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ROYAUME DU MAROC

MINISTERE DES TRAVAUX PUBLICS


DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE
ET DE LA FORMATION DES CADRES

DIRECTION DES ROUTES ET


DE LA CIRCULATION ROUTIERE

GUIDE POUR LA SURVEILLANCE ET

L'ENTRETIEN DES OUVRAGES D'ART

PONTS EN BETON PRECONTRAINT

BCEOM - CID MAI 1992


PREAMBULE

Le patrimoine d'ouvrages d'art au Maroc ne comporte qu'un faible nombre de


réalisations en béton précontraint.
Cependant, l'évolution de cette technique, et les possibilités qu'elle offre
(franchissement de grande brêche par exemple) permettent de penser à une
augmentation de l'effectif des ouvrages de ce type au Maroc dans un avenir proche.
Aussi, le présent document concerne des types d'ouvrage ou de dégradations
inexistants au Maroc lors de sa publication.
Les résultats d'expériences diverses qu'il contient doivent être mis à profil lors de la
conception des ouvrages.

CHAPITRE 1

CHAMP D'APPLICATION

Le présent sous-fascicule donne:

- des indications techniques qui concernent tous les ouvrages ou parties d'ouvrages en
béton précontraint;

des dispositions relatives à la surveillance et l'entretien des ponts en béton


précontraint.

1
CHAPITRE 2

GENERALITES

2.1. LES TECHNIQUES DE PRECONTRAINTE

La précontrainte est appliquée selon deux techniques principales:

- la précontrainte par post-tension, dans laquelle les armatures disposées dans des
conduits sont mises en tension en s'appuyant sur le béton, donc après durcissement
de celui-ci ;

- la précontrainte par pré-tension, dans laquelle les armatures sont tendu~s


préalablement au bétonnage ; ce dernier est ensuite effectué au contact des
armatures qui ne sont relâchées qu'après durcissement du béton.
Les structures soumises à ces techniques de nature différente ont un comportement
théorique similaire, mais les désordres éventuels et leurs conséquences pour la sécurité
des ouvrages varient suivant qu'il s'agit de précontrainte par pré-tension ou par post-
tension.

Dans le cas général, les armatures de précontrainte sont intérieurs au béton, mais il
existe des techniques spéciales utilisées en construçtion ou en renforcement d'ouvrages
qui consistent à mettre la précontrainte à l'extérieur. Celle-ci s'exerce alors, sans
adhérence entre le béton et les armatures, avec l'utilisation éventuelle de déviateurs
pour assurer au câble un tracé convenable.

". En butre, il convient d'évoquer les structures en arc ou à béquilles, dans lesquelles la
compression est appliquée par la composante horizontale des réactions d'appui qui
résulte de la forme de la structure.

2.1.1. La précontrainte par pré-tension

2.1.1.1. Principe

La précontrainte par pré-tension, dite aussi par armatures adhérentes (PRAD), est
obtenue par la mise en tension d'armatures d'acier qui sont ancrées sur les extrémités
d'un banc portant les coffrages. Les extrémités de ces derniers sont traversées par les
armatures pré-tendues. Le béton est mis en oeuvre dans les coffrages directement au
contact des armatures. Quand le béton atteint un durcissement suffisant, la force de
traction régnant dans les armatures est relâchée aux extrémités du banc.

L'ancrage des armatures de précontrainte se développe à leurs extrémités par effet


d'adhérence avec le béton. On peut mettre en évidence une zone de scellement, d'une
certaine longueur, où la tension des armatures varie d'une valeur nulle à une valeur
constante en section courante.

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2.1.1.2. Caractères particuliers

La précontrainte par pré-tension est essentiellement un procédé industriel dont le


domaine préférentiel reste les poutres ou poutrelles de moyennes dimensions,
préfabriquées en série et vendues sur catalogue.
La précontrainte par pré-tension étant réalisée par simple adhérence, les armatures
utilisées présentent des qualités particulières à cet égard : fils crantés ou nervurés,
torons ... Les zones d'about, dans lesquelles sont scellées les armatures et où se diffuse
l'effort de compression dans le béton, sont le siège de contraintes importantes au
moment important, mis en place pour prévenir l'éclatement du béton et éviter la
formation de fissures de construction.

La précontrainte par pré-tension assure un contact direct de l'armature de


précontrainte active avec le béton. La mise en oeuvre correcte du béton et des
armatures est un facteur important de protection vis-à-vis de la corrosion.

2.1.2. La précontrainte par post-tension

2.1.2.1. Principe

La précontrainte par post-tension consiste à tendre, après durcissement du béton, les


armatures de précontrainte placées dans des conduits, en prenant appui sur la pièce à
précontraindre. Historiquement, les premières armatures de précontrainte étaient
entourées de gaines en papier épais, plus ou moins enduit de bitume ; elles ont été
remplacées successivement par des tubes rigides en métal (de type chauffage) et des
gaines de feuillards, qui sont actuellement les plus employées. Depuis la fin des années
1970, des tubes en matières synthétiques ont quelquefois été utilisés.
Les armatures après mise en tension sont bloquées au moyen d'un dispositif d'ancrage
constitué généralement de pièces métalliques. Lorsque la tension n'est exercée qu'à
une extrémité, l'autre extrémité des armatures est un ancrage "mort", réalisé par
:. épanouissement de celles-ci dans la masse du béton.
2.1.2.2. Caractères particuliers

La constitution des armatures, des ancrages et le mode de mise en tension font l'objet
de procédés agréés. Les armatures en acier à haute résistance et les procédés de
précontrainte font l'objet d'agréments officiels.
La protection des armatures de précontrainte contre la corrosion constitue un facteur
de durabilité important. Pour assurer cette protection, après la mise en tension des
armatures et la fixation des ancrages au béton, les conduits sont théoriquement
complètement remplis d'un produit d'injection. L'opération nécessite un bon savoir-
faire. Il convient de noter que si divers produits d'injection ont été et sont utilisés
(graisses, résines, cires, coulis spéciaux ...), le produit généralement mis en oeuvre est
un coulis de ciment (eau + ciment + adjuvant).

La protection des ancrages des armatures de précontrainte est réalisée par un béton
de cachetage coulé après la mise en tension. Ce béton, mis en oeuvre en faible
quantité, n'a pas toujours été d'excellente qualité. Les cachetages doivent être
considérés comme un point faible lorsqu'ils sont situés en extrados ou en extrémité de
pièces, donc accessibles à des venues d'eau (proximité de joints ou de gargouilles,
défauts d'étanchéité ...).

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2.2. MORPHOLOGIE

Les ouvrages d'art sont précontraints longitudinalement ; ils peuvent en outre, être
précontraints transversalement.
Les structures les plus courantes s'apparentent aux types d'ouvrages d'art en béton
armé; en particulier on retrouve la décomposition habituelle:
- les tabliers à travées indépendantes, en dalle ou en poutres multiples sous chaussées
(à noter que les joints de construction ne sont pas toujours assortis de joints de
chaussée) ;
les tabliers à travées continues, en dalle ou en poutres, constituent le type de
structure fréquemment utilisé sur les voies importantes;

2.2.1. Les ponts dalles

Ce type de structure réalisé par post-tension, de forme et de coffrage simples, a permis


l'exécution de tabliers de faible épaisseur. Il a aussi été utilisé pour la réalisation de
formes complexes (ponts biais, ponts courbes ...). Les ponts dalles à plusieurs travées
sont le plus souvent à travées continues.
On peut distinguer:

- les dalles pleines (fig. 1)


- les dalles élégies (fig. 2)

o o o

Fig. 1 . Dalle pleine

Fig. 2 - Dalle élégie

- les dalles nervurées (fig. 3 et 4)

Fig. 3 - Dalle nervurée (nervure large)

Fig. 4 - Dalle nervurée (nervure haute)


••

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2.2.2. Les ponts à poutres

Les ponts à poutres précontraintes, par pré-tension ou par post-tension, sont le plus
souvent à travées indépendantes, en poutres préfabriquées et hourdis coulé en place.
Ils sont parfois à travées continues, la continuité étant obtenue par c1avage en béton
armé ou précontraint. Une continuité partielle existe en cas "d'attelage" réalisé
uniquement par le hourdis supérieur.

Ces ouvrages ont des tabliers dont la coupe transversale peut se caractériser par:

- la forme des poutres; on peut distinguer:

les poutres rectangulaires (fig. 5),


les poutres en T (fig. 6) et les poutres en l (fig. 7),
les poutres à profils spéciaux,

- la présence ou non de pré dalles dans le hourdis, le plus souvent non participantes,

- la présence ou non d'un faux hourdis inférieur entre poutres,

- l'existence ou non d'une précontrainte transversale dans le hourdis,

- le nombre, l'espacement et la position des entretoises, en béton armé ou en béton


précontraint.

c::

Fig. 5 - Poutre rectangulaire Fig 6 - Poutre en T Fig 7 - Poutre en l

2.2.3. Les autres types d'ouvrages d'art précontraints

2.2.3.1. Les tabliers de type cantilever

Ces structures sont moins nombreuses en béton précontraint qu'en béton armé.

Dans certains cas, seules les consoles cantilever sont en béton précontraint. En
général, compte tenu de la faible hauteur disponible, les articulations en travée, peu
ou non accessibles, constituent des points sensibles. La présence d'angulations de
profil en long résulte souvent de ['effet des déformations différées du béton .

••

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2.2.3.2. Les ponts à poutres maîtresses latérales en élévation

Ce type de structure est assez rare en béton précontraint. Il est utilisé notamment pour
des passerelles piétons.

2.2.4. Les parties d'ouvrages d'art en béton précontraint

En dehors de la précontrainte appliquée aux tabliers de ponts, il est important de


souligner l'apport des techniques de précontrainte à la construction, la réparation et
l'aménagement des ouvrages d'art en général. A titre d'exemples. on peut citer:

- les piles à fûts ou chevêtres précontraints,

- les massifs d'ancrages précontraints de ponts suspendus,

- les renforcements de structures (éventuellement en béton armé par précontrainte


extérieure,

- certaines dalles de couverture de ponts métalliques ou de ponts mixtes.

2.3. PARTICULARITES DES OUVRAGES D'ART EN BETON PRECONTRAINT

2;3.1. Vulnérabilité - Action de l'eau

Le risque le plus grave présenté par les ouvrages en béton précontraint est celui de la
corrosion des armatures de précontrainte par cheminement de l'eau.

2.3.2. Spécificités de fonctionnement

Les ouvrages sont le plus souvent précontraints uniquement dans la direction


longitudinale, avec absence théorique de traction dans cette direction. Dans le sens
transversal, ces ouvrages fonctionnent donc souvent en béton armé. Dès lors, le
fonctionnement de certaines parties d'ouvrage est celui du béton armé et non du béton
précontraint : il importe d'en tirer les conséquences au niveau de la surveillance
périodique.

A la différence d'autres types de structures, les ouvrages en béton précontraint


disposent à vide d'une réserve de compression. Mais l'évolution en service diminue
cette réserve et. à la limite, les surcharges courantes cumulées avec les effets
thermiques extrêmes peuvent faire apparaître des tractions, éventuellement
génératrices de fissurations dommageables pour la structure.

A l'inverse des structures en béton armé, les structures à poutres en béton précontraint
peuvent connaître des déformations vers le haut.

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2.3.3 .. Importance et complexité de la surveillance

La précontrainte est une technique plus récente et plus complexe que celle du béton
armé. En constante évolution, cette technique ne souffre pas la médiocrité. Quelques-
uns de ses aspects, mal maîtrisés à l'époque de l'exécution de certains ouvrages,
peuvent engendrer des désordres qui font leur apparition soit dès les premières années
de service, soit après l'expiration de la période décennale de garantie.

Mais, alors que les structures en béton armé endommagées présentent des
déformations qui ne peuvent manquer d'attirer l'attention, il n'en va pas de même, en
général, pour les structures en béton précontraint.

Du moins, l'expérience acquise a-t-elle permis de mettre l'accent sur deux points très
importants:

- certaines parties d'ouvrages sont particulièrement sensibles aux cheminements de


l'eau, dont l'action est prépondérante dans l'évolution de l'état de service des
ouvrages ; or elles sont fréquemment cachées ou difficilement accessibles (ancrages
d'armatures au droit des joints de chaussée, encoches à l'extradOs de tabliers à
poutres, articulations en travée ...) ;

- l'analyse du comportement des structures en béton précontraint en cas de fissuration


non prévue est complexe, et l'évaluation de la capacité portante actuelle de la
structure nécessite le plus souvent des investigations complémentaires et de
nouveaux calculs.

Il en résulte que le gestionnaire doit accorder une importance toute particulière à la


surveillance continue et à la surveillance périodique des ouvrages d'art en béton
précontraint.

2.4. DOSSIER D'OUVRAGE

La plupart des ouvrages d'art en béton précontraint sont suffisamment récents pour
que les documents, s'ils n'ont pas été convenablement conservés, puissent encore être
retrouvés, au besoin dans les archives des entreprises ou des bureaux d'études. Il
convient donc, aussi souvent que nécessaire, de profiter des documents qui peuvent
encore exister pour compléter et mettre à jour les dossiers.

Il est important que:

- les informations recueillies comportent les documents d'exécution spécifiques (usine


de préfabrication, méthodes d'exécution, plans et détails de coffrage, phases de
bétonnage, fiches d'agrément, fiches de mise en tension, fiches d'injection, contrôles
particuliers effectués pendant le chantier. ..) ;

- Un document signalétique regroupe tous les points particuliers de l'ouvrage et


notamment les points faibles (ancrages des câbles, zones de moment nul,
coupleurs ...) .

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CHAPITRE 3

NOTIONS SUR LES CAUSES ET LA NATURE DES DESORDRES

Lorsque des désordres sont constatés sur des ouvrages en béton précontraint, ils sont
dans la plupart des cas difficiles à interpréter et à évaluer, car leurs origines et leurs
causes peuvent être multiples et complexes. Leur analyse nécessite souvent le recours à
des spécialistes.

3.1. DEFAUTS LES PLUS COURANTS ET LEURS ORIGINES

Les désordres d'un ouvrage précontraint sont dus le plus souvent à :

- des erreurs de dimensionnement, ou des dispositions constructives inadaptées,


- des défauts d'exécution et de mise en oeuvre des matériaux,
- l'utilisation anormale des ouvrages en phase provisoire ou en service,
- la dégradation des matériaux,
- des chocs ou accidents divers.

3.1.1. Défauts de dimensionnement . Dispositions constructives inadaptées

Les désordres correspondants traduisent des insuffisances de résistance à la flexion


longitudinale et à l'effort tranchant, originelles ou induites, et ils résultent le plus
souvent des causes suivantes:

- la sous-estimation des pertes de précontrainte soit instantanées, soit différées


(surtout pour les ouvrages relativement anciens car les phénomènes étaient
insuffisamment connus) ;

- les défauts de câblage (tracés, excentricités, couplage ...), de ferraillage


(positionnements, recouvrements ...), de phasage des opérations de bétonnage;

- le non-respect des épaisseurs réglementaires d'enrobage;

- la non-prise en compte, au stade des études, de l'action des charges exceptionnelles


de chantier, voire des effets des engins de terrassement;

- l'insuffisance d'armatures passives (à l'origine par exemple de fissurations locales de


diffusion de précontrainte) ;

- l'absence de joints de chaussée;

- la non-accessibilité aux appareils d'appui .

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3.1.2. Défauts d'exécution et de mise en oeuvre des matériaux

Les phénomènes les plus fréquemment rencontrés sont les suivants:

- de mauvais bétonnages localisés liés soit à des difficultés de remplissage des âmes
ou des talons de poutres, soit à une trop forte densité du ferraillage passif ou des
conduits de précontrainte (aux raccordements âme/talon par exemple) ;
- des défauts d'exécution de l'injection des conduits de précontrainte. Le risque de
rupture de fils ou de torons de :précontrainte due à la corrosion existe toujours si
l'ouvrage présente des défauts d'mjection (à ce sujet, il convient de se rappeler que
les câbles relevés qui s'ancrent dans des encoches au niveau de l'extrados d'un
tablier sont particulièrement vulnérables aux cheminements d'eau) ;

- des défauts géométriques apparents qui peuvent avoir pour origine, non seulement
des tassements différentiels de coffrage, mais aussi des différences de contre-flèche
des poutres, liées à des qualités variables de béton, à des mises en charge
dissymétriques des tabliers, à des mises en précontrainte trop brutales;
- des manques de précautions et des malfaçons de tout ordre; par exemple:
défauts liés à la manutention des pièces préfabriquées (épaufrures, cassures ...),
défauts liés au béton (cure, étuvage, retrait hydraulique, reprise de bétonnage ...),
défauts de mise en oeuvre des unités de précontrainte (écrasements,
déformations, déplacements et festonnage des conduits, pendant la phase de
bétonnage; blocs d'ancrage mal arrimés ...),

défauts de mise en tension des unités de précontrainte (glissement des clavettes,


enfoncement des cônes d'ancrage, insuffisance de tension dans les armatures,
ruptures de fils ou de câbles ...),
absence d'un jeu suffisant au droit des joints de chaussée, qualité défectueuse du
renformis sous chape, défaut d'étanchéité des cachetages des ancrages de la
précontrainte ...

Ces défauts se manifestent d'abord par des désordres superficiels localisés, des défauts
de parement ou des fissurations des dalles ou des poutres (ces fissures superficielles
peuvent quelquefois s'estomper avec le temps). Mais certains d'entre eux peuvent
évoluer jusqu'à avoir des conséquences sur la résistance de la structure, sans pour
autant s'accompagner de manifestations très apparentes.

3.1.3. Dégradations des matériaux

Elles peuvent intéresser le béton et les armatures passives, ainsi que les câbles de
précontrainte sous tension qui peuvent être soumis à des ruptures fragiles par
corrosion fissurante.

3.1.4. Utilisation anormale, provisoire ou en service, des ouvrages

Une fissuration peut avoir été initiée de différentes façons; elle peut être due soit à la
circulation d'engins de chantier sur un tablier dont le béton est encore jeune, soit au
passage des charges non réglementaires ou exceptionnelles non prévues, quelquefois
clandestines, sur des ouvrages en service, enfin par le rechargement abusif de la
chaussée de l'ouvrage.

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3.1.5. Chocs et accidents divers

Les épaufrures, éraflures et abrasions systématiques de certaines parties d'ouvrages


qui entraînent des défauts d'enrobage et parfois des mises à nu et des ruptures
d'armatures, ainsi que les dégradations sous l'effet des chocs de véhicules, des bateaux,
des corps flottants ..., résultent de cette origine.

Dans le cas d'une poutre précontrainte par post-tension, une rupture localisée peut, si
les conduits ne sont pas correctement injectés, évoluer vers une détension progressive
des armatures
longueur endommagées,
de la pièce, et finalemententraînant
un risque une perte de
de rupture précontrainte
différée sur toute
de la poutre. la

Sur une poutre pré-tendue, le défaut de réparation d'une mise à nu d'aciers évoluera
vers une rupture des armatures par corrosion et un affaiblissement de la section
résistante de la pièce.

3.2. LES FACTEURS DE RISQUE

3.2.1. Structures grêles

Contrairement aux structures pleines et massives telles que les dalles, les structures
trop grêles sont particulièrement sensibles aux agressions de l'environnement, ainsi
qu'aux chocs.

3.2.2. Structures à exécution fractionnée

Les structures à exécution fractionnée (préfabriquées ou exécutées par phases) se


comportent dans l'ensemble moins bien que les structures monolithiques.
En effet:

- les discontinuités résultant des joints de construction sont des points faibles vis-à-vis
de la fissuration, dans la mesure où les continuités d'armatures et de conduits n'ont
pas toujours la qualité et la précision souhaitables, et où les armatures sont elles-
mêmes discontinues;

- la transmission des efforts est souvent plus aléatoire dans des ouvrages constitués
par assemblage d'éléments préfabriqués que dans des structures exécutées d'un seul
tenant.

3.2.3. Facteurs d'aggravation


.•.
Les facteurs d'aggravation les plus courants sont:

- les chapes défectueuses, ou leur absence totale,

- les défauts d'entretien, gargouilles bouchées associées à une chape défectueuse,


descentes d'eau débouchant directement sur des talons de poutres, défauts
d'étanchéité des joints de chaussée associés à des cachetages d'extrémité non
étanches ...

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3.3. LA FISSURATION

3.3.1. Particularités

Alors qu'une structure en béton armé fonctionne normalement à l'état fissuré, la


fissuratIOn des structures ou éléments de structure en béton précontraint est
normalement considérée comme suspecte. En effet, les structures en béton
précontraint sont censées respecter le pnncipe qui pose que "leur béton constitutif doit
résister en tout point en parfait état d'mtégnté, sans fractures ni fissures".

Les règlements plus récents (calcul aux états-limites) acceptent ou non la formation de
fissures de flexion en fonction de l'agressivité du milieu, mais pour autant que des
armatures passives assurent une répartition de ces fissures comme en béton armé, que
celles-ci ne traversent pas le béton entourant les armatures de précontrainte, et
n'apparaissent que sous des charges d'exploitation maximales.

Les fissures apparues sur les ouvrages précontraints résultent le plus souvent des
phénomènes suivants, qui quelquefois se conjuguent:

- l'évolution rapide de la technologie, et principalement l'augmentation des forces


développées par les unités de précontrainte sans que l'on se soit prémuni en
conséquence contre les risques de désordres dans les zones d'ancrage, ou l'emploi
de coupleurs sans les précautions voulues de conception ou d'exécution;

- la mise en oeuvre de nouveaux procédés, mal maîtrisés au début, tels que les
traitements thermiques sur chantier, ou la réalisation fractionnée des structures;

- l'augmentation des dimensions des structures précontraintes pour lesquelles le


changement d'échelle donne une importance imprévue à des effets secondaires
précédemment négligés : cas de grands biais, des grandes largeurs, des courbures
très prononcées en plan, etc ... ;

- le développement des structures hyperstatiques, dont la précision d'exécution


conditionne le respect du modèle de fonctionnement retenu dans le calcul, modèle
qui lui-même n'a pas toujours tenu suffisamment compte de l'action des gradients
thermiques et de la redistribution des efforts sous l'effet des déformations différées.

Aussi, toute fissure dans les structures ou éléments de structure en béton précontraint
doit être identifiée et son évolution surveillée. Car, à l'inverse du béton armé, une
fissure fine n'est pas a priori moins significative, voire moins dangereuse, qu'une
fissure ouverte. Sa signification est liée à son activité et/ ou à son évolution.

Après détection de fissures, il convient de procéder à un examen attentif et détaillé du


dossier d'ouvrage, et à une analyse précise du constat afin d'identifier les causes. Il est
essentiel de différencier une fissuration traduisant un fonctionnement anormal de la
structure, de celle résultant d'un défaut local, ou du fonctionnement plus ou moins
normal des parties de structure en béton armé.

11
3.3.2. Description

Pour la description des fissures des ouvrages en béton précontraint, il convient de se


référer aux catégories suivantes:
- Structuralement

les fissures longitudinales (sensiblement parallèles à l'axe longitudinal du tablier),


les fissures transversales (sensiblement perpendiculaires à l'axe longitudinal du
tablier) ;

- Géométriquement

les fissures horizontales,


les fissures verticales,
les fissures inclinées (sur une face verticale ou quasi verticale) ou obliques (sur
une face horizontale).

3.4. LES DESORDRES DES PONTS A POUTRES

3.4.1. Fissures longitudinales des poutres


Elles peuvent être de quatre sortes.

3.4.1.1. Les fissures qui suivent le tracé des câbles

Ces fissures naissent près des ancrages des conduits et se poursuivent dans les âmes et
les talons des poutres; généralement ces fissures apparaissent à la construction et se
stabilisent avec le temps. Si toutefois elles sont sensibles à l'eau, elles peuvent évoluer
sous l'action du cycle gel-dégel ou de la corrosion. Dans ce cas, les fissures fines et
continues qui suivent le tracé des conduits de précontrainte sont en général soulignées
par la présence de calcite et parfois de traces de rouille.
3.4.1.2. Les fissures à la liaison entre l'âme et le talon ou le hourdis

Ces fissures sont le siège d'un mouvement de glissement et sont très ouvertes
(~ 0.3 mm). Le béton présente souvent des éclatements le long des lèvres indiquant
que ces fissures sont actives sous charges variables. Elles peuvent être initiées,
quelquefois, par un choc de véhicule.

La découverte de ce type de désordre, sur un ouvrage en service, nécessite la prise de


mesures de sauvegarde.

'Ill

12
3.4.1.3. Les fissures d'effort tranchant

Ces fissures apparaissent lorsqu'il y a insuffisance notable de résistance à la flexion


longitudinale
d'effort des qui
tranchant poutres.
s'inclinent voismage des àappuis
Elles aucorrespondent des fissures mixtes un
pour prendre de orientation
flexion et
sensiblement parallèle à l'axe longitudinal des poutres (cf. 3.4.2.3.).

La découverte de ce type de désordre, sur un ouvrage en service, nécessite la prise de


mesures de sauvegarde.
3.4.1.4. Les fissures courtes

Elles résultent des phénomènes suivants:

- excès de compression localisés à la mise en tension des armatures de précontrainte;


- insuffisances localisées de reprise des poussées au vide dues à l'absence ou à
l'insuffisance d'armatures passIves de couture.

La gravité de ces désordres est variable. Ces fissures courtes peuvent être très ouvertes
(0,3 à 1 mm).

3.4.2. Fissures transversales des poutres

3.4.2.1. Les fissures locales de manutention

Pour les poutres préfabriquées, précontraintes par pré-tension ou par post-tension, ces
fissures résultent soit d'erreurs de manipulation ou de stockage, soit d'insuffisances de
ferraillage de diffusion au voisinage des points de levage. Ces défauts s'accompagnent
souvent d'éclatements localisés. Ils ne compromettent la tenue de la structure que s'ils
intéressent les zones de câblage.
3.4.2.2. Les fissures d'extrémité

Les fissures transversales situées à l'extrémité des talons de poutres précontraintes


sont souvent la trace, sur la sous-face, d'un plan de fissuration qui sépare le coin
inférieur du reste de la poutre.

Sur les poutres précontraintes par post-tension, ces fissures peuvent résulter soit d'un
raccourcissement gêné des poutres lors de la mise en tension des armatures à la
construction, soit d'un mauvais positionnement des appareils d'appui. Il peut en
résulter en outre un décollement du cachetage d'about de la poutre.

Sur les poutres précontraintes par pré-tension, ces fissures résultent souvent des
conditions d'appui lors du relâchement des armatures.

Ces défauts souvent spectaculaires, en raison de l'ouverture des fissures, peuvent ne


pas être très graves mécaniquement s'ils se situent suffisamment en arrière de la zone
portant sur les appareils d'appui. En revanche, cette fissuration constitue une entrée
potentielle d'eau très nuisible à la tenue des ancrages d'about de la précontrainte.

13
3.4.2.3. Les fissures de flexion

D'une manière générale, les fissures transversales des poutres peuvent être la
manifestation d'une insuffisance de résistance à la flexion longitudinale, dont la cause
la plus importante est l'insuffisance de précontrainte (cf. 3.1.).

D'autres causes peuvent être à l'origine d'une telle insuffisance :

- la sous-estimation du poids des équipements et des charges permanentes non


structurelles (épaisseurs de chaussées, renformis de reprofilage, canalisations non
prévues à l'origine, remplacement d'un dispositif de retenue métallique par un
séparateur en béton ...). A ce titre, une attention toute particulière doit être accordée
au renouvellement des couches de roulement sur les ouvrages d'art en tenant
compte des épaisseurs de chaussée qui ont été retenues pour les calculs (surtout
lorsque des rechargements ultérieurs n'ont pas été prévus au projet) ;

- l'action des gradients thermiques ou la redistribution des efforts sous l'effet des
déformations différées gênées qui entraînent dans les tabliers à travées continues
une augmentation des moments fléchissants avec mise en traction de certaines
fibres.

Ces fissures de flexion peuvent être plus ou moins fines, remonter ou non dans les
âmes; elles sont plus ouvertes en partie basse qu'en partie haute. Dans les zones plus
proches des appuis, l'incidence de l'effort tranchant peut se faire sentir et les fissures
verticales peuvent s'incliner vers le centre de la travée. Quand la fissuration est dense,
il peut se produire une modification de comportement de la structure s'accompagnant
de l'augmentation des flèches en travée.

Dans le cas de ponts à travées indépendantes, la découverte de ces désordres nécessite la


pn'se de mesures d'urgence.

Dans le cas de ponts à travées continues, ces fissures de flexion font courir aux
armatures de béton armé et de précontrainte des risques de rupture par effets de
fatigue, ou de corrosion en cas d'exposition à un milieu agressif, risques dont il faut se
prémunir par des mesures appropriées.

3.4.2.4. La fissuration des zones de continuité sur appuis

Certains types d'ouvrages sont construits dans une première phase en travées
indépendantes, puis sont rendus continus sur appuis intermédiaires dans une seconde
phase. Cette continuité est obtenue par des clavages qui peuvent être en béton armé
ou précontraint. La fissuration transversale qui affecte quelquefois ces zones est
essentiellement due:

- à un comportement différentiel entre le béton de clavage et celui des poutres coulés


à des époques distinctes;

- aux redistributions d'efforts dues au,x déformations différées gênées des poutres;

- à une précontrainte insuffisante, notamment lorsque des coupleurs ont été utilisés
dans ces zones;

- à un mauvais dimensionnement des aciers de béton armé dans cette zone et à sa


liaison avec les poutres.
(Les désordres affectant les hourdis de continuité et les attelages sont mentionnés
au § 3.4.3.4.).

14
3.4.3. Fissures des hourdis

3.4.3.1. Les fissures longitudinales et/ou transversales de fonctionnement en béton


armé

Les plus courantes sont les suivantes:

- les fissures entre poutres dues à une insuffisance de ferraillage et/ou à une
insuffisance de résistance de ces hourdis vis-à-vis, par exemple, d'une circulation de
chantier trop agressive, effectuée alors que le béton -trop jeune- n'avait pas acquis
une résistance suffisante;

- les fissures de reprise de bétonnage entre hourdis et poutres, dues en général au


retrait du béton. Cette fissuration est nocive en cas de défaut du système
d'étanchéité de l'ouvrage.

3.4.3.2. Les fissures liées à la précontrainte transversale

Ces fissures peuvent intéresser les hourdis ou les jonctions entretoises/hourdis; elles
sont souvent dues à un tracé ondulé de la précontrainte transversale, qui provoque la
mise en traction de certaines zones, et l'apparition de fissures perpendiculaires à la
direction de la précontrainte transversale.

3.4.3.3. Les fissures de prédalles


Ces fissures sont dues à une insuffisance de ferraillage des pré dalles ou à une
insuffisance de résistance de la jonction prédalle/hourdis.

Il est important d'analyser la liaison entre les prédalles et le hourdis en raison des
risques de chute d'éléments de pré dalles, surtout si ces dernières ne sont pas
participantes.

3.4.3.4. Désordres dans les hourdis de continuité et les attelages

Dans certains ouvrages constitués de travées indépendantes, la partie supérieure des


tabliers a été rendue continue afin de supprimer les joints de chaussée intermédiaires.
Cette disposition constructive peut avoir été réalisée à l'origine par coulage d'un
hourdis continu, ou au cours de la vie de l'ouvrage par mise en oeuvre d'attelages de
technologies diverses.

U ne fissuration dense, mais pas nécessairement inquiétante pourvu qu'elle soit


répartie, affecte ces hourdis de continuité; des désordres particuliers peuvent affecter
les systèmes d'attelage ewc-mêmes et leurs accrochages à la structure, ils sont
spécifiques des systèmes utilisés: jeux dans les pièces d'usure, soulèvement de tôles,
ruptures de scellements, etc.

15
3.4.4. Fissures verticales ou inclinées des entretoises

Cette fissuration peut exister aux raccordements entre poutres et entretoises, ou entre
poutres, entretoises et hourdis. Dans ce cas l'origine des désordres doit être
recherchée dans le phasage d'exécution du tablier, et cette fissuration correspond
essentiellement à des phénomènes de retrait différentiel du béton, et/ou à des mises
en tension de câbles de précontrainte, ayant provoqué des déformations
dissymétriques entre poutres, mal reprises par les entretoises anormalement sollicitées
en l'absence de hourdis entre poutres.

Une fissuration régnant en pleine masse des entretoises est souvent révélatrice d'une
insuffisance de résistance à la flexion des entretoises (suite par exemple à des
tassements différentiels d'appuis, à un vérinage, ou à une sollicitation trop importante
de l'entretoise sous charges d'exploitation). La découverte de ce désordre sur un ouvrage
en service exige la prise de mesures d'urgence.

3.5. LES DESORDRES DES PONTS DALLES

3.5.1. Fissures longitudinales

Ces fissures peuvent résulter d'une mise en précontrainte trop dissymétrique par
rapport à l'axe longitudinal de l'ouvrage.

Si elles intéressent les tabliers de grande largeur, elles sont souvent dues à l'action des
gradients thermiques et découpent les dalles en bandes plus ou moins autoporteuses.

Lorsque ces fissures sont localisées en travée, elles sont la plupart du temps d'origine,
et ont été initiées à la construction par des déformations locales des cintres. Il n'y a
lieu de s'inquiéter de la présence de ces fissurations que si elles sont évolutives; dans
ce cas elles résultent le plus souvent de tassements de fondations.

3.5.2. Fissures transversales

Elles peuvent être la manifestation de défauts de fonctionnement des tabliers en

dalles, identiques
causes qui résultentaux d'un manque
cas des ponts àdepoutres
résistance à la flexion 3.4.2.).
(cf. paragraphe longitudinale, pour des

Certaines fissures transversales règnent au droit des reprises de bétonnage ou des


joints de raccordement de coffrages. Ces désordres, souvent d'origine, sont liés au
retrait différentiel des bétons ou à un défaut de continuité des coffrages à la
construction.

Cette fissuration n'est inquiétante que si elle est évolutive ou si elle est le siège de
circulations d'eau.

16
3.5.3. Fissures obliques

Ces fissures obliques sur des faces horizontales, généralement à 45° par rapport à la
direction des lignes d'appui, règnent dans les encorbellements des ponts dalles au
voisinage des zones d'about des tabliers. Cette fissuration est due aux effets conjugués
de l'effort tranchant et de la diffusion de précontrainte.

Le plus souvent peu ouvertes et non actives, ces fissures n'ont de gravité que si la
stabilité des structures est en cause.

3.5.4. Fissures des ponts biais

Lorsque les ouvrages sont très biais et larges, les éventuelles fissures de gradient
thermique se manifestent suivant une direction sensiblement perpendiculaire aux
lignes d'appuis.
Les fissurations constatées dans les angles aigus de certaines dalles biaises ont pour
origine:
- une insuffisance de couture de ces zones par des armatures de béton armé;
- dans les ouvrages anciens, une méconnaissance des problèmes de diffusion de la
précontrainte longitudinale ou transversale dans des structures biaises, souvent
conjuguée avec une sous-estimation des pertes de précontrainte.

17
CHAPITRE 4

SURVEILLANCE

La surveillance des ouvrages d'art en béton précontraint ne peut être effectuée


convenablement sans une bonne connaissance de ce type d'ouvrage, et sans l'aide
d'agents ayant acquis leur expérience sur le terrain.

En outre, le gestionnaire doit tout particulièrement relever certains indices qui


peuvent orienter la surveillance dès la consultation du dossier d'ouvrage. On peut citer
par exemple :

- des études trop sommaires, un marché au forfait, une équipe inexpérimentée, des
contrôles insuffisants (études ou exécution),
- l'application pour les petits ouvrages de procédés ou de matériels utilisés pour les
grands,
- des modifications dans la conception introduites en cours de travaux, des
réparations hâtives en cours d'exécution ou ultérieures,
- des matériaux, des procédés, des équipements reconnus avec le temps comme peu
sûrs ou générateurs de désordres ...

4.1. SURVEILLANCE CONTINUE

Toutes les déformations inhabituelles de l'ouvrage et toutes les apparitions de


désordres visées dans ce fascicule comme devant entraîner la mise en oeuvre de
mesures de sauvegarde doivent être signalées IMMEDIATEMENT au Chef du
Service Infrastructures.

La surveillance continue comprend non seulement l'observation du profil en long


général du tablier (déformations anormales de l'ouvrage; régularité des garde-corps et
des corniches, des dispositifs de retenue sur l'ouvrage et aux abords), mais aussi celle
des équipements susceptibles de mettre en évidence l'existence ou l'évolution d'un
désordre (soulèvements d'éléments de joints de chaussée, cheminements d'appareils
d'appui, affaissements des accès ou des penés, accidents, ...).

Le gestionnaire doit s'attacher à motiver les agents chargés de la surveillance continue


en les informant de l'importance de certains aspects de cette surveillance, à savoir:

- la gravité de certaines fissures transversales et/ou longitudinales: par exemple, sur


certains ponts à poutres préfabriquées, des prédalles ont été utilisées comme
coffrages perdus et peuvent, si elles ne sont pas connectées au hourdis, tomber
brutalement sur la voie franchie et provoquer des accidents;

- l'action des facteurs aggravants sur une structure qui présente des désordres devant
faire l'objet à terme de travaux de réparation;

18

-----
- la prévention contre certaines interventions d'autres gestionnaires ou
permissionnaires de voirie, susceptibles d'être à l'origine de désordres graves sur
l'ouvrage (scellements par percussion, percements ou démolitions sans précautions
particulières sur poutres ou entretoises précontraintes, rechargements abusifs de
chaussées, ...) .

4.2. PREPARATION DES VISITES ET INSPECTIONS

Lors de la première inspection détaillée, il est important, avant l'intervention, de


consulter les plans de l'ouvrage et de repérer les points particuliers: câblages de la
structure, points faibles éventuels sur l'ouvrage (concentration d'ancrages, encoches de
câbles relevés, ...).

L'analyse du dossier d'ouvrage peut permettre de déceler l'utilisation de techniques


très particulières ou de procédés abandonnés de nos jours (systèmes de protection
contre la corrosion, types d'armatures de précontrainte, procédés de couplage, modes
de mise en tension, ...).

Quelquefois, les dossiers d'ouvrages sont inexistants et les structures ne sont pas
toujours facilement identifiables comme étant des ouvrages précontraints. Dans ce cas,
tous les moyens possibles d'identification doivent être recherchés (consultation des
archives des entreprises ou de bureaux d'études, examen des documents comptables,
appel à la mémoire des intervenants, ...).

4.3. VISITES ANNUELLES

4.3.1. Points à examiner

A pied d'oeuvre, l'équipe doit commencer sa vISlte par un examen visuel (avec des
moyens optiques si nécessaire) de l'ensemble de la structure, et vérifier la régularité du
profil en long (un nivellement peut se révéler nécessaire en cas de doute sur la stabilité
des appuis).

Pour effectuer ces observations, l'ordre suivant est conseillé:

4.3.1.1. Partie supérieure du tablier

L'état de surface du tablier doit être examiné, les déformations du revêtement doivent
être relevées, car elles peuvent être révélatrices d'effets dynamiques sous une
circulation lourde. Les dégradations ponctuelles doivent être notées, car elles peuvent
être l'indice de défauts d'étanchéité risquant d'entraîner la corrosion des câbles de
précontrainte.

Si la chaussée a été rechargée depuis la dernière action de surveillance, l'épaisseur


mise en place doit être contrôlée (par référence à la hauteur de la bordure de trottoir,
à celle des dispositifs de sécurité, aux gargouilles ...). Le gestionnaire, après la visite,
doit s'assurer en consultant le document signalétique que l'épaisseur totale du
revêtement reste compatible avec celle qui a été prise en compte dans les calculs.

19
L'état des bordures de trottoirs et des corniches, les défauts géométriques affectant les
garde-corps et les systèmes de protection (souvent indicateurs de déformations
différées de la structure) sont à relever systématiquement.

Les systèmes d'évacuation des eaux doivent être contrôlés : emplacement, type,
dimensions, fonctionnement, étanchéité des joints de chaussée ..., car une mauvaise
évacuation des eaux peut être à l'origine de phénomènes de corrosion, ou
d'augmentation des charges permanentes (dalles élégies remplies d'eau).

En l'absence de systèmes d'évacuation des eaux il convient de les créer.

Les joints de chaussée (et de trottoirs) doivent être examinés afin notamment de
mettre en évidence des phénomènes différés à l'origine de certains blocages des
tabliers.
4.3.1.2. Le tablier

Les points à examiner, qui dépendent bien entendu du type de structure (dalle,
poutres ...) sont ceux qui permettent de relever les désordres décrits dans le chapitre III
du présent texte.
Sur les faces non vues, les extrémités des fissures doivent être marquées (en utilisant
par exemple des couleurs différentes pour chaque visite, ce qui permet de contrôler
leur évolution).

De plus, les ouvertures apparentes des fissures doivent être relevées au dixième de
mill1mètre près jusqu'à 1 mm, et au millimètre près au-delà. Pour les fissures de
flexion, le relevé de l'ouverture doit être fait le plus près possible de la fibre la plus
tendue. -

Les défauts sur les deux faces faisant l'objet de relevés séparés, il est nécessaire de
rechercher la correspondance qui peut exister entre eux et d'utiliser une cartographie
schématique de l'ensemble des fissures et des désordres.

4.3.1.3. Autres parties d'ouvrage

L'examen doit porter sur les autres parties d'ouvragéS suivantes:


- les fondations,
- les appuis et les appareils d'appui,
- les abords et les accès,
- les équipements.

4.3.2. Procès verbal de visite annuelle

La visite annuelle doit donner lieu à un procès-verbal. Des schémas de fissuration


cotés doivent être joints au procès-verbal pour faciliter la compréhension.
Si l'ouvrage présente des désordres graves, des dispositions exceptionnelles (mesures
de sauvegarde, inspection détaillée exceptionnelle, surveillance renforcée ...) doivent
être prises immédiatement (il ne faut pas attendre la mise au net du procès-verbal de
visite).

20
4.4. INSPECTIONS DETAILLEES PERIODIQUES

L'inspection détaillée périodique doit être soigneusement programmée et préparée.


Elle doit être conduite par un agent qualifié du niveau ingénieur ayant obligatoirement
reçu une formation spécialisée.

La préparation de l'inspection doit être faite en préalable et porte notamment sur les
points suivants:

- examen du dossier d'ouvrage et des procès-verbaux des visites annuelles et des


inspections détaillées précédentes,

- mise au point des plans d'inspection permettant d'effectuer le relevé des désordres
éventuels dans les meilleures conditions possibles, plans sur lesquels doivent être
reportés les désordres pré-existants,
vérification des conditions d'utilisation des matériels de visite et d'accès aux
différentes parties de l'ouvrage (en particulier contrôler si les trottoirs peuvent
supporter l'engin de visite et s'il n'y a pas de problèmes de gabarits ...).

4.4.1. Exécution de l'inspection

Pour effectuer la première inspection détaillée, il est souhaitable de prendre l'avis de


spécialistes qui, à partir du dossier de l'ouvrage (plans de coffrage, de ferraillage, de
câblage, notes de calculs ...) rechercheront les points faibles éventuels.

A pied d'oeuvre, l'équipe doit obligatoirement disposer des moyens d'accès adaptés;
un examen à l'aide de jumelles n'est pas acceptable.

L'inspection détaillée doit porter sur les points décrits au paragraphe 4.3.1. relatif à la
visite annuelle. Cette liste n'est pas exhaustive; elle doit être complétée et détaillée en
fonction du type de structure.

L'examen des parties sensibles décrites dans ce fascicule (ancrages des câbles, zones
de couplage ...) est absolument essentiel. Il est à noter que dans le cas d'ouvrages
comportant plusieurs tabliers parallèles, souvent de conceptions ou d'âges différents,
l'inspection doit porter sur l'ensemble des tabliers.

Au cours de l'inspection, les fissures sont soigneusement marquées. Une cartographie


des fissures (en distingant la représentation des fissures capillaires de celle des fissures
de fonctionnement) et des désordres est établie sur les fonds de plans préparés à cet
usage, sur lesquels il est souvent utile de figurer le câblage.

La correspondance entre les défauts intérieurs et extérieurs doit être établie. En


particulier, pour les fissures situées sur des faces opposées d'une même partie
d'ouvrage, cette correspondance doit être réalisée à partir de mesures effectuées sur
place.

Dans le cas où l'ouvrage révèle, ou laisse supposer, l'existence de désordres, le


responsable de l'inspection, après avoir informé le Subdivisionnaire, peut faire mettre
en place des appareils de mesure dont les premiers résultats devront être joints au
procès-verbal de l'inspection; il s'agit bien entendu de mesures simples, par lesquelles
il convient, en particulier, de vérifier si les fissures sont actives ou passives.

21
En cas de désordres
d'inspection détaillée),importants (il ne faut pas attendre
le Subdivisionnaireayant constatéla sur
rédaction du réfère
place, en procès-verbal
au chef
du service infrastructure qui peut prendre la décision de procéder à des investigations
complémentaires. Celle-ci doivent être menées par une équipe comprenant un
ingénieur de bureau d'études et un ingénieur de laboratoire, et bien entendu le
responsable de l'inspection. En attendant, toutes les dispositions doivent être prises
pour assurer la sécurité et éviter, dans la mesure du possible, une aggravation des
désordres.

4.4.2. Procès-verbal d'inspection détaillée

L'inspection détaillée doit se concrétiser par un procès-verbal.

22
CHAPITRE 5

: ENTRETIEN ET REPARATION

5.1. GENERALITES

Pour les ouvrages en béton précontraint, l'entretien courant et l'entretien spécialisé


sont étroitement associés. Ils doivent être réalisés le plus tôt possible.

L'entretien peut avoir une action déterminante sur la durabilité et la sécurité de la


structure. En conséquence, les actions de surveillance continue et la visite annuelle
doivent se conclure par la définition et la programmation d'opérations d'entretien
courant à mettre en oeuvre rapidement et efficacement. A condition d'être rapidement
menées, certaines opérations d'entretien courant ou spécialisé peuvent être réalisées
en profitant de la venue des engins de visite:

5.2. ENTRETIEN COURANT

Le gestionnaire doit garder à l'esprit que l'eau est l'ennemie majeure de la


précontrainte. Il convient donc de tenir toute circulation d'eau à l'écart des armatures
de précontrainte.

En général, l'entretien courant doit porter sur les points suivants:

- le maintien en bon état de fonctionnement des dispositifs d'écoulement des eaux


(caniveaux, gargouilles, corniches ...),

". - le nettoyage des sommiers d'appui, de l'intérieur du tablier,

- le nettoyage et l'entretien des équipements de l'ouvrage (joints de chaussée, joints


de trottoirs, dallettes de trottoirs ...),

- le contrôle du bon état des réseaux des occupants du domaine public (avec
intervention éventuelle auprès de ces derniers pour qu'ils assurent l'entretien ou la
remise en conformité de leur réseaux),

- l'entretien et le remplacement éventuel de la signalisation routière de protection de


l'ouvrage (sur les VOles portées et sur les voies franchies),

- le maintien en bon état des dispositifs d'entretien et de visite de l'ouvrage (portes,


trappes, échelles),

- le maintien en bon état des dispositifs de retenue (garde-corps, glissières, barrières).

A titre d'exemples, l'entretien courant peut consister:

- à rallonger les gargouilles qui débouchent sur les talons de poutres précontraintes
(surtout si les conduits sont mal injectés),

23
- à éliminer la végétation qui règne dans les zones sensibles de l'ouvrage (réservations
des joints de chaussée, zones d'appui, gargouilles ...),

- à éliminer l'eau stagnante et détourner les cheminements d'eau au voisinage des


zones d'ancrage des câbles de précontrainte.

5.3. ENTRETIEN SPECIALISE

Une opération d'entretien spécialisé nécessite, avant toute intervention sur un ouvrage
en béton précontraint, une étude faite en liaison avec un échelon spécialisé.

En général, l'entretien spécialisé peut porter sur les opérations suivantes:

- la réfection des dispositifs d'écoulement des eaux,


- la mise en peinture des garde-corps et des éléments métalliques apparents,
- la réfection des bordures de trottoirs, des dallettes sous trottoirs, des désordres
locaux sur corniches ...,
- la réfection des joints de chaussées et des joints de trottoirs,
- la réfection de la couche de roulement et du revêtement des trottoirs,
- la réfection ou la création de dispositifs d'entretien de visite ...,
- la réfection de la couche d'étanchéité,
- la protection des armatures de béton armé ou de précontrainte, des conduits
apparents,
- la réfection et la mise en oeuvre de ragréages,
- la reprise et le changement des appareils d'appui,
- la protection et la réfection des cachetages d'ancrages d'armatures de précontrainte,
- la suppression des venues d'eau, la protection des parements contre J'humidité et les
ruissellements.

Les opérations d'entretien peuvent être incluses ou menées parallèlement à des


travaux de réparation ou de renforcement; à titre d'exemples on peut citer:

la protection rapide des armatures de béton armé apparentes quand elles assurent,
par exemple, la liaison entre une contre-corniche et une corniche préfabriquée
- la protection des armatures des poutres précontraintes par pré-tension suite à une
épaufrure,
- l'inclusion dans le programme de réfection des chaussées d'un tracé routier, de la
protection et de l'étanchement des encoches d'extrados d'un tablier servant de
réservation aux ancrages des armatures de précontrainte d'un pont à poutres.

5.4. REPARATIONS

Les principes de réparation des ouvrages en béton précontraint peuvent paraître


relativement simples. Cependant, l'expérience a montré qu'il est très difficile de
réussir parfaitement une réparation.

Pour mettre toutes les chances de son côté, il faut suivre une méthodologie rigoureuse
telle que définie ci-après. Bien que celle-ci eut été mise au point pour les réparations
majeures, il faut s'en inspirer pour les autres.

24
5.4.1. Méthodologie

La réparation, le renforcement ou l'aménagement d'un ouvrage précontraint est une


opération complexe, car en plus des difficultés de conception et d'exécution liées à
tout renforcement ou à toute modification de structure, ces interventions intègrent
l'état réel de l'ouvrage dont on ne peut faire qu'une estimation.

5.4.1.1. Etude préalable

Avant d'entreprendre une opération de réparation, une étude préalable doit être
menée; elle a pour buts:

* De déterminer l'origine des désordres et de préciser l'état dans lequel se trouve


l'ouvrage et notamment ses insuffisances. Elle comporte les opérations suivantes:

- examen complet de la stabilité et de la résistance de l'ouvrage(l) ;

(1) Cet examen a pour but de rechercher l'origine des désordres, mais aussi de
voir s'il n'y a pas un "vice caché sans rapport direct avec les désordres constatés
/1

qui pourrait se manifester ultén'eurement. (Par exemple, il est indispensable


d'examiner l'état des fondations d'un ouvrage avant de lancer la réparation du
tablier).

- recalcul de la structure en prenant les hypothèses qui tiennent compte de la façon


dont l'ouvrage a été réellement réalisé, des progrès accomplis sur la connaissance
des propriétés des matériaux ...

Cette étude peut nécessiter des investigations poussées telles que:

- mesure des déformations de la structure (extenso mètres, inclinomètres,


nivellement. ..) au cours d'essais de chargement, avec comparaison des déformations
mesurées à celles calculées;
- mesure de la surtension des câbles;
. gammagraphie;
- pesée des réactions d'appui, etc. ;
- auscultation ultra-sonique;
- sondage et essais du sol sous les semelles de fondation ...

* De choisir le renforcement le mieLLxadapté et le processus de réparation:

- recherche des solutions possibles (précontrainte additionnelle, injection des fissures,


étriers actifs, tôles collées, dénivellation d'appuis ... ;

- étude de faisabilité (difficultés, produits, matériel, méthode d'exécution, contrôles à


effectuer...) ;

étude économique mettant en balance le coût des différentes solutions de


réparation. Il faut, dans le cas des grosses réparations, comparer le coût de la
réparation y compris les frais annexes (ouvrages provisoires, détournement de
trafic ...) au coût d'un ouvrage neuf auquel s'ajoute le coût de la démolition;

- études des contraintes extérieures (maintien de la circulation, conditions climatiques


prévisibles ...),
* De mettre au point le projet complet de la réparation:

- hypothèses de calcul nécessaires à la vérification de la stabilité et de la résistance de


la structure (avant, pendant et après réparation),

plans nécessaires à la compréhension du dossier;

- produits et matériaux de réparation (origine, contrôles de réception ...)

mode d'exécution des travaux (matérîel, personnel, contrôles, consIgnes


d'exécution ...) ;

- contrôles et essais à effectuer pour s'assurer de la qualité de la réparation;

- épreuves de réception de l'ouvrage réparé;

- pièces écrites du dossier (délais, garanties sur les travaux, règlement financier...) ;

- projet des opérations de surveillance après réparation (visites, inspections,


contrôles ...).

Remarque: Lorsque l'ouvrage se trouve en période de garantie, il est techniquement


souhaitable que le maître d'oeuvre et l'entrepreneur soient associés dans la recherche
des causes des désordres (diagnostic) et dans la mise au point du processus de
renforcement (thérapeutique).

Compte tenu des difficultés présentées par ce type d'étude, il est nécessaire que le
maître d'oeuvre s'entoure de conseillers techniques expérimentés ..

5.4.1.2. Lancement de la consultation . Passation du marché (dans le cas d'un


ouvrage hors garantie)

La procédure de l'appel d'offres restreint qui permet d'éliminer les concurrents non
spécialisés est vivement conseillée.

Le maître d'oeuvre doit vérifier les références des concurrents auprès des autres
maîtres-d'oeuvre. Il doit aller voir les ouvrages réparés, consulter les dossiers de
réparations correspondants et surtout se faire expliquer les difficultés rencontrées à
l'exécution (au niveau des études, des vérifications, des essais des produits, des
travaux, du matériel, de la qualification du personnel, de la maîtrise d'oeuvre, des
délais ...).

Il faut informer avec le maximum d'efficacité l'ensemble des concurrents sur les
difficultés présentées par la réparation. Un moyen efficace consiste à inviter chaque
concurrent à une visite de l'ouvrage et à une séance d'explication.

Il y a lieu, également, de bien vérifier la garantie (objet, durée ...) apportée aux
réparations par les différents concurrents.

26
5.4.1.3. Exécution des travaux

L'expérience a montré que pour réussir une réparation, il fallait respecter un certain
nombre de principes:

- former le personnel chargé de la surveillance des travaux sur les problèmes


spécifiques posés par la réparation:
préparation et mise en oeuvre des résines (ragréage, injection) ;
respect des prescriptions du CCTP (ordre des opérations, températures à
respecter. ..) ;
coordination des travaux et des contrôles du laboratoire ...;

- prévoir le temps nécessaire aux essais d'agrément éventuel des produits de


réparation, (résines d'injection ou colles: environ deux à trois mois) ; il faut donc
une période de préparation des travaux ;
- vérifier que tous les sous-traitants sont bien au courant de la façon dont ils doivent
effectuer les travaux et des contrôles auxquels ils seront soumis;

- faire faire des essais de convenance pour toutes les opérations délicates telle que
renforcement d'un tablier présentant une insuffisance de résistance à la fleXIOn
(injection, mise en précontrainte, soulèvement d'appui ...) d'autant que ces
opérations doivent être le plus souvent coordonnées avec des contrôles de
laboratoire et que de plus, il est souvent nécessaire de mettre en pla~e des charges
sur l'ouvrage suivant un programme précis, de tenir compte des conditions
thermiques qui influent sur la structure (gradients) et l'utilisatIOn des produits de
réparation ....
5.4.1.4. Surveillance de l'ouvrage réparé

Sur un ouvrage en béton précontraint ayant fait l'objet de travaux de réparation, de


renforcement ou d'aménagement, les actions ordinaires de surveillance réglementaire,
tout au moins pendant une certaine période ne sont pas suffisantes. Il y a donc lieu
d'établir à l'issue de cette intervention, un programme spécifique d'inspections
détaillées particulières et de contrôles destiné à préciser:

- la périodicité,
- les points à vérifier,
- les essais à réaliser,
- les documents à fournir,
- l'organisme responsable,
- le responsable de la synthèse des vérifications,
- les décisions éventuelles à prendre.

5.4.2. Méthodes de réparation usuelles

Le présent paragraphe est limité à l'indication de principes généraux relatifs aux


procédés de réparation les plus couramment utilisés.

27

-----
Remarque liminaire

Il convient de souligner que le problème de la réparation des ouvrages en béton


précontraint se pose rarement en termes simples. L'analyse des désordres et la
recherche des causes sot souvent difficiles. Certains phénomènes sont encore mal
connus, qualitativement et, plus encore, quantitativement. La rigueur d'un diagnostic
dépend du niveau des connaissances du moment où il est effectué, et, par voie de
conséquence, l'efficacité des remèdes apportés en dépend aussi.

Un recul d'une dizaine d'années au moins est nécessaire pour qu'un jugement définitif
puisse être porté sur les solutions de réparation effectivement utilisées.

C'est pourquoi les méthodes indiquées ci-après ne doivent pas être considérées comme
figées et applicables automatiquement à des schémas de désordres caractéristiques, et
ne peuvent pas être directement transposées sans réflexion.

5.4.2.1. Méthodes de réparation d'un ouvrage présentant une insuffisance de


résistance à la flexion

a) Rappel des désordres caractéristiques

La manifestation de cette insuffisance est une fissuration transversale des tabliers,


affectant la partie inférieure des poutres et remontant plus ou moins haut dans les
âmes. Cette fissuration se localise préférentiellement dans les joints de construction
Qoints de voussoirs notamment), et elle affecte ordinairement une zone située dans la
partie centrale des travées (zone comprise entre les foyers).

b) Principe du renforcement

L'objectif de la réparation est de rétablir l'intégrité du tablier en recomprimant le


béton là où il s'est décomprimé, puis fissuré c'est-à-dire en partie inférieure des
poutres.

Cette récompression doit être telle que toute nouvelle ouverture de la fissure SOIt
évitée sous les combinaisons d'actions défavorables.

Deux moyens peuvent être envisagés a priori : la dénivellation d'appuis, qUI ne


constitue qu'une solution d'attente, et la précontrainte additionnelle.

c) Dénivellation d'appuis

Cette méthode paraît séduisante, par suite d'une certaine facilité de mise en oeuvre et
donc de son coût peu élevé. Malheureusement, son efficacité à long terme est
mauvaise. dans
diminue En leeffet,
temps,le par
bénéfice
suite dedela cette action, qui
redistribution est un
interne des déplacement imposé,
efforts, qui résulte du
comportement différé du béton. A titre indicatif, à la suite d'une opération de ce type
effectuée sur un ouvrage âgé d'environ quinze ans, il a été constaté qu'au bout de seize
mois, les moments fléchissants induits en travée centrale avaient diminué de 20 %
environ, et qu'il ne devait en rester que moins de la moitié au bout de trois ans.

Ce procédé est donc peu adapté à une réparation définitive. En revanche, il peut
constituer une solution temporaire efficace, qui permet d'attendre la mise en oeuvre
d'une réparation plus radicale. Une dénivellation d'appuis peut également être utile
pour mobiliser une compression dans des fissures de flexion après injection, et avant la
mise en tension de câbles de précontrainte additionnelle. Elle peut encore permettre
de corriger un profil en long défectueux.

28
d) Précontrainte additionnelle

Elle est obtenue par la mise en tension de câbles longitudinaux disposés à l'intérieur
des caissons ou de part et d'autre des nervures. Cette opération doit, autant que faire
se peut, être précédée de l'injection des fissures de flexion qui assure une certaine
continuité de la matière, afin que les compressions appliquées à la partie inférieure de
la poutre puissent se transmettre sans engendrer de désordres.

La précontrainte à ajouter doit être telle:

- que le déficit de résistance du tablier à la flexion soit comblé;

- qu'il n'en résulte pas d'effets antagonistes inacceptables (excès de compression en


fibre supérieure, notamment).

Pour déterminer cette précontrainte, le projeteur dispose:

des résultats de l'auscultation (pesée des réactions d'appui, extensométrie ...) qui
permettent d'approcher l'état des sollicitations dans la structure, et, dans certains
cas, d'en déduire l'état de contrainte;

- des résultats des calculs refaits à l'aide de données réalistes, tenant compte des
progrès effectués depuis la conception de l'ouvrage sur la connaissance des
propriétés des matériaux et de leur comportement (pertes par frottement, relaxation
des aciers, poids réel des charges permanentes, estimation aussi fine que possible de
la redistribution, etc.).

Ces deux séries de résultats ne sont pas nécessairement concordantes ; il est alors
nécessaire de procéder à des calculs en fourchette pour tenir compte au mieux des
divers cas possibles compte tenu des données.

Le choix du dimensionnement résulte donc d'un compromis qui doit évidemment tenir
compte des dispositions technologiques possibles; la marge de manoeuvre est souvent
très étroite.

Une grande compétence et une bonne expérience sont nécessaires pour mener à bien
de telles études.

5.4.2.2. Méthodes de réparation d'un ouvrage présentant une insuffisance de


résistance à l'effort tranchant

a) Rappel des désordres caractéristiques

Cette insuffisance se manifeste par des fissures inclinées situées dans les âmes. Leur
présence résulte le plus souvent du cumul des effets de la diffusion de la précontrainte
et de l'effort tranchant. Il y a toujours lieu d'être extrêmement circonspect devant ce
type de fissuration, même lorsque l'ouverture des fissures reste faible;

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b) Principe du renforcement

Le principe du renforcement consiste, après injection des fissures dans la mesure du


possible, à recomprimer verticalement l'âme endommagée:

- soit par des étriers actifs;

- soit, si l'ouvrage doit également être renforcé à la flexion à l'aide d'une


précontrainte additionnelle, par l'inclinaison des câbles longitudinaux ;

- soit par le cumul des effets de ces deux dispositions.

c) Dimensionnement

Les fissures inclinées font, avec la fibre moyenne, un angle aigu supérieur à celui qui
résulte de calcul sous le seul effet de l'effort tranchant. Le nombre d'étriers traversant
ces fissures est donc, en général, très insuffisant pour reprendre les efforts appliqués à
la section. De plus, l'ouverture des fissures est souvent importante; c'est pourquoi il
faut en général dimensionner le renforcement en négligeant ces étriers plus ou moins
plastifiés.

5.4.2.3. Méthodes de réparation d'un ouvrage présentant des désordres localisés dans
les hourdis et plus particulièrement dans le hourdis inférieur

a) Rappel des types de fissuration caractéristiques

Outre les fissures dues à l'insuffisance de résistance à la flexion générale, les hourdis
inférieurs de caissons peuvent présenter: .

- des fissures dues à la poussée au vide, qui se développent longitudinalement, en face


supérieure à la jonction entre âme et hourdis, en face inférieure dans la partie
centrale;

des fissures de diffusion, disposées en arêtes de poisson de part et d'autre des


bossages;

- des fissures d'entraînement, localisées en arrière des bossages; des fissures de ce


type ne doivent pas être confondues avec des fissures de flexion, tant que leur
développement n'atteint pas la base des âmes. Des fissures d'entraînement sont très
généralement accompagnées de fissures de diffusion.
b) Réparation des désordres dus à la poussée au vide

Si la fissuration est peu prononcée et si une précontrainte longitudinale de renfort est


prévue, elle peut suffire, par ré compression du hourdis inférieur, à éliminer les effets
de la poussée au vide.

Dans le cas où les désordres sont plus développés (notamment dans le cas où les aciers
passifs pourraient être plastifiés), ou s'il n'est pas prévu de précontrainte longitudinale
additionnelle, un renforcement du hourdis inférieur est nécessaire.

Diverses solutions peuvent être utilisées:

- soutien du hourdis par un système de suspension accroché à la partie supérieure des


âmes:

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- construction d'un nouveau hourdis associé au précédent par collage et connecteurs.

c) Réparation des désordres localisés dus à la diffusion et à l'entraînement

Ces désordres ne peuvent être réparés au sens propre. Il convient en revanche de


bloquer leur progression éventuelle, ce qui peut se faire:

- par précontrainte transversale (pour la diffusion) ;

- par collage de tôles.

5.4.2.4. Méthodes de réparation d'un ouvrage présentant plusieurs types de désordres


à la fois

Il est très rare que l'un des cas évoqués ci-dessus se présente seul. Dans la réalité, il y a
le plus souvent combinaison des causes et combinaison des effets, de telle sorte qu'il
est souvent difficile, voire impossible de distinguer formellement les désordres de
natures différentes. La réparation doit être définie globalement, et il serait absurde de
vouloir appliquer séparément chaque type de réparation à chaque type de désordre.

A titre d'exemple, il a été mentionné plus haut qu'une précontrainte additionnelle


longitudinale peut également être utilisée pour un renforcement à l'effort tranchant.

Enfin, il convient de remarquer que l'existence d'un type de désordres peut modifier,
parfois de façon très défavorable, le fonctionnement d'une réparation destinée à
remédier à un autre type de désordres. A titre d'exemple, la présence en certains
endroits d'une fissuration d'entraînement et de diffusion peut rendre illusoire l'action
sur le hourdis inférieur d'une précontrainte longitudinale prévue en renforcement à la
flexion.

L'étude de la réparation doit prendre en compte tous les effets parasites de ce type .

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