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Réf.

: C5583 V1

Creusement des tunnels -


Date de publication :
10 septembre 2021
Méthodes de construction et
géotechnique

Cet article est issu de : Construction et travaux publics | Travaux publics et


infrastructures

par Alain GUILLOUX, Hervé LE BISSONNAIS,


Martin CAHN, Jean Pierre JANIN

Mots-clés Résumé Cet article présente les techniques de construction des tunnels en lien avec les
Génie civil | modélisation | conditions géologiques, hydrogéologiques, géotechniques et environnementales.
géotechnique | construction |
interaction sol-structure | Après une revue des méthodes d’investigation et de classification des terrains destinées
tunnels à guider les concepteurs, il détaille les techniques à la disposition des constructeurs,
allant des plus traditionnelles, elles-mêmes en constante évolution pour s’adapter à des
conditions toujours plus difficiles, jusqu’aux plus récentes, très mécanisées, utilisant des
tunneliers.
Il développe ensuite les critères de choix des techniques en adéquation avec le
comportement des terrains, puis traite les aspects de modélisation et dimensionnement
des tunnels, en soulignant l’apport des approches de calculs d’interaction sols-structures.

Keywords Abstract This paper deals with the construction techniques for tunnels in connection with
Civil engineering | modelling | the geological, hydrogeological, geotechnical, and environmental conditions.
geotechnical engineering |
building | soil-structure After reviewing the ground investigations and classifications methods useful for the
interaction | tunnels conception, it describes the techniques available to the constructors, going from the more
traditional, but constantly evolving to suit to ever more difficult conditions, to the more
recent, highly mechanized with the use of Tunnel Boring Machines.
It also presents the criteria for the choice of construction techniques adapted to the
ground behaviour, and finally the tunnels modelling and design aspects with emphasis to
sol-structure interaction contribution.

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Creusement des tunnels


Méthodes de construction et géotechnique
par Alain GUILLOUX
Expert Géotechnicien
Société TERRASOL, Paris, France
Hervé LE BISSONNAIS
Expert Travaux souterrains, Directeur Général Délégué
Société TERRASOL, Paris, France
Martin CAHN
Délégué parisien Cellule « ouvrages souterrains »
Société TERRASOL, Paris, France
et Jean Pierre JANIN
Responsable Cellule « ouvrages souterrains »
Société TERRASOL, Lyon, France
Parution : septembre 2021 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200104131 - systra // brigitte VERCHERE // 148.64.19.13

1. Classifications géologiques et géotechniques des terrains ....... C 5 583 - 2


1.1 Préambule.................................................................................................... — 2
1.2 Facteurs géologiques principaux pour le choix des méthodes
de creusement............................................................................................. — 3
1.3 Reconnaissances pour les projets de tunnels .......................................... — 3
1.4 Classifications des sols et roches pour les tunnels.................................. — 4
2. Méthodes de construction des tunnels............................................. — 6
2.1 Deux catégories principales de méthodes de construction .................... — 6
2.2 Techniques d’accompagnement................................................................ — 8
3. Description des méthodes conventionnelles .................................. — 8
3.1 Méthode de base......................................................................................... — 8
3.2 Variante à la méthode de base (hors traitements de terrains) ................ — 14
4. Description des méthodes au tunnelier ............................................ — 16
4.1 Principales catégories de tunneliers.......................................................... — 17
4.2 Tunneliers fermés ....................................................................................... — 17
4.3 Tunneliers ouverts ...................................................................................... — 21
5. Description des techniques de traitements de terrain ................. — 22
5.1 Rabattement de la nappe ........................................................................... — 24
5.2 Injection ....................................................................................................... — 24
5.3 Congélation ................................................................................................. — 24
5.4 Soil-mixing .................................................................................................. — 25
5.5 Jet-grouting ................................................................................................. — 26
6. Considérations sur le choix des méthodes de construction....... — 26
6.1 Critères de choix ......................................................................................... — 26
6.2 Recommandations pour le choix des méthodes ...................................... — 27
7. Quelques indications sur les modélisations
et méthodes de calcul............................................................................ — 28
7.1 Choix du milieu et des problèmes à étudier............................................. — 28
7.2 Types d’approches d’étude ........................................................................ — 30
8. Conclusion................................................................................................. — 38
9. Glossaire .................................................................................................... — 39
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. C 5 583

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CREUSEMENT DES TUNNELS _________________________________________________________________________________________________________

e creusement des tunnels fait partie des techniques de construction où les


L interactions entre les différents aspects des métiers du Génie Civil sont
particulièrement nombreuses. Au-delà de la bonne connaissance des maté-
riaux de construction et de leur comportement, des matériels disponibles ou à
« inventer », des impératifs de sécurité, tant que pour le personnel de chantier
que vis-à-vis de l’environnement, de la règlementation, etc… il y a un acteur
essentiel : le terrain !
C’est en effet « le terrain » qui va guider le projet, depuis la conception en
adaptant autant que possible les tracés et profils à la recherche d’une géologie
« favorable », jusqu’au chantier en adaptant les méthodes de réalisation au
comportement réel du terrain.
L’objet de cet article est ainsi de présenter les différentes méthodes de
construction des tunnels en relation avec les conditions de nature géologique,
hydrogéologique et géotechnique (qui seront réunies dans la suite de cet
article sous l’appellation de « conditions géologiques »).
Il s’agit bien sûr d’abord de décrire au mieux ces conditions géologiques, et
ce sera l’objet du chapitre 1 où seront présentés les principaux facteurs géolo-
giques pouvant influencer le choix des méthodes de creusement, les méthodes
de reconnaissance spécifiques ou tout au moins essentielles pour les projets
de tunnels, et enfin les classifications usuelles des sols et roches utilisées en
travaux souterrains.
Puis les chapitres 2 à 3 seront consacrés aux descriptions des techniques de
construction elles-mêmes, depuis les méthodes dites « traditionnelles »
jusqu’aux méthodes mécanisées utilisant des tunneliers, ainsi que des tech-
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niques de traitement de terrain qui accompagnent souvent les précédentes


dans les projets particulièrement difficiles. Ces descriptions chercheront, au-
delà de la technologie, à intégrer la dimension géologique en expliquant
comment ou pourquoi telles ou telles méthodes ont été développées pour
répondre à des problématiques géologiques spécifiques.
Ensuite, le chapitre 6 s’intéressera plus en détails au choix des techniques de
construction selon les conditions géologiques prévues en phase conception,
ou réellement rencontrées en phase construction. Enfin, le chapitre 7 présen-
tera quelques éléments sur les grandes catégories de méthodes de calcul et de
dimensionnement, et plus globalement de modélisation, couramment utilisées
dans les études de tunnels.

À retenir

– La construction d’un tunnel fait appel à de multiples spécialités : la plu-


ridisciplinarité est essentielle,
– Les interactions entre les conditions géologiques et les méthodes de
construction sont un des enjeux fondamentaux des projets souterrains.

1. Classifications déformations induites par le creusement est également un facteur


clé, souvent dimensionnant vis-à-vis du choix des techniques.
géologiques et La gamme des projets de tunnels et des conditions géologiques
géotechniques des terrains est extrêmement large, mais on peut citer au moins deux catégo-
ries extrêmes.

■ Tunnels au rocher
1.1 Préambule
Y compris à grande profondeur, où l’on a affaire à un milieu natu-
Il convient de souligner que, lors de la construction des tunnels, rel résistant par rapport aux niveaux de contraintes, mais découpé
l’objectif premier est bien entendu d’assurer la stabilité de l’ouvrage, par les discontinuités du massif, c’est-à-dire à un milieu fortement
à court terme comme à long terme, pour le personnel comme pour discontinu : la stabilité générale du tunnel et des terrains environ-
l’environnement. Mais, pour tous les projets en milieu urbanisé ou nants y est le plus souvent assurée – il n’y a pas « rupture générali-
d’une façon générale en environnement sensible, la maîtrise des sée » sauf éventuellement à très grande profondeur –, et le principal

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enjeu est d’éviter les chutes de blocs rocheux, risque que l’on traite ■ Quel est le contexte environnemental du projet ?
par boulonnage du rocher.
Il s’agit de caractériser la sensibilité des constructions exis-
En revanche les failles y jouent un rôle majeur, d’autant plus tantes situées dans la « Zone d’Influence Géotechnique (ZIG) » qui
délicat à traiter que l’on éprouve souvent de grandes difficultés à pourraient être affectées par les déformations et/ou les vibrations
les localiser précisément à grande profondeur, à les qualifier induites par le creusement : bâtiments et leurs fondations, canali-
mécaniquement, et à les traiter depuis la surface. sations, infrastructures de surface ou souterraines …
On peut également inclure sous ce thème environnemental les
■ Tunnels en sols ou roches tendres
risques de rencontre de terrains déjà pollués, nécessitant un trai-
Souvent relativement peu profonds, terrains que l’on peut trai- tement spécifique une fois excavés, de gaz et autres éléments
ter comme un milieu continu : la stabilité générale n’y est pas pouvant présenter un danger sanitaire ou explosif, ainsi que « dif-
assurée « naturellement », ce qui impose la mise en œuvre de fusion » dans les terrains des produits polluants ou dangereux
soutènements (provisoires) et revêtements (définitifs) pour garan- introduits du fait de la construction elle-même.
tir cette stabilité et donc la sécurité.
En outre, le rôle majeur des déformations induites par le creu-
sement va nécessiter des études détaillées pour évaluer ces défor- 1.3 Reconnaissances pour les projets
mations, vérifier si elles sont acceptables pour l’environnement, et de tunnels
développer des méthodes de construction permettant de les limi-
ter à des niveaux acceptables. ■ Classement en cinq familles
Il convient de compléter ces sujets d’ordre géologique et géo- Il est d’usage, dans le cas des ouvrages souterrains, de classer
technique par le rôle de l’hydrogéologie : les eaux souterraines les paramètres géotechniques en cinq familles (Recommandation
vont très largement influencer le comportement des terrains lors AFTES GT1R1F1, 2003) :
du creusement, à la fois par les débits qu’elles sont susceptibles
• Contraintes naturelles
de générer et par les pressions hydrauliques qu’elles induisent et
qui vont modifier le comportement géomécanique des terrains. La Il est essentiel de bien caractériser l’état des contraintes initiales
perméabilité des terrains et les charges hydrauliques résultant du puisque c’est cet état qui va être modifié par le creusement et
régime hydrogéologique sont à évaluer au mieux. donc conduire aux contraintes finales sur les ouvrages. L’expé-
rience montre en effet que le comportement du revêtement peut
Ces multiples problématiques doivent guider le choix des infor- être très largement dépendant de l’anisotropie par exemple [8].
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mations géologiques, hydrogéologiques et géotechniques que


l’on cherche à connaitre, et donc les reconnaissances qu’il y a lieu Dans un bassin sédimentaire et à profondeur z modérée les
de faire. contraintes principales sont verticales (σv) et horizontales (σh), et
l’état des contraintes est géostatique avec σv = γ.z et σh = Ko.σv où
γ est le poids volumique des terrains et Ko le coefficient de pres-
sion des terres au repos, qui dépend essentiellement de la
1.2 Facteurs géologiques principaux surconsolidation. En revanche, il en va tout autrement dans des
pour le choix des méthodes massifs montagneux où la topographie et surtout l’histoire tecto-
de creusement nique conduisent à des états de contraintes beaucoup plus com-
plexes à la fois dans leurs directions principales et dans leurs
Comme évoqué précédemment, les interrogations géologiques intensités.
particulièrement déterminantes pour le choix des techniques de • Paramètres physiques
construction des tunnels sont les suivantes.
Comme pour toute analyse géotechnique, une bonne connais-
■ Dans quels types de terrains devra être creusé le tunnel  sance des paramètres d’identification des différents horizons géolo-
giques est essentielle pour bien caractériser la nature et l’état des
Il faut distinguer les terrains meubles (sols) et les terrains durs terrains, et donc pour choisir des paramètres de comportement géo-
(roches), et selon les types de terrains caractériser au mieux leur mécanique pertinents. Il s’agit bien sûr des paramètres classiques
nature (lithologie, discontinuités …), leurs propriétés mécaniques (granulométrie, teneur en eau, limites d’Atterberg, poids volu-
(résistance et déformabilité, mais aussi potentiel de gonflement, miques …), mais aussi de la minéralogie dont l’influence sur cer-
altérabilité, aptitude à l’abattage …), ainsi que leurs propriétés tains paramètres de comportement est primordiale (problématiques
hydrauliques (perméabilité notamment). de gonflement et d’abrasivité par exemple).
■ Quelle est la variabilité géologique le long du projet ? Il faut également mentionner les techniques permettant d’avoir
une évaluation globale de la qualité des terrains, telles que les
Il s’agit bien sûr d’identifier les différentes natures de terrains et
diagraphies en forages destructifs ou les mesures de vitesses sis-
leur linéaire prévisible le long du projet, mais aussi de qualifier les
miques, ainsi que certains essais spécifiques permettant d’appré-
zones de contacts entre les différents terrains : contact normal,
cier qualitativement certains paramètres tels que l’altérabilité des
contact par faille, zones de chevauchements tectoniques ….
terrains.
■ Quel est le contexte hydrogéologique dans un environnement Enfin, en milieu rocheux, la caractérisation des discontinuités
assez large autour du projet ? du rocher est d’une importance primordiale : on les classera en
Il convient d’identifier s’il existe avant creusement une nappe « familles » dont on déterminera les orientations dans l’espace, la
phréatique ou plusieurs nappes superposées, et de caractériser densité (par des paramètres tels que le RQD – Rock Quality Desi-
leurs aquifères : perméabilités, zones d’alimentation et exutoires. gnation – ou l’espacement moyen), ainsi que l’état des joints qui
Ces éléments permettront d’établir un modèle hydrogéologique permettra d’évaluer la résistance au cisaillement le long de ces
initial, pour estimer les directions et vitesses d’écoulement des discontinuités.
eaux souterraines, et ainsi déterminer les circulations et charges • Paramètres mécaniques
hydrauliques avant creusement.
Ces paramètres, indispensables pour développer les modélisa-
Ce modèle servira de base pour l’évaluation de l’incidence du tions, sont d’une part les paramètres de résistance (le plus souvent
creusement sur les régimes d’écoulements, et donc des débits et pour les sols la cohésion c et l’angle de frottement φ, à court et
variations de pressions interstitielles. long terme, et pour les roches la résistance en compression σc et la

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CREUSEMENT DES TUNNELS _________________________________________________________________________________________________________

Sondage dirigé
d‘Étache
Sondage dirigé
d‘Avrieux
Altitude (m)

Vallon
d‘Étache

MODANE
2 000
ARC
1 000
Profil du tunnel
Pk
0
25 30 35

Figure 1 – Exemple de forage dirigé à grande profondeur pour la reconnaissance des terrains

résistance en traction σt), et d’autre part les paramètres de défor- – enfin, dans les cas où on met en œuvre des boulons, la mesure
mabilité (module de déformation E et coefficient de Poisson ν). de l’adhérence (frottement latéral terrain / boulon) nécessitera des
Il faut souligner qu’en milieu rocheux les discontinuités jouent essais d’arrachement à un stade plus ou moins avancé du projet.
un rôle majeur sur le comportement, et qu’il faut bien distinguer ■ Méthodes de reconnaissances géotechniques
les paramètres mesurés sur échantillons, représentatifs de la
matrice rocheuse hors discontinuités, et ceux que l’on doit évaluer Les méthodes de reconnaissances géotechniques permettant
à l’échelle du « massif rocheux » en intégrant l’effet des disconti- d’obtenir ces différents paramètres ne sont pas spécifiques aux
tunnels, et incluent les différentes techniques de sondages (carot-
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nuités sur la résistance et la déformabilité.


tés, destructifs), de géophysique de surface ou en forages,
Enfin, et comme pour tout ouvrage géotechnique complexe, des d’essais in-situ et de laboratoire.
comportements spécifiques doivent également être bien caractéri-
sés par des paramètres adaptés : élasticité non linéaire, gonflement, En revanche, les conditions de réalisation de ces reconnais-
fluage, comportement dynamique (modules « dynamiques », amor- sances sont parfois très difficiles, voire impossibles (cas des tun-
tissement). nels profonds sous des massifs montagneux), ce qui a conduit à
développer ou généraliser des méthodes spécifiques pour com-
• Paramètres hydrogéologiques penser ces lacunes d’investigations.
Ce sont bien sûr en premier lieu la caractérisation de la nappe • Soit en phase études par des techniques de forages dirigés
phréatique, ou des nappes superposées s’il y a lieu, dont on définira sur de grandes longueurs, souvent plurikilométriques, et ins-
les niveaux piézométriques et leurs fluctuations afin de connaitre les pirées des forages pétroliers (Recommandation AFTES
charges hydrauliques agissant sur l’ouvrage (en travaux et en exploi- GT24R0F1, 2004 et figure 1) [9] ; ou encore par des ouvrages
tation), ainsi que les perméabilités des différents horizons pour quan- de reconnaissance en vraie grandeur, tels que puits et gale-
tifier les débits d’exhaure, et aussi dimensionner les éventuels ries d’essais sur le site même du projet permettant d’appré-
rabattements de nappe ou traitements de terrains …. cier le comportement « en grand » des terrains, souvent
L’étude hydrogéologique devra s’attacher à préciser les condi- difficile à apprécier sur échantillons, et avec des auscultations
tions aux limites des écoulements dans le massif, avec les zones pour mesurer les évolutions de contraintes et de déforma-
d’alimentation et les exutoires des nappes. tions lors du creusement [15].
• Paramètres de constructibilité • Soit en phase chantier par un suivi géologique et géotech-
Enfin, il est nécessaire de mentionner certains paramètres nique quasiment systématisé permettant, par des levés géo-
nécessaires à une bonne évaluation de phénomènes dont le rôle logiques et des forages de reconnaissance au front de taille,
est déterminant sur les chantiers de creusement, et qui ont d’apprécier à l’avancement la nature et l’état des terrains et
conduit à développer des essais spécifiques : des conditions hydrauliques réellement rencontrées et ainsi
d’adapter « en temps réel » les méthodes de construction et
– pour l’abattage des terrains rocheux, au-delà des données sur de soutènements, selon les principes de la « méthode obser-
la résistance et les discontinuités, la dureté et l’abrasivité afin de vationnelle ».
pouvoir quantifier l’usure des outils de creusement ;
– pour les tunnels excavés à l’explosif, les risques de nuisances • Enfin l’auscultation des ouvrages et de leur environnement
sur l’environnement par l’étude de la propagation et de l’atténua- est également un outil essentiel de vérification, et donc de
tion des ondes vibratoires vers les ouvrages voisins ; les para- validation des comportements évalués en phase études, c’est
mètres dynamiques ont déjà été évoqués, et dans certains cas on à dire implicitement des paramètres utilisés.
pourra être amenés à faire des « essais de tirs » ;
– pour les tunnels en milieux argileux, les risques de colmatage
et de collage du terrain sur les différents organes des tunneliers 1.4 Classifications des sols et roches
par des essais d’adhérence, les problématiques de traitement de la pour les tunnels
boue dans le cas de marinage hydraulique, en complément des
paramètres déjà cités précédemment et qui jouent sur le phéno- Les multiples moyens et méthodes de reconnaissances présen-
mène (minéralogie, plasticité, teneur en eau …). tés au chapitre précédent ne peuvent être développés que pro-
– pour les tunneliers à pression de terre, les essais de condition- gressivement au fur et à mesure du déroulement des études, et il
nement du marin et de maintien du confinement dans la vis est souvent nécessaire de pouvoir évaluer, même de façon sou-
d’Archimède ; vent qualitative mais la plus objective possible, le comportement

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global prévisible des terrains et les techniques de construction – l’état des contraintes naturelles (caractérisé par le rapport de la
envisageables. résistance à la contrainte initiale σc / σo), la déformabilité du massif.
C’est pourquoi se sont développées des méthodes de classifica- Ces paramètres, complétés par les données sur les dimensions
tions des terrains vis-à-vis de la construction d’ouvrages souterrains, du tunnel et l’environnement plus ou moins sensible, sont utilisés
qui sont présentées sommairement ci-après. Elles conduisent sou- comme données d’entrée dans des tableaux où les différentes
vent à caractériser un terrain par une seule « note globale », ce qui méthodes de construction sont évaluées par rapport à chacun de
peut apparaitre comme réducteur voire trop simpliste, mais elles ces paramètres (recommandé, neutre, défavorable, interdit), per-
présentent l’intérêt d’obliger les concepteurs à une revue des princi- mettant ainsi une analyse multicritère. La figure 2 montre un
paux paramètres déterminants pour le comportement en souterrain, exemple de tels tableaux pour le paramètre « discontinuités ».
et de constituer une sorte de « langage universel » facilitant la com-
munication entre acteurs.
■ Classification de Bieniawski
Apparue dès 1973 (revue en 1989, [5]) : c’est une méthode adap-
Les principales caractéristiques de ces différentes méthodes de
tée aux milieux rocheux, dont le principe est de donner au massif
classification sont présentées ci-après, les détails pouvant être
une note globale, appelée RMR (Rock Mass Rating), calculée
recherchés dans les recommandations de l’AFTES GT1R1F1 (2003)
comme la somme de cinq notes partielles correspondant aux cinq
et GT7R1F2 (1974) ou autres publications dédiées :
familles de paramètres dont le rôle est essentiel vis-à-vis du com-
■ Classification AFTES portement du terrain :
À la différence des suivantes, cette classification ne vise pas à – A1 pour la résistance de la roche (résistance en compression
donner une « note globale » aux terrains mais à caractériser les simple σc ou indice Franklin Is) ;
terrains par différentes classes de paramètres permettant d’orien- – A2 pour la densité de fracturation (valeur du RQD) ;
ter les techniques de construction adaptées. Les 6 classes de para- – A3 pour l’espacement des discontinuités ;
mètres considérées sont : – A4 pour la nature et l’état des joints ;
– les conditions géologiques générales (nature des terrains et – A5 pour les conditions hydrogéologiques.
degré d’altération) ; Ces notes sont ensuite complétées par une note corrective B
– les conditions hydrogéologiques (charge et perméabilité) ; selon l’orientation du tunnel par rapport aux discontinuités.
– les données sur les discontinuités (orientations, nombre de
Chacune de ces notes partielles peut varier entre 0 et 15, 20 ou
familles, densité et état) ;
30, et la note globale, sur 100, est donnée par la formule :
– la résistance (résistance en compression σc, gonflement, altéra-
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bilité) ; (1)

Procédés
Boulons Cintres Voussoirs
de souténement

ou pousse tube
Tubes préforés
spéciaux
Discontinuités
plaques métal
Béton projeté

Bouclier
assemblées

congélation
(Cas ou l’excavation est faite à l’explosif

comprimé
coulissants
Pas

à ancrage

à ancrage

Injection
ponctuel

lancées

Légers
réparti

avec découpage)
lourds
barres

béton

Air
1/ Matériaux rocheux (R1 à R4)

Nombre
Orientation Espacement
de familles
(1) (2)

N1

N2 Or 2 ou Or 3 S1 à S3

S1

N2
S2

N3 Quelconque S3
Gr Gr

ou N4 S4
Gr ou Bp Gr ou Bp Bl ou Bp Bl ou Bp

S5
Bp Bl ou Bp Bl ou Bp

N5
Bp Bl ou Bp Bl ou Bp

2/ Sol (R5 à R6)


sans objet

NOTA : 1) Pour la famille la plus dense LÉGENDE : GR : avec grillage continu
2) Scellement au mortier de préférence à la résine Bp : avec béton projeté
lorsque les fissures sont ouvertes Bl : avec blindage bois ou métallique

Figure 2 – Exemple de tableau de critère de choix des méthodes de construction (AFTES GT7R1F2, 1974)

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CREUSEMENT DES TUNNELS _________________________________________________________________________________________________________

On note que, dans cette note globale, 70 % du total correspond La méthode permet également d’évaluer le module de déforma-
à des données sur les discontinuités, 15 % seulement à la résis- tion Em du massif par la formule :
tance et 15 % également à l’hydrogéologie.
Cette note permet un classement en 5 catégories de rocher (de (4)
très bon pour RMR entre 80 et 100 à très médiocre pour RMR
entre 0 et 20), qui permettent d’évaluer le temps de tenue sans avec σci résistance en compression simple de la roche
soutènement, l’ordre de grandeur des caractéristiques géoméca- « intacte »,
niques du massif (tableau 1) [5], ainsi que le type de soutènement
à mettre en place pour chacune de ces catégories (tableau 2) [5]. et D paramètre variant entre 0 et 1 selon l’intensité de
l’endommagement du massif résultant de la
■ Classification de Barton technique d’abattage.
(1974, [3]) elle est également conçue pour les massifs rocheux. Nota : lorsque σci > 100 MPa, le terme est pris égal à 1
Le principe est de donner une note globale Q (Rock Mass Quality)
à partir de notes partielles attribuées à chacune des six familles de ■ La synthèse de l’ensemble de ces données de reconnaissances
paramètres : géologique, géotechnique et hydrogéologique est traduite sous
forme d’une maquette géotechnique, profil en long du projet avec
– RQD pour la fracturation ; identification des différents horizons géologiques, ce qui conduit
– Jn, Jr et Ja respectivement pour le nombre de familles, la rugo- au découpage du projet en « unités géologiques homogènes »,
sité et l’altération des discontinuités ; avec pour chacune d’entre elles les principales caractéristiques
– Jw pour les effets de l’eau ; attendues, présentées sous une forme dépendant du choix de la
– SRF pour le rapport résistance / contraintes naturelles. classification retenue, mais avec l’objectif d’avoir une description
synthétique de l’ensemble des critères (résistance, discontinuités,
Ces notes sont ensuite combinées par la formule : hydrogéologie …). Un exemple de maquette géotechnique est pré-
senté à la figure 6.
(2)
À retenir
La note finale Q peut varier de 0,001 à 1 000, et conduit à un classe-
ment du massif en 9 catégories, de « excellent » (Q > 400) à « excep- Les facteurs « géologiques » et environnementaux néces-
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tionnellement mauvais » (Q < 0,01). En outre la note globale, saires pour apprécier le comportement sont bien identifiés,
complétée par chacun des 3 rapports de la formule précédente, per- Les méthodes de classification des terrains sont des outils
met d’orienter le choix et les quantités des soutènements par boulons utiles pour intégrer l’ensemble de ces facteurs.
et béton projeté, à l’aide de tableaux et/ou de la figure 3 [3].

■ Méthode de Hoek & Brown


Depuis 1980, [11] : il s’agit en fait d’une extension de la classifi-
cation de Bienawski ayant pour objectif l’évaluation des para- 2. Méthodes de construction
mètres mécaniques du massif. Elle est également basée sur une
note globale GSI (Geological Strength Index), variant entre 0 et des tunnels
100 et qui peut être évaluée soit à partir du RMR par la formule :

2.1 Deux catégories principales 


de méthodes de construction
( calculé comme le RMR classique mais avec une note 15
pour l’eau, ce qui équivaut à un massif hors d’eau, et une note 0 La construction d’un tunnel peut se résumer en trois étapes :
pour l’ajustement / orientation des joints), soit directement à partir
de tableaux tels que celui de la figure 4 où le GSI est déterminé – creuser le terrain : c’est la fonction d’abattage ;
en fonction de la structure (intensité de la « fracturation ») et des – évacuer les terrains creusés : c’est la fonction de marinage ;
conditions de joints de discontinuités. – soutenir le terrain s’il n’est pas naturellement stable : c’est la
fonction de soutènement (provisoire) et/ou de revêtement (défini-
Ce paramètre GSI est utilisé pour caractériser le comportement
tif).
géomécanique du « massif rocheux » en termes de résistance au
cisaillement et de déformabilité, comportement homogénéisé Dès les premières constructions d’ouvrages souterrains, le prin-
intégrant à la fois les propriétés de la matrice (rocher « intact » cipe a été de creuser sur une longueur limitée pour que l’ouvrage
entre discontinuités) et l’effet de ses discontinuités sur la résis- reste stable à court terme, c’est-à-dire pendant la durée nécessaire
tance et la déformabilité du massif. à la mise en place d’un éventuel soutènement : c’est donc un tra-
vail séquentiel qui suppose que les différentes fonctions soient
Le critère de rupture est une loi d’allure parabolique (figure 5) [11] :
exécutées les unes après les autres, et qui nécessite des interven-
tions humaines au front relativement importantes. C’est que l’on
(3) appelle maintenant les méthodes conventionnelles (ou séquen-
tielles).

avec σci résistance en compression simple de la roche Dans la 2e moitié du XXe siècle se sont développées des tech-
« intacte » (sans discontinuités), niques beaucoup plus mécanisées, permettant d’effectuer ces diffé-
rentes opérations quasiment en même temps et de façon sécurisée.
et mb et s paramètres de comportement directement C’est ce qu’on appelle les techniques mécanisées, impliquant l’utili-
déterminés à partir de GSI. sation de tunneliers.
Ce critère peut être facilement transformé en critère de Mohr- Ces deux catégories de méthode seront développées aux cha-
Coulomb par une linéarisation de la courbe intrinsèque dans le pitres suivants, et nous nous limiterons ici à en donner les grands
domaine de contraintes adapté. principes et domaines d’application.

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Tableau 1 – Classification RMR


A : Paramètres de classification et notations
Paramètres Plages de valeurs
Pour les faibles
Indice Franklin Is > 10 MPa 4 – 10 MPa 2 – 4 MPa 1 – 2 MPa
valeurs utiliser σc
Résistance
Résistance
A1 de la roche 5 – 25 1–5 < 1
compression > 250 MPa 100 – 250 MPa 50 – 100 MPa 25 – 50 MPa
(matrice) MPa MPa MPa
uniaxiale σc
NOTATION 15 12 7 4 2 1 0
RQD 90 % – 100 % 75 % – 90 % 50 % – 75 % 25 % – 50 % < 25 %
A2 RQD
NOTATION 20 17 13 8 3
Espacement Espacement > 200 cm 60 cm – 200 cm 20 cm – 60 cm 6 cm – 20 cm < 6 cm
A3 des
discontinuités NOTATION 20 15 10 8 5

Surfaces très Surfaces légère- Surfaces lustrées


Surfaces légère-
rugueuses non ment rugueuses. ou Remplissage Remplissage mou
Nature ment rugueuses.
Nature continues. Epaisseur < 5 mm > 5 mm ou épais-
des Epaisseur
A4 des Epontes en < 1 mm. Epontes ou Epaisseur seur > 5 mm.
discontinuités < 1 mm. Epontes
discontinuités contact. Epontes faiblement de 1 à 5 mm. Joint continu
fortement altérées
non altérées altérées Joint discontinu
NOTATION 30 25 20 10 0
Débit sur 10 m
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de longueur de Aucun < 10 l/min 10 à 25 l/min 25 à 125 l/min > 125 l/min
tunnel (l/min)
Rapport
pression eau /
A5 Eau 0 < 0,1 0,1 à 0,2 0,2 à 0,5 > 0,5
contrainte prin-
cipale majeure
Conditions Complètement
Humide Mouillé Suintant Débitant
générales sec
NOTATION 15 10 7 4 0
RMR = sommes des notations 1 à 5

B : Ajustement de la valeur de RMR en fonction de l’orientation des discontinuités


Direction et pendage Très favorable Favorable Moyen Défavorable Très défavorable
NOTATION B (pour tunnels) 0 –2 –5 –10 –12

C : Classe de massif rocheux déterminé par le RMR


Valeur du RMR 100 ← 81 80 ← 61 60 ← 41 40 ← 21 20 ← 0
CLASSE DU MASSIF ROCHEUX I II III IV V
Rocher très
Description Très bon rocher Bon rocher Rocher moyen Rocher médiocre
médiocre

D : Propriétés globales attribuées au massif en fonction des classes


20 ans 1 an 1 semaine 10 heures 30 min
Temps de tenue sans soutènement pour une portée pour une portée pour une portée pour une portée pour une portée
de 15 m de 10 m de 5 m de 2,5 m de 1 m
Cohésion du massif rocheux (kPa) > 400 kPa 300 à 400 kPa 200 à 300 kPa 100 à 200 kPa < 100 kPa
Angle de frottement du massif
> 45° 35° à 45° 25° à 35° 15° à 25° < 15°
rocheux (°)

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CREUSEMENT DES TUNNELS _________________________________________________________________________________________________________

Tableau 2 – Classification RMR : choix du type de soutènement


Type de soutènement
Boulons d’ancrage
(Dia 25 mm – Longueur = 1/2 diamètre Béton projeté Cintres métalliques
Classe de du tunnel – Scellement réparti)
la roche
Complément
Espacement Complément d’ancrage Voûte Piédroits Type Espacement
de soutènement
I Généralement pas nécessaire
Occasionnellement
II 1,5 à 2,0 m 50 mm Néant Néant Non rentable
treillis soudé en voûte
Treillis soudé + 30 mm Occasionnellement
III 1,0 à 1,5 m de béton projeté 100 mm 50 mm treillis et boulons si Cintres légers 1,5 à 2,0 m
en voûte si nécessaire nécessaire
Treillis soudé + 30
Treillis soudé Cintres moyens +
à 50 mm de béton
IV 0,5 à 1,0 m 150 mm 100 mm et boulons à 1,5 à 3 m 50 mm de béton 0,7 à 1,5 m
projeté en voûte
d’espacement projeté
et en piédroits
Immédiatement
Treillis soudé,
80 mm de béton
V Non recommandé 200 mm 150 mm boulons et cintres 0,7 m
projeté puis cintres
légers
lourds à l’avancement

■ Les méthodes conventionnelles consistent à construire le tunnel


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– améliorations mécaniques : injections d’imprégnation, jet-


en travail séquentiel : grouting, soil mixing, renforcements par inclusion de barres ou
– excavation (abattage) sur une longueur limitée (volée) pour tubes (métalliques ou en fibre de verre), congélation ;
assurer la stabilité immédiate ; – améliorations hydrauliques : rabattements de nappe (depuis la
surface par puits ou de l’intérieur du tunnel par drains subhorizon-
– évacuation des déblais (marinage) ;
taux), étanchéifications par injection (imprégnation ou rideaux de
– mise en œuvre du soutènement (provisoire) ;
jet-grouting…).
– les phases de revêtement (définitif) et d’équipements sont alors
faites ultérieurement, et de façon indépendante de ces opérations.
Ces méthodes conviennent dans le rocher et dans les terrains À retenir
« suffisamment résistants » sous couverture modérée à faible.
Dans les terrains de plus mauvaise qualité, elles restent utili- – Les méthodes « traditionnelles », séquentielles, sont bien
sables, mais nécessitent alors des techniques d’accompagnement maîtrisées et facilement adaptables aux conditions de terrain,
pour permettre leur mise en œuvre dans de bonnes conditions de mais trouvent leurs limites pour les projets les plus délicats,
sécurité : traitements de terrain avec pour objectifs leur consolida- – Le champ d’application des méthodes traditionnelles peut
tion et/ou leur étanchement, renforcements par inclusions, rabat- être étendu grâce à différentes techniques d’accompagnement
tements de nappe, etc. (injections, drainage, compensation …),
– Les tunneliers permettent d’obtenir de bonnes performances,
■ Les méthodes mécanisées utilisent des tunneliers, machines même en conditions difficiles, mais leur conception doit être soi-
conçues pour assurer toutes ces fonctions d’abattage, de marinage gneusement étudiée en fonction des terrains attendus.
et de soutènement, ainsi que l’avancement, de façon intégrée.
Elles conviennent dans une plus large gamme de terrains, depuis
le rocher dur jusqu’aux sols meubles, y compris sous nappe, mais la
conception des machines est très différente selon le type de terrain. 3. Description des méthodes
■ Les principaux critères de choix entre les deux méthodes, outre
bien sûr la qualité des terrains, sont la section du tunnel (circulaire
conventionnelles
dans le cas des tunneliers, ce qui n’est pas toujours optimal pour
l’exploitation), la longueur du projet (qui doit permettre d’amortir 3.1 Méthode de base
les coûts de fabrication et de mise en œuvre du tunnelier sur un
linéaire suffisant), et les délais de réalisation (en général plus Les techniques de creusement dites en « méthode convention-
rapides avec des tunneliers). nelle » (ou « méthode traditionnelle ») consistent, comme évoqué
au paragraphe précédent, à réaliser le tunnel selon un processus
séquentiel, et se distinguent des méthodes mécanisées, dans
lesquelles le creusement se fait par le biais d’un tunnelier (voir
2.2 Techniques d’accompagnement chapitre 4).
À ces techniques de creusement, on associe parfois des tech- Dans les méthodes conventionnelles, les modes d’abattage et
niques de traitement de terrain pour consolider et drainer/étan- de soutènement du tunnel sont strictement liés aux conditions
cher les terrains avant le creusement proprement dit (surtout en géologiques rencontrées et, en particulier, diffèrent selon que le
méthodes conventionnelles mais parfois aussi ponctuellement en milieu encaissant est une roche compétente, une roche dégradée
méthodes mécanisées pour passer les « points durs » ou per- ou un sol. Le type de massif dicte également la longueur de la
mettre les entrées et sorties en terre) : passe d’excavation et, ainsi, la longueur « non soutenue » entre le

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QUALITÉ DU MASSIF ROCHEUX ET SOUTÈNEMENT

G F E D C B A

Exceptionnellement Extrêmement Très Extrêmement Except.


Très mauvais Mauvais Moyen Bon
mauvais mauvais bon bon bon
20
2,3 m 2,5 m
2,1 m
9 BP
avec 1,7 m
50 bo u lons 1,5 m 11

Longueur des boulons pour ESR = 1 (en m)


des
oyen  c
m
m m
nt m 1,3 m
12  c  c
ceme

m
9 6
Espa 1,2 m

5 c
7
m
1,0 m  cm  c
25 15
Portée ou hauteur (m)

20 8 7 6 5 4 3 2 5
)
 m
à4
ESR

,6
10 RRS III RRS II RRS I de1 3
P(
nsB
sa
RRS c/c 1,0 m

RRS c/c 1,7 m

RRS c/c 2,3 m

RRS c/c 2,9 m

RRS c/c 4,0 m

ns
5 ulo
s bo
de 1
y en 2,4
mo
3 nt
me
ce
pa
2 Es 1,5
 J
0 J
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0   J 00
10 00 = 7 0 J
=  = 
7 E  50
E E E=
1
0,001 0,004 0,01 0,04 0,1 0,4 1 4 10 40 100 400

RQD Jr Jw
QUALITÉ DU MASSIF Q= × ×
Jn Ja SRF

Catégories de soutènement
Si30/6 : Ø16 – 20 (Portée de 10 m)
RRS I
1 : Pas de soutènement ou boulonnage ponctuel D40/6 + 2 Ø16 (Portée de 20 m)
2 : Boulonnage ponctuel SB
3 : Boulonnage systématique. Béton projeté fibré 5 à 6 cm : B-BPF
4 : Béton projeté fibré 6 à 9 cm et boulonnage : BPF (E500)+B Si35/6 : Ø16 – 20 (Portée de 5 m)
5 : Béton projeté fibré 9 à 12 cm et boulonnage : BPF (E700)+B RRS II D45/6 + 2 Ø16 – 20 (Portée de 10 m)
D55/6 + 4 Ø20 (Portée de 20 m)
6 : Béton projeté fibré 12 à 15 cm + cintres réticulés noyés
et boulonnage : BPF (E700)–RRS I+B
7 : Béton projeté fibré > 15 cm + cintres réticulés noyés D40/6 + 4 Ø16 – 20 (Portée de 5 m)
et boulonnage : BPF (E1000)–RRS I+B RRS III D55/6 + 4 Ø20 (Portée de 10 m)
D70/6 + 6 Ø20 (Portée de 20 m)
8 : Béton coulé en place ou Béton projeté fibré + cintres réticulés
noyés et boulonnage : BCP ou BPF (E1000)–RRS III+B
Légende :
9 : Étude spécifique
Si30/6 : une rangée d’aciers – 30 cm de BP
Nota : D : deux rangées d’aciers
L’espacement des boulons est donné pour des HA20 Ø16 : acier de diamètre 16 mm
Les zones en pointillé n’ont pas de support empirique c/c : entraxe des cintres

Légende :
SB : boulonnage ponctuel ; BPF : béton projeté fibré ; BCP : béton coulé en place
RRS : Reinforced Ribs of Sprayed concrete (cintres réticulés noyés)
E = Énergie absorbée pour le BP ; ESR = « Excavation Support Ratio »

Figure 3 – Classification de Barton (nombre Q) et choix du type de soutènement

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CREUSEMENT DES TUNNELS _________________________________________________________________________________________________________

TRÈS MAUVAIS : Épontes lustrées,


Geological Strength Index GSI

BON : Rugosité forte, épontes


ÉTAT DE SURFACE DES ÉPONTES

épontes saines et non altérées

MAUVAIS : Épontes lustrées,


très altérées avec tapissage

très altérées avec tapissage


TRÈS BON : Rugosité forte,

MOYEN : Épontes lisses,

ou remplissages argileux
La lithologie, la structure et les conditions de surface

modérément altérées
légèrement altérées
à surface oxydées
des discontinuités permettent d‘évaluer une valeur moyenne

de débris anguleux
DE DISCONTINUITÉS

ou remplissages
du GSI.

ou abrasées
Les données d‘entrée de ce tableau sont :
– Horizontalement : l‘état de surface des épontes
des discontinuités
– Verticalement : l’imbrication des blocs rocheux
découpés par les discontinuités

QUALITÉ DÉCROISSANTE DE L‘ÉTAT


STRUCTURE DE SURFACE DES DISCONTINUITÉS

QUALITÉ DÉCROISSANTE DE L‘IMBRICATION DES BLOCS ROCHEUX


80
Roche massive : Massif rocheux à très forte
imbrication peu perturbée, constitué de blocs
cubiques formés par 3 familles de discontinuités 70

60
Forte imbrication : Massif rocheux à forte
imbrication légèrement perturbée, constitué
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de blocs angulaires formés par 4 familles 50


de discontinuités ou plus

40

Faible imbrication / Déstructuré : Massif


rocheux plissé ou faillé, constitué de blocs
formés par de multiples familles
de discontinuités 30

20

Totalement déstructuré : Massif rocheux


cisaillé/broyé, constitué d’un mélange
de blocs anguleux et arrondis très peu 10
imbriqués

Figure 4 – Estimation du paramètre GSI

front de taille et le dernier profil de soutènement mis en place (si méthodes conventionnelles, se fait parmi deux grandes familles
celui-ci est nécessaire). de mode d’abattage : creusement à l’explosif ou avec une
machine à attaque ponctuelle.
3.1.1 Modes d’abattage et cycle « type » On peut noter les précisions suivantes.
d’avancement ■ Dans un milieu rocheux compétent
Le choix du mode d’abattage est principalement lié à deux Avec une résistance généralement élevée et une fracturation
paramètres : limitée (zones A, , B), l’abattage se fait à l’explosif. Le cycle
d’avancement se compose des étapes principales suivantes, répé-
– la résistance du terrain, évaluée par la résistance à la compres- tées à chaque volée d’avancement :
sion uniaxiale de la roche intacte σc ;
– définition / traçage du plan de tirs sur le front et réalisation des
– l’état de fracturation du massif, évalué par l’indice RQD.
forages ;
Sur la base de ces deux paramètres principaux, il est possible – chargement des cartouches d’explosif dans les forages ;
de choisir le mode d’abattage le plus approprié, en s’appuyant sur – tir de la volée ;
l’abaque proposé par le CETU ([7] – figure 7). Le choix, pour les – ventilation et purge des blocs instables ;

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80

70
Contrainte principale majeure σ'1 (MPa)

40
60 σ‘n – σtm
τ = Aσci ( )B
σci

Contrainte tangentielle τ (MPa)


50 30

40
1 + sin φ‘ Tangente
σ'1 = σcm σ‘3 20
1 – sin φ‘
30

20 σ‘3
σ‘1 = σ‘3 + σci (mb + s)a 10
σci
10
σcm τ = c‘ + σ‘n tan φ‘

0
0 10 20 30 0 10 20 30 40
Contrainte principale mineure (MPa) Contrainte normale σ‘n (MPa)

Figure 5 – Critère de Hoek & Brown


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Cote NGF (m) Cote NGF (m)


200 200

150 150

100 100
Faille Faille
50 50

Faille
0 0
200

300

400

500

600

700
000

250

350

450

550

650

750
100

150
50

PM
Marnes. Cénomanien inférieur Cén. sup. Marno-calcaireW. Cénomanien
Terrains F supérieur F Calcaire Turonien F Calcaire Turonien
(couverture 5 à 30 m) Cén. inf.
Résistance R5 à R4 R4 R3b
Discontinuité S5 S4 S3
Classes AFTES

Altérabilité Délitables gonflantes Délitables Localement délitables


Hydrologie H2/K2 H2/K3 H2/K3 – 4
Couverture CN2 (modéré) CN2 CN1
Déformabilité DM5 DM5 DM4
Environnement (hydrologie) Bâti en surface

Alluvions Turonien Cénomanien supérieur Cénomanien inférieur Néocomien Jurassique


Éboulis
anciennes (calcaire) (Marno-calcaire) (Marnes gris noir) (Marno-calcaire) (Calcaire)

Figure 6 – Exemple de maquette géotechnique

– marinage des déblais ; l’ordre de 3 à 4 m, voire 5 m, et peut être estimée en fonction de


– reprofilage (éventuel) ; la largeur du tunnel D, à partir de la relation usuelle suivante :
– mise en place du soutènement.
(5)
Le plan de tirs définit le nombre de forages, leur diamètre et
leur longueur, les charges unitaires d’explosif et les retards. Il est ■ Dans un milieu rocheux très fracturé ou dans les roches tendres
en particulier conditionné par la qualité du massif rocheux et par (σc < 50 MPa environ) et dans les sols (zones B, C, D), le creuse-
la section du tunnel. La longueur de la volée L est souvent de ment se fait avec une machine à attaque ponctuelle (figure 8).

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CREUSEMENT DES TUNNELS _________________________________________________________________________________________________________

lc = vlm /vlc
A‘ : RQD
Tunnelier puissant 1 100 %

Très
bon
E D C B A A‘
A, B, C :
Tunnelier 0,8 90

Bon
B, C, D :
Machine attaque
ponctuelle
0,6 75

A, A‘, B :

Moyen
Explosifs

0,4 50

Médiocre
A

0,2 25

Mauvais
C
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E D
0 0

Très
Rc Résistance très faible Faible Moyenne Élevée
élevé
1 6 20 60 200 300

Figure 7 – Choix des méthodes d’abattage

Cette machine est constituée d’un châssis automoteur générale- réorganisation des contraintes autour du tunnel et donc la stabi-
ment chenillé, d’un bras orientable monté sur tourelle, solidaire du lité globale de l’excavation.
châssis et muni à son extrémité d’une pelle mécanique ou d’une
« fraise », tête rotative équipée de pics. Ce type de soutènement « souple », composé typiquement par
un boulonnage radial systématique (figure 9) associé à du béton
Dans le cas de roches plus dures ou hétérogènes, la fraise est projeté, intervient ainsi pour aider le massif dans la réorganisation
souvent remplacée par un brise roche hydraulique, habituelle- et le contournement des contraintes autour de l’ouvrage. Le sou-
ment nommé « BRH ». Le cycle d’avancement se compose dans tènement joue alors un rôle de confinement et de renforcement
ce cas des étapes suivantes : du massif, en permettant de préserver, au voisinage des parois,
– creusement de la passe d’avancement, généralement de l’ordre les caractéristiques de résistance au cisaillement du massif qui
de 1 à 2 m, en fonction de la stabilité à court terme du massif ; peut ainsi encaisser les variations de contraintes générées par le
– marinage des déblais, creusement du tunnel : on dit parfois que cette couronne de roche
renforcée assure la tenue de l’excavation.
– pose du soutènement.
La maille des boulons est fonction de la qualité du massif
rocheux : habituellement de 1 m * 1 m pour les « mauvaises »
3.1.2 Types de soutènement roches, à 2,5 m * 2,5 m pour les « bonnes » roches.
Les caractéristiques du massif encaissant conditionnent également
■ Lorsque les boulons jouent un rôle de confinement, leur lon-
le type de soutènement mis en place. Il est possible de regrouper les
gueur est liée à la dimension du tunnel et ne dépasse générale-
soutènements en trois grandes familles (pour plus de détails se réfé-
ment pas 4 à 5 mètres. Il est admis dans ce cas, en première
rer aux recommandations de l’AFTES GT7R1F2, GT7R3F2, GT23R1F1,
estimation, de considérer que la longueur L du boulon peut être
GT6R2F1, GT6R3F1, GT20R1F1, GT6R4F1, GT30R1F1).
reliée au diamètre D du tunnel selon la formule :
3.1.2.1 Soutènements de type « souple »
Dans le cas d’un massif rocheux compétent et résistant par rap-
port au niveau des contraintes initiales, avec un état de fractura- Le béton projeté entre les boulons, généralement d’une dizaine
tion moyen à faible par rapport à la dimension du tunnel, on peut de centimètres d’épaisseur, préserve les caractéristiques du massif
utiliser des soutènements « souples », dont la résistance et la rai- au niveau de la paroi, s’oppose aux ruptures locales et joue un rôle
deur du soutènement sont faibles par rapport à celles du massif de « pont » entre les boulons en améliorant l’efficacité globale du
encaissant. C’est ce dernier qui assure lui-même la fonction de système de soutènement. Il est souvent renforcé par des fibres ou

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Figure 8 – Exemples de creusement avec une fraise (à gauche, prolongement L11 métro Paris – France) et avec un BRH (à droite, station IGR –
L15 Sud du Grand Paris)

par un treillis soudé afin d’améliorer sa ductilité et sa résistance à


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la traction.
■ Dans certains cas de roches modérément fracturées, on peut ne
mettre en œuvre qu’un « boulonnage ponctuel ou à la demande »,
où chaque boulon joue le rôle de support du poids d’un bloc ins-
table en l’accrochant à une zone de la roche non impactée par
l’excavation, de façon à garantir la stabilité locale et la sécurité du
personnel. La stabilité globale du tunnel n’est alors pas (ou peu)
affectée par la présence de ce bloc instable : la longueur des bou-
lons doit être dans ce cas directement dictée par les dimensions
des blocs instables, de façon à ce que l’ancrage au-delà du plan de
glissement soit suffisant pour les stabiliser.
■ Il existe différents types de boulons :
– boulons à friction (Swellex ou Split Set Rockbolt), utilisés sou-
vent comme premier support après la volée à l’explosif, car ils sont
rapides à mettre en place et immédiatement efficaces ;
– boulons à ancrage ponctuel, ancrés ponctuellement au fond du
trou de forage et bloqués à la paroi par une plaque et un écrou en
tête. Ils sont installés dans des roches ayant des bonnes caractéris-
tiques mécaniques, capables d’encaisser les efforts d’ancrage, et
sont efficaces rapidement ; Figure 9 – Exemple de boulonnage radial
– boulons à ancrage reparti, scellés tout le long de la tige par de
la résine ou du mortier. Ils sont adaptés aux cas de roches tendres
ou plus fracturées ; Le type de cintre et leur espacement, généralement de l’ordre de 1
– boulons mixtes, pouvant être ancrés immédiatement au fond à 2 m, sont dictés par les caractéristiques du massif encaissant et/ou
de trou et scellés dans un deuxième temps sur toute la longueur. par des objectifs de limitation des convergences et des effets induits
aux avoisinants. Le béton projeté, d’épaisseur pluri-décimétrique,
3.1.2.2 Soutènements de type « rigide » joue dans ce cas un rôle d’anneau structurel et de voûte entre les
cintres. En fonction de la forme du tunnel et des sollicitations calcu-
Dans le cas de massifs rocheux très fracturés ou de sols ayant lées, il peut être renforcé par des fibres ou par un treillis soudé afin
une faible résistance au cisaillement, on doit utiliser des soutène- d’améliorer sa ductilité et sa résistance à la traction.
ments « rigides », dont la résistance et la raideur sont élevées afin
de pouvoir encaisser une partie des contraintes que le massif Ce type de soutènement peut être complètement fermé avec l’ins-
serait à lui seul incapable de réorganiser autour de l’excavation tallation d’un cintre en contre-voûte dans le cas de terrains gonflants
(figure 10). ou pour limiter au maximum les convergences du tunnel.
Ce soutènement joue ainsi un rôle déterminant pour garantir la
3.1.2.3 Soutènements de type « semi-rigide »
stabilité globale du tunnel. Il est souvent composé par des cintres
rigides, de type HEB, ou réticulés, espacés régulièrement et Dans des tunnels à grande profondeur et dans des « mauvais »
englobés dans une couche de béton, soit projeté, soit coulé der- terrains, où un soutènement de type rigide ne résisterait pas aux
rière des « planches » (métalliques ou en bois). efforts imposés par les fortes contraintes qui le sollicitent, on peut

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CREUSEMENT DES TUNNELS _________________________________________________________________________________________________________

ferraillé en fonction des sollicitations calculées (dans une grande


majorité des tunnels, la voûte n’est pas ferraillée). L’épaisseur de
béton varie généralement entre 30 et 50 cm, mais peut atteindre
jusqu’à un mètre (ou plus) en fonction des caractéristiques du
massif encaissant et la géométrie du tunnel.
■ En milieux aquifères, on met souvent mis en place, entre le sou-
tènement provisoire et le revêtement en béton coffré, une
membrane d’étanchéité qui permet de récupérer les éventuelles
venues d’eau et les évacuer par des cunettes situées en partie
basse du tunnel.
L’étanchéité peut aussi être totale et le revêtement doit alors
être dimensionné pour reprendre la totalité de la pression d’eau.

3.2 Variante à la méthode de base


(hors traitements de terrains)
Des techniques particulières de creusement traditionnel peuvent
être nécessaires dans les situations suivantes, éventuellement com-
binées entre elles :
– tunnel présentant une section importante (généralement
Figure 10 – Exemple de tunnel avec mise en place de cintres et > 100 m2) ;
béton projeté (Tunnel Sud de Toulon, France)
– tunnel creusé dans un massif peu cohérent où la stabilité du
front n’est pas garantie ;
– tunnel creusé dans un environnement sensible dans lequel la
maitrise des déformations est un des enjeux principaux du projet.
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3.2.1 Creusement en section divisée


Pour faire face à ces situations une méthode possible consiste à
réaliser l’excavation en section divisée. Basée sur la tradition plus
que bicentenaire des expériences de creusement des galeries
dans les mines, cette approche, souvent associée à la méthode
dite « NATM » (New Austrian Tunnelling Method), consiste à sub-
diviser la section totale du tunnel en galeries de plus petite taille,
excavées les unes après les autres selon un phasage précis et
dont une partie du soutènement de chacune participe à celui de la
galerie complète.
Différents processus « type » d’excavation divisée existent et le
choix est souvent lié aux caractéristiques du massif. Les plus fré-
quentes sont :
– excavation de la demi-section supérieure puis de la partie
inférieure : figure 12 ;
Figure 11 – Exemple de tunnel à grande profondeur avec soutène- – subdivision verticale de la section (cloison simple) : figure 13 [7] ;
ment semi-rigide (Tunnel de base de la Lyon-Turin, France)
– excavation des ogives latérales et ensuite de la partie centrale
(cloison double) : figure 13 [7].
utiliser des « soutènements semi-rigides », qui doivent être
capables d’exercer une pression radiale de confinement sur la 3.2.2 Creusement en pleine section
paroi excavée tout en permettant au massif de converger et de avec pré-soutènements
libérer ainsi une partie des contraintes.
Ce type de soutènement est composé généralement par des Une nouvelle méthode de creusement de tunnel a été utilisée à
cintres coulissants et une couche de béton projeté entre les partir des années 1980. Formalisée par Lunardi [14] sous le nom
cintres, segmentée par des saignées ou des blocs compressibles de ADECO-RS (Analysis of the Controlled Deformation in Rock and
au droit des zones de coulissement (figure 11). Soil), cette méthode est basée sur l’idée selon laquelle la compré-
hension et le contrôle du « noyau de sol » à l’avant du front de
Leur rôle est d’accompagner et limiter les déformations du mas- taille sont la clé de la réussite du creusement d’un tunnel en
sif, en libérant progressivement les contraintes et en opposant un pleine section dans des conditions géologiques difficiles. En
confinement radial qui, même s’il est faible, permet de réduire les contrôlant et limitant les déformations dans le noyau, on peut en
contraintes déviatoriques dans le massif et ainsi contrer le phéno- effet garantir la stabilité au front et réduire les déplacements dans
mène de fluage de la roche (comportement différé). Ces soutène- le massif et jusqu’en surface dans le cas de tunnels peu profonds.
ments sont généralement complétés dans un second temps par un
revêtement rigide, pour garantir la pérennité de l’ouvrage à long Les techniques les plus utilisées dans cette méthode sont les
terme. deux qui suivent.

■ Un revêtement définitif pourra compléter le soutènement provi- ■ Boulonnage au front


soire, selon la finalité de l’ouvrage, sa durée d’exploitation et les Cette technique (figure 14) [14] consiste à mettre en place des
caractéristiques géologiques et hydrogéologiques du massif. Il est inclusions en fibre de verre (ou parfois en acier) à l’avant du front
le plus souvent composé de béton coffré en place, qui peut être de taille, scellées en continu dans des forages subhorizontaux,

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Phase 0 Phase 1

Terrassement demi section inférieure


Mise en place des éléments de blindage verticaux

Assemblage :
platines/boulons

B C

E
D
HEB 160
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Buton HEB Calage


UPN soudé
100 sur camarteaux
sur HEB
en madrier

Figure 12 – Exemple de galerie excavée en deux phases : demi-section supérieure avec cintres avec pattes d’éléphant puis excavation de la
section inférieure

3
1 3 1 1

4
2 4 2 2

cloison simple cloison double

Figure 13 – Schémas « type » de section divisée

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CREUSEMENT DES TUNNELS _________________________________________________________________________________________________________

PROFIL LONGITUDINAL SECTION A : A

A Boulons au front de taille

Boulons au front
de taille

Figure 14 – Schéma du boulonnage au front

ayant un diamètre de l’ordre de 10 cm et une longueur générale- un massif rocheux fracturé, afin de recouper les discontinuités du
ment supérieure au diamètre du tunnel. massif et limiter les hors profils. Cette technique joue un rôle très
important pour la sécurité du chantier mais elle n’a pas de véri-
Cette méthode permet de réduire le déconfinement du noyau en
table effet de pré-confinement, car elle ne permet pas de créer un
augmentant les caractéristiques de résistance et déformabilité du
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effet voûte artificiel à l’avant du front de taille dans la mesure où


massif à l’avant du front. Ces boulons de front contribuent à
il n’y a pas d’action transversale réciproque entre les boulons.
l’amélioration de la stabilité du front et ainsi de la sécurité sur le
chantier. Le phénomène d’extrusion, déformation dans la direc-
tion axiale du sol situé en avant du front de taille, est significative-
ment réduit et par conséquent, la répercussion des mouvements
À retenir
du sol vers la surface. Les inclusions sont bien évidemment
détruites à fur et à mesure que le front de taille avance : elles Les méthodes conventionnelles permettent d’adapter les
doivent ainsi être renouvelées lorsque la longueur et la densité du sections excavées au gabarit nécessaire à l’exploitation,
boulonnage restant ne sont plus suffisantes pour garantir le pré- Des conceptions de soutènements souples, rigides ou semi-
confinement du noyau. rigides sont envisageables selon les contraintes du projet,
Les paramètres dimensionnants de cette technique sont la lon- Le suivi de la géologie, du comportement de l’ouvrage ainsi
gueur des boulons (souvent de même ordre de grandeur que le que l’adaptation des méthodes à l’avancement sont facilités
diamètre du tunnel), leur nombre (la densité varie généralement par l’accessibilité des terrains.
ente 0,3 et 1 b/m2), leurs caractéristiques mécaniques et le cycle
de renouvellement.

■ Voûte parapluie
Cette technique (figure 15) consiste à mettre en place des ren- 4. Description des méthodes
forcements le plus souvent métalliques (tubes pétroliers) sur le
contour de l’excavation et en avant du front. De diamètre compris
au tunnelier
généralement entre 60 et 200 mm, ils sont mis en place dans des
forages inclinés de 4° à 8° par rapport à la direction du tunnel, de
longueur de 8 à 20 m. L’espacement transversal entre les inclu- Les tunneliers peuvent être définis comme l’ensemble des
sions est de l’ordre de 30 à 50 cm, en fonction du diamètre des machines et équipements assurant en propre la quasi-totalité du
tubes. Les inclusions sont scellées au ciment sur toute la longueur processus de construction d’un tunnel de manière mécanisée.
et sont renouvelées, selon un cycle préétabli, afin de garantir une L’abattage du terrain se fait en pleine section par une tête en rota-
zone de recouvrement. Les tubes reposent généralement sur les tion, et de ce fait la section est quasi-systématiquement circulaire,
cintres posés à l’arrière du front de taille, conduisant ainsi à une sauf dans de rares cas où la tête est équipée de roues multiples
section de tunnel variable. La voûte parapluie joue un rôle de permettant de réaliser des tunnels à section non circulaire. Si les
« protection » et de « pré-confinement » du massif, en guidant creusements en méthode traditionnelle s’inscrivent dans la conti-
l’effet voûte autour du noyau et permet de conserver les caracté- nuité des techniques ancestrales de mineurs, les tunneliers sont
ristiques de résistance et de déformabilité naturelles du massif. eux le fruit de l’industrie qui a mis à profit la robotisation et l’auto-
Dans des conditions géologiques particulièrement difficiles, ces matisation pour permettre de creuser des ouvrages dans des
inclusions peuvent être réalisées par des colonnes de jet-grouting contextes géotechniques et environnementaux de plus en plus
subhorizontales et armées d’une barre ou d’un tube métallique. sensibles tout en garantissant la sécurité des compagnons.

Cette technique doit être distinguée de celle nommée enfilage Véritables usines souterraines mobiles, les tunneliers assurent
(« forepoling » figure 16), où les boulons sont généralement plus successivement ou simultanément des fonctions aussi diverses
espacés transversalement, plus courts et plus inclinés, et souvent que l’abattage du terrain, la stabilisation des parois de l’excava-
renouvelés à chaque passe d’avancement. Dans ce cas, la section tion, la mise en place du soutènement/revêtement, le marinage
de creusement du tunnel est constante. Ils sont mis en place dans des déblais et la progression de la machine.

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A COUPE A – A
Cintre lourd HEB 180
+ BP e = 25 cm 9m 9m
=6°
rs L = 18 m i
Tubes petrolie

Cintre lourd HEB180

Cintre lourd HEB180

Cintre lourd HEB180


Boulons de front L = 18 m

Cintre HEB 220 Cintre HEB 220


A + BP e = 0,3 m + BP e = 0,3 m

Tubes petroliers divergents Boulons front de taille en fibre de verre


L = 18 m i = 6 ° tous les 9 m L = 18 m

Figure 15 – Exemple de pré-soutènement par voûte parapluie (Tunnel Sud de Toulon, France)
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possibles (cf. Recommandations AFTES GT4R3F1, GT4r3F & A,


GT4R6F1) mais la principale distinction porte sur la capacité de la
machine à apporter ou non un confinement actif au terrain au
moment du creusement (figure 17).
Forepoling
■ Les tunneliers fermés ou à confinement (§ 4.2) sont capables de
s’opposer à la pression des terres et de l’eau à l’avant du front de
taille. Cette aptitude, combinée à la présence de viroles métalliques
étanches, appelées « le bouclier » et dont la dernière partie est appe-
lée « la jupe », à l’abri de laquelle le revêtement est posé, permet le
creusement de tunnels dans des sols meubles, même sous nappe,
Cintres
tout en limitant l’impact sur l’environnement, ou encore la traversée
des failles où les charges d’eau peuvent être importantes.
■ Les tunneliers à mode ouvert (§ 4.3) sont employés dans des ter-
rains rocheux stables dans lesquels la mécanisation du creuse-
ment peut présenter des avantages par rapport aux méthodes
Passe traditionnelles en termes de cadences, de couts, de limitation de
de creusement nuisance ou de sécurité.

4.2 Tunneliers fermés


Figure 16 – Schéma d’un profil en long avec mise en place du fore- La première fonction que doit garantir un tunnelier fermé est
poling à chaque passe de creusement d’assurer la stabilité du front de taille en cherchant à s’opposer aux
venues d’eau et aux instabilités mécaniques. Ce rôle est obtenu par
l’apport d’une contre-pression permettant un confinement du front.
Prototypes dédiés à chaque projet, les tunneliers n’ont cessé de Dans le cas de tunnels urbains, en plus de garantir sa stabilité, la
se sophistiquer, depuis les prémices des premières machines de pression de de confinement limite l’extrusion du front.
la fin de la révolution industrielle jusqu’à nos jours, pour se trans- ■ Trois technologies de confinement sont classiquement utilisées :
former en produits de technologie de pointe : la première machine
à bouclier a été inventée et utilisée en 1825 par Brunel pour tra- – les tunneliers à pression de boue avec confinement à l’aide
verser la Tamise à Londres, mais les tunneliers « modernes » ont d’une boue bentonitique pressurisée, voir § 4.2.1 ;
été développés à partir des années 1960. – les tunneliers à pression de terre avec confinement par le main-
tien sous pression des terrains excavés dans la chambre, voir § 4.2.2 ;
– les tunneliers à pression d’air avec creusement sous air
comprimé, voir § 4.2.3.
4.1 Principales catégories de tunneliers
Le choix du mode de confinement est dicté par les conditions
Les différents types de tunneliers se distinguent par les modalités géotechniques rencontrées ainsi que par les contraintes spéci-
retenues pour assurer les diverses fonctions qu’ils doivent rem- fiques à chaque projet (figure 18).
plir : excavation, soutènement du terrain, marinage, pose du sou- Le fonctionnement de chacun des modes de confinement est
tènement/revêtement et progression. Diverses combinaisons sont détaillé dans les paragraphes suivants.

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Figure 17 – Tunnelier fermé à pression de terre et tunnelier ouvert à gripper (source Herrenknecht)
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TUNNELIER À PRESSION DE BOUE TUNNELIER À PRESSION DE TERRE

Pression Pression résultante


de confinement de la mise en compression
Pression Pression
dans la chambre du marin dans la chambre
de confinement de confinement
Pb Pc
sur le front sur le front

Pression
Pb de la bulle d’air Pb
Matériau excavé
PT PW Pconf PT PW Pconf dans la chambre γterre
h h
Matériau excavé
dans la chambre γboue

γboue × h γterre × h

Pression d’eau Pression d’eau


Poussée effective Poussée effective
des terrains des terrains

Figure 18 – Principe de confinement du front (source : Herrenknecht)

■ L’excavation du terrain est assurée, soit par une roue de coupe Le rôle de confinement du tunnelier est également assuré, en pro-
pleine face dotée d’outils permettant de découper les terrains longement de la chambre, par une virole métallique cylindrique, appe-
tendres (pics et racleurs) ou de briser les sols indurés et les roches lée bouclier, à l’abri de laquelle est monté un anneau de voussoirs
(molettes), soit par un ou des bras d’abattage ponctuel fonction- constituant le revêtement définitif du tunnel. Le bouclier assure la
nant à l’aide de fraises ou de brises roches hydrauliques. sécurité du personnel avant la pose des voussoirs. Il permet la circula-
tion sous pression de la boue ou de l’air entre le terrain et la machine
depuis le front de taille jusqu’au voussoirs. Quel que soit le mode de
confinement, le bouclier s’oppose aux venues d’eau et assure un
L’espace entre la roue de coupe et l’intérieur du bouclier confinement mécanique si le terrain vient au contact de la virole.
étanche, où les matériaux excavés sont malaxés, est appelé
chambre d’abattage. Les voussoirs sont des éléments de béton armé préfabriqués munis
de joints waterstop permettant d’assurer l’étanchéité de l’ouvrage

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Figure 19 – Anneau de voussoirs universel et vérins de poussée du tunnelier (source : AFTES GT18R1F1 et Sam Simons dans TunnelTalk)

définitif (figure 19). Les différents éléments de voussoirs qui consti- depuis la chambre d’abattage jusqu’à une station de traitement en
tuent le revêtement définitif sont montés à l’aide d’un érecteur et sont général en surface ;
positionnés contre le dernier anneau mis en place. La machine – avec un tunnelier à pression de terre, les déblais sont le plus
s’appuie sur l’anneau précédemment installé pour progresser à l’aide souvent transportés par bande convoyeuse.
d’un ensemble de vérins hydrauliques liaisonnés au bouclier.
Le cycle de fonctionnement alterne ainsi phase de creusement/
progression et phase de montage de l’anneau de voussoirs.
4.2.1 Tunnelier à pression de boue
À l’échappée de la jupe, le vide annulaire entre l’extrados des L’objectif d’un tunnelier à pression de boue (Slurry Shields) est
voussoirs et le terrain, est comblé par un mortier de bourrage. Ce de créer une membrane de bentonite peu perméable dans les ter-
dernier permet de limiter le déconfinement des terrains, assure le rains situés à l’avant du front de taille, permettant d’opposer une
calage des voussoirs et donc la bonne répartition des poussées pression à celle des terrains et de l’eau (figure 20). Cette boue
de terrain sur l’anneau et limite la remontée de l’anneau lorsque bentonitique « mère » est amenée au front par des conduites et
le tunnel est excavé sous nappe (poussée d’Archimède). Mis en est mise en pression par une bulle d’air située en partie haute de
œuvre sous pression, soit à travers les anneaux soit via des lignes la chambre d’abattage.
d’injections placées dans la jupe, le mortier de bourrage est un
Si les terrains sont très perméables, la bentonite pénètre à
élément essentiel de la maitrise des tassements en surface.
l’avant du front et c’est alors le gradient hydraulique de boue qui
Le roue de coupe et le bouclier du tunnelier sont complétés par aide à sa stabilisation. Cette situation est moins favorable car si la
un train suiveur assurant toutes les fonctions support permettant boue pénètre trop profondément, elle peut avoir tendance à désta-
leur fonctionnement (alimentation électrique, hydraulique ou pneu- biliser le coin de terrain à l’avant du front susceptible de rompre.
matique), l’approvisionnement des matériaux, les commandes et la
mise en sécurité du personnel. Pour un tunnelier de 10 m de dia- Les déblais sont mélangés à la boue dans la chambre d’abattage
mètre, le train suiveur atteint couramment 100 mètres de longueur. tandis que les blocs de terrains de plus grandes dimensions sont
concassés avant de repartir dans le circuit de marinage de retour
■ L’évacuation des déblais ou « marinage » dépend du mode de jusqu’à la station de traitement des boues située en surface.
confinement : Les tunneliers à pression de boue sont bien adaptés aux ter-
– avec un tunnelier à pression de boue, les terrains sont évacués rains granulaires, de forte perméabilité : leur domaine d’utilisation
hydrauliquement par un circuit de boue via des conduites allant est classiquement compris entre 10–3 et 10–7 m/s. Au contraire,

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CREUSEMENT DES TUNNELS _________________________________________________________________________________________________________

Chambre
Vérins de poussée
d’abattage
1 Air comprimé 6

2 Boue bentonitique
Voussoirs 1
4
3 Paroi étanche

Boue mère
4 Sas hyperbare

5 Concasseur 3

6 Mortier de bourrage 2
Boue + déblais

5
Pconf Pression de confinement

PT Pression des terrains (effective) 6

PW Pression d’eau
Remplissage
du vide Bouclier Roue de coupe
annulaire

Figure 20 – Principe de fonctionnement d’un tunnelier à pression de boue (AFTES GT4R6F1)

avec des sols dont la teneur en fines (grains < 80μm) est supé- « modernes » et de boues très denses permet d’utiliser le confine-
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rieure à 40 %, les difficultés de traitement des boues rendent leur ment de terre pour creuser des terrains plus perméables sous cer-
utilisation peu adéquate. taines conditions de niveau de nappe. Le domaine classique
d’utilisation des EPB est celui des terrains avec une perméabilité
Les tunneliers à pression de boue sont ceux qui permettent
comprise entre 10–7 et 10–11 m/s. L’ajout des mousses et d’adju-
d’atteindre les plus hauts niveaux de confinement (jusqu’à envi-
vants permet d’atteindre des perméabilités de l’ordre de 10–5 m/s
ron 1,5 MPa) et les plus grands diamètres (de l’ordre de 19 m).
à 10–4 m/s, selon le niveau et la présence ou non de nappe.
Ce type de machine présente l’intérêt d’assurer un confinement
le long du bouclier par circulation de la boue injectée au front, Les tunneliers à pression de terre, comparés aux tunneliers à
limitant ainsi le déconfinement des terrains autour du tunnel pression de boue, sont limités à des niveaux de confinement plus
avant la pose de l’anneau de voussoirs, ce qui permet d’assurer faibles (allant jusqu’à 0,7 MPa) et à des diamètres moins impor-
une meilleure maitrise des tassements en surface. L’utilisation tants (jusqu’à 16 m environ). Ces limitations sont liées à la lon-
d’une bulle d’air pour réguler la pression assure également une gueur limitée de la vis d’Archimède, qui ne permet pas d’assurer
maitrise fine de cette pression de confinement : la plage de varia- des confinements importants, et à aux besoins en couples très
tion généralement considérée est de l’ordre de + 15 kPa. élevés, pour pouvoir assurer la rotation de la roue de coupe dans
la chambre, lorsque les diamètres sont importants.

4.2.2 Tunnelier à pression de terre Le contrôle du confinement est un peu moins bon qu’avec un
tunnelier à pression de boue, de l’ordre de ±30 kPa sur la pres-
Avec les tunneliers à pression de terre (EPB – Earth Pressure sion, et le maintien du confinement le long du bouclier se fait via
Balance), c’est la mise en pression des terrains excavés dans la la circulation de l’air sous pression ou à l’aide d’un dispositif spé-
chambre d’abattage qui s’oppose à la pression des terres et de cifique d’injection de boue.
l’eau exercée par le terrain encore en place au front (figure 21).
L’avantage opérationnel du tunnelier à pression de terre par
Pour permettre sa mise en pression, le terrain excavé est condi- rapport au tunnelier à pression est de ne pas nécessiter de station
tionné via l’ajout de polymères et de mousses lui conférant une de traitement pour le marinage.
consistance « pâteuse ». Le terrain excavé présent dans la
chambre d’abattage est évacué à l’aide d’une vis d’Archimède per- Le tableau 3 synthétise les avantages et inconvénients de cha-
mettant de réduire progressivement la pression de confinement cun des deux modes de confinement.
depuis la pression dans la chambre jusqu’à la pression atmosphé-
rique au niveau de la bande convoyeuse.
C’est en général la vitesse de rotation de la vis d’Archimède (en 4.2.3 Tunnelier à pression d’air
pratique le débit de marinage) et la vitesse d’avancement de la
machine (en pratique le « débit » de terrain entrant) qui permet le Le confinement à l’air est une technologie plus ancienne que le
maintien et le contrôle de la pression de confinement dans la confinement à la pression de boue ou de terre et son utilisation
chambre d’abattage. Ce confinement peut également être com- reste limitée aujourd’hui à des tunnels de dimensions réduites,
plété par l’introduction de bentonite ou d’air sous pression. souvent associée à un abattage à attaque ponctuelle (figure 22).
Du fait de la nécessité de créer une pâte, les tunneliers à pres- L’air mis sous pression a pour objectif de stabiliser le front de
sion de terre sont mieux adaptés aux sols fins : la teneur en fine taille. Toutefois la perméabilité des terrains à l’air étant bien plus
optimale est de l’ordre de 40 % et on considère que ces types de élevée que la perméabilité à l’eau, cette technologie doit être
tunneliers ne sont pas recommandés si la proportion des fines réservée à des terrains fins (k<10–6 m/s), sauf à projeter de la boue
des sols est inférieure à 30 %. Les développements récents per- bentonitique au front, et son application est en général limitée à
mettent cependant une utilisation élargie : l’ajout de polymères de faibles pressions de confinement (de l’ordre de 0,3 MPa).

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__________________________________________________________________________________________________________ CREUSEMENT DES TUNNELS

Vérins de poussée Chambre


d’abattage
6 8
1 Air comprimé

2 Boue bentonitique
4
Voussoirs
3 Paroi étanche 2
1
4 Sas hyperbare 7

5 Concasseur
5
6 Mortier de bourrage
3
7 Injection d’additifs

6 Injection de bentonite
le long de la jupe

Pconf Pression de confinement


6 8
PT Pression des terrains (effective)

PW Pression d’eau Remplissage Bouclier Roue de coupe


du vide annulaire

Figure 21 – Principe de fonctionnement d’un tunnelier à pression de terre (source : AFTES GT4R6F1)

continue. Dans le dernier cas, les tunneliers dits à « densités


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variables » sont capables de passer d’un mode de confinement à la


boue vers un confinement à la terre (et inversement) de manière pro-
gressive et permettent d’assurer un confinement le plus adéquat
possible dans des géologies chahutées.

4.3 Tunneliers ouverts


Les tunneliers ouverts sont utilisés pour creuser dans des ter-
rains rocheux, lorsque le front de taille est auto stable ou lorsque
le confinement mécanique apportée par la roue de coupe est suf-
fisant pour assurer la stabilité.

■ Trois principaux types de machines peuvent être différenciés


(figure 23) :
• les tunneliers dits « à grippers » qui prennent appui sur les
parois de l’excavation à l’aide de patins (« grippers ») permet-
tant à la machine de progresser. Avec ce type de machine, le
terrain est accessible et son soutènement est assuré à l’aide
de dispositions constructives similaires à celles des méthodes
traditionnelles : si la qualité du massif le nécessite, un soutè-
Figure 22 – Tunnelier à pression d’air et à attaque ponctuelle nement peut être mis en œuvre relativement proche du front
(source : Bessac) de manière semi automatisée depuis le tunnelier et son train
suiveur (boulonnage, béton projeté, cintres etc.).
Ce soutènement immédiat peut être complété par un soutène-
4.2.4 Tunnelier fermé multimode ment différé et/ou un revêtement mis en place à l’arrière du train
suiveur.
Pour permettre de s’adapter à des géologies variables le long
du tracé certains tunneliers, dits « multimode », peuvent combiner • les tunneliers « simple jupe », permettent de poser des vous-
les différentes technologies de confinement. soirs et progressent en prenant appui sur le dernier anneau
Quasiment toutes les machines sont aujourd’hui capables de posé, de manière analogue aux tunneliers fermés. À l’image
passer d’un mode de confinement à la terre ou à la boue à un des tunneliers à grippers, les déblais sont ramenés au centre
mode de confinement à l’air, notamment pour les interventions et de la roue de coupe en rotation par des racleurs. Le marin
opérations de maintenance dans la chambre d’abattage ou sur la peut être déversé sur une bande convoyeuse pouvant pro-
roue de coupe, c’est-à-dire lorsqu’ils sont à l’arrêt. gresser tout le long du tunnel ou peut être évacué par des
wagonets sur rails ou des camions.
Mais certains tunneliers sont également capables de combiner,
pour les phases d’avancement courant, un confinement à la boue et Ce sont l’absence de mise en pression du front et le mode
un confinement à la terre, le passage d’un mode à l’autre pouvant se d’excavation qui différencient donc ces machines des tunneliers à
faire soit lors d’une étape de maintenance dédiée, soit de manière confinement.

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CREUSEMENT DES TUNNELS _________________________________________________________________________________________________________

Tableau 3 – Avantages et inconvénients des tunneliers à pression de boue et à pression de terre

Tunnelier à pression de boue Slurry Tunnelier à pression de terre EPB

Maitrise des tassements ++ Maitrise des tassements ++


Bulle d’air et circulation de bentonite le long de la jupe Possibilité de régulation de pression par bulle d’air et injection
radiale de bentonite

Capacité de confinement et taille tunnel ++ Capacité de confinement et taille tunnel +


Confinement moins important dû à la limitation du couple

Rencontre de vide – Rencontre de vide +


Perte de confinement si rencontre de vide dans le terrain Maintien du confinement si chambre quasi pleine

Terrains perméables ++ Terrains peu perméables ++

Terrain colmatant – – Terrain colmatant -


Apport d’eau important et risque colmatage conduite marinage Apport d’eau pouvant être limité, possibilité de travailler en « mode
et centrale de traitement ouvert » plus aisé

Terrains abrasifs + Terrains abrasifs –


Présence concasseur dans la chambre, lubrification par la boue Endommagement possible des vis

Coût et emprise en surface – Coût et emprise en surface +


Plus important avec centrale de traitement des boues Pas de nécessité de centrale de traitement
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• les tunneliers « double jupe à bouclier télescopique », qui


posent des voussoirs et sont également dotés de grippers À retenir
leur permettant de continuer à excaver le terrain et à
progresser pendant le montage de l’anneau de voussoirs. – Les tunneliers sont très diversifiés selon les terrains,
Lorsque ce dernier est complet, les grippers sont rétractés depuis les tunneliers ouverts en « roche dure » jusqu’aux tun-
et les vérins appuyés sur l’anneau de voussoirs prennent le neliers « à confinement » en terrains meubles et aquifères,
relais. Le creusement peut ainsi se faire de manière conti- – Les tunneliers permettent des performances très intéres-
nue sans interruption pour la mise en place de l’anneau de santes dans les projets en terrains homogènes où la concep-
voussoirs. tion de la machine peut être bien adaptée,
– Les technologies évoluent pour pouvoir être facilement
Les tunneliers à grippers permettent une grande adaptabilité modifiables en cours de creusement afin de s’adapter à des
dans le type de soutènement à mettre en œuvre. Ils sont égale- conditions géologiques hétérogènes,
ment bien adaptés pour la traversée des failles car les traitements – Ils permettent de creuser « en sécurité » dans les condi-
de terrains à l’avant du front y sont plus aisés qu’avec les autres tions les plus difficiles telles que les terrains meubles sous
types de machine. nappe.
En revanche, ils nécessitent l’utilisation d’un coffrage spécifique
en arrière de la machine dans le cas où un revêtement est néces-
saire, et la portance des grippers peut s’avérer pénalisante dans
les terrains trop meubles (poinçonnement des patins). 5. Description des techniques
Dans un massif rocheux de bonne qualité, les tunneliers roche de traitements de terrain
dure permettent un avancement rapide, tout en améliorant la
sécurité du personnel par rapport aux méthodes traditionnelles
avec excavation à l’explosif. Les tunneliers simple et double jupe Pour faire face à des conditions géologiques difficiles, assurer la
présentent également l’avantage de poser des voussoirs assurant stabilité des terrains et maitriser les déformations générées dans
une sécurité importante à l’arrière de la machine et pouvant le massif, il peut être nécessaire de mettre en place des tech-
constituer le revêtement définitif du tunnel. niques de traitement des terrains préalablement au creusement
ou à l’avancement.
Dans le cas de terrains fortement poussants, l’anneau de vous- Par ailleurs, et dans le cas spécifique de entrées ou sorties de
soirs peut cependant ne pas s’avérer suffisant et devra alors être tunneliers dans des stations ou puits déjà excavés, le confinement
doublé par un anneau de béton coffré complémentaire. du terrain ne peut être effectif que lorsque le premier ou le dernier
anneau de voussoir est clavé contre la paroi du soutènement. Des
Avec ce type de machine, dans les terrains les moins bons et
traitements de terrains sont alors classiquement réalisés pour
lorsque les contraintes de terrains sont élevées, le risque de
créer un massif de sol amélioré et/ou étanche de manière à garan-
coincement du bouclier est important. Pour limiter ce risque, une
tir la stabilité du front et limiter les déformations en surface. La
surcoupe importante peut être mise en œuvre, associée à une
section traitée est généralement élargie de de 2 à 3 m de part et
conicité forte du bouclier et sa lubrification. Ces dispositions
d’autre du diamètre excavé et la longueur du traitement corres-
aboutissent à un vide annulaire conséquent qui s’avère difficile à
pond à celle du bouclier également prolongée de 2 à 3 m.
combler uniquement par mortier ; une injection d’un matériau
granulaire type gravette peut alors être préféré, combiné ou non à Les principales techniques utilisées sont présentées dans ce
un clavage de mortier. paragraphe.

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__________________________________________________________________________________________________________ CREUSEMENT DES TUNNELS

Casquette
Grippers Poutre

1 Convoyeur
d’évacuation
4 5 2
des déblais

2 Robot boulonneur 1
3 Érecteur de cintres
4 Robot à BP 3
5 Foreuse
Patins Corps
Roue de coupe
d’appui avant

Tunnelier ouvert à grippers

Chambre
Voussoirs d’abattage

1 Convoyeur
d’évacuation
des déblais 4 3
2
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2 Robot boulonneur 1
3 Foreuse
4 Injection de gravette
et/ou mortier

Remplissage Roue de coupe


du vide Vérin Bouclier
annuaire de poussée

Tunnelier simple jupe

Bouclier Grippers Télescope Bouclier avant


Voussoirs
Chambre
d’abattage
1 Convoyeur
d’évacuation 3
2
des déblais
1
2 Injection de gravette
et/ou mortier
2
3 Foreuse

Remplissage
du vide Vérins de poussée Roue de coupe
annuaire

Tunnelier double jupe

Figure 23 – Tunnelier ouvert à gripper, simple jupe et double jupe (source : AFTES GT4R6F1)

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CREUSEMENT DES TUNNELS _________________________________________________________________________________________________________

5.1 Rabattement de la nappe


Dans le cas d’un tunnel creusé sous nappe, dans un sol per-
méable ou une roche fracturée, la bonne gestion de l’eau est un
élément essentiel pour garantir la stabilité de l’ouvrage à court et
à long terme. Sans interventions, le tunnel agit en effet comme un
drain horizontal créant un gradient hydraulique à l’avant du front
et autour de l’ouvrage, pouvant compromettre sa stabilité.
Pour permettre de maitriser les venues d’eau, un rabattement
de la nappe peut être mis en œuvre de deux manières :

■ Depuis la surface, par le biais de puits de pompage, réalisés


autour du tunnel dont l’objectif est de permettre le rabattement de
l’eau en dessous du radier du tunnel. La faisabilité de cette technique
dépend principalement de la charge d’eau à rabattre, de la perméabi-
lité du massif et elle est souvent adoptée dans le cas de faibles
linéaires à traiter (galeries de connexion, entrée/sortie en gare…).
Dans le cas de tunnels urbains creusés dans des sols plus ou moins
compressibles, le rabattement de nappe peut engendrer des tasse-
ments de consolidation non acceptables pour le bâti en surface.

■ À l’avancement depuis le tunnel, par le biais de drains mis en


place à l’avant du front de taille et/ou autour de celui-ci (figure 24)
[14]. Les drains au front sont généralement systématisés lors du
creusement d’un tunnel sous nappe au moins à titre de reconnais-
sance : ils permettent en effet d’alerter sur la présence d’une
nappe localement en charge et de la rabattre. Les drains en péri-
phérie de l’excavation sous forme d’une voûte divergente de
décharge sont recommandés en l’absence d’autres traitements, s’il
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est avéré que le creusement se fera sous nappe : ceci évite de


générer un gradient hydraulique vers le noyau à l’avant du front
qui pourrait s’avérer néfaste pour sa stabilité.
Par ailleurs, dans les terrains frottants, le drainage permet éga-
lement d’augmenter la résistance au cisaillement des terrains et
d’améliorer la stabilité du front.
La présence d’une nappe va conditionner également le choix du
type de revêtement final du tunnel, en particulier sa conception
étanche ou drainante. Dans le deuxième cas, une étanchéité est
mise en place autour du tunnel (voûte et piédroit) permettant de
canaliser l’eau dans des cunettes en radier.

Figure 24 – Rabattement de la pression hydrostatique par le biais de


drains en périphérie de l’excavation – Exemple du tunnel autorou-
5.2 Injection tier du Gran Sasso en Italie
Cette technique consiste à chercher à remplir les vides du ter-
rain (porosité, fracture, vides de dissolution ou anthropiques) par ment du tunnel, par le biais d’un ou plusieurs lits de forages
un coulis qui chasse l’eau dans le cas de sols saturés et assure subhorizontaux positionnés dans le matelas préalablement injecté.
une liaison entre grains (cohésion) après sa prise. L’injection se L’objectif recherché est de compenser les tassements générés par
fait par des forages pouvant être équipés de tubes à manchettes. l’excavation (figure 25 [10]).
Différents produits sont utilisés en fonction du type de terrain : ■ Les injections peuvent être réalisées depuis la surface ou depuis
– dans de terrains à forte perméabilité (sables, graves, roches le souterrain, avant le creusement de la galerie ou à l’avancement.
avec fractures ouvertes) on utilise des produits à base de ciment ; L’injectabilité d’un terrain est dictée par :
– en revanche, si le massif présente une faible perméabilité – sa perméabilité initiale : on peut considérer qu’en dessous de
(sables fins, limons), on utilise plutôt des suspensions de ciments 1.10–6 m/s il n’est plus possible d’incorporer du matériau dans le
ultrafins ou des gels et résines. terrain ;
– la contrainte géostatique du niveau de traitement : il n’est pas
■ Les injections peuvent avoir trois objectifs principaux, éventuel- possible d’atteindre de fortes pressions d’injection à faible profon-
lement combinés entre eux : deur, car il y a un risque de claquage, et par suite de soulèvements
– étanchement : les injections visent à réduire la perméabilité du en surface.
massif. Cette technique est souvent combinée aux drains à l’avan-
cement ;
– consolidation : on vise dans ce cas à améliorer les caractéris-
5.3 Congélation
tiques mécaniques du terrain, en particulier la cohésion ; Cette technique consiste à congeler l’eau dans le massif avant le
– compensation : après un « conditionnement » du terrain par creusement de la galerie. Pour ce faire, des tubes sont forés dans les
création d’un matelas injecté entre la clé du tunnel et les ouvrages terrains à des positions définies, pour former des colonnes cylin-
existants à protéger, les injections de compensation proprement driques jointives de sol congelé, de façon à former un massif de sol
dites consistent à injecter du coulis pour soulever le terrain de gelé étanche et résistant. Le contrôle et la surveillance des massifs
façon contrôlée. Elles sont réalisées en continu pendant le creuse- congelés s’effectue par sondes de température placées à l’intérieur

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__________________________________________________________________________________________________________ CREUSEMENT DES TUNNELS

Cuvette de tassements
en l’absence de compensation

Forages
pour l’injection
de compensation

Injection
de compensation

Puits pour la réalisation


Tunnel desforages

Figure 25 – Principe des injections de compensation et exemple d’application sur le Tunnel Sud de Toulon (France)

de la zone congelé ou à proximité. Cette technique peut être adop-


tée si le massif est saturé ou quasi-saturé d’eau.

■ Deux objectifs peuvent être recherchés, l’étanchéité et/ou l’amé-


lioration des caractéristiques mécaniques du massif.
Dans le premier cas, un soutènement provisoire de la galerie
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est souvent nécessaire (cintres).


Dans le deuxième cas, les forages sont plus rapprochés afin de
réduire la température au sein du massif traité et le soutènement
peut être significativement allégé.

■ Deux techniques de congélation sont utilisées.


• Congélation à l’azote liquide (circuit ouvert). Le fluide frigori-
fique, à une température de –196 °C, circule dans un circuit
ouvert et, après le passage dans les tubes de congélation,
s’échauffe et s’évapore sous forme de gaz d’azote. Les enjeux
de sécurité avec cette technique sont importants et néces-
sitent le savoir-faire d’entreprises spécialisées.
Les installations sont moins encombrantes et moins couteuses
que celles pour la saumure : des réservoirs d’azote liquide et un
conteneur d’instrumentation de régulation et de mesures. En
outre, elle permet une mise en froid du massif plus rapide, en 2 à Figure 26 – Exemple de congélation des terrains, Prolongement du
3 jours généralement, et plus efficace en cas de circulations d’eau métro L12 parisien (https://www.prolongement-metro12.fr/portfolio/
le-tunnel/)
avec des vitesses importantes.
• Congélation à la saumure (circuit fermé). La technique de
congélation à la saumure repose sur deux circuits :
5.4 Soil-mixing
– un circuit de refroidissement où la saumure est utilisée comme
liquide de refroidissement. Elle circule dans des sondes en circuit Cette technique consiste à créer des colonnes ou des tranchées
fermé, à une température comprise entre –25 et –35°C ; où le sol en place est mélangé à un liant hydraulique sans extrac-
– un circuit frigorifique qui permet de refroidir la saumure, via tion du terrain. La machine de forage est équipée d’un assemblage
l’utilisation d’un fluide spécifique (ammoniaque ou fréon) couplé à d’outils de malaxage (tarière, lames, tête rotative) permettant une
des compresseurs et des condensateurs. injection directe du liant au niveau des zones de malaxage. Cette
technique permet d’obtenir une amélioration significative des pro-
Cette méthode nécessite un délai plus long que l’azote liquide
priétés mécaniques (résistance et déformabilité) du sol traité et
pour la mise en froid du terrain (3 à 4 semaines), et des installa-
une diminution de sa perméabilité.
tions plus importantes (surface de 60 m2 à 250 m2 environ). En
revanche, elle présente des coûts d’entretien du froid plus faibles, Deux méthodes existent :
ce qui la rend compétitive dans le cas de traitements de longue – voie humide : le sol est malaxé avec un coulis injecté simulta-
durée et sur des linéaires importants. nément à la descente et à la remontée de l’outil de malaxage, dont
Il est également possible de combiner les méthodes de congéla- le diamètre peut varier entre 0,5 m et 2 m ;
tion à l’azote liquide et à la saumure (figure 26). L’azote liquide – voie sèche : le sol est malaxé directement avec un liant non
est d’abord utilisé pour mettre en froid le terrain rapidement, et hydraté. Cette méthode s’applique pour des sols à très forte teneur en
on utilise ensuite la saumure pour conserver une température eau (sols mous, sols organiques) capables d’apporter par eux-mêmes
faible dans les terrains, mais cela nécessite des adaptations des l’hydratation des liants injectés dans le sol sous forme sèche. Le dia-
tubes congélateurs. mètre des colonnes varie généralement entre 0,5 m et 1,2 m.

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CREUSEMENT DES TUNNELS _________________________________________________________________________________________________________

Dans le cas des tunnels, cette technique est utilisée principale- des tunneliers dans les terrains difficilement injectables ; les
ment pour réaliser les bouchons de sortie ou d’entrée des tunne- colonnes sont dans ce cas réalisées depuis la surface.
liers dans les gares lorsqu’elles sont excavées avant leur passage. Dans le cas où la technique de jet-grouting est utilisée dans un
objectif d’étanchement, une attention particulière doit être retenue
dans le choix de la maille de traitement, dans la maitrise de la
5.5 Jet-grouting déviation des forages et dans le phasage de réalisation des
colonnes pour éviter les effets masques et assurer le bon dévelop-
Cette technique consiste à créer des colonnes de sol-ciment en
pement du traitement dans la masse.
injectant à très forte pression un mélange eau/ciment qui découpe
le terrain sur un diamètre important ; le mélange sol/coulis ainsi Dans tous les cas, les méthodes d’amélioration de terrain
obtenu permet d’atteindre de bonnes caractéristiques mécaniques doivent être associées à des essais de contrôle après réalisation
et une faible perméabilité des colonnes. du traitement pour vérifier la bonne atteinte des objectifs fixés.
Le diamètre des colonnes est proportionnel à l’énergie du jet et
inversement proportionnel à la résistance du terrain. À retenir
Pour toutes les techniques de jet-grouting, la phase initiale de – Les méthodes de traitements de terrain sont un complé-
foration est suivie d’une phase de remontée avec rotation des ment indispensable pour les projets « en conventionnel » dans
buses et injection simultanée à haute pression d’un ou de plu- des conditions très difficiles,
sieurs fluides (coulis, eau, air). En fonction du nombre de fluides – Elles sont parfois également nécessaires avec les tunne-
utilisés, on peut distinguer : liers dans des situations « extrêmes » ou des configurations
– Mono-jet, dans lequel la désintégration et le mélange simulta- particulières où le tunnelier ne peut fonctionner de façon opti-
nés du sol in situ sont effectués au moyen d’un jet de mélange male (entrées et sorties de stations).
eau/ciment. Les diamètres obtenus sont en moyenne compris
entre 0,4 et 1 m ;
– Double-jet, dans lequel la désintégration et le mélange simulta-
nés du sol sont effectués au moyen d’un double jet combiné de 6. Considérations
mélange eau/ciment et d’air. Les diamètres pouvant être obtenus
sont généralement compris entre 0,8 et 2,5 m ; sur le choix des méthodes
– Triple-jet, dans lequel la désintégration et l’enlèvement partiel
de construction
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du sol in situ sont effectués au moyen d’un jet combiné d’air et


d’eau, tandis que le mélange du sol in situ est obtenu simultané-
ment par un jet sous-jacent de mélange eau/ciment. Les diamètres 6.1 Critères de choix
peuvent dépasser 3 m dans les terrains favorables.
■ De nombreux critères vont orienter le choix de la méthode de
Dans le cas des tunnels, le traitement par jet-grouting peut se construction d’un ouvrage souterrain.
faire depuis le front du tunnel pour créer une voûte parapluie, ren-
forcer le noyau du terrain à l’avant du front ou améliorer la por- • Longueur de l’ouvrage
tance de l’assise des soutènements (figure 27). Elle est également C’est un critère majeur vis-à-vis de l’intérêt de retenir une
souvent utilisée pour réaliser les bouchons de sortie ou d’entrée méthode mécanisée (tunnelier) : en effet, la fourniture d’un tunnelier

Drains
Voûte-parapluie m subhorizontaux
0,5
Colonnes de Jet-grouting
renforcées Ø 0,6 m

Drains
de décharge
au front
Assises de cintres :
7 colonne
de Jet-grouting Ø
0,6 m

Micropieux Boulonnage de front :


jet-grouting Boulons + Contre
L = 10 m Jet-grouting radier

Assise du radier définitif


Colonnes de Jet-grouting Ø 0,6 m
(L = 4 et 6 m)

Figure 27 – Exemple de traitement par jet-grouting depuis le front (Tunnel des Hurtières et Tunnel Sud de Toulon, France)

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est un investissement significatif, et seul un linéaire de tunnel suffi- Le creusement au tunnelier en mode fermé est bien adapté à ce
samment long permet de rentabiliser cet investissement. contexte, avec un confinement limitant les déformations devant le
On peut retenir une longueur minimale de tunnel de l’ordre du front et le long de la jupe, et la mise en place immédiate de vous-
kilomètre pour justifier de retenir un tunnelier, avec bien sur des soirs rigides en béton armé.
exceptions (par exemple infaisabilité de réalisation de l’ouvrage • Les tunnels en zone montagneuse
en méthode conventionnelle, disponibilité d’une machine adaptée
Là où l’ouvrage a pour but de franchir un « obstacle naturel »
au contexte géométrique et géotechnique de l’ouvrage).
(relief). La couverture de terrain sera souvent importante, limitant
• Section de l’ouvrage les possibilités de reconnaissances depuis la surface, d’où une plus
Les tunnels routiers ou ferroviaires ont une section utile en « fer grande incertitude sur les conditions géotechniques au niveau de
à cheval », alors que les tunneliers classiques excavent une sec- l’ouvrage.
tion circulaire qui correspondra rarement à la section utile de L’enjeu ne sera plus l’impact en surface, mais la maitrise de la sta-
l’ouvrage à réaliser (hormis les ouvrages hydrauliques) : la section bilité de l’excavation, du fait de contraintes en place élevées. Il sera
circulaire va donc conduire à une sur-excavation par rapport au plutôt recherché un soutènement « souple » permettant la « libéra-
gabarit nécessaire. tion » des contraintes avant la pose d’un soutènement ou d’un revête-
• Profondeur ment. En effet, sous plusieurs centaines de mètres de couverture, il
n’est pas envisageable de chercher à bloquer au niveau du front les
Les tunneliers à confinement sont a priori bien adaptés aux tun- déformations, ce qui conduirait à sur-solliciter le soutènement.
nels à faible profondeur (bonne maitrise des déformations, réduc-
tion du risque de rupture du front et de remonté de fontis, besoin ■ Délais et coûts
d’emprise en surface importante en particulier pour les tunneliers
à pression de boue). Les méthodes mécanisées permettent d’atteindre des vitesses
d’avancement nettement supérieures au méthodes séquentielles
A contrario, les fortes profondeurs peuvent compliquer la mise conventionnelles. Un tunnelier atteint des vitesse moyennes de
en œuvre de tunneliers, en particulier en présence de roches l’ordre de plusieurs centaines de mètres par mois (jusqu’à
tendres : les fortes contraintes en place conduisent à des défor- 1 000 m/mois par exemple sur les plus rapides dans des condi-
mations importantes risquant de bloquer l’avancement de la tions favorables, en mode ouvert).
machine.
En méthode conventionnelle, l’avancement est plutôt de l’ordre
• Conditions géologiques, géotechniques et hydrogéologiques de 30 à 50 m/mois avec un soutènement rigide (cintres et béton
Un tunnel de longueur significative va potentiellement dans la projeté) et des passes de l’ordre de 1 m à 1,5 m, tandis qu’en
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plupart des cas rencontrer des formations géologiques de natures milieux rocheux de bonne qualité, l’avancement peut atteindre
très différentes : en effet, même si le profil d’un tunnel peut aller 200 m par mois avec un creusement 24h/24 et 7j/7 et une excava-
rechercher une formation géologique favorable à son excavation tion à l’explosif par passes de 4 à 5 m.
(exemple du tunnel sous la Manche, où le tunnel a pu être calé Néanmoins, un creusement au tunnelier présente les contraintes
sur une majeure partie de son tracé dans la craie saine), un tunnel suivantes :
devra s’adapter à différents conditions de creusement (roche, sol
argileux ou sableux, failles, etc.). La conception d’un tunnel doit – durée de conception et construction d’un tunnelier importante
prendre en compte cette nécessité d’adaptation. (de l’ordre de 10 à 12 mois) ;
– nécessité d’emprise importante en surface pour le démarrage
Un creusement par méthode conventionnelle permet cette du tunnel (en particulier pour un tunnelier à pression de boue du
adaptabilité aux terrains rencontrés. Le passage d’un soutène- fait de la station de traitement de boue) ;
ment « rigide » constitué de cintres et béton projeté à un soutène- – mise en cadence lente (mise en place en place de l’ensemble
ment « souple » avec boulons se fait très facilement, s’il est du train suiveur ne permettant une utilisation optimum du tunne-
envisagé dès la conception. En revanche, un tunnelier sera moins lier qu’après 150 m environ de creusement) ;
flexible, en particulier si l’évolution géotechnique (présence d’une
– risque de pannes plus ou moins importantes pouvant immobi-
faille par exemple) ou hydrogéologique (venue d’eau importante)
liser le tunnelier.
n’a pas été prise en compte dans la conception de la machine. Il
est néanmoins possible de concevoir des tunneliers qui per-
mettent de changer rapidement de mode (tunnelier à densité
variable). 6.2 Recommandations pour le choix
des méthodes
■ Il est également indispensable de prendre en compte l’environ-
nement du projet dans la conception des méthodes d’excavations. La définition du mode de creusement et du type de soutènement
On peut distinguer deux grands types de tunnel vis à vis de leur à mettre en œuvre nécessite tout d’abord la bonne compréhension :
environnement. – de l’état de contraintes en place du terrain encaissant et de son
• Les tunnels « urbains » comportement prévisible, avant le creusement, durant le creuse-
ment et durant la vie de l’ouvrage ;
Il s’agit de tunnels réalisés sous couverture faible à modérée,
dans un environnement fortement contraint. La proximité de la – de la présence ou non d’eau en charge, et des écoulements qui
surface implique potentiellement la présence de terrains de qua- se produiront notamment au front, et du développement de pres-
lité géotechnique médiocre, mais surtout la proximité d’avoisi- sions interstitielles ;
nants sensibles (bâti en surface, réseaux de type assainissement, – du développement des modes de rupture probables dans le
eau potable, chaleur ou climatisation, électrique, gaz, carrière, terrain autour de l’excavation.
autres ouvrages d’infrastructure). La conception du tunnel conduit ■ Il est ainsi nécessaire de :
à rechercher des méthodes d’excavation « robustes » minimisant
l’impact sur ces avoisinants avec un objectif de réduction des – savoir dans quel terrain il va falloir creuser (et « choisir » le
déformations. Le soutènement va être dimensionné afin de limiter tracé du projet, en fonction des contraintes imposées) ;
le déconfinement du terrain, en bloquant les déformations le plus – connaître l’environnement du projet ;
tôt possible (en méthode traditionnelle : réduction des longueurs – définir les méthodes de construction (traditionnelles, tunne-
des passes d’avancement, renforcement du front de taille, voûte liers, traitement des terrains, etc…) ;
parapluie, mise en place d’un soutènement rigide par cintres et – prévoir le comportement : stabilité, tassements, vitesses d’avan-
béton projeté). cement, venues d’eau.

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CREUSEMENT DES TUNNELS _________________________________________________________________________________________________________

■ Le processus de conception géotechnique s’appuiera sur : • Les critères induits par les contraintes de sécurité.
– des études géologiques : bibliographie, terrain, photo-interprétation ;
– des reconnaissances par méthodes géophysiques ; À retenir
– des reconnaissances géotechniques adaptées : sondages des-
tructifs, sondages carottés avec prélèvement d’échantillons, essais – Le choix de la méthode de construction doit résulter d’une
in situ ; analyse multicritères, parmi lesquels la géologie joue un rôle
– des essais de laboratoire : essais sur échantillons prélevés par majeur,
sondages carottés (essais de mécanique des sols : cisaillement, – La géométrie du projet (longueur et section) est l’un des
triaxial, et essais de mécanique des roches : résistance en compres- autres critères importants à prendre en considération,
sion, abrasivité, dureté) ; – Les aspects logistiques de chantier sont parfois également
un élément de choix important (installations en surface, accès
– la réalisation de puits et galeries de reconnaissance (avec aus- aux chantiers …).
cultations) pour évaluer le comportement en vraie grandeur ;
– des retours d’expérience.

■ On peut ainsi distinguer trois enjeux fondamentaux pour le


choix du soutènement : 7. Quelques indications
– faut-il bloquer ou accompagner la réaction du massif de sur les modélisations
terrain ?
– peut-on accepter ou non les écoulements de l’eau présente et méthodes de calcul
dans le terrain ?
– comment doit se comporter le soutènement dans le temps ? Le creusement d’un tunnel perturbe le champ de contrainte ini-
tial du massif et cette perturbation s’accompagne de déformations
■ Les critères à retenir pour ce choix sont les suivants (recomman- à proximité de l’ouvrage (figure 28) [14]. La compréhension et la
dations AFTES GT7 R1F2). modélisation de ces relations contraintes/déformations permettant
le dimensionnement des structures provisoires ou définitives du
• Les critères relatifs au terrain encaissant (distinction terrains tunnel se heurtent à différentes limitations :
rocheux / terrains meubles, ainsi que les terrains intermé-
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diaires de type roche tendre ou sols indurés), à son compor- – la connaissance insuffisante du comportement du terrain dans
tement lors de l’excavation dépendant notamment de la les conditions de l’excavation ;
profondeur de l’ouvrage (état initial de contraintes du terrain – la méconnaissance de l’état de contraintes naturelles dans un
en place, rigidité relative soutènement / terrain) et aux condi- massif avant le creusement du tunnel ;
tions hydrogéologiques (charge hydraulique et perméabilité, – le caractère tridimensionnel de l’excavation donné par la pré-
alimentation de la nappe) ; sence du front de taille ;
• Les critères liés à la géométrie et à la fonctionnalité de – la forte dépendance de la réponse du terrain à la méthode
l’ouvrage : section fonctionnelle, besoins en phase travaux, constructive mise en œuvre.
soutènement rigide ou souple, étanche ou non, provisoire Les objectifs principaux des calculs de justification d’un tunnel
ou permanent ; sont :
• Les critères liés au mode d’exécution : explosif, machine à – la vérification de la stabilité du terrain aux contours de l’exca-
attaque ponctuelle, tunnelier ; vation lors du creusement : front de taille et parois ;
• Les critères liés à l’environnement immédiat de l’ouvrage : – la justification du soutènement et du revêtement du tunnel (s’il
tassements, vibrations, modification de l’équilibre hydro- est prévu) pour assurer la stabilité de l’ouvrage et son exploitation
géologique, risque de mise en communication des nappes, dans la durée de vie pour laquelle il a été conçu ;
impact d’une pollution des sols, etc.). Pour ce critère on rap- – l’évaluation des impacts du creusement du tunnel sur les éven-
pelle la notion de Zone d’Influence Géotechnique (ZIG) défi- tuels avoisinants (déplacements dans le massif, tassements, vibra-
nie comme « le volume de terrain au sein duquel il y a tions…).
interaction entre d’une part l’ouvrage (du fait de sa réalisation
ou de son exploitation) et d’autre part l’environnement (sols,
ouvrages, aménagements de terrain ou bien environnants). 7.1 Choix du milieu et des problèmes
La forme et l’extension de cette zone d’influence géotech-
nique sont spécifiques à chaque site et à chaque ouvrage et
à étudier
aménagement de terrains ».
Les méthodes d’analyse et de calcul sont tout d’abord liées au
Une excavation souterraine engendre nécessairement une type de massif dans lequel le tunnel est creusé. Il faudra ainsi
modification de l’état de contrainte qui s’atténue en s’éloignant de choisir les approches adaptées selon que l’on considère être en
celle-ci. En lien avec les caractéristiques de déformabilité du mas- « milieu discontinu » (cas des roches massives avec quelques
sif, cette modification génère des déformations induisant des familles de discontinuités) ou en milieu « continu » (cas des sols
déplacements horizontaux et verticaux. L’amplitude et l’extension ou des roches très fortement fracturées).
des déformations observées au sein de la zone d’influence géo- Le choix dépend du rapport géométrique entre les blocs
technique dépend notamment : rocheux découpés par les discontinuités et la dimension du tunnel
– de la taille et de la profondeur de l’excavation ; mais également du rapport entre la résistance du massif et la
– des caractéristiques géotechniques du terrain ; contrainte en place (cf. AFTES GT30R1F1). En fonction de ces don-
nées, il est déjà possible de prévoir les mécanismes prépondé-
– des modifications des conditions hydrauliques prévalant dans rants de rupture ainsi que le comportement privilégié qu’aura le
le terrain, induites par l’excavation (modification des écoulements, massif lors du creusement. Le tableau 4 présente, de façon syn-
risque de consolidation de terrains argileux, …) ; thétique, les principaux problèmes à étudier en fonction du type
– mais également du choix d’un soutènement souple ou rigide. de massif et de milieu.

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Tunnel déja
exavé

Ø σ1

NOYAU

V σ3 σ2
FRONT

σ2
σ3

σ1
NOYAU

σ1
3 CONVERGENCE u u
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1 EXTRUSION (ε) σ3

2 PRE-CONVERGENCE (δ) σ1

Figure 28 – Illustration du caractère tridimensionnel du creusement d’un tunnel. La diminution des contraintes principales dans le noyau à
l’avant du front s’accompagne de pré-convergence et d’extrusion, modifiant l’état d’équilibre final du tunnel loin du front

Tableau 4 – Distinction entre milieu continu et discontinu avec problèmes associés à étudier
Types de milieu Types de massif Problèmes à étudier

Sol • Stabilité générale


• Convergences
Roche très fracturée (blocs petits par rapport • Dimensionnement des présoutènements, du soutène-
à l’ouvrage) ment rigide et du revêtement
• Déplacements induits sur les avoisinants

Continu • Possible comportement poussant (squeezing)


Roche fracturée sous forte couverture
• Convergences importantes
(rapport résistance/contrainte en place très
• Dimensionnement des soutènements semi-rigides
faible)
et du revêtement à long terme

• Absence de problème de stabilité


Roche très peu fracturée et faible couverture
• Vibrations sur avoisinants

• Instabilité des dièdres (stabilité locale)


• Dimensionnement du soutènement souple et du revête-
Discontinu Roche peu à moyennement fracturée
ment (éventuel)
• Vibrations sur les avoisinants

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CREUSEMENT DES TUNNELS _________________________________________________________________________________________________________

7.2 Types d’approches d’étude


σS Surcharge en surface
Les approches de « modélisations » disponibles peuvent être
regroupées en trois grandes catégories :
– approches empiriques et semi-empiriques : basées sur des
résultats expérimentaux et des observations ou mesures réalisées
sur des creusements de galeries (§ 7.2.1) ;
– approches analytiques : elles consistent à résoudre, avec un C Terrain de cohésion
nombre limité d’équation, les problèmes en utilisant les principes et H non drainée cu
les équations de la mécanique des solides et des fluides (§ 7.2.2) ;
– approches numériques : elles visent à résoudre par une solu-
tion numérique des problèmes théoriques insolubles analytique- Pression
ment (§ 7.2.3). D stabilisatrice σT
au front
Les méthodes de justification des tunnels, traditionnellement
très empiriques, se sont progressivement enrichies de multiples
méthodologies de calculs. C’est à l’ingénieur de choisir les plus
adaptées au projet à étudier, en particulier au regard du contexte
géologique dans lequel le tunnel s’inscrit et des méthodes
constructives retenues. Il est toujours recommandé de combiner
Figure 29 – Évaluation de la stabilité dans un massif purement cohé-
plusieurs méthodes de dimensionnement dont la complexité et la rent
précision doivent suivre l’avancement des études pour s’assurer
de la cohérence des résultats obtenus.
phénomène tridimensionnel évoluant avec l’avancement du front de
On liste ci-après les principales approches couramment adop-
taille. Sur la base des nombreuses mesures in situ, il a été observé
tées dans la profession, avec une attention particulière aux
que la forme de la cuvette transversale de tassement S(x) en tout
méthodes numériques qui, de nos jours, sont de plus en plus uti-
point situé à une distance (x) de l’axe du tunnel peut être rapprochée
lisées grâce à la croissance très rapide des capacités des codes de
par une forme de Gaussienne (figure 30) :
calcul et des ordinateurs.
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(7)
7.2.1 Approches empiriques et semi-empiriques
■ Abaques de dimensionnement avec Smax tassement maximal à l’axe,
Pour un tunnel en milieu rocheux, différentes approches empi- i distance à l’axe du point d’inflexion.
riques existent pour aider au choix du soutènement. Sur la base La valeur de « i » est reliée à la profondeur du tunnel et au type
des observations in situ, ces méthodes fournissent des indications de sol. Différentes la relation i = k.H (avec H la profondeur de l’axe
sur le type de soutènement à mettre en place en fonction de la du tunnel). Différentes valeurs de k sont proposées dans la littéra-
qualité du massif rocheux, évaluée sur la base de la résistance de ture : k est généralement de l’ordre de 0,2 à 0,3 pour les sols
la matrice, de la fracturation, de la nature des joints et de la pré- sableux et granulaires, de 0,4 à 0,5 pour les sols argileux normale-
sence d’eau. ment consolidés, et peut atteindre jusqu’à 0,6 à 0,8 pour des sols
Les approches les plus utilisées sont celles basé sur le RMR de argileux surconsolidés.
Bieniawski ([5]), l’indice Q de Barton ([3]), l’approche en déforma- Plusieurs corrélations existent dans la littérature pour détermi-
tion de Hoek (2000) et les abaques de l’AFTES (GT7R1F2). ner le tassement maximal « Smax » en fonction du type de sol et de
■ Pour ce qui concerne l’évaluation de la stabilité du massif la méthode de creusement. Une méthode alternative consiste à
autour de l’excavation, le concept du nombre de stabilité (N) est considérer que le volume de la cuvette de tassements en surface
très important. Dans un cas d’un massif purement cohésif, il est Vs correspond en totalité au volume « perdu » en souterrain sur les
défini par la formule (figure 29) : contours du tunnel Vt, en supposant que le terrain se déforme à

(6)
Volume de la cuvette
avec σS surcharge éventuelle en surface, i
de tassement en surface Vs
γH poids de terre à l’axe du tunnel,
σT pression stabilisatrice éventuelle au front, Smax
Cu résistance non drainée au cisaillement du terrain. S(x)
C
De nombreux auteurs ont cherché à évaluer la stabilité de Point d’inflexion
H
l’ouvrage en fonction de N sur la base d’essais en laboratoire et Perte de volume
en centrifugeuse. Globalement, ils s’accordent sur les résultats en souterrain Vt
suivants :
– si N < 2, on aura peu de difficultés lors du creusement et le
massif restera dans un état élastique autour du front de taille ; D Volume théorique
– si N > 5, le massif atteint la rupture à l’avant du front de taille excavé en tunnel V0
et des dispositions constructives particulières (par exemple un pré-
soutènement par boulonnage de front) seront nécessaires pour
Revêtement du tunnel
assurer la stabilité du front et limiter sa déformation.
après convergence
■ Pour l’estimation des tassements engendrés en surface, la
méthode de Peck (1969 [17]) est largement utilisée dans la profes-
sion : les observations montrent que le tassement en surface est un Figure 30 – Cuvette de tassement de Peck (1969)

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volume constant. Cette perte de volume au niveau de l’excavation – le tunnel est suffisamment profond pour que l’on puisse négli-
est due à l’extrusion, aux pré-convergences et à la convergence du ger la variation de la contrainte initiale au voisinage du tunnel (la
soutènement. Le volume perdu Vt peut alors s’exprimer comme un gravité n’est pas prise en compte, ce qui est une approximation
pourcentage vl du volume théorique excavé, V0 : acceptable pour un rapport couverture à l’axe sur rayon H/Ro > 8).
Le problème tridimensionnel est ramené à un problème bidi-
(8) mensionnel plan en appliquant aux parois de l’excavation une
pression intérieure Pi « fictive » :
Par ailleurs le volume Vs de la cuvette de tassement en surface
peut également s’exprimer en fonction du tassement maximal (10)
smax par intégration de l’équation (7) :
L’annulation progressive de la contrainte radiale en parois
(9) depuis l’état de contrainte initiale jusqu’à l’état d’équilibre est
simulée grâce au taux de déconfinement λ qui varie de 0 très en
Ainsi, à partir des équations (8) et (9) et connaissant « i », il est avant du front à 1 très en arrière du front (figure 31).
possible de déterminer la valeur de « Smax » et de tracer la courbe La résolution des conditions d’équilibre de la mécanique des milieux
de Peck complète. continus en axisymétrie permet d’établir les relations entre l’évolution
Pour évaluer vl, on peut utiliser des valeurs empiriques basées de la contrainte radiale σr et la convergence Ur de la paroi.
sur des retours d’expérience :
– dans le cas des tunneliers à confinement, les valeurs de vl sont La force de la méthode convergence-confinement est de
de l’ordre de 0,3 à 0,5 % en conditions normales. Ces valeurs permettre la prise en compte de l’interaction entre le massif
peuvent être dépassées (1 à 2 %) ponctuellement dans certains cas et le soutènement ou le revêtement de façon simple : le sou-
et notamment en cas de perte de pression au front ; tènement est mis en place à une certaine distance du front de
– 1 % < vl < 2 % pour des tunnels réalisés en méthode tradition- taille où un déplacement (Ud) s’est déjà produit. Le déconfine-
nelle dans des bons terrains ou avec des techniques de pré-soutè- ment progressif du terrain et le déplacement des parois
nement ; entrainent alors une mise en pression du soutènement.
– vl ≈ 5 % dans des mauvais terrains et sans mesures de précau-
tion ou techniques de pré-soutènement.
Cette méthode est simple d’utilisation grâce au faible nombre L’équation du comportement du soutènement peut être établie en
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de variables nécessaires, et permet de donner des ordres de gran- reliant son déplacement radial Ur à la contrainte radiale appliquée σr
deur des tassements prévisibles. Néanmoins, elle reste évidem- par l’intermédiaire de sa rigidité normale Ksn = σr /Ur (figure 32).
ment une simplification par rapport à la complexité du problème.
L’équilibre final entre le soutènement et le revêtement est
donné par la solution du système formé par les équations de la
7.2.2 Approches analytiques convergence du massif et du comportement du soutènement et
peut être obtenu graphiquement comme le point d’intersection
Différentes méthodes analytiques de dimensionnement des tun- entre les deux courbes (Péq, Uéq – figure 32).
nels ont été développées. L’une des plus fameuses est certaine-
ment la méthode Convergence-confinement, développée dans les À l’équilibre, l’effort normal orthoradial Néq qui s’applique sur le
années 1960, notamment en Autriche et en Allemagne et générali- soutènement est alors déterminé à partir la pression de soutène-
sée en France par Marc Panet [16]. ment Péq selon la formule Néq = Péq.R (R rayon du tunnel), tandis
que la convergence à l’équilibre Uéq doit être compatible avec
Sous certaines hypothèses, la méthode convergence-confinement l’objectif d’exploitation projeté pour l’ouvrage. La convergence à
permet de se ramener à un calcul bidimensionnel plan : l’équilibre peut également être utilisée pour évaluer en première
– le tunnel est circulaire (rayon R) ; estimation l’impact sur l’environnement en termes de tassement
– les contraintes sont isotropes ; en la combinant par exemple à la méthode de Peck.

Sens de creusement

σ = 0 σ = (1 – λ).σ0 σ = σ0


λ = 1 0<λ<1 λ = 0

Figure 31 – Variation du taux de déconfinement avec la progression de l’excavation

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CREUSEMENT DES TUNNELS _________________________________________________________________________________________________________

■ En 3D :

σo = 1 – λ
σr

avec c, cohésion (en kPa) et angle de frottement (en


degrés) du terrain,
γ poids volumique en kN/m³,
K coefficient reliant les contraintes horizontales et
Péq verticales considéré compris entre 0 et 1 en
fonction du terrain,
sn
K

largeur d’application de la voûte de décharge,


R demi-rayon hydraulique, (voir figure 34)
Ud Uéq Ur
R R H épaisseur de la couche,
R
q surcharge en surface.
Figure 32 – Méthode convergence confinement Les comparaisons avec d’autres types de modélisations ou des
mesures in-situ montrent que les pressions ainsi obtenues sont
7.2.2.1 Voûte de décharge de Terzaghi souvent surestimées. Cette méthode reste néanmoins couramment
utilisée, notamment pour dimensionner les revêtements, du fait de
Une manière alternative de déterminer la pression s’appliquant la simplicité de ses hypothèses et de son caractère conservatif.
sur la structure d’un tunnel est de faire une hypothèse sur la géo-
métrie de la zone en rupture autour de celui-ci. La pression à
7.2.2.2 Équilibre limite
l’équilibre correspond alors au poids du massif de terrain en rup-
ture, réduit du cisaillement sur les surfaces de rupture. La voûte Les méthodes de type équilibre limite sont basées sur la définition
de décharge de Terzaghi (réf [19] figure 33) reste, dans la pra- de la géométrie d’un volume de terrain potentiellement instable en
tique, la méthode la plus utilisée. milieu continu, ou d’un dièdre de roche découpé par des disconti-
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Envisagée initialement en terrain homogène purement frottant nuités en milieu discontinu, et cherchent à en étudier sa stabilité.
et en deux dimensions, son utilisation peut être extrapolée à des ■ Dans le cas d’un sol
terrains stratifiés, cohérents et frottants et à des géométries tridi-
mensionnelles en utilisant les formules suivantes et la figure 34. Les méthodes d’équilibre limite sont principalement utilisées
pour évaluer la stabilité du front de taille. Elles étudient la stabilité
■ En 2D : d’un volume de terrain à l’avant du front, classiquement pris en
forme d’un prisme triangulaire, qui est soumis à son poids propre,
aux efforts résistants le long des faces latérales et frontales, à la
charge verticale des terrains sus-jacents, à la pression d’écoule-
ment éventuelle et à une contre-pression de confinement (ou un
boulonnage du front) lorsqu’ils existent.

e e1 f g f e1 e o

2 B1

H
2 B0
γ B1
συ =  (1 – ε–K tan ϕ H/B1)
K tan ϕ

h
r s
b1 b1
b b
σV
h

d d 45 ° – ϕ/2

d1 d1

γ (h+H)

Figure 33 – Voûte de Terzaghi (1943)

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Approche en 2D Approche en 3D

H1, γ1, φ1, c1, K1

H1, γ1, φ1, c1, K1


H

H2, γ2, φ2, c2, K2


L

H
H2, γ2, φ2, c2, K2
B‘

B‘
te
voû
R

te
voû
R
h
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h
π φ
+ π φ
4 2 +
4 2

B B

π φ
[B + 2h.tan( – )] * L
π φ 4 2
B‘ = B + 2h.tan( – ) R=
4 2 π φ
[B + 2h.tan( – )] + L
4 2

Avec, φ l’angle de frottement du terrain où se trouve le tunnel Avec, φ l’angle de frottement du terrain où se trouve le tunnel

Figure 34 – Extension du concept de la voûte de décharge

Le volume de terrain étudié étant supposé être en état d’équi- chaque bloc. En situation courante les facteurs de sécurité cibles
libre ultime, la résistance du terrain sur la surface de rupture est pour dimensionner le boulonnage sont de 1,8 en voûte et de 1,6
ainsi totalement mobilisée et le mécanisme le plus instable est en piédroit (cf. AFTES GT30R1F1)
déterminé en faisant varier l’angle d’ouverture β du prisme à la
base (figure 35) [1].
Ce mécanisme de rupture, proposé par Horn en 1961, a été 7.2.3 Approches numériques en interaction
popularisé par la méthode d’Anagnostou et Kovári ([1] & [2]) qui sol-structure
évalue la charge apportée par les terrains au-dessus du coin par la
formule de la voûte de décharge de Terzaghi en trois dimensions. Les approches numériques permettant de prendre en considération
l’interaction sol-structure peuvent être divisées en deux familles :
■ Dans le cas des massifs rocheux
La combinaison de trois familles de discontinuités et de la surface – la méthode aux réactions hyperstatiques, où le comportement
libre crée par l’excavation suffisent à former un dièdre (figure 36). du soutènement / revêtement est étudiée sous l’action de charges
La stabilité de ce dernier peut être évalué en comparant : extérieures. La structure est discrétisée en un ensemble de nœuds et
– les efforts moteurs : poids propre et pression d’eau pouvant de barres tandis que le massif est pris en compte par l’intermédiaire
s’appliquer au niveau des discontinuités ; de charges imposées et que la réaction du terrain est traduite au
– aux efforts résistants : résistance au cisaillement sur les dis- niveau des nœuds par une succession de ressorts indépendants
continuités et renforcements éventuels par boulonnage travaillant (voir § 7.2.3.1) ;
en traction et/ou en cisaillement. – les méthodes du solide composite : pour lesquelles le massif
Un coefficient de sécurité, défini comme le rapport entre les et la structure sont tous les deux explicitement modélisés (voir
efforts résistants et les efforts moteurs, peut être évalué pour § 7.2.3.2).

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CREUSEMENT DES TUNNELS _________________________________________________________________________________________________________

V Ox
Avec :
C – Cw Oy – G : poids propre du prisme ;
– V : effort vertical dû à la charge de Terzaghi ;
– S : effort de confinement au front ;
G – T : résistance au cisaillement
Cw F sur la surface frontale du prisme ;
S – Ts : résistance au cisaillement
E
Ts T sur les surfaces latérales du prisme ;
C D
D N – N : réaction du terrain en avant
β de la surface frontale du prisme

β
a b

Figure 35 – a) Schéma de rupture de Horn b) Équilibre du prisme à l’avant du front


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Figure 36 – Dièdres en voûte et piédroits définis pour le dimensionnement du boulonnage (Ref GT30R1F1)

7.2.3.1 Méthode aux réactions hyperstatiques rigidité de la structure. Pour un tunnel circulaire la formule sui-
vante est classiquement utilisée :
Cette méthode permet de déterminer les sollicitations reprises
par le soutènement (ou revêtement) et sa déformation sous l’effet (11)
de charges « actives », fixes et indépendantes de l’état de défor-
mation du revêtement (poussés du massif), et de charges « pas-
sives » résultant des réactions hyperstatiques (structure + réaction avec E, le module du massif,
du massif) dépendant de la déformation (figure 37). v, le coefficient de Poisson du massif,
La charge active du massif est souvent déduite de la voûte de R, le rayon du tunnel.
décharge de Terzaghi (voir 7.2.2.1). Elle peut éventuellement être D’autres formules peuvent être définies pour les piédroits verti-
déterminée par la méthode convergence-confinement, ou par caux, le radier et les appuis horizontaux.
l’introduction de charges de blocs, ou encore par approches
numériques du type solide composite (voir § 7.2.3.2). Cette méthode est très orientée vers la structure, l’interaction
sol/structure y est très simplifiée car elle se limite à la réaction des
La structure de soutènement / revêtement s’appuie sur des res- ressorts à la déformée de la structure sous l’action d’une charge
sorts travaillant uniquement en compression dont la raideur (K) imposée. En outre, il est difficile de bien simuler le phasage de
dépend des caractéristiques du terrain, et éventuellement de la creusement du tunnel (en particulier pour des sections divisées).

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Mais elle reste très utilisée dans la profession pour le dimension- de l’état d’équilibre atteint lors de la phase précédente. Le code de
nement du revêtement et des soutènements rigides (de type calcul cherche ainsi, par le biais d’itérations, à retrouver un nouvel
cintres + béton projeté) car elle est très éprouvée. équilibre du système, en reliant les déformations générées dans le
massif, et dans les structures s’il y en a, aux changements de
7.2.3.2 Méthodes du solide composite contraintes imposés par le biais de lois de comportement
dédiées.
Dans les méthodes du solide composite, le massif de terrain
comme les structures de soutènement / revêtement sont explicite- Le champ de déplacements est calculé en un nombre fini de
ment modélisés. Les codes de calculs numériques sont construits points au niveau des éléments de discrétisation du maillage et est
sur la base des éléments finis ou des différences finies, pour les ensuite interpolé entre ces points, d’où l’importance de la qualité
milieux continus, ou des éléments distincts pour les milieux dis- et du raffinement du maillage à proximité des zones de fortes per-
continus. Ils présentent l’avantage incontestable de pouvoir abor- turbations des contraintes (voir figure 38).
der les problèmes théoriques analytiquement insolubles en les Ces méthodes permettent de se rapprocher de la complexité
remplaçant par une solution numérique approchée. Ces méthodes naturelle du problème à étudier, en tenant notamment compte :
permettent de résoudre des systèmes d’équations différentielles – d’une géométrie complexe (tunnel non circulaire, intersection
avec des conditions initiales et/ou aux limites. entre galeries…) ;
À la différence de la méthode aux réactions hyperstatiques, la – du phasage des travaux ;
modélisation du massif est un élément clé de la simulation numé- – de la modélisation des différents types de soutènement (provi-
rique. Le sol est discrétisé en éléments formant un maillage du soire et définitif) ;
massif et les éléments de structure sont également introduits – de la modélisation des renforcements et des pré-soutène-
et sont activés au cours du phasage de calcul. Des lois de compor- ments ;
tement sont attribuées au massif, définissant les relations – du comportement non linéaire du sol ;
contraintes/déformations. On définit d’abord l’état de contraintes – de l’anisotropie éventuelle du massif et de l’état de contraintes
initiales, puis on simule dans le code les principales étapes de réa- initial ;
lisation de l’ouvrage. Chaque phase va générer une perturbation – de la présence de l’eau et les écoulements souterrains éven-
tuels ;
– de la présence de surcharges en surface et de structures pré-
existantes (bâtiments, ouvrages enterrés…) etc.
La représentativité des résultats obtenus dépend cependant for-
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(a)
tement d’un certain nombre de choix, dont les plus importants
sont :
– le choix du domaine représentatif : milieu continu ou dis-
S continu, 2D ou 3D ;
– le choix des conditions aux limites ;
– le choix du modèle de comportement et des paramètres de
sol ;
– la représentation de l’état des contraintes initiales.
(b) (b)
■ Choix du domaine représentatif
Comme déjà expliqué en 7.1, il est important de comprendre si
(K) (K) l’ouvrage à construire doit faire face à des ruptures localisées de
dièdres ou à des phénomènes de convergence des parois pouvant
aboutir à une instabilité globale.
Figure 37 – Schématisation de la méthode aux réactions hyper- • Dans le premier cas, on adoptera des codes de calcul numé-
statiques rique en milieu discontinu (Méthode des Eléments Distincts –

Figure 38 – Exemple de maillage 2D en milieu continu

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CREUSEMENT DES TUNNELS _________________________________________________________________________________________________________

Création d’accès supplémentaires

Structures d’accès à la surface Salle des billets

Bâti
Z

Bâti

Ligne du métro
existante

Station de métro existante

Couloirs d’accès à la station


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X
Y

Figure 39 – Exemple d’un modèle 3D complexe avec croisement de galeries souterraines

DEM). Il sera essentiel de modéliser les familles de rupture L’approche 3D est devenu quasiment intournable dans le cas
présentes dans le massif et de choisir correctement la loi de d’intersections de galeries, où l’aspect tridimensionnel de la géo-
comportement et les caractéristiques des joints. métrie du problème est difficilement simplifiable en 2D (figure 39).
À la différence des calculs de stabilité de blocs, ces codes per- Un autre exemple typique, où la modélisation 3D montre tout
mettent également d’accéder aux contraintes et déformations son intérêt, réside dans l’étude des pré-soutènements à l’avant du
développées au sein de la matrice rocheuse (ceci peut être utile front de taille.
dans le cas de tunnel sous forte couverture où la plasticité peut
Néanmoins, l’approche bidimensionnelle, en particulier celle en
être atteinte au sein de la matrice).
déformations planes, reste encore largement adoptée dans la pro-
• Dans le deuxième cas, on adoptera des codes de calcul en fession, notamment pour sa simplicité et sa rapidité de mise en
milieu continu : méthode des éléments finis – FEM – ou diffé- œuvre par rapport à la modélisation 3D. Cette approche est sur-
rences finies – FDM. Le choix de la loi de comportement pour tout utilisée dans le cas des longs ouvrages linéaires, par exemple
le massif et les caractéristiques retenues pour le sol condi- une nouvelle ligne de métro, où il est nécessaire de réaliser un
tionneront la représentativité des résultats obtenus. nombre important de coupes de calcul. En outre, dans certains
cas, elle peut permettre de d’orienter les choix constructifs avant
Le choix entre une approche bidimensionnelle ou tridimen- de les valider via une simulation 3D.
sionnelle est un autre élément clé de la simulation numérique
des tunnels. La méthode 2D en déformations planes suppose que les déforma-
tions se génèrent uniquement dans le plan de la modélisation, qui
Le creusement d’un tunnel est un problème typiquement tridi- représente une coupe perpendiculaire à l’axe du tunnel. Pour prendre
mensionnel du fait de la progression du front de taille et de la per- en compte l’effet 3D favorable de la présence du front de taille, la
turbation dans l’espace 3D des contraintes du massif autour de méthode convergence-confinement est la plus utilisée (voir 7.2.2 et
celui-ci (cf. figure 28). Pour cette raison et lorsque le niveau figure 40) : après une phase d’initialisation des contraintes dans le
d’étude le requiert, un calcul numérique 3D, même simplifié, res- massif, on simule le passage du front par le biais d’un déconfinement
tera toujours une approche plus représentative du comportement partiel (taux λd) des contraintes sur le contour de l’excavation, suivi
de l’ouvrage qu’un modèle 2D [12]. par la phase de pose du soutènement avec un déconfinement total de
ces contraintes. Dans ce cas, le code de calcul recherche l’équilibre
De nos jours, grâce au développement de la puissance de calculs entre la réponse du massif et celle du soutènement.
et de mémoire des ordinateurs, les approches 3D se sont « démo-
cratisées » pour passer du domaine de la recherche universitaire La validité des résultats obtenus repose ainsi sur le choix de la
vers une utilisation plus appliquée par les bureaux d’étude. valeur du taux de déconfinement à la pose λd, souvent déterminé

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Phase 1 : Phase 2 : Phase 3 :


initialisation des contraintes excavation avec déconfinement λd activation du soutènement
et fin du déconfinement

Figure 40 – Exemple de phasage « type » d’une simulation 2D en déformations planes

de manière empirique dès qu’on s’éloigne des hypothèses de prépondérants. Dans la pratique, le modèle élasto-plastique parfait
base de la méthode convergence-confinement. avec critère de Mohr-Coulomb est souvent adopté, du moins en pre-
mière approche.
■ Choix des conditions aux limites
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Toutefois, pour une simulation plus réaliste du comportement


Sur les bords du modèle numérique, il est nécessaire de définir des sols, le modèle de comportement Hardening Soil Model aussi
des conditions aux limites, en déplacements et/ou en contraintes. appelé Plastic Hardening ([18] et figure 41) est préféré, car il per-
Ces conditions, nécessaires pour résoudre le problème numérique, met de prendre en compte la non-linéarité du comportement du
peuvent avoir une influence notable sur les résultats. En parti- sol (avec apparition de la plasticité avant la rupture) et de
culier, il est conseillé d’éloigner suffisamment les bords du modèle distinguer les raideurs en déchargement / rechargement (Eur) de
de l’ouvrage afin que les résultats au niveau de l’excavation ne la raideur de premier chargement (E50). Cet aspect est particulière-
soient pas perturbés par ces conditions. ment important pour la simulation d’excavations, où l’on vient en
Dans le cas d’un tunnel à faible profondeur, par exemple, il est même temps charger ou décharger des zones différentes du mas-
usuel d’éloigner les bords horizontaux d’au moins 5 fois le dia- sif autour de l’ouvrage ;
mètre du tunnel. Il faudra également faire attention à la position
retenue pour la base du modèle : • Choisir un modèle de comportement doté de paramètres
pour lesquels on est capable de donner une estimation vrai-
– si un substratum rocheux est présent à faible profondeur sous semblable, basée sur des reconnaissances géotechniques à
le radier du tunnel, avec un fort contraste de raideur par rapport au disposition. Généralement, plus un modèle est complexe,
massif encaissant, on placera la limite au niveau du toit du subs- plus il nécessite de définir un nombre conséquent de para-
tratum, supposé indéformable ; mètres. Si ces paramètres ne peuvent pas être déduits direc-
– si ce n’est pas le cas, il faudra éviter de faire un modèle trop tement des essais à disposition, l’utilisation de corrélations,
« profond » sous le radier, particulièrement lorsque le comporte- parfois en cascade, entraine un risque d’erreur ;
ment retenu pour le sol n’intègre pas d’augmentation de raideur
avec la profondeur. Il est conseillé dans ce cas, de placer la limite à • Choisir les valeurs des paramètres du modèle de comporte-
environ 2 fois le diamètre de l’excavation pour éviter de surestimer ment, en particulier du module de déformation qui varie en
les soulèvements dus au déchargement et de fait sous-estimer les fonction des déformations attendues, en accord avec des
tassements générés en surface. retours d’expérience d’ouvrages analogues réalisés dans des
contextes géotechniques similaires ;
■ Choix du modèle de comportement et des paramètres de sol
• Faire des études numériques paramétriques afin d’évaluer
Il est essentiel pour l’ingénieur de garder en tête qu’une simula- l’importance des variables géotechniques sur les résultats
tion numérique peut être parfaite d’un point de vue géométrique obtenus et de comparer les ordres de grandeurs des sollicita-
mais donner des résultats complètement aberrants si les « ingré- tions ou déplacements obtenus avec des méthodes analy-
dients » de base sont erronés. Dans le domaine géotechnique, ces tiques ou empiriques ;
ingrédients sont : le choix du modèle de comportement et les
paramètres associés pour le massif. • Ne jamais oublier le rôle prépondérant de l’eau, qui peut
avoir un impact significatif sur la stabilité du massif. En parti-
Dans les codes de calcul, différents modèles de comportement culier, le choix de la modélisation du comportement du sol,
ont été développés pour différents types de sols et différentes appli- drainé ou non drainé, fonction de la perméabilité et de la rai-
cations. Dans l’utilisation courante en ingénierie il est conseillé de deur du massif, des distances de drainage et de la vitesse de
suivre les recommandations suivantes. creusement de l’ouvrage doit faire l’objet d’une attention par-
• Retenir un modèle de comportement de type élasto-plastique, ticulière.
doté d’un critère de rupture
■ Représentation de l’état des contraintes initiales
La plasticité générée autour d’un tunnel est en effet un phéno-
mène essentiel à prendre en compte : les déplacements supplémen- Un autre aspect essentiel dans une simulation numérique est la
taires et les efforts dans les soutènements/revêtements peuvent être représentation de l’état initial des contraintes en place, avant la

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CREUSEMENT DES TUNNELS _________________________________________________________________________________________________________

en plus répandue, doit toutefois être maitrisée et contrôlée pour


aboutir à une fiabilité et une prédictibilité des résultats satisfai-
Contrainte déviatorique (σ1 – σ3) santes. On se réfèrera à l’article [C 258] sur « La modélisation
Asymptote numérique des ouvrages géotechniques » pour plus de précisions.
qa
qf
Ei E50 Ligne de rupture À retenir
1 =
1 – Les approches d’études sont multiples et très variées, des
Eur plus empiriques et simples aux plus sophistiquées,
0,5 qf – Les méthodes de modélisations doivent être judicieuse-
1
ment choisies en fonction de la problématique géotechnique
= réelle (milieu continu ou discontinu, approche en interaction
sol-structure …),
– La fiabilité des résultats est très dépendante des principes
Déformation axiale ε1 de modélisation et du choix des hypothèses : la sophistication
du modèle n’est pas toujours garante de bonnes prévisions.

Figure 41 – Modèle de comportement « Hardening Soil Model » ou


« Plastic Hardening »

8. Conclusion
réalisation de l’ouvrage projeté. La fiabilité des résultats dépendra
en effet directement de cet état initial.
La multiplicité des techniques de construction des tunnels décrites
Si l’initialisation des contraintes peut être simple à définir pour un dans cet article, allant des plus « élémentaires » aux plus sophisti-
tunnel sous un terrain horizontal, avec une stratigraphie horizontale quées, souligne à la fois la nécessité de savoir s’adapter à la diffi-
et sans constructions existantes (dans ce cas , avec culté toujours croissante des projets, tels que les tunnels en site
, avec k0 le coefficient des terres au repos, γ le poids urbanisé très contraint ou les grandes traversées de massifs monta-
volumique saturé du sol, Z la profondeur, u la pression d’eau), cer- gneux, et l’ingéniosité des acteurs à développer des outils et
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taines situations présentent plus de difficultés (figure 42) : méthodes en adéquation avec ces enjeux techniques, économiques
– terrain naturel en pente, stratigraphie du massif non horizon- et de sécurité.
tale, présence de faille, de lentilles... ; Mais finalement, l’ingénieur se trouve confronté à des questions
– présence d’ouvrages existants dans la zone d’influence du souvent difficiles :
futur tunnel (bâtiments en surface, parkings et ouvrages souter-
– en phase conception : comment reconnaitre au mieux les ter-
rains…) ;
rains à traverser et apprécier leur comportement lors de l’excava-
– tunnel profond, dans un massif avec une histoire tectonique, où la tion du tunnel, en tenant compte des contraintes imposées par
contrainte verticale n’est pas forcément la contrainte majeure. l’environnement (par exemple les déformations des bâtis existants,
Dans ces situations, il faudra s’attacher à approcher le plus cor- les modifications des régimes hydrogéologiques, etc…) et partant
rectement possible l’état des contraintes en place, tout en gardant quelle technique de construction sera la mieux adaptée ?
à l’esprit que celui-ci est extrêmement difficile à déterminer et – en phase construction : comment optimiser les méthodes de
donc à reproduire fidèlement. Par ailleurs, dans le cas d’ouvrages construction en fonction de la nature et du comportement réels des
préexistants, il est conseillé de simuler leur réalisation sur la base terrains effectivement rencontrés, afin d’améliorer les performances
des informations à disposition (phasage de réalisation, mesures avec le souci constant des délais, des coûts et de la sécurité ?
d’auscultation enregistrées au moment de la construction). Les méthodes de reconnaissance préalables restent souvent
La modélisation numérique des tunnels, et de manière plus relativement classiques, en l’absence d’innovations majeures
générale des ouvrages géotechniques, présente des avantages récentes ou même prévisibles à moyen terme, et de toutes façons
majeurs : elle permet de simuler des situations complexes et ne permettront jamais de prédire avec précision la réalité des
d’accéder à de nombreux résultats. Son utilisation, qui est de plus conditions géologiques auxquels on aura à faire face. En revanche,

Figure 42 – Exemples de configurations où il faudra faire particulièrement attention à bien définir l’état « initial » de contraintes

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__________________________________________________________________________________________________________ CREUSEMENT DES TUNNELS

on peut espérer que les méthodes de reconnaissance à l’avance- Convergence-confinement : rock-support interaction
ment, lors du creusement, vont largement se développer et per-
Concept et méthode de calcul en interaction terrain – structure
mettront vraisemblablement de pouvoir mieux anticiper et
permettant de relier l’augmentation des déplacements radiaux des
caractériser les terrains et leurs changements, et donc de réduire
parois d’un tunnel à la diminution des contraintes radiales s’y
les aléas et optimiser les chantiers.
exerçant ; c’est un concept très utile pour prendre en compte la
En outre, les outils de modélisation sont en forte évolution et présence du front de taille dans la modélisation d’une section 2D
permettent une estimation de plus en plus fiable du comportement transversale du tunnel
des terrains lors du creusement et de leurs effets sur l’environne-
ment : ils sont un élément essentiel pour le choix entre les nom- Méthode de creusement conventionnelle (ou traditionnelle,
breuses techniques de construction existantes. séquentielle) ; conventional excavation method
Et en complément, l’innovation technologique permet à ces Technique de creusement consistant à réaliser successivement
techniques d’être elles-mêmes de plus en plus performantes et de le creusement (abattage), l’évacuation des déblais et la pose du
ainsi de mieux répondre aux impératifs des projets. soutènement, avec des outils de chantiers classiques
Le défi reste donc, pour les ingénieurs des diverses spécialités Méthode de creusement mécanisée (au tunnelier) : mechanized
impliquées, de savoir travailler en pluridisciplinarité pour résoudre excavation method (with Tunnel Boring Machine TBM)
au mieux l’équation : Technique de creusement utilisant des tunneliers, machines
spécialement conçues et fabriquées pour assurer l’ensemble des
fonctions de creusement – évacuation – pose du soutènement et
et pour savoir s’adapter en temps réel sur les chantiers aux aléas avancement
multiples inhérents aux travaux souterrains.
Pré-soutènements : pre-lining
Ensemble de techniques consistant à mettre en place, en avant
du front de taille c’est-à-dire avant l’excavation d’une section don-
9. Glossaire née, des renforcements et /ou améliorations de terrain destinées à
améliorer la stabilité et/ou limiter les déformations
Boulonnage : rock bolting Voûte-parapluie ; umbrella
Technique de soutènement par renforcement du massif (sou- Technique consistant à mettre en place des renforcements, le
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vent rocheux) à l’aide de barres (ancrages ou boulons) métal- plus souvent barres ou tubes métalliques, en avant du front
liques ou en fibre de verre, mises en place radialement sur les d’excavation de façon à « protéger » la zone de terrain située en
parois, ou longitudinalement sur le front de taille avant du front et fortement sollicité par les reports de contraintes

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P
O
U
Creusement des tunnels R

Méthodes de construction et géotechnique E


par Alain GUILLOUX N
Expert Géotechnicien
Société TERRASOL, Paris, France
Hervé LE BISSONNAIS
Expert Travaux souterrains, Directeur Général Délégué
Société TERRASOL, Paris, France
S
Martin CAHN
Délégué parisien Cellule « ouvrages souterrains »
A
et
Société TERRASOL, Paris, France
Jean Pierre JANIN
V
Responsable Cellule « ouvrages souterrains »
Société TERRASOL, Lyon, France O
I
R
Sources bibliographiques
Parution : septembre 2021 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200104131 - systra // brigitte VERCHERE // 148.64.19.13

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soutènement
• Section 5 : Etanchement et revêtement
• Section 6 : Génie civil lié aux équipements
mérique tridimensionnelle dans les études
de tunnels. Rev. Fr. geot., Vol 150, 3 (2017). P
[13] KASTNER (R.), GUILLOUX (A.) et ROBERT (J.).
[2] ANAGNOSTOU (G.) et KOVÁRI (K.). – Face sta-
bility in slurry and EPB shield tunneling. Geo-
et à l’exploitation
• Section 7 : Assainissement, drainage et
réseaux divers
– Tunnels en site urbain. XVe Congrès Euro-
péen de Mécanique des Sols et de Géotech-
L
technical aspects of underground construction nique, Madrid (2007).

[3]
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BARTON (N.R.), LIEN (R.) et LUNDE (J.). – [8]
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Journées d’études AFTES Chambéry (1996).
général de la session 4 : Travaux souterrains.
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[7] CETU. –  Dossier pilote des tunnels, génie
civil, Juillet 1998. [11] HOEK (E.), CARRANZA-TORRES (C.T.) et – Formulation and verification of the Harde-
• Section 1 : Introduction CORKUM (B.). – Hoek-Brown failure criterion ning Sol model. Beyond 2000 in Computatio-
• Section 2 : Géologie – hydrogéologie – géo- – 2002 edition. Proc. North American Rock nal Geotechnics. Balkema, Rotterdam (1999).
technique Mechanics Society meeting in Toronto in [19] TERZAGHI (K.). – Theorical soil mechanics.
• Section 3 : Conception et dimensionnement July (2002). John Wiley & Sons Inc (1943).

À lire également dans nos bases


BOURGEOIS (E.), SÉBASTIEN (B.) et CUIRA (F.). – BURLON (S.), CARPINTEIRO (L.) et GLANDY (M.). –
Modélisations numérique des ouvrages géo- Calcul géotechnique selon l’Eurocode 7 et ses
techniques, [C 258], (2020). normes d’application, [C 240], (2020).
BRIANÇON (L.), CAZEAUDUMEC (B.) et PINCENT (B.). REIFFSTECK (P.). – Forages et sondages – Pour la
– Auscultation géotechnique, [C 229], (2020). reconnaissances des terrains, [C 228], (2020).

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P CREUSEMENT DES TUNNELS _________________________________________________________________________________________________________


O
U
Normes et standards
R
CCTG fascicule 69 « Travaux en souterrains » du 20/01/2012 (approuvé par SOUTENEMENT ET REVETEMENT CONVENTIONNELS
l’arrêté du 30 mai 2012) et son guide d’application (25/10/2019)
GT7R1F2 (1974) Choix d'un type de soutènement en
https://www.economie.gouv.fr/daj/fascicule69-cctg-mp-travaux-genie-civil-
E travaux-en-souterrain
GT7R3F2 (1978)
galerie

Emploi des cintres dans la construc-


AFTES : L’Association Française des Travaux en Souterrain publie des tion des ouvrages souterrains
N recommandations concernant le dimensionnement des ouvrages souterrains,
les reconnaissances géologiques et géotechniques, le creusement à l’explosif
ou au tunnelier, le soutènement (béton projeté, cintres …), le revêtement GT23R1F1 (1999) Calcul, fabrication et mise en œuvre
(béton coffré, voussoirs …), l’étanchéité, la sécurité des chantiers souterrains des cintres réticulés

GT6R2F1 (1979) La méthode de construction des tun-


GEOLOGIE ET INTERACTION SOL STRUCTURE nels avec soutènement immédiat
S GT1R1F1 (2003) Caractérisation des massifs rocheux
par béton projeté et boulonnage

utile à l'étude et à la réalisation des GT6R3F1 (1994) La technologie et la mise en œuvre


A ouvrages souterrains du béton projeté renforcé de fibres

GT24R3F1 (2020) Reconnaissances géologiques, hydro- GT20R1F1 (2001) Conception et dimensionnement du


V géologiques et géotechniques néces-
saires à la conception des ouvrages
souterrains.
béton projeté utilisé en travaux sou-
terrains

O GT16R2F1 (2018) Prise en compte des effets induits


par le creusement sur les construc-
GT6R4F1 (2014) Technologie du Boulonnage

GT30R1F1 (2020) Conception et guide de dimensionne-


I tions avoisinantes dans la concep-
tion et la réalisation des ouvrages
souterrains
ment du boulonnage radial en tunnel

TUNNELIERS ET VOUSSOIRS
R GT24R0F1 (2004) Apport des techniques pétrolières de
forage et diagraphie à la reconnais- GT4R6F1 (2019) Etat de l’art concernant les évolu-
Parution : septembre 2021 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200104131 - systra // brigitte VERCHERE // 148.64.19.13

sance des grands ouvrages souter- tions des tunneliers et de leurs capa-
rains cités de 2000 à 2019

GT24R1F1 (2008) Les reconnaissances à l'avancement GT4R3F&A (2013) Nomenclature simplifiée des tunne-
P GT24R2F1 (2014) Reconnaissances à l’avancement pour
liers

les tunneliers GT18R1F1 (1998) La conception, le dimensionnement et


L GT32R2F1 (2012) Caractérisation des incertitudes et
l'exécution des revêtements en vous-
soirs préfabriqués en béton armé ins-
tallés à l'arrière d'un tunnelier
des risques géologiques, hydrogéo-
U logiques et géotechniques
GT4R3F1 (2000) Choix des techniques d'excavation
mécanisée
GT42R1F1 (2014) Guide pratique pour la gestion du
S risque radon dans la conception et la
réalisation de travaux en souterrain TRAITEMENT DE TERRAIN ET ETANCHEITE

GT32R3F2 (2014) Prise en compte des risques tech- GT8R1F2 (1975) Travaux d’injection pour les ouvrages
niques dans les projets d’ouvrages souterrains
souterrains en vue de la consultation
des entreprises GT8R2F1 (2006) La conception et la réalisation des
travaux d'injection des sols et des
GT7R6F1 (2002) La méthode convergence-confine- roches
ment
ITA Working Group N°12: Permanent Sprayed Concrete Linings
GT16R1F1 (1995) Les tassements liés au creusement
des ouvrages en souterrain ITA Working Group N°7 ITA GUIDELINES FOR THE DESIGN OF TUNNELS

Annuaire

Organismes – Fédérations – Associations (liste non exhaustive) ITACET : Foundation for Continuous Education and Training on Tunnelling
and Underground Space Use
AFTES : Association Française des Tunnels et de l'Espace Souterrain https://www.itacet.org/

http://www.aftes.asso.fr/ FSTT
France Sans Tranchées Technologies – Les techniques douces pour la pose
CETU : Centre d’études des tunnels et la réhabilitation des réseaux enterrés
http://www.cetu.developpement-durable.gouv.fr/ https://www.fstt.org/

ITA / AITES : International Tunneling and Underground Space Association / ITFF


Association Internationale des Tunnels et de l’Espace Souterrain Inventaire des Tunnels Ferroviaires de France
https://www.ita-aites.org/ http://www.tunnels-ferroviaires.org/

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