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JNGG 2002, 8 et 9 Octobre 2002, Nancy 1

ETUDE EXPERIMENTALE DU BOULONNAGE DE FRONT DE TAILLE – TRAVERSEE


SOUTERRAINE DE TOULON -

MAZZOLENI Gérard1, DUBOIS Pascal2, HODAC Bernard3


1
Centre d’Etudes des Tunnels, 25 avenue François Mitterrand, 69674 Bron Cedex,
gerard.mazzoleni@equipement.gouv.fr.
2
Mission d’inspection spécialisée « ouvrage d’art », 144 rue Garibaldi, B.P. 6130, 69469 Lyon Cedex 06
3
Osmos Deha-Com, 44-46 rue de la Bienfaisance, 75008 Paris, hodac@osmos-group.com.

RÉSUMÉ : Lors de la construction du tunnel de Toulon, la mise en oeuvre d’un boulonnage de front
a permis de limiter les déformations axiales du terrain situé à l’avant du front. Cette technique
consiste à renforcer le terrain par des boulons en fibre de verre, répartis sur la surface du front de
taille et orientés dans l’axe du tunnel. En s’opposant aux déformations du terrain, les boulons
subissent une mise en tension progressive. Nous décrivons ici une expérimentation qui rend compte
de l’amplitude des déformations d’extension du noyau, provoquées par les cycles d’avancement
successifs, et du transfert de charge qui se développe sur la longueur des boulons. La mesure des
mouvements du terrain résulte de l’application de techniques innovantes, issue d’une coopération
entre le CETU et la société DEHA-COM, pour la mise au point de capteurs à fibre optique.
MOTS-CLEFS : tunnel, boulonnage, fibre optique, extensomètre.

ABSTRACT :For the trans-Toulon road tunnel construction, the use of bolting allowed to limit the
axial ground deflections ahead of the excavation front. The bolting method consists of reinforcing
the tunnel head by fibreglass bolts evenly distributed over the front section and parallel to the
tunnel axis ; these bolt are submitted to progressive tensions as they resist to ground movements.
The paper describes an experiment which provides information on the movements of the core ahead
of the tunnel front, as excavation sequences proceed, and on the load transfer which develops along
the bolts. The measurements of the ground displacements result from innovating technologies such
as fibre optics extensometers developed through a cooperation between the CETU and DEHA-
COM.
KEY-WORDS : tunnel, bolt, fibre optics, extensometer.

1. Introduction

Cet article présente les résultats d’une étude expérimentale effectuée au cours de la percée du tunnel
nord de la traversée de Toulon. Après une description de la méthode employée pour l’excavation
des derniers mètres de tunnel, à la jonction des deux fronts, il est présenté l’étude du comportement
des boulons de front et les mesures d’extensométrie associées.

2. Description du projet

Le tunnel de Toulon, réalisé dans le cadre de la liaison entre l’autoroute A50 à l’ouest et l’autoroute
A57 à l’est, est situé entièrement sous le centre de la ville. Cette liaison, longue de 3300 mètres,
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comporte un tunnel pour le franchissement de la zone urbaine, avec de part et d’autre des tranchées
couvertes, et des plates-formes autoroutières en zone péri-urbaine. Le tunnel comprend deux tubes
de deux voies de circulation, avec une première phase à un tube bidirectionnel.
Actuellement le percement du tube nord a été réalisé. Ce tube a une longueur de 1852 mètres et une
section excavée de 100 m_. La hauteur de couverture varie de 20 à 35 mètres.
Le tunnel traverse principalement des formations pélitiques du Permien alternant avec des
matériaux du socle : grés, phyllades et quartzophyllades. Il rencontre des structures tectoniques
particulières avec des écailles de trias et des remplissages quaternaires, constituant des
cheminements préférentiels de la nappe aquifère. Ces formations présentent une grande
hétérogénéité à l’échelle de la section du tunnel et les limites des différents faciès ne sont jamais
très nettes.
La zone de jonction des deux fronts, à laquelle nous nous intéressons dans les lignes qui suivent,
était formée de schistes ampélitiques avec des quartzophyllades situés en voûte.

3. Méthode d’excavation et soutènement au moment de la percée

Des calculs axisymétriques réalisés avec le progiciel CESAR ont permis de justifier la méthode de
soutènement spécifique à la phase de percement. Cette méthode consistait à mettre en place un
présoutènement avant l’excavation, puis à installer un soutènement à l’arrière du front.
Le présoutènement comportait deux types de boulonnage :
_ Un boulonnage de front.
La situation du Tunnel de Toulon en zone urbaine et sous une faible couverture, imposait de limiter
les déformations du massif pour éviter tout tassement en surface, préjudiciable au bâti existant.
Compte tenu des faibles caractéristiques mécaniques du massif encaissant, il était nécessaire de
limiter ces déformations dès leur développement en avant du front de taille. Le boulonnage de front
consistait à renforcer le noyau par des inclusions réparties sur la surface du front et orientées dans
l’axe du tunnel. Ce renforcement du noyau par des boulons en fibre de verre et de résine polyester a
permis de limiter l’extrusion.
_ Un boulonnage divergent.
En créant un effet de voûte plus homogène et plus localisé et en permettant l’injection du terrain si
nécessaire, les auréoles de boulons divergents amélioraient la stabilité de l’excavation et limitaient
les déformations.
Les boulons métalliques inclinés à 6° ou 12° par rapport à l’horizontale étaient implantés en
périphérie du front, en demi-voûte supérieure. A leurs extrémités, ces boulons prenaient appui sur
les cintres et sur le noyau.
Dans la zone de la percée, les auréoles réalisées depuis chaque attaque, formaient une sorte de toit
entre les deux fronts.
Le soutènement était constitué des éléments suivants :
_ Des cintres lourds (HEB 180) étaient installés au front et espacés de 1.50m.
_ Une couche d’environ 20cm d’épaisseur de béton était projetée sur le front, puis en voûte et
piédroits pour le calage du cintre. Une seconde couche était appliquée entre les cintres de la travée
précédente, constituant ainsi le chemisage.
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_ Un radier en forme de voûte inversée permettait de renforcer les appuis de cintre et de tendre vers
un profil circulaire.

4. La technique de boulonnage de front

4.1. Caractéristiques des boulons

Les boulons en fibre de verre, de marque SIREG, sont constitués de trois lames DURGLASS FL
qui sont disposées :
_ Soit en forme de triangle autour d’un tube d’injection (modèle utilisé en début de chantier),
_ Soit en forme de Y (modèle ayant remplacé le précédent en cours de chantier).
Les fibres de verre étant disposées longitudinalement, les boulons présentent une très grande
résistance à la traction dans le sens des fibres. Cette structure fibreuse facilite la destruction des
boulons pendant les opérations de creusement, puisque la résistance au cisaillement est très faible.

Tableau 1. Caractéristiques des boulons

Poids spécifique 1.9 g/cm3


Section (modèle en forme de Y) 6.2 cm_
Résistance à la traction 1 000 MPa
Module d'élasticité 40 000 MPa
Allongement à la rupture >3 %
Résistance au cisaillement 200 MPa

4.2. Scellement des boulons

La mise au point du scellement des boulons a fait l’objet de nombreux essais, qui ont permis de
caractériser la résistance à la traction des boulons. Cette mise au point a été effectuée en début de
chantier sur des boulons de section triangulaire (trois plaquettes disposées en triangle autour d’un
tube d’injection).
Trois types de produit de scellement ont été utilisés :
_ Une résine polyuréthane,
_ Un coulis de ciment ordinaire avec fluidifiant,
_ Un coulis de ciment expansif avec fluidifiant.
Les critères de choix du produit de scellement portaient sur :
_ La résistance à l’arrachement des boulons au niveau des deux interfaces (boulon/scellement et
scellement/terrain),
_ Le délai de prise et d’obtention de la résistance maximale,
_ La nature du terrain,
_ La présence d’eau,
_ Le coût du produit.
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Les boulons utilisés pour le renforcement du front présentaient une surface lisse, ainsi la résistance
était obtenue par l’adhérence du scellement sur cette surface.
En matière de boulonnage on distingue généralement les boulons à surface lisse et les boulons à
surface marquée d’empreintes ou de verrous.
En présence d’un boulon nervuré, l’effort de traction commence par provoquer la rupture
d’adhérence entre le scellement et le boulon, avec la formation de biellettes due à l’imbrication des
verrous dans le scellement (cf. fig. 1). Ces biellettes induisent ensuite un comportement dilatant du
scellement qui engendre du frottement latéral, tout en permettant au boulon de s’allonger. L’effort
obtenu en tête du boulon peut ainsi atteindre des valeurs élevées, représentatives d’un important
frottement latéral sur une grande longueur de scellement.
Dans le cas d’une surface lisse, sans nervure transversale, la résistance à la traction est limitée par la
rupture d’adhérence entre le boulon et le scellement, et en l’absence de verrous le boulon tend à
glisser en mobilisant peu de frottement sur la partie descellée. L’effort de traction est
progressivement repris en aval de la zone de rupture, sans pouvoir augmenter d’une manière
significative.
Les essais de traction réalisés pour caractériser l’efficacité du scellement ont été perturbés par
l’inadaptation du système de blocage du vérin sur le boulon. Cette difficulté était due à la géométrie
des boulons (section rectangulaire) et à leur structure fibreuse. Le système de blocage avait
tendance à glisser le long des fibres par manque d’adhérence.
Dans les terrains gréseux, les résultats d’essais ont montré que le scellement au coulis de ciment
permettait d’atteindre des résistances de l’ordre de 100 kN/ml. Le scellement à la résine n’apportait
pas d’amélioration significative dans ce type de terrain.
Dans les pélites argileuses, les résistances à la traction obtenues sur des boulons scellés au coulis,
ont donné des valeurs moyennes de l’ordre de 40 kN/ml (cf. fig.2), tandis que les essais sur les
boulons scellés à la résine ont mis en évidence des valeurs proches de 100 kN/ml.
Ce programme d’essais a montré qu’en l’absence de venues d’eau dans le forage, l’utilisation d’un
coulis était satisfaisante. Le scellement à la résine permettait de s’affranchir des problèmes liés à
l’eau.

Fissures créant
des biellettes Scellement Massif rocheux

Boulon

Verrou

Figure 1. Comportement dilatant du scellement d’un boulon nervuré


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Essai de traction sur boulon scellé au coulis de ciment sur une longueur de 4m

60
Allongement en mm

50

40

30

20
Lamelle 1
Lamelle 2
10
Lamelle 3
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

Effort de traction en kN par lamelle

Figure.2 : Résultat d’essai de traction sur boulon en fibre de verre

5. Programme d’instrumentation

En plus de l’auscultation prévue dans le déroulement normal du chantier, un programme spécifique


d’instrumentation a été mis en œuvre à la demande du CETU.
Ce programme comprenait :
_ la mise en place de deux extensomètres à fibre optique (longueur 12m et 3m) ;
_ l’installation de jauges d’extensométrie, sur deux boulons frontaux de quinze mètres de longueur.
Les mesures visaient à déterminer les sollicitations auxquelles étaient soumis les boulons en fibre de
verre, en fonction du rapprochement des deux fronts. Parallèlement les extensomètres à fibre
optique étaient prévus pour suivre les déformations longitudinales du noyau.
Les extensomètres à fibre optique et les boulons équipés de jauges ont été scellés au cours du
dernier boulonnage du front F1 ouest (cf. fig.3). Sur ce front, l'arrêt des travaux a facilité
l'installation d’une liaison filaire pour le raccordement des jauges et des cordes optiques à une
centrale d'acquisition.
Un enregistrement en continu des mesures était effectué pour suivre les sollicitations subies par les
boulons et la décompression du terrain durant l'excavation.
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Figure.3 : Implantation des boulons instrumentés et des extensomètres à fibre optique

6. Extensomètres à fibre optique

Il s’agissait de fibres optiques, dites à micro courbures, commercialisées par la Société DEHA-
COM. Le modèle de capteur à fibre optique utilisé était constitué d’une fibre optique montée sur un
jonc d’aramide.
Le principe de fonctionnement repose sur la mesure de la quantité de lumière entrante et sortante.
La différence de ces deux quantités permet de déterminer l’allongement ou le raccourcissement de
la corde optique.
Les deux extensomètres à corde optique mis en place se présentaient comme suit :
_ deux cordes optiques montées sur jonc d'aramide, l'une de 12 m et l'autre de 3 m,
_ les deux cordes optiques ont le même point de départ,
_ l'extensomètre est pourvu de centreurs à corbeille assurant son bon maintien au milieu du trou de
forage ainsi qu'un bon enrobage du coulis d'injection,
_ la bonne transmission des efforts dus au terrain à l'extensomètre à corde optique s'exerce par le
coulis d'injection à la fois par la butée directe des boîtiers d'extrémité agissant comme "pied
d'ancrage", et par l'adhérence du coulis sur le tronçon courant du jonc d'aramide dont l'état de
surface est particulièrement favorable à une bonne transmission des efforts,
_ un tuyau d'injection et un tuyau d'évent permettent un bon remplissage du forage,
_ une obturation au niveau du front de taille permet de maintenir le matériau d'injection pendant sa
prise après fermeture de l'évent,
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_ les connecteurs optiques correspondant à la base de 12 m et à la base de 3 m sont enroulés en


attente dans une douille en PVC résistant, prééminente par rapport à l'obturation,
_ lorsque le scellement a fait prise, on peut alors connecter l'extensomètre à la centrale de mesure,
pour une mesure en continue,
_ la centrale de mesure logée dans un coffret étanche était disposée à environ 30 m en arrière du
front de taille et la connexion s'établissait par un câblage optique cheminant sur un des piédroits et
sur le front de taille jusqu’aux extensomètres.

7. Instrumentation des boulons de front

Les deux boulons ont été équipés de jauges d'extensométrie possédant une longueur de grille de 10
mm, avec un montage en quart de pont à quatre fils.
Chaque boulon comportait quatre sections de mesures espacées de trois mètres. Afin de limiter le
nombre de jauges à trois par section, elles ont été disposées à 120 degrés sur le noyau central (voir
photos ci-dessous).

Photo 1 : Vue de la section du boulon Photo 2 : Vue d'une jauge collée sur le noyau central

Photo 3 : Vue d'un boulon instrumenté (jauge recouverte d'une protection, câbles, centreurs)

8. Résultats des mesures

8.1. Mesures de déformations des boulons

Les jauges d’extensométrie collées sur les boulons, sont situées à une distance de 3m, 6m, 9m et
12m du front F1. On observe sur les courbes ci-après une mise en tension progressive des boulons,
provoquée par chaque phase de creusement. La distance entre les lignes verticales du graphique 5
correspond au pas d’avancement de 1,50m de l’excavation du front F2. On voit ainsi que chaque
incrément de l’allongement du boulon coïncide avec les phases de creusement.
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Si l’on examine l’évolution de la tension du boulon dans les zones instrumentées, distantes les unes
des autres d’une longueur de 3m, on observe la même mise en charge décalée dans le temps. La
représentation des déformations du boulon en fonction de la distance entre les fronts F1 et F2
montre bien que le déphasage de la mise en charge est de 3m pour deux sections consécutives (cf.
fig.5).
La tension dans le boulon atteint une valeur maximum de 100kN lorsque le front F2 se situe à une
distance d’environ 6m de la section de mesure, puis chute brutalement lors de la phase de
creusement suivante (cf. fig.4 et 5).
Cette brusque chute de tension marque la rupture du scellement, que l’on peut qualifier de rupture
fragile. On constate donc que les quatre mètres de boulon situés juste à l’arrière du front F2, front
par lequel progresse l’excavation, ne sont plus solidaires du terrain.
On peut en déduire :
_ que la rupture d’adhérence à l’arrière du front d’attaque est provoquée par les opérations de
creusement au cours desquelles l’extrémité des boulons est arrachée ;
_ que les quatre premiers mètres à l’arrière du front ne sont pratiquement plus renforcés par le
boulonnage.

Déformations du 22-02-00 23h02 au 08-03-00 18h37


Valeurs moyennes - Boulon Nord
8000

6000

4000
Déformations µm/m

2000

-2000
Boulon N3 m
-4000
Boulon N6 m
-6000 Boulon N9 m
Boulon N12 m
-8000 Terrassement

-10000
22/2/00 24/2/00 26/2/00 28/2/00 1/3/00 3/3/00 5/3/00 7/3/00 9/3/00 11/3/00
0:00 0:00 0:00 0:00 0:00 0:00 0:00 0:00 0:00 0:00

Date Heure

Figure 4 : Déformations du boulon nord mesurées à 3, 6, 9, et 12m du front F1


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Déformations du boulon nord


Valeurs moyennes mesurées à 3m et 6m du front F
5000

4000

3000

2000

Déformations µm/m
1000

-1000

-2000
Boulon N3 m
Boulon N6 m
-3000

-4000
30 25 20 15 10 5 0

Distance entre fronts F1-F2 en m

Figure 5 : Déformations du boulon nord mesurées à 3 et 6m du front F1

8.2. Mesures de déformations du terrain

Les résultats des mesures sont présentés sous forme de courbes décrivant l’allongement des
extensomètres en mm en fonction du temps (cf. fig.6). Sur les bases de 12m, on observe
principalement une décompression continue du terrain tout au long de l’excavation du front F2 côté
ouest.
Jusqu’au 1er mars 2000, la décompression est linéaire avec une pente moyenne comprise entre 7 et 9
mm sur trois jours.
Au delà, au fur et à mesure du rapprochement des deux fronts, la décompression s’accélère
fortement par paliers croissants. Le dernier palier, avant destruction des capteurs est de l’ordre de
10mm.
Sur l’ensemble de la période de mesure, l’allongement des cordes optiques de 3m est très régulier.
La vitesse de progression est sensiblement de 2mm sur trois jours, ce qui correspond au quart des
mesures enregistrées sur les bases de 12m. On ne distingue pratiquement pas les différentes phases
d’excavation, du fait de l’éloignement du front de taille actif.
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Extensomètres optiques

60

50 Ar-127 (3m)
Ar-129 (3m)
Ar-126 (12m)
40 Ar-128 (12m)
Allongement en mm

30

20

10

0
22/2 24/2 26/2 28/2 1/3 3/3 5/3

-10

Date

Figure 6 : Déformations du terrain mesurées à 3 et 12m du front F1

8.3. Comparaison des mesures

La comparaison des déformations mesurées sur les boulons et sur les fibres optiques mettent en
évidence les phénomènes suivants :
_ Les extensomètres à fibre optique, d'une longueur de 12m enregistrent une décompression linéaire
du terrain avec une vitesse moyenne de l'ordre de 2mm/jour, jusqu’à ce que les deux fronts soient
séparés d’une distance de 17,50m à la date du 1er mars 2000 (cf. fig.8). Dans cette configuration les
têtes des extensomètres se situent à environ 5,50m du front F2. Ensuite la décompression s'accélère
fortement par paliers croissants, et atteint une vitesse moyenne d'environ 10 mm/jour (cf. fig.6).
Cette accélération correspond en fait à une rupture d'adhérence entre les boulons et le terrain, sur la
longueur des boulons situés à l’arrière des têtes des extensomètres. Au delà de cette date, il est donc
impossible de comparer les déformations mesurées sur les boulons avec celles mesurées par fibre
optique.
_ Les déformations maximales enregistrées sur les boulons, juste avant la rupture d'adhérence,
atteignent environ 4000_m/m (cf. fig.4 et 5) et correspondent à un allongement du boulon de 36mm
sur une base de 12m. Les cordes optiques enregistrent sur cette même base un allongement de
40mm.
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12

AR127 (3m) fibre optique nord


10
Allongement boulon nord (mm)
Déformations en mm (base 3m)

0
22/2/00 23/2/00 24/2/00 25/2/00 26/2/00 27/2/00 28/2/00 29/2/00 1/3/00 2/3/00 3/3/00 4/3/00

-2
Date Heure

Figure 7 : Comparaison des déformations du boulon nord et de l’extensomètre à fibre optique AR127

16

14 Allongement boulon nord


mm
12 Ar-126 (12m) - fibre optique
Déformations en mm (base 12m)

10

0
22/2/00 23/2/00 24/2/00 25/2/00 26/2/00 27/2/00 28/2/00 29/2/00 1/3/00 2/3/00

-2

-4

-6
Date Heure

Figure 8 : Comparaison des déformations du boulon nord et de l’extensomètre à fibre optique AR126
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9. Conclusion

L'instrumentation des boulons de front réalisée juste avant le percement du tube nord de la traversée
de Toulon fournit des informations intéressantes sur le mode de fonctionnement des boulons.
L’association d’extensomètres à fibre optique, utilisant des techniques innovantes, a permis de
suivre les mouvements du terrain avoisinant.
Cependant la mise en œuvre de ces mesures au sein d'un atelier de creusement est délicate compte
tenu de la superposition des tâches dont l'ordonnancement mérite une attention particulière.
Il faut souligner les précautions prises par l'entreprise pour la mise en place des boulons
instrumentés et des extensomètres à fibre optique. Les liaisons filaires reliant les capteurs à la
centrale d'acquisition rendent difficiles les manipulations eu égard aux moyens utilisés sur ce type
de chantier.
Il ressort de cette campagne de mesures plusieurs types d'informations :
1 – La résistance ultime des boulons atteint une valeur d’environ 100kN, juste avant la rupture
d'adhérence du scellement. La rupture est quasi instantanée et l’effort dans le boulon passe
brutalement de 100 à 0kN dans la zone la plus sollicitée;
2 – La rupture entraîne une accélération des déformations du terrain, qui a été observée avec les
extensomètres à corde optique. La vitesse des déformations passe de 2mm/jour à 10mm/jour ;
3 – La rupture se produit lorsque le front est à une distance d'environ 3 ou 4 mètres de la section de
mesure.
L'ensemble de ces éléments met en évidence l'efficacité et le mode de fonctionnement du
boulonnage du front.

10. Bibliographie :

Bustamante M., Traversée souterraine de Toulon, Compte Rendu d’essais de traction sur boulons
radiaux, Laboratoire Central des Ponts et Chaussées, 22pages, 1997.
Dias D., Renforcement du front de taille des tunnels par boulonnage, Etude numérique et
application à un cas réel en site urbain, Thèse de Doctorat de l’Institut National des Sciences
Appliquées de Lyon, 320 pages, 1999.
Segard E., Traversée souterraine de Toulon, Rapport d’essais de traction sur boulons frontaux,
Front F1, le 08/12/98, ref. IE/F1/OR/98028/a, du Groupement Spie Batignolles/Borie
SAE/Perforex, 19 pages, 1999.
Azema P., Traversée souterraine de Toulon, Rapport de mesure de décompression du terrain au
niveau du front de taille par cordes optiques, ref. 003/A/TUN/040300, de la Société Deha-Com,
12 pages, 2000.

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