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BÉTON PRECONTRAINT

CHAPITRE I. PRINCIPE DE LA PRECONTRAINTE ET


CLASSIFICATION DES STRUCTURES
La mise en charge induit dans une construction des contraintes aussi bien en compression qu’en
traction (figure 1.a). La stabilité des constructions exige que ces contraintes ne dépassent jamais la capacité
du matériau. Le béton est un matériau hétérogène qui présente une très bonne résistance à la
compression, par contre, il a une très mauvaise résistance à la traction.
C’est ainsi qu’une poutre reposant sur deux appuis, soumise à l’effet de son poids propre (G) et
d’une charge d’exploitation (Q), subit des contraintes de flexion qui se traduisent par une zone comprimée
en partie supérieure et par une zone tendue en partie inférieure.
Au-delà d’une certaine limite, où les sollicitations et les dimensions des sections sont très
importantes, la solution du béton armé s’avère insuffisante. Dans les fibres tendues de la pièce, le béton ne
peut plus suivre les armatures dans leur allongement, d’où le béton tendu se déforme et les fissures
apparaissent. A cela s’ajoute une déformation différée causée par le fluage, ces déformations vont influer sur
l’enrobage des aciers (risque de corrosion), l’étanchéité de l’ouvrage et sa durabilité.
Face à ces contraintes, le constructeur est souvent obligé de faire augmenter les sections de béton et
d’acier de sa structure. Une telle solution engendre une augmentation importante dans le poids de l’ouvrage
et une densification de ferraillage dont le bétonnage devient plus difficile, ceci impose d’utiliser un béton
liquide, ce qui peut conduire à une diminution dans la résistance du béton. Dans les situations où le béton
armé n’est plus convenable, il existe deux autres solutions, la charpente métallique et le béton précontraint.
Comme le béton armé, le béton précontraint associe béton et armatures, mais il s’en différencie de façon
fondamentale dans son principe.
En 1928, Eugène Freyssinet eut l’idée géniale qui révolutionna le monde de la construction en
permettant au béton de ne travailler qu’en compression. Il venait d’inventer le béton précontraint. Le
principe du béton précontraint consiste à installer un effort permanent dans une structure de béton, de
manière à y engendrer des contraintes permanentes de compression créées par la mise en tension des câbles
de précontrainte. Ces contraintes se combinent aux efforts engendrés par la construction. Le béton doit être
comprimé sans être tendu.
Figure 1. a, b et c ; principe de la précontrainte
Dans ce cas de figure, deux solutions sont possibles :
Solution N°1 : L’ajout d’une quantité d’armatures capable de reprendre les efforts de traction dans le béton
(Principe du béton armé) (figure 1.b).
Solution N°2 : L’application d’un effort de compression axial qui s’oppose aux contraintes de traction dues
aux chargements (Principe du béton précontraint) (figure 1.c).

I. I. PRINCIPE DE LA PRECONTRAINTE
En 1928, Eugène Freyssinet a inventé le béton précontraint en permettant au béton de ne travailler qu’en
compression. Selon lui :« Précontraindre une construction, c’est la soumettre avant application des charges à
des forces additionnelles déterminant des contraintes telles que leur composition avec celles qui proviennent
des charges donne en tout point des résultantes inférieures aux contraintes limites que la matière peut
supporter indéfiniment sans altération ». D’autres définitions peuvent être citées telles que :
(i) Le béton est considéré précontraint lorsqu’il subit un état de contraintes et de déformations avant
d’être soumis aux actions de service. Dans son principe la précontrainte consiste à introduire artificiellement
un système de contraintes (en général de compression) de sorte à annuler les contraintes de signe contraire
(de traction) dues aux charges extérieures.
(ii) La précontrainte est un traitement mécanique qui consiste à produire avant la mise en service, des
contraintes contraires à celles produites par les charges éventuelles. Dans le cas du béton, la précontrainte est
une compression de la zone qui va subir une traction sous charges extérieures. Donc c’est une pré-
compression de façon que l’effet différentiel de la précontrainte et des charges ne laissera plus subsister que
des zones comprimées.
La précontrainte peut être intérieure (les câbles sont posés à l’intérieur du béton) ou extérieure. La
précontrainte extérieure est réservée à des ouvrages de très grande taille, principalement les tabliers de pont.
Cette méthode présente l’avantage d’une maintenance plus facile qu’une précontrainte interne au béton. Lors
de leur mise en tension, l’effort de précontrainte transmis par les câbles au béton est mesuré soit par
l’allongement des câbles, soit par la pression hydraulique exercée par le vérin.
Indépendamment de la méthode retenue (interne ou externe), la mise sous tension doit faire l’objet de
mesures très précises. C’est une opération dangereuse qui doit être assurée par du personnel qualifié. Les
ruptures des câbles font partie des risques potentiels. La précontrainte a pour objectif, en imposant aux
éléments un effort de compression axial judicieusement appliqué, de supprimer (ou fortement limiter) les
sollicitations de traction dans le béton (Figure 2).

Figure 2 : principe de la précontrainte


Un premier système de précontrainte consiste à glisser des vérins entre les appuis et la structure. Un
second système est d'utiliser du béton précontraint. Comme dans le béton armé, de l’acier est associé au béton,
mais, dans ce cas-ci, il est tendu avant mise en charge de la structure. L'acier n’est pas nécessairement en contact
direct avec le béton, c'est un béton solide.

I. II. MODES DE PRÉCONTRAINTE


Deux types de béton précontraint se distinguent selon le moment où les aciers sont mis en tension ;
par pré-tension et par post-tension.

I.II. I. Précontrainte par pré-tension


Dans ce cas, des fils d’acier sont tendus entre deux massifs solidement ancrés avant le coulage du
béton (figure 3.a). Ils traversent un coffrage où du béton frais est coulé et fait sa prise. Après durcissement,
les fils sont coupés. À ce moment les aciers transfèrent une partie de leur tension sous forme de compression
du béton : la compression du béton équilibre la tension dans les aciers. Le contact fil/béton existe tout le
long du fil. Le tracé des fils est le plus souvent rectiligne.
La pré-tension est mise en oeuvre dans des ateliers spécialisés équipés de bancs de mise en tension
(préfabrication). Elle s’applique à la préfabrication de luminaires d’éclairage, de
hourdis pour plancher et de courtes poutres de pont.

Étapes générales de réalisation


 Mise en tension des câbles.
 Coulage du béton.
 La libération des câbles après le durcissement du béton1.
 Les câbles étant dans leur zone élastique, se compriment et par adhérence aux béton comprime le béton.
I.II. II. Précontrainte par posttension
Figure 3.a : précontrainte par pré-
Dans ce second cas, le béton frais est coulé dans le coffrage et fait sa prise. Des fils (ou des câbles)
tension
sont alors enfilés dans des gaines laissées en attente dans le béton. Ces fils sont ensuite tendus à l’aide de
vérins (en prenant appui sur la pièce à comprimer) et calés (figure 3.b). A la dépose des vérins, les fils
transfèrent une partie de leur tension sous forme de compression du béton : la compression du béton
équilibre la tension dans les aciers. Le tracé des gaines
n'est pas nécessairement rectiligne ; elles peuvent être
courbées de sorte à injecter des efforts en des zones
soigneusement choisies.
La posttension s’applique aux structures de plus grande
taille comme les ponts et les réservoirs et est généralement
mis en œuvre sur chantier.
La précontrainte par post tension se présente sous deux forme ;
- Une précontrainte par posttension interne Figure 3.b : précontrainte par
- Une précontrainte par posttension externe posttension

1
Après minimum 1 semaine
Étapes générales de réalisation
 Placement des gaines dans le coffrage
 Coulage du béton
 Mise en tension des câbles après le durcissement du béton
La mise en tension peut être faite en tendant l’acier aux deux extrémités de la pièce (actif – actif) ou en tendant
une seule extrémité uniquement (actif – passif) (figure 3.c)

 Le blocage se fait par différents de cales sur une zone de béton fretté Figure 3.c : mise en posttension actif -
passif
 L’injection d’un coulis de ciment dans les gaines.

L’injection est une opération extrêmement importante, car elle assure un double rôle :
1. La protection des armatures de précontrainte contre la corrosion
2. L’amélioration de l’adhérence entre les armatures et les gaines
L’opération de l’injection doit être réalisée dès que possible après la mise en tension des armatures.

I.II. III. Éléments d’un procédé de précontrainte


L’ensemble d’un procédé de précontrainte comprend, généralement, les éléments suivants :
a) Dispositif d’ancrage : on distingue, principalement, deux types d’ancrage :
- Ancrage actif, situé à l’extrémité de la mise en tension.
- Ancrage passif (ancrage mort), situé à l’extrémité opposée à la mise en tension.
b) Les coupleurs : dispositif permettant les prolongements des armatures.
c) Matériels de mise en tension : vérins, pompes d’injection,
d) Les accessoires : gaines, tubes d’injection etc.
I.II. IV. Comparaison des deux procédés
Une comparaison entre les deux procédés (posttension et pré-tension) permet de constater les observations
suivantes :
Pré-tension
1) L’économie des gaines, des dispositifs d’ancrage et de l’opération de l’injection.
2) La nécessite des installations très lourdes ce qui limite, par voie de conséquence, le choix des formes.
3) La simplicité de la réalisation du procédé.
4) Une bonne collaboration du béton et des armatures.
5) La difficulté de réalisation des tracés courbes d’armatures.
6) L’impossibilité de régler l’effort dans les armatures après la mise en tension.
Post- tension
1) Ne demande aucune installation fixe puisque ; c’est sur la pièce elle-même que s’appuie le vérin de
précontrainte.
2) Elle permet le choix des différentes formes.
3) La possibilité de régler l’effort de précontrainte, ce qui permet d’adapter le procédé à l’évolution de la masse
de l’ouvrage.
4) La facilité de réalisation des tracés courbes d’armatures de précontrainte.
À côté de ces procédés classiques, il existe des procédés
spéciaux qui sont réservés à certains ouvrages ou qui font appel à
d’autres principes pour la mise en tension :
Précontrainte par enroulement
Précontrainte par compression externe
Mise en tension par dilatation thermique
Mise en tension par expansion du béton

I. III. APPLICATIONS
Application 1
Soit une poutre de section B et avec un moment d’inertie I soumise à un moment fléchissant M et à un effort de
précontrainte centré P1.
Déterminer le digramme des contraintes.
Déduire l’expression de l’effort de précontrainte P1.
 Calculer PI tel que la contrainte de tension dans la fibre inférieure soit nulle, sachant que la section est
rectangulaire 60 * 110 cm et M= 0.80 KNm
Application 2
Soit une poutre de section B (60 cm * 80 cm) et avec un moment d’inertie I soumise un moment extérieur
M = 1 KN met un effort de précontrainte P2 excentré de e = -0.30 m.
Déterminer le digramme des contraintes.
Déduire l’expression de l’effort de précontrainte P2 et la calculer.
CHAPITRE II. CARACTERISTIQUES DES MATERIAUX
II.I LE PRODUIT D’INJECTION
Le produit d’injection était autrefois un mortier formé de ciment, de sable et de l’eau ; aujourd’hui le sable est à
peu près complètement abandonné, au profit de coulis de ciment CPA, comportant un adjuvant (classe C50/60 t).
Le produit d’injection est l’un des matériaux les plus importants. Il doit répondre aux impératifs suivants :
- avoir une assez faible viscosité pour couler facilement et pénétrer dans toutes les ouvertures et entre fils des
câbles de précontrainte ;
- conserver cette faible viscosité pendant un délai suffisant pour que l’injection puisse s’effectuer dans de bonnes
conditions avant le début de prise ;
- après durcissement, avoir une résistance suffisante pour assurer efficacement l’adhérence de l’armature au
béton ;
- présenter un retrait minimal ;
- ne pas être agressif vis-vis de l’acier de précontrainte.

II.II LE BETON
Le béton est un matériau hétérogène composé d’un mélange de liant, granulats, eau et éventuellement
d’adjuvants. Sa résistance mécanique est influencée par plusieurs facteurs :
- qualité du ciment - la température
- dosage en ciment - l’humidité
- teneur en eau - la durée de chargement
- l’âge du béton
Qualités requises
Une résistance élevée en compression fc28. ftj est la résistance à la traction au jour j ≤ 28.

 L'étanchéité et la non-agressivité chimique.


 Une faible sensibilité aux effets des déformations différées.
 Une bonne maniabilité.
Déformations longitudinales instantanées
A défaut de résultats expérimentaux probants, on adopte pour le
module de déformation longitudinale instantanée du béton noté
Eij, une valeur conventionnelle égale à :
Etj=11000∛ (fcj). Le module de déformation longitudinale
différée Evj est donné par : Evj=3700∛ (fcj).
Diagramme contrainte-déformation
Le diagramme caractéristique contrainte-déformation du béton a l’allure schématisée sur la figure dite
‘parabole – rectangle’.
Le diagramme de calcul comporte un arc de parabole du second degré depuis l'origine jusqu'à son sommet de
coordonnées d'une contrainte de compression de béton donnée par :
σbc = 0,85. fcj/θ*γb
Le coefficient θ prend en compte la durée probable d'application de la
combinaison d’actions.
Déformations différées
Retrait ; c’est le raccourcissement du béton non chargé, au cours de son durcissement. Son importance
dépend d’un certain nombre de paramètres :
 L’humidité de l’air ambiant ;  La quantité d’eau ;
 Les dimensions de la pièce ;  Le dosage en ciment ;
 La quantité d’armatures ;  Le temps.
 Fluage ; Le fluage correspond à une déformation croissante dans le temps sous contrainte
constante. Il dépend d’un certain nombre de paramètres :
 L’épaisseur moyenne de la pièce ;  L’humidité ;
 La contrainte appliquée ;  La température ;
 Le dosage en ciment ;  L’âge de mise en tension
 La teneur en eau ;
Coefficient de poisson
Le coefficient de poisson du béton est pris égal à 0,20 en zones non fissurées et zéro en zones fissurées.
Coefficient de dilatation thermique pris égal à 10-5 °C, à défaut de résultats expérimentaux.
NB : pour améliorer la mise en place du béton, ses caractéristiques ou sa durabilité, on peut être amené à ajouter
des adjuvants en faible quantité lors de la confection du béton. On utilise plus spécialement les accélérateurs de
prise, les retardateurs de prise, les accélérateurs de durcissement, les entraîneurs d’air, les plastifiants, les
hydrofuges de masse, les antigels.
II.III LES ARMATURES
Les aciers utilisés en précontrainte sont de deux natures différentes :
les aciers actifs qui créent et maintiennent la précontrainte ;
les aciers passifs nécessaires pour le montage, pour reprendre les efforts tranchants, et pour limiter la
fissuration.
II.III.I Armatures passives
Ce sont des armatures identiques à celles utilisées dans le béton armé, ils ne sont mis en tension
que par la déformation de l'élément.
Les aciers généralement utilisés sont classés en plusieurs catégories : Barres rondes lisses, Barres à haute
adhérence, Fils (Fils à Haute adhérence et fils lisses), Treillis soudés.
D’une façon générale, on distingue pour les armatures passives en béton précontraint, Les aciers passifs
longitudinaux et Les aciers passifs transversaux
Les caractères des armatures (l’acier) passives à prendre en compte dans les calculs sont les suivants :
Section nominale de l'armature
Module de déformation longitudinale, Es = 200 000 MPa.
Limite d'élasticité (fe) garantie

L’aptitude de l'armature à rester solidaire au béton. Cette aptitude est caractérisée par les coefficients
d'adhérence dits de fissuration et de scellement désignés respectivement par η et ψ.
Coefficients de fissuration : η=1 ronds lisses, η=1.6 barres ou fils HA de D≥ 6mm ; η=1.3 fils HA de D ˂
6mm
Coefficients de scellement : ψ=1 ronds lisses ; ψ=1.5 barres HA ou de fils HA.
II.III.II Armatures actives
Les aciers actifs sont les aciers de la précontrainte, ils sont mis à des tensions.
A l'inverse des armatures de béton armé qui se contentent d'un acier de qualité courante, les armatures de
précontrainte exige un acier satisfaisant un certain nombre de conditions. Elles ont été classés par :
catégorie : fils, barres, torons.
classe de résistance.
Qualités requises
 Une résistance mécanique élevée. Une faible relaxation.
Une ductilité suffisante. Un coût aussi bas que possible.
Une bonne résistance à la corrosion.
Caractères géométriques
Les fils
Les fils sont des armatures dont la plus grande dimension transversale est inférieure à 12.5mm ; ils sont
livrés en couronnes. On distingue : les fils d’acier ronds et lisse et les fils autres que ronds et lisses. Les fils
sont définis par leur diamètre nominal auquel correspond une section nominale conventionnelle, suivant le
tableau.

Les barres
Les barres sont définies comme des armatures rondes et lisses de diamètre supérieur à 12.5mm, ou non
rondes ou non lisses ne pouvant être livrées en couronnes. Les caractères géométriques sont le diamètre et la
section conventionnellement définie suivant le tableau.

Les torons
Un toron est un assemblage de 3 ou 7 fils enroulés en hélice et répartis en une couche, éventuellement autour
d’un fil central. Les torons sont caractérisés par le nombre de leur fils, par leur diamètre, et par leur section.

Caractères de calcul
Les caractères des armatures de précontrainte à prendre en compte dans
les calculs sont :
 Section nominale de l'armature ;
 La contrainte maximale garantie à rupture fprg
 La contrainte à la limite conventionnelle d'élasticité fpeg
 Coefficient de relaxation ρ1000, ρ1000 = 2,5 % pour la classe TBR2 ρ1000 = 8 % pour la classe RN
2
TBR (Très Basse Relaxation), RN (Relaxation Normale)
 Adhérence au béton ;
 Coefficient de dilatation thermique 10-5 °C.
 Module de déformation longitudinale : Ep = 200 000 MPa (fils et barres) Ep = 190 000 MPa (torons).
 Diagramme efforts-déformations.
II.IV APPLICATIONS
Application 1
Déterminer, pour un béton de fc28 = 30 MPa, les caractéristiques suivantes :
 La résistance à la compression et à la traction au jour j= 7 et 90 jours
 Module de déformation longitudinal instantané et différé au jour j= 7 et 90 jours
Application 2
Pour un béton fc28 = 35 MPa :
 Déterminer la contrainte limite de compression ultime en situation courante et accidentelle.
 Déterminer la contrainte limite de compression en service
 Tracer le digramme contrainte –déformation du béton
 À défaut de données expérimentales probantes, dans le cas où on a besoin d'une évaluation plus précise
des déformations, tracer le diagramme contrainte – déformation du béton.
CHAPITRE III. SOLICITATION ET SECTIONS DE CALCULS
III.I. PRINCIPE DE JUSTIFICATIONS
Les calculs justificatifs sont établis suivant la méthode des états limites. Un état-limite est celui dans
lequel une condition requise d’une construction est strictement satisfaite. Comme déjà vu, on distingue,
selon la gravité des conséquences de leur atteinte, deux grandes catégories d’états-limites : les ELS et les
ELU. Les justifications aux ELS ont pour objet de s’assurer de la durabilité des structures et de leur aptitude
à remplir la fonction pour laquelle elles ont été conçues. Les justifications aux ELU permettent de vérifier
leur résistance. En pratique interviennent, dans les constructions précontraintes, les états-limites suivants :

III.I.I États limites de services (ELS) : III.I.II État limites ultime (ELU) :
- Déformation - stabilité statique
- Décompression - résistance
- formation de fissures3 - stabilité de forme (flambement, déversement, ...)
- ouverture de fissures

III.II. ACTIONS ET VALEURS REPRESENTATIVES


Selon leur nature, les actions sont classées en actions permanentes, actions variables et actions accidentelles.

III.II. I Actions permanentes


Les actions permanentes, notées G, représentent les actions dont l'intensité est constante ou très peu variable
dans le temps (le Poids propre (G0), poids des équipements fixes, les efforts (la précontrainte, …), les forces
dues aux déformations, etc. La précontrainte est représentée, pour les justifications aux ELS, par deux
valeurs caractéristiques Pk,inf et Pk,sup encadrant la valeur probable Pm avec :
Pkinf = rinf *Pm et Pksup = rsup *Pm Pm (x, t) = P0 - ΔP (x, t)
rinf et rsup sont de 0,95 et 1,05 ou 0,90 et 1,10 suivant le type de précontrainte (post-tension, prétension etc…). P0 est la
précontrainte « à l'origine », correspondant à la tension σp0
ΔP (x, t) la perte de précontrainte au point d'abscisse x, à l'instant t.
Pour les justifications vis-à-vis des ELU, au contraire, seule la valeur probable Pm de la précontrainte est à
considérer, d’éventuels écarts par rapport à cette valeur ayant peu d’incidence sur la sécurité à rupture.

III.II. II Actions variables


Les actions variables, notées Q, représentent les actions dont l'intensité varie fréquemment et de façon
importante dans le temps. On distingue les charges d'exploitation, les efforts dont le niveau est variable, les
charges non permanentes, les actions climatiques, etc. Les actions variables sont réparties en deux catégories
; Une action dite de base (Q1, la plus fréquente / plus élevé) et des actions d’accompagnement (Qi, i>1).
Les différentes valeurs de l'intensité des actions, dites valeurs représentatives, sont :

- Qk : valeurs caractéristiques de l’action - Ψ1i Qik : valeurs fréquentes


- Ψ0i Qik : valeurs de combinaison

- Ψ2i Qik : valeurs quasi-permanentes

3
par excès de traction, mais aussi de compression
III.II. III Actions accidentelles
Les actions accidentelles, notées FA, provenant de phénomènes rares, et ne sont à considérer que si
les documents d’ordre publique ou le marché le prévoient (les séismes, les explosions, les chocs, …).

III.III. SOLLICITATIONS
Les sollicitations sont les effets provoqués, en chaque point et sur chaque section de la structure, par les
actions.

III.III.I Sollicitations de calcul à l’ELU


Combinaisons fondamentales
En règle générale, les sollicitions de calcul à considérer sont les suivantes :
𝛾p .pm + 1,35Gmax + Gmin+ 𝛾Q1Q1k +Σ 1,3Ψ0i . Qik avec :

Gmax : actions permanentes défavorables ; Qik : combinaison d'une action d'accompagnement.


Gmin : actions permanentes favorables , γp=1 dans la plupart des cas
Q1k : valeur caractéristique de l'action de base ; γQ1=1,5 dans le cas général

Combinaisons accidentelles
Pm + FA + Gmax + Gmin + Ψ 11 Q 1k + ΣΨ 2i.*Qik avec :
FA : la valeur nominale de l'action accidentelle,
Ψ 11 Q1k : la valeur fréquente d'une action variable,
Ψ 2iQik : la valeur quasi-permanente d'une autre action variable.

Sollicitations de calcul à l’E.L.S


 Combinaisons rares
 Combinaisons fréquentes
 Combinaisons quasi-permanentes

Valeurs de Ψi pour Bâtiments Valeurs de Ψi pour les ponts et les routes


NB. Les valeurs des charges routières, sont issues du fascicule spécial N° 72- 21 bis ; Cahier des
prescriptions communes.

III.IV. SECTIONS DE CALCUL


Dans le calcul des caractéristiques géométriques d'une section (position du centre de gravité, aire, moments
d'inertie...), on tient compte des dimensions que présente la section dans la phase considérée.

III.IV.I Caractéristiques géométriques des sections


Le principe fondamental consiste à déterminer les contraintes qui agissent dans une section et de comparer la
contrainte maximale avec la contrainte limite.

- Traction simple σ=F/B - Flexion composée σ=F/B + M Y/ I


- Flexion simple σ=M Y/I

Les caractéristiques géométriques à étudier sont :

- Aire de la section B [cm2] - Module de résistance Wx et Wy et de torsion Wp


- Moments statiques Sx et Sy [cm3] [cm3]
- Moments d’inertie axiaux et centrifuges Ix, Iy, - Rayon de giration ix et iy [cm]
Iz[cm4] - Rendement d’une section ρ
- Moments d’inertie polaires Ip [cm4]

III.V. ETUDE DE LA TRACTION ; DIMMENSIONEMENT / VERIFICATION 4


Un objet est soumis à la traction lorsque la résultante des forces qui lui sont appliqués se réduit à la présence
de deux forces appliquées sur les deux bases latérales qui tendent donc à l’allonger.
Pour la vérification, calculez :
- La valeur de l’effort de traction NED.
- La valeur de la résistance de notre structure à la traction Nt,RD, Nt,RD = min(Npl,RD et Nu,RD)
Npl,RD = 𝐴∗𝑓𝑦𝑘/𝛾𝑚1 est la résistance plastique, γm1 =1,05 le facteur partiel de sécurité à la résistance, A l’aire
trasversale (brute), fyk la limite d’élasticité.
Nu,RD = 0,9∗𝐴𝑛𝑒𝑡∗𝑓𝑢/𝛾𝑚2 ; Nu,RD est la résistance à la rupture, fu est la contrainte qui entraine la rupture de la
structure en acier, Anet = Atot – Atrou.

Pour le dimensionnement, il s’agit de calculer les dimensions du tirant ;


Amin = 𝑁𝐸𝐷∗ 𝛾𝑚1/𝑓𝑦
4
(EUROCODE 3)
III.VI. APPLICATIONS
Déterminer, pour une poutre en T, les caractéristiques géométriques suivantes :
- L’aire de la section (B) - Le moment d’inertie (I)
- Le moment statique (S) - Le module de résistance (W)
- La distance de la fibre supérieure (Vs) et la distance de - Le rayon de giration (i)
la fibre inférieure (Vi )
- Le rendement de la section (ρ)
Application 2
Soit une section avec les caractéristiques suivantes : h=110 cm ; B= 0.3912 m² S =0.17315 m 3 ; IΔ= 0.131944 m4
1) Déterminer les caractéristiques de la section brute :
 Distance de la fibre supérieure Vs [m]  Moment d’inertie par rapport au centre de gravité IG [m4]
 Distance de la fibre inférieure Vi [m]  Rendement de la section ρ

2) Cette section comporte 4 gaines de 70 mm de diamètre situées respectivement à 105 mm et 245


mm de la fibre inférieure. Le centre de gravité des gaines est à 0.925 m de la fibre supérieure.
Déterminer les caractéristiques de la section nette :
 Aire de la section Bn [m²]  Moment d’inertie par rapport à l’axe « Δ » InΔ(m4)
 Moment statique Sn[m3]  Moment d’inertie par rapport au centre de gravité
 Distance de la fibre supérieure Vs [m] InG [m4]
 Distance de la fibre inférieure Vi [m]  Rendement de la section ρn
3). Les gaines contiennent chacune un Câble 9T15 de section 1251 mm2. Le coefficient
d’équivalence est pris égal à 5. Déterminer les caractéristiques de la section homogène :
 Aire de la section Bh [m²]  Moment d’inertie par rapport à l’axe « Δ » IhΔ[m4]
 Moment statique Sh [m3]  Moment d’inertie par rapport au centre de gravité
 Distance de la fibre supérieure Vhs [m] IhG [m4]
 Distance de la fibre inférieure Vhi [m]  Rendement de la section ρh
CHAPITRE IV. PERTES DE PRECONTRAINTES
D’une façon générale, on désigne sous le nom « perte de tension » ou « perte de précontrainte » toute
différence entre l’effort exercé lors de sa mise en tension et l’effort qui s’exerce en un point donné d’une
armature à un instant donné.
En post tension, l’effort de précontrainte varie à la fois :
- dans l’espace, avec l’abscisse le long du câble, du fait de frottement ;
- dans le temps, à cause du retrait et du fluage du béton et de la relaxation des aciers.
En pré tension, l’effort de précontrainte varie principalement dans le temps du fait de l’application
successive des actions.

IV.I TYPES DE PERTES


Les pertes de tension se divisent en deux groupes :
- Les pertes de tension instantanées : se produisant lors de la mise en tension des câbles de précontrainte.
- Pertes de tension différées : se produisant dans un temps plus au moins long après la mise en tension.
IV.I.I TENSION A L'ORIGINE
Les efforts de précontrainte sont variables le long des armatures et dans le temps. Ils sont évalués à partir de
la valeur probable de la tension à l'origine, notée « σ po ». Ils ne doivent pas non plus dépasser la plus faible
des valeurs suivantes :
Min (0,80 fprg, 0 ,90 fpeg) en posttension Min (0,85 fprg, 0,95 fpeg) en pré-tension
IV.I.II PERTES DE TENSION INSTANTANEE
Dans le cas de la posttension, les armatures de précontrainte subissent des pertes de tension instantanées qui
sont :
- les pertes de tension par frottement ; - les pertes de tension par déformations
- les pertes de tension par recul de l'ancrage ; instantanées du béton.
La valeur totale de ces pertes de tension instantanées, dans une section d'abscisse «x» de l'armature, est notée
Δσpi (x). La tension au point d'abscisse x, après pertes de tension instantanées, appelée tension initiale, est
notée :
σpi (x) = σpo - Δσpi (x)
Perte de tension par frottement
Ce type de perte se produit par fortement des câbles sur la gaine lors de la mise en tension. La tension
appliquée σpo à l’origine diminue entre le point d’application et un point donnée d’abscisse «x », sa nouvelle
valeur est donnée par la relation : σp(x) = σpo𝑒−(𝑓𝛼+𝜑𝑥)
σpo : la tension à l’origine; α: somme des déviations angulaires arithmétiques du
e : la base des logarithmes népériens ; câble sur la distance x (rd) ;
-1
f : coefficient de frottement en courbe (rd ) ; φ coefficient de frottement en ligne (m-1 ) ;
x : la distance de la section considérée (m).

Pertes dues aux reculs de l’encrage


(négligeable)
Pertes dues aux déformations instantanées
du béton (négligeable)
IV.I.III Pertes de tension différées
Les pertes de tensions différées sont les pertes qui se produisent dans le temps après la mise en tension des
câbles. Nous allons considérer les pertes suivantes :
- Perte de tension due au retrait du béton
- Perte de tension due au fluage du béton
- Perte de tension due à la relaxation de l'acier
La valeur totale de ces pertes de tension différées, dans une section d'abscisse «x » de l'armature, est notée Δσ pd
(x). La tension au point d'abscisse x, après pertes de tension instantanées, appelée tension finale : σ pf (x) = σpo -

Δσpi(x) - Δσpd (x)


Perte de tension due au retrait du béton
Le retrait, est une diminution du volume du béton. La perte finale de tension due au retrait du béton : Δσ r = Ep*ɛ r
ɛ r: retrait total du béton Ep : module d’élasticité de l’armature de
précontrainte
Perte de tension due au fluage du béton
Lorsqu'une pièce est soumise, à partir de sa mise en précontrainte, à des actions permanentes subissant des
variations dans le temps, la perte finale de tension due au fluage du béton est prise égale à : Δσ fl = 2,5 σB * Ep /
Ec ; Ep / Ec ~=6
σB5 = N/A +/- Myi /I Ec : module d’élasticité du béton
Perte de tension due à la relaxation de l'acier
La perte finale de tension due à la relaxation de l'acier dépend de la contrainte de rupture de l’acier, la
σpi(x)
température et la tension appliquée à l’acier. Elle est donnée par : Δσ rel(x) = 6*ρ1000 * [ − 𝜇0] * σp(x)
fprg
σpi(x) :contrainte dans les armatures de précontrainte ; après les pertes instantanées.
ρ1000 : coefficient de relaxation à 1000 h
fprg :contrainte limite garantie à la rupture
μ0 un coefficient = : 0,43 pour les armatures à TBR 2 ; 0,30 pour les armatures à RN ; 0,35 pour les autres
armatures.

IV. II. APPLICATIONS


Application 1
Soit une poutre de post- tension de longueur de 47.00 m soumise à la précontrainte par 4 câbles de 7T15 à j = 8
jours. Pour la section à mi travée, déterminer la tension à l’origine et la contrainte finale probable

Application 2
Soit une poutre de pot tension de section rectangulaire (35x72)cm, de longueur de 15m soumise à la
précontrainte par 6 câbles à j = 10 jours. Pour la section à mi travée (ep=-270 mm), déterminer les contrainte
finale probable, maximal et minimal.

5
σB (contrainte dans le béton )

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