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Z

RECHERCHES ET PROCEDES

’élimination des moments de flexion supplémentaires


(o
dans l’arc a deux articulations avec tirant
Par M. Franz DISCHINGER,
Docteur-Ingénieur, Directeur de la S. A. Dyckerhoff et Widmann.

I. Introduction. M. le D1 Ing. Franz Dischinger, qui nous a fait l’honneur On pourrait, théoriquement,
de nous accorder sa collaboration technique, commence celle- employer le procédé d’expan­
ci dans le présent numéro par le très intéressant article ci-
ANS tous les ponts en arc, après, dont l’original a été publié dans le numéro du 20 octobre sion également pour les ponts
statiquement indétermi­ 1932 de la Revue « Beton und Eisen ». à deux articulations avec ta­
nés, il se produit, par suite du Nous sommes reconnaissants à M. le Docteur Dischinger blier suspendu. Pour cela, il
d’avoir bien voulu nous réserver la publication de cet intéressant faudrait installer les presses
raccourcissement de l’arc, des mémoire, ainsi qu’à IVT. le D1 Ing. Kleinlogel et à MM. Wilhelm
moments de flexion su pplé- Ernst und Sohn, respectivement Directeur et Editeurs de au sommet des arcs. Pratique­
mentaires qui augmentent avec notre très important confrère k Beton und Eisen ». ment, ceci n’est pourtant pas
la rigidité de la section de l’arc.
I fl K fl U X__ 1 % Æâ H 11 ^ ^ - '—* — —— — ^
possible, parce qu’on ne peut
V -■ — —-

Dans les ponts à arc encastré, on peut les éliminer au moyen pas installer les presses sur des sections aussi réduites des arcs,
du procédé bien connu de l’expansion de la voûte (2). Les De plus, ce procédé présenterait des dangers, par suite des pos-
moments de flexion supplémentaires de l’arc encastré corn- sibilités de flambage.
prennent : Ces moments de flexion supplémentaires, par suite du raccour-
a) Le raccourcissement de l’arc par suite des efforts de corn- cissement de l’arc et de l’allongement du tirant, sont une des
pression ; raisons principales pour laquelle tous les ponts exécutés jusqu à
b) Le raccourcissement de l’arc par le retrait du béton ; ce jour, en béton armé, avec tirants et tablier suspendu, ne pré­
c) La plasticité du sol de fondation, par laquelle se produisent sentaient pas une allure architecturale satisfaisante, par suite des
les déplacements et les rotations des appuis grandes sections de l’arc, et qui empêchait, également, les ponts
d) L’effet de la température. En
Ces influences peuvent être éliminées entièrement ou en suite de ces moments supplémentaires, l’arc doit être considé-
partie par le procédé d’expansion de la voûte. Pour employer ce rablement renforcé, mais ce renforcement augmente également
procédé, on laisse, au moment de couler le béton, un espace le moment d’inertie de la section, et, par cela même, on majore
libre au sommet de la voûte, et on y installe des presses hydrau- à nouveau les moments supplémentaires.
liques, au moyen desquelles on peut, ensuite, réaliser le décof- Dans les ponts en fer, ces moments de flexion supplémentaires
frage de l’arc. Par suite de ce vide au sommet, les deux moitiés sont bien moins importants, car, pour ceux-ci, le produit du
de voûte, sur lesquelles agissent les presses, sont d’abord encore module d’élasticité et du moment d’inertie (E. I) est bien plus
des systèmes statiquement déterminés. Le vide au sommet n est avantageux.
bétonné qu’après la suppression de la pression, et le système
devient alors statistiquement indéterminé. Par ce moyen, les II. Importance des moments de flexion supplémentaires
effets résultant des paragraphes ci-dessus a, b, c, sont presque par suite du raccourcissement de l’arc et de l’allonge­
d ment du tirant, par rapport au moment provenant de
être limités. la surcharge mobile.
En dehors de l’avantage obtenu par l’allongement de la con­
struction de l’arc, entraîné par la suppression des moments de Pour simplifier, nous allons, dans l’étude ci-après, prendre
flexion supplémentaires, ce procédé présente encore l’avantage comme base un arc parabolique pour lequel ds I est constant.
que le décintrement s’opère sans aucun danger. Ceci entraîne, également, une augmentation de la section de
Cependant, dans les ponts en arc à deux rotules avec tirant, l’arc à partir du sommet jusqu’aux appuis, de telle sorte que 1 on
les moments supplémentaires sont beaucoup plus importants peut, par approximation, prendre les contraintes de pression
que dans l’arc encastré. Dans ceux-là, le tablier est suspendu à centrale de l’arc comme étant égales, pour toutes les sections,
l’arc. Dans ces ponts, non seulement l’arc se raccourcit par suite bien que la poussée de l’arc augmente du sommet jusqu aux
des efforts de compression, mais le tirant s’allonge par suite des appuis.
efforts de traction. Cet allongement du tirant est plus important Le raccourcissement spécifique de l’arc est de :
que la compression de l’arc. Il vient s’y ajouter que, dans les
ponts en arc à deux rotules, les moments d’inertie des deux arcs M
/ Ea
porteurs sont, en général, bien plus importants que les moments
d’inertie de l’arc encastré ; car, toute la poussée horizontale et L’allongement spécifique du tirant est de :
tous les moments de flexion sont supportés par les deux arcs
M
porteurs et par eux seuls, ce qui entraîne, pour ceux-ci, une
rigidité extrême à la flexion. l E

(1) Cette étude fait partie du travail présenté par l’auteur pour l’obtention du ou Eb : le module d’élasticité du béton ;
prix de l’Académie de construction en 1930, et qui reçut le premier prix. Le procédé Ee : le module d’élasticité du fer ;
est protégé par le brevet allemand DRP 535 440, qui part du 21 février 1928. c¿ : la contrainte de pression du béton de 1 arc
Voir également, à ce sujet, l’article de l’auteur dans le premier volume de l’Asso­ Og : la contrainte de traction du fer du tirant.
ciation Internationale des Ponts et Charpentes, édité dans les Mémoires, 1932.
(2) Der Gewölbebau, La Construction des voûtes, nouveau moyen pour le calcul et L’allongement relatif total est donc :
l’exécution des ouvrages, par Färber, Dr. Ing. Berlin 1916. (< B. u. E. », 1914, A/ Cd G Eb Cd
fascicule 1 ; « Der Brückenbau » 1913, fascicule 24 ; « Armierter Beton », 1917, (]) Ea + E 1 + 0
l Eb E Cd e6
fascicules 3 et 4.
Juin 1933. SCIENCE ET INDUSTRIE 267

Dans les calculs suivants, h.s, représente la hauteur de la Le moment provenant de la charge mobile est donc, au som­
section de l’arc au sommet ; met, conformément à la figure 1 :
Fs représente la surface de la section ; 1
L représente le moment d’inertie de la section de l’arc au M, P /2.
sommet; 130
Et h 6, Fè, J¿, les mêmes valeurs pour la section de rupture. On obtient donc, au sommet, le rapport des moments sup-
Par suite du déplacement des appuis A /, on obtient une dimi- plémentaires par rapport aux moments des charges mobiles,
nution de la poussée horizontale du pont : égal à
A l 15 E6.fi 15 I s \ 2
A H • A l G AM s 2*P ¡i S 'X

ds 8'f./ 2
8 f (6) 15,2. r

y M P /
El
Il existe ainsi trois facteurs qui exercent une influence sur le
Par suite de la diminution de la poussée de la voûte il se pro­ rapport des moments supplémentaires par rapport aux moments
duit dans l’arc un moment de flexion positif Fl. y, dont le maxi­ des charges mobiles. Ce sont :
mum se produit au sommet de la voûte pour y /. 2* P
Io Le poids propre du pont. Le facteur montre que
15 I P
(2) A M • Zd . O . y.
8 / les moments supplémentaires augmentent avec le poids propre.
Comme, pour les ponts en béton armé, g est toujours grand par
Ce moment supplémentaire doit maintenant être compensé rapport à p, les moments supplémentaires augmentent à peu près
par les moments de flexion provenant de la surcharge mobile : proportionnellement au poids propre.
a) Pour la section de rupture. Ici nous avons : 2
2° Le facteur montre l’influence favorable d’une petite
y
3
4
/ A M
45 L
32 " /
• cr¿.
Xr
7
épaisseur de l’arc, exprimée par le rayon d’inertie correspon­
Le moment provenant de la surcharge mobile pour la section dant, et l’influence défavorable d’une petite flèche. D’une
manière générale, la flèche est fixée par des raisons architectu­
1 rales. Par contre, on peut influer sur la grandeur du rayon d’iner­
de rupture M¿ est d’environ pl2 (voir le diagramme des mo­
57 tie dans de certaines limites, au moyen d’une construction adé­
ments de la charge mo­ quate. Il est vrai que is augmente avec une armature plus forte
bile suivant figure 1). par rapport à h,. Mais, comme, au moyen d’une armature plus
Le rapport des forte, la hauteur de l’arc hs. peut être maintenue petite, on peut
moments supplémen­ diminuer la valeur effective de is au moyen d’une armature plus
taires et des moments forte. %

provenant de la sur- 3° Cependant, c’est l’expression suivante qui a la plus grande


charg rn
ob 11 est influence :
donc, à la section de E¿
X

rupture : G 1 +
E Gd
45
A Mè 32 / 45.57 L.?,,. On obtient la valeur minima de c, lorsque l’allongement spé­
(3) ÜT ' pP. / cifique du tirant est égal à la compression spécifique de l’arc.
Mb 1
Pl2 Dans ce cas, on a o = 2. Mais ceci n’est possible que s’il ne se
57 produit pas de fissure capillaire bien importante dans le tirant
Le moment, pour la surcharge mobile, provient d’une sur- en béton armé. Pour une compression centrale de l’arc équiva-
charge mobile sur un seul côté du pont. Il correspond à une lant î 40 kg : cm2, il faudrait donc que la traction du fer ne
poussée de la voûte de ; 2 100 000
soit que de 40 40 400 kg : cm2, c’est-à-dire
Eb 210 000
H que le béton doit pouvoir supporter les efforts de traction qui
lui incombent.
La contrainte de compression centrale qui résulte de la poussée On obtient la valeur maxima de c, lorsque la force du tirant
de la voûte, peut, d’après les remarques préliminaires, être est supportée par un tirant métallique en acier à haute résis-
considérée comme à peu près constante pour 1 arc tout entier. tance (?« = 1 820 kg : cm2).
2g -j~ p l2 Pour une portée de l’arc, de 80 mètres, par exemple, la con­
(4) 16/ F
trainte admissible du béton est de 80 kg : cm2. Pour cette valeur,
par expérience, la compression simple et la flexion se répartis-
Introduisons cette valeur de dans l’équation 3, nous obtien- sent, chacunes la moitié.
drons : On a donc : o 40 kg : cm2.
A M6 45.57 2g+ p I o . I 1 820 210 000
? (is)
Et l’on obtient o 1 + 5,55
Mè 32.16 Fs/ F
P 2 100 000 40
a rayon d’inertie.) Si l’on introduisait pour Eè le module effectif d’élasticité à la
A Mè <s> 2g + P X compression, soit Eè 300 000 kg : cm2, on obtiendrait même
(5) 5. . 0
une valeur de o 7,5.
Mè P
D’une manière générale, il faudra, dans un but de sécurité,
b) Pour la section au sommet. Ici nous avons : toujours calculer que la section de béton du tirant contient des
15 I fissures, et que la force totale de traction doit être supportée par
y / et par conséquent A M Cj. o
les armatures en fer seules. Dans ce cas, on obtiendra toujours
8 /
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de grandes valeurs de c. Dans les ponts en arc, munis de culées,


s — 3P 5 = 4/) g= 5=6/)
l’allongement du tirant disparaît, et on obtient, alors, 2=1. On
voit, par cela même, la grande influence de l’allongement du & M*
M* 2............................... 0,216 0,277 0,340 0,400
tirant.
A Mô
Pour montrer la grande influence des moments supplémen­ M» ..............................
0,810 1,035 1,272
»¡
1,500
4
taires par rapport aux moments de la charge mobile, et par cela
même, sur les moments totaux, on a reproduit, ci-après, les
b) Pour la section au sommet, conformément à l’équation (6),
rapports une section rectangulaire avec 2 p. 100 on obtient :
d’armatures. On a supposé, pour cela, que la hauteur du sommet


O

VI
5 = 3/) 5=4/) 5=6/)

l
D

I
de la voûte hs était de 1 /36, rapport qui correspond à de bons
exemples exécutés. a M-r
= 2 ............................. 0,657 0,842 1,033 1,215
Au surplus, on a pris pour le rapport de la flèche celui qui est M,
A Ms
en usage pour les ponts en arc à deux articulations, soit / : / = M, ^ = 7.5............................. 2,460 3,140 3,870 4,560
1 : 6. On obtient alors f — 6 hs.
Pour une armature longitudinale de 2 p. 100 à une distance On a donc, pour les rapports donnés, que le rapport du moment
moyenne de 0,45 hs, à partir de l’axe, on obtient que le rayon supplémentaire au moment des surcharges mobiles varie, pour la
d’inertie est de : section de rupture entre 0,216 et 1,500, et pour la section au
h
- (dans le cas d’une section non armée, il y a lieu de sommet de 0,657 à 4,560.
9 Les valeurs déterminantes pour le dimensionnement sont les
compter que cette valeur est de valeurs de la section de rupture.
A M
A.M Bien qu’ici, également, les rapports soient considéra­
On a donc reproduit dans la table suivante les valeurs M
M blement plus favorables que dans la section au sommet, cepen­
aussi bien pour la section de rupture que pour la section au dant, ces valeurs sont très grandes par rapport aux moments des
sommet, et ce, pour divers rapports de g à p. Les valeurs de la charges mobiles. En particulier pour de grandes portées, qui sont
première ligne correspondent, chaque fois, à la valeur minimum caractérisées par de grandes valeurs de g par rapport à p, ces
de 2 = 2,0 et les valeurs placées au dessous, à la valeur maximum moments supplémentaires sont tellement importants qu’il n’est
de 2 = 7,5. pas possible d’exécuter de ponts en arc avec tirant pour de
a) Pour la section de rupture conformément à l’équation (5), grandes portées, sans dépasser les contraintes admissibles du
on obtient : béton à la pression ; car, dès que l’on augmente la section de
"oupe /onç/tuP/na/e
l/i/e vers / appui moù/Je

O O O O O O o\ I 5$.
1 ^
o o o o o o f] y

Fig. 2. — Installation de traction du tirant


<z. Plaque d’ancrage de l'appui fixe.
h. Levier oscillant de l'appui mobile. —
c. Jambe de force. — à. Presse hydraulique.
—• e. Renforcement du tirant pour l'ancrage. Portée 58 OO ev
—/. Plaque d'ancrage de l'appui mobile. —
g. Coins. — /i. Boulon de l'articulation. —
z. Eperon de pression en béton armé pour
l'appui de la presse. — z. Tirant.

Coupe Pu pout

Peerage sur appuJ u?oé/7e Pnerage sur appui Pxe


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l’arc pour pouvoir supporter ces moments supplémentaires, la tirant, par suite des contraintes élevées de traction imposées au
hauteur de la section hs augmente également, ce qui majore à tablier.
nouveau les moments supplémentaires. Cette situation, qui est
des plus défavorable pour les ponts en arc à deux articulations 2. Élimination des moments supplémentaires prove­
et à grande portée, a engagé l’auteur à rechercher un moyen nant du raccourcissement de l’arc au moyen de ses efforts
propre à diminuer ces moments supplémentaires. de compression. — Pour pouvoir éliminer ces moments sup­
plémentaires, il faut réserver dans le tablier en béton une zone
III. L’élimination des moments fléchissants supplé­ transversale qui ne devra être bétonnée que plus tard ; car, dans
mentaires provenant du raccourcissement de l’arc et le but d’éliminer les moments de flexion par raccourcissement de
de l’allongement du tirant. l’arc, il faut pouvoir raccourcir le tablier par rapport à l’arc de
la quantité de la compression de l’arc, et cela n’est possible que
1. Élimination du moment supplémentaire provenant s’il existe un joint transversal dans le tablier qui permette ce
de l’allongement du tirant dans le cas du podis propre. raccourcissement par compression. Pour éviter que les armatures
— On placera le tirant Z, qui, pour de grands ponts, est constitué longitudinales de la chaussée, à l’endroit du joint transversal,
de préférence par un fer profilé rivé, dans un canal ouvert, sui­ s’opposent au raccourcissement, il est recommandé de prévoir
vant la figure 2. Ce dernier sera placé dans les deux poutres lon­ le joint des fers longitudinaux à cet endroit, par recou­
gitudinales en béton. On le fixera à l’extrémité du pont où se vrement. La longueur du raccourcissement de la chaussée,
trouve l’appui fixe, au moyen d’une plaque d’ancrage a. Par établie à l’avance par calcul, devra être contrôlée au moyen d’ins­
contre, à l’autre bout du pont, sur l’appui mobile, le tirant res­ trument de précision.
tera libre par rapport au pont. Il sera fixé à la plaque b, au moyen 3. Élimination des moments supplémentaires prove­
d’un gros boulon d’articulation. Cette plaque b s’appuiera, d’une nant de l’allongement du tirant et du raccourcissement
part, contre le pont en béton armé au moyen d’une contre-fiche c. de l’arc provoqué par la charge mobile. — Ces moments
et, de l’autre côté, sur la presse hydraulique d. On commencera supplémentaires vont être éliminés de la même manière que
alors à décintrer le pont au moyen des vérins. L’appui mobile dans le deuxième cas. Comme la surcharge mobile n’agira que
se mettra immédiatement en mouvement, puisque la poussée de plus tard, la poussée de l’arc correspondante ne pourra pas encore
l’arc ne peut pas être contrebalancée. Mais, en même temps, on se produire, mais il sera cependant possible de raccourcir le
mettra les presses hydrauliques en action, et on obtiendra, de tablier par rapport à l’arc de cette longueur, au moyen du joint
cette manière, la compression de l’arc ; le point A sera conti­ transversal. Il se produira, de cette manière, une inflexion de l’arc
nuellement maintenu dans sa position initiale. Le tirant Z qui est vers le haut. Comme les moments de flexion maxima produits
ancré du côté de l’appui fixe, sera donc tendu. Mais, pour que par la charge mobile sont amenés par une charge mobile sur un
le tirant ne puisse pas reculer, dans le cas d’un arrêt momentané seul côté, et qu’ils correspondent, en ce qui concerne le raccour­
des presses et pour que le pont ne soit pas mis par cela en fâcheuse cissement de l’arc et l’allongement du tirant à une charge mobile
posture, on aura placé sur le tirant des contreforts e. On prévoit, complète de p ¡2, il faudra prendre comme base la mesure résul­
entre ces contreforts et la plaque définitive d’ancrage /, des coins g, tant de cette charge pour la compression de l’arc et pour l’allonge­
qui descendent en glissant dans des ouvertures correspondantes ment du tirant pour calculer le raccourcissement du tablier. (Lors
au fur et à mesure que l’on exerce une traction sur le tirant du calcul de la longueur de l’allongement du tirant, il y a lieu de
et qui empêchent, de cette manière, un échappement du tirant, tenir compte qu’à ce moment le tirant en fer profilé est déjà
au cas d’un arrêt des presses. Le décintrement du pont, de cette bétonné, et que, par suite de l’action simultanée du béton armé,
manière, est absolument sans danger. On règle la pression des cet allongement sera considérablement moindre.) Lorsque la
vérins de telle manière que, au fur et à mesure du décintrement, surcharge mobile ne s’exercera pas, de même que dans le cas
le point A conserve continuellement la même position. On repère d’une surcharge mobile p complète, il existera donc dans l’arc
sa position au moyen d’un instrument de mesure par rapport à de petits moments de flexion A H . (/, qui cependant seront sans
un point fixe. Après que l’on a complètement tendu le tirant et importance puisqu’il coexistera avec eux de petits moments
que les vérins ont été complètement lâchés, on coupera le tirant de surcharge mobile. Aussitôt qu’il se produira une sur­
au chalumeau derrière les renforcements, environ au point Z, et charge mobile unilatérale, ce qui entraînera les mo ments
l’on bétonnera le canal dans lequel, jusqu’à présent, le tirant pour charge mobile maximas, les petits moments supplémen­
était libre. Le dispositif, pour cette manœuvre de traction, peut taires disparaîtront. Ils sont donc, sans importance, pour le
être employé aussi souvent qu’on le désire. Au lieu d’appuyer dimensionnement.
la plaque b au moyen d’une contrefiche et d’une presse contre
le pont, on aurait pu, également, employer deux presses. L’ins­ 4. Moments supplémentaires lors de 1 installation
tallation décrite a, cependant, l’avantage que l’on économise une ultérieure de la chaussée et pour des retraits différents
presse et que la pression exercée peut être réduite à la moitié de l’arc et de la chaussée. — Il y aura lieu de prendreles mêmes
dans le cas de deux bras de levier de même grandeur, et même dispositions que pour les cas 2 et 3, si la couverture de la chaussée
à une fraction moindre en employant des bras de levier iné­ n’est rapportée qu’après l’action de la presse. De même, si l’arc,
gaux. comme cela se fait d’habitude, n’est bétonné qu’après le tablier,
On éliminera donc, de cette manière, les moments de flexion ce qui entraîne des retraits de natures différentes. Il est exact
supplémentaires provenant de l’allongement du tirant dans le qu’on ne pourra pas éliminer complètement les moments sup­
cas de la charge propre ; car, si le tirant s’est effectivement allongé, plémentaires qui proviennent de retraits différents de l’arc et de
il se sera cependant raccourci de la même quantité par le moyen la chaussée, mais on pourra les éliminer en grande partie, parce
de cette manœuvre de traction. Mais on a obtenu, de cette que la mesure de leur différence n’est pas connue exactement.
manière, encore d’autres avantages. Ce sont : d’abord un décin­ On exécutera des essais de béton simultanément au moment du
trement sans danger ; puis le tablier en béton armé est absolument bétonnage de l’arc et de la chaussée, et l’on pourra, de cette
libre des efforts de traction provenant du poids propre ; car la manière, déterminer suffisamment exactement les grandeurs, de
charge de traction tout entière est supportée par le tirant en fer telle sorte que l’on n’aura besoin de tenir compte que d’une
profilé. On évite, de cette manière, les fissures désagréables qui fraction des moments supplémentaires correspondants lors du
se produisent dans les ponts ordinaires en béton armé avec dimensionnement.
270 SCIENCE ET INDUSTRIE Juin 1933.

[Fig. 3. Vue du pont d*Als leben.

Nous obtiendrons donc les avantages suivants, en employant


ce procédé de traction :
a) Suppression de moments de flexion supplémentaires très
importants, et, par cela même, construction d’un arc léger et
élégant ;
¿) On pourra exécuter des arcs avec des portées considérable­
ment plus grandes ;
c) La chaussée en béton armé sera, complètement ou en
grande partie, libre d’efforts de traction, et de cette manière, on
supprimera les fissures à provenir des efforts de traction dans la
chaussée ;
d) Le décintrement sera effectué, comme dans le procédé par
extension, d’une manière absolument sans danger ;
e) Comme le tirant est tendu d’avance, on pourra, pour cela,
employer de l’acier à haute résistance, et obtenir ainsi un tirant
plus léger et plus économique.
Il n’y aurait également pas de difficulté à employer pour le
tirant des câbles d’une résistance à la traction encore plus forte,
et d’une section inférieure. Il faudra, toutefois, tenir compte Fig. 4. — Vue de l'installation de traction.
du fait que les câbles sont sujets à un allongement ulté­
rieur qui diminuerait l’effort de traction réalisé par les presses. se feront sentir. Ce procédé fut appliqué pour la première fois
Ce danger n’est pourtant pas très grand, parce que, par suite du en 1928 au pont sur la Saale, près de Alsleben. Il mesurait
bétonnage du câble, cette différence de la force de traction pas­ 68 mètres de portée. Le pont lui-même, sans l’installation de
serait dans le tablier en béton armé, maintenant fermé, et qui traction reproduite dans la figure 2, a déjà été décrit dans Beton
pourrait supporter les forces ainsi transmises au moyen de très und Eisen en 1929, fascicule 22, par M. Buschmann, ingénieur
légères contraintes de traction. diplômé, qui a également construit les différentes parties du
On pourrait, également, obvier à cet inconvénient, en exer­ système de traction, de telle sorte qu’il est inutile d’y revenir.
çant, au moyen de la presse, un effort de traction légèrement On s’était abstenu, à cette époque, de publier le système de tirage,
supérieur ; cela est possible lorsque le joint transversal dans la étant donné que le procédé était alors présenté à l’Office des
chaussée est tenu juste égal à la demande de raccourcis­ brevets. Dans la figure 4, on a reproduit la construction du sys­
sement du tablier, de telle sorte qu’après fermeture de ce tème de tirage. La figure 3 montre la vue du pont qui se distingue
joint étroit au moyen des presses, la force de compression sup­ à peine d’un pont en fer, par suite de sa légèreté, bien que, pour
plémentaire puisse être transmise par le tablier lui-même ; car cette première application du procédé, on n’ait éliminé que les
cette dernière force de compression ne peut pas être appliquée moments supplémentaires — ce sont les plus importants — qui
à l’arc lui-même, parce que la force de compression de l’arc ne proviennent de l’allongement du tirant. Si l’on avait éliminé
devient jamais plus grande que R (R — rayon de courbure de suivant les données ci-dessus les moments supplémentaires qui
la parabole au sommet). Ces avantages permettent donc d’exé­ proviennent de la compression de l’arc et de la surcharge mobile,
cuter, dès maintenant, des ponts en arc à tablier suspendu d’une on aurait pu obtenir une construction d’arc plus légère encore.
manière économique, même pour de très grandes portées. Plus Franz Dischinger,
Docteur* Ing., Directeur de la S. A. Dyckerhoff
la portée est grande, plus les avantages du procédé de traction et Widmann.

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