin, Mitchell, Moriwaki, Power, Robertson, Seed, and
Stokoe (2001) : “Liquefaction resistance of soils: summary report from the 1996
NCEER and 1998 NCEER/NSF workshops on evaluation of liquefaction resistance of
soils, J. Geotech. and Geoenviron. Engrg., ASCE, 127(10), 2001 : 817-833.

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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

ETUDE SUR MODELE PHYSIQUE DU FROTTEMENT SOL-INCLUSION EN


SOIL-MIX SOUS CHARGEMENT MONOTONE ET CYCLIQUE

STUDY ON PHYSICAL MODEL THE SOIL-INCLUSION FRICTION IN SOIL-MIX


UNDER MONOTONIC AND CYCLIC LOADINGS

Van Cuong LE1, Jean-Claude DUPLA1, Jean CANOU1, Yu-Jun CUI1, Anh Minh TANG1,
Hocine DELMI1
1
Ecole des Ponts ParisTech, U.R. Navier/CERMES, France

RÉSUMÉ – Le comportement cyclique de l’interface sol-colonne en soir-mix a été étudié à


partir d’une modélisation physique au laboratoire. Différentes amplitudes du déplacement
cyclique ont été considérées. Les résultats montrent à la fois une phase de dégradation et
de renforcement lors du chargement cyclique, ainsi qu’une dégradation du frottement local
lors du chargement monotone post-cyclique. Le taux de dégradation est gouverné par
l’amplitude du chargement cyclique.

ABSTRACT – The cyclic behavior of the soil-column interface in soil–mix was investigated
on a physical model in the laboratory. The amplitude of the cyclic displacement was
considered. Results show both a phase of degradation and reinforcement during the cyclic
loading, and a reduction in local friction during post-cyclic monotonic loading. The
degradation rate is governed by the amplitude of the displacement during the cyclic loading.

1. Introduction

Parmi toutes les techniques actuelles, la technique de renforcement par des colonnes en
« soil-mixing », développée dans les années soixante (Bruce, 1996), connaît aujourd’hui un
essor important. Elle vise à introduire par malaxage avec le sol en place un liant de
stabilisation. Elle permet donc de réaliser des colonnes de sol stabilisé sans excavation, et
peut s’apparenter aux colonnes rigides ou semi-rigides. Cette technique présente un intérêt
économique important, du fait de la réduction des rejets et de la rapidité de réalisation sur
chantier.
Dans ce contexte, un projet de recherche a été initié en 2010 (RUFEX, Renforcement et
réUtilisation des plates-formes ferroviaires et des fondations EXistantes) afin de développer
cette technique. Ces travaux s’inscrivent dans le cadre de ce projet, et plus particulièrement
sur l’étude du comportement local de l’interface sol-colonne sous sollicitations cycliques
(domaine ferroviaire).
Dans la littérature on trouve de nombreuses recherches à la fois sur le matériau soir-mix
(Topolnicki 2004, Hernandez-Martinez et al. 2007) et le comportement de l’interface sol-
colonne (Shen et al. 2003, Ishikura et al. 2007). Cependant, dans ce dernier cas d’études,
il n’existe aucune étude qui porte sur le frottement local entre la colonne en soir-mix et le
sol environnant. En ce qui concerne le dimensionnement des colonnes, on trouve
également plusieurs travaux (Kasali and Taki 2003, Chen et al. 2008). Dans le cas de
l’application ferroviaire, on peut citer l’étude de Schwarz and Raithel (2005) et le projet
INNOTRACK (2009) qui a permis d’étudier en vraie grandeur l’applicabilité de cette
méthode au domaine ferroviaire. Cependant, le comportement sous chargement cyclique
reste mal connu, bien que ce soit la sollicitation prédominante dans ce domaine.
Notre étude porte donc à mieux comprendre les mécanismes de fonctionnement du
système sol-colonne à partir d’une modélisation physique de type chambre d’étalonnage.

1
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

On met l’accent sur le cas des chargements cycliques. On présente tout d’abord les
dispositifs d’essai développé pour cette étude, en particulier le tronçon de soil-mix
instrumenté, puis des résultats typiques (monotone, cyclique et post-cyclique). Les résultats
permettent de mettre en évidence une première phase de dégradation du frottement local
suivie d’une phase de renforcement. Les chargements post-cycliques permettent d’évaluer
l’influence du chargement cyclique sur le frottement statique initial. On présente finalement
l’influence de l’amplitude du déplacement cyclique sur les résultats observés.

2. Dispositifs, matériaux et procédure d’essai

2.1. Dispositifs d’essai

La partie principale du dispositif est constituée d’un réservoir circulaire métallique, composé
de deux modules, de 55 cm de diamètre intérieur et d’une hauteur totale de 73 cm.
L’ensemble est placé sur un support métallique de 30 cm de hauteur. Un couvercle permet
de fermer le dispositif à l’aide de tirants, et possède en son centre un trou où vient se placer
un anneau de guidage. La Figure 1a montre une vue schématique d’ensemble du dispositif
d’essai. Dans la cuve d’essai, rempli par le sol reconstitué, on vient fabriquer un tronçon de
colonne en soil-mix de 20 cm de longueur (diamètre de 8 cm), instrumenté par deux
capteurs de force (étendue de mesure de ± 20 kN). La longueur totale du module,
comprenant les pièces métalliques en tête et en pointe, est d’environ 80 cm. On trouve en
tête de la colonne une pièce nommée « cylindre d’appui supérieur », qui permet de
transmettre la force appliquée par le vérin servo-hydraulique (à la tête du tronçon de soil-
mix instrumenté) et qui supporte le capteur de force haut. Dans la partie inférieure, on trouve
la seconde pièce métallique nommée « sabot inférieur », qui permet à la fois d’éloigner la
pointe de la zone de mesure et de réduire la force en pointe (pointe ouverte). Cette pièce
supporte le second capteur de force. La figure 1b présente une vue complète du dispositif
placé sous le bâti quatre colonnes équipé du servovérin hydraulique MTS (capacité ± 100
kN de force et de ± 75 mm de course).

Tronçon en soir-mix

(a) (b)

Figure 1. Schéma de principe et vue du dispositif d’essai.

2
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2.2. Matériaux

Il est difficilement envisageable, dans le cas des massifs de grande taille, d’utiliser un sol
naturel (homogénéité des éprouvettes, remaniement et reproductibilité des prélèvements).
Il est donc nécessaire de reconstituer le massif de sol au laboratoire à partir de matériau
broyé. Le sol de référence choisi dans le cadre du projet et le limon de Jossigny, qui a fait
l’objet de nombreuses études dans le passé (Le Runigo, 2008). On a donc cherché à
reconstituer un massif de sol « artificiel » qui se rapproche le plus possible des
caractéristiques du sol de référence (limon de Jossigny). Ce choix nous a permis d’assurer
la facilité d’’approvisionnement des matériaux et de la répétabilité de la procédure de
préparation, tout en restant le plus proche possible du sol de référence en termes de
granulométrie et de caractéristiques mécaniques.
On a choisi d’utiliser la kaolinite Speswhite et le sable broyé Millisil C10 de Sibelco afin de
reconstituer un matériau artificiel proche du limon de Jossigny. Le mélange « artificiel »
retenu est composé de 30% d’argile et de 70% de sable broyé (nommé C10Kao). Les
courbes granulométriques et les caractéristiques de ces matériaux sont données sur la
figure 2.
La procédure de préparation du sol « artificiel » consiste à mélanger à sec la kaolinite et
le sable broyé dans un malaxeur, puis d’ajouter l’eau progressivement à ce mélange. Le
teneur en eau de référence est de 16%, et correspond à une valeur proche de l’optimum
Proctor normal. Les limites d’Atterberg obtenues pour le sol « artificiel » (Le, 2014) sont très
proches de celles du limon de Jossigny (Le Runigo, 2008). Ce mélange C10Kao est classé
dans les argiles peu plastiques (Ap), comme le limon de Jossigny.

Figure 2. Courbes granulométriques des différents matériaux utilisés

Il faut également noter qu’il est le principal constituant des colonnes de soil-mixing. Dans
le cadre de cette étude, le ciment retenu est le CEM III/C 32,5 N CE PM-ES NF fabriqué
par le Groupe Calcia. En laboratoire, on simplifie la procédure de fabrication du matériau
soir-mix par rapport à la méthode de réalisation in situ. En effet, pour assurer une bonne
représentativité, ainsi que la répétabilité de la procédure de fabrication d’une colonne en
soir-mix, on a choisi de couler le soir-mix prémélangé à l’extérieur dans le forage
préalablement réalisé avec une tarière à main. Il a donc été nécessaire d’établir un
protocole de fabrication du matériau soir-mix en laboratoire. La procédure consiste donc à
mélanger à sec les trois composants (kaolinite, sable broyé et ciment), puis d’introduire
l’eau nécessaire. Les valeurs retenues des paramètres pour le mélange soil-mix sont :
wn=48 % (teneur en eau initiale), 300 kg/m3 de ciment et un C/E de 0,36.

3
182
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2.3. Procédure d’essai

La procédure globale de mise en œuvre d’une colonne en soil-mix instrumentée dans la


cuve d’essai comporte les opérations successives suivantes :
- Réalisation du massif de sol environnant : le massif est préparé par compactage de
sept couches de 10 cm de hauteur, après avoir lubrifié la paroi latérale afin de limiter
les frottements parasites. On place ensuite la baudruche sur la dernière couche,
puis la cellule est fermée.
- Forage du trou : On utilise un dispositif composé d’un trépied et d’une tarière à main.
Le forage est réalisé progressivement jusqu’à une profondeur de 60 cm.
- Fabrication du mélange de soil-mix ;
- Réalisation de la colonne de soil-mix instrumentée : On assemble, dans un premier
temps, les différentes pièces (ancrage, tube et capteur) qui composent les parties
haute (appui supérieur) et basse (sabot) du tronçon de soil-mix. On positionne dans
le forage le sabot inférieur, et l’on coule la quantité de coulis estimée. On utilise une
pompe avec un tube plongeur pour assurer une bonne homogénéité de la colonne
sur toute sa hauteur. Finalement, le guidage supérieur est descendu dans le forage.
Des chevilles placées aux extrémités du sabot inférieur et du guidage supérieur
assurent l’ancrage avec le tronçon en soil-mix.
- Mise en place de l’ensemble du dispositif sous le dispositif de chargement. On
applique ensuite la contrainte verticale de confinement en augmentant la pression
d’eau dans la baudruche jusqu’à la valeur choisie. Cette étape étant réalisée, il faut
attendre la prise du mélange (temps de cure), qu’on a fixé dans les essais présentés
à 7 jours.
- Réalisation des chargements : les essais suivent deux protocoles. Le premier
consiste à réaliser un chargement monotone à déplacement contrôlé afin de
déterminer les caractéristiques de rupture des colonnes. Le second consiste à
réaliser un chargement cyclique à déplacement contrôlé non alterné à grand nombre
de cycles, puis un chargement monotone final.
- Démontage de l’essai : On réalise les opérations inverses. On récupère la colonne
de soir-mix pour observations et mesures de ses dimensions.

3. Essais typiques

3.1. Chargement monotone

La figure 3 présente le frottement latéral unitaire typique autour du tronçon de soil-mix


lors d’un chargement monotone à 100 kPa de contrainte verticale et à une vitesse de
déplacement de 100 mm/min (massif SM8). Le frottement unitaire est calculé à partir de la
différence entre les valeurs mesurées par les deux capteurs de force (haut et bas) et de la
surface latérale de la colonne, mesurée précisément après le démontage du massif. Le
comportement de l’interface (frottement unitaire) se compose de trois phases distinctes. On
observe une phase quasi-linéaire initiale, suivie d’une seconde où l’on observe une non
linéarité croissante, rendant compte d’une irréversibilité, et finalement une troisième phase
correspondant à la stabilisation à la rupture. Le frottement à la rupture est d’environ 80 kPa.
Cette valeur est cohérente avec des mesures in situ (Le, 2014).

4
183
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.2. Chargement cyclique

En vue d’étudier la dégradation de l’interface, les essais cycliques sont réalisés à


déplacement contrôlé. Le chargement cyclique consiste à réaliser 100 000 cycles à
déplacement contrôlé non-alterné d’amplitude fixée et à une fréquence de 5 Hz. Après cette
phase cyclique, on réalise un chargement post-cyclique (cf. section 2.3), selon le même
protocole que celui décrit dans la section 2.1.

Figure 3. Résultat typique obtenu en terme de frottement unitaire sous chargement


monotone initial (massif SM8).

Afin de mettre en évidence la dégradation de l’interface du tronçon de «soir-mix» sous le


chargement cyclique, on utilise le coefficient d’évolution Ce,f qui a été introduit par Tali
(2011), qui permet d’évaluer le comportement à l’interface au cours du chargement cyclique.
En effet, ce coefficient est défini comme le rapport entre les amplitudes cycliques d’un cycle
i et du premier cycle.
$&,'() * + $&,',- *
𝐶",$ = (1)
$&,'() . + $&,',- .

avec Ce,f : Coefficients d’évolution du frottement latéral ; fs,max(i) et fs,min(i) : Frottement


latéral maximal et minimal au cycle i ; fs,max(1) et fs,min(1) : Frottement latéral maximal et
minimal au cycle 1

Les courbes donnant les coefficients d’évolution du frottement latéral et la force du vérin
MTS sont présentées sur la figure 5 dans le cas du massif SM10 (s’c=100 kPa, 7 jours, 400
mm, 5Hz). Dans cet essai, l’amplitude du déplacement est équivalente à 0,5% du diamètre
de la colonne (dc). Le coefficient d’évolution relatif à la force du vérin MTS est défini de la
même façon. On observe une dégradation jusqu’au cycle 5000, puis une phase de
renforcement jusqu’à la fin de l’essai. En terme de coefficient d’évolution maximum obtenu
dans la phase de dégradation, on obtient une valeur de dégradation de 0,34. Cette valeur
est proche de celles mesurées par Tali (2011) pour un chargement cyclique à une amplitude
cyclique totale de 500µm dans un sable.

3.3. Chargement monotone post-cyclique

Pour évaluer l’influence des chargements cycliques sur le comportement post-cyclique


de l’interface, après 100 000 cycles de chargement, on réalise une séquence de
chargement monotone finale, suivant le même protocole que celui utilisé lors des essais de

5
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

chargement monotone initiaux. La figure 5 présente les deux courbes de frottement latéral
obtenues. Le résultat montre que, par rapport au comportement monotone initial de
référence (massif SM8), après un chargement cyclique non-alterné de 400 µm (massif
SM10), les parties initiales, jusqu’à 2 mm de déplacement, sont similaires. Par contre, en
terme de frottement à la rupture, l’interface post-cyclique présente une résistance nettement
inférieure par rapport celle de l’interface initiale. Ce résultat montre une dégradation, comme
on pouvait s’y attendre à partir des résultats de l’essai cyclique, de l’interface de la colonne
après le chargement cyclique.

Figure 4. Résultats typiques obtenus en terme de coefficient d’évolution sous chargement


cyclique (massif SM10)

Figure 5. Influence du chargement cyclique sur le comportement monotone de l’interface


(massif SM10)

4. Influence de l’amplitude de déplacement cyclique

Des chargements cycliques à déplacement contrôlé ont été réalisés à différents niveaux
d’amplitude cyclique. On présente sur la figure 6 les coefficients d’évolution correspondant
aux trois niveaux d’amplitude cyclique non-alternée testés : 200 µm (SM9 : 0,25 % dc),
400µm (SM10 : 0,5% dc) et 800µm (SM11 : 1% dc).
On peut observer que le renforcement initial du frottement apparaît uniquement pour la
plus faible amplitude (200 µm), mais celui-ci reste à un niveau assez faible. Pour les deux

6
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

autres amplitudes de chargement (400 et 800 mm), on observe une dégradation dès le début
de l’essai, avec un taux d’autant plus important que l’amplitude est grande. Pour l’amplitude
de 200 µm, la phase de dégradation est relativement limitée. En ce qui concerne le niveau
de dégradation finale, on constate que plus l’amplitude du déplacement cyclique est élevée,
et plus l’interface se dégrade vite. Pour le cas des faibles amplitudes cycliques (200 µm), la
dégradation est faible (Ce,f = 0,90 à 60 000 cycles). Par contre, pour l’amplitude la plus
élevée (800 µm), le coefficient d’évolution Ce,f diminue jusqu’à une valeur de 0,10 après
30 000 cycles.

Figure 6. Influence de l’amplitude de déplacement cyclique sur le coefficient d’efficacité


Ce,f

En ce qui concerne les chargements monotones post-cycliques, les résultats sont


présentés sur la figure 7. On peut voir, pour tous les essais, que le frottement post-cyclique
est toujours inférieur à celui mesuré lors du chargement initial. Pour le niveau d’amplitude
cyclique le plus faible (200 µm), le frottement à la rupture est moins dégradé que pour les
deux autres amplitudes. Il présente une faible différence par rapport à la courbe de
chargement initiale de référence. Pour l’amplitude de 800 µm, on peut constater que le
frottement est très dégradé, ce qui est cohérent avec un coefficient d’évolution de 0,1 après
100 000 cycles. Pour l’amplitude intermédiaire de 400µm, on a un résultat intermédiaire aux
deux autres.

Figure 7. Influence de l’amplitude de déplacement cyclique sur le comportement


monotone de l’interface

7
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

5. Conclusions

Ce travail a permis d’évaluer le comportement de l’interface sol-inclusion en soir-mix sous


chargement monotone et cyclique.
Une première étape a nécessité le développement d’un modèle physique pour
reconstituer un tronçon de colonne en soil-mix instrumentée dans un massif environnant et
de protocoles d’essais adaptés.
Concernant le chargement monotone, on a pu déterminer le frottement unitaire limite du
tronçon de soil-mix. Et les résultats sont cohérents avec des mesures in situ (INNOTRRAK,
2009). Quant aux chargements cycliques à grand nombre de cycles, on a étudié l’influence
de l’amplitude du déplacement cyclique sur l’évolution du frottement latéral par
l’intermédiaire du coefficient d’évolution Ce,f (Tali, 2011). Les évolutions de ce coefficient
sont en bon accord avec celles observées dans la littérature dans les matériaux
granulaires : phase de dégradation initiale suivie par une phase de renforcement. On a
montré que plus l’amplitude du déplacement cyclique est grande et plus la dégradation est
importante. Les résultats des essais de chargement monotone post-cyclique ont montré
une très bonne cohérence avec les évolutions observées lors des chargements cycliques.

6. Références bibliographiques

Bruce, D.A. 1996. The return of deep soil-mixing, Civil Engineering, ASCE, 44-46.
Chen, R.-P., Chen, Y.-M. and Xu, Z.Z. 2008. A theoretical solution for pile-supported
embankment on soft soil under one-dimensional compression, Canadian Geotechnical
Journal, 45, 611-623
Hernandez-Martinez, F.G., Osman, A.A.M. and Al-Tabbaa, A. 2007. Wet soil mix
improvement of soft clays and organic soils : Laboratory investigation, Proceedings of
the XIV European Conference on Soil Mechanics and Geotechnical Engineering, Madrid,
Vol. 3,1329-1334
Ishikura, R., et al. 2007. Estimation of the settlement of improved ground with floating-type
cement-treated columns Soft Soil Engineering - Chan & Law (eds), 625-635.
INNOTRACK 2009. Rapport du projet - D.2.2.5 - Subgrade reinforcement with columns Part
1 Vertical columns, Part 2 Inclined columns, INNOTRACK D2.2.5.
Kasali, G. and Taki, O. 2003. Design and Construction Aspects of Soil Cement Columns as
Foundation Elements. Proceedings of 3rd International Specialty Conference on Grouting
and Ground Treatment, 540-551
Le, V.C. 2014. Etude sur modèle physique du renforcement des sols par colonnes en « soil-
mix ». Application aux plates-formes ferroviaires. Thèse de doctorat, Université Paris Est.
Le Runigo, B. 2008. Durabilité du limon de Jossigny traité à la chaux et soumis à différentes
sollicitations hydriques : Comportements hydraulique, microstructural et mécanique.
Thèse de doctorat, Université de Nantes.
Schwarz, W. and Raithel, M. 2005. Stabilization of soft organic soils with cement columns
using the Mixed-in-Place technique (MIP) for a railway embankment. International
Conference on Deep Mixing, Stockholm, Sweden, 289-296.
Shen, S.-L., Miura, N. and Koga, H. 2003. Interaction mechanism between deep mixing
column and surrounding clay during installation, Can. Geotech. J., 40, 293-307.
Tali, B. 2011. Comportement de l'interface sol-structure sous sollicitations cycliques.
Application au calcul des fondations profondes. Thèse de doctorat, Université Paris Est.
Topolnicki, M. 2004. Chapter 9: In situ soil mixing. In M.P.M.K. Kirsch (Ed.), Ground
Improvement (pp. 331–423). Abingdon, UK: Spon Press

8
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

ACCUTHER : UN STOCKAGE GÉOTHERMIQUE PILOTÉ DANS UN


SOL RECONSTITUÉ ET STRUCTURÉ

ACCUTHER : MANAGED GEOTHERMAL STORAGE IN A STRUCTURED AND


COMPACTED SOIL

Tangi LE BORGNE1, Vincent HAMONET1, Sébastien ROLLAND2


1
Bouygues Travaux Publics, Guyancourt, France
2
Bouygues Energies et Services, St Quentin-en-Yvelines, France

RÉSUMÉ – AccuTherTM est un concept de stockage géothermique dans un ouvrage en


terre. Un tel dispositif utilise les propriétés thermiques des sols compactés. Le limon de
Plaisir compacté du côté humide de l’optimum Proctor a les meilleures capacités à stocker
et à restituer de l’énergie thermique. L’ajout de kaolinite augmente la conductivité
thermique du mélange alors que l’ajout de chaux la diminue.

ABSTRACT–AccuTherTM is a concept of geothermal storage in earthwork. This device


uses the thermal properties of compacted soils. The silt of Plaisir, compacted on the wet
side of the optimum Proctor, has the best capacity to store and restore thermal energy.
The addition of kaolinite increases the thermal conductivity of the mixture while adding
lime decreases it.

1. Introduction

Le concept AccuTherTM est né de la volonté d’utiliser des ouvrages de terrassement pour


des fonctionnalités énergétiques. Utiliser les propriétés des matériaux constitutifs pour
stocker de la chaleur s’est imposé comme présentant le meilleur potentiel, et les
premières estimations thermiques ont montrées que le concept, à conditions égales, était
technico économiquement assez proche mais plus efficient qu’un champ de sondes
sèches verticales qui constitue le dispositif de référence en stockage inter saisonnier.
Un remblai, dans lequel est disposé judicieusement un ensemble 3D de canalisations,
est parcouru par un fluide caloporteur, permettant d’échanger avec le sol de la chaleur (ou
du froid).
Les performances et les dimensions de cet échangeur thermique sont fonctions des
caractéristiques thermiques des matériaux et de la géométrie du champ de sondes.
Un système de pilotage de l’ensemble du dispositif, établi au moyen de simulations
thermiques numériques, permet de répondre aux besoins thermiques du client, en termes
de taux de couverture, de fréquence de stockage/déstockage.
Les études d’optimisation des performances et des dimensions d’un dispositif AccuTher
passent par :
 L’obtention à partir des matériaux disponibles sur site des caractéristiques
thermiques (capacité, conductivité et diffusivité) adaptés pour obtenir une
structuration du remblai, afin de disposer de zones conductrices, stockeuses, ou
isolantes thermiquement. Pour cela, on peut travailler sur les paramètres de mise
en œuvre : densité, teneur en eau ou sur l’amélioration des matériaux par ajout
d’adjuvant, tout en conservant des propriétés mécaniques satisfaisantes.

1
188
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

 La réalisation d’une simulation numérique de l’échangeur, pour optimiser :


o La longueur de chaque boucle de l’échangeur
o L’écartement entre chaque tuyau, dans les 3 dimensions
o Le diamètre des tuyaux, la vitesse de circulation du fluide
o la structuration et le volume de l’ouvrage.
Cette étude ne concernera que les caractéristiques thermiques des matériaux.

2. les propriétés thermiques des sols compactés

Les paramètres thermiques des sols caractérisant la capacité à stocker et à restituer de


l’énergie thermique sont la conductivité thermique (λ), la diffusivité thermique (α), et la
capacité thermique (C). La relation entre ces trois paramètres est donnée par :

𝜆
𝛼= (1)
𝐶

Les caractéristiques thermiques d’un matériau dépendent des paramètres physiques du


sol compacté. Certains auteurs ont par exemple étudié l’importance de la minéralogie
pour les propriétés thermiques, le quartz aurait, en effet, une conductivité thermique et
une diffusivité thermique plus élevées que les autres principaux constituant des
sols(Farouki, 1981). La répartition des différentes phases dans un sol influe également sur
les paramètres thermiques, lorsque la proportion de la phase gazeuse augmente dans le
sol, les caractéristiques thermique diminuent (Oschner et al., 2001). Enfin, plusieurs
auteurs ont montré que la conductivité thermique ou la diffusivité thermique augmente
avec les paramètres de mise en œuvre des sols, masse volumique sèche et teneur eau
(Abu-Hamdeh, 2001 ; Tang, 2005 ; Brandl, 2006).
L’objectif de cette étude est de quantifier l’effet des paramètres de mise en œuvre et
l’effet de traitement sur les paramètres thermiques d’un sol compacté.

3. Caractérisation du sol employé

Dans cette étude, le matériau utilisé est un limon dénommé « limon de Plaisir » provenant
de l’ouest du bassin parisien.
Les caractéristiques du limon de Plaisir sont données dans le tableau 1, ainsi que la
courbe granulométrique (figure 1). Ce matériau est un limon peu argileux, classé A1 selon
la norme NF P11-300 (1992).

Tableau 1. Caractéristiques du limon de Plaisir


Dmax Passant à 2mm Passant à 80µm Passant à 2µm
VBS
(mm) (%) (%) (%)
5 99,5 35,1 16,3 1,7

2
189
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Figure 1. Courbes granulométriques du limon de Plaisir

Les teneurs en eau optimales et les masses volumiques sèches maximales du limon de
Plaisir naturel ou traité ont été déterminées à partir de l’essai Proctor normal. La courbe
de compactage du limon de Plaisir, ainsi que les indices de portance immédiats (IPI) en
fonction de la teneur en eau sont donné dans la figure 2. La teneur en eau optimale est de
14,3% et la masse volumique sèche maximale est de 1,80 Mg.m -3.

Figure 2. Courbes de compactage et d’indice de portance immédiat du limon de Plaisir

Les références de compactage du limon traité à la chaux et traité à la kaolinite sont


données dans le tableau 2. Elles ont été obtenues par la réalisation d’essai Proctor
normal.

Tableau 2. Références de compactage du limon traité


Teneur en eau optimale Masse volumique sèche
Matériaux
(%) maximale (Mg.m-3)
Limon de Plaisir + 3% CaO 16,9 1,72
Limon de Plaisir + 3% kaolinite 14,6 1,82

3
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4. Essais mis en œuvre

Dans cette étude, les paramètres thermiques mesurés sont la conductivité thermique et la
diffusivité thermique.

4.1. Mesure de la conductivité thermique

La conductivité thermique λ est la quantité de chaleur par unité de temps passant à


travers une section de sol sous un gradient de température unitaire appliqué dans la
direction de ce flux de chaleur. Elle est exprimée en W.m-1.K-1.
Dans cette étude, la conductivité thermique est mesurée par la technique du fil chaud.
Cette méthode de mesure en régime quasi-établi est fondée sur la détermination de
l’élévation de la température en fonction du temps d’une source thermique linéaire
encastrée entre deux éprouvettes de mêmes caractéristiques. Une sonde fil (figure 3) a
été utilisée pour mesurer la conductivité thermique, cette sonde possède une plage de
mesure comprise entre 0,02 à 5 W.m-1.K-1.
Pour chaque couple d’éprouvette, dix mesures de conductivité thermique ont été
réalisées.

4.2. Mesure de la diffusivité thermique

La diffusivité thermique αcaractérise l’aptitude d’un matériau à transmettre la chaleur. α


est exprimée en m2.s-1.Une valeur élevée de la diffusivité implique une aptitude à des
changements de température rapides et importants.
Dans cette étude, la diffusivité thermique est mesurée par la technique de l’anneau
chaud. Une sonde anneau (figure 4) a été utilisée pour mesurer la conductivité thermique,
cette sonde possède une plage de mesure comprise entre 1.10-7 à 1.10-4 m2.s-1.Pour
chaque couple d’éprouvette, dix mesures de diffusivité thermique ont été réalisées.

Figure 3. Sonde fil Figure 4. Sonde anneau

5. Résultats expérimentaux

La conductivité thermique et la diffusivité thermique ont été déterminées pour le limon de


Plaisir naturel et traité à la kaolinite ou à la chaux compacté à différente teneur en eau,
différente masse volumique et différent dosage.

4
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5
192
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5.1. Influence des paramètres de mise en œuvre

Les valeurs de conductivité thermique et de diffusivité thermique du limon de plaisir


naturel sont présentées dans la figure 5. Pour des éprouvettes compactées à la masse
volumique sèche maximale et à la teneur en eau optimale, la conductivité thermique
moyenne est de 2,45 W.m-1.K-1et la diffusivité thermique moyenne est de 9,8.10-7 m2.s-1.
Pour un taux de compactage donné, la conductivité thermique moyenne augmente
quand la teneur en eau augmente, alors que la diffusivité reste stable.
Lorsque le taux de compactage des éprouvettes diminue à 95% de la masse volumique
sèche optimale, la conductivité thermique diminue alors que la diffusivité reste stable.

(a) (b)

Figure 5. Conductivité thermique (a) et diffusivité thermique (b) en fonction de la teneur


en eau du limon de Plaisir naturel

5.2. Influence d’un traitement à la kaolinite

Les valeurs de conductivité thermique et de diffusivité thermique du limon de plaisir


naturel et traité à 3% de kaolinite sont présentées dans la figure 6. Pour des éprouvettes
de limon traité à 3% de kaolinite et compactées à la masse volumique sèche maximale et
à la teneur en eau optimale, la conductivité thermique moyenne est de 2,77 W.m-1.K-1et la
diffusivité thermique moyenne est de 1,0.10-6 m2.s-1.
Le matériau traité à la kaolinite possède une conductivité thermique 13% plus forte par
rapport au matériau naturel. La diffusivité reste stable malgré l’ajout de kaolinite.

(a) (b)

Figure 6. Conductivité thermique (a) et diffusivité thermique (b) en fonction de la masse


volumique sèche du limon de Plaisir naturel et traité à 3% de kaolinite

6
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5.3. Influence du dosage en kaolinite

Les valeurs de conductivité thermique et de diffusivité thermique du limon de plaisir traité


à 1%, 3% et 5% de kaolinite sont présentées dans la figure 7. Pour des éprouvettes de
limon traité à 1% de kaolinite et compactées à la masse volumique sèche maximale et à la
teneur en eau optimale, la conductivité thermique moyenne est de 2,61 W.m -1.K-1et la
diffusivité thermique moyenne est de 1,0.10 -6 m2.s-1, pour le limon traité à 5% de kaolinite,
la conductivité thermique moyenne est de 2,83 W.m -1.K-1et la diffusivité thermique
moyenne est de 8,9.10-7 m2.s-1
L’augmentation du dosage de kaolinite améliore la conductivité thermique : pour le
limon traité à 1% de kaolinite de 6,5%, pour le limon traité à 3% de kaolinite de 13% et
pour le limon traité à 5% de kaolinite de 15,5% par rapport au matériau naturel. La
diffusivité reste stable malgré l’augmentation du dosage en kaolinite.

(a)
(b)

Figure 7. Conductivité thermique (a) et diffusivité thermique (b) en fonction de la masse


volumique sèche du limon de Plaisir traité à différents dosages de kaolinite

5.4. Influence d’un traitement à la chaux vive

Les valeurs de conductivité thermique et de diffusivité thermique du limon de plaisir


naturel et traité à 3% de chaux vive sont présentées dans la figure 8. Pour des
éprouvettes de limon traité à 3% de chaux vive et compactées à la masse volumique
sèche maximale et à la teneur en eau optimale, la conductivité thermique moyenne est de
2,21 W.m-1.K-1et la diffusivité thermique moyenne est de 8,7.10-7 m2.s-1.
Le limon traité à la chaux vivepossède une conductivité thermique 10% plus faible par
rapport au matériau naturel. La diffusivité reste stable malgré l’ajout de chaux vive.

7
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(a) (b)

Figure 8. Conductivité thermique (a) et diffusivité thermique (b) en fonction de la masse


volumique sèche du limon de Plaisir naturel et traité à 3% de chaux vive.

5.5. Influence du temps de cure

Les valeurs de conductivité thermique et de diffusivité thermique du limon de plaisir traité


à 3% de chaux vive pour différents temps de cure sont présentées dans la figure 9. Pour
un temps de cure de 14 jours, la conductivité thermique moyenne est de 2,18 W.m-1.K-1et
la diffusivité thermique moyenne est de 9,2.10-7 m2.s-1, pour un temps de cure de 28 jours,
la conductivité thermique moyenne est de 2,23 W.m-1.K-1et la diffusivité thermique
moyenne est de 8,8.10-7 m2.s-1
L’augmentation du temps de curene modifie pas la conductivité thermique et la
diffusivité thermique du matériau traité à la chaux vive.

(a) (b)

Figure 9. Conductivité thermique (a) et diffusivité thermique (b) en fonction de la masse


volumique sèche du limon de Plaisir traité à 3% de chaux vive pour différent temps de
cure.

6. Conclusions et Discussions

L’objectif de cette étude est de quantifier l’effet des paramètres de mise en œuvre et l’effet
de traitement sur les paramètres thermiques d’un sol compacté.
Pour une masse volumique donnée, la conductivité thermique du limon de Plaisir est
plus forte du côté humide et pour une même teneur en eau, la conductivité thermique du
limon de Plaisir est plus faible pour une masse volumique plus faible. Pour les teneurs en

8
195
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

eau et masses volumiques testées dans cette étude, la diffusivité thermique n’a pas varié
de façon significative.
L’ajout de kaolinite au limon de Plaisir augmente la masse volumique maximale du
mélange, cet ajout augmente également la conductivité thermique par contre la diffusivité
ne varie pas de façon significative. L’ajout de chaux vive au limon de Plaisir diminue la
masse volumique maximale du mélange, l’ajout de chaux vive diminue également la
conductivité thermique alors que la diffusivité thermique ne varie pas de façon
significative.
Le limon de Plaisir traité à la kaolinite et compacté du côté humide de l’optimum Proctor
a les meilleures capacités à stocker et à restituer de l’énergie thermique.

7. Références

Abu-Hamdeh, N. H. (2001). Measurement of the Thermal Conductivity of Sandy Loam and


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Research, 80(2), 209–216. doi:10.1006/jaer.2001.0730
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Géotechnique, 56(2), 81–122. doi:10.1680/geot.2006.56.2.81
Tang, A. M. (2005). Effet de la température sur le comportement des barrières de
confinement. Thèse doctorat, École des Ponts Paris Tech, Paris, p207.
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Ochsner T.E., Horton R. and Ren T.(2001). A new perpective on soil thermal properties.
Soil science society of America journal, vol. 65, pp1641–1647

9
196
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

PROJET RUFEX – DETERMINATION DES PROPRIETES


MECANIQUES DES MATERIAUX TRAITES PAR LA TECHNIQUE DU
DEEP SOIL MIXING

RUFEX PROJECT – DETERMINATION OF MECHANICAL PROPERTIES OF


TREATED SOILS WITH THE DEEP SOIL MIXNG TECHNIQUE

Alain Le Kouby 1, Antoine Guimond-Barrett2, Fabien Szymkiewicz 1, Philippe Reiffsteck 1,


1
IFSTTAR, 14-20 boulevard Newton, 77447 Champs-sur-Marne - Marne-la-Vallée cedex
2
SNCF, Paris, France, ancien doctorant à l’IFSTTAR

RÉSUMÉ – Cette communication présente l’étude qui a été effectuée sur les deux
matériaux naturels présents sur le site de Vernouillet. Des mélanges ont été effectués en
laboratoire et des prélèvements ont été effectués sur les colonnes de sol-ciment réalisées
sur site. Les propriétés mécaniques (E0, E50, qu) mesurées sur les échantillons mélangés
en laboratoire et sur site sont comparées et des corrélations sont proposées.

ABSTRACT – The paper presents a research study that has been achieved on two
natural soils that can be found in the Vernouillet site. Indeed, soil-cement mixes have been
carried out in the laboratory and soil cement columns were built. Comparisons between
mechanical properties (E0, E50, qu) measured on laboratory samples (and on site samples)
are shown and correlations are proposed.

1. Introduction

La tâche 3 du projet RUFEX (Renforcement et RéUtilisation des plateformes Ferroviaires


et des Fondations Existantes) s’est intéressée plus particulièrement à la caractérisation
mécanique du matériau en place mélangé à un liant hydraulique de type ciment.
En effet, le matériau obtenu diffère d’un béton et présente des dosages en liant (ciment)
très supérieurs à ceux habituellement utilisés pour le traitement des sols en masse.
Néanmoins, les moyens mis en œuvre pour la réalisation des massifs sont assez proches.
Un des enjeux de cette technique est la possibilité de prédire la déformabilité de
l’ouvrage final. A cet effet, différentes méthodes peuvent être employées pour déterminer
le module de déformation. Les méthodes basées sur les propagations d’onde comme le
Pund-it permettent d’accéder à des modules dynamiques en petit déformation.
En ce qui concerne les modules de déformation obtenus à partir d’essais de
compression simple menés à la rupture, le dispositif expérimental requis est décrit dans la
norme EN 13286-43 (2003). Les déformations longitudinales des éprouvettes sont
mesurées localement dans la partie centrale à l’aide de capteurs ou jauges de
déformation et au niveau global. Le module local est le plus représentatif de la réponse du
matériau.
Le module utilisé pour le dimensionnement d’ouvrages en soil mixing est le module
sécant E50 calculé à l’aide de la méthode proposée dans EUROSOILSTAB (1997).

2. Mesure des modules

2.1. Pund it test : mesure du module dynamique élastique

1
197
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Le « pund-it test » est un essai de mesure de la vitesse de propagation d’ondes à travers


une éprouvette (Figure 1). Il permet de déterminer un module dynamique élastique E 0.
Selon le diamètre de l’éprouvette à tester, on choisit la fréquence qui est de 54 kHz pour
les grandes éprouvettes et de 150 kHz pour les petites (diamètre d'environ 52 mm).
Ensuite, après avoir défini la hauteur de l’éprouvette, on positionne un couple émetteur
récepteur sur les deux faces et dans le sens longitudinal de l’éprouvette. Un produit
visqueux de type gel est appliqué pour faciliter la propagation entre le transmetteur et
l’éprouvette. L’appareil donne alors le temps (en µs) et la vitesse (en m/s) de l’onde.

Figure 1. Essai pund-it

Les paramètres mécaniques sont calculés de la manière suivante :

(1   )(1  2 ) 2
E0   Vp
(1   )
(Vplaque  temps )
G  ( )
hauteur.de.l ' éprouvette

2.2. Essais de résistances en compression: mesure du module statique E50 et de la


résistance à la compression simple qu

La mesure du module lors de l’essai de compression simple s’effectue par mesure globale
ou locale. De nombreuses études ont montrées la nécessité de réaliser l’essai par
mesures locales de façon préférentielle.
La résistance à la compression simple (NF EN 13286-41, 2003) (Figure 2) est déterminée
par la relation :
Rc = Fmax / S
avec Rc en Pa, Fmax en N et S (surface d'application de la force) en m2

Le module local E50 est calculé par la méthode présentée sur la Figure 3. Cette méthode
est utilisée pour le calcul du module global et du module local.

2
198
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Capteurs de
déplacement

Zone de
déformation
locale

Figure 2. Essai de compression et zone de calcul du E 50local

F (kN) max
Fma

x

 max
max /2 E50  2
qquu 
FFmax
max  max
  be
SS 2


d (mm) be  max
2  max
2

Figure 3. Calcul du module E50 par la méthode EUROSOILSTAB (2002)

3. Mesures effectuées sur des échantillons préparés en laboratoire

L’évolution du module statique E50, mesurée à différents temps de cure dans quatre sols
traités en laboratoire à différents dosages, est représentée en fonction de la résistance à
la compression qu dans la Figure 4. Dans le cas des sables (sable de Fontainebleau (FS)
et sable de Vernouillet (VSA)) les valeurs de qu sont comprises entre 0,1 et 9 MPa. Le
module statique E50 varie entre 0 et 15 GPa et semble présenter une relation linéaire avec
qu.

3
199
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

La résistance à la compression des échantillons de limon (Limon artificiel (AS) et le limon


de Vernouillet (VSI)) varie entre 0,1 et 15 MPa. Pour une même résistance, le module
statique E50 du limon est inférieur à celui du sable. Bien qu’une certaine dispersion soit
observée, une relation linéaire fournit une corrélation utile (Figure 4).
Dans le cas des limons : E50 = 720 qu
Dans le cas des sables E50 = 2055 qu avec E50 et qu en MPa.
Après 28 jours de cure, les échantillons de sol-ciment (CEM III et C/E = 0,3) ont des
résistances de l’ordre de 2 MPa et des modules statiques E 50 à peine plus élevées que 1
GPa

Les valeurs de E50 déterminées dans cette étude sont plus élevées que celles publiées
dans la littérature (EUROSOILSTAB, 2002). Ceci peut être expliqué par les différentes
méthodes utilisées pour mesurer les déformations longitudinales des échantillons pendant
le chargement. Les travaux expérimentaux ont permis d’analyser l’influence des mesures
de déformation (externe et locale) sur la rigidité des sols traités (Tan et al., 2002; Goto et
al., 1991; Shibuya et al., 1992). Les déformations à la rupture des échantillons de sol
traités dans le cas des essais de compression simple et essais triaxiaux sont de l’ordre de
1 à 5% pour une déformation mesurée de manière externe entre les plateaux (CDIT,
2002; Åhnberg et al., 2003; Åhnberg, 2006 (a) and (b)).
Les déformations à la rupture mesurées ici en utilisant un système de mesures locales sur
des échantillons traités en laboratoire sont 5 à 10 fois plus faibles avec des déformations
de l’ordre de 0,1 à 1,0 % soit moindres que celles mesurées entre les plateaux.

La détermination des modules à des valeurs de déformation plus faibles explique les
ratios E50/qu élevés (2055 pour les sables traités et 720 pour les limons traités).

Bien que la relation linéaire semble représenter de manière correcte la relation entre E50
et qu’il est intéressant de noter que les ratios E50/qu diminuent avec la résistance
suggérant une relation non linéaire entre les deux paramètres.

Figure 4. Relation entre le module statique local (E50) et la résistance à la compression


(qu) à partir d’essais en laboratoire

4
200
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Dans les cas du limon et du sable, le module dynamique E 0 augmente de manière non
linéaire avec la résistance à la compression qu (Figure 5). Les valeurs de E0 sont
comprises entre 1,4 et 20 GPa pour les sables et entre 2 et 12 GPa pour les limons. E 0
est proche de 3,5 GPa pour le ciment CEMIII après 28 jours. Etant donné que la
résistance à la compression du sable est pratiquement proportionnelle à la vitesse d’onde
de compression Vp 4 (Guimond-Barrett, 2013) et qu’il existe une relation entre E 0 et Vp, E0
montre une corrélation tout à fait intéressante avec la racine carrée de q u (Figure 5 ).
Dans le cas des limons, le module dynamique E0 est proportionnelle à qu 1/3 ( Figure 6).
Les modules dynamiques mesurés sur les échantillons de limon sont inférieurs à ceux
trouvés pour les échantillons de sable.

Figure 5. Relation entre le module E0 et la résistance à la compression à partir d’essais


en laboratoire

Figure 6. Relation entre le module statique local (E50) et le module dynamique (E0) à
partir d’essais en laboratoire

5
201
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4. Mesures effectuées sur des échantillons préparés sur le chantier expérimental de


Vernouillet

A Vernouillet, six colonnes tests ont été réalisées (X1, X2, X3, X4, X5 et X6) et deux
colonnes qui ont servi à des essais de chargement (C1 et C2). Les colonnes X4, X5 et X6
ont été excavées et carottées à 28 jours tandis que les cinq autres ont été prélevées à
180 jours.

La géologie est la suivante :


- entre 1 et 3m : Limon
- entre 3 et 5 m : sable

Dans le cas de la Figure 7 (a) qui représente l’évolution de la résistance à la compression


simple en fonction de la profondeur, les valeurs entre 0 et 3 m obtenues à Vernouillet sont
comparées aux valeurs moyennes obtenues en laboratoire sur le matériau limoneux
mélangé à des dosages similaires à ceux des trois colonnes prélevées respectivement à
28 et 180 jours. Entre 3 et 5m, les résultats sont comparés à ceux obtenues en laboratoire
sur des mélanges effectués sur le sable prélevé sur le site.

Sur le Figure 7, on observe une augmentation de la résistance entre la couche de limon et


la couche de sable traduisant les résistances plus élevées obtenues dans la couche de
sable. On peut noter le peu de mélanges au sein de la colonne.

Dans le cas du limon, les valeurs moyennes mesurées sont de l’ordre de 3 MPa à 28 jours
et de 5,25 MPa à 180 jours. On note une dispersion importante due à l’hétérogénéité du
sol initial, les variations de distribution et de dosage en ciment, les variations des
paramètres machines et la présence d’inclusions de sol toujours plus importantes dans les
sols fins par rapport aux sols granulaires.

Dans le sable, les valeurs de résistance sont plus élevées et la dispersion est également
importante en raison de l’hétérogénéité de la couche de sable qui contient des lentilles de
graviers qui constituent des zones de fortes résistances.

Les résistances obtenues sur site sont inférieures à celles obtenues en laboratoire dans le
cas des limons et du sable jusqu’à 4 m de profondeur. A cinq mètres de profondeur, en
revanche, les valeurs obtenues sont supérieures à celles obtenues en laboratoire (Figure
7).

Malgré une certaine dispersion, la relation entre les modules statiques et dynamiques,
dans le cas des échantillons prélevés sur site, est assez proche de celle établie à partir
des essais en laboratoire pour des valeurs de E 0 plus petites que 10 GPa (Figure). Au-
delà de 15 GPa, la relation établie pour les sables semble constituer, pour les échantillons
prélevés sur site, une corrélation adéquate.

6
202
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 7 (a) Evolution de la résistance à la compression en fonction de la profondeur pour


les colonnes prélevées à 28 jours, (b) Relation entre le module statique (E 50) et le module
dynamique (E0)

7. Conclusions et perspectives

Le renforcement des sols par colonne ou écran réalisés avec la technique du Soil Mixing
présente de nombreux avantages tels que la rapidité d’exécution et la possibilité de régler
le dosage en ciment en fonction du type de matériau. Les mesures de modules locaux
sont les plus proches des modules à utiliser pour tout type de modélisation des ouvrages.
Les méthodes utilisées pour mesurer les modules sont proposées dans les deux guides
issus du projet RUFEX ; Projet RUFEX (a) et (b). Néanmoins, l’hétérogénéité du matériau
obtenue après mélange constitue un domaine qui nécessite encore des travaux
expérimentaux avant de valider la méthode.

8. Références bibliographiques

AFNOR. (2003). NF EN 13286-41: Mélanges traités et mélanges non traités aux liants
hydrauliques - Partie 41 : méthode d'essai pour la détermination de la résistance à la
compression des mélanges traités aux liants hydrauliques.
Åhnberg, H. (2006a). On yield stresses and the influence of curing stresses on stress
paths and strength measured in triaxial testing of stabilised soils. Canadian
Geotechnical Journal, 44, 54-66.
Åhnberg, H. (2006b). Consolidation stress effects on the strength of stabilised Swedish
soils. Proceedings of the ICE - Ground Improvement, 10(1), 1-13.

7
203
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Åhnberg, H., Johansson, S.E., Pihl, H. and Carlsson, T. (2003). Stabilising effects of
different binders in some Swedish soils. Proceedings of the ICE - Ground Improvement,
7(1), 9-23.
CCTP. (2012). Mise en œuvre de mélanges en place pour le renforcement des zones de
recouvrement du val d’Orléans
CDIT 2002. The Deep Mixing Method. Journal Coastal Development Institute of
Technology (CDIT), Balkema Publishers. 100 pages.
European-Standard 2005. Execution of special geotechnical works - Deep Mixing.
European Committee for Standardization (CEN) Brussels. Standard. NF EN 14679
EUROSOILSTAB 2000. Development of design and construction methods to stabilise soft
organic soils. Design guide soft soil stabilisation. European project BE 96-3177. Report
CT97-0351.
Goto, S., Tatsuoka, F., Shibuya, S., Kim, Y.S. and Sato, T. (1991). A simple gauge for
local small strain measurements in the laboratory. Soils and Foundations, 31(1), 169-
180.
GUIMOND-BARRETT, A. (2013). Influence of mixing and curing conditions on the
characteristics and durability of soils stabilised by deep mixing. Thèse de doctorat
Université Paris Est.
Projet RUFEX. (a). (2014). Rapports projet FUI Rufex : Deep Soil Mixing - Guide pour le
traitement des sols, 19 pages.
Projet RUFEX. (b). (2014). Rapports projet FUI Rufex : Deep Soil Mixing -
Recommandations pour l’étude de formulation du mélange, 17 pages.
Shibuya, S., Tatsuoka, F., Teachavorasinskun, S., Kong, X.J., Abe, F., Kim, Y-S. and
Park, C-S. (1992). Elastic deformation properties of geomaterials. Soils and
Foundations, 32(3), 26-46.
Tan, T. S., Goh, T. L., and Yong, K. Y. (2002). Properties of Singapore marine clays
improved by cement mixing. Geotechnical Testing Journal, 25(4), 422–433.

8
204
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

APPROCHE MULTI-ECHELLE DU TRAITEMENT DES ARGILES


PAR LA METHODE DU DEEP SOIL MIXING.

MULTI-SCALE APPROACH OF CLAY SOIL TREATMENT BY THE DEEP


MIXING METHOD

Alain LE KOUBY 1, Myriam DUC 1, Joali MARINO-PAREDES 2, Sonia FANELLI1


1
IFSTTAR, 14-20 boulevard Newton, 77447 Champs-sur-Marne - Marne-la-Vallée cedex
2
Université def Perugia. Piazza dell’Università, Italie.

RÉSUMÉ – Les propriétés des argiles mélangées avec du ciment par la technique du
deep soil-mixing est au cœur de cette étude. Cinq argiles ont été testées dont 2 argiles
kaolinitiques, 2 argiles illitiques et 1 argile montmorillonitique. Le sable de Fontainebleau
mélangé au ciment est utilisé comme référence. Après l’identification géotechnique des
matériaux étudiés, les résultats des tests de compression simple après un temps de cure
est mis en regard des caractéristiques physico-chimiques et microstructurales
(minéralogie, analyses thermiques et porosité) des matériaux pour expliquer la variation
des propriétés mécaniques observée. Enfin, les résultats obtenus sont utilisés pour mieux
comprendre le comportement de deux sols naturels traités par la technique du deep soil-
mixing.

ABSTRACT – This study focuses on the properties of clay materials treated with cement
(Deep Mixing Method). Five different types of clays were implemented (2 kaolinitic, 2 illitic
and 1 montmorillonitic materials). In addition the siliceous Fontainebleau Sand was tested
as a reference. After the geotechnical identification of materials, the results of unconfined
compression tests after 28 days curing time were confronted to the physico-chemical and
microstructural characteristics of materials (mineralogy, porosity and thermal analyzes) in
order to explain the variations of the mechanical properties. Finally, the results obtained
were used to better understand the behaviour of two natural soils treated with the
technique of deep soil-mixing.

1. Introduction
Le Soil-Mixing est une méthode innovante qui consiste à utiliser le sol déjà en place sur le
site d’un chantier pour réaliser des ouvrages géotechniques par le biais d’un mélange
mécanique avec un liant, ici du ciment. Ses aspects économiques et écologiques ont
rendu cette méthode attrayante. Toutefois avec l’augmentation de la demande, de
nouvelles exigences concernant le matériau ont été formulées. Force est de constater que
la présence d’argiles (et notamment d’argiles gonflantes) entraine une perte de
performance mécanique. Le rôle des argiles comme perturbateur de prise du ciment est
depuis longtemps connue dans le domaine des bétons. Leroux et Unikowski (1980) puis
Unikowski (1982) notaient un effet d’écrantage des granulats par l’argile (d’où une
mauvaise liaison entre le ciment et le granulat), une compétition pour l’eau entre le ciment
qui s’hydrate et les argiles gonflantes au fort pouvoir de succion, des réactions
pouzzolaniques potentiellement bénéfiques associées aux argiles lors de la prise du
ciment et une action des argiles sur la compacité. Depuis, peu d’étude traite finalement
des problèmes d’argilosité des granulats (les granulats étant lavés et fillérisés) ou des sols
argileux mélangés avec du ciment. L’étude des problèmes liés aux argiles dans les sols a
cependant connu un intérêt grandissant ces dernières années dans le domaine des

1
205
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

terrassements mais les conclusions et observations sur des sols traités à 2% de chaux ou
5% de liants hydrauliques ne sont pas toujours directement transposables à un matériau
contenant 10-20% de ciment (mis en place sans compactage). Pour mieux comprendre le
comportement des sols argileux comme les deux sols naturels traitée par la méthode du
soil mixing (traités notés S et MV dans cette étude), des mélanges d’argiles dont la
minéralogie montrent qu’elles sont composées en majorité d’une phase argileuse pure ont
été réalisées en laboratoire. Les propriétés géotechniques des argiles ont été déterminées
ce qui a permis de classer les différents matériaux puis une caractérisation mécanique a
été réalisée (essais de compression simple Rc). Une caractérisation à l’échelle
microstructurale des échantillons après 28 jours de cure (minéralogie par diffraction de
rayons X, par analyses thermiques et par porosimétrie par intrusion de mercure) permet
de comparer les matériaux et de mieux comprendre les différences d’avancement de la
prise hydraulique des mélanges.

2. Matériaux étudiés et programme expérimental


2.1. Origine et propriétés des matériaux argileux testés

Plusieurs matériaux argileux ont été sélectionnés pour simuler des sols argileux et
montrer l’influence de la nature minéralogique du sol sur le matériau Soil-Mixing. Nous
avons sélectionné la Kaolinite Armoricaine de type Sialite (Société Kaolinière
Armoricaine), la Kaolinite de Provins (IMERYS, Poigny, France), l’illite Arvel (argile verte,
Société Argile du Velay) ; l’illite du Puy (cette argile provient d’une carrière dans le Massif
Central), la montmorillonite Arvel (argile en provenance de Turquie, société Argile du
Velay). Enfin, le sable de Fontainebleau NE34 (Sifraco) a été sélectionné pour réaliser un
mélange de référence et deux sols notés S et MV ont également été testés. Le Tableau 1
recense les propriétés géotechniques des différents matériaux étudiés. Il s’agit
principalement d’argiles selon la classification basée sur la granulométrie.

Tableau 1. Propriétés géotechniques des différents matériaux utilisés (Paredes, 2014)

Densité dmax % *** % *** VBS * GTR **** wL % wP % IP %**


3
Echantillon (kg/m ) (mm) < 80µm < 2 µm (g/100g) Class.
Sable NE34 1648 0,6 0 0 -- -- -- -- --
Kaol. Armor 1200 0,022 100 83,7 0,84 A1 55,31 42,50 12,8
Illite Puy 1200 0,4 96 57,4 -- -- 50,18 34,90 15,3
sol S 1600 5 62 // 2,41 A2 31,47 15,10 16,4
sol MV 1600 5 48 // 1,26 A1* / A2 ** 32,60 13,90 18,7
Illite Arvel 1200 -- -- 75 5,4 A2 56,71 30,62 26,1
Kaol. Provins 1200 0,08 100 91 6,67 A3 89,01 30,39 58,6
Montm. Arvel 1200 0,08 100 52 28 A4 118,11 44,76 73,3
*VBS Valeur au bleu de méthylène ** IP Indice de plasticité calculé à partir des limites
d’Atterberg (wL et wP).*** fraction granulaire obtenue par tamisage à sec et par
sédimentométrie.**** GTR : guide des Terrassements Routier.

2.3. Liant

Le liant utilisé pour les mélanges est un ciment au laitier fabriqué par Calcia (usine de
Rombas) contenant 85% de laitier de haut fourneau et 15% de clinker (Classification
européenne : CEM III/C 32.5 N CE PM-ES NF « HRC »). Il est assez lent de prise (4
heures de prise après hydratation).

2
206
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2.4. La réalisation des mélanges

La procédure est celle proposée par Guimond Barrett (2013). Le matériau est séché au
préalable. La quantité de matériau pour réaliser une série d’éprouvettes est disposée dans
un malaxeur à pale (Figure 1). Le ciment est ensuite ajouté sous forme de poudre (à sec)
dans la proportion souhaitée, puis l’eau est introduite. Le malaxeur tourne ensuite pendant
10 min. Un couvercle empêche les projections tout en protégeant l’opérateur des lames,
cependant une ouverture dans ce couvercle permet à l’opérateur d’améliorer la qualité du
mélange en remuant la préparation avec une spatule. Le mélange est ensuite moulé dans
des tubes cylindriques en plastique (h= 110 mm, d = 52 mm). Ils sont remplis en trois fois
avec battage manuel afin d’éliminer les bulles d’air Les éprouvettes sont ensuite
conservées dans une double enveloppe hermétique (un papier imbibé d’eau est introduit
entre les deux sachets plastiques afin de garantir une conservation sans perte d’eau).

(a) (b) (c) (d)

Figure 1 Procédure de mélange : (a) mélange du sol avec le ciment, (b) pendant la
réalisation du mélange, (c) conditions de cure et (d) dispositif d’essai mécanique (Rc)( NF
EN 13286-41)

On a réalisé des mélanges sur les matériaux argileux et les autres sols testés à différents
dosages de ciment (Tableau 2 et Tableau 3). La teneur en eau est ajustée en fonction de
la nature du sol et de la quantité de ciment. La masse d’eau ajoutée correspond à m eau =
wL x (masse de sol sec + masse de ciment ajoutée au mélange). Les temps de cure
testées pour les essais macroscopiques sont de 7, 14, 28, 56, 90 alors que le temps de
cure de 28 jours a été choisi pour étudier les propriétés physico-chimiques.

Tableau 2 Désignation des mélanges réalisés au laboratoire

Sols C (kg/m3) w% Référence


Sable de Fontainebleau (NE34) 210 19 FSC210W19
Kaol. Armor. 210 70 KaoAC210W70
Sol S 210 34 VO-S-C210W34
Sol MV 210 34 VO-MV-C210W34

Sols C (kg/m3) w% Référence


Kaolinite Armor. 140 70 KaoAC140W70
Illite Puy 140 70 IPuyC140W70
Illite Arvel 140 80 IArvC140W80
Kaol. Provins 140 100 KaoPC140W100

3
207
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Montm. Arvel 140 130 MontAC140W130


2.4. Démarche expérimentale

La résistance à la compression simple Rc (Figure 1 (d)) est évaluée dans le but de


caractériser la performance mécanique du matériau sol – ciment (E50global et E50 local est
également évaluée).
Du point de vue microstructural, les matériaux soil mixing sont lyophilisés (après tempe
dans l’azote liquide) après l’essai de compression simple. Réduit en poudre à 80 µm, la
minéralogie a été étudiée par diffraction de rayons X (avec un D8 advance, Bruker, anode
cobalt) puis comparée au matériau initial avant mélange. Des analyses thermiques
(ATD/TG – analyseur de chez Netzsch) ont également été réalisées et la microstructure
des échantillons a été testée par porosimétrie par intrusion de mercure (MIP –
porosimètre de type Autopore IV, Micromeritics).

3. Résultats expérimentaux
3.1. Résultats mécaniques

Les résultats sur la Figure 3 montrent que la résistance à la compression augmente avec
la durée de cure pour l’ensemble des échantillons comme on peut s’y attendre avec un
liant hydraulique. La valeur de résistance à 28 jours (souvent prise comme référence dans
le domaine des bétons) n’est toutefois pas la valeur ultime dans la majorité des cas. Pour
certaines courbes la résistance a même doublé voire plus entre 28 et 90 jours (soit +105%
pour IArvC140W80). La résistance à 28 jours est donc loin d’être la valeur finale atteinte
en termes de performance. Par contre, il semblerait qu’au-delà de 90 jours la croissance
de la résistance soit nettement plus faible.

Figure 3 Résistance à la compression (a) dosage à 140 kg/m3 (b) dosage à 210 kg/m3 en
fonction du temps pour les matériaux soil mixing à base d’argile.

Concernant les résistances à la compression Rc, la montmorillonite semble donner la plus


faible comme on peut s’y attendre étant donné son fort pouvoir gonflant (la montmorillonite
entre en compétition avec le ciment anhydre vis-à-vis de l’eau disponible). La Kaolinite de
Provins semble mieux répondre au traitement des sols même si son indice de plasticité
(IP=58,6) se rapproche de celui d’une montmorillonite. La phase principale qui compose
ce matériau est pourtant une kaolinite mise en évidence par diffraction de rayons X
(Tableau 3). Les illites (Arvel et du Puy) donnent les meilleures réponses après traitement
en termes de résistance mécanique. Une tendance semble apparaitre globalement avec

4
208
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

une Rc qui diminue lorsque l’IP augmente. Une incohérence apparaît cependant avec la
Kaolinite Armoricaine qui semble être proche de la réponse de la montmorillonite au
traitement alors que son indice de plasticité est proche de celui de l’Illite du Puy. Notez
cependant sa limite de plasticité proche de celle de la Montmorillonite. L’indice de
plasticité n’est donc pas un indicateur absolu pour prédire la prise du matériau de même
que la minéralogie des sols comme le montre le comportement atypique des deux
kaolinites testées. Des essais avec une teneur en ciment plus importante, soit 210 kg/m 3
(environ 8% en masse) montrent que les résistances à la compression R c augmentent. On
vérifie bien ainsi l’effet du dosage en ciment (y compris dans le cas de la Kaolinite
armoricaine). Dans ce cas, la microstructure va s’en doute jouer un rôle majeur, en
passant d’un sol traité au ciment à un béton de sol (du sol dans une matrice cimentaire ou
bien du ciment dans entre les particules de sol). De manière similaire, on estime que de
l’argile dans un sol granulaire commence à gouverner le comportement du mélange à
partir de 30% d’argile. Enfin, pour vérifier si nos résultats obtenus sur des argiles presque
pures sont transposables sur les sols, nous avons caractérisé observé le comportement
des sols S et MV composés majoritairement de quartz et d’illite. Les mélanges à 210
kg/m3 présentent des Rc après 90 jours de cure qui atteignent celle du sable de
Fontainebleau (Figure 3). La présence du quartz ‘dilue’ l’effet pathogène des illites
compensé également par le taux de ciment important dans le mélange.

Tableau 3. Composition minéralogique des matériaux testés (les croix donnent une
estimation de la quantité des principales phases qui composent les matériaux)
Échantillons Quartz Kaolinite Illite Montm. Feldspaths Calcite
Sable F xxxxx
Kaol. Armor. xx xxxxx x
Illite Puy x x xx x xxx
Sol S xxxx xx x
Sol MV xxxx xx x
Illite Arvel xx x xxxx xxx
Kaol. Provins xx xxx
Montm. Arvel x présence présence xxxx présence

3.2. Analyse physico-chimique

Nous avons cherché à l’échelle microstructurale des explications aux comportements


observés lors des essais de compression. La tenue mécanique est associée au
développement des CSH entre les grains de ciment. Ils se manifestent sous la forme d’un
gel et possèdent une composition variable du type (CaO) x(SiO4)y(H2O)z avec 0.6<x/y<2 et
1< z <4. Les analyses minéralogiques confirment l’absence de nouvelles formes
cristallines après 28 jours de cure pour chacun des matériaux (aucune trace des phases
du ciment anhydre n’est également observée). Les diffractogrammes associés au
matériau argileux initial et au matériau soil mixing associé sont quasiment les mêmes
(une légère évolution des hauteurs de pic associées à une phase peut s’interpréter par
une dissolution de cette phase en milieu fortement alcalin ce qui doit contribuer aux
réactions pouzzolaniques dans le matériau soil mixing ou bien dans le cas des argiles à
une évolution du degré d’orientation préférentielle des particules lors de la préparation des
échantillons). Aucune phase cimentaire cristalline n’est détectée après 28 jours (y compris
dans le cas de FSC210W19). Dans le cas de la kaolinite de Provins, un pic pouvant être
associé à de la tobermorite (CSH cristallisé) ou bien de la calcite est potentiellement
identifié mais cela reste à confirmer. Pour confirmer l’hypothèse que la quantité de CSH
formé permet d’expliquer les différences de Rc, des analyses thermiques (ATD/TG) ont

5
209
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

été réalisées sur les échantillons après 28 jours de prise. La présence de CSH est
généralement identifiée grâce à la perte de masse de l’échantillon entre 25 et 130-150°C
(voir plus 200-230°C) (les échantillons ont été au préalable lyophilisés). Force est de
constater que là encore les courbes thermogravimétrique (TG) caractéristiques des
matériaux soil mixing sont très proches des courbes TG du matériau argileux servant à
KaoP_C140_W100_28j
réaliser le mélange excepté pour l’échantillon FSC210W19 où une perte de masse entre
400

25 et 150°C de l’ordre 1% est observée en présence de ciment alors que la perte de


masse est proche de 0 pour le sable de Fontainebleau pur (voir Tableau 4).
Lin (Counts)
300

7000 200
Calcite or tobermorite zoom

d=3,34349
d=2,93783
d=3,05973
Q
6000 100
Intensity (counts)

5000
0

32.3 33 34 35 36 37 38 39

2-Theta - Scale
KaoP_C140_W100_28j - File: KaoP_C140_W100_28j.raw - Type: Locked Coupled - Start: 3.000 ° - End: 69.961 ° - Step: 0.050 ° - Step time: 154. s - Temp.: 25 °C (Room) - Time Started: 16 s - 2-Theta: 3.000 ° - Theta: 1.500 ° - P
Operations: Smooth 0.201 | Background 1.000,1.000 | Import
T-KProv_pure - File: KProv_pure.raw - Type: Locked Coupled - Start: 3.000 ° - End: 69.961 ° - Step: 0.050 ° - Step time: 154. s - Temp.: 25 °C (Room) - Time Started: 17 s - 2-Theta: 3.000 ° - Theta: 1.500 ° - Phi: 0.00 ° - Display pla
4000 Operations: Smooth 0.201 | Background 1.000,1.000 | Import

K
00-006-0010 (D) - Tobermorite, syn - (CaO)x·SiO2·zH2O - Y: 1.15 % - d x by: 1. - WL: 1.78897 - Orthorhombic - a 11.20000 - b 7.30000 - c 25.00000 - alpha 90.000 - beta 90.000 - gamma 90.000 - 2044.00 - F12= 0(0.0670,838)
01-086-2342 (A) - Calcium Carbonate - Ca(CO3) - Y: 1.10 % - d x by: 1. - WL: 1.78897 - Rhombo.H.axes - a 4.97800 - b 4.97800 - c 17.46200 - alpha 90.000 - beta 90.000 - gamma 120.000 - Primitive - R-3c (167) - 6 - 374.744 - I/I

K
d=7,23070

d=4,46462 Q
3000 d=4,26008
K K

d=3,57727
K
K
2000
d=4,16927

d=2,34024
A

d=2,56214

d=2,50251
1000 Q Q

d=2,93376
d=3,06394 Q
0

5 10 20 30 40 50

2 Theta °
Figure 4. Diffraction de rayons X sur la kaolinite de Provins et sur l’échantillon
KaoPC140W100 après 28 jours de cure. K : kaolinite, Q : quartz, A : anatase.
Les analyses thermiques entre 25 et 150°C ne sont globalement pas suffisamment
précises pour dissocier l’eau contenue dans les argiles et l’eau des CSH en cours de
formation, toutes deux étant libérées lors du chauffage jusqu’à 150°C. En l’absence
d’argile, la compétition pour l’eau entre les argiles et le ciment anhydre n’a pas lieu (noter
cependant que les teneurs en eau utilisées pour réaliser les mélanges sont en principe
adaptées pour permettre l’hydratation à la fois des argiles et du ciment). Plus globalement,
les analyses montrent une perte de masse entre 25-1200°C (PF) supérieure en présence
de ciment (sauf en présence d’illite Arvel).

Tableau 4. Analyses thermiques et microstructurales des matériaux testés


Identifications Présence Perte de Perte de
Vtot Rc
géotechniques ** n* d* de pores masse masse
Echantillons pores* (kPa)
(%) (g/mL) 3-100 25-150°C 25-1200°C
LL % PL % PI % (mL/g) 28jours
nm *** ***
FS C210 W19 -- -- 0,20 32,9 2,51 ++ 1 (0.01) 3.51 (0.45) 3246
VO-S C210 W34 31,5 15,1 16,4 0,31 39,4 2,08 ++ 1.6 6.83 2069
VO-MV C210 W34 32,6 13,9 18,7 0,32 21,3 -- ++ 1.4 6.83 1865
KaoA C210 W70 55,3 42, 12.8 0,65 58,42 2,16 non 1.05 (0.5) 13.43 (11.82) 560

Ipuy C140 W70 50,2 34,9 15,3 0,49 54,1 2,40 +++ 4.1 (3.9) 17.76 (15.78) 1089
Iarv C140 W80 56,7 30,6 26,1 0,75 64,7 2,45 ++ 2.7 (3.1) 13.3 (16.37) 570
KaoP C140 W100 89 30,4 58,6 0,93 67,2 2,21 + 2.4 (2.92) 17.01 (15.36) 380
MontA C140 W130 118,1 44,8 73,3 1,08 67,5 1,93 Non 7.5 (7.5) 21.26 (20.9) 164

6
210
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

KaoA C140 W70 55,3 42,5** 12,8 0,78 65,7 2,45 Non 0.9 (0.5) 12.85 (11.82) 147 **
*PIM à 28 jours, **matériaux avant mélange, *** entre parenthèse : la valeur obtenue par analyse
thermique sur le matériau sans ajout de ciment, n = porosité, d = densité apparente calculée à partir de la
porosimétrie par intrusion de mercure.

La différence de PF peut également être associée à la présence des hydrates mais cette
différence n’est pas directement corrélable avec l’évolution des Rc.
Finalement les mesures de porosimétrie par intrusion de mercure (Figure 5) se sont
révélées intéressantes comme méthode indirecte pour détecter la présence de CSH
caractérisés par une nanoporosité (observation des pores entre 3 et 100 nm (mais il faut
noter que la porosité interfeuillet des argiles est également présente dans cette gamme de
pores).

0,2 2
KaoAC210W70-7j
FS C210 W19 7j

Intrusion différentielle dV/dlogD


KaoAC210W70-28j
Intrusion différentielle dV/dlogD

FS C210 W19 28j


1,5 KaoAC140W70-7j
0,15
KaoaC140W70-28j

(mL/nm/g)
(mL/nm/g)

0,1 1

0,05 0,5

0 0
100000 10000 1000 100 10 1 100000 10000 1000 100 10 1
taille de pores (nm) taille de pores (nm)

0,6 IPuyC140W70-28j
Intrusion différentielle dV/dlogD

0,5 VO-MVC210W34-28j
VO-SC210W34-28j
0,4
FSC210W19-28j
(mL/nm/g)

0,3

0,2

0,1

0
100000 10000 1000 100 10 1
pore size (nm)

2
KaoAC140W70-28j
Intrusion différentielle dV/dlogD

MontAC140W130-28j
1,5 IArvC140W80-28j
IPuyC140W70-28j
(mL/nm/g)

1 KaoPC140W10028j

0,5

0
100000 10000 1000 100 10 1
pore size (nm)

Figure 5. Courbes de porosimétrie par intrusion de mercure sur les différents matériaux
testés après mélange avec le ciment.

7
211
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

L’évolution avec le temps de cette nanoporosité pour le sable de Fontainebleau tout


comme pour les sols S et MV (composé majoritairement de quartz) est par contre
attribuée au développement des CSH. Leur présence est quasi-systématique dans les
mélanges qui présentent une prise effective (Rc au bout de 28 jours) alors que ces pores
sont absents de la kaolinite armoricaine ou de la montmorillonite mélangés au ciment
après 28 jours de cure. Une observation pour de très longues périodes de cure devrait
permettre d’étayer cette hypothèse.
Enfin, si l’adsorption d’eau par les argiles entre en compétition avec le ciment lors de son
hydratation, l’argile qui peut se dissoudre en milieu alcalin agit également comme un
écran autour des particules cimentaires ralentissant probablement les mécanismes
d’adsorption, d’hydrolyse, de dissolution ainsi que la diffusion des ions et enfin la
cristallisation des phases de type CSH. Cela doit expliquer la cinétique lente observé lors
de l’évolution des Rc (la prise n’étant pas stabilisée même après 90 jours voire elle ne
s’effectue pas pour des teneurs en ciments plus faible de l’ordre de 70 kg/m3. L’écrantage
est sans doute également physique, empêchant le gel de CSH de coller les particules de
ciment hydraté et les grains « inertes » comme le quartz du sol entre eux.

4. Conclusions et perspectives
L’approche mico-macro appliquée dans cette étude est une voie d’amélioration de la
compréhension du matériau soil mixing. En particulier, cette étude a confirmé que la
présence d’argile dans les sols est néfaste pour la prise hydraulique correcte du ciment.
Plus l’argile est sensible (VBS grande), plus les performances mécaniques en termes de
compression simple après 28 jours de cure sont faibles. Cependant les résultats sur la
kaolinite armoricaine ont montré que la minéralogie seule n’explique pas tout et que
d’autres paramètres à identifier impactent également la prise. Enfin, si la diffraction de
rayons X ou les analyses thermiques ne semblent pas pertinentes pour mettre en
évidence une évolution au cours du temps sur le matériau soil mixing, la porosimétrie
mercure semble permettre de révéler une évolution des CSH via leur porosité.

5. Références bibliographiques
AFNOR (2003). Mélanges traités et mélanges non traités aux liants hydrauliques – Partie
41 : méthode d’essai pour la détermination de la résistance à la compression des
mélanges traités aux liants hydrauliques. NF EN 13286-41. Association Française de
Normalisation.
Guimond-Barrett, A., A. Pantet, P. Reiffsteck, F. Szymkiewicz & J.-F. Mosser (2011)
Influence des conditions de mélange et de cure sur les caractéristiques de sols traités
au ciment par soil mixing. XXIXe Rencontres Universitaires de Génie Civil AUGC 2011,
Tlemcen, Algérie, 29-31 Mai 2011.
Paredes Mariño, J. (2014) Sustainability and implementation of the Soil-Mixing material.
Master Thesis, 73p.
Leroux A. Unikowski, Z. (1980) Mise en évidence de l'influence des fines argileuses dans
les granulats à béton, Bull. Liaisons des lab. Ponts et Chaussées, 110, 101-110.
Unikowski, Z. (1982). Influence des argiles sur les propriétés des mortiers de
ciment.Rapports de recherche des Laboratoires des Ponts et Chaussées.

8
212
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

ARGILE DES FLANDRES : INFLUENCE DU MODE D’INSTALLATION


SUR LA REPONSE DES PIEUX

FLANDERS CLAY : INFLUENCE OF INSTALLATION METHOD ON PILE


RESPONSE

Alain LE KOUBY 1 , Frédéric ROCHER-LACOSTE 2


1
Paris-Est University, GERS-SRO, IFSTTAR, F-77447 Marne-la-Vallée, France
2
DRIEA IF/DiRIF/SIMEER/DIET

RÉSUMÉ – Durant les vingt dernières années, les argiles surconsolidées des Flandres
dans le nord de la France ont été le lieu de plusieurs campagnes d’essai de chargement
de pieux. On peut notamment citer les campagnes d’essais effectuées dans le cadre des
projets de recherche tels que les projets nationaux Vibrofoncage et SOLCYP
(SOLlicitations Cycliques sur les Pieux). Différents modes d’installation de pieux ont été
testés : les pieux refoulants tels que les pieux aciers battus ouverts et fermés, béton
préfabriqués battus, acier vibrofoncés, vissés ainsi que les pieux non refoulant (forés).
Des essais de compression et de traction ont été réalisés.

ABSTRACT – During the last twenty years, the Flander overconsolidated clays in the
North of France were the place of several pile load tests campaigns. French national
research projects such as Vibrodriving and SOLCYP can be mentioned. Different
installation methods have been tested: displacement piles such as open and close ended
steel piles, steel Vibrodriven pile, screw pile and non-displacement piles (bored).
Compression and tension tests were carried out.

1. Introduction

L’argile surconsolidée de Merville a été l’objet de deux campagnes d’essais de pieux


dans le cadre des projets de recherche Vibrofoncage et SOLCYP. A ce titre, différents
types de pieux ont été testés ; des pieux battus ouverts et fermés, des pieux vibrofoncés,
des pieux vissés ainsi que des pieux forés. Les chargements sont de type traction et
compression. Une base de données assez exhaustive est donc disponible sur la réponse
des pieux dans ce type de matériaux.
Les sites expérimentaux se situent autour de la commune de Merville (59) dans le Nord
de la France. Ils se caractérisent par une couverture de limons sableux à argileux de 3 à
5m d'épaisseur dans lequel fluctue la nappe phréatique (-2m à – 3m environ lors des
essais) sous laquelle on rencontre la formation d'argile des Flandres, particulièrement
homogène sur toute la zone, et d'une épaisseur de 40m environ.
L'argile des Flandres, géologiquement comparable à l'argile de Londres et à l'argile de
Boom, s’est déposée il y a 50 millions d’années (Eocène) dans un golfe marin qui couvrait
toute la zone Nord de la France, de la Belgique et du Sud Est de l’Angleterre. Elle a été
recouverte par des formations tertiaires dont la sédimentation s’est poursuivie jusqu’au
Pleistocène supérieur. Le niveau du sol se situait alors probablement à 200m au-dessus
du niveau actuel. Les formations sus-jacentes se sont érodées. Le processus d’érosion a
été suivi au Quaternaire par le dépôt d’alluvions du Flandrien (Benzaria et al., 2013).
L’argile des Flandres a donc été soumise à des cycles de chargement/déchargement et à

1
213
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

des processus périglaciaires qui associés à des phénomènes de cimentation chimique et


de vieillissement ont fortement conditionné son degré de surconsolidation (OCR) apparent
(Josseaume, 1998)
L’argile des Flandres présente des caractéristiques voisines de celles des argiles de
Londres et de Boom (Borel et Reiffsteck, 2006) : faible teneur en eau (de l’ordre de 30%),
forte plasticité (IP voisin de 50) et forte fissuration notamment au-delà de 5m de
profondeur.
Des essais in situ de type CPT (Cone penetration test ou pénétromètre statique)
(Figure 1) et pressiomètre Menard (Figure 2) ont été effectués.
En ce qui concerne les profils de résistance de pointe qc (CPT), on note une compacité un
peu plus élevée dans la zone d’essai du projet Vibrofoncage. En revanche, les valeurs de
pression limite obtenues sur les deux sites sont du même ordre de grandeur.

(a) (b)

Figure 1. Essais CPT .(a) Vibrofoncage, (b) SOLCYP

(a) (b)

Figure 2. Essais au pressiomètre .(a) Vibrofoncage, (b) SOLCYP

2
214
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2. Programme d’essai, objectifs et instrumentation

2.1. Programme d’essai et objectifs

Le descriptif des pieux est présenté dans le tableau 1.

Dans le cadre du projet Vibrofoncage, seulement deux pieux ont été retenus pour ce
papier. Les profils de résistance (qc et pl* sur les Figures 1 et 2 (a) et (b)) sont équivalents
sur les deux projets. Les deux pieux (tube ouvert) du projet Vibrofoncage ont un diamètre
de 508 mm et une longueur de 9,3 m pieux. Les quatre pieux battus SOLCYP
présentaient un chemisage de 4 m (Figure 4) et une fiche de 9 m dans l’argile des
Flandres.

Pour le projet SOLCYP, quatre pieux battus fermés de diamètre 406 mm ont été
installés (B1, B2, B3 et B4). De même, deux pieux forés et deux pieux vissés de diamètre
420 mm ont été sollicités sous chargement monotoneet sont présentés dans ce papier.
Les pieux battus et vibrofoncés ont été installés par la société IHC. Les pieux en béton
(vissé et foré) ont été réalisés par Franki Fondations.

On pourra ainsi comparer la réponse des pieux battus et vibrofoncés, la réponse des
pieux battus ouverts et fermé ainsi que la réponse des pieux battus, vissés et forés. Les
cas des pieux refoulants et non refoulants sont donc traités ici.

En ce qui concerne les pieux battus, l'analyse comparative des courbes du nombre de
coups pour 25 cm d'enfoncement (Figure 3 (a)) et des courbes d'énergie appliquée en tête
de pieu (Figure 3 (b)) montre que si on impose une énergie faible on bat plus pour
enfoncer de la même profondeur et inversement pour une énergie plus élevée on bat
moins. De même, on observe peu de différences entre les pieux ouverts et fermés
présentés ici. .

Tableau 1. Projet Vibrofoncage et Projet SOLCYP – caractéristiques des pieux


Diamètre (D) Longueur (L)
Projet Référence ouvert/fermé Mode d’installation Type d’essai
(mm) (m)

Vibrofoncage tube ouvert Battu ouvert (BO) compression 508 9,3


Vibrofoncage tube ouvert Vibrofoncé ouvert (VO) compression 508 9,3

SOLCYP tube B1 fermé Battu fermé (BF) compression 406 13


SOLCYP tube B2 fermé Battu fermé (BF) compression 406 13
SOLCYP tube B3 fermé Battu fermé (BF) traction 406 13
SOLCYP tube B4 fermé Battu fermé (BF) traction 406 13
SOLCYP F1 Foré compression 420 13
SOLCYP F3 Foré traction 420 13
SOLCYP S1 vissé compression 420 13
SOLCYP S2 vissé traction 420 13

3
215
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

(a) (b)

Figure 3. Comparaison entre les pieux ouverts et fermés.(a) Evolution du nombre de


coups et (b) Evolution de l’énergie de battage, avec la profondeur pour l’installation des
pieux battus.

2.2. Instrumentation des pieux

La méthode d’instrumentation utilisée pour les essais de chargement est la méthode


d’essais de pieu avec l’extensomètre amovible.

Elle consiste à utiliser des jauges extensométriques collées sur un ruban métallique
placé dans un tube-logement à l’intérieur du pieu. Cette technique assure que les jauges
ne subissent pas de sollicitations excessives avant le début de la mesure, ce qui pourrait
se produire pour des jauges collées lors du battage ou vibrofonçage d’un pieu métal ou
pour des jauges coulées dans le béton lors du coulage ou du séchage du pieu (Rocher-
Lacoste et al., 2014). Cette meilleure maîtrise de la mise en œuvre permet de limiter les
facteurs d’influence ou d’erreur sur les résultats de mesure. De plus, l’utilisation d’un
dispositif amovible offre une grande souplesse car les jauges sont réutilisables et
interchangeables.

La figure 4 montre un schéma descriptif de l’instrumentation des pieux ainsi qu’une photo
de l’extensomètre amovible et son montage avant mise en place dans un pieu (Le Kouby
et al.,2012). Par exemple, dans le projet SOLCYP, pour chacun des types de pieux, 12
niveaux de jauges ont été prévus, un premier tronçon de 1 m en tête de pieu, un dernier
tronçon de 1 m à proximité de la pointe puis 10 autres tronçons de 1 – 1,40m de long en
fonction des cas.

Dans le cas du pieu battu, étant donné qu’un préforage de 4 m a été réalisé pour guider
l’installation des pieux battus fermés, l’instrumentation installée dans les 4 premiers
tronçons n’est pas pris en compte car il n’y a pas de frottement mobilisé sur ces quatre
mètres.

Les pieux avaient un diamètre respectivement de 406 mm pour les pieux battus et de 420
mm pour les pieux bétons. Le schéma d’instrumentation choisi pour les pieux battus est
tel que deux tubes en acier fermés ont pu être soudés au tube métallique battu (figure 4)
afin d’introduire deux chaînes extensométriques dans le pieu et ainsi faire une moyenne
des déformations mesurées. Le tube en acier fermé devait être installé avec la cage de
ferraillage pour les pieux bétons et il n’y avait la place que pour un tube extensométrique
au centre du pieu.

4
216
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 4. Principe de l’extensomètre amovible.

3. Résultats des essais de chargement


3.1. Capacité portante
Comme cela a déjà été montré dans Vibrofonçage 2006, la capacité portante d’un pieu
vibrofoncé est inférieure à celle d’un pieu battu (figure 5 (a)). De même, la portance d’un
pieu battu fermé (de diamètre 406 mm) est supérieure à celle d’un pieu battu ouvert (de
diamètre 508 mm). Dans le cas du pieu ouvert, le bouchon formé par le sol ne permet
probablement pas de mobiliser une résistance en pointe équivalente à celle du pieu battu
fermé. De même, le fort refoulement en pointe de pieu battu fermé fait que les derniers
tronçons doivent reprendre des efforts très supérieurs à ceux du pieu ouvert.
Les quatre pieux battus SOLCYP sont tels que les pieux B1 et B3 ont subi respectivement
un essai monotone en compression et en traction suivant les normes AFNOR NF-P94150-
1 (compression) (1999a) ou 94150-2 (traction) (1999b) au début de leur histoire de
chargement. Les pieux B2 et B4, respectivement sollicités en compression et traction, ont
d’abord subi des séquences de chargement cycliques qui ont peu déformé les pieux et les
chargements monotones appliqués sont différents de ceux recommandés dans les
normes avec des paliers de chargement de trois minutes soit une vitesse de chargement
20 fois supérieure à celles des essais classiques.
Dans le cas du chargement en compression, on remarque une portance du pieu B2
supérieure à celle de B1 probablement due à l’effet positif de la vitesse de chargement
dans les argiles. En revanche, dans le cas de la traction, on ne retrouve pas cet effet pour
le pic ou effort maximum.
La dégradation de la portance due aux cycles est donc compensée par la vitesse de
chargement.
La portance des pieux en traction est bien inférieure à celle de la compression en raison
de la résistance en pointe seulement présente dans le cas de la compression.

5
217
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

(a) (b)
Figure 5. Courbe Déplacement – charge (a) comparaison pieux battus ouvert, fermé et
vibrofoncé, (b) comparaison entre les quatre essais effectués sur les quatre pieux
SOLCYP (B1, B2, B3 et B4).
3.2. Comportement local
Les figures 6 à 9 montrent les mesures locales de frottement latéral effectuées le long
du pieu pendant les essais de chargement.
Sur la figure 6, les frottements latéraux maximums mesurés le long du pieu sont
supérieurs dans le cas du pieu battu comme on pouvait s’y attendre mais on constate une
plus grande dispersion des frottements latéraux mesurés dans le cas des pieux battus.
Néanmoins, on remarque que pour les figures 6 à 9, le plus grand nombre de tronçons est
compris dans un fuseau qui constitue un intervalle de 1/3 de la valeur du frottement
maximum (par exemple 50-80 kPa et 35-50 kPa respectivement pour la Figure 6 (a) et (b).
Les différences pourront être faites en comparant les frottements maximums.
Dans le cas des pieux battus fermés, pour la compression, la plupart des tronçons
forme un fuseau proche du frottement maximum. Seulement les deux tronçons les plus
proches de la surface montrent des valeurs plus faibles. Néanmoins, la distribution des
frottements est plus régulière dans le cas de la traction traduisant probablement l’influence
de la profondeur et donc des contraintes normales sur le frottement mesuré le long du
pieu. Les valeurs maximales obtenues en compression et traction sont toutefois du même
ordre de grandeur (figure 7).
Les pieux vissés (figure 8) montrent les mêmes spécificités que les pieux battus avec
dans le cas de la compression un fuseau assez serré des frottements mesurés le long du
pieu. La traction montre un frottement latéral maximum supérieur à celui de la
compression mais une distribution des frottements plus régulière le long du pieu et une
influence de la profondeur du tronçon.
Le cas des pieux non refoulants (pieux forés, figure 9) est également significatif avec
des courbes de mobilisation de frottement latéral qui forment également un fuseau assez
serré autour de la courbe atteignant la valeur maximale. Les courbes de mobilisation
montrent bien que les frottements maximaux mobilisés sont bien inférieurs à ceux obtenus
dans le cas de pieux refoulants (battu, vibrofoncé et vissé). Les courbes de mobilisation
en traction montrent de nouveau une distribution plus régulière le long du pieu.

6
218
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

(a) (b)
Figure 6. Tube 508 (a) battu ouvert, (b) vibrofoncé

(a) (b)
Figure 7. Tube 406 battu fermé – (a) B1 compression, (b) B3 traction

(a) (b)
Figure 8 Pieu vissé 420 mm – (a) S1 compression, (b) S2 traction

(a) (b)
Figure 9 Pieu foré 420 mm (a) F1 – compression, (b) F3 - traction

7
219
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Les frottements latéraux mesurés lors de l’essai de traction du pieu F3 sont très
supérieurs à ceux mesurés sur le pieu F1 (essai de compression). Ces différences
peuvent être dues à des différences dans les paramètres de forage et au fait que le pieu
F3 a subi des séquences de chargement cyclique avant la réalisation de l’essai de
chargement monotone. Ces trois modes d’installation semblent montrer, qualitativement,
le même type de réponse en traction et en compression.

4. Conclusions

Le site de Merville a permis de tester la réponse de différents types de pieu sur une
géologie assez homogène, une argile surconsolidée dans le cadre de deux projets de
recherche : Vibrofonçage et SOLCYP.
Les résultats ont montré une différence de l’ordre de 30 % entre les frottements mobilisés
pour un pieu battu ouvert et un pieu vibrofoncé (Figure 6). Les frottements mobilisés sur
un pieu battu fermé sont 30 % supérieurs à ceux mobilisés sur un pieu battu ouvert
(Figure 7). De même, la comparaison entre les pieux refoulants (battu, vibrofoncé et vissé)
et non refoulant (foré) a mis en évidence une différence de réponse. Les pieux battus
fermes présentent des frottements mobilisés supérieurs de l’ordre de 30-40 % à ceux des
pieux vissés et de l’ordre de 60 % par rapport aux pieux forés.
En outre, une différence significative existe entre la réponse des pieux soumis à un
chargement de compression et de traction pour des pieux courts (rapport L/D entre 18 et
32). En effet, les courbes de mobilisation du frottement latéral forment, pour la plupart, un
fuseau assez serré autour du maximum pour la compression alors que dans le cas de la
traction, une distribution plus uniforme en fonction de la profondeur est observée. Les
valeurs de frottement maximum mobilisées pour les deux sens de chargement ne sont
pas très différentes dans tous les cas étudiés.
Il serait intéressant de voir dans quelle mesure, ces différences de mobilisation du
frottement latéral pour des valeurs de pression limite identiques mesurées sur un site,
peuvent avoir une influence sur le calcul des pieux.

5. Références bibliographiques

AFNOR (1999a) NF P94-150-1 Essai statique de pieu isolé sous effort axial en
compression. 29p.
AFNOR (1999b) NF P94-150-2 Essai statique de pieu isolé sous effort axial en traction.
26p.
Benzaria, O., Puech, A., Le Kouby, A. (2013). Essais cycliques axiaux sur des pieux forés
dans une argile surconsolidée. . Actes, Congrès international de Mécanique des Sols
et de Géotechnique, Paris, septembre 2013, pp. 2327-2330.
Borel S. and Reiffsteck P. 2006. Caractérisation de la déformabilité des sols au moyen
d’essais en place. Géotechnique et Risques Naturels, LCPC, GT81.
Josseaume H. 1998. Propriétés mécaniques de l’argile des Flandres à Dunkerque et
Calais. Revue Française de Géotechnique, N°84 .
Le Kouby, A., Rocher-Lacoste, F. (2012). Effect of Cyclic Axial Loading on the Distribution
of Load along a Pile. ASCE Special Publication n°227, pp. 436-451.
Rocher-Lacoste, F., Le Kouby, A., Dudouyt, F. (2014). Essai statique de pieu isolé
instrumenté avec la technique de l’extensomètre amovible , sous charge axiale,
méthode d’essai IFSTTAR ME68, 45p.
Vibrofoncage. (2006). Guide technique. 382 pages.

8
220
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

PROJET RUFEX - CONTRIBUTION A L’ETUDE DE LA DURABILITE


DU MATERIAU DEEP MIXING

RUFEX PROJECT – CONTRIBUTION TO THE STUDY OF THE DURABILITY OF


SOIL MIXING MATERIAL

Alain Le Kouby 1, Antoine Guimond-Barrett2, Fabien Szymkiewicz 1, Philippe Reiffsteck 1,


Jean François Mosser3, Fabrice Mathieu3
1
IFSTTAR, 14-20 boulevard Newton, 77447 Champs-sur-Marne - Marne-la-Vallée cedex
2
SNCF, Paris, France, ancien doctorant à l’IFSTTAR
3
Soletanche Bachy, Paris, France

RÉSUMÉ – Les principaux objectifs de ce papier, qui s’intègre dans le projet de recherche
RUFEX, sont de parvenir à une meilleure connaissance des propriétés mécaniques à long
terme des matériaux sol-ciment produits in situ par Deep Mixing. En particulier, l'objectif
est d'évaluer l’impact de certains facteurs susceptibles d'influer sur la durabilité des sols
traités.

ABSTRACT – Within RUFEX project, the main objectives of this paper is to reach a better
understanding of the long term mechanical properties of soil cement materials made in
situ with Deep mixing method. In particular, the objective is to evaluate the impact of some
factors that can influence the durability of treated soils.

1. Introduction

Les principaux objectifs de ce papier, qui s’intègre dans le projet de recherche RUFEX,
sont de parvenir à une meilleure connaissance des propriétés mécaniques à long terme
des matériaux sol-ciment produits in situ par Deep Mixing. En particulier, l'objectif est
d'évaluer l’impact de certains facteurs susceptibles d'influer sur la durabilité des sols
traités. La présence de composés chimiques potentiellement perturbateurs (sulfate de
calcium, chlorure de sodium et diesel) et les effets du séchage et de l’humidité relative
sont les deux mécanismes de dégradation potentiels étudiés afin d'évaluer la durabilité
des sols traités. Malgré une certaine dispersion, les résultats de cette étude mettent
clairement en évidence les effets de différentes conditions de mélange et de cure sur les
caractéristiques des sols traités. Les données accumulées dans ces travaux montrent qu'il
est possible de définir, à partir de différents indicateurs, un cadre général pour l'évaluation
de la durabilité des sols traités par Deep Mixing (Guimond-Barrett, 2013). La corrélation
directe entre certains indicateurs potentiels et les paramètres de mise en oeuvre (tels que
le dosage en ciment et la teneur en eau) suggère qu'il est possible d'optimiser les
propriétés des matériaux soil-mix dans les limites imposées par les conditions
géologiques du site. Des classes de durabilité potentielle basées sur la porosité
accessible à l'eau sont proposées pour comparer différents mélanges sol-ciment.

Malgré le développement relativement récent de la technique, de nombreuses études


sur le comportement de structures enterrées existantes montrent une augmentation de la
résistance à la compression des sols traités à long terme. Une détérioration des matériaux
en contact avec le sol environnant, provoquée par la diffusion des ions calcium, a
également été observée sur certains ouvrages. Toutefois, cette altération semble être un

1
221
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

processus lent, limitée à de faibles épaisseurs de matériaux comprises entre 10 et 100


mm après 10 à 20 ans, et compensée par le gain de résistance à long terme.

Un grand nombre de facteurs internes et externes aux matériaux doivent être pris en
compte pour évaluer la durabilité des sols traités. Ces facteurs sont essentiellement liés :
• aux conditions géologiques (nature et caractéristiques physico-chimiques des sols
en place et de l’eau souterraine),
• aux conditions de mélange avec le liant (quantité d’eau, dosage et type de liant,
conditions de malaxage et homogénéité du mélange),
• aux conditions de cure et d’exposition à l’environnement extérieur.

Dans cet article, dans un premier temps, une synthèse du guide sur le traitement des sols
issu du projet RUFEX et qui traite de la durabilité du matériau Soil mixing est proposée.
Notamment, les facteurs internes et externes qui influencent la durabilité sont présentés.
Puis, dans un second temps, une étude de cas est présenté sur l’influence des cycles de
humidification - séchage sur la réponse d’un matériau traité par Soil mixing.

2. Facteurs internes

2.1. Nature physico-chimique du sol

2.1.1. Granulométrie et plasticité du sol

La nature du sol en place influence la durabilité du matériau traité. La durabilité des


sols traités sera d’autant plus élevée que le sol initial est :
• peu plastique / insensible à l’eau,
• de granulométrie continue et étalée (le malaxage permet d’optimiser l’empilement
granulaire conduisant à un matériau de compacité élevée).

La porosité et la masse volumique, paramètres indicateurs de durabilité, dépendent


principalement de la teneur en eau du mélange sol/liant à l’état frais et de la granulométrie
du sol en place.

En général, le traitement de sols argileux plastiques nécessite :


• une quantité d’eau importante pour créer un mélange de consistance fluide à l’état
frais,
• une énergie de malaxage élevée pour obtenir un matériau homogène et résistant à
l’état durci.

En conséquence, la porosité des argiles traitées est souvent élevée ce qui pénalise la
résistance.

Le mélange de sols sableux avec un liant par voie humide requiert un ajout d’eau moins
important et une énergie de malaxage plus faible. Les matériaux formés sont
généralement moins poreux, plus homogènes et possèdent des caractéristiques
mécaniques supérieures à celles obtenues avec des sols fins.

La corrélation directe entre certains indicateurs de durabilité potentielle (porosité,


masse volumique, résistance) et les paramètres de mise en œuvre (teneur en eau,
énergie de malaxage, dosage en liant) montre qu'il est possible d'optimiser les propriétés
des matériaux soil-mix dans les limites imposées par la nature des sols en place.

2
222
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2.1.2. Teneurs en constituants chimiques perturbateurs

Des constituants chimiques potentiellement néfastes peuvent être présents dans


certains sols. Il s’agit entre autres des phosphates, nitrates, chlorures, sulfates et matières
organiques.

2.1.3. Phosphates et nitrates

Leur présence dans les sols est relativement rare et résulte principalement des
épandages d'engrais dans des régions agricoles. Ils peuvent être retardateurs de prise.
Dans certaines conditions, ils ont un effet délétère sur la résistance des sols traités. Cet
effet dépend du type de sol, du type de liant et des conditions de cure.

2.1.4. Chlorures

La principale problématique liée à l'exposition aux chlorures est la corrosion des


armatures en acier qui peuvent être contenues dans les structures en sols traités.

Il est communément admis que la présence des chlorures ne provoque pas


d’expansion ou de fissuration des matériaux à base de ciment. Toutefois, les chlorures
interagissent avec les produits d'hydratation. Le chlorure de calcium (CaCl2) est utilisé en
tant qu’accélérateur de prise. Dans certaines conditions, les chlorures participent à la
formation de chloro-aluminates.

2.1.5. Sulfates

Les sulfates sont présents dans les sols naturels (sous forme de gypse ou de pyrites) et
anthropiques (remblais contenant du plâtre).

L’effet néfaste des sulfates sur les ciments et les bétons est bien connu.
Les sulfates permettent de réguler la prise (ils sont inclus dans la composition de
certains ciments). Toutefois, si l'alimentation en sulfates et en eau est suffisante, ils
réagissent avec l’aluminium du sol ou du ciment ce qui conduit à la précipitation
d'ettringite (espèce cristalline expansive). La formation d’ettringite peut être associée à un
gonflement des sols traités et à une diminution des caractéristiques mécaniques.

Les effets des sulfates dépendent de nombreux paramètres : teneur et type de sulfates,
type de sol, type de liant, dosage en ciment et conditions de cure.
L’utilisation de ciments résistants aux sulfates (notamment à base de laitier de haut-
fourneau ou à faible teneurs en C3A (aluminate tricalcique) et C4AF (alumino ferrite
tétracalcique)) et d’additions minérales (cendres silico-alumineuses) permet de réduire les
risques de désordre.

2.1.6. Matières organiques

Les sols contenant des matières organiques peuvent être stabilisés par la technique du
soil mixing. Cependant, le développement des caractéristiques mécaniques après
traitement est souvent considérablement plus faible que pour les sols inorganiques. Les
résistances obtenues après traitement sont habituellement de l’ordre de quelques
centaines de kilopascal.

3
223
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2.1.7. Nature physico-chimique de l’eau

L’eau dans les sols traités est un mélange d’eau libre retenue dans le sol et d’eau
d’apport (pour un traitement par voie humide).
La présence de certains composés chimiques dans l’eau (principalement les composés
cités ci-dessus) peut modifier considérablement les effets du traitement sur les sols.
L’eau d’apport utilisé pour un traitement par voie humide ne doit pas apporter
d’éléments chimiques perturbateurs (celle-ci doit être conforme à la norme NF EN 1008).

2.2. Evaluation de l’aptitude au traitement

Compte tenu de l’influence importante de la composition chimique des matériaux, il est


conseillé de réaliser une analyse des sols et de l’eau lorsque le contexte hydrogéologique
suggère la présence de composés potentiellement délétères pour le traitement. Les
teneurs en sulfates et autres éléments potentiellement perturbateurs pourront être
comparées aux valeurs limites fixées dans la norme NF EN 206-1 pour les classes
d'exposition correspondant aux attaques chimiques des bétons par les sols naturels et
eaux souterraines.

3. Facteurs externes

Les facteurs externes aux matériaux concernent les conditions de cure et d’exposition
des ouvrages à l’environnement extérieur.

3.1. Immersion

Trois phénomènes sont susceptibles de se produire pour des sols traités immergés en
continu :

• le délavage du coulis et la déstabilisation / l’essorage du mélange à l’état frais


(notamment dans des horizons perméables),
• la dissolution progressive (lixiviation) des composés hydratés,
• la précipitation de composés plus ou moins nocifs vis-à-vis de la durabilité.

Une perte de liant peut se produire par délavage lorsque les sols traités sont mis en en
œuvre sous nappe dans des sols perméables. Cette perte se traduit généralement par
des caractéristiques mécaniques inférieures à celles attendues pour le dosage en liant
considéré.
La lixiviation de composés hydratés peut entrainer une augmentation de la porosité du
matériau.
Les conséquences de la précipitation sont différentes en fonction de la nature du
composé formé. La précipitation de carbonate de calcium CaCO3 peut par exemple
contribuer à réduire la porosité du matériau et améliorer la durabilité. A l’inverse, la
formation d’ettringite liée à un apport continue en sulfates dans l’eau peut générer un
gonflement du matériau et une perte de résistance mécanique.

La durabilité vis-à-vis de ces phénomènes de dissolution/précipitation dépend de la


compacité et de la perméabilité des sols traités. L’utilisation de ciments contenant des
additions consommatrices de chaux (laitier, cendres volantes) permet de réduire les
risques de dissolution car la portlandite est le composé qui est le plus soluble.

4
224
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.2. Cycles d’humidification-séchage et dessiccation par exposition à l’air

Les cycles d'humidification-séchage et la dessiccation par exposition continue à l’air ont


un effet perturbateur sur les propriétés mécaniques des sols traités. La dessiccation peut
se produire lors de l’excavation d’ouvrages de soutènement par exemple.

Quelle que soit la nature du sol, on observe :

- une perte de masse par évaporation de l’eau contenue dans le matériau,


- une diminution de la vitesse de développement de la résistance et du module de
déformation,
- une carbonatation rapide du matériau,
- dans certains cas, l’apparition de fissuration de retrait.

D’une manière générale, les sols pulvérulents traités résistent mieux au séchage que
les sols fins plastiques qui sont sensibles aux variations de la teneur en eau. Une cure
prolongée en milieu endogène avant exposition à l’air augmente quelque peu la résistance
à la dessiccation.
Même avec des dosages en ciment très élevés, l’évolution de la profondeur carbonatée
est bien plus rapide dans les sols traités par soil mixing que dans les bétons. Il convient
d’en tenir compte lorsque les travaux de deep soil mixing concernent la réalisation d’un
soutènement puisque la carbonatation du matériau conduit à la corrosion des armatures.

Il est à noter que de nombreux essais classiques de durabilité appliqués pour les
bétons ne sont pas transposables aux mélanges sol-ciment. Par exemple, l’essai de
carbonatation accélérée ne permet pas de caractériser convenablement le comportement
de sols traités exposés au dioxyde de carbone.

Dans tous les cas, une protection du matériau doit être mise en œuvre pour les
ouvrages en sols traités exposés aux effets du séchage à long terme.

4. Etude de cas - Effet des conditions de cure (cycles de humidification - séchage)


sur la rigidité et la résistance des matériaux traités

Dans ce paragraphe, l’influence des conditions de cure sur la réponse des matériaux
traités est étudiée.
La procédure ASTM D559 (2005) n’a pas été utilisée car la procédure imposée par
la norme ASTM car la température utilisée pour le séchage était de 60°C ; une
température qui aurait accéléré l’hydratation du ciment et qui aurait pu modifier les effets
des cycles pour les types de matériaux naturels utilisés.

Deux sols ont été testés avec un dosage de ciment défini. Les quantités de ciment et les
teneurs en eau utilisées pour ces mélanges sont donnés dans le tableau 1. Le
pourcentage de ciment C (%), la teneur en eau W (%) et le ratio E/C ont été calculés à
partir des équations 1, 2 and 3.
C = poids de ciment sec sur le poids de sol sec (1)
E = poids de l’eau / poids de sol sec et ciment (2)
E / C = poids de l’eau / poids de ciment sec (3)

Table 1: Composition des mélanges sol-ciment testés.

5
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Type % ciment Teneur en eau Nombre


Mix n° Ratio E/C
sol C (%) W (%) d’éprouvettes

1 Sable 11,8 20 2,0 12

2 Limon 20,7 57 3,3 12

Les teneurs en ciment et en eau testées dans cette étude ont été utilisées dans des
projets de Deep soil mixing en France.

Des essais en laboratoire sont utilisés pour déterminer le module de cisaillement G0 (essai
non destructive). L’essai de compression est utilisé pour évaluer la résistance de
compression qu et un module statique E50.

Au total, 24 échantillons (12 par mélange) ont été préparés.


Trois groupes sont placés dans différentes conditions :
- Condition 1: immergés dans l’eau à une temperature de 20°C.
- Condition 2: échantillons soumis à des cycles d’humidification et de séchage par
période alternatives dans une chambre climatique à 20°C et une humidité relative de 65%.
- Condition 3: échantillons placés dans une enceinte climatique à 20°C et une
humidité relative de 65%.

Figure 1. Détails du programme experimental pour chaque échantillon de sol mélange.

Les résultats sont montrés dans le tableau 2. Les résistances à la compression et les
modules E50 atteignent les valeurs les plus élevées dans le cas des échantillons
immergés. Le cas le plus défavorable est celui de la conservation à l’air. Le cas des cycles
de séchage – humidification est intermédiaire de ces deux cas extrêmes et qui doit
probablement représenter un cas qui est plus proche de la réalité.

6
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

La figure 2 présente les courbes typiques de réponse des matériaux traités aux différentes
conditions de cure pour les deux matériaux naturels traités.

Figure 2. Courbes typiques contraintes - déformations (a) mélange n°1 Sable C=11,8%;
(b) mélange n°2 Limon C=20,7%,

Tableau 2. Valeurs moyennes obtenues pour les essais.

Mélanges sol- Conditions de cure (durée qu f


E50 (GPa) E50 / qu
ciment d’essai) (MPa) (%)

Immergés (7 jours) 0,82 2,00 2443,46 0,15

Immergés (30 jours) 2,39 5,51 2305,03 0,24

N°1
Cycles humidification -
Sable (C=11,8%) 2,57 4,33 1685,43 0,34
séchage (30 jours)

Conservation à l’air (30


1,37 2,37 1727,62 0,11
days)

Immergés (7 days) 2,26 2,66 1177 0,16

Immergés (30 jours) 5,04 4,53 899,74 0,13


N°2
Cycles humidification -
Limon 4,49 3,34 744 0,34
séchage (30 jours)
(C=20,7%)
Conservation à l’air (30
2,27 0,08 35 2,02
jours)

*: valeurs mesurées 18 jours après le moulage

7
227
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4, Conclusions et perspectives

Dans le cadre du projet RUFEX, une première étude sur la durabilité des matériaux
traités a été effectuée dans la thèse de Guimond-Barrett (2013). Les facteurs internes et
externes qui influencent le comportement des matériaux traités sur le long terme ont été
définis et font l’objet des recommandations du projet RUFEX (Projet RUFEX (b) et (a)).
De plus, dans ce papier, une étude de cas a été effectuée sur la réponse des matériaux
traités soumis à des cycles d’humidification – séchage. Les échantillons de limon et de
sable traités en laboratoire avec du ciment ont été placés dans trois différentes conditions
de cure (immersion dans l’eau, cycles de séchage – humidification, conservation à l’air)
après 7 jours. Des différences qualitatives ont pu être observées sur les deux types de
matériaux naturels. Le module de cisaillement G0 a été déterminé par des essais de type
Pund it. Les essais de résistance à la compression permettent de déterminer la R c ainsi
qu’un module statique E50.

5, Références bibliographiques

ASTM. American Society for Testing and Materials (2005). D559-03 Standard Test
Methods for Wetting and Drying Compacted Soil-Cement Mixtures.
GUIMOND-BARRETT, A, (2013), Influence of mixing and curing conditions on the
characteristics and durability of soils stabilised by deep mixing, Thèse de doctorat
Université Paris Est,
Projet RUFEX. (a). (2014). Rapports projet FUI Rufex : Deep Soil Mixing - Guide pour le
traitement des sols. 19 pages.
Projet RUFEX. (b). (2014). Rapports projet FUI Rufex : Deep Soil Mixing -
Recommandations pour l’étude de formulation du mélange. 17 pages.

8
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

RENFORCEMENT DES DIGUES DE LOIRE PAR LA TECHNIQUE DU


DEEP SOIL MIXING ; DEUX METHODES PROPOSEES - SUIVI SUR DEUX
ANS

LEVEES REINFORCED BY THE DEEP SOIL MIXING METHOD IN THE


LOIRE AREA; TWO PROPOSED METHODS – TWO YEARS
INVESTIGATIONS
Alain Le Kouby1, Lucile Saussaye2, Yannick Fargier2, Yasmina Boussafir1, Edouard
Durand2, Christophe Chevalier1, Yannick Ananfouet2, Sébastien Patouillard 3, Nathalie
Manceau 3, Loïc Gervais 3, Nicolas Auger2
1
Université Paris Est / IFSTTAR, Champs-sur-Marne, France
2
CEREMA / Direction Territoriale Normandie-Centre
3
DREAL Centre-Val de Loire, SLBLB, Orléans, France

RÉSUMÉ – Cet article s'intéresse aux écrans étanches mis en œuvre par la méthode de
« tranchée de sol mixé » sur les digues de Loire afin de parer au risque d'érosion interne.
Deux techniques ont été testées et un suivi des ouvrages a été organisé. Une
comparaison avec les résultats de mélanges effectués en laboratoire a été étudiée et
l’’évolution dans le temps des propriétés hydrauliques et mécaniques fait l’objet d’un
protocole de suivi..

ABSTRACT – The proposed paper focuses on levees reinforced by the Deep Soil Mixing
method in the Loire area against internal erosion. Two techniques have been tested.
Mechanical and hydraulic properties are followed on a long term period. In addition,
comparisons between results obtained from laboratory and in situ mixed materials are
presented.

1. Introduction

Dans le cadre du renforcement des digues de Loire, l’IFSTTAR et le CEREMA ont été
sollicités par la DREAL Centre-Val de Loire afin d’évaluer une technique de restauration
de l’étanchéité récemment utilisée en France en adaptant la technique du Deep Soil
Mixing utilisée dans les domaines des fondations spéciales et profondes. Dans le cas du
val d’Orléans, il s’agit de réaliser un écran étanche par mélange en place grâce à cette
technique de « tranchée de sol mixé ». Deux méthodes ont été testées sur deux sites du
val d'Orléans. La méthode sèche consiste à réaliser une tranchée de 1 m de profondeur, à
épandre du ciment en poudre à un dosage fixé. L’outil de malaxage mélange ensuite le
sol avec le ciment en rajoutant de l’eau jusqu’à une profondeur maximale de 9 m. La
méthode humide consiste, quant à elle, à injecter directement un mélange contrôlé d’eau
et de liant hydraulique (coulis) à un C/E fixé.

2. Contexte de l’étude

2.1. Ouvrages à réaliser

Deux ouvrages ont été réalisés en avril 2013 sur la val d’Orléans (VO), plus
précisément à Guilly, au lieu-dit Maison Vieille, et Sigloy (45) selon les prescriptions du
CCTP (2012) et de la norme NF EN 14679.
Tableau 1. Sites identifiés pour un renforcement de corps de digue sur le val d'Orléans

229
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Longueur Hauteur de levée Profondeur à


Site Technique ciblée
d’écran (m) (m) atteindre (m)
Maison Tranchée de sol mixé
126 5,0 8,5
Vieille par voie sèche (VS)
Tranchée de sol mixé
Sigloy 112 3,5 7,5
par voie humide (VH)

2.2. Caractéristiques physiques des sols rencontrés sur les 2 sites

2.2.1. Profils lithologiques

Les profils lithologiques des deux sites sont présentés dans les tableaux 2 et 3. Ces
données sont issues d'études géotechniques préalables aux travaux.

Tableau 2. Lithologie indicative sur le site de Maison Vieille


Perméabilité
Profondeur Cote de la (m/s)
Nature des de la base base de la Classes in situ
Structure en
sols de la couche (m GTR Essais Sondage Perméafor* laboratoire
couche (m) NGF) Nasberg /
k Compacité (oedomètre)
Lefranc
Argile à 110,7 à
Remblai 0,5 à 1,4 - - Très faible -
sable 111,6
-7
Silt argileux 2,0.10
Corps de A1, A2, Très faible -11
à argile 3,2 à 3,4 108,8 à -6 7,0.10
digue B5 -7 ≤1,25.10 à faible
sableuse 7,1.10
-8
Formation 9,9.10
106,0 à A2, A3, Faible à -10
alluvionnaire Argile 5,0 à 6,0 à 4,0.10
107,1 A4, B6 -8 élevée
F1 5,9.10
Formation Argile
105,3 à -6 -5
alluvionnaire silteuse à 6,0 à 6,7 A2 3,5.10 1.25.10 Elevée -
106,0
F2 silt sableux
-6
Formation Sable à 3,5.10 -5
99,8 à 1,25.10 à Elevée à
alluvionnaire sable 11,2 à 12,3 B2, B5 à -3
100,9 -5 1,25.10 très faible
F3 graveleux 8,2.10

Tableau 3. Lithologie indicative sur le site de Sigloy


Perméabilité
Profondeur (m/s)
Cote de la
de la base in situ
Nature base de la Classes
Structure de la en
des sols couche (m GTR Essais Sondage Perméafor*
couche laboratoire
NGF) Nasberg /
(m) k Compacité (oedomètre)
Lefranc
-4
2,50.10
Sable -
Remblai 0,5 110,6 - - à 1,25.10 Très faible -
silteux 6
-8
Corps de Silt 107,6 à 4,2.10 à -10
2,5 à 3,5 A1, A2 -7 2,4.10
digue argileux 108,7 2,6.10
Formation
Argile 105,7 à -8 -10
alluvionnaire 5,0 à 5,5 A2 3,1.10 Très faible à 8,6.10
silteuse 106,1
F1 faible
-6
Formation ≤1,25.10
Silt
alluvionnaire 6,0 105,1 B5, B6 - -
sableux
F2
Formation
Sable
alluvionnaire 9,2 101,9 B5, D2 - Elevée -
graveleux
F3

230
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2.2.2. Caractéristiques physiques des matériaux de la pré-tranchée

Au cours des chantiers, l'axe des écrans est matérialisé par une pré-tranchée de 1 m
de profondeur et de 1 m de large environ. Les sols de la pré-tranchée ont été prélevés afin
de réaliser des mélanges sol-ciment en laboratoire, bien qu'ils ne soient pas représentatifs
de l'ensemble des sols malaxés en place. Une caractérisation géotechnique des sols a
été effectuée (Tableau 4). Elle est conforme aux études géotechniques préliminiares.

Tableau 4. Propriétés géotechniques des sols prélevés dans la prétranchée


3 0/2µm 0/80µm 0/2mm Dmax VBS wL IP Classification
Echantillon ρ (kg/m )
(%) (%) (%) (mm) (g/100g de sol sec) (%) (%) GTR
Sigloy 1600 28 62 98 5 2,41 32 17 A2
Maison Vieille 1600 20 48 98 5 1,26 33 19 A1

3. Réalisation des écrans et organisation du suivi


3.1. Réalisation d'un écran par tranchée de sol mixé

L'organigramme de la Figure 2 permet d'appréhender les différentes étapes de


réalisation d'un écran étanche sol-ciment, illustrées à la Figure 3.
Etapes communes aux 2 techniques (voie sèche (VS) et voie humide (VH)) :
Terrassement d'une pré-tranchée d'environ 1 m de profondeur et de 1 m de large

VS : épandage du liant hydraulique VH : pas d'opération particulière (mise en


(ciment CEMIII/C 32,5 N PM-ES NF) place de la centrale de coulis)

Positionnement de la trancheuse malaxeuse dans l'axe de la pré-tranchée

Démarrage du chantier : zone de convenance sur une longueur de 20 m environ pour


régler les paramètres machine
Positionnement de la lame à la verticale et malaxage vertical des matériaux dans la
tranchée
Zone dédiée au suivi expérimental de 2013 à 2015

VS : injection de l'eau au niveau de la VH : injection du coulis de ciment au


lame (à extrémité et à mi-hauteur) niveau de la lame (à extrémité et à mi-
hauteur)

Zone de production
("vitesse de croisière")

Figure 2. Réalisation d'un écran étanche sol-ciment.

3.4. Suivi des écrans à court et à long termes

Un programme de suivi a été organisé :


- une analyse des enregistrements de paramètres de la machine,
- des prélèvements de matériaux frais à la surface de la tranchée (rejet ou spoil) pour
effectuer des essais de résistance à la compression simple Rc et des essais de
perméabilité en laboratoire,

231
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

(a) (b)
(c)
Figure 3. Réalisation de l’écran étanche par voie sèche : (a) pré-tranchée et épandage du
ciment, (b) trancheuse malaxeuse positionnée dans l’axe de la pré-tranchée et injection
de l’eau à partir de la lame avant mise en place de la lame à la verticale, (c) malaxage
vertical en zone de production.

- des mélanges en laboratoire confectionnés à partir de sols prélevés dans les pré-
tranchées, à des dosages en ciment proches de ceux utilisés sur chantier, pour comparer
les deux approches, VS et VH,
- des carottages dans la zone de convenance (ZC), pour chacun des sites, à 28, 90,
365 jours et deux ans pour des essais de perméabilité in situ et en laboratoire.
La zone de convenance servant au réglage des paramètres de production, de fortes
dispersions des dosages en ciment et eau ont été constatées.

4. Conductivités hydrauliques

Deux types d'essais de perméabilité ont été réalisés à 1 et 2 ans, sur les 2 sites :
- des essais d'eau en forage, de type Nasberg (NF X 30-423, 2011),
- des essais de perméabilité en cellule triaxiale sur des éprouvettes provenant de
sondages carottés (XP CEN ISO/TS 17892-11, 2005).
La Figure 4 permet de synthétiser l'ensemble des valeurs obtenues. Les mesures in
situ sont encadrées en noir. Chaque valeur est positionnée sur le graphique en fonction
de la profondeur moyenne d'essai.
Globalement, la perméabilité des mélanges sol-ciment constitutifs des écrans diminuent
entre 1 et 2 ans, quels que soient le site et la méthode utilisée, ce qui est favorable en
termes de pérennité de l'ouvrage.
Entre 2,50 et 6,00 m de profondeur, les perméabilités à 2 ans de l'écran de Sigloy sont
comprises entre 3.10-10 et 2.10-9 m/s tandis que celles de l'écran de Maison Vieille sont
comprises entre 1 et 3.10-9 m/s. La perméabilité de l'écran de Sigloy est donc inférieure ou
égale à celle de l'écran de Maison Vieille. Cette observation est également vraie à 1 an.
La très faible perméabilité mesurée sur le sondage carotté de Sigloy, à 2 ans, à environ
1 m de profondeur, pourrait être associée au surdosage en ciment constaté au niveau de
la pré-tranchée.

232
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Perméabilité k (m/s)
1,E-11 1,E-10 1,E-09 1,E-08 1,E-07 1,E-06
0,00 MV - 2 ans
MV - 1 an
1,00 Sigloy - 2 ans
Sigloy - 1 an
2,00 1.10-8 m/s

3,00
Profondeur (m)

4,00

5,00

6,00

7,00

8,00

Figure 4. Suivi des ouvrages - mesures des perméabilités sur deux ans.

5. Performances mécaniques

5.1. Résistances à la compression simple Rc mesurés sur sondages carottés

Un critère de résistance à la compression simple a été proposé : 1,5 MPa à 28 jours. A


1 et 2 ans, il est attendu que les valeurs de résistance mécanique soient au moins
supérieures à ce seuil.

5.1.1. Ecran de Maison Vieille

Sur le site de Maison Vieille (Figure 5), les Rc augmentent entre 1 et 2 ans. Toutefois, la
valeur de Rc devrait être plus ou moins homogène en fonction de la profondeur puisque la
trancheuse doit mélanger le sol sur toute la profondeur.
A 1 an, seules 3 éprouvettes ont pu être taillées à partir du sondage carotté, témoignant
de la fragilité du mélange sol-ciment vis-à-vis du carottage.
Sur le sondage carotté à 2 ans, à partir duquel 13 éprouvettes ont été extraites, il est
observé une diminution de Rc avec la profondeur au-delà de 1 m de profondeur, traduisant
l’influence de la pré-tranchée. En effet, cette dernière, dans laquelle est épandu le ciment
anhydre avant le début du malaxage, est probablement la zone où se trouve la plus
grande quantité de ciment, même après le mélange en place. Si l’énergie de malaxage
permet effectivement de répartir le ciment sur la hauteur de la tranchée, la quantité de
ciment n'en reste pas moins plus importante dans la partie supérieure.
Après 2 ans, à partir de 2 m de profondeur, les valeurs de Rc restent, pour la plupart,
inférieures aux 1,5 MPa définis à 28 jours.

5.1.2. Ecran de Sigloy

Sur le site de Sigloy (Figure 6), le mélange sol-ciment prélevé par carottage est plus
résistant que celui de Maison Vieille. La méthode utilisée est la voie humide. Le dosage
en ciment dans la zone de convenance est de 280 kg/m3 de sol à traiter à Sigloy tandis
qu'il est d'environ 210 kg/m3 à Maison Vieille. Un facteur réducteur devrait donc être
appliqué pour pouvoir comparer les résultats obtenus sur les 2 sites.

233
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Rc (MPa)
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0 4,5 5,0
0,00
MV - 2 ans
MV - 1 an
1,5 MPa
1,00

2,00

3,00

Profondeur (m)
4,00

5,00

6,00

7,00

8,00

Figure 5. Evolution de Rc avec la profondeur.

Avec des valeurs de Rc à 2 ans s'échelonnant entre 1,5 et 9 MPa, il n'est pas possible
de conclure quant à l'homogénéité du mélange sol-ciment constitutif de l'écran.
Il est constaté une augmentation de la résistance mécanique du mélange entre 1 et 2
ans. Les valeurs sont, pour la plupart, supérieures au critère de 1,5 MPa, hors prise en
compte du vieillissement. Ces valeurs sont comparées à celles obtenues sur les mélanges
en laboratoire.

Rc (MPa)
0,0 1,0 2,0 3,0 4,0 5,0 6,0 7,0 8,0 9,0
0,00
Sigloy - 2 ans
Sigloy - 1 an
1,00
1,5 MPa

2,00

3,00
Profondeur (m)

4,00

5,00

6,00

7,00

8,00

Figure 6. Evolution de Rc avec la profondeur.

5.2. Résistances à la compression simple Rc mesurés sur les mélanges


confectionnés en laboratoire

5.2.1. Réalisation des mélanges

Les protocoles de malaxage et de coulage des mélanges sont très semblables à ceux
des différentes équipes internationales travaillant sur le sujet (Kitazume et Nishimura,
2009 ; Guimond-Barrett, 2013). Les formulations réalisées sont récapitulées dans le
Tableau 5.

234
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Tableau 5. Mélanges réalisés en laboratoire


VO : val Orléans, S : Sigloy, MV : Maison Vieille, W34 : teneur en eau de 34 %, C/E : rapport massique
3
entre la quantité de ciment et la quantité d’eau, C : masse de ciment par m de sol naturel à traiter.
3
Sol Références C (kg/m ) Teneur en eau (%) C/E
Val d’Orléans : Sigloy VO-S_C280_W34 280 34 0,44
Val d’Orléans : Sigloy VO-S_C210_W34 210 34 0,34
Val d’Orléans : Maison
VO-MV_C210_W34 210 34 0,34
Vieille
Val d’Orléans : Sigloy VO-S_C210_W50 210 50 0,23
Val d’Orléans : Maison
VO-MV_C210_W50 210 50 0,23
Vieille
Val d’Orléans : Sigloy VO-S_C140_W34 140 34 0,23
Val d’Orléans : Maison
VO-MV_C140_W34 140 34 0,23
Vieille
Val d’Orléans : Sigloy VO-S_C175_W34 175 34 0,23

5.2.2. Performances mécaniques


La Figure 7 présente les Rc mesurées en fonction du temps de cure. Chaque point
correspond à la moyenne de trois mesures. Pour un dosage de 210 kg/m3, on note la
différence de Rc obtenue avec une teneur en eau de 34 % (proche de la limite de liquidité
et impossible à obtenir sur chantier) et de 50 % atteinte plus facilement sur chantier.
Ce dosage en ciment de 210 kg/m3 constitue un dosage minimal pour obtenir la prise
rapide du mélange. En effet, avec 140 kg de ciment/m3, le temps de prise est compris
entre 14 et 28 jours ; avec 175 kg/m3, la prise s'effectue entre 7 et 14 jours.
Le seuil de 1,5 MPa n’est atteint à 28 jours, en laboratoire, que pour un dosage en
ciment de 210 kg/m3. Avec 175 kg de ciment/m3, cette valeur n’est atteinte qu'après 50
jours de cure ; avec 140 kg/m3, cette valeur n'est pas atteinte sur le temps d'étude.

Figure 7. Evolution de Rc en fonction du temps des mélanges en laboratoire

5.3. Comparaison des performances mécaniques obtenues sur sondages carottés à


2 ans et sur les mélanges en laboratoire
Pour l'écran de Maison Vieille, entre 0 et 1 m de profondeur, les Rc obtenues à 2 ans
sur sondage carotté correspondent au maximum atteint à 1 an en laboratoire de C140 et
C210-W50. Entre 1 et 5 m de profondeur, les Rc sont inférieures aux Rc à 180 jours de
C140_W34. Entre 5 et 6 m, les Rc sont comprises entre les Rc à 180 jours de C140_W34
et C210_W50. Au-delà de 6 m, les Rc sont proches des valeurs de début de prise de
C140_W34 ou C210_W34. Pour l'écran de Sigloy, les valeurs de Rc sont comprises entre
les maximums de C175_W34, C210_W50 et C280_W34.

235
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

(a) (b)

Figure 8. (a) Maison Vieille – dosage en ciment de 200-210 kg/m3, (b) Sigloy – dosage en
ciment de 280-300 kg/m3.

6. Conclusions et perspectives

Le renforcement des digues par écran interne à l’aide de la méthode de « tranchée de


sol mixé » présente de nombreux avantages tel que la rapidité d’exécution mais nécessite
la possibilité de régler le dosage en ciment en fonction du type de matériau. Les
propriétés hydrauliques semblent être satisfaisantes au regard des échantillons prélevés.
L’hétérogénéité du matériau obtenue après mélange dans le cas des deux techniques
constitue un domaine qui nécessite encore des travaux expérimentaux avant de valider la
méthode de contrôle des caractéristiques mécaniques de l’ouvrage pour assurer sa
pérennité dans le temps et notamment son étanchéité. Depuis l’expérimentation sur les
sites du val d’Orléans, de nouveaux écrans étanches ont été réalisés par « tranchée de
sol mixé » en améliorant leur mise en œuvre et permettant d’envisager d’améliorer encore
l’approche.

Références bibliographiques

AFNOR. NF EN 13286-41. (2003). Mélanges traités et mélanges non traités aux liants
hydrauliques - Partie 41 : méthode d'essai pour la détermination de la résistance à la
compression des mélanges traités aux liants hydrauliques.
AFNOR. XP CEN ISO/TS 17892-11. (2005). Reconnaissance et essais géotechniques -
Essais de laboratoire sur les sols - Partie 11 : détermination de perméabilité à charge
constante et à charge variable décroissante
AFNOR. NF X 30-423. (2011). Détermination du coefficient de perméabilité d’un terrain
par essai à charge variable en forage ouvert. 32 p.
CCTP. (2012). Mise en œuvre de mélanges en place pour le renforcement des zones
de recouvrement du val d’Orléans
European-Standard (2005). Execution of special geotechnical works - Deep Mixing.
European Committee for Standardization (CEN) Brussels. Standard. NF EN 14679
Eurosoilstab (2000). Development of design and construction methods to stabilise soft
organic soils. Design guide soft soil stabilisation. European project BE 96-3177. Report
CT97-0351.
GUIMOND-BARRETT, A. (2013). Influence of mixing and curing conditions on the
characteristics and durability of soils stabilised by deep mixing. Thèse de doctorat
Université Paris Est.
KITAZUME, M. and NISHIMURA, S. (2009). Influence of specimen preparation and
curing conditions on unconfined compression behaviour of cement-treated clay. Deep
Mixing '09, Okinawa, Japan.

236
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

PROJET SOLCYP : PROGRAMME ET OBJECTIFS DES ESSAIS DE


CHARGEMENT AXIAUX SUR DES PIEUX IN SITU, EN
CENTRIFUGEUSE ET EN CHAMBRE D’ETALONNAGE

SOLCYP PROJECT : EXPERIMENTAL PROGRAM AND OBJECTIVES OF


AXIAL PILE LOAD TESTS IN SITU, CENTRIFUGE AND CALIBRATION
CHAMBER TESTS

Alain LE KOUBY1, Alain PUECH 2, Luc THOREL 1, Matthieu BLANC1, Matias SILVA3,
Jean CANOU 4, Jean Claude DUPLA 4
1
IFSTTAR, Paris & Nantes, France
2
Fugro GeoConsulting, Nanterre, France
3
Laboratoire 3SR, Grenoble, France
4
Ecole des Ponts ParisTech, laboratoire Navier, Champs sur Marne, France

RÉSUMÉ – L’objectif ultime du projet SOLCYP (SOLlicitations Cycliques sur les Pieux)
est de proposer des recommandations sur la prise en compte des cycles dans le
dimensionnement des pieux. Il a été décidé d’établir une base de données d’essais pour
caractériser la réponse d’un pieu sous chargement cyclique en termes d’accumulation des
déplacements et d’évolution de la capacité portante (plus précisément du frottement
latéral et de la résistance en pointe). Deux sols de référence ont été choisis : une argile
surconsolidée et un sable.

ABSTRACT –.One of the main objective of the SOLCYP project is to provide design
recommandations on pile response submitted to cyclic loading. A database of cyclic
loading pile tests in terms of cumulative displacements and bearing capacity evolution (in
particular shaft friction and tip resistance) has been created from in situ and laboratory
tests. Two reference soils were chosen : an overconsolidated clay and a sand.

1. Introduction
De nombreux travaux de recherche ont été effectués sur le comportement des pieux
sous chargements cycliques axiaux. Les recommandations relatives aux cas des charges
cycliques sont assez peu nombreuses, on notera les API (1993) et le DnV (1992). Un des
objectifs du projet SOLCYP était de faire une synthèse des travaux les plus pertinents
existants dans la littérature, de développer des procédures permettant la prise en compte
de l’effet des cycles dans le dimensionnement des ouvrages de génie civil ou maritime.
Cette procédure a été testée et validée dans le cadre d’un programme expérimental
proposé dans le cadre du projet SOLCYP.
.
Trois types d’essais ont été mis en œuvre :
- Essais in situ réalisés par l’IFSTTAR sur les sites expérimentaux de Merville (argile
surconsolidée) et Loon-Plage (sable de Dunkerque)
- Essais en centrifugeuse à l’IFSTTAR (sable de Fontainebleau) (Figure 1),
- Essais en chambre d’étalonnage au Laboratoire 3SR (sable de Fontainebleau) et au
Laboratoire Navier (sable de Fontainebleau et kaolinite Speswhite) (Figure 1).

Ces essais, fortement instrumentés (extensomètres amovibles, jauges de contraintes) ont


permis de mettre en évidence :
- L’influence du mode de chargement (monotone, cyclique répété, cyclique alterné)

1
237
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

- L’ordre d’application des chargements


- La dégradation du frottement avec l’amplitude et le nombre de cycles et l’éventuel
report des charges en pointe (essais en compression)
Le projet couvre également les aspects suivants: pieux battus et pieux forés ; sables et
argiles ; chargements cycliques répétés ou alternés ; grand nombre de cycles.

Centrifugeuse géotechnique Chambre d'étalonnage Chambre d'étalonnage


(IFSTTAR Nantes) (Ecole des ponts) (Laboratoire 3S,
Grenoble)

Figure 1. Exemples d’équipements permettant la réalisation d’essais sur modèles


réduits (Centrifugeuse) / sondes de mesure.

2. Les dispositifs

Deux dispositifs expérimentaux de laboratoire et les essais in situ sont décrits dans
cette partie.

2.1. Chambre d’étalonnage

La chambre d’étalonnage est un outil de modélisation physique du type « 1g » bien


adapté pour étudier de manière fine la réponse axiale d’une « tranche » élémentaire sol-
pieu (ou d’un tronçon de pieu) représentative d’une profondeur donnée, et d’évaluer, par
exemple, la mobilisation du frottement local de l’interface sol-pieu et son évolution sous
divers types de chargements (monotones, cycliques).
Les modes d’installation possibles sont le moulage (« foré simple »), le fonçage, le
vibrofonçage et le battage. Deux types de sondes ont été utilisées :
- Sonde ICP : mesures des contraintes tangentielles (frottement latéral) et radiales et
résistance de pointe,
- Sonde-pieu CERMES 36mm : contraintes tangentielles et résistance de pointe

2.2. Centrifugeuse

Les effets d’échelle ainsi que l’effet de la taille des modèles sont résumés dans Garnier
et al. (2007).
La centrifugeuse permet d’étudier la réponse axiale ou transversale d’un système sol-
pieu complet de dimensions réduites en respectant au mieux les règles de similitude et en
reproduisant, en particulier, par macro-gravité, l’état des contraintes réel qui règne le long
du pieu prototype.

2
238
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 2. Sonde (a) Imperial College Prototype (ICP) (b) CERMES 36 mm.

Le principe de base consiste à appliquer une accélération de N .g sur un modèle réduit


à l’échelle N.
Deux pieux modèles ont été utilisés (Figure 3):
- Pieu instrumenté de 18 mm de diamètre et de longueur 560 mm. Ce pieu est
instrumenté en pointe d’un capteur de force (Figure (a))
- Pieu instrumenté de 20 mm de diamètre et de longueur 260 mm, ce pieu est
instrumenté sur cinq tronçons avec cinq jauges de mesure (J1 à J5). Le frottement
est déduit de la différence entre la charge en tête et la force mesurée sur chacun
des tronçons.

(a) (b)
Figure 3. sonde (a) Blanc (2013) ; (b) Rakotonindriana (2009).

2.3. Essais in situ

L’essai de chargement in situ sur pieu(x) prototype(s) est a priori le type d’essai le plus
représentatif lorsque :
- il est effectué dans une zone où les conditions de sols (stratigraphie, nature des
matériaux, caractéristiques géotechniques) sont représentatives de l’ensemble ou d’une
partie de l’ensemble du projet. Les conditions de sol doivent être déterminées à proximité
immédiate des pieux d’essais par des investigations appropriées.
- le mode d’exécution des pieux est similaire à celui des pieux de l’ouvrage.
- les caractéristiques géométriques des pieux sont identiques à celles des pieux de
l’ouvrage ou suffisamment proches pour ne pas introduire d’effet d’échelle.
Le principal inconvénient des essais in situ est lié à leur coût.

3
239
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Deux sites de référence ont été choisis : un site dont la géologie était constituée
principalement d’argile surconsolidée (Merville) et un second site sableux (Loon Plage).
Plusieurs techniques d’installation de pieux ont été testées : foré, vissé, battu.
L’instrumentation utilisée est de type extensomètre amovible. La figure 4 montre un
schéma descriptif de l’instrumentation des pieux ainsi qu’une photo de l’extensomètre
amovible et son montage dans un pieu (Rocher-Lacoste et al., Méthode d’essai n°68,
2011). Pour chacun des types de pieux, plusieurs niveaux de jauges ont été prévus. La
procédure suivie était : un premier tronçon de 1 m en tête de pieu et un dernier tronçon en
pointe de 1 m pour valider la descente de charge et l’effort récupéré en pointe complété
de plusieurs autres tronçons à adapter en fonction du type de pieux et de la géologie.

Figure 4. Principe de l’extensomètre amovible.

3. Les programmes d’essai

Le concept de diagramme de stabilité cyclique d’un pieu a été introduit par Poulos
(1981). Il permet d’analyser globalement la réponse d’un pieu relativement rigide soumis à
des actions cycliques axiales et d’en évaluer le comportement en fonction de la
combinaison de ces actions et du nombre de cycles. Des chargements non alternés
(traction ou compression) et alternés (compression et traction dans la même séquence)
ont ainsi été appliqués (Figure 5).
L’objectif des essais est d’établir un diagramme de stabilité sous charge axiale (Figure 6).
En désignant par :
- Vuc : la résistance ultime à la compression monotone ;
- Vut : la résistance ultime à la traction monotone (arrachement) ;
on peut représenter :
- En abscisse: la composante moyenne normalisée de la charge cyclique Vm / Vu;
- En ordonnée : l’amplitude normalisée de la sollicitation cyclique Vc / Vu
L’enveloppe externe du triangle joignant les points où Vm / Vu et Vc / Vu sont égaux à 1 est
le lieu des points de rupture statique (chargement monotone pour lequel (Vm + Vc)/Vu = 1).
Le diagramme est dissymétrique par rapport à l’axe des ordonnées car la capacité en
compression est supérieure à la capacité en tension (Vuc > Vut)
Dans sa forme la plus élémentaire, le diagramme (Figure 5.) peut être décomposé en trois
zones définies par des combinaisons (Vm / Vu ; Vc / Vu) ( Projet SOLCYP (2016)).

4
240
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Chargement alterné
cycle 1 cycle 3 cycle 4
400

300 cycle 5
Effort en tête (kN)

200
0

permanent (mm)
100 0 20 40 60 80 100 120 140

Déplacement
-1
0
0 20 40 60 80 100 120 140
-100 -2

-200 -3

-300
-4
Déplacement (mm)
-5

Temps (s)

Figure 5. Courbes typiques des différents chargements cycliques appliqués (se lit de
gauche à droite) – chargement non alterné et alterné.

Figure 6 Schéma de principe d'un diagramme de stabilité cyclique (Poulos, 1981)


3.1. Essais in situ
Un des objectifs des essais cycliques réalisés sur un type de pieu et dans un type de
sol choisi est l’établissement d’un diagramme de stabilité. Ce diagramme représente dans
le repère Vm/Vuc - Vc/Vuc les combinaisons de chargement (Vm, Vc) pour lesquelles la
réponse du pieu est considérée comme stable, instable ou métastable.

Une spécificité du projet SOLCYP est que le chargement non alterné (traction ou
compression pour une séquence) et alterné (traction – compression dans la même
séquences) ont été testés.
Dans le cas du projet SOLCYP, la solution retenue consistait à utiliser deux vérins en
opposition : un vérin statique monté au-dessus de la poutre et un vérin cyclique monté en
dessous de celle-ci. Le vérin statique était relié à un accumulateur air/huile qui permettait
d’appliquer un effort de référence constant. Cet effort de référence pouvait être réglé par
ajustement de la pression de l’accumulateur. Le vérin cyclique agissait en opposition par

5
241
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

rapport au vérin statique. Ce type de montage fonctionne si la valeur maximale du


chargement cyclique de compression dépasse celle l’effort statique appliqué en traction.
Le tableau 1 présente la procédure qu’il faudrait appliquer à un nombre de pieux d’essais
in situ minimum ; à savoir cinq, afin d’établir le diagramme de stabilité cyclique.

Figure 7. Photo du montage d’un essai de chargement cyclique alterné.


Tableau 1 Type d’essai effectué
F, S, B : respectivement pieu Foré, Pieu Vissé et pieu Battu
Référence essai : S : statique, C : cyclique, Type d’essai C : compression, T : traction
NF : Essai statique effectué suivant la norme NF-P94150-1 (compression) ou 94150-2 (traction)
Statique rapide : essai statique avec palier appliqué en moins d’ une minute
Cyclique (F=2 ou F = 3) : tel que l’effort maximum appliqué atteint respectivement ½ ou 1/3 de la charge
de rupture déterminée par l’essai statique.
Type de Référence
pieu Pieu essai Type d'essai Description
F, S, B 1 S1 Compression ( C ) Statique NF
F, S, B 2 S2 Traction ( T ) Statique NF
F, S, B 3 C1 C Cyclique (F = 3)
F, S, B 3 C2 C Cyclique (F = 2)
F, S, B 3 S3 C Statique rapide
F, S, B 3 C4 C Cyclique
F, S, B 3 S5 C Statique rapide
F, S, B 4 C1 T Cyclique (F = 3)
F, S, B 4 C2 T Cyclique (F = 2)
F, S, B 4 S3 T Statique rapide
F, S, B 4 C4 T Cyclique
F, S, B 4 S5 T Statique rapide
F, S, B 5 S, C C/T alterné

Deux essais de pieux de référence sont effectués en compression (S1) et traction (S2).
Un pieu (n°3) est consacré aux essais de compression et un autre (n°4) pour la traction
avec la méthodologie suivante : une séquence cyclique F=3 suivi par une séquence F = 2
si les déplacements cumulés ne dépassent pas un critère défini par le cahier des charges
(par exemple 10% D). Un pieu pourra subir des chargements alternés ciblés afin de
compléter le diagramme.
Enfin, un essai statique rapide permet de valider une perte ou pas de capacité portante.
Puis on peut encore effectuer des séquences cycliques tant que le critère en déplacement
est respecté.
3.2. Essais en centrifugeuse

6
242
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Les essais à la centrifugeuse permettent, pour un massif de sol donné homogène,


d’effectuer plusieurs séquences cycliques sur plusieurs pieux afin que ces derniers ne
soient pas influencés par les séquences précédentes et donc l’histoire du chargement.
Les résultats obtenus sont directement comparables à des mesures effectuées in situ
dans des sols homogènes.
3.3. Essais en chambre d’étalonnage
En chambre d’étalonnage, on peut réaliser des essais à déplacement contrôlé afin
d’évaluer la dégradation du frottement latéral et de la résistance de pointe pour une
amplitude de déplacement donnée. Contrairement à un pieu réel qui tasse pendant
l’application des cycles, dans le cas de la chambre d’étalonnage, c’est toujours la même
zone de pieu qui sera sollicitée et on est donc dans le cas le plus défavorable. On définit
ainsi un facteur de dégradation du frottement latéral pour une amplitude de déplacement
et un nombre de cycles fixés (Figure 8) .

Figure 8. Essai en chambre d’étalonnage (a) Tali (2011), (b) Silva (2014).
3.3. Essais in situ
Dans ce paragraphe, on montre les résultats d’une séquence de chargement cyclique
alterné pour un nombre de cycles de 51 dans l’argile de Merville. Entre N = 1 et N = 50, la
boucle d’hystérésis se déplace vers la gauche soit dans le sens de la traction traduisant le
sens de déplacement du pieu pour cette séquence à savoir un mouvement ascendant qui
pourrait s’accentuer pour un nombre de cycles plus importants (Figure 9).

Figure 9. Essai alterné Vm = 57 kN ;Vc = 276 kN : de N = 1 à N = 50.

7
243
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4. Conclusions et perspectives
Ce papier a permis de mettre en évidence la complémentarité des essais in situ et en
laboratoire dans le but de caractériser le comportement des pieux sous sollicitations
cycliques autant au niveau global (accumulation des déplacements et évolution de la
capacité portante) qu’au niveau local (évolution du frottement latéral et de la résistance de
pointe) (tableau 2). Les essais in situ peuvent permettre de tester la réponse d’un pieu
pour une géologie donnée mais étant donné le nombre de pieux limités, plusieurs séries
de chargement doivent être appliquées aux pieux d’essais. En revanche, dans le cas des
essais de laboratoire, chaque séquence de chargement peut être appliquée à un pieu qui
n’a jamais subi d’autres sollicitations dans son histoire. Dans le cas d’un projet de
construction, la procédure décrite pourra être utilisée.

Tableau 2 Pertinence des dispositifs expérimentaux

Méthodes d’essais

Chambre d’étalonnage Centrifugeuse Essai in situ

Pertinence Développement de lois de Développement de références - Développement de


dégradation d’interface expérimentales (diagrammes de références expérimentales
Seules des couches de sol stabilité cyclique ; lois (diagrammes de stabilité
homogènes peuvent être d’extrapolation des déplacements) cyclique ; lois
étudiées dont la Seules des couches de sol d’extrapolation des
représentativité est à homogènes peuvent être étudiées déplacements)
valider. dont la représentativité est à - Validation d’un projet
Répétabilité des essais à valider.
vérifier. Répétabilité des essais à vérifier.

5. Références bibliographiques

API RP 2A-LRFD, (1993). Recommended practice for planning, designing and


constructing fixed offshore platforms – Load and resistance factor design.
DnV. (Det Norske Veritas). 1992. Foundations. Classification notes n°. 30.4.
Garnier, J., Gaudin, C., Springman, S. M., Culligan, P. J., Goodings, D., König, D., Kutter,
B., Phillips, R., Randolph, M. F., Thorel, L. (2007). Catalogue of scaling laws and si-
militude questions in geotechnical centrifuge modeling. In-ternational Journal of
Physical Modelling in Geotechnics 3, p.01-23.
Le Kouby A., Canou J., Dupla J.C. (2004) Behaviour of model piles subjected to cyclic
axial loading. International Conference on the cyclic behaviour of soils and Liquefaction
Phenomena, Bochum, Germany (31 March – 2 April 2004), pp. 159-166.
Poulos, H.G. (1981), "Cyclic Axial Response of Single Pile.' JnI. Geot. Eng. Divn,ASCE,
Vo1.107, No.GT7, pp.41-58.
Projet SOLCYP. (2016). Recommandations sur le dimensionnement des pieux sous
sollicitations cycliques.
Rocher-Lacoste, F., Le Kouby, A., Dudouyt, F. (2014). Essai statique de pieu isolé
instrumenté avec la technique de l’extensomètre amovible , sous charge axiale ME68.
Silva, M. (2014). Experimental study of ageing and axial cyclic loading effect on shaft
friction along driven piles in sands. Ph.D. thesis, Université de Grenoble.
Tali B. (2011). Comportement de l’interface sol–structure sous sollicitations cycliques.
Application au calcul des fondations profondes, Ph.D. thesis, Université Paris-Est,
Ecole des Ponts ParisTech, 2011.

8
244
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

OUVRAGES D’ACCES AU SECOND PONT SUR LE WOURI :


FIABILISATION DU PROJET GRACE A UN REMBLAI D’ESSAI

ACCESS ROADS TO THE SECOND BRIDGE OVER THE WOURI RIVER:


RELIABILITY IMPROVEMENT DUE TO A TEST EMBANKMENT

Arnaud JUIGNET1, Céline LEFEVRE1, Olivier HELAS2


1
GEOS Ingénieurs Conseils, Rueil-Malmaison, France
2
DODIN CAMPENON BERNARD, Chevilly-Larue, France

RÉSUMÉ – Dans le cadre de la construction du second pont sur le Wouri, au Cameroun,


les ouvrages d’accès s’insèrent dans un contexte géotechnique délicat, caractéristique
des estuaires, avec d’importantes épaisseurs d’alluvions compressibles, mais aussi des
remblais mis en œuvre pour gagner des terrains sur le fleuve. Le groupement de
conception-construction a donc décidé de réaliser un remblai d’essai afin de fiabiliser les
modèles géotechniques et donc les travaux.

ABSTRACT – As part of the construction of the second bridge over the Wouri River
(Cameroon), the access roads take place in a sensitive geotechnical context which is
typical of estuary with significant thickness of compressible alluvium but also backfills. The
design-build consortium decided to perform a test embankment to reliable geotechnical
models.

1. Introduction

Le second pont sur le fleuve Wouri est un projet en conception-réalisation, confié par le
maître d’ouvrage (Etat du Cameroun) au groupement emmené par SOGEA-SATOM. Il
comprend la réalisation d’un pont de 760 m de longueur supportant un tablier routier et un
tablier ferroviaire ainsi que les accès associés. L’ouvrage, parallèle au pont existant,
permet de relier la rive ouest (Bonabéri) à la rive est (Deïdo) de la ville de Douala. Les
études géotechniques des accès (ouvrages en terre, ouvrages d’art courants et blocs
techniques du viaduc) ont été réalisées par GEOS Ingénieurs Conseils pour le compte du
groupement.

Wouri

Deïdo

Bonabéri

Localisation du remblai d’essai

Figure 1. Vue en plan globale du projet.

1
245
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

L’accès côté ouest, d’un linéaire d’environ 700 m, est en profil rasant ou en déblai sur
environ 580 m, puis en remblai jusqu’à l’arrivée sur le pont. L’accès côté est, d’un linéaire
total d’environ 2000 m, est principalement en remblai avec des hauteurs d’ouvrages en
terre qui atteignent environ 8 à 9 m au niveau du raccordement au pont et au niveau du
giratoire. Les travaux des accès comprennent la réalisation de trois ouvrages d’art
courants : deux cadres fermés et un double cadre avec des trémies (giratoire dénivelé).
La zone de construction se situe au niveau de l’estuaire du fleuve Wouri. Sur la rive est,
les terrains ont été gagnés sur le fleuve. Le substratum est constitué par des argilites et
siltites du Mio-Pliocène. Au-dessus, on trouve des remblais et des alluvions : remblais
sableux, sables plus ou moins silteux, contenant des poches de terrains argileux (argiles
molles) et/ou organiques (vases) et alternant avec des horizons de sols plus fins (argiles
plus ou moins silteuses).

Figure 2. Vue aérienne du site (Google Maps).

2. Réalisation du remblai d’essai

2.1. Objectifs

Compte tenu de la nature compressible des sols de la zone et de la faiblesse des


données de sondages et d’essais géotechniques, un remblai d’essai a été réalisé au
niveau de la bretelle d’accès nord du nouveau giratoire côté Deïdo, qui est la zone la plus
critique d’un point de vue géotechnique. En effet, celle-ci se situe au droit d’un bras mort
du Wouri. En phase préliminaire, des tassements pouvant dépasser 2 m d’amplitude ont
été estimés pour l’ouvrage en terre de la bretelle.
L’objectif du remblai d’essai était d’obtenir des informations sur la compressibilité des
sols ainsi que sur leur vitesse de consolidation, qui n’avaient jusqu’alors été que peu
caractérisées. Il devait également permettre d’appréhender les caractéristiques de fluage
des sols, qui n’avaient pas été mesurées par des essais.

2
246
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Ainsi, cette expérience en vraie grandeur avait pour but d’observer le comportement
des sols à grande échelle, et plus seulement à celle de l’échantillon ou du sondage
vertical, peu représentative dans ce contexte géologique lenticulaire.

2.2. Géométrie et instrumentation

Le remblai d’essai a été mis en œuvre sur un linéaire de 60 m pour une hauteur de 8 m
dont 4 m de surcharge par rapport à la cote finale du projet. La contrainte appliquée au sol
par le remblai était de l’ordre de 142 kPa. Les figures ci-dessous présentent la géométrie
du remblai d’essai :

Figure 4. Vue en plan du remblai d’essai.

Figure 5. Vue en coupe du remblai d’essai.

Le remblai a été instrumenté par (cf. figure 4) :


 Trois profilomètres P1, P2 et P3,
 Trois tassomètres à plaque T1, T2 et T3, installés à proximité de chaque
profilomètre,
 Un piézomètre installé en pied de talus.
Cette instrumentation a été complétée par un suivi topographique de la surface du
remblai, une fois celui-ci monté.

3
247
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3. Exploitation du remblai d’essai

3.1. Modèle géotechnique

Dans la zone du remblai d’essai, nous disposions de résultats d’essais de pénétration


statique (4), de sondages destructifs (2) et d’un sondage carotté. Compte tenu de
l’hétérogénéité des sols, le modèle géotechnique que nous avons retenu pour exploiter les
données d’essai est basé sur une stratigraphie simplifiée :

Tableau 1. Modèle géotechnique retenu pour l’analyse du remblai d’essai


Formation Epaisseur (m) qc (MPa) Ey (MPa)
Sols fins compressibles 21,5 m 0,3 1
Sable +/- silteux lâche 10,0 m 2,0 3
Sable compact 2,0 m - -
Substratum - - -

Nous avons considéré que les horizons au-delà des sables lâches n’avaient pas
d’impact sur les déformations du remblai.
Les sols fins compressibles sont entrecoupés de lentilles et d’horizons de faible
épaisseur plus sableux. Cette couche est composée de sols très mélangés (argile, vase,
sable fin).

3.2. Résultats du suivi

La réalisation du remblai d’essai a débuté le 10/03/2015 et s’est terminée le 27/05/2015,


soit une montée pendant 2,5 mois. Nous avons disposé de données pratiquement
quotidiennes de suivi (relevés des profilomètres et des tassomètres) jusqu’au 06/07/2015.
La fréquence des mesures est alors devenue hebdomadaire jusqu’au 07/12/2015.
Le relevé du piézomètre a montré un niveau d’eau quasi-constant, proche du TN.
Les profilomètres se sont révélés peu fiables sur la durée, avec des problèmes de
matériel qui ont amené à cesser temporairement les mesures, notamment quand
l’amplitude des tassements est devenue très importante. Ce sont les tassomètres qui ont
permis d’obtenir les résultats les plus fiables. Nous avons par conséquent mené les
analyses à partir de ceux-ci.
On observe sur la figure 6 en page suivante une amplitude des tassements au
07/12/2015 qui varie entre 0,83 m (tassomètre T1) et 1,78 m (tassomètre T2). Une grande
partie de ces tassements (65 à 85 %) s’est produite de manière quasi-linéaire pendant la
montée du remblai (excepté pour T1). On note ensuite une diminution relativement brutale
de la vitesse de tassement une fois le remblai monté, avec une allure de courbe typique
des phénomènes de consolidation primaire. Sur la figure 7, on observe une stabilisation
de la vitesse des tassements sous charge constante (caractéristique du fluage) à partir de
mi-juillet / début août, soit 1,5 mois environ après la fin des terrassements.
Pour le tassomètre T1, les tassements mesurés sont plus faibles. En effet, au niveau
de T1, une partie du remblai d’essai empiétait sur une plateforme existante qui pourrait
avoir joué le rôle d’un préchargement. Cela expliquerait également les faibles tassements
mesurés jusqu’au 01/04 : la charge appliquée par le remblai d’essai n’avait pas encore
dépassé la charge correspondant à celle de la plateforme existante.

4
248
Vitesse de tassement (mm/j) Tassemennts (m)

10,0
12,0
14,0
16,0
18,0

0,0
2,0
4,0
6,0
8,0
2,00
1,80
1,60
1,40
1,20
1,00
0,80
0,60
0,40
0,20
0,00
25/05/2015 09/03/2015
16/03/2015
01/06/2015 23/03/2015
30/03/2015
08/06/2015
06/04/2015
15/06/2015 13/04/2015
20/04/2015
22/06/2015 27/04/2015
04/05/2015
29/06/2015
11/05/2015
06/07/2015 18/05/2015
25/05/2015
13/07/2015 01/06/2015
08/06/2015
20/07/2015 15/06/2015
22/06/2015
27/07/2015
29/06/2015
03/08/2015 06/07/2015
13/07/2015
10/08/2015 20/07/2015
27/07/2015
17/08/2015 03/08/2015
24/08/2015 10/08/2015
17/08/2015
31/08/2015 24/08/2015

5
31/08/2015

249
07/09/2015 07/09/2015
14/09/2015
14/09/2015
21/09/2015
21/09/2015 28/09/2015
05/10/2015
28/09/2015 12/10/2015
19/10/2015
05/10/2015 26/10/2015
02/11/2015
12/10/2015
09/11/2015
19/10/2015 16/11/2015
23/11/2015
26/10/2015 30/11/2015
07/12/2015
02/11/2015
14/12/2015
09/11/2015
0,00
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
6,00
7,00
8,00
9,00
10,00

16/11/2015
Hauteur du remblai (m)
23/11/2015

30/11/2015
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 6. Suivi des tassomètres en parallèle de la montée du remblai.


T3
T2
T1

07/12/2015

14/12/2015

T3
T2
T1
Hauteur du remblai

Figure 7. Evolution de la vitesse des tassements à partir de la fin de la montée du remblai.


Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.3. Analyse des données

Pour analyser les données, nous avons utilisé le logiciel GEODEPL développé par GEOS
Ingénieurs Conseils. Il permet d'estimer, en fonction des mesures de tassement réalisées
sur le terrain, le taux de consolidation du sol et de prédire l'évolution des tassements
primaires et secondaires. Trois méthodes différentes sont appliquées :
 La méthode d'Asaoka, traçant le déplacement à un instant donné en fonction du
déplacement à l'instant précédent,
 La méthode de Recordon, qui recherche une loi exponentielle du tassement
primaire en fonction du temps, à laquelle peut s'ajouter une loi logarithmique
régissant le tassement secondaire à compter d'une certaine date,
 La méthode d'Al-Shamrani qui intègre une loi hyperbolique du tassement en
fonction du temps.

3.3.1. Compressibilité des sols


Nous avons retenu pour cette analyse les mesures obtenues après la fin de la montée du
remblai (charge constante) et jusqu’au 29/06/2015 (avant l’observation de la diminution de
la vitesse de tassement). Les résultats obtenus sont les suivants :

Tableau 2. Estimation des tassements totaux sur la base des mesures réelles.
Tassement final selon Tassement final selon Tassement final selon
Tassomètre
Asaoka (m) Recordon (m) Al-Shamrani (m)
T1 0,70 m 0,72 m 0,69 m
T2 1,62 m 1,66 m 1,62 m
T3 1,47 m 1,50 m 1,47 m

Les tassements estimés correspondent aux tassements de consolidation primaire. Les


trois méthodes donnent des résultats relativement similaires (2 à 5 % d’écart).
GEODEPL estime également la date de fin de consolidation primaire d’après la
méthode de Recordon, pour laquelle nous indiquons les tassements réellement mesurés
sur site :

Tableau 3. Estimation de la date de fin de la consolidation primaire.


Tassomètre Fin de consolidation Tassement mesuré

T1 31/07/2015 0,74 m
T2 14/07/2015 1,65 m
T3 13/07/2015 1,50 m

Les tassements mesurés correspondent aux tassements théoriques estimés plus haut,
ce qui tend à confirmer l’estimation de la fin de consolidation entre le 13/07 et le
31/07/2015, soit entre 47 et 65 jours après la fin de la montée du remblai.
Sur la base du modèle géotechnique défini précédemment, nous avons calculé les
tassements théoriques sous la charge du remblai d’essai. Les calculs sont de type
élastique car il s’agit de vérifier la validité du modèle géotechnique simplifié (modules
équivalents de déformation des couches de sol) qui n’utilise pas la théorie de la
consolidation.

6
250
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Les résultats obtenus sont les suivants :

Tableau 4. Estimation théorique des tassements.


Tassomètre T1 T2 T3

Tassements (m) 1,17 m 1,81 m 1,65 m

On note que le calcul théorique donne des résultats du même ordre de grandeur que
les tassements mesurés sur site pour T2 et T3 (amplitude maximale comprise entre 1 et
2 m), ce qui fiabilise le modèle géotechnique précédemment retenu.
La proportion entre les tassements ayant eu lieu pendant la montée du remblai et les
tassements différés est de l’ordre de 76 à 88 %. Le calcul théorique donne une répartition
entre les tassements de la couche de sols fins compressibles (tassements différés) et les
tassements de la couche de sable lâche (tassements quasi-immédiats) de l’ordre de
90 %.
Les proportions entre tassements immédiats et tassements différés sont donc
inversées au regard du comportement réel de l’ouvrage. Cette situation peut s’expliquer
par :
 La présence de lentilles et horizons sableux au sein de la couche argileuse qui
permettent une évacuation rapide des pressions interstitielles et par conséquent
une augmentation de la vitesse de consolidation,
 La montée assez lente du remblai, qui a permis à la consolidation de se produire
progressivement pendant la mise en charge du sol.
Nous avons donc estimé un coefficient de consolidation global de la couche de sols fins
compressibles, caractéristique de ce comportement, à partir de la formule suivante :
Cv = Tv x H2 / t (1)
Avec :
 Tv : facteur temps (égal à 2 pour une consolidation considérée comme complète)
 H : longueur de drainage (égale à 10,8 m (couche drainée sur les deux faces))
 t : durée de consolidation (égale à 47 ou 65 jours)
Les résultats obtenus sont les suivants :

Tableau 5. Estimations du coefficient de consolidation vertical.


t (jours) Cv (m2/s)

47 5,7.10-5
65 4,2.10-5

GEODEPL donne également une estimation des coefficients de consolidation suivant


Asaoka et Recordon :

Tableau 6. Estimations du coefficient de consolidation vertical par GEODEPL.


Cv (m2/s) Cv (m2/s)
Tassomètre
selon Asaoka selon Recordon
T1 2,6.10-5 2,6.10-5
T2 3,0.10-5 2,9.10-5
T3 2,3.10-5 2,9.10-5

Ainsi, nous avons obtenu un ensemble cohérent de valeurs comprises entre 2.10-5 m2/s
et 6.10-5 m2/s.

7
251
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

En réalité, le coefficient de consolidation des horizons plus argileux de la couche


compressible est vraisemblablement plus faible que celui que nous avons estimé, mais il
est compensé par les horizons sableux qui réduisent la longueur de drainage, ce qui
conduit à une durée de consolidation équivalente.

3.3.2. Fluage
Les tassements de fluage sont estimés à partir de la formule suivante :

∆Hα = H x Cα x log (t / t100) (2)

A partir des courbes de l’évolution du tassement après la fin de la consolidation


primaire et en considérant H = 21,5 m (épaisseur de la couche de sols fins compressibles
sujette au fluage), nous avons obtenu une valeur du taux de consolidation secondaire (Cα)
de l’ordre de 0,01. Comme pour le coefficient de consolidation vertical, il s’agit d’une
valeur moyenne, représentative du comportement de l’ensemble de la couche considérée
(les horizons plus argileux ou vasards de cette couche pris indépendamment montreraient
probablement des valeurs de Cα plus élevées et les horizons plus sableux des valeurs
plus faibles).

4. Conclusion

Le suivi du remblai d’essai et l’analyse des résultats obtenus a permis d’atteindre


plusieurs objectifs :
 La fiabilisation des modèles géotechniques simplifiés retenus (modules de
déformation des couches de sols),
 L’estimation d’un coefficient de consolidation vertical « équivalent » représentatif
du comportement réel des sols compressibles mélangés du site sous les
charges apportées par les remblais,
 L’estimation d’un taux de consolidation secondaire moyen pour les sols fins
compressibles du site.
Par rapport aux études géotechniques produites pour les accès en phase préliminaire,
l’exploitation du remblai d’essai a validé les estimations d’amplitudes de tassement
préalablement réalisées.
L’exploitation de ce remblai a permis d’adapter le phasage des travaux, d’optimiser
certains dimensionnements établis jusqu’alors de manière sécuritaire faute de données
(principes de préchargement des ouvrages en terre), et de fiabiliser le planning du
chantier par rapport aux vitesses de tassements constatées.
Cet essai en vraie grandeur s’est donc avéré particulièrement bien adapté au contexte
géotechnique du site qui, par sa complexité et son hétérogénéité, rend difficile
l’établissement de modèles géotechniques à la fois simples et représentatifs du
comportement réel des ouvrages.

5. Références bibliographiques

Recordon E. (1988). Tassement des ouvrages au cours du temps - Méthode


d'interprétation des mesures. Ingénieurs et architectes suisses n°7.
Al-Shamrani M. (2004). Applying the hyperbolic method and Cα /Cc concept for settlement
predicition of complex organic-rich soil formations. Engineering geology 77 (2005) pp.
17-34.
Philipponnat G., Hubert B. (1997). Fondations et ouvrages en terre. Eyrolles, 576 pages.

8
252
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

BENCHMARK ALEA CHUTE DE BLOCS


CAS DE DE LA DEVIATION D'AX-LES-THERMES
ROCK FALL HAZARD BENCHMARK
AX-LES-THERMESDIVERSION ROAD CASE

Véronique MERRIEN-SOUKATCHOFF1, Muriel GASC-BARBIER2


1
GeF - EA 4630, Conservatoire National des Arts et Métiers, Paris, France
2
Cerema, Toulouse, France

RÉSUMÉ –De nombreuses mesures ont été effectuées pour dimensionner les talus de
grandes hauteurs nécessaires au passage de la déviation routière d'Ax-les-Thermes, ce
qui en fait un cas d'étude très documenté. Nous présentons, dans cet article,les données
et les analyses déjà effectuées sur ce cas afin que ces informations puissent servir à une
comparaison nationale puis internationale sur le risque chute de blocs.

ABSTRACT–Many measurements have been carried out to design the great height
cuttingsof Ax-Les-Thermesdiversion road making it a particularly well-documented case
study. This article presents all data and analyses done in order to use this information for
national and international comparisons on rock fall hazard.

1.Introduction

À partir de données de fracturation et une géométrie d'ouvrage à ciel ouvert (ou


souterrain) les estimations de l'aléa chute de blocs peuvent s'opérer selon diverses
méthodologies, en utilisant divers logiciels. Dans cet article nous nous proposons de
présenter en détail un cas de talus de déblais de grande hauteur sur lequel et autour
duquel de nombreuses mesures ont été effectuées. Ces mesures ont servi au
dimensionnement du talus et de son renforcement, mais elles pourraient être utilisées par
d'autres pour comparerdes méthodes, des logiciels, etc.
Le cas est celui de la déviation d'Ax-les-Thermes auquel plusieurs articles font déjà
référence : Gasc-Barbier et al. (2008), Godefroy et al. (2009), Nguyen et al. (2016), mais
ces articles n'avaient pas pour but de fournir les données de manière exhaustive.

2.La déviation d'Ax-les-Thermes

Ax-les-Thermes est située dans les Pyrénées, à environ 130 km au sud de Toulouse et
30 km de la frontière entre la France et l'Andorre. La route vers l'Andorre est la route
nationale 20, une voie très fréquentée, à la fois par les usagers locaux, le transport de
marchandise et les touristes. Ainsi, la construction d’une déviation de la ville a été
envisagée depuis les années quatre-vingt.
Ax-les-Thermes se trouve dans la zone primaire axiale des Pyrénées composée de
roches essentiellement hercyniennes (gneiss, granitoïdes et micaschistes) et délimitée au
nord par la faille nord-pyrénéenne. La voie de contournement d'Ax rencontre
successivement du granite et des gneiss, très fracturés,datant de l’orogénèse hercynienne
et, dans la vallée, des dépôts fluvio-glaciaires du Quaternaire d'épaisseur variable.
La déviation de de la ville a nécessité la création de 5,8 km de route et l'excavation de
déblais rocheux de hauteur importante (1,2 million de m3 à bouger dont 500 000 m3 à

1
253
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

miner). Des photos ont été réalisées par PhotosTP (2004), un blog illustré de
photosréalisé par un particulier
L’ensemble des travaux de terrassement ont été réalisés entre 2004 et 2009. En
effet,après quelques semaines de travaux, ils ont étéinterrompus jusque mi 2007, avec
changement d’entreprise pour la réalisation des déblais.La déviation est orientée Est-
Ouest au Nord puis Nord-Sud au Sud (Figure 1). Le passage d'Esquiroulet, sur lequel
l'article se focalise est positionné sur la figure 1. À son endroit, la route, orientée N95°,
traverse la montagne et excaveune quarantaine de mètres de profondeur sur 270m en
créant: un talus aval incliné à 76°,de hauteur comprise entre 0 et 30 m et un talus
amontincliné à 76° de 42 m de hauteur au maximum (Figure 2).

Passage
d'Esquiroulet

1000 m

Figure 1. Situation de la déviation d'Ax-les-Thermes (modifié de Géoportail).

Dans le cadre des études avant-projets et projet, 128 sondages verticaux ont été
réalisés sur l'ensemble de la déviation entre 1999 et 2001, dont 2 sondages carottés (de
15,4 m et 42 m), un sondage destructif (de 54 m) et un sondage destructif avec essais
pénétrométriques (de 42 m)dans le secteur d'Esquiroulet. Deux sondages ont été
explorés par caméra optique (un des sondages carottés et le sondage correspondant aux
essais pressiométriques). Ces sondages ont permis d'extraire des échantillons pour
effectuer des essais de laboratoire
En automne 2005, l'interruption des travaux a également permis le relevé de
nombreuses discontinuités.

2
254
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Nord Sud

Front
Pente
de taille
naturelle
Talus
aval

Pente
naturelle

Talus
amont

Figure 2. Vue schématique de l'excavation au niveau du d'Esquiroulet

3.Essais de laboratoire

Pour l’ensemble des travaux de terrassement, 26 essais de compression simples, 19


essais de traction indirecte et 5 essais sur discontinuités ont été effectués dans une roche
migmatitique au sens large (gneiss et pegmatites).
Des essais de compression, de traction indirecte et de cisaillement sur discontinuité ont
été également réalisés. L'ensemble des données est disponible surGasc-Barbier (2016).

3.1.Essais de compressions

26 essais de compression ont été réalisés sur des échantillons classés en 2 groupes :
granite et gneiss.La presse utilisé à l’époque ne permettait ni d’enregistrer la courbe
d’essai, ni de mesurerles modules;seules les valeurs de résistance à la compression
Rcsont donc disponibles.
La résistance moyenne à la compression des échantillons est de 64,6 MPa avec un
écart type de 29,8 MPa. Seuls les gneiss affleurent au niveau du passage
d'Esquiroulet,leur résistance moyenne à la compression est de 83,7 MPa avec un écart
type de 23,6 MPa, mais l'ensemble des résistances sont données dans les fichiers
accessibles pour le Benchmark. Parmi les échantillons, seule une seule carotte provenait
du talus Esquiroulet et sa résistance à la compression était de 77 MPa.

3.2.Essais de traction

19 essais de traction indirecte par fendage (essais brésiliens) ont permis de déterminer
une résistance à la traction moyenne de 6,15 MPa avec un écart type de 2,5 MPa. En ne
prenant que les gneiss, la valeur moyenne est de 7 MPa avec un écart type de 2,5 MPa.

3
255
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Un seul échantillon provenait du talus d'Esquiroulet et sa résistance en traction a été de


9,25 MPa (qui correspond à la valeur la plus élevée mesurée).

3.3.Essais sur discontinuités

Deux séries d’essais de cisaillement sur des discontinuités naturellesont été réalisées, en
2005 et en 2007,selon la norme française XP P 94-424 (AFNIR, 2003).
La première série comportait 8 essais, dont deux sur des roches d’Esquiroulet qui ont
conduit à une résistance au cisaillement de 675 kPa et 580 kPa pour des contraintes
normales respectivesde 550 kPa et 590 kPa.
La seconde série d’essai, en comportait 5, et a permis de tester une gamme plus
importante de contraintes normales de 0,68 à 20 MPa (contraintes normales testées :
0,68; 2; 5; 10 et 20 MPa). Le processus de réalisation des essais a été présenté dans
Gasc-Barbier et Guittard (2009) et l'ensemble des résultats disponibles sur Gasc-Barbier
(2016)dans Gasc-Barbier et Marache (2010).

4. Orientation des discontinuités

4.1. Relevés de discontinuités sur ligne de mesures

En automne 2005, après excavation d'environ 1/3 de la profondeur du déblai, l'interruption


des travaux a permis de relever 856 discontinuités au niveau du passage d'Esquiroulet, le
long de 11 lignes horizontales mesurant de 6 à 30 m et représentant au total 181,5 m de
relevés. Ces lignes étaient orientées selon 3 directions (Figure 2), le long du talus amont
(lignes 3 à 8), le long du talus aval (lignes 9 à 11) et sur le front de taille (lignes 1 et 2)
La Figure 3présente un extrait de relevés selon une ligne de mesure. Chaque ligne de
mesure est orientée et la date du relevé est précisée.
Le type, l'orientation, la persistance, la rugosité et l'emplacement de chaque
discontinuité coupant la ligne ont été répertorié, ainsi qu'une une distance perpendiculaire
"estimée" en considérant une famille "a priori" pour chaque fracture et en estimant la
distance perpendiculaire de cette fracture à la fracture la plus proche de la même famille.
Les relevés ont été effectués selon les recommandations présentées dans Chantron et
Zumbo (2002).

Figure 3. Exemple de données pour la ligne de mesure n° 1.

4
256
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4.2.Relevés de discontinuités en forage

Des diagraphies caméra (BIPS) ont été réalisées en 2000 dans 2 sondages verticaux: le
sondage (SC43) carotté de 42 m et le sondage (SP47) de l'essai pressiométrique
(cf.Figure 4). Dans le premier (SC43) les informations ne sont exploitables que jusqu'à
11 m. Ces logs de sondage seront disponibles sur Gasc-Barbier (2016).

Figure 4.Extrait de diagraphie caméra et interprétation

5.Analyses suggérées

À partir des données présentées les estimations de l'aléa chute de blocs peuvent s'opérer
selon diverses méthodologies, en utilisant divers logiciels. L'idée de ce Benchmark est de
comparer les pratiques concernant :
 le regroupement des relevés en familles de fractures,
 la prise en compte des biais d'échantillonnage,
 les caractéristiques prises pour les discontinuités (déterministe ou
stochastique),
 l'estimation de l'aléa chute de blocs,
 les indicateurs de stabilités donnés suite aux analyses de stabilité,
 la prise en compte d'un renforcement (boulonnage) et de la présence d'eau dans
l'évaluation de l'aléa,
 les logiciels utilisés pour ces différentes étapes,
 la prise en compte des incertitudes géométriques et sur les propriétés
mécaniques.
Précisons que le benchmark proposé se limite à estimer l'aléa instabilité de blocs
rocheux et ne prend pas en compte la trajectographie qui fait déjà l'objet d'autres
comparaisons sur d’autres sites.

5.1. Géométrie étudiée

Une topographie précise du versant (réalisée à partir de Géoportail)est proposée en


Figure 5. La position de la coupe est accessible sur Gasc-Barbier (2016).
Nous proposons de comparer des analyses de stabilité du talus amont, en considérant
l'orientation de l'horizontale de ce talus à N95° 2° (ces  2° correspondent aux variations
possible de l'orientation), une pente à 76° sur une hauteur de 40 m et au-delà une pente
de terrain naturel à 27° (Figure 6).

5
257
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Nord Sud

Passage
d'Esquiroulet

100 m

Figure 5. Topographie initiale, modifiée de Géoportail


Topographie
initiale 27°

N 95°
42 m
Excavation
Talus amont
Talus aval 76°

Nord Sud

Figure 6. Coupe proposée

5.2.Regroupement des discontinuités et prise en compte des biais


d'échantillonnage

Les informations relatives aux discontinuités ont déjà été exploitées et, selon les
traitements adoptés, regroupées en 3 ou 4 familles par Gasc-Barbier et al. (2008) et
Nguyen et al. (2016). Notons que dans Nguyen et al. (2016), les analyses de stabilité
effectuées correspondent au front de taille et donc à une orientation à 90° par rapport au
talus amont d'Esquiroulet. Par ailleurs, les biais liés à l'orientation des lignes de mesures
n'ont pas été pris en compte dans ces traitements.
Les participants à ce benchmark sont invités à utiliser leur méthode usuelle pour
effectuer ce regroupement.

6
258
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

5.3.Propriétés des discontinuités

Les informations fournies sur les essais de cisaillement ainsi que la bibliographie peuvent
permettre de discuter des propriétés à introduire dans l'analyse de stabilité de talus. Nous
ne donnons pas d'indications sur ce choix, mais souhaitons que les participants nous
précisent les propriétés retenues.

5.4. Méthodes et logiciels utilisés

Les participants à ce Benchmark, sont invités à préciser la(es) méthode(s) choisi(es), le(s)
logiciel(s) utilisé(es) et les paramètres nécessaires aux méthodes et logiciels.

5.5. Indicateurs de stabilité

Les "indicateurs de stabilité" issus des analyses, peuvent être variés,Nguyen et al. (2016)
en a proposé quelques-uns. On peut, par exemple considérer les résultats en terme de :
 Plus gros bloc instable
 Bloc moyen le plus probable (avec éventuellement un intervalle de confiance) en
terme de volume et de poids
 Volume (poids) total instable le plus probable, dispersion autour de ce volume
 Nombre de blocs instables
 Déplacement des blocs
 Indicateur local ou global de la stabilité (facteur de sécurité, de fiabilité, etc.)
Le maximum d'information fournie par les outils et méthodes est souhaité afin de
pouvoir faire des comparaisons les plus exhaustivespossibles.

5.6. Prise en compte éventuel du renforcement

Afin d'éviter les glissements plans ou en dièdre, lors de l'étude d'avant-projet il avait été
préconisé un boulonnage du talus par des clous inclinés de 5° par rapport à l'horizontale.
Les participants peuvent proposer un schéma de boulonnage (préciser la maille, la
longueur, le diamètre, la résistance, la longueur de scellement, etc. des clous).

6. Conclusions

Nous avons présenté le site du passage d'Esquiroulet de la déviation routière d'Ax-les-


Thermes où de nombreuses mesures ont été effectuées pour dimensionner les talus de
grandes hauteurs nécessaires au passage de la route. Ces informations sont mises à la
disposition de la communauté géologique et géotechnique afin d'effectuer des
comparaisons sur les méthodes de synthèses des informations, d'analyse de la stabilité
des talus et de dimensionnement du renforcement.
Le but de ce benchmark n'est pas d'établir un palmarès de la meilleure analyse de
stabilité, mais de comparer les méthodes et d'enrichir l'expérience des participants par
des suggestions croisées. Les auteurs de l'article s'engagent à effectuer des synthèses
des informations qu'elles auront reçues. L'identité des participants sera précisée, mais a
priori les résultats seront anonymes dans les synthèses. Ce point pourra évoluer en
fonction des réponses, des demandes et des désidératas des participants. Une date de
réunion sera proposée à l'issu des JNGG21016.

7
259
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

7.Références bibliographiques

Chantron, L. and Zumbo, V. (2002) Formalisation des critères descriptifs d'un massif
rocheux - mise au point d'une feuille de saisie des discontinuités, JNGG, Nancy, France,
12 pages.
Gasc-Barbier (2016) ResearchGate network dedicated to science and research.
Connect, collaborate and discover scientific publications, jobs and
conferences,https://www.researchgate.net/profile/Muriel_Gasc-
Barbier/publicationsdernière consultation le 09/05/2016.
Gasc-Barbier, M. and Guittard, J. (2009) Comportement au cisaillement d’un joint
rocheux naturel, Revue Française de Géotechnique, pp. 5-13.
Gasc-Barbier, M. and Marache, A. (2010) Comportement mécanique des joints
rocheux, in: S. Lambert and F. Nicot (Eds.), Géomécanique des instabilités rocheuses du
déclenchement à l'ouvrage -Traité MIM Mécanique et ingénierie des matériaux. Hermes
science publ. Lavoisier, Paris, 27 pages.
Gasc-Barbier, M., Ballion, A. and Virely, D. (2008) Design of large cuttings in jointed
rock, Bulletin of Engineering Geology and the Environment, pp. 227-235.
Géoportail (2016) l’information géographique de référence : cartes, photographies
aériennes, bases de données géographiques,
http://www.geoportail.gouv.fr/accueildernière consultation le 09/05/2016.
Godefroy, J., Merrien-Soukatchoff, V. and Gasc-Barbier, M. (2009) Stabilité de pentes
rocheuses fracturées. Recherche des conditions aux limites pour un calcul à l’équilibre
limite 3D. , Journées AUGC 2009, Saint Malo, France, 17 pages.
Nguyen, A. T., Merrien-Soukatchoff, V., Vinches, M. and Gasc-Barbier, M. (2016)
Grouping discontinuities in representative sets: influence on the stability analysis of slope
cuts, Bulletin of Engineering Geology and the Environment. Springer Berlin Heidelberg,
pp. 1-16.
PhotosTP (2004) RN20 : Déviation d'Ax-les-Thermes (09),
http://photostp.free.fr/phpbb/viewtopic.php?f=8&t=13dernière consultation le 09/05/2016.

8
260
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

DIMENSIONNEMENT D’INCLUSIONS RIGIDES SOUMISES A DES


POUSSEES LATERALES

IMPACT OF HORIZONTAL STRAIN ON RIGIDS INCLUSIONS

Elodie MEYER1, Viet-Nam TRINH1, Hugo RAVEL1


1 SYSTRA, Paris, France

RÉSUMÉ – La modélisation des efforts horizontaux sur les inclusions rigides a été réalisée
à l’aide d’une méthode classique réglementaire et d’un modèle Plaxis 2D. La comparaison
des deux méthodes a permis de mettre en évidence l’importance de la modélisation de la
déformée du sol pour évaluer l’impact sur les structures de fondation.

ABSTRACT – The impact of the horizontal deformation of soil on the rigids inclusions is
studied using a classical analytic method and a Plaxis 2D model. The comparison between
the methods reveals the major role of the soil deformation modelling to evaluate the
deformation of the foundations structures.

1. Présentation du projet

Dans le cadre de la construction de la LGV Maroc, il a été mis en évidence la présence de


sols compressibles sur des épaisseurs localement importantes, notamment dans les zones
environnantes d’oueds. Le présent article traite plus particulièrement d’un ouvrage
hydraulique de décharge situé dans l’environnement de l’oued Drader.
Au droit de cet ouvrage, il était initialement prévu la mise en œuvre de remblais de
préchargement permettant de consolider l’horizon de sols compressibles et de s’affranchir
des tassements futurs. En effet, les critères de tassement au droit des ouvrages d’art
prévoient un tassement à court terme inférieur à 2cm sous l’ouvrage hydraulique et un
tassement à long terme sous ses blocs techniques inférieur à 1cm/an.
Une des particularités de cet ouvrage est qu’il se situe à la limite entre deux zones qui
font l’objet de préchargements différents. Côté nord, il est prévu la mise en œuvre de 9m
de remblais de préchargement, composés de 7,5m pour atteindre la cote projet et 1,5m
pour représenter la surcharge ferroviaire future de 30kPa. Ces remblais sont mis en œuvre
en une seule phase et le temps de consolidation prévisionnel est de 12 mois. Côté sud, il
est prévu un préchargement en 3 phases : 5m, 9m puis 12m. La durée cumulée de
consolidation pour ces 3 phases est de l’ordre de 18 mois.
Des difficultés d’approvisionnement en matériaux retardent la mise en œuvre des
remblais de préchargement ce qui a pour impact le décalage des dates de fin prévisionnelle
de consolidation. Au départ de l’étude, on relevait ainsi, côté nord une hauteur de remblais
de 2m contre les 9m prévus initialement à la même date et, côté sud, une hauteur de 8m
contre les 9m prévus. Ces retards impactent également la construction des ouvrages d’art.
La nécessité de limiter le retard global du chantier conduit à rechercher une solution
technique permettant de s’affranchir de ces temps de consolidation au droit de l’ouvrage
hydraulique et de ses abords. La solution proposée est une solution de renforcement de sol
à l’aide d’inclusions rigides.
La figure 1 présente l’ouvrage, les remblais de préchargement prévus ainsi que la zone
à renforcer. La zone globale à renforcer s’étend donc sur une longueur de 73m pour une
largeur de 46m, soit une surface de plus de 3300m².

1
261
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 1 : Coupe schématique de l’ouvrage à renforcer

2. Contexte géotechnique de l’ouvrage

Il existe, au droit du futur ouvrage, un sondage pressiométrique à 15m de profondeur, soit


relativement court et insuffisant pour le dimensionnement de ces inclusions rigides.
Les sondages réalisés à proximité du futur ouvrage sur l’oued Drader et présentant une
profondeur plus importante (30m environ) sont intégrés à l’étude afin d’obtenir plus de
données sur les horizons pressentis pour l’ancrage des inclusions.
Le modèle géotechnique défini à partir de ces sondages est présenté dans le tableau 1.

Tableau 1 : modèle géotechnique

Zbase/tête
Cote γh γ’ EM pl * EYoung qs Effort de Ktanδ
Couche sondage α
(m NGM) (kN/m3) (kN/m3) (MPa) (MPa) (MPa) (kPa) pointe pieu foré
(m)

Sable
-8.0 -4.4 17 8.1 2.2 0.28 1/2 4.4 0 0.15
vasard
Sable
ple* = 1.2
limoneux à
-13.8 -10.2 20 10.2 14.0 1.18 1/2 28.1 65 kp = 1.1 0.45
marneux

Sable ple* = 2
grésifié -15.5 -11,9 21 11.2 52.5 3.05 1/2 105.0 80 kp = 1.1 1

ple* = 1.6
Sable
-20 -16.4 21 11.2 18.0 1.59 1/2 35.9 75 kp = 1.1 1
marneux

Les valeurs de qs présentées dans le tableau ci-dessus sont obtenues en considérant


des inclusions forées simples et déterminées à partir du fascicule 62 titre V, code de calcul
référent pour le projet de la LGV Maroc.
L’analyse géotechnique confirme ainsi l’existence d’un horizon compressible, sur une
hauteur d’environ 8m à partir du terrain naturel. Elle met également en évidence l’existence
d’un horizon plus résistant à partir de 14m de profondeur environ et qui pourra servir
d’ancrage aux inclusions rigides.

3. Présentation du renforcement et impact du phasage travaux

Le renforcement de sol prévu est un maillage d’inclusions rigides ancrées dans l’horizon de
sable grésifié.
Les caractéristiques géométriques du renforcement sont les suivantes :
 Longueur : 11.5m à partir de la cote 0.65m avec un ancrage de 60cm dans l’horizon
de sable grésifié

2
262
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

 Diamètre : 0.4m
 Maillage : 1.3m x1.3m
 Module à long terme : 10043MPa
Compte tenu de la problématique de retards rencontrée sur ce projet, l’exécution des
inclusions s’intègre dans un phasage travaux complexe, permettant d’optimiser les délais.
Il est ainsi prévu de réaliser les inclusions au plus vite, puis de poursuivre la mise en œuvre
des remblais de préchargement en parallèle de la construction de l’ouvrage.
Un tel phasage des travaux entraine obligatoirement la génération d’efforts transversaux
importants sur les inclusions. En effet, le tassement de l’horizon compressible sous la
charge de remblai génère un déplacement horizontal du sol vers la zone non chargée. Ce
déplacement du sol génère des efforts horizontaux sur le système de renforcement. Ces
efforts sont à considérer dans les calculs lors du dimensionnement des inclusions rigides.

4. Contraintes particulières de dimensionnement

Les contraintes particulières de ce dimensionnement résident dans les critères de


tassement à respecter et dans la prise en compte des efforts latéraux générés par le
tassement du sol compressible sous le poids du remblai de préchargement.

4.1. Critères de tassements

Les critères de tassement sont de 2cm maximum de tassement total sous l’ouvrage et ses
abords et de 1cm/an maximum de tassement de fluage sous bloc technique.
Le maillage d’inclusions défini permet de répondre à ces critères de tassement.
Cependant, les inclusions définies doivent également permettre la reprise des efforts
horizontaux.

4.2. Reprise du déplacement horizontal du sol

Figure 2 : Extrait du fascicule 62 titre V – annexe G.3 – paragraphe 4

Le déplacement horizontal du sol se produit dans le cas du chargement dissymétrique, en


pied de talus de remblai par exemple, d’un horizon compressible (figure 2).
On constate alors qu’il existe un déplacement horizontal de l’horizon compressible qui se
produit de la zone chargée vers la zone non chargée. La valeur de ce déplacement
horizontal est directement liée à la valeur du tassement du sol compressible sous la charge
de remblai. Ce déplacement horizontal engendre des efforts de flexion importants sur un
élément de fondation profonde fiché à proximité du pied de talus du remblai et traversant

3
263
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

l’horizon compressible pour s’ancrer dans un horizon plus résistant. Les inclusions n’étant
pas dimensionnées pour reprendre les moments de flexion, la solution est alors de mettre
en place une cage d’armatures afin de reprendre les efforts de flexion.
La réponse préconisée par les règlements est de retarder la mise en œuvre des éléments
de fondation ou de renforcement après la mise en œuvre des remblais à proximité.
Cependant, le phasage travaux de l’entreprise ne permet pas toujours de mettre en
application cette préconisation, comme c’est le cas dans ce renforcement de sol au Maroc.
Il revient alors au dimensionnement de prendre en compte ces contraintes d’exécution.

5. Prise en compte du déplacement horizontal du sol

La méthode retenue pour la prise en compte des efforts horizontaux est celle intitulée
détermination de g(z) dans la couche compressible dans les règlements. Le g(z) est le
déplacement horizontal libre du sol, en l’absence de tout élément structurel. La formule
utilisée ici est celle présentée dans le fascicule 62 titre V, référent sur ce projet.

( , ) = ( ). ( ) (1)

Elle se compose d’un terme polynomial fonction de la profondeur :

( ) = 1,83. − 4,69. + 2,13. + 0,73 (2)

Et d’un terme représentant la valeur maximale du déplacement horizontal du sol


compressible dans les conditions du projet.

g (t) = g (0) + ∆g (t) (3)

Cette valeur maximale est elle-même composée d’un terme dépendant de la cohésion
non drainée du sol compressible et de son épaisseur, du niveau de charge de remblai ainsi
que de l’angle d’inclinaison du talus du remblai, et d’un terme relié aux tassements calculés
à l’axe du remblai en section courante, dépendant du temps.

5.1. Calcul de gmax(0)

Le terme gmax(0) se calcule, entre autres, en fonction de la cohésion non drainée Cu. En
l’absence d’essai adapté au droit du futur ouvrage, la valeur de Cu est basée sur la
corrélation de Ménard (Cassan, 2005) : Cu = pl*/5,5 = 65 kPa.
Le calcul mené pour un élément de fondation situé à proximité directe du pied de remblai,
mène à une valeur de gmax(0) égale à 3cm.

5.2. Calcul de Δgmax (t)

Il s’agit du terme dépendant du temps, calculé en fonction du différentiel entre le tassement


à la fin de la construction du remblai et le tassement à l’instant t. Dans le cas d’une fondation
réalisée avant le remblai, le déplacement considéré est celui entre l’état initial (fin de la
construction du remblai) et l’état à l’infini. Le tassement final est évalué en considérant le
tassement de consolidation et le tassement de fluage. Le tassement de consolidation de
l’horizon compressible sous le poids du remblai, en section courante, est évalué par la
méthode de l’élasticité unidimensionnelle de Boussinesq avec un remblai de 7m.

4
264
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Le tassement de consolidation déterminé est alors égal à 21cm. Le tassement de fluage


calculé en fonction du temps de consolidation est inférieur au cm. On obtient ainsi un
tassement total à t infini de 22cm.
Pour évaluer le tassement initial, la méthode retenue est d’évaluer le pourcentage de
consolidation à l’issue de la montée du remblai, afin de déterminer le tassement de
consolidation déjà consommé. L’analyse du temps de consolidation se fait à partir des
abaques et formules de Carillo-Barron (Bru, 1981), en tenant compte des drains mis en
place précédemment dans la zone.
Caractéristiques des drains :
 Largeur : 10 cm
 Epaisseur : 5 cm
 Maillage : 2,5m x 2,5m
Coefficients de consolidation :
 Cv = 3,4.108 m2/s
 Cr = 3,4.107 m2/s (consolidation radiale)
En supposant une durée remblaiement de 1 mois, l’analyse du temps de consolidation
indique une consolidation de 30%, ce qui correspond à un tassement de 6.6cm. La valeur
de Δgmax (infini) ainsi déterminée est de 2cm, ce qui amène à gmax(infini) = 5cm.

5.3. Application de la déformation aux inclusions

Cette déformée horizontale est appliquée aux inclusions par le biais de la formule citée
précédemment et à l’aide du module Piecoef+ du logiciel Foxta de Terrasol. La modélisation
est réalisée sur un élément isolé (sans prendre en compte le réseau d’inclusions rigides).
La figure 3 présente les courbes de déformation et d’efforts sur l’inclusion calculée.

Figure 3 : courbes de déformation et d’efforts

5
265
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Le tableau 2 présente les efforts résultant de l’action du sol sur les inclusions.

Tableau 2 : Efforts sur les inclusions

Moment (kN.m) Effort tranchant (kN)


min max min max
-42 77 -44 55

Les efforts obtenus sont incompatibles avec une section de béton non armé. Le
ferraillage des inclusions est donc nécessaire. Les valeurs du tableau ci-dessus sont
utilisées pour déterminer le ferraillage à mettre en place dans les inclusions. Il s’agit de
valeurs importantes au regard du diamètre des inclusions ce qui implique un taux de
ferraillage supérieur à 2% (taux maximal souhaité par l’entreprise).

6. Proposition d’une solution alternative

Afin de répondre à l’ensemble des critères de dimensionnement, une nouvelle géométrie


des inclusions a été envisagée afin de réduire les efforts auxquelles elles sont soumises. Si
la logique aurait voulu que le phasage des travaux soit revu, ce n’était pas possible ici.
La méthode alors proposée consiste à réduire progressivement la longueur des
inclusions à mesure qu’on s’éloigne de l’ouvrage et de ses critères de tassement. En effet,
l’importance des efforts résulte notamment de l’encastrement des inclusions sur une
hauteur conséquente dans un sol plus raide que l’horizon compressible.
Le calcul est de nouveau mené sous le module Piecoef+ du logiciel Foxta de Terrasol.
La démarche est de partir du ferraillage maximal défini par l’entreprise pour définir les efforts
maximaux applicables à l’inclusion (moment ELS dimensionnant) et de rechercher la
longueur d’inclusion correspondante. La figure 4 présente la courbe de déformation et les
courbes d’effort correspondant à une inclusion réduite.

Figure 4 : courbes de déformation et d’efforts

6
266
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Il est nécessaire de réduire l’inclusion à une longueur de 6,5m pour obtenir les valeurs
souhaitées d’efforts, pour la zone en pied de remblai. Le même calcul est mené sur
plusieurs coupes entre le pied de remblai et l’ouvrage permettant ainsi de définir les
différentes longueurs d’inclusions sur la zone où elles sont armées.
Lorsque la distance est suffisante, l’influence du remblai devient minime et il n’est plus
nécessaire d’armer les inclusions. Elles conservent donc alors la longueur initiale
déterminée.
La dernière vérification concerne le tassement au droit des inclusions réduites. En effet,
elles doivent permettre de réduire les valeurs de tassement, comme expliqué
précédemment. Les valeurs alors déterminées restent faibles par rapport aux tassements
sans renforcement mais elles impliquent des valeurs résiduelles après montée des remblais
de l’ordre de quelques centimètres ce qui est incompatible avec le phasage travaux
souhaité (mise en œuvre de la structure de voie dès finalisation des remblais).

7. Modélisation bidimensionnelle

La solution alternative proposée ne permet toujours pas de répondre parfaitement aux


contraintes du phasage travaux.
Il est donc décidé de retravailler sur la modélisation du déplacement horizontal. En effet,
il est clairement identifié que la méthode de calcul retenue ne tient pas compte de la
présence d’un réseau d’inclusions rigides dans le sol, qui, en toute rigueur, vient modifier la
répartition et l’amplitude des déplacements du sol.
Un modèle Plaxis 2D « embedded pile » est donc réalisé afin de modéliser plus
précisément le phasage des travaux et son impact sur le déplacement horizontal de
l’horizon compressible ainsi que l’influence du renforcement sur ce même déplacement
(figure 5).

Figure 5 : extrait du modèle Plaxis 2D : phase intermédiaire de terrassement

Le modèle Plaxis est calé à l’aide d’une comparaison des valeurs de tassements entre
les deux logiciels. Le tassement maximal calculé sous Plaxis est de l’ordre de 22cm hors
zone renforcée par les inclusions rigides et de 3cm dans la zone renforcée. Ces valeurs
sont relativement similaires à celles déterminées à l’aide du logiciel Foxta.
Dans la zone renforcée par les inclusions rigides, la modélisation permet de constater que
le tassement est rapide et qu’il se produit en grande partie pendant la phase de travaux. La
consolidation semble donc accélérée par la présence du réseau d’inclusions.

7
267
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Le modèle Plaxis permet de constater que pour des tassements du même ordre de
grandeur, la valeur maximale du déplacement horizontal est plus faible (environ 3cm contre
les 5cm calculés précédemment) et plus rapidement dissipé lorsqu’on se déplace vers
l’ouvrage. La différence de valeur de déplacement provient de la prise en compte de la
hauteur de remblai déjà mis en place et de la présence du réseau de renforcement.
Cependant, l’intérêt majeur de cette modélisation est la mise en évidence d’une déformée
de sol très différente de la déformée calculée par la formule du fascicule 62. En effet, dans
le fascicule, la déformée ne s’applique que sur la hauteur de sol compressible comme si
l’horizon sous-jacent ne subissait aucune déformation. L’inclusion semble alors
parfaitement encastrée dans cet horizon ce qui génère des efforts importants, notamment
à l’interface entre les deux horizons (moment maximal).
Or, même s’il s’agit d’un sol qui présente de meilleures caractéristiques que le sol
compressible, le sol d’ancrage présente quand même un potentiel de déformation et c’est
ce que met en évidence le modèle Plaxis.
L’interface entre les deux horizons s’atténue au regard du faible écart entre leurs modules
de déformation. Cette déformée est extraite et réinjectée dans le modèle Foxta afin de
réaliser une comparaison des efforts. La figure 6 montre les différentes courbes
correspondantes (déformées du sol et du pieu, moment de flexion et effort tranchant).

Figure 6 : déformée et efforts issus du modèle Plaxis

Le tableau 3 présente les efforts en considérant la déformée issue de la modélisation Plaxis.


Les valeurs sont très inférieures à celles constatées lors des modélisations précédentes.

Tableau 3 : Efforts sur les inclusions

Moment (kN.m) Effort tranchant (kN)


min max min max
-17 15 -10 18

8
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

8. Conclusion

L’influence de la mise en œuvre d’un chargement asymétrique sur un horizon compressible


se traduit par un déplacement horizontal de la couche compressible vers la zone non
chargée. Ce déplacement de sol génère sur un élément de fondation situé en pied de
remblai des efforts de type moment de flexion et effort tranchant.
La méthodologie d’évaluation du déplacement libre du sol présentée dans les règlements
de calcul actuels ne prend pas en compte l’existence d’un renforcement de sol.
La modélisation unidimensionnelle prévoit donc des efforts très importants et parfois à la
limite des critères de dimensionnement fixés par l’entreprise.
Dans ces conditions, la modélisation bidimensionnelle peut apporter des éléments
complémentaires permettant d’évaluer de manière plus précise et plus fiable les efforts
attendus car elle prend en compte le modèle dans son ensemble.
La modélisation unidimensionnelle a pour avantage d’être simple et rapide mais si on
sort des critères à respecter, il faut envisager une modélisation plus globale du projet qui
permet d’analyser le déplacement du sol tout en tenant compte du phasage réel des travaux
et de la présence du renforcement.

9. Références bibliographiques

Cassan M. (2005). Le pressiomètre et la résistance au cisaillement des sols cas particulier


des argiles saturées.
Bru J.P. (1981). Abaques pour le dimensionnement des drains verticaux et les calculs de
consolidation unidimensionnelle. Bull. Liaison Labo P. et Ch. nov-déc. 1981 – Inf. 2641.
Recommandations pour la conception, le dimensionnement, l’exécution et le contrôle de
l’amélioration des sols de fondation par inclusions rigides. Projet national ASIRI. Presse
des ponts, 2012.
Règles techniques de conception et de calcul des fondations des ouvrages de génie civil.
Cahier des clauses techniques générales applicables aux marchés publics de travaux.
Fascicule n°62 – Titre V. Ministère de l’équipement, du logement et des transports.

9
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

IMPACT DU COMPORTEMENT DES ARGILES GONFLANTES SUR


LES SOUTENEMENTS

IMPACT OF SWELLING CLAYS ON RETAINING WALL


1 2 3 4
Grégory MEYER , Luc BOUTONNIER , Bruno MAZARÉ , Dino MAHMUTOVIC
1
EGIS Géotechnique, Paris, France
234
EGIS Géotechnique, Grenoble, France

RÉSUMÉ – Les ouvrages de soutènement de grande hauteur (type parois moulées)


rencontrent parfois sur leur hauteur des argiles dites gonflantes. Les pressions de
gonflement mesurées à l’œdomètre sont discutées dans cette communication à la lumière
de la mécanique des sols quasi-saturés et des conclusions pratiques pour les
dimensionnements sont suggérées pour quelques formations qui ont été testées dans la
région Parisienne (projet du Grand Paris Express).

ABSTRACT – Swelling clays can be found during retaining structures design. The
swelling pressures measured with œdometric tests are discussed in this paper using a
hydromechanical coupling calculated on an undrained solicitation for quasi-saturated
soils. Some practical conclusions are suggested for some of the geologic layers in Paris
(Grand Paris Express subway).

1. Introduction

Les sols argileux sont caractérisés par une proportion en fines, c’est-à-dire d’éléments
inférieurs à 2 µm, d’au moins 30% (Mouroux et al., 1988). Ces fines sont des minéraux
argileux de type phyllosilicates, dont l’hydratation produit un gonflement lorsque la teneur
en eau augmente et un retrait lorsque la teneur en eau diminue. Le phénomène de
gonflement est dix fois plus rapide que celui de retrait, mais la somme des déformations
de retrait et de gonflement est constante, après quelques cycles de déformations
(Magnan, 2013).
La composition minéralogique des argiles est un facteur prédominant dans le
phénomène de gonflement, bien que tous les sols fins soient sujets à cette manifestation.
En effet, plus un sol argileux est riche en montmorillonites (de la famille des smectites),
plus l’amplitude des mouvements de gonflement sera élevée. À noter que l’activité des
montmorillonites (définie comme le rapport entre l’indice de plasticité et le pourcentage
d’éléments inférieurs à 2 µm) est de l’ordre de 7 contre moins de 1 pour l’illite et la
kaolinite (Skempton et al., 1953).
L’organisation microstructurale des argiles se décompose en trois niveaux : le
feuillet, la particule et l’agrégat (Jackson et al., 1953). Le feuillet est constitué d’une
superposition de couches de SiO4 tétraédriques et de couches de Al2(OH)6 ou Mg3(OH)6
octaédriques (Figure 1). L’épaisseur d’un feuillet varie entre 7,2 Å pour une kaolinite et
9,6 Å pour une montmorillonite (Mitchell, 1993). La particule est un empilement de
feuillets argileux suivants différentes configurations ; elle peut atteindre une taille
maximale de 2 µm. La position des feuillets les uns par rapport aux autres et le nombre
de feuillet varie suivant le type d’argile. Leur espacement, ou espace interfolliaire, dépend
de l’état hydrique du sol. Il peut atteindre plusieurs nanomètres (Ben Rhaeim et al., 1986 ;

1
270
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Saiyouri, 1996). L’agrégat (ou grain) est constitué d’un assemblage de particules d’argiles
désordonnées et d’autres éléments du sol plus grossiers.

Figure 1. Composition des principaux types d’argile.

L’empilement des feuillets diffèrent pour ces trois familles d’argile. Il est ordonné pour
la kaolinite et l’illite, et l’espace interfolliaire est respectivement de 7 et 10 Å, ce qui
implique des liaisons de type Van de Waals fortes. Les smectites présentent quant à elles
un empilement désordonné, avec des feuillets tournés dans son plan par rapport au
précédent et un espace interfolliaire de 14 Å. Cette géométrie facilite donc l’écartement
des feuillets et par conséquent l’adsorption d’autres molécules dont l’eau. La composition
des smectites et leur quantité dans un sol argileux joue sur le caractère plus ou moins
gonflant de ces sols.
Pour les sols proches de la saturation où l’air est occlus (Sr généralement compris
entre 95 et 100%), l’air est situé dans les plus gros pores et les feuillets d’argiles sont déjà
saturés en eau. Le gonflement lié à l’apport d’eau supplémentaire ne semble donc pas
trouver d’explication par l’adsorption d’autres molécules d’eau sur les feuillets d’argiles.
Dans ce domaine de l’air occlus, la théorie des contraintes effectives de Terzaghi
continue à s’appliquer, même pour des pressions d’eau négatives (succion), dont l’origine
est essentiellement capillaire. Le gonflement peut s’expliquer simplement par un
changement de contrainte effective lors d’une imbibition. Cette méthode a été utilisée sur
des marnes de la LGV Rhin Rhône (Boutonnier, 2007).

2. Quantification du gonflement d’une argile

Le phénomène de gonflement est généralement caractérisé par la pression de


gonflement du matériau, qui correspond à la contrainte qu’il faut appliquer sur l’échantillon
pour que sa déformation soit nulle au contact de l’eau. Il est recensé plus de vingt
méthodes de mesure de cette pression de gonflement (BRGM, 2006). Les plus utilisées
sont les méthodes de gonflement à l’air libre, essais en parallèle ou à volume constant et
essais de type Huder-Amberg, que nous rappelons brièvement ci-dessous.

2
271
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2.1. Essais de gonflement à l’air libre

Il s’agit de l’essai décrit dans les normes françaises XP P 94-090-1 (AFNOR, 1997) et
plus récemment la XP CEN ISO/TS 17892-5 (AFNOR, 2005 en révision). L’éprouvette est
placée dans un bâti œdométrique (donc sans déformation latérale possible) et lorsqu’elle
a tendance à soulever le dispositif d’application de la charge lors de la mise en eau, un
chargement correspondant à la contrainte de gonflement est appliqué jusqu’à l’apparition
du premier tassement stabilisé.
Les temps entre chaque palier de chargement permettant d’annuler le gonflement sont
souvent longs pour ce type d’essais.

2.2. Essais de gonflement en parallèle

L’essai de gonflement en parallèle, décrit dans la norme XP P 94-091 (AFNOR, 1995),


consiste à appliquer sur plusieurs éprouvettes (quatre au minimum) une contrainte
verticale différente et à mesurer leur variation de hauteur (déformation axiale dans un bâti
œdométrique) lorsqu’elles sont mises en présence d’eau. Par convention, la contrainte
qui correspond à une déformation nulle est la pression de gonflement σ g (Figure 2). La
valeur absolue de la pente de la droite (en coordonnées semi-logarithmique) reliant les
points de mesures est appelée rapport (ou coefficient) de gonflement Rg (ou Cg). Certains
auteurs (Chu & Mou, 1973) estiment que les points de mesures forment une courbe
exponentielle. Cette méthodologie en parallèle est a priori plus réaliste par rapport à un
test à l’air libre, car le gonflement est effectué à contrainte constante (BRGM, 2006).

Figure 2. Extrait de la norme XP P94-091 de détermination du gonflement d’un sol.

3
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2.3. Essais de gonflement à déformation constante

Cette méthode n’est pas normalisée. Le principe de cette méthode est de saturer une
éprouvette tout en maintenant son volume constant. L’essai est poursuivi jusqu’à ce que
l’échantillon ne présente plus de tendance au gonflement. La pression nécessaire pour
maintenir le volume constant est la pression de gonflement. Dans une cellule
œdométrique, cela consiste à bloquer le piston sur un bâti de presse afin d’empêcher la
déformation de hauteur et à mesurer l’évolution de la contrainte de gonflement verticale à
l’aide d’un capteur de force intercalé entre la cellule et le bâti de presse.
Dans un appareil triaxial, la contrainte de gonflement isotrope peut être mesurée à
l’aide d’un contrôleur pression-volume. Cette méthodologie est assez avantageuse
puisqu’elle ne nécessite qu’une seule éprouvette et qu’elle ne dure que quelques jours.
Néanmoins, elle nécessite un appareillage particulier d’une grande précision.

2.4. Essais de gonflement type Huder-Amberg et norme ASTM D4546

L’essai de type Huder-Amberg (Huder & Amberg, 1970) a été développé pour l’analyse du
gonflement des roches (typiquement les marnes) et est très utilisé en tunnel. Il consiste à
réaliser un cycle de chargement-déchargement sur l’échantillon, à sa teneur en eau
naturelle, avant de le saturer. La procédure est relativement longue en raison du temps
de stabilisation des paliers de gonflement (150j au minimum et jusqu’à plus de 350j
parfois).
Une procédure réduite en temps (palier de 72h) et imposant une contrainte initiale du
sol limitée à σ’v0 lors du premier cycle (méthode B) est présentée dans la norme
internationale D4546 (ASTM, 2003), permettant de l’appliquer aux sols courants. La
valeur de la charge lorsque l’échantillon s’effondre est la pression de gonflement.
L’intérêt du premier cycle est de se rapprocher des conditions avant prélèvement de
l’échantillon. Dans tous les cas, ces essais sont menés dans un bâti œdométrique

2.5. Comparaison des différentes méthodes

Un certain nombre de comparaisons entre les différents essais a été réalisé (BRGM,
2006). Différentes procédures sur un même matériau donnent des résultats de pression
de gonflement différente (Serratrice et Soyez, 1996 et Figure 3).

Figure 3. Comparaison de différentes méthodes de mesures du gonflement.

4
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Il en ressort que les essais de gonflement à l’air libre donnent toujours des valeurs de
pression de gonflement plus élevées que les autres méthodes, pouvant aller jusqu’à
doubler la valeur recherchée. D’autre part, le temps de stabilisation des déformations peut
conduire à réaliser ces essais sur une durée de plusieurs semaines.
La méthode de gonflement en parallèle donne quant à elle, des valeurs parfois plus
faibles ou parfois plus importantes que celle à volume constant. La nécessité de tailler au
moins quatre éprouvettes sur une même carotte peut engendrer une incertitude sur leur
homogénéité.
La méthode à déformation constante donne les résultats les plus pertinents par rapport
à ceux constatés sous des bâtiments (Erol et al.,1987 et Khaddaj, 1992). Mais la
complexité de l’appareillage peut fortement biaiser les résultats (Serratrice et Soyez,
1996), et l’essai de gonflement en parallèle est alors à préférer.
Un dispositif expérimental par interférométrie est également en cours d’élaboration par
(Asselman et al., 2011), qui consiste à étudier les déplacements d’un miroir lors de la
mise en eau d’un échantillon. Cette méthodologie n’est pas plus détaillée ici en raison de
son caractère récent.

3. Modélisation d’un essai de gonflement d’un sol quasi-saturé

La méthode de calculs numérique se base sur une modélisation du sol fin de type
triphasique (squelette, eau et air). Néanmoins, le sol fin est supposé quasi-saturé (l’air est
occlus), ce qui correspond au domaine D3 pour un sol sous la nappe (cf. Figure 4) et le
domaine D2 pour un sol au-dessus de la nappe avec de l’eau en tension (Boutonnier,
2007). À forte profondeur, l’air présent dans le sol peut être complètement dissout. Le sol
est alors parfaitement saturé (domaine D4). Le domaine D1 où la phase air est continue
est peu rencontré dans les sols naturels en milieu tempéré (sauf pour les dépôts éoliens
de type lœss).
Lors d’un déchargement mécanique, le sol peut passer du domaine D3 ou D4
(pressions d’eau positives) au domaine D2. Ainsi, Mahmutovic et al. (2016) mettent en
évidence la succion générée par le prélèvement de carottes sur un déblai dans des
marnes. Plus le déconfinement est important (donc plus l’échantillon est profond) et plus
la succion sera importante. En cas d’imbibition, on peut imaginer que le gonflement
mesuré à l’œdomètre soit d’autant plus important que la succion est élevée.

5
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 4. Détermination des différents états de saturation des sols. Les marnes du bassin
parisien sont dans le domaine quasi-saturé (D2, D3) ou saturé (D4)

La courbe de saturation des sols en fonction des pressions interstitielles peut être
appréhendée par la définition de seulement trois paramètres constants (Boutonnier,
2007) : Sre représentant la saturation du sol au passage des domaines D2 et D3 (pression
d’eau nulle), rbm le rayon des bulles de gaz occlus dans le domaine D3 et α la pente de la
droite du degré de saturation fonction de la succion dans le domaine D2 (supposé linéaire
sur ce segment). À noter que la taille des bulles est effectivement une constante, ce sont
leur nombre qui varie en fonction des différents états de saturation du sol. Ces
paramètres peuvent être déterminés à partir de simples essais œdométriques.
Néanmoins, des paramètres moyens sont proposés par Boutonnier et al (2015) pour des
argiles et des marnes (Tableau 1).

Tableau 1. Paramètres définissant la saturation d’un sol


-1
Sre rbm (µm) α (kPa )
0,96 2 5.10-5

Dans le cas de l’analyse des essais de gonflement présentée ci-après, la méthode de


calcul permet potentiellement d’estimer la succion initiale dans les éprouvettes résultant
du prélèvement par carottage à partir de la pression d’eau in situ en utilisant strictement la
même méthode de calcul que celle présentée par Mahmutovic et al. (2016). Pour les
essais de gonflement en parallèle qui ont été analysés (ligne 16 du Grand Paris Express),
le gonflement à l’imbibition se calcule simplement en fonction de Cs et de la succion
initiale de l’éprouvette après prélèvement uw ini, elle-même calculée à partir de la pression
d’eau initiale in situ uw0 et de Cs :

H C u
 S log w ini (1)
H 1  e0 

Dans cette communication, nous souhaitons tester deux formations du bassin Parisien
réputées gonflantes : les marnes vertes de Romainville et les Marnes d’Argenteuil. A
priori, ces formations sont quasi-saturées ou saturées du fait de la présence de nappes
6
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

au toit de ces formations et de l’âge de ces dépôts. L’explication de la pression de


gonflement est donc capillaire. Un exemple de recalage mesure / calcul est donné sur la
Figure 5 (croix : mesures en laboratoire, carrés : points de modélisation). Les résultats
sont synthétisés dans le Tableau 2 :

Figure 5. Recalage des essais en laboratoire par le calcul

Tableau 2. Pressions interstitielles avant prélèvement pour un fluide incompressible ou


compressible
uw0 uw0
Niveau γd ini σ'g uw ini
Profondeur wini CS
N° Sondage Lithologie d’eau (kN/m3 (kPa comp incomp
(kPa
(m) (%) (/) (kPa (kPa
(m) ) ) )
) )
CLI-AVP- 28. 0.04
1 10.3 Marne verte 17.00 15.0 350 -200 -114 -310
SC0891 6 5
CLI-AVP- 28. 0.05
2 17.7 Marne verte 4.53 15.5 220 20 136 -200
SC1098 5 1
Pas de
CLI-FAI- 31. 0.05
3 8.0 Marne verte mesur 14.7 250 -120 -73 -225
SC0049 8 1
e
Pas de
CSM-AVP- 36. 0.03
4 6.0 Marne verte mesur 13.9 260 -100 -136 -250
SC0809 0 0
e
LCO-AVP- 66. 0.06
5 4.5 Marne verte 3.85 9.5 150 -35 -15 -100
SC1516 6 0
Pas de
NLG-AVP- 32. 0.03
6 9.0 Marne verte mesur 14.5 250 -130 -69 -240
SC0812 5 6
e
CSM-AVP- Marnes 35. 0.02
7 19.0 29.30 14.0 260 -60 131 -230
SC0809 d'Argenteuil 2 6
NLG-AVP- Marnes 33. 0.03
8 24.0 14.00 14.0 340 -70 156 -300
SC0812 d'Argenteuil 0 8
Pas de
NLG-AVP- Marnes 36. 0.01
9 24.0 mesur 13.8 230 70 431 -25
SC906 d'Argenteuil 0 5
e

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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

La pression d’eau in situ avant prélèvement uw0 a été calculée selon la méthodologie
de Mahmutovic (2016) avec deux hypothèses : une eau interstitielle incompressible
(uw0 incomp) et un fluide interstitiel avec présence d’air occlus (uw0 comp) en utilisant les
paramètres du Tableau 1. Les calculs avec air occlus ont été faits en considérant que l’air
dissous a le temps de repasser à l’état de gaz, ce qui n’est pas forcément le cas. Par
ailleurs, la valeur de teneur en air prise en compte est relativement importante. Le cas
avec air est une borne inférieure de la pression d’eau in situ calculée. Le cas avec eau
interstitielle incompressible donne la borne supérieure de la pression initiale in situ
calculée. Les pressions d’eau calculées avant prélèvement sont plausibles par rapport
aux mesures disponibles in situ, même si la plage possible pour le calcul est grande, sans
parler des problèmes possibles d’évolution de la teneur en eau des éprouvettes de sol
entre le prélèvement et l’essai œdométrique.
Cependant, les résultats montrent que la contrainte effective de Terzaghi en prenant
une pression d’eau négative permet d’expliquer et de retrouver très simplement la
pression de gonflement mesurée sur des essais de gonflement en parallèle avec
d’excellents ajustements mesures calculs. L’explication physique du gonflement basée
sur un simple couplage hydromécanique d’un sol quasi-saturé avec succion initiale
semble la plus plausible. La pression de gonflement mesurée à l’œdomètre ne serait
donc que le résultat de la combinaison de la pression interstitielle initiale de l’eau
in situ et de la relaxation des contraintes lors du prélèvement au carottier, qui
génère de la succion capillaire dans les éprouvettes.

4. Conséquences pour le dimensionnement des parois moulées urbaines

La note (2) de l’annexe K de la norme NF P 94-282 (AFNOR, 2009) précise que « la


quantification du phénomène de gonflement passe usuellement par des essais
œdométriques, mais la procédure normalisée pour ces essais (déformations latérale
nulle) ne s’applique pas pour définir les efforts de poussée sur l’écran susceptibles d’être
générés par le gonflement d’une couche de terrain (contraintes verticales « constantes »,
déformation latérale non nulle ».
D’autre part, comme les pressions de gonflement mesurées en laboratoire sur des
argiles ou marnes résultent d’un déchargement mécanique, elles n’ont alors aucune
raison d’être prises en compte dans le dimensionnement des écrans de soutènement de
type parois moulées urbaines dimensionnées pour de très faibles déplacements).
Néanmoins, en toute logique, la paroi doit être dimensionnée à chaque étape avec des
pressions d’eau réalistes, les pressions d’eau pouvant évoluer en fonction des drainages
ou des apports d’eau qui s’opèrent lors des travaux.
La principale difficulté est liée aux couches hors nappe pour lesquelles la pression
d’eau négative (succion) n’est généralement pas connue. Dans ce cas, on peut
considérer que la pression d’eau négative ne joue pas de rôle à condition que les
conditions hydriques soient inchangées : par exemple, pas d’apport d’eau massif dans la
couche dans un état de succion car la diminution de cette succion provoquera un
gonflement et donc une pression de gonflement sur l’écran de soutènement.
En général, les variations de pressions d’eau résultant des chargements /
déchargements mécaniques ne sont pas prises en compte car elles correspondent à des
situations transitoires (non drainées). Pour des analyses fines, elles peuvent l’être par
exemple sur un calcul aux éléments finis couplé en contraintes effectives mais, pour que
les résultats soient réalistes, la compressibilité du fluide interstitiel doit être correctement
calibrée, y compris pour le domaine de l’eau en tension.

8
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

5. Références bibliographiques

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AFNOR (1997). Essai œdométrique chargement par paliers. XP P 94-090-1. 23 pages.
AFNOR (2009). Ouvrages de soutènement – écrans. NF P 94-282. 183 pages.
Asselman H., Bakkali A., Ajdour M. et Essaaidi M. (2011). Nouvelle méthode
expérimentale pour déterminer le gonflement libre des sols argileux. Séminaire
International, Innovation & valorisation en génie civil & matériaux de construction
ASTM (2003). One-dimensional swell or settlement potential of cohesive soils. D4546.
7 pages.
Ben Rhaiem H., Tessier D. & Pons CH.C. (1986) - Comportement hydrique et évolution
structurale et texturale des montmorillonites au cours d’un cycle de dessiccation-
humectation : partie I. Cas des montmorillonites calciques. Clay Minerals, vol. 21, pp. 9-
29
Boutonnier, L. (2007). Comportement hydromécanique des sols fins proches de la
saturation : cas des ouvrages en terre : coefficient B, déformations instantanées et
différées, retrait / gonflement. Thèse INP Grenoble
Boutonnier L., Mahmutovic D., Fry JJ. (2015). Génération de pression interstitielle dans
les fondations argileuses des barrages en remblai : retour d’expérience et méthodes
d’analyse. Colloque technique CFBR Fondations des barrages. 8 avril 2015 à Chambéry.
BRGM (2006), Études des mécanismes de déclenchement du phénomène de retrait-
gonflement des sols argileux et de ses interactions avec le bâti
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determined by controlled suction tests. Proceedings of the 3rd International Conference
on Expansive Soils, Haïfa, vol. 2, pp. 177-185.
Erol O. Dhowian & Youssef (1987). Assessment of œdometer methods for heave
prediction. Proceedings of the 6th International Conference on Expansive Soils, New
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Huder J., Amberg (1970). Quellung im Mergel, Opalinuston und Anhydrit, Schweiz.
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Jackson, M.L., and G.D. Sherman (1953). Cheminal wheatering of minerals in soils.
Adv. Agron. 5. pp.219-318
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Laboratoires des Ponts et Chaussées n°280-281, pp.155-170.
Mahmutovic D., Boutonnier L., Monnet J., 2016. Simulation du déchargement
mécanique d’un déblai marneux avec un modèle quasi-saturé. JNGG 2016
Mitchell J.K., Fundamentals of soil behaviour (1993). John Wiley and Sons, Inc., New
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Mouroux P., Margron P., Pinte J.C. (1988). La construction économique sur sols
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du gonflement dans les argiles non saturées. Thèse de Doctorat, École Centrale de Paris,
228 p.
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des Ponts et Chaussées n°204, pp.65-85.
Skempton A.W. (1953). The colloidal activity of clay, Proc. 3rd International Conference
of Soil Mechanic and Foundation, (Suisse), Vol.1

9
278
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

CONCEPTION ET SUIVI DE TRAVAUX D’OUVRAGES DE


PROTECTION DES BERGES DE LA SEINE
DESIGN AND FOLLOW UP OF RESTORATION WORKS OF THE
RIVERBANK OF THE SEINE
Jean-Frédéric OUVRY1, Olivia AUTRAND2, Anne Laure GUILLERMIN3, Anne-Sophie
ROUEN4
1
Antea Group, Olivet, France
2
Antea Group, Arcueil, France
3
Antea Group, Lyon, France
4
Antea Group, Caen, France

RÉSUMÉ – Un mur poids en gabions de 4 m de hauteur a été conçu et dimensionné,


avec un dispositif anti-affouillement de type matelas Reno en pied du mur. Un
remblai compacté a été mis en œuvre à l’arrière du mur de gabions jusqu’au profil de
berge existant. Ce dispositif a pour objectif de stopper l’érosion des berges sur le site
situé en bordure de Seine.

ABSTRACT – A gabion wall of 4 m high was designed and sized with a Reno
mattress at the foot of the wall to prevent scouring. A compacted backfilling was
implemented at the back of the wall up to the existing riverbank. The aim of this
structure is to prevent erosion of the riverbank of the site located along the Seine
River.

1. Introduction

Le site se situe sur la commune de Le Trait (76), en bordure de Seine.


Les berges en limite du site présentent une érosion plus ou moins marquée
suivant les secteurs. Le perré initialement présent a été détruit. Les enrochements
présents en partie basse de la zone constituent les restes de l’assise du perré. Cette
dynamique d’érosion accentuée par le marnage de la Seine provoque l’entraînement
des matériaux présents sur la berge dans la Seine. Il convenait donc de reconstituer
le talus initialement présent afin de redonner sa forme initiale à la berge et procéder
à un renforcement du talus de façon à ce qu’il résiste au phénomène d’érosion.

2. Données disponibles

2.1. Synthèse des connaissances géologiques

D’après la carte géologique et les informations fournies par la Banque de données


du Sous-Sol, le contexte géologique au droit de la zone d’étude est le suivant :
- les alluvions modernes qui tapissent le fond de la plaine alluviale récente, ils
correspondent à l’extension des plus grandes crues. Dans la vallée de la Seine,
ces alluvions modernes sont particulièrement bien développées et peuvent avoir
une puissance supérieure à 20 m. Elles sont composées de silts, de sables, de
graves et d’argile. On y trouve également des lits de tourbe de 2 à 4 m de
puissance. Le plus souvent, ces alluvions ne reposent pas sur le substratum

279
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

géologique mais sur les alluvions antérieures de « basse terrasse » que le cours
actuel de la Seine n’a pas recreusées entièrement ;
- les alluvions anciennes qui sont généralement constituées par une grave
argileuse. On y trouve également des sables, des graviers et galets hétérogènes ;
- le substratum crayeux du Crétacé supérieur.
Compte tenu du contexte historique du site, une épaisseur de remblais est
présente au-dessus des alluvions modernes.

Figure 1. Photo du site avant travaux

2.2. Contexte géotechnique

Des sondages ont été réalisés au droit du site dans le cadre de phases
d’investigations précédemment réalisées et notamment :
- 2 sondages pressiométriques descendus à environ 12 m de profondeur à partir
de la partie haute de la zone ;
- 1 sondage carotté descendu jusqu’à une profondeur de 20 m ;
- 2 sondages au pénétromètre dynamique descendus jusqu’à 15 m de profondeur
par rapport au niveau du terrain naturel à partir de la partie haute de la zone ;
- 5 piézomètres implantés dans le secteur. Ils ont été descendus jusqu’à une
profondeur de 7,0 m à 7,7 m environ à partir du haut du talus ;
- 5 fouilles à la pelle mécanique menées jusqu’à environ 1,5 m à 3,2 m de
profondeur au droit de la zone de marnage.
Des essais en laboratoire ont également été réalisés sur les échantillons intacts
prélevés dans le sondage carotté.
Suite à ces reconnaissances, deux modèles géotechniques ont pu être établis, le
premier modèle correspondant à la zone de marnage et le second correspondant au
talus situé à l’arrière de la zone.

280
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Tableau 1 : Synthèse géotechnique au niveau de la zone de marnage


Cote
Cote toit Epaisseur EM PLM* qd γh C’ φ'
Horizons base 3 GTR
m NGF m MPa MPa MPa kN/m kPa °
m NGF
Niveau
Remblais 1,8 à 2,7 0,5 - - - - - - -
TN
Niveau
TN à -0,5 Proche
Limons sableux -0,6 2,6 2,5 0,18 18,0 0* 33* A1
niveau de 0
TN
F12-A2
Tourbe -0,6 -2,6 2,0 3,2 0,3 1 18,0 0* 28*
F12-B5
Limons sableux
gris avec passages -2,6 -12,0 9,4 3,5 0,4 1,5 18,0 0* 33* A1
tourbeux
Alluvions
-12,0 >-12,0 - 5,0* 0,6* 4,0 18,0 5* 35* -
anciennes / Sable
NOTA (*) : Certaines caractéristiques mécaniques ont été estimées à partir de notre
connaissance de ce type de matériau.

2.3. Contexte hydrogéologique

L’aquifère intéressant le projet dans la zone d’étude est la nappe superficielle dans
les formations alluviales à dominante limoneuse.
La Seine est fortement soumise aux marées, avec des variations de plus de 4 m
entre la marée haute maximale et la marée basse maximale. Les variations
piézométriques subissent l’influence de ces marées de la Seine.
Un suivi des eaux souterraines et des niveaux piézométriques a été réalisé à
l’aide de capteurs de pression sur le site. Sur la base des données issues de ce
suivi, un niveau de marée haute à +3,5 m NGF et un niveau de marée basse à
-1,3 m NGF ont été considérés.
En bordure de berge, à marée haute, le niveau de la nappe est identique à celui
de la Seine. A marée basse, il suit la topographie existante.
On note que le niveau de la nappe augmente à environ une trentaine de mètres
en arrière des berges pour atteindre des cotes voisines de +4,75 m NGF.

2.4. Contexte sismique

En référence au décret n° 2010-1255 du 22 octobre 2010 portant délimitation des


zones de sismicité du territoire français, le site du projet est classé en zone d’aléa
très faible (accélération inférieure à 0,7 m/s²).
D’après l’EUROCODE 8, le profil stratigraphique du site correspond à la présence
d’un profil de sol comprenant une couche superficielle d’alluvions et une épaisseur
comprise entre 5 m environ et 20 m, reposant sur un matériau plus raide (sol de
classe E).

2.5. Données topographiques et bathymétriques

Un relevé topographique de la zone d’étude daté de 2009 était disponible et a été


utilisé pour le dimensionnement des ouvrages.

281
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3. Justification des choix et des solutions techniques

La solution proposée par Antea Group pour le renforcement des berges est une
solution de type mur poids en gabions, situé globalement au niveau de l’ancien perré
du site, avec remblaiement à l’arrière du mur et mise en place de drains dans le
remblai. Cette solution a l’avantage de redonner au site la géométrie initiale des
berges. De plus, le mur poids en gabions présente une certaine souplesse et permet
de protéger dans le temps les berges reconstituées du phénomène d’érosion.
Le contexte géotechnique a mis en évidence la présence d’alluvions fines sur une
épaisseur importante contenant notamment des passées tourbeuses d’épaisseur non
négligeable. Ces sols présentent la particularité d’être compressibles. La structure
souple des gabions a alors l’avantage de pouvoir absorber les tassements et les
déformations qui se développeront suite à la mise en œuvre et à l’application de la
charge du remblai et du mur poids en gabions lui-même.

3.1. Justification de la stabilité générale du mur poids en gabions

3.1.1. Méthode de calcul


Les calculs de stabilité effectués dans le cadre de cette étude ont été réalisés avec le
logiciel TALREN 4 version 2.0.3, par la méthode de calcul dite à la rupture.

3.1.2. Hypothèses géotechniques générales


 Piézométrie
Pour tenir compte du contexte hydrogéologique du site, une nappe libre fictive est
modélisée dans les profils d’étude.
Le niveau d’eau à l’arrière du mur est rabattu compte tenu de la présence de drain
en pied du remblai technique.
Le niveau de la Seine a également été modélisé. Deux situations ont été retenues,
marée haute avec un niveau à +3,5 m NGF et marée basse avec un niveau à -1,3 m
NGF.
 Surcharges
Aucune surcharge définitive n’a été modélisée.
 Nature et géométrie des couches de sol modélisées
Les couches de sol sont modélisées sur la base des synthèses géotechniques en
intégrant la géométrie du projet.
Les différents types de sol et matériaux modélisés sont les suivants :
- Sol 2 : Limons sableux ;
- Sol 3 : Tourbe ;
- Sol 4 : Limons sableux gris avec passages tourbeux ;
- Sol 5 : Sable.
 Caractéristiques mécaniques des couches de sol modélisées
Les caractéristiques mécaniques retenues pour les couches de sol modélisées sont
les suivantes :

282
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Tableau 2 : Caractéristiques des couches de sol modélisées


γh C’ φ'
Sol n° Nature
(kN/m3) (kPa) (°)
Remblai
1 18 5 35
technique
2 Limon sableux 18 0 33
3 Tourbe 18 0 28
Limon sableux
4 avec passages 18 0 33
tourbeux
5 Sable 18 5 35
6 Gabions 15,6 25 35

Les caractéristiques mécaniques prises en hypothèse sont inférieures aux


caractéristiques mécaniques obtenues par les essais en laboratoire qui semblaient
surestimées. Elles ont été fixées sur la base de la connaissance d’Antea Group de ce
type de matériaux.
De la cohésion a été prise en compte dans le remblai technique. L’hypothèse faite
est que le remblai mis en œuvre sera de bonne qualité, fait en matériau d’apport et
que la cohésion sera notamment due à la bonne imbrication des différents éléments
entre eux. Cette qualité a par ailleurs été vérifiée durant le chantier.

3.1.3. Résultats
Les calculs effectués fournissent des coefficients Fs supérieurs à 1,5 pour les deux
profils, en situation de marée haute et marée basse. Les profils étudiés sont donc
stables à long terme.

3.1.4. Etude de sensibilité sur les paramètres pris en compte


Compte tenu des incertitudes sur les paramètres pris en compte dans les calculs et
notamment sur les caractéristiques mécaniques des matériaux, une étude de
sensibilité a été réalisée en réduisant certaines caractéristiques mécaniques.
Des calculs ont également été réalisés en prenant en compte un risque de
colmatage des « drains chaussette » et en tenant compte d’une surcharge en tête du
mur en gabions.
Les profils étudiés restent stables à long terme.

3.2. Justification de la stabilité externe et de la stabilité interne du mur en


gabions

La stabilité externe et la stabilité interne du mur en gabions ont été vérifiées.


Les calculs ont été menés pour les situations normales et pour les situations
accidentelles suivantes :
- Décrue rapide avec une différence de niveau d’eau de 2,5 m entre l’amont et
l’aval ;
- Séisme avec un niveau d’eau moyen à 1,10 m / base du mur.
D’après ces notes de calcul et sur la base des hypothèses prises en compte, la
stabilité du mur est assurée.

283
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.3. Justification de la capacité portante du sol de fondation du mur en


gabions

Les estimations de portance sont réalisées à partir des essais pressiométriques,


suivant les règles du CCTG – Fascicule 62 – Titre V. La contrainte de référence aux
ELS appliquée par le mur de gabions a été prise égale à 57 kN/m². Celle-ci est donc
inférieure à la contrainte de calcul aux ELS égale à 65 kN/m² (sous condition
d’acceptabilité des tassements prévisionnels).

3.4. Calcul du tassement sous le mur en gabions

Le calcul de tassement sur support homogène dû à une charge uniformément


répartie a été réalisé selon le DTU 13.12 et donne le résultat suivant : pour une
surcharge au sol de l’ordre de 65 kN/m², le tassement total est estimé à environ
15 cm. Cet ordre de grandeur de tassement peut être absorbé par une structure
souple telle que les gabions.

4. Réalisation des travaux

4.1. Généralités

Les travaux ont été réalisés du 15 mai au 30 septembre 2012 par une entreprise
spécialisée dans un contexte où la sécurité du chantier était un élément
prédominant.
Un des grands enjeux du chantier était également l’asservissement des durées de
travaux à la marée, ce qui limitait considérablement les horaires de travail au droit du
mur, les travaux de nuit étant de plus interdits.

Figure 2. Terrassement de la plage et mise en place des matelas « Reno »

4.2. Travaux de terrassement

Les travaux ont été réalisés par zone depuis le haut de la zone de telle sorte à
terrasser, poser le géotextile de séparation entre les terrains existants et le remblai
d’apport et remblayer sur les trente premiers centimètres sur une même zone
pendant une marée.

284
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La cote de l’arase des terrassements au niveau du mur gabion a permis la mise


en œuvre d’une couche minimale de 0,5 m de remblai technique qui a servi d’assise
au futur mur poids.
Un remblai technique (matériau 0/80) a été mis en œuvre entre le talus existant
(au préalable repris) et le mur poids en gabions par passes de 35 à 50 cm
parallèlement à la mise en œuvre du mur de gabions.
Afin de drainer les eaux d’infiltration dans le remblai (marnage de la Seine), des
nappes drainantes en géosynthétiques de type SOLPAC de 5 m de large et
espacées de 2,5 m ont été posées au sein de la 1 ère couche de remblai sur 30 cm de
matériau de cette 1ère couche afin de disposer d’une assise propre.

4.3. Création d’un dispositif anti-affouillement en pied du mur en gabions

Afin de protéger le mur contre les phénomènes d’affouillement (baisse du niveau des
alluvions en pied de mur), des matelas Reno ont été mis en œuvre. Il s’agit d’une
structure similaire à celle des gabions constituant le mur mais qui présente une
épaisseur plus faible (0,3 m).
Cette protection a été disposée sous l’ouvrage gabion et devant le mur sur une
longueur égale à environ deux fois la profondeur d’affouillement prévisible, soit sur
une longueur d’environ 6,0 m au total (soit 2,5 m sous le mur et 3,5 m devant le mur)
permettant la protection contre un affouillement potentiel de 1,75 m.
S’agissant d’une structure souple au même titre que les cages gabions, le matelas
et les cages forment un ensemble homogène se déformant de la même manière en
réaction aux tassements du sol support.

4.4. Mise en œuvre du mur poids en gabions

Le linéaire total de mur était de 111,0 m environ.


La cote de la tête du mur est de +4,5 m NGF (identique à celle du perré existant
au Nord). La hauteur du mur est de 4,0 m avec une base du mur située à une cote
de +0,5 m NGF.
Les modules de gabions sont de 1,0 m de hauteur. La base de l’ouvrage présente
une largeur de 2,5 m, le deuxième rang une largeur de 2,0 m, le troisième rang une
largeur de 1,5 m et le rang de tête une largeur de 1,0 m. Le mur présente des
gradins extérieurs de 0,5 m et sont remplis par des cailloux de calcaire dur
90/130 mm.
Un géotextile anti-contaminant a été mis en place à l’interface gabions/remblai
technique afin d’éviter le passage des fines à travers le mur. Il a été mis en place à la
fois à l’arrière du mur sur toute sa hauteur et sous le mur.
L’ancrage du mur dans le terrain existant a été réalisé grâce à un retour (cf. figure
3).

285
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 3. Mise en place du mur poids en gabions

4.5. Jonctions avec les terrains existants

En amont comme en aval du mur, les jonctions entre l’ouvrage et les terrains
existants ont été réalisées en enrochement percolés.
Aux deux extrémités, un géotextile a été mis en place puis les enrochements
déposés avant que le béton ne soit coulé. Des barbacanes ont également été mises
en œuvre au sein des enrochements percolés.

Figure 4. Mise en place des enrochements percolés et vue des travaux terminés

5. Conclusions

Depuis la fin des travaux, une surveillance semestrielle de l’ouvrage est réalisée.
Aucun désordre (figures d’érosion/tassement) n’est observé sur le remblai technique,
mise à part la prolifération de végétation qui fait l’objet de débroussaillage. Le
matelas Reno a été peu à peu recouvert de vase, aucun affouillement n’est observé.
Le drainage du remblai par les drains chaussettes est observable visuellement. Deux
levés topographiques des différents lits du mur ont été réalisés et n’ont pas montré
de déformations majeures. Ainsi, l’ouvrage dans son ensemble répond aux objectifs
fixés.

286
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FONDATIONS EXCEPTIONNELLES POUR LE PROJET SKYLIGTH A


PUTEAUX
EXCEPTIONAL FOUNDATIONS FOR SKYLIGTH BUILDING PROJECT

MichaëlREBOUL1, StéphanieRICHARD2, Jacques-Jean TONDJI-BIYO1


1
TECHNOSOL, Ballainvilliers, France
2
FRANKI FONDATION, Grigny, France

RÉSUMÉ –Le projet Skyligth consiste à la réalisation d'une résidence étudiante en R+18
enjambant le tunnel du RER A derrière la Grand Arche de la Défense. La géométrie du
projet ainsi que le porte-à-faux créé par la présence du tunnel a conduit à des descentes
de charges pouvant dépasser 5000 tonnes sur certains appuis.
Dans ces conditions, afin de rendre le projet viable économiquement, TECHNOSOL, en
partenariat avec FRANKI FONDATION, s'est orienté vers une conception de fondation sur
groupe de pieux ancrés dans le Calcaire Grossier et dimensionnés selon une approche de
mécanique des roches. Afin d'étudier les tassements du projet et son influence sur les
tunnels du RER A, une modélisation éléments finis 3D a été menée, prenant en compte
l'ensemble des pieux de fondation du projet.
Le dimensionnement a conduit à des pieux forés simple pouvant atteindre 1.5 m de
diamètre et 28 m de profondeur. Leur exécution a été confiée à FRANKI FONDATION,
sous la supervision d'exécution de TECHNOSOL.

ABSTRACT–Skyligth project consists in the construction of a 18-storeys building


overpassing RER A tunnel behind the Grande Arche of La Defense. The project geometry
needed to create a cantilever beam leading to loads up to 5000 tons for some supports.
Therefore, in order for the project to remain economically viable, TECHNOSOL, working in
partnership with FRANKI FONDATION, designed pile groups lying in limestone according
to rock mechanics method.
In order to study the settlements of the project and its influence on RER A tunnel, 3D finite
elements calculation has been achieved, taking into account the whole piles of the project.
The design leaded to drilled piles with diameter up to 1.5 m and 28 meters length. Their
execution was accomplished by FRANKI FOUNDATION under supervision of
TECHNOSOL.

1. Présentation du projet

Le projet Skylight, implanté à Puteaux (Hauts-de-Seine) concerne la construction d’une


résidence étudiante de 18 étages au sein du quartier de la Défense, le long de la
Promenade de l’Arche, sur une emprise au sol de 1000 m² environ. L’architecte et Maître
d’œuvre de l’opération est Louis Paillard ; le Maître d’ouvrage est Nexity. Ce projet sera
en lien avec une université mitoyenne, bâtiment de type R+9.
Les bâtiments sont implantés au droit du faisceau de voies du RER A implantées en
souterrain, dont la cote des rails se situe vers 20 m de profondeur. La figure 2 présente le
positionnement des ouvrages vis-à-vis des voies du RER A. Comme on peut le voir, du
fait de la présence des voies du RER, l’implantation des appuis du bâtiment R+18 est très
fortement contrainte, et nécessite un porte-à-faux très important de la façade Nord du
bâtiment. D’autre part, les contraintes d’implantation des appuis du bâtiment université
imposent un report de charge sur certains appuis du bâtiment Skyligth.

1
287
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 1 : Vue d’architecte du projet (copyright Louis Paillard)

Figure 2 : Superposition de l’emprise du projet (en rouge) et des voies du RER A (en
grisé)

Dans ces conditions, les descentes de charge sur les différents appuis du projet sont
très variables et présentées ci-dessous. Sur 32 appuis, le tiers présente une descente de
charge supérieure à 1000 tonnes, 5 appuis ont une descente de charge supérieure à 3000
tonnes, et l’un des appuis supporte une charge supérieure à 5000 tonnes. Les appuis les
plus chargés sont ceux implantés au Sud du RER A

2
288
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Tableau 1. Synthèse des descentes de charges à l’ELS quasi-permanent

Q G+Q G+Q Q G+Q


Massif G (t) Massif G (t) Q (t) Massif G (t)
(t) (t) (t) (t) (t)
M01 991 140 1131 M12 491 81 572 M25 -300 163 -137
M02 1359 202 1561 M14 443 72.5 515.5 M26 3720 615 4335
M03 554 90 644 M16 235 40 275 M27 1045 266 1071
M04 529 86 615 M18 1613 255 1868 M28 2463 436 2899
M06 412 68 480 M19 1538 243 1781 M29 1005 136 1141
M08 3253 542 3795 M21 2735 389 3124 M30 736 100 836
M09 3075 438 3513 M22 750 102 852 M31 720 420 1140
M10 576 94 670 M23 348.5 207.5 556 M32 845 125 970
M11 359 59 418 M24 4450 718 5168

2. Contexte géotechnique

2.1. Contexte général

Le projet est implanté au droit du plateau de la Défense surplombant la Seine, dont le


soubassement est constitué par la formation du Calcaire Grossier, surmonté par les
Marnes et Caillasses présentes en affleurement sous une épaisseur plurimétrique de
remblais et un reliquat éventuel de Sables de Beauchamp. Le terrain naturel est
subhorizontal aux alentours de la cote +56à +57 mNGF.
Le toit du Calcaire Grossier est identifié généralement autour de la cote +38 mNGF. Il
peut être clairement distingué en deux sous-ensemble : un calcaire massif, très poreux,
en tête jusqu’à 28 à 29 mètres de profondeur (cote +27 à +28 mNGF), puis un calcaire
glauconieux jusqu’à sa base (cote +22 à +23 mNGF).
Il surmonte ensuite les formations de l’Yprésien (Sables de Cuise compacts et Fausses
Glaises se présentant sous forme d’une argile sableuse raide), puis ensuite les Argiles
Plastiques identifiées de 58 et 70 m de profondeur.

2.2. Caractérisation du Calcaire Grossier

Compte tenu des enjeux du projet, le Calcaire Grossier a fait l’objet d’une étude détaillée
en mécanique des roches.
Des échantillons de rocher ont été prélevés au sein des 7 sondages carottés exécutés
pour réalisation de mesures de résistance à la compression en laboratoire (figure 3). On
en déduit que le calcaire massif CGm, très poreux, présente une résistance à la
compression très faible sur une grande partie de sa hauteur (Rc=5 MPa environ), et que
la résistance à la compression simple augmente significativement à partir de la cote +29
m NGF aussi bien dans le calcaire massif que dans le calcaire glauconieuxCGg.
La fracturation du calcaire a ensuite été étudiée par l’établissement de Rock Quality
Design (RQD). Deux exemples sont présentés figure 4. Conformément aux
recommandations de l’AFTES GT1, le rocher apparait de qualité très mauvaise à
mauvaise, avec des passages broyés (RQD=0%).
Enfin, afin de vérifier l’importance et l’orientation des joints de fracturation au sein du
calcaire, des imageries de paroi ont été exécutées. Elles sont permis de confirmer la
porosité du massif jusqu’à 27 m de profondeur environ, et ont permis de mettre en
évidence des fractures subhorizontales entre 28 et 30 m de profondeur comme l’indique
l’exemple en figure 5.

3
289
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Base des pieux

Figure 3 : Résistance à la compression simple du Calcaire Grossier

Figure 4 : Exemples de mesure de RQD au sein du Calcaire Grossier

21 m 24 m 27 m

24 m 27 m 30 m

Figure 5 : Exemples d’imageries de paroi au sein du Calcaire Grossier

4
290
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3. Conception des fondations

Compte tenu des charges très importantes reprises par les fondations, et de la présence
des ouvrages du RER A en profondeur, une solution de fondation sur pieux s’est imposée
au projet, en solution d’exécution de type foré simple.
Une approche classique de type mécanique des sols à partir du pressiomètre est
apparue surdimensionnantedu fait de la limitation de la pression limite à 8 MPa (en essais
haute pression) par rapport à la capacité portante réelle du rocher. Nous avons donc
orienté la conception vers une approche type « mécanique des roches », avec prise en
compte de la fracturation et de la résistance en compression du rocher dans le
dimensionnement, conformément au Guide SETRA – Fondations au rocher. La contrainte
de rupture sous la base du pieu quet le frottement latéral admissible u sont alors définis
en fonction de la résistance encompression simple𝜎𝑐 :


𝑞𝑢 = 2α 𝜎𝑐,𝑒 (1)

𝜏𝑢 =  𝜎𝑐∗ (2)

Avec α un paramètre adimensionnel dépendant de la facturation du rocher variant entre


0.12 et 2, calé à α=1.4 ;  un paramètre adimensionnel valant entre 0.15 et 0.25 en
fonction de la rugosité de l’interface rocher/pieu, et fixé à 0.25 ici pour des pieux forés

simple ; 𝜎𝑐,𝑒 la résistance en pointe équivalentecalculée de manière similaire à une
pression limite nette équivalente ; 𝜎𝑐∗ la valeur minimum entre la résistance en
compression simple équivalente du rocher et celle du béton de pieu.
La portance est ensuite calculée à l’ELS quasi-permanent en pondérant d’un facteur 3
le terme de pointe et d’un facteur 2 le frottement latéral.
Les appuis ont été dimensionnés en considérant des monolithes de fondation, justifiés
dans les faits par la réalisation de pieux jointifs.
Les fondations au droit de chaque appui du projet ont ensuite été dimensionnées
comme suit :
1) Vérification du nombre et de la section de pieux nécessaire pour reprendre chaque
charge vis-à-vis de la contrainte admissible du béton (9.7 MPa en contrôle renforcé)
2) Comparaison de la géométrie du monolithe ainsi obtenu avec l’emprise disponible,
et optimisation.
3) Sur la base du profil de résistance à la compression simple présenté en figure 3
d’une part, et afin de conserver une épaisseur suffisante de Calcaire Grossier sous
la base des monolithe d’autre part (et ainsi ne pas intéresser les sables de Cuise

dans le calcul de 𝜎𝑐,𝑒 et devoir minorerce paramètre), la pointe des pieux a été calée
à la cote +29 mNGF (soit 27à 28 m de profondeur par rapport à la plateforme
superficielle), soit à la base du calcaire massif poreux.

4) Calcul de 𝜎𝑐,𝑒 compte tenu des dimensions en plan du monolithe et sur la base du
sondage carotté réalisé à proximité, ou en l’absence sur la base d’un profil de
résistance à la compression simple moyen calé sur le profil de la figure 3
5) Calcul du frottement latéral pour σc=5 MPa dans le Calcaire Grossier massif. Le
frottement est d’autre part négligé au-dessus de la cote du radier du tunnel du RER.
6) Abattement du terme de frottement latéral pour tenir compte de la présence de
monolithes adjacents (effet de groupe) conformément à la norme NF P 94-262, soit
un coefficient d’efficacité variant entre 0.8 et 1.0
On en déduit ainsi s’agissant de l’appui le plus chargé (M24 ; G+Q=5168 tonnes) une
conception de fondation sur 4pieux de 1.5 m de diamètre et 28 m de profondeur.

5
291
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4. Etude de l’interaction avec le RER A

4.1. Présentation de la modélisation

Un des enjeux du projet était la mise en évidence des interactions éventuelles entre le
projet de fondation et le tunnel du RER A dont le radier s’établit environ 20 m sous le
terrain naturel, soit vers la cote +36 mNGF. En effet, bien que dans les calculs le
frottement soit négligé sur la hauteur des terrains située au-dessus de cette cote, le choix
d’exécution des pieux, de type foré simple (dans cette gamme de diamètre la mise en
œuvre d’un double chemisage n’était pas envisageable pour l’économie du projet) ne
permet pas de garantir l’absence de transmission d’effort par diffusion du frottement
latéral via le sol entre les pieux et le tunnel.
D’autre part, les sujétions liées au tassement du projet et aux déformations éventuelles
du tunnel RER A doivent être étudiées, d’une part du fait du tassement des pieux sous
l’effet des charges appliquées (le raccourcissement élastique seul des pieuxest estimé
supérieur au centimètre), et d’autre part du fait queles charges apportées par le projet en
R+18 (environ 200 kPa de surcharge uniforme équivalente) vont charger l’ensemble des
terrains et se diffuser vers les couches profondes compressibles (Argile Plastique).
Afin d’étudier ces différents phénomènes, une modélisation aux éléments finis
tridimensionnelle du projet a été réalisée à l’aide du logiciel PLAXIS 3D. Le tunnel a été
modélisé en section droite, et l’ensemble des pieux isolés ou monolithes implantés de part
et d’autre ont été représentés et chargés.
Le tableau suivant présente les hypothèses géomécaniques prises en compte dans les
calculs. Les ratios Ey/Em considérés sont issus du tableau de l’annexe J de la norme NF
P 94-261. Concernant l’Argile Plastique, son comportement a été différencié entre le court
terme (calcul élasto-plastique) et le long terme (calcul de consolidation avec le modèle
Soft Soil). La figure 6 présente une vue générale du modèle.

Tableau 2. Hypothèses géotechniques pour le calcul PLAXIS 3D

Angle de
Module Module Poids Cohésion Indice de Indice de
frottement
Couche 𝐸𝑦 /𝐸𝑀 pressiométrique𝐸𝑀 d’Young𝐸𝑦 volumique effective compression gonflement
effectif
(kPa) (kPa)  (kN/m3) c' (kPa) Cc Cs
' (°)
R 4.5 5 000 22 500 20 0 25 - -
Mca 4.5 33 000 148 500 20 5 30 - -
MC 4.5 150 000 675 000 17 5 33 - -
CGm - 300 000 994 000 20 200 33 - -
CGg - 300 000 1 823 000 17 0 30 - -
SC/SS 3 200 000 600 000 20 0 35 - -
FG 4.5 160 000 720 000 18 0 35 - -
AP 3 72 500 217 500 18 16 14 0.133 0.0133

6
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Figure 6 : Modèle éléments finis Plaxis 3D

4.2. Résultats

Les tassements maximum du projet obtenus sont de 15 mm à court terme (figure 7) et 21


mm à long terme (70 ans).
L’étude d’impact de l’ouvrage sur le tunnel a été étudiée par l’intermédiaire de profils et
coupes pertinentes établis le long ou en travers du tunnel. On en déduit les éléments
suivants (cf figure 8) :
- le tassement subi par le tunnel RATP sera de 10 mm à court terme (15mm à long
terme), avec un tassement différentiel négligeable (0.03 %)
- la voûte est rechargée en compression, avec une diminution de sa flexion.
L’augmentation de contrainte moyenne est de l’ordre de 200 kPa, négligeable par rapport
à la contrainte admissible du béton
- le piedroit est rechargé en compression, avec une augmentation moyenne de la
contrainte de l’ordre de 300 kPa, négligeable par rapport à la contrainte admissible du
béton
Ces éléments indiquent que l’impact des fondations du bâtiment Skyligth apparaît
admissible pour le tunnel RER A existant.

Figure 7 : Isovaleurs de tassements à court terme (vue intérieure au modèle).

7
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

a)

intrados

extrados

b)

extérieur

intérieur

c)

Figure 8 : Impacts du projet sur le tunnel RER A a) tassements b) contraintes en section


de clef de voûte c) contraintes en section de piedroit

5. Chantier

La réalisation a été confiée à FRANKI FONDATION, qui a mobilisé des moyens de


foration adaptée à la traversée d’une hauteur très importante de calcaire pour des
diamètres sortant des normes d’exécution usuelles.
Préalablement à l’exécution des fondations, compte tenu des constats effectués par les
imageries de parois avec la présence de fractures plurimillimétriques immédiatement sous
la cote des pieux, des injections de comblement de ces fractures ont été réalisées.

Figure 9 : Pieux diamètre 1500 mm en cours de foration (gauche) et après foration (droite)

8
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

OPTIMISATION D’UN CONFORTEMENT PAR CLOUAGE VERTICAL


SUITE A RETOUR D’EXPERIENCE

REINFORCEMENT WITH VERTICAL PILES : FEEDBACK AND SIZING


OPTIMIZATION

Florence BELUT1, Fatima LUCAS1, Vincent TALFUMIERE1.


1 SNCF RESEAU – Direction Ingénierie & Projet – LA PLAINE ST DENIS

RÉSUMÉ – La technique de confortement des ouvrages instables par clouage vertical est
utilisée depuis environ 40 ans sur le réseau ferré national. Son coût élevé a conduit à
réfléchir sur son optimisation. Un retour d’expérience a montré que, sous certaines
conditions, il est possible de diminuer le coefficient de sécurité prescrit à SNCF Réseau et
donc le maillage des pieux. Cette optimisation a été retenue sur un site non encore traité.

ABSTRACT – The vertical soil-nailing technique has been used since 40 years on
National Railway Network for landslide stabilisation. Its high cost led to think of an
optimization. An experience feedback showed under certain conditions, that the factor of
safety using in nail design by SNCF, and piles spacing can be reduced. This optimization
is applied to an existing landslide not yet reinforced.

1 Introduction

Le réseau ferré national est le siège de désordres au niveau des ouvrages en terre qui
peuvent avoir un impact sur la sécurité et la régularité des circulations des trains. La
maintenance du réseau a entre autres pour objectif de traiter préventivement les ouvrages
instables par des travaux de confortement. Parfois, il s’agit de travaux curatifs.
Les interventions les plus courantes dans le domaine des ouvrages meubles se font par
des techniques de terrassement (par retrait ou apport de matériaux). Ce type de travaux
peut ne pas être adapté ou impossible à réaliser du fait des emprises ou des accès. Alors,
des solutions alternatives sont envisagées. Le clouage vertical par pieux forés ou battus
est l’une d’entre-elles.

2 Principes du clouage vertical et particularités du domaine ferroviaire

Le clouage vertical est utilisé depuis une quarantaine d’années sur le réseau ferré national
pour conforter les ouvrages instables. C’est sous l’instigation de l’IFSTTAR (ex LCPC),
qu’un premier chantier test est entrepris en 1982 sur le glissement du remblai de Boussy
St Antoine, au km 23 de la ligne Paris – Marseille. Les pieux réalisés à la tarière, de
diamètre 800 mm, ont permis de réduire de façon très significative les mouvements
affectant le remblai dans les deux années qui ont suivi. Une instrumentation spécifique
avec inclinomètres et jauges de contraintes avait à l’époque été mise en place sur les
pieux et dans le talus pour apprécier leur comportement et quantifier les paramètres
mesurés lors de cette expérimentation. Ce chantier a permis de confirmer les hypothèses
de calculs par une mise en situation en vraie grandeur, qui se basait sur l’utilisation de la
méthode des modules de réaction (Baguelin et al., 1977 et Bourges et Frank, 1989).
Depuis cette période, plusieurs centaines d’ouvrages en terre ferroviaires ont été
confortés avec succès par la méthode du clouage vertical (Talfumière, 2011).

1
295
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Cette méthode (figure 1) repose sur l’hypothèse que la partie du massif en mouvement
engendre, par les efforts appliqués sur les clous, une déformation de ces derniers. Les
efforts résultants (essentiellement liés à de la flexion) transmis par les pieux sous la
surface de rupture s’opposent aux déplacements ; ainsi plus le sol instable se déplace,
plus le pieu résiste à ce déplacement de par son inertie.
Cette théorie consiste à résoudre l’équation 1 :

𝑑𝑑4 𝑦𝑦
𝐸𝐸𝐸𝐸 . 𝑑𝑑𝑧𝑧 4 = 𝐾𝐾𝑠𝑠 . �𝑔𝑔(𝑧𝑧) – 𝑦𝑦(𝑧𝑧)� (1)

• E : le module d’Young du pieu


• I : l’inertie du pieu
• Ks : le module de réaction du sol
• y(z) et g(z) respectivement les déplacements horizontaux du pieu et du sol en
fonction de la profondeur

Y(z)
g(z)

Y(z)-g(z)

T = f[y(z)-g(z)]
3Lo

Figure 1 : Principe de la méthode des modules de réaction

L’objectif est d’améliorer le coefficient de sécurité au glissement du talus instable d’une


valeur variant de 10 à 20 % suivant les recommandations du guide technique de
stabilisation des glissements de terrain (Sève et Pouget, 1998, Durville et al, 2010).
A SNCF RESEAU, l’objectif d’amélioration du coefficient de sécurité est de 25%, soit
une diminution des efforts moteurs du glissement de l’ordre de 20%. Cet objectif est
recherché depuis les premières études de confortement menées par l’IFSTTAR
(ex LCPC). Il est légèrement supérieur à la pratique recommandée car les tolérances de
mouvements après travaux dans le domaine ferroviaire sont plus draconiennes (quelques
millimètres sur une longueur de 3 mètres).
Les principaux paramètres dimensionnant sont :
• Ks qui dépend du module pressiomètrique des sols concernés,
• Pf, la pression de fluage au niveau de la surface de rupture qui va limiter le
déplacement libre du sol g(z),
• F, le coefficient de sécurité objectif, à atteindre après mise en place du
confortement.
Les calculs de stabilité sont menés à rebours pour établir la situation initiale du site
modélisé afin de caler le coefficient de sécurité à une valeur proche de 1, en abattant les
valeurs de la cohésion au sein des terrains glissés à des valeurs nulles. La situation après
confortement consiste à positionner une ou plusieurs lignes de clous au niveau du tiers
central du talus glissé, avec une fiche sous la surface de rupture identifiée, assez
importante pour que les pieux puissent être considérés comme infiniment longs.

2
296
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Le calcul est mené à la fois avec un logiciel de calcul de stabilité pour s’assurer du
nouveau coefficient de sécurité et par un logiciel spécifique (PILATE développé par
l’IFSTTAR) qui définit les efforts et déformations dans les pieux, à partir du déplacement
appliqué au-dessus de la surface de rupture dans le sol instable.
Les calculs sont menés généralement jusqu’en limite du fluage des sols mais d’autres
hypothèses de calcul peuvent être adaptées à des cas plus particuliers (sols
compressibles,…).
Les pieux utilisés par SNCF RESEAU peuvent être (figure 2) :
• des pieux battus : palplanches, profilés, tubes, caissons de palplanches, rails, …
• des pieux forés de diamètre 200 à 800 mm, scellés et armés de profilés, tubes ou
rails,…
Dans le premier cas, il faut veiller à la problématique des vibrations et à la résistance
des terrains (refus prématuré en cas de module pressiométrique supérieur à 25 MPa).
Dans le deuxième cas, les accès à la foreuse sont à aménager et, dans la plupart des
cas, une banquette de travail est à construire avant la réalisation des inclusions.

(a) (b)
Figure 2 : Exemples de clouage vertical par pieux battus (a), pieux forés (b)

3 Retour d’expérience sur le clouage vertical

Dans une perspective d’optimisation du dimensionnement de la technique de


confortement par clouage vertical, un bilan sur le comportement des ouvrages confortés
par clouage vertical a été réalisé afin de définir des optimisations possibles concernant le
coefficient de sécurité global appliqué à ce type de confortement.
Pour réaliser ce travail, nous nous sommes intéressés à l’activité des glissements avant
et après confortement. Huit sites ont été étudiés, ceux-ci sont affectés par des
glissements plus au moins profonds et présentent l’avantage d’avoir été instrumentés et
suivis plusieurs années avant et après confortement. Chaque ouvrage a fait l’objet d’une
analyse technique complète qui a permis d’établir son historique, les hypothèses prises en
compte dans le dimensionnement, l’état de l’activité des mouvements affectant les
ouvrages avant et après le clouage puis les efforts pris en compte dans le
dimensionnement pour stabiliser ces ouvrages.

3
297
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.1 Par type de clouage

Les mouvements des sites étudiés ont été suivis par des inclinomètres. L’analyse des
résultats de ce suivi montre que la vitesse des mouvements affectant ces ouvrages
confortés par clouage vertical est réduite quasi-immédiatement après les travaux de 10 à
20 fois (figure 3a) par rapport à la vitesse initiale. Bien que sur certains ouvrages les
mouvements continuent d’évoluer, le confortement permet de ramener l’activité des
déplacements à des vitesses annuelles compatibles avec l’entretien courant des voies
ferrées.
La figure 3b donne l’exemple d’évolution des déplacements horizontaux en fonction du
temps d’un remblai conforté par clouage vertical sur la ligne reliant Bordeaux à Irun. On
constate qu’avant le confortement de l’ouvrage, les vitesses des mouvements mesurées
par les inclinomètres varient entre 6 cm et 12 cm par an en fonction des saisons. Ces
valeurs dépassent largement les seuils admissibles pour une voie circulée à 100 km/h. Le
confortement a permis de réduire la vitesse à 1 cm/an. Sur la majorité des ouvrages
étudiés, le confortement a permis de diminuer la fréquence des opérations de bourrage au
niveau de la voie.

(a) (b)
Figure 3 : Activité des déplacements avant et après confortement des sites étudiés (a),
Evolution des déplacements en fonction du temps sur un remblai conforté par clouage (b).

3.2 Marge de sécurité effective

Pour calculer la marge de sécurité effectivement nécessaire à la stabilisation des


mouvements, les efforts réellement repris par le clouage ont été estimés à partir des
déplacements mesurés par les inclinomètres (g(z) réel) après confortement et jusqu’à
stabilisation.
La figure 4a présente les résultats obtenus sur les huit sites étudiés. On constate que
pour les ouvrages confortés par palplanches, la marge de sécurité dépasse les 25%
recherchée dans les études. Cette différence est vraisemblablement liée à des
déplacements dus au battage des palplanches. En effet, sur un des remblais conforté par
palplanches, il a été mesuré pendant la phase travaux un déplacement de 24.5 mm
(figure 4b) dû au battage, conduisant à une marge de sécurité de 62%. Dans le cas du
confortement par pieux battus, il est donc difficile à l’état actuel des connaissances de
quantifier la part de déplacement due au glissement par rapport à celle liée au battage, et
de proposer une optimisation.

4
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

(a) (b)
Figure 4 : marge de sécurité réellement obtenue (a), évolution des déplacements
inclinométriques d’un site conforté par palplanches (b).

Par ailleurs, dans le cas des pieux forés, on constate que trois ouvrages ont été
stabilisés pour des marges de sécurité inférieures à 25%, et deux autres avec une marge
de sécurité de 36% et 39%.
En première analyse, il ne semble pas y avoir de lien entre le diamètre des pieux ou le
profilé et la marge de sécurité permettant la stabilisation. D’autres paramètres ont très
vraisemblablement une influence sur le résultat, tels que la pression de fluage
réelle/théorique, les incertitudes liées à la cinématique réelle du glissement, l’espacement
entre les pieux, la position des tubes inclinométriques par rapport aux pieux, des pieux par
rapport à la surface de rupture etc. Le faible échantillonnage ne permet pas à ce stade de
conclure.
Par ailleurs les valeurs pressiométriques (module pressiométrique E M et pression de
fluage p f ) utilisées pour estimer le module de réaction k s , le déplacement libre du sol g(z)
et les efforts à reprendre, peuvent également influencer le comportement des pieux et
avoir un impact sur la marge de sécurité permettant la stabilisation. Il est donc nécessaire
d’apporter un soin particulier à l’interprétation et au choix de ces paramètres.
Pour confirmer les premiers résultats obtenus et préciser les conditions d’optimisation
du coefficient de sécurité, le remblai d’Aurillac situé sur la ligne Figeac à Arvant a été
conforté par clouage (diamètre 800 mm et profilés HEB 450) en octobre 2014 avec une
amélioration du coefficient de sécurité de seulement 15%. Les mesures inclinométriques
réalisées depuis ne montrent pas à ce jour de mouvement significatif mais les travaux
sont encore trop récents pour confirmer la stabilisation. La poursuite du suivi
inclinométrique permettra de savoir si la marge prise a suffi à stabiliser l’ouvrage.

4 Application du retour d’expérience sur un ouvrage instable

Afin de tester le bien-fondé d’une optimisation des règles de dimensionnement du clouage


vertical, un nouvel ouvrage instable, le remblai de Pavilly, a été retenu.

4.1 Présentation du site et historique

Ce remblai de grande hauteur (15 à 20 m) sur la ligne Paris- Le Havre, situé à flanc de
coteau sur des formations de versant affectées de glissements anciens, connaît des
mouvements lents avec quelques périodes d’accélération, depuis le glissement profond
survenu en 1961 après élargissement de ce remblai vers l’aval (il s’agissait de déplacer la
plateforme pour créer une déviation au tunnel de Pavilly situé côté le Havre).
Le glissement de 1961 (13 000 m3 sur environ 220 m) a concerné la moitié du remblai
et le sol support, créant un bourrelet de pied dans la prairie aval et détruisant l’aqueduc de

5
299
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

traversée situé dans l’axe de la zone glissée, à environ 12 m de profondeur sous le


remblai.
Entre 1962 et 1965, des travaux ont permis de remettre l’ouvrage en état : il s’agissait
de terrassement (déchargement et création de deux risbermes), de clouage (épis de
palplanches liaisonnées par des longrines bétons, pieux chêne et gabions) et de drainage
(6 tranchées drainantes transversales).
Le remblai (figure 5) est cependant demeuré instable avec l’apparition de défauts en
voie dans les années 1990 puis en 2001, liés en partie à la dégradation des tranchées
drainantes. Le site a alors été instrumenté par tubes inclinométriques (1995 puis 2001)
Entre 1999 et 2001, un système de drainage a été rétabli et un confortement par
masque drainant a été réalisé pour stabiliser superficiellement le talus et la piste côté V2
(qui présentaient des fissures et des zones affaissées). Cela n’a pas suffi à stabiliser
l’ouvrage qui a connu plusieurs phases d’accélération des activités inclinométriques avec
cependant peu d’impact en voie. Les mesures ont montré la réactivation du glissement de
1961.

LLLooocccaaallilisissaaatttiioioonnn
ddduuu bbbooouuurrrrrreeelleleettt
dddeeepppiieieeddd

Figure 5 : Vue aérienne avec schéma de la zone (Source Géoportail)

4.2 Problématiques

Des travaux de clouage vertical ont été envisagés pour conforter ce glissement de
versant.
Une première étude a été réalisée en 2004 selon les règles de dimensionnement
usuelles sur le réseau ferré national.
A l’aide du logiciel Talren et de Pilate (calculs des efforts repris par un pieu isolé), elle a
abouti au dimensionnement de pieux de 800 mm de diamètre, armés de profilés HEB 450,
de 23,5 m de long et disposés sur trois files avec un espacement de 2,1 m par file, pour
un gain de 25 % sur le coefficient de sécurité initial.

6
300
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4.3 Recherche d’une optimisation

Compte tenu du coût important de ces travaux, une optimisation a été demandée par le
Maître d’Ouvrage pour dimensionner une solution plus économique. Celle-ci, basée sur 3
critères, permettait de supprimer une des trois files :
• une recherche de gain du coefficient de sécurité moindre,
• une surface de rupture active plus réduite que le glissement historique et qui
ressortirait plus en amont, à vérifier en posant de nouveaux tubes inclinométriques
et en analysant plus en détail les niveaux piézométriques,
• l’assouplissement du critère de mobilisation de la pression de contact sol-inclusion,
à savoir l’autorisation d’un léger fluage du sol.

Cette optimisation entrainera une stabilisation plus lente de l’ouvrage et n’exclut pas de
réaliser la 3ème file ultérieurement en cas de non stabilisation.
Les réflexions menées en parallèle sur la base de l’analyse des clouages verticaux déjà
réalisés ont montré que ce cas pouvait répondre aux critères des ouvrages stabilisés plus
efficacement que prévu (macropieux et glissement de versant) et donc à une optimisation
envisageable du dimensionnement.
Il a donc été décidé de dimensionner l’ouvrage en prenant un abattement sur le
coefficient de sécurité d’un tiers (gain de 17% recherché) et une surface de rupture plus
réduite que celle de 1961, que les inclinomètres posés en 2009 ont confirmé (très faible
activité de l’inclinomètre le plus en aval) ;

Figure 6 : profil géotechnique de synthèse et surfaces de rupture

Cela aboutit (calcul TALREN sur la base du profil géotechnique figure 6) à des efforts
moteurs à reprendre de 500 kN/ml au lieu de 710 kN/ml (820 kN/ml pour la surface de
rupture de 1961 avec un gain de 25%).
Le gain obtenu pour la surface de rupture de 1961 correspond à 12%, ce qui reste dans
la fourchette des recommandations du guide technique (Sève et Pouget, 1998, Durville et
al, 2010).
Le dimensionnement des pieux calculé avec PILATE pour ces efforts comporte donc 2
files de pieux de diamètre 800 mm armés de HEB 450, de longueur 23,5 m, espacés de
2,75 m par file.
Le chantier est actuellement programmé en 2017. Après les travaux de confortement,
un suivi de l’évolution site est prévu (inclinométrie, géométrie de la voie…) de façon à
observer l’influence de la diminution du maillage sur la durée et la vitesse de stabilisation
du site.

7
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

5 Conclusions

Les premiers résultats de retour d’expérience montrent une possible optimisation du


coefficient de sécurité. En effet, l’analyse des mesures inclinométriques des ouvrages
étudiés montre dans tous les cas que la vitesse des déplacements après confortement est
réduite à des valeurs annuelles admissibles pour la maintenance des voies ferrées.
Dans le cas des pieux forés, cette hypothèse doit cependant être confirmée en
alimentant le retour d’expérience par d’autres exemples d’ouvrages confortés par clouage,
et par les résultats de suivi inclinométrique sur les remblais d’Aurillac et de Pavilly.
L’ensemble des paramètres pouvant avoir une influence sur le déplacement après
confortement sera à étudier (diamètre des pieux, mais aussi pression de fluage du sol,
effet de groupe, position des inclinomètres par rapport au clouage, du clouage par rapport
à la surface de rupture, etc.).
Pour ce qui concerne les pieux battus, il est difficile de retenir une marge d’optimisation
précise. En effet, il existe des incertitudes sur les déplacements réels qui ont conduit à
stabiliser effectivement le glissement du fait du déplacement qui se produit pendant le
battage (impossibilité en l’état actuel des connaissances de distinguer dans ce
déplacement la part correspondante à une mise en charge des pieux).

6 Références bibliographiques

Baguelin F., Frank R., Saïd Y.-H. : Etude théorique du mécanisme de réaction latérale
des pieux, Bull. liaison Labo. P. et Ch. 92, nov.-déc. 1977, p. 35-58.
Bourges F., Frank R. (1989). Fondations Profondes Techniques de l’Ingénieur, C248-
249.
Collectif, (1988). Renforcement des sols par clouage, Bulletin de liaison des Ponts et
Chaussées.
Durville J.L., Magnan J.P., Blivet J.C., Pouget P., Chapeau C., Sève G., Reiffsteck P
(2010). Prévention et stabilisation des glissements de terrain : conception, mise en œuvre
et maintenance des dispositifs : Guide technique. Laboratoire Central des Ponts et
Chaussées (LCPC), 161p.
Philipponnat G., Bertrand. H. (2008). Fondations et ouvrages en terre. Eyrolles.
Sève G., Pouget P., (1998). Guide technique Stabilisation des glissements de terrain,
LCPC.
Talfumière V., (2011). Confortement des ouvrages en terre par la technique du clouage
vertical, Revue française de géotechnique, n°134-135, pp 99-109.
Talfumière V., (2011). Maintenance des ouvrages en terre sur le réseau ferré national,
Revue française de géotechnique, n°134-135, pp 7-14.

8
302
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

AMELIORATION DE SOLS PAR ADJONCTION DE LIANT


HYDRAULIQUE ROUTIER
IMPROVEMENT OF SOILS BY ADDING BINDER HYDRAULIC ROAD

Yvette TANKPINOU (1) (2), Nadia SAIYOURI(1), Richard FABRE(1), Victor GBAGUIDI(3)
(1)
Institut de Mécanique et d’Ingénierie (I2M) Bordeaux (France)
(2)
Université de Lokossa (Bénin)
(3)
Université d’Abomey-Calavi (Bénin)

RÉSUMÉ – Trois sols argileux et sableux ont été traités au LHR pour une application en
géotechnique routière. L’effet du traitement a été mesuré au moyen des paramètres
mécaniques : résistance à la compression et résistance à la traction. On note que les sols
traités répondent différemment aux différents essais. Une catégorisation des sols traités
en couche de chaussée a été faite.

ABSTRACT – Clayey and sandy soil were treated at LHR for application in road. The
effect of treatment was measured by mechanical parameters: Compressive strength and
tensile strength. Note that the treated soils respond differently to the two tests. A
categorization of treated soil was made.

1. Introduction

Il n’y a pas de route sans disponibilité et mise en œuvre de matériaux ; cette mise en
œuvre passe par le compactage qui est une opération indispensable en technologie
routière et dont la réalisation dans le cas des sols fins est souvent rendue difficile par leur
forte humidité et/ou leur forte argilosité (LCPC SETRA, 1992). Les sols fins, à l’état
naturel, sont souvent à mettre au rebut et substitués par des matériaux présentant de
meilleures caractéristiques mécaniques (Maubec, 2010). Cependant, de nos jours le
contexte de développement durable, les enjeux économiques et environnementaux
incitent, lors des travaux de terrassement, à valoriser les matériaux locaux (situés dans
l’emprise même des projets d’infrastructures) présentant parfois des caractéristiques
mécaniques inadéquates pour être employés (Abdo, 2009). Le traitement des sols au liant
est une solution qui se développe de plus en plus et permet de modifier le comportement
mécanique et la maniabilité des sols.
Afin d’aménager pour rendre accessible en toute saison une zone difficile d’accès en
saison pluvieuse (présence de sols fins très plastiques), des prélèvements ont été réalisés
pour être traités à la chaux, et/ou au liant hydraulique routier afin d’apprécier les
modifications apportées et en tirer des solutions qui permettront une meilleure tenue des
ouvrages routiers à aménager.

2. Matériels et méthodes

2.1. Provenance des sols naturels

La zone d’étude se situe au Bénin et est délimitée par les longitudes 1°5 et 2°1 Est et les
latitudes 6°2 et 7°5 Nord. Du point de vue géologique, la zone d’étude fait partie du bassin
sédimentaire côtier partie intégrante de la province géologique appelée «la Baie du
1

303
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Dahomey» (Figure 1). L’argile (Ar) est prélevée dans la dépression de la Lama. Le sable
silteux jaunâtre (SS) est pris dans les dépôts littoraux et le sable argileux (SA) encore
appelé «terre de barre » est pris sur le plateau de Bopa.
Trois sols ont été étudiés. Visuellement, il s’agit d’une argile noirâtre (Ar), d’un sable
silteux jaunâtre (SS) et d’un sable argileux rougeâtre (SA).

Figure 1 : Carte géologique et de localisation des sites de prélèvements


[d’après YALO et al, 2008]

2.2. Méthodes

2.2.1. Caractérisation des sols naturels

Les essais d’identification simple suivants ont été réalisés suivant les normes AFNOR:
teneur en eau (NF P 94-050), analyse granulométrique par tamisage (NF P 94-056),
analyse granulométrique par sédimentométrie (NF P 94-057), limites d’Atterberg (NF P 94-
051), essai au bleu de méthylène (NF P 94-068). La classification GTR a été adoptée (NF
P 11-300).
Pour l’aspect mécanique, les caractéristiques de compactage Proctor ont été
déterminées à partir des essais Proctor normal (PN) et Proctor modifié (PM) suivant la
norme NFP 94-093. La détermination des indices CBR après immersion a été faite suivant
la norme NF P 94-078.
Les paramètres de résistances mécaniques : la résistance à la compression simple, la
résistance à la traction indirecte et le module (à partir des essais de compression) ont été
déterminés respectivement suivant les normes NF EN 13286-41 et NF EN 13286-42, NF
EN 13286-43.

2.2.2. Méthodes de traitement

Les éprouvettes ont été traitées au liant hydraulique routier à 3, 6 et 9%. L’argile a connu
un prétraitement à 2% de chaux hydraulique. Les éprouvettes ont été compactées suivant
la norme NF EN 13286-50 dans des moules cylindriques d’élancement 2. Le compactage
2

304
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

a été fait à 98,5% de la densité sèche OPN pour les résistances à la compression et à
96% pour les résistances à la traction.
Pour maintenir la teneur en eau constante, les éprouvettes traitées ont été conservées
hermétiquement à une température de 20°C; Ainsi conditionnées, elles ont été écrasées
respectivement après des temps de cure de 7, 28, 60 et 90 jours.
L’effet du traitement a été mesuré par le biais de la résistance à la compression simple
(NF EN 13286-41) et de la résistance en traction (NF EN 13286-42).

3. Résultats

3.1. Caractérisation des sols naturels

Les caractéristiques de granulométrie et d’argilosité sont regroupées dans le tableau ci-


dessous.

Tableau 1 : Paramètres d’identification simple des sols naturels


Caractéristiques Ar SS SA
Dmax (mm) 2 2 2
D (mm) 0,002 0,315 0,315
Fraction inférieure à 80µm (%) 97,26 4,81 11,61
Fraction inférieure à 2µm (%) 87,05 1,03 3,56
Argilosité VBS 12 0,28 1
IP 58 - 15
Dmax : dimension maximale des plus gros éléments contenus dans le sol (selon NF P11-
300)
D : dimension maximale de tamis pour laquelle le passant est compris entre 80 et 90%

Selon la classification GTR (Figure 2), le sol Ar est de classe A4 donc est un sol fin très
plastique. Les sols SS et SA sont des sables argileux ou peu argileux de classe B2 ; la
différence est surtout caractérisée par la VBS et l’lP tel que mentionné dans le tableau 1.

Figure 2 : Classification GTR des trois sols (d’après LCPC SETRA, 1992)

Les caractéristiques mécaniques se trouvent résumées dans le tableau 2.

305
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Tableau 2 : Caractéristiques mécaniques des sols naturels

Caractéristiques Ar SS SA
Densité sèche maximale OPN (ρdOPN) 1,350 1,832 1,930
Teneur en eau optimale (wOPN en %) 30,60 9,0 14,30
Résistance à la compression simple (Rc en MPa) 0,155 0,194 0,231
Résistance à la traction indirecte (Rit en MPa) 0,073 0,061 0,087
Densité sèche maximale OPM (ρdOPM) 1,520 1,892 2,070
Teneur en eau optimale (wOPM en %) 25 8,90 10,10
Indice CBR à 95% OPM après 96h d’imbibition 4,6 34 20
Indice CBR à 98,5% OPM après 96h d’imbibition 5,4 60 45

On note que le sol SS, le moins argileux, admet la plus faible résistance à la traction et
cependant le CBR le plus élevé par rapport à SA qui admet la plus forte densité sèche.
Pour ce dernier la valeur plus faible du CBR peut s’expliquer par une plus forte sensibilité
à l’eau pendant les 96h d’imbibition.

3.2. Résultats de traitements des sols

Les références Proctor (teneur en eau optimale wopt et densité sèche maximale  d m ax )
déterminées sur les sols naturels ainsi que ceux traités se présentent pour les trois types
de sols sur les figures suivantes.

1,50 Ar
Densité sèche

1,45 Ar 3%

Ar 6%
1,40
Ar 9%

1,35

1,30

1,25
18 23 28 33
Teneur en eau (%)

Figure 3 : Courbes Proctor de l'argile (Ar) avant et après traitement

2,00
Densité sèche

SS
SS 3%
1,95 SS 6%
SS 9%
1,90

1,85

1,80

1,75
6 8 10 12 14 16
Teneur en eau (%)

Figure 4 : Courbes Proctor du sable silteux (SS) avant et après traitement

306
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2,00

Densité sèche
SA

SA 3%
1,95 SA 6%

SA 9%
1,90

1,85

1,80
10 12 14 16 18
Teneur en eau (%)

Figure 5 : Courbes Proctor du sable argileux (SA) avant et après traitement

Des différences de comportement des trois sols après traitement sont observées,
l’optimum Proctor se plaçant différemment par rapport à l’optimum Proctor du sol naturel
dans chacun des cas : Ar et SA manifestent une augmentation de masse volumique
sèche optimale et une diminution de la teneur en eau optimale à 3 et 6% de traitement;
Pour Ar, à 9% on note une quasi stabilité des résultats par rapport à 6% ; pour SA, on
note une légère baisse de la teneur en eau optimale. Pour SS, si l’augmentation de masse
volumique sèche optimale est évidente, on note plutôt une faible évolution à la hausse de
la teneur en eau optimale.
L’évolution de l’indice CBR après 96h d’immersion à 95 % et 98,5% de l’Optimum Proctor
Modifié en fonction de la teneur en LHR est représentée sur la
Evolution du CBR des sols en fonction de la teneur en LHR
I CBR

1000

Ar (95%)

100 SS (95%)
SA (95%)

Ar (98,5%)

SS (98,5%)

SA (98,5%)

10

1
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Teneur en liant (%)

Figure 6. On note pratiquement la même allure pour les courbes des indices à 95 % et
98,5% de l’OPM.
Pour Ar, sol argileux très plastique, le CBR passe de 4 pour le sol non traité à 10 pour le
sol traité à 9%. Pour SS et SA, on note une évolution considérable.

307
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Evolution du CBR des sols en fonction de la teneur en LHR


I CBR
1000

Ar (95%)

100 SS (95%)
SA (95%)

Ar (98,5%)
SS (98,5%)

SA (98,5%)

10

1
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Teneur en liant (%)

Figure 6: Evolution du CBR des sols en fonction de la teneur en LHR

La Figure 7 représente l’évolution de la résistance à la compression simple des trois sols


avant et après traitement aux différentes teneurs.
Les résistances du sol argileux Ar évoluent lentement pour atteindre une valeur de 1MPa
à 9% et après 60 jours. Aux teneurs en liants de 6 et 9%, SS présente de meilleures
résistances. Pour les sols SS et SA, et les traitements à 6 et 9%, le critère de traficabilité
(limite de 1MPa) est satisfait dès 7 jours ; pour le traitement à 3%, ce critère est satisfait à
28 jours pour le SA et à 60 jours pour le SS. Pour Ar, ce critère n’est satisfait qu’après 80
jours pour 9% de LHR.

308
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

10,0

Résistance à la compresion (MPa)


Ar

Ar 3%

Ar 6%

Ar 9%

SS
1,0 SS 3%

SS 6%

SS 9%

SA

SA 3%

SA 6%

SA 9%

0,1
0 20 40 60 80 100
Temps de cure (jours)

Figure 7 : Evolution de la résistance à la compression en fonction du temps de cure

L’évolution de la résistance à la traction des sols en fonction du temps de cure, avant et


après traitement, est présentée à la Figure 8. On note que SS qui admettait la plus faible
résistance à la traction avant traitement, admet les résistances les plus élevées après
traitement.

0,8
Ar
Résistance à la traction (MPa)

0,7 Ar 3%

Ar 6%
0,6
Ar 9%
0,5 SS

SS 3%
0,4
SS 6%
0,3 SS 9%

SA
0,2
SA 3%
0,1 SA 6%

SA 9%
0
20 40 60 80 100

Temps de cure (jours)

Figure 8: Evolution de la résistance en traction des sols en fonction du temps de cure

4. Discussions

309
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Suivant le GTS 2000 (remblais et couches de forme), figurent sur l’abaque présenté à la
Figure 9, les zones 1 à 5 correspondant aux classes de performances mécaniques
attribuées aux matériaux traités. Les niveaux de performance sont croissants de la zone 5
à 1. Un classement en zone 5 ne permet pas de valider une réutilisation du matériau, les
performances mécaniques étant alors considérées comme trop faibles.
Les couples (Rt ; E) obtenus à 90 jours de cure des sols traités sont reportés sur
l’abaque (figure 10). Ne figurent pas les couples (Rt ; E) de l’argile (Ar) car les valeurs du
module obtenues sont toutes inférieures à 103 MPa.
Pour SS, on note le passage rapide de la zone 5 (traitement à 3%) à la zone 3
(traitement à 6%), qui atteste d’une capacité du matériau traité à être réutilisé en assise de
chaussée. A 9% de LHR, le matériau traité reste toujours dans la zone 3.
Pour SA, le passage en zone 3 n’est effectif que pour le traitement à 9% de LHR ;
cependant pour les deux teneurs plus faibles, les sols traités appartiennent à la zone 4.

Figure 9 : Classement des matériaux traités selon leurs caractéristiques mécaniques


déterminées sur éprouvettes à 90 jours (d’après LCPC SETRA, 2000)

5. Conclusions

Trois sols classés A4 et B2 ont été traités au LHR. Les sols traités ont répondu
différemment aux essais réalisés. Le sol A4 est un sol argileux très plastique réputé inapte
au traitement ; son traitement au LHR dans les conditions de références Proctor Normal a
permis néanmoins d’améliorer un tant soit peu ses caractéristiques mécaniques.
Le sable silteux (SS) et le sable argileux (SA) ont vu leurs caractéristiques mécaniques
très améliorées et sont acceptables en tant que matériaux de couche de forme ou
d’assises de chaussée.

310
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Bibliographie

ABDO Joseph (2009). Liants hydrauliques routiers. Techniques de l’Ingénieur.


LCPC-SETRA (1992). Guide des Terrassements Routiers, Réalisation des remblais et des
couches de forme (GTR), Fascicules I et II.
LCPC-SETRA (2000). Traitement des sols à la chaux et/ou aux liants hydrauliques -
Terrassement et couche de forme (GTS).
MAUBEC Nicolas (2010). Approche multi-échelle du traitement des sols à la chaux -
Etudes des interactions avec les argiles. Thèse de doctorat, Université de Nantes.
YALO N., ADJANOHOUN A., ADISSIN GLODJI L. et KAKI C. (2008). Formations
géologiques de la glauconie du bassin sédimentaire côtier du Bénin : possibilités
d’utilisation pour la fertilisation des sols côtiers, Bulletin de la Recherche Agronomique
du Bénin Numéro 62.

311
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

ETUDE EN CHAMBRE D’ETALONNAGE DU FROTTEMENT SOL-PIEU


DANS UNE ARGILE SATUREE SOUS GRAND NOMBRE DE CYCLES

STUDY IN A CALIBRATION CHAMBER OF SOIL-PILE SHAFT FRICTION IN A


SATURATED CLAY FOR LARGE NUMBERS OF CYCLES

Rawaz Dlawar MUHAMMED1, Jean CANOU1, Jean-Claude DUPLA1, Hocine DELMI1


1
Ecole des ponts ParisTech, laboratoire Navier, Champs-sur-Marne, France

5
RÉSUMÉ – On étudie l’évolution, sous grands nombres de cycles (10 cycles) du
frottement local sol-pieu mesuré sur une sonde-pieu mise en œuvre dans des massifs
d’argile saturée reconstitués en chambre d’étalonnage. Après une description du dispositif
expérimental et du protocole d’essai, on décrit un essai typique en mettant en évidence
une phase de dégradation initiale du frottement suivie par une phase de renforcement.

ABSTRACT – The evolution, for high numbers of cycles (10 5 cycles), of local soil-pile
shaft friction, as measured on an instrumented pile-probe tested in saturated clay
specimens reconstituted in a calibration chamber, is studied. After describing the
experimental setup and testing protocol, a typical test is described, showing an initial
phase of local friction degradation followed by a phase of friction reinforcement.

1. Introduction

L’étude du frottement local pieu-sol constitue une problématique importante en


géotechnique reliée à l’amélioration du calcul et du dimensionnement des pieux. Dans le
cas des chargements cycliques, en particulier, le comportement au frottement est
particulièrement complexe et nécessite encore des travaux de recherche, au plan
théorique et expérimental.
En ce qui concerne la recherche expérimentale, l’approche du type modélisation
physique basée sur l’utilisation des chambres d’étalonnage est intéressante en vue de
mieux comprendre, dans des conditions de laboratoire bien contrôlées, les mécanismes
de mobilisation du frottement local le long d’une interface sol-inclusion sous sollicitations
axiales cycliques. Depuis le début des années 80, la recherche expérimentale s’est
développée dans ce domaine, souvent en relation avec l’industrie pétrolière offshore et un
nombre significatif de résultats/recherches, du type « modélisation physique » ont été
présentés, basés sur l’utilisation de différents types de sondes mises en œuvre dans
différents types de massifs. A la fois le cas des sables et des argiles a été abordé mais,
de manière générale, pour des nombres de cycles relativement faibles (inférieurs à
10000). Dans le cas des argiles en particulier, on pourra se référer aux travaux de Poulos
(1981), Matlock et al. (1982), Goulois et al. (1987) ou Procter and Khaffaf (1987).
En ce qui concerne les grands nombres de cycles (10 5 et plus) correspondant au
comportement de type fatigue, il y a très peu de travaux publiés. Dans le cas des sables,
on peut citer les travaux de Bekki et al. (2013) qui présentent des résultats concernant
l’évolution du frottement local le long d’une sonde-pieu instrumentée mise en œuvre en
chambre d’étalonnage dans un massif de sable confiné, pour des grands nombres de
cycles à déplacement imposé (105 cycles). Les résultats obtenus permettent de mettre en
évidence, après une phase initiale de dégradation du frottement, une phase de
renforcement du frottement mobilisable, jusqu’aux très grands nombres de cycles. Dans

1
312
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

le cas des sols fins cependant (typiquement argiles saturées), on n’a rien trouvé
d’équivalent dans la littérature.

Figure 1. Vue d’ensemble du dispositif d’essai en chambre d’étalonnage

Dans ce contexte, l’objectif de cette communication est de présenter un dispositif


d’essai prototype et un protocole expérimental spécifique permettant d’étudier l’évolution
du frottement d’interface sol-pieu dans le cas d’argiles saturées et pour de très grands
nombres de cycles. Cette recherche a été développée dans le cadre du projet de
recherche SOLCYP (projet ANR et volet PN, 2008-2015) consacré à l’amélioration des
méthodes de calcul et de dimensionnement des pieux soumis à des sollicitations
cycliques. Après une description du dispositif expérimental et du protocole d’essai
développé, on présente les résultats d’un essai de chargement cyclique typique à grand
nombre de cycles.

2. Dispositif expérimental et protocole d’essai

La chambre d’étalonnage permet de reconstituer et de mettre sous contrainte des massifs


de sable ou d’argile cylindriques de 524 mm de diamètre et 700 mm de hauteur. Le
massif vient en appui sur un piston de grand diamètre et il est contenu (latéralement)
dans une membrane en néoprène. On peut appliquer au massif un état de contrainte
horizontal et vertical de manière indépendante. La chambre d’étalonnage est fixée sur un
support mobile en translation et en rotation sur des rails, ce qui permet, après
reconstitution des massifs, de venir la positionner sous le bâti de chargement à quatre
colonnes. La figure 1 montre une vue d’ensemble du dispositif, y compris la cabine de
pilotage et d’acquisition des données.
Afin de reconstituer les massifs d’argile saturée, un consolidomètre prototype a été
développé, permettant de préconsolider un massif d’argile à partir d’une boue préparée à
une teneur en eau initiale élevée. Le consolidomètre est équipé d’un vérin de chargement
qui permet d’appliquer progressivement, par paliers, la charge vertical désirée. La tige du
vérin est équipée d’un capteur d’effort ainsi que d’un capteur de déplacement à fil qui
permet d’enregistrer en fonction du temps le tassement du massif qui se développe au
cours du phénomène de consolidation. Le dispositif est équipé d’un système de drainage
vertical ainsi que d’un système de drainage radial qui peut être ou non activé.
La figure 2 présente une vue d’ensemble du dispositif de consolidation des massifs
d’argile. Après la fin de la consolidation du massif, celui-ci est démoulé et ajusté sur le
piston de la chambre d’étalonnage puis remis sous contrainte grâce aux systèmes de
pressurisation horizontal et vertical du dispositif. On peut ensuite procéder à l’installation
et au chargement de la sonde-pieu.

2
313
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 2. Vue d’ensemble du dispositif de consolidation des massifs d’argile

La sonde-pieu utilisée est une sonde prototype permettant de mesurer de manière


indépendante une résistance en pointe mesurée sur une pointe conique instrumentée et
un frottement latéral unitaire, mesuré sur un manchon de frottement lui aussi instrumenté.
Les deux mesures sont indépendantes, le manchon de frottement étant situé
suffisamment loin de la pointe pour s’affranchir des effets parasites correspondants. La
sonde a été conçue sur un standard pénétrométrique avec une section droite de 10 cm 2
(diamètre de 36 mm). La pointe conique est équipée d’un capteur d’effort de 20 kN de
capacité. Le manchon de frottement a une longueur de 11 cm et une surface frottante de
124,4 cm2. Il est équipé avec un capteur d’effort de ±5 kN. La surface du manchon de
frottement ainsi que la surface d’une partie importante du corps de la sonde présentent
une rugosité contrôlée obtenue par usinage (surface parfaitement rugueuse). La figure 3
présente une coupe simplifiée ainsi qu’une vue de la sonde utilisée.

Figure 3. Coupe simplifiée et vue d’ensemble de la sonde-pieu utilisée

3. Description et analyse d’un essai typique

On présente et on analyse dans la suite les résultats d’un essai typique réalisé à partir du
dispositif décrit ci-dessus.

3.1. Argile utilisée

Le sol mis en œuvre est une kaolinite spécifique, la Speswhite. C’est une argile de
référence en France pour la géotechnique, utilisée, en particulier, pour reconstituer des
massifs de sol testés ensuite en centrifugeuse ou en chambre d’étalonnage. Cette argile
a une limite de plasticité de 28 et une limite de liquidité de 58 (indice de plasticité de 30).

3
314
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.2. Caractéristiques du massif mis en œuvre

Pour cet essai, le massif d’argile a été consolidé jusqu’à une valeur de la contrainte
vertical effective σ’v0 de 125 kPa et une contrainte horizontale effective de 72 kPa,
correspondant à une valeur estimée du coefficient des terres au repos de 0,58. Dans le
consolidomètre, la consolidation du massif a été faite en quatre paliers, correspondant à
des contraintes appliquées successives de 5, 15, 45 et 125 kPa.

3.3. Installation de la sonde-pieu

On procède dans un premier temps à l’insertion de la sonde-pieu par vérinage quasi-


statique à l’aide d’un vérin hydraulique de longue course qui permet d’enfoncer la sonde à
vitesse constante dans le massif d’argile. Ce mode d’installation est représentatif d’un
pieu du type refoulant. La vitesse d’enfoncement est de 1 mm/s. La sonde est enfoncée
dans le massif jusqu’à ce que le manchon de frottement soit centré verticalement dans le
massif. La figure 4 présente les résultats de la phase d’installation de la sonde en termes
de la résistance de pointe et du frottement sur le manchon en fonction de l’enfoncement
de la sonde. Après une augmentation rapide, la résistance de pointe se stabilise assez
rapidement après un enfoncement de l’ordre de 100 mm, rendant compte d’une bonne
homogénéité du massif. Le frottement latéral commence à être mobilisé lorsque le
manchon rentre dans le massif, pour un enfoncement de l’ordre de 240 mm de la pointe.
Le frottement augmente ensuite progressivement jusqu’à atteindre une valeur presque
stabilisée de l’ordre de 10 kPa pour l’enfoncement final de 460 mm.

(a) (b)

Figure 4. Phase d’installation de la sonde : (a) résistance de pointe ; (b) frottement local

3.4 Phases initiales de chargement statique

Après installation de la sonde, on laisse l’ensemble au repos pendant une période de


12 heures. Ensuite deux chargements monotones quasi-statiques sont réalisés à
déplacement contrôlé, à l’aide du servovérin, jusqu’à rupture (4 mm de déplacement
correspondant à environ 11% du diamètre de la sonde). Le premier chargement est
réalisé à une vitesse de 30 microns par minute, le deuxième étant réalisé à une vitesse
de 300 microns par minute, après avoir attendu 2 heures après le premier chargement. La
figure 5 montre les résultats correspondants. En termes de résistance de pointe, la
mobilisation initiale observée au deuxième chargement est plus rapide que pour le
premier (rigidité supérieure). Par contre, les valeurs de plateau atteintes sont
pratiquement les mêmes.
En termes de frottement local, la mobilisation est très rapide pour les deux chargements
jusqu’à un plateau bien marqué de l’ordre de 17 kPa dans les deux cas, avec un léger pic

4
315
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

initial observé au deuxième chargement. Il est intéressant de noter que les valeurs de
rupture obtenues sont très proches pour les deux chargements, le premier chargement
n’ayant donc pas trop d’influence sur les mesures réalisées au deuxième chargement.

(a) (b)

Figure 5. Chargements statiques initiaux : mobilisation de la résistance de pointe (a) et du


frottement latéral (b)

3.5 Phase de chargement cyclique

Pour étudier l’influence de l’application de grands nombres de cycles sur la mobilisation


du frottement local, on réalise des essais de chargement à déplacement contrôlé, ce qui
permet d’évaluer l’évolution du frottement mobilisable au cours des cycles. Les principaux
paramètres du chargement cyclique sont l’amplitude du déplacement cyclique (signal
alterné ou non alterné), la fréquence des cycles, la forme du signal et le nombre de cycles
appliqués. Dans l’essai présenté ci-dessous, on a réalisé 105 cycles, avec une amplitude
de déplacement cyclique ρc égale à ± 250 microns (chargement alterné) et une fréquence
de 1 Hz. La forme du signal est sinusoïdale.
La figure 6 présente les résultats obtenus en termes de sollicitation appliquée en
déplacement, d’effort mesuré en tête de la sonde, de résistance en pointe et de
frottement local en fonction du nombre de cycles appliqués. La sonde est par ailleurs
considérée comme parfaitement rigide, le déplacement en tête étant supposé être le
même qu’en tout point de la sonde. En terme de frottement local mobilisé, la figure 6-b
permet de mettre en évidence une dégradation claire qui démarre dès le premier cycle de
chargement jusqu’à environ cinquante cycles (ramollissement cyclique). Ensuite, le
frottement mobilisable ré-augmente progressivement (durcissement cyclique) jusqu’à la
fin de l’essai, au bout des 105 cycles, avec une légère rediminution relative entre les
cycles 300 et 1000 environ. Le phénomène de dégradation initial est relativement
classique et a déjà été décrit dans la littérature à la fois sur des essais sur modèle et des
essais sur site (Chan and Hana, 1980 ; Poulos, 1981 ; Poulos, 1982,
Matlock et al., 1982). La phase de renforcement observée ensuite est, par contre, moins
commune et n’a, à notre connaissance, pas été décrite, si ce n’est dans le cas de sables
secs (Bekki et al., 2013) pour de très grands nombres de cycles.
En termes de résistance de pointe, on observe une tendance analogue à celle
observée pour le frottement latéral, l’évolution de la résistance mesurée en tête de la
sonde étant la résultante du terme de frottement et du terme de pointe.
La figure 7 présente des cycles typiques en termes de frottement local mobilisé en
fonction du déplacement imposé. La figure 7-a présent des cycles correspondant à la
phase de dégradation du frottement. Une dégradation substantielle est observée entre le
premier cycle et le cycle n° 50. La figure 7-b présente des cycles correspondant à la
phase de renforcement qui se développe ensuite jusqu’à la fin de la séquence cyclique. Il

5
316
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

est intéressant de remarquer que, malgré le renforcement observé pendant cette phase,
le frottement maximal mobilisable en fin de séquence reste inférieur au frottement
mobilisé lors du premier cycle de chargement.
(a) (b)

(c) (d)

Figure 6. Phase de chargement cyclique à déplacement imposé : (a) signal de


chargement ; (b) réponse en frottement local ; (c) force totale mesurée en tête ;
(d) réponse en résistance de pointe

(a) (b)

Figure 7. Cycles typiques décrits pendant la séquence cyclique : (a) phase de dégradation
cyclique du frottement ; (b) phase de durcissement cyclique du frottement

3.6. Phase de chargement statique finale

Après la séquence cyclique, deux essais de chargement statique sont finalement réalisés
pour évaluer l’influence de la séquence cyclique sur le frottement statique maximal

6
317
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

mobilisable après cycles, de manière similaire aux deux essais statiques réalisés avant la
séquence cyclique. Pour l’essai présenté ici, les deux essais statiques ont été réalisés à
la même vitesse de chargement de 300 microns par minute jusqu’à la rupture (4 mm de
déplacement vertical). Le premier essai est réalisé tout de suite après la fin de la
séquence cyclique alors que le deuxième est réalisé après une attente de deux heures
après le premier. La figure 8 présent les résultats obtenus en termes de frottement local.
On peut observer une différence significative entre les deux chargements (fig. 8-a). Pour
le premier chargement, un pic marqué de frottement est observé (de l’ordre de 27 kPa)
pour un déplacement relativement faible (de l’ordre de 800 microns) suivi par un
radoucissement important avec stabilisation progressive du frottement aux grands
déplacements (autour de 14 kPa). En ce qui concerne le deuxième chargement, on
n’observe pas de pic de résistance mais une mobilisation très rapide (après environ 100
microns) du frottement maximum mobilisable, qui se maintient ensuite sur un plateau
remarquablement constant, jusqu’aux grands déplacements. Cette deuxième réponse est
qualitativement très semblable à celle observée lors des chargements statiques initiaux
avant la séquence cyclique. Ceci montre que les cycles ont un effet de renforcement
significatif en termes de frottement statique mobilisable au premier rechargement statique
après la séquence cyclique.

(a) (b)

Figure 8. Mobilisation du frottement statique après cycles : (a) comparaison des deux
chargements réalisés après cyclage ; (b) comparaison avec le chargement statique
réalisé avant la séquence cyclique

Le deuxième chargement statique montre cependant que cet effet de renforcement est
« fragile » et qu’il a disparu lors du deuxième chargement statique. La figure 8-b permet
de comparer le frottement statique mobilisé lors du chargement statique avant et après la
séquence cyclique.

3.7 Coefficient d’évolution du frottement

En vue de pouvoir quantifier l’évolution du frottement mobilisable lors de la séquence


cyclique (dégradation ou renforcement), on introduit le coefficient dévolution du frottement
Ce,fs de la manière suivante :

f s ,max(i )  f s ,min(i )
Ce, fs  (1)
f s ,max(1)  f s ,min(1)

où fs,max(1) et fs, max(i) sont les valeurs maximale du frottement mesurées au cycle 1 et i
respectivement, fs,min(1) et fs, min(i) étant les valeurs minimales du frottement mesurées sur

7
318
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

ces mêmes cycles. Ce coefficient permet de visualiser de manière claire l’évolution de la


mobilisation du frottement local au cours des cycles et de distinguer de manière simple
les phases de dégradation (diminution de ce coefficient) et les phases de renforcement
(augmentation du coefficient) et de quantifier, par la valeur du coefficient, l’importance de
la dégradation ou du renforcement par rapport au premier cycle. La figure 9 montre les
résultats obtenus pour l’essai présenté, où l’on peut clairement retrouver la phase de
dégradation initiale jusqu’à une valeur minimale de l’ordre de 0,32 de ce coefficient, suivie
par la phase de renforcement.

Figure 9. Coefficient d’évolution Ce,fs fonction du nombre de cycles pour l’essai présenté

4. Conclusions

On a présenté un dispositif d’essai prototype ainsi qu’un protocole d’essai approprié pour
étudier l’évolution du frottement local mobilisable le long d’une sonde-pieu pour de très
grands nombres de cycles. L’essai présenté montre que l’on peut observer, après une
phase initiale de dégradation du frottement, une phase de renforcement. Le protocole
utilisé permet de mettre en évidence l’influence du chargement cyclique sur le frottement
statique mobilisable après la séquence cyclique.

5. Références bibliographiques

Bekki, H., Canou, J., Tali, B., Dupla, J.-C., and Bouafia, A. (2013), Evolution of Local
Friction Along a Model Pile Shaft in a Calibration Chamber for a Large Number of
Loading Cycles. Comptes Rendus - Mecanique, Vol. 341, No. 6, pp.499-507.
Chan, S.-F. and Hanna, T.H. (1980). Repeated Loading on Single Piles in Sand.
J. Geotech. Engrg. Div., Vol. 106, No. 2, pp.171 188.
Goulois, A., Whitman, R. V. and Høeg, K. (1987). Effects of Sustained Shear Stresses on
the Cyclic Degradation of Clay. NGI Publication, Vol. 167, 16 p.
Matlock, H., Bogard, D. and Cheang, L. (1982). A Laboratory Study of Axially Loaded
Piles and Pile Groups Including Pore Pressure Measurements. Proceeding of The
Third International Conference on the Behavior of Offshore Structure (BOSS), Vol. 1,
pp.105- 121.
Poulos, H.G. (1981). Some Aspects of Skin Friction of Piles in Clay Under Cyclic Loading.
Geotechnical Engineering, 12 : pp. 1-17.
Poulos, H.G. (1982). Influence of Cyclic Loading on Axial Pile Response”. University of
Sydney, 36 p.
Procter, D.C. and Khaffaf, J.H. (1987). Cyclic axial displacement tests on model piles in
clay. Géotechnique, Vol. 37, No. 4, pp.505-509.

8
319
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

LA SOLUTION TERRE ARMEE DANS UN PROJET DE


SOUTENEMENT DE LA LIGNE FERROVIAIRE FCE, MADAGASCAR

REINFORCED SOIL SOLUTION IN THE STUDY OF A RETAINING STRUCTURE


PROJECT ALONG THE LINE RAILWAY FCE, MADAGASCAR

Voahanginirina RAMASIARINORO , N. ANDRIAMAMONJISOA1, Lala ANDRIANAIVO2,


1
1 1
Fidiniavo RAVOKATRA , N RAKOTONDRABEZAHARINORO
1
Université d’Antananarivo, Faculté des Sciences, Département des Sciences de la
Terre, BP 906 Antananarivo 101 Madagascar, ramasiarinoro@yahoo.fr
2
Université d’Antananarivo, Ecole Supérieure Polytechnique, Laboratoire de
Géotechnologie, BP 1500 Antananarivo 101 Madagascar

RÉSUMÉ – Lors d’une étude de soutènement, les incidences d’un choix techniquement et
économiquement judicieux sont particulièrement importantes. Ce manuscrit présente
d’abord les bilans relatifs au glissement de terrain, ensuite les problèmes de stabilité
mécanique du soutènement. Il se propose de comparer les solutions et d’en tirer enfin la
technologie terre armée comme solution.

ABSTRACT – When studying a retaining structure, the incidences of a choice, technically


as well as economically, are particularly important. At first, this paper presents the results
of landslides studies. The problems of mechanical stability of the retaining structures are
then treated. Finally, a technical and economical comparison between proposed solutions
leads to reinforced soil for an overall evaluation.

1. Préambule

Les ouvrages à risques engageant la sécurité des personnes et des biens comme les
soutènements nécessitent des études géologiques et techniques approfondies qui
fourniront plusieurs solutions à un même problème. Le choix de l’une ou de l’autre des
solutions étudiées et proposées sera fonction d’une part des conditions liées au site et
d’autre part, des conditions économiques liées au projet. Le long de la ligne ferroviaire
FCE, des mouvements du terrain se sont produits au cours du temps mettant en danger
la stabilité des talus.
Les études ont conduit à la détermination des cercles du glissement. Le calcul a été
basé sur le cercle de rupture le plus probable donnant un coefficient de sécurité minimum
« Fmin ». La modélisation a été effectuée sur des programmes informatiques GEOSTAB,
STABR, PLAXI et GAWACWIN et le calcul a été fait suivant la méthode de Bishop.
Trois (03) variantes de solution ont été prises en compte : mur de soutènement en
gabions, en béton armée et la terre armée.

2. Situation générale

Des glissements rotationnels, affaissements des remblais d'accès, éboulements,


fissuration du mur de soutènement en maçonnerie de moellons existants menacent la
circulation le long de la ligne FCE. Pour pouvoir déterminer les origines et/ou causes
probables d’instabilité, une campagne d’investigations géologique, géotechnique et

1
320
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

géophysique a été menée. Elle a été réalisée sur la base de la mission géotechnique de
type G 5.

2.1. Investigations

2.2.1. Sondages au pénétromètre dynamique (Pd) à la tarière manuelle(Tr)

Les résultats des sondages à la tarière manuelle et au pénétromètre dynamique


permettent d’avoir la coupe du sol en place. Le niveau du toit rocheux de nature
gneissique pend de 25° à 35° vers le nord. Ce pendage est parallèle à la topographie
actuelle (Figures 1 et 2).

2.2.2. Prospection géophysique

Les figures 3, 4 et 5 illustrent les résultats issus d’un sondage électrique vertical (SEV) et
de quatre profils de panneau électrique utilisant la technique d’imagerie montrant un
terrain hétérogène.

Pd5/Tr8

10 20

Pd4/Tr7 1

2
10 20 30

4
Refus à 4,30 m
1
5 Qd = 37,61 MPa

6
2

Pd3 3
7

10 20 4
8
ALLURE DU TOIT ROCHEUX
9
5

1 7

2 8
Pd2/Tr2 Refus à 8,10 m
10 20 30 3 Qd = 35,62 MPa
Côté rail 4
9

6
Refus à 5,40 m
Qd = 38,64 MPa
1

PK 46+ 400 2 Refus à 1,50 m


Qd = 50,89 MPa

ALLURE DU TOIT ROCHEUX 3

Pd1
10 20 30
axe

Echelle horizontale : 1/200 1


Refus à 0,80 m
Qd = 48.26 MPa
Echelle verticale : 1/200 2

PC : 96.00 m 3
105.45 10.71

106.64 12.00

109.83 15.87

111.24 19.17

112.07 24.00

112.45 25.32

117.95 31.50

122.16 40.00

131.95 49.97

133.08 54.63
105.65 10.63
100.54 -5.01

100.05 -2.50

-0.50
0.00
0.51

1.59

101.62 3.56

101.70 4.74

105.70 9.46

Distances à l'axe TN
99.48
99.49
99.50

99.27

Altitudes TN

Figure 1. Allure générale de l'horizon résistant

2
321
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Terre végétale
Terre végétale 0,00
Terre végétale
0,20
0,00 0,00
0,20 Sable limoneux jaunâtre 0,20

Roche altérée 1,20


1,40

Sable limoneux jaunâtre


Sable limoneux jaunâtre PEI 6
EI 3

Limon sableux jaunâtre 3,20


PEI 7 Limon sableux brunâtre1,90
2,10
Limon sableux brunâtre3,50

Limon sableux jaunâtre


3,60
Roche altérée
4,10
Limon sableux jaunâtre
Roche saine
5,40
Roche saine
7,80
Roche saine

sous Pd 5/Tr 2 sous Pd 7/Tr 7 sous Pd 8/Tr 8

Figure 2 : Coupes du sol en place

Figure 3. Coupe géo-électrique de la configuration Wenner

Figure 4. Coupe géo-électrique de la configuration dipôle

3
322
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 5. Coupe synthétique

3. Causes probables de l’instabilité

Les principaux facteurs d’instabilité sont : la pluviosité annuelle de 1400m à plus de


2800m dans la région perhumide (Raunet, 1997), la pente des versants supérieure à 30 0
(Ramasiarinoro, 2012), la forte anisotropie mécanique planaire des formations
gneissiques, les caractéristiques mécaniques des altérites : allotérites et isaltérites
(Ramasiarinoro, 2012 ; Edou Minko, 1992).
Les résultats ont montré que le glissement rotationnel intéresse surtout les zones
d´altération : allotérites et isaltérites, au dessus de l’horizon résistant. C’est la raison pour
laquelle, le mur de soutènement longeant la voie ferrée se fissure.

4. Solutions

La première variante consiste à ériger un mur de soutènement en béton armé (Figure 6)


ayant un coefficient de sécurité le plus défavorable (FS=0.81), le mur étant ancré dans la
couche résistante.
La deuxième variante comprend l’édification d'un mur en gabions (Figure 7) avec une
hauteur de 6,50m, ancré au niveau de l’horizon résistant.
La troisième variante (Figures 8 et 9) consiste à ériger un massif de soutènement en
terre armée dont l’emplacement est à peu près la même que pour les solutions
précédentes. Cette technologie est encore d’usage restreint à Madagascar.

4
323
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

35.95

27.95

26.53

23.82

23.09

21.66

16.45

15.24

13.83

13.73
Côté rail

9.7 9.64
9.93 10.21

8.33

5.62 5.70
6.16
Acien axe
3.27

0.00

49.97
10.71

15.87

19.17

24.00

25.32

31.50

33.59

40.00

43.58
-5.01

-2.50

0.00

1.59

3.56

4.74

6.79

9.46

Distances à l'axe TN

Figure 6. Emplacement du mur en béton armé

35.95

27.95

26.53

23.82

23.09

21.66

16.45

15.24

13.83

13.73
Côté rail

9.7 9.64
9.93 10.21

8.33

5.62 5.70
6.16
Acien axe
3.27

0.00
49.97
10.71

15.87

19.17

24.00

25.32

31.50

33.59

40.00

43.58
-5.01

-2.50

0.00

1.59

3.56

4.74

6.79

9.46

Distances à l'axe TN

Figure 7: Implantation du mur en gabions

5
324
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

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27.95

26.53

23.82

23.09

21.66

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13.83

13.73
Côté rail

9.7 9.64
9.93 10.21

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5.62 5.70
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Acien axe
3.27

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10.71

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-2.50

0.00

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4.74

6.79

9.46

Distances à l'axe TN

Figure 8: Soutènement en terre armée

5. Dimensionnement

5.1. Murs en béton armé et en gabions

Les coefficients de sécurité du mur en béton armé vis-à-vis du renversement (2.11 >1.5)
et du glissement (19.29> 1.5) témoignent sa stabilité.
Les murs en gabions sont stables vis-à-vis du renversement (coefficient 9.79>1.5 et
du glissement (coefficient 3.16>1.5).

5.2. Massif en terre armée

L’ouvrage a été dimensionné selon la méthode de calcul spécifié par la norme NF P 94-
220-0.
La figure 8 résume les détails de calcul ainsi que les caractéristiques de l'ouvrage.

6
325
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 8: Caractéristiques du soutènement en terre armée (logiciel GEOSTAB)

6. Bilan technique

Pour les soutènements en béton armée et en gabions, leur édification nécessite des
fondations sur micro-pieux ou puits ancrés aux horizons résistants.
La construction d’un massif en terre armée doit être conforme à l’exigence de la norme
NF P 94-220-0 en vigueur non seulement sur la mise en œuvre mais également sur le
critère de choix des matériaux. On devra prévoir une correction des pentes afin d’éviter le
glissement des terrains durant l’édification du mur.
La durabilité de chacun de ces ouvrages de soutènement est liée aux éléments
stabilisateurs, armatures et protection métallique. Leur comportement à long terme fait
l’objet de spécifications.

6. Bilan économique

Pour chaque variante, le coût au mètre linéaire est basé sur le prix au mètre cube de
matériaux. Il tient également compte de la distance de transport des matériaux par
rapport au site (Tableau 1).

Tableau 1 : Estimation du coût des trois variantes

7
326
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3 3
Prix m Quantité en m pour 1ml Montant pour 1
Type d’ouvrage
(Ariary) de l’ouvrage ml (Ariary)
Mur de soutènement en 90 650.20 60.00 + (2.35 en béton) 6 618 975.60
gabions

Mur de soutènement en
502 112.17 16.79 8 430 463.33
béton armée

Mur de soutènement en
166 667.67 45.78 7 631 713.61
terre armée

On constate que le coût de la variante 1 est moindre par rapport à la variante 3 bien
que la solution en gabions est plus économique. Cependant, nous avons choisi la solution
en terre armée. L’économie de l’ordre de 15 % est essentiellement à mettre en compte
sur la pérennité et la sécurité de l’ouvrage vis-à-vis du vandalisme, et de la durée de vie
même de l'ouvrage.

7. Conclusion générale

Les bilans techniques et économiques justifient la confrontation d’un soutènement par


gabions et en terre armée.
Du point de vue économique, le choix de mur en gabions est rentable à court terme
mais sur la durée de vie de l'ouvrage, le mur en terre armée est beaucoup plus
intéressant à long terme.
Si la terre armée est actuellement un procédé bien connu et généralisé dans le monde
entier, son emploi à Madagascar reste encore restreint.

8. Références bibliographiques

Edou Minko A., Colin F., Trescases J. J., Lecomte P., (1992). Altération latéritique du gîte
d’Ouvala (Gabon), et formation d’une anomalie superficielle de dispersion. Mineral
deposita, 27, 90-100.
Jaquelin M., (2005-2006). Conception et calcul des murs de soutènement en Terre
armée. Institut Supérieur des Bâtiments et Travaux Publics, 44p.
Philipponnat G., Bertrand H., (1979) : Fondation et Ouvrage en Terre. Edition Eyrolles, 61
Boulevard Saint-Germain 75005 Paris, 399p.
Ramasiarinoro, V.J., (2012). Etudes géotechniques des mouvements de terrain et du
comportement des argiles dans certains sols de Madagascar.HDR, Université
d’Antananarivo.
Raunet M., (1997). Les ensembles morphopédologiques de Madagascar. Rapport
CIRAD-FOFIFA-ANAE, Antananarivo, 106p.

8
327
Matériaux et géomatériaux

328
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

ANALYSE DE L’EVOLUTION DU RESEAU DE FISSURES DE SOL


PROCHES DE LA SATURATION SUR UN CHEMIN DE DRAINAGE

ANALYSIS OF THE EVOLUTION OF CRACKING OF QUASI-SATURATED SOIL


ON A DRYING PATH

S. Rinah ANDRIANATREHINA , Dino MAHMUTOVIC2,3, Said TAIBI1, Luc


1
2 4 3
BOUTONNIER , Jean-Marie FLEUREAU , Jacques MONNET
1
LOMC, Le Havre, France
2
Egis géotechnique, Seyssins, France
3
3SR, Grenoble, France
4
CentraleSupélec, Châtenay-Malabry, France

RÉSUMÉ – Un dispositif expérimental en laboratoire a permis d’imposer une sollicitation


hydrique, modélisant une période de sécheresse, sur un échantillon de marne
compactée. L’évolution du réseau de fissures est observée pendant une dessiccation
libre. L’analyse de l’amorce de la fissuration et son amplitude à l’aide d’une technique de
traitement d’images montrent que les fissures s’initialisent dans la phase quasi-saturée du
matériau. Les relations teneur en eau-succion de fissuration ont été discutées.

ABSTRACT – A laboratory experimental device allowed to impose water stress, modeling


a drought, on a compacted soil sample in the surface of an embankment. The evolution of
cracks is observed on free drying of two soils: a marl and a silt. The initiation of cracking
and its amplitude are analyzed using an image processing technique. The results show
that cracks are initialized in quasi-saturated phase of the soil and only for the marl.
Relations water content-cracking suction are discussed.

1. Introduction

Les sols compactés, largement utilisés dans les ouvrages de génie civil et travaux publics
(remblais routiers, barrages, barrières ouvragés, ...) sont le résultat de la densification des
sols par application d’une énergie mécanique. Comme ces ouvrages sont souvent soumis
à des sollicitations hydriques (séchage et humidification), nombreuses recherches ont été
réalisées pour suivre le comportement des sols compactés sur des chemins de drainage
et d’humidification (Biarez et al., 1987 ; Fleureau et al., 1993, 2002 ; Kheirbek-Saoud,
1994 ; Taibi et al., 2011 ; …).
Lors de la dessiccation, les sols compactés présentent généralement un retrait
suffisamment important pour provoquer l’apparition d’un réseau de fissures (Miller et al.,
1998 ; Albrecht et al., 2001 ; Auvray et al. 2013) qui peut être préjudiciable au bon
fonctionnement de l’ouvrage.
Ce papier présente le comportement des matériaux à partir de différents états initiaux
sur des chemins de drainage – humidification et une étude de caractérisation de la
fissuration par dessiccation de ce matériau compacté. Il s’inscrit dans le cadre du projet
ANR TerreDurable qui a pour objectif d’améliorer la conception des ouvrages en terre
(compactage et stabilité) en combinant recherche expérimentale et théorique avec le
retour d’expérience des praticiens. Ce projet a pour ambition de mieux comprendre la
mécanique des sols non saturés et notamment celle des sols proches de la saturation.
Ces derniers ont un comportement bien spécifique avec la présence de bulles d’air

1
329
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

occluses. Cet état hydrique correspond par ailleurs à la majorité des ouvrages en terre
anthropiques en sols fins (déblais, remblais, barrages en terre, digues,…).

2. Matériau

Une marne a été sélectionnée dans le cadre du projet ANR TerreDurable pour ses
caractéristiques peu conventionnelles. Il s’agit de la marne de l’A 304. Ses
caractéristiques physiques et mécaniques sont présentées dans le tableau 1. On
remarque que selon la classification du GTR, avec une limite de liquidité de 80%, la
marne est classée A4.

Tableau 1. Propriétés géotechniques des différents sols étudiés.


Matériaux Marne
Granulométrie (%) :
<80μm 94
<2μm 36
Limites de liquidité (%) 80
wOPN (%) 24
d OPN/w 1,50
Classification LPC-USCS Sol fin- At (CH)
Classification GTR Sol fin- classe A4

Le comportement de référence du matériau sur les chemins de drainage et


d’humidification est établi à partir de matériaux remaniés préparés sous forme d’une pâte
saturée. La pâte est préparée en mélangeant la poudre du matériau sec et l’eau à une
teneur en eau égale à 1,5 fois sa limite de liquidité. Pour les chemins de drainage, la pâte
est directement mise en équilibre avec différentes valeurs de succions imposées alors
que, pour les chemins d’humidification, la pâte est préalablement séchée dans une étuve
à 105°C pendant 24 heures, puis mise en équilibre avec les succions imposées par les
différentes méthodes citées ci-dessous.
Dans le cas des matériaux compactés, les échantillons compactés initialement à l’OPN
dans le moule Proctor sont découpés en petits cubes de 1 cm3 chacun environ, puis mis
en équilibre suivant les méthodes citées ci-dessous.
L’étude de caractérisation de la fissuration par dessiccation est réalisée à une
éprouvette de sol compacté dans un moule CBR au laboratoire. L’éprouvette (20 mm
d’épaisseur et 152 mm de diamètre) est compactée à l’énergie Proctor normal. La teneur
en eau initiale du matériau est égale à 27,5%, et son indice des vides est égal à 1.

3. Méthodes

3.1. Chemins de drainage-humidification

Différentes méthodes sont utilisées pour contrôler ou imposer la succion des échantillons
(Fleureau et al. 1993 ; Taibi 1994) :

3.1.1. Les plaques tensiométriques à température ambiante


Pour des succions inférieures à 20 (kPa), les échantillons sont placés sur des plaques
tensiométriques, dans lesquelles l’eau est mise en tension par rapport à l’air, à la pression
atmosphérique. Cette technique consiste à mettre l’eau d’un échantillon sous tension en
le mettant au contact d’une pierre poreuse saturée d’eau et reliée à un récipient d’altitude
variable (selon la valeur de succion voulue) par le biais d’un tube. On laisse l’essai
pendant 7 jours jusqu’à ce que l’équilibre hydrique soit atteint.

2
330
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.1.2. Solutions osmotiques


Pour des pressions négatives comprises entre 50 (kPa) et 8 (MPa), la succion est
appliquée à l’aide de la méthode osmotique. Dans cette technique, l’échantillon se trouve
au contact d’une solution de macro-molécules organiques de Poly Ethylène Glycol (PEG)
de poids moléculaire 20000 (pour les succions allant de 50 à 1500kPa) et de poids
moléculaire 6000 (pour les succions de 3MPa à 8MPa), à travers des membranes
spécifiques qui ne laissent passer que l’eau. Les membranes usuelles de dialyse avec
une faible porosité permettent d’empêcher le passage des molécules de PEG. A
l’équilibre, le potentiel d’hydratation du PEG est égal à celui du sol et l’on peut établir une
équivalence entre la concentration de la solution osmotique en PEG et la succion.

3.1.3. Dessiccateurs à solutions salines saturées à température imposée


Pour des valeurs plus élevées de succion (plus de 8 MPa), la méthode utilisée fait appel à
des solutions salines saturées et le transfert de l’eau se produit en phase vapeur. Le
contrôle de l'humidité relative de l'air est assuré par la compétition entre la tendance de
l'eau à saturer l'atmosphère de l'enceinte fermée des dessiccateurs dans laquelle est
placée la solution saline et celle des sels à s'hydrater. L'échantillon, placé dans
l'atmosphère du dessiccateur, atteint en général après plusieurs semaines, un équilibre
de pression capillaire, qui dépend de la nature et de la concentration de la solution saline.
Pour chaque type de méthodes (selon la valeur de succion), lorsque l’équilibre est
atteint, les échantillons sont pesés, et ensuite immergés dans une huile non mouillante
permettant de remplir les plus gros pores sans faire gonfler l’échantillon. Le volume
extérieur de l’échantillon est déduit de la différence entre le poids de l’échantillon imbibé
d’huile et celui de l’échantillon immergé dans l’huile. Finalement, son poids sec est
mesuré après évaporation de l’eau et de l’huile dans une étuve à 105° pendant 24 h.

3.2. Analyse de fissuration par traitement d’images

L’essai consiste à suivre l’évolution dans le temps des propriétés physiques (teneur en
eau) et géométriques (retrait, fissuration …) d’un échantillon de sol compacté en
dessiccation libre. Le dispositif expérimental (Figure 1.) est composé d’un plateau support
de l’échantillon posé sur une balance de précision et d’un banc d’acquisition d’images à
intervalle régulier tout au long de la dessiccation. Le dispositif est placé dans une salle
climatisée à une température égale à 22°C et HR=30%.

Figure 1. Schéma du banc de retrait

Le suivi du champ de déformation à la surface de l’échantillon est réalisé à l’aide d’un


logiciel de corrélation d’images VIC-2D. La surface de l’échantillon est munie d’une
texture aléatoire (mouchetis) pour permettre de déterminer l’évolution du champ de

3
331
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

déplacement des points et recalculer ainsi le champ de déformation (Wei 2014, Eid
2015).
Evolution des fissures
Les grandes déformations provoquent des ruptures localisées constituant un réseau de
fissures. L’évolution de ce réseau de fissures est analysée à l’aide du logiciel ImageJ
(imagej.nih.gov/ij/). Son principe consiste à identifier les fissures en utilisant un seuil de
gris sur une image transformée en échelle de gris. Le seuil définit une limite de niveau de
gris (comprise entre 0 et 255). Tous les pixels ayant une valeur inférieure à la limite sont
considérés comme des fissures. Par la suite, l’image est convertie en binaire (noir=0 pour
les fissures et blanc=1). Ainsi, le pourcentage de fissuration est calculé. Ce pourcentage
de fissuration noté CR (Crack Ratio) est défini par le rapport de la surface totale des
fissures par la surface totale de l’échantillon.

4. Résultats et discussion

4.1. Chemins de drainage - humidification

Généralement, l’application d’une succion à un échantillon de sol provoque une variation


de son volume, de son indice des vides, de son degré de saturation et de sa teneur en
eau. Ainsi, les chemins de drainage et humidification sont représentés sur cinq plans [w ;
e], [w ; Sr], [s ; e], [s ; Sr], et [s ; w] qui se relient verticalement et horizontalement (Biarez
et al. 1987 ; Fleureau et al. 1993 et 2002).
La figure 2 présente les chemins de drainage - humidification du matériau préparé
initialement sous formes de pâte et compactés à l’optimum Proctor normal (OPN).
Les figures 2 A et C présentent les variations de l’indice des vides et du degré de
saturation en fonction de la teneur en eau, alors que les figures 2 B, D et E montrent les
variations de l’indice des vides, du degré de saturation et de la teneur en eau en fonction
de la succion.

4.1.1. Comportement de référence (matériaux préparés sous formes de pâte)


Le plan [w ; e] (figure 2 A) présente la courbe de retrait usuelle. Sur le chemin de
dessiccation, le matériau suit d’abord la droite de saturation d’équation:
Par la suite, quand la teneur en eau décroit, l’indice de vides tend vers une valeur
constante. La limite de retrait du matériau wSL= 20% est déterminée par la teneur en eau
du point donnée par l’intersection de la droite de saturation et de l’asymptote horizontale
de la courbe lorsque la teneur en eau w tend vers zéro.
Le plan [log(s) ; e] (figure 2B) est la courbe de compressibilité où la contrainte verticale
est remplacée par la succion. Ce plan présente un domaine caractérisé par une
diminution très significative de l’indice de vides de l’échantillon, suivi du palier de retrait.
La succion du point correspondant au coude de la courbe est appelée succion de limite
de retrait sSL et est égale à 30 MPa. Pour des succions supérieures à sSL, la variation de
l’indice des vides présente un palier quasi-réversible pour le drainage et l’humidification.
Les droites de corrélations des chemins NC de pentes Cc et Cs (Biarez et Favre, 1975)
déduites de la limite de liquidité wL des matériaux, d’équations :

4
332
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

sont aussi placées sur la figure 2B afin de les comparer aux chemins de drainage-
humidification.
Sur la Figure 2B, le drainage de la marne suit la droite de corrélation Cc et
l’humidification épouse la droite de corrélation Cs.
Le plan [w ; Sr] (figure 2C) met en évidence deux domaines de teneur en eau. Un
domaine correspondant à un degré de saturation proche de 100% avec une forte variation
de l’indice des vides. Dans ce domaine, l’échantillon perd de l’eau et se rétrécit tout en
restant quasi saturé. Un deuxième domaine, à partir du point d’entrée d’air ou de
désaturation (wd, sd), présente une faible variation de l’indice des vides avec une forte
diminution du degré de saturation jusqu’à 22% correspondant à une valeur de succion
égale à 305 MPa.

Figure 2. Chemins de drainage et d’humidification de la marne.

Sur le plan [log(s) ; Sr] (figure 2D), en augmentant progressivement la succion, les
échantillons restent quasi-saturé jusqu’à la succion de désaturation égale à 1,5 MPa. Ce
domaine correspond à un comportement irréversible pour le drainage et l’humidification
du matériau. Ensuite, le degré de saturation décroit rapidement. Cette diminution rapide
du degré de saturation se traduit par la chute de la teneur en eau (figure 2E).
Le plan [log(s) ; w] (figure 2E) correspond à la courbe de rétention usuelles dans
laquelle les axes sont inversés pour mettre en évidence les correspondances entre les

5
333
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

variations de l’indice de vides, du degré de saturation, de la teneur en eau et celles de la


succion. Pour une succion plus faible que la succion de désaturation, les variations de la
teneur en eau et de l’indice des vides sont liées, alors que pour les succions plus élevées,
la teneur en eau varie avec le degré de saturation.
Par ailleurs, si on examine le chemin d’humidification dans les 5 graphes des
matériaux séchés, l’hystérésis des cycles est constatée suivant le domaine de succion
considéré. Dans le domaine des succions élevées où la teneur en eau et l’indice de vides
des matériaux varient peu, l’hystérésis entre la dessiccation et l’humidification est
négligeable.
Le domaine où les augmentations de la teneur en eau et du degré de saturation sont
plus importants et où la variation de l’indice de vides est non significative est une phase
intermédiaire de resaturation. Dans ce domaine, l’hystérésis entre les chemins de
drainage et d’humidification apparaît dans les plans [log(s) ; Sr] et [log(s) ; w] (figure 2D et
E). Cette hystérésis résulte principalement d’un effet de type « ink-bottle » (Mualem,
1974).
Dans le domaine des faibles succions, les matériaux sont quasi-saturés même si la
teneur en eau et l’indice de vides continuent à croitre. Dans le cas de ce matériau, le
degré de saturation maximal atteint est inférieur à 1. Ainsi, le comportement du matériau
n’est pas réversible dans ce domaine.

4.1.2. Comportement du matériau compacté à l’OPN


La marne à l’OPN a une teneur en eau wOPN égale à 24% et un indice des vides égal à
0,77 (Figure 2). Ainsi, les figures 2B et E donnent la valeur de la succion sOPN qui est de
l’ordre de 800 kPa. Comme la valeur de la succion à l’OPN est inférieure à la valeur de la
succion de limite de retrait et que l’indice des vides à l’OPN eOPN est supérieur à l’indice
des vides de la limite de retrait eSL de la pâte, le drainage de la marne compactée à l’OPN
poursuit un chemin de pente proche de Cc tout en diminuant son indice des vides
jusqu’au palier de la limite de retrait de la pâte, puis suit ce même palier. L’humidification
suit la droite de corrélation Cs. Les chemins de drainage et d’humidification de la marne
compactée sont très proches de l’humidification de la pâte sèche.

4.2. Analyse de la fissuration par traitement d’images

La Figure 3 présente la variation de la teneur en eau en fonction du temps pendant l’essai


de dessiccation du matériau. Le matériau atteint le palier de stabilisation de la teneur en
eau après 80 h environ.

Figure 3. Variations de la teneur en eau en fonction du temps de la marne et du silt


compactés.

6
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

La Figures 4 présente l’évolution de la dessiccation et de l’apparition des réseaux de


fissures. L’analyse des images permet de suivre l’évolution du champ de déformation
jusqu’à l’amorce des premières fissures et leur propagation. On peut constater une
localisation des grandes déformations d’une manière aléatoire à certains endroits qui se
traduit ensuite par l’apparition de fissures dans les premières heures de dessiccation
correspondant à une teneur en eau moyenne de l’ordre de 27. Ce réseau de fissures se
propage ensuite et se stabilise lorsque la teneur en eau devient proche de 16% environ.
Cette teneur en eau correspond à la teneur en eau de limite de retrait du matériau wSL.

Figure 4. Evolution du champ de déformation en fonction du temps et de la teneur en eau


de la marne compactée.

Evolution des fissures


La Figure 5 présente la variation du pourcentage de fissuration (CR) analysée à l’aide du
logiciel imageJ en fonction de la teneur en eau. Partant d’une teneur en eau initiale de
27,5% environ, les premières fissures apparaissent à une teneur en eau moyenne de
l’ordre de 27%. Lorsque la teneur en eau de l’échantillon décroit, on remarque une
augmentation rapide du pourcentage de fissuration jusqu’à une teneur en eau moyenne
de l’ordre de 15,5%. Au-delà de cette valeur de teneur en eau, on remarque une
stabilisation du taux de fissuration pendant le reste de la dessiccation.

Figure 5. Variation du pourcentage de la fissuration en fonction de la teneur en eau de la


marne compactée.

7
335
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Relation entre la teneur en eau de fissuration et la succion


La Figure 6a présente la courbe de drainage-humidification de la marne compactée
(Figure 2E). A partir de la teneur en eau moyenne de l’échantillon pendant la
dessiccation, nous avons positionné sur ce même graphique l’état initial de l’éprouvette.
On remarque que l’apparition des premières fissures correspond à une succion de l’ordre
de 500 kPa. Ces fissures se propagent ensuite avec la baisse de la teneur en eau et se
stabilisent à une succion de l’ordre de 5 MPa. Si on compare ce plan [log(s) ; w] avec le
plan [log(s) ; e] (Figure 6b), on remarque qu’à la suite de l’apparition des premières
fissures, le retrait s’accélère et l’indice des vides chute brutalement jusqu’au moment de
la stabilisation du réseau de fissures qui coïncide avec le début du palier de limite de
retrait dans le plan [log(s) ; e].

Figure 6. Valeurs de la succion déduites du chemin de drainage-humidification de la


marne compactée pour l’apparition et la stabilisation des fissures.

5. Conclusion

Les essais présentés ont comme intérêt une représentation globale de l’état des
matériaux au cours d’un cycle de drainage-humidification. Cela permet de suivre
l’évolution de la saturation du sol et de relier les caractéristiques de retrait et de
désaturation aux caractéristiques de drainage et d’humidification. Les résultats illustrent
l’existence d’un domaine où les matériaux soumis à une succion (pression interstitielle
négative) restent saturés et un deuxième domaine où ils sont non saturés. Par ailleurs, au
voisinage de la saturation, les chemins d’humidification mettent en évidence l’existence
d’un degré de saturation inférieur à l’unité pour des valeurs de succions nulles.

8
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Concernant les essais de dessiccation libre, la marne compactée au laboratoire


présente des fissurations lors de la dessiccation. Le taux de fissuration (CR) mesuré est
de l’ordre de 0,08%.

Références bibliographiques

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natural clays. Journal of Geotechnical and Geoenvironmental Engineering 127 (1), pp.
67-75.
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éme
à la dessiccation des sols gonflants. 21 Congrès Français de Mécanique, Bordeaux,
août 2013.
Biarez J., Fleureau J. M., Zerhouni M. I., Soepandji B. S. (1987). Variations de volume
des sols argileux lors de cycles drainage-humidification. Revue française de
Géotechnique, No. 41, pp. 63-71.
Eid J., Taibi S., Fleureau J. M., Hattab M. (2015). Drying, cracks and shrinkage evolution
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Con. Build. Mat. 86, 120-132.
Fleureau J. M., Kheirbek-Saoud S., Soemitro R., Taibi S. (1993). Behavior of clayey soils
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296.
Fleureau J. M., Verbrugge J. C., Huergo P. J., Correia A. G., Kheirbek-Saoud S. (2002).
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Canadian Geotechnical Journal, Volume 39, Issue 6, pp. 1341-1357.
Kheirbek-Saoud S. (1994). Comportement mécanique de la couche de fondation d’une
voie ferrée. Thèse de doctorat, Ecole Centrale Paris, France.
Miller, C.J., Mi, H., Yeiller, N. (1998). Experimental analysis of desiccation crack -
Propagation in clay liners. Journal of the American Water Ressources Association 34
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Mualem, Y. (1974). A conceptual model of hysteresis, Water Resour. Res., Vol. 10, pp.
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Taibi S., Fleureau J. M., Abou-Bekr N., Zerhouni M. I., Benchouk A., Lachgueur K., Souli
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Géotechnique, Volume 61, Issue 5, pp. 431-437.
Taibi, S. (1994). Comportement mécanique et hydraulique des sols soumis à une
pression interstitielle négative - Etude expérimentale et modélisation. Thèse de
doctorat, Ecole Centrale Paris
Wei X. (2014). Etude micro-macro de la fissuration des argiles soumises à la
dessiccation. Thèse de doctorat, Ecole Centrale Paris.

9
337
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

ETUDE ET VALORISATION DES SEDIMENTS DE DRAGAGE DU


BARRAGE DE KHERRATA DANS LE NORD DE L'ALGERIE

STUDY AND VALORISATION OF DREDGING SEDIMENTS OF KHERRATA DAM


IN THE NORTHERN ALGERIA

1 2 3 2
Brahim BANOUNE , Frédéric ROSQUOET , Bachir MELBOUCI , Thierry LANGLET
1
Département de Génie Civil, Université de Béjaïa, 06000 Béjaïa, Algérie
2
Laboratoire des Technologies Innovantes, Université de Picardie Jules Verne
3
Laboratoire de Géomatériaux, Environnement et Aménagement

RÉSUMÉ - La gestion des quantités importantes de sédiments de dragage constitue un


enjeu environnemental et économique important. Nous proposons une étude sur les
sédiments du barrage de Kherrata. Après une caractérisation physique et mécanique,
nous étudierons l’impact du traitement à la chaux sur les paramètres de portance et la
résistance à la compression simple.

ABSTRACT – The management of large quantities of dredged sediment is an environmental


and economic challenge. We propose a study of Kherrata dam sediments. After
characterization, we study the impact to stabilize the sediment and get better physical and
mechanical characteristics.

1. Introduction

L’opération de dragage est une phase importante dans la récupération et la préservation


des volumes utiles de stockage des barrages. Mais le devenir des quantités importantes
de sédiment récupérées constitue un enjeu environnemental et économique de taille
(Levacher et al., 2006).
Plusieurs réflexions sont donc menées dans le sens d’une utilisation de ces sédiments
dans différents domaines, notamment dans le secteur de la géotechnique et plus
particulièrement en couches de formes des corps de chaussée (Scordia, 2008; Rekik et
Boutouil, 2011; Semcha, 2006; Zentar et al., 2009; Wang, 2011; Dubois et al., 2009;
Anger, 2014).
Avant d’aborder l’utilisation des sédiments dragués du barrage de Kherrata, nous avons
effectué une série d’essais physiques, minéralogiques et mécaniques, dans le but
d‘étudier leur emploi comme matériaux routiers. Cette première étude a révélé la
prédominance de particules fines avec un faible pourcentage d’argile et une présence
importante de matières organiques. Le comportement physique et mécanique du matériau
ne répond pas aux critères imposés par les réglementations en vigueur pour une utilisation
en techniques routières GTR (LCPC et SETRA 2000a). Un traitement de ces sédiments
par des liants s’avère nécessaire pour améliorer les caractéristiques physiques et
mécaniques des sédiments naturels et envisager leur valorisation en couche de forme
pour les structures de chaussée. Pour cela, une stabilisation à base de chaux seule ou
avec des additifs a été réalisée en faisant varier dans un premier temps le taux de chaux
dans les sédiments et dans un second temps en associant des fines de carrière.

338
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2. Site de prélèvement

La vase étudiée a été prélevée en amont de la retenue du barrage de Kherrata (figure 1),
situé au Sud Est de la ville de Bejaia au Nord de l’Algérie.

Zone de prélèvement

Figure 1. Lieux de prélèvement.

3. Caractérisation des sédiments

3.1. Caractéristiques physiques et minéralogiques

L’emploi des sédiments récupérés lors d’opération de dragage, à l’état naturel ou après
traitement, ne peut être discuté qu’après une étude approfondie de leur nature et leurs
caractéristiques mécaniques (Banoune et al., 2015).
D’un point de vu minéralogique, le matériau est composé essentiellement de quartz et
de calcite (tableau 1).

Tableau 1 Composition minéralogique du sédiment (diffraction aux rayons X).


Sédiments Composition minérale (%) Principaux minéraux
Quartz Calcite Micas
Kherrata (K) 45 – 50 40 – 45 5 - 10 Quartz, calcite et Micas

La composition granulométrique d’un sédiment peut s’étendre des cailloux (d>20 mm)
aux argiles (d< 2 μm). Notre sédiment est composé essentiellement de fraction avec plus
de 70 % des particules qui ont un diamètre inférieur à 80 μm (figure 2).

339
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 2. Courbes granulométrique, (K) : Sédiments de Kherrata, FC : Fines de carrière.

Nous nous sommes donc intéressés à l’argilosité de notre sédiment. Ce paramètre est
d’une importance majeure pour le choix du traitement à apporter à notre matériau,
notamment si on envisage leur utilisation en technique routière.
Le Guide du Traitement du Sol GTS (LCPC et SETRA 2000b) propose deux méthodes
pour évaluer l’argilosité des sédiments. La première consiste à déterminer l’indice de
plasticité IP et la seconde à estimer la valeur au bleu de méthylène VBS. L’indice de
plasticité IP est déterminé après calcul des limites d’Atterberg selon les normes françaises
NF P94-051 (AFNOR, 1993a). Cet essai nous a également permis de classifier notre
matériau selon Casagrande (Figure 3). Il s’agit d’un sol peu plastique. Ce résultat est
conforté par l’essai au bleu de méthylène (Tableau 2). L’analyse granulométrique par
tamisage de l’échantillon est complétée par une analyse sédimentométrique selon les
normes NF P94-057 (AFNOR, 1992), plus appropriée pour les particules dont le diamètre
est inférieur à 80 μm. La distribution granulométrique révèle une texture limoneuse avec
une faible proportion de particules fines (< 2 µm). Le calcul des coefficients d’uniformité
(Cu > 2) et de courbure Cc (1 < Cc < 3) révèle une granulométrie étalée.

Figure 3. Classification des sédiments de Kherrata selon Casagrande.

340
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Le tableau 2 regroupe les principales caractéristiques physiques mesurées.

Tableau 2. Caractéristiques physiques des sédiments


Paramètres Sédiments de Kherrata
%< 2 μm (Argile) 2%
2 μm < % < 63 μm (Limon) 69 %
% > 63 μm (Sable fin) 29 %
2 <%< 50 μm 62%
% < 80 μm 70%
s (g/cm )
3
2,77
Coefficient d'uniformité Cu 6,57
Coefficient de courbure Cc 1,5
VBS 2,55
% MO par perte au Feu 4,3
W l (%) 36,8
W p (%) 22,9
IP (%) 13,9

La présence de matières organiques en quantité notable, modifie considérablement le


comportement des sols et remet en cause leurs stabilités volumiques dans le temps
(Walid et Ben Abdelghani, 2014).

3.2. Caractéristique mécanique

En techniques routières la nature des sédiments et la quantité d’argile contenue dans un


matériau sont les principaux paramètres qui interviennent dans le choix du traitement. La
caractérisation de notre sol selon le GTR (LCPC and SETRA 2000a) montre que les
sédiments sont de types A2. Cette catégorie regroupe les sols limoneux peu plastiques à
faible taux d’argile. Cette classification montre qu’il est possible d’utiliser ce matériau en
structure de chaussée. Toutefois, la détermination des conditions de mise en œuvre est
nécessaire. A partir de l’essai Proctor normal réalisé selon la norme française NF P94-093
(AFNOR, 1999), nous avons déterminé les teneurs en eau et densités correspondantes
de chaque formulation. Les indices de portance immédiats (IPI) et les indices CBR après
immersion (ICBR) des sédiments avant traitement sont obtenus par poinçonnement selon la
norme française NF P94-078 (AFNOR, 1997). On constate (tableau 3) que les résultats
sont inférieurs aux normes exigées dans le domaine routier (LCPC et SETRA 2000b).
Cependant ces sédiments pourront être stabilisés par traitement à la chaux.

Tableau 3. Caractéristiques mécaniques des sédiments de Kherrata.


Mesure Valeur seuil
d opt(g/cm )
3
1,96 -
W opt 12 -
IPI (opt) 21,2 15
ICBR ap Im 12,1 20
ICBR/IPI 0,57 1

4. Valorisation en techniques routières

L’étude menée pour déterminer les caractéristiques mécaniques des sédiments bruts pour
une utilisation dans le domaine des travaux routiers a montré une faible capacité portante
et de médiocres caractéristiques mécaniques. Afin de valoriser notre matériau un
traitement à la chaux sera réalisé afin d’accroitre les performances mécaniques. Les
4

341
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

sédiments, de teneur en eau initiale élevée ont été séchés à l’air libre puis à l’étuve à 40°C
pour éviter toute modification ou altération de leurs caractéristiques en particulier les
matières organiques. A la fin du séchage, il est nécessaire de fragmenter et de tamiser
pour obtenir une classe granulaire de 0/2 mm. Cette fraction sera utilisée et considéré
comme sédiment brut.
Pour visualiser l’apport du traitement on a étudié la variation de trois paramètres : la
variation de la résistance à la compression simple (Rc), l’indice de portance immédiat (IPI)
et indice CBR après immersion (ICBR). Enfin, pour compléter notre étude nous avons fait le
choix d’ajouter, en plus du traitement à la chaux, un correcteur granulométrique sous la
forme de fine de carrière.
Nous avons fait variés les teneurs en chaux (Ch) entre 2 % et 12 % de la matière
sèche. Ensuite nous nous sommes fixé une teneur en chaux de 2 % et avons fait varier la
teneur en fines de carrière entre 5 et 25 %.

4.1. Traitement à la chaux

Les paramètres de compactage (W opt et dopt) sont déterminés pour chaque formulation
par l’essai Proctor normal. L’indice de portance immédiat IPI et indice CBR après
immersion ICBR sont ensuite déterminés.
On note une nette amélioration de la portance et du rapport I CBR/IPI en fonction du
dosage en liant (tableau 4). Ceci témoigne de l’efficacité du traitement du point de vue
portance. Celle ci est nettement améliorée après 4 jours d’immersion. Ainsi, le risque de
perte de cohésion en cas de saturation hydrique de la couche est écarté, et les rapports
(ICBR/IPI) sont tous nettement supérieurs à 1, ce qui est un critère de pérennité des
traitements envisagés (LCPC et SETRA 2000b).

Tableau 4. Caractéristiques mécaniques des sédiments en fonction du taux de chaux.


Dosage en chaux (%) 0 2 4 6 8 10 12
dopt(g/cm )
3
1,96 1,92 1,87 1,73 1,68 1,64 1,59
W opt 12 12,2 12,41 12,6 12,77 13,08 13,29
IPI (opt) 21,2 30,2 30,5 31,1 32 32,2 32,5
ICBR ap Im 12,1 32 34,4 36,1 37,3 38,5 39,3
ICBR/IPI 0,57 1,06 1,13 1,16 1,17 1,20 1,21

Pour la campagne d’essais en compression simple, des éprouvettes d’élancements 2


(diamètre 5 cm et hauteur 10 cm), sont confectionnées à l’optimum Proctor, selon la
norme française NF P98-230-2 (AFNOR, 1993b). Elles sont conservées dans les
conditions d’une cure normale à l’air libre à la température du laboratoire soit 20 à ± 2°C.
Ils sont testés à 7, 14, 21, 28,60 et 90 jours. Les résultats sont représentés sur la figure 4.

342
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 4. Evolution de la résistance à la compression simple (Rc) des sédiments de


Kherrata à différents dosages en chaux.

Les résistances en compression simple évoluent avec l’augmentation du taux de chaux.


Pour 4% de chaux l’augmentation est notable à partir de 28 jours, âge à partir duquel les
résistances obtenus tendent à se stabiliser pour toutes les formulations testées.
Le critère de traficabilité est jugé satisfaisant dès lors que la résistance en compression
simple (Rc) est supérieure à 1 MPa (LCPC et SETRA 2000b), cette condition est satisfaite
dès 14 jours de cure. Ceci peut être expliqué par la réaction pouzzolanique provoqué par
l’ajout de la chaux induisant une cristallisation à long terme.

4.2. Traitement avec incorporation de correcteurs granulométriques

Dans une deuxième série d’essais, le taux de chaux a été maintenu à 2%, et la
granulométrie des sédiments a été modifiée à l’aide de fines de carrière dans des
proportions allant de 5% à 25%. L’impact recherché par cet ajout est l’amélioration des
résistances mécaniques par la modification du squelette granulaire et réduction du taux
des matières organiques dans le mélange, sachant que ces apports sont inorganiques.
Sur la figure 5, il apparait une nette amélioration de Rc à court et long termes après
ajout des fines de carrière avec des résistances supérieures au seuil de 1 MPa requis dès
le 7ème jour, dépassant même 2,5 MPa à 28 jours. On peut conclure que l’effet de la
poudre de carrière est stabilisateur. Ceci peut s’expliquer par la granulométrie bien étalée
et par la finesse des fines de carrière, ce qui améliore la cohésion au sein du sédiment.
Toutefois, des résistances moindres sont obtenues pour des pourcentages élevés en fines
de carrière. Cela peut être dû à la quantité importante de fine dans le produit final.
Sachant que les fines de carrière sont constituées de 25 % de particules de moins de
2µm.

343
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 5. Evolution de la résistance à la compression simple (Rc) des sédiments à


différents dosages en fines de carrière.

5. Conclusion

L’objectif de cette étude est de mettre en avant les principaux avantages d’un traitement à
la chaux et de la modification de la granulométrie des sédiments de dragage afin de les
valoriser dans le domaine routier.
L’étude minéralogique révèle que le matériau était composé majoritairement de quartz
et de calcite. Les principales caractéristiques physiques mesurées montrent que la
proportion de fines est prédominante avec plus de 70% de tamisât à 63 μm. Un faible
pourcentage d’argile et une présence significative de matières organiques. Toutefois, ce
faible pourcentage d’argile présent dans les sédiments favorise leur utilisation en
géotechnique. La classification selon le Guide technique (LCPC and SETRA 2000a)
confirme cette réflexion (matériau de classe, A2). Néanmoins, à l’état brut, les
performances mécaniques des sédiments montrent que l’indice de portance après
immersion est en dessous des normes requises pour les matériaux routiers.
Afin d’obtenir les performances souhaités une stabilisation de ces sédiments par la
chaux a été réalisée.
Les résultats obtenus sur les différentes formulations étudiées sont prometteurs et
montrent que l’ajout de chaux dans les sédiments influe favorablement sur les paramètres
géotechniques. Ainsi la portance du nouveau matériau est nettement améliorée,
notamment après 4 jours d’immersion dans l’eau. Les résistances en compression simple
Rc obtenues ont augmentée comparée aux sédiments bruts, dépassant le seuil requis de 1
MPa permettant leurs utilisations comme couche de forme pour une structure de chaussée
(LCPC et SETRA 2000b).
L’apport d’un correcteur granulométrique en faible proportion s’avère encore plus
efficace en termes d’amélioration des résistances en compression simple Rc. Ces
dernières augmentent substantiellement avec l’incorporation de la poudre de carrière en
association avec 2% de chaux. Le critère de de traficabilité est largement satisfait
7

344
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

permettant même l’utilisation de couches de sédiments traitées à la circulation après


seulement quelques jours.

6. Référence bibliographiques

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057). Norme expérimentale, France, 20 pages.
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345
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

CARACTERISATION DE SOLS URBAINS POUR UNE UTILISATION


EN TERRASSEMENT ROUTIER
CHARACTERIZATION OF URBAN SOILS FOR USE IN ROAD EARTHWORKS

Katia Bellagh1, Thomas Lenoir2, Hélène Paulus3, Myriam Duc1, Emmanuel L'Huillier4,
Philippe Gotteland5, Jean-Pierre Magnan1.
1
IFSTTAR, 14-20 Boulevard Newton, Champs-sur-Marne, 77442 Marne-la-Vallée.
2
IFSTTAR, Route de Bouaye, 44344 Bouguenais.
3
ESITC, 28 Avenue du Président Wilson, 94 234 Cachan, France.
4
Razel Bec, 3 Rue René Razel, 91400 Saclay, France.
5
FNTP, 3 rue de Berri, 75000 Paris, France

RÉSUMÉ – Dans un contexte de protection de l’environnement et de développement


durable, la valorisation des sols urbains dans les techniques routières offre des
perspectives intéressantes. Elle permet une économie des ressources non renouvelables
en granulats naturels et de limiter le coût de leur mise en décharge. La présente étude
démontre que la composition complexe des deux sols urbains testés et leur teneur élevée
en sulfate, affectent assez peu les caractéristiques géotechniques et les performances
mécaniques requises en techniques routières.

ABSTRACT – In the context of environment protection and sustainable development,


recycling urban soils in road applications seems to be an interesting solution. Recycling
allows to reduce the use of natural resources and limit the growing cost of their disposal
into landfills. The present article shows that the complex mineralogical composition and
the high sulfate content of the two studied urban soils have a low impact on the
geotechnical characteristics and the mechanical performance, required for road
construction.

1. Introduction

Dans une perspective de protection de l’environnement, les lois Grenelle 1 et 2


orientent les producteurs de déchets vers une valorisation de ces derniers plutôt que vers
une Installation de stockage. Le code de l’environnement a établi une pyramide pour la
hiérarchisation de l’utilisation des déchets qui favorise la réutilisation plutôt qu’un stockage
ou une élimination. Cette solution est à la fois une alternative et une nécessité pour la
plupart des pays industrialisés, tant d’un point de vue économique qu’environnemental.
Cela provient d’une part d’une diminution des ressources non renouvelables en granulats
naturels et d’autre part du coût élevé de la mise en décharge de ces déchets (Arulrajah et
al., 2013). Dans notre étude, nous nous intéressons à la valorisation des sols urbains
« faiblement » pollués (comparativement aux friches industrielles) qui sont considérés
comme des déchets dès lors qu’ils sortent de l’emprise du chantier d’où ils proviennent
(Directive 2008/98/CE du 19 novembre 2008). Ces sols peuvent présenter plusieurs types
de pollution ou contenir des déchets (au sens commun) comme des déchets de
démolitions/construction du BTP, des sous-produits de fonderies (type laitier) ou encore
des polluants issus des activités industrielles et des voiries… Leur définition est par
conséquent assez complexe et leurs caractéristiques variées. En effet, les divers
remaniements en zone urbaine liés à l’aménagement des terrains engendrent une
hétérogénéité des sols en surface et en profondeur. Cette hétérogénéité rend la
connaissance des sols urbains extrêmement difficile. Leur valorisation en France dans les
1

346
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

techniques routières nécessite le respect d’un certain nombre de critères géotechniques et


environnementaux. La valorisation des déchets a suscité beaucoup de recherches pour
valider les propriétés mécaniques qui permettent leur mise en œuvre dans les
infrastructures routières. Cependant, dans ces études, les auteurs se sont intéressés à un
seul type de déchet (utilisé de manière isolée) et non un mélange de plusieurs qui se
retrouvent incorporés à du matériau naturel comme c’est le cas dans les sols urbains. De
plus, en général, les aspects environnementaux et géotechniques sont également traités
de manière séparée. La présente étude cherche à prouver qu’un sol urbain qui est un
mélange de matériaux anthropiques et naturels présente, en dépit de sa composition
complexe et de la présence de pollutions, des propriétés acceptables pour être réutilisé en
techniques routières.

2. Matériels et méthodes

Les deux sols urbains étudiés proviennent de la région Parisienne. De même nature
géologique, ils sont cependant issus de sites exploités de manière différente. Le premier
(Boulogne) provient d’un site industriel et le second (Ivry) est excavé d’un remblai au
niveau du périphérique parisien.
Ils présentent une forte contamination en sulfate (soit des quantités lixiviées de l’ordre
de12900 mg/kg pour le sol de Boulogne et 10660 mg/kg pour le sol d’Ivry (test de
lixiviation NF EN 12457-2)) et certains métaux dont les teneurs sont en dessous des seuils
environnementaux pour une réutilisation en technique routière selon la réglementation
française (Setra, 2011).
La préparation des matériaux, à savoir une réduction granulométrique (criblage et
concassage de la fraction supérieure à 20 mm), une homogénéisation et un sous-
échantillonnage a permis d’avoir des matériaux homogènes, représentatifs des matériaux
initiaux et avec une dimension maximale de 20 mm. Les matériaux ont été caractérisés du
point de vue géotechnique et minéralogique. Une étude de formulation pour une
réutilisation en couche de forme (suivant le guide GTS, 2000) a également été réalisée. La
caractérisation des matériaux comporte :
 Une identification géotechnique suivant la norme (NF P 11-300, 1992). Les essais
entrepris ont permis de classer les matériaux, il s’agit :
 D’une analyse granulométrique (NF P 94-056, 1996) et (NF P 94-057, 1992).
 Une détermination des limites d’Atterberg (NF P 94-052-1, 1995)
 Mesure de la valeur au bleu de méthylène (VBs) (NF P94-068, 1998)
 la mesure de la teneur en matière organique sur les fractions 0/0.08 mm et 0/2 mm)
suivant la norme NF EN 15169 (2007)
 La mesure de la masse volumique des particules solides sur la fraction 0/2mm et
0/0.08 par la méthode du pycnomètre à eau (NF P 94-054, 1991) puis sur la fraction
2/20 mm (NF EN 1097-6, 2014)
 Un essai Proctor normal (NF P 94-093) et une mesure de l’Indice Portant Immédiat
(IPI) du sol (NF P 94-078)
 Une Identification des composants des squelettes granulaires par des essais de tri
(NF EN 933-11, 2009).L’essai consiste à séparer visuellement les différentes familles
de matériaux qui composent les sols. Les scories n’étant pas incluses dans cet essai,
elles ont été séparées en matériaux ferreux et non ferreux au moyen d’un aimant en
réadaptant la norme NF EN 1744-8, 2012.

347
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Ensuite, une étude de formulation a été entreprise suivant les modalités de réutilisation
des matériaux détaillées dans le GTS (2000). Cette étude a pour but de valider les
performances mécaniques du matériau traité à la chaux et/ou au ciment lors d’une
réutilisation en technique routière. Le sol a été traité soit avec 5% d’un ciment normalisé
(CEMII/ B (LL-W) 42.5 R CE) soit avec 1 % de chaux. Les essais de laboratoire entrepris
ont permis au final d’avoir la classe mécanique des sols testés. Un essai d’évaluation de
l’aptitude au traitement est appliqué (mesure du gonflement volumique de sol traité et de
sa résistance à la compression diamétrale suivant la norme NF P 94-100). Des mesures
de la résistance à la compression simple (à 7, 28 et 60 jours de cure et à 98,5% de l’OPN)
et de la résistance à la traction indirecte (à 28 et 90 jours de cure et à 96 % de l’OPN)
complètent les essais mécaniques réalisés sur les sols urbains testés.

3. Résultats et discussions

3.1 Classification GTR et propriétés géotechniques

La distribution granulométrique des deux sols urbains étudiés est donnée sur la Figure
1. Les courbes montrent que les deux sols présentent une granulométrie étalée avec des
proportions égales en fraction grossière et une légère différence (autour de 10 %) pour la
fraction fine. Les essais effectués sur la fraction fine (limites d’Atterberg et essai au bleu
de méthylène dans le (Tableau 1) ont montré que les deux matériaux présentent une
faible activité argileuse.

Figure 1. Courbes granulométriques de deux sols urbains

La masse volumique des particules solides a été évaluée sur la fraction fine et la
fraction grossière avant et après calcination. Les résultats montrent des différences entre
les deux fractions qui seraient dues à la présence de matière plus légère dans la fraction
grossière (dont une part de matière organique qui disparaît avec la calcination à 550 °C).
Par ailleurs, la teneur en matières organiques mesurée sur les fractions 0/0,08 mm et 0/2
mm reste faible dans les deux sols. Finalement, les caractéristiques rassemblées dans le
Tableau 1 permettent de conclure que les deux sols étudiés présentent des propriétés
géotechniques quasi similaires avec cependant une différence au niveau des fines.
De prime abord, les résultats permettent de classer les matériaux de type « sols
urbains » comme un sol de classe C1A1 pour Boulogne et C1B5 pour Ivry (Figure 2) selon
le GTR. Cependant, l’observation visuelle des matériaux montre la présence d’une
quantité non négligeable d’éléments de type déchets (Figure 2). Les matériaux de type
« sols urbains » pourraient donc être considérés également comme des sous-produits
industriels (en fonction du taux de déchet) et donc classés F. Finalement, il s’avère difficile
de classer les sols urbains au sens des normes en vigueur (NFP 11-300, 1992).
3

348
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

La suite de l’étude doit montrer si ces matériaux de type « sols urbains » peuvent être
considérés comme des sols naturels ou comme des déchets (granulat) en déterminant les
proportions des éléments naturels et anthropiques.

Tableau 1. Propriétés géotechniques des sols urbains étudiés.


Paramètres géotechniques Sol Boulogne Sol Ivry
Diamètre maximum >50 mm >50 mm
Tamisat à 80 µm (%) 37,52,4 32,11
Tamisat à 2 mm (%) 69,42,1 69,13,9
Limite de liquidité (%) 21,20,9 17,60,01
Limite de plasticité (%) 32,1 29,7
Valeur au bleu de méthylène (g/100g) 0,820,06 1,050,02
Matière organique-fraction 0/2 mm (%) 5,20,05 6,70,75
Matière organique-fraction 0/0,08 mm (%) 6,30,1 9,40,15
s(t/m ) - Fraction 0/2 mm
3
2,520,01 2,580,01
s(t/m3) - Fraction 0/0,08 mm 2,630,1 2,600,01
s(t/m ) - Fraction 0/2 mm après calcination
3
2,720,02 2,710,01
s(t/m ) - Fraction 0/0,08 mm après calcination
3
2,710,1 2,760,01

Figure 2. Classification GTR des matériaux étudiés

Figure 3:Composants du squelette granulaire des sols urbains étudiés

3.2 Composition des squelettes granulaires des sols urbains

Les résultats du Tableau 2 montrent que le squelette granulaire de matériaux testés se


compose en proportion variable de produits de construction et de démolition (briques,
plâtre et agrégats de béton), de sous-produits industriels (scories ferreuses et non
4

349
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

ferreuses) et de verre. Cette composition est typique d’un sol urbain comme le montrent
les analyses de Wessolek et al. (2011) et Meuser (2010). Le gypse et les produits de
démolition et de construction contribuent au relargage des sulfates qui contaminent les
matériaux testés. Le gypse est présent car il est utilisé comme liant dans les mortiers de
jointement des maçonneries ou comme enduit de cloisons de bâtiment mais il peut
également provenir de matériaux naturels comme les roches granitiques contenant des
inclusions de pyrite (qui s’oxydent pour donner du gypse). Les résultats du Tableau 2
mettent également en évidence la présence d’une proportion plus importante en artefacts
(les briques, les déchets de démolition…) dans le sol de Boulogne (48.2 %). À l’opposé, le
sol d’Ivry présente une part naturelle plus importante (18.1 % d’artefacts).

Tableau 2. Composition des squelettes granulaires de deux sols urbains

Description Composants (%) Sol Boulogne Sol Ivry


Béton, éléments de maçonnerie… RC 17.3 2.1
pierres naturelles Ru 29.8 43.5
Éléments en terre cuite Rb 1.8 1.3
Matériaux bitumineux Ra 0.0 0.0
Verre Rg 0.1 0.6
Gypse, sols fins, bois, plastiques et autres X 50.9 52.5

3.3 Caractéristiques des sols au compactage

Les courbes Proctor des deux sols urbains étudiés sont représentées sur la Figure 4.
La masse volumique sèche à l’optimum Proctor est de 1.77 t/m3et 1.81 t/m 3
respectivement pour les sols de Boulogne et Ivry. Pour les deux sols, une diminution de la
densité sèche à l’optimum Proctor avec un traitement à la chaux apparaît. Cela peut
s’expliquer par la réorganisation de la microstructure des sols lors du traitement avec la
floculation des particules argileuses. Avec un traitement à 5% de ciment, la densité sèche
optimale n’évolue pas ou peu par rapport à celle obtenue sur les sols non traités.

Figure 4. Caractéristiques des deux sols étudiés lors du compactage Proctor Normal

3.4 Essai d’aptitude au traitement

Le Tableau 3 présente les résultats de l’évaluation de l’aptitude des sols au traitement


soit au ciment (5 % de CEM II 42.5), soit à la chaux. Les deux matériaux présentent une
bonne aptitude au traitement à la chaux et au ciment en dépit des fortes teneurs en
5

350
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

sulfates (12900 mg/kg pour le sol de Boulogne et 10660 mg/kg pour le sol d’Ivry) et de la
composition complexe de leurs squelettes granulaires (présence de gypse, de briques, de
scories…). Ils présentent tous deux un gonflement volumique inférieur au seuil d’aptitude
soit 5% (avec le ciment) et 10% (avec la chaux). De même, la résistance à la traction est
supérieure au seuil d’aptitude au traitement soit 0,2 MPa (le seuil est atteint si l’on
considère l’écart type sur la mesure pour le sol d’Ivry).

Tableau 3. Essais d'aptitude aux traitements à la chaux et au ciment.


Sol Boulogne Sol Ivry
Aptitude aux traitements
Ciment Chaux Ciment Chaux
Gonflement volumique(%) 2,10,7 5,60,4 1,10,8 2,361,16

Résistance à la traction indirecte (MPa) 0,350,1 -- 0,170,07 --

Seuils à ne pas dépasser pour une aptitude 5% 10 % 5% 10 %

3.5 Caractéristiques mécaniques

Le Tableau 4 présente les résistances à la compression simple des deux sols urbains
étudiés. Les éprouvettes ont été traitées à 5 % de ciment (CEM II 42.5) et compactées à
98.5% de l’OPN et à 100% de teneur en eau optimale. Les résultats sont la moyenne des
mesures obtenues sur 3 éprouvettes. Ils montrent que les deux sols présentent bonne
résistance au jeune âge et que la résistance à la compression R c évolue avec le temps de
cure (Figure 5). Si Rc continue d’augmenter au bout de 60j avec le sol de Boulogne, R c
semble s’être stabilisé dès 28 jours avec le sol d’Ivry. La légère diminution observée à 60j
pour le sol d’Ivry devra être confirmée.

Tableau 4. Résistance à la compression des deux sols à différent temps de cure

Rc 7 jours (MPa) Rc 28 jours (MPa) Rc 60 jours (MPa)


Sol de Boulogne 1,20,1 2,00,1 2,60,2
Sol d’Ivry 0,650,07 1,850,37 1,670,27

La résistance des deux matériaux à la traction indirecte R it et le module élastique E


sont présentés dans le Tableau 5. Ces résultats ont permis l’estimation de la résistance à
la traction directe Rt (Rt = 0.8×Rit). Le couple (Rt, E) permet de positionner les sols sur la
Figure 5 où sont délimitées différentes zones mécaniques suivant le GTS. Les résultats
montrent qu’avec un traitement de 5 % de ciment les deux sols présentent des
performances mécaniques tout à fait acceptables (à 28 jours de cure) pour une
réutilisation en couche de forme dans les chaussées.

Tableau 5. Résistance à la traction et module des matériaux étudiés

Rit à 28 jours (MPa) Rt(MPa) Module E (GPa)


Sol de Boulogne 0,290,02 0.23 3702731
Sol d’Ivry 0,180,05 0.14 3100

351
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 5. Position des matériaux étudiés dans les zones mécaniques du GTS.

4. Conclusions et perspectives

Les résultats présentés dans cet article montrent que les deux sols urbains qui ont été
testés, malgré leur composition complexe (mélange de matériaux naturels et
anthropiques), présentent des propriétés géotechniques satisfaisantes et des
performances acceptables pour une application en techniques routières. La présence en
particuliers de fortes teneurs en sulfates et d’artefacts dans ces sols n’affecte pas ou peu
le traitement au ciment et la chaux.

Reste à voir l’évolution à long terme.

5. Remerciements

Cette recherche a été effectuée à l’IFSTTAR avec le soutien de la Fédération Nationale


des Travaux Publics (FNTP)

6. Références bibliographiques

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Perspectives in Urban Ecology Ecosystems and Interactions between Humans and
Nature in the Metropolis of Berlin, Springer.

352
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Yang, Y., Aplin, A.-C. 1998.Influence of lithology and compaction on the pore size
distribution and modelled permeability of some mudstones from the Norwegian margin.
Marine and Petroleum Geology; 15(2):163-175.
GTS. 2000, Guide technique du traitement des sols à la chaux et/ou liants hydrauliques :
application à la réalisation des remblais et des couches de formes. SETRA-LCPC.
Setra, 2011, Acceptabilité des matériaux alternatifs en technique routière. Évaluation
environnementale. Guide SETRA, mars 2011
NF P94-052-1, 1995 Détermination des limites d'Atterberg - Partie 1 : limite de liquidité -
Méthode du cône de pénétration.
NF P94-068, 1998. Mesure de la capacité d'adsorption de bleu de méthylène d'un sol ou
d'un matériau rocheux - Détermination de la valeur de bleu de méthylène d'un sol ou
d'un matériau rocheux par l'essai à la tâche.
NF EN 1097-6, 2014 Essais pour déterminer les caractéristiques mécaniques et physiques
des granulats - Partie 6 : Détermination de la masse volumique réelle et du coefficient
d'absorption d'eau
NF P94-054, 1991. Détermination de la masse volumique des particules solides des sols -
Méthode du pycnomètre à eau.
NF EN 15169, 2007. Caractérisation des déchets - Détermination de la perte au feu des
déchets, des boues et des sédiments
NF P94-093, 2014. Détermination des références de compactage d'un matériau - Essai
Proctor Normal - Essai Proctor modifié - Sols : reconnaissance et essais -
Détermination des références de compactage d'un matériau - Essai Proctor Normal -
Essai Proctor modifié
NF P94-078 Mai 1997. Sols : reconnaissance et essais - Indice CBR après immersion.
Indice CBR immédiat. Indice Portant Immédiat - Mesure sur échantillon compacté dans
le moule CBR.
NF P11-300, 1992. Exécution des terrassements - Classification des matériaux utilisables
dans la construction des remblais et des couches de forme d'infrastructures routières
NF EN 933-11, 2009 Essais pour déterminer les caractéristiques géométriques des
granulats - Partie 11 : essai de classification des constituants de gravillons recyclés
NF EN 1744-8 Novembre 2012 Essais pour déterminer les propriétés chimiques des
granulats - Partie 8 : essai de comptage des particules métalliques contenues dans les
granulats provenant de mâchefers d'incinération de déchets non dangereux (MIDND) -
Essai de tri pour déterminer la teneur en métaux des granulats de mâchefer d'usines
d'incinération
NF P94-100 Août 2015 Sols : reconnaissance et essais - Matériaux traités à la chaux
et/ou aux liants hydrauliques - Essais d'évaluation de l'aptitude d'un sol au traitement

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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

VALORISATION DES SEDIMENTS DU BARRAGE TAKSEBT


(ALGERIE) DANS LES CORPS DE CHAUSSEES

VALORISATION OF TAKSEBT DAM SEDIMENTS (ALGERIA) IN ROAD


CONSTRUCTION

Omar BOUDLAL , Nassima FERRI2, Mohammed KHATTAOUI3, Saadia IDRES4 et Ryma


1
5
OUERD
1
Maitre de conférences, Laboratoire de recherche en Géomatériaux, Environnement et
Aménagement (L.G.E.A), Département de Génie Civil, Université Mouloud Mammeri de
Tizi-Ouzou (UMMTO), Algérie. Email : boudlal_geniecivil@yahoo.fr
2
Doctorante, Département de Génie Civil, Université UMMTO, Algérie.‎
3
Professeur, ‎Laboratoire de recherche (LGEA), Université UMMTO, Algérie.‎
4
Doctorante, Département de Génie Civil, Université UMMTO, Algérie.‎
5
Etudiante master, Département de Génie Civil, Université UMMTO, Algérie.‎

RÉSUMÉ – Le travail réalisé a pour objectif, la valorisation des sédiments du barrage de


Taksebt dans la construction routière en Algérie. Pour ce faire, des échantillons en
mélanges de granulats routiers et de sédiments sont reconstitués au laboratoire, soumis
ensuite à plusieurs types de sollicitations mécaniques. Les essais réalisés ont montré des
résultats très intéressants, notamment pour des proportions de sédiments entre 5 et 10%.

ABSTRACT – This work aims, to valorization of sediment dam in road construction in


Algeria. To do this, samples with mixtures of road aggregates and sediments of Taksebt
dam are reconstituted in the laboratory, then, subjected to deferent types of mechanical
stress. The achieved tests have shown very interesting results, particularly for sediments
proportions between 5 to 10%.

1. Introduction

Le barrage TAKSEBT se situe sur la rivière de Takhoukhth, entre Aït Irathen et Ait Aïssi
dans la wilaya de Tizi-Ouzou en Kabylie, Algérie. Il est d’une capacité de 175 million de
m3, destiné à l'alimentation en eau potable des villes situées sur les couloirs des willayas
de Tizi-Ouzou, Boumerdes et Alger.
Comme le barrage est situé dans une zone montagneuse caractérisée par un climat
agressif, celui-ci présente des phénomènes d’érosion interne et externe très accrus, ce
qui accélère son envasement et réduit par conséquent sa capacité d’emmagasinement
d’eau.
Vu leurs effets néfastes tant sur le barrage et sur l’environnement, la valorisation de
ces sédiments devient indispensable ce qui a incité les chercheurs à entreprendre
plusieurs études dans ce sens afin de valoriser ces materiaux dans plusieurs domaines, à
savoir le domaine routier, la fabrication des tuiles, de brique,... (Belas et al., 2011 ;
Bourabah, 2012 ; Kazi Aoual et al., 2014 ; Labiod et al., 2004 ; Remini, 2006 ; Remini et
Remini, 2003 ; Semcha, 2006).
Cette étude a pour objectif la valorisation des sédiments de barrage dans le domaine
routier en vue de leur utilisation dans les corps de chaussées (couches de fondation et
couches de base).

1
354
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2. Intérêts du travail réalisé

Ce travail peut avoir plusieurs intérêts, tant sur le plan économique et environnemental, à
savoir :
- L’exploitation des quantités importantes de sédiments abandonnées dans les barrages
ou dans la nature dont les effets sont néfastes sur l’environnement.
- Par conséquent, la récupération des espaces occupés par ces matériaux pour une
éventuelle utilisation pour d’autres activités.
- Le renforcement des secteurs du génie civil et des travaux publics par de nouvelles
sources de granulats routiers, sachant que les sources habituelles alluvionnaires restent
parfois incapables de satisfaire les besoins nationaux.

3. Présentation des matériaux utilisés

3.1. Les granulats routiers

Les granulats routiers utilisés sont fournis par une entreprise de réalisation des travaux
publics. C’est les granulats généralement utilisés pour la réalisation des couches de
fondations et de couche de base des chaussées au niveau de la région de la grande
Kabylie, Tizi-Ouzou (Algérie). Ces granulats forment la classe granulaire 0/20, cette
dernière est caractérisée par la courbe granulométrique présentée sur la figure 1. Selon le
système unifié de classification des sols ‎(USCS), les granulats routiers utilisés se
présentent sous forme d’une grave propre bien graduée, de granulométrie étalée.

Figure 1. Courbe granulométrique du matériau utilisé.

3.2. Les sédiments du barrage Taksebt

Les sédiments du barrage Taksebt utilisés comportent le passant au tamis 1mm. Leurs
caractéristiques physiques ainsi que le rapport d’essais d’analyse chimique établi par le
Laboratoire de l'habitat et de la Construction du Centre/Groupe L.H.C.C (Unité de Oued
Smar, Alger) est résumé dans le tableau 1.

2
355
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Tableau 1. Caractéristiques physico-chimique des sédiments du barrage Taksebt.


Composants Désignation Pourcentage massique (%)
Limite de liquidité wL 45.67
Limite de plasticité wP 34.17
-
Sulfates SO4 00.32
-
Chlorures Cl Traces
Carbonates CaCO3 03.18
Matières organiques MO 01.46

4. Echantillons préparés et essais réalisés

Les échantillons soumis aux essais mécaniques sont préparés à base de granulats
routiers et de sédiments de barrage, sous forme de mélanges selon les proportions
suivantes :
- Echantillon 1 : Granulats routiers seuls : (GR+00% de sédiments) ;
- Echantillon 2 : Granulats routiers + 05% de sédiments ;
- Echantillon 3 : Granulats routiers + 10% de sédiments ;
- Echantillon 4 : Granulats routiers + 15% de sédiments ;
- Echantillon 5 : Granulats routiers + 20% de sédiments ;
- Echantillon 6 : Granulats routiers + 25 de sédiments.
L’ensemble des essais est réalisé au laboratoire de mécanique des sols de l’université
Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou (Algérie). Afin d’étudier le comportement des mélanges
sous les principales sollicitations routières en fonction de leur teneur en sédiments, les
échantillons préparés sont soumis aux essais mécaniques suivants :
- Essais de compactage au Proctor modifié ;
- Essais de portance immédiat (IPI) et essais de portance après immersion (CBRimm) ;
- Essais de cisaillement direct à la boite de Casagrande.

5. Résultats et discussions

5.1. Essais de compactage au Proctor modifié

Les essais Proctor sont réalisés selon la norme NF P 94-093. Ils permettent de montrer
l’aptitude au compactage des mélanges étudiés en fonction de leurs teneurs en
sédiments. Les courbes de compactage correspondant aux différents mélanges sont
présentées sur la figure 2.
A première vue, nous pouvons constater que les courbes Proctor représentant les
différents mélanges se distinguent clairement de celle correspondant aux granulats
routiers seuls. Par rapport à cette dernière, nous pouvons remarquer que les courbes
représentant les mélanges à 5 et 10% de sédiments sont situées pratiquement du coté
sec, tandis que les courbes correspondant aux mélanges dont la teneur en sédiments est
supérieure à 10% sont situées du coté humide.
L’évolution de la densité sèche maximale et de la teneur en eau optimale des
mélanges étudiés en fonction de leurs teneurs en sédiments est présentée avec plus de
précision sur la figure 3.
La densité sèche des mélanges s’améliore de plus en plus jusqu’à atteindre une valeur
maximale pour une teneur en sédiments de 10%. Au-delà de cette proportion, les
mélanges commencent à perdre de leurs densités, toutefois, ces densités restent
supérieures à 2. De tels résultats sont assez suffisants pour un matériau routier ‎(Autret,
1983). Ceci est dû au fait que cette proportion de vase adéquate rentre facilement dans
les vides entre les granulats routiers ce qui réduit leur volume (vides) et rend les
mélanges plus denses. A cet effet, la quantité d’eau nécessaire pour le compactage qui
occupera les vides restants dans les mélanges est réduite.

3
356
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 2. Courbes de compactage au Proctor modifié.

Une proportion supérieure à 10% de sédiments, dépasse le volume des vides existants
entres les granulats routiers, elle commence à entourer ces derniers ce qui engendre des
structures désorganisées des mélanges avec des densités sèches réduites et des teneurs
en eau de compactage plus importantes.

Figure 3. Caractéristiques de compactage en fonction de la teneur en sédiments.

Ainsi, des densités sèches considérables peuvent être obtenues dans le cas des
mélanges à 10% de sédiments à des teneurs en eau réduites, ce qui peut intéresser,
notamment les régions arides, où l’eau est généralement rare, et peut également
influencer positivement l’enveloppe budgétaire de ce type de projets.

5.2. Essais de portance immédiats (IPI)

Les essais de portance immédiats sont réalisés selon la norme NF P 94-078. Ils
permettent d’évaluer la portance des mélanges sous la circulation des engins au cours de
la réalisation des projets. L’essai permet ainsi de déterminer l’Indice Portant
Immédiat (IPI).

4
357
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Les courbes représentant les forces en fonction des enfoncements pour les mélanges
dont la teneur en sédiments de 5 à 10% se distinguent clairement sur la figure 4. La
portance des mélanges s’améliore dès le premier ajout de sédiments. Néanmoins, les
mélanges à 10% de sédiments présentent les portances les plus élevées, sachant que
ces derniers sont constatés les plus denses au cours des essais de compactage.
Dans ce cas la structure du mélange très dense contribue en bloc à la résistance au
poinçonnement.

Figure 4. Résultats des essais de portance immédiats (IPI).

Au-delà de 10% de sédiments, ces derniers forment peut être une couche molle en
surface des granulats routiers, cette couche se poinçonne initialement et facilement avant
que l’effort ne se transmet en profondeur aux granulats. Par la suite, une nouvelle
résistance au poinçonnement due aux granulats se développe, ce qui est traduit sur les
courbes forces-enfoncements. En effet, au-delà de 8mm d’enfoncement les mélanges
montrent des résistances au poinçonnement ayant tendance à augmenter.

5.3. Essais de portance après immersion (CBRimm)

Les essais CBR après immersion réalisés selon la norme NF P 94-078, permettent
d’évaluer la portance des mélanges sous la circulation des engins dans les plus
mauvaises conditions hygrométriques (Indice CBR après immersion : CBRimm).

Figure 5. Résultats des essais CBR après immersion (CBRimm).

5
358
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Contrairement aux différents essais réalisés où l’ajout des sédiments améliore le


comportement des mélanges ; dans le cas des essais CBR après immersion, la portance
des mélanges diminue dès le premier ajout de vase. En effet, les courbes forces-
enfoncements correspondant aux mélanges (figure 5) s’écartent de plus en plus de celle
correspondant aux granulats routiers seuls, notamment pour des teneurs en sédiments
supérieures à 10%.
La vase à l’état humide (immersion) même en faible proportion peut nuire à la portance
des mélanges. En effet, la vase humide présente une très faible résistance au
poinçonnement. Les grains entourés de vase évitent facilement les pressions engendrées
par le vérin de l’appareillage de poinçonnement en se déplaçant vers les points de faibles
pressions, ces déplacements sont de plus en plus favorisés avec l’ajout de vase.

5.4. Essais de cisaillement direct à la boite

Les essais de cisaillement direct à la boite réalisés selon la norme NF P 94-071 montrent
que les résistances au cisaillement des mélanges sont améliorées avec l’ajout de 5 à
10% de sédiments (figure 6). Cette résistance est principalement assurée par le
frottement interne provoqué par les granulats routiers seuls. Tandis qu’avec l’ajout des
sédiments, la résistance au cisaillement peut être assurée par le frottement et la
cohésion.

Figure 6. Courbes des contraintes-déformations des différents mélanges.

En effet, comme le montre la figure 7, les granulats routiers seuls développent un angle
de frottement interne très important et une cohésion très faible. Tandis que les mélanges
dont la teneur en sédiments ne dépassent pas 10% développent des cohésions
remarquables en plus du frottement important légèrement inférieur relativement aux
granulats routiers seuls, ce qui explique l’augmentation de leur résistance au cisaillement.

Au-delà de 10% de sédiments, les granulats sont complètement noyés dans la vase,
cette dernière joue le rôle d’un lubrifiant qui réduit sensiblement le frottement entre les
grains ainsi que la cohésion des mélanges.

6
359
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 7. Caractéristiques mécaniques au cisaillement des différents mélanges.

Nous pouvons constater ainsi que les échantillons dont les teneurs en sédiments entre
5 et 10% forment des mélanges adéquats, qui présentent un compromis intéressant entre
les angles de frottement interne et les cohésions pour former des matériaux qui
développent des résistances au cisaillement très intéressantes.

6. Conclusions

Cette étude consiste à traiter le comportement des mélanges (granulats routiers +


sédiments du barrage Taksebt) sous sollicitation routière. Elle a pour objectif de valoriser
de nouvelles sources de granulats d’une part et de préserver l’environnement d’autre part.
Les résultats obtenus ont montré que les mélanges constitués de (granulats routiers +
5 à 10% de sédiments) présentent un comportement très satisfaisant sous les différents
types de sollicitations appliquées. Ils peuvent par conséquent, être proposés dans la
construction routière, en couches de fondations et en couches de base dans le cas des
chaussées de faible à moyen trafic. Toutefois, d’autres essais notamment cycliques et à
long terme sont indispensables pour confirmer d’avantage et concrétiser leur utilisation.
Ce travail de recherche peut présenter un intérêt capital en géotechnique routière en
Algérie, tant sur l’aspect économique et sur l’aspect écologique et environnemental.

7. Références bibliographiques

Autret P. (1983). Latérites et graveleux latéritiques. Institut des sciences et des


techniques de l’équipement et de l’environnement pour le développement (ISTED),
Laboratoire central des ponts et chaussées (LCPC), pp. 40.
Belas N., Belaribi O., Mbrouki A., Bouhamoun N. (2011). Valorisation des sédiments de
dragage dans les bétons, INVACO2, séminaire international innovation et valorization
en genie civil et materiaux de construction, Rabat, Maroc. N°1, pp. 173.
Bourabah M.A. (2012). Comportement mécanique des sols fins, application à la
valorisation des sédiments de barrages en technique routière. Thèse de doctorat en
sciences, Université de Tlemcen, Algérie.
Kazi Aoual F., Ameur M., Mekerta B., Semcha A., (2014). Caractérisation des sédiments
de dragage du barrage de Bouhanifia pour une réutilisation, XIIIèmes Journées
Nationales Génie Côtier – Génie Civil, Gestion et valorisation des sédiments marins,
Dunkerque, France. pp. 999-1006.

7
360
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Labiod Z., Remini B., Belaredj M. (2004). Traitement de la vase du barrage de Bouhanifia
en vue de sa valorisation, Larhyss Journal, N°03, pp. 7-12
NFP 94-071 (1994) Norme française, Sols, reconnaissance et essais. Essai de
cisaillement rectiligne à la boite. Cisaillement direct.
NFP 94-078 (1997) Norme française, Sols, reconnaissance et essais. Indice CBR après
immersion – Indice CBR immédiat – Indice portant immédiat. Mesure sur échantillon
compacté dans le moule CBR.
NFP 94-093 (1999) Norme française, Sols, reconnaissance et essais. Détermination des
références de compactage d’un matériau. Essai Proctor normal - Essai Proctor modifié.
Remini B. (2006). Valorisation de la vase des barrages, quelques exemples algériens,
Larhyss Journal, N° 05, pp. 75-89.
Remini w., Remini B. (2003). La sedimentation dans les barrages de l’Afrique du nord,
Larhyss Journal, N° 02, pp. 45-54.
Semcha A. (2006). Valorisation des sédiments de dragage, Applications dans le BTP, cas
du barrage de Fergoug, Thèse, Université de Reims Champagne- Ardenne.

8
361
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

ESSAIS GEOTECHNIQUES DE TERRASSEMENT ET SUCCION :


QUELQUES ENSEIGNEMENTS PRATIQUES
EARTHWORKS LABORATORY TESTS AND SUCTION : SOME PRATICAL
LESSONS1
1 1,2 3
Luc BOUTONNIER , Dino MAHMUTOVIC , Rinah ANDRIANATREHINA , , Denis
4 4 7 5
BRANQUE , Thiep DOANH , Thierry DUBREUCQ , Jean-Marie FLEUREAU , Jean-
6 4 2 3 2
Jacques FRY , Lan HOANG , Benjamin PELIZZARI , Said TAIBI , Simon SALAGER ,
8 9
Maurice BUFALO , Ludovic GAVOIS
1
Egis géotechnique, Seyssins, France
2
Univ. Grenoble Alpes, 3SR, f-38000 Grenoble, France
CNRS, 3SR, Grenoble, France
3
LOMC, Le Havre, France
4
ENTPE, Vaulx-en-Velin, France
5
Centrale Supélec, Châtenay-Malabry, France
6
EDF, Bourget du Lac, France
7
IFSTTAR, Nantes, France
8
Valérian, SORGUES, FRANCE
9
Vinci Construction Terrassements, NANTERRE, FRANCE

RÉSUMÉ – Le but de cette communication est de faire un lien entre les essais de
terrassement classiques utilisés dans la profession et la succion, afin de mieux
appréhender le comportement à court et long terme des ouvrages en terre. Les résultats
de plusieurs essais (Proctor, Rc, IPI) sont ainsi analysés au travers de la succion. Ce
papier présente des résultats préliminaires qui seront présentés plus en détail dans le
guide méthodologique du projet TerreDurable.

ABSTRACT – This paper aims to build a link between earthworks laboratory tests and
suction in order to improve earthworks behavior knowledge in the short and long terms.
Results of different tests (Proctor, Rc, IPI) are analyzed with respect to suction. The paper
presents preliminary results that will be detailed in the TerreDurable project
methodological guide.

1. Introduction

Ce papier s’inscrit dans le cadre du projet ANR TerreDurable (programme Bâtiments et


Villes Durables, convention ANR 2011 VILD 004 01), commencé en 2012 et qui prendra
fin en décembre 2016. TerreDurable a pour objectif d’améliorer la conception des
ouvrages en terre (compactage et stabilité) en combinant recherche expérimentale et
théorique avec le retour d’expérience des praticiens.
Cette communication est une contribution à la compréhension des sols fins compactés.
Elle cherche à répondre à certaines questions:
- Comment évolue la résistance au cisaillement en fonction de l’état hydrique?
- Comment évolue la résistance au cisaillement en fonction de l’énergie de compactage?
- Comment évolue la résistance au cisaillement en fonction du chemin de contrainte et
du chemin hydrique?

1
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

A cet effet, les résultats d’essais Proctor, d’essais de compression simple (Rc), et d’Indice
Portant Immédiat (IPI) sont analysés au travers de mesures de succion, degré de
saturation et teneur en eau.
Les résultats présentés par la suite s’appuient sur quatre sols différents : deux marnes
provenant du chantier de l’autoroute A304 (Charleville Mézières (08)), un sable limoneux
provenant du barrage de Livet Gavet (Isère, 38) et une argile plastique provenant du
chantier de la LGV SEA. Les résultats présentés sont partiels mais ils seront
intégralement disponibles dans le guide méthodologique de synthèse du projet
Terredurable.

2. Les principaux essais de laboratoire utilisés lors de travaux de terrassement et


leur utilité

2.1. Les objectifs du compactage d’un sol

Avant de parler des essais de laboratoire utilisés lors de travaux de terrassement, il


convient d’abord d’expliquer ce qu’est un compactage et son objectif.
Le compactage d’un sol a pour but de diminuer son volume d’air. Compacter un sol c’est
le densifier, en augmentant son poids volumique sec et en diminuant son volume
apparent. Cette technique a de nombreux effets sur un sol tels que (Biarez et Favre,
1975): une augmentation de la résistance au cisaillement, une diminution du retrait,
une diminution de la perméabilité et une diminution de la compressibilité.
Ces effets bénéfiques se caractérisent d’un point de vue pratique par une augmentation
de la portance, de la traficabilité et de la stabilité ainsi qu’une diminution des
déformations.
Les objectifs peuvent néanmoins être variables selon le type d’ouvrage. Par exemple :
• pour les infrastructures linéaires (routes, voies ferrées), on cherche à limiter les
tassements différés et à avoir une portance suffisante au niveau de la plateforme pour
supporter le trafic routier ou ferroviaire,
• Pour les noyaux de barrages en terre, une perméabilité homogène est essentielle
alors que les tassements différés ne sont pas un problème majeur.

2.2. Rôle des différents essais de laboratoire testés dans le cas des sols fins

Dans le domaine des infrastructures :


En France, dans le domaine des infrastructures, les terrassiers s’appuient sur le GTR
(Guide des Terrassements Routiers SETRA-LCPC (1992)) qui prescrit des
recommandations sur le compactage en fonction du type de sol rencontré. Il est pour cela
important de bien identifier un sol du point de vue du GTR (granulométrie, valeur au bleu,
indice de plasticité) et d’accompagner son étude par des essais de laboratoire de
terrassement. Les principaux essais et leur fonction sont les suivants :
• l’essai Proctor : il permet d’obtenir la densité et la teneur en eau optimale de
compactage pour une énergie de compactage donnée,
• l’Indice portant immédiat (IPI) ou CBR est un bon révélateur de la portance du sol et
de sa traficabilité pour une teneur en eau donnée. Pour prendre en compte l’effet d’une
imbibition du remblai, des essais CBR après immersion de 4 jours dans l’eau sont
parfois réalisés.
• Pour étudier la stabilité, les concepteurs des ouvrages s’appuient généralement sur
des essais sur des sols saturés (triaxiaux), et/ou sur des corrélations basées sur la
nature des matériaux (granulométrie, limites d’Atterberg) pour estimer des
caractéristiques de cisaillement drainées. Dans les cas courants, aucune estimation

2
363
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

des tassements différés n’est effectuée dans les corps de remblai, le compactage étant
sensé limiter le risque de tassements différés.

Dans le domaine des ouvrages hydrauliques :


Le GTR n’a pas été conçu pour les ouvrages hydrauliques mais le Proctor et l’essai
CBR restent les essais de référence. Contrairement à la pratique dans le domaine des
infrastructures, l’essai de compression simple Rc est d’un usage courant pour évaluer
l’évolution de la cohésion non drainée en fonction de la teneur en eau, les barrages
nécessitant souvent, compte tenu de leur hauteur, une analyse de la stabilité à court et
long terme. Pour la phase étude, ces essais sont bien évidemment complétés par des
essais de mécanique des sols (triaxiaux drainés et non drainés, oedomètres avec mesure
de pressions interstitielles pour estimer Ru, etc.).

Lien avec la succion :


Dans des sols compactés, il est usuel de faire la relation entre Rc, l’IPI ou le CBR en
fonction de la teneur en eau de préparation de l’éprouvette. En réalité, pour un matériau
donné, c’est la succion, dont la valeur est liée à la teneur en eau et à l’indice des vides,
qui gouverne le comportement. C’est ce que nous allons montrer dans la suite de cette
communication pour éclairer la compréhension du comportement des sols compactés.

3. Présentation des sols étudiés et du programme expérimental1 ligne blanche

3.1. Les sols étudiés

Tableau 1. Propriétés géotechniques des différents sols étudiés


Granulométrie (%) d OPN CaCO3 Classe
wL (%) Ip wOPN (%) GTR
< 80 µm < 2 µm (kN/m3) (%)
Marne
94 36 80 49 27,5 15 18,5
A304 D5
Marne
- - 46 24 21 16 - A2
A304 D9B
Sable
limoneux 53 100 29 8 11.2 18.3 - A1
Livet-Gavet
argiles à
Châtaignier 88 70 46 24 21 13,1 13 A3
LGV SEA

Quatre sols différents ont été étudiés au cours du projet Terredurable comme illustrés
dans le tableau 1. Quatre doctorants ont travaillé sur la réalisation de ces essais.

3.2. Le programme expérimental

Le premier volet du programme a consisté à réaliser des essais Proctor à différentes


énergies de compactage et à mesurer la succion. L’objectif est d’avoir une base de
donnée d’essais interprétables qui seront exploités dans la synthèse du projet.
Le deuxième volet couvre les essais de résistance courants (IPI, CBR et Rc) qui ont été
réalisés avec mesures de succion afin d’être réinterprétés et éventuellement simulés par
des modélisations numériques, pour faire le lien entre les essais courants et la mécanique
des sols.
Le programme comprend également une analyse de la structure des matériaux
(relation teneur en eau / succion reliée à la distribution des tailles de pores dans le sol).

3
364
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

L’approche laboratoire a été complétée par la réalisation d’une planche de compactage


dont les principaux résultats sont présentés dans les actes de ce congrès (Pelizzari et al.,
2016).

4. Structure et succion dans un sol compacté

4.1. Protocole expérimental des essais mis en place

Les essais Proctor ont été réalisés à différentes énergies de compactages (norme NF-
EN-13286-47). Des mesures de succion par technique au papier filtre (Gardner, 1937)
viennent compléter les mesures Proctor. Les papiers filtres ont été placés à l’intérieur des
moules Proctor pendant la phase de compactage. Chaque moule a fait l’objet de deux
mesures de succion, avec mesures de porosimétrie mercure pour certains moules.

4.2. Résultats des essais de laboratoire et interprétation

Résultats des essais Proctor :

a. Sable limoneux Livet Gavet b. Argile à châtaignier SEA (Zong-Sen Li, 2015)

Figure 1- Résultats des courbes Proctor réalisées à différentes énergies de compactage


et des mesures de succion associées pour différents types de sol (a. sable limoneux Livet
Gavet, b. Argile à châtaignier LGV-SEA)

Nous donnons à titre d’exemple les résultats des mesures effectuées sur 2 sols
différents (Figure 1). Des courbes d’iso-succion sont tracées sur les courbes Proctor. Ces
dernières permettent d’apprécier l’impact de la teneur en eau et de l’énergie de
compactage sur la succion.
Les résultats de l’étude montrent que les courbes d’isosuccion sont à la fois
influencées par la teneur en eau et l’énergie de compactage. Coté « sec » (à ne pas
confondre avec les états hydriques du GTR) de la ligne optimale de compactage (ligne
reliant le sommet des courbes Proctor, teneur en air volumique généralement de l’ordre
de 6%), les lignes d’isosuccion sont presque verticales. Ce type de constat converge avec
d’autres résultats disponibles dans la littérature (Alonso 1998, Li 1995 ; Romero 1999,
Tarentino & De Col 2008).

Résultats des essais de porosimètrie mercure

Les valeurs de l’intrusion incrémentale sont reportées en fonction de la taille des pores
pour différents types de sols sur la Figure 2. Les pores de gros diamètre (diamètre
supérieur à 2 µm) sont présents coté sec ou à l’optimum. Ils disparaissent coté humide de

4
365
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

l’optimum Proctor. Ces résultats convergent avec d’autres essais déjà réalisés dans la
littérature (Delage et al. 1996, Ferber 2006, Hoffmann et al 2007).

COTE HUMIDE OPN COTE SEC


a.Marne A304 D5 b.Sable limoneux Livet Gavet

Figure 2 – Résultats des porosimétries au mercure pour différentes teneur en eau de


compactage

Les résultats de la porosimétrie au mercure éclairent les résultats des mesures de


succion :
1. coté sec, la réduction de volume lié au compactage se fait en réduisant la taille des
plus gros pores dans lesquels l’eau n’est pas présente. La succion est donc
inchangée lors de la réduction de volume,
2. coté humide, le degré de saturation est proche de 1 et l’air est occlus. Ceci est
vérifiable par des perméabilités à l’air très faibles, justifiant de la continuité de la
phase liquide (résultats non présentés). La réduction de volume s’opère dans des
pores où l’eau est présente. La succion diminue avec l’augmentation de la densité.

5. Evolution de la résistance d’un sol compacté en fonction de sa teneur en eau et


de son énergie de compactage

5.1. Protocole expérimental des essais mis en place

Des essais IPI (Indice de Portance Immédiat) ont été réalisés sur les échantillons Proctor
une fois terminés. L’essai consiste à enfoncer un piston dans le sol encore dans le moule
afin d’obtenir l’indice IPI.
Les papiers filtres présents dans les moules permettent d’obtenir la valeur de la succion.
Cette dernière est obtenue après enfoncement du piston.
Les différents sols ont été compactés à différentes énergies de compactage (OPN , OPN
+10 coups et OPN -10 coups pour la marne du D5 et le limon de Livet Gavet, et OPN et
OPM pour la marne du D9B)

5.2. Résultats des essais et interprétation

Des exemples de résultats des essais IPI en fonction de la succion ou de la teneur en eau
sont reportés sur la figure 3 pour différentes énergies de compactage. La relation IPI
succion est clairement mise en évidence pour une énergie de compactage donnée. Côté
sec de l’Optimum Proctor Normal, une augmentation de l’énergie de compactage se
traduit par une augmentation de l’IPI (et donc de la résistance au cisaillement) alors que

5
366
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

coté humide elle se traduit au contraire par une diminution de l’IPI. Ces résultats
convergent avec les résultats de Pelizzari et al (2016).

Côté Humide Côté Sec Côté Sec Côté Humide

Figure 3 - Résultats des Indices de Portance Immédiat en fonction de la succion et de la


teneur en eau réalisés pour différentes énergies de compactage sur la marne de l’A304
(Planche de compactage)

Les essais disponibles permettent d’expliquer qualitativement le phénomène :


• côté sec, l’augmentation de la densité se fait sans réduction de la succion, du moins
jusqu’à un degré de saturation de 0,7 voire 0,8 (passage de l’état sec à l’état
moyennement humide du GTR) : la résistance au cisaillement et l’IPI augmentent,
• côté humide, l’augmentation de densité s’accompagne d’une réduction de la
succion. L’air étant occlus du côté humide, le principe des contraintes effectives
s’applique donc si la succion s = -uw diminue, la contrainte effective isotrope p’ ≈ -uw
(contrainte totale négligeable en surface) et la résistance au cisaillement également
comme montré par l’IPI.
Les conclusions pratiques sont les suivantes :
• côté « sec » (tant que la densité sèche pour une teneur en eau donnée est
inférieure à celle de la ligne optimale de compactage), le surcompactage (au-delà
de l’énergie Proctor Normal ou au-delà du nombre de passes du GTR) n’a pas
d’effet négatif et il est même recommandé pour atteindre des densités proches de
la ligne optimale de compactage,
• côté « humide » (quand la densité sèche pour une teneur en eau donnée
atteint la ligne optimale de compactage), le surcompactage (compactage au-delà de
l’énergie Proctor Normal ou au-delà du nombre de passes du GTR) doit absolument
être proscrit car il réduit la capacité portante du sol et augmente les pressions
interstitielles dans le sol.

6. Rôle du chemin de contrainte et du chemin hydrique dans la résistance d’un sol


compacté

Il a été montré précédemment que la résistance au cisaillement d’un sol avait tendance
à augmenter lorsque celui-ci était compacté du côté sec. Mais qu’en est-il d’un sol
compacté à l’optimum et qui sèche ? ou d’un sol soumis à des cycles climatiques
(séchage, humidification) ? Ces questions essayeront de trouver réponse au travers
d’essais Rc conçus spécifiquement à cet effet.

6
367
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

6.1. Protocole expérimental des essais mis en place

Un total de 25 éprouvettes a été réalisé pour cette expérience. Chacune a été


compactée à la densité optimale (ρd OPN) de manière statique par double piston à partir
d’une même mouture (Dmax < 5mm) préparée à teneur en eau optimale avec cette
mouture.
Cinq lots différents ont été préparés afin de tester 5 chemins de contraintes et
hydriques différents:
- lot 1 et 2: réalisation de 2 fois 5 éprouvettes à partir d’une même mouture mais à
différentes teneurs en eau (séchage de la mouture à partir de la teneur en eau optimale
pour le lot 1 et humidification de la mouture pour le lot 2). Compactage des 5 éprouvettes
afin d’obtenir une densité égale à la densité optimale.
- lot 3 et 5 : réalisation de 2 fois 5 éprouvettes compactées à densité optimale et teneur
en eau optimal. Séchage des éprouvettes à différentes teneurs en eau pour lot 3, et
humidification des éprouvettes pour le lot 5.
- lot 4 : réalisation de 5 éprouvettes compactées à densité optimal et teneur en eau
optimale. Séchage de toutes les éprouvettes jusqu’à obtention d’une teneur en eau égale
à 0,6 wopt, puis humidification des différentes éprouvettes à différentes teneur en eau.

Une fois terminée, chaque éprouvette d’une dimension de 50 mm de diamètre et 100 mm


de hauteur a été écrasée par compression simple afin d’obtenir la valeur de Rc.

6.2. Résultats des essais et analyse

Le détail des résultats n’est pas présenté ici mais sera publié ultérieurement. Il est très
clairement mis en évidence les phénomènes suivants:
a. Les lots 1 et 2 donnent des résultats comparables. La teneur en eau initiale de
préparation des éprouvettes à peu d’influence tant que le matériau n’a pas été compacté.
En revanche, le lot 3 donne des résistances très supérieures à celle des lots 1 et 2.
b. Les lots 3 et 4 donnent des résultats très différents. Après un cycle de dessiccation /
réhumidification, la résistance à la compression mesurée est entre 30 et 50% plus faible.
c. Les lots 3 et 5 montrent une diminution progressive de la résistance à la
compression simple en fonction de la teneur en eau depuis le coté sec (lot 3) vers le côté
humide (lot 5).

Les premiers enseignements à tirer de cette expérience sont les suivants :


1) Reprenons l’observation (a) et imaginons deux matériaux ayant la même teneur en
eau :
i. Le premier préparé en partant de l’optimum Proctor et en asséchant
progressivement ;
ii. Le deuxième préparé à partir d’une poudre, ajustée à la bonne teneur en eau,
puis compactée ;
D’après l’observation (a), le matériau (i) a une résistance supérieure au matériau (ii) et est
probablement plus proche de l’état naturel du matériau. Ce résultat rejoint le retour
d’expérience des chantiers et projets de Vinci, Valerian, EDF et Egis sur la réalisation des
essais Proctor et la recommandation est la suivante :
Dans la préparation des matériaux lors de la réalisation d’un essai Proctor, il est important
de suivre une sollicitation hydrique et mécanique la plus proche possible du chemin qui
sera suivi par le sol sur le chantier pour que les résultats soient représentatifs. Le
séchage du sol à l’étuve puis leur réhumidification est fortement déconseillé, au
profit d’un séchage à l’air libre après étalement du sol dans un bac.

7
368
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2) A partir de l’observation (b), on voit qu’un sol compacté perd sa résistance sous l’effet
d’un cycle de retrait / humidification. Ce résultat rejoint le retour d’expérience chantier de
Vinci, Valerian et Egis. Dans la conception des ouvrages en terre, pour les sols fins
soumis aux cycles de retrait / humification, il est donc recommandé de prendre des
caractéristiques de cisaillement de matériaux remaniés (effacement de la résistance
au cisaillement supplémentaire liée au compactage à long terme). Sinon, il convient
d’isoler ces matériaux de ces cycles (masques de protection granulaire ou traité, etc.).

3) A partir de l’observation (c), on retrouve, entre Rc et la teneur en eau, une relation


analogue à celle reliant l’IPI à la teneur en eau. Ce résultat est logique, Rc et l’IPI étant
directement reliés à la succion qui gouverne la rigidité apparente et la résistance à la
rupture du matériau, du moins à court terme sous sollicitations rapides et pour la
traficabilité des engins de chantier. L’utilisation de critère de résistance est la règle sur les
chantiers de barrage pour contrôler le Cu de manière directe (scissomètre) ou indirecte
(Rc, CBR). Cette approche pourrait être généralisée au cas des remblais routiers ou
ferroviaires lorsque l’on souhaite sortir des référentiels usuels (en construisant par
exemple des remblais plus haut sans traitement), sous réserve d’une approche de calcul
de type mécanique des sols pour maitriser les tassements différés.

7. Références bibliograhiques

Alonso E.E, 1998. Suction and moisture regimes in roadway bases and subgrades.
Simposio Internacional Sobre Drenaje interno de Firmes y Explanadas. Granada
(Espana). PP. 57-104.
Biarez J., Favre J.L. (1975). Parameters filing and statistical analysis of data in soil
mechanics. Proceedings 2nd International Conference on Applications of Statistics and
Probability in Soil and Structural Engineering, Aachen, Germany, vol.2, p.249-264.
Delage P., Audiguier M., Cui Y.J., Howat M.D. 1996. Microstructure of a compacted silt.
Revue canadienne de géotechnique, 33(1): 150-158, 10.1139/t96-030
Ferber, V. (2006), Déformations induites par l’humification des sols fins compactés,
apport d’un modèle de microstructure, Collection Etudes et Recherches des
Laboratoires des Ponts et Chaussées, 321 pages
Gardner R., 1937. A method for measuring the capillary tension of soil moisture over a
wide moisture range. Soil Science, vol 43, pp. 227-283.
Hoffmann C., Alonso E.E., Romero E. 2007. Hydro-mechanical behaviour of bentonite
pellet mixtures. Physics and Chemistry of the Earth 32 : 832–849
LI Z. M. 1995. Compressibility and collapsibility of compacted unsaturated loessial soils;
Proceedings of the 1st International Conference on Unsaturated Soil (UNSAT’95),
Paris, ALONSON E.E. et DELAGE P. (eds), Volume 1, Page 139-144.
Pelizzari B., Mahmutovic D., Boutonnier L., Bufalo M., Gavois L., Salager S., 2016,
Planche de compactage expérimientale – impact de différents paramètres sur le bon
compactage des sols fins, JNGG 2016.
Romero E. 1999. Water permeability, water retention and microstructure of unsaturated
compacted Boom clay ; Thèse de doctorat, Universitat Politècnica de Catalunya,
Espagne.
SETRA- LCPC (1992). Réalisation des remblais et couches de forme (GTR), Guide
technique STREA-LCPC, 2 fascicules, 98 et 102 p.
Tarantino A. et De Col E. 2008. Compaction behaviour of clay ; Géotechnique, Volume
58, No. 3, Page 199-213.
Zhing-Sen L. 2015. Etudes des propriétés hydromécaniques des sols argileux non
saturés proches de la saturation. Thèse de doctorat, Ecole Centrale Paris, France.

8
369
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

DESCRIPTION RHEOLOGIQUE DU GONFLEMENT DES


BENTONITES NATURELLES ET CALCIQUE ACTIVEES
RHEOLOGICAL DESCRIPTION OF THE SWELLING OF NATURAL AND
ACTIVATED BENTONITES
1-3 2 1 3
Gilles BARAST , Andry RAZAKAMANANTSOA , Irini DJERAN MAIGRE , David WILLIAMS
1 Université de Lyon, INSA de Lyon, LGCIE SMS ID, Fr-69621 Villeurbanne Cx

2 IFSTTAR – GERS – GMG, CS4, Fr-44344 Bouguenais Cx

3 The University of Queensland, Brisbane, QLD4072, Australie

RÉSUMÉ – Le ratio de gonflement  est utilisé pour comparer l’indice de gonflement


libre et les paramètres rhéologiques de la bentonite. Le ratio de gonflement permet de
mettre en évidence la différence de la minéralogie entre les bentonites. Une bonne
corrélation est observée entre le ratio de gonflement libre est le ratio de gonflement
rhéologique à l’état statique plutôt qu’à l’état dynamique.

ABSTRACT – The  swelling ratio is used to compare the free swelling index and
rheological parameters of bentonite. The swelling ratio highlights the difference of
mineralogy between bentonites. A good correlation was observed between the free
swelling ratio and the static rheological swelling ratio rather than swelling ratio in dynamic
state.

1. Introduction

La bentonite constitue la composante principale des barrières de faible perméabilité. La


perméabilité est alors le paramètre clé de conception et de dimensionnement. La durée
de sa mesure est très longue (Katsumi et al. 2008, Razakamanantsoa et al. 2012), car la
conductivité hydraulique des géomatériaux bentonitiques est très faible, avec des valeurs
dans la gamme de 10-9 m/s à 10-11 m/s (Couradin et al. 2008, Shackelford et al. 2000).
Les mécanismes de gonflement sont intimement liés à la conductivité hydraulique des
sols argileux. Cette propriété dépend de la nature de l'argile, le fluide et les états de
charge. La caractérisation rhéologique d'argile est largement utilisée pour les matériaux
de type colloïdes (Coussot 2005, van Olphen 1977). Quelques études tentent de relier les
résultats de tests de rhéologie aux problèmes géotechniques rencontrées (Markgraf et al.
2006).
Des indicateurs de performances ont été développés pour palier au problème de très
importantes durées des essais hydrauliques. On distingue en particulier l’essai de
gonflement libre. Or, malgré la facilité de mesure de ce paramètre, son usage est limité
uniquement à la qualification du potentiel de performance du matériau. De plus, les
ingénieurs ont besoin de paramètres quantitatifs de dimensionnement pour la conception
de ces ouvrages et ce paramètre peut en être un candidat très utile.
On se propose d’utiliser la rhéologie pour décrire les propriétés de gonflement de
différents types de bentonite: sodique naturelle, calcique naturelle et activée. Les
mesures rhéologiques sont effectuées dans des conditions statiques et dynamiques. Les
résultats sont comparés avec ceux obtenus avec l’essai de gonflement libre à l’état
liquide. Le gonflement, pour tous les essais, est modélisé à l’aide du ratio de gonflement,
qui permet de décrire l’état d’imbibition des particules de bentonites. Ce modèle simple

1
370
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

est proposé pour permettre la comparaison des résultats issus des essais rhéologiques à
l'état liquide, et ceux obtenus à partir des essais de gonflement à l’état de suspension.

2. Les matériaux utilisés

Toutes les argiles testées sont des bentonites commerciales couramment utilisées en tant
que composante de barrière hydraulique en France (Couradin et al. 2008). B1, B2 et B3
sont des bentonites sodiques activées françaises, l'argile B4 est une sodique naturelle
des Etats-Unis. Les B5 et B6 sont des bentonites calciques naturelles de France. Le
fluide d'essai est l’eau déminéralisée (DW). Les propriétés des bentonites sont résumées
dans le tableau 1. Les suspensions de bentonite ont été préparées en mélangeant de la
bentonite séchée à l'air et à l'eau pendant 20 minutes. Pour l'équilibre hydrique du
mélange, la suspension a été maintenue pendant 24 heures, dans une pièce à
température contrôlée à 22±1 °C. Cette phase a été suivie par 1 min d’homogénéisation.
La préparation des échantillons est identique pour tous les essais (Laribi et al. 2005).
Pour toutes les suspensions de bentonite, la concentration en matière sèche dans l'eau
déminéralisée (DW) reste dans la gamme de 4% à 8%. Pour chaque suspension de
bentonite, un volume inférieur à 30 mL de suspension a été nécessaire pour tester le
matériau dans le rhéomètre.

Tableau 1: Propriétés physiques et géotechnique des bentonites


Bentonite Type w(%) IP VBS dmoyenne CE pH
% % mg/g µm µS/cm
B1 Calcique activée 11,3 207 397 18,4 25,1 10
B2 Calcique activée 9,5 402 305 8 24.6 11
B3 Calcique activée 13,2 592 250 10 25 10
B4 Sodique naturelle 10,6 - - 7,6 24,6 10
B5 Calcique naturelle 9,95 432 320 32,5 24,4 9,1
B6 Calcique naturelle 10,35 361 250 22,4 24,7 9,3
w: teneur en eau, IP: Indice de Plasticité, VBS: Valeur au Bleue Methylene, dmoyenne:
diameter moyen des particules obtenu par granulométrie laser (Malver Mastersizer 2000),
CE: Conductivité électrique, pH avec de l’eau.

3. Calcul du ratio de gonflement pour les trois essais

Le mécanisme de gonflement est modélisé avec un paramètre simple qui fait intervenir le
rapport des proportions géométriques des particules de bentonites. Le modèle prend en
compte une hypothèse sur la forme des particules d’argile (Russel et al. 1989, Tadros
1996). Ces particules sont des plaquettes, qui se regroupent et forment des agrégats. La
morphologie résultante est de forme sphéroïde. La fraction de conditionnement Φp
représente la fraction d'argile particulaire dont les particules solides sont comprises dans
le volume total VT (Eq. 1):

Φp =ΣVb/VT (1)

La fraction de conditionnement Φp dépend de la forme et de la taille des particules. Les


particules d'argile ont des formes de plaquettes non sphériques. Un facteur de forme
p=R/r est alors introduit pour tenir compte de la forme de la particule dans la

2
371
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

modélisation. Le modèle le plus simple est celui avec p=1 où les particules sont
considérées comme des sphères. Pour une description plus réaliste de l’échelle
microscopique des particules le facteur de forme prend des valeurs égales à p=3 et p=50
(Güven et Pollastro 1992, Philipse 1996). Le coefficient  est introduit pour décrire le
rapport de gonflement (Russel et al. 1989, Tadros 1996).  définit le gonflement des
particules exprimée dans l'équation 2:
2
 a  a 
 ( R  a )r  a 2 Vb 1  1  
4

 p p3
V V
 
R  r  a  a 
 1  1  
2
(2)
Vb Vb Vb Vb  R  r

Vp est le volume unitaire fictif, R le grand axe et r le petit axe de la particule, associé à
une couche d'eau immobile et homogène fictive, d'une épaisseur  , Vb le volume de la
bentonite solide d'une particule, d'une épaisseur égale à une couche d'eau fictive, VT le
volume total et Vp le volume d'une particule.
Dans les paragraphes suivants, une approche simple est décrite pour déterminer le
ratio de gonflement correspondant à chaque test, conforme à la représentation
schématique texturale des argiles (Figure 1). L'hypothèse de forme sphéroïdale sera
utilisée par la suite pour décrire les dimensions de la particule (Tableau 2).

Figure 1. Schéma du modèle proposé de configuration des particules suite au gonflement.

Tableau 2: Fraction de conditionnement et viscosité intrinsèque choisis pour les


bentonites en fonction des facteurs de formes des particules
Configuration Facteur de Fraction de conditionnement Φp Viscosité [η]Φp
forme p intrinsèque[η]
Sphère 1 0,64(1) 2,5(2) 1,6
Sphéroïde 3 0,64(3) 3,43(4) 1,92
(3) (4)
Ellipsoïde 50 0,115 35,1 4,03
(1)
fraction de conditionnement maximale pour une sphère non déformable
(2)
selon l’équation d’Einstein équation pour une sphère non déformable
(3)
selon Philipse et al. 1996
(4)
selon Guven and Pallastro 1992

Les différents tests mécaniques et rhéologiques seront unifiés avec le paramètre clé 
qui est défini pour chaque essai, afin de décrire le gonflement qui se produit.

Essai de gonflement libre


Les essais standards de gonflement libre sont réalisés selon la norme française NF XP
84-703. Deux grammes de poudre d'argile séchée, broyée et passée à travers un tamis
de 160 m de normalisation européenne, ont été progressivement versés dans un
cylindre gradué de 0,1 mL, contenant 100 mL de solution aqueuse. Après 24 heures, la

3
372
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

hauteur de l'argile gonflée dans le cylindre est mesurée. Les essais ont un écart type de ±
0,5 mL/2g. Le résultat de l’essai donne la valeur de l’indice de gonflement libre (FSI). FSI
représente le volume total VT du matériau après gonflement à l'intérieur du cylindre
d’essai, Vs est le volume total de la bentonite solide placé dans le tube cylindrique
correspondant à Vs=ms/. La masse solide de la bentonite est ms et la densité spécifique
associée est =2,65 g/cm . Le test de gonflement libre est réalisé avec ms=2g d'argile. Le
3

paramètre de ratio de gonflement  peut être décrit par l'équation 3:

βFSI = FSI ρsΦp/ms (3).

Mesures rhéologiques en dynamique (RDT)


Les tests rhéologiques dynamiques ont été réalisés avec un rhéomètre ARES à vitesse
contrôlée. La géométrie utilisée est une cellule coaxiale de Couette de 32 mm de
diamètre et de 34 mm de longueur.
Les tests sont réalisés avec 1% γ de déformation, sur une plage de fréquence ω allant
de 0,1 rad/s à 100 rad/s. Les essais de contrainte dynamique préliminaires à 1 Hz de
0,01% à 100% de déformation ont confirmé que, la valeur de déformation réalisée à 1%
est suffisamment faible pour maintenir le matériau dans la région viscoélastique linéaire.
Le module élastique G', le module visqueux G" et le module d'élasticité en libre-fréquence
G'o (défini comme la valeur pour laquelle le module d'élasticité G' reste presque constant
sur une plage de fréquence sur une échelle semi-logarithmique) sont déterminés
conformément à la théorie de la viscoélasticité.
Les paramètres rhéologiques sont exprimés en fonction de la fraction d'argile. Le
modèle proposé considère que la fraction maximale solide de la bentonite, ΣVb, dans un
volume total donné, VT, est représentée par Φm. La valeur de la fraction d'argile Φm est
défini comme la valeur de Φ pour lequel le paramètre G'o tend à l’infinie (Coussot, 2005).
A partir de ces considérations, le ratio de gonflement  RDT pour le test de rhéologie
dynamique, peut être défini par l'équation 4:

 RDT 
V p

 pVT

p
(4).
V b  mVT lim 
G 'o 

Mesures rhéologiques en statique (RST)


Les essais de taux de cisaillement en régime permanent ont été effectués avec un
Thermo Haake RheoScope à contrainte contrôlée, avec une géométrie cône-plan de
diamètre du cône 70 mm et de 1° d'angle de cône. Quelques millilitres de la suspension
de bentonite ont été versés sur la plaque. La température ambiante est maintenue
constante à 20±1 °C. La procédure de test a commencé avec pré-cisaillement au taux de
1 rad/min et suivi par 1 min de temps de repos. Le test de cisaillement régulier a été
réalisé pour des multiples mesures allant de 0,5 rad/s à 500 rad/s; avec les valeurs de la
viscosité et de contraintes obtenues pour chaque taux après 60 secondes de temps de
cisaillement. Les particules de bentonite sont des particules chargées où des interactions
électrostatiques ont lieu. Russel et al. 1989 ont exprimé la viscosité η, pour des sphères
chargées, en fonction de la fraction argileuse Φ. Pour des fractions de volume modéré,
l'extension de l’équation Krieger-Dougherty est plus précise, comme l'équation 5 réécrite
à l’aide de cette théorie :

  p
  m 
 1   (5)
s   p 

4
373
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

avec ηs la viscosité du solvant, [η] de la viscosité intrinsèque, Φp la fraction de


conditionnement et Φm la fraction volumique maximale possible de l'argile, dans le
volume. Le ratio de gonflement  RST peut être exprimé par l’équation 6:

 RST 
V p

 pVT

p
(6)
V b  mVT m

Enfin, l’équation 5 est insérée dans équation 6 pour obtenir l'expression de  RST de
l'équation 7:

 
1

 p       p  (7)
 RST  1  
   s  

 

Connaissant la viscosité de l’eau ηs=0,001 Pa.s, le ratio de gonflement  RST peut être
calculé à partir d'un essai de rhéologie permanent, à condition que la concentration de la
suspension de bentonite soit suffisamment faible pour maintenir son comportement
newtonien, et que la courbe tirée de l'équation 7 montre un alignement linéaire de
données.

4. Résultats et discussion

Gonflement libre
Les résultats FSI et le ratio de gonflement associé à tous les échantillons de bentonite
(équation 3) sont reportés sur la Figure 2. Les valeurs FSI sont de même ordre de
grandeur que celles mesurées par d'autres chercheurs pour des bentonites (Jo et al.
2001, Katsumi et al. 2008, Shackelford et al. 2000). Le potentiel de gonflement des
bentonites calciques B5 et B6 sont similaires, avec une faible valeur de FSI autour de 6
mL/2g, ce qui est pertinent pour une argile faiblement gonflante. La bentonite sodique
naturelle a un ratio de gonflement plus élevé avec FSI plus de 31 mL/2g, car elle contient
plus de cations de sodium que les argiles activées.

Figure 2. Indice de gonflement libre FSI, associé au ratio de gonflement FSI pour
différentes bentonites. Le ratio pour une structure constituée des sphères (p = 1).
Rhéologie en dynamique
Les fractions maximales pour un état d’agencement donné sont déterminées à partir de la
Figure 3 où le module d'élasticité G'o dépend de la fréquence libre. G'o est exprimé en

5
374
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

fonction de la fraction volumique de la bentonite. Les paramètres n et α sont obtenus par


ajustement des résultats expérimentaux (G'o vs Φ) avec l'équation de la loi puissance
(équation 7). Les bentonites cationiques naturelles ont le plus faible  RDT . Comme le
paramètre rhéologique G' peut représenter l'énergie d’interaction entre les particules
(Tadros, 1996), les faibles valeurs sont attendues pour une argile calcique comme B5 et
B6. Les particules avec un faible gonflement sont des particules entourées par des
champs des forces électrostatiques faibles. Les valeurs pour l’argile activée B1, comme
celles des bentonites B2 et B3 se trouvent dans la même gamme étroite. Il est impossible
d'établir une distinction fine entre elles. La bentonite sodique naturelle B4, possède la
plus grande valeur du ratio de gonflement.

Figure 3. Module élastique de basse fréquence G'o en fonction du ratio de gonflement


 RDT et la fraction de bentonite pour une suspension de bentonite dans l'eau
déminéralisée. La détermination est faite pour les sphères (p = 1).

Rhéologie en statique
La Figure 4 présente la viscosité relative en fonction de la fraction d’argile avec une
dépendance linéaire prévue pour les fluides newtoniens. La Figure 5 montre que les
bentonites calciques naturelles ont le ratio de gonflement le plus faible. Les bentonites
calciques activées (B1 et B2) possèdent le ratio de gonflement le plus élevé (28,4 et
28,7), tandis que la valeur de la bentonite sodique naturelle (B4) se trouve dans la même
gamme (28,5).

Figure 4. La viscosité relative η/ηs en fonction de la fraction d’argile, pour (p = 1).


D'autres auteurs l’ont confirmé pour des comportements newtoniens (Paumier et al. 2008,
Radojevic et Mitrovica 2007). On a également constaté que ces indications sont valables
pour les bentonites calciques activées. Le cation Na+ dans la couche interne permet de

6
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

réduire le volume libre, et augmente ainsi le volume efficace occupé par l’argile. Bien qu’il
n’y a pas une différence des performances entre les bentonites B1 et B2, la bentonite B3
a le ratio de gonflement le plus faible parmi les bentonites activées.

Comparaison des différents ratios de gonflement


L'ordre de grandeur de la valeur du ratio de gonflement dépend du type d'essai. Tous les
essais permettent de différentier les bentonites selon leur minéralogie. Les approches
utilisées confirment que les argiles calciques naturelles, B5 et B6, ont la plus faible valeur
de ratio de gonflement, tandis que la sodique naturelle, B4, a la valeur la plus forte.
La figure 5 met en évidence plusieurs points : Les valeurs de  pour les argiles
activées se placent dans une position intermédiaire. Les droites déduites des valeurs de
ratio de gonflement libre et de ratio de gonflement rhéologiques en statique et dynamique
FSI -  RST et FSI -  RDT ont une forte corrélation (R² proche de 0,9). Cette bonne
corrélation peut être expliquée par le fait que les deux expériences sont conduites sur le
même état d'argile qui est l'état de suspension. En outre, les valeurs de FSI -  RST sont
proches de la bissectrice, ce qui indique que les valeurs de ratio de gonflement sont très
proches pour ces deux essais donnant ainsi plus de cohérence aux résultats mesurées.

Figure 5. Comparaison du ratio de gonflement libre FSI et du ratio de gonflement


rhéologiques en dynamique  RDT (a) et en statique  RST (b).

5. Conclusions

Le ratio de gonflement  est utilisé pour décrire les mécanismes de gonflement des
bentonites. Les particules sont assimilées à des sphéroïdes avec un rapport d'aspect
différent. Différentes nature des bentonites ont été étudiées expérimentalement: la
sodique naturelle, la calcique naturelle et les bentonites calciques activées.
- Le ratio de gonflement  proposé, permet de relier les tests de gonflement libre et de
rhéologie. Les deux essais rhéologiques  RST et  RDT sont en bon accord avec le FSI .
L’essai de rhéologie en statique correspond mieux à l'indice de gonflement libre par
rapport à des tests de rhéologie dynamiques. Il est possible d'estimer finement le potentiel
de gonflement libre de bentonite avec des essais rhéologiques statiques.
- Cette étude a permis de démontrer que la rhéologie est en mesure de quantifier la
capacité gonflante des bentonites, des natures différentes. Les corrélations extraites de
l'approche proposée, entre le gonflement libre et la rhéologie, présentent une forte
confiance (R2 ~ 0,9). L’essai rhéologique statique permet la classification des argiles par

7
376
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

rapport à leur minéralogie, plus précisément que l’essai rhéologique en dynamique. Il a


été mis en évidence, que la rhéologie a la possibilité de quantifier finement les
caractéristiques de gonflement des bentonites et qu’elle présente l’avantage de pouvoir
mesurer le gonflement des bentonites modifiées, au-delà des capacités des mesures de
l’essai de gonflement libre.

6. Références bibliographiques

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8
377
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

COMPORTEMENT DES BETONS DE SOL SOUMIS AUX CYCLES


HUMIDIFICATION/SECHAGE

BEHAVIOUR OF SOILCRETES SUBMITTED TO WETTING/DRYING CYCLES


1 1 1 1 2
O. Helson , A.-L. Beaucour , J. Eslami , A. Noumowe , Ph. Gotteland
1
Laboratoire de Mécaniques et Matériaux du Génie Civil (L2MGC), Université de Cergy-
Pontoise, 5, mail Gay-Lussac, Neuville-sur-Oise, 95031 Cergy-Pontoise, France.
2
Fédération Nationale des Travaux Public, 3 rue de Berri, 75008 Paris, France.

RÉSUMÉ – Cette recherche s’intéresse aux bétons de sol fabriqués in-situ par jet-
grouting ou soil-mixing. L'objectif est d’évaluer la durabilité de ce matériau en vue d’une
possible utilisation structurelle. Des essais de laboratoire réalisés sur différents mélanges
sable, argile, ciment, eau, visent à déterminer les indicateurs de durabilité ainsi que les
propriétés mécaniques résiduelles dans des conditions de vieillissement accéléré.

ABSTRACT – This research focuses on soilcretes made in situ by jet grouting or soil-
mixing. The aim is to evaluate the durability of this material for possible structural use.
Laboratory tests realized on variable mixtures sand, clay, cement and water, are therefore
performed to determine the durability indicators and residual mechanical properties under
accelerated aging conditions.

1. Introduction

Le soil-mixing et le jet-grouting permettent de mélanger directement le sol en place


avec un liant afin de réaliser des éléments structurels provisoires destinés à reprendre
des charges (pieux) ou remplissant des fonctions d’étanchéités (panneaux). Ces
procédés intéressent les industriels pour leurs avantages économiques et s’accordent
avec les nouvelles exigences environnementales. Cependant, en raison des incertitudes
liées à l’hétérogénéité des sols, aux conditions environnementales et au malaxage sur
chantier, il apparait difficile de prédire les propriétés du matériau obtenu à long terme.
Seul le type et la quantité de liant, le rapport eau sur liant, et l’énergie de malaxage
sont adaptables au cahier des charges. La granulométrie (argile) et les constituants
indésirables du sol (matière organique, pollution) sont eux plus délicats à contrôler.
Aujourd’hui, les résultats de la littérature ne permettent pas de proposer des seuils à ne
pas dépasser. Il existe peu d’études paramétriques, faisant varier les constituants du sol,
et reliant les propriétés de formulation aux propriétés physico-mécaniques. La question de
la durabilité de ces matériaux se pose donc, afin notamment de valider leur pérennité.
Les travaux de recherche présentés portent sur plusieurs formulations de laboratoire
constituées de sable, d’argile, de ciment et d’eau. Différents taux de substitution du sable
par l’argile et deux dosages en ciment sont testés. L’objectif est d’analyser l’influence des
paramètres de formulation sur les propriétés mécaniques et sur le potentiel de durabilité
des bétons de sol. Les principaux indicateurs de durabilité tels que la porosité accessible
à l'eau et la conductivité hydraulique sont analysés. Ces paramètres permettent ensuite
de faire le lien avec les pertes de masse, les vitesses d'ondes P, et les résistances en
compression simple déterminées en condition de vieillissement accéléré au fil de cycles
humidification/séchage (H/S).

1
378
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2. Protocole expérimental

2.1. Matériaux et formulations

Le tableau 1 présente les différentes formulations testées. Trois sols artificiels sont
préparés en substituant du sable avec différentes proportions volumiques d’argile K [%]
(0,10 et 25% du volume de sol). Les sols mixtes élaborés sont composés de sable de
Fontainebleau NE 0/1 type (0/0.315) et de kaolinite SpeswhiteTM.
3
Deux dosages en ciment ont été testés (200 et 300 kg/m ). Le ciment utilisé est un
CEM/III C 32.5 N CE PM-ES NF contenant plus 81% de laitier de hauts fourneaux,
responsables du lent développement de la résistance, mais dont le caractère latent est
favorable en matière d’ouvrabilité. En France ce ciment est l’un des plus utilisés en
fondations car il résiste particulièrement bien aux attaques chimiques.
Enfin, la quantité d’eau dans les mélanges est fixée par rapport aux techniques de
mise en œuvre in-situ. Ce dernier paramètre est ajusté de façon à garder un étalement
constant (32 cm au mini-cône) entre les formulations (Helson, 2014).

Tableau 1. Formulations par m3 de béton de sol et caractéristiques du béton durci à 180j.


Eau
K w Ciment Kaolinite Sable Consistance ρd Vp180j fc180j
gâchage
3 3 3 3 3
[%] [%] [kg/m ] [kg/m ] [kg/m ] [kg/m ] [cm] [kg/m ] [m/s] [MPa]
200 352 0 1534 1,0±0,5 1820 3282 8,7±0,2
Aff.
0 20
300 353 0 1441 3,5±0,5 1820 3640 17,3±0,5
200 451 125 1144 31,5±1,0 1580 3148 8,5±0,2
10 31
(BAP)

300 452 115 1059 33,5±0,5 1600 3302 14,3±0,4


Etal.

200 557 243 743 32,0±2,0 1295 2680 6,3±0,2


25 47
300 559 220 672 31,5±2,0 1310 3024 11,9±1,0

2.2. Procédures

Le sable, l’argile et le ciment sont préalablement mélangés à sec pendant 5 min. Une
fois le mélange homogène, on procède au mélange mécanique avec l’eau pendant
10 minutes dans un malaxeur à mortier CONTROLAB d’une contenance de 15 litres. Les
moules cylindriques (Ø= 50mm et h= 100mm & Ø= 40mm et h= 80mm) sont ensuite
remplis en 3 couches par la méthode tapping. A l'exception des mélanges K0, plus
fermes, dont chaque couche est vibrée 20 secondes.
Les éprouvettes sont démoulées après 7 jours de maturation, enroulées dans des
chiffons humides et placées dans des sacs plastiques étanches. Ce mode de
conservation préserve l’humidité durant la cure, et évite un séchage prématuré des
bétons de sol. Les essais de durabilité sont lancés après 180 jours de cure endogène afin
d'attendre la fin des réactions d'hydratation et éviter leur interaction avec l'influence des
cycles H/S sur l'endommagement du matériau.
La masse volumique apparente sèche (ρd) et la porosité accessible à l’eau (η) sont
déterminées selon la norme béton (NF P18-459, 2010). Pour ce faire, les éprouvettes
(Ø= 40mm et h = 100mm) sont séchées dans une étuve à 60°C jusqu’à masse constante.
Une fois sèche, chaque éprouvette est pesée puis placée sous vide dans un
dessiccateur. La phase de saturation par immersion dure 3 jours, et est suivie d'une
pesée à l’état saturé et hydrostatique afin de déterminer la valeur de ρd et η.
Les essais en compression simple sont réalisés sur des éprouvettes cylindriques
(Φ=50mm et ht=100mm) poncées aux extrémités afin d’obtenir deux faces planes et
parallèles. Le chargement des éprouvettes est ensuite réalisé en contrainte contrôlée à
une vitesse de 0,04 MPa/s, à l'aide d’une presse électromécanique Instron®.

2
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

La mesure des vitesses d’ondes de compression (Vp) est effectuée à l’aide d’un
Pundit7 (Cv = 2%). La mesure consiste à émettre un signal ultrasonore sous forme d’une
impulsion et de mesurer le temps de parcours de l’onde ultrasonore entre deux capteurs
piézoélectriques, un émetteur et un récepteur, placés au contact de l’échantillon en vis-à-
vis. Ce type de mesures non destructives permet d’obtenir d'importantes informations sur
la porosité et l’état de fissuration du matériau.

Figure 1. Dispositif expérimental pour la mesure de la perméabilité à l’eau.

La détermination de la conductivité hydraulique (k) est basée sur l’utilisation d’un


perméamètre à parois flexibles (ASTM-D5058, 1997). Une cellule triaxiale est connectée
à 3 contrôleurs volume-pression de « GDS instruments Itd » (± 2 kpa et ±1 mm3). Pour la
mesure de k, le protocole mis en place au laboratoire est inspiré des travaux de
recherche de Åhnberg (Ahnberg, 2006). L’éprouvette de béton de sol (Ø= 50mm et
h=100 mm) est tout d’abord découpée et poncée de manière à obtenir une hauteur de 25
mm, puis saturé sous vide. Une fois la phase de saturation terminée, l’échantillon est
placé dans la cellule entre 2 papiers filtre et 2 pierres poreuses. L’étanchéité entre
l’échantillon et l’eau de la chambre de confinement est assurée par une membrane en
latex et 2 joints toriques aux extrémités. L’essai débute par la mesure du coefficient de
skempton (β) jusqu’à stabilisation, afin de garantir la saturation maximale de l’échantillon
avant de commencer l’essai de perméabilité (Head, 1998). Ensuite, k est déterminé en
appliquant un gradient de pression de 25 kPa et une pression effective de 30 kPa. La
conductivité hydraulique est calculée à partir de l’équation 1 :

k(m/s)=(Q.μ.L)/(ΔP.A.ρ)×107 (1)

avec Q le débit (kg/s), ρ la masse volumique (kg/m3), μ la viscosité dynamique (Pa.s),


ΔP la différence de pression, A la section de l’éprouvette (m²) et L sa hauteur (m).

2.3. Cycles humidification / séchage

Les cycles H/S modélisent les variations du niveau de la nappe phréatique que l’on
peut rencontrer in situ en fonction des saisons. Après 180 jours de conservation
endogène une partie des éprouvettes (Ø= 50mm et h= 100mm) est soumise à des cycles
H/S, afin d'engendrer un vieillissement accéléré par fatigue mécanique. Dans la littérature
plusieurs protocoles ont déjà été proposés (tableau 2). En s'appuyant sur ces différents
travaux, une phase de 2 jours d’immersion dans l’eau a été adoptée et correspond pour
les bétons de sol testés à un degré de saturation optimal (masse stabilisée). La phase de

3
380
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

séchage est-elle cependant plus délicate à établir, car la vitesse de séchage dépend à la
fois de la formulation, de la taille de l’éprouvette, de la température et de l’hygrométrie.
Dans ce travail de recherche deux types de séchage ont été testés afin d’observer
l’influence de la vitesse de séchage sur le niveau de dégradation des bétons de sol. Les
échantillons sont ainsi placés soit dans une étuve à 53°C pendant 24 heures (cycles
"accélérés"), soit dans une enceinte climatique à un degré d’humidité relative de 50%
pendant 2 semaines (cycles "longs"). Dans le cas des cycles "accélérés" la température
de séchage est inférieure à 60°C afin de limiter les contraintes d’origine thermique et
l'altération de l'argile. La durée de séchage en étuve est choisie de façon à optimiser le
nombre de cycle H/S dans une semaine et s'adapter aux contraintes pratiques (week-
end). Les essais de caractérisation sont réalisés après 3, 6, 12 et 24 cycles.

Tableau 2. Cycles H/S proposés dans la littérature pour les mélanges sol-liant.
Temps 1 cycle H/S Nombre Taille des
Référence Matériau
de cure (immersion/séchage) de cycle éprouvettes
5 h dans l’eau / 42 h dans Φ=101,6mm Sol-ciment
(ASTM D559, 2005) 7j 12
une étuve à 71°C. ht=116,4mm compacté
(Aldaood, Bouasker, 48 h dans l’eau à 20°C / 48 Φ=50mm Sol gypseux
28j 6
& Al-Mukhtar, 2014) h dans une étuve à 60°C. ht=100mm + chaux
Limon
24 heures dans l’eau / 48 h Φ=40mm
(Li, 2014) 28j 10 argileux +
dans une étuve à 40°C. ht=80mm
CEMI
1 à 4 jours dans l’eau / 24 h
(Guimond-Barrett, Φ=50mm sable/limons
7j dans une enceinte à 20°C 6
2013) ht=100mm + CEMIII/C
et 65% HR.

3. Résultats et analyse

3.1. Influence des paramètres de formulation sur les indicateurs de durabilité

La porosité et la perméabilité sont reconnues comme des paramètres ayant une


influence prépondérante sur la durabilité des bétons de part leur résistance aux attaques
chimiques, à la carbonatation ou au gel. La porosité et la perméabilité conditionnent aussi
les transferts de fluide (eau vapeur et liquide) lors des cycles humidification/séchage.
Les valeurs de porosité accessible à l’eau et de conductivité hydraulique après
180 jours de maturation sont présentées dans la figure 4.
Les porosités varient entre 28% et 48% en fonction de la teneur en argile et en ciment.
Ces valeurs sont 2 à 3 fois plus importantes que la porosité des bétons structurels
ordinaires à cause des fortes quantités d'eau de gâchage. Cependant l’ordre de grandeur
des résultats coïncide avec les résultats de Denies et Huybrechts, qui suite au
prélèvement par carottage sur 38 sites de construction de Deep Soil Mixing, ont obtenu
des porosités comprises entre 25% et 65% (Denies & Huybrechts, 2012). Pour les sols
testés, la porosité augmente linéairement en fonction de la teneur en argile, mais diminue
de 0,5 à 1% pour une augmentation de 100 kg/m 3 du dosage en ciment.
La conductivité hydraulique varie entre 3.10-9 et 10-10 m/s. Ces valeurs sont
suffisamment faible dans le cas d'application des barrières étanches où une conductivité
inférieure à 10-9 m/s est souvent exigée (Grisolia, 2012). La valeur de k est divisée par 4
en augmentant de 100 kg/m3 le dosage en ciment. L’évolution en fonction de la quantité
d’argile dans le mélange montre une augmentation quasi linéaire de k en fonction de
l'argilosité du sol et donc de la porosité. Cependant avec des porosités similaires les
formulations avec 300 kg/m3 de ciment ont une plus faible perméabilité. Ceci pourrait
s’expliquer par une plus faible taille de pores liée à la plus grande quantité de liant.

4
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 2. Porosité accessible à l’eau et conductivité hydraulique (180j).

3.2. Les cycles humidification/séchage (H/S)

3.2.1. Suivi de masse et de vitesses d'ondes P en fonction des cycles H/S


La figure 3 présente l'évolution de la masse et de la vitesse des ondes P au cours des
cycles H/S. Les résultats sont normalisés par rapport aux valeurs initiales (état saturé).
La diminution de la masse relative en fonction des cycles H/S témoigne d’un séchage
plus important au fur et à mesure des cycles, qui s’explique par l’augmentation de la
profondeur de fissuration du matériau favorisant le séchage. Que ce soit en cycles "longs"
ou "accélérés" l’ordre d’importance des pertes de masse entre les différentes
formulations est identique. La perte de masse augmente avec la perméabilité, ainsi les
bétons K25C200 ont la plus forte diminution de masse et les bétons K0C300 la plus
faible. La perte de masse n’est pas uniquement liée à la quantité d’eau présente dans le
mélange initial et donc à la quantité d’argile du sol. En effet, les bétons K25C300 et
K10C200 ont une évolution similaire qui s’explique par des valeurs de perméabilité
voisines.
Le suivi de la masse relative en fonction des cycles H/S indique un séchage plus
important pour les cycles "longs" que pour les cycles "accélérés". La quantité d’eau
perdue en deux cycles "longs" équivaut à celle perdue en 24 cycles "accélérés".
L’évolution n'est pas la même suivant le type de cycle, car pour les cycles "accélérés" le
séchage est plus superficiel. La diminution de la masse relative en fonction des cycles est
linéaire pour les cycles "accélérés" et plutôt de la forme d'une loi puissance pour les
cycles "longs". De plus après 24 cycles H/S, la chute de la masse relative ne semble pas
terminée pour la plupart des bétons de sol. Excepté, pour les formulations K0C200 et
K25C200 dans le cas des cycles "longs" qui atteignent un palier dès 5 cycles H/S.
Pour l'ensemble des formulations, une diminution de la vitesse des ondes P est
observée. Cette diminution permet d'apprécier les modifications microstructurales issues
de l'augmentation du volume des vides par fissuration. Une diminution notable de vitesse
des ondes intervient à partir de 12 cycles dans le cas de l’essai "accéléré" et dès les
premiers cycles pour l’essai "long".
Les résultats indiquent que l'effet des paramètres de formulation diffère suivant le type
de séchage, avec une influence prépondérante de l'argile pour les cycles "accélérés"
contrastée par une plus forte influence du ciment pour les cycles "longs".
Dans le cas des cycles "accélérés" une augmentation du dosage en ciment ne permet
pas de limiter la chute de Vp. Pour les cycles "longs" en revanche, une augmentation du

5
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

dosage en ciment permet de retarder la chute de Vp. Pour les bétons K25, la diminution
de vitesse est la même quel que soit le dosage en ciment en cycles "accélérés" tandis
qu’en cycles "longs" il existe un écart de 50% entre les bétons K25C200 et K25C300 qui
tend à se réduire après 15 cycles. Pour les cycles longs, les pertes de vitesse sont
d’autant plus importantes que la résistance en compression initiale des bétons est faible
(tableau 1).

a) b)

a) b)

Figure 3. Suivi de masse et de vitesses d’ondes P en fonction des cycles H/S: a) «


accélérés » et b) « longs ».

3.2.2. Endommagement mécanique au cours des cycles


Les observations visuelles montrent une fissuration importante pour les bétons de sol
contenant de l'argile, qui s'intensifie en fonction de l'argilosité du sol. La peau du béton
est clairement la partie la plus dégradée en raison du fort gradient hydrique de surface.
Ce type de sollicitation crée un phénomène de faïençage sur tout le pourtour des
éprouvettes, dont le taux de maillage augmente en fonction de la teneur en argile. Pour
les cycles "longs", la peau des bétons de sol se décolle de façon localisée, pour les
formulations les plus endommagées par les cycles (K10/C200, K25/C200 et K25/C300).
Le suivi de l'évolution de la résistance en compression simple (fc) en fonction du
nombre de cycles H/S est présenté sur la figure 3 pour les formulations K10 et K25.
Comme pour les vitesses d’onde, la résistance en compression des formulations K10
diminue moins que celles des formulations K25. De plus, la même différence de

6
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

comportement entre les cycles "accélérés" et "longs" est observée. Pour les cycles
"longs" un plus fort dosage en ciment retarde l’endommagement.
Après 24 cycles H/S, les formulations avec 25% d’argile sont très endommagées et ne
conservent que 20 à 50% de leur résistance initiale. Un dosage en ciment supérieur à 300
3
kg/m et une quantité d'argile dans le sol inférieure ou égale à 10%, permettent de
conserver suite aux cycles H/S environ 80% des propriétés mécaniques. La corrélation
entre les essais "accélérés" et "longs" semble difficile à effectuer. Le séchage est plus
intense lors d’un cycle long que lors d’un cycle court. Pour un même nombre de cycles
l’endommagement mécanique est donc logiquement moins important pour les cycles
"accélérés". L’effet bénéfique d’un plus fort dosage en ciment sur l’endommagement
mécanique n’est pas observé suite aux cycles "accélérés" à l’inverse des cycles "longs".
En considérant la perte d’eau comme moteur d’endommagement et en se plaçant donc à
un degré de séchage identique, les deux types de cycles n’entrainent pas les mêmes
pertes de résistance, notamment selon la quantité de ciment.

a) b)

Figure 4. Evolution en fonction des cycles H/S de la résistance en compression


normalisée par rapport à la résistance initiale: a) « accélérés » et b) « longs ».

4. Conclusion

En conditions d’exploitation, les bétons de sol sont potentiellement exposés à de


nombreux mécanismes de dégradation tels que les attaques chimiques, les réactions
alcali silices, et les sollicitations cycliques d'humidification/séchage.
Dans la littérature, l’estimation de la durabilité en laboratoire est souvent simulée par
des tests accélérés et il n’est pas toujours évident de proposer des tests à la fois rapides
et réalistes. Dans ce travail de recherche la durée des cycles H/S est volontairement
relativement longue afin d’accéder aux propriétés physiques et mécaniques à long terme
(72 jours pour les cycles "accélérés" et de 384 jours pour les cycles "longs"). Finalement,
les transferts de fluide diffèrent selon le type de séchage et soulignent l'importance de
maîtriser à la fois la température, l'hygrométrie et la durée de séchage.
Les résultats mécaniques montrent qu’une teneur en argile de 25% réduit
considérablement la durabilité des bétons de sol mais qu’un dosage en ciment de 300
kg/m3 permet de réduire l’endommagement jusqu’à un certain nombre de cycles. Les
méthodes non destructives sont aussi un excellent moyen d'estimer la durabilité, en
sondant l'état de fissuration au sein du matériau. A partir d'un certain seuil de fissuration

7
384
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

les vitesses d'ondes P ne sont en revanche plus mesurables. Cependant à ce niveau là


de dégradation, le matériau est généralement déjà arrivé à sa durée de vie maximale.
La résistance aux cycles H/S dépend d’une part de la perméabilité au travers l’intensité
du séchage et d’autre part de la résistance mécanique initiale. Les propriétés de
transferts obtenues confirment bien que la résistance aux cycles H/S est nettement
meilleure pour de faibles conductivités hydrauliques, comme indiqué dans un rapport paru
récemment (Perera et al., 2005). Au vu des résultats physico-mécaniques, une porosité
-9
inférieure à 40% et une conductivité hydraulique de 10 m/s semblent garantir une
durabilité convenable.
Les essais en cours cherchent à compléter ces résultats, notamment en mesurant la
résistance des bétons de sol face à un milieu chimiquement agressif.

5. Références bibliographiques

Ahnberg, H. (2006). Strength of Stabilised Soils. Swedish Geotechnical Institute,


Linköping.
Aldaood, a., Bouasker, M., & Al-Mukhtar, M. (2014). Impact of wetting–drying cycles on
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Perera, A., Al-Tabbaa, A., Reid, J., & Johnson, D. (2005). state of practice report UK
stabilisation / solidification treatment and remediation - Part V : Long-term
performance and environmental impact, Proceedings of the International Conference
on Stabilisation/Solidification Treatment and Remediation, 437–457.

8
385
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

PROPRIETES ELASTIQUES D’UNE ARGILE SOUS CHARGEMENT


TRIAXIAL - MESURE PAR PROPAGATION D’ONDES ULTRASONS

ULTRASONIC IDENTIFICATION OF ELASTIC PROPERTIES OF A REMOLDED


CLAY ON COMPLEX TRIAXIAL PATHS
1 1 1
Lamine IGHIL AMEUR , Guillaume ROBIN , Mahdia HATTAB
1
Laboratoire d'Etude des Microstructures et de Mécanique des Matériaux, Metz, France

RÉSUMÉ – L'objectif de cette étude est de caractériser l'évolution des propriétés


élastiques d'une argile qui s’endommage sous chargement triaxial. Le chargement,
suivant différents chemins de contrainte, est réalisé sur des éprouvettes de kaolin K13
saturées. La caractérisation expérimentale est réalisée par propagations ultrasons. Les
résultats montrent que la vitesse d'onde de compression est liée au phénomène de
dilatance, et dépend du niveau de contrainte et non du chemin de chargement.

ABSTRACT – The aim of this research is to characterize the variation of elastic properties
of damaged clay under triaxial loading. Triaxial loading was performed on saturated kaolin
K13 specimens following different stress paths and stress levels. Test results show that P-
wave velocity is related to the phenomenon of dilatancy, and depends on the stress level
and not on the loading path.

1. Introduction

L’endommagement progressif du sol affecte ses propriétés élastiques, celles-ci peuvent


être approchées par différentes méthodes de mesure dont la méthode par propagation
d'ondes ultrasonores, qui consiste à mesurer des vitesses d'ondes sensibles aux
propriétés élastiques du matériau (Hall et al., 2007; Fjaer et al., 2008).
Les essais mécaniques, réalisés au laboratoire sur des sables et des argiles,
permettent d'associer au pic de contrainte, observé dans le comportement mécanique,
une concentration de la déformation dans les bandes de cisaillement (Bésuelle et al.,
2000). Ces observations expérimentales mettent en évidence le phénomène de rupture
dans les sols.
Lors d'un essai triaxial sur un échantillon d'argile, le phénomène d'endommagement
peut se produire avant le pic (Desrues and Andò, 2015). Dans le cas des argiles
remaniées et reconsolidées au laboratoire, l'endommagement peut apparaitre lors du
chargement triaxial sous forme de micro-fissures. Cette microfissuration a été observée à
l’échelle microscopique par Hattab et Fleureau (2010), elle se présente localement sous
forme de plans orientés sur lesquels viennent s'arranger face contre face des particules
d'argile. Ce qui constitue des points locaux de faiblesse (Hattab, 2011) d’où peut
s’amorcer le plan de glissement qui se propage jusqu’à l’échelle de l’éprouvette. Les
propriétés élastiques du matériau, notamment à la rupture, sont susceptibles d'être
considérablement dégradées (Gaombalet, 2004).
On se propose dans cette étude d’analyser l’évolution des propriétés élastiques d’une
éprouvette d’argile sur chemins triaxiaux et en particuliers à l’état ultime. L’argile est un
kaolin k13, saturée, remaniée, reconstituée au laboratoire. Un système d'investigation
expérimental a été développé permettant de mesurer la vitesse d'ondes de compression
qui se propage dans le matériau.

1
386
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

L’approche expérimentale consiste dans un premier temps à réaliser sur des


éprouvettes d’argile normalement consolidées ou surconsolidées, différents chemins
triaxiaux drainés à '3=constante et à p'=constante. Des échantillons, provenant
d’éprouvettes ainsi sollicitées, sont ensuite récupérés pour les mesures par ultrasons. Les
essais ultrasonores sont réalisés après déchargement mécanique de l’éprouvette.

2. Propriétés du matériau utilisé et essai triaxial

2.1. Propriétés du kaolin K13

Le matériau étudié est une kaolinite commercialisée sous le nom de Kaolin K13. Ses
propriétés ont été, entre autres, caractérisées par Hammad (2010). Des essais au
granulomètre laser ont mis en évidence que près de 83% de particules était de taille
inférieure à 2 μm, et environ 30% de taille inférieure à 1 μm. Les limites de plasticité et de
liquidité sont respectivement de 20% et 40%. La densité des grains solides est égale à
2,65.

Figure 1. Matériau utilisé : (a) Photographie au MEB des particules du kaolin P300 (Hattab et
al., 2015), (b) Eprouvette découpée.

Les observations au MEB de ces particules montrent des plaquettes rigides


hexagonales constituées d'un ensemble de feuillets superposés (Fig. 1 (a)).
Les éprouvette cylindriques (Fig. 1 (b)) sont confectionnés à partir d'une boue
préconsolidée à une contrainte verticale effective 'v= 120 kPa. La boue (argile poudre +
eau désaérée) est réalisée avec une teneur en eau initiale égale à 1,5 fois la limite de
liquidité (w0=1,5wL).

2.2. Chemins triaxiaux et découpes des échantillons

Les chemins triaxiaux sont réalisés en normalement consolidés et surconsolidés, dans les
conditions drainées, avec différents chemins de contrainte (à '3 constante et purement
déviatorique à p' constante). Deux types d'essais ont été réalisés, le premier consiste à
conduire le chargement jusqu'à l'état critique, le second, consiste à réaliser différents
chemins pour atteindre un même niveau de contrainte. Ce niveau de contrainte est
désigné par le point P2, dont les coordonnées sur le plan des contraintes sont (q, p') =
(160, 300) kPa.

2
387
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Le tableau 1 présente, i) les caractéristiques des chemins normalement consolidés, p’ ic


étant la contrainte de consolidation, ii) Les essais surconsolidés caractérisés d'une part
par la contrainte de consolidation p'1, et le degré de surconsolidation OCR.
e00 et ef sont respectivement l’indice des vides initial et l'indice des vides et final
(obtenu après le déchargement isotrope).

Tableau 1. Caractéristiques des essais triaxiaux


Chemins triaxiaux normalement
Type Chemins triaxiaux surconsolidés (OC)
consolidés (NC)
d'essai
Noms p'ic (kPa) e00 ef Noms p'1 (kPa) OCR e00 ef
NC-sig200 200 0.942 0.773 OC-sig200 200 5 0.857 0.704
'3 = cste NC-sig250 250 0.961 0.550 OC-sig250 250 4 0.918 0.707
NC-sig250P2 250 0.921 0.771 OC-sig250P2 250 4 0.809 0.605
NC-sig290 290 0.966 0.736 - - - - -
NC-p200 200 0.959 0.808 - - - - -
p'=cste NC-p250 250 0.959 0.785 OC-p250 250 4 0.918 0.704
NC-p300 300 0.930 0.745 OC-p300 300 3.33 0.965 0.743
NC-p300P2 300 0.893 0.744 OC-p300P2 300 3.33 0.966 0.738

A la fin du chargement triaxial, l'éprouvette testée est extraite de la cellule après le


déchargement tel que présenté sur la figure2(a) dans le plan contrainte-déformation (q -
1).
Des échantillons, de 20 mm d'épaisseur, sont découpés à partir de l'éprouvette suivant
deux plans, le plan vertical, parallèle à la contrainte axiale '1, et le plan horizontal,
perpendiculaire à la contrainte axiale (Fig. 2 (b)). Le sens de la mesure US est représenté
sur la figure 2, pour chaque type d’échantillon (H ou V)

Figure 2. Mesure ultrasonore à la fin du chargement triaxial : (a) état final de l'éprouvette,
(b) découpe des échantillons.

3. Mesure ultrasonore

3.1. Principe de la méthode d'insertion-substitution

Pour réaliser les mesures ultrasonores, nous avons adopté la méthode d'insertion-
substitution dans un dispositif expérimental développé au laboratoire. Le schéma de
principe de cette méthode, représenté sur la figure 3, permet de déterminer la vitesse
d'onde de compression Vp.

3
388
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 3. Schéma de principe de la mesure ultrasonore par la méthode d'insertion-


substitution.
Avant de réaliser la mesure de temps de vol sur les échantillons d'argile, une mesure
de référence dans l'eau a été effectuée et caractérisée par la propagation U Reau. Les
propagations de l'onde reçues à travers l'échantillon argileux sont notées U T1 et UT2.
(Fortineau, 2006; Ighil Ameur et al., 2015).
Le rapport entre l'impulsion transmise à travers l'échantillon UT1 sur l'impulsion de
référence UReau permet de déterminer la vitesse de phase V p exprimée dans (1).

1
Vp  (1)
1 

Veau .d

Veau est la vitesse de référence calculée sur la distance séparant les deux
transducteurs (L1+d+L2). "d" est l'épaisseur de l'échantillon choisie. "" est la pulsation
d'onde elle est fonction de la fréquence choisie.  est le phasage entre UT1 et UReau.

3.2. Dispositif expérimental

Le dispositif expérimental utilisé dans cette étude est schématisé sur la figure 4. Il est
composé d'un couple de transducteurs (émetteur-récepteur) ayant un diamètre actif de 15
mm et une fréquence de sollicitation de 1 MHz. La distance séparant les deux
transducteurs est égale à 10 cm. Un générateur de fonction arbitraire sollicite le
transducteur émetteur, ce qui permet la génération puis la propagation d'une onde
ultrasonore à travers le milieu (couplant puis échantillon) pour atteindre la surface du
transducteur récepteur. L'acquisition du signal est ensuite effectuée à l'aide d'un
oscilloscope relié à un ordinateur pour le traitement de l'onde acoustique reçue.

Figure 4. Dispositif expérimental de mesure de la vitesse d'onde de compression.

Afin de préserver l'état de saturation de l'échantillon d'argile, conservée à la fin du


chargement triaxial, celui-ci est protégé par une membrane étanche en latex de quelques
microns d'épaisseur. Cette membrane a été testée, on a montré qu’elle est
acoustiquement transparente.

4
389
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4. Résultats et discussion

4.1. Etat critique

Le concept d'état critique a été établi par Roscoe et al. (1958), c'est un état ultime
observé expérimentalement et mis en évidence par de nombreux travaux tels que ceux
réalisés par Biarez et Hicher (1994).
La figure 5 montre les projections M et CSL de l'état critique du kaolin K13,
respectivement sur les plans (q, p') et (e, logp'). L'état critique est identifié sur chemins
normalement consolidés.

Figure 5. Représentation de l'état critique sur : (a) le plan [q - p'], (b) le plan [e - logp'].

Sur la figure 5 (a), le point P2 représente le niveau de contrainte atteint par quatre
chemins différents, en normalement consolidé et en surconsolidé. L’argile ainsi sollicitée
fera l’objet d’une analyse des propriétés élastiques. On peut noter que P2 se situe
suffisamment en dessous de la droite M d'état critique.

4.2. Evolution des propriétés élastiques en fonction du chemin de contrainte

4.2.1. Vitesse d'onde de compression


La figure 6 présente les variations de la vitesse d'onde mesurée suivant les chemins
triaxiaux à '3=constante et à p'=constante, normalement consolidés et surconsolidés, à
l’état critique et au point P2.

Figure 6. Vitesse d'onde de compression sur chemins à (a) '3=cste et (b) p'=cste en
fonction de l'indice des vides final.

5
390
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Les résultats montrent que le comportement normalement consolidé, en contractance


(v>0), est caractérisé par des vitesses plus élevées par rapport à celles associées au
comportement surconsolidé dont le comportement est pour la plupart dilatant (v<0). Par
ailleurs, les vitesses suivant le plan vertical (V) sont légèrement supérieures à celles
enregistrées suivant le plan horizontal (H). Ce qui met en évidence une faible anisotropie
élastique induite par le chargement triaxial.

4.2.2. Module élastique dynamique


Le module élastique dynamique Edyn est calculé à partir de la vitesse d'onde de
compression Vp suivant la formule de l'équation (2) :

(1  2 )(1   )
Edyn  .V p2 (2)
(1   )

Où  est la masse volumique de l'échantillon.  est le coefficient de Poisson, que nous


avons estimé pour chaque chemin triaxial à la fin du chargement. Pour cela la
déformation volumique (v= 1 + 23) a été estimée à partir de la déformation
volumique obtenue après déchargement de l'éprouvette. En estimant la déformation
axiale correspondante à ce déchargement (1), le coefficient de Poisson est obtenu par
le rapport (3/1). Les valeurs de  obtenues sur l'ensemble des chemins triaxiaux
varient entre 0,243 et 0,410.
Les modules élastiques dynamiques, obtenus sur les chemins triaxiaux étudiés, sont
reportés sur la figure 7 en fonction de l'indice des vides final.

Figure 7. Module élastique dynamique sur chemins à (a) '3=cste et (b) p'=cste en
fonction de l'indice des vides final.

A '3=cste (Fig. 7 (a)) les valeurs obtenues dans le comportement normalement


consolidé (2700 - 4200 MPa) sont globalement supérieures à celles calculées dans le
comportement surconsolidé (1800 - 2500 MPa). Toutefois le résultat de l'essai NC-
sig290V&H (où  = 0,383) met en évidence la sensibilité dans le calcul du module élastique
dynamique par rapport au coefficient de Poisson (estimé). A p'=cste (Fig. 7 (b)), les
valeurs du module élastique sont comprises entre 2400 et 4000 MPa et c’est le
comportement surconsolidé qui induit les valeurs les plus élevées.

4.3. Influence du chemin de contrainte

Pour analyser l'influence du chemin de contrainte, nous allons nous focaliser sur les
mesures de vitesse des ondes effectuées au niveau de contrainte représenté par P2 sur

6
391
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

la figure 5 (a). Les propriétés élastiques obtenues en ce point par les quatre chemins NC-
p300P2, NC-sig250P2, OC-p300P2 et OC-sig250P2, sont présentées sur la figure 8.

Figure 8. Propriétés élastiques du point P2 : (a) vitesse d'onde et (b) module élastique
dynamique en fonction de l'indice des vides final.

Sur chemins normalement consolidés la vitesse moyenne obtenue est de 1545 ± 4,4
m/s pour les essais NC-sig250P2 et NC-p300P2 (Fig. 8 (a)). D'autre part, les chemins
surconsolidés mettent en évidence une vitesse moyenne de 1483 ± 2,9 m/s pour les
essais OC-sig250P2 et OC-p300P2. L'écart entre ces deux valeurs moyennes (62m/s)
montre que la surconsolidation affecte la vitesse d'onde qui devient plus faible comparé
au cas normalement consolidé.
Les modules élastiques dynamiques calculés à partir de ces vitesses sont reportés sur
la figure 8 (b) en fonction de l'indice des vides final. Les résultats montrent des valeurs
très proches excepté le cas de l'essai OC-sig250P2 qui enregistre le coefficient de Poisson
le plus élevé ( = 0,410).

5. Conclusions

Une identification expérimentale des propriétés élastiques à partir de la propagation des


ondes ultrasonores a été réalisée sur une argile saturée remaniée et reconstituée au
laboratoire. L'approche expérimentale consiste, dans un premier temps, à effectuer sur
des éprouvettes cylindriques plusieurs chemins triaxiaux normalement consolidés et
surconsolidés à '3 constante et sur chemins purement déviatoriques. Les mesures
acoustiques ont été menées, par la méthode d'insertion-substitution, sur deux directions
différentes dans des échantillons d'argile après déchargement et extraction de la cellule
triaxiale.
Sur chemins normalement consolidés, nous avons identifié l'état critique sur le plan des
contraintes (q - p') et sur le plan (e - log p'). Les propriétés élastiques d'un matériau
argileux sous chargement triaxial ont pu être déterminées à partir de la mesure de la
vitesse d'onde de compression. Les résultats nous ont montré que les mécanismes de
déformation, selon que le matériau soit de type contractant ou dilatant, influençaient les
propriétés élastiques. Sur chemin normalement consolidé, la vitesse d'onde obtenue sur
un chemin à '3 constante est supérieure à celle mesurée sur un chemin purement
déviatorique. Sur chemin surconsolidé, les valeurs de vitesse d'onde sont plus réduites,
quelque soit le chemin suivi. Le module élastique dynamique a été déduit à partir des

7
392
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

mesures de vitesse d'onde. Son évolution dépend notamment de l'estimation du


coefficient de Poisson à partir des résultats expérimentaux des essais triaxiaux.
Enfin, à un même niveau de contrainte (point P2), nous avons conduit différents
chemins triaxiaux. Les résultats ont montré que le chemin de contrainte a une faible
influence sur la vitesse d'onde mesurée en ce point pour l'ensemble des chemins.

6. Références bibliographiques

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localisation phenomenon inside a Vosges sandstone in a triaxial cell. International
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kaolin/montmorillonite clay mix and microstructural identification. Geotechnique 65(1):
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Roscoe K.H., Schofield A.N., Wroth C.P. (1958). On the yielding of soils. Geotechnique
8(1): 22-53.

8
393
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

APPORTS DES ARGILES DANS L’ETUDE DES RESSOURCES


POTENTIELLES D’HYDROCARBURES DU BASSIN DU MARKSTEIN
(VOSGES)

CONTRIBUTIONS OF CLAYS AS WAY OF STUDY OF THE HYDROCARBON


POTENTIAL RESOURCES OF MARKSTEIN BASIN (VOSGES)

Tatiana MAISON1, Sébastien POTEL1


1
B2R, LaSalle Beauvais - ESITPA, Département Géosciences, 19 Rue Pierre Waguet,
F-60026 Beauvais

RÉSUMÉ – Les bassins sédimentaires sont un enjeu majeur, car ils sont le réservoir et la
source d’énergies fossiles (hydrocarbures, uranium) et renouvelables (géothermie, eau),
ainsi que le lieu de stockage artificiel de ces énergies et de leurs sous-produits (e.g., CO2).
Les argiles présentes dans le bassin du Markstein ont été caractérisées par le biais de
différentes méthodes afin de caractériser les conditions géologiques de formation des
ressources potentielles en hydrocarbures.

ABSTRACT – The sedimentary basins are a major stake, because they are the reservoir
and the source of fossil energy (hydrocarbons, uranium) and renewable (geothermal science,
water), as well as the artificial storage place of these energies and their by-products (e.g.
CO2). The occurring clays in the Markstein basin were studied by different methods to
characterize the geological conditions of formation of the potential resources of hydrocarbon.

1. Introduction

Le degré de métamorphisme des roches de basse température est très difficile à évaluer.
Des méthodes bien spécifiques existent pour le déterminer. Ainsi, les méthodes
classiquement utilisées sont en relation avec l’étude de la minéralogie des argiles qui
répondent principalement à deux facteurs que sont la durée du métamorphisme et le régime
pression/température. L’étude des argiles est souvent associée à la « cristallinité » de l’illite.
Elle a été développée dans les années 1960 pour répondre à une demande dans le domaine
de l’exploration pétrolière. Cette technique permettait de reconnaitre les différents stades de
la diagenèse atteints et donc de définir si les sédiments étaient matures, super-matures ou
stériles (Kübler et Goy-Eggenberger, 2001). Cette méthode permet également de
caractériser les transitions entre la diagenèse profonde et les zones métamorphiques de
basse température en l’absence de smectites. Elle est souvent couplée avec d’autres
techniques telles-que la réflectivité de la matière organique ou les calculs thermodynamiques
des températures. Dans tous les cas, seule une étude multi-méthodes permet d’appréhender
l’évolution thermique d’un bassin et de le caractériser par la suite en termes de ressources
potentielles, notamment en hydrocarbures. Le but de cette étude est de tester la pertinence
et l’apport de chacune des méthodes dans l’étude d’un bassin avec une histoire polyphasée
mais dans un contexte simple : ne présentant pas ou peu de tectonique (pas de
contraintes/déformations), l’évolution des argiles est étudiée uniquement sous l’angle de la
température.

1
394
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2. Contexte géologique

Basé sur les styles tectoniques, les Vosges sont généralement subdivisées en deux
domaines litho-tectoniques: la zone Saxothuringienne au nord et la zone Moldanubienne au
centre et sud, séparées par une faille majeure de direction SW-NE, la zone de cisaillement
de Lalaye Lubine (LLSZ) (Schaltegger et al., 1996). Le secteur nord est constitué de
séquences sédimentaires et volcaniques d’âges Précambrien (schistes de Villé), Silurien
(schistes de Steige) et Dévonien à Carbonifère inférieur (vallée de Bruche et évènements de
la Bande-médiane) et une série de plutons dioritiques à granitiques ; la totalité formant la
partie Saxothuringienne des Vosges. Les secteurs centraux et sud sont constitués de
séquences métamorphiques de bas à haut degré avec de nombreuses intrusions de plutons
granitoides (âge de l’intrusion entre 335 et 340 Ma, Schaltegger et al., 1996).
Le bassin du Markstein est subdivisé en unités sédimentaires : une unité allochtone au
nord (unité du Markstein) et un groupe d’unités autochtones au sud (unités d’Oderen et de
Thann) (Jung, 1928). L’unité du Markstein est composée d’une séquence sédimentaire
turbiditique siliclastique d’âge Carbonifère inférieur (jusqu’à 3500m d’épaisseur) de pélites
et grauwackes interstratifiés (Krecher et al., 2007). Les unités autochtones correspondent à
des roches volcanosédimentaires d’âge Viséen inférieur à supérieur (Skrzypek et al., 2012).
Les sédiments d’âge Viséen inférieur à moyen sont composés de pélites interstratifiées et
de turbidites grauwackes et associés à un volcanisme spilitique (Schneider, 1990).
L’unité du Markstein est entourée par une bordure granitique avec des intrusions de
veines microgranitiques (Gagny, 1968 ; Schaltegger et al., 1996) associées au « granite des
Crêtes » par Gagny (1968). Le contact est soit faillé, soit métamorphisé par métamorphisme
de contact caractérisé par une croissance secondaire de biotites et hornblendes (Petrini et
Burg, 1998). Ils ont trouvé un métamorphisme de contact dans un rayon externe jusqu’à 1500
m du contact (basé sur la présence de biotite).

3. Matériels et méthodes

3.1. Diffraction des rayons X : indice de l’illite et paramètre b des micas K (b0)

Dans les roches pélitiques en condition de métamorphisme de basse température, il n’y a


pas de formation d’assemblages minéralogiques symptomatiques. Dans ces roches, les
transitions entre les domaines non-métamorphiques et les domaines métamorphiques de
très bas-degré se produisent au sein des zones diagénétique, anchizone et épizone,
marquant des conditions de températures croissantes. Chaque zone est caractérisée par
des valeurs précises de l’indice d’illite de Kübler (Arkai et al., 2003) (Tableau 1). Une
diminution de cet indice indique une augmentation des conditions de température. La
cristallinité de l’illite décroit comme le nombre de feuillets gonflants des interstratifiés illite-
smectite (Kübler et Goy-Eggenberger, 2001).
Les analyses de diffraction des rayons X ont été réalisées sur un diffractomètre D8-
Advance Bruker-AXS (Siemens), avec un filtre Ni et un tube en Cu. Les conditions
expérimentales sont : 40 kV & 40 mA.
La séparation des argiles a été faite selon la méthodologie décrite par Schmidt et al.
(1997). Pour l’analyse de la fraction ≤2µm, les échantillons ont été séchés, glycolés et
chauffés à 550°C. La « cristallinité » de l’illite a été calculée avec le programme
DIFFRACPlus EVAL v 12.0 (©Bruker AXS). La « cristallinité » de l’illite (IC) (Kübler, 1964)
est définie par la pleine largeur, à la moitié de sa hauteur exprimée en ∆°2, de la première
réflexion basale de l’illite (10 Å) sur les diffractogrammes des rayons X (Frey, 1987 ;

2
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Guggenheim et al., 2002). La cristallinité de l’illite est ensuite transformée en indice de


Kübler en utilisant les standards de Warr et Rice (1994) (KICIS = 2,5734 * ICIPLB – 0,1348).
Les limites des différentes zones sont fournies dans le tableau 1 en tenant compte des
corrections apportées par Warr et Ferreiro Mählmann (2015).
Le paramètre b des micas blancs (b0) a été calculé sur les échantillons dépourvus de
biotite et d’interstratifiés. Ce paramètre est basé sur l’espacement cristallographique
d060,331 et l’augmentation de la substitution céladonitique dans les micas avec
l’augmentation de la pression (Guidotti et al., 1989). Il permet ainsi de déterminer le gradient
thermique supposé des échantillons analysés. Les valeurs de b se répartissent de la sorte : b
< 9,000Å correspond à des séries métamorphiques de basse pression (gradient thermique
> 35°C/km); entre 9,000Å et 9,040Å, à des séries de moyenne pression (gradient thermique
de 25-35°C/km); et plus élevé que 9,040Å à des séries de haute pression (gradient
thermique <25°C/km). La mesure s’effectue sur le pic (060) des micas blancs en mesurant
leur position quand il est présent (Sassi et Scolari, 1974).

Tableau 1 : Valeurs de l’indice de Kübler dans les différentes zones métamorphiques


Degré métamorphique KI

Diagenèse
0,52
Anchizone inférieure
0,42
Anchizone supérieure
0,32
Epizone

3.2. MEB-EDX

Les compositions chimiques des chlorites, utilisées dans la détermination du


géothermomètre de la chlorite, ont été définies par MEB-EDX (microscopie électronique à
balayage) avec un MEB de modèle Hitachi S3400N équipé d’une sonde EDX de modèle
Thermo Ultradry à LaSalle Beauvais – ESITPA. Une procédure de correction de type
NORAN a été utilisée pour toutes les réductions de données et tous les Fe sont considérés
comme ferreux. Des lames minces polies métallisées au carbone ont été analysées avec un
courant de faisceau de 60 nA, une tension d’accélération de 15 kV, un temps d’acquisition
de 30 s, et une zone d’observation de 10 mm².

3.3. Géothermomètre de la chlorite

La détermination de la température a été effectuée avec un géothermomètre de la chlorite


propose par Inoue (Inoue et al., 2009). Ce géothermomètre est applicable pour des chlorites
désordonnées de basse température formées dans des environnements métamorphiques
diagénétiques à de bas degré. La température de transition entre chlorites désordonnées et
ordonnées est d’environ 250°C, d’après Inoue. Quatre termes finaux de série géochimique
sont utilisés comme bases : chlorite trioctaédrique sans Al (Afch), corundophilite (Crdp),
chamosite (Chm) et sudoite (Sud), tous avec l’hypothèse que les cations octaédriques et les
lacunes sont distribués aléatoirement sur les sites M. Tout d’abord, la nécessaire
composition chimique des chlorites est déterminée par des analyses au MEB-EDX sur des
lames minces polies (voir paragraphe précédent). A partir de ces résultats, la répartition
cationique dans la structure est définie, avec l’hypothèse d’un ordre de Si et Al dans les sites

3
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

tétraédriques mais d’un mélange aléatoire dans un seul type de site octaédrique. Ensuite,
l’activité logarithmique idéale est déterminée. Le géothermomètre est défini comme :

(1)

4. Résultats

Au total, 70 échantillons ont été analysés. Les paragenèses des échantillons des unités du
Markstein (MAU) et d’Oderen (ODU) sont présentées dans les tableaux 2 et 3,
respectivement. Les échantillons du Markstein sont principalement composés de quartz, de
feldspaths, de chlorite et d’illite/muscovite ; la paragonite et les minéraux indices tels que
l’actinolite et la biotite sont présents en quantité variable. Les échantillons d’Oderen
présentent les mêmes phases principales, à la différence de l’actinolite et de la paragonite
qui ne sont pas présents. Il est à noter dans l’ensemble des échantillons analysés l’absence
d’argiles gonflantes.

4.1. Indices de l’illite

Les indices de Kübler (KI) ont été calculés à partir des FWHM de l’illite/muscovite. Les
valeurs obtenues sont présentées dans les tableaux 2 et 3, et la distribution spatiale des
valeurs de KI sur la figure 1.

Figure 1 : Carte simplifiée du bassin du Markstein d’après Skrzypek et al. (2012).


Distribution des KI, des b0 et des températures calculées d’après Inoue et al. (2009)

Pour l’unité du Markstein, KI est compris entre 1,39°2 et 0,27°2, ce qui correspond à
un degré métamorphique diagénétique à épizonal. Les valeurs les plus importantes sont

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Tableau 2 : Paragenèses, KI et b0 des échantillons du bassin du Markstein


Paragenèses Illite/Muscovite
Echantillons Qtz Fsp Chl Ill/Mus Act Bt Pg FWHM001 KI b0
MAU01 38% 21% 17% 23% 0,261 0,47 9,008
MAU02 42% 24% 14% 20% 0,456 0,84 9,025
MAU03 24% 23% 28% 25% 0,290 0,53
MAU04 43% 18% 18% 22% 0,265 0,49
MAU05 38% 26% 10% 26% 0,371 0,68 9,027
MAU06 27% 44% 3% 9% 10% 8% 0,305 n.d.
MAU07 38% 21% 11% 18% 11% 0,343 n.d.
MAU08 30% 30% 9% 26% 5% 0,365 n.d. 8,980
MAU09 31% 19% 20% 26% 5% 0,372 n.d.
MAU10 20% 22% 39% 19% 0,643 1,19
MAU11 12% 28% 14% 17% 29% 0,162 0,29
MAU12 27% 14% 35% 23% 0,212 0,39
MAU13 41% 19% 15% 24% 0,237 0,43 8,990
MAU14 29% 23% 26% 22% 0,221 0,40 9,007
MAU15 47% 19% 15% 20% 0,164 0,30 8,967
MAU16 32% 19% 21% 24% 4% 0,173 n.d.
MAU17 32% 23% 14% 20% 11% 0,279 n.d.
MAU18 25% 21% 28% 26% 0,209 0,38 9,009
MAU20 35% 33% 5% 17% 10% 0,316 n.d.
MAU21 37% 20% 21% 22% 0,171 0,31 9,004
MAU22 34% 18% 24% 24% 0,281 0,59 9,010
MAU23 32% 17% 23% 23% 5% 0,460 n.d.
MAU24 29% 17% 33% 21% 0,217 0,42 9,001
MAU25 45% 16% 6% 16% 17% 0,347 n.d.
MAU26 19% 14% 51% 13% 3% 0,377 n.d.
MAU27 26% 17% 22% 17% 19% 0,325 n.d.
MAU28 28% 31% 17% 20% 4% 0,459 n.d. 9,000
MAU29 36% 22% 14% 22% 5% 0,317 n.d.
MAU30 39% 20% 16% 26% 0,594 1,39
MAU31 10% 31% 9% 31% 11% 8% 0,285 n.d.
MAU32 26% 24% 6% 18% 27% 0,274 n.d.
MAU33 25% 24% 15% 19% 6% 11% 0,420 n.d.
MAU34 9% 41% 11% 23% 12% 5% 0,278 n.d.
MAU35 20% 45% 12% 23% 0,214 0,42
MAU36 29% 24% 26% 21% 0,182 0,33
MAU37 33% 25% 19% 23% 0,194 0,36
MAU38 42% 30% 12% 16% 0,458 1,04
MAU39 44% 21% 5% 21% 9% 0,291 n.d.
MAU40 40% 20% 16% 19% 5% 0,288 n.d.
MAU41 39% 20% 12% 29% 0,164 0,29
MAU42 35% 16% 21% 27% 0,159 0,27
MAU43 39% 22% 5% 29% 5% 0,220 n.d.
MAU44 34% 21% 25% 16% 5% 0,453 n.d.
MAU45 48% 10% 4% 14% 15% 9% 0,219 n.d.
MAU46 35% 21% 20% 25% 0,211 0,41
MAU47 40% 28% 4% 28% 0,279 0,58
MAU48 37% 20% 15% 28% 0,215 0,42 8,938
MAU49 54% 13% 17% 14% 2% 0,275 n.d.
MAU50 39% 20% 9% 18% 15% 0,348 n.d.
MAU51 26% 36% 15% 23% 0,244 0,49
MAU52 33% 22% 16% 24% 5% 0,243 n.d.
MAU53 48% 9% 5% 38% 0,171 0,31
MAU54 45% 16% 15% 24% 0,184 0,34
MAU56 33% 23% 15% 28% 0,354 0,78 8,999

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Tableau 3 : Paragenèses, KI et b0 des échantillons du bassin d’Oderen


Paragenèses Illite/Muscovite
Echantillons Qtz Fsp Chl Ill/Mus Act Bt Pg
FWHM001 KI b0
ODU01 25% 38% 11% 21% 4% 0,230 n.d.
ODU02 40% 27% 14% 19% 0,390 0,87
ODU03 23% 37% 10% 23% 7% 0,339 n.d. 9,020*
ODU04 39% 28% 16% 16% 0,284 0,60
ODU05 37% 35% 6% 18% 4% 0,360 n.d.
ODU06 29% 43% 3% 20% 4% 0,302 n.d.
ODU07 34% 27% 7% 26% 7% 0,404 n.d.
ODU08 35% 29% 12% 20% 5% 0,348 n.d.
ODU09 43% 15% 16% 21% 5% 0,335 n.d.
ODU10 29% 29% 4% 29% 9% 0,357 n.d.
ODU11 39% 24% 12% 16% 10% 0,301 n.d.
ODU12 37% 25% 14% 18% 7% 0,246 n.d.
ODU13 52% 16% 3% 16% 13% 0,305 n.d.
ODU14 41% 20% 3% 21% 14% 0,275 n.d.

observées dans la partie centrale de l’unité, tandis que les bordures présentent des valeurs
plus faibles. Pour l’unité d’Oderen, KI est compris entre 0,87°2 et 0,60°2, ce qui
correspond à un degré métamorphique diagénétique. Les valeurs de KI n’ont pas été
établies pour les échantillons contenant de la biotite en raison de l’interférence au niveau du
pic de 10 Å. La présence de biotite implique des conditions métamorphiques épizonales
(Tableau 1).
Les distributions spatiales des échantillons et de leurs degrés métamorphiques sont
présentées dans la Figure 1. L’unité du Markstein est localisée au nord de la ceinture des
Klippes, et l’unité d’Oderen au sud. Une zone de métamorphisme de bas-degré
(diagenèse/anchizone inférieure) est localisée au sud-ouest de l’unité du Markstein, orientée
NW/SE. Dans la direction NE, une transition progressive est marquée par l’anchizone
supérieure, puis par l’épizone. Dans la direction SW, une transition brutale passe de
l’anchizone inférieure à l’épizone. Une anomalie est localisée dans l’unité d’Oderen : un point
diagénétique dans la zone épizonale est dû à la présence de paragonite (10% ; cf. Tableau
3). Les échantillons contenant de la biotite et l’actinolite sont présentés dans la Figure 1. La
distribution d’actinolite, indiquée par le degré d’épizone, correspond aux résultats de KI et la
zone à biotite.

4.2. Paramètre b des micas K

Le paramètre b des micas K (Tableaux 2 et 3, Figure 1) montre une répartition spatiale en


fonction des valeurs de KI. Les valeurs les plus élevées sont trouvées au cœur du bassin
avec des valeurs de KI élevées (conditions métamorphiques diagénétiques à anchizonales).
Les valeurs les plus faibles du paramètre b sont observées en périphérie du bassin dans la
zone à biotite correspondant à des valeurs de KI faibles (conditions épizonales).

4.3. Géothermomètre de la chlorite

Les températures déterminées avec le géothermomètre de la chlorite sont présentées dans


la figure 1 et le tableau 4. La chlorite analysée présente un rapport Mg/(Mg+Fe) d’environ
0,50 et une teneur en Si en-dessous de 3,00 a.p.f.u (environ 2,90 en moyenne). Les
températures dans la partie Nord du bassin (unité du Markstein) sont plus importantes que
celles de la partie Sud (unité d’Oderen). La température la plus faible (échantillon MAU46)
est localisée dans la partie centrale du bassin.

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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Tableau 4 : Analyses chimiques de chlorite représentatives basées sur 14 oxygènes


Echantillon N° MAU26 MAU33 ODU09 ODU03 MAU46
n 42 SD 24 SD 7 SD 3 SD 2 SD
Si 2,88 0,07 2,88 0,06 2,91 0,04 2,91 0,02 2,95 0,02
Ti 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,01 0,01 0,01
AlIV 1,12 0,07 1,12 0,06 1,09 0,04 1,09 0,02 1,05 0,02
AlVI 1,39 0,06 1,38 0,03 1,39 0,04 1,31 0,02 1,18 0,03
Fe2+ 2,24 0,12 2,29 0,09 2,24 0,11 2,35 0,03 2,35 0,21
Mn 0,01 0,02 0,01 0,02 0,01 0,03 0,04 0,01 0,00 0,00
Mg 2,22 0,13 2,19 0,12 2,21 0,05 2,16 0,07 2,35 0,18
Ca 0,01 0,01 0,01 0,01 0,00 0,00 0,01 0,01 0,00 0,00
Na 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00
K 0,00 0,01 0,00 0,00 0,00 0,01 0,01 0,01 0,01 0,02
Mg/(Mg+Fe) 0,50 0,03 0,51 0,02 0,50 0,02 0,48 0,01 0,50 0,04

T°C Inoue 331 37 320 58 294 46 265 72 275


Les calculs sont basés sur 14 oxygènes (base anhydre). SD: déviation standard. Les températures sont
calculées par utilisation du géothermomètre d’Inoue et al, (2009).

5. Discussion - conclusion

Pour les unités du Markstein et d’Oderen, une relation entre la position des échantillons et le
degré métamorphique peut être établie, en lien avec les intrusions granitiques encaissantes
du bassin.
Ainsi, la présence de biotite dans les sédiments en bordure du bassin indique des
conditions métamorphiques plus élevées qu’au cœur de ce dernier. Cette zonation, liée à la
mise en place des granites aux alentours de 340 Ma (Schaltegger et al., 1996) avait été
décrite dans la littérature par Pétrini et Burg (1998) mais ne concernait qu’une zone
s’étendant sur 1500 m vers l’intérieur du bassin. Ici, l’utilisation de la diffraction des rayons
permet une meilleure résolution et de montrer que cette zone s’étend sur 3000 m.
Les données de cristallinité de l’illite confirment cette observation en montrant une
zonéographie identique avec un cœur du bassin montrant des conditions diagénétiques
(associées à l’enfouissement des sédiments) et épizonales au contact des intrusions
granitiques. Les données de température obtenues par le géothermomètre d’Inoue et al.
(2009) indiquent des valeurs autour de 300°C en bordure du bassin.
Les valeurs du paramètre b des micas potassiques montrent que la zonéographie du
bassin n’est pas uniquement dû à la mise en place des granites, puisque dans la partie
centrale du bassin, là où les valeurs de KI sont les plus élevées, les valeurs montrent un
métamorphisme de type enfouissement et non de contact.
La combinaison des différentes méthodes nous permet ici de mettre en évidence une
histoire complexe et de tracer les limites d’influence des différents évènements thermiques
qui ont pu affecter notre bassin. Un premier évènement thermique a lieu lors de
l’enfouissement des sédiments et un deuxième va lui succéder aux alentours de 340 Ma avec
la mise en place des granites en bordure du bassin. Ceci permet de retracer les paléo-
températures qui ont pu affecter le bassin et ainsi estimer les possibilités de ressources
potentielles (hydrocarbones liquides et gazeux). En effet, les conditions diagénétiques
(environ 100°C) du cœur du bassin indiquent les conditions potentielles de la fenêtre à huile
(gamme de températures où on peut générer des hydrocarbures) : cette zone pourrait
présenter des hydrocarbures liquides (températures de formation entre 60°C et 120°C). En
bordure de bassin, les conditions épizonales (environ 300°C) présentent une température
trop élevée pour que cette zone soit pétrolifère.

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6. Références bibliographiques

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8
401
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

RELATIONS ENTRE LES PARAMÉTRES HYDROMÉCANIQUES ET LA


RÉSISTANCE À L’ÉROSION INTERNE D’UN SOL FIN TRAITÉ

RELATIONSHIPS BETWEEN THE HYDRO-MECHANICAL CHARACTERISTICS


AND THE INTERNAL EROSION RESISTANCE OF A TREATED SOIL
1, 2 2 2
Abdelwadoud MEHENNI , Olivier CUISINIER , Farimah MASROURI , Emmanuel
1
LAVALLEE
1
Bouygues Travaux Publics, Guyancourt, France
2
LEMTA (CNRS, UMR 7563), Université de Lorraine, Nancy, France

RÉSUMÉ – Cette étude met en évidence les améliorations des caractéristiques


hydromécaniques et de la résistance à l’érosion interne d’un sol fin par l’ajout d’un produit
de traitement. Selon chaque produit, ces améliorations se traduisent soit par une baisse
de la conductivité hydraulique et/ou une augmentation de la résistance mécanique, et/ou
une augmentation de la résistance à l’érosion interne. Les résultats montrent que les
différents produits de traitement permettent d’ajuster les caractéristiques des sols fins.

ABSTRACT – This study presents the improvements of hydro-mechanical and internal


erosion resistance characteristics of fine graded soils by addition of a treatment product.
Depending on the product type, the treatments resulted either in a decrease of the
hydraulic conductivity and/or an increase of mechanical strength, and/or an increase of
the internal erosion resistance. The results showed that the treatment products improved
the hydro-mechanical characteristics of fine soils.

1. Introduction

Les sols employés pour la réalisation d’ouvrages hydrauliques doivent répondre à un


certain niveau de performances hydrique, mécanique et d’érodabilité. Cependant, souvent
les sols disponibles dans l’emprise des ouvrages ne répondent pas aux critères
techniques requis. Le traitement des sols peut alors être utilisé pour faciliter la mise en
œuvre des matériaux très humides et pour améliorer les performances mécaniques et/ou
hydriques des sols. Toutefois, l'utilisation des sols traités dans les ouvrages hydrauliques
soulève d'autres questions. En effet, en plus d’assurer leur stabilité globale et leur
fonction hydraulique, ces ouvrages doivent faire face aux différents mécanismes d’érosion
et notamment les mécanismes d’érosion interne.
Afin de caractériser l’érosion des sols, et notamment l’érosion interne qui se développe
dans un conduit, Wan et Fell (2002) ont mis en place le Hole Erosion Test (HET) qui
permet de déterminer la loi d’érosion d’un sol sous la forme suivante :

  ker    c  (1)

où :  est le taux d’érosion par unité de surface et par unité de temps (kg/s/m2) ; τc est
la contrainte de cisaillement hydraulique (Pa) ; ker est le coefficient d’érosion du sol (s/m);
τc est la contrainte critique du sol (Pa).
Les deux paramètres d’érosion ker et τc caractérisent l’érodabilité d’un sol et sont
influencés par plusieurs facteurs. Plusieurs études traitent de l’influence des conditions de
compactage des sols sur ces deux paramètres (e.g., Wan et Fell, 2002 ; Whal, 2010 ;
Benahmed et Bonelli, 2012 ; Bennabi et al., 2012 ; Haghighi, 2012). Ces études montrent
notamment que l’augmentation de la densité sèche initiale induit une diminution du

1
402
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

coefficient d’érosion ainsi qu’une augmentation de la contrainte critique. Cependant, rares


sont les études qui traitent de l’évolution des deux caractéristiques d’érosion des sols
après l’ajout d’un produit de traitement type chaux et ciment (e.g., Indraratna et al. 2009 ;
Chevalier et al. 2012 ; Herrier et al. 2015). Ces études montrent que le traitement à la
chaux/ciment permet d’augmenter la contrainte critique et de diminuer le coefficient
d’érosion des sols. Cependant, le nombre très limité de ces études ne permet pas de bien
mettre en évidence le rôle du dosage et du temps de cure sur l’ampleur des modifications
des caractéristiques d’érosion par traitement. Ce manque de données est principalement
lié aux limites des dispositifs actuellement disponibles qui ne permettent pas d’appliquer
des contraintes de cisaillement hydraulique assez élevées pour provoquer l’initiation du
processus d’érosion dans les sols traités.
Cet article vise à quantifier l’impact de différents traitements sur les caractéristiques
hydrique, mécanique et en particulier la résistance à l’érosion interne d’un limon fin. Les
relations existantes entre les différentes caractéristiques ont aussi été mises en évidence.

2. Matériaux et méthodes

2.1. Sol et produits de traitement

L’étude a été réalisée sur un limon fin du Bassin Parisien [classe GTR : A1 ; wL = 28,5 % ;
wP = 20,5 % ; VBS = 1,56 ; pourcentage (< 80 µm) = 99,2 %]. Les produits de traitement et
les dosages utilisés sont les suivants : une kaolinite (2, 5 et 9 %), une bentonite calcique
activée (2, 5 et 9 %), une chaux vive (1 et 3 %) et un ciment CEM II (3 et 6 %).

2.2. Modalités de traitement et de compactage

Pour la confection des mélanges sol-produits de traitement, le sol a été préparé à la


teneur en eau souhaitée, puis conservé durant 24 heures pour homogénéisation. Ensuite,
le produit de traitement correspondant a été mélangé avec le sol par un malaxage
mécanique. Le sol traité à la chaux a été conservé pendant 1 heure dans des sacs
hermétiques avant compactage. Le sol traité au ciment a été compacté directement après
malaxage. Pour le sol traité par produits argileux, aucun temps d’attente n’a été
nécessaire entre le malaxage et le compactage. Par la suite, les courbes de compactage
Proctor ont été déterminées pour chaque traitement et chaque dosage étudié.
Les éprouvettes destinées aux essais hydrique et mécanique, de taille D = 35 mm,
H = 70 mm, ont été compactées statiquement par double pistonnage. Pour les
éprouvettes destinées à des essais HET, le sol a été compacté directement dans la
cellule d’essai (D = 70 mm, H = 150 mm) par compactage statique. Toutes les
éprouvettes ont été compactées du côté humide de l’optimum avec : w = wOPN+2,5% et
0,96 ρdmax<ρ< 0,97 ρdmax, L’optimum étant déterminé selon chaque modalité de traitement.
Par ailleurs, différents temps de cure (1, 7, 30 et 90 jours) ont été testés dans le cas du
traitement à la chaux et au ciment.

2.3. Programme expérimental

La caractérisation du comportement hydromécanique et de la résistance à l’érosion


interne se base sur trois essais :
– la résistance à la compression simple (Rc) : les essais ont été réalisés avec une vitesse
de déplacement constante de 1,05 mm/min. Pour chaque modalité de traitement,
l’essai a été réalisé sur trois éprouvettes et la moyenne a été prise en considération ;

2
403
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

– la conductivité hydraulique à l’état saturé (k) : des perméamètres à paroi flexible


(cellules triaxiales), combinés à des contrôleurs pression volume ont été utilisés, la
conductivité hydraulique a été mesurée après saturation des éprouvettes ;
– la résistance à l’érosion interne par dispositif type HET (ker et τc) dont les détails sont
donnés dans la section suivante.

3. Dispositif d’érosion interne HET optimisé

Le principe de l’essai HET consiste à établir un écoulement d’eau dans un conduit


cylindrique préformé initialement dans l’éprouvette de sol. Les contraintes de cisaillement
hydraulique générées à l’interface sol/eau provoquent alors l’érosion du sol dans le
conduit. Le processus d’érosion du sol est déterminé à travers le suivi de l’évolution du
diamètre du conduit en fonction du temps.

3.1. Dispositif expérimental

Le dispositif HET développé dans le cadre de ce travail a été conçu spécifiquement pour
la détermination du processus d’érosion des sols traités sous hautes contraintes de
cisaillement hydraulique (Figure 1). Ce dispositif comporte plusieurs nouvelles
améliorations qui concernent principalement : i) le système l’application de pression à
l’entrée de la cellule (avec une pression maximale de 670 kPa). Cette pression est
appliquée par un réservoir à membrane air-eau, le maintien du niveau de pression se fait
par le réglage automatique de la vanne de régulation d’entrée d’air dans le réservoir. ii) La
cellule d’essai qui a été conçue de manière à maintenir l’éprouvette de sol intacte même
sous hautes contraintes hydrauliques.
Le dispositif comporte aussi d’autres composantes, à savoir : i) des capteurs de
pression placés dans la chambre d’entrée et dans la chambre de sortie permettant la
mesure du différentiel de pression (ΔP) entre l’amont et l’aval de la cellule, ii) un
débitmètre à ultrasons placé en amont de la cellule d’essai, iii) un turbidimètre connecté à
la chambre de sortie et permettant la détermination de la concentration des particules de
sol dans les effluents. Le dispositif et la méthode d’analyse sont décrits en détail dans
Mehenni (2015) et Mehenni et al. (2016).

Figure 1. Dispositif HET développé spécifiquement pour la caractérisation de l’érosion


interne des sols traités.

3
404
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.2. Procédure d’essai

Après le compactage du sol, le conduit initial est réalisé par forage, avec un diamètre
variant entre 3 et 6 mm. L'éprouvette du sol est ensuite placée dans la cellule d’essai.
L’essai d'érosion est réalisé par application d'une pression constante à l'entrée de la
cellule d’essai. L’objectif étant de maintenir cette pression à un niveau stable pendant
l'essai et de mesurer pour chaque pas de temps le débit d’eau traversant le conduit, le
différentiel de pression entre l’amont et l’aval, et aussi la turbidité des effluents.
À la fin de l’essai, le conduit érodé est rempli avec de la paraffine liquide afin de
déterminer la géométrie et le diamètre final moyen.

3.3. Modèle d’analyse

Pour établir la loi d’érosion d’un sol (équation 1), il est nécessaire de calculer la valeur de
 et de τc tout au long du processus d’érosion. Avec les hypothèses considérées par Wan
et Fell (2002), les deux paramètres se calculent comme suit :

   d .dr(t ) / dt (2)
 c  P /2.L.r(t ) (3)

Où : dr(t) est la variation du rayon r(t) durant un intervalle de temps t.


Les équations 2 and 3 montrent que la détermination de la loi d’érosion passe par la
détermination du rayon du conduit tout au long du processus d’érosion. Pour cela, la
méthode du signal de turbidité a été utilisée (e.g., Reddi et al. 2000 ; Benahmed et Bonelli
2007 ; Haghighi 2012).

4. Impact du traitement sur le comportement hydrique et mécanique du sol

Avec un compactage du côté humide de l’optimum, le limon sans traitement présente une
résistance à la compression Rc de 142 kPa et une conductivité hydraulique k de
6,0 × 10-09 m/s. ces deux valeurs constituent les valeurs références de l’étude.
L’ajout de la kaolinite ou de la bentonite n’a pas modifié de manière significative la Rc
du limon (Tableau 1). L’ensemble des éprouvettes compactées du côté humide de
l’optimum présente une Rc variant entre 142 et 186 kPa. L'ajout de 2 et 5 % de kaolinite
permet de réduire k à 2,3 × 10-09 et 1,3 × 10-09 m/s respectivement. L’utilisation d’un
dosage plus élevé en kaolinite (9 %) induit une réduction encore plus importante de k qui
atteint une valeur de 7,3 × 10-10 m/s (Tableau 1). L’ajout de la bentonite engendre une
réduction significative de k, l’ampleur de cette réduction est plus importante avec des
dosages élevés en bentonite (Tableau 1).
L’ajout de la chaux engendre une augmentation de Rc qui atteint, sans période de cure,
200 et 250 kPa respectivement pour 1 et 3 % de chaux. Après une période de cure de 90
jours, Rc atteint 300 kPa pour 1 % de chaux et une valeur de l’ordre de 500 kPa pour 3 %
de chaux. Par rapport au sol naturel, Rc a augmenté avec un ratio de 2 et 3,5
respectivement pour 1 et 3 % de chaux. L’ajout de 1 % chaux n’a pas modifié de manière
significative k qui atteint une valeur de 9,0 × 10-09 m/s après 90 jours de cure. Avec un
dosage de 3 % de chaux, k du limon diminue légèrement et atteint une valeur de 9,7 × 10-
10
m/s après 90 jours de cure. De plus, k reste stable sur la période de cure variant entre 0
et 90 jours de cure.
L’ajout du ciment engendre une augmentation de Rc qui atteint, après 90 jours de cure,
des valeurs de l’ordre de 800 et 1500 kPa respectivement pour 3 et 6 % de ciment. Par

4
405
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

rapport au sol naturel, Rc a augmenté avec un ratio de 5,5 et 10,9 respectivement pour 3
et 6 % de ciment. Avec un dosage de 3 % de ciment, k du limon diminue légèrement et
-09
atteint une valeur de 1,9 × 10 m/s après 90 jours de cure. Avec un dosage de 6 % de
ciment, k diminue d’un ordre de grandeur par rapport à k du limon sans traitement. k reste
stable sur la période de cure variant entre 0 et 90 jours de cure pour les deux dosages
étudiés.

Tableau 1. Impact du traitement sur la conductivité hydraulique (k) du limon.


3
Nature de traitement Notation ρd (Mg/m ) w (%) k (m/s) Rc (kPa)
-09
Limon naturel S 1,73 17,5 6,0 × 10 142
-09
+ 1 % chaux SL 1% 1,70 20,0 9,0 × 10 331 (90 j)
-10
+ 3 % chaux SL 3% 1,68 20,0 9,7 × 10 485 (90 j)
-09
+ 3 % ciment SC 3% 1,75 17,5 1,9 × 10 818 (90 j)
-10
+ 6 % ciment SC 6% 1,75 17,5 7,3 × 10 1554 (90 j)
-10
+ 2 % bentonite SB 2% 1,74 17,8 2,2 × 10 155
-11
+ 5 % bentonite SB 5% 1,74 18,8 5,1 × 10 175
-11
+ 9 % bentonite SB 9% 1,68 20,0 2,6 × 10 142
-09
+ 2 % kaolinite SK 2% 1,73 18,0 2,3 × 10 186
-09
+ 5 % kaolinite SK 5% 1,75 17,5 1,3 × 10 186
-10
+ 9 % kaolinite SK 9% 1,74 18,3 7,3 × 10 170

5. Impact du traitement sur la résistance à l’érosion

Les caractéristiques d’érosion (ker, τc) du limon avec et sans traitement sont présentées
dans la Figure 2. Les principaux résultats sont synthétisés dans cette partie.

5.1. Limon sans traitement

Plusieurs essais ont été réalisés sur des éprouvettes compactées dans les mêmes
conditions, et seules les éprouvettes dont le conduit final est érodé de manière uniforme
ont été analysées. Le limon sans traitement présente une τc variant entre 291 et 615 Pa,
et un ker variant entre 1,13 × 10-4 et 3,04 × 10-4 s/m. Les valeurs moyennes retenues
comme références sont : τc = 429 Pa et ker = 2,0 × 10-4 s/m. Les résultats montrent que le
dispositif assure une bonne répétabilité des essais, les rapports de variation des deux
caractéristiques mesurées sont similaires aux rapports usuellement obtenues à partir
d’essai HET (e.g., Wan et Fell 2002, Haghighi 2012).

5.2. Traitement par produits argileux

Le traitement avec un dosage de 2 % de kaolinite engendre une légère augmentation de


τc avec une valeur moyenne de 607 Pa, ker n’a pas été modifié de manière significative.
Pour un dosage de 9 % de kaolinite, τc n’a pas été modifié de manière significative,
cependant, ker a diminué d’un ordre de grandeur par rapport à ker du limon non traité.
L’ajout de la bentonite induit une légère diminution de τc, mais qui reste toutefois dans
l’intervalle de variation de τc du limon sans traitement avec une valeur moyenne de 316 et

5
406
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

294 Pa pour 2 et 9 % de bentonite respectivement. Avec l’ajout de la bentonite, ker a


diminué d’un ordre de grandeur pour les deux dosages de bentonite.

5.3. Traitement à la chaux


-4 -4
Avec un traitement par 1 % de chaux, ker varie entre 1,09 × 10 et 2,87 × 10 s/m
indépendamment de la période de cure. τc augmente après traitement à 1 % de chaux
avec des valeurs variant entre 963 et 1538 Pa après 30 jours de cure. Avec un traitement
-4 -4
par 3 % de chaux, ker varie entre 1,54 × 10 et 4,52 × 10 s/m indépendamment de la
période de cure. Cependant, τc augmente après traitement à 3 % de chaux avec des
valeurs variant entre 1035 et 1845 après 30 jours de cure. Le temps de cure ne semble
pas affecter l’évolution de ker. Cependant, τc tend à augmenter avec l’augmentation du
temps de cure.

5.3. Traitement au ciment

Le traitement à 3 % de ciment, ne modifie pas de manière significative ker. Cependant, τc


augmente avec une valeur moyenne de l’ordre 2900 Pa indépendamment du temps de
cure. Avec un dosage plus élevé en ciment (6 %) τc augmente de manière encore plus
importante est atteint une valeur de l’ordre de 9800 kPa après 7 jours de cure seulement.
De plus, avec un dosage de 6 % de ciment ker est diminué d’un ordre de grandeur.
Le coefficient d’érosion (s/m)

La contrainte critique (Pa)

Figure 2. Impact du traitement sur les caractéristiques d’érosion du limon.

7. Relation entre les caractéristiques hydromécaniques et l’érosion interne

L’évolution de τc en fonction de Rc est illustrée dans la Figure 3.a. Les valeurs maximales
de τc sont obtenues pour les valeurs les plus élevées de Rc. De plus, l’augmentation de Rc
s’accompagne d’une augmentation de τc. Cette tendance peut être expliquée par les liens
cimentaires qui se créent dans le sol traité et qui confèrent au sol une meilleure
résistance mécanique, et aussi une meilleure résistance à l’arrachement lors du
processus d’érosion. Les résultats montrent que la relation entre τc et Rc peut être définie

6
407
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

par des domaines de variations par paliers pour les deux paramètres comme illustré dans
le Figure 3.a. Ces domaines permettent de donner une idée sur l’ordre de grandeur de τc
à partir des résultats des essais Rc. Ces résultats peuvent être utilisés sur des sols
limoneux similaires au sol étudié comme un premier indicateur du niveau de la contrainte
critique avant la réalisation des essais d’érosion qui nécessitent des moyens techniques
adaptés et des délais plus long.
La Figure 3.b montre l’évolution de ker en fonction de k. Globalement, les valeurs du
coefficient d’érosion peuvent être séparées en deux zones. Une zone où le coefficient
d’érosion est supérieur à 1 × 10-04 s/m et avec des valeurs de k globalement supérieures
-09 -04
à 1 × 10 m/s. Une seconde zone où ker est inférieur à 1 × 10 s/m et avec des valeurs
-09
de k inférieures à 1 × 10 m/s. La corrélation entre ces deux paramètres est faible, mais
une tendance d’augmentation du ker est observée avec l’augmentation de k.

Le coefficient d’érosion (s/m)


La contrainte critique (Pa)

a) b)
La résistance à la compression simple (kPa) La conductivité hydraulique (m/s)

Figure 3. Relations entre les caractéristiques hydromécaniques et d’érosion interne.


a) Relation entre τc et Rc. b) Relation entre ker et k.

8. Conclusion

Le principal objectif de cette étude a été de déterminer l’impact du traitement sur les
caractéristiques hydromécaniques et la résistance à l’érosion interne d’un sol fin. Un
dispositif d’érosion type HET a été développé spécifiquement pour la quantification de
l’évolution des caractéristiques d’érosion après traitement. Le nouveau dispositif permet
ainsi de réaliser des essais d’érosion interne soumis à des pressions pouvant atteindre
670 kPa. Les résultats de cette étude ont permis de présenter les conclusions suivantes :
o l’ajout d’un produit argileux permet de diminuer la conductivité hydraulique et aussi
le taux d’érosion des particules de sol. L’ampleur de ces effets est liée à la nature
et au dosage de l’argile utilisée ;
o l’ajout de la chaux permet d’augmenter la résistance mécanique du sol et aussi la
contrainte critique du sol. De plus, la maitrise des conditions de compactage
permet de maintenir, voire de diminuer, la conductivité hydraulique du sol après
traitement ;

7
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

o le traitement au ciment permet d’augmenter la résistance mécanique et aussi la


résistance à l’érosion des sols et aussi de maintenir, voire de diminuer en fonction
du dosage, la conductivité hydraulique du sol après traitement.
Les résultats obtenus dans le cadre de ce travail montrent que la technique du
traitement des sols, utilisée couramment dans le domaine des projets linéaires, peut être
envisagée lors de la réalisation d’ouvrages hydrauliques. En effet, cette technique permet
de :
o diminuer ou de supprimer des matériaux d’apport par la valorisation maximale des
matériaux du site avec un traitement adapté ;
o remplacer les dispositifs d’imperméabilisation (géomembranes, ouvrages en
béton, …) par la constitution de barrières peu perméables en sol traité ;
o gagner en sécurité à l’érosion interne et d’optimiser la stabilité globale de l’ouvrage
moyennant les améliorations des propriétés des sols par traitement.

9. Références bibliographiques

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8
409
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

DEVELOPPEMENT D'UN NOUVEL ESSAI DE CARACTERISATION DE


L'ERODABILITE DES SOLS - LE « WHEEL EROSION TEST » (WET)

DEVELOPMENT OF A NEW SUBMERSIBLE TEST TO CHARACTERISE THE


EROSION OF SOILS – THE WHEEL EROSION TEST
1 1 1 1
Ousseynou NDOYE , Christophe CHEVALIER , Philippe REIFFSTEK , Sonia FANELLI
1 2
Carlos MINATCHY , Damien PHAM-VAN-BANG
1
Université Paris-Est, IFSTTAR, GERS, SRO, Marne-la-Vallée, France
2
Université Paris-Est, Laboratoire d’Hydraulique Saint-Venant, ENPC, EDF R&D,
CEREMA, Chatou, France

RÉSUMÉ – Les mécanismes d’érosion et d’affouillement sont des sujets très complexes.
Pour améliorer la caractérisation de ces phénomènes, un nouvel essai, le « Wheel
Erosion Test », a été développé. Il consiste à faire tourner une roue au dessus d’un lit de
sédiments. A partir d’une contrainte seuil, une fosse d’érosion est observée et ses
dimensions peuvent être mesurées par des méthodes acoustiques ou optiques.

ABSTRACT – The mechanism of the scour process is a most challenging subject. To


improve its understanding, a new test, the Wheel Erosion Test (WET), was developed. It
consists in a wheel rotating upon a layer of sediments. If the stress produced by the wheel
is sufficient, grains are eroded and a scour hole is observed. The dimensions of the scour
hole can be characterized by video camera and acoustic measurements.

1. Introduction

Les ouvrages d’art en milieu aquatique peuvent être menacés par des phénomènes
érosifs, c’est notamment le cas des piles de ponts soumis à l’affouillement sous l’effet
d’efforts hydrodynamiques qui peuvent être variables ou continus (Briaud, 2008). A terme,
l’affouillement peut impacter la capacité portante de l’ouvrage et mener à sa ruine.
Cependant les mécanismes en jeu dans ce processus érosif sont très difficiles à évaluer,
surtout à l’échelle réelle (Delancret, 2015).
Plusieurs dispositifs, comme les érodimètres à jets (Hanson, 2004 ; Reiffsteck et al.,
2012), l’«Erosion Function Apparatus» (Briaud et al., 2001) ou le «Hole Erosion Test»
(Chevalier et al., 2010 ; Haghighi et al., 2013 ; Wan et Fell, 2004) ont été développés pour
mesurer l’érodabilité d’un sol. Cependant, la transposabilité des résultats d’essais en
laboratoire aux sites réels s’avère délicate. Les essais en laboratoire utilisent des
sollicitations tangentielles bien contrôlées mais ne sont pas exploitables sur site tandis
que les essais de terrain (plus simples) utilisent généralement des jets perpendiculaires
au sol peu représentatifs des phénomènes naturels. Une étude récente (Jerez Loaiza,
2012) a par ailleurs montré qu’il n’existe pas de méthode pour simuler les propriétés d’un
sédiment cohésif réel en laboratoire et qu’il est préférable de faire, dans un premier
temps, les mesures en laboratoire pour connaitre le comportement des sédiments et,
ensuite, de faire les expériences directement sur site pour avoir les caractéristiques
réelles d’érosion.
Pour surmonter ces difficultés, il a été conçu un nouveau dispositif, le « Wheel Erosion
Test » (WET – essai d’érodimètre de roue). Cet essai permet de générer une sollicitation
tangentielle à l’interface et d’obtenir des observations et des mesures précises du

1
410
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

phénomène d’érosion dans des conditions contrôlées de laboratoire tout en étant


transposable et utilisable dans les conditions réelles du terrain.

2. Développement du prototype

2.1. Principe de l’essai

Afin de quantifier les diverses contraintes qu’il convient de prendre en compte pour
concevoir un dispositif de terrain, les premiers essais sont réalisés sans courant ambiant
en présence d’une érosion due uniquement à la rotation d’un mobile cylindrique (la roue)
tournant selon un axe horizontal au dessus d’un lit sédimentaire dans un aquarium rempli
d’eau douce. La vitesse de rotation de la roue et sa distance par rapport à la surface du
sol sont contrôlables. La rotation de la roue entraine le fluide ambiant et induit ainsi une
contrainte tangentielle sur l’interface eau-sédiment. Lorsque cette contrainte est suffisante
une mise en mouvement des particules du lit provoque l’apparition d’une fosse d’érosion.
Les dimensions géométriques de celle-ci (longueur, largeur, profondeur) sont mesurées.
Elles permettront de calculer le volume érodé et par conséquent la masse de sol
correspondante et donc d’établir une loi macroscopique d’érosion. Cette loi pourra être,
par la suite, affinée pour donner lieu à une loi plus locale exprimant l’écoulement en terme
de contrainte de cisaillement.

2.2. Dispositif expérimental

Le dispositif utilisé dans cette étude est illustré par la Figure 1. Il se compose des
éléments suivants :
- un aquarium de 120 cm de longueur, de 50 cm de largeur et de 50 cm de hauteur,
rempli d’eau jusqu’à une hauteur de 41 cm et, dans la présente étude, de 7 cm de
sable de Fontainebleau ;
- une structure constituée d’un assemblage de profilés en aluminium : un bâti et un bras
mobile sur l’axe vertical descendant ZZ’. Le bras mobile supporte une roue de diamètre
10 cm et de largeur 13 cm, et est relié à une manivelle qui permet de régler la distance
initiale (Hi) entre la roue et le lit sédimentaire ;
- un moteur de marque DMX-UMD monté sur la structure en aluminium et connecté à un
ordinateur afin de piloter la vitesse à la périphérie de la roue (VR) grâce à un logiciel
dédié ;
- un niveleur intégré sur la structure qui permet de réaliser une surface plane du lit
sédimentaire initial.

X Y M
Niveleur
Z mobile selon
XX’
Aquarium
Bras mobile
suivant ZZ’
R
Roue en rotation VR

Distance roue-sol Hi
Sédiments

Figure 1. Schéma du dispositif (à gauche) ; vue d’ensemble (à droite).

2
411
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2.3. Méthodes de mesure

Si la vitesse de rotation de la roue est assez importante pour provoquer une modification
du relief de la surface de sédiments, deux méthodes sont utilisées pour effectuer les
relevés bathymétriques : une méthode acoustique et une méthode optique. Ces relevés
se font une fois la rotation de la roue arrêtée et le bras mobile relevé.

2.3.1. Méthode optique


La méthode optique (Figure 2) consiste à projeter une nappe laser, sur le lit et à
enregistrer la ligne projetée L(t) avec une caméra frontale. Cette ligne L(t) est ensuite
comparée à la projection initiale L0 qui correspond à l’état initial du lit (relief plat).

Nappe laser
Caméra frontale
M Y
X Y Z
Bras mobile
relevé
Z
Relief plat
Y
Z
Fosse
d’érosion

Fosse d’érosion

Figure 2. Schéma du dispositif de suivi par la méthode optique.

2.3.2. Méthode acoustique


La méthode acoustique (Figure 3) consiste à utiliser le temps de vol d’une onde
acoustique, connaissant sa célérité dans l’eau, pour calculer une distance.
Le principe en est le suivant. Un générateur de fréquence crée une énergie électrique,
qui excite une sonde ultrasonore. Cette énergie électrique est alors transformée en
énergie acoustique, laquelle se propage dans l’eau jusqu’à la surface du lit où elle est
réfléchie en direction de la sonde. La sonde est utilisée comme émetteur et récepteur.
Elle transforme l’énergie acoustique reçue en énergie électrique. L’oscilloscope est utilisé
pour visualiser les signaux (à l’émission et à la réception) qui se matérialisent par deux
pics. Le temps de vol (tv) de l’onde correspond à l’intervalle entre ces pics. Par
conséquent, connaissant la célérité de l’onde acoustique (cac) dans l’eau, il est possible
de calculer la distance sonde sédiment (dss) en un point (x,y) en soustrayant la distance
sonde sédiment initiale (dss0).

cac * t v
d ss  ; hf ( x, y)  dss ( x, y)  dss 0
2
La sonde est fixée sur un support permettant un déplacement selon les axes
longitudinal XX’ et transversal YY’. De ce fait, il est possible de faire un système de
maillage pour reconstituer toute la fosse d’érosion.

3
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M
Bras mobile Temps de vol (tv)
relevé Générateur

Oscilloscope
. .

Sonde mobile
YY’ selon XX’ et X Y
YY’
Sonde Z
XX’ Signal
Signal
émis reçu

Figure 3. Schéma du dispositif de suivi par la méthode acoustique.

2.4. Protocole et campagnes d’essais

2.4.1. Mise en place du matériau


Dans le cadre de cette première étude, le sable de Fontainebleau est mis en place par
pluviation afin d’éviter de créer des vides dans le lit de sédiment. Ce sable étant mono-
disperse (Figure 4), les particules sédimentent à la même vitesse et se déposent les unes
au-dessus des autres pour former un sol homogène. Une fois le matériau en place,
plusieurs passages du niveleur sont effectués pour aplatir et uniformiser le relief du sol.
Dans le cas de matériaux cohésifs (non traité ici), la préparation se fait à l’avance dans
des bacs qui sont placés dans l’aquarium vide puis le niveau d’eau est ajusté.
Ensuite la roue est mise en place à la distance initiale (Hi) choisie puis l’essai d’érosion
est lancé à une certaine vitesse. Selon le protocole utilisé, la roue est arrêtée et remontée
au maximum une ou plusieurs fois au cours de l’essai, pour effectuer les mesures
acoustiques et optiques.

100

80
Passant (%)

60

40

20

0
0,01 0,1 1 10
Diamètres (mm)

Figure 4. Courbe granulométrique du sable de Fontainebleau.

2.4.2. Campagnes d’essai


Trois types d’essais sont utilisés : les essais en régime quasi permanent (ERP), les essais
par paliers de temps (EPT) et les essais par paliers de vitesses (EPV).
Un ERP est un essai pendant lequel la distance initiale (Hi) et la vitesse en périphérie
de la roue (VR) restent constantes pendant toute la durée de l’essai (20 minutes).
Un EPT est un essai durant lequel la roue est arrêtée et relevée à des instants fixes, t=
{1min, 2min, 5min, 10min, 20min}, pour effectuer les relevés bathymétriques
intermédiaires puis descendue à la même position et relancée à la même vitesse.

4
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Un EPV est une succession d’essais sans remise à niveau initial du lit et avec une
vitesse de rotation qui croit par paliers toutes les 20 minutes. Des relevés bathymétriques
sont effectués après chaque palier.
Sur le sable de Fontainebleau, un essai par paliers de temps, un essai par paliers de
vitesses et plusieurs essais en régime quasi permanents avec des distances initiales
roue-sol (Hi) égales à 0,5 cm, 1cm et 2 cm ont été réalisés.
Le Tableau 1 présente l’ensemble des essais jusqu’ici effectués.

Tableau 1. Essais effectués sur le sable de Fontainebleau.


vitesse de Durée de
distance roue-
Type d’essai rotation vitesse VR (m/s) l’essai
sol Hi (cm)
(tr/min) (min)
ERP 0,5 60 0,31 20
ERP 0,5 90 0,47 20
ERP 0,5 120 0,62 20
ERP 0,5 150 0,78 20
ERP 1 90 0,47 20
ERP 1 120 0,62 20
ERP 1 150 0,78 20
ERP 2 90 0,47 20
ERP 2 120 0,62 20
ERP 2 150 0,78 20
EPT 0,5 150 0,78 1-2-5-10-20
EPV 0,5 60-90-120-150 0.31/ 0,47/ 0,62/ 0.78 4 x 20

3. Résultats

3.1. Topographie des fosses d’érosion

Quand la vitesse à la périphérie de la roue (VR) est assez importante pour provoquer un
transport sédimentaire, une fosse d’érosion peut être observée (Figure 5). Elle est
associée à deux zones de dépôts situées respectivement en amont et en aval. Le dépôt
(ou dune) en aval est beaucoup plus volumineux que le dépôt en amont. Dans le plan
transversal, la symétrie est observée par rapport au plan XZ situé au milieu du cylindre.

Y
Z

Zone de dépôt
Longueur

Largeur

Fosse d’érosion

Figure 5. Fosse d’érosion obtenue avec VR= 0,47 m/s avec Hi= 0,5 cm.

5
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.2. Analyses et interprétations des résultats

3.2.1. Résultats acoustiques détaillés


La Figure 6 présente différents relevés topographiques obtenus par méthode acoustique.
Elle met en évidence l’influence de la distance initiale (Hi) sur la géométrie de la fosse
d’érosion pour une même vitesse (VR). Les dimensions de la fosse d’érosion et celles de
la zone de dépôt diminuent avec l’augmentation de (Hi). La roue étant plus éloignée du
sol, cela correspond à une diminution des contraintes exercées par le fluide en
écoulement sur la surface du sol.

Figure 6. Bathymétrie des fosses d’érosion obtenues avec VR = 0,78 m/s.

XX' (cm) YY' (cm)


(a) 0 10 20 30 40 50 60 (b) 0 5 10 15 20 25 30 35
5 1
Aval de la roue Amont de la roue
4
0
3
2 -1
ZZ' (cm)

1
ZZ' (cm)

-2
0
-1 -3
-2
-4
EPT - 0,5 cm - 1 min
-3 EPT - 0,5 cm - 1 min EPT - 0,5 cm - 2 min
EPT - 0,5 cm - 2 min
-4 EPT - 0,5 cm - 5 min
EPT - 0,5 cm - 5 min -5
EPT - 0,5 cm - 10 min
-5 EPT - 0,5 cm - 10 min
EPT - 0,5 cm - 20 min
EPT - 0,5 cm - 20 min -6
-6
XX' (cm) YY' (cm)
0 10 20 30 40 50 60 (d) 0 5 10 15 20 25 30 35 40
( c) 5
Aval de la roue Amont de la roue 1
4
3 0
2
1
-1
ZZ' (cm)
ZZ' (cm)

0
-2
-1
-2 -3
-3
-4 0,78 m/s - 0,5 cm- EPV
-4
0,78 m/s - 0,5 cm- EPV 0,62 m/s - 0,5 cm -EPV
-5 0,62 m/s - 0,5 cm - EPV
-5 0,47 m/s - 0,5 cm - EPV
-6 0,47 m/s - 0,5 cm - EPV
0,31 m/s - 0,5 cm - EPV 0,31 m/s - 0,5 cm - EPV
-7 -6

Figure 7. Résultats de la méthode acoustique.

6
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

La Figure 7 présente les profils des fosses d’érosions obtenus grâce à la méthode de
suivi acoustique suivant les plans verticaux XX’ (plan de rotation de la roue) et YY’ (plan
de l’axe horizontal de la roue).
Les courbes (a) et (b) montrent l’évolution des dimensions de la fosse d’érosion pour
une vitesse (VR) et une distance initiale (Hi) constantes, avec des interruptions à 1, 2, 5,10
et 20 minutes pour prendre des mesures. Les courbes (c) et (d) présentent l’essai par
paliers de vitesse. Elles mettent en évidence l’augmentation des dimensions de la fosse
dans les trois plans XX’, YY’ et ZZ’ ainsi que l’évolution de sa forme en fonction du temps
(a et b) et de l’augmentation des sollicitations (c et d).
La pente observée au niveau des fosses d’érosion suivant les plans verticaux XX’ et
YY’ augmente avec la vitesse (VR). Pour VR > 0.62 m/s, elle est voisine de l’angle de
frottement du sable utilisé (env. 30-35°) et correspond ainsi à un maximum. Lors des
essais aux plus fortes vitesses (lorsque la fosse d’érosion est également la plus
profonde), il est ainsi observé des pentes plus importantes que l’angle de frottement.
Juste après l’arrêt de la roue, de petites avalanches se produisent mais elles ne modifie
pas substanciellement la géométrie observée de la fosse.

3.2.2. Comparaison des résultats optiques et des résultats acoustiques.


La Figure 8 présente d’une part les profondeurs et largeurs calculées à partir des
mesures optiques (déviation-déformation de la ligne laser) et d’autre part les résultats des
mesures acoustiques pour les trois campagnes d’essais en continu (pour Hi = 0.5, 1 et 2
cm). Les comparaisons sont satisfaisantes bien qu’une analyse plus détaillée soit
nécessaire.
Les courbes (a) et (b) de la Figure 8 montrent une augmentation des dimensions de
fosses d’érosion d’une part en fonction de la vitesse en périphérie de la roue (VR) et
d’autre part en fonction de la distance initiale (Hi). Pour une vitesse de 0,31 m/s et une
distance initiale (Hi) supérieure à 0,5 cm il n’y a pas d’érosion, ce qui montre l’existence
d’un seuil d’érosion.

(a) 6 (b) 30
Hi= 0,5 cm acoust Hi = 0,5 cm acoust
Hi = 1 cm acoust Hi = 1 cm acoust
Profonfeur (cm)

Hi = 2 cm acoust Hi = 2 cm acoust
4 Hi = 0,5 cm opt Hi=0,5 cm opt
Largeur (cm)

20

Hi = 1 cm opt Hi = 1 cm opt
Hi = 2 cm opt Hi = 2 cm opt
2 10

0 0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Vitesse de la roue (m/s) Vitesse de la roue (m/s)

Figure 8. Synthèse des résultats : comparaison des méthodes optique et acoustique.

4. Conclusion et perspectives

Les résultats présentent un fort potentiel pour développer une loi macroscopique
d’érosion, laquelle prendra en compte la relation entre la variation de la vitesse (VR) et la
distance initiale (Hi). En effet, l’écoulement généré par le dispositif permet selon (VR) et
(Hi) d’éroder ou non un sol immergé. Lorsqu’une érosion est produite, la quantité de
sédiments érodée augmente avec la vitesse de l’écoulement. Ainsi le dispositif permet de
tester la sensibilité d’un matériau vis-à-vis de l’érosion. Cependant pour le démontrer, et

7
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

ainsi valider le dispositif WET, il convient à ce stade de développer un modèle afin de


calculer la contrainte imposée par l’écoulement à l’interface avec le sol.
Aussi, les résultats des essais par paliers de temps sont quasi identiques avec ceux
des essais en régime quasi permanent malgré une discontinuité au niveau de la
sollicitation, ce qui tend à prouver la robustesse du dispositif. En effet, en étudiant la
progression des dimensions de la fosse d’érosion les deux méthodes de mesure donnent
des résultats quasi identiques
La présente étude a été réalisée essentiellement sur un matériau non cohésif sans
courant ambiant. La prochaine étape des essais concerne d’abord les sols cohésifs
(mélange sable de Fontainebleau – Kaolinite armoricaine). Pour tester la robustesse du
dispositif WET, il est nécessaire de commencer par des matériaux connus de par leurs
propriétés, faciles à manier de manière à limiter d’éventuelles incertitudes. Ensuite le
dispositif sera modifié de telle sorte qu’il soit utilisable dans un canal. Le but étant de faire
des essais WET en ayant un écoulement permanent autour de la roue. Cette modification
permettra d’étudier l’impact qu’aurait un écoulement ambiant sur la fosse d’érosion.

5. Remerciements

Les auteurs remercient le Laboratoire Eau Environnement et Frédérique Larrarte pour


l’aide précieuse apportée à l’instrumentation de l’essai et à la préparation de la
communication.
Le présent travail a bénéficié de l’aide de l’Agence Nationale de la Recherche au
travers du programme ANR-14-CE03-0011 – SSHEAR « Sols, Structures et Hydraulique :
Expertise et Recherche Appliquée ».

6. Références bibliographiques

Briaud J.L, Ting F.C.K., Chen H.C., Cao Y., Han S.W., Kwak K.W. (2001). Erosion
function apparatus for scour rate predictions. J. Geotech. and Geoenviron. Eng.,
ASCE, 127(2), pp. 105-113.
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Brazos River Meander, Normandy Cliffs, and New Orleans Levees. J. Geotech. and
Geoenviron. Eng., ASCE, 134(10), pp. 1424-1447.
Chevalier C., Haghighi I., Pham T.L., Reiffsteck, P. (2010). Two Complementary Tests for
Characterizing the Soil Erosion. Fifth International Conference on Scour and Erosion,
San Francisco, USA, pp. 152-161.
Delancret R. (2015). Affouillement autour des ouvrages d’arts : analyse bibliographique et
application au pont de l’A10 à Tours. Rapport de stage M2, Univ. Rabelais, Tours, 61p.
Haghighi I., Chevalier C., Duc M., Guédon S., Reiffsteck P. (2013). Improvement of Hole
Erosion Test and Results on Reference Soils. J. Geotech. and Geoenviron. Eng.,
ASCE, 139(2), pp. 330-339.
Hanson G. J. (2004), Apparatus, test procedures, and analytical methods to measure soil
erodibility in-situ. Applied Engineering in Agriculture, ASAE., 20 (4), pp.455-462.
Jerez Loaiza A. (2011). Etude et suivi de l’érosion des sédiments en contexte immergé.
Mémoire de fin d’études, INSA Rennes, 66p.
Reiffsteck P., Haghighi I., Chevalier C. (2012). Erodibility diagnostic of existing hydraulic
earthworks by Mobile Jets Erosion Test. Sixth International Conference on Scour and
Erosion, Paris, France, pp. 1105-1112.
Wan C.F., Fell R. (2004). Investigation of rate of erosion of soils in embankment dams. J.
Geotech. and Geoenviron. Eng., ASCE, 30(4), pp. 373-380.

8
417
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

PLANCHE DE COMPACTAGE EXPERIMENTALE : IMPACT DE


DIFFERENTS PARAMETRES SUR LE BON COMPACTAGE DES SOLS
FINS

FULL SCALE COMPACTION TEST: PARAMETERS IMPACT ON FINE GRAINED


SOILS FOR ROBUST COMPACTION
1,2,3 1,4 4
Benjamin PELIZZARI , Dino MAHMUTOVIC , Luc BOUTONNIER , Maurice
5 3 1,2
BUFALO , Ludovic GAVOIS , Simon SALAGER
1
UNIV. GRENOBLE ALPES, 3SR, GRENOBLE, FRANCE
2
CNRS, 3SR, GRENOBLE, FRANCE
3
VINCI CONSTRUCTION TERRASSEMENT, NANTERRE FRANCE
4
EGIS GEOTECHNIQUE, SEYSSINS, France
5
VALERIAN, SORGUES, FRANCE

RÉSUMÉ - Cet article a pour but de présenter une planche de compactage réalisée à
Charleville Mezière (08) sur des matériaux A2 (GTR). Quatre paramètres ont été testés :
le type de compacteur, l’énergie de compactage, l’état hydrique du sol ainsi que la taille
des mottes appelée aussi mouture. Les essais in situ et de laboratoire réalisés sur la
planche permettent de mettre en évidence le rôle de chaque paramètre sur le bon
compactage d’un sol.

ABSTRACT – This paper aims to present a full compaction test on gray marls next to
Charleville Mezière. Four parameters are being tested: compactor type, compaction
energy, material grinding and water content. Then series of in-situ and laboratory tests are
performed in order to acknowledge the state and the mechanical response of the soil.

1. Introduction

Cette communication s’intéresse aux problèmes de compactage des sols fins. Si des
prescriptions existent dans le Guide des terrassements routiers (GTR, SETRA- LCPC,
1992) et le guide de conception et de réalisation de 2007 (CFTR 2007), les données
permettant de quantifier l’effet de certains paramètres sont rares. En effet il est difficile de
trouver des informations ou recommandations quant à l’impact de la mouture, du type de
compacteur ou du nombre de passes de compactage si l’on va au-delà des prescriptions
du GTR. Des informations sur le sujet permettraient de pouvoir étendre les pratiques
proposées par ce dernier.
Une planche de compactage a ainsi été réalisée dans le cadre du projet de recherche
TerreDurable sur des matériaux marneux de l’autoroute A304. Plusieurs paramètres
comme le type d’engin utilisé (cylindre vibrant lisse ou vibrant pied dameur), le nombre de
passes de terrassement, l’état hydrique des matériaux en place (sec, moyen ou humide),
ainsi que le type de mouture (brute ou pulvimixée) sont analysés au travers de valeurs de
résistance de pointe (d’essais pénétrométriques de type Panda 2 (Benz Navarette,
2009)), de mesures de succion ainsi que des valeurs de densité sèche.

2. Présentation de la planche de compactage et des différents paramètres que


l’on souhaite mettre en évidence

2.1. Localisation de la planche de compactage

1
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Cette planche de compactage a été réalisée sur le chantier de l’A304 au Nord-Est de la


France à proximité de Charleville Mézières (08). Les entreprises Vinci Construction et
Terrassement et Valérian ont mis à disposition les moyens matériels et humains
nécessaires à la bonne réalisation de cette dernière. La planche d’essais se compose de
10 plots ayant chacun été réalisé selon des paramètres de compactage différents. La
moitié des plots a été réalisée sur le dépôt définitif 18P2 et l’autre moitié sur la couche de
protection de la PST du déblai D9A.

2.2. Caractéristiques des matériaux utilisés

Les matériaux utilisés pour la réalisation des différents plots proviennent du dépôt 18P2
constitué à partir de matériaux prélevés dans le déblai D9B voisin. Un volume total de
2700 m3 de matériaux a été nécessaire à la réalisation. Il s’agit d’une marne grise de
classe A2 au regard du GTR. Les principales caractéristiques géotechniques du matériau
utilisé figurent dans le tableau 1. L'extraction a eu lieu de manière frontale à la pelle
directement dans le dépôt de 18P2. Ce dépôt a été préalablement compacté dans les
règles de l’art et présentait une résistance en point au Panda comprise entre 2 et 5 MPa.
Tableau 1. Propriétés géotechniques du matériau de la planche
CaCO3 Classe
Matériau IP wl WOPN
GTR
Marne 24 46% 21% 18,4% A2

2.3. Moyens matériels à disposition

Les différents engins de chantier nécessaires à la réalisation de la planche sont un


compacteur vibrant lisse V5, un compacteur vibrant pied dameur VP5, une pulvimixeuse,
un bulldozer, une pelle mécanique et un tombereau.

Les deux rouleaux V5 et VP5 présentent des propriétés relativement proches. La charge
de la bille sur le sol (58kg.cm-1), la fréquence de vibration (30Hz) ainsi que les
excentriques (1mm) présentent quasiment les mêmes valeurs. Ces compacteurs sont
donc parfaitement comparables dans le cadre de nos essais. Le Pulivimixeur permet
d'atteindre une mouture comprise entre 0 et 50 mm. Le bulldozer permet, grâce à la herse
montée à l'arrière, la scarification du matériau pour faciliter son séchage.

2.4. Protocole expérimental

2.4.1. Protocole concernant le réglage de l’état hydrique

Trois état hydriques différents ont été testés : Sec (14.7%<w<18.9%), Moyen
(18.9%<w<23.1%) et Humide (23.1%<w<27.3%t). Sachant que la teneur en eau naturelle
du sol extrait du déblai est autour de 21% (proche de wopn) soit un état medium selon le
GTR. Le séchage du sol, pour obtenir un état sec, a consisté à répandre le matériau, le
scarifier en surface et le laisser sécher à l’air libre. L’humidification du matériau pour l’état
humide, a consisté à répandre le matériau, le mouiller à l’aide d’une queue de carpe. Le
risque d’hétérogénéité hydrique du matériau n’est pas à écarter. La météo sur la période
était globalement clémente avec des Température proches des 20°C, un ciel dégagé, et
un léger vent.

2.4.2. Protocole concernant le réglage de la mouture

2
419
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Deux types de moutures différentes ont été testés : une mouture brute (non retravaillée
ou très légèrement par rapport au matériau extrait du déblai) présentant des mottes allant
jusqu'à 70 cm de diamètre et une mouture pulvimixée à un calibre 0/50 mm à l’aide d’un
pulvimixeur. Le maintien des épaisseurs finales de couche est difficile dû à la nature du
matériau (Froumentin & Morel, 1981).

2.4.3. Protocole concernant le terrassement des matériaux

Le choix de l’énergie de compactage de référence s’est fait à Partir du GTR sur la base
d’un compactage avec un compacteur V5 sur un sol dans un état hydrique moyen. Quatre
passes de compactage ont ainsi été retenues pour un compactage normal et 12 passes
pour un surcompactage. L’objectif est de pouvoir comparer différents paramètres à même
énergie de compactage (type de compacteur et teneur en eau)
La planche d’essai comprend 10 plots différents :
 4 plots (n°1 à 4) réalisés sur la couche de protection de la PST du D9A. Ils sont
composés de 3 couches de 30 cm chacune. Les 2 premières couches ont été
compactées normalement, c’est-à-dire 4 passes de terrassement, la moitié de la 3e
couche (selon le sens longitudinal) a été compactée normalement (4 passes) et
l’autre moitié sur-compactée (12 passes). Les deux premières couches
compactées permettent d’avoir un support représentatif du matériau en remblai à
la 3e couche, qui est celle que l’on cherche à étudier.
 2 plots (n°5 et 6) réalisés sur le dépôt 18P2 ayant une structure en 3 couches de
30cm.
 4 plots (n°7 à 10) réalisés sur le dépôt 18P2 mais avec une seule couche de 30 cm
(moitié compactée normalement et l’autre sur-compactée). Ce changement de
protocole a été dicté par des raisons logistiques et justifié par le fait que le plot
18P2 avait été compacté dans les règles de l’art. Le plot humide avec matériau
brut et compacteur lisse n’a pas pu être compacté convenablement à cause d’une
portance insuffisante.
Le détail des caractéristiques de compactage des différents plots est rappelé dans le
tableau 2.

Tableau 2. Paramètres de compactage des différents plots de la planche


Etat
Nom du plot Mouture Compacteur Nombre de passes
Hydrique
Plot 3 Sec Brute Vibrant pied dameur 4 passes / 12 passes
Plot 4 Sec Brute Vibrant lisse 4 passes / 12 passes
Plot 1 Moyen Brute Vibrant pied dameur 4 passes / 12 passes
Plot 2 Moyen Brute Vibrant lisse 4 passes / 12 passes
Plot 5 Moyen Pulvimixée Vibrant pied dameur 4 passes / 12 passes
Plot 6 Moyen Pulvimixée Vibrant lisse 4 passes / 12 passes
Plot 9 Humide Brute Vibrant pied dameur 4 passes / 12 passes
Plot 10 Humide Brute Vibrant lisse Compactage impossible
Plot 7 Humide Pulvimixée Vibrant pied dameur 4 passes / 12 passes
Plot 8 Humide Pulvimixée Vibrant lisse 4 passes / 12 passes

3. Présentation des différents essais de laboratoires et in situ réalisés sur la


planche

Chaque plot a fait l’objet d’essais in situ et de laboratoire dans le but de tirer des
conclusions quant au bon compactage. Plusieurs types d’essais ont été réalisés sur
chaque plots comme présenté dans le tableau 3.

3
420
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Tableau 3. Essais réalisés sur la planche


Essai Nombre Paramètre mesuré
Panda 2 45 Resistance en pointe qd
Panda 3 26 qd, Module élasique
Gamma densimètre, tarière 48 Densité sèche, w
Carottes 54 Pour densité, w, succion
Perméabilité simple anneau 6 Perméabilité
La partie ci-présente porte sur les mesures de résistance en pointe. Il s’agit une
mesure facile, liée à la résistance au cisaillement. Les variables influençant directement
son comportement son la densité sèche et la succion (Collins et Miller, 2014 ; Russel et
Khalili, 2014 ; Athapaththu et al, 2007). A densité sèche constante, l’accroissement de
succion augmentera la résistance en pointe. Une résistance plus importante sera aussi
visible pour une densité augmentée.

4. Mise en évidence de l’effet du sur-compactage

12 passes de
compactage

4 Passes de
compactage

Figure 1. Valeur de résistance aux pénétromètres pour les plots secs.

Figure 2. Valeur de résistance aux pénétromètres pour les plots médium.

4
421
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 3. Valeur de résistance aux pénétromètres pour les plots humides

Seuls les 30 cm supérieurs de chaque plot sont étudiés. Chaque paramètre de


compactage est analysé au travers de la teneur en eau (et la succion de manière
implicite) qui est le paramètre de référence. Un écrêtage a été réalisé sur les valeurs de
qd conformément à la méthode de traitement des essais au pénétromètre dynamique
selon le fascicule 62 (écrêtage à 1,3 fois la valeur moyenne de résistance de pointe)
De plus, les valeurs de résistance de pointe aberrantes (augmentation soudaine de la
résistance sur une hauteur réduite) ont été écartées de l’étude car ces dernières
correspondent à des cailloux isolés et ne sont pas représentatives du compactage du
plot. Les figures 1 à 3 présentent les valeurs de résistance de pointe mesurées par les
Pandas pour différents états hydriques.
Analyse des plots dans un état hydrique sec
Sur les 30 premiers centimètres, le sur-compactage améliore la résistance de pointe qd
pour les deux types de compacteurs testés (Figure 1). Cependant les résultats du VP5
sont beaucoup plus homogènes que ceux du V5. En effet, le fuseau de valeurs est très
restreint avec ce compacteur, et l’effet du sur-compactage est clairement visible, ce qui
est moins le cas sur le plot compacté au V5.
Analyse des plots dans un état hydrique moyen
En observant la figure 5, et en s’intéressant aux plots réalisés sur matériaux
pulvimixés, l’action bénéfique du sur-compactage est surtout présente pour le plot
compacté au V5. En effet, Deux courbes peuvent être distinguées, une pour chaque taux
de compactage. Ce constat est moins évident avec le plot compacté au VP5, même si il y
a bénéfice en termes de résistance de pointe. La réduction de la granulométrie produite
par le passage du pulvimixeur ne change peu l’action du VP5 qui réalise déjà cette action
de façon indirecte lors du compactage.
Analyse des plots dans un état hydrique humide
Comme présenté en figure 3, avec des matériaux bruts (et l’utilisation d’un pied dameur)
le sur-compactage diminue fortement la résistance de pointe du sol.
Avec des matériaux pulvimixés, la conclusion diffère. Le sur-compactage augmente la
résistance de pointe. Les raisons de cette amélioration sont peut-être dues à un séchage
du sol lors du compactage. En effet, le sur-compactage (8 passes de compactage
supplémentaires), conjugué au pulvimixage et à l’action du pied dameur (qui pétrie le sol)
pourrait expliquer une baisse de la teneur en eau et donc une différence de résistance
entre le plot normalement compacté et le plot sur-compacté. A noter que la météo était
très clémente lors de la réalisation de la planche (ensoleillé et venteux). L’action

5
422
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

bénéfique du sur-compactage avec le rouleau lisse est moins visible, ce qui justifierait
cette explication.
Une autre hypothèse viendrait d’un meilleur ré-arrangement des mottes possibles avec
le pulvimixage lors du sur-compactage.
Il est difficile de valider totalement une de ces deux hypothèses à cause du manque de
données expérimentales valables en termes de teneur en eau. En effet, les carottes
issues de la planche de compactage ont pour certaines séchées entre la date de
prélèvement et celles des essais de laboratoire. De plus les différentes mesures donnent
place à une grande dispersion, ce qui implique un manque d’homogénéité au sein du
matériau. Les teneurs en eau in situ n’ont quant à elles été réalisées que sur les plots
normalement compactées.

5. Mise en évidence de l’impact du type de mouture utilisé

Figure 4. Valeur de résistance aux pénétromètres pour les plots médium

4 passes de compactage /
Matériaux Pulvi

4 passes de compactage /
Matériaux Pulvi

12 passes de compactage
/ Matériaux Pulvi

12 passes de compactage
/ Matériaux Pulvi

Figure 5. Valeur de résistance aux pénétromètres pour les plots humides

Pour un matériau dans un état hydrique moyen, compacté au VP5, les valeurs de qd
sur matériaux pulvimixiés (figure 4), sont plus homogènes que sur matériaux bruts, et ceci
quel que soit le degré de compactage. L'effet du pulvimixage est plus difficile à repérer
avec le VP5 dû à l'effet triturant de son rouleau.

6
423
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Du côté humide, le matériau pulvimixé se trouve être plus résistant que le matériau
brut. Cette différence s’accentue lors du sur-compactage (figure 5). Toutefois un doute
subsiste sur la teneur en eau entre ces deux matériaux du côté humide. Le séchage du
matériau pendant l’action du pulvimixage n’est pas à écarter.

6. Mise en évidence de l’impact du type de compacteur utilisé

Comme évoqué précédemment, l’effet du type de compacteur est très visible du côté
sec (figure 6 ; matériaux bruts), avec des résultats beaucoup plus homogènes en
présence du pied dameur.
Pour des matériaux médium, brut ou pulvimixés, les résultats sont équivalents entre V5
et VP5, avec des résistances un peu meilleures parfois au V5.
Pour les matériaux humides, le VP5 est très supérieur, avec des résistances beaucoup
plus homogènes (voir résultats sur matériaux pulvimixés) et le seul à arriver à trafiquer sur
les matériaux bruts.
4 passes de compactage / Compacteur VP 12 passes de compactage / Compacteur VP

4 passes de compactage / Compacteur V5 12 passes de compactage / Compacteur V5

Figure 6. Valeur de résistance aux pénétromètres pour les plots secs et humides

Figure 7. Valeur de résistance aux pénétromètres pour les plots médium

7
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

7. Conclusion

Suite à la réalisation d’une série de plots de compactages, sous différente variations de


paramètres, des pénétromètres ont été réalisés pour vérifier la qualité du compactage.
Pour les matériaux marneux de type A2 testés, les essais réalisés confirment les
préconisations du GTR en ce qui concerne le compactage intense des matériaux à l’état
sec « s » et le compactage faible des matériaux « humides ». Ceci valide la
représentativité de la planche d’essais.
Cependant les résultats obtenus permettent certaines avancées par rapport au
référentiel :
1) l’utilisation d’un compacteur pied dameur par rapport à celle d’un vibrant lisse
permet d’obtenir de meilleurs résultats en termes d’homogénéité des
caractéristiques géotechniques et cela quel que soit l’état hydrique du matériau.
2) Pour des matériaux a l’état hydrique moyen (m) , lorsque des densités au-delà de
l’optimum Proctor sont recherchées, le pied dameur sur matériaux bruts permet
d’obtenir des résultats équivalents au matériau pulvimixé couplé au rouleau lisse.
De manière à mieux comprendre les différents résultats de la planche, des études de
laboratoire ont été réalisées (Boutonnier et al, 2016). Ces études montrent que les
paramètres qui gouvernent la résistance au cisaillement sont la succion et la densité
sèche. Dans un état hydrique sec, le compactage intense se fait à succion constante :
l’augmentation de densité produit une augmentation de résistance. Dans un état hydrique
humide, le sur compactage produit une diminution de la succion sans augmentation de la
densité, la résistance diminue.

Remerciements
Le projet Terredurable est soutenu par l’ANR programme Bâtiments et Villes Durables,
convention ANR 2011 VILD 004 01.
La DREAL Champagne-Ardenne est vivement remerciée pour avoir autorisé les
partenaires du projet Terredurable à réaliser cette planche sur les emprises du chantier
de l’autoroute A304.

Bibliographie
Athapaththu A. A. R.G. et al. A lightweight dynamic cone penetrometer for evaluation of
shear strength of natural masado slopes, Doboku Gakkai Ronbunshuu C 63.2 (2007),
p. 403-416.
Benz Navarrete, M. (2009). Mesures Dynamiques lors du battage du pénétromètre
PANDA 2. Thèse, Université Blaise Pascal - Clermont II.
Boutonnier L., Mahmutovic D, Andrianntrehina R., Branque D., Doanh, T., Dubreucq T.,
Fleureau J.-M., Fry J.-J., Hoang L., Pelizzari B., Taidi S. et Salager, S., 2016, Essais
géotechnique de terrassement et succion : quelques enseignements pratiques, JNGG
2016.
Collins R. et Miller A. G. (2014) Cone penetration testing in unsaturated soils at two
instrumented test sites, Unsaturated Soils : Research and applications, p. 1489-1494.
Fascicule n° 62, titre V - Conception et calcul des fondations des ouvrages de génie civil,
Edition des journaux officiels, 182 p.
Froumentin M. et Morel G. (1981) Compactage à faible teneur en eau – Compte rendu
des essais 80-81, CETE Rouen, ministère de l’environnement et du cadre de vie.
Russel A. R. et Khalili N. (2014), Interpretation of the cone penetration test in unsaturated
Sands, Unsaturated Soils : Research and applications, p. 1675-1681.
SETRA- LCPC (1992). Réalisation des remblais et couches de forme (GTR), Guide
technique STREA-LCPC, 2 fascicules, 98 et 102 p.

8
425
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

RELATION DES CARACTERISTIQUES GEOLOGIQUES ET


MECANIQUES DES SOLS LATERITIQUES NICKELIFERES
D’AMBATOVY

RELATIONSHIP BETWEEN THE GEOLOGICAL AND MECHANICAL


CHARACTERISTICS OF AMBATOVY LATERITIC AND NICKEL SOIL

Fidiniavo RAVOKATRA 1, Voahanginirina J. RAMASIARINORO 2, Lala ANDRIANAIVO 3,


N.ANDRIAMAMONJISOA
1 Université d’Antananarivo, Ecole Supérieure Polytechnique, Laboratoire de

Géotechnique, Madagascar, fidiniavo@yahoo.fr


2 Université d’Antananarivo, Faculté des Sciences, Département des Sciences de la Terre,

Laboratoire de Géotechnique, BP 906 Antananarivo 101 Madagascar,


ramasiarinoro@yahoo.fr
3
Université d’Antananarivo, Ecole Supérieure Polytechnique, Laboratoire de
Géotechnologie, BP 1500 Antananarivo 101 Madagascar, andrianaivo@univ-
antananarivo.mg

RÉSUMÉ –La méthode statistique d’Analyse en Composante Principale des données


géochimiques et mécaniques des sols latéritiques nickelifères d’Ambatovy à Madagascar
permet de décrire la relation entre la teneur en oxydes majeurs et les paramètres
mécaniques de compressibilité et cohésion apparente de ces sols.

ABSTRACT – The principal component analysis of geochimical and mechanical data of


Ambatovy nickel lateritic soil in Madagascar allows us to describe the relationship between
the major oxide content and compressibility and apparent cohesion of these soils

1. Introduction
Le stockage de remblais des sols latéritiques, issue de l’exploitation de nickel à Ambatovy
dans la région centrale de Madagascar, concerne l’analyse de stabilité de leur pente. Ces
remblais sont dans la classe des sols fins dont la teneur en éléments des oxydes majeurs
pourrait jouer un rôle prépondérant dans ladite stabilité.
Cet article propose d’analyser la relation entre la teneur en éléments des oxydes majeurs
et les paramètres mécaniques de compressibilité et cohésion apparente de ces remblais.
Les données à valoriser et à capitaliser sont les résultats des travaux de recherche
antérieurs sur l’évolution minéralogique, la distribution et le comportement géochimique de
certains éléments au sein du profil latéritique nickelifère d’Ambatovy (Mandimbiharison
A.J, 2012) ; et les reconnaissances géotechniques de site de stockage de sols latéritiques
nickelifères à basse teneur d’Ambatovy (Boissé, 2015).
La méthode d’Analyse en Composante Principale est l’outil statistique choisi car il est bien
adapté au grand nombre des données et leur structure sous forme de tableau avec des
observations en ligne et des variables quantitatives en colonne.

1.1. Matériels et méthodes


Les données géologiques sont issues des travaux de thèse de doctorat sur l’évolution
minéralogique, la distribution et le comportement géochimique de certains éléments au
sein du profil latéritique nickelifère d’Ambatovy ( Mandimbiharison A.J, 2012). Un
échantillon par horizon d’altération a été analysé par spectrométrie pour analyse chimique.

1
426
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Pour les données géotechniques, tous les essais sont réalisés selon les normes
françaises. La classification des sols est selon le Guide des Terrassements Routiers et la
réalisation des remblais et des couches de forme (NF P 11 300).
Les techniques d’échantillonnage sont définies suivant les essais :
­ Prélèvement des échantillons remaniés pour les Essais d’identification ou de nature :
Granulométrie par tamisage (NF P 94 -056), Limites d’Atterberg (NF P 94 – 051), et
Teneur en eau pondérale des sols (NF P 94 – 050) ;
­ Prélèvement des échantillons intacts par sondages carottés pour les essais d’état :
Essai Triaxial non drainé et non consolidé (NF P 94 – 074), Essai de cisaillement à la
boite (NF P 94 -071), et Essai de compression à l’oedomètre (NF P 94 – 090).
­ Pour l’Essai de scissomètre sur chantier (NF P 94 – 112), les échantillons sont en
place à l’état nature.
Les coordonnées, des points de prélèvement des échantillons, constituent la clé primaire
de mise en relation de base des données géologiques et mécaniques de cette étude.
L’analyse statistique descriptive par la méthode d’Analyse en Composante Principale a été
choisie car le nombre de variables quantitatives à analyser est important. L’Analyse en
Composante Principale se porte sur la ressemblance de deux observations du point de
vue de l’ensemble des variables. Elle s’intéresse également à la manière dont les
variables sont corrélées positivement ou négativement ou indépendantes entre elles.

2. Résultats
Trois (3) catégories de résultats sont obtenues par des essais et analyses réalisés :

2.1. Résultats des essais mécaniques des sols


La première colonne des tableaux ci-après résume la classification des échantillons de
sols selon le Guide des Terrassements Routiers et la réalisation des remblais et des
couches des formes (NF P 11 300).
Les résultats des essais mécaniques au laboratoire sont regroupés en trois (3) types de
paramètres : de nature (Voir Tableau1), d’état (Voir Tableau 2) et de comportement (Voir
Tableau 3).
Tableau 1. Paramètres de nature
Classification GTR des Passant à Passant à
W% WL (%) WP (%) IP (%) Ic (%)
échantillons 2mm (%) 80µm (%)
A2 (Sables fins argileux)
A2h 90 67,9 32,5 54,5 31,4 23,1 0,95
A2s 98 61,2 26,2 53,1 32,9 1,33
A3 (Argiles) 27,7
A3h 93 78,4 42,9 66,2 38,6 32,8 0,84
A3th 95 80,2 47,6 69,6 36,8 36,5 0,67
A4 (Argiles très plastiques) 97 89,3 56,5 81,6 45,1 0,69

Tableau 2. Paramètres d’état


Classification GTR des échantillons γ (kN/m3) γd (kN/m3) γs (kN/m3) Sr (%)
A2 (Sables fins argileux)
A2h 18,5 13,7 32,3 85,7
A2s 15,2 11,8 31,6 55
A3 (Argiles)
A3h 18,3 13 33,5 88,5
A3th 16,8 12,1 32,2 76,3
A4 (Argiles très plastiques) 16,5 9,6 31,8 99,7

2
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Tableau 3. Paramètres de comportement


Oedomètre Triaxial UU Cisaillement direct
Classification GTR des
σ'c Cuu (kPa) ϕuu (°) Cuu (kPa) ϕuu (°) eo
échantillons Cc Cg
(kPa) triaxial triaxial cisaillement cisaillement
A2 (Sables fins argileux)
A2h 74 0,260 0,04 62 9,5 18 15 1,661
A2s 76,8 0,340 0,02 4 1 18,3 11 1,444
A3 (Argiles)
A3h 71,4 0,271 0,014 18,2 3,4 22,5 13 1,652
A3th 70 0,266 0,015 25 8 20,5 7 2,08
A4 (Argiles très
plastiques) 78 0,747 0,074 12 0 23 4 2,312

Le tableau ci-après résume les résultats de l’essai de scissomètre sur chantier

Tableau 4. Essai de scissomètre sur chantier


SCISSOMETRE
Classification GTR des échantillons
Cuu(K T/m²)
A2 (Sables fins argileux)
A2h 12,8
A2s 15,6
A3 (Argiles)
A3h 11
A3th 13,2
A4 (Argiles très plastiques) 18

2.2. Résultats de l’analyse géochimique des sols


La teneur en pourcentage des éléments des oxydes majeurs dans les sols latéritiques
d’Ambatovy est donnée par le tableau 5 ci-après

Tableau 5. Analyse géochimique des éléments des oxydes majeurs


Teneur (en%)

Classification GTR des


SiO2 Fe2O3 MgO Al2O3 Cr2O3 TiO2
échantillons
A2 (Sables fins argileux)
A2h 29,7 28 0,43 24,2 0,4 4,1
A2s 26,7 43 9,8 4,5 3,3 0,4
A3 (Argiles)
A3h 27,8 28,6 0,2 24,4 0,4 4,8
A3th 6 73,2 0,8 1,5 4,3 0,4
A4 (Argiles très plastiques) 58,4 17,6 17 0,7 0,8 0,1

3
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2. 3 Résultats de l’Analyse en Composante Principale


2.3.1 Extrait de la matrice de corrélation Pearson

Tableau 6. Extrait de la Matrice de corrélation Pearson


PARAMETRES DE NATURE PARAMETRES D'ETAT
Elements en Passant à IP γ γd Sr γs
W(%) WL (%) WP (%)
oxydes majeurs 80 µm (%) (kN/m3) (kN/m3) (%) (kN/m3)
SiO2 0,367 0,345 0,452 0,622 0,290 -0,163 -0,672 0,494 -0,258
Fe2O3 -0,040 0,004 -0,120 -0,374 0,091 0,139 0,398 -0,230 0,038
MgO 0,487 0,485 0,505 0,507 0,474 0,093 -0,535 0,692 -0,363
Al2O3 -0,537 -0,576 -0,504 -0,296 -0,641 -0,136 0,310 -0,516 0,360
Cr2O3 0,031 0,071 -0,068 -0,342 0,155 0,294 0,357 0,020 -0,082
TiO2 -0,432 -0,473 -0,407 -0,207 -0,545 -0,101 0,285 -0,450 0,442

Tableau 7. Paramètres de comportement


Oedomètre Triaxial UU Cisaillement direct Scissomètre
Elements en σ'c Cuu ϕuu Cuu ϕuu Cuu
Cc Cg eo
oxydes majeurs (kPa) (kPa) (°) (kPa) (°) (kPa)
SiO2 0,811 0,866 0,883 -0,177 -0,634 0,438 -0,378 0,354 0,038
Fe2O3 -0,626 -0,523 -0,649 -0,075 0,434 -0,592 0,133 0,013 0,405
MgO 0,882 0,916 0,740 -0,577 -0,810 -0,145 -0,340 0,422 0,628
Al2O3 -0,338 -0,538 -0,266 0,610 0,425 0,554 0,311 -0,547 -0,966
Cr2O3 -0,250 -0,255 -0,476 -0,368 0,083 -0,826 0,113 0,019 0,700
TiO2 -0,413 -0,526 -0,287 0,567 0,414 0,575 0,341 -0,477 -0,943

2.3.1 Résultats des variables


Tableau 7. Valeurs propres
F1 F2 F3 F4
Valeur propre 11,396 6,508 3,898 3,198
Variabilité (%) 45,584 26,030 15,594 12,791
% cumulé 45,584 71,615 87,209 100,000

Deux (2) axes sont retenus pour l’interprétation des résultats : le premier axe F1 qui
représente 45,58% de l’inertie totale et l’axe F2 retient 26,03% de l’inertie. Les deux (2)
axes conduisent à un taux d’inertie expliquée à 71,61%.
Tableau 8. Coordonnées des variables
F1 F2 F1 F2
Passant à 80 0,824 -0,283 Cuu (KPa) triaxial -0,479 0,790
W% 0,831 -0,272 ϕuu (°) triaxial -0,648 0,375
WL (%) 0,870 -0,099 Cuu (KPa) cisaillement 0,155 0,897
WP (%) 0,867 0,121 ϕuu (°) cisaillement -0,475 -0,566
IP (%) 0,824 -0,270 Eo 0,798 0,096
g(kN/m3) -0,072 -0,793 Cuu scissomètre 0,578 -0,740
gd (kN/m3) -0,803 -0,501 SiO2 0,747 0,455
Sr (%) 0,745 -0,488 Fe2O3 -0,363 -0,642
gs (kN/m3) -0,258 -0,439 MgO 0,853 -0,088
σ'c (KPa) 0,572 0,183 Al2O3 -0,622 0,575
Cc 0,971 0,136 Cr2O3 -0,132 -0,794
Cg 0,795 0,555 TiO2 -0,583 0,534

4
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Tableau 9. Contribution des variables

F1 F2 F1 F2
Passant à 80 5,964 1,235 Cuu (kPa) 2,014 9,587
W% 6,059 1,134 ϕuu (°) 3,686 2,160
WL (%) 6,647 0,152 Cuu (kPa) 0,210 12,356
WP (%) 6,594 0,223 ϕuu (°) 1,977 4,915
IP (%) 5,954 1,123 Eo 5,594 0,141
g(kN/m3) 0,045 9,654 Cuu 2,928 8,412
gd (kN/m3) 5,662 3,853 SiO2 4,894 3,175
Sr (%) 4,871 3,661 Fe2O3 1,154 6,337
gs (kN/m3) 0,586 2,968 MgO 6,385 0,120
σ'c (KPa) 2,874 0,513 Al2O3 3,397 5,085
Cc 8,280 0,283 Cr2O3 0,154 9,699
Cg 5,541 4,737 TiO2 2,980 4,390

Figure 1 : Cercle de corrélation des variables

2.3.2 Résultats des individus

Tableau 10 : Coordonnées des individus

Individus F1 F2 F3 F4
A2h -1,268 -2,772 -1,289 2,684
A2s -3,092 4,250 0,774 0,861
A3h -1,532 -0,322 -2,579 -2,574
A3th -0,668 -2,313 3,249 -1,175
A4 6,559 1,157 -0,155 0,204

Figure 2 : Répartition des individus suivant les


axes F1 et F2

5
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Tableau 11 : Contributions des individus (%)


F1 F2 F3 F4
A2h 2,821 23,621 8,519 45,039
A2s 16,777 55,510 3,077 4,636
A3h 4,116 0,318 34,130 41,436
A3th 0,783 16,438 54,150 8,629
A4 75,503 4,113 0,124 0,260

Figure 3 : Biplot variables –individus suivant les


axes F1 et F2
2.3.3 Interprétation des résultats

Axe F1
• Variables
Pour repérer les contributions significatives des variables à la formation de l’axe F1, on
compare les valeurs des coordonnées du premier axe factoriel à la racine carrée de la
contribution moyenne soit 20%. Et compte tenu de la qualité de représentation ainsi
que la contribution des variables, on obtient

Tableau 12 : Contribution des variables significatives à la formation de l’axe F1


- +
γd Cc
eo
SiO2
MgO
L’axe F1 oppose la densité sèche aux paramètres de compressibilité et la teneur en
SiO2 et MgO.

• Individus
Pour repérer les contributions significatives des individus à la formation de l’axe F1, on
compare leurs coordonnées à la racine carrée de la première valeur propre.
Le tableau suivant résume la contribution des individus

Tableau 12 : Contribution des individus significatifs à la formation de l’axe F1


- +
A2s A4

L’axe F1 met en opposition les individus sables fins argileux peu plastiques (A2s) et
argiles très plastiques (A4).

Suivant les contributions des variables et des individus à la formation de l’axe F1, cet
axe met donc l’opposition qui existe entre sables fins argileux peu plastiques (A2s) et les
argiles très plastiques (A4) dans leur compressibilité et teneur en SiO2 et MgO.

• Relation entre la compressibilité de deux (2) types de sols latértiques


nickelifères d’Ambatovy et la teneur en SiO2 et MgO
La variation croissante de la teneur en SiO2 et MgO dans ces deux (2) types de sols
correspond à l’augmentation de leur compressibilité. De l’extrait de la matrice de

6
431
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

corrélation de Pearson, la MgO ainsi que la SiO2 ont une corrélation positive très forte
(0,916 et 0,866) avec l’indice de compression Cc.
En se référant au profil d’altération latéritique des sols d’Ambatovy, les sols A2s se
situent au sommet du profil tandis que A4 se trouvent à la base. Les Mg et Si sont les
premiers éléments les plus lessivés et plus mobiles dans l’altération de la roche mère.
D’où la teneur décroit depuis la base du profil d’altération jusqu’au sommet. Plus
particulièrement, la teneur en Mg décroît lentement de la roche-mère à la saprolite
grossière et devient brutalement très faible dès la base de la saprolite fine. Ce
comportement de Mg est caractéristique de la plupart des manteaux d’altération des
péridotites en zones chaudes (Mandimbiharison A.J., 2012).

La compressibilité de ces deux (2) types de sols est liée au type d’argiles qui les
constituent. En vérifiant la relation de Skempton,
Cc = 0,009 (wL – 10)
Pour les sols A2s, wL = 53,1% on obtient Cc = 0,388
Lors de l’essai Cc =0,340
Pour les sols A4, wL = 81,6% on obtient Cc=0,644
Lors de l’essai Cc = 0,747
Ces deux (2) types de sols satisfont à peu près la relation de Skempton.
Selon l’indice de compression, les sols A2s sont classés Illites (0,30 ˂ Cc ˂ 0,50) qui
sont des sols très compressibles. Les sols A4 sont de Montomorillonites (0,50 ˂ Cc), sols
extrêmement compressibles.
La forte valeur en Cc est en corrélation négative avec la densité sèche γd. Ceci explique
la valeur de γd A2s (11,8 kN/m3) et γd A4 (9,6 kN/m3).

Axe F2
• Variables
Pour repérer les contributions significatives des variables à la formation de l’axe F2, on
compare les valeurs des coordonnées du deuxième axe factoriel à la racine carrée de la
contribution moyenne 20%. Et compte tenu de la qualité de représentation ainsi que la
contribution des individus, On obtient

Tableau 13 : Contribution des variables significatives à la formation de l’axe F2

- +
Cr2O3 Cuu

• Individus
Pour repérer les contributions significatives des individus à la formation de l’axe F2, on
compare leurs coordonnées à la racine carrée de la deuxième valeur propre, on obtient

Tableau 13 : Contribution des variables significatives à la formation de l’axe F2

- +
A2h
A2s

L’axe F2 explique un aspect très particulier des individus A2s et A2h.

Suivant les contributions des variables et des individus à la formation de l’axe F2, cet
axe reflète la particularité de la cohésion des sols A2h et A2s et leur teneur en Cr2O3.

7
432
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Selon la classification GTR, ces deux (2) types de sols appartiennent à la même sous
classe fonction de la nature A2 des sols fins A ; mais leur différence réside au classement
selon l’état hydrique.

La teneur en Cr2O3 varie brusquement de 0,4% à 3,3% pourtant leurs horizons


d’altération sont sous-jacentes. Les A2h se trouvent dans la cuirasse ferrugineuse au
somment du profil d’altération latéritiques des sols d’Ambatovy ; et les A2s se situent dans
l’horizon de latérites jaunes sous-jacentes.
De l’extrait de la matrice de corrélation de Pearson, on constate que la teneur en Cr2O3
et la cohésion apparente de ces sols sont négativement corrélées très forte (-0,826). Une
augmentation de 2,9% en teneur de Cr2O3 enregistre une diminution de 22% de la valeur
de cohésion.
On sait que la cohésion apparente des sols argileux est d’autant plus forte que la
teneur en eau est faible. (Pilot et al., 1969).Pourtant, la matrice de corrélation de Pearson,
on voit que la teneur en eau de ces deux (2) types de sols est corrélée très faible avec la
teneur en Cr2O3 ( 0,071).

Conclusions
Les principales conclusions concernant l’influence des teneurs en oxydes majeurs sur
les paramètres mécaniques des sols latéritiques nickelifères d’Ambatovy sont les
suivantes ;
­ La distribution de la teneur en Mg et Si dans les différents horizons d’altération de
ces sols latéritiques affecte leur compressibilité. Les sables fins argileux (A2s)
peu plastiques se trouvent au sommet du profil d’altération et sont très
compressibles tandis que les argiles très plastiques (A4) se situent à la base du
profil et sont extrêmement compressibles ;
­ Même si les sols A2h et A2s se diffèrent de leur comportement hydrique, la
variation de teneur en Cr2O3 pourrait aussi jouer un rôle prépondérant à leur
comportement relatif à la cohésion ;
­ La contradiction au niveau de la corrélation entre teneur en eau et teneur en Cr2O3
mérite d’être étudiée plus en détail.

4. Références bibliographiques

Boissé M. (2015). Site investigation waste dump Ambatovy et low grade stockpile et
Analamay. Rapport d’étude
Magnan J., Baki A.A., Pichot P. (1993). Analyse statistique de la variabilité des propriétés
physiques et mécaniques des sols. Bulletin de liaison Labo P. et Ch. -186
Mandimbiharison A.J (2012). Evolution minéralogique, distribution et comportement
géochimique de certains éléments au sein du profil latéritique nickelifère d’Ambatovy,
Centre est de Madagascar. Thèse de Doctorat
Moullou Y. (2008). Etude géotechnique, chimique et minéralogique de matière premières
argileuses et latéritique de Burkina Faso améliorées aux liants hydrauliques :
application en génie civil (bâtiment et route). Thèse de Doctorat
Pilot G., Amar S., Le Roux A. (1969). Relation entre la composition minéralogique et les
caractéristiques mécaniques de quelques sols argileux français. Colloque de
Géotechnique à Toulouse.
Skempton (1944). Notes of the compressibility of clas Quart – J. Géol.Soc.London -100,
119-135,

8
433
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

INFLUENCE D’UN COMPACTEUR ROULANT DE LABORATOIRE SUR


LE COMPACTAGE DES SOLS FINS

INFLUENCE OF LABORATORY ROLLER COMPACTOR ON COMPACTION OF


FINE GRAINED SOILS
123 1 2
Ouardia SEDIKI , Andry Rico RAZAKAMANANTSOA , Mahdia HATTAB , Tangi LE
4
BORGNE
1
Institut Français des Sciences et Technologies des Transports, de l’Aménagement et
des Réseaux – GERS –GMG, Nantes, France
2
Laboratoire d'Etude des Microstructures et de Mécanique des Matériaux, Université de
Lorraine - CNRS UMR 7239, Metz, France
3
VINCI Constructions Terrassements
4
Bouygues – Travaux Publics

RÉSUMÉ – On se propose d’étudier l’influence d’un compacteur roulant de laboratoire sur


le compactage du limon de Val d’Europe. Une étude comparative a été réalisée avec le
compactage dynamique au Proctor et le compactage statique. Les résultats obtenus
montrent que les caractéristiques macroscopiques et microscopiques des éprouvettes
sont sensibles au mode de compactage appliqué.

ABSTRACT – The study focus on the influence of a laboratory roller compactor on the
compaction of silt from Val d’Europe. A comparative study was carried out with dynamic
compaction by Proctor and static compaction. The results show that the macroscopic and
microscopic characteristics of the samples are susceptible to the compaction mode
applied.

1. Introduction
Un défaut de compactage est à l’origine de divers désordres observés dans les chantiers
de terrassement, tels que des problèmes liés aux tassements, des dégradations de la
surface des sols sous l’effet de trafic (Gillies et al. 2005), la perte de portance du sol, des
fissurations (Etymezian et al. 2003) etc. Un compactage de bonne qualité permet de
limiter sensiblement ce type de problèmes. Sur chantier, le compactage est réalisé à
l’aide de différents engins de compactage comme les rouleaux à pneus, les rouleaux
lisses, les rouleaux vibrants, les pieds dameurs ou le pied de mouton. La qualité de
compactage visée sur chantier fait référence aux valeurs de densité sèche maximale et
de la teneur en eau optimale obtenues à l’essai Proctor (Proctor, 1933). L’essai Proctor
présente l’avantage d’être un essai pratique et reproductible permettant d’estimer
rapidement une valeur moyenne de la densité nécessaire pour un compactage optimisé.
En revanche, l’essai Proctor se limite à une énergie fixe de compactage, quelque soit
l'état du sol, sans lien avec le type de compactage utilisé sur terrain. Il ne renseigne pas
comment adapter l’effort de compactage en fonction des propriétés du sol (Saffih-Hdadi
et al. 2009) et/ou matériel de compactage (Vogler et al. 2007 ; Mesbah et al. 1999)
réellement utilisé sur chantier. Le lien possible, entre le compactage in-situ et celui réalisé
au laboratoire sur le même sol selon des méthodes normalisées, n’est donc pas maitrisé,
et in fine le comportement des sols compactés in-situ non plus.

1
434
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

L’objectif de cette recherche consiste à reproduire à l’échelle du laboratoire les


modalités de compactage similaires à celles du chantier. Dans ce cadre de cette étude,
un dispositif de compactage roulant a été testé au laboratoire sur le limon de Val
d’Europe, puis, les résultats ont été comparés à ceux obtenus par la méthode dynamique
au Proctor, et la méthode de compactage statique à la presse. L’influence de ces
différentes méthodes sur les propriétés du sol a été analysée à différentes échelles. Nous
avons observé, en particulier, les énergies de compactage déployées, poids volumique
sec moyens, les profils du poids volumique sec en fonction de la profondeur ainsi que la
distribution des pores.

2. Méthodes de compactage et description des dispositifs utilisés


Trois modes de compactage ont été utilisés: la méthode dynamique, la méthode statique,
différente de la précédente par son mode d’application des efforts et de transmission de
l’énergie. Elle permet de faire une transition entre les conditions de compactage Proctor
et les méthodes de mise en œuvre in-situ. La condition de compactage in-situ est
reproduite à l'aide d’un nouveau dispositif de compactage roulant de laboratoire.

2.1. Dynamique

L’essai de compactage dynamique Proctor Normal représente l’essai de référence en


laboratoire. Les essais sont réalisés conformément à la norme NF P 94-093. Le sol à
compacter, préalablement humidifié et homogénéisé, est placé dans un moule cylindrique
de diamètre 101±0,5mm et de hauteur 116,5±0,5mm, compacté en 3 couches. L’effort est
appliqué par choc, à l’aide de la dame Proctor normalisée de masse 2,5Kg, avec une
hauteur de chute de 305mm à raison de 25 coups par couche. L’énergie potentielle
déployée est de 600kN.m/m3.

2.2. Statique
La méthode de compactage statique a été réalisé à l’aide d’une presse mécanique de
capacité maximale 100kN. L’éprouvette compactée est de forme cylindrique
(ϕ=101±0.5mm), compactée en une couche de 40±0.5 mm d’épaisseur. L’énergie
statique appliquée correspond au travail déployé donné par l’équation 1.

d
1
E   V  ds (1)
v0

v est le volume total de l’éprouvette (m3), V est l'effort vertical (kN), ds le tassement
élémentaire (mm) avec V  ds  Wi le travail élémentaire (kN.m).

2.3. Au compacteur roulant


La Figure1 montre le compacteur roulant, noté « CR », conçu au laboratoire. Il est
constitué d’un plateau mobile situé au-dessus d’une embase fixe. Ce plateau mobile, sur
lequel sera posée l’éprouvette de sol, permet un mouvement dans le sens vertical du
moule lors le compactage. Le compactage est assuré par le passage d’une roue en
Ertalon, de diamètre 400 mm et une largeur de 170 mm, sur l’éprouvette de forme
parallélépipédique et de dimensions 500*180*50 mm 3. Le chargement est appliqué à
l’aide d’un vérin hydraulique alimenté d’air comprimé avec des pressions comprises entre
50 kPa et 7000 kPa.

2
435
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 1. Composants du compacteur roulant de laboratoire

Le dispositif présente l’avantage de pouvoir appliquer des charges comparables à


celles appliquées par les engins in-situ : une charge verticale combinée à une translation
horizontale à vitesse constante de 0,3 m/s, sans vibration.
L’énergie déployée par le compacteur roulant, et calculée par l'Equation 1, correspond
au travail fourni par le dispositif pour compacter le volume du sol.

3. Matériau
Le sol étudié est le Limon Val d’Europe de classe géotechnique A2. Ce matériau provient
du bassin parisien, sur la commune de Magny et Hongre (77). Après prélèvement, le sol a
été séché en chambre climatique à 40°C, puis concassé, tamisé à 2 mm et enfin
conditionné dans des fûts jusqu’à utilisation. La courbe granulométrique et la courbe de
compactage Proctor Normal du limon sont représentées respectivement sur la Figure 2a
et Figure 2b, les propriétés géotechniques sont récapitulées dans le Tableau1.

Figure 2: (a) Courbe granulométrique du Limon Val d'Europe (b) Courbe de


compactage Proctor Normal

Tableau 1. Caractéristiques géotechniques du limon Val d’Europe

Caractéristiques granulométriques Propriétés physiques Propriétés de compactage


D10 Dmax Cc Cu wL Ip VBS ρs wOPN γd OPN
3 3
µm µm % g/100g g/cm % kN/m
1,2 2000 1,71 6,51 36,5 15,7 3,87 2,59 15,6 18,05

3
436
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4. Programme expérimental

Le programme expérimental est divisé en plusieurs étapes : préparation des éprouvettes,


choix des efforts de compactage, essai de compactage et auscultation des éprouvettes.

4.1. Préparation des éprouvettes

Après homogénéisation à sec du sol, il a été humidifié à la teneur en eau optimale, puis
mis dans des sacs fermés hermétiquement pendant 24h minimum, pour une
homogénéisation hydrique.

4.2. Choix des efforts de compactage

La variation de l’intensité de l'effort permet d’étudier son influence sur le compactage d’un
sol. Trois efforts de compactage ont été appliqués: un effort minimal F1 = 50 kPa = 0,73
kN, correspondant au chargement minimal que peut fournir le dispositif de compactage
roulant, et deux efforts F2 = 201 kPa = 3,72 kN et F3 = 5620 kPa = 10,5 kN équivalents à
deux types de compacteurs à rouleaux lisses de terrain.

4.3. Essai de compactage au compacteur roulant de laboratoire

L’effort de compactage est dans un premier temps ajusté. Ensuite, la quantité de sol,
nécessaire pour atteindre l’objectif de densité, est incorporée dans le moule. L'ensemble
moule+sol est déposé sur le plateau mobile du compacteur. L'essai de compactage est
réalisé par des passages successifs de la roue sur l'éprouvette. Chaque passage est
précédé d’une élévation du plateau mobile permettant d’imposer une hauteur de sol à
compacter. Ces cycles (liés aux passages de la roue) sont répétés jusqu’à l’obtention de
la densité souhaitée. Un exemple de courbe de tassement est représenté sur la Figure 3.

Figure 3 : Evolution du tassement imposé en fonction du nombre de passes

4.4. Auscultation des éprouvettes

A l’issue de l’essai de compactage, plusieurs paramètres sont contrôlés à différentes


échelles : poids volumique sec moyen, profils de poids volumique sec et la distribution
des pores.

4
437
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Les profils de poids volumique des éprouvettes compactées sont mesurés par
absorption des rayons gamma selon la norme NF P 98-250-5 au moyen d’un banc
gamma-densimétrique.
La distribution des pores des échantillons a été obtenue à l’aide des essais de
porosimétrie au mercure par le biais d’un porosimètre Micromeritics AutoPore IV 9500
V1.09 suivant la norme ISO 15901-1:2005.

5. Résultats et discussions
Les résultats des essais réalisés sur le matériau sont présentés et discutés. On
présentera d'abord les résultats de compactage par roulement, puis une comparaison
avec les modes de compactage en dynamique et en statique.

5.1. Compactage par roulement


5.1.1. Influence de l’effort sur l’évolution du poids volumique sec et du nombre de passes
L’évolution du poids volumique sec au cours du compactage est représentée sur la Figure
4. Les courbes montrent que le poids volumique sec est sensible à l’effort de compactage
et que le nombre de passes est inversement proportionnel à cet effort.

Figure 4. Evolution du poids volumique sec en fonction de l'effort et du nombre de passes

5.1.2. Evaluation des poids volumiques secs moyens


Les résultats du poids volumique sec moyen des éprouvettes sont résumés dans le
Tableau2. Ces résultats confirment la possibilité d’atteindre des poids volumiques OPN
avec le compacteur roulant. Les poids volumiques secs obtenus sont proportionnels aux
efforts appliqués et sont de l’ordre de ≈100% par rapport au poids volumique sec OPN.

Tableau 2. Comparaison des poids volumiques secs moyens des éprouvettes

Mode de Par roulement


Statique
compactage F1=0,73 kN F2=3,72 kN F3=10,5 kN
γd (kN/m3) 18,22 17,42 17,87 18,02
γd/γd OPN (%) 100,95 96,51 99,00 99,83

5
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

5.2. Etude comparative entre les différentes méthodes de compactage

La comparaison des dispositifs porte sur différents paramètres macroscopiques et


microscopiques : les énergies déployées, les poids volumiques secs moyens, les profils
de poids volumique sec ainsi que la distribution des pores.

5.2.1. Equivalence des énergies de compactage


Les énergies déployées pour le compactage du limon à teneur en eau optimale sont de
l’ordre de 600 kN.m/m3 pour l’essai de compactage Proctor, 156,76 kN.m/m3 pour l’essai
3
de compactage statique et 124,95 kN.m/m pour le compactage par roulement. Une
classification peut être établie : Edynamique = 3.8 Estatique = 4.8 Eroulement.

5.2.2. Poids volumiques secs moyens


Le Tableau2 montre que les poids volumiques secs moyens atteints sont de l’ordre de
100% quel que soit le mode de compactage utilisé.

5.2.3. Profils de poids volumique


La Figure 5a renseigne sur l’influence du mode de compactage sur l’évolution avec la
profondeur du poids volumique, et la Figure 5b montre l’influence de l’effort de
compactage sur les profils des éprouvettes compactées par roulement.

Figure 5. Profils de poids volumique des éprouvettes (a) Influence du mode de


compactage (b) Influence de l'effort de compactage

La Figure 5a montre différentes allures dans les profils du poids volumique très
dépendant du mode de compactage. Le compactage en dynamique induit un profil
influencé par le nombre de couches (3 couches dans notre cas), la courbe présente un
poids volumique minimal qui correspond au fond de chaque couche.
Le compactage en statique induit des profils en poids volumique plus homogène. Ceci
est lié à l’épaisseur relativement faible de l’échantillon qui favorise la transmission de
l'énergie.
Pour le compactage par roulement avec l’effort F1, la courbe montre une diminution du
poids volumique avec la profondeur. Il peut y avoir ici plus de dissipation de l’énergie, qui
peut être compensée par l’augmentation de l’effort appliqué (Figure 5b).

6
439
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

5.2.4. Distribution des pores


La Figure 6 présente les résultats d’essai au porosimètre au mercure, les courbes de
distribution des pores des éprouvettes compactées concernent les trois modes de
compactage.

Figure 6. Distribution des pores des éprouvettes

Les courbes montrent l’effet du mode du compactage sur la microstructure. Elles


présentent des distributions bimodales des pores. Le premier pic est à un diamètre
d’environ 1.31 µm pour les éprouvettes compactées en dynamique, de 0.84 µm en
statique et de 1.06 µm pour le compactage par roulement (F1). Le deuxième pic se situe
à un diamètre moyen de 3.21 µm pour un compactage en dynamique, de 6.03 µm en
statique et de 21.31 µm par roulement (F1). Le mode de compactage semble affecter les
gros pores tandis que les petits pores restent inchangés.

5.2.5. Correspondance compacteur roulant de laboratoire / compacteur de terrain


Une tentative de représentation des résultats de compactage conforme au tableau de
compactage du Guide Technique Routes (GTR) a été réalisée (Tableau 3).

Tableau 3 : Paramètres de compactage du compacteur roulant

F1=0,73 kN F2=3,72 kN F3=10,5 kN


Nombre de passes 31 21 13
Q/S (m3/m2) 0,0054 0,0071 0,0134

Le résultat montre la possibilité de déterminer la valeur du rapport entre le volume de


sol compacté pendant un temps donné Q et la surface balayée par le compacteur
pendant le même temps, S ou Q/S relatif au dispositif de laboratoire. Cette démarche
permet ainsi d’envisager une étude comparative avec des cas réels de chantier.

6. Conclusions
Le compacteur roulant (CR) de laboratoire est un outil original qui permet de compacter
un sol en appliquant des sollicitations similaires à celles appliquées in-situ.
Une étude comparative des différentes méthodes de compactage a été réalisée, à
diverses échelles, sur le limon Val d’Europe: dynamique, statique et par roulement. Les

7
440
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

paramètres de comparaison sont: l’énergie de compactage déployée, le poids volumique


sec moyen, les profils de poids volumique sec des éprouvettes ainsi que leurs
distributions porales.
Les résultats des essais soulignent une importante différence dans les énergies
déployées permettant l’établissement d’une classification entre les trois méthodes de
compactage: l’énergie de compactage déployée en dynamique représente 4 fois l’énergie
déployée en statique et 5 fois celle déployée au CR.
Néanmoins, toutes les méthodes de compactage testées permettent d’atteindre l’objectif
de poids volumique sec moyen visé.
Cependant, les méthodes de compactage testées génèrent différents profils de poids
volumique sec. Une investigation à l’échelle de la microstructure a été effectuée pour
tenter d’apporter des éléments d’explication à cette disparité. L’analyse de la distribution
des pores montre que seuls les pores de grande taille sont influencés significativement
par le compactage: diminution de la taille et de l’intensité. Par contre, le diamètre des
pores de petite taille reste relativement peu impacté. Le compacteur roulant de laboratoire
génère une distribution des pores située en zone intermédiaire entre le compactage
statique et dynamique.
Une étude comparative avec le cas de chantier réel permettrait de vérifier la
représentativité de la méthode de compactage. Le compacteur roulant de laboratoire
permet d’envisager cette possibilité.

Remerciements :
Nous adressons nos remerciements à : la Fédération Nationale des Travaux
Publics (FNTP), le Syndicat Professionnel des Terrassiers de France (SPTF) ainsi que
l’entreprise VINCI Constructions et Terrassements (VCT) qui ont contribué à
l’accompagnement de cette étude.

Références bibliographiques
AFNOR Mars1993 : NF P 98-250-5, «Partie5 : Mesure en laboratoire de la masse
volumique apparente d’un corps d’épreuve au banc Gammadensimétrique»
AFNOR 1999 : NF P 94-093, « Détermination des références de compactage d’un
matériau ». ISSN : 0335-3931
Etymezian V., Kuhns H., Gillies J., Chow J., Hendrickson K., McGown M., Pitchford M.
(2003). Vehicle-based road dust emission measurement (III): effect of speed, traffic
volume, location, and season on PM10 road dust emissions in the Treasure Valley, ID.
Atmospheric Environment, Vol. 37, pp. 4583-4593
Gillies J.A., Etymezian V., Kuhns H., Nikolic D., Gillette D.A. (2005). Effect of vehicle
characteristics on unpaved road dust emissions. Atmospheric Environment, Vol. 39, pp.
2341-2347
ISO 15901-1:2005, “Pore size distribution and porosity of solid materials by mercury
porosimetry and gas adsorption – Part 1 : Mercury porosimetry”
Mesbah A., Morel J.C., Olivier M. (1999). Comportement des sols fins argileux pendant un
essai de compactage statique : détermination des paramètres pertinents. Matériaux et
Constructions, Vol. 32, pp. 687-694
Proctor R.R. (1933). Fundamental Principles of Soil Compaction. Engineering News-
Record, Vol. 111(n°9, 10, 11 et 12)
Saffih-Hdadi K., Défossez P., Richard G., Cui Y.J., Tang A.M., Chaplain V. (2009). A
method for predicting soil susceptibility to the compaction of surface layers as a
function of water content and bulk density. Soil & Tillage Research. Vol.105, pp. 96-103
Vogler T. J., Lee M. Y., Grady D. E. (2007). Static and dynamic compaction of ceramic
powders. International Journal of Solids and Structures, Vol 44, pp. 636-658

8
441
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

MESURES DES PROPRIETES CYCLIQUES DES SOLS LIMONEUX


OU ARGILEUX AU LABORATOIRE

CYCLIC TRIAXIAL MEASUREMENTS ON SILTY AN CLAYEY SOILS IN THE


LABORATORY
1
Jean François SERRATRICE
1
Cerema DTer Méditerranée, Aix en Provence, France

RÉSUMÉ – Une méthode d'exploitation des essais triaxiaux cycliques est proposée pour
identifier les propriétés dynamiques des sols fins limoneux ou argileux au laboratoire.
L'essai consiste à appliquer plusieurs séquences successives de cycles en condition non
-4 -2
drainée dans une gamme de déformations axiales comprises entre 10 et 10 . Une
approximation en séries de Fourier des courbes expérimentales permet d'effectuer
l'identification précise du module d'Young sécant et de l'amortissement. L'exploitation d'un
essai donne une illustration de la méthode.

ABSTRACT – An operating method for cyclic triaxial testing is proposed to identify the
dynamic properties of silty or clayey fine soils in the laboratory. The test consists in
applying several successive sequences of undrained cycles in a range of axial
deformations between 10-4 and 10-2. Fourier's serial approximation of the experimental
records allows the precise identification of secant Young modulus and damping. An
operating test gives an illustration of the method.

1. Introduction

La connaissance du comportement cyclique des sols s'impose pour comprendre la


réponse des sites quand ils sont frappés par un séisme. En très petites déformations, la
raideur du sol est représentée par le module de cisaillement Gmax qui est en lien direct
avec la vitesse des ondes de cisaillement Vs. Dans la gamme des déformations faibles à
moyennes, le comportement des sols est non linéaire et hystérétique. La raideur du sol
est représentée par le module de cisaillement sécant G. La dissipation d'énergie par le sol
au cours des cycles est représentée par le coefficient d'amortissement D. Les propriétés
G et D dépendent à la fois de la contrainte effective de confinement σ'm et du niveau de
déformation de cisaillement γ. En pratique, le recueil des propriétés dynamiques des
terrains s'effectue par la mesure directe des vitesses Vs in-situ, ou une estimation
indirecte de celles-ci, puis au laboratoire, où sont mesurées les variations de G et D avec
σ'm et γ. En reproduisant des sollicitations cycliques contrôlées, les essais de laboratoire
permettent d'identifier les paramètres du comportement non linéaire et hystérétique des
sols. Dans cette démarche, qui s'impose pour les projets importants, il est impératif de
disposer d'échantillons carottés de bonne qualité et représentatifs des sols étudiés.
Une méthode d'exploitation des courbes d'essai triaxial cyclique est proposée ici. Elle
s'appuie sur une approximation des courbes expérimentales dont l'expression permet
d'accéder à l'identification précise du module d'Young sécant et de l'amortissement dans
la gamme des amplitudes faibles à moyennes des déformations cycliques. L'exploitation
d'un essai triaxial cyclique donne une illustration de la méthode. Le sol testé est un limon
dont les propriétés physiques et mécaniques sont décrites, avant de passer à ses
caractéristiques dynamiques.

1
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2. Description des courbes triaxiales cycliques

2.1. Procédure d'essai

Les essais triaxiaux cycliques destinés à la mesure des propriétés dynamiques des sols
se déroulent en plusieurs phases. Pour les aspects conventionnels, la réalisation de
l'essai se réfère à la norme de l'essai triaxial à chargement monotone. Pour les aspects
cycliques il est fait référence à la norme américaine ASTM D 3999-91. Quelques
éléments pratiques sont indiqués ci-dessous.
Après découpage, l'éprouvette est placée dans la cellule triaxiale. Celle-ci est munie
d'un dispositif d'extension. Il est recommandé d'utiliser un dispositif de mesure locale de
la déformation fixé sur l'éprouvette. La saturation du sol est parachevée par l'application
de paliers de contre-pression. L'éprouvette est consolidée sous une pression effective
isotrope pc définie en fonction des conditions de site (la profondeur dans le massif ou le
chargement sous l'ouvrage).
La sollicitation cyclique non drainée est appliquée ensuite (CUy). Elle est composée
par plusieurs séquences de cycles successives pilotées en déplacement (essai étagé en
mode DF, contrôle en déplacement et en fréquence). Le déplacement axial sinusoïdal
alterné, qui est imposé, est défini par une amplitude ∆h et une fréquence f. La sollicitation
cyclique est maintenue constante jusqu'à atteindre un nombre fixé de cycles. A cette
amplitude cyclique correspond l'amplitude de la déformation axiale ∆εa (notée aussi ∆εa SA
pour simple amplitude). Cette amplitude ∆εa est augmentée d'une séquence de cycles à
-4 -2
l'autre afin de balayer la gamme des déformations axiales comprises entre 10 et 10 (de
0,01 % à 1 %). La reconsolidation préalable de l'éprouvette sous la pression effective
isotrope pc est effectuée avant de commencer une nouvelle séquence si la pression
interstitielle accumulée devient trop grande pendant la séquence précédente.
Pendant les séquences de cisaillement cyclique, le déplacement axial ∆h (mesures
globale et locale), l'effort axial F et la pression interstitielle u sont enregistrés en continu.
L’échantillonnage des mesures est réalisé à pas de temps constant à raison de 50 ou 100
points par cycle. Ces mesures sont converties en déformation axiale εa, pression effective
moyenne p = (σ'a + 2σ'r)/3 et déviateur q = σ'a – σ'r, où σ'a et σ'r sont les contraintes
effectives axiale et radiale. Le déviateur q constitue la réponse du sol. Les déformations
et les contraintes sont comptées positivement en compression. Le calcul de ces variables
est effectué à partir des données brutes, en tenant compte de la variation de section de
l'éprouvette (forme de déformation en tonneau). Pendant chacune des séquences de
cycles ces variables sont représentées graphiquement en fonction du temps (t, εa, q, u) et
sous la forme de courbe contrainte déformation (εa, q) et de chemin des contraintes
effectives (p, q).

2.2. Module d'Young et amortissement

Dans son principe, l'essai triaxial, pendant lequel la pression de confinement est
maintenue constante, permet de mesurer le module d'Young E, rapport entre le déviateur
q et la déformation axiale εa. Un essai non drainé permet de mesurer le module d'Young
non drainé Eu, dans une plage où la pression interstitielle ne change pas trop. Ce module
est directement lié au module de cisaillement G (Eu = 1,5 G). Dans les essais triaxiaux
cycliques, le module d'Young non drainé sécant représente la pente moyenne de la

2
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boucle contrainte-déformation (εa, q). Cette pente est bien définie pour un matériau
viscoélastique. D'autres définitions des modules concernent les modules tangents.
L'amortissement hystérétique traduit la dissipation de l'énergie par le sol pendant les
cycles de chargement-déchargement. Dans un matériau viscoélastique, il est
proportionnel au rapport entre l'énergie dissipée pendant un cycle (l'aire Ac de la boucle)
et l'énergie stockée pendant ce cycle (l'aire du triangle At = ∆εa, × ∆q / 2 sous la demi-
boucle). Ce rapport exprime aussi le déphasage ϕ entre la sollicitation εa(t) et la réponse
q(t) D = sin(ϕ) / 2 = Ac / 4π At (hystérésis signifie "en retard").

Figure 1. Essai triaxial cyclique.


Courbe déformation axiale, déviateur (εa, q). Paramètres.

Dans les sols fins limoneux ou argileux la progression du déviateur est continue
pendant chacune des séquences de cycles et s'amortit progressivement. Elle est retardée
par rapport à la sollicitation qui est imposée en déformation. Toutefois, les boucles
contrainte-déformation (εa, q) se distordent peu à peu quand l'amplitude ∆εa est
augmentée d'une séquence de cycles à l'autre, pour s'éloigner progressivement de la
réponse d'un matériau viscoélastique. Les boucles (εa, q) ne sont plus fermées. La norme
ASTM D 3999-91 précise les conditions d'exploitation de l'essai triaxial à ce titre. Dans les
sables, les amplitudes supérieures à 10-3 conduisent souvent à des fortes déformations
plastiques et une dégradation marquée du module Eu, voire à la liquéfaction du sol.

2.3. Représentation des boucles contrainte-déformation

Dans cette situation, la méthode d'exploitation des essais triaxiaux cycliques proposée ici
veut répondre à deux objectifs :

3
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- améliorer l'exploitation des essais en tenant compte de la forme compliquée des cycles
dans la gamme des déformations moyennes,
- réduire l'effet du bruit des mesures.
En effet, il n'existe pas de méthode pour déterminer les propriétés dynamiques à partir de
boucles d'hystérésis déformées.
Une autre proposition est suggérée ici. Le graphique de la figure 1 montre une boucle
contrainte-déformation (εa, q) enregistrée pendant une séquence de cycles d'un essai
triaxial. L'origine de la boucle a pour coordonnées (εa0, q0). La sollicitation et la réponse
sont caractérisées par les doubles-amplitudes ∆εa DA et ∆q, mais des amplitudes distinctes
en compression et en extension ∆εa c, ∆εa e, ∆qc, ∆qe. De ces caractéristiques sont déduits
les modules sécants Ec = ∆qc / ∆εa c, Ee = ∆qe / ∆εa e, Et = ∆q DA / ∆εa DA, l'aire du cycle Ac,
l'aire du triangle At et l'amortissement D = sin(ϕ) / 2 = Ac / 4π At, où ϕ est le déphasage.

2.4. Représentation des courbes en fonction du temps

Chaque séquence de cycles contrôlée en mode DF fait l’objet d’une exploitation séparée
(contrôle en déplacement et en fréquence). Pour chacune de ces séquences, des
approximations des courbes enregistrées εa(t) et q(t) sont calculées au sens des moindres
carrés à l’aide de séries de Fourier (approximation de Bessel). Le calcul est effectué pour
tous les cycles de la séquence ou pour un nombre donné de cycles, les dix derniers
cycles sur une séquence de cinquante cycles par exemple. Dans les sols fins limoneux ou
argileux, ce choix permet de s'éloigner du début de la séquence des cycles où les
variations du déviateur et de la pression interstitielle sont souvent les plus fortes, pour ne
retenir que les cycles les mieux stabilisés.
L'approximation s'exprime par :
n n
y(t) = a0/2 + ∑k=1 ak cos(2π k t / T) + ∑ k=1 bk sin(2π k t / T) (1)
où ak et bk sont des amplitudes, T est la durée de la séquence des N cycles et 2n le
nombre de mesures. Les coefficients ak et bk sont calculés par la méthode des moindres
carrés. Les fréquences mineures sont éliminées alors, pour ne conserver que les
fréquences dominantes. Cette réduction permet d'effectuer un filtrage des hautes
fréquences et d'éliminer ainsi le bruit des mesures.
Les propriétés des cycles sont calculées ensuite à partir de ces approximations :
- les amplitudes cycliques de la déformation axiale et du déviateur en compression et en
extension, ∆εa c, ∆εa e, ∆q c et ∆q e, à partir de l'origine (εa0, q0) des cycles,
- les doubles-amplitudes cycliques ∆εa DA = ∆εa c - ∆εa e et ∆q DA = ∆q c - ∆q e,
- l’aire Ac des boucles (εa, q) pendant chacun des cycles,
- l’aire du triangle situé du côté des compressions At = ∆εa c × ∆q c / 2.
Les propriétés dynamiques du sol se déduisent de ces résultats, pour chacun des
cycles, avec les modules sécants en extension Ee et en compression Ec, le module global
Et :
Ee = ∆q e / ∆εa e Ec = ∆q c / ∆εa c Et = ∆q DA / ∆εa DA (2)
et l’amortissement D, qui représente la dissipation d’énergie (ou le déphasage ϕ entre la
déformation axiale et le déviateur) :
D = sin(ϕ) / 2 = Ac / 4 π At (3)
La méthode s'avère efficace, en particulier pour identifier les modules d'Young sécants
sur les courbes. L'identification des amortissements pendant les séquences de cycles
successives est améliorée aussi. Mais cette l'application de cette méthode n'échappe pas
aux questions habituelles de l'influence de la machine d'essai et des conditions d'essai
(fréquence, nombre de cycles, jeu des contacts machine-éprouvette).

4
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3. Application à l'exemple d'un essai triaxial cyclique sur un limon

L'exemple d'un essai triaxial cyclique est présenté. Il porte sur un limon testé dans son
état naturel. Les propriétés dynamiques du sol sont identifiées par la méthode proposée.

4.1. Le limon
Le limon provient du site de Vauxrains, près de Soissons dans l'Aisne. Les échantillons
carottés ont été prélevés dans trois sondages de près de cinq mètres de profondeur. Les
échantillons carottés sont parfaitement bien conditionnés dans des conteneurs en PVC
de 85 mm de diamètre intérieur, fermés à leur extrémité par des bouchons et du ruban
adhésif. Ils sont stockés verticalement au laboratoire. L'ouverture des conteneurs révèle
la présence d'un limon beige brun ou beige orangé, légèrement argileux ou légèrement
sableux, homogène dans l'ensemble. Le tableau 1 indique les moyennes de
caractéristiques d'état où z est la profondeur, w la teneur en eau, γ le poids volumique, γd
le poids volumique sec, e l'indice des vides et Sr le degré de saturation.

Tableau 1. Caractéristiques moyennes d'état du limon.


w γ γd e Sr ρd wsat γd sat
3 3 3
(%) (kN/m ) (kN/m ) () (%) (g/cm ) (%) ()
20,08 19,50 16,24 0,632 85,9 1,655 23,39 20,04

Le poids volumique γ et le poids volumique sec γd sont calculés avec g = 9,81 m/s .
2

L'indice des vides e et le degré de saturation Sr sont calculés avec un poids volumique
solide γs = 26,5 kN/m3 par défaut, soit une masse volumique solide ρs = 2,70 g/cm3. Le
tableau 1 indique aussi la masse volumique sèche moyenne ρd, la teneur en eau à
saturation wsat et le poids volumique à saturation γsat du limon. Le sol est peu compact,
avec un indice des vides moyen égal à 0,63. Il n'est pas saturé, Sr < 1.

Tableau 2. Propriétés physiques du limon.


C2 C80 wL wP IP VB
(%) (%) () () () (g/100 g)
8 à 16 94 à 97 26 à 32 19 à 22 6 à 12 2,7 à 3,9

Les essais d'identification du limon comptent des analyses granulométriques par


diffraction laser, des mesures des limites de consistance et des essais au bleu de
méthylène. Ces propriétés sont reportées dans le tableau 2. (C2 et C80 teneurs en
particules de diamètre inférieur à 2 µm et 80 µm). Le sol se classe en limon peu plastique
(Lp) ou argile peu plastique (Ap) d'après la classification USCS-LCPC.

4.2. Essai triaxial cyclique, courbes expérimentales

L'essai triaxial CU cyclique a été réalisé en mode DF, essai contrôlé en déplacement et
en fréquence. L'éprouvette de 50 mm de diamètre et d'élancement deux est saturée sous
contre-pression (ucp = 400 kPa), puis elle est consolidée sous la pression effective
isotrope pc = 50 kPa. Les cycles en mode DF sont appliqués ensuite en condition non
drainée à la fréquence f = 0,5 Hz (période T = 2 s). Huit séquences de cinquante cycles
ont été appliquées pour des amplitudes ∆εa égales à 0,005 %, 0,01 %, 0,02 %, 0,05 %,
0,1 %, 0,2 %, 0,5 % et 1 % respectivement.
En cours d'essai et pendant les quatre premières séquences de cycles y1 à y4, les
enregistrements montrent que l'accroissement de la pression interstitielle reste limité

5
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(inférieure à 5 kPa). Elles ont été enchaînées l'une après l'autre de ce fait, jusqu'à la
séquence y5. Des phases de reconsolidation sont effectuées ensuite avant les séquences
de cycles y6, y7 et y8, puis après la séquence y8. Les premières produisent des
déformations volumiques cumulées limitées, inférieures à 0,5 %. Par contre, les
séquences de cycles y6, y7 et y8 provoquent des montées de pression interstitielle plus
fortes (17, 25 et 35 KPa), puis des déformations volumiques de reconsolidation cumulées
de près de 0,5, 1 et 2 %.

Figure 2. Essai triaxial cyclique CUy DF piloté en déplacement.


Courbes contrainte-déformation (εa, q). 50 cycles par séquence.
a) Séquences de cycles y1 à y4.
b) Séquences de cycles y5 à y8.

Les courbes contrainte-déformation (εa, q) des huit séquences de cycles sont


rassemblées sur les deux graphiques de la figure 2, en séparant les quatre premières
séquences des quatre suivantes avec des échelles appropriées. Pendant les premières
séquences de cycles, les courbes forment des boucles très étroites et fermées, alors que
les dernières se développent largement et ne sont pas fermées. Les modules d'Young
sécants se stabilisent rapidement pendant les premières séquences et ne se stabilisent
pas pendant les dernières. Ils diminuent d'une séquence à l'autre. Ces évolutions
caractérisent la dégradation du module d'Young Eu en fonction de l'amplitude ∆εa SA des
séquences successives de cycles. Parallèlement, les aires intérieures des boucles (εa, q)
croissent avec ∆εa SA, marquant ainsi une dissipation de plus en plus grande, ce qui sera
traduit par l'accroissement de l'amortissement D.

4.3. Exploitation de l'essai triaxial cyclique


Dans la méthode proposée, les courbes représentant la déformation (t, εa) et le déviateur
(t, q) en fonction du temps font l'objet d'une approximation à l’aide de séries de Fourier.
Ces approximations sont calculées au sens des moindres carrés sur la totalité de la
séquence de cycles, ou un intervalle particulier de celle-ci. Dans le cas présent, le calcul
est effectué sur les dix derniers cycles de chacune des séquences y1 à y8, soit entre 80
et 100 s après le début de la sollicitation sinusoïdale. Cela permet de sélectionner un
domaine où l'amplitude ∆q du déviateur est la plus amortie et les boucles (εa, q) les mieux

6
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fermées. Parallèlement, l'accroissement de la pression interstitielle est plus lent dans cet
intervalle. D'autres choix d'intervalles de calcul sont possibles.

4.4. Représentation de la réponse dynamique du limon

Pour terminer, les paramètres dynamiques du limon, qui ont été mesurés à partir de
l'essai triaxial cyclique non drainé présenté ici, sont comparés aux propriétés tirées de
deux formulations empiriques. Les modules sécants Et et les amortissements D sont
reportés sur les graphiques de la figure 3 en fonction de l'amplitude de la déformation
axiale ∆εa SA.
Sur la base d'une compilation de nombreux essais de laboratoire publiés dans la
littérature concernant des argiles et des limons, Vardanega et Bolton (2013) ont proposé
une expression semi-empirique donnant le module maximal de cisaillement Gmax en
fonction de la pression effective de confinement et de l'indice des vides. Le module de
cisaillement G s'exprime, via le rapport G / Gmax, en fonction de la déformation de
cisaillement γ et d'une déformation de référence γref. Comme Gmax pour l'axe des modules
G en ordonnée, γref est introduite là pour normaliser l'axe des déformations en abscisse.
Son expression est établie en fonction de l'indice de plasticité Ip :
γref = 2,2 (Ip / 100000) (4)
Le rapport Gmax / G est donné alors par l'expression :
Gmax / G = 1 + (γ / γref)0,943 (5)

Figure 3. Propriétés dynamiques Eu et D du limon en fonction


de l'amplitude de la sollicitation ∆εa SA. Comparaison des
données expérimentales aux formulations empiriques.

Cette formulation établie en termes de cisaillement est convertie dans les variables
triaxiales εa et q en admettant que Eu = 1,5 G et que γ = 1,5 εa. Il est admis aussi que le
module d'Young non drainé maximal vaut Eu max = 80 MPa. Ce module en petite
déformation est attribué arbitrairement ici à titre d'illustration et en l'absence de mesures
de la vitesse des ondes de cisaillement Vs ou l'utilisation d'une colonne résonnante sur le
limon. Les courbes obtenues ainsi sont reportées dans le plan (∆εa SA, Eu) de la figure 3a
pour des indices de plasticité allant de 10 à 200. Les points expérimentaux tirés de l'essai

7
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triaxial cyclique, sont reportés sur le graphique. Ces points sont groupés autour des
courbes empiriques Ip = 10 et 15 qui reflètent à peu près l'indice de plasticité du limon.
Différents auteurs ont proposé de relier l'amortissement D au rapport G/Gmax au moyen
de formulations empiriques appropriées. La relation polynomiale en G/Gmax de Ishibashi
et Zhang (1993) est mise en œuvre ici. Elle est paramétrée aussi en fonction de l'indice
de plasticité Ip. Elle est constituée de deux termes :
1,3 2
DIp = 0,167 [1 + exp(-0,0145 (Ip) )] D = DIp [0,586 (G/Gmax) -1,546 (G/Gmax) + 1] (6)
Dans ces expressions, l'amortissement minimal pour γ = 0 est Dmin = 0,039 DIp, tandis
que l'amortissement maximal pour γ = ∝ est D∝ = DIp. Les courbes calculées par ces
expressions sont reportées dans le plan (∆εa SA, D) de la figure 3b. Les points
expérimentaux tirés de l'essai triaxial cyclique sont groupés autour de la courbe Ip = 15,
pour un indice de plasticité qui n'est pas trop éloigné de celui du limon. L'amortissement
prévu par les lois empiriques croît vers une asymptote, alors que la mesure recueillie
pendant la séquence de cycles y8 se trouve en retrait par rapport à celle de la séquence
y7.

5. Conclusion
Une méthode d'identification des paramètres dynamiques d'un sol est proposée. Elle
s'applique aux courbes contraintes et déformations qui sont enregistrées au cours d'un
essai triaxial cyclique. Des approximations en série de Fourier des courbes
expérimentales sont calculées au préalable sur un intervalle donné des enregistrements.
Partant de ces courbes et après filtrage pour éliminer le bruit des mesures, il est possible
d'identifier les paramètres caractéristiques des boucles d'hystérésis recueillies pendant
les séquences de cycles successives appliquées à l'éprouvette. La méthode trouve un
intérêt dans sa capacité à décrire des boucles distordues qui s'observent quand
l'amplitude cyclique de la déformation imposée augmente et produit une réponse de plus
en plus non-linéaire. La méthode proposée pour identifier les propriétés dynamiques à
partir des courbes triaxiales semble donner satisfaction. Elle est adaptable aux différentes
modalités pratiques de mise en œuvre de l'essai triaxial (amplitude, fréquences, durée
des séquences de cycles). Elle peut s'appliquer à toute ou partie des séquences de
cycles. Elle a été mise en œuvre avec succès à de nombreux essais triaxiaux cycliques
effectués sur des sables, des limons et des argiles.

6. Références bibliographiques

ASTM (American Society for Testing and Materials, 1996) ASTP standard D3999-11,
Standard Test Methods for the Determination of the Modulus and Damping Properties
of Soils Using the Cyclic Triaxial Apparatus, ASTM Standards, 14 p.
El Mohtar C.S., Drnevich V., Santagata M., Bobet A. (2013) Combined resonant column
and cyclic triaxial tests for measuring undrained shear modulus reduction of sand with
plastic fines. Geotechnical Testing Journal, vol. 36, n° 4, pp. 1-8.
Ishibashi I., Zhang X.J. (1993) Unified dynamic shear moduli and damping ratios of sand
and clay. Soils and Foundations, vol. 33, n° 1, pp. 182-191.
Vardanega P. J., Bolton M. D. (2013). Stiffness of clays and silts: normalizing shear
modulus and shear strain. Journal of Geotechnical & Geoenvironmental Engineering,
vol. 139, n° 9, pp. 1575-1589.

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MESURES DES PROPRIETES MECANIQUES D'UNE ARGILE


SURCONSOLIDEE AU LABORATOIRE

MECHANICAL PROPERTIES OF AN OVERCONSOLIDATED CLAY BY


LABORATORY TESTS
1
Jean François SERRATRICE
1
Cerema DTer Méditerranée, Aix en Provence, France

RÉSUMÉ – Un programme d'essais vise à d'identifier les propriétés mécaniques d'une


argile surconsolidée prélevée par carottage. Le programme comprend des essais
triaxiaux de cisaillement en compression et en extension et des essais triaxiaux à
chargements proportionnels. Les résultats des essais sont décrits et commentés. Les
réponses enregistrées sous les différents types de sollicitations sont comparées. Les
propriétés de déformabilité et de résistance de l'argile sont identifiées.

ABSTRACT – A test program is designed to identify the mechanical properties of an


overconsolidated clay sampled by coring. The program includes triaxial shear tests in
compression and extension and stress path tests. Test results are described and
discussed. The responses observed under various types of load are compared. Young
modulus and shear resistance of the clay are identified.

1. Introduction

Un programme d'essais de laboratoire a été réalisé afin d'identifier les propriétés


mécaniques d'une argile surconsolidée. L'argile a été prélevée par carottage en grand
diamètre (170 mm) vers vingt mètres de profondeur. Il s'agit d'une argile grise compacte
homogène, localement indurée. Ses propriétés physiques déduites des essais
d'identification font état d'une argile peu plastique. Le programme d'essais mécaniques
comprend des essais triaxiaux consolidés non drainés en compression et en extension, à
basse pression et à haute pression (jusqu'à 3 MPa). Le programme comprend aussi des
essais triaxiaux à chargements proportionnels. Les courbes contrainte-déformation et les
chemins de contraintes permettent d'identifier les principaux paramètres mécaniques de
l'argile surconsolidée, en particulier les modules de déformation sous les différents types
de chargements et sa résistance. La démarche entreprise pour cette argile s'inscrit dans
la continuité de programmes expérimentaux antérieurs (Serratrice, 1995, 1998, 2002,
2014).
Les caractéristiques d'état et les propriétés physiques de l'argile sont présentées pour
commencer. Les procédures d'essais sont indiquées. Les résultats des essais triaxiaux
sont décrits puis commentés ensuite. Les réponses enregistrées sous les différents types
de sollicitations sont comparées. Au-delà de propriétés mécaniques identifiées sur les
courbes d'essais, l'interprétation de cet ensemble d'essais vise à caractériser la
déformabilité et la résistance de l'argile.

1
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2. Propriétés physiques de l'argile

2.1. Caractéristiques d'état

Deux échantillons carottés ont été prélevés entre 19,5 et 20,5 m, puis entre 21,5 à 22,5 m
respectivement. Les échantillons sont carottés en diamètre 170 mm. Le sol apparaît sous
la forme d'une argile grise compacte homogène. Les éprouvettes pour essais mécaniques
sont découpées manuellement au touret au cœur des échantillons carottés. Le grand
diamètre des échantillons permet de découper plusieurs éprouvettes à un même niveau,
dans un tronçon homogène d'argile.

Tableau 1. Caractéristiques moyennes d'état de l'argile.


w γ γd e Sr ρd wsat γd sat
3 3 3
(%) (kN/m ) (kN/m ) () (%) (g/cm ) (%) ()
20,48 20,51 17,02 0,557 99,4 1,735 20,61 20,53

Les caractéristiques d'état de l'argile, teneurs en eau et densités, ont été mesurées sur
les éprouvettes d'essai et des fragments d'échantillons (plusieurs dizaines de mesures).
Le tableau 3 donne les caractéristiques moyennes d'état de l'ensemble des mesures où w
est la teneur en eau, γ le poids volumique, γd le poids volumique sec, e l'indice des vides
et Sr le degré de saturation. Le poids volumique γ et le poids volumique sec γd sont
2
calculés avec g = 9,81 m/s . L'indice des vides e et le degré de saturation Sr sont calculés
avec un poids volumique solide γs = 26,5 kN/m3 soit une masse volumique solide
ρs = 2,70 g/cm3. Le tableau 1 indique aussi la masse volumique sèche moyenne ρd, la
teneur en eau à saturation wsat et le poids volumique à saturation γsat de l'argile. L'argile
est très homogène avec une teneur en eau moyenne w = 20,5 % et un indice des vides
moyen e = 0,56. Elles peuvent être considérées comme saturées (Sr > 99 %).

2.2. Propriétés physiques

Les essais d'identification de l'argile comptent deux analyses granulométriques par


diffraction laser, deux mesures des limites de consistance et deux essais au bleu de
méthylène. Ces propriétés sont reportées dans le tableau 2. (C2 et C80 teneurs en
particules de diamètre inférieur à 2 µm et 80 µm). Le sol se classe en argile peu plastique
(Ap) d'après la classification USCS-LCPC.

Tableau 2. Propriétés physiques de l'argile.


C2 C80 wL wP IP VB
(%) (%) () () () (g/100 g)
15 99 45 et 48 22 et 24 23 et 24 3,5 et 3,6

3. Chargements isotropes et radiaux

3.1. Etat initial, saturation

Le programme expérimental comprend des essais triaxiaux de différents types. Pour les
aspects conventionnels, la réalisation des essais triaxiaux se réfère à la norme de l'essai
triaxial à chargement monotone. Les éprouvettes sont découpées au touret (diamètre
50 mm, élancement deux). Après découpage, les éprouvettes sont montées dans des

2
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

membranes en néoprène sur des circuits de drainage saturés en eau désaérée. Les
cellules triaxiales sont équipées de dispositifs d'extension. Les déformations et les
contraintes sont comptées positivement en compression.
Une première phase d'essai consiste à mesurer la pression interstitielle négative qui
règne à l'état initial dans l'argile. L'enregistrement de la pression interstitielle de pied est
initié pour une durée de 70 heures environ. Une pression de confinement de 20 à 50 kPa
est appliquée. Les pressions interstitielles augmentent avec l'application de ce
confinement. Puis elles diminuent et deviennent négatives pour se stabiliser vers -15 kPa
environ. Dans une seconde phase d'essai, la saturation du sol est parachevée par
l'application de paliers de contre-pression, pour atteindre des coefficients B de Skempton
supérieurs à 0,95 (contre-pression ucp de 300 ou 400 kPa).

3.2. Consolidation

Deux modes de consolidation sont employés ensuite. Le premier consiste à consolider les
éprouvettes sous des pressions effectives isotropes pc comprises entre 75 et 1600 kPa
(drainage vertical exclusivement). La durée des phases de consolidation isotrope est de
l'ordre de 70 heures. La déformation axiale εa et la déformation de volume εv sont
enregistrées en fonction du temps. Des temps de consolidation t100 relativement courts
apparaissent dans la majorité des essais triaxiaux. Ils s'établissent autour de une à quatre
heures. Seules quatre éprouvettes présentent des temps plus longs, de l'ordre d'une
vingtaine d'heures. Ainsi, les coefficients de consolidation verticale cv de l'argile sont
-8 -7 2 -11
estimés entre 2 10 et 5 10 m /s environ pour des perméabilités comprises entre 2 10
-10
à 5 10 m/s. L'argile présente une certaine hétérogénéité à ce titre.

Figure 1. Courbes de consolidation triaxiales par paliers et continues.


a) Courbes contrainte-déformation dans le plan (pc, εvc).
b) Chemins des déformations dans le plan (εac, εvc).

3
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Les déformations finales de consolidation, axiale εac et volumique εvc, tirées des
courbes expérimentales, sont représentées par des points sur la figure 1 dans le plan
(pc, εvc) en échelles arithmétiques et dans le plan des déformations (εac, εvc).

Figure 2. Chemins radiaux et cisaillement non drainés.


a) Courbes contrainte-déformation dans le plan (εa, q).
b) Chemins des contraintes effectives dans le plan (p, q).

Le second mode de consolidation des éprouvettes triaxiales consiste à effectuer des


chargements continus le long de chemins de contraintes contrôlés radiaux (ou
proportionnels). Les chemins sont définis dans le plan des contraintes effectives (p, q) où
p est la contrainte effective moyenne p = (σ'a + 2σ'r)/3, q est le déviateur q = σ'a - σ'r, σ'a la
contrainte effective axiale et σ'r la contrainte effective radiale. Les chemins partent de
l'origine de ce plan et se déploient linéairement à pression p croissante et en condition
drainée, dans une direction caractérisée par un taux de cisaillement constant η = q/p. La
figure 2b montre quatre chemins radiaux de pentes 0,00, 0,15, 0,25 et 0,38
respectivement. Ces chemins permettent d'atteindre un état de contraintes anisotrope,
pour des pressions effectives moyennes comprises entre 1,5 à plus de 4 MPa dans un
délai de 50 à 120 heures.
Les réponses de l'argile en termes de déformations sont indiquées sur les figures 1 et
2a. Les courbes contrainte-déformation (p, εv) présentent une allure exponentielle et elles
s'accordent avec les mesures enregistrées pendant les paliers de consolidation isotrope
(figure 1a). D'autre part, les chemins de déformation (εa, εv) présentent une direction
moyenne dont la pente est proche de 3, en accord avec les consolidations isotropes
(figure 1b). Trois des chemins radiaux ont été prolongés par des phases de cisaillement
non drainés en compression. Les courbes (εa, q) sont représentées sur la figure 2a (la
déformation axiale a été remise à zéro au début du cisaillement) et dans le plan (p, q) de
la figure 2b. Les résistances mesurées avec ces trois essais seront décrites plus bas avec
l'ensemble des résultats des essais triaxiaux.

4
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4. Déformabilité et résistance au cisaillement

4.1. Cisaillement non drainé en compression et en extension

Les chargements non drainés (CU) monotones sont mis en œuvre dans une quatrième
phase d'essai. Le cisaillement CU est effectué à partir de l'état de contrainte effective de
consolidation isotrope (pc) ou anisotrope (pc, qc), en compression ou en extension à des
vitesses lentes v = 0,004 à 0,015 mm/min. La durée des phases de cisaillement drainé va
de 25 à 75 heures environ. Le calcul des variables est effectué à partir des données
brutes, enregistrées en continu, en tenant compte de la variation de section de
l'éprouvette, pour des mesures globales des déformations (forme de déformation en
tonneau). Les résultats s'expriment à l'aide de la déformation axiale εa, du déviateur q et
de la pression interstitielle u.

Figure 3. Cisaillements non drainés en compression.


a) Courbes contrainte-déformation dans le plan (εa, q).
b) Chemins des contraintes effectives dans le plan (p, q).

Au total, quatorze éprouvettes ont été cisaillées en compression pour des pressions de
consolidations pc comprises entre 75 et 1600 kPa. Les courbes d'essai sont représentées
sur la figure 3. Les pressions de consolidations sont indiquées dans la légende. Plusieurs
éprouvettes sont cisaillées sous la même pression de consolidation, ce qui permet
d'observer la dispersion des réponses, qui est à attribuer à l'hétérogénéité locale de
l'argile.
Dix éprouvettes ont été cisaillées en extension pour des pressions de consolidations pc
comprises entre 75 et 600 kPa. Les courbes d'essai sont représentées sur la figure 4. Les
pressions de consolidation pc sont indiquées dans la légende. Plusieurs éprouvettes sont

5
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cisaillées sous la même pression de consolidation, ce qui permet d'observer la dispersion


des réponses, qui est à attribuer à l'hétérogénéité locale de l'argile.

Figure 4. Cisaillements non drainés en extension.


a) Courbes contrainte-déformation dans le plan (εa, q).
b) Chemins des contraintes effectives dans le plan (p, q).

Figure 5. Modules d'Young Eu mesurés en compression et en extension.


en fonction de la pression effective moyenne de consolidation.

6
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4.2. Déformabilité et résistance

Les modules d'Young non drainés Eu sont identifiés au début des courbes de chargement
-4
non drainé (εa, q) pour des niveaux de déformation axiale de l'ordre de 10 . Il s'agit de
modules initiaux tangents. Ces données sont reportées sur le graphique de la figure 5
dans le plan (pc, Eu). Les modules Eu croissent avec pc. Les modules d'extension sont
plus grands que les modules de compression. Des approximations en racine de pc
peuvent être admises pour représenter ces variations, qui sont reportées sur le graphique
et qui s'écrivent :
0,5
compression Eu = 7,5 (pc) (pc en kPa, Eu en MPa) (1)
extension Eu = 12,5 (pc) 0,5 (pc en kPa, Eu en MPa) (2)

Un rapport de 1,7 s'établit entre ces modules. Les essais triaxiaux non drainés de
compression et d'extension font apparaître un comportement souvent observé avec les
argiles surconsolidées. Un faible écrouissage apparaît à basse pression (faible remontée
de l'enveloppe de rupture). Des pics peu marqués apparaissent à haute pression en
compression, suivi par une faible dilatance (la pression interstitielle diminue) et un faible
radoucissement. Ces évolutions s'expliquent par la rupture systématique de l'argile sur
des plans, dont certains semblent préexister. En extension, les paliers de résistance
semblent mieux établis. Les éprouvettes cassent aussi sur des plans.

Figure 6. Enveloppes de résistance de l'argile surconsolidée.


Plans des contraintes effectives (p, q) et des contraintes
totales (pT, qT) superposés et à deux échelles.

Tableau 6. Caractéristiques de résistance de l'argile.


Cqc Mc Cqe Me c' φ'
(kPa) () (kPa) () (kPa) (°)
67 0,93 -51 -0,71 32 23,8

Une interprétation conventionnelle des résistances est néanmoins proposée. Elle se


fonde sur le critère de rupture |q/p|max appliqué en compression dans le plan des

7
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

contraintes effectives (p, q). Les couples des contraintes effectives (prup, qrup) identifiés sur
les courbes d'après ce critère sont reportés dans le plan des contraintes effectives (p, q)
de la figure 6. Deux droites de Coulomb traduisent la résistance effective des argiles à
haute pression en compression et en extension. Leurs caractéristiques sont indiquées
dans le tableau 3, avec leurs ordonnées à l'origine Cqc et Cqe et leurs pentes Mc et Me.
Ainsi l'argile présente une cohésion à basse pression, qui peut être estimée à c' = 32 kPa
environ en moyenne. L'argile se révèle faiblement frottante. A base pression, la résistance
en extension dépasse le critère qui a été identifié en compression (figure 4a).
Un critère de rupture en qmax est appliqué en contraintes totales aux pics de résistance.
Ces points et leur enveloppe de rupture constituée de deux branches de paraboles sont
représentés dans le plan des contraintes totales (pT, qT) superposés au plan (p, q) et à
deux échelles sur la figure 6. Ces critères ont pour expression, en compression et en
extension :
σa = σr + σci [1 + mci (σr / σci))] αci σa > σr (3)
σa = σr + σti [1 – mti (σr / σti))] αti σa < σr (4)
avec, comme paramètres, la résistance en compression uniaxiale σci = 120 kPa (σci > 0),
la résistance en traction σti = -120 kPa (σti < 0), les coefficients positifs mci = mti = 1,2 et
les exposants αci = 0,9 et αti = 0,77, qui se réduisent au nombre de cinq avec la relation
mti σci = -mci σti. La résistance en traction peut être définie aussi par le rapport rct tel que
σti = -rct σci (rct > 0, ici rct = 1). Enfin, 0 < αci < 1 et 0 < αti < 1.

5. Conclusion

Un programme d'essais mécaniques comprenant des essais triaxiaux non drainés à


basse et à haute pression, en compression et en extension, et des chemins radiaux a été
effectué sur une argile surconsolidée. L'argile grise présente un comportement de sols
surconsolidés. Les modules d'Young initiaux tangents sont à peu près deux fois plus forts
en extension qu'en compression. Ils augmentent avec la pression effective moyenne.
Deux critères de rupture sont utilisés pour représenter la résistance de l'argile, en
contraintes effectives et en contraintes totales. Un critère linéaire est admis pour le
premier dans l'ensemble de la gamme des contraintes effectives mises en œuvre (0 –
3 MPa). La surconsolidation de l'argile se traduit par une cohésion. En contrainte totales,
un critère parabolique permet de tenir compte de la courbure de l'enveloppe de rupture à
basse pression, courbure qui constitue un autre signe de la surconsolidation de l'argile.

6. Références bibliographiques

Serratrice J.F. (1995). Essais de laboratoire à haute pression sur des marnes, Colloquium
Mondanum, Bruxelles, 20-22 mars 1995, 1.1.61-1.1.70.
Serratrice J.F. (1998) Caractéristiques mécaniques des marnes de l'Oligocène du bassin
de Marseille. Comptes rendus, 2ème Symposium International sur les sols indurés et
les roches tendres, Naples, 11-14 octobre 1998, Vol. 1, pp. 301-310.
Serratrice J.F. (2002) Outils et procédures de caractérisation des sols indurés et des
roches tendres : L'expérience du LRPC d'Aix en Provence. Actes du Symposium
International PARAM 2002, Paris, 2-3 septembre 2002, pp. 313-326.
Serratrice J.F. (2014) Divers aspects du comportement mécanique des marnes en
laboratoire. Actes du Symposium International sur la Stabilité des Versants Rocheux RSS
2014, Marrakech, 2-4 avril 2014, pp. 175-189.

8
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

MODELISATION DE LA FISSURATION HYDRIQUE DES SOLS


ARGILEUX PAR LA METHODE DE FISSURE COHESIVE

NUMERICAL MODELING OF DESICCATION CRACKING OF CLAYEY SOIL BY


COHESIVE FRACTURE METHOD

Thi Dong VO1,2, Ahmad POUYA2, Sahar HEMMATI1, Anh Minh TANG2
1
IFSTTAR, Marne-la-Vallée, France
2
Ecole des Ponts, Marne-la-Vallée, France

RÉSUMÉ – L’objectif principal de ce travail est de présenter un ensemble de modèles


constitutifs et une modélisation numérique qui permet de comprendre les résultats
d’observation de l’évolution de la succion et de la déformation, ainsi que l’initiation et la
propagation du réseau des fissures hydriques sous l’effet de séchage. La modélisation
numérique utilise la méthode d’éléments finis et la loi de la fissure cohésive. Une
simulation d’un échantillon de sol avec des comparaisons avec des données
expérimentales permet d’évaluer les performances du modèle proposé.

ABSTRACT – The main objective of this research is to study by numerical simulation the
evolution of suction and strain fields, the initiation and propagation of cracks under the
effect of drying. A finite element method will be used with the cohesive fracture model for
crack propagation. A simulation of a soil sample with comparisons to experimental data
allows evaluating the proposed model.

1. Introduction

La fissuration due à la dessiccation est un phénomène très courant dans les sols,
particulièrement dans les sols argileux. Sous l’effet de la variation des conditions
climatiques, l’eau dans le sol peut s’évaporer. Cette diminution de la teneur en eau est
accompagnée par une augmentation de la succion et de la contrainte effective qui cause
le retrait du sol. Si ce retrait est restreint (par les conditions aux limites, la concentration
de la contrainte ou l’hétérogénéité dans la structure du sol…), il génèrera une contrainte
en traction. Dès que cette contrainte atteint la résistance à la traction du sol, le réseau
des fissures pourra être formé. A cause du couplage hydromécanique dans le processus
de formation et de propagation des fissures hydriques, plusieurs propriétés du sol sont
influencées par ce processus. Du côté hydraulique, la présence du réseau des fissures
change la perméabilité du sol, augmente l’infiltration des fluides et influence la courbe de
rétention d’eau. Concernant les paramètres mécaniques, les fissures changent la
compressibilité et la résistance du sol. C’est une des raisons importantes d’instabilités des
ouvrages en sol comme des barrages ou des remblais.
La formation et la propagation des fissures par la dessiccation sont étudiées par de
nombreux travaux de recherches. La méthode expérimentale (Peron et al. 2009; Lau
1987; Tang et al. 2011) a pour objectifs principaux d’étudier la formation et la propagation
du réseau des fissures sous les conditions de température et d’humidité relative contrôlés
et d’observer l’influence des paramètres comme le type du sol, l’épaisseur de l’échantillon
et les conditions aux limites sur la morphologie du réseau des fissures créé. Dans les
calculs numériques, la propagation est expliquée généralement par la Mécanique
Élastique Linéaire des Fractures (H.Morris et al. 1991; Konrad et Ayad 1997). D’autres
simulations numériques visant à simuler l’apparition d’un réseau des fissures hydrique

1
458
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

sous dessiccation ont été effectuées par la méthode des éléments discrètes (Amarasiri et
al. 2010; Stirling 2014) ou des méthodes utilisant des éléments d’interfaces (Sánchez et
al. 2014; Asahina et al. 2014; Amarasiri et Kodikara 2013).
Le couplage hydromécanique dans l’initiation et la propagation des fissures pose
toujours de grandes difficultés de simulation numérique et il est de ce fait très simplifié
dans la plupart des études. Dans cet article, nous proposerons une approche pour
simuler le couplage hydromécanique du processus de dessiccation avec la formation des
fissures en utilisant le modèle d’élasticité-endommagement des fissures cohésives
(Pouya et Bemani 2015). La simulation numérique est réalisée en utilisant le code aux
éléments finis Porofis (Pouya 2015) qui est conçu pour les matériaux POreux FISsurés.
Le couplage hydromécanique est réalisé dans ce code par un processus itératif passant
du problème hydraulique à la mécanique et vice versa. L’objectif principal de ce travail est
de montrer la capacité du modèle proposé pour simuler le processus de dessiccation,
ainsi que l’initiation des fissures. Une simulation d’un échantillon de sol comprenant
quatre joints cohésifs a pour objectif d’observer l’évolution des paramètres du sol comme
le degré de saturation et le tassement ainsi que la formation des fissures lors du séchage.

2. Equations constitutives

Dans cette partie, nous allons rappeler les équations principales du problème hydraulique
et mécanique résolues dans le modèle. Pour plus de détails sur les modèles constitutifs,
nous renvoyons aux travaux de Pouya et al. (2015) et Pouya et Bemani (2015).

2.1. Ecoulement hydraulique dans la matrice poreuse et dans la fissure

2.1.1. Ecoulement dans la matrice poreuse


L’écoulement dans la matrice est régi par la loi de Darcy et la conservation de la masse.
Le changement du degré de saturation et de la porosité lors du séchage a été relié à la
variation de la pression interstitielle par la courbe de rétention d’eau proposé par Van
Genuchten et par le modèle poroélastique. Dans le code Porofis, la succion est comprise
comme une pression de fluide négative. Par ailleurs, la diminution de la perméabilité de la
matrice pourra être calculée à partir du degré de saturation à tous les instants. L’équation
finale qui permet de déterminer l’écoulement dans la matrice poreuse avec une
hypothèse du fluide incompressible est la suivante :

p
div(k p)  CM r (1)
t

 1  .dS / dp   v
Avec CM  S    ; r  Sb , p la succion (MPa), k  k m /  où k m est la
N S  t
perméabilité intrinsèque de la matrice (m2) ;  la viscosité dynamique du fluide (Pa.s) ; b
le coefficient de Biot et N le module de Biot. Ces paramètres sont reliés au module de
compressibilité du matériau K, le module de compressibilité des grains Ks et la porosité  0
par la relation : b  1  K / K s 1/ N  (b  0 ) / K s
2.1.2. Ecoulement dans la fissure
Dans le modèle, la conductivité transversale de la fissure est supposée infinie, ce qui
implique que la pression est identique sur les deux côtés de la fissure et peut être
représentée par une seule valeur de p variant le long de la fissure. L’écoulement dans la
fissure est régi par la loi cubique : la conductivité hydraulique est une fonction de
l’épaisseur e de la fissure et de la viscosité  du fluide par la loi de Poiseuille :

2
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

c  e3 /12 . Dans le code Porofis, un modèle complet de l’écoulement hydraulique dans la


fissure prenant en compte l’échange du fluide entre la fissure et la matrice et entre les
fissures (en cas d’intersection des fissures) a été implémenté. L’équation finale qui
permet de déterminer l’écoulement dans la fissure en supposant l’incompressibilité du
fluide est la suivante:

s (cs p)  v .n  r f (2)

e
Avec r f  dont s représente l’abscisse curviligne le long de la fissure, n la vecteur
t
 
unitaire normale et v  v  v la discontinuité de vitesse entre les deux lèvres de la
fissure au point considéré qui est calculée automatiquement dans le code.

2.2. Comportement mécanique

Dans ce travail, le sol est supposé d’avoir un comportement élastique linéaire représenté
par la relation suivante, avec C le tenseur d’élasticité.

  C :   b(Sp) (3)

La variation de la porosité est calculée en utilisant le model poroélastique linéaire :

dp
d  bd  v  (4)
N

La loi d’élasticité-endommagement de fissure cohésive (Pouya et Bemani 2015) est


utilisée pour modéliser le comportement mécanique des joints cohésifs. Précisément, les
joints cohésifs sont mises en place explicitement et sont représentées numériquement par
des éléments joints d’épaisseur nulle avec une petite conductivité hydraulique et une très
grande raideur à l’état initial. La raideur et la conductivité hydraulique initiale des joints
dépendent de l’espacement entre eux pour rassurer que la présence de ces joints
cohésifs n’a pas d’influences sur la rigidité et la perméabilité équivalente du massif. Dans
ce modèle, une variable d’endommagement D a été ajoutée. La variation de cette variable
représente le processus d’endommagement à travers la diminution de la raideur des
joints et le critère de résistance. Sous l’effet de l’évaporation, une contrainte en traction se
développe et dès que cette contrainte atteint la résistance du sol, la fissure s’apparaît.

2.3. Couplage hydromécanique

Le couplage hydromécanique dans le code Porofis est effectué par un processus itératif
passant du problème hydraulique au problème mécanique et vice versa. Le schéma
général du calcul et du couplage hydromécanique est représenté sur la Figure 1 :

3
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 1 : Schéma de calcul avec le couplage hydromécanique

3. Simulation numérique

3.1. Observations expérimentales

Dans ce travail, le test de dessiccation reporté par Sanchez et al. (2013) est utilisé
comme une donnée de base pour évaluer le modèle proposé. Dans ce test, une couche
circulaire d’un limon (30% sable, 57% limon, 13% argile) de 100 mm de diamètre et de 13
mm de l’épaisseur préparée à l’état très molle a été laissée sous la condition contrôlée
avec 19,5° (0,30 ) de température et 37% (4%) d’humidité relative. En utilisant la
technique de scan laser 2D, toutes les caractéristiques du sol lors du séchage sont
observées (le changement du volume, les tassements, la variation du degré de
saturation…). Particulièrement, le développement du réseau des fissures lors du séchage
(ouverture, profondeur) a été observé. L’évolution de la morphologie de l’échantillon au
cours du temps a permis de distinguer deux phases lors de la dessiccation : dans le
premier temps, le sol se tasse sans fissuration et après quelques temps pendant le
séchage, la phase de fissuration commence, les fissures sont initiées et ensuite elles
commencent à se propager. Les résultats principaux de ce test comme le tassement, le
degré de saturation, ainsi que le développement du réseau des fissures seront utilisés
comme la base d’évaluation du modèle proposé.

3.2. Détermination des paramètres et des caractéristiques du modèle

3.2.1. Détermination des paramètres du modèle


La courbe de rétention d’eau (Figure 2a) utilisée dans la modélisation a été décalée à
partir d’une courbe expérimentale reportée par El Mountassir et al. (2011) et une valeur
constante du module d’élasticité E = 1 MPa sera utilisée pour une succion inférieure de -
0.2 MPa issue de la courbe œdométrique expérimentale faite par El Mountassir et al.
(2014). Une simulation numérique est effectuée avec les paramètres suivants :
 Pour le sol : E = 1 MPa ; = 0,3 ; ks =10-8 m/s ; einitial = 0,615, α = 9,81 MPa-1 ; n =
1,60 ; m = 0,375
 Pour les joints cohésifs : Ktt = 1 MPa/mm ; Knn = 1000 MPa/mm ; Ktn = Knt = 0
MPa/mm ; σR = 0,1 MPa ; C = 0,06 MPa ;  = 30 °; β = 1; e0 = 10-4 mm
 Pour le fluide : f = 1000 kg/m3 ; μ = 10-3 Pa/s

4
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 2: (a) Courbe de rétention d’eau et (b) Evolution d’ouverture des fissures 1 et 3 au
cours de l’évaporation

3.2.2. Caractéristiques du modèle


La dimension de la simulation 2D est basée sur la géométrie de l’échantillon utilisée dans
le test de Sanchez et al. (2013). Un échantillon rectangulaire de 100 mm de largeur et de
13 mm de l’épaisseur a été considéré dans cette étude. De plus, quatre joints cohésifs de
longueur de 10 mm (de Y = 3 mm à Y = 13 mm), orientées verticalement aux positions
observées dans l’échantillon expérimental ont été mises en place (X = 5, 15, 50 et 80
mm) et sont numéroté 1, 2, 3 et 4 de l’ordre de droite à gauche. Un schéma simple est
présenté dans la Figure 3. Concernant les conditions aux limites : tous les déplacements
horizontaux et verticaux sont bloqués sur les bords latéraux et sur la base de l’échantillon
afin de présenter la cohésion parfaite entre le sol et la moule. La condition de
l’environnement avec 20° de température et 40% d’humidité relative de l’air a été imposée
sur la surface de l’échantillon à traves un taux d’évaporation qui n’est pas constant, mais
diminuera à tous les instants comme une fonction de la succion à la surface de
  gM  
 exp  RT s   ha 
l’échantillon par la formule proposée par Wilson (1990) : AE  PE     
 1  ha 
 
 
Où : AE est le taux d’évaporation actuelle, PE le taux d’évaporation potentielle, g
l’accélération de la pesanteur, M la masse moléculaire de l’eau, R le constant des gaz
parfaits, T la température, ha l’humidité relative de l’air et s la succion à la surface du sol.

3.4. Résultats

La Figure 4 présente la déformation de l’échantillon au cours de la dessiccation. En


examinant cette figure, on peut distinguer clairement deux phases pendant le séchage.
Dans les premiers temps d’évaporation (de t = 0 h à t = 7 h), le sol présente seulement
une augmentation du tassement sans fissuration et tous les joints cohésifs restent
fermés. Ensuite, à l’instant t = 8 h, la première fissure a été ouverte au côté gauche.
L’ouverture de cette fissure est influencée par la condition aux limites. Les autres fissures
sont apparues graduellement et leur ordre d’ouverture est similaire aux observations
expérimentales.
L’évolution du tassement au milieu de la surface de l’échantillon (le point avec les
coordonnées X = 50 mm, Y = 13 mm) a été observée au cours de l’évaporation. La Figure
5a présente la comparaison entre cette évolution en fonction du temps de séchage

5
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

correspondant à la simulation numérique et les données expérimentales. En effet,


l’évolution du tassement en fonction du temps dépend à la perméabilité de la matrice. La
petite différence entre les deux courbes sur cette figure peut être expliquée par l’utilisation
d’une valeur de la perméabilité plus grande que les valeurs réelles. De plus, il faut
rappeler que le comportement du sol a été supposé élastique linéaire avec un module
d’Young constant. Cela est aussi la raison provoquant cette différence. Bien qu’il y ait un
écart entre ces deux courbes, la forme du tassement est similaire pour les deux cas.

Figure 3 : Géométrie et conditions aux limites de la simulation numérique

La Figure 5b présente la diminution du degré de saturation et une comparaison entre la


simulation numérique et les données expérimentales. Dans les temps considérés, cette
diminution est presque linéaire pour les deux cas mais plus rapide pour la simulation
numérique, ce qui peut être expliqué par une valeur de perméabilité plus grande
considérée dans le calcul numérique.

Figure 4 : Evolution de la déformation de l’échantillon au cours de l’évaporation

Dans le code Porofis, l’ouverture de la fissure est calculée comme la discontinuité de


déplacement sur les deux lèvres de la fissure. L’ouverture des joints cohésifs 1 et 3
(Figure 3) ont été suivies et leur évolution dans la simulation numérique et dans les
expériences sont présentées dans la Figure 2b. La limite entre les deux phases de la
dessiccation est exprimée par le saut de l’ouverture. Dans les premières heures,
l’ouverture de ces fissures est égale à zéro, correspondant la phase de tassement sans
fissuration. Ensuite, il y a un saut de l’ouverture et ces ouvertures continuent d’augmenter
avec le temps.

6
463
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 5 : (a) Evolution du tassement et (b) Evolution du degré de saturation en fonction


du temps

4. Conclusions

Cet article a présenté une approche pour la simulation numérique de la fissuration lors
de la dessiccation prenant en compte un faible couplage hydromécanique avec des
calculs de l’écoulement et de la déformation dans la matrice et dans les fissures. La
simulation numérique a été effectuée en utilisant le code aux éléments finis Porofis et en
utilisant la loi de fissure cohésive (Pouya et Bemani 2015) pour représenter la
propagation des fissures. La simulation numérique a permis de distinguer deux phases
lors de l’évaporation : le tassement sans fissuration et l’initiation et ensuite la propagation
des fissures. La simulation numérique a permis également d’observer l’évolution de la
succion, du degré de saturation et du tassement ainsi que du champ de contrainte et de
déformation au cours de l’évaporation. La comparaison entre les résultats de la simulation
numérique et des données expérimentales a permis de valider le modèle proposé.
Malgré certains points faibles restant encore à améliorer, la simulation numérique a
montré que la loi de fissure cohésive intégrée dans le code Porofis permet de modéliser
la fissuration des sols argileux sous l’effet de séchage. L’étude de l’espacement entre les
fissures et de leur profondeur est envisagée dans la suite de ce travail afin de mieux
évaluer l’effet de cette fissuration sur la perméabilité des sols.

Référence

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8
465
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

DEVELOPPEMENT D’UN MODELE THEORIQUE PERMETTANT DE


REPRODUIRE LE COMPORTEMENT DES SOLS PROCHES DE LA
SATURATION – APPLICATION A DES ESSAIS DE LABORATOIRE DE
TERRASSEMENT

DEVELOPMENT OF A THEORETICAL MODEL FOR SOILS NEAR TO


SATURATION – VALIDATION WITH EARTHWORK LABORATORY TEST
1,2 , 3 1 5
Dino MAHMUTOVIC, Rinah ANDRIANATREHINA, Luc BOUTONNIER, Jacques
MONNET, 3Said TAIBI, 5Thierry DUBREUCQ
1
Egis géotechnique, Seyssins, France
2
3SR, Grenoble, France
3
LOMC, Le Havre, France
4
GAÏATECH,Seyssinet-Pariset, France
5
IFSTTAR, Nantes, France

RÉSUMÉ – Cette communication a pour objectif de faire le lien entre un essai de


terrassement courant, l’indice de portance immédiat (IPI), et les paramètres de la
mécanique des sols (succion). A cet effet, une modélisation numérique est présentée et
validée sur des données expérimentales. Cette communication se limite au côté humide
de l’optimum Proctor où l’air est occlus.

ABSTRACT – This paper aims to build a link between a earthwork laboratory test, and
suction in order to improve earthworks behavior knowledge in the short and long terms. A
modelisation is presented and compared with experimental data. Only the wet side of
Proctor test is analysed.

1. Introduction

Cet article s’inscrit dans le cadre du projet ANR Terredurable, commencé en 2012 et
qui prendra fin en décembre 2016. Terredurable a pour objectif d’améliorer la conception
des ouvrages en terre (compactage et stabilité) en combinant recherche expérimentale et
théorique avec le retour d’expérience des praticiens. Ce projet a pour ambition de mieux
comprendre la mécanique des sols non saturés et notamment celle des sols proches de
la saturation. Ces derniers ont un comportement bien spécifique avec la présence de
bulles d’air occluses. Cet état hydrique correspond par ailleurs à la majorité des ouvrages
en terre anthropiques en sols fins (déblais, remblais, barrages en terre, digues,…).
Cette communication permet d’illustrer le lien entre un essai de terrassement classique
l’IPI et la mécanique des sols quasi-saturés où l’air est occlus. Le sol étudié est un sol
marneux de type A4 selon le Guide des terrassements routiers (GTR). Les paramètres
géotechniques de ce dernier sont résumés dans le tableau 1.

Tableau 1. Propriétés géotechniques des différents sols étudiés


Granulométrie (%) d OPN CaCO3 Classe
wL (%) Ip wOPN (%) GTR
< 80 µm < 2 µm (kN/m3) (%)
Marne 94 36 80 49 25 15,2 18,5 A4

1
466
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2. Description des essais de laboratoires réalisés

Huit éprouvettes Proctor compactées à différentes teneurs en eau ont été soumises à des
essais IPI (Indice de Portance Immédiat). Chaque éprouvette a également fait l’objet de
mesures de succion au papier filtre. Les courbes des forces de réaction du sol en fonction
de l’enfoncement du piston sont reportées sur la figure 1. Les relations succion / teneur
en eau et l’évolution de la densité sèche et de l’IPI en fonction de la teneur en eau de
compactage sont reportées sur la figure 2.
Le sol testé est une marne de classe A4 selon le GTR (Guide des Terrassement Routiers)
avec un indice de plasticité de 49% et une limite de liquidité de 80%

Côté sec

OPN
Côté
humide

Figure 1. Courbes IPI pour différentes teneurs en eau

Figure 2. Résultats des essais de laboratoire réalisés : a) Evolution de la teneur en eau


en fonction de la succion – b) évolution de l’indice IPI en fonction de la succion - c)
Evolution de l’indice IPI et du poids volumique sec en fonction de la teneur en eau.

La force de réaction du sol sous l’effet du piston augmente en fonction de la succion


(Figure 1). Sur le graphe teneur en eau succion, une inflexion est observée au niveau de

2
467
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

l’optimum. Cette inflexion délimite deux comportements distincts : d’une part, les courbes
compactées du côté sec de l’OPN et, d’autre part les courbes compactées du côté
humide de l’autre. Ce résultat a déjà été observé par de nombreux auteurs (Cui 1993,
Fleureau et al 2002, Leong et Rahardjo 2002). La synthèse bibliographique effectuée par
Boutonnier (2007) montre que l’optimum Proctor correspond en général à la limite entre le
domaine où l’air est occlus (côté humide) et le domaine où l’air est libre (côté sec). Ceci a
été confirmé par des essais de perméabilité à l’air sur ce matériau (non présentés dans
cette communication).

3. Modélisation numérique des essais IPI du côté humide de la courbe Proctor

Les différents paramètres nécessaires à la modélisation numérique d’essais IPI du côté


humide ainsi que les principales étapes de la construction du modèle sont présentés par
la suite.
Cette simulation a pour objectif de montrer que la prise en compte d’un fluide interstitiel
compressible et de la succion permet de retrouver les résultats issus d’essais de
terrassement. L’influence de certains paramètres, comme la densité sèche du sol et la
succion, est analysée.

3.1. Détermination des paramètres du modèle du côté humide de l’optimum Proctor

3.1.1 Détermination des paramètres quasi-saturés

Le modèle proposé s’appuie sur une adaptation du modèle de Boutonnier (2007,2010).


Plus de détails sont disponibles dans la littérature Mahmutovic et al. (2014), Boutonnier et
al. (2015), Andrianatrehina et al. (2015). Ce modèle permet de prédire le comportement
des sols proches de la saturation, domaine dans lequel de l’air est emprisonné dans l’eau
sous forme occlus. Le fluide interstitiel possède alors une forte compressibilité qui dépend
de la quantité d’air dans le sol et donc de son degré de saturation. Les équations (1) et (2)
donnent la compressibilité du fluide interstitiel en fonction de la pression d’eau u w.

1 - Sr  h.S r
cf =
1 1
. S re  S rair   cw pour uw < 0 (1) cf =
u w  rbm  Pa  u wg
 cw pour uw > 0 (2)
Sr sair

Cet état de saturation est typiquement ce que l’on retrouve dans les ouvrages en terre
anthropiques tels que les ouvrages routiers, autoroutiers, ou encore les digues ou
barrages en terre.

Figure 4 et 5. Division d’un sol en 4 domaines de saturation sur une courbe de rétention
et une courbe Proctor (Boutonnier 2007).

3
468
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Tant que la tension capillaire se reporte sur le squelette (u w < 0, domaine D2), le modèle
est caractérisé par le degré de saturation à l’entrée d’air Srair, la succion à l’entrée d’air sair
et le degré de saturation pour lequel la pression interstitielle est nulle S re. Dans le
domaine D3 où les pressions d’eau uw deviennent positives, il faut ajouter la constante
d’Henry h et le rayon moyen des bulles d’air rbm emprisonnées dans le fluide (en général,
ce rayon correspond à celui des plus gros pores, Boutonnier 2007). Ces paramètres se
retrouvent dans les équations (3) et (4) qui permettent de décrire l’évolution du degré de
saturation, dont dépend le coefficient de compressibilité du fluide interstitiel.

(3) (4)

D’après la synthèse de Boutonnier (2007), la succion d’entrée d’air peut être trouvée à
partir de la courbe Proctor (Figure 2). C’est la succion au niveau de l’optimum (200 kPa).
Le degré de saturation équivalent à l’entrée d’air est déterminé par l’équation (3) (en
prenant un γs mesuré de 27,5 kN/m3, il est égal à 0,88). Le degré de saturation Sre
correspondant à une pression interstitielle nulle est déterminé à partir de l’équation (4).
Cette valeur varie pour chaque éprouvette compactée à une teneur en eau différente.

En effet la teneur en eau pendant le compactage va jouer sur la quantité d’air


emprisonnée dans le fluide. Les valeurs de Sre pour chaque éprouvette de sol sont
reportées dans le Tableau 2. Il est à noter que les valeurs de Sre ont été lissées afin de
corriger d’éventuelles imprécisions expérimentales liées à la mesure du degré de
saturation dans le moule Proctor (Fleureau et al 2002).
Tableau 2 – Valeurs de Sre pour les différentes valeurs de teneur en eau testées
Teneur en eau 23,5% 25,5% 27,5% 29,5% 31,5% 33,5%
Srair mesuré à
0,88
l’OPN
uw mesuré
-175 -56 -54 -45 -42 -29
(kPa)
Sre calculé 0,885 0,919 1,000 0,968 0,965 0,940
Sre lissé 0,885 0,920 0,945 0,965 0,970 0,975

3.1.2. Détermination des paramètres de la loi de comportement mécanique

En plus des essais IPI, des essais mécaniques (essais oedométriques et triaxiaux) ont été
réalisés sur échantillons intacts prélevés dans le moule Proctor afin de pouvoir compléter
les paramètres du modèle. Un modèle élasto-plastique de type Cam Clay modifié a été
utilisé dans la modélisation numérique. La démarche permettant de déterminer chacun de
ses paramètres est décrite ci-dessous.
Les paramètres λ et κ sont déterminés à partir de l’essai oedométrique réalisé. Il est
possible de retracer la courbe de consolidation vierge et ainsi retrouver le paramètre N0
(Equation (5)) qui est l’indice des vides pour une contrainte effective moyenne de 1kPa.
(5)

La pente M est déterminée à partir d’un essai triaxial Consolidé Drainé. La contrainte
effective de préconsolidation p’c est calculée à partir de la courbe de consolidation vierge

4
469
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

(Figure 9). La contrainte de préconsolidation isotrope p’c étant l’intersection entre la pente
λ et la pente κ (Equation (8)), il suffit de connaître l’état de contrainte effective et de
densité du sol en un point quelconque pour retrouver cette valeur. C’est ce qui est fait en
considérant l’état du sol à la fin d’un essai Proctor en nous appuyant sur les mesures de
succion et de densité sèche. Les paramètres déduits des essais de laboratoire sont
résumés dans le tableau 3.

(6) (7)

(8)

Tableau 3 – Valeurs des paramètres hydromécaniques pour les différentes teneurs en


eau testées
Poids
Indice
p’c Succion Densité volumique
Wnat λ κ M N0 des K0*
[kPa] [kPa] sèche des grains
vides e
[kN/m3]
25,5 % 1360 56 1,51 0,75 1,75
27,5 % 975 54 1,53 0,73 1,55
29,5 % 0,153 0,04 655 0,7 1,73 45 1,45 0,83 27,5 1,45
31,5 % 369 42 1,40 0,89 1,30
33,5 % 184 29 1,35 0,96 1,20

e
N0 1

Dry side of
Proctor curve
λ

e2 Wet side of OPN


λ κ 2
Proctor curve

Ln p’
p’ref1kpa p’ini p’ref

Figure 9. Evolution de l’indice des vides après compactage et de la contrainte de


préconsolidation effective pour différents points de la courbe Proctor

Les points correspondant à l’état de contrainte et de densité du sol à la fin de l’essai


Proctor (juste avant l’essai IPI) sont reportés sur la figure 9. La contrainte moyenne du sol
pour chaque éprouvette (compactée à une teneur en eau différente) est directement
proportionnelle à la succion (σ’v = -uw et σ’h = K0. σ’v). Si on se concentre sur la branche

5
470
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

humide de la courbe Proctor, une augmentation de la teneur en eau se traduit par une
diminution de la succion (et donc une diminution de p’) et une augmentation de l’indice
des vides et donc par une diminution de la contrainte de préconsolidation.

3.2. Description de la simulation numérique

3.2.1. Géométrie et conditions limites

Un modèle axisymétrique a été utilisé, reproduisant les dimensions d’un moule CBR,
c’est-à-dire 7,5 cm de rayon et 12 cm de hauteur. Des conditions de non déplacement ont
été fixées aux extrémités du modèle (non déplacement vertical en base et non
déplacement horizontal sur les frontières latérales). Le frottement latéral n’est pas pris en
compte en raison d’une lubrification des parois du moules Proctor avant compactage.
L’action du piston est simulée par un déplacement fixé au sommet du modèle sur 1/3 de
la surface. La vitesse d’enfoncement du piston a été prise inférieure à la réalité pour que
cette dernière n’ait pas d’effet sur la résolution numérique (condition quasi-statique). Le
calcul a été modélisé en grandes déformations, avec en plus un remaillage automatique
en cours de calcul, afin de permettre un enfoncement plus grand du piston à l’intérieur du
moule.

3.2.2. Initialisation du champ de contrainte

La succion est supposée homogène à l’intérieur de l’échantillon. Un gradient de


contraintes totales verticales correspondant au poids des terres est appliqué. Le gradient
de contraintes horizontales effectives est calculé à partir du coefficient K0 (Tableau 3)
calculé en combinant les équations (6), (7) et (8).

3.2.3. Utilisation d’un coefficient de compressibilité du fluide interstitiel

Le modèle numérique considère deux phases distinctes : le squelette et le fluide


interstitiel. La présence d’air occlus est prise en compte à l’aide d’un coefficient de
compressibilité supérieur à l’eau pure (Equations (1) et (2)).

3.3. Résultats de la simulation numérique et comparaison avec les résultats


expérimentaux

Une modélisation numérique a été menée pour chaque point de teneur en eau du côté
humide de l’optimum Proctor. Les résultats de la simulation, superposés aux mesures
expérimentales sont reportés sur la figure 10.

6
471
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 10. Comparaison entre résultats numériques et expérimentaux pour différentes


valeurs de teneurs en eau d’essais IPI

Le modèle a une bonne capacité à reproduire l’expérimentation au vue des résultats


obtenus. La différence constatée sur certaines courbes peut être due :
 d’une part à quelques imprécisions expérimentales qui ont permis de paramétrer le
modèle, comme la mesure de la succion initiale, ou de la densité sèche,
 et d’autre part aux simplifications nécessaires à la modélisation numérique.

Concrètement, la prise en compte de la compressibilité du fluide se traduit par une force


de réaction plus faible du sol Figure 11).

Figure 11. Comparaison entre un fluide incompressible (eau pure – triangles bleus) et un
fluide compressible (contenant de l’air occlus – carrés rouges) sur un exemple d’essai IPI
(w = 27,5%).

Une étude paramétrique de ces paramètres montre une influence plus importante de
l’indice des vides que de la succion initiale qui s’explique par une variation de la contrainte
de préconsolidation (Figures 12 et 13)

600

500
400
Strength [N]

Strength [N]

400
300
300
200
w=31,5 suction = 42 kPa 200 w=31,5 % gd = 14 KN/m3
100 w=31,5 suction = 42 x1,5 kPa w=31,5 % gd = 14 - 0,03 KN/m3
100
w=31,5 suction = 42 / 1,5 kPa w=31,5 % gd = 14 + 0,03 KN/m3
0 0
3 3 3 3 3 3 3 3 3 3
0 110 210 310 410 510 0 110 210 310 410 510

Displac ement [m] Displac ement [m]

Figure 12 et 13 – Etude de l’effet de l’indice des vides (ou poids volumique sec) et
succion initiales sur la force de réaction du sol.

7
472
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

6. Conclusion

Un modèle hydro-mécanique basé sur la compressibilité du fluide interstitiel a été


présenté et validé sur des essais de Terrassement IPI sur un sol marneux (A4 selon le
GTR). Ce modèle est limité à la partie humide de la courbe Proctor au sein de laquelle
l’air est occlus dans l’eau sous forme de bulles d’air. Le modèle a montré une bonne
correspondance avec les mesures expérimentales. Le modèle proposé a également mis
en avant les paramètres déterminants dans le calcul de la réponse de l’essai IPI : la
succion, l’indice des vides et la prise en compte du coefficient de compressibilité du fluide
intersitiel dans la modélisation de ces essais.

Cette démarche reste à étendre au côté sec de l’optimum Proctor, où l’approche est plus
complexe car le coefficient  [références Bishop + Khalili] doit être pris en compte dans le
domaine où la phase air est continue.

7. Remerciements

Le projet Terredurable est soutenu par l’ANR programme Bâtiments et Villes Durables,
convention ANR 2011 VILD 004 01.

8. Références bibliograhiques

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Mahmutovic, D., Monnet, J., Loret, B., Ple, O., Pelizzari, B., Boutonnier L., Lai B. (2014).
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Mahmutovic D., Andrianathreina S-R., Boutonnier L., Monnet J., Taibi S., Dubreucq T.,
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8
473
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

ETUDE DE L’EFFET DE L’ENDOMMAGEMENT DES GRAINS SUR


LA MICROSTRUCTURE ET LA PERMEABILITE D’UN MILIEU
GRANULAIRE

STUDY OF THE EFFECT OF GRAIN BREAKAGE ON THE MICROSTRUCTURE


AND THE PERMEABILITY OF GRANULAR MEDIUM
Aymen-Seyf eddine Salhi, Abdelhamid Guettala

Université de Biskra /Laboratoire LRGC, Algérie

Résumé : L’objectif de ce travail est d’étudier l’évolution du comportement mécanique et


hydraulique d’un sable soumis à une forte contrainte, à partir des essais œdométriques à
haute pression sur différents types de sables. Ces essais sont suivis par des analyses
granulométriques avant et après chargement et mesures de perméabilité à différents
niveaux de chargement. Des scans tomographie à rayon X ont été également réalisés
sous différents paliers de chargement (0 ; 2.5 ; 5 et 10 MPa) sur un sable carbonaté écrêté
à 1.6 mm. L’évolution de la porosité et de la surface spécifique en fonction des contraintes
appliquées peuvent être évaluée à partir des techniques de traitement et analyse
d’images. .
Mots clé : charge œdométrique, écrasement, perméabilité, sable, micro tomographe
rayon-X, Fluage.

Abstract: The objective of this work is to study the evolution of hydraulic and mechanical
behavior of sand subjected to high stress, from high pressure oedometer tests on different
types of sands. These tests are followed by size analysis before and after loading,
permeability measurements at different load levels, micro scans tomographic X-ray were
performed also under different loading levels (0; 2.5; 5; 10 MPa) on a carbonated sand
clipped at 1.6 mm, the evolution of porosity and the specific surface area can be estimated
from the image analysis techniques.
Keywords: oedometric load, Breakage, permeability, sand, micro tomography x-ray,
Creep.

1-Introduction
L’étude de la rupture des matériaux granulaires est fondamentale pour développer
et appliquer les méthodes de conception dans divers domaines tels que : génie civil où le
phénomène d’endommagement des grains peut se produire sous les pieux des grands
ouvrages et dans les bases des barrages ; l’ingénierie des réservoirs où ce phénomène
se produit dans les réservoirs pétroliers lors de l’injection de l’eau de production a forte
1

474
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

pression. Les forces de contact inter-granulaires peuvent dépasser le seuil de résistance à


la rupture. Il existe également d’autres domaines où le phénomène d’écrasement des
grains est important comme dans la technologie des poudres et l’industrie
pharmaceutique. La rupture dans les matériaux granulaires a été étudié par des
nombreux chercheurs dans les dernières années qui ont réalisé des travaux
expérimentaux et théoriques. (Ovale et al., (2013) ont réalisé une série d’essais de
compression triaxial et d’essais œdométriques sur un sable de nature schisteuse afin
d’étudier l’effet du temps lors d’écrasement de grains. Ovale et al., (2014 ) ont utilisés une
approche énergétique basés sur la théorie de Griffith (1921) et ils ont trouvé des
corrélations expérimentales entre le travail plastique et le taux de rupture. Ces résultats
donnent une preuve pour l’utilisation de la théorie de la rupture fragile, Feia et al., (2014)
ont étudiés à partir d’un programme expérimental à l’appareil triaxial, les effets du type de
sable et de la pression de confinement et du niveau de cisaillement et du chemin de
chargement et de la formation des bandes de cisaillement sur la perméabilité.
Einav (2007a-b) a trouvé un modèle physique qui explique le phénomène d’écrasement
des grains en prenant en compte les aspects énergétiques. Par analogie avec le modèle
de l’endommagement des matériaux CDM (Continiuum Damage Mechanics). Le model
CBM «Continiuum Breakage Mechanics » donne un accès non seulement à l’évolution de
la granulométrie mais aussi au comportement mécanique. Le sable et l’argile ont des
caractéristiques macro et microstructurales différents, donc la modélisation de ces deux
type de sol va prendre un autre chemin Einav (2007 d). Selon Einav et Nguyen(2009) les
modes qui suivent la rupture d’une particule sont schématisés dans les trois phases
essentiale présentés dans la Figure 1 ci-dessous.

Fig. 01-(a)Une nouvelle surface de fracture créée soudainement (b) la particule remplace
par des fragments (c) réorganisation des fragments. (Einav et Nguyen(2009)).

Lade et al., (2010) ont effectué des essais triaxiaux sur un sable afin d’étudier l’influence
de fluage sur un matériau granulaire Lors des essais à charge contrôlée, Lade et al.
(2010) ont mesuré une déformation qui augmente avec le temps. D’après les auteurs, cet
effet serait dû à l’écrasement des grains différés dans le temps, qui produit un
effondrement par réorganisation des fragments cassés.
Dans le cadre de ce travail nous avons explorés l’évolution de les caractéristiques
hydromécaniques des différents sols testés en cours d’écrasement, avec des outils
expérimentaux, et aussi avec l’analyses d’image et nous avons prend en considération
l’effet du fluage sur l’évolution de la granulométrie sur un sable HN 0.4 /0.8, et aussi nous
avons effectué des scans micro tomographique rayon x sur un sable carbonaté soumis à
2

475
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un chargement œdométriques pendant 24 heures pour essayer de comprendre le


phénomène d’écrasements, et voir aussi l’évolution de la granulométrie et nous essayons
d’ouvrir des perspective de recherche .

2-Programme expérimentale
2.1-Matériaux
Les quatre sables utilisés dans cette étude présentant des caractéristiques distinctes ont
été choisis pour cette étude afin d’évaluer l’influence de la taille moyenne des grains sur
les mécanismes de la rupture des grains. Les propriétés des sables sont présentées dans
le tableau 1 et les courbes granulométriques sont présentés sur la Figure 2.

Tableau 1 - Caractéristiques des sables utilisés


Type de Sable (g/cm3)
HN34 0.207 1.57 0.693 1.145 2.65
NE34 0,206 1.56 0,55 0,88 2.65
HN 0.4/0.8 0.61 1.46 0.687 1.023 2.65
Sable carbonaté 0.629 7.67 0.33 0.59 2.65

Le sable de Fontainebleau NE34 et les sables d’Hostun HN34 et HN 0.4/0.8 sont des
sables de référence utilisés couramment dans les essais en laboratoire. Le sable
carbonaté, dérivé principalement à partir de matériaux de carbonate, il est très fragile en
compression par rapport au sable siliceux, La confrontation des résultats obtenus sur ces
quatre sables permettra d’étudier :
− L’effet de la nature minéralogique (sable carbonaté vs Sable Hustun HN 34) ;
− L’effet de l’angularité des grains (HN34 vs NE34) ;
− L’effet de la taille moyenne des grains (HN 0.4/0.8 vs NE34).
-L’effet du temps (des essais de fluage ont effectué sur le sable HN 0.4/0.8 et le sables
carbonaté).

476
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Fig.02 Courbes granulométrie des sables étudiés

2.2-Dispositifs expérimentaux
Les essais œdométriques sont réalisés sur un bâti œdométrique à haute pression
(Figure3). La déformation axiale est mesurée par un capteur de déplacement électronique
installé en haut du bâti et relié avec un système d’acquisition. Les essais sont réalisés sur
une cellule de 50 mm de diamètre et de 42 mm de hauteur (fig.03-04).
Ces essais sont suivis par des mesures de perméabilité, en utilisant un tube de Mariotte,
qui permet d’avoir une charge constant. La figure 4 présente le dispositif utilisé. Des scans
à la micro-tomographie aux rayons X ont été réalisés au tomographe de laboratoire Navier
sous une résolution de 34 micromètres, en utilisant une cellule œdométrique en
plexiglass. C’est une technique non destructive qui permet la reconstruction d'images en
coupe d'un objet à trois dimensions, l'acquisition d'images 3D par micro-tomographe à
rayons X, un échantillon est placé sur un plateau rotatif entre la source de rayons X et le
détecteur (voir Fig.05). L'échantillon est mis en rotation pas à pas, en prenant une image
de projection à chaque position angulaire. En raison de l'absorption par le matériau.

477
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Fig. 04 Présentation de Fig.05 Tomographe à rayon-x


Fig.03 : œdomètre à haute dispositif de Mesure de
Pression (Marcial et al. 2002) perméabilité à charge
constante

3-Résultats expérimentaux
3.1- Réponse mécanique
Des échantillons à l’état sec ont été préparés à un indice de densité 0.9 dans une cellule
œdométrique de 42 mm de hauteur et 50 mm de diamètre. Des essais de compression
œdométrique à charge contrôlée ont été effectués en appliquant des différents paliers de
contrainte verticale (0.5 au 30 MPa). Selon Biarez et Hicher (1994), Novello et Johnston
(1989), le changement de la pente de cette courbe peut être attribué au phénomène
d’écrasement des grains. Ainsi, le seuil d’écrasement est évalué en utilisant la méthode
d’évaluation de la contrainte de pré-consolidation dans la mécanique des sols classique.

Fig.07 Courbe Contrainte – Déformation

478
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3.2-Evolution granulométrique pendant un essai œdométrique : les essais œdométriques


ont été suivis par des analyses granulométrie.

Fig.08 Courbe granulométrique (sable HN 0,4/0,8) Fig .09 Courbe granulométrique (sable carbonaté
écrêté à 1,6mm)

Fig .10 Courbe granulométrique (sable d’Hostun HN34) Fig .11 Courbe granulométrique (NE34)

L’évolution des courbes granulaires due aux fines créer pendant l’encrassement ce qu’est
très remarquable c’est l’augmentation important des petits grains.
3.3- Effet du fluage sur l’endommagement des grains :
Un essai œdométrique a été réalisé. La charge a été maintenue pendant 24 heures à 10
MPa. Un essai a été réalisé en utilisant des échantillons secs suivie par analyse
granulométrie

479
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Fig.12 Courbe temps – Déformation(%) sable Fig.13 Courbe granulométrique (sable HN


HN 0,4/0,8 0,4/0,8)

Les déformations ne se stabilisent pas même après 24 heures de chargement (voir Fig.12)
donc le temps d’application du chargement est un facteur relativement important dans le
mécanisme rupture des grains. Ce résultat nous montre aussi que l’évolution de la rupture
des grains(Fig.13) ne dépend pas aux niveaux de chargements appliqué, cette évolution
serait dû à la propagation des fissures et la redistribution du squelette granulaire qui
mettre en enjeux les grains les plus faibles ou les grains qui contient des fissures ou bien
des défauts donc le mécanisme de rupture évoluera au cours du temps, Lade et
Karimpour (2010) ont trouvé que les ruptures des grains décalées dans le temps soient
dus à la fatigue du matériau et l’augmentation des déformations due à un effondrement
par redistribution des fragments cassés.
3.4 -Evolution de la perméabilité : On constate une diminution de la perméabilité pour les
quatre types de sable voir Fig.14. Cette diminution est due à la production des fragments
et des fines qui peuvent colmater le milieu et est due aussi à cause de la réorganisation
du squelette granulaire, mais cette diminution est différente dans chaque type de sable et
Le sable qui a la nature minéralogie la plus faible a la plus forte diminution de perméabilité
(sable carbonaté)

Fig.14 Courbe Perméabilité – Contrainte

480
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4- Analyse d’images

Pour l'acquisition d'images 3D par micro-tomographie à rayons X, un échantillon est placé


sur un plateau rotatif entre la source de rayons X et le détecteur, en utilisant une cellule
œdométrique en plexiglass d’un diamètre de 5cm, destinée principalement pour la
microtomographie à rayon x. une compagnie de scan a été réalisé au tomographe de
laboratoire Navier sous une résolution de 34 micromètres, sur 4 niveau de chargement (0,
2.5, 5 et 10 MPa), de la même échantillon de sable carbonaté écrêté à 1.6 mm, afin
d’exploiter qualitativement et quantitativement le changement microstructural de cet
échantillon de sable sous différents chargements.
Les images récupérée par les scans de ce tomographe doivent être passer par plusieurs
étapes de traitement, afin de de les rendre exploitable pour le calcul numérique, les
difficultés lesquelles on peut rencontrer pendant l’opération de traitement, est la détection
des microfissures des grains sur les images segmentées, l’mages 3D reconstituée pour
chaque scan à une dimension de(1030x1030x1030 Voxels) voir Fig. 15.

Fig.15 Les étapes d’analyse d’image

Dans cette partie de travail on s’intéresse à l’evolution des propriétés microstructurales


(porosité, surface spécifique) de notre échantillon en fonction de niveau de chargement En
calculant les deux propriétés et en verifiant à chaque fois l’existence de volume
élémentaire représentatif (VER) qui représente le plus petit sous volume, pour lequel la
valeur moyenne d'une grandeur physique donnée est équivalente à celui de la taille
macroscopique, ou le volume total [14]. Le VER déterminé pour la porosité est inférieure
au VER Déterminé pour la taille des particules [12].

481
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Fig.16 la porosité méthode VER 0MPa Fig.17 le surface spécifique méthode VER 0MPa

L’évaluation de la REV est estimé dans les figures 16 et 17 , dans le calcules des
porosités par la méthode VER égale à 9.82 mm et dans le calcul de surface spécifique est
égale à 13.8 mm donc un peu plus par rapport aux résultats qu’ont trouvé dans la
porosité.

Fig.18 la porosité pendant de chargement Fig.19 le surface spécifique pendant le chargement

On constate une diminution significative de la porosité(Fig.18) et une augmentation


considérable de surface spécifique(Fig.19), l’augmentation de la surface spécifique
signifie une augmentation des fines ou des fragments cassés pendant la croissance de la
contrainte appliquées, Einav et Nguyen(2009), ont trouvés une relation proportionnelle
entre le surface spécifiques et le taux d’écrasement B (voir l’équation 1).

B= (1)

( : surface spécifiques initial, : surface spécifiques ultime,B :le Taux d’écrasement )

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Grace à ces résultats on essayons d’ouvrir des perspectives relativement claire


,concernant les méthodes utilisées et le méthodes qu’on doit développer au sien de cette
études pour calculer les autres caractéristiques physiques comme la perméabilité et les
tailles des pores , et essayons aussi de confronter la description théoriques de la rupture
cette description a été décrit par Nguyen et Einav 2009 , on va suivre les grains pendant
la rupture pour bien comprendre les étapes de la rupture.

5-conclusion
Dans cet article, une étude expérimentale a été réalisée pour explorer l’effet de la rupture
des grains sur la microstructure et la perméabilité des sables étudiées. Des essais
œdométriques à haute pression suivie par l’analyse granulométrie et mesures de
permiablité, et une compagnie de scan tomographique ont été réalisés. Les résultats
expérimentaux montrent que :La minéralogie, la tailles des grains et le temps
d’applications du contrainte ont un effet significatif sur le phénomène de la rupture, Le
sable le plus écrasable a la plus forte diminution de perméabilité, La technique d’imagerie
est efficace pour estimer la porosité et le surface spécifique du matériau granulaire.
L’évolution de la charge appliquée va engendrer une augmentation de la surface
spécifique et une diminution de la porosité. Parmi la difficulté fréquenté au sien de cette
études c’est la détection des fissures sur les grains après le traitement d’image, le
développement d’un script en MATLAB est donc nécessaire pour qu’on puisse estimés le
taux des fragments cassés pendant la rupture.

Remerciement
Les auteurs remercient Sadok Feia et Abdelali Dadda pour le soutien apporté au travail de
thèse du premier auteur et pour les discussions enrichissantes qu’ils ont eues avec eux.

6. References bibliographies

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relaxation experiments on crushed coral sand. J. Geotech. Geoenviron. Eng. 136, 500-
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10

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Acta Geotechnica, DOI 10.1007/s11440-014-035
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Mater. 55, 2841 (2007).

11

484
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

COMPORTEMENT AU FLUAGE DE L'ARGILE SUR CHEMIN


OEDOMETRIQUE
CREEP BEHAVIOR OF CLAY IN OEDOMETER TESTS

Dan ZHAO1, Mahdia HATTAB1, Zhenyu YIN2, Pierre-Yves HICHER2


1
Laboratoire d'Etude des Microstructures et de Mécanique des Matériaux,
Université de Lorraine - CNRS UMR 7239, Metz, France
2
Institut de Recherche en Génie Civil et Mécanique, Ecole Centrale de Nantes, France

RÉSUMÉ – L’objectif de cette recherche est d'étudier le phénomène de fluage sur


chemins oedométriques, du kaolin K13 et de l’argile de Shanghai. Les résultats ont
permis de caractériser le coefficient de compression secondaire C αe ainsi que son
évolution en fonction du niveau de contrainte, du temps, de l'indice de compression et de
l’indice des vides, qui sera utilisé pour développer un modèle 1D de fluage non linéaire.

ABSTRACT – The objectives of this research are to study the creep behavior of kaolin
K13 and Shanghai clay. Based on oedometer creep tests, the secondary compression
coefficient Cαe was measured and the influence of the stress level, the compression index,
the void ratio and the time are discussed. These results will be used to develop a
nonlinear 1D creep model of soft clays.

1. Introduction

Les sols argileux sont des matériaux complexes contenant une quantité significative de
particules fines ayant une grande influence sur les propriétés physiques, mécaniques et
physico-chimiques. Le fluage est un des comportements qui caractérise ce type de
matériau, il est généralement mis en évidence dans des essais de consolidation à
l’oedomètre parfois au triaxial en consolidation isotrope. Une des difficultés rencontrée se
situe dans la caractérisation du phénomène de fluage sur des chemins triaxiaux plus
complexes.
L’expression du fluage en 1D est la plus simple à poser du point de vue de la
modélisation, et à observer du point de vue de l’identification expérimentale. A chaque
niveau de contrainte, la déformation obtenue est principalement composée d’une
consolidation primaire, avec la dissipation des surpressions interstitielles, et d’une
consolidation secondaire attribuée généralement au fluage. Buisman (1936) souligne que
la relation entre la déformation et le logarithme du temps est essentiellement linéaire
dans l'étape de consolidation secondaire, il propose le concept de la consolidation
secondaire liée au coefficient Cαe. Bjerrum (1972) considére que Cαe dépend de la
pression de préconsolidation. Mesri et al. (1977) montrent que Cαe est en fait indépendant
du rapport de contrainte, et dépend uniquement de la contrainte finale. Les auteurs ont
alors suggéré de représenter les résultats en terme de Cαe-Cc, ce qui permet de mettre en
évidence la relation (contrainte-compressibilité) en fonction du temps. Pour différents
types de sols, le rapport Cαe/Cc est généralement compris entre 0,025 à 0,1. Yin (2010)
montre que pour un sol naturel, il est nécessaire d’analyser le fluage à l’état intact et à
l’état remanié. L’auteur montre que pour l'argile molle intacte, l’expression de Cαe devrait
prendre en compte différents paramètres dont le degré de surconsolidation, la densité (ou
l'indice des vides), et la structure.

1
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Certains modèles constitutifs de fluage ont été développés sur la base de l’expression
de Cαe dans l'essai de compression 1D. Bjerrum et al. (1972) ont proposé une relation
logarithmique qui relie l'indice des vides au temps par l'intermédiaire du coefficient Cae.
Les résultats des essais de fluage en long terme ont démontré que la relation de la
déformation de fluage (ou l'indice des vides) en fonction du log du temps n’est pas
linéaire. Ce qui a conduit Yin et Graham (1989) à proposer un modèle 1D visco-élasto
plastique sous la forme d’une fonction puissance avec une contrainte limite de fluage.
Dans cette étude nous nous proposons d’analyser le comportement au fluage sur
chemins oedométriques à différents niveaux de chargement. Deux types de matériaux
sont utilisés dans le cadre de cette étude, le kaolin K13, qui est une argile de laboratoire,
et l’argile de Shanghai qui est une argile naturelle. Tous les essais ont été réalisés sur
des échantillons remaniés reconstitués, afin d'éliminer l’effet de structure du sol sur
l'évolution du paramètre Cαe.

2. Propriétés des matériaux utilisés

Le kaolin K13 est une argile de laboratoire commercialisée par la société Sibelco
France. Le matériau est composé principalement de kaolinite, de traces d’illite et de
quartz. Le poids spécifique est , la limite de liquidité est
et la limite de plasticité . La photo au MEB présentée en figure 1
montre des particules de kaolinite en grande proportion.

la dimension des grains (mm)


Figure 1 : La photo au MEB de kaolinite Figure 2 : Granulométrie d'argile de
(Xin W, 2014) Shanghai

L'argile de Shanghai provient d’une profondeur variable allant de 5 à 20 m. Le


matériau peut être classé comme une argile limoneuse à sableuse. Selon la distribution
granulométrique présentée en figure 2, le matériau contient 72,4% de particules de limon
et 26% d'argile. Le poids spécifique est , la limite de liquidité
est et la limite de plasticité .

3. Fluage sur chemins oedométriques

Les échantillons ont été fabriqués à partir d’une boue d’argile préparée à une teneur
en eau de w=1,5 wL. La boue est ensuite laissée au repos pendant 24 heures, ce qui
permet une meilleure homogénéité de la teneur en eau. Les essais oedométriques ont

2
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

été réalisés sur des éprouvettes de 50 mm de diamètre et 20 mm en hauteur. La cellule


est graissée afin de minimiser l’effet de frottement, le dispositif permet un double
drainage de l'échantillon. Les étapes de chargement et de déchargement sont appliquées
de façon à atteindre les niveaux de contrainte donnés par le tableau 1. La durée de
chaque étape est de 24h, hormis pour les chargements à 400 kPa et 800 kPa qui ont eu
une durée respectivement de 10 jours et 7 jours. On définit le taux de chargement par
l'expression (1) ci-dessous (Wu et al., 2011; Zhou et al., 2006).

(1)

Tableau 1. Programme des essais oedometriques


Sols Kaolinite (Kaol) - Argile de Shanghai (Shang)
Etapes de 400 800
chargement 12.5 25 50 100 200 (10 jours) 600 (7 jours) 1000
(kPa) Kaol-Shang Shang
Taux de
- 1.0 1.0 1.0 1.0 1.0 0.5 0.33 0.25
chargement

La figure 3 montre les résultats de la variation de l'indice des vides en fonction du


logarithme de la contrainte axiale oedométrique, en chargement et en déchargement,
avec et . Les courbes permettent de déduire l’indice de
compression Cc, et l'indice de gonflement Cs pour les deux matériaux (Cc=0,29 et
Cs=0.089 dans le cas de la kaolinite, Cc=0,35 et Cs=0,036 dans le cas de l'argile de
Shanghai). On peut notre que ces résultats sont cohérents avec les valeurs trouvées
dans la littérature sur les mêmes matériaux (Ighil Ameur, 2015 pour le kaolin K13 et Zhu,
2014 pour l’argile de Shanghai).

Figure 3 : Chemins oedomètriques sur le kaolin K13 et l’argile de Shanghai

3
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4. Consolidation secondaire

4.1. Identification du coefficient de consolidation secondaire Cαe

Dans le plan (e-logt), la courbe de compressibilité, schématisée sur la figure 4, peut


être divisée en deux phases, une phase reliée à la consolidation primaire et une phase
reliée à la consolidation secondaire. Le point d’inflexion montre la fin de la consolidation
primaire, il est noté généralement t100 (ou tEOP dans la littérature anglophone). Sur la
deuxième partie de la courbe (phase de consolidation secondaire) on peut caractériser la
pente Cαe qui définit le coefficient de consolidation secondaire.

(2)

Figure 4 : Identification du coefficient de consolidation secondaire

4.2. Consolidation secondaire et le temps

Les courbes, présentées sur la figure 5, exhibent la forme typique des courbes de
consolidation dans des sols. L'analyse de la consolidation secondaire peut alors se faire
comme décrit en figure 4. Les pentes à prendre en compte sont indiquées sur les courbes
de la figure 5 par des flèches dont l’extrémité correspond à t100.

Figure 5 : Indice des vides, e en fonction de log t

La relation entre Cαe et log t en consolidation secondaire, sous un état de contrainte


donné, est représentée sur la figure 6. Pour les deux types de matériaux, Cαe diminue

4
488
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

avec le temps. Dans le cas de l'argile de Shanghai, on peut observer que Cαe décroit
d’une manière plus marquée à v = 400 kPa comparé à v = 800 kPa.

Figure 6 : Coefficient fluage Cαe en fonction de log (t-t100)

La figure 7 montre les résultats de la vitesse de déformation verticale en fonction du


temps dans un plan bi-logarithmique. Elle présente une variation clairement linéaire, la
vitesse de déformation axiale décroit avec une pente égale environ à 1. Cette variation
est sensiblement la même quelque soit le matériau et quelque soit le niveau de
contrainte.

Figure 7 : Variation de la vitesse déformation verticale en fonction du temps dans un


repère logarithmique

4.3. Cαe et le taux de charge

La figure 8 présente l’évolution du paramètre C ae (ce qui équivaut aux pentes des
lignes d'ajustement sur la figure 5) dans le domaine des faibles contraintes, puis les
courbes changent de tendance pour décroitre dans le domaine des fortes contraintes
(après σ’vL). Ces tendances dans l'évolution de C ae semblent corroborer les résultats de
Zhu (2014) sur la même argile de Shanghai.

5
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Taux de charge

Figure 8: Coefficient fluage Cαe en fonction de log σv

4.4. Analyse du paramètre Cαe en fonction des coefficients de compression et de


gonflement

Nous savons que la consolidation secondaire se produit après la dissipation des


surpressions interstitielles, et qu'elle est principalement causée par la déformation du
squelette solide due au fluage. Yin (2012) a proposé de représenter le comportement
dans le plan Cae-(Cc-Cs) au lieu de Cae-Cc. A partir des résultats sur cinq types d'argiles
remaniées, Yin (2012) a montré que le paramètre (Cc-Cs) peut être considéré comme
constant. Par conséquent, la variation de Cαe en fonction de (Cc-Cs) est provoquée par le
niveau de contrainte. Sur la figure 9 on peut voir que la variation de (Cc-Cs) est d'environ
0,2 pour les deux matériaux, et que les valeurs de Cαe/(Cc-Cs) sont proches des valeurs
limites inférieures de Cαe/Cc par Mesri (1977) qu’il propose comprises entre 0,025 et 0,1.

Figure 9 : Coefficient fluage Cαe et l’indice de compressibilité

6
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4.5. Modélisation en 1D du comportement de fluage

Le comportement au fluage est analysé dans le plan bi-logarithmique (logCae-loge) et


représenté sur la figure 10. Les résultats expérimentaux semblent montrer une loi
d'évolution en deux tendances qui met en évidence deux types de comportement, selon
que le niveau des contraintes est faible ou élevé. Par ailleurs on montre que le modèle de
fluage non linéaire proposé par Yin (2012), et exprimé par la relation (3), reproduit d'une
manière tout à fait satisfaisante le comportement dans le domaine des fortes contraintes
(e<eL).

(3)

Dans le modèle 1D de Yin (2012), Cαef est le coefficient de fluage, et ef l'indice des
vides pris égal à l’indice des vides initial e0. Cαef prend la valeur initiale de Cαe0 (Fig.10),
m est une constante matérielle, qui correspond à la pente de la droite (partie linéaire
obtenue en fortes contraintes) mise en évidence dans le plan (log Cαe-log e) de la figure
10.

Figure 10 : Coefficient fluage Cαe et l’indice des vides

En termes d'évolution de la valeur (Cc-Cs)/Cαe (communément utilisé dans les modèles


viscoplastiques de Vermeer et Neher (1999) ou de Leoni et al. (2008)) en fonction de
l'indice des vides e, la loi expérimentale semble être moins finement reproduite par la loi
d'évolution prévue par le modèle, même si la courbe de simulation se situe dans le nuage
de points expérimentaux.

Figure 11 : Evolution du taux (Cc-Cs)/Cαe et l’indice des vides

7
491
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

5. Conclusions

Cette étude présente la déformation de fluage, sur chemins oedométriques, de deux


types d’argile, le kaolin K13 et l’argile de Shanghai. Les essais oedométriques ont
permis, dans un premiers temps, d’identifier les caractéristiques mécaniques des
matériaux utilisés qui sont le coefficient de compression Cc, et le coefficient de
gonflement Cs.
La consolidation primaire et la consolidation secondaire ont été identifiées pour les
deux sols. La limite entre les deux comportements est ainsi clairement identifiée lorsque
les valeurs du taux de chargement sont élevées. La consolidation secondaire (ou fluage)
continue d’augmenter avec le temps. Dans un plan bi-logarithmique, et pour une charge
donnée, on montre que la vitesse de déformation axiale décroit avec une pente environ
égale à 1.
Le coefficient de compression secondaire Cae présente une évolution non linéaire.
L’allure de la courbe oedométrique a montré que Cαe diminue avec le temps sur une
longue durée. La relation de Cαe avec l’indice de compressibilité est proche des valeurs
limites inférieures proposées par Mesri (1977). Les relations de Cαe et (Cc-Cs)/Cαe en
fonction de l’indice des vides sont non linéaires.

6. Références bibliographiques

Bjerrum, L. (1972). The effect of rate of loading on the p’c value observed in consolidation
tests on soft clay. Norwegian Geotechnical Institute Publication No.95.
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8
492
Géosynthétiques

493
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

DIMENSIONNEMENT D’UN GEOSYNTHETIQUE DE RENFORCEMENT


POUR LA REHAUSSE D’UNE ISDND

DESIGN OF GEOSYNTHETIC REINFORCEMENT FOR THE EXTENSION OF


OLD LANDFILL

Abdelkader ABDELOUHAB , Marie TANKERE2, François CARTAUD3,


1
1
Texinov, France
2
Deltaval, France
3
Egis, France

RÉSUMÉ – Cet article présente le projet d’extension de l’ISDND de Champigny


(département de l’Yonne) ainsi que la méthode de dimensionnement utilisée pour estimer
les efforts de traction qui seront repris par le géosynthétique de renforcement. Le calcul
est basé sur la méthode RAFAEL, qui est une référence pour le dimensionnement de
géosynthétiques pour la sécurisation contre l’affaissement ou l’effondrement de sols.

ABSTRACT – This paper presents the extension project of the old landfill in Champigny in
France and the design method used to estimate the tensile strength of the geosynthetic
reinforcement required for this project. The design is based on the RAFAEL method,
which is a reference method for the design of geosynthetics used to prevent against the
soil subsidence.

1. Introduction

Les projets d’extension des anciennes Installations de Déchets Non Dangereux


(ISDND) se sont accélérés ces dernières années à cause des contraintes économiques et
environnementales qui rendent difficile, voire impossible selon les cas, la création de
nouvelles installations. En effet, l’installation des ISDND est de moins en moins
acceptable dans les zones urbanisées, c’est pourquoi leur impact environnemental et
visuel doit être limité, ainsi que leur emprise au sol : ceci conduit fréquemment à
envisager l’extension des ISDND existantes. Ces projets d’extension se font par la
construction de nouveaux casiers en appui total ou partiel sur des casiers plus anciens.
Ces derniers sont généralement non conformes à la réglementation actuelle et
nécessitent la mise en place de dispositifs d’étanchéité complémentaires. Dans le cas
d’une extension verticale, en appui essentiellement sur le sommet d’un casier existant, il
faut s’assurer de l’intégrité des dispositifs d’étanchéité du nouveau casier vis-à-vis des
tassements différentiels des déchets anciens. C’est dans ce cadre que des
géosynthétiques de renforcement sont installés au sommet de l’ancien casier afin de
reprendre les efforts apportés par les déchets du nouveau casier et de limiter ainsi les
tassements différentiels.
A ce jour, malgré quelques retours d’expérience de projets réalisés avec succès, il
semble qu’il n’existe pas de méthode de dimensionnement reconnue permettant de
calculer précisément les efforts de traction que doit reprendre le géosynthétique de
renforcement afin de maîtriser les tassements différentiels. La méthode RAFAEL a été
utilisée dans le cas du projet d’aménagement de l’extension de l’ISDND de Champigny
(département de l’Yonne). Les hypothèses ainsi que les paramètres de calcul sont
présentés dans cet article, afin de contribuer à la communication d’exemples
d’installations pérennes et au développement de cette méthode.

1
494
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2. Présentation du projet

2.1 Objectif du projet

Le projet consiste à agrandir une ISDND par la superposition d’une nouvelle aire de
stockage des déchets sur une ancienne zone, la surface concernée représente environ
12 000 mètres carrés. Cette superposition de nouveaux déchets sur 22 mètres
d’épaisseur entraîne un tassement de la zone support, ce qui risque d’endommager le
complexe d’étanchéité (géomembrane et niveau drainant). Pour éviter cela, il a été décidé
d’installer un géotextile de renforcement afin d’assurer un “effet membrane” et de le
dimensionner pour limiter sa déformation à 3 %.

- Géocomposite de drainage et de protection


- Géomembrane
- Géosynthétique bentonitique
- Géotextile de renforcement Geoter FPET

Nouveaux déchets

Digue

TN Anciens déchet Couche de réglage

Figure 1. Coupe schématique de la rehausse de l’ISDND de Champigny, casier C

2.2 Situation géographique et conditions géologiques

L’ISDND de Champigny-sur-Yonne est située au Nord du département de l’Yonne (89),


à 30 Km à l’Ouest de Fontainebleau. Le site est exploité depuis 1981 pour le stockage de
déchets provenant du département de l’Yonne et principalement de sa zone Nord. Le
Maître d’Ouvrage est la société COVED. Le stockage des déchets se fait en remblayant
par phases successives les vides de fouille créés par terrassements. L’activité de
traitement des déchets est autorisée depuis 1981 puis a été reconduite en 2004 au profit
de COVED. Le projet d’extension fait suite au dossier de demande «d’Autorisation
d’Exploiter» réalisé en juin 2008 permettant le stockage de 1 100 000 mètres cubes de
déchets non dangereux au sein des casiers A, B, C et D. Les travaux concernent en
premier lieu le casier C. Sa superficie en fond est de l’ordre de 13 000 mètres carrés, en
surélévation au droit de cellules existantes 0 à 3.
Une partie du projet d’extension est située hors zone de stockage de déchets, au sein
de sols remaniés résultant de l’activité humaine en surface et d’origine naturelle quand on
atteint une certaine profondeur. On rencontre ainsi des colluvions et remblais sur des
épaisseurs de 3.5 à 6.0 m, des calcaires puis une dalle de grés discontinue surmontant
des sables et argiles d’âge Stampien sur une épaisseur de plusieurs mètres (jusqu’à 7.60
m). Le socle en dessous est constitué de craies Campaniennes dont l’épaisseur est de
plus de 30 m.
L’étude hydrogéologique a montré l’absence de venues d’eaux dans les sables et dans
la craie lors des reconnaissances. Il n’est pas fait mention explicitement à la présence
d’une nappe.

2
495
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2.3 Les travaux d’étanchéité et de renforcement

2.3.1. Etanchéité

Les travaux d’étanchéité du casier C se font par géosynthétiques. Dans un premier


temps, la couche de terres de couverture (d’une épaisseur moyenne de 50 cm) a été
décapée après démontage du réseau de dégazage mis en place sur les anciennes
cellules 0 à 3. Une fois le niveau des anciens déchets atteint, une couche de sables fins
(type sable de Fontainebleau) a été mise en œuvre afin d’égaliser la surface de pose des
géosynthétiques et de créer les pentes de fond du futur casier permettant de diriger les
lixiviats vers les points bas du nouveau casier C. Sur cette couche sableuse
soigneusement réglée, le géotextile de renforcement est mis en place, puis un
géosynthétique bentonitique (GSB) est installé, enfin une géomembrane PEHD lisse 2
mm est posée sur le GSB. Au-dessus de cette géomembrane, un géocomposite de
drainage et de protection, est posé en substitution partielle du niveau drainant. En
couverture de casier C, une fois comblé par les déchets déplacés et modelés, un géofilm
ép.=0,75 mm est provisoirement appliqué pour dégazage temporaire et couverture des
déchets.

2.3.2. Renforcement

Le casier C créé dans le cadre de l’extension se superpose en grande partie de sa


surface sur les anciennes cellules 0 à 3. Le tassement des déchets sous-jacents, sous
l’effet de la charge apportée par les nouveaux déchets, est donc inévitable. L’utilisation
d’un géosynthétique bentonitique puis une géomembrane PEHD en fond et flancs du
casier C, nécessite de limiter les déformations pour éviter l’endommagement de
l’étanchéité active par les efforts de tractions qui se développent suite aux tassements du
support (anciens déchets).
Donc afin de maitriser les déformations, un géosynthétique de renforcement est prévu
pour reprendre les efforts par « effet membrane » (Figure 2). Cette méthode a démontré
son efficacité dans d’autres projets de configuration similaire.

Figure 2 : Illustration de l’effet membrane

Le géotextile utilisé dans ce cas sera à base de polymère résistant dans le temps aux
contraintes mécaniques et aux conditions chimiques d’une ISDND.
Le géotextile est posé en fond de forme du casier C et s’arrête en pied de digue
périphérique. Le complexe d’étanchéité, quant à lui, remonte sur les flancs pour être
ancré en haut de la digue périphérique à la fin des travaux (Figures 1 et 3).

3
496
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 3. Pose du Geoter FPET et mise en place des déchets (Sources : Egis et Texinov)

3. Hypothèses et paramètres de calcul

3.1 Méthode de calcul

Le tassement différentiel ou l’affaissement excessif éventuel des anciens déchets peut


être assimilé à un affaissement de sol ou à un effondrement de cavité, d’où l’utilisation
d’un géotextile de renforcement pour sécuriser la zone d’affaissement. La méthode de
calcul RAFAEL est utilisée pour estimer la résistance du géotextile nécessaire. Cette
méthode de dimensionnement issue des expérimentations réalisées dans le cadre du
projet RAFAEL s’appuie sur la théorie de Terzaghi pour le calcul de la contrainte verticale
sur le géosynthétique au droit de la zone d’affaissement. La déformée et les tensions du
renforcement sont obtenues par un calcul en membrane où, par hypothèse, la nappe
géosynthétique ne se déplace pas dans son ancrage et reste fixée en bord de cavité.
Cette méthode a été validée et n’a cessé d’être améliorée et optimisée dans plusieurs
travaux de recherches (Gourc et al 1999, Blivet, et al 2001, Villard et al 2002, Briançon et
Villard 2006, Huckert et al 2013, Delmas et al 2015).

3.2 Paramètres de calcul et dimensions de l’ouvrage

A la base, la méthode RAFAEL s’applique au cas de remblais granulaires auxquels il


est possible d’attribuer un facteur de foisonnement, défini comme le rapport du volume de
sol foisonné par le volume de sol avant foisonnement. Dans le cas de ce projet le
coefficient de foisonnement des matériaux de déchets peut être pris égal à 1. Celui-ci n’a
pas d’incidence sur le résultat de calcul car il n’y a pas d’exigence particulière concernant
la déflexion en surface.

Figure 4. Principe de fonctionnement d’un géosynthétique de renforcement sur cavité


(sources : Huckert et al. 2014, Projet GeoInov, Méthode Rafael appliquée par Briançon et Villard, 2006)

4
497
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Le diamètre de la zone de tassement ou d’effondrement éventuel pris en compte dans


le calcul est de 2 m. En effet, il est considéré que le tassement différentiel se produit entre
deux points durs espacés de 2 m maximum. Ce diamètre est défini par rapport à la nature
des déchets susceptibles de tasser lors du compactage ou à long terme par dégradation
ou consolidation dans le casier sous-jacent.
La hauteur du casier est de 22 m au maximum (dénivelé le plus important entre haut
de nouveau casier C et fond de forme). Pour les remblais de hauteur H>3D, le calcul
s’effectuera sur une hauteur de 3D maximum. En effet, au-delà d’un ratio de H/D=3, un
effet de voûte se crée et stabilise le volume de sol sus-jacent (Lawson and Yee 2011,
Delmas et al 2015). La hauteur de sol à prendre en compte dans le calcul est limitée donc
dans ce cas à 3*D = 3*2 = 6 m.
Les paramètres géotechniques pris en compte pour les déchets sont : le poids
3
volumique de 9 kN/m , l’angle de frottement de 18° et la Cohésion de 0 kPa. La cohésion
est en réalité proche de 22°, le choix d’affecter une valeur de 0 kPa est sécuritaire, en
effet il existe un risque de perte de cohésion à long terme.
Le critère dimensionnant dans ce projet est la déflexion du géosynthétique qui ne doit
pas dépasser 3%. Cette valeur correspond à la déformation admissible en service que
pourrait subir la géomembrane en gardant toutes ses performances d’étanchéité. La
déformation de rupture pour une géomembrane PEHD de 2,0 mm d’épaisseur est
inférieure à 6%.
Le géosynthétique de renforcement est dimensionné pour une durabilité de 120 ans.
En conséquence, tous les facteurs de durabilité sont pris en compte, à savoir : le fluage à
long terme, l’endommagement à la mise en œuvre, la durabilité chimique et le coefficient
de sécurité sur la résistance du géosynthétique conformément au guide ISO TR 20432, à
la norme NF P 94270 et à la norme NF G 38064.
Des coefficients de sécurité partiels sont appliqués selon l’Eurocode 7- calcul
géotechnique. Pour un calcul à l’ELS ces coefficients sont ramenés à 1. Pour un calcul à
l’ELU, un coefficient de 1,35 est appliqué au poids volumique du sol et aux surcharges
permanentes, quant aux surcharges variables, le coefficient appliqué est de 1,5.

3.3 Calcul de la résistance de traction requise

La déformation maximale autorisée au niveau du géosynthétique est max = 3%. A partir


de cette déformation et après avoir déterminé la contrainte verticale exercée sur le
géosynthétique (en prenant en compte les coefficients partiels sur les matériaux et les
surcharges), on calcule la résistance de traction nécessaire Rt ;d (résistance de calcul à
long terme) pour garantir une déformation maximal max :

vD 1
Rt ;d  1
2 6 max

Rt ;d permet ensuite, de déterminer la résistance de traction ultime du géosynthétique


requis (résistance à court terme Rt), en appliquant les facteurs de réduction :
Rt  Rt ;d  RFfluage RFendom m agement * RFchim ique *  m ;t

A partir de la résistance requise à court terme Rt, on choisit un géosynthétique dont la


résistance caractéristique en traction Rt ;k est supérieure ou égale à Rt.
Rt ;k  Rt

5
498
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Ce calcul est vérifié à l’ELS et à l’ELU. Le calcul à l’ELS consiste à déterminer la


résistance Rt pour la déformation de service (max = 3%). Le calcul à l’ELU consiste à
déterminer la résistance Rt pour une déformation qui correspond à la rupture du
renforcement ou de la géomembrane (on dimensionne selon le cas le plus défavorable).

3.4 Facteurs de réduction

RFfluage :
Le facteur de réduction lié au fluage permet de considérer l'influence du fluage sur la
résistance en traction des renforcements géosynthétiques et de limiter les déformations
pendant la durée de vie de l’ouvrage. Pour le calcul à l’ELU, on utilise le coefficient de
fluage correspondant à la rupture physique du produit alors que pour un calcul à l’ELS, on
utilise le coefficient de fluage correspondant à un allongement de fluage maximal, entre la
fin de construction et la durée d’utilisation. Dans ce deuxième cas, on se reporte aux
courbes isochrones. Les deux critères sont généralement vérifiés pour ce type de projet
même si le cas le plus dimensionnant est souvent le calcul à l’ELS où l’utilisation des
courbes isochrones est indispensable.

RFendommagement
Ce facteur de réduction correspond à l'endommagement des géosynthétiques de
renforcement lors de leur installation et le compactage des remblais. Il dépend de
plusieurs paramètres liés à la fois au type de géosynthétique (type de polymère,
fabrication, masse surfacique…) et aux conditions de l’ouvrage (matériau de remblai,
conditions de mise en œuvre, épaisseur de la couche compactée…).

RFchimique
Le facteur de réduction lié au vieillissement (hydrolyse, oxydation) des géosynthétiques
de renforcement dépend également du type de produit (polymer PET, PVA, PP, PE,
Aramide…) et des conditions de l'environnement du produit. Dans le cas des décharges,
le risque de contact direct ou indirect avec les déchets exclut d’office l’utilisation de
certains polymères.

m ;t :
Facteur partiel pour la résistance du géosynthétique de renforcement vis-à-vis d’une
rupture par traction. Selon la NF G 38064, la valeur à affecter à ce facteur partiel à l’ELU
est de 1,25.

3.5 Calcul de l’ancrage et du recouvrement des nappes géotextiles

3.5.1. Ancrage et recouvrement longitudinal

Il est nécessaire de déterminer un recouvrement longitudinal entre chaque nappe et un


ancrage au bord. Pour l’ancrage, on prend en compte le frottement sol/géosynthétique,
quant au recouvrement, on considère le frottement sol/géosynthétique sur une face et un
frottement géosynthétique/ géosynthétique pour l’autre face.
Le principe de calcul est le même pour les deux cas :

Tm ax   m f
LL =
(  H  Q ) * (C i1  tan)  + (  H  Q ) * (C i 2 * tan)

6
499
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Tmax : Force d’ancrage à reprendre = Rt ;d


mf : Coefficient partiel sur la résistance au cisaillement interne selon L’Eurocode 7= 1,35
Q : Surcharge permanente
Angle de frottement interne des matériaux de couverture
auteur des matériaux au-dessus du géosynthétique
 : Poids volumique des matériaux de couverture
Ciϕ : Coefficient d’interaction à l’interface sol/géosynthétique ou géosynthétique/géosynthétique (il
dépend du type de géosynthétique et des matériaux de couverture.

3.5.1. Recouvrement transversal

Le recouvrement transversal est nécessaire même pour un renforcement


monodirectionnel pour assurer la continuité des nappes dans le sens travers.
La largeur de recouvrement transversal à prendre en compte dans le cas d’un
renforcement monodirectionnel, est le minimum entre : 2*max*D et 0,5m

3.6 Prise en compte de la mobilisation progressive du frottement en ancrage

Des essais in situ et des modélisations numériques, effectués par L. Briançon et P.


Villard en 2006 et en 2008, ont permis de valider la méthode RAFAEL en apportant une
amélioration qui prend en compte la mobilisation progressive du frottement au niveau des
ancrages. Ce comportement est lié à l’action combinée de la mise en tension de la nappe
(déformation de la nappe dans les zones d’ancrages) et du glissement relatif du sol/nappe
pour mobiliser le frottement. Ce comportement a été vérifié et validé dans d’autres projets
de recherche et travaux expérimentaux pour le cas d’effondrement sur cavités (A. Huckert
et al. 2014, Projet GeoInov). La similitude de ce phénomène avec le cas d’affaissement
de déchets sous rehausse nécessite d’être étudiée même si les coefficients de sécurité
utilisés actuellement permettent de couvrir suffisamment l’écart calculé avec cette
nouvelle méthode.

3. Choix du Géosynthétique

Le choix du géosynthétique est fait sur plusieurs critères. Les deux critères
principaux sont la résistance caractéristique du produit et la nature du polymère. Le
produit choisi pour cet ouvrage est le Geoter FPVA 400 qui présente une résistance
caractéristique en traction Rt ;k de 400 kN/m. Celle-ci est supérieure à la résistance de
traction ultime Rt calculée en intégrant le comportement du géosynthétique dans le temps
pour la durée de service. Le produit choisi est à base de polymère polyvinyle alcool (PVA)
qui présente une bonne résistance chimique à long terme même au contact direct ou
indirect de déchets.

4. Conclusions

L’utilisation des géosynthétiques de renforcement pour la sécurisation et la protection


du complexe d’étanchéité de la rehausse de l’ISDND de Champigny-sur-Yonne est une
solution techniquement et économiquement intéressante. L’expérience de ce chantier a
mis en évidence la facilité et la rapidité de mise en place du renforcement.
La méthode RAFAEL, utilisée pour le dimensionnement, a permis d’estimer la
résistance du géosynthétique nécessaire pour reprendre la charge des nouveaux déchets
sus-jacents en cas d’affaissement des anciens déchets soit lors de compactage soit par
consolidation. La méthode de calcul de géosynthétiques sur cavités (RAFAEL ou

7
500
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

méthodes équivalentes) est à ce jour la méthode la plus adaptée pour les projets de
rehausse de décharge mais ne permet pas un dimensionnement optimisé. En effet, cette
méthode est développée pour le cas d’effondrement d’un sol granulaire au-dessus d’une
cavité. Les mécanismes de comportement des matériaux de déchets sont différents de
ceux des matériaux granulaires. Un suivi par une instrumentation adaptée (fibre optique
intégrée dans le géosynthétique de renforcement, capteurs de tassement, inclinomètre,
capteur de pressions) permettrait de développer et d’adapter cette méthode pour les
projets de rehausse d’ISDND.

Remerciements
Nous tenons à remercier le maitre d’ouvrage Coved et à l’entreprise Guintoli qui nous
ont fourni les informations nécessaires et qui ont contribué directement ou indirectement à
la réalisation de cet article.

5. Références bibliographiques

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Géotechnique, 99 : 23-34.

8
501
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

APPROCHE DES INTERACTIONS PHYSICO CHIMIQUES BENTONITE


/ CIMENT : CAS DE L’ETANCHEITE DES OUVRAGES SOUTERRAINS

APPROACH OF PHYSICAL AND CHEMICAL INTERACTIONS BETWEEN


BENTONITE / CEMENT : THE CASE OF UNDERGROUND WORKS SEALING

Alain COURADIN , Laurent OXARANGO2, Daniel DIAS3, Catherine POTHIER4


1
1
MeTeD_k, F-38150, La Chapelle de Surieu, France
2
LTHE, UJF Grenoble, F-38400, Saint Martin d’Hères, France
3
3SR-UMR 5521, Polytech Grenoble, F-38400, Saint Martin d’Hères, France
4
Univ Lyon, INSA-Lyon, LGCIE - SMS ID, F-69621, Villeurbanne, France

RÉSUMÉ – L’objet de cet article est de présenter les résultats d’un premier programme
d’essais portant sur les interactions physico chimiques bentonite / ciment. Ces résultats
révèlent l’influence de la concentration, valence et nature du cation présent en solution
vis-à-vis du gonflement libre des bentonites et de l’échange cationique. Le pH à forte
alcalinité est lui aussi un facteur d’influence.

ABSTRACT – The aim of this paper is to present the results of a first test program based
on the physico chemical interactions bentonite / cement. These results reveal the
influence of the concentration, nature and valence of the cation present in solution on the
free swelling and cationic exchange bentonite. The high alkalinity pH is also an influencing
factor.

1. Introduction

Les zones urbaines se trouvent sans cesse en mutation et la reconquête de ces espaces
s’opère le plus souvent avec comme principal objectif d’optimiser la surface au sol. C’est
ainsi que de nombreux ouvrages disposent de constructions enterrées. Cette
configuration peut entraîner une interaction directe entre l'ouvrage et son milieu
environnant, notamment la nappe phréatique. Il est alors nécessaire de contrôler les
venues d'eau vers le bâtiment. Dans cette optique, une des techniques couramment
employées consiste à mettre en œuvre un géosynthétique bentonitique (GSB) pour
garantir l’étanchéité de l’ouvrage. L’avantage de ces géomatériaux est de présenter une
très faible perméabilité (< 10-11 m/s). L’un des arguments mis en avant pour l'utilisation de
ce type de géomatériaux est leur supposée stabilité dans le temps par analogie avec la
grande stabilité des matériaux argileux dans leur environnement naturel. De récents
travaux de recherche menés au droit d’ouvrages génie civil en béton dans le contexte du
stockage profond de déchets radioactifs ont soulevé des questions fondamentales sur ce
point. En effet, les solutions hyper-alcalines formées au contact du béton peuvent
entraîner des échanges ioniques intenses conduisant à une modification des matériaux
argileux (Dauzères, 2010 ; Gaucher et Blanc, 2006). Sur le plan minéralogique, il faut
noter une illitisation des argiles gonflantes liée à la diffusion de l’hydroxyde de potassium
(KOH), une précipitation de silicates de calcium hydratés (CSH) et une carbonatation liée
à l’enrichissement en calcium. Plus récemment, certains auteurs (Gates et Bouazza,
2010 ; Benson et al., 2010) ont souhaité identifié les modifications des bentonites
contenues dans des GSB en contact prolongé avec des solutions hyper alcalines. En
effet, cette question se pose également vis-à-vis du confinement de certains déchets
miniers ou de l’industrie. Les résultats semblent en accord avec ceux dont témoigne la

1
502
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

communauté scientifique à savoir la formation de nouvelles phases minérales comme


celles évoquées plus haut.

2. Présentation du programme d’étude

2.1. Matériaux et solutions du programme d’essais

Au total, ce sont huit bentonites qui ont été retenues (B1 à B8). Ces bentonites possèdent
des caractéristiques initiales distinctes (minéralogie, activation ou non, provenance
géographique, …,). Deux ciments ont été sélectionnés. Ils proviennent des deux
principales cimenteries situées en région Rhône – Alpes, avec l’une située à proximité de
Lyon pour le ciment Lafarge (La) et l’autre à proximité de Grenoble pour le ciment Vicat
(V). Ces ciments ont été choisis parmi ceux les plus courants pour confectionner les
bétons dans le cas des ouvrages enterrés et souterrains. Ils sont de type CEM I 52,5 N -
SR3 CE PM-CP2 NF. Les solutions de référence sont au nombre de deux avec de l’eau
déminéralisée (ED) et du chlorure de sodium (NaCl) de concentration égale à 10 -3 M. Les
solutions d’essais synthétiques sont au nombre de deux et sont du chlorure de calcium
(CaCl2) et de l’hydroxyde de potassium (KOH). Ces solutions synthétiques présentent des
concentrations égales à 10-1 M, 10-2 M et 10-3 M. Elles ont été obtenues à partir d’une
poudre appartenant chacune à la gamme de produits AnalaR NORMAPUR. Les solutions
cimentaires sont au nombre de deux et ont été élaborées à partir des ciments (La et V).
Le ratio liquide/solide (L/S) qui a été retenu pour ce programme est égal à 10.

2.2. Etape et contenu du programme d’essais

Le programme d’essais présente le contenu et les cinq étapes suivantes : 1) sélection des
bentonites contenues dans les procédés d’étanchéité bentonitiques commercialisés
aujourd’hui sur le territoire national, 2) approvisionnement en plusieurs types de ciments
susceptibles d’être utilisés dans le cas des ouvrages enterrés ou souterrains, 3)
caractérisation initiale des bentonites avec détermination de leur indice de gonflement
libre (AFNOR, 2002), leur valeur au bleu (VBS), leur capacité d’échange cationique
(AFNOR, 1993), leur teneur en carbonate (AFNOR, 1996), 4) essais de gonflement libre
de la bentonite contenue dans les procédés d’étanchéité par géosynthétique bentonitique
à partir des solutions de références, des solutions synthétiques et des solutions
cimentaires, 5) caractérisation chimique finale des solutions surnageantes résultant des
essais de gonflement libre. Les cations analysés en fonction des bentonites (B), des
solutions initiales cimentaires (Si-La, Si-V) et des solutions surnageantes (S-CaCl2, S-
KOH, S-La et S-V) sont présentés dans le Tableau 1.

Tableau 1. Liste des cations analysés en fonction du support


Support Cations
+ 2+
B Na , Ca
Si-La, Si-V Na+, Ca2+, K+
S-CaCl2 10-1 M, 10-2 M Ca2+
S-KOH 10-1 M, 10-2 M K+
S-La, S-V Na+, Ca2+, K+

2.3. Justification de la démarche expérimentale

La solution de chlorure de sodium présente une faible concentration molaire et un cation


neutre du point du vue des échanges cationiques (NaCl, 10 -3 M). Cette solution a été

2
503
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

retenue dans le cadre du programme LIXAR (Guyonnet et al., 2003) comme solution de
référence. Les solutions synthétiques mono-ioniques (CaCl2 et KOH) ont comme principal
objectif de simuler des concentrations molaires croissantes possédant soit un cation
divalent (Ca2+) susceptible de favoriser les échanges cationiques soit un cation
+
monovalent relativement neutre (K ) du point de vue des échanges. Si le calcium en
solution peut se substituer facilement au cation interfoliaire sodique, en revanche, sa
capacité à engendrer le gonflement libre est moindre jusqu’à devenir quasi inhibant à
forte concentration. Le potassium peut conduire à des amplitudes de gonflement
+ +
comparables à celles obtenues avec le cation monovalent sodium (Na ) et lithium (Li )
tant que le déficit en charge du minéral argileux est localisé dans la couche octaédrique
(comme c’est le cas des montmorillonites qui sont un sous-groupe des smectites). D’autre
part, les solutions de chlorure de potassium sont connues depuis longtemps pour
stabiliser le gonflement des argiles bentonitiques voire même les inhiber (Azzouz, 1985).
Il est à noter que certains auteurs (Konan, 2006, Bouala et al., 2011) ont opté pour une
solution d’hydroxyde de calcium ou chaux éteinte Ca(OH)2 afin de simuler le milieu
cimentaire. En effet, ce milieu constitue une solution idéale puisqu’il se rapproche des
conditions d’équilibre d’une solution cimentaire riche en calcium et possédant un pH
alcalin à très alcalin. Mais puisque l’adsorption des ions Ca2+ et OH- se fait dans un
rapport proche de 2 dans le cas de la montmorillonite, ce résultat semble indiquer un lien
entre les adsorptions des ions calcium et hydroxyle. C’est pourquoi, ce programme
expérimental a fait le choix de déconnecter le signal entre l’adsorption des ions calcium et
hydroxyle en choisissant d’une part une solution de chlorure de calcium et d’autre part
une solution d’hydroxyde de potassium.
La détermination de l’indice de gonflement libre (IG) est utilisée à la fois pour
caractériser la bentonite initiale contenue dans les différents procédés d’étanchéité avec
les solutions de référence et celles soumises au contact avec les solutions synthétiques
et cimentaires. Il s’agit donc de l’essai principal de ce programme. Cet essai est retenu
comme un indicateur de performance pour caractériser les bentonites (Guyonnet et al.,
2008). En effet cet essai qui permet de renseigner la compatibilité du système électrolytes
en solution – bentonite, reste simple dans sa mise en œuvre, facile dans son exploitation,
rapide vis-à-vis de l’obtention du résultat et aisément reproductible d’un géomatériau à
l’autre voire d’une solution d’essai à l’autre. C’est pourquoi, certains auteurs (Shackelford,
2000, Jo, 2001, Shan, 2002, Ashmawy, 2002, Kolstad, 2004, Katsumi et al., 2008)
proposent d’établir une corrélation entre cet indice et la performance hydraulique des
GSB. Cette corrélation demeure problématique pour des valeurs inférieures à 20
cm3/2gsec.

3. Résultats

3.1. Caractérisation des matériaux et des solutions de référence

Les grandeurs déterminées, à savoir la teneur en carbonate (CaCO3, %), la capacité


d’échange cationique (CEC, meq/100g), la valeur au bleu de méthylène (VBS, g/100gsec)
sont présentées dans le Tableau 2.

Tableau 2. Identification initiale des bentonites


Essai B1 B2 B3 B4 B5 B6 B7 B8
CaCO3 0,0 0,28 0,0 3,95 1,31 1,40 1,67 1,81
CEC 74,64 65,26 74,44 64,63 / 54,52 76,0 83,3
VBS 22,5 27,5 27,5 25 22,5 25 20 32,5

3
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3
Le résultat des essais de gonflement libre (IG, 2g/cm sec) avec les solutions de
référence sont présentés dans les Tableaux 3 et 4. Chaque solution surnageante fait
l’objet après IG de la détermination du potentiel hydrogène (pH, -) et de la conductivité
électrique (CE, µS/cm).

Tableau 3. Indice de gonflement libre (IG) avec l’eau déminéralisée (ED)


Essai B1 B2 B3 B4 B5 B6 B7 B8
3
IG (cm /2gsec) 40 28 27 28 24 23 21 26
pH (-) 9,4 9,7 10,05 9,96 9,9 9,89 9,55 10,02
CE (µS/cm) 165 99 211 277 212 334 89,4 430

Tableau 4. Indice de gonflement libre (IG) avec le chlorure de sodium (NaCl) 10-3 M
Essai B1 B2 B3 B4 B5 B6 B7 B8
3
IG (cm /2gsec) 25 27 27 25 27 25 26 27
pH (-) 9,35 9,7 10,05 9,96 9,9 9,89 9,55 10,12
CE (µS/cm) 240 232 274 383 423 416 253 369

3.2. Essais IG avec les solutions synthétiques

Les résultats des caractéristiques physico-chimiques des solutions synthétiques et des


essais de gonflement libre sont présentés respectivement dans le Tableau 5 et les
Tableaux 6 et 7.

Tableau 5. pH et conductivité électrique des solutions synthétiques


Essai CaCl2 CaCl2 CaCl2 KOH KOH KOH
-1 -2 -3 -1 -2 -3
10 M 10 M 10 M 10 M 10 M 10 M
pH (-) 5,6 6,37 5,94 12,32 11,34 9,57
CE (µS/cm) 19040 2200 477 21200 2140 86,9

Tableau 6. Indice de gonflement libre avec CaCl2 10-1 M


Essai B1 B2 B3 B4 B5 B6 B7 B8
3
IG (cm /2gsec) 10 10 8 9 7 10 7 9
pH (-) 6,47 6,72 6,8 6,82 7,05 7 7,18 7,21
CE (µS/cm) 17500 17200 17090 17100 17050 17410 16940 17340

-1
Tableau 7. Indice de gonflement libre avec KOH 10 M
Essai B1 B2 B3 B4 B5 B6 B7 B8
IG (cm3/2gsec) 17 16 20 20 15 32 12 19
pH (-) 12,38 12,41 12,33 12,36 12,41 12,37 12,38 12,41
CE (µS/cm) 17840 17750 18450 17800 18320 17940 18130 17670

3.3. Essais IG avec les solutions cimentaires

Le résultat des essais IG avec les deux solutions est présenté dans les Tableaux 8 et 9.

Tableau 8. Indice de gonflement libre avec CEM I La


Essai B1 B2 B3 B4 B5 B6 B7 B8
3
IG (cm /2gsec) 33 32 33 32 27 37 20 24
pH (-) 11,88 11,82 11,79 11,36 11,75 11,49 12,98 13,11
CE (µS/cm) 13480 12300 13120 15950 16900 12150 13750 14130

4
505
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Tableau 9. Indice de gonflement libre avec CEM I V


Essai B1 B2 B3 B4 B5 B6 B7 B8
3
IG (cm /2gsec) 21 20 21 22 16 32 15 20
pH (-) 13,8 13,72 13,23 12,88 12,96 13,76 13,33 13,9
CE (µS/cm) 14280 13550 14460 14060 14550 14810 14210 14020

Les valeurs du pH et de la conductivité électrique (CE) des solutions initiales


cimentaires sont respectivement égales à 13,03 et 4980 µS/cm (CEM I La), 12,26 et 7500
µS/cm (CEMI V).

3.5. Concentrations en cations des solutions surnageantes

Les Tableaux 10 à 13 présentent les bilans ioniques avec les solutions surnageantes.

Tableau 10. Concentration en calcium et potassium des solutions surnageantes


-1 -2
Bentonite CaCl2, KOH 10 M CaCl2, KOH 10 M
2+ + 2+ +
Ca , (mol/L) K (mol/L) Ca , (mol/L) K (mol/L)
B2 0,098 0,091 0,011 0,005
B3 0,088 0,078 0,013 0,004
B4 0,074 0,095 0,012 0,005
B8 0,094 0,099 0,013 0,008

Tableau 11. Composition chimique en alcalin et calcium des solutions cimentaires


Na (mol/L) K (mol/L) Ca (mol/L)
CEM I La 0,013 0,67 3,17
CEM I V 0,01 1,10 7,63

Tableau 12. Composition chimique de la solution surnageante CEM I La


Cations B1 B2 B3 B4 B5 B6 B7 B8
Na (mol/L) 0,2 0,21 0,09 0,13 0,023 0,16 0,15 0,16
K (mol/L) 0,54 0,016 0,26 0,4 0,06 0,0164 0,85 0,80
Ca (mol/L) 1,47 1,15 1,23 1,31 1,23 1,31 4,11 3,95

Tableau 13. Composition chimique de la solution surnageante CEM I V


Cations B1 B2 B3 B4 B5 B6 B7 B8
Na (mol/L) 0,03 0,089 0,019 0,028 0,227 0,15 0,03 0,23
K (mol/L) 1,358 0,28 1,08 1,26 1,07 1,09 1,45 0,84
Ca (mol/L) 5,23 5 5,19 4,43 5,47 5,15 4,91 5,01

3.6 Commentaires

Toutes les bentonites possèdent des proportions très faibles en carbonate de calcium (<
à 5 %), une capacité d’échange cationique élevée (> 65 meq/100g). Ces différentes
valeurs sont classiques pour ce type de matériau (Tableau 2). Les solutions surnageantes
révèlent un pH faiblement basique (Tableaux 3 et 4). Ce constat s’explique dans le cas de
la solution de chlorure de sodium puisque son pH initial est déjà légèrement basique. En
revanche, l’eau déminéralisée possède un pH initial neutre. Cette évolution du pH vers la
basicité peut s’expliquer par la nature des surfaces argileuses qui sont en contact direct
avec les molécules d’eau. En effet, les plaquettes de l’argile bentonitique (cas des
smectites prépondérantes) comportent deux surfaces basales siliceuses et des surfaces
latérales. La surface basale siliceuse, par l’intermédiaire des doublets d’électrons

5
506
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

disponibles sur les atomes d’oxygène, se lie à la molécule d’eau par l’intermédiaire de
l’atome d’hydrogène. Le transfert d’électrons de la surface basale siliceuse vers la
molécule d’eau favorise la fixation de H+. La surface se comporte alors comme une base
faible de Brönsted. Comme prévue, la conductivité électrique des solutions synthétiques
(Tableau 5) est fonction de leur concentration molaire avec une forte valeur pour les deux
-1
solutions à 10 M. Le pH des solutions d’hydroxyde de potassium se révèle alcalin à
fortement alcalin.
La série d’essais avec les solutions CaCl2 (Tableau 6) met en évidence l’influence de la
concentration de la solution initiale sur le résultat de l’IG. En effet, l’indice de gonflement
en présence de la solution 10-1 M est égal ou proche de 10 cm3/2gsec (avec les solutions
-2 -3
10 M et 10 M cet indice passe respectivement à des valeurs comprises entre 22 et 26
3 3
cm /2gsec et entre 23 et 40 cm /2gsec). La série d’essais avec la solution KOH (Tableau
7) révèle les conditions initiales d’alcalinité puisque en présence de la solution
-1
hyperalcaline KOH 10 M, les bentonites présentent des capacités atténuées au
3
gonflement avec des indices de l’ordre de 15 à 20 cm /2gsec alors que la conductivité
électrique initiale de la solution révèle une forte concentration en électrolytes en tout cas
similaire à celle de CaCl2 10-1 M. Pour information et pour des conditions initiales de pH
basique à fortement basique (en présence de KOH 10-3 M et KOH 10-2 M) l’indice de
gonflement des différentes bentonites ne présente pas de valeurs inférieures à 20
cm3/2gsec.
Les solutions cimentaires possèdent un pH fortement basique et une conductivité
électrique moyenne, en tout cas, inférieure à celle obtenue avec les solutions CaCl 2 et
KOH 10-1 M. Les résultats issus des essais de gonflement libre (Tableaux 8 et 9) mettent
en évidence un comportement distinct des bentonites en contact avec les deux solutions
issues d’un ciment de même classe (CEM I) et dont le rapport L/S est équivalent. En effet,
la solution cimentaire CEM I La favorise un gonflement homogène et supérieur à 24
cm3/2gsec, alors que la solution cimentaire CEM I V fait apparaitre des gonflements
atténués et contrastés dont la majorité demeure de l’ordre de 20 cm 3/2gsec.
-1
Dans le cas de la solution CaCl2 10 M, la solution surnageante en contact avec les
bentonites B2, B3, B4 et B8 est moins concentrée en cation Ca 2+ que la solution initiale,
c’est l’inverse avec la solution CaCl2 10-2 M. Les solutions surnageantes en KOH sont
moins concentrées en cation K+ que les solutions initiales (Tableau 10). Ce résultat est en
conformité avec les expérimentations et simulations des auteurs. A savoir, la formation
d’un panache alcalin à partir duquel peut se générer, entre autres, l’illitisation des
smectites par la diffusion du potassium.
Initialement et pour un même rapport L/S, les solutions cimentaires possèdent des
concentrations différentes en alcalins (Na+ et K+) et calcium (Tableau 11). En effet, les
grains anhydres du ciment se dissolvent pour former des silicates de calcium hydratés
(CSH) et de la portlandite (Ca(OH)2), en équilibre avec une solution de pH très basique.
Le milieu cimentaire est donc basique et riche en cations dont le plus important est le
calcium. La solution CEM I V est deux fois plus concentrée en cations K+ et Ca2+ (mol/L)
que la solution CEM I La (pour un même rapport L/S). Ainsi, les deux ciments semblent
posséder des compositions chimiques (et de ce fait minéralogiques) différentes. Cette
différence de composition s’exprime vis-à-vis des échanges ioniques au cours de la mise
en suspension des bentonites (Tableaux 12 et 13). Alors que le sodium vient enrichir la
concentration des deux solutions surnageantes, le potassium demeure stable en
présence des différentes bentonites mises en contact avec la solution CEM I V, tandis
qu’avec la solution CEM I La, sa concentration diminue sauf au contact des bentonites B7
et B8. Pour le calcium, les concentrations initiales des solutions cimentaires diminuent
après la mise en suspension des bentonites. Finalement, la solution qui opère les plus
importants échanges ioniques avec les bentonites est la solution CEM I La puisqu’elle
opère un bilan d’échange ionique deux fois plus important que CEM I V. Toutes

6
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

bentonites confondues, c’est le sodium qui participe le plus aux échanges ioniques,
ensuite le potassium uniquement avec la solution CEM I La puis le calcium.

4. Conclusions

Les résultats issus de ce programme d’essais sont en conformité avec l’état de l’art en la
matière, à savoir, une influence de la concentration, valence et nature des cations qui
composent les solutions mises en contact avec les différentes bentonites pour les essais
de gonflement libre. L’aspect innovant consiste en l’approche combinée et comparative
des solutions mono-ioniques (CaCl2, KOH) avec des concentrations croissantes et les
solutions cimentaires.
L’influence du pH est bien démontrée grâce aux solutions KOH. Cette influence semble
s’atténuer avec les solutions cimentaires. En effet, ces solutions sont poly-cationiques, si
bien qu’une compétition entre cations se révèle être un facteur d’atténuation. Ainsi, il ne
paraît pas réaliste de considérer uniquement des solutions synthétiques mono-
cationiques (même à concentration croissante) pour espérer aborder les interactions
physico-chimiques entre ciment et bentonite.
Enfin, bien que les solutions cimentaires possèdent le même rapport (L/S = 10) les
échanges entre ces solutions et les bentonites sont contrastées. L’essai IG bien que
simple et efficace ne permet pas à lui seul de couvrir et d’expliquer la globalité des
phénomènes, comme de prédire la cinétique des échanges ioniques et leur impact en
termes de performance hydraulique à long terme. L’apport de l’analyse chimique des
solutions surnageantes après l’essai de gonflement libre permet de constater les
échanges ioniques sans les confirmer de manière quantitative au niveau des bentonites.
Bien que ces premiers résultats soient encourageants, il n’est pas permis à ce stade de
l’expérimentation d’envisager une conclusion quant à l’évolution des performances
hydrauliques des bentonites soumises au contact avec des solutions cimentaires. C’est
pourquoi une étude plus approfondie et fournie mérite d’être entreprise.

5. Références bibliographiques

AFNOR (1993). Méthodes chimiques – Détermination de la capacité d’échange cationique


(CEC) et des cations extractibles, AFNOR, mai 1993.

AFNOR (1996). Sols : Reconnaissance et essais – Détermination de la teneur en


carbonate – Méthode du calcimètre, AFNOR, octobre 1996.

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7
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Boualla N., Benaouda El-H. (2011). Comportement des argiles dans un milieu basique.
Catégorie : Environnement. ScienceLib Editions Mersenne : Volume 3, N ° 110708. ISSN
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geosynthetic clay liners. Geotextiles and Geomembranes, vol. 20, pp. 19-38.

Remerciements
MeTeD_k porteur et concepteur du projet remercie les sociétés DIP Technologies (69),
NAUE Applications (38) et SPPM (91) pour leur contribution à ce programme.

8
509
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

ECHANGE CATIONIQUE PAR TRANSFERT HYDRIQUE ENTRE UN


GSB ET UN SOL A FORTE TENEUR EN CARBONATE DE CALCIUM

CATIONIC EXCHANGE BY WATER TRANSFER BETWEEN A GSB AND A SOIL


WITH HIGH CONTENT OF CALCIUM CARBONATE
1 2 2 12
Alain COURADIN , Catherine POTHIER , Stéphane VACHERIE , Eva QUEHEILLE
1
MeTeD_k, F-38150, La Chapelle de Surieu, France
2
Univ Lyon, INSA-Lyon, LGCIE - SMS ID, F-69621, Villeurbanne, France

RÉSUMÉ – L’objet de cet article est de présenter les principaux résultats de l’échange
cationique entre un GSB (Géosynthétique Bentonitique) et un sol riche en fraction
carbonatée. Le protocole expérimental en laboratoire atteste de son efficacité puisque en
deux mois d’essais les transferts hydriques et l’échange cationique ont bien opéré.

ABSTRACT – The aim of this paper is to present the main results of cation exchange
between GCL (Geosynthetic Clay Liner) and a soil with a high carbonate fraction. The
experimental laboratory protocol demonstrates its effectiveness as two months of testing
the water transfer and the cation exchange have operated well.

1. Introduction

1.1. Contexte de l’étude : les GSB et l’échange cationique

Développés pour la première fois dans les années 80 aux Etats-Unis (Gates et al., 2009),
les géosynthétiques bentonitiques (GSB) occupent actuellement une place importante sur
le marché du génie civil et de la géotechnique. Appréciés surtout pour leur fonction
d’étanchéité, leurs domaines d’application sont divers et depuis quelques années, leur
utilité dans le secteur de l’environnement est confirmé pour de plus en plus de projets :
réhabilitation de sites pollués, surveillance de sites miniers et étanchéité des installations
de stockage de déchets. Les GSB voient ainsi leurs domaines d’applications s’étendre et
leur amélioration s’accroître, grâce aux nombreuses recherches réalisées au niveau
national et international. Leur utilisation dans les installations de stockage de déchets est
également concernée et a d’ailleurs permis de dévoiler l’existence d’un phénomène non
négligeable vis-à-vis de l’étanchéité des GSB : l’échange cationique. En effet, il s’avère
que face à l’échange cationique, la fonction étanchéité des GSB peut à terme s’altérer
jusqu’à devenir en le couplant à d’autres sollicitations, comme les cycles
d’hydratation/dessiccation, quasi-irréversibles. Parmi la communauté scientifique et
professionnelle, des guides et des recommandations sont régulièrement mis à jour vis-à-
vis de ce phénomène. La plus récente recommandation propose l’estimation préalable
des transferts ioniques entre un GSB et un sol, et donc l’impact sur les performances
hydrauliques d’un GSB, lorsqu’un sol calcaire est impliqué lors des travaux (MEEDDAT,
2009). Cependant, de telles vérifications n’ont jamais réellement vues le jour et aucune
application n’a pour l’instant été proposée pour et par les professionnels du domaine.

1.2. Etat de l’art : Etudes similaires ou proches

Depuis la définition de l’échange cationique et de son effet négatif sur les GSB, des
projets de recherche ont été réalisés pour mieux comprendre ce phénomène, en

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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

laboratoire mais également in situ. En laboratoire, il a plus souvent été question d’enrichir
en calcium la solution d’hydratation du produit que de mettre en contact le géosynthétique
avec un sol réel. Rares sont donc les projets qui ont exploité ce deuxième cas et qui ont
étudié des GSB composés de bentonite calcique activée. In situ, les travaux concernent
essentiellement les barrières sommitales des installations de stockage de déchets.
En laboratoire, le travail le plus récent (Bradshaw et al., 2013) a consisté en la mise en
contact direct d’un GSB (bentonite sodique naturelle) avec plusieurs sols en mode
support dont la teneur en calcite variait entre 4 et 7 %. La teneur en eau de ces sols était
comprise entre 12 et 16 %. Le suivi de ces essais a été réalisé et des prélèvements de
GSB ont permis l’évaluation de l’échange cationique à travers la mesure de l’Indice de
Gonflement libre (IG) de la bentonite. Au bout de seulement trente jours de contact et
d’hydratation par le sol, l’IG a diminué à une valeur de 21,5 mL/2gsec alors que la
bentonite neuve gonfle jusqu’à 28 mL/2 gsec.
Une expérimentation similaire a consisté à simuler l’hydratation et l’échange cationique
d’un GSB (bentonite sodique naturelle) avec un sol support d’un mètre d’épaisseur (Rowe
et Abdelatty, 2012). Pour enrichir ce dernier en calcium, le sable utilisé a été hydraté avec
une solution de chlorure de calcium jusqu’à atteindre une teneur en eau de 13,9 %.
L’essai a été réalisé durant 3 ans, avec des prélèvements fréquents permettant de suivre
le déroulement de l’échange cationique. Au bout de 130 jours (soit 4 mois), la bentonite a
déjà perdu 5 mL/2gsec en indice de gonflement libre. L’échange cationique s’est déroulé
jusqu’à 625 jours (soit un peu plus de 1,5 ans), au terme desquels la perméabilité du GSB
a augmenté d’un facteur 10.
En couverture d’installations de stockage de déchets, des GSB composés de bentonite
sodique ont été exhumés après huit ans de service (Touze-Foltz et al., 2013). Les deux
sols utilisés dans la couverture (sol de confinement et couche de forme) ont été
considérés riches en calcium avec une concentration voisine des 110 mg/L. Cette forte
valeur explique les indices de gonflement obtenus, inférieurs à 10 mL/2gsec et
synonymes du passage de la bentonite sodique à une nature calcique. Une même
opération a été exécutée pour des GSB (bentonite sodique naturelle) en service dont la
durée a varié entre quatre et onze ans (Meer et Benson, 2004, 2007). Les sols de
confinement utilisés possédaient une faible teneur en carbonate : entre 1,0 et 2,6 %.
Pourtant, l’échange cationique a bien affecté chaque GSB, avec une forte baisse de l’IG
(entre 11 et 7 mL/2gsec), alors que l’IG est de 35 mL/2gsec pour la bentonite neuve. La
durée de service du GSB n’a pas influencé l’échange cationique, l’ampleur de ce dernier
étant bien plus proportionnelle à la concentration en CaCO 3 des sols, même si les teneurs
étaient très faibles.

1.3. Enjeux de l’étude actuelle

Face à ce constat, les producteurs de GSB proposent de nouveaux types de GSB. C’est
le cas de la société Naue Applications qui a mis au point un nouveau procédé dans le but
de remédier essentiellement au risque d’échange cationique mais également à celui de
dessiccation : le Bentofix® X2.
D’un point de vue expérimental et scientifique, l’originalité de cette étude tient aux
configurations envisagées puisqu’il s’agit de simuler en laboratoire l’échange cationique
d’un GSB en contact prolongé avec un sol à forte teneur en carbonate de calcium. Dans
notre cas, l’échange cationique est provoqué par transfert hydrique soit en imbibition, soit
en phase vapeur. En rappel, de nombreux types de sols et matériaux riches en calcium
peuvent être utilisés en ouvrages de génie-civil : limons, sables calcaires, marnes
calcaires, craie, calcaire, ou les sols issus de leur altération, …

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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2. Présentation du programme d’étude

2.1. Matériaux et solutions du programme d’essais

2.1.1. Sol support, GSB et bentonites


Le matériau utilisé est un sable calcaire propre, grenu, écrêté au passant de 1mm. Dans
le passé, ce matériau a été utilisé comme sable référent pour un programme de
recherche visant à comparer les performances hydrauliques d’adjuvants argileux utilisés
sur le territoire national en traitement des sols (Couradin et al., 2008).
Deux types de GSB ont été utilisés (X2 et CV). Dans les deux cas, les GSB
appartiennent à la famille des géotextiles bentonitiques (CFG, 2011). Le protocole
expérimental distingue pour le GSB X2 la présence ou non d’un revêtement en
polyoléfine dont l’adhérence au géotextile tissé est assurée par enduction.
Les bentonites sont au nombre de trois. Les deux premières appartiennent aux
différents GSB, avec une bentonite calcique activée pour le X2 et une bentonite sodique
naturelle pour le CV. La troisième bentonite est une calcique naturelle (FZO). Cette
dernière a été utilisée afin d’amender le sable référent à un dosage égal à 3 %.

2.1.2. Solutions d’essais


Trois solutions d’essais ont été utilisées. Ces trois solutions sont de l’eau déminéralisée
(ED), la solution provenant d’un essai batch (B) dont le rapport L/S (ED/sable référent) est
égal à 4, puis une solution mono-ionique à différentes concentrations croissantes en
chlorure de calcium (CaCl2). Les concentrations en CaCl2 sont égales à 10-4, 10-3, 10-2,
5.10-2 et 10-1 mol/L. La première solution est une solution de référence (ED) les deux
autres (B, CaCl2) sont synthétisées afin de créer et simuler les échanges ioniques.

2.2. Programme expérimental

2.2.1. Introduction
Pour répondre aux objectifs du projet, plusieurs essais de géotechnique et de géochimie
ont été choisis en fonction des phénomènes à étudier. Les méthodes d’essais utilisées
peuvent être réparties en deux groupes : 1) Essais de caractérisation, 2) Essais de
performance.

2.2.1. Essais de caractérisation


Ces essais visent à caractériser initialement puis à terme les matériaux et solutions
d’essais. La caractérisation à terme est effectuée sur la bentonite issue des essais de
performances. Il s’agit des essais d’identification géotechnique (NF P 11-300) du sable
référent, de la teneur en eau pondérale (NF P 94-050) du sable référent et des
bentonites, de la teneur en carbonate (NF P 94-050) du sable et des bentonites, de
l’indice de gonflement libre de la bentonite (XP P 84-703) initialement en présence des
différentes solutions (ED, B et CaCl2) puis à terme avec la solution ED, de la capacité
d’absorption d’eau de l’argile (NF EN ISO 10769) initialement en présence des différentes
solutions puis à terme avec la solution ED, de la détermination de la masse surfacique en
bentonite sèche du GSB (NF EN 14196) et enfin de la capacité d’échange cationique (NF
X 31-130) des bentonites et de leurs cations majeurs (Ca2+, Mg2+, K+, Na+).

2.2.2. Essais de performance


Il s’agit d’un essai expérimental qui utilise l’œdoperméamètre (Coméaga, 1997) décrit
dans le texte normatif NF P 84-705. Cette cellule d’essai permet de réaliser deux types
d’essais (Norotte et al., 2006) : 1) Essai de conformité, afin de déterminer avec des
conditions d’essai toujours identiques si les caractéristiques hydrauliques du GSB sont

3
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conformes à celles annoncées 2) Essai de performance, afin de déterminer les


caractéristiques hydrauliques du GSB placé dans des conditions rencontrées dans un
projet que ce soit pour la contrainte normale, la charge hydraulique, la nature de la
solution d’infiltration ou des matériaux en contact.
La cellule se décompose en trois parties, avec une embase inférieure, un piston et un
dispositif d’application de la contrainte uni-axiale (Figure 1).

1 Capteur de déplacement
2 Contrainte normale
3 Piston
4 Sortie
5 Vis de fixation
6 Embase
7 Gorge
8 Purge
9 Eprouvette GSB
10 Eléments poreux
11 Entrée
12 Bouteille de Mariotte phase 1 Hi+0
13 Purge
14 Bouteille de Mariotte phase 2 Hf

Figure 1. Schéma de l’appareillage.

L’embase et le piston possèdent deux pierres poreuses planes et parallèles entre-elles.


L’éprouvette d’essai est placée entre ces pierres et le suivi de la déformation verticale est
assuré au moyen d’un capteur de déplacement. Le contrôleur pression-volume est de
type bouteille de Mariotte. Elle permet l’application d’une différence de charge hydraulique
constante et de lire les volumes absorbés (et infiltrés) au cours de l’essai.
L’essai NF P 84-705 décrit par le texte normatif prévoit deux phases d’essai. La
première autorise la déformation verticale de l’éprouvette avec le suivi de sa déformation
et du volume absorbé. Cette phase est réalisée sous contrainte uni-axiale et avec à
l’application d’une différence de charge hydraulique quasi-nulle. Son critère d’arrêt est
l’obtention d’un gonflement ou d’un volume absorbé au moins égal à 90 % du gonflement
ou du volume absorbé pour un temps infini. En effet, dans ces conditions et pour des
temps d’essai suffisamment longs, la cinétique du gonflement et du volume absorbé obéit
à une loi hyperbolique (Didier, 1972). Lorsque ce critère est atteint, la deuxième phase est
engagée, il s’agit de la phase d’écoulement et de perméabilité. Dans notre cas, cette
deuxième phase ne sera pas entreprise car l’essai de performance sera arrêté dès lors
que la première phase aura atteint son critère d’arrêt.
Seuls six essais et leurs résultats seront présentés, les quatre autres essais de ce
programme simulant une pré-hydratation du GSB en sol support ainsi que ceux en sol de
confinement ne le seront pas. Ces six essais concernent une seule configuration par
l’application d’une seule et même contrainte uniaxiale égale à 10 kPa et avec le sol
support représenté par le sable référent seul ou adjuvanté à 3 % en bentonite calcique.
Pour cette configuration, deux dispositions du sable référent ont été retenues en fonction
de sa teneur en eau initiale. Pour la première, le sable référent est placé dans la cellule
d’essai dans un état sec (teneur en eau initiale égale à 0,6 %) quasi-foisonné. Pour cette
disposition, la différence de charge hydraulique est maintenue constante au niveau de la
vanne d’entrée. La seconde présente un sable référent hydraté à 13 %, adjuvanté à 3 %
en bentonite calcique puis disposé quasi-foisonné. Pour cette disposition, le dispositif
d’essai évolue en système fermé, si bien qu’aucune connexion hydraulique n’est assurée
par la bouteille de Mariotte au cours de l’essai. De cette façon, les transferts hydriques
sont maintenus respectivement par imbibition et en phase vapeur.

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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3. Résultats

3.1. Essais d’identification et de caractérisation

Avant son écrêtage au tamis de 1 mm, le sable référent est classé B2. Son passant à 2, 1
et 0,08 mm est respectivement égal à 98, 96 et 10 %. Sa valeur au bleu de méthylène est
égale à 0,5. Sa fraction carbonatée est égale à 25%. La distribution des cations majeurs
dosés dans ce sable présente l’ordre suivant : Ca2+>>Na+>K+>Mg2+ avec Ca2+ égale à
+ + 2+
1,42 meq/L puis 0,26, 013, 0,08 meq/L pour respectivement Na , K et Mg . Les trois
bentonites possèdent les caractéristiques initiales suivantes (Tableau 1).

Tableau 1. Caractéristiques initiales des bentonites X2, CV et FZO


bentonite CEC CaCO3 Cations majeurs (cmol+/kg) Na/(Na+Ca)
+ 2+ 2+ +
(n°) (cmol+/kg) (%) Na Ca Mg K (%)
X2 57,05 4,5 57,4 14,45 6,75 1,0 79,9
CV 67,5 1,1 46,1 19,0 3,85 1,6 70,85
FZO 65,25 7,0 8,6 61,6 5,75 3,45 /

Les différentes solutions d’essais possèdent les caractéristiques physico-chimiques


suivantes, avec la mesure de la conductivité électrique (CE) et du pH (Tableau 2).

Tableau 2. Caractéristiques initiales des solutions d’essais ED, B et CaCl2


Solution ED B CaCl2 (mol/L)
-4 -3 -2 -2 -1
(n°) 10 10 10 5.10 10
pH 6,26 7,76 6,16 5,69 6,3 5,68 5,82
CE (µS/cm) 4,76 164 33,5 294 2193 9270 16567

Après essais de gonflement libre (IG) avec la bentonite X2, les mêmes solutions
possèdent les caractéristiques suivantes (Tableau 3).

Tableau 3. Caractéristiques des solutions d’essais après IG avec X2


Solution ED B CaCl2 (mol/L)
-4 -3 -2 -2 -1
(n°) 10 10 10 5.10 10
IG (cm3/2g) 28 30 29 31 34 18 11
pH 10,34 9,23 10,18 9,42 8,51 7,95 7,92
CE (µS/cm) 305,7 325,7 293,7 493 2253 9197 16410

L’IG représente l’indice de gonflement libre de la bentonite obtenu après 24 h. La


cinétique de la capacité d’absorption de la bentonite X2 avec les différentes solutions est
présentée dans la Figure 2.

Figure 2. Cinétique d’absorption de la bentonite X2 avec les solutions.

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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.2. Essais de performance

Les principales grandeurs des essais en sol support sont présentées dans les Tableaux 4
et 5. Les essais sont codifiés selon l’organisation suivante : le premier ensemble (X2, CV)
distingue la bentonite du GSB, le second composé de trois lettres (SSI, RSI) distingue
pour la première, le GSB avec ou sans revêtement (R ou S), la seconde, la configuration
(S car sol support et / sans sol support), la troisième représente l’état hydrique initial de la
bentonite (ici I pour teneur en eau initiale), enfin le troisième ensemble (M) distingue s’il
s’agit ou non du sable référent adjuvanté en bentonite FZO (M pour adjuvanté).

Tableau 4. Caractéristiques des éprouvettes (sable référent et GSB) – Essai sol support
Essai (n°) Durée (j) Teneur en eau bentonite (%) Epaisseur GSB (mm) Teneur en eau sable (%)
Essai Initiale Finale Initiale Finale Sable/Finale
X2 S/I 24 12,9 149,2 4,28 7,60 /
X2 SSI 29 12,7 156,6 4,64 7,85 23,5
X2 SSI ∞ 57 12,7 156,3 3,92 7,42 21,7
X2 RSI 73 12,6 82,7 5,26 5,67 24,1
X2 SSI M 19 12,5 91,8 3,61 5,14 9,5
CV SSI M 23 14,1 94,9 4,87 7,28 9,15

Tableau 5. CEC, CaCO3 et CM des bentonites en fin d’essai – Essai sol support
Essai CEC CaCO3 Cations majeurs (cmol+/kg) Na/(Na+Ca)
+ 2+ 2+ +
(n°) (cmol+/kg) (%) Na Ca Mg K (%)
X2 S/I 59,6 5,565 60,45 16,5 5,0 1,05 78,55
X2 SSI 59,2 6,655 37,6 18,7 5,65 0,9 66,8
X2 SSI ∞ 59,5 4,37 52,2 20,5 5,75 0,85 71,8
X2 RSI 56,65 3,675 61,6 15,35 5,9 1,0 80,05
X2 SSI M 52,55 1,565 31,4 31,4 7,05 1,1 49,8
CV SSI M 49,10 2,9 13,4 21,7 5,8 1,4 38,15

L’essai X2 SSI ∞ représente le cas où la phase de gonflement a été conduite pour des
temps d’essai dépassant la durée pour arriver aux 100 % du gonflement pour un temps
infini puisque ils ont été atteints au bout de 20 jours alors que l’essai a duré 57 jours.
L’essai X2 S/I peut être considéré comme témoin car réalisé sans sol support.

Figure 3. Cinétique d’absorption des bentonites après essai de performance.

Tableau 6. IG des bentonites après essais de performance (solution ED)


X2 S/I X2 SSI X2 SSI ∞ X2 RSI X2 SSI M CV SSI M
IG (cm3/2g) 29 25 26 30 28 30

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3.3. Commentaires

Les résultats issus des essais d’identification (Tableau 1) révèlent que la bentonite CV est
sodique naturelle à plus de 70 % de sa CEC. La bentonite X2 possède un excédent en
sodium échangeable par rapport à sa CEC, ce qui laisse supposer que ce biais dans la
mesure peut être attribuable à la présence de carbonate de sodium (Na2CO3) résultant
d’un processus d’activation de cette bentonite. Dans ce cas, le rapport Na/(Na+Ca) révèle
que le procédé d’activation de cette bentonite a bien opéré car égal à 80 %.
Les résultats issus des essais de caractérisation (Tableau 3 et Figure 2) expriment la
même tendance, à savoir, que le gonflement libre et le volume absorbé diminuent en
fonction de l’augmentation de la concentration en électrolytes de la solution initiale. En
-2 -1
comparaison, l’IG obtenue avec la bentonite CV et les solutions ED et CaCl 2 à 10 et 10
3
mol/L est respectivement égal à 29, 31 et 12 cm /2gsec. La valeur égale à 11/12
3 -1
cm /2gsec pour l’IG avec CaCl2 à 10 mol/L atteste d’une certaine inhibition des
bentonites X2 et CV au gonflement libre. En comparaison, la bentonite FZO (cacique
naturelle) possède un IG égal à 7 cm3/2gsec avec ED. Les essais de capacité
d’absorption se révèlent être plus sensibles à la concentration en électrolytes que l’essai
de gonflement libre puisque dès CaCl2 à 10-2 mol/L, le volume absorbé pour un temps
infini (Va∞) est inférieur à celui obtenu avec ED (respectivement Va∞/CaCl2 à 0,01 mol/L
= 405,5 % contre Va∞/ED = 482,6 %) alors que dans le cas de l’IG, ce rapport s’inverse
en faveur de l’IG avec la solution CaCl2 à 0,01 mol/L.
Les essais de performance appellent les commentaires suivants. Les transferts
hydriques du sol support vers le GSB ont fonctionné car au terme de chaque essai il est
attesté une augmentation de la teneur en eau et de l’épaisseur du GSB (Tableau 4). De
ce point de vue, le phénomène d’absorption d’eau et de gonflement de la bentonite
contenue dans le GSB est prouvé. Ce commentaire vaut également pour le GSB muni de
son revêtement en polyoléfine (essai X2 RSI) avec cependant une tendance moins
affirmée à l’absorption et au gonflement. Comparativement, le sol support a gagné en
teneur en eau lorsque l’appareillage est en système ouvert (gain réalisé par imbibition)
alors qu’il en a perdu en système fermé (perte en phase vapeur). Le phénomène
d’échange cationique de la bentonite contenue dans le GSB est témoigné par l’évolution
du rapport Na/(Na+Ca) indiquant une substitution des ions de sodium par ceux de calcium
(Tableau 5). Ce phénomène est encore plus accentué pour les essais présentant le sol
support adjuvanté à 3 % en bentonite calcique. Ce commentaire n’est pas justifié pour
l’essai X2 RSI (GSB avec revêtement en polyoléfine) et X2 S/I (essai témoin). Les essais
de capacité d’absorption (Figure 3) et de gonflement libre (Tableau 6) des bentonites
issues des essais de performance expriment la même tendance avec en ordre
décroissant pour l’IG, CV SSI M(30) = X2 RSI(30) > X2 S/I (29, témoin) > X2 SSI M(28) >
X2 SSI ∞(26) > X2 SSI(25) et pour VA∞, CV SSI M(558,7) > X2 S/I(523,85, témoin) > X2
RSI(494,3) > X2 SSI ∞(435) > X2 SSI(396,85). Le critère d’arrêt des essais de
performance semble être pertinent car le volume absorbé et le gonflement libre de X2 SSI
∞ sont supérieurs à ceux de X2 SSI. Il n’est donc pas nécessaire de conduire l’essai de
performance au-delà des 90 % du gonflement ou du volume pour un temps infini.

4. Conclusions

Les essais de performance en œdoperméamètre démontrent la réalité des transferts


hydriques à partir des deux conditions opératoires conçues pour simuler l’imbibition et la
phase vapeur. A partir de ces conditions, le phénomène de l’échange cationique se révèle
actif puisque le bilan des cations majeurs en fin d’essais montre bien une modification de

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516
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

la minéralogie initiale des deux bentonites (sauf dans le cas de l’essai X2 RSI). Ainsi, ce
protocole expérimental s’avère pertinent dès lors qu’il s’agit « (…) de vérifier l’effet d’un
transfert des ions calcium du sol vers la bentonite du GSB, (…) », (MEEDDAT, 2009).

5. Références bibliographiques

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performance d’un géosynthétique bentonitique en couverture d’installation de stockage de
déchets. 9èmes Rencontres Géosynthétiques. 8 pages.

Remerciements
MeTeD_k porteur et concepteur du projet remercie la société NAUE Applications pour sa
contribution à ce programme.

8
517
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur / Nancy 6-7-8 Juillet 2016

LA GESTION DES CONNAISSANCES EN GEOTECHNIQUE :


TRENTE ANNEES D’ESSAIS ET PERSPECTIVES

THE MANAGEMENT OF GEOTECHNICAL KNOWLEDGE: THIRTY YEARS OF


TRIALS AND PERSPECTIVES

René-Michel FAURE1, Jean-François THIMUS2


1
Ecole nationale des Travaux publics de l’Etat, Lyon, France
2
Université catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve, Belgique

RÉSUMÉ –Parmi les enjeux sociétaux, la transmission du savoir, tant dans l’entreprise
qu’à l’université, a été bouleversée ces dernières années par l’informatique et ses
réseaux. En rappelant les travaux en géotechnique et informatique depuis trois décennies,
des tentatives de systèmes experts, de bases de données, et plus récemment
d’ontologies, l’article propose une approche nouvelle dédiée aux bureaux d’étude.

ABSTRACT–Knowledge management, either at office or university, is strike by networks.


Reminding shortly past works dealing with geotechnics, data-bases, expert systems and
ontologies, the paper presents a new approach sized for offices.

1.Introduction

L’enjeu du recueil des connaissances est primordial pourl’évolution de nos sociétés,


malmenées par une gestion froide desressources humaines et un transfert des
connaissances souvent inhibé par le choix d’un point de départ. Faire du recueil de
connaissances c’estdonner au futur les bases nécessaires à son existence.
La transmission des savoirs fut d'abord orale, puis livresque et notre enseignement est
encore basé sur le livre. Mais comment retrouver dans un livre l’information dont on a
besoin pour traiter le problème posé par un contexte particulier? On a cru arriver à ce but
avec l'aide de moteurs de recherche. Ceux qui utilisent les moteurs de recherche comme
Google en connaissent les limites, car la contextualisation des connaissances n'y est pas
incluse. Pour bien utiliser les moteurs de recherche, il faut savoir ce que l’on cherche,
connaître en partie la réponse.
L’extension des domaines du savoir dans l’enseignement conduit à des programmes
surchargés et qui ne peuvent fournir simplement le savoir suffisant et nécessaire pour
traiter une situation donnée.
Le projet MKD, présenté ci-après, fera du contexte le point de départ de la recherche du
savoir nécessaire.

518
2. Brefs rappels historiques

2.1.Années 80 et les bases de données

Avec le développement de l’informatique, le stockage de l’information devient possible et


les premières tentatives de bases de données apparaissent.
Les axes de développement sont :
 Les essais de laboratoire : Modelisol (Favre et al., 1992)
 Les sites expérimentaux (Greenwood, 1988)
 Les glissements de terrain (Lacube et Durville, 1989)
 La surveillance des sites
 Les logiciels intégrés capables de fédérer des logiciels de calcul, comme le projet
CASTOR au Canada (Soulié et al., 1992)
 L’information étant spatiale, les premiers SIG côtoient les bases de données et les
premiers blocs-diagramme sont édités (Faure, 1999), (Faure et al., 2001, 2002)

2.2.Années 90 : Les systèmes experts

La communauté géotechnique française a connu un vaste engouement pour les systèmes


à base de connaissance dans les années 1980 et 1990. Utilisant règles de production et
moteur d’inférence, de nombreux systèmes experts ont donc été mis à l’étude
commeXPENT (Faure et al. 1992) (Laouini et al., 1992) mais rarement utilisés en pratique.
Les causes en sont multiples et ont parfois été analysées (Magnan 1992), mais troispoints
d’achoppement apparaissent :
- le besoin pour l’utilisateur de comprendre l’outil qu’il manipule, au moins ses principes
fondamentaux, et le rejet des intermédiaires pour le traitement de la connaissance,
- l’investissement souvent trop important, au moins en temps et en énergie, pour alimenter
une base de connaissances en mesure de fournir des réponses satisfaisantes.
- l’impossibilité de tout prévoir dans un monde ouvert, comme celui de la géotechnique.
De plus, comme l’écrit (Magnan, 2002) le travail du géotechnicien est souvent unique, à la
façon d’un artisan, peu répétitif et de ce fait peu automatisable.

2.3.Années 2000 : Les ontologies

Si les ontologies trouvent leurs origines dans la philosophie (et notamment Aristote), ce
n’est pas avant 1991 que l’on trouve dans la littérature spécialisée la première définition
des ontologies dans le cadre des systèmes d’information:
 Neches et al.(1991)mettent en avant l’approche terminologique.
 Gruber (1993)voit dans les ontologies une conceptualisation du monde.
 Guarino (1998)privilégie une approche logicienne mettant en relation un
vocabulaire et un agencement conceptuel (un modèle).
 Sowa (2001) se veut synthétique et fait le lien entre l’approche forcément
terminologique du concept (il est difficile sinon impossible d’exprimer une idée
autrement que par support linguistique) et la conceptualisation d’un domaine
 Aussenac-Gilles (2004)est beaucoup plus pragmatique en visant à la construction
d’un référent de connaissances plutôt qu’à une représentation du monde.
Une ontologie apparait comme un ensemble de syntagmes (mot ou groupe de mots)
nommant des concepts avec un ensemble de relations reliant ces concepts. On obtient un
graphe 3D avec des milliers de nœuds (les concepts) et des centaines de liaisons
différentes (les relations entre deux concepts).

519
Il existe d’autres définitions des ontologies, mais elles vérifienttoutes les assertions
suivantes:
 Les ontologies sont des outils de référence pour une communauté,
 Les ontologies doivent permettre de dépasser les phénomènes
terminologiques et donc corollairement, les ontologies traitent avant tout de
concepts.
Une nouvelle structure d’ontologie est présentée dans cet article, structure qui permet
de faciliter sa mise en œuvre et de résoudre les problèmes terminologiques comme la
synonymie et la métonymie. Elle permet aussi le glissement sémantique pour
l’élargissement des questions, des statistiques lexicales et l’obtention des thésaurus.
(Faure et al., 2014a) (Faure et al., 2015)

3. Information, connaissance et méta connaissance

Pour l'ingénieur la connaissance est issue de quatre formes d’information:


 La dénomination des objets et des concepts. En effet connaître l'existence et la
définition de quelque chose (un objet, une théorie, une action, un état..) est une
information.
 La seconde forme est l'ensemble des relations, des faits reliant deux ou plusieurs
concepts. Un savoir-faire comme la composition d'une formule de béton fait partie
de ce second type de connaissance.
 La troisième forme est l'algorithme qui permet une traduction numérique des
relations entre objets.
 La dernière forme est la donnée, généralement chiffrée.

Ces quatre formes conduisent à la connaissance quand l’ingénieur les utilise dans le but
de construire. « Pour obtenir la quantification de tel objet, quels concepts sont nécessaires
pour utiliser ce logiciel, avec quelles précautions et quelles données ?» est la démarche
usuelle de l’ingénieur dans son acte de construire.
Il se sert aussi de sa méta-connaissance des choses, à savoir où et comment il peut
avoir accès à telle information. C’est par l’expérience qu’il acquiert cette méta-
connaissance. (Faure, 2007)

4. L’impact Internet pour l’enseignement

L’enseignement est un raccourci pour l’acquisition et le maniement de l’information. Il se


heurte aujourd’hui à des difficultés et à une concurrence comme :
 Le choix des matières à enseigner, alors que les nouvelles technologies apportent
chaque jour de nouvelles façons d’aborder le projet, car le temps imparti est limité.
 Comment apporter à l’ingénieur, dans sa carrière, de nouvelles informations ?
 Comment enseigner le savoir-faire, le savoir apprendre, le savoir-faire faire ?
Internet propose deux solutions :
 L’enseignement en ligne et les MOOC (Massive Open Online Course). Ces cours
diffusés via Internet contraignent déjà les universités à mettre plus d’attractivité
dans leur cursus, pour résister dans le combat économique qui s’annonce.
 Des moteurs de recherche de plus en plus performants. Le projet Watson d’IBM
promet une analyse très performante de milliers de pages dans divers domaines,
mais avec une machine superpuissante.

520
Si ces approches sont très utiles, elles ne sont réservées qu’à un petit nombre,
autodidactes ou formés à ce type de recherche. Et elles sont dévoreuses de temps.
Cependant des projets moins ambitieux rapprochant élèves et professeur ont toujours leur
place, mais il apparait aussi que d’autres approches sont à inventer, en triant l’information
de façon plus pertinente (Faure et al., 2012).

5. Approche téléologique

Téléologique traduit la notion de but. On cherche quelque chose pour mieux résoudre un
problème posé par la réalisation du projet de construction.
Une encyclopédie est peu utile si on ne sait pas la page où se cache l’information, le
moteur de recherche fournira trop de références qu’on ne saura exploiter et
l’enseignement fournira bien peu de fois une réponse précise.

5.1.Les projets Ramcesh et MKD

Le projet Ramcesh (Recueil Assisté et Maniement des Connaissance des Espaces


Souterrains Habités) a été initialisé au CETu au début des années 2000 (Faure, 2004)
(Faure et al.,2006 et 2007).Il a été suivi par le projet MKD (ModelizingKnowledge by
Domain) montrant que l’approche est facilement transposable à tout domaine d’activité.
Le but de MKD est la mise en forme quasi automatique de toute l’information contenue
dans des publications afin de répondre à la question : « Que dois-je savoir pour traiter ce
problème et son contexte ? »
La réponse, si précise soit-elle, ne donne pas de solution, mais les bons éléments pour
que l'utilisateur énonce une solution. La justesse de cette solution dépend de la précision
du contexte décrit. Et quel avantage pratique de voir sur son écran tout ce qu'il faut savoir
sur ce contexte. L'art de l'ingénieur n'est que facilité.
Dans ce projet, l’ontologie proposée est une ontologie de poids léger, pragmatique et
distinguant deux relations, la relation de subsomption (est une sorte de) et la relation de
voisinage (est voisin de) pour construire des arbres de sous-domaines faciles à définir. Le
granule de connaissance, structure de petite dimension correspond aux règles de
production des systèmes experts, augmenté d’un univers et d’un modèle d’univers. C’est
le granule qui permet de résoudre les difficultés de représentation du langage. Une
recherche plein texte des formes déductives (si alors) par des outils de traitement du
langage fournit les fragments de textes sur lesquels seront bâtis les granules dont la
structure permet la composition en des granules plus complets et de plus vaste portée
(Faure et al., 2008) (Faure et al., 2015). La figure 1 montre la structure du granule et sa
place dans l’ontologie du domaine géotechnique. L’annexe explique plus en détail ces
notions.

5.2.Mise en œuvre

Le choix des textes représentant le domaine est la première action de la mise en œuvre
de MKD. Ce corpus de textes pourra être augmenté à chaque moment (cas de la veille
technologique par exemple)
Un module de MKD, construit classiquement une base documentaire de documents
fournis.
Un autre module recherche tous les syntagmes (mots ou groupe de mots utilisés
plusieurs fois) des textes, qui sont rangés dans les arbres des sous-domaines.

521
Avec des outils de traitement automatique du langage, MKD retrouve les fragments de
texte (phrases déductives) qui sont transformés en granules. Au fil des textes ajoutés, la
base de connaissances ainsi créée croît et se complète.

Figure 1 : la structure du granule et l’ontologie équivalente choisie

5.3.Applications

 L'application encyclopédique de la base de connaissances correspond à la


recherche dans la base de tous les granules apportant une réponse totale ou
partielle à une question.
 L’indexation automatique de documents se fait lors de la mise en base, la signature
de l’article (syntagmes de l’article et de l’ontologie est calculée).Cette signature
peut servir de mots clés pour toute recherche de document.
 La fouille de texte et le remplissage de formulaires servent, par exemple, à extraire
automatiquement les informations pour alimenter une base de cas. La gestion d'un
patrimoine est ainsi facilitée.
 La vérification de conformité et de cohérence entre textes ou règlements est simple
par détection des granules contradictoires et l’utilisateur averti de ces incohérences
devra les lever.
 Suivi de chantier et détection de risques : Les fiches de suivi d’un chantier peuvent
être systématiquement analysées, dès leur réception, et des avertissements faits si
certaines valeurs ne sont plus conformes aux règles, même numériques, explicitées
dans les granules.
 Aide à la conception : Aspect encyclopédique, détection d’incohérence, liaison avec
codes de calcul permettent d’envisager une application type SIAD, (Système
Informatique d’Aide à la Décision) centrée sur la construction d’un type d’ouvrage.
 Aide au dépouillement ou à la rédaction d’appel d’offre : La détection d’incohérence
et le remplissage de formulaire à des fins de comparaison sont une première étape
dans le dépouillement d’appels d’offre en vue du choix de l’un d’entre eux en
fonction de critères qui peuvent être décrits sous forme de granules.
 Mémoire d'un laboratoire, d’un bureau d'expertise ou de contrôle : Au fil des années
les expertises s'accumulent et qui peut se souvenir de tous les détails des
expertises afin d'assurer une cohérence entre les expertises faites dans des temps
différents et part des collaborateurs différents. L'outil MKD permet le recueil et la
recherche de ces détails en utilisant les granules de connaissance qui évitent la
redondance et gardent le contexte. Pour un problème donné les nouveaux
collaborateurs récupèrent rapidement le passé du bureau d'étude. La confidentialité
des expertises (judiciaires) est assurée car la référence inscrite dans le granule
n'est dans ce cas, qu'un numéro de dossier.

522
 Base de cas pour raisonnement par analogie : la recherche de cas semblables (ou
d’articles semblables) est une simple comparaison de la signature des articles

5.4.Quelques résultats.

MKD a permis de traiter les 2344 articles de congrès internationaux des tunnels, les 600
articles des JNGG et les congrès de l’AFTES et autres cours ou recommandations.
L’ontologie en français comprend 22 sous-domaines et regroupe près de 6000 syntagmes
(Faure et al., 2014b).
La fonction la plus usitée est la recherche d’articles semblables à un article donné. Au
retour d’un congrès savoir qui travaille sur le même sujet que celui de l’article est très
prisé.
Le prototype actuel, écrit en PHP et Perl avec une base MySQL, a permis de valider
tous les points cités.

6. Conclusion
Mettre en œuvre MKD, pour préserver et diffuser (via un Intranet) l’expérience et le savoir
d’un service c’est aussi :
 Rafraîchir les esprits, les mémoires, et mettre à plat la connaissance collective,
 S’approprier un métier rapidement, efficacement, le transfert de connaissances et
de compétences est favorisé, la communication améliorée,
 Valoriser le domaine d’expertise de chacun et montrer le périmètre de compétence
de chacun ce qui éveille l’intérêt des autres et permet l’enrichissement mutuel,
 Pérenniser le capital de savoir de l’entreprise,
 Gagner en réactivité, en productivité (on se comprend plus rapidement), on gagne
en qualité (on se comprend mieux),
 Créer de la connaissance (par juxtaposition de connaissances) et
optimiserl’organisation du service.

8MKD attend le service qui le mettra en œuvre pour plus de performance.

7. Références bibliographiques

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conceptual modeling, pp. 383-396, November.
Site : www.pentes-tunnels.eu
8. Annexe : quelques précisions
En complément de la figure 1 qui montre la structure du granule il faut préciser que
l’axiomatique qui traduit la phrase déductive d’un texte avec les seuls mots de l’ontologie
est une succession de propositions (sujet = ce dont on parle, relation, ce qu’on en dit) à
trois éléments pouvant être combinées avec des ET et des OU. Ces triplets sont
regroupés en prémisse et conclusion reliées par une des cinq relations déductives
impliquant (éventualité, obligation, négation, recommandation, risque). Lors de sa création
le granule est comparé aux granules existants et il est introduit dans la base de
connaissance que s’il apporte des connaissances nouvelles (nouveau granule ou granule
existant modifié) afin que cette base ne contienne aucune redondance.
A titre d’exemple voici un granule.
Phrase Relations Univers Modèle d’univers

SI
Le coefficient de sécurité Y est en Z Coefficient de sécurité X = coefficient de sécurité
au glissement d’un mur en X caractérise Y au glissement, Mur, au glissement
béton armé est inférieur à Béton armé Y = Mur
1.5 Z = béton armé
X < 1.5
ALORS (modalité : recommandation)
Mettre une bêche à l’arrière C caractérise A Bêche, Semelle, À = Bêche
de la semelle dont la D caractérise B Hauteur, Épaisseur B = Semelle
hauteur soit au moins égale À à l’arrière de B C = Hauteur
à l’épaisseur de la semelle D = Épaisseur
C>D
Tableau - Exemple simplifié de granule
C’est ce granule issu des théories de la représentation du discours qui permet la
transcription simple et fidèle de toute forme d’information menant à la connaissance et ses
possibiltés de composition permettent d’exprimer de nouvelles connaissances.
La structure de l’ontologie est faite d’arbres plans (une relation principale pourtous les
termes et quelques relations, dites de voisinage, pour lier deux concepts de nature
différente mais qui sont souvent cités ensemble). Ces liens permettent le glissement
sémantique qui élargit les questions posées et induit des réponses pertinentes. Les lignes
pointillées d’un arbre à l’autre signifient que les deux concepts sont identiquement
nommés, ce qui relie tous les graphes entre eux et permet de naviguer dans l’ensemble
du vocabulaire, fait de syntagmes (groupe de mots) et non pas de mots simples.

525
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

MISE EN EVIDENCE DE L'EVOLUTION DE LA PERMEABILITE D'UN


GSB PAR SONDAGES ELECTRIQUES

INCREASE OF GEOSYNTHETIC CLAY LINER’S HYDRAULIC CONDUCTIVITY


DETECTED THANKS TO VERTICAL ELECTRICAL SOUNDINGS

Colette SIRIEIX1, Fanny GENELLE2, Joëlle RISS1, Nathalie TOUZE-FOLTZ3, Stéphane


RENIE4, PhilippeBEGASSAT5, Camille BARRAL3
1
Univ.Bordeaux, I2M, UMR5295, Talence, France
2
INNOGEO, Le Bourget du Lac, France
3
IRSTEA, HBAN, Antony, France
4
HYDRO INVEST, Angoulême, France
5
ADEME, Angers, France

RÉSUMÉ – Des sondages électriques verticaux extraits de tomographies de résistivité


électrique réalisées sur une couverture expérimentale contenant un GéoSynthétique
Bentonitique (GSB) pendant près de trois ans mettent en évidence une évolution de son
comportement électrique. L’évolution de la résistivité, liée à un changement de la
perméabilité s'accompagne d'une modification des propriétés intrinsèques du GSB.

ABSTRACT – A set of vertical electrical soundings was extracted from the ERT surveys to
monitor the temporal evolution of the Geosynthetic Clay Liner (GCL) bulk electrical
resistivity. An evolution of the GCL’s electrical behaviour occurred over time. It is linked
with changes in the proportion of sodium and calcium cations which involve an increase of
its hydraulic conductivity (measured on samples three years after its installation).

1. Introduction

En France, le suivi des Installations de Stockage de Déchets Dangereux (ISDD) est


obligatoire après leur fermeture (Journal Officiel de la République Française, 1993). Il
consiste notamment à collecter et traiter le biogaz et les lixiviats, produits de la percolation
des eaux de pluie à travers les déchets. Sur ces sites, l’infiltration de la pluie, créatrice de
lixiviats, est limitée par la mise en place d’une couverture imperméable située au-dessus
des déchets. L’étanchéité de cette couverture est en partie assurée par une
géomembrane ou un GéoSynthétique Bentonitique (GSB). Or, de nombreux phénomènes
peuvent affecter l’intégrité du GSB au cours du temps comme, par exemple, l’échange
cationique (Egloffstein, 2001), la présence de racines (Cazzuffi et al., 2005), la
dessiccation/humidification (Bouazza et al., 2007) etc. Ces phénomènes, entraînant une
baisse des performances du matériau de couverture au cours du temps, ont été mis en
évidence par différents auteurs (Meer et Benson, 2007; Benson et Meer, 2009 ; Touze-
Foltz et al., 2013). Par ailleurs, la présence éventuelle de défauts datant de la mise en
place du GSB (Touze-Foltz, 2001; CFG, 2011) ainsi qu’une augmentation générale de la
perméabilité de la couverture au cours du temps peuvent être à l’origine d’une
augmentation de la quantité de lixiviats. Le traitement de ces derniers étant coûteux, il est
utile de pouvoir évaluer les performances in situ d’un GSB.
Pouvoir évaluer les performances d’un GSB in situ de façon simple et non onéreuse :
tel est l’enjeu de l’étude proposée ci-dessous. A cette fin, l’objectif poursuivi est de
montrer que cela est possible au moyen de sondages électriques verticaux (SEV)

1
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

inversés au moyen d'une méthode d'optimisation globale (PSO) et de données a priori


(géométrie et résistivité).
Après une présentation du site et des mesures de tomographie de résistivité électrique
(TRE) qui y ont été réalisées, on explique comment, à partir de sondages électriques
verticaux (SEV) extraits de ces tomographies, on a pu mettre en évidence l’évolution des
performances du GSB et conforter les résultats obtenus par mesure des teneurs en
cations Ca++ et Na+, de l’indice de gonflement et de la conductivité hydraulique
d’échantillons de GSB.

2. Site d’étude

Une couverture expérimentale de type imperméable a été installée en septembre 2009 sur
la commune de Champniers en Charente. Cette couverture est constituée, de bas en
haut, de 1 m de matériau argilo-graveleux, un GSB de 6 mm d’épaisseur
(Bentomat®AS3700), 0,30 m de graviers, un géotextile de séparation et 0,15 m de terre
végétale (figure 1). Le GSB est constitué d’un assemblage de deux géotextiles séparés
par de la bentonite calcique activée. Il est caractérisé par une très faible perméabilité,
inférieure à 5.10-11 m.s-1 à l’état initial d’après la fiche technique du produit.
Trois lés de GSB d’une longueur de 13 m ont été nécessaires pour recouvrir l’ensemble
de la parcelle, la largeur d’un rouleau étant de 5 m. Le GSB a été placé de façon à
dépasser de 1 m les limites de la zone excavée pour la création de la couverture (figure
1). Les recouvrements des lés de GSB sont d’une largeur de l’ordre de 0,5 m, avec ajout
de bentonite en poudre sur une dizaine de centimètres à leur interface, conformément aux
recommandations du CFG (2011).

Figure 1. Emplacement des défauts au sein de la couverture expérimentale : vue de


dessus et coupe verticale le long du profil de tomographie de résistivité électrique AA’.

2
527
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Plusieurs défauts ont été créés au sein du GSB et simulent essentiellement des
malfaçons pouvant apparaître lors de la pose du GSB sur sites réels (figure 1). L’un
d’entre eux associe une déchirure du GSB sur une longueur de 2,5 m à une fissure de
0,04 m de large traversant toute l’épaisseur du matériau argilo-graveleux. Un arrachage
semi-circulaire de un mètre de rayon a également été réalisé. Ce défaut peut représenter
l’effet d’un coup de godet donné par un engin de chantier sur une ISD; le matériau argilo-
graveleux est donc directement en contact avec la couche de graviers sus-jacente à
l’endroit de ce défaut. Il est également juxtaposé à une double épaisseur de GSB
correspondant à la partie découpée. Enfin, un défaut de recouvrement de deux des lés de
GSB a été réalisé sur une largeur de 0,4 m et une longueur de 2 m.

3. Mesures de tomographie de résistivité électrique

Des mesures de tomographie de résistivité électrique ont été effectuées le long du profil
AA’ qui recoupe le défaut de recouvrement et l’arrachage volontairement créés au niveau
du GSB (figure 1). Elles ont été réalisées pendant près de trois ans, dans des conditions
météorologiques variables. Ces données météorologiques (pluviométrie, température,
etc.) ont été enregistrées grâce à une station météorologique installée à proximité
immédiate de la couverture expérimentale (Genelle, 2012).Chaque mesure de TRE a été
réalisée à l’aide de quarante-huit électrodes espacées de 0,25 m selon le dispositif dipôle-
dipôle. Les données de résistivité électrique ont été traitées au moyen du logiciel
RES2DINV© par une inversion robuste (norme L1) associée à un affinage du maillage du
modèle.
De l’ensemble des tomographies réalisées (Genelle, 2012), on rapporte les résultats
essentiels obtenus au moyen du dispositif dipôle-dipôle (Genelle, 2012 ; Sirieix, 2013) :
 un premier horizon conducteur peu épais est bien caractérisé : il correspond à la
terre végétale,
 un deuxième horizon très résistant dont l’épaisseur change au cours du temps est
attribué au GSB ; il s’avère très épais en 2010 (figure 2) et devient moins épais à
partir de 2011 ce qui permet de le distinguer du niveau argileux sous-jacent. La
surestimation de son épaisseur s'explique par le principe d’équivalence (Maillet,
1947).
 le niveau de gravier se distingue mal de la terre végétale et du GSB en raison du
principe de suppression (sa résistivité est intermédiaire entre celles de la terre
végétale et du GSB)
 un troisième horizon conducteur associé au matériau argilo-sableux situé en
dessous du GSB devient visible essentiellement à partir de juillet 2011.
 les défauts n’ont été détectables qu’après le mois de juillet 2011, après que la
résistivité du deuxième horizon ait diminué, soit vingt-deux mois après la pose du
GSB.
Trois de ces modèles issus de Genelle (2012) sont montrés figure 2.
Il apparait donc que la seule observation des modèles de résistivité ne permet pas de
modéliser le GSB et que celui-ci se manifeste par une surestimation de l’épaisseur et une
sous-estimation de la résistivité (deuxième et troisième colonne du tableau 1). Cependant,
par application du principe d’équivalence et en supposant une épaisseur de 0,6 mm pour
le GSB, la résistivité du seul GSB a pu être estimée (quatrième colonne du tableau 1) ; les
estimations ont été faites à partir des résistivités électriques extraites des modèles de TRE
en se plaçant à 4 m de l’extrémité gauche du début du profil AA’ et suffisamment loin des
défauts pour qu’ils n’aient aucune influence (figure 1). Celles-ci évoluent de 4,6105Ωm au
mois de février 2010 à 1,2105Ωm au mois de mai 2012 en passant par 15,2105Ωm pour
le mois de septembre 2010 après un été chaud et sec.

3
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Globalement, les résistivités ont diminué avec le temps ce que l’on a cherché à vérifier
et préciser au moyen de données 1D (assimilables à un SEV) dont les inversions ont été
réalisées par une méthode d’optimisation globale (ici, les essaims particulaires PSO).

Tableau 1. Résistivités électriques du GSB estimée à partir des différentes méthodes

Médianes des
Calculées pour
Estimées à partir des distributions
une épaisseur
modèles inversés TRE obtenues par
Date des mesures de 6 mm)
PSO
ρGSB ρGSB (Ωm) à
Epaisseur (m) ρGSB (Ωm)
(Ωm) partir des TRE
4 février 2010 5,5×103 0,50 4,58×105 3×105
28 septembre 2010 13,0×103 0,70 15,20×105 10×105
20 mai 2011 6,0×103 0,40 4×105 3,5×105
22 juillet 2011 2,3×103 0,30 1,15×105 0,4×105
29 juillet 2011 1,3×103 0,60 1,30×105 0,4×105
30 janvier 2012 1,9×103 0,45 1,43×105 0,9×105
10 mai 2012 2,4×103 0,30 1,20×105 0,52×105

a)

b)

c)

Résistivité électrique (Ωm) distance entre électrodes : 0,125 m

Figure 2. Modèles de résistivité électrique (a) 09/2010 ; (b) 07/2011 ; (c)01/ 2012 ; Erreurs
absolues respectives : 5,1%, 1,7 % et 2,2%.

4
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4. Inversion des SEV

4.1. La méthode d’optimisation globale : les essaims particulaires

On a appliqué une telle méthode au moyen du logiciel VESLAB développé par Fernández
Martínez et al. (2010) ; ce logiciel permet d’inverser des SEV de type Schlumberger au
moyen d’une méthode d’optimisation fondée sur des algorithmes globaux (ici les essaims
particulaires, en anglais PSO pour Particle Swarm Optimisation. Avec cette méthode, on
obtient, non pas un unique modèle par SEV mais une distribution statistique des
paramètres des modèles (distributions des épaisseurs et des résistivités réelles des
terrains) conditionnellement aux données des SEV.
Afin d’appliquer cette méthode à des SEV de type Schlumberger dont nous ne
disposions pas, nous avons transformé au moyen de la méthode de Patella (1974) les
données issues des tomographies de résistivité électrique de type dipôle-dipôle (Sirieix et
al., 2013 ; Siriex et al., 2015) en données compatibles. L’application de la méthode a
consisté à explorer l’espace dit des modèles (tableau 2 ; espace à 2N-1 dimensions : N
pour les résistivités et N-1 pour les épaisseurs) à la recherche des meilleurs modèles.
L’intérêt de cette méthode consiste en l’obtention d’un ensemble de modèles satisfaisant
un seuil fixé a priori et, à ne pas dépasser pour la fonction coût ; modèles desquels
découlent des distributions statistiques des paramètres résistivité et épaisseur des N
terrains. Le seuil choisi, pour cette étude, a été 10%. La fonction coût mesure l’écart entre
le modèle trouvé et les données expérimentales selon l’équation1.

∑ è é
(1)

∑ é

où di et d*i représentent respectivement la ième résistivité apparente mesurée et celle issue


du modèle.

4.2. Résultats

On montre figure 3 les distributions des valeurs de résistivité obtenues en explorant


l’espace des modèles tel que défini au tableau 2 au moyen de l’algorithme PSO. Les
distributions se répartissent selon trois groupes :
 le groupe des distributions situées à gauche sur la figure 3 montre les résistivités les
plus faibles entre 4104 et 9104 m pour les dates des mois de juillet 2011, janvier et mai
2012.
 le groupe intermédiaire (février 2010 et mai 2011).
 le groupe qui se réduit à une seule distribution (septembre 2010) montre des
résistivités très nettement plus élevées que les précédentes.
Cette méthode a permis d’estimer la résistivité très élevée du GSB (tableau 1, dernière
colonne).
Une première conclusion s’impose, l’usage de SEV est approprié à l’estimation de la
résistivité du GSB dont on rappelle qu’il constitue un niveau de très haute résistivité et très
peu épais situé entre deux niveaux conducteurs. Il l’est, si les inversions sont conduites au
moyen d’une méthode d’optimisation globale. La deuxième conclusion concerne
l’évolution de la résistivité du GSB au cours du temps qui est passée de 3×105(février
2010) voire plus en conditions très chaudes et sèches (septembre 2010) quelques mois
après sa mise en service (septembre 2009) à 0,4×105 m après 22 mois de service
(juillet 2011). Il restait à déterminer l’origine de cette baisse de résistivité.

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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Tableau 2. Espace des modèles pour la couverture expérimentale

Résistivité* Epaisseur (m)


(Ωm)
Terre végétale 20 – 400 0,10 – 0,20
Graviers 500 – 4500103 0,23 – 0,35
GSB 3
510 –110 6 410-3– 710-3
Matériau argilo-graveleux 10 – 100
*pour le SEV du 28/09/2010 : [20 –400 ; 500–4500103 ; 5 103–2 106 ; 10–100]

Figure 3. Distribution des valeurs des résistivités électriques (Ωm en abscisses) du GSB
obtenues par la méthode des essaims particulaires (fréquences cumulées en ordonnées).

5. Propriétés intrinsèques du GSB

Afin de comprendre l’origine de la baisse de la résistivité du GSB au cours du temps,


des mesures de la teneur en cations interfoliaires Na+ et Ca2+, de l’indice de gonflement et
de la conductivité hydraulique ont été réalisées sur des échantillons en provenance du
site. Deux échantillons de GSB (de dimensions 0,39 m par 0,54 m) ont été prélevés le
lendemain de la mesure du mois de mai 2012, respectivement à une distance de 0,8 et
4 m du début du profil AA’. L’échantillon noté GSB1 a été prélevé directement au droit du
profil et celui noté GSB2 l’a été à proximité (figure 1). Ils ont été conservés sur un support
rigide et conditionnés dans des sacs plastiques pour éviter toute modification postérieure
au prélèvement. Sur chaque échantillon, un morceau de 0,25 m de diamètre a été prélevé
pour les essais à l’oedoperméamètre et la détermination de la conductivité hydraulique
(norme AFNOR NF P 84-705 (2008)). De la bentonite a ensuite été prélevée sur le reste
des échantillons qui, après séchage à 50°C, sert à la réalisation d’essais de capacité de
gonflement et de détermination des cations interfoliaires (normes AFNOR XP P 84-703
(2002) et NF X 31-130 (1999)). De plus, à fin de comparaison, les mêmes analyses ont
été conduites sur un échantillon de GSB intact, GSB0, conservé sous une protection à
l’extérieur pendant plusieurs mois.

6
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Les analyses mettent en évidence un changement dans les proportions d’ions sodium
et calcium par rapport à l’échantillon de GSB0 vierge (tableau 3).S'agissant de bentonite
calcique activée, les ions sodium, présents initialement à près de 80 %, ont été presque
totalement remplacés par des ions calcium. Cela explique une baisse de l’indice de
gonflement (divisé par deux) et l’augmentation significative de la conductivité hydraulique
de quatre ordres de grandeur, bien supérieure à celle du produit vierge.

Tableau 3. Propriétés intrinsèques des échantillons de GSB

GSB1 GSB2 GSB0


Na+ (%) 4,2 5,3 78,7
Ca2+ (%) 81,5 81,1 13,7
Indice de gonflement (mL/2g) <10 <10 23
Conductivité hydraulique (m/s) 4,810-6 1,310-6 2,210-10

6. Conclusions

Au cours de cette étude, il a été possible de mettre en évidence l’évolution du GSB au


cours du temps. Par ailleurs, on a montré que des SEV inversés avec la méthode PSO
permettaient de suivre cette évolution ; évolution qui a été confirmée par des mesures
d’échanges cationiques, de capacité de gonflement et de la conductivité hydraulique sur
échantillon. L’augmentation de la perméabilité du GSB situé à 0,45 m de profondeur a pu
être rapide en raison de la faible épaisseur des terrains sus-jacents favorisant l’effet des
cycles de dessiccation/humidification. Des résultats similaires ont été obtenus avec une
épaisseur de confinement du GSB de 0,5 m (Touze-Foltz et al., 2013). A noter que le
Comité Français des Géosynthétiques (CFG) préconise une épaisseur minimale de
recouvrement de 1 m. D’un point de vue pratique, des SEV de petite taille (petite valeur
maximale de AB/2), rapides de mise en œuvre accompagnés d'une inversion par la
méthode décrite dans l'article permettraient une surveillance efficace de l'état de la
couverture d'une ISD comprenant un GSB.

5. Références bibliographiques

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8
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

CONTRIBUTION AU DIMENSIONNEMENT DES PLATEFORMES


RENFORCEES PAR GEOSYNTHETIQUE SUR CAVITES
NUMERICAL CONTRIBUTION TO THE DESIGN OF GEOSYNTHETIC
REINFORCED EMBANKMENTS ABOVE CIRCULAR CAVITIES

Pascal VILLARD1, Audrey HUCKERT2, Laurent BRIANÇON3


1 3SR, Grenoble, France
2 EGIS Géotechnique, Seyssins, France
3 LGCIE-INSA, Villeurbanne, France

RÉSUMÉ – Une étude numérique couplant les méthodes discrètes et continues a permis
de mettre en évidence les mécanismes de transfert de charges au sein des plateformes
granulaires renforcées par géosynthétique soumises à des effondrements localisés. Il a
ainsi été établi que la géométrie de la distribution des charges agissant sur le
géosynthétique n’est pas uniforme et dépend fortement du mode d’ouverture de la cavité.

ABSTRACT – A numerical study coupling the discrete and continuous methods has
contributed to highlight the load transfer mechanisms within granular embankments
reinforced by geosynthetic and subjected to localized sinkholes. It is thus established that
the load distribution acting on the geosynthetic is not uniform and depends heavily on the
open mode of the cavity.

1. Introduction

L’aménagement sans cesse croissant du territoire conduit à l’exploitation de zones,


actuellement délaissées, car présentant des risques pour la sécurité des usagers. C’est
notamment le cas des zones d’effondrements potentiels qui sont liées à la présence de
cavités souterraines. Les techniques de reconnaissance de ces cavités ne permettent en
général pas les détecter de manière exhaustive et les travaux de comblement sont
souvent très onéreux sans pouvoir systématiquement apporter la garantie d’une solution
pérenne. Parmi les diverses techniques de renforcement réduisant les risques lors de la
remontée d’un fontis, la solution de renforcement géosynthétique est largement utilisée à
la fois pour ses avantages économique et environnemental, que pour sa facilité et rapidité
de mise en œuvre. Le dimensionnement du géosynthétique se doit cependant d’être bien
adapté pour limiter temporairement les conséquences d'un effondrement localisé tout en
répondant à la maîtrise des déformations autorisant la poursuite du trafic.
En France, les premières travaux de recherche sur cette thématique (Giraud, 1997 ;
Gourc et al., 1999) ont été menés dans le cadre du projet RAFAEL (Renforcement des
Assises Ferroviaires et Autoroutières contre les Effondrements Localisés). Ils ont permis
la mise au point d’une méthode de dimensionnement analytique basée sur des
hypothèses simplifiées (Villard et al., 2002). Des expérimentations complémentaires
(Nancey et al., 2004) ont permis d’améliorer et d’optimiser la méthode de
dimensionnement (Briançon et Villard, 2006, 2008) en prenant en compte des
mécanismes complexes alors négligés comme la déformation et la mise en tension
progressive du géosynthétique dans la zone d’ancrage. Malgré ces avancées, il persistait
un certain nombre d’hypothèses fortes notamment quant à l’intensité des mécanismes de
transfert de charge et quant à la géométrie de la répartition des contraintes sur la nappe
au droit de la cavité ou en zone d’ancrage. Pour remédier à ces manquements, des

1
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

études complémentaires (Huckert, 2014) ont été récemment menées dans le cadre du
projet FUI GeoInov (Conception de géosynthétiques hautes performances sous
contraintes environnementales) comportant un volet expérimental et numérique.

2. Expérimentations servant de support à l’étude numérique

Les expérimentations en vraie grandeur ont permis de simuler l’ouverture d’une cavité
circulaire sous un remblai granulaire en grave roulée 20/40 mm renforcé par une nappe
géosynthétique (Huckert et al., 2016). Un dispositif d’ouverture composé d’une buse de
grand diamètre en PVC et de chambres à air concentriques positionnées sous le remblai
permet de simuler une ouverture progressivement de la cavité à des diamètres de 0,75 m,
1,25 m et 2,2 m (Fig.1).

Géotextile Capteurs de pression totale CPT

Remblai Regard
Billes d’argile de visite
(Accès)
Chambre à air φ 2,2 m
Chambres à air φ 1 m
Trappe

Câble d’ouverture (trappe)


Figure 1. Vue d’ensemble du dispositif expérimental

Une instrumentation spécifique a été mise en œuvre pour déterminer les déplacements
de la nappe et au sein du remblai, les tensions dans la nappe et les mécanismes de
report de charge. Les déformations des géotextiles sont mesurées par fibres optiques
(réseaux de Bragg – système Géodétect©) et par le passage en surface d’un Géoradar
détectant un réseau de réflecteurs métalliques positionnés au préalable sur la nappe.
Une mesure de la déflexion de la nappe a été effectuée après ouverture de la cavité à
2,2 m de diamètre grâce à un dispositif comprenant un distance-mètre laser coulissant
sur un rail introduit sous la nappe depuis le regard de visite. Les tassements de surface
sont mesurés lors des ouvertures successives de cavité par topographie et par des
mesures manuelles effectuées au droit des déflexions de surface.
Les reports de charge sont estimés par le biais de capteurs de pression totale CPT
positionnés respectivement à 20 cm et 60 cm du bord de la cavité.
Les déplacements au sein du remblai sont obtenus grâce à un réseau de réflecteurs
métalliques répartis au sein du remblai et dont la position est repérée par Géoradar.

3. Modélisation numérique des mécanismes de transferts de charge

Lors de la formation d’un vide sous un remblai renforcé, une partie du poids du cylindre
de sol subjacent à la cavité est reporté via des mécanismes de transfert de charge vers le
pourtour de la cavité, alors que l’autre partie est directement transmise à la nappe
géosynthétique qui s’incurve pour reprendre par traction les efforts verticaux qui lui sont
appliqués. Les mécanismes de transfert de charge sont liés à une modification
progressive des orientations et intensités des forces d’interaction entre les grains du
matériau granulaire. Il se crée ainsi des chaînes de force qui viennent s’arc-bouter au

2
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

voisinage des bords de la cavité et qui permettent un report des efforts verticaux de la
zone effondrée vers les zones stables. Pour appréhender ces mécanismes complexes
nous avons utilisé une modélisation 3D qui permet de rendre compte du comportement
des matériaux granulaires par le biais d’une modélisation discrète et du comportement en
traction et en membrane du géosynthétique par l’intermédiaire d’une modélisation
continue (Villard et al., 2016). Des effondrements sous un remblai renforcé de 1 m
d’épaisseur ont été simulés en considérant des formes de cavités circulaires. Par raison
de symétrie et pour limiter la durée des calculs la cavité a été positionnée dans l’un des
coins du modèle (Fig. 2).

Particules
du matelas
granulaire

Sphères du support élastique


Eléments triangle à 3 nœuds de la nappe géosynthétique

Figure 2. Modèle numérique permettant de simuler un effondrement de sol sous un


remblai renforcé.

Le remblai granulaire (4 m x 4 m x 1 m) est modélisé par 32 000 particules de différentes


tailles dont l’élancement et la granulométrie se rapprochent de celles des matériaux ayant
servi lors de l’expérimentation. Les paramètres d’interaction entre particules (raideurs
tangentielles, raideurs normales et frottement micromécanique) ont été calibrés de
manière à rendre compte du comportement d’un sol granulaire peu dense ayant un angle
de frottement au pic de 36,5°, un angle de frottement au palier de 31° et un module
d’Young de 19 MPa.
La nappe géosynthétique, positionnée à la base du remblai, est constituée de 12800
éléments triangles à 3 nœuds. Le comportement anisotrope du géosynthétique est pris en
considération via des raideurs en traction différentes dans la direction de renforcement
(Jx = 3000 kN/m) et dans la direction perpendiculaire (Jy = 250 kN/m).
Le comportement d’interface entre les éléments du remblai et les éléments de la nappe
géosynthétique est restitué par une loi de contact de type Coulomb. Des angles de
frottement de 23° et 40° ont été considérés pour les interfaces supérieures et inférieures
respectivement.
Des parois non frictionnelles sur le pourtour du modèle et des conditions en
déplacements sur X et Y des nœuds situés à la périphérie de la nappe géosynthétique,
sont utilisées pour assurer la condition de symétrie du problème.
Le sol support, situé sous la nappe géosynthétique, est pris en considération via un
ensemble de sphères régulièrement agencées dont le déplacement progressif permet de
simuler l’ouverture de la cavité. Deux mécanismes d’ouverture ont été étudiés : une
ouverture progressive de la cavité par augmentation de son diamètre (jusqu’à l’obtention
d’un diamètre nominal de 4 m, Process A) et un abaissement progressif de l’ensemble
des sphères du sol support positionnées au-dessus de la cavité de diamètre fixé (D = 2,2
m, Process B).
Une fois le modèle numérique établi, le remblai granulaire est soumis à la gravité puis
au test d’effondrement. Les résultats obtenus sont les déplacements des particules du
matelas granulaire, les déformations et tensions dans la nappe géosynthétique ainsi que
les forces d’interaction au sein du remblai granulaire et aux interfaces sol/géosynthétique.

3
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

On déduit des forces de contact sur la nappe l’efficacité du transfert de charge E au sein
du remblai granulaire [Eq. 1] et la géométrie de la distribution de charge agissant sur la
nappe.

E = (W s-Fg)/ W s (1)

Avec : W s le poids du cylindre de sol situé au-dessus de la cavité, et Fg la résultante des


efforts d’interaction entre les particules du matelas granulaires et la portion de nappe
située au-dessus de la cavité.

Les résultats comparatifs des tests d’effondrement sont donnés, pour un même
diamètre de cavité (D = 2,2 m), dans le tableau 1. On constate que globalement les
efficacités du transfert de charge sont assez similaires d’un cas à l’autre bien que les
flèches maximales du géosynthétique et les tassements de surface soient assez
différents. De même le coefficient de foisonnement du matériau de remblai au dessus de
la cavité est sensible au mode d’ouverture de la cavité et est légèrement plus élevé lors
d’une ouverture de la cavité par augmentation de son diamètre (Process A).

Tableau 1. Comparaison entre les deux modes d’effondrement pour un diamètre de


cavité D de 2,2 m.
Process A Process B
Efficacité du transfert de charge (%) 51,4 45,5 - 54,6
Flèche maximale du géosynthétiqe (m) 0,207 0,13
Tassement de surface (m) 0,126 0,086
Coefficient de foisonnement 1,048 1,036

Si l’on s’intéresse à l’évolution de l’efficacité du transfert de charge en fonction du


diamètre d’ouverture de la cavité (Fig.3) on constate que les transferts de charge
diminuent fortement avec le diamètre d’ouverture de la cavité : environ 90 % pour les
petits diamètres (D = 0,5 m) contre 30 % pour les diamètres élevés (D = 4 m).

Figure 3. Evolution de l’efficacité du transfert de charge en fonction du diamètre


d’ouverture de la cavité dans le cas du Process A.

Lorsque l’ouverture de la cavité se fait à diamètre donné (Process B), on constate


(Fig.4) que les mécanismes de transfert de charge sont effectifs et maximal pour de très
faibles déformations du matelas granulaire. Lors de l’effondrement du sol de remblai sur

4
537
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

la nappe l’efficacité du transfert de charge diminue progressivement pour atteindre une


valeur résiduelle sensiblement plus faible que le report de charge optimal.

Figure 4. Evolution de l’efficacité du transfert de charge lors de l’ouverture de la cavité à


un diamètre D=2,2 m dans le cas du Process B.

Pour expliquer les différences de comportement entre les deux modes d’ouverture de
la cavité on présente sur la figure 5 les géométries des distributions de contraintes sur la
nappe géosynthétique. On constate sur cette figure, une très nette différence entre les
résultats à savoir : une répartition tronconique pour le Process A (avec des concentrations
de charge au centre de la cavité) et une distribution de charge plutôt constante voire
inversée pour le Process B (avec une concentration d’effort plus importante sur le
pourtour intérieur de la cavité). Ceci est lié au fait que les transferts de charge vers les
bords de la cavité sont systématiquement remis en cause par l’augmentation progressive
du diamètre de la cavité (Process A) alors qu’ils sont peu perturbés tout au long du
Process B. De même l’ouverture progressive du diamètre de la cavité engendre une zone
de sol cisaillée plus important et donc un coefficient de foisonnement plus élevé.

Figure 5. Comparaison des distributions de contraintes verticales sur la nappe


géosynthétique pour les Process A et B.

5
538
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4. Confrontation du modèle numérique avec les mesures expérimentales

Les résultats du modèle numérique sont confrontés figures 6 et 7 aux valeurs


expérimentales des tassements de surface, des déplacements verticaux et des
déformations de la nappe géosynthétique, et ce pour un diamètre de la cavité de 2,2 m et
pour les deux modes d’ouverture de la cavité. Comme on peut le constater sur ces figures
les résultats numériques qui sont les plus en adéquation avec les résultats expérimentaux
sont logiquement ceux obtenus avec le Process A.

Figure 6. Comparaison des tassements de surface et déflexion du géosynthétique.

Figure 7. Comparaison des déformations du géosynthétique.

Sur la figure 6 on constate que le modèle numérique permet de décrire très


correctement le comportement en membrane de la nappe géosynthétique et conduit à
des déplacements de surface très comparables à ceux des mesures expérimentales. On
fera remarquer également que la géométrie de la zone de sol impliquée dans
l’effondrement est localisée principalement au-dessus de la cavité et ce quel que soit le
mode d’ouverture envisagé. Si l’on compare (Fig. 7) les valeurs numériques des
déformations de la nappe géosynthétique aux valeurs expérimentales données par les
fibres optiques, on constate là encore, au regard du niveau de précision pouvant être
atteint in situ, une assez bonne adéquation entre les résultats.

6
539
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

5. Prise en compte du mode d’ouverture de la cavité dans la méthode analytique

Après validation expérimentale, l’outil numérique permet une détermination précise des
efforts agissant sur la nappe géosynthétique au-dessus et sur le pourtour de la cavité. Il a
ainsi été montré que l’intensité de la charge agissant sur le géosynthétique peut être
estimée à partir de la formule classique de Terzaghi mais en considérant que le ratio
entre les contraintes horizontales et verticales au droit des bords de la cavité est de 1,3
(pour le matériau granulaire testé). La géométrie de la distribution de contrainte sur le
géosynthétique au-dessus de la cavité n’est pas uniforme et dépend du mode d’ouverture
de la cavité. Pour le Process A (Fig. 8), la distribution de charge sur la nappe est plutôt de
forme tronconique avec une contrainte verticale plus élevée au centre de la cavité. Pour le
Process B (Fig. 8) la distribution des contraintes verticales sur la nappe est plutôt de
forme parabolique inversée, avec une contrainte plus élevée en bord de cavité. Dans les
deux cas, et ce pour la géométrie testée et le matériau granulaire utilisé (grave roulée
20/40 mm), le ratio q1/q2 (Fig. 8) obtenu numériquement est de 4.
En termes de dimensionnement analytique, il est possible de tenir compte de ces
résultats en intégrant une forme de distribution de contrainte tronconique ou parabolique
inversée dans les méthodes usuelles (Villard et Briançon, 2008). La comparaison et les
écarts important obtenus entre les résultats des simulations numériques et analytiques
des Process A et B confirment l’intérêt et l’importance de la prise en compte de la forme
de la distribution de contrainte dans le dimensionnement analytique du renforcement
géosynthétique sur cavités (Fig. 8).

Figure 8. Influence de la forme de la distribution de contrainte sur les déplacements


verticaux de la nappe géosynthétique.

6. Conclusion

L’étude numérique réalisée a permis de compléter les connaissances actuelles sur les
mécanismes de transfert de charges au sein des remblais granulaires renforcés par
géosynthétique sur cavités potentielles. Après validation expérimentale du modèle, deux
modes d’ouverture de la cavité (par augmentation progressive du diamètre ou par

7
540
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

effondrement à un diamètre de cavité donné) et leur influence sur les mécanismes de


transfert de charges ont été étudiés.
Ainsi, une ouverture de cavité circulaire par augmentation progressive de son diamètre
(Process A) a donné lieu à une distribution de contrainte sur le géosynthétique au droit de
la cavité de forme tronconique. Une ouverture à diamètre constant (Process B) a donné
lieu à une forme parabolique inversée de cette distribution de contrainte. L’implémentation
de ces formes de distribution de contrainte dans la méthode analytique et l’adéquation
des résultats analytiques et numériques ont ensuite permis de vérifier leur pertinence.
Ces développements sont toutefois limités aux cas de remblais granulaires renforcés
non cohésifs et ne concernent pas le sol traité. Par ailleurs, l’influence du foisonnement
sur l’intensité et la cinématique des mécanismes de transfert de charge est encore peu
connue et constitue encore une perspective d’étude.

7. Remerciements

Les auteurs souhaitent remercier l’ensemble des partenaires du projet GeoInov ainsi que
les pôles de compétitivité Techtera et Fibres pour leurs aides technique et financière à la
réalisation de ces travaux.

8. Références bibliographiques

Briançon L., Villard P. (2006) Dimensionnement des renforcements géosynthétiques de


plates-formes sur cavités. Revue Française de Géotechnique, n° 117, 4° trimestre
2006, pp. 51-62.
Briançon L., Villard P. (2008) Design of geosynthetic reinforcements of platforms
subjected to localised sinkholes. Geotextiles and Geomembranes, vol. 26, n°5: pp.
416-428.
Giraud H. (1997) Renforcement des zones d’effondrement localisé – Modélisation
physique et numérique. Thèse de l’Université Joseph Fourier de Grenoble I, France,
291 pages.
Gourc J.P., Villard P., Giraud H., Blivet J.C., Khay M., Imbert B., Morbois A., Delmas Ph.
(1999) Sinkholes beneath a reinforced earthfill – A large scale motorway and railway
experiment. In proceedings of Geosynthetics’ 99, Boston, Massachusetts, USA, 28-30
April 1999, vol. 2: pp. 833-846.
Huckert A. (2014) Approches expérimentale et numérique du dimensionnement de
renforcements géosynthétiques sur cavités et inclusions rigides. Thèse de l’Université
de Grenoble, France, 224 pages.
Huckert A., Briançon L., Villard P., Garcin P. (2016) Load transfer mechanisms in
geotextile-reinforced embankments overlying voids: experimental and analytical
approaches. Geotextiles and Geomembranes. In Press.
Nancey A., Briançon L., Villard P. (2004) The first intelligent geosynthetic for
measurements of strain soil and the survey of reinforced earth construction. Proc. of
Railway Engineering, London, UK, 6-7 July 2004.
Villard P., Gourc J.P., Blivet J.C. (2002) Prévention des risques d’effondrement de
surface liés à la présence de cavités souterraines : une solution de renforcement par
géosynthétique des remblais routiers et ferroviaires. Revue Française de
Géotechnique, n°99 : pp. 23-34.
Villard P., Huckert A., Briançon L. (2016) Load transfer mechanisms in geotextile-
reinforced embankments overlying voids: numerical approach and design. Geotextiles
and Geomembranes. In Press.

8
541
Massifs rocheux, géothermie, stockage
de déchets en surface et souterrain.

542
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

SUIVI GEOLOGIQUE DU CREUSEMENT DES GALERIES DU


CMHM : DE L’OBSERVATION A LA MODELISATION 3D

GEOLOGICAL SURVEY OF THE EXCAVATION-INDUCED FRACTURE


NETWORK AT URL DRIFTS: FROM OBSERVATION TO 3D MODELLING

Apolline ARNOULD1, Antoine TOUSSAINT1, Lucie BAUDOUY1, Céline RIGHINI-


WAZ2, Anthony DOTTESI3
1
GEOTER SAS/Fugro GROUP - Pôle géoenvironnement - 3 rue Jean Monnet,
34830 Clapiers, France
2
Andra - 55290 Bure, France
3
FUGRO GEOID SAS - 12 rue des Frères Lumières, 34830 Jacou, France
 
 
RÉSUMÉ –  Dans le cadre de l’étude de faisabilité d’un stockage géologique profond
sur le site du laboratoire souterrain du Centre de Meuse / Haute-Marne (CMHM) de
l’Andra (Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs), GEOTER
effectue le suivi géologique des galeries et des forages. Pour le suivi géologique des
galeries, il a été développé une méthode innovante de levé géologique Très Haute
Résolution (THR) à l’aide d’un scanner laser 3D. La synthèse des observations sur
forages et en galeries a permis de contraindre le modèle de fracturation induite par
l’excavation des galeries, creusées de parallèlement à la direction de la contrainte
principale orientée N155°E et d’obtenir une modélisation tridimensionnelle.
Depuis le début du creusement des galeries et des forages au niveau du Laboratoire,
aucune structure d'origine tectonique n'a été observée. L'ensemble des fractures
formées est lié aux travaux souterrains et au phénomène de déconfinement qui
accompagne le creusement d'une galerie ou d'un forage. Le terme « fracture » utilisé
dans ce rapport désigne donc exclusivement des fractures induites par le creusement
des galeries ou des forages.
Ce document présente la méthodologie de levé géologique par scanner laser 3D, puis
les observations structurales sur forages et l’analyse correspondante afin de les
synthétiser en un modèle 3D cohérent pour les galeries orientées N155°E.

ABSTRACT – As part of a feasibility study for a deep repository on the underground


research laboratory (URL) of Andra (French national radioactive waste management
agency), GEOTER performed a geological survey of both drifts and drilling in order to
characterize the excavation-induced damages on the surrounding claystone. Due to
security and technical issues, GEOTER developed a new method of geological
survey, which combined naturalistic observations of the drift faces and a high-
resolution topographical survey by 3D laser scanning. Integration of structural
observations of drift faces and core drilling were used to build, with high precision, a
3D structural model for these drifts, which are parallel to the main horizontal stress
axis (N155°E).

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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

No structures with tectonic origins have been observed on the URL. All observed
structures/fractures are induced by drifts and boreholes excavation. The word
“fracture” used in this publication only referred to excavation-induced fractures.
After a presentation of the methodology used for the 3D laser scanning geological
survey and the structural analyses on core drillings, this paper discusses the data
analysis and the resulting 3D excavation-induced fracture network model built for
N155°E-oriented drifts.

1. Introduction

Le Laboratoire de recherche Souterrain de l’Andra est localisé à l'Est du Bassin


parisien, entre les vallées de la Marne et de la Meuse, sur la bordure sud-ouest du
département de la Meuse. Le niveau principal des galeries du laboratoire est situé à
490 mètres de profondeur (-124 m NGF) dans la couche d’argilite du Callovo-
Oxfordien.
Depuis plus de 15 ans les géologues de GEOTER effectuent le suivi géologique du
creusement des puits et des galeries et de travaux associés sur ce site. En particulier,
les géologues lèvent en continu la fracturation induite par l’excavation au sein du
massif argileux. Afin de s’adapter aux contraintes techniques et sécuritaires,
GEOTER et FUGRO-GEOID ont développé une méthode moderne associant un levé
géologique naturaliste des fronts de tailles à un levé topographique de haute précision
par scanner laser 3D afin d’atteindre des connaissances et une compréhension
optimale sur la fracturation induite par le creusement des galeries.
La majorité des galeries ont été creusées selon les directions principales des
contraintes régionales (cf. Figure 1). Les études antérieures ont montré que ce champ
de contraintes joue un rôle déterminant sur la géométrie et l’extension de la zone
fracturée induite par le creusement au sein même du massif argileux (Andra, 2012).

Figure 1. Architecture du laboratoire souterrain de Meuse/Haute-Marne et champ de


contraintes

L’exemple présenté correspond aux observations réalisées en galeries orientées


N155°E, parallèles à σH, contrainte principale horizontale majeure, comprise entre
12,7 et 15,4 MPa.

544
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2. Méthodologie du levé THR des fronts de taille en galerie

Le levé géologique THR est réalisé en deux temps afin d’effectuer un relevé
exhaustif, précis et détaillé dans des conditions de sécurité optimales avec :
• un levé topographique et photographique du front sans soutènement,
• un relevé sédimentologique, géotechnique et structural détaillé effectué par le
géologue, après mise en sécurité du front.

2.1. Intervention du topographe


L’intervention du topographe dure environ une demi-heure et se traduit par
l'acquisition de données laser 3D géoréférencées. Pour répondre aux exigences du
projet (sécurité, rapidité d'intervention, densité de points et grande précision), les
levés topographiques sont réalisés au moyen d'un scanner laser compact 3D, qui
permet de réaliser une numérisation dense de galerie en mesurant jusqu'à 976 000
points/s, avec, dans les conditions d'utilisation propres au projet, une densité de 2 x 2
mm. La précision obtenue sur la mesure brute de position d'un point, au vu de la
grande densité d'information, est d’environ 2 mm.
Pour éviter les zones d'ombre et couvrir l'ensemble du levé (front mais aussi voûte et
parements), les mesures sont effectuées depuis deux positions du laser 3D, en zone
sécurisée, à environ 4 m du front, excentrées à gauche et à droite de la galerie. Les
deux nuages de points ainsi obtenus sont assemblés et géoréférencés grâce à
l'observation de quatre points communs au minimum, matérialisés par des sphères
de calage. Le scanner est également équipé de matériel permettant d’effectuer la
couverture photographique du front pour permettre la colorisation instantanée du
nuage de points.
Une fois l’intervention terminée, le topographe prépare une minute de terrain pour
l’intervention du géologue à partir des prises de vues photographiques (front,
parement gauche et parement droit).

2.2. Intervention du géologue

Le géologue intervient après la cimentation de la partie supérieure des parements et


la pose de treillis soudé en voûte et à front, afin de lui permettre d’observer finement
le levé en toute sécurité. Le levé géologique consiste en un levé sédimentologique,
structural et géotechnique de type naturaliste sur la totalité des parements
observables, front de taille compris, à partir du radier. La mise en sécurité du front
permet au géologue d’effectuer un relevé détaillé à l’œil nu et/ou à la loupe des
objets difficilement identifiables à partir des prises de vues réalisées au scanner laser
3D. Le suivi consiste en :
• la recherche et le suivi de la continuité d’horizons repères mis en évidence dans
la galerie et la description des variations latérales de ces horizons (niveau à
bioturbations vermiculaires, niveau d’argilite plus carbonaté…)
• la description des variations sédimentologiques,
• la recherche des éventuelles zones de discontinuité ou d’hétérogénéité
(cimentation, corps chenalisés ou slumps…),

545
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

• un levé détaillé des zones mécaniquement perturbées, induites par le


déconfinement des terrains lors du creusement des galeries (plans de fracture
nouvellement créés par l’excavation).
L’attention du géologue est particulièrement portée sur la détermination de la
typologie des fractures, sur la relation géométrique entre elles, sur le repérage et la
mesure des tectoglyphes, sur les mesures d’espacements et de fréquence pour
chaque famille de fracture.
Ces observations seront reportées sur la minute photographique préalablement
préparée par le topographe.
Deux structures majeures s'observent sur le front et les parements : la fracturation en
chevrons et les fractures en extension (cf. Figure 2) (Armand et al., 2015).
La fracturation en chevrons (FCh) se compose de deux types de fractures de même
direction, globalement perpendiculaires à la galerie, mais de directions de pendages
opposés. L'examen des tectoglyphes démontre que ces fractures se forment par
rupture en cisaillement normal.
Les fractures du chevron inférieur (FCh inf) occupent la partie basse du front et
des parements. Leur géométrie est légèrement concave. Leur plongement, dirigé
vers la partie excavée de la galerie, montre une pente assez raide en partie basse et
moins inclinée en remontant vers le haut de la fracture.
Les fractures du chevron supérieur (FCh sup) occupent quant à elle la voûte et la
partie sommitale du front et des parements. Leur géométrie est légèrement concave
et leur pendage est dirigé vers la partie non excavée de la galerie.
L'espacement entre les plans des chevrons est assez variable et dépend de la
réponse de la roche à la contrainte. La roche peut alors être affectée par une seule
grande fracture ou par une coalescence de fractures moins étendues.
La fracturation en extension (F ext) occupe la partie médiane du front et s'étend sur
une hauteur variable comprise entre les fractures inférieures et supérieures du
chevron. Elle se compose de fractures de direction globalement perpendiculaire à la
galerie. Les plans de fractures sont courbes (concaves) et décrivent un bombement
dont l'axe est situé environ à mi-hauteur du front. L'examen des plans de fracture
montre des structures en plumoses traduisant une rupture en extension. Ce
bombement se débite en "pelures d'oignon" individualisant des plaques subparallèles
entre elles d’environ 3 à 20 cm d'épaisseur. La continuité du bombement s'observe
en coupe sur les parements où les fractures décrivent des arcs de cercle.

546
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 2. Schéma et photographies de la fracturation induite visible à front dans les


galeries N155°E

Des zones broyées ou à pseudo-schistosité peuvent parfois être observées, à la


limite entre les plans inférieurs du chevron et les fractures en extension. Cette zone
constitue une charnière accumulant la charge des plans de ces deux structures. Les
argilites y sont donc intensément fracturées.

2.3. Restitution des observations géologiques sur le modèle de terrain 3D

En surface, le topographe réalise un modèle maillé en trois dimensions du levé, à


partir des points topographiques mesurés par le scanner. Pour cela, il transfert les
données du scanner laser 3D sur un ordinateur et consolide le nuage de points
géoréférencé obtenu sous le logiciel Polyworks©. La précision de recalage du nuage
dépend de la précision des opérations topographiques préalables (détermination des
coordonnées des sphères de calage). Le topographe supprime les points parasites
du nuage et effectue un maillage de ce dernier, qui servira de support aux analyses
géologiques. Toutes les surfaces, et par conséquent tous les plans de fractures, sont
numérisés et géoréférencés. Une fois le modèle 3D de front créé, le géologue
reporte et complète ses observations à partir de sa minute de terrain sur le modèle
3D du levé. Il cartographie et digitalise un maximum de plans de fractures visibles sur
ce modèle, en leur attribuant une typologie (FCh inf, FCh sup, F ext…) (cf. Figure 3).
Un logiciel développé en interne permet de calculer la direction et le pendage de
chacun des plans identifiés, avec une précision inférieure au degré.

547
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

 
Figure 3. Restitution géologique sur un modèle 3D d’un levé de galerie N155°E

L'analyse structurale consiste alors en l’identification, la caractérisation et la


classification des plans de fractures digitalisés par le géologue (direction, pendage,
longueur apparente, rosaces directionnelles…). La mesure exhaustive des plans de
fractures permet ainsi l’étude statistique fiable de la fracturation en galerie (40 à 100
plans de fractures extraits par levé).

3. Méthodologie du levé des observations structurales des forages en galeries

Environ 650 forages carottés, soit près de 9 km de carottes, ont été réalisés dans les
galeries du laboratoire souterrain et analysés par nos équipes de géologues. Après
reconstitution des carottes de forage sur une table orientée, une description
géologique minutieuse des fractures induites par le creusement des galeries est
effectuée.

3.1. Intervention du géologue

L'expérience acquise dans les levés de galeries et divers critères (forme de la


fracture, marques laissées par le carottier…) vont permettent de discriminer les
fractures induites par le creusement des galeries, des fractures liées au forage, dites
"de dépotage" (Armand et al., 2014). Seules les fractures induites par le creusement
des galeries font donc l'objet d'un relevé précis : cotes, direction, pendage, pitch et
jeu le cas échéant. Elles sont brièvement décrites et classées selon leur mode de
rupture, dans une des quatre catégories suivantes : cisaillement, extension, mixte
(cisaillement et extension conjuguée) et indéterminée (cf. Figure 4).

548
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Figure 4. Typologie des principales fractures observées en forage

Une vérification de ces mesures peut être effectuée par diagraphie (caméra optique).
Dans ce cas, les mesures sont considérées comme sûres.
La totalité de ces fractures et leurs caractéristiques sont également incorporées à
une base de données informatique.

3.2. Restitution des observations sur forages

Les données issues d’une même section de forages dans une galerie orientée
N155°E ont été modélisées en 3D sur le logiciel Polyworks© avec un code couleur
correspondant au mode de rupture de cette dernière. La visualisation
tridimensionnelle des plans montre deux zones distinctes (cf. Figure 5).
La première zone correspond au premier tiers de la partie fracturée du massif, en
bordure de la galerie. Elle est représentée par des plans de fractures d’orientations
hétérogènes, sans organisation visible mais avec des pendages très redressés,
proches de la verticale. Ces structures sont en grande majorité des plans en
extension mais sont également présents des plans cisaillants et indéterminés.
La seconde zone présente des structures orientées de façon beaucoup plus
homogène, constituée uniquement de plans cisaillants et indéterminés. Elle est
comprise entre la zone d’orientations hétérogènes et la dernière fracture constatée
sur les forages. L’extrapolation des plans de fracture met en évidence deux
structures majeures :
• Un ensemble de plans cisaillants situés dans la partie supérieure, de directions
subparallèles à la galerie présentant un pendage vers le parement droit,
• un ensemble de plans cisaillants situés dans la partie inférieure, également de
directions subparallèles à la galerie présentant un pendage vers le parement
gauche.

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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

L’examen des tectoglyphes montre que ces fractures se forment par rupture en
cisaillement normal. Le redressement des plans mesurés dans la zone médiane
souligne la forme légèrement courbe des deux ensembles de structures. Ces deux
ensembles se rejoignent et/ou se recoupent dans la zone médiane de cet ensemble
de forages. Ces structures s’apparentent donc vraisemblablement aux fractures en
chevrons observées à front de galerie.

Figure 5. Typologie et représentation des principales fractures observées en forage


 
 
4. Développement d’un modèle 3D de la fracturation induite

L’utilisation du scanner laser 3D permet de mettre en relation les éléments


géologiques et structuraux relevés à front avec les données recueillies en forages.
La synthèse de ces observations permet de développer un modèle cohérent 3D
purement qualitatif, de représentation géométrique de la fracturation induite par le
creusement des galeries N155°E (cf. Figure 6). Ce modèle est caractérisé par deux
ensembles de plans cisaillants de direction proche mais de pendage opposé : l’un
dans la partie supérieure de la galerie et le second dans la partie inférieure. Ces
chevrons forment globalement une ovoïde développée dans le plan horizontal qui
englobe une zone de fractures en extension. Cette visualisation 3D permet de mieux
comprendre la propagation des fractures dans le massif.

550
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

 
Figure 6. Modèle 3D de la fracturation induite des galeries N155°E

5. Avantages et perspectives de la méthode

L’approche méthodologique développée spécifiquement pour le laboratoire


souterrain de l’Andra présente de nombreux avantages par rapport à un levé
géologique classique en galerie :
• La quantité d’observations géologiques et leur qualité (précision des mesures
des plans de l’ordre du degré) sont multipliés par 3 ou 4 ;
• Ces données alimentent en continu et en quasi temps réel une base de données
d’observations géoréférencées consultable à tout moment. Ainsi, la mémoire des
interventions successives est conservée et une réinterprétation des observations
est toujours possible au fur et à mesure de l’avancement du creusement.
• l’intégration de données provenant de diverses sources d’investigations et leurs
confrontations en 3D apporte une compréhension globale de la géologie pour
une section définie ou un tronçon de galerie ;
• les données acquises sous forme numérique permettent de réaliser une
observation virtuelle du front de taille ou de la galerie depuis le bureau via un
viewer gratuit.
Ainsi, l’observation naturaliste du géologue est parfaitement complémentaire du scan
THR de la surface de la paroi pour comprendre et anticiper au mieux les différentes
composantes du développement de la fracturation du massif en galerie.

6. Références bibliographiques

Armand G., Plas F., Bosgiraud J.M. (2015). L’apport du laboratoire souterrain de
l’Andra pour le choix et la mise au point des techniques de creusement des
ouvrages souterrains du projet de stockage de déchets radioactifs Cigéo. Tunnels
et espace souterrain, vol. 250, pp. 251-268.
Armand G., Leveau F., Nussbaum C., de La Vaissiere R., Noiret A., Jaeggi D.,
Landrein P., Righini C. (2014). Geometry and properties of the excavation-Induced
fractures at the Meuse/Haute-Marne URL drifts, Rock mechanic and rock
engineering, vol. 47, Issue 1, pp. 21-41.
Andra. (2012). Référentiel du site Meuse/Haute-Marne, Tome 1, pp. 291-294.

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PREMIERE APPROCHE D'UNE STRATEGIE OPERATIONNELLE


COMBINANT ARCHITECTURE DE PUITS ET STIMULATION
HYDRAULIQUE POUR LE DEVELOPPEMENT DES EGS

A FIRST APPROACH OF AN OPERATIONAL STRATEGY COMBINING WELL


ARCHITECTURE AND HYDRAULIC STIMULATION FOR THE DEVELOPMENT
OF EGS

Arnold BLAISONNEAU1, Sylvie GENTIER1, Théophile GUILLON1, Mariane PETER1


1
BRGM, 3 avenue Claude Guillemin, 45000 Orléans, France

RÉSUMÉ – Afin d’aider à ébaucher une stratégie opérationnelle pour l’exploitation


géothermale de type EGS, une approche coordonnant architecture de puits et stimulation
hydraulique, tout en s’assurant d’un minimum de risque mécanique au niveau de la
foration des puits, est présentée. Cette approche est basée sur la conceptualisation des
réservoirs géothermiques faillés/fracturés et l’utilisation de modèles numériques adaptés.

ABSTRACT – In order to draft an operational strategy for EGS development, an


approach, combining well architecture and hydraulic stimulation, while ensuring a lower
mechanical risk during the well drilling, is presented. This approach is based on the
conceptualisation of faulted/fractured geothermal reservoirs and the use of adapted
numerical models.

1. Introduction

L’exploitation géothermale de type EGS (Engineered Geothermal System) des systèmes


hydrauliques profonds dans les contextes géologiques de fonds de bassins sédimentaires
et de toits de socle est un enjeu majeur pour le développement à court et moyen terme de
la géothermie profonde, notamment sur le territoire métropolitain. Afin de limiter les
risques liés aux incertitudes potentielles concernant les perméabilités et les ressources
disponibles et d’optimiser l’exploitation de ces dernières, différentes solutions sont
envisagées, à ce jour, suivant le contexte géologique :
• la réalisation de forages déviés horizontaux dans la perspective de capter au mieux
la ressource et maximiser les débits en sortie des puits dans le cas des fonds de bassins
sédimentaires ;
• les stimulations hydrauliques et/ou chimiques à partir de puits déviés dont les
trajectoires sont plus ou moins optimisées par rapport à la structure géologique du milieu
dans le cas des toits de socle.
L’objectif du travail présenté ici est d’aider à ébaucher une stratégie opérationnelle
coordonnant architecture de puits (orientation, position…) et stimulation hydraulique du
réservoir en fonction des différents contextes géologiques et hydrauliques rencontrés tout
en s’assurant d’un minimum de risque mécanique (stabilité des forages) au niveau de la
foration des puits. En effet pour les situations étudiées, cet aspect est crucial du fait de la
réalisation de forage à grande profondeur dans un environnement tectonique souvent très
contractant.

1
552
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2. Approche mise en œuvre

Le problème est abordé dans son ensemble en partant de la situation étudiée (fond de
bassin ou socle) afin de définir la meilleure stratégie englobant à la fois les opérations de
forage et de stimulation potentielle. Pour cela, une approche basée sur des modélisations
numériques couplées hydromécaniques 3D de la stimulation hydraulique d’un puits au
sein d’un réservoir géothermique fracturé est mise en œuvre. Le travail réalisé repose sur
les étapes suivantes :
• Définition des modèles conceptuels : Pour chaque contexte géologique, un
modèle conceptuel est établi, faisant le lien entre la géologie du site et le modèle
numérique mis en œuvre. Il définit la taille du réservoir, les principaux types de roches
rencontrées, les structures géologiques (zones de failles, fracture etc.) et leurs
caractéristiques (densité, comportement hydraulique, comportement mécanique,
persistance etc.) et le régime tectonique permettant d’estimer les contraintes au sein du
réservoir (régime de faille normale, de chevauchement ou de décrochement) ;
• Construction des modèles numériques et calculs : à partir du modèle
conceptuel, le modèle numérique 3D est réalisé avec le code 3DEC© (Itasca, 2008a). Il
permet de simuler le comportement du réservoir fracturé autour de la partie ouverte du
puits et les processus hydromécaniques mis en jeu lors de la stimulation hydraulique. A
partir du modèle numérique établi, une série de calculs est réalisée en testant différentes
orientations et trajectoires de puits au sein du réservoir fracturé ;
• Identification des configurations optimales : Les résultats obtenus sont analysés
notamment pour mettre en évidence les effets de la stimulation hydraulique sur le
réservoir fracturé tant d’un point de vue mécanique qu’hydraulique. Pour le contexte
géologique étudié, l’architecture de puits optimale pour la stimulation hydraulique est
identifiée, c’est-à-dire celle permettant de créer le maximum d’ouvertures hydrauliques
irréversibles au sein du réseau de fractures ;
• Pré-étude de la stabilité mécanique du puits à la foration : Une fois la
configuration optimale identifiée une pré-étude de la stabilité mécanique du puits lors de
son creusement est réalisée. L’objectif est d’évaluer les risques de rupture mécanique
potentiels lors du creusement du puits du fait de sa trajectoire, des contraintes in situ et
du faciès de roche rencontré (les trois étant déterminés lors de l’étape précédente). Pour
cela, un modèle numérique basé sur une approche particulaire avec le code PFC2D©
(Itasca, 2008b) est mis en œuvre afin d’étudier les ruptures induites dans la matrice
rocheuse autour du puits par le déconfinement dû à la foration.

3. Application à un réservoir géothermal de toit de socle

Les différentes étapes de la méthodologie et les modèles mis en œuvre sont détaillés
dans le cas de l’application à un réservoir de toit de socle en contexte de rift.

3.1. Modèle conceptuel du réservoir

La construction du modèle conceptuel est basée sur une étude bibliographique des
données de sites existantes et par l’intégration de connaissances géologiques plus
génériques. La Figure 1 illustre, pour le toit socle en contexte de rift, la démarche adoptée
pour construire le modèle conceptuel de fracturation ; elle prend en compte des données
de sites mesurées à différentes échelles, telles que les données géophysiques à l’échelle
du réservoir ou les données mesurées en puits, ainsi que la connaissance de l’histoire
tectonique permettant d’expliquer les structures en place et le régime de contraintes. Les
différentes familles de fracturation sont définies (orientation, pendage) par cette analyse

2
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

structurale. L’approfondissement et l’interprétation de ces familles avec un modèle de


Riedel (d’après Riedel, 1928 ; Katz et al., 2004) permet d’obtenir un modèle conceptuel
de fracturation global cohérent, dans le temps (hiérarchisation des familles) et dans
l’espace (volume à distance du puits, densité). Ce modèle de Riedel est un modèle
géométrique 2D de réseau de fractures se développant dans une zone affectée d’un
mouvement décrochant. Ces fractures sont classées en familles (dénommées Y, R et R’,
P et X, T) selon leur direction par rapport au cisaillement principal et fonction de l’angle de
frottement de la roche ; ces familles sont hiérarchisées permettant ainsi de structurer
géométriquement le modèle de fracturation.

Figure 1 Schéma illustrant la démarche adoptée pour la construction du modèle


conceptuel dans le cas du contexte de socle.

Pour le modèle présenté ici, les données de fracturation à l’échelle du fossé rhénan ont
permis de réaliser une décomposition générale en blocs structuraux faisant apparaître les
grandes directions tectoniques à l’échelle du fossé rhénan au niveau du toit du socle
(Dezayes et al., 2014). A l’échelle du puits, le modèle conceptuel est focalisé sur un
accident majeur hercynien qui a pu rejouer au cours des phases tectoniques ultérieures. Il
est basé sur les données issues du forage GPK3 (site EGS de Soultz sous Forêts) aux
alentours de -4660 m de profondeur. La fracturation dans un linéaire d’un kilomètre
autour du cisaillement principal a été réinterprétée en termes de directions de Riedel afin
de déterminer les densités de fracturation de chacune des directions constituant le
réseau. Cette réinterprétation a été ajustée et complétée avec les données concrètes
disponibles dans la littérature et dans les forages réalisés à Soultz.
Le modèle conceptuel est complété avec la nature des formations géologiques
traversées ainsi que les évaluations du tenseur des contraintes in situ réalisées
(Tableau 1).

3.2. Modèle numérique

Le modèle 3D pour simuler le comportement du réservoir fracturé/faillé autour de la partie


ouverte du puits lors de la stimulation hydraulique est réalisé avec le code 3DEC© (Itasca,
2008a), basé sur la méthode des éléments distincts. Le modèle numérique (Figure 2)
intègre le modèle de fracturation (les fractures étant représentées par des joints 2D) et les
faciès lithologiques définis dans le modèle conceptuel.

3
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Le modèle permet de simuler le comportement du réservoir fracturé autour de la partie


ouverte du puits et les processus hydromécaniques mis en jeu lors de la stimulation
hydraulique. La matrice rocheuse imperméable a un comportement mécanique élastique
isotrope et les joints répondent à une loi de comportement de type élastoplastique
associée à un critère de Mohr-Coulomb. L’ouverture des joints admet une composante
élastique et une composante irréversible en dilatance se produisant lorsque la fracture est
en phase de glissement. L’écoulement du fluide au sein des joints est laminaire
monophasique et obéit à la loi cubique. L’influence du comportement hydraulique des
fractures sur le comportement mécanique est prise en compte avec l’intégration de la
variation de pression dans le calcul du déplacement normal des fractures. Inversement,
l’influence de la réponse mécanique de la fracture sur l’écoulement est prise en compte
en faisant varier l’ouverture hydraulique en fonction de la composante normale du
déplacement de la fracture. Les différents modèles constitutifs ainsi que les paramètres
utilisés dans cette étude sont détaillés dans le tableau 2 et correspondent à ceux utilisés
pour les modélisations de la stimulation hydraulique du puits GPK4 de Soultz-sous-Forêts
(voir Blaisonneau et al. 2015).
A partir de la connaissance du champ de contraintes in situ établie dans le modèle
conceptuel, l’état de chargement en contrainte effective (en considérant des pressions
interstitielles hydrostatiques) est appliqué dans le modèle numérique afin de reproduire
l’état initial du réservoir. La trajectoire du puits au sein du modèle est donnée par un
ensemble de segments de droite. Le puits « numérique » correspond à l’ensemble des
nœuds du maillage des joints intersectés par ces segments de droite. Afin de modéliser la
stimulation hydraulique, des paliers de surpression sont appliqués aux nœuds modélisant
le puits ; pour cette étude les paliers de surpression suivants (en MPa) ont été appliqués
{3; 6; 9; 13.75; 15.5; 18.3}, reprenant les valeurs de stimulation du puits GPK4 de Soultz-
sous-Forêts. Pour plus de détail sur la réalisation des calculs et les aspects numériques le
lecteur peut se reporter à Blaisonneau et al. (2015). A la suite de cette stimulation
hydraulique, un calcul de déchargement est réalisé en annulant progressivement le
chargement hydraulique appliqué sur les nœuds modélisant le puits et en laissant ainsi
l’ensemble du modèle se rééquilibrer, ne subsistant que les phénomènes irréversibles au
sein du modèle tels que les ouvertures hydrauliques résiduelles provenant de l’ouverture
en dilatance.

a b
Figure 2 Modèle numérique du "réservoir" de socle : lithologie (a) et fracturation (b).

4
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Tableau 1. Synthèse du modèle conceptuel.


Dimension du bloc structural
Volume du bloc : 1 km3 (cube de 1x1x1 km) Altitude du toit du modèle : -4000 m, altitude du mur du modèle: -5000 m

Lithologie
Nature Age Epaisseur
Granite standard Paléozoïque (334,0+3,8/−3,5Ma) inconnue
Interface : N33°E-58°SE
Granite à deux micas Paléozoïque (327 ± 7Ma) inconnue

Fracturation
2 fractures R (direction moyenne du pendage N289°E) qui s’arrêtent sur le cisaillement principal Y

Granite 2 fractures R’ (direction moyenne du pendage N229°E) qui s’arrêtent sur le cisaillement principal Y
standard et sur le décrochement R
2 fractures T (direction moyenne du pendage N259°E) qui s’arrêtent sur le cisaillement principal Y
et sur les conjuguées en décrochement R et R’
1 fracture R (direction moyenne du pendage N289°E) qui s’arrête sur le cisaillement principal Y
Granite à deux
micas 4 fractures T (direction moyenne du pendage N259°E) qui s’arrête sur le cisaillement principal Y et
sur le décrochement R
Contraintes in situ
L’état des contraintes évalué pour le site de Soultz aux profondeurs concernées (Cornet et al., 2007) est:
h = (0,54 ±0,02)*v ; H = (0,95 ±0,05)*v ; v = v0 + 0,0255*(z -1377) avec v0 = 1377*0,024
où z est la profondeur en m, h et H sont respectivement les contraintes principales horizontales mineure et majeure et
v la contrainte principale verticale. La direction de la contrainte principale horizontale majeure H est N175°E ± 6°.

Tableau 2. Synthèse des comportements mécaniques et hydrauliques pris en compte.


Comportement mécanique élastique isotrope des faciès
Module de Young E [GPa] Coefficient de Poisson 
Granite standard 52,2 0,25
Granite à deux micas 47 0,295
Comportement mécanique des joints
Loi de comportement de type élastoplastique associée à un critère de Mohr-Coulomb :
 s  k s u s u s   max / k s
  où max [Pa] et ks [Pa.m-1] sont la contrainte et la raideur tangentielle.
 s   max u s   max / k s
  max  c   n tan  où c [Pa] est la cohésion et [°] l’angle de frottement
 u n  u n  u n  ( n  P) / k n  u s tan où un, un et un [m] sont respectivement le déplacement
el dil el dil

normal, et ses composantes élastique et en dilatance. k n [Pa.m-1] est la raideur normale, ΔP [Pa] la
surpression hydraulique, et ψ [°] l’angle de dilatance. Un déplacement limite usc est pris en compte au-delà
duquel la dilatance est constante.
Comportement hydraulique et hydromécanique des joints
L’écoulement du fluide au sein des fractures est supposé être laminaire monophasique et obéir à la loi cubique :
g 3 h où Q le débit dans la fracture [m3/s], a l’ouverture hydraulique équivalente, h/L le gradient de
Qf   a f
12 L
charge hydraulique pour une longueur L d’écoulement, [kg/m3] et  [Pa.s] respectivement la densité et la viscosité
dynamique du fluide, et g [m/s2] la gravité.
L’ouverture hydraulique évolue en fonction du déplacement normal de la fracture :
a = a0 + un avec a0 [m] l’ouverture hydraulique initiale. Afin de borner l’augmentation de l’ouverture hydraulique,
une valeur maximale, amax, de cette dernière doit être fixée
Paramètres pris en compte pour les joints
kn [MPa/m] ks [MPa/m] c [MPa] [°] ψ [°] usc [mm] a0 [mm] amax [mm]
80000 80000 0 45 1 10 2,5 10-3 165 10-3

5
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3.3. Identification des configurations optimales

A partir du modèle numérique une série de calculs est réalisée en faisant varier la
trajectoire de puits ; pour cette étude, quatre trajectoires de puits ont été testées : un puits
vertical, un puits incliné à 30° (par rapport à l’horizontale) dans la direction est-ouest, un
puits incliné à 30° (par rapport à l’horizontale) dans la direction nord-sud et un puits
combinant trajectoire verticale et inclinée à 30° est-ouest. Les résultats sont ensuite
analysés afin de déterminer pour quelle trajectoire de puits la stimulation hydraulique est
la plus efficace. A ce stade, il faut définir un critère pour juger de cette efficacité et dans le
cadre de l’étude présentée, il a été décidé de regarder les ouvertures résiduelles
irréversibles créées par la stimulation dans le réservoir autour du puits. Pour cela une
procédure de post-traitement des résultats permet de cartographier le halo 3D
d’augmentation de l’ouverture hydraulique par rapport à l’ouverture hydraulique initiale.
Pour cette étude un facteur trente d’augmentation des ouvertures hydrauliques a été
choisi (arbitrairement) afin de mieux visualiser le halo3D et différencier les résultats des
différentes configurations. De plus du fait de la densité de fracturation du modèle il est
plus aisé de représenter ce halo 3D en le projetant sur les faces Nord, Ouest et Bas du
modèle (Figure 3 b) ce qui permet également d’identifier plus aisément les directions
préférentielles du halo 3D. Une analyse visuelle qualitative de ces cartographies est
réalisée afin de discriminer les quatre configurations ; elle se base sur l’aire des surfaces
projetées sur les trois faces. Cette analyse montre que c’est la configuration avec le puits
incliné dans la direction est-ouest (Figure 3 a) qui présente les aires de surfaces projetées
les plus importantes et donc spatialement la plus grande répartition d’augmentation
d’ouverture hydraulique. Par conséquent, en se basant sur ce critère, c’est cette
orientation de puits qui permet la plus grande efficacité à la stimulation hydraulique.

a b
Figure 3 a : Trajectoire de puits inclinée dans la direction est-ouest et b : Effet de la
stimulation hydraulique (projection des halos 3D d’ouvertures hydrauliques supérieures
7,5 10-2 mm).

6
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3.4. Pré-étude de la stabilité mécanique des puits

Une fois la configuration optimale identifiée une pré-étude de la stabilité mécanique du


puits lors de son creusement est réalisée. L’objectif est d’évaluer les risques de rupture
mécanique potentiels lors du creusement du puits du fait de sa trajectoire et des
contraintes in situ ainsi que du faciès de roche rencontré. Pour cela un modèle numérique
basé sur une approche particulaire avec le code PFC2D© (Itasca 2008b) est mis en
œuvre. Avec cette approche, la roche est modélisée par un assemblage de disques
(modèle 2D). Différentes familles de disques sont prises en compte afin de représenter
les différentes phases minérales constituant la roche réelle. Le comportement mécanique
de cette roche « numérique » est régi par les propriétés mécaniques des disques eux
même ainsi que par les lois de contact entre les disques. La description de la création des
modèles de roche et le modèle numérique mis en œuvre pour simuler le comportement
de la roche autour d’un puits sont détaillés dans Peter et al. (2015).
En repartant du modèle numérique 3D pour la stimulation hydraulique (§ 3.2) dans son
état initial (avant stimulation hydraulique) un post traitement est réalisé en suivant la
trajectoire du puits de la configuration optimale (§ 3.3) pour identifier dans les blocs
matriciels le tenseur de contrainte 2D (dans un plan perpendiculaire au puits) critique ainsi
que dans quel faciès il est rencontré. Pour cette étude le tenseur 2D critique a été identifié
comme étant celui induisant la contrainte déviatorique maximale (calculée via l’invariant
du tenseur de contraintes J 2  1 2 s : s et s    Tr( ) 2  ). Il est rencontré dans le
granite à deux micas. Les valeurs de composantes du tenseur critique sont :
xx=- 106 MPa, yy=-113 MPa et xy=-2 MPa. Le calcul de stabilité mécanique du puits à la
foration est donc réalisé en prenant en compte un modèle de roche numérique du granite
à deux micas et en appliquant le tenseur 2D identifié. La modélisation du déconfinement
total associé à la foration dans le granite à deux micas a engendré des ruptures sur le
pourtour du puits (Figure 6a). Il en résulte localement une légère augmentation du
diamètre du puits, d’au plus un centimètre (Figure 6 b). Ces résultats de cette pré-étude
de la stabilité mécanique du puits lors de sa foration dans la configuration optimale vis-à-
vis de la stimulation hydraulique identifiée, n’indiquent pas de risque mécanique avéré.

Figure 4 a. Ruptures générées par la foration du puits- b. Evolution du contour du puits


suite au déconfinement.

7
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4. Conclusions

La méthodologie présentée dans ce travail associant modèles numériques et


conceptualisation des réservoirs géothermiques faillés/fracturés permet d’aider à
ébaucher une stratégie opérationnelle coordonnant architecture de puits (orientation,
position…) et stimulation hydraulique dans différents contextes géologiques, tout en
s’assurant d’un minimum de risque mécanique (stabilité des forages) au niveau de la
foration des puits. Elle permet d’envisager une optimisation globale de développement de
sites EGS : optimisation technique mais aussi économique en augmentant les chances de
succès si déjà le premier puits est optimisé. Au-delà de ce premier puits, l’approche peut
être envisagée pour étendre l’optimisation à la réalisation des puits postérieurs et
augmenter les chances de mises en connexion et de création de boucles hydrauliques
efficaces.

5. Références bibliographiques

Blaisonneau A., Guillon T., Gentier S., Rachez X., 2015, Eléments de réflexion sur le
comportement mécanique des zones de faille dans un modèle 3D DEM pour la
stimulation hydraulique des puits dans les réservoirs géothermiques. 13th ISRM
congress, May 2015, Montreal, Canada.
Cornet, F.H., Bérard, Th., Bourouis, S., 2007. How close to failure is a granite rock at a
5km depth?, Int. J. Rock Mech. & Min. Sci., Vol. 44, pp 47-66, July 2007.
Dezayes C., Lerouge C., Sanjuan B. Gentier S. avec la collaboration de Guillon T., Peter
M., Brach M., Bailly L. Fléhoc C., Innocent C., Wille G, Ramboz C., Gurenko A., 2014,
Relations tectonique et anomalies thermiques : le rôle des circulations fluides dans le
Fossé Rhénan. Projet TECITUR. BRGM/RP-63928-FR.
ITASCA Consulting Group, Inc., 2008a: 3DEC, Version 4.0, 3 Dimensional Distinct
Element Code. User’s Manual. Itasca Consulting Group Inc., Minneapolis, MN.
ITASCA Consulting Group, Inc., 2008b, PFC2D – Particle Flow Code in 2 Dimensions,
Ver. 4.0, Theory and Background Manual. Minneapolis: Itasca.
Katz Y., Weinberger R., Aydin A., 2004, Geometry and kinematic evolution of Riedel
shear structures, Capitol Reef National Park, Utah. Journal of structural Geology 26,
pp. 491-501.
Peter-Borie M., Blaisonneau A., Gentier S., Guillon T., Rachez X., 2015, Study of Thermo-
Mechanical Damage around Deep Geothermal Wells: from the Micro-Processes to
Macroscopic Effects in the Near Well, Proceedings World Geothermal Congress 2015,
Melbourne, Australia, 19-25 April 2015, 10p.
Riedel, W. 1929. Zur mechanik geologischer brucherscheinungen. Zentralblatt fur
Mineralogie, Geologie und paleontologie B, 354 -368.

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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

MODÉLISATION DE LA MICROSISMICITÉ INDUITE LORS DES


PROCESSUS DE SOFT STIMULATION EN GÉOTHERMIE EGS

MODELING THE MICROSEISMIC EVENTS INDUCED BY SOFT STIMULATION


OF ENHANCED GEOTHERMAL SYSTEMS

Théophile GUILLON1, Arnold BLAISONNEAU1, Xavier RACHEZ1, Sylvie GENTIER2


1 Division Géothermie, BRGM, Orléans, France
2 Direction de la Stratégie, de la Recherche et de l'Evaluation, BRGM, Orléans, France

RÉSUMÉ – Les travaux présentés dans ce papier reviennent sur la réponse d’un système
géothermique soumis à des opérations de soft stimulation. Le modèle couplé
hydromécanique utilisé intègre l’évaluation de la microsismicité induite. Les résultats
montrent le rôle complémentaire des zones de faille présentes dans le système, ainsi que
l’impact de leur loi de comportement sur l’estimation de l’énergie sismique.

ABSTRACT – This paper focuses on the coupled response of a geothermal system


subjected to soft stimulation operations. The study relies on a hydromechanical model
and includes assessing the microseismicity induced by the stimulation. The results
highlight the complementary role of the fault zones preexisting in the geothermal system,
as well as the impact of their constitutive law on the microseismic events magnitudes.

1. Introduction

Parmi les techniques d’amélioration de l’injectivité des puits dans les EGS (Enhanced
Geothermal Systems), la soft stimulation consiste à appliquer une surpression dans le
puits afin de réactiver les zones de faille préexistantes par cisaillement. Le cisaillement
subit par les zones de faille peut être à l’origine d’évènements microsismiques dont le
suivi peut renseigner sur l’évolution du réservoir géothermique sous les sollicitations
thermohydromécaniques et ainsi améliorer sa mise en place et son exploitation (Brown et
Duchane, 1999). Toutefois, la microsismicité induite peut devenir problématique
lorsqu’elle dépasse des seuils d’acceptabilité : le projet d’EGS à Bâle a été fermé
définitivement suite à un séisme de magnitude 3,4 provoqué en 2006 par des opérations
de développement (Baisch et al., 2009). La microsismicité induite doit être anticipée et
intégrée dans les modèles numériques servant à analyser les conséquences de la soft
stimulation. De cette façon, les outils numériques peuvent être utilisés pour proposer des
scénarios de stimulation garantissant le respect des seuils d’acceptabilité. Dans ce
papier, nous proposons de commencer par détailler le modèle hydromécanique (HM)
servant à étudier la soft stimulation et d’illustrer ses résultats sur un cas d’étude pris à
Soultz-sous-Forêts. Ensuite, nous revenons sur la prise en compte de la microsismicité
induite et sur les résultats complémentaires apportés au cas d’étude.

2. Modélisation de la soft stimulation

2.1. Modèle physique

Le modèle proposé repose sur une conceptualisation propre aux réservoirs


géothermiques faillés tel que celui de Soultz-sous-forêts, où la perméabilité de la roche

1
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

encaissante est très inférieure à la transmissivité des zones de faille (notées ZdF par la
suite). Les phénomènes hydromécaniques sont supposés se produire uniquement au
niveau des ZdF, tandis que la masse rocheuse, imperméable en comparaison, n’exprime
qu’un comportement mécanique. Toutefois, les interactions HM se produisant dans les
ZdF exercent un effort sur la matrice rocheuse et peuvent la déformer. Une description
détaillée du modèle physique peut être trouvée dans Blaisonneau et al. (2015), et seules
ses caractéristiques principales sont rappelées ici.
L’équilibre mécanique global est écrit en tenant compte du comportement élastique de
la matrice rocheuse, du comportement élasto-plastique des ZdF, de leur dilatance lors de
leur phase plastique, et de l’écoulement du fluide dans les ZdF. Du fait du mécanisme
physique mis en jeu lors des soft stimulations, c’est à dire réactiver par cisaillement les
ZdF préexistantes, le choix de la loi de comportement en cisaillement de ces dernières
dans le modèle est prépondérant. L’influence de cette loi de comportement en
cisaillement est abordée dans Blaisonneau et al. (2015) : les résultats soulignent son fort
impact sur la répartition des ouvertures hydrauliques irréversibles dans le réseau et
montrent notamment son influence sur l’étendue de la surface en cisaillement de chacune
des ZdF et sur la répartition des débits dans les différentes ZdF. La loi de comportement
utilisée dans les travaux présentés ici est une loi élastoplastique associée à un critère de
Mohr Coulomb (MC). Le comportement normal des ZdF intègre une composante
irréversible en considérant un effet de dilatance induite lors du glissement :

0 u s < u sp

u ndil = u s tanψ u sp ≤ u s < u sc (1)
u c tanψ u sc ≤ u s
 s

où undil [m] est la part en dilatance du déplacement normal, ψ [°] l’angle de dilatance, et
us [m] le déplacement de cisaillement. Les déplacements au seuil de plasticité usp [m] et
critique usc [m] bornent la dilatance.
Les interactions HM se produisent dans les ZdF, où le débit d’écoulement dépend
directement du déplacement normal :

(
q l = f (a 0 + u n ) 3 ) (2)

où ql [L.s-1] est le débit d’écoulement dans la ZdF, a0 [m] l’ouverture initiale de la ZdF,
et un [m] son déplacement normal. L’équation (2) souligne l’impact de la mécanique sur
l’hydraulique. Réciproquement, l’écoulement influe sur l’état de contrainte effective dans
les ZdF en y modifiant la répartition de la pression.
La stimulation est modélisée par la méthode des éléments distincts (3DECTM) car elle
permet de prendre explicitement les ZdF en compte sous la forme de joints 2D. La
position des joints dans le modèle doit être donnée en accord avec les mesures in situ du
cas étudié. Le cas d’étude présenté dans ce papier est l’open-hole du puits GPK4 de
Soultz-sous-Forêts pour lequel la position des ZdF est issue de l’interprétation de
résultats d’imagerie de puits (UBI). La géométrie est présentée en Figure 1, où l’open-
hole du puits est un segment vertical au centre du modèle.

2
561
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 1. Géométrie du cas d’étude. La matrice rocheuse (blocs) est recoupée par les
neuf zones de failles (joints) dont l’orientation par rapport aux contraintes principales
horizontales est donnée à droite.

Les conditions aux limites doivent rendre compte de l’état de contrainte naturelle
s’exerçant sur la masse rocheuse : les faces ouest, nord et du bas ont leurs
déplacements normaux bloqués, tandis que la contrainte naturelle est appliquée sur les
faces est, sud et du dessus. Concernant le cas de GPK4, l’état de contrainte appliqué au
modèle est issu de relevés dans le puits (Cornet et al., 2007) et l’orientation des
contraintes principales horizontales est donnée à droite de la Figure 1. Pour ce qui est
des conditions aux limites hydrauliques, une pression hydrostatique est maintenue sur les
parois du modèle tout au long de la simulation.
L’état initial est donné par l’état d’équilibre lorsque le modèle est soumis aux conditions
aux limites. Ensuite, la soft stimulation est simulée en augmentant par paliers successifs
la pression hydraulique dans les nœuds d’injection, c’est à dire, les nœuds situés aux
intersections de l’open-hole et des ZdF.

2.2. Augmentation de l’injectivité du puits

La simulation de la soft stimulation est composée de trois phases : une phase de


stimulation où la surpression hydraulique dans le puits ΔPl est augmentée
progressivement, une phase de shut-in où le débit est coupé dans le puits, et une phase
de post-stimulation où les mêmes paliers de surpression que pendant la stimulation sont
imposés dans le puits. Le jeu de paramètres est obtenu en calant la courbe de stimulation
retournée par le modèle sur les deux points de mesures, et de façon à reproduire
qualitativement la forme connue des courbes de stimulation in situ (Figure 2). Le jeu de
paramètres détaillé correspond à celui du Modèle #1 dans Blaisonneau et al. (2015).

3
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Figure 2. Courbes pression-débit au puits résultant de la modélisation de la soft


stimulation

Les courbes pression-débit au puits obtenues avec le modèle soulignent l’augmentation


de l’injectivité du puits (encore appelée perméabilité apparente du système). Cette
augmentation de perméabilité apparente est le résultat direct de la soft stimulation et du
cisaillement des ZdF qu’elle provoque : sous l’effet du cisaillement et de la dilatance
irréversible associée, une ouverture hydraulique supérieure à l’ouverture initiale subsiste
dans les ZdF au shut-in, ce qui améliore la perméabilité apparente du système lors de la
réinjection.

2.3. Rôle du réseau de failles

En faisant une analyse au cas par cas, on constate que l’augmentation de transmissivité
des ZdF est fortement liée à leur orientation vis-à-vis de la contrainte horizontale
majeure : dans notre cas d’étude, la FZ8 est particulièrement sollicitée, alors que FZ4 et
FZ6 le sont beaucoup moins (Figure 3).

Figure 3. Débits d’entrée dans les zones de faille : gain de débit à la post-stimulation qlps
par rapport à celui à la stimulation qls

Les ZdF moins affectées par la stimulation peuvent sembler moins intéressantes car elles
contribuent assez peu à l’augmentation de la perméabilité apparente du système.

4
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Toutefois, à l’échelle d’un réseau de failles, ces ZdF ont l’intérêt d’améliorer la connexion
du système, et de mieux distribuer la surpression sans devoir mobiliser trop de
cisaillement. Dans notre cas d’étude, la FZ6 remplit particulièrement bien ce rôle du fait
de son faible pendage qui lui permet de traverser le réseau de part en part. FZ6 a par
ailleurs un comportement singulier, puisqu’elle présente un gain de débit acceptable alors
même qu’elle ne subit aucun cisaillement pendant la phase de stimulation. Après analyse,
il s’avère que les ouvertures irréversibles de cette ZdF ne sont pas provoquées par son
cisaillement, mais par les rotations des blocs la délimitant sous l’influence du cisaillement
des autres ZdF (stimulation indirecte, voir Gentier et al., 2011).

3. Evaluation de la microsismicité induite lors des soft stimulations

3.1. Estimation de la microsismicité

Lors du cisaillement des ZdF, une partie de l’énergie mécanique emmagasinée par
accumulation de contrainte est libérée sous la forme d’énergie sismique. Aki (1966)
estime que l’énergie sismique générée par une zone en cisaillement de superficie As [m2]
est donnée par :

M sis = ∫∫ Gu scos dA (3)


As

où Msis [J] est l’énergie sismique (aussi appelée moment sismique), G [Pa] le module
de cisaillement de la roche encaissante, et uscos [m] le déplacement de cisaillement
cosismique.
uscos dépend de la loi de comportement considérée. Dans le cas de la loi de MC, nous
faisons l’hypothèse que les microséismes sont générés par le frottement des aspérités
des deux épontes lorsqu’elles ne sont plus alignées. Ce phénomène apparaît dès que la
dilatance se produit et se poursuit au-delà du déplacement de cisaillement critique :

0 u s < u sp
u scos =  (4)
u s − u s u sp ≤ u s
p

Une fois le moment sismique évalué, la magnitude de moment M est donnée


par (Hanks et Kanamori, 1979) :

M = 2 / 3 log(M sis ) − 6 (5)

3.2. Microsismicité induite au sein du réseau 3D

L’énergie sismique libérée le long d’une ZdF est directement proportionnelle à la surface
en cisaillement (équation (3)). En conséquence, les ZdF fortement affectées par le
cisaillement, telle que la FZ8, vont relâcher beaucoup plus d’énergie que les ZdF moins
cisaillées, par exemple FZ4 et FZ6 (Figure 4).

5
564
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

a b

Figure 4. Proportionnalité entre a. la surface en cisaillement et b. le moment sismique.


FZ8 cisaillant beaucoup, elle génère une microsismicité non négligeable.

L’énergie représentée en Figure 4b résulte pour chaque ZdF de la somme de plusieurs


évènements microsismiques indépendants. La magnitude doit être évaluée sur les
évènements indépendants, et pas sur l’énergie totale. Dans notre modèle, le critère
d’individualisation des évènements est basé sur la relation de voisinage des nœuds du
maillage : si deux nœuds cosismiques appartiennent à une même maille, alors ils
participent au même évènement microsismique (Figure 5a).

a b

Figure 5. Magnitude des évènements microsismiques : a. illustration de l’individualisation


des évènements sur FZ8 lors du dernier palier de surpression, et b. moments sismiques
des évènements individualisés sur les FZ4, FZ6 et FZ8

La Figure 5b confirme que la FZ8 est source d’activité microsismique (plus du double
d’évènements que la FZ4 ou la FZ6). Les résultats confortent aussi la particularité de la
FZ6, qui n’exprime que peu de microsismicité alors qu’elle améliore l’efficacité de la
stimulation à l’échelle du réseau. Ce type de structure est particulièrement intéressant en
géothermie EGS où la microsismicité induite doit rester sous des seuils d’acceptabilité.

6
565
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.3. Influence de la loi de comportement mécanique des zones de faille

Le modèle utilisé dans cette étude surestime l’énergie sismique. En effet, le déplacement
cosismique associé à la loi de MC n’a pas de limite supérieure et peut virtuellement faire
tendre les estimations de moment sismique vers l’infini. Dans la réalité, la sismicité est
associée à une chute de contrainte dont la nature finie borne naturellement l’énergie
sismique libérée. Le logiciel 3DECTM propose la loi de type pic-résiduelle CYJM
(Continuously Yielding Joint Model, voir Itasca 2013) avec laquelle des déplacements au
pic et résiduel peuvent être identifiés (respectivement uspic et usrés, voir Figure 6b). Le
déplacement cosismique sera au maximum de usrés -uspic :

0 u s < u spic

u scos = u s − u spic u spic ≤ u s < u srés (6)
0 u srés ≤ u s

a b

Figure 6. Deux lois de comportement en cisaillement : a. Mohr-Coulomb et b. pic-


résiduelle (CYJM de 3DECTM)

En reprenant les paramètres du Modèle #2 dans Blaisonneau et al. (2015), la réponse


pression-débit au puits est comparable à celle obtenue en Figure 2. Toutefois, le moment
sismique estimé pour la FZ8 est bien inférieur à celui obtenu avec la loi de MC (Figure 7a)

a b

Figure 7. a. Moment sismique et b. déplacement cosismique (moyenne et écart-type) de


la FZ8 selon la loi de comportement utilisée

Même s’il est borné avec la loi CYJM, le uscos moyen est plus important que celui de la loi
MC (Figure 7b). Toutefois, avec la loi CYJM les nœuds mécaniques peuvent sortir de
l’état cosismique pendant le cisaillement, ce qui n’est pas le cas avec la loi de MC où tout
nœud ayant dépassé le seuil de plasticité continuera à générer de la microsismicité tant
qu’il sera en cisaillement. Il en résulte des évènements à peu près deux fois moins

7
566
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

nombreux avec la loi CYJM, et également moins intenses ((magnitude de moment


maximum à M=1,4 contre 2,6 avec MC).

4. Conclusions

Les calculs présentés dans ce document intègrent l’évaluation de la microsismicité induite


dans les simulations des opérations de soft stimulation. Les résultats confirment le
caractère sismogène des zones de failles motrices dans la stimulation (c’est-à-dire, les
failles qui cisaillent beaucoup), et soulignent l’intérêt de la stimulation indirecte dans la
réduction de la microsismicité induite. La loi de comportement est à choisir avec attention
car au-delà de son impact sur la réponse hydromécanique des zones de faille, elle
conditionne la définition du déplacement cosismique. Les résultats obtenus avec une loi
de type pic-résiduelle montrent que les évènements sont moins nombreux et de
magnitude plus faible. Toutefois, la loi de comportement doit encore être enrichie pour
pouvoir être comparée et calée aux données in situ : effets 3D des zones de faille
(simplifiées comme 2D ici), reproduction des évènements après shut-in, rupture
dynamique pour la redistribution des contraintes après rupture…

5. Remerciements

Les auteurs remercient le projet GEISER (FP7 Grant Agreement no. 241321-2), qui a
permis le développement des outils de calcul des moments sismiques.

6. Références bibliographiques

Aki K. (1966). Generation and propagation of G waves from the Niigata Earthquake of
June 16, 1964. Part 2. Estimation of earthquake moment, released energy, and stress-
strain drop from the G wave spectrum. Bulletin of the Earthquake Research Institute,
vol. 44, pp. 73-88.
Baisch S., Carbon D., Dannwolf U., Delacou B., Devaux M., Dunand F., Jung R., Koller
M., Martin C., Sartori M., Secanell R., Vörös R. (2009). Deep Heat Mining Basel -
Seismic Risk Analysis. Rapport d’expertise, 21 pages.
Blaisonneau A., Guillon T., Gentier S., Rachez X. (2015). Éléments de réflexion sur le
comportement mécanique des zones de faille dans un modèle 3D DEM pour la
stimulation hydraulique des puits dans les réservoirs géothermiques. Proceedings, 13th
ISRM International Congress of Rock Mechanics, 15 pages.
Brown D.W., Duchane D.V. (1999). Scientific progress on the Fenton Hill HDR project
since 1983. Geothermics, vol. 28, pp. 591-601.
Cornet F.H., Bérard Th., Bourouis S. (2007). How close to failure is a granite rock mass at
a 5km depth? International Journal of Rock Mechanics and Mining Sciences, vol. 44,
pp. 47-66.
Gentier S., Rachez X., Peter-Borie M., Blaisonneau A. (2011). Hydraulic stimulation of
geothermal wells: Modeling of the hydro-mechanical behavior of a stimulated fractured
rock mass. Proceedings, 12th ISRM International Congress on Rock Mechanics, pp.
524–525.
Hanks T.C., Kanamori H. (1979). A moment magnitude scale. Journal of Geophysical
Research, vol. 85, pp. 2348-2350.
Itasca Consulting Group, Inc. (2013). 3DEC – Three-Dimensional Distinct Element Code,
Ver. 5.0. Minneapolis: Itasca.

8
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

RELATIONS ENTRE LA MICROSTRUCTURE ET LES PROPRIETES


DE RETENTION D'EAU DE L'ARGILITE DU CALLOVO-OXFORDIEN

RELATIONS BETWEEN MICROSTRUCTURE AND WATER RETENTION


PROPERTIES OF THE CALLOVO-OXFORDIAN CLAYSTONE

Hamza Menaceur12, Pierre Delage1, Anh-Minh Tang1, Jean Talandier3


1
Ecole des Ponts ParisTech, Navier/CERMES, France
2
Actuellement à l’Université de Lorraine, Laboratoire Lemta, France
3
Andra, Chatenay-Malabry, France

RÉSUMÉ – L’effet des variations de succion sur la microstructure de l’argilite du Callovo-


Oxfordien le long de chemins de séchage et de remouillage a été étudié à l’aide d’essais
de porosimétrie au mercure sur des éprouvettes soumises à différentes succions. En se
basant sur le modèle de briques, les changements de l'épaisseur moyenne des plaquettes
d’argile (interstratifiés illite-smectite) qui constituent la matrice argileuse (50% de
l’ensemble) sont interprétés comme la conséquence de l'adsorption successive des
couches de molécules d'eau le long des surfaces des smectites, comme démontré depuis
un certain tempsdans les smectites pures. Cette interprétation montre le rôle
prépondérant joué par la fraction de smectite dans le comportement de l'argilite du
Callovo-Oxfordien lorsqu'elle est soumise à des changements de succion à conditions
libres.

ABSTRACT–The effect of changes in suction on the microstructure of the Callovo-


Oxfordian claystone along wetting and drying paths was investigated by using mercury
intrusion porosimetry. Based on a simplified brick model, the changes of the average
thickness of the platelets that constitute the clay matrix (50%) are interpreted as the
consequence of the successive adsorption of ordered layers of water molecules along the
smectite surfaces, as demonstrated in pure smectites for a long time. This shows the
predominant role played by the smectite phase in the overall response of the Callovo-
Oxfordian claystone when submitted to suction changes under no stress.

1. Introduction

L’argilite du Callovo-Oxfordien (COx) est la roche hôte constituant la couche géologique


dans laquelle devrait être implanté le stockage souterrain de déchets radioactifs en
France. Afin d’étudier ses propriétés hydromécaniques, l’Agence nationale pour la gestion
des déchets radioactifs (Andra) a mis en place un large programme de recherche incluant
des expérimentations en laboratoire sur échantillons et d’autres in-situ dans le laboratoire
souterrain de Bure (Est du bassin parisien).
Lors de la construction et de l’exploitation du stockage, l’argilite du COx va subir une
désaturation dans le champ proche autour des galeries principalement induite par les
effets de la ventilation. Après fermeture du stockage, l’argilite autour des galeries et les
différents ouvrages vont se resaturer progressivement par infiltration d'eau provenant de
la zone saturée.
Les argilites sont connues pour leur grande sensibilité vis-à-vis de l’eau. Plusieurs
auteurs ont montré l’augmentation de ses propriétés mécaniques (résistance au pic et
modules élastiques) avec la diminution de la teneur en eau et du degré de saturation (e.g.

1
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Montes-Hernandez et al., 2004 ; Pham et al., 2007). Les propriétés de rétention d’eau de
l’argilite du COx ont été étudiées en détail par Wan et al., (2013) avec une description
complète des changements de volume, teneur en eau et degré de saturation le long de
chemins de séchage et remouillage. Cette étude a également mis en évidence certains
mécanismes régissant les changements de volume et le gonflement.
Dans ce travail, l’étude des propriétés de rétention d’eau de l’argilite du COx est
complétée par une investigation microstructurale conduite par l’utilisation de la
porosimétrie au mercure sur des échantillons lyophilisés à l’état initial et à différentes
succions imposées. Une attention particulière a été accordée au rôle joué par la fraction
de smectite dans la matrice argileuse. La teneur en argile dans la zone du COx d’où
proviennent les échantillons de cette étude est de l’ordre de 50% en masse de l'argilite du
COx.

2. L’argilite du Callovo-Oxfordien

L’argilite du COx est une roche sédimentaire déposée depuis 155 millions d’années entre
deux couches de plusieurs centaines de mètres d’épaisseur de Dogger calcaire et
d’Oxfordien calcaire. L’argilite est principalement composée d’une matrice argileuse
contenant des grains détritiques, en majorité de carbonates et quartz. Les proportions des
minéraux changent en fonction de la profondeur. Au niveau du laboratoire souterrain de
Bure (490 m), la composition minéralogique moyenne d’après Gaucher et al,. (2004) est
de 45-50% de minéraux argileux, 28% de carbonates et 23% de quartz. L’argilite du COx
contient également 4% d'autres minéraux dits lourds, essentiellement de la pyrite (0,5-1%)
et la sidérite (0,5-3%).
Les éprouvettes d’argilite testées proviennent d’une carotte de 80 mm de diamètre et
300 mm de longueur, forée parallèle au plan de litage (EST44584) et extraite au niveau de
laboratoire souterrain (490m). La porosité et le degré de saturation ont été calculés à
partir de la teneur en eau - obtenue après séchage à l'étuve à 105°C pendant 48h - et du
volume de l'échantillon - obtenu par pesée hydrostatique. La succion initiale totale a été
déterminée en utilisant un hygromètre à point de rosée (WP4, Decagon). Les échantillons
EST44584 ne sont pas complètement saturés à l’état initial avec un degré de saturation
de 77,6% correspondant à une succion de 34 MPa pour une porosité de 17,0%. Les
masses volumiques sèche et de grain sont 2,16 et 2,6 Mg/m 3, respectivement.

3. Méthodes expérimentales

3.1. Courbe de rétention d’eau

La détermination des propriétés de rétention d’eau a été réalisée en contrôlant la succion


par phase vapeur. Cette technique consiste à placer des éprouvettes (disques de 38 mm
de diamètre et 10 mm d’épaisseur) à l’intérieur de dessiccateurs contenant des solutions
salines saturées (Tableau 1).

Tableau 1. Solutions salines utilisées et succions correspondantes à 20°C.

Solution Humidité relative (%) Succion (MPa)


KOH 9 331
MgCl2 33 150
KNO3 93.7 9
Eau pure 100 0

2
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Les éprouvettes ont été laissées dans les dessiccateurs jusqu'à atteindre la
stabilisation de masse (vérifiée par pesées périodiques). Une fois l’équilibre atteint, une
mesure de succion a été effectuée en utilisant le WP4 pour confirmer la valeur de succion
désirée. Ensuite, les éprouvettes ont été pesées et immédiatement paraffinés afin de
déterminer leur volume par pesée hydrostatique (voir Wan et al., 2013 pour plus de
détails). Finalement, elles ont été coupées en petits morceaux pour mesurer leur teneur
en eau et leur degré de saturation.

3.2. Etude microstructurale

L’évolution de la microstructure a été étudiée par la réalisation d’essais porosimétriques à


différentes succions le long de chemins de séchage et remouillage. Afin de préserver la
microstructure, une déshydratation a été faite par lyophilisation de petits morceaux
d'argilite (1-3 g en masse) qui ont été préalablement congelés par immersion dans l'azote
liquide à son point de congélation à -210°C (voir Delage et al., 2006). Les essais ont été
effectués dans un porosimètre au mercure (MicromeriticsAutoPore-IV 9500) permettant
d’appliquer une pression initiale de 3,4 kPa jusqu’à 227,5 MPa, ce qui correspond à des
diamètres d’accès aux pores de 363,6 m et 5,5 nm respectivement.
La porosité au mercure (nHg) est définie comme étant le rapport du volume d'intrusion
de mercure VHg au volume total de l’échantillon V:

V Hg
n Hg  (1)
V

Le diamètre d’accès aux pores (D) a été déterminé à partir de la pression d'intrusion de
mercure PHg en supposant une forme cylindrique des pores selon l'équation Laplace-
Young:

4 cos 
D (2)
PHg

où  est la tension interfaciale mercure/solide et  l’angle de contact mercure/solide


( = 0,484 N/m et 141,3° d’après Diamond 1970).

3.3. Programme expérimental

Une première série d'éprouvettes a été soumise à un chemin de séchage-remouillage à


partir de la teneur en eau initiale (6,12% avec 34 MPa de succion et un Sr = 77,6%). Deux
éprouvettes ont été simultanément amenées à 150 et 331 MPa pour vérifier la répétabilité
de la méthode. Les éprouvettes A1 et B1 ont été utilisées pour définir les caractéristiques
physiques et caractériser la microstructure à 150 et 331 MPa respectivement. Les
éprouvettes A2 et B2, préalablement séchées jusqu’à 331 MPa, ont été remouillées à 9 et
0 MPa afin de déterminer le chemin principal de remouillage. Le long de ce chemin, ces
deux éprouvettes ont été périodiquement retirées du dessiccateur pour déterminer leur
teneur en eau et mesurer leur succion par le tensiomètre à point de rosée WP4.
La deuxième série d'éprouvettes a été destinée au chemin de remouillage-séchage. A
partir de la teneur en eau initiale (6,12%), trois autres éprouvettes (C, D1 et D2) ont été
d'abord humidifiées à une faible succion (9 MPa pour l’éprouvette C et succion nulle pour
les éprouvettes D1, D2). Les éprouvettes C et D1 ont été utilisées pour caractériser la
microstructure à 9 et 0 MPa respectivement. L’éprouvette D2 a été séchée pour
déterminer le chemin principal de séchage jusqu'à 331 MPa de succion.

3
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4. Propriétés de rétention d’eau

La courbe de rétention d'eau exprimée en termes de changements de teneur en eau par


rapport à la succion est présentée dans la Figure 1 (succion nulle arbitrairement tracée à
0,01 MPa). Les points obtenus à partir de mesures de succions et de teneurs en eau le
long du chemin principal de remouillage (B2) et du chemin de remouillage 331-0 MPa (A2)
sont en bonne correspondance, fournissant une certaine confiance quant à la qualité des
données obtenues.

Figure 1. Courbe de rétention d’eau.

Les chemins principaux de séchage et de remouillage confirment que les propriétés de


rétention d'eau de l'argilite du COx sont caractérisées par un effet d'hystérésis. Les
résultats montrent également que l'état initial résultant de la désaturation de l'état in-situ
saturé est situé, comme prévu, sur le chemin principal de séchage.
Le chemin de remouillage à partir de l’état initial montre que le point à 9 MPa
(éprouvette C) est situé en dessous du chemin principal de séchage, ce qui est typique
dans les courbes de balayage (il n'y a malheureusement pas d'autre point entre 9 et 0
MPa de succion sur ce chemin). Le point à 0 MPa obtenu à partir du chemin principal de
remouillage (éprouvette B2) a une teneur en eau (11,2%) supérieur à celle obtenue après
un remouillage à partir de l’état initial (10,4%, éprouvette D1). Cela est dû à une d’urée
d’attente différente (90 jours pour B2 comparés à 40 jours pour D1 et D2).
Les changements de degré de saturation et de volume par rapport à la succion sont
présentés dans la Figure 2. Les résultats de Wan et al., 2013 et Pham et al., 2007,
obtenus à partir des essais similaires, sont également présentés dans la Figure 2a, avec
une bonne correspondance entre les résultats obtenus dans ce travail. L’éprouvette
remouillée à partir de l’état initial (C) est proche de la saturation à 9 MPa (Sr = 96%, w =
7,65%). La courbe principale de remouillage, obtenue une fois l’éprouvette séchée jusqu’à
331 MPa, est en dessous des courbes de séchage-remouillage à partir de l’état initial.
Les changements de volume en fonction de la succion (Figure2b) montrent que le
séchage à partir de l’état initial engendre un retrait de 2,0% tandis que le remouillage à
une succion nulle induit un gonflement de 6,1%. La Figure 2b montre également que la
diminution de succion le long du chemin de remouillage à partir de l’état initial engendre
très peu de gonflement (0,3%) entre 34 et 9 MPa, suivi par un gonflement significatif en
dessous de 9 MPa (6,1% à succion nulle). L’éprouvette préalablement séchée jusqu’à 331
MPa avant l’humidification à 0 MPa (chemin principal de remouillage) ne coïncide pas

4
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

avec celui de l’éprouvette soumise à un chemin de remouillage à partir de l'état initial,


avec un certain gonflement irréversible (1,6%) et un volume plus élevé à succion nulle.
Cependant, la courbe principale de remouillage est proche de la courbe de séchage à
partir de l’état initial pour des succions supérieures à 40 MPa, montrant une certaine
réversibilité dans le changement de volume à des succions très élevées sous conditions
libres.

Figure 2. (a) : changement de degré de saturation par rapport la succion, (b) : changement de
volume en fonction de la succion.

5. Porosimétrie au mercure

Les résultats de l’essai porosimétrique obtenus à l’état initial (Sr = 77,6%, porosité n =
17%) sont présentés en Figure 3a sous forme de courbe cumulée et en Figure 3b sous
forme de distribution de taille de pores. La porosité totale n de l’éprouvette est également
présentée dans la courbe cumulée, montrant que la porosité pénétrée nHg est inférieure
avec une infra-porosité n - nHg de 4%. Les pores de diamètre inférieurs à 5,5 nm,
correspondant à la pression maximale de mercure appliquée (227,5 MPa), ne peuvent
être détectés par la porosimétrie au mercure.
La distribution de taille de pores (Figure 3b) met en évidence une seule population de
pores bien identifiée par un point d'inflexion à 32 nm définissant le diamètre d’entrée
moyen dans la matrice argileuse.
La Figure 4 présente un agrandissement entre 0,001 et 0,1 m des courbes
porosimétriques des échantillons A1 et B1 (séchés respectivement jusqu’à 150 et 331
MPa à partir de l’état initial), et des courbes obtenues à l’état initial et après séchage à
l’étuve (105°C) durant 48h. Les porosités totales, également présentées, sont comme
précédemment supérieures aux porosités pénétrées par le mercure. Les infra-porosités
des échantillons séchés sont inférieures à celle obtenue à l’état initial (n - nHg= 3% pour
les échantillons séchés jusqu'à 150 et 331 MPa, comparée à 4% à l'état initial).
Cependant, la porosité pénétrée par le mercure de l’échantillon séché dans l’étuve (12%)
est assez proche de la porosité totale (13%), avec une infra-porosité n - nHg= 1%,
significativement inférieure à celle obtenue à 150 et 331 MPa de succion (3%).

5
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 3. Courbes porosimétriques à l’état initial, Figure 4. Courbes porosimétriques à l’état séché,
(a) : courbe cumulée, (b) : courbe de distribution. (a) : courbe cumulée, (b) : courbe de distribution.

Le degré de saturation de chaque échantillon est également présenté dans la Figure 4a


en supposant que les petits pores restent saturés en raison de la nature des interactions
physico-chimiques de l'eau dans l'argile et des effets capillaires. Les flèches indiquent le
diamètre maximum saturé par l’eau. On peut observer que l’unique population de pores
détectée est presque saturée (jusqu’à un diamètre de 33nm) à l’état initial (34 MPa de
succion, Sr = 77,6%, diamètre d’entrée moyen = 32 nm) alors que cette population devient
complètement désaturée à 150 MPa de succion (Sr = 34,4 %) avec une réduction de
diamètre d’entrée moyen à 28 nm et le diamètre du plus grand pore saturé à 13 nm. A 331
MPa (Sr = 18,5 %), le diamètre du plus grand pore saturé est autour de 4,9 nm sans
changement au niveau du diamètre d’entrée moyen (28 nm). Ainsi, la désaturation des
pores entre 13 et 4,9 nm n’a pas affecté la microstructure au niveau de diamètre d’entrée
moyen et de l’infra-porosité qui reste constante (3%). Par ailleurs, le séchage à l’étuve a
un effet plus significatif sur la microstructure par rapport au séchage à 150 et 331 MPa
succion, avec une réduction du diamètre d’entrée moyen des pores à 21 nm et une
diminution de l'infra-porosité à 1%. Il existe un décalage entre la succion maximale
imposée par phase vapeur (331 MPa) et le séchage à l’étuve qui correspond à
l'élimination totale de l'eau. La valeur de 21 nm du diamètre d’entrée moyen des pores
obtenu sur l'échantillon séché à l’étuve est comparable aux valeurs obtenues par
Sammartino et al., 2003 et Boulin et al., 2008 sur des échantillons similaires.
Les courbes porosimétrique de deux échantillons remouillés à partir de l’état initial à
des succions inférieures (9 et 0 MPa) sont présentées dans la Figure 5 et comparées
avec la courbe de l’échantillon à l’état initial (34 MPa de succion et S r = 77,6%). Les
courbes porosimétriques, cumulée et de distribution de pores, obtenues à 9 MPa (S r =
96%) et à l’état initial sont assez similaires avec seulement une légère augmentation de la
porosité totale (0,2%), ce qui montre que l’infra-porosité est également identique. Cela est
compatible avec le faible changement de volume observé en Figure 2b. La saturation de
l’éprouvette (Sr = 77,6% à 96%) se produit donc par le remplissage complet de la
population de pores avec très peu de modifications de la microstructure au niveaux de la
porosité pénétrée et non pénétrée par le mercure.

6
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 5. Courbes porosimétriques à l’état humide, (a) : courbe cumulée, (b) : courbe de
distribution.

La réduction de succion de 9 à 0 MPa se produit en condition quasi-saturée (voir Figure


2a) avec un gonflement final très significatif (6,1%). Des changements microstructuraux
significatifs ont été également observés, avec l’apparition d’une nouvelle classe de pores
de grande dimension à 0 MPa. Les changements affectent trois niveaux de porosité :
 i) L’infra-porosité n - nHg augmente de 4% à 6,1% lors de la réduction de la succion
de 9 à 0 MPa avec une porosité non pénétrée de 15,6% et une porosité totale de
21,7% à 0 MPa ;
 ii) La porosité de plus grande dimension avec l’apparition d'une nouvelle population
de pores correspondant à une proportion de 10,5% de la porosité totale dans la
gamme de diamètres compris entre 7 et 100 m avec un diamètre moyen autour
de 12 m ;
 iii) Un élargissement de la population de pores initiale qui se déplace de l’intervalle
de diamètre compris entre 12 et 50 nm à une gamme plus large de 12 à 500 nm de
diamètre avec un nouveau plateau entre 60 et 200 nm.
On notera cependant qu'aucun changement n’a été observé dans les courbes de
distribution (Figure 5b) entre 5 et 20 nm.

6. Discussion

Les changements de la microstructure sous l’effet des variations de succion sont


interprétés en se basant sur le modèle conceptuel de l'argilite du COx proposé par Yven
et al. (2007) et présenté en Figure 6. Le modèle montre schématiquement comment les
inclusions de calcite et de quartz sont noyées dans la matrice argileuse qui représente 45-
50% des constituants de l’argilite à 490 m de profondeur. La Figure 3b montre une famille

7
574
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

de pores très bien classé autour d’un diamètre moyen de 32 nm. Cette bonne organisation
du réseau poreux permet d’adopter le modèle dit de briques, qui consiste à considérer
que la principale famille de pores est située entre les plaquettes représentées en Figure 6
qui sont assimilées à des briques. En d’autres termes, on estime que le diamètre moyen
de 32 nm est représentatif de l’épaisseur moyenne des plaquettes dans la matrice
argileuse.

Figure 6. modèle microstructural proposé pour l’argilite du COx (Yven et al., 2007).

Le changement dans les courbes de distribution est interprété en se basant sur les
mécanismes d'hydratation des smectites par le placement successif de couches de
molécules d'eau en fonction de la succion, connu depuis un certain temps (par exemple,
Mooney et al., 1952). Typiquement, la première couche de molécules d’eau est observée
à des succions élevées de quelques centaines de MPa, tandis que la seconde est
observée à quelques dizaines de MPa et la troisième en-dessous de 7 MPa (voir Saiyouri
et al., 2004). L’analyse par diffraction des rayons X a également montré que, à partir d'une
distance inter-feuillets de 9,6 Å dans le cas de l'illite et de la smectite, des espacements
inter-feuillets de 12,5, 15,5 et 18,5 Å correspondent aux états hydratés de smectite avec
respectivement une, deux et trois couches de molécules d'eau adsorbées. Cette
adsorption se produit au niveau intra-plaquette, dans les plaquettes d'argile représentées
dans le schéma de la Figure 6. Elle affecte donc l'épaisseur moyenne des plaquettes que
nous détectons ici en mesurant le diamètre d’entrée moyen des pores dans la matrice
argileuse à partir des courbes porosimétriques de distribution de pores.
L'observation des courbes porosimétriques de la Figure 4b indique que le séchage est
caractérisé par une réduction du diamètre moyen de l’unique population de pores de 32
nm (état initial) à 28 nm pour 150-331 MPa et 21 nm pour l’échantillon séché à l'étuve.
Selon le modèle de brique, cette variation correspond à une réduction de l'épaisseur des
briques, c.-à-d. des plaquettes. Cette réduction est due à des changements dans
l'espacement inter-feuillets au niveau des smectites, étant donné que les couches d’illite
ne sont pas sensibles aux variations de teneur en eau. La réduction de diamètre moyen
de 32 nm (état initial) à 28 nm lors du passage de 34 MPa à 150 et 331 MPa peut être liée
à la transition de deux couches de molécules d’eau adsorbées (espacement inter-feuillets
de 15,6 Å) à une seule couche de molécules d’eau adsorbée (espacement inter-feuillets
de 12,6 Å).
Considérant que, à l’état complètement sec à l’étuve, on n’a plus de couches de
molécules d’eau adsorbées (distance inter-feuillets de 9,6 Å pour les smectites et les
illites) et avec une épaisseur moyenne de 21 nm pour les plaquettes d’argile (obtenue à

8
575
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

partir de la courbe de distribution de pores, Figure 4b), un nombre moyen de 22 feuillets


par plaquette peut être estimé. Avec une proportion de 50-70% de minéraux de smectite
dans la matrice argileuse à 490 m de profondeur dans la couche du COx (Yven et al.,
2007), on peut conclure que l’introduction d’une seule couche de molécules d’eau se
traduit par le placement de 11 à 15 couches de 3 Å d’épaisseur par plaquette qui
correspond à une augmentation de l’épaisseur de plaquettes de 3,3 et 4,6 nm soit un
passage de de 21 nm à 24,3 - 25,6 nm. Ces valeurs correspondent raisonnablement à la
valeur de 28 nm mesurée par le porosimètre au mercure pour les succions de 150 et 331
MPa (Figure 4b). Si on ajoute une autre couche de molécules d’eau, on obtient une
épaisseur comprise entre 27,6 et 30,2 nm, raisonnablement comparable au 32 nm
mesurée par le porosimètre pour 34 et 9 MPa de succions. Cette interprétation indique
que l'analyse basée sur le processus d'hydratation par adsorption successive et ordonnée
de couches de molécules d’eau caractéristique des smectites pures permet d’interpréter
les changements de microstructure analysés au porosimètre à mercure.

7. Conclusions

Les changements de microstructure qui se produisent dans l'argilite du COx sous l’effet de
variation de succion ont été étudiés à l’aide de la porosimétrie au mercure le long des
chemins de séchage et de remouillage de la courbe de rétention d'eau. Les mécanismes
d'hydratation des smectites en fonction des changements de succion, appliqués à
l'hydratation des interstratifiés illite-smectite de la matrice argileuse, permettent
d’interpréter les changements de microstructure observés.
La réduction de succion à 9 MPa à partir de l’état initial (caractérisé par une succion de 34
MPa) induit la saturation de l’argilite du COx sans affecter la microstructure, avec pas de
gonflement et pas de changement notable de distribution de tailles de pores en accord
avec la stabilité de deux couches de molécules d’eau adsorbées dans cette gamme de
succion. Le passage de 9 MPa à une succion nulle permet le placement de la troisième,
puis de la quatrième couche de molécules d’eau et se traduit par un changement
significatif de la porosité intra-plaquettes et le développement de la fissuration à l’état
saturé.
Le séchage de l’échantillon à 150 et 331 MPa se traduit par une réduction de 32 à 28
nm du diamètre moyen de la courbe porosimétrique, avec le passage à une seule couche
de molécules d’eau adsorbée, ce qui explique les faibles différences de microstructure
observé à ces deux succions. Le séchage à l’étuve réduit le diamètre moyen de la
porosité inter-plaquettes à 21 nm, un état compatible avec le statut de minéraux de
smectite à l'état sec, sans couche d'eau adsorbée et une distance inter-feuillets de 9,6 Å.
Finalement, les mécanismes d'adsorption de l'eau régissant l’hydratation des smectites
permet de mieux définir le statut de l'eau dans les argilites et les roches contenant des
smectites, avec une distinction entre l'eau adsorbée (située dans les plaquettes de
smectite) et l'eau libre (située dans la porosité inter-plaquettes) qui définit la pression
interstitielle et est soumise à des transferts. La courbe porosimétrique à l'état initial donne
une idée des proportions des deux types d'eau, avec environ 68% d’eau libre (eau inter-
plaquettes) et 32% d’eau adsorbée (eau intra-plaquettes).

8. Références bibliographiques

Pham QT., Vales F., Malinsky L., Nguyen Minh D., Gharbi H. (2007). Effects of
desaturation-resaturation on mudstone. Phys. Chem. Earth, 32: 646–655

9
576
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Wan M., Delage P., Tang A.M., Talandier J. (2013). Water retention properties of the
Callovo-Oxfordian claystone, International Journal of Rock Mechanics & Mining
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Gaucher G., Robelin C et al. (2004). ANDRA underground research laboratory:
interpretation of the mineralogical and geochemical data acquired in the Callovian-
Oxfordian formation by investigative drilling. Phys. Chem. Earth 29: 55-77
Yven B., Sammartino S et al. (2007). Mineralogy texture and porosity of Callovo-Oxfordian
claystones of the Meuse/Haute-Marne region (eastern Paris Basin), Mém. Soc. Géol.
France, 178: 73-90
Delage P., Marcial D., Cui Y.J., Ruiz X. (2006). Ageing effects in a compacted bentonite: a
microstructure approach. Géotechnique, 56 (5): 291–304
Diamond, S. (1970). Pore size distribution in clays. Clays Clay Min., 18: 7–23
Sammartino S., Bouchet A., Prêt D et al. (2003). Spatial distribution of porosity and
minerals in clay rocks from the Callovo–Oxfordian formation (Meuse/Haute-Marne,
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App. Clay Sc., 23 (1–4): 157–166
Boulin P.F., Angulo-Jaramillo R., Daian J.F et al. (2008). Pore gas connectivity analysis in
Callovo–Oxfordian argillite. App. Clay Sc., 42: (1–2) 276–283
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montmorillonite. II. Effect of exchangeable ions and lattice swelling as measured from
X-ray diffraction. J. Am. Chem. Soc., 74: 1371–1374
Saiyouri N., Tessier D., Hicher P.Y. (2004). Experimental study of swelling in unsaturated
compacted clays. Clay Min., 39:469–479

10
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

MISE EN SECURITE D’UN DEPOT DE RESIDUS DE TRAITEMENT DE


MINERAI DE PLOMB-ARGENTIFERE, PONTGIBAUD, AUVERGNE

INTEGRATED SAFETY OPERATION OF LEAD-SILVER ORE PROCESSNG


RESIDUE DEPOSIT IN PONTGIBAUD, AUVERGNE, FRANCE

Arnaud PIDON , Dominique NIEMIEC2, Philippe SABOURAULT3


1
1
BRGM, Orléans, France
2
DREAL Auvergne, Clermont-Ferrand, France
3
BRGM, Orléans, France

RÉSUMÉ – Le BRGM, maître d’ouvrage, a réalisé pour le compte de l’État en 2013/2014,


la mise en sécurité d’un site de dépôts de résidus de traitement de minerai de plomb-
argentifère à Pontgibaud (Auvergne). Ces résidus ont un impact potentiel sur les
populations et l’environnement du fait des teneurs résiduelles en plomb et en arsenic
notamment. Ils ont été regroupés, remodelés et recouverts par une couverture végétale.

ABSTRACT – BRGM, as deputy controller, handled the safety works on a lead-silver ore
processing residue deposit in Pontgibaud (Auvergne, France) between 2013 and 2014
and on behalf of the French State. These residues have a potential impact on population
and environment due to, especially, residual concentration of lead and arsenic. Safety
engineering work consisted in residue regrouping and reshaping, adding earth cover.

1. Introduction

Les fonctions opérationnelles en matière d’après-mine en France ont été attribuées par
l’État au BRGM qui a créé, à cet effet, le Département Prévention et Sécurité Minière
(DPSM). Les principaux objectifs du DPSM sont la garantie de la sécurité des biens et
des personnes dans les anciennes zones minières ainsi que le maintien de compétences
techniques minières. Pour cela, il s’est vu confier les principales missions suivantes :
- les travaux de mise en sécurité en qualité de maître d’ouvrage délégué,
- les interventions suite à une mesure d’expropriation,
- la surveillance d’ouvrages de sites miniers, au titre du code minier ou du code de
l’environnement,
- la gestion du système d’information après-mine, dont la gestion des archives
techniques intermédiaires minières et le concours au renseignement minier.

1.1. Historique de l’exploitation minière aux alentours de Pontgibaud

Le district métallifère de Pontgibaud (20 km à l’ouest de Clermont-Ferrand) est connu


pour avoir été au XIXème siècle le principal centre de production de plomb argentifère et
« la principale mine métallique » en France. De 1838 à 1849, 7 000 tonnes de concentrés
et 1 200 tonnes de plomb ont été produites. Le développement industriel a eu lieu entre
1853 et 1897 où près de 50 000 tonnes de plomb et environ 100 tonnes d’argent ont été
produites à partir d’un million de tonnes de tout venant et de 106 000 tonnes de
concentrés. Près de 68 km de galeries et 3 km de puits dont près de 80 % sur le seul
secteur de Roure ont été foncés dans les différentes mines souterraines du district
(Marroncle, 2004). Quatre unités de traitement du minerai ont coexisté sur les sites
d’extraction pendant près d’un siècle pour alimenter la fonderie fermée en 1905.

1
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

La principale unité associée à l’usine minéralurgique est située à Pontgibaud dans le


quartier nord dénommé « Les Fonderies », à proximité du stade actuel de la commune.
Les trois autres unités de concentration du minerai sont localisées sur une dizaine de
kilomètres le long du faisceau filonien encaissé dans la haute vallée de la Sioule avec au
sud, la laverie de Roure-les-Rosiers et, au nord, les laveries de Barbecot et Pranal. Les
travaux ont porté sur des filons de galène argentifère dans un encaissant gneissique.
Le procédé minéralurgique comportait deux étapes successives essentielles :
- la préparation mécanique (fragmentation), par concassage et éventuellement
broyage. Elle a pu s'effectuer en plusieurs scheidages pour enrichir le concentré ;
- la séparation des particules métalliques de la gangue par des méthodes purement
physiques : gravimétriques (lavage, décantation, …) ou par grillage.
Les trois concessions minières étaient détenues par la Société des Mines et Usines de
Pontgibaud jusqu’en 1939, année de leur renonciation. En 1939 est créée la Compagnie
d’Exploitation et de Récupérations Minières (COMIREX), en vue de récupérer le plomb et
l’argent restant des dépôts de résidus de traitement de minerai des anciennes
concessions. La COMIREX est mise en liquidation en 1947 après avoir produit quelques
centaines de tonnes de concentrés de plomb sur le site de Roure-les-Rosiers.

1.2. Minéralogie du gisement (Cottard, 2009 et 2010)

Les données minéralogiques des minerais renseignent directement sur la nature des
éléments chimiques pouvant poser un problème environnemental potentiel et qui seront à
rechercher ou à analyser dans les différents milieux affectés (eaux, sols, sédiments…).
Les minéralisations du district de Pontgibaud sont complexes et leur composition est
variable en fonction des gisements et de leur localisation. De plus, les études
minéralogiques réalisées dans les années soixante montrent que plusieurs phases
minéralisées se succèdent à l’intérieur des mêmes filons. Ce qu’il faut retenir, est la
présence d’une paragénèse sulfurée dominée par la pyrite et la marcasite, deux sulfures
de fer fortement acidogènes et producteurs de drainage minier acide, associés au
mispickel (FeAsS), source de l’arsenic dans l’environnement et à la galène argentifère
(PbS) qui était le minéral recherché et valorisé.
Accessoirement on trouve de la blende (ZnS), de la chalcopyrite (FeCuS2), et surtout
des sulfo-sels de cuivre (cuivres gris) et de plomb (sulfo-arséniures et sulfo- antimoniures)
avec des minéraux de bismuth. Ces sulfo-sels constituent d’autres sources d’arsenic pour
le milieu récepteur. La gangue est constituée de quartz et barytine (origine du baryum
décelé dans les résidus) avec localement de la sidérite (carbonate de fer). Le cadmium a
été décelé en inclusions dans la blende et explique les concentrations résiduelles
trouvées dans les dépôts (Barranger, 2008). Dans de rares filons plus anciens ont été
décrites des paragénèses à quartz, cassitérite (SnO2) et mispickel.

2. Le site au XXIème siècle

Le dépôt des Fonderies jouxtant l’ancienne usine minéralurgique, à présent disparue, est
entouré d’enjeux dont des installations sportives fréquentées, des bois, la rivière Sioule et
un poste de traitement/dégrillage des eaux usées de la commune (fig. 1 et fig. 2).
Les résidus de traitement de minerai constituant le dépôt sont issus de l’unité de
concentration des Fonderies et ont été stockés à proximité. Le site était constitué sur
20 700 m² de plusieurs tas de résidus contenant des matériaux fins de couleurs jaunâtres
(volume des résidus de l’ordre de 70 000 m3). En certains endroits, l’épaisseur du dépôt
était d’une dizaine de mètres. Juxtaposant au sud la zone de dépôts sableux, une zone
plus petite (2 100 m² pour un volume de 8 200 m3) était constituée d’un tas de scories

2
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

métallurgiques non végétalisé, inertes et non lixiviables provenant de la part rejetée du


minerai traité au sein de la fonderie (culots de four de taille centimétrique à décimétrique).

Figure 1. Vue aérienne du site des Fonderies avant les travaux (source Google).
Figure 2. Vue du site des Fonderies avant les travaux en 2013.

3. Interprétation des milieux et plan de gestion

En 2005, GÉODERIS a établi un rapport (Dommanget, 2005) mettant en avant l’impact


potentiel des sites de résidus des concessions du secteur sur l’environnement et les
populations du fait de leur forte teneur en métaux (notamment plomb : 1 à 80 g.kg-1 et
arsenic : 0,5 à 8 g.kg-1). Ces études ont été complétées en 2015 par une caractérisation
des milieux d’expositions et de la bioaccessibilité des produits par l’INERIS (Hulot, 2015).
La DREAL Auvergne a missionné en 2009 le DPSM, pour réaliser des études
préalables (dont le modèle conceptuel) à la mise en sécurité des quatre principaux sites
de résidus de minerai de plomb argentifère présents à proximité de Pontgibaud.
Des investigations sur les compartiments « résidus », « eaux superficielles » et
« sédiments » ont été réalisées entre 1995 et 2010 (Barranger, 2010). Les milieux ont été
caractérisés et la compilation de ces données a permis de déterminer l’état des milieux.
Les résidus sont identifiables de par leur granulométrie et couleur qui tranche avec le
contexte basaltique, de gneiss et schistes. Ils sont accessibles au public et sujets aux
érosions diverses car dépourvus de couverture végétale. Ils représentent un risque
potentiel pour la Sioule, surtout au cours d’épisodes pluvieux de forte intensité. Les eaux
de la rivière ne sont pas impactées, étant donné son débit mais ses sédiments le sont par
une contamination particulaire Les éléments du système Source – Transfert – Cibles
identifiés (Sabourault et al, 2015), conduisant à la représentation par le schéma
conceptuel (et fig. 3) sont décrits dans le tableau 1.

Source Transfert Cible


Résidus de Entraînement particulaire par ruissellement Faune et flore aquatique
laverie : vers les eaux et les sédiments de la Sioule Pêcheurs
sable Envol de résidus Usagers et voisins du site
contenant du L’arsenic des eaux captées
plomb et de Infiltration vers les eaux souterraines provient en majorité du fond
l’arsenic géochimique

Tableau 1. Système Source – Transfert – Cibles.

3
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

L’interprétation de l’état des milieux montrant un impact du dépôt de résidus, et les


usages des milieux impactés étant fixés, un plan de gestion a été mis en place pour
rétablir la compatibilité usage / état des milieux conformément à la politique de gestion
des sites et sols pollués du ministère de l’environnement.

Figure 3. Schéma conceptuel du site des Fonderies.

Figure 4. Schéma conceptuel du réaménagement du site des Fonderies.

L’objectif de cette mise en sécurité est de mettre fin à la dispersion des résidus dans
les milieux (eau superficielles, voisinage...) sous les divers effets de l’érosion ainsi qu’au

4
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

contact direct du public fréquentant les installations sportives. Les solutions permettant de
rétablir cette compatibilité en rompant la chaîne Source-Transfert-Cible ont été choisies
suite à un bilan coûts/avantages. Une solution durable et passive, ne nécessitant aucun
entretien pour l’État, a été recherchée afin de pérenniser la solution de gestion. Il a été
choisi un regroupement et un remodelage du dépôt suivi de la mise en place d’une
couverture de terre ensemencée afin de pérenniser le remodelage et d’intégrer les
résidus à leur environnement (Bellenfant, 2010). Les analyses montrant l’absence de
dissolution des métaux par percolation ou par ruissellement, une couverture étanche
n’était pas nécessaire. La gestion des eaux s’est donc portée sur des fossés étanchés
isolant le site pour limiter les infiltrations risquant de déstabiliser le dépôt à long terme. Un
schéma conceptuel du site avec les aménagements envisagés a donc été élaboré (fig. 4).

4. Mise en œuvre des travaux

4.1. Phase de conception

Fin 2011, la DREAL Auvergne a saisi le DPSM pour réaliser la mise en sécurité du site
des Fonderies. Un marché de maîtrise d’œuvre pour la conception et la réalisation des
travaux a été passé avec la société ANTEA Group afin de réaliser le projet. Cette phase a
duré un an et a inclus les investigations préliminaires, la recherche des solutions
techniques ainsi que le montage des dossiers réglementaires et leur soumission.

4.2. Dossiers réglementaires

Différents dossiers réglementaires ont été établis afin de disposer des autorisations
préalables nécessaires à la réalisation des travaux.
Le site étant limitrophe d’une zone Natura 2000, une étude d'incidence a été réalisée.
Elle est composée d’un inventaire faunistique et floristique ainsi que des mesures de
protections de la faune et de la flore à mettre en place en phase chantier pour limiter son
impact environnemental. Le site se trouvant pour partie dans le lit majeur de la Sioule et
les eaux de ruissellement collectées par les fossés étant rejetées dans la rivière, une
déclaration au titre des articles L. 214-1 à L. 214-6 du code de l'environnement,
autrement nommé « nomenclature eau », a été déposée.
Le projet était soumis à l’obtention d’un permis d’aménager au titre du code de
l’urbanisme en raison de la superficie et des affouillements et exhaussements
nécessaires à la réalisation du dépôt final. Le projet a été dispensé d’une étude d’impact
lié au permis suite au dépôt d’une « demande d'examen au cas par cas » (art. R122-3 du
code de l'environnement). Le permis a été accordé par arrêté préfectoral accompagné de
préconisations de l’Agence Régionales de Santé (ARS) d’Auvergne (le site se trouvant
dans le périmètre de protection rapproché du captage d’eau potable de Peschadoires).
Ce service a demandé un suivi analytique de l’eau du captage avant, pendant et après le
chantier et la prise de toutes les précautions nécessaires à la pollution sur le chantier
(fuites…). Ces analyses d’eau ont été réalisées et les résultats n’ont révélé aucun écart
significatif pour les paramètres analysés.

4.3. Déroulement du chantier

Le dossier de consultation des entreprises a été mis en appel d’offre publique. Le chantier
de mise en sécurité s’est déroulé de fin octobre 2013 à début avril 2014.
En novembre et décembre 2013, les opérations ont consisté en un curage des abords
afin de retrouver le terrain naturel et en un regroupement des résidus en un unique dôme.

5
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Les scories et les blocs de basaltes du site ont permis de réaliser des merlons
périphériques (fig. 5) ayant pour rôle le maintien des pentes du dôme et la prévention de
l’érosion en cas de crue de la Sioule. La partie interne des merlons a été recouvert d’un
géotextile pour laisser circuler l’eau mais éviter le transfert des résidus au travers.

Figure 5. Remodelage (merlon en scories) côté stade.


Figure 6. Exutoire sud maçonné côté Sioule.

Entre janvier et février 2014, s’est déroulée la réalisation des fossés internes et
périphériques étanchés par une géomembrane accroche-terre limitant les infiltrations et
garantissant un maintien de la couverture végétale. Des exutoires nord et sud vers la
Sioule ont été réalisés en enrochement maçonné (fig. 6) ainsi que la couverture en terre
et la piste d’accès au poste de dégrillage.
De fin mars à début avril 2014, l’amendement, l’ensemencement, la couverture
géotextile en jute et les clôtures ont été mis en place.

Figure 7. Dôme et fossé en mars 2014 (géomembrane, toile de jute, …).


Figure 8. Site en août 2014.

La couche de terre, épaisse d’a minima 30 cm, permet à la végétation basse de


s’enraciner et de croître (fig. 8). Elle a été recouverte d’une toile de jute biodégrable sur
toutes les pentes et le dôme (fig. 7) pour garantir une meilleure résistance à l’érosion, au
ravinement et assurer le maintien du profil des fossés. Les clôtures à moutons ont été
disposées sur le pourtour du site pour en limiter l’accès à la faune et aux personnes et
ainsi protéger l’intégrité des aménagements réalisés (fig.9).

6
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 9. Évolution du site.

Il était prévu pour ce chantier de décaper les résidus sur l’ensemble du pourtour du site
jusqu’au terrain naturel. Il s’est avéré que les reconnaissances initiales n’étaient pas
exhaustives et auraient nécessité des fouilles plus systématiques. Côté ouest du site le
long de la Sioule, l’épaisseur attendue était de l’ordre de 50 cm à 1 m or durant le chantier
des matériaux identifiés comme pouvant être des boues de décantation ont été
découverts sous les résidus. Après fouille, il s’est avéré qu’elles étaient présentes sur des
épaisseurs dépassant 4 m. Leur comportement fortement thixotropique a fait prendre du
retard au chantier et a nécessité une adaptation du projet et donc une surproduction.
Globalement, les épaisseurs de matériaux aux abords du site ont été sous-estimées en
phase de conception et des reconnaissances initiales plus poussées auraient permis
d’éviter des adaptations et des retards en cours de réalisation.

5. Pérennité de la mise en sécurité et servitudes d’utilité publique

Les solutions choisies pour ce chantier avaient pour but de réaliser une mise en sécurité
pérenne et cohérente à un coût économiquement acceptable. Les systèmes hydrauliques
ont été réalisés pour résister au temps en utilisant des géocomposites garantissant un
maintien des profils et une étanchéité. Les pentes du dépôt ont été calculées en fonction
des caractéristiques géotechniques des résidus afin d’annihiler l’aléa glissement. La
couverture en terre permet d’empêcher la mobilisation des résidus et la végétalisation
ainsi que la toile de jute assure une protection contre l’érosion.
Afin de réduire strictement les usages sur le site, de protéger la couverture, d’assurer la
pérennité des aménagements et de conserver la mémoire du site, des servitudes d’utilité
publique (SUP) au titre du code de l’environnement ont été demandées par le Préfet.
Elles ont été prises par arrêté préfectoral en février 2016 sur la base du dossier établi par
le DPSM. Elles sont opposables au tiers et interdisent :

7
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

- tous travaux pouvant porter atteinte à l'intégrité du terrain et à la couverture du site,


- toute construction même légère,
- la réalisation de jardin d'enfants, de camping, d'aire de stationnement et tout nouvel
aménagement destiné à des activités de loisirs,
- les cultures de plantes, de fruits ou légumes à des fins alimentaires,
- le pacage des animaux et toute utilisation à des fins agricoles.
Ces servitudes feront l’objet d’un enregistrement à la Conservation des Hypothèques.

6. Conclusions

La mise en sécurité du dépôt de résidus de traitement de minerai de plomb-argentifère a


été réalisée pour le compte de l’État afin de réduire autant que possible les impacts
environnementaux des résidus à fortes concentration en métaux (Pb, As) sur les milieux
suivant un schéma de regroupement-stabilisation-couverture. Il s’agissait également de
mettre fin à la dispersion de ces produits à fort potentiel d’impacts sanitaires à
proximité d’un secteur urbanisé et fréquenté.
Le retour d’expérience de ces travaux permet de poser les bases pour les travaux de
mise en sécurité des deux autres sites importants de stockage de résidus du même
district minier plomb-argentifère (Roure-les-Rosiers à St-Pierre-le-Chastel et Barbecot sur
les communes de Bromont-Lamothe et de Chapdes-Beaufort).

7. Références bibliographiques

Barranger Ph. (2008). Évaluation du niveau de contamination des 4 secteurs de stockage


de résidus miniers et de laverie du district de Pontgibaud (secteurs de « Pontgibaud
stade », Roure/Les Rosiers, Barbecot et bassins de Pranal. GÉODERIS S 2008/85DE-
08AUV3120, 97 pages.
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8
585
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

ETUDE EXPERIMENTALE DE LA TENUE DE PUITS D'INJECTION


DANS LE CADRE DU STOCKAGE GEOLOGIQUE DE CO2
EXPERIMENTAL INVESTIGATION OF THE INJECTION WELL INTERGITY
WITHIN THE FRAMEWORK OF CO2 GEOLOGICAL STORAGE

Aurélien Randi , Jérôme Sterpenich1, Christophe Morlot1, Jacques Pironon1, Marie-


1
1 1
Camille Caumon , Emmanuel Jobard
1
Université de Lorraine, CNRS, CREGU, GeoRessources laboratory, BP 70239, 54506
Vandoeuvre-lès-Nancy, France

RÉSUMÉ – L’injection de CO2 sous forme dissoute ou supercritique dans la porosité d’un
réservoir géologique induit un vieillissement des matériaux de puits (ciments, aciers,
composites) et des roches réservoir et couverture. Deux bancs d’essai expérimentaux
(MIRAGES-1 et 2) ont été conçus afin de modéliser, à échelle réduite (1/20ème), l’effet du
CO2, gaz acide, sur les matériaux de puits et sur son environnement proche.

ABSTRACT – The injection of CO2, either supercritical or dissolved in water, in the


porosity of a geological reservoir induces the ageing of well materials (steel, concrete,
polymers) as well as of both reservoir and caprocks. Two experimental devices
th
(MIRAGES-1 and 2) has been set up to model, at the lab scale (1/20 ), the effect of CO2,
an acid gas, on well materials and on its immediate environment.

1. Introduction

Dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, la technologie dite CCS


(Carbon Capture and Storage) est reconnue comme étant une des solutions
envisageables pour diminuer les émissions de CO2 dans l’atmosphère. Les projets pour
ce stockage géologique planifient généralement son injection dans des conditions
supercritiques, maximisant ainsi les quantités stockées qui peuvent impliquer plusieurs
millions de tonnes par an. Pour être efficace et économique, une installation de capture
de gaz carbonique doit être mise en service sur d’importantes sources d'émission telles
que des centrales électriques utilisant des énergies fossiles, des cimenteries ou des
aciéries par exemple.
Il existe dans le monde de nombreux réservoirs propices au stockage géologique du
CO2. Les aquifères salins profonds fournissent la part la plus importante de la capacité de
stockage et sont assez bien distribués géographiquement. Une des contraintes majeurs
au regard de l’aspect économique de tels projets concerne les coûts induits très élevés de
capture et de transport du CO2 jusqu’à son lieu d’injection. Aussi, de nouvelles approches
prévoient d’injecter du CO2 sous forme dissoute dans une saumure à proximité immédiate
de la source émettrice afin de limiter le transport. Un des objectifs est dans ce cas
d’étudier la faisabilité technico-économique de ce nouveau concept en couplant CCS et
géothermie. Alors, une partie du coût énergétique et financier du CCS est compensée par
la récupération de chaleur (Kervevan et al., 2013). Cette proposition vise cependant
uniquement de faibles ou moyens émetteurs de CO2 (10-100 kt/an) en raison des
quantités limitées de CO2 pouvant être stockées sous forme dissoute par comparaison au
CCS sous forme supercritique.

1
586
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Quelle que soit la forme du CO2 stocké, la dissolution de ce gaz induit la formation
d'acide carbonique qui peut interagir avec la roche réservoir et couverture mais aussi
avec les matériaux de puits, ciments et cuvelage, qu'il s'agisse des puits d'injection ou
d'anciens puits d'exploitation. Les réactions qui vont se produire peuvent engendrer des
dissolutions et des précipitations de minéraux induisant une modification irréversible des
propriétés du réservoir et une possible fracturation des matériaux et des différentes
interfaces. Il peut ainsi en résulter une faiblesse du puits d'injection qui pourra à terme, et
dans un cas extrême, créer un drain permettant la fuite vers l'atmosphère du CO2 stocké.
Dans ce papier, une approche expérimentale innovante est présentée à partir de deux
bancs d'essai MIRAGES-1 et MIRAGES-2 qui permettent d'injecter, en continu, du CO2
sous forme supercritique ou dissoute dans une solution aqueuse. Le dispositif permet de
ème
reproduire, dans un puits d'injection à une échelle 1/20 , des conditions réalistes de
pressions et températures de réservoirs géologiques profonds.
Un travail expérimental spécifique est réalisé sur la région proche puits. Il permet de
caractériser les perturbations d’ordres géochimique et pétrophysique induites par
l’injection d’un fluide riche en CO2. Une attention particulière est apporté aux différentes
interfaces du puits (ciment/tube d’injection, ciment/roche réservoir) où les interactions
peuvent être importantes (Loizzo et al., 2009) et qui semblent présenter les faiblesses les
plus probables (Zhang et Bachu, 2011, Gasda et al., 2004).

2. Modélisation expérimentale

2.1. Matériaux utilisés

Les aquifères du Dogger du bassin parisien ont été identifiés comme d’excellents
candidats pour le stockage du CO2 (Grataloup et al., 2009, Vidal-Gilbert et al., 2009) en
raison de leur profondeur (> 800 m dans le centre du bassin) et de leurs propriétés de
porosité et de perméabilité favorables. Ils sont également le siège d’exploitations
géothermiques depuis 30 ans. Le calcaire du Lavoux est considéré comme représentatif
des calcaires du Dogger du Bassin de Paris.

Tube d’injection

Calcaire du Lavoux
Matériau composite
Ciment Portland
classe G

Rondelle téflon
Point d’injection
Matériaux composite

Figure 1. Vue schématique de l’échantillon simulant le puits d’injection sur les bancs
d’essai MIRAGES-1 et 2. Les dimensions sont données en millimètres.

Les échantillons utilisés pour simuler le puits d’injection à l’échelle 1/20 ème ont été
carottés perpendiculairement à la stratification de la roche sur un diamètre de 100 mm

2
587
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

pour une hauteur de 100 mm. L’assemblage réalisé pour reproduire le puits d’injection
(Fig. 1) consiste en un tuyau en acier inox 316SS vissé sur une bague téflon et fixé à la
carotte avec du ciment portland class G. Le ciment est gâché selon le protocole API-ISO
10426-A avec un rapport Eau/Ciment de 0,44.

2.2. Dispositif expérimental

2.2.1. MIRAGES-1.

Le dispositif MIRAGES (Modèle d’Injection Radiale pour Gaz à Effet de Serre) est
constitué d’un autoclave ″d’injection″ de 2 L (Fig.2 ; poste 9) en acier inoxydable (316L-
X2CrNiMo 17-12-2) dont le corps et la partie inférieure du couvercle sont composés d’un
revêtement en téflon. Cet appareillage permet l’injection de CO2 supercritique au travers
d’un échantillon de roche immergé dans les conditions P et T d’un réservoir géologique.

MIRAGES-2 MIRAGES-1
BouteilleCO 2

34 1 11
2
35 15 3
13
33 Echantillonnage
37
36 12
14
31
32 27

BY-PASS Purge de
24 18
la pompe
29 16
Ni vea u haut
A B
Echantillonnage
Ni vea u bas
24 22
30 BouteilleCO2
25

21

Fluide 26 28 20
Purge des 37
caloporteur
KAISER sondes 9

23
Deverseur 5

BY-PASS 18 17
Transmetteur de pression avec Event 10
membrane séparatrice en hastelloy 2 4
8

Disque de rupture 3 7
1
6
Vanne manuel ouvert/fermée Echantillonnage 19
6,5
22 READ O/C
Manomètre Câble chauffant

1 Echantillon 20 Spectromètre Raman


2 Ciment 21 Station d’acquisition des données Raman
3 Zone d’injection 22 Fibre optique
4 Revêtement téflon
23 Déverseur pour le mélange CO 2/solution aqueuse (autoclave d’injection)
5 Tube d’injection
24 Autoclave d’injection
6 Solution aqueuse (eau acidifié au CO 2)
7 Thermocouple de confinement (autoclave d’injection) 25 Double enveloppe
8 Thermocouple du four 26 Fritté 5 µm
9 Autoclave d’injection 27 Agitateur statique
10 Four MICA (autoclave d’injection) 28 Tube plongeant pour collection du mélange
11 Thermocouple de la zone d’injection (autoclave d’injection) 29 Capteur de niveau
12 Transmetteur de pression à l’injection (autoclave d’injection) 30 Mélange CO2/solution aqueuse
13 Manomètre pression d’injection (autoclave d’injection) 31 Thermocouple de confinement de l’autoclave de mélange
14 Débitmètre massique 32 Pompe pour la pressurisation de la solution aqueuse
15 Unité de contrôle de la pompe connectée au débitmètre 33 Réservoir de solution
16 Pompe seringue 34 Manomètre de pression de l’autoclave de mélange
17 Sonde pH in situ 35 Transmetteur de pression de l’autoclave de mélange
18 Sonde Raman in situ 36 Déverseur pour CO2 (autoclave de mélange)
19 pH-mètre 37 Bouteille de CO 2

Figure 2 : Schéma de principe des bancs d’essai de percolation MIRAGES-1 et 2.

Le système est alimenté en CO2 à partir d’une bouteille contenant le gaz à l’équilibre
liquide-vapeur (Fig.2, poste 37). L’injection à débit continu et constant est assurée par
une pompe seringue Teledyne Isco Model 500D spécialement conçue pour la

3
588
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

pressurisation de fluides supercritiques (Fig. 2, poste 16). Cette pompe est couplée à un
débitmètre massique Bronkhorst (Fig.2 ; poste14) via un automate de régulation (Fig .2 ;
poste 15). Ce couplage permet de travailler à une pression d’injection pouvant atteindre
200 bar et un éventail de débit compris entre 0,01 et 500 g/L (précision de 0,01 g/L). Afin
d’assurer l’injection du fluide dans l’échantillon, le tube métallique de ce dernier est vissé
sur la partie basse du couvercle de l’autoclave. La pression de confinement est contrôlée
par un déverseur avec membrane en hastelloy en sortie d’autoclave (Fig.2, poste 23). Un
collier chauffant en MICA permet de réguler la température à la valeur souhaitée.
En sortie d’autoclave, le fluide circule au travers d’un by-pass équipé de sondes haute
pression et haute température permettant la mesure in situ du pH et l’analyse de la
spéciation des carbonates aqueux par spectroscopie Raman (Fig. 2 ; postes 17 et 18).
L’ensemble est chauffé par un câble chauffant afin de réaliser les mesures dans les
conditions exactes de l’expérience. L’échantillonnage de la solution pour son analyse
chimique est également possible à partir d’une vanne de prélèvement.

2.2.2. MIRAGES-2.

Afin de pouvoir réaliser l’injection d’une solution aqueuse monophasique et saline avec
une concentration en CO2 dissous maîtrisée, un dispositif de mélange est couplé à
MIRAGES-1.
Une cuve de mélange d’une capacité de 5 L (Fig.2 ; poste 24) en acier inoxydable
(316L-X2CrNiMo 17-12-2) permet de réaliser la solution désirée dans des conditions
pouvant atteindre une température de 150°C et une pression de 60 bar. Les parois ainsi
que la partie inférieur du couvercle sont revêtues de téflon afin d’éviter tout problème de
corrosion inhérent à l’utilisation d’une solution acide et salée.
Le corps de la cuve est entouré d’une double enveloppe (Fig.2 ; poste 25) permettant
de réguler en température le milieu réactionnel. Le système est rempli d’eau pure ou
salée de façon autonome à l’aide d’un dispositif de pressurisation hydrostatique (Fig. 2,
item 32) contrôlé par un capteur de niveau baignant dans la solution (Fig.2 ; poste 29).
L’interfaçage entre la pompe et le dispositif de régulation du niveau de la solution est
assuré par une unité électrique. Le CO2 provient d’une bouteille à l’équilibre liquide-
vapeur. Le gaz arrive dans l’autoclave via un fritté de 5µm (Fig. 2, poste 26) et la
solubilisation du CO2 est optimisée par le biais d’un agitateur magnétique à palle (Fig. 2,
poste 27).
Une fois l’équilibre entre le CO2 et la solution atteint, la solution est évacuée de la cuve
par sa partie basse à l’aide d’un tube plongeur (Fig.2, poste 28). Le mélange circule alors
au travers d’un système by-pass permettant son analyse in situ. Il est composé i) d’une
sonde Raman haute pression haute température ; ii) d’une vanne de prélèvement
permettant l’analyse chimique du fluide. En sortie du by-pass, l’eau acidifiée par le CO2
remplit alors la pompe seringue qui permet d’assurer l’injection dans MIRAGES-1.

2.3. Protocole expérimental.

L’échantillon est placé dans l’autoclave MIRAGES-1 en sertissant la canne d’injection sur
la partie basse du couvercle le reliant ainsi au système d’injection. Une première étape de
cure en système fermé est alors réalisée à 120 bar et 60°C. Ces conditions de P et T
permettent la prise du ciment dans les conditions P et T du stockage, avant injection du
CO2. A la fin de la cure (7 à 10 jours), la pompe seringue assure l’injection en continu du
fluide selon un débit de 150 (expériences MIR1 avec CO2 supercritique) à 250
g/h (expérience MIR2 avec CO2 dissous):

4
589
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

MIR1 : La pression dans l’autoclave est ajustée à 110 bars à l’aide du déverseur et la
température est régulée à 80°C. Le vieillissement a duré 610 heures et a permis l’injection
de 134 kg de CO2 dans le système. A l’issue de cette expérience, l’autoclave est
dépressurisé lentement (quelques bar/min) et l’échantillon est ensuite retiré (Sterpenich et
al, 2013).
MIR2 : La pression dans l’autoclave est ajustée à 120 bar et la température régulée à
60°C. La phase injectée (CO2+H2O) devant rester monophasique dans tout le système, la
concentration en CO2 dans la solution injectée reste toujours inférieure au maximum de
solubilité dans les conditions P et T de l’expérience. Dans nos conditions de réservoir, la
solubilité du CO2 dans l’eau pure est de 1,12 mole/kg. En conséquence, une pression de
30 bar et une température de 20°C sont imposés à l’autoclave de mélange afin d’atteindre
une solubilité théorique de 0,93 mole/kg. La concentration en CO2 dissous, avant et après
percolation dans la carotte, est vérifiée par mesure Raman. Le vieillissement a duré 502
heures et a permis l’injection de 73,7 L de CO2 dans le système.

3. Résultats et discussion

Les expériences réalisées à l'aide du dispositif MIRAGES apportent un nombre


conséquent d'informations physiques et chimiques sur la réactivité d'un puits soumis à
l'action d'un fluide agressif. Dans ce papier, seuls les aspects physiques seront abordés
avec en particulier l'évolution du réseau poreux du réservoir et des interfaces
ciment/roche.

3.1. Les propriétés pétrophysiques du réservoir

En sortie d’expérience, une première investigation structurale est réalisée par


tomographie à rayon X. Elle permet une première estimation de l’impact du passage du
fluide sur la pétrographie de l’échantillon. Aucune modification à grande échelle n’a été
observée sur l’échantillon de roche après passage de CO 2 supercritique (MIR1). Ceci
s’explique par le fait que si la circulation du CO2 supercritique est en continu, ce n’est pas
le cas de la solution aqueuse qui a un volume initial non renouvelé lors de l’expérience.
Ainsi, après une phase initiale de dissolution modérée du carbonate pour atteindre un
équilibre dans le système CO2-H2O-calcite, celui-ci ne réagit plus impliquant seulement de
très faibles modifications de porosité non décelables à l’échelle de la tomographie X
(Sterpenich et al., 2009, 2014)

Tube d’injection

Wormhole

Puits d’injection

Réseau poreux
20 mm

Figure 4 : (A) Tomographie X (gauche) et photographie macro (droite) de l’échantillon issu


de l’expérience MIR2.

5
590
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

L’échantillon issu de l’expérience de percolation MIR2 (CO2 dissous) est marqué par
l’apparition d’un réseau poreux radial au niveau de la zone d’injection avec un
phénomène de « wormholing » qui traverse la carotte depuis le point d’injection du fluide
(Fig 4. a) jusqu’à la partie extérieure de la carotte (Fig4. a et b). L’analyse 3D révèle
également la modification de la morphologie du puits qui adopte une forme conique. Cette
observation illustre une réactivité importante du fluide acide injecté qui provoque des
dissolutions massives de carbonate jusqu’à générer des phénomènes de micro-
karstification.

3.1. L’évolution des interfaces ciment/roche

Une section des puits est réalisée en le coupant en deux parties égales en suivant le
diamètre de la carotte (Fig. 5 a et b). Des prélèvements sont réalisés à différents endroits
représentatifs et particulièrement à l’interface ciment/roche (Fig. 5 c et d) afin de réaliser
des lames minces polies.
Le résultat marquant est que l’injection des différentes solutions percolantes des deux
expériences n’a en aucun cas altéré la cohésion mécanique entre le ciment et la roche
réservoir où aucune fissuration significative n’est observée. Cependant une zone réactive
apparaît dans le ciment selon un front parallèle à l’interface et dont l’épaisseur varie entre
0,5 mm et 2 mm. Cette zone est visible sur les photos optiques (Fig. 5) et représente un
liseré de couleur plus foncée au niveau de l’interface.
Un dépôt de faible épaisseur (plus marqué pour l’expérience MIR2) et de couleur
orangée (Fig. 5 a et b) est également observable à la surface du puits, où le ciment est en
contact direct avec la solution. Il témoigne d’une transformation des phases cimentaires
placées au contact direct de la solution altérante.
Le MEB permet l’observation des variations minéralogiques à un plus fort
grossissement (Fig. 6). En sections polies, les observations confirment la cohésion de
l’interface ciment/calcaire déjà mise en évidence par tomographie X, ainsi que l’étendue
du front d’altération du ciment. Ce front peut se subdiviser en plusieurs zones
correspondant à plusieurs étapes de réactivité chimique décrites dans la littérature (e.g.
Duguid et al., 2006 ; Kutchko et al., 2007 ; Rimmelé et al., 2008 ; Regnault et al., 2009).

a b c

Zone
d’altération
d
c
d

Calcaire
Ciment altéré
1 cm Ciment sain 1 cm

Figure 5 : Macrophotographies des échantillons après découpage en deux parties


selon le diamètre des carottes (a et b) et prélèvements au niveau de l’interface
ciment/roche (c et d). Expériences MIR1 (a et c) et MIR2 (b et d).

6
591
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

a
Z2

Z1

b Z’1 Z’2 Z’3

Calcaire Front d’altération


Ciment
sain
400 µm

Figure 6 : Microphotographies MEB (BSE) des échantillons provenant des expériences


MIR1 (a) et MIR2 (b). montrant l’altération du ciment selon des fronts parallèles à
l’interface.

Il faut distinguer cependant des successions de réactions différentes dans le cas des
expériences MIR1 et MIR2.
Dans l’expérience où le CO2 supercritique est injecté et que la solution aqueuse n’est
pas renouvelée (MIR1), on distingue 2 zones Z1 et Z2. La zone 2 est fortement
carbonatée et est le résultat de la dissolution de la portlandite (CH) et de la lixiviation des
phases silico-calciques C2S, C3S et CSH qui génèrent du calcium en solution qui se
combine ensuite avec les carbonates de la solution pour précipiter des carbonates de
calcium (calcite ou aragonite, vraisemblablement en fonction du taux de magnésium en
solution). Ces minéraux carbonatés sont ensuite soumis à une nouvelle attaque acide liée
à l’arrivée par diffusion du CO2 à l’interface ciment/roche (zone 1). Il est important de
noter que le transport diffusif joue un rôle important dans la transformation du ciment
dans cette expérience.
Concernant l’expérience MIR2, il y a renouvellement de la solution acide, chargée en
CO2. Globalement, les réactions chimiques mises en jeu sont similaires à l’expérience
précédente, à savoir le relargage du calcium par les phases cimentaires et la combinaison
du calcium aux carbonates aqueux pour précipiter de la calcite ou de l’aragonite. Ainsi, on
retrouve une zone de forte carbonatation (Z’2) devancée par une zone de réactivité des
phases cimentaires (Z’3). Cette zone de réactivité présente cependant une porosité
notable liée au renouvellement rapide du fluide agressif. Ainsi, les phases CSH se
retrouvent assez fortement dissoutes, vraisemblablement en raison d’un micro-
environnement alcalin lié à la consommation des H + par les réactions de lixiviation des
phases C2S et C3S. La zone à l’interface ciment calcaire (Z’1) montre une reprise de la
dissolution des carbonates précédemment précipités en raison du renouvellement de la
solution acide dans cette zone.

4. Conclusions

Le modèle expérimental innovant MIRAGES permet d’injecter un flux continu de CO2


sous forme supercritique ou dissoute dans un échantillon représentant une maquette de
puits d’injection à l’échelle 1/20ème. Les expériences réalisées à l’aide de ce dispositif ont
permis de montrer une réactivité accrue responsable de phénomènes de micro-

7
592
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

karstification du calcaire lors de l’injection de CO2 dissous alors que l’injection de CO2
supercritique dans un aquifère carbonaté captif n’entraîne pas de modifications
importantes des propriétés pétrophysiques du réservoir.
En dépit d’une altération prononcée des phases cimentaires et de leur carbonatation, la
cohésion mécanique de l’interface ciment/roche est conservée dans les puits d’injection,
quelle que soit la forme sous laquelle le CO2 est injecté. L’étude de la réactivité des
interfaces mérite d’être affinée par l’utilisation d’outils de modélisation chimie-transport qui
permettent de hiérarchiser les phénomènes cinétiques (vitesses de diffusion vs vitesses
de dissolution/cristallisation). La réalisation d’expériences sur d’autres types d’échantillons
(eg. roche réservoir silicoclastique) permettra d’étendre la compréhension de ces
phénomènes à d’autres types d’aquifères.

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Ces études ont été financées dans le cadre des projets ANR Géocarbone injectivité
(ANR-05-CO2-007-05) et CO2-DISSOLVED (ANR-12-SEED-0009)

8
593
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

STOCKAGES SOUTERRAINS ET REX MINIERS, METHODOLOGIE


POUR L’APPLICATION DES NOTIONS DE TAUX DE DEFRUITEMENT

UNDERGROUND STORAGE AND FEEDBACK FROM MINE INDUSTRY,


METHODOLOGY FOR THE APPLICATION OF THE EXTRACTION RATIO
CONCEPT

Sophie LAURENT1, Thierry YOU2


1
Geostock, CFMR, Rueil-Malmaison, France
2
Geostock, CFMR, Rueil-Malmaison, France

RÉSUMÉ – Depuis 2003, les stockages souterrains français d’hydrocarbure sont soumis
au Code Minier. La législation énonce des règles pouvant être utilisées pour écarter
certains risques du souterrain dans les études de danger. Des cavités conçues plus
récemment peuvent-elles être soumises aux retours d’expérience de l’après mine ?
L’article apporte, en prenant un exemple réel, quelques éléments de réponse.

ABSTRACT – Since 2003, French hydrocarbon underground storages are subjected to


mine industry regulations. The legislation expresses methodological rules which can be
used to exclude some risks related to the underground from the hazard studies. Could or
should caverns designed with the most recent methodologies be subjected to the
feedback from mine industry? Elements of answer are given on a real case.

1. Introduction

Depuis 2003, les stockages souterrains d’hydrocarbure implantés en France sont soumis
au règlement minier. A ce titre, les exploitants doivent justifier de l’exclusion de certains
risques dont font partie les effondrements. De nouveaux textes énoncent les différentes
règles méthodologiques pouvant être utilisées pour écarter les menaces liées au
souterrain dans les études de danger. Ces règles résultent principalement des retours
d’expérience français et internationaux des mines en chambres et piliers.
L’un des principes retenus pour exclure des études de danger le risque d’effondrement
généralisé est que le phénomène pourra être écarté lorsque le taux de défruitement de
l’excavation est inférieur à 50%. Nous commentons ici l’applicabilité des notions de taux
de défruitement aux stockages souterrains de conception récente, le plus souvent
composés de deux ou trois galeries parallèles.
Après une présentation de ces règles et des méthodologies récentes de conception des
stockages souterrains d’hydrocarbure, l’analyse réalisée sur un cas réel de stockage est
décrite : le chargement des piliers du stockage est estimé par un calcul tridimensionnel
aux éléments finis, puis Il est comparé au chargement qui s’appliquerait aux piliers d’une
excavation type « chambres et piliers » équivalente.

1
594
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2. Règles méthodologiques d’exclusion des risques d’effondrement du sol

2.1. Cadre réglementaire

Depuis la loi n°2003-8 du 3 janvier 2003, l’ensemble des stockages souterrains de gaz
naturel, d’hydrocarbures liquides, liquéfiés ou gazeux ou de produits chimiques à
destination industrielle, sont régis par le Code Minier.
Cet article fera principalement référence à :
 la note technique relative à l’établissement de critères d’exclusion du risque
d’effondrement au droit des stockages souterrains durant la phase d’exploitation,
publiée en août 2009 par l’INERIS
 la circulaire du 10 mai 2010 qui définit les règles méthodologiques relatives aux études
de danger, à l’acceptabilité de la démarche de maîtrise des risques et aux PPRT des
stockages souterrains de gaz,
 le guide des règles méthodologiques applicables aux études de dangers des stockages
souterrains publié par l’INERIS en décembre 2013.

2.2. Retour d’expérience minier, base de la recommandation de l’administration à


l’égard des stockages souterrains

La circulaire du 10 mai 2010 traite notamment des risques d’effondrement du sol, localisé
et généralisé. Le tableau 1 présente brièvement les règles d’exclusion applicables.

Tableau 1. Exclusion des risques d’effondrement du sol


Risque d’effondrement localisé
Risque d’effondrement généralisé
(ou fontis)
D/P < 0.5
P/H >15 D: plus petite extension horizontale du stockage
Critère d’exclusion du P: profondeur du toit de la cavité P: profondeur de la cavité minée
risque minée
ou
H: ouverture de cette cavité
Taux de défruitement < 50%

Ces critères d’exclusion sont issus des recommandations formalisées dans la note
INERIS référencée DRS-09-103911-09771A. Ils sont, à la demande du législateur,
volontairement simples, essentiellement géométriques et utilisables rapidement.
L’absence de retour d’expérience suffisant sur la tenue à long terme des stockages
souterrains en cavités minées justifie de s’inspirer de celui acquis mondialement par les
experts dans le domaine minier, sur les excavations en chambres et piliers. En France, on
citera, entre autres :
 les accidents survenus dans les carrières de la région parisienne, étudiés par J-C
Vachat en 1982,
 les effondrements ayant eu lieu sur des exploitations minières françaises répertoriés
par J-P Josien en 1995,
 les nombreux cas d’affaissement, bien documentés, sur le bassin ferrifère lorrain.

2
595
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3. L’applicabilité du règlement minier aux stockages souterrains d’hydrocarbure en


question

L’un des principes retenus par le législateur (cf. 2.1) est que le phénomène
d’effondrement généralisé peut être exclu des études de danger lorsque le taux de
défruitement est inférieur à 50 %. L’applicabilité de ce critère d’exclusion est discutée ici.

3.1 Méthodologies récentes de conception des stockages souterrains


d’hydrocarbure

Chaque cavité de stockage est généralement constituée d’une ou plusieurs galeries


principales, non revêtues, et organisées en faisceaux parallèles. Ces galeries sont reliées
entre elles par des recoupes perpendiculaires de section plus faible permettant d’une part
l’accès aux différents niveaux des galeries principales pendant la construction, et d’autre
part la circulation des fluides stockés (phases eau, liquide et gaz) pendant l’exploitation.
La section des galeries (forme et dimension) est déterminée en fonction des
caractéristiques de la roche et de la profondeur. Elle est typiquement comprise entre
quelques dizaines de m2 dans les terrains de résistance médiocre (craies) et plusieurs
centaines de m2 dans des terrains résistants (calcaires massifs, roches granitiques, etc.).
La longueur de galerie est très variable (de moins de 100 m à 1 km, voire davantage). Le
cas le plus classique correspond à des galeries beaucoup plus longues que les recoupes
largement espacées.
La profondeur d’implantation varie selon le produit à stocker et les conditions
géologiques locales depuis quelques dizaines de mètres de profondeur jusqu’à 200
environ.
L’étanchéité des cavités minées est assurée par le confinement hydrodynamique. En
tout point de la cavité un écoulement permanent d’eau vers le stockage, en provenance
de la roche encaissante, s’oppose à toute migration du produit stocké vers l’extérieur. Si
nécessaire, et en particulier dans le cas de nappes instables, peu réalimentées, ou
d'écoulements naturels très anisotropes liés par exemple à des fissures, une galerie
d'alimentation en eau est creusée au-dessus du toit des galeries de stockage. Un réseau
de forages formant des rideaux plans au-dessus ou autour des cavités de stockage est
réalisé à partir de cette galerie.

Figure 1. Stockages de GEOGAZ- implantation typique du type d’ouvrage

3
596
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.2 L’applicabilité de la notion de taux de défruitement aux stockages souterrains


de conception récente en question

Ce taux est défini par la circulaire (cf. § 2.1) comme étant le ratio entre la surface totale
des projections au sol des cavités et la surface du polygone reliant ces projections au sol
dans lequel ces projections sont inscrites.
Publié en 2013, le guide de l’INERIS détaille : « Pour éviter toute confusion sur le tracé
de ce polygone B, nous invitons à considérer, de manière systématique, celui de plus
grande surface dont aucun sommet ne se situe en dehors des contours projetés des
cavités.» Cette définition demandait encore des clarifications et a occasionné de longs
débats.
GEOSTOCK considère, comme l’INERIS, qu’une approche basée sur les concepts
d’aire tributaire et de taux de défruitement est tout à fait légitime et permet de bénéficier
d’un large retour d’expérience. Toutefois, l’application du concept au cas de stockages
constitués de deux ou trois galeries, sans en adapter la façon de définir le périmètre,
s’avère trop sécuritaire et soulève de nombreuses questions :
 Doit-on considérer que le taux de défruitement d’une galerie unique atteindrait 100 %?
 Comment peuvent jouer l’effet bénéfique et la contribution mécanique des bordures
extérieures du stockage, protégées réglementairement de toutes nouvelles
excavations ?
 Y-a-t-il réellement une notion de pilier représentatif sur un stockage classique en cavité
minée ?
Le guide 2013 de l’INERIS ajoute à ce sujet :
« Il convient de remarquer que cette définition du taux de défruitement peut avoir, du
fait qu’elle ne prend pas en compte la contribution à la stabilité, des terrains extérieurs au
polygone B précédemment défini, un caractère excessivement pénalisant dans certaines
configurations. C’est le cas, par exemple, pour des stockages dont la géométrie est peu
assimilable aux schémas de type « chambres et piliers » (par exemple, ceux où le nombre
de cavités, de galeries ou d’excavations principales tend vers un).
Au regard de ces éléments, dans le cas où l’exploitant jugerait que la définition du taux
de défruitement proposée dans la circulaire est excessivement pénalisante et que de ce
fait, le critère ne peut pas être rempli, il pourra proposer une démonstration étayée du
caractère irréaliste d’un effondrement généralisé compte tenu du contexte géomécanique
du stockage concerné, justifiant que ce risque soit écarté de l’appréciation de la démarche
de réduction du risque à la source, du PPRT et du PPI.»

4 Analyse d’un cas réel : démonstration du caractère irréaliste d’un effondrement


par approche comparative

Le taux de défruitement du stockage considéré est supérieur aux 50% préconisés par la
circulaire. En application du guide de l’INERIS, le caractère irréaliste de son effondrement
généralisé a été démontré en utilisant une simple approche comparative : le chargement
vertical réel des piliers du stockage est estimé par un calcul tridimensionnel aux éléments
finis. Il est comparé au chargement qui s’appliquerait aux piliers d’une excavation type
« chambres et piliers » équivalente (profondeur, taux de défruitement et poids des terrains
sus-jacents sont similaires).

4
597
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4.1 Estimation du taux de défruitement

Le taux de défruitement de l’excavation, 53 %, est obtenu en ramenant l’ensemble des


vides de la cavité sur un même plan et en calculant le rapport de cette surface sur la
surface du polygone reliant ces projections au sol.

Figure 2 : Calcul du taux de défruitement du stockage (surface des projections au sol des
cavités / la surface du polygone rouge)

4.2 Calcul de la contrainte moyenne dans un pilier d’une excavation en chambres et


piliers équivalente

Le concept classique de l’aire tributaire est utilisé pour déterminer la charge d’un pilier :
chaque pilier supporte de façon uniforme le poids des terrains sus-jacents au pilier et à la
moitié du vide situé de chaque côté du pilier.

3 MPa
Contrainte verticale, Sv:
(0.027 MPa/m à 112 m)

Taux de défruitement, e: 0.53

Contrainte moyenne dans le


6.4 MPa
pilier, Sp= Sv/(1-e)

Figure 3 : Calcul de la contrainte moyenne dans un pilier d’une excavation en chambres


et piliers équivalente

La valeur de la contrainte moyenne calculée selon le concept de l’aire tributaire,


atteindrait environ 6.5 MPa dans les piliers d’une excavation en chambres et piliers
supposés équivalents à ceux du stockage étudié (profondeur, taux de défruitement et
poids des terrains sus-jacents sont similaires).

5
598
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4.3 Modèle numérique tridimensionnel du stockage

L’objectif du calcul numérique tridimensionnel est d’évaluer, sur une géométrie réaliste, la
contrainte moyenne dans les piliers du stockage.
Le calcul a été réalisé avec le logiciel aux éléments finis ABAQUS Standard. Le modèle
rhéologique choisi est la loi élastique. Les contraintes initiales dans le modèle sont
supposées isotropes et résultent du poids des terrains (2700 kg/m3) à la profondeur du
stockage (112m).

Figure 4 : Géométrie et maillage du modèle 3D aux éléments finis

Trois piliers ont été identifiés à différentes profondeurs de l’exploitation (figure 5). Afin
d’estimer le chargement moyen de chaque pilier, des profils de valeurs de la contrainte
verticale ont été relevés dans chacun d’eux et moyennés (figure 6).

Figure 5 : Identification des piliers du stockage

6
599
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 6 : Amplitude de la contrainte verticale dans le pilier CD et profils relevés pour


calculer le chargement moyen du pilier

La contrainte verticale moyenne dans le pilier le plus sollicité du stockage est estimée à
5 MPa par le calcul numérique tridimensionnel.

Tableau 2. Contrainte verticale moyenne calculée par ABAQUS dans chaque pilier du
stockage
Dans le pilier CD Dans le pilier AC Dans le pilier AB
à z= -131m à z= -122 m à z= -114 m
Contrainte verticale
5 MPa 4.6 MPa 4.5 MPa
moyenne

4.4 Synthèse des résultats

Il est ainsi démontré par cette étude que la contrainte verticale moyenne estimée par le
modèle tridimensionnel sur une géométrie réaliste du stockage étudié est plus faible (5
MPa) que celle qui s’appliquerait sur un pilier dit équivalent d’une excavation type
chambres et piliers (6,4 MPa). La contrainte moyenne verticale qui charge le pilier le plus
sollicité du stockage (5 MPa) est en fait équivalente à la contrainte moyenne dans le pilier
d’une excavation en chambres et piliers située à la même profondeur, avec un taux de
défruitement de 40 %. Par ce seul critère, le risque d’effondrement généralisé du stockage
pourra être écarté.

Tableau 3. Résultats de l’approche comparative


Excavation minière Excavation minière
Type d’excavation Stockage en chambres et en chambres et
piliers piliers
Profondeur du toit de
112 m 112 m 112 m
l’excavation
53%
« L’ensemble des vides
Taux de défruitement 53 % 40 %
est ramené sur un
même plan »
Concept de l’aire Concept de l’aire
Méthode de calcul de la
Calcul numérique 3D tributaire (base de tributaire (base de
contrainte verticale moyenne
ABAQUS la recommandation la recommandation
sollicitant les piliers
Ineris) Ineris)
Valeur de la contrainte 5 MPa
verticale moyenne dans le (Dans le pilier le plus 6.4 MPa 5 MPa
pilier sollicité)

La figure 7 illustre l’impact bénéfique de l’effet de bord ; le massif reprend une partie de
la charge verticale. L’effet de bord est négligé par la méthode de l’aire tributaire qui

7
600
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

considère un pilier au centre d’une excavation infinie. Dans le cas présenté, un calcul 3D
a été effectué, d’autres approches demeurent possibles pour justifier du caractère trop
pénalisant d’un taux de défruitement calculé sur la stricte limite du périmètre excavé.

Figure 7 : Amplitude de la contrainte verticale au travers du pilier AB


Illustration de l’effet de bord

5. Conclusion

Depuis 2003, les stockages souterrains français d’hydrocarbure sont soumis au Code
Minier. La législation énonce des règles méthodologiques pouvant être utilisées pour
écarter certains risques liés au souterrain dans les études de danger. Le guide publié en
2013 rappelle que ces critères, volontairement simples et essentiellement géométriques,
résultant du retour d’expérience mondial sur des excavations en chambres et piliers,
peuvent s’avérer trop sécuritaires pour des stockages souterrains de conception récente.
Les stockages ont un faible nombre de galeries, des piliers souvent non adjacents et à
des profondeurs différentes. Ils sont conçus pour durer et leur stabilité est continuellement
surveillée. L’étude présentée dans cette publication montre que les piliers d’un stockage
souterrain constitué par un nombre limité de galeries de stockage et de recoupes à
différentes profondeurs sont bien moins sollicités (plus de 20% d’écart) que ceux d’une
cavité en chambres et piliers ‘équivalente’ ; la méthodologie quantifie sur un cas réel le
caractère très pénalisant de la définition utilisée dans la circulaire du 10 mai 2010.

6. Références bibliographiques

Charbonnage de France. (2006). L’après-mine en France. Mines de Paris. Edition BRGM.


Salmon R. (1998). Validation d’une nouvelle méthode de mise en sécurité des anciennes
carrières souterraines abandonnées, DEA Ecole centrale Paris, France.
Vachat J.C. (1982) Les désordres survenant dans les carrières de la région parisienne,
CNAM.
You T. (2013). Manuel de mécanique des roches Tome III, CFMR, Retours d’expériences
génie minier et pétrolier, Presse des mines, Paris, France.
You T. et al. (2015). Design specific of hard-rock caverns for hydrocarbon storage; 50
years of feedback and recent developments. The 13th International ISRM congress
2015. Montréal, Québec, Canada.

8
601
Prospection, exploitation des ressources
naturelles et enjeux économiques

602
RECYCLAGE DES SEDIMENTS MARINS DRAGUES DANS LA
FORMULATION D’UN REMBLAI DE BETON ALLEGE
RECYCLING OF DREDGED MARINE SEDIMENTS FOR THE
FORMULATION OF LIGHTWEIGHT CONCRETE USED AS EMBANKMENT

Agnès ZAMBON1, Nadia SAIYOURI1, Zoubir-Mehdi SBARTAI1, Hervé


DUPLAINE2
1
Institut de Mécanique et d’Ingénierie Département Génie Civil et Environnemental -
UMR CNRS 5295 (I2M GCE)
2
Entreprise Balineau, 3 Avenue Paul Langevin, 33600 Pessac

RESUME – Cette étude présente le développement d’un béton innovant qui réutilise
les sédiments marins en tant que matière première et en remplacement des
granulats traditionnellement utilisés. Il est fabriqué à partir d’une mousse pour lui
conférer une densité faible (1,2). Les formulations retenues sont constituées en
volume de 20% et 25% d’air. La quantité de ciment utilisée est environ de 75 kg/m3
et permet d’obtenir une résistance mécanique à 28 jours de l’ordre de 0,2MPa.

ABSTRACT – This study deals with the development of an innovative concrete


which reuses marine sediments as raw material and as replacement of aggregates
traditionally used. It is made from air-foam to confer it a lower density (1,2). The
interesting formulations are constituted of 20 % and 25 % of air-foam. The quantity
of cement used is around 75 kg/m3. The mechanical strength at 28 days is around
0,2MPa.

1. Introduction

L’activité de dragage consiste à enlever les fonds marins dans les ports dans le but
de sécuriser la navigation et l’aménagement d’un quai en assurant une hauteur d’eau
suffisante pour le passage des bateaux.

La quantité de sédiments dragués en France chaque année s’élève à environ 50


millions de mètres cubes [DUC 11]. Jusqu’à dans les années 80, la solution utilisée
était le relargage en mer. Cependant cette méthode représente une menace pour
l’écosystème littoral. Le devenir des sédiments marins issus du dragage a donc fait
l’objet d’une réglementation qui impose de les mettre en dépôt. La valorisation des
sédiments marins dans la formulation des bétons constitue un véritable enjeu
écologique et économique [GRO 05]. Les sédiments marins sont issus de la
désagrégation des roches. La fraction inférieure à 2µm correspond à la fraction
d’argile. Les particules argileuses sont des phyllosilicates d’aluminium hydratés. Leur
structure cristalline est en feuillet. Ces feuillets sont constitués de couches
d’octaèdres d’alumine Al(OH)6 et de couches de tétraèdres de silice SiO4 reliées par
les atomes O et (OH) mis en commun. L’argile est dite active c’est-à-dire qu’elle a
une capacité de gonflement au contact de l’eau due à l’insertion des molécules d’eau

603
entre les feuillets de silice et d’alumine. Dans les sédiments marins on distingue la
phase minérale et la matière organique. La proportion de matière organique est très
faible par rapport à la phase minérale mais peut jouer un rôle sur les caractéristiques
physiques, mécaniques et environnementales du sédiment. En effet la matière
organique interagit avec les composés minéraux et modifie les caractéristiques
géotechniques du sol comme la compressibilité [ACH 13]. Le béton développé dans
cette étude est fabriqué à partir d’un sol artificiel pour pallier au problème de
variabilité des prélèvements naturels. L’absence de matière organique dans notre sol
artificiel est donc à prendre en compte sur l’applicabilité de nos résultats à un sol
naturel. L’incorporation de la mousse dans le béton permet d’obtenir une densité plus
faible égale à 1,2. Ce béton correspond à un matériau de remblais. Les applications
visées correspondent à des rénovations de quais maritime afin d’utiliser de manière
in situe les sédiments marins dragués.

2. Méthodes et matériaux

2.1 Caractérisation des sédiments marins

Le béton développé dans cette étude a pour but de recycler des sédiments marins
du bassin d’Arcachon (port du Rocher). Ces sédiments marins ont été caractérisés
en mesurant la valeur au bleu de méthylène, la limite de liquidité et la granulométrie
par tamisage de 5 échantillons (E1, E2, E3, E4, E5) d’un même prélèvement. La
valeur au bleu de méthylène et la limite de liquidité permettent d’évaluer l’argilosité
des sédiments.

La valeur au bleu de méthylène est mesurée avec la norme NFP 94-068 et est
exprimée en grammes de colorant par kilogramme de sédiments. Les valeurs
présentées tableau 1 indiquent que le sol est limoneux.

Tableau 1 : Valeur au bleu de méthylène


Echantillon E1 E2 E3 E4 E5
VBS 0,99 1,49 0,99 1,49 3,47
Argilosité Limoneux limoneux limoneux limoneux limoneux-
argileux
L’analyse granulométrique est effectuée par tamisage à l’aide d’une colonne de
sept tamis d’ouverture 5mm, 2mm, 1mm, 0,4mm, 0,2mm, 0,1mm et 0,08mm (à noter
que le tamisage à 0,08mm correspond à l’ancienne norme - la nouvelle norme
s’effectue avec un tamis à 0,063mm pour distinguer le sable du limon). Les courbes
granulométriques présentées sur la figure 1 indiquent une granulométrie assez
proche pour les 5 échantillons.

604
100

Tamisa cumulé(%)
80 E1
60
E2
40
20 E3
0 E4
0,01 0,1 1
E5
Ouverture de Tamis (log(mm))

Figure 1 : Courbes granulométriques des 5 échantillons de sédiments marins

La limite de liquidité a été mesurée sur 4 échantillons d’un même prélèvement. La


valeur moyenne est égale à 98,85%. Cette mesure est stable d‘un échantillon à un
autre puisque l’écart type de ces mesures est de l’ordre de 0,57%.
Les caractéristiques des sédiments marins prélevés varient peu d’un échantillon à
l’autre. Cependant, dans le cadre de notre étude, pour s’assurer de la stabilité des
caractéristiques du sol, un sol artificiel est utilisé. Il est constitué de bentonite
calcique et de sable calibré de diamètre 0,125mm. La bentonite calcique se
caractérise par la présence de cation Ca2+ entre les feuillets de silice et d’alumine
ce qui lui confère une capacité de gonflement importante. Les proportions en
bentonite et en sable sont fixées pour obtenir une limite de liquidité proche de celle
des prélèvements du bassin d’Arcachon (site du Port du Roche). La figure 2 montre
que plus le pourcentage de bentonite est important plus la limite de liquidité
augmente. En effet la bentonite a une capacité de gonflement importante, c’est à dire
que les particules de bentonite absorbent les molécules d’eau. L’apport d’eau sera
d’autant plus important pour obtenir la transition entre l’état plastique à l’état liquide
pour la mesure de la limite de liquidité. La composition du sol artificiel a été fixée à
80% de bentonite et de 20% de sable calibré de diamètre 0,125mm pour obtenir une
limite de liquidité de 90%.

120   116,0458581  
Limite  de  liquidité  

110  
100  
(%)  

90   y  =  1,3167x  -­‐  14,79  


R²  =  0,98425  
80  
70  
60   65   70   75   80   85   90   95   100  
Pourcentage  de  bentonite  calcique  

Figure 2 : Limite de liquidité du sol artificiel en fonction du pourcentage de bentonite

2.2 Méthode de formulation

La méthode de formulation utilise le paramètre w/wL qui correspond au rapport de


la limite de liquidité (wL) et de la teneur en eau du sol (w) qui correspond à la
quantité d’eau à ajouter pour la fabrication du béton [HOR14]. Il existe une valeur
optimale du rapport w/wL. Cette valeur optimale est déterminée à partir de la courbe
de la densité du béton à l’état frais en fonction de ce rapport. Les paramètres fixés

605
pour une formulation sont le pourcentage massique de ciment C, le rapport w/wL, le
pourcentage volumique de mousse M (par rapport à la quantité totale de béton à
fabriquer) et la masse totale de béton à fabriquer. Le calcul des constituants
s’effectue de la manière suivante ;
• Calcul de la masse de ciment à partir du pourcentage massique de ciment fixé
et de la masse de béton à fabriquer.
• Calcul de la masse du mélange « sol + eau » qui correspond à la masse de
béton à fabriquer moins la masse de ciment.
• Calcul de la teneur en eau w du mélange « sol + eau » par rapport à la limite
de liquidité du sol et la valeur du rapport w/wL
• Calcul de la masse d’eau et la masse de sol avec la teneur en eau et la masse
du mélange « sol+eau ».
• Calcul du volume de mousse à incorporer par rapport au volume de béton
sans mousse et le volume de béton final.
La valeur optimale w/wL est propre à la quantité de ciment. Le ciment utilisé
correspond à un ciment de classe I (CEMI 52,5 N PM-CP 2). L’étude vise à
minimiser la quantité de ciment. Le premier pourcentage massique de ciment testé
est fixé à 4%. La vitesse de malaxage utilisée pour la fabrication des éprouvettes
correspond à 30tr/min. Les moules utilisés sont cubiques de dimension
100x100x100mm3 pour les essais mécaniques à la compression selon la norme EN
206. Avant de couler le béton frais, les moules sont huilés afin de faciliter le
démoulage. Aucun procédé de mise en place n’est utilisé. En effet les mesures
d’étalement au cône d’Abrams effectuées pour différentes formulations indiquent des
valeurs qui s’étalent de 30cm à 80cm ce qui correspond à un béton très fluide. Au
niveau des conditions de cure, pour palier le phénomène de fissuration et de retrait,
les éprouvettes sont emballées dans un film plastique avec leurs moules pendant 7
jours. A cette échéance, les éprouvettes sont démoulées et placées dans des bacs à
humidité contrôlée égale à 90%HR et à une température de 20°C. Les pourcentages
de mousse testés pour cette quantité de ciment sont 0%, 25%, 50%, 75%. Pour une
valeur de w/wL, le rapport E/C est identique pour les différents pourcentages de
mousse utilisés (tableau 2). Ce dernier présente les quantités des constituants pour
des rapport w/wL de 1,25 et 1,5

Tableau 2 : Masses (kg/m3) d’eau, de ciment et de sol ainsi que la valeur du rapport
E/C pour les différentes formulations testées.
w/wL 1,25 1,5
M(%) 0 25 50 75 0 25 50 75
E 716,61 537,46 358,31 179,15 769,33 577,00 384,66 192,33
C 56,40 42,30 28,20 14,10 55,80 41,85 27,90 13,95
S 636,99 477,74 318,49 159,25 569,87 341,92 60,81 142,47
E/C 12,71 13,79
w/wL 1,75 2
M(%) 0 25 50 75 0 25 50 75
E 822,06 616,54 411,03 205,51 814,63 610,97 407,31 203,66
C 56,00 42,00 28,00 14,00 52,80 39,60 26,40 13,20
S 521,94 313,17 260,97 130,49 452,57 339,43 181,03 90,51
E/C 14,68 15,43

606
3. Résultats et discussions

Les courbes de la densité à l’état frais en fonction du rapport w/wL pour les
différents pourcentages de mousses et pour C=4% sont présentées sur la figure 3.
Pour des valeurs de w/wL faibles, les valeurs de la densité du béton frais pour
différents pourcentages de mousse sont presque identiques. A partir d’une certaine
valeur de w/wL, la densité à l’état frais chute et les valeurs selon les différents
pourcentages de mousse se différencient. Ces résultats sont en cohérences avec
ceux de Horpibulsuk [HOR 14]. Ces observations s’expliquent par le phénomène
d’affaissement de la mousse. Le ciment met en jeu des mécanismes d’hydratation
qui nécessitent de l’eau. Le ciment consomme l’eau de la mousse provoquant ainsi
son affaissement. La valeur optimale du rapport w/wL correspond à la fin de la chute
de la densité pour minimiser l’affaissement de la mousse et aussi limiter la porosité
créée par l’excès d’eau. Dans notre étude, pour le pourcentage de ciment 4%, la
valeur optimale w/wL correspond à 1,6.

1,6  
Densité  à  l'état  frais  

1,4   M=0%  
1,2  
1   M=20%  
0,8   M=25%  
0,6  
0,4   M=30%  
1   1,2   1,4   1,6   1,8   2   2,2  
M=50%  
Rapport  w/wL  

Figure 3 : Densité à l’état frais en fonction du rapport w/wL pour C=4%

Pour ces formulations, la résistance mécanique n’est pas satisfaisante. La quantité


de ciment est donc augmentée pour les formulations à tester pour la suite. Les
pourcentages de mousse M=50% et M=75% sont abandonnées car les densités sont
largement inférieures à la densité visée dans le cadre de notre étude (1,2). Pour la
suite de cette étude, le pourcentage de ciment C=8% est testé. Le tableau 3
présente les quantités des constituants des formulations testées.

Tableau 3 : Quantités des constituant pour les différentes formulations pour C=8%
w/wL 1,6 1,7
M(%) 20% 25% 30% 20% 25% 30%
3
E(kg/m ) 612,45 574,17 535,89 620,90 582,10 543,29
C(kg/m3) 90,24 84,60 78,96 89,28 83,70 78,12
3
S(kg/m ) 425,31 398,73 372,15 324,65 136,83 355,09
E/C 6,79 6,95
w/wL 1,8 2
M(%) 20% 25% 30% 20% 25% 30%
E(kg/m3) 637,12 597,30 557,48 624,55 585,51 546,48
C(kg/m3) 89,60 84,00 78,40 84,48 79,20 73,92
3
S(kg/m ) 314,63 368,70 344,12 346,97 260,23 242,88

607
E/C 7,11 7,39

La figure 4 représente la densité en fonction du rapport w/wL pour les trois


pourcentages en mousse. Le résultat indique une valeur optimale de w/wL égale à
1,8 pour le pourcentage de ciment correspondant à 8%.

1,3  
Densité  à  l'état  frais  

1,2  

1,1   M=20%  
M=25%  
1  
M=30%  
0,9  
1,5   1,6   1,7   1,8   1,9   2   2,1  
Rapport  w/wL  

Figure 4 : Densité à l’état frais en fonction du rapport w/wL

Pour caractériser la rhéologie du béton frais, l’étalement au cône d’Abrams est


mesuré. La figure 4 montre que lorsque le rapport w/wL augmente, l’étalement
augmente également et la relation est quasiment linéaire. Pour une valeur w/wL
inférieure à 1,8, les valeurs d’étalement pour les différents pourcentages de mousse
sont très proches. Elles se différencient à partir de w/wL=1,8. Cette observation est
en adéquation avec la valeur optimale de w/wL déterminée à 1,8 précédemment et
qui correspond à une minimisation de l’affaissement de la mousse. Le phénomène
d’affaissement de la mousse a donc un impact sur l’étalement du béton frais.

100  
Etalement  (cm)  

80  
60   M=20%  
40  
20   M=25%  
0   M=30%  
1,5   1,6   1,7   1,8   1,9   2   2,1  
Rapport  w/wL  

Figure 5 : Etalement à l’état frais en fonction du rapport w/wL pour C=8%.

Les formulations correspondant à C=8%, avec w/wL égale à 1,8 et 2 et avec un


pourcentage volumique de mousse correspondant à M=20%, M=25% et M=30%,
sont caractérisées mécaniquement à 28 jours. Un essai de compression à la presse
est effectué selon la norme EN 206 sur des éprouvettes cubiques de 100mm de
côté. L’essai est piloté en déplacement avec une vitesse de 0,0015mm/s. Quatre
extensomètres sont fixés sur l’éprouvette pour mesurer les déformations ; deux

608
extensomètres à la vertical, deux à l’horizontal (figure 5 à gauche). Pendant l’essai,
l’écartement des quatre extensomètres et la force sont mesurés toutes les 0,02
secondes. A partir de ces données, la courbe de la contrainte en fonction de la
déformation des capteurs A et B (capteurs qui mesurent la déformation longitudinale)
a été tracée pour chaque essai. Les courbes d’une même formulation ont été
superposées pour évaluer le comportement mécanique global et l’élasticité du béton
de cette formulation. La fiabilité de chaque essai est évaluée en observant la
différence des courbes entre le capteur A et B et l’allure globale des courbes. La
figure 5 à droite présente la superposition des courbes de tous les essais (à gauche)
et la superposition des courbes jugées fiables (à droite) pour chaque formulation.
Globalement, pour toutes les formulations, les courbes présentent un domaine
linéaire assez limité. Le module d’Young a été calculé de sur la droite du domaine
élastique. Les résultats obtenus sont présentés tableau 4.

Figure 5 : A gauche (Photographie du dispositif de l’essai mécanique sur la


presse), à droite : Superposition des courbes contraintes en fonction de la
déformation pour la formulation w/wL=1,8 et M=20%

Tableau 4 : Valeur du module d’Young calculés à partir de la superposition des


courbes jugées fiables pour chaque formulation.
w/wL 1,8 1,8 2 2
M (%) 20 25 20 25
Module d'Young 100 100 80 7
(MPa)

Tableau 5. Résistances mécaniques à la compression (qu)


w/wL M(%) C(kg/m3) qu (MPa) Moyenne qu Variabilité de qu
0,21
0,22
0,18
0,21
1,8 20 0,22 0,21 6%
89,6
0,20
0,19
0,20
0,22

0,10
0,11
1,8 25 84 0,11 0,11 10%
0,13
0,12

609
0,12
0,12
0,11
2 20 84,48 0,12 6%
0,11
0,13
0,12

0,08
0,10
2 25 79,2 0,08 14%
0,08
0,07

Les résistances mécaniques mesurées sont inférieures à 0,22 MPa pour


l’ensemble des formulations. Ces valeurs diminuent significativement en fonction de
l’augmentation de la quantité de mousse et le rapport w/wL.
La résistance mécanique minimum acceptée correspondant à 0,3MPa. Le
pourcentage de ciment égal à 8% est jugé donc insuffisant. De nouvelles
formulations avec une quantité de ciment plus importante et correspondant à C=12%
et C=15% sont étudiées.

4. Conclusion

L’objectif de cette étude est de développer un béton allégé qui réutilise les
sédiments marins issus de l’activité du dragage. La première démarche a consisté à
mettre en place la méthode de formulation qui fixe un pourcentage de ciment, un
pourcentage volumique de mousse, une quantité d’eau. La quantité d’eau est fixée
par le rapport w/wL. w et wL correspondent respectivement à la teneur en eau et à
la limite de liquidité des sédiments marins. L’étude a permis de démontrer que la
valeur optimale du rapport w/wL dépend de la quantité de ciment; pour C=4% et
C=8%, les valeurs optimales du rapport w/wL correspondent respectivement à 1,6 et
1,8. Ces pourcentages de mousse ne permettent pas d’obtenir une résistance
mécanique satisfaisante pour l’application visée. De nouvelles formulations avec une
quantité de ciment plus importante et correspondant à C=12% et C=15% sont
étudiées.

5. Remerciement

Les travaux présentés dans cet article ont pu être réalisés grâce au
financement de l’entreprise Balineau que nous remercions.
6. Références bibliographiques

Duclay E. Sédiments de dragage. Grenelle de la Mer.


Grosdemange D. (2005). Guide pour la gestion des opérations de dragage »,
Fédération Française des Port de Plaisance.
Horpibulsuk S., Wijitchot A., Nerilitknorburee S. (2014). Factors influencing unit
weight and strength of lightweight cemented clay. Quarterly Journal of Engineering
Geology and Hydrogeology, vol.47, p101-109.
Mancera A. (2014). Etude préliminaire pour la formulation de béton allégé à base de
sédiments marins. Université Bordeaux.

610
Reconnaissance et auscultation des
sites et des ouvrages

611
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

ETUDE DES PARAMETRES INFLUANT SUR LES PERTES DE BETON


PROJETE PAR VOIE SECHE

INFLUENT PARAMETERS ON DRY-MIX SHOTCRETE REBOUND

Julie Armengaud1,3, Géraldine Casaux-Ginestet1,2, Sylvain Alliens2, Anne Doche2, Sophie


Durantel2, Pierre Valentin2, Martin Cyr1, Bernard Husson1, Philippe Robit3
1
LMDC, Université de Toulouse, INSAT, UPS, Toulouse, France
2
INSA Toulouse, département Génie Civil, Toulouse, France
3
Entreprise GTS, groupe NGE, Saint-Priest, France

RÉSUMÉ –La projection de béton par voie sèche conduit à des proportions importantes
de pertes par rebond (~30%). Cet article se propose d’étudier différents paramètres ayant
un effet sur ces pertes: teneur en eau et granulométrie du mélange ainsi que l’utilisation
d’additions ; l’influence sur la porosité des bétons réalisés est également examinée. Des
mesures statiques et dynamiques sur le béton projeté frais permettent de corréler les
caractéristiques à l’état frais et le phénomène de rebond indépendamment de la
composition du mélange projeté.

ABSTRACT–Dry-mix shotcrete generates high material losses due to rebound(~30%). The


goal of the study was to analysesthe role of aggregate size distribution, water and
supplementary cementitious materials on these losses and on resulting porosity. Static
and dynamic measures on fresh shotcrete were done to find a correlation with rebound
independent of mix design.

1. Introduction

Le béton projeté par voie sèche est une technique fréquemment utilisée en réalisation de
travaux de génie civil de type stabilisation de parois, en réparation d’ouvrages, ou encore
en bâtiment de par la liberté des formes géométriques possibles.
La principale problématique de cette technique est de conduire à des pertes en matériaux
très élevées (30% en moyenne), liées au rebond du béton projeté sur la surface de
réalisation.
En effet, au coût économique de ces pertes, s’ajoutent la modification de la composition
du béton en place par rapport à la formulation choisie, ainsi que l’impact environnemental
liéà la surconsommation de matériaux (nécessité d’une mise en décharge des pertes,
surémission de CO2 liéà la fabrication du ciment, pollution potentielle des eaux).
Face à ce constat, la perspective d’améliorer les caractéristiques du béton projeté afin de
diminuer la surconsommation de matériaux due au rebond s’avère un enjeu important.
Ainsi, après une rapide revue bibliographique dégageant les principaux éléments
influant sur le rebond du béton projeté par voie sèche, les résultats expérimentaux
obtenus au laboratoire LMDC de Toulouse sont présentés. Plusieurs paramètres de
formulation sontévalués dans l’objectif de dégager leur influence sur le rebond. Ces
paramètres étant dépendant les uns des autres, il est proposé d’étudier le rebond en
fonction des propriétés du béton frais et non de la formulation initiale.Des mesures
statiques et dynamiques sont donc réalisées afin de caractériser le béton frais et de les
relier au rebond.

1
612
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2. Paramètres influant sur le rebond du béton projeté par voie sèche


La proportion importante des pertes en béton projeté par voie sèche (environ 30%)a incité
chercheurs et industriels à s’intéresser à ce procédé. De nombreux travaux ont mis en
évidence les paramètres ayant une influence sur la quantité de pertes par rebond (Jolin,
1999 ; Bolduc, 2009 ; Géromey, 2003 ; Armelin et Banthia, 1998 ; Royer, 2013 ; Armelin,
1997). Ces paramètres sont nombreux et pourraient être divisés en deux catégories liées :
soit au procédé de projection en lui-même, soit à la composition du mélange.

2.1 Paramètres techniques


Le processus de projection comprend aussi bien les réglages machines que l’expérience
du porte-lance. Un opérateur mal formé est la première source de rebond. Il faut en effet
veiller à respecter une distance lance/paroi acceptable ou encore, positionner la lance de
manière à avoir un angle d’incidence perpendiculaire au support (Géromey, 2003). Au
niveau des réglages, des études ont montré qu’il existe un débit d’air optimal permettant
au flux impactant de s’incruster dans le substrat sans engendrer une surproduction de
pertes (Bolduc, 2009 ; Armelin, 1997).
Les notions de vitesse, d’énergie et de contraintes sont mises en évidence, notamment
dans les thèses de (Jolin, 1999 ; Ginouse, 2014) et seront analysées par la suite. A noter
également que l’usure du matériel est à prendre en compte.
Il est évoqué dans les recommandations existantes (ASQUAPRO, 2013) que les
contraintes intrinsèques de chaque chantier : rigidité du support, épaisseur de la couche à
réaliser, mais également la densité du ferraillage peuvent avoir une influence non
négligeable sur la quantité de pertes.

2.2 Paramètres de formulation


Le paramètre de composition du mélange ayant une influence prépondérante sur les
pertes occasionnées lors de la projection de béton est l’eau (Armelin et Banthia, 1998 ;
Pfeuffer et Kusterle, 2001). L’eau est ajoutée à la lance pendant la mise en place et
représente le paramètre le plus simple à ajuster. Cela implique, que la qualité du béton est
directement dépendante du porte-lance. Il est possible de pré-mouiller ou de pré-
humidifier un mélange afin de limiter le rebond (Bolduc, 2009).
Plusieurs travaux (Armelin et Banthia, 1998 ; Bolduc, 2009 ; Jolin et Beaupre, 2004) ont
évoqué le fait que la granulométrie avait un rôle primordial sur les pertes par rebond. La
taille des granulats est donc à prendre en compte (les gros granulats représenteraient un
rebond 4 fois supérieur à celui des granulats fins).
La teneur et le type de liant jouent aussi un rôle dans la limitation des pertes en modifiant
la consistance du mélange. (Armelin, 1997 ; Morgan, 1988 ; Bindiganavile et Banthia
2000 ; Kaci, 2011).

D’après (Géromey, 2003), les pertes participeraient à la compacité du béton et donc à la


qualité du matériau. Ainsi, les pertes seraient indissociables de la mise en œuvre par
projection et de la notion de bonne qualité du béton projeté. Ces deux exigences
primordiales, pertes minimales, mais qualité maximale, font alors l’objet d’un compromis.
Cependant, (Figueiredo, 1999) remarque que la compaction est meilleure lorsque le
volume de pâte incorporée est plus grand. Or un plus grand volume de pâte limite le
rebond (Armelin, 1997).
L’étude réalisée a pour but de mettre en évidenceles paramètres de formulation des
mélanges ayant une influence sur les pertes. Une première analyse de leurs interactions
est proposée.

3.Procédure expérimentale : Formulation et paramètres mesurés


3.1. Formulation

2
613
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Deux types de mélanges avec des granulométries différentes ont été étudiés : les
mélanges notés A avec un rapport G/S de 0,52 et les mélanges notés B avec un rapport
G/S de 0,22. Afin de vérifier l’action du type de liant sur le rebond, de la fumée de silice
(SF), du métakaolin (MK) et du laitier de hauts fourneaux (LL) ont été employés en
remplacement partiel de CEM I. Le tableau 1 récapitule les différentes formulations (les
noms des mélanges indiquent le type d’addition et le pourcentage massique de
remplacement du ciment). Pour évaluer l’impact de l’eau sur le rebond des différents
mélanges, plusieurs consistances ont été réalisées. Les granulats et le sable utilisés sont
d’originealluvionnairesiliceux, roulés et lavés.

Tableau 1 . Composition des mélanges


Nom 
Proportion (%massique REF A + REF A + REF B + REF B + REF B +
REF A REF B
béton sec)↘ 20% MK 10% SF 20% MK 10% SF 50%LL
Constituants ↓
Granulats 4/10 28% 15% 28% 28% 15% 15% 15%
Sable 0/4 54% 68% 54% 54% 68% 68% 68%
CEM I 52,5R 17% 17% 14% 16% 14% 16% 8,5%
Addition
Métakaolin - - 4% - 3% - -
Fumée de silice - - - 2% - 1% -
Laitier de haut fourneau - - - - - - 8,5%
Nombre de projections 10 5 4 5 5 5 5

3.2. Paramètres mesurés


3.2.1. Rebond
Le rebond a été évalué à l’aide d’un dispositif original mis en place au LMDC. Le calcul
des pertes a été calculé suivant la formule (1).

Masse pertes [kg]


Rebond [%]= Masse pertes kg +Masse sur le support [kg]
(1)

3.2.2. Teneur en eau du béton frais


Le béton projeté n’étant pas malaxé avec l’eau de gâchage avant projection, la quantité
d’eau ajoutée ne peut pas être connue en avance. La mesure de la teneur en eau du
béton frais a donc été réalisée sur un échantillon de béton frais prélevésur le support
après chaque projection, afin d’en avoir une évaluation.

3.2.3. Consistance / contrainte de contact statique (P)


La consistance de chaque mélange a été déterminée à l’aide d’un pénétromètre
usuellement utilisé pour la mesure des temps de prise. Quinze mesures ont été réalisées
par panneau projeté. Ici, c’est un outil de comparaison de la résistance à la pénétration
d’une aiguille dans le substrat. La contrainte nécessaire à l’enfoncement [MPa] est
relevée. Cette donnée peut être assimilée à un seuil de cisaillement (Johnson, 1985).

3.2.4. Contrainte de contact dynamique(Pdyn)


La contrainte de contact dynamique est une mesure d’indentation dynamique qui consiste
à mesurer l’empreinte laissée par une bille sur le substrat après projection à une énergie
donnée. Cette mesure pourrait se rapprocher d’une mesure de viscosité (Armelin, 1997).
Pour cette mesure, des billes en verre et un lanceur pneumatique ontété employés afin
d’atteindre des vitesses de l’ordre de 20m/s, c’est-à-dire de l’ordre de grandeur des
vitesses de projection. Le lanceur est placé à une distance fixe de 20cm du support et les

3
614
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

frottements de l’air sont négligés. 6 mesures ont été réalisées par panneau.La contrainte
de contact dynamique a été calculée comme :

Energie de la bille [J]


𝑷dynamique [𝑷𝒂] = (2)
Volume de l' empreinte[𝒎𝟑 ]

3.2.5. Résistance en compression


Les résistances en compression ont été mesurées à 28 j sur cube. La résistance moyenne
obtenue pour chaque mélange est supérieure à 45MPa ce qui correspond aux résistances
attendues en général dans les CCTP pour des applications en paroi clouée.

4. Etude de l’influence de la formulation sur le rebond


4.1. Influence de la granulométrie et des additions sur le rebond
Les projections réalisées ont permis de tester deux proportions différentes de sable et de
gravillon, et ce pour divers mélanges contenant des additions spécifiques. Les pertes par
rebond, exprimées en pourcentage, sont tracées sur la figure 1.

Figure 1. Pertes par rebond pour les différents mélanges

Ces résultats mettent en évidence plusieurs phénomènes.


Le mélange Adonne des pertes par rebond plus homogènes que lemélange B. En effet,
les pertes pour les mélangesA avec et sans additions sont comprises entre 30% et 34%
tandis que les mélangesB donnent un intervalle de pertes plus large, qui s’étend de 22% à
32%.
Le mélange A, qui contient plus de granulats 4/10, s’accompagne de pertes par rebond
plus grandes que pour le mélange B. La moyenne des pertes par rebond pour les deux
mélanges, de granulométries différentes, indique que l’ajout d’une plus grande proportion
de sable permet de réduire les pertes par rebond. Cela est d’autant plus visible en
regardant deux bétons réalisés avec une même addition et des granulométries différentes.
Par exemple, avec le métakaolin, les pertes pour le mélange A atteignent 34% tandis pour
les pertes associées au mélange B sont de 22% : augmenter la proportion de sable a
permis de réduire les pertes de plus du tiers. De ce fait, le rebond d’un béton contenant
une proportion de sable importante paraît davantage sensible à l’utilisation d’additionspour
réduire le rebond. Pour optimiser l’utilisation des additions, il faut donc prendre en
comptele squelette granulaire.

La Figure 2, qui concerne plusieurs mélanges aux additions et granulométries différentes,


met en évidenceun lien entre la porosité et le rebond. On remarque que les mélanges B
présentent une plus grande porosité que les mélanges A. La granulométrie des mélanges
B est moins optimale pour avoir la meilleure compacité théorique, ce qui génère une

4
615
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

augmentation de la porosité du mélange projeté. Pour un mélange de granulométrie


donnée, la porosité est plus faible lorsque le rebond augmente. La compaction induite par
le rebond entraine certainement un meilleur arrangement des grains. Un mélange avec un
plus grand rapport G/Sest mieux optimisé au niveau de la porosité (Mélanges A), mais
induit plus de rebond. D’autre part, le rebond intervient dans la compaction, donc pour un
mélange donné, l’augmentation du rebond entraine une moindre porosité. L’optimisation
d’un mélange est fonction du paramètre à améliorer : la réduction du rebond peut avoir,
par exemple, pour conséquence d’augmenter la porosité du béton, ce qui risque d’en
diminuer la durabilité

.
Figure 2. Rebond en fonction de la porosité et des mélanges. Les mélanges de référence
sans addition sont signalé par les marqueurs plein. Les marqueurs vides correspondent
aux mélanges avec addition

4.2. Influence de la teneur en eau


Un autre facteur clé pour la compréhension du rebond, et qui a été cité précédemment est
la teneur en eau du mélange. En effet, une teneur en eau optimale conditionne la qualité
du béton. Or c’est un paramètre difficile à maîtriser, car ce dernier est principalement géré
par la compétence et l’expérience de l’ouvrier. Il faut savoir apprécier la teneur en eau
optimale en fonction du comportement du mélange de béton lors de la projection.
L’ajustement du débit d’eau se fait en fonction de la consistance du matériau projeté et
non du rapport eau/liant visé.
La consistance du matelas de béton déjà en place influe sur la facilité d’incrustation des
particules dans la couche de béton et donc sur les rebonds. Pour une même formulation,
un mélange trop ferme signifie un manque d’eau tandis qu’un mélange trop plastique
traduit un excès d’eau.

La Figure 3 montre que pour les 2 types de mélanges, l’ajout d’eau permet de réduire le
rebond. Les teneurs en eau mesurées se situent entre 8,3% et 14,8%.(Géromey,
2003)relevait des teneurs en eau entre 7,8 % à 9,8 %. Cependant, les mélanges étant
différents il est donc difficile de conclure quant à la quantité d’eau « normale » à insérer.
L’ordre de grandeur de la teneur en eau reste néanmoins identique, ce qui confirme la
cohérence des résultats obtenus.Le coefficient de corrélation obtenu sur la Figure 3a reste
cependant plutôt faible. Cela peut s’expliquer par l’utilisation de différentes formulations,
qui ne réagissent donc pas de la même manière avec l’eau. Il est intéressant de constater
qu’en fonction de chaque mélange, l’influence de la teneur en eau est plus ou moins
importante sur le rebond.
En effet, en ce qui concerne la courbe et les points pour les mélanges A + addition
(Figure 3b), le mélange de référence est beaucoup plus sensible à la teneur en eau que le

5
616
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

mélange contenant la fumée de silice ou le métakaolin. Pour le mélange A avec


métakaolin, la tendance va à l’inverse des autres mélanges ce qui peut être causé par une
erreur de manipulation. On remarque cependant que l’utilisation de métakaolin dans le
mélange B (Figure 3c) entraine une moindre sensibilité du rebond à la teneur en eau. Ce
résultat montre que le métakaolin peut être une addition pertinente dans le sens où son
utilisation permet une variation de la teneur en eau plus large, tout en restant dans des
valeurs de rebond acceptables, la dépendance au réglage en eau, et donc à l’opérateur,
serait moindre avec cette addition.

(a)

(b) (c)

Figure 3. Rebond en fonction de la teneur en eau pour les mélanges A et B confondus (a),
pour les mélanges A (b), et les mélanges B (c)

Ceci montre l’intérêt de mettre en place des additions dans les mélanges afin de limiter
l’impact de la teneur en eau sur le rebond. En fonction de chaque mélange et de chaque
addition, (qui agissent de manière spécifique sur le mélange), l’ajout d’eau peut alors
influer de manière plus ou moins importante sur le rebond.

5. Recherche du lien entre rebond et propriétés rhéologiques du béton frais


Dans le paragraphe 4, il a été montré que la formulation du mélange avait une influence
sur le rebond. Mais il est difficile de déterminer quelles sont les propriétés exactes
attendues pour avoir une réelle diminution du rebond. En effet, les paramètressont
dépendant les uns des autres. Afin de quantifier le rebond en s’affranchissant des
caractéristiques de formulation du mélange, deux mesures ont été effectuées sur le béton
frais : une mesure avec un pénétromètre statique et une mesure dynamique. Ce choix de
mesure s’appuie sur le fait que le matériau étudié est relativement ferme et ne s’écoule
pas, ce qui limite l’utilisation d’outils rhéologiques classiques.

5.1. Rebond et contraintestatique


La mesure au pénétromètre permet de diagnostiquer quantitativement, en termes de
contraintes,la dureté de la couche de béton frais. Cette mesure est répertoriée sur la
Figure 4a et tracée en fonction du rebond. Il semble que cette mesure soit moins
dépendante des formulations testées que la mesure de teneur en eau, comme en atteste

6
617
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

le coefficient de corrélation deux fois plus élevé que celui obtenu Figure3. Cependant,
cette mesure ne prend pas en compte la composante dynamique de l’impact.

5.2. Rebond et contraintedynamique


Une mesure dynamique (Pdyn) a été réalisée afin de déterminer s’il existait un lien avec le
rebond. La Figure 4b montre qu’une relation logarithmique existe bien entre ces deux
valeurs ce qui semble logique puisque c’est une mesure d’impact. De plus, cela recoupe
les résultats de (Jolin, 1999).

5.3.Rebond en fonction des propriétés statiques et dynamiques


La mesure de la contrainte statique se rapproche d’une mesure de seuil et la mesure
dynamique, d’une viscosité. Dans un modèle rhéologique de type Binghamien par
exemple, la description du matériau se fait en combinant un seuil et une viscosité. Il
semble donc naturel que le rebond dépende de P et P dyn à la fois. En sommant
simplement P et Pdyn on trouve effectivement une plus forte corrélation avec le rebond
(Figure 4c). Des essais complémentaires seront réalisés afin d’approcher une loi de
comportement du rebond en fonction de P et Pdyn.

(a) (b)

(c)
Figure 4. Rebond en fonction de la pénétration statique (a). Rebond en fonction de la
contrainte dynamique (b). Rebond en fonction de la contrainte statique et dynamique (c)

Au vu des résultatsobtenus avec les mesures statiques et dynamiques, il semble que ces
paramètres soient indépendants du mélange. Il serait donc intéressant de déterminer
quelles sont les caractéristiques du mélange initial nécessaires pour diminuer P et P dyn
afin de limiter le rebond. En recherchant directement les leviers d’action sur P et P dyn, il
sera plus aisé de proposer des formulations à faible rebond. La capacité d’une addition à

7
618
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

interagir avec l’eau et la capacité de la pâte à dissiper l’énergie (et donc réduire Pd)
peuvent en particulier constituer des moyens intéressants.

6. Conclusion
De nombreux paramètres sont identifiés comme influençant le rebond du béton projeté
par voie sèche. Trois paramètres de formulation ont été plus particulièrement examinés
dans cette étude : la granulométrie, les additions et la teneur en eau :ils jouent un rôle
primordial dans l’optimisation des mélanges afin de réduire les pertes par rebond.
Cependant, si l’action sur le rebond de chaque paramètre pris indépendamment est
connuede manière empirique, l’influence combinée de ces paramètres semble plus
complexe :c’est en particulier le cas de l’influence d’une addition qui est différente selon le
squelette granulaire dans lequel elle est incluse.. Des mesures statiques et
dynamiquesont été réalisées sur le béton frais afin de caractériser le mélange en fonction
du rebond.Cette corrélation entre les mesures statiques et dynamiques et les pertes par
rebond a pu se faire indépendamment de la formulation initiale. Les essais
complémentaires en cours devraient permettre à terme de comprendre les mécanismes
d’interaction et donc d’optimiser la formulation de béton projeté par voie sèche.

7. Références bibliographiques
ASQUAPRO (2013). Fascicules du Comité Techniques ASQUAPRO [en ligne].
Armelin, H.S.,Banthia, N.(1998). Mechanics of aggregate rebound in shotcrete—(Part I).
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Royer, J.M.(2013).Étude de la mise en place et compaction du béton projeté. Thèse
Université Laval, Canada

8
619
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

INSPECTION D’OUVRAGE D’ART ET DIAGNOSTIC DE PAROIS


ROCHEUSES PAR LASERGRAMMETIE ET PHOTOGRAMMETRIE

BUILT STRUCTURES INSPECTION AND ROCK-WALL DIAGNOSIS BY


LASERGRAMMETRY AND PHOTOGRAMMETRY

Quentin BARBIER1, Fabrice GUYOTON1, Violaine VIGNON1, François ROCHE1


1 - GEOLITHE Ingénieurs Conseils, Crolles, France

RÉSUMÉ – La lasergrammétrie présente des avantages par rapport à la photogrammétrie


dans certaines conditions lors du diagnostic de parois rocheuses ou le suivi d’ouvrages
d’art. L’objectif est de présenter ces conditions en nous appuyant sur différents cas
d’étude : faible luminosité, fort contraste lumineux, présence de végétation ou de
protection surfacique, mesures d’altération ou de suintement d’eau.

ABSTRACT – Lasergrammetry, under several conditions, presents advantages compared


to photogrammetry in the perspective of built structures inspection and rock-wall diagnosis.
We present these conditions, using different cases of study: week luminosity, high
contrasts, presence of vegetation or protective mesh, alteration measures or water
seepage.

1. Introduction

La lasergrammétrie et la photogrammétrie sont des techniques de surveillance de plus en


plus reconnues et utilisées pour la caractérisation et l’inspection d’ouvrages d’art et le suivi
des sites naturels, notamment des escarpements rocheux. La lasergrammétrie utilise un
LIDAR 3D couplé à une image haute définition. Un rayon laser utilise la déviation de la
lumière pour mesurer à chaque point rencontré sa distance et sa réflectivité, et en calcule
les coordonnées (Marshall, 2004 ; Vosselman et Mass, 2010). La multiplication des points
de vue permet d’obtenir un ensemble de points 3D appelé nuage de points. Une
photographie haute définition, calibrée et référencée, est couplée à ces mesures.
La photogrammétrie s’appuie sur la vision d’un objet depuis deux points de vue
différents. Elle exploite les calculs de corrélation entre les images numériques afin de
reconstituer une copie 3D exacte de la réalité, technique qui repose sur la modélisation
rigoureuse de la géométrie des images et de leur acquisition.
Chacune de ces méthodes présente des avantages et inconvénients, tant en termes de
coût d’investissement, de temps d’acquisition, de temps de traitement, qu’en précision des
données obtenues. Différentes études ont déjà été réalisées pour comparer ces deux
techniques. Charbonnier et al., 2013 montrent que les données acquises dans un tunnel
par photogrammétrie sont tout à fait comparables en termes de précision et de fiabilité à
celles obtenues par lasergrammétrie. Aujourd’hui, la photogrammétrie présente des limites
dans certaines conditions, que la lasergrammétrie permet de palier : présence de
végétation ou d’ouvrages de protection de surface (grillage), contre-jour, zones de
luminosité nulle ou de forts contrastes lumineux. Par ailleurs, un des enjeux important de
ces techniques est le géoréférencement (Reshetyuk, 2009), c’est-à-dire l’intégration de
ces nuages de points dans un système de coordonnées mondiales. L’objet de cet article
est de présenter les conditions spécifiques dans lesquelles la lasergrammétrie présente un
atout en comparaison avec la photogrammétrie. Pour cela, nous avons comparé des

1
620
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

données obtenues à partir d’un scanner laser LIDAR et de deux appareils photos, aux
caractéristiques techniques différentes.

2. Comparaison de levés numériques 3D obtenus par lasergrammétrie et


photogrammétrie

2.1. Matériel

2.1.1. Scanner laser terrestre (SLT)


Le scanner laser terrestre est un instrument topographique permettant une acquisition
sans contact à haute vitesse à l'aide d'un faisceau laser et d’un mécanisme de balayage
rapide. Il mesure la distance entre l’émetteur du rayon et l’objet réfléchissant (Fricout,
2009). Au cours de notre étude, nous avons utilisé un scanner à temps de vol permettant
d’acquérir entre 42 000 et 122 000 points par seconde de portée maximale 600m. Les
caractéristiques techniques du scanner sont présentées dans le Tableau 1.

Tableau 1 : Données techniques du scanner LIDAR utilisé pour l’étude

Type d'instrument Scanner laser à temps de vol


Classe 1 (aucun danger dans des conditions
Classe de laser
d'utilisation raisonnables)
Cadence d'acquisition 42 000 à 122 000 points/s
360° dans le plan horizontal
Champ de vision
100° dans le plan vertical
Résolution angulaire 0,0024 °
Précision angulaire 0,0005°
Précision en distance 3 mm à 100 m
Précision sur la précision d'un point 5 mm à 100 m
Portée minimale 1,5 m
Portée maximale 600 m
Divergence du faisceau laser 0,30 mrad
Géoréférencement Direct ou indirect

2.1.2. Appareil photo numérique haute définition (HD)

Tableau 2 : caractéristiques techniques des appareils photos numériques de l’étude


Appareil photo numérique
Smartphone
très haute définition
Format du capteur Plein format 24 x 36 Equivalent 24 x 36
Définition du capteur 42.4 MPixels 8 MPixels
Type de capteur CMOS CMOS
Sensibilité ISO min 100
Sensibilité ISO max 25600
Sensibilité max étendue 102400
Définition capteur largeur en pixels 7952 3264
Définition capteur hauteur en pixels 5304 2448

L’appareil photographique haute définition utilisé est un appareil photographique reflex


numérique professionnel commercialisé en Europe en juillet 2015. Il est doté d’un capteur
CMOS (Complementarity metal-oxide-semiconductor) rétroéclairé plein format (24 x 36)

2
621
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

de 42,4 mégapixels. Ce type de capteur permet d’acquérir des photos à très haute
résolution. Le Tableau 2 présente les principales caractéristiques techniques de cet
appareil photographique.

2.1.3. Smartphone
Le smartphone utilisé a été commercialisé en septembre 2013. Le capteur de l’appareil
photo présente une définition de 8 mégapixels et mesure 6 x 4.8 mm. Il possède un
logiciel de correction des distorsions intégré. Ses caractéristiques techniques sont
présentées dans le Tableau 2.

2.2. Méthodologie :

Nous avons comparé les données numériques 3D obtenues par lasergrammétrie, et par
photogrammétrie avec deux appareils photos : un smartphone standard, et un appareil
photo numérique très haute définition destiné au grand public. Pour réaliser cette
comparaison, nous avons analysé une paroi rocheuse de 20 m de haut sur 20 m de long,
située sur la commune de Crolles (Isère, France) (Figure 1). Cette paroi présente
plusieurs plans structuraux bien identifiables : discontinuité stratigraphique entre les
alternances de bancs marno-calcaires, et plans de fracturation. Ces plans forment des
zones d’ombre (surplomb rocheux), et une faible végétation recouvre une partie de
l’affleurement.
Les données de lasergrammétrie ont subi un traitement permettant d’éliminer
automatiquement une partie de la végétation (traitement par les échos). Généralement, en
photogrammétrie, les nuages de points sont recalés à partir de mesures ponctuelles
réalisées par tachéomètre. Pour ne pas introduire de biais, nous avons recalé les nuages
de points photogrammétriques à partir de mesures ponctuelles issues du scanner laser.
La comparaison des différents nuages de points s’effectue par mesure des distances entre
les points, en utilisant le laser comme référence.

Figure 1. Affleurement rocheux de Crolles (38). Nuage de points colorisé obtenu par
lasergrammétrie.

2.3. Précision

La comparaison des nuages de points obtenus par lasergrammétrie et photogrammétrie


est présentée sur la Figure 2. On observe très peu de différences entre les données
lasergrammétriques et photogrammétriques issues de l’appareil photo très haute
résolution : la majorité des écarts est située en dessous de 1 cm, avec un écart type sigma
de 1.8. Au contraire, les données obtenues avec le smartphone présentent des écarts
beaucoup plus marqués avec la lasergrammétrie : la majorité des écarts est située autour
de 1.8 cm, avec un sigma de 3.5. Cette comparaison des deux types de nuages de points

3
622
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

montre que la résolution de l’appareil photo influe dans la précision du nuage de point.
Plus la résolution de l’appareil photo est grande, meilleure est la précision. Quel que soit la
résolution de l’appareil photo, les écarts principaux sont localisés sur les zones de
végétation et les zones de surplombs entrainant de l’ombre.

a b

Figure 2. Comparaison des nuages de points obtenus par lasergrammétrie et


photogrammétrie avec l’appareil photo numérique très haute définition (a) et le
smartphone (b). Les couleurs correspondent aux distances (en m).

2.4. Zones d’ombre

Les zones d’ombre concentrent les écarts les plus importants entre les différentes
méthodes d’acquisition (Figure 3). Le smartphone présente des écarts supérieurs à 10 cm,
tandis que L’appareil photo haute résolution est plus précis. Toutefois les écarts
dépassent les 5 cm. Ces différences sont dues aux contrastes de luminosité importants
qui ne sont pas bien pris en compte par les appareils photos numériques. Une acquisition
spécifique pour ces zones est nécessaire, en adaptant l’exposition.

a b c
a

Figure 3. Comparaison des données au niveau du surplomb. Photographie du surplomb


(a) Comparaison (en m) entre le nuage de points issu du scanner laser et du nuage de
points généré à partir de l’appareil photo très haute résolution (b), et du smartphone (c).

3. Apports de la lasergrammétrie

3.1. Géoréférencement

Le géoréférencement est essentiel pour pouvoir ensuite replacer les objets étudiés dans
un référentiel universel, et y intégrer d’autres données. La position absolue du LIDAR est

4
623
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

définie par un récepteur GPS (Global Positioning System) intégré de précision infra-
métrique. En pratique, pour améliorer le positionnement du LIDAR sur le terrain, il est
couplé avec un récepteur GPS RTK lui permettant d’atteindre une précision centimétrique
(Jaboyedoff et al., 2012). En cas de mauvaise réception GPS du laser, le
géoréférencement est obtenu par visée avec le LIDAR de points géoréférencés connus
(Wilkinson et al., 2010). Dans ce cas, il est nécessaire d’appliquer une transformation des
coordonnées propres du scanner, vers un système de coordonnées global, en utilisant un
minimum de 4 points géoréférencés. Cette transformation est ensuite appliquée à
l’ensemble du nuage de point.
En photogrammétrie, le géoréférencement des données s’effectue d’après la méthode
dite de triangulation en utilisant une station totale. La position de la station totale est
déterminée à partir de références connues, puis les points caractéristiques (où cibles) sont
levés afin de recaler les données photogrammétriques dans un référentiel absolu. Cette
méthode nécessite donc un appareil spécifique supplémentaire pour pouvoir géolocaliser
l’objet étudié.

3.2. Zones peu exposées à la lumière

En conditions de noir total, le LIDAR présente l’avantage de pouvoir acquérir des données
sans dégradation de leur qualité. Au contraire, en photogrammétrie, il est recommandé
d’utiliser une seule source lumineuse proche de l’objectif afin de minimiser la présence
d’ombres, mais qui ne permet pas un éclairage naturel.

3.3. Végétation et ouvrages de protection surfaciques ou linéaires

Les données obtenues avec le scanner laser peuvent être filtrées automatiquement afin
de séparer une partie de la végétation du reste de l’affleurement, en utilisant des
techniques de traitement du signal avancées, appelées « online waveform processing ».
En jouant sur les échos des signaux émis, il est possible de sélectionner les points
correspondant à la végétation ou à un grillage pendu le long d’une paroi. Cependant,
aucun traitement automatique ne permet de réaliser cette séparation avec les points
obtenus par photogrammétrie. Il est cependant possible de sélectionner manuellement les
points correspondant à la végétation, et de les supprimer. Cette opération, longue et
fastidieuse ne donne aucune information sur les surfaces présentes derrière la végétation,
et qui n’ont pas été correctement « visualisées » par la photogrammétrie.

a b

Figure 4. Données lasergrammétriques: Photographie du site avec présence de végétation


(a) et MNT texturé après filtrage de la végétation (b), Le trait rouge représente le profil
trajectographique réalisé.

5
624
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Dans le cas de la paroi rocheuse de Laifour (09), une végétation assez dense recouvre la
partie inférieure de l’affleurement (Figure 4), et masque la présence d’un merlon, qui
n’avait pas été remarqué lors de l’étude de terrain. Sur ce secteur, la photogrammétrie ne
permet pas de réaliser de MNT de qualité, contrairement à la lasergrammétrie qui a
permis de visualiser et caractériser le merlon existant, et d’obtenir un MNT précis de
l’ensemble du versant, utilisable pour la modélisation trajectographique.
De même, la lasergrammétrie permet de s’affranchir d’objets surfaciques tels que les
grillages plaqués au-dessus de parois rocheuses. La figure 5 montre la discrimination
automatique des échos générés par les grillages pendus, des échos générés par la paroi.
Notons que dans ce cas, il est nécessaire de multiplier les stations et d’augmenter la
résolution angulaire par rapport à un levé classique pour obtenir suffisamment de points
sur la paroi rocheuse et réaliser un maillage précis. Ceci augmente sensiblement la durée
d’acquisition et de traitement des données.

Figure 5. Levé lasergrammétrique avec le nuage de points colorisés obtenu (a) et la


discrimination d’un (b) ou deux (c) nappes de grillage pendu.

3.4. Réflectance

Lors de l’acquisition, le scanner mesure la réflectance qui permet de mettre en évidence


des suintements d’eau et renseigne également sur l’altération des bétons. La réflectance
est le rapport entre l’intensité du signal retour d’un objet et l’intensité du signal retour d’une
cible blanche réfléchissante située à la même distance. Les valeurs négatives indiquent
une réflexion diffuse, tandis que les valeurs positives sont généralement des cibles
réfléchissantes.

3.4.1. Suintement d’eau


La mesure de présence d’eau est essentielle lors du diagnostic de parois rocheuses ou
d’ouvrages d’art car l’eau peut avoir plusieurs effets nocifs sur les roches et les ouvrages :
Une action mécanique, statique ou dynamique ; une action chimique : l’eau peut dissoudre
et oxyder les roches et le béton ; une action minéralogique : les phénomènes
d’hydratation.

a b

Figure 6. Mise en évidence de suintement d’eau sur un ouvrage d’art à Tencin (38)
(a) Nuage de points colorisé ; (b) Nuage de points vu en réflectance

6
625
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Le suintement de l’eau n’est pas toujours rapidement identifiable. La réflectance permet de


mettre en évidence la présence de légères coulées ou de suintements, visible en rouge et
jaune sur la Figure 6 (B). Notons qu’en cas de ruissèlement, le rayon laser n’est pas
réfléchi donc aucune mesure n’est acquise.

3.4.2. Altération superficielle des bétons


Le béton armé est le matériau le plus utilisé pour la construction d’ouvrages d’art de par
son coût financier, mais également du fait de sa résistance mécanique. Chaque ouvrage
doit être régulièrement inspecté afin de définir des travaux d’entretien et de réparation
pour que l’ouvrage puisse durer dans le temps. Pour ce type de prestation, la réflectance
obtenue par LIDAR permet de réaliser un diagnostic complet sur l’état de surface des
bétons, en faisant ressortir les zones plus ou moins altérées selon une échelle de couleur.
Cette analyse peut être réalisée à distance et permet un réel gain de temps, comme dans
le cas de l’étude de l’ouvrage au-dessus d’une voie SNCF présenté en figure 7, où
l’analyse du degré d’altération du béton a pu être réalisée sans fermeture de la voie. Les
zones en rouge sur la figure 7 C correspondent à des épaufrures (cassures d’arrêtes),
c’est-à-dire aux zones ou l’altération du béton est la plus importante. Les zones en vert
clair et bleu turquoise qui correspondent à un réseau de microfissures (faïencage),
attestent de l’altération du béton. A contrario, les zones vertes foncés n’ont pas subi de
dégradations marquantes.

a c

Figure 7. Mise en évidence de l’altération du béton sur un ouvrage d’art à Tencin (38) ;
(a) Photographie HD ; (b) Nuage de points colorisé ; (c) Nuage de points vu en
réflectance.

3.5. Mesures de fractures

Les techniques lasergrammétrique et photogrammétrique permettent de détecter des


déplacements / déformations par la réalisation de mesures successives du même objet.
La Figure 8 montre la mesure de l’ouverture d’une fissure en différents points à partir de
données lasergrammétriques. La précision du déplacement décelable par cette technique
va dépendre de la morphologie de l’objet suivi et de la topographie de la zone
environnante : pour pouvoir visualiser des déplacements infra-centimétriques, il est
nécessaire de réduire la distance entre le laser et l’objet, et de réduire l’angle d’incidence
(<45°). La photogrammétrie par multi-corrélation d’images est plus adaptée sur ce type de
désordres puisque le déplacement infra-millimétriques est perceptible.

7
626
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 8. Mesure par photogrammétrie de l’ouverture d’une fissure (en m) sur un ouvrage
d’art à Tencin (38)

4. Conclusion

Les techniques lasergrammétrique et photogrammétrique permettent d’obtenir des


données de mesures 3D de haute qualité. Ces deux méthodes complémentaires,
permettent de répondre aux caractéristiques spécifiques de chaque site étudié. Si la
photogrammétrie est aujourd’hui plus précise pour les mesures de très haute précision
(infra-millimétriques), la lasergrammétrie est plus polyvalente et devient incontournable en
cas de faible luminosité, ou lorsque la zone d’étude est végétalisée ou recouverte
d’ouvrages de protection (surfaciques ou linéaires). Par ailleurs, la mesure de la
réflectance intégrée au processus, ainsi que la facilité du géoréférencement constituent
aussi des atouts majeurs en faveur de cette technique. Malgré un coût de revient global
(acquisition et traitement) légèrement supérieur, les informations complémentaires ainsi
que la facilité de traitement de la lasergrammétrie, représentent une plus-value en
comparaison à la photogrammétrie.

5. Références bibliographiques

Charbonnier P., Chavant P., Foucher P., Muzet V., Prybyla D., Perrin T., Grussenmeyer
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photogrammetry and laserscanning recording techniques. ISPRS International
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v. 1, n. 2, p. 171-176, 2013.
Fricout B, (2009). Application de deux méthodes de télédétection rapprochée à l’étude des
escarpements rocheux instables : la photogrammétrie et la scannerisation laser.
Thèse de doctorat, Université de Savoie - Spécialité Géologie.
Jaboyedoff, M., Oppikofer, T., Abellán, A., Derron, M.-H., Loye, A., Metzger, R.,
Pedrazzini, A., 2012. Use of lidar in landslide investigations: a review. Nat. Hazards
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Marshall, G. F. Handbook of Optical and Laser Scanning Ch. 2 (Dekker, 2009).
Reshetyuk Y. Self-calibration and direct georeferencing in terrestrial laser scanning.
Doctoral thesis in infrastructure, geodesy. Stockholm: Royal Institute of Technology
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Vosselman, G., Mass, H. G., 2010. Airborne and Terrestrial Laser Scanning. Whittles
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Wilkinson, B. E., Mohamed, A. H., Dewitt, B. A., Seedahmed,G. H., 2010. A novel
approach to terrestrial lidar georeferencing. Photogrammetric Engineering & Remote
Sensing 76 (6), 683–690.

8
627
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

RETOUR D'EXPERIENCE DE 40 ANS D'INSTRUMENTATION


INCLINOMETRIQUE SUR LE RESEAU FERRE NATIONAL

40 YEARS FEEDBACK IN INCLINOMETRIC MEASUREMENTS ON FRENCH


RAILWAY
1 1 1 1
Florence BELUT , Houcine MANDOUR , Jérémie MARIDET , Vincent TALFUMIERE .
1
SNCF RESEAU – Direction I&P – LA PLAINE ST DENIS

RÉSUMÉ – Dans le domaine ferroviaire, les ouvrages en terre meubles sont suivis depuis
une quarantaine d’années par des instrumentations inclinométriques. Initialisées par
l’IFSTTAR, la technique de suivi et l’interprétation des mesures ont été progressivement
améliorées. L’article passe en revue le retour d’expérience que SNCF-RESEAU a pu
cumuler depuis la fin des années 1970.

ABSTRACT – Since forty years, the french railway company used to monitor the
earthworks with the inclinometric measurement technic. This method, developped by
IFSTTAR, had been gradually improved. This paper presents SNCF RESEAU feedback
from the seventies to the present day.

1 Introduction

Le réseau ferré national comporte un linéaire d’ouvrages en terre de l’ordre de 29 000 km.
Une bonne part sont des ouvrages meubles (plus de 80 %). Ils peuvent être le siège
d’instabilités qui touchent les talus de déblai ou de remblai. Les plus graves peuvent avoir
un impact sur la plate-forme et donc sur la sécurité et la régularité des circulations
ferroviaires. Ces instabilités, une fois détectées, peuvent être suivies par topographie, ce
qui permet d’avoir une connaissance des mouvements en surface ; mais la connaissance
des mouvements en profondeur est parfois indispensable pour appréhender la
cinématique et la cinétique des glissements. C’est pourquoi SNCF RESEAU depuis une
quarantaine d’années a mis en place un réseau de suivi basé sur de l’inclinométrie
(Talfumière, 2011 et fig. 1).

Figure 1. Exemple d’instrumentation d’un ouvrage ferroviaire.

1
628
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2 Principe de la mesure

Comme les autres MOE, MOA ou bureaux d’études de sols, SNCF RESEAU suit la
réglementation nationale en matière d’inclinométrie, en appliquant la norme NF P 94-156.

Il s’agit de mesurer l’évolution de la verticalité du tube inclinométrique (fig. 2) par


rapport à une mesure de référence et selon un pas de temps, de préférence régulier. Ce
tube de faible inertie et scellé dans le sol, présente à cet effet des rainures formant deux
plans perpendiculaires permettant le passage de la sonde.
Comme imposée par la norme, la mesure de l’angle du tube avec la verticale est
réalisée à la remontée par pas de 50 cm et deux fois par plan (en tournant la sonde à 180
degrés). L’angle est assimilé à son sinus (faible valeur d’angle) et le déplacement du tube
à chaque profondeur est obtenu en sommant les déplacements de chaque segment de
sonde, projetés sur l’horizontale.
Par rapport à la norme SNCF RESEAU impose :
- une orientation du tube de façon à ce qu’un des plans soit perpendiculaire aux voies
(composante principale des glissements affectant les ouvrages simples),
- quatre séries de mesures par plan (remontée et descente) pour une meilleure précision
lors du dépouillement. Ces quatre séries peuvent être réduites à deux selon les
résultats obtenus (après un an de suivi par exemple).

Figure 2. Schéma de principe de la mesure inclinométrique.

3 Historique

Sur le réseau ferré national, la mise en place de tubes inclinométriques a débuté au


milieu des années 1970. Sous l’impulsion de l’IFSTTAR (ex LCPC) qui avait, à l’époque
une mission d’assistance auprès de SNCF RESEAU, des tubes métalliques de section
carrée, mesurables par un matériel spécifique, ont été mis en places sur les sites dont les
experts du laboratoire avaient la charge d’études.
Quelques dizaines de sites ont ainsi été instrumentés. Ce développement allait de pair
avec la création d’un protocole de mesures et la mise au point des formules de
dépouillement et d’interprétation. Cela a ensuite constitué la base d’un texte normatif à
l’origine de la norme actuelle.
Dès la fin des années 1970, SNCF RESEAU a commencé à faire poser puis à poser
pour son propre compte des tubes inclinométriques en aluminium, mesurables avec un
matériel standard. Ainsi, le parc de tubes mesurés a augmenté rapidement dans les
années 1980 et 1990 pour atteindre plus de 3000 unités, réparties sur toute la France.

2
629
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

La majorité des tubes était mesurée puis dépouillée par les correspondants régionaux
des pôles ingénieries, qui se sont progressivement équipés en sondes, ceci succédant à
une période de centralisation à Paris. Un logiciel interne a également été développé pour
tenir compte des spécificités des mesures et des besoins en matière de courbes
interprétatives.
Actuellement, le parc de tubes inclinométriques mesurés est proche de 1000 unités,
l’immense majorité en aluminium. Les longueurs vont de 5 à 40 m de profondeur ;
certains sont mesurés depuis près de 30 ans.
Les mesures et leur dépouillement sont effectués essentiellement par SNCF RESEAU,
le reste étant sous-traité. Mais l’interprétation reste du domaine du Maître d’Ouvrage ou
de son assistant qui doivent avoir une analyse fine et globale de l’ensemble des
informations sur un site instrumenté pour pouvoir donner un avis sur l’évolution d’un
ouvrage et lancer une alerte en cas d’évolution significative.

4 REX sur l’instrumentation inclinométrique

L'analyse des mesures inclinométriques et de leur dépouillement, réalisée depuis une


quarantaine d’années, est riche d'enseignements sur les différentes sources d'erreurs de
mesures et d'interprétation, ainsi que sur les pathologies détectées (types de
mouvements et évolutions). Elle donne des clefs pour une bonne exploitation de la
mesure inclinométrique.
La qualité des résultats attendus dépend du respect des procédures mises en place et
des précautions prises depuis la pose de l’instrumentation inclinométrique jusqu’à
l’interprétation des mesures.

4.1 Erreurs et incertitudes de mesures : origines et parades

4.1.1 Contrôle du matériel de mesures

La sensibilité de l’appareil (boîtier, sonde inclinométrique mais aussi câble de raccord)


nécessite des vérifications annuelles comme stipulé dans la norme NF P 94-156
(étalonnage auprès du fabricant, contrôle avant déplacement par exemple sur un tube
témoin) et un entretien régulier.
Certaines mesures se sont ainsi révélées faussées du fait d’un changement de câble
(fig. 3a), d’une sonde mal étalonnée. Cette origine d’erreur est détectable par sa répétition
d’un tube à l’autre et à différentes dates de mesures ; elle est indépendante de l’opérateur
(même décalage des courbes dépouillées, notamment des courbes d’erreur de mesure).

4.1.2 Tubes et pose

L’équipement utilisé est important pour une bonne qualité de mesure. Plusieurs types de
tubes existent sur le marché : en Aluminium, en ABS ou en PVC. Les tubes Aluminium,
dont l’efficacité a été démontrée au fil du temps, sont les plus utilisés et recommandés
lors de l’instrumentation des ouvrages en terre. A l’inverse, les tubes en PVC sont
proscrits car peu pérennes et trop fragiles. Ceux en ABS sont tolérés pour des mesures
limitées dans le temps (déformation plus rapide).
Les prescriptions de forage et de pose du tube sont essentielles pour une bonne
qualité de mesure. Sur le terrain, cela nécessite une réception du chantier exigeante :
pose verticale avec tolérance de 6°, scellement correct du tube pour un déplacement
associé représentatif de celui du sol, pose correcte du tube sans espace entre les
éléments (cas contraire illustré par la courbe de la fig.3b).

3
630
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Profondeur (m)

Profondeur (m)
Variation angulaire (10-4 rad) Erreur de mesure Variation angulaire (10-4 rad)
(3a) (3b)

Figure 3. Exemples d’erreurs de mesures liées a) au matériel, b) à un défaut de pose.

La tête et le pied du tube doivent être aménagés pour assurer une bonne protection et
maintenir sa pérennité. Le tube doit en théorie rester étanche, mais c’est rarement le cas
en pratique. Cela ne pose pas vraiment de problème tant qu’aucun élément solide ne
rentre à l’intérieur du tube.
Les non conformités lors de la pose des tubes inclinométriques provoquent des
déformations parasites des tubes et des difficultés lors du dépouillement des mesures,
lorsqu’elles n’entrainent pas le blocage de la sonde :
- absence de bouchon de pied ou de tête, ou bouchon mal vissé : risque de coincer la
sonde ou de réaliser une mesure supplémentaire en fond de tube et de décaler les
mesures,
- absence de rivets, déboitement des manchons : artéfacts lors du dépouillement,
- défauts de scellement et infiltrations des coulis dans les tubes : déformations des tubes
différentes de celles du sol.
Le contrôle par la fausse torpille et la mesure initiale sont indispensables pour vérifier
la longueur du tube, d’éventuels défauts géométriques ou de nettoyage.

4.1.3 Réalisation de la mesure inclinométrique

Pour obtenir une mesure exploitable, les procédures doivent être respectées, ce qui
nécessite de former les agents chargés des mesures sur le terrain ou de veiller au respect
de ces procédures par le sous-traitant.
Il est notamment important d’attendre la stabilisation de la sonde en température (sous
peine d'avoir des incertitudes de mesures trop élevées voire des courbes inexploitables).
Faire 4 mesures au lieu de deux par plan permet de pallier une part de cette erreur (la
deuxième série de montée-descente sera au moins en température) ; en contrepartie, la
série de mesures dans le plan parallèle à la voie est souvent inutile et n’est réalisée qu’en
cas d’indice de glissement biais par rapport à la plateforme (versant, quart de cône).
Ces erreurs de mesures sont très préjudiciables dans le sens où elles rendent le
résultat inexploitable et ne permettent pas d'apprécier l'évolution du site instrumenté.

Outre, l’application des procédures, l’opérateur est formé pour être attentif à tout
changement (tête de protection, tête de tube) pour assurer une mesure précise d’une
campagne à l’autre (même position du câble et même orientation de la sonde) et éviter
des erreurs suivantes :
- mesure dans le sens inverse,
- mesure supplémentaire en plus au fond du tube et décalage lors du dépouillement,
- mesure importée sur le mauvais tube.

4
631
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Ces erreurs peuvent être facilement corrigées lors de l’interprétation

4.2 Interprétation des courbes

L’interprétation des mesures est régie par des paramètres (profondeur d’ancrage du tube,
niveau de rupture, calcul de l’activité) permettant d’obtenir, à partir des mesures d’angles,
les niveaux de ruptures, les déplacements du tube (déformée) et l’activité du site. Ces
paramètres doivent être choisis avec attention par l’opérateur.
Au moment du dépouillement, il est important de constater la validité de la mesure, en
calculant des moyennes et des écarts types qui permettent de juger de la dérive de la
sonde, et d’erreurs de mesures ponctuelles.
L’analyse poussée des différents résultats et notamment des mesures d’angle est
propre à SNCF RESEAU et n’est pas présente dans la majorité des dépouillements faits à
l’extérieur de l’entreprise. Elle permet une finesse d’interprétation qui assure la détection
de mouvements significatifs dès leur initialisation et même de détecter un mouvement dès
la première mesure.
C’est grâce au développement d’un logiciel interne amélioré au fil des années que
cette méthode a pu être utilisée et enseignée à l’ensemble des agents assurant des suivis
inclinométriques au sein de SNCF RESEAU.

4.2.1 Types de mouvements et évolution dans le temps

Les courbes de variation angulaire et de déformée, issues des mesures sont souvent
typiques d'une surface de rupture (fig. 4) : pic angulaire et déformation en forme de
baïonnette.
Profondeur (m)

Profondeur (m)

-4
Variation angulaire (10 rad) Erreur de mesure Déplacement (mm)
(4a) (4b)

Figure 4. Courbes typiques d’une surface de rupture : a) variation angulaire et b)


déplacement.

Mais leur aspect peut également traduire d’autres types de mouvements : surfaces de
rupture emboîtées (fig. 5a), phénomènes de tassement (flambement du tube), fluage des
terrains superficiels (déversement en tête), combinaison des différents types de
mouvements (tassement et rupture, fig. 5b), surface de rupture non ponctuelle (influence
sur plusieurs mètres de sol). D'autres ne trouvent pas d'explication directe et, s'il s'avère
qu'elles ne sont pas erronées, l'analyse du site instable dans son ensemble peut
permettre de les expliciter.

5
632
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Profondeur (m)
Profondeur (m)

-4 -4
Variation angulaire (10 rad) Variation angulaire (10 rad)

(5a) (5b)

Figure 5. Courbes de variations angulaires avec a) ruptures emboitées et b) rupture et


fluage.

Le suivi inclinométrique permet également de quantifier les mouvements au travers de


l'évolution dans le temps des variations angulaires au niveau de la surface de rupture
(fig. 6) et des déplacements, par le calcul induit de la déformée du tube (activité en mm
par mois ou par an). Le retour d'expérience des sites instables montre qu'à partir de
1mm/mois l'activité est significative pour le réseau ferré et qu'il faut envisager un
renforcement du suivi voire un confortement à plus ou moins court terme.
Variation angulaire (10-4 rad)

Déplacement (mm)

Date de mesure Date de mesure

Figure 6. Courbes d’évolution dans le temps avant et après confortement (2004).

4.2.2 Difficultés et erreurs d’interprétation rencontrées

L'erreur de mesure n'est parfois pas prise en compte dans l'interprétation et certains
peuvent évoquer des déplacements négatifs (qui correspondraient à une remontée du sol
ce qui est impossible). Ces activités négatives sont généralement en rapport avec des
incertitudes de mesures plus importantes que d'habitude, voire dans certains cas le reflet
d'un scellement tube/sol défaillant (élasticité du tube).

Une mesure est considérée comme fausse lorsque la différence entre les 2 mesures
réalisées à une même profondeur est supérieure à 10x10 -4 radians (répétabilité des
-4
mesures). Il est en de même lorsque l’erreur de mesure est supérieure à 25x10 radians.
En dehors des erreurs de mesures, certaines courbes se révèlent difficiles à interpréter
voire inexploitables et ont pu être analysées sans recul. Ainsi, une grande différence entre

6
633
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

deux mesures successives (dont une fausse) peut être interprétée comme une
accélération des mouvements et donc comme l’indice d’une rupture imminente.

Lorsqu’un tube est endommagé/cassé, et que les mesures ne peuvent plus être
réalisées, plusieurs cas peuvent se présenter. Le non remplacement doit être justifié :
- soit le tube évoluait de manière importante et il sera remplacé,
- soit le tube ne montrait pas d’évolution significative et son remplacement sera analysé
en fonction des paramètres du site.

En cas de remplacement de tube, la reprise des anciennes mesures ne peut pas être
effectuée. L’interprétation du nouveau tube sera faite en corrélation avec les mesures de
l’ancien tube.

4.2.3 Clés d’une bonne interprétation

Outre le respect des spécifications stipulées dans la norme NF P 94-156 et dans le


référentiel SNCF RESEAU, une meilleure interprétation des mesures inclinométriques ne
peut se faire sans :
- connaître les objectifs visés par le suivi mesure et le contexte de la mesure
(connaissance du site, comparaison avec les mesures précédentes…),
- avoir suffisamment d’expérience pour déceler facilement d’éventuels défauts de
pose/mesure et bien interpréter les résultats (variation angulaire, évolution en fonction
du temps, types de mouvements).

Enfin, les mesures issues d’un tube inclinométrique ne doivent pas être analysées
seules ; elles doivent toujours être remises dans le contexte de l’environnement du tube.

4.2.4 Croisement avec les autres données

Généralement un site est équipé de plusieurs tubes inclinométriques. L’objectif est de


disposer d’un ou plusieurs profils en travers instrumentés avec au moins deux tubes
inclinométriques
120
par profil, généralement en crête et dans le tiers inférieur du talus.
Des tubes supplémentaires sont ajoutés dans certains cas, pour identifier correctement
la
110
surface de rupture (remblai sur versant (fig.7), grand déblai (Deherripont et al., 2011)).

100

90

80

70

60
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140 150 160 170 180

Figure 7. Exemple d’instrumentation de remblai sur versant : croisement des données


inclinométriques et géologiques.

Les mesures inclinométriques sont systématiquement replacées sur un profil en travers


topographique et croisées avec les observations réalisées sur sites (déformation de talus,
bombements, …) et les données issues des sondages et essais géotechniques, afin de

7
634
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

bien préciser la géométrie de la surface de rupture éventuelle et d'interpréter dans le


contexte du site les mouvements observés sur un tube. Cela est particulièrement
important lorsque les courbes inclinométriques ne sont pas caractéristiques.
La surface de rupture identifiée se développe généralement dans l'horizon de
caractéristiques géotechniques les plus faibles. A noter que les profondeurs de rupture
sont précises à plus ou moins 25 cm (sonde de 50 cm), sous réserve de bien prendre en
compte la hauteur hors sol du tube.
Ces profils de synthèse servent de base pour dimensionner le confortement.

Les activités inclinométriques sont comparées aux différents suivis existant sur
l’ouvrage notamment les suivis topographiques en piste et/ou en voie (repère ou
installations ferroviaires en place), de façon à évaluer le caractère évolutif du site et les
suites à donner. Les évolutions de la géométrie de la voie sont également analysées
(défauts de voie, bourrages mécaniques, reprises manuelles, …).
Les mesures prises ensuite (travaux de confortement, urgence, suivi, …) sont
adaptées en fonction de l’activité du site et de la zone concernée (voie impactée ou non).

5 Conclusions

La réalisation des mesures inclinométriques participe à 2 missions distinctes :


- en AMOA : elles permettent de connaître l’état des ouvrages (et de leur activité) et
d’anticiper la réalisation de travaux de confortement,
- en MOE : elles sont une donnée d’entrée pour la réalisation d’étude de confortement.
Elles permettent de connaître précisément les profondeurs de ruptures sur les tubes
et d’aider au dimensionnement du confortement.

Comme tout suivi, les mesures inclinométriques doivent donc être réalisées dans les
règles de l’art par des personnes formées car elles participent indirectement à la sécurité
des circulations ferroviaires. Elles doivent être interprétées rapidement après réalisation et
croisées avec les autres indices d'évolution du site afin d'évaluer correctement son
activité.
Cette interprétation nécessite également une compétence géotechnique et un recul par
rapport aux données fournies, compte tenu des différentes sources d'incertitudes que la
mesure comporte.
En effet, une mauvaise interprétation peut aboutir à une mauvaise estimation de
l'évolution du site ou à la réalisation d’un confortement inadapté (notamment si celui-ci est
sous-dimensionné), qui pourrait avoir un impact sur la sécurité des circulations
(considérant les faibles déplacements d’ordre millimétrique tolérés par le transport guidé).
Le retour d'expérience ici capitalisé met en évidence les points principaux à respecter
et les bonnes pratiques à utiliser pour une mesure inclinométrique efficace et pertinente
pour la gestion du patrimoine ouvrages en terre d'une infrastructure.

6 Références bibliographiques

- NF P94-156 (1995): Sols. Reconnaissance et essais - Mesures à l'inclinomètre – P 23.


- DEHERRIPONT J.L., BLONDEAU F., LUCAS F. (2011). Etude d’un glissement hors
norme en déblai ferroviaire. Symposium International GEORAIL 2011. IFSTTAR
Ponts Formation Edition. P 798, pp. 539-546.
- TALFUMIERE V. (2011). Maintenance des ouvrages en terre sur le Réseau ferré
national. Revue Française de Géotechnique. P 115, pp. 7-14.

8
635
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016
Essais Cross Hole : Nouveaux développement pour la réalisation et l’interprétation

ESSAIS CROSS HOLE : NOUVEAUX DÉVELOPPEMENTS POUR LA


RÉALISATION ET L’INTERPRÉTATION
CROSS HOLE SEISMIC TESTING: NEW DEVELOPMENTS FOR MEASUREMENT AND
INTERPRETATION

Christophe BODARD1, Jean Luc MATTIUZZO2


1
INNOGEO®, Chambéry, France
2
INNOGEO®, Chambéry, France

RÉSUMÉ – Les expérimentations récentes associées aux retours d'expérience


d’INNOGEO® ont permis de nouveaux progrès de la méthodologie d'acquisition et
d’interprétation des essais Cross Hole, en particulier pour les terrains moins propices à la
transmission des ondes P ou S. Ces améliorations intègrent la mise en œuvre de
différentes méthodes géophysiques complémentaires et de nouveaux matériels.

ABSTRACT– Recent experiments in accordance to INNOGEO® experience feedback led


to further progress of the measurement and interpretation methodology of Cross Hole
seismic testing, particularly in case of poor soil conditions for the transmission of P or S
waves. These improvements include the implementation of different complementary
geophysical methods and new equipment.

1. Introduction

L'essai sismique Cross Hole est utilisé par INNOGEO® pour la détermination des
paramètres dynamiques du sol dans le cadre de projets nécessitant des calculs
d’interaction sol-structure, et plus particulièrement encore en cas de risque de liquéfaction
des sols au droit d'un ouvrage.
Les expérimentations récentes associées aux retours d'expérience d’INNOGEO ® ont
permis de nouveaux progrès de la méthodologie d'acquisition et d’interprétation, en
particulier pour les terrains moins propices à la transmission des ondes P ou S.
Ces développements ont débouché sur une nouvelle procédure de mesure INNOGEO®,
combinant la méthode Cross Hole à différentes méthodes géophysiques d’acquisition
sismique telles que l’essai Down Hole, la Tomographie Sismique, la MASW, ainsi qu’à la
mise en œuvre de différentes sources sismiques. La méthodologie d’acquisition est ainsi
établie en amont de l’étude sur la base des données géologiques du site et peut être
ensuite directement adaptée sur le terrain pendant les essais.
L’interprétation conjointe des différentes données d’entrée (géologie, coupes de
sondage, essais de laboratoire, acquisitions géophysiques,…) permet de contraindre le
log des vitesses des ondes de cisaillement et de compression et ainsi de fiabiliser les
résultats des essais sismiques.

2. Principe de la méthode

L'essai Cross-Hole consiste à mesurer les temps de propagation des ondes sismiques de
compression (ondes P) et de cisaillement (ondes S) entre plusieurs forages afin de
déterminer, en fonction de la profondeur, leurs vitesses sismiques et les paramètres

636
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016
Essais Cross Hole : Nouveaux développement pour la réalisation et l’interprétation

dynamiques que sont le module d'Young, Ed, le module de cisaillement Gd et le coefficient


de Poisson.Il permet également de déterminer la vitesse harmonique VS,30 qui sur la
base de l’EUROCODE 8 définie la classe de sol.
Les essais sont en général réalisés avec un pas variable suivant les objectifs de l'étude
mais typiquement de 1, 2 ou 3 m. On réalise la mesure entre une sonde sismique
émettrice placée dans un forage « émetteur » et une ou plusieurs sondes réceptrices
placées à la même profondeur dans les forages « récepteurs ».
L'essai se fait idéalement avec trois forages en ligne afin de mesurer les vitesses des
ondes de compression et de cisaillement par différence entre les deux forages récepteurs,
en s'affranchissant ainsi du déclenchement de la source qui peut générer des erreurs de
mesure des temps, ce dispositif est celui recommandé par INNOGEO®. De plus, si une
anisotropie est suspectée sur le site, il peut être envisagé de compléter le dispositif de
trois forages avec deux forages disposés perpendiculairement et en ligne avec le forage
émetteur (forme de « L »).

Figure 1. Schéma de principe de l'essai Cross Hole

637
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016
Essais Cross Hole : Nouveaux développement pour la réalisation et l’interprétation

La source sismique, disposée dans le forage « émetteur » peut être de deux types :
 Source mécanique de type Ballard : elle comporte une masse sismique mobile et un
dispositif de plaquage pneumatique. En frappant alternativement vers le haut et vers le
bas, la source produit alternativement une onde S polarisée verticalement (Sv), vers le
haut, puis vers le bas en même temps que l'onde P, qui n’est pas, quant à elle,
polarisée. L'onde S est ainsi mieux identifiée dans le train d'ondes ;
 Source piézo électrique de type étinceleur généralement appelé Sparker : un
générateur délivre une impulsion électrique qui via un étinceleur produit une onde
mécanique dans le sol. Selon l’embout utilisé, il est généré une onde de compression
P ou bien une onde de cisaillement S, polarisée horizontalement (Sh). Pour les ondes
de cisaillement, la source comporte un dispositif de plaquage pneumatique.

Les sondes sont munies d'un capteur de déclenchement qui est relié à l'enregistreur et
permet la synchronisation précise du choc et du déclenchement de l'enregistrement.
Les ondes sismiques sont mesurées dans les forages « récepteurs » à l'aide de sondes
sismiques réceptrices également plaquées à la paroi du forage par un système d'ancrage
mécanique ou pneumatique. Les sondes comportent un ensemble de trois capteurs
orientés à 90° les uns des autres (un vertical et deux horizontaux disposés à 90° l'un de
l'autre). Cette disposition de capteurs permet, lors de l'essai Cross-Hole, une bonne
identification des trains d'ondes S (Sv ou Sh)
Les mesures sont effectuées à différents niveaux de profondeur afin d'obtenir une
coupe des vitesses des ondes P et S en fonction de la profondeur. Les paramètres
dynamiques et la vitesse harmonique VS,30, définie par l’Eurocode 8 comme la moyenne
harmoniques des vitesses des ondes de cisaillement sur les 30 premiers mètres de
terrain, sont ensuite calculés en utilisant les formules suivantes :

𝑉𝑝 2 −2×𝑉𝑠 2
𝐶𝑜𝑒𝑓𝑓𝑖𝑐𝑖𝑒𝑛𝑡𝑑𝑒𝑃𝑜𝑖𝑠𝑠𝑜𝑛 ∶ 𝜈 = 2× 𝑉𝑝 2 −𝑉𝑠 2 (1)
2
𝑀𝑜𝑑𝑢𝑙𝑒𝑑𝑒𝑌𝑜𝑢𝑛𝑔 ∶ 𝐸𝑑 = 2 × 𝜌 × 𝑉𝑠 × 1 + 𝜈 (2)
𝑀𝑜𝑑𝑢𝑙𝑒𝑑𝑒𝑐𝑖𝑠𝑎𝑖𝑙𝑙𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 ∶ 𝐺𝑑 = 𝜌 × 𝑉𝑠 2 (3)
30
𝑉𝑆,30 = 𝑕𝑖 (4)
𝑖=1,𝑁 𝑉
𝑖

Vp et Vs sont respectivement les vitesses des ondes de compression et de cisaillement et


sont exprimées en mètre par seconde (m/s). Le calcul de Ed et de Gd nécessite de
connaître ou de faire une hypothèse sur la masse volumique des terrains traversés.
Hormis dans le cas où le forage est effectué en terrain rocheux et ne présente aucun
risque d'éboulement ou de coincement de la sonde, la réalisation des essais Cross-Hole
nécessite la mise en place d'un tubage PVC de protection afin d'éviter tout éboulement sur
la sonde et son coincement. Le tubage, de diamètre intérieur 80 mm, et d'épaisseur 4 à 5
mm, doit être scellé à la paroi du forage au coulis de ciment sur toute la hauteur. Il doit
être bouché en pied et parfaitement étanche, les tubes devant être à raccords vissés et
collés. De la qualité du scellement dépend en partie la qualité des résultats des essais.
Les essais doivent être réalisés au plus tôt une semaine après la réalisation des
scellements afin que le coulis atteigne une résistance mécanique suffisante. Des mesures
de déviation des forages sont réalisées en même temps que les essais Cross-Hole pour
connaître précisément la distance entre la source et les capteurs à chaque niveau d’essai.
Les premiers mètres de terrain, généralement déconsolidés, ne permettent pas toujours
d'obtenir des signaux de qualité. Il en est de même dans certains terrains hors nappe,
comme les alluvions par exemple. Dans ce cas, la détermination des vitesses et des
modules dynamiques peut s'avérer imprécise, voireimpossible.

638
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016
Essais Cross Hole : Nouveaux développement pour la réalisation et l’interprétation

La réalisation des essais Cross Hole par INNOGEO®se conforme à la fiche AGAP
Qualité 92.1 SIS 25 (SISMIQUE « CROSS HOLE ») ainsi qu’à la norme américaine ASTM
D 4428/D 5528 M (Standard Test Méthods for CrossholeSeismicTesting).

3. Développement et amélioration de la méthodologie d’acquisition

La méthode Cross Hole, dans la pratique, peut être limitée par un certain nombre de
facteurs soit liés à la géologie (réfraction des ondes, pendage des couches, aliasing
spatial lorsque les couches de terrains sont de faibles épaisseur) soit liés aux forages
(problèmes de couplage mécanique tubage / terrain).En cas d’anisotropie marquée des
terrains, il peut être nécessaire d’ajouter un ou deux forages formant une branche
perpendiculaire (en L) par rapport aux deux ou trois forages du dispositif classique.
Afin de répondre au mieux aux objectifs des mesures Cross Hole, INNOGEO® a fait
évoluer sa méthodologie de réalisation des essais ces dernières années à la fois en
s’appuyant sur l’amélioration du matériel de mesure, et notamment des sources
sismiques, mais aussi en couplant différents types de méthodes géophysiques
complémentaires (Down Hole, Up Hole, Masw). Ces développements visent à assurer des
résultats de qualité et à compenser, dans une certaine mesure, les limitations indiquées
précédemment.
Il est également à noter qu’il est possible, voire très souhaitable, de contrôler le
scellement des forages par diagraphie afin de valider le couplage mécanique tubage
terrain et d’éliminer ainsi l’incertitude sur la qualité des scellements. En effet en cas de
résultats bruités, il est toujours difficile de faire la part des choses entre des scellements
médiocres et des hétérogénéités réelles des terrains.

3.1. Les sources sismiques

Le choix de nouvelles sources sismiques a été motivé par la difficulté d’obtenir des ondes
de compression et des ondes de cisaillement dans certains terrains avec une source de
type marteau-enclume classiquement mise en œuvre (voir Figure 1). En effet, ce type de
source génèreprincipalement, de par sa conception, des ondes de cisaillement (Sv),
l’obtention d’ondes de compression étant liée, quant à elle, à la qualité des terrains.

Figure 1.Source sismique Ballard.

639
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016
Essais Cross Hole : Nouveaux développement pour la réalisation et l’interprétation

Arrivée de l’onde de cisaillement

Figure 2. Exemple de signal obtenu avec une source Ballard.

Sur cette base, l’utilisation de sources de type marteau-enclume est désormais


uniquement dédiée à l’obtention des ondes de cisaillement, et une seconde source est
utilisée pour l’émission des ondes de compression. Ces sources, de type « sparker », sont
mises en œuvre dans des forages en eau et permettent l’émission d’ondes de
compression hautes fréquences (voir Figure 3).

Figure 3.Sources sismiques Sparker(P à gauche, S à droite)

Arrivée de l’onde de compression

Figure 4.Exemple de signal obtenu avec une source sismique Sparker P

Dans certains cas, une source de type « Sparker » équipée pour émettre des ondes de
cisaillement peut être mise en œuvre. L’expérience d’INNOGEO®montre que ces sources
sont surtout adaptées aux terrains rocheux correspondant à des vitesses élevées pour les
ondes sismiques (voir figures 3 et 4, qui correspondent à un même niveau de mesure sur
un même site).On notera que la source Sparker S produit des ondes de cisaillement
horizontales (Sh) alors que la source Ballard produit des ondes de cisaillement verticales
(Sv).

640
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016
Essais Cross Hole : Nouveaux développement pour la réalisation et l’interprétation

Difficulté à détecter l’onde de cisaillement

Figure 5. Acquisition ondes de cisaillement source Ballard (calcaire).

Arrivée de
l’onde de
cisaillement

Figure 6. Acquisition ondes de cisaillement source Sparker S (calcaire).

3.2. Méthodes géophysiques complémentaires

Les méthodes géophysiques complémentaires mises en œuvre par INNOGEO®


permettent d’apporter des informations pour aider au traitement des mesures Cross Hole.
Ainsi, ces méthodes sont principalement :
 Down Hole : mesures pratiquées dans un ou plusieurs forages Cross Hole, elles visent
à caractériser l’hétérogénéité des terrains ;
 Up Hole : mesures pratiquées lors des émissions Cross Hole et qui ont pour but
d’identifier des hétérogénéités liées aux terrains de surface (présence de réseaux par
exemple ou terrains remblayés) ;
 MASW : le calcul des paramètres dynamiques par la mesure des ondes de surface
permet de contraindre les modèles calculés en Cross Hole ;
 Tomographie sismique : établissement de la répartition des vitesses des ondes de
compression entre le forage émetteur et le ou les forages récepteurs.

Il est à noter que les différentes méthodes citées ci-dessous ne mesurent pas exactement
les mêmes paramètres dans le cas de terrains anisotropes. Le traitement et l’interprétation
doit donc être réalisé avec discernement.

4. Traitement des essais Cross Hole

Les traitements Cross Hole se basent sur le calcul de la vitesse de l’onde directe entre le
forage émetteur et les deux forages récepteurs ainsi qu’entre les deux forages récepteurs.
Afin d’approcher au plus près les vitesses sismiques, la déviation du forage est prise en

641
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016
Essais Cross Hole : Nouveaux développement pour la réalisation et l’interprétation

compte dans les calculs. Le calcul entre les deux forages récepteurs (uniquement dans le
cas d’un triplet de forages) permet de s’affranchir de problèmes de calcul liés à un
décalage du temps de déclenchement des acquisitions.
Cependant, se baser sur le calcul de l’onde directe conduit à ne pas prendre en compte
d’éventuels phénomènes de réfraction des ondes au niveau des interfaces. Ces
phénomènes se produisent lorsque les vitesses sismiques présentent des contrastes forts
mais aussi pour un espacement entre forages important.
La norme américaine ASTM D 4428/D 5528 M (Standard Test Méthods for
CrossholeSeismicTesting) propose une méthode empirique basée sur l’analyse des
variations de vitesse en fonction de la géologie pour corriger ces phénomènes de
réfraction, cependant il apparait plus judicieux d’utiliser un logiciel d’inversion sismique afin
de calculer les vitesses vraies des terrains niveau par niveau et de vérifier l’existence ou
non de réfraction.L’inversion est réalisée avec comme modèle d’entrée les vitesses
calculées pour les trajets direct. Le logiciel inverse ces données et par itération se
rapproche du modèle de vitesse réaliste (voir Figure 7).

Figure 7. Exemple d’inversion tomographique de données Cross Hole.

Les autres méthodes interviennent afin d’apporter des données supplémentaires qui
permettent d’ajuster le modèle de vitesse.
Comme indiquer dans le paragraphe précédent, les mesures Up hole et MASW vont
permettre de compléter les informations ensubsurface, et le Down Hole, réalisé sur
l’ensemble de la hauteur des forages, permet de confirmer la loi de vitesse déterminée par
Cross Hole et de caractériser l’hétérogénéité des sols.
De même, le premier traitement Down Hole correspond à une détermination graphique
des vitesses des terrains rencontrés (voir Figure 6). Cette détermination présente
néanmoins l’inconvénient d’obtenir des vitesses non corrigées des phénomènes de
réfraction aux interfaces, par analogie avec le Cross Hole. Pour corriger ces phénomènes,
INNOGEO® a développé en interne un logiciel (DH_refrac) permettant d’inverser les
temps d’arrivés des ondes sur la base du modèle obtenu graphiquement.

642
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016
Essais Cross Hole : Nouveaux développement pour la réalisation et l’interprétation

Figure 8. Interprétation graphique Down Hole.

Les deux modèles ainsi obtenus (Cross Hole et Down Hole) sont ensuite comparés et
affinés afin d’obtenir le profil de vitesse du site. C’est ce profil de vitesse qui est utilisé
ensuite dans le calcul des paramètres dynamiques (Ed et Gd), du coefficient de Poisson et
de la vitesse harmonique VS,30définie par l'Eurocode 8.

5. Conclusion

Les acquisitions et l’interprétation des méthodes Cross Hole et sismiques associées ont
évolué ces dernières années par l’intégration de nouveaux matériels, tout particulièrement
les sources, d’une nouvelle approche d’interprétationmulti méthodes (Cross Hole, Down
Hole, Up Hole, Masw) et de nouveaux traitements (inversion tomographique, modélisation
Down Hole …) grâce au développement d’algorithmes performants.
Ces avancées développées et mise en œuvre par INNOGEO® permettent aujourd’hui
d’améliorer et de fiabiliser les résultats d’une étude sismique afin d’apporter une solution
adaptée au besoin du client, c’est-à-dire un modèle de terrain synthétique utilisable
directement dans les calculs géotechniques liés à la prise en compte du risque de
liquéfaction des sols et plus généralement de l’interaction sol-structure sous sollicitation
dynamique (séisme, vibration).

643
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

ETUDE GEOPHYSIQUE, GEOTECHNIQUE ET HISTORIQUE D’UNE


VOIE FERREE SUR SOL TOURBEUX

GEOPHYSICAL, GEOTECHNICAL AND HISTORICAL STUDY OF RAILWAY


BUILT ON PEAT

Joséphine Boisson-Gaboriau , Amine Dhemaied1, Ibrahim Rahmania1,2, Ludovic Bodet2,


1
2 1 1 1 1
Sylvain Pasquet , Ludovic Brand , Nicolas Calon , Jean Marc Terpereau , Sirine Kahil
1
SNCF Réseau - Ingénierie & Projets - LVE, St Denis, France
2
Sorbonne Universités, UPMC Univ Paris 06, UMR 7619, METIS, Paris, France

RÉSUMÉ – Une étude multi-méthodes a été menée pour mieux comprendre l’origine des
désordres affectant la voie ferrée construite sur sol tourbeux à proximité d’Abbeville. Afin
d’identifier la structure de la plateforme ferroviaire et de faire une caractérisation
mécanique des différentes couches sous-jacentes, des investigations géophysiques par
géoradar et sismique par ondes de surface ont été réalisées.

ABSTRACT – A multi-methods analysis had been carried out to better understand the
origin of instabilities detected along a railway built on peat, close to the city of Abbeville.
To identify subgrade structure and to characterize its different layers, ground penetrating
radar and surface-wave seismic investigations have been conducted.

1. Introduction

Dans le cadre de sa mission de gestionnaire d’infrastructure, SNCF Réseau


(Département Ligne Voie Environnement - Ingénierie & Projets) a notamment pour
mission d’expertiser, de surveiller voire de conforter si nécessaire, les ouvrages en terre
du Réseau Ferré National (RFN). C’est dans ce contexte général et afin de mieux
comprendre des phénomènes affectant la géométrie de la voie ferrée, qu’une étude a été
entreprise sur une zone nécessitant des efforts de maintenance accrus sur la ligne
Longueau - Boulogne, à proximité d’Abbeville. Il s’agit notamment de mieux comprendre
l’origine de certains désordres observés afin de définir des solutions de confortement
pertinentes et optimisées. Les causes de ces désordres peuvent être diverses et liées à la
nature du sous-sol, à une variation des structures de la plateforme ferroviaire ou bien à un
mauvais drainage …
Sur ce site, les défauts de géométrie de la voie observés semblent résulter d’une
sollicitation dynamique du sol support au passage des trains. Afin de caractériser ce
phénomène, d’autres moyens de reconnaissances que ceux classiquement utilisés, ont
été mis en œuvre avec le déploiement de méthodes non destructives. Dans un premier
temps, une auscultation géoradar de la plateforme et du sol support a été menée en vue
de détecter des variations latérales de structures pouvant expliquer la répartition des
désordres identifiés. Des mesures sismiques par ondes de surface ont ensuite été
menées dans le but de réaliser une caractérisation mécanique du sous-sol.
Ces investigations, complétées des recherches historiques, ont mis en évidence une
variation latérale de la structure de la plateforme ainsi que, localement, une diminution
significative des caractéristiques mécaniques du sol support de la plateforme.

1
644
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2. Présentation du site d’étude

2.1. Description du site

Le site d’étude se situe sur la ligne à double voies Longueau-Boulogne, à proximité


d’Abbeville. Il est établi en léger remblai d’une hauteur d’environ 1.50 m.

2.1.1. Caractéristiques ferroviaires du site


Dans cette zone, la vitesse maximale des trains est de 140 km/h. Les circulations sur
cette partie de la ligne sont constituées de trains voyageurs et marchandises. A noter que
le tonnage journalier (poids cumulé de l’ensemble des circulations sur une journée) sur la
voie 2 est supérieur de 66% à celui enregistré sur la voie 1 (élément entrant en compte
dans le diagnostic final).

2.1.2. Géologie du site


Selon la carte géologique au 1/50000 d’ABBEVILLE (figure 1), la plateforme ferroviaire
repose sur une couche alluvionnaire récente de la Somme, constituée de tourbe. Cette
dernière recouvre des limons sableux qui reposent eux même sur le tuf calcaire de
l’holocène.
La synthèse des données issues d’une étude menée en 1973/1974 par le LCPC
(Aubin, 1974) et d’essais pénétrométriques réalisés par le BRGM (base de données du
sous-sol - Infoterre) nous permet d’établir la succession lithologique du sol support : i) 1 à
2 m de terre végétale et limons divers, ii) environ 4 m de tourbe grossière hétérogène, iii)
environ 1 m de tourbe franche, iv) environ 3 m de limons sableux, v) 3 à 4 m d’alluvions
anciennes. La profondeur du toit du tuf calcaire varie entre 13.50 m et 16m.

Boulogne

Alluvions
anciennes

Limons

Tourbe

Tuf calcaire

Longueau

Figure 1. Extrait de la carte géologique 1/50000 - fond orthophotographique (BRGM/IGN)

2
645
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2.1.3. Environnement et Hydrologie


La ligne est établie dans le lit majeur de la Somme. La voie ferrée s’étire parallèlement à
cette rivière à 600 m environ au sud-ouest (figure 2). La zone présente un aléa fort
concernant le risque d’inondation par remontée de nappe.
L’environnement est constitué d’étangs et de quelques champs cultivés. Un système
de drainage par canaux est présent sur toute la zone (figure 2).

Km xx1.000
Boulogne

Somme

Km xx0.000

Km xx9.000

Longueau

Figure 2. Environnement du site d’étude (en rouge) sur la ligne Longueau/Boulogne

2.2. Données historiques

2.2.1. Archives antérieures aux années 1970


Les archives des années 1950 font déjà état de problèmes de déformation dynamique. A
partir de 1963, les phénomènes de déformation observés au passage de circulations
s’accentuent avec l’entrée sur le réseau ferré de trains de plus en plus lourds (comme le
train de la Flèche d’or reliant Paris Nord à Londres Victoria).
En 1969, afin de diminuer l’amplitude du mouvement au passage des trains lourds, une
couche de sable laitier fut mise en place sur les pistes de part et d’autre de la plateforme.
Cependant, cette solution ne fut pas pérenne car des fissures longitudinales et
transversales apparurent. A partir de 1970, lors de la mise en circulation des locomotives
encore plus lourdes (17.6 t / essieu), des affaissements de la voie de plusieurs
centimètres au passage de chaque essieu (Fig. 6) commencèrent à être observés. Une
mesure de ralentissement à 80 km/h fut alors prise, réduisant ainsi de 80% les
phénomènes dynamiques observés.

2.2.2. Etude menée dans les années 1970


Une étude menée par le laboratoire central des ponts et chaussées (Aubin, 1974 ;
rapports internes SNCF) a permis d’identifier les différents phénomènes participants à la
déformation de la voie (paramètres vitesse et poids). Les principaux résultats de cette
étude sont :
i) la vitesse des circulations n’est pas un facteur prépondérant dans le phénomène de
déflexion observé lors du passage du convoi (à noter tout de même que ce phénomène

3
646
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

s’amplifie pour des vitesses supérieures à 120 km/h. Ainsi, le modèle montre que pour
une augmentation de vitesse de 120 à 140 km/h, l’accélération verticale que subit la
motrice passe de 400 m.s-2 à 700 m.s-2),
ii) le poids des circulations apparait comme le paramètre déterminant dans la déflexion.
Son influence peut être minimisée si la charge pesant sur la plateforme est plus répartie,
iii) les mesures de déformation de la voie sous charge statique (20 t / essieu) montrent
que la zone subissant le plus de déformation correspond à la zone où la hauteur de
remblai est la plus faible (voire nulle).

2.2.3. Travaux préconisés par l’étude LCPC


Les conclusions de l’étude (Aubin, 1974) ont permis de définir les travaux permettant de
diminuer les déformations observées, tout en évitant des interruptions prolongées de
circulation. Ils ont consisté à recharger la plateforme ferroviaire pour en augmenter sa
portance sur les 650 m les plus impactés par la déformation. La figure 3 présente la
coupe de la structure mise en place ainsi que la composition du sol support déduite des
nombreux sondages géotechniques réalisés lors de l’étude.

Figure 3. Principe des travaux entrepris sur 650 m linéaire de plateforme (coupe
construite à partir des informations contenues dans l’étude du LCPC (Aubin, 1974)

Des mesures après travaux sur le comportement dynamique de la plateforme ont


montré une diminution de 70 % de la déflexion sous charge dynamique et de 40 à 50%
sous charge statique. Par ailleurs, un tassement progressif de 1 à 2 cm / mois de
novembre 1974 à mai 1975 a été enregistré avant stabilisation. Ce phénomène est la
conséquence directe du rechargement de la plateforme ferroviaire.
La vitesse des circulations sur la ligne fut ensuite relevée à 120 km/h.
A noter qu’en 1988, lors d’une opération de renouvellement de ballast et traverses, il a
été décidé de remplacer les traverses en bois par des traverses biblocs (composées de
deux blochets de béton reliés par une entretoise métallique). Ces dernières présentent
une surface de répartition de la charge des circulations beaucoup plus faible.

4
647
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3. Problématique et investigations

3.1. Problématique actuelle

En 2014, à la suite de l’enregistrement de différents paramètres de la voie par un train de


mesures (Mauzin), un phénomène de sous-écartement des deux files de rail de la voie 2
est détecté principalement du Km xx9.700 au Km xx0.300, sur 600 mètres linéaires. Ce
phénomène s’explique par un cheminement des traverses le long des deux files de rail
générant des « défauts d’équerrage » (figure 4).
Suite à une visite sur site, il apparait nettement que la voie 2 est plus impactée par ces
défauts que la voie 1. Ceci peut s’expliquer principalement par le fait que le tonnage
journalier sur la voie 2 est nettement plus important (66% supérieur) que celui sur la voie
1 (les trains de marchandises circulent à vide sur la voie 1 vers les carrières du
boulonnais pour revenir très chargés par la voie 2).

Figure 4. Défauts d’équerrage observés au niveau du Km xx9.990 sur la voie 2

D’autres désordres tels que l’affaissement des deux files de rails de la voie 2 ou bien
une surépaisseur de la banquette de ballast (voir du fluage de ballast) ont été observés
lors de la visite.
En se référant aux archives (cf. § 2.2.3), la zone qui présente les désordres les plus
importants est située en limite aval de la zone qui fut reprise lors des travaux de 1974. A
noter que des documents de 1983 décrivent les mêmes types de déformations en limite
amont de la zone reprise en 1974.

3.2. Investigations géophysiques

Afin de mieux comprendre l’origine et la répartition des défauts observés sur la voie 2,
des investigations géophysiques ont été réalisés en mai 2015. Il est important de noter
que ces investigations ont été menées avant la découverte des archives relatives au site.
De ce fait, l’implantation des mesures n’a malheureusement pas été optimisée au regard
de ce nouvel éclairage.

3.2.1. Prospection sismique ondes de surface


Dans le but d’estimer in situ les caractéristiques mécaniques du sol support de la
plateforme ferroviaire étudiée, une prospection géophysique par ondes de surface a été
réalisée. L’estimation du module de cisaillement par cette technique non-destructive

5
648
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

repose sur la caractérisation indirecte des vitesses de propagation des ondes de


cisaillement (Vs), par inversion de la dispersion des ondes de surface (Socco et al., 2010 ;
Ezersky et al., 2013).
Quatre profils sismiques de même longueur, réalisés au niveau des pistes voie 2
(profils A, B et C) et voie 1 (profils D), sont présentés ici (figure 5). Le même procédé
d’acquisition a été adopté pour tous les profils et la dispersion des ondes de Rayleigh
extraite à l’aplomb de chaque dispositif décrit un milieu inversement dispersif cohérent
avec les a priori géologiques (la plateforme ferroviaire est plus « rigide » que le sol
tourbeux sur lequel elle repose). La vitesse de phase mesurée dans la zone présentant
des défauts d’équerrage (A, B et C) est en outre clairement plus faible que celle extraite
au voisinage d’une zone « saine » en amont (D).

Figure 5. Implantation des profils sismiques et courbes de dispersion extraites à l’aplomb


du centre de chaque dispositif

Une inversion des courbes de dispersion devra été réalisée pour traduire ce contraste
en variations de vitesse de cisaillement

3.2.1. Investigation radar (réalisée par le bureau d’étude Sol Solution)


Cinq profils géoradar ont été réalisés en piste, en voies et entre voies et ce, du Km
xx9.650 au km xx0.700. L’objectif initial de cette auscultation était de détecter de
possibles variations de profondeur du toit de la tourbe. A l’issue du dépouillement des
archives sur les travaux de rechargement entrepris sur la plateforme, nous avons analysé
de nouveau les résultats radar :
i) L’analyse des cinq profils montre une couche supplémentaire du début des profils
jusqu’au Km xx0.000 (environ). Cette structure (Figure 6) correspond probablement à la
couche de tout venant 0/40 + grave 0/31.5 qui fut mis en place en 1974 jusqu’au Km
xx9.950-xx0.100 (comptes rendus de l’époque contradictoire sur l’étendue de la zone
traitée).
Sur la Figure 6, l’interface représentée par des pointillés verts (que nous interprétons
comme étant le toit de la tourbe) n’a été détectée qu’au-delà du Km xx0.170. Avant ce
Km, la profondeur de pénétration des ondes radar est inférieure à 2 m et n’atteint donc
pas cette interface.

6
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Structure mise en place lors des Tx de 1974 Approfondissement

Figure 7 - Altitude de chaque interface détectée sur le profil radar réalisé voie 2
3.4. Synthèse des investigations

Les résultats des investigations radar et sismique sont cohérents avec ce que nous avons
découvert récemment dans les archives sur ce site.
Les profils radar permettent ainsi de contrôler l’étendue de la zone qui a été traitée lors
des travaux de 1974.
L’analyse des données sismiques nous montrent que la dispersion des ondes de
surface met en évidence que les zones les plus affectées par les défauts de voie
correspondent à une diminution de la Vs et donc des caractéristiques mécaniques du sol
support. Ces dernières seront prochainement estimées par inversion pour être comparées
à des données géotechniques telles que des sondages pénétrométriques PANDA
effectués au niveau des différents profils sismiques.

4. Conclusion et perspective

En se basant sur les données historiques et les résultats des investigations


géophysiques, une variation longitudinale de la structure sous la plateforme ferroviaire a
été mise en évidence. Comme évoqué dans les archives, les défauts observés sont
probablement générés par les mouvements de déflexion que subit la plateforme au
passage des trains. Ces mouvements sont liés aux mauvaises caractéristiques
mécaniques de la tourbe sous-jacente comme le confirment les résultats des
investigations sismiques par ondes de surface. Ce phénomène est aggravé par les
charges des circulations plus importantes sur la voie 2, paramètre prépondérant par
rapport à l’augmentation de vitesse, comme démontré dans l’étude de 1974 du LCPC
(Aubin, 1974) et repris ultérieurement dans des rapports internes.
Cette étude était nécessaire pour définir une solution de renforcement de la
plateforme. Une campagne de sondages géotechniques est programmée pour compléter
cette étude.
La solution qui permet d’éviter une usure prématurée des différents éléments
constituant la voie tout en étant financièrement raisonnable consiste à augmenter la
surface de répartition des charges et à rigidifier le châssis de voie. Pour cela, il est
envisagé, lors des travaux de renouvellement des voies prévus en 2020 de remplacer les
traverses biblocs par des traverses monoblocs ou bois avec pose de rails raidisseurs.
Cette solution aura l’avantage de minimiser l’influence des circulations lourdes sur l’usure
prématurée de la voie.

7
650
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

5. Références bibliographiques

Aubin J. (1974). Remblais sur sol tourbeux. Thèse de doctorat de l’école nationale des
ponts et chaussées.

Ezersky M., Bodet L., Akkawi E., Al-zoubi A., Camerlynck C., Dhemaied A., And Galibert
P-y. (2013). Seismic Surface-wave prospecting methods for sinkhole hazard
assessment along the Dead Sea shoreline. Journal of Environmental and Engineering
Geophysics, vol. 18, n°3.

Socco, L.V., Foti, S., and Boiero, D. (2010). Surface-wave analysis for building near-
surface velocity models — Established approaches and new perspectives. Geophysics,
vol. 75.

8
651
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

PROJET D'OUVRAGE D'ART : JUSTIFICATION DU PROGRAMME


DES RECONNAISSANCES COMPLEMENTAIRES

BRIDGE PROJECT : JUSTIFICATION FOR FURTHER GEOTECHNICAL


INVESTIGATIONS

Aurore BRACH , Lucile SAUSSAYE2, Grégory GENEREUX1, Philippe JANDIN1


1
1
Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et
l'aménagement (Cerema), Ministère de l'Écologie, du Développement Durable et de
l'Énergie, Sourdun, France
2
Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et
l'aménagement (Cerema), Ministère de l'Écologie, du Développement Durable et de
l'Énergie, Blois, France

RÉSUMÉ – La justification des programmes de reconnaissances géotechniques


complémentaires est parfois complexe. Il s’agit de transmettre au maître d’ouvrage des
arguments techniques, normatifs et réglementaires ainsi que financiers comme le montre
l’exemple retenu d’un projet de doublement d’un ouvrage d’art pour lequel, au stade de
projet, il subsiste de nombreuses incertitudes géotechniques.

ABSTRACT – To justify further geotechnical investigations is sometimes complicated.


Technical, standard and regulatory, financial arguments should be given to the client. This
is shown in a doubling bridge project, for the one there are still many geotechnical
uncertainties at the project step.

1. Introduction

Justifier un programme de reconnaissances géotechniques complémentaires est


parfois une mission ardue. En effet, ces actions exigent des dépenses importantes dès
les phases amont d’un projet d’ouvrage d’art exceptionnel.
À partir d’un exemple concret, l’objectif de cet article est de présenter la progressivité
des études menées jusqu’au stade actuel, la phase G2 AVP des missions géotechniques
ainsi que les arguments apportés pour la justification détaillée d’une campagne de
reconnaissances géotechniques complémentaires conséquente pour les phases G2 PRO
et G2- DCE/ACT, telles que définies par la norme NF P94-500 de novembre 2013.
L’article est organisé en trois parties, présentant respectivement le projet d’ouvrage
d’art, le contexte géotechnique issu des campagnes déjà réalisées, les propositions pour
la campagne de reconnaissances géotechniques complémentaires ainsi que
l’argumentaire développé pour justifier cette dernière.

2. Présentation du projet et de son avancement

2.1. Ouvrage d’art à réaliser

Le projet de pont concerne le doublement d’un ouvrage existant de 1300 m de


longueur. Le nouvel ouvrage sera situé 40 m en aval de l’ouvrage existant. Ses travées
seront de longueur identique égales à 70 m. Deux solutions sont envisagées à ce stade
des études : une solution nommée « B70 var » à tablier en caissons en béton précontraint

1
652
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

de hauteur variable, portés par 22 appuis, ou une solution nommée « M70 » à tablier à
ossature mixte acier-béton de type bipoutre à entretoises, porté par 21 appuis.
Les deux solutions envisagées pour le moment comptent donc respectivement 20 et 19
piles fondées sur 4 pieux de grande longueur ancrés dans le substratum rocheux et deux
culées en rive fondées également sur pieux. Les deux remblais d’accès au pont sont à
réaliser sur des sols compressibles, mais ne seront pas traités dans la suite de cette
communication.
Les pieux seront a priori tubés en tête dans les sols mous puis ancrés dans le
substratum rocheux sain. Les diamètres retenus pour les pieux sont actuellement de
1,4 m pour la solution « B70 var » et 1,3 m pour la solution « M70 » pour reprendre des
efforts normaux en tête de pieu pouvant aller jusqu’à plus de 13 MN.

2.2. Phasage et avancement du projet

Le projet est actuellement en phase de préparation du POA (Projet d’Ouvrage d’Art).


Trois campagnes de reconnaissances ont été réalisées antérieurement. La première
campagne réalisée en 2010, pour les études préalables et la mission G11 selon la norme
NF P94-500 : 2006, a consisté en la réalisation d’une campagne géophysique sur les
berges. Une deuxième campagne de reconnaissances réalisée entre 2011 et 2013, dans
le cadre d’une mission G12, selon la norme NF P94-500 de 2006, a permis de réaliser
des sondages en rivière notamment. Enfin, une mission de type G2 AVP intégrée au
dossier de mise à jour de l’EPOA (Étude Préliminaire d’Ouvrage d’Art), a été réalisée en
2015, permettant de définir une campagne de reconnaissances complémentaires à
réaliser.
Ces premières investigations ont permis d’aborder les calculs préliminaires vis-à-vis
des solutions constructives envisagées mais ne permettent pas de dimensionner
l’ouvrage en phase Projet (phase G2 PRO de la mission géotechnique de type G2).
La progressivité des études doit aussi tenir compte des évolutions normatives et
notamment de la nouvelle version de la norme NF P94-500 de novembre 2013 sur les
missions géotechniques.

3. Reconnaissances réalisées et contexte géotechnique

3.1. Reconnaissances réalisées

Les différentes études géotechniques se sont basées sur des reconnaissances


géophysiques, des sondages in situ, des essais in situ de type pénétromètre,
pressiomètre et phicomètre, des essais en laboratoire sur échantillons intacts ainsi que
sur des données bibliographiques de la zone étudiée, comme les coupes géotechniques
ayant servi à la construction de l’ancien ouvrage situé 40 m en amont.
Pour les piles en rivière, objet de cette communication, il a été réalisé 4 sondages
destructifs, 4 sondages carottés qui ont permis de réaliser quelques essais en laboratoire
et in situ (9 identifications GTR des sols, 3 essais d’abrasivité de la roche, 4 essais de
résistance à la compression simple de la roche, 4 essais de résistance à la traction
indirecte de la roche, 3 identifications pétrographiques de la roche par lames minces, 4
essais d’eau de perméabilité de type Lugeon de la roche), 4 profils scissométriques et 4
profils pressiométriques.

2
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.2. Contexte géotechnique

La zone d’étude du nouveau pont est située dans l’estuaire d’une rivière. En raison
d’une forte influence des marées et de la présence de mangroves au niveau des berges,
le trait de côte est assez irrégulier.
Les terrains que l’on trouve en surface sont des terrains sédimentaires d’épaisseur
variable et très peu consolidés. Ce sont des dépôts fluvio-marins de séries différentes
selon le côté de la rive étudiée. Ces formations quaternaires reposent sur un substratum
rocheux granitique très résistant d’époque précambrienne.
Les dépôts sédimentaires sont de trois types. Le premier est un horizon vasard de
teneur en eau très élevée et présentant une très faible compacité et des caractéristiques
mécaniques médiocres. En dessous de ces vases, les reconnaissances ont mis en
évidence des lentilles de sables, de teneur en eau élevée et de caractéristiques
mécaniques faibles. Cet horizon n’est pas rencontré pour tous les sondages et n’est donc
pas présent sur tout le linéaire de l’ouvrage. Enfin, au-dessus du substratum granitique
sain se trouve un horizon caractérisé d’« argiles d’altération » qui correspond à une argile
sableuse, de forte teneur en eau et de caractéristiques mécaniques faibles. Cette couche
est hétérogène en termes de caractéristiques mécaniques et sa compacité n’augmente
pas nécessairement linéairement avec la profondeur.

4. Nécessité et justifications des reconnaissances complémentaires

4.1. Définition du programme complémentaire des reconnaissances

Afin de réduire les incertitudes géotechniques qui subsistent actuellement sur le projet,
il a donc été recommandé de réaliser 5 sondages carottés jusqu’à 5 m sous le niveau du
substratum rocheux permettant de prélever des échantillons de roche pour réaliser de
nouveaux essais de compression et de traction ainsi que d’abrasivité (pour chaque
sondage) et un sondage pressiométrique jusqu’à 5 m sous le niveau du substratum
rocheux sous chaque appui de l’ouvrage n’ayant pas fait l’objet de sondages auparavant
(a minima il faut un sondage pressiométrique ou carotté sous chaque appui).
Il est aussi proposé de réaliser une campagne sismique pour avoir une connaissance
plus précise du toit et de la qualité du substratum granitique.

4.2 Justifications techniques et incertitudes géotechniques

4.2.1. Faible rapport entre le nombre de données disponibles et la taille de l’ouvrage


Les reconnaissances établies pour les études de niveau projet doivent permettre
d’établir un modèle géotechnique fiable pour le dimensionnement de 20 appuis sur
fondations profondes, pour une longueur de pont de 1300 m.
Le nombre d'essais et la quantité des reconnaissances géotechniques ne sont à ce
stade pas suffisants en regard de l'ampleur du projet, des risques financiers qui en
découlent, notamment géotechniques. Les reconnaissances géotechniques réalisées en
2011 et 2013 ne permettent d’établir qu’un modèle géologique et géotechnique sommaire.
Les incertitudes encore importantes à ce stade pourront entraîner des conséquences
techniques et financières lourdes sur certains appuis.
Un sondage par appui est donc nécessaire pour situer de manière précise les niveaux
de l’horizon vasard et du substratum rocheux dans lequel les pieux devront être ancrés.

3
654
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4.2.2. Présence potentielle d’une zone fracturée ou faillée


La nature pétrographique du substratum rocheux différente entre la rive droite et la rive
gauche amène à penser qu’il peut exister entre les deux rives une zone d’accident
géologique (information tirée de la carte géologique et des essais pétrographiques sur
lame mince). Cet accident géologique pourrait être caractérisé par une roche fracturée,
fragmentée ou de plus faibles caractéristiques mécaniques que le reste du substratum
rocheux.
À ce stade des études et avec les reconnaissances actuelles, l’existence de cette zone
ne peut être ni confirmée ni située géographiquement.
Un dimensionnement complémentaire a été réalisé montrant que les diamètres des
pieux devraient être augmentés de 40 cm.

4.2.3. Variation incertaine du toit du substratum rocheux


Les reconnaissances effectuées mettent en avant des épaisseurs de sols peu
consolidés très variables le long de l’axe de l’ouvrage (épaisseurs variant de 5 à plus de
20 m de vases). Le toit du substratum rocheux est lui aussi d’altitude très variable pouvant
aller de - 21,3 NGF à - 43,5 NGF pour les sondages réalisés. De plus, il existe une forte
variation (plus de 3 m) du niveau du toit du substratum rocheux entre les deux sondages
espacés de moins de 5 m. Les incertitudes sur les niveaux des couches de terrain sont
donc fortes.
De plus, il est très délicat de se baser sur le profil géotechnique de l’ouvrage actuel
situé à 40 m de l’axe du projet car les sondages ont permis d’identifier des cotes
altimétriques très différentes de l’ordre de plusieurs mètres.
La morphologie du substratum rocheux est donc chahutée et doit conduire à un
maillage élevé de reconnaissances pour réduire les incertitudes sur les longueurs des
fondations.

4.2.4. Spécificités locales et risques résiduels


Les reconnaissances réalisées permettent d’attirer l’attention sur ces points particuliers
et localisés.
Au niveau d’un sondage carotté, en rivière, le rocher présente des passes fracturées
(confirmées par les essais Lugeon) et des filons de dolérite (roche de nature
pétrographique différente du granite) : il faut donc confirmer les paramètres mécaniques
et la fracturation du rocher pour chaque pieu pour s’assurer de la capacité portance du
substratum.
Au niveau d’un deuxième sondage carotté, des blocs rocheux non liés au substratum
ont été rencontrés : il faut donc être vigilant quant à leur présence éventuelle et en tenir
compte lors de l’interprétation des reconnaissances complémentaires.
Enfin, les sables limoneux présentent une grande hétérogénéité au niveau de leurs
caractéristiques mécaniques et de leur présence ou non dans le sol. Il convient donc
d’avoir des données complémentaires et d’être vigilant lors du choix des valeurs
caractéristiques pour le dimensionnement des appuis.

4.3 Justifications règlementaires et normatives

Les premières investigations ont permis d’aborder les calculs préliminaires vis-à-vis des
solutions constructives envisagées mais ne permettent pas de dimensionner les ouvrages
en phase Projet (phase G2 PRO de la mission géotechnique de type G2). Des
reconnaissances complémentaires sont donc essentielles pour essayer de lever un
maximum d’incertitudes géologiques et pour le dimensionnement en phase projet.
De plus, dans le projet de « Recommandations pour la bonne application de la norme
NF P94-500 (novembre 2013) sur les missions géotechniques » de Syntec-Ingénierie et

4
655
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

l’Union Syndicale Géotechnique, il est précisé que, d’une manière générale, une mission
ne doit pas être partielle. Il faut donc réaliser toutes les phases d’une mission, y compris
les phases G2 AVP et G2 PRO.
La norme NF P94-500 régissant les missions géotechniques ajoute de plus que
« chacune des phases de la mission G2 doit s’appuyer sur des données géotechniques
pertinentes, ce qui peut nécessiter la réalisation d’un programme spécifique
d’investigations géotechniques. […] il est indispensable de ne les définir qu’à l’issue de la
réalisation de chacune des phases d’études précédentes ». (Article 8.1 de la norme
NF P94-500 : 2013)
Il ne faut pas non plus oublier que suite aux évolutions normatives, la phase AVP de la
mission G2 (NF P94-500 : 2013) ne correspond pas à l’ancienne mission G12
(NF P94-500 : 2006) car elle est plus complète. Les différentes étapes du projet doivent
donc évoluer avec la normalisation en vigueur lors de la réalisation de chacune des
études géotechniques.
D’autre part, il est recommandé aux bureaux d’études qui seraient dans le cas de
réalisation d’une mission G3 en l’absence des phases G2 PRO et G2 DCE/ACT de
réclamer au maître d’ouvrage la réalisation de la phase G2 PRO. Ainsi, sans
investigations complémentaires suffisantes, la phase G2 PRO ne sera pas réalisable et
compromet l’enchaînement des missions géotechniques suivantes pour l’ensemble du
projet de construction du nouveau pont.
Enfin, selon la norme NF EN 1997-2 : 2007, portant sur les reconnaissances des
terrains et essais pour le calcul géotechnique, et le guide du projeteur Ouvrage d’Art du
Sétra de 1999, il convient d’effectuer, pour des ouvrages longs et non courants, des
sondages dans l’axe de l’ouvrage centrés sur les appuis avec un sondage
pressiométrique par appui. Le programme proposé répond également à l’exigence de
maîtrise de la qualité et des risques techniques financiers tels que définis dans
l’instruction technique du 29 avril 2014 relative aux modalités d’élaboration des opérations
d’investissement et de gestion sur le réseau routier national.

4.4 Justifications financières

Compte tenu des enjeux financiers que représente le poste fondations dans
l’estimation de l’ouvrage (plus de 15 % du montant hors taxe des travaux), il est important
de sécuriser la conception et le dimensionnement des fondations ainsi que des remblais
d’accès.
Des incertitudes subsistent sur la présence ou non d’une zone de contact géologique
ainsi que sur le niveau de l’horizon vasard et du toit du substratum rocheux. Pour ces
deux types d’incertitudes, afin de donner des arguments financiers pour la suite du projet
à mener (réalisation des études et avancement du projet), il a été décidé d’estimer les
variations des coûts en tenant compte d’une variabilité spatiale ou d’une variabilité des
paramètres mécaniques.

4.4.1 Impact financier de l’éventuelle présence d’une zone de contact géologique


Comme évoqué précédemment, en cas de présence d’une zone de contact géologique
avec des propriétés mécaniques moindres du substratum, il est nécessaire de
redimensionner les pieux pour vérifier les états limites de portance, ce qui conduit à une
augmentation de 20 à 40 cm du diamètre des pieux.
Cette augmentation de diamètre conduit à un surcoût pouvant aller de 23 à 48 % pour
la construction d’un appui (comportant quatre pieux), selon les deux solutions « B70 var »
ou « M70 ».

5
656
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4.4.2 Impact financier de l’incertitude sur les niveaux des terrains


Les variations du toit du substratum rocheux pouvant aller jusqu’à 25 m ainsi que les
épaisseurs conséquentes de vases (de 5 à 20 m d’épaisseur) sont deux éléments
majeurs de risques pour la réalisation des fondations. À ce stade des études et vu la forte
variabilité mise en avant, les longueurs de tubages métalliques et les longueurs de pieux
ne sont pas fiabilisées notamment à cause d’un maillage trop large des reconnaissances.
Pour l’estimation des longueurs des pieux, de la hauteur de forage et de la longueur
des chemises métalliques, les données géotechniques obtenues par la coupe
géotechnique du pont existant situé 40 m en amont et par les reconnaissances
géotechniques réalisées ont été utilisées.
Étant donné le peu de sondages à disposition par rapport au nombre de piles (4
sondages en rivière alors que les piles sont au nombre de 18 ou 19 selon les solutions
étudiées), des règles ont été établies pour prendre en compte les incertitudes
géotechniques.
Dans le cas où la pile est située à environ 40 m ou moins d’un sondage récent, ce
dernier est utilisé pour fixer les caractéristiques géométriques de la pile. Dans le cas
contraire, c’est la coupe géotechnique du pont existant qui a servi de référence. Une
exception est néanmoins faite pour les piles situées à proximité de certains sondages. Il a
été constaté dans une zone une variation très importante de la topographie du substratum
au droit du pont existant par rapport à celui au droit du nouveau pont. Dans cette zone, le
choix a donc été fait de retenir les données des sondages plus éloignés sans tenir compte
du profil géotechnique du pont existant pourtant situé à une distance plus faible.
Il a été décidé d’introduire une variabilité de la géométrie des pieux, fonction de
l’éloignement de la pile par rapport au sondage. Le tableau 1 présente les choix retenus
pour la valeur de la variabilité par rapport à la distance entre le futur appui et le sondage
permettant son dimensionnement.

Tableau 1. Critères de détermination de la valeur de la variabilité selon l’éloignement des


sondages
Distance appui - sondage Pourcentage de variabilité
Entre 0 et 10 m 0%
Entre 10 et 20 m 10 %
Entre 20 et 40 m 20 %
Plus de 40 m 30 %

Pour les piles pour lesquelles les données géotechniques du pont existant ont été
utilisées, 30 % de variabilité a été retenu.
Pour l’estimation du coût des fondations, trois calculs ont donc été menés : un sans
prise en compte de l’incertitude des données géotechniques, un en retenant les
paramètres géométriques minimaux (plus faible longueur de pieu possible compte tenu
de la variabilité) et le troisième en retenant les paramètres géométriques maximaux (plus
grande longueur de pieu possible compte tenu de la variabilité).
Avec cette méthode, on obtient une variation de coût sur les fondations de +/- 7 % du
coût des piles et culées (fondations, chevêtres et piles). Ce résultat non négligeable
montre qu’il est important de fiabiliser au maximum le modèle géotechnique.
Enfin cette variation de l’enveloppe financière nécessaire pour la réalisation des appuis
est à rapprocher du coût des reconnaissances complémentaires à mener qui est
nettement inférieur.

6
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5. Conclusions

Dans le cadre de l’enchaînement des missions géotechniques pour un projet d’ouvrage


d’art exceptionnel, il est généralement nécessaire à chaque étape de définir un
programme de reconnaissances complémentaires permettant de réduire les incertitudes
géotechniques résiduelles. Ces reconnaissances peuvent avoir un coût conséquent au
stade des études et il est parfois utile d’établir un ensemble de justifications complètes
pour donner au maître d’ouvrage les éléments nécessaires à sa prise de décision.
L’exemple présenté a permis de mettre en avant plusieurs types de justifications :
techniques, règlementaires et normatives et enfin financières.
Les estimations de risques financiers, en introduisant une variabilité spatiale des
données géométriques des appuis selon leur proximité avec les sondages disponibles,
ont permis de montrer que le risque financier était plus important que le coût des
reconnaissances complémentaires.
Le travail réalisé en complément des arguments techniques appuyés sur des textes
normatifs et règlementaires a permis de quantifier les incertitudes géotechniques à ce
stade du projet.
Dans le contexte actuel de diminution des coûts des études, il devient important de
donner au maître d’ouvrage plusieurs d’arguments, techniques et financiers lui permettant
de prendre sa décision. Ainsi il semble intéressant à l’heure actuelle de développer une
méthode généralisée permettant de gérer les risques géotechniques et les impacts en
découlant durant toutes les phases des projets.

5. Références bibliographiques

Afnor (2006). NF P94-500 Missions d'ingénierie géotechnique - Classification et


spécifications.
Afnor (2007). NF EN 1997-2 Eurocode 7 : calcul géotechnique - Partie 2 : reconnaissance
des terrains et essais.
Afnor (2013). NF P94-500 Missions d'ingénierie géotechnique - Classification et
spécifications.
Ministère de l’Écologie, du Développement durable, et de l’Énergie (2015). Instruction
technique relative aux modalités d’élaboration des opérations d’investissement et de
gestion sur le réseau routier national. 221 pages.

7
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SEMELLES SUR INCLUSIONS RIGIDES : VALIDATION DU NOUVEAU


CAHIER DES CHARGES DE MENARD

FOOTINGS OVER RIGID INCLUSIONS : EXPERIMENTAL VALIDATION OF THE


MENARD NEW SPECIFICATIONS

Maud BARONI1, Laurent BRIANÇON2, Jérôme RACINAIS3, Fanny MAUCOTEL3 et


Hubert SCACHE3
1 ANTEA GROUP, Olivet, France
2 INSA LGCIE, Lyon, France
3 MENARD, Nozay, France

RÉSUMÉ – Dans le cadre de la rédaction d’un nouveau cahier des charges pour le
dimensionnement de Colonnes à Module Contrôlé (CMC) sous semelle et sans
plateforme de transfert de charge, une expérimentation en vraie grandeur de
chargements verticaux et horizontaux a été réalisée. Le comportement de la semelle a
été modélisé sous PLAXIS et les résultats numériques ont été confrontés aux mesures
expérimentales.

ABSTRACT – Menard has recently submitted a new guideline (specifications) for the
design of Controlled Modulus Columns (CMC) under footings without any Load Transfer
Platform. A full-scale test consisting in vertical and horizontal loadings has been
performed to validate these new specifications. PLAXIS finite element models have been
carried out to simulate the footing behavior and the numerical results have been
compared to the experimental measurements.

1. Introduction

Les Colonnes à Module Contrôlé (CMC MENARD) sont des inclusions semi-rigides et
cimentées dont les modules de déformation sont de 5 à 30 fois plus faibles que ceux du
béton. Elles sont mises en œuvre comme procédé de renforcement de sol.
Le procédé CMC Menard est encadré depuis 2002 par un cahier des charges précis
intitulé « Cahier des charges CMC 2002 v1.12 ». Ce document permet de garantir la
qualité d’exécution et la pérennité dans le temps des ouvrages CMC réalisés par Menard.
Il a fait l’objet d’un contrôle et d’une validation de la part du Bureau VERITAS, spécialisé
dans l’évaluation de la conformité et la certification.
Le Procédé CMC MENARD est ainsi certifié conforme à l’ensemble des normes
régissant la réalisation des travaux de renforcement de sol. Cependant cette certification
est limitée dans le temps, et la récente évolution des normes (notamment le passage aux
Eurocodes et le projet national ASIRI (2012)), a conduit MENARD à renouveler le cahier
des charges en y intégrant ces récents changements.
Dans ce cadre, une expérimentation en vraie grandeur de semelle sur CMC a été mise
en œuvre pour valider le nouveau cahier des charges. Deux semelles, dont une posée sur
quatre CMC, ont subi différents chargements (verticaux centrés et excentrés, horizontaux)
afin d’analyser le comportement du sol de fondation. Les mesures expérimentales ont été
confrontées aux résultats de modélisations par éléments finis afin de valider les calculs
numériques et confirmer la validité des méthodes développées par MENARD.

1
659
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2. Expérimentation

2.1. Contexte

La société MENARD a réalisé les plots d’essais ainsi que les différents tests en accord
avec son client entre avril et juin 2014 sur le site de « BIOGIS CENTER » situé à Venette
(60280). Antea Group a assuré la mise en place et le suivi de l’instrumentation.

2.2. Caractérisation du site expérimental

3.2.1. Le sol de fondation


Des essais in situ (pénétromètre et pressiomètre) couplés à des forages carottés et des
essais en laboratoire ont permis de tracer un profil géotechnique du sol de fondation
(Figure 1).

γ c’ ϕ’ E Pl* α qc
(kN/m3) (kPa) (°) (MPa) (MPa) (-) (MPa)
0
Remblai en place 20 11 25 15 0,96 1/2 5
1
Limon 3 20 6 31 5,5 0,43 1/2 1
compressible
5
Sables et
16,5 0 43 35 2,50 1/3 20
graviers

9,5
Craie molle 18 10 25 5,5 0,50 2/3 -
12

Craie 19 20 30 13 1,40 2/3 -


altérée

19

Craie
20 30 35 164 5,00 1/2 -
compacte

25

Figure 1. Profil géotechnique

3.2.2. Les CMC


Les CMC sont réalisées par une vis spéciale à refoulement de sol. Un mortier ou coulis
est injecté à faible pression par l'extrémité inférieure de la tarière, de façon à constituer
une colonne continue lors de la remontée de l'outil. Du fait du refoulement qui évite
l'extraction de terre, ce procédé permet d'obtenir un bon frettage latéral du terrain et
n'entraîne pas de pollution significative de la plateforme de travail.
Les caractéristiques mécaniques admissibles des CMC réalisées sur le chantier sont les
suivantes :
• diamètre φ = 320 mm,
• longueur L = 5,5 m avec un ancrage de 0,5 m dans la couche de sables et graviers,
• Ey,différé = 5000 MPa,
• fck = 10 MPa.

2
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.3. Principe des essais de chargement

Le plot expérimental consiste à appliquer des chargements sur deux semelles et deux
CMC isolées :
• une semelle de 2 m x 2 m de section en béton armé et de 0,5 m d’épaisseur, cette
semelle repose directement sur le sol compressible et sert de plot de référence.
Deux essais de chargement vertical centré sont réalisés sur cette semelle ;
• une semelle de 2 m x 2 m de section en béton armé et de 0,5 m d’épaisseur
reposant sur quatre CMC. Des essais de chargements verticaux centré et excentré
ainsi que des essais de chargement horizontal seront appliqués sur cette semelle ;
• deux CMC chargées verticalement pour réaliser des essais de chargement statique
classiques.
Afin d’appliquer les différents chargements, des systèmes de réaction ont été
spécifiquement créés (Figure 2). Pour appliquer les efforts verticaux, une poutre en acier
renforcée a été disposée sur des pieux de réaction permettant de disposer un vérin entre
chaque semelle testée et la poutre. Pour les essais de chargement statique sur les deux
CMC, la machine de forage a servi d’appui pour le vérin. Pour appliquer les efforts
horizontaux sur la semelle reposant sur les quatre CMC, un massif d’appui fondé sur
quatre pieux a été construit à proximité de la semelle testée. Le dimensionnement des
semelles ainsi que de l’ensemble des dispositifs de réaction a fait l’objet d’une étude
détaillée.

2m

Massif de Semelle
réaction
Poutre de
réaction

1,2 m

Massif d’appui Massif d’appui 2m Massif d’appui


de la poutre de la poutre de la poutre
Semelle sur
inclusions rigides

Figure 2. Zone expérimentale

3.4. Instrumentation

Une instrumentation conséquente a été mise en place pour instrumenter la semelle


fondée sur les quatre CMC. Elle permet de suivre pour les essais de chargement vertical :
• le déplacement vertical de la semelle,
• la contrainte sur les têtes des CMC,
• la déformation le long d’une CMC,
• la déformation du sol de fondation,
• la déformation de la semelle.

3
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Pour les essais de chargement horizontal, l’instrumentation permet de mesurer :


• le déplacement horizontal de deux CMC,
• le déplacement horizontal de la semelle,
• le déplacement du sol sur un profil vertical entre deux CMC,
• l’inclinaison d’une CMC.
Concernant les essais de chargement sur la semelle directement posée sur le sol
compressible, seul le déplacement de la semelle a été suivi.

3.5. Les essais de chargement

3.5.1. Essais de chargement sur semelles


Le tableau 1 présente le programme de chargement vertical appliqué sur les deux
semelles.

Tableau 1. Programme de chargement vertical


Plot Essai Excentricité Chargement vertical (kN)
Semelle 1A 0 0 400 0
sur sol 2A 0 0 1800 0
1B 0 0 1000 0 1000 0
2B 30 cm 0 690 0 690 0
Semelle 3B 45 cm 0 600 0 960 0
sur CMC 4B 0 0 1000 0
6B 0 0 1000 0
7B 45 cm 0 960 0
8B 0 0 2200 0

3.5.2. Essais de chargement statique sur les CMC isolées


Les deux essais de portance sur CMC isolées ont été effectués pour caler les modèles
numériques. Chaque essai comporte deux cycles de chargement/déchargement de 300
kN puis 480 kN. La Figure 3 présente les résultats des mesures du comparateur du
système de réaction (poutre de type Benkelman) utilisé pour mobiliser les efforts.
Les essais sur la CMC B montrent une déformation linéaire et élastique pour les deux
cycles alors que ceux réalisés sur la CMC A mettent en évidence une déformation
élastique jusqu’à 360 kN puis une déformation plastique entre 360 et 480 kN. Le
comportement différent des deux CMC peut s’expliquer par une hétérogénéité du sol.

4. Modélisation

Les essais de chargement ont été modélisés sous PLAXIS. Le calage des paramètres a
été fait avec PLAXIS 2D à partir des résultats des essais de chargement statique sur les
CMC. La modélisation des essais de chargement sur les semelles a été effectuée avec
PLAXIS 3D. Les résultats des essais ont aussi été comparés aux résultats obtenus par un
logiciel développé par MENARD en interne.

4
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4.1. Calage à partir des essais de chargement statique sur CMC isolée

Le calcul des chargements des colonnes isolées avec les paramètres initiaux (modules et
paramètres de cisaillements issus des campagnes de sol) amène à des tassements
surestimés et à une rupture sous une charge de 320 kN très inférieure à celle démontrée
expérimentalement (Figure 3). Ces paramètres de modélisation ne permettent donc pas
de représenter autant que possible les essais de chargement sur site. Il a donc été décidé
de caler les paramètres de la modélisation sur les résultats des essais de chargement
statique sur les colonnes isolées :
• le comportement en pointe de l’inclusion a été modélisé en calant les
caractéristiques de la couche d’ancrage (sables et graviers) pour obtenir la
courbe de mobilisation de l’effort de pointe définie par l’approche semi-
empirique de Frank & Zhao (1982),
• la mobilisation du frottement le long de l’inclusion a été modélisée en calant les
paramètres de cisaillement des couches de sol traversées afin d’être conforme à
la courbe semi-empirique de Frank & Zhao (1982).
Le modèle avec les paramètres calés sur la pointe et le frottement converge. Les
tassements calculés grâce au logiciel PLAXIS sont plus proches des valeurs mesurées
lors des essais sur site mais restent néanmoins légèrement surestimés (Figure 3). Le
calcul aux éléments finis est ainsi sécuritaire.

0
-2
-4
-6
Tassement [mm]

-8
-10
-12
-14
CMC isolée A
-16 CMC isolée B
-18 PLAXIS - paramètres initiaux
-20 PLAXIS - paramètres calés
CMCPLT
-22
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500 550 600
Charge [kN]

Figure 3. Essais de chargement statique des CMC isolées

La feuille de calculs analytiques « CMCPLT.xls » développée par MENARD en interne


implémente les lois de Combarieu (1988) et donne la courbe d’un essai de chargement
sur une colonne isolée en tête et les résultats (tassements, efforts dans la colonne et
frottement) pour une charge donnée. L’ajustement de Combarieu montre des tassements
similaires à ceux des deux CMC lorsque leur déformation reste dans le domaine
élastique : jusqu’à 350 kN, la méthode analytique se corrèle très bien avec les mesures
effectuées sur les deux CMC et ensuite seulement avec la CMC B entre 350 et 480 kN, la
CMC A commençant à fluer dès 350 kN.

5
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4.2. Calage à partir des essais de chargement sur semelles non renforcées par
CMC

Les calculs aux éléments finis sont réalisés à l’aide du logiciel PLAXIS 3D. Du fait des
conditions de symétrie au bord du modèle, le modèle 3D a été simplifié : seulement un
quart de la semelle est représenté.
Le calcul PLAXIS avec les paramètres initiaux (modules et paramètres de cisaillement
issus des campagnes de sol) montre des tassements beaucoup plus élevés (Figure 4).
Ces paramètres de modélisation ne permettent donc pas de représenter les essais de
chargement sur site.
Dans le cas de recours à des méthodes numériques, la norme Fondations
superficielles NF P 94-261 (2013) préconise pour le calcul des tassements des fondations
superficielles à l’ELS quasi-permanent des valeurs de module de Young EY par
corrélation avec le module pressiométrique EM, différent du coefficient rhéologique α. Les
modules de Young de chaque couche ainsi ajustés permettent de modéliser correctement
l’essai de chargement sur semelle non renforcée par CMC (Figure 4).
Un calcul analytique du tassement par la méthode pressiométrique permet d’estimer à
la charge ELS un tassement voisin aux valeurs mesurées lors des essais et comparables
aux résultats numériques avec ajustement des modules.

-20

-40
Tassement [mm]

-60

-80

-100 Semelle sans CMC


Méthode pressiométrique
-120 PLAXIS - paramètres initiaux
PLAXIS - modules ajustés
-140
0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000
Charge [kN]

Figure 4. Essais de chargement statique de la semelle non renforcée par CMC

5. Confrontation des résultats expérimentaux et numériques

Dans cet article, seuls les essais de chargements verticaux centré et excentré sont
présentés et comparés aux résultats de la modélisation numérique.

5.1. Chargement vertical centré

Les essais 1B, 4B et 6B sont comparés aux résultats de la modélisation numérique


(Figure 5). Excepté le premier cycle de chargement de l’essai 1B, les essais de
chargement vertical donnent les mêmes résultats en termes de tassement. Il est à noter
que tous les capteurs ont mesuré des paramètres plus élevés lors du premier cycle du
premier essai de chargement vertical centré. Cette mise en place initiale n’a pas été
identifiée avec les différentes modélisations.

6
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Les résultats indiquent que la prise en compte des paramètres calés permet de modéliser
correctement la courbe de chargement de la semelle. La feuille de calculs CMCMAT
donne des tassements comparables au calcul PLAXIS avec les paramètres calés et aux
résultats d’essais.

-1

-2
Tassement [mm]

-3

-4
ESSAI 1B - Cycle1

-5 ESSAI 1B - Cycle2
ESSAI 4B
-6 ESSAI 6B
PLAXIS - paramètres initiaux
-7 PLAXIS - paramètres calés
CMCMAT
-8
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
Charge [kN]

Figure 5. Essais de chargement statique vertical centré de la semelle sur CMC

5.2. Chargement vertical excentré

Les tassements calculés avec PLAXIS sont proches des valeurs mesurées lors des
essais sur site mais restent néanmoins légèrement surestimés pour les deux
excentrements (Figure 6). Le logiciel CMCMAT utilise la surface de référence, ce qui est
défavorable par rapport aux calculs aux éléments finis et aux mesures mais les résultats
sont ainsi sécuritaires.

0
-1
e = 30 cm
-2
-3
-4
Tassement [mm]

-5
0
e = 45 cm
-6
-1
-7
-2
-3
-8
ESSAI 2B
-4
-9
ESSAI 3B
-10
-5
PLAXIS - paramètres calés
-11
-6
CMCMAT
-12
-7
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
Charge [kN]

Figure 6. Essais de chargement statique vertical excentré de la semelle sur CMC

Pour vérifier la cohérence des résultats, les contraintes appliquées en tête d’une CMC
située du côté de l’excentrement sont comparées pour une charge appliquée de 600 kN.
(Tableau 2). On note qu’il existe des différences importantes entre les mesures de la
contrainte sur la CMC située du côté de l’excentrement et les résultats de la modélisation.
Les mesures de la contrainte peuvent être remises en cause et cette difficulté à mesurer

7
665
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

correctement la charge appliquée peut s’expliquer par une répartition non homogène de
la charge sur les quatre CMC. On observe en particulier que les contraintes mesurées
pour les charges verticales centrées ne sont pas répétables et très inférieures aux
contraintes estimées en supposant qu’un quart de la charge est transférée sur chaque
inclusion. La mesure de la contrainte devient plus cohérente dans le cas des
chargements excentrés. Par ailleurs la mesure du report de charge sur chaque inclusion
est très sensible au diamètre de la CMC, par exemple la modélisation donnerait les
mêmes résultats que les mesures enregistrées pour les deux cas de chargement
excentrés en considérant des CMC de 0,38 m de diamètre.

Tableau 2. Comparaison entre les mesures et la modélisation pour une charge de 600 kN
Contrainte appliquée sur une CMC
Excentricité Mesures Modélisation
e=0 750* kPa 1290 kPa
450** kPa
e = 0,3 cm 1250 kPa 1780 kPa
e = 0,45 cm 1450 kPa 2040 kPa
* : moyenne à partir des deux cycles de l’essai 1B, ** : moyenne des essais 4B et 6B

6. Conclusions

La comparaison entre les mesures des essais de chargement de CMC isolée, de semelle
posée sur sol non renforcé et de semelle sur quatre CMC sans plateforme granulaire
intercalée avec les résultats de leur modélisation sous PLAXIS a mis en évidence la
nécessité d’un calage des paramètres du sol de fondation et d’interaction CMC/sol. La
mobilisation des interactions proposée par l’approche de Frank & Zhao (1982) permet
d’obtenir une modélisation fidèle aux expérimentations en termes de tassement.
Les incertitudes liées à la mesure de la contrainte verticale en tête d’inclusion ne
permettent pas de conclure sur le transfert de charge. Une nouvelle expérimentation avec
une instrumentation sur les quatre CMC pourrait permettre de lever les doutes.
Cette étude a cependant permis de valider les outils de dimensionnement utilisés sous
réserve d’un bon calage et le bon fonctionnement du renforcement par CMC sous semelle
sans plateforme granulaire intercalée.
Il est à noter que les résultats des essais de chargement statique horizontal (H/V =
20%) feront l’objet d’un article ultérieur. Ils montrent en particulier que le déplacement
horizontal des têtes d’inclusion est inférieur au déplacement de la semelle elle-même,
mettant en évidence un léger glissement de la semelle sur les inclusions. En outre, les
comparaisons des mesures expérimentales avec les résultats des modèles analytiques
MH1 et MH2 développés dans le guide ASIRI (2012) s’avèrent pertinentes.

7. Références bibliographiques

ASIRI (2012). Recommandations pour la conception, le dimensionnement, l’exécution


et le contrôle de l’amélioration des sols de fondation par inclusions rigides, Presses des
Ponts.
Frank R., Zhao S.R. (1982). Estimation par les paramètres pressiométriques de
l'enfoncement sous charge axiale de pieux forés dans des sols fins. Bulletin de liaison des
laboratoires des ponts et chaussées n°119.
Combarieu O. (1988). Calcul d'une fondation mixte semelle pieux sous charge verticale
centrée. Note d'information technique LCPC.
NF P94-261 (juin 2013) Justification des ouvrages géotechniques - Normes
d'application nationale de l'Eurocode 7 - Fondations superficielles. AFNOR.

8
666
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

APPORT DE L’ESSAI CYCLIQUE A LA CLASSIFICATION


PRESSIOMÉTRIQUE DES SOLS ET DES ROCHES

IMPROVEMENT OF SOIL AND ROCK CLASSIFICATION BY


PRESSUREMETER CYCLIC TESTS

Jean-Pierre BAUD1
1 Eurogéo, Avrainville, France

RÉSUMÉ – L’essai cyclique permet une nouvelle approche de la classification


pressiométrique des sols et des roches, dans le logiciel Pressiorama®. Le diagramme
évolue vers deux axes Ec1/EM et p*LM/p0, indépendants, adimensionnels et mesurés au
cours d’un même essai cyclique selon la norme XP P94-110-2. Moyennant une hypothèse
émise (Baud & Gambin 2013) sur la relation entre , EM, p*LM, p0, on retrouve dans ce
diagramme la gamme des sols mous aux roches, différenciés selon leurs paramètres d’état
pressiométrique, ainsi qu’une proposition d’estimation de l’angle de frottement ’.

ABSTRACT – The PMT cyclic test provides a new approach to Pressiorama® pressiometric
classification of soils and rocks. It reconsiders the graph with two axes Ec1/EM et p*LM/p0,
independent, non-dimensional and measured in the same cyclic test according to French
standard XP P94-110-2. Issued upon the assumption (Baud & Gambin 2013) on the
relationship between , EM, p*LM, p0, this chart exhibits the range from soft soils to rocks,
displayed according to pressiometric state parameters, and with a value for ’ angle.

1. Un essai pressiométrique suffit-il à caractériser le sol soumis à l’essai ?

L’essai pressiométrique Ménard est à la fois très largement employé, depuis 60 ans, dans
les reconnaissances géotechniques pour tous les ouvrages en France, et assez souvent
critiqué, depuis son origine, pour le caractère hégémonique qu’il aurait ainsi acquis, ou pris
éventuellement à d’autres techniques.
Ces querelles de chapelles, aussi vieilles que notre jeune métier, ne sont pas éteintes,
et se réaniment régulièrement pour la recherche de techniques plus économiques ou
cherchant à donner simultanément plus de paramètres du sol (Mayne et al. 2009). Tous les
praticiens sont cependant d’accord pour asseoir l’ingénierie géotechnique sur un
croisement des données de plusieurs types de techniques d’étude du sol (USG, 1978,
2007), et satisfaits lorsque le crédit consacré à la reconnaissance des sites d’ouvrages,
permet à la fois des carottages continus, des échantillonnages permettant des
identifications et des essais géomécaniques sur échantillons intacts, et plusieurs techniques
différentes d’essais in-situ.

1.1. Colonne lithologique des sondages pressiométriques.

Lorsqu’on dispose d’une série de sondages pressiométriques, traversant une même série
lithologique, les essais correspondants sont accompagnés d’une connaissance de la nature
des sols, soit très sommaire (contexte géologique connu et peu d’analyse des copeaux ou
« cuttings » de forage destructif), soit un peu plus complète, dans le cas de sondages semi-
destructifs à la tarière, ou de description d’un sondage carotté sur le même site.
Même en l’absence d’informations physiquement vérifiables (échantillons, déblais de
forage) sur la nature des sols dans le forage pressiométrique, la plupart des logs de

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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

sondage pressiométrique publiés sont assortis d’une colonne lithologique, souvent même
habillés d’un figuré explicite par les logiciels de dessin. Les utilisateurs des logs de forage
qui s’intéressent principalement à la pression limite, secondairement au module, et pour
lesquels l’examen des courbes d’essais pressiométriques d’origine n’est pas habituelle, ne
comprennent pas, parfois l’absence d’information lithologique, qu’il faut justifier en rappelant
les raisons liées au forage et à la réalisation des essais : carence de remontée de déblais
de forage par perte d’injection, essais à l’aveugle pour cause de fonçage ou battage de la
sonde. Plutôt que d’être nommée « nature du sol », entretenant une confusion avec un
sondage carotté dans lequel le sol extrait peut être manipulé, photographié et testé, cette
colonne lithologique propre au sondage pressiométrique devrait n’indiquer que
« informations sur les sols acquises au cours du forage destructif ».

1.2. Cohérence entre nature du sol et paramètres pressiométriques classiques.

Louis Ménard avait indiqué dès les premières années de sa méthode pressiométrique
l’attention qu’il fallait porter au rapport du module à la pression limite E M/p*LM, sa relation
directe avec la nature du sol soumis à l’essai, et le rôle important joué par le coefficient
rhéologique  dans l’application au calcul des déformations (Ménard et Rousseau, 1961).
C’est en gardant ces principes, vérifiables expérimentalement, qu’avait été proposée
pour les 50 ans du Pressiomètre Ménard (Baud, 2005) la représentation des résultats
d’essais dans un diagramme [ln(p *LM)  ln(EM/p*LM)]. Le postulat est que des points
représentatifs suffisamment groupés devraient correspondre à une lithologie et une
structure du sol identiques ou du moins proches.
Cette première version alors nommée diagramme spectral, avait comme objectif de
tenter de figurer dans ce plan les valeurs du coefficient . Une des solutions numériques
proposée, à partir des seules caractéristiques EM et p*LM est exposée dans la figure 1 ci-
après. C’est également celle de l’annexe A des normes NF P 94-261 et NF P 94-262, dans
un dessin discriminant d’ailleurs moins le pôle argileux du pôle sableux. La place d’un essai
donné dans le diagramme caractérise en effet un comportement, de type sableux, argileux
ou intermédiaire, la nature réelle du sol restant à vérifier sur le terrain.

1.3. Importance du confinement de l’essai dans la classification.

Cette tentative de recherche d’une valeur rationnelle pour  s’avère prématurée et entachée
d’une erreur de principe : le coefficient  ne peut pas être identique pour une pression limite
donnée, selon que celle-ci est mesurée dans un sol peu confiné, à faible profondeur, ou à
grande profondeur, sous une pression horizontale des terres au repos plus importante. Le
diagramme proposé était à peu près réaliste pour une profondeur d’essai moyenne de
l’ordre d’une dizaine de mètres, celle des études courantes.
C’est pourquoi il est préférable de comparer les essais sur leurs paramètres d’état
pressiométrique : EM/p0, p*LM/p0, EM/p*LM. La valeur proposée pour  :

𝟏⁄𝟐 (𝒑∗ ⁄
 = 𝒌−𝟏 ∗
𝑬 ⋅ (𝑬𝑴 ⁄𝒑𝑳𝑴 ) ⋅ 𝑳𝑴 𝒑𝟎 )−𝟏⁄𝟒 (1)

dessine alors dans le plan [ln(p *LM/p0) , ln(EM/p*LM)] (Figure 2) comme dans la figure
précédente, des lignes parallèles qui deviennent une caractéristique de l’essai, et qui ont
permis de proposer un diagramme n°3, non représenté ici, [, ln(EM/p0)] dans lequel les
deux autres paramètres d’état ci-dessus sont traçables, égalemnt par des échelles
logarithmiques obliques (Baud et Gambin, 2013).

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Figure 1. Diagramme Pressiorama® avec indications des types de sols selon catégories
du fascicule 62 titre V du CCTG, et de l’ordre de grandeur du coefficient rhéologique 

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Figure 2. Diagramme Pressiorama® [ln(p*LM/p0  ln(EM/p*LM]. Valeurs fractionnaires pour 


résultant de (4). Abaque pour ’ cf. ci-après §2.2 expression (11).

2. L’essai pressiométrique à un cycle complète l’information géomécanique.

Les propositions de diagrammes de classification précédents ont été testées, lors de


campagnes d’essais sur des sols lithologiquement bien identifiés, par les auteurs bien
entendu, mais également par des géotechniciens intéressés par le concept (Ritsos et al.
2103, Reiffsteck et al. 2013, Tarnawski et al. 2015, Elfatih et al. 2015, Hamdi et Holeyman
2016), ainsi que des mécaniciens des roches (Kanji 2014). Leurs conclusions sont diverses,
et tendent à montrer qu’une formation donnée, homogène, fournit bien un « nuage de
points » plus ou moins étendu selon sa profondeur de gisement et son état d’altération,
généralement plus dense autour de son centre, souvent également allongé selon l’axe
d’une ellipse (marquant une tendance selon les coordonnées bilogarithmiques). Le nuage
caractérise un comportement indiqué par les essais qui le constituent, qui reste toujours à
indexer sur la nature réelle du sol soumis aux essais. Ces applications confirment d’autre
part qu’il est difficile de grouper sur un même diagramme un trop grand nombre de données
d’essais sur des formations trop variées en lithologie ou état d’altération et décompression,
car alors le chevauchement des nuages de points, même si leurs centres de gravité restent
distincts, rend l’image confuse et d’autant moins discriminante qu’elle rassemble des essais
provenant de sols divers, et de qualités inégales.

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2.1. Utilisation du rapport module cyclique EC1 / module pressiométrique EM .

Ces mises en application des diagrammes sur des campagnes d’essais ont incité à
rechercher une méthode de classification qui permette d’échapper à l’objection que la
pression limite nette p*LM, apparaissant dans les deux axes principaux des 3 diagrammes,
les rend non indépendants (Reiffsteck et al. 2013), y compris dans la formulation proposée
pour , ajustée empiriquement de façon graphique et difficile à démontrer et ajuster, avec
un coefficient kE dont le rôle physique n’apparaît pas encore clairement.
Déterminer pour  une valeur mesurée et non calculée est en définitive simple : il suffit
de se référer à la définition initiale (Ménard et Rousseau 1961) pour l’essai pressiométrique
à 3 cycles, que Louis Ménard a initialement préconisé (TLM, D60, 1963) :

 ≅ (𝑬𝑴 ⁄𝑬𝒄𝟑 )𝟏⁄𝟐 (2)

Dans le but de tenter de rendre plus systématique le recours à l’essai cyclique pour la
classification pressiométrique, nous proposons de retenir que, dans la pratique des essais
à plusieurs cycles, il apparait assez systématique que l’essentiel du module cyclique est
acquis dès le premier cycle et que l’on peut considérer comme une approximation
raisonnable la valeur donnée par le premier cycle : Ec1 = 0.9Ec3, donc :

 = (𝟎, 𝟗 ⋅ 𝑬𝑴 ⁄𝑬𝒄𝟏 )𝟏⁄𝟐 (3)

Cette relation entre les modules de premier et troisième cycle n’est pas une constante
absolue, et pourrait être affinée, en disposant de suffisamment d’essais à au moins trois
cycles. La figure 3 propose une classification pressiométrique des sols et des roches, avec
en abscisse le rapport Ec1/EM et en ordonnée (positive vers le bas) le paramètre d’état
pressiométrique p*LM/p0. Les autres paramètres d’état pressiométriques viennent en
déduction :  en axe horizontal secondaire par définition par (3), EM/p0 et EM/p*LM par calcul
∗ ),
avec (1) et 𝑘𝐸 = 2/√ln(𝐸𝑀 ⁄𝑝𝐿𝑀 qui fait décroître ce coefficient, jusqu’ici fixé
arbitrairement à une valeur moyenne de 4 (Baud et Gambin 2013), entre 6 et 2,5 lorsque
EM/p*LM est croissant. Soit l’expression complète du coefficient rhéologique de Ménard pour
un essai à une profondeur ou un p0 connus :

[𝑬𝑴 ⁄𝒑∗𝑳𝑴 ⋅𝒍𝒏(𝑬𝑴 ⁄𝒑∗𝑳𝑴 )]𝟏⁄𝟐


= 𝟏⁄𝟒 (4)
(𝟐𝝅)⋅(𝒑∗𝑳𝑴 ⁄𝒑𝟎 )

Quelques exemples résultants d’essais cycliques avec mesure de Ec1 seront donnés, à
partir de données publiées ou non. Un plus grand nombre de données reste nécessaire
pour vérifier la convergence pour  entre valeur mesurée et valeur calculée.

2.2. Approche de l’angle de frottement par l’essai pressiométrique.

De nombreux auteurs ont établi sur le plan théorique les expressions liant les mesures
pressiométriques EM et p*LM aux caractéristiques du sol c’ et ’ (Ménard 1957, Salençon
1966, Baguelin et al. 1978, Monnet et Khlif 1997, Combarieu 1998), expressions en général
assez complexes qui démontrent qu’un essai pressiométrique isolé n’est pas jamais
suffisant pour connaître à la fois c’ et ’, et que plusieurs essais dans des conditions de
confinement différentes sont nécessaires pour fixer l’un des deux.
Ménard (TLM 1963) et Gambin (1977) ont proposé une expression très simple, relation
biunivoque entre l’angle de frottement et la pression limite

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𝒑∗𝑳𝑴 (𝒃𝒂𝒓) = 𝟐, 𝟓 ∙ 𝟐(𝝋 −𝟐𝟒°)⁄𝟒 (5)

Différents auteurs ont ensuite proposé de l’adapter à des sols différents, en étendant et
modifiant soit le multiplicateur 2,5 en fonction du rapport EM/p*LM (TLM 1970, Muller 1970,
cité par Baguelin et al. 1978), soit les coefficients accompagnant ’ (Hamid et al. 2010).

Figure 3. Diagramme Pressiorama® cyclique [ln(Ec1/EM  ln(p*LM/p0].

La formule peut s’écrire, de façon équivalente à Ménard, sous la forme exponentielle :

𝝋′ −𝟏𝟖° 𝟏 𝝋′ 𝟏 𝝋′
𝒑∗𝑳𝑴 (𝒃𝒂𝒓) = 𝓮 𝟔 ≅ 𝟐𝟎 ⋅ 𝓮 𝟔 ≡ 𝒑∗𝑳𝑴 (𝑴𝑷𝒂) = 𝟐𝟎𝟎 ⋅ 𝓮 𝟔 (6)

forme plus simple et qui permet plus facilement le passage aux logarithmes népériens.
Nous proposons une forme généralisée de la relation de Ménard, exprimant le paramètre
d’état p*LM/p0, tenant compte de sa variation selon le coefficient rhéologique du sol , et
permettant l’ajustement de coefficients susceptibles de la rapprocher des expressions
théoriques plus complètes en tenant compte du confinement de l’essai :

𝒑∗𝑳𝑴 𝝋′
= 𝒃 ⋅ 𝜶𝒄 ⋅ 𝓮 𝒂 (7)
𝒑𝟎

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Seuls ces 3 coefficients (a, b, c) sont nécessaires et suffisants pour disposer des courbes
d’isovaleurs de ’ dans la classification Pressiorama au mieux de notre expérience concrète
de la valeur « vraie » ou plutôt vraisemblable, pour la gamme de types de sols et roches
couverte par le diagramme. L’exposant c a été maintenu à 2 par cohérence avec les
expressions (1) et (2). En se calant sur des valeurs de ’ vérifiées respectivement à 37°,
38° et 41° sur des sables de Seine (Combarieu 1996), on peut proposer pour les coefficients
a=6 et b=1/9. D’autres triplets de valeurs seraient bien sur possibles pour un résultat voisin.
En identifiant les expressions (3) et (7), et avec les valeurs retenues pour les coefficients
de l’expression (7), l’expression de Ménard et Gambin généralisée devient :

𝒑∗𝑳𝑴 𝟐 𝝋′ 𝑬 𝝋′
= ⋅ 𝒆 𝟔 = 𝟏𝟎⋅𝑬𝑴 ⋅ 𝒆 𝟔 (8)
𝒑𝟎 𝟗 𝒄𝟏

D’où la valeur « directe » de ’ résultant d’un essai pressiométrique à un cycle :


∗ ∗ ∗
9 𝑝𝐿𝑀 9.𝐸 𝑝𝐿𝑀 10.𝐸𝑐1 𝑝𝐿𝑀
𝜑 ′ = 6 ⋅ ln [𝛼2 ⋅ ] = 6 ⋅ ln [ 𝐸 𝑐3 ⋅ ] = 6 ⋅ ln [ ⋅ ] (9)
𝑝0 𝑀 𝑝0 𝐸𝑀 𝑝0

Le résultat est conforme au comportement des sols sous-consolidés et normalement


consolidés, et il peut être utilement pris comme tel pour donner facilement une
approximation raisonnable de ’ à partir d’un seul essai pressiométrique Ménard
« standard », ou mieux, d’un essai avec un cycle. Cependant, la valeur de ’ ainsi établie
devient manifestement rapidement trop élevée lorsque la consolidation (EM/p*LM ou EM/p0)
progresse, et amènerait à des valeurs supérieures à 45° pour tout milieu surconsolidé ou
cimenté. Pour la rendre compatible avec le comportement des sols surconsolidés et des
roches tendres, les abaques en figures 2 et 3 proposent de faire tendre ’ vers une valeur
de  (1>>1/3 pour 20°<’<50°), en moyennant la valeur de Ec1/EM par une droite
d’abscisse fixe proportionnée par  = 1 − 𝑒 ⋅ 𝜑′⁄180. Ce qui revient en pratique à tracer
pour une valeur de ’ donnée dans le diagramme cyclique [ln(Ec1/EM | ln(p*LM/p0] (fig. 3) :

𝐸𝑐1 ℯ 𝜑 ⁄6 1
= 0,45 ⋅ (9∙𝑝∗ + (1−𝑒⋅′ /180)²) (10)
𝐸𝑀 𝐿𝑀 ⁄𝑝0

et dans le diagramme adimensionnel [ln(p*LM/p0  ln(EM/p*LM] (fig . 2) des lignes isovaleurs


de ’ telles que :

1⁄ ℯ 𝜑 ⁄6 1

𝐸𝑀 ⁄𝑝𝐿𝑀 ∗ )
⋅ 𝑙𝑛(𝐸𝑀 ⁄𝑝𝐿𝑀 = (8 ⋅ ² ∙ (𝑝𝐿𝑀
∗ ⁄ )
𝑝0 2 )⁄( ∗ + (1−𝑒⋅′ /180)²) (11)
9∙𝑝𝐿𝑀 ⁄𝑝0

Ces abaques présentent une certaine ressemblance avec un abaque empirique non
publié, reproduit par Baguelin et al. (1978, chap. 6-D « Soil properties ») et attribué à
Calhoon (1970) sans précision sur la nature du tracé ni le mode d’emploi.

2.3. Typologie des sols dans l’abaque Pressiorama cyclique.

La conjonction des isovaleurs de  et de ’ dans le diagramme permet assez bien, pour un


point représentatif d’un essai donné, ou un groupe de points, de caractériser son
comportement, entre cohérent et granulaire, et son degré de consolidation. Reiffsteck et al.
(2013) avaient proposé pour cette lecture de l’abaque de la figure 2, d’utiliser un indice de
classification

∗ ⁄ ))2
𝐼𝑐 = [(1 + 𝑙𝑜𝑔(𝑝𝐿𝑀 𝑝0 + (1 − 𝑙𝑜𝑔(𝛼))²]1⁄2 (12)

En prenant la mesure de  issue de l’essai cyclique, cet indice devient :

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∗ ⁄ )
𝐼𝑐 = [ln(𝑝𝐿𝑀 𝑝0 + (1 + ln(𝐸𝑀 ⁄𝐸𝑐1 ))²]1/2 (13)

Sous cette forme, il prend des valeurs de 1, minimum pour un sol cohérent à la limite de
la liquéfaction, à 4,5 pour un amas granulaire grossier (graves crues ou roches
complètement fracturées). On remarque que pour les sols les moins consolidés, cet indice
est pratiquement l’inverse de  ; avec la consolidation, il évolue en direction des valeurs
plus faibles de Ec1/EM. La limite s’il en est une entre comportement argileux et
comportement sableux, est à mi-distance entre les valeurs extrêmes, soit 2,7 environ.

3. Conclusions.

Le diagramme Pressiorama [ln (p *LM)  ln (EM/p*LM)] (Baud 2005) a été utilisé par différents
auteurs pour la classification des sols à partir des essais pressiométriques Ménard
monotones (sans cycles). Malgré son intérêt dans la caractérisation d’un ensemble de
résultats pressiométriques, il a montré ses limites, liées à celles de l’essai standard lui-
même, et la nécessité pour caractériser le comportement du sol de connaître, ou mieux de
mesurer dans une procédure de mise en contact avant l’essai, le confinement représenté
par p0 (hs ou h0 dans d’autres notations moins intuitives), et par ailleurs lors d’un cycle
dans la phase pseudo-élastique, le coefficient rhéologique  de Ménard.
Les auteurs souhaitent, après d’autres (Combarieu 1996, 2001, Monnet 1997, 2013,
Baud et Gambin 2015), inciter à l’utilisation plus systématique de l’essai pressiométrique à
un cycle dans les études géotechniques courantes, apportant ces données mesurées
complémentaires, et propre à renforcer la possibilité de caractériser, par la mise en œuvre
d’une même technique, une plus large gamme de propriétés des sols étudiés dans une
campagne de reconnaissance géotechnique.
Cette pratique permet également de proposer aux concepteurs de fondations et
ouvrages en terre une approche plus rationnelle de deux paramètres dont la mesure directe
est assez rare lors des reconnaissances géotechniques :
- un « module d’Young » équivalent, attribuant aux sols une élasticité linéaire qu’ils
n’ont pas naturellement, par l’approximation EY ≈ 1,1Ec1 ≈ EM/² ;
- un angle de frottement interne ’, déterminant des coefficients de poussée et butée.
Très souvent en effet, en l’absence de véritables mesures in situ ou sur échantillons dans
les campagnes de reconnaissance, les valeurs de ces deux paramètres des calculs de
déplacements sont données arbitrairement en fonction de l’expérience du calculateur.

4. Remerciements.

L’auteur remercie M. Gambin, O. Combarieu et J. Monnet qui ont bien voulu relire cet article
avec pour chacun la compétence que leur a donné leur vision pratique et théorique des
essais pressiométriques, pour extraire des données mesurées des caractéristiques
fondamentales du milieu soumis à l’essai.
Des remerciements sont dus également aux donneurs d’ordre qui ont accepté des essais
cycliques pour le dimensionnement de leur projet, et leur utilisation pour ce travail : C.E.A.
pour Bruyères-le-Châtel, Botte Fondations pour Orgon, Colas-DTP pour Sartrouville.

5. Références bibliographiques

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Germany. Trans Tech Publications

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partir des résultats pressiométriques. Proc.18th Intl. Conf. Soil Mech. and Geotech. Eng., Paris, Parallel
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Ritsos A., Basdekis A., Gambin M. (2103) Pressiorama - Application of Ménard Pressuremeter to classify
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Salençon J. (1966) Expansion quasi-statique d’une cavité à symétrie sphérique ou cylindrique dans un milieu
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Saadé C. (1981) Essais pressiométriques et essais cycliques. Mémoire D.E.A., Ecole Centrale des Arts et
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Tarnawski M., Ura M. (2015) Towards soil profile from pressuremeter data. In : Frikha, Varaksin, Gambin
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Techniques Louis Ménard (1963) Détermination de la poussée exercée par un sol sur une paroi de
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Techniques Louis Ménard, (1963) Règles d’utilisation des techniques pressiométriques. Notice D60 CEG
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Baud_sciencesconf.org_jngg2016_81625_V9.docx

675
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

CARACTERISATION ET COMPORTEMENT DE L’ARGILE DE


MERVILLE RECONSTITUEE SOUS CHARGEMENTS MONOTONE ET
CYCLIQUE

CHARACTERIZATION AND BEHAVIOR OF RECONSTITUTED MERVILLE


CLAY ALONG MONOTONIC AND CYCLIC LOADINGS

Christophe DANO , Jian HAN2,3, Pierre-Yves HICHER3, Zhenyu YIN3


1,3
1
Laboratoire 3SR, Université Grenoble Alpes, UMR CNRS 5521, Grenoble (France)
2
School of Transportation Science and Engineering, Beihang University, Beijing 100191
(China)
3
Institut de Recherche en Génie Civil et Mécanique, Ecole Centrale de Nantes, UMR
CNRS 6183, Nantes (France)

RÉSUMÉ – Cette communication décrit les résultats d’une campagne d’essais en


laboratoire sur l’argile de Merville, matériau plastique fortement surconsolidé. Après avoir
donné les principales caractéristiques physiques, on présente le comportement
mécanique identifié lors d’essais triaxiaux monotones puis le comportement de cette
même argile reconstituée sous un chargement cyclique à très grand nombre de cycles.

ABSTRACT – This paper describes the results of laboratory experiments on the Merville
clay, a highly plastic and overconsolidated soil. The main physical characteristics are first
presented. Then the mechanical behaviour along monotonic triaxial tests is shown, before
examining more deeply the behaviour of reconstituted samples along cyclic loading with a
relatively unusual high number of cycles.

1. Introduction

Les règles de dimensionnement actuelles pour les fondations profondes proposent des
coefficients de sécurité forfaitaires, souvent économiquement pénalisants, lorsqu’il s’agit
de prendre en compte la nature cyclique des charges, telles que le vent ou la houle. Un
dimensionnement optimisé nécessite d’appréhender le comportement du sol sous charge
répétée, ce que les essais in situ standards (pénétromètre ou pressiomètre) ne
permettent pas dans l’état actuel de développement des matériels. Signalons toutefois
l’existence du pressiomètre cyclique qui peut remédier à cette carence. Une alternative
plus courante repose sur les essais de laboratoire à même de permettre de déceler une
sensibilité particulière aux chargements cycliques.
On présente ainsi dans cette communication les résultats d’une campagne d’essais
triaxiaux CIUc (consolidation isotrope puis cisaillement en condition non drainée)
cycliques sur une argile prélevée à Merville (Nord) mais reconstituée en laboratoire, pour
les raisons invoquées dans la section suivante. Les essais cycliques présentent la
particularité de comprendre un nombre élevé de cycles, de l’ordre du million, ce qui est
assez inhabituel en géotechnique.
Sur le site de Merville, dans le cadre du même projet SOLCYP, des essais de
chargement de pieux en grandeur réelle ( = 0,42m, L=13m), sous sollicitation axiale non
alternée en compression ou alternée, ont été réalisés. Les résultats de ces essais sont
présentés dans (Benzaria et al., 2013). De manière synthétique, tant que la charge
maximale Qmax appliquée lors d’un cycle ne dépasse pas un seuil estimé à 90 % de la
capacité portante statique en compression Quc (Qmax/Quc < 90 %), les déplacements

1
676
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

accumulés en tête de pieu, même après quelques milliers de cycles, sont négligeables.
Dès que le seuil est dépassé, alors des déplacements irréversibles apparaissent en tête
de pieu, l’amenant à la rupture.

2. Propriétés physiques de l’argile de Merville

2.1. Histoire géologique

L’argile rencontrée dans le sous-sol de Merville est de la même origine que l’argile des
Flandres ou l’argile de Londres, plus largement étudiée dans la littérature géotechnique.
L’argile fut déposée dans un golfe marin à l’ère éocène, avant d’être recouverte d’une
épaisseur d’environ 200 mètres de sédiments. Les formations sus-jacentes furent ensuite
érodées et partiellement remplacées par des alluvions quaternaires de faible épaisseur,
en même temps que des phénomènes physico-chimiques ne génèrent une cimentation
de l’argile. De ce fait, l’argile de Merville est une argile raide fortement surconsolidée : des
essais oedométriques sur des échantillons naturels, sous fortes contraintes (jusqu’à 12
MPa), sont nécessaires pour estimer la contrainte effective de pré-consolidation
(Josseaume, 1998 ; Han, 2014), de l’ordre de 2750 kPa (soit un degré de
surconsolidation supérieur à 25). Néanmoins, cette valeur n’est qu’apparente en raison
des processus de cimentation et de vieillissement qui ont pu se produire au cours des
temps géologiques (Cotecchia et Chandler, 1997 ; Han, 2014).
Egalement en raison de son histoire, l’argile de Merville naturelle apparait structurée
dans la partie supérieure de la couche, i.e. qu’un réseau de microfissures s’est
développé, rendant difficile la préparation d’échantillons intacts. Dans ce qui suit, les
essais sont donc conduits sur des échantillons reconstitués en laboratoire pour
s’affranchir de la variabilité liée à la micro-fissuration, Le degré de surconsolidation est
également plus faible (1 ou 4) et choisi de manière à permettre la comparaison avec des
résultats de la littérature.

2.2. Profil géotechnique

A partir de 3 sondages carottés désignés par SC1, SC2 et SC3, descendus jusqu’à une
profondeur de 11 mètres, il a été possible de définir le profil géotechnique suivant :
- Une couche de couverture de 3 mètres d’épaisseur constituée d’un limon sablo-
argileux ;
- La couche d’argile d’intérêt, entre 3 et 11 mètres de profondeur (et probablement
plus).
On peut distinguer dans cette couche d’argile une première tranche, entre 3 et 6 m, où
le matériau est microfissuré. Cette microfissuration est moins marquée pour les
profondeurs plus importantes. La transition entre la couche de limon et la couche d’argile
correspond approximativement à la position de la nappe phréatique.

2.3. Caractéristiques géotechniques de l’argile

Une analyse par diffraction X montre que l’argile est constituée de quartz et d’illite comme
minéraux dominants, de smectite et de kaolinite comme minéraux secondaires. Le
matériau naturel présente donc un potentiel de gonflement (Josseaume, 1998) mais celui-
ci n’a pas fait l’objet d’une étude particulière. Néanmoins, pour donner un ordre de
grandeur, Lancelot et al. (2002) rapportent, pour l’argile des Flandres naturelle prélevée à
Dunkerque, des valeurs de potentiel de gonflement entre 6 et 10 % et des pressions de
gonflement comprises entre 100 et 350 kPa (dépendant fortement de la méthode de
mesure et de la teneur en eau initiale).

2
677
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

La fraction argileuse (particules inférieures à 2 µm), déterminée par sédimentométrie


après broyage de l’argile sèche, est comprise entre 20 et 40%. Le poids volumique solide
est de 26,3 kN/m3. Le poids volumique saturé est de 19,6 kN/m 3. Enfin, la teneur en
carbonates est comprise entre 4 et 6 %.
Le profil de teneurs en eau w, de limites de liquidité wL et de plasticité wP est
représenté sur la Figure 1. Dans la couche d’argile, ces trois propriétés sont relativement
uniformes (29 % < w < 36 % ; 89 < wL < 101 % ; 46 < wP < 61 %). L’indice de plasticité IP
est ainsi compris entre 43 et 54 %, ce qui classe l’argile de Merville comme un matériau
fortement plastique.

w ou w ou w (%)
L P
0
0 20 40 60 80 100 120

2
LIMON
Profondeur (m)

ARGILE
4

w
L
10
w
P
w
12

Figure 1. Profil de teneurs en eau et des limites d’Atterberg.

3. Comportement sous chargement triaxial monotone

3.1. Préparation des échantillons

Les premiers essais triaxiaux sur des échantillons intacts ont révélé une dispersion assez
importante, en raison de la microfissuration présente dans les carottes. Toute analyse
comparative devenait délicate et il a donc été décidé de reconstituer des échantillons
d’argile, selon la procédure exposée ci-après.
L’argile naturelle est séchée dans une étuve à 105 degrés Celsius puis réduite sous
forme de poudre. Une boue est ensuite préparée par mélange de poudre d’argile et d’eau
à une teneur en eau égale à 1,5 fois la limite de liquidité wL. La boue est déposée dans
un consolidomètre de 50 mm de diamètre et consolidée sous une contrainte verticale de
100 ou 300 kPa, pendant trois semaines. Finalement, des échantillons cylindriques de 35
mm de diamètre et 70 mm de hauteur sont découpés, avant d’être placés dans une
cellule triaxiale pour des essais de caractérisation mécanique.

3.2. Essais triaxiaux monotones CIUc et CIUe

Dans la cellule triaxiale, les échantillons reconstitués (lettre « r » dans l’intitulé des essais)
sont consolidés de manière isotrope puis cisaillés en condition non drainée à un taux de
cisaillement de 2,57 %/h, en compression (essai CIUc) ou en extension (essai CIUe).
Certains échantillons, avant d’être cisaillés, subissent une décompression isotrope de

3
678
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

manière à ce qu’ils présentent un degré de surconsolidation de 4. Comme indiqué


précédemment, cette valeur est faible devant le degré de surconsolidation de l’argile
naturelle (OCR  25), mais elle autorise une comparaison avec des résultats publiés dans
la littérature. Le Tableau 1 répertorie les caractéristiques des essais monotones réalisés.
Dans ce tableau, ’r est la contrainte verticale appliquée dans le consolidomètre, w et e0
respectivement la teneur en eau et l’indice des vides initial avant installation dans la
cellule triaxiale, ’p la contrainte effective isotrope maximale en cours de consolidation et
’c0 la contrainte effective isotrope au début du cisaillement.

Tableau 1. Caractéristiques des échantillons pour les essais monotones


Essai ’r (kPa) w (%) e0 ’p (kPa) ’c0 (kPa) OCR
rCIUc1 300 38,8 1,04 400,0 99,4 4
rCIUe1 300 38,9 1,04 399,5 99,6 4
rCIUc2 300 38,1 1,02 399,9 399,9 1
rCIUe2 300 37,8 0,99 289,9 289,9 1
rCIUc3 100 50,3 1,28 199,2 199,2 1
rCIUc4 100 50,1 1,28 400,6 400,6 1
rCIUc5 100 50,1 1,29 699,9 699,9 1

Ces essais monotones permettent en particulier d’identifier la position de la droite


d’état critique dans le plan contrainte moyenne effective p’ - déviateur des contraintes q,
aussi bien en compression qu’en extension. L’analyse des essais monotones,
représentés sur la Figure 2, conduit à une pente M de la droite d’état critique de 1,0 en
compression et 0,90 en extension.

Figure 2. Résultats des essais monotones dans le plan p’ - q

3.3. Essais triaxiaux cyclique sur argile reconstituée

Les échantillons destinés aux essais cycliques ont suivi la même procédure de
reconstitution que lors des essais monotones présentés précédemment. Ils sont tous
consolidés de manière isotrope sous une contrainte moyenne effective p’ de 400 kPa,
avant d’être déchargés également de manière isotrope jusqu’à p’ = 100 kPa, de telle sorte
que le degré de surconsolidation soit de 4.
Pilotés en force, les essais cycliques sont de type alterné, c’est-à-dire que la contrainte
déviatorique moyenne qmoy est nulle. Le chargement est sinusoïdal, avec une fréquence

4
679
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

de 1 Hertz. Le paramètre qcyc définit la demi-amplitude de la contrainte déviatoire. Le


Tableau 2 contient les caractéristiques initiales des cinq échantillons testés. Dans ce
tableau, le paramètre Rc est le rapport qcyc / qmax où qmax = 194,5 kPa est la contrainte
déviatoire maximale obtenue lors de l’essai CIUc monotone sur un échantillon de même
degré de surconsolidation de 4. N est le nombre total de cycles. Il faut noter le nombre
élevé de cycles, supérieur au million.
Les résultats expérimentaux sont présentés sur la Figure 3. Sur cette Figure sont
tracées l’évolution des déformations déviatoires cyclique et moyenne en fonction du
nombre de cycles, ainsi que l’évolution des composantes cyclique et moyenne de la
surpression interstitielle en fonction du nombre de cycles. A l’exception de l’essai
référencé 5 caractérisé par Rc = 0,52, la surpression interstitielle augmente comme il est
habituel de l’observer dans les essais cycliques mais diminue vers la fin du chargement.
Ce point sera discuté ultérieurement.

Tableau 2. Caractéristiques des échantillons pour les essais cycliques


Essai w (%) e0 qcyc (kPa) Rc OCR N
1 37,2 0,98 21,4 0,11 4 1 026 575
2 37,4 1,00 41,7 0,22 4 1 060 200
3 37,0 0,97 84,7 0,44 4 1 051 480
4 37,7 0,95 92,8 0,48 4 1 050 520
5 38,5 1,01 101,0 0,52 4 6 990

Figure 3. Résultats des essais triaxiaux cycliques

5
680
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Pour des rapports Rc faibles (Rc = 0,11 ou 0,22), l’évolution de l’état des contraintes
effectives au sein des échantillons ne permet pas d’atteindre la ligne d’état critique, ni en
compression ni en extension. Pour Rc = 0,44, la rupture est atteinte en extension. Enfin,
pour les rapports les plus élevés (Rc = 0,48 et 0,52), l’état des contraintes effectives vient
toucher à la fois les lignes de rupture en compression et en extension. La rupture est ainsi
assez rapide dès que Rc dépasse 0,50 : le nombre de cycles à la rupture pour l’essai 5
est de seulement 6 990 cycles, valeur toutefois supérieure au nombre de cycles souvent
appliqué lors d’essais triaxiaux cycliques (un millier).
Ces essais confirment les observations faites lors des essais de pieux en vraie
grandeur sur le site de Merville. En effet, il a été observé qu’en deçà d’un seuil, des cycles
de faible amplitude en force ne détériorent pas la capacité portante du pieu. Au contraire,
au-delà de ce seuil tel que la force cyclique appliquée est de l’ordre de 0,9 fois la capacité
portante monotone, la rupture est atteinte rapidement.

3.4. Comparaison avec d’autres argiles

La Figure 4 compile les résultats obtenus sur l’argile de Merville (composition


minéralogique : illite principalement ; indice de plasticité : 55 % ; fraction argileuse : 26 % ;
degré de surconsolidation : 4) et les compare avec des résultats antérieurs sur d’autres
argiles :
- Les essais réalisés par Andersen et al. (1980) sur l’argile de Drammen (composition
minéralogique : mica et feldpath ; indice de plasticité : 27% ; fraction argileuse :
50% ; degré de surconsolidation : 4) ;
- Les essais réalisés par Hicher (1979) d’une part sur l’argile Noire (composition
minéralogique : kaolinite et illite ; indice de plasticité : 30% ; fraction argileuse :
54% ; degré de surconsolidation : 4), d’autre part sur une argile bentonitique
(composition minéralogique : smectite ; indice de plasticité : 54 % ; fraction
argileuse : 69 % ; degré de surconsolidation : 4).
La sensibilité d’un matériau argileux aux cycles de chargement, représentée ici par
l’évolution de la déformation cyclique, dépend fortement de la minéralogie (Hicher,
1979) et de fait, à l’indice de plasticité qui caractérise la microstructure du sol. Ainsi, les
argiles d’indice de plasticité les plus faibles (argile de Drammen, argile noire) sont plus
sensibles aux cycles que les argiles avec un indice de plasticité élevé parce qu’elles
présentent une plus faible résistance à l’évolution de la microstructure.

3.5. Analyse de la diminution de la pression interstitielle pendant le chargement

La durée des essais cycliques triaxiaux, avec un nombre de cycles supérieur au million,
est d’un peu plus de deux semaines. Plusieurs raisons pourraient expliquer une
diminution de la pression interstitielle : problème d’instrumentation, défaut d’étanchéité
sur l’appareillage, consolidation inachevée avant le lancement du chargement cyclique …
Chacune d’entre elles a été vérifiée et invalidée. La diminution de la pression interstitielle
est liée à l’évolution du matériau au cours du temps. La question du fluage s’est
naturellement posée. Ainsi, un essai triaxial non drainé de fluage a été réalisé, sous une
contrainte déviatoire fixée de 50 kPa appliquée en une minute environ.
L’évolution de la déformation axiale et de la surpression interstitielle au cours de l’essai
est représentée sur la Figure 5. On observe une diminution continue de la surpression
interstitielle attribuée au fluage du matériau argileux. Il y aurait donc deux mécanismes
antagonistes pendant le cisaillement cyclique : d’une part une augmentation de la
surpression due aux cycles, d’autre part une diminution due au fluage. Ce point devra
faire l’objet d’une étude plus approfondie.

6
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 4. Comparaison de la sensibilité de diverses argiles aux cycles

Figure 5. Résultat de l’essai de fluage

4. Conclusions

Dans cette communication est analysé le comportement d’une argile plastique et


surconsolidée sous chargements monotone et cyclique. Par comparaison avec des
résultats de la littérature sur d’autres argiles de même degré de surconsolidation, on
montre que la sensibilité aux cycles est liée à la nature minéralogique et à l’indice de
plasticité du matériau. Pour des argiles d’indice de plasticité élevé, comme c’est le cas
pour l’argile de Merville, l’amplitude de la contrainte déviatoire cyclique doit dépasser un
certain seuil pour véritablement détériorer la résistance du matériau et l’amener à la
rupture. Enfin, lors de des essais triaxiaux de relativement longue durée, deux
mécanismes entrent en jeu : la résistance aux cycles et le fluage, ce qui se traduit par une
évolution inhabituelle des surpressions interstitielles : d’abord une augmentation puis une
diminution attribuée au fluage.

7
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

5. Remerciements

Les travaux présentés ont été effectués dans le cadre du projet de recherche
collaborative SOLCYP. Le financement a été assuré par l’Agence Nationale de la
Recherche (volet ANR-SOLCYP), douze entreprises des secteurs du Génie Civil et de
l’Energie, le Ministère du Développement Durable (MEDDE), la FNTP et la Région Pays
de la Loire (volet PN-SOLCYP). Le Projet était piloté par l’IREX.

6. Références bibliographiques

Andersen K.H., Pool J.H., Brown S.F., Rosenbrand W.F. (1980). Cyclic and static
laboratory tests on Drammen clay. Proceedings of the american society of civil
engineers, journal of geotechnical engineering, vol. 106, n°GT5, pp. 499-529.
Benzaria O., Puech A., Le Kouby A. (2013). Cyclic axial load tests on bored piles in
overconsolidated Flanders clay. Proceedings of TC209 workshop: Design for cyclic
loading – piles and other foundations, 18th International Conference of the Internatioanl
Society of Soil Mechanics and Geotechnical Engineering, Paris, pp. 73-76.
Cotecchia F., Chandler R.J. (1997). The influence of structure on the prefailure behaviour
of a natural clay. Geotechnique, vol. 47, n°3, pp. 523-544.
Han J. (2014). Etude expérimentale du comportement mécanique d’une argile fortement
surconsolidée sous chargements monotones et cycliques. Thèse de doctorat, Ecole
Centrale de Nantes.
Hicher P-Y. (1979). Contribution à l’étude de la fatigue des argiles. Thèse de doctorat,
Ecole Centrale de Paris.
Josseaume H. (1998). Propriétés mécaniques de l’argile des Flandres à Dunkerque et
Calais. Revue française de géotechnique, n°84, pp. 3-26.
Lancelot L., Shahrour I., Khaddaj S. (2002). Etude en laboratoire du gonflement de l’argile
des Flandres. Actes du symposium PARAM, Paris, pp. 145-152.

8
683
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

PRISE EN COMPTE DU FLUAGE DANS L’ANALYSE DES MESURES


POUR LA PREVISION DE TASSEMENTS RESIDUELS
TAKING INTO ACCOUNT CREEP IN MEASURES ANALYSIS FOR RESIDUAL
SETLLEMENT PREDICTION

Marc FAVRE1, Eric VERMOOTE1


1 GEOS Ingénieurs Conseils, Archamps, France

RÉSUMÉ – L’interprétation du suivi des tassements des ouvrages peut s’avérer difficile si
tous les phénomènes ne sont pas pris en compte. L’intégration de l’expression du
tassement secondaire, via sa fonction logarithmique, dans les équations théoriques du
tassement en fonction du temps, permet de caler plus finement les estimations de
déplacements résiduels avec les mesures.

ABSTRACT – The interpretation of the structures settlement monitoring can be difficult if


all phenomena is not taken into account. Integration of the secondary settlement equation,
by its logarithm function, in the theoretical settlement equations function of time, allows to
match better residual settlement estimations with measurements.

1. Introduction – position du problème

Le géotechnicien est parfois amené à construire un remblai d’essai, voire l’ouvrage


définitif, et à en mesurer les déplacements pour prédire quel sera le comportement du sol
à long terme, incluant l’amplitude de tassement finale, et la durée nécessaire pour
l’atteindre. A partir de ces mesures, constituées généralement de données ponctuelles
récoltées sur des périodes plus ou moins régulières, il est logique d’essayer, à l’aide de
lois de comportement définies, de prédire quel sera le comportement du sol à long terme,
incluant l’amplitude de tassement finale, et la durée nécessaire pour l’atteindre.

Ainsi, à la date d’une mesure, le tassement résiduel, qui correspond à la différence


entre le tassement actuel et le tassement final, est recherché et c’est généralement le
critère déterminant sur l’admissibilité de la structure à supporter des déplacements.

2. Développement

2.1. Consolidation primaire avec loi de comportement exponentielle

Une méthode d’extrapolation des déplacements de sols sous charge constante, à partir du
modèle de Terzaghi donne une solution de l’équation de diffusion de la déformation du sol
en fonction du temps et de la profondeur, via le degré de consolidation de la couche
compressible d’épaisseur H en fonction du temps (Recordon, 1988) :


∆ ∙ ∙ ∙
= ∆
=1−∑ ∙ (1)
∙ ∙

684
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Avec U le degré de consolidation, ΔH(t) le tassement de l’ouvrage à l’instant t depuis le


début de la consolidation primaire, Cv le coefficient de consolidation verticale et H
l’épaisseur de la couche compressible.

En ne considérant que le premier terme de la série, le tassement a l’expression


suivante :

∆ =∆ ∙ 1−!∙ "∙
(2)

Où ΔH∞ est l’amplitude de déplacement final de consolidation primaire, B caractérise le


décalage entre l’origine du phénomène de consolidation et le début des mesures, et C
caractérise la courbure de la courbe de consolidation.

Il a été démontré que l’erreur commise était au maximum de 1,5% pour U > 35% et de
0,2% pour U > 50 % (Recordon, 1988).

Cette méthode n’est cependant applicable que si le sol est n’est pas soumis à d’autres
comportements : si la courbe des mesures se cale mal avec la courbe exponentielle, la
seule conclusion possible est que la déformation du sol n’est pas due au phénomène de
consolidation.

2.2. Consolidation secondaire

La théorie développée par Terzaghi suppose que seule la consolidation primaire entre en
compte dans le phénomène de tassement, c’est-à-dire que la consolidation ne s’effectue
que par dissipation des surpressions interstitielles.

Pour des durées d’observations longues ou dans le cas de sols à forte teneur en
matières organiques, la simple prise en compte de la consolidation primaire n’est pas
suffisante. En effet, l’expérience montre que dans certains cas, la courbe des mesures de
tassements n’atteint pas un seuil asymptotique mais au contraire présente une variation
linéaire en fonction du logarithme du temps.

Ce phénomène est observable à partir d’une certaine date, notée t0, qui est
communément acceptée comme le point de départ de la consolidation secondaire du sol
dite « fluage ». En notant ΔHs l’amplitude des tassements de consolidation secondaire, il
vient :

∆ # = $ ∗ &'( ) + (3)
* | - *

Avec D le coefficient directeur de la droite approchant la courbe de consolidation


secondaire dans le plan (log(t),ΔH).

2.3. Consolidations primaire et secondaire

En faisant l’hypothèse que la consolidation du sol résulte de la superposition du


phénomène de consolidation primaire et du phénomène de fluage, il vient :

"∙
∆ =∆ ∙ 1−!∙ + $ ∙ &'( ) + (4)
* | - *

685
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

La superposition des tassements primaires et secondaires conduit ainsi à distinguer


deux intervalles de temps distincts :
• l’intervalle compris entre 0 et t0, correspondant à la durée durant laquelle seule la
consolidation primaire intervient,
• au-delà de t0, la consolidation secondaire se superpose à la consolidation primaire
puis devient prédominante.

2.4. Résolution

Le problème consiste à déterminer les cinq coefficients A, B, C, D et t0 qui ajusteront au


mieux le modèle sur un ensemble de mesures {Δhi} par les moindres carrés.

/ = 012 ∑[4 ∙ 1 − ! "∙ 5


+ $ ∙ &'( ) 5 + − ∆ℎ 8 ] (5)
* | - *

L’inconnue principale est t0. La connaissance de ce paramètre permet de déterminer les


intervalles de temps, et donc les points de mesure, sur lesquels les autres coefficients
seront ajustés.

Dans la pratique, la détermination de la partie primaire se fait en considérant


successivement les k premières mesures, k étant compris entre 3 et n-2, avec n le nombre
total de mesures. Ensuite, les valeurs de D et t0 sont déterminées avec les mesures
restantes, avec des critères d’admissibilité (D positif et t0 situé après la dernière mesure
utilisée pour la détermination de la partie primaire).

Parmi tous les modèles calculés, le modèle retenu est celui qui minimise l’équation (5)
tout en satisfaisant les critères d’admissibilité définis ci-dessus.

3. Applications

Les modèles décrits précédemment ont été appliqués à différents cas exposés ci-après.

3.1. Suivi des tassements de bâtiments

Le dallage d’un bâtiment à usage commercial fondé sur sol compressible a fait l’objet de
mesures topographiques semestrielles sur une période de plus de treize ans, qui ont
montré une amplitude de tassements absolus beaucoup plus importante que celle
estimée. La méthode exposée précédemment permet de caler une loi de consolidation
primaire et secondaire finement avec les mesures, et met clairement en évidence la
consolidation secondaire.

686
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 1 : Application au suivi du dallage d’un centre commercial sur sol compressible

3.2. Suivi d’ouvrages en terre

3.2.1 Suivi des tassements d’une plateforme de tramway fondé sur remblai

La construction d’une nouvelle ligne de tram nécessite la mise en œuvre d’un remblai de
hauteur limitée mais de très grande largeur sur des sols faiblement compressibles, mais
sollicités jusqu’à une grande profondeur compte tenu de la largeur du remblai.

Figure 2 : Suivi des tassements d’une plateforme de tramway fondée sur remblai
4

687
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Les tramways étant des systèmes sensibles aux dévers, l’interprétation des mesures
sur différents profils en travers a permis de prédire l’évolution des tassements différentiels
transversaux des rails, qui est un critère fondamental pour l’exploitation.

Le suivi des tassements de la plateforme sur un repère, superposé à son interprétation,


est montré sur la figure ci-dessous et montre très clairement la part due au phénomène de
consolidation secondaire1.

Figure 3 : Evolution des tassements d’une plateforme de tramway fondé sur remblai

1Dans la mesure où les tassements n’ont pas été suivis depuis l’origine, l’amplitude globale des tassements
de consolidation primaire est sous-estimée.

688
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.2.2 Suivi des tassements de préchargement d’une plateforme autoroutière

La date d’arrêt d’un préchargement d’une plateforme autoroutière, dont le suivi et


l’interprétation sont présentés ci-dessous, a pu être déterminée grâce au suivi périodique
des tassements, en fonction du critère d’admissibilité des tassements résiduels. Il a par
ailleurs été mis en évidence le phénomène de consolidation secondaire.

Figure 4 : Suivi des tassements d’un remblai de préchargement d’une plateforme


autoroutière

689
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 5 : Evolution des tassements d’un remblai de préchargement d’une plateforme


autoroutière

4. Conclusion

La prise en compte du fluage dans l’interprétation des mesures de tassement permet de


caler des modèles plus évolués, pouvant s’ajuster beaucoup mieux aux mesures de
tassement d’ouvrages fondés sur sols fins. Néanmoins, il reste nécessaire dans tous les
cas que les chargements n’évoluent pas en fonction du temps et que les mesures ne
reflètent que le comportement du sol.

5. Références bibliographiques

Recordon E. (1988). Tassement des ouvrages au cours du temps. Ingénieurs et


architectes suisses, n°7, pp100-104.

690
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

RENFORCEMENT DES DIGUES DE LOIRE PAR LA METHODE DU DEEP


SOIL MIXING : CONTROLE PAR TECHNIQUES GEOPHYSIQUES

LEVEES REINFORCED BY THE DEEP SOIL MIXING METHOD IN THE LOIRE AREA :
CONTRIBUTION OF GEOPHYSICAL METHODS FOR THE ASSESSMENT
1 1 2
Yannick FARGIER , Yannick ANANFOUET , Yasmina BOUSSAFIR , Sérgio PALMA
LOPES3, Alain LE KOUBY2, Edouard DURAND1, Lucile SAUSSAYE1
1
Cerema Normandie Centre, Laboratoire Régional de Blois
2
IFSTTAR, site de Marne La Vallée
3
LUNAM Université, IFSTTAR, site de Nantes

RÉSUMÉ –Pour pallier à la décroissance du niveau de sûreté (dégradation) des digues


dans le temps, la technique de renforcement in situ de type « Soil Mixing » rencontre un
engouement croissant. Cette technique ne dispose pas d’outil d’auscultation permettant
de déterminer la qualité de réalisation. Cet article présente une qualification de méthodes
géophysiques (sismique, radar, électrique) pour l’auscultation de ces ouvrages.

ABSTRACT –To palliate the decrease of the safety level of levees in time, the “Deep Soil
Mixing” method presents an interesting trade-off. However this kind of reinforcement
technique doesn’t have assessment method to determine the quality of construction. We
propose in this paper a synthesis of research qualifying geophysical methods (seismic,
radar, electric) for the assessment of these reinforcement structures.

1. Introduction

La préservation des ouvrages de lutte contre les inondations est une composante forte de
la politique de développement durable. Au sein de ces ouvrages anciens, des
phénomènes d’écoulements internes sont à l’origine de dégradations (érosion interne)
pouvant amener à la ruine des ouvrages.
Les « écrans étanches » type sol-ciment permettent à la fois de renforcer le
comportement mécanique de l’ouvrage et de diminuer sa perméabilité hydraulique ainsi
que son érodabilité et donc sa durabilité (Fonseca et al., 2009). La méthode dite du « soil
mixing » par voie humide consiste à mélanger le sol en place sur de grandes hauteurs à
l’aide d’une trancheuse en y incorporant du liant et de l’eau (figures 1.a et 1.b).

a) b)

Figure 1. a) Ecran en cours de réalisation par la technique TRENCHMIX®, b) élément de


carotte issue de l’écran présentant un surdosage en ciment.

1
691
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

En théorie l’action de la trancheuse malaxeuse (TRENCHMIX®) doit permettre le


mélange et l’homogénéisation du milieu sur toute la hauteur (Porbaha et al., 2000).
Cependant, le mélange est en pratique incomplet présentant des ségrégations et donc
une certaine hétérogénéité du matériau. Cette hétérogénéité peut avoir des
conséquences néfastes sur les performances attendues de l’ouvrage (mauvais rapport
E/C, perméabilité élevée…) (Fonseca et al., 2009 ; Larsson, 2001).
Dans ce cadre, plusieurs techniques géophysiques ont été testées afin de qualifier leur
potentiel pour la réception et le suivi de ces ouvrages, à savoir les méthodes de
tomographie sismique, radar et électrique (Beck et al., 2011).
Trois phases distinctes impliquant des travaux en laboratoire, de modélisation
numérique et in situ ont été réalisées. En laboratoire, des mesures physiques ont été
effectuées (résistivité, permittivité, vitesse des ondes P et S) sur des échantillons
présentant différents dosages en ciment et différents temps de cure.
Les résultats issus des trois phases de recherche ont permis de différencier le potentiel
de contrôle et de suivi des méthodes géophysiques testées, de préciser leurs limitations
et de présenter des perspectives d'optimisation.

2. Essais en laboratoire

L’objectif de cette première phase est de déterminer la sensibilité de grandeurs physiques


(Beck et al., 2011) à des variations de formulation de mélange sol-ciment. Les grandeurs
sont :
• la résistivité électrique : capacité du matériau à s’opposer au passage du courant
(Hammad, 2013) ;
• la permittivité diélectrique : capacité du matériau à former des dipôles électriques ;
• la vitesse des ondes P et S.

Plusieurs facteurs vont avoir un impact sur les propriétés d’un mélange sol-ciment
(Porbaha et al., 2000, Larsson, 2001) :
• la formulation (teneur en ciment/sol/eau du mélange) ;
• la qualité du mélange ;
• le temps de cure ;
• le type de ciment ;
• la nature du sol.

Pour la constitution des éprouvettes, deux types de sols sont étudiés à savoir un sol fin
(Tours) et un sol plus grossier (Sigloy). Plusieurs formulations sont étudiées (figure 2.a)
(en kg de ciment/m3 de sol sec) : 140, 210 et 280 kg/m3 et enfin une pâte de ciment pur.
Le ciment utilisé correspond au ciment utilisé sur les chantiers de Sigloy et Tours, à savoir
un CEM III/C 32,5. Pour le mélange la teneur en eau est fixée à la limite de liquidité du
sol. Trois éprouvettes sont réalisées par formulation (figure 2.b) afin de tenir compte de la
dispersion des résultats. Les éprouvettes sont conservées en immersion dans l’eau et les
mesures géophysiques sont réalisées aux temps de cure suivants (en jours) : 7, 14, 28,
60, 90 et 120.
Les figures 2.c et 2.d présentent la cellule utilisée pour la mesure de résistivité
électrique des échantillons. La résistivité moyenne de l’échantillon est recalculée en
fonction des cinq mesures réalisées.

2
692
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

a) b)

c) d)

Figure 2. Présentation a) du mélange réalisé par le malaxeur, b) des échantillons à


différentes formulations diamètre 75*75mm conservé pour les essais géophysiques, c) de
la cellule électrique de l’IFSTTAR et d) du principe de mesure de la cellule

La figure 3 présente les résultats des mesures en laboratoire de résistivité électrique


pour toutes les formulations réalisées et à différents temps de cure. Ces résultats
indiquent une sensibilité importante de la résistivité électrique en fonction de la
formulation et du temps de cure. Les résultats obtenus avec les mesures sismiques sont
similaires aux résultats de résistivité électrique. Concernant la permittivité diélectrique, les
résultats montrent que cette grandeur n’est capable de différencier ni les sols entre eux,
ni le temps de cure, ni la formulation. Seuls les échantillons de pâte de ciment sont
discriminés. Des essais complémentaires de résistance à la compression simple ont été
réalisés sur des échantillons de même formulation mais de géométrie différente
(éprouvette cylindrique 50x100). Ces résultats sont cohérents avec la littérature et
indiquent une corrélation intéressante avec les résultats de résistivité électrique et de
vitesse des ondes P.

Figure 3. Evolution de la résistivité électrique au cours du temps pour toutes les


formulations étudiées. La nomenclature des échantillons est (hormis ciment pur Cem1 à
3) « Site (S :Sigloy ; T : Tours) » « Teneur (kg de ciment / m3 de matériau)»

3
693
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3. Modélisation numérique

L’objectif de cette partie est de donner les limitations des techniques d’imagerie
géophysique in situ dans le cas le plus favorable qu’il soit. En effet, son principe réside
dans la construction de modèles géologiques parfaits sur lesquels sont simulées
numériquement les méthodes géophysiques.
Cette partie présente exclusivement les résultats de modélisations numériques de la
méthode géoélectrique. En effet, la simulation de l’objet qui nous intéresse nécessite un
maillage 3D complexe. Or, nous n’avons à notre disposition qu’un seul logiciel permettant
cette modélisation, dédié aux modélisations électriques.
La figure 4 présente le milieu modélisé, à savoir une digue de plusieurs centaines de
mètres de long, de 5 m de hauteur et de largeur de crête, de 25 m de largeur de base
avec des pentes de 2H/1V. L’écran étanche est modélisé quasiment au centre de la crête,
sur 8 m de profondeur et 60 cm de largeur. La résistivité du sol naturel est fixée à 50 Ω.m
tandis que la résistivité de l’écran est fixée à 100 Ω.m.

Figure 4. Présentation du milieu simulé par éléments finis de la digue (en bleu) et de
l’écran étanche (en vert). Une vue en plan (a) en perspective (b) section longitudinale (c)
et transversales (d) sont présentées

La figure 5 présente le cas d’une simulation de campagne Tomographie de Résistivité


Electrique (TRE) transverse à l’écran. L’objectif est de voir la capacité de la méthode à
imager l’écran dans son environnement. La figure 5.a présente le modèle tandis que la
figure 5.b présente les résultats d’inversion pour un écran deux fois plus résistant que
l’encaissant (résultat du haut) et un écran quatre fois plus résistant que l’encaissant
(résultat du bas). Les données sont acquises en simulant 96 électrodes espacées de 50
cm avec un protocole dipôle-dipôle. Les données sont inversées à partir du logiciel
Res2dinv avec pour seule option particulière le doublement du nombre de paramètres
entre chaque électrode.
Les résultats montrent que l’écran est mieux reconstruit lorsqu’il présente un contraste
de résistivité supérieur avec le milieu encaissant. Cependant, pour les deux résultats,
seuls les 2 à 3 premiers mètres de l’écran peuvent être identifiés sur les coupes. En
dessous de cette profondeur, la perte de résolution en profondeur (inhérente à la
méthode) a pour conséquence de ne plus permettre la détection de l’écran n’offrant donc
pas de réponse intéressante à la problématique.

4
694
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

a) b)

Figure 5. Présentation a) du modèle géométrique en éléments finis (en bas) et d’une vue
en plan du modèle (en haut) et b) des résultats d’inversion des données pour un écran
étanche de résistivité 100 Ω.m (en haut) et 200 Ω.m (en bas)

La figure 6 synthétise les résultats d’une campagne réalisée entre forages (cross-hole)
dans l’écran. En effet, la perte de résolution en profondeur étant inhérente à la méthode,
nous proposons d’utiliser des mesures en forage pour limiter ce point. Pour cela trois
anomalies sont ajoutées à l’écran étanche (figure 6.i). Trois cas d’études en forage sont
étudiés avec une distance inter forage de 1,5, 3 et 6 m. Les résultats d’inversion pour
l’espacement de 6 m sont présentés à la figure 6.ii).

i) ii)

Figure 6. Présentation i) du modèle géométrique en éléments finis utilisé, avec en rouge


les anomalies simulées dans l’écran et ii) les résultats d’inversion. Les traits rouges
verticaux représentent les positions des mesures en forages pour les trois études

Ces résultats montrent des résistances élevées à proximité des forages qui sont
proches de la résistivité de l’écran et une résistivité faible en dehors des forages. Les trois
anomalies ne sont clairement pas détectables sur ces résultats d’inversion quel que soit
l'espacement entre les forages. Les structures inversées (en dehors des zones de
forages) peuvent être interprétées comme des artéfacts liés au caractère 3D de la zone
non prise en compte dans l’inversion. En conséquence, bien que les données simulées

5
695
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

ne soient pas entachées de bruit (principe du crime inverse), les résultats démontrent que
l’utilisation de la TRE dans les configurations conventionnelles présentées ne permet pas
de répondre à la problématique.

4. Essais in situ

L’objectif de cette partie est de présenter une étude géophysique utilisant des outils
conventionnels adaptés à une auscultation « grand rendement » d’un ouvrage réel. L’idée
était de démontrer le caractère inopérant de la méthode dans son utilisation
conventionnelle, tout du moins pour répondre aux objectifs de la problématique.
Parmi toutes les campagnes de terrain réalisées, seules les campagnes de TRE
transversale et en forage sont présentées ci-dessous. Les campagnes non présentées
par soucis de clarté de l’article sont i) une campagne de TRE longitudinale à l’ouvrage, ii)
une campagne de radar en forage et iii) une campagne sismique en forage.

4.1. Campagne TRE Transversale


La figure 7 présente le résultat d’inversion (res2dinv) obtenu à partir de mesures réalisées
transversalement à l’ouvrage. Pour cela un protocole de type dipôle-dipôle est réalisé à
partir de 96 électrodes espacées de 50 cm. La profondeur d’investigation moyenne est de
10 m, permettant d’atteindre la couche de graves qui se situe à la base de l’écran
étanche. Cette tomographie est issue l’itération 5 du processus d’inversion avec une
erreur RMS de 1,2 %. Le résultat d’inversion permet une bonne restitution de la géologie
du site et de l’ouvrage. Concernant l’écran étanche, la capacité de détection de celui-ci
est faible et limitée aux deux premiers mètres sous la surface.

Figure 7. Coupe transversale de la résistivité électrique de la digue. La position de l’écran


étanche est surimposée par un rectangle noir. Les couches composant la digue sont
également distinguées par un tracé en pointillés

4.2. Campagne TRE en forage

La figure 8 présente les résultats obtenus à partir de l’inversion des résistivités


apparentes obtenues en forage. Le résultat de TRE cross-hole est présenté à l’itération 5
avec une erreur RMS de 1,2 %. Les données sont acquises à partir de deux protocoles, à
savoir un dipôle-dipôle équatorial et un dipôle-dipôle diagonal. Les électrodes sont
positionnées tous les 25 cm en profondeur (points noirs) jusqu’à 4,75 m. Le contact
écran/électrode est assuré par l’ajout d’eau dans les forages. Il peut être noté que bien
que le forage ait atteint 8 m de profondeur, la présence de graves non mélangées à partir
de 6 m génère un milieu trop perméable pour que l’essai soit réalisé dans de bonnes

6
696
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

conditions (ajout de fluide pour le contact électrique). En conséquence, le fond du forage


a été scellé par un coulis de ciment, limitant la pose d’électrodes à 4,75 m de profondeur.
La tomographie est entachée de nombreux artéfacts liés aux effets 3D. Ces artéfacts sont
similaires aux simulations précédemment réalisées. A proximité des forages, la
tomographie semble cependant permettre une discrimination du comportement des
terrains corrélés avec les paramètres de forage sur cette zone, à savoir une résistance
mécanique et électrique plus élevée à droite jusqu’à 3 m de profondeur puis à gauche
jusqu’à la fin du forage. En conséquence, la faible plus-value présentée précédemment
ne permet pas de combler le caractère « faible rendement » et « destructif » de la
méthode. Cette aspect permet de conclure à sa non applicabilité d’un point de vue
opérationnel.

Figure 8. Résultat de tomographie de résistivité électrique en forage. La position des


électrodes est surimposée (points noirs) sur le résultat. La distance entre les deux forages
est de 1,5 m. Le résultat présente une erreur RMS de 1,2 % à l’itération 5

5. Conclusion

7
697
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Une étude complète intégrant des mesures en laboratoire, de la modélisation numérique


et des essais in situ est présentée, son objectif étant de tester la pertinence d’utilisation
de différentes méthodes géophysiques pour l’auscultation des écrans étanches sol-
ciment. Un caractère « grand rendement » des méthodes doit être conservé afin que ces
travaux gardent une applicabilité dans le cadre opérationnel.
Les résultats de l’étude en laboratoire montre que les paramètres résistivité électrique
et vitesse des ondes P sont sensible à la fois à la formulation et au temps de cure.
Inversement, les résultats obtenus avec la sonde électromagnétique montrent que la
permittivité diélectrique est un paramètre qui n'est sensible ni à la formulation ni au temps
de cure.
L’étude numérique a permis de démontrer les limitations de deux stratégies d’acquisition
TRE in situ, à savoir une tomographie 2D transversale à l’ouvrage et une tomographie
inter forages positionnée dans l’écran. En effet, la perte de résolution en profondeur (cas
transversal) et les effets 3D liés à la forme de l’écran (cas en forage) limitent fortement
l’utilisation de cette méthode pour la reconnaissance de ce type d’ouvrage.
Les deux stratégies d’acquisition précédentes sont réalisées sur un ouvrage réel. La
campagne de tomographie transversale à l’ouvrage permet une bonne description de
l’ouvrage lui-même et une très faible reconnaissance de l’écran étanche. Concernant la
tomographie en forages, les résultats montrent que la tomographie est entachée d’erreurs
de reconstruction limitant très fortement son analyse. En conséquence, dans leur
utilisation conventionnelle, les techniques présentées ne présentent pas d’intérêt réel
pour l’auscultation de ce type de renforcement de corps de digue.
Dans un avenir proche nous espérons tester des techniques géophysiques sortant du
cadre d’utilisation conventionnel afin d’assurer une plus grande robustesse aux résultats
tout en gardant un rendement élevé.

6. Références bibliographiques

Beck, Y. L., Lopes, S. P., Ferber, V., and Côte, P. (2011). Microstructural Interpretation of
Water Content and Dry Density Influence on the DC-Electrical Resistivity of a Fine-
Grained Soil. Geotechnical Testing Journal, American Society for Testing and
Materials, West Conshohocken, PA., 34(6), pp. 1-14.
Fonseca, A. V., Cruz, R. C., and Consoli, N. C. (2009). Strength Properties of Sandy Soil–
Cement Admixtures. Geotechnical and Geological engineering (Springer Science), 27,
pp. 681-686.
Hammad, A. H. (2013). Evaluation of soil cement properties with electrical resistivity. Msc
Thesis, Dalhousie University, Halifax, Nova Scotia.
Larsson, S. (2001). Binder distribution in lime-cement columns. Proceedings of the ICE -
Ground Improvement, 5(3), pp.111-122.
Porbaha, A., Shibuya, S., Kishida, T. (2000). State of the art in deep mixing technology.
Part III: geomaterial characterization. Ground Improvement, 4(3), 2000, p. 91–110.

8
698
Etude du comportement anisotrope des déformations d’un front de galerie.

ETUDE DU COMPORTEMENT ANISOTROPE DES DEFORMATIONS


D’UN FRONT DE GALERIE.

STUDY OF ANISOTROPIC BEHAVIOUR OF STRAINS ON A GALLERY FRONT.

Stephen HEDAN , Valéry VALLE2, Justo CABRERA3, Philippe COSENZA1


1
1
Université de Poitiers, IC2MP-HydrASA, CNRS UMR7285, ENSI Poitiers, France.
2
Université de Poitiers, Institut PPRIME CNRS UPR 3346 Futuroscope Chasseneuil,
France
3
IRSN, Site expérimental de Tournemire, Tournemire, France.

RÉSUMÉ – L’anisotropie des déformations hydriques d’un front de galerie de la station


expérimentale de Tournemire a été étudiée par la méthode optique de la Corrélation
d’Images Numériques (CIN). Les déformations ont été acquises par un nouvel algorithme
CIN sur plus d’un an. Nos résultats mettent en évidence la présence de fissures délimitant
des blocs « continus ». Sur ces blocs, le rapport d’anisotropie entre les déformations
parallèles et perpendiculaires à la stratification a été mesuré.

ABSTRACT –The anisotropy of hydromechanical strains of a gallery front at the


Tournemire experimental station was investigated by the optical method Digital Image
Correlation (DIC). The strains obtained by a new DIC algorithm were recorded over more
than one year. Our results revealed the presence of cracks delimiting "continuous" block.
On these blocks, the anisotropic ratio between the parallel strains and the perpendicular
strains to the bedding planes was measured.

1. Introduction

Les roches argileuses sont actuellement considérées pour le stockage des déchets
hautement radioactifs en formations géologiques profondes. Parmi les questions cruciales
liées à l'évaluation de la sécurité à long terme de ces dépôts géologiques, l'étude de la
zone endommagée (EDZ) autour des ouvrages est d'une importance particulière.
L'ouverture et l'extension de l'EDZ sont régies par de nombreux paramètres (Blümling et
al., 2007) : les propriétés du matériau de la roche (exemple : anisotropie du matériau), le
champ de contrainte initial, l'existence de zones de fractures naturelles dans le massif
rocheux, la géométrie de la galerie, et l'état hydrique existant dans la galerie. En ce qui
concerne le comportement mécanique anisotrope d’une galerie ou d’un front de galerie,
plusieurs moyens expérimentaux de quantification peuvent être envisagés. L’utilisation
des jauges de déformations se trouve rapidement limitée si l’on souhaite spatialiser
l’information mécanique avec une résolution spatiale suffisante (ex : un point de mesure
chaque cm²). De plus, la réponse de ces jauges peut être perturbée par sa localisation
(ex : collée sur une fissure hydrique). Depuis quelques années, les méthodes optiques de
mesure de champ sont en plein essors en géomécanique. Leurs atouts sont : une
spatialisation des résultats, une bonne résolution spatiale (de 1 à 500 µm.pixel-1) (Wang
et al.2015) (Hedan et a l., 2012) (Hedan et a l., 2014) et la non intrusion du matériau
étudié. Toutefois, certaines de ces méthodes nécessitent un marquage approprié
(exemple : mouchetis) de la surface étudié. Les précédentes études faites sur ce front de
galerie se sont concentrées sur la quantification des ouvertures des fissures sub-

1
699
Etude du comportement anisotrope des déformations d’un front de galerie.

horizontales et sub-verticales et sur les déformations perpendiculaires à la stratification


(Hedan et al, 2014).
L'objectif de l'étude est de quantifier l’anisotropie des déformations hydriques d’un front
de galerie sur une période de plus d’un an. Pour cela, des blocs « continus » (i.e. sans
fissures observables à notre échelle) seront définis à partir des observations des champs
de déplacements, puis les déformations moyennes perpendiculaires et parallèles à la
stratification seront calculées et le rapport entre ces déformations quantifié. La zone
d’étude sera soumise à des variations climatiques saisonnières naturelles (RH et T), à
une faible circulation d’eau au sein du massif (non étudié ici). Les conditions en
déplacement du front de galerie sont celles qui existent normalement en présence de
cintres métalliques supportant le massif rocheux, espacés tous les mètres le long de la
galerie

2. Contexte géologique

Le site expérimental de Tournemire est associée à une structure géologique monoclide


simple formée, à grande échelle, par 3 couches ; une couche inférieure calcaire et
dolomitique d’environ 300m d’épaisseur (Hettangien, Sinémurien et Carixien), la couche
argileuse constituée des formations du Toarcien et Domérien, et une couche supérieure
calcaire et dolomitique de plus de 300 mètres qui constitue l’ossature morphostructurale
du Causse de Larzac. La couche argileuse est encadrée par 2 aquifères calcaires :
l’aquifère de l’Aalénien dans la partie supérieure et l’aquifère régional du Carixien dans sa
partie inférieure. L’ensemble de ces couches jurassiques est affecté vers le nord du site
par une faille régionale, la faille de Cernon. Sa minéralogie est dominée par les
phyllosilicates (20-50%) dont la kaolinite, l’illite et les interstratifiés illite/smectite, les
tectosilicates (10-50%) dont le quartz et les feldspaths, les carbonates (10-30%) et les
sulfures (2-7%). En outre, l'argilite de Tournemire a une teneur en eau de 3,5-4% à l'état
de saturation. La roche présente une structure litée avec une alternance entre des lits
carbonatés et des lits plus argileux d’environ 200 à 400 µm. Sa structure est donc
anisotrope. Le front étudié est celui de la galerie Est96 excavée en 1996, soit 15 cycles
climatiques annuels avant le début de l'étude. Autrement dit, ces cycles antérieurs ont
contribué à la création et à l’extension d’une zone endommagée appelée aussi EDZ
(Excavation Damage Zone).

3. Montage expérimental et méthodes optiques

Le dispositif expérimental mis en place dans la galerie comprend quatre parties (Hedan et
al., 2014) : (a) une zone d'étude (344×275mm²) située sur le front de la galerie, des
images acquises toutes les 30 minutes en utilisant une caméra CMOS IDS eye
(1280×1024 pixels²), équipée d'un objectif 50mm et d'un projecteur lumineux de 400 W,
d’un PC qui contrôle simultanément l’acquisition des images et l’allumage de la lumière
lors de l’acquisition des images. Les données climatiques (HR et T) sont enregistrées
toutes les 15 minutes à l'aide de capteurs placés à une distance de 2 m de la zone
d'étude. La configuration du dispositif expérimental permet d’atteindre une résolution
spatiale d’environ 269 µm et une taille d’un sous-domaine de 10,8 mm.
Les conditions aux limites sont :
- chargement hygrométrique (RH et T) induit par la ventilation naturelle de la galerie et
une circulation d’eau faible au sein du massif,
- champ de contrainte principale : contrainte verticale v=3,8±0,4MPa (orientée N 72°E
et un angle de 10° avec la verticale (la verticale est proche de l’axe y (voir figure 1) de

2
700
Etude du comportement anisotrope des déformations d’un front de galerie.

notre étude; contraintes horizontales H=4±2 MPa, orientée N 162±15°E; h=2,1±1 MPa,
orientée N 72±15°E et fait un angle de 10° avec l’horizontale (Rejeb et Tijani, 2003). L’axe
z de notre étude (le long de la galerie EST1996) est orienté de N 105°E,

u(x,y) v(x,y)
Echelle [mm]
x a)

CIN classique

344 mm

x b)

CIN multi-
échelle

x c)

H-DIC

Figure 1. Champs des déplacements (u,v) obtenus par (a) CIN classique, (b) CIN multi-
échelle et (c) H-DIC.

Les conditions aux limites en déplacement sont : en profondeur (c’est-à-dire pour des
grandes valeurs de y), les déplacements sont supposés nuls et le déplacement hors-plan
(suivant z) de la paroi est autorisé.
Les mesures des composantes des déplacements plans de la figure 1 ont été obtenus
par des algorithmes de corrélation classique (CIN classique) (Sutton et al., 1983), multi-
échelle (CIN multi-échelle) et un algorithme tenant compte de discontinuités (Heaviside
digital image corrélation, H-DIC) (Valle et al., 2015). Les méthodes optiques de corrélation
consistent à enregistrer des images numériques d'une surface au cours d'une
transformation physique, afin d'obtenir des champs de déplacement de la surface filmée.
Les méthodes de corrélation se basent sur la comparaison de sous-domaines de niveaux
de gris entre deux images. La corrélation entre ces sous-domaines est calculée à partir

3
701
Etude du comportement anisotrope des déformations d’un front de galerie.

d'une fonction de corrélation basée sur une transformation simple permettant de mesurer
les déplacements plans (u,v).
La corrélation classique et la corrélation multi-échelle sont implémentées d’une
transformation développée à partir d’un déplacement de solide rigide et les premiers
gradients. La différence entre ces deux algorithmes porte sur la taille du sous-domaine
qui est constant avec la CIN classique (32x32) et diminue avec la CIN multi-échelle
(32x32->8x8). Cette procédure améliore la résolution spatiale par rapport à la CIN
classique et donc permet de mieux localiser les fissures. Toutefois cette diminution de la
taille du sous-domaine se traduit du temps de calcul et par une légère augmentation de
l’erreur de mesure sur les champs de déplacements. Dans l’algorithme de corrélation (H-
DIC), une fonction d’Heaviside a été ajoutée permettant au logiciel de prendre en compte
une discontinuité de déplacement (fissures) dans le sous-domaine de calcul et donc de
localiser encore plus finement les fissures (figure 1 et 2a).

4. Résultats et discussion

L’analyse des champs de déplacements (u,v) obtenus avec H-DIC ont permis de localiser
très précisément les fissures hydriques sub-horizontales et sub-verticales (figure 2a). La
figure 2a montre clairement que l’utilisation de la CIN classique ne permet pas de localiser
précisément la fissure : dans cet exemple, la pente maximale entre deux pixels voisins est
proche de la position y=144 mm alors que pour la CIN multi-échelle et H-DIC, cette pente
maximale est proche de y=149 mm. De plus, on constate que le saut de déplacement
entre deux pixels voisins est plus important avec H-DIC que pour la CIN multi-échelle,
traduisant des valeurs d’ouverture de fissures sous-estimées avec la CIN multi-échelle.
En superposant toutes les fissures obtenues avec H-DIC, des blocs dits « continus » ont
été définis. Ces blocs « continus », au nombre de quinze (indexé k=1-15), ne présentent
pas de fissures hydriques internes (à l’intérieur des blocs) à notre échelle d’observation.
Une couleur en niveaux de gris par bloc a été choisie pour délimiter leur étendue. La
figure 2b montre les blocs ainsi que leur numéro. Sur cette même figure, les zones
blanches correspondent soit à une fissure hydrique dont les contours ont été dilatés de
cinq pixels de part et d’autre des fissures, soit à des points décorrélés dus à une
modification locale des niveaux de gris (exemple : écaille tombée) mettant en défaut
l’algorithme de corrélation. Ce masque a été obtenu à partir des champs de
déplacements de la figure 1c.

1 3

v[mm] 2 6
Position de la fissure 5
4 8

7
9

11
10
13

y [mm] 12
15
14
Figure 2. (a) profils de déplacement (v) obtenus par CIN classique, CIN multi-échelle et H-
DIC. (b) masque délimitant chaque bloc « continu ».

4
702
Etude du comportement anisotrope des déformations d’un front de galerie.

Pour d’étudier le comportement hydromécanique anisotrope de l’argilite de Tournemire,


deux possibilités sont envisageables. La première consiste à mesurer les champs de
déformations xx(x,y) et yy(x,y) puis de faire le rapport entre ces déformations pour
chaque point de mesure. Cette approche ne peut être envisagée pour la période de
l’étude (> 1 an) car après trois mois, les champs de déformations sont fortement bruitées
(Hedan et al., 2014). La seconde possibilité consiste à interpoler chaque champ de
déplacement par l’équation d’un plan (éq1 et 2) et cela pour chaque bloc k. En effet, on
constate que les déplacements varient linéairement (figure 3) suivant des directions
parallèles et perpendiculaires à la stratification. La figure 3 montre un profil de
déplacement parallèle et perpendiculaire à la stratification (i.e. segments continus noires
de la figure 1c) du bloc 2

ux, y   A kx .x  B kx .y  Ckx (1)

vx, y   A ky .y  Bky .x  Ckx (2)

Les termes A kx et A ky définissent respectivement les déformations  xxk et  yyk suivant


les directions x et y. La déformation de cisaillement  xyk correspond à la moyenne des
termes B kx et Bky . C kx et Cky sont des ordonnées à l’origine.

[mm]

L [mm]

Figure 3. Profils de déplacement parallèle (points rouges) et perpendiculaire (points


bleus) à la stratification (bloc k=2).

Le rapport (rk) entre les déformations  xxk et  yyk définit l’anisotropie des déformations
hydriques du bloc k. La figure 4 montre l’évolution de yy par rapport à xx sur une période
de plus d’un an et pour chaque bloc. Malgré des variations hygrométriques lors de cette
période, les déformations hydriques sont toujours négatives (contractions) car l’état de
référence choisi correspond à état « saturé » (RH=91,1%, T=13°C). Suivant les blocs, les
amplitudes des déformations sont différentes, mais l’évolution de yy par rapport à xx
semble linéaire dans tous les cas. On constate rk reste sensiblement constant (tableau 1)
avec des coefficients de corrélation (R²) élevés et supérieurs à 0,91 (figure 3). Les valeurs
de rk(xx/yy) varient entre 0,19 et 0,33 et la valeur moyenne est de 0,25 (tableau 1). La
valeur de rk(xx/yy) égale 0,19 obtenue sur le bloc 11 peut être expliquée par une largeur
de bloc (i.e. dans la direction perpendiculaire à la stratification) faible par rapport à sa
longueur, ce qui peut rendre moins précis les valeurs de déformations. Les valeurs de
rk(xx/yy) proches de 0.25 indiquent donc que  yyk est quatre fois plus importante que  xxk .

5
703
Etude du comportement anisotrope des déformations d’un front de galerie.

Les valeurs de rk(1/2), varient entre 0,18 à 0,31 et la valeur moyenne de 0,24 reste très
proche de rk(xx/yy). Ceci confirme que les axes x et y sont proches des axes principaux.

Bloc 1 Bloc 2 Bloc 3


xx xx xx

yy yy yy

Bloc 4 Bloc 5 Bloc 6


xx xx xx

yy yy yy

Bloc 7 Bloc 8 Bloc 9


xx xx xx

yy yy yy

Bloc 10 Bloc 11 Bloc 12


xx xx xx

yy yy yy

Bloc 13 Bloc 14 Bloc 15


xx xx xx

yy yy yy

Figure 3. Evolution des déformations yy par rapport aux déformations xx pour les
quinze blocs. Les valeurs des pentes affichées correspondent à 1/r.

6
704
Etude du comportement anisotrope des déformations d’un front de galerie.

Bloc 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 moy
k
r (xx/yy) 0,28 0,22 0,33 0,25 0,27 0,23 0,26 0,23 0,22 0,21 0,19 0,25 0,35 0,23 0,25 0,25

0,98 0,98 0,96 0,98 0,97 0,97 0,96 0,96 0,98 0,93 0,94 0,97 0,96 0,98 0,95 -
(xx/yy)
k
r (1/2) 0,28 0,21 0,31 0,24 0,26 0,21 0,25 0,23 0,21 0,20 0,18 0,24 0,32 0,22 0,22 0,24
R² (1/2) 0,97 0,95 0,97 0,97 0,95 0,96 0,94 0,95 0,95 0,92 0,91 0,98 0,98 0,96 0,95 -

Tableau 1. Valeurs des rapports d’anisotropie rk en fonction des déformations (  xxk ,  yyk )
et des déformations principales (  1k ,  2k ).

Dans la littérature, des rapports d’anisotropie des déformations hydromécaniques ont


été mesurés sur des échantillons de l’argilite du COx (laboratoire souterrain de
Meuse/Haute-Marne). Toutefois les échelles d’observation, les propriétés minéralogiques
et mécaniques, ainsi que les conditions aux limites (chargements, déplacements) ne sont
pas comparables entre les données de la littérature et nos résultats. L’ensemble de ces
données ont été obtenues sur des carottes soumises à des variations d’humidité relative
(Pham et al, 2007) ou à un chargement mécanique couplé à des variations d’humidité
relative (Yang et al., 2012).
Pour les échantillons soumis à des variations d’humidité relative (33≤RH≤90%) la
gamme des rapports d’anisotropie se situe entre 0,42 et 0,48. Les valeurs du rapport
d’anisotropie semblent diminuées lors de l’hydratation de l’échantillon (RH=33->90%).
Pour les rapports d’anisotropie associés aux chargements mécaniques couplés à des
variations d’humidité relative (40≤RH≤85%), les valeurs varient entre 0,23 et 0,45.
Toutefois, une faible variation du rapport d’anisotropie (0,25-0,3) semble être observée
lors de l’hydratation de l’échantillon (RH=45 augmentant jusqu’à 80%) soumis à une
contrainte de 2 MPa. Dans ce dernier cas, la gamme des rapports d’anisotropie est
proche des résultats de notre étude obtenus sur l’argilite de Tournemire.

5. Conclusion

Le travail présenté dans cet article a permis de mesurer les champs de déplacements sur
une surface de 344×275mm². L’analyse de ces champs a permis de localiser des fissures
hydriques et de quantifier quinze blocs « continus ». Sur ces blocs, le déplacements
varient linéairement dans les directions parallèles et perpendiculaires à la stratification.
L’originalité de notre approche a permis d’interpoler chaque déplacement de chaque bloc
par l’équation d’un plan. Ce travail a permis de caractériser l’anisotropie des déformations
hydriques de l’argilite de Tournemire.
L’anisotropie des déformations hydriques à notre échelle d’observation semble
homogène sur la surface d’étude avec une valeur moyenne de 0,25. Autrement dit la
déformation perpendiculaire à la stratification est quatre fois plus élevée que celle
parallèle à la stratification. Cette valeur confirme le caractère anisotrope de l’argilite de
Tournemire. Ce travail expérimental pourrait d’être comparé des résultats de
modélisations numériques (exemple : méthode des éléments finis) et pourrait permettre
d’enrichir les lois de comportement implémentées pour affiner la modélisation du
comportement hydromécanique des argilites à l’échelle d’une galerie.

7
705
Etude du comportement anisotrope des déformations d’un front de galerie.

6. Références bibliographiques

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clay formations - Time-dependent behaviour and influence on performance
assessment. Physics and Chemistry of the Earth, 32, pp.588-599.
Hedan S, Cosenza P, Valle V, Fauchille AL, Dudoignon P, Cabrera J, (2012).
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using digital image correlation, International Journal of Rock Mechanics and Mining
Sciences, 51, pp. 64-75.
Hedan, S., Fauchille A-L., Valle, V., Cabrera J., Cosenza P. (2014). One-year monitoring
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Pham Q. T., Vales F., Malinsky L., Nguyen Minh D., Gharbi H. (2007) Effects of
desaturation–resaturation on mudstone. Physics and Chemistry of the Earth, Parts
A/B/C, Clay in natural and engineered barriers for radioactive waste confinement - Part
2, 32, pp. 646-55.
Rejeb A., Tijani M. (2003). Stress field in the argillaceous Tournemire site: In situ
measurements and interpretation. Revue Française de Géotechnique, 103, pp. 75-84
Sutton MA., WJ Wolters W J., WH Peters W H., WF Ranson W F., McNeill SR. (1983).
Determination of displacements using an improved digital correlation method. Image
and Vision Computing 1(3), pp.133-139
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development for the study of materials including multiple crossing cracks; Experimental
Mechanics, vol.55, n°2, 55(2), pp. 379-391.
Yang D. S., M. Bornert M., Chanchole S., Gharbi H., Valli P.,Gatmiri B. (2012)
Dependence of elastic properties of argillaceous rock on moisture content investigated
with optical full-field strain measurement techniques. International Journal of Rock
Mechanics and Mining Sciences, vol 53, pp. 45-55
Wang, L. L., M. Bornert M., Yang D. S., Héripré E., Chanchole S., Halphen B., Pouya A.,
Caldemaison D. (2015). Microstructural insight into the nonlinear swelling of
argillaceous rocks. Engineering Geology, vol. 193, pp. 435-444.

8
706
Suivi des déformations par méthodes optiques en galerie souterraine (URL Meuse/Haute Marne).

SUIVI DES DEFORMATIONS PAR METHODES OPTIQUES EN


GALERIE SOUTERRAINE (LABORATORIE MEUSE/HAUTE MARNE).

MEASUREMENT OF STRAINS BY OPTICAL METHODS IN UNDERGROUNG


GALLERY (UMEUSE/HAUTE MARNE URL).
1 2 3 3
Stephen HEDAN , Valéry VALLE , Aurélien NOIRET , Gilles ARMAND , Philippe
1
COSENZA
1
Université de Poitiers, IC2MP-HydrASA, CNRS UMR7285, ENSI Poitiers, France.
2
Université de Poitiers, Institut PPRIME CNRS UPR 3346 Futuroscope Chasseneuil,
France
3
ANDRA, Laboratoire de recherche souterrain de Meuse/Haute-Marne, Bure, France.

RÉSUMÉ – Cette communication présente les résultats d’une étude visant à quantifier
l’influence mécanique de la dépose de cintres de la niche -445 m du laboratoire souterrain
Meuse/Haute Marne en effectuant des mesures sans contact par méthodes optiques. Les
résultats obtenus des champs de déplacements sont analysés au regard des variations
des variables états (température et humidité relative) mesurées sur le site.

ABSTRACT – The results of a study aiming to quantify the mechanical influence of the
removal of liners in the niche -445 m at the Bure site, by optical methods are presented.
The results of the displacements fields are discussed with regard to the changes in state
variables (temperature and relative humidity) both measured in the site.

1. Introduction

Les formations argileuses dans leur état naturel présentent des conditions très favorables
pour le dépôt de déchets radioactifs, car elles possèdent généralement une conductivité
hydraulique très faible et de une capacité importante de rétention des radionucléides. En
France, dans le but de démontrer la faisabilité d'un stockage de déchets radioactifs dans
une formation d'argilite, l'agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs
(ANDRA) a commencé depuis 2000 la construction du laboratoire de recherche souterrain
de Meuse/Haute-Marne à Bure (ANDRA, 2005). La formation hôte est composée d’argilite
(roche argileuse du Callovo-Oxfordien-COx) située entre les profondeurs -420 m et -550
m (Fig. 1). Dans le haut de la couche du COx (unité silto-carbonatée (USC)), une galerie
expérimentale de diamètre Ø = 4,6 m a été excavée. Depuis Novembre 2014, cinq cintres
(distants d'un mètre chacun) et le radier en béton ont été supprimés sur une longueur
totale de 6 mètres. L'objectif de notre étude visait à répondre à la question suivante : est-
ce que les déposes des supports et du radier réactivent les déformations du massif
rocheux ? Pour apporter des éléments de réponse à cette question une expérience en
galerie a été réalisée sur une période de cinq mois. En effet, dans une perspective de
sureté ; il est nécessaire de savoir, contrôler et être en mesure de remédier à l'impact du
retrait des soutènements sur le comportement de la roche durant et après l’exploitation du
futur site de stockage. Les méthodes optiques non invasives sont bien adaptées (Hedan
et al., 2014) pour un monitoring des déformations et consécutivement pour surveiller le
comportement hydromécanique de l'argilite. Les avantages de ces méthodes sont de
mesurer la transformation physique en fonction du temps, d'être sans contact avec la
surface étudiée et permettre des études sur une gamme d’échelle allant du mm² à dm²
(Wang et al., 2011) (Fauchille et al., 2016) (Hedan et al., 2014).

1
707
Suivi des déformations par méthodes optiques en galerie souterraine (URL Meuse/Haute Marne).

2. Contexte géologique

L’ANDRA a retenu le stockage en géologie profonde dans la couche argileuse Callovo-


Oxfordienne ou argilite du COx (formée il y a 155 Ma). Cette couche se situe à une
profondeur entre 420 et 550 mètres et son épaisseur est d’environ 130 mètres. L’ANDRA
a mis en évidence un découpage de la couche du COx en différentes unités ayant un
comportement géomécanique homogène (ANDRA, 2005).

Figure 1. Bloc diagramme géologique 3D du secteur de Meuse/Haute-Marne. Extrait de


(ANDRA, 2005)

Cette argilite est composée majoritairement de minéraux argileux (28,1 à 46,7%), de


quartz (27,5 à 30,3%) et de calcite (19 à 34,5%). Quelques pourcents de dolomite,
feldspath, mica et pyrite sont aussi présents. La phase argileuse est principalement
composée d’I/S illite/smectite (4,9 à 25,7%), d’illite (7,7 à 13,9%) et de kaolinite (faible
proportion). De plus la minéralogie évolue avec la profondeur. Pour des profondeurs entre
422 à 460 mètres (horizon A) et 515 à 527 mètres (horizon D), les teneurs en carbonates
montrent une forte dispersion, alors que les horizons B (460 à 477 mètres) et C (477 à
515 mètres) ont des proportions très homogènes et très faibles. Simultanément, la teneur
en argile augment de l’horizon A à C. Ce dernier horizon présente les teneurs maximales
en argile. Indépendamment de l’horizon, la teneur en eau varie de 5 à 6,9%, la porosité
évolue de 9,5 à 16% (calculée à partir des mesures de densité) et la masse volumique
des grains et la masse volumique sèche varient respectivement entre 2,68-2,71 g/cm3 et
2,25-2,38 g/cm3 (Noiret, 2009). L’expérience menée dans notre étude se situe dans une
galerie à 445 mètres de profond (horizon A) avec une proportion de carbonate importante
(Jorand, 2006).

3. Montage expérimental et méthodes optiques

Les deux montages expérimentaux sont situés dans la galerie excavée à -445 mètres de
profondeur. Le premier s’intéresse à une surface de la paroi rocheuse située dans la zone
de dépose des cintres et le second à une surface en dehors de la zone de dépose des
cintres. Dans la suite du papier, les surfaces d’étude (55×43.9 cm²) sont nommées zone 1
et zone 2 (figure 3a). La zone 1 est filmée par deux caméras (caméras 1 et 2) permettant
de mesurer les trois composantes planes du déplacement (u,v,w). Dans la zone 2, une

2
708
Suivi des déformations par méthodes optiques en galerie souterraine (URL Meuse/Haute Marne).

caméra (caméra 3) enregistre des images de la surface permettant la mesure des


déplacements plans (u,v). Les mesures des composantes des déplacements plans ont
été obtenus avec l’algorithme de corrélation (Heaviside based digital image corrélation, H-
DIC) (Valle et al., 2015) et les déplacements hors-plan de la zone 1 ont été obtenus avec
la stéréo-corrélation (S-DIC). Malgré le fait que la stéréo-corrélation permet d’obtenir les
trois composantes planes du déplacement (u,v,w), actuellement aucun algorithme de
stéréo-corrélation ne tient compte de la présence des discontinuités (ex: fissures) pendant
la phase de calcul. Ainsi les images des caméras 1 et 3 (perpendiculaires aux surfaces
d’étude) (Figure 3a) permettent d’utiliser l’algorithme de H-DIC. Les champs de
déplacements (u,v) mesurés permettront de localiser finement les fissures. Les images
des caméras 1 et 2 ont été utilisées pour mesurer les champs de déplacement hors-plan
(w) de la zone 1.
Les trois caméras de 1.2 Mp (1280×1024 pixels) enregistrent des images avec une
-1 -1
fréquence d’acquisition de 2 images.h et une résolution spatiale de 0,43 mm.pixel . Un
spot lumineux (400W) a été utilisé par zone. Les mesures de l’humidité relative (RH) et la
température (T) de la galerie sont présentées sur la figure 2.
Il est à noter que la zone 1 présente l’avantage, par rapport aux études précédentes
(Hedan et al., 2014), de permettre la mesure spatialisée des trois composantes planes du
déplacement de la paroi d’une galerie.

RH [%]
Dépose des cintres et du radier en béton T [°C]
Début de l’étude

Time [Month]

Figure 2. Evolution de l’humidité relative (RH) et de la température (T) dans la galerie.

Les méthodes optiques de mesure de champs basées sur les techniques de corrélation
sont de plus en plus utilisées en géomécanique. Elles présentent de nombreux avantages
comme la non-destruction des matériaux utilisés et la spatialisation des données. Les
méthodes optiques de corrélation consistent à enregistrer des images numériques d'une
surface au cours d'une transformation physique, afin d'obtenir des champs de
déplacement de la surface filmée. Les méthodes de corrélation se basent sur la
comparaison de sous-domaines de niveaux de gris entre deux images. La corrélation
entre ces sous-domaines est calculée à partir d'une fonction de corrélation basée sur une
transformation simple (Sutton et al., 1983).

3
709
Suivi des déformations par méthodes optiques en galerie souterraine (URL Meuse/Haute Marne).

b) Spot lumineux
a)

Caméra 2 Caméra 1

Cintres

Figure 3. a) Montage expérimental. (b) Photo du montage expérimental de la zone 1.

L’algorithme de corrélation (H-DIC) permet de mesurer les déplacements plans (u,v).


Une transformation regroupant un déplacement de solide rigide, les premiers gradients et
d’une fonction d’Heaviside y est implémentée. Cette dernière permet au logiciel de
prendre en compte une discontinuité de déplacement (associée à une fissure) dans le
sous-domaine de calcul.
La mesure par stéréovision ou stéréo-corrélation est basée sur la technique de
corrélation et sur le principe de la triangulation qui nécessite de résoudre le problème en
deux phases (Orteu, 2009). La première est la mise en correspondance stéréoscopique
de deux points enregistrés par deux images. La seconde phase consiste à calculer
l’intersection des deux rayons optiques par calibration du capteur stéréoscopique (c’est-à-
dire, ensemble des deux caméras) pour pouvoir reconstruire la position tridimensionnelle
des points observés par ces deux caméras. Une fois la phase de calibration réalisée, la
surface étudiée est enregistrée par les deux caméras lors d’une transformation physique.
Puis les deux images de référence sont analysées entre elles permettant l’appariement
stéréoscopique (mise en correspondance) entre les images de gauche et de droite. On
obtient ainsi un quadruplé de position ( x 0G , y 0G , ~
x D0 , ~
y D0 ; ~ : valeur non entière, (G) pour
gauche et (D) pour droite). Les paramètres issus de la calibration permettent d’obtenir la
position (X0,Y0,Z0) de chaque sous-domaine. Les positions (X1,Y1,Z1) des mêmes sous-
domaines à l’état déformé (état 1) sont obtenus à partir de trois étapes :
Une corrélation des images de gauche (état 0 et état 1) permettant d’obtenir ( ~ x 1G , ~
y 1G )
Une corrélation des images de droite permettant d’obtenir ( ~ Dx1 ,~
Dy1 )
Des paramètres issus de la calibration.
Par soustraction des positions (X1,Y1,Z1) et (X0,Y0,Z0), le vecteur déplacement (u,v,w)
est déterminé pour un sous-domaine. La procédure est répétée pour tous les sous-
domaines des images.
La taille des sous-domaines utilisée dans cette étude est de 64x64 pixels (soit
27,52x27,52 mm²) sur les zones 1 et 2. La méthode H-DIC permet de mettre en évidence
des sauts de déplacement u et v de l’ordre de 0,1 pixel caractérisant la localisation de
discontinuités.

4. Résultats et discussion

Les résultats présentés dans cette partie seront découpés en deux parties
correspondantes aux deux zones. La première correspond à une surface d’étude située
dans le domaine de dépose des cintres (zone 1) et la seconde dans une étendue où les
cintres sont toujours présents (zone 2).

4
710
Suivi des déformations par méthodes optiques en galerie souterraine (URL Meuse/Haute Marne).

1.1. Zone 1

Les deux caméras de la zone 1 permettent d’obtenir les trois composantes des
déplacements (u,v,w) sur une surface de 55x43,9 cm² (figure 4). Cette zone 1 montre
clairement la translation tridimensionnelle d’une partie de la paroi (appelé fragment dans
la suite) en haut à droite (entourée en rouge sur la figure 4) des champs sans toutefois
que le fragment ne se détache complètement et sorte du champ d’étude.
La translation dans le plan du fragment par rapport à la paroi rocheuse peut être
traduite comme une ouverture de fissure et mesurée avec la même équation utilisée pour
le calcul des ouvertures de fissure (Hedan et al., 2014).

Composante Echelle
(25/01/2015) (02/02/2015)
s [mm]
x 2.57

2.25
y

u 1.93

1.61

55 cm
1.29

x -0.86

y -1.4

v -1.93

-2.47

-3

Figure 4. Champs des déplacements (u,v,w) de la zone 1 pour deux états déformés.

Le contour du fragment a été scindé en quatre « fissures » (figure 5a) et l’ouverture de


ces quatre fissures tracées sur la figure 5b. L’évolution temporelle des ouvertures montre
qu’avant le 25/01/2015, les valeurs sont proches de zéro, puis suit un saut des valeurs
d’ouverture entre 0,9 et 1,1 mm, confirmant ainsi la translation dans le plan du fragment.

5
711
Suivi des déformations par méthodes optiques en galerie souterraine (URL Meuse/Haute Marne).

Une fois cette translation brutale survenue, de faibles fluctuations des valeurs sont
observées. Ces fluctuations sont dans l’erreur de mesure de la méthode.
La figure 6a montre le champ de déplacement hors-plan et confirme le déplacement
hors-plan du fragment. Toutefois, comme pour les déplacements dans le plan, la valeur
mesurée du déplacement hors-plan suppose que les caméras (les supports de caméras)
sont fixes, ce qui dans notre cas de ne peut être confirmé.
Pour caractériser le déplacement hors-plan du fragment, les déplacements hors-plan
ont été calculées sur de petites zones (quatre zones sur la figure 6a) prises sur et en
dehors (area ref, 1, 2, 3) du fragment et tracées en fonction du temps.
a)
b)

Figure 5. Zone. a)Localisation des quatre « fissures ». b) Evolution de l’ouverture des


quatre « fissures » de la zone 1 en fonction du temps.

x area 2 a) w [mm] bb)


area 3
time [month]
y litage

area 1 area ref wref-1 wref-2 wref-3


55 mm

Figure 6 a) Localisation des quatre zones. b) Evolution du déplacement hors-plan pour


trois zones (wref-1, wref-2, wref-3).

Puis, un calcul des variations des déplacements hors-plan (w) des zones 1, 2 et 3 a
été réalisé par rapport à la zone « area ref » (figure 6b). L’évolution des w montre
clairement une variation du déplacement hors-plan des zones 2 et 3 (wref-2 et wref-3)
avec des valeurs se situant entre -0,6 et -1,8 mm et confirmant ainsi une translation hors-
plan du fragment. Les variations du déplacement de la zone 1 ( wref-1) est
significativement plus faible que celles des zones 2 et 3 (wref-2 et wref-3).

6
712
Suivi des déformations par méthodes optiques en galerie souterraine (URL Meuse/Haute Marne).

1.2. Zone 2

Contrairement à la zone 1, cette zone 2 ne se situe pas dans la zone de dépose des
cintres. La figure 7 montre la présence des trois fissures (crack 1, 2 et 3) qui sont
observables sur les champs de déplacement. Pour ces trois fissures, l’ouverture a été
calculée à partir des champs de déplacements avec l’algorithme de corrélation (H-DIC).

x x
Crack 1 Crack 1

y y
Crack 2 Crack 2

Crack 3 Crack 3

litage
55 mm

0 0.21 0.43 0.64 0.86 0 0.11 0.21 0.32 0.43


u [mm] v [mm]

Figure 7 Champs des déplacements (u,v) de la zone 2 après la dépose des cintres.

Figure 8 Evolution de l’ouverture des trois fissures de la zone 2 en fonction du temps


(a), (b) de l’humidité relative (RH) et (c) de la variation de température.

Sur la période allant du 22/12/2014 au 27/05/2015, la figure 8a présente l’évolution de


l’ouverture des trois fissures de la zone 2 en fonction du temps. Nous pouvons constater

7
713
Suivi des déformations par méthodes optiques en galerie souterraine (URL Meuse/Haute Marne).

une variation au cours du temps de l’ouverture des trois fissures. L’ouverture des fissures
a été comparée aux variations d’humidité relative (RH) et température (T) (figures 8b et
8c). L’ouverture des fissures montre une tendance à croître « linéairement » avec RH et
atteindre un maximum autour de 0,2 mm pour la fissure 1 (crack 1), 0,35mm pour la
fissure 2 (crack 2) et 0,15 mm pour la fissure 3 (crack 3). En ce qui concerne l’ouverture
des fissures en fonction de T, il est difficile d’identifier une relation claire entre T et
l’ouverture de fissure. Toutefois, il semble que les ouvertures maximales soient obtenues
lorsque T est grand (T≈-4,7°C)

5. Conclusion

Les résultats obtenus permettent de mettre en avant les points suivants :


- H-DIC et S-DIC permettent de mesurer les trois composantes (u,v,w) du
déplacement sur la zone 1 et les deux composantes planes (u,v) pour la zone 2 sur
des surfaces pluri-décimétriques du laboratoire souterrain de Meuse/Haute Marne.
- La surface d’étude (zone 1) met en évidence une translation tridimensionnelle d’un
petit fragment de roche (écaille ?).
- L’amplitude d’ouverture des fissures de la zone 2 est de l’ordre 0,15-0,35 mm et
semble varier linéairement avec RH.
- Il est important de souligner que les fissures dont les ouvertures seraient inférieures
à la résolution choisie (0,1-0,2 pixel, soit 43-86µm) dans cette étude ne peuvent
être détectées.
- Les déformations dans le plan des zones 1 et 2 sont faibles (typiquement inférieures
à 2 10-3) (non présentées ici).

6. Références bibliographiques

ANDRA (2005) Evaluation de la faisabilité du stockage géologique en formation argileuse.


Dossier 2005 Argile.
Hedan, S., Fauchille A-L., Valle, V., Cabrera J., Cosenza P. (2014). One-year monitoring
of desiccation cracks at Tournemire experimental station using Digital Image
Correlation. International Journal of Rock Mechanics and Mining Sciences, vol 68, pp.
22-35,
Noiret A. (2009). Contribution à la caractérisation du comportement géomécanique des
roches couverture des reservoirs pétroliers. Thèse de doctorat de l’INPL
Jorand R. (2006). Etude expérimentale de la conductivité thermique. Application au
forage EST205 du site de Meuse/Haute Marne (ANDRA). Thèse de doctorat IPG Paris.
Orteu, J-J. (2009). 3-D computer vision in experimental mechanics. Optics and Lasers in
Engineering, Optical Measurements, vol. 47, no 3-4, pp. 282-291.
Sutton MA., WJ Wolters W J., WH Peters W H., WF Ranson W F., McNeill SR. (1983).
Determination of displacements using an improved digital correlation method. Image
and Vision Computing 1(3), pp.133-139
Valle, V., Hédan, S., Cosenza P., Fauchille A-L. (2015). Digital Image Correlation
development for the study of materials including multiple crossing cracks; Experimental
Mechanics, vol.55, n°2, 55(2), pp. 379-391.
Wang, L. L., M. Bornert M., Yang D. S., Héripré E., Chanchole S., Halphen B., Pouya A.,
Caldemaison D. Microstructural insight into the nonlinear swelling of argillaceous rocks.
(2015). Engineering Geology, vol. 193, pp. 435-444.

8
714
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

CORRELATIONS A PARTIR DU PENETROMETRE STATIQUE


SOME CORRELATIONS OUT OF CONE PENETRATION TESTS
1 2
Catherine JACQUARD , Claire BOUTET
1
Fondasol, Montfavet, France. 2 Fondasol, Lille, France

RÉSUMÉ – L’objectif de l’article est de passer en revue les différentes corrélations


trouvées dans la littérature entre pénétromètre statique à pointe électrique, et un
ensemble de paramètres géotechniques. A travers une étude réalisée sur un site du Nord
de la France, l’article commente l’application des corrélations aux cas de figure étudiés.

ABSTRACT – The purpose of the paper is to review some correlations from authors,
between cone penetration tests and some geotechnical parameters. Out of investigations
performed on a site in the north of France, the paper comments if correlations are
relevant or not.

1. Introduction

L’objectif de l’article est de passer en revue les différentes corrélations entre


pénétromètre statique à pointe électrique, et un ensemble de paramètres d’identification,
d’état tels le poids volumique, la teneur en eau, le degré de surconsolidation des sols
fins ; mécaniques tels la pression limite nette Pl* mesurée au pressiomètre Ménard et la
cohésion non drainée Cu; de déformabilité tels le module pressiométrique Ménard EM, le
module d’Young E ou le module oedométrique Eoed. L’étude porte sur les sols fins
reconnus au droit du site analysé.

Ces essais effectués conformément à la norme NF EN ISO 22-476-1(2013), ont fait


l’objet de nombreuses études de corrélation. L’origine des formules utilisées dans cet
article est présentée et est appliquée à un site ayant fait l’objet d’investigations au moyen
d’essais de pénétration statique à pointe électrique (PS), de carottages (SC), avec essais
d’identification et essais mécaniques, et de sondages destructifs (SP) avec essais
pressiométriques Ménard réalisés conformément à la norme NFP94-110-1 (2000). Nous
discutons enfin l’application des corrélations pour les sols rencontrés sur ce site.

2. Description du site

Le site étudié se trouve dans le département du Nord. Il a été réalisé trois essais de
pénétration statique, 4 sondages carottés et 6 sondages pressiométriques. Les
formations rencontrées sous les remblais présents jusqu’à 2 à 4m de profondeur, sont
des limons argileux (LA) jusqu’à 5.5 à 8m, puis des limons sableux(LS) jusqu’à 14 à 16m.
La nappe est rencontrée entre 1 et 2 m de profondeur. La figure 1 donne les logs
pressiométriques et pénétrométriques mesurés entre 2 et 15m de profondeur dans ces
formations.

1
715
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 1. Caractéristiques pressiométriques et pénétromètriques des sols fins du site.

3. Identification des sols

Les essais pénétrométriques ont été analysés selon l’abaque de Robertson (2015) reprise
par la norme NFP94-261(AFNOR, 2013) à partir de la résistance de pointe normalisée QT
et du rapport de frottement normalisé FR, selon l’indice de comportement IR (annexe A de
cette norme). Ils ont été comparés à la description des sols réalisée conformément à
l’annexe B de la norme NF EN ISO 14-688-2 (2005) donnée dans le tableau 1.

Figure 2. Identification des sols fins du site selon l’abaque de Robertson.

2
716
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Tableau 1. Identification et classification du limon argileux (LA) et du limon sableux (LS)


Limites
Nature d’Atterberg passant à
Classific.
Prof. Granulométrique Classific. Teneur
Forage Sol ISO 14-
(m) ISO 14-688-2 P11.300 en eau 80 2
688-2
W WL IP µm µm
% % % % %
3.4 LA 4.3 Argile limoneuse A2 31.3 51 19 90.0 23.4
5.8 LA 3.1 Limon sableux A1 87.4 80 6 59.0 2.7
SC1
8.3 LS 4.1 Limon argileux A1 19.9 28 7 96.6 17.5
12.0 LS 2.1 Sable limoneux A1 18.1 44.9 7.7
4.0 LA 4.1 Limon A3 78.4 110 35 76.1 3.5
7.0 LS 3.2 Limon argilo-sableux A1 20.4 26 6 72.5 12.5
SC2
11.0 LS 3.3 Argile limono-sableuse A1 20.9 26 5 90.1 18.7
14.5 LS 10.1 Sable limono-argileux B5 13.6 21 6 25.1 5.7
3.2 LA 4.3 Argile limoneuse A1 48.2 92 8 90.8 30.4
5.3 LA 4.1 Limon A4 50.2 79 64 81.1 5.1
SC3
8.0 LS 4.3 Argile limoneuse A1 20.3 24 5 85.7 18.8
12.7 LS 3.2 Limon argilo sableux A1 16.1 20 4 58.9 8.1
2.0 LA 4.2 Limon argileux A2 18.3 35 4 96.6 17.9
4.3 LA 4.3 Argile limoneuse A3 58.8 73 34 95.7 26.9
5.4 LA 4.1 Limon A3 63.8 73 27 90.2 2.6
SC4
8.1 LS 3.3 Argile limono-sableuse A1 22.9 28 8 67.9 17.0
10.5 LS 4.2 Limon argileux A1 21.5 27 7 97.4 18.3
13.0 LS 3.3 Argile limono-sableuse A1 22.6 28 7 56.2 11.7

Les analyses granulométriques et sédimentométriques montrent une relative variabilité


des natures au sein d’une même formation, alors que l’abaque de Robertson classe
assez clairement les deux formations selon leur indice de comportement entre LA (zones
3 et 4 de Robertson), avec un comportement de sols fins, et LS (zones 4 et 5) avec un
comportement de sol intermédiaire. Le type de comportement est davantage décrit à
travers les limites d’Atterberg et les teneurs en eau W: le limon argileux présente presque
systématiquement (à une exception près) une limite de liquidité WL > 50% (sols très
plastiques selon le diagramme de Casagrande), et W > 30%.
Cependant les analyses granulométriques et sédimentométriques permettent une
description relativement fine des sols, là où l’abaque de Robertson, basée sur l’indice IR,
ne permet que des indications de nature ; ainsi limons, argiles sableuses, et sables
argileux ne sont pas décrits par Robertson. Aussi, est-il important au stade de la
construction d’un modèle géotechnique, de ne pas confondre la description lithologique
des sols qui nécessite l’identification des sols en laboratoire, et la caractérisation de leur
comportement, qui peut être ébauchée à travers l’abaque de Robertson.
Les mesures de poids volumique  réalisées en laboratoire ont été comparées avec les
formules proposées par Robertson (2015) et Mayne (2014).Dans le limon argileux,  varie
de 13 à 18 KN/m3, alors que les corrélations donnent des valeurs uniformes de 15 à 18
KN/m3 ; en revanche  dans les limons sableux est mesuré en moyenne à 20 KN/m3,
alors que les corrélations indiquent systématiquement des valeurs plus faibles de l’ordre
de 16 à 18 KN/m3, ce qui n’est guère satisfaisant.

3
717
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4. Caractéristiques de résistance

Des corrélations entre pression limite nette pl*=pl-p0 et résistance de pointe nette qc-v, et
entre module pressiométrique EM et résistance de pointe nette, ont été proposées par
plusieurs auteurs (Cassan, 1988), selon la nature des sols et synthétisées par Aubrion
(2013) : les figures 3 et 4 rappellent ces plages de corrélation.

Figure 3. Corrélation qc*/Pl*.

Figure 4. Corrélation EM /qc.

4
718
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Le tableau 2 présente les ratios qc/pl* et EM/qc calculés, qui sont dans les plages de
ratios habituels pour ces sols.

Figure 5. Pression limite nette, modules pressiométriques, d’Young et oedométriques


déduits de la résistance de pointe qc mesurée en PS2

Tableau 2. Caractéristiques pressiométriques et pénétrométriques


EM qc E(J2.1)= E(J2.1)=
Modèle pl* (MPa) qc/Pl* EM/qc E/EM E - EC7
(MPa) (MPa) f(EM) f(qc)
géotechnique
Limon argileux 0.23 2.3 0.8 3.5 2.8 4.5 10.4 12.6 10
Limon sableux 1 0.42 3.6 1.7 4.0 2.1 4.5 16.2 9.5 10 à 20
Limon sableux 2 0.63 7.3 2.7 4.3 2.7 3.0 21.9 8.1 20

La figure 5 montre un exemple de corrélation entre pressiomètre (SP4-SP5), et


pénétromètre (PS2) réalisés dans la même zone, avec les ratios du tableau 2. La
corrélation est excellente dans le limon argileux entre pl* et qc et entre EM et qc ; elle
reste bonne dans le limon sableux entre pl* et qc; en revanche, la dispersion est
importante dans le limon sableux entre qc et EM.

5. Caractéristiques de déformation

Nous avons estimé le module d’Young E de déformation du sol selon les annexes de la
norme NF P94-261, J.2.1 à partir des essais au pressiomètre, et J2.2 à partir du
pénétromètre, selon les formules(1).
Nous avons tracé la courbe (J.2.1) donnant E à partir du module pressiométrique
déduit de qc avec les valeurs de E/EM=4.5 dans le limon argileux et de E/E M= 3 dans le

5
719
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

limon sableux (figure 5). La courbe J2.1 a tendance à légèrement surévaluer le module E
ainsi estimé dans le limon argileux, alors que la courbe J2.1 est bien calée. En revanche
dans les limons sableux, la dispersion est plus grande, et J2.1 s’avère proposer une
valeur plus prudente que J2.2.

si IR < 2 .2  
E  0.01510(0.55IR1.68 (qc  v) (1)
QT
si IR > 2.2 : et QT < 14 E  (qc  v) ; si QT >14 : E  11.7(qc  v)
1.2

La valeur du module oedométrique Eoed proposée par Sanglerat et reprise dans


l’annexe D4 de l’EN1997-2 (2007) à partir de qc, est représentée figure 5 pour Eoed= 5qc
dans le limon argileux, Eoed= 6qc dans les limons sableux de tête et E oed= 2qc dans le
limon sableux plus compact en profondeur. Deux essais oedométriques ont été réalisés,
un dans le limon argileux et un dans le limon sableux, ce qui est trop peu pour juger de la
représentativité ; néanmoins on note une bonne correspondance dans le limon argileux,
et un écart important dans le limon sableux. Les autres corrélations se sont avérées
moins performantes, et ont été écartées.

6. Résistance au cisaillement et degré de consolidation

La cohésion non drainée Cu a été estimée selon les formules proposées par Cassan par
rapport à la valeur de pl* :

pl *
Cu  , si Pl*< 0.4 MPa (2)
5 .5
pl *
Cu   0.03 (MPa), si Pl*< 2.5 MPa (3)
12

A partir du pénétromètre statique, nous avons considéré dans les limons argileux,
Cu=qc/18, et dans les limons sableux Cu=qc/20.
Nous avons analysé pour les sols fins, l’équivalence entre la contrainte effective de
préconsolidation σp’et la cohésion non drainée Cu, donnée par la relation de Leroueil
(Leroueil, 1983):

Cu/σp’ = 0,2+0,0024IP (4)

Les moyennes de l’indice de plasticité IP mesurées sont de 27.6 pour l’argile


limoneuse, et de 6.1 pour le limon sableux, ce qui donne un ratio Cu/σp’ respectivement
de 0.26 et 0.21. La valeur σp’ est déduite de la formule (3), et le POP= σp’- σv’ est alors
déduit de la contrainte verticale effective σv’, au droit de chaque profil pénétrométrique et
pressiométrique. Le tableau 3 donne les valeurs moyennes de POP obtenues au droit de
chaque sondage, ainsi que la moyenne par type de sondage, et la moyenne tous
sondages confondus.
Dans le limon argileux, les valeurs obtenues sont très proches. Pour obtenir une
moyenne équivalente entre pénétromètre et pressiomètre dans les limons sableux, nous
avons écarté les valeurs de POP obtenues au pénétromètre supérieures à 300 kPa,
considérant que les pics de résistance au pénétromètre correspondent à des passages
plus sableux, non concernés par la consolidation. Lorsqu’on considère le paramètre
OCR= σp’/σv’ en revanche, les corrélations à partir de cette méthode divergent
sensiblement entre pénétromètre et pressiomètre. Les formules proposées par d’autres

6
720
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

auteurs de calcul de l’OCR à partir du pénétromètre ne se sont pas avérées probantes


pour ce site.

Tableau 3. Degré de surconsolidation (POP en kPa)


Tous Tous Tous
POP (kPa) PS2 PS3 PS4 SP3 SP4 SP5 SP6 PS SP PS+SP
Limon argileux 85 114 130 125 90 95 113 110 106 108
Limons sableux 267 211 207 273 226 214 151 228 216 221

7. Conclusions et perspectives

Ces premières analyses ne prétendent pas à partir d’un seul site valider ou invalider une
méthode de corrélation. Des études sont en cours sur d’autres sites pour afiner ces
analyses.
Elles permettent néanmoins de pointer l’importance de caler les mesures in situ,
généralement plus rapides, à partir d’une caractérisation de la nature et du comportement
par l’identification complète des sols en laboratoire. L’intérêt des essais de pénétration
étant avec une mesure continue, de caractériser la variabilité de nature et de
comportement d’une formation donnée, ce qu’aucun autre outil d’investigation
géotechnique n’est en mesure de proposer.
L’estimation du degré de consolidation des sols fins à partir de la méthode présentée
offre l’intérêt de compenser le peu de mesures réalisées à l’oedomètre, à la fois longues
et parfois délicates à interpréter du fait du remaniement des échantillons.

8. Références bibliographiques

Aubrion P. (2013), Etude de corrélations entre les résultats des essais pressiométriques
et des essais de pénétration statique, Polytech Lille.
Cassan M. (1988), Les essais in situ en mécanique des sols 1 Réalisation et
interprétation, Eyrolles, Paris, 1988.
Leroueil S., Magnan J.P.,Tavenas F. (1985), Remblais sur argiles molles, Tec Doc
Lavoisier 1985.
Mayne P.W. (2014) Interpretation of geotechnical parameters from seismic piezocone
tests. Proceedings, 3rd International Symposium on Cone Penetration Testing
NF EN ISO 22 476-1 (2013), Reconnaissance et essais géotechniques - Essais en place -
Partie 1 : essais de pénétration au cône électrique et au piézocône, AFNOR
NF P94 261 (2013), Norme française d’application de l’Eurocode 7 pour les fondations
superficielles, AFNOR
NF EN 1997-2 (2007), Eurocode 7 : calcul géotechnique - Partie 2 : reconnaissance des
terrains et essais Reconnaissance des terrains et essais, Annexe D, AFNOR
NF EN ISO 14 688-2 (2005), Reconnaissance et essais géotechniques- Dénomination,
description et classification des sols - Partie 2 : principes pour une classification, NF
P94-400-2, AFNOR
NF P 94 110-1 (2000) Sols : reconnaissance et essais - Essai pressiométrique Ménard -
Partie 1 : essai sans cycle, AFNOR
Robertson P.K., Cabal K.L. (2015), Guide to cone penetration testing, Gregg Drilling &
Testing, Inc, 6th edition
Robertson P. K. (2009) Interpretation of cone penetration test- a unified approach,
Canadian Geotechnical Journal , NRC Research Press, p1337-1355

7
721
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

L’APPORT DU DIMENSIONNEMENT DE CAVITES PAR METHODE


LASER A LA METHODE MICROGRAVIMETRIQUE
THE CONTRIBUTION OF THE SIZING OF CAVITIES BY LASER METHOD TO
THE MICROGRAVITY METHOD

Franck RIVIERE1, Josselin PAILLE2


1
Département Géophysique et Mesures de FONDASOL, Clermont Ferrand, France
2
Département Géophysique et Mesures de FONDASOL, Caen, France

RESUME – le dimensionnement de cavité en forage permet d’obtenir un relevé 3D de sa


géométrie. Son utilisation permet à son tour d’établir un modèle gravimétrique de la cavité
qui servira à évaluer la capacité de la méthode à sa détection. Le dimensionnement et la
modélisation deviennent un outil d’aide à la décision sur le choix de la méthode en phase
programmation, et sur le choix des traitements à mettre en œuvre en phase étude.

ABSTRACT - the sizing of cavity in drilling allows to obtain a 3D statement of its geometry.
Its use allows to establish a gravity model of the cavity which will serve to estimate the
capacity of the method at its detection. The sizing and the modeling become a decision-
making tool on the choice of the method in programming phase, and on the choice of
processing to operate in survey phase.

L’outil géophysique

Afin d’appréhender au mieux la constitution du sous-sol et les aléas pouvant l’affecter, il


est indispensable d’avoir une « vision » globale de la zone concernant un projet. Cela
commence à l’échelle de la commune avec l’enquête documentaire, et se finit à l’échelle
de la Zone d’Influence Géotechnique proprement dite (ZIG) avec les reconnaissances au
sol.
C’est la démarche que le géotechnicien devra suivre afin d’obtenir un modèle du sous-sol
le plus proche de la réalité, modèle qui lui permettra d’appréhender au mieux le risque lié
à celui ci.
Si l’on rappelle que l’information tirée d’un sondage est représentative d’une surface de
quelques dizaines de cm2, on comprend aisément que l’utilisation de la géophysique
trouve toute sa place dès que la surface d’étude pose la question du nombre et de la
répartition des reconnaissances ponctuelles.
Mais, au final, c’est la synthèse de l’ensemble des moyens de reconnaissance qui
permettra d’établir le modèle considéré comme le plus représentatif.

La méthode microgravimétrique appliquée à la recherche de cavités

Inclue dans les recommandations de diagnostics de cavités depuis de nombreuses


années (voir recommandations du COPREC, CS78, guide technique LCPC, guide de
bonne pratique AGAP), l’utilisation de la micro gravimétrie en temps qu’outil de détection
n’est plus à démontrer.

722
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

La méthode consiste à réaliser plusieurs mesures de la pesanteur à la surface du sol en


vue d’établir, après corrections, la répartition des densités dans le sous-sol, et ainsi mettre
en évidence tout défaut de masse souterrain (voir figure n°1).
Plusieurs facteurs font varier la pesanteur d'un point à l'autre, l'altitude (le dénivelé et la
masse des matériaux compris entre les deux niveaux altimétriques), la latitude (l'effet
conjugué de l'aplatissement et de la force axifuge du globe), la topographie (l'influence
des irrégularités du terrain environnantes), les astres (l'attraction luni-solaire), et les
anomalies de masse (tout contraste de densités en sous-sol). Il faut donc éliminer les
effets des quatre premières causes pour extraire ceux de la dernière.
-45
-42
-39
-36
-33
-30
-27
-24
-21
-18
-15
-12

12
15
18
21
24
27
30
33
36
39
42
45
-9
-6
-3
0
3
6
9
0

-5
anomalie grav imétrique (µgals)

-10

-15

Z=2m
-20 Z=4m
Z=8m
-25

-30

-35
Distance (m)

Figure n°1 : Anomalie gravimétrique générée par une cavité sphérique à 2, 4, 6m de prof.

On évalue généralement le seuil de détection de la méthode à 10 µgals. Cependant, pour


l’utiliser à bon escient, il faut maitriser au mieux ses capacités de détection. 3 paramètres
entrent alors en jeu, profondeur et volume de la cavité recherchée et densité de
l’encaissant.

Le dimensionnement de cavité par méthode laser

Nous utilisons une sonde possédant un bras articulé équipé d’un système laser (voir figure
n°2). Une fois la sonde descendue dans la cavité, le bras articulé se déplie et l’acquisition
peut être lancée. Elle se fait par cycle de mesure, à raison de 400 points par seconde, la
sonde tournant sur elle-même sur 360° et le bras s’inclinant de 0 à 180° de manière à
couvrir la totalité du volume. La mesure de la distance entre sonde et paroi, associée avec
l’orientation et l’inclinaison de la sonde, permettent d’obtenir un nuage de points
géométriquement référencés. Ces points (correspondant aux parois de la cavité)
permettent une représentation en 3D de la cavité auscultée.

Figure n°2 : Sonde laser, nuage de points, et représentation 3D.

La mise en œuvre de cette sonde depuis plus d’un an a permis à FONDASOL d’obtenir de
nombreux relevés de cavités regroupées par type (voir figures n°3 et n°4).

723
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure n°3 : Exemple de relevés laser 3D de caves.

Figure n°4 : Exemple de relevés laser 3D de catiches.

Les catiches sont des anciennes carrières d’exploitation de craie, bien connues en région
Nord, en forme de bouteille ou d’entonnoir renversé. Elles sont souvent reliées les unes
aux autres pour former un réseau.

La modélisation gravimétrique 3D

Les nuages de points récupérés lors de dimensionnement peuvent alors servir à établir un
modèle gravimétrique. Pour cela nous avons utilisé la formule de Nagy (1966) qui donne
l’anomalie créée par un prisme rectangulaire, au droit d’un point de mesure, dans un
référentiel donné (x/y/z) :

Une anomalie de masse peut ainsi être approximée par un ensemble de prismes (voir
figure n°5).

Figure n°5 : Relevé laser 3D d’une catiche, assemblage de prismes correspondant et


modèle résultant.

724
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Cas d’étude : Commune de Faches-Thumesnil, recherche de cavités anthropiques :

C’est donc dans l’optique de contrôler et d’améliorer nos programmes de reconnaissance


de cavités que nous avons associé, sur plusieurs campagnes, méthode
microgravimétrique, sondages destructifs et méthode laser 3D en forage. C’est un
exemple de cette démarche que nous vous proposons avec le cas d’un chantier de
recherche de cavités sur la commune de Faches-Thumesnil, département du Nord.
Le problème posé était la détection et la localisation de catiches au droit d’une zone
d’étude de 3.8 Ha, en zone urbaine. Cette zone d’étude incluait un réseau reconnu de
catiches au Nord ayant fait l’objet d’un relevé en 1976, et un secteur de catiches
supposées à l’Est.

Figure n°6 : Plan de la zone d’étude, Faches Thumesnil (59).

Le programme technique a été défini sur la base du problème posé et des informations
disponibles à proximité de la zone d’étude : substratum constitué de craie Sénonienne, toit
de cette craie présentant de faible variations et à faible profondeur, nappe phréatique vers
13m de profondeur.

725
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Le premier intérêt de la modélisation 3D commence dès la définition du programme. Les


dimensionnements que nous avons déjà réalisés sur des catiches, nous permettent
d’établir un modèle gravimétrique d’une telle cavité, donc de valider l’emploi de la méthode
jusqu’à une profondeur donnée, et de définir la maille de prospection adaptée.
La campagne de détection a donc consisté en la réalisation de 764 stations de micro
gravimétrie réparties selon une maille de 7x7m, plus de 100 sondages destructifs à
enregistrement de paramètres pour le contrôle des anomalies, et plusieurs
dimensionnements de cavité par sonde laser 3D.
La réalisation et le traitement des mesures microgravimétrique ont permis d’établir la carte
dite d’anomalie de Bouguer de la zone d’étude qui constitue la carte globale de « variation
de densité ».
Cette carte fait l’objet d’une correction, qui a pour but de soustraire les événements de
grandes ampleurs attribués à la géologie « régionale ». La carte d’anomalie résiduelle est
le résultat de cette soustraction. Elle met en évidence des zones d’anomalies négatives
résiduelles (ou de “ déficit de masse ”) attribuées la présence de cavités en sous sol.

Bouguer Régionale Résiduelle

Figure n°7 : Bouguer - Régionale = Résiduelle

Cette correction peut être vue comme un filtrage basse fréquence ayant pour but de faire
ressortir les anomalies de faible ampleur liées à des événements en proche surface. Hors,
on constate que, dans le cas de sites de grandes dimensions en zone urbaine (comme le
site de Faches-Thumesnil), l’anomalie régionale est difficile à établir, d’autant plus si les
cavités à détecter concernent des volumes importants.
Le deuxième intérêt de la modélisation 3D à partir de relevé laser est de contrôler, après
la campagne de sondage, la corrélation entre anomalie résiduelle négative et vide
rencontré.
La profondeur des vides rencontrés et l’évaluation de leur volume permettent de calculer
l’anomalie théorique attendue au droit de celle-ci et donc de valider ou modifier le choix de
l’anomalie régionale, à postériori, pour arriver à la carte d’anomalie résiduelle définitive.

726
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure n°8 : Relevé de plusieurs catiches et anomalie calculée correspondante.

Cette carte d’anomalie résiduelle définitive met en évidence 3 secteurs d’anomalies


négatives, notées (A), (B) et (C) attribuées à des réseaux de cavités souterraines. Ces
anomalies sont alors contrôlées et validées par sondages, (présence de cavités franches
ou remblayées) et dimensionnement 3D.

323250

323200

2 .5 0

3 .0 0
3.00

114

218

3 ,0 0
?

?
115

4 .4 0

4 .3 0

3 .8 0
2 .3 0 4 ,0 0

240

232 3.50

1 .9 0

11 8 219

11 6 11 7

2 34

4 .2 0

5 .0 0

3 .7 0
4 .0 0
2 39 238
IV

3 ,0 0 4.20

0 ,3 0

216

2 33

3 .3 0
3 .5 0
3 ,7 0

3 .1 0
2 15

238

5 .0 0
237

1 17 3.20
3 .1 0

30
3.20

23 5
21 4

Z ON E PRO BABLEMENT REMBLAYEE

323150

A
RUE

DES

MARGUER

ITOIS

12

3.10

1 .1 0 0.90 4.00
186

2.00

3 .8 0

0 .9 0

190
1 83

1 .0 0
222

3.9 0

18 7
220

11

1 .3 0

3 .6 0

0.90

MV
LE
A RGI

3 .0 0
218

1 0
0.90

196

1 91

1.90

4 .2 0

9
188

SOL ARGILEU X
3 .5 0

1 .5 0
216

D EL AVAGE D U REMBL AI 3.50

1.60

2 .0 0
214

193

1 .4 0 197
AR
GI
LE

4 .8 0

8
4 .4 0

205
3.00

1 .2 0
212

?
20 1

9
1 .7 0
210
208

DE
NI
VE
LLATI
ON
+1.0 2.90
0m

198
PL AQUE BETON

4 .3 0

19 9

3 .1 0 3.50
20 8

2 .4 0 2.30 213

202
206

2 .0 0
3 .4 0 2.10
7
1.90

4 .2 0
3 .7 0

200

4 .5 0

? 2 .1 0

6
1 .6 0
2.20

323100
34
3.30 3.60
1 .8 0

4 .0 0
5
202

2 .3 0

2.60
200

3 .4 0
8 SOND AGE S A 15 ,0 0 m 210

2 .60
211

3 .2 0

4 .0 0

2 .3 0

2 .9 0 2 .3 0 1 .8 0 MEU RISSE 1 5 /0 4/19 9 7


2 .3 0

?
14
2 .2 0

3 .0 0

4
2 .2 0

20 9
2 .6 0
3 .0 0
2.20
2 .3 0 2 .7 0
2 .6 0

PUITS D'E AU 3 .7 0

2 .0 0 3

NIVEAU A 0.90 1 .4 0 3.40

3
2.20
2 .3 0

1.10
4 .0 0 212

13

2 .3 0
2 .3 0
2.40

2 .3 0
2.10

2.50

3.30
2 .6 0 2

1 .9 0
20 8

2.10 p ou r a na lys e

3 .1 0 2 .0 0
3 .0 0

2 .3 0 2 .3 0
2 .0 0

2.20

2 .5 0

2.30 3.20
15 2 .5 0
2.00

2.70

2 .7 0

ARGILE 2
2.40
LE

2.00
ARGI

1 .9 0
2.30
2.40 2 .6 0

1 .8 0

2 .7 0 2.40

99 2 .1 0 3 .5 0

2.70

2 .6 0
1 .8 0

2 .6 0

P U IT S 2 2 0 0 1 8

Pro f:10 ,8 0 m
2.60
97

2 .9 0
2 .0 0 2 .2 0
124

2.00
0

1 .0 0
3 .0 0
3 .0 0

1.80 1 ,7 0

2 .3 0
2 .1 0
2 .0 0

2 .7 0
95

2 .5 0

2 .9 0 2 .3 0

2.40
1 .9 0
1

1 6

2 .5 0
0 .9 0
93

2 .10 1.50
122

2 .2 0

27 b 1.90
2 .1 0 2 .2 0
33

3 .1 0
2 .0 0 2.40
2.30 2 .0 0
91

0 .0 0
2 .6 0

PUITS D'E AU 3 0

13 b
120

1 .9 0
2 .7 0
3.00 pro f.n a pp e :1 ,2 0m

1 .6 0

2 .1 0

2 .0 0

2.30

1.90
1 .4 0
1 .5 0 AFFAISSE MENT

3 .0 0

2 .4 0 FASH40G(0622299)
2.60 2 .1 0

2 3/06 /1 9 88
2 .8 0

32

3 .0 0
89

118

17 2 .3 0

29

2.30
2 .0 0 1.40

2 .4 0 2 .3 0
2 .0 0
116

1.70

2 .2 0 2 .5 0
2 .2 0
2.4 0 1 .6 0

2 .8 0

2.70

19

2 .7 0

2 .5 0
2.30
2 .2 0 28
1 .7 0

1 .5 0
114

2 .8 0

2 .1 0

2 .3 0

2 .6 0 2.00 2 .4 0
2 .4 0

2 .1 0

2 .0 0
112

2 .0 0

1 8
2 .60 31
2 7
2 .8 0

1 .6 0
2.70

18t 1 .7 0
2 .1 0

2.20

323050
2 .8 0
2.10

2 .4 0
110

1 .8 0

2 .2 0

2.60

2 .6 0
0 .9 0

20
2 .8 0
108

1.60

16 b
18b
2 .6 0

1 .9 0

0 .6 0

1 .7 0
106

21

1.60

2 .8 0

2 .3 0
27

2.20

1 .6 0

26
104

25

2 .0 0

1.60

2 .1 0
23

1.80

2 .8 0

2 .6 0

2 .0 0
2.20

1.50

2 .1 0 3 .2 0 2.10
21

1 .7 0
19

2.20

2 .1 0
2.40

3.50

2 .0 0

102
2 .8 0
3 .2 0

2 .1 0
25

3.10
17

36

3 .1 0
2 2
15

24

2 .7 0

4 .4 0

3 .2 0
100
2,2 0
34

3 .1 0
13

32

98 2 .8 0
11

2 .8 0
30

4 .1 0

G ILE
AR
9

96
28

23

3 .8 0
D EPOT
7

94
26
24
5
3

92
22
1

RACINE

RUE
20

323000
90
NOUVELLE
RUE
18
16

88
86

RUE

LA

FONTAINE
84

14
82

12
80
78
76
74
72
70

2
68

322950
66

20B
64
55
RUE

2
62
ROGER

53
51

4
SALENGRO

60
49
47

?
JAURES
45

C
JEAN
?

1
RUE
43

?
41
39

10

12
33
31

7
27

14
46

56
44

16
42

11
40

13

322900 18
22

20
15

24

17

26
22

26B

19

28

30

32

PLAN SNCF 1939

34

(1222071)

36
RUE

38 ?
NOUVELLE

AN CIEN PUITS

322850
6,70

C IEL -R AIL

40
?

6 ,6 0

42
C IEL /R AIL

ANC IEN PU ITS

44

46

6 ,5 0

C IEL -R AIL

48

?
?
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EN
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U ES

2 ,5 0

5 ,5 0 ? AN CIE N PU ITS

C IEL /R AIL

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50

3 ,3 0

7,20

C IEL /RA IL

8
FAILLE

3 ,5 0
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F EAU

3 ,7 0
ET
SABLE
(5 a 45cm)

3 ,0 0
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8 b
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50

TASSEME NT(P:0 ,5 0m)

(0 6/12 /1 9 77 )

4,70
44

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47

EAU
42

MUR

PAUL
EN BRIQUES
?

JEAN
RUE
45

1 0

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3,40

4,00

RUE

322800
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?

43

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5,40
?

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3 ,2 0
MU R
EN
BRIQUES
DU

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RUE

3 ,2 0

5 b
37

9
85°

3 ,5 0

4,00

1,50

FASH58G(0722514)
2 ,0 0
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33

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E( 5 a

pro f.e n v:1 2 ,0 0m


45cm)

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3.50
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L A PL U PART DES CATICH ES A UN CON E D E R EMBL AIS

4 ,2 0
LEBAS

D'EN VIR ON 2 ,0 0m DE HAU T (ARGIL E ET TUFFEA U)

FIS SUR ES B ATIMEN T


2.80
3 ,0 0

4 ,1 0

2 1.50

56
BAPTISTE

(3 1/0 7 /1 99 7 )

27 2 .5 0

5 ,0 0
JEAN

2 .7 0

6 ,10 2 ,5 0
16 EA U
2.50
1
C IEL /R AIL
PLACE

4
3

1b EAU
7 ,0 0

1 .0 0

CIEL/RAIL
EAU

3 ,0 0
86 °
1

6 ,5 0 3b

?
14 CIEL/RAIL

58
3

12
2 ,5 0

C IEL /R AIL

6,20

C IEL /R AIL
5

7 ,0 0
23

60
C IEL /R AIL

5,64
8

CIEL /RA IL 3 .6 0

C ATIC HE DEC OU VER TE


7

?
(1 4/05 /2 0 03 )

5,50

21 C IEL /R AIL 2 ,3 0

CIE L/RAIL
10

3.30

6 ,4 0
7,10
9

CIEL /RA IL CIE L/RAIL


5 .3 0

LES C ALO TT ES SO NT POSEES SU R CRAIE COMPACTE


3.70

10
12

TASSE MENT E N C AVE 4 .3 0

3 .5 0

A ENVIRON 3.50 m SO US LE SO L DU HANG AR

08 /0 2 /1 98 5
11

PLACE 7 ,0 0
4.60

C IEL /R AIL

JEAN
? 6

322750
3 .0 0
6,00

BAPTISTE
17
C IEL /R AIL

4 .0 0

6 ,5 6

4 .4 0

11

LEBAS CIE L/RAIL FASH57P(0722066)

B
13

4 .3 0
PLACE

15 4.00
15

1 2
?
LEON

5 .0 0
BLUM

4,00
13
3 .5 0
4 .4 0

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13

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16

prof:1 1.60 m

1.20

11
1961

s ur remb la is

19
6B
SNCF

s ou s da lle h a ng a r

3 .9 0
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17
18

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3

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7
4,40

8
21

PLAN FASH61P(0922436)

23 5

des c ente en c av e
1 ,3 0

22 pr of:8,00
6
4

1,70
AN CIENN E D ESC ENTE EN CAVE
R ESTE 5 ,8 0 m AU

3
LEBAS

N IVEA U D E L A ROUTE 5,25 S UR TAL US

4
2 ,8 0
C OMBLE E-FER MEE PAR DAL L E BA
B

25 10 1 ,6 0
MV 1 ,0 0
J

0 ,6 0
PLACE

BLUM
24 2,00 1,80

1,90
2

3
LEON 1
PIETON

1 .8 0

3 .5 0

27 PLACE
2
VOIE

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IE
P
BLUM

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29

TASSEME NT
11

30

322700
(2 4 /1 1/19 9 8)
RUE

40
ROGER

16

9
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RUE

D
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22 BLUM

14

LEON
16

PLACE
24

12
18

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651850

651900

651950

652000

652050

652100

652150

652200

652250

652300

652350

Figure n°9 : Carte d’anomalie résiduelle de la zone d’étude, Faches Thumesnil (59)..

727
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

L’anomalie (A) correspond aux carrières reconnues au Nord, l’anomalie (B) correspond à
un ensemble de carrières soupçonnées à l’Est, l’anomalie (C) correspond à une extension
des carrières au centre de la zone, en partie comblée.
Cependant, si la synthèse fait permet de valider l’ensemble des informations traitées, 1
cavité franche a été mise en évidence à 4.5m de profondeur sur un secteur d’anomalie
résiduelle positive.

Figure n°10 : cavité franche découverte sur sondage SD503

Le dernier intérêt de la modélisation 3D, dans ce cas, était de dimensionner cette cavité
afin de comprendre pourquoi la méthode microgravimétrique ne l’avait pas mise en
évidence. Son volume a été évalué à 13.9 m3, et le calcul de l’anomalie théorique générée
par cette cavité a donné une valeur de 6 µgals (anomalie inférieure au seuil de
détectabilité de la méthode).

Figure n°11 : relevé de la cavité SD503 et anomalie calculée correspondante

728
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Conclusion

Un chantier comme Faches-Thumesnil, nous permet d’évaluer la capacité de détection de


la méthode microgravimétrique et la corrélation géophysique / sondage. On constate ainsi
que :
 Il est nécessaire de fixer un seuil de taille et profondeur lorsqu’on établit un
programme de recherche de cavité par méthode géophysique. En effet, même si la
campagne réalisée a répondu aux questions posées, toutes les cavités n’ont pas
été mises en évidence.
 La méthode microgravimétrique nécessite un rapport volume/profondeur suffisant
pour permettre d’évaluer les limites d’extension d’une cavité. En effet, si la limite
des carrières peut être évaluée pour les secteurs de cavités franches (A) et (B), par
l’analyse des gradients par exemple, les limites de l’anomalie (C) restent
imprécises.
 l’information tirée des coupes sondages est parfois délicate, voire trompeuse. D’une
part, plusieurs sondages réalisés sur des secteurs de carrières n’ont pas rencontrés
de vides. D’autre part, le dimensionnement de cavité permet de se rendre compte
que l’information déduite d’un sondage ayant rencontré un vide peut être
trompeuse.

Figure n°12 : coupe sondage et cavité correspondante (catiche de 350 m3)

Références bibliographiques

(Barron et Bouvier, 2015), « Microgravimétrie et prospection microgravimétrique : manuel


pour la conception et la mise en œuvre".cahiers de l’AGAP Qualité.
(Lakshmanan, 1988), « traitement et inversion des données gravimétriques : la
microgravimétrie, son application aux recherches de vides ». Thèse I.N.P.L.

729
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

ETUDES GÉOSTRUCTURALES DE PAROIS ROCHEUSES PAR


PHOTOGRAMMETRIE ET LASERGRAMMETRIE

APPLICATION OF LASERGRAMMETRY AND PHOTOGRAMMETRY TO


GEOSTRUCTURAL STUDIES ON ROCK-WALL

François ROCHE1, Quentin BARBIER1, Fabrice GUYOTON1, Violaine VIGNON1


1 GEOLITHE Ingénieurs Conseils, Crolles, France

RÉSUMÉ - La lasergrammétrie et la photogrammétrie permettent de réaliser des analyses


structurales en milieu difficiles d’accès et sur des sites partiellement recouverts de
végétation ou d’ouvrages de protection. Nous analysons la pertinence les données
structurales obtenues par ces méthodes, et les comparons aux levés structuraux manuels.
Les résultats montrent que les données obtenues sont fiables et précises, et permettent
d’assister le géologue dans son expertise des parois rocheuses.

ABSTRACT – Lasergrammetry and photogrammetry allow structural analysis in hardly


reaching places or covered with vegetation or wire meshes. We analyzed the precision of
structural data from lasergrammetry and photogrammetry, and compared them with
compass acquired data. Data obtained are reliable and precise, and can help geologist in
his expertize on rock-wall.

1 - Introduction

La lasergrammétrie terrestre (LIDAR couplé à la photographie haute définition calibrée) et


la photogrammétrie terrestre sont des techniques de modélisation 3D permettant au
géologue de mieux appréhender les sites d’étude d’accès difficile. Leurs applications sont
nombreuses (Slob et Hack, 2004) : analyses volumiques et surveillance, mesures
topographiques, creusement de tunnels, surveillance de parois rocheuses, etc. Ces
techniques fournissent des informations géométriques et géologiques complémentaires
aux mesures de terrain, et en quantité supérieure, notamment pour des sites non
accessibles à pied (Dueholm et al. 1993 ; Buckley et al, 2008). En 2009, Dunning et al. ont
montré que l’utilisation du laser permettait d’extraire les orientations des discontinuités
géologiques, et d’identifier les modes de rupture.
L’objet de cette publication est d’évaluer quelle technique de la photogrammétrie ou de
la lasergrammétrie est la plus adaptée à une analyse géologique structurale, suivant les
conditions et le type d’objet étudié. Nous avons comparé les données structurales
obtenues par chacune de ces techniques, sur différents sites d’étude à la géologie simple
et impossibles d’accès: un affleurement rocheux d’alternances marno-calcaires très raide
avec une végétation dispersée, et le front de taille d’un tunnel.

2 - Protocole expérimental

2.1 - Sites d’études

2.1.1 - Site 1 : Affleurement rocheux de Crolles (38)


L’affleurement rocheux (voir figure 1) se situe dans la commune de Crolles, en Isère,
France. Il s’agit d’un escarpement rocheux raide de pente moyenne 80°. Il est orienté sud-
ouest et mesure 10 m de haut par 15 m de large. La lithologie est constituée d’alternances

1
730
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

marno-calcaires dont les joints stratigraphiques forment un plan de discontinuité très


marqué, et recoupé par plusieurs familles de fractures affectant le massif dans son
ensemble. Un petit surplomb rocheux dans la partie gauche de l’affleurement forme une
zone d’ombre.
Du fait de son escarpement, cet affleurement rocheux est impossible d’accès, pour des
levés manuels en paroi avec un très fort risque de chutes de pierres. Les mesures
structurales à la boussole ont donc été réalisées à gauche de l’affleurement, sur de petites
surfaces. En revanche, l’accès au versant opposé est simple. Le site est dégagé et le
géoréférencement est aisé.

A B

Figure 1 : A : photographie de l’affleurement rocheux de Crolles, site 1 (Isère, France)


B : Photographie du front de taille du tunnel du chat, site 2 (Savoie, France) et de
l’appareil de mesure laser LIDAR

2.1.2 - Site 2 : Front de taille en tunnel


Le chantier de creusement de la galerie de secours du tunnel du Chat, localisé en Savoie
(voir figure 1, B), est situé dans des formations calcaires massives. Ce site a été retenu
pour ses conditions d’intervention particulières imposées par le chantier de creusement :
milieu confiné à faible luminosité, et délais d’intervention très courts (< 15 min). L’accès au
front de taille est interdit et une distance de sécurité de 3 m doit être respectée. Les
mesures géologiques sont donc réalisées à distance par le géologue. Notons qu’au fond
du tunnel, on ne perçoit aucun signal GPS pouvant servir au géoréférencement.

2.2 - Protocole d’acquisition des données tridimensionnelles

Nous avons comparé les vecteurs pendages des discontinuités observées sur les deux
sites d’étude en utilisant 3 techniques décrites ci-après :

2.2.1 - Lasergrammétrie terrestre :


Nous utilisons un scanner laser à temps de vol (LIDAR) couplé à un appareil
photographique haute définition calibré (chaque point du nuage lasergrammétrique est
associé à un pixel de la photo afin de faciliter la visualisation des données). Le scanner
permet d’acquérir jusqu’à 122 000 points par seconde dans un rayon maximum de 600 m.
A 100 m de distance, sa résolution peut varier de 1 point tous les 17.4 cm à 1 point tous
les 4 mm (à la verticale et à l’horizontale). Les prises de vues haute définition sont
réalisées à partir d’un appareil photo numérique (APN) HD. Les caractéristiques
techniques de cet APN sont indiquées dans le tableau 1. Du fait du faible recul entre les
stations de mesure et les zones d’étude, nous utilisons une distance focale de 20 mm.

2
731
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Les nuages de points (NdPt) sont géoréférencés à l’aide de 5 sphères disposées au


préalable à proximité de la zone d’étude, et permettant de recaler les différentes
acquisitions. La position de ces sphères est ensuite levée à l’aide d’un GPS haute
précision (de l’ordre de 2 à 3 cm), puis sont rattachées à un système de coordonnées
géodésiques.

Tableau 1 : Caractéristiques techniques des APN pour lasergrammétrie (LIDAR) et


photogrammétrie
APN du LIDAR APN pour photogrammétrie
Format de capteur Plein format 24x36 Plein format 24x36
Définition du capteur 36.3 Mpx 42.4 Mpx
Type de capteur CMOS Full Frame
Sensibilité min - max 100 - 6400 100 - 6400
Sensibilité max étendue 25600 102 400
Objectif 20 mm f/2.8D 55 mm f/1.8

2.2.2 - Photogrammétrie terrestre :


La méthode utilisée est la multi-corrélation d’images géoréférencées. Pour limiter les
aberrations géométriques et chromatiques, les prises de vues sont réalisées au moyen
d’un APN à focale fixe Ø 55mm. Le taux de recouvrement entre chaque prise de vue est
de 80 à 90 % et le géoréférencement est réalisé par visée de points de mesure avec une
station totale de précision millimétrique. Les principales caractéristiques techniques de
l’APN sont présentées dans le tableau 1.

2.2.3 - Levés manuels à la boussole :


Le principe d’acquisition des données géostructurales s’appuie sur l’analyse réalisée par
le géologue et le repérage des différentes familles de discontinuités. Le géologue mesure
ensuite les orientations et pendages des différentes familles, à l’aide d’une boussole. Ces
levés permettent d’estimer la fréquence des discontinuités ainsi que l’extension, de relever
la rugosité et l’altération des épontes, visualiser les venues d’eau, les éventuels
suintements, l’altération des matériaux, les matériaux de remplissage, etc.
Si l’accès sur le site est possible, ces observations et mesures peuvent être réalisées à
l’œil nu, en complément d’un géoréférencement par positionnement avec un GPS. Dans le
cas contraire, le géologue peut être amené à utiliser des jumelles. Le géoréférencement
pourra utiliser des outils de géoréférencement à distance (station totale, théodolite) pour
localiser les cibles étudiées.

2.3 - Protocole d’analyse des données géostructurales

La photogrammétrie et la lasergrammétrie permettent de construire des nuages de points.


En lasergrammétrie il est possible de supprimer la végétation par la technique des échos
(Duong 2006; Harding 2008; Heritage et Large 2009), le nuage de points ainsi obtenu
correspond uniquement à la paroi rocheuse. En photogrammétrie, le fait de traiter la
végétation diminue la densité de points disponibles en arrière du masque végétal. En
d’autres termes, un affleurement rocheux recouvert d’une végétation très dense ne pourra
pas être analysé d’un point de vue géostructural.
Les nuages de points sont traités par un logiciel d’analyse géostructurale 3D qui permet
de visualiser les plans de discontinuité en leur appliquant un code couleur en fonction de
leur projection sur un stéréogramme (voir figure 3). Cette transcription 3D par nuage de
points colorisés assiste le géologue dans son analyse structurale et complète le set de
données terrain.

3
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

B C
A

Figure 2 : (A) : Projection du pole du plan de discontinuité sur un stéréogramme – (B) :


Coloration de l’affleurement rocheux du site n°1 par le logiciel d’analyse géo-structurale.
Les familles de plans de discontinuités visualisées grâce à la coloration, ont été corrélées
avec les plans visibles sur la photographie (C)

Figure 3 : Sélection de 4 familles de discontinuité identifiées sur le nuage de points


colorisés selon les pôles

La figure 2 montre la coloration obtenue avec le logiciel pour le site 1. Cette représentation
fait ressortir les 3 familles de fracturation observées sur l’affleurement. Une fois identifiés,
les plans peuvent être sélectionnés par deux méthodes différentes : de manière interactive
en délimitant manuellement des plans identifiés, ou de manière semi-automatique en
fixant les orientions des plans visibles (Figure 3). Cette dernière méthode facilite la
visualisation des différentes familles de plans, et permet d’en mesurer les fréquences. Une
fois les différentes familles de plans repérées par l’analyse 3D, les orientations et
pendages de chaque plan sont exportés sous un logiciel d’analyse géostructurale à partir
duquel on déduit les canevas, utilisés pour l’étude de stabilité des massifs rocheux.
Pour pouvoir comparer les nuages de points obtenus par lasergrammétrie et
photogrammétrie en s’affranchissant du biais de la géolocalisation, nous avons utilisé des
points de mesure laser pour recaler le NdPt photogrammétrique. Le choix du laser comme
référence est lié au principe de cette méthode qui mesure le temps de retour du rayon
laser émis sous forme de pulsation. Ce type de mesure n’induit pas de déformation liée à
l’appareil et ne nécessite pas de correction post acquisition, contrairement à la
photogrammétrie (Kraus, 2007).

3 - Analyse comparative des données structurales par chaque méthode

Sur le site n°1, la projection des données structurales obtenues par chacune des
méthodes est présentée dans le tableau 1. La comparaison des canevas montre que la
dispersion des données est beaucoup plus importante avec la boussole qu’avec les autres

4
733
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

méthodes. On observe aussi une différence d’orientation des plans mesurés à la


boussole, d’une quinzaine de degrés. Notons que l’affleurement étudié étant inaccessible
à pied, les mesures à la boussole ont été réalisées à l’extérieur de l’affleurement, sur sa
partie nord-ouest, à une quinzaine de mètres de l’affleurement lui-même La comparaison
des mesures par photogrammétrie et lasergrammétrie montre des densités et des
orientations de plans tout à fait comparables.

Tableau 2 : Comparaison des données structurales obtenues par lasergrammétrie,


photogrammétrie terrestres et mesures à la boussole pour le site n°1
Lasergrammétrie Photogrammétrie Levé manuel

Canevas obtenus sur


le site n°1 :
Affleurement rocheux
escarpé de Crolles

Nbr de stations 2 30 photos -


Nbr de pts mesurés 2 600 000 2 900 000 45
Densité 17 300 pts/m² 19 300 pts/m² 0,1 mesure/m²
Scanner laser. APN FHD, GPS Haute Boussole avec
Matériel requis
GPS Haute précision. précision ou Théodolite clinomètre.
Coût d’investissement Elevé Modéré Très faible
GPS Haute précision.
NB : En tunnel, il
s’effectue avec des points
Tachéomètre lorsque la
de repères positionnés au
paroi est inaccessible ou
préalable par le
Géoréférencement un GPS Haute précision. -
topographe à
NB : En tunnel, identique
l’avancement du tunnel.
à la lasergrammétrie
Ces repères sont connus
en coordonnées dans un
système géodésique.
Données 3D :
10 mn hors calibrage du
montage de l’appareil Données 3D :
photographique avec le 5 mn Données 3D :
Temps d’acquisition scanner laser. 60 mn
pour une surface de 20 mn avec calibrage du Géoréférencement :
150m² montage. 20 min à 2h en fonction Géoréférencement :
Géo-référencement : des sites. 60 min en Instantané
20 min à 2h en fonction moyenne.
des sites. 60 min en
moyenne.
Données Modélisation 3D texturé
Modélisation 3D texturé
complémentaires Photos HD calibrées -
Photos FHD
disponibles Réflectance

Sur le site n°2, la projection des données structurales obtenues par chacune des
méthodes est présentée dans le tableau 2. Dans ce cas, l’orientation des plans de
discontinuité est sensiblement identique en lasergrammétrie et en photogrammétrie. En
revanche le levé manuel (2 mesures à distance) diverge des deux autres, avec
notamment des différences dans les pendages qui sont de l’ordre de 15 à 20°. Ces
différences sont dues pour l’essentiel à des erreurs d’appréciation de l’inclinaison des
plans du fait des levés à distance.

5
734
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Tableau 3 : Comparaison des données structurales obtenues par lasergrammétrie,


photogrammétrie terrestres et mesures à la boussole pour le site n°2
Lasergrammétrie Photogrammétrie Levé manuel

Canevas
obtenus sur le site
n°2 : Front de taille
en tunnel

Nbr de stations 1 30 photos


Nbr de points 1 710 000 3 200 000 2
mesurés
Densité des 70 000 pts/m² 128 000 pts/m² 0.08 pts/m²
mesures

4 - Discussion

Les résultats montrent que la lasergrammétrie et la photogrammétrie (réalisée avec un


APN très haute définition) permettent de réaliser des études géostructurales de grande
précision, du fait de la densité et de la précision des mesures obtenues. Ces techniques
permettent d’obtenir des données structurales, sur des objets non accessibles à pied, où,
pour réaliser des levés manuels, le géologue procèderait par estimation avec un risque
d’erreur qui pourrait fausser les canevas obtenus. Le nombre de point de mesures en
photogrammétrie et lasergrammétrie est de plusieurs millions contre quelques dizaines
pour les relevés manuels. Outre la possibilité de disposer d’informations 3D sur l’ensemble
de la zone d’étude, qui améliore la quantité et la qualité des données disponibles pour le
géologue, le nombre important de mesures disponibles pour l’analyse géostructurale peut
être pertinent. De plus, ces méthodes permettent a postériori de rechercher et visualiser
une extension de plan, de sélectionner une orientation particulière pour visualiser et
estimer la fréquence d’une discontinuité, et d’afficher les caractéristiques géométriques
des zones sélectionnées.

4.1 - Géoréférencement :

La précision des orientations mesurées réside principalement dans la qualité du


géoréférencement, car la densité de points est bien suffisante pour obtenir des données
très précises. Dans ce cas, la lasergrammétrie présente un atout par rapport à la
photogrammétrie, puisque le GPS est intégré au système de mesures, et que le principe
même de cette méthode permet de réaliser des visées sur des objets à distance, eux
même géoréférencés. Au contraire, la photogrammétrie nécessite l’utilisation d’un outil
supplémentaire, tel qu’une station totale.

4.2 - Couverture végétale ou objet surfacique (grillage) :

Dans le cas d’objets étudiés présentant un couvert végétal léger, la photogrammétrie


présente des écarts significatifs (quelques centimètres) avec la lasergrammétrie, du fait
que cette dernière permet de dissocier le couvert végétal de l’objet étudié. Cet atout est
aussi applicable à un ouvrage surfacique tel qu’un grillage de protection (voir figure 4),
évitant au géologue une intervention sur corde pour obtenir les données structurales.

6
735
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Grillage 2

Paroi
A B Grillage 1

Figure 4 : Exemple de traitement de deux grillages superposés en lasergrammétrie. A_


Nuage de points colorisé de l’affleurement ; B_ nuage de points « en vue écho »

4.3 - Luminosité :

Les conditions de luminosité ne sont pas une limite pour la lasergrammétrie, qui pourrait
être réalisée dans l’obscurité totale. En revanche, avec la photogrammétrie, l’utilisation de
capteurs spécifiques dit « bas niveau de lumière » est impérative afin de permettre la
restitution d’images de qualité. Les écarts maximaux (supérieurs à 5 cm sur le site 1) entre
les deux méthodes apparaissent sur les zones de forts contrastes. Dans ce cas, même
avec un APN très haute définition et un iso très élevé, la photogrammétrie est moins
précise que la lasergrammétrie.
Cette étude montre aussi que la méthode d’acquisition des données est primordiale,
afin de minimiser les zones d’ombre et avoir une densité de points homogène sur toutes
les orientations de plans, dans la perspective de pouvoir ensuite extraire les statistiques
sur les fréquences de discontinuités. L’angle d’incidence du laser ainsi que l’angle de prise
de vue photographique influent sur la qualité des données. Plus l’angle est tangentiel
moins bonne est la restitution 3D. Une des limites de ces techniques sera donc l’obtention
de données qualitatives dans des cas d’études à morphologie complexes, de grandes
hauteurs avec faible recul. L’utilisation des drones pour des acquisitions aéroportées peut
être une solution.
Notons enfin que les données lasergrammétriques permettent de disposer de données
complémentaires telles que la mesure de la réflectance, qui permet de visualiser la
présence d’eau ou zones humides au niveau de fractures. Cette mesure est directement
intégrée dans le traitement usuel des données de lasergrammétrie

5 - Conclusion et perspectives pour l’analyse structurale

La présente étude a permis d’apprécier l’apport des données tridimensionnelles dans


l’analyse géostructurale de massif rocheux de petite taille. Elle montre que la
lasergrammétrie et la photogrammétrie sont des techniques tout à fait adaptées aux
études géostructurales, et présentent de nombreux intérêts.
Elles améliorent la sécurité, en permettant de diminuer les temps d’exposition aux
risques des intervenants. Les données tridimensionnelles obtenues sont très précises, et
en très grand nombre, autorisant ainsi des expertises plus pointues. De plus, en diminuant
la durée d’intervention, les techniques de modélisation 3D permettent de couvrir avec
précision de grandes surfaces. Dans des cas d’étude de stabilité de massif rocheux, les

7
736
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

modèles 3D permettent donc une optimisation (qualitative et quantitative) des


confortements.
La qualité des données obtenues dépend de la méthode d’acquisition des données, qui
doit être effectuée de manière rigoureuse. Le géoréférencement est essentiel afin de
pouvoir replacer les mesures dans un référentiel terrestre. Dans ce cas, la
lasergrammétrie présente un avantage sur la photogrammétrie, les outils de
géoréférencement étant intégrés à l’appareil.
Une utilisation intéressante des techniques serait l’acquisition embarquée sur drone
pour l’étude de versants rocheux de grande hauteur. Ceci permettrait de s’affranchir des
contraintes de prises de données terrestres (position des stations d’acquisition imposée
par la morphologie, angle d’incidence pouvant être élevé), mais impliquera des contraintes
d’acquisition de données 3D par laser dynamique (Jacquin, 2015).
Dans le cas d’affleurements rocheux partiellement masqués ou à forts contrastes, la
lasergrammétrie apporte un avantage certain en s’affranchissant de la végétation et des
ouvrages surfaciques tels que des grillages. Ceci n’est pas possible en photogrammétrie.

6 - Références bibliographiques

Buckley Simon J., Howell J.A., Enge H.D., and Kurz T.H., Terrestrial laser scanning in
geology: data acquisition, processing and accuracy considerations, Journal of the
Geological Society, v. 165:625-638, doi:10.1144/0016-76492007-100.
Dueholm K.S, Garde A.A, Pedersen A.K, Preparation of accurate geological and structural
maps, cross-sections or block diagrams from colour slides, using multi-model
photogrammetry, Journal of Structural Geology, Volume 15, Issue 7, 1993, Pages
933-937, ISSN 0191-8141, http://dx.doi.org/10.1016/0191-8141(93)90186-E.
Dunning S.A., Massey C.I., Rosser N.J., Structural and geomorphological features of
landslides in the Bhutan Himalaya derived from Terrestrial Laser Scanning,
Geomorphology, Volume 103, Issue 1, 1 January 2009, Pages 17-29, ISSN 0169-
555X,
Duong H. (2006) Full waveform analysis: Icesat laser data for land cover classification. In:
ISPRS commission VII mid-term symposium ‘‘remote sensing: from pixels to
processes’’,
Harding D (2008) Pulsed laser altimeter ranging techniques and implications for terrain
mapping, Chap 5. In: Shan J, Toth CK (eds) Topographic laser ranging and
scanning: principles and processing. CRC Press, Taylor & Francis, pp 173–194.
Heritage GL, Large ARG (2009) Laser scanning for the environmental sciences. Wiley-
Blackwell, London.
Jacquin A. (2015) - Qualification de la précision de données topographiques issues
d’acquisitions par méthode scanner laser dynamique ferroporté au sein de la SNCF.
Metzger R. (2009) - Coltop3D: A New Software for Structural Analysis with High
Resolution 3D Point Clouds and DEM - University of Lausanne, Lausanne,
Switzerland.
Kraus K.: Photogrammetry - Geometry from Images and Laser Scans - 2nd edition;
Walter de Gruyter, Berlin, 2007, ISBN: 978-3-11-019007-6; 459 pages.
Slob S. and Hack R.: 3-D Terrestrial Laser Scanning as a New Field Measurement and
Monitoring Technique, in: Engineering Geology for Infrastructure Planning in Europe,
A European Perspective, edited by: Hack, R., Azzam, R., and Charlier, R., Lecture
Notes in Earth Sciences, Springer, Berlin/Heidelberg, 104, 179–190, 2004.

8
737
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

MISE EN PLACE D’UN PARAMETRE COMPOSE FACILITANT


L’INTERPRETATION DES PARAMETRES DE FORAGE

DEVELOPMENT OF A COMPOUND PARAMETER WHICH FACILITATES


DRILLING PARAMETERS INTERPRETATION

Margot FROSSARD1, Michael REBOUL1


1
TECHNOSOL, Ballainvilliers, France

RÉSUMÉ – Lors de la réalisation d’un forage destructif, les variations des paramètres de
fonctionnement de la machine peuvent être enregistrées. Cependant, leur interprétation
est complexe étant donné le nombre important de facteurs qui influent sur leur valeur.
L’article présente la démarche de mise en place d’un paramètre composé qui permet de
faciliter l’interprétation de ces paramètres et son application.

ABSTRACT – During drilling, variations of the machine’s working parameters can be


recorded. However, their interpretation remains a complex task because of the number of
external factors which can influence their value. The article presents the development of a
compound parameter which facilitates drilling parameters interpretation and its application.

1. Introduction

Dans le cadre d’une campagne de reconnaissances géotechniques, la réalisation de


sondages est essentielle car ils permettent de connaître la nature du terrain rencontré au
niveau du futur ouvrage. Lors du processus de forage, les enregistrements de la variation
des paramètres de la machine ou diagraphies peuvent être réalisés. L’observation de la
variation de ces paramètres peut permettre de repérer les différentes transitions des
couches de sols ou de roches. Cependant, l’interprétation des paramètres enregistrés est
une tâche complexe étant donné leur multiplicité et le nombre important de facteurs qui
peuvent influer sur leur valeur. Ainsi, les paramètres composés, qui combinent des
paramètres individuels entre eux, permettent de faciliter leur interprétation.
Nous commencerons par présenter les principaux paramètres qui peuvent être
enregistrés lors des forages. Puis nous aborderons les différents traitements possibles sur
ceux-là afin de faciliter leur interprétation et nous nous intéresserons plus particulièrement
au paramètre que nous avons retenu, en l’appliquant sur des cas concrets.

2. Présentation des paramètres enregistrés

Les machines les plus répandues en forage géotechnique sont les machines hydrauliques
puisqu’elles peuvent être instrumentées pour les enregistrements de paramètres
(Moussouteguy, 2002). De manière générale, les paramètres de forage peuvent être
classés en quatre catégories (Cailleux, 1986) :
 les paramètres qui sont imposés par la méthode et qui ne sont pas enregistrés
numériquement (type d’outil et diamètre, nature du fluide d’injection,
performances/limites de la machine et du système d’injection) ;

1
738
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

 les paramètres fixés par l’opérateur et à maintenir constants au cours du forage


(poussée sur outil, vitesse de rotation mesurée au niveau de la tête de forage,
débit d’injection du fluide de forage) ;
 les paramètres dépendant de la nature du terrain (vitesse d’avancement, couple
de rotation, pression d’injection, débit de retour, pression de retenue) ;
 les paramètres évolutifs non maîtrisés et très souvent non mesurés (usure des
outils, changement dans la composition du fluide, volume de sol effectivement
détruit par l’outil).
Les machines utilisées dans le cadre de notre étude appartiennent à la société
Forensol, filiale de Technosol. Ce sont des machines hydrauliques qui réalisent
l’enregistrement des paramètres suivants :
 la vitesse instantanée d’avancement (en m.h-1) ;
 la pression hydraulique mesurée à proximité du piston de vérin ou du moteur
hydraulique. Afin d’obtenir la pression sur outil, il faudrait effectuer une mise à
l’échelle avec la valeur de poussée maximale évaluée lors de l’étalonnage et
prendre en compte le poids des tiges (Reiffsteck, 2010). Par souci de
simplification, nous avons utilisé dans notre étude la pression hydraulique brute,
que nous appellerons tout de même « pression sur outil » dans la suite de notre
article.
 la pression hydraulique mesurée dans le moteur de rotation (en bar), que nous
appellerons, toujours par souci de simplification, « couple de rotation de la tête de
forage » ;
 la pression d’injection du fluide de forage (en bar).
L’enregistrement des paramètres témoigne donc du pilotage, du fonctionnement de la
machine et des caractéristiques du terrain rencontré. Toute la difficulté de l’interprétation
des paramètres de forage provient du fait qu’ils dépendent les uns des autres
(Moussouteguy, 2010).

3. Traitement des paramètres de forage et applications

Les paramètres composés combinent des paramètres individuels entre eux. Ils ont pour
but de minimiser la part de la machine et des conditions de pilotage qui ne sont pas pris
en compte, qui peuvent ainsi influer sur les paramètres et donc fausser l’interprétation des
données (Moussouteguy, 2010). Ainsi, les paramètres composés sont moins dépendants
des conditions de forage que les paramètres enregistrés et permettent de synthétiser les
données afin de créer un plus grand contraste entre les différentes couches.

3.1. Choix d’un paramètre composé adapté

Un travail bibliographique a tout d’abord été réalisé afin de connaître les différentes
approches déjà existantes. En effet, de nombreuses recherches ont été menées sur ce
sujet, tout d’abord dans le domaine pétrolier et plus récemment dans le domaine du génie
civil (depuis les années 1970) afin d’apporter une simplification dans l’interprétation des
paramètres de forage.
Nous avons appliqué les différents paramètres trouvés dans la bibliographie sur
plusieurs chantiers déjà traités, chantiers qui présentaient des couches lithologiques
variées, classiques de la géologie parisienne (limon, argile, sable, marne, calcaire). De
cette étude a pu être retenu un critère qui semblait le mieux retranscrire la variation de

2
739
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

compacité le long du forage (comparaison des courbes des paramètres composés avec le
log des pressions limites nettes mesurées dans le forage) : l’indice de Somerton Sd.
Cette relation a été développée à partir de résultats expérimentaux obtenus au
laboratoire (Somerton, 1959) et décrit la résistance au forage dans la roche. Pour chaque
formation géologique d’un chantier donné, si on néglige l’effet de la variation de la vitesse
de rotation, il est possible de réduire Sd à :
PE
Sd ≃ (1)
√VA

avec :
 VA la vitesse d’avancement en m.h-1 ;
 PE la poussée nette appliquée à l’outil de forage en bar (qui est égale à la pression
de retenue soustraite à la pression de poussée).
Remarque : Le fait d’utiliser la racine carrée de la vitesse permet de réduire l’impact des
pics de vitesse (LCPC, 2010).
La pression de retenue n’étant mesurée que pour un certain nombre de machines de
Forensol, nous avons choisi dans notre analyse de travailler avec la pression sur outil à la
place de la pression effective. Toutefois, nous avons pu remarquer que la valeur de la
pression de retenue reste négligeable par rapport à la valeur de la pression de poussée
dans les zones où les terrains ne sont pas décomprimés et où il n’y a pas de vide. En
effet, nous avons pu remarquer sur un chantier, pour 20 sondages où 3 machines
P
différentes ont été utilisées, que le rapport R vaut entre 1 et 10 % (en moyenne).
Po
Dans l’application que nous avons réalisée, plusieurs adaptations de ce paramètre ont
ensuite été étudiées (en plus de l’indice de Somerton) :
- L’inverse de l’indice de Somerton pour que l’échelle de variation des données soit
plus étendue, ce qui permet d’avoir des écarts plus importants de valeurs au niveau
des terrains où la vitesse d’avance est forte et ainsi mieux différencier les terrains de
faibles compacités ;
- L’indice de Somerton avec la vitesse d’avancement multipliée ou divisée par le
couple de rotation afin de prendre en compte les variations du couple dans les
formules ;
- L’indice de Somerton avec la vitesse d’avancement multipliée par le couple de
rotation le tout normalisé par les plus grandes valeurs de vitesse d’avancement et de
couple de rotation obtenues lors du forage afin de prendre en considération les
caractéristiques maximales de la machine.
L’observation des graphiques a permis de sélectionner le critère qui retransmet au
mieux les variations de faciès et le comportement mécanique (comparaison de la courbe
du paramètre composé avec les graphiques pressiométriques) :

Po
K = x 10 (2)
CR √VA

Remarque : L’indice a été multiplié par dix afin d’obtenir des valeurs comprises dans un
intervalle facilement manipulable.

3
740
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.2. Application du paramètre composé K

Trois chantiers ont plus particulièrement été étudiés pour la mise en place de ce
paramètre K, il s’agit du projet de prolongement de la ligne 14 entre Saint-Lazare et la
mairie de Saint-Ouen, du projet de construction d’un site de maintenance SNCF à Vaires-
sur-Marne (77) et du projet de construction du nouveau campus de l’Ecole Centrale de
Paris à Gif-sur-Yvette (91). Nous détaillerons plus particulièrement la méthodologie mise
en œuvre pour ce dernier.
Nous avons appliqué le paramètre composé K sur tous les sondages de la campagne
de reconnaissances réalisée en juin 2013 à Gif-sur-Yvette (10 sondages pressiométriques
de 15 à 30 m de profondeur réalisés par 3 machines différentes). La succession
lithologique globalement tabulaire rencontrée au droit des forages de ce chantier est la
suivante :
 de la terre végétale ;
 des limons argileux marron-brun (Limons des Plateaux) ;
 des argiles marron-orangé (Argiles à Meulières) ;
 des sables beige-blanc (Sables de Fontainebleau).
Sur les graphiques que nous avons tracés, nous arrivons à distinguer avec le
paramètre K les différentes couches de sol avec une forte ressemblance entre la courbe
du paramètre et les valeurs de pression limite. Ci-dessous, un exemple de sondage
pressiométrique avec enregistrement de paramètre où nous avons appliqué le paramètre
K.

Figure 1 : représentation des résultats des essais pressiométriques et des paramètres de


forage pour un sondage avec application du paramètre composé K

4
741
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Sur ce graphique, nous pouvons repérer la transition entre la couche argileuse et la


couche sableuse avec une augmentation du paramètre K. Ce paramètre met aussi en
évidence une légère variation des caractéristiques mécaniques au sein de la couche
sableuse, avec une diminution du paramètre K à 16 m de profondeur, ce qui n’était pas
visible sur les résultats des essais pressiométriques.
Le paramètre K permet de souligner un passage plus dur à 9,5 m de profondeur
(pression sur outil plus forte avec un couple de rotation et une vitesse d’avancement plus
faible, donnant donc un paramètre K de valeur plus élevée) ce qui est bien visible sur
l’essai pressiométrique réalisé à la même profondeur. Cependant, cette valeur très élevée
du paramètre ne peut pas être comparée de manière quantitative aux valeurs du
paramètre dans les sables. En effet, on peut voir que le paramètre K est plus élevé dans
l’argile à 10 m de profondeur que dans les sables, alors que la pression limite est plus
importante dans les sables que dans l’argile. Ceci peut être expliqué par le fait qu’une
forte diminution de la vitesse entraîne une très forte augmentation du paramètre K qui
n’est pas forcément équivalent à une pression limite beaucoup plus élevée.
Les variations du paramètres K doivent donc être analysées de manière qualitative
(variation des paramètres de sol lorsqu’il y a une diminution ou une augmentation du
paramètre K) plutôt que de manière quantitative (les valeurs du paramètres K ne doivent
pas être comparées directement entre elles lorsque deux couches de caractéristiques
différentes sont observées).

3.3. Définition et application du paramètre composé K’

3.3.1. Chantier de Gif-sur-Yvette


En observant de plus près les graphiques du chantier de Gif-sur-Yvette, nous avons pu
remarquer que dans les sables beige-blanc (Sables de Fontainebleau), là où les
caractéristiques pressiométriques sont les plus élevées et les différents paramètres
sensiblement constants, la valeur du paramètre K est maximale et est identique pour une
même machine, mais est différente entre deux machines. Ainsi, nous avons défini un
« coefficient machine » afin de pouvoir comparer les valeurs du paramètre entre les
différents sondages, quelle que soit la machine utilisée. Le paramètre composé suivant a
été appliqué sur chacun des sondages :
Po
K′ = x 100 (3)
CM x CR √VA

avec CM le coefficient machine correspondant à la valeur maximale du coefficient K


obtenue dans les Sables de Fontainebleau, formation sableuse résistante (Pl* > 5MPa) et
homogène.
Nous avons ainsi choisi de retenir :
 Pour la machine SOCOMAFOR : CM = 8 ;
 Pour la machine EMCI : CM = 1,5 ;
 Pour la machine ABYSS : CM = 2.
En appliquant ce paramètre sur la totalité des sondages réalisés, nous pouvons
remarquer qu’en mettant les courbes sur le même graphique, celles-ci se trouvent toutes
dans le même fuseau de valeurs.

5
742
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Ci-dessous sont représentées les variations des coefficients K et K’ et les pressions


limites en fonction de la profondeur, sur différents sondages réalisés avec trois machines
différentes.

(1) (2) (3)

Figure 2 : (1) : représentation graphique du coefficient K en fonction de la profondeur pour


différentes machines ; (2) : représentation graphique du paramètre K’ en fonction de la
profondeur pour différentes machines ; (3) : courbes pressiométriques correspondantes

Le terrain où ont été réalisés les sondages est relativement plat et les couches
géologiques sont tabulaires. Ainsi, une même profondeur correspond à une même cote
altimétrique et s’il n’y a pas de discordance, une même profondeur correspond à une
même couche géologique. Ceci nous permet donc de comparer directement les
graphiques entre eux.
On observe que les courbes du coefficient K’ ont la même forme quelle que soit la
machine utilisée, et la mise en place du coefficient machine permet d’obtenir des valeurs
de paramètre comparables.
Le coefficient K’ met en évidence de manière uniforme la transition entre l’argile à
meulière et le sable fin beige à environ 10 m de profondeur, aussi repérable avec le
changement de caractéristiques pressiométriques et les carottés faits à proximité.

3.3.1. Chantier de Vaires-sur-Marne


Nous avons ensuite souhaité appliquer le paramètre K’ sur un autre chantier, où 6
sondages pressiométriques avec enregistrement des paramètres de forage ont été
réalisés par deux machines différentes dont l’une avait déjà été utilisée à Gif-sur-Yvette
(ABYSS). La succession lithologique rencontrée au droit des forages est la suivante :
 du sable graveleux gris brun (remblais et terrains de surface) ;
 du sable avec des passages graveleux marron-gris (Alluvions Anciennes) ;

6
743
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

 de la marne argileuse plus ou moins sableuse beige (Marnes


Infragypseuses / Sables de Monceau) ;
 de la marne argileuse blanc-gris (Calcaire de Saint-Ouen).
Nous avons conservé le même coefficient CM = 2 pour la machine ABYSS et avons
calé CM = 3 pour la machine APAFOR, avec CM la valeur maximale du paramètre K dans
la formation des Alluvions Anciennes (formation homogène et résistante avec Pl* > 5 MPa
à l’instar des Sables de Fontainebleau).
Notons que pour ce site, les couches n’étant pas tabulaires, nous n’avons pas pu
superposer les graphiques comme nous avions pu le faire pour le chantier de Gif-sur-
Yvette. Mais, nous avons tout de même pu remarquer grâce à l’application du coefficient
machine que chaque formation présente une même gamme de variations du paramètre
K’, quelle que soit la machine utilisée.
Le graphique ci-dessous représente l’application du paramètre K’ pour deux sondages
réalisés par ces deux machines à Vaires-sur-Marne, avec les fuseaux de valeurs du
paramètre K’ pour les différentes formations rencontrées.

Figure 3 : représentation graphique du coefficient K’ en fonction de la profondeur pour


deux machines avec les différents fuseaux de valeurs

On remarque une nouvelle fois une très bonne concordance de valeurs de K’ pour
chaque couche.

7
744
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4. Conclusion

Les enregistrements de paramètres permettent de localiser les hétérogénéités du milieu


au droit d’un sondage. Cependant, les résultats ne sont pas utilisables en l’état dans le
cadre du dimensionnement des ouvrages géotechniques et leur interprétation peut être
difficile étant donné l’interdépendance des paramètres enregistrés. Ainsi, les paramètres
composés permettent de limiter cette interdépendance et rend plus facile l’interprétation
des données comme nous avons pu le voir dans notre étude.
Notre étude a montré que le paramètre composé K permet de mettre en évidence les
contrastes géomécaniques du sol (dûs à un changement de lithologie).
L’utilisation d’un coefficient machine permet d’obtenir des valeurs de paramètre K’
comparables pour une même formation, quelle que soit la machine utilisée.
L’établissement d’une base de données de coefficient machine CM offre ainsi des
possibilités nouvelles à l’exploitation des sondages destructifs sur un site pour lequel la
stratigraphie aura pu être étalonnée sur un sondage pressiométrique enregistré,
permettant donc la comparaison immédiate des sondages entre eux. Notons toutefois que
la valeur du coefficient CM dépend avant tout des réglages initiaux effectués sur la
machine avant le chantier et pourra ainsi dépendre de l’opérateur, mais est supposée
uniforme pour un opérateur donné qui règle toujours sa machine de la même manière.
Les paramètres composés, et plus particulièrement celui qui découle de notre étude,
doivent être un plus dans l’interprétation qualitative des sondages mais ne doivent pas
être étudiés seuls. L’œil averti de l’ingénieur géotechnicien formé pour interpréter les
paramètres de forage est toujours indispensable.

6. Références bibliographiques

Cailleux, J.-B. (1986). Étude des diagraphies instantanées en forage. Rapport des
laboratoires, GT12, 97 pages.
LCPC (2010). Paramètres de Forage en Géotechnique. Méthode d'essai n°79.
Moussouteguy, N. (2002). Utilisation des essais pressiométriques et diagraphies
instantanées pour mieux évaluer le risque géotechnique en reconnaissance des sols.
Thèse de l’Université de Bordeaux I.
Reiffsteck, P. (2010). Utilisation des paramètres de forage en reconnaissance
géotechnique. Journées Nationales de Géotechniques et de Géologie de l’Ingénieur
JNGG 2010.
Somerton, W.H. (1959). A Laboratory Study of Rock Breakage by Rotary Drilling. Journal
of Petroleum Technology. Vol. 216: 92–97.

8
745
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

PROPOSITION D’UNE METHODE DE CLASSIFICATION BASEE SUR


LES PARAMETRES DE FORAGE

APPLICATION AND VALIDATION OF SOIL BEHAVIOR CLASSIFICATION


CHART BASED ON DRILLING PARAMETER RECORDING

Philippe REIFFSTECK1, Jean BENOIT2, Matthieu HAMEL3, Jean-Michel VAILLANT4


1
IFSTTAR, Marne la Vallée, France
2
University of New Hampshire, Durham, États-Unis d’Amérique
3
Fondasol, Cesson, France
4
Fondasol, Enghien, Belgique

RÉSUMÉ – Cette communication présente une démarche d’élaboration d’une


classification des sols basée sur les paramètres de forages. Une version sous forme
d’abaque, tenant compte de l’état initial du sol, dont on sait l’importance est également
soumise à validation. La validation par comparaison à une base de données comportant
ces différents essais permet de conclure sur la fidélité de cet abaque et propose quelques
conseils pour son utilisation pratique.

ABSTRACT – This paper presents an approach for developing a soil classification based
on drilling parameters. Validation by comparison with a database of these tests leads to
the conclusion on the reliability of the abacus and proposes some advices for its practical
use. A newer version taking into account initial state of the ground is also tested.

1. Introduction

Il a toujours été utile de corréler les résultats des essais réalisés en place avec ceux
obtenus sur les éprouvettes taillées dans les carottes prélevées sur site. Cependant, il
serait fallacieux d'affirmer que les valeurs dérivées des essais en place peuvent se
substituer à la réalisation des essais de laboratoire. Ces corrélations ont en effet
beaucoup de difficulté à intégrer certains aspects du comportement des sols comme la
surconsolidation et l'activité de la fraction fine. Toutefois, il s’agit d’un outil important pour
le praticien pour vérifier la cohérence des résultats.
Récemment les normes d’application nationales pour le dimensionnement des
fondations superficielles et profondes de l’Eurocode 7, proposent d’utiliser un abaque de
classification basé sur les résultats des essais pressiométriques : pression limite et
module Ménard. A l’instar de la classification des sols développée par Robertson à partir
des résultats des essais de pénétration statique, cet outil définit des classes de sol dans
un plan construit à partir de la pression limite normalisée et du rapport module sur
pression limite. Dans l’étude présentée, les différents paramètres de forage combinés sont
normalisés pour définir des axes similaires à ceux proposés par Robertson (1990).

1.1. Classification et pénétromètre statique (CPT)

Succédant à Schmertmann (1978), Douglas et Olsen (1981) et Parez et Fauriel (1988),


Robertson a proposé en 1990, un abaque basé sur la résistance de pénétration au cône,
qt, et le rapport de frottement. Ces abaques ont été adoptés par les praticiens car ils
fournissent une classification des sols « fiable » en utilisant le CPT et « sans nécessiter »

1
746
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

d'échantillonnage. Les graphiques incluent des limites de zones qui permettent la


classification des sols en fonction de leur classe de taille des particules. Ces zones
fournissent un passage progressif d'un comportement de sol fin à celle d'un sol grossier.
Ces deux paramètres sont en fait des paramètres composés spécifiques à la pénétration
au cône.
En 1990, Robertson propose un raffinement de l'abaque initial, traçant une "résistance
au cône normalisée", Qt, en fonction d’un "rapport de frottement normalisé", Fr.
𝑞 𝑡 −𝜎𝑣
𝑄𝑡 = (1)
𝜎′ 𝑣

𝑓𝑠
𝐹𝑟 = . 100% (2)
𝑞 𝑡 −𝜎𝑣

On rappelle que 𝑞𝑡 = 𝑞𝑐 + (1 − 𝑎). 𝑢2


sols organiques sols argileux sols limoneux argile sable limon craie grave
sols sableux sols graveleux sols surconsolidés, indurés 1000
p*LM/p0
1000
Ic= 1,31 8
7
Ic= 2,05
1000
Résistance au cone normalisée Q t

9 3,6

Ic= 1,31 3,3


Ic= 2,6 Marne et 100
3,6
100 6
calcaire
3 marneux
Rocher 1000
altéré et 3,3
Ic= 2,95 fragmenté
Ic= 2,05 100
5 2,6
Sables
1000 3
et
2,3 graves
10 4 10
Ic= 2,6
10
2
Ic= 3,6 2,6
Ic= 2,95 1 3
100

2 1,6 Argiles
et
1 Ic= 3,6 limons 2,3
2
0,1 1 10 1
a Rapport de frottement normalisé F b 1 a 0,1 r

Figure 1. Abaques de classification (d’après Robertson, 1990 et 2009) et abaque basé


pour le pressiomètre proposé avec les jeux de données des sites

Avec
1. sols granulaires fins sensibles ; 6. sable [sable limoneux à sable propre] ;
2. sol organique et tourbe ; 7. sable à sable graveleux ;
3. argile [argile limoneuse à argile] ; 8. sable à sable argileux à sable « très raide » ;
4. limon hétérogène [argile limoneuse à 9. sol granulaire fin très raide, sol cimenté ou
limon argileux] ; surconsolidé.
5. sable hétérogène [limon sableux et sable
limoneux] ;

En 2009, Robertson intègre à son abaque l'indice Ic proposé par Jefferies et Been
(2006), permettant d'approcher les frontières des zones par des arcs de cercle (traits
épais sur la Figure 1a). La frontière séparant le comportement argileux du comportement
sableux est ainsi donnée pour Ic =2,60.

2 2 0,5
𝐼𝑐 = 3,47 + 𝑙𝑜𝑔 𝑄𝑡 + 1,22 − 𝑙𝑜𝑔 𝐹𝑟 (3)

Sur la figure 1a, un jeu de données de sites expérimentaux dont les essais d’expansion
PMT, de pénétration de cône CPT, ou de carottier SPT et de cisaillement FVT, au sens de
l’Eurocode 7, sont de qualité mais ne présentant pas tous une unité de situation

2
747
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

géographique, de profondeur et de formation géologique sont ajoutés. Leur classification a


été réalisée à partir des descriptions des sols prélevés par carottage et par essais de
laboratoire.

1.2. Classification et pressiomètre Ménard (PMT)


A l’instar de la classification des sols développée à partir des résultats des essais de
pénétration statique, on peut imaginer construire un outil définissant des classes de sol
dans un plan construit à partir de la pression limite normalisée et du rapport module sur
pression limite. Le diagramme bi-logarithmique présentant la pression limite normalisée
p*LM/p0 en fonction du coefficient rhéologique a, proposé par Baud (2005) et Baud et
Gambin (2011, 2012) semble prometteur bien que la comparaison des différentes
classifications ne permette pas de délimiter des zones uniques disjointes évidentes
(Reiffsteck et al., 2013).
Ces mêmes auteurs proposent une version plus élaborée tenant compte de l’état initial
du sol, dont on sait l’importance, sans toutefois résoudre les problèmes de discrimination
insuffisante inhérent à cet abaque. La figure 1b, à comparer à la figure 1a, montre un
discernement moyen des cinq classes de sol de la base de données des sites
expérimentaux. Les sols fins se localisent en bas à gauche du graphique et les sols
granulaires en haut à droite, avec les sols intermédiaires en position centrale.
De ce fait, l’utilisation de courbes fonctions des coordonnées et définissant un indice de
classification Ic semble adaptée pour délimiter des zones. Cet indice pourrait avoir la
même valeur seuil de 2,6, séparant les comportements frottant et cohérent, que celle
proposée par Jefferies et Been (2006), avec toutefois une évolution en sens inverse (1,3
pour les argiles et 3,6 pour les graves).

2 0,5

𝑝𝐿𝑀 2
𝐼𝑐 𝑃𝑀𝑇 = 1 + 𝑙𝑜𝑔 𝑝𝑜 + 1 − 𝑙𝑜𝑔 𝛼 (4)

Cet abaque s’avère apte à classifier les sols dans les cas où les sols sont fermes (sols
raides, roches tendres) et quand on dispose d’essais avec un module Ménard mesuré
avec le moins de remaniement possible et non borné artificiellement par la limite de l’essai
normalisé à 5 MPa.

2. Classification et paramètre de forage (MWD)

Réaliser une classification du sol foré à partir de paramètres enregistrés (VA : vitesse
d’avance ; PE : poussée nette ; Pi : pression d’injection ; Qi : débit de fluide de forage ; Cr :
couple de rotation ; Vr : vitesse de rotation – en italique ceux qui ne sont généralement
pas mesurés) a été tenté par de nombreux auteurs (Girard, 1985, Bourget et Rat, 1995 ;
Ferry, 1996 ; Colosimo, 1998 ; Gui et al., 1999 ; Moussoutheguy, 2002). Toutefois, la
combinaison de plusieurs paramètres composés avec des méthodes de pondération et
des seuils n’a pas permis d’aboutir à une méthode de discrétisation des couches fiable à
100%. Nous utiliserons ici la résistance à la pénétration Rp et l’indice de Somerton modifié
Sd (Reiffsteck et al., 2010).

𝑡𝑒𝑚𝑝𝑠 𝑒𝑛 𝑠 𝑃𝐸
𝑅𝑝 = 0,2 𝑚 et 𝑆𝑑 = (bar/(m/h)-0.5)
𝑉𝐴
(5)

3
748
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

On observe sur la Figure 2 que l’état de compacité des argiles ou des marnes donne
des plages de valeurs très importantes de résistance à la pénétration ne permettant pas
de trancher sur leur nature si aucune identification des cuttings n’est réalisée. La
distinction entre les argiles et les marnes se fait principalement sur la base de la teneur en
CaCO3.
50000 35

45000
30
40000

35000 25

PE /√ (VA)
30000
20
s/0,2m

25000
15
20000

15000
10
10000
5
5000

0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 0 1 2 3 4 5 6 7

sol sol
Figure 2. Relation entre la classification et la résistance à la pénétration ou l’indice
Somerton modifié (argile=1, limon=2, sable=3, grave=4, craie=5, marne=6, roche=7)

9 argile 16 argile
limon limon
8 14
sable sable
7 grave 12 grave
craie craie
6 10 marne
Fréquence

marne
roche
pl (MPa)

5 roche 8

4 6

3 4

2 2

1 0
4

0
0

92

0
18

27

36

46

55

64

73

82

92

1 10 100 1000 10000 100000


rapport (s/0,2m)/pl
a) s/0,2m b)

9 argile 25 argile
limon limon
8
sable sable
20
7 grave grave
craie craie
6
marne 15 marne
Fréquence
pl (MPa)

5 roche roche

4 10

2 5

1
0
0 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
0 10 20 30 40
rapport 10,pl /(PE/√Va)
c) PE/racine (VA) d)
Figure 3. Relation et histogrammes des relations entre la pression limite pressiométrique
et différents paramètres composés

4
749
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

La norme française NF P94-261 dans son annexe A propose quelques éléments de


classement des sols qui peuvent donc en première approche être complétés par les
plages de variations des indicateurs les plus robustes utilisés pour les paramètres de
forage, la résistance à la pénétration Rp et l’indice de Somerton modifié Sd (figure 3).
Tableau 1 — Classement des sols selon différents critères et selon Rp et Sd

Classes de sol Ic pl* (MPa) qc (MPa) (N1,60) cu (kPa) Rp Sd


Très mous à
mous
0,0 – 0,50 < 0,4 < 1,0 < 75 < 45 < 2,5

Argiles et limons Fermes 0,50 – 0,75 0,4 à 1,2 1,0 à 2,5 75 à 150 45 à 138 2,5 à 8
Raides 0,75 – 1,00 1,2 à 2 2,5 à 4,0 150 à 300 138 à 230 8 à 13
Très raides > 1,00 ≥2 ≥ 4,0 ≥ 300 ≥ 230 ≥ 13
Sols
intermédiaires Classement à
réaliser selon les
(sable limoneux, indications des
sable argileux, figures 1
argile sableuse)
Très lâches < 0,2 < 1,5 <3 < 27 < 1,3
Lâches 0,2 à 0,5 1,5 à 4 3à8 27 à 70 1,3 à 3,3
Moyennement
Sables et graves denses
0,5 à 1 4 à 10 8 à 25 70 à 140 3,3 à 6,6

Denses 1à2 10 à 20 25 à 42 140 à 277 6,6 à 13


Très denses >2 > 20 42 à 58 > 277 > 13
Molles < 0,7 <5 < 64 <7
Craies Altérées 0,7 à 3 5 à 15 64 à 272 7 à 30
Saines ≥3 ≥15 > 272 > 30
Tendres <1 <5 < 1100 <6
Marne et calcaire Raides 1à4 5 à 15 1100 à 4400 6 à 26
marneux
Très raides >4 >15 > 4400 >26
Altéré 2,5 à 4 4750-7600 50-80
Rocher
Fragmenté >4 >7600 >80

Des relations similaires à celles proposées par Robertson (1990) peuvent être
proposées pour la caractérisation des sols et des roches à partir des informations
obtenues lors de la pénétration d'un outil de forage (Reiffsteck et al., 2010). Toutefois, afin
de normaliser la pression de poussée nette, il est nécessaire de la diviser par le taux de
pénétration (vitesse) de sorte qu'il soit constant comme pour la pénétration lors de l’essai
CPT. Les unités ont également été mises en mètres par seconde pour le taux de
pénétration et la vitesse de rotation.
𝑃 𝐸 −𝜎𝑣 𝑉𝐴
𝑄𝑡 𝑀𝑊𝐷 = (6)
𝜎′ 𝑣

𝐶𝑜𝑢𝑝𝑙𝑒 𝑣𝑖𝑡𝑒𝑠𝑠𝑒 𝑟𝑜𝑡𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝐶𝑅 𝑉 𝑅


𝐹𝑟 𝑀𝑊𝐷 = . 100% = . 100% (7)
𝑃 𝐸 −𝜎𝑣 𝑉𝐴 𝑃 𝐸 −𝜎𝑣 𝑉𝐴

Pour utiliser cette expression, la pression de rotation doit être transformée en couple.
Ce qui nécessite de connaître la cylindrée du moteur de rotation de la machine (en
cm3/tr).
𝑃 ∙ 𝑐𝑦𝑙𝑖𝑛𝑑𝑟𝑒𝑒
𝐶𝑅 = 𝐶𝑅 2∙𝜋 (8)

De même la vitesse de rotation  qui est une vitesse angulaire doit être exprimée en
vitesse linéaire en périphérie de l’outil (de rayon r).

5
750
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

𝑉𝑅 = 𝜔 ∙ 𝑟 ∙ 𝜋 30 (9)
Un premier calage a été réalisé sur la base de données IFSTTAR qui
malheureusement ne recouvre pas totalement les sites expérimentaux utilisée sur les
deux graphiques de la figure 1 (figure 4).

1000 1,31
2,05 sols argileux
1,31
Résistance à la pénétration normalisée Qt 100 2,6 3,5 sols limoneux
2,05 sols sableux
2,6 10
5 sols graveleux

3,5 1 sols crayeux


0,01 0,1 1 10 100 1000 sols marneux
0,1 roches
5
0,01

0,001

0,0001
rapport de frottement normalisé Fr

Figure 4. Abaque de classification basé sur les paramètres de forage proposé avec le jeu
de données des sites (base de données IFSTTAR)

On observe un positionnement des sols les plus raides et des roches dans la partie
droite inférieure, les sols granulaires se placent en position centrale et les sols argileux se
répartissent sur l’ensemble de la plage. Malheureusement, l’influence de la
surconsolidation ou de la cimentation des argiles n’ont pas été renseignées. De même les
sols classés argileux ou sableux sont le plus souvent des sols intermédiaires dont la
seconde classification (au sens de norme NF EN ISO 14688-2) n’est pas définie.
Une tentative de calage d’un indice de classification montre la possibilité de réutiliser
cet outil sous réserve de mieux localiser les zones. Ces arcs de cercles ont été figurés sur
les graphiques des figures 4 et 5.

2 2 0,5
𝐼𝑐 𝑀𝑊𝐷 = 3,47 − 𝑙𝑜𝑔 𝑄𝑡 𝑀𝑊𝐷 + 1,22 + 𝑙𝑜𝑔 𝐹𝑟 𝑀𝑊𝐷 (10)

Cet abaque a été testé avec une base de données collectée dans les dossiers d’étude
de la société Fondasol (Hamel et Vaillant, 2014). Elle comporte 18 chantiers
principalement en région parisienne et environs 100 forages de 15 à 30 m de profondeur,
soit 121730 valeurs (figure 5).
On observe, au-delà de la dispersion liée à la variabilité inhérente aux horizons testés
et à la technique d’essai et des erreurs ou approximations de classement potentielles des
logs de forage, un positionnement assez clair des classes plutôt sur des axes parallèles à
(1 ; 10) vers (1000 ; 0,01). On retrouve les matériaux argileux plutôt sur la zone Fr MWD =
10 et Qt MWD variant entre 0,1 et 1. Les argiles marneuses étant plus proches de sols
indurés comme les marno-calcaires. On est ici à la limite de la classification à partir des
cuttings voire sur carotte. Le pourcentage de calcaire n’est en effet pas vraiment défini (Ic
MWD >5). Les matériaux granulaires se placent sur des valeurs élevées de Fr MWD pour un
Qt MWD proche de l’unité. Une partie du limon est également localisée sur cette partie du
diagramme (Ic MWD  5). Les matériaux indurés comme les calcaires, marno-calcaires et
marnes se positionnent sur deux lignes : une ligne haute ((1 ; 10), (1000 ; 0,01)) et une
ligne basse ((1 ; 0,02), (100 ; 0,001)). Les nuages de point pour les marno-calcaires, les

6
751
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

argiles marneuses en partie et le calcaire se placent dans une zone Fr MWD =1 et Qt MWD
variant entre 1 et 10 (Ic MWD < 3,5).
1000 1,31 1000
2,05 1,31
1,31 argile 2,05
Résistance à la pénétration normalisée Qt

1,31

Résistance à la pénétration normalisée Qt


2,6 3,5 calcaire
100 100 2,6 3,5
2,05 argile limon
2,05
marno calcaire
2,6 10 2,6 10
5 argile sable 5
3,5 1 3,5 marne
argile marneuse 1
0,01 0,1 1 10 100 1000 0,01 0,1 1 10 100 1000
0,1 limon 0,1 gypse
5 5
0,01 0,01

0,001 0,001

0,0001 0,0001
rapport de frottement normalisé Fr rapport de frottement normalisé Fr
1000 1,31
2,05
1,31
Résistance à la pénétration normalisée Qt

2,6 3,5 sable


100
2,05
2,6 10
5 sable limon

3,5 1
0,01 0,1 1 10 100 1000
grave
0,1
5
0,01

0,001

0,0001
rapport de frottement normalisé Fr

Figure 5. Abaque de classification basé sur les paramètres de forage proposé avec le jeu
de données chantiers (base de données Fondasol)

4. Conclusions

Les enregistrements de paramètres de forages ou diagraphies instantanées offrent la


possibilité de valoriser le comportement de la machine de forage en cours d’exécution
d’un sondage. Cette communication a présenté une piste d’utilisation sous forme
d’abaque de classification. Toutefois, les résultats obtenus ne sont pas utilisables en
l’état pour les raisons suivantes :
- plages de variation des données plus importantes que pour le CPT et le
pressiomètre,
- hétérogénéité du parc de machines de forage de la base de données,
- possible interdépendance des différents paramètres et des facteurs influençant la
réponse diagraphique
L'identification et la classification des sols et des roches relèvent normalement d’une part
des normes NF EN ISO 14688-1 et NF EN 14688-2 et d’autre part de la norme NF EN
14689-1. L’idée est d’exploiter de façon combinée les informations issues de ces
techniques de mesure en forage avec celles des identifications et classifications issues
des reconnaissances classiques (par prélèvements, essais de pénétration ou
d’expansion), afin d'améliorer l'image du sous-sol et mieux maîtriser le risque global en
générant une image du site plus riche qualitativement et quantitativement.

5. Remerciements

Les auteurs tiennent à remercier P. Sauvage et B. Tcherniawski pour les informations


qu’ils ont pu leur fournir sur les machines.

7
752
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

6. Références bibliographiques

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8
753
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

ESTIMATION DE LA NATURE DU SOL À PARTIR D’UN ESSAI


PANDA2®AVEC UN RESEAUX DE NEURONES ARTIFICIEL
AUTOMATIC METHODOLOGY TO PREDICT NATURAL GEOTECHNICAL
PROFILE FROM DYNAMIC PENETRATION TEST USING NEURAL NETWORKS

C. Sastre1, 2, P.Breul2, M.A. Benz-Navarrete1, C. Bacconnet2, R. Gourvès1


1
Sol Solution Géotechnique-Réseaux, Riom, France
2
Université Blaise Pascal, Laboratoire de Génie Civil Polytech Clermont-Ferrand

RÉSUMÉ – Le Panda2®, développé par Roland Gourvès en 1991, est un pénétromètre


dynamique léger à énergie variable. Malgré tous ses avantages l’essai est dit aveugle
puisqu’on ne prélève pas d’échantillon. Dans ce travail on propose une méthodologie de
classification automatique de la nature du sol à partir du signal pénétrométrique
Panda2®baséesur les réseaux de neurones à apprentissage supervisé.

ABSTRACT–The Panda 2®, developed by Roland Gourvès in 1991, is a lightweight


dynamic cone penetrometer.Nevertheless itcannot take soil samples so the penetration
test is called ‘blind’.The aim of this paper is to propose an automatic methodology to
predict the natural geotechnical profile from the cone resistance log using artificial neural
networks.

1. Essai de pénétration dynamique Panda2®

Le pénétromètre dynamique Panda2® a été créé pour la reconnaissance de sols à faible


profondeur jusqu’à environ cinq mètres (Benz-Navarrete, 2009). Largement répandu en
France et dans le monde, il s’agit d’un pénétromètre léger dont l’énergie variable
provenant de la frappe d’un marteau est mesurée pour chaque coup. La formule de
battage dite « des Hollandais » permet de calculer la résistance de pointe pour chaque
enfoncement. Les résultats sont usuellement présentés sous la forme d’un
pénétrogramme représentant la résistance dynamique de pointe qd en fonction de la
profondeur z. Un des grands intérêts de l’appareil est sa capacité à enregistrer
pratiquement en continu la résistance du sol. Le pénétrogramme ainsi obtenu est très
riche d’informations sur la stratigraphie et sur les différentes propriétés du sol (Shahour et
Gourvès, 2005) avec un nombre de données enregistrées important.
Malgré tous les avantages que présente le Panda2®,il n’enreste pas moins qu’on ne
prélève pas d’échantillons lors de l’essai et on ne dispose doncd’aucune information sur la
nature du sol. Cependant, on constate empiriquement que la forme du pénétrogramme
diffère d’un type de sol à un autre.La figure 1 montre à titre d’illustrationtrois
pénétrogrammes réalisés en chambre de calibration de 80 cm de hauteur au laboratoire,
correspondant à trois types de sol de nature différente mais avec une densité et un état
hydriquesimilaires.

Tableau 1. Paramètres d’état des sols représentés en figure 1


Nature GTR γh (kN/m3) γd (kN/m3) w (%) wOPN(%) État hydrique
Limon DGA A1 17,8 16,2 10,0 18,4 Sec
Argile Laschamps A2 17,6 15,6 12,9 18,1 Sec
Sable Sayat B2 17,3 16,0 7,9 11,0 Sec

1
754
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 1. Exemple de pénétrogrammes obtenus dans des sols de nature différente mais avec des
paramètres d’état similaires

Dans l’exemple choisi,les paramètres d’état (densité et teneur en eau) sont


similaires.Toutefois, on peut remarquer aisémentles différences morphologiques entre les
trois pénétrogrammes. L’idée de base de la méthodologieest de proposer un outil
permettant de différencier automatiquementcesvariations qu’un œil expérimenté peut
déceler dans la forme du signal en vue d’identifier la nature du sol testé.Bien que ces sols
soient de naturesdifférentes, ils peuvent présenter des valeurs de résistance moyenne
très similaires tout en exhibant des morphologies de signaux très différentes.Pour mener à
bien cette méthodologie, on propose de s’appuyer sur la théorie des Réseaux de
Neurones Artificiels (RNA) et la Reconnaissance de Formes.

2. Les Réseaux de Neurones Artificiels

2.1. Généralités

Les RNA (Bishop, 1995), sont des modèles mathématiques basés sur le fonctionnement
des réseaux de neurones biologiques. Ainsi, un réseau de neurones est constitué d’un
graphe dont les nœuds sont les neurones, c’est-à-dire, les unités de calcul. Pour cet
ensemble de neurones, on établit un flux d’information par le biais d’une topologie
d’interconnexions (synapses).La sortie de chaque neurone est filtrée par une fonction
d’activation ou fonction de transfert du neurone.
La littérature propose actuellement de nombreux RNA d’architecture différente. Dans
cette étude, notre choix s’est porté sur deux classifieurs neuronaux
supervisés :Perceptron Multicouche (PMC) etRéseau Probabiliste (PNN) dont

2
755
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

l’architecture est visible (figure 2). Ils sont appelés réseaux de type Perceptron ou en
anglais Feed-Forward puisque l’information se propage vers l’avant sans retour en arrière
possible.
Le PMC (Rumelhart et al. 1986) est l’architecture neuronale la plus répandue dans le
domaine de la géotechnique (Shahin et al. 2008). Il s’agit d’une architecture stratifiée de
neuronesqui traitent l’information selon le modèle proposé par McCulloch-Pitts(McCulloch
et Pitts, 1943). Le choix du PMC pour un problème de classification, comme celui qui nous
intéresse, est justifié par le fait que, avec un nombre de neurones et de données
d’apprentissage suffisant, ils sont capables de réaliser une approximation juste de
n’importe quel type de fonction arbitraire (Poggio et Girosi, 1990).
Le PNN (Spetch, 1990) est un Réseau à Fonction de Base Radiale (RBF) dont la
fonction d’activation est une fonction exponentielle gaussienne à la différence du PMC
dont la fonction d’activation est souvent la tangente hyperbolique ou la fonction
sigmoïde.Le PNN est capable d’estimer les fonctions de densité de probabilité pour
chaque classe de sortie du réseau, grâce au théorème de Bayes, dans un problème de
classification. Les avantages du PNN sont la fourniture des sorties du réseau en termes
de probabilité, la rapidité avec laquelle l’apprentissage est réalisé et la facilité
d’implémentation.

Figure 2. Structure général d’un réseau Feed-Forward

2.2. L’apprentissagedu RNA. L’apprentissage supervisé

La construction d’un RNA comporte plusieurs étapes (entraînement, validation et


test).L’étape d'apprentissage qui est sa caractéristique principale, correspond à la mise à
jour des poids des connexions au sein du réseau, afin de réussir la tâche qui lui est
demandée. Dans le cadre de l’apprentissage supervisé, on établit une correspondance
entre une entrée et une sortie préalablement définie. On connaît donc, en tous points ou
seulement en certains points, les valeurs que doit avoir la sortie du réseau en fonction des
entrées correspondantes. Le réseau s'adapte par comparaison entre le résultat qu'il a
calculé, en fonction des entrées fournies, et la réponse attendue en sortie. Ainsi, le réseau
va se modifier jusqu'à ce qu'il trouve la bonne sortie, c'est-à-dire celle attendue,
correspondant à une entrée donnée. Pour notre cas, ce type d’apprentissage est idéal

3
756
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

puisqu’on dispose des entrées, les pénétrogrammes, et des sorties, la classe du sol en
fonction de sa nature permettant d’établir une sorte de mémoire associative intelligente.
2.3. Utilisation des Réseaux de Neurones en Géotechnique

A l’heure actuelle, l’utilisation des algorithmes de Machine Learning, concrètement les


RNA devient de plus en plus répandue dans lesdifférents domaines de la géotechnique et
de la mécanique de sol. Pour une vision plus globale de la mise en pratique des RNA
dans ce domaine, le lecteur intéressé pourra se référer aux travaux de (Shahin et al.
2001) et (Shahin et al. 2009).
Une approche alternative de l’usage des RNA en géotechnique est présentée dans le
travail de Sulewska (Sulewska, 2011). L’article analyse l’application des RNA dans 6
problèmes de géotechnique. Tous les réseaux utilisés ont une typologie PMC, avec une
couche cachée. Le nombre de neurones de calcul varie entre 1 et 8 en fonction du
problème traité. Les excellents résultats confirment l’intérêt de l’application des RNA dans
notre domaine. C’est pour cette raison que le nombre d’utilisations de RNA en problèmes
de régression en géotechnique est en augmentation constante.Enfin, l’application des
RNA floue et les méthodes d’inférence Bayésienne s’avèrent d’après l’auteur comme un
outil très puissant pour l’analyse de problèmes géotechniques dans l’avenir.
Siles RNA sont très bien adaptés pour des problèmes très complexes et pas
complétement maitrisés, la capacité explicative des réseaux supervisés reste limitée.
Cette limite est due à l'opacité des RNA qui empêche une analyse pertinente des
solutions obtenues. Les RNA peuvent être assimilés à une boîte noire qui donne une
réponse quand on lui fournit des données mais qui ne délivre pas toujours de justification
simple à analyser. Les liens existant entre les variables du modèle ne sont pas toujours
détectés et de ce fait il s’agitd’un des principaux inconvénients pour son application.
L’autre grande contrainte des RNA est liée à la phase d’apprentissage. En effet, pour
un fonctionnement correct du réseau, les données d’apprentissage doivent être
représentatives de la situation à apprendre et doivent être en quantité suffisante, situation
qui, surtout dans notre domaine, n’est pas toujours possible.

3. Démarche proposée

L’idée de ce travail est de développer un RNA permettant d’identifier une classe de nature
de sol à partir de la signature de son pénétrogrammeobtenu à l’aide du Panda. Les étapes
de ce développement sont: choix et établissement d’une base de donnéesservant à
l’apprentissage et à la validation du réseau ; définition des entrées du RNA à partir de la
codification des pénétrogrammes ; définition des sorties du RNA sous forme de classes
de nature de sols.

3.1. Choix de la base de données

Pour que le RNA puisse faire un bon apprentissage et obtenir ainsi de bons résultats, on
doit disposer d’une base de données robuste, suffisamment importante et représentative
de la diversité des situations auxquelles le Réseau devra répondre. La base de données
crééeest composée de 218 pénétrogrammesobtenus dans des sols suffisamment
homogènes et identifiés. Parmi ces essais, 149 ont été obtenusau laboratoire et 69 in situ.
Pour les essais au laboratoire, il s’agit des pénétrogrammes issus d’essais Panda2®
réalisés en chambre de calibration de 80 cmde hauteur, pour une trentaine de sols
« modèles »et pour lesquels on dispose de l’ensemble des informations de caractérisation
géotechnique (Chaigneau, 2000).

4
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Les échantillons restants sont des pénétrogrammes issus d’essais Panda2® réalisésin
situ lors de campagnes géotechniques menées principalement en région Auvergne. Pour
chacun des essais, nous disposons ainsi de l’identification des matériaux traversés à
partir des essais de caractérisation au laboratoire sur les échantillons prélevés.

3.2. Définition des entrées du RNA

La seconde étape du développement du réseau consiste à identifier les paramètres


permettant de caractériser le signal pénétrométriquePanda et qui constitueront le vecteur
des entrées du RNA.Une analyse de sensibilité aux 26 paramètres initiaux a été menée
par l’approche One-Factor-At-A-Time (OAT) en vue d’exclure les paramètres d'entrée
n’étant pas très discriminantsau sein du RNA. La méthode consiste à modifier chaque
paramètre d’entrée du RNA d’une valeur de 10%, 50% et 100% de son écart type et de sa
variance en gardant fixes les paramètres internes du RNA déjà calculés. L’effet de chaque
modification est analysé en fonction de la variation de l’erreur finale du modèle (figure 3)
afin de choisir les plus pertinents pour la classification (figure3).

Figure 3. Résultats de la méthode PSA pour les 26 paramètres initiaux

Au final, on a réduit le nombre de paramètres du vecteur d’entrées, définis à partir de


l’analyse (statistique, entropique, morphologique et spectrale) du signal pénétrométrique
(résistance dynamique de pointe qd et enfoncement e), de 26 à 17(tableau 2). On note
que d’après l’analyse réalisée, les paramètres relatifs à l’enfoncement n’ont aucune
influence dans la classification, déduction logique, compte tenu qu’il s’agit d’un essai à
énergie variable.

Tableau 2. Paramétragefinal dupénétrogramme


11. Entropie 16. Coefficient 2 droite
1. qd moyenne 6. Intervalle qd
logarithmique qd régression
12. Changement de 17. Puissance spectral
2. qd médiane 7. Écart interquartile qd
signe de la pente qd maximale
13. Croissement avec
3. Écart type qd 8. Asymétrie qd
la ligne de tendance
4. Coefficient de 9. Coefficient qd 14. Forme de l’onde

5
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

variation qd aplatissement
15. Coefficient 1 droite
5. Variance qd 10. Entropie Shannon qd
régression
3.3. Définition des sorties du RNA

L’étape suivante a consisté à définir le nombre de classes de sortie du RNA fournissant la


nature du sol. L’ensemble des sols testés dans notre base de données a été classifié
selon la nomenclature GTR (NF P 11-300). Dans un premier temps, nous avons proposé
de définir 4 classes de sortie différentes sur la base des paramètres granulométriques des
matériaux (tableau 3).

Tableau 3. Classes de sol testées


Classe proposée Classe GTR Nature Codification
Classe 1 A1 A2 A3 A4 Sols fins 1 0 0 0
Classe 2 B5 B6 Sables/gravesavec fines 0 1 0 0
Classe 3 D1 B1 B2 Sables 0 0 1 0
Classe 4 D2 B3 B4 Graves 0 0 0 1

3.4. Définition de l’architecture du PMC

Dans le cadre du Machine Learning, l’ensemble des données est normalement divisé en
ensemble d’entraînement, validation et test (Bishop 1995, Ripley 1996), technique connue
comme sous-échantillonnage. La pratique courantede sous-échantillonnage consiste à
diviser la base de données de la manière suivante : 75% des échantillons pour l’ensemble
d’entraînement et 15% pour les ensembles de validation et de test(ensembles
indépendants et inconnus pour le RNA). Cette division a été retenue pour le calcul du
réseau final dont la matrice de confusion (matrice fournissant le résultat final du RNA) est
affichée dans la figure 4.
Un des inconvénients présentés par le PMC, à la différence du PNN, est l’absence
d’une méthode systématique pour définir la meilleure topologie du réseau et le nombre de
neurones cachés. On a donc adopté une stratégie afin de trouver la meilleure
configuration du réseau par le biais d’une analyse multicritère, en étudiant plusieurs
configurations possibles et l’influence des divers paramètres.Pour chaque neurone de
calcul, on a entraîné50 réseaux différents.Parmi tous les PMC testés, le modèle le plus
performant pour le problème traité a les caractéristiques suivantes : une couche cachée
de 12 neurones, un algorithme d’entraînement de Levenber-Marquardt (Levenberg, 1944 ;
Marquardt 1963), une normalisation des données dans l’intervalle [-1,1] et une fonction de
transfert de type tangente hyperbolique.

3.5. Performance du modèle et validation

A partir du meilleur modèle PMC, on a comparé la performance du PMC avec le PNN


suivant leur taux de réussitesur le même ensemble de validation. Leurs taux de validation
sont très similaires et élevés :89% pour le PNN et 97% pour le PMC.Sur la base de ces
résultats nous avons retenu le réseau PMC. La figure 4 fournit les matrices de confusion
du réseau PMC final retenu. Un des intérêts de la matrice de confusion est qu'elle montre
rapidement si le système parvient à classifier correctement. Chaque colonne de la matrice
représente le nombre d'occurrences d'une classe de référence, tandis que chaque ligne
représente le nombre d'occurrences d'une classe estimée par le réseau. La première file,
est celle de la classe dite 1 et la quatrième sera celle de la classe de sol 4. On affiche
également les pourcentages d’échantillons correctement classés par ligne, colonne et le
total de chaque ensemble.

6
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Entraînement Validation
75 2 0 0 97% 17 1 0 0 94 %
estimée

estimée
Classe

Classe
1 18 0 0 94% 0 2 0 0 100 %
0 0 25 0 100% 0 0 7 0 100 %
0 0 0 31 100% 0 0 0 6 100%
98% 90% 100% 100% 98% 100% 67% 100% 100% 97%
Classe réelle Classe réelle

Test Total
18 0 0 0 100% 110 3 0 0 97%
estimée

estimée
Classe

Classe
0 3 0 0 100% 1 23 0 0 96%
0 0 5 0 100% 0 0 37 0 100%
1 0 1 5 71% 1 0 1 42 96%
94,7% 100% 83% 100% 94% 98% 89% 97% 100% 97%
Classe réelle Classe réelle

Figure 4. Matrices de confusion du PMC retenu comme classifieur final

Globalement, le PMC calculé a classifié correctement en 4 classes de sol 212


pénétrogrammes Panda, c’est-à-dire 97% du total des pénétrogrammes testés. Dans les
phases de validation et de test, les taux de réussite finaux sont respectivement de 97% et
94%, ce qui démontre que la capacité de généralisation esttrès satisfaisante.Le tableau 4
ci-dessous,fournit un récapitulatif des résultats en termes denature du sol.

Tableau 4. Bilan et compte de résultats du classifieur neuronal


bre Classification
Classe de sol Támisat N d’échantillons
correcte
Sol fins 80µm > 35% 113 98 %
Sables/graves avec fines 12%<80µm≤35% 24 89 %
Sables fins 80 µm≤12% &2mm>70% 37 97 %
Graves 80 µm≤12% & 2mm≤70% 44 100 %

4. Conclusions et perspectives

On a mis en place une méthodologie automatisée de prédiction de la nature du sol en


fonction de ses paramètres granulométriquesà partir de l’essai de pénétration dynamique
Panda2®. Pour ce faire, le pénétrogramme a été paramétré à partir de quatre analyses de
signal : statistique, non linéaire, morphologique et spectrale. Le paramétrage constitue le
vecteur d’entrées d’un réseau de neurones artificiels ayant pour but de classer la nature
du profil géotechnique sur la base de critères granulométriques. Ces réseaux ont été
entrainés grâce à une base de données d’essais Panda2 ® réalisés in situ et au laboratoire.
Les deux typologies de RNA choisies (PNN et PMC) ont fourni des résultats très
prometteurs. Néanmoins, le PMC a eu des performances légèrement supérieures au PNN
et a été donc retenu. Par contre, à long terme lorsqu’onincorporera de nouveaux
échantillons, le PNN pourrait être plus approprié parce que c’est un réseau très rapide à
construire et à entraîner. De plus, le fait d’exprimer la classe de sol en termes de
probabilité est très séduisant puisque les résultats pourraient être accompagnés d’un
indice de fiabilité.
La suite de ce travail consistera dans un premier temps à poursuivre la construction de
la base de données afin d’optimiser la méthode et à continuer à étudier son applicabilitéin

7
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

situ. Par la suite, l'incorporation d'autresparamètres mesurés sur les sols, tels que ceux
obtenus à partir des images géoendoscopiques (Breul 1999, Haddani 2004) ou ceuxdu
Panda 3 (Benz, 2009 ; Escobar, 2014), permettra d’améliorer encore cette classification.
5. Références bibliographiques

Benz-Navarrete M.A. (2009). Mesures dynamiques lors du battage du pénétromètre


PANDA 2.Chemical and Process Engineering. Université Blaise Pascal-Clermont-
Ferrand II.
Breul P. (1999). Caractérisation endoscopique des milieux granulaires couplée à l’essai
de pénétration. Thèse de doctorat : Physique ; Clermont-Ferrand 2.
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Chaigneau L., Boissier D., Bacconnet C. (2000). Un modèle mécanique du complexe
Sol/tranchée/réseau. 1ères rencontres du réseau doctoral génie civil, Aussois 31 Janvier
– 2 février.
Escobar E.J. (2015). Mise au point et exploitation d'une nouvelle technique pour la
reconnaissance des sols : le Panda 3.Thèse de doctorat Génie Civil Clermont-Ferrand.
Haddani Y. (2004). Caractérisation et classification des milieux granulaires par
géoendoscopie.Thèse de doctorat Génie civil Clermont-Ferrand 2.
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Quart. Appl. Math. 2, 164-168.
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SIAM J. Appl. Math. 11, 431-441.
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activity. Bulletin of Mathematical Biophysics 5:115-133.
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multilayer networks. Science. 247:978 982.
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University Press.
Rumelhart D.E., Hinton G.E., Williams R.J. (1986). Learning internal representation by
error propagation. Parallel distributed processing: Explorations in the microstructure of
cognition, vol. 1, Pages 318-362.
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geotechnical engineering. Australian Geomechanics-March.
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geotechnical engineering. Electronic Journal of Geotechnical Engineering.
Shahin M.A., Jaksa M.B., Maier H.R. (2009). Recent Advances and Future Challenges for
Artificial Neural Systems in Geotechnical Engineering Applications. Advances in
Artificial Neural Systems.
Shahrour I., Gourvès R. (2005). Reconnaissance des terrains in-situ. Hermès-Lavoisier.
Specht D.F. (1990). Probabilistic neural networks. Neural Networks 3: 109-119.
Sulewska M.J. (2011). Applying Artificial Neural Networks for analysis of geotechnical
problems. Computer Assisted Mechanics and Engineering Sciences, 18: 231-241.

8
761
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

AUSCULTATION AÉRIENNE D’UN VERSANT PRÈS DE LA STATION DE


SKI DE FORMIGAL (PYRÉNÉES, ESPAGNE)

AERIAL AUSCULTATION OF AN HILLSLOPE NEAR FORMIGAL’S SKI


RESORT (PYRENEES, SPAIN)

Amélie THOMAS1, Richard FABRE1, Alain DENIS1 et Jean-François LATASTE1


1 Institut de Mécanique et d’Ingénierie - Département GCE - CNRS : UMR 5295,

Université de Bordeaux PAC Talence, Bât B18, CS 50023, 33615 Pessac Cedex, France

RÉSUMÉ – Les travaux de terrassement réalisés pour l’extension de la station de ski de


Formigal en 2004 près de la frontière franco-espagnole ont compromis la stabilité d’un
versant. Une auscultation aérienne (avion/LiDAR et drone/RGB) sur la période 2010-2015
permet de mieux comprendre l’évolution du versant et d’affirmer que les matériaux
mobilisés initialement n’expliquent pas à eux seuls les dommages constatés sur les
infrastructures aujourd’hui. Le profil d’équilibre du versant n’est donc pas encore atteint.

ABSTRACT – Earthworks carried out for the extension of Formigal’s ski resort in 2004 near the
France-Spain border have compromised the stability of an hillslope. An aerial monitoring
(aircraft/LiDAR and UAV/RGB) over the period 2010-2015 allows to better understand hillslope
evolution and to affirm that only materials initially mobilized not explain the damages on
infrastructures today. Equilibrium profile of slope is not yet reached.

1. Introduction

Près de la frontière franco-espagnole, en haute vallée de la Tena (Pyrénées espagnoles),


la réalisation d’une aire de stationnement pour la station de ski de Formigal, et de surcroît
la déviation et l’élargissement de l’axe A136 au cours de l’année 2004, ont engendré des
désordres visibles dès le commencement des travaux. Ils se sont aggravés avec le
temps, en particulier à partir de 2009 et indépendamment des mesures de confortements
mises en place ; l’intérêt de cette étude est donc d’apporter : une explication concernant
l’évolution actuelle du versant déstabilisé par ces travaux de terrassement et d’évaluer le
risque par rapport aux infrastructures à l’aide de deux capteurs aériens différents.

2. Site d’étude

Cette étude se situe au cœur des Pyrénées, à quelques centaines de mètres au sud du
col du Pourtalet ; ce col frontalier établit la connexion depuis le nord entre la France et
l’Espagne, entre les hautes vallées d’Ossau et de la Tena, entre la départementale 934 et
l’autoroute 136 (Fig. 1). Ce secteur, où naît la rivière Gállego, est caractérisé aujourd’hui
par une forte empreinte anthropique. Alors que la nature y était privilégiée il y a décennie
tout au plus, le site a été modifié au profit des aménagements nécessaires à l’extension
de la station de ski de Formigal : la création de l’aire de stationnement et de la plate-
forme pour les bâtiments d’exploitation, la déviation et l’élargissement de l’axe routier
A136 (Fig. 1).
L’excavation d’une importante masse de matériaux en pied du versant rive gauche
(Fig.1) a compromis la stabilité de celui-ci ; la suppression de la butée a entrainé la
réactivation d’anciens mouvements de terrain dès les premiers travaux de terrassement
1

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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

effectués au cours de l’été 2004. Des solutions de confortements tels que le reprofilage
du versant, la création de murs de soutènement et un drainage superficiel s’avèrent
inefficaces, puisque peu de temps après la réception des travaux, l’apparition d’un
bourrelet frontal dans la partie nord de l’aire de stationnement n’est pas restée inaperçue.

Fig.5

Fig.4B

Fig.2

Fig.4A Fig.4B’

Fig.4A’

Géologie Hydrographie Instrumentation


Ternet et al (2003) ; modifié

Ruisseau

Tectonique
Ternet et al (2003)

Figure 1. Localisation et contextes physio-géographique et géologique du site d’étude.

L’évolution du paysage montrant l’impact visuel des aménagements entrepris pour la


création de la « zona el Portalet » de la station de ski de Formigal est illustrée par deux
prises de vues (Fig. 2) ; l’une a été capturée en 2004 et l’autre en 2015. Elles ont été

763
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

acquises pendant et après les travaux de terrassement, soit avec un intervalle de 11ans,
dans des conditions quasi-similaires.

2004 2015

Figure 2. Illustration diachronique montrant l’évolution du site d’étude entre 2004 et 2015. La
localisation et l’axe de ces deux prises de vues sont indiqués (Fig. 1).

Ce site a déjà été approché par plusieurs équipes scientifiques au cours de cette
dernière décennie : citons principalement Herrera et al (2009), García López-Davalillo et
al (2014) et Bru et al (2015). L’instrumentation du site est donc conséquente :
inclinomètres, piézomètres, extensomètres, cibles DGPS, différents traitements avancés
d’images SAR acquises au sol ou par satellites, etc. Plusieurs modèles numériques avec
plus ou moins de complexités ont été aussi proposés pour reproduire l’évolution du
versant. Cependant, la limitation des approches existantes par rapport à l’emprise des
investigations et l’apparition de nouveaux désordres sur les infrastructures a permis de
motiver la nécessité de recherches complémentaires : la plupart des scientifiques
s’intéressent essentiellement à la zone El Binzanar (Fig. 1), située dans les moraines du
Tardiglaciaire (Ternet et al, 2003), pour expliquer les dommages et s’affranchissent des
pélites argilo-gréseuses du Dévonien. Celles-ci sont recouvertes par des colluvions sinon
des mares depuis la zone excavée jusqu’à une altitude de 1850 mètres. On y observe
pourtant une niche de décollement tout comme dans les moraines (Fig. 1).
Les dommages sur les infrastructures se traduisent en sus du bourrelet frontal,
essentiellement par la présence de fissures transversales et une déformation
impressionnante de toute une portion de la bande de roulement de l’A136 : les usagers
sont d’ailleurs tenus de maintenir une faible vitesse sur plus d’un kilomètre lorsqu’il
aborde le contournement de l’aire de stationnement sur cet axe, afin d’éviter d’être surpris
par les surélévations multiples de chaussées, véritables ralentisseurs naturels.

3. Méthodologie

Afin de comprendre l’évolution actuelle de ce versant, trois campagnes de


reconnaissance à l’aide de deux capteurs aériens différents ont été exploitées au cours
de cette étude. Ils font appel à deux technologies les plus usitées : la photogrammétrie et
la lasergrammétrie.

3.1. Reconnaissance avec la photogrammétrie

Le premier capteur utilisé est l’appareil Canon Power Shot ELPH110HS 4.3 RGB installé
dans l’eBee (senseFly), un drone de type aile volante comme illustré ci-après (Fig. 3).

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Deux campagnes de mesures ont été réalisées avec ce système : le 29 octobre 2014 et
le 21 août 2015.

Figure 3. Drone ebee utilisé sur le site avec son système de commande.

La planification et l’acquisition des différentes missions composant chaque campagne


de mesures, ont été faites à partir du logiciel eMotion 2 (senseFly). Le traitement de
chacune des missions (calibration des images, modèle numérique 3D et ortho-image…)
quant à lui a été exécuté avec le logiciel PostFlight Terra 3D (Pix4D).
Respectivement, deux et trois missions aériennes pour 2014 et 2015 ont été réalisées ;
les principales caractéristiques planifiées des missions communes aux campagnes de
mesures sont détaillées dans le tableau 1.

Tableau 1. Principales caractéristiques planifiées pour les missions communes des campagnes
de mesures 2014 et 2015 effectuées avec le drone.
Mission Résolution Recouvrement Recouvrement Espacement des Hauteur
au sol latéral longitudinal lignes de vols moyenne
(cm/pixel) (%) (%) (m) (m)
V1 5 85 75 34.6 201
V2 1.5 85 75 10.4 90

Préalablement à l’acquisition des images, dix cibles photogrammétriques (GCP) ont été
disposées de manière homogène sur le site. En utilisant la méthode statique, un pivot
temporaire, un post traitement (filtrages des satellites et correction différentielle) adapté
sous le logiciel GPS Pathfinder Office v5.4 (Trimble), l’obtention de coordonnées
tridimensionnelles précises est possible avec l’association récepteurs-antennes
bifréquences (constellations GPS et GLONASS) suivante : GeoXH6000-Tornado en pivot
et Geo7X-Zéphyr2 en mobile.

3.2. Reconnaissance avec la lasergrammétrie

Le deuxième capteur utilisé dans cette étude est un LiDAR embarqué dans un avion. Un
nuage de points de coordonnées X, Y et Z acquis au cours de l’été 2010 a ainsi été fourni
par l’Instituto Geográfico National (IGN) d’Espagne. Sans classification, mais
géoréférencé, il couvre l’ensemble du site d’étude avec une densité de 0.5 point/m².

4. Résultats

L’ensemble des résultats ont été intégrés dans un Système d’Information Géographique
(SIG) afin de faciliter leur exploitation et d’apprécier les changements morphologiques du
site d’étude tant d’un point de vue qualitatif que quantitatif. Celui-ci a été créé avec le
logiciel ArcMap version 10.2 de la solution ArcGIS (Esri) ; le système de coordonnées
utilisé est le système géodésique WGS84 UTM zone 30N / ellipsoïde GRS80 / géoïde
EGM2008.

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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4.1. Résultats des campagnes avec le drone

Une résolution au sol de 5.5 et 3.3 cm a été obtenue pour la campagne de 2014 et de
2015 respectivement (Tableau 2). L’erreur quadratique moyenne (RMS) dans toutes les
directions (X, Y et Z) pour les GCP doit être nulle dans l’idéal, sinon inférieure à la
résolution au sol ; une valeur de 1.7 cm permet d’indiquer que la qualité de la
reconstruction du modèle 3D est ici satisfaisante. La densité moyenne de points/m² des
deux campagnes de mesures avec le drone à l’avantage d’être bien plus importante que
celle obtenue avec la lasergrammétrie (Tableau 2).

Tableau 2. Informations principales des campagnes de mesures 2014 et 2015 effectuées avec le
drone eBee.
Campagne Résolution Nombre d’images Altitude Nombre de Densité
de mesures au sol (calibrées / moyenne des points 3D moyenne
(cm/pixel) géolocalisées) photos (m) (points/m²)
29/10/2014 5.5 447 / 451 1910 50 156 479 46
21/08/2015 3.3 803 / 812 1895 93 205 346 119

Une fois le traitement terminé, différents produits dérivés ont été générés à partir de
chaque nuage de points 3D dense afin de faciliter la lecture de paysage. Les désordres
observés au cours de ces reconnaissances sont ainsi aisément identifiables (Fig. 4), à la
fois sur les infrastructures (Fig. 4A et Fig. 4A’) et au sein du versant dans les moraines
(Fig. 4B et Fig. 4B’). Cet inventaire des désordres illustré ci-après n’est pas exhaustif.

A B

A’ B’

Figure 4. Illustration des différents désordres visibles avec l’ortho-image 2015 : le bourrelet frontal
de l’aire de stationnement (A), le bourrelet frontal du talus bas et les fissures transversales de
l’A136 (A’) ainsi que les zones d’arrachements dans les moraines (B et B’). Chaque zone est
située (Fig. 1) avec sa légende correspondante.
5

766
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4.2. Résultats de l’auscultation aérienne 2010-2015

L’auscultation aérienne a permis d’enregistrer des déplacements totaux sur l’ensemble du


site d’étude : seuls les déplacements verticaux issus de l’auscultation aérienne pour la
période 2010-2015 sont présentés dans cet article. Les déplacements verticaux qui ont eu
lieu entre 2010 et 2014 d’une part et 2010 et 2015 d’autre part ont pu être mis en
évidence (Fig. 5). Pour ce faire, la fonction Raster Calculator de l’outil Spatial Analyst du
SIG a permis de les générer automatiquement. Les zones concaves illustrées par les
valeurs négatives traduisent la présence de niches de décollement, tandis que les zones
convexes illustrées par les valeurs positives traduisent la présence de bourrelets frontaux
et l’avancée du versant.

Figure 5. Déplacements verticaux issus de l’auscultation aérienne entre 2010 et 2015 avec le
relief ombré dérivé du nuage de points 3D LiDAR de 2010 en arrière-plan. La zone auscultée est
localisée (Fig. 1).

Même si, selon les secteurs, on observe une intensité différente de mouvements
verticaux (-1.5 à 1.5 mètre), tout le pourtour de la zone excavée est affecté. Le bourrelet
frontal au nord de l’aire de stationnement est bien présent tout comme la niche de
décollement dans les moraines (Fig. 5). La zone d’arrachement principale dans les
colluvions n’a malheureusement pas été auscultée puisque l’étendue de la zone
d’acquisition avec le drone s’arrête juste un peu en dessous pour ce secteur.
Malgré cela, on remarque au niveau de Majada de la Barella (Fig. 1), une évolution
significative des déplacements verticaux entre 2014 et 2015 : les colluvions se sont
soulevés de près d’un mètre, traduisant la présence d’une loupe de solifluxion affectant la
zone sur 200 mètres environ (Fig. 5). On remarque aussi, parallèlement, que le talus haut
6

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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

de l’axe A136 au niveau des colluvions bombe de 0.25 mètre entre 2014 et 2015 ; cette
même valeur avait été enregistrée pour la période 2010-2014, soit sur 4 ans. Il s’avère
que l’activité des mouvements dans les colluvions s’intensifie entre 2014 et 2015.
En ce qui concerne la zone El Binzanar (Fig. 1), dans les moraines, aucun
déplacement vertical significatif n’est observé sur ce même laps de temps (Fig. 5). En fait,
la phase paroxysmale des mouvements dans les moraines semble être atteinte.

5. Discussion

L’observation spatio-temporelle aérienne a permis d’affiner la géométrie des mouvements


du versant dans les moraines et colluvions et de comprendre l’origine des dommages sur
les infrastructures.

5.1. Vers une évolution des mouvements

Les dommages observés se situent à la fois sur l’aire de stationnement et l’axe A136,
avec essentiellement des bourrelets frontaux sur le parking et des fissures transversales
sur la bande de roulement de la route ; ils ont été observés au nord du site d’étude
initialement, ils sont constatés aussi au sud depuis 2009. L’auscultation aérienne sur la
période 2010-2015 a permis d’enregistrer des déplacements totaux. Des déplacements
verticaux se manifestent toujours dans les moraines au nord bien qu’ils s’amortissent
depuis 2014 (Fig. 5). Cette tendance de décélération de la vitesse des déplacements
horizontaux au niveau des moraines depuis le début mai 2011 avait été aussi observée
avec les capteurs des zones extensométriques (Fig. 1) par García López-Davalillo et al
(2014). Sur cette période, de nouveaux mouvements sont mesurés dans les colluvions qui
recouvrent le versant (Fig. 5) en relation directe avec les dommages observés (Fig. 1).

5.2. Facteur déclenchant cette nouvelle activité

Le principal facteur déclenchant de cette évolution des mouvements du versant dans le


secteur d’étude est la hauteur de neige accumulée en période hivernale. Le relevé des
hauteurs de neige maximum, moyen et médian entre l’hiver 2001 et 2015 est présenté en
figure 7 (d’après les données mensuelles récupérées sur le site isaro.com).

Surveillance aérienne

Période des travaux Aggravation des désordres

Figure 6. Enneigement au niveau du site d’étude (Station Formigal à 1605 mètres).

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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Bien que les désordres fussent visibles dès le commencement des travaux en 2004,
leur aggravation s’est produite à la fonte des neiges de l’hiver 2009 où l’on observe une
hauteur maximale de neige d’environ 170 cm (Fig. 6), soit trois fois plus que les cinq
années précédentes. L’accélération de la vitesse des déplacements horizontaux
enregistrés au niveau des moraines l’hiver 2010 par chaque zone extensométrique
(García López-Davalillo et al 2014) confirme l’influence de la hauteur de neige sur ce site
d’étude. Les hivers 2013, 2014 et 2015, très neigeux sont en fait à l’origine de la poursuite
des mouvements dans les moraines mais surtout de l’activation des mouvements dans
les colluvions depuis 2014.

6. Conclusion

L’auscultation aérienne du site d’étude pour la période 2010-2015 a permis de


constater qu’il y a bien deux mouvements de versants bien distincts qui affectent le site,
l’un dans les moraines (ausculté et surveillé) et l’autre dans les colluvions (non surveillé à
l’heure actuelle) : les hypothèses émises sont conformes aux résultats obtenus. Le profil
d’équilibre du versant n’est pas encore atteint et de nouveaux dommages sont à attendre
si les hauteurs de neiges restent conséquentes.
Une période de visite à la demande et une étude à moindre coût sont les avantages
majeurs de l’utilisation d’un drone pour une simple reconnaissance ou l’auscultation
complète d’un site. Suivre l’évolution de ce type de versant avec cet outil est plausible,
mais toutes les technologies automatisées et sophistiquées doivent être cependant
parfaitement maîtrisées par les utilisateurs.

7. Remerciements

Ce site fait l’objet d’une thèse de doctorat menée conjointement entre le laboratoire I2M-
GCE et la société CETRA depuis novembre 2013. Il convient de remercier les partenaires
suivants pour leurs subventions accordées : la Région aquitaine, l’ANRT pour le compte
du ministère de l’Enseignement et de la Recherche ainsi que l’entreprise suisse senseFly.

8. Références bibliographiques

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Engineering Geology for Society and Territory, Volume 2, Springer International
Publishing, pp. 1519-1524. doi:10.1016/j.rse.2015.12.029
García López-Davalillo, J.C., Monod B., Álvarez-Fernandez, M.I. Herrera Garcia, G.,
Darrozes, J., Gonzáles-Nicieza, C., Olivier, M. (2014). Morphology and causes of
landslides in Portalet area (Spanish Pyrenees). Probabilistic analysis by means of
numerical modelling. Eng. Fail. Anal. 36, pp. 390-406.
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case study. Eng. Geol. 105, pp. 220–230. doi:10.1016/j.enggeo.2009.02.009
Ternet Y., Barrère P., Canérot J., Majesté-Menjoulàs C. (2003). Carte géol. France (1/50
000), feuille Laruns-Somport (1069), BRGM, Orléans. Notice explicative par Ternet Y.,
Majesté-Menjoulàs C., Canérot J., Baudin T., Cocherie A., Guerrot C., Rossi P. (2004),
192p.

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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

ANALYSE EXPERIMENTALE DE L'EFFET DU CONFINEMENT SUR


L'ARRACHEMENT DES BOULONS DE FRONT
EXPERIMENTAL ANALYSIS OF CONFINING PRESSURE EFFECT ON PULL-
OUT CAPACITY OF SOIL NAILING

Isabelle THENEVIN1, Emad JAHANGIR1, Faouzi HADJ HASSEN1,


Jacques SCHLEIFER1, Pascal RODRIGUEZ2
1- Centre de Géosciences, Mines ParisTech, PSL Research University, 35 rue Saint-
Honoré 77305 Fontainebleau cedex France
2- Direction Développement Innovation et Matériel, Solétanche-Bachy, 280, avenue
Napoléon Bonaparte CS 60002 92506 Rueil-Malmaison cedex

RÉSUMÉ – Une campagne d’essais montre l’effet du confinement sur la résistance au


cisaillement de l’interface scellement-sol. Au préalable, une étude de tous les éléments
composant cet essai est présentée. Le sol, la surface du forage, le scellement et
l’inclusion doivent être représentatifs de la réalité des chantiers. Les résultats permettent
de dégager les paramètres qui influencent le comportement de l’interface.

ABSTRACT – For accurate dimensioning of soil nails in shallow tunnels, experimental pull
out tests were performed. The results highlight the effect of confining pressure on the
shear strength of the soil-grout interface. A detailed description of these tests is first
presented. Laboratory results compared with in-situ result, allowed authors to propose
parameters which influence behavior.

1. Introduction

Pour la construction d’un tunnel, lorsque le creusement au tunnelier n’est pas applicable, il
faut avoir recours à la Méthode Conventionnelle (Martin, 2012). C’est un procédé agile et
flexible, il est souvent retenu comme base pour la construction de tout le projet et
demeure indispensable pour les points singuliers. Mais la technologie a peu progressé
dans les dernières décennies. Depuis 2012, SOLETANCHE-BACHY et ses filiales sont
chef de file d’un groupement comprenant : EGIS Tunnels et EGIS Géotechnique, la
RATP, ITECH, l’IFSTTAR, le laboratoire IBISC et le centre de Géosciences dans le cadre
du projet de recherche « NEWTUN » (Cascarino, 2014). La diversité de ce groupe de
travail permet au projet NEWTUN de traiter toutes les étapes de la chaîne de réalisation
des travaux de construction d’un tunnel peu profond. Le centre de Géosciences,
spécialisé dans le comportement mécanique des sols et des roches, est chargé de
l’approche expérimentale concernant le boulonnage de front. Cet article présente des
résultats expérimentaux obtenus sur 2 années de travail.
Tout d’abord, il était très important d’identifier les mécanismes physiques entrant en jeu
sur les chantiers de pré soutènement afin de pouvoir les reproduire lors des
expérimentations. De même, les matériaux à utiliser doivent être, soit identiques à ceux
utilisés en chantier, soit correspondre à ces derniers via un changement de dimension par
exemple. Une attention particulière est portée aux surfaces de rupture ou interfaces de
faiblesse : le contact inclusion-scellement et surtout le contact sol-scellement plus souvent
impliqué dans les désordres observés sur chantiers de faible profondeur. Dans cette

1
770
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

première étape, l’ensemble des inclusions mises en œuvre sur chantier a été passé en
revue. Puis une étude détaillée du sol «généralement » rencontré sur les sites de tunnel
pouvant faire l’objet de la méthode d’excavation NEWTUN est conduite car le matériau
choisi doit avoir un comportement mécanique représentatif. Ensuite, il s’agit de définir le
protocole expérimental à mettre en œuvre sur les séries d’essais. Les normes Françaises
et Américaines sont étudiées afin de respecter les ratios de dimensions et vitesse de
déplacements. A partir de cette définition, le dispositif expérimental et d’enregistrement
mis en place par Blanco-Martin (2012) durant sa thèse, est modifié et partiellement
adapté, aux dimensions des inclusions à tester, à la gamme des pressions ou forces
appliquées et aux déplacements et déformations observés.
Une fois l’ensemble des éléments définis, 3 séries d’essais d’arrachement ont été
menées pour 4 pressions de confinement et 3 longueurs de scellement. Des essais ont
été reproduits, et 2 essais particuliers ont permis de mieux qualifier le bruit et les erreurs
sur les mesures. A partir des résultats bruts, une analyse a été menée afin d’obtenir la
relation entre la force axiale et le déplacement. Puis, après calcul de la contrainte
moyenne de cisaillement le long de l’interface sol-scellement, 2 types de lois de
comportement sont ajustés. L’un correspond à l’approche classique de Frank et Zhao
(CLOUTERRE, 1991) et Bourgeois (2012). L’autre, plus complet, puisqu’il comprend la
phase post-rupture, correspond à une approche déjà proposée par le centre de
Géosciences (Blanco-Martin, 2012).

2. Présentation des composants

Dans ce cadre, de nombreuses informations recueillies sur le chantier du tunnel Sud de


Toulon (Arcadis, 2007) et dans une moindre mesure sur le tunnel Nord ont été utilisées.
Quelques autres chantiers de tunnels comme celui de Tartaiguille (TGV) (CEBTP, 1998)
ou du puits d’accès à Marseille (TGV) sont également consultés.

2.1. Les inclusions

Les inclusions étudiées sont les boulons en fibres de verre posés au front et les boulons
en acier de type autoforeur utilisés pour les essais d’arrachement in situ. Ces derniers
sont aussi, parfois utilisés en boulons radiaux.
Pour les boulons de front, les marques fournisseur, les caractéristiques des matériaux, et
les procédures de mise en place sur chantier sont répertoriées dans le tableau 1. Ce
tableau fait également la synthèse comparative entre ces dernières et celles utilisées au
laboratoire.
Les entreprises vérifient souvent la qualité des matériaux et de leur mise en œuvre via
des essais d’arrachement in-situ. Notre étude a pris appui sur les mesures faites sur des
boulons autoforeurs arrachés dans le tunnel Sud de Toulon.
Deux types de résultats sont distingués : le faisceau des lignes quasi verticales et
voisines de la réponse élastique de la partie libre (non scellée) d’un boulon acier et les
arrachements montrant une réponse plus complexe voire complète avec rupture, cas des
clous n°1 ou n°19 qui sont détaillés en figure 1.
Pour les essais avec rupture, si la surface de faiblesse reconnue est l’interface
scellement-sol, le tracé des déplacements en fonction des valeurs de contraintes
moyennes de cisaillement est possible. Le comportement observé (points) est du type tri-
linéaire (traits) comme proposé par Frank et Zhao en 1982 et repris dans les
recommandations CLOUTERRE. La résistance latérale unitaire qs est précisée.

2
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Tableau 1. Inclusions sur chantiers de présoutènement du tunnel sud de Toulon et


répliques de laboratoire
Chantier de Toulon Labo : Séries n°1 &2 Labo : Série n°3
Boulons au front Boulon cylindrique Boulon 3 lamelles

3 x Barres plates en fibre de verre 1 boulon fibre de verre 3 x Barres plates en fibre de verre
3 x 40 mm x 5 mm = 600 mm2 diamètre 13 mm 3 x 10 mm x 3 mm = 90 mm2
Résistance à la traction 750 à 1000 MPa - Résistance au cisaillement >100 MPa -
Module d’élasticité à la traction 40 GPa
Surface à haute adhérence par ajout de sable siliceux (0.15-0.3 mm)
fixé à la résine lors de la fabrication ;
Marque SIREG Durglass FL
Forage D = 90 mm
Forage D = 30 mm
Les inclusions sont « poussées »
Les inclusions sont « poussées » manuellement dans le trou de
manuellement dans le trou de
foration creusé par carottage à l’eau et rainurage
foration creusé par la méthode roto-
« Newtun ».
percussion à l’eau et non tubé.
Scellement au coulis de ciment
Scellement résine Carbopur WF
C/E = 2 Ciment CEM I 52.5 PMES Scellement résine Lockset
ou Lockset
Ou à la Résine Minova Carbopur WL

500
Contrainte de cisaillement moyenne en kPa

450

400

350

300

250

200 clou 1

150 qs modèle clou 1

100
clou 19
qs/2
50 pente2 = 5 kPa/mm
modèle clou 19
pente1 = 25 kPa/mm
0
0 5 10 15 20 25 30
Déplacement de la tête en mm

Figure 1. Courbes contrainte-déplacement des boulons n°1 et 19 scéllés sur 4 et 2 m à la


résine et testés sur chantier (ERG 2008)

3
772
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Pour le clou n°19 scellé à la résine mais dans les matériaux du socle bréchiques et non
plus dans les colluvions, le comportement observé est différent à l’origine, l’augmentation
des valeurs des pentes traduit de meilleures caractéristiques mécaniques pour le sol. Le
comportement post-rupture, avec des valeurs de frottement résiduel très faible ne
correspond plus au modèle tri-linéaire proposé dans Clouterre.
Des essais de traction sur les boulons en fibre de verre posés au front ont également
été réalisés sur quelques chantiers (Tartaiguille Nord 1998). Pendant ces essais, seule la
partie élastique du comportement est testée car les observations sont très voisines des
valeurs de déplacement calculées avec le module d’Young des sections de fibres. En effet
les longueurs de scellement sont toujours importantes et les efforts à mettre en œuvre
pour obtenir la rupture du contact scellement-sol sont alors considérables et souvent
supérieurs à ceux qui provoquent la rupture en traction des fibres. Ce n’est également pas
l’objectif de ces essais in-situ qui visent au contraire à valider la bonne mise en place des
dispositifs de présoutènement.

2.2. Le sol

Pour cette étude, les données des chantiers de tunnels à Toulon sont particulièrement
intéressantes, car ces ouvrages traversent une dizaine de faciès géologiques différents et
pour certains à plusieurs profondeurs. Les caractéristiques mécaniques des matériaux
rencontrés ont été mesurées au laboratoire et parfois in situ.
Afin d’obtenir un matériau ayant des caractéristiques voisines de ceux rencontrés sur
les chantiers, il a été choisi d’utiliser un gel de silice additionné de sable fin. Ses
caractéristiques mécaniques sont reportées sur la figure 2. Le sol synthétique se
comporte plutôt comme un sol dense, son volume s’accroit lors du cisaillement en raison
du phénomène de dilatance. Il est très intéressant vis à vis de la reproductibilité des
résultats mais pose le problème de la conservation des éprouvettes préparées car on
constate un vieillissement important à la dessiccation ou l’humidification et des tests de
conservation sont mis en place. Les essais d’arrachement sont donc réalisés moins de 7
jours après la prise du matériau.

2.3. Le scellement

L’expérience des entreprises réalisant ce type de chantier, ainsi que les cahiers des
clauses techniques et pratiques suggèrent d’utiliser des coulis de ciment, ou des résines.
Trois moyens de scellement sont donc testés (1 coulis et 2 résines). Le contact boulon-
scellement est toujours parfait quelque soit le matériau choisi. Le coulis de ciment se
rétracte ou se retire légèrement lors de sa prise. La résine Lokset SiS SF-L de marque
Minova semble obtenir de bons résultats même si sa maniabilité est délicate car la prise
est rapide et sa granularité grossière. Enfin la résine utilisée sur les chantiers de boulon
de front : Minova Carbopur, est sensible à la présence d’eau et différentes quantités d’eau
sont testées.

2.4. La surface de foration

Du fait du rôle majeur de l’état de surface de foration dans le cadre de la rupture en


cisaillement, une expérimentation a porté sur l’observation de surfaces de foration
obtenues à l’aide de la foreuse Hi-Drill sur des matériaux dont un échantillon volumineux
(100 litres) de sol synthétique. Les observations ont également été filmées et un
endoscope a permis de visualiser l’intérieur des forages secs. L’outil de coupe a été utilisé
en mode vibration plus rotation et l’eau était le fluide de forage. Sur le sol synthétique, les
parois de forage sont très lisses et les aspérités voisines du millimètre. Suite à ces

4
773
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

constatations, le traitement des surfaces de foration des éprouvettes au laboratoire est


adapté. Un protocole de rainurage reproductible est établi avec des outils dédiés.

3. Essais et résultats

Le dispositif qui permettait d’arracher des boulons aciers scellés dans du grès (Blanco-
Martin, 2012) est modifié afin de l’adapter aux boulons en fibre de verre et surtout à la
roche très tendre du projet Newtun. Ce dispositif complexe, non élaboré pour ce test, a
pour inconvénient que les valeurs mesurées résultent de plusieurs phénomènes
physiques. Les modifications les plus importantes sont les suivantes : changement des
capteurs de pression pour enregistrer les mesures de la gamme 0-50 bar ; changement
de la pompe d'application de la pression de confinement, pour une plus précise ; 2
nouveaux capteurs d’enregistrement des déplacements entre la cellule et le vérin sont
installés sur le dispositif. L’ensemble des matériaux étant choisi, ainsi que leur mode de
mise en place, la figure 2 en fait la synthèse.

3.1. Les campagnes d’essais

Elles comprennent principalement 3 séries d’essais dont les tableaux 2, 3 et 4 font la


synthèse. La série n°1 a pour objet l’étude de l’influence de la longueur de scellement sur
la force axiale nécessaire à l’arrachement. La série n°2 vise à comprendre l’influence de la
pression de confinement sur la force axiale nécessaire à l’arrachement. La série n°3 met
en évidence l’effet des boulons constitués de 3 lamelles et celui de la résine Carbopur.
Au sein de chaque série, 1 ou 2 essais sont répétés, afin de vérifier la reproductibilité
des résultats. L’ensemble des essais a été conduit avec une mise en confinement à
raideur constante. Typiquement, durant les 30 minutes de l’essai, la pression de
confinement décroit légèrement suite à la petite déformation du sol synthétique.
Bourgeois et al (2012) recommandent une représentation en intensité de ce type de
résultat. On montre l’évolution de I/Imax en fonction du déplacement, avec I : la force
axiale par unité de longueur (kN/m) et Imax : la force axiale maximale enregistrée par
unité de longueur (kN/m) pour un essai.

Tableau 2. Série d’essais n°1 sur boulon cylindrique scellé à la résine Lockset – effet de la
longueur de scellement
n°d’essai 14 9 16 19 11 17
longueur de scellement initiale L (cm) 15.0 20.0 20.7 24.8 25.0 31.5

pression de confinement maximale P (kPa) 493 507 508 500 507 478

Fmax (kN) 6.90 8.40 8.22 9.05 8.79 14.10


Imax (kN/m) 46.34 42.38 39.86 36.79 36.03 45.07

Tableau 3. Série d’essais n°2 sur boulon cylindrique scellé à la résine Lockset – effet de la
pression de confinement
n°d’essai 12 11 19 13 18

longueur de scellement initiale L (cm) 25.0 25.0 24.8 26.0 25.5


pression de confinement maximale P (kPa) 430 507 501 644 752
Fmax (kN) 5.50 8.79 9.05 11.80 14.70

Imax (kN/m) 22.16 36.03 36.79 45.67 57.91

5
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Sol synthétique
C = 137 kPa Partie extraite lors de
Phi = 31° l’essai d’arrachement
E = 227 MPa
Diamètre = 144 mm

Scellement à la résine Paroi similaire aux futurs


Minova Lokset SIS 3,05 F chantiers de la méthode
C = 20.2 MPa Newtun
Phi = 28° Forage à l’eau
E = 11450 MPa Diamètre forage = 30 mm
(Avec aspérités = 31.5 mm)
Boulon en fibre de verre
SIREG Durglass FL
Diamètre = 13 mm
E = 40000 MPa

Figure 2. Section du sommet de l’éprouvette après essai d’arrachement (boulon


cylindrique scellé à la résine lockset)

Tableau 4. Caractéristiques de la série d’essais n°3 sur boulon 3 lamelles


N°d’essai 32 31 33 35 36 34
L (cm) 27.0 26.5 25.0 26.0 25.5 25.5

P (kPa) 416 622 639 442 554 627

Imax (kN/m) 39.65 45.46 60.31 37.90 51.50 54.81

Résine Carbopur Lockset

L’influence de la longueur de scellement est effectivement mieux visible. On remarquera


sur le tableau 2 la valeur moyenne d’Imax autour de 41 kN/m et la variation linéaire de la
force maximale d’arrachement ou du déplacement au pic lors de l’arrachement en fonction
de la longueur de scellement.

3.2. Influence de la pression de confinement

Deux lois d’interface ont été essayées afin d’interpréter les résultats d’essais
d’arrachement : une loi tri-linéaire et une loi exponentielle. Ces deux lois décrivent
l'évolution de la contrainte de cisaillement au niveau de l'interface scellement-sol en
fonction du déplacement tangentiel subi.
Depuis la parution en 1991, des recommandations CLOUTERRE, les modèles
trilinéaires sont couramment choisis dans ce contexte. On remarquera sur la figure 3, la
faible variation du déplacement au pic environ 1.65 mm. Les autres variables dont la
valeur d’Imax évoluent linéairement avec la pression de confinement (tableau n°3). La
force d’arrachement est donc nettement influencée par la pression de confinement. Le
modèle tri linéaire ajusté à la contrainte moyenne de cisaillement (figure 3) est intéressant
dans la partie pré-pic mais après la rupture, il n’est plus satisfaisant. Dans ce contexte, un
deuxième type de loi d’interface est suggéré. Cette loi (1) est équivalente à un joint, le
comportement au cisaillement est non linéaire et tient compte du confinement. Dans notre

6
775
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

cas uc s’exprime en mm et τc en kPa. Les coefficients a, b et c dépendent de la contrainte


normale σn égale à la pression de confinement de l’éprouvette.

Figure 3.Contrainte moyenne de cisaillement en fonction du déplacement et modèle tri-


linéaire pour les boulons cylindriques scellés à la résine Lockset.
   n
 2  n  si  n   c
a ( n )   a1 
 c 
 c
a si  n   c
 1
n 
(1) b( n )  a 2  a3  
 c 
n 
c ( n )  1  a 4 
 
 c 

A partir des résultats des essais n°31, 32, 33, on recherche les valeurs de uc, τc, a1, a2,
a3, a4 afin que les courbes du modèle s’ajustent le mieux possible aux résultats
expérimentaux. Les valeurs des coefficients sont reportées sous la figure 4. On peut
également essayer de vérifier que cette loi théorique est proche du comportement de
l’interface d’arrachement du clou n°19. On notera que le modèle exponentiel est calculé à
partir de la pression de confinement instantanée de l’éprouvette. Pour le clou 19, le
confinement proposé peut correspondre à sa localisation.

4. Conclusions

Les études bibliographiques et les retours d’expériences de chantiers se rapportant aux


inclusions, aux sols et enfin aux scellements ont été présentés. Les résultats des 3 séries
d’essais sont analysés. Les préparatifs expérimentaux dont ceux sur le sol synthétique ont
permis une réduction des délais de mise en œuvre. A partir de cette campagne
expérimentale sur des boulons cylindriques et tri lamelles, deux types de loi sont ajustés
au comportement de l’interface scellement-sol. Aucun des deux n’étant totalement
satisfaisants, ils permettent toutefois d’apprécier quantitativement les paramètres
influençant de manière prépondérante ce comportement.

7
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016
Données expérimentales et modèles

600
500
Contrainte de cisaillement kPa

400
300
200

essai 33
essai 31
100

essai 32
clou 19
modèle 33
modèle 31
modèle 32
0

modèle 19

0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5

Déplacement (mm labo) (cm in situ)


Figure 4. Ajustement d’une loi aux résultats pour les boulons 3 lamelles et 1 essai in-situ
Paramètres du modèle : essais de laboratoire : c = 15377 kPa ; uc = 13.91 mm ;
a1 = 23906 ; a2 = -526 ; a3 = 16005 ; a4 = 14.84 essai in-situ : uc = 22.5 mm ; σn = 369 kPa

5. Remerciements
Nous remercions vivement les entreprises SIREG-S.p.A, WOELLNER France pour leurs
contributions gracieuses à ce travail de recherche. Les partenaires du projet NEWTUN
remercient vivement la Banque Publique d’Investissement, ainsi que le Conseil Général
des Yvelines pour leur soutien et leur confiance.

6. Références bibliographiques
ARCADIS (2007). Liaison A50 / A57 Traversée souterraine de Toulon, 2 nd tube du tunnel
routier (sud) Tunnel Foré, Note de justification des taux de déconfinement de terrain
pour le profil de soutènement type PS4/PS5, 147p
CEBTP Direction régionale Méditerranée (1998). TGV Méditerranée Lot 1 C, Tunnel de
Tartaiguille, Essai de traction contrôle sur les boulons fibre de verre, tunnel nord, 9p.
Recommandations CLOUTERRE (1991). Presses de l’Ecole nationale des ponts et
chaussées, 268p.
Additif aux recommandations CLOUTERRE 1991 (2002). Presses de l’Ecole nationale des
ponts et chaussées, 217p.
Blanco Martin L. (2012). Etude théorique et expérimentale du boulonnage à ancrage
réparti sous sollicitations axiales. Thèse MINES ParisTech, 191p.
Bourgeois E., Le Kouby A., Soyez L. (2012). Soils and foundations 52(3): 550-561
« Influence of the strip-backfill interaction model in the analysis of the behavior of a
mechanical ly stabilized earth wall ».
Cascarino S., Congrès de l’AFTES (2014). NEWTUN – Nouvelles techniques en tunnels
voûtes parapluies, 9p.
ERG ingénieur conseil (2008). Procès verbal d’essai d’arrachement de clou à vitesse de
déplacement constante, Tunnel de Toulon, clou n°1.
ERG ingénieur conseil (2008). Procès verbal d’essai d’arrachement de clou à vitesse de
déplacement constante, Tunnel de Toulon, Attaque ouest PM 728, clou n°19.
Martin F., Saïtta A. (2012). Mécanique des Roches et Travaux Souterrains - Cours et
exercices corrigés, Cours de l’ENS Cachan, huitième édition, 88p.

8
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

INSTRUMENTATION D’UN DEBLAI DANS UNE MARNE – EVOLUTION


DES DEPLACEMENTS ET DE LA PRESSION INTERSTITIELLE SUITE
A UN DECHARGEMENT MECANIQUE

MONITORING OF EARTHWORK EXCAVATION ON A MARLY SOIL –


EVOLUTION OF PORE PRESSURE AND DISPLACEMENT AFTER A
MECHANICAL DISCHARGE

Dino MAHMUTOVIC , Luc BOUTONNIER , Jacques MONNET3, Jean-marie LEONARD1


1,2 1

1
Egis géotechnique, Seyssins, France
2
3SR, Grenoble, France
3
GAÏATECH,Seyssinet-Pariset, France

RÉSUMÉ – Cet article est consacré à la description de la pose d’une instrumentation et à


son exploitation au sein d’un déblai marneux de 18m de profondeur sur le chantier de
l’A304. Les données in situ et les essais de laboratoire complémentaires sont analysés à
différents stades de l’état d’avancement des travaux de terrassement. Les effets d’un
déchargement mécanique sur une arase de déblai sont ainsi observés.

ABSTRACT – This paper aims to present the instrumentation of an earthwork excavation


in a marly soil (18m of soil excavated) and results of three years of monitoring. Pore
pressure and displacement evolution during mechanical discharge are presented. The
instrumentation is set up in the north of France in the A304 site.

1.Introduction

Cet article s’inscrit dans le cadre du projet ANR Terredurable, commencé en 2012 et
qui prendra fin en décembre 2016. Terredurable a pour objectif d’améliorer la conception
des ouvrages en terre (compactage et stabilité) en combinant recherche expérimentale et
théorique avec le retour d’expérience des praticiens. Ce projet a pour ambition de mieux
comprendre la mécanique des sols non saturés et notamment celle des sols proches de
la saturation. Ces derniers ont un comportement bien spécifique avec la présence de
bulles d’air occluses. Cet état hydrique correspond par ailleurs à la majorité des ouvrages
en terre anthropiques en sols fins (déblais, remblais, barrages en terre, digues,…).
Cette communication est une contribution à la compréhension de ces phénomènes au
sein d’ouvrages en terre tels que les déblais. Les données expérimentales en vrai
grandeur sur les gonflements mesurées in situ sont rares dans la littérature scientifique,
même si quelques auteurs se sont intéressés au sujet (Blight 2013) Un ouvrage en terre
sur un chantier autoroutier a ainsi été instrumenté par les membres du projet
Terredurable et analysé au cours du temps. Les principaux résultats de cette étude sont
présentés par la suite. Cet article est la première partie d’un double article consacré à
l’instrumentation du déblai D9B et à sa modélisation. L’autre partie est également
présentée aux JNGG 2016 (« Simulation du déchargement mécanique d’un déblai
marneux avec un modèle quasi-saturé » - Mahmutovic et al, JNGG 2016).

1
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2.Objectifs et contexte géologique de l’instrumentation

2.1. Principaux objectifs de l’instrumentation

L’ouvrage en terre instrumenté est un déblai faisant partie de la future autoroute de


liaison A304, qui prolongera l’actuelle A34 entre Charleville Mézières et Rocroi-Gué
d’Hossus (Belgique). Ce projet long de 31 km connait de fortes contraintes
3
géotechniques avec 8 millions de m de terre à déplacer. Les matériaux rencontrés sont
des marnes, très sensibles à l’action de l’eau.
Le choix d’instrumenter un déblai plutôt qu’un remblai a été dicté par la volonté de
monitorer certains phénomènes tels que :
- L’évolution des pressions interstitielles sous l’arase du déblai avant, pendant et
après le terrassement.
- La mesure du gonflement potentiel dans les plates-formes lié au déchargement
mécanique du déblai.
A ce jour, ces phénomènes ont été très peu quantifiés à partir d’instrumentation et
encore moins pendant le processus d’excavation. C’est pour l’ensemble de ces raisons
que le déblai D9B a été choisi. Ce choix permet également de mettre en place une
instrumentation dans la durée. Celle-ci a été mise en place avant les différentes phases
de terrassement et est restée en place pendant trois ans.
Le déblai D9B est un ouvrage en terre large de 160 m pour une longueur de 400m,
centré sur le point kilométrique 10+030. La profondeur finale de l’arase par rapport au TN
est de 18 m. Le déblai est composé de 3 risbermes côté gauche et 1 risberme côté droit
de l’axe de la future autoroute. Les pentes des talus sont de 3 pour 1 (cf Figure 1).
Instrumentation

Figure 1. Profil en travers du déblai D9B sur lequel on peut voir la position de
l’instrumentation (photo prise à la fin des travaux à gauche, schéma du déblai à droite)

2.2. Lithologie et géologie des formations du site instrumenté

D’après le carottage réalisé au droit du dispositif des élongamètres 2 couches de sols


peuvent être distinguées du point de vue lithologique : une couche de marne argileuse
jusqu’à 22m de profondeur comportant des lits de galets décimétriques et un substratum
de marne argileuse compacte.

La formation géologique est celle des Marnes à ovoïdes. Il s’agit d’argiles légèrement
calcaires (5 à 20 % de CaCO3) pouvant contenir 30 % de montmorillonite (argiles
gonflantes). Les feuillets argileux montrent des stratifications entrecroisées avec des
pendages de 0 à 45°. La présence d’une ammonite marqueur (Oistoceras figulinum)
permet de situer l’arase du déblai au sommet du Pliensbachien inférieur (= Carixien). Les
Marnes à ovoïdes sont surmontées par les Marnes bleues à plaquettes de lumachelles »
du Pliensbachien supérieur (= Domérien). Le passage entre les deux formations est
progressif avec l’apparition de petits bancs calcaires. Les Marnes à plaquettes de

2
779
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

lumachelles sont plus silteuses et plus micacées que les Marnes à ovoïdes. Les bancs
calcaires décimétriques y sont plus nombreux et servent d’assises à de petits aquifères
perchés. Le pendage général des formations est de 3 à 5° vers le Sud.

3.Description du dispositif d’instrumentation et de sa pose

3.1. Liste et descriptif de l’instrumentation

Le dispositif d’instrumentation mis en place est composé de deux capteurs de


pression interstitielle (CPI), d’une pige de tassement gonflement ainsi qu’un dispositif de
mesure des déformations verticales (élongamètres chaînés) :
 La mesure de pression interstitielle se fait à l’aide de capteurs de pression
interstitielle, dit CPI (Figure 2.d). Ces derniers offrent une mesure automatisée grâce à un
enregistreur de niveau piézométrique. Ce capteur de type « mini Diver », de marque
Schlumberger, a été adapté par EGIS Géotechnique et modifié par l’ajout d’un filtre (type
pierre poreuse) et de son support. Ce capteur présente l’avantage d’être compact. Il est
doté d’une mémoire autonome de 2 х 24 000 mesures (mesures simultanées de la
pression interstitielle et de la température).

 Les piges de tassements/gonflements sont des tiges en acier de 1m de longueur


vissées les unes aux autres et ancrées sous l’arase à l’aide d’une enclume (figure 2.c).
Chaque tige est numérotée et indique la hauteur vis-à-vis du point d’ancrage. Les tiges
sont assemblées les unes aux autres à l’aide de filetages. Les tiges supérieures peuvent
être retirées progressivement au cours de l’avancée du terrassement du déblai afin de
faciliter les mesures topographiques. Un déplacement de l’arase entrainera un
déplacement de l’enclume et donc un déplacement du train de tiges jusqu’à la surface.
Une fois l’altitude du point d’ancrage déterminée par mesure topographique il est possible
de mesurer la variation d’altitude de ce dernier au cours du temps par d’autres relevés.

 Les élongamètres chaînés (figure 2.a et 2.b) sont des dispositifs automatiques de
mesure des déformations. En se déformant, le sol va également déformer le coulis en
contact avec les élongamètres. Le déplacement de ce dernier va pouvoir être enregistré
par un capteur de déplacement. Ainsi chaque élongamètre permet de mesurer un
déplacement sur une certaine hauteur (2 ou 3 m en fonction des élongamètres), et donc
un déplacement total en additionnant les différentes valeurs. Ce dispositif a la même
fonction que les piges de tassement gonflement mais permet d’avoir un déplacement
différentiel en fonction de la couche de sol étudiée. Une chaîne de mesure de
déformations de 24 mètres linéaires constituée de 9 éléments (3х2m et 6х3m) a ainsi été
développée dans les locaux d’EGIS Géotechnique et assemblée sur le chantier.

Ces quatre dispositifs ont été installés au sein de trous de forage réalisés à différentes
profondeurs (cf figure 2), et recouverts par un coulis ayant des caractéristiques
mécaniques se rapprochant de celles du sol en place. Les quatre dispositifs ont été
placés parallèlement à l’axe du déblai (à 3 mètres du début de l’arase en pied de talus de
déblai) pour être au plus près de l’arase sans pour autant interférer avec les travaux de
couche de forme.
Les équipements ont été mis en œuvre dans des forages distincts afin de fiabiliser la
mesure. Ils restent cependant très proches les uns des autres pour mesurer des
phénomènes identiques. Les différents dispositifs sont conçus afin de permettre
l’enregistrement automatique des mesures (enregistrement embarqué) sauf dans le cas
des piges de tassement/ gonflement où une mesure manuelle est nécessaire. Chacun

3
780
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

des dispositifs est en capacité de stocker plusieurs mois de données pour une fréquence
d’une mesure quotidienne.

d.

a.

b. c.

Figure 2. Vue 3D du déblai D9B et gros plan sur l’instrumentation en place


a. Centrale d’acquisition – b. Elongamètres chainés – c. Enclume et pige de tassement
/gonflement – d. Capteur de pression interstitielle

3.2. Pose de l’instrumentation

La pose de l’instrumentation s’est faite à l’intérieur de forages réalisés au préalable. Le


descriptif de chaque appareillage est décrit ci-dessous.

TN

Tubage
Enlèvement Chambre de Coulis
métallique
du tubage mesure en
Arase sable fin
Mise en
Bouchon
place du
étanche argile
capteur
gonflante
CPI
Figure 3. Descriptif du protocole de pose des CPI

TN

Tubage Coulis
Enlèvement
métallique
du tubage Présence de tubes
Arase Mise en en PVC permettant
place des le coulissage
piges CPI vertical des piges
Enclume

4
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 4. Descriptif du protocole de pose des piges de tassement/gonflement

TN
Tubage
métallique Coulis

Arase
Centrale
d’acquisition
Paroi du trou Partie du
sans tubage tubage
métallique
retombée
Elongamètres dans le trou
chaînés

Figure 5. Vue 3D du déblai D9B et gros plan sur l’instrumentation en place

Remarques :

Les CPI ont été posés en fond de trou de forage à l’intérieur d’une chambre de mesure
réalisée en sable fin. Cette dernière permet une communication latérale avec le sol
naturel, un bouchon argile ayant été posé en partie supérieure de la chambre pour que le
trou n’agisse pas comme un piézomètre ouvert.
Un coulis est injecté à l’intérieur du trou de forage des piges de tassement gonflement
une fois que le dispositif est mis en place, ce qui permet de sceller l’enclume à l’arase.
Les piges en acier sont quant à elles introduites dans une gaine en PVC, ce qui leur
permet de coulisser à l’intérieur du coulis lorsque l’arase du déblai gonfle.
La pose des élongamètres a été ponctuée par la retombée d’une partie du tubage
métallique à l’intérieur du trou de forage lors de la pose de l’instrumentation (Novembre
2012) entravant la mesure du dispositif jusqu’à ce que le tubage soit enlevé (Juillet 2013),
soit la fin des travaux de terrassement. Les mesures des piges de tassement gonflement
permettent de compléter les mesures manquantes pendant ce lapse de temps.

4. Essais de laboratoire

Le forage du trou à destination des élongamètres a été réalisé par carottage entre 18
et 50m de profondeur en diamètre 200mm. Les échantillons intacts issus de ce dernier
ont fait l’objet d’essais de laboratoire afin de mieux étudier le sol sous l’arase du déblai.
Ainsi des essais d’identification classiques ont été réalisés : granulométrie, IP, valeur
au bleu, ainsi que des essais mécaniques tels que des essais triaxiaux et oedométriques.
Les différents résultats de cette analyse sont reportés dans le tableau 1.

Type de Profondeur Classe wL IP Cc Cs φ' c


sol GTR
Marne 0-21m A2 46 24 0,187 0,048 - -
Marne 21-50m A2 - - 0,13 0,013 25 0

Il est à noter que la marne est surconsolidée. Des résultats complémentaires concernant
ce matériau sont disponibles dans l’article de J-F Serratrice (JNGG 2016).

5
782
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Des mesures de succions ont également été effectuées lors du forage. Ainsi des
mesures au papier filtre ont été réalisées tous les 50 cm entre 18m et 50 m de
profondeur. L’objectif ici était de voir l’effet d’un déchargement mécanique en mesurant la
succion liée au déconfinement du sol. Les résultats de cette analyse sont reportés sur la
figure 6. Une augmentation de la succion est ainsi observée avec l’augmentation de la
profondeur de prélèvement.

Figure 6 – Valeurs des mesures de succion effectuées à différentes profondeurs sur les
échantillons intacts issus des carottes du trou à destination des élongamètres chaînés

Plus le déconfinement est important et plus la variation de contrainte totale est


importante au sein du sol. Cette diminution de contrainte totale s’accompagne d’une
baisse de la pression interstitielle qui peut devenir négative et par un gonflement non
drainé du sol. Le degré de saturation diminue également, à l’inverse du volume d’air au
sein du sol. Ce constat a été vérifié de manière analytique. Les résultats sont disponibles
dans la seconde partie de cet article consacrée à la modélisation numérique de cet
ouvrage.

5. Résultats de l’instrumentation

5.1. Déformation de l’arase

Le dispositif des piges de tassement/gonflement permet de mesurer la variation


d’altitude de l’enclume positionnée au niveau de l’arase du déblai. La figure 7a présente
les valeurs de gonflement mesurées avant, pendant et après la phase d’excavation. On
peut ainsi se rendre compte que le niveau de l’arase est stable avant le début de travaux,
avant de gonfler brusquement de 23cm pendant la phase de terrassement, et de
continuer à gonfler doucement par la suite (3 cm en 1 ans). L’instrumentation en place
permet donc bien de distinguer gonflement « immédiat » pendant la réalisation du déblai
et un gonflement différé à la cinématique lente.

Le dispositif d’élongamètres chaînés permet de mieux observer le gonflement différé et


ceci sur différentes couches de sol (figure 7b). L’ordre de grandeur est le même que sur
le dispositif des piges de tassement/gonflement, ce qui vient fiabiliser les valeurs
enregistrées. Un gradient de gonflement peut être observé avec un déplacement surtout
important au niveau des couches proches de la surface (surtout au niveau des 4 premiers
mètres) et qui devient presque nul en profondeur.

6
783
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Gonflement 2
mètres
supérieures

Gonflement
total

Figure 7a et 7b - Mesure du gonflement total à l’aide du dispositif de piges de


tassement/gonflement (figure de gauche) - Mesures des gonflements différés à l’aide du
dispositif d’élongamètres chaînés (figure de droite).

5.2. Variation des pressions interstitielles

Les deux capteurs CPI ont été endommagés pendant la phase de terrassement, les
données associées aux phases de terrassement et post terrassement n’ont donc pas pu
être récupérées. Les deux CPI permettent tout de même de connaitre l’état initial du sol
en termes de pression interstitielle au niveau de l’arase et de se rendre compte que la
nappe était relativement stable au cours des 6 mois pendant lesquels les capteurs ont
fonctionnés. De plus, en associant ces données aux mesures de succion effectuées à la
même profondeur sur les carottes du dispositif d’élongamètres, il est possible de voir de
manière qualitative l’effet d’un déchargement mécanique sur les pressions interstitielles.
Ainsi en supposant une pression d’eau initiale de 160 kPa (valeur stabilisée de la
pression interstitielle de la CPI 2 à 22m de profondeur figure 8) avant travaux de
terrassement, cette dernière passerait à une valeur de pression d’eau négative de
-200kPa (figure 6 à une profondeur de 22 m) après travaux.

Figure 8 - Evolution des pressions interstitielles et de la température des capteurs CPI


avant le début des travaux

7
784
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

6. Conclusion générale

L’instrumentation d’un ouvrage en terre de type déblai a été présentée. Le dispositif


mis en place a permis de suivre l’évolution du gonflement de l’arase suite à un
déchargement mécanique ainsi que l’évolution des pressions interstitielles. Le
phénomène a été mesuré sur plusieurs années permettant de suivre le comportement à
court terme et à long terme de l’ouvrage. Un gonflement « immédiat » pendant la
réalisation du déblai et un gonflement différé ont ainsi été mis en évidence traduisant un
mécanisme lent, couplé et complexe. Un gradient de gonflement différé est clairement
visible, avec un gonflement concentré sur les 4 premiers mètres sous l’arase. Les
mesures de succion réalisées sur les carottes de sols issus du forage ont montré une
augmentation de la succion proportionnellement à la profondeur de prélèvement des
échantillons.

7. Remerciements

Le projet Terredurable est soutenu par l’ANR programme Bâtiments et Villes Durables,
convention ANR 2011 VILD 004 01.
La DREAL Champagne-Ardenne est vivement remerciée pour avoir autorisé les
partenaires du projet Terredurable à réaliser cette expérimentation sur les emprises du
chantier de l’autoroute A304.

8. Références bibliographiques

Blight G-E., (2013). Unsaturated soil mechanics in Geotechnical practice. Taylor & Francis
Group, LLC.
Boutonnier, L., Serratrice, J.-F. (2002). Caractérisation du comportement d’une marne en
vue de la réalisation d’un déblai. Congrès. Param 2002, Paris, Presses de
l’ENPC/LCPC, p.519-530.
Boutonnier, L., Virollet, M. (2003). Tassements et gonflements instantanés dans les sols
fins proches de la saturation. Revue Française de Géotechnique 104, p.3-19.
Mahmutovic D., Boutonnier L., Monnet J., 2016. Simulation du déchargement mécanique
d’un déblai marneux avec un modèle quasi-saturé. Journées Nationales de
Géotechnique et de Géologie de l’ingénieur – Nancy 2016, France.
Serratrice J-F., 2016. Mesures des propriétés mécaniques d’une argile surconsolidée au
laboratoire. Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’ingénieur –
Nancy 2016, France.

8
785
Modélisation numérique, physique,
simulation, effet d’échelle

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Journées  Nationales  de  Géotechnique  et  de  Géologie  de  l’Ingénieur  –  Nancy  2016  

SIMULATION   NUMERIQUE   3D   DU   FOUDROYAGE   D’UNE  


EXPLOITATION  PAR  PANNEAUX  A  GRANDE  ECHELLE  
 
3D  NUMERICAL  SIMULATION  OF  THE  GOAF  DUE  TO  LARGE  SCALE  LONG-­
WALL  MINING  
 
Samar  AHMED1,  Marwan  ALHEIB2,  Yann  GUNZBURGER1,  Vincent  RENAUD2  
1
 GeoRessources,  CNRS,  Ecole  des  Mines,  Nancy,  France  
2  
INERIS,  Ecole  des  Mines,  Nancy                                                                    
 
 
RÉSUMÉ  –  La  simulation  du  foudroyage  d’une  exploitation  par  longues  tailles  est  essentiel  
pour  d’exploitation  à  large  échelle.  Afin  d’évaluer  les  variations  des  champs  de  contraintes  
et  de  déplacement  dans  une  mine  de  Provence,  le  foudroyage  est  simulé  par  modélisation  
numérique  en  prenant  en  compte  sa  géométrie  et  ses  propriétés  mécaniques  équivalentes.  
L’évolution  spéciale  et  temporelle  des  caractéristiques  des  matériaux  foudroyés  est  simulée  
en  appliquant  une  variation  linéaire  du  module  de  Young,  calée  par  rapport  à  la  aux  mesures  
d’affaissement  en  surface.  
 
ABSTRACT  –  The  simulation  of  the  goaf  area  associated  with  panels  is  essential  in  large  
scale  mines.  In  this  study,  the  goaf  area  is  simulated  by  using  elastic  numerical  modelling,  
to  assess  the  stress  and  displacement  field  changes  in  a  Provence  coalmine  with  taking  into  
account  the  goaf  geometry  and  its  equivalent  mechanical  properties.  The  evolution  in  space  
and  in  time  Heterogeneity  of  the  goaf  material  is  simulated  by  using  linearly  varying  elastic  
modulus,  which  has  been  calibrated  with  the  surface  subsidence  measurements.  
 
 
1.  Introduction    
 
Longwall  mining  method  is  widely  used  especially  in  coal  mines  which  involves  removal  
of   large   rectangular   panels.   As   the   coal   panel   is   exploited,   the   roof   and   floor   of   the  
excavation   becomes   in   contact   and   the   rockmass   is   caved.   (Peng   and   Chiang,   1984)  
considered  that  after  the  disturbance  of  long-­wall  caving  excavation,  the  above  volume  will  
divide  into  three  different  zones  as  shown  in  Fig.  (1).    
 

hf

hc
t
 
                     
Figure  1.  Three  zones  of  disturbance  due  to  long-­wall  caving  mining  method.  
 
The  caved  zone  is  the  much  fragmented  zone  where  the  roof  totally  collapses  into  the  
floor  of  the  excavation.  (Kenny,  1969)  performed  in-­situ  measurements  in  order  to  determine  
the  height  of  the  caved  zone.  He  found  that  for  a  seam  with  height  (t),  the  caved  zone  height  

1  
787
Journées  Nationales  de  Géotechnique  et  de  Géologie  de  l’Ingénieur  –  Nancy  2016  

(hc)  is  equal  to  (2  –  4)  t.  While  (Hasenfus  et  al.,  1998)  found  that  hc  is  equal  to  (4  –  6)  t,  
recently  (Shabanimashcool,  2012)  proposed  that  hc  =  4t  based  on  the  numerical  modeling  
results.   The   second   influenced   zone   is   the   fractured   zone   which   lies   directly   above   the  
caved  zoned,  where  the  strata  are  broken  into  blocks  associated  with  major  horizontal  and  
vertical  crakes  and  bed  separation.  (Peng  and  Chiang,  1984)  proposed  that  the  fractured  
zone   height   (hf)   is   equal   to   (28   –   42)   times   the   seam   thickness   (t).   The   last   zone   is   the  
continuous  deformation  zone,  where  the  rock  mass  behaves  as  a  continuous  medium.    
The  principal  issue  in  the  goaf  area  (caved  zone  +  fractured  zone)  numerical  simulation  
is  the  assessment  of  the  mechanical  behavior  of  the  goaf  material  which  is  very  difficult  due  
to  the  inaccessibility  to  the  damaged  area  as  well  as  the  heterogeneity  of  the  material  itself.  
Many  researches  have  been  released  to  assess  numerically  the  mechanical  properties  of  
the  goaf  area.  (Kose  and  Cebi,  2010)  suggested  a  wide  interval  of  elastic  module  within  the  
goaf  area  as  (15  -­  3500)  MPa.    While  (Tajdus,  2009)  applied  a  back  analysis  method  for  
determining  the  values  of  rock  mass  parameters  for  areas  disturbed  by  mining  influence  in  
eleven  areas  of  polish  mine.  Tajdus  found  that  the  elastic  moduli  in  horizontal  direction  and  
in  vertical  direction  are  very  low,  in  range  of  (50  –  150)  MPa.  (Cheng  et  al.,  2010)  and  (Jiang  
et  al.,  2012)  assigned  goaf  material  with  elastic  modulus  and  Poisson  ratio  190  MPa  and  
0.25  respectively.  (Salamon,  1990)  defined  the  stress  strain  relationship  of  the  goaf  material  
as:    
 
𝐸$ 𝜀    (1)    
𝜎=  
1 − (𝜀/𝜀* )  
 
where,  𝜀  and  𝜎  are  the  vertical  strain  and  stress  respectively  and  E0  is  the  initial  elastic  
modulus  of  the  goaf  material.  𝜀*  is  given  by  Eq.  (2)  using  the  buckling  factor  BF:  
 
𝐵𝐹 − 1    (2)    
 𝜀 =
*  
𝐵𝐹
 
E0  (MPa)  can  be  calculated  as  a  function  of  the  unconfined  compressive  strength  of  the  
intact  rock,  𝜎/ ,  and  the  buckling  factor,  (Pappas  and  Mark,  1993)  and  (Yavuz,  2004):    
 
10.39  𝜎/ 5.$67    (3)    
𝐸$ =  
𝐵𝐹 8.8
 
Salamon’s   model   is   valid   for   cave-­in   materials   under   hardening   condition,   (non-­elastic)  
behavior.  E0  and  𝜀*  must  be  detected  firstly  then  the  hardening  table  will  be  estimated  by  
using  Eq.  (1).    
(Wilson,  1980)  suggested  that,  after  consolidation  of  the  goaf,  the  vertical  stress  within  
the   goaf   increases   linearly   from   zero   at   the   ribside   to   the   pre-­mining   vertical   stress   at   a  
distance  from  the  ribside  equal  to  (0.3  –  0.4)  times  H  where  H  is  the  mining  depth.  (Wilson,  
1982)  also  suggested  that  the  peak  vertical  stress  on  the  ribside  (the  “abutment  pressure”)  
might  be  as  high  as  six  time  the  initial  one.  The  generally  accepted  stress  re-­distribution  
developed   by   (Wilson,   1982)   is   as   shown   in   Fig.   2.   However,   Wilson   proposed   a   2D  
estimation   and   he   did   not   consider   the   effect   of   the   third   direction   that   may   be   play   an  
important   role.   Also,   he   did   not   refer   to   the   material   properties   and   its   effect   in   stress  
redistribution.  
The  aim  of  this  research  is  to  simulate  numerically,  by  using  the  elastic  model,  the  goaf  
area   above   the   excavated   panel   as   well   as   to   assess   mechanically   the   long-­wall   mining  
consequence.  The  goaf  area  will  be  presented  as  an  elastic  material  with  a  certain  geometry  
and   with   an   elastic   modulus   various   linearly   with   the   height.   The   geometry   and   the  
mechanical  properties  of  the  goaf  area  will  be  calibrated  with  the  convergence  between  the  
roof  and  the  floor  as  well  as  the  in-­situ  measurements  of  the  subsidence  at  the  surface.    

2  
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Journées  Nationales  de  Géotechnique  et  de  Géologie  de  l’Ingénieur  –  Nancy  2016  

 
 
Pre-failure

Actual

Stress
Crushed coal

Distance
0.3 - 0.4 H 0.12H
 
Figure  2.  Vertical  stress  distribution  within  the  goaf  and  the  ribside  (Wilson,  1982).  

2.   Case  study  
 
The  current  case  study  is  the  Provence  coalmine,  located  in  the  south  of  France.  It  had  
been  exploited  between  1984  and  2004  using  the  long-­wall  mining  method,  with  a  panel  
width  of  200  m  with  various  lengths.  The  average  thickness  of  the  exploited  coal  seam  is  
t=2.5   m,   at   a   depth   of   700   to   1250   m.   The   overburden   is   mainly   composed   of   Fuvelian  
limestone  and  Begudo-­Rognacian  limestone  and  marl  as  shown  in  Fig.  3.  The  stiffness  of  
the  Rognacian  layer  is  low  compared  with  the  adjacent  Fuvelian  layer  because  it  contains  
a   high   percentage   of   marl   and   clayey   limestone,   (Gaviglio,   1985).   The   initial   mechanical  
properties  of  the  different  layer  within  the  rockmass  are  given  in  Table  1,  (Gaviglio  et  al.,  
1996).  The  estimation  of  the  mechanical  properties  takes  into  account  the  rock  mass  quality  
and  the  characterization  from  laboratory  tests.  
 
Table  1:  Rock  mass  mechanical  properties.  
Rock  type   E  (GPa)   𝝂   𝝆  (kg/𝐦𝟑 )  
Rognacian     1   0.25   2400  
Fuvelian     8.4   0.24   2400  
Lignite  coal   3   0.32   1500  
Jurassic     17   0.25   2400  
 

3.   Numerical  model    
 
A   3D   numerical   model   of   the   mine   was   constructed   using   the   finite   difference   code  
FLAC3D   (Fig.   3).   Four   different   rock   types   are   specified:   the   coal   seam,   the   Fuvelian,  
Rognacian  with  height  400  m  and  600  m  above  the  coal  seam,  respectively,  and  Jurassic  
limestone  beds  below.    
 

 
Figure  3.  3D  and  2D  view  of  the  model  showing  the  mining  panel  and  the  goaf  area.  

3  
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Journées  Nationales  de  Géotechnique  et  de  Géologie  de  l’Ingénieur  –  Nancy  2016  

The   overall   dimensions   of   the   model   are   4600   m   in   the   x-­   direction,   6020   m   in   the   y-­
direction  and  2270  m  in  the  vertical  direction  (z).  The  top  of  the  model  coincides  with  the  
ground  surface  at  level  z  =  0.0  while  the  excavated  panels  lies  at  depth  of  1000  m  below  
the   surface.   This   model   contains   2.5   million   mesh   with   a   very   high   precision   near   to   the  
excavated  zone  in  order  to  overcome  the  mesh  effect.  The  mechanical  properties  in  Table  
1  were  used  as  input  data  in  the  numerical  model.    

4.   Goaf  simulation  Methodology  


 
In  the  current  study,  the  goaf  simulation  is  composed  of  two  different  steps.  The  first  step  
is  to  estimate  the  geometry  of  the  goaf  (caved  zone  and  fractured  zone),  the  height  of  the  
goaf   is   taken   as   32t   where   t   (coal   seam   thickness)   =   2.5   m   (i.e.   hcaved-­zone=4t,  
(Shabanimashcool  et  al.,  2012)  and  hfractured-­zone=28t  according  to  (Peng  and  Chaing,  1984).  
The   second   step,   which   the   current   study   concerns,   is   to   estimate   numerically   the  
mechanical   properties   within   the   goaf   area.   The   elastic   modulus   within   the   goaf   will   be  
calibrated  with  the  convergence  between  the  roof  and  the  floor  for  200  m  panel  width  and  
with  subsidence  at  the  surface  until  1400  m  excavation  width  that  corresponds  to  the  critical  
width  (Al  Heib,  1993).    
In  this  model,  the  elastic  modulus  (E)  of  the  goaf  area  is  assumed  to  vary  linearly  with  
the  goaf  height  (32t)  as  shown  in  Fig.  (4).  The  elastic  modulus  begins  from  a  certain  value  
Eimmediate-­roof  directly  above  the  opening  and  increases  linearly  within  the  goaf  until  Ehostrock  at  
32t  where  is  the  end  of  the  goaf  geometry  as  defined  before.  Eq.  (4)  was  fitted  to  estimate  
Egoaf  at  any  point  within  the  goaf,  by  assuming  that  the  Poisson  ratio  is  𝜐  goaf  =  𝜐  hostrock  and  
the  direct  roof  above  the  excavation  has  Eimmediate-­roof.  The  only  value  that  could  be  changed  
in  this  model  is  the  Eimmediate-­roof.    
 
Egoaf(hg.t)  = >
 
F  >
?@ABC@DE  
N.O  
. ℎQ   . 𝑡   +    Eimmediateroof          (MPa)  
GHHIJGKBILC@@M  
(4)    
 
Where  (x.t  =  32*2.5  =  80  m)  is  the  maximum  height  of  the  goaf  that  corresponds  Egoaf(32.t)  ,  
(ℎQ .t)  is  the  height  corresponds  to  Egoaf(hg.t),  ℎQ  ranges  between  (1  –  32)  and  t  is  the  coal  
seam  thickness.  
 

 
 
Figure  4.  Linear  variation  of  elastic  modulus  within  the  goaf  area.  
 
In  order  to  satisfy  the  convergence  between  the  roof  and  the  floor  of  the  excavation  (i.e.  
convergence   =  mining  seam  thickness  (t)),  we  found  that  the  Eimmediate-­roof  must  have  180  
MPa  maximum  as  shown  in  Fig.  (5).    

4  
790
Journées  Nationales  de  Géotechnique  et  de  Géologie  de  l’Ingénieur  –  Nancy  2016  

 
2.6

2.5

Convergence between the roof and floor (m.)


2.4

2.3

2.2
Direct roof E = 600 MPa.
2.1 Direct roof E = 450 MPa.
2 Direct roof E = 225 MPa.
Direct roof E = 180 MPa.
1.9
Without goaf
1.8

1.7

1.6

1.5
2 2.5 3 3.5 4 4.5 5 5.5 6 6.5 7
Length (L) / Width (W)

Figure  5:  Total  convergence  between  the  roof  and  floor  for  different  panel  lengths.  
 
For  that,  Eq.  (4)  will  be  modified  to  be  as  follow:  
 
Egoaf(hg.t)  = > T$   F5T$ . ℎQ   . 𝑡   +  180      (MPa)  
?@ABC@DE  
(5)    
 
The  excavation  progress  will  be  performed  at  once;;  the  consequence  of  excavation  is  as  
shown  in  Fig.  (6).  After  excavation  of  each  panel  the  elastic  modulus  of  the  goaf  area  above  
it  will  be  modified  to  obey  Eq.  (5).  Fig.  (6)  shows  the  variation  of  the  elastic  modulus  within  
the  goaf  area  from  step  1  (excavation  of  panel  200  m  width)  until  step  7  (excavation  of  panel  
1400   m   width).   As   shown   in   Fig.   (6)   the   minimum   elastic   modulus   is   directly   above   the  
excavated  area.  In  order  to  calibrate  the  geometry  and  the  mechanical  properties  of  the  goaf  
area,  a  general  flowsheet  of  the  modelling  process  has  been  followed  as  shown  in  Fig.  (7).  
 
 
  (a)  
 
  32t
Pa
ne
l&7

  14
00
  m
el&
2
& an
  n e
Pa 00m
l&1 P
2
 
 
 
 
(b)  
Step 1: Panel 1

Step2:
Step 2:Panel
Panel22

Step
Step 7: Panel
Panel 77

 
 
Figure  6.  Excavation  sequence  of  the  coal  panels  and  elastic  modulus  variation  within  the  
goaf  area.  

5  
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Journées  Nationales  de  Géotechnique  et  de  Géologie  de  l’Ingénieur  –  Nancy  2016  

NO Calibrate the subsidence at the surface Yes


Model geometry and meshing Determine the model
with the in-situ measurements

Boundary conditions and


material properties Solve

Stress initiation
Fill the excavated area with a very
soft material that has Young modulus
Check the equilibrium of the E = (50 - 250) MPa.
initial and boundary conditions
Solve until the convergence between
Identify the goaf height = (32t) the roof and the floor is
where t is the seam thickness 90% excavation height (t)

Panels Excavation Change the young modulus of


{0.2 ; 1.4} H the goaf area as Eq. (4)
 
 
Figure  7.  General  flowsheet  of  modelling  process.  

5.   Results  and  discussion    


 
In   order   to   obtain   the   applicability   of   the   proposed   methodology,   the   maximum   surface  
subsidence   has   been   recorded   at   the   surface   of   the   model   which   is   assumed   to   be   the  
surface   of   the   earth   in   case   of   Provence   coal   mine   case   study.   The   first   calculation   has  
considered  that  the  goaf  geometry  extends  32t  above  the  excavated  panel  for  all  the  panel  
widths  (200  –  1400  m).  Fig.  (8a)  shows  the  surface  subsidence  obtained  by  the  numerical  
model  compared  with  the  in-­situ  measured  values.    
  80

  (a)  
  70

  60

 
Subsidence/ Seam thickness (t)

  50

  40

  30
Min. in-situ subsidence

  Max. in-situ subsidence


  20
Numerical model (without changing the E goaf)
  10
Numerical model (with changing the E goaf)
 
 
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4
Panel width (W) / mining depth (H)
  70

 
(b)  
  60

  50

 
Subsidence/ Seam thickness (t)

  40

  30 Min. in-situ subsidence


 
Max. in-situ subsidence
  20

  10
Numerical model (without changing the E goaf)

  Numerical model (with changing the E goaf)

  0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4

  Panel width (W) / mining depth (H)

Figure  8.  Numerical  and  in-­situ  measurement  of  the  subsidence-­seam  thickness  ratio  for  
various  panel  width-­mining  depth  ratio  (a)  goaf  height  32t  (b)  goaf  height  vary  with  the  
panel  width.  

6  
792
Journées  Nationales  de  Géotechnique  et  de  Géologie  de  l’Ingénieur  –  Nancy  2016  

It  is  clearly  shown  that  changing  the  elastic  modulus  within  the  goaf  area  has  an  influence  
on  the  surface  compared  the  other  model.  However,  the  proposed  model  with  32t  height  of  
goaf  gave  overestimated  values  of  surface  subsidence  for  the  excavation  with  width  larger  
than  the  mining  depth.      
For  that,  according  the  consolidation  over  the  time,  we  suggested  decreasing  the  goaf  
height  (32t)  for  the  panel  width  larger  than  1000  m  as  shown  in  Fig.  (8b)  in  order  to  decrease  
the   surface   subsidence   to   be   calibrated   with   the   in-­situ   measurements.   To   fit   the   in-­situ  
surface   subsidence   measurements   in   case   of   panels   with   different   widths   1H,   1.2H   and  
1.4H,  the  the  goaf  height  should  be  :30t,  28t  and  26t,  respectively.  The  x  factor  in  Eq.  (6)  
could  be  classified  according  to  the  panel  with  to  mining  width  ratio  as  follows:  
 
Egoaf(hg.t)=  (  >?@ABC@DE
N.O
 F  5T$
 .  ℎQ .t)  +  180   (6)    
 
i)   W/H  =  0.2  –  0.8,  x  =  32   ii)   W/H  =  1.0,  x  =  30  
iii)   W/H  =  1.2,  x  =  28   iv)   W/H  =  1.4,  x  =  26  
 
We  can  note  that  the  height  of  the  goaf  decreases  with  increasing  of  the  mining  width,  or  
in   another   word   the   influenced   zone   due   to   an   excavation   become   smaller   with   mining  
advance  which  could  be  the  effect  of  the  consolidation  of  the  fragmented  rock.      
The  next  step  after  obtaining  the  goaf  geometry  and  mechanical  properties  is  comparing  
the  induced  vertical  stresses  to  the  initial  values.  Fig.  (9)  illustrates  the  normalized  vertical  
stress  (induced  vertical  stress/initial  vertical  stress)  for  different  panel  width  to  depth  ratios.  
We  can  notice  that  the  induced  vertical  stress  will  be  equal  to  the  initial  value  at  (0.6  –  0.7H)  
which  is  compatible  with  the  values  obtained  by  (Wilson,  1982).  As  shown  in  Fig.  2.  (Wilson,  
1982b)  proposed  that  the  induced  vertical  stress  equals  the  initial  values  at  (0.3  H  –  0.4  H),  
however,  he  did  not  provide  any  effect  of  the  third  dimension  (the  panel  length).    
 
1,1

0,9

0,8
Induced3vertical3stress3/3initial3vertical3stress3

0,7

0,6

0,5

0,4

0,3

0,2

0,1

0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 1,1 1,2 1,3 1,4

!0,1 Panel3width3(W")3/3Mining3depth3("H )3
 
  !0,2

Figure  19.  Ratio  between  induced  vertical  stress  and  initial  vertical  stress    

6.   Conclusion    

This  research  concerns  the  simulation  of  the  goaf  area  associated  with  long-­wall  caving  
panels  of  the  Provence  coal  mine.  We  proposed  a  methodology  for  the  modeling  process  in  
order  to  be  able  to  calibrate  the  model  with  the  convergence  between  the  roof  and  the  floor  
of  the  panel  as  well  as  the  in-­situ  measurements  of  the  surface  subsidence.  We  assumed  
that  the  height  of  the  goaf  zone  initially  is  32t,  where  t  is  the  coal  seam  thickness.  In  addition,  

7  
793
Journées  Nationales  de  Géotechnique  et  de  Géologie  de  l’Ingénieur  –  Nancy  2016  

the  elastic  modulus  varies  linearly  within  the  goaf  zone  from  Eimmediate-­roof  for  the  direct  roof  
above  the  excavation,  until  Ehost-­rock  where  the  excavation  effect  will  disappear.  Based  on  
many   iterations   have   been   performed,   we   found   that   the   Eimmediate-­roof   is   180   MPa   at  
maximum  to  satisfy  the  total  convergence  between  roof  and  floor  of  the  excavation.  
The  methodology  was  applied  on  several  panel  width  (W)  to  mining  depth  (H)  ratios.  The  
goaf   height   varied   linearly   within   this   height   is   sufficient   to   reproduce   rational   values   of  
surface  subsidence  for  W/H  less  than  1.  However,  this  proposition  gave  over  estimation  of  
the  surface  subsidence  in  case  of  W/H  ≥ 1.  For  that,  the  goaf  height  was  reduced  in  order  
to   calibrate   the   model   with   the   in-­situ   measurements.   We   noticed   that   the   goaf   height  
decreases   with   face   advance,   which   could   be   the   effect   of   the   consolidation   of   the  
fragmented  rocks.    

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8  
794
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

REALISATION D’UN DEBLAI DE GRANDE HAUTEUR DANS LA


CADRE D’UN MARCHE DE CONCEPTION-REALISATION ROUTIER

DEEP EXCAVATION FOR A ROAD IN A DESIGN AND BUILT CONTRACT

Eric ANTOINET1, Renaud BOURGUET1, Vincent L’Heure2, Daniel PLAINDOUX2 & Denis
SAUTEREY3
1
Antea Group, Orléans, France
2
Roland, Montargis, France
3
Conseil Départemental d’Eure-&-Loir, Chartres, France

Eric ANTOINET – Antea Group , eric.antoinet@anteagroup.com


Renaud BOURGUET – Antea Group , renaud.bourguet@anteagroup.com
Vincent L’HEURE – Roland SAS, vincent.lheure@eiffage.com
Daniel PLAINDOUX – Roland, daniel.plaindoux@eiffage.com
Denis SAUTEREY – Conseil Général d’Eure-&-Loir, denis.sauterey@eurelien.fr

RÉSUMÉ – La déviation de Nogent-le-Roi (Eure-&-Loir) a nécessité la réalisation d’un


déblai de grande hauteur dans des terrains sableux recouvrant l’horizon crayeux du
bassin parisien, avec une pente forte afin d’équilibrer les volumes de remblai et de déblai.
Les conditions géologiques particulières découvertes lors des travaux de terrassement ont
conduit à une adaptation de la conception qui a néanmoins démontré sa robustesse.

ABSTRACT – The bypass road around Nogent-le-Roi (France) needs the digging of a
deep excavation in sand soil and chalk rocks. The best balance between the cut and the
filling volumes induces a steep slope with nailing at the base. Special geological context
has been observed during earth works, generating an adaptation of the initial design.

1. Le projet de déviation

La déviation de Nogent-le-Roi (Eure-et-Loir) permettra de réduire le transit routier au


sein de cette petite ville. Cette déviation est construite par tronçons successifs. Après un
premier tronçon mis en service entre la RD26- et la RD104, le Conseil Départemental
d’Eure-&-Loir a engagé la construction du prolongement de la déviation jusqu’à la RD 983.
Ce tronçon de déviation recoupe une colline séparant deux petits cours d’eau, affluents
de l’Eure, la Vacheresses à l’ouest et le Roulebois, à l’Est. Le tracé de la route entre les
deux giratoires présente une déclivité minimale afin d’avoir un tracé conforme aux règles
du guide de l’ARP et présentant la meilleure sécurité pour les usagers. Le profil routier
retenu impose donc une excavation de grande hauteur de la colline.
Compte tenu de la complexité de la conception géotechnique de ce grand déblai, le
Conseil Départemental d’Eure-&-Loir a retenu une procédure de marché en « conception-
réalisation » pour ce tronçon, qui comporte également deux ouvrages d’art, un giratoire et
un remblai en zone compressible permettant de stocker l’excédent de déblai tout en
préchargeant les terrains d’assise de la route pour le tronçon ultérieur qui franchira la
vallée de l’Eure. Ce marché de conception-réalisation a été attribué au groupement
Roland (mandataire), Eiffage TP, Demathieu Bard et Antea Group.

1
795
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Affleurement
craie

Tronçon
déviation Zone remblai
vallée Eure

La Vacheresses Le Roulebois

Marnière
craie

Figure 1. Vue générale du site (d’après fond de plan du site Internet www.geoportail.fr).

2. Le contexte géotechnique

Les investigations géotechniques préalables réalisées au droit du projet entre les vallées
du Roulebois et de la Vacheresses, qui comportaient 3 sondages à la tarière et un
sondage carotté, avaient mis en évidence la succession lithologique suivante au droit de
la butte, les terrains étant décrits du plus récent au plus ancien :
- des terrains de couverture terre végétale et colluvions sur les pentes et des Limons
des plateaux, sur une épaisseur métrique,
- les Sables de Fontainebleau, jusqu’à une profondeur de l’ordre de 15m. Il s’agit de
Sables fins, ayant un fuseau granulométrique assez étroit, présentant un angle de
frottement élevé (38 à 39°) et pratiquement pas de cohésion effective. Des lentilles
légèrement plus argileuses sont parfois rencontrées.
- la Craie blanche à silex, du Sénonien (C6-4), sur une forte épaisseur. Des
affleurements, anthropiques pour la plupart, sont observables à quelques centaines
de mètres du projet. En particulier, une marnière (exploitation de la craie pour
l’amendement des champs) avec accès horizontal par le flan du coteau est visitable
à proximité du projet, environ 100 m au Sud. Cette marnière, constituée par une
petite galerie, met en évidence une alternance de bancs de silex de 5 à 15 cm
d’épaisseur et de couches de 30 à 50 cm d’épaisseur de craie. Quelques racines
karstiques de petit diamètre, remplies d’argile marron avec des silex, sont
observables dans la marnière.
Les affleurements du massif crayeux à proximité du projet mettent en évidence une
craie très régulièrement litée par des bancs de silex. Sa stabilité verticale ne pose pas de
problème sur une hauteur pouvant atteindre une quinzaine de mètres. Les
caractéristiques de la craie saine ont été définies à partir d’une rétro-analyse de la stabilité
des talus observés. Il s’agit a priori de valeurs minimales. Une frange altérée et de
transition entre les Sables de Fontainebleau et le Craie, épaisse de 2 m, a été prise en
compte dans le modèle géotechnique.
Les photos de la figure 3 présentent l’aspect de la craie aux enivrons immédiats du
projet. L’implantation des ces photos est donnée sur la Figure 1.

2
796
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 2. Vue générale du site (d’après site Internet www.geoportail.fr).

Figure 3. Affleurement de la craie (marnière à gauche et carrière à droite).

Un programme d’investigations complémentaires a été mis en œuvre, avec comme


objectif de principal de positionner la base des Sables de Fontainebleau. Ces sondages
ont mis en évidence la très grande difficulté à carotter les matériaux sous les Sables de
Fontainebleau, du fait d’une très grande densité de silex, avec des faibles taux de
récupération associés à une importante usure des outils de foration.
La figure 2 présente une coupe géologique longitudinale prévisionnelle au droit de la
butte établie à partir de l’ensemble des sondages (superficiels et profonds). Le modèle
géotechnique retenue pour les calculs de stabilité est donnée dans le Tableau 1.

Tableau 1. Modèle géotechnique en phase conception


Long Terme Court Terme
h qs ’ C’ u Cu
Nature
(kN/m3) (kPa) (°) (kPa) (°) (kPa)
Sables de Fontainebleau 19 - 38 0,5(*) 10 30
Craie altérée 150 33 25 - -
21
Craie saine 300 35 80 - -

3
797
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3. La conception du grand déblai

Les deux objectifs majeurs qui ont guidé la conception du déblai sont une minimisation
des coûts de construction et une optimisation de l’équilibre des volumes de déblai et de
remblai. La principale zone de remblai est constituée par un remblai dans la vallée de
l’Eure, qui permet le préchargement des sols en vue du prolongement ultérieur de la
déviation jusqu’à la rive droite de cette rivière. Des volumes moins importants sont
nécessaires pour les remblais d’accès aux ouvrages d’art. Le solde des matériaux a été
mis en place en partie sommitale de la déviation, afin de protéger au mieux les riverains
(centre équestre) des bruits générés par le trafic routier. Cette conception a permis de
minimiser les coûts de transport et les impacts environnementaux des travaux. Cependant
une telle conception exigeait la réalisation d’un déblai fortement penté. Pour tenir compte
du contexte géotechnique avec des matériaux à dominantes sableuses sur les quinze
premiers mètres, recouvrant le massif crayeux, le déblai a été conçu avec la géométrie
suivante (cf. Figure 4) :
- un talus penté à 2H/1V dans les Sables de Fontainebleau, sur environ 7 m de
hauteur,
- Un talus penté à 1H/1V avec mise en place d’un masque de protection en
matériaux traités au liant hydraulique sur 8 m de hauteur,
- Une paroi clouée, pratiquement verticale (1H/5V) dans les terrains crayeux, sur une
hauteur maximale d’une douzaine de mètres dans la partie où l’excavation est la
plus profonde.

Merlon en Sables de
Fontainebleau

T.N.

15 m
Sables de Fontainebleau

Craie altérée 2m

10 m
Silex dans matrice argilo-sableuse

3m

Craie saine

Figure 4. profil du talus en déblai dans sa plus grande hauteur

3.1. Le talus à 2H/1V

Avec un angle de frottement estimé à 38° pour les Sables de Fontainebleau, un talutage à
26° (2H/1V) ne présente pas de difficulté particulière. Le principal risque à moyen/long
terme est dû aux effets de l’érosion des sables par les eaux de ruissellement. Un placage
de terre végétale a rapidement été mis en place et ensemencé afin de limiter les risques
d’érosion des sables. Quelques zones de venues d’eau très localisées ont conduit à la
réalisation de masques drainants en enrochement, afin de collecter et canaliser les eaux
souterraines vers les dispositifs de gestion des eaux pluviales.

4
798
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 5. Travaux de terrassement dans les Sables de Fontainebleau.

3.2. Le talus à 1H/1V

Lors de la phase de conception, il était envisagé de réaliser le placage de renforcement


avec la craie traitée au liant hydraulique. Pour des questions de phasage général des
terrassements avec un avancement horizontal, il a été préféré la réutilisation des sables
traités à 4 % de liant routier Roc VDS, produit par EQIOM. Des essais de cisaillement ont
été réalisés. Ces essais donnent un angle de frottement élevé (57°) associé à une forte
cohésion (≥ 50 kPa). Un exemple de résultat d’essai de cisaillement de type CU+u à la
presse triaxiale est fourni la figure 6 ci-après. Il également de signaler que les talus à 45°
dans les Sables de Fontainebleau n’ont pas présenté de problème de stabilité durant les
phases provisoires.

Figure 6. Essai de cisaillement de type CU+u sur sable traité au liant Roc VDS à 4 %.

3.3. Le talus subvertical cloué

Sur la base des informations disponibles initialement, le creusement du talus dans la craie
aurait dû être réalisé dans des terrains rocheux présentant une nette amélioration des
caractéristiques géotechniques. La conception de la partie inférieure du talus prévoyait un
clouage relativement important de la partie sommitale de la craie, qui pouvait présenter
une frange altérée. Cette conception permettait également de gérer le risque lié aux
racines karstiques remplies de matériaux argileux que l’on rencontre souvent dans la craie
(cf. photo de gauche de la Figure 3). La longueur des clous était adaptée à la fonction de

5
799
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

renforcement (clous de 8 à 10 m de longueur en partie sommitale) ou de simple épinglage


de la couche de protection en béton projeté (longueur de 3 à 5 m).

3.4. Justification de l’ouvrage

Les calculs de justification de la stabilité du talus ont été menés sur la base de la norme
NF P 94 270. Ils ont été réalisés avec le logiciel TALREN pour les calculs à la rupture,
avec les coefficients de sécurité partiels définis dans cette norme. Afin de disposer d’une
meilleure compréhension du comportement du talus, des calculs en déplacement ont été
menés avec le logiciel FLAC (méthode des différences finies explicites), l’analyse de la
stabilité étant dans ce cas réalisée par la méthode de l’analyse limite.

4. Les travaux de construction

Dans les Sables de Fontainebleau, les travaux de terrassement se sont déroulés


conformément à ce qui avait été envisagé au stade des études. L’atteinte de la base des
Sables de Fontainebleau a permis de réaliser des investigations à grande échelle à partir
de fouille à la pelle mécanique. Il est apparu que la craie n’était présente que localement
côté de la vallée du Roulebois, sous le niveau du projet, dans le secteur reconnu par le
sondage carotté réalisé dans le cadre des investigations préliminaires. Sur le reste du
tracé, la craie a été remplacée par un amas de silex de tailles variables, noyés dans une
matrice argilo-sableuse. Il s’agit a priori de matériaux alluvionnés. La base du dépôt des
Sables de Fontainebleau présentant une stratigraphie quasiment horizontale, il apparaît
que l’érosion de la craie et le dépôt des silex s’est produit avant le dépôt des Sables des
Fontainebleau. La quantité de silex a été évaluée visuellement entre 50 et 70 % du
volume. La figure 7 présente un aperçu de ces matériaux.

Figure 7. Vue de l’amas de silex à matrice argilo-sableuse.

Afin d’évaluer le frottement mobilisable dans ces matériaux, 6 essais d’arrachement


des clous ont été réalisés, suivant deux procédures normatives différentes. Les résultats
de ces essais sont donnés dans le tableau 2. L’effort d’arrachement mobilisable est
important, du fait de l’imbrication des silex. Exprimé en termes de frottement latéral
unitaire, la contrainte mobilisable par les clous est importante. De telles valeurs peuvent
également être liées à une diffusion importante du coulis de scellement dans les terrains,
constituant un bulbe de scellement plus large que celui retenu dans l’interprétation des
essais.
Bien qu’aucun essai de cisaillement ne puisse être réalisé sur de tels matériaux, il a été
déduit de ces investigations et essais d’arrachement de clous que cet amas de silex
devait présenter une forte résistance au cisaillement ainsi qu’une cohésion à grande

6
800
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

échelle non négligeable. A petite échelle, en parement du talus, la résistance au


cisaillement est liée à la matrice. Le modèle géotechnique de calcul actualisé en phase
travaux est présenté au tableau 3.

Tableau 2. Résultats des essais d’arrachement (forage 123 mm)

Clou 1 Clou 2 Clou 3 Clou 4 Clou 5 Clou 6


Norme utilisée NF P NF P NF P NF P NF P NF P
94-153 94-242-1 94-242-1 94-153 94-153 94-242-1
Longueur totale (m) 9 5 2 2 5 9
Silex à Silex à Couche Couche Silex à Silex à
Formation d’ancrage matrice matrice de de matrice matrice
argileuse argileuse transition transition argileuse argileuse
Longueur de scellement (m) 3 3 1,6 1,8 3 <3
Surface latérale clou (m2) 1,16 1,16 0,62 0,70 1,16 0,62
Effort de traction en pic (kN) - 430 290 - - 267
Effort de traction limite par
428 - - 428 428 -
rupture du scellement (kN)
Frottement latéral limite qs
370 370 470 620 370 430
(kPa)

Tableau 3. Modèle géotechnique actualisé en phase travaux


Résistance au cisaillement
h qs ’ C’
Horizon
(kN/m3) (kPa) (°) (kPa)
Sables de Fontainebleau 19 - 38 0,5
Masque en sable traité 19 - 45 20
Couche de transition 250 33 10
Silex dans matrice argilo- 21 300 45 10
sableuse
Craie saine 300 35 100

Résultat d’un calcul FLAC (analyse limite) Calcul à la rupture avec coefficients de
Coefficient de sécurité global : sécurité partiels
FS = 1,43 FS = 1,00 (≥ 1)

Figure 8. Résultats des calculs de stabilité par analyse limite et calcul à la rupture

7
801
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

La réalisation de la paroi clouée s’est globalement bien déroulée. Le principal problème a


été la présence de nombreux hors profils en parement liés à la granulométrie des blocs de
silex et à des instabilités ponctuelles des matériaux argilo-sableux, qui a conduit à des
surconsommations importantes de béton projeté. La cadence de creusement a également
été réduite par la limitation de la hauteur libre entre deux lignes de clous et la nécessité
d’un gunitage très rapide du front de taille.

Figure 9. Vue des travaux de réalisation de la paroi clouée.

5. Conclusions

Les travaux de terrassement du grand déblai ont mis en évidence des conditions
géologiques et géotechniques extrêmement particulières, avec un paléo relief de la craie
comblé par des blocs de silex alluvionnés. Dans ces conditions, la solution technique
retenue au stade de la conception a démontré sa robustesse : malgré l’aléa géologique, le
profil initial du déblai avec un talus de plus en plus raide au fur et à mesure de
l’approfondissement de l’excavation a pu être conservé. Cela est en partie dû aux bonnes
caractéristiques géotechniques de l’amas de silex. Le principal problème rencontré
pendant les travaux a concerné une augmentation de l’épaisseur de béton projeté liés aux
hors profils en phase de terrassement par passes. L’équilibre entre les remblais et déblais
a pu être optimisé, ce qui limité au strict minimum l’évacuation de matériaux à l’extérieur
du site.

8
802
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

DIAMETRE EQUIVALENT D’UN DRAIN PLAT ET SUIVI DE LA


CONSOLIDATION SUR UN CAS DE PRECHARGEMENT

EQUIVALENT DIAMETER OF A FLAT PREFABRICATED DRAIN AND A CASE


OF CONSOLIDATION MONITORING OF A PRELOADING EMBANKMENT

François BAGUELIN1, Arnaud FINIASZ2


1
Consultant en géotechnique, Villennes sur Seine, France
2
Fondasol Paris, Argenteuil, France

RÉSUMÉ – Tout d’abord on présente une solution analytique pour le diamètre équivalent
d’un drain plat, établie grâce à la théorie du potentiel complexe des champs laplaciens.
Puis on donne les vérifications expérimentales de la vitesse de consolidation effectuées
sur le chantier Ikea à Bayonne, où les alluvions molles d’une épaisseur de 20 m à 50 m
ont été traitées par drains plats plastiques, verticaux, puis pré-chargées par un remblai.

ABSTRACT – First an analytical solution is presented for the equivalent diameter of a flat
drain, solution which is derived from the theory of complex potential of Laplace fields.
Then are shown the experimental checks of the consolidation rates measured on the Ikea
construction project at Bayonne, where soft alluvial deposits, 20m to 50 m thick, have
been treated by vertical, flat, plastic drains and preloaded by an embankment.

1. Introduction

La théorie de Barron-Carillo permet d’évaluer la vitesse de consolidation d’une couche


compressible munie de drains verticaux. Elle suppose que la section horizontale du drain
est circulaire. Pour un drain plat, il faut donc déterminer un diamètre équivalent.
On peut observer les errements suivants dans la pratique pour un drain de largeur L :
- équivalence du périmètre : ceci donne un diamètre équivalent : Deq = 2/L = 0.64 L
- diamètre équivalent égal la moitié de la largeur : Deq = 0.50 L.
L’article de synthèse de Magnan et al., 1980, cite ces valeurs. Les recommandations
des Laboratoires des Ponts-et-Chaussées, 1971, donnent la règle de la demi-largeur,
sans en donner la justification.
Cet article a pour objet d’établir analytiquement la valeur théorique du diamètre
équivalent d’un drain plat, dans les conditions idéales, qui sont que le drain a une
épaisseur nulle et que le sol environnant, en particulier au contact du drain, est intact.

2. Solution analytique du diamètre équivalent

2.1. Théorie du potentiel complexe des champs laplaciens

On considère dans un plan horizontal un écoulement permanent régi par la loi de Darcy.

Le vecteur vitesse V de composantes u(x,y) et v(x,y) dérive d’un potentiel  : V  grad  .
Ce potentiel obéit à la loi de Laplace :

1
803
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

 ²  ²
   0 . (1)
x ² y ²

On peut associer à  , potentiel scalaire, une fonction de courant, , ce qui donne un


potentiel complexe f , fonction de l’affixe z = x + i y , position du point courant M :

f(z) = f(x+iy) =  + i  (2)

Les fonctions et  , réelles, sont reliées par les relations dites d’association :

   
u ( x, y )   et : v ( x, y )   (3)
x y y x

Les lignes  = constante sont les lignes équipotentielles. Les lignes  = constante sont
les lignes de courant. Elles forment un réseau orthogonal.
Considérons une transformation du plan (x,y) en un plan image (X,Y) par une fonction
complexe dérivable : Z = g(z) , et affectons la même valeur de potentiel complexe f au
point de départ M, d’affixe z = x + i y , et au point image M’ d’affixe Z = X + i Y. La théorie
montre que l’on a alors dans le plan image (X,Y) un réseau orthogonal de lignes
équipotentielles et de lignes de courant.
La figure 1a présente le cas d’un écoulement permanent vers un drain circulaire de
rayon r0. En désignant par log le logarithme népérien, par r et  les coordonnées polaires
de l’affixe z : z = r ei , le potentiel complexe est, en posant R = r/r0 et en imposant pour le
potentiel scalaire  une valeur nulle au bord du drain (r=r0) :

f(z) = -  log (z/r0) = -  log R – i  (4)

Le potentiel scalaire est :  = -  log R. La fonction de courant est :  = - . Le débit


algébrique, négatif, est :

 = =2] - [=0] = -2 (5)

Avec : k, perméabilité, H0 et H1 charges en r0 et r1 , vérifiant : H1 > H0 pour un puits, on


a: 1 = - k(H1-H0) ,  =k(H1-H0)/log(r1/r0) , Q=2, « débit physique », positif.

2.2. Application de la théorie au drain plat. Diamètre équivalent.

Le schéma de la figure 1b présente l’écoulement vers un drain plat ; il est symétrique par
rapport à chacun des deux axes. En remplaçant l’écoulement du demi-plan inférieur par
un écoulement de sens opposé, on obtient l’écoulement antisymétrique de la figure 1c :
c’est l’écoulement à travers une fente AB, de même largeur que le drain plat. Un tel
écoulement est un cas classique d’application de la théorie des potentiels complexes.
On utilise une transformation de Joukowski d’ordre 2. Avec L = 2 c , largeur de la fente
ou largeur du drain plat, R et  coordonnées polaires du plan image (Z = X+iY = R ei ),
cette transformation est exprimée par les relations suivantes :

2
z / c  1  Z  1 z 1 1
   ou :  Z  . (6)
z / c  1  Z  1 c 2 Z

2
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

z 1  i e  i  cos   1  i sin   1
 R e   R   R  (7)
c 2 R  2  R 2  R

y
20

O
‐18 2 x
O
x
‐1 8 0 18

‐18

Figure 1a    Drain circulaire ‐2 0

équipotentielle, r Figure 1b     Drain plat
drain circulaire de rayon r0
lignes de courant lignes de courant drain
5

C y C' Y

O'

O C' C'
‐1 8 0 18
A' 0
B'
‐5 0 5

C A B D' X

cercle unité lignes de courant
‐18
Figure 1c  Ecoulement à 
travers une fente
Figure 1d    Ecoulement dans 
lignes de courant le plan image (X,Y)
lignes imperméables

Figure 1 - Quatre écoulements permanents

L’écoulement image dans le plan (X,Y) est un écoulement limité au demi-plan supérieur
(Figure 1d). D’après la relation (7), le demi-cercle unité A’O’B’ (R=1,  de 0 à ) donne la
fente AOB du plan (x,y) puisque y=0, et x varie de +1 à -1 ; la source C’ répartie à l’infini
positif (R ∞,  de 0 à ) donne la source C répartie à l’infini positif; le puits concentré D’
(R=0,  de 0 à ), à l’origine des axes du plan image (X,Y), donne le puits à l’infini négatif
D, car (R-1/R) tend vers l’infini négatif, sin  est positif, donc y est négatif.
L’écoulement de la Figure 1d est ainsi celui d’un demi-puits, avec : 0 <  <  ; le
potentiel complexe est :

f(Z) = -  log Z = -  log R – i  (8)

Le débit physique du demi-puits vaut . Dans le plan image (X,Y), les équipotentielles
correspondent à R fixé et sont des demi-cercles, les lignes de courant correspondent à 
fixé et sont des demi-droites. D’après la relation (7), elles deviennent, dans le plan (x,y) de
la Figure 1 c, respectivement :

3
805
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

 des demi-ellipses, de demi-axes : a = c/2.(R+1/R) et b = c/2.(R-1/R), de


distance focale c, car a²-b²=c².
 des branches d’hyperbole de demi-axe transverse : a = c cos  , de paramètre
b = a tg  = c sin  , et de distance focale c, car a²+b²=c².
R≥1, région E extérieure au demi-cercle unité de la figure 1d, donne un réseau de demi-
ellipses et de demi-hyperboles homofocales, couvrant la partie supérieure des figures 1c
et 1b, représentées dans la partie supérieure de la figure 2. Les foyers sont les extrémités
de la fente et le débit vaut . Ce sont les équipotentielles et les lignes de courant du
demi-drain plat. Si l’on applique à la région E de la figure1d, la transformation zc=Z.r0 , on
obtient un demi-drain circulaire de rayon r0 , comme en 2.1. En prenant =, on a le
même débit que pour le demi-drain plat.
Lorsque R tend vers l’infini positif, 1/R tend vers zéro, et l’on a alors :
z ≈ R ei.c/2 (demi-drain plat) zc = R ei.r0 (demi-drain circulaire)
Il suffit que : r0 = c/2 , soit : Déq = L/2 pour que les équipotentielles deviennent
asymptotiquement équivalentes.
Le diamètre équivalent est égal à la demi-largeur du drain plat.
En complétant en partie inférieure, par symétrie, les demi-drains, plat ou circulaire, on
obtient les réseaux complets de la figure 2. Pour R=10, l’écart relatif entre cercle et ellipse
vaut 1/R², soit 1%. Le rayon du cercle est alors 5 c, soit 2,5 L. Par exemple, pour un drain
de 10 cm de large, les équipotentielles sont des cercles à mieux que 1% lorsque la
distance est supérieure à 25 cm, valeur à comparer au rayon des mailles du système de
drains, souvent de l’ordre de 0,7m à 1m.
20

drain plat

drain circulaire équivalent

lignes de courant du drain plat

équipotentielles du drain plat
‐2 0 0 20

lignes de courant du drain 
circulaire
équipotentielles du drain 
circulaire
échelle = 5 c = 2.5  L
échelle = 5 
c = 2.5  L
‐2 0

Figure 2 – Drain plat et drain circulaire équivalent : équipotentielles et lignes de courant

3. Suivi de la consolidation sur le chantier Ikea à Bayonne

3.1. Le projet de préchargement des zones de parking et voieries

Situé en bordure de l’Adour au Nord, le projet IKEA de Bayonne s’étend sur 550 m du
Nord au Sud et sur 300 m d’Est en Ouest. Il comprend deux opérations indiquées au
schéma de la figure 3, décalées d’environ 1 an dans le temps :

4
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

1) le magasin Ikea avec ses parkings (zones 1 à 4) et la Voierie Ouest (zones 5 et 6)


2) le centre commercial Inter-Ikea avec la Voierie Est et le Parking Nord.

Figure 3 – Plan des deux opérations IKEA avec parkings et voieries

Sur les voieries et les parkings, il a été prévu un préchargement des alluvions très
compressibles, des argiles peu plastiques d’épaisseur de 20m à 50m. La reconnaissance
G0 et le projet G2 ont été réalisés par Fugro, les remblais de préchargement et leur suivi
ont été assurés par Colas, assisté de Fondasol et de Géolithe.
Le but du préchargement est de limiter le tassement de fluage des zones de parking et
de voierie pendant les 10 premières années de service à 10cm. Il était prévu sur le projet
Ikea une durée de préchargement de 6 mois, avec 90% de consolidation à 4 mois, et sur
le projet Inter-Ikea, 95% de consolidation à 6 mois, pour une durée de préchargement de
8 mois sur la Voierie Est, de 6 mois sur le Parking Nord. On examine ici uniquement la
consolidation à 4 mois, à l’exclusion du fluage produit ultérieurement.
Les argiles ont été traitées par drains verticaux en plastique, foncés sur toute la
profondeur des alluvions pour le projet Ikea et la Voirie Est du projet Inter-Ikea. Sur le
Parking Nord, la profondeur des drains a été limitée à -15m NGF, compte tenu de la
présence d’une épaisse couche de sable entre -7 et -22 NGF, surmontant à nouveau des
argiles molles. La cote du TN se situe aux environs de +2 NGF. La largeur des drains est
L=10 cm, l’épaisseur e=3mm, le maillage est carré, la trame ‘d’ est 1,25m sur Ikea, 1,30m
sur Inter-Ikea.
D’après la théorie de Barron, la consolidation radiale est donnée par :
Ln n 3  n 2
U r  1  exp(t / c) c  A / cr A D [ 2
 ] (10)
8 (1  n  2 )
m
32

avec : cr = coefficient de consolidation radiale. Valeur de calcul : cr=1,4.10-7 m²/s


Dm = diamètre équivalent de la maille = 1,13 d pour une maille carrée
n = Dm/Déq
Déq = diamètre équivalent du drain
Selon les valeurs retenues pour Déq , la constante de temps ‘c’ vaut alors :
 projet IKEA c=48 jours pour Déq = 0.64 L, c=54 jours pour Déq = 0.50 L.
 projet Inter-IKEA c=53 jours pour Déq = 0.64 L, c=59 jours pour Déq = 0.50 L.

5
807
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Le coefficient cr a été mesuré par des essais oedométriques à drainage radial (Fig. 4),
réalisés suivant la méthode d'essai LCPC N°13 (Magnan et al.,1985), où la procédure de
l’essai ordinaire est modifiée en pratiquant un drain central dans l’éprouvette et en
empêchant le drainage vertical. Les essais ont été effectués à différentes profondeurs
dans 3 sondages situés dans la partie centrale du site. Aucune tendance n’ayant été mise
en évidence, que ce soit avec la profondeur ou avec la proximité de l’Adour, une seule
valeur de calcul, prudente, a été préconisée par Fugro et retenue sur l’ensemble du site, à
savoir cr= 1,4.10-7 m²/s.

1E‐8 1E‐7 Cr  (m²/s) 1E‐6 1E‐5


2
‐3
cote NGF ‐8
SC1 ‐13
SC2 ‐18
SC3 ‐23
valeur de calcul ‐28
‐33
‐38
1.4E‐7

Figure 4 – Valeurs de cr mesurées (sondages SC1, SC2 et SC3) et valeur de calcul.

Le tassement en un point donné a été mesuré par différents moyens (Binda et al.,
2016): profilomètre, boule tassométrique, relevé topographique d’un repère placé sur le
remblai, et, en quelques points du projet Inter-Ikea, pige sur plaque placée au niveau du
TN. La fréquence des relevés était de 2 par semaine (Ikea) ou 1 par semaine (Inter-Ikea).
Pour déterminer le pourcentage de consolidation à la fin des 4 mois, la méthode
d’Asaoka était prescrite. Nous avons préféré appliquer un tableur, dit FINCONSOLRAD,
dont le principe est d’ajuster une courbe de consolidation radiale sur les points de mesure
(Baguelin, 1999). Par rapport à la méthode d’Asaoka, cette méthode permet :
- d’interpréter des intervalles de temps non rigoureusement constants, avec possibilité
d’interruption des mesures, en cas d’avarie de matériel, ou en période de vacances.
- de combiner plusieurs types de mesure, moyennant des recalages.
- de séparer la contribution des strates argileuses et celle des strates sableuses, et de
donner l’avancement de la consolidation non seulement en proportion du tassement
total final, mais aussi en termes de vitesse de consolidation des strates argileuses.
La figure 5 montre le suivi du tassement au point B du profilomètre 4 en zone 3 d’Ikea.
Le TN est à +2 NGF, le substratum à -34 NGF, la hauteur du remblai de préchargement
est 4m et la charge nette est de 73 kPa. Les mesures ignorées (cercles vides) sont les
mesures de la boule tassométrique et les mesures avant la fin de montée du remblai, car
la charge est alors variable. Les mesures prises en compte (cercles pleins) sont celles du
profilomètre 4, au droit du point B, et les mesures du repère topographique, posé sur le
remblai, recalées, car il leur manque le tassement produit par la montée du remblai.
On ajuste sur les cercles pleins la courbe “s théo (total)”, en recherchant les valeurs
des paramètres a, b, c, minimisant la somme des carrés des écarts ‘e’ entre mesure et
valeur théorique. La fonction théorique est de la forme :

s  a [1  exp(t / c)]  b (11)

6
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 5 – Tassement à 4 mois en zone 3, point B du profilomètre 4

Les résultats de l’ajustement à 4 mois sur l’ensemble des points A, B et C, sont donnés
au tableau 1.

Tableau 1. Ajustement d’une courbe de consolidation à 4 mois


  Projet IKEA sc (mm) a (mm) c (jours) e (mm) Voierie Est sc (mm) a (mm) c (jours) e (mm)
A‐pro 1 1457 1024 48 21 A 1123 663 42 14
zone 1 B‐pro 1 1377 949 45 19 pro 1 B 1133 698 38 15
A‐pro 8 1223 837 40 23 C 831 581 39 13
B‐pro 8 1167 732 36 25 A 1093 535 40 16
A‐pro 2 1089 872 48 37 pro 2 B 1164 585 36 16
zone 2 B‐pro 2 1095 876 57 14 C 706 474 35 18
A‐pro 3 944 646 53 25 A 614 379 40 16
B‐pro 3 999 861 47 22 pro 3 B 707 359 45 16
zone 3 A‐pro 4 1040 921 63 17 C 487 278 56 18
B‐pro 4 1230 927 60 17 Valeurs de calcul
zone 4 A‐pro 5 803 582 62 32      c (Déq=0,64L)           c (Déq=0,5L)
A‐pro 5 779 634 59 16     IKEA 48 j 54 j
zone 5 B‐pro 6 410 273 82 15 Voierie Est 53 j 59 j
zone 6 B‐pro 7 326 179 51 15

Le terme sc = a+b est le tassement total final, e est l’écart-type de l’ajustement. Il est
de l’ordre de grandeur de la précision des mesures de tassement des profilomètres (2 cm
environ, cf Binda et al, 2016). Les termes ‘a’ et ‘b’ représentent respectivement le
tassement de consolidation final des strates argileuses, qui se consolident lentement, et le
tassement de consolidation final des strates sableuses, qui est atteint dès la fin de la
montée des remblais. La consolidation des argiles (courbe “s théo (consolidation)”) est
régie par la constante de temps ‘c’. Le cas de la figure 5 est celui de la ligne “zone 3, B-
pro 4”.
La figure 6 récapitule les valeurs de ‘c’ obtenues sur les deux sites, ainsi que les
valeurs prévues avec les deux hypothèses de Déq. Pour chaque valeur de ‘c’ observée sur
chantier, elle montre le tassement total ‘sc’ et le tassement des strates argileuses ‘a’. On
voit que sur Ikea la valeur de calcul avec Déq=0.5L est plus représentative. Sur Inter-Ikea,

7
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

la valeur “c (Déq=0.5L)” enveloppe les valeurs observées, contrairement à “c (Déq=0.64L)”.


Mais il est clair que le choix de la valeur du coefficient de consolidation radiale cr est aussi
important que celui du diamètre équivalent. La valeur proposée par Fugro (cr=1,4.10-7
m²/s) , prudente, permet de couvrir raisonnablement la dispersion.

sc  ou  a   IKEA c   (Déq = 0.50 L) sc  (tassement total)


(mm)
c   (Déq = 0.64 L) a  (strates argileuses)
1600
sc  ou  a   
1400 (mm)
Voierie Est (Inter‐Ikea)
1200 1200
1000 1000
800 800
600 600
400 400
200 200
0 0
48 54 53 59
20 30 40 50 60 70 80 90 20 30 40 50 60
c   (jours) c  (jours)

Figure 6 – Constante de temps ‘c’ : valeurs observées et valeurs de calcul.

4. Conclusions

La valeur théorique du diamètre équivalent d’un drain plat a été déterminée par
application de la théorie du potentiel complexe des champs laplaciens. Elle vaut la moitié
de la largeur du drain : Déq=0.5L .
Sur le projet Ikea à Bayonne, où les alluvions, de 20 à 50m d’épaisseur, ont été
préchargées, le suivi de la consolidation montre que la valeur théorique est convenable, à
condition de bien fixer la valeur de calcul du coefficient de consolidation radiale cr.

5. Références bibliographiques

Baguelin F. (1999). La détermination des tassements finaux de consolidation : une


alternative à la méthode d’Asaoka. Revue Française de Géotechnique n°86, 9 pages.
Binda J., Baguelin F., Mansuy C., Serre J.B. (2016). Méthode observationnelle pour le
préchargement des futures voiries IKEA-IICB à Bayonne (64). JNGG 2016, 8 pages.
Laboratoires des Ponts-et-Chaussées (1971). Etude des remblais sur sols compressibles
- Recommandations des Laboratoires des Ponts-et-Chaussées, Dunod, Paris.
Magnan J.P., Deroy J.M., Queyroi D. (1980). Etude de l’efficacité des principaux types de
drains verticaux. Bulletin des Laboratoires des Ponts et Chaussées n°110, nov-déc
1980, réf. 2499, 16 pages.
Magnan J.P., Mieussens C., Soyez B., Vautrain J. (1985). Essais Oedométriques.
Methode d'essai LPC N°13, 83 pages.

8
810
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

DETERMINATION DES PARAMETRES DES MODELES EMPIRIQUES


DES PROPRIETES HYDRAULIQUES DES SOLS NON SATURES

Salima BOUCHEMELLA , Ibrahim ALIMI-ICHOLA 2


1
1
Laboratoire INFRARES, Département de Génie Civil, Univ. Souk Ahras, Souk Ahras,
Algérie
2
Laboratoire LGCIE, Insa de Lyon, Lyon, France

RÉSUMÉ – La modélisation des écoulements dans les sols non saturés nécessite la
détermination des courbes de rétention θ(h) et de conductivité hydraulique K(θ). Dans cet
article, nous montrons que l’ajustement de la courbe θ(h) n'est généralement pas
suffisant pour décrire la courbe K(θ) et la variation spatio-temporelle de l'humidité dans le
sol θ(z,t). Cette approche est validée sur deux sols différents.

ABSTRACT – The flow modelling in the unsaturated soils, requires to determine the
retention curve θ(h) and the hydraulic conductivity curve K(θ) of studied soils. In this work,
we show that the adjustment of the retention curve θ (h) is not generally sufficient to
describe the hydraulic conductivity curve K (θ) and the spatio-temporal variation of the
moisture in the soil θ (z,t). This approach is validated on two different soils.

1. Introduction

Dans la pratique, la courbe de rétention θ (h) est facile à mesurer par rapport à la courbe
de conductivité hydraulique K (θ). Pour cette raison, plusieurs modèles empiriques ont été
développés pour estimer ces deux propriétés hydrodynamiques en utilisant les mêmes
paramètres, comme le modèle de van Genuchten-Mualem (1980 à 1976), et le modèle de
Brooks et Corey (1964). Ces paramètres sont généralement obtenus par ajustement des
points expérimentaux de la courbe de rétention θ (h) seulement, la courbe de conductivité
hydraulique K (θ) est déduite après. Le but de ce travail est de vérifier si la courbe de
conductivité hydraulique calculée avec ces paramètres ajustés peut décrire celle
mesurée. Et si elle peut également fournir la variation spatio-temporelle de l'humidité
dans le sol θ(z). Les modèles utilisés sont le modèle van Genuchten- Mualem (1980 -
1976) et le modèle de Brooks et Corey (1964), pour deux sols différents; l'argile du Gault
et le limon de Givors. Ce choix est basé sur l'étude comparative menée par Sillers (1996),
la popularité et la large utilisation de ces deux modèles, ainsi que la différence entre leurs
deux expressions.

2. Propriétés hydrauliques

Les expressions des fonctions décrivant la courbe de rétention θ (h) et la courbe de


conductivité hydraulique K (θ), des modèles utilisés dans ce travail, sont définies comme
suit:

1.1. Modèle de van Genuchten-Mualem

 r
e   [ 1  ( h ) n ]  m (1)
s r

1
811
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   r 0. 5   r m m 2
1
K( )  K s ( ) [1 [1( ) ] ] (2)
 s  r  s  r

Où: θe: teneur en eau volumique normalisée; θs: teneur en eau volumique à saturation
3 3 3 3
[L /L ]; θr: teneur en eau volumique résiduelle [L /L ]; Ks: conductivité hydraulique à
-1 -1
saturation [L.T ]. α: paramètre lié à la pression d'entrée d'air [L ]; n: coefficient
adimensionnel, lié à la distribution de tailles de pores avec n ≥ 1; m: coefficient de
Mualem défini par: m=1-1/n (Mualem, 1976).

2.1. Modèle de Brooks et Corey

   r  hae
N

   s pour h  hae  e h     pour h  hae (3)
 s   r  h 

M
   r N
K    K s   (4)
 s  r 

Où: θe: teneur en eau volumique normalisée; θs: teneur en eau volumique à saturation
[L3/L3]; θr: teneur en eau volumique résiduelle [L3/L3]; Ks: conductivité hydraulique à
saturation [L.T-1]; hae: pression d'entrée d'air [L]; N: indice de distribution de taille de pore;
M: constante définie par M=2+3N.

Tableau 1. Caractéristiques géotechniques des sols étudiés.


Properties Argile du Gault Limon de Givors

% éléments < 80μm 100 92

% éléments < 2μm 69 15

WL (%) 40 33

WP (%) 19 23

IP (%) 21 10

Wopt (%) 17.5 16.3


-6 -4
Ks(cm/mn) 1.5 10 1.2 10
3 3
θs (cm /cm ) 0.365 0.355
3 3
θr (cm /cm ) 0.125 0.025

(γd /γw) 1.77 1.73

2.2. Caractéristiques géotechniques des sols étudiés

Les sols étudiés dans ce travail sont l'argile du Gault et le limon de Givors. Les
caractéristiques géotechniques de ces sols, déterminées par Bentoumi (1995) et
Bentoumi et Alimi-Ichola (1996) sont présentées dans le tableau 1.

2
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3. Identification des paramètres

3.1. Courbe de rétention

Les valeurs des paramètres des modèles empiriques (équations 1 et 3) ajustées à partir
des points mesurés de la courbe de rétention, pour les deux sols étudiés, sont
récapitulées dans les tableaux 2 et 3 respectivement pour les modèles de van
Genuchten- Mualem (1980-1976), et de Brooks & Corey (1964) (Bentoumi, 1995,
Bouchemella et al., 2015).
Selon les tableaux 2 et 3, les valeurs des paramètres d'ajustement des deux modèles
sont obtenues avec des coefficients de corrélation très élevés pour les deux sols, ce qui
reflètent la bonne précision des paramètres du modèle de rétention dans la description
des données observées.

Tableau 2. Valeurs des paramètres du modèle de van Genuchten-Mualem ajustés de θ(h)


Paramètres Argile du Gault Limon de Givors
-1
α (cm ) 0.001975 0.002987

n 1.163 1.2845

m 0.149 0.221

r 0.971 0.9726

Tableau 3. Valeurs des paramètres du modèle de Brooks & Corey ajustés de θ(h)
Paramètres Argile du Gault Limon de Givors

hae (cm) 190.54 77.446

N 0.0998 0.1498

M 2.299 2.449

r 0.978 0.989

3.1. Courbe de conductivité hydraulique

La courbe de conductivité hydraulique K(θ) calculée par les modèles empiriques


(équations 2 et 4), en utilisant les paramètres ajustés (tableaux 2 et 3), est comparée à la
courbe de conductivité hydraulique mesurée, déterminée par la méthode des profils
instantanés (Mesure indirecte) (Bentoumi, 1995; Bentoumi et Alimi-Ichola 1996). Le but
de cette comparaison consiste à vérifier si K(θ) calculée peut décrire celle mesurée, et si
l'estimation des paramètres en ajustant seulement les points de mesure de θ (h) est
suffisante. Cette comparaison est effectuée en déterminant le coefficient de corrélation,
comme il est représenté sur les tableaux 4 et 5 respectivement pour le modèle van
Genuchten-Mualem et le modèle de Brooks & Corey. Ces courbes mesurées et calculées
pour les deux modèles sont présentées sur la figure 1.a pour l'argile du Gault et sur la
figure 1.b pour le limon de Givors.
A partir des figures 1.a et 1.b, il est constaté que les valeurs des paramètres ajustés de la
courbe de rétention des modèles de van Genuchten-Mualem et de Brooks et Corey ne
peuvent pas représenter fidèlement la courbe de conductivité hydraulique mesurée, pour
les deux sols étudiés. Aucune corrélation n'a été obtenue pour chaque cas.

3
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

a) b)

Figure 1. Courbes de conductivité hydraulique calculées avec paramètres déduits des


courbes de rétention: a) cas de l'argile du Gault , b) cas du limon de Givors.

En raison du grand écart observé, deux ajustements sont effectués. Le premier consiste
à déterminer les valeurs des paramètres des modèles empiriques en ajustant les points
de mesure de la courbe de conductivité hydraulique. Dans le second, une correction est
apportée à la valeur de Ks estimée à partir de la courbe de conductivité hydraulique
mesurée, en conservant les paramètres déterminés par calage sur la courbe de rétention.

Tableau 4. Les nouvelles valeurs des paramètres du modèle de van Genuchten-


Mualem ajustées de K (θ) en utilisant Ks mesurée
Sols n m r

Argile du Gault 0.456 0.313 0.363

Limon de Givors 1.358 0.264 0.668

Tableau 5. Les nouvelles valeurs des paramètres du modèle de Brooks et Corey


ajustées de K (θ) en utilisant Ks mesurée
Sols N M r

Argile du Gault 2.92 9.76 1.67

Limon de Givors 3.734 13.202 2.93

3.1.1. Estimation des paramètres des modèles par calage sur K (θ) en gardant Ks
mesurée.
Le premier ajustement consiste, en gardant la valeur de Ks, à déterminer par calage sur
la courbe de conductivité hydraulique les paramètres des modèles, (n) pour le modèle de
van Genuchten-Mualem et (N) pour le modèle de Brooks & Corey (m et M sont déduits
après). Les résultats de cet ajustement sont indiqués sur les tableaux 4 et 5. Par la suite
une comparaison de la courbe de rétention mesurée et celle calculée avec ces nouvelles
valeurs ajustées est effectuée.

4
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Les valeurs des coefficients de corrélation obtenus de l'ajustement des courbes


mesurées de la conductivité hydraulique K (θ) sont faibles. Pour le modèle de van
Genuchten-Mualem, ils sont de l'ordre de 0.363 pour l'argile du Gault et de 0.668 pour le
limon de Givors. Pour le modèle de Brooks & Corey, les valeurs des coefficients de
corrélation obtenus pour les deux sols sont supérieures à 1, (le logiciel d'ajustement
utilisé Curve Expert_1.3 donne des valeurs de r>1 dans le cas ou les données des
paramètres ne sont pas correctes). De plus, ce cas d'ajustement ne permet pas de
déterminer les valeurs de α et hae. Ainsi, la courbe de rétention θ (h) de chaque modèle
ne peut pas être définie. Ce qui nous conduit à ne pas accepter les valeurs trouvées.

3.1.2. Estimation d'une nouvelle valeur de Ks en gardant les paramètres ajustés de θ (h).
Dans le deuxième ajustement, et sachant que la valeur de la perméabilité Ks a été
obtenue par la méthode des profils instantanés (méthode de mesure indirecte), nous
avons essayé de trouver la meilleure valeur de Ks qui donne une bonne corrélation des
deux fonctions K(θ) (mesurée et calculée) en gardant les paramètres obtenus par
ajustement de la courbe de rétention θ(h) indiqués précédemment sur les tableaux 2 et 3.

Tableau 6. Valeurs de Ks calculée pour le modèle de van Genuchten-Mualem


Sols Ks calculée (cm/mn) r

Argile du Gault 1.914 10


-5 0.630

-5
Limon de Givors 7.98 10 0.818

Tableau 7. Valeurs de Ks calculée pour le modèle de Brooks & Corey


Sols Ks calculée (cm/mn) r

Argile du Gault 1.92 10


-6 0.668

-5
Limon de Givors 1.26 10 0.770

a) b)

Figure 2. Courbes de conductivité hydraulique calculées avec la nouvelle valeur de Ks


a) cas de l'argile du Gault, b) cas du limon de Givors

5
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

La figure 2.a et les tableaux 6 et 7 montrent que pour l'argile du Gault, le résultat du
deuxième ajustement n'est pas assez satisfaisant; les coefficients de corrélation obtenus
sont de l'ordre de 0.630 pour le modèle van Genuchten-Mualem et Ks égale à 1.914 10-5
-6
(cm/mn), et de l'ordre de 0.668 pour le modèle Brooks & Corey et K s égale à 1.92 10
(cm/mn). La difficulté de trouver un coefficient de corrélation acceptable est due au faible
nombre de points de mesure compris entre θ r et θs. En effet, la teneur en eau volumique
varie de θi=0.325 à θs =0.365 quand θr = 0.125.
Mais pour le limon de Givors, avec la nouvelle valeur estimée de Ks, les tableaux 8 et
9 montrent qu’une bonne corrélation est obtenue. Les coefficients de corrélation sont de
l'ordre de 0.818 pour le modèle de van Genuchten-Mualem et de 0.770 pour le modèle de
Brooks & Corey. La figure 2.b montre une nette amélioration des courbes calculées par
rapport à celles de la figure 1.b.

4. Profils hydriques

Les profils hydriques θ (z) présentent la variation spatio-temporelle de l'humidité dans le


sol. Ils sont déterminés par la résolution de l'équation de Richards donnée par l'équation
5, pour le cas d'un écoulement unidirectionnel, pour un sol homogène et indéformable:

  
 [ k(  ) ( h  z )] (5)
t z z

Où: θ: teneur en eau volumique du sol [L3/L3], t: temps [T], K: conductivité hydraulique
[L/T], h: potentiel de pression [L], z: la profondeur [L].
Dans cette étude, nous utilisons le modèle numérique développé par Bouchemella
(2015) et Bouchemella et al. (2015) basé sur la résolution de la forme capacitive de
l'équation de Richards, écrite comme suit:

h  h
C( h )  ( k( h )  k( h )) (6)
t z z

Où: C( h )   / h est la capacité capillaire du sol [L-1], (h> 0 est une succion)
Pour résoudre l'équation (6), θ (h) et K (θ) sont définies en utilisant les valeurs des
paramètres ajustés de θ (h) mesurée, et en utilisant aussi la valeur mesurée de Ks pour
l'argile du Gault, et la valeur Ks estimée pour le limon de Givors. Afin de tester l'impact du
choix de la méthode d'ajustement sur la description des profils hydriques θ (z). Dans cette
section, seul le modèle de van Genuchten- Mualem est utilisé.

4.1. Argile du Gault

Le problème étudié est une simulation d'infiltration verticale menée sur une colonne de
sol de 25 cm. Le domaine d'écoulement est une couche homogène d'argile du Gault. Les
propriétés hydrauliques sont définies avec le modèle de van Genuchten-Mualem, dont les
valeurs des paramètres sont citées dans le tableau 2, et en utilisant la valeur mesurée de
Ks. Une charge hydraulique (h0 = -100 cm) est imposée à la face supérieure de la
colonne associée à un flux nul à sa face inférieure. Le potentiel de pression initial du sol
est pris égal à hi=1193.397 cm ce qui correspond à une teneur en eau volumique θi =
0.325 (cm3/cm3). Les profils hydriques calculés sont confrontés à ceux mesurés dans les
mêmes conditions initiales et limites, obtenues par Bentoumi & Alimi-Ichola (1996)
comme il est indiqué sur la figure 3.
De la figure 3, nous pouvons observer que les profils hydriques calculés de l'argile du
Gault sont en avance par rapport à ceux mesurés. Lorsque le front d'humidité Zf au temps

6
816
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

7,44 jours, obtenus par le profil calculé, est situé à une profondeur de Zfc=13 cm à partir
de la surface de la colonne. Il est à Zfm=6.3 cm pour le profil hydrique mesuré. Ainsi,
l'infiltration calculée est plus rapide que celle mesurée. On peut donc déduire pour le cas
de l'argile du Gault, que les valeurs des paramètres des propriétés hydrauliques ajustés
uniquement de la courbe de rétention mesurée ne peuvent pas décrire à la fois la courbe
de la conductivité hydraulique, et la variation spatio-temporelle de l'humidité dans le sol
θ (z,t).

Zfm

Zfc

Figure 3. Profils hydriques de l'argile du Gault. Figure 4. Profils hydriques de limon de


Givors.

4.2. Limon de Givors

La simulation est réalisée sur une colonne de limon de Givors de 25 cm. Une charge nulle
est imposée à la surface de la colonne combinée avec un flux nul à sa face inférieure. La
valeur initiale de la teneur en eau θi est 0.215 (cm3/cm3), égale à celle utilisée dans
l'essai expérimental. Le modèle empirique de van Genuchten-Mualem est utilisé, avec les
valeurs des paramètres indiquées sur le tableau 2 et la valeur calculée de Ks (tableau 8).
Les résultats sont présentés sur la figure 4.
La figure 4 montre que les profils hydriques calculés de limon de Givors sont très
proches à ceux mesurés, en particulier au moment 3382,81 mn. Une légère différence de
la saturation à la surface est constatée. Nous pouvons donc en déduire pour le limon
Givors, que les valeurs des paramètres des propriétés hydrauliques ajustés de la courbe
de rétention peuvent décrire la courbe de conductivité hydraulique, ainsi que la variation
spatio-temporelle de l'humidité dans le sol θ(z) avec une légère correction apportée sur la
valeur de Ks.

5. Conclusions

Dans cette étude, nous avons montré que l'ajustement des paramètres des modèles
empiriques décrivant les propriétés hydrauliques (courbe de rétention et la conductivité

7
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hydraulique), à partir des points de mesure de la courbe de rétention, ne conduit pas


nécessairement à bien décrire la courbe de conductivité hydraulique, et de prédire
l'avancement du front d'humidité présenté par le profil hydrique (cas de l'argile du Gault).
Nous avons également montré que certaines corrections effectuées sur la conductivité
hydraulique à saturation (sachant que la valeur de celle-ci est entachée d'erreurs) avec le
maintien de ces paramètres ajustés de la courbe de rétention, peuvent conduire à la
bonne description de la courbe de la conductivité hydraulique et les profils hydriques (cas
de limon de Givors).

5. Références bibliographiques

Bentoumi O. (1995). Transfert par infiltration de l’eau dans les sols fins compactés non
saturés. Etude de la diffusivité et de la conductivité. Thèse de doctorat, LGCIE, Insa-
Lyon, France.
Bentoumi O., Alimi-Ichola I. (1996). Experimental determination of the hydraulic
conductivity of an unsaturated soil in laboratory. Bulletin of the International Association
for Engineering Geology.Paris, No.53, 21-27.
Bouchemella S. (2015). Contribution à la simulation numérique des écoulements dans les
milieux poreux non saturés. Thèse de Doctorat, Univ. Guelma. Algérie.
Bouchemella S., Séridi A., Alimi-Ichola I. (2015). Numerical simulation of water flow in
unsaturated soils: comparative study of different forms of Richards’s equation.
European Journal of Environmental and Civil Engineering vol. 19, 1, pp. 1-26.
DOI: 10.1080/ 19648189.2014.926294.
Brooks R. H., Corey A. T. (1964). Hydraulic properties of porous media. Hydrology Paper,
3, Colorado state university, Fort Collins, CO..
Mualem Y. (1976). New model for predicting the hydraulic conductivity of unsaturated
porous media. Water Resour. Res., 12, pp. 513-296.
Sillers W. (1996)., The mathematical representation of the soil-water characteristic curve.
M.Sc. thesis, University of Saskatchewan, Sask, Canada.
van Genuchten M. TH. (1980). A closed form equation for predicting the hydraulic
conductivity of unsaturated soils. Soil SCi. Am. J., 44, pp. 892-898.

8
818
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

MODELISATION D’UN SYSTEME D’INTERACTION SOL-PIEU-


STRUCTURE POUR UN GROUPE DE PIEUX GEOTHERMIQUES

SOIL-PILE-STRUCTURE INTERACTION MODEL FOR ENERGETIC PILE


GROUP

Cyril BORELY , Fahd CUIRA1, Umur Salih OKYAY1


1
1
Terrasol, Paris, France

RÉSUMÉ – Cet article présente une étude de l’interaction sol-pieu-structure pour un


groupe de pieux géothermiques sous sollicitations thermomécaniques. Ce modèle permet
de représenter la dépendance entre un groupe de pieux et une structure à l’aide d’une
matrice de rigidité. Une approche simplifiée pour déterminer cette matrice de rigidité à
partir d’un modèle de plaque équivalente est proposée dans cet article.

ABSTRACT – This paper presents a soil-pile-structure interaction model for energetic pile
group under thermomechanical load. In this model, a rigidity matrix is used to represent
dependencies between piles induced by above structure. This paper proposes a simplified
approach to evaluate rigidity matrix using an equivalent plate model.

1. Introduction

Les pieux géothermiques sont des pieux équipés de pompes à chaleur connectés à un
circuit thermique fermé. Ces pieux sont utilisés comme source d’énergie pour le
chauffage et/ou le refroidissement des bâtiments.
Pour un système de pieux géothermiques relié à un ouvrage, il est nécessaire de
prendre en compte l’interaction entre le changement de température et les efforts et
déplacements induits : un pieu géothermique qui se refroidit provoque des efforts de
traction tandis que le pieu géothermique se réchauffant provoque des efforts de
compression, aussi bien dans le pieu lui-même que sur la structure au-dessus. En
fonction des conditions limites appliquées aux pieux et de la rigidité de la structure, les
efforts générés sont distribués entre le sol et la structure. Ces différentes interactions
peuvent modifier la descente de charge de la structure, générer des tassements
différentiels et donc affecter le comportement mécanique de l’ensemble.

2. Interaction sol-pieu-structure

Cette étude présente le comportement thermomécanique de groupes de pieux


géothermiques en interaction avec la structure associée. Un modèle semi analytique
représentant le comportement de l’ensemble sol-pieux géothermiques-structure sous
sollicitations thermiques a été développé. Ce modèle fonctionne en interaction avec
Taspie+, un logiciel développé par Terrasol (Cuira et Simon, 2009) simulant un pieu (ou
maille de pieux) sous chargement mécanique vertical.

2.1. Modèle de pieu géothermique

Le pieu est représenté par un modèle de poutre simple (loi de Hooke) auquel est ajouté
un terme de déformation thermique :

1
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

u  u 0  N  N0
   T  T0  (1)
x ES

Où, l’état « 0 » représente l’état initial du pieu avant l’application du chargement


thermique (un chargement mécanique ayant déjà été appliqué) et :
- u est le tassement du pieu (m) ;
- N est l’effort axial dans le pieu (kN) ;
- ES est la rigidité axiale du pieu avec E le module de Young du pieu et S sa section ;
- T est la température imposé au pieu (K) ;
-  est le coefficient de dilatation thermique (K-1), 10-5 usuellement pour le béton.

2.2. Modèle d’interaction sol-pieu

L’interaction entre le sol et le pieu est représentée par une loi de comportement
élastoplastique de type « t-z » (loi de mobilisation type Frank et Zhao, 1982). Cette
interaction est décrite en deux parties :
- Au long du fût du pieu, le frottement latéral mobilisé entre pieu et sol (  ) est relié
directement au tassement du pieu à l’aide d’une loi de type « t-z » prenant en
compte chargements et déchargements (Figure 1.) donnant lieu à l’équation
suivante (où P est le périmètre de la section du pieu) :
N
  P u  (2)
x
- En pointe de pieu, la contrainte mobilisée (σp) est aussi représentée par une loi de
type « t-z » prenant aussi en compte chargements et déchargements (Figure 1.) à
l’exception prêt qu’aucun effort de traction ne peut être mobilisé. La condition limite
en pointe de pieu est donc la suivante (avec L la longueur du pieu) :
N z  L  N p  S p u  (3)

Frottement latéral mobilisé τ Contrainte mobilisée en pointe σp


qsl qp
Kt/5
qsl/2 KP/5
Kt Déchargement
qp/2
-6y0 -y0 y0 6y0 Tassement Déchargement
-qsl/2
KP
-qsl Tassement
y0 6y0

Figure 1. Modèles de frottement latéral mobilisé (à gauche) et de contrainte mobilisée en


pointe (à droite) avec chargements et déchargements (Frank et Zhao, 1982)

2.3. Modèles de structure

Dans ce modèle d’interaction, deux phases sont considérées. En premier, un chargement


mécanique est appliqué en tête de chacun des pieux (phase « 0 »), puis une phase
thermique où la structure est représentée sous forme de rigidités en tête des pieux
(modèle de ressort ou modèle de matrice de rigidité). Deux modèles d’interaction sont
présentés ci-dessous.

2
820
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2.3.1. Modèle avec matrice de rigidité


Dans le cas des ouvrages classiques, les éléments structuraux sont dimensionnés pour
avoir un comportement linéaire élastique en état de service. Ainsi, pour une structure, une
relation linéaire peut être établie entre le déplacement des fondations du bâtiment et leur
sollicitation verticale sous forme d’une matrice de rigidité, qui est introduite dans le
modèle en tête du groupe de pieux :

j 4

 k u
j 1
ij
j

 u0j  N i  N 0i
N N
1 1
0 structure
 k11 k12  k1n   u1  u01   N 1  N 01 
     
 k12 k 22  k 2 n   u 2  u02   N 2  N 02 
u1  u01  
           
     
k  k nn   u n  u0n   N n  N 0n 
 1n k2n
Pieu 2 Pieu 4

u N
Pieu 1 Pieu 3
K
Matrice de rigidité Tassement Effort axial

Figure 2. Modèle avec matrice de rigidité

L’obtention de la matrice de rigidité globale d’une structure n’est pas chose aisée, elle
nécessite d’effectuer un modèle aux éléments finis de la structure et d’effectuer des
calculs individuels pour chaque appui de la structure.
Or, dans le cas d’ouvrages courants, un modèle aux éléments finis de la structure n’est
pas usuellement établi. Il peut donc être envisageable d’obtenir une matrice de rigidité
simplifiée de la structure en modélisant, à partir des plans, la structure en 2D comme une
plaque équivalente. Dans la plupart des cas, il suffira de déterminer les rigidités
équivalentes pour un seul niveau de structure sur le groupe de pieux. Au-delà, la structure
a peu d’influence sur le comportement global car les premières interactions auront lieu au
premier niveau de structure fondé sur les pieux. Chaque élément structurel est amené à
l’échelle de la plaque (2D) pour être représenté avec un produit d’inertie équivalente, EI.

2.3.2. Modèle de ressort


La structure peut aussi être représentée dans la phase thermique sous forme de ressort
de rigidité « k » en tête de chacun des pieux. Il est à noter que le ressort n’établit un lien
qu’entre les incréments de tassement et d’efforts en tête provoqués par la charge
thermique.

N 1  N 01
k2 k4
k1 k3
u1  u01
ki (ui  ui0 )  N i  N0i
Pieu 2 Pieu 4
Pieu 1 Pieu 3

Figure 3. Modèle de ressort

3
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Dans ce modèle de ressort, aucune interaction entre les pieux n’est considérée, les
pieux sont donc indépendants les uns des autres. Pour simuler un pieu bloqué en tête, il
suffit d’appliquer un ressort de rigidité très important en tête des pieux (k=∞). Pour un pieu
libre en tête, un ressort de rigidité nulle (k=0) est appliqué en tête.
Ce modèle est valable dans le cas de pieux individuels, mais dans le cas d’un ouvrage
sur un groupe de pieux, ce modèle ne prend pas en compte l’interaction entre les pieux et
l’ouvrage contrairement au modèle de structure précédent utilisant d’une matrice de
rigidité en tête des pieux.

2.4. Résolution du modèle

Les pieux sont discrétisés sous formes d’éléments linéiques 1D. Les équations (1) et (2)
peuvent donc conduire à un système global matriciel.
Cependant l’interaction entre les pieux et le sol est représentée par un comportement
élastoplastique. La résolution de ce système suit alors un processus itératif jusqu’à
atteindre convergence de la solution.

3. Etude de cas

Dans cet article, le modèle d’interaction sol-pieu-structure est appliqué au cas d’un projet
d’usine de traitement des eaux fondée sur des pieux géothermiques (Sept-Sorts, France,
Figure 4.).

Bâtiment étudié
A A’
Remblai

Alluvions
Marnes
altérées

Marnes

Calcaire
Pieu Ø 420 mm

Figure 4. Sept-Sorts, Modèle 3D Figure 5. Sept-Sorts, coupe stratigraphique


du bâtiment

Le bâtiment étudié est fondé sur 102 pieux de longueur 11m et de diamètre 420 mm.
Ces pieux traversent un sol avec un fort pendage pour venir s’ancrer (de 50 cm environ)
dans un substratum rocheux calcaire (Figure 5.). Parmi ces 102 pieux, une rangée sur
deux environ (44 pieux, voir Figure 6.) est constituée de pieux géothermiques (équipés
d’un circuit caloriporteur).
Les efforts et déplacements en tête de pieux (et donc de la structure au-dessus) sont
examinés au droit de deux sections, une « section rigide » (AA’) située sous un voile
extérieur du bâtiment et une « section souple » (BB’) située sous le radier (Figure 6.).

4
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

A A’
Section rigide

Section souple
B B’

Pieux géothermiques

Figure 6. Sept-Sorts, 102 pieux dont 44 géothermiques

4. Analyse de l’interaction

4.1. Modèles de structure

Cinq modèles de structure sont étudiés :


- Modèle 1 « Matrice globale » (Modèle de référence) : La structure est représentée
par une matrice de rigidité générée par l’entreprise PINTO à partir d’un modèle
aux éléments finis à la suite de 102 calculs (chaque calcul correspond à la
sollicitation par un chargement unitaire d’une fondation). Il s’agit du modèle
principal de référence.
- Modèle 2 « Matrice simplifiée » : La structure est représentée par une matrice de
rigidité simplifiée, cette matrice est obtenue en modélisant uniquement le radier et
les voiles du bâtiment (rez-de-chaussée uniquement) en 2D par une plaque de
rigidité équivalente (Figure 7.).
- Modèle 3 « Ressort » : La structure est modélisée par des ressorts en tête de
chaque pieu, la rigidité de ces ressorts correspond aux termes diagonaux de la
matrice de rigidité utilisée dans le modèle 1. Les ressorts ne sont pas
interconnectés.
- Modèle 4 « Bloqués » : Les pieux sont bloqués en tête (modèle de ressort k=∞).
- Modèle 5 « Libres » : Les pieux sont libres en tête (modèle de ressort k=0).

Elément fini rectangulaire Pieux Elément fini rectangulaire


de radier de voile

Figure 7. Eléments finis rectangle de plaques pour le Modèle 2 « Matrice simplifiée »

5
823
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

La répartition des pieux géothermiques correspond à une rangée de pieux sur deux
(Figure 6.). Après avoir appliqué un chargement mécanique au droit de tous les pieux, un
chargement thermique de T  T0  10C est appliqué à tous les pieux géothermiques.

4.2. Résultats

Les graphiques ci-dessous montrent les déplacements et efforts en tête de pieux des cinq
modèles, uniquement liés au chargement thermique, pour chacune des sections (la
section souple BB’, Figure 9. et la section rigide AA’, Figure 10.).

PG PG PG PG
PN PN PN PN
1
4 2
1 3
4
2 3
5

Pieu
PG :
géothermique
5
Pieu non
PN :
3 géothermique
1
2

Figure 9. Déplacements (en haut) et sollicitations (en bas) en tête des pieux de la section
souple (BB’) pour les 5 modèles structuraux

Le modèle 1 (avec matrice de rigidité provenant d’un modèle structure) est comparé
aux autres modèles. Le modèle considérant les pieux bloqués en tête (Modèle 5)
surestime les efforts dus au réchauffement des pieux tandis que le modèle avec pieux
libre en tête (Modèle 4) surestime les déplacements.
Seul le modèle 2 avec une matrice obtenue de manière approchée (à l’aide d’une
simplification du bâtiment en modèle de plaque équivalente) permet d’avoir des résultats
proches voire identiques au modèle 1 en particulier pour la section souple (Figure 9.).

6
824
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

PG PG PG PG
PN PN PN PN
1
2
4
3
1
2 4
5
3

Pieu
PG :
5 géothermique
3 Pieu non
2 PN :
1 géothermique

Figure 10. Déplacements (en haut) et sollicitations (en bas) en tête des pieux de la
section rigide (AA’) pour les 5 modèles structuraux

Dans le modèle de ressorts (modèle 3), ainsi que les modèles avec pieux libres ou
bloqués en têtes (modèles 4 et 5), les pieux ont des comportements indépendants les uns
des autres, par conséquent les pieux non géothermiques (ou normaux) ne sont pas
impactés par le comportement des pieux géothermiques. Seuls les modèles utilisant une
matrice de rigidité pour la structure (modèle 1 et 2) permettent de représenter le
comportement complexe de la structure avec une interaction entre l’ensemble des pieux.
Dans le cas des pieux qui se situent sous un élément rigide de la structure (voiles
périphériques de l’ouvrage, coupe AA’, Figure 10.) l’interaction entre les pieux se traduit
par l’entrainement des pieux non équipés par le déplacement des pieux géotechniques
accompagné d’un changement important des charges sur les pieux (augmentation de la
charge pour les pieux géothermiques et diminution pour les pieux normaux). Dans le cas
d’une interaction plus souple des pieux sous le radier de la structure (coupe AA’, Figure
9.), les pieux normaux sont moins entrainés, le changement d’effort en tête des pieux est
donc moins important par rapport au cas rigide.
Lors de la phase de chargement thermique des pieux, le chargement global de la
structure ne change pas (son poids reste le même), par conséquent tout incrément
d’effort en tête des pieux géothermiques lors du chargement thermique se traduit par une
diminution d’effort en tête de pieux voisins satisfaisant la condition d’équilibre de la
structure ( n étant le nombre de fondations) :

 N 
i n
i
 N 0i  0 (1)
i 1
Les résultats des calculs mettent en évidence que, pour une bonne représentation de
la problématique, cette interaction sol/pieu/structure doit être traitée avec la prise en
compte d’une matrice interconnectée en tête du groupe de pieux.

7
825
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

5. Conclusions

Cet article présente un modèle d’interaction sol-pieu-structure pour un groupe de pieux


géothermiques. Les pieux sont représentés par des éléments linéiques en 1D, l’interaction
sol-pieux par des modèles de types « t-z » et le comportement pieu-structure par une
matrice de rigidité. Ce modèle complet permet de représenter l’interdépendance entre
différents pieux due au comportement mécanique de la superstructure. La dilatation et la
contraction d’un pieu géothermique génèrent des sollicitations dans la structure se
transmettant à l’ensemble des pieux. Seul un modèle complet intégrant tous les pieux et
la structure permet de traiter ce problème avec précision.
Cependant l’obtention d’une matrice de rigidité n’est pas une tâche aisée et courante
dans le cas des structures les plus classiques. Notre étude a montré qu’une méthode
simplifiée évaluant la matrice de rigidité à partir d’une représentation simplifiée de
l’ouvrage en une plaque équivalente en 2D peut remplacer la détermination fastidieuse de
la matrice de rigidité globale de l’ouvrage. Cette méthode simplifiée aboutit à des résultats
proches de modèles plus sophistiqués.

6. Références bibliographiques

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l’enfoncement sous charge axiale des pieux forés dans les sols fins, Bul. Liaison Labo
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8
826
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

REMONTEE BOUEUSE ET CREATION DE LA COUCHE


INTERMEDIAIRE DANS LA SOUS-STRUCTURE FERROVIAIRE

MUD PUMPING AND INTERLAYER CREATION IN RAILWAY SUB-


STRUCTURE
1 1 1 2 2
Trong Vinh DUONG , Yu-Jun CUI , Anh Minh TANG , Nicolas CALON , Alain ROBINET , Jean-
1
Claude DUPLA ,
1
: Ecole des Ponts ParisTech, U.R. Navier/CERMES
2
: French railway company (SNCF)

RÉSUMÉ – Les facteurs principaux pour la création de la couche intermédiaire et la


remontée boueuse dans la sous-structure ferroviaire sont étudiés via des modèles
physiques. Il apparaît qu’à faible densité de sol, la dissipation de la pression d’eau
entraine la remontée boueuse, alors qu’à forte densité, la migration des fines engendrée
par la pénétration du ballast dans le sol support, crée la couche intermédiaire.

ABSTRACT –The driving factors for the interlayer creation and mud pumping phenomena
in railway sub-structure was investigated through physical modelling. It appears that in
case of low soil density, the dissipation of pore water pressure in the sub-soil gave rise to
mud pumping. But in In case of higher soil density, the upward migration of fine particles
was generated by the penetration of ballast into the sub-soil, forming the interlayer.

1. Introduction

Railway track-bed must be regularly maintained. To optimize the maintenance should be


optimized, it is essential to well understand the degradation process of track-bed. In
France, during the maintenance campaign of the conventional tracks, a new layer namely
interlayer was identified. It is suspected that this layer was formed mainly by the
interpenetration between ballast and sub-soil. It has been found that this interlayer can
play an important role in the overall behavior of railway tracks (Trinh et al., 2011; Trinh,
2011; Trinh et al., 2012; Cui et al., 2013; Duong et al., 2013). On the other hand, the mud
pumping which is characterized by the fast upward migration of sub-soil fine particles
through the ballast voids has been known to be the worst degradation phenomenon for
the railway sub-structure. This phenomenon was reported by several authors in the field of
railway sub-structure (Ayres, 1986; Selig and Waters, 1994; Raymond, 1999; Sussmann
et al., 2001; Burns et al., 2006; Gataora et al., 2006; Aw 2007; Indraratna et al., 2011).
Basically, these two phenomena (interlayer creation and mud pumping) are both related
to the migration of fine particles and the interaction between ballast and sub-soil layers.
Thus, a good knowledge on the mechanism related to the migration of fine particles is
crucial for better understanding the interlayer creation and the mud-pumping, and also for
further proposing efficient and economic methods for railway track maintenance.
To date, even though the migration of fine particles and its consequence has been
reported in several studies, the knowledge on the driving mechanism of this phenomenon
remains scarce. For the interlayer, as it has been recently recognized, the question about
its creation is still completely open. For the mud pumping, several mechanisms were
proposed but they are sometimes contradictory: Takatoshi (1997) proposed that the mud
pumping is due to the suction generated by the upward and downward moving of ties. On

1
827
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

the contrary, Alobaidi and Hoare (1996; 1999) proposed that this phenomenon is mainly
due to the water pressure developed at the interface between the sub-grade and sub-
base or ballast layers. Van (1985) proposed some models for describing the mud
pumping in the pavement context but their application in the railway context remains to be
verified based on relevant experimental data.
In the present work, using a transparent apparatus recently developed, the
mechanisms of mud pumping and interlayer creation in conventional railway tracks were
investigated. The results obtained allowed the driving factors for the mud pumping and
interlayer creation phenomena to be analyzed.

2. Materials and methods

The sub-soil used in this study was prepared from crushed sand and kaolin (70%/30% by
dry mass), namely70S30K. The reason of using this artificial material is that it can be
reproduced easily in the laboratory for having a large quantity required for the whole test
program, thus avoiding any problems related to the natural soil heterogeneity – the
composition of soil can be slightly different from one sample to another. The material used
in this study has a high percentage of fines (the particles smaller than 80 μm represent
95%), similar to the sub-soils found at the sites with mud pumping identified (Alobaidi and
Hoare, 1996; Aw, 2007). The mixture also has a grain size distribution curve similar to that
of a widely studied soil - the Jossigny silt (Fleureau and Indarto, 1995; Cui and Delage,
1996). Figure 1 shows the grain size distribution curves of the materials used, along with
the curve of Jossigny silt.

100

80
Percentage finer (%)

60

40

Kaolin Speswhite clay


20 C10 crushed sand
Sub-soil 70S30K
Jossigny silt
0
0.1 1 10 100 1000
Diameter
Figure 1: Grain size distribution (micrometer)
curve of the studied materials

Some other characteristics of the studied sub-soil are presented in Tableau 1.


Standard proctor test showed that 70S30K has an optimum water content of 16% and a
maximum dry unit mass of 1.78 Mg/m 3. The ballast used was taken from the storage of
construction materials of the French Railways Company (SNCF) and its characteristics
meet the corresponding standard of SNCF.

Tableau 1: Characteristics of sub-soil 70S30K


Unit mass of clay particles ρs 2.60
Unit mass of crushed sand ρs 2.65
Liquid Limit wL 27%
Plasticity Index Ip 11%
Optimum water content w 16%

2
828
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 2 presents a schematic view of the 1G physical model, with a 3D view (Figure
2a), a side view (Figure 2b) and a view of cross section A-A (Figure 2c). The cylindrical
cell has an internal diameter of 550 mm, a wall thickness of 20 mm and a height of 600
mm. The wall was made of Poly(methyl methacrylate) - PMMA which is a transparent
thermoplastic allowing the observation of sample from outside. The following devices were
installed: a digital camera connected to a computer, that allows the visual monitoring of
the ballast/sub-soil interface; a LED series installed on the top of the PMMA wall, lighting
up the apparatus wall and improving the visual monitoring conditions by the digital
camera; three time-domain refectory probes (TDR1 to TDR3) embedded in the sub-soil (h
= 120, 160, 200 mm), that allow the volumetric water content to be monitored; three
tensiometers (T1 to T3) installed in couple with TDRs at different heights (h = 120, 160,
200 mm). They were home-made with the same principle as that for high capacity
tensiometer (Ridley et al., 2003; Mantho 2005, Cui et al., 2008; Toll et al., 2012; Lourenço
et al., 2011). One pressure sensor installed at the bottom of the apparatus (h = 0 mm) for
measuring the positive pore water pressure under saturated conditions. A hydraulic
actuator with the integrated displacement and force sensors, that allows monotonic or
cyclic loadings.

Figure 2: Schematic view of the apparatus developed

For the soil specimen preparation, water was added to 70S30K to reach the optimum
water content w = 16 %. The soil specimen was then prepared by manual compaction in
five layers of 40 mm thick each and one layer of 20 mm thick, making a total of 220 mm
thickness for the whole specimen. For the dry unit mass, three values were considered:
1.4, 1.5 and 1.6 Mg/m3. These values are close to those considered by other authors:
1.45 Mg/m3 by Burns et al. (2006) and from 1.52 to 1.54 Mg/m 3 by Alobaidi et al. (1999).
According to Burns et al. (2006), the values in this range correspond to the medium
strength field conditions. The TDR probes were placed between the compaction layers. A

3
829
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

160 mm ballast layer was placed on the sub-soil and the surface of ballast layer was
arranged in order to be horizontal for ensuring a good ballast/piston contact. The whole
apparatus was put under the hydraulic actuator. Finally, the tensiometers were installed
and other devices were set on (lighting up the LED series, setting up the camera).
Three tests were conducted with three values of initial dry unit mass: 1.4 (E1), 1.5 (E2)
3
and 1.6 Mg/m (E3). All the tests started with the sub-soil in unsaturated state (w = 16 %)
and with a pre-loading stage: monotonic loading from 0 to 100 kPa at a rate of 2 kN/min;
low-frequency cyclic loading from 30 to 100 kPa; 0.1 Hz cyclic loading for 20 cycles; 1 Hz
cyclic loading for 50 cycles and 2 Hz cyclic loading for 100 cycles. Afterwards, a 5 Hz
cyclic loading for 500 000 cycles was applied. The value of 5 Hz frequency represents the
train circulation at 100 km/h and the applied stress was chosen according to the stress
distribution in the conventional railway tracks in France (Trinh, 2011).
In order to study the effect of water content or degree of saturation, once the 500 000
cycles ended, the sub-soil was saturated from the bottom under a hydraulic head of
12 kPa. After saturation, the water level was maintained at 20 mm above the ballast/sub-
soil interface in order to ensure the saturated state of the sub-soil. Before the loading
under saturated condition, a pressure sensor was installed at h = 0 mm. Monotonic
loading at the same rate as in the unsaturated case was then applied followed by the 5 Hz
cyclic loading. The test ended when fine particles were observed on the surface of the
ballast layer or when the number of cycles reached 500 000.

3. Results

Figure 3 depicts the evolutions of permanent displacement during the 5 Hz loading under
the unsaturated condition. The displacement was insignificant during the first 100 cycles.
Beyond 100 cycles, it increased almost linearly with the logarithm of number of cycles.
This is consistent with the constitutive models for unbound granular behavior reported in
Paute and Le Fort (1984); Hornych (1993) and AFNOR (1995). The comparison of the
values at the end of cyclic loading (500 000 cycles) shows that the lower the dry unit
mass, the larger the permanent axial displacement. The slope change in test E1 was
probably due to a problem of the horizontality of piston.

3.0
Unsaturated state
Permanent displacement (mm)

2.5 (5 Hz loading)
d-initial = 1.4 Mg/m3 (E1)
2.0 d-initial = 1.5 Mg/m3 (E2)
d-initial = 1.6 Mg/m3 (E3)
1.5

1.0

0.5

0.0
1 10 102 103 104 105 106
Figure 3: Permanent displacementNumber
during 5
ofHz loading (w = 16%)
cycles

4
830
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 4 depicts the evolutions of volumetric water content of sub-soil from the
beginning of the test to the end of the 5 Hz loading for 500 000 cycles. After compaction,
with the same initial water content w = 16%, as expected, the average volumetric water
content (θ) increased with dry unit mass. During the pre-loading stage, there was an
increasing trend at all levels and in all tests. The increase of θ at h = 200 mm (20 mm
below the ballast/sub-soil surface) was the most pronounced. This can be explained by
the ballast penetration into the sub-soil and the settlement of sub-soil that can result in a
decrease of sub-soil void, thereby increasing the volumetric water content. During the 5
Hz loading for 500 000 cycles, the water content was stable.

30 30
d-initial = 1.4 Mg/m3 (E1) d-initial = 1.5 Mg/m3 (E2)
Volumetric water content (%)

(a) (b)

Volumetric water content (%)


27 27

24 Start of 5 Hz loading 24

21 21

18 18 Start of 5 Hz loading

Start of pre-loading
Start of pre-loading
15 15
0 5 10 15 20 25 30 0 5 10 15 20 25 30

30
Elapsed time (hour) Elapsed time (hour)
(c)
Volumetric water content (%)

27

24 TDR1 - h = 120 mm
Start of 5 Hz loading TDR2 - h = 160 mm
21 TDR3 - h = 200 mm

18

Start of pre-loading
d-initial = 1.6 Mg/m3 (E3)
15
0 5 10 15 20 25 30
Figure 4: Evolutions of volumetric water content for 500 000 cycles at 5 Hz
Elapsed time (hour)
When the 5 Hz loading for 500 000 cycles in the unsaturated state ended, the sub-soil
was saturated. A typical result of variations of volumetric water content from test E2 during
saturation is presented in Figure 5a. The corresponding increase of pore water pressure
(or suction decrease) is presented in Figure 5b. The three levels show the same
variations, suggesting a quite fast water flow through the sample. It took about 20 hours
for the volumetric water content to reach stabilization, while about 60 hours were required
for the pore water pressure to reach zero. In addition, when the volumetric water content
became steady, the pore pressure continued increasing. It is well known that during the
saturation of fine-grained soils, it is very difficult to reach Sr = 100% and the hydraulic
permeability of clayey soils is relatively low (Romeo 2013). During saturation, the macro-
pores are filled first, while it takes longtime for water to fill the micro-pores. This can be
observed also in Figure 5b. The fact that the evolutions of the pore water pressures at all
three levels are the same confirms that the micro-pores were filled quickly and the suction
changes were governed mainly by the micro-pores filling process. At the end of saturation
stage where water level was fixed at 2 mm above the ballast/sub-soil interface, the water
pressures given by the tensiometers were consistent with the hydraulic levels: a higher
water pressure was obtained at a lower hydraulic level. This partly indicates the good
performance of the tensiometers used.

5
831
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

45

Volumetric water content (%)


During the saturation (a)
40

35

30

TDR1 - h = 120 mm
25 TDR2 - h = 160 mm
TDR3 - h = 200 mm
20
30 40 50 60 70 80 90 100

Elapsed time (hour)


50
(b)
Pore water pressure (kPa)

-50

-100

T1 - h = 120 mm
-150
T1 - h = 160 mm
T1 - h = 200 mm
-200
30 40 50 60 70 80 90 100
Elapsed time (hour)
Figure 5: Typical result of volumetric water content and pore water pressure during the
3
saturation of sub-soil (ρd-initial = 1.5 Mg/m )

At the end of saturation stage, loadings were applied again. Figure 6 shows the
evolution of interface in test E1. The photographs were taken at three moments: before
loading in the saturated state, after the monotonic loading and after the cyclic loading.
They are presented in Figure 6a, b, c, respectively. It can be seen clearly that fine
particles were pumped up as loadings were applied.
Figure 7 presents the photographs of test E2 taken at the ballast/sub-soil interface at
three moments (after the saturation, after the monotonic loading and after the cyclic
loading). As in the previous case, the fine particles were pumped up significantly
especially during the cyclic loading.

6
832
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

a) After saturation and b) After monotonic loading c) After cyclic loading


before monotonic loading (saturated state) (saturated state)

Figure 6: Photographs showing the evolution of the ballast/sub-soil interface (ρd-initial = 1.4
Mg/m3).

a) After saturation and b) After monotonic loading c) After cyclic loading


before monotonic loading (saturated state) (saturated state)

Figure 2: Photographs showing the evolution of the ballast/sub-soil interface: (ρd-initial = 1.5
Mg/m3).

7
833
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 8 shows the photographs taken in test E3 right before the monotonic loading
(Figure 8a), after the monotonic loading (Figure 8b) and after the cyclic loading (Figure
8c). The movement of fine particles can be also observed. During the monotonic loading,
fine particles moved up, but much less than in the previous tests. Even after a large
number of cycles, the sub-soil level rose up by about 20 mm, and there was no fine
particles pumped up to the ballast surface.

a) After saturation and b) After monotonic loading c) After cyclic loading


before monotonic loading (saturated state) (saturated state)

Figure 8: Photographs showing the evolution of the ballast/sub-soil interface (ρd-initial = 1.6
Mg/m3).

4. Conclusions

Using a 1G physical model developed, the mud pumping and the interlayer creation
phenomena in the context of railway sub-structure were studied by investigating the
driving factors. The soil sample was prepared in two layers, one ballast layer overlying
one sub-soil layer, representing the conventional railway sub-structure in France. The
tests were conducted at two water contents and three densities of sub-soil with monotonic
and cyclic loadings.
The analysis of the ballast settlement through the particles movement, the global
displacement and the sub-soil settlement showed that the sub-soil state can strongly
influence the ballast behavior: the larger the initial dry unit mass of sub-soil, the lower the
permanent axial displacement. This suggests that in order to understand the overall
behavior of railway sub-structure, it is important to take into account the interaction
between the different layers involved.
The presence of water was found to be the most crucial factor for the migration of fine
particles. In the unsaturated state, both the ballast and sub-soil settlements occurred, but
without the migration of fine particles. Under the near saturated state, the ballast/sub-
surface interface moved up, and the pumping level depends on the sub-soil dry unit mass.
In the case of ρd-initial = 1.4 Mg/m3 and 1.5 Mg/m3, under the cyclic loadings, the pore water

8
834
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

pressure was higher than the minimum value of applied stress, resulting in sub-soil
liquefaction. Excess pore water pressure dissipation took place, bringing fine particles
upward. This corresponds to the mud pumping phenomenon. In the case of ρd-initial = 1.6
Mg/m3, there was just the interpenetration of ballast and sub-soil, resulting in a mixture
layer namely interlayer.

5. References

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10
836
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

TRANSFERT COUPLÉ THERMO-HYDRIQUE AUTOUR D’UN CÂBLE


ENTERRÉ
COUPLED HEAT AND MOISTURE FLOW AROUND POWER CABLE

Olivier Cuisinier, Hossein Eslami, Farimah Masrouri


LEMTA (CNRS, UMR 7563), Université de Lorraine, Vandœuvre-lès-Nancy, France

RÉSUMÉ – Lorsqu’un câble très haute tension est enterré, il est nécessaire que le sol
encaissant permette une dissipation optimale de l’énergie générée par effet Joule.
L’objectif de ce travail est d’évaluer par modélisation numérique l’impact des
caractéristiques des matériaux encaissants sur les transferts hydriques et thermiques, en
prenant en compte les couplages thermo-hydriques dans les sols.

ABSTRACT – The admissible current within a buried electrical power cable is limited by
the maximum allowed temperature of the cable (Joule effect). The thermal properties of
the surrounding soil influence heat dissipation around the cable. The main focus of the
study was to evaluate by numerical methods the coupled heat and moisture flow around
such buried electrical cables.

1. Introduction

Les nouvelles lignes électriques sont généralement enterrées pour limiter leur impact sur
le paysage. Dans ce cas, les câbles électriques sont placés à une profondeur moyenne
au sein d’un massif de béton. Cependant, la circulation du courant entraîne un
échauffement du câble par effet Joule. Le courant admissible des câbles électriques
enterrés est limité par la température maximale autorisée du câble. La dissipation de cette
énergie dans le sol doit donc être optimale. Il est essentiel de garantir une dissipation
efficace de cette énergie pour éviter un échauffement excessif du câble qui pourrait
conduire à sa rupture. La chaleur dissipée par le câble dans le sol environnant a fait
l’objet de quelques travaux (par ex. Hanna et al., 1998; Al-Saud et al., 2006). Ceux-ci ont
porté sur le comportement thermique du câble, le courant admissible des câbles, l'effet de
la géométrie de l'installation y compris les dimensions de la tranchée, l'emplacement du
câble et son diamètre.
Les caractéristiques thermiques de divers matériaux dans le voisinage du câble sont
déterminantes sur la température atteinte par le câble. Dans le cas du béton utilisé pour
confiner le câble, les propriétés thermiques sont fonction du type de granulat, de la teneur
en eau et de la porosité (Khan & Bhattacharjee, 1995). La conduction de la chaleur dans
le béton dépend essentiellement de la conductivité thermique des agrégats (Khan, 2002).
Dans le cas du sol encaissant, ces caractéristiques dépendent du type de sol (argile,
sable, etc.), de la densité et la teneur en eau (Abu-Hamdeh & Reeder, 2000; Ekwue et al.,
2006; Eslami et al., 2014).
Les couplages entre les phénomènes thermiques et hydrauliques n’ont cependant pas
été considérés explicitement dans les études existantes. Philip et al., 1957 ont montré
que le flux de vapeur d'eau sous l’action du gradient thermique est une part essentiel de
l'écoulement de l'eau dans le sol. Le transfert d'humidité induit par le gradient thermique,
ainsi que l'effet de la teneur en eau sur la conductivité thermique doivent être pris en
compte pour évaluer le flux de chaleur dans un sol. Ces auteurs ont également introduit
un facteur d’accélération de la diffusion de vapeur pour prendre en compte la différence
entre les transferts prévus à l'aide de la loi de Fick et les flux d'eau mesurés (Gurr et al.,

1
837
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

1952). Les résultats ont montré que ce paramètre dépend fortement de la teneur en eau,
et des variations de température (Cass et al., 1984; Bonsu, 1997; Wildenschild & Roberts,
2001; Lu et al., 2011).
L’objectif de cette étude est donc d’évaluer l’impact des caractéristiques couplées
thermo-hydriques du sol encaissant sur le comportement couplé thermo-hydrique d’une
tranchée contenant un câble électrique très haute tension provoquant un échauffement
du sol. Les couplages thermo-hydriques ont été modélisés en tenant compte de
l'écoulement de l'humidité sous forme d'eau liquide et de vapeur, et le flux de chaleur par
convection et advection. L'objectif était de quantifier l'effet du facteur d'amélioration
mécanique, η, et la conductivité thermique du bloc de béton sur le comportement
thermique et hydraulique de la tranchée et du sol environnant. Les aspects théoriques
sont discutés dans un premier temps. Ensuite, l’approche de modélisation numérique est
détaillée. Les effets de η et de la conductivité thermique du béton seront étudiés et
discutés successivement.

2. Théorie

2.1. Transfert d’eau


Le transfert d'humidité dans les sols non saturés se déroule en deux phases : liquide et
vapeur. Le flux d'eau liquide dans les sols non saturés peut être décrit en utilisant la loi de
Darcy en utilisant la perméabilité relative du milieu poreux (le rapport de la perméabilité à
un degré de saturation par rapport à celle à l’état saturé).
J w = ρ w vw = ρ w rel K∇(ρ w g y + pw ) = ρ w rel K (ρ w g + ∇pw )
k k
(1)
µ µ
où J w est le flux d'eau liquide (kg/m2/s), ρ w est la masse volumique de l'eau (kg/m3), v w
est la vitesse (m/s), k rel est le rapport entre la perméabilité à une saturation donnée à la
perméabilité à l'état saturé (-), µ est la viscosité dynamique de l'eau (N.s/m2), K est la
perméabilité intrinsèque du sol (m2), g est l'accélération de la pesanteur (m2/s), y est la
hauteur (m), et p w est la pression de l'eau interstitielle (N/m2).
La diffusion de vapeur d'eau à travers le sol est basée sur la loi de Fick. Cependant, le
coefficient de diffusion de la vapeur d'eau dans les sols est inférieur au coefficient de
diffusion de la vapeur d'eau dans l'air en raison de l’augmentation de la longueur de
parcours de diffusion (tortuosité), et de la diminution de la section transversale disponible
pour le flux de vapeur causée par l'eau et les composants solides du sol . La diffusion de
la vapeur peut ainsi s’écrire :
J v = − aαDv ∇ρ v (2)
avec D v le coefficient de diffusion de la vapeur dans le sol (kg/m /s), ρ v la masse
2

volumique de la vapeur d’eau (kg/m3) et ɑ la porosité à l’air et α la tortuosité.


Le gradient de la densité de la vapeur d’eau peut s’exprimer en fonction du gradient
thermique et du gradient hydrique :
 ∂ρ ∂h  ∂h
ρ v = hr ρ vS ⇒ ∇ρ v =  hr vS + ρvS r ∇T + ρvS r ∇pw (3)
 ∂T ∂T  ∂pw
avec h r l’humidité relative, ρ vS la masse volumique de la vapeur saturée (kg/m3) et T la
température.
En absence de gradient hydrique, le flux de la vapeur d’eau peut être décrit par :
 ∂ρ 
J v = − aαD. v .∇T (4)
 ∂T 
Cette relation ne permet pas de décrire correctement la diffusion de la vapeur d'eau
due à un gradient thermique dans les sols (Gurr et al., 1952; Rollins, 1954; Taylor &

2
838
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Cavazza, 1954). Philip et De Vries, 1957 ont en effet montré qu’un gradient de
température produit deux effets non pris en compte de manière adéquate par l'équation 4.
Le premier résulte des différentes conductivités thermiques des grains, de l’eau et de l’air.
Le gradient thermique microscopique à travers les pores remplis d'air pourrait être plus
grand que la moyenne du gradient thermique macroscopique mesuré à travers de
l’éprouvette de sol. Ils ont remplacé le facteur de la tortuosité (α) par un facteur de
correction (ζ) pour tenir compte à la fois de la tortuosité du sol et de la sous-estimation du
gradient effectif de température. Ce facteur de correction est donné par:
(∇T ) a
ζ = (5)
∇T
avec (∇T ) a le gradient microscopique de température à travers les pores remplis d'air et
∇T le gradient macroscopique de de température mesuré à travers l’éprouvette de sol.
La deuxième correction vise à prendre en compte le transfert de l’eau dû à la
condensation de la vapeur sur un côté d’un film fin d’eau et l’évaporation de la même
quantité de l’autre côté. Ce phénomène entraine une augmentation de la surface de la
section transversale disponible pour le flux de vapeur. Philip et De Vries (1957) ont ainsi
remplacé a (la porosité à l’air) par a + f(a)θ et avec :
 a 
f (a )θ = 1 si a ≥ a k et si a < a k  (6)
 ak 
avec a k : la porosité à l’air pour laquelle la continuité des films d’eau commence et θ : la
teneur en eau volumique. En introduisant cette correction dans l'équation 4, il vient :
 ∂ρ 
J v = (a + f (a )θ )ζ D  v  ∇T (7)
 ∂T 
Philip et De Vries, 1957 ont défini le facteur d’accélération de la diffusion thermique (f Tv
ou η) comme le rapport de l’équation (7) à l'équation(4) :
η=
[ (a + f (a)θ )ζ ]
(8)

L’équation 4 peut donc être réécrite en fonction de η (f Tv ) :
 ∂ρ 
J v = η a α D  v  ∇T (9)
 ∂T 
Le facteur d’accélération de la diffusion thermique dépend de la porosité à l’air, de la
teneur en eau massique et de la température. La variation de ce facteur en fonction de la
teneur en eau relative et de la température pour un sable et un limon. Pour les sols secs,
η (f Tv ) s’approche à 1 et augmente rapidement à des valeurs proches de 10 pour les
teneurs en eau plus de 50% de saturation à 22 °C. Á des fortes teneurs en eau et 3,5 °C,
η (f Tv ) augmente jusqu’à 15 (Cass et al., 1984).

2.2. Transfert de chaleur


Le flux de chaleur par conduction est régi par la loi de Fourier :
J c = − λ ∇T (10)
avec λ : la conductivité thermique du milieu poreux définie par :
λ = (1 − n)λs + n Sλw + n(1 − S )λv (11)
avec n la porosité, S le degré de saturation, λ s la conductivité thermique des grains
solides, λ w la conductivité thermique de l’eau, λ v la conductivité thermique de la vapeur.
Le flux de chaleur par advection est donné par :
k 
J Aw = CwT J w = CwTρ w  rel κ int (∇pw + ρ w g )  = ρ wCwV wT (12)
 µ 
avec C w la capacité thermique volumique de l’eau et µ la viscosité dynamique de l’eau.

3
839
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2.3. Couplages thermo-hydriques


Le transfert de l’eau dans des sols non saturés s’effectue en deux phases : l’eau liquide
et la vapeur d’eau. Le transfert de l’eau liquide s’exprime en fonction de la perméabilité et
la charge hydraulique. Le transfert de la vapeur dépend du coefficient de la diffusion
thermique de la vapeur (D v ), du facteur d’accélération de la diffusion thermique (f Tv ou η)
et des gradients thermique et hydraulique. Donc le transfert de la vapeur dû au gradient
thermique couple les phénomènes thermique et hydrique, et D v et f Tv (η) sont les
paramètres clés de ce couplage. f Tv (η) est un paramètre qui varie fortement entre 0 pour
l’état sec et 10-15 pour l’état saturé. D v varie en fonction du type de sol, de sa porosité et
de sa teneur en eau. Ces paramètres changent également avec la variation de la
température.
Pour le transfert de chaleur deux types de flux sont considérés : le flux par conduction
et le flux par advection. Les propriétés thermiques du sol dépendent de sa nature
(argileuse, sableuse, etc.), sa densité et sa teneur en eau (Abu-Hamdeh et Reeder, 2000;
Ekwue et al., 2006). La présence du degré de saturation dans les équations, relie la
variation de la teneur en eau au transfert de chaleur.
Dans le cadre de cette étude, le logiciel Plaxis® a été utilisé dont le module thermique
prend en compte le couplage thermo-hydrique. Le degré de saturation est intégré dans
l’équation du calcul de la conductivité thermique. Le coefficient de la diffusion thermique
de la vapeur (Dv), du facteur d’accélération de la diffusion thermique (f Tv ou η), les deux
paramètres clés du transfert de la vapeur, sont pris en compte dans les calculs.

3. Géométrie de la tranchée et du sol encaissant

La Figure 1 illustre le schéma de la tranchée type au sein du sol encaissant qui a été
modélisée dans le cadre de ce travail. Quatre ensembles de matériaux ont été définis.
Cette configuration correspond à une géométrie fréquente pour la tranchée enterrée. La
nappe est située à 4 m de profondeur. Grâce à la symétrie, la modélisation est faite pour
la moitié de la tranchée par rapport à l’axe Y. Afin de choisir les valeurs appropriées pour
les dimensions du modèle, une étude de l’effet de la taille du modèle a été réalisée. La
dimension du modèle utilisé est de 10 m par 10 m. La température initiale du massif est
de 12°C.
Asphaltic concrete
30 cm
Base
1
1
2 150 cm

60 cm 2 Sub-base 3
4
A A’
30 cm
Surrounding soil
4
10 m
Concrete
3
60 cm
Cables

10 m

(a) (b)

Figure 1. Schéma de la tranchée type et du maillage.

4
840
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Après la phase initiale, la phase de chauffage, destinée à évaluer l’impact des câbles
électriques, consiste à injecter la chaleur en imposant un flux de chaleur égal à 55 W/m²
au niveau des fourreaux portant les câbles électriques. Afin de simuler l’échange
thermique à l’interface sol-atmosphère, la température de l’air (T a ) est supposée égale à
20 °C avec le coefficient du transfert de chaleur à la surface de contact avec l’air (C as )
obtenu avec l’équation suivante (Garzoli et Blackwell, 1987) :
Cas = 7.2 + 3.8υ (13)

4. Caractéristiques des matériaux

Le Tableau 1 résume les caractéristiques hydriques et thermiques des trois matériaux de


la tranchée.
Tableau 1. Caractéristiques des matériaux de tranchée.
Caractéristique Matériau 1 : Béton Matériau 2 : Matériau 3 :
bitumineux + Forme fondation + Béton de
Couche de base Sol traité protection
Capacité thermique (C s ) 960 1500 900
en kJ/(t.K)
Conductivité thermique (λ s ) en 1,95E-3 1E-3 1,2E-3
kW/(m.K)

Le Tableau 2 donne les caractéristiques hydriques, thermiques et thermo-hydriques du


sol encaissant. Un sol limono-argileux a été choisi comme sol encaissant de référence.
Sa courbe de rétention est donnée sur la Figure 2. Le coefficient de diffusion de la vapeur
à l’air libre (en m2/s ) est exprimé en fonction de la température (Kimball et al., 1976) :
1, 75
D = 2,29 × 10 −5  T  (14)
 273,15 
100000

10000
Succion (MPa)

1000

100

10

1
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
Sr (-)

Figure 2. Courbe de rétention du sol encaissant limono-argileux.

Tableau 2. Caractéristiques du sol encaissant : un sol limono-argileux.


Caractéristiques Valeur

Hydrique Coefficient de perméabilité (k) en m/day 0,1676


Coefficient de la diffusion vapeur (D v ) en m²/j 0,1033
Thermique Capacité thermique (C s ) en kJ/(t.K) 2000
Conductivité thermique (λ s ) en kW/(m.K) 2,5E-3

5
841
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Le facteur d’accélération de la diffusion thermique (f Tv ) varie en fonction de la teneur


en eau volumique et la température (Cass et al., 1984). Afin de quantifier l’effet de la
variation de f Tv sur les résultats, f Tv = 1 pour un sol sec et f Tv = 5 pour un sol
moyennement humide sont utilisés.

5. Impact du facteur d’accélération de la température

Le paramètre η varie en fonction de la variation de la teneur en eau. Afin de quantifier


l'effet de ce paramètre sur les transferts de chaleur et d'humidité, deux modèles
identiques avec η égal à 1 (sol sec), et η égal à 5 (sol modérément humide) ont été
comparés. La durée du chauffage a été fixée à 180 jours.
La coupe (AA’) (Figure 1) permet d’évaluer le rayon d’influence du câble (Figure 3). Le
degré de saturation initial était de 80%. Au contact de la tranchée, il a diminué à 48,9%
pour η = 1 et à 39,5% pour η = 5. L’augmentation de η accélère le transfert de la vapeur il
s’ensuit un séchage plus important, et aussi un rayon d’influence de séchage plus
important qui passe d'environ 2 m pour η = 1 à 3,5 m pour η = 5. La propagation de la
chaleur reste en revanche assez similaire. À l’interface béton/sol (Figure 3b), il n’y a que
peu d’impact de la valeur de η sur la température. La dépendance de la variation de S
vis-à-vis de η est liée à la diffusion de vapeur d'eau à travers le sol dans un gradient
thermique. Le coefficient de diffusion de la vapeur thermique, D TV , dépend aussi de η.
Ainsi, plus D TV est élevé, plus le transfert de vapeur induite par gradient de température
est favorisé. Par conséquent, la diminution du degré de saturation est plus importante..

Figure 3. Impact de la valeur de ν sur la température et le degré de saturation : (a) le long


de la ligne (AA’ – Figure 1), et (b) à l’interface béton/sol (1,5 m de profondeur).

6. Impact de la conductivité thermique du béton

Le massif de béton est en contact direct avec les fourreaux contenant le câble électrique.
Ses propriétés thermiques peuvent donc influencer la dissipation de la chaleur. Afin
d'étudier l'effet de la conductivité thermique du béton, 3 valeurs de conductivité thermique
ont été utilisés tout en maintenant les autres paramètres constants : λ = 0,7, 1,2 ou
1,7 W/(m.K). Ces valeurs ont été calées à partir d’une étude expérimentale
complémentaire à ce travail (Eslami et al. 2015).
La température à l’interface entre le béton et le sol à une profondeur de 1,5 m peut
ainsi être suivie au cours du temps en fonction de la valeur de la conductivité du béton

6
842
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

(Figure 4). Ainsi, elle augmente d’autant plus que la conductivité du béton est faible. Les
calculs montrent que la température à l’interface atteint 90 % de la valeur à 180 jours au
bout d’un jour quelle que soit la conductivité du béton. La conductivité du béton affecte
aussi la température à l’interface entre le câble et le béton. Celle-ci passe de 57,3 °C pour
λ = 0,7 W/(m.K) à 46,8 ou 42,4°C pour λ = 1,2 ou 1,7 respectivement.

Figure 4. Température à l'interface béton sol et une profondeur de 1,5 m en fonction de la


conductivité thermique du béton.

7. Conclusion

L’objectif de ce travail était d’étudier l’impact des caractéristiques couplées thermo-


hydriques du sol encaissant et des matériaux de remblaiement d’une tranchée remblayée
contenant un câble électrique très haute tension. La modélisation est effectuée avec
Plaxis®. Cette modélisation a permis de prendre en compte le transfert de l’eau (le flux de
l’eau liquide et le flux de la vapeur d’eau) et le transfert de chaleur (le flux de chaleur par
conduction et le flux de chaleur par advection).
Nous avons mis en évidence l’effet important du facteur d’accélération de la diffusion
thermique (η) du sol encaissant. Les résultats ont montré l’assèchement plus important et
plus étendu avec l’augmentation de η et l’augmentation moins importante et moins rapide
de la température avec la diminution de η. Cette étude a également mis en évidence la
dépendance du rayon d’influence du chauffage aux valeurs de η. La diminution de la
conductivité thermique du béton a provoqué l’augmentation de la température des
fourreaux à cause de la diminution de la dissipation de chaleur.
Les résultats montrent que le comportement de la tranchée ne dépend pas que des
caractéristiques des composants de cette dernière et que les propriétés du sol encaissant
ont aussi un effet très important sur la température effectivement atteinte par le câble.

8. Remerciement

Ce travail a été réalisé dans le cadre du projet VALO CQFD financé par l’ADEME.

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8
844
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

CHUTE DE BLOCS ROCHEUX PAR APPROCHE DEM DE TYPE NSCD

ROCKFALL BY DEM APPROACH BASED ON NSCD

Jean-François FERELLEC , Robert PERALES2, Gilles SAUSSINE1, Laurent BREDIER1,


1
1
Franck RICHARD
1
SNCF Réseau, Ingénierie & Projets, La Plaine Saint Denis, France
2
AD’missions, Paris, France

RÉSUMÉ – Les lignes ferroviaires sont parfois exposées au risque de chute de bloc
rocheux. Il est essentiel de pouvoir prédire leur trajectoire afin de pouvoir placer et
dimensionner des ouvrages de détection ou d’interception. L’approche NSCD de la DEM
a été utilisée pour prédire la trajectoire de blocs sur un versant réel surplombant une voie
par simulation de chute individuelle de blocs ou par groupes.

ABSTRACT – Railway lines can be exposed to the risk of rock fall. It is essential to be
able to predict their trajectory in order to place and design adequately detection or
interception equipment. An NSCD based approach of DEM has been used to predict the
trajectory of blocks on a slope overlooking a line by simulation of single blocks fall or
group of blocks.

1. Introduction

Le tracé des lignes ferroviaires dans les reliefs accidentés expose les voies aux risques
de chute de blocs rocheux. La chute de blocs rocheux sur les voies ferroviaires
représente un risque dont les conséquences ont un impact à la fois sécuritaire et
économique sur le trafic ferroviaire. La présence de blocs rocheux sur les voies peut
entraîner l’arrêt complet des circulations et l’impact plus rare de blocs avec un train un
coût humain additionnel. L’estimation du risque d’exposition à ce type d’événement
demeure une tâche difficile et les solutions techniques adoptées pour prévenir ces
accidents ont des coûts substantiels. La difficulté principale réside dans la prédiction de la
trajectoire des blocs rocheux avec précision pour la construction de solutions
d’interception ou de déviation. La prédiction de trajectoire de ces blocs constitue donc un
maillon essentiel de la prévention de ce risque.
La modélisation par éléments discrets est un outil qui peut apporter des réponses
nouvelles par rapport aux modèles traditionnels de prédiction de trajectoire qui sont en 2D
et représentent les blocs par seulement des points. Elle offre également la possibilité
d’analyser la pertinence des solutions proposées pour remédier à ce problème jusqu’à
éventuellement apporter un soutien au dimensionnement des ouvrages de détection, de
déviation ou d’arrêt des blocs rocheux.
L’objectif global de la présente étude est d’évaluer le potentiel de l’approche des
éléments discrets pour réaliser une étude trajectographique de la chute de blocs rocheux
dans l’environnement des voies ferrées. Cette approche s’appuie sur l’outil éléments
discrets LMGC90 déjà utilisé à SNCF depuis plus de dix ans pour la modélisation des
voies ballastées.
L’étude comprend la simulation de la chute de blocs rocheux sur un versant réel. Cette
zone comporte un versant donnant sur une risberme maintenue par un ouvrage en
maçonnerie en pente donnant sur la voie. Une étude précédente a procédé à la
digitalisation d’une partie de cette zone par photogrammétrie afin d’en obtenir une

1
845
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

représentation numérique en trois dimensions. Ces données ont été exploitées pour
procéder à la simulation des chutes de blocs.
La simulation repose sur l’approche éléments discrets permettant d’évaluer le
mouvement de blocs soumis à des sollicitations extérieures (poids, effort) ou des efforts
de contact. Cette méthode permet de prendre en compte une surface digitalisée d’une
zone réelle proche d’une voie où des études de risque doivent être menées.
Dans cet article, est dans un premier temps brièvement décrite la méthode DEM ainsi
que son approche de type NSCD. La section suivante présente les conditions des
simulations DEM utilisées en commençant par la digitalisation du versant, puis le type
d’interaction bloc-versant utilisé et enfin l’étude paramétrique proposée. Les résultats sont
présentés et discutés dans la section finale avant conclusion.

2. Modèle DEM

2.1. Principes de la DEM

La méthode des éléments discrets (Discrete Element Method en anglais ou DEM)


considère tout matériau granulaire comme un ensemble d’objets qui interagissent par
l’intermédiaire d’une loi de contact (Cundall, 1979). Les modèles DEM conventionnels
comprennent implicitement l’interaction mécanique entre les objets en utilisant une force
élastique qui dépend de l’interpénétration entre ces objets, associée à un critère de
glissement de type Mohr-Coulomb qui limite la force tangentielle au contact entre les
objets et potentiellement une force d’amortissement fonction de la vitesse
d’interpénétration. Trois phases composent un cycle de calcul : la détection des contacts
entre les objets, le calcul des forces de contact à partir des interpénétrations et le calcul
des déplacements des objets par double intégration de leur accélération sur un intervalle
de temps appelé pas de temps en utilisant la seconde loi de Newton. Les positions des
objets sont ainsi mises à jour et prêtes pour un autre cycle.
L’objet le plus commun en DEM est la sphère parce qu’elle facilite la détection des
contacts. Cependant elle ne reproduit le comportement des matériaux granulaires que de
manière qualitative. D’autres approches ont été développées pour obtenir des résultats
quantitativement fiables mais ils ne furent pas effectifs dans la reproduction de la forme
irrégulière de particules réelles (Cleary 2004, Lin et NG 1997, Mustoe and Miyamata
2001, Pournin 2005, Williams et Pentland 1992). Ce n’est que récemment que certains
modèles ont réussi à reproduire la forme de particules réelles en utilisant des
arrangements de sphères (Ferellec et McDowell 2010a, Ferellec et McDowell 2010b, Hart
et al. 1988, Lee 2009, Price et al. 2007, Wang et al. 2007).

2.2. Approche NSCD

La méthode NSCD (Non-Smooth Contact Dynamics), une approche particulière de la


DEM (Dubois et Renouf 2007, Moreau 1994, Moreau 2004, Saussine et al. 2006), a été
utilisée dans cette étude. Au contraire de la DEM conventionnelle, elle est implicite. Un
coefficient de restitution qui relie les vitesses relatives avant et après contact peut être
introduit dans la loi de contact au lieu du modèle Mohr-Coulomb. Les coefficients de
restitution normal et tangentiel peuvent être fixés à zéro pour refléter la dissipation totale
de l’énergie cinétique d’une particule dans un amas de particules de ballast par exemple.
Le code NSCD utilisé ici est le code LMGC90 capable de modéliser des particules rigides
de forme polyédrique et a déjà été utilisé avec succès dans la modélisation du ballast à
SNCF (Ferellec et al. 2015).

2
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3. Conditions de simulation

3.1. Modèle de versant

La présente étude concerne une zone pour laquelle SNCF a observé des chutes de blocs
rocheux et pour laquelle un certain nombre de données a été récolté. Un relevé partiel de
cette zone basé sur la photogrammétrie a été utilisé pour produire un maillage (Figure 1).
La zone comprend un versant qui domine une risberme créée pour faciliter l’accès aux
voies ferroviaires en contrebas. La risberme est maintenue par un remblai dont la face est
couverte de maçonnerie. A partir de cette surface est généré un assemblage de trois
blocs fixés dans l’espace: le versant, la risberme et le remblai. Cette partition de la
surface de la zone est nécessaire car le code LMGC90 ne peut pas gérer les interactions
entre corps à forte concavité.

Figure 1. Maillage surfacique du versant étudié.

Figure 2. Versant modélisé en simulation avec bloc rocheux en position avant chute

3
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.2. Interaction bloc-versant

Les blocs rocheux sont modélisés par des volumes irréguliers représentant visuellement
les blocs rocheux réels et de tailles similaires (Figure 2). Plusieurs types d’interactions
entre la zone et les blocs rocheux ont été étudiées et la plus prometteuse après
comparaison avec les quelques données expérimentales disponibles est de type
frottement Mohr-Coulomb. Ces étapes préliminaires ont montré qu’un coefficient de
frottement de l’ordre de 2 représente le mieux cette interaction. Ce coefficient qui peut
paraître élevé tient en fait également compte de la rugosité de la surface qui caractérise
l’irrégularité géométrique du versant à une échelle macroscopique.

3.3. Paramètres des simulations

Trois types de simulations ont été réalisés : chutes individuelles de blocs rocheux, chutes
simultanées avec interaction possible entre blocs avec ou sans ouvrage d’interception.
Dans la première série de chutes individuelles, une centaine de blocs avec position initiale
variable sont utilisés. Dans la deuxième série, un groupe d’une vingtaine de blocs
adjacents a été déposé sur le versant grâce à une paroi temporaire puis laissé chuter sur
le versant. La troisième série correspond à la deuxième série en incluant un ouvrage
d’interception hypothétique des blocs rocheux implanté à la limite de la risberme avec
mesure de son efficacité. Cet ouvrage est modélisé par une paroi verticale de deux
mètres de hauteur. Dans les trois séries, la trajectoire des blocs a été analysée dans les
trois dimensions. Les temps de simulations, bien que supérieurs à ceux des modèles
trajectographiques traditionnels, restent convenables et atteignent un maximum de
quelques heures.

4. Résultats des simulations

4.1. Chutes individuelles de blocs

Des simulations de chute individuelle de blocs de différentes formes et de taille de l’ordre


du mètre ont été menées. La figure 3 montre la trajectoire d’une centaine de blocs de
formes différentes avec la même position initiale sur la zone. Ces trajectoires montrent
qu’une petite partie des blocs atteint la voie mais également que les blocs dévient très
peu transversalement. En fait le coefficient de frottement de 2 introduit dans le modèle est
celui qui procure le pourcentage de blocs arrivant sur la voie observé expérimentalement
pour cette zone, soit 10%, le reste des blocs rocheux étant stoppé au niveau de la
risberme. La figure 3 montre clairement qu’une grande partie des blocs sont stoppés au
niveau de la risberme. La figure 4 montre ces mêmes trajectoires dans une vue de côté
du versant, une vue frontale et une vue de dessus. Grâce à ces graphes il devient facile
de prédire, avec une fiabilité statistique certaine, les trajectoires de chute de blocs
rocheux le long d’un versant après avoir identifié les blocs susceptibles de se décrocher.
Les simulations permettent de déterminer avec une certaine fidélité ces trajectoires et leur
déviation latérale possible. Prédire la position optimale pour installer des ouvrages soit de
détection pour avertir le trafic des trains, soit d’interception sous la forme de filet en acier
ou d’ouvrage en terre, est facilitée.

4
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 3. Trajectoire 3D de la chute de blocs individuels

Figure 4. Projection des trajectoires des blocs en chutes individuelles dans le plan YZ
perpendiculaire à la voie (gauche), déviation latérale des blocs individuels dans les plans
XZ vertical parallèle à la voie (milieu) et XY horizontal (droite)

4.2. Chute simultanée de blocs

Comme mentionné précédemment, la chute simultanée de blocs a été réalisée en


déposant et retenant des blocs avec une paroi temporaire sur le versant. Du fait de leur
chute simultanée, ces blocs peuvent interagir entre eux au cours de leur chute. Les
paramètres du modèle d’interaction entre blocs et versant ainsi que la taille des blocs
restent inchangés par rapport aux simulations de chutes individuelles. La figure 5 montre
la trajectoire de blocs en chutes simultanées. Certains blocs ont été séparés du groupe
initialement pendant la préparation. Les trajectoires ne semblent pas être très différentes
de celles des chutes individuelles. On remarquera la faible déviation latérale similaire des
blocs. Une partie de ceux-ci sont également stoppés au niveau de la risberme mais pas
autant en pourcentage que dans le cas des chutes individuelles. Sur la figure 6 qui
montre les trajectoires et écarts dans différents plans, on observe des distributions
similaires. On note cependant plus de cas avec rebond au niveau de la risberme que
dans les chutes individuelles. Ce phénomène est probablement dû à des interactions
entre blocs. La chute simultanée de blocs avec possible interaction entre eux peut ainsi
modifier la distribution des blocs. Il semble donc important de pouvoir prendre en compte
dans les modèles d’analyse de chute de blocs l’interaction entre ces blocs pour une
meilleure prédiction des trajectoires de chute. Cette simulation permet également de
localiser le meilleur endroit pour positionner un ouvrage d’interception des blocs.

5
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 5. Trajectoire 3D de la chute simultanée de blocs

Figure 6. Projection des trajectoires de blocs en chutes simultanées dans le plan YZ


perpendiculaire à la voie (gauche), déviation latérale des blocs individuels dans les plans
XZ vertical parallèle à la voie (milieu) et XY horizontal (droite)

4.3. Chute simultanée de blocs avec interception

Une fois que les trajectoires de chute des blocs dans une zone sont identifiées, il devient
plus facile de planifier des ouvrages de détection ou d’interception. Les résultats du cas
précédent de chutes simultanées ont montré qu’une paroi de deux mètres de haut
représentant un filet en acier étudié pour retenir les blocs rocheux d’une certaine taille
peut être placée à la limite de la risberme permettant une accumulation sécurisée des
blocs. La figure 7 montre la trajectoire des blocs lorsque ce filet (pas représenté sur la
figure) est mis en place. L’ensemble des blocs a été stoppé par l’ouvrage de façon
adéquate. Bien que le filet soit représenté par une paroi rigide, aucun bloc n’a rebondi. La
figure 8 montre les trajectoires et écarts dans les différents plans de vues. On notera que
les blocs qui rebondissaient le plus ont bien été interceptés par la paroi confirmant la
hauteur de 2 mètres nécessaire. Les résultats de cette simulation montrent la pertinence
de l’utilisation de la méthode DEM pour analyser des solutions de parade à la chute de
blocs sur versant le long des voies ferroviaires et aussi pour les dimensionner.

6
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 7. Trajectoire 3D de la chute simultanée de blocs avec ouvrage d’interception

Figure 8. Projection des trajectoires des blocs en chutes simultanées avec ouvrage
d’interception dans le plan YZ perpendiculaire à la voie (gauche), déviation latérale des
blocs individuels dans les plans XZ vertical parallèle à la voie (milieu) et XY horizontal
(droite)

5. Conclusions

L’analyse de la chute de blocs rocheux sur un versant le long d’une voie ferroviaire a été
réalisée en utilisant la méthode numérique des éléments discrets. Les trajectoires de
chute de blocs, individuellement ou en groupe, ont été déterminées par cette méthode.
Les résultats de simulations ont permis de localiser une position optimale pour placer
un ouvrage d’interception des blocs mais également de dimensionner ces ouvrages. La
DEM constitue donc un outil utile, plus précis que les modèles conventionnels utilisés
dans le domaine de trajectographie de chute de blocs rocheux.
Certains points de cette analyse requièrent des améliorations certaines afin de pouvoir
prédire avec plus de fiabilité la chute de blocs rocheux. L’identification des blocs
susceptibles de se détacher de la paroi mériterait ainsi une attention particulière. Des
recherches commencent à se pencher sur la visualisation des lignes de faille des roches
lors des relevés topographiques des versants par photogrammétrie ou lasergrammétrie.
De même des modèles DEM prenant en compte la fracture des blocs au cours de leur
chute apporteraient un bénéfice non négligeable aux analyses. Des études récentes vont
dans ce sens.

7
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L’entreprise ferroviaire SNCF, déjà familière avec la méthode DEM pour étudier le
comportement mécanique des voies ballastées, ouvre, avec cette étude exploratoire de la
DEM dans le domaine des chute de blocs rocheux, un nouveau chapitre qu’elle va très
probablement développer dans un futur proche.

6. Références bibliographiques

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8
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

UTILISATION DU HARDENING SOIL MODEL DANS L’ETUDE DU


CREUSEMENT DE TUNNELS SUPERFICIELS.

USE OF HARDENING SOIL MODEL FOR URBAN TUNNELS DESIGN.

Nicolas GILLERON1,2, Emmanuel BOURGEOIS1, Adrien SAITTA2


1
Université Paris-Est, IFSTTAR, COSYS, Marne-La-Vallée, France
2
EGIS, Paris, France

RÉSUMÉ – Le Hardening Soil Model introduit au début des années 2000 a été intégré
dans de nombreux logiciels éléments finis pour la géotechnique et est progressivement
devenu d’usage courant dans les ingénieries pour le calcul de toutes sortes d’ouvrages.
On met en avant les points de vigilance sur son utilisation dans le cadre de l’étude de
tunnels superficiels.

ABSTRACT – The Hardening Soil Model introduced in the early 2000’s has been
widespread in the geotechnical engineering practices as well as in several finite element
packages. It is now currently used to design all types of geotechnical structures. We put
forward some useful points of vigilance for the geotechnical engineers in the use of the
Hardening Soil Model for studying urban tunnels.

1. Introduction

La loi de comportement du sol est une pièce majeure dans un modèle numérique qui vise
à prévoir, en fonction des méthodes constructives et de la géologie les tassements en
surface provoqués par le creusement d’un tunnel peu profond. Des modèles élastiques
linéaires aux lois de comportements les plus avancées, de nombreuses propositions ont
été formulées. Dans cet article on fait une discussion critique de la loi de comportement la
plus courante utilisée par les ingénieries de travaux souterrains, le Hardening Soil Model.
Cette loi présente la particularité d’intégrer de nombreuses caractéristiques d’autres lois :
un certain nombre de points discutés ici peuvent donc être étendus à d’autres modèles
similaires. Après avoir présenté les mécanismes de la loi, on discute leurs impacts
respectifs sur le tassement maximal et la largeur de la cuvette de tassement, pour un
tunnel de métro standard peu profond. L’ensemble des modélisations a été effectué avec
PLAXIS 2D 2015.

2. Modélisation bidimensionnelle de tunnels urbains avec le Hardening Soil Model

2.1 Le Hardening Soil Model

Le Hardening Soil Model (HSM) a été introduit par (Schanz et al., 1999). Il a été intégré
dans PLAXIS depuis plus de dix ans et s’est diffusé dans d’autres suites logicielles.
PLAXIS, ZSOIL et FLAC recommandent explicitement l’utilisation du modèle HSM pour la
modélisation de creusement de tunnel. En particulier (PLAXIS 2D, 2015) met en avant la
complémentarité des mécanismes qui doivent permettre au modèle de traiter une large
gamme de matériaux (graviers, sables, limons et argiles surconsolidés) et de situations
géotechniques (fondations, excavations, tunnels, remblais, barrages…).

1
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Concernant la modélisation de creusement de tunnels et la prévision des tassements,


on trouve dans la littérature de nombreuses utilisations du modèle HSM dans le cadre
d’analyses inverses ((Janin et al., 2015) ou (Möller et Vermeer, 2008) par exemple). Ce
modèle est par ailleurs couramment utilisé dans les différentes ingénieries françaises pour
le calcul de tunnel en site urbain.
Le HSM est un modèle de comportement du sol isotrope non-linéaire à deux
mécanismes de plasticité indépendants avec écrouissage. Il propose une synthèse de
différents modèles développés dans la seconde moitié du 20e siècle notamment le
modèle de (Duncan et Chang, 1970) et le modèle Cam-Clay (Potts et Zdrazkovic, 2001).
On reprend ci-après la liste des mécanismes principaux définis par la documentation
(PLAXIS 2D, 2015) :
1. Déformation plastique en compression primaire (écrouissage isotrope)
2. Déformation plastique en sollicitation déviatorique (écrouissage déviatorique)
3. Comportement élastique en déchargement/rechargement
4. Critère de rupture de type Mohr-Coulomb
5. Dépendance des modules vis-à-vis de la contrainte par une loi puissance
Il comprend trois paramètres de type « module élastique » : le module élastique de
déchargement/rechargement Eurref, le module sécant de référence en situation triaxiale
E50ref, le module tangent de référence sous sollicitation oedométrique Eoedref. Les autres
paramètres sont le ratio de rupture Rf, un coefficient de Poisson élastique ur, une
pression de référence pref, un exposant pour caractériser la dépendance de raideur avec
les contraintes m et les trois paramètres du critère de Mohr-Coulomb : la cohésion c,
l’angle de frottement interne φ et l’angle de dilatance .
L’intervention d’un même paramètre dans plusieurs mécanismes rend difficile
l’évaluation indépendante de l’influence de chaque mécanisme et l’anticipation du résultat
d’une étude paramétrique.

2.2 Caractéristiques du tunnel étudié

On considère un tunnel de 10 m de diamètre situé à 20 m de profondeur, hors nappe,


dans un massif homogène dont les caractéristiques, proches d’une situation parisienne,
sont définies dans le Tableau 1 pour le modèle HSM et dans le Tableau 2 en élasticité
linéaire avec critère de rupture de Mohr-Coulomb. On a désactivé le mécanisme de
dépendance de la raideur en contrainte par une loi puissance en retenant 0 pour le
paramètre m. L’excavation est modélisée en section transversale en déformations planes.
L’extension latérale du modèle est égale à 45 m, sa profondeur à 35 m. On modélise le
creusement du tunnel à l’aide de la méthode de relaxation des contraintes, qui est la plus
courante pour la prévision des tassements. On augmente le taux de déconfinement par
étapes successives jusqu’à la non-convergence du calcul (ici obtenue pour un taux de 65
%). On n’a pas modélisé le soutènement, car cette étape a un impact faible sur le profil de
tassement en raison de la raideur du soutènement.

Tableau 1. Paramètres du modèle Hardening Soil Model


K0 c φ  Eurref E50ref=Eoedref Rf νur m pref
(-) (kPa) (deg) (deg) (MPa) (MPa) (-) (-) (-) (kPa)
0,7 10 25 5 100 33 0,9 0.2 0 100

Tableau 2. Paramètres du modèle élastique linéaire avec critère de Mohr-Coulomb


K0 c φ  E ν
(-) (kPa) (deg) (deg) (MPa) (-)
0,7 10 25 5 100 0.2

2
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La Figure 1 décrit l’état initial du massif par rapport aux mécanismes d’écrouissage du
modèle. La droite en trait plein, avec les symboles +, représente l’état de contraintes
initiales dans le massif, en fonction de la profondeur. Les surfaces de charges dessinées
correspondent à un point situé à 20 mètres de profondeur. On a ici K0NC inférieur à K0
c’est-à-dire que le sol est légèrement surconsolidé et l’état de contraintes initiales ne se
trouve pas sur la surface de charge déviatorique. En revanche il se trouve sur la surface
de charge du mécanisme de compression.
On présente sur la Figure 2 l’état de plastification du massif pour trois étapes du
creusement correspondant à 10%, 50% et 65% de déconfinement des contraintes
initiales. On relève la progression des zones plastiques dans le massif.
A 10 % de déconfinement, l’état de contraintes initiales étant d’emblée sur la surface de
charge du mécanisme isotrope, on a une plastification suivant ce mécanisme de presque
la totalité du massif. En radier et en voute le massif est à l’état élastique car les
contraintes moyennes et déviatoriques décroissent.
A 50 % de déconfinement, on observe en clé et en radier une zone où aucune
plastification n’apparait. A partir du rein apparait une zone en « oreille » où le mécanisme
déviatorique est activé.
A 65 %, on a atteint le critère de rupture de Mohr-Coulomb en rein et la zone où le
mécanisme déviatorique est actif a poursuivi son expansion.
On présente dans le Tableau 3 le tassement maximal Smax pour les différentes étapes
de relaxation des contraintes ainsi que le paramètre K caractéristique de la largeur de la
cuvette de tassement, défini comme le rapport entre la distance à l’axe pour laquelle le
tassement est égal à 60% de sa valeur maximale et la profondeur de l’axe du tunnel
(O’Reilly et New, 1982). Le tassement maximal suit une évolution très fortement non-
linéaire et la cuvette de tassement est de façon générale bien plus large que celle issue
des modèles empiriques où K est de l’ordre de 0,35 pour un sable moyen.

400
Critère de
Contraitne déviatorique q =  1 - 3

350 Surface de charge Mohr-Coulomb


Critère isotrope
300
K0 NC
250
K0
200 Surface de charge
Critère déviatorique 30
150 v 25
20
100
15
50 10
Comportement
5 élastique
0 0
0 100 200 300 400 500
Contrainte moyenne effective p'

Figure 1. Visualisation des surfaces de charges initiales

3
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Légende :
Blanc Linéaire élastique
Gris clair Critère isotrope
Gris moyen Critère déviatorique
Gris foncé Critères combinés
Noir Rupture Mohr-Coulomb

Figure 2. État plastique du massif selon le taux de déconfinement (a) 10% (b) 50%
(c) 65%

Tableau 3. Profils de tassements


 (%) 10 20 30 40 50 60 65
Smax (mm) 3,2 7,2 13,0 21,6 35,6 62,8 89,0
Smax (mm) +3,2 +4,0 +4,8 +8,6 +14,0 +17,2 +26,2
K 0,7 0,69 0,69 0,68 0,63 0,6 0,56

3. Etude des mécanismes

3. 1 Ecrouissage isotrope

Par construction la surface de charge du mécanisme isotrope passe par l’état de


contraintes initiales. Il suffit donc que la contrainte équivalente moyenne peq (définie par
eq.(1)) augmente, que ce soit par une augmentation de la contrainte moyenne ou
déviatorique, pour que ce mécanisme soit sollicité.


p eq   ( p' )² (1)

Dans notre cas cela s’illustre lors de la première phase de déconfinement : le


mécanisme est activé d’emblée dans la quasi-totalité du massif (à l’exception du radier),
principalement à cause de l’augmentation du déviateur, mais on a également une légère
augmentation de la contrainte moyenne en rein.

4
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

En conséquence, le tassement calculé avec le modèle HSM est plus de deux fois plus
important que celui calculé avec le modèle élasto-plastique parfait (Tableau 4). La cuvette
produite par le modèle HSM est également plus large. En effet, les déformations sont
privilégiées dans les zones sollicitées par le mécanisme, qui sont situées en rein. En clé et
en radier, le massif a un comportement élastique caractérisé par le module d’élasticité en
déchargement/rechargement, et est donc plus raide.
Le modèle permet aussi de prendre en compte une valeur initiale du paramètre
d’écrouissage isotrope pp plus grande que la valeur initiale égale à peq, c'est-à-dire
d’agrandir le grand axe de l’ellipse. Dans le cas du creusement d’un tunnel, une
augmentation de pp même faible, de 50 kPa (soit le poids d’environ 2,5 mètres de terrain)
suffit à désactiver le mécanisme isotrope. Les déplacements calculés pour la première
phase deviennent alors sensiblement identiques à ceux du modèle élastique linéaire
(Tableau 4).
Les déplacements calculés à ce stade sont faibles comparés à la suite du calcul, cet
effet du mécanisme isotrope se trouve donc compensé ou dilué lorsque le taux de
déconfinement augmente et la sollicitation du mécanisme déviatorique est importante.

Tableau 4. Influence du mécanisme isotrope pour un taux de déconfinement de 10 %


Smax (mm) K
Hardening Soil Model 3,2 0,7
Elasticité linéaire + Mohr-Coulomb 1,5 0,625
HSM + surpression de 50 kPa 1,5 0,625

3.2 Ecrouissage déviatorique

Le mécanisme déviatorique est construit pour reproduire le profil hyperbolique de l’essai


triaxial introduit par (Duncan et Chang, 1970) : la déformation axiale dépend de la
contrainte déviatorique q suivant (eq.(2)):

qa q
1  (2)
Ei qa  q

Le module tangent initial Ei, la contrainte déviatorique asymptotique qa et la contrainte


déviatorique de rupture qf sont définies par (eq.(3)) :

2 E50 qf 1
Ei  et q q  et q f  (c cos    '3 sin  ) (3)
2  Rf Rf 1  sin 

Où E50 est le module sécant à 50% de la contrainte déviatorique de rupture qf (c’est-à-


dire que lorsque q = qf/2, on a  1  q / E50 ).
On cherche à évaluer le module d’élasticité tangent à l’initiation du mécanisme
déviatorique, lorsque la surface de charge est atteinte. On superpose sur la Figure 3 le
résultat d’un essai triaxial HSM obtenu par PLAXIS et le profil hyperbolique. On a choisi σ3
égal à sa valeur à 20 m de profondeur (280 kPa). On représente qi la contrainte
déviatorique à l’état initial,120 kPa et q la contrainte déviatorique pour laquelle on atteint la
surface de charge du critère déviatorique, 169 kPa. Le profil donné par le HSM est proche
du profil hyperbolique et on peut donc évaluer le module tangent à partir du modèle
hyperbolique. En dérivant la formulation hyperbolique, il vient (eq. (4)) :

5
857
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

1
 d  q
Et   1   Ei (  1)² (4)
 dq  qa
Le module d’élasticité tangent initial est dans notre cas environ cinq fois inférieur au
module de déchargement/rechargement, et diminue à l’approche de la contrainte de
rupture, jusqu’à des valeurs très faibles, vingt fois inférieur au module de
déchargement/rechargement quand q est égal à 80 % de qf, ce qui donne un
comportement très non-linéaire et une redistribution des contraintes particulière. Dans les
sols où K0 est faible une grande attention doit donc être portée sur le choix de E50 qui sera
très différent du module tangent. Il est remarquable que cette formulation n’ait que peu
d’influence sur la largeur de la cuvette de tassement.

qf
400 Ei Et

300
q (kPa)

200
q
qi
100
Eur HSM
Hyperbole
0
0 2 4  1 (%) 6

Figure 3. Essai triaxial HSM et hyperbole

3.3 Critère de rupture de Mohr-Coulomb

Le mécanisme d’écrouissage du mécanisme déviatorique limite la progression de la


contrainte déviatorique aux abords du tunnel, ce qui retarde l’atteinte de la rupture selon le
critère de Mohr-Coulomb avec le modèle HSM. Le critère est atteint à 60 % de
déconfinement contre 35 % pour le modèle élastique linéaire (Figure 4). En clé comme le
comportement est élastique le HSM n’a pas d’impact significatif.
La mise en plasticité selon le critère de Mohr-Coulomb n’a pas de conséquences
significatives sur la forme de la cuvette de tassement.

3.4 Module de déchargement/rechargement

Le module de déchargement/rechargement est au moins égal au module tangent initial Ei


pour permettre le calcul du paramètre d’écrouissage déviatorique.
Deux zones sont en déchargement/rechargement dans le massif au cours du
creusement. Une petite zone au-dessus de la clé de voûte et la zone sous le radier.
La présence d’une zone raide au-dessus de la clé de voute n’a pas pour conséquence
de limiter les tassements. La zone sous le radier présente une raideur bien supérieure au
reste du massif qui est plastifié, ce qui permet d’éviter le soulèvement du massif constaté
lors des calculs avec une loi élastique linéaire homogène. Cette propriété est
particulièrement pertinente dans le contexte d’un calcul de puits.

6
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400
EL +MC MC
HSM 35
300
50

σ1 -σ3 (kPa)
20
200 65 40
60 20 K0

0
100 0

0
0 100 200 300 400 500
(σ1 +σ3 )/2 (kPa)

Figure 4. Chemin de contraintes en rein selon la loi de comportement -  en %

3.5 Modules dépendant des contraintes selon une loi puissance

On a jusqu’ici désactivé ce mécanisme en choisissant la valeur de 0 pour le paramètre m.


On discute ici l’influence de ce mécanisme en mettant en évidence les difficultés qu’il pose
dans notre contexte.
Il s’agit tout d’abord, en suivant les constatations géotechniques et les principaux
modèles de comportement existant, d’exprimer la dépendance de la raideur du sol avec
l’état de confinement. Les trois modules du modèle HSM sont concernés par le
mécanisme avec le même type de dépendance, qu’on donne par exemple pour le module
de déchargement (eq. (5)) :

m
 c. cos    3 sin  
E ur  E ref
  (5)
 c. cos   p ref sin  
ur

Le module de déchargement/rechargement et le module déviatorique dépendent de la


contrainte principale mineure 3, le module œdométrique dépend de la contrainte majeure
principale (au moins à l’état initial).
Le paramètre pref donne la contrainte pour laquelle la valeur de chaque module est
égale à sa valeur de référence. PLAXIS recommande pref égal à 100 kPa. Cette valeur
amène à avoir dans l’état initial un module égal à sa valeur de référence à une profondeur
comprise entre 5 m et 10 m selon la valeur de K0. L’exposant m est recommandé compris
entre 0,5 et 1. Les paramètres c et φ participent également à la forme du profil de module
initial. Si la cohésion est très grande le module sera égal au module de référence, de
même si l’angle de frottement interne est très petit.
La dépendance du module avec c, φ et pref fait que le profil de raideur dépend des
critères de rupture du sol. Les mécanismes du modèle sont interdépendants ce qui
empêche de discuter leur effet séparément. On pourrait proposer une dépendance avec la
contrainte moyenne non dépendante des mécanismes de rupture produisant un profil
équivalent. Par ailleurs la dépendance avec la contrainte mineure est redondante avec la
formulation du critère déviatorique dans le cas du tunnel. A proximité de l’excavation, où la
contrainte mineure décroit et la contrainte déviatorique augmente, ces deux mécanismes
conduisent à une diminution de raideur.

7
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Sur la largeur du profil de tassement, une raideur croissante avec la profondeur (ici
équivalente à la contrainte à l’état initial) a pour effet de réduire la largeur de la cuvette.
Cet effet reste cependant limité et sa prise en compte ne suffit pas à obtenir des cuvettes
aussi étroites que les cuvettes empiriques.

4. Conclusions

La formulation du Hardening Soil Model entraine plusieurs conséquences pour l’étude des
tassements provoqués par le creusement d’un tunnel. Le mécanisme isotrope est activé
dès l’initiation même si la sollicitation est principalement déviatorique. Le mécanisme
déviatorique conduit à un module d’élasticité tangent bien inférieur aux modules E50 et Eur
et à une très forte non-linéarité du déplacement vis-à-vis du taux de déconfinement. La
rupture selon le critère de Mohr-Coulomb est retardée dans ce modèle. La largeur de la
cuvette de tassement est peu impactée par ces mécanismes. La formulation de la
dépendance des contraintes selon une loi puissance a une influence complexe et difficile
à maîtriser sur la variation des modules.
Il serait intéressant de chercher à proposer une loi, qui évite de rendre tous les
mécanismes interdépendants, reprenant les aspects les plus pertinents du HSM pour
l’étude d’un tunnel superficiel : la variation de raideur avec l’augmentation de la contrainte
déviatorique, la prise en compte d’un module de déchargement/rechargement et une
dépendance de la raideur vis-à-vis des contraintes.

5. Remerciements

Les auteurs remercient le Fond Unique Interministériel, le CG78 et BPIFrance pour leur
support au projet Newtun.

6. Références bibliographiques

Duncan J. M., Chang C. Y. (1970). Nonlinear analysis of stress and strain in soil, Journal
of the Soil Mechanics and Foundation Division, vol. 96,n°5, pp. 1629-1653.
Janin J., Dias D., Emeriault F., Kastner R., Le Bissonnais H., Guilloux A. (2015).
Numerical back-analysis of the southern Toulon tunnel measurements : A comparison
of 3D and 2D approaches. Engineering Geology, Volume 195, pp. 42-52.
Möller S.C., Vermeer P.A. (2008). On numerical simulation of tunnel installation.
Tunnelling and Underground Space Technology, vol.23, pp.461-475.
O’Reilly M.P., New B.M. (1982). Settlements above tunnels in the United Kingdom – their
magnitude and Prediction. Tunnelling, vol. 82, pp. 173-181.
PLAXIS 2D (2015). Reference Manual.
Potts D. M., Zdravkovic L. (2001) Finite element analysis in geotechnical engineering :
application. Thomas Telford, London.
Schanz T., Vermeer P.A., Bonnier, B.G. (1999) The hardening soil model: formulation and
verification. Beyond 2000 in Computational Geotechnics, Balkema, Rotterdam, pp 281-
290

8
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

LOIS ANISOTROPES POUR LA PREVISION DES TASSEMENTS DUS


AU CREUSEMENT DE TUNNELS SUPERFICIELS.
ANISOTROPIC LAWS FOR PREDICTING SETTLEMENTS CAUSED BY
SHALLOW TUNNELLING.

Nicolas GILLERON , Emmanuel BOURGEOIS1, Adrien SAITTA2


1,2
1
Université Paris-Est, IFSTTAR, COSYS, Marne-La-Vallée, France
2
EGIS, Paris, France

RÉSUMÉ – On étudie l’influence d’un comportement anisotrope transverse du sol sur la


prévision des tassements dus au creusement d’un tunnel. On montre la sensibilité
particulière des tunnels superficiels à ce type de modèle. On met en évidence les
contradictions de la littérature sur l’influence de tels modèles. Cette étude donne des
pistes d’une formulation de l’anisotropie permettant d’améliorer la prévision des
tassements. Les modélisations sont réalisées à l’aide de CESAR-LCPCv6.

ABSTRACT – We discuss the influence of a transverse anisotropic behavior of the soil on


the predictions of the settlements due to tunnel excavation. The particular sensitivity of
shallow tunnels in this type of model is illustrated. We highlight the contradictions in the
literature on the influence of such models. This study brings ways to formulate anisotropy
to improve the settlements predictions. The numerical simulations are made with CESAR-
LCPCv6.

1. Introduction

Le choix de la loi de comportement du massif de sol est essentiel pour la prévision des
déplacements provoqués par le creusement d’un tunnel superficiel. S’il dépend clairement
du type de sol et de son état de confinement, sa dépendance à la typologie de l’ouvrage
géotechnique est moins évidente. Le sol est généralement modélisé un comportement
isotrope, avec différents degrés de complexité dans les formulations. Le rapport (ITA,
2007) souligne que les modèles numériques surestiment la largeur de la cuvette de
tassement, on propose de discuter l’impact de l’hypothèse d’un comportement isotrope.
Dans un premier temps, on introduit l’anisotropie transverse et son influence dans le
calcul du tassement. On présente ensuite une étude bibliographique sur l’apport de
l’anisotropie, qui montre des contradictions entre les approches. Les sources sont
principalement anglo-saxonnes et s’étendent sur les trente dernières années avec des
modélisations numériques et analytiques. On précise ainsi l’influence de l’anisotropie sur
la largeur des cuvettes de tassement. On donne en conclusion quelques pistes pour
introduire l’anisotropie du sol dans l’étude des tunnels superficiels.

2. L’anisotropie transverse pour les tunnels superficiels

2.1 Description

La formation géologique du massif par apport successif de matériau et consolidation


gravitationnelle est à l’origine d’une anisotropie transverse des propriétés mécaniques.

1
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Dans ce cadre, la relation contraintes-déformations s’écrit est donnée par l’équation (1)
où x, y définissent le plan d’isotropie horizontal et z l’axe vertical (Puzrin, 2012) :
 1   
 E  hh  vh 
Eh Ev
 h 
  hh 1  vh   xx 

 xx    0
   E E E  
  yy 
h h v
 yy    vh  vh 1
 zz      
   E v E v E v . zz  (1)
 xy   1   hh   xy 
  
0 0 
 

 yz  
E h   yz 
 xz   0   xz 
1
0 0
 2Gvh 
 1 
 0 0 
 2Gvh 

On a donc cinq paramètres indépendants : Eh, Ev, νhh, νvh et Gvh. Avec ces paramètres
on définit trois rapports caractéristiques.
Le premier est le rapport entre les élasticités horizontale et verticale n  E h / Ev .
On introduit également le rapport entre les modules de cisaillement horizontal et
vertical   Ghh / Gvh .
On définit ensuite le rapport entre le module de cisaillement vertical et le module
d’élasticité vertical m  Gvh / Ev . Pour un massif isotrope, il est égal à miso  1/[ 2(1  hh )] . Sa
valeur est comprise entre 0,33 (cas non drainé ν=0,5) et 0,5 (cas ν=0). On s’intéressera
au rapport m / miso .
On peut établir la relation suivante entre les différents rapports :

m n
 (2)
miso 

Un premier jeu de modèles propose de ne modifier, par rapport à la situation isotrope,


que le module de cisaillement vertical Gvh. Trois paramètres sont alors nécessaires pour
décrire le comportement : E, ν, et Gvh.
Un modèle plus complet (dans la mesure où il permet de prendre en compte des
modules différents dans les directions verticale et horizontale par exemple) et souvent
repris dans la littérature, est le modèle de (Graham et Houlsby, 1983). Il ne fait intervenir
que trois paramètres indépendants , Ev et νhh, les autres paramètres du modèle, νvh, Eh et
Gvh , étant déterminés par les relations suivantes :

Ghh  hh Eh m
    n (3)
Gvh  vh Ev miso

2.2 Importance en tunnels urbains

On considère un tunnel superficiel de 10 m de diamètre à une profondeur de 20 m dans


un massif homogène élastique de coefficient de pression des terres au repos égal à 0,7.
L’excavation est modélisée en déformations planes par une relaxation totale des
contraintes. A titre de comparaison, on considère également une semelle rigide filante de

2
862
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

largeur 10 m soumise à un effort choisi pour obtenir le même ordre de grandeur de


déformation verticale pour les deux simulations.
On reprend ici la démarche de (Lee et Rowe, 1989) pour illustrer l’influence de la prise
en compte de l’anisotropie, en la complétant pour prendre en compte le cas d’un tunnel
profond et pour représenter la cartographie des déformations autour de l’ouvrage.
On visualise sur le Tableau 1 les isovaleurs des déformations verticale et de glissement
pour ces deux ouvrages, pour le cas où l’anisotropie se traduit par un module de
cisaillement vertical Gvh égal à 25 % de la valeur du cas isotrope. On a grisé l’étendue du
massif concernée par une déformation significative, supérieure à 0,1 % soit environ un
tiers de la valeur maximale obtenue dans les deux cas.
Dans le cas de la semelle, la déformation verticale et celle de glissement sont
maximales à son coin. Dans le cas du tunnel superficiel, la valeur maximale de la
déformation verticale est située en clé de l’ouvrage, celle de la déformation de glissement
est située en rein. On voit nettement que le rapport de la surface en glissement par
rapport à celle en déformation verticale est plus faible pour la semelle que pour le tunnel
superficiel. Par rapport à la situation isotrope, la déformation de glissement s’étend
significativement plus que la déformation verticale en tunnel. A l’inverse, sur la semelle,
les deux déformations progressent du même ordre de grandeur.
Cette différence de sensibilité vis-à-vis du module de cisaillement se confirme sur la
Figure 1 où on relève le tassement de la semelle et le tassement en surface au dessus du
tunnel à l’issue de l’excavation en fonction du module de cisaillement vertical. Si le
module de cisaillement vertical est égal à 50 % de sa valeur isotrope, le tassement de la
semelle sera augmenté de 30 % celui du tunnel superficiel de 80 %.
Cette observation n’est pas valable pour les tunnels profonds : on a modélisé un tunnel
profond en modifiant les conditions limites et en appliquant la contrainte à l’axe du tunnel
à l’ensemble du massif ; l’anisotropie du champ de contraintes initiales a été conservée.
Dans ce cas le rapport entre les déformations n’est pas fortement modifié par le
changement du module de cisaillement et le profil de la convergence en clé par rapport à
la variation du module de cisaillement est proche de celui de la semelle (Tableau 1 et
Figure 1).
On a ici illustré la nécessité d’adapter le modèle de comportement à la structure
étudiée : un modèle avec un module de cisaillement vertical indépendant a peu
d’influence sur le calcul des déplacements d’une semelle ou d’un tunnel profond,
beaucoup sur celui d’un tunnel superficiel. Il convient donc d’y porter une attention
particulière.
Smax (normalisé par la valeur du

2,8
Tunnel urbain
Semelle
2,3
cas isotrope)

Tunnel prof ond

1,8

1,3

0,8
0,25 0,5 0,75 1 1,25
Ghv/Giso

Figure 1. Influence du module de cisaillement vertical selon l’ouvrage considéré

3
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Tableau 1. Déformations verticale et de glissement pour différents ouvrages avec un


module de cisaillement transverse réduit à 25% de sa valeur isotrope

Semelle
Tunnel superficiel
Tunnel profond Déformation verticale Déformation de glissement

4
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3. Contradictions dans la prise en compte de l’anisotropie transverse dans la


littérature

3. 1 Modèles numériques

Dans un second temps (Lee et Rowe, 1989) ont étudié l’influence de différents
paramètres.
Le rapport C/D entre la couverture du tunnel et son diamètre a une faible influence. Le
module d’élasticité horizontal Eh n’a pas d’influence significative sur le tassement, de
même que le rapport entre les coefficients de Poisson horizontal et vertical. A m=Gvh/Ev
fixé, plus le coefficient de Poisson νhv est faible plus le tassement maximal est élevé.
Cette étude retient que l’on peut, en première approche, faire les hypothèses Ev = Eh et νhh
= νhv, et privilégier l’influence du rapport m/miso.
(Lee et Rowe, 1989) avancent trois explications pour justifier que le module de
cisaillement transverse est inférieur à la valeur isotrope :
- une explication géologique : ce serait une conséquence de la formation du terrain
par consolidation verticale,
- des considérations liées à la distribution des déformations autour du tunnel : la
relation contrainte-déformation en cisaillement est non linéaire et on constate un
niveau particulièrement élevé de déformation de cisaillement à proximité de
l’excavation,
- enfin, des données expérimentales montrent que pour un chemin de contraintes en
déchargement (cas du tunnel) le module d’élasticité Ev est supérieur en
déchargement tandis que Gvh est constant.
(Simpson et al., 1996) étudient également l’influence de l’anisotropie sur les calculs de
tassement par éléments finis. Après un premier calcul avec un module de cisaillement
transverse très fortement réduit (m=0,1), ils prolongent le résultat de (Lee et Rowe, 1989)
sur le tassement maximal à la largeur de la cuvette de tassement. Cette dernière est
beaucoup plus étroite avec le modèle anisotrope. (Simpson et al.,1996) présentent les
résultats d’analyse par mesure de la vitesse d’onde de cisaillement en laboratoire et in-
situ sur l’argile de Londres pour évaluer le rapport  entre les modules de cisaillements.
Les deux méthodes permettent d’établir un rapport égal à 1,5. L’utilisation de l’anisotropie
ainsi formulée, avec réduction du module de cisaillement transverse, associée à une loi
non-linéaire ou élastique linéaire permet d’approcher le profil de la cuvette de tassement
du London Heathrow express. On caractérise la largeur de la cuvette par le paramètre K,
défini selon O’Reilly et New (1982) comme le rapport entre la distance à l’axe du tunnel
où 60% du tassement maximal est atteint et la profondeur du tunnel. Les valeurs de K
obtenues dans le cas de Londres sont proches de 0,4.
(Addenbrooke et al., 1997) arrivent à des conclusions proches de (Simpson et al.,
1996) en prenant appui sur les données du creusement à Londres St James Park. Ils
remarquent qu’un modèle non-linéaire permet de reproduire le tassement maximal en
surface sans modifier la largeur de la cuvette de tassement. Ils proposent de chercher à
améliorer la largeur de la cuvette de tassement à l’aide d’une anisotropie transverse. Un
modèle anisotrope avec n > 1 et un module d’élasticité vertical réduit par rapport au calcul
isotrope augmente la profondeur de la cuvette (Smax) sans significativement en améliorer
la forme. L’introduction d’un rapport m/miso < 1 permet d’atteindre des cuvettes plus
étroites. En outre, (Addenbrooke et al., 1997) et (Simpson et al., 1996) constatent la faible
efficacité d’une loi élastique non linéaire pour réduire significativement la largeur de la
cuvette de tassement.
Lee et Ng (2002) étudient l’influence de K0 et de n sur la base de modélisations
éléments finis tridimensionnelles. Ils retiennent un modèle avec m = miso. Ils montrent que

5
865
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

plus K0 est petit plus la cuvette est étroite. Concernant n, ils notent un effet limité sur la
cuvette de tassement, plus n est grand plus celle-ci est étroite (K = 0,47 avec n = 1,6
contre K = 0,51 avec n = 1 dans le cas K0 = 0,5). Cette étude nuance le résultat de (Lee et
Rowe, 1989) et de (Addenbrooke et al., 1997) sur l’influence du rapport des modules
d’élasticité.
(Franzius et al., 2005) discutent l’opportunité d’un modèle élastique non-linéaire
anisotrope avec des modélisations par éléments finis tridimensionnels. Ils retiennent
notamment le modèle de (Graham et Houlsby, 1983) pour caractériser l’anisotropie, avec
m > miso et n > 1. Ils concluent ainsi à l’inutilité de l’anisotropie pour améliorer le profil de
la cuvette de tassement. On notera cependant qu’ils ont utilisé une formulation différente
des auteurs précédents du modèle anisotrope.

3.2 Modèles analytiques

(Puzrin et al.,2012) et (Zymnis et al.,2013) proposent un calcul analytique des


tassements, pour un modèle anisotrope, dans la suite des solutions proposées pour le
cas isotrope par (Sagaseta, 1987), (Verruijt et Booker, 1996), (Verruijt,1997) et (Park,
2005). Ils constatent qu’à l’instar des modélisations par éléments finis avec des modèles
isotropes, les différentes formulations analytiques ne permettent pas de reproduire
l’étroitesse des cuvettes de tassements empiriques. Les deux articles se concentrent sur
les argiles de Londres et en particulier prennent appui sur le cas du St James Park déjà
étudié numériquement dans (Addenbrooke et al., 1997) et (Franzius et al., 2005). Ils
s’appuient sur les mêmes études géotechniques, les travaux de (Hight et al., 2007) qui
mettent en évidence par de nouveaux essais en laboratoire et in-situ la forte anisotropie
de l’argile de Londres (London Clay) au droit du site étudié. Il est donc remarquable que
(Puzrin et al., 2012) et (Zymnis et al., 2013) arrivent à des conclusions diamétralement
opposées.
(Puzrin et al., 2012) reproduisent par une méthode analytique les résultats de (Lee et
Rowe, 1989), (Simpson et al., 1996) et (Addenbrooke et al., 1997). Ils utilisent un modèle
où seul le module de cisaillement transverse est différent du cas isotrope. Des travaux de
(Hight et al., 2007), ils tirent le rapport entre les modules de cisaillement  =Ghh/Ghv , égal
à 1,54. Ils se placent dans le cas non drainé (ν = 0,5), ce qui conduit à m=0,22 (selon
l’équation (2)) et m/miso<1. (Puzrin et al., 2012) constatent alors une réduction de la
largeur de la cuvette de tassement et poursuivent jusqu’à établir une corrélation directe
entre K et le rapport Ghh/ Ghv (en fait m/miso puisque n est égal à 1) (eq.(4)).

3 
K pour α compris entre 0,36 et 3,24 (4)
4

Cette corrélation semble cependant très audacieuse compte tenu du nombre de


facteurs pilotant la largeur de la cuvette de tassement.
Les travaux de (Zymnis et al., 2013) utilisent un modèle anisotrope plus complexe. Ils
retiennent, suivant (Hight et al., 2007), que le module de Young horizontal Eh est bien
supérieur au module vertical Ev, et adoptent la valeur n = 2,07, d’où m = 0,66 avec  égal
à 1,54 en suivant les travaux de (Graham et Houlsby, 1983). Le module de cisaillement
vertical est alors supérieur au cas isotrope, à l’inverse de (Puzrin et al., 2012). Dans la
formulation analytique de (Zymnis et al., 2013) les effets de la différence entre les
modules vertical et horizontal et de l’augmentation du module de cisaillement vertical se
compensent remarquablement, la superposition des profils de déplacement dans le
massif le montre. On retrouve le constat de (Franzius et al., 2005) fait sur la base de
modélisations numériques. (Zymnis et al., 2013) concluent, après étude du cas St James

6
866
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Park, que la prise en compte de l’anisotropie n’apporte pas d’améliorations significatives


sur la prévision des tassements.

3.3 Synthèse

On distingue deux approches : la première se concentre sur le module de cisaillement


transverse pour tenir compte de l’anisotropie, la seconde établit des corrélations entre les
cinq paramètres.
Avec la première approche, l’anisotropie a une influence importante sur le profil de
tassement calculé au-dessus d’un tunnel, en augmentant le tassement maximal et
réduisant sa largeur. Elle est par contre à l’évidence trop restrictive en supposant que les
modules d’élasticité vertical et horizontal sont égaux, ce que la majorité des auteurs
considèrent comme peu représentatif de la réalité géologique.
La seconde formulation étudiée, basée sur les travaux de Graham et Houlsby (1983)
conduit à un module de cisaillement vertical supérieur au module de cisaillement du cas
isotrope. Dans ce cas, la prise en compte de l’anisotropie modifie peu la cuvette de
tassement. Il faut noter que cette approche est centrée sur les argiles, en particulier celles
de Londres.

4. Conclusions

L’anisotropie transverse a une importance particulière pour l’étude du tassement


provoqué par le creusement de tunnels superficiels par rapport à d’autres ouvrages
géotechnique. Selon la formulation retenue par le modélisateur, que ce soit par des
méthodes numériques ou analytiques, son influence sur la largeur de la cuvette de
tassement est significative ou non.
Une formulation originale de l’anisotropie pourrait permettre d’obtenir des cuvettes de
tassements de même largeur que celles observées en spécifiant le module de
cisaillement transverse tout en tenant compte des différences entre les modules
d’élasticité vertical et horizontal.

5. Remerciements

Les auteurs remercient le projet FUI NEWTUN, le CG78 et BpiFrance.

6. Références bibliographiques

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867
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8
868
SIMULATION DE LA RUPTURE EN MODE I PAR UNE METHODE
AUX ELEMENTS DISCRETS

SIMULATION OF MODE I FRACTURE WITH A DISCRETE ELEMENT


METHOD

Auteurs : Jabrane HAMDI1,2, Luc SCHOLTES3, Mountaka SOULEY1, Marwan AL


HEIB1
1
INERIS, Direction des Risques du Sol et du Sous-Sol – Ecole des Mines, Campus
ARTEM, CS 14234, F-54042 Nancy cedex, France
2
GeoRessources – Université de Lorraine, Ecole des Mines, Campus ARTEM, CS
14234, F-54042 Nancy cedex, France
3
GeoRessources – Université de Lorraine, 2 rue du Doyen Marcel Roubault, 54500
Vandoeuvre-lès – Nancy, France

Résumé - Une méthode aux éléments discrets a été utilisée pour modéliser
l’initiation et la propagation des fissures dans les matériaux fragiles. Des essais
classiques de mécanique des roches ont été simulés sur des échantillons calibrés
sur le granite du Lac du Bonnet. Afin d’identifier l’influence des paramètres du
modèle sur la valeur de la ténacité du milieu, une étude de sensibilité a été réalisée.

Abstract - A discrete elements method has been used to simulate the initiation and
propagation of cracks in brittle materials. Classical rock mechanics tests carried out
on the Lac du Bonnet granite were simulated to calibrate the input parameters and to
simulate other stress paths. A sensitivity analysis was performed to investigate the
influence of the numerical parameters on the toughness of the material.

1. Brèves revues des méthodes numériques et outils utilisés

Deux grandes approches peuvent être utilisées pour simuler la propagation des
fissures dans les roches : l'approche continue et l'approche discrète. Dans l’approche
continue, les méthodes numériques ont été développées sur les principes des
différences finies (FDM), des volumes finis (FVM) et des éléments finis (FEM). La
résolution de problèmes de fissuration peut être réalisée par la FEM en introduisant
des éléments joints dans le maillage proposé initialement par Goodman et al. (1968).
Plusieurs représentations des éléments joints ont été proposées par la suite par
Zienkiewicz et al. (1970), Ghaboussi et al. (1973) et Buczkowszki et Kleiber (1997).
Cette technique permet de simuler la propagation des fissures mais elle est
fortement contrainte par le maillage utilisé. Afin de remédier à cette limitation, un
nouvel outil numérique a été développé : la méthode des éléments finis étendus
(XFEM). La méthode XFEM a l’avantage de produire une solution indépendante du
maillage utilisé et de traiter des problèmes comportant des singularités telles que
l’initiation, la propagation, la coalescence des fissures avec ou sans fractures
préexistantes (Karihaloo et Xiao 2003, Abdelaziz et Hamouine 2008, Belytschko et
al. 2009, Richardson et al. 2009). L'idée de base de la méthode XFEM est d'enrichir
l’espace des éléments finis classiques avec des degrés de liberté additionnels qui
intègrent les solutions asymptotiques près des têtes de singularités et permettent aux

869
déplacements d'être discontinus sur les faces de ces dernières. Les approches
discrètes telles que la méthode aux éléments discrets (DEM) ou l'analyse des
déformations discontinues (DDA) constituent une alternative. Cundall et Strack
(1979) ont ainsi introduit la méthode DEM dans laquelle le milieu modélisé est
constitué par des assemblages de particules en interaction. Dans la méthode DEM,
chaque particule est identifiée par sa masse, son rayon et son moment d’inertie et
interagit avec ses voisines par l'intermédiaire de lois de contact prédéfinies.
Potyondy et Cundall (2004) ont ainsi introduit le modèle des particules collées (BPM)
qui permet de rendre compte du comportement des milieux rocheux ainsi que des
processus de fracturation mis en jeu. C'est dans ce cadre que nous avons choisi
d'utiliser le code de calcul Yade Open DEM (Šmilauer et al. 2015, Yade
Documentation). Le BPM défini de la discretisation et de l'amortissement numerique
dans Yade a d'ores et déjà démontré sa capacité à reproduire le comportement des
roches fragiles, comme illustré dans la Figure 1 (Scholtès et Donzé 2013) ainsi que
la propagation des fissures dans les milieux fracturés (Scholtès et Donzé 2012).
Comme dans tout BPM, le milieu est modélisé comme un assemblage de particules
en interaction les unes avec les autres.

(a) Configuration de l’essai (b) Evolution de déviateur des (c) Evolution de déformation
de compression triaxiale contraintes σ1-σ3 en fonction volumique εV en fonction de
de déformation axiale ε1 déformation axiale ε1

Figure 1: Simulation d’essais de compression triaxiale par la méthode des éléments


discrets (Scholtès et Donzé 2013)

Ces interactions peuvent être définies de plusieurs manières et impliquent


généralement des lois de comportement reliant les forces aux déplacements
interparticulaires. Dans le cas de Yade, les lois de comportement sont de type
élastique-plastique fragile et permettent de simuler des comportements typiques des
matériaux rocheux. Les particules sont soumises à des forces normales et
tangentielles générées au niveau des contacts. Un amortissement numérique est
introduit pour absorber l'excès d'énergie cinétique résultant de la loi de Newton afin
de limiter les effets inertiels et d’assurer la quasi-staticité des sollicitations étudiées.
Le travail présenté a pour objectif d’appliquer une DEM à l’étude de problèmes types
de mécanique de la rupture et d’en identifier les avantages et inconvénients.

2. Simulation de la rupture en mode I


Afin d’étudier les processus de fissuration dans le cadre de la mécanique de la
rupture, il est nécessaire de calculer le facteur d’intensité des contraintes qui mesure
la capacité des fissures à se propager dans le milieu. On distingue trois types de
sollicitation associés à trois modes de rupture distincts : le mode I est le mode

870
d’ouverture ou d’extension, le mode II est associé à la rupture en cisaillement plan et
le mode III à un cisaillement anti-plan (Figure 2). Des sollicitations composées
pouvant bien évidemment conduire à des modes de rupture mixtes.

Figure 2. Modes de sollicitation et types de rupture associés

On s’intéresse ici à la rupture en mode I qui d'un point de vue expérimental est
généralement étudiée en laboratoire à travers des essais de traction directe, de
flexion 3 points ou de double torsion. Nous avons donc calculé le facteur d’intensité
des contraintes en mode I (KI) en nous basant sur la relation approchée d’Irwin
(1957) exprimée par : (avec la contrainte maximale appliquée et
la largeur initiale de la fissure). Si KI atteint la valeur critique KIC (également appelée
ténacité), ce qui est une forme équivalente du critère de Griffith (1920), la fissure se
propage. La ténacité est ainsi une caractéristique du matériau qui est indépendante
du chargement appliqué et de la géométrie de l’échantillon. C’est dans ce cadre que
nous avons étudié le comportement mécanique, le développement des fissures et
l’énergie libérée durant la fissuration pour des essais de flexion 3 points (Figure 3a)
ainsi que pour des essais de traction directe (Figure 3b) simulés sur des échantillons
numériques préalablement calibrés sur le granite du Lac du Bonnet (Scholtès et
Donzé 2013). Ces simulations ont permis de vérifier la robustesse de la méthode vis-
à-vis de sa capacité à reproduire le comportement macroscopique observé lors des
essais de laboratoire et ce, quel que soit le chemin de chargement appliqué. Afin
d’identifier l’influence des paramètres du modèle sur l’initiation et la propagation des
fissures en mode I, une étude de sensibilité a été menée. Nous avons ainsi pu
évaluer l’influence de la géométrie du modèle (dimensions de l'échantillon,
orientation de la fissure préexistante), de sa discrétisation (nombre de particules) et
de l’amortissement numérique en calculant, pour chaque essai, la valeur du KIC.

(b) Essai de traction directe sur un échantillon


(a) Essai de flexion 3 points sur une poutre pré-fissuré de dimensions 20x40x20 cm
3
3
(avec entaille) de dimensions 24x8x3 cm

Figure 3. Essais numériques utilisés pour caractériser la rupture en mode I

871
Les analyses ont été effectuées sur la base de l’évolution, en fonction de
déformation axiale, de la contrainte axiale, de l’énergie élastique, du nombre de
fissures générées dans le milieu et de l’énergie dissipée lors de la fissuration. Les
résultats obtenus pour un échantillon pré-fissuré de dimensions 20x40x20 cm3
contenant 10 000 particules sont présentés sur la Figure 4.

σ1 (a) Energie σ1 Nbre


σ1 (MPa) (b)
(MPa) (J) (MPa) fissures
8 5000 7 1400
Eel 4000 6 1200
6 5 1000
3000 4 800
4 Ediss
2000 3 600
2 2 400
1000
1 200
0 0 0 0
0 0.5 1 1.5 2 0 0.5 1 1.5 2
ε1 (mm/m) ε1 (mm/m)

(a) Evolution de la contrainte axiale σ1, de l’énergie (b) Evolution de la contrainte axiale σ1 et du nombre de
élastique Eel de l’échantillon et de l’énergie dissipée microfissures en fonction de la déformation axiale ε1
Ediss par les microfissures en fonction de la
déformation axiale ε1

Figure 4. Réponse de l'échantillon pré-fissuré soumis à une traction directe

3. Impact des paramètres du modèle sur la ténacité (KIC) du milieu

3.1. Résultats issus de la littérature

Plusieurs auteurs ont constaté que la réponse mécanique des BPM était
dépendante de la discrétisation (nombre des particules) et de l’amortissement
numérique choisis. Par exemple, Tarock et Fakhimi (2014) ont simulé un essai de
flexion 3 points et ont conclu que la discrétisation influe sur la valeur de la ténacité
(KIC). De leur côté, Hazzard et al. (2000) ont simulé un essai de compression
uniaxiale et ont souligné que la valeur de l’amortissement numérique doit être choisie
minutieusement afin d’obtenir un comportement mécanique réaliste et ont proposé
de calibrer ce paramètre en fonction du facteur de qualité sismique du milieu simulé
(qui mesure l’atténuation due aux ondes dans le milieu).

3.2. Impact de la discrétisation

Afin d’identifier l’impact de la discrétisation sur la ténacité à la rupture en mode I


(KIC), une série de simulation d’essais de traction directe a été réalisée sur un
échantillon pré-fissuré de dimension 20x40x20 cm 3 (Figure 3b). Les différents tests
ont été effectués en changeant la discrétisation de l’échantillon, c’est-à-dire le
nombre de particules pour le même volume d’échantillon. Il a été constaté que la
réponse macroscopique de l’échantillon reste indépendante de la discrétisation du
modèle (Figure 5). En outre, les valeurs de la ténacité varient très peu en fonction de
la discrétisation comme illustré dans le Tableau 1 confirmant ainsi que le
comportement macroscopique simulé ne dépend pas de la discrétisation.

872
Tableau 1. Valeurs de la ténacité obtenues pour des simulations d'essai de traction
directe réalisés avec différentes discrétisations (k=1000)
Nombre de 5k 10k 20k 40k
particules
KIC (MPa ) 0,79 0,8 0,84 0,81

σ1 Energie (b)
(a)
8 (MPa) 6000 élastique (J) 5k
5k
6 4000 10k
10k
4 20k
20k 2000
2 40k
40k
0 0
0 0.1
ε1 (mm/m)
0.2 0 0.05 0.1
ε (mm/m)
0.15
1

(a) Evolution de la contrainte axiale σ1 en fonction de la (b) Evolution de l'énergie élastique en fonction de la
déformation axiale ε1 déformation axiale ε1
Figure 5. Réponse de l'échantillon pré-fissuré soumis à une traction directe pour
différents nombres de particules

La même étude de sensibilité au nombre de particules a été effectuée pour un essai


de flexion 3 points simulé sur une poutre de dimension 24x8x3 cm3 (Figure 3a). La
Figure 6 illustre l’indépendance du comportement macroscopique par rapport à la
discrétisation et confirme les résultats précédents.

3000 Force (a) 0.02 (b)


Energie
2500 (N) 10k
10k élastique
2000 0.015
20k (J) 20k
1500 40k 0.01
40k
1000
0.005
500
0 0
0 0.01 0.02 0.03 0.04 0 0.01 0.02 0.03 0.04
Déplacement (mm) Déplacement (mm)

(a) Evolution de la force en fonction du (b) Evolution de l'énergie élastique en fonction du


déplacement déplacement
Figure 6. Réponse de la poutre avec entaille soumise à une flexion 3 points pour
différents nombres de particules

3.3 Impact de l’amortissement numérique

Une série d'essais de traction directe a été simulée sur un échantillon de dimensions
20x40x20 cm3 constitué de 5 000 particules pour différentes valeurs de
l’amortissement numérique. Dans les codes DEM généralement et dans Yade plus
particulièrement, un amortissement numérique « non visqueux » est introduit de sorte
à réduire les effets inertiels et à faciliter la simulation de problèmes statiques
(Smilauer et al. 2015). En effet, l’amortissement est pris en compte dans l’équation
de mouvement des particules de sorte que la force accélératrice est réduite d’un
incrément sur chaque intervalle de temps tel que :

873
(1)

Avec le signe de la vitesse de la particule et le coefficient


d’amortissement.
Dans nos simulations, nous avons pu constater que, pour la traction directe, la
réponse de l’échantillon reste indépendante de l’amortissement comme illustré sur la
Figure 7. Les valeurs de la ténacité calculées pour chaque essai sont résumées dans
le Tableau 2. Notons que, par défaut, un amortissement numérique de 0,4 a été
utilisé dans nos simulations.

Tableau 2. Valeurs de ténacité obtenues pour les simulations de traction pour


différentes valeurs de l'amortissement numérique

Amortissement (α) 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8
KIC (MPa ) 0,782 0,781 0,787 0,79 0,795 0,8 0,806 0,81

8 (a) α = 0.1 6000 (b) α = 0.1


σ1 Energie
α = 0.2 α = 0.2
(MPa) élastique
6 α = 0.3 4000 α = 0.3
(J) α = 0.4
α = 0.4
4 α = 0.5
α = 0.5
2000 α = 0.6
2 α = 0.6
α = 0.7 α = 0.7
0 α = 0.8 0 α = 0.8
0 0.05 0.1 0.15 0 0.05 0.1 0.15
ε1 (mm/m) ε1 (mm/m)
(a) Evolution de la contrainte axiale σ1 en fonction (b) Evolution de l'énergie élastique (J) en fonction de la
de la déformation axiale (ε1) déformation axiale (ε1)

Figure 7. Réponse de l'échantillon pré-fissuré soumis à une traction directe pour


différentes valeurs de l'amortissement numérique (α)

Une série d’essais de flexion 3 points a été simulée sur une poutre de dimensions
24x8x3 cm3. Pour cette sollicitation, nous avons pu observer que le comportement
mécanique de la poutre reste également indépendant de l’amortissement (Figure 8).
Finalement, nous pouvons conclure que, dans le code de calcul Yade Open DEM,
l’amortissement numérique n’a pas un impact majeur sur la modélisation de la
rupture en mode I pour les sollicitations étudiées, à savoir l’essai de traction directe
et l’essai de flexion 3 points.

3000 (a) 0.02 Energie (b)


Force
α = 0.2 α = 0.2
(N) 0.015 élastique
2000 α = 0.4 (J) α = 0.4
α = 0.6 0.01 α = 0.6
1000
α = 0.8 0.005 α = 0.8
0 0
0 0.02 0.04 0 0.01 0.02 0.03 0.04
Déplacement (mm) Déplacement (mm)

(a) Evolution de la force en fonction du (b) Evolution de l'énergie élastique Eel en fonction
déplacement du déplacement
Figure 8. Réponse de la poutre soumise à une flexion 3 points pour différentes
valeurs de l'amortissement numérique (α)

874
4. Discussion

L’indépendance de la réponse mécanique macroscopique du modèle utilisé vis-à-vis


de sa discrétisation et de l’amortissement numérique pour la rupture en mode I est
un résultat fondamental. Il résulte d'une caractéristique spécifique du modèle qui
permet de contrôler le comportement macroscopique du milieu (Scholtès et Donzé
2013). Cette caractéristique est basée sur l'introduction d'un paramètre numérique
appelé « nombre de coordination » qui permet de rendre compte du degré
d'enchevêtrement des particules constitutives du milieu. En effet, le nombre de
coordination permet de quantifier le nombre de contacts par particule. Par ailleurs, le
fait de garder ce nombre constant quel que soit l'assemblage de particules utilisé
permet d'assurer un comportement macroscopique équivalent. Pour cela, il est
nécessaire d’ajuster le rayon d’interaction en fonction de l'assemblage utilisé. Le
rayon d’interaction correspond à la distance pour laquelle une particule peut interagir
avec ses voisines (Scholtès et Donzé 2013). Le nombre de coordination a ainsi été
gardé constant pour toutes les simulations réalisées.
Il est intéressant de noter que pour l’ensemble des simulations présentées, la valeur
du facteur d’intensité de contraintes critique KIC est pratiquement constante et proche
de 0,8 MPa . On peut également noter que cette valeur est du même ordre de
grandeur que les valeurs déterminées en laboratoire sur les échantillons du granite
du Lac de Bonnet (Lajtai et al. 1987, Homand et al. 1998).

5. Conclusion

Pour la rupture en mode I et dans le cas des sollicitations étudiées, nous avons pu
mettre en évidence l’indépendance de la réponse du modèle DEM par rapport à sa
discrétisation et à l’amortissement numérique utilisé. Ces résultats proviennent de la
formulation particulière du modèle et confirment ainsi la robustesse de ses
prédictions. Pour aller plus loin dans ces travaux, des développements ont été initiés
afin de calculer les différentes composantes énergétiques mises en jeu. Après la
validation de ces développements, nous étendrons ces analyses pour des conditions
de chargement dynamiques dans la perspective d’applications au dimensionnement
d’ouvrages souterrains de type galerie circulaire creusée dans des champs de
contraintes prédéfinis. À plus long terme, nous essaierons de réaliser des
corrélations avec des mesures géophysiques.

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876
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

IDENTIFICATION DES SOLS LIQUEFIABLES PAR PENETROMETRE


STATIQUE : PRINCIPE ET MODELISATION NUMERIQUE

IDENTIFICATION OF LIQUEFIABLE SOILS FROM STATIC PENETROMETER


TEST: METHODOLOGY AND NUMERICAL MODELLING

Hamid Hosseini-Sadrabadi1,2, Bruno Chareyre1, Luc Sibille1, Pierre Riegel2


1 Grenoble-INP, UGA, CNRS, Laboratoire 3SR, F-38000 Grenoble, France
2 Equaterre : Bureau d'études géotechniques, 74960 Meythet, France

RÉSUMÉ – On souhaite étudier l’application du principe de double mesure mise en œuvre


au cours d’essais de pénétration statique à l’identification directe des sols liquéfiables. Pour
cela un modèle numérique discret intégrant un couplage fluide-solide sera développé. Cet
article présente la stratégie de modélisation et l’étape préliminaire de mise en place d’une
chambre d’étalonnage virtuelle.

ABSTRACT – In order to identify in the field liquefiable soils we suggest to use static
penetration test for which double measurement of cone resistance is performed. To study
the possibility of application of such a method, a discrete numerical model involving fluid-
solid coupling will be developped. This paper presents the modeling strategy and the
preliminary step of setting up a virtual calibration chamber.

1. Introduction

Les essais in-situ, tels que le pressiomètre ou le pénétromètre statique par exemple, sont
très utilisés pour caractériser les sols en géotechnique d'un point de vue mécanique. Le
pénétromètre statique a été fréquemment utilisé lors de campagnes de reconnaissance
dans le cadre du dimensionnement de fondations, de contrôles de compactage, ou de
caractérisations du risque de liquéfaction (Mayne, 2007).
Depuis 20 ans le bureau d'étude Equaterre dans le sillage de l’expérience de ses
créateurs lance des campagnes d’investigation du sol en utilisant le pénétromètre statique
avec un appui dynamique pour traverser les terrains très hétérogènes en sub-surface,
comme par exemple des terrains post-glaciaires (moraine...). L’antériorité de la pratique du
pénétromètre a conduit à maintenir l’usage de la double mesure à l’aide d’une pointe du
type « Gouda », soit la mesure de la résistance de pointe à une vitesse d’enfoncement de
. ê
2cm.s-1 , et la mesure de la même résistance de la pointe à l’arrêt, . En
effet par analogie avec le chargement du sol d’une fondation, la mesure statique à l’arrêt
ê
( ) est notablement plus proche du comportement du futur ouvrage étudié, que la
.
mesure en déplacement ( ). L’expression de la double mesure varie notablement
en fonction des terrains rencontrés. L’expérience montre également une réponse
particulière de la double mesure dans le contexte des matériaux liquéfiables.
La présente contribution s’inscrit dans le développement d’une méthode d’interprétation
des résultats de double mesure afin d'identifier les sols liquéfiables. On décrit dans un
premier temps le principe de la mesure, puis la méthodologie numérique mise en place pour
étudier la relation entre réponse et comportement du matériau en place.

877
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2. Principe de l’essai de pénétration statique avec double mesure

2.1. Fonctionnement de la pointe « Gouda »

Le schéma de principe d'une pointe type Gouda est présenté sur la Figure 1 en position
ouverte et en position fermée. La pointe du pénétromètre est solidaire d'une tige intérieure
mobile en translation (sur une longueur de 4 cm) par rapport au train de tubes. Ainsi, en
connectant, en tête du train de tubes, la tige intérieure à une cellule de mesure de force, on
accède directement à la résistance de pointe en évitant tout frottement latéral.
L'approche utilisée par Equaterre depuis quelques années consiste à mesurer la
résistance de pointe , dite « statique », lorsque le pénétromètre est enfoncé à une vitesse
de 2 cm.s-1 et d'arrêter l'enfoncement à différentes profondeurs pour suivre l'évolution de
, c’est la double mesure. Dans cet état fixe, l'évolution dans le temps de la résistance de
pointe est variable, en présentant une décroissance, ou dans certains cas particuliers une
ê
augmentation, jusqu'à une stabilisation à une valeur finale que l'on dénomme « ».
ê
La valeur de pourrait être en relation avec l'évolution des pressions interstitielles au
voisinage de la pointe et ainsi être représentative dans une certaine mesure de la sensibilité
à la liquéfaction des sols traversés. Notons que pour un tel essai il n'y a pas de mesure
directe de la pression interstitielle comme cela est fait au cours d'un essai de dissipation
réalisé avec un piézocône.

Figure 1. Schéma de principe d'une pointe Gouda, en position ouverte en haut, et


fermée en bas : la pointe est solidaire de la tige intérieure et peut coulisser sur une
longueur de 4 cm par rapport au corps du pénétromètre (cotes en mm).

2.2. Interprétation envisagée de l'essai de double mesure

La première partie de ce projet de recherche consiste à comprendre et décrire les


phénomènes physiques mis en jeu pendant la relaxation de la résistance de pointe ,
lorsqu’on passe de l'enfoncement à vitesse constante à l'arrêt, afin d'être en mesure de
proposer une méthodologie d'interprétation de l'essai de double mesure. Cette approche
vise à permettre l'identification des sols potentiellement liquéfiables et de les classifier en
fonction de leur sensibilité. A titre d'exemple, on présente sur la figure 2 un profil de
résistance de pointe avec double mesure obtenu par Equaterre. Le profil de droite montre
.
la différence relative entre la valeur de dite « statique » (en trait continu vert sur le
ê
profil de gauche) et la valeur de (en trait continu orange), définie telle que :
2

878
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

. ê
∆ = .
(1)

Lors de cette campagne de reconnaissance, les couches de sol situées entre 0 - 2 m et


8 - 11 m de profondeur ont été identifiées, à partir d’essais de dissipation au piézocône et
d’analyses granulométriques dédiées sur carottes, comme liquéfiables. Ici, ces couches de
sol sont caractérisées par des valeurs ∆ atteignant voir dépassant les 50 % (forte
ê .
diminution de par rapport à ). Cet exemple semble montrer que
le principe de double mesure de la résistance de pointe pourrait être utilisée pour localiser
les zones potentiellement liquéfiables pour ensuite concentrer sur ces zones, si nécessaire,
des moyens plus fins de caractérisation de la sensibilité à la liquéfaction.
Toutefois, la possibilité d'une telle interprétation de la double mesure reste à confirmer à
l'heure actuelle. C'est pourquoi nous développons un modèle numérique du pénétromètre
statique dans lequel les phases solides et fluides sont toutes deux explicitement
représentées. Ce modèle permettra de multiplier aisément les expériences numériques et
d'accéder à des données indispensables pour le mise en place de la méthodologie
d'interprétation (champs de pression interstitielle, de déformation volumique, …),
contrairement aux essais de terrain, voire aux modèles physiques de laboratoire.

Figure 2. Exemple de résistances de pointe mesurées lors d'un essai de pénétration


statique avec double mesure.

3. Modèle numérique par éléments discrets

Le modèle numérique est basé sur la Méthode des Eléments Discrets (MED) pour décrire
le squelette solide du sol. La MED sera dans le modèle final, couplée avec le méthode PFV
(Pore scale Finite Volume) pour résoudre la dynamique de la phase fluide à l'échelle des
pores (Catalano et al., 2014), toutes deux implémentées dans le code libre YADE (Šmilauer

879
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

et al., 2015). Le modèle vise à représenter une Chambre d’étalonnage Virtuelle (virtual
calibration chamber, VCC) au sein de laquelle seront simulés des essais de double mesure.

3.1. Géométrie du modèle et traitement des conditions aux limites

Afin de s'affranchir des effets de bord sur la résistance de pointe le rapport entre le diamètre
de la chambre d’étalonnage et le diamètre de la pointe du pénétromètre doit être
suffisamment grand, idéalement supérieur à 70 (Salgado et al., 1998 ; Butlanska et al.,
2010). Par conséquent, une représentation complète tridimensionnelle d'une chambre
d’étalonnage conventionnelle représenterait un coût en calcul prohibitif étant donné le grand
nombre de particules qu'il serait nécessaire d'utiliser avec la MED (le coût en calcul étant
en direct relation avec le nombre de particules). Il a alors été choisi de tirer avantage de la
symétrie de révolution du problème pour ne représenter numériquement qu'un secteur
angulaire (Figure 3). Le modèle numérique se présente donc sous la forme d'un prisme dont
une des hauteurs de ce dernier est confondu avec l'axe de symétrie, soit l'axe du
pénétromètre (voir la figure 3). Les limites du prisme sont constituées de parois rigides fixes
non frottantes.
Par ailleurs, toujours afin de contrôler le coût en calcul nous avons opté pour un
raffinement variable de la discrétisation du sol en éléments discrets en fonction de la
distance à la pointe. En effet, au voisinage de la pointe le sol est remanié de manière très
importante et il est indispensable d'utiliser une description fine de celui-ci. En revanche, à
une distance suffisante de la pointe, le réarrangement granulaire est absent et les
déformations restent faibles et essentiellement élastiques. Une discrétisation grossière du
milieu est alors suffisante pour rendre compte de ce type de comportement. Il en résulte la
représentation discrète du sol telle que présentée sur la figure 3, et pour laquelle le rapport
entre le diamètre de la pointe et la taille des grains est de 8,5 à proximité de la pointe.
Notons qu'il est indispensable, dans un modèle comme celui-ci comportant un raffinement
de discrétisation variable d'utiliser des lois de contact inter-particules ainsi qu'une
conductivité hydraulique locale qui rendent les propriétés effectives (porosité, rigidité,
résistance au cisaillement, perméabilité) invariantes vis à vis des tailles de particules.

Figure 3. Vue du modèle numérique discret pour un angle d'ouverture du prisme de 90°,
un « rayon » de 4 m et une hauteur de 10.4 m.

880
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.2. Principe de calibration du modèle

Les paramètres mécaniques du modèle numérique discret étant définis à l'échelle des
contacts entre particules il est nécessaire de procéder à une calibration de ces paramètres
en simulant des essais mécaniques homogènes sur un volume élémentaire représentatif, à
partir desquels sont déduits les propriétés mécaniques macroscopiques (essentiellement,
angle de frottement interne, angle de frottement résiduel, et angle de dilatance). La loi de
contact inter-particule utilisée ici prend en compte une résistance au glissement du contact,
représentée par l’angle de frottement au contact , ainsi qu’une résistance au roulement
caractérisée le coefficient de frottement de roulement . L’introduction de cette résistance
au roulement est une manière indirecte de prendre en compte l’angularité des grains réels
alors que ces derniers sont représentés numériquement comme des sphères.
Des travaux précédents (Aboul Hosn et al., 2016) ont montrés que, pour des rigidités de
contact (rigidité normale et rigidité de roulement) suffisamment grandes (par rapport à la
pression moyenne), le comportement mécanique de l'assemblage granulaire est
principalement piloté par , et la densité initiale. Il apparaît donc essentiel, comme pour
un essai de laboratoire classique, de contrôler la densité initiale de l'assemblage granulaire
en suivant une méthodologie « numérique » de création des assemblages granulaires qui
permet d'accéder aux densités souhaitées. Pour cela il est adopté une procédure
numérique de compactage de l'assemblage par grossissement progressif de grains, au
cours de laquelle soit l'angle de frottement au contact est réduit pour atteindre des densités
élevées (puis remis à sa valeur nominale après compactage), soit une adhésion inter-
particule est ajoutée pour atteindre des densités faibles (et remis à zéro après compactage).
On parvient ainsi à balayer une gamme d'indice des vides comprise entre 0,6 et 0,9.
Par ailleurs, le frottement de roulement est le seul paramètre dont dépend l'angle de
frottement (macroscopique) à l'état résiduel (état critique), alors que l'angle de frottement
interne dépend entre autres (mais pas uniquement) de l'angle de frottement au contact.
Ainsi la procédure de calibration mise en place, à partir de la simulation d'essais triaxiaux
est la suivante (Aboul Hosn et al., 2016) :
1/ calibration de par identification de l'angle de frottement résiduel,
2/ choix de la densité initiale par identification de l'angle de dilatance,
3/ calibration de par identification de l'angle de frottement interne (angle de frottement
au pic du déviateur de contrainte).
Finalement, le comportement en sollicitations cycliques de l'assemblage granulaire sera
confirmé par la simulation d'essais de compression triaxiale cyclique sur un VER.

3.3. Procédure de création de l'assemblage granulaire et résultat type d’un essai de


pénétration statique

La pointe du pénétromètre, dont la géométrie est similaire à celle présentée sur la figure 1,
est le premier élément à être généré à l'intérieur de la géométrie prismatique (représentant
la VCC telle que définie sur la figure 3) à une profondeur légèrement inférieure à la mi-
hauteur du prisme. La simulation des essais de pénétration seront donc limités à des
déplacements de la pointe située uniquement dans la partie centrale du prisme, toujours
dans le souci de se prévenir des effets de bord. L'assemblage granulaire représentatif du
sol est ensuite généré à l'intérieure de la VCC sous la forme d'un nuage de grains sans
contact, dont les positions sont générées aléatoirement mais avec des diamètres de grains
croissant avec l'éloignement de la pointe. Il suit alors une phase de compactage par
grossissement des grains (les parois limites du prisme étant gardées fixes) afin d'atteindre
la densité recherchée (tel qu'expliqué dans la partie précédente) sous une pression
moyenne représentative de l'effet de profondeur (l'ensemble des couches de sol depuis la
surface n'étant pas représentées dans le modèle). Cette pression moyenne est déduite des

881
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

forces des contacts existant entre les grains et la paroi du prisme opposée au pénétromètre.
Une fois l'assemblage à l'équilibre, l'essai de pénétration statique est simulé en imposant
une vitesse d'enfoncement de la pointe de 2 cm.s-1. La résistance de pointe est calculée
à tout instant à partir des forces de contact grains-pointe.
Sur les figures 4 et 5 sont présentées les résistances de pointe typiques obtenues avec
le modèle numérique, pour une pression moyenne de 100 kPa et un angle d'ouverture du
prisme de 90°. La hauteur (H) du prisme est variable de 1.3 à 10.4 m et le rayon (R) de 0,5
à 4m. A titre indicatif pour H = 1.3 et R = 0.5 m le nombre de particules est N = 7013 ; et
pour H = 10.4 et R = 4 m, N = 53469. L'angle de frottement au contact est fixé à 30° et le
frottement de roulement est désactivé, se traduisant à l'échelle macroscopique par un angle
de frottement interne ' voisin de 20°.
Par ailleurs, une estimation de la résistance de pointe peut être déduite de la contrainte
limite de pointe qpl telle que déterminée selon le DTU 13.2 pour le calcul des fondations
profondes. Pour un ancrage supérieur à l'ancrage critique :

= . + . . (2)

avec a = 0.05 MPa, Nqmax = 13 (pour ' = 20°), et une cohésion c’ = 0 dans notre cas. Soit
une valeur de qpl = 0,65 MPa. Cette valeur est tout à fait en accord avec la résistance de
pointe obtenue avec le modèle (sans utiliser aucun paramètre de calage) qui malgré de
fortes oscillations (liées à la nature discrète du mode de représentation du sol) présente
une valeur moyenne située entre 0,60 et 0,70 MPa, par exemple dans le cas de dimensions
extrême de la VCC où H = 10.3 et R = 4 m (figure 5).
.
Sur la figure 4 sont présentés les profils de pour un hauteur H de VCC
.
constante et un rayon de cette dernière variable de R = 0,5 à 2 m. Bien que soit
légèrement supérieur à l'initiation de l'enfoncement pour le rayon le plus grand (R = 2 m),
cette différence semble s'estomper au cours du déplacement de la pointe, et il n'apparaît
pas ici, pour les valeurs de R testées, d'influence claire du rayon de la VCC sur la résistance
.
de pointe. De la même manière, on montre sur la figure 5 les profils de obtenus
pour une hauteur de la VCC variable de H = 1.3 à 10.4 m alors que le rayon est gardé
constant (R = 2 m), ainsi que dans le cas de dimensions extrêmes de la VCC avec H = 10.4
et R = 4 m. Ici encore, il ne se dégage pas à partir de ces résultats d'effets notables de la
.
dimension de la VCC sur (du moins pour les jeux de valeurs testées). L'étude
paramétrique est donc à poursuivre afin d'identifier les limites du modèle numérique vis-à-
vis de taille du domaine représenté.

882
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

.
Figure 4. Profils de résistances de pointe simulés pour une hauteur de la VCC
fixée à H = 4.2 m un rayon croissant de R = 0.5 à 2.0 m

.
Figure 5. Profils de résistance de pointe simulés pour un rayon de VCC fixé à
R = 2 m et une hauteur croissante de H = 1.3 à 4.2 m ainsi que pour un jeu de dimensions
extrêmes : H = 10.4 et R = 4 m

883
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4. Conclusions et perspectives

Dans cette publication nous avons défini les bases d'un modèle numérique discret destiné
à étudier la possibilité d'utiliser le principe de la double mesure de la résistance de pointe
au pénétromètre statique pour caractériser la sensibilité à la liquéfaction des sols.
L'étude paramétrique initiée n'a pas permis d'identifier, dans un premier temps, d'effet de
la taille du domaine représenté sur la résistance de pointe. Elle est donc à poursuivre. Il
sera également nécessaire de caractériser l'influence du rapport entre la taille des grains et
de la pointe toujours sur la résistance de pointe simulée.
Une seconde étape, avant de procéder à la simulation d'essais de pénétration avec
double mesure en condition saturée (avec couplage fluide-solide), sera de calibrer le
modèle numérique sur différents types de comportement de sol caractéristiques
(contractant/dilatant, très perméable/peu perméable, …).
Les données acquises numériquement seront complétées par des essais de laboratoire
sur modèle physique et confrontée à des mesures obtenues sur des essais réels in-situ.
L'ensemble des données devrait permettre de décrire, caractériser et expliquer des
réponses types de sols à des essais de double mesure.

5. Références bibliographiques

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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

MODELE REDUIT D’UN MASSIF DE SOL RENFORCE PAR


INCLUSIONS RIGIDES SOUS CHARGEMENT CYCLIQUE

SMALL SCALE MODEL OF SOIL IMPROVEMENT USING RIGID PILES UNDER


CYCLIC LOADING

Moustafa HOUDA1,2,3, Orianne JENCK1,,2, Fabrice EMERIAULT1, 2


1
Université Grenoble Alpes, 3SR, Grenoble, France
2
CNRS, 3SR, Grenoble, France
3
LOCIE, Université Savoie Mont Blanc, Le Bourget du Lac, France

RÉSUMÉ – Un modèle réduit de laboratoire sous gravité normale permet l’analyse des
mécanismes qui se développent dans une plate-forme de transfert de charge constituée
d’un matériau granulaire, érigée sur un horizon de sol compressible renforcé par
inclusions rigides verticales, lors de l’application d’un chargement cyclique en surface.
Des essais sont réalisés avec 2 conditions limites de chargement en surface de la
plateforme.

ABSTRACT – A laboratory small scale model under normal gravity permits the study of
the mechanisms developing in a granular load transfer platform, built on a soft soil layer
improved by vertical rigid piles, when a cyclic loading is applied on surface. Tests are
performed with 2 boundary conditions for the loading on top of the platform.

1. Introduction

La technique du renforcement des sols par inclusions rigides verticales (Fig. 1) a été
largement étudiée sous chargement monotone et a fait l’objet de recommandations pour
le contexte français (IREX, 2012) suite au Projet National ASIRI. Cette technique diffère
des pieux classiques dans la mesure où les inclusions ne sont pas liées à la structure en
surface : une plateforme de transfert de charge (PTC) est intercalée entre le sol
compressible renforcé et l’ouvrage en surface. Dans cette étude, le cas d’une PTC
d’épaisseur limitée associée avec un dallage en surface est plus particulièrement étudié.

Figure 1. Coupe schématique qu’un massif de sol renforcé par inclusions rigides – cas
dallage.

Des situations de chargement cyclique en surface se rencontrent par exemple lors de


la vidange et du remplissage de réservoirs, des chargements et déchargements

1
885
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

successifs de zones de stockage… pour ne citer que les cas de chargement cyclique lent,
quasi-statique, auxquels s’intéresse en premier lieu cette étude. Cependant, le
comportement de l’ouvrage sous ce type de chargement est encore très peu appréhendé,
et appelle donc à des travaux de recherche supplémentaires.
L’approche par modélisation physique a déjà été mise en œuvre pour mieux
comprendre le comportement de ce type d’ouvrage sous sollicitation monotone, sous
gravité normale (van Eekelen et al., 2012) ou en centrifugeuse (Blanc et al., 2013 ; Okyay
et al., 2013). Heitz et Kempfert (2007) ont étudié l’influence d’un chargement cyclique de
type trafic routier (fréquence de chargement entre 3 et 5 Hz) sur un modèle réduit 1g.
L’étude présentée dans cette communication consiste donc en une approche par
modélisation physique à échelle réduite et sous gravité normale pour le cas d’une PTC
d’épaisseur relativement faible (à la différence du cas « remblai »). L’objectif est de
contribuer à la compréhension du comportement de cette dernière sous chargement
cyclique lent (sans développement d’effets dynamiques).

2. Présentation du modèle réduit et des essais réalisés

2.1. Dispositif expérimental, instrumentation et matériaux

Un modèle réduit de laboratoire, sous gravité normale, a été développé avec un facteur
d’échelle de 1/10 sur les longueurs. L’objectif de cette modélisation physique est d’étudier
le comportement du système lorsqu’il est soumis à un chargement cyclique vertical,
uniforme et quasi statique, par la réalisation d’études paramétriques : influence du
chargement cyclique et de la séquence de chargement, influence de la présence d’un
dallage en surface.
Le dispositif expérimental (Fig. 2 et 3) consiste en une cuve rigide de section carrée de
1m x 1m contenant 16 inclusions en aluminium de 35mm de diamètre, disposées suivant
un maillage carré avec un espacement de 200mm. Le taux de recouvrement, défini
comme étant la proportion de la surface totale couverte par les inclusions, est alors de
2,4%. 4 demi-inclusions ont été positionnées le long d’un des bords de la cuve, équipé
d’une fenêtre de visualisation (Fig. 3), afin de suivre les déplacements dans le massif et
de les mesurer par l’utilisation d’une technique de corrélation d’images numériques.
L’instrumentation du modèle est localisée dans la zone centrale du modèle : les têtes
des quatre inclusions centrales sont équipées de capteur de force et trois capteurs de
déplacement prolongés par des tiges à travers la couche de sol compressible permettent
de mesurer le tassement en base de la PTC (Fig. 2). Les capteurs de force en tête des
inclusions permettent notamment de mesurer la proportion de la charge globale appliquée
(charge en surface, poids propre de la dalle et de la PTC) qui est transmise vers les
inclusions. Cette proportion est couramment appelée « efficacité ». Un capteur de
pression relié à un coffret régulateur permet de mesurer puis d’ajuster la pression d’eau
appliquée dans la membrane de chargement en surface du modèle, afin de piloter la
charge verticale, notée Pm, appliquée en surface du modèle.
L’horizon de sol compressible, d’une épaisseur de 400mm dans le modèle réduit, en
réalité constitué de sol argileux ou limoneux, est modélisé ici par un mélange de sable de
Fontainebleau et de billes de polystyrène expansé (sans déformation différée due a un
réel phénomène de consolidation). De l’eau (w = 10%) est ajoutée afin d’éviter la
ségrégation du mélange lors de la mise en place (Dinh, 2010). Le poids volumique en
place de ce matériau est de 4,5kN/m 3 et les propriétés de compressibilité ont été
déterminées par une campagne d’essais œdométriques (Cc = 1,8, e 0 = 7 en considérant
le polystyrène comme du vide).

2
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

La PTC de 100mm d’épaisseur est constituée de graviers concassés 2-6mm. Cette


valeur est inférieure à la valeur de 174mm qui serait nécessaire pour obtenir un plan
d’égal tassement dans la plateforme, d’après les recommandations ASIRI (IREX, 2012).
3
Après mise en œuvre dans le modèle, le poids volumique est de 14,8kN/m et l’indice de
densité ID = 0,75. Une campagne d’essais triaxiaux sous chargements monotones et
cycliques a été réalisée au laboratoire CERMES dans l’objectif de caler des paramètres
de modélisation numérique. Le sol est sans cohésion et l’angle de frottement est de 45°.

Figure 2. Vue en plan (gauche) et coupe schématique du modèle réduit de laboratoire


(droite)

Figure 3. Photographie du dispositif expérimental (gauche) et photographie prise à travers


la fenêtre latérale de visualisation (droite)

2.2. Protocole expérimental

Les bords intérieurs de la cuve sont graissés et recouverts d’un film polyane, afin de
limiter les effets de bord. Après positionnement des inclusions et des capteurs dans la
cuve, celle-ci est remplie des 180kg de matériau compressible, par couches successives
sur une épaisseur de 400mm, jusqu’au niveau des têtes d’inclusion. Un film de polyane
de très faible raideur et percé de trous au niveau des inclusions permet la séparation
entre le sol compressible et la PTC. La PTC de 100mm est mise en place en 4 couches
de 25mm (masse totale de 150kg), compactée avec un compacteur manuel, suivant un
protocole précis. Une plaque d’acier de même section que la cuve est positionnée en
surface de la PTC (dalle rigide), sur laquelle on place le vérin-membrane souple,
également de même section que la cuve. La cuve est enfin fermée par un couvercle
rigide.12 heures plus tard commence la phase de chargement en surface, par mise en
pression du vérin-membrane.

3
887
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

2.3. Technique de corrélation d’images numériques

L’analyse par imagerie s’avère être un outil intéressant pour analyser le comportement de
ce type d’ouvrage en termes de champ de déplacement (Jenck et al., 2007 ; Eskisar et
al., 2012). Cette technique est également mise en œuvre dans la présente étude.
Le champ de déplacements au niveau de la fenêtre de visualisation est mesuré par
une technique de corrélation d’images, appliquée sur des photographies numériques
prises à différentes étapes du chargement (Fig. 3). La résolution des photographies est
de 24 Mpixels, alors 1 pixel équivaut à 75µm. Une technique de corrélation d’images
particulière a été mise en œuvre, la technique Particle Image Tracking, implantée dans le
code Tracker développé au laboratoire 3SR par (Combe et Richefeu, 2013). Cette
technique permet le suivi individuel de chaque grain en 2D (Houda et al., 2014).

2.4. Campagne expérimentale réalisée

Une vaste campagne expérimentale a été réalisée (Houda, 2016) afin d’évaluer l’effet des
cycles appliqués à très basse fréquence sur le comportement du système. Les deux types
de conditions limites en surface sont abordés : avec et sans dalle rigide en surface. Pour
le cas dallage, un déplacement uniforme est appliqué en surface de la PTC alors que
pour le cas sans dallage, une pression uniforme est appliquée en surface via la
membrane de chargement souple. Tous les essais présentés dans cette communication
ont été réalisés sur une PTC de 100mm d’épaisseur. Trois configurations de chargement
ont été étudiées (Fig. 4) : un chargement monotone (M) et deux chargements cycliques
avec une pression en surface entre 10 et 20kPa (C1 et C2). Pour le cas cyclique C2, un
préchargement du système en surface jusqu’à 30kPa est appliqué avant la réalisation des
cycles. Chaque essai a été réalisé au moins deux fois afin de s’assurer de la bonne
répétabilité des résultats, dans un objectif de validation du dispositif expérimental (Houda
et al., 2014). Les niveaux de chargement de la PTC entre 10 et 20kPa correspondraient à
un chargement de 100 à 200kPa dans le prototype, soit une charge statique de 100kPa et
une amplitude des cycles de 100kPa, soit 10m d’eau.

Figure 5. Six premiers cycles de


Figure 4. Pression appliquée en surface (Pm) pour l’essai C1 où l’analyse par imagerie
les 3 configurations d’essai a été réalisée

3. Analyse des résultats

Lors de chaque essai, la force en tête des quatre inclusions centrales est mesurée et une
répartition homogène de la charge appliquée en surface a été obtenue, à 10% près
(Houda, 2016). Seule la valeur moyenne de la force en tête des inclusions est alors
présentée, et l’efficacité est calculée à partir de cette force moyenne et de la charge totale

4
888
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

appliquée sur la zone d’influence des quatre inclusions centrales (l’efficacité est le rapport
de ces deux valeurs).

3.1. Influence du chargement cyclique (en présence d’une dalle rigide en surface)

La figure 6 montre que la force en tête des inclusions n’évolue que faiblement lors de
l’application des cycles (elle a tendance à légèrement augmenter). Ce maintien d’un
report de charge efficace vers les inclusions est bien probablement dû à la présence
d’une dalle rigide en surface, associée à une PTC de relativement faible épaisseur. On
observe également que la force moyenne mesurée pour un chargement en surface de
30kPa est identique pour le cas du chargement monotone et pour le chargement
cyclique : l’application des cycles ne change pas la force en tête des inclusions – et donc
les mécanismes de transfert de charge - lors d’un chargement ultérieur plus important.
Sur la figure 7, on observe une accumulation du tassement au centre du modèle, en
base de la PTC (D3 est mesuré par le capteur CD3, cf. Fig. 2) lors de l’application des
cycles. A chaque cycle, l’accumulation de tassement s’effectue en fin de phase de
rechargement, pour Pm entre 17 et 20kPa. L’accumulation de tassement est plus grande
lors des premiers cycles, puis elle se réduit au cours des cycles, sans toutefois
disparaître. Le tassement supplémentaire mesuré lors de la phase de chargement Pm de
20 à 30kPa est plus faible dans le cas du chargement cyclique préalable (3mm contre
8mm pour l’essai M_D).

Figure 6. Force moyenne en tête des inclusions pour les essais monotone (M_D) et
cyclique (C_D) avec dalle.

Figure 7. Tassement en base de la PTC pour les essais monotone et cyclique

La corrélation d’image a été appliquée sur les six premiers cycles (Fig. 5). L’état de
référence correspond à la fin de la phase de chargement monotone Pm = 20kPa. Chaque
image de la figure 8 correspond au champ de déplacement obtenu à Pm = 20kPa, après
n cycles. Chaque polygone de couleur correspond à un grain visible dont le déplacement
a pu être mesuré par la technique. La figure 8 met en évidence l’accumulation des
déplacements au cours des cycles, notamment à la base de la PTC, entre les inclusions.
On voit clairement une zone de tassement quasiment nul au-dessus des inclusions, tout

5
889
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

au long du chargement cyclique, mais cette zone n’atteint pas le niveau de la dalle. La
technique a également permis de vérifier les déplacements homogènes de la dalle en
surface (hypothèse de la dalle rigide).

Nombre de cycles Déplacement vertical (mm)

Figure 8. Champ de déplacement vertical à la fin de chacun des six premiers cycles

3.2. Influence d’un préchargement du massif avant l’application des cycles

La Figure 9 présente le tassement D3 et l’efficacité du système avant et après


l’application des cycles, pour les essais C1, non préchargé, et C2, préchargé à Pm =
30kPa avant application des cycles. Cette figure illustre l’influence du préchargement du
système lors d’un chargement cyclique : l’accumulation des tassements au cours des
cycles est moindre alors qu’il n’y a pas d’influence sur l’efficacité. Cependant, les
tassements obtenus avant l’application des cycles sont plus faibles pour l’essai non
préchargé (25mm contre 35mm pour C2) et donc, malgré une accumulation cyclique plus
importante, le tassement final après les cycles est équivalent pour les deux essais.

Figure 9. Influence du préchargement du Figure 10. Influence de la présence de la


massif sur les tassements et sur l’efficacité. dalle rigide sous chargement monotone.
6
890
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.3. Influence de la présence d’une dalle rigide en surface

Sous chargement monotone, les tassements sont plus faibles et l’efficacité est plus
importante en présence du dallage en surface (Fig. 10). Cette différence en termes
d’efficacité illustre bien le rôle bénéfique de la dalle rigide dans le report de charge vers
les inclusions évoqué au §3.1. Des résultats similaires ont été obtenus en centrifugeuse
(Okyay et al., 2013). Sous chargement cyclique, l’accumulation de tassement au cours
des cycles est plus importante en présence d’une dalle rigide en surface (Fig. 11).
Cependant, le tassement final dû à la charge en surface Pm est toujours plus faible pour
le cas d’une dalle en surface. Sans dalle rigide en surface, l’efficacité diminue légèrement
au cours des cycles.

Figure 11. Influence de la présence de la dalle rigide sous chargement cyclique C1


(gauche) et sous chargement cyclique C2 (droite)

4. Conclusions

Une campagne expérimentale a été réalisée sur un modèle réduit 1g tridimensionnel de


laboratoire simulant un massif de sol renforcé par inclusions rigides verticales et une
plateforme de transfert de charge de relativement faible épaisseur. Le modèle est
instrumenté de capteurs de force et de déplacement et une fenêtre latérale permet
l’application d’une méthode de corrélations d’images numériques. L’objectif de la
modélisation est l’étude de l’influence d’un chargement cyclique lent appliqué en surface,
pour une plateforme de transfert de charge de faible épaisseur, sous un dallage. Afin
d’analyser l’influence de ce dernier élément, des essais sans dalle en surface ont
également été réalisés.
Les essais réalisés sous chargement cyclique montrent une accumulation des
tassements dans la plateforme, en particulier lors des 10 premiers cycles, où se produit
50% de l’accumulation totale de tassement. Les résultats donnés par les capteurs de
déplacement et par l’imagerie numérique sont en bonne concordance et montrent que
l’accumulation de tassement s’effectue, à chaque cycle, pour le chargement proche de la
valeur maximum. L’efficacité du système est très peu affectée par le chargement cyclique.
Un comportement très différent en fonction de la présence ou non d’une dalle rigide en
surface a été observé, montrant l’influence des conditions aux limites en surface de la
plateforme de transfert de charge sur le comportement global de l’ouvrage.
Sous gravité normale, toutes les règles de similitude entre modèle réduit et prototype
ne peuvent pas être strictement respectées. De plus, des matériaux analogiques ont été
mis en œuvre. Ainsi les résultats obtenus ne peuvent pas être directement transposables
à un cas réel. Cependant, ce modèle de laboratoire permet d’améliorer la compréhension
des mécanismes qui se développent dans le massif sous chargement cyclique et permet
la mise en évidence des paramètres influents. De plus, les résultats expérimentaux
obtenus sur ce modèle de laboratoire servent de base de données physiques pour le

7
891
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

développement et la validation d’une approche de modélisation numérique afin de


prendre en compte le comportement sous chargement cyclique de ce type d’ouvrage.
Cette modélisation numérique a pour objectif final la prédiction du comportement
d’ouvrages à échelle réelle, mais est également mise en œuvre afin d’apporter un
éclairage supplémentaire pour la compréhension fine des mécanismes qui se
développent dans l’ouvrage au cours des cycles.

5. Remerciement

Les auteurs remercient la Direction Technique et de la Recherche de la Fédération


Nationale des Travaux Publics (FNTP) pour le soutien apporté à cette étude, J. Canou
(ENPC) pour son accueil pour la réalisation d’essais de caractérisation, L. Thorel
(IFSTTAR), J. Canou (ENPC), Ph. Gotteland (FNTP), S. Brûlé (Menard) et L. Briançon
(INSA Lyon) pour leurs conseils sur ce travail, G. Combe pour l’aide apportée pour la
mise en œuvre de la corrélation d’images, J.B. Toni et G. Vian pour l’aide technique pour
la réalisation des essais.

6. Références bibliographiques

Blanc M., Rault G., Thorel L., Almeida M. (2013). Centrifuge investigation of load transfer
mechanisms in a granular mattress above a rigid inclusions network. Geotextiles and
Geomembranes, vol 36, pp 92-105.
Briançon L., Dias D., Simon S. (2015). Monitoring and numerical investigation of a rigid
inclusions– reinforced industrial building. Canadian Geotechnical Journal, vol. 52
Combe G. Richefeu V. (2013). Tracker: a Particle Image Tracking (PIT) technique
dedicated to nonsmooth motions involved in granular packings. Powders and Grains,
July 8-12, Sydney, Australia.
Dinh A.Q. (2010). Etude sur modèle physique des mécanismes de transfert de charge
dans les sols renforcés par inclusions rigides. Application au dimensionnement. Thèse
de doctorat de l’Ecole des Ponts, Paris.
Eskisar T., Otani J., Hironaka J. (2012). Visualization of soil arching on reinforced
embankment with rigid pile foundation using X-ray CT. Geotextiles and
Geomembranes, vol. 32, pp. 44–54.
Heitz C., Kempfert H.G. (2007). Bewehrte Erdkörper über Pfählen unter ruhender und
nichtruhender Belastung. Bauingenieur, Issue 9, pp. 380-387. En allemand.
Houda M., Jenck O., Emeriault F. (2014). Physical evidence of the effect of vertical cyclic
loading on soil improvement by rigid piles: a small-scale laboratory experiment using
Digital Image Correlation. Acta Geotechnica, doi 10.1007/s11440-014-0350-z.
Houda M. (2016). Comportement sous chargement cyclique des massifs de sol renforcés
par inclusions rigides : expérimentation en laboratoire et modélisation numérique.
Thèse de doctorat de l’Université Grenoble Alpes, France.
IREX (2012). Recommandations pour la conception, le dimensionnement, l’exécution et le
contrôle de l’amélioration : Projet National ASIRI. Presses des Ponts, Paris.
Jenck O., Dias D., Kastner R. (2007). Two-dimensional physical and numerical modeling
of a pile-supported earth platform over soft soil. Journal of Geotechnical and
Geoenvironmental Engineering, vol. 133, pp. 295–305.
Okyay U.S., Dias D, Thorel L, Rault G. (2013). Centrifuge modeling of a pile-supported
granular earth-platform. Journal of Geotechnical and Geoenvironmental Engineering.
Van Eekelen S.J.M, Bezuijen A., Van Tol A.F. (2012). Model experiments on piled
embankments. Part I. Geotextiles and Geomembranes, vol. 32, pp. 82–94.

8
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

INTERACTION BUTEE DES RIDEAUX EN VIS-A-VIS


INTERACTION ANALYSIS ON PASSIVE PRESSURE OF ABUTMENT
BETWEEN TWO OPPOSITE RETAINING WALLS
1 1 1
Christophe JASSIONNESSE , Martin CAHN , Alkisti TSIROGIANNI
1
GEOS INGENIEURS CONSEILS, Archamps, France

RÉSUMÉ – Dans le cas d’écrans de soutènement en vis-à-vis, l’interpénétration des deux


mécanismes de butée soulève le cône de terrain situé dans la zone de croisement et
modifie les valeurs de butée limites. Cet article présente les développements analytiques
et les modélisations numériques utilisés pour mettre en évidence le phénomène.

ABSTRACT – In the case of opposite retaining walls, the interpenetration of the two
passive pressure mechanisms lifts the ground cone situated in the crossing area and
modifies its limit values. This article presents the analytical developments and numerical
models used to highlight the phenomenon.

1. Introduction

L’annexe F de la norme française sur les écrans de soutènement NFP-94-282 précise


que, lorsque la largeur de l’excavation est inférieure à trois fois la longueur de transfert,
« l’interpénétration des cônes de butée se traduit par une valeur plus élevée du coefficient
de réaction ». La présence de deux écrans en vis-à-vis peut donc modifier les
mécanismes de butée en fond de fouille.
Si la valeur de la butée mobilisée est augmentée dans le cas de fouilles « étroites » les
valeurs de butées limites utilisées classiquement et préconisées dans les Eurocodes
restent celles déterminées expérimentalement et analytiquement pour des milieux semi-
infinis et pour un écran unique.
Cet article présente le développement d’une méthode de type équilibre limite en milieu
continu tenant compte du soulèvement du cône de terrain situé dans la zone de
croisement des coins de butée dans le cas de deux écrans en vis-à-vis. Les résultats sont
comparés à des modélisations éléments finis en forces et déplacements imposés.
Les difficultés de modélisation rencontrées avec les deux modèles numériques ainsi
que les concordances et les divergences des approches sont discutées.

2. Modèles numériques et mise en évidence du soulèvement du coin situé dans la


zone d’interaction

Les modélisations numériques par éléments finis ou différences finies peuvent être
utilisées pour étudier les mécanismes de poussée active ou de butée passive (Shiau et
Smith, 2006 ; Mokhbi et Messaset, 2014).
Dans cet article, le logiciel éléments finis en déformation plane PLAXIS 2D est utilisé
avec des éléments triangulaires à 15 nœuds. Deux types de modélisations sont mises en
œuvre : l’une en déplacements imposés, l’autre en forces imposées.
Les modèles représentent la demi-largeur d’une fouille de largeur totale B et
correspondent ainsi au cas de fouilles symétriques. Les déplacements ou forces sont
imposés au bord latéral gauche du modèle sur la hauteur H correspondant à la hauteur
de l’écran. La limite inférieure est bloquée en x et en y tandis que la limite latérale droite
est bloquée en x et libre en y.

1
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Figure 1. Exemple de modèles Plaxis 2D en déplacements et en forces imposés

Une bande de sol de hauteur H/20 est conservée entre la base de l’écran et la base du
modèle. Celle-ci joue le rôle « d’interface » et permet la limitation de la plasticité sous le
pied de fiche. Les modélisations ont été réalisées avec un sol purement frottant doté
d’une loi de comportement élastoplastique parfait Mohr-Coulomb ( =20 kN/m3 et ϕ=30°).
Des lois d’écoulement associées et non associées avec un sol non dilatant sont utilisées.
L’écran est supposé infiniment rigide, aucune surcharge n’est considérée et la surface
libre est prise horizontale.

2.1 Modèle en déplacements imposés-Simple rideau

Le modèle comporte deux phases : une phase initiale de génération des contraintes
géostatiques et une phase où les déplacements sont directement imposés aux nœuds
correspondant à la hauteur de l’écran. La force de réaction horizontale totale Fx associée
au déplacement imposé est calculée à chaque pas de calcul. Cette force atteint un palier
lorsque la butée limite est obtenue.
2  Fx
Le coefficient de butée est déterminé tel que Kp 
  h²
Dans le cas du simple rideau (B=150m), les coefficients de butée suivants sont
déterminés :

Tableau 1. Résultats des modélisations simple rideau en déplacements imposés


Loi d’écoulement non Loi découlement
associée ψ=0° associée
Fx (kN) 6322 6897
Kp 2,81 3,07

Les valeurs sont proches de la théorie avec un écart de 6% et de 2% respectivement pour


la loi d’écoulement non associée et associée.

2.2 Modèle en forces imposées-Simple rideau

Le rideau est modélisé comme un élément plaque infiniment rigide sans poids.
Une loi de comportement élastique est attribuée à l’interface entre le sol et l’écran avec
un module d’Young égal à celui du sol (E=20 MPa). Son introduction, nécessaire pour
modéliser l’écran rigide, implique de considérer une interface « relativement rugueuse » :
la raideur de cisaillement introduite permet un mouvement relatif entre l’écran et le massif
qui se traduit par une inclinaison de la butée.
Le modèle ne comporte à nouveau que deux phases : une phase initiale de génération
des contraintes géostatiques et une phase où la force triangulaire - variant de 0 à fx - est

2
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

appliquée sur la paroi rigide. Cette force est augmentée jusqu’à obtenir divergence du
modèle.
fx
Le coefficient de butée est alors déterminé tel que Kp 
 h
Pour le simple rideau, les coefficients de butée suivants sont déterminés :

Tableau 2. Résultats des modélisations simple rideau force imposée


Loi d’écoulement non Loi découlement
associée ψ=0° associée
fx (kN/m) 892 1056
Kp 2,97 3,52

Avec la loi d’écoulement non associée, une différence de 1% est déterminée par rapport
à la valeur théorique pour une obliquité des contraintes nulle sur l’écran. Un écart de 17%
est trouvé pour le modèle avec loi d’écoulement associée.
Avec ce dernier, le rideau se soulève et une concentration de contrainte est retrouvée
à la base de l’écran. Le cisaillement à l’interface est ainsi important et génère une
inclinaison des contraintes. Le modèle avec sol non dilatant permet lui d’obtenir une
rotation de l’écran autour du pied tandis que la contrainte dans le terrain est plus
homogène.

2.3 Mise en évidence de la cinématique du soulèvement de coin de butée.

Dans le cas de fouilles étroites, les différents modèles utilisés montrent un soulèvement
du terrain au niveau de la zone d’interpénétration des coins de butée ainsi que des
ruptures le long de bandes de cisaillement au niveau du cône qui se soulève. Ces
dernières peuvent être mises en évidence à l’aide des isovaleurs de déformation
incrémentale de cisaillement (Leśniewska et Mórz, 2003). La figure suivante présente les
résultats obtenus pour le modèle en déplacements imposés avec le sol non dilatant et
pour une largeur de fouille égale à deux fois la hauteur de la fiche (B/H=2).

Soulèvement du
cône

Figure 2. Déplacements verticaux totaux et déformations incrémentales de cisaillement


(B/H=2)
Les deux bandes de cisaillement peuvent être approximées par des droites. Toutes deux
font un angle de 60° par rapport à la verticale ce qui correspond donc à  4   2 .

3
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3. Développements analytiques

Pour tenter d’expliquer les observations du paragraphe précédent et en partant de l’idée


que le poids d’un volume de sol ne peut pas « travailler deux fois » sans que la force
stabilisatrice qu’il apporte ne soit modifiée, une méthode analytique simplifiée de type
équilibre limite en milieu continu a été développée.

3.1. Théorie du coin de Coulomb modifiée

La méthode est basée sur la théorie du Coin de Coulomb. Elle consiste en l’étude de
l’interaction des deux mécanismes de butée pour différentes largeurs de fouilles.
L’interpénétration des deux mécanismes de butée ayant tendance à soulever le cône
de terrain situé dans la zone de croisement, l’équilibre du coin est étudié en considérant
que toute hauteur en interaction constitue une surcharge. La force de butée minimale est
alors recherchée pour tous les angles d’inclinaison physiquement admissibles.

Figure 3. Schéma pour la théorie du coin de Coulomb modifié

3.1.1 Angle physiquement admissible et angle d'interaction


L'angle d'inclinaison minimal considéré est celui pour lequel la surface de rupture aboutit
en fond de fouille contre le rideau opposé : pour des angles inférieurs, le problème est
indéterminé par la réaction du rideau opposé. On considère ainsi que des angles de
rupture inférieurs à αmin ne sont pas physiquement admissibles.
Au-delà de l’angle αint_max, aucune interaction n’est considérée et l’équilibre du coin est
étudié de façon classique, sans surcharge.

Figure 4. Angles limites de l’interaction

4
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

3.1.2 Equilibre du coin avec interaction


On considère le cas général d’un sol cohérent-frottant de poids volumique .

Avec:

- Bfouille/2: la demi largeur de fouille


- h= Bfouille/2  tan(  )
- d=H-h

Figure 5. Equilibre des forces et géométrie du coin avec interaction

La projection des forces sur la normale à la réaction R permet d’exprimer la résultante de


la butée Rp telle que :
Avec
cl - W2= 1/4    h  B fouille
RP  W1  W2  tan(   ) 
cos( )  sin( ) tan( ) - W1=   d  B fouille / 2  c  d

Dans le cas d’un sol cohérent frottant, la composante verticale du cisaillement dû à la


cohésion du cône d’interaction est ajoutée dans le terme de surcharge W 1.
En supposant l’unicité du coefficient de butée entre sol pesant pulvérulent et sol
cohérent, un coefficient de butée équivalent est déterminé :

 2  c  cos( )  1
K P   2  Rp  
*

 (1  sin( ))  H ²

3.1.3 Résultats de l’approche analytique


Les figures suivantes présentent l’évolution du coefficient de butée équivalent en fonction
du rapport largeur de fouille/ hauteur de fiche.

Figure 6. Evolution du coefficient de butée équivalent pour un sol pulvérulent et pour un


sol cohérent/frottant

Ces deux graphiques montrent qu’en fonction de la distance entre les parois et suivant les
cas, la butée mobilisable peut être soit augmentée, soit réduite . L’augmentation de la
butée mobilisable n’a lieu qu’avec des angles de frottement élevés et pour des fouilles de
largeur réduite.

5
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

4. Comparaison avec les modélisations éléments finis

Le modèle présenté au paragraphe 2 est utilisé pour comparaison. Les deux types de
modélisations – en forces et déplacements imposés – ainsi que les deux types de lois
d’écoulement sont dans un premier temps comparés pour une fouille de largeur B=30 m.
Les valeurs numériques déterminées dans le cas d’un écran unique sont prises en
référence.

4.1 Divergence des différentes modélisations

Avec une fiche de 15 m de hauteur, une largeur de fouille de 30 m et un angle de


frottement de 30°, le modèle analytique prévoit une diminution du coefficient de butée de
31,9%.

Cette diminution n’apparait pas avec l’ensemble des modèles utilisés :

Tableau 3. Résultats des différents types de modélisation


% de diminution /
Type de modèle Kp simple rideau Kp pour B=30 m modèle numérique
simple rideau
Modèle en force imposée
3,52 3,45 1 ,9
Loi d’écoulement associée
Modèle en force imposée
2,97 2,59 14,9
Loi d’écoulement non associée (ψ=0°)
Modèle en déplacements imposés
3,07 3,01 1,7
Loi d’écoulement associée
Modèle en déplacements imposés
2,81 2,76 1,8
Loi d’écoulement non associée (ψ=0°)

Ainsi, quand bien même la cinématique du soulèvement du cône de terrain situé dans
la zone d’interaction est retrouvée avec l’ensemble des modèles, seul celui en force
imposée et loi d’écoulement non associée approche la forte diminution déterminée avec
le modèle analytique.
Notre interprétation de ces divergences est la suivante :
De façon générale, dans les calculs éléments finis, la rupture se traduit par un défaut
d’équilibre en force imposée ou par une diminution de la réaction entre deux pas de
calculs successifs en déplacements imposés. Dans le cas des modèles en force imposée,
le calcul ne diverge pas car, à chaque étape, le déplacement est imposé de manière
incrémentale mais la force horizontale totale continue d’augmenter. Ce faisant, on impose
une cinématique qui ne correspond pas à celle de la rupture et, les modèles en
déplacements imposés ne permettraient donc pas d’identifier la rupture du cône de terrain
qui se soulève dans la zone de croisement et limite la butée mobilisable.
Pour le cas des sols avec loi d’écoulement associée, la dilatance semble empêcher
que le cône de terrain dans la zone d’interaction « décroche » et que la butée mobilisable
soit modifiée.

4.1 Comparaison pour différentes largeurs de fouille

Le modèle en force imposée et sol non dilatant est utilisé pour comparaison avec le
modèle analytique pour différentes largeurs de fouilles.
Les résultats des modèles éléments finis et de l’approche analytique montrent une
bonne concordance : les différences entre les deux approches sont comprises entre 18 %
et moins de 1%.

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Figure 7. Comparaison entre les résultats des modélisations numériques en force


imposée pour sol pulvérulent et non dilatant (φ=30° et ψ =0°) et le modèle analytique

La figure 8 présente la répartition de la plasticité déterminée pour les différentes largeurs


de fouilles. Celle-ci met en évidence que, dans le cas de fouilles étroites, la rupture du
cône de terrain en interaction semble se produire avant celle du coin de butée.

Figure 8. Points plastiques pour les différentes largeurs de fouille

La figure précédente montre également que la rupture du cône se fait selon plusieurs
bandes de cisaillement. Au lieu de la rupture d’un cône rigide qui se soulève en bloc,
cette dernière suggère qu’un multi-mécanisme avec plusieurs blocs doit être considéré.
Comme déjà évoqué au paragraphe 2.2, l’introduction d’un écran rigide implique la
mise en œuvre d’une interface « relativement rugueuse ».

Ces deux remarques pourraient expliquer la différence entre les résultats numériques et
analytiques.

7
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5. Conclusions

Cette communication développe l’idée que la butée mobilisable est modifiée lorsque deux
rideaux se font face : les angles d’inclinaisons limites des coins sont différents des valeurs
classiques et dans la zone d’interaction, le cône de terrain se soulève. La cinématique de
ce soulèvement peut être identifiée simplement par modélisation éléments finis.
Un modèle analytique de type équilibre limite, basé sur la théorie du coin de Coulomb
est développé. Celui-ci montre qu’en fonction des cas, la butée limite peut être soit
augmentée soit réduite.
Les modèles éléments finis en déplacements imposés qui sont couramment utilisés
pour étudier la butée passive ou la poussée active ne semblent pas adaptés pour mettre
en évidence une modification du coefficient de butée limite. Seuls les modèles en forces
imposées pour un sol non dilatant ont permis de traduire les tendances identifiées avec le
modèle analytique. Cette conclusion a par ailleurs été retrouvée en utilisant d’autres
hypothèses de modélisation : loi de comportement HSM avec limitation de dilatance,
conditions aux limites différentes avec modèle prolongé vers le bas et application directe
de la force sur le massif (traduisant le cas d’un écran infiniment souple). Si les tendances
restent les mêmes, les valeurs de butées déterminées sont cependant relativement
différentes de celles présentées au tableau 3.
Ces différences entre les différentes modélisations numériques et avec le modèle
analytique montrent que la détermination du coefficient de butée modifié n’est pas aisée.
Des validations restent à mener, notamment dans le cas des sols cohérents pour lesquels
la théorie du coin de Coulomb avec des plans de cisaillements rectilignes est trop
simplificatrice. De même, des modélisations numériques ou des modèles physiques
seraient nécessaires pour vérifier que le coefficient de butée limite peut être augmenté
dans le cas des fouilles étroites et pour des angles de frottement élevés.
D’un point de vue pratique, il conviendra de comparer l’intensité des déplacements
nécessaires à la mobilisation de la butée, réduite ou non.

5. Références bibliographiques

Caquot A., Kérisel J ; (1956) Traité de mécanique des sols. 558 p, 3ème édition,
Gauthier-Villars,
Filliat G (1981) La pratique des sols et des fondations. 1392 p. Edition du Moniteur
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sols avant la rupture- Journées nationales de la mécanique des sols et des fondations.

8
900
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

ANALYSE ADAPTATIVE DE LA RÉPONSE DYNAMIQUE DES


POUTRES INFINIES

ADAPTIVE ANALYSIS OF DYNAMIC RESPONSE OF INFINITE BEAMS


1,2 1 2 3 1
Reda Mezeh , Marwan Sadek , Fadi Hage Chehade , Ahmed Arab , Isam Shahrour
1
Laboratoire Génie Civil et géo-Environnement (LGCgE), Université Lille 1 Sciences et
Technologies, Villeneuve d’Ascq 59655, France
2
Ecole Doctorale des Sciences et Technologies, Centre de Modélisation, Beyrouth, Liban
3
Laboratoire de Sciences des matériaux et environnement, Université Hassiba Ben
BouAli, Chlef, Algérie

RÉSUMÉ – Cette communication présente un schéma numérique adaptatif en éléments


finis pour prédire les vibrations induites dans les poutres infinies soumises à des charges
mobiles. Le schéma de calcul proposé est appliqué pour simuler le mouvement uniforme
d’une charge harmonique. Les résultats obtenus montrent une forte efficacité de la
méthode numérique proposée pour l’analyse des vibrations générées.

ABSTRACT – This paper present an adaptive finite element scheme to predict the
induced vibrations in the infinite beams subjected to moving loads. The proposed
computational scheme is applied to simulate the uniform motion of harmonic load. The
obtained results show a high efficiency of the proposed numerical method for the analysis
of the generated vibrations.

1. Introduction

Dans le développement urbain actuel les transports constituent une des clés de
l’organisation de nos villes. Parmi les modes de transport existants, le transport ferroviaire
permet de disposer de réseaux fiables et réguliers. Malheureusement ce mode de
transport utilise des machines qui génèrent des vibrations significatives surtout après
l’usure des voies ferrées. Bien que les niveaux vibratoires engendrés ne représentent
généralement pas de danger pour les structures riveraines, ils peuvent être suffisamment
élevés dans les bâtiments pour gêner les habitants.
En vertu de la pertinence dans l’analyse et la conception des voies ferrées, la réponse
dynamique des poutres reposant sur fondation élastique et soumises à des charges
mobiles a été largement étudiée. Dans ce contexte, beaucoup des méthodes analytiques
ont été proposées par nombreux chercheurs. (Timoshenko et al., 1974) ont résolu le
problème des vibrations libre des poutres sur fondation élastique. (Ono et Yamada, 1989)
ont développé des formules analytiques conçues pour estimer les amplitudes des
vibrations générées par les voies ferrées grâce aux défauts géométriques au niveau de la
roue ou du rail. Cependant, pour des problèmes plus complexes qui se rapprochent plus
à la réalité, des méthodes numériques doivent être utilisées.
La méthode des éléments finis MEF est une méthode bien établie pour résoudre des
problèmes complexes, y compris le cas des charges mobiles. A noter que cette méthode
a été appliquée pour la première fois au problème des charges mobiles par (Yoshida et
Weaver, 1971). Elle a depuis été utilisée par de nombreux autres chercheurs.
(Yokoyama, 1991) a mis au point une procédure numérique se basant sur la MEF pour
étudier la vibration d’une poutre uniforme de Timoshenko reposant sur fondation
élastique. (Thambiratnam et Zhuge, 1996) ont utilisé le schéma d’intégration de Newmark

1
901
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

afin de trouver l'influence de la vitesse des charges et de la rigidité de fondation sur


l’amplification dynamique d’une poutre sur appuis élastiques.
En traitant des problèmes des charges mobiles, la MEF rencontre des difficultés
lorsque la charge se déplace à grande vitesse, parfois ces difficultés peuvent être
surmontées par le raffinement du maillage ; mais cela provoque une augmentation
significative du temps de calcul. Comme une tentative pour franchir ces complications,
(Krenk et al., 1999) ont proposé l’utilisation de la MEF en un système de coordonnés
mobile pour obtenir la réponse d’un demi-espace élastique soumis à une charge mobile.
(Koh et al., 2007) ont adopté l’idée des coordonnées mobiles pour résoudre le problème
d’interaction Train à Grande vitesse-Voie Ferrée, et ont nommé l’algorithme numérique :
« Méthode des éléments mobiles MEM ». Cette méthode a été ensuite appliquée à
l’analyse des charges mobiles sur un demi-espace viscoélastique par (Tran et al., 2014).
Dans cette communication, le problème de convection notamment d’une charge
harmonique, le long une poutre infinie d’Euler reposant sur une couche viscoélastique, a
été traité par une nouvelle approche numérique. En adoptant un maillage spatio-temporel
approprié, le système numérique qui en résulte a été résolu par un algorithme adaptatif.
Un exemple montrant les principaux enjeux influençant le comportement dynamique du
système est présenté.

2. Formulation mathématique

Le système dynamique est constitué d’une charge harmonique P(t) traversant une poutre-
rail dans la direction X+ avec une vitesse constante V. L’origine de l’axe fixe X est
localisée au centre de la poutre de façon que la charge soit à X=0 lorsque t=0. La poutre
infinie qui obéit à la théorie d’Euler-Bernoulli, ayant une rigidité constante à la flexion EI,
et une masse par unité de longueur m. La couche viscoélastique comprend une série
infinie, rapprochée et indépendante des unités ressort k-amortisseur c de Kelvin-Voigt. La
figure 1 montre le modèle vibratoire de la poutre infinie.

V
P t 

X E, I , m

k c
Y

Figure 1. Modèle vibratoire de la poutre infinie.

La charge est considérée d’être variable selon la loi suivante :

P  t   P0eit (1)

Où P0 représente l’amplitude et ω la fréquence angulaire de la charge harmonique.


Pour un choix raisonnable des paramètres, on définit les valeurs critiques de vitesse
V0, de fréquence ω0 et de l’amortissement visqueux C0 comme suit :

V0  m1/ 2  EIk 
1/ 4
(2)
0  m1/ 2 k1/ 2 (3)

2
902
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

C0  2  mk 
1/ 2
(4)

Les simulations numériques sont réalisées sur des structures linéaires dont la solution
analytique peut être trouvée pour toutes les vitesses et les fréquences. Cela nous permet
d’évaluer la précision de la méthode numérique proposée.

2.1. Equation dynamique de la poutre

Le déplacement vertical et la rotation de la poutre sont désignés par u et θ


respectivement. L’équation du mouvement exprimée dans le repère spatiale fixe (X,Y)
d’une poutre soumise à une charge mobile est donnée comme suit (Tran et al., 2014) :

 4u u  2u
EI  ku  c  m   P(t , X )  X  Vt  (5)
X 4 t t 2

Où t représente le temps, et δ la fonction delta-Dirac.


En se basant sur la solution analytique de (Andersen et al., 2001) le champ de
déplacement de la poutre exprimé dans le référence mobile (x,y) lié à la charge est le
suivant :

 a x i ( b x t )

 A1e 1 1  A2e a2 x i (b2 x t ) , x  0
ua ( x, t )    a x i (b x t ) (6)

 A3e
3 3
 A4e a4 x i (b4 x t ) , x  0

Où les Aj sont des constantes à déterminer en utilisant les conditions de continuité au


niveau de déplacement et des sollicitations ; cela se traduit mathématiquement par
l’équation 7. aj et bj sont respectivement les parties réelle et imaginaire du nombre
d’ondes Zj, dont aj représente la propagation et bj l’atténuation de la jème composante des
ondes propagées.

A11l 1  A22l 1  A33l 1  A44l 1  P0 ( EI )1 (4  l ); 1 l  4 (7)


 j  b j  ia j ; i  1 (8)

2.2. Méthodologie de résolution numérique

Une nouvelle approche numérique est proposée pour trouver la réponse dynamique d’une
poutre infinie soumise à des charges mobiles, dont son idée principale consiste à faire
déplacer la poutre tout en fixant la position des charges. Dans ce qui suit, on raisonne
dans une référence spatiale attachée au système couplé charge-poutre.
Après avoir discrétisé la poutre mobile en éléments finis ; l’équation différentielle qui
gouverne un élément finis typique de longueur Le (équation 5) est multipliée par une
fonction arbitraire de pondération puis intégrée sur la longueur de l’élément. En adoptant
l’approche de Galerkin, les matrices élémentaires de masse M e, d’amortissement Ce et de
rigidité Ke sont données dans la référence liée au système poutre mobile-charge de la
façon suivante :
Le

M e  m  H T Hdr (9)
0

3
903
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

Le

Ce  c  H T Hdr (10)
0
T
 2 H  2 H
Le e L

Ke  EI   2  dr  k  H T Hdr (11)
0 
r  r 2
0

Il est courant d’utiliser la matrice d’interpolation H basée sur les polynômes cubiques
d’Hermite. r désigne l’axe de coordonné local de l’élément finis.
Après avoir assemblé les matrices individuelles des éléments par rapport à leur
position sur la poutre, l’équation dynamique globale du système peut être écrite de la
façon suivante :

 M u  C u   K u  Q (12)

Où [M], [C] et [K] sont respectivement les matrices globales de masse, amortissement et
rigidité du système dynamique. {u} et {Q} désignent respectivement le vecteur de
déplacement et des charges ramenées aux nœuds.
En adoptant un maillage temporel approprié, la résolution de l’équation globale du
mouvement (équation 12) est proposée d’être sur des petits intervalles du temps, à partir
duquel on considère le problème spatio-temporel comme étant un problème découplé des
charges stationnaires avec amplitude variable. Pour tenir compte du mouvement des
charges le long de la poutre, il est proposé d’injecter après chaque pas temporel une
nouvelle condition initiale basée sur l’interpolation polynomiale de Hermite. D’où l’aspect
adaptatif de la méthode proposée. La figure 2 montre l’organigramme du schéma
numérique implicite utilisé dans la résolution du système des équations différentielles
linéaires. A noter que les matrices [A], [B] et [C] sont données de la façon suivante :

 1  
A M C  K (13)
  dt  dt 
2

T
  1   
  M C 
   dt  dt 
2

  1    
B    M    1 C   (14)
   dt    
 
   1  1 M  dt    1 C  
  2   2   

 u u
T
C u
t t t t
(15)

Où α et δ sont les coefficients de Newmark, dt est un pas du temps infinitésimal.

3. Résultats numérique

Pour montrer l’efficacité de la méthode proposée à résoudre les problèmes dynamiques


où les charges qui excitent le système sont à la fois variable dans le temps et dans
l’espace, une poutre finie de longueur L est modélisée, et l’intégration numérique a été
effectuée sur un intervalle du temps T T=100T, où T dénote la période de la charge

4
904
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

excitatrice. On traite ici le cas de la voie ferrée Européen dont ces caractéristiques
mécaniques sont présentées par (MEZEH et al., 2015).

t=t 0 ; n  0
Changement de configuration

u , tu , tu t  dt


u =A
t -1
 t P  B.t C 

t+dt
u =
1
αdt 2
 t+dt
u - u -
t 1
αdt
t
u - 
1 t
-1 u
 2α 

u = u +dt 1-δ  u +δdt u


t+dt t t t+dt

n=n+1 t=t 0 +ndt

Non Oui
t  TT

END

Figure 2. Organigramme du schéma implicite proposé.

La réponse dynamique d’une poutre-rail de longueur L=150 m suite au passage d’une


charge harmonique P=40sin(-2ω0t) [KN] avec une vitesse constante V=0.5V0 est simulée
au moyen de l’approche proposée. En second temps, les résultats numériques ont été
comparés avec la solution analytique (équation 6). La poutre a été maillée via des
éléments finis de longueur 0.3 m au centre qui augmente progressivement pour atteindre
1 m aux bords du domaine. Les figures 3(a) et 3(b) montrent la réponse dynamique au
point de contact sur l’interface mobile charge-poutre exprimée sur l’axe temporel et
fréquentiel respectivement. Les résultats montrent que la solution numérique correspond
fortement à la solution analytique du système différentiel. D’autre part, ces figures
montrent que la solution analytique est stationnaire alors que la réponse fournie par la
méthode numérique donne lieu à une partie transitoire qui se termine après 5 à 8
périodes de chargement. La figure 3(b) montre le contenu fréquentiel de la réponse de la
poutre qui présente deux pics, le premier correspond à la fréquence propre du rail et
l’autre à la fréquence de chargement.

5
905
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

(a ) (b )

1 .0  1 0 -3
3 .0  1 0 -4

N u m é riq u e A n a ly tiq u e

5 .0  1 0 -4

2 .0  1 0 -4

A m p (m )
u (m )

1 .0  1 0 -4

- 5 .0  1 0 -4

- 1 .0  1 0 -3
0
0 10 20 30 0 100 200 300 400
t/T f (H z )

Figure 3. Réponse de la poutre-rail (a) sur l’axe temporel (b) sur l’axe fréquentiel
(V=0.5V0, P0=40 KN, ω=2ω0).

La figure 4(a) présente la configuration de la poutre-rail après 20 périodes du chargement


trouvée numériquement et analytiquement. Les deux solutions se coïncident sur la totalité
de la travée. Cela montre une autre fois l’efficacité de la méthode numérique proposée.
La figure 4(b) présente la propagation de l’erreur relative calculée au point d’application
de la charge en fonction du temps. Une forte convergence du schéma adaptatif peut être
déduite de cette figure.

(a ) (b )

N u m é riq u e A n a ly tiq u e 100

5 .0  1 0 -4
E rr e u r (% )
u (m )

50
0

- 5 .0  1 0 -4
0
-5 0 0 50 0 10 20 30
x (m ) t/T

Figure 4. (a) Configuration de la poutre-rail (t=20T) ; (b) Propagation d’erreur au centre


(V=0.5V0, P0=40 KN, ω=2ω0).

4. Conclusions

Cette communication a présenté un modèle numérique pour la simulation des interactions


dynamiques entre les charges harmoniques mobiles et la poutre infinie qui modélise une
voie ferroviaire au moyen d’un aspect adaptatif de la méthode des éléments finis. La
vitesse de passage de la charge a été prise avec une valeur élevée, comparable avec la
vitesse critique d’une poutre qui se repose sur fondations viscoélastiques. L’efficacité et la
convergence du schéma numérique ont été démontrées.

6
906
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

5. Références bibliographiques

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7
907
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

REPLIQUES VIRTUELLES DE JOINTS ROCHEUX : SIMULATION PAR


ELEMENTS DISCRETS DU COMPORTEMENT EN CISAILLEMENT
VIRTUAL REPLICAS OF ROCK JOINTS: SHEAR BEHAVIOUR USING
PARTICLE FLOW CODE
Antoine MARACHE1, Alberto VARELA VALDEZ1, Stéphane MOREL1, Joëlle RISS1
1
Université de Bordeaux - UMR 5295 - I2M - Département GCE, Pessac, France

RÉSUMÉ – Le comportement mécanique de joints rocheux dépend de la géométrie des


épontes. On propose une méthode d’obtention de surfaces auto affines tenant compte de
trois paramètres de rugosité (exposant de rugosité, longueur de corrélation autoaffine et
variance des élévations). Ces surfaces sont ensuite adaptées au code par éléments
discrets pour simuler des tests de compression, fermeture et cisaillement.

ABSTRACT – The mechanical behavior of jointed rock masses is strongly dependent on


the geometric properties of discontinuities.We propose a methodology to generate self-
affine surfaces corresponding to different roughness through three parameters (exponent,
self-affine correlation length and height variance); next, these surfaces are implemented in
discrete element code (DEM), to simulate compression/closure test and shear test.

1. Introduction

La compréhension du comportement mécanique en cisaillement des joints rocheux sous


contrainte normale ou rigidité constante a une histoire datant des débuts de la mécanique
des roches. L’aptitude à la prédiction des modèles dépend de la possibilité de bien prévoir
le déplacement normal (dilatation ou compression) et latéral pour un état de contrainte
donné tout en tenant compte de la géométrie des aspérités des épontes, de leur
endommagement et de l’évolution de l’aire des surfaces en contact au cours des essais. A
cette fin, de nombreuses études ont eu pour objectif de décrire et analyser le rôle joué par
la morphologie des épontes sur le comportement des joints. Un problème majeur tenait à
ce que, une fois cisaillé dans des conditions données, un joint, endommagé, ne pouvait
plus être utilisé pour de nouveaux essais ; il ne pouvait y avoir de comparaison d’essais à
morphologie des épontes constante. Afin de pallier cette difficulté, de nombreux essais ont
été réalisés sur des modèles de joints artificiels 1) à morphologie géométriquement
maîtrisée, en dents de scie sur des modèles en plâtre (Ladanyi et Archambault,1969 ou,
plus récemment, Budi et al, 2014) ou sur des modèles toujours en dents de scie taillés
dans des grès (grès de Hawkesbury dans Thirukumaran et Indraratna, 2015), 2) sur des
répliques en mortier (Flamand, 2000 ; Gentier et al. 2000) ou 3) sur des épontes
naturelles issues d’une même famille de fracture (Hoang, 2010 ; Gasc et al., 2012). Il est
malaisé de citer l’entièreté des essais qui ont été réalisés tant ils sont nombreux et
constituent en quelque sorte, chaque fois, des cas particuliers rendant l’écriture de
modèles de comportement difficile.
Le travail présenté ici, fait partie d’un tout développé par Varela-Valdez (2015) dans le
but de cerner les influences respectives de la rugosité des surfaces des joints, de
l'élasticité des épontes, de la rupture des aspérités de surface et du niveau de contrainte
de compression sur les comportements en fermeture et en cisaillement des joints rocheux.
Dans cette optique, Varela-Valdez (2015) a développé une méthode de réalisation de
répliques « virtuelles » d’un même joint rocheux ; ils servent ensuite de moules pour créer
les surfaces composées d’éléments discrets qui sont un préalable à l’utilisation d’un code

1
908
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

numérique par éléments discrets DEM (Discrete Element Model, en l’occurrence


PFC3D,Itasca C. G. Inc.®).

2. Réalisation des moules

La rugosité des joints est considérée comme auto-affine ; elle est décrite par
l’intermédiaire de trois paramètres : exposant de rugosité auto-affine, longueur de
corrélation et variance des hauteurs. Sur la base d’un algorithme fondé sur une méthode
spectrale, des moules de surfaces auto-affines correspondant à différentes rugosités sont
créés.

2.1. Principe de création des surfaces autoaffines

Une surface de fracture est une surface gauche dont les élévations au-dessus d’un plan
de référence varient d’un point à l’autre tout en dépendant de la distance entre ces points.
L’analyse variographique est une méthode classiquement utilisée pour décrire et
synthétiser de telles variations (Gentier et al., 1991, Marache et al., 2002) ; l’outil de base
de cette analyse est le variogramme ou la fonction d’autocovariance. Considérant qu’une
surface de fracture est assimilable à un processus stochastique stationnaire d’ordre 2 de
moyenne nulle et de variance finie, elle peut être analysée, selon que l’on se place dans
l’espace réel ou dans l’espace des fréquences, par sa fonction d’autocovariance (ACV) ou
par sa transformée de Fourier. L’information contenue dans chacune de ces fonctions est
la même.
Le principe repose sur le fait que la suite finie des élévations , d’une surface de
fracture peut être écrite comme une série de Fourier complexe dont les coefficients
s’écrivent à partir de la densité spectrale de puissance (DSP) de l’ACV de , et d’une
phase aléatoire. Les coefficients de la série de Fourier complexe sont donc conditionnés
par la covariance de , . Par conséquent, une simulation de surface de fracture
s’obtient par transformée de Fourier inverse de la série de Fourier conditionnées par les
caractéristiques structurales recherchées.
La réalisation des surfaces autoaffines demande donc de se donner 1) une loi pour la
DSP, 2) les conditions sur la longueur de corrélation et 3) sur la variance des élévations
de la surface.
1) En suivant Makse (1996), on part du principe que la DSP d’une surface auto-
affine suit une loi de puissance selon l’équation 1 où H est un exposant de rugosité
(exposant de Hurst) dépendant de la direction dans l'espace de Fourier.

1
∝ ,

2 2 (1)
1

(2)

1 1
 
(3)

2
909
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

La DSP prend ses valeurs en chaque point de coordonnées u et v (qui sont des
fréquences). est l’exposant de rugosité dans la direction et sont les
exposants de rugosité dans deux directions perpendiculaires entre elles dans l’espace
réel; si  est constant la surface créée est isotrope sinon, elle est anisotrope. L’exposant
de rugosité est calculé selon l’équation (2). Les valeurs de ces exposants font
partie des conditions imposées pour la simulation des surfaces.
2) L’équation (3) donne l’expression de qui est l’équivalent, dans l’espace des
fréquences, de la distance de corrélation c dans l’espace réel (c : distance entre deux
points à partir de laquelle la corrélation des élévations est nulle, il s’agit de la portée sur
un variogramme). La DSP prendra une valeur constante ou celle de l’équation 1 selon que
est inférieur ou supérieur à .
3) La variance, à l’instar de la distance de corrélation et de l’exposant de Hurst, peut
être différente d’une direction à l’autre (cas de surfaces anisotropes) ; elle est prise en
compte par l’intermédiaire de son spectre de puissance.
En conclusion, une fois ces contraintes prises en compte, les coefficients complexes
peuvent être calculés en considérant le spectre de phase comme aléatoire et distribué sur
[0, 2]. Puis, leur appliquant la transformée inverse, on obtient les valeurs simulées de
z(x,y).

1000 40
800 20
600
0
400
200 -20

0 -40
Référence Cas 1 Cas 2
1000
800
600
400
200
0
Cas 3 Cas 4

Figure 1. Exemples de surfaces autoaffines (direction x horizontale, y verticale, même


échelle). Les paramètres, pour chaque surface sont donnés tableau 1.

2.2. Exemples de surfaces autoaffines

On présente successivement pour comparaison à une surface de référence isotrope


plusieurs cas (Tableau 1), la méthode permettant une grande diversité de cas.
Les surfaces ainsi créées peuvent servir de moules pour des essais numériques à
l’instar des répliques en mortier utilisée par Flamand (2000) pour des essais en
laboratoire. Chacun des paramètres peut être modifié à volonté pour correspondre à un
cas réel et permettre ainsi de comparer les comportements mécaniques ; de plus, si d’un
moule à l’autre, on conserve le spectre de phase, les aspérités restent toujours localisées

3
910
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Nancy 2016

aux mêmes endroits (figure 2). Ces moules servent à générer les surfaces (les modèles
virtuels) composées d’éléments discrets.

Tableau 1. Paramètres de rugosité de diverses surfaces simulées

Surface de
Cas 1 Cas 2 Cas 3 Cas 4
référence
0,8 0,8 0,8 0,6 0,6
0,8 0,8 0,8 0,8 0,8
10%* 10% 20% 10% 10%
10% 10% 10% 10% 10%
30 120 30 30 20
30 120 30 30 30
isotrope isotrope anisotrope anisotrope anisotrope
*les distances de corrélation sont données en pourcentage de la taille des surfaces

H = 0,75 H = 0,52
c= 2 cm c= 1,6 cm
² = 0,328 mm² ² = 0,547 mm²

Figure 2. Moules de deux surfaces isotropes pour lesquels les aspérités ont les mêmes
positions et dont la rugosité est différente (plus rugueux à droite).

3. Du moule à la surface utilisable dans PFC3D

Un moule représente une surface réelle continue sous une forme discrète, c’est à dire un
ensemble d’élévations aux nœuds d’une grille , . Considérant que les simulations
d’essais mécaniques sont réalisées sur des échantillons virtuels ayant la forme d’une
boîte parallélépipédique, les épontes de la fracture y sont représentées par deux moules
parallèles à sa grande face, l’un représentant l’éponte inférieure et l’autre l’éponte
supérieure. Le code PFC3D® étant un code à éléments discrets, l’étape préalable aux
simulations des essais consiste à remplir chaque demi-boîte de particules sphériques
(figure 3) et de s’assurer que l’échantillon ainsi préparé est à l’équilibre. Sans rentrer dans
les détails que l’on trouve dans Varela-Valdez (2015), cette opération a pour conséquence
que la « rugosité » des surfaces virtuelles n’est plus nécessairement identique à celles du
ou des moules dont elles sont issues.
La question qui se pose alors, est de savoir si la rugosité des épontes virtuelles est
significativement différente ou non de la rugosité des moules. Varela-Valdez (2015) a
établi une méthode pour comparer la rugosité d’une éponte virtuelle à celle du moule, au

4
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terme de laquelle, un critère de sélection des particules participant à la surface virtuelle


est établi. A l’issue de cette sélection les surfaces virtuelles présentent la même longueur
de corrélation, la même variance des hauteurs mais un exposant de Hurst légèrement
diminué. Par comparaison avec les images de la figure 2, les surfaces virtuelles (figure 4)
montrent des espaces laissés vides dus à l’empilement des particules sphériques
naturellement non compact et à l’élimination de celles qui ne répondent pas au critère.

Limites de
l'échantillon
Fracture

Figure 3. Principe de création des échantillons virtuels

Figure 4. Aspect des surfaces virtuelles présentées figure 2.

4. Comportement mécanique

4.1. Généralités

On cherche à reproduire par simulation par éléments discrets les essais de cisaillement
réalisés sur des répliques en mortier par Flamand (2000). Une étape préliminaire consiste
à déterminer les caractéristiques géométriques (nombre de particules sphériques) et
mécaniques (module d’Young, coefficient de Poisson, etc.) du matériau virtuel constitué
d’un empilement de sphères et d’espaces laissés vides entre elles ; cet espace est
considéré comme une porosité de nature numérique n’ayant pas de sens physique.
Pour que les calculs puissent être réalisés avec des durées acceptables même pour
des cas où il y aurait 100 000 particules (trois ou quatre jours de calcul avec 2
Processeurs Intel Xeon CPU E5-2640 0 @ 2.50 GHz ; RAM de 64.0 Go et- Système
d’exploitation Windows Server 2012, 64 bits, processeur x64) le pas de temps critique
(inversement proportionnel à la rigidité des contacts entre les sphères) ne doit pas être
trop petit et, par suite, le module d’Young du matériau virtuel doit ne pas être trop élevé
(PFC3D©, user guide). Ceci conduit à considérer un matériau équivalent au mortier pour
le modèle DEM sur la base du critère selon lequel les déformations calculées doivent être
égales aux déformations mesurées ; en conséquence de quoi on a l’équation 4 :

5
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(4)

Les éléments discrets (particules sphériques) reproduisent le squelette granulaire du


mortier tandis que la cohésion assurée par la matrice cimentaire est modélisée par un
maillage de poutres entre particules. A la suite d’une série d’essais de mise à l’équilibre
d’un échantillon virtuel cubique de 1 cm de côté (volume élémentaire représentatif : VER)
une porosité numérique égale à 0,51 pour une distribution gaussienne des rayons
(moyenne 5 mm et écart –type 0,1 mm) est considérée comme un bon compromis entre
un nombre pas trop élevé de particules (limitant ainsi les temps de calcul) et les
contraintes internes dont dépend la stabilité du modèle.  Ensuite, les propriétés élastiques
du mortier sont obtenues à partir de la calibration des micropropriétés mécaniques du
VER. Pour cela, une simulation DEM du comportement élastique du VER (simulation en
conditions quasi-statiques) montre un comportement symétrique en tension-compression
et donne une estimation du module d’Young, du module de cisaillement et du coefficient
de Poisson. Une autre simulation tenant compte d’un critère de rupture elliptique
(dépendant de la résistance en tension des liens entre particules) conduit à l’estimation de
la résistance à la compression et en tension (tableau 2). Les caractéristiques du matériau
virtuel sont données tableau 2.

Tableau 2. Propriétés mécaniques du mortier et du matériau virtuel

E  Rc Rt
Mortier (Flamand, 2000) 30 853 MPa 0,187 74,6 MPa 6,6 MPa
Matériau virtuel 48,9 Pa 0,210 0,113 Pa 0,0111 Pa
Matériau équivalent 32 282 MPa 0,210 71,3 MPa 7,0 MPa

4.2. Résultats et exemples

Trois types de modèle mécanique pour le comportement en cisaillement sous deux


contraintes normales (14 et 21 MPa) ont été étudiés après vérification du comportement
en fermeture : 1) un modèle rigide pour lequel les joints ne se déforment qu’en surface et
sans fissuration, 2) un modèle élastique pour lesquels les joints se déforment dans tout
leur volume et toujours sans fissuration et enfin 3) un modèle dit « élastique-fracture »
pour lesquels le joint se déforme dans tout son volume et, lorsque les contraintes dans les
poutres dépassent une contrainte critique (critère de rupture), les liens disparaissent, ce
qui est assimilé à la création de fissures.
L'ensemble des résultats, en utilisant huit surfaces virtuelles décrites dans le tableau 3
porte globalement, pour chaque modèle mécanique, sur les essais de fermeture en
compression simple, les essais de cisaillement direct sous contrainte normale constante,
l'analyse des zones en contact d'une éponte à l'autre, l'endommagement des joints et une
analyse énergétique. Il n’est pas possible de tout présenter dans le cadre de cet article,
aussi on ne présente que les courbes de cisaillement et de dilatance dans le cas du
modèle « élastique-fracture » (figure 5) pour les contraintes normales de 14 et 21 MPa.
La figure 5 montre que les réponses aux essais numériques sont, tant pour la
contrainte de cisaillement que pour la dilatance en fonction du déplacement, dépendantes
de la contrainte normale appliquée et de la rugosité. L’ensemble des courbes se situe
entre celles de l’échantillon aux épontes les plus rugueuses (S5) et celles de l’échantillon
S4 aux épontes les moins rugueuses (cf. figures 2 et 4).

6
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Tableau 3. Caractéristiques des moules utilisés pour créer huit types de surfaces virtuelles.

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8
0,75 0,75 0,75 0,75 0,52 0,52 0,52 0,52
cx= cy 16 16 20 20 16 16 20 20
² 0,547 0,328 0,547 0,328 0,547 0,328 0,547 0,328

Figure 5. Résultats des simulations pour 14 et 21 MPa (cas élastique-fracture)

Plus la contrainte normale est élevée, plus la contrainte au pic est élevée et plus la
rugosité est élevée plus la contrainte au pic est élevée. Des huit moules à partir desquels,
les surfaces virtuelles ont été créées, l’échantillon virtuel issu du moule S1 présente des
caractéristiques proches de celles des échantillons en mortier utilisé par Flamand (2000).
Les écarts rapportés aux valeurs expérimentales sont en valeur absolue inférieurs à 10%
à l‘exception de la rigidité et du déplacement au pic de cisaillement surestimé pour S1 à
14 MPa. Ces derniers écarts demandent encore à être expliqués.

Tableau 4. Résultats numériques et expérimentaux pour S1

         MPa  MPa  é MPa  MPa/mm  Δ  mm 

14 17,9 11,7 79  0,72


S1  0,55  15  0,53 
21 25,7 15,9 110  0,66
Mortier  14 18,47 11,5 51  0,50
0,60  15  0,55 
 (Flamand 2000)  21 24,6 17,0 68  0,60

5. Conclusions

A l’issue de ce travail, il est établi que des simulations par éléments discrets permettent de
reproduire le comportement en cisaillement de joints rocheux. La méthode proposée

7
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repose sur l’enregistrement des élévations d’épontes de fractures naturelles ce qui est
actuellement une pratique courante en laboratoire. Elle consiste ensuite, après calculs des
paramètres de rugosité des surfaces, 1) en la création de moules par la méthode de
Densité Spectrale de Puissance (répliques numériques des épontes), 2) en la création
d’échantillons virtuels de joints rocheux formés par éléments discrets, 3) en l’estimation
des paramètres géométriques et mécaniques du matériau virtuel pour, in fine 4) en la
simulation d’essais par éléments discrets.
Cette méthode alternative à la méthode basée sur l’utilisation de répliques et d’essais
de laboratoire a l’avantage de permettre des essais numériques en ayant une
morphologie d’éponte constante. L’étude paramétrique de l’effet des autres paramètres
que la rugosité est donc possible.
L’adéquation des résultats obtenus sur répliques en laboratoire et sur échantillons
virtuels s’avère encourageante et prometteuse. Ainsi, outre des développements
théoriques à venir, l’application de cette méthode permettrait d’orienter les modalités de
réalisation d’une campagne d’essais en vraie grandeur à partir des résultats de
simulations ne demandant a priori que l’enregistrement des élévations sur des épontes de
fractures naturelles.

6. Références bibliographiques

Budi G., Rao K.U.M., Deb D. (2014). Laboratory modelling of rock joints under shear and
constant normal loading. International Journal of Research in Engineering and
Technology, vol. 03, n° 04, pp. 190-200.
Flamand R. (2000). Validation d’une loi de comportement mécanique pour les fractures
rocheuses en cisaillement. Thèse de doctorat, Université du Québec à Chicoutimi,
Canada.
Gentier S., Chilès J.P., Riss J. (1991). Analyse et simulation d’une fracture rocheuse.
Cahier de géostatistique, Fascicule 1, Fontainebleau, pp. 77-87.
Gentier S., Riss J., Archambault G., Flamand R., Hopkins D. (2000). Influence of fracture
geometry on shear behavior. Int. J. of Rock Mechanics and Mining Sciences. vol. 37,
pp. 161-174.
Hoang T.T.N. (2010). Etude du comportement d’un milieu fracturé :Application à la
réalisation du tunnel de Saint Béat. Thèse de l’université Paris-Est (France).
Gasc-Barbier M., Hoang T.T.N., Marache A., Sulem J., Riss J. (2012). Morphological and
mechanical analysis of natural marble joints submitted to shear tests. Rock Mechanics
and Geotechnical Engineering, vol. 4, n° 4, pp. 296-311.
Ladanyi, B. and Archambault, G. (1969). Simulation of shear behavior of jointed rock
mass. Proc. 11th Symp. On Rock Mechanics: Theory and Practice, AIME, New York,
p

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